Comédien amateur dès son adolescence, fondateur à 18 ans d'une compagnie théâtrale, Michel Philippe s'est principalement formé dans les stages dirigés par les instructeurs techniques nationaux « art dramatique ». Il a lui-même rejoint ce corps de contractuels Jeunesse et Sports en décembre 1951, tout en devenant le secrétaire de rédaction de la revueÉducation et vie rurale, créée et dirigée par Jean Nazet, qui avait été son professeur de philosophie au lycée de Niort. L'un et l'autre sont regardés comme les co-inventeurs de la méthode du « Livre vivant », ce « pont jeté entre la bibliothèque et le théâtre ». Sillonnant la France pour animer des stages principalement destinés aux élèves des écoles normales d'instituteurs et des écoles d'enseignement ménager agricole, Philippe monte de très nombreux spectacles, souvent préparés lors de stages dits de réalisation qui se déroulent durant les vacances scolaires et qui mettent de très nombreux amateurs au contact de professionnels du spectacle. Son premier coup d'éclat est l'adaptation desMaîtres sonneurs, un des romans champêtres de George Sand, donnée à Nohant en 1954, l'année du 150e anniversaire de la naissance de la romancière, et qui sera reprise dans divers lieux du Berry au cours des années suivantes. Alternant auteurs récents ou contemporains (Alain-Fournier, Blaise Cendrars, Ramuz, Genevoix, Yves Gibeau, Pierre-Henri Simon, Marcel Aymé, Giono, Pagnol, Giraudoux, Barjavel, Camus, Jean Cayrol, Guéhenno, Audiberti), et grands auteurs de la génération romantique (Chateaubriand, Hugo, Balzac, Musset, Théophile Gautier, Lamennais, Walter Scott et toujours George Sand) ou de la Renaissance (Ronsard, Agrippa d'Aubigné), Philippe constitue au fil des années une équipe de partenaires fidèles, scénographes et décorateurs (Pierre Boriachon, Jean Boucher, Robert Csali, Gilles Duché, Jean Hermann), créatrices de costumes (Marie Barregas, Huguette Gasbar), compositeurs (Edgard Bischof, Jacques Boudon, Charles Brown), et il forme au moins deux générations de metteurs en scène qui débutent à ses côtés comme assistants (Philippe Dauchez, Juliette Lanoë, Jean-Pierre Pottier).
Pour soutenir son action, Michel Philippe fonde en 1957 une nouvelle compagnie d'acteurs professionnels, la Compagnie nationale du Livre vivant ; simultanément, il crée Fêtes et Jeux du Berry, qu'il définit comme un « mouvement régional d'expression théâtrale populaire » et qui, jusqu'en 1967, organise un festival de « livres vivants » qui se déploie dans de nombreuses communes du Cher et de l'Indre. Constamment soucieux d'ancrer territorialement son action pour l'éducation populaire, il s'appuie sur des associations-relais instaurant un lien fort avec les collectivités locales (régions ou municipalités) qui financent son travail, tout en préservant sa liberté de programmateur et de créateur : se succèdent ainsi, au fil de ses changements d'affectation, l'Office régional pour l'animation des collectivités du Poitou-Charentes (ORAC, 1963-1970), le Centre martiniquais d'action culturelle, basé à Fort-de-France (CMAC, 1971-1975) et enfin, en Bretagne, à Fougères, l'Office fougerais d'action culturelle (OFAC), support d'un « festival national du livre vivant » qui connaît vingt éditions, de 1977 à 1996 et qui ne manque pas de célébrer la mémoire et l'œuvre du plus célèbre des Fougdrais, Jean Guéhenno.
Retraité de l'administration de la Jeunesse et des Sports, Philippe s'installe en Charente-Maritime, entre Rochefort et Fouras, mais continue, jusqu'au début des années 2010, à monter inlassablement des « livres vivants ».
Jean Nazet a été le professeur de philosophie de Michel Philippe au lycée de Niort. Michel Philippe a été secrétaire de rédaction de la revue "Éducation et vie rurale", créée et dirigée par Jean Nazet.
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