L’Union des Aveugles de la Résistance (UAR) est créée au sortir de la Seconde Guerre mondiale par Charles Davin, ancien combattant de la Grande Guerre, soucieux de rassembler au sein d’une amicale l’ensemble des aveugles et amblyopes civils engagés comme lui dans la Résistance. Il y a parmi eux des aveugles de naissance, mais aussi d’anciens soldats ayant perdu la vue lors du conflit précédent ou pendant les combats des années 1939-1940. Tous ont eu dans la clandestinité des activités diverses : renseignement, interception de communications téléphoniques, frappe et transmission de messages, dépôt et transports d’armes et de documents, confection de tracts et de faux papiers, hébergement et acheminement de personnes recherchées.
Grâce à des appels lancés à la radio, des contacts sont pris avec cent soixante aveugles ayant effectivement participé à la Résistance et la nouvelle association est déclarée à la préfecture de Paris le 22 décembre 1945, avec pour objectif « l’entraide sociale et le relèvement moral des aveugles de la Résistance ».
Avec l’appui d’Albert Aubry (1892-1951), plus jeune député de la chambre "Bleu horizon" en 1919, ancien résistant déporté au camp de Neuengamme et rapporteur du budget des Anciens combattants à l’Assemblée nationale, une loi est votée le 8 juillet 1948, définissant le « statut des aveugles de la Résistance ». Cent vingt-trois résistants ont pu en bénéficier, après un examen médical faisant apparaître une vue totale inférieure à un 20e et l’accord d’une commission spécifique du ministère des Anciens combattants.
Le profil des adhérents de l’Union des Aveugles de la Résistance, représentatif de toutes les sensibilités politiques, est très varié : à titre d’exemple, un père dominicain, Michel Perrin, un pasteur, Frédéric Jalaguier, des universitaires comme Jacques Lusseyran, un duc, Gabriel de Choiseul-Praslin, mais aussi des vendeurs de billets de la loterie nationale, des kinésithérapeutes, des accordeurs de pianos ou des artisans.
L’association a conduit de nombreuses actions d’aide sociale à destination de ses membres ou des familles de disparus : construction d’un foyer avenue Bosquet à Paris, création d’une caisse de secours, attribution de prêts d’honneur, participation à l’achat de prothèses auditives ou dentaires, obtention d’une allocation spéciale pour les veuves. Elle a par ailleurs entrepris des actions de mémoire, publiant un bulletin de 1951 à 1974 et faisant paraître en 1953 un recueil de témoignages, La bataille des ombres. Parmi les aveugles ayant accompli des actes de résistance, deux ont été fusillés : Louis Adam et François Guillou. Trois autres, Arthur Poitevin, André Mahoux et Jacques Lusseyran, ont été déportés.
L’UAR a été présidée successivement par Charles Davin (jusqu’à son décès en 1958), André Nicolle (jusqu’à son décès en 1993) et Roger-François Clapier, lui-même décédé le 21 mars 2019. L’association n’avait plus d’activités depuis 2012 et l’assemblée générale extraordinaire du 27 février 2016 en décida la dissolution. En raison d’un vice de forme, celle-ci, effective puisque les derniers membres de l’UAR sont décédés, n’a pas été actée par le ministère de l’Intérieur.
Lien vers la notice d'autorité du catalogue général de la BnF.