Marie-Madeleine de Saint-Paul de Seroskerque (1680-1749) est la fille de Pierre de Broichot de Saint-Paul, diplômé en droit de l’université de Leyde, avocat à la cour de Paris puis premier conseiller du roi dans l’élection de Paris, et de Marie Imans van Serooskerke, mariés à Leyde le 3 mars 1667. La famille comporte 3 filles : Agnès, religieuse, Marie-Madeleine et Cornelia qui épouse en 1714 Nicolaas Paulus van Assendelft, directeur des postes à La Haye.
On ne sait rien de la prime jeunesse de Marie-Madeleine – née vers 1680 –, mais vers 1693-1694, lors d’un voyage avec sa mère et sa sœur en France, elle est arrêtée et enfermée dans un couvent, chez les Nouvelles catholiques, institution destinée à former et convertir les jeunes filles protestantes (sa mère doit en fait rentrer précipitamment en Hollande et laisse ses filles seules avec une servante). Elle épouse Thomas de Blau, écuyer, gentilhomme d’Auvergne, avec le consentement de Louis XIV, lors d’une cérémonie qui a lieu à Versailles.
Ayant appris la mort de sa mère en 1709 et pour régler la question de la succession, Marie-Madeleine de Blau se rend en Hollande, munie d’un passeport. En cette période de la guerre de Succession d’Espagne où Louis XIV entreprend des pourparlers de paix, le roi envisage de profiter des relations qu’entretient la dame de Blau avec certains Hollandais pour parvenir à ses fins. Il met comme condition à l’obtention d’un nouveau passeport pour elle, la délivrance de passeports pour ses plénipotentiaires. Avec son passeport, elle reçoit la mission de rendre compte du déroulé des pourparlers aux ministres concernés et fait œuvre d’espionnage pour le compte de la France.
Pour des raisons d’économie, elle demeure d’ordinaire en province (en Auvergne et à Boulogne-sur-Mer, semble-t-il), sans pour autant négliger les relations qu’elle a à Paris : le maréchal de Tessé, Ponchartrain, le duc et la duchesse du Maine.
De son mariage avec Thomas de Blau, naissent cinq enfants entre 1705 et 1713, deux garçons et trois filles : Louis, Cornelia-Jacqueline, Louis-François, Marie-Cécile et Paule-Louise. Mais le mariage n'est pas heureux. Par une sentence du Châtelet du 9 juillet 1717, la séparation des biens des deux époux est prononcée.
La dame de Blau meurt en 1749, avant le 18 juillet. Sa mort est probablement douloureuse car, dans une de ses dernières lettres à son fils Louis-François, elle révèle qu’elle a depuis un certain temps déjà un cancer. À en juger d’après ses papiers, c'est une femme sans culture, sans finesse, mais intrépide et entreprenante, qui fait à elle seule la fortune de ses enfants.