René Marie Charles Gillmann, né le 17 juin 1906 à Gambsheim (Bas-Rhin), est diplômé de l'Institut commercial supérieur européen de Strasbourg (Bas-Rhin). Après son service militaire en Afrique du Nord, il effectue, de 1929 à 1931, un stage à la Compagnie algérienne, établissement bancaire situé à Casablanca (Maroc), puis, de 1931 à 1935, est chef du service Fisc-Douanes-Accords commerciaux à la Chambre de commerce franco-sarroise de Sarrebruck.
Après le rattachement de la Sarre à l'Allemagne, René Gillmann exerce pendant deux ans les activités de représentant général pour les quatre départements de l'Est, de Sandvik SA, fabrique suédoise d'aciers spéciaux pour l'industrie du bois.
En 1937, il devient le directeur et rédacteur en chef d'une publication radiophonique hebdomadaire bilingue, Neue Radio Zeitung / Radio-journal de l'Est, lancée par le quotidien L'Alsacien à Strasbourg, et collabore dans le même temps à plusieurs journaux de la région, se consacrant aux questions économiques et aux relations commerciales franco-allemandes.
En août 1939, il est mobilisé comme interprète à l'État-major de l'armée des Alpes, puis démobilisé à l'été 1940.
Ne souhaitant pas retourner en Alsace annexée, René Gillmann entre fin septembre 1940 au ministère de l'Agriculture et du Ravitaillement en qualité d'interprète et traducteur. Affecté au cabinet de Jean Achard, secrétaire d’État au Ravitaillement, il exerce ses fonctions au service des négociations avec la puissance occupante, sous les ordres de l'intendant général Casanoue, conservant son poste jusqu'à la Libération. D’octobre 1940 à juin 1944, il participe ainsi à des entretiens à l’hôtel Majestic relatifs à des livraisons ou prestations réclamées par les autorités militaires allemandes pour les besoins de l’armée d’occupation, du Reich et des pays occupés par l’Allemagne.
René Gillmann se livre parallèlement à des activités clandestines : placement dans des entreprises ou groupements professionnels de jeunes Alsaciens-Lorrains ayant quitté leur province ; confection de faux papiers ; diffusion de tracts et journaux ; lancement avec Joseph Schilling, alias Jean Suy, d’un éphémère journal bilingue ronéotypé destiné aux troupes d’occupation, Unter uns / Entre nous ; appui aux aviateurs alliés et hébergement d’évadés en partance pour l’Angleterre ; aide aux réfractaires au STO.
Dès novembre 1941, René Gillmann fait partie du groupement d’action du mouvement Ceux de la Libération (CDLL). Chargé de collecter des renseignements d’ordre économique et militaire, d’intercepter des documents officiels et de les traduire avant leur transmission à Londres, il est en contact régulier avec Gilbert Védy, alias Médéric (1902-1944), Maurice Ripoche (1895-1944), Marianne Verger (1903-1960), ou encore avec Pierre Miné (1908-1999), alias Pain.
Lors de la libération de Paris, il participe à l’occupation du ministère de l’Agriculture et du Ravitaillement, avant d'être rattaché au cabinet de Pierre Miné, devenu secrétaire général du Ravitaillement. En 1946, René Gillmann est nommé au sein de la direction des services économiques et financiers, chargé des relations commerciales avec les pays alliés. Il effectue dans ce cadre plusieurs missions à Londres, Berlin, Strasbourg et dans les zones américaine et anglaise d’occupation.
Après son départ du ministère en 1947, il se consacre à des activités d'import-export de produits agricoles et est jusqu'en décembre 1957 secrétaire général adjoint du Groupement des exportateurs français de fruits et légumes. Il est également vice-président de l'Association française des journalistes agricoles et délégué de la France au comité exécutif de l'Union internationale des journalistes agricoles.
René Gillmann est décédé le 10 octobre 1991 à Avignon (Vaucluse).
Interprète et traducteur au ministère de l'Agriculture et du Ravitaillement