Au commencement Dieu créa le ciel et la terre. La terre était sans forme et vide, et l'obscurité couvrait l'océan primitif. Le souffle de Dieu se déplaçait à la surface de l'eau. Alors Dieu dit: «Que la lumière paraisse!» et la lumière parut. Dieu constata que la lumière était une bonne chose, et il sépara la lumière de l'obscurité. Dieu nomma la lumière jour et l'obscurité nuit. Le soir vint, puis le matin; ce fut la première journée. Dieu dit encore: «Qu'il y ait une voûte, pour séparer les eaux en deux masses!» Et cela se réalisa. Dieu fit ainsi la voûte qui sépare les eaux d'en bas de celles d'en haut. Il nomma cette voûte ciel. Le soir vint, puis le matin; ce fut la seconde journée. Dieu dit encore: «Que les eaux qui sont au-dessous du ciel se rassemblent en un lieu unique pour que le continent paraisse!» Et cela se réalisa. Dieu nomma le continent terre et la masse des eaux mer, et il constata que c'était une bonne chose. Dieu dit alors: «Que la terre produise de la végétation: des herbes produisant leur semence, et des arbres fruitiers dont chaque espèce porte ses propres graines!» Et cela se réalisa. La terre fit pousser de la végétation: des herbes produisant leur semence espèce par espèce, et des arbres dont chaque variété porte des fruits avec pépins ou noyaux. Dieu constata que c'était une bonne chose. Le soir vint, puis le matin; ce fut la troisième journée. Dieu dit encore: «Qu'il y ait des lumières dans le ciel pour séparer le jour de la nuit; qu'elles servent à déterminer les fêtes, ainsi que les jours et les années du calendrier; et que du haut du ciel elles éclairent la terre!» Et cela se réalisa. Dieu fit ainsi les deux principales sources de lumière: la grande, le soleil, pour présider au jour, et la petite, la lune, pour présider à la nuit; et il ajouta les étoiles. Il les plaça dans le ciel pour éclairer la terre, pour présider au jour et à la nuit, et pour séparer la lumière de l'obscurité. Dieu constata que c'était une bonne chose. Le soir vint, puis le matin; ce fut la quatrième journée. Dieu dit encore: «Que les eaux grouillent d'une foule d'êtres vivants, et que les oiseaux s'envolent dans le ciel au-dessus de la terre!» Dieu créa les grands monstres marins et toutes les espèces d'animaux qui se faufilent et grouillent dans l'eau, de même que toutes les espèces d'oiseaux. Et il constata que c'était une bonne chose. Dieu les bénit en disant: «Que tout ce qui vit dans l'eau se multiplie et peuple les mers; et que les oiseaux se multiplient sur la terre!» Le soir vint, puis le matin; ce fut la cinquième journée. Dieu dit encore: «Que la terre produise toutes les espèces de bêtes: animaux domestiques, petites bêtes et animaux sauvages de chaque espèce!» Et cela se réalisa. Dieu fit ainsi les diverses espèces d'animaux sauvages, d'animaux domestiques et de petites bêtes. Et il constata que c'était une bonne chose. Dieu dit enfin: «Faisons les êtres humains; qu'ils soient comme une image de nous, une image vraiment ressemblante! Qu'ils soient les maîtres des poissons dans la mer, des oiseaux dans le ciel et sur la terre, des gros animaux et des petites bêtes qui se meuvent au ras du sol!» Dieu créa les êtres humains comme une image de lui-même; il les créa homme et femme. Puis il les bénit en leur disant: «Ayez des enfants, devenez nombreux, peuplez toute la terre et dominez-la; soyez les maîtres des poissons dans la mer, des oiseaux dans le ciel et de tous les animaux qui se meuvent sur la terre.» Et il ajouta: «Sur toute la surface de la terre, je vous donne les plantes produisant des graines et les arbres qui portent des fruits avec pépins ou noyaux. Leurs graines ou leurs fruits vous serviront de nourriture. De même, je donne l'herbe verte comme nourriture à tous les animaux terrestres, à tous les oiseaux, à toutes les bêtes qui se meuvent au ras du sol, bref à tout ce qui vit.» Et cela se réalisa. Dieu constata que tout ce qu'il avait fait était une très bonne chose. Le soir vint, puis le matin; ce fut la sixième journée. Ainsi furent achevés le ciel, la terre et tout ce qu'ils contiennent. Dieu, après avoir achevé son œuvre, se reposa le septième jour de tout son travail. Il fit de ce septième jour un jour béni, un jour qui lui est réservé, car il s'y reposa de tout son travail de Créateur. Voilà l'histoire de la création du ciel et de la terre. Quand le Seigneur Dieu fit la terre et le ciel, il n'y avait encore aucun buisson sur la terre, et aucune herbe n'avait encore germé, car le Seigneur Dieu n'avait pas encore envoyé de pluie sur la terre, et il n'y avait pas d'êtres humains pour cultiver le sol. Seule une sorte de source jaillissait de la terre et arrosait la surface du sol. Le Seigneur Dieu prit de la poussière du sol et en façonna un être humain. Puis il lui insuffla dans les narines le souffle de vie, et cet être humain devint vivant. Ensuite le Seigneur Dieu planta un jardin au pays d'Éden, là-bas vers l'est, pour y mettre l'être humain qu'il avait façonné. Il fit pousser du sol toutes sortes d'arbres à l'aspect agréable et aux fruits délicieux. Il mit au centre du jardin l'arbre de la vie, et l'arbre qui donne la connaissance de ce qui est bon ou mauvais. Un fleuve prenait sa source au pays d'Éden et irriguait le jardin. De là, il se divisait en quatre bras. Le premier était le Pichon; il fait le tour du pays de Havila. Dans ce pays, on trouve de l'or, un or de qualité, ainsi que la résine parfumée de bdellium et la pierre précieuse de cornaline. Le second bras du fleuve était le Guihon, qui fait le tour du pays de Kouch. Le troisième était le Tigre, qui coule à l'est de la ville d'Assour. Enfin le quatrième était l'Euphrate. Le Seigneur Dieu prit l'homme et l'établit dans le jardin d'Éden pour le cultiver et le garder. Il lui fit cette recommandation: «Tu peux manger les fruits de n'importe quel arbre du jardin, sauf de l'arbre qui donne la connaissance de ce qui est bon ou mauvais. Le jour où tu en mangeras, tu mourras.» Le Seigneur Dieu se dit: «Il n'est pas bon que l'être humain soit seul. Je vais le secourir en lui faisant une sorte de partenaire.» Avec de la terre, le Seigneur façonna quantité d'animaux sauvages et d'oiseaux, et les conduisit à l'être humain pour voir comment celui-ci les nommerait. Chacun de ces animaux devait porter le nom que l'être humain lui donnerait. Celui-ci donna donc un nom aux animaux domestiques, aux animaux sauvages et aux oiseaux. Mais il ne trouva pas de partenaire capable de le secourir. Alors le Seigneur Dieu fit tomber l'homme dans un profond sommeil. Il lui prit une côte et referma la chair à sa place. Avec cette côte, le Seigneur fit une femme et la conduisit à l'homme. En la voyant celui-ci s'écria: «Ah! Cette fois, voici quelqu'un qui est plus que tout autre du même sang que moi! On la nommera compagne de l'homme, car c'est de son compagnon qu'elle fut tirée.» C'est pourquoi l'homme quittera père et mère pour s'attacher à sa femme, et ils deviendront tous deux un seul être. L'homme et sa femme étaient tous deux nus, mais sans éprouver aucune gêne l'un devant l'autre. Le serpent était le plus rusé de tous les animaux sauvages que le Seigneur avait faits. Il demanda à la femme: «Est-ce vrai que Dieu vous a dit: “Vous ne devez manger aucun fruit du jardin ”?» La femme répondit au serpent: «Nous pouvons manger les fruits du jardin. Mais quant aux fruits de l'arbre qui est au centre du jardin, Dieu nous a dit: “Vous ne devez pas en manger, pas même y toucher, de peur d'en mourir.” » Le serpent répliqua: «Pas du tout, vous ne mourrez pas. Mais Dieu le sait bien: dès que vous en aurez mangé, vous verrez les choses telles qu'elles sont, vous serez comme lui, capables de savoir ce qui est bon ou mauvais.» La femme vit que les fruits de l'arbre étaient agréables à regarder, qu'ils devaient être bons et qu'ils donnaient envie d'en manger pour acquérir un savoir plus étendu. Elle en prit un et en mangea. Puis elle en donna à son mari, qui était avec elle, et il en mangea, lui aussi. Alors ils se virent tous deux tels qu'ils étaient, ils se rendirent compte qu'ils étaient nus. Ils attachèrent ensemble des feuilles de figuier, et ils s'en firent chacun une sorte de pagne. Le soir, quand souffle la brise, l'homme et la femme entendirent le Seigneur se promener dans le jardin. Ils se cachèrent de lui parmi les arbres. Le Seigneur Dieu appela l'homme et lui demanda: «Où es-tu?» L'homme répondit: «Je t'ai entendu dans le jardin. J'ai eu peur, car je suis nu, et je me suis caché.» – «Qui t'a appris que tu étais nu, demanda le Seigneur Dieu; aurais-tu goûté au fruit que je t'avais défendu de manger?» L'homme répliqua: «C'est la femme que tu m'as donnée pour compagne; c'est elle qui m'a donné ce fruit, et j'en ai mangé.» Le Seigneur Dieu dit alors à la femme: «Pourquoi as-tu fait cela?» Elle répondit: «Le serpent m'a trompée, et j'ai mangé du fruit.» Alors le Seigneur Dieu dit au serpent: «Puisque tu as fait cela, je te maudis. Seul de tous les animaux tu devras ramper sur ton ventre et manger de la poussière tous les jours de ta vie. Je mettrai l'hostilité entre la femme et toi, entre sa descendance et la tienne. La sienne t'écrasera la tête, tandis que tu la mordras au talon.» Le Seigneur dit ensuite à la femme: «Je rendrai tes grossesses pénibles, tu souffriras pour mettre au monde tes enfants. Tu te sentiras attirée par ton mari, mais il dominera sur toi.» Il dit enfin à l'homme: «Tu as écouté la suggestion de ta femme et tu as mangé le fruit que je t'avais défendu. Eh bien, par ta faute, le sol est maintenant maudit. Tu auras beaucoup de peine à en tirer ta nourriture pendant toute ta vie; il produira pour toi épines et chardons. Tu devras manger ce qui pousse dans les champs; tu gagneras ton pain à la sueur de ton front, jusqu'à ce que tu retournes à la terre dont tu as été tiré. Car tu es fait de poussière, et tu retourneras à la poussière.» L'homme, Adam, nomma sa femme Ève, c'est-à-dire Vie, car elle est la mère de tous les vivants. Le Seigneur fit à l'homme et à sa femme des vêtements de peaux de bête et les en habilla. Puis il se dit: «Voilà que l'homme est devenu comme un dieu, pour ce qui est de savoir ce qui est bon ou mauvais. Il faut l'empêcher maintenant d'atteindre aussi l'arbre de la vie; s'il en mangeait les fruits, il vivrait indéfiniment.» Le Seigneur Dieu renvoya donc l'homme du jardin d'Éden, pour qu'il aille cultiver le sol dont il avait été tiré. Puis, après l'en avoir expulsé, le Seigneur plaça des chérubins en sentinelle devant le jardin d'Éden. Ceux-ci, armés de l'épée flamboyante et tourbillonnante, devaient garder l'accès de l'arbre de la vie. De son union avec Adam, son mari, Ève devint enceinte. Elle mit au monde Caïn et dit alors: «J'ai fait un homme grâce au Seigneur.» Elle donna aussi le jour au frère de Caïn, Abel. Abel fut berger, et Caïn cultivateur. Au bout d'un certain temps, Caïn apporta des produits de la terre en offrande pour le Seigneur. Abel, de son côté, apporta en sacrifice des agneaux premiers-nés de son troupeau, dont il offrit au Seigneur les meilleurs morceaux. Le Seigneur accueillit favorablement Abel et son offrande, mais non pas Caïn et son offrande. Caïn en éprouva un profond dépit; il faisait triste mine. Le Seigneur lui dit: «A quoi bon te fâcher et faire si triste mine? Si tu réagis comme il faut, tu reprendras le dessus; sinon, le péché est comme un monstre tapi à ta porte. Il désire te dominer, mais c'est à toi d'en être le maître.» Cependant Caïn dit à son frère: «Sortons.» Quand ils furent dehors, Caïn se jeta sur son frère Abel et le tua. Le Seigneur demanda à Caïn: «Où est ton frère Abel?» Caïn répondit: «Je n'en sais rien. Est-ce à moi de surveiller mon frère?» Le Seigneur répliqua: «Pourquoi as-tu fait cela? J'entends le sang de ton frère dans le sol me réclamer vengeance. Tu es désormais un maudit, chassé du sol qui s'est ouvert pour recueillir le sang de ton frère, ta victime. C'est pourquoi, tu auras beau le cultiver, il ne te donnera plus ses richesses. Tu seras un déraciné, toujours vagabond sur la terre.» Caïn dit au Seigneur: «Ma peine est trop lourde à porter. Tu me chasses aujourd'hui du sol cultivable, et je vais devoir me cacher loin de toi; je serai un déraciné, toujours vagabond sur la terre. Quiconque me trouvera pourra me tuer.» Mais le Seigneur lui répondit: «Non, car si quelqu'un te tue, il faudra sept meurtres pour que tu sois vengé.» Le Seigneur mit alors sur Caïn un signe distinctif, pour empêcher qu'il soit tué par quiconque le rencontrerait. Alors Caïn partit habiter au pays de Nod, loin de la présence du Seigneur, à l'est d'Éden. De son union avec son mari, la femme de Caïn devint enceinte. Elle mit au monde Hénok. Caïn se mit à construire une ville, qu'il appela du nom de son fils, Hénok. Hénok fut le père d'Irad, Irad le père de Mehouyaël, Mehouyaël le père de Metouchaël, Metouchaël le père de Lémek. Lémek épousa deux femmes, la première nommée Ada et la seconde Silla. Ada mit au monde Yabal, l'ancêtre de ceux qui habitent sous des tentes et élèvent des troupeaux. Yabal eut un frère, Youbal, l'ancêtre de tous ceux qui jouent de la guitare et de la flûte. Silla, elle aussi, eut un fils, Toubal-Caïn, le forgeron qui fabriquait tous les outils tranchants de bronze ou de fer. La sœur de Toubal-Caïn était Naama. Lémek dit à ses femmes: «Ada et Silla, écoutez-moi, femmes de Lémek, soyez attentives: Si on me frappe, je tue un homme, si on me blesse, je tue un enfant. S'il faut tuer sept hommes pour venger Caïn, on en tuera soixante-dix-sept pour que je sois vengé.» Adam et sa femme eurent encore un fils. Ève l'appela Seth; elle disait en effet: «Dieu m'a accordé un autre fils pour remplacer Abel, que Caïn a tué.» Seth à son tour eut un fils; il l'appela Énos. C'est alors que les hommes commencèrent à prier Dieu en l'appelant Seigneur. Voici la liste des descendants d'Adam: Le jour où Dieu créa les êtres humains, il les fit à sa ressemblance. Il les créa homme et femme, il les bénit et leur donna le nom d'êtres humains au jour même de leur création. A l'âge de 130 ans, Adam eut un fils qui lui ressemblait tout à fait. Il l'appela Seth. Après la naissance de Seth, Adam vécut encore 800 ans. Il eut d'autres fils et des filles. Après avoir vécu en tout 930 ans, il mourut. A l'âge de 105 ans, Seth eut un fils, Énos. Après la naissance d'Énos, Seth vécut encore 807 ans. Il eut d'autres fils et des filles. Après avoir vécu en tout 912 ans, il mourut. A l'âge de 90 ans, Énos eut un fils, Quénan. Après la naissance de Quénan, Énos vécut encore 815 ans. Il eut d'autres fils et des filles. Après avoir vécu en tout 905 ans, il mourut. A l'âge de 70 ans, Quénan eut un fils, Malaléel. Après la naissance de Malaléel, Quénan vécut encore 840 ans. Il eut d'autres fils et des filles. Après avoir vécu en tout 910 ans, il mourut. A l'âge de 65 ans, Malaléel eut un fils, Yéred. Après la naissance de Yéred, Malaléel vécut encore 830 ans. Il eut d'autres fils et des filles. Après avoir vécu en tout 895 ans, il mourut. A l'âge de 162 ans, Yéred eut un fils, Hénok. Après la naissance d'Hénok, Yéred vécut encore 800 ans. Il eut d'autres fils et des filles. Après avoir vécu en tout 962 ans, il mourut. A l'âge de 65 ans, Hénok eut un fils, Matusalem. Après la naissance de Matusalem, Hénok vécut 300 ans, en communion avec Dieu. Il eut d'autres fils et des filles. Sa vie dura 365 ans. Il vécut en communion avec Dieu, puis il disparut, car Dieu l'enleva auprès de lui. A l'âge de 187 ans, Matusalem eut un fils, Lémek. Après la naissance de Lémek, Matusalem vécut encore 782 ans. Il eut d'autres fils et des filles. Après avoir vécu en tout 969 ans, il mourut. A l'âge de 182 ans, Lémek eut un fils. Il l'appela Noé. Il disait en effet: «Celui-ci nous consolera de nos travaux, de la peine que nous devons prendre parce que le Seigneur a maudit le sol.» Après la naissance de Noé, Lémek vécut encore 595 ans. Il eut d'autres fils et des filles. Après avoir vécu en tout 777 ans, il mourut. Noé avait atteint l'âge de 500 ans quand il eut trois fils, Sem, Cham et Japhet. Quand les hommes commencèrent à se multiplier sur la terre et que des filles leur naquirent, les habitants du ciel constatèrent que ces filles étaient bien jolies, et ils en choisirent pour les épouser. Alors le Seigneur se dit: «Je ne peux pas laisser les hommes profiter indéfiniment du souffle de vie que je leur ai donné; ils ne sont après tout que des êtres mortels. Désormais ils ne vivront pas plus de cent vingt ans.» C'était l'époque où il y avait des géants sur la terre – il en resta même plus tard. Ceux-ci étaient les héros de l'Antiquité, aux noms célèbres; ils étaient nés de l'union des habitants du ciel avec les filles des hommes. Le Seigneur vit que les hommes étaient de plus en plus malfaisants dans le monde, et que les penchants de leur cœur les portaient de façon constante et radicale vers le mal. Il en fut attristé et regretta d'avoir fait des hommes sur la terre. Il se dit: «Il faut que je balaye de la terre les hommes que j'ai créés, et même les animaux, grands ou petits, et les oiseaux. Je regrette vraiment de les avoir faits.» Mais Noé bénéficiait de la bienveillance du Seigneur. Mais aux yeux de Dieu, l'humanité était pourrie: partout ce n'était que violence. Quand il regardait la terre, il constatait que tout le monde s'y était dévoyé. Il dit alors à Noé: «J'ai décidé d'en finir avec tous les humains. Par leur faute le monde est en effet rempli de violence; je vais les supprimer de la terre. Construis-toi une arche, une sorte de grand bateau en bois de cyprès; tu l'aménageras en nombreux compartiments, et tu l'enduiras de poix à l'intérieur et à l'extérieur. Voici comment tu la feras: elle devra avoir cent cinquante mètres de long, vingt-cinq de large et quinze de haut. Tu la muniras d'un toit, et tu laisseras l'espace d'un avant-bras entre le toit et le haut des côtés. Sur un côté tu ménageras une porte. Enfin tu disposeras l'arche en trois étages. Quant à moi, je vais provoquer une grande inondation, pour anéantir tout ce qui vit. Tout ce qui se trouve sur la terre expirera. Mais je prends l'engagement de t'épargner. Tu vas entrer dans l'arche, avec ta femme, tes fils et tes belles-filles. Tu devras y faire entrer aussi un couple de chaque espèce vivante, un mâle et une femelle, pour les conserver en vie avec toi. Un couple de chaque espèce animale, oiseaux, grands ou petits animaux, arrivera auprès de toi pour avoir la vie sauve. Procure-toi donc toutes sortes de vivres, fais-en des provisions, pour que vous ayez de quoi manger, eux et toi.» C'est ce que fit Noé; il exécuta tout ce que le Seigneur lui avait ordonné. Le Seigneur dit à Noé: «Entre dans l'arche, toi et ta famille, car j'ai constaté que tu es le seul parmi tes contemporains à m'être fidèle. Prends avec toi sept couples de chaque sorte d'animaux purs, mais un couple seulement de chaque sorte d'animaux impurs. Pour les oiseaux, prends aussi sept couples de chaque sorte, afin de sauver leur espèce sur la terre. Encore une semaine, et je ferai tomber la pluie pendant quarante jours et quarante nuits; je balayerai ainsi de la surface du sol tous les êtres que j'ai faits.» Noé exécuta tout ce que le Seigneur lui avait ordonné. Noé avait six cents ans quand la grande inondation survint sur la terre. Il entra dans l'arche avec sa femme, ses fils et ses belles-filles, pour échapper à l'inondation. Les animaux purs, les animaux impurs, les oiseaux et les petites bêtes qui se meuvent au ras du sol, tous arrivèrent jusqu'à l'arche de Noé, deux par deux, un mâle et une femelle, comme Dieu l'avait ordonné. Au bout de la semaine, la grande inondation submergea la terre. L'année où Noé eut six cents ans, le dix-septième jour du deuxième mois, les eaux souterraines jaillirent impétueusement de toutes les sources, et les vannes du ciel s'ouvrirent en grand. Il se mit à pleuvoir sur la terre; la pluie allait durer quarante jours et quarante nuits. C'est ce jour-là que Noé entra dans l'arche avec sa femme, ses fils Sem, Cham et Japhet et ses trois belles-filles, et avec toutes les espèces d'animaux sauvages ou domestiques, de petites bêtes, d'oiseaux et d'insectes. Des couples de toutes les espèces vivantes arrivèrent ainsi à l'arche auprès de Noé. Un mâle et une femelle de chaque espèce y entrèrent, comme Dieu l'avait ordonné à Noé. Puis le Seigneur ferma la porte derrière Noé. La grande inondation dura quarante jours sur la terre. Quand le niveau de l'eau monta, l'arche fut soulevée au-dessus du sol et se mit à flotter. Puis le niveau monta de plus en plus et l'arche partit à la dérive sur l'eau. Le niveau monta toujours plus, jusqu'à ce que les plus hautes montagnes qui existent soient entièrement recouvertes. L'eau monta finalement jusqu'à plus de sept mètres au-dessus des sommets. Tout ce qui vivait et se mouvait sur la terre expira: les oiseaux, le bétail, les animaux sauvages, les bestioles qui grouillent sur la terre, et aussi les humains. Sur l'ensemble de la terre ferme, tout ce qui possédait un souffle de vie mourut. Le Seigneur balaya ainsi de la terre tout ce qui vivait, depuis les êtres humains jusqu'aux grands animaux, aux petites bêtes et aux oiseaux. Ils furent éliminés de la terre. Seul Noé survécut et, avec lui, ceux qui étaient dans l'arche. Le niveau de l'eau resta haut pendant cent cinquante jours sur la terre. Puis Dieu pensa à Noé et à tous les animaux, sauvages et domestiques, qui se trouvaient avec lui dans l'arche. Il fit souffler un vent sur la terre, et le niveau de l'eau commença de baisser. Les sources des eaux souterraines et les vannes du ciel se fermèrent. La pluie cessa de tomber. Les eaux se retirèrent progressivement de la terre. Ainsi, cent cinquante jours après le début de l'inondation, le niveau de l'eau se mit à baisser. Le dix-septième jour du septième mois, l'arche s'échoua dans le massif de l'Ararat. Les eaux continuèrent à se retirer jusqu'au dixième mois. Le premier jour de ce mois, on vit apparaître le sommet des montagnes. Au bout de quarante jours, Noé ouvrit la fenêtre qu'il avait ménagée dans l'arche. Il laissa partir un corbeau. Celui-ci sortit et s'en revint bientôt: il fallait attendre que l'eau se résorbe sur la terre. Puis Noé laissa partir une colombe, pour voir si le niveau de l'eau avait baissé. Mais elle ne trouva aucun endroit où se percher, car l'eau couvrait encore toute la terre; elle revint donc à l'arche, auprès de Noé. Celui-ci tendit la main, prit la colombe et la ramena dans l'arche. Il attendit une semaine et la laissa de nouveau partir. La colombe revint auprès de lui vers le soir; elle tenait dans son bec une jeune feuille d'olivier. Alors Noé sut que le niveau de l'eau avait baissé sur la terre. Il attendit encore une semaine et laissa partir la colombe, mais celle-ci ne revint pas. Dès le premier jour de l'année où Noé eut six cent un ans, l'eau était résorbée sur la terre. Noé ôta le toit de l'arche, il regarda dehors et constata que toute la surface du sol était sèche. Le vingt-septième jour du second mois la terre était tout à fait sèche. Alors Dieu dit à Noé: «Sors de l'arche, ainsi que ta femme, tes fils et tes belles-filles. Fais sortir aussi toutes les bêtes qui sont avec toi, toutes les espèces d'oiseaux, de grands et de petits animaux; qu'ils se répandent sur la terre et qu'ils s'y multiplient.» Noé sortit donc de l'arche, avec sa femme, ses fils et ses belles-filles. Puis sortirent aussi, par familles, tous les animaux, avec les oiseaux et les petites bêtes qui se meuvent au ras du sol. Noé bâtit un autel qu'il consacra au Seigneur. Parmi les grands animaux et les oiseaux, il prit une bête de chaque espèce considérée comme pure et les offrit au Seigneur sur l'autel en sacrifice entièrement consumé par le feu. Le Seigneur respira l'odeur apaisante de ce sacrifice et il se dit: «Désormais je renonce à maudire le sol à cause des êtres humains. C'est vrai, dès leur jeunesse ils n'ont au cœur que de mauvais penchants. Mais je renonce désormais à détruire tout ce qui vit comme je viens de le faire. Tant que la terre durera, semailles et moissons, chaleur et froidure, été et hiver, jour et nuit ne cesseront jamais.» Dieu bénit Noé et ses fils en leur disant: «Multipliez-vous et peuplez toute la terre. Vous inspirerez désormais la plus grande crainte à toutes les bêtes de la terre, aux oiseaux, aux petits animaux et aux poissons; vous pourrez disposer d'eux. Tout ce qui remue et qui vit pourra vous servir de nourriture; comme je vous avais donné l'herbe verte, je vous donne maintenant tout cela. Cependant vous ne devez pas manger la viande qui contient encore la vie, c'est-à-dire le sang. Votre sang aussi, qui est votre vie, j'en demanderai compte; j'en demanderai compte à tout animal qui aura tué un être humain, comme à tout être humain qui aura tué son semblable; je demanderai compte de la vie de l'homme. Celui qui répand le sang de l'homme, c'est par l'homme que son sang sera répandu, car Dieu a fait l'être humain à son image. Quant à vous, ayez des enfants, multipliez-vous et répandez-vous en grand nombre sur la terre.» Dieu dit alors à Noé et à ses fils: «Je vous fais une promesse, ainsi qu'à vos descendants et à tout ce qui vit autour de vous: oiseaux, animaux domestiques ou sauvages, ceux qui sont sortis de l'arche et tous ceux qui vivront à l'avenir sur la terre. Voici à quoi je m'engage: Jamais plus la grande inondation ne supprimera la vie sur terre; il n'y aura plus de grande inondation pour ravager la terre.» Et Dieu ajouta: «Voici le signe que je m'y engage envers vous et envers tout être vivant, aussi longtemps qu'il y aura des hommes: Je place mon arc dans les nuages; il sera un signe qui rappellera l'engagement que j'ai pris à l'égard de la terre. Chaque fois que j'accumulerai des nuages au-dessus de la terre et que l'arc-en-ciel apparaîtra, je penserai à l'engagement que j'ai pris envers vous et envers toutes les espèces d'animaux: il n'y aura jamais plus de grande inondation pour anéantir la vie. Je verrai paraître l'arc-en-ciel, et je penserai à l'engagement éternel que j'ai pris à l'égard de toutes les espèces vivantes de la terre.» Et Dieu le répéta à Noé: «L'arc-en-ciel est le signe de l'engagement que j'ai pris à l'égard de tous les êtres qui vivent sur la terre.» Les fils de Noé qui sortirent de l'arche étaient Sem, Cham et Japhet. Cham fut le père de Canaan. C'est à partir de ces trois fils de Noé que toute la terre fut peuplée. Noé fut le premier cultivateur à planter de la vigne. Il but du vin, s'enivra et se déshabilla complètement à l'intérieur de sa tente. Cham, père de Canaan, vit son père tout nu et en avertit ses deux frères, qui étaient dehors. Alors Sem et Japhet prirent un manteau, le placèrent sur leurs épaules, entrèrent à reculons dans la tente et couvrirent leur père. Ils regardaient dans la direction opposée, pour ne pas voir leur père tout nu. Quand Noé fut sorti de son ivresse, il apprit ce que lui avait fait son plus jeune fils. Alors il déclara: «Maudit soit Canaan! Qu'il soit pour ses frères le dernier des esclaves!» Puis il ajouta: « Béni soit le Seigneur, le Dieu de Sem! Que Canaan soit l'esclave de Sem! Que Dieu mette Japhet au large, mais qu'il ait sa demeure chez Sem, et que Canaan soit l'esclave de Japhet!» Après la grande inondation, Noé vécut encore trois cent cinquante ans. Il mourut à l'âge de neuf cent cinquante ans. Après la grande inondation, les fils de Noé, Sem, Cham et Japhet, eurent des fils. Voici la liste de leurs descendants: Fils de Japhet: Gomer, Magog, Madaï, Yavan, Toubal, Méchek et Tiras. Fils de Gomer: Achekénaz, Rifath et Togarma. Fils de Yavan: Élicha, Tarsis, Kittim et Rodanim. D'eux sont issues les populations dispersées le long des côtes, réparties par pays selon la langue et par clans dans chaque nation. Fils de Cham: Kouch et Misraïm, Pouth et Canaan. Fils de Kouch: Séba, Havila, Sabta, Ragma et Sabteka. Fils de Ragma: Saba et Dédan. Kouch fut aussi le père de Nemrod qui a été le premier souverain sur la terre. Nemrod fut un fameux chasseur aux yeux du Seigneur; c'est pourquoi on dit: «Fameux chasseur aux yeux du Seigneur, comme Nemrod.» Les premières villes de son royaume furent Babel, Érek, Accad et Kalné, au pays de Chinéar. Nemrod quitta ce pays pour l'Assyrie. Il construisit Ninive, Rehoboth-Ir, Kéla et Ressen entre Ninive et la grande ville de Kéla. Misraïm fut l'ancêtre des gens de Loud, Anem, Lehab, Naftou, Patros, Kaslou, d'où sont issus les Philistins, et Kaftor. Canaan fut le père de Sidon, son aîné, ainsi que de Heth, et l'ancêtre des Jébusites, Amorites, Guirgachites, Hivites, Arquites, Sinites, Arvadites, Semarites et Hamatites. Par la suite les clans cananéens se dispersèrent, et leur territoire s'étendit de Sidon en direction de Guérar jusqu'à Gaza, et en direction de Sodome, Gomorrhe, Adma et Seboïm jusqu'à Lécha. Tels sont les descendants de Cham, répartis d'après leurs clans et leurs langues, dans leur pays et leurs nations. Sem, le frère aîné de Japhet, eut aussi des fils. Il est l'ancêtre d'Éber et de tous ses descendants. Fils de Sem: Élam, Assour, Arpaxad, Loud et Aram. Fils d'Aram: Ous, Houl, Guéter et Mach. Arpaxad fut le père de Chéla; Chéla fut le père d'Éber. Éber eut deux fils: le premier s'appelait Péleg, “Division”, parce que, à l'époque où il vécut, la population de la terre se divisa; son frère s'appelait Yoctan. Yoctan fut le père d'Almodad, Chélef, Hassarmaveth, Yéra, Hadoram, Ouzal, Dicla, Obal, Abimaël, Saba, Ofir, Havila, Yobab; tous ceux-là furent les fils de Yoctan. Ils habitaient entre Mécha et la région montagneuse de Sefar à l'est. Tels sont les descendants de Sem, répartis d'après leurs clans et leurs langues, dans leurs pays et leurs nations. Tels furent les clans issus des fils de Noé selon leurs listes de descendance, nation par nation. C'est d'eux que descendent toutes les nations dispersées sur la terre après la grande inondation. Tout le monde parlait alors la même langue et se servait des mêmes mots. Partis de l'est, les hommes trouvèrent une large vallée en Basse-Mésopotamie et s'y installèrent. Ils se dirent les uns aux autres: «Allons! Au travail pour mouler des briques et les cuire au four!» Ils utilisèrent les briques comme pierres de construction et du bitume comme mortier. Puis ils se dirent: «Allons! Au travail pour bâtir une ville, avec une tour dont le sommet touche au ciel! Ainsi nous deviendrons célèbres, et nous éviterons d'être dispersés sur toute la surface de la terre.» Le Seigneur descendit du ciel pour voir la ville et la tour que les hommes bâtissaient. Après quoi il se dit: «Eh bien, les voilà tous qui forment un peuple unique et parlent la même langue! S'ils commencent ainsi, rien désormais ne les empêchera de réaliser tout ce qu'ils projettent. Allons! Descendons mettre le désordre dans leur langage, et empêchons-les de se comprendre les uns les autres.» Le Seigneur les dispersa de là sur l'ensemble de la terre, et ils durent abandonner la construction de la ville. Voilà pourquoi celle-ci porte le nom de Babel. C'est là, en effet, que le Seigneur a mis le désordre dans le langage des hommes, et c'est à partir de là qu'il a dispersé les humains sur la terre entière. Voici la liste des descendants de Sem. Sem avait 100 ans quand il eut un fils, Arpaxad, deux ans après la grande inondation. Après la naissance d'Arpaxad, Sem vécut encore 500 ans. Il eut d'autres fils et des filles. Arpaxad vécut 35 ans et il eut un fils, Chéla. Après la naissance de Chéla, Arpaxad vécut encore 403 ans. Il eut d'autres fils et des filles. A l'âge de 30 ans, Chéla eut un fils, Éber. Après la naissance d'Éber, Chéla vécut encore 403 ans. Il eut d'autres fils et des filles. A l'âge de 34 ans, Éber eut un fils, Péleg. Après la naissance de Péleg, Éber vécut encore 430 ans. Il eut d'autres fils et des filles. A l'âge de 30 ans, Péleg eut un fils, Réou. Après la naissance de Réou, Péleg vécut encore 209 ans. Il eut d'autres fils et des filles. A l'âge de 32 ans, Réou eut un fils, Seroug. Après la naissance de Seroug, Réou vécut encore 207 ans. Il eut d'autres fils et des filles. A l'âge de 30 ans, Seroug eut un fils, Nahor. Après la naissance de Nahor, Seroug vécut encore 200 ans. Il eut d'autres fils et des filles. A l'âge de 29 ans, Nahor eut un fils, Téra. Après la naissance de Téra, Nahor vécut encore 119 ans. Il eut d'autres fils et des filles. Après avoir atteint l'âge de 70 ans, Téra eut trois fils, Abram, Nahor et Haran. Voici la liste des descendants de Téra, père d'Abram, Nahor et Haran. Haran eut un fils, Loth, et mourut du vivant de son père Téra, au pays où il était né, Our en Chaldée. Abram épousa Saraï et Nahor épousa Milka, fille de Haran. Haran était aussi le père d'Iska. Saraï n'avait pas d'enfant, elle était stérile. Téra emmena son fils Abram et son petit-fils Loth, fils de Haran. Il emmena aussi sa belle-fille Saraï, femme d'Abram. Il quitta avec eux Our en Chaldée pour aller au pays de Canaan. Ils voyagèrent jusqu'à Haran et s'y installèrent. Après avoir vécu 205 ans, Téra mourut à Haran. Le Seigneur dit à Abram: «Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père et va dans le pays que je te montrerai. Je ferai naître de toi une grande nation; je te bénirai et je rendrai ton nom célèbre. Tu seras une bénédiction pour les autres. Je bénirai ceux qui te béniront, mais je maudirai ceux qui te maudiront. A travers toi, je bénirai toutes les nations de la terre.» Abram, qui était âgé de soixante-quinze ans, quitta Haran comme le lui ordonnait le Seigneur. Loth partit avec lui. Abram prit donc avec lui sa femme Saraï et son neveu Loth; ils emportaient toutes leurs richesses et emmenaient les esclaves achetés à Haran. Ils se dirigèrent vers le pays de Canaan. Lorsqu'ils arrivèrent au pays de Canaan, ils le traversèrent jusqu'au chêne sacré de Moré, à Sichem. – A cette époque, les Cananéens habitaient la région. – Le Seigneur apparut à Abram et lui dit: «Je donnerai ce pays à ta descendance.» Abram construisit un autel au Seigneur à l'endroit où il lui était apparu. De là, il passa dans la région montagneuse, à l'est de Béthel; il installa son camp entre la ville de Béthel, à l'ouest, et celle d'Aï, à l'est. Il y construisit un autre autel et il pria Dieu en l'appelant “Seigneur”. Puis de campement en campement, Abram prit la direction du Néguev. Il y eut une famine dans le pays; elle devint si grave qu'Abram partit pour l'Égypte, afin d'y séjourner quelque temps. Au moment de pénétrer dans ce pays, il dit à sa femme Saraï: «Écoute, je sais que tu es belle. Quand les Égyptiens te verront, ils se diront que tu es ma femme; ils me tueront et te garderont en vie. Dis-leur donc que tu es ma sœur, afin qu'on me traite bien à cause de toi; ainsi j'aurai la vie sauve grâce à toi.» Lorsque Abram arriva en Égypte, les Égyptiens remarquèrent que sa femme était très belle. Des officiers du Pharaon la virent et firent son éloge à leur maître. On emmena la femme au palais du roi. A cause d'elle, le Pharaon se montra bienveillant pour Abram. Il lui donna des moutons, des chèvres et des bœufs, des serviteurs et des servantes, des ânes, des ânesses et des chameaux. Mais le Seigneur frappa le Pharaon et sa famille de grands malheurs à cause de Saraï, la femme d'Abram. Le Pharaon convoqua Abram et lui demanda: «Pourquoi m'as-tu fait cela? Pourquoi ne m'as-tu pas averti que c'était ta femme? Pourquoi as-tu dit que c'était ta sœur, si bien que je l'ai prise pour femme? Maintenant, voilà ta femme; prends-la et va-t'en!» Le Pharaon donna alors à ses serviteurs l'ordre de reconduire Abram à la frontière avec sa femme et tout ce qui lui appartenait. D'Égypte, Abram retourna au Néguev avec sa femme et tout ce qui lui appartenait. Loth l'accompagnait. Abram était très riche. Il possédait de grands troupeaux ainsi que beaucoup d'argent et d'or. Il alla par étapes du Néguev jusqu'à Béthel, là où il avait déjà campé, entre Béthel et Aï, à l'endroit où il avait construit un autel. Abram y pria Dieu en l'appelant “Seigneur”. Loth, qui l'accompagnait, possédait lui aussi des troupeaux de moutons, de chèvres et de bœufs; il avait ses propres tentes. Alors Abram dit à Loth: «Il ne doit pas y avoir de dispute entre nous, ni entre nos bergers, car nous sommes de la même famille. Tu as tout le pays devant toi. Séparons-nous: si tu vas vers le nord, j'irai vers le sud; et si tu vas vers le sud, j'irai vers le nord.» Loth regarda; il vit que toute la région du Jourdain était bien arrosée. Jusqu'à Soar, avant que le Seigneur détruise Sodome et Gomorrhe, elle était comme un paradis, comme la vallée du Nil. Loth choisit pour lui la région du Jourdain et déplaça son campement vers l'est; c'est ainsi qu'ils se séparèrent. Abram resta dans le pays de Canaan. Loth campa près des villes de la région du Jourdain et alla planter ses tentes jusqu'à Sodome. Les habitants de cette ville offensaient gravement le Seigneur par leur mauvaise conduite. Après que Loth se fut séparé d'Abram, le Seigneur dit à Abram: «Porte ton regard depuis l'endroit où tu es, vers le nord et le sud, vers l'est et l'ouest. Tout le pays que tu vois, je le donnerai à toi et à tes descendants pour toujours. Je rendrai tes descendants si nombreux que personne ne pourra les compter, pas plus qu'on ne peut compter les grains de poussière sur le sol. Va, parcours le pays en long et en large, car c'est à toi que je le donnerai.» Abram déplaça son camp et vint s'installer aux chênes de Mamré, près d'Hébron; il y construisit un autel au Seigneur. A cette époque, les rois Amrafel de Mésopotamie, Ariok d'Ellasar, Kedor-Laomer d'Élam et Tidal de Goïm firent la guerre aux rois Béra de Sodome, Bircha de Gomorrhe, Chinab d'Adma, Chéméber de Seboïm et au roi de Béla, c'est-à-dire de Soar. Ces derniers se rassemblèrent dans la vallée de Siddim, recouverte aujourd'hui par la mer Morte. Pendant douze ans, ils avaient été soumis à Kedor-Laomer mais, la treizième année, ils s'étaient révoltés. La quatorzième année, Kedor-Laomer se mit en campagne avec les rois ses alliés. Ils battirent les Refaïtes à Achetaroth-Carnaïm, les Zouzites à Ham, les Émites dans la plaine de Quiriataïm. Quant aux Horites, ils les battirent chez eux, dans leurs montagnes, au pays de Séir, les poursuivant jusqu'à El-Paran qui est près du désert. Puis ils revinrent vers En-Michepath, c'est-à-dire Cadès. Ils ravagèrent toute la campagne amalécite et battirent aussi les Amorites qui habitaient Hassasson-Tamar. Les rois des villes de Sodome, Gomorrhe, Adma, Seboïm et de Béla, c'est-à-dire de Soar, firent sortir leurs troupes; ils livrèrent bataille dans la vallée de Siddim aux rois Kedor-Laomer d'Élam, Tidal de Goïm, Amrafel de Mésopotamie, Ariok d'Ellasar, cinq rois contre quatre. Il y avait de nombreux puits de bitume dans la vallée de Siddim. Les rois de Sodome et Gomorrhe s'enfuirent et ils y tombèrent; les survivants se réfugièrent dans la montagne. Les vainqueurs s'emparèrent de tous les biens de Sodome et Gomorrhe et de toutes les réserves de nourriture, puis ils s'en allèrent. Loth, le neveu d'Abram, habitait Sodome; ils l'emmenèrent aussi avec tous ses biens. Un fuyard vint annoncer cette nouvelle à Abram l'Hébreu qui s'était installé aux chênes de l'Amorite Mamré. Mamré était frère d'Èchekol et d'Aner; tous trois étaient les alliés d'Abram. Quand Abram apprit que son neveu avait été fait prisonnier, il mobilisa ses partisans, les trois cent dix-huit hommes de son clan, et se lança à la poursuite de l'ennemi jusqu'à Dan. Abram répartit ses serviteurs en plusieurs groupes et attaqua de nuit. Il battit les rois et les poursuivit jusqu'à Hoba, au nord de Damas. Il récupéra tout le butin, ainsi que Loth son neveu avec ses biens, les femmes et les autres prisonniers. Quand Abram revint après sa victoire sur Kedor-Laomer et les rois ses alliés, le roi de Sodome vint à sa rencontre dans la vallée de Chavé, c'est-à-dire la vallée du Roi. Melkisédec, qui était roi de Salem et prêtre du Dieu très-haut, apporta du pain et du vin. Il bénit Abram en disant: «Béni soit Abram par le Dieu très-haut qui a créé le ciel et la terre! Merci au Dieu très-haut qui a livré tes ennemis en ton pouvoir!» Alors Abram lui donna un dixième de tout le butin. Le roi de Sodome dit à Abram: «Donne-moi les gens et garde les biens matériels.» Abram lui répondit: «Je lève ma main vers le Seigneur, le Dieu très-haut qui a créé le ciel et la terre: Je jure que je ne prendrai rien de ce qui t'appartient, pas même un fil ou une courroie de sandale. Ainsi tu ne pourras pas dire: “J'ai enrichi Abram.” Je ne garderai rien pour moi. J'accepte seulement ce que mes gens ont mangé et la part de mes alliés, Aner, Èchekol et Mamré, qui ont droit à cette part.» Le Seigneur apparut à Abram et lui dit: «N'aie pas peur, Abram! Je suis ton protecteur et je te donnerai une grande récompense.» «Non, dit le Seigneur, ce n'est pas lui qui sera ton héritier, mais un fils né de toi.» Puis il fit sortir Abram de sa tente et lui dit: «Regarde le ciel et compte les étoiles si tu le peux.» Et il ajouta: «Comme elles, tes descendants seront innombrables.» Abram eut confiance dans le Seigneur. C'est pourquoi le Seigneur le considéra comme juste. Il lui dit: «Je suis le Seigneur qui t'ai fait sortir d'Our en Chaldée pour te donner en propriété ce pays où tu es.» – «Seigneur Dieu, demanda Abram, comment pourrai-je être sûr que je le posséderai?» Le Seigneur lui dit: «Amène-moi une génisse, une chèvre et un bélier de trois ans chacun, une tourterelle et un pigeon.» Abram amena ces animaux. Il les partagea par le milieu, à l'exception des oiseaux, et plaça chaque moitié vis-à-vis de l'autre. Des vautours s'abattirent sur les cadavres, mais Abram les chassa. Au coucher du soleil, Abram tomba dans un profond sommeil; une grande et sombre terreur s'empara de lui. Le Seigneur lui dit: «Sache bien que tes descendants séjourneront dans un pays étranger; ils y seront esclaves et on les opprimera pendant quatre cents ans. Mais après que j'aurai puni le peuple dont ils seront les esclaves, ils pourront partir en emportant de grands biens. Quant à toi, tu mourras en paix et tu seras enterré après une heureuse vieillesse. Tes descendants ne reviendront ici qu'à la quatrième génération, car les Amorites n'ont pas encore dépassé la mesure dans leurs crimes pour que je les chasse.» Quand le soleil fut couché et l'obscurité complète, soudain un brasier d'où s'échappaient flammes et fumée passa entre les moitiés d'animaux. Ce jour-là, le Seigneur conclut une alliance avec Abram. Il lui dit: «A tes descendants je donne ce pays, depuis le torrent d'Égypte jusqu'à l'Euphrate, le grand fleuve: c'est le territoire des Quénites, des Quenizites, des Quadmonites, des Hittites, des Perizites, des Refaïtes, des Amorites, des Cananéens, des Guirgachites et des Jébusites.» Saraï, la femme d'Abram, ne lui avait pas donné d'enfant. Mais elle avait une esclave égyptienne nommée Agar. Saraï dit à son mari: «Tu vois: le Seigneur m'a empêchée d'avoir des enfants. Je pourrai peut-être avoir un fils grâce à mon esclave. Passe la nuit avec elle.» Abram accepta la proposition de Saraï. Saraï prit alors son esclave Agar et la donna comme femme à Abram son mari. Il y avait dix ans qu'Abram habitait le pays de Canaan. Abram passa la nuit avec Agar, qui devint enceinte. Quand elle sut qu'elle attendait un enfant, elle regarda sa maîtresse avec mépris. Saraï dit alors à Abram: «A toi de supporter les conséquences de l'injure qui m'est faite! C'est bien moi qui ai mis mon esclave dans tes bras, mais depuis qu'elle s'est vue enceinte, elle s'est mise à me mépriser. Que le Seigneur soit juge entre toi et moi!» Abram lui répondit: «C'est ton esclave, elle est en ton pouvoir. Fais-lui ce qui te plaît.» Alors Saraï maltraita tellement Agar que celle-ci s'enfuit dans le désert. L'ange du Seigneur la vit près de la source qui est sur la route de Chour et lui demanda: «Agar, esclave de Saraï, d'où viens-tu et où vas-tu?» Elle répondit: «Je me suis enfuie de chez ma maîtresse.» – «Retourne auprès de ta maîtresse, reprit l'ange, et sois-lui soumise. Le Seigneur te donnera des descendants en si grand nombre qu'on ne pourra pas les compter. Tu vas avoir un fils. Tu l'appelleras Ismaël, car le Seigneur a entendu ton cri de détresse. Ton fils sera comme un âne sauvage. Il combattra contre tous et tous combattront contre lui. Il vivra seul, à l'écart de tous ses semblables.» Agar se demandait: «Ai-je réellement vu Celui qui me voit?» et elle donna ce nom au Seigneur qui lui avait parlé: “Tu es El-Roï, le Dieu qui me voit.” C'est pourquoi le puits qui se trouve entre Cadès et Béred est appelé puits de Lahaï-Roï, ou puits du Vivant qui me voit. Agar mit au monde un fils que son père Abram nomma Ismaël. Abram avait quatre-vingt-six ans lorsque Agar lui donna ce fils. Quand Abram eut quatre-vingt-dix-neuf ans, le Seigneur lui apparut et lui déclara: «Je suis le Dieu tout -puissant. Vis toujours en ma présence et sois irréprochable. Je vais établir mon alliance entre toi et moi et te donner un très grand nombre de descendants.» Abram se jeta le visage contre terre et Dieu reprit: «Voici à quoi je m'engage envers toi: tu deviendras l'ancêtre d'une foule de nations. On ne t'appellera plus Abram, mais Abraham, car je ferai de toi l'ancêtre d'une foule de nations. Je t'accorderai un si grand nombre de descendants qu'ils constitueront des nations; il y aura même des rois dans ta postérité. Je maintiendrai mon alliance avec toi, puis, après toi, avec tes descendants, de génération en génération, pour toujours: ainsi je serai ton Dieu et celui de tes descendants après toi. A toi et à tes descendants, je donnerai le pays où tu séjournes en étranger, tout le pays de Canaan. Il sera leur propriété pour toujours et je serai leur Dieu.» Dieu dit encore à Abraham: «Toi et tes descendants, de génération en génération, vous devrez respecter mon alliance. Voici l'obligation que je vous impose et à laquelle vous vous soumettrez, toi et tes descendants: Quiconque est parmi vous de sexe masculin devra être circoncis. Votre circoncision sera le signe de l'alliance établie entre vous et moi. De génération en génération, tous vos garçons seront circoncis quand ils auront huit jours. De même pour les esclaves nés chez toi ou pour les esclaves étrangers que tu as achetés et qui ne sont donc pas membres de ton clan. Ainsi l'esclave né chez toi et celui que tu auras acheté seront circoncis, afin que mon alliance soit inscrite dans votre chair comme une alliance perpétuelle. Quant à l'homme non circoncis, il sera exclu du peuple pour n'avoir pas respecté les obligations de mon alliance.» Ensuite Dieu dit à Abraham: «Ne donne plus à ta femme le nom de Saraï, car désormais son nom est Sara. Je vais la bénir et te donner par elle un fils. Je la bénirai et elle deviendra l'ancêtre de nations entières; il y aura des rois de divers peuples dans sa descendance.» Abraham se jeta le visage contre terre et il rit, car il se disait: «Comment pourrais-je avoir un enfant, moi qui ai cent ans, et comment Sara qui en a quatre-vingt-dix pourrait-elle devenir mère?» Il dit alors à Dieu: «Pourvu qu'Ismaël vive et que tu t'intéresses à lui, je n'en demande pas plus.» Dieu dit: «Non! Ta femme Sara te donnera un fils que tu appelleras Isaac. Je maintiendrai mon alliance avec lui et avec ses descendants après lui. Ce sera une alliance pour toujours. De plus, j'ai entendu ta demande en faveur d'Ismaël: je le bénirai, je le rendrai fécond, je lui donnerai un très grand nombre de descendants. Il sera le père de douze chefs et l'ancêtre d'un grand peuple. Mais mon alliance, je la maintiendrai avec Isaac, le fils que Sara va te donner à cette époque l'an prochain.» Quand Dieu eut fini de parler avec Abraham, il le quitta. Abraham prit alors son fils Ismaël ainsi que tous ses esclaves, ceux nés chez lui et ceux qu'il avait achetés, c'est-à-dire tous les hommes de sa maison. Il les circoncit le jour même, comme Dieu le lui avait ordonné. Ils furent circoncis le même jour, avec tous les hommes de la maison d'Abraham, esclaves nés chez lui ou achetés à des étrangers. Le Seigneur apparut à Abraham près des chênes de Mamré. Abraham était assis à l'entrée de sa tente à l'heure la plus chaude de la journée. Soudain il vit trois hommes qui se tenaient non loin de lui. De l'entrée de la tente, il se précipita à leur rencontre et s'inclina jusqu'à terre. Il dit à l'un d'eux: «Je t'en prie, fais-moi la faveur de t'arrêter chez moi. On va apporter un peu d'eau pour vous laver les pieds et vous vous reposerez sous cet arbre. Je vous servirai quelque chose à manger pour que vous repreniez des forces, puis vous continuerez votre chemin. Ainsi vous ne serez pas passés pour rien près de chez moi.» Les visiteurs répondirent: «Bien! Fais ce que tu viens de dire.» Alors Abraham retourna en toute hâte dans la tente pour dire à Sara: «Vite! Prends trois grandes mesures de fine farine et fais des galettes.» Ensuite il courut vers le troupeau, choisit un veau tendre et gras. Il le remit à son serviteur, qui se dépêcha de le préparer. Quand la viande fut prête, Abraham la plaça devant ses visiteurs avec du lait caillé et du lait frais. Ils mangèrent tandis qu'Abraham se tenait debout près d'eux sous l'arbre. Ils lui demandèrent: «Où est ta femme Sara?» – «Dans la tente», répondit-il. L'un des visiteurs déclara: «Je reviendrai chez toi l'an prochain à la même époque, et ta femme Sara aura un fils.» Sara se trouvait à l'entrée de la tente, derrière Abraham et elle écoutait. Le Seigneur demanda alors à Abraham: «Pourquoi Sara a-t-elle ri? Pourquoi se dit-elle: “C'est impossible, je suis trop vieille pour avoir un enfant”? Y a-t-il donc quelque chose que le Seigneur soit incapable de réaliser? Quand je reviendrai chez toi l'an prochain à la même époque, Sara aura un fils.» Effrayée, Sara nia: «Je n'ai pas ri», dit-elle. «Si, tu as ri!» répliqua le Seigneur. Les hommes se mirent en route et regardèrent en direction de Sodome. Abraham marchait avec eux pour les reconduire. Le Seigneur se dit: «Je ne veux pas cacher à Abraham ce que je vais faire. Il doit devenir l'ancêtre d'un peuple grand et puissant. A travers lui, je bénirai toutes les nations de la terre. Je l'ai choisi pour qu'il ordonne à ses fils et à ses descendants d'observer mes commandements, en ayant une conduite juste et droite, afin que j'accomplisse en sa faveur ce que je lui ai promis.» Le Seigneur dit alors à Abraham: «Les accusations contre les populations de Sodome et Gomorrhe sont graves, leurs péchés sont énormes. Je vais descendre pour vérifier s'ils ont fait tout ce dont on les accuse auprès de moi. Si ce n'est pas le cas, je le saurai.» Deux des visiteurs quittèrent cet endroit et se dirigèrent vers Sodome, tandis que le Seigneur restait avec Abraham. Abraham se rapprocha et dit: «Seigneur, vas-tu vraiment faire périr ensemble l'innocent et le coupable? Il y a peut-être cinquante justes à Sodome. Vas-tu quand même détruire cette ville? Ne veux-tu pas lui pardonner à cause des cinquante justes qui s'y trouvent? Non, tu ne peux pas agir ainsi! Tu ne feras pas mourir l'innocent avec le coupable, de sorte que l'innocent ait le même sort que le coupable. Il n'est pas possible que le juge de toute la terre ne respecte pas la justice.» Le Seigneur répondit: «Si je trouve à Sodome cinquante justes, je pardonnerai à toute la ville à cause d'eux.» Abraham reprit: «Excuse-moi d'oser te parler, Seigneur, moi qui ne suis qu'un peu de poussière et de cendre. Au lieu des cinquante justes, il n'y en aura peut-être que quarante-cinq. Pour les cinq qui manquent détruiras-tu toute la ville?» Dieu dit: «Je ne la détruirai pas si j'y trouve quarante-cinq justes.» Abraham insista: «On n'en trouvera peut-être que quarante.» – «Je n'interviendrai pas à cause des quarante», déclara Dieu. Abraham dit alors: «Je t'en prie, Seigneur, ne te fâche pas si je parle encore. On n'en trouvera peut-être que trente.» – «Je n'interviendrai pas si je trouve trente justes dans la ville», répondit Dieu. Abraham dit: «Seigneur, excuse mon audace. On n'en trouvera peut-être que vingt.» – «Je ne détruirai pas la ville à cause de ces vingt», répondit Dieu. Alors Abraham dit: «Je t'en prie, Seigneur, ne te fâche pas. C'est la dernière fois que je parle. On n'en trouvera peut-être que dix.» – «Je ne détruirai pas la ville à cause de ces dix», dit Dieu. Lorsqu'il eut achevé de parler avec Abraham, le Seigneur s'en alla et Abraham retourna chez lui. Vers le soir, les deux anges arrivèrent à Sodome. Loth était assis à la porte de la ville. Dès qu'il les vit, il se leva pour aller à leur rencontre et s'inclina jusqu'à terre devant eux. «Je vous en prie, dit-il, faites-moi l'honneur de venir chez moi. Vous pourrez vous y laver les pieds et y passer la nuit. Demain matin, vous continuerez votre chemin.» – «Non, répondirent-ils, nous passerons la nuit sur la place.» Mais Loth insista tellement qu'ils finirent par aller chez lui. Il leur prépara un repas et fit cuire des galettes, puis ils mangèrent. Ils n'étaient pas encore couchés lorsque les hommes de Sodome encerclèrent la maison; des jeunes gens aux vieillards, tous étaient là, sans exception. Ils appelèrent Loth et lui dirent: «Où sont les gens qui sont venus chez toi ce soir? Fais-les sortir. Nous voulons prendre notre plaisir avec eux.» Loth sortit sur le seuil de la maison, ferma la porte derrière lui et leur dit: «Non, mes amis, ne commettez pas ce crime. J'ai deux filles qui sont encore vierges; je vais vous les amener et vous les traiterez comme vous voudrez. Mais ne faites rien à ces gens; ce sont mes hôtes, ils sont sous ma protection.» – «Ote-toi de là, répondirent-ils! Tu n'es qu'un étranger et tu voudrais faire la loi chez nous. Eh bien, nous allons te traiter encore plus mal qu'eux!» Ils bousculèrent Loth avec violence et s'approchèrent de la porte pour l'enfoncer. Alors les deux anges empoignèrent Loth, le ramenèrent à l'intérieur et refermèrent la porte. Quant aux hommes qui se trouvaient devant l'entrée de la maison, ils les frappèrent tous d'aveuglement du plus petit jusqu'au plus grand, si bien qu'ils ne pouvaient plus trouver la porte. Les deux anges dirent à Loth: «Y a-t-il encore ici d'autres membres de ta famille, un gendre, des fils, des filles, n'importe quel parent? Emmène-les hors de la ville, car nous allons la détruire. Le Seigneur a reçu en effet tant de plaintes contre ses habitants qu'il nous a chargés de la détruire.» Loth alla trouver ses gendres, ceux qui devaient épouser ses filles, pour leur dire: «Vite! Partez d'ici, car le Seigneur va détruire la ville.» Mais ils s'imaginèrent qu'il plaisantait. Aux premières lueurs du jour, les anges pressèrent Loth de partir: «En route! disaient-ils. Prends ta femme et tes deux filles, sinon vous perdrez la vie quand la ville paiera ses crimes.» Loth hésitait encore. Les anges le prirent par la main, ainsi que sa femme et ses deux filles, et le conduisirent hors de la ville, car le Seigneur voulait le sauver. Lorsqu'ils les eurent fait sortir de la ville, l'un des anges dit à Loth: «Fuis pour sauver ta vie; ne regarde pas en arrière; ne t'attarde nulle part dans la région; réfugie-toi dans la montagne si tu veux rester en vie.» Loth répondit: «Non, seigneur, ce n'est pas possible. Bien sûr, j'ai bénéficié de ta bienveillance et tu m'as fait une grande faveur en me sauvant la vie. Mais moi je ne pourrai pas fuir jusque dans la montagne avant que le malheur m'atteigne, et je mourrai. Tu vois cette petite ville? Elle est assez proche pour que je puisse courir jusque-là. Laisse-moi m'y réfugier puisqu'elle est si petite, et j'aurai la vie sauve.» – «Eh bien, dit l'ange, je t'accorde encore cette faveur de laisser intacte la ville dont tu parles. Va vite t'y réfugier, car je ne puis rien faire avant que tu y sois arrivé.» – C'est pourquoi on a appelé cette ville Soar. – Le soleil se levait quand Loth arriva à Soar. C'est alors que le Seigneur fit tomber du ciel sur Sodome et Gomorrhe une pluie de soufre enflammé. Il soumit à un total bouleversement ces deux villes et leur population, ainsi que toute la région et sa végétation. La femme de Loth regarda en arrière et fut changée en statue de sel. Tôt le lendemain matin, Abraham se rendit à l'endroit où il s'était tenu en présence du Seigneur. Quand il regarda en direction de Sodome, Gomorrhe et de toute la région environnante, il vit monter de la plaine une fumée semblable à celle d'un incendie. Quand Dieu détruisit les villes de cette région où habitait Loth, il pensa à Abraham et il permit à Loth d'échapper à ce bouleversement. Loth avait peur de rester à Soar; il quitta la ville et alla vivre dans la montagne. Ses deux filles l'accompagnèrent; il s'installa avec elles dans une grotte. Un jour l'aînée dit à sa sœur: «Notre père est vieux et il n'y a pas d'homme dans la région pour nous épouser, comme cela se fait partout. Viens, nous allons enivrer notre père, puis nous passerons la nuit avec lui, pour lui donner des descendants.» Elles enivrèrent donc leur père ce soir-là et l'aînée passa la nuit avec lui. Il ne s'aperçut de rien, ni quand elle se coucha, ni quand elle se releva. Le lendemain, l'aînée dit à sa sœur: «Ça y est, j'ai passé la nuit avec notre père. Enivrons-le encore ce soir, ce sera ton tour. Ainsi nous pourrons lui donner des descendants.» Elles enivrèrent encore leur père ce soir-là et la cadette passa la nuit avec lui. Il ne s'aperçut de rien, ni quand elle se coucha, ni quand elle se releva. Les deux filles de Loth devinrent enceintes. L'aînée mit au monde un fils qu'elle appela Moab. Il est l'ancêtre des Moabites d'aujourd'hui. La cadette, elle aussi, mit au monde un fils; elle l'appela Ben-Ammi. Il est l'ancêtre des Ammonites d'aujourd'hui. Abraham partit pour la région du Néguev. Il s'établit entre Cadès et Chour, puis alla séjourner à Guérar. Abraham disait de sa femme Sara qu'elle était sa sœur. Abimélek, roi de Guérar, la fit enlever. Pendant la nuit, Dieu apparut en rêve à Abimélek et lui dit: «Tu vas mourir à cause de la femme que tu as enlevée, car elle est mariée.» Abimélek, qui ne s'était pas encore approché d'elle, répondit: «Seigneur, mon peuple et moi sommes innocents! Vas-tu nous faire mourir quand même? Abraham m'a dit lui-même qu'elle était sa sœur et elle a affirmé de son côté qu'il était son frère. J'ai agi en toute bonne conscience et n'ai rien fait de mal.» Dans ce même rêve, Dieu reprit: «Moi aussi, je sais que tu as agi en toute bonne conscience. C'est moi qui t'ai retenu de te rendre coupable envers moi et voilà pourquoi je ne t'ai pas laissé la toucher. Maintenant rends cette femme à son mari. C'est un prophète; il priera pour que tu aies la vie sauve. Mais si tu ne la rends pas, sache que tu mourras certainement avec tous les tiens.» Abimélek se leva de bon matin, appela les gens de son entourage et leur raconta cette affaire. Ils eurent très peur. Abimélek convoqua Abraham et lui demanda: «Que nous as-tu fait là? De quoi me suis-je rendu coupable envers toi pour que tu nous exposes, moi et mon royaume, à commettre une faute aussi grave? On ne doit pas se comporter comme tu l'as fait avec moi. Qu'est-ce qui t'a pris d'agir ainsi?» Abraham répondit: «Je me suis dit que les gens d'ici n'avaient aucun respect pour Dieu et qu'ils allaient me tuer à cause de ma femme. D'ailleurs il est vrai qu'elle est ma sœur: elle a le même père que moi, mais non la même mère, c'est pourquoi elle a pu devenir ma femme. Lorsque Dieu m'a fait quitter la maison de mon père, j'ai dit à ma femme: “Partout où nous irons, fais-moi le plaisir de dire que je suis ton frère.” » Abimélek prit des moutons, des chèvres et des bœufs, des esclaves hommes et femmes, et les donna à Abraham en lui rendant sa femme Sara. Il lui dit: «Mon pays t'est ouvert. Installe-toi à l'endroit qui te convient.» Puis il dit à Sara: «Tu vois, je donne mille pièces d'argent à ton frère: c'est le signe qui doit prouver à tous tes proches que tu es innocente en cette affaire.» Le Seigneur intervint en faveur de Sara, en faisant pour elle ce qu'il avait promis. Elle devint enceinte, alors qu'Abraham était déjà un vieillard, et elle mit au monde un fils à l'époque que Dieu avait annoncée. Abraham nomma Isaac ce fils que Sara lui avait donné. Il le circoncit à l'âge de huit jours, comme Dieu le lui avait ordonné. Abraham avait cent ans à la naissance d'Isaac. Sara déclara: «Dieu m'a fait rire de joie. Tous ceux qui entendront parler d'Isaac riront avec moi.» Et elle ajouta: «Qui aurait pu dire à Abraham qu'un jour Sara allaiterait des enfants? Pourtant je lui ai donné un fils dans sa vieillesse.» L'enfant grandit. Quand Sara cessa de l'allaiter, Abraham fit un grand banquet. Un jour Ismaël, l'enfant que l'Égyptienne Agar avait donné à Abraham, était en train de jouer. Sara le vit et dit à Abraham: «Chasse cette esclave et son fils. Celui-ci ne doit pas hériter avec mon fils Isaac.» Ces paroles firent beaucoup de peine à Abraham, parce qu'Ismaël était aussi son fils. Mais Dieu lui dit: «Ne sois pas contrarié au sujet de ton esclave et de son enfant. Accepte de faire tout ce que Sara t'a dit. En effet, c'est par Isaac que tu auras les descendants que je t'ai promis. Quant au fils de ton esclave, je ferai aussi naître de lui une nation, car il est ton fils.» Tôt le lendemain matin, Abraham prit du pain et une outre remplie d'eau, les donna à Agar, lui mit l'enfant sur le dos et la renvoya. Elle alla errer dans le désert de Berchéba. Quand il n'y eut plus d'eau dans l'outre, elle abandonna l'enfant sous un arbuste; puis elle alla s'asseoir à l'écart, à la distance d'un jet de flèche, car elle se disait: «Je ne veux pas voir mourir mon enfant.» Elle s'assit donc à l'écart et elle se mit à pleurer. Dieu entendit l'enfant crier, et du ciel l'ange de Dieu appela Agar: «Qu'as-tu, Agar? lui demanda-t-il. N'aie pas peur. Dieu a entendu l'enfant crier là-bas. Debout! Prends ton fils et tiens-le d'une main ferme, car je ferai naître de lui une grande nation.» Dieu ouvrit les yeux d'Agar et elle aperçut un puits. Elle alla y remplir l'outre et donna à boire à son fils. A cette époque, Abimélek vint avec Pikol, le chef de son armée, dire à Abraham: «Dieu te protège en tout ce que tu entreprends. Maintenant donc, jure-moi par Dieu, ici même, que tu ne trahiras ni moi ni mes enfants ou mes descendants. Tout comme j'ai agi envers toi, agis avec bienveillance envers moi et envers ce pays où tu séjournes.» – «Je le jure», dit Abraham. Abraham se plaignit auprès d'Abimélek à propos d'un puits que des sujets d'Abimélek avaient accaparé. Abimélek lui répondit: «Je ne sais pas qui a fait cela. Jusqu'à aujourd'hui toi-même ne m'en avais rien dit, et je n'en avais pas entendu parler.» Abraham prit des moutons, des chèvres et des bœufs, les donna à Abimélek, et ils conclurent tous deux un accord. Abraham mit à part sept brebis. Abimélek lui demanda: «Pourquoi mets-tu ces sept brebis à part?» Abraham répondit: «Ces sept brebis, reçois-les de ma part pour qu'elles soient un témoignage en ma faveur que c'est bien moi qui ai creusé ce puits.» C'est ainsi qu'on appela ce lieu Berchéba, car tous deux y firent un serment. Ils conclurent donc un accord à Berchéba. Puis Abimélek se mit en route avec Pikol, chef de son armée, pour retourner au pays des Philistins. Abraham planta un arbre, un tamaris, à Berchéba et il pria le Dieu éternel en l'appelant Seigneur. Abraham séjourna longtemps dans le pays des Philistins. Par la suite, Dieu mit Abraham à l'épreuve. Il l'appela et Abraham répondit: «Oui, je t'écoute.» Dieu reprit: «Prends ton fils Isaac, ton fils unique que tu aimes tant, va dans le pays de Moria, sur une montagne que je t'indiquerai, et là offre-le-moi en sacrifice.» Le lendemain Abraham se leva tôt. Il fendit le bois pour le sacrifice, sella son âne et se mit en route vers le lieu que Dieu lui avait indiqué. Il emmenait avec lui deux serviteurs, ainsi que son fils Isaac. Le surlendemain, il aperçut l'endroit de loin. Il dit alors aux serviteurs: «Restez ici avec l'âne. Mon fils et moi nous irons là-haut pour adorer Dieu, puis nous vous rejoindrons.» Abraham chargea sur son fils Isaac le bois du sacrifice. Lui-même portait des braises pour le feu et un couteau. Tandis qu'ils marchaient tous deux ensemble, Isaac s'adressa à son père, Abraham: «Mon père!» dit-il. Celui-ci lui répondit: «Oui, je t'écoute, mon enfant.» – «Nous avons le feu et le bois, dit Isaac, mais où est l'agneau pour le sacrifice?» Abraham répondit: «Mon fils, Dieu veillera lui-même à procurer l'agneau.» Ils continuèrent leur route tous deux ensemble. Quand ils arrivèrent au lieu que Dieu lui avait indiqué, Abraham construisit un autel et y déposa le bois. Puis il lia Isaac, son propre fils, et le plaça sur l'autel, par-dessus le bois. Alors il tendit la main et saisit le couteau pour égorger son fils. Mais du ciel l'ange du Seigneur l'interpella: «Abraham, Abraham!» – «Oui, répondit Abraham, je t'écoute.» L'ange lui ordonna: «Ne porte pas la main sur l'enfant, ne lui fais aucun mal. Je sais maintenant que tu respectes l'autorité de Dieu, puisque tu ne lui as pas refusé ton fils, ton fils unique.» Relevant la tête, Abraham aperçut un bélier retenu par les cornes dans un buisson. Il alla le prendre et l'offrit en sacrifice à la place de son fils. Abraham nomma ce lieu “Le Seigneur y veillera”. C'est pourquoi on dit encore aujourd'hui: «Sur la montagne, le Seigneur y veillera ». Du ciel, l'ange du Seigneur appela Abraham une seconde fois et lui dit: «Voici ce que déclare le Seigneur: Parce que tu as agi ainsi, que tu ne m'as pas refusé ton fils, ton fils unique, aussi vrai que je suis Dieu, je jure de te bénir abondamment en rendant tes descendants aussi nombreux que les étoiles dans le ciel ou les grains de sable au bord de la mer. Tes descendants s'empareront des cités de leurs ennemis. A travers eux, je bénirai toutes les nations de la terre parce que tu as obéi à mes ordres.» Abraham rejoignit ses serviteurs; ils se mirent en route et regagnèrent Berchéba, où Abraham s'installa. Après ces événements, Abraham apprit que Milka avait aussi donné des fils à son frère Nahor: Ous l'aîné, son frère Bouz, Quemouel, le père d'Aram, Kessed, Hazo, Pildach, Idlaf et Betouel. Tels sont les huit fils que Milka donna à Nahor, frère d'Abraham. Betouel fut le père de Rébecca. Nahor avait une épouse de second rang, nommée Réouma, qui eut aussi des enfants: Téba, Gaham, Tahach et Maaka. Sara vécut cent vingt-sept ans. Elle mourut à Quiriath-Arba, c'est-à-dire Hébron, au pays de Canaan. Abraham célébra le deuil de sa femme et la pleura. Puis il quitta le lieu où était le corps de sa femme et alla parler aux descendants de Heth: «Je ne suis qu'un étranger, un hôte de passage parmi vous. Accordez-moi la propriété d'un tombeau chez vous pour que je puisse y enterrer ma femme.» Les descendants de Heth lui répondirent: «Fais-nous l'honneur de nous écouter! Tu es parmi nous un chef béni de Dieu. Enterre ta femme dans le meilleur de nos tombeaux. Aucun de nous ne voudra te refuser son tombeau pour l'y enterrer.» Abraham se leva et s'inclina profondément devant les descendants de Heth qui habitaient cette région, et leur dit: «Si vous acceptez vraiment que j'enterre ma femme ici, veuillez intervenir en ma faveur auprès d'Éfron, fils de Sohar, pour qu'il me cède la grotte de Makpéla, qui lui appartient et qui se trouve à l'extrémité de son champ. Qu'il me la cède à sa vraie valeur, en votre présence, afin que ce tombeau soit ma propriété.» Éfron le Hittite se trouvait là au milieu de ses compatriotes. Il répondit à Abraham de manière à être entendu par tous les Hittites venus siéger à la porte de la ville: «Fais-moi l'honneur de m'écouter, dit-il. Il n'est pas question de vendre le champ et la grotte qui s'y trouve. En présence de mes compatriotes, oui, je t'en fais cadeau. Tu peux y enterrer ta femme.» De nouveau Abraham s'inclina profondément devant les gens de la région, puis il s'adressa à Éfron de manière à être entendu de tous: «Je t'en prie, dit-il, écoute-moi! Je t'ai offert le prix du champ. Accepte cet argent pour que je puisse enterrer ma femme.» Éfron reprit: «Fais-moi l'honneur de m'écouter. Un terrain qui vaut quatre cents pièces d'argent, entre toi et moi c'est sans importance. Enterre donc ta femme.» Abraham donna son accord à Éfron et lui compta la somme dont il avait parlé devant ses compatriotes, quatre cents pièces d'argent ayant cours chez les marchands. Dès lors, le champ d'Éfron, situé à Makpéla, à l'est de Mamré, la grotte qui s'y trouve et tous les arbres situés à l'intérieur de ses limites devinrent la propriété d'Abraham. Tous les Hittites qui étaient venus à la porte de la ville en furent témoins. Après quoi Abraham enterra sa femme Sara dans la grotte du champ de Makpéla, près de Mamré, c'est-à-dire Hébron, au pays de Canaan. Le champ et la grotte qui s'y trouve cessèrent d'appartenir aux Hittites et devinrent avec leur accord la propriété d'Abraham, pour qu'il puisse y enterrer ses morts. Abraham était devenu très vieux. Le Seigneur l'avait béni en toutes circonstances. Un jour Abraham dit au plus âgé de ses serviteurs, qui administrait tous ses biens: «Mets ta main sous ma cuisse et jure-moi par le Seigneur, le Dieu du ciel et de la terre, que tu ne prendras pas pour mon fils une femme de ce pays de Canaan où j'habite. Jure-moi que tu iras dans mon pays d'origine et que tu choisiras dans ma parenté une femme pour mon fils Isaac.» Le serviteur lui répondit: «La femme refusera peut-être de me suivre dans ce pays-ci. Devrai-je alors ramener ton fils dans le pays que tu as quitté?» – «Non, répondit Abraham. Garde-toi bien de ramener mon fils là-bas. Le Seigneur, le Dieu du ciel, m'a fait quitter la maison de mon père et mon pays d'origine. Il m'a parlé et m'a juré de donner ce pays-ci à mes descendants. Il enverra son ange devant toi pour que tu puisses ramener de là-bas une femme pour mon fils. Si la femme ne veut pas te suivre, tu seras dégagé du serment que tu m'auras fait; mais en aucun cas ne ramène mon fils là-bas.» Le serviteur mit alors sa main sous la cuisse de son maître Abraham et lui jura d'exécuter ses ordres. Il prit dix des chameaux de son maître et emporta tout ce que celui-ci avait de meilleur. Il se mit en route vers la ville de Nahor en Haute-Mésopotamie. Arrivé près du puits qui se trouve en dehors de cette ville, il fit agenouiller les chameaux. C'était le soir, à l'heure où les femmes venaient puiser de l'eau. Il pria ainsi: «Seigneur, Dieu de mon maître Abraham, accorde-moi de faire une heureuse rencontre aujourd'hui. Manifeste ainsi ta bonté pour mon maître Abraham. Me voici près du puits, et les filles des habitants de la ville vont venir y puiser de l'eau. Je demanderai à l'une d'elles de pencher sa cruche pour que je puisse boire. Si elle me répond: “Bois, et je vais faire boire aussi tes chameaux”, je saurai que c'est elle que tu destines à ton serviteur Isaac. De cette manière, je reconnaîtrai que tu as agi avec bonté pour mon maître.» Avant qu'il ait fini de parler arriva Rébecca, fille de Betouel, lui-même fils de Milka et de Nahor, le frère d'Abraham. Elle portait sa cruche sur l'épaule. C'était une ravissante jeune fille; elle était vierge. Elle descendit au puits, remplit sa cruche et remonta. Le serviteur d'Abraham courut à sa rencontre et lui dit: «Laisse-moi, s'il te plaît, boire un peu d'eau de ta cruche.» – «Je t'en prie, répondit-elle, bois.» Vite elle fit descendre sa cruche sur son bras et lui donna à boire. Quand elle eut fini, elle reprit: «Je vais aussi puiser de l'eau pour les chameaux jusqu'à ce qu'ils aient tous bu.» Elle vida rapidement sa cruche dans l'abreuvoir, puis elle courut de nouveau chercher de l'eau. Elle en puisa pour tous les chameaux. L'homme l'observait en silence, se demandant si le Seigneur avait ou non fait réussir son voyage. Lorsque les chameaux eurent fini de boire, l'homme donna à la jeune fille un anneau d'or pesant environ six grammes ainsi que deux bracelets d'or pesant chacun plus de cent grammes. Il lui demanda: «De qui es-tu la fille? Dis-le-moi, s'il te plaît. Y a-t-il assez de place chez ton père pour me loger cette nuit avec ceux qui m'accompagnent?» Elle lui répondit: «Je suis la fille de Betouel et la petite-fille de Milka et de Nahor. Il y a chez nous, ajouta-t-elle, de la paille et du fourrage en quantité, ainsi que de la place pour vous loger.» L'homme remercia le Seigneur en s'inclinant jusqu'à terre; il dit: «Merci au Seigneur, le Dieu de mon maître Abraham, qui a manifesté une si réelle bonté envers mon maître: durant ce voyage, le Seigneur m'a conduit directement chez des parents de mon maître.» La jeune fille courut alors pour annoncer cette nouvelle chez sa mère. Or Rébecca avait un frère nommé Laban. Laban sortit en hâte pour rejoindre l'homme près du puits. Il avait aperçu l'anneau et les bracelets aux poignets de sa sœur et il l'avait entendue raconter ce que l'homme lui avait dit. Il trouva l'homme avec ses chameaux près du puits. «Viens chez nous, lui dit-il, toi que le Seigneur a béni. Pourquoi restes-tu dehors? J'ai moi-même préparé la maison et aménagé une place pour tes chameaux.» Le serviteur d'Abraham vint donc chez Laban. On déchargea les chameaux et on leur donna de la paille et du fourrage. On apporta aussi de l'eau pour que le serviteur et les hommes qui l'accompagnaient puissent se laver les pieds. On lui présenta de la nourriture, mais il déclara: «Je ne mangerai pas avant d'avoir dit ce que j'ai à dire.» – «Eh bien, parle!» lui dit Laban. «Je suis un serviteur d'Abraham, dit l'homme. Le Seigneur a comblé mon maître de bénédictions; celui-ci est devenu très riche, car le Seigneur lui a accordé des moutons, des chèvres et des bœufs, de l'argent et de l'or, des serviteurs et des servantes, des chameaux et des ânes. Sa femme Sara, malgré son âge, lui a donné un fils à qui il a transmis tout ce qui lui appartenait. Mon maître m'a fait jurer de ne pas prendre pour son fils une femme du pays de Canaan où il habite. Il m'a dit: “Jure-moi d'aller dans la famille de mon père, dans mon clan, afin d'y prendre une femme pour mon fils.” Alors je lui ai demandé: “Et si la femme refuse de me suivre?” Il m'a répondu: “Le Seigneur, devant qui j'ai toujours vécu, enverra son ange avec toi, il fera réussir ton entreprise et tu ramèneras pour mon fils une femme de mon clan, de la famille de mon père. Du moment que tu seras allé dans mon clan, même si tu n'obtiens rien, tu seras dégagé de ton serment, préservé de ma malédiction.” En arrivant aujourd'hui près du puits, j'ai fait cette prière: “Seigneur, Dieu de mon maître Abraham, veuille faire réussir le voyage que j'ai entrepris. Maintenant que je suis près de ce puits, je vais demander à une jeune fille qui viendra y puiser de me faire boire un peu d'eau de sa cruche. Si elle me répond: ‘Bois, je t'en prie, et je vais aussi puiser pour tes chameaux’, je saurai qu'elle est la femme que tu destines au fils de mon maître.” Avant que j'aie fini de parler en moi-même, Rébecca est arrivée, la cruche sur l'épaule; elle est descendue au puits et elle a puisé de l'eau. Je lui ai demandé: “Donne-moi à boire, s'il te plaît.” Elle a rapidement descendu sa cruche de son épaule et m'a dit: “Bois, après quoi je ferai boire aussi tes chameaux.” J'ai bu et elle a fait boire les chameaux. Quand je lui ai demandé de qui elle était la fille, elle m'a répondu: “Je suis la fille de Betouel et la petite-fille de Nahor et de Milka.” J'ai alors mis l'anneau à son nez et les bracelets à ses poignets. Je me suis incliné profondément pour adorer le Seigneur, le Dieu de mon maître Abraham; je l'ai remercié de m'avoir conduit sans incident chez la petite-nièce de mon maître. Je pourrai ainsi la ramener au fils de mon maître. Maintenant, dites-moi si vous êtes disposés à agir avec bienveillance et fidélité envers mon maître. Sinon je m'en irai ailleurs.» Laban et Betouel répondirent: «C'est le Seigneur qui a dirigé ces événements. Nous n'avons pas à en discuter. Rébecca est là, devant toi. Emmène-la avec toi. Qu'elle devienne la femme du fils de ton maître, comme le Seigneur l'a dit.» Quand le serviteur d'Abraham entendit ces paroles, il remercia le Seigneur en s'inclinant jusqu'à terre. Ensuite il sortit de ses bagages des bijoux d'argent et d'or et des vêtements qu'il donna à Rébecca; il offrit aussi de riches présents au frère et à la mère de la jeune fille. Le serviteur d'Abraham et les hommes qui l'accompagnaient mangèrent et burent, puis ils allèrent se coucher. Le lendemain matin, quand ils furent levés, le serviteur d'Abraham dit au frère et à la mère de Rébecca: «Laissez-moi retourner chez mon maître.» – «Que la jeune fille reste encore quelque temps avec nous, une dizaine de jours, répondirent-ils; ensuite elle pourra partir.» Le serviteur reprit: «Ne me retenez pas, maintenant que le Seigneur a fait réussir mon voyage. Laissez-moi m'en aller chez mon maître.» – «Appelons la jeune fille, lui dirent-ils, et demandons-lui son avis.» Ils appelèrent donc Rébecca et l'interrogèrent: «Veux-tu partir avec cet homme?» – «Oui», répondit-elle. Ils laissèrent alors Rébecca et sa nourrice partir avec le serviteur d'Abraham et ses hommes. Ils donnèrent à Rébecca leur bénédiction en ces termes: «Deviens, toi notre sœur, ancêtre de millions d'hommes. Et que tes descendants s'emparent des cités de leurs ennemis!» Rébecca et ses servantes montèrent sur les chameaux pour suivre le serviteur et ils s'en allèrent ensemble. Isaac avait quitté le puits de Lahaï-Roï. Il habitait la région du Néguev. Un soir qu'il était sorti se promener dans la campagne, il vit soudain arriver des chameaux. Quand Rébecca aperçut Isaac, elle sauta à bas du chameau et demanda au serviteur: «Qui est cet homme qui vient à notre rencontre dans la campagne?» – «C'est mon maître», répondit le serviteur. Aussitôt elle se couvrit le visage de son voile. Le serviteur raconta à Isaac tout ce qu'il avait fait. Ensuite Isaac emmena Rébecca dans la tente où avait vécu sa mère Sara, et elle devint sa femme; il l'aima et se consola ainsi de la mort de sa mère. Abraham prit une autre femme, nommée Quetoura. Elle lui donna pour fils Zimran, Yoxan, Medan, Madian, Ichebac, Choua. Yoxan fut père de Saba et de Dédan. Les descendants de Dédan furent les Achourites, les Letouchites et les Leoumites. Les fils de Madian furent Éfa, Éfer, Hanok, Abida et Elda. Tous ceux-là furent descendants de Quetoura. Abraham laissa à Isaac tout ce qui lui appartenait. De son vivant, il avait fait des cadeaux aux fils de ses épouses de second rang avant de les envoyer loin de son fils Isaac, dans un pays d'Orient. Abraham avait cent soixante-quinze ans quand il mourut. C'est donc après une longue et heureuse vieillesse qu'il rejoignit ses ancêtres dans la mort. Ses fils Isaac et Ismaël l'enterrèrent dans la grotte de Makpéla, qui se trouve dans le champ d'Éfron, fils de Sohar le Hittite, près de Mamré. Abraham avait acheté ce champ aux descendants de Heth. Il y fut enterré avec sa femme Sara. Après la mort d'Abraham, Dieu bénit son fils Isaac. Isaac habita près du puits de Lahaï-Roï. Voici la liste des descendants d'Ismaël, le fils que l'Égyptienne Agar, l'esclave de Sara, donna à Abraham. Les fils d'Ismaël, d'après leur ordre de naissance, se nommaient Nebayoth l'aîné, Quédar, Adbéel, Mibsam, Michema, Douma, Massa, Hadad, Téma, Yetour, Nafich, Quedma. Tels furent les douze fils d'Ismaël. Chacun était chef d'un clan; ils donnèrent leurs noms à leurs villages et leurs lieux de campement. Ismaël avait cent trente-sept ans quand il rejoignit ses ancêtres dans la mort. Les descendants d'Ismaël occupaient la région située entre Havila et Chour. Chour est près de l'Égypte, en direction d'Achour. Ils s'établirent donc à l'écart des autres descendants d'Abraham. Voici l'histoire d'Isaac: Isaac était fils d'Abraham. A l'âge de quarante ans, il avait épousé Rébecca, sœur de Laban et fille de Betouel, un Araméen de Haute-Mésopotamie. Mais Rébecca ne lui donnait pas d'enfant; alors Isaac supplia le Seigneur en faveur de sa femme. Le Seigneur écouta sa prière, et Rébecca devint enceinte. Elle attendait des jumeaux. Or les enfants se donnaient des coups dans le ventre de leur mère. Elle s'écria: «S'il en est ainsi, à quoi bon être enceinte?» Elle alla consulter le Seigneur. Le Seigneur lui dit: «Il y a deux nations dans ton ventre, deux peuples distincts naîtront de toi. L'un sera plus fort que l'autre, l'aîné servira le plus jeune.» Lorsque fut arrivé le moment de l'accouchement, il n'y eut plus de doute: Rébecca avait des jumeaux. Le premier qui sortit était roux. Il était couvert de poils, comme d'un manteau, et on l'appela Ésaü. Après lui sortit son frère. Sa main tenait le talon d'Ésaü et on l'appela Jacob. Isaac avait soixante ans à leur naissance. Les garçons grandirent. Ésaü devint un excellent chasseur qui aimait courir la campagne. Quant à Jacob, c'était un homme tranquille qui restait volontiers sous la tente. Isaac préférait Ésaü, car il appréciait le gibier, tandis que Rébecca préférait Jacob. Un jour que Jacob préparait un potage, Ésaü revint de la chasse, très fatigué, et lui dit: «Je n'en peux plus. Laisse-moi vite avaler de ce potage roux.» – C'est pourquoi on l'a surnommé Édom, c'est-à-dire le Roux. – Jacob répondit: «Cède-moi d'abord tes droits de fils aîné.» Ésaü déclara: «Je vais mourir de faim. A quoi me serviront mes droits de fils aîné?» Jacob reprit: «Jure d'abord.» Alors Ésaü jura qu'il lui cédait ses droits de fils aîné et Jacob lui donna du pain et du potage aux lentilles. Ésaü mangea et but, puis s'en alla. Il n'accorda aucune importance à ses droits de fils aîné. Il y eut une famine dans le pays – il ne s'agit pas de celle qui eut lieu du temps d'Abraham. Isaac partit pour Guérar chez Abimélek, roi des Philistins. Le Seigneur apparut à Isaac et lui dit: «Ne va pas en Égypte, mais installe-toi dans le pays que je t'indiquerai. Séjournes-y. Je serai avec toi et je te bénirai, car c'est à toi et à tes descendants que je veux donner tous ces territoires. J'accomplirai ainsi la promesse que j'ai faite à ton père Abraham. Je rendrai tes descendants aussi nombreux que les étoiles dans le ciel, et je leur donnerai tous ces territoires. A travers eux, je bénirai toutes les nations de la terre, parce qu'Abraham a obéi à mes ordres, observé mes règles, mes commandements, mes décrets et mes lois.» Isaac s'établit à Guérar. Les gens de l'endroit l'interrogèrent sur sa femme. Il répondit qu'elle était sa sœur: il n'osait pas dire que Rébecca était sa femme, car il craignait d'être tué par ces gens à cause d'elle, tellement elle était belle. Isaac était là depuis longtemps. Un jour qu'Abimélek, roi des Philistins, regardait par la fenêtre, il vit Isaac qui plaisantait tendrement avec sa femme Rébecca. Il le convoqua et lui dit: «Elle est certainement ta femme. Pourquoi as-tu prétendu que c'était ta sœur?» – «Je l'ai dit de peur qu'on me tue à cause d'elle», répondit Isaac. Abimélek reprit: «Que nous as-tu fait là? Un peu plus, quelqu'un de mon peuple aurait pris ta femme, et tu nous aurais ainsi rendus coupables.» Abimélek donna cet avertissement à tout le peuple: «Quiconque osera toucher à cet homme ou à sa femme sera mis à mort.» Cette année-là, Isaac fit des semailles dans le pays et il récolta cent fois ce qu'il avait semé, car le Seigneur le bénissait. Ses biens ne cessaient d'augmenter, de sorte qu'il devint très riche. Il possédait des troupeaux de moutons, de chèvres et de bœufs, et un grand nombre de serviteurs. Les Philistins furent jaloux d'Isaac. Ils comblèrent avec de la terre tous les puits que les serviteurs de son père Abraham avaient creusés du vivant de celui-ci. Abimélek dit à Isaac: «Tu es devenu beaucoup trop puissant pour nous; va-t'en d'ici.» Isaac partit de là; il campa dans la vallée de Guérar et s'y installa. Il fit déboucher les puits qu'on avait creusés du vivant de son père Abraham et que les Philistins avaient comblés après sa mort. Il leur redonna les noms que son père leur avait donnés. Un jour, les serviteurs d'Isaac creusèrent un puits dans la vallée et ils y découvrirent une source. Les bergers de Guérar se disputèrent avec ceux d'Isaac: «L'eau est à nous», prétendaient-ils. Isaac appela ce puits Essec – ce qui veut dire “Querelle” – parce qu'ils lui avaient cherché querelle. Les serviteurs d'Isaac creusèrent un autre puits, et il y eut encore une dispute à son sujet. Isaac appela ce puits Sitna – “Contestation”. Il partit de là et fit creuser un troisième puits; celui-ci ne provoqua pas de dispute. Il l'appela Rehoboth – “Elargissement”. Il disait en effet: «Le Seigneur nous a mis au large, pour que nous puissions prospérer dans le pays.» Il partit de là pour Berchéba. Le Seigneur lui apparut la nuit suivante et lui dit: «Je suis le Dieu de ton père Abraham. Ne crains rien, car je suis avec toi et je te bénirai. Je multiplierai tes descendants pour l'amour de mon serviteur Abraham.» Isaac construisit un autel à cet endroit et il pria Dieu en l'appelant Seigneur. Il y dressa ses tentes, et ses serviteurs creusèrent un autre puits. Abimélek vint de Guérar pour le voir, en compagnie de son ami Ahouzath et de Pikol, le chef de son armée. Isaac leur demanda: «Pourquoi êtes-vous venus me voir, alors que vous me détestez et que vous m'avez chassé de chez vous?» Ils lui répondirent: «Nous avons constaté que le Seigneur est avec toi. Qu'il y ait entre toi et nous un accord sous serment. Nous ferons alliance avec toi. Jure-nous donc que tu ne nous feras pas de mal, puisque nous ne t'avons pas maltraité; nous ne t'avons fait que du bien, et nous t'avons laissé partir en paix. Et maintenant, tu es un homme béni du Seigneur.» Isaac leur offrit un banquet. Ils mangèrent et ils burent. Le lendemain matin ils se levèrent de bonne heure et ils échangèrent des serments. Isaac leur fit ses adieux et ils se quittèrent en bons termes. Ce même jour, les serviteurs d'Isaac vinrent lui apporter des nouvelles d'un puits qu'ils creusaient: «Nous avons trouvé de l'eau», lui dirent-ils. Isaac appela ce puits Chiba – ce qui veut dire “Serment”. C'est pourquoi, aujourd'hui encore, la ville s'appelle Berchéba – “Puits du serment ”. Ésaü avait quarante ans quand il épousa deux femmes hittites, Yehoudith, fille de Béri, et Basmath, fille d'Élon. Elles rendirent la vie amère à Isaac et Rébecca. Isaac était devenu vieux. Sa vue avait tellement baissé qu'il n'y voyait plus. Il appela son fils aîné: «Ésaü!» – «Oui, répondit-il, je t'écoute.» Isaac reprit: «Tu le vois, je suis vieux et je ne sais pas combien de temps j'ai encore à vivre. Prends ton arc et tes flèches et va à la chasse. Tu me ramèneras du gibier, tu me prépareras un de ces plats appétissants, comme je les aime, et tu me l'apporteras. J'en mangerai, puis je te donnerai ma bénédiction avant de mourir.» Or Rébecca écoutait pendant qu'Isaac parlait à Ésaü. Dès que celui-ci fut parti dans la campagne afin d'en rapporter du gibier, Rébecca dit à son fils Jacob: «J'ai entendu ton père dire à Ésaü: “Apporte-moi du gibier et prépare-moi un plat appétissant. Quand j'en aurai mangé, je te donnerai ma bénédiction devant le Seigneur avant de mourir.” Maintenant, mon fils, écoute-moi bien et fais ce que je te recommande. Va au troupeau et rapporte-moi deux beaux chevreaux. Je préparerai pour ton père un de ces plats appétissants, comme il les aime. Tu le porteras à ton père pour qu'il en mange et qu'il te donne sa bénédiction avant de mourir.» Jacob répondit à sa mère: «Ésaü est couvert de poils, mais pas moi. Si mon père me touche, il découvrira que je le trompe et j'attirerai sur moi non pas sa bénédiction mais sa malédiction.» Sa mère répliqua: «Je prends sur moi cette malédiction, mon fils. De toute façon, écoute-moi et va me chercher ces chevreaux.» Jacob alla les chercher et les apporta à sa mère. Elle en fit un de ces plats appétissants qu'Isaac aimait. Ensuite elle prit des vêtements de son fils aîné, les plus beaux qu'elle avait à la maison, et en habilla Jacob, son fils cadet. Avec la peau des chevreaux, elle lui recouvrit les bras et la partie lisse du cou et elle lui mit entre les mains le plat appétissant et le pain qu'elle avait préparés. Il alla trouver son père et lui dit: «Mon père!» – «Je t'écoute, mon fils, dit-il; mais dis-moi qui tu es.» Jacob reprit: «Je suis Ésaü, ton fils aîné. J'ai fait ce que tu m'as demandé. Viens donc t'asseoir pour manger de mon gibier; ensuite tu me donneras ta bénédiction.» – «Comment as-tu trouvé si vite du gibier, mon fils?» demanda Isaac. Il répondit: «Le Seigneur ton Dieu l'a mis sur mon chemin.» Isaac dit à Jacob: «Approche-toi. Je veux te toucher, mon fils, pour m'assurer que tu es bien mon fils Ésaü.» Jacob s'approcha de son père; Isaac le toucha et dit: «La voix est celle de Jacob, mais les bras sont ceux d'Ésaü.» Il ne reconnut pas Jacob, parce que ses bras étaient couverts de poils comme les bras d'Ésaü. Mais avant de lui donner sa bénédiction, il lui demanda encore: «Tu es bien mon fils Ésaü?» – «Oui», répondit Jacob. Isaac reprit: «Sers-moi, mon fils, pour que je mange de ton gibier et que je te donne ma bénédiction.» Jacob servit son père, qui mangea, et il lui offrit du vin, qu'il but. Ensuite Isaac lui dit: «Approche-toi et embrasse-moi, mon fils!» Jacob s'approcha donc et l'embrassa. Isaac sentit l'odeur de ses vêtements et lui donna sa bénédiction: «Vraiment, dit-il, l'odeur de mon fils est comme celle d'un champ que le Seigneur a béni. “Que Dieu te donne la rosée qui tombe du ciel, les riches produits de la terre, du blé et du vin en abondance. Que des nations soient à ton service, que des peuples se prosternent devant toi. Sois le maître de tes frères, qu'ils s'inclinent devant toi! Maudit soit celui qui te maudira, béni soit celui qui te bénira!” » Lorsque Isaac eut achevé la bénédiction qu'il donnait à Jacob, celui-ci sortit. Il avait à peine quitté son père qu'Ésaü revint de la chasse. Il prépara lui aussi un plat appétissant, l'apporta à son père et lui dit: «Installe-toi, père, pour manger du gibier que je t'ai rapporté; ensuite tu me donneras ta bénédiction.» – «Qui es-tu?» demanda Isaac. «Je suis Ésaü, ton fils aîné», répondit-il. Dans son émotion, Isaac se mit à trembler de tous ses membres et demanda: «Mais alors, qui est celui qui a chassé du gibier, me l'a apporté et m'a fait manger de tout avant ton arrivée? C'est à lui que j'ai donné ma bénédiction, et elle lui restera acquise.» Quand Ésaü entendit les paroles de son père, son cœur déborda d'amertume et il se mit à pousser de grands cris. Il supplia son père: «Donne-moi aussi une bénédiction, père!» Isaac répondit: «Ton frère est venu et m'a trompé. Il a emporté la bénédiction qui te revenait.» Ésaü déclara: «Il porte bien son nom de Jacob – “celui qui dupe” –, puisqu'il m'a dupé deux fois! Il s'est emparé de mes droits de fils aîné et maintenant voilà qu'il s'empare de la bénédiction qui me revenait!» Ésaü ajouta: «Ne te reste-t-il pas une bénédiction pour moi?» Isaac lui répondit: «J'ai fait de lui ton maître et je lui ai donné tous ses frères pour serviteurs. Je lui ai accordé le blé et le vin. Je ne peux rien faire pour toi, mon fils!» Ésaü insista: «N'as-tu qu'une seule bénédiction? Bénis-moi aussi, mon père!» Et il ne put retenir ses larmes. Son père lui dit: «Loin des terres fertiles sera ta demeure, loin de la rosée qui descend du ciel. Tu vivras grâce à ton épée, et tu serviras ton frère. Mais tu te libéreras, tu arracheras le joug qu'il t'aura imposé et tu le rejetteras de ton cou.» Ésaü se mit à détester Jacob à cause de la bénédiction qu'il avait reçue de son père. Il se dit: «Le moment du deuil de mon père approche; alors, je tuerai Jacob.» Quand Rébecca apprit les intentions de son fils, elle fit appeler Jacob et lui dit: «Attention, ton frère Ésaü veut se venger de toi en te tuant. Maintenant, écoute-moi bien, mon fils! Pars d'ici, fuis chez mon frère Laban, à Haran. Tu resteras chez lui quelque temps, jusqu'à ce que ton frère se calme, que sa colère se détourne de toi et qu'il oublie ce que tu as fait. Alors je t'enverrai chercher là-bas. Je ne veux pas vous perdre tous les deux le même jour.» Rébecca dit à Isaac: «Je suis déjà assez dégoûtée de la vie à cause de mes belles-filles hittites. Si Jacob épouse à son tour une fille de ce pays, je perdrai ma dernière raison de vivre!» Isaac appela Jacob, lui fit ses adieux et lui donna cet ordre: «N'épouse pas une fille du pays de Canaan. Rends-toi en Haute-Mésopotamie, chez Betouel, ton grand-père maternel. Épouse une femme de là-bas, une fille de Laban, le frère de ta mère. Que le Dieu tout -puissant te bénisse, qu'il te donne de nombreux enfants, pour que tu deviennes l'ancêtre d'un ensemble de peuples. Qu'il t'accorde, ainsi qu'à tes descendants, la même bénédiction qu'à Abraham, afin que tu possèdes le pays où tu habites, le pays que Dieu a donné à Abraham!» Isaac fit donc partir Jacob pour la Haute-Mésopotamie, chez Laban, fils de Betouel l'Araméen et frère de Rébecca, la mère de Jacob et d'Ésaü. Ésaü apprit qu'Isaac avait fait ses adieux à Jacob et l'avait envoyé se marier en Haute-Mésopotamie. Il apprit aussi qu'au moment des adieux Isaac avait interdit à Jacob d'épouser une fille du pays de Canaan, et que Jacob, obéissant à son père et à sa mère, était parti pour la Mésopotamie. Ésaü comprit alors que les filles du pays de Canaan déplaisaient à son père Isaac. Il décida de prendre une autre femme. Il alla donc trouver Ismaël, fils d'Abraham, et il épousa sa fille Mahalath, la sœur de Nebayoth. Jacob quitta Berchéba pour se rendre à Haran. Il s'installa pour la nuit, là où le coucher du soleil l'avait surpris. Il prit une pierre pour la mettre sous sa tête et se coucha à cet endroit. Il fit un rêve: une échelle était dressée sur la terre et son sommet atteignait le ciel. Des anges de Dieu y montaient et descendaient. Le Seigneur se tenait devant lui et lui disait: «Je suis le Seigneur, le Dieu de ton grand-père Abraham et le Dieu d'Isaac. La terre où tu es couché, je la donnerai à toi et à tes descendants. Tes descendants seront aussi nombreux que les grains de poussière du sol. Vous étendrez votre territoire vers l'ouest et vers l'est, vers le nord et vers le sud. A travers toi et tous tes descendants, je bénirai toutes les nations de la terre. Je suis avec toi, je te protégerai partout où tu iras et je te ramènerai dans ce pays. Je ne t'abandonnerai pas, je ferai tout ce que je t'ai promis.» Jacob s'éveilla et dit: «Vraiment le Seigneur est ici, mais je ne le savais pas.» Il eut peur et déclara: «Comme cet endroit est redoutable! Ce n'est rien de moins que la maison de Dieu et la porte du ciel!» Il se leva tôt. Il prit la pierre qui avait été sous sa tête, la dressa et versa de l'huile sur son sommet pour en faire une pierre sacrée. Il appela cet endroit Béthel, ce qui veut dire “Maison de Dieu” – auparavant le nom de la localité était Louz. Jacob prononça ce vœu: «Si le Seigneur est avec moi et me protège sur ma route, s'il me donne de quoi manger et m'habiller, si je reviens sain et sauf chez mon père, alors le Seigneur sera mon Dieu. Cette pierre que j'ai dressée et consacrée sera une maison de Dieu; et c'est à lui que je donnerai le dixième de tout ce qu'il m'accordera.» Jacob se mit en route et prit la direction des pays de l'Orient. Un jour, il vit un puits dans la campagne. Il y avait là trois troupeaux de moutons et de chèvres au repos, car c'est à ce puits qu'on abreuvait le bétail. Une grande pierre en fermait l'ouverture. Quand tous les troupeaux étaient rassemblés, on faisait rouler la pierre et on abreuvait le bétail, puis on remettait la pierre en place. Jacob demanda aux bergers: «Mes amis, d'où venez-vous?» – «De Haran.» – «Connaissez-vous Laban, le fils de Nahor?» – «Oui.» – «Comment va-t-il?» – «Il va bien, et voici justement sa fille Rachel qui vient avec son troupeau.» – «Il fait encore grand jour, reprit Jacob; ce n'est pas le moment de rassembler le bétail. Faites boire les bêtes et repartez au pâturage.» – «Nous ne pouvons pas le faire avant que tous les troupeaux soient rassemblés. Alors on enlèvera la pierre qui ferme le puits et nous abreuverons les bêtes.» Jacob parlait encore avec eux quand Rachel arriva avec le troupeau qui appartenait à son père, car elle était bergère. Lorsque Jacob vit sa cousine Rachel et le troupeau de son oncle Laban, il s'approcha du puits, fit rouler la pierre qui le fermait et abreuva le troupeau de son oncle. Jacob embrassa Rachel sans pouvoir retenir ses larmes. Il apprit à Rachel qu'il était un parent de son père et le fils de Rébecca. Elle courut aussitôt l'annoncer à son père. Lorsque Laban entendit parler de Jacob, le fils de sa sœur, il courut à sa rencontre, le serra dans ses bras, lui donna des baisers, puis l'amena à la maison. Jacob raconta à Laban tout ce qui lui était arrivé. Laban lui dit: «Tu es vraiment de ma famille, du même sang que moi.» Jacob passa un mois entier chez Laban. Un jour, Laban dit à Jacob: «Tu es mon parent, mais ce n'est pas une raison pour que tu travailles gratuitement à mon service. Dis-moi quel doit être ton salaire.» Or Laban avait deux filles. L'aînée s'appelait Léa et la plus jeune Rachel. Léa avait le regard terne, tandis que Rachel était bien faite et ravissante. Jacob était amoureux de Rachel et il dit à Laban: «Je travaillerai sept ans à ton service pour épouser Rachel, ta fille cadette.» Laban donna son accord: «J'aime mieux la donner à toi qu'à un autre. Reste chez moi.» Pour obtenir Rachel, Jacob resta sept ans au service de Laban. Mais ces années lui semblèrent passer aussi vite que quelques jours, tant il l'aimait. Puis Jacob dit à Laban: «Le délai est écoulé. Donne-moi ma femme. Je veux l'épouser.» Laban invita tous les gens du lieu au repas de noces. Mais le soir il prit sa fille Léa et la conduisit à Jacob, qui passa la nuit avec elle. Laban avait donné Zilpa comme servante à sa fille. Le matin Jacob s'aperçut que c'était Léa. Il alla dire à Laban: «Que m'as-tu fait là? N'est-ce pas pour épouser Rachel que j'ai travaillé à ton service? Pourquoi m'as-tu trompé?» Laban lui répondit: «Ce n'est pas la coutume dans notre région de marier la cadette avant sa sœur aînée. Finis la semaine de noces avec l'aînée. Nous te donnerons aussi la plus jeune si tu travailles encore sept ans pour moi.» Jacob donna son accord: il acheva la semaine de noces avec Léa, puis Laban lui accorda Rachel. A Rachel, il donna Bila comme servante. Jacob passa la nuit avec Rachel et l'aima plus que Léa. Il continua de travailler pour Laban pendant sept ans de plus. Quand le Seigneur vit que Léa était moins aimée que Rachel, il la rendit féconde, alors que Rachel restait stérile. Léa devint enceinte, et mit au monde un fils qu'elle appela Ruben. Elle expliqua en effet: «Le Seigneur a vu mon humiliation; maintenant mon mari m'aimera.» Elle fut de nouveau enceinte et mit au monde un deuxième fils. Elle déclara: «Le Seigneur a su que je n'étais pas aimée, et il m'a donné un autre fils.» Elle appela ce fils Siméon. Elle fut de nouveau enceinte et mit au monde un troisième fils. Elle déclara: «Cette fois-ci mon mari s'attachera à moi, car je lui ai donné trois fils.» Et Jacob appela ce fils Lévi. Elle fut de nouveau enceinte et mit au monde un quatrième fils. Elle déclara: «Cette fois, je louerai le Seigneur.» Et elle appela ce fils Juda. Elle cessa alors d'avoir des enfants. Quand Rachel s'aperçut qu'elle ne pouvait pas avoir d'enfants, elle devint jalouse de sa sœur. Elle dit à Jacob: «Donne-moi des enfants, sinon je mourrai.» Jacob se mit en colère contre elle: «Me prends-tu pour Dieu lui-même? C'est lui qui t'empêche d'en avoir.» Elle répondit: «Prends ma servante Bila, pour qu'elle mette au monde des enfants; je les adopterai. Ainsi, grâce à elle, j'en aurai moi aussi.» Elle donna donc à Jacob sa servante, qui passa la nuit avec lui. Bila devint enceinte et donna un fils à Jacob. Rachel déclara: «Dieu a jugé en ma faveur. Il a entendu mon souhait et m'a accordé un fils, à moi aussi.» Et elle l'appela Dan. Bila, servante de Rachel, fut de nouveau enceinte et donna un second fils à Jacob. Rachel déclara: «J'ai livré un dur combat à ma sœur et j'ai gagné.» Elle appela son fils Neftali. Quand Léa vit qu'elle avait cessé d'avoir des enfants, elle prit sa servante Zilpa et la donna pour femme à Jacob. Zilpa donna un fils à Jacob, et Léa s'écria: «Quelle chance!» Et elle l'appela Gad. Zilpa donna un second fils à Jacob. Léa s'écria: «Quel bonheur! Maintenant les femmes peuvent dire que je suis heureuse.» Et elle l'appela Asser. Un jour, à l'époque de la moisson du blé, Ruben se rendit aux champs et trouva des pommes d'amour. Il les apporta à sa mère Léa. Alors Rachel dit à Léa: «S'il te plaît, donne-moi quelques-unes des pommes d'amour de ton fils.» Léa répondit: «Il ne te suffit pas d'avoir pris mon mari? Tu veux encore prendre les pommes d'amour de mon fils!» Rachel reprit: «Eh bien, Jacob passera la nuit prochaine avec toi en échange des pommes d'amour de ton fils!» Le soir, quand Jacob revint des champs, Léa sortit à sa rencontre et lui déclara: «Tu dois passer la nuit avec moi: j'ai payé le droit de t'avoir contre les pommes d'amour de mon fils.» Jacob passa donc avec elle cette nuit-là. Dieu exauça le désir de Léa. Elle devint enceinte et donna un cinquième fils à Jacob. Elle proclama: «Dieu m'a payé un salaire pour avoir donné ma servante à mon mari.» Et elle appela son fils Issakar. Léa fut de nouveau enceinte et donna un sixième fils à Jacob. Elle proclama: «Dieu m'a fait un beau cadeau. Cette fois mon mari m'honorera, puisque je lui ai donné six fils.» Et elle appela son fils Zabulon. Par la suite elle mit au monde une fille, qu'elle appela Dina. Alors Dieu pensa à Rachel. Il exauça son désir et la rendit féconde. Elle devint enceinte et mit au monde un fils. Elle déclara: «Dieu m'a délivrée de ma honte.» Elle appela son fils Joseph, en exprimant ce souhait: «Que le Seigneur me donne encore un fils!» Après la naissance de Joseph, Jacob dit à Laban: «Laisse-moi retourner chez moi, dans mon pays. Permets-moi d'emmener mes femmes et mes enfants; c'est pour elles que j'ai travaillé à ton service, et tu sais bien tout le travail que j'ai fait chez toi.» Laban lui répondit: «Sois indulgent envers moi, je t'en prie. Mes dieux m'ont révélé que le Seigneur m'a béni à cause de toi. Dis-moi le salaire que tu désires, et je te le paierai.» Jacob lui dit: «Tu sais comment je t'ai servi et ce qu'est devenu ton bétail grâce à moi. Le peu que tu possédais avant mon arrivée s'est considérablement développé. Le Seigneur t'a béni depuis que je suis entré chez toi. Ne serait-il pas temps que je puisse travailler aussi pour ma propre famille?» – «Que dois-je te payer?» reprit Laban. Jacob répondit: «Tu n'auras rien à me payer. Si tu m'accordes ce que je vais te proposer, je suis prêt à soigner et à garder ton bétail comme avant. Je vais passer en revue aujourd'hui tout ton troupeau et je mettrai à part tout mouton qui a des taches de couleur, petites ou grandes, tout mouton à la toison foncée et toute chèvre qui a des taches, petites ou grandes: ce sera mon salaire. Plus tard tu pourras t'assurer de mon honnêteté en venant contrôler mon salaire. Toutes les chèvres qui n'auront pas de taches, petites ou grandes, et tous les moutons qui n'auront pas la toison foncée seront des bêtes que j'aurai volées.» – «D'accord, répondit Laban. J'accepte ta proposition.» Ce jour même, Laban mit à part les boucs et les chèvres qui avaient des rayures ou des taches, petites ou grandes, de couleur blanche, et les moutons à la toison foncée. Il confia ce troupeau à ses fils et mit un intervalle de trois jours de marche entre lui et Jacob. Quant à Jacob, il s'occupa du reste du troupeau de Laban. Jacob se procura des baguettes fraîches de peuplier, d'amandier et de platane. Il y enleva de petites bandes d'écorce pour y faire apparaître des rayures blanches. Il disposa les baguettes rayées dans les abreuvoirs, sous les yeux des bêtes, car elles s'accouplent volontiers quand elles viennent boire. Les bêtes s'accouplèrent donc devant les baguettes, si bien que les chèvres donnèrent naissance à des chevreaux qui avaient des rayures et de petites ou de grandes taches. Quant aux moutons, Jacob les sépara des chèvres, il leur fit regarder les bêtes du troupeau de Laban qui avaient des rayures ou la toison foncée. Il se constitua ainsi des troupeaux personnels et ne mélangea pas ses bêtes avec celles de Laban. Chaque fois que des bêtes robustes s'accouplaient, Jacob plaçait les baguettes sous leurs yeux dans les abreuvoirs, pour qu'elles s'accouplent devant ces baguettes. Mais quand les bêtes étaient chétives, il ne mettait pas de baguettes: ainsi les bêtes chétives étaient pour Laban et les robustes pour Jacob. Jacob s'enrichit énormément et devint propriétaire d'un grand nombre de moutons et de chèvres, de servantes et de serviteurs, de chameaux et d'ânes. Or il apprit que les fils de Laban disaient: «Jacob s'est emparé de tout ce qui appartenait à notre père; c'est de cette façon qu'il s'est constitué toute sa richesse.» Il s'aperçut aussi que Laban n'avait plus à son égard la même attitude qu'auparavant. C'est alors que le Seigneur dit à Jacob: «Retourne au pays de tes ancêtres, auprès de ta famille. Je serai avec toi.» Jacob fit venir Rachel et Léa aux champs, où étaient ses troupeaux, pour leur dire: «Je m'aperçois que votre père n'a plus à mon égard la même attitude qu'auparavant, mais le Dieu de mon père a été avec moi. Vous savez bien que j'ai servi votre père de toutes mes forces; pourtant il m'a trompé en changeant dix fois mon salaire. Mais Dieu ne l'a pas laissé me faire du tort. Si votre père déclarait: “Les animaux qui ont de petites taches seront ton salaire”, toutes les femelles avaient des petits avec des taches. Ou bien s'il déclarait: “Les animaux rayés seront ton salaire”, toutes les femelles avaient des petits rayés. C'est Dieu qui a enlevé à votre père son bétail pour me le donner. A l'époque où les bêtes s'accouplent, voici ce que j'ai vu dans un rêve: les mâles qui s'accouplaient avec les brebis ou les chèvres avaient des rayures, de petites taches ou des points de couleur. Dans ce rêve, l'ange de Dieu m'appela: “Jacob!” – “Oui”, répondis-je. “Regarde, me dit-il. Tous les mâles qui s'accouplent avec les brebis ou les chèvres ont des rayures, des taches ou des points de couleur. Il en est ainsi parce que j'ai vu comment Laban t'a traité. Je suis le Dieu qui t'est apparu à Béthel, là où tu as dressé et consacré une pierre, là où tu t'es engagé envers moi par un vœu. Maintenant mets-toi en route, quitte ce pays et retourne dans ce lui de ta famille.” » Rachel et Léa répondirent à Jacob: «Nous n'avons plus de part d'héritage dans la maison de notre père. Ne nous a-t-il pas considérées comme des étrangères, puisqu'il nous a vendues et qu'il a ensuite dépensé l'argent qui devait nous revenir? Par conséquent, tous les biens que Dieu a enlevés à notre père nous appartiennent, à nous et à nos enfants. Fais donc tout ce que Dieu t'a ordonné.» Alors Jacob se prépara à partir et installa ses enfants et ses femmes sur des chameaux. Il emmenait tout le bétail et tous les biens qu'il avait acquis en Haute-Mésopotamie, pour retourner chez son père Isaac, au pays de Canaan. Quant à Laban, il était parti tondre ses moutons. Rachel en profita pour s'approprier les idoles familiales de son père. Jacob trompa Laban l'Araméen en partant sans rien lui dire. Il s'enfuit avec tout ce qui lui appartenait et s'empressa de traverser l'Euphrate; puis il se dirigea vers les monts de Galaad. Le surlendemain, quelqu'un informa Laban de la fuite de Jacob. Laban emmena des gens de sa maison et poursuivit Jacob pendant sept jours. Il le rattrapa dans les monts de Galaad. Mais, pendant la nuit, Dieu apparut à Laban l'Araméen dans un rêve et lui dit: «Garde-toi de dire quoi que ce soit à Jacob.» Quand Laban rejoignit Jacob, celui-ci avait planté sa tente dans les monts de Galaad. Laban et ses gens firent de même. Laban interpella Jacob: «Qu'as-tu fait là? Tu m'as trompé en emmenant mes filles comme des prisonnières de guerre. Pourquoi t'es-tu enfui en cachette et m'as-tu ainsi trompé? Si tu m'avais prévenu, je t'aurais accompagné au milieu de chants joyeux, au son du tambourin et de la lyre. Mais tu ne m'as même pas laissé embrasser mes filles et mes petits-enfants. Vraiment tu as agi comme un insensé. J'ai les moyens de vous faire du mal, mais le Dieu de ton père m'a dit la nuit dernière: “Garde-toi de dire quoi que ce soit à Jacob.” Bien, tu es parti parce que tu étais impatient de rentrer chez ton père. Mais pourquoi m'as-tu volé mes dieux?» Jacob répondit à Laban: «J'ai eu peur et je me suis dit: “Il ne faut pas qu'il m'enlève ses filles.” Maintenant, si tu trouves tes dieux chez l'un des miens, celui-ci ne restera pas en vie. En présence de nos gens, reconnais tout ce qui, chez moi, est à toi et emporte ce qui t'appartient.» En effet, Jacob ignorait que Rachel s'était approprié les idoles familiales. Laban fouilla les tentes de Jacob, de Léa et des deux servantes, mais il ne trouva rien. En sortant de la tente de Léa, il entra dans celle de Rachel. Or c'était Rachel qui avait pris les idoles; elle les avait placées dans une grande selle de chameau et elle s'était assise dessus. Laban fouillait toute la tente sans rien trouver. Rachel dit à son père: «Mon père, ne te fâche pas si je ne peux pas me lever devant toi; je suis indisposée.» Malgré ses recherches, Laban ne trouva pas les idoles. Jacob se mit en colère et adressa des reproches à Laban. Il lui dit: «Quelle faute, quel crime ai-je commis pour que tu t'acharnes à me poursuivre? Tu as examiné toutes mes affaires. As-tu trouvé un seul objet venant de chez toi? Montre-le à mes gens et aux tiens, et qu'ils jugent entre nous deux. J'ai passé vingt ans chez toi; jamais tes brebis ou tes chèvres n'ont avorté, et jamais je n'ai mangé les béliers de ton troupeau. Jamais je ne t'ai rapporté une bête tuée par les animaux sauvages, j'en ai supporté moi-même la perte. Tu me réclamais les bêtes volées, qu'elles aient été dérobées le jour ou la nuit. Le jour je souffrais de la chaleur et la nuit du froid, au point de ne pouvoir trouver le sommeil. J'ai accepté de passer vingt ans chez toi: j'ai travaillé chez toi quatorze ans pour épouser tes deux filles et six ans pour acquérir du bétail, mais toi, tu as changé dix fois mon salaire. Si le Dieu de mon grand-père Abraham, le Dieu qui faisait trembler mon père Isaac, ne m'avait pas aidé, tu m'aurais laissé repartir les mains vides. Mais Dieu a vu mon humiliation et le dur travail que j'ai accompli; la nuit dernière il s'est prononcé en ma faveur.» Laban répondit à Jacob: «Ces filles sont les miennes, leurs enfants sont les miens, ces troupeaux sont à moi et tout ce que tu vois m'appartient. Mais, à partir d'aujourd'hui, je ne pourrai plus rien faire pour mes filles ou pour les enfants qu'elles ont mis au monde. Allons, concluons maintenant tous les deux un accord, et qu'il y ait un témoin entre nous.» Jacob prit alors une pierre et la dressa. Ensuite il dit à ses gens de ramasser des pierres. Ils en ramassèrent et en firent un tas. Puis tous mangèrent aux abords de ce tas. Laban appela cet endroit Yegar Sahadouta, tandis que Jacob le nomma Galed. Laban déclara: «Ce tas est aujourd'hui un témoin entre toi et moi.» C'est la raison pour laquelle on l'appela Galed, c'est-à-dire “tas du témoin”. On l'appela aussi Mispa, c'est-à-dire “poste de surveillance”, parce que Laban déclara encore: «Que le Seigneur nous surveille quand nous serons hors de vue l'un de l'autre. Si tu fais souffrir mes filles, si tu prends d'autres femmes pour épouses, fais bien attention, ce n'est pas un homme qui est témoin entre nous, mais Dieu lui-même.» Puis Laban dit à Jacob: «Regarde ce tas de pierres que j'ai placé entre nous, regarde cette pierre dressée. Ce tas et cette pierre sont pour nous des témoins: je ne dois pas les dépasser dans ta direction avec de mauvaises intentions, ni toi non plus dans ma direction. Que le Dieu d'Abraham et le Dieu de Nahor soient juges entre nous.» Alors Jacob prêta serment par le Dieu qui faisait trembler son père Isaac. Ensuite il offrit un sacrifice sur la montagne, et il invita ses proches à un repas. Après avoir mangé, ils passèrent la nuit sur la montagne. Le lendemain Laban se leva tôt, embrassa ses filles et ses petits-enfants, leur fit ses adieux et retourna chez lui. Jacob poursuivit sa route. Des anges de Dieu vinrent à sa rencontre. Quand il les vit, Jacob s'écria: «C'est un camp de Dieu!» Et il appela ce lieu Mahanaïm. Jacob envoya devant lui des messagers à son frère Ésaü, dans la campagne d'Édom, au pays de Séir. Il leur donna cet ordre: «Vous parlerez ainsi à Ésaü: “Ton humble serviteur Jacob te fait dire ceci: j'ai émigré chez Laban et j'y ai prolongé mon séjour jusqu'à maintenant. Je possède des bœufs et des ânes, des moutons et des chèvres, des serviteurs et des servantes. J'envoie des messagers te l'annoncer, mon seigneur, pour que tu me fasses bon accueil.” » Les messagers revinrent dire à Jacob: «Nous sommes allés trouver ton frère Ésaü. Il marche à ta rencontre avec quatre cents hommes.» Jacob fut saisi d'une très grande peur. Il sépara en deux groupes les gens qui étaient avec lui, ainsi que les moutons et les chèvres, les bœufs et les chameaux. Il se disait: «Si Ésaü s'attaque à un groupe, l'autre pourra échapper.» Ensuite Jacob pria: «O Dieu de mon grand-père Abraham, de mon père Isaac, Seigneur, tu m'as dit: “Retourne dans ton pays, auprès de ta famille. J'agirai et tout ira bien pour toi.” Seigneur, je ne suis pas digne de toutes les faveurs que tu m'as accordées avec tant de fidélité, à moi ton serviteur. Je n'avais que mon bâton quand j'ai traversé le Jourdain, et maintenant je reviens avec ces deux groupes. Délivre-moi de mon frère Ésaü, car j'ai peur de lui, je crains qu'il vienne me tuer avec les femmes et les enfants. Souviens-toi que tu m'as dit: “J'agirai et tout ira très bien pour toi. Je rendrai tes descendants innombrables, comme les grains de sable au bord de la mer.” » Jacob s'installa pour passer la nuit à cet endroit. Dans ce qu'il possédait, il choisit un cadeau pour son frère Ésaü: deux cents chèvres et vingt boucs, deux cents brebis et vingt béliers, trente chamelles qui allaitaient et leurs petits, quarante vaches et dix taureaux, vingt ânesses et dix ânes. Il confia chaque troupeau séparément à ses serviteurs en leur disant: «Précédez-moi, et laissez un intervalle entre les troupeaux.» Puis il donna cet ordre au premier serviteur: «Quand mon frère Ésaü te rencontrera et te demandera: “A qui appartiens-tu? Où vas-tu? A qui appartient ce troupeau qui marche devant toi?”, tu répondras: “C'est à ton serviteur Jacob. C'est un cadeau qu'il t'envoie, mon seigneur Ésaü, et lui-même arrive derrière nous.” » Il donna le même ordre au deuxième, au troisième et à tous ceux qui suivaient les troupeaux: «Voilà ce que vous direz à Ésaü quand vous le rencontrerez, et vous ajouterez: “Ton serviteur Jacob arrive derrière nous.” » Jacob se disait en effet: «Je l'apaiserai par les cadeaux qui me précéderont, et ensuite je me présenterai devant lui. J'espère qu'il me fera bon accueil.» Les troupeaux partirent donc en avant, tandis que lui-même restait cette nuit-là dans le camp. Il resta seul, et quelqu'un lutta avec lui jusqu'à l'aurore. Quand l'adversaire vit qu'il ne pouvait pas vaincre Jacob dans cette lutte, il le frappa à l'articulation de la hanche, et celle-ci se déboîta. Il dit alors: «Laisse-moi partir, car voici l'aurore.» – «Je ne te laisserai pas partir si tu ne me bénis pas», répliqua Jacob. L'autre demanda: «Comment t'appelles-tu?» – «Jacob», répondit-il. L'autre reprit: «On ne t'appellera plus Jacob mais Israël, car tu as lutté contre Dieu et contre des hommes, et tu as été le plus fort.» Jacob demanda: «Dis-moi donc quel est ton nom.» – «Pourquoi me demandes-tu mon nom?» répondit-il. Là même, il fit ses adieux à Jacob. Celui-ci déclara: «J'ai vu Dieu face à face et je suis encore en vie.» C'est pourquoi il nomma cet endroit Penouel – ce qui veut dire “Face de Dieu”. Quand le soleil se leva, Jacob passa le gué de Penouel. Il boitait à cause de sa hanche. Aujourd'hui encore les Israélites ne mangent pas le muscle de la cuisse qui est à l'articulation de la hanche, parce que Jacob a été blessé à ce muscle. Jacob vit Ésaü qui arrivait avec quatre cents hommes. Il répartit les enfants entre Léa, Rachel et les deux servantes. Il plaça en tête les deux servantes avec leurs enfants, puis derrière eux Léa et ses enfants, enfin Rachel et Joseph. Lui-même s'avança le premier. Il s'inclina sept fois jusqu'à terre avant d'arriver près de son frère. Alors Ésaü courut à sa rencontre, se jeta à son cou et l'embrassa. Ils se mirent tous deux à pleurer. Quand Ésaü vit les femmes et les enfants, il demanda: «Qui sont ces gens qui t'accompagnent?» – «Ce sont les enfants que Dieu m'a accordés», répondit Jacob. Les servantes s'approchèrent avec leurs enfants et s'inclinèrent profondément. A leur tour, Léa et ses enfants s'approchèrent et firent de même, puis Joseph et Rachel. Ésaü demanda: «Que comptais-tu faire avec tout ce troupeau que j'ai rencontré?» – «Je désirais gagner ta bienveillance», répondit Jacob. «J'ai suffisamment de biens, mon frère, reprit Ésaü. Garde ce qui t'appartient.» – «Non, je t'en prie, dit Jacob. Si tu ne m'en veux plus, accepte le cadeau que je t'offre. Ma rencontre avec toi a été comme une rencontre avec Dieu, tellement tu as été bienveillant pour moi. Accepte donc, je t'en prie, le cadeau que je t'ai envoyé, car Dieu m'a été favorable, et j'ai tout ce qu'il me faut.» Jacob insista. Ésaü finit par accepter et dit: «Allons, en route! Je vais t'accompagner.» Mais Jacob répliqua: «Tu sais que les enfants sont délicats, et qu'il faut ménager les brebis et les vaches qui allaitent. Si on presse l'allure un seul jour, toutes ces bêtes mourront. Prends donc les devants; et moi, je continuerai lentement ma route au pas de mon troupeau et au pas des enfants, jusqu'à mon arrivée près de toi au pays de Séir.» Ésaü dit: «Je vais laisser avec toi une partie des gens qui m'accompagnent.» – «Pour quoi faire? répondit Jacob. Il me suffit d'avoir trouvé un bon accueil auprès de toi.» Ce jour-là Ésaü reprit le chemin de Séir. Quant à Jacob il partit pour Soukoth. Il y construisit une maison pour lui et des huttes pour ses troupeaux. C'est pourquoi on appelle cet endroit Soukoth, c'est-à-dire “Les Huttes”. A son retour de Haute-Mésopotamie, Jacob arriva sain et sauf à la ville de Sichem en Canaan. Il campa près de la ville. Il acheta aux descendants de Hamor, fondateur de Sichem, la parcelle de terrain où il avait planté sa tente. Il la paya cent pièces d'argent. Il dressa un autel à cet endroit et l'appela “El, le Dieu d'Israël”. Un jour Dina, la fille de Jacob et de Léa, alla rendre visite à des femmes du pays. Sichem, fils de Hamor, le chef hivite de la région, l'aperçut. Il l'emmena chez lui, coucha avec elle et la déshonora. Pourtant il s'attacha à elle, en devint amoureux et gagna sa confiance. Il dit à son père Hamor: «Demande pour moi la main de cette jeune fille, je veux l'épouser.» – Jacob apprit que sa fille avait été déshonorée par Sichem. Mais comme ses fils étaient aux champs avec ses troupeaux, il ne fit rien jusqu'à leur retour. – Hamor, le père de Sichem, se rendit chez Jacob pour lui parler. Quand les fils de Jacob revinrent des champs, ils apprirent ce qui s'était passé. Ils se sentirent insultés et entrèrent dans une violente colère, car Sichem avait fait quelque chose d'inadmissible en Israël, en couchant avec la fille de Jacob; on ne doit pas agir ainsi. Mais Hamor leur dit: «Mon fils Sichem est amoureux de cette jeune fille. Donnez-la-lui pour femme. Alliez-vous avec nous: donnez-nous vos jeunes filles en mariage et épousez les nôtres. Vous habiterez près de nous. La région vous sera ouverte: vous pourrez vous y installer, y traiter vos affaires, y avoir des propriétés.» Sichem lui-même vint dire au père et aux frères de la jeune fille: «Soyez indulgents envers moi, je suis prêt à vous donner ce que vous voudrez. Vous pouvez exiger de moi un très gros dédommagement et de nombreux cadeaux. Je donnerai tout ce que vous demanderez, pourvu que vous m'accordiez cette jeune fille pour épouse.» Les fils de Jacob répondirent avec ruse à Sichem et à son père Hamor, parce que Sichem avait déshonoré leur sœur Dina. Ils leur parlèrent ainsi: «Nous ne pouvons pas donner notre sœur en mariage à un homme incirconcis; ce serait un déshonneur pour nous. Nous ne vous donnerons notre accord qu'à une condition: c'est que, comme nous, tous les hommes de chez vous soient circoncis. Alors nous vous accorderons nos filles en mariage et nous pourrons épouser les vôtres. Nous habiterons près de vous et nous formerons ensemble un seul peuple. Mais si vous n'acceptez pas d'être circoncis, nous reprendrons notre sœur et nous repartirons.» Hamor et son fils donnèrent leur accord à cette proposition. Sans tarder le jeune homme entreprit de la réaliser, tant il aimait la fille de Jacob. Or il avait beaucoup d'influence dans sa famille. Hamor et Sichem se rendirent sur la place, à la porte de la ville, et ils dirent à leurs concitoyens: «Ces hommes sont bien intentionnés à notre égard. Qu'ils s'installent dans notre région et y fassent leurs affaires, que le pays leur soit largement ouvert! Nous pourrons épouser leurs filles et nous leur donnerons les nôtres en mariage. Ils accepteront d'habiter près de nous et de former un seul peuple avec nous, mais à une condition: c'est que tous les hommes de chez nous soient circoncis comme eux. Si nous leur donnons notre accord, ils viendront habiter près de nous; alors tout leur bétail et leurs biens finiront par nous appartenir.» Tous ceux qui étaient présents à la porte de la ville acceptèrent la proposition de Hamor et de son fils Sichem, et tous les hommes de la ville se firent circoncire. Deux jours plus tard, alors que ces hommes étaient encore souffrants, deux des fils de Jacob, Siméon et Lévi, frères de Dina, prirent leur épée, entrèrent dans la ville sans éveiller de soupçons et massacrèrent tous les hommes, y compris Hamor et son fils Sichem. En quittant la maison de Sichem, ils emmenèrent Dina. Les autres fils de Jacob vinrent dépouiller les cadavres et pillèrent la ville, parce qu'on avait déshonoré leur sœur. Ils s'emparèrent des moutons et des chèvres, des bœufs et des ânes, bref, de tout ce qui était dans la ville et la campagne. Ils emportèrent toutes les richesses, emmenèrent tous les enfants et les femmes, et ils pillèrent complètement les maisons. Alors Jacob dit à Siméon et à Lévi: «Vous m'avez causé du tort en me rendant odieux aux habitants de la région, les Cananéens et les Perizites. Ces gens-là vont se rassembler contre moi. Ils me vaincront, car je n'ai que peu d'hommes, et je serai exterminé avec ma famille.» Les deux frères répondirent: «Cet individu n'avait pas le droit de traiter notre sœur comme une prostituée.» Un jour Dieu dit à Jacob: «En route! Va t'installer à Béthel, où tu me construiras un autel. C'est là que je me suis manifesté à toi lorsque tu fuyais pour échapper à ton frère Ésaü.» Jacob dit à sa famille et à tous ceux qui étaient avec lui: «Débarrassez-vous des dieux étrangers qui se trouvent chez vous. Purifiez -vous et changez de vêtements. Préparez-vous, nous allons à Béthel. J'y ferai un autel au Dieu qui m'a répondu le jour où j'étais dans une situation difficile, et qui m'a aidé partout où je suis allé.» Alors ils remirent à Jacob toutes les statuettes de dieux étrangers qu'ils possédaient, ainsi que les anneaux qu'ils portaient aux oreilles. Jacob enfouit le tout sous le grand arbre qui est près de Sichem. Lorsque Jacob et ses fils levèrent le camp, Dieu inspira une telle peur aux habitants des villes voisines, que personne n'osa les poursuivre. Jacob et tous ceux qui l'accompagnaient arrivèrent à Louz, c'est-à-dire Béthel, au pays de Canaan. Il y construisit un autel et appela ce lieu “Dieu de Béthel”, parce que Dieu s'y était révélé à lui lorsqu'il fuyait pour échapper à son frère. Débora, nourrice de Rébecca, mourut et fut enterrée près de Béthel, sous le chêne qu'on appela depuis lors “le Chêne des pleurs”. Dieu apparut de nouveau à Jacob, à son retour de Mésopotamie et il le bénit. Il lui dit: «Ton nom était Jacob, mais on ne t'appellera plus ainsi. Désormais ton nom sera Israël.» Dieu l'appela donc Israël. Il lui dit encore: «Je suis le Dieu tout -puissant. Je te donnerai de nombreux enfants, pour que tu deviennes l'ancêtre d'une nation et même d'un ensemble de peuples. Il y aura des rois parmi tes descendants. Le pays que j'ai donné à Abraham et à Isaac, je te le donne, et plus tard je le donnerai à tes descendants.» Puis Dieu s'éloigna du lieu où il avait parlé avec Jacob. Jacob dressa là une pierre, il y versa de l'huile et une offrande de vin, pour en faire une pierre sacrée. Il appela Béthel – ce qui veut dire “Maison de Dieu” – ce lieu où Dieu avait parlé avec lui. Jacob et sa famille quittèrent Béthel. Ils étaient encore à une certaine distance d'Éfrata quand Rachel mit un enfant au monde. La naissance fut difficile. Tandis que Rachel accouchait avec peine, la sage-femme lui dit: «N'aie pas peur, c'est encore un garçon.» Rachel était mourante. Au moment de rendre le dernier soupir, elle appela l'enfant Ben-Oni – ce qui veut dire “Fils du malheur” – mais son père l'appela Benjamin – “Fils de la main droite ”. Rachel mourut, et on l'enterra au bord de la route d'Éfrata, appelée maintenant Bethléem. Jacob dressa une pierre sur sa tombe: aujourd'hui encore on la nomme “la Pierre de la tombe de Rachel”. Jacob partit et alla installer son campement au-delà de Migdal-Éder. Pendant que Jacob habitait cette région, Ruben alla passer la nuit avec Bila, épouse de second rang de son père. Jacob l'apprit. Jacob eut douze fils: Léa lui donna Ruben, l'aîné, puis Siméon, Lévi, Juda, Issakar et Zabulon. Rachel lui donna Joseph et Benjamin. Bila, la servante de Rachel, lui donna Dan et Neftali. Zilpa, la servante de Léa, lui donna Gad et Asser. Tels sont les fils de Jacob, qui naquirent en Mésopotamie. Jacob se rendit chez son père Isaac à Mamré, près de Quiriath-Arba, qui s'appelle maintenant Hébron. Abraham et Isaac y avaient habité. Isaac avait cent quatre-vingts ans quand il mourut. C'est donc après une longue vieillesse qu'il rejoignit ses ancêtres dans la mort. Ses fils Ésaü et Jacob l'enterrèrent. Voici la liste des descendants d'Ésaü, autrement dit Édom. Ésaü épousa des Cananéennes: Ada, fille d'Élon le Hittite, et Oholibama, fille d'Ana et petite-fille de Sibéon le Hivite. Il épousa aussi Basmath, fille d'Ismaël et sœur de Nebayoth. Ada fut la mère d'Élifaz, Basmath celle de Réouel, et Oholibama celle de Yéouch, Yalam et Cora. Tels sont les fils d'Ésaü, qui naquirent au pays de Canaan. Ésaü emmena ses femmes, ses fils, ses filles et tous ses serviteurs, ses troupeaux et ses bêtes de somme; il emporta aussi toutes les richesses qu'il avait acquises au pays de Canaan. Il s'en alla dans une autre région, loin de son frère Jacob. En effet, leurs biens étaient trop importants pour qu'ils puissent habiter côte à côte. La région où ils se trouvaient n'aurait pas suffi à nourrir leurs troupeaux. C'est ainsi qu'Ésaü, autrement dit Édom, habita la montagne de Séir. Voici la liste des descendants d'Ésaü, l'ancêtre des Édomites, qui habitaient la montagne de Séir. Noms des fils d'Ésaü: Élifaz, fils de sa femme Ada; Réouel, fils de sa femme Basmath. Les fils d'Élifaz furent Téman, Omar, Sefo, Gatam et Quenaz. Élifaz avait aussi une femme de second rang, Timna, qui lui donna un autre fils: Amalec. Tels furent les petits-fils d'Ésaü et de sa femme Ada. Les fils de Réouel furent Nahath, Zéra, Chamma et Miza. Tels furent les petits-fils d'Ésaü et de sa femme Basmath. Quant à Oholibama, fille d'Ana et petite-fille de Sibéon, elle donna à Ésaü Yéouch, Yalam et Cora. Les chefs Nahath, Zéra, Chamma et Miza, qui vivaient en Édom, étaient les fils de Réouel et les petits-fils de Basmath, femme d'Ésaü. Les chefs Yéouch, Yalam et Cora étaient les fils d'Ésaü et de sa femme Oholibama, fille d'Ana. Tels étaient les chefs des Édomites, descendants d'Ésaü. Les fils de Lotan furent Hori et Hémam. Lotan avait une sœur, Timna. Les fils de Chobal furent Alvan, Manahath, Ébal, Chefo et Onam. Les fils de Sibéon furent Aya et Ana. C'est Ana qui découvrit de l'eau dans le désert, quand il gardait les ânes de son père Sibéon. Les enfants d'Ana furent son fils Dichon et sa fille Oholibama. Les fils de Dichon furent Hemdan, Echeban, Itran et Keran. Les fils de Esser furent Bilehan, Zavan et Acan. Les fils de Dichan furent Ous et Aran. Voici la liste des rois qui se succédèrent sur le trône d'Édom avant que des rois règnent en Israël: Béla, fils de Béor, de la ville de Dinaba. A sa mort Yobab, fils de Zéra, de la ville de Bosra, lui succéda. Jacob s'installa au pays de Canaan, dans la région où son père avait séjourné. Voici l'histoire des fils de Jacob. Joseph était un adolescent de dix-sept ans. Il gardait les moutons et les chèvres en compagnie de ses frères, les fils de Bila et de Zilpa, femmes de son père. Il rapportait à son père le mal qu'on disait d'eux. Jacob aimait Joseph plus que ses autres fils, car il l'avait eu dans sa vieillesse. Il lui avait donné une tunique de luxe. Les frères de Joseph virent que leur père le préférait à eux tous. Ils en vinrent à le détester tellement qu'ils ne pouvaient plus lui parler sans hostilité. Une fois, Joseph fit un rêve. Il le raconta à ses frères, qui le détestèrent encore davantage. «Écoutez mon rêve, leur avait-il dit: Nous étions tous à la moisson, en train de lier des gerbes de blé. Soudain ma gerbe se dressa et resta debout; toutes vos gerbes vinrent alors l'entourer et s'incliner devant elle.» – «Est-ce que tu prétendrais devenir notre roi et dominer sur nous?» lui demandèrent ses frères. Ils le détestèrent davantage, à cause de ses rêves et des récits qu'il en faisait. Joseph fit un autre rêve et le raconta également à ses frères. «J'ai de nouveau rêvé, dit-il: Le soleil, la lune et onze étoiles venaient s'incliner devant moi.» Il raconta aussi ce rêve à son père. Celui-ci le réprimanda en lui disant: «Qu'as-tu rêvé là? Devrons-nous, tes frères, ta mère et moi-même, venir nous incliner jusqu'à terre devant toi?» Ses frères étaient exaspérés par lui, mais son père repensait souvent à ces rêves. Les frères de Joseph se rendirent dans la région de Sichem, pour y faire paître les moutons et les chèvres de leur père. Un jour Jacob dit à Joseph: «Tes frères gardent le troupeau près de Sichem. Va les trouver de ma part.» – «Oui, père», répondit Joseph. Jacob reprit: «Va voir s'ils vont bien, ainsi que le troupeau. Puis tu m'en rapporteras des nouvelles.» Jacob l'envoya donc depuis la vallée d'Hébron. Quand Joseph arriva près de Sichem, un homme le rencontra tandis qu'il errait dans la campagne; il l'interrogea: «Que cherches-tu?» – «Je cherche mes frères, répondit Joseph; peux-tu me dire où ils sont avec leur troupeau?» L'homme déclara: «Ils sont partis d'ici. Je les ai entendus dire qu'ils allaient du côté de Dotan.» Joseph partit à la recherche de ses frères et les trouva à Dotan. Ceux-ci le virent de loin. Avant qu'il les ait rejoints, ils complotèrent de le faire mourir, se disant les uns aux autres: «Hé! voici l'homme aux rêves! Profitons-en pour le tuer. Nous jetterons son cadavre dans une citerne et nous dirons qu'une bête féroce l'a dévoré. On verra bien alors si ses rêves se réalisent.» Ruben les entendit et décida de sauver Joseph. «Ne le tuons pas!» dit-il. Puis il ajouta: «Ne commettez pas un meurtre; jetez-le simplement dans cette citerne du désert, mais ne le tuez pas.» Il leur parlait ainsi afin de pouvoir le sauver et le ramener à son père. Puis ils s'assirent pour manger. Ils virent passer une caravane d'Ismaélites, qui venaient du pays de Galaad et se dirigeaient vers l'Égypte. Leurs chameaux transportaient diverses résines odoriférantes: gomme adragante, baume et ladanum. Juda dit à ses frères: «Quel intérêt avons-nous à tuer notre frère et à cacher sa mort? Vendons-le plutôt à ces Ismaélites, mais ne touchons pas à sa vie. Malgré tout, il est de notre famille, il est notre frère.» Ils donnèrent leur accord. Mais des marchands madianites, qui passaient par là, tirèrent Joseph de la citerne. Ils le vendirent pour vingt pièces d'argent aux Ismaélites, qui l'emmenèrent en Égypte. Lorsque Ruben alla regarder dans la citerne, Joseph n'y était plus. Ruben, désespéré, déchira ses vêtements, revint vers ses frères et s'écria: «Joseph n'est plus là! Que vais-je faire maintenant?» Les frères égorgèrent un bouc, prirent la tunique de Joseph et la trempèrent dans le sang. Ensuite ils l'envoyèrent à leur père avec ce message: «Nous avons trouvé ceci. Examine donc si ce n'est pas la tunique de ton fils.» Jacob la reconnut et s'écria: «C'est bien la tunique de mon fils! Une bête féroce a déchiqueté Joseph et l'a dévoré.» Alors il déchira ses vêtements, prit la tenue de deuil et pleura son fils pendant longtemps. Tous ses enfants tentèrent de le réconforter, mais il refusa de se laisser consoler; il disait: «Je serai encore en deuil quand je rejoindrai mon fils dans le monde des morts.» Et il continua de le pleurer. Les Madianites emmenèrent Joseph en Égypte et le vendirent à Potifar, homme de confiance du Pharaon et chef de la garde royale. A cette époque, Juda quitta ses frères et se rendit à Adoullam, chez un nommé Hira. Là il aperçut la fille d'un certain Choua, un Cananéen. Il en fit sa femme. De son union avec lui, elle devint enceinte et mit au monde un fils, que Juda appela Er. Cette femme eut un autre fils; elle l'appela Onan; puis un autre encore, qu'elle appela Chéla. Juda était à Kezib au moment de cette naissance. Juda maria son fils aîné Er à une femme nommée Tamar. Er déplut tellement au Seigneur que celui-ci le fit mourir. Alors Juda dit à Onan: «Tu connais ton devoir de proche parent du mort: tu dois donner une descendance à ton frère. Épouse donc sa veuve.» Mais Onan savait que l'enfant ne serait pas considéré comme le sien. C'est pourquoi, chaque fois qu'il avait des rapports avec sa belle-sœur, il laissait tomber sa semence à terre, pour ne pas donner d'enfant à son frère. Cette conduite déplut au Seigneur qui le fit mourir lui aussi. Juda dit alors à sa belle-fille Tamar: «Puisque tu es veuve, va habiter chez ton père en attendant que mon fils Chéla soit devenu adulte.» Il se disait en effet: «Il ne faut pas que Chéla meure lui aussi comme ses frères.» Tamar s'en alla donc habiter chez son père. Après un certain temps, la fille de Choua, femme de Juda, mourut. Quand la période du deuil fut terminée, Juda se rendit à Timna, avec son ami Hira d'Adoullam, pour voir ceux qui tondaient ses moutons. Lorsque Tamar apprit que son beau-père allait à Timna pour tondre ses moutons, elle quitta ses habits de veuve, se couvrit le visage d'un voile et alla s'asseoir à l'entrée d'Énaïm qui est sur le chemin de Timna. En effet, elle s'était rendu compte que Chéla était devenu adulte, mais qu'elle ne lui avait pas été donnée pour femme. Juda vit Tamar et la prit pour une prostituée, parce qu'elle avait voilé son visage. Ne sachant pas que c'était sa belle-fille, il se dirigea vers elle au bord du chemin et lui dit: «Laisse-moi venir avec toi.» – «Que me donneras-tu pour cela?» répondit-elle. «Je t'enverrai un chevreau de mon troupeau», dit-il. Elle répliqua: «Oui, mais donne-moi un gage en attendant.» – «Quel gage veux-tu?» demanda-t-il. Elle répondit: «Ton cachet personnel avec son cordon, et le bâton que tu tiens.» Il les lui donna et alla avec elle. Elle devint enceinte de lui. Elle rentra chez elle, enleva son voile et reprit ses habits de veuve. Juda envoya son ami d'Adoullam porter le chevreau promis et récupérer les objets donnés en gage à cette femme. Son ami ne la trouva pas; il demanda aux gens d'Énaïm: «Où est cette prostituée qui était au bord du chemin, près d'ici?» – «Il n'y a jamais eu ici de prostituée», répondirent-ils. L'ami revint dire à Juda: «Je ne l'ai pas trouvée et les gens de l'endroit m'ont même affirmé qu'il n'y avait jamais eu là de prostituée.» Juda lui répondit: «Qu'elle garde ces objets! Ne nous rendons pas ridicules. En tout cas, j'ai envoyé le chevreau, et toi, tu n'as pas retrouvé cette femme.» Environ trois mois plus tard, quelqu'un vint dire à Juda: «Ta belle-fille Tamar s'est prostituée; la voilà enceinte.» – «Qu'on l'emmène, ordonna Juda, et qu'on la brûle vive!» Pendant qu'on l'emmenait, elle fit dire à son beau-père: «Regarde ces objets. Ce cachet personnel, ce cordon et ce bâton appartiennent à l'homme dont je suis enceinte. Tâche de savoir qui est cet homme.» Juda reconnut les objets et déclara: «Elle a respecté la loi mieux que moi. C'est vrai! J'aurais dû la donner pour femme à mon fils Chéla et je ne l'ai pas fait.» Juda n'eut jamais plus de relations sexuelles avec elle. Au moment de l'accouchement on s'aperçut qu'elle avait des jumeaux. L'un d'eux sortit alors un bras. La sage-femme le saisit et y attacha un fil rouge. «Celui-ci est le premier-né», dit-elle. Mais l'enfant retira son bras et son frère vint au monde. La sage-femme s'exclama: «Quelle brèche tu as ouverte!» Juda l'appela donc Pérès – ce qui veut dire “Brèche”. Puis l'autre enfant vint au monde, avec le fil rouge au bras, et Juda l'appela Zéra. Les Ismaélites qui avaient emmené Joseph en Égypte le vendirent à un Égyptien nommé Potifar. Ce Potifar était l'homme de confiance du Pharaon et le chef de la garde royale. Le Seigneur était avec Joseph, si bien que tout lui réussissait. Joseph vint habiter la maison même de son maître égyptien. Celui-ci se rendit compte que le Seigneur était avec Joseph et faisait réussir tout ce qu'il entreprenait. Potifar fut si content de lui qu'il le prit à son service particulier; il lui confia la responsabilité de sa maisonnée et l'administration de tous ses biens. Dès lors, à cause de Joseph, le Seigneur fit prospérer les affaires de l'Égyptien; cette prospérité s'étendit à tous ses biens, dans sa maison comme dans ses champs. C'est pourquoi Potifar remit tout ce qu'il possédait aux soins de Joseph et ne s'occupa plus de rien, excepté de sa propre nourriture. Joseph était un jeune homme beau et charmant. Au bout de quelque temps, la femme de son maître le remarqua et lui dit: «Viens au lit avec moi!» – «Jamais, répondit Joseph. Mon maître m'a remis l'administration de tous ses biens, il me fait confiance et ne s'occupe de rien dans sa maison. Dans la maison, il n'a pas plus d'autorité que moi. Il ne m'interdit rien, sauf toi, parce que tu es sa femme. Alors comment pourrais-je commettre un acte aussi abominable et pécher contre Dieu lui-même?» Elle continuait quand même à lui faire tous les jours des avances, mais il n'accepta jamais de lui céder. Un de ces jours-là, comme Joseph arriva à la maison pour son travail, les domestiques étaient absents. La femme de Potifar le saisit par sa tunique en lui disant: «Viens donc au lit avec moi!» Mais Joseph lui laissa sa tunique entre les mains et s'enfuit de la maison. Lorsque la femme se rendit compte qu'il était parti en lui laissant sa tunique entre les mains, elle cria pour appeler ses domestiques: «Venez voir: cet Hébreu que mon mari nous a amené a voulu se jouer de nous! Il est venu ici pour abuser de moi, mais j'ai poussé un grand cri. Dès qu'il m'a entendue crier et appeler, il s'est enfui de la maison, en abandonnant sa tunique à côté de moi.» Elle garda la tunique de Joseph près d'elle jusqu'au retour de son mari. Elle lui raconta la même histoire: «L'esclave hébreu que tu nous as amené s'est approché de moi pour me déshonorer. Mais dès que j'ai crié et appelé, il s'est enfui en abandonnant sa tunique à côté de moi.» Lorsque le maître entendit sa femme lui raconter comment Joseph s'était conduit avec elle, il se mit en colère. Il fit arrêter et enfermer Joseph dans la forteresse, où étaient détenus les prisonniers du roi. Joseph se retrouva donc en prison. Pourtant, là aussi, le Seigneur fut avec lui et lui montra sa bonté en lui obtenant la faveur du commandant de la forteresse. Celui-ci confia à Joseph la responsabilité de tous les autres prisonniers. C'était lui qui devait diriger tous les travaux effectués par les détenus. Le commandant ne s'occupait plus de ce qu'il lui avait confié, parce que le Seigneur était avec Joseph et faisait réussir tout ce qu'il entreprenait. et les fit enfermer dans la forteresse, la prison du chef de la garde royale, là même où Joseph était détenu. Le chef de la garde les confia aux soins de Joseph, et ils furent maintenus quelque temps en prison. Une nuit, l'échanson et le boulanger du roi d'Égypte firent tous deux un rêve dans leur prison. Chacun de ces rêves avait son propre sens. Le matin, quand Joseph vint les voir, il les trouva d'humeur sombre. Il leur demanda: «Pourquoi avez-vous l'air si triste aujourd'hui?» – «Chacun de nous a fait un rêve, répondirent-ils, et il n'y a personne ici pour nous en donner l'explication.» – «Dieu peut vous la donner, déclara Joseph. Racontez-moi donc ce que vous avez rêvé.» Le chef des échansons raconta son rêve: «Dans mon rêve, dit-il, il y avait un plant de vigne devant moi. Ce plant portait trois rameaux. Dès qu'il eut bourgeonné, il se couvrit de fleurs, puis de grappes mûres. J'avais en main la coupe du Pharaon. Je cueillis alors des raisins, j'en pressai le jus dans la coupe et je la lui tendis.» Joseph lui dit: «Voici ce que signifie ton rêve: Les trois rameaux représentent trois jours. Dans trois jours, le Pharaon t'offrira une haute situation: il te rétablira dans tes fonctions. Tu pourras de nouveau lui tendre la coupe, comme tu le faisais précédemment. Essaie de ne pas m'oublier, quand tout ira bien pour toi; sois assez bon pour parler de moi au Pharaon et me faire sortir de cette prison. J'ai été amené de force du pays des Hébreux, et ici je n'ai rien fait qui mérite la prison.» Lorsque le chef des boulangers vit que Joseph avait donné une interprétation favorable du rêve, il lui dit: «Moi aussi j'ai fait un rêve. Dans ce rêve, je portais sur la tête trois corbeilles de gâteaux. La corbeille supérieure était pleine des pâtisseries préférées du Pharaon, mais des oiseaux venaient les picorer dans la corbeille, sur ma tête.» Joseph lui dit: «Voici ce que signifie ton rêve: Les trois corbeilles représentent trois jours. Dans trois jours le Pharaon t'offrira une haute situation, plus haute que tu ne voudrais: on te pendra à un arbre, et les oiseaux viendront picorer ta chair.» Trois jours après, le Pharaon fêtait son anniversaire; il offrit un banquet à tous les gens de son entourage. En leur présence, il offrit de hautes situations au chef des échansons et au chef des boulangers: Il rétablit le premier dans ses fonctions, pour qu'il lui tende de nouveau la coupe, mais il fit pendre le second. Ainsi s'accomplit ce que Joseph avait annoncé. Pourtant le chef des échansons oublia tout à fait Joseph. Deux ans plus tard, le Pharaon fit un rêve: il se trouvait au bord du Nil, il vit sortir du fleuve sept belles vaches bien grasses, qui se mirent à brouter l'herbe de la rive. Puis sept autres vaches affreusement maigres sortirent à leur tour du fleuve et rejoignirent les premières sur la rive; les vaches maigres dévorèrent les vaches grasses. A ce moment, le Pharaon se réveilla. Il se rendormit et fit un second rêve: il voyait sept beaux et gros épis de blé qui poussaient sur la même tige. Ensuite poussèrent sept autres épis, tout rabougris et desséchés par le vent du désert. Les épis rabougris engloutirent les épis beaux et bien remplis. Alors le Pharaon se réveilla et se rendit compte qu'il avait rêvé. Dès qu'il fit jour, le Pharaon tout inquiet fit appeler tous les devins et les sages d'Égypte. Il leur raconta ce qu'il avait rêvé, mais personne ne put lui dire ce que cela signifiait. Alors le chef des échansons déclara: «Majesté, je vais rappeler mes fautes passées. Un jour, tu t'étais mis en colère contre le chef des boulangers et contre moi, et tu nous avais enfermés dans la prison du chef de la garde royale. Nous avons fait tous les deux un rêve la même nuit, chaque rêve ayant son propre sens. Dans la prison se trouvait avec nous un jeune esclave hébreu, qui était au service du chef de la garde. Nous lui avons raconté nos rêves, et il nous en a donné le sens, en expliquant à chacun son propre rêve. Eh bien, les choses se sont passées exactement comme il nous l'avait prédit: on m'a rétabli dans mes fonctions, et le chef des boulangers a été pendu.» Le Pharaon donna l'ordre d'aller chercher Joseph. On courut donc le tirer de sa prison, on le rasa, puis il changea de vêtements et vint se présenter devant le roi. Celui-ci lui dit: «J'ai fait des rêves, et personne n'a pu m'indiquer ce qu'ils signifiaient. Mais j'ai entendu dire que tu es capable d'expliquer les rêves qu'on te raconte.» – «Ce n'est pas moi, c'est Dieu qui peut t'en donner une explication favorable», répondit Joseph. Le Pharaon reprit alors: «Dans mon rêve, je me trouvais au bord du Nil. Je vis sortir du fleuve sept belles vaches bien grasses qui se mirent à brouter l'herbe de la rive. Puis sept autres vaches, chétives, affreusement maigres, sortirent du fleuve à leur tour. – Jamais en Égypte je n'ai vu de bêtes en aussi piteux état. – Elles dévorèrent les sept premières vaches, les vaches grasses. Pourtant on ne l'aurait pas cru, à les voir aussi maigres qu'auparavant. A ce moment-là, je me suis réveillé. Puis j'ai fait un autre rêve: je voyais sept beaux épis bien remplis, qui poussaient sur la même tige. Ensuite sept autres épis poussèrent, mais ils étaient durs et rabougris, desséchés par le vent du désert. Les épis rabougris engloutirent les sept beaux épis. Voilà, j'ai déjà raconté ces rêves aux devins, mais aucun d'eux n'a pu me les expliquer.» Joseph dit au Pharaon: «Tes deux rêves ont le même sens. Dieu t'avertit ainsi de ce qu'il va faire. Les sept belles vaches et les sept beaux épis représentent sept années. C'est donc un seul rêve. Les sept autres vaches, chétives et affreuses, et les sept épis rabougris, desséchés par le vent, représentent aussi sept années, mais des années de famine. C'est bien ce que je te disais: Dieu t'a montré ce qu'il va faire. Ces sept prochaines années seront des années de grande abondance dans toute l'Égypte. Ensuite, il y aura sept années de famine, qui feront perdre tout souvenir de l'abondance précédente. La famine épuisera le pays. Elle sera si grave qu'on ne saura plus ce qu'est l'abondance. Ton rêve s'est répété sous deux formes semblables, pour montrer que la décision de Dieu est définitive et qu'il ne va pas tarder à l'exécuter. Alors, que le Pharaon cherche un homme intelligent et sage, et lui donne autorité sur l'Égypte. Nomme aussi des commissaires chargés de prélever un cinquième des récoltes du pays pendant les sept années d'abondance. Qu'ils accumulent des vivres pendant les bonnes années qui viennent, qu'ils emmagasinent sous ton contrôle du blé dans les villes, pour en faire des réserves. L'Égypte aura ainsi un stock de vivres pour les sept années de famine, et le pays échappera au désastre.» La proposition de Joseph parut judicieuse au Pharaon et aux gens de son entourage; le Pharaon leur dit: «Cet homme est rempli de l'Esprit de Dieu. Pourrions-nous trouver quelqu'un de plus compétent que lui?» Puis il dit à Joseph: «Puisque Dieu t'a révélé tout cela, personne ne peut être aussi intelligent et sage que toi. Tu seras donc l'administrateur de mon royaume, et tout mon peuple se soumettra à tes ordres. Seul mon titre de roi me rendra supérieur à toi. Je te donne maintenant autorité sur toute l'Égypte.» Le Pharaon retira de son doigt l'anneau royal et le passa au doigt de Joseph; il le fit habiller de fins vêtements de lin et lui passa un collier d'or autour du cou. Il le fit monter sur le char réservé à son plus proche collaborateur, et les coureurs qui le précédaient criaient: «Laissez passer!» C'est ainsi que le Pharaon lui donna autorité sur toute l'Égypte. Le Pharaon dit encore à Joseph: «Je suis et je reste le Pharaon! Néanmoins dans toute l'Égypte, personne ne bougera le petit doigt sans ton autorisation.» Enfin il donna à Joseph le nom égyptien de Safnath-Panéa, et lui accorda comme femme Asnath, fille du prêtre Potiféra, de la ville d'On. Dès lors Joseph put se déplacer dans toute l'Égypte. Il avait trente ans lorsqu'il avait été amené devant le Pharaon, roi d'Égypte. Joseph quitta le Pharaon et se mit à parcourir l'Égypte. Pendant les sept années d'abondance, la terre produisit des récoltes exceptionnelles. Joseph accumula des réserves de vivres en Égypte durant ces années-là. Il entreposait dans les villes les provisions récoltées dans les campagnes environnantes. Il emmagasina de très grandes quantités de blé; il y en avait autant que de sable au bord de la mer, si bien qu'il devint impossible d'en tenir le compte. Avant le début de la famine, Asnath, la femme de Joseph, mit au monde deux fils. Joseph appela l'aîné Manassé, et il déclara: «Dieu m'a permis d'oublier toutes mes souffrances et ma séparation d'avec les miens.» Il appela le cadet Éfraïm, et il expliqua: «Dieu m'a accordé des enfants dans ce pays où j'ai été si malheureux.» En Égypte les sept années d'abondance prirent fin. Alors commencèrent les sept années de famine, comme Joseph l'avait annoncé. La famine s'étendit à tous les pays, mais en Égypte il y avait des réserves de vivres. Quand les Égyptiens commencèrent à souffrir de la faim, ils réclamèrent au Pharaon de quoi manger. Celui-ci répondit à l'ensemble de la population: «Adressez-vous à Joseph et faites ce qu'il vous dira.» La famine devint générale dans le pays. Joseph fit alors ouvrir les entrepôts et vendre du blé aux Égyptiens. Puis la famine s'aggrava encore en Égypte. On y venait aussi de tous les pays pour acheter du blé à Joseph, car la famine sévissait durement partout. Jacob apprit qu'il y avait du blé en Égypte; il dit alors à ses fils: «Pourquoi restez-vous là à vous regarder les uns les autres? J'ai entendu dire qu'il y a du blé en Égypte. Allez nous en acheter, afin que nous puissions survivre. Nous ne tenons pas à mourir.» Alors les dix frères aînés de Joseph se rendirent en Égypte pour y acheter du blé. – Jacob n'avait pas laissé partir avec eux Benjamin, le jeune frère de Joseph; il disait en effet: «J'ai peur qu'un malheur lui arrive.» – Les fils de Jacob parvinrent en Égypte en même temps que d'autres acheteurs de blé, car la famine régnait dans le pays de Canaan. Joseph était l'administrateur du pays; c'est lui qui vendait du blé à tous les étrangers. Ses frères vinrent s'incliner devant lui, le visage contre terre. Dès qu'il les vit, il les reconnut, mais il ne se fit pas reconnaître d'eux. Il leur demanda avec dureté: «D'où venez-vous?» – «Du pays de Canaan, répondirent-ils. Nous désirons acheter des vivres.» Ainsi Joseph les reconnut, mais eux ne le reconnurent pas. Joseph se souvint alors des rêves qu'il avait faits à leur sujet. Il reprit: «Vous êtes des espions! C'est pour repérer les points faibles du pays que vous êtes venus ici.» – «Non, Monsieur l'Administrateur, répondirent-ils. Nous sommes simplement venus acheter des vivres. Nous sommes tous fils d'un même homme. Nous sommes des gens honnêtes, pas des espions.» – «Ce n'est pas vrai, rétorqua Joseph, vous êtes venus repérer les points faibles du pays.» – «Pas du tout, insistèrent-ils. Nous sommes fils d'un même père, et nous venons du pays de Canaan. Nous étions douze frères, mais le plus jeune est resté auprès de notre père, et un autre a disparu.» – «C'est bien ce que je vous disais, déclara Joseph, vous êtes des espions. Mais je vais vous mettre à l'épreuve: par la vie du Pharaon, je vous jure que vous ne quitterez pas ce pays avant que votre plus jeune frère soit venu ici. Envoyez l'un de vous le chercher, tandis que les autres resteront en prison. Je pourrai ainsi vérifier si vous m'avez dit la vérité. Si tel n'est pas le cas, par la vie du Pharaon, c'est que vous êtes vraiment des espions.» Joseph les mit tous en prison pour trois jours. Le troisième jour il leur dit: «Voici ce que je vous propose de faire, et vous aurez la vie sauve, car je reconnais l'autorité de Dieu. Si vous êtes honnêtes, acceptez que l'un de vous reste dans la prison où vous vous trouvez. Quant aux autres, qu'ils aillent rapporter du blé à vos familles affamées. Ensuite vous me ramènerez votre plus jeune frère. J'aurai ainsi la preuve que vous avez dit la vérité, et vous éviterez la mort.» Les frères acceptèrent cette proposition. Mais, entre eux, ils se disaient: «Ah! nous sommes bien punis à cause de notre frère: nous avons vu son angoisse quand il nous implorait, et nous ne l'avons pas écouté. Maintenant nous connaissons la même angoisse.» Et Ruben ajouta: «Je vous l'avais bien dit: “Ne commettez pas ce crime à l'égard de Joseph.” Mais vous n'avez pas voulu m'écouter. Eh bien, nous devons maintenant payer le prix de sa mort!» Les frères ne se doutaient pas que Joseph les comprenait, parce qu'il se servait d'un interprète pour parler avec eux. Joseph s'éloigna d'eux pour pleurer. Lorsque Joseph revint, il leur annonça qu'il retenait Siméon et le fit enchaîner sous leurs yeux. Ensuite il fit remplir leurs sacs de blé, et replacer l'argent de chacun dans son sac, puis il ordonna de leur fournir des provisions de voyage; ce qui fut fait. Les frères chargèrent leurs sacs de blé sur leurs ânes et s'en allèrent. Lorsqu'ils s'arrêtèrent pour la nuit, l'un d'eux ouvrit son sac pour donner à manger à son âne et trouva son argent déposé à l'entrée du sac. Il cria à ses frères: «On m'a rendu mon argent! Il est ici, dans mon sac!» Déconcertés et effrayés ils se demandaient l'un à l'autre: «Qu'est-ce que Dieu nous a fait là?» Lorsqu'ils arrivèrent en Canaan auprès de leur père Jacob, ils lui racontèrent tout ce qui s'était passé: «L'homme qui est gouverneur du pays nous a parlé durement, dirent-ils. Il nous a traités comme des espions. Nous lui avons répondu: “Nous ne sommes pas des espions, mais d'honnêtes gens. Nous étions douze fils d'un même père, mais l'un de nos frères a disparu, et le plus jeune est resté au pays de Canaan avec notre père.” Cet homme nous a répondu qu'il voulait savoir si nous étions vraiment honnêtes. “Laissez-moi l'un de vous ici, a-t-il dit, et allez porter ce qu'il faut à vos familles affamées. Ensuite vous me ramènerez votre plus jeune frère. Je saurai ainsi que vous n'êtes pas des espions mais d'honnêtes gens. Alors je vous rendrai votre frère Siméon, et je vous laisserai circuler dans le pays pour vos affaires.” » Ils vidèrent ensuite leurs sacs, et chacun trouva dans le sien une bourse avec son argent. Lorsqu'ils virent cet argent, ils eurent tous peur, même Jacob, leur père. Celui-ci leur dit: «Vous m'avez déjà privé de deux enfants: je n'ai plus Joseph et je n'ai plus Siméon. Et vous voudriez me prendre Benjamin! C'est sur moi que tout cela retombe!» Ruben lui dit: «Si je ne te ramène pas Benjamin, tu pourras faire mourir mes deux fils. Confie-le-moi, je te le ramènerai.» – «Non, répondit Jacob, mon fils ne partira pas avec vous. Son frère est mort, lui seul me reste. Si un malheur lui arrivait au cours de votre voyage, âgé comme je suis, je mourrais de douleur par votre faute.» La famine continuait à peser sur le pays de Canaan. Lorsque la famille de Jacob eut mangé tout le blé rapporté d'Égypte, Jacob dit à ses fils: «Repartez là-bas nous acheter quelques vivres.» Juda lui répondit: «L'administrateur égyptien nous a clairement avertis qu'il ne nous recevrait pas si notre frère n'était pas avec nous. Si donc tu laisses Benjamin nous accompagner, nous irons t'acheter des vivres. Mais si tu refuses, nous ne partirons pas, car l'homme nous a bien dit: “Si votre frère n'est pas avec vous, je ne vous recevrai pas!” » – «Pourquoi avez-vous révélé à cet homme que vous aviez un autre frère? reprit Jacob. Vous m'avez fait du tort.» – «C'est lui qui nous a posé de nombreuses questions sur nous et notre famille, répondirent-ils. “Votre père est-il encore en vie? a-t-il demandé. Avez-vous un autre frère?” Nous avons seulement répondu à ses questions. Nous ne pouvions pas deviner qu'il nous dirait d'amener notre frère.» Juda ajouta: «Père, laisse Benjamin venir avec moi. Il faut que nous partions, si nous voulons survivre, toi, nous et nos familles. Nous ne tenons pas à mourir. Je me déclare responsable de lui; tu pourras me le réclamer. Si je ne te le ramène pas, je serai pour toujours coupable à ton égard. Et maintenant, si nous n'avions pas tellement tardé, nous aurions pu faire deux fois le voyage aller et retour.» Jacob leur répondit: «Eh bien, puisqu'il le faut, faites donc ceci: emportez dans vos sacs quelques bons produits de notre pays, pour en faire cadeau à cet Égyptien. Prenez un peu de résines précieuses: baume, gomme adragante, ladanum, un peu de miel, des pistaches et des amandes. Rapportez l'argent que vous avez trouvé en ouvrant vos sacs – quelqu'un a sans doute fait une erreur – et prenez avec vous une seconde somme d'argent. Maintenant emmenez votre frère et repartez chez cet homme. Que le Dieu tout -puissant le dispose à avoir pitié de vous et à laisser Benjamin et Siméon revenir avec vous! Quant à moi, j'ai déjà perdu un fils et je vais en perdre d'autres.» Les frères préparèrent les cadeaux et la double somme d'argent. Ils se rendirent avec Benjamin en Égypte et vinrent se présenter devant Joseph. Lorsque Joseph vit que Benjamin était avec eux, il dit à son intendant: «Conduis ces gens chez moi. Fais abattre une bête et préparer le repas. Ils mangeront à midi avec moi.» L'homme exécuta les ordres de Joseph et conduisit ces hommes chez son maître. Lorsqu'on les invita à entrer, ils furent pris de peur. Ils se disaient: «C'est à cause de l'argent remis dans nos sacs lors du premier voyage. On nous fait entrer ici pour nous tomber dessus et nous maltraiter; on va prendre nos ânes et faire de nous des esclaves.» Au moment d'entrer ils s'approchèrent donc de l'intendant et lui dirent: «Pardon, Monsieur l'Intendant, nous sommes déjà venus une première fois pour acheter des vivres. Au retour, lorsque nous nous sommes arrêtés pour la nuit et que nous avons ouvert nos sacs, chacun de nous a retrouvé l'argent à l'entrée de son sac, exactement la somme que nous avions payée. Mais nous l'avons rapportée maintenant, et nous avons amené une autre somme d'argent pour acheter d'autres vivres. Nous ignorons qui avait remis l'argent dans nos sacs.» L'homme répondit: «Soyez tranquilles, ne vous inquiétez de rien. C'est votre Dieu, le Dieu de votre père, qui a déposé un trésor dans vos sacs. Quant à votre argent, je l'ai encaissé.» L'intendant libéra Siméon et fit entrer tous les frères chez Joseph. On leur apporta de l'eau pour se laver les pieds et on donna du fourrage à leurs ânes. Ils préparèrent les cadeaux, en attendant l'arrivée de Joseph à midi. Ils avaient appris en effet qu'ils mangeraient là avec lui. Dès que Joseph entra chez lui, ils lui offrirent leurs cadeaux, puis s'inclinèrent jusqu'à terre devant lui. Joseph leur demanda comment ils allaient, puis il ajouta: «Et comment va votre vieux père, dont vous m'aviez parlé? Est-il toujours en vie?» – «Oui, répondirent-ils, ton humble serviteur est encore en vie et se porte bien.» Ils s'inclinèrent à nouveau profondément. Joseph aperçut Benjamin, son propre frère, le fils de sa mère, et dit: «C'est donc là le jeune frère dont vous m'avez parlé.» Et il ajouta: «Que Dieu te soit favorable, mon enfant!» Joseph était si ému de voir son frère que les larmes lui vinrent aux yeux. Il se retira précipitamment dans sa chambre pour y pleurer. Après s'être lavé le visage, il revint. Il domina son émotion et ordonna de servir le repas. Joseph fut servi seul à une table, tandis que ses frères l'étaient à une autre. Les Égyptiens invités chez lui mangèrent aussi à part, car ils ne pouvaient pas partager un repas avec des Hébreux: leur religion l'interdisait. Les frères, installés en face de Joseph, avaient été placés par rang d'âge, de l'aîné au plus jeune. Ils se regardaient les uns les autres avec étonnement. Joseph leur fit servir les plats qui étaient sur sa table. A Benjamin, il fit porter une ration cinq fois plus copieuse que celles de tous ses frères. Ils burent du vin ensemble jusqu'à en être gais. Plus tard Joseph donna cet ordre à son intendant: «Remplis les sacs de ces gens, donne-leur autant de vivres qu'ils peuvent en emporter. Remets aussi l'argent de chacun à l'entrée de son sac. Dans le sac du plus jeune tu placeras non seulement la somme qu'il voulait payer mais aussi ma coupe d'argent.» L'homme exécuta les ordres de Joseph. Le lendemain, dès qu'il fit jour, on laissa les fils de Jacob partir avec leurs ânes. Ils quittèrent la ville, mais ils n'étaient pas encore bien loin quand Joseph dit à son intendant: «Poursuis ces gens, rattrape-les. Tu leur demanderas: “Pourquoi avez-vous rendu le mal pour le bien? Pourquoi avez-vous volé la coupe que mon maître utilise pour boire et pratiquer la divination? C'est mal, ce que vous avez fait là!” » L'homme rattrapa les frères et leur répéta ces paroles. Les frères répondirent: «Comment Monsieur l'Intendant peut-il nous accuser ainsi? Jamais nous n'aurions osé faire une chose pareille! Nous avions rapporté de Canaan l'argent retrouvé dans nos sacs. Pourquoi aurions-nous donc volé de l'argent ou de l'or dans la maison de ton maître? Si l'on trouve cette coupe dans les bagages de l'un d'entre nous, eh bien, qu'on le mette à mort! Et nous deviendrons nous-mêmes tes esclaves.» L'homme répondit: «Eh bien, je vous prends au mot. Toutefois le coupable seul deviendra mon esclave; les autres seront libres.» Les frères déchargèrent rapidement leurs sacs et ouvrirent chacun le sien. L'homme fouilla tous les sacs, en commençant par celui de l'aîné et en finissant par celui du plus jeune. On trouva la coupe dans le sac de Benjamin. Les frères, consternés, déchirèrent leurs vêtements. Chacun rechargea son âne, et ils retournèrent à la ville. Juda et ses frères arrivèrent chez Joseph; il était encore là. Ils se jetèrent à terre devant lui. Joseph leur dit: «Pourquoi avez-vous fait cela? Ne savez-vous pas qu'un homme tel que moi a le pouvoir de tout deviner?» – «Que pourrions-nous dire, Monsieur l'Administrateur? répondit Juda. Que pourrions-nous dire pour prouver notre innocence? Dieu nous a démasqués: nous sommes coupables. Nous serons donc tes esclaves, avec celui qui avait la coupe dans son sac.» Joseph reprit: «Non, il n'est pas question que j'agisse ainsi. Je ne prendrai pour esclave que celui qui avait la coupe. Quant à vous, rentrez tranquillement chez votre père.» Juda s'avança vers Joseph et dit: «Qu'il me soit permis de dire encore quelques mots à l'adresse de Monsieur l'Administrateur, sans provoquer sa colère, alors même qu'il est l'égal du Pharaon. La première fois, tu nous as demandé si nous avions encore notre père, ou un autre frère. Nous avons répondu: “Nous avons encore notre vieux père, ainsi qu'un jeune frère, qui lui est né dans sa vieillesse. Notre père l'aime particulièrement, car c'est le seul enfant qui lui reste de son épouse préférée; l'autre fils est mort.” Tu nous as dit: “Amenez-le-moi, je désire le voir.” Nous t'avons expliqué alors que cet enfant ne pouvait pas quitter son père; que, s'il le quittait, le père en mourrait. Mais tu nous as déclaré que tu ne nous recevrais plus si notre jeune frère ne venait pas avec nous. Nous sommes donc retournés auprès de notre père, ton humble serviteur, et nous lui avons rapporté ce que tu avais dit. Lorsqu'il nous a chargés de revenir acheter quelques vivres, nous lui avons dit: “Nous ne pouvons pas y aller, à moins que notre jeune frère nous accompagne. S'il n'est pas avec nous, l'administrateur du pays ne nous recevra pas.” Notre père nous a répondu: “Vous le savez bien, mon épouse Rachel ne m'a donné que deux fils. L'un d'eux a disparu; je pense qu'il a été dévoré par une bête sauvage, car je ne l'ai jamais revu. Et vous voulez me prendre aussi l'autre! Si un malheur lui arrive, âgé comme je suis, je mourrai de tristesse par votre faute.” Maintenant donc, Monsieur l'Administrateur, comment pourrais-je retourner auprès de mon père sans que l'enfant soit avec nous? La vie de mon père dépend tellement du sort de cet enfant qu'il mourra s'il ne le voit pas revenir. Nous serons alors coupables de l'avoir fait mourir de douleur dans sa vieillesse. De plus, je me suis déclaré responsable de l'enfant devant mon père; je lui ai dit: “Si je ne te le ramène pas, je serai pour toujours coupable à ton égard.” Je t'en supplie, permets-moi donc de rester ici comme esclave à ton service, à la place de l'enfant, pour qu'il puisse repartir avec ses autres frères. Je ne pourrais jamais retourner chez mon père sans être accompagné de l'enfant. Je ne supporterais pas de voir le malheur qui atteindrait mon père.» Alors Joseph, incapable de contenir son émotion devant les gens de son entourage, leur ordonna de sortir. Ainsi était-il seul avec ses frères quand il se fit reconnaître d'eux. Mais il pleurait si fort que les Égyptiens l'entendirent, et que la nouvelle en parvint au palais du Pharaon. Joseph dit à ses frères: «C'est moi Joseph! Mon père est-il encore en vie?» Mais ses frères furent tellement saisis qu'ils furent incapables de lui répondre. «Approchez-vous de moi», leur dit-il. Ils s'approchèrent. Joseph reprit: «C'est moi Joseph, votre frère, que vous avez vendu pour être emmené en Égypte. Ne vous tourmentez pas et ne vous faites pas de reproches pour m'avoir vendu ainsi. C'est Dieu qui m'a envoyé ici à l'avance, pour que je puisse vous sauver la vie. Il y a déjà eu deux années de famine dans le pays, mais pendant cinq années encore on ne pourra ni labourer la terre ni récolter les moissons. Dieu m'a donc envoyé dans ce pays avant vous, pour que vous puissiez y avoir des descendants et y survivre; c'est une merveilleuse délivrance. Ce n'est pas vous qui m'avez envoyé ici, mais Dieu. Et c'est encore lui qui a fait de moi le ministre le plus puissant du Pharaon, responsable du palais royal et administrateur de toute l'Égypte. Maintenant dépêchez-vous d'aller dire à mon père: “Voici le message que t'adresse ton fils Joseph: Dieu a fait de moi le maître de toute l'Égypte. Viens chez moi sans tarder. Tu t'installeras dans la région de Gochen avec tes enfants, tes petits-enfants, ton bétail, moutons, chèvres et bœufs, et tous tes biens. Tu seras ainsi tout près de moi. Ici je te fournirai des vivres, pour toi, ta famille et tes troupeaux, afin que vous ne manquiez de rien, car il y aura encore cinq années de famine.” » Et Joseph ajouta: «Vous voyez bien, et toi en particulier, Benjamin, que c'est moi qui vous parle. Allez donc dire à mon père quelle importante situation j'occupe en Égypte, et racontez-lui tout ce que vous avez vu. Ensuite dépêchez-vous de l'amener ici.» Joseph se jeta au cou de Benjamin, et tous deux s'embrassèrent en pleurant. Joseph pleurait aussi en embrassant ses autres frères. Alors seulement ils osèrent lui parler. Au palais royal on apprit que les frères de Joseph étaient arrivés en Égypte. Le Pharaon fut heureux de cette nouvelle, ainsi que son entourage. Il dit à Joseph: «Dis à tes frères de charger leurs bêtes et de repartir au pays de Canaan, pour aller y chercher leur père et leurs familles et pour les ramener ici. Je les installerai dans la région la plus prospère d'Égypte, où ils disposeront des meilleurs produits du pays. Tu diras aussi à tes frères de se procurer ici des chariots pour ramener leurs femmes et leurs enfants, ainsi que leur père. Ils ne doivent pas regretter ce qu'ils laisseront là-bas, car ils viendront s'installer dans la région la plus prospère de l'Égypte.» Les fils de Jacob firent ce qu'on leur proposait. Joseph leur fournit des chariots, selon l'ordre du Pharaon, ainsi que des provisions de voyage. Il fit cadeau d'un habit de fête à chacun d'eux, mais à Benjamin il en donna cinq, ainsi que trois cents pièces d'argent. En outre il envoya à son père, pour le voyage, dix ânes chargés des meilleurs produits d'Égypte et dix ânesses chargées de blé, de pain et d'autre nourriture. Il recommanda à ses frères de ne pas se disputer en cours de route, puis les laissa partir. Ceux-ci quittèrent l'Égypte, gagnèrent le pays de Canaan et arrivèrent auprès de leur père Jacob. Ils lui annoncèrent: «Joseph est toujours en vie! Il est même administrateur de toute l'Égypte.» Jacob ne réagit pas, car il ne les croyait pas. Mais ils lui rapportèrent tout ce que Joseph leur avait dit, ils lui montrèrent les chariots que son fils avait envoyés pour le voyage. Alors Jacob se ranima. Il déclara: «Je n'en demande pas plus. Mon fils Joseph est toujours en vie. Je veux aller le revoir avant de mourir.» Jacob se mit en route avec tout ce qui lui appartenait. Lorsqu'il arriva à Berchéba, il offrit des sacrifices au Dieu de son père Isaac. Cette nuit-là, Dieu lui parla dans des visions. Il l'appela: «Jacob! Jacob!» – «Oui, je t'écoute», répondit Jacob. Dieu reprit: «Je suis Dieu, le Dieu de ton père. N'aie pas peur de te rendre en Égypte, car j'y ferai de tes descendants un peuple nombreux. Je t'y accompagnerai moi-même, et je t'en ferai aussi revenir. A ta mort, c'est Joseph qui te fermera les yeux.» Jacob quitta donc Berchéba. Ses fils l'installèrent, avec leurs femmes et leurs enfants, dans les chariots que le Pharaon avait fournis pour le voyage. Voici les noms des Israélites venus en Égypte, à savoir Jacob, ses fils et petits-fils: Ruben, fils aîné de Jacob, et ses fils Hanok, Pallou, Hesron et Karmi. Siméon et ses fils Yemouel, Yamin, Ohad, Yakin, Sohar et Chaoul, lequel était fils d'une Cananéenne. Lévi et ses fils Guerchon, Quéhath et Merari. Juda et ses fils Chéla, Pérès et Zéra. Les autres fils de Juda, Er et Onan, étaient morts au pays de Canaan. Pérès avait deux fils, Hesron et Hamoul. Issakar et ses fils Tola, Pouva, Yachoub et Chimron. Zabulon et ses fils Séred, Élon et Yaléel. Ce sont là les fils de Léa et de Jacob, nés en Mésopotamie. Il faut y ajouter leur sœur Dina. Avec leurs propres enfants, ils étaient trente-trois en tout. Gad et ses fils Sefon, Hagui, Chouni, Esbon, Éri, Arodi et Aréli. Asser et ses fils Imna, Icheva, Ichevi et Beria, ainsi que leur sœur Séra. Beria avait deux fils, Héber et Malkiel. Ce sont là les seize descendants de Jacob et de Zilpa. Laban avait donné celle-ci comme servante à sa fille Léa. Rachel, femme de Jacob, lui donna deux fils: Joseph et Benjamin. En Égypte, Joseph eut deux fils de son épouse Asnath, fille de Potiféra, prêtre de la ville d'On: Manassé et Éfraïm. Benjamin eut dix fils: Béla, Béker, Achebel, Guéra, Naaman, Éhi, Rôch, Mouppim, Houppim et Arde. Ce sont là les quatorze descendants de Jacob et de Rachel. Dan et son fils Houchim. Neftali et ses fils Yassiel, Gouni, Yesser et Chillem. Ce sont là les sept descendants de Jacob et de Bila. Laban avait donné celle-ci comme servante à sa fille Rachel. Les membres de la famille de Jacob, ses descendants directs qui se rendirent en Égypte, étaient soixante-six en tout. Il y avait en plus les femmes de ses fils. Avec les deux fils de Joseph nés en Égypte, le total des membres de la famille de Jacob qui s'installèrent dans ce pays était de soixante-dix. Jacob envoya Juda en avant pour qu'il amène Joseph dans la région de Gochen. Quand Jacob et les siens furent sur le point d'arriver à Gochen, Joseph fit atteler son char et partit à la rencontre de son père. Dès qu'il fut en sa présence, il se jeta à son cou et pleura longtemps en le tenant embrassé. Jacob lui dit: «Maintenant je peux mourir, puisque tu es toujours en vie et que je t'ai revu.» Joseph dit à ses frères et aux autres membres de la famille de son père: «Je vais aller annoncer au Pharaon que mes frères et toute la famille de mon père, qui étaient au pays de Canaan, sont venus me rejoindre. Je l'informerai que vous êtes éleveurs de petit bétail, que vous vous occupez de troupeaux, et que vous avez amené vos moutons, vos chèvres, vos bœufs et tout ce que vous possédez. Si le Pharaon vous convoque et vous demande quel est votre métier, vous lui répondrez que vous vous êtes occupés de troupeaux depuis votre jeunesse jusqu'à maintenant, comme le faisaient vos ancêtres. Ainsi vous serez autorisés à habiter la région de Gochen, parce que les Égyptiens ont en horreur tous les éleveurs de petit bétail.» Joseph alla informer le Pharaon: «Mon père et mes frères, dit-il, sont arrivés du pays de Canaan, avec leurs moutons, leurs chèvres, leurs bœufs et tous leurs biens. Ils se trouvent actuellement dans la région de Gochen.» Puis Joseph prit cinq de ses frères et les présenta au Pharaon. Celui-ci leur demanda: «Quel métier faites-vous?» – «Majesté, répondirent-ils, nous sommes éleveurs de petit bétail, comme l'étaient nos ancêtres. La famine pèse si lourdement sur le pays de Canaan qu'il n'y a plus de pâturages pour nos troupeaux. Nous sommes venus ici comme immigrés. Veuille nous accorder le droit de nous installer dans la région de Gochen.» Le Pharaon dit à Joseph: «Maintenant que ton père et tes frères sont venus te rejoindre, toute l'Égypte est à ta disposition. Choisis le meilleur endroit du pays pour les y installer. Ils peuvent très bien séjourner dans la région de Gochen. Et si tu estimes qu'il y a parmi eux des hommes compétents, désigne-les comme responsables de mes propres troupeaux.» Joseph amena aussi son père chez le Pharaon et le lui présenta. Jacob salua respectueusement le Pharaon, et le roi lui demanda: «Quel est ton âge?» – «Il y a cent trente ans que je vais d'un pays à l'autre comme un étranger, répondit Jacob. Ma vie a passé vite, et j'ai connu des années difficiles. Je n'ai pas atteint l'âge de mes ancêtres, qui menaient pourtant la même existence que moi.» Jacob salua de nouveau le Pharaon et sortit du palais royal. Joseph installa son père et ses frères dans le meilleur endroit d'Égypte, dans les environs de Ramsès, conformément à l'ordre du Pharaon. Il leur donna des terres en propriété. Il fournit des vivres à son père, à ses frères et à toutes leurs familles, selon le nombre des bouches à nourrir. La famine était si grave qu'il n'y avait plus rien à manger dans tout le pays. En Égypte, comme en Canaan, la population dépérissait à cause de cette famine. Joseph amassa tout l'argent d'Égypte et de Canaan avec lequel les gens lui achetaient du blé et il le fit déposer dans le palais du Pharaon. Lorsqu'il n'y eut plus d'argent, ni en Égypte ni en Canaan, les Égyptiens vinrent dire à Joseph: «Donne-nous à manger. Faudrait-il que nous mourions sous tes yeux, parce que nous n'avons plus d'argent?» – «Si vous n'avez plus d'argent, donnez-moi vos troupeaux, répondit Joseph, et moi, en échange, je vous donnerai à manger.» Ils amenèrent donc leurs troupeaux à Joseph qui leur procura de la nourriture en échange de leurs chevaux, moutons, chèvres, bœufs et ânes. Cette année-là il leur assura de quoi manger en échange de tout leur bétail. Au bout d'une année, ils revinrent et dirent à Joseph: «Monsieur l'Administrateur, nous ne pouvons pas cacher que nous n'avons plus d'argent et que nos troupeaux t'appartiennent déjà. Nous n'avons plus rien d'autre à te proposer que nos personnes et nos terres. Faudrait-il que nous mourions sous tes yeux et que nos terres soient abandonnées? Achète-nous avec nos terres, et fournis-nous de quoi manger. Nous serons, nous et nos terres, au service du Pharaon. Nous ne tenons pas à mourir. Procure-nous des semences pour que nous puissions survivre et que les terres ne soient pas réduites en désert.» Joseph acheta toutes les terres d'Égypte pour le compte du Pharaon, parce que la famine s'était aggravée et que chaque Égyptien vendait son champ. De cette manière, le pays tout entier devint la propriété du Pharaon et Joseph réduisit le peuple en esclavage d'un bout à l'autre du pays. Les seules terres que Joseph n'acheta pas furent celles des prêtres, parce qu'il existait un décret du Pharaon en leur faveur. En effet, ils vivaient de ce que le Pharaon leur attribuait, c'est pourquoi ils n'eurent pas à vendre leurs terres. Joseph s'adressa au peuple: «Maintenant que je vous ai achetés, vous et vos terres, pour le compte du Pharaon, je vais vous procurer du blé à semer dans les champs. Mais au moment de la moisson, vous donnerez un cinquième des récoltes au Pharaon. Les quatre autres cinquièmes vous appartiendront. Vous vous en servirez pour ensemencer les champs et pour vous nourrir, vous, vos enfants et tous ceux qui habitent dans vos maisons.» Ils répondirent: «Tu nous sauves la vie. Puisque tu nous manifestes ta bienveillance, nous acceptons d'être les esclaves du Pharaon.» C'est ainsi que Joseph promulgua une loi, qui est encore en vigueur aujourd'hui: en Égypte, un cinquième des récoltes revient au Pharaon. Seules les terres des prêtres ne devinrent pas la propriété du Pharaon. Les Israélites s'étaient établis en Égypte, dans la région de Gochen. Ils y acquirent des propriétés, eurent des enfants et devinrent très nombreux. Jacob vécut dix-sept ans en Égypte. La durée de sa vie fut de cent quarante-sept ans. Lorsque Jacob sentit la mort venir, il appela son fils Joseph et lui dit: «Si tu as de l'affection pour moi, montre-moi ton amour et ta fidélité: ne m'enterre pas en Égypte. Promets-le-moi en mettant ta main sous ma cuisse. Quand je serai mort, tu emporteras mon corps d'Égypte et tu iras le déposer dans le tombeau de mes ancêtres.» – «Je ferai ce que tu m'as demandé», répondit Joseph. Jacob insista: «Jure-le-moi.» Joseph le lui jura. Alors Jacob le remercia en s'inclinant profondément à la tête de son lit. Après ces événements, on avertit Joseph que son père était malade. Il partit avec ses deux fils, Manassé et Éfraïm. Lorsqu'on annonça à Jacob que son fils Joseph venait lui rendre visite, il fit un effort et s'assit sur son lit. Il dit à Joseph: «Le Dieu tout -puissant m'est apparu à Louz, au pays de Canaan et il m'a béni. Il m'a dit: “Je te donnerai de nombreux enfants pour faire de toi l'ancêtre d'un ensemble de peuples. J'accorderai ce pays à tes descendants en propriété définitive.” » Jacob ajouta: «Tes deux fils, nés en Égypte avant que je vienne t'y rejoindre, je les considère comme mes fils. Éfraïm et Manassé sont miens, comme Ruben et Siméon. Mais les fils qui te naîtront après eux resteront les tiens. C'est dans le territoire de leurs frères aînés qu'ils recevront leur part d'héritage. Lorsque je revenais de Mésopotamie, peu avant d'arriver à Éfrata, au pays de Canaan, ta mère Rachel est morte près de moi en cours de route. Je l'ai enterrée là, au bord de la route.» – Éfrata s'appelle maintenant Bethléem. – A ce moment-là, Jacob aperçut les fils de Joseph et demanda: «Qui est-ce?» – «Ce sont les fils que Dieu m'a donnés ici, en Égypte», répondit Joseph. Son père reprit: «Amène-les près de moi pour que je les bénisse.» Jacob était si vieux que sa vue avait beaucoup baissé: il ne voyait plus grand-chose. Joseph fit approcher ses fils. Jacob les serra contre lui et les embrassa. Puis il dit à Joseph: «Je n'espérais plus revoir ton visage et voilà que Dieu me permet de voir même tes enfants.» Alors Joseph retira ses fils qui étaient sur les genoux de son père et il s'inclina jusqu'à terre. Ensuite il prit ses deux fils par la main: Éfraïm, qu'il tenait à sa droite, se trouva à gauche de Jacob et Manassé, qu'il tenait à sa gauche, se trouva à droite de Jacob. Il les fit de nouveau approcher de leur grand-père. Mais Jacob croisa ses mains: il posa sa main droite sur la tête d'Éfraïm, bien qu'il fût le plus jeune, et sa main gauche sur la tête de Manassé, qui était l'aîné. Et voici la bénédiction qu'il donna à Joseph: «Je prie le Dieu devant qui mon grand-père Abraham et mon père Isaac ont toujours vécu, le Dieu qui a pris soin de moi depuis toujours, l'ange qui m'a délivré de tout mal: je lui demande de bénir ces garçons. Que grâce à eux, mon nom survive, comme ceux de mon grand-père Abraham et de mon père Isaac! Qu'ils aient de très nombreux descendants partout dans le pays!» Joseph fut choqué de voir son père poser la main droite sur la tête d'Éfraïm; il lui saisit la main pour la déplacer de la tête d'Éfraïm sur celle de Manassé, en disant: «Non, mon père, tu te trompes. C'est celui-ci l'aîné. Mets donc ta main droite sur sa tête.» Mais son père refusa et lui dit: «Je sais, mon fils, je sais. Les descendants de Manassé aussi deviendront un grand peuple. Pourtant son frère cadet sera plus grand que lui et ses descendants formeront une multitude de nations.» Ce jour-là, il leur donna sa bénédiction en ces termes: «Les Israélites se serviront de vos noms pour prononcer des bénédictions. Ils diront: “Que Dieu te traite avec la bonté qu'il a montrée à Éfraïm et Manassé!” » Ainsi, Jacob plaça Éfraïm avant Manassé. Il dit ensuite à Joseph: «Je vais bientôt mourir, mais Dieu sera avec vous et il vous ramènera dans le pays de vos ancêtres. Quant à moi, je t'attribue une part plus importante qu'à tes frères, je te donne la région de Sichem que j'ai conquise sur les Amorites grâce à mon épée et à mon arc.» Jacob convoqua ses fils et leur dit: «Réunissez-vous. Je vais vous annoncer ce qui vous arrivera dans l'avenir. Rassemblez-vous et écoutez, fils de Jacob, écoutez votre père Israël. Toi, Ruben, tu es mon fils aîné, le premier que j'ai engendré quand j'étais plein de force. Tu surpasses tes frères en dignité et en puissance. Tu es un torrent impétueux. Pourtant tu ne seras plus le premier, car tu t'es déshonoré en entrant dans mon lit avec une de mes épouses. Siméon et Lévi sont frères: ils s'accordent pour agir avec violence, mais je ne participerai pas à leur complot, je n'assisterai pas à leurs rencontres, car dans leur colère ils ont tué des hommes et par plaisir ils ont mutilé des taureaux. Je maudis leur ardente colère et leur fureur impitoyable. Je disperserai leurs descendants en Israël, je les éparpillerai dans tout le pays. Juda, tes frères chanteront tes louanges. Tu forceras tes ennemis à courber la nuque, et tes propres frères s'inclineront devant toi. Juda, mon fils, tu es comme un jeune lion qui a dévoré sa proie et regagne son repaire. Le lion s'accroupit, se couche. Qui pourrait le forcer à se lever? Le sceptre royal demeurera dans la famille de Juda, le bâton des chefs restera aux mains de ses descendants, jusqu'à ce que vienne son vrai possesseur celui à qui les peuples seront soumis. La vigne alors sera si répandue qu'il se permettra d'y attacher son âne. Il lavera son vêtement dans le vin, son manteau dans le sang des raisins. Le vin avivera l'éclat de ses yeux et le lait la blancheur de ses dents. Zabulon s'installera au bord de la mer, là où les bateaux trouveront un port. Son territoire s'étendra jusqu'à Sidon. Issakar est un âne robuste, établi au milieu de ses enclos. Il a vu que l'emplacement était bon, que le pays était agréable. Il a tendu son épaule pour porter des charges, il s'est soumis à un travail d'esclave. Dan aura son peuple à gouverner, comme les autres tribus d'Israël. Dan est comme un serpent sur la route, une vipère au bord du chemin: le serpent mord les jarrets du cheval et le cavalier tombe à la renverse. Seigneur, j'espère que tu me sauveras! Gad, attaqué par des pillards, contre-attaque et les poursuit. Le pays d'Asser donnera d'abondantes récoltes, sa terre fournira des produits dignes d'un roi. Neftali est une gazelle en liberté qui met au monde de beaux petits. Joseph est une plante fertile qui pousse près d'une source. Ses branches passent par-dessus le mur. Des tireurs à l'arc l'ont exaspéré, ils ont lancé leurs flèches, ils l'ont harcelé. Mais il a tenu fermement son arc, ses bras et ses mains ont gardé leur agilité. Par la puissance du Dieu fort de Jacob, tu es devenu le berger, le rocher d'Israël. Par le Dieu de ton père, qui est ton secours, par le Dieu tout -puissant qui te bénit, reçois les bienfaits de la pluie qui descend du ciel, de l'eau qui monte des profondeurs du sol, de la fécondité des femmes et du bétail. Les bénédictions données par ton père surpassent les bienfaits des montagnes éternelles, les produits désirables des collines antiques. Que les bénédictions de son père descendent sur la tête de Joseph, sur celui qui est le chef de ses frères! Benjamin est un loup féroce. Le matin il dévore une proie et le soir il partage le butin.» A eux tous ils forment les douze tribus d'Israël. Telles sont les paroles que leur adressa leur père, quand il les bénit. A chacun il accorda une bénédiction particulière. Jacob fit ensuite ces recommandations à ses fils: «Quand je serai mort, enterrez-moi dans le tombeau de mes ancêtres. C'est la grotte située dans le champ d'Éfron le Hittite, à Makpéla, près de Mamré, au pays de Canaan. Abraham a acheté ce champ à Éfron pour que le tombeau soit sa propriété. C'est là qu'on l'a enterré, ainsi que sa femme Sara, puis Isaac et sa femme Rébecca. J'y ai moi-même enterré Léa. Le champ et la grotte qui s'y trouve ont été achetés aux Hittites.» Quand Jacob eut fait ses dernières recommandations à ses fils, il se recoucha, puis il rejoignit ses ancêtres dans la mort. Joseph se précipita vers son père, dont il couvrit le visage de larmes et de baisers. Quand le deuil de Jacob eut pris fin, Joseph dit aux proches du Pharaon: «Si vous avez de l'amitié pour moi, veuillez transmettre de ma part ces paroles au Pharaon: “Avant de mourir, mon père m'a fait jurer de l'enterrer au pays de Canaan, dans le tombeau qu'il s'est préparé. Autorise-moi donc à aller l'enterrer maintenant, puis je reviendrai.” » Le Pharaon permit à Joseph d'aller enterrer son père et de tenir ainsi sa promesse. Joseph se mit en route; il était accompagné des dignitaires du palais au service du Pharaon, des anciens de toute l'Égypte, de toute sa famille, de ses frères et des autres membres de la famille de son père. On ne laissa dans la région de Gochen que les petits enfants et le bétail. Le convoi comprenait aussi une escorte de chars et de cavaliers; il était particulièrement imposant. Ils arrivèrent à Goren-Atad – “l'Aire de l'Épine” –, au-delà du Jourdain. Là, ils célébrèrent solennellement une cérémonie funèbre, très impressionnante. Durant sept jours, Joseph observa le deuil de son père. Les Cananéens qui vivaient dans cette région virent la cérémonie funèbre de Goren-Atad et firent cette réflexion: «C'est un deuil cruel pour l'Égypte!» C'est pourquoi cet endroit, situé au-delà du Jourdain, reçut le nom d'Abel-Misraïm, ce qui veut dire “Deuil de l'Égypte”. Les fils de Jacob accomplirent ensuite ce que leur père leur avait ordonné: ils transportèrent son corps au pays de Canaan et l'enterrèrent dans la grotte du champ de Makpéla, près de Mamré. Abraham avait acheté ce champ à Éfron le Hittite pour que le tombeau soit sa propriété. Après avoir déposé le corps de son père dans le tombeau, Joseph regagna l'Égypte avec ses frères et tous ceux qui les avaient accompagnés pour l'enterrement. Les frères de Joseph se dirent: «Maintenant que notre père est mort, Joseph pourrait bien se tourner contre nous et nous rendre tout le mal que nous lui avons fait.» Ils firent donc parvenir à Joseph ce message: «Avant de mourir, ton père a exprimé cette dernière volonté: “Dites de ma part à Joseph: Par pitié, pardonne à tes frères la terrible faute qu'ils ont commise, tout le mal qu'ils t'ont fait.” Eh bien, veuille nous pardonner cette faute, à nous qui adorons le même Dieu que ton père.» Joseph se mit à pleurer lorsqu'on lui rapporta ce message. Puis ses frères vinrent eux-mêmes le trouver, se jetèrent à ses pieds et lui dirent: «Nous sommes tes esclaves.» Mais Joseph leur répondit: «N'ayez pas peur. Je n'ai pas à me mettre à la place de Dieu. Vous aviez voulu me faire du mal, mais Dieu a voulu changer ce mal en bien, il a voulu sauver la vie d'un grand nombre de gens, comme vous le voyez aujourd'hui. N'ayez donc aucune crainte: je prendrai soin de vous et de vos familles.» Par ces paroles affectueuses il les réconforta. Ainsi Joseph et la famille de son père demeurèrent en Égypte. Joseph vécut cent dix ans. Il vit naître les enfants et les petits-enfants de son fils Éfraïm, et il adopta les enfants de son petit-fils Makir, fils de Manassé. Un jour Joseph dit à ses frères: «Je vais bientôt mourir. Mais Dieu vous viendra certainement en aide. Il vous fera quitter l'Égypte pour vous conduire dans le pays qu'il a promis à Abraham, Isaac et Jacob. Jurez-moi donc d'emporter mon corps avec vous, lorsque Dieu interviendra ainsi pour vous.» Joseph mourut en Égypte à l'âge de cent dix ans. On enduisit son corps d'huiles parfumées pour le conserver, et on le déposa dans un cercueil de pierre. En tout, les descendants de Jacob étaient alors au nombre de soixante-dix. Joseph, son autre fils, était déjà en Égypte. Plus tard, Joseph mourut ainsi que ses frères et toute cette génération. Par la suite, les Israélites eurent tant d'enfants qu'ils devinrent extrêmement nombreux et très forts. Le pays en fut rempli. Un nouveau roi commença à régner sur l'Égypte, mais il ne savait rien de Joseph. Il dit à son peuple: «Voyez, les Israélites forment un peuple plus nombreux et plus fort que nous. Il faut trouver un moyen pour limiter leur nombre. En cas de guerre, ils se joindraient à nos ennemis pour nous combattre et quitter le pays.» Les Égyptiens désignèrent alors des chefs de corvées pour accabler le peuple d'Israël en lui imposant de rudes travaux. C'est ainsi que les Israélites durent construire les villes de Pitom et Ramsès pour y entreposer les réserves du Pharaon. Mais plus on les opprimait, plus ils devenaient nombreux et plus ils prenaient de place, si bien qu'on les redoutait. Les Égyptiens les traitèrent durement, comme des esclaves; ils leur rendirent la vie insupportable par un travail pénible: préparer l'argile, faire des briques, exécuter tous les travaux des champs. Bref, ils leur imposèrent sans pitié toutes sortes de corvées. Il y avait chez les Hébreux deux sages-femmes, dont l'une s'appelait Chifra et l'autre Poua. Le roi d'Égypte leur donna cet ordre: «Quand vous aiderez les femmes des Hébreux à accoucher, regardez bien l'enfant qui naît: si c'est un garçon, tuez-le, si c'est une fille, laissez-la vivre.» Mais les sages-femmes respectaient Dieu; elles n'obéirent pas au roi d'Égypte et laissèrent vivre les garçons. Alors le roi les convoqua et leur dit: «Pourquoi agissez-vous ainsi? Pourquoi laissez-vous vivre les garçons?» – «C'est que, répondirent-elles, les femmes des Hébreux ne sont pas comme les Égyptiennes. Elles sont vigoureuses et mettent leurs enfants au monde avant l'arrivée de la sage-femme.» Ainsi les Israélites devinrent de plus en plus nombreux et très forts. Et Dieu accorda ses bienfaits aux sages-femmes en leur donnant des descendants, parce qu'elles lui avaient obéi. Alors le Pharaon ordonna à tout son peuple: «Jetez dans le Nil tout garçon hébreu nouveau-né! Ne laissez en vie que les filles!» Un homme de la tribu de Lévi épousa une femme de la même tribu. La femme devint enceinte, puis mit au monde un garçon. Elle vit que l'enfant était beau et le cacha durant trois mois. Ensuite, ne pouvant plus le tenir caché, elle prit une corbeille en tiges de papyrus, la rendit étanche avec du bitume et de la poix, y déposa l'enfant et alla placer la corbeille parmi les roseaux au bord du Nil. La sœur de l'enfant se tint à quelque distance pour voir ce qui lui arriverait. Un peu plus tard, la fille du Pharaon descendit au Nil pour s'y baigner, tandis que ses suivantes se promenaient le long du fleuve. Elle aperçut la corbeille au milieu des roseaux et envoya sa servante la prendre. Puis elle l'ouvrit et vit un petit garçon qui pleurait. Elle en eut pitié et s'écria: «C'est un enfant des Hébreux!» La sœur de l'enfant demanda à la princesse: «Dois-je aller te chercher une nourrice chez les Hébreux pour qu'elle allaite l'enfant?» – «Oui», répondit-elle. La fillette alla chercher la propre mère de l'enfant. La princesse dit à la femme: «Emmène cet enfant et allaite-le-moi. Je te payerai pour cela.» La mère prit donc l'enfant et l'allaita. Lorsque l'enfant fut assez grand, la mère l'amena à la princesse; celle-ci l'adopta et déclara: «Puisque je l'ai tiré de l'eau, je lui donne le nom de Moïse.» Un jour Moïse, devenu adulte, alla voir ses frères de race. Il fut témoin des corvées qui leur étaient imposées. Soudain il aperçut un Égyptien en train de frapper un de ses frères hébreux. Moïse regarda tout autour de lui et ne vit personne; alors il tua l'Égyptien et enfouit le corps dans le sable. Il revint le lendemain et trouva deux Hébreux en train de se battre. Il demanda à celui qui avait tort: «Pourquoi frappes-tu ton compatriote?» – «Qui t'a nommé chef pour juger nos querelles? répliqua l'homme. As-tu l'intention de me tuer comme tu as tué l'Égyptien?» Voyant que l'affaire était connue, Moïse eut peur. Le Pharaon lui-même en entendit parler et chercha à le faire mourir. Alors Moïse s'enfuit et alla se réfugier dans le pays de Madian. Là, il s'assit près d'un puits. Le prêtre de Madian, Jéthro, avait sept filles. Elles vinrent puiser de l'eau et remplir les abreuvoirs pour donner à boire aux moutons et aux chèvres de leur père. Mais des bergers arrivèrent et chassèrent les jeunes filles. Alors Moïse prit leur défense et donna à boire à leur troupeau. Elles retournèrent chez leur père, qui leur demanda: «Pourquoi rentrez-vous si tôt aujourd'hui?» – «Un Égyptien nous a protégées contre les bergers, répondirent-elles, et il a même puisé l'eau pour donner à boire à notre troupeau.» – «Où est donc cet homme? leur demanda le père. Pourquoi ne l'avez-vous pas amené ici? Allez le chercher pour qu'il mange avec nous.» Moïse accepta de s'installer chez cet homme. Jéthro lui donna pour épouse sa fille Séfora. Celle-ci mit au monde un fils; alors Moïse déclara: «Puisque je suis devenu un réfugié dans un pays étranger, je lui donne le nom de Guerchom – “Réfugié-là”.» Longtemps après, le roi d'Égypte mourut. Les Israélites, du fond de leur esclavage, se mirent à gémir et à crier, et leur appel au secours monta jusqu'à Dieu. Dieu entendit leur plainte et se souvint de son alliance avec Abraham, Isaac et Jacob. Il regarda les Israélites et se rendit compte de leur situation. Moïse s'occupait des moutons et des chèvres de Jéthro, son beau-père, le prêtre de Madian. Un jour, après avoir conduit le troupeau au-delà du désert, il arriva à l'Horeb, la montagne de Dieu. C'est là que l'ange du Seigneur lui apparut dans une flamme, au milieu d'un buisson. Moïse aperçut en effet un buisson d'où sortaient des flammes, mais sans que le buisson lui-même brûle. Il décida de faire un détour pour aller voir ce phénomène étonnant et découvrir pourquoi le buisson ne brûlait pas. Lorsque le Seigneur le vit faire ce détour, il l'appela du milieu du buisson: «Moïse, Moïse!» – «Oui?» répondit-il. «Ne t'approche pas de ce buisson, dit le Seigneur. Enlève tes sandales, car tu te trouves dans un endroit consacré. Je suis le Dieu de ton père, le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob.» Moïse se couvrit le visage parce qu'il avait peur de regarder Dieu. Le Seigneur reprit: «J'ai vu comment on maltraite mon peuple en Égypte; j'ai entendu les Israélites crier sous les coups de leurs oppresseurs. Oui, je connais leurs souffrances. Je suis donc venu pour les délivrer du pouvoir des Égyptiens, et pour les conduire d'Égypte vers un pays beau et vaste, vers un pays qui regorge de lait et de miel, le pays où habitent les Cananéens, les Hittites, les Amorites, les Perizites, les Hivites et les Jébusites. Puisque les cris des Israélites sont montés jusqu'à moi et que j'ai même vu de quelle manière les Égyptiens les oppriment, je t'envoie maintenant vers le Pharaon. Va, et fais sortir d'Égypte Israël, mon peuple.» Moïse répondit à Dieu: «Moi? je ne peux pas aller trouver le Pharaon et faire sortir les Israélites d'Égypte!» – «Je serai avec toi, reprit Dieu. Et pour te prouver que c'est bien moi qui t'envoie, je te donne ce signe: Quand tu auras fait sortir les Israélites d'Égypte, tous ensemble vous me rendrez un culte sur cette montagne-ci.» – «Bien! dit Moïse. Je vais donc aller trouver les Israélites et leur dire: “Le Dieu de vos ancêtres m'envoie vers vous”. Mais ils me demanderont ton nom. Que leur répondrai-je?» Dieu déclara à Moïse: «“JE SUIS QUI JE SUIS.” Voici donc ce que tu diras aux Israélites: “JE SUIS m'a envoyé vers vous ”. Puis tu ajouteras: “C'est LE SEIGNEUR qui m'a envoyé vers vous, le Dieu de vos ancêtres, le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob.” Tel est mon nom pour toujours, le nom par lequel les hommes de tous les temps pourront m'invoquer. Maintenant, va rassembler les anciens d'Israël et dis-leur: “Le Seigneur, le Dieu de vos ancêtres, le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, m'est apparu. Il m'a dit qu'il s'est penché sur votre situation en Égypte et qu'il sait bien comment on vous y traite. Il a donc décidé de vous arracher à ce pays où l'on vous maltraite pour vous conduire dans le pays des Cananéens, des Hittites, des Amorites, des Perizites, des Hivites et des Jébusites, pays qui regorge de lait et de miel.” «Les Israélites t'écouteront. Alors tu iras avec leurs anciens trouver le roi d'Égypte et vous lui direz: “Le Seigneur, le Dieu des Hébreux, notre Dieu, s'est manifesté à nous. Permets-nous d'aller à trois jours de marche dans le désert, pour lui offrir des sacrifices.” Je sais bien que le roi ne vous laissera pas partir, à moins d'y être contraint. C'est pourquoi j'interviendrai avec puissance contre son pays par toutes sortes d'actions extraordinaires; après quoi il vous laissera partir. J'amènerai même les Égyptiens à considérer votre peuple avec faveur, de telle sorte que, lorsque vous partirez, vous n'aurez pas les mains vides. Chaque femme israélite demandera à toute Égyptienne habitant chez elle, ou dans le voisinage, des objets d'argent et d'or, ainsi que des vêtements; vous en chargerez vos fils et vos filles, et vous dépouillerez ainsi les Égyptiens.» Moïse répondit au Seigneur: «Mais les Israélites ne voudront pas me croire ni m'obéir. Ils me diront: “Le Seigneur ne t'est pas apparu!” » Le Seigneur lui demanda: «Que tiens-tu à la main?» – «Un bâton.» – «Jette-le à terre!» Moïse obéit. Le bâton se transforma en serpent. Moïse s'en écarta vivement, mais le Seigneur lui dit: «Avance ta main et saisis-le par la queue.» Moïse avança la main et l'empoigna. Le serpent redevint un bâton dans sa main. Le Seigneur dit: «Voilà de quoi convaincre les Israélites que je te suis apparu, moi, le Dieu de leurs ancêtres, le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob. Et maintenant, continua-t-il, mets ta main sur ta poitrine.» Moïse obéit; mais quand il retira sa main, il vit qu'elle était blanche comme la neige, couverte de lèpre. «Remets-la sur ta poitrine», ordonna le Seigneur. Moïse obéit; et quand il retira sa main, elle était redevenue normale. Le Seigneur lui déclara: «Si les Israélites ne te croient pas et n'obéissent pas malgré le premier miracle, ils croiront à cause du second. Et s'ils persistent à ne pas croire et à ne pas t'obéir, malgré ces deux miracles, tu prendras de l'eau du Nil et tu la verseras sur le sol: cette eau s'y transformera en sang.» Moïse dit au Seigneur: «Ce n'est pas possible, Seigneur, je n'ai pas la parole facile. Je ne l'ai jamais eue, et je ne l'ai pas davantage depuis que tu me parles. J'ai beaucoup trop de peine à m'exprimer.» Le Seigneur lui rétorqua: «Qui a donné une bouche à l'homme? Qui peut le rendre muet ou sourd, voyant ou aveugle? N'est-ce pas moi, le Seigneur? Eh bien maintenant, va. Je serai avec toi quand tu parleras, je t'indiquerai ce que tu devras dire.» – «Je t'en supplie, Seigneur, reprit Moïse, envoie quelqu'un d'autre!» Alors le Seigneur se mit en colère contre Moïse et lui dit: «Tu as un frère, Aaron le lévite. Je sais qu'il est éloquent, lui, n'est-ce pas? D'ailleurs, il est déjà en route pour venir te trouver. Dès qu'il te verra, il sera plein de joie. Tu lui parleras, tu lui communiqueras ce qu'il devra dire. Moi-même je serai avec chacun de vous quand vous parlerez et je vous indiquerai ce que vous aurez à faire. C'est lui qui s'adressera au peuple à ta place: il sera ton porte-parole, et toi tu seras comme le dieu qui l'inspire. De plus, tu tiendras à la main ce bâton, qui te servira à faire des miracles.» Moïse retourna vers Jéthro, son beau-père, et lui dit: «Il faut que je retourne vers mes frères de race en Égypte, pour voir s'ils sont encore en vie.» – «Va en paix», répondit Jéthro. Le Seigneur dit alors à Moïse, dans le pays de Madian: «Oui, retourne en Égypte, car tous ceux qui en voulaient à ta vie sont morts.» Moïse prit donc sa femme et ses fils, les installa sur son âne et partit pour l'Égypte; il tenait en main le bâton que Dieu lui avait dit de prendre. Le Seigneur lui dit encore: «Je t'ai rendu capable de faire toutes sortes de prodiges. Quand tu seras de retour en Égypte, tu auras soin de les réaliser devant le Pharaon. Moi, je le pousserai à s'obstiner et à ne pas laisser partir les Israélites. Alors tu lui diras: Voici ce que déclare le Seigneur: “Le peuple d'Israël est mon fils, mon fils aîné. Je t'avais ordonné de le laisser partir pour qu'il puisse me rendre un culte, mais tu as refusé. C'est pourquoi je vais faire mourir ton propre fils aîné.” » Pendant le voyage, une nuit à l'étape, le Seigneur s'approcha de Moïse et chercha à le faire mourir. Aussitôt Séfora prit un caillou tranchant, coupa le prépuce de son fils et en toucha le sexe de Moïse, en lui disant: “Ainsi tu es pour moi un époux de sang.” Alors le Seigneur s'éloigna de Moïse. Séfora avait dit “époux de sang” à cause de la circoncision. Le Seigneur dit à Aaron: «Va dans le désert, à la rencontre de Moïse.» Aaron partit, trouva son frère à la montagne de Dieu et l'embrassa. Moïse lui communiqua le message dont le Seigneur l'avait chargé et décrivit les miracles qu'il lui avait ordonné de faire. Ensuite ils allèrent ensemble réunir tous les anciens d'Israël. Aaron leur transmit le message que le Seigneur avait confié à Moïse, et accomplit les miracles devant les Israélites. Ceux-ci furent convaincus, ils comprirent que le Seigneur avait vu comment on les maltraitait et qu'il intervenait pour les sauver. Alors ils s'inclinèrent jusqu'à terre pour l'adorer. Après ces événements, Moïse et Aaron allèrent trouver le Pharaon et lui dirent: «Voici ce qu'ordonne le Seigneur, Dieu d'Israël: “Laisse partir mon peuple, pour qu'il aille célébrer une fête en mon honneur dans le désert.” » Le Pharaon répondit: «Qui est ce Seigneur à qui je devrais obéir en laissant partir les Israélites? Je ne le connais pas et je ne vous laisserai pas partir!» Moïse et Aaron reprirent: «Le Dieu des Hébreux, le Seigneur notre Dieu, s'est manifesté à nous. Permets-nous donc d'aller à trois jours de marche dans le désert pour lui offrir des sacrifices. Sinon il pourrait nous faire mourir par la peste ou par la guerre.» – «Moïse et Aaron, déclara le roi d'Égypte, pourquoi poussez-vous les Israélites à négliger leur ouvrage? Retournez à votre travail. Maintenant que ces gens sont nombreux, vous voudriez leur faire interrompre leurs activités?» Ce même jour, le Pharaon donna l'ordre suivant aux Égyptiens, chefs de corvées, et aux contremaîtres israélites: «Contrairement à ce que vous faisiez précédemment, ne fournissez plus de paille aux Israélites pour la fabrication des briques. Ils iront eux-mêmes en chercher. Mais vous exigerez qu'ils fabriquent autant de briques qu'auparavant; vous n'admettrez pas de réduction sur le nombre. Ce sont des paresseux! C'est pour cela qu'ils réclament le droit d'aller offrir des sacrifices à leur Dieu. Dès qu'ils seront surchargés de travail, ils seront trop occupés pour penser à ces histoires mensongères.» Les chefs de corvées et les contremaîtres sortirent du palais et allèrent dire aux Israélites: «Voici ce qu'a décidé le Pharaon: On ne vous fournira plus de paille. Allez vous-mêmes en chercher où vous pourrez en trouver. Et sachez qu'il n'y aura pas de réduction sur le nombre exigé de briques.» Alors les Israélites se dispersèrent dans toute l'Égypte pour ramasser la paille dont ils avaient besoin. Les chefs de corvées les harcelaient en disant: “Achevez votre ouvrage! Vous produirez chaque jour la quantité exigée, comme quand on vous fournissait la paille!” Ils frappaient même les contremaîtres israélites qu'ils avaient désignés, et leur disaient: “Pourquoi, ces derniers jours, n'avez-vous pas fourni le nombre exigé de briques comme auparavant?” Les contremaîtres vinrent se plaindre au Pharaon: «Pourquoi le Pharaon traite-t-il ainsi ses esclaves? lui demandèrent-ils. On ne nous fournit plus de paille et on nous ordonne pourtant de faire des briques. On nous frappe même. Ton peuple a tort!» – «Vous n'êtes que des paresseux, oui, des paresseux, répliqua le Pharaon. C'est pour cela que vous dites: “Allons offrir des sacrifices au Seigneur!” Eh bien maintenant, allez à votre travail. On ne vous fournira plus de paille, mais vous fournirez le nombre fixé de briques.» Les contremaîtres des Israélites virent qu'ils se trouvaient dans une situation difficile, puisqu'on leur disait: “Pas de réduction du nombre de briques! Vous produirez chaque jour la quantité exigée!” Au moment où ils sortaient de chez le Pharaon, ils interpellèrent Moïse et Aaron, qui les attendaient, en leur disant: «Que le Seigneur constate ce que vous avez fait et qu'il vous condamne! A cause de vous, le Pharaon et son entourage nous détestent. Vous leur avez fourni une arme pour nous tuer!» Une fois encore, Moïse s'adressa au Seigneur: «O Seigneur, dit-il, pourquoi as-tu fait du mal à ce peuple? Pourquoi m'as-tu envoyé ici? Depuis que je suis allé parler au Pharaon de ta part, il maltraite les Israélites, et toi tu ne fais rien pour sauver ton peuple!» Le Seigneur lui répondit: «C'est maintenant que tu vas voir ce que je ferai au Pharaon! Contraint par ma poigne, il laissera partir les Israélites; contraint par ma poigne, il va même les chasser de son pays!» Dieu dit encore à Moïse: «Je suis “LE SEIGNEUR”. Je me suis révélé autrefois à Abraham, à Isaac et à Jacob comme “DIEU TOUT -PUISSANT”, mais ils ne savaient pas que je m'appelle aussi “LE SEIGNEUR”. J'ai conclu une alliance avec eux, j'ai promis de leur donner le pays de Canaan dans lequel ils séjournaient comme étrangers. Maintenant j'ai entendu les Israélites gémir sous le poids de l'esclavage que les Égyptiens leur imposent, et je me suis souvenu de mon alliance avec eux. C'est pourquoi je t'ordonne de leur dire ceci de ma part: “Je suis le Seigneur! Je vais vous soustraire aux travaux forcés et vous délivrer de l'esclavage auquel les Égyptiens vous ont soumis. Grâce à ma puissance irrésistible, je les punirai de manière exemplaire et je vous libérerai. Je ferai de vous mon peuple, et je serai votre Dieu. Vous saurez que c'est moi, le Seigneur votre Dieu, qui vous soustrais aux travaux forcés d'Égypte. Je vous conduirai ensuite dans le pays que j'ai solennellement promis à Abraham, à Isaac et à Jacob, et je vous le donnerai en possession. C'est moi, le Seigneur, qui vous l'affirme.” » Moïse rapporta ces paroles aux Israélites, mais ils ne l'écoutèrent pas, tant ils étaient accablés par leur dur esclavage. Le Seigneur s'adressa de nouveau à Moïse: «Va parler au Pharaon, le roi d'Égypte, lui dit-il, pour qu'il laisse partir les Israélites de son pays.» Moïse lui répondit: «Même les Israélites ne m'ont pas écouté! Pourquoi donc le Pharaon m'écouterait-il, moi qui sais si mal m'exprimer?» Alors le Seigneur ordonna à Moïse et à Aaron d'aller ensemble trouver les Israélites et le Pharaon, pour que les Israélites puissent quitter l'Égypte. Voici une liste des chefs de familles israélites: Fils de Ruben, le premier des fils de Jacob: Hanok, Pallou, Hesron et Karmi; ils furent les ancêtres des clans rubénites. Fils de Siméon: Yemouel, Yamin, Ohad, Yakin, Sohar et Chaoul, ce dernier étant fils d'une épouse cananéenne; ils furent les ancêtres des clans siméonites. Et voici les noms des descendants de Lévi, à diverses générations: Lévi eut trois fils, Guerchon, Quéhath et Merari; il vécut cent trente-sept ans. Fils de Guerchon: Libni et Chiméi, ancêtres de leurs clans respectifs. Fils de Quéhath: Amram, Issar, Hébron et Ouziel; Quéhath vécut cent trente-trois ans. Fils de Merari: Mali et Mouchi. Tels furent les ancêtres des clans lévitiques, suivant l'époque où ils vécurent. Amram épousa sa tante Yokébed, qui lui donna deux fils, Aaron et Moïse; il vécut cent trente-sept ans. Fils d'Issar: Coré, Néfeg et Zikri. Fils d'Ouziel: Michaël, Élissafan et Sitri. Aaron épousa Élichéba, fille d'Amminadab et sœur de Nachon, qui lui donna quatre fils, Nadab, Abihou, Élazar et Itamar. Fils de Coré: Assir, Elcana et Abiassaf, qui furent les ancêtres des clans coréites. Élazar, fils d'Aaron, épousa une fille de Poutiel, qui lui donna un fils, Pinhas. Ceux qui viennent d'être nommés furent des chefs de familles dans les clans issus de Lévi. C'est à Aaron et à Moïse que le Seigneur ordonna: “Faites sortir les Israélites d'Égypte, en bon ordre.” Moïse et Aaron s'adressèrent donc au Pharaon, roi d'Égypte, pour qu'il laisse sortir les Israélites de son pays. Le jour où le Seigneur adressa la parole à Moïse, en Égypte, il lui dit: «Je suis le Seigneur! Va rapporter au Pharaon, roi d'Égypte, tout ce que je te dis moi-même.» Mais Moïse lui répondit: «Je sais si mal m'exprimer! Jamais le Pharaon ne m'écoutera!» Alors le Seigneur lui déclara: «Écoute, je t'investis d'une autorité divine vis-à-vis du Pharaon; et ton frère Aaron sera ton porte-parole. Tu transmettras à ton frère ce que je t'indiquerai; c'est lui qui parlera au Pharaon, afin qu'il laisse partir les Israélites de son pays. Cependant, je rendrai le roi inflexible; malgré les nombreux prodiges extraordinaires que je réaliserai dans son pays, il ne vous écoutera pas. Alors je ferai sentir ma puissance à l'Égypte par des châtiments exemplaires, et je conduirai mon peuple, les Israélites, en bon ordre hors de ce pays. Les Égyptiens découvriront que je suis le Seigneur, lorsque j'étendrai mon bras contre eux pour faire sortir les Israélites de leur pays.» Moïse et Aaron agirent exactement comme le Seigneur le leur avait ordonné. Moïse avait quatre-vingts ans et Aaron quatre-vingt-trois lorsqu'ils allèrent parler au Pharaon. Le Seigneur dit à Moïse et à Aaron: « Si le Pharaon vous demande de réaliser un prodige, toi, Moïse, tu diras à Aaron de prendre son bâton et de le jeter à terre devant le roi. Le bâton se transformera alors en serpent.» Moïse et Aaron allèrent trouver le Pharaon et agirent selon les ordres du Seigneur: Aaron jeta son bâton à terre devant le Pharaon et son entourage, et le bâton se transforma en serpent. Le roi fit venir les sages et les sorciers d'Égypte; grâce à leur pouvoir magique, ils réalisèrent la même chose: chacun d'eux jeta son bâton à terre, et les bâtons se changèrent en serpents. Toutefois, le bâton d'Aaron engloutit les leurs. Pourtant, comme le Seigneur l'avait annoncé, le Pharaon, obstiné, ne tint pas compte de la requête de Moïse et d'Aaron. Le Seigneur dit à Moïse: «Le Pharaon s'entête et refuse de laisser partir les Israélites. Va donc le trouver au petit matin, au moment où il descend au bord du fleuve. Tu te tiendras devant lui sur la rive du Nil; tu auras dans ta main le bâton qui a été transformé en serpent. Tu déclareras au roi: “Le Seigneur, le Dieu des Hébreux, m'a envoyé te dire: ‘Laisse partir mon peuple pour qu'il puisse me rendre un culte dans le désert’. Mais toi, jusqu'à présent, tu n'as rien voulu entendre. C'est pourquoi le Seigneur déclare que, cette fois-ci, tu vas reconnaître qui il est. Au moyen de ce bâton, je vais frapper l'eau du Nil, et elle se transformera en sang. Les poissons crèveront et le fleuve deviendra si infect que les Égyptiens ne pourront plus en boire l'eau.” » Puis le Seigneur dit encore à Moïse: «Ordonne à Aaron de prendre son bâton et d'étendre le bras en direction de tous les cours d'eau d'Égypte, les rivières, les canaux, et même les étangs, afin que leur eau devienne du sang. Il y aura ainsi du sang dans tout le pays, jusque dans les récipients de bois ou de pierre.» Moïse et Aaron firent ce que le Seigneur leur avait ordonné: en présence du Pharaon et de son entourage, Aaron leva son bâton et frappa l'eau du Nil, et toute cette eau fut transformée en sang. Les poissons crevèrent et le fleuve devint si infect que les Égyptiens ne purent plus en boire l'eau. Partout dans le pays, il y avait du sang. Les magiciens égyptiens accomplirent le même prodige grâce à leur pouvoir. Alors, comme le Seigneur l'avait annoncé, le Pharaon, obstiné, ne tint pas compte de la requête de Moïse et d'Aaron. Il leur tourna le dos et rentra chez lui sans se préoccuper davantage de cette affaire. Tous les Égyptiens se mirent à creuser des trous aux abords du Nil pour trouver de l'eau potable, car l'eau du fleuve était imbuvable. Sept jours s'écoulèrent après que le Seigneur eut frappé le Nil de ce fléau. Ensuite le Seigneur dit à Moïse: «Va trouver le Pharaon et déclare-lui: “Le Seigneur t'ordonne de laisser partir son peuple pour qu'il puisse lui rendre un culte. Si tu refuses, il provoquera une invasion de grenouilles dans tout ton territoire: elles pulluleront dans le Nil, elles le quitteront pour entrer dans ton palais, dans ta chambre à coucher, dans ton lit même; elles pénétreront chez les gens de ton entourage immédiat et chez tout ton peuple, elles envahiront les fours et les pétrins, elles iront jusqu'à grimper sur toi-même, sur les gens de ton entourage et sur tous les membres de ton peuple.” » Le Seigneur dit encore à Moïse: «Ordonne à Aaron de tendre le bras et de diriger son bâton vers les rivières, les canaux et les étangs, afin que les grenouilles envahissent l'Égypte.» Aaron tendit son bras en direction des cours d'eau d'Égypte. Des grenouilles en sortirent et recouvrirent le pays. Les magiciens égyptiens accomplirent le même prodige grâce à leur pouvoir: eux aussi firent sortir des grenouilles partout dans le pays. Le Pharaon convoqua Moïse et Aaron et leur dit: «Implorez le Seigneur pour qu'il nous débarrasse de ces grenouilles, moi et mon peuple. Je laisserai ensuite les Israélites aller lui offrir des sacrifices.» Moïse lui répondit: «A toi l'honneur de fixer le moment où je dois prier Dieu pour toi, pour ton entourage et pour ton peuple; je lui demanderai de vous débarrasser des grenouilles qui sont chez toi et dans tes palais. Il n'en restera dès lors que dans le Nil.» – «Fais-le demain», demanda le roi. «Bien! dit Moïse. Je ferai comme tu le demandes, afin que tu saches que personne n'est comparable au Seigneur notre Dieu. Les grenouilles se retireront de chez toi, vous en serez débarrassés, toi, ton entourage et ton peuple. Il n'en restera que dans le Nil.» Moïse et Aaron quittèrent le Pharaon. Moïse pria le Seigneur de délivrer le Pharaon de l'invasion de grenouilles qu'il lui avait infligée. Le Seigneur fit ce que Moïse lui demandait: les grenouilles moururent dans les maisons, dans les cours et dans les champs. On en fit des tas innombrables, et le pays en fut infecté. Lorsque le Pharaon vit qu'il y avait un temps de répit, il s'entêta, comme le Seigneur l'avait annoncé, à ne pas tenir compte de la requête de Moïse et d'Aaron. Le Seigneur dit à Moïse: «Ordonne à Aaron d'étendre son bâton et de frapper la poussière du sol, afin qu'elle se transforme en moustiques dans toute l'Égypte.» Moïse et Aaron obéirent: Aaron étendit le bras et, de son bâton, frappa la poussière du sol; celle-ci se changea en moustiques qui couvrirent hommes et bêtes. Partout dans le pays, la poussière fut transformée en moustiques. Les magiciens égyptiens recoururent à leur pouvoir pour chasser les moustiques, mais ils ne réussirent pas; les moustiques continuèrent de s'attaquer aux hommes et aux bêtes. Alors les magiciens dirent au Pharaon: «C'est la puissance de Dieu qui est à l'œuvre!» Pourtant, comme le Seigneur l'avait annoncé, le Pharaon, obstiné, ne tint pas compte de la requête de Moïse et d'Aaron. Le Seigneur dit à Moïse: «Demain, lève-toi de bon matin et va te présenter devant le Pharaon au moment où il descend au bord du fleuve. Tu lui diras: “Le Seigneur t'ordonne ceci: Laisse partir mon peuple, pour qu'il puisse me rendre un culte. Si tu ne le laisses pas partir, je provoquerai une invasion de mouches piquantes sur toi, sur ton entourage, sur ton peuple et dans tes palais. Elles rempliront les maisons d'Égypte et couvriront le sol du pays. Cependant, ce jour-là, je ferai une exception pour la région de Gochen où habite mon peuple: on n'y trouvera aucune de ces mouches piquantes. Ainsi tu reconnaîtras que moi, le Seigneur, je suis présent même dans ton pays. Je préserverai mon peuple du malheur qui frappera le tien. Ce miracle se réalisera demain.” » Le Seigneur agit comme il l'avait annoncé: des mouches piquantes envahirent en masse le palais du Pharaon, les maisons des gens de son entourage et toute l'Égypte. Le pays en fut ravagé. Le Pharaon convoqua Moïse et Aaron et leur dit: «Allez offrir des sacrifices à votre Dieu, mais faites-le dans le pays!» – «Non, répondit Moïse, nous ne pouvons pas agir ainsi, car les sacrifices que nous offrons au Seigneur notre Dieu inspirent de l'horreur aux Égyptiens. S'ils nous voyaient offrir de tels sacrifices, à coup sûr ils nous lanceraient des pierres. Nous devons aller à trois jours de marche dans le désert, et là nous offrirons au Seigneur notre Dieu les sacrifices qu'il nous indiquera.» – «Bon, déclara le Pharaon, je vais vous laisser aller offrir vos sacrifices au Seigneur votre Dieu dans le désert. Mais n'allez pas trop loin, et priez pour moi.» Moïse reprit: «Dès que je t'aurai quitté, j'implorerai le Seigneur. Demain il vous débarrassera de ces mouches, toi, ton entourage et ton peuple. Seulement il ne faudra pas que tu te moques de nous et que tu empêches de nouveau les Israélites d'aller lui offrir des sacrifices.» Moïse quitta le Pharaon et implora le Seigneur. Le Seigneur fit ce que Moïse lui demandait: il débarrassa le Pharaon, son entourage et son peuple de toutes les mouches; il n'en resta plus une seule. Alors, une fois de plus, le Pharaon s'entêta et refusa de laisser partir les Israélites. Le Seigneur dit à Moïse: «Va trouver le Pharaon et déclare-lui: “Le Seigneur, le Dieu des Hébreux, t'ordonne de laisser partir son peuple pour qu'il puisse lui rendre un culte. Si tu refuses, si tu persistes à le retenir, le Seigneur interviendra contre tes troupeaux qui paissent dans la campagne: une violente épidémie de peste s'abattra sur tes chevaux, tes ânes, tes chameaux, tes bœufs, tes moutons et tes chèvres. Mais le Seigneur saura distinguer entre les troupeaux des Israélites et ceux des Égyptiens; aucune des bêtes appartenant aux Israélites ne mourra!” » De plus le Seigneur indiqua le moment fixé en disant: «C'est demain que je réaliserai ce prodige en Égypte.» Le lendemain donc, le Seigneur accomplit ce qu'il avait annoncé: tous les troupeaux des Égyptiens furent anéantis, mais aucune bête des Israélites ne mourut. Le Pharaon s'informa et apprit qu'il n'y avait pas une seule bête morte dans les troupeaux des Israélites. Malgré cela, il s'entêta et ne laissa pas partir les Israélites. Le Seigneur dit à Moïse et à Aaron: «Prenez quelques poignées de suie d'un fourneau. Moïse la lancera en l'air en présence du Pharaon. Cette suie retombera en poussière sur l'Égypte. Partout dans le pays, elle produira sur les hommes et les bêtes des furoncles évoluant en ulcères.» Moïse et Aaron prirent de la suie et allèrent trouver le Pharaon. Moïse la lança en l'air. Elle provoqua sur les hommes et les bêtes des furoncles évoluant en ulcères. Les magiciens égyptiens ne purent pas se présenter devant Moïse à cause de ces furoncles; en effet, ils en étaient couverts, comme les autres Égyptiens. Le Seigneur poussa le Pharaon à s'obstiner; comme le Seigneur l'avait annoncé à Moïse, le Pharaon ne tint pas compte de la requête de Moïse et d'Aaron. Le Seigneur dit à Moïse: «Demain, lève-toi de bon matin, va te présenter devant le Pharaon et déclare-lui: “Le Seigneur, le Dieu des Hébreux, t'ordonne ceci: ‘Laisse partir mon peuple pour qu'il puisse me rendre un culte. En effet, cette fois-ci, je suis décidé à infliger toutes sortes de fléaux à toi, à ton entourage et à ton peuple, afin que tu saches que personne sur terre n'est comparable à moi. Si j'avais tendu le bras pour vous frapper de la peste, toi et ton peuple, vous auriez disparu de la surface de la terre. Mais je t'ai laissé subsister afin de te montrer ma puissance et pour que ma renommée se répande sur toute la terre. Malgré cela, tu continues de traiter mon peuple avec mépris, en refusant de le laisser partir. C'est pourquoi demain à pareille heure, je vais faire éclater un violent orage de grêle, tel qu'il n'y en a encore jamais eu depuis que l'Égypte existe.’ Fais donc mettre à l'abri tes troupeaux et tout ce qui t'appartient dans la campagne. Si des gens ou des bêtes ne se mettent pas à l'abri, mais restent aux champs, ils mourront sous l'averse de grêle.” » Certaines personnes de l'entourage du roi prirent au sérieux l'avertissement du Seigneur et ordonnèrent à leurs serviteurs de se réfugier en lieu sûr avec les troupeaux. D'autres, au contraire, ne se soucièrent pas de cet avertissement et laissèrent leurs serviteurs dans les champs avec les troupeaux. Le Seigneur dit à Moïse: «Lève ton bras vers le ciel! Que la grêle s'abatte sur toute l'Égypte, sur les hommes, sur les bêtes et sur toutes les cultures du pays.» Moïse leva son bâton vers le ciel. Le Seigneur déchaîna le tonnerre et la grêle: la foudre s'abattit d'abord sur le sol, puis le Seigneur envoya la grêle sur le pays. Dans toute leur histoire, les Égyptiens n'avaient jamais vu un si violent orage de grêle, accompagné d'une telle foudre. Dans l'ensemble du pays, la grêle frappa tous ceux qui se trouvaient dans les champs, hommes ou bêtes; elle hacha les cultures et brisa les arbres. Seule la région de Gochen où habitaient les Israélites fut épargnée. Le Pharaon convoqua Moïse et Aaron et leur déclara: «Cette fois, j'ai eu tort. C'est mon peuple et moi qui sommes coupables; le Seigneur, lui, agit avec justice. Implorez-le en ma faveur, pour que cessent le tonnerre et la grêle. Je vais vous laisser partir, je ne vous retiendrai plus.» Moïse lui répondit: «Dès que je serai sorti de la ville, je lèverai les mains vers le Seigneur pour le prier. Le tonnerre et la grêle cesseront, afin que tu saches que la terre appartient au Seigneur. Pourtant je sais que toi et ton entourage, vous ne respecterez pas encore l'autorité du Seigneur Dieu.» Le lin et l'orge avaient été anéantis, car l'orge était en épis et le lin en fleurs. Par contre le blé et l'épeautre, céréales plus tardives, n'avaient pas subi de dommages. Moïse quitta le Pharaon et sortit de la ville. Il leva les mains vers le Seigneur et le pria. Alors le tonnerre se tut, la grêle et la pluie cessèrent de tomber. Le Pharaon, voyant que la pluie, la grêle et le tonnerre avaient cessé, commit la même faute qu'auparavant: lui et son entourage s'entêtèrent de nouveau. Comme le Seigneur l'avait annoncé par l'intermédiaire de Moïse, le Pharaon refusa obstinément de laisser partir les Israélites. Le Seigneur dit à Moïse: «Va chez le Pharaon. C'est moi qui ai rendu le roi et son entourage entêtés à ce point, afin de pouvoir réaliser toutes ces interventions spectaculaires au milieu d'eux. Ainsi tu pourras raconter à tes enfants et à tes petits-enfants comment j'ai traité les Égyptiens en accomplissant toutes ces interventions dans leur pays. Vous saurez de cette manière que je suis le Seigneur.» Moïse et Aaron allèrent trouver le Pharaon et lui dirent: «Le Seigneur, le Dieu des Hébreux, te demande: “Vas-tu longtemps encore refuser de te soumettre à moi? Laisse partir mon peuple, afin qu'il puisse me rendre un culte! Si tu refuses, j'enverrai demain les sauterelles dans ton territoire: elles recouvriront complètement le sol, de sorte qu'on ne le verra plus; elles dévoreront le peu de cultures que la grêle n'a pas anéanties, elles ne laisseront rien sur les arbres qui poussent dans la campagne. Elles rempliront tes palais, les maisons des gens de ton entourage et celles de tous les Égyptiens. Ce sera un fléau tel qu'on n'en a jamais vu depuis le temps de vos ancêtres jusqu'à ce jour.” » Moïse quitta alors le Pharaon et s'en alla. Les gens de l'entourage du roi lui dirent: «Jusqu'à quand cet individu va-t-il nous causer des malheurs? Laisse donc partir les hommes d'Israël pour qu'ils aillent rendre un culte au Seigneur leur Dieu! Ne comprends-tu pas encore que l'Égypte court à sa perte?» On rappela Moïse et Aaron auprès du Pharaon, qui leur dit: «Vous pouvez aller rendre un culte au Seigneur votre Dieu. Mais quels sont ceux qui partiront?» Moïse déclara: «Nous partirons tous, jeunes gens et vieillards, hommes et femmes, avec nos moutons, nos chèvres et nos bœufs, car nous devons célébrer une fête en l'honneur du Seigneur.» Le Pharaon répliqua avec ironie: «Que le Seigneur soit avec vous! Je vais sûrement vous autoriser à partir avec vos familles! Il est clair que vous avez de mauvaises intentions. Ce que vous proposez est inadmissible. Seuls les hommes iront rendre un culte au Seigneur, c'est tout ce que vous pouvez demander.» Et on les expulsa de chez le Pharaon. Le Seigneur dit alors à Moïse: «Étends ton bras sur l'Égypte pour y faire venir les sauterelles; elles dévoreront toutes les plantes que la grêle a épargnées!» Moïse étendit son bâton sur l'Égypte, et le Seigneur envoya sur le pays un vent d'est qui souffla tout le jour et toute la nuit. Au matin, le vent avait amené les sauterelles. Elles se répandirent dans toute l'Égypte et se posèrent partout. Elles étaient innombrables: jamais auparavant on n'en avait vu autant et jamais dans la suite on n'en reverra pareille quantité. Elles couvraient la surface du sol, qui paraissait tout sombre. Elles dévorèrent l'herbe et les fruits que la grêle avait épargnés, de sorte que dans tout le pays il ne resta aucune verdure, ni sur les arbres ni dans les champs. En toute hâte, le Pharaon convoqua Moïse et Aaron, et déclara: «Je suis coupable envers le Seigneur votre Dieu et envers vous-mêmes! Pardonnez-moi donc ma faute cette fois-ci encore, et priez le Seigneur votre Dieu qu'il veuille bien me préserver de cette terrible calamité.» Moïse quitta le Pharaon et pria le Seigneur. Le Seigneur fit alors souffler un violent vent d'ouest qui emporta les sauterelles et les jeta dans la mer des Roseaux. Il n'en resta pas une seule dans tout le territoire d'Égypte. Pourtant le Seigneur poussa le Pharaon à s'obstiner, de sorte qu'il ne laissa pas partir les Israélites. Le Seigneur dit à Moïse: «Lève ton bras vers le ciel! Que l'obscurité se répande sur l'Égypte, une obscurité si épaisse qu'on puisse la toucher.» Moïse leva son bras vers le ciel. Alors une obscurité totale régna pendant trois jours sur l'Égypte. Durant ces trois jours, les Égyptiens furent incapables de se voir les uns les autres, si bien que personne ne bougea de chez soi. Par contre, il faisait clair dans la région où les Israélites habitaient. Le Pharaon convoqua Moïse et lui dit: «Vous pouvez aller rendre un culte au Seigneur. Vous pouvez même emmener vos familles. Seuls vos moutons, vos chèvres et vos bœufs doivent demeurer ici.» – «Pas du tout, déclara Moïse. Tu nous remettras toi-même des bêtes que nous pourrons offrir au Seigneur notre Dieu en sacrifices de communion et en sacrifices complets. En plus, nous emmènerons nos troupeaux; pas une seule de nos bêtes ne restera ici. Nous devrons aussi en offrir un certain nombre au Seigneur notre Dieu, mais nous ne saurons pas lesquelles avant d'être arrivés sur place.» Le Seigneur poussa le Pharaon à s'obstiner, de sorte qu'il ne voulut pas les laisser partir. Il dit à Moïse: «Sors d'ici! Prends garde de ne plus reparaître devant moi! Si jamais tu reviens chez moi, tu mourras!» – «Bien! répondit Moïse. Comme tu l'as dit, je ne reparaîtrai plus devant toi.» Le Seigneur dit à Moïse: «Je vais infliger un dernier fléau au Pharaon et aux Égyptiens. Après cela, il vous laissera partir, il vous chassera même définitivement d'ici. Parle donc aux Israélites, que chaque homme demande à son voisin, chaque femme à sa voisine, des objets d'or ou d'argent.» Le Seigneur amena les Égyptiens à considérer les Israélites avec faveur. D'ailleurs, Moïse lui-même était un personnage très respecté en Égypte, tant par l'entourage du Pharaon que par la population. Moïse dit au Pharaon: «Voici ce que déclare le Seigneur: “Vers minuit, je passerai à travers l'Égypte. Tous les premiers-nés de ce pays vont mourir, aussi bien ton fils aîné, à toi qui règnes, que le fils aîné de la servante qui moud le blé, et que les premiers-nés du bétail. Alors dans toute l'Égypte retentiront de grands cris, tels qu'on n'en a jamais entendu et qu'on n'en entendra plus jamais. Mais chez les Israélites on n'entendra même pas un chien gronder contre un homme ou une bête. Ainsi vous saurez que moi, le Seigneur, je fais la différence entre les Égyptiens et les Israélites.” A ce moment-là, continua Moïse, tous les gens de ton entourage, que voici, viendront se jeter à genoux devant moi et me diront: “Allez-vous-en, toi et ton peuple!” Je m'en irai aussitôt.» Et Moïse, très en colère, sortit de chez le Pharaon. Le Seigneur lui dit encore: «Si le Pharaon ne veut pas vous écouter, c'est pour que je puisse multiplier mes prodiges dans son pays.» Or Moïse et Aaron avaient déjà accompli un grand nombre de prodiges sous les yeux du Pharaon, mais le Seigneur l'avait rendu si obstiné qu'il n'avait pas laissé partir les Israélites de son pays. Le Seigneur dit à Moïse et Aaron, en Égypte: «Ce mois-ci devra marquer pour vous le début de l'année, ce sera le premier mois. Allez dire à toute la communauté d'Israël: Le dixième jour de ce mois, procurez-vous un agneau ou un chevreau par famille ou par maison. Si une famille est trop petite pour consommer toute une bête, on s'entendra avec une famille voisine, selon le nombre de personnes qu'elle compte; puis on choisira la bête d'après ce que chacun peut manger. L'agneau ou le chevreau qu'on prendra sera un mâle d'un an, sans défaut. On le gardera jusqu'au quatorzième jour du mois; le soir de ce jour, dans l'ensemble de la communauté d'Israël, on égorgera la bête choisie. On prendra de son sang pour en mettre sur les deux montants et sur la poutre supérieure de la porte d'entrée, dans chaque maison où l'un de ces animaux sera mangé. On rôtira cette viande puis, pendant la nuit, on la mangera avec des pains sans levain et des herbes amères. On ne mangera pas de viande crue ou bouillie, seulement de la viande d'un animal rôti tout entier, avec tête, pattes et abats. On n'en gardera rien pour le lendemain. S'il en reste quelque chose le matin, on le brûlera. Voici dans quelle tenue on mangera ce repas: les vêtements serrés à la ceinture, les sandales aux pieds et le bâton à la main. On mangera rapidement. Telle sera la Pâque, célébrée pour moi, le Seigneur. «Pendant cette nuit, je passerai à travers l'Égypte et je ferai mourir tous les premiers-nés du pays, ceux des hommes comme ceux des bêtes. J'exécuterai ainsi ma sentence contre les dieux de l'Égypte, moi qui suis le Seigneur. Mais sur les maisons où vous vous tiendrez, le sang sera pour vous un signe protecteur; je le verrai et je passerai sans m'arrêter chez vous. Ainsi vous échapperez au fléau destructeur, lorsque je punirai l'Égypte. «D'âge en âge vous commémorerez cet événement par une fête solennelle pour m'honorer, moi, le Seigneur: ce sera pour vous une règle irrévocable.» «Pendant sept jours, continua le Seigneur, vous mangerez du pain sans levain. Dès le premier jour, il ne doit plus y avoir de levain dans vos maisons. Si, du premier au septième jour, quelqu'un mange du pain levé, il sera exclu du peuple d'Israël. Le premier et le septième jour, vous vous réunirez en assemblée solennelle; vous ne ferez alors aucun travail – vous préparerez seulement le repas de chacun de vous. «Vous célébrerez cette fête des pains sans levain, rappel du jour précis où j'ai fait sortir votre peuple d'Égypte. Vous commémorerez cet événement d'âge en âge, c'est là une règle irrévocable: Dès le quatorzième jour du premier mois au soir, et jusqu'au soir du vingt et unième jour, vous mangerez des pains sans levain. Pendant sept jours, on ne devra pas trouver de levain dans vos maisons. Si quelqu'un, étranger ou Israélite, mange un aliment contenant du levain, il sera exclu de la communauté d'Israël. Vous ne devrez donc rien manger qui contienne du levain. Où que vous habitiez, vous mangerez du pain sans levain.» Moïse convoqua tous les anciens d'Israël et leur dit: «Allez vous procurer des agneaux ou des chevreaux pour vos familles et égorgez-les pour la fête de la Pâque. Prenez un bouquet de branches d'hysope, trempez-le dans le récipient contenant le sang de la victime, et mettez-en sur les deux montants et sur la poutre supérieure de la porte d'entrée. Dès lors, et jusqu'au matin, que personne ne sorte de sa maison. Le Seigneur va passer pour punir les Égyptiens, mais lorsqu'il verra le sang sur les montants et sur la poutre, il passera sans permettre au fléau destructeur de pénétrer dans vos maisons. Vous et vos descendants, vous observerez toujours ces prescriptions. Quand vous serez entrés dans le pays que le Seigneur a promis de vous donner, vous accomplirez cette cérémonie. Si vos enfants vous demandent ce qu'elle signifie, vous leur répondrez: “Il s'agit du sacrifice offert au Seigneur à l'occasion de la Pâque. Lorsque les Israélites étaient en Égypte, le Seigneur a porté la mort chez les Égyptiens, mais il a passé sans s'arrêter devant nos maisons, épargnant ainsi nos familles.” » Alors les Israélites s'inclinèrent jusqu'à terre pour adorer le Seigneur. Puis ils allèrent faire tout ce que le Seigneur avait ordonné à Moïse et à Aaron. Au milieu de la nuit, le Seigneur fit mourir tous les premiers-nés d'Égypte, aussi bien le fils aîné du Pharaon, roi d'Égypte, que le fils aîné du captif enfermé dans la prison et que les premiers-nés du bétail. En cette nuit-là, le Pharaon, son entourage et tous les Égyptiens se levèrent, et il y eut de grands cris dans tout le pays, car il n'y avait pas une seule maison sans un mort. Le Pharaon, en pleine nuit, convoqua Moïse et Aaron et leur dit: «Quittez mon pays! Partez, vous et vos Israélites; allez rendre un culte au Seigneur, comme vous l'avez demandé. Prenez même tout votre bétail, comme vous l'avez dit, et allez-vous-en. Et puis demandez à votre Dieu de me bénir.» Les Égyptiens, croyant qu'ils allaient tous mourir, poussèrent les Israélites à quitter rapidement leur pays. C'est pour cette raison que les Israélites durent emporter leur pâte à pain avant qu'elle ait levé; ils tenaient leur pétrin sur l'épaule, enveloppé dans leur manteau. Les Israélites avaient fait ce que Moïse leur avait dit: ils avaient demandé aux Égyptiens des objets d'or et d'argent et des vêtements. Le Seigneur avait amené les Égyptiens à les considérer avec faveur et à leur accorder ce qu'ils demandaient. C'est ainsi que les Israélites dépouillèrent les Égyptiens. Ensuite, de la ville de Ramsès, les Israélites se mirent en route pour Soukoth; ils étaient environ six cent mille hommes, sans compter les femmes, les enfants et les vieillards. Une foule de gens d'origines diverses partirent en même temps qu'eux. Les moutons, chèvres et bœufs formaient des troupeaux considérables. Pour cuire la pâte à pain qu'ils avaient emportée d'Égypte, ils confectionnèrent des galettes plates; en effet, ils avaient été expulsés d'Égypte sans pouvoir attendre que la pâte lève et sans pouvoir prendre de provisions de voyage. Le peuple d'Israël avait séjourné quatre cent trente ans en Égypte. Au bout de ces quatre cent trente ans, en ce jour mémorable, le peuple du Seigneur sortit d'Égypte en bon ordre. De même que le Seigneur veilla cette nuit-là pour faire sortir son peuple d'Égypte, de même, d'âge en âge, les Israélites doivent veiller cette nuit-là, car elle est consacrée au Seigneur. Le Seigneur dit encore à Moïse et à Aaron: «Voici la réglementation relative à la fête de la Pâque: “Aucun étranger n'a le droit de participer au repas. “Un esclave qu'on a acheté pourra participer au repas après avoir été circoncis. “Un résident étranger ou un ouvrier salarié n'ont pas le droit de participer au repas. “On mange la viande à l'intérieur de la maison; il est interdit d'en emporter à l'extérieur. “On ne brise pas les os de l'animal. “Tous les membres de la communauté d'Israël célèbrent cette fête. “Si un étranger installé chez vous désire célébrer la Pâque en l'honneur du Seigneur, il faut que tous les hommes et garçons de sa famille soient circoncis. Ensuite il pourra participer à la célébration, comme les Israélites. “Aucun individu incirconcis ne peut participer au repas. “Les mêmes règles s'appliquent aux Israélites et aux étrangers installés dans votre pays.” » Tous les Israélites firent ce que le Seigneur avait ordonné à Moïse et à Aaron. En ce jour précis, le Seigneur fit sortir les Israélites d'Égypte en bon ordre. Le Seigneur adressa la parole à Moïse et lui dit: «Consacre-moi tout premier-né en Israël, car le premier garçon d'une femme et le premier petit d'un animal m'appartiennent.» Moïse dit au peuple: «Souvenez-vous de ce jour-ci! Grâce à sa force irrésistible, le Seigneur vous a fait sortir d'Égypte où vous étiez esclaves. Lorsque vous célébrerez cet événement, vous ne devrez pas manger de pain levé. Vous vous êtes mis en route un jour du mois d'Abib. Vous commémorerez donc l'événement au même mois, chaque année, quand le Seigneur vous aura fait entrer dans le pays des Cananéens, des Hittites, des Amorites, des Hivites et des Jébusites. C'est le pays qu'il a juré à vos ancêtres de vous donner, une contrée qui regorge de lait et de miel. Pendant sept jours, vous mangerez du pain sans levain, et le septième jour, vous célébrerez une fête en l'honneur du Seigneur. Durant ces jours-là, vous ne mangerez pas de pain contenant du levain; dans tout votre territoire on ne devra trouver chez vous ni pain levé, ni levain. Au cours de cette fête, vous donnerez cette explication à vos enfants: “Nous agissons ainsi à cause de ce que le Seigneur a fait pour nous, lorsque nous avons quitté l'Égypte.” Cette célébration sera pour vous un rappel, tout aussi bien qu'une marque sur votre bras ou sur votre front. Elle vous rappellera que vous devez proclamer la loi du Seigneur, car c'est lui qui vous a fait sortir d'Égypte grâce à sa force irrésistible. D'année en année, vous observerez cette réglementation, à la date fixée.» Moïse poursuivit: «Lorsque le Seigneur vous aura conduits dans le pays de Canaan et qu'il vous l'aura donné, comme il l'a promis à vos ancêtres et à vous-mêmes, vous lui offrirez tous les premiers-nés mâles. Tout premier petit de vos bêtes lui appartient. Toutefois s'il s'agit du premier petit d'une ânesse, vous le remplacerez par un agneau ou un chevreau, ou bien vous le tuerez en lui brisant la nuque. Quant aux garçons premiers-nés de votre peuple, vous les rachèterez. Lorsque vos enfants, dans l'avenir, vous demanderont: “Pourquoi fait-on cela?”, vous leur répondrez: “Grâce à sa force irrésistible, le Seigneur nous a fait sortir d'Égypte où nous étions esclaves. Le Pharaon refusait obstinément de nous laisser partir; alors le Seigneur fit mourir tous les premiers-nés d'Égypte, aussi bien chez les hommes que chez les animaux. Voilà pourquoi nous offrons en sacrifice au Seigneur tout premier-né mâle d'une bête, tandis que nous rachetons tout garçon premier-né.” Ces sacrifices seront pour vous un rappel, tout aussi bien qu'une marque sur votre bras ou sur votre front. Ils vous rappelleront que le Seigneur nous a fait sortir d'Égypte grâce à sa force irrésistible.» Lorsque le Pharaon laissa partir les Israélites, Dieu ne leur fit pas prendre le chemin du pays des Philistins, bien que ce soit le plus direct. Il craignait en effet que le peuple, effrayé par les combats à livrer, ne change d'avis et revienne en Égypte. C'est pourquoi il les mena par le chemin détourné qui, à travers le désert, se dirige vers la mer des Roseaux. Les Israélites quittèrent l'Égypte bien équipés. Moïse emportait le corps de Joseph, car celui-ci avait dit à ses frères: «Dieu vous viendra certainement en aide. Jurez-moi d'emporter alors mon corps avec vous.» Les Israélites quittèrent Soukoth et allèrent installer leur camp à Étam, en bordure du désert. Le Seigneur les précédait, de jour dans une colonne de fumée pour les guider le long du chemin, et de nuit dans une colonne de feu pour les éclairer; les Israélites pouvaient ainsi marcher jour et nuit. La colonne de fumée, pendant le jour, et la colonne de feu, pendant la nuit, ne cessèrent jamais de les précéder. Le Seigneur dit à Moïse: «Ordonne aux Israélites de revenir camper près de Pi-Hahiroth, entre Migdol et la mer. C'est là que vous installerez votre camp, en face de Baal-Sefon, près de la mer. Le Pharaon pensera que vous errez tout affolés dans cette région, prisonniers du désert. Je le pousserai à s'obstiner et il vous poursuivra. Alors je manifesterai ma gloire en l'écrasant, lui et toutes ses troupes. Ainsi les Égyptiens sauront que je suis le Seigneur.» Les Israélites agirent selon ces instructions. Lorsqu'on annonça au Pharaon et à son entourage que les Israélites avaient quitté le pays, ils changèrent d'idée à leur sujet et se dirent: “Qu'avons-nous fait là? Pourquoi avons-nous laissé les Israélites s'en aller, au lieu de les garder comme esclaves?” Le Pharaon fit atteler son char et partit avec son armée; il avait avec lui tous les chars d'Égypte, dont les six cents meilleurs, chacun avec son équipage complet. Le Seigneur poussa le Pharaon, roi d'Égypte, à poursuivre avec obstination les Israélites, au moment où ceux-ci quittaient le pays comme s'ils étaient déjà libres. L'armée égyptienne, avec tous ses chevaux, chars et cavaliers, poursuivit donc les Israélites et les rattrapa près de Pi-Hahiroth, en face de Baal-Sefon, là où ils campaient près de la mer. Les Israélites virent que les Égyptiens s'étaient mis en route pour les poursuivre et que, déjà, le Pharaon arrivait. Ils eurent très peur, ils se mirent à appeler le Seigneur à grands cris et dirent à Moïse: «N'y avait-il pas assez de tombeaux en Égypte? Pourquoi nous as-tu emmenés mourir dans le désert? Pourquoi nous as-tu fait quitter l'Égypte? Nous te l'avions bien dit, quand nous étions encore là-bas: “Laisse-nous tranquilles; nous voulons servir les Égyptiens. Cela vaut mieux pour nous que de mourir dans le désert.” » – «N'ayez pas peur, répondit Moïse. Tenez bon et vous verrez comment le Seigneur interviendra aujourd'hui pour vous sauver. En effet, ces Égyptiens que vous voyez aujourd'hui, vous ne les reverrez plus jamais. Le Seigneur va combattre à votre place. Vous n'aurez pas à intervenir.» Le Seigneur dit à Moïse: «Pourquoi m'appelles-tu à l'aide? Dis aux Israélites de se mettre en route. Prends ton bâton en main et élève-le au-dessus de la mer; ouvre ainsi un passage dans la mer afin que les Israélites puissent la traverser à pied sec. Quant à moi, je pousse les Égyptiens à s'obstiner et à y pénétrer derrière vous. Je manifesterai alors ma gloire en écrasant le Pharaon avec toutes ses troupes, ses chars et ses cavaliers. Les Égyptiens sauront que je suis le Seigneur, lorsque j'aurai manifesté ma gloire de cette manière.» L'ange de Dieu, qui auparavant précédait les Israélites, alla se placer derrière leur camp. De même, la colonne de fumée qui était devant eux passa derrière eux; elle se plaça entre le camp des Égyptiens et celui des Israélites. Cette fumée était obscure d'un côté, tandis que de l'autre elle éclairait la nuit. Ainsi les adversaires ne s'approchèrent pas les uns des autres de toute la nuit. Moïse étendit le bras au-dessus de la mer. Le Seigneur fit alors souffler un fort vent d'est durant toute la nuit pour refouler la mer et la mettre à sec. Les eaux se séparèrent et les Israélites traversèrent la mer à pied sec: de chaque côté d'eux, l'eau formait comme une muraille. Les Égyptiens les poursuivirent; tous les chevaux du Pharaon, avec chars et cavaliers, pénétrèrent derrière eux dans la mer. Vers la fin de la nuit, le Seigneur, du milieu de la colonne de feu et de fumée, regarda l'armée égyptienne et la désorganisa. Il bloqua les roues des chars, qui n'avancèrent plus que difficilement. Alors les Égyptiens s'écrièrent: «Fuyons loin des Israélites, car le Seigneur combat avec eux contre nous!» Le Seigneur dit à Moïse: «Étends ton bras au-dessus de la mer, pour faire revenir l'eau sur les chars et les cavaliers égyptiens.» Moïse obéit. Alors, à l'aube, la mer reprit sa place habituelle. Les Égyptiens qui s'enfuyaient se trouvèrent soudain face à l'eau, et le Seigneur les y précipita. L'eau recouvrit tous les chars et les cavaliers des troupes du Pharaon qui avaient poursuivi les Israélites dans la mer. Personne n'échappa. Quant aux Israélites, ils avaient traversé la mer à pied sec, l'eau formant comme une muraille de chaque côté d'eux. Ainsi, ce jour-là, le Seigneur délivra les Israélites du pouvoir des Égyptiens, et les Israélites purent voir les cadavres des Égyptiens sur le rivage de la mer. Les Israélites virent avec quelle puissance le Seigneur était intervenu contre l'Égypte. C'est pourquoi ils reconnurent son autorité; ils mirent leur confiance en lui et en son serviteur Moïse. Moïse et les Israélites chantèrent en l'honneur du Seigneur le cantique que voici: Je veux chanter en l'honneur du Seigneur: il a remporté une victoire éclatante, il a jeté à la mer chevaux et cavaliers! Ma grande force, c'est le Seigneur, il est venu à mon secours. Il est mon Dieu, je le louerai; il est le Dieu de mon père, je proclamerai sa grandeur. Le Seigneur est le héros des combats; il mérite bien son nom: Le Seigneur. Il a jeté à la mer les chars et les troupes du Pharaon; les meilleurs officiers égyptiens se sont noyés dans la mer des Roseaux. Ils ont coulé au fond comme des pierres et les flots les ont recouverts. Seigneur, quelle force dans ta main droite! C'est elle qui met tes ennemis en pièces. Que ta grandeur est impressionnante! Elle renverse tes adversaires. Si tu déchaînes le feu de ta colère, ils sont brûlés comme un tas de paille. Sous la violence de ton souffle les masses d'eau se sont amoncelées, les vagues se sont dressées comme un mur, les flots se sont figés au fond de la mer. Nos ennemis avaient dit: «Nous allons les poursuivre, les rattraper; nous prendrons notre part de butin, plus que nous n'en désirons. Nous tirerons notre épée, nous remettrons la main sur eux.» Mais toi, Seigneur, tu as soufflé, les flots les ont recouverts! Comme un bloc de plomb, ils ont coulé à pic au fond de la mer déchaînée. Seigneur, qui parmi les dieux est comparable à toi? Qui est comme toi, éclatant de sainteté, redoutable, digne d'acclamations, capable d'accomplir des prodiges? Un seul geste de ta main droite, et la terre a englouti nos poursuivants. Tu as délivré ton peuple! Avec amour, avec puissance, tu le conduis vers le pays que tu lui réserves. Les peuples voisins tremblent à cette nouvelle: les Philistins sont saisis d'angoisse, les chefs d'Édom sont plongés dans la crainte, les princes de Moab sont remplis d'effroi, les Cananéens perdent tout courage. Une terreur panique s'abat sur eux. Devant la puissance de ton intervention, ils demeurent paralysés, Seigneur, jusqu'à ce que ton peuple ait passé, le peuple que tu as acquis. Maintenant tu le conduis sur ta montagne pour l'y installer, Seigneur. C'est le lieu que tu as préparé pour y habiter et y fonder toi-même ton sanctuaire. Seigneur, tu es roi pour toujours! Lorsque les chevaux, les chars et les cavaliers du Pharaon avaient pénétré dans la mer, le Seigneur avait ramené les flots sur eux. Mais les Israélites, eux, avaient pu traverser la mer à pied sec. Alors la prophétesse Miriam, sœur d'Aaron, prit son tambourin. Toutes les femmes d'Israël la suivirent en dansant au son des tambourins. Miriam reprenait devant elles le refrain: Chantez en l'honneur du Seigneur: il a remporté une victoire éclatante, il a jeté à la mer chevaux et cavaliers! Les Israélites, conduits par Moïse, quittèrent la mer des Roseaux et se dirigèrent vers le désert de Chour. Ils marchèrent trois jours dans le désert sans trouver d'eau. Lorsqu'ils arrivèrent à Mara, ils ne purent pas y boire l'eau qui s'y trouvait, car elle était amère. – De là vient le nom de Mara, qui signifie “Amertume”. – La foule se mit à protester contre Moïse et à dire: «Qu'allons-nous boire?» Moïse implora le Seigneur, qui lui montra un morceau de bois. Moïse le jeta dans l'eau et l'eau devint buvable. C'est là que le Seigneur donna aux Israélites des lois et des coutumes, là aussi qu'il les mit à l'épreuve. Il leur dit: «Si vous m'obéissez vraiment, à moi, le Seigneur votre Dieu, en faisant ce que je considère comme juste, si vous écoutez mes commandements et mettez en pratique toutes mes lois, alors je ne vous infligerai aucune des maladies que j'ai infligées aux Égyptiens. En effet, je suis le Seigneur, celui qui vous guérit.» Les Israélites arrivèrent ensuite à Élim. Il s'y trouvait douze sources et soixante-dix palmiers. Ils campèrent là, près de l'eau. Toute la communauté d'Israël quitta Élim; le quinzième jour du deuxième mois après la sortie d'Égypte, ils arrivèrent au désert de Sin, situé entre Élim et le mont Sinaï. Là, dans le désert, les Israélites se remirent à protester contre Moïse et Aaron. Ils disaient: «Si seulement le Seigneur nous avait fait mourir en Égypte, quand nous nous réunissions autour des marmites de viande et que nous avions assez à manger! Mais vous nous avez conduits dans ce désert pour nous y laisser tous mourir de faim!» Le Seigneur dit à Moïse: «Du haut du ciel, je vais faire pleuvoir du pain sur vous. Chaque jour les gens iront ramasser leur ration de la journée. Je vous mettrai ainsi à l'épreuve pour savoir si vous obéissez ou non à mes ordres. Le sixième jour, quand vous préparerez ce que vous aurez ramassé, vous en trouverez le double des autres jours.» Puis Moïse ordonna à Aaron: «Dis à toute la communauté d'Israël de venir se présenter devant le Seigneur, car il les a entendus protester contre lui.» Pendant qu'Aaron parlait à la communauté, ils se tournèrent du côté du désert et, soudain, la glorieuse présence du Seigneur se manifesta dans la fumée. Le Seigneur dit à Moïse: «J'ai entendu les protestations des Israélites. Dis-leur donc ceci de ma part: “Ce soir vous mangerez de la viande, et demain matin vous aurez du pain en suffisance; ainsi vous saurez que moi, le Seigneur, je suis votre Dieu.” » En effet, le soir, des cailles arrivèrent et se posèrent sur tout le camp; et le matin, tout autour du camp, il y avait une couche de rosée. Lorsque la rosée s'évapora, quelque chose de granuleux, fin comme du givre, restait par terre. Les Israélites le virent, mais ne savaient pas ce que c'était, et ils se demandèrent les uns aux autres: «Qu'est-ce que c'est?» Moïse leur répondit: «C'est le pain que le Seigneur vous donne à manger. Et voici ce que le Seigneur a ordonné: “Que chacun en ramasse la ration qui lui est nécessaire; vous en ramasserez environ quatre litres par personne, d'après le nombre de personnes vivant sous la même tente.” » Les Israélites agirent ainsi; ils en ramassèrent, les uns beaucoup, les autres peu. Mais lorsqu'ils en mesurèrent la quantité, ceux qui en avaient beaucoup n'en avaient pas trop, et ceux qui en avaient peu n'en manquaient pas. Chacun en avait la ration nécessaire. Moïse leur dit encore: «Que personne n'en mette de côté pour demain matin.» Mais certains désobéirent et en conservèrent jusqu'au matin; la vermine s'y mit et rendit le tout infect. Alors Moïse se mit en colère contre eux. Dès lors, chaque matin, ils en ramassèrent leur ration quotidienne. Quand le soleil devenait chaud, le reste fondait. Le sixième jour, ils en ramassèrent une double ration, environ huit litres par personne. Les responsables de la communauté allèrent l'annoncer à Moïse, qui leur dit: «C'est bien ce que le Seigneur a ordonné. Demain, c'est le sabbat, jour de repos consacré au Seigneur. Cuisez ce que vous voulez cuire, faites bouillir ce que vous voulez bouillir, et gardez le surplus jusqu'à demain matin.» Ils en mirent donc de côté pour le lendemain, selon les instructions de Moïse, et il n'y eut ni puanteur ni vermine. «Mangez cela aujourd'hui, leur dit alors Moïse. Car aujourd'hui, c'est le sabbat en l'honneur du Seigneur; vous ne trouveriez rien dehors. En effet, pendant six jours, vous pouvez ramasser de cette nourriture, mais le septième jour, le jour du sabbat, il n'y en a pas.» Pourtant, le septième jour, certains Israélites sortirent du camp pour aller en ramasser, mais sans rien trouver. Le Seigneur dit à Moïse: «Allez-vous encore longtemps refuser d'obéir à mes commandements et à mes instructions? Sachez-le bien, je vous ai donné le sabbat pour vous reposer, et voilà pourquoi je vous donne, le sixième jour, une ration de nourriture pour deux jours. Le septième jour, que chacun reste donc chez soi, que plus personne n'en sorte.» Ainsi le peuple d'Israël se reposa le septième jour. Les Israélites donnèrent à cette nourriture le nom de manne. Elle ressemblait à des graines de coriandre; elle était blanche et avait un goût de gâteau au miel. Moïse dit: «Voici ce qu'ordonne le Seigneur: “Qu'on remplisse de manne un récipient, afin d'en conserver pour vos descendants. Ainsi ils pourront voir de quel pain je vous nourrissais dans le désert, quand je vous ai fait sortir d'Égypte.” » Puis Moïse dit à Aaron: «Prends donc une jarre à provision et mets-y une ration de manne. Puis dépose la jarre devant le Seigneur, afin de conserver un peu de manne pour vos descendants.» Comme le Seigneur l'avait ordonné à Moïse, Aaron déposa la jarre devant le document de l'alliance, pour qu'on l'y conserve. Les Israélites mangèrent de la manne pendant quarante ans, jusqu'à leur arrivée dans un pays habité, c'est-à-dire jusqu'à ce qu'ils aient franchi la frontière du pays de Canaan. – La ration de manne, quatre litres environ, représentait le dixième de l'unité de mesure habituelle. – Sur l'ordre du Seigneur, toute la communauté d'Israël quitta le désert de Sin et se rendit par étapes à Refidim, où ils installèrent leur camp. Ils n'y trouvèrent pas d'eau à boire, de sorte qu'ils cherchèrent querelle à Moïse et dirent: «Donnez-nous de l'eau à boire!» Moïse leur demanda: «Pourquoi me cherchez-vous querelle? Et pourquoi mettez-vous ainsi le Seigneur à l'épreuve?» Assoiffé, le peuple se mit à protester contre Moïse en disant: «Pourquoi nous as-tu fait quitter l'Égypte? Est-ce pour nous faire mourir de soif ici, avec nos enfants et nos troupeaux?» Moïse implora le secours du Seigneur: «Que dois-je faire pour ce peuple? demanda-t-il. Encore un peu et ils vont me lancer des pierres!» Le Seigneur lui répondit: «Passe devant le peuple, accompagné de quelques-uns des anciens d'Israël. Tu t'avanceras en tenant à la main le bâton avec lequel tu as frappé le Nil. Moi, je me tiendrai là, devant toi, sur un rocher du mont Horeb; tu frapperas ce rocher, il en sortira de l'eau et le peuple pourra boire.» Moïse obéit à cet ordre, sous le regard des anciens. On a appelé cet endroit Massa et Meriba – ce qui signifie “Épreuve” et “Querelle” – parce que les Israélites avaient cherché querelle à Moïse et avaient mis le Seigneur à l'épreuve, en demandant: “Le Seigneur est-il parmi nous, oui ou non?” Les Amalécites vinrent attaquer les Israélites à Refidim. Moïse dit à Josué: «Choisis des hommes capables de nous défendre et va combattre les Amalécites. Demain je me tiendrai au sommet de la colline, avec le bâton de Dieu à la main.» Josué partit combattre les Amalécites, comme Moïse le lui avait ordonné, tandis que Moïse, Aaron et Hour se postaient au sommet de la colline. Tant que Moïse tenait un bras levé, les Israélites étaient les plus forts, mais quand il le laissait retomber, les Amalécites l'emportaient. Lorsque les deux bras de Moïse furent lourds de fatigue, Aaron et Hour prirent une pierre et la placèrent près de Moïse. Moïse s'y assit. Aaron et Hour, chacun d'un côté, lui soutinrent les bras, qui restèrent ainsi fermement levés jusqu'au coucher du soleil. Josué remporta une victoire complète sur l'armée amalécite. Le Seigneur dit à Moïse: «Mets tout cela par écrit, pour qu'on ne l'oublie pas. Et dis à Josué que j'exterminerai les Amalécites, de telle sorte que personne sur terre ne se souviendra d'eux.» Alors Moïse construisit un autel, auquel il donna un nom signifiant “Le Seigneur est mon étendard”. Et il déclara: «Puisque les Amalécites ont osé lever la main contre le trône du Seigneur, le Seigneur sera toujours en guerre contre eux.» Jéthro, prêtre de Madian et beau-père de Moïse, entendit parler de tout ce que le Seigneur Dieu avait fait pour Moïse et pour Israël, son peuple; il apprit comment le Seigneur les avait fait sortir d'Égypte. Jéthro avait avec lui sa fille Séfora, femme de Moïse, que celui-ci lui avait renvoyée précédemment, ainsi que les deux fils de Séfora. Moïse avait appelé l'aîné Guerchom – ce qui signifie “Réfugié-là” – en déclarant: “Je suis devenu un réfugié dans un pays étranger”; quant au cadet, il l'avait nommé Éliézer – “Mon Dieu me secourt” – en déclarant: “Le Dieu de mon père m'a secouru en me protégeant des attaques du Pharaon.” Jéthro partit avec les fils et la femme de Moïse et alla rejoindre celui-ci dans le désert proche de la montagne de Dieu, là où il avait installé son camp. Jéthro se fit annoncer à Moïse en ces termes: “Je suis ton beau-père; je viens te trouver, accompagné de ta femme et de ses deux fils.” Moïse vint à sa rencontre, s'inclina profondément devant lui, puis l'embrassa. Après avoir échangé des nouvelles de leur santé, ils se rendirent dans la tente de Moïse. Moïse raconta à son beau-père comment le Seigneur avait traité le Pharaon et les Égyptiens, à cause d'Israël, et comment il avait délivré le peuple des difficultés rencontrées en chemin. Jéthro se réjouit de tout le bien que le Seigneur avait fait aux Israélites en les libérant de la domination des Égyptiens, et il s'écria: «Il faut remercier le Seigneur, qui vous a délivrés de la domination du Pharaon et des Égyptiens. Je reconnais maintenant que le Seigneur est plus grand que tous les autres dieux: il l'a montré lorsque les Égyptiens tyrannisaient les Israélites.» Jéthro offrit à Dieu un sacrifice complet et des sacrifices de communion. Alors Aaron et tous les anciens d'Israël vinrent prendre part au repas sacré, en compagnie du beau-père de Moïse. Le lendemain, Moïse prit place pour juger les querelles du peuple. Du matin au soir des gens attendirent de pouvoir se présenter devant lui. Lorsque son beau-père vit tout ce qu'il avait à faire pour le peuple, il lui dit: «Pourquoi procèdes-tu ainsi? Pourquoi fais-tu ce travail tout seul, en obligeant les gens à attendre debout, du matin au soir, le moment de se présenter devant toi?» – «C'est que ces gens viennent à moi pour obtenir un jugement inspiré par Dieu, répondit Moïse. Lorsqu'ils ont une dispute à régler, ils viennent me trouver: je tranche le cas qui les oppose et je leur fais connaître les lois et les enseignements de Dieu.» Son beau-père reprit: «Il n'est pas judicieux de procéder de cette manière! Vous allez tous vous épuiser complètement, toi et ceux qui viennent te consulter. Cette tâche est vraiment trop lourde pour toi, tu ne peux pas l'accomplir seul! Écoute donc ce que je te conseille, et que Dieu soit avec toi: Ton rôle consiste à représenter le peuple devant Dieu pour lui présenter les affaires litigieuses; tu dois aussi informer les gens des lois et des enseignements de Dieu, leur indiquer la conduite à tenir et leur dire ce qu'ils doivent faire. Pour le reste, choisis parmi le peuple des hommes de valeur, pleins de respect pour Dieu, aimant la vérité et incorruptibles; tu les désigneras comme responsables, à la tête de groupes de mille, de cent, de cinquante ou de dix hommes. Ce sont eux qui siégeront chaque jour pour juger les querelles du peuple; ils te soumettront les affaires importantes, mais régleront eux-mêmes les causes mineures. De cette manière tu pourras alléger ta tâche, puisqu'ils en partageront la responsabilité avec toi. Si tu fais cela – et si c'est bien ce que Dieu t'ordonne –, tu ne t'épuiseras pas; et de leur côté tous ces gens pourront rentrer chez eux réconciliés.» Moïse suivit les conseils de son beau-père: il choisit parmi les Israélites des hommes de valeur et les désigna comme responsables du peuple, à la tête de groupes de mille, de cent, de cinquante ou de dix hommes. Ils devaient siéger chaque jour pour juger les querelles du peuple; ils soumettaient à Moïse les affaires difficiles, mais réglaient eux-mêmes les causes mineures. Moïse prit congé de son beau-père, qui s'en retourna dans son pays. Moïse gravit la montagne pour rencontrer Dieu. Du sommet, le Seigneur appela Moïse et lui dit: «Voici ce que tu déclareras aux descendants de Jacob, les Israélites: “Vous avez vu comment j'ai traité les Égyptiens; vous avez vu comment je vous ai amenés ici, près de moi, comme un aigle porte ses petits sur son dos. Maintenant, si vous écoutez bien ce que je vous dis et si vous respectez mon alliance, vous serez pour moi un peuple particulièrement précieux parmi tous les peuples. En effet toute la terre m'appartient, mais vous serez pour moi un royaume de prêtres, une nation consacrée à mon service.” Voilà ce que tu diras aux Israélites.» Moïse revint au camp, convoqua les anciens d'Israël et leur communiqua tout ce que le Seigneur lui avait ordonné. Tout le peuple, unanime, s'écria: «Nous ferons tout ce qu'ordonne le Seigneur.» Moïse rapporta leur réponse au Seigneur. Alors le Seigneur lui déclara: «Je vais venir jusqu'à toi, caché dans une épaisse fumée, afin que les Israélites m'entendent parler avec toi et qu'ils aient confiance en toi pour toujours.» Moïse répéta au Seigneur la réponse du peuple. Le Seigneur dit encore à Moïse: «Retourne vers le peuple et dis-leur de se purifier aujourd'hui et demain. Qu'ils lavent aussi leurs vêtements. Qu'ils se tiennent prêts pour après-demain, car ce jour-là, je descendrai sur le mont Sinaï à la vue de tout le peuple. Tu leur fixeras des limites autour de la montagne et tu les mettras en garde: ils ne doivent pas gravir cette montagne, ni même s'en approcher. Tout être qui s'en approchera sera mis à mort. Qu'il s'agisse d'un homme ou d'un animal, on ne le laissera pas vivre. On ne le touchera pas, mais on le tuera en lui lançant des pierres ou des flèches. C'est seulement quand le cor sonnera que certains pourront monter sur la montagne.» Moïse redescendit vers le peuple. Il les fit se purifier et laver leurs vêtements. Puis il leur dit: «Tenez-vous prêts pour après-demain. Abstenez-vous de relations avec vos femmes.» Le surlendemain, dès l'aube, il y eut sur la montagne des coups de tonnerre, des éclairs et une épaisse fumée. On entendit aussi une puissante sonnerie de trompette. Dans le camp, le peuple tremblait de peur. Moïse les fit sortir du camp pour s'approcher de Dieu. Ils s'arrêtèrent au pied de la montagne. Le Sinaï était tout fumant, parce que le Seigneur y était descendu dans le feu; la fumée s'élevait comme celle d'une fournaise, et toute la montagne tremblait. La sonnerie de trompette devint de plus en plus puissante. Quand Moïse parlait, Dieu lui répondait dans le tonnerre. Le Seigneur descendit au sommet du Sinaï, d'où il appela Moïse, et Moïse y remonta. Le Seigneur lui dit: «Va avertir le peuple de ne pas se précipiter pour me voir. Sinon beaucoup d'entre eux mourraient. Même les prêtres, qui peuvent pourtant s'approcher de moi, doivent se purifier, de peur que je n'intervienne contre eux.» Moïse lui répondit: «Le peuple ne peut pas monter sur le Sinaï; toi-même tu nous as ordonné de fixer des limites autour de la montagne et d'en tenir le peuple à distance.» Alors le Seigneur ordonna à Moïse: «Retourne au camp, puis tu remonteras avec Aaron. Mais que les prêtres et le peuple ne se précipitent pas pour monter vers moi, de peur que je n'intervienne contre eux.» Moïse redescendit donc vers le peuple et leur parla. Voici les paroles que Dieu adressa à Israël: «Je suis le Seigneur ton Dieu, c'est moi qui t'ai fait sortir d'Égypte où tu étais esclave. «Tu n'adoreras pas d'autres dieux que moi. «Tu ne te fabriqueras aucune idole, aucun objet qui représente ce qui est dans le ciel, sur la terre ou dans l'eau sous la terre; tu ne t'inclineras pas devant des statues de ce genre, tu ne les adoreras pas. En effet, je suis le Seigneur ton Dieu, un Dieu exigeant. Si quelqu'un est en tort à mon égard, j'interviens contre lui et ses descendants, jusqu'à la troisième ou la quatrième génération; mais je traite avec bonté pendant mille générations ceux qui m'aiment et obéissent à mes commandements. «Tu ne prononceras pas mon nom de manière abusive, car moi, le Seigneur ton Dieu, je tiens pour coupable celui qui agit ainsi. «N'oublie jamais de me consacrer le jour du sabbat. Tu as six jours pour travailler et faire tout ton ouvrage. Le septième jour, c'est le sabbat qui m'est réservé, à moi, le Seigneur ton Dieu; tu ne feras aucun travail ce jour-là, ni toi, ni tes enfants, ni tes serviteurs ou servantes, ni ton bétail, ni l'étranger qui réside chez toi. Car en six jours j'ai créé le ciel, la terre, la mer et tout ce qu'ils contiennent, puis je me suis reposé le septième jour. C'est pourquoi moi, le Seigneur, j'ai béni le jour du sabbat et je veux qu'il me soit consacré. «Respecte ton père et ta mère, afin de jouir d'une longue vie dans le pays que moi, le Seigneur ton Dieu, je te donne. «Tu ne commettras pas de meurtre. «Tu ne commettras pas d'adultère. «Tu ne commettras pas de vol. «Tu ne prononceras pas de faux témoignage contre ton prochain. «Tu ne convoiteras rien de ce qui appartient à ton prochain, ni sa maison, ni sa femme, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne.» Tous les Israélites entendirent les coups de tonnerre et la sonnerie de trompette, tous virent les éclairs et la montagne fumante; ils se mirent à trembler de peur et se tinrent à distance. Ils dirent à Moïse: «Parle-nous toi-même, et nous t'écouterons; mais que Dieu ne nous parle pas directement, sinon nous mourrons.» Moïse leur répondit: «Ne craignez rien! Si Dieu s'est approché de vous, c'est pour vous mettre à l'épreuve; il veut que vous reconnaissiez son autorité et que vous ne commettiez pas de péché.» Les Israélites restèrent donc à distance, tandis que Moïse s'approchait de l'épais nuage où se tenait Dieu. Le Seigneur dit à Moïse: «Voici ce que tu transmettras de ma part aux Israélites: “Vous l'avez vu, c'est du haut du ciel que je me suis adressé à vous. Vous ne vous fabriquerez pas d'idoles en argent ou en or, pour adorer d'autres dieux à côté de moi. Vous me construirez un autel de terre, sur lequel vous m'offrirez vos moutons, vos chèvres et vos bœufs en sacrifices complets ou en sacrifices de communion. Et moi, je viendrai vous bénir en tout endroit où je manifesterai ma présence. Si vous me construisez un autel de pierres, ne le faites pas en pierres de taille, car en taillant les pierres au ciseau, vous les rendriez impropres à un usage sacré. Vous ne me construirez pas un autel auquel on accède par des marches, afin que l'on n'aperçoive pas d'en bas la nudité de celui qui y monterait.” » Le Seigneur ajouta: «Voici d'autres règles que tu exposeras aux Israélites: Quand vous achèterez un esclave hébreu, il sera esclave pour six ans; la septième année il pourra s'en aller librement sans rien devoir à personne. S'il était célibataire quand il est devenu esclave, il s'en ira seul; s'il était marié, sa femme s'en ira avec lui. Si c'est son maître qui lui donne une femme, et que celle-ci mette au monde des enfants, garçons ou filles, la femme et les enfants resteront propriété du maître, et l'homme s'en ira seul. Si par contre l'homme déclare aimer son maître, sa femme et ses enfants, et ne désire pas les quitter pour être libre, le maître en prendra Dieu à témoin; il placera l'homme contre la porte ou contre le montant de porte de sa maison, et là, il lui percera l'oreille au moyen d'un poinçon. Dès lors l'homme sera pour toujours à son service. «Quand un homme vendra sa fille comme esclave, celle-ci ne retrouvera pas sa liberté dans les mêmes conditions qu'un esclave mâle. Si son maître l'a achetée pour en faire une de ses femmes, puis s'en désintéresse, il doit laisser le père la racheter; il n'a pas le droit de la vendre à des étrangers: ce serait une trahison. S'il l'a achetée pour la donner à son fils, il la traitera selon le droit applicable aux filles. Si le maître prend une autre femme, il ne diminuera en rien ce qu'il doit à la première, en fait de nourriture, de vêtements ou de relations conjugales. S'il ne lui donne pas satisfaction dans ces trois domaines, elle pourra reprendre sa liberté sans rien devoir à personne.» «Celui qui frappe et tue un être humain doit être mis à mort. Toutefois s'il n'y a pas eu de guet-apens, s'il s'agit d'un accident que Dieu n'a pas empêché, l'auteur de l'accident pourra se réfugier dans un endroit que je vous indiquerai. Par contre, si dans un geste de haine un homme en tue un autre, par ruse, vous l'arrêterez pour le mettre à mort, même s'il s'est réfugié près de mon autel. «Celui qui frappe son père ou sa mère doit être mis à mort. «Celui qui enlève une personne doit être mis à mort, qu'il ait vendu sa victime ou qu'on la trouve encore chez lui. «Celui qui maudit son père ou sa mère doit être mis à mort.» «Supposons que, au cours d'une dispute, un homme en frappe un autre du poing ou avec une pierre, et que la victime ne meure pas mais doive seulement s'aliter; si elle peut de nouveau se lever et se promener dehors, avec une canne, celui qui a frappé ne sera pas condamné, à condition de dédommager la victime pour son temps d'immobilisation et de payer les frais de guérison. «Si quelqu'un, à coups de bâton, bat à mort son esclave, homme ou femme, il doit être puni. Toutefois si la victime survit un jour ou deux, il ne doit pas être puni, car elle était sa propriété. «Si, au cours d'une dispute entre hommes, une femme enceinte est heurtée et que cela provoque un accouchement prématuré, mais sans conséquence grave pour la femme, le coupable devra payer, après arbitrage, l'indemnité réclamée par le mari. Mais s'il en résulte une conséquence grave pour la femme, le coupable sera puni: vie pour vie, œil pour œil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied, brûlure pour brûlure, blessure pour blessure, coup pour coup. «Si quelqu'un frappe son esclave, homme ou femme, et lui crève un œil, il accordera la liberté à la victime, en compensation de son œil. S'il lui casse une dent, il lui accordera de même la liberté, en compensation de sa dent. «Si un taureau tue à coups de cornes un homme ou une femme, on le mettra à mort en lui jetant des pierres. On ne pourra pas en manger la viande. Quant au propriétaire, il ne sera pas tenu pour responsable. Toutefois si le taureau avait déjà l'habitude de donner des coups de cornes et que le propriétaire, averti, ne l'ait pas surveillé, si alors l'animal cause la mort de quelqu'un, il sera tué à coups de pierres, et son propriétaire aussi sera mis à mort. Si on admet que le propriétaire puisse verser une rançon pour sauver sa vie, il devra payer à titre de compensation la somme qu'on lui imposera. Si le taureau tue à coups de cornes un enfant, garçon ou fille, les mêmes mesures seront applicables. Si le taureau tue un esclave, homme ou femme, le propriétaire de l'animal devra verser trente pièces d'argent au maître de la victime, et le taureau sera tué à coups de pierres. «Si un homme ouvre ou creuse une citerne, néglige de la recouvrir, et qu'un bœuf ou un âne tombe dedans, le propriétaire de la citerne devra verser une compensation en argent au propriétaire de l'animal. Mais dans ce cas, le cadavre de l'animal lui reviendra. «Si le taureau de quelqu'un blesse à mort le taureau d'un autre homme, on vendra le taureau vivant, puis les deux propriétaires se partageront l'argent et l'animal mort. Toutefois si le taureau était déjà connu pour donner des coups de cornes et que le propriétaire ne l'ait pas surveillé, celui-ci devra remplacer le taureau mort par un vivant. Mais dans ce cas, le cadavre de l'animal lui reviendra en entier.» «Si un homme vole un bœuf, un mouton ou une chèvre, puis qu'il tue ou vende l'animal, il devra donner cinq bœufs, ou quatre moutons, ou quatre chèvres comme compensation au propriétaire. «Si un voleur est surpris la nuit en flagrant délit d'effraction et qu'il reçoive un coup mortel, on ne considérera pas cela comme un meurtre; mais si la chose arrive alors que le soleil est levé, c'est un meurtre. Si un voleur n'a pas les moyens d'indemniser sa victime, il sera vendu comme esclave. «Si une bête volée, bœuf, âne, mouton ou chèvre, est retrouvée vivante chez le voleur, il devra alors restituer cette bête-là plus une autre.» «Si un homme laisse son bétail brouter le champ ou la vigne d'un autre propriétaire, il devra donner comme compensation les produits de son meilleur champ ou de sa meilleure vigne. «Si un homme brûle des buissons épineux et que le feu s'étende à des gerbes de blé, à des épis mûrs ou même à du blé encore en herbe, en tant que responsable de l'incendie, il devra indemniser le propriétaire. «Si un homme reçoit en dépôt d'un autre de l'argent ou des objets de valeur, et qu'un voleur s'en empare dans sa maison, le voleur, s'il est retrouvé, devra rembourser le double. Si le voleur n'est pas retrouvé, l'homme qui a reçu le dépôt prendra Dieu à témoin et jurera qu'il ne s'est pas emparé lui-même des biens de l'autre. Dans toute affaire litigieuse concernant un bœuf, un âne, un mouton ou une chèvre, un manteau ou n'importe quel objet perdu, les deux personnes revendiquant la propriété de l'animal ou de l'objet devront se présenter devant Dieu: celle que Dieu déclarera coupable devra restituer le double à l'autre. «Supposons qu'un homme confie à la garde de son voisin un âne, un bœuf, un mouton, une chèvre ou toute autre bête, et que la bête meure, se blesse ou soit enlevée par des pillards sans que personne en soit témoin; le voisin devra alors prêter serment au nom du Seigneur et jurer qu'il ne s'est pas emparé lui-même du bien de l'autre. Le propriétaire de l'animal acceptera ce serment et le voisin n'aura pas de compensation à verser. Par contre, si le voisin s'est fait voler l'animal chez lui, il devra indemniser le propriétaire. Si l'animal a été tué par une bête sauvage, l'homme devra en apporter les restes comme preuve, et dès lors, il n'aura rien à rembourser. «Si un homme emprunte une bête à son voisin et que la bête se blesse ou meure en l'absence du propriétaire, l'emprunteur devra la rembourser. Par contre, si le propriétaire était présent, l'emprunteur n'aura rien à rembourser. Si la bête était prise en location, le prix de location sera considéré comme remboursement.» «Si un homme séduit une jeune fille qui n'est pas encore fiancée et qu'il couche avec elle, il devra l'épouser, en remettant au père le cadeau traditionnel. Si le père refuse de la lui accorder, le séducteur devra quand même lui verser l'équivalent en argent du cadeau traditionnel remis pour pouvoir épouser une jeune fille. «Vous ne devez pas laisser vivre une femme qui pratique la sorcellerie. «Celui qui s'accouple à un animal doit être mis à mort. «Celui qui offre des sacrifices à des dieux étrangers au lieu d'en offrir seulement au Seigneur doit être mis à mort. «Vous ne devez pas maltraiter ou exploiter les étrangers installés chez vous; rappelez-vous que vous étiez aussi des étrangers en Égypte. N'opprimez pas non plus les veuves et les orphelins. Si vous les opprimez, ils m'appelleront à leur secours, moi, le Seigneur, et je vous assure que j'entendrai leur appel. Je me mettrai en colère et je vous ferai mourir à la guerre; alors ce seront vos femmes qui deviendront veuves et vos enfants orphelins. «Si vous prêtez de l'argent à un compatriote pauvre, n'agissez pas comme les autres créanciers, ne lui réclamez pas d'intérêts. «Si vous prenez en gage le manteau de quelqu'un, rendez-le-lui avant le coucher du soleil, car il n'a que cela pour se couvrir et protéger son corps. S'il en est privé, dans quoi s'enveloppera-t-il pour se coucher? Il m'appellera au secours et je l'entendrai, car je suis un Dieu bienveillant. «Vous ne devez ni m'insulter, moi, votre Dieu, ni maudire le chef de votre peuple. «Vous devez m'apporter sans retard la part qui me revient de vos moissons et de vos vendanges. «Vous devez me consacrer l'aîné de vos fils. «En ce qui concerne le premier petit d'une vache, d'une brebis ou d'une chèvre, on doit le laisser pendant sept jours auprès de sa mère; le huitième jour, offrez-le-moi en sacrifice. «Vous devez m'appartenir sans restriction. Ne consommez donc pas la viande d'un animal qui a été déchiré par des bêtes sauvages; jetez-la aux chiens.» «Vous ne devez pas propager de faux bruits, ni porter un faux témoignage en faveur de malfaiteurs. Ne vous laissez pas entraîner par une majorité à faire ce qui est mal; dans un procès, ne témoignez pas sous l'influence de la majorité, si elle cherche à fausser le cours de la justice. Ne favorisez personne lors d'un procès, même pas un pauvre. «Si vous rencontrez le bœuf ou l'âne égaré de votre ennemi, ramenez-le-lui. Si vous apercevez son âne effondré sous la charge qu'il porte, ne passez pas outre; aidez plutôt votre ennemi à remettre la bête sur ses pattes. «Ne faussez pas le cours de la justice, même si c'est un indigent qui s'adresse à vous lors d'un procès. Ne prêtez pas l'oreille à des propos mensongers. Ne condamnez pas à mort un innocent ou un homme honnête, car moi, le Seigneur, je ne tiens pas pour innocent celui qui commet une telle injustice. Ne vous laissez pas corrompre par des cadeaux, car les cadeaux rendent aveugles même les plus clairvoyants et pervertissent les décisions des gens honnêtes. «N'opprimez pas les étrangers installés chez vous. Vous savez bien ce qu'ils peuvent éprouver, puisque vous avez été vous-mêmes des étrangers en Égypte.» «Pendant six années successives, vous pouvez ensemencer vos terres et en récolter les produits; mais la septième année, vous devez laisser le sol complètement en repos. Vos compatriotes pauvres y trouveront de quoi se nourrir, puis les animaux sauvages mangeront le reste. Vous agirez de même avec vos vignes et vos oliviers. «Vous avez six jours dans la semaine pour accomplir votre ouvrage, mais le septième jour, vous cesserez toute activité, afin que vos bœufs et vos ânes puissent se reposer, et que les serviteurs et les étrangers puissent reprendre haleine. «Observez scrupuleusement ce que moi, le Seigneur, je vous ai ordonné. Veillez particulièrement à ne jamais invoquer des dieux étrangers; qu'on ne vous entende même pas mentionner leurs noms.» «Chaque année vous devez célébrer trois fêtes en mon honneur. La première fête que vous célébrerez sera celle des pains sans levain: durant les sept jours fixés du mois d'Abib, vous mangerez du pain sans levain, comme je vous l'ai ordonné. C'est en effet au cours de ce mois-là que vous avez quitté l'Égypte. Vous ne viendrez pas à mon sanctuaire les mains vides. Vous célébrerez ensuite la fête des moissons, au moment où vous moissonnez les premiers produits des champs que vous cultivez. Et en automne, à la fin de l'année, vous célébrerez la fête de la récolte, lorsque vous aurez fini de récolter les produits de vos plantations. Chaque année, tous les hommes de votre peuple viendront donc se présenter trois fois devant moi, le Maître, le Seigneur. «Vous ne m'apporterez pas d'offrande contenant du levain pour accompagner des sacrifices d'animaux. Vous ne garderez pas la graisse des sacrifices du soir jusqu'au lendemain matin. Vous viendrez présenter les premiers produits de votre terre à mon sanctuaire, car je suis le Seigneur votre Dieu. Mais vous ne ferez pas cuire un chevreau dans le lait de sa mère.» «Je vais envoyer un ange qui vous précédera et vous protégera le long du chemin; il vous conduira dans le pays que je vous ai préparé. Prenez bien soin de lui obéir, de ne pas vous montrer insoumis; il ne supporterait pas votre révolte, car il agit en mon nom. Si vous lui obéissez fidèlement, si vous accomplissez scrupuleusement ce que je vous ordonne, moi le Seigneur, je serai l'ennemi de vos ennemis et l'adversaire de vos adversaires. «Lorsque mon ange vous précédera pour vous conduire chez les Amorites, les Hittites, les Perizites, les Cananéens, les Hivites et les Jébusites, je détruirai ces peuples. Mais vous ne devrez pas vous incliner devant leurs dieux pour les adorer, ni imiter leurs cérémonies. Au contraire vous détruirez les statues de ces dieux et vous briserez leurs pierres dressées; et c'est moi seul, le Seigneur votre Dieu, que vous adorerez. Alors je vous bénirai en vous accordant nourriture et boisson, et en vous préservant des maladies. Dans votre pays, il n'y aura plus de femme qui avorte ou qui souffre de stérilité, et je vous accorderai de vivre longtemps. «Voici ce que je provoquerai: à la nouvelle de votre approche, les nations seront terrifiées; tous les peuples chez qui vous pénétrerez seront mis en déroute et vos ennemis tourneront tous le dos pour s'enfuir. J'enverrai aussi devant vous des frelons qui mettront en fuite les Hivites, les Cananéens et les Hittites, avant même votre arrivée. Cependant je ne ferai pas fuir tous ces peuples devant vous la même année; s'il en était ainsi, le pays deviendrait un désert où les bêtes sauvages se multiplieraient à vos dépens. Je chasserai vos ennemis peu à peu, au fur et à mesure que vous deviendrez plus nombreux et que vous occuperez le pays. Finalement votre territoire s'étendra de la mer des Roseaux à la mer Méditerranée et du désert du Sinaï à l'Euphrate, car je livrerai en votre pouvoir les habitants de ces régions, afin que vous les chassiez. Vous ne conclurez aucune alliance avec eux ou avec leurs dieux. Vous ne leur permettrez pas de demeurer dans votre pays, afin qu'ils ne vous entraînent pas à commettre des fautes contre moi. En effet, si vous adoriez leurs dieux, vous seriez pris au piège de l'idolâtrie.» Le Seigneur dit à Moïse: «Monte vers moi sur la montagne avec Aaron, Nadab, Abihou et soixante-dix des anciens d'Israël. Lorsque vous serez encore à bonne distance, vous vous inclinerez jusqu'à terre. Ensuite, tu seras le seul à t'approcher de moi. Les autres ne s'approcheront pas et le peuple ne montera pas sur la montagne avec vous.» Moïse alla rapporter aux Israélites tout ce que le Seigneur lui avait dit et ordonné. Ils répondirent d'une seule voix: «Nous obéirons à tous les ordres du Seigneur.» Moïse écrivit tout ce que le Seigneur lui avait communiqué. Le lendemain, il se leva de bonne heure, construisit un autel au pied de la montagne et dressa douze pierres, une pour chaque tribu d'Israël. Il chargea des jeunes hommes israélites de présenter au Seigneur des sacrifices complets et de lui offrir des taureaux en sacrifices de communion. Il mit la moitié du sang des victimes dans des vases et répandit l'autre moitié sur l'autel. Il prit ensuite le livre de l'alliance et le lut à haute voix devant le peuple. Les Israélites déclarèrent: «Nous obéirons scrupuleusement à tous les ordres du Seigneur.» Moïse prit alors le sang des vases, en aspergea les Israélites et dit: «Ce sang confirme l'alliance que le Seigneur a conclue avec vous, en vous donnant tous ces commandements.» Après cela, Moïse monta sur la montagne avec Aaron, Nadab, Abihou et les soixante-dix anciens d'Israël. Ils virent le Dieu d'Israël. Sous ses pieds, il y avait une sorte de plate-forme de saphir, d'un bleu pur comme le ciel. Dieu ne fit aucun mal à ces notables israélites; ils purent le contempler, puis ils mangèrent et burent. Le Seigneur dit à Moïse: «Monte auprès de moi sur la montagne, et tiens-toi là. Je veux te donner les tablettes de pierre sur lesquelles j'ai écrit les commandements de la Loi, pour que tu les enseignes aux Israélites.» Moïse, accompagné de son serviteur Josué, monta sur la montagne de Dieu, après avoir dit aux anciens: «Attendez-nous ici jusqu'à notre retour. Aaron et Hour restent avec vous; si quelqu'un a un problème à régler, qu'il s'adresse à eux.» Pendant que Moïse gravissait la montagne, la fumée la recouvrit. Moïse pénétra dans la fumée, continua à monter et resta sur la montagne quarante jours et quarante nuits. Le Seigneur dit à Moïse: «Dis aux Israélites de recueillir pour moi une contribution: on la recueillera auprès de tous ceux qui l'offriront de bon cœur. Voici en quoi consisteront les dons: or, argent, bronze, laine teinte en violet, rouge ou cramoisi, lin fin, laine de chèvre, peaux de béliers teintes en rouge, cuir solide, bois d'acacia, huile d'éclairage, essences aromatiques pour l'huile d'onction et le parfum à brûler, pierres de cornaline, et autres pierres précieuses pour l'éfod et le pectoral du grand-prêtre. Les Israélites me confectionneront une tente sacrée pour que je puisse habiter au milieu d'eux. Vous fabriquerez la tente et tous les objets sacrés conformément au plan et aux modèles que je vais te montrer.» «On fabriquera un coffre, en bois d'acacia. Il mesurera cent vingt-cinq centimètres de long, soixante-quinze centimètres de large et soixante-quinze centimètres de haut. On le recouvrira d'or pur, à l'intérieur comme à l'extérieur, et on appliquera tout autour une bordure d'or. On façonnera quatre anneaux d'or que l'on fixera aux quatre angles du coffre, deux anneaux d'un côté, deux de l'autre. On taillera deux barres en bois d'acacia et on les recouvrira d'or. On les introduira dans les anneaux sur les côtés du coffre pour le transporter. Lorsqu'elles seront en place, on ne les retirera plus. Dans ce coffre tu déposeras le document de l'alliance que je te donnerai. «On fabriquera le couvercle du coffre, en or pur. Il aura cent vingt-cinq centimètres de long et soixante-quinze centimètres de large. On façonnera deux chérubins en or martelé, aux deux extrémités du couvercle. Ces deux chérubins feront corps avec le couvercle, à chacune de ses extrémités. Ils se feront face, le visage dirigé vers le couvercle qu'ils protégeront de leurs ailes déployées. On placera le couvercle sur le coffre, après avoir déposé à l'intérieur le document de l'alliance que je te donnerai. C'est là que je me manifesterai à toi, sur le couvercle du coffre, entre les deux chérubins; c'est de là que je te donnerai tous les ordres concernant les Israélites.» «On fabriquera une table en bois d'acacia. Elle mesurera un mètre de long, cinquante centimètres de large et soixante-quinze centimètres de haut. On la recouvrira d'or pur, et on appliquera tout autour une bordure d'or. On adaptera sur les quatre côtés un cadre de huit centimètres de large, auquel on appliquera aussi une bordure d'or. On façonnera quatre anneaux d'or que l'on fixera aux quatre angles, près des quatre pieds. Les anneaux seront proches du cadre; on y introduira des barres pour transporter la table. On taillera deux barres en bois d'acacia et on les recouvrira d'or; elles serviront à transporter la table. On façonnera la vaisselle nécessaire: plats, coupes, flacons, bols pour les offrandes de vin, le tout en or pur. C'est sur cette table qu'on placera les pains qui me sont offerts; il y en aura continuellement devant moi.» «On fabriquera un porte-lampes en or pur martelé; il sera d'une seule pièce, pied, branches, calices, renflements et fleurons. Six branches partiront de la tige centrale, trois de chaque côté. Sur chacune des six branches, il y aura trois calices en forme d'amande, avec les renflements et fleurons correspondants. Sur la tige centrale, il y aura quatre calices en forme d'amande, avec les renflements et fleurons correspondants. Sous chacune des trois paires de branches partant de la tige, il y aura aussi un renflement. Les renflements et les branches formeront une seule pièce avec le reste, et le tout sera en or pur martelé. On façonnera les sept lampes nécessaires et on les placera sur le porte-lampes de telle manière qu'elles éclairent en avant. Les accessoires tels que pincettes et cendriers seront aussi en or pur. Pour fabriquer le porte-lampes et ses accessoires, on utilisera trente kilos d'or pur. Toi, Moïse, tu veilleras à ce que le travail soit conforme au modèle que je te montre ici, sur la montagne.» «Pour la demeure sacrée, des artisans confectionneront dix bandes d'étoffe, en fils de lin résistants, mêlés de laine violette, rouge et cramoisie; elles seront ornées de chérubins brodés. Toutes les bandes auront les mêmes dimensions, quatorze mètres sur deux mètres. On assemblera d'abord cinq bandes côte à côte, puis on fera de même avec les cinq autres. On fixera des brides de laine violette sur le bord de la dernière bande du premier assemblage, et on en mettra aussi à la première bande du second assemblage. Il y aura cinquante de ces brides à l'extrémité de chaque assemblage, et les deux séries se correspondront. On façonnera cinquante crochets en or pour réunir les deux assemblages, de telle sorte que la tente forme un tout. «Puis on confectionnera onze bandes d'étoffe, en laine de chèvre, pour une seconde tente, destinée à protéger la demeure. Toutes les bandes auront les mêmes dimensions, quinze mètres sur deux mètres. On assemblera d'abord cinq bandes, puis on fera de même avec les six autres; la sixième bande se rabattra sur le devant de la tente. On fixera cinquante brides sur le bord de la dernière bande du premier assemblage, et on en mettra cinquante aussi au bord du second assemblage. On façonnera cinquante crochets en bronze, qu'on introduira dans les brides pour que la tente forme un tout. Dans le sens de la largeur des bandes, la moitié du surplus d'étoffe de la seconde tente se rabattra sur l'arrière de la demeure. Dans le sens de la longueur des bandes, le mètre supplémentaire d'étoffe sera réparti par moitié de chaque côté de la demeure. De cette façon, la demeure sera bien recouverte. Pour protéger la seconde tente, on utilisera des peaux de béliers teintes en rouge et une solide couverture de cuir, placées par-dessus. «On fabriquera des cadres en bois d'acacia, qu'on dressera pour soutenir la demeure. On fabriquera vingt cadres pour le côté sud de la demeure, et quarante socles en argent destinés à les porter: deux socles par cadre, correspondant aux deux tenons. Pour le côté nord de la demeure, on fera aussi vingt cadres avec quarante socles en argent, soit deux socles par cadre. Pour l'arrière de la demeure, à l'ouest, on fera six cadres, plus deux cadres spéciaux pour les angles du fond. Ces deux cadres auront un écartement normal à la base, mais les montants se rejoindront au sommet, près d'un anneau. Tous les deux seront semblables et serviront de cadres d'angle. L'arrière de la demeure comportera donc huit cadres et seize socles d'argent, soit deux socles par cadre. «On taillera des traverses en bois d'acacia: cinq pour tenir les cadres sur un côté de la demeure, cinq pour les cadres de l'autre côté, et cinq pour ceux de l'arrière, à l'ouest. La traverse centrale passera à mi-hauteur des cadres, d'une extrémité à l'autre de la demeure. On recouvrira d'or aussi bien les cadres que les traverses, et on façonnera des anneaux d'or dans lesquels passeront les traverses. Après quoi, Moïse, tu feras édifier la demeure sacrée, conformément au modèle que je t'ai montré ici, sur la montagne. «Des artisans confectionneront un rideau en fils de lin résistants, mêlés de laine violette, rouge et cramoisie; il sera orné de chérubins brodés. Il sera fixé, au moyen d'agrafes en or, à quatre colonnes en bois d'acacia recouvertes d'or et reposant sur quatre socles d'argent. Le rideau sera placé au-dessous des crochets. «C'est derrière ce rideau que l'on déposera le coffre contenant le document de l'alliance. Le rideau servira ainsi de séparation entre le “ lieu saint” et le “lieu très saint”. On posera ensuite le couvercle sur le coffre sacré, dans le “lieu très saint”. On placera la table dans le “lieu saint”, du côté nord de la demeure, et le porte-lampes en face de la table, du côté sud. «Pour l'entrée de la tente sacrée, des brodeurs confectionneront un autre rideau en fils de lin résistants, mêlés de laine violette, rouge et cramoisie. On taillera cinq colonnes en bois d'acacia, qu'on recouvrira d'or et auxquelles on fixera le rideau au moyen d'agrafes en or. On coulera cinq socles de bronze pour les colonnes.» «Pour les sacrifices, on fabriquera un autel en bois d'acacia. Il sera carré, il mesurera deux mètres et demi de côté, et aura un mètre et demi de haut. Les quatre angles supérieurs seront relevés, tout en faisant corps avec l'autel. On le recouvrira de bronze. On façonnera, en bronze, tous les ustensiles de l'autel: les récipients pour les cendres grasses, les pelles, les bols à aspersion, les fourchettes à viande et les cassolettes. On confectionnera un grillage en bronze avec un anneau de bronze à chacun des quatre angles. On fixera ce grillage autour de la moitié inférieure de l'autel, au-dessous d'une moulure. On taillera deux barres en bois d'acacia et on les recouvrira de bronze; on les introduira dans les anneaux, sur les côtés de l'autel, pour le transporter. Cet autel, fait de planches, sera vide à l'intérieur, conformément au modèle que je t'ai montré ici, sur la montagne.» «La demeure sacrée sera entourée d'une cour, limitée par des tentures en fils de lin résistants. Du côté sud, les tentures s'étendront sur une longueur de cinquante mètres; elles seront fixées, au moyen de crochets et de tringles en argent, à vingt colonnes de bronze reposant sur vingt socles de bronze. Du côté nord, les tentures s'étendront sur la même longueur et seront fixées de la même façon. Du côté ouest, dans le sens de la largeur de la cour, les tentures s'étendront sur vingt-cinq mètres et seront fixées à dix colonnes reposant sur dix socles. Du côté de l'entrée, à l'est, la cour aura également vingt-cinq mètres de large; A l'entrée de la cour on tendra un rideau de dix mètres; des brodeurs le confectionneront en fils de lin résistants, mêlés de laine violette, rouge et cramoisie, et on le fixera à quatre colonnes reposant sur quatre socles. Des tringles d'argent relieront toutes les colonnes qui délimitent la cour; les crochets seront également en argent, mais les socles seront en bronze. La cour aura donc cinquante mètres de long sur vingt-cinq mètres de large; la hauteur des tentures de lin sera de deux mètres et demi. Les socles des colonnes seront en bronze. On emploiera également du bronze pour tous les accessoires de la demeure, quel qu'en soit l'usage, ainsi que pour les piquets de la demeure elle-même et ceux de la clôture de la cour.» «Toi, Moïse, tu ordonneras aux Israélites de te fournir de l'huile d'olive de la meilleure qualité, afin que tous les soirs les lampes soient allumées. Aaron et ses fils placeront le porte-lampes dans la tente de la rencontre, devant le rideau qui cache le coffre de l'alliance; les lampes brûleront du soir au matin devant moi. Cette règle devra toujours être appliquée par les Israélites, de génération en génération.» «Moïse, fais venir auprès de toi ton frère Aaron et ses fils Nadab, Abihou, Élazar et Itamar. Tu les sépareras des autres Israélites pour qu'ils me servent en tant que prêtres. On confectionnera pour Aaron de majestueux vêtements sacrés. En vue de cela, tu donneras des instructions à tous les artisans que j'ai remplis d'habileté, et ils confectionneront les vêtements qu'Aaron portera lors de sa consécration, puis dans son ministère de prêtre. Ces vêtements comprendront le pectoral, l'éfod, la robe, la tunique brodée, le turban et la ceinture. Ton frère Aaron et ses fils les revêtiront pour exercer leur fonction. Les brodeurs utiliseront de la laine violette, rouge et cramoisie, du lin fin et des fils d'or.» «Des artisans confectionneront l'éfod, en fils de lin résistants, mêlés de laine violette, rouge et cramoisie, et le broderont de fils d'or. On portera l'éfod au moyen de deux bretelles, cousues sur ses bords. Les attaches de l'éfod, faites de fils semblables, seront d'une seule pièce avec lui. Puis on prendra deux pierres de cornaline, sur lesquelles on gravera les noms des fils de Jacob: six noms sur la première pierre et les six autres sur la seconde, dans l'ordre de leur naissance. C'est un ciseleur de pierres qui gravera les noms sur les deux pierres, comme on grave un cachet personnel, et qui les fixera ensuite dans deux montures en or. On placera les deux pierres sur les bretelles de l'éfod, pour symboliser les douze tribus d'Israël. Ainsi Aaron portera leurs noms sur ses épaules, dans le sanctuaire, et moi, le Seigneur, je ne vous oublierai pas. Les deux montures seront en or, et on y fixera deux chaînettes en or pur, façonnées comme des cordes tressées.» «Des artisans confectionneront le pectoral du jugement, en fils de lin résistants, mêlés de laine violette, rouge et cramoisie, et le broderont de fils d'or, comme l'éfod. Ce sera une poche carrée, de vingt-cinq centimètres de côté. On le décorera de quatre rangées de pierres précieuses: la première rangée comprendra un rubis, une topaze et une émeraude, la deuxième rangée un grenat, un saphir et un diamant, la troisième rangée une hyacinthe, une agate et une améthyste, et la quatrième rangée une chrysolithe, une cornaline et un jaspe. Chaque pierre sera fixée dans une monture en or. On gravera sur chaque pierre le nom d'un des douze fils de Jacob, comme on grave un cachet personnel; elles symboliseront les douze tribus d'Israël. «Pour le pectoral, on façonnera deux chaînettes en or pur, tressées comme des cordes, ainsi que deux anneaux d'or qu'on fixera aux angles supérieurs du pectoral. On attachera chacune des chaînettes à l'un des anneaux du pectoral; on fixera leur autre extrémité aux deux montures d'or placées sur les bretelles de l'éfod, de telle manière que le pectoral se trouve sur le devant. On façonnera deux autres anneaux d'or qu'on fixera aux angles inférieurs du pectoral, du côté qui touche l'éfod. On façonnera encore deux autres anneaux d'or qu'on fixera au bas des bretelles de l'éfod, devant, à l'endroit où elles sont cousues; ces anneaux seront placés par-dessus les attaches de l'éfod. On reliera les anneaux du pectoral à ceux de l'éfod au moyen d'un cordon violet, pour que le pectoral reste par-dessus les attaches de l'éfod et qu'il ne se déplace pas sur l'éfod. «Ainsi, lorsque Aaron entrera dans le sanctuaire, il portera sur sa poitrine le pectoral du jugement avec les noms des tribus d'Israël; de cette manière, moi, le Seigneur, je ne vous oublierai jamais. Toi, Moïse, tu déposeras dans le pectoral du jugement l'Ourim et le Toummim, afin qu'Aaron les ait sur sa poitrine lorsqu'il se présentera devant moi; en effet Aaron devra toujours les porter sur lui en de telles occasions, afin de pouvoir connaître ma volonté à l'égard des Israélites.» «La robe sur laquelle Aaron portera l'éfod sera entièrement confectionnée en laine violette. Pour passer la tête, il y aura en son centre une ouverture dont le bord sera tissé et renforcé, afin d'éviter toute déchirure. On décorera le bas de la robe, tout autour, de fruits du grenadier en laine violette, rouge et cramoisie; on y mettra aussi des clochettes en or. Les grenades alterneront avec les clochettes. Aaron portera cette robe pour accomplir ses fonctions de prêtre: quand il viendra se présenter devant moi dans le sanctuaire ou qu'il en sortira, on entendra le bruit des clochettes et il ne risquera donc pas de mourir. «On façonnera un bijou d'or pur, en forme de fleur, sur lequel on gravera l'inscription “Consacré au Seigneur” comme on grave un cachet personnel. On le fixera au moyen d'un cordon violet sur le devant du turban sacré. Aaron portera toujours ce bijou sur son front lorsqu'il se présentera devant moi, le Seigneur; grâce à cela, j'accepterai les offrandes que les Israélites me consacreront, même s'ils commettent des erreurs en me les apportant. «Pour Aaron, on tissera enfin la tunique de lin, et on confectionnera un turban de lin et une ceinture brodée. «Pour les fils d'Aaron également, on confectionnera de majestueux vêtements, tuniques, ceintures et tiares. «Toi, Moïse, tu revêtiras ton frère Aaron et ses fils de ces habits, tu verseras de l'huile sur leur tête et tu leur confieras leur charge; c'est de cette manière que tu les consacreras pour qu'ils me servent en tant que prêtres. Pour cacher leur nudité, on leur confectionnera des sous-vêtements de lin qui les couvriront des reins aux cuisses. Aaron et ses fils les porteront pour pénétrer dans la tente de la rencontre ou pour accéder à l'autel, lorsqu'ils accompliront leurs fonctions de prêtres au sanctuaire. De cette manière ils ne risqueront pas de mourir pour avoir montré leur nudité. Il s'agit là d'une loi valable en tout temps, pour Aaron et ses descendants.» «Voici comment tu procéderas pour consacrer Aaron et ses fils comme prêtres à mon service: «Tu choisiras un taureau et deux béliers sans défaut. Avec de la farine de blé, tu confectionneras des pains sans levain, des gâteaux à l'huile sans levain, et des galettes sans levain arrosées d'huile. Tu les placeras dans une corbeille que tu amèneras au sanctuaire, en même temps que le taureau et les deux béliers. «Tu conduiras Aaron et ses fils à l'entrée de la tente de la rencontre et tu leur feras prendre un bain rituel. Puis tu revêtiras Aaron de ses habits sacrés: tunique, robe, éfod et pectoral, et tu noueras les attaches de l'éfod. Tu poseras le turban sur sa tête et tu fixeras l'insigne sacré sur le turban. Tu prendras alors l'huile d'onction et tu en verseras sur sa tête pour le consacrer. Tu demanderas ensuite aux fils d'Aaron de s'approcher; tu les revêtiras de leurs tuniques, puis tu leur mettras leurs ceintures et leurs tiares. Dès lors ils seront prêtres pour toujours. «Et voici comment tu marqueras l'entrée en fonction d'Aaron et de ses fils: «On amènera le taureau devant la tente de la rencontre; Aaron et ses fils poseront la main sur sa tête. Tu égorgeras le taureau en ma présence, près de l'entrée de la tente. Tu prendras de son sang et tu en déposeras avec un doigt sur les angles de l'autel, puis tu verseras le reste du sang à la base de l'autel. Tu prendras toute la graisse qui recouvre les entrailles de l'animal, de même que le lobe du foie et les deux rognons avec la graisse qui y adhère, et tu brûleras le tout sur l'autel. Ce sera un sacrifice pour que les péchés des prêtres soient pardonnés. Le reste de l'animal, viande, peau et boyaux, sera jeté au feu hors du camp. «On amènera ensuite le premier bélier; Aaron et ses fils poseront la main sur sa tête. Tu égorgeras le bélier, tu recueilleras son sang et tu en aspergeras les côtés de l'autel. Tu découperas l'animal en morceaux; tu laveras les entrailles et les pattes, et tu les déposeras sur l'autel, par-dessus les morceaux et la tête. Tu brûleras alors tout l'animal pour me l'offrir en sacrifice complet: ce sera un sacrifice dont moi, le Seigneur, j'apprécierai la fumée odorante. «On amènera enfin le second bélier; Aaron et ses fils poseront la main sur sa tête. Tu égorgeras le bélier, tu prendras de son sang et tu en déposeras sur le lobe de l'oreille droite d'Aaron et de ses fils, de même que sur le pouce de leur main droite et de leur pied droit; ensuite tu aspergeras les parois de l'autel avec le reste du sang. Tu prendras un peu de sang sur l'autel et de l'huile d'onction, et tu en aspergeras Aaron et ses vêtements, puis ses fils et leurs vêtements; dès lors Aaron et ses fils seront consacrés, de même que leurs vêtements. L'offrande du second bélier marquera l'entrée en fonction des prêtres. Tu prendras la queue de cet animal, la graisse qui recouvre les entrailles, le lobe du foie, les deux rognons avec la graisse qui y adhère, et le gigot droit. Tu prélèveras dans la corbeille des pains sans levain déposée devant moi un pain rond, un gâteau à l'huile et une galette. Tu placeras le tout sur les mains d'Aaron et de ses fils, et tu leur diras de me l'offrir avec le geste rituel de présentation. Ensuite tu reprendras ces offrandes de leurs mains et tu les brûleras sur l'autel, par-dessus le sacrifice complet: c'est un sacrifice qui me sera offert, à moi, le Seigneur, et dont j'apprécierai la fumée odorante. Tu prendras la poitrine de ce second bélier et tu me la présenteras toi-même avec le geste rituel; après quoi, cette part du sacrifice te reviendra. «Tu déclareras que la poitrine et le gigot prélevés sur ce bélier et offerts avec le geste rituel sont des morceaux qui me sont réservés. C'est pourquoi les Israélites devront en tout temps prélever ces morceaux sur les animaux qu'ils m'offrent en sacrifices de communion, et les remettre à Aaron et à ses descendants. «Après la mort d'Aaron, ses vêtements sacrés seront transmis à ses descendants, qui les porteront le jour de leur consécration et de leur entrée en fonction. Le prêtre qui succédera à Aaron les portera pendant sept jours, lorsqu'il pénétrera dans la tente de la rencontre pour y accomplir son service dans le “ lieu saint”. «On prendra le second bélier, celui dont l'offrande marque l'entrée en fonction des prêtres, et on en cuira la viande dans un endroit réservé du sanctuaire. Aaron et ses fils la mangeront, avec les pains qui restent dans la corbeille, à l'entrée de la tente de la rencontre. Eux seuls pourront manger de ce qui aura été ainsi utilisé, dans les cérémonies de consécration et d'entrée en fonction, pour obtenir le pardon de Dieu. Personne d'autre n'aura le droit d'en manger, car ce sont des aliments consacrés. Si le lendemain matin, il y a des restes de viande ou de pain, on les brûlera; on ne devra plus en manger, car ce sont des aliments consacrés. «Tu agiras envers Aaron et ses fils en te conformant exactement aux instructions que je t'ai données. La cérémonie d'entrée en fonction durera sept jours. «Chaque jour tu offriras un taureau en sacrifice pour obtenir le pardon. Tu purifieras ainsi l'autel, puis tu verseras de l'huile dessus pour le consacrer. Cette cérémonie durera également sept jours. Après quoi l'autel sera strictement réservé à mon service, de sorte que toute personne ou tout objet qui entrerait en contact avec lui subirait des conséquences fâcheuses.» «Chaque jour, on offrira sur l'autel deux agneaux d'un an, à perpétuité. Le premier sera offert le matin, le second le soir. Dans l'avenir, on ne cessera jamais de m'offrir des sacrifices complets à l'entrée de la tente de la rencontre; c'est là en effet que je vous donnerai rendez-vous et que je te parlerai. «Je rencontrerai les Israélites à cet endroit, qui sera donc sanctifié par ma présence glorieuse. Je consacrerai moi-même la tente de la rencontre et l'autel, tout comme je consacrerai Aaron et ses fils pour qu'ils me servent en tant que prêtres. Je serai présent parmi les Israélites, je serai leur Dieu. Ils reconnaîtront alors que je suis le Seigneur leur Dieu, moi qui les ai fait sortir d'Égypte pour que je puisse habiter au milieu d'eux. «Je suis le Seigneur leur Dieu.» «Pour brûler le parfum, on fabriquera un autel en bois d'acacia. Il sera carré, il mesurera cinquante centimètres de côté et aura un mètre de haut. Ses angles supérieurs seront relevés, tout en faisant corps avec lui. On le recouvrira entièrement d'or pur, aussi bien le dessus avec ses angles relevés que les quatre parois, et on appliquera une bordure d'or tout autour. On façonnera deux anneaux d'or qu'on fixera de part et d'autre de l'autel, au-dessous de la bordure; on y introduira des barres pour le transporter. On taillera les deux barres en bois d'acacia et on les recouvrira d'or. On déposera cet autel devant le rideau qui cache le coffre du document de l'alliance, là où je te donnerai rendez-vous. Chaque matin, Aaron y fera brûler une offrande de parfum, au moment où il va nettoyer les lampes du sanctuaire; et, chaque soir, il en fera brûler au moment où il va allumer les lampes. On ne cessera jamais d'y brûler du parfum en mon honneur. On n'y offrira pas de parfum profane, ni de sacrifices complets, ni d'offrandes végétales; on ne versera pas d'offrande de vin sur cet autel. Une fois par an, Aaron le purifiera; il déposera sur ses angles relevés le sang de l'animal sacrifié pour obtenir le pardon des péchés. La cérémonie se renouvellera chaque année, de génération en génération. Cet autel me sera consacré et sera considéré comme strictement réservé à mon service.» Le Seigneur dit encore à Moïse: «Lorsque tu feras le recensement des Israélites, chacun d'eux me payera une taxe destinée à préserver sa vie, afin qu'aucun fléau ne vous atteigne pendant le dénombrement. Chaque homme astreint au recensement donnera une pièce de cinq grammes d'argent, selon la moitié de l'unité de poids en vigueur au sanctuaire. Cet argent sera prélevé en ma faveur sur tous les Israélites recensés, de vingt ans et plus. Un riche ne versera pas davantage, ni un pauvre moins que cinq grammes d'argent; chacun versera en ma faveur le montant indiqué, afin de préserver sa vie. Quand tu auras recueilli tout cet argent des mains des Israélites, tu l'utiliseras pour l'entretien de la tente de la rencontre. Je me souviendrai ainsi des Israélites et je protégerai leur vie.» Le Seigneur dit encore à Moïse: «Pour les purifications, on fabriquera un bassin de bronze, monté sur un support de bronze; on le placera entre la tente de la rencontre et l'autel, et on le remplira d'eau. Aaron et ses fils utiliseront cette eau pour se laver les mains et les pieds, avant d'entrer dans la tente de la rencontre ou de s'approcher de l'autel pour y accomplir leur service en m'y offrant un sacrifice. Ainsi ils ne perdront pas la vie. En effet, ils doivent se laver les mains et les pieds, afin de ne pas mourir. Cette règle est valable définitivement, pour eux et leurs descendants.» Le Seigneur dit encore à Moïse: «Procure-toi des parfums de première qualité: cinq kilos de myrrhe liquide, deux kilos et demi de cinnamome odorant, deux kilos et demi de cannelle odorante et cinq kilos de casse – selon l'unité de poids en vigueur au sanctuaire – ainsi que six litres d'huile d'olive. Un parfumeur les mélangera pour en faire l'huile d'onction utilisée lors des cérémonies de consécration. Tu t'en serviras pour consacrer la tente de la rencontre, le coffre du document de l'alliance, la table et le porte-lampes avec tous leurs accessoires, l'autel du parfum, l'autel des sacrifices avec ses accessoires, et le bassin avec son support. Lorsque tu les auras consacrés, ils seront strictement réservés à mon service, de sorte que toute personne ou tout objet qui entrerait en contact avec eux subirait des conséquences fâcheuses. Tu verseras de cette même huile d'onction sur Aaron et sur ses fils pour les consacrer, afin qu'ils me servent en tant que prêtres. «Après cela tu diras aux Israélites: “Voilà l'huile d'onction servant aux consécrations. En tout temps on l'emploiera exclusivement au service du Seigneur. Personne ne doit l'utiliser pour s'en frotter le corps, et personne ne doit fabriquer un mélange de même composition. Elle est réservée aux consécrations, et vous devez en respecter le caractère sacré. Si quelqu'un prépare un mélange semblable et en met sur le corps d'un laïc, il sera exclu de la communauté.” » Le Seigneur dit encore à Moïse: «Procure-toi des substances odorantes: storax, onyx et galbanum. Ajoutes-y une quantité égale d'encens pur. Un parfumeur les mélangera avec du sel, pour en faire un produit pur, réservé à mon service. On en réduira une partie en poudre fine, qu'on utilisera dans la tente de la rencontre, devant le coffre sacré, à l'endroit où je te donnerai rendez-vous. Vous respecterez le caractère strictement réservé de ce produit. On ne fabriquera pas de parfum de même composition, pour un usage profane. Vous le considérerez comme étant réservé exclusivement à mon usage. Si quelqu'un prépare un parfum semblable pour en respirer l'odeur, il sera exclu de la communauté.» Le Seigneur dit encore à Moïse: «Écoute, j'ai choisi Bessalel, fils d'Ouri et petit-fils de Hour, de la tribu de Juda, et je l'ai rempli de mon Esprit, pour le rendre très habile et intelligent. Il connaît toutes sortes de techniques: il sait élaborer des projets, travailler l'or, l'argent et le bronze, ciseler les pierres précieuses et les monter, sculpter le bois, en un mot, il sait tout faire. Je lui adjoins Oholiab, fils d'Ahissamak, de la tribu de Dan, et j'accorde également une grande habileté à d'autres artisans; ensemble ils réaliseront tout ce que je t'ai ordonné de faire: la tente de la rencontre, le coffre du document de l'alliance, le couvercle du coffre, tous les accessoires de la tente, la table et le porte-lampes d'or pur, avec tous leurs accessoires, l'autel du parfum, l'autel des sacrifices avec tous ses accessoires, le bassin avec son support, les vêtements d'apparat, les vêtements sacrés qu'Aaron et ses fils revêtiront pour exercer leur ministère, l'huile d'onction destinée aux consécrations, et le parfum sacré pour le sanctuaire. Pour exécuter tout cela, les artisans suivront exactement les instructions que je t'ai données.» Le Seigneur dit à Moïse de communiquer aux Israélites les prescriptions suivantes: «Vous devez absolument respecter les jours de sabbat; en effet le sabbat manifestera en tout temps la relation qui vous unit à moi; il vous rappellera que je suis le Seigneur et que vous m'appartenez en propre. Respectez-le donc, ne le considérez pas comme un jour ordinaire. Celui qui n'en respectera pas le caractère sacré et qui travaillera ce jour-là sera exclu de la communauté et mis à mort. Il y a six jours dans la semaine pour travailler; le septième jour est le sabbat, le jour de repos qui m'est consacré. Tout homme qui travaillera un jour de sabbat sera mis à mort. Les Israélites devront respecter pleinement le sabbat, de génération en génération, car il s'agit d'un accord valable à perpétuité. Ce jour sera à jamais un signe de la relation qui unit les Israélites à moi-même; en effet j'ai créé le ciel et la terre en six jours, mais le septième jour je me suis interrompu pour me reposer.» Lorsque Dieu eut terminé de s'entretenir avec Moïse sur le mont Sinaï, il lui remit les deux tablettes de pierre sur lesquelles il avait écrit lui-même les commandements. Lorsque les Israélites virent que Moïse tardait à redescendre de la montagne, ils se réunirent auprès d'Aaron et lui dirent: «Allons, fabrique-nous un dieu qui marche devant nous, car nous ne savons pas ce qui est arrivé à Moïse, l'homme qui nous a fait sortir d'Égypte.» Aaron leur répondit: «Prenez les boucles d'or qui ornent les oreilles de vos femmes, de vos fils et de vos filles, et apportez-les-moi.» Tous les Israélites ôtèrent leurs boucles d'oreilles en or et les remirent à Aaron. Celui-ci les prit, les fit fondre, versa l'or dans un moule et fabriqua une statue de veau. Alors les Israélites s'écrièrent: «Voici notre Dieu, qui nous a fait sortir d'Égypte!» Voyant cela, Aaron construisit un autel devant la statue; puis il proclama: «Demain, il y aura une fête en l'honneur du Seigneur!» Tôt le lendemain matin, le peuple offrit sur l'autel des sacrifices complets et des sacrifices de communion. Les gens s'assirent pour manger et boire, puis se levèrent pour se divertir. Alors le Seigneur dit à Moïse: «Redescends tout de suite, car ton peuple, que tu as fait sortir d'Égypte, a commis un grave péché. Ils se sont bien vite détournés du chemin que je leur avais indiqué: ils se sont fabriqué un veau en métal fondu, ils se sont inclinés devant lui et lui ont offert des sacrifices. Ils ont même déclaré: “Voici notre Dieu, qui nous a fait sortir d'Égypte!” Eh bien, j'ai vu ce que vaut ce peuple; ce sont tous des rebelles. Alors laisse-moi intervenir: dans ma colère je vais les exterminer, puis je ferai naître de toi une grande nation.» Mais Moïse supplia le Seigneur son Dieu de s'apaiser, en disant: «Seigneur, pourquoi déchaîner ta colère contre ton peuple, après avoir déployé ta force, ta puissance irrésistible pour le faire sortir d'Égypte? Si tu agis ainsi, les Égyptiens vont dire: “C'est par méchanceté que le Seigneur a fait sortir les Israélites de notre pays; c'était pour les massacrer dans la région des montagnes et les faire disparaître de la terre.” O Seigneur, apaise ta colère, renonce à faire du mal à ton peuple. Souviens-toi de tes serviteurs Abraham, Isaac et Jacob, auxquels tu as fait ce serment solennel: “Je rendrai vos descendants aussi nombreux que les étoiles. Je leur donnerai le pays que j'ai promis et ils le posséderont pour toujours.” » Alors le Seigneur renonça à faire à son peuple le mal dont il l'avait menacé. Moïse redescendit de la montagne. Il tenait les deux tablettes de pierre, gravées de chaque côté, où étaient inscrits les commandements de Dieu. Ces tablettes étaient l'œuvre de Dieu, écrites de la main même de Dieu. Lorsque Josué entendit les cris que poussait le peuple, il dit à Moïse: «On entend des bruits de bataille dans le camp.» – «Non, répondit Moïse. Ce ne sont ni des cris de victoire, ni des cris de défaite. Ce sont des chants de fête que j'entends.» Dès qu'ils arrivèrent près du camp, Moïse aperçut le veau et vit le peuple qui dansait. Rempli d'indignation, il jeta les tablettes de pierre qu'il tenait et les fracassa au pied de la montagne. Il s'empara de la statue qu'ils avaient faite et la jeta dans le feu. Puis il réduisit en poudre fine ce qui restait, et mit cette poudre dans de l'eau qu'il fit boire aux Israélites. Il demanda ensuite à Aaron: «Qu'est-ce que ce peuple t'a fait, pour que tu l'entraînes dans un si grave péché?» – «Je t'en prie, ne te mets pas en colère, répondit Aaron. Tu sais toi-même combien ce peuple est prompt à mal faire. Ils sont venus me dire: “Fabrique-nous un dieu qui nous conduise, car nous ne savons pas ce qui est arrivé à Moïse, l'homme qui nous a fait sortir d'Égypte”. Je leur ai alors demandé: “Qui de vous possède de l'or?” Ils ont aussitôt enlevé leurs bijoux et me les ont donnés. Je les ai fait fondre au feu, et voilà le veau qui en est sorti.» Moïse se rendit compte qu'Aaron avait laissé le peuple faire ce qu'il voulait, l'exposant ainsi aux moqueries de ses adversaires. Il alla se placer à l'entrée du camp et cria: «Ceux qui aiment le Seigneur, à moi!» Les membres de la tribu de Lévi se rassemblèrent autour de lui. Il leur dit: «Voici ce qu'ordonne le Seigneur, le Dieu d'Israël: “Que chacun de vous prenne son épée; passez et repassez d'un bout à l'autre du camp et tuez vos frères, vos amis, vos voisins.” » Les lévites obéirent à Moïse, si bien que trois mille Israélites environ moururent ce jour-là. Alors Moïse dit aux lévites: «Aujourd'hui, vous avez été consacrés au service du Seigneur, puisque vous n'avez pas hésité à tuer même vos fils ou vos frères. Que le Seigneur vous accorde donc sa bénédiction en ce jour.» Le lendemain, Moïse dit au peuple: «Vous avez commis un grave péché. Je vais maintenant remonter sur la montagne, vers le Seigneur. J'obtiendrai peut-être qu'il vous pardonne.» Ainsi Moïse retourna vers le Seigneur et lui dit: «Ah, Seigneur! Ce peuple a commis un grave péché, ils se sont fait un dieu en or. Pardonne-leur, je t'en supplie! Sinon, efface mon nom du livre de vie que tu as écrit.» – «Non, répondit le Seigneur, je n'effacerai de mon livre que les noms de ceux qui ont péché contre moi. Maintenant va, conduis le peuple à l'endroit que je t'ai indiqué; mon ange t'accompagnera. Pour ma part, j'interviendrai un jour et je les punirai de leur péché.» Le Seigneur punit donc les Israélites, parce qu'ils avaient demandé à Aaron de leur faire une statue de veau. Le Seigneur ordonna à Moïse: «En route, quittez ce lieu, toi et le peuple que tu as fait sortir d'Égypte, et allez dans le pays que j'ai juré à Abraham, à Isaac et à Jacob de donner à leurs descendants. J'enverrai mon ange pour vous guider; je chasserai les Cananéens, les Amorites, les Hittites, les Perizites, les Hivites et les Jébusites. Vous pourrez alors pénétrer dans ce pays, qui regorge de lait et de miel. Mais je ne vous accompagnerai pas moi-même; rebelles comme vous l'êtes, je risquerais de vous exterminer en chemin.» Lorsque le peuple entendit ce message menaçant, il s'en affligea. Plus personne n'osa porter ses parures; le Seigneur avait en effet ordonné à Moïse de dire aux Israélites de sa part: “Vous êtes tous des rebelles! Si je vous accompagnais un seul instant, je risquerais de vous exterminer. Dépouillez-vous donc de toutes vos parures, je verrai ensuite comment vous traiter.” Dès qu'ils quittèrent le mont Horeb, les Israélites cessèrent de porter leurs parures. Lorsqu'on établissait le camp, Moïse prenait la tente sacrée et la dressait à l'extérieur de celui-ci, à bonne distance. On l'appelait “la tente de la rencontre”. Tous ceux qui désiraient consulter le Seigneur sortaient du camp et se rendaient à cette tente. Lorsque c'était Moïse qui s'y rendait, tout le monde se levait, chacun se tenait à l'entrée de sa propre tente et regardait Moïse jusqu'à ce qu'il pénètre dans la tente sacrée. Après quoi la colonne de fumée descendait se placer à l'entrée de la tente, et le Seigneur s'entretenait avec Moïse. Dès que les Israélites voyaient la colonne, chacun d'eux s'inclinait respectueusement jusqu'à terre, à l'entrée de sa propre tente. Le Seigneur parlait avec Moïse, face à face, comme un homme parle avec un autre. Puis Moïse regagnait le camp, tandis que son jeune serviteur Josué, fils de Noun, demeurait dans la tente sacrée. Moïse dit au Seigneur: «Écoute, Seigneur! Tu m'as ordonné de conduire ce peuple, mais tu ne m'as pas indiqué qui tu veux envoyer pour m'aider. Pourtant tu m'as choisi spécialement et tu m'accordes ta faveur, c'est toi qui l'as affirmé. Eh bien, puisque j'ai ta faveur, fais-moi connaître tes intentions. Ainsi je te connaîtrai vraiment et je bénéficierai pleinement de ta faveur. N'oublie pas que ce peuple, c'est le tien.» Le Seigneur lui répondit: «Je viendrai en personne! Tu n'auras pas à t'inquiéter.» Moïse reprit: «Si tu renonçais à venir en personne avec nous, ne nous ordonne pas de partir d'ici. En effet, si tu ne nous accompagnes pas, comment pourra-t-on savoir que tu nous accordes ta faveur, à ton peuple et à moi? Seule ta présence peut nous distinguer des autres peuples de la terre.» Le Seigneur répondit à Moïse: «Je réaliserai cela même que tu viens de dire. Je t'accorde ma faveur, car c'est bien toi que j'ai choisi.» Moïse lui demanda: «Permets-moi de contempler ta gloire.» Le Seigneur dit alors: «Je vais passer devant toi en te montrant toute ma bonté et en proclamant mon nom: “Le Seigneur”. J'aurai pitié de qui je veux avoir pitié et j'aurai compassion de qui je veux avoir compassion. Cependant, ajouta-t-il, tu ne pourras pas me contempler de face, car aucun être humain ne peut me voir de face et rester en vie. Il y a ici, tout près de moi, un emplacement, un rocher, où tu te tiendras. Quand je passerai en manifestant ma gloire, je te cacherai dans un creux du rocher en te couvrant de ma main, jusqu'à ce que je sois passé. Ensuite, je retirerai ma main et tu pourras me voir de dos, puisque l'on ne doit pas me voir de face.» Le Seigneur donna cet ordre à Moïse: «Taille deux tablettes de pierre, semblables aux précédentes, que tu as fracassées; j'y inscrirai les commandements qui figuraient sur celles-ci. Sois prêt pour demain matin. A l'aube, tu monteras au sommet du mont Sinaï et tu m'y attendras. Que personne ne t'accompagne! Que personne non plus ne se montre ailleurs sur la montagne; que même aucun animal – mouton, chèvre ou vache – ne paisse à proximité!» Moïse tailla deux tablettes de pierre, semblables aux précédentes. Tôt le lendemain matin, il monta sur le Sinaï, conformément à l'ordre du Seigneur; il emportait les deux tablettes. Le Seigneur descendit dans la colonne de fumée et se tint là, à côté de Moïse. Il proclama son nom: «Le Seigneur». Puis il passa devant Moïse en proclamant encore: «Je suis le Seigneur! Je suis un Dieu compatissant et bienveillant, patient, d'une immense et fidèle bonté. Je manifeste ma bonté envers les hommes jusqu'à mille générations, en supportant les péchés, les désobéissances et les fautes; mais je ne tiens pas le coupable pour innocent, j'interviens contre celui qui a péché, contre ses enfants et ses descendants jusqu'à la troisième ou la quatrième génération.» En toute hâte, Moïse se jeta à terre pour adorer le Seigneur, puis il s'écria: «Seigneur, puisque tu m'accordes ta faveur, je t'en supplie, viens nous accompagner. Je sais bien que ces gens sont rebelles, mais pardonne nos péchés et nos fautes, et considère-nous comme ton peuple.» Le Seigneur déclara à Moïse: «Je vais conclure une alliance avec vous. En présence de tout ton peuple, je réaliserai des merveilles telles qu'on n'en a jamais vu de pareilles, nulle part sur terre, dans aucune nation; les Israélites qui t'entourent verront alors combien sont impressionnantes les œuvres que j'aurai accomplies par ton intermédiaire. «Observez soigneusement ce que je vous ordonne en ce jour, et moi je chasserai devant vous les Amorites, les Cananéens, les Hittites, les Perizites, les Hivites et les Jébusites. Vous vous garderez bien de conclure une alliance avec les habitants du pays dans lequel vous pénétrerez; ce serait un piège pour vous. Au contraire, vous démolirez leurs autels, vous briserez leurs pierres dressées et vous couperez leurs poteaux sacrés. Vous ne devez adorer aucun dieu étranger, car moi, le Seigneur, je m'appelle “L'Exigeant”, et j'exige d'être votre seul Dieu. Ne concluez donc aucune alliance avec les habitants de ce pays. Lorsqu'ils célèbrent leurs cultes idolâtriques, ils vous inviteraient à y participer et vous mangeriez de ce qu'ils offrent en sacrifice à leurs dieux. Vous prendriez parmi eux des femmes pour vos fils, et celles-ci les entraîneraient à leur tour dans leurs cultes idolâtriques. «Ne vous fabriquez pas de dieux en métal fondu. «Vous célébrerez la fête des pains sans levain: durant les sept jours fixés du mois d'Abib, vous mangerez du pain sans levain, comme je vous l'ai ordonné. C'est en effet au cours de ce mois-là que vous avez quitté l'Égypte. «Tout premier-né m'appartient, y compris ceux de vos bêtes; le premier-né mâle d'une vache, d'une brebis ou d'une chèvre doit m'être offert. Toutefois, s'il s'agit du premier petit d'une ânesse, vous le remplacerez par un agneau ou un chevreau, ou bien vous le tuerez en lui brisant la nuque. Quant aux garçons premiers-nés de votre peuple, vous les rachèterez. «Vous ne viendrez pas à mon sanctuaire les mains vides. «Vous avez six jours dans la semaine pour travailler, mais le septième jour vous cesserez toute activité, même au moment des labours ou des moissons. «Vous célébrerez la fête de la Pentecôte, au moment où vous moissonnez les premiers épis de blés; et en automne vous célébrerez la fête de la récolte. «Chaque année tous les hommes de votre peuple viendront donc se présenter trois fois devant moi, le Seigneur, le Dieu d'Israël. Je déposséderai des nations pour agrandir votre territoire, et personne ne tentera de s'emparer de votre pays pendant les trois périodes de l'année où vous vous rendrez à mon sanctuaire. «Vous ne m'apporterez pas d'offrande contenant du levain pour accompagner des sacrifices d'animaux. Vous ne garderez pas la viande du sacrifice de la Pâque du soir jusqu'au lendemain matin. Vous viendrez présenter les premiers produits de votre terre à mon sanctuaire, car je suis le Seigneur votre Dieu. Mais vous ne ferez pas cuire un chevreau dans le lait de sa mère.» Le Seigneur ordonna encore à Moïse: «Écris ces commandements, car ils constituent la base de l'alliance que je conclus avec toi et avec le peuple d'Israël.» Moïse resta là avec le Seigneur quarante jours et quarante nuits, sans rien manger ni boire. Il écrivit sur les tablettes de pierre les dix commandements, fondement de l'alliance. Moïse redescendit du mont Sinaï, en tenant les deux tablettes de pierre qui constituaient le document de l'alliance; il ignorait que la peau de son visage brillait à cause de son entretien avec Dieu. Quand Aaron et les Israélites virent l'éclat de son visage, ils eurent peur de s'approcher de lui. Moïse les appela; alors Aaron et les chefs de la communauté vinrent à lui et il leur parla. Ensuite, tous les autres Israélites s'approchèrent, et il leur communiqua les ordres que Dieu lui avait donnés sur le mont Sinaï. Quand Moïse eut fini de leur parler, il plaça un voile sur son visage. Dès lors, chaque fois qu'il devait se présenter devant le Seigneur pour s'entretenir avec lui, il ôtait le voile. Lorsqu'il se retirait et transmettait aux Israélites les ordres reçus, les Israélites pouvaient contempler l'éclat de son visage. Ensuite, Moïse remettait le voile sur son visage et le gardait jusqu'au moment où il retournait s'entretenir avec Dieu. Moïse rassembla toute la communauté d'Israël et leur dit: «Voici les commandements que le Seigneur a ordonné de mettre en pratique: “Il y a six jours dans la semaine pour travailler; le septième jour est le sabbat, le jour du repos, que vous devez consacrer au Seigneur. Tout homme qui travaillera ce jour-là sera mis à mort. Où que vous habitiez, vous ne devrez même pas allumer un feu le jour du sabbat.” » Moïse continua de transmettre à la communauté d'Israël les ordres du Seigneur: «Recueillez parmi vous une contribution pour le Seigneur; tous ceux qui le feront de bon cœur apporteront au Seigneur des dons de toutes sortes: or, argent, bronze, laine teinte en violet, rouge ou cramoisi, lin fin, laine de chèvre, peaux de béliers teintes en rouge, cuir solide, bois d'acacia, huile d'éclairage, essences aromatiques pour l'huile d'onction et le parfum à brûler, pierres de cornaline et autres pierres précieuses pour l'éfod et le pectoral du grand-prêtre. Tous les artisans habiles parmi vous se réuniront pour réaliser ce que le Seigneur a ordonné de faire: la demeure sacrée avec la tente et la couverture qui la protégeront, les crochets, les cadres, les traverses, les colonnes avec leurs socles; le coffre sacré avec ses barres et son couvercle; le rideau de séparation; la table sacrée avec ses barres, ses accessoires et les pains offerts à Dieu; le porte-lampes avec ses accessoires, ses lampes et l'huile d'éclairage; l'autel du parfum avec ses barres, l'huile d'onction, le parfum à brûler, le rideau pour l'entrée de la demeure; l'autel des sacrifices avec son grillage de bronze, ses barres et tous ses accessoires; le bassin pour les purifications avec son support; les tentures de la cour avec leurs colonnes et leurs socles, le rideau pour l'entrée de la cour; les piquets de la demeure et ceux de la clôture de la cour avec les cordes correspondantes; les vêtements d'apparat destinés au service dans le sanctuaire et les vêtements sacrés qu'Aaron et ses fils revêtiront pour exercer leur ministère.» Les Israélites quittèrent Moïse. Ensuite tous les gens au cœur et à l'esprit généreux vinrent apporter au Seigneur leur contribution pour l'édification de la tente de la rencontre, pour la célébration du culte et pour la confection des vêtements sacrés. Les hommes et les femmes généreux vinrent avec toutes sortes de bijoux d'or, broches, boucles, anneaux ou colliers, et ils les offrirent au Seigneur avec le geste rituel de présentation. Ceux qui possédaient de la laine violette, rouge ou cramoisie, du lin fin, de la laine de chèvre, des peaux de béliers teintes en rouge ou du cuir solide, les apportèrent. Ceux qui avaient mis de côté pour le Seigneur de l'argent ou du bronze l'apportèrent; ceux qui possédaient du bois d'acacia utilisable pour la réalisation des travaux l'apportèrent. Des femmes habiles apportèrent du lin fin et de la laine violette, rouge ou cramoisie qu'elles avaient filés de leurs propres mains. D'autres femmes habiles et qui avaient du goût pour cela filèrent de la laine de chèvre. Les chefs de la communauté apportèrent les pierres de cornaline et les autres pierres précieuses pour l'éfod et le pectoral du grand-prêtre, ainsi que les essences aromatiques et l'huile, pour les lampes, pour l'huile d'onction et pour le parfum à brûler. Tous les Israélites au cœur généreux, hommes ou femmes, apportèrent ainsi leur contribution volontaire au Seigneur, pour la réalisation des travaux que le Seigneur avait ordonnés à Moïse. Moïse dit aux Israélites: «Voyez, le Seigneur a choisi Bessalel, fils d'Ouri et petit-fils de Hour, de la tribu de Juda, et il l'a rempli de son Esprit pour le rendre très habile et intelligent. Bessalel connaît toutes sortes de techniques: il sait élaborer des projets, travailler l'or, l'argent et le bronze, ciseler les pierres précieuses et les monter, sculpter le bois, en un mot, il peut réaliser n'importe quel objet. Le Seigneur lui a aussi accordé, de même qu'à Oholiab, fils d'Ahissamak, de la tribu de Dan, le don d'enseigner ces techniques. Il leur a donné le talent d'exécuter tous les travaux du ciseleur de pierres précieuses, du dessinateur, du brodeur de laine violette, rouge ou cramoisie, du brodeur de lin, du tisseur, et de tout autre spécialiste ou artisan inventif. «Bessalel, Oholiab et les autres artisans à qui le Seigneur a accordé l'habileté et l'intelligence nécessaires pour exécuter les travaux, fabriqueront tout ce qui servira au culte dans le sanctuaire, conformément aux ordres du Seigneur.» Moïse convoqua Bessalel, Oholiab et les autres artisans à qui le Seigneur avait accordé une grande habileté et qui étaient disposés à exécuter les travaux. Moïse leur confia les contributions apportées par les Israélites pour la construction du sanctuaire. Cependant chaque matin, des gens continuaient de présenter à Moïse des dons volontaires. Alors tous les artisans engagés dans la construction du sanctuaire interrompirent leur travail pour aller dire à Moïse: “Les gens ont apporté plus de matériaux qu'il n'en faut pour fabriquer ce que le Seigneur a commandé.” Aussitôt Moïse donna l'ordre de proclamer à travers tout le camp: “Que plus personne, ni homme ni femme, ne prépare de dons pour le sanctuaire!” On cessa donc d'apporter des dons, puisque les contributions reçues étaient suffisantes pour les travaux à accomplir. Il y avait même des surplus. Les artisans les plus compétents fabriquèrent la demeure sacrée: ils confectionnèrent dix bandes d'étoffe, en fils de lin résistants, mêlés de laine violette, rouge et cramoisie; elles étaient ornées de chérubins brodés. Toutes les bandes avaient les mêmes dimensions, quatorze mètres sur deux mètres. Ils assemblèrent d'abord cinq bandes côte à côte, puis ils firent de même avec les cinq autres. Ils fixèrent des brides de laine violette sur le bord de la dernière bande du premier assemblage, et ils en mirent aussi à la première bande du second assemblage. Il y avait cinquante de ces brides à l'extrémité de chaque assemblage, et les deux séries se correspondaient. Ils façonnèrent cinquante crochets en or pour réunir les deux assemblages, de telle sorte que la tente forme un tout. Puis ils confectionnèrent onze bandes d'étoffe, en laine de chèvre, pour une seconde tente, destinée à protéger la demeure. Toutes les bandes avaient les mêmes dimensions, quinze mètres sur deux mètres. Ils assemblèrent d'abord cinq bandes, puis firent de même avec les six autres. Ils fixèrent cinquante brides sur le bord de la dernière bande du premier assemblage, et ils en mirent cinquante aussi sur le bord du second assemblage. Ils façonnèrent cinquante crochets en bronze et réunirent les deux assemblages pour que la tente forme un tout. Pour protéger la seconde tente, ils utilisèrent des peaux de béliers teintes en rouge et une solide couverture de cuir, placées par-dessus. Ils fabriquèrent des cadres en bois d'acacia, qu'ils dressèrent pour soutenir la demeure. Ils fabriquèrent vingt cadres pour le côté sud de la demeure, et quarante socles en argent destinés à les porter: deux socles par cadre, correspondant aux deux tenons. Pour le côté nord de la demeure, ils firent aussi vingt cadres avec quarante socles en argent, soit deux socles par cadre. Pour l'arrière de la demeure, à l'ouest, ils firent six cadres, plus deux cadres spéciaux pour les angles du fond. Ces deux cadres avaient un écartement normal à la base, mais les montants se rejoignaient au sommet, près d'un anneau. Ils les firent tous les deux semblables, pour servir de cadres d'angle. L'arrière de la demeure comportait donc huit cadres et seize socles d'argent, soit deux socles par cadre. Ils taillèrent des traverses en bois d'acacia: cinq pour tenir les cadres sur un côté de la demeure, cinq pour les cadres de l'autre côté et cinq pour ceux de l'arrière, à l'ouest. La traverse centrale qu'ils firent, passait à mi-hauteur des cadres, d'une extrémité à l'autre de la demeure. Ils recouvrirent d'or aussi bien les cadres que les traverses, et façonnèrent des anneaux d'or dans lesquels passaient les traverses. Des artisans confectionnèrent un rideau en fils de lin résistants, mêlés de laine violette, rouge et cramoisie; il était orné de chérubins brodés. Ils taillèrent quatre colonnes en bois d'acacia qu'ils recouvrirent d'or et sur lesquelles on pouvait fixer le rideau au moyen d'agrafes en or. Ils coulèrent quatre socles d'argent pour les colonnes. Pour l'entrée de la tente sacrée, des brodeurs confectionnèrent un autre rideau en fils de lin résistants, mêlés de laine violette, rouge et cramoisie; on fabriqua en outre les cinq colonnes nécessaires pour porter le rideau, les agrafes pour le fixer, les chapiteaux et les tringles recouverts d'or et les cinq socles de bronze. Bessalel fabriqua le coffre sacré, en bois d'acacia. Il mesurait cent vingt-cinq centimètres de long, soixante-quinze centimètres de large et soixante-quinze centimètres de haut. Bessalel le recouvrit d'or pur, à l'intérieur comme à l'extérieur, et appliqua tout autour une bordure d'or. Il façonna quatre anneaux d'or qu'il fixa aux quatre angles du coffre, deux anneaux d'un côté, deux de l'autre. Il tailla deux barres en bois d'acacia et les recouvrit d'or. On les introduisait dans les anneaux sur les côtés du coffre pour le transporter. Il fabriqua le couvercle du coffre, en or pur. Ce couvercle avait cent vingt-cinq centimètres de long et soixante-quinze centimètres de large. Il façonna deux chérubins en or martelé, aux deux extrémités du couvercle. Ces deux chérubins faisaient corps avec le couvercle, à chacune de ses extrémités. Ils se faisaient face, le visage dirigé vers le couvercle, qu'ils protégeaient de leurs ailes déployées. On fabriqua la table en bois d'acacia. Elle mesurait un mètre de long, cinquante centimètres de large et soixante-quinze centimètres de haut. On la recouvrit d'or pur et on appliqua tout autour une bordure d'or. On adapta sur les quatre côtés un cadre de huit centimètres de large, auquel on appliqua aussi une bordure d'or. On façonna quatre anneaux d'or qu'on fixa aux quatre angles, près des quatre pieds. Les anneaux étaient proches du cadre; on y introduisait des barres pour transporter la table. On tailla deux barres en bois d'acacia et on les recouvrit d'or; elles servaient à transporter la table. On façonna la vaisselle qu'on dépose sur la table: plats, coupes, bols, flacons pour les offrandes de vin, le tout en or pur. On fabriqua le porte-lampes en or pur martelé; il était d'une seule pièce, pied, branches, calices, renflements et fleurons. Six branches partaient de la tige centrale, trois de chaque côté. Sur chacune des six branches, il y avait trois calices en forme d'amande, avec les renflements et fleurons correspondants. Sur la tige centrale, il y avait quatre calices en forme d'amande, avec les renflements et fleurons correspondants. Sous chacune des trois paires de branches partant de la tige, il y avait aussi un renflement. Les renflements et les branches formaient une seule pièce avec le reste, et le tout était en or pur martelé. On façonna les sept lampes nécessaires ainsi que les accessoires tels que pincettes et cendriers en or pur. Pour fabriquer le porte-lampes et ses accessoires, on utilisa trente kilos d'or pur. Pour brûler le parfum sacré, on fabriqua un autel en bois d'acacia. Il était carré, il mesurait cinquante centimètres de côté et avait un mètre de haut. Ses angles supérieurs étaient relevés, tout en faisant corps avec lui. On le recouvrit entièrement d'or pur, aussi bien le dessus avec ses angles relevés que les quatre parois, et on appliqua une bordure d'or tout autour. On façonna deux anneaux d'or qu'on fixa de part et d'autre de l'autel, au-dessous de la bordure; on y introduisait des barres pour le transporter. On tailla les deux barres en bois d'acacia et on les recouvrit d'or. Un parfumeur prépara l'huile d'onction utilisée lors des cérémonies de consécration, de même que le parfum sacré à brûler sur l'autel. Pour les sacrifices, on fabriqua un autel en bois d'acacia. Il était carré, il mesurait deux mètres et demi de côté et avait un mètre et demi de haut. Les quatre angles supérieurs étaient relevés, tout en faisant corps avec l'autel. On le recouvrit de bronze. On façonna, en bronze, tous les ustensiles de l'autel: les récipients pour les cendres, les pelles, les bols à aspersion, les fourchettes à viande et les cassolettes. On confectionna un grillage de bronze qu'on fixa autour de la moitié inférieure de l'autel, au-dessous d'une moulure. On façonna quatre anneaux à fixer aux quatre angles du grillage de bronze, pour y faire passer des barres. On tailla deux barres en bois d'acacia et on les recouvrit de bronze; on les introduisait dans les anneaux, sur les côtés de l'autel, pour le transporter. Cet autel, fait de planches, était vide à l'intérieur. On fabriqua le bassin de bronze, monté sur un support de bronze; on utilisa pour cela les miroirs de bronze des femmes qui étaient de service à l'entrée de la tente de la rencontre. La demeure sacrée était entourée d'une cour, limitée par des tentures en fils de lin résistants. Du côté sud, les tentures s'étendaient sur une longueur de cinquante mètres; elles étaient fixées, au moyen de crochets et de tringles en argent, à vingt colonnes de bronze reposant sur vingt socles de bronze. Du côté nord, les tentures s'étendaient sur la même longueur et étaient fixées de la même façon. Du côté ouest, les tentures s'étendaient sur vingt-cinq mètres et étaient fixées de la même façon à dix colonnes reposant sur dix socles. Du côté de l'entrée, à l'est, la cour avait également vingt-cinq mètres de large; Toutes les tentures entourant la cour étaient en solide étoffe de lin. Les socles des colonnes étaient en bronze, les crochets et les tringles en argent; les chapiteaux des colonnes étaient recouverts d'argent; toutes les colonnes étaient reliées par des tringles d'argent. Des brodeurs avaient confectionné le rideau pour l'entrée de la cour, en fils de lin résistants, mêlés de laine violette, rouge et cramoisie; ce rideau mesurait dix mètres de long et avait deux mètres et demi de haut, comme les tentures de la cour. Il était fixé à quatre colonnes reposant sur quatre socles de bronze; les crochets étaient en argent, de même que le revêtement des chapiteaux et les tringles. Tous les piquets de la demeure et de la clôture de la cour étaient en bronze. Voici quelles furent les quantités de métaux utilisés pour la demeure sacrée qui devait abriter le document de l'alliance. Selon l'ordre de Moïse, le compte en fut établi par les lévites sous la direction d'Itamar, fils du prêtre Aaron. Bessalel, fils d'Ouri et petit-fils de Hour, de la tribu de Juda, avait exécuté tout ce que le Seigneur avait ordonné à Moïse; il avait été aidé par Oholiab, fils d'Ahissamak, de la tribu de Dan, ciseleur, dessinateur, brodeur de laine violette, rouge et cramoisie, et brodeur de lin. Total de l'or qui provenait de la contribution des Israélites et fut utilisé dans la construction du sanctuaire: 877 kilos et 300 grammes, selon l'unité de poids en vigueur au sanctuaire. Total de l'argent versé lors du recensement de la communauté: 3 017 kilos et 750 grammes, selon l'unité de poids du sanctuaire. Cette quantité correspond au versement de cinq grammes d'argent par chacun des 603 550 hommes de vingt ans et plus, soumis au recensement. On utilisa 3 000 kilos d'argent pour couler les cent socles de colonnes du sanctuaire et du rideau intérieur, soit 30 kilos par socle. Avec les 17 kilos et 750 grammes restants, on fit les crochets des colonnes, les revêtements des chapiteaux et les tringles reliant les colonnes. Total du bronze provenant de la contribution des Israélites: 2 124 kilos. On l'utilisa pour faire les socles à l'entrée de la tente de la rencontre, l'autel de bronze avec son grillage de bronze, tous les ustensiles de l'autel, les socles de la clôture et de l'entrée de la cour, ainsi que les piquets de la demeure et de la clôture de la cour. Avec de la laine violette, rouge et cramoisie, on confectionna les vêtements d'apparat destinés au service dans le sanctuaire, ainsi que les vêtements sacrés d'Aaron, comme le Seigneur l'avait ordonné à Moïse. On confectionna l'éfod, en fils de lin résistants, mêlés de laine violette, rouge et cramoisie, et on le broda de fils d'or. On avait découpé dans des feuilles d'or martelé de fines bandes que des brodeurs mêlaient à la laine violette, rouge ou cramoisie, et aux fils de lin. On portait l'éfod au moyen de deux bretelles, cousues sur ses bords. Les attaches de l'éfod, faites de fils semblables, étaient d'une seule pièce avec lui, comme le Seigneur l'avait ordonné à Moïse. On prépara les deux pierres de cornaline fixées dans des montures en or; on y avait gravé les noms des fils de Jacob, comme on grave un cachet personnel. On les plaça sur les bretelles de l'éfod, pour symboliser les douze tribus d'Israël, comme le Seigneur l'avait ordonné à Moïse. Des artisans confectionnèrent le pectoral, en fils de lin résistants, mêlés de laine violette, rouge et cramoisie, et le brodèrent de fils d'or, comme l'éfod. C'était une poche carrée, de vingt-cinq centimètres de côté. On le décora de quatre rangées de pierres précieuses: la première rangée comprenait un rubis, une topaze et une émeraude, la deuxième rangée un grenat, un saphir et un diamant, la troisième rangée une hyacinthe, une agate et une améthyste, et la quatrième rangée une chrysolithe, une cornaline et un jaspe. Chaque pierre était fixée dans une monture en or. On avait gravé sur chaque pierre le nom d'un des douze fils de Jacob, comme on grave un cachet personnel; elles symbolisaient les douze tribus d'Israël. Pour le pectoral, on façonna deux chaînettes en or pur, tressées comme des cordes, deux montures en or et deux anneaux d'or qu'on fixa aux angles supérieurs du pectoral. On attacha chacune des chaînettes à l'un des anneaux du pectoral; on fixa leur autre extrémité aux deux montures d'or placées sur les bretelles de l'éfod, de telle manière que le pectoral se trouve sur le devant. On façonna deux autres anneaux d'or qu'on fixa aux angles inférieurs du pectoral, du côté qui touche l'éfod. On façonna encore deux autres anneaux d'or qu'on fixa au bas des bretelles de l'éfod, devant, à l'endroit où elles sont cousues; ces anneaux étaient placés par-dessus les attaches de l'éfod. On relia les anneaux du pectoral à ceux de l'éfod au moyen d'un cordon violet, pour que le pectoral reste par-dessus les attaches de l'éfod et qu'il ne se déplace pas sur l'éfod, comme le Seigneur l'avait ordonné à Moïse. La robe sur laquelle Aaron porte l'éfod fut entièrement tissée en laine violette. Pour passer la tête, il y avait en son centre une ouverture dont le bord était tissé et renforcé, afin d'éviter toute déchirure. On décora le bas de la robe, tout autour, de fruits du grenadier en laine violette, rouge et cramoisie, et en fils de lin résistants. On façonna des clochettes en or pur, qu'on plaça également au bas de la robe, tout autour, entre les grenades. Les grenades alternaient avec les clochettes, au bas de cette robe de cérémonie, comme le Seigneur l'avait ordonné à Moïse. On tissa encore les tuniques de lin, pour Aaron et ses fils, de même que le turban de lin, les étoffes de lin pour les tiares, les sous-vêtements de lin et la ceinture brodée, en fils de lin résistants, mêlés de laine violette, rouge et cramoisie, comme le Seigneur l'avait ordonné à Moïse. On façonna enfin l'insigne sacré, le bijou d'or pur, en forme de fleur, sur lequel on grava l'inscription “Consacré au Seigneur” comme on grave un cachet personnel. On le fixa au moyen d'un cordon violet au haut du turban sacré, comme le Seigneur l'avait ordonné à Moïse. Ainsi furent achevés les travaux concernant la tente de la rencontre, la demeure sacrée. Les Israélites avaient accompli exactement ce que le Seigneur avait ordonné à Moïse. Les Israélites apportèrent à Moïse tous les éléments de la demeure: – la tente avec ses accessoires: crochets, cadres, traverses, colonnes et socles; – la couverture en peaux de béliers teintes en rouge, la couverture de cuir et le rideau de séparation; – le coffre du document de l'alliance, avec ses barres et son couvercle; – la table sacrée avec ses accessoires et les pains offerts à Dieu; – le porte-lampes en or pur, avec sa série de lampes, ses accessoires, et l'huile d'éclairage; – l'autel d'or, l'huile d'onction, le parfum à brûler; – le rideau pour l'entrée de la tente; – l'autel de bronze avec son grillage de bronze, ses barres et ses accessoires; – le bassin pour les purifications, avec son support; – les tentures de la cour, avec leurs colonnes et leurs socles, ainsi que le rideau pour l'entrée de la cour, avec ses cordes et ses piquets; – tous les objets devant être utilisés dans le service de la tente de la rencontre, la demeure sacrée; – les vêtements d'apparat destinés au service dans le sanctuaire; – les vêtements sacrés du grand-prêtre Aaron et les vêtements que ses fils devaient porter pour exercer leur ministère. Les Israélites avaient exécuté tout ce travail conformément aux ordres que le Seigneur avait donnés à Moïse. Lorsque Moïse vit que tout avait été fait selon les ordres du Seigneur, il bénit les Israélites. Le Seigneur dit à Moïse: «Le premier jour du premier mois, tu feras dresser la tente de la rencontre, la demeure sacrée. On y déposera le coffre contenant le document de l'alliance, derrière le rideau de séparation, à l'abri des regards. On apportera la table sacrée et on y arrangera les pains qui me sont offerts; on apportera le porte-lampes et on en allumera les lampes; on placera l'autel d'or pour le parfum devant le coffre de l'alliance; on fixera le rideau d'entrée de la demeure. On installera l'autel des sacrifices devant l'entrée de la tente; on placera le bassin des purifications entre la tente et l'autel, et on le remplira d'eau. On dressera les tentures de la cour tout autour du sanctuaire, et on mettra le rideau à l'entrée de la cour. «Tu prendras l'huile d'onction et tu en verseras sur la demeure et tout ce qu'elle contient; tu la consacreras ainsi avec tous ses accessoires. Dès lors elle sera vraiment à moi. Tu verseras aussi de l'huile sur l'autel des sacrifices et tous ses accessoires; tu le consacreras ainsi, afin qu'il soit strictement réservé à mon service. Avec de l'huile également, tu consacreras le bassin et son support. «Tu conduiras Aaron et ses fils à l'entrée de la tente de la rencontre et tu leur feras prendre un bain rituel. Puis tu revêtiras Aaron de ses habits sacrés, et tu verseras de l'huile sur lui pour le consacrer comme prêtre à mon service. Tu diras aux fils d'Aaron de s'approcher et tu les revêtiras de leurs tuniques; tu les consacreras avec de l'huile, tout comme leur père, pour qu'ils me servent en tant que prêtres. Par cette onction d'huile, ils seront, eux et leurs descendants, consacrés pour toujours comme prêtres.» Moïse exécuta scrupuleusement les ordres du Seigneur: le premier jour du premier mois, une année après le départ d'Égypte, on édifia le sanctuaire. Moïse fit dresser la demeure: on mit en place les socles, les cadres et les traverses, de même que les colonnes. On déploya les toiles de tente sur la demeure, puis on plaça la couverture protectrice par-dessus, comme le Seigneur l'avait ordonné à Moïse. Moïse prit les tablettes de pierre des dix commandements et les déposa dans le coffre; on mit en place les barres du coffre et on recouvrit celui-ci de son couvercle. On l'introduisit dans le sanctuaire, puis on suspendit le rideau de séparation pour cacher le coffre, comme le Seigneur l'avait ordonné à Moïse. On plaça la table sacrée dans la tente, du côté nord, devant le rideau de séparation; on y arrangea les pains offerts au Seigneur, comme le Seigneur l'avait ordonné à Moïse. On plaça le porte-lampes dans la tente, du côté sud, en face de la table; on en alluma les lampes, devant le Seigneur, comme le Seigneur l'avait ordonné à Moïse. On plaça l'autel d'or dans la tente, devant le rideau de séparation; on fit brûler dessus le parfum sacré, comme le Seigneur l'avait ordonné à Moïse. On fixa le rideau d'entrée de la demeure, puis on plaça l'autel des sacrifices près de l'entrée de la tente; on y fit brûler un sacrifice complet et une offrande végétale, comme le Seigneur l'avait ordonné à Moïse. On plaça le bassin entre la tente et l'autel, et on le remplit d'eau, pour les purifications. Moïse, Aaron et ses fils utilisaient de cette eau pour se laver les mains et les pieds. Ils se purifiaient de cette manière chaque fois qu'ils devaient pénétrer dans la tente de la rencontre ou s'approcher de l'autel, comme le Seigneur l'avait ordonné à Moïse. Moïse fit dresser les tentures de la cour, tout autour du sanctuaire et de l'autel, et suspendre le rideau à l'entrée de la cour. Il mit ainsi un terme aux travaux. Alors la fumée vint recouvrir la tente de la rencontre et la glorieuse présence du Seigneur remplit la demeure sacrée, de telle sorte que Moïse ne put pas pénétrer dans la tente. Pour leurs déplacements successifs, les Israélites ne se mettaient en route que si la fumée s'élevait au-dessus de la demeure. Si la fumée ne bougeait pas, ils ne partaient pas; ils attendaient le jour où elle s'élevait. Le Seigneur manifesta sa présence aux Israélites par la fumée qui enveloppait la demeure pendant le jour ou par le feu qui y brillait pendant la nuit, et cela tout au long du voyage. Le Seigneur appela Moïse; de la tente de la rencontre, il lui ordonna de communiquer aux Israélites les prescriptions suivantes: «Quand l'un de vous veut offrir un animal en sacrifice au Seigneur, il peut le choisir dans un troupeau de gros ou de petit bétail. «S'il offre en sacrifice complet une tête de gros bétail, il doit prendre un taureau sans défaut: il le conduit à l'entrée de la tente de la rencontre, afin d'obtenir la faveur du Seigneur; il pose la main sur la tête de l'animal, qui est ainsi accepté comme offrande pour obtenir le pardon; il égorge l'animal devant le sanctuaire. Les prêtres, fils d'Aaron, présentent son sang au Seigneur, puis en aspergent les côtés de l'autel dressé à l'entrée de la tente. L'homme ôte la peau du taureau et le découpe en morceaux. Les prêtres allument du feu sur l'autel et y disposent des bûches; au-dessus ils placent les morceaux de viande, avec la tête et les parties grasses. Les entrailles et les pattes de l'animal sont lavées, puis un des prêtres brûle le tout sur l'autel, en sacrifice entièrement consumé, dont le Seigneur apprécie la fumée odorante. «Si quelqu'un offre en sacrifice complet une tête de petit bétail, il doit prendre un bélier ou un bouc sans défaut: il l'égorge devant le sanctuaire, au nord de l'autel. Les prêtres, fils d'Aaron, aspergent de son sang les côtés de l'autel. L'homme découpe l'animal en morceaux, en détachant la tête et les parties grasses. Un des prêtres place tous ces morceaux sur les bûches enflammées de l'autel. Les entrailles et les pattes sont lavées. Le prêtre les présente alors au Seigneur, puis brûle le tout sur l'autel. C'est un sacrifice entièrement consumé, dont le Seigneur apprécie la fumée odorante. «Si quelqu'un offre un oiseau en sacrifice complet au Seigneur, il doit prendre une tourterelle ou un pigeon. Le prêtre apporte l'oiseau devant l'autel, détache sa tête et la brûle sur l'autel; ensuite il fait couler son sang le long des côtés de l'autel. Il arrache le jabot avec son contenu et le jette à l'est de l'autel, là où sont déposées les cendres grasses. Après avoir fendu l'oiseau en deux, entre les ailes, mais sans séparer les deux moitiés, il le brûle sur les bûches enflammées de l'autel. C'est un sacrifice entièrement consumé, dont le Seigneur apprécie la fumée odorante.» «Si quelqu'un veut apporter au Seigneur une offrande végétale, il doit prendre de la farine sur laquelle il verse de l'huile et dépose de l'encens; il l'apporte aux prêtres, fils d'Aaron. On y prélève une poignée de farine mêlée d'huile, et tout l'encens. L'un des prêtres brûle sur l'autel cette partie de l'offrande appelée “mémorial”. Le Seigneur apprécie la fumée odorante de ce qui est ainsi consumé. Le reste de l'offrande revient à Aaron et à ses fils: c'est une part strictement réservée au Seigneur, parce qu'elle provient d'un présent qui lui a été offert. «S'il s'agit d'une offrande cuite au four, on ne peut apporter que des gâteaux à l'huile sans levain ou des galettes sans levain arrosées d'huile. S'il s'agit d'une offrande cuite sur la plaque, elle doit consister en farine pétrie avec de l'huile, mais sans levain; on la rompt en morceaux sur lesquels on verse encore de l'huile. C'est une offrande végétale. S'il s'agit d'une offrande cuite dans la poêle, elle doit être composée de farine et d'huile. On amène l'offrande ainsi préparée pour le Seigneur, et on la remet au prêtre, qui l'apporte à l'autel. Il en prélève la part appelée “mémorial” et la brûle sur l'autel. Le Seigneur apprécie la fumée odorante de ce qui est ainsi consumé. Le reste de l'offrande revient à Aaron et à ses fils: c'est une part strictement réservée au Seigneur, parce qu'elle provient d'un présent qui lui a été offert. «Aucune offrande destinée au Seigneur ne doit contenir de levain. On n'utilisera jamais de levain ou de miel dans la préparation d'une offrande qui sera consumée pour le Seigneur. On peut lui en offrir lorsqu'on lui apporte les premiers produits de la nature, mais on ne doit pas en brûler sur l'autel dans une offrande à la fumée odorante. «On doit déposer du sel sur chaque offrande végétale. Jamais on ne négligera d'en mettre, car le sel symbolise l'alliance conclue par Dieu avec vous. C'est pourquoi une offrande de sel sera jointe à tout sacrifice. «Lorsque vous apporterez au Seigneur une offrande des premiers produits de vos terres, vous commencerez par griller des épis au feu, puis vous en écraserez les grains. Au moment de l'apporter, vous verserez de l'huile et déposerez de l'encens dessus. Ce sera une offrande végétale. Le prêtre en brûlera la part appelée “mémorial”, à savoir une partie du grain et de l'huile, avec tout l'encens. Ce qui est ainsi consumé, c'est ce qui appartient au Seigneur.» «Si quelqu'un offre en sacrifice de communion une tête de gros bétail, il doit amener au sanctuaire un taureau ou une vache sans défaut; il pose la main sur la tête de l'animal et l'égorge à l'entrée de la tente de la rencontre. Les prêtres, fils d'Aaron, aspergent de son sang les côtés de l'autel. On présente au Seigneur les morceaux suivants, qui lui sont réservés: toute la graisse qui recouvre les entrailles, les deux rognons avec la graisse qui y adhère ainsi qu'aux flancs, et le lobe du foie qu'on détache en même temps que les rognons. Les prêtres brûlent tous ces morceaux sur l'autel, avec le sacrifice complet placé sur les bûches enflammées. C'est un sacrifice consumé dont le Seigneur apprécie la fumée odorante. «Si quelqu'un offre au Seigneur en sacrifice de communion une tête de petit bétail, il doit prendre une bête sans défaut, mâle ou femelle. Si c'est un mouton, il le conduit au sanctuaire; il pose la main sur sa tête et l'égorge devant la tente. Les prêtres aspergent de son sang les côtés de l'autel. On présente au Seigneur les morceaux gras suivants, qui lui sont réservés: la queue tout entière, qu'on détache de la colonne vertébrale, toute la graisse qui recouvre les entrailles, les deux rognons avec la graisse qui y adhère ainsi qu'aux flancs, et le lobe du foie qu'on détache en même temps que les rognons. Le prêtre brûle tous ces morceaux sur l'autel. C'est une nourriture consumée pour le Seigneur. «Si quelqu'un offre un bouc ou une chèvre, il conduit l'animal au sanctuaire; il pose la main sur sa tête et l'égorge devant la tente. Les prêtres aspergent de son sang les côtés de l'autel. On présente au Seigneur les morceaux suivants, qui lui sont réservés: toute la graisse qui recouvre les entrailles, les deux rognons avec la graisse qui y adhère ainsi qu'aux flancs, et le lobe du foie qu'on détache en même temps que les rognons. Le prêtre brûle tous ces morceaux sur l'autel. C'est une nourriture consumée à la fumée odorante. «Toutes les parties grasses sont réservées au Seigneur. C'est pourquoi, en tout temps et quel que soit l'endroit où vous habiterez, vous observerez la prescription suivante: Vous ne consommerez ni les morceaux gras, ni le sang d'un animal.» Le Seigneur dit à Moïse de communiquer aux Israélites les prescriptions suivantes: «Quand un homme a péché par mégarde en commettant un acte interdit par un commandement du Seigneur, il faut procéder comme ceci: «Si c'est le grand-prêtre qui pèche et transmet sa culpabilité à tout le peuple, il doit offrir en sacrifice au Seigneur un taureau sans défaut pour obtenir le pardon des péchés. Il conduit le taureau au sanctuaire, à l'entrée de la tente de la rencontre; il pose la main sur la tête de l'animal et l'égorge là, devant le Seigneur. Il prend de son sang et l'emporte dans la tente; il trempe un doigt dans le sang et fait sept aspersions, devant le Seigneur, contre le côté visible du rideau du sanctuaire. Il met également du sang sur les angles relevés de l'autel où l'on brûle le parfum, dans le sanctuaire; puis il va verser le reste du sang à la base de l'autel des sacrifices qui se dresse à l'entrée de la tente. Il prélève toutes les parties grasses de l'animal, à savoir toute la graisse qui recouvre les entrailles, les deux rognons avec la graisse qui y adhère ainsi qu'aux flancs, et le lobe du foie qu'il détache en même temps que les rognons – ce sont les mêmes parties que celles prélevées sur un animal offert en sacrifice de communion. Le grand-prêtre les brûle sur l'autel des sacrifices. «Si c'est la communauté d'Israël tout entière qui pèche par mégarde en commettant un acte interdit par un commandement du Seigneur, les Israélites se rendent ainsi coupables, bien qu'ils ne le sachent pas. Dès qu'ils découvrent la faute commise, ils doivent offrir un taureau pour obtenir le pardon de Dieu. Ils conduisent le taureau devant la tente de la rencontre; les responsables de la communauté posent la main sur la tête de l'animal, et l'un d'entre eux l'égorge là, devant le Seigneur. Le grand-prêtre emporte un peu de son sang dans la tente; il trempe un doigt dans le sang et fait sept aspersions, devant le Seigneur, contre le côté visible du rideau du sanctuaire. Il met également du sang sur les angles relevés de l'autel qui se trouve dans le sanctuaire; puis il va verser le reste du sang à la base de l'autel des sacrifices, qui se dresse à l'entrée de la tente. Il prélève toutes les parties grasses de l'animal et les brûle sur l'autel, en procédant exactement de la même manière qu'avec le taureau offert pour son propre péché. Il effectue sur les Israélites le geste rituel du pardon des péchés, et ils obtiennent le pardon de Dieu. Ensuite il fait porter ce qui reste de l'animal hors du camp, et on le jette au feu, comme dans le cas du taureau offert pour son propre péché. C'est un sacrifice pour obtenir le pardon en faveur de l'ensemble d'Israël.» «Si c'est un chef du peuple qui pèche par mégarde en commettant un acte interdit par un commandement du Seigneur son Dieu, il se rend ainsi coupable. Dès qu'il découvre la faute commise, il doit offrir un bouc sans défaut. Il pose la main sur la tête de l'animal et l'égorge devant le sanctuaire, à l'endroit où l'on égorge les animaux offerts en sacrifices complets. C'est un sacrifice pour obtenir le pardon des péchés. Le prêtre trempe un doigt dans le sang de l'animal et en met sur les angles relevés de l'autel des sacrifices; puis il verse le reste du sang à la base de ce même autel. Il brûle sur l'autel toutes les parties grasses de l'animal, comme dans le cas du sacrifice de communion. Il effectue sur le chef le geste rituel du pardon des péchés, et celui-ci obtient le pardon de Dieu.» «Si c'est un simple citoyen qui pèche par mégarde en commettant un acte interdit par un commandement du Seigneur, il se rend ainsi coupable. Dès qu'il découvre la faute commise, il doit offrir une chèvre sans défaut, en raison du péché qu'il a commis. Il pose la main sur la tête de l'animal et l'égorge à l'endroit où l'on égorge les animaux offerts en sacrifices complets. Le prêtre trempe un doigt dans le sang de l'animal et en met sur les angles relevés de l'autel des sacrifices; puis il verse le reste du sang à la base de ce même autel. On détache toutes les parties grasses de l'animal, comme dans le cas du sacrifice de communion. Le prêtre les brûle sur l'autel pour que le Seigneur en apprécie la fumée odorante. Il effectue sur le coupable le geste rituel du pardon des péchés, et celui-ci obtient le pardon de Dieu. «Si le coupable préfère offrir un mouton, il doit amener une femelle sans défaut pour obtenir le pardon de Dieu. Il pose la main sur la tête de l'animal et l'égorge à l'endroit où l'on égorge les animaux offerts en sacrifices complets. Le prêtre trempe un doigt dans le sang de l'animal et en met sur les angles relevés de l'autel des sacrifices; puis il verse le reste du sang à la base de ce même autel. On détache les parties grasses de l'animal, comme dans le cas d'un mouton offert en sacrifice de communion. Le prêtre les brûle sur l'autel, avec les autres sacrifices consumés pour le Seigneur. Il effectue sur le coupable le geste rituel du pardon des péchés, et celui-ci obtient le pardon de Dieu.» «Supposons qu'un homme entende un appel solennel adressé à ceux qui ont été témoins d'une affaire; s'il refuse d'aller dire ce qu'il a vu ou appris, c'est un péché dont il porte la responsabilité. «Autre exemple: Un homme entre en contact avec quoi que ce soit d'impur, cadavre d'une bête impure, qu'elle soit sauvage ou domestique, ou cadavre d'une bestiole impure; même s'il ne s'en est pas rendu compte, il est devenu impur et il en porte la responsabilité. «Autre exemple: Un homme entre en contact avec un être humain atteint d'une impureté qui se transmet, quelle qu'elle soit; il ne s'en est peut-être pas rendu compte sur le moment, mais dès qu'il l'apprend, il en porte la responsabilité. «Autre exemple: Un homme se laisse aller à prononcer un serment inconsidéré dans n'importe quel domaine, que ce soit à l'avantage ou au détriment de quelqu'un; lorsqu'il s'en rend compte, il en porte la responsabilité. «L'homme qui est responsable d'une faute du genre de celles qui viennent d'être décrites doit confesser en quoi il a péché. Ensuite, pour obtenir le pardon de la faute commise, il doit amener une brebis ou une chèvre qu'on offre en sacrifice au Seigneur à titre de réparation. Alors le prêtre effectue sur lui le geste rituel du pardon de son péché.» «Si un homme n'a pas les moyens de fournir une brebis ou une chèvre à titre de réparation pour le péché commis, il peut apporter au Seigneur deux tourterelles ou deux pigeons; l'un des oiseaux est destiné à un sacrifice pour obtenir le pardon, l'autre à un sacrifice complet. L'homme les remet au prêtre, qui présente au Seigneur d'abord l'oiseau offert pour le pardon: il lui rompt la nuque, mais sans détacher la tête; il fait couler une partie du sang le long du côté de l'autel, et répand le reste à la base de l'autel. C'est un sacrifice pour obtenir le pardon d'un péché. Ensuite le prêtre offre le second oiseau en sacrifice complet, selon la règle. Alors il effectue sur le coupable le geste rituel du pardon des péchés, et celui-ci obtient le pardon de Dieu. «Si un homme n'a pas à sa disposition les deux tourterelles ou pigeons exigés, il peut apporter trois kilos de farine comme offrande pour obtenir le pardon de son péché; mais il ne doit pas verser d'huile ni déposer d'encens dessus, puisque c'est une offrande pour le pardon. Il apporte la farine au prêtre, qui en prélève une poignée, appelée “mémorial”, et la brûle sur l'autel avec les autres sacrifices consumés pour le Seigneur. C'est une offrande pour obtenir le pardon. Alors le prêtre effectue sur le coupable le geste rituel du pardon pour le péché commis, et l'homme obtient le pardon de Dieu. «Le prêtre accomplit cette cérémonie comme dans le cas d'une offrande végétale.» Le Seigneur dit à Moïse: «Si un homme, par mégarde, commet une faute grave à l'égard des offrandes consacrées au Seigneur, il doit procéder comme ceci: il amène pour le Seigneur, à titre de réparation, un bélier sans défaut, dont la valeur correspond au tarif en vigueur au sanctuaire; cet animal est destiné à un sacrifice de réparation. L'homme doit en outre compenser le préjudice subi par le sanctuaire et ajouter à cette compensation un cinquième de sa valeur, et il remet le tout au prêtre. Après avoir offert l'animal en sacrifice, le prêtre effectue sur le coupable le geste rituel du pardon des péchés, et celui-ci obtient le pardon de Dieu. «Si l'homme pèche en commettant un acte interdit par un commandement du Seigneur, il est coupable, même s'il l'a fait sans s'en rendre compte, et il en porte la responsabilité. Il doit amener au prêtre un bélier sans défaut, de la valeur réglementaire, pour un sacrifice de réparation; le prêtre effectue sur le coupable le geste rituel du pardon pour le péché qu'il a commis par inadvertance, et l'homme obtient le pardon de Dieu. C'est un sacrifice de réparation, car l'homme était effectivement coupable envers le Seigneur.» Le Seigneur dit à Moïse: «Supposons qu'un homme commette une faute grave envers le Seigneur en faisant du tort à un compatriote: par exemple il ment au sujet d'un objet qu'il a reçu en dépôt, qu'il a emprunté, volé ou extorqué; ou bien il a trouvé un objet perdu et il le nie; ou encore il prononce un serment mensonger pour camoufler n'importe quel méfait du même genre. Cet homme a donc commis une faute et il est coupable; il doit restituer l'objet qu'il a volé, extorqué, trouvé, ou qu'on lui a confié, ou l'objet au sujet duquel il a prononcé un faux serment. Non seulement il le restitue intégralement, mais il y ajoute encore un cinquième de sa valeur; il le remet au propriétaire légitime dès qu'il se reconnaît coupable. Il doit ensuite amener au prêtre un bélier sans défaut, de la valeur réglementaire, pour un sacrifice de réparation offert au Seigneur. Alors, devant le Seigneur, le prêtre effectue sur l'homme le geste rituel du pardon pour le péché dont il s'est rendu coupable, et l'homme obtient le pardon de Dieu.» Le Seigneur dit à Moïse de communiquer les ordres suivants à Aaron et à ses fils: «Règles concernant le sacrifice complet: Ce sacrifice doit brûler durant toute la nuit sur l'autel, où l'on entretiendra le feu. Ensuite le prêtre, vêtu d'une tunique de lin et d'un caleçon de lin, enlève de l'autel les cendres grasses du sacrifice consumé et les dépose à côté de l'autel. Puis il va changer de vêtements et emporte les cendres dans un endroit pur hors du camp. Le feu qui brûle sur l'autel ne doit pas s'éteindre: chaque matin le prêtre y remet des bûches sur lesquelles il dispose le sacrifice complet, avant d'y brûler les morceaux gras des sacrifices de communion. Un feu perpétuel doit brûler sur l'autel, sans jamais s'éteindre.» «Règles concernant l'offrande végétale: Ce sont les fils d'Aaron qui doivent la présenter au Seigneur devant l'autel. L'un des prêtres y prélève une poignée de farine mêlée d'huile et tout l'encens, et brûle sur l'autel cette partie d'offrande appelée “mémorial”. Le Seigneur en apprécie la fumée odorante. Ce qui reste peut être consommé par Aaron et ses fils, mais ils doivent le manger, sans y ajouter de levain, dans un endroit réservé du sanctuaire, à savoir dans la cour de la tente de la rencontre. On ne le cuira donc pas avec du levain. En effet, la part que le Seigneur leur attribue ainsi provient des offrandes qui lui sont destinées; c'est une part qui lui est strictement réservée, tout comme celle qui provient d'un sacrifice pour le pardon ou d'un sacrifice de réparation. Seuls les descendants mâles d'Aaron peuvent en consommer, car cette partie des offrandes apportées au Seigneur leur est réservée pour toujours. A cause de cela, toute autre personne qui entrerait en contact avec elle subirait des conséquences fâcheuses.» Le Seigneur dit à Moïse: «Dès qu'ils seront consacrés, Aaron et ses fils devront offrir au Seigneur trois kilos de farine par jour, la moitié le matin, l'autre moitié le soir. La farine doit être pétrie avec de l'huile et la pâte obtenue cuite sur la plaque. Puis cette galette est brisée en morceaux avant d'être offerte au Seigneur. Le Seigneur en appréciera la fumée odorante. «Lorsqu'un descendant d'Aaron sera consacré comme grand-prêtre, il observera la même pratique: c'est une offrande perpétuelle, qui est intégralement brûlée pour le Seigneur. En effet, toute offrande végétale faite par un prêtre est totale: on ne doit rien en manger.» Le Seigneur dit à Moïse de communiquer encore les prescriptions suivantes à Aaron et à ses fils: «Règles concernant le sacrifice pour obtenir le pardon: On doit égorger l'animal devant le sanctuaire, à l'endroit où l'on égorge les animaux offert en sacrifices complets. C'est une offrande strictement réservée à Dieu, et le prêtre officiant ne peut la manger que dans un endroit réservé du sanctuaire, à savoir dans la cour de la tente de la rencontre. Tout ce qui entrerait en contact avec la viande d'un tel sacrifice subirait des conséquences fâcheuses: si du sang de la victime gicle sur un vêtement, la partie tachée doit être lavée dans un endroit réservé du sanctuaire; si on cuit la viande dans un récipient en terre, il faut ensuite briser le récipient; si on la cuit dans un récipient de bronze, on le nettoiera et on le rincera à grande eau. Seuls les hommes des familles sacerdotales peuvent manger de cette viande, puisqu'elle est strictement réservée à Dieu. Toutefois, si le sang d'un animal sacrifié a été porté à l'intérieur de la tente de la rencontre et utilisé dans le sanctuaire pour une cérémonie de pardon, la viande de cet animal ne doit pas être mangée, mais jetée au feu.» «Règles concernant le sacrifice de réparation: Il s'agit d'une offrande strictement réservée à Dieu. On doit égorger l'animal à l'endroit où l'on égorge les animaux offerts en sacrifices complets, puis on asperge de son sang les côtés de l'autel. On présente au Seigneur les morceaux gras suivants: la queue, la graisse qui recouvre les entrailles, les deux rognons avec la graisse qui y adhère ainsi qu'aux flancs, et le lobe du foie qu'on détache en même temps que les rognons. Le prêtre brûle le tout sur l'autel. C'est un sacrifice de réparation, consumé pour le Seigneur. Seuls les hommes des familles sacerdotales peuvent manger de la viande de cet animal; ils la consommeront dans un endroit réservé du sanctuaire, puisqu'elle est strictement réservée à Dieu. Ces règles concernant le sacrifice de réparation sont identiques à celles concernant le sacrifice pour obtenir le pardon. La viande de l'animal revient au prêtre qui a présidé la cérémonie de pardon.» «Lorsqu'un homme offre un sacrifice complet, la peau de l'animal revient au prêtre qui préside la cérémonie. Les offrandes végétales, qu'elles soient cuites au four, dans la poêle ou sur la plaque, reviennent au prêtre qui préside la cérémonie. Par contre les offrandes non cuites sont partagées à égalité entre les prêtres, aussi bien celles qui sont préparées avec de l'huile que les autres.» «Règles concernant le sacrifice de communion offert au Seigneur: Quand un sacrifice est offert pour accompagner un chant de louange, on apporte, en plus de l'animal à sacrifier, des gâteaux à l'huile cuits sans levain, des galettes sans levain arrosées d'huile et des gâteaux faits de farine pétrie avec de l'huile. On apporte en outre une offrande de pain levé pour accompagner le sacrifice de louange. On prélève sur ces offrandes une pièce de chaque espèce, pour le Seigneur; ces gâteaux-là reviennent ensuite au prêtre qui a aspergé de sang les côtés de l'autel. Quant à la viande de l'animal sacrifié, elle doit être consommée le jour même. On ne doit rien en garder pour le lendemain. «Quand un sacrifice de communion est offert de manière spontanée ou pour accomplir un vœu, on peut manger une partie de la viande le jour même du sacrifice et une autre partie le lendemain. S'il en reste le surlendemain, on doit la jeter au feu. Si, le troisième jour, quelqu'un mange de la viande provenant du sacrifice, celui qui a offert le sacrifice ne peut pas obtenir la faveur du Seigneur: son sacrifice est tenu pour nul, car la viande est devenue impropre à tout usage religieux. Celui qui en mange se rend coupable d'une faute. Si la viande est entrée en contact avec quelque chose d'impur, on ne doit pas la consommer, mais la jeter au feu. «Il faut être en état de pureté pour manger la viande du sacrifice. Si quelqu'un est en état d'impureté personnelle et mange de la viande d'un sacrifice de communion offert au Seigneur, il sera exclu de la communauté d'Israël; et il en ira de même pour quiconque en consomme après avoir été en contact avec un être humain impur, un animal impur ou une bestiole impure.» Le Seigneur dit à Moïse de communiquer aux Israélites les règles suivantes: «Vous ne devez consommer aucun morceau gras d'un animal, bœuf, mouton ou chèvre. La graisse d'une bête crevée ou tuée par des animaux sauvages ne doit pas être mangée, mais peut servir à n'importe quel autre usage. Si quelqu'un mange un morceau gras d'un animal destiné à être consumé en sacrifice pour le Seigneur, il sera exclu de la communauté d'Israël. Vous ne devez jamais consommer non plus le sang d'un oiseau ou d'une bête, quel que soit l'endroit où vous habitez. Si quelqu'un consomme du sang, il sera également exclu de la communauté d'Israël.» Le Seigneur dit à Moïse de communiquer aux Israélites encore les règles suivantes: «Lorsqu'un homme offre un sacrifice de communion, il donne au Seigneur la part qui lui revient; il apporte lui-même ce qui est réservé au Seigneur, à savoir les morceaux gras et la poitrine de l'animal. La poitrine doit lui être offerte avec le geste rituel de présentation. Le prêtre brûle alors les morceaux gras sur l'autel. Quant à la poitrine, elle revient à Aaron et à ses fils. Vous devez également prélever le gigot droit de l'animal sacrifié et le remettre au prêtre. C'est en effet la part attribuée à celui des fils d'Aaron qui apporte à l'autel le sang et les morceaux gras de l'animal. Le Seigneur lui-même vous ordonne, à vous les Israélites, de mettre de côté la poitrine et le gigot des animaux offerts en sacrifices de communion, pour les donner au prêtre Aaron et à ses descendants, car ces morceaux-là leur sont réservés pour toujours.» Ces parts prélevées sur les sacrifices offerts au Seigneur revinrent à Aaron et à ses fils, dès qu'ils furent installés dans leur ministère de prêtres du Seigneur. Le Seigneur ordonna aux Israélites de les leur remettre, le jour où il les consacra. Cette prescription doit être observée en tout temps. Telles sont les règles concernant les sacrifices complets, les offrandes végétales, les sacrifices pour obtenir le pardon, les sacrifices de réparation, les sacrifices d'installation et les sacrifices de communion. Le Seigneur les a transmises à Moïse sur le mont Sinaï, dans le désert, le jour même où il a ordonné aux Israélites de lui offrir des sacrifices. Le Seigneur dit à Moïse: «Convoque Aaron et ses fils à l'entrée de la tente de la rencontre. Fais apporter les vêtements sacrés et l'huile d'onction, et fais amener le taureau du sacrifice pour obtenir le pardon, les deux béliers et la corbeille contenant les pains sans levain. Rassemble aussi toute la communauté d'Israël à cet endroit.» Moïse obéit au Seigneur: il rassembla les Israélites à l'entrée de la tente et leur annonça qu'il devait exécuter les ordres du Seigneur. Puis il alla chercher Aaron et ses fils et leur fit prendre un bain rituel. Il revêtit Aaron de la tunique, lui attacha la ceinture, lui mit la robe avec l'éfod par-dessus et noua dans son dos les attaches de l'éfod; il plaça sur sa poitrine le pectoral, dans lequel il déposa l'Ourim et le Toummim. Il posa le turban sur sa tête et fixa l'insigne sacré, le bijou d'or en forme de fleur, sur le devant du turban, conformément aux ordres du Seigneur. Moïse prit ensuite de l'huile d'onction et s'en servit pour consacrer la demeure sacrée et tout ce qu'elle contenait. Il fit sept aspersions d'huile pour consacrer l'autel, ses accessoires, le bassin des purifications et son support. Il consacra également Aaron en versant de l'huile sur sa tête. Il demanda enfin aux fils d'Aaron de s'approcher: il les revêtit de leurs tuniques, puis leur mit leurs ceintures et leurs tiares, conformément aux ordres du Seigneur. Il fit amener le taureau destiné au sacrifice pour obtenir le pardon; Aaron et ses fils posèrent la main sur sa tête. Moïse l'égorgea, prit de son sang et en déposa avec un doigt sur les angles relevés de l'autel, pour le purifier; puis il versa le reste du sang à la base de l'autel. C'est ainsi qu'il consacra l'autel afin qu'il puisse servir dans les cérémonies de pardon des péchés. Moïse prit toute la graisse qui recouvrait les entrailles de l'animal, le lobe du foie et les deux rognons avec la graisse qui y adhère, et il brûla le tout sur l'autel. Le reste de l'animal, peau, viande et boyaux, fut jeté au feu en dehors du camp, conformément aux ordres du Seigneur. Il fit amener ensuite le bélier destiné au sacrifice complet; Aaron et ses fils posèrent la main sur sa tête. Moïse égorgea le bélier et aspergea de son sang les côtés de l'autel. Il découpa l'animal en morceaux et les brûla avec la tête et les parties grasses. Il lava les entrailles et les pattes, et les brûla sur l'autel avec le reste du bélier, en sacrifice complet, conformément aux ordres du Seigneur; ce fut un sacrifice dont le Seigneur apprécia la fumée odorante. Il fit amener enfin le second bélier, dont le sacrifice devait marquer l'entrée en fonction des prêtres; Aaron et ses fils posèrent la main sur sa tête. Moïse égorgea le bélier, prit de son sang et en déposa sur le lobe de l'oreille droite d'Aaron, de même que sur le pouce de sa main droite et de son pied droit. Puis il fit approcher les fils d'Aaron et déposa également du sang sur le lobe de leur oreille droite, de même que sur le pouce de leur main droite et de leur pied droit; ensuite il aspergea les côtés de l'autel avec le reste du sang. Moïse prit les parties grasses du bélier: la queue, la graisse qui recouvre les entrailles, le lobe du foie, les deux rognons avec la graisse qui y adhère, ainsi que le gigot droit. Dans la corbeille des pains sans levain déposée devant le Seigneur, il préleva un gâteau sans levain, un gâteau à l'huile et une galette, et il les disposa sur les morceaux gras et le gigot droit. Il plaça le tout sur les mains d'Aaron et de ses fils, et leur dit de l'offrir au Seigneur avec le geste rituel de présentation. Ensuite, il reprit ces offrandes de leurs mains et les brûla sur l'autel, par-dessus le sacrifice complet. Ainsi se déroula le sacrifice marquant l'entrée en fonction des prêtres; le Seigneur en apprécia la fumée odorante. Moïse prit la poitrine de l'animal et la présenta devant le Seigneur avec le geste rituel; cette part du bélier lui revint, conformément aux ordres du Seigneur. Moïse prit de l'huile d'onction et un peu du sang qui était sur l'autel, et il en aspergea Aaron et ses vêtements, puis ses fils et leurs vêtements; ainsi, Aaron et ses fils furent consacrés, de même que leurs vêtements. Moïse dit à Aaron et à ses fils: «Faites cuire la viande du second bélier à l'entrée de la tente de la rencontre. Vous la mangerez vous-mêmes à cet endroit, avec les pains confectionnés pour la cérémonie, conformément à l'ordre que je vous ai transmis. S'il y a ensuite des restes de viande ou de pain, vous les jetterez au feu. Vous demeurerez pendant sept jours à l'entrée de la tente; vous ne la quitterez pas avant que soient achevés les sept jours de la cérémonie de votre entrée en fonction. Le Seigneur lui-même a ordonné de procéder comme on l'a fait aujourd'hui, afin que vous obteniez le pardon de vos péchés. Restez à l'entrée de la tente jour et nuit, durant toute cette semaine. Ensuite vous pourrez accomplir le service prescrit par le Seigneur sans risquer la mort. Tels sont les ordres que j'ai reçus de Dieu.» Aaron et ses fils exécutèrent tous les ordres que le Seigneur leur avait transmis par l'intermédiaire de Moïse. Le huitième jour, Moïse convoqua Aaron, ses fils et les anciens d'Israël. Il dit à Aaron: «Procure-toi un veau destiné à un sacrifice pour obtenir le pardon, et un bélier destiné à un sacrifice complet, tous deux sans défaut. Tu les présenteras devant le Seigneur. Ensuite tu ordonneras aux Israélites d'amener un bouc destiné à un sacrifice pour le pardon, un veau et un agneau d'un an sans défaut destinés à des sacrifices complets, ainsi qu'un taureau et un bélier qui seront offerts au Seigneur en sacrifices de communion, accompagnés d'une offrande de farine pétrie avec de l'huile. En effet, aujourd'hui même, le Seigneur va se montrer à vous.» Lorsqu'on eut amené devant la tente de la rencontre ce que Moïse avait énuméré, toute la communauté d'Israël s'approcha et se tint devant le sanctuaire. Moïse déclara: «Je vais vous indiquer ce que le Seigneur vous ordonne de faire, afin que sa glorieuse présence se manifeste à vous.» Il dit ensuite à Aaron: «Approche de l'autel, offres-y le sacrifice pour le pardon et le sacrifice complet qui te concernent; puis effectue le geste rituel du pardon des péchés, en ta faveur et en faveur du peuple. Ensuite offre les sacrifices du peuple et effectue de nouveau le geste rituel en leur faveur, conformément aux ordres du Seigneur.» Aaron s'approcha de l'autel et égorgea le veau qu'il offrait pour son propre pardon. Ses fils lui présentèrent le sang de l'animal; il y trempa un doigt et en déposa sur les angles relevés de l'autel, puis il versa le reste du sang à la base de l'autel. Il brûla sur l'autel les morceaux gras, les rognons et le lobe du foie de l'animal, comme le Seigneur l'avait ordonné à Moïse. Quant à la viande et à la peau, on les jeta au feu, hors du camp. Aaron égorgea le bélier du sacrifice complet. Ses fils lui remirent le sang de l'animal et il en aspergea les côtés de l'autel. Ils lui remirent également la tête et le corps découpé en morceaux, et il les brûla sur l'autel; il lava les entrailles et les pattes, et les brûla sur l'autel, par-dessus les autres morceaux. Ensuite Aaron présenta au Seigneur les sacrifices du peuple. Il prit le bouc que le peuple avait amené pour obtenir le pardon de ses péchés, il l'égorgea et l'offrit en sacrifice, comme il l'avait fait pour le veau. Il présenta les deux bêtes du sacrifice complet et les offrit selon la règle. Il présenta l'offrande végétale, en prit une poignée et la brûla sur l'autel, en plus du sacrifice complet de chaque matin. Il égorgea le taureau et le bélier que le peuple avait amenés pour un sacrifice de communion. Ses fils lui remirent le sang de ces animaux et il en aspergea les côtés de l'autel. Ils lui remirent également les morceaux gras du taureau, de même que la queue, la graisse qui recouvre les entrailles, les rognons et le lobe du foie prélevés sur le bélier; ils placèrent ces morceaux-là par-dessus les poitrines des deux animaux, puis Aaron brûla les morceaux gras sur l'autel. Ensuite, conformément aux ordres de Moïse, il offrit au Seigneur les poitrines et le gigot droit avec le geste rituel de présentation. Lorsque Aaron eut fini d'offrir les sacrifices pour le pardon, les sacrifices complets et les sacrifices de communion, il leva les mains et bénit le peuple, puis il redescendit de l'autel. Moïse et Aaron pénétrèrent ensuite dans la tente de la rencontre; quand ils en ressortirent, ils bénirent le peuple. Alors la glorieuse présence du Seigneur se manifesta aux Israélites; une flamme en jaillit et alla consumer sur l'autel les sacrifices complets et les morceaux gras des autres sacrifices. Tous les Israélites virent cela; ils poussèrent des cris de joie, puis se jetèrent la face contre terre. Nadab et Abihou, deux des fils d'Aaron, prirent chacun sa cassolette et y mirent des braises sur lesquelles ils répandirent du parfum. Ils présentèrent ainsi devant le Seigneur une offrande de parfum profane, non conforme à ce qui leur était prescrit. Une flamme jaillit alors, devant le Seigneur, et les brûla vifs sur place. Moïse dit à Aaron: «Le Seigneur vous a avertis de cela, lorsqu'il a déclaré: “Je veux que ceux qui m'approchent reconnaissent en moi le vrai Dieu et qu'ils me rendent gloire en présence de tout le peuple.” » Aaron resta silencieux. Moïse appela Michaël et Élissafan, fils d'Ouziel, l'oncle d'Aaron; il leur ordonna d'aller prendre les cadavres de leurs cousins, qui gisaient devant le sanctuaire, pour les emporter hors du camp. Ils exécutèrent l'ordre de Moïse et transportèrent les corps, avec leurs tuniques, hors du camp. Moïse s'adressa ensuite à Aaron et à ses deux autres fils, Élazar et Itamar: «Ne laissez pas votre chevelure en désordre et ne déchirez pas vos vêtements en signe de deuil; vous attireriez la mort sur vous et la colère du Seigneur sur toute la communauté d'Israël. Laissez à tous vos frères israélites le soin de se lamenter sur ceux que le Seigneur a fait mourir par le feu. Vous-mêmes, ne quittez pas l'entrée de la tente de la rencontre, si vous ne tenez pas à mourir; en effet l'onction d'huile que vous avez reçue vous a consacrés au service du Seigneur.» Aaron et ses fils obéirent à l'ordre de Moïse. Le Seigneur dit à Aaron: «Toi et tes fils, ne buvez ni vin ni autre boisson alcoolique, avant d'entrer dans la tente de la rencontre; vous attireriez la mort sur vous. C'est une prescription que vous et vos descendants devrez observer en tout temps. N'en buvez pas non plus lorsque vous devez décider si une chose est sainte ou profane, pure ou impure, ou encore lorsque vous devez enseigner aux Israélites les lois que je leur ai transmises par l'intermédiaire de Moïse.» Moïse dit à Aaron, ainsi qu'à ses deux fils survivants, Élazar et Itamar: «Prenez ce qui reste de l'offrande de farine, après qu'on en a retiré ce qui est réservé au Seigneur, faites-en des pains sans levain et mangez-les à proximité de l'autel; puisqu'il s'agit d'aliments strictement réservés à Dieu, vous ne pouvez les manger que dans un endroit réservé du sanctuaire. Cette part des offrandes faites au Seigneur vous revient, à toi, Aaron, et à tes fils, selon les ordres que j'ai reçus de Dieu. La poitrine et le gigot des animaux offerts en sacrifices de communion par les Israélites, et qui ont été présentés au Seigneur avec le geste rituel, doivent être consommés dans un endroit pur; vous mangerez ces morceaux, toi, tes fils et tes filles, car ils vous reviennent. Les Israélites doivent apporter le gigot et la poitrine en plus des parties grasses que l'on brûle sur l'autel; après le geste rituel de présentation devant le Seigneur, ces morceaux vous reviennent car, conformément aux ordres du Seigneur, c'est la part qui vous est réservée pour toujours.» Moïse s'informa au sujet du bouc offert pour obtenir le pardon du peuple; il apprit qu'on l'avait brûlé. Il se mit en colère contre Élazar et Itamar, les deux fils encore vivants d'Aaron, et leur demanda: «Pourquoi n'avez-vous pas mangé la viande de ce sacrifice dans un endroit réservé du sanctuaire, puisqu'il s'agit d'un aliment strictement réservé à Dieu? Le Seigneur vous avait donné cet animal pour que vous puissiez délivrer la communauté d'Israël de ses fautes et effectuer sur elle le geste rituel du pardon des péchés. Le sang de l'animal n'avait pas été porté à l'intérieur du sanctuaire, vous deviez donc en manger la viande dans un endroit réservé, comme je vous l'avais ordonné.» Aaron répondit à Moïse: «Écoute, en ce jour où mes fils ont offert au Seigneur leur sacrifice pour obtenir le pardon et leur sacrifice complet, tu sais bien ce qui m'est arrivé. Pourrais-je, en un tel jour, manger la viande d'un animal offert en sacrifice pour le pardon? Cela ne plairait certainement pas au Seigneur!» Moïse trouva cette réponse satisfaisante. Le Seigneur dit à Moïse et à Aaron de communiquer aux Israélites les instructions suivantes: «Parmi les animaux terrestres, vous pouvez manger ceux qui ont des sabots fendus et qui ruminent. Mais vous ne devez pas manger ceux qui ont seulement des sabots fendus ou qui ruminent seulement; ainsi vous considérerez comme impurs les animaux suivants: – le chameau, car il rumine, mais n'a pas de sabots; – le daman, car il rumine, mais n'a pas de sabots; – le lièvre, car il rumine, mais n'a pas de sabots; – le porc, car il a des sabots fendus, mais il ne rumine pas. Ne consommez pas la viande de ces animaux-là et ne touchez même pas leurs cadavres; considérez-les comme impurs. «Parmi les animaux vivant dans l'eau, dans les lacs, les mers ou les rivières, vous pouvez manger ceux qui ont à la fois des nageoires et des écailles. Mais vous vous abstiendrez de manger ceux qui n'ont pas de nageoires ou pas d'écailles, que ce soient des bestioles qui grouillent dans l'eau ou d'autres animaux aquatiques; ayez-les en horreur: n'en consommez pas la chair et évitez tout contact avec leurs cadavres. Abstenez-vous donc de manger tout animal aquatique dépourvu de nageoires ou d'écailles. «Parmi les oiseaux, voici ceux que vous devez avoir en horreur et que vous ne devez pas manger: les aigles, les gypaètes, les aigles marins, les milans, les diverses espèces de vautours et de corbeaux, les autruches, les chouettes, les mouettes, les diverses espèces d'éperviers, les hiboux, les cormorans, les hulottes, les effraies, les chouettes chevêches, les charognards, les cigognes, les diverses espèces de hérons, les huppes et les chauves-souris. «Ayez en horreur les insectes pourvus d'ailes et de pattes. Toutefois vous pouvez manger ceux qui ont des pattes leur permettant de sauter sur le sol, à savoir les diverses espèces de sauterelles et de criquets. Tous les autres insectes pourvus d'ailes et de pattes, ayez-les en horreur.» «Le contact avec certaines bêtes rend l'homme impur: quiconque touche leur cadavre est impur jusqu'au soir; quiconque transporte leur cadavre doit laver ses vêtements, il reste également impur jusqu'au soir. «Parmi les bêtes qui pullulent sur le sol, voici celles que vous devez considérer comme impures: les taupes, les souris, les diverses espèces de lézards, geckos, lézards ocellés, lézards verts, lézards des sables et caméléons. Tenez ces bêtes pour impures: quiconque les touche quand elles sont mortes est impur jusqu'au soir. Si l'une d'elles crève et tombe sur un objet quelconque, ustensile en bois, vêtement, peau ou sac, cet objet doit être lavé, quel que soit son usage; il reste impur jusqu'au soir, après quoi il redevient pur. Si une de ces bêtes tombe dans un récipient en terre, ce qu'il contient devient impur et le récipient doit être brisé. Si l'on verse de l'eau provenant de ce récipient sur un aliment qu'il est normalement permis de manger, celui-ci devient impur à son tour; s'il s'agit d'un liquide qu'il est normalement permis de boire, il devient également impur, quel que soit le récipient où il se trouve. Un objet quelconque sur lequel tombe le cadavre d'une de ces bêtes devient impur: s'il s'agit d'un four ou d'un foyer, démolissez celui-ci, car vous devez le considérer comme impur. Toutefois, si le cadavre tombe dans une source ou une citerne, l'eau reste pure, mais celui qui en retire le cadavre devient impur. Si le cadavre tombe sur des graines destinées à être semées, les graines restent pures. Mais s'il tombe sur des graines mises à tremper pour être consommées, considérez-les comme impures. «Si une bête qu'il est normalement permis de manger vient à crever, quiconque touche son cadavre est impur jusqu'au soir: celui qui mange de cette viande doit laver ses vêtements, mais il reste impur jusqu'au soir; de même celui qui transporte le cadavre de la bête doit laver ses vêtements, et il reste également impur jusqu'au soir. «Vous vous abstiendrez de manger les bestioles qui pullulent sur le sol. Vous ne devez manger ni celles qui rampent, ni celles qui marchent sur quatre pattes ou plus. Ne vous mettez pas en situation de vous contaminer en touchant ces bestioles; ne vous laissez pas contaminer par elles, car vous deviendriez impurs. Moi, je suis le Seigneur votre Dieu: comportez-vous comme des êtres saints, car je suis saint. Ne vous rendez donc pas impurs en touchant les bestioles qui se déplacent au ras du sol. C'est moi, le Seigneur, qui vous ai fait sortir d'Égypte afin de devenir votre Dieu; soyez saints, car je suis saint.» Telles sont les instructions concernant les animaux, les oiseaux, les bêtes vivant dans l'eau et les bestioles pullulant sur le sol. Elles permettent de distinguer les animaux purs des animaux impurs, ceux que l'on peut manger de ceux que l'on ne doit pas manger. Le Seigneur dit à Moïse de communiquer aux Israélites les instructions suivantes: «Si une femme accouche d'un garçon, elle est impure pendant sept jours, comme lorsqu'elle a ses règles. Le huitième jour, on circoncit l'enfant. Ensuite il se passera encore trente-trois jours avant que la mère soit purifiée du sang perdu pendant son accouchement; elle ne doit toucher aucun objet consacré, ni se rendre au sanctuaire, tant que cette période de purification n'est pas terminée. «Si une femme accouche d'une fille, elle est impure comme si elle avait ses règles, mais cela pendant deux semaines; ensuite il se passera encore soixante-six jours avant qu'elle soit purifiée du sang perdu pendant son accouchement. «Lorsque la période de purification est terminée après la naissance d'un garçon ou d'une fille, la femme va trouver le prêtre, à l'entrée de la tente de la rencontre. Elle lui amène un agneau d'un an destiné à un sacrifice complet, ainsi qu'un pigeon ou une tourterelle destiné à un sacrifice pour le pardon. Le prêtre offre ces sacrifices au Seigneur, puis effectue sur la femme le geste rituel de la purification. Dès lors elle est purifiée de son accouchement.» Telles sont les instructions concernant les femmes qui accouchent soit d'un garçon, soit d'une fille. «Si une femme n'a pas les moyens de fournir un agneau, elle peut apporter deux tourterelles ou deux pigeons; l'un des oiseaux est offert en sacrifice complet et l'autre en sacrifice pour le pardon. Après que le prêtre a effectué sur la femme le geste rituel de la purification, elle est purifiée.» Le Seigneur dit à Moïse et à Aaron: «Quand une boursouflure, une dartre ou une tache luisante apparaît sur la peau d'un homme et prend l'aspect d'une forme de lèpre, on amène cet homme chez le prêtre Aaron ou chez l'un de ses descendants. Le prêtre examine la partie malade: si les poils y sont devenus blancs et qu'une cavité se forme dans la peau, c'est un cas de lèpre; sitôt après l'examen, le prêtre déclare l'homme impur. S'il s'agit d'une tache luisante et blanche, sans cavité dans la peau et sans poil blanc, le prêtre met le malade à l'isolement pour une semaine. Le septième jour, il refait un examen: s'il constate que la tache n'a pas changé et ne s'est pas étendue sur la peau, il met le malade à l'isolement pour une deuxième semaine. A la fin de celle-ci, il procède à un nouvel examen: si la tache s'est ternie et ne s'est pas étendue sur la peau, le prêtre déclare l'homme pur; c'est une simple dartre. L'homme doit seulement laver ses vêtements pour être pur. Mais si la dartre prend de l'extension après que le prêtre a examiné l'homme et l'a déclaré pur, celui-ci retourne chez le prêtre. Le prêtre l'examine une nouvelle fois: lorsqu'il constate que la dartre s'est étendue sur la peau, il déclare l'homme impur; c'est une forme de lèpre. «Quand un homme est atteint d'une forme de lèpre, on l'amène chez le prêtre. Le prêtre l'examine: s'il y a une boursouflure blanche sur la peau, avec des poils blancs et de la chair à vif, il s'agit d'un cas de lèpre chronique; le prêtre déclare l'homme impur. Il est inutile de le mettre en observation à l'isolement, car il est manifestement impur. Par contre si le prêtre a l'impression qu'une éruption de boutons recouvre tout le corps de l'homme, de la tête aux pieds, il procède à un examen approfondi. S'il constate que les boutons s'étendent effectivement sur tout le corps, il déclare que ce mal ne rend pas impur; l'homme est pur puisque tout son corps est devenu blanc. Mais le jour où apparaît sur lui de la chair vive, l'homme devient impur: le prêtre examine l'endroit où la chair est à vif et déclare l'homme impur. La chair vive est impure, elle résulte d'une forme de lèpre. Si l'endroit où la chair est à vif redevient blanc, l'homme retourne chez le prêtre; celui-ci l'examine et s'il constate que la plaie est effectivement redevenue blanche, il déclare qu'elle ne rend plus impur et que l'homme est donc pur. «Quand un homme a eu un furoncle qui a guéri, si une boursouflure blanche ou une tache d'un blanc rougeâtre apparaît à l'emplacement du furoncle, l'homme va trouver le prêtre. Celui-ci examine la partie malade: si une cavité se forme dans la peau et que les poils y deviennent blancs, le prêtre déclare l'homme impur; c'est une forme de lèpre qui se développe sur la cicatrice du furoncle. Mais si, lors de l'examen, le prêtre ne trouve pas de poil blanc, si la cicatrice ne forme pas de cavité dans la peau et qu'elle est terne, il met le malade à l'isolement pour une semaine. Après quoi, si le mal s'est étendu sur la peau, le prêtre déclare l'homme impur; c'est une forme de lèpre. Mais si la tache n'a pas changé et ne s'est pas étendue, c'est alors simplement la cicatrice du furoncle, et le prêtre déclare l'homme pur. «Quand un homme a été brûlé et qu'une tache luisante et blanche ou d'un blanc rougeâtre se forme à l'endroit de la brûlure, le prêtre examine la partie malade: si les poils y sont devenus blancs et qu'une cavité apparaît dans la peau, c'est une forme de lèpre qui se développe à l'emplacement de la brûlure et, par conséquent, le prêtre déclare l'homme impur. Mais si, lors de l'examen, le prêtre ne trouve pas de poil blanc, si la tache ne forme pas de cavité dans la peau et qu'elle est terne, il met le malade à l'isolement pour une semaine. Si, le septième jour, le prêtre constate que le mal s'est étendu sur la peau, il déclare l'homme impur; c'est une forme de lèpre. Par contre si la tache n'a pas changé, si elle ne s'est pas étendue mais qu'elle s'est ternie, c'est une simple boursouflure due à la brûlure. Le prêtre déclare l'homme pur, car il s'agit seulement de la cicatrice de la brûlure. «Quand un homme ou une femme est atteint d'une maladie de la peau sur la tête ou au menton, le prêtre examine la partie malade: si une cavité apparaît dans la peau, avec du poil jaunâtre et clairsemé, le prêtre déclare la personne impure; c'est la teigne, qui attaque la peau sur la tête ou au menton. Mais si, lors de l'examen, le prêtre remarque qu'il n'y a pas de cavité dans la peau, et qu'il n'y a cependant pas de poil foncé, il met le malade à l'isolement pour une semaine. Si, le septième jour, le prêtre constate par un nouvel examen que le mal ne s'est pas étendu, qu'il n'y a pas de poil jaunâtre ni de cavité dans la peau, le malade doit se raser la tête, sauf la partie atteinte, puis le prêtre le met à l'isolement pour une deuxième semaine. A la fin de celle-ci, il procède à un nouvel examen de la partie atteinte: si le mal ne s'est pas étendu sur la peau et ne forme pas de cavité, le prêtre déclare la personne pure. Elle doit seulement laver ses vêtements pour être pure. Mais si la teigne prend de l'extension après que le prêtre a déclaré cette personne pure, le prêtre refait un examen: si la teigne s'est effectivement étendue sur la peau, le prêtre n'a pas besoin de rechercher s'il y a des poils jaunâtres, car l'homme est manifestement impur. Si par contre la partie atteinte n'a visiblement pas changé d'aspect et si des poils foncés y repoussent, c'est que le mal est guéri et que la personne est pure. Alors le prêtre la déclare pure. «Quand un homme ou une femme voit apparaître sur sa peau des taches blanches, le prêtre l'examine: si les taches sont d'un blanc terne, la maladie qui s'est développée n'est pas grave et la personne reste pure. «Quand un homme perd ses cheveux et devient chauve, il reste pur. S'il perd ses cheveux sur le devant et a le front dégarni, il reste également pur. Mais si dans la partie chauve au sommet du crâne ou sur le front, apparaît une affection de la peau d'un blanc rougeâtre, c'est une forme de lèpre qui s'y développe. Le prêtre l'examine: s'il trouve dans la partie chauve des boursouflures d'un blanc rougeâtre, ressemblant à la lèpre, l'homme est atteint d'une forme de lèpre et il est impur; le prêtre le déclare impur, à cause du mal dont il est atteint à la tête. «Il faut que l'homme atteint de lèpre porte des vêtements déchirés, ne se coiffe pas et se couvre le bas du visage; il doit crier: “Impur! Impur!” Il est impur aussi longtemps qu'il est atteint de son mal; c'est pourquoi il doit avoir sa demeure à l'écart des autres gens, en dehors du camp.» «Quand des taches de moisissures apparaissent sur des vêtements de laine ou de lin, sur des étoffes ou des tricots de laine ou de lin, sur des peaux ou des objets en cuir, si ces taches sont verdâtres ou rougeâtres, il s'agit de moisissures qu'on doit faire examiner par un prêtre. Le prêtre, après examen, garde l'objet taché sous clé pendant une semaine. Le septième jour, il refait un examen: si la tache s'est étendue sur l'objet, il s'agit d'une moisissure qu'on ne peut pas éliminer; l'objet est impur. Le prêtre brûle alors le vêtement, l'étoffe, le tricot, en laine ou en lin, ou l'objet en cuir. Puisqu'on ne peut pas éliminer la moisissure, l'objet doit être détruit par le feu. Mais si, lors de l'examen, le prêtre constate que la tache ne s'est pas étendue sur l'objet, il ordonne qu'on lave celui-ci, puis il le remet sous clé une deuxième semaine. Lorsqu'il l'examine de nouveau, après lavage, s'il constate que la tache n'a pas changé d'aspect, même si elle ne s'est pas étendue, l'objet est tenu pour impur; on doit le brûler, que la moisissure le ronge à l'endroit ou à l'envers. Mais si, lors de l'examen, le prêtre constate que la tache a pâli après avoir été lavée, il se borne à découper la partie tachée du vêtement, de la peau, de l'étoffe ou du tricot. Si plus tard la tache reparaît sur le vêtement, l'étoffe, le tricot ou l'objet en cuir, c'est que la moisissure s'y développe de nouveau. On brûle alors l'objet taché. «Lorsqu'on a lavé un objet atteint de moisissure, vêtement, étoffe, tricot ou objet en cuir, et que la tache a disparu, il faut le laver une seconde fois pour qu'il soit pur.» Telles sont les instructions concernant les taches de moisissure qui apparaissent sur des vêtements de laine ou de lin, sur des étoffes, des tricots, ou des objets en cuir; ces instructions permettent de déclarer si l'objet atteint est pur ou impur. Le Seigneur dit à Moïse: «Voici comment doit se dérouler la cérémonie de purification d'un lépreux: Lorsqu'on va le présenter au prêtre, celui-ci sort du camp pour l'examiner. Si l'homme est guéri de sa lèpre, le prêtre ordonne qu'on apporte pour lui deux oiseaux vivants et purs, du bois de cèdre, de la laine teinte en cramoisi et une branche d'hysope. Il fait égorger l'un des oiseaux au-dessus d'un récipient en terre contenant de l'eau de source. Il prend l'autre oiseau et le plonge, avec le bois de cèdre, la laine cramoisie et la branche d'hysope, dans le sang de l'oiseau qu'on a égorgé; il fait alors sept aspersions sur l'homme qui doit être purifié de la lèpre. Il déclare l'homme pur, puis il laisse l'oiseau vivant s'envoler vers la pleine campagne. L'homme lave ses vêtements, rase tous ses poils et prend un bain qui le purifie. Ensuite il regagne le camp, mais demeure hors de sa tente pendant une semaine. Le septième jour, il rase de nouveau ses cheveux, sa barbe, ses sourcils et tous ses autres poils, puis il lave ses vêtements et prend un bain. Alors il est purifié. «Le huitième jour, l'homme prend deux agneaux sans défaut, une agnelle d'un an, sans défaut, une offrande de neuf kilos de farine pétrie avec de l'huile, et un demi-litre d'huile. Le prêtre qui préside la cérémonie place l'homme, avec ses présents, devant le Seigneur, à l'entrée de la tente de la rencontre. Il prend celui des agneaux qui est destiné à un sacrifice de réparation, de même que le demi-litre d'huile, et il les présente devant le Seigneur avec le geste rituel. Il égorge l'agneau à l'endroit où l'on égorge un animal offert en sacrifice pour le pardon ou en sacrifice complet, c'est-à-dire dans un endroit réservé du sanctuaire; en effet, le sacrifice de réparation, comme le sacrifice pour le pardon, est une offrande strictement réservée à Dieu et qui revient au prêtre. Le prêtre prend du sang de l'animal et en dépose sur le lobe de l'oreille droite de l'homme, ainsi que sur le pouce de sa main droite et de son pied droit. Il prend ensuite l'huile et en verse dans sa main gauche: il y trempe son index droit et fait sept aspersions devant le Seigneur; puis il en dépose un peu sur le lobe de l'oreille droite de l'homme, ainsi que sur le pouce de sa main droite et de son pied droit, là où il a déjà déposé du sang de l'agneau. Il verse l'huile qui reste dans sa main sur la tête de l'homme et effectue sur lui le geste rituel de la purification, devant le Seigneur. Le prêtre offre le sacrifice pour obtenir le pardon de Dieu et effectue de nouveau sur l'homme le geste qui le libère de son impureté. Après quoi il égorge l'animal destiné au sacrifice complet et le brûle en entier sur l'autel avec l'offrande de farine. Alors, une dernière fois, il effectue sur l'homme le geste rituel qui le rend pur.» «Si l'homme est pauvre et n'a pas à sa disposition les offrandes nécessaires, il prend un seul agneau, destiné au sacrifice de réparation et qui sera présenté au Seigneur pour obtenir la purification, une offrande de trois kilos de farine pétrie avec de l'huile, et un demi-litre d'huile. Il prend aussi deux tourterelles ou deux pigeons, suivant ce qu'il possède, l'un destiné à un sacrifice pour le pardon et l'autre à un sacrifice complet. Le huitième jour, il apporte ces présents au prêtre, à l'entrée de la tente de la rencontre, devant le Seigneur, pour la cérémonie de purification. Le prêtre prend l'agneau et l'huile, et les présente au Seigneur avec le geste rituel. Il égorge l'agneau, prend de son sang et en dépose sur le lobe de l'oreille droite de l'homme, ainsi que sur le pouce de sa main droite et de son pied droit. Il verse de l'huile dans sa main gauche: avec son index droit, il en fait sept aspersions devant le Seigneur; puis il en dépose un peu sur le lobe de l'oreille droite de l'homme, ainsi que sur le pouce de sa main droite et de son pied droit, là où il a déjà déposé du sang de l'agneau. Il verse l'huile qui reste dans sa main sur la tête de l'homme, et effectue sur lui le geste rituel de la purification, devant le Seigneur. Le prêtre prend une des tourterelles ou un des pigeons – suivant ce que l'homme possédait – et il l'offre en sacrifice pour obtenir le pardon; puis il offre l'autre oiseau en sacrifice complet, accompagné de l'offrande de farine. Il effectue alors sur l'homme le geste rituel de la purification, devant le Seigneur.» Telles sont les instructions concernant un lépreux qui n'a pas à sa disposition ce qui est normalement nécessaire pour la cérémonie de purification. Le Seigneur dit à Moïse et à Aaron: «Quand vous serez entrés dans le pays de Canaan, que je vais vous donner en propriété, si je fais apparaître une tache de moisissure dans une maison de votre nouveau pays, le propriétaire de la maison ira annoncer au prêtre: “J'ai aperçu une sorte de tache dans ma maison.” Le prêtre ordonnera de vider la maison avant de s'y rendre lui-même pour examiner la tache; de cette manière, rien de ce qui se trouvait dans la maison ne sera tenu pour impur. Ensuite le prêtre entrera dans la maison pour y examiner la tache: si la tache comporte des cavités verdâtres ou rougeâtres, si elle forme comme un creux dans le mur de la maison, le prêtre sortira sur le pas de la porte et fermera la maison pour une semaine. Le septième jour, le prêtre reviendra pour un nouvel examen: si la tache s'est étendue sur le mur de la maison, le prêtre ordonnera d'arracher les pierres atteintes de moisissure et de les jeter dans un lieu impur, hors de la ville. Il fera gratter le crépi de tous les murs intérieurs de la maison et on déversera les déchets dans le lieu impur, hors de la ville. Ensuite on prendra d'autres pierres pour remplacer les premières et un autre enduit pour recrépir la maison. «Si la tache de moisissure se manifeste de nouveau dans la maison, après qu'on aura ôté les pierres endommagées, puis gratté et recrépi les murs, le prêtre ira procéder à un nouvel examen: si la tache a effectivement reparu, c'est que la moisissure ne peut pas être éliminée de la maison; celle-ci est impure. Il faudra démolir la maison, aussi bien les parties en pierres que celles en bois, et transporter les décombres, avec le crépi, dans le lieu impur, hors de la ville. «Quiconque pénètre dans la maison pendant les jours où elle doit être fermée, devient impur et le reste jusqu'au soir. Quiconque couche dans cette maison, ou y mange quelque chose, doit laver ses vêtements. «Si le prêtre, lors de l'examen, constate que la tache n'a pas reparu après le recrépissage de la maison, il déclarera que la maison est pure, puisque la moisissure a été éliminée. «Pour la cérémonie de purification de la maison, le prêtre prendra deux oiseaux, du bois de cèdre, de la laine teinte en cramoisi et une branche d'hysope. Il égorgera l'un des oiseaux au-dessus d'un récipient en terre contenant de l'eau de source. Il prendra le bois de cèdre, la branche d'hysope, la laine cramoisie et l'autre oiseau, il les plongera dans le sang de l'oiseau qu'il a égorgé et dans l'eau de source et fera sept aspersions sur la maison. – Il éliminera ainsi l'impureté de la maison, au moyen du sang de l'oiseau, de l'eau de source, de l'oiseau vivant, du bois de cèdre, de la branche d'hysope et de la laine cramoisie. – Il laissera l'oiseau vivant s'envoler hors de la ville, vers la pleine campagne. Il effectuera sur la maison le geste rituel qui la rend pure. Alors elle sera pure.» Telles sont les instructions concernant les diverses formes de lèpre, de teigne, Ces instructions permettent de déterminer dans quels cas les personnes ou les objets sont impurs et dans quels cas ils sont purs. Le Seigneur dit à Moïse et à Aaron de communiquer aux Israélites les instructions suivantes: «Quand un homme est atteint d'une infection de ses organes sexuels, l'écoulement qui en résulte est impur. Cet écoulement peut s'échapper des organes ou les obstruer, de toute façon l'homme est impur. Par conséquent, tout lit où cet homme se couche et tout siège sur lequel il s'assied devient impur. Celui qui touche ce lit doit laver ses vêtements et se laver lui-même; il reste impur jusqu'au soir. Celui qui prend place sur un siège où l'homme malade s'est assis, doit laver ses vêtements et se laver lui-même; il reste impur jusqu'au soir. Celui qui touche l'homme malade doit laver ses vêtements et se laver lui-même; il reste impur jusqu'au soir. Si l'homme malade crache sur un homme en état de pureté, ce dernier doit laver ses vêtements et se laver lui-même; il reste impur jusqu'au soir. Toute selle sur laquelle l'homme malade a voyagé devient impure. Quiconque touche un objet qui a été placé sous l'homme malade est impur jusqu'au soir. Celui qui transporte un tel objet doit laver ses vêtements et se laver lui-même; il reste impur jusqu'au soir. Celui que l'homme malade touche sans s'être lavé les mains, doit laver ses vêtements et se laver lui-même; il reste impur jusqu'au soir. Tout récipient en terre que l'homme malade touche doit être brisé; tout récipient en bois doit être rincé à grande eau. «Quand l'écoulement qui rendait l'homme impur prend fin, l'homme doit attendre une semaine avant d'être en état de pureté; il lave ses vêtements et se lave lui-même à l'eau de source, après quoi il est purifié. Le huitième jour, il prend deux tourterelles ou deux pigeons et va les remettre au prêtre, devant le Seigneur, à l'entrée de la tente de la rencontre. Le prêtre offre l'un des oiseaux en sacrifice pour obtenir le pardon et l'autre en sacrifice complet. Ensuite il effectue sur l'homme, devant le Seigneur, le geste rituel qui le purifie de son écoulement. «Quand un homme a eu des pertes séminales, il doit se laver entièrement; il reste impur jusqu'au soir. Tout vêtement ou toute couverture de peau taché par le sperme doit être lavé et reste impur jusqu'au soir. «Quand un homme et une femme ont eu des relations sexuelles, ils doivent se laver tous les deux; ils restent impurs jusqu'au soir.» «Quand une femme a ses règles, que du sang s'écoule de son corps, elle est tenue pour impure pendant une semaine. Celui qui la touche devient impur et le reste jusqu'au soir. Tout lit où elle se couche et tout siège sur lequel elle s'assied, alors qu'elle a ses règles, devient impur. Si un objet se trouvait sur le lit ou le siège où elle a pris place, quiconque touche cet objet est impur jusqu'au soir. Si, au moment où un homme couche avec elle, le sang de ses règles s'écoule et l'atteint, l'homme devient impur pour une semaine aussi, et tout lit sur lequel il se couche devient impur. «Quand une femme a des pertes de sang pendant plusieurs jours en dehors de ses règles ou que ses règles se prolongent au-delà du temps normal, elle est impure aussi longtemps que dure l'écoulement, comme pendant ses règles. Tout lit sur lequel elle se couche ou tout siège sur lequel elle s'assied est impur, comme pendant ses règles. Celui qui touche ce lit ou ce siège doit laver ses vêtements et se laver lui-même; il reste impur jusqu'au soir. «Quand l'écoulement prend fin, la femme doit attendre une semaine pour être de nouveau pure. Le huitième jour, elle prend deux tourterelles ou deux pigeons et les apporte au prêtre, à l'entrée de la tente de la rencontre. Le prêtre offre l'un des oiseaux en sacrifice pour obtenir le pardon et l'autre en sacrifice complet. Ensuite il effectue sur la femme, devant le Seigneur, le geste rituel qui la purifie de son écoulement. «Vous demanderez aux Israélites de se tenir à l'écart du sanctuaire quand ils sont en état d'impureté; ainsi ils ne risqueront pas de mourir pour avoir rendu impure la tente où je demeure au milieu d'eux.» Telles sont les instructions concernant l'homme atteint d'un écoulement ou de pertes séminales qui le rendent impur, la femme au moment de ses règles – celui donc ou celle qui est atteint d'un écoulement –, ainsi que l'homme qui couche avec une femme en état d'impureté. Après la mort des deux fils d'Aaron, survenue au moment où ils se présentaient devant le Seigneur, le Seigneur dit à Moïse: «Ordonne à ton frère Aaron de ne pas franchir à n'importe quel moment le rideau de séparation pour pénétrer dans le lieu très saint, où se trouvent le coffre et son couvercle sacré; s'il le faisait, il risquerait de mourir lorsque j'apparais dans la fumée, au-dessus du couvercle du coffre. «Pour se rendre au lieu saint, Aaron doit prendre avec lui un taureau destiné à un sacrifice pour obtenir le pardon de Dieu, et un bélier destiné à un sacrifice complet. Il doit se couvrir le corps d'une tunique de lin et d'un caleçon de lin, et porter une ceinture de lin et un turban de lin; toutefois, comme ces habits sont sacrés, il doit se baigner avant de les revêtir. La communauté d'Israël doit lui remettre deux boucs destinés au sacrifice pour le pardon et un bélier destiné à un sacrifice complet. «Aaron offre le taureau destiné au sacrifice pour son propre péché, puis il effectue le geste rituel du pardon en faveur de lui-même et de sa famille. Il amène ensuite les deux boucs devant le Seigneur, à l'entrée de la tente de la rencontre, et il tire au sort pour déterminer lequel revient au Seigneur et lequel revient à Azazel. Il présente le bouc attribué par le sort au Seigneur et l'offre en sacrifice pour le pardon. Quant au bouc attribué à Azazel, il sert au rituel du pardon des péchés: on le place vivant devant le Seigneur, avant de l'envoyer à Azazel dans le désert. «Aaron commence donc par offrir le taureau destiné au sacrifice pour son propre péché, puis il effectue le geste rituel du pardon en faveur de lui-même et de sa famille. Après avoir égorgé ce taureau, il remplit une cassolette de braises prélevées sur l'autel qui se trouve dans le sanctuaire, prend deux poignées de parfum en poudre, et emporte le tout au-delà du rideau de séparation, dans le lieu très saint. Là, devant le Seigneur, il dépose le parfum sur les braises; la fumée qui s'en dégage enveloppe le coffre du document de l'alliance avec son couvercle sacré, et ainsi Aaron ne s'expose pas à mourir. Il trempe un doigt dans le sang du taureau et fait une aspersion sur le côté oriental du couvercle du coffre, puis sept autres aspersions devant le coffre. Ensuite, il égorge le bouc destiné au sacrifice pour le pardon des péchés du peuple, il en emporte le sang au-delà du rideau de séparation et l'utilise comme celui du taureau pour faire des aspersions sur le couvercle et devant le coffre. Il effectue dans le lieu très saint le geste rituel qui purifie celui-ci de l'état d'impureté causé par les désobéissances et les fautes des Israélites; puis il agit de la même façon dans le reste de la tente de la rencontre, car elle se dresse au milieu de gens impurs. Personne ne doit se trouver dans la tente à partir du moment où Aaron entre dans le lieu très saint pour la cérémonie de purification et jusqu'à ce qu'il en ressorte. Après qu'Aaron a effectué le geste rituel du pardon en faveur de lui-même, de sa famille et de l'ensemble d'Israël, il quitte la tente et s'avance vers l'autel situé devant elle; il effectue sur celui-ci le geste rituel de la purification, puis il prend un peu de sang du taureau et du bouc et en dépose sur chacun des angles relevés de l'autel. Il trempe un doigt dans le sang et fait sept aspersions sur l'autel; il le purifie ainsi de l'état d'impureté causé par les péchés des Israélites et lui rend son caractère sacré. «Quand Aaron a terminé la cérémonie de purification du lieu très saint, du reste de la tente de la rencontre, et de l'autel, il fait amener le bouc encore vivant. Il pose les deux mains sur la tête de l'animal et énumère sur lui tous les péchés, désobéissances et fautes des Israélites, pour en charger celui-ci. Ensuite il l'envoie en plein désert, sous la conduite d'un homme désigné à cet effet. Le bouc emporte ainsi tous les péchés d'Israël dans une contrée aride. «Dès que le bouc a été envoyé dans le désert, Aaron regagne la tente de la rencontre, où il ôte et dépose les vêtements de lin qu'il portait pour pénétrer dans le lieu très saint. Il prend un bain dans un endroit réservé du sanctuaire, revêt ses autres habits et va offrir les deux sacrifices complets, pour lui-même et pour le peuple; après quoi il effectue le geste rituel du pardon des péchés, en faveur de lui-même et du peuple. Puis il brûle sur l'autel les morceaux gras des animaux offerts en sacrifices pour le pardon. «L'homme qui a conduit au désert le bouc attribué à Azazel, doit laver ses vêtements et prendre un bain avant de regagner le camp. Le taureau et le bouc offerts pour le pardon, et dont le sang a été utilisé dans le sanctuaire pour la cérémonie de purification, doivent être transportés hors du camp, où l'on jette au feu leur peau, leur viande et leurs boyaux. L'homme qui s'en est occupé doit laver ses vêtements et prendre un bain avant de regagner le camp. «Et voici une prescription que vous devez observer en tout temps: le dixième jour du septième mois, jeûnez et interrompez toute activité, aussi bien vous, les Israélites, que les étrangers installés chez vous. En effet, c'est le jour où l'on effectue sur vous le geste rituel du pardon des péchés et de la purification et où vous êtes ainsi purifiés de toutes vos fautes devant le Seigneur. Vous devez en faire un jour de repos complet et de jeûne. Cette prescription est valable pour toujours. «Plus tard, les gestes rituels du pardon et de la purification seront effectués par le prêtre qui aura été consacré par l'onction d'huile et installé pour succéder à son père comme grand-prêtre. Il revêtira les habits sacrés de lin, pour présider la cérémonie de purification du lieu très saint, de la tente de la rencontre et de l'autel, et la cérémonie du pardon en faveur des prêtres et de l'ensemble d'Israël. «C'est une prescription valable en tout temps; vous devez l'observer afin d'obtenir, une fois par année, le pardon de tous les péchés des Israélites.» Aaron exécuta tous les ordres que le Seigneur avait donnés à Moïse. Le Seigneur dit à Moïse de communiquer les ordres suivants à Aaron, à ses fils et à tous les Israélites: «Lorsqu'un Israélite veut abattre un bœuf, un mouton ou une chèvre, dans le camp ou hors du camp, il doit d'abord amener cette bête à l'entrée de la tente de la rencontre, pour la présenter en offrande au Seigneur, devant sa demeure sacrée. S'il ne le fait pas, il sera considéré comme coupable d'avoir répandu illégalement le sang d'un être vivant, et il sera exclu du peuple d'Israël. Cette règle oblige les Israélites à ne plus abattre des animaux en pleine campagne, mais à les amener au prêtre, à l'entrée de la tente, pour les offrir au Seigneur en sacrifice de communion. Le prêtre asperge alors du sang de l'animal l'autel situé devant la tente, puis il brûle sur cet autel les morceaux gras dont le Seigneur apprécie la fumée odorante. Ainsi les Israélites cesseront d'offrir des sacrifices aux faux dieux représentés sous forme de boucs, auxquels ils rendent un culte impudique. Cette prescription devra être observée en tout temps par toutes les générations d'Israélites. «Quand un Israélite ou un étranger vivant parmi les Israélites veut offrir un sacrifice complet ou un autre sacrifice, il doit amener l'animal à l'entrée de la tente de la rencontre pour l'offrir au Seigneur; s'il ne le fait pas, il sera exclu du peuple d'Israël. «Si un Israélite ou un étranger vivant parmi les Israélites consomme du sang, sous quelque forme que ce soit, le Seigneur interviendra contre lui et l'exclura du peuple d'Israël. C'est dans le sang que réside la vie d'une créature. Le Seigneur vous autorise à utiliser le sang sur l'autel pour obtenir le pardon en votre faveur; en effet le sang permet d'obtenir le pardon parce qu'il est porteur de vie. Voilà pourquoi le Seigneur a déclaré aux Israélites: “Aucun d'entre vous et aucun étranger installé en Israël n'a le droit de consommer du sang.” «Si un Israélite ou un étranger vivant parmi les Israélites prend à la chasse un animal ou un oiseau dont on peut manger la viande, il en fera couler le sang sur le sol et le recouvrira de terre. En effet, tant qu'une créature est vivante, sa vie est dans son sang; c'est pourquoi le Seigneur a déclaré aux Israélites: “Vous ne consommerez le sang d'aucune créature, car la vie de toute créature réside dans son sang. Si quelqu'un en consomme, il sera exclu du peuple d'Israël.” «Si un Israélite ou un étranger mange de la viande d'une bête qui a crevé ou qui a été tuée par un animal sauvage, cet homme doit laver ses vêtements et se laver lui-même; il reste impur jusqu'au soir, ensuite il sera de nouveau pur. S'il ne lave ni ses vêtements ni son corps, il se rend coupable d'une faute.» Le Seigneur dit à Moïse de communiquer aux Israélites les prescriptions suivantes: «Je suis le Seigneur votre Dieu! N'imitez pas les pratiques observées en Égypte, où vous avez habité, ni celles du pays de Canaan, où je vais vous faire entrer; n'observez pas les lois de ces peuples. Mettez en pratique les règles qui viennent de moi et prenez soin d'observer mes lois, car c'est moi qui suis le Seigneur votre Dieu. «Observez donc mes lois et mes règles; celui qui les met en pratique vivra par elles. Je suis le Seigneur. «Aucun Israélite ne doit avoir de relations sexuelles avec une femme de sa proche parenté. Je suis le Seigneur. «Vous ne devez pas déshonorer votre père en ayant des relations avec votre mère; vous la déshonoreriez elle aussi, puisqu'elle est votre mère. «Vous ne devez pas avoir de relations avec une autre femme de votre père; ce serait une atteinte à l'honneur de votre père. «Vous ne devez pas avoir de relations avec votre demi-sœur, fille de votre père ou de votre mère, même si elle n'a pas été élevée dans le même foyer que vous. «Vous ne devez pas avoir de relations avec votre petite-fille, fille de votre fils ou de votre fille; ce serait une atteinte à votre propre honneur. «Vous ne devez pas avoir de relations avec la fille d'une femme de votre père; elle est apparentée à votre père, elle est donc votre sœur. «Vous ne devez pas avoir de relations avec une sœur de votre père, car elle est sa proche parente. «Vous ne devez pas avoir de relations avec une sœur de votre mère, car elle est sa proche parente. «Vous ne devez pas déshonorer un frère de votre père en ayant des relations avec sa femme, car elle est votre tante. «Vous ne devez pas avoir de relations avec votre belle-fille, femme de votre fils. «Vous ne devez pas déshonorer votre frère en ayant des relations avec sa femme. «Vous ne devez pas avoir de relations avec une femme et avec sa fille ou sa petite-fille, fille de son fils ou de sa fille, car elles sont proches parentes et ce serait une pratique immorale. «Vous ne devez pas épouser une sœur de votre femme, tant que celle-ci est en vie. Cela risquerait de provoquer des rivalités. «Vous ne devez pas avoir de relations avec une femme au moment de ses règles, car elle est impure. «Vous ne devez pas avoir de relations avec la femme d'un de vos compatriotes, car cela vous rendrait impurs. «Vous ne devez pas offrir vos enfants en sacrifice au dieu Molek; en faisant cela, vous me déshonoreriez: je suis le Seigneur votre Dieu. «Vous ne devez pas coucher avec un homme comme on couche avec une femme; c'est une pratique monstrueuse. «Vous ne devez pas avoir de relations avec une bête, car cela vous rendrait impurs; de même aucune femme ne doit s'accoupler à un animal; c'est de la perversion. «Ne vous rendez impurs par aucune de ces pratiques. Les nations que je chasse devant vous sont devenues impures en s'y adonnant. Le pays lui-même en est devenu impur, j'ai dû intervenir contre lui, et il a rejeté ses habitants. «Vous donc, Israélites ou étrangers vivant parmi les Israélites, observez les lois et les règles qui viennent de moi et refusez toutes ces actions abominables. Les gens qui ont habité le pays avant vous les ont commises et le pays en est devenu impur. Ne le rendez pas impur de nouveau, afin qu'il ne vous rejette pas comme il a rejeté vos prédécesseurs. En effet, tous ceux qui s'adonnent à ces pratiques abominables seront exclus du peuple d'Israël. «Accomplissez fidèlement ce que je vous ordonne; ne suivez pas les pratiques abominables qui avaient cours avant votre arrivée, afin de ne pas vous rendre impurs en vous y adonnant. Je suis le Seigneur votre Dieu.» Le Seigneur dit à Moïse de communiquer à toute la communauté d'Israël les prescriptions suivantes: «Soyez saints, car je suis saint, moi, le Seigneur votre Dieu! «Chacun de vous doit respecter son père et sa mère, chacun doit observer le repos du sabbat. Je suis le Seigneur votre Dieu. «Ne vous adressez pas à de faux dieux; ne vous fabriquez pas de dieux en métal fondu. Je suis le Seigneur votre Dieu. «Quand vous m'offrez un sacrifice de communion, faites-le selon la règle, de manière à obtenir ma faveur. On peut manger la viande de l'animal le jour du sacrifice et le lendemain; mais s'il en reste le surlendemain, on doit la jeter au feu. Si, le troisième jour, quelqu'un en mange, il ne peut pas obtenir ma faveur, car la viande est devenue impropre à tout usage religieux. Celui qui en mange profane une chose qui m'est consacrée et se rend coupable d'une faute; il sera exclu de la communauté d'Israël. «Quand vous moissonnerez, vous ne couperez pas les épis qui ont poussé en bordure de vos champs, et vous ne retournerez pas ramasser les épis oubliés; vous ne repasserez pas non plus dans vos vignes pour ramasser les grappes oubliées ou les grains tombés à terre. Vous les laisserez pour les pauvres et pour les étrangers. Je suis le Seigneur votre Dieu. «Ne commettez pas de vol, n'usez pas de mensonge ou de fraude au détriment de vos compatriotes. Ne prononcez pas de faux serments en vous servant de mon nom; en faisant cela, vous me déshonoreriez: je suis le Seigneur votre Dieu. «N'exploitez personne et ne volez rien; ne gardez pas jusqu'au lendemain le salaire dû à un ouvrier. N'insultez pas un sourd, et ne mettez pas d'obstacle devant un aveugle. Montrez par votre comportement que vous me respectez. Je suis le Seigneur votre Dieu. «Ne commettez pas d'injustice dans vos jugements: n'avantagez pas un faible, ne favorisez pas un puissant, mais rendez la justice de façon équitable envers vos compatriotes. Ne répandez pas de calomnies sur vos compatriotes. Ne portez pas contre votre prochain des accusations qui le fassent condamner à mort. Je suis le Seigneur. «N'ayez aucune pensée de haine contre un frère, mais n'hésitez pas à le réprimander, afin de ne pas vous charger d'un péché à son égard. Ne vous vengez pas et ne gardez pas de rancune contre vos compatriotes. Chacun de vous doit aimer son prochain comme lui-même. Je suis le Seigneur. «Vous observerez également ces lois-ci: N'accouplez pas, dans vos troupeaux, deux bêtes d'espèces différentes; ne semez pas dans vos champs deux semences différentes; ne portez pas de vêtements tissés de deux sortes de fils. «Si un homme couche avec une servante fiancée à un autre homme, mais qui n'a été ni rachetée, ni libérée, il doit payer une indemnité. Mais on ne mettra pas à mort les coupables, car la femme était encore servante. L'homme doit conduire à l'entrée de la tente de la rencontre un bélier qu'il m'offrira en sacrifice de réparation; le prêtre effectuera sur le coupable, devant moi, le geste rituel du pardon, et l'homme obtiendra le pardon du péché commis. «Quand vous serez entrés dans le pays de Canaan et que vous aurez planté toutes sortes d'arbres fruitiers, vous en considérerez les fruits comme impurs pendant trois ans; vous n'en mangerez donc pas. Tous les fruits qu'ils produiront la quatrième année me seront consacrés au cours d'une fête de louange. Dès la cinquième année, vous pourrez en consommer les fruits. Si vous agissez ainsi, vos récoltes iront en augmentant. Je suis le Seigneur votre Dieu. «Ne mangez pas la viande d'un animal à l'endroit même où vous l'avez saigné. Ne pratiquez pas la magie, ni la divination. Ne taillez pas en rond le bord de votre chevelure et ne vous rasez pas la barbe sur les côtés. Ne vous faites pas d'entailles sur le corps en signe de deuil; ne dessinez pas de tatouages sur votre peau. Je suis le Seigneur. «Ne déshonorez pas vos filles en les poussant à la prostitution sacrée, afin que les habitants ne se livrent pas à ces pratiques immorales dans tout le pays. Observez le repos du sabbat, et traitez mon sanctuaire avec respect. Je suis le Seigneur. «Ne cherchez d'aucune manière à entrer en contact avec les esprits des morts, car cela vous rendrait impurs. Je suis le Seigneur votre Dieu. «Levez-vous avec considération devant un vieillard. Montrez par votre comportement que vous me respectez. Je suis le Seigneur votre Dieu. «Quand un étranger viendra s'installer dans votre pays, ne l'exploitez pas; au contraire, traitez-le comme s'il était l'un de vos compatriotes: vous devez l'aimer comme vous-mêmes. Rappelez-vous que vous avez aussi été des étrangers en Égypte. Je suis le Seigneur votre Dieu. «Ne commettez pas d'injustice dans le domaine des mesures de longueur, de poids ou de capacité; utilisez des balances justes, des poids justes et des mesures justes. Je suis le Seigneur votre Dieu, qui vous ai fait sortir d'Égypte. «Prenez bien soin de mettre en pratique toutes mes lois et mes règles. Je suis le Seigneur.» Le Seigneur dit à Moïse de communiquer aux Israélites les prescriptions suivantes: «Si un Israélite ou un étranger vivant en Israël offre un de ses enfants en sacrifice au dieu Molek, il doit être mis à mort. Les habitants du pays le tueront en lui jetant des pierres, car moi-même j'interviendrai contre cet homme; je l'exclurai du peuple d'Israël, pour avoir offert un de ses enfants à Molek, ce qui rend impur mon sanctuaire et me déshonore, moi, le vrai Dieu. Si les habitants du pays se bouchent les yeux devant de tels agissements pour éviter de mettre à mort cet homme, j'interviendrai personnellement contre lui et contre sa famille; je les exclurai du peuple d'Israël, lui et tous ceux qui se joindront à lui dans le culte idolâtrique rendu à Molek. «Si un homme consulte d'une manière ou d'une autre les esprits des morts, ce qui est une forme d'idolâtrie, j'interviendrai contre lui en l'excluant du peuple d'Israël. «Comportez-vous comme des êtres saints, car je suis le Seigneur votre Dieu.» «Prenez bien soin de mettre en pratique toutes mes lois. Je suis le Seigneur, à qui vous appartenez en propre. «Si un homme maudit son père ou sa mère, il doit être mis à mort. Il est seul responsable de sa mort, puisqu'il a maudit ses parents. «Si un homme commet l'adultère avec la femme d'un de ses compatriotes, les deux coupables doivent être mis à mort. «Si un homme couche avec une des femmes de son père, il déshonore son père; les deux coupables doivent être mis à mort. Ils sont seuls responsables de leur mort. «Si un homme couche avec sa belle-fille, les deux coupables doivent être mis à mort, car ils ont commis un inceste. Ils sont seuls responsables de leur mort. «Si un homme couche avec un autre homme comme on couche avec une femme, ils se rendent tous les deux coupables d'une action monstrueuse et doivent être mis à mort. Ils sont seuls responsables de leur mort. «Si un homme prend pour épouses une femme et sa mère, il agit d'une façon immorale; l'homme et les deux femmes doivent être brûlés vifs. On évitera ainsi que de telles pratiques aient cours chez vous. «Si un homme a des relations avec une bête, il doit être mis à mort, et on abattra la bête. «Si une femme s'accouple à un animal, on tuera la femme et l'animal. Ils doivent être mis à mort et en sont seuls responsables. «Si un homme prend pour épouse sa demi-sœur, fille de son père ou de sa mère, et qu'ils ont des relations sexuelles, ils agissent de manière honteuse et ils en seront punis sous les yeux de leurs compatriotes. L'homme a eu des relations avec sa demi-sœur, il en portera la responsabilité. «Si un homme couche avec une femme qui a ses règles, ils seront tous les deux exclus du peuple d'Israël pour avoir, d'un commun accord, découvert la source de son sang. «Vous ne devez pas avoir de relations sexuelles avec une sœur de votre mère ou avec une sœur de votre père. Si un homme couche avec une proche parente, ils en porteront ensemble la responsabilité. «Si un homme épouse la femme de son oncle, il déshonore celui-ci. Les deux coupables porteront la responsabilité de ce péché et mourront sans enfants. «Si un homme prend pour épouse la femme de son frère, il agit de façon répugnante. Le couple n'aura pas d'enfants, puisque l'homme a déshonoré son frère. «Prenez bien soin de mettre en pratique toutes les lois et les règles qui viennent de moi. Alors le pays dans lequel je vous conduis pour vous y installer ne vous rejettera pas. N'observez pas les pratiques des nations que je chasse devant vous; ces nations ont si mal agi que je les ai prises en dégoût et que je vous ai déclaré: “C'est vous qui posséderez leur sol, c'est moi qui vous le donne en possession, ce pays qui regorge de lait et de miel!” Je suis le Seigneur votre Dieu, qui vous ai séparés des autres nations. C'est pourquoi vous devez respecter la distinction entre animaux purs et impurs, entre oiseaux purs et impurs; vous ne devez pas vous rendre impurs vous-mêmes en touchant ceux qui sont impurs, animaux, oiseaux ou bestioles qui se déplacent au ras du sol. J'ai établi cette distinction pour que vous sachiez reconnaître ceux qui sont impurs. «Soyez saints, consacrés à mon service, car je suis saint, moi, le Seigneur; je vous ai séparés des autres nations pour que vous m'apparteniez. «Si un homme ou une femme ont l'habitude de consulter pour les autres les esprits des morts, ils doivent être mis à mort: on les tuera en leur jetant des pierres. Ils seront seuls responsables de leur mort.» Le Seigneur dit à Moïse de communiquer les prescriptions suivantes aux prêtres, fils d'Aaron: «Il est interdit à un prêtre de se rendre impur en s'approchant du cadavre d'un membre de sa parenté, sauf s'il s'agit d'un très proche parent, à savoir sa mère, son père, son fils, sa fille ou son frère. Dans le cas d'une sœur non mariée, il peut se rendre impur; elle appartient à sa famille, puisqu'elle n'est pas entrée dans la famille d'un autre homme. Parmi les gens de sa parenté, le prêtre a une fonction de chef; il ne doit donc pas se rendre impur, car il en serait déshonoré. «En cas de deuil, les prêtres ne doivent pas se faire de tonsure, ni se raser la barbe sur les côtés, ni se faire des entailles sur le corps. Ils doivent se consacrer à mon service et éviter de me déshonorer; ils sont chargés de me présenter les sacrifices, ma nourriture, à moi, le Seigneur leur Dieu, et ils doivent par conséquent demeurer en état de consécration. «Il n'est pas permis à un prêtre de prendre pour épouse une femme qui s'est prostituée ou qui a été séduite par un homme, ni une femme divorcée, car tout prêtre est consacré à mon service. Chaque Israélite doit respecter le caractère sacré des prêtres, car ceux-ci me présentent la nourriture que vous m'offrez, à moi, votre Dieu. Que personne ne porte donc atteinte à la sainteté des prêtres. Je suis saint, moi, le Seigneur, à qui Israël appartient en propre. «Si la fille d'un prêtre se déshonore en se prostituant, c'est son père lui-même qu'elle déshonore: elle doit être brûlée vive. «Le grand-prêtre est le chef des prêtres; il a été consacré au moyen de l'huile d'onction le jour de son entrée en fonction, et il peut revêtir les habits sacrés. C'est pourquoi il n'est pas autorisé à défaire sa chevelure, à déchirer ses vêtements ou à s'approcher d'un mort; il ne doit pas se rendre impur, même lors du décès de son père ou de sa mère. Il lui est interdit de quitter les lieux sacrés, de peur qu'il ne profane mon sanctuaire; en effet, il a été consacré à mon service par l'onction d'huile. Je suis le Seigneur. «Le grand-prêtre ne peut prendre pour épouse qu'une femme encore vierge. Il ne peut épouser ni une veuve, ni une femme divorcée, ni une femme qui s'est déshonorée en se prostituant. Il devra choisir pour femme une jeune fille de sa parenté, afin de ne pas introduire une descendance profane dans sa famille. Je suis le Seigneur qui le consacre à mon service.» Le Seigneur dit à Moïse de communiquer à Aaron les prescriptions suivantes: «Dans les générations à venir, aucun de tes descendants atteint d'un défaut physique ne sera autorisé à s'approcher de l'autel pour m'y offrir ma nourriture. Aucun infirme n'est admis à ce service, que ce soit un aveugle, un boiteux, un homme défiguré ou difforme, un homme atteint d'une fracture de la jambe ou du bras, un bossu ou un gringalet, un homme affligé d'une tache à l'œil, un homme souffrant d'une maladie de la peau, ou encore un eunuque. Aucun de tes descendants atteint d'un défaut physique ne doit donc s'approcher de l'autel pour m'y offrir ma nourriture. A cause de son infirmité, les tâches habituelles du prêtre lui sont interdites. Il peut manger de ce qui m'est offert en sacrifice, aussi bien les aliments qui me sont strictement réservés que les autres; mais à cause de son infirmité, il ne doit pas s'approcher du rideau du sanctuaire ni s'avancer jusqu'à l'autel. Il ne faut pas qu'il profane mon sanctuaire, car je suis le Seigneur, et c'est moi qui consacre les prêtres à mon service.» Moïse transmit ces prescriptions à Aaron, à ses fils et à tous les Israélites. Le Seigneur dit à Moïse: «Présente à Aaron et à ses fils les cas où, pour ne pas me déshonorer, moi, le vrai Dieu, ils doivent se tenir à l'écart des offrandes que les Israélites me consacrent, à moi, le Seigneur. Dis-leur ceci: «Dans les générations à venir, si un homme d'une famille sacerdotale s'approche, en état d'impureté, des offrandes que les Israélites me consacrent, à moi, le Seigneur, on lui interdira de rester à mon service. Je suis le Seigneur. Un prêtre atteint de lèpre ou d'une infection sexuelle ne doit consommer aucune offrande réservée à Dieu avant d'être purifié. Il en va de même pour celui qui touche une personne rendue impure par le contact d'un cadavre, pour celui qui a eu des pertes séminales, pour celui qui touche une bestiole ou un homme dont le contact rend impur, quelle que soit l'impureté en cause. Celui qui a eu de tels contacts reste impur jusqu'au soir et ne peut manger des offrandes réservées à Dieu qu'après s'être lavé entièrement. Dès le coucher du soleil, il est purifié et il peut manger de nouveau de ces offrandes, car c'est une nourriture qui lui est destinée. Un prêtre ne doit pas non plus se rendre impur en mangeant de la viande d'une bête qui a crevé ou qui a été tuée par un animal sauvage. Je suis le Seigneur. «Les prêtres doivent accomplir fidèlement ce que je leur ordonne, afin de ne pas se rendre coupables pour des questions de nourriture. S'ils profanaient de la nourriture, ils mourraient. Je suis le Seigneur, et c'est moi qui les consacre à mon service. «Aucun laïc ne doit manger de nourriture consacrée: même l'invité ou l'ouvrier salarié d'un prêtre n'y est pas autorisé. Mais si un prêtre a acquis un serviteur à prix d'argent, celui-ci peut manger de la nourriture destinée au prêtre, tout comme un serviteur né dans la maison. Si la fille d'un prêtre a épousé un laïc, elle n'a pas le droit de consommer ce qui est prélevé sur les offrandes réservées à Dieu. Mais la fille d'un prêtre, veuve ou divorcée, qui n'a pas d'enfants et qui est revenue habiter chez son père comme avant son mariage, peut manger la même nourriture que lui. En dehors de ces cas, aucun laïc ne doit manger de nourriture consacrée. «Si quelqu'un en mange par mégarde, il doit rendre au prêtre l'équivalent de ce qu'il a pris, avec un supplément d'un cinquième. «Les prêtres ne doivent pas profaner ce que les Israélites ont prélevé sur les offrandes qu'ils consacrent au Seigneur: s'ils en mangent lorsqu'ils ne sont pas en état de le faire, ils chargent les Israélites d'une faute exigeant réparation. Je suis le Seigneur, et c'est moi qui consacre les prêtres à mon service.» Le Seigneur dit à Moïse de communiquer les prescriptions suivantes à Aaron, à ses fils et à tous les Israélites: «Supposons que quelqu'un parmi vous, un Israélite ou un étranger vivant en Israël, veuille m'offrir un sacrifice complet, de manière spontanée ou pour accomplir un vœu: s'il désire obtenir ma faveur, il doit amener un mâle sans défaut, taureau, bélier ou bouc. Il n'est pas permis d'amener un animal présentant un défaut, je ne l'accepterais pas de votre part. S'il s'agit d'un sacrifice de communion qui m'est offert de manière spontanée ou pour accomplir un vœu, j'accepterai un bœuf, un mouton ou une chèvre, pourvu que l'animal ne présente aucun défaut. N'amenez donc aucun animal aveugle, estropié, mutilé, atteint de verrues ou d'une maladie de la peau pour l'offrir en sacrifice consumé sur mon autel. Si une bête, bœuf, mouton ou chèvre, est difforme ou mal développée, on peut l'offrir comme sacrifice spontané, mais elle ne convient pas pour accomplir un vœu. Ne m'amenez jamais un animal dont les testicules ont été écrasés, broyés, arrachés ou coupés. Ne procédez pas à de telles mutilations quand vous serez dans votre pays, et n'achetez pas à un étranger des animaux ainsi mutilés, pour me les offrir en sacrifices, à moi votre Dieu. La mutilation qu'ils ont subie est l'équivalent d'un défaut, de sorte que je ne les accepterai pas de votre part.» Le Seigneur dit encore à Moïse: «Après sa naissance, un veau, un agneau ou un chevreau doit être laissé auprès de sa mère pendant une semaine. A partir du huitième jour, j'accepte qu'on me le présente en sacrifice consumé. Mais n'abattez pas une vache, une brebis ou une chèvre le même jour que son petit. «Quand vous m'offrez un sacrifice accompagnant un chant de louange, faites-le selon la règle, de manière à obtenir ma faveur: mangez-en la viande le jour même, sans rien en laisser pour le lendemain. Je suis le Seigneur. «Prenez bien soin de mettre en pratique mes commandements. Je suis le Seigneur. Ne me déshonorez pas; vous devez au contraire, vous les Israélites, manifester que je suis le vrai Dieu. C'est à moi, le Seigneur, que vous appartenez en propre; je vous ai fait sortir d'Égypte afin de devenir votre Dieu. Je suis le Seigneur.» Le Seigneur dit à Moïse de communiquer aux Israélites les prescriptions suivantes: «Lors des fêtes solennelles célébrées en mon honneur, vous devez vous rassembler pour m'adorer, selon le calendrier que j'ai fixé. «Il y a six jours dans la semaine pour travailler; le septième jour est le sabbat, le jour du repos mis à part pour que vous vous rassembliez en mon honneur. Vous ne devez faire aucun travail pendant le sabbat, mais me consacrer ce jour, quel que soit l'endroit où vous habitez. «Les autres fêtes solennelles lors desquelles vous vous rassemblerez en mon honneur seront célébrées aux dates suivantes: «Le quatorzième jour du premier mois de l'année, dès le soir, célébrez en mon honneur la fête de la Pâque. «Le quinzième jour du même mois commencera en mon honneur la fête des Pains sans levain. Pendant sept jours, le pain que vous mangerez sera sans levain. Le premier jour de cette semaine, vous vous rassemblerez pour m'adorer. Ce jour-là, vous n'accomplirez pas votre travail ordinaire. Chaque jour de la semaine, vous m'offrirez un sacrifice consumé. Le septième jour, vous vous rassemblerez également pour m'adorer. Ce jour-là non plus, vous n'accomplirez pas votre travail ordinaire.» Le Seigneur dit à Moïse de communiquer aux Israélites les prescriptions suivantes: «Quand vous serez entrés dans le pays que je vais vous donner et que vous y ferez la moisson, vous apporterez au prêtre la première gerbe que vous récolterez. Le prêtre me la présentera solennellement le lendemain du sabbat, afin que vous obteniez ma faveur. Le même jour, vous m'offrirez un agneau d'un an, sans défaut, en sacrifice complet; il sera accompagné d'une offrande consumée de six kilos de farine pétrie avec de l'huile, dont j'apprécierai la fumée odorante, et d'une offrande d'un litre et demi de vin. Vous ne mangerez aucun produit de cette récolte, ni pain, ni épis grillés, ni grain nouveau, avant le jour où vous m'apporterez la gerbe en offrande. Vous observerez cette prescription en tout temps et quel que soit l'endroit où vous habiterez.» «Vous compterez sept semaines complètes à partir du lendemain du sabbat où vous aurez offert solennellement la première gerbe. Cette période de cinquante jours s'étendra donc jusqu'au lendemain du septième sabbat, jour où vous me présenterez une nouvelle offrande: vous apporterez de chez vous deux pains pour me les offrir solennellement; chaque pain sera préparé avec trois kilos de farine et cuit avec du levain. Cette offrande me sera faite sur les premières céréales récoltées. Vous amènerez, en plus de cette offrande de pains, sept agneaux d'un an sans défaut, un taureau et deux béliers, destinés à m'être offerts en sacrifices complets, avec les offrandes de farine et de vin correspondantes. Ce sont des sacrifices consumés dont j'apprécierai la fumée odorante. Vous offrirez en outre un bouc en sacrifice pour obtenir le pardon, et deux agneaux d'un an en sacrifices de communion. En même temps que les pains, le prêtre m'offrira ces animaux, y compris les deux agneaux, avec le geste de présentation; toutes ces offrandes reviendront au prêtre, puisqu'elles m'ont été consacrées. Le même jour, vous aurez un rassemblement pour m'adorer, et vous n'accomplirez pas votre travail ordinaire. Vous observerez cette prescription en tout temps et quel que soit l'endroit où vous habiterez. «Quand vous moissonnerez, vous ne couperez pas les épis qui ont poussé en bordure de vos champs, et vous ne retournerez pas ramasser les épis oubliés. Vous les laisserez pour les pauvres et pour les étrangers. Je suis le Seigneur votre Dieu.» Le Seigneur dit à Moïse de communiquer aux Israélites les prescriptions suivantes: «Le premier jour du septième mois, vous observerez un jour de repos, jour de souvenir et d'ovation, marqué par un rassemblement en mon honneur. Vous n'accomplirez pas votre travail ordinaire, et vous m'offrirez un sacrifice consumé.» Le Seigneur dit à Moïse: «Le dixième jour du septième mois sera le grand jour du Pardon des péchés. Vous vous rassemblerez en mon honneur, vous jeûnerez et vous m'offrirez un sacrifice consumé. Vous ne devrez faire aucun travail, parce que c'est le jour solennel où l'on effectuera sur vous le geste rituel du pardon, devant moi, le Seigneur votre Dieu. Toute personne qui négligera de jeûner ce jour-là sera exclue de la communauté d'Israël. Et j'éliminerai moi-même du peuple d'Israël toute personne qui accomplira un travail quelconque en ce jour où tout travail vous est interdit. Vous observerez cette prescription en tout temps et quel que soit l'endroit où vous habiterez. Vous en ferez un jour de repos, semblable au sabbat, et vous jeûnerez. Vous observerez ce repos sabbatique, du neuvième jour du mois au soir jusqu'au lendemain soir.» Le Seigneur dit à Moïse de communiquer aux Israélites les prescriptions suivantes: «A partir du quinzième jour du septième mois, on célébrera pendant une semaine la fête des Huttes en mon honneur. Le premier jour, vous vous rassemblerez pour m'adorer, et vous n'accomplirez pas votre travail ordinaire. Chaque jour de la semaine, vous m'offrirez un sacrifice consumé. Le huitième jour, vous vous rassemblerez de nouveau en mon honneur et vous m'offrirez également un sacrifice consumé. Le jour de ce rassemblement final, vous n'accomplirez pas votre travail ordinaire. «A l'occasion de ces fêtes solennelles célébrées en mon honneur, vous vous rassemblerez pour m'adorer et pour m'offrir des sacrifices complets avec des offrandes végétales ou des sacrifices de communion avec des offrandes de vin, selon le rituel propre à chaque fête. Ces sacrifices s'ajoutent à ceux qui me sont offerts les jours de sabbat, comme à tous les dons et sacrifices que vous pouvez m'offrir de manière spontanée ou pour accomplir des vœux. «Le quinzième jour du septième mois, après avoir récolté les produits de la terre, vous commencerez à célébrer une fête d'une semaine en mon honneur. Le premier et le huitième jours seront des jours de repos. Dès le premier jour, vous vous munirez de beaux fruits, de feuilles de palmiers, de rameaux d'arbres touffus ou de saules des torrents, et vous manifesterez votre joie devant moi pendant toute la semaine. Chaque année vous célébrerez cette fête en mon honneur, pendant une semaine au cours du septième mois. Vous observerez cette prescription en tout temps. Durant cette semaine, vous, les Israélites, vous devrez tous vous installer dans des huttes, afin que vos descendants sachent que j'ai fait habiter leurs ancêtres dans des huttes, lorsque je les ai conduits hors d'Égypte. Je suis le Seigneur votre Dieu.» C'est ainsi que Moïse communiqua aux Israélites la liste des fêtes à célébrer en l'honneur du Seigneur. Le Seigneur dit à Moïse: «Ordonne aux Israélites de te fournir de l'huile d'olive de la meilleure qualité, afin que tous les soirs les lampes soient allumées. Aaron placera le porte-lampes dans la tente de la rencontre, devant le rideau qui cache le coffre de l'alliance; les lampes brûleront du soir au matin devant moi. Cette règle devra toujours être appliquée par vous, de génération en génération. Aaron placera les lampes devant moi, sur le porte-lampes d'or pur, pour qu'elles brûlent toutes les nuits.» «Prends de la farine et fais cuire douze galettes de pain, de six kilos chacune. Tu les placeras devant moi, sur la table d'or pur, en deux piles de six galettes. Sur chaque pile tu déposeras de l'encens pur, qui sera ensuite brûlé en mon honneur, à la place du pain, en tant que “mémorial”. «Chaque jour de sabbat, à perpétuité, on devra disposer devant moi de telles galettes. Les Israélites seront tenus pour toujours par cette obligation. Les galettes reviendront à Aaron et à ses descendants, qui les mangeront dans un endroit réservé du sanctuaire; en effet, puisqu'elles m'ont été offertes, elles me sont strictement réservées, et je les leur donne pour toujours.» et on le mit sous bonne garde, en attendant que Dieu prononce lui-même la sentence. Le Seigneur dit alors à Moïse: «Emmenez cet homme hors du camp! Tous ceux qui l'ont entendu insulter mon nom poseront leurs mains sur sa tête, puis toute la communauté d'Israël le tuera en lui jetant des pierres. Et voici les commandements que tu communiqueras aux Israélites: «Si un homme injurie son Dieu, il doit en porter la responsabilité. Quiconque insulte le nom du Seigneur doit être mis à mort: toute la communauté d'Israël le tuera en lui jetant des pierres. Qu'il s'agisse d'un étranger ou d'un Israélite, il sera mis à mort pour avoir insulté le nom de Dieu. «Si un homme tue un autre être humain, il doit être mis à mort. S'il tue un animal appartenant à quelqu'un d'autre, il doit le remplacer par un animal vivant. «Si un homme blesse une autre personne, on lui infligera la même blessure: fracture pour fracture, œil pour œil, dent pour dent; on lui rendra le mal qu'il a fait à l'autre. «Celui qui tue un animal doit le remplacer; celui qui tue un être humain doit être mis à mort. «Vous aurez une seule et même législation pour les étrangers et pour les Israélites, car je suis le Seigneur votre Dieu.» Moïse transmit ces commandements aux Israélites. Ceux-ci emmenèrent l'homme à l'extérieur du camp et le tuèrent en lui jetant des pierres. Ils exécutèrent ainsi la sentence que le Seigneur avait communiquée à Moïse. Sur le mont Sinaï, le Seigneur dit à Moïse de communiquer aux Israélites les prescriptions suivantes: «Quand vous serez entrés dans le pays que je vais vous donner, vous laisserez périodiquement le sol se reposer en mon honneur. Pendant six ans vous pourrez ensemencer vos champs, tailler vos vignes et en récolter les produits; mais la septième année me sera consacrée, ce sera une année de repos complet pour le sol: vous ne devrez pas ensemencer vos champs ou tailler vos vignes; vous ne devrez même pas moissonner ce qui aura poussé naturellement depuis l'année précédente ou vendanger les grappes qui auront mûri dans les vignes non soignées, car ce sera une année de repos complet pour le sol. Toutefois vous pourrez consommer ce qui aura poussé naturellement, vous, vos serviteurs et vos servantes, de même que les ouvriers salariés et les hôtes résidant chez vous. Tous ces produits serviront également à nourrir votre bétail et même les bêtes sauvages de votre pays.» «Vous laisserez s'écouler sept périodes de sept ans, soit quarante-neuf ans. Ensuite, le dixième jour du septième mois, le grand jour du Pardon des péchés, vous ferez retentir dans tout le pays une sonnerie de trompette accompagnée d'une ovation. De cette manière vous manifesterez que la cinquantième année est consacrée à Dieu, et vous proclamerez la libération pour tous les habitants du pays. Cette année portera le nom de “Jubilé”. A cette occasion, chacun d'entre vous pourra rentrer en possession de ses terres et regagner sa famille. C'est ainsi que vous célébrerez tous les cinquante ans l'année du “Jubilé”. Vous ne devrez pas ensemencer vos champs, ni moissonner les épis qui auront poussé naturellement, ni vendanger les grappes qui auront mûri dans les vignes non soignées, car c'est l'année du “Jubilé”, dont vous respecterez le caractère sacré. Par contre vous pourrez consommer ce que les champs produisent d'eux-mêmes. «Lors de l'année du “Jubilé”, chacun de vous pourra rentrer en possession de ses terres. Si vous achetez ou vendez du terrain à un compatriote, ne lui causez pas du tort. Achetez ou vendez en tenant compte des années écoulées depuis le dernier “Jubilé”, et par conséquent aussi des années de récolte qui restent jusqu'au prochain. Plus il restera d'années, plus le prix d'achat sera élevé, et moins il restera d'années, moins le prix sera élevé; en effet, c'est un certain nombre de récoltes que l'on vend. Manifestez votre respect envers moi, le Seigneur votre Dieu, en ne causant aucun tort à votre compatriote. Mettez en pratique mes lois et prenez bien soin d'observer les règles qui viennent de moi; alors vous habiterez en sécurité dans ce pays. La terre donnera des récoltes assez abondantes pour vous nourrir, et vous pourrez y vivre sans soucis. «Vous allez peut-être vous demander: “Aurons-nous assez à manger lorsque, tous les sept ans, nous n'aurons pas le droit d'ensemencer nos champs ni de récolter ce qu'ils produisent?” Eh bien, moi, le Seigneur, je vous comblerai de biens au cours de la sixième année, j'ordonnerai à la terre de produire des récoltes pour trois ans. La huitième année, vous ensemencerez de nouveau vos champs, mais cette année-là vous vivrez encore de l'ancienne récolte, car vous aurez assez de réserves pour attendre la récolte de la neuvième année.» «Une terre ne pourra jamais être vendue de manière définitive, car la terre m'appartient, à moi, le Seigneur, et vous serez comme des étrangers ou des hôtes résidant dans mon pays. C'est pourquoi, dans tout le pays que je vous donnerai, vous fixerez les règles permettant à quelqu'un de racheter une de ses terres. «Quand un de vos compatriotes tombé dans la misère sera obligé de vendre une de ses terres, un de ses proches parents possédant le droit de rachat devra la racheter. Si l'homme n'a pas de parent ayant un tel droit, mais qu'il trouve les moyens de racheter lui-même sa terre, il calculera le montant dû à l'acheteur d'après le nombre d'années qui restent jusqu'au “Jubilé”, il le payera et reprendra possession de sa terre. S'il ne trouve pas de quoi faire ce remboursement, le terrain restera la propriété de l'acheteur jusqu'à l'année du “Jubilé”. A ce moment-là, le premier propriétaire en reprendra possession. «Si un homme vend une maison d'habitation située dans une ville fortifiée, le droit de rachat sera temporaire: il ne s'étendra pas au-delà d'une année à partir de la vente. Si la maison n'est pas rachetée dans le délai d'un an, elle restera définitivement la propriété de l'acheteur et de ses descendants. Ils n'auront pas à la restituer lors de l'année du “Jubilé”. Par contre les maisons situées dans les localités non fortifiées seront soumises aux mêmes règles que les terres du pays: il y aura un droit de rachat permanent pour une telle maison, et de toute façon elle reviendra au premier propriétaire lors de l'année du “Jubilé”. «Quant aux lévites, ils auront en tout temps un droit de rachat sur leurs maisons situées dans les villes lévitiques. Même si une de ces maisons a été achetée par un autre lévite, elle devra revenir au premier propriétaire lors de l'année du “Jubilé”. En effet, ces maisons-là constitueront l'unique propriété des lévites dans le pays d'Israël. Mais les champs situés dans les alentours de leurs villes ne devront pas être vendus, car ils seront la propriété définitive des lévites.» «Quand un de vos compatriotes tombé dans la misère ne pourra plus tenir ses engagements à votre égard, vous devrez lui venir en aide, afin qu'il puisse continuer à vivre à vos côtés. Vous agirez de cette manière même envers un étranger ou un hôte résidant dans votre pays. Vous ne lui demanderez pas d'intérêts, sous quelque forme que ce soit. Montrez par votre comportement que vous me respectez, et permettez-lui ainsi de vivre à vos côtés. Si vous lui prêtez de l'argent, n'exigez pas d'intérêts; si vous lui fournissez de la nourriture, ne lui demandez pas de vous en rendre avec un supplément. Je suis le Seigneur votre Dieu; je vous ai fait sortir d'Égypte pour vous donner le pays de Canaan et devenir votre Dieu.» «Quand un de vos compatriotes tombé dans la misère devra se vendre à vous comme serviteur, ne lui imposez pas une tâche d'esclave, mais traitez-le comme un ouvrier salarié ou un hôte résidant chez vous. Il sera à votre service jusqu'à l'année du “Jubilé”. A ce moment-là, la liberté lui sera rendue, ainsi qu'à ses enfants; il regagnera sa famille et rentrera en possession de la terre de ses ancêtres. En effet, les Israélites sont à mon service, eux que j'ai délivrés d'Égypte; c'est pourquoi ils ne doivent pas être vendus comme on vend des esclaves. Ne les traitez pas avec brutalité. Montrez par votre comportement que vous me respectez, moi, votre Dieu. «Si vous avez besoin d'esclaves ou de servantes, vous vous en procurerez auprès des nations qui vous entourent. Vous pourrez également en acquérir parmi les enfants des étrangers venus résider dans votre pays ou parmi les membres de leurs clans nés sur place. Ils vous appartiendront. Plus tard vous les laisserez en héritage à vos fils, afin qu'ils en aient la propriété à leur tour. Vous pourrez les garder comme esclaves à perpétuité. Par contre, que jamais personne parmi vous ne traite avec brutalité un de ses frères israélites. «Si un étranger ou un hôte résidant dans votre pays s'enrichit et qu'un de vos compatriotes tombé dans la misère se vende à lui, ou à un autre membre d'un clan d'étrangers, votre compatriote pourra bénéficier d'un droit de rachat: un de ses frères peut le racheter; à défaut de frère, un oncle, ou un cousin, ou encore un autre parent de son clan peut le faire. Il peut également se racheter lui-même s'il en trouve les moyens. En ce cas, il comptera avec l'acheteur le nombre d'années comprises entre celle où il s'est vendu et celle du “Jubilé”, il calculera le rapport entre le prix de vente et ce nombre d'années, et évaluera le travail fourni d'après le tarif d'un salarié à la journée. Si les années jusqu'au “Jubilé” sont encore nombreuses, il restituera pour son rachat une part importante du prix de vente. Si au contraire les années restantes sont peu nombreuses, il en fera le compte et ne restituera que la part proportionnelle à ce nombre d'années. Tant qu'il reste chez son maître, il doit être considéré comme un salarié à l'année; vous veillerez à ce que le maître ne le traite pas avec brutalité. Si votre compatriote n'est pas racheté d'une manière ou d'une autre, la liberté lui sera rendue, de même qu'à ses enfants, lors de l'année du “Jubilé”.» «Oui, les Israélites sont mes serviteurs! Ils le sont, puisque c'est moi qui les ai fait sortir d'Égypte! Je suis le Seigneur votre Dieu. «Ne vous fabriquez pas de faux dieux, ne dressez pas d'idoles ou de pierres sacrées, ne placez pas dans votre pays de pierres décorées pour les adorer. En effet, je suis le Seigneur votre Dieu. «Observez le repos du sabbat, et traitez mon sanctuaire avec respect. Je suis le Seigneur.» «Si vous observez mes lois, si vous prenez soin de mettre en pratique mes commandements, j'enverrai en temps voulu les pluies dont vous avez besoin, afin que la terre produise des récoltes et les arbres des fruits. Alors chez vous le battage des céréales durera jusqu'aux vendanges et les vendanges dureront jusqu'aux semailles. Vous aurez de la nourriture en abondance, et vous habiterez en sécurité dans votre pays. J'y ferai régner la tranquillité: quand vous vous coucherez, rien ne viendra vous troubler. J'en éliminerai les bêtes malfaisantes. On ne viendra plus vous y faire la guerre; vous mettrez en fuite vos ennemis, ils tomberont sous vos attaques. Cinq d'entre vous suffiront à mettre en fuite cent ennemis, cent d'entre vous en chasseront dix mille, qui tomberont sous vos attaques. J'interviendrai en votre faveur, je vous accorderai de nombreux enfants et je maintiendrai mon alliance avec vous. Vos récoltes seront si abondantes que vous pourrez vivre longtemps des réserves accumulées, vous devrez même vous débarrasser du reste pour faire place à de nouvelles récoltes. J'établirai ma demeure au milieu de vous et je ne me détournerai pas de vous. Je marcherai à vos côtés; je serai votre Dieu et vous serez mon peuple. Je suis le Seigneur votre Dieu, qui vous ai fait sortir du pays des Égyptiens afin que vous ne soyez plus leurs esclaves. Depuis que j'ai brisé la domination égyptienne qui pesait sur vous, vous pouvez marcher la tête haute.» «Si vous ne m'obéissez pas et ne mettez pas en pratique tous ces commandements, si vous rompez mon alliance en rejetant mes lois et en vous détournant des règles qui viennent de moi, voici comment moi je vous traiterai: «Je mobiliserai contre vous l'épouvante, avec le dépérissement et la fièvre, ces maux qui épuisent les regards et rongent la vie. Vous ensemencerez vos champs, mais en vain, car ce sont vos ennemis qui s'empareront des récoltes. J'interviendrai contre vous: vous serez battus par vos adversaires, vous tomberez sous la domination de vos ennemis; vous fuirez, même si personne ne vous poursuit. «Si cela ne vous amène pas à m'obéir, je multiplierai par sept le châtiment de vos fautes: pour briser votre orgueilleuse assurance, je rendrai le ciel au-dessus de vous dur comme du fer, et vos terres, privées de pluie, deviendront dures comme du bronze. Vous épuiserez vos forces sans résultat: la terre ne produira rien et les arbres ne donneront aucun fruit. «Si vous vous opposez à moi en refusant de m'obéir, je multiplierai encore par sept le châtiment de vos fautes: j'enverrai dans votre pays des bêtes sauvages qui tueront vos enfants, extermineront votre bétail et vous décimeront au point que vos chemins deviendront déserts. «Si cela ne suffit pas encore à vous corriger, si vous continuez à vous opposer à moi, à mon tour je m'opposerai à vous, et une fois encore je multiplierai par sept le châtiment de vos fautes: je déclencherai une guerre contre vous, pour avoir rompu mon alliance; vous vous réfugierez dans les villes, mais j'y provoquerai une épidémie de peste et vous tomberez sous la domination de vos ennemis. Je vous priverai de nourriture; dix femmes pourront cuire votre pain dans un seul four et elles vous en ramèneront de si petites rations que vous mangerez sans arriver à calmer votre faim. «Si tout cela ne vous conduit pas à m'obéir, si vous persistez à vous opposer à moi, à mon tour, dans ma fureur, je m'opposerai à vous et une fois de plus je multiplierai par sept le châtiment de vos fautes. Vous devrez manger la chair de vos propres enfants. Dans ma haine contre vous, je détruirai vos lieux sacrés, j'abattrai vos autels à parfums, j'entasserai vos cadavres sur les débris de vos idoles. Je réduirai vos villes en ruine et vos sanctuaires en lieux déserts; je ne me laisserai plus apaiser par vos sacrifices à la fumée odorante. Je ravagerai tellement votre pays que vos ennemis venus l'occuper en seront stupéfaits. Je déclencherai des attaques contre vous et je vous disperserai parmi les nations étrangères; votre pays sera réduit en désert et vos villes en ruine. «Alors, durant toutes les années où vous serez exilés chez vos ennemis, votre pays abandonné jouira d'un temps de repos en compensation des périodes de repos qui n'auront pas été observées. Oui, le sol se reposera pour compenser toutes les périodes de repos que vous ne lui aurez pas accordées, lorsque vous y habitiez. «Quant à ceux d'entre vous qui subsisteront dans les pays de leurs ennemis, je les remplirai d'angoisse: le simple bruit d'une feuille agitée par le vent les mettra en fuite; ils fuiront comme devant un ennemi en armes et ils tomberont, même si personne ne les poursuit. Ils trébucheront les uns sur les autres comme lorsqu'on fuit devant l'ennemi, alors même que personne ne les poursuivra. Ils seront incapables de résister à leurs ennemis. Finalement ils mourront en exil, dévorés par ces pays étrangers. Si quelques-uns d'entre vous survivent dans les pays de vos ennemis, ils y dépériront à cause de leurs propres péchés, et à cause aussi des péchés de leurs ancêtres.» «Mais ces survivants finiront par reconnaître qu'eux et leurs ancêtres ont péché en commettant des fautes graves envers moi et en s'opposant à moi; ils comprendront que je me sois opposé à eux et que je les aie conduits en exil dans le pays de leurs ennemis. Ils s'humilieront de leur infidélité et accepteront le châtiment de leur faute. Alors je me souviendrai des alliances conclues avec leurs ancêtres, Jacob, Isaac et Abraham, et je me souviendrai aussi de ma promesse relative à leur pays. Tant qu'ils en seront absents, le pays, abandonné, jouira d'une période de repos. Pendant ce temps, ils subiront leur châtiment pour s'être détournés de mes lois et avoir rejeté les règles qui viennent de moi. Pourtant, même durant leur exil dans le pays de leurs ennemis, je ne les rejetterai pas complètement, je ne me détournerai pas d'eux, je ne les exterminerai pas, je ne romprai pas mon alliance, car je suis le Seigneur leur Dieu. Oui, je me souviendrai, pour leur salut, de l'alliance conclue avec leurs ancêtres, que j'ai fait sortir d'Égypte, sous les yeux des autres nations, pour devenir leur Dieu. Je suis le Seigneur.» Telles sont les lois, les règles et les enseignements qui fixent les rapports entre le Seigneur et les Israélites; le Seigneur les leur a communiqués par l'intermédiaire de Moïse, sur le mont Sinaï. Le Seigneur dit à Moïse de communiquer aux Israélites les prescriptions suivantes: «Si quelqu'un a fait vœu d'offrir une personne au Seigneur, il peut s'acquitter de son vœu en payant une somme d'argent, d'après le tarif que voici: «Personne de 20 à 60 ans: cinquante pièces d'argent – en monnaie du sanctuaire – pour un homme, trente pièces pour une femme. «Enfant de 5 à 20 ans: vingt pièces pour un garçon, dix pièces pour une fille. «Enfant de 1 mois à 5 ans: cinq pièces pour un garçon, trois pièces pour une fille. «Personne de plus de 60 ans: quinze pièces pour un homme, dix pièces pour une femme. «Si quelqu'un est trop pauvre pour payer le montant prévu, il doit amener la personne concernée devant le prêtre; celui-ci fera une estimation du prix à payer en fonction des moyens de celui qui a prononcé le vœu. «Si le vœu porte sur une bête d'une espèce qui convient pour un sacrifice destiné au Seigneur, la bête concernée est consacrée: on n'a pas le droit de la remplacer par une autre, qu'elle soit de meilleure ou de moins bonne qualité. Si quelqu'un fait tout de même un échange, les deux bêtes seront tenues pour consacrées. «Si le vœu porte sur une bête d'une espèce impure, qui ne convient pas pour un sacrifice destiné au Seigneur, le propriétaire doit amener la bête concernée devant le prêtre: le prêtre en fera l'estimation, en tenant compte de ses qualités ou de ses défauts; on se conformera à cette estimation. Si le propriétaire désire racheter la bête, il doit payer un cinquième de plus que le montant fixé par le prêtre. «Si quelqu'un consacre sa maison au Seigneur, le prêtre en fera l'estimation, en tenant compte de son état bon ou mauvais; on se conformera à cette estimation. Si le propriétaire désire racheter sa maison, il doit payer un cinquième de plus que le montant fixé par le prêtre, pour en reprendre possession. «Si quelqu'un consacre au Seigneur un de ses champs, sa valeur sera fixée d'après la quantité de grain qu'on peut y récolter: cinquante pièces d'argent pour trois cents kilos d'orge. Si le champ est consacré dès l'année dite du “Jubilé”, le tarif sera appliqué tel quel. Si le champ est consacré après l'année du “Jubilé”, le prêtre calculera un prix réduit en fonction du nombre d'années qui restent jusqu'au prochain “Jubilé”. «Si le propriétaire désire racheter son champ, il doit payer un cinquième de plus que le montant fixé par le prêtre, pour en reprendre possession. «S'il ne rachète pas son champ, mais qu'il le vende à quelqu'un d'autre, il ne pourra plus le racheter lui-même: lors de l'année du “Jubilé”, ce champ reviendra au Seigneur et deviendra propriété des prêtres, comme un champ qui a été consacré au Seigneur de manière irrévocable. «Si quelqu'un consacre au Seigneur un champ qu'il a acheté et non hérité, le prêtre en calculera la valeur en fonction du nombre d'années qui restent jusqu'au prochain “Jubilé”, et le donateur versera le jour même le montant fixé. L'argent en sera consacré au Seigneur. Mais lors du “Jubilé”, le champ reviendra au premier propriétaire, c'est-à-dire à celui qui l'avait hérité. «Toute estimation sera faite en monnaie du sanctuaire, dont la pièce de base pèse dix grammes.» «Un homme n'a pas le droit de consacrer au Seigneur, à titre privé, un animal premier-né, car tout premier-né, veau, chevreau ou agneau, est déjà réservé au Seigneur. S'il s'agit du premier petit d'un animal impur, le propriétaire peut le racheter en payant un cinquième de plus que le montant fixé par le prêtre. S'il ne le rachète pas, le prêtre peut le vendre à quelqu'un d'autre à la valeur d'estimation. «De plus, rien de ce qu'un homme consacre au Seigneur de manière irrévocable ne peut être vendu ou racheté; que ce soit un être humain, un animal, ou encore un champ hérité, tout ce qui est consacré de cette manière-là devient très saint, réservé exclusivement au Seigneur. Même s'il s'agit d'un être humain, on ne peut pas le racheter: il doit être mis à mort. «On devra consacrer au Seigneur un dixième des produits de la terre et des fruits des arbres; c'est la part qui lui est réservée. Si quelqu'un veut en racheter une partie, il doit payer aux prêtres le prix normal augmenté d'un cinquième. En ce qui concerne les bœufs, les moutons et les chèvres, une bête sur dix est marquée pour être consacrée au Seigneur. Le propriétaire ne doit pas faire de choix entre les bêtes, bonnes ou mauvaises; s'il remplace tout de même une bête par une autre, les deux seront tenues pour consacrées au Seigneur, et il ne pourra racheter ni l'une ni l'autre.» Tels sont les commandements que le Seigneur a communiqués à Moïse, sur le mont Sinaï, à l'intention des Israélites. Le Seigneur adressa la parole à Moïse dans la tente de la rencontre, au désert du Sinaï; c'était le premier jour du deuxième mois, l'année après celle où les Israélites quittèrent l'Égypte. Le Seigneur lui dit: «Effectuez, Aaron et toi, le recensement de la communauté d'Israël, en dressant la liste nominative de tous les hommes, d'après leur clan et leur famille. Recensez tous les hommes de vingt ans et plus, aptes au service militaire, selon leur appartenance aux diverses troupes de l'armée d'Israël. Un chef de famille par tribu vous secondera; en voici la liste: tribu de Ruben: Élissour, fils de Chedéour; tribu de Siméon: Cheloumiel, fils de Sourichaddaï; tribu de Juda: Nachon, fils d'Amminadab; tribu d'Issakar: Netanéel, fils de Souar; tribu de Zabulon: Éliab, fils de Hélon; tribu d'Éfraïm, fils de Joseph: Élichama, fils d'Ammihoud; tribu de Manassé, fils de Joseph: Gamliel, fils de Pedassour; tribu de Benjamin: Abidan, fils de Guidoni; tribu de Dan: Ahiézer, fils d'Ammichaddaï; tribu d'Asser: Paguiel, fils d'Okran; tribu de Gad: Éliassaf, fils de Déouel; tribu de Neftali: Ahira, fils d'Énan.» Les chefs de famille de la communauté qui furent choisis étaient également des chefs militaires d'Israël. Moïse et Aaron s'adjoignirent ces douze hommes, personnellement désignés à cet effet, et ils rassemblèrent toute la communauté le premier jour du deuxième mois. Tous les Israélites âgés de vingt ans et plus se firent inscrire sur la liste nominative, selon leur clan et leur famille, comme le Seigneur l'avait ordonné à Moïse. Le recensement eut lieu dans le désert du Sinaï. Tels sont les résultats du recensement effectué par Moïse, Aaron et les douze chefs de famille représentant les tribus d'Israël. Le total des Israélites recensés, âgés de vingt ans et plus, et aptes au service militaire, s'élevait ainsi à 603 550. Les membres de la tribu de Lévi ne furent pas recensés en même temps que les autres Israélites. En effet, le Seigneur avait dit à Moïse: «Ne recense pas les descendants de Lévi en même temps que les autres Israélites. Tu leur confieras la responsabilité de la demeure sacrée où est déposé le document de l'alliance, et celle de tous les accessoires et du matériel qui s'y trouvent. Ils transporteront la demeure et ses accessoires, assureront le service à l'intérieur de la demeure et camperont tout autour d'elle. Lorsque vous lèverez le camp, ce sont eux qui la démonteront; ils la remonteront lorsque vous installerez de nouveau votre camp. Si quelqu'un d'autre s'approche de la demeure, il devra être mis à mort. Les Israélites camperont dans le secteur de leur unité d'armée, près de leur étendard; seuls les descendants de Lévi camperont autour de la demeure sacrée, et ils y accompliront leur service. De cette manière les Israélites ne risqueront pas de provoquer ma colère contre eux.» Les Israélites agirent exactement comme le Seigneur l'avait ordonné à Moïse. Le Seigneur dit à Moïse et à Aaron: «Chaque Israélite doit camper près de l'étendard de son unité d'armée et de la bannière de sa famille. Le camp sera installé autour de la tente de la rencontre, mais à une certaine distance. L'unité d'armée de Juda comptera donc 186 400 hommes. Ce sont eux qui partiront en tête du peuple d'Israël. L'unité d'armée de Ruben comptera donc 151 450 hommes. Ce sont eux qui partiront en second. «Ensuite les descendants de Lévi partiront, avec la tente de la rencontre. Ils se trouveront donc entre les deux premières et les deux dernières unités. Ils partiront eux aussi dans l'ordre où ils campent, chaque homme à sa place, suivant l'étendard de son clan. L'unité d'armée d'Éfraïm comptera donc 108 100 hommes. Cette troisième unité d'armée partira après les descendants de Lévi. L'unité d'armée de Dan comptera donc 157 600 hommes. Ce sont eux qui partiront en dernier. «Tous resteront groupés autour de leurs étendards.» Le total des Israélites recensés, par famille et par unité d'armée, s'élevait à 603 550. Les descendants de Lévi ne furent pas recensés en même temps que les autres Israélites, conformément à l'ordre que le Seigneur avait donné à Moïse. Les Israélites agissaient exactement comme le Seigneur l'avait ordonné à Moïse: ils campaient près de leurs étendards, et partaient dans l'ordre indiqué, par clans et par familles. Voici quels étaient les membres de la famille d'Aaron et Moïse, à l'époque où le Seigneur parla à Moïse sur le mont Sinaï: Aaron avait quatre fils, dont l'aîné s'appelait Nadab et les autres Abihou, Élazar et Itamar. Ils avaient été consacrés comme prêtres et étaient entrés en fonction. Mais Nadab et Abihou moururent devant le sanctuaire, dans le désert du Sinaï, lorsqu'ils présentèrent au Seigneur une offrande de parfum profane. Ils n'avaient pas de fils. Seuls Élazar et Itamar restèrent alors pour exercer le ministère de prêtres aux côtés de leur père Aaron. Le Seigneur dit à Moïse: «Fais venir les descendants de Lévi et mets-les à la disposition du prêtre Aaron pour qu'ils le secondent. Ils exerceront leur ministère devant la tente de la rencontre au service d'Aaron et de toute la communauté d'Israël, et ils accompliront les tâches relatives à la demeure sacrée. Ils s'occuperont des accessoires de la tente et accompliront, au service des Israélites, les tâches relatives à la demeure. Tu mettras donc les lévites à la disposition d'Aaron et de ses fils; ils seront assignés à l'entretien du sanctuaire, au nom des autres Israélites. Mais tu veilleras à ce que seuls Aaron et ses fils exercent le ministère de prêtres. Si quelqu'un y prend part sans être prêtre, il devra être mis à mort.» Puis le Seigneur dit encore à Moïse: «C'est moi-même qui ai choisi les lévites parmi tous les autres Israélites. Ils remplacent les premiers-nés du peuple d'Israël. En effet, le jour où j'ai fait mourir tous les premiers-nés des Égyptiens, je me suis réservé les fils aînés des Israélites et les premiers petits de leurs animaux: ils m'appartiennent. Je suis le Seigneur.» Dans le désert du Sinaï, le Seigneur dit à Moïse: «Effectue le recensement de la tribu de Lévi, par familles et par clans; enregistre tous les hommes et les garçons âgés d'un mois et plus.» Moïse obéit à l'ordre donné par le Seigneur. Les fils de Lévi s'appelaient Guerchon, Quéhath et Merari. Libni et Chiméi, les fils de Guerchon, furent les ancêtres des clans qui portent leur nom. Amram, Issar, Hébron et Ouziel, les fils de Quéhath, furent aussi les ancêtres de leurs clans. Mali et Mouchi, les fils de Merari, furent également les ancêtres de leurs clans. Tous ces hommes ont donné leur nom aux clans de la tribu de Lévi. Guerchon fut l'ancêtre des Guerchonites, répartis en deux clans, ceux des Libnites et des Chiméites. Lors du recensement, ils étaient 7 500 hommes et garçons âgés d'un mois et plus. Les clans des Guerchonites campaient derrière la demeure sacrée, à l'ouest. Ils avaient pour chef Éliassaf, fils de Laël. Les Guerchonites s'occupaient des parties suivantes de la tente de la rencontre: la tente intérieure, la tente extérieure, la couverture protectrice, le rideau d'entrée de la tente, les tentures et le rideau d'entrée de la cour située autour de la demeure et de l'autel, et les cordes de la tente. Ils étaient responsables de l'entretien de ces éléments. Quéhath fut l'ancêtre des Quéhatites, répartis en quatre clans, ceux des Amramites, des Issarites, des Hébronites et des Ouziélites. Ils étaient 8 300 hommes et garçons âgés d'un mois et plus. Ils étaient chargés de prendre soin des objets sacrés. Les clans des Quéhatites campaient du côté sud de la demeure. Ils avaient pour chef Élissafan, fils d'Ouziel. Les Quéhatites s'occupaient du coffre sacré, de la table, du porte-lampes, des autels, des ustensiles utilisés dans le sanctuaire, et du rideau intérieur de la demeure. Ils étaient responsables de l'entretien de ces éléments. Le responsable en chef des lévites était Élazar, fils du prêtre Aaron; il exerçait la surveillance sur les hommes chargés du service du sanctuaire. Merari fut l'ancêtre des Merarites, répartis en deux clans, ceux des Malites et des Mouchites. Lors du recensement, ils étaient 6 200 hommes et garçons âgés d'un mois et plus. Ils avaient pour chef Souriel, fils d'Abihaïl. Ils campaient du côté nord de la demeure sacrée. Les Merarites s'occupaient des cadres de la demeure, des traverses, des colonnes, des socles et de tous les autres accessoires. Ils étaient responsables de l'entretien de ces éléments. Ils s'occupaient aussi des colonnes et des socles placés autour de la cour sacrée, ainsi que des piquets et des cordes. Moïse, Aaron et ses fils campaient devant l'entrée de la tente de la rencontre, à l'est. Ils étaient chargés du service du sanctuaire, au nom des Israélites. Si quelqu'un avait voulu s'en approcher sans être prêtre, il aurait été mis à mort. Le total des lévites, hommes et garçons âgés d'un mois et plus, s'élevait à 22 000. Le recensement avait été fait par Moïse et Aaron, sur l'ordre de Dieu, d'après les clans respectifs. Le Seigneur dit à Moïse: «Effectue le recensement de tous les fils aînés des Israélites, âgés d'un mois et plus, en dressant leur liste nominative. Ensuite tu mettras à part les lévites pour qu'ils m'appartiennent, à moi le Seigneur, à la place des fils aînés des Israélites; tu m'attribueras de même le bétail des lévites à la place de tous les animaux premiers-nés du bétail des Israélites.» Comme le Seigneur le lui avait ordonné, Moïse recensa tous les fils aînés des Israélites, âgés d'un mois et plus. Leur total, d'après les listes nominatives, s'élevait à 22 273. Le Seigneur dit à Moïse: «Mets à part les lévites pour qu'ils m'appartiennent, à moi le Seigneur, à la place des fils aînés des Israélites. Attribue-moi de même le bétail des lévites à la place des animaux premiers-nés des Israélites. Il restera cependant à racheter 273 fils aînés des Israélites, qui sont en surnombre par rapport aux lévites. Pour chacun d'eux tu fixeras un tarif de cinq pièces d'argent – en monnaie du sanctuaire, dont la pièce de base pèse dix grammes –, et tu remettras cet argent à Aaron et à ses fils; c'est ainsi qu'on rachètera les fils aînés en surnombre.» Moïse recueillit l'argent destiné au rachat de ceux qui n'étaient pas remplacés par des lévites. Il recueillit en tout auprès des fils aînés des Israélites 1 365 pièces d'argent – en monnaie du sanctuaire –, et il les remit à Aaron et à ses fils, conformément à l'ordre donné par le Seigneur. Le Seigneur dit à Moïse et à Aaron: Ils seront responsables des objets réservés exclusivement au service de Dieu. Lorsque les Israélites devront se mettre en route, Aaron et ses fils viendront d'abord décrocher le rideau de séparation du sanctuaire et en couvriront le coffre sacré contenant le document de l'alliance; ils poseront par-dessus une solide housse de cuir, étendront sur l'ensemble une étoffe tout en laine violette, et mettront en place les barres servant à transporter le coffre. Ils étendront une autre étoffe de laine violette sur la table des pains sacrés et y placeront la vaisselle: plats, coupes, bols et flacons pour les offrandes de vin; ils y mettront aussi les pains qui doivent m'y être offerts en permanence. Ils étendront par-dessus une étoffe de laine cramoisie, poseront sur le tout une solide housse de cuir, et mettront en place les barres servant à transporter la table. Ils couvriront d'une étoffe violette le porte-lampes avec ses lampes et tous ses accessoires, pincettes, cendriers et flacons d'huile. Ils placeront le tout dans une solide housse de cuir qu'ils poseront sur un brancard. Ils étendront sur l'autel d'or une étoffe violette, poseront par-dessus une solide housse de cuir, et mettront en place les barres pour le transport. Ils réuniront tous les objets liturgiques utilisés dans le sanctuaire, les envelopperont dans une étoffe violette, les couvriront d'une solide housse de cuir et les poseront sur un brancard. Ils enlèveront les cendres de l'autre autel, étendront par-dessus une étoffe rouge et y placeront tous les accessoires utilisés lors des sacrifices, cassolettes, fourchettes à viande, pelles et bols à aspersion; ils déploieront sur le tout une solide housse de cuir et mettront en place les barres pour le transport. Au moment d'un départ, les descendants de Quéhath ne viendront prendre les objets sacrés et leurs accessoires que lorsque Aaron et ses fils auront fini de les envelopper. Ainsi les Quéhatites ne toucheront directement aucun objet sacré et ne risqueront donc pas de mourir. En ce qui concerne la tente de la rencontre, les descendants de Quéhath sont en effet chargés de transporter les objets sacrés. Quant à Élazar, fils du prêtre Aaron, il s'occupera de l'huile d'éclairage, du parfum à brûler, des offrandes végétales quotidiennes et de l'huile d'onction; il veillera sur la demeure sacrée et tout ce qu'elle contient, aussi bien les objets sacrés que les accessoires.» Le Seigneur dit encore à Moïse et à Aaron: «Veillez à ce que les clans des Quéhatites puissent subsister au milieu des autres lévites. Pour qu'ils ne risquent pas la mort en s'occupant des objets réservés exclusivement au service de Dieu, agissez ainsi: Toi, Aaron, avec tes fils, vous conduirez chacun d'eux personnellement à sa place en lui indiquant ce qu'il doit faire ou l'objet qu'il doit porter. Ainsi ils n'iront pas regarder, ne serait-ce qu'un instant, les objets sacrés; cela entraînerait leur mort.» Le Seigneur dit à Moïse: «Dresse aussi la liste des descendants de Guerchon, par familles et par clans. Tu recenseras les hommes âgés de trente à cinquante ans, et ils seront enrôlés pour accomplir certains services à la tente de la rencontre. Voici les travaux dont ils seront chargés: ils porteront l'étoffe qui recouvre la demeure sacrée et forme la seconde tente, la couverture en peaux de béliers et la couverture de cuir qui protège le tout, le rideau placé à l'entrée de la tente, les tentures et le rideau d'entrée qui délimitent la cour située autour de la demeure et de l'autel, les cordes de la clôture de la cour, ainsi que les accessoires et ustensiles utilisés dans leur service. Les Guerchonites accompliront leur service sous la direction d'Aaron et de ses fils, aussi bien pour les objets à transporter que pour les travaux à exécuter. Ceux-ci leur diront ce qu'ils ont à faire et à porter. Telles sont les tâches confiées aux descendants de Guerchon, dans la tente de la rencontre. Itamar, fils du prêtre Aaron, surveillera leur travail.» «Effectue également le recensement des descendants de Merari, par clans et par familles. Tu recenseras les hommes âgés de trente à cinquante ans, et ils seront enrôlés pour accomplir certains services à la tente de la rencontre. Voici les travaux dont ils seront chargés: ils porteront les cadres de la demeure sacrée, les traverses, les colonnes, les socles, les colonnes de la clôture de la cour avec les socles, les piquets et les cordes, ainsi que tous les accessoires qu'ils utilisent. Les prêtres dresseront la liste des objets que chacun sera chargé personnellement de transporter. Telles sont les tâches confiées aux descendants de Merari, dans la tente de la rencontre. Itamar, fils du prêtre Aaron, surveillera également leur travail.» Le Seigneur dit à Moïse: «Ordonne aux Israélites d'exclure du camp tous ceux qui sont impurs par suite d'une forme de lèpre, d'une infection des organes sexuels ou d'un contact avec un cadavre. Vous devez les renvoyer, aussi bien les femmes que les hommes, afin qu'ils ne rendent pas impur le camp où je suis présent au milieu d'eux.» Les Israélites obéirent à l'ordre que le Seigneur avait donné à Moïse: ils renvoyèrent du camp tous ceux qui étaient impurs. Le Seigneur dit à Moïse de communiquer aux Israélites les prescriptions suivantes: «Si un homme ou une femme cause du tort à quelqu'un d'autre, il se rend coupable d'une faute grave envers le Seigneur. Il doit confesser la faute commise, et rendre l'objet du délit au propriétaire légitime, en y ajoutant un cinquième de sa valeur. Si le propriétaire est mort et n'a aucun proche parent que l'on puisse dédommager, l'objet doit être donné au Seigneur, c'est-à-dire remis au prêtre. Le coupable offre en outre un bélier en sacrifice de réparation, afin que le prêtre effectue en sa faveur le geste rituel du pardon des péchés. Toute part prélevée sur une offrande apportée à Dieu par des Israélites appartient au prêtre. Ce qu'un homme consacre au Seigneur est remis au prêtre; ce qu'un homme donne à un prêtre, celui-ci peut le garder.» Le Seigneur dit à Moïse de communiquer aux Israélites les prescriptions suivantes: «Supposons qu'une femme mariée se soit mal conduite en étant infidèle à son mari: elle s'est déshonorée en couchant en secret avec un autre homme; son mari n'en a pas la preuve, car il n'y avait aucun témoin et elle n'a pas été prise sur le fait, mais il la soupçonne d'inconduite. Il peut aussi arriver qu'un homme soupçonne sa femme de s'être déshonorée alors qu'il n'en est rien. Dans les deux cas, le mari conduira sa femme auprès du prêtre et apportera l'offrande qui la concerne, à savoir trois kilos de farine d'orge. Il ne versera pas d'huile sur cette farine et n'y déposera pas non plus d'encens, car il s'agit d'une offrande faite à cause d'un soupçon, à l'occasion d'une faute qu'on veut dénoncer. Le prêtre conduira la femme au sanctuaire pour qu'elle comparaisse devant le Seigneur. Il prendra de l'eau sainte dans un récipient en terre et y mélangera de la poussière ramassée sur le sol de la demeure sacrée. Il décoiffera la femme qui comparaît devant le Seigneur, puis lui mettra dans les mains l'offrande de dénonciation, faite à cause du soupçon du mari. Lui-même tiendra dans ses mains l'eau amère, qui apporte la malédiction. Il exigera de la femme qu'elle s'associe par un serment à ses paroles et lui dira: “S'il n'est pas vrai qu'un homme ait couché avec toi et que tu te sois déshonorée en trompant ton mari, sois préservée de la malédiction qu'apporte cette eau amère. Mais si tu t'es effectivement déshonorée en trompant ton mari, si un autre homme que lui a couché avec toi, que le Seigneur te rende stérile et fasse gonfler ton ventre, de telle sorte que tes compatriotes te citent en exemple quand ils prononceront une malédiction solennelle; que cette eau qui apporte la malédiction pénètre dans tes entrailles, pour faire gonfler ton ventre et te rendre stérile.” La femme répondra: “ Amen! Oui, qu'il en soit ainsi!” «Le prêtre mettra par écrit les formules de malédiction, puis trempera le document dans l'eau amère pour les y effacer. Avant de donner cette eau à la femme, afin qu'elle pénètre dans ses entrailles, le prêtre lui reprendra des mains l'offrande de dénonciation, la présentera au Seigneur avec le geste rituel et l'apportera à l'autel. Il en prélèvera une poignée, appelée “mémorial” et la brûlera sur l'autel. Après cela, il ordonnera à la femme de boire l'eau. Quand elle la boira, il se passera ceci: si elle s'est effectivement déshonorée en étant infidèle à son mari, l'eau amère qui apporte la malédiction pénétrera dans ses entrailles, fera gonfler son ventre et la rendra stérile. Dès lors, ses compatriotes la citeront en exemple quand ils prononceront une malédiction. Mais si la femme ne s'est pas déshonorée, si elle n'est pas coupable, elle sera préservée de la malédiction et pourra encore avoir des enfants. «Telle est la loi relative aux soupçons d'inconduite. Elle concerne la femme qui se conduit mal et se déshonore en étant infidèle à son mari, ou celle qui est simplement soupçonnée d'inconduite par son mari. Le mari fait comparaître sa femme devant le Seigneur, et le prêtre accomplit tout ce rituel. Alors on n'aura rien à reprocher au mari; mais la femme, si elle est coupable, en subira les conséquences.» Le Seigneur dit à Moïse de communiquer aux Israélites les prescriptions suivantes: «Si quelqu'un, homme ou femme, prononce un vœu d'abstinence et s'engage comme naziréen au service du Seigneur, il doit renoncer au vin et à toute autre boisson alcoolique, au vinaigre de vin et à toute autre boisson fermentée, de même qu'à toute boisson à base de raisin; il ne doit manger ni raisins frais ni raisins secs. Tant que dure son engagement, il ne doit rien manger qui provienne d'une plante de vigne, même pas les pépins ou la peau des raisins. Il ne doit pas non plus se couper les cheveux ou la barbe: il est consacré au service du Seigneur et doit donc laisser sa chevelure et sa barbe pousser librement jusqu'à la fin de la période qu'il a fixée. Durant tout ce temps également, il ne doit pas s'approcher du corps d'un défunt; il n'est même pas autorisé à se rendre impur en s'approchant du cadavre de son père, de sa mère, de son frère ou de sa sœur; en effet il est consacré au service du Seigneur, comme l'indiquent ses cheveux non coupés. «Pendant toute la durée de son vœu, cet homme est donc consacré au Seigneur. Si quelqu'un vient à mourir subitement à ses côtés, son temps de consécration est interrompu par ce contact impur. Au bout d'une semaine il est de nouveau pur et il se rase alors la tête. Le jour suivant, il apporte deux tourterelles ou deux pigeons au prêtre, à l'entrée de la tente de la rencontre. Le prêtre offre l'un des oiseaux en sacrifice pour obtenir le pardon, et l'autre en sacrifice complet. Ensuite il effectue sur l'homme le geste rituel qui le purifie du contact avec le cadavre. Le jour même il le déclare en état de se consacrer de nouveau. Alors l'homme reprend au début son temps de consécration en offrant un agneau d'un an en sacrifice de réparation. La période précédente ne compte pas, puisqu'elle a été interrompue. «Voici le rituel concernant celui qui s'est engagé au service du Seigneur: lorsqu'il arrive au terme de la période fixée, on le conduit à l'entrée de la tente de la rencontre. Il amène en présent au Seigneur trois animaux sans défaut: un agneau d'un an destiné à un sacrifice complet, une agnelle d'un an destinée à un sacrifice pour le pardon, et un bélier destiné à un sacrifice de communion. Il apporte également une corbeille de gâteaux sans levain préparés avec de l'huile, et de galettes sans levain arrosées d'huile, ainsi que les offrandes de farine et de vin accompagnant les sacrifices. Le prêtre présente ces offrandes devant le Seigneur, puis offre le sacrifice pour le pardon et le sacrifice complet; il offre ensuite le bélier du sacrifice de communion, avec la corbeille de gâteaux sans levain; il présente enfin les offrandes de farine et de vin. A ce moment-là, l'homme qui s'était engagé au service du Seigneur se rase la tête à l'entrée de la tente de la rencontre, et dépose ses cheveux sur le feu où l'on brûle le sacrifice de communion. Le prêtre prend l'épaule du bélier, qu'on a fait cuire, et prélève dans la corbeille un gâteau sans levain et une galette; il les dépose sur les mains de l'homme, après que celui-ci s'est rasé la tête. Le prêtre les offre ensuite lui-même au Seigneur, avec le geste rituel de présentation. Ces offrandes-là reviennent au prêtre, en plus de la poitrine et du gigot de l'animal qui lui sont normalement réservés. Dès lors l'homme peut de nouveau boire du vin. «Tel est le rituel concernant celui qui s'est engagé au service du Seigneur par un vœu; et tels sont les présents qu'il doit offrir au Seigneur à cette occasion. S'il a les moyens d'ajouter d'autres dons, il le peut; mais il doit en tout cas offrir ce qu'il a promis, conformément au rituel du vœu de consécration.» Le Seigneur dit à Moïse: «Communique à Aaron et à ses fils les paroles qu'ils devront prononcer pour bénir les Israélites. Ils diront: “Que le Seigneur vous bénisse et vous protège! Que le Seigneur vous regarde avec bonté et vous accueille favorablement! Que le Seigneur vous manifeste sa bienveillance et vous accorde la paix!” Lorsque les prêtres prononceront ainsi mon nom pour bénir les Israélites, je leur accorderai moi-même ma bénédiction.» Le jour où Moïse eut terminé de dresser la demeure sacrée, il la consacra, avec tout son mobilier, en versant de l'huile d'onction sur elle, puis il consacra de la même façon l'autel et tous ses accessoires. Alors s'avancèrent les chefs de familles représentant les tribus d'Israël, ceux-là même qui avaient collaboré au recensement. Ils amenaient comme présents pour le Seigneur six chariots couverts et douze bœufs. Chaque chariot constituait l'offrande commune de deux chefs, et chaque bœuf celle d'un chef. Ils les amenèrent devant la demeure. Le Seigneur dit à Moïse: «Accepte leurs présents! Ces chariots et ces bœufs seront utilisés pour le service de la tente de la rencontre. Tu les confieras aux lévites, en fonction de leurs tâches respectives.» Moïse accepta donc les chariots et les bœufs, et les répartit entre les lévites: il donna deux chariots et quatre bœufs aux Guerchonites, pour faciliter leur tâche, et les quatre chariots et huit bœufs restants aux Merarites, pour faciliter la leur, qu'ils accomplissaient sous la direction d'Itamar, fils du prêtre Aaron. Il ne remit ni chariots ni bœufs aux Quéhatites, car ils étaient responsables des objets sacrés, et ils devaient les porter sur leurs propres épaules. Le jour de la consécration de l'autel, les chefs de familles amenèrent également des présents pour sa dédicace. Mais le Seigneur dit à Moïse: «Que les chefs viennent à tour de rôle, un par jour, offrir leurs présents de dédicace.» Au total, les présents offerts par les chefs de familles d'Israël, à l'occasion de la consécration de l'autel, furent les suivants: douze plats en argent, douze bols à aspersion, en argent, et douze coupes en or. Chaque plat pesait 1 300 grammes, et chaque bol 700 grammes; cela représentait en tout 24 kilos d'argent, selon l'unité de poids du sanctuaire. Chaque coupe en or pesait 100 grammes; les douze ensemble pesaient donc 1 200 grammes; elles étaient remplies de parfum à brûler. Il y avait en outre douze taureaux, douze béliers et douze agneaux d'un an, destinés aux sacrifices complets, avec les offrandes végétales correspondantes, douze boucs destinés aux sacrifices pour le pardon, vingt-quatre taureaux, soixante béliers, soixante boucs et soixante agneaux d'un an, destinés aux sacrifices de communion. Tels furent les présents offerts pour la dédicace de l'autel, après sa consécration. Lorsque Moïse entrait dans la tente de la rencontre pour s'entretenir avec le Seigneur, il entendait la voix du Seigneur: elle venait d'un endroit situé entre les deux chérubins, sur le couvercle du coffre contenant le document de l'alliance. Alors il parlait avec lui. Le Seigneur dit à Moïse de communiquer à Aaron la prescription suivante: «Quand tu mettras en place les sept lampes, veille à ce qu'elles éclairent en avant du porte-lampes.» Aaron obéit à l'ordre du Seigneur, transmis par Moïse: il plaça les lampes en prenant soin qu'elles éclairent vers l'avant. Le porte-lampes était entièrement en or martelé, du pied jusqu'au dernier fleuron; il correspondait au modèle que le Seigneur avait montré à Moïse. Le Seigneur dit à Moïse: «Sépare les lévites des autres Israélites, afin de les purifier. La cérémonie de purification se déroulera ainsi: tu les aspergeras avec de l'eau de purification, puis ils se raseront les poils sur le corps entier et laveront leurs vêtements; après quoi ils seront purifiés. Ils prendront avec eux un taureau, accompagné d'une offrande de farine pétrie avec de l'huile, et tu prendras toi-même un second taureau, destiné à un sacrifice pour obtenir le pardon. Aaron me consacrera solennellement les lévites de la part des Israélites, afin qu'ils soient employés à mon service. Ensuite les lévites poseront leur main sur la tête des deux taureaux; Aaron m'offrira l'un en sacrifice pour le pardon et l'autre en sacrifice complet, avant d'effectuer sur les lévites le geste rituel du pardon des péchés. Tu placeras les lévites devant Aaron et ses fils, et tu me les consacreras solennellement. De cette façon tu marqueras la différence entre les lévites et les autres Israélites, et les lévites m'appartiendront. A partir de ce moment-là, les lévites pourront exercer leur ministère dans la tente de la rencontre. «Tu devras purifier les lévites et me les consacrer, car ils sont à ma disposition, en tant que délégués des autres Israélites. Je me les réserve pour remplacer les premiers-nés du peuple d'Israël. En effet, tous les premiers-nés en Israël m'appartiennent, aussi bien ceux des hommes que ceux des animaux. Depuis le jour où j'ai fait mourir tous les premiers-nés du pays d'Égypte, les premiers-nés israélites me sont consacrés. Toutefois je me suis réservé les lévites pour remplacer les premiers-nés israélites, et je les mets à la disposition d'Aaron et de ses fils, en tant que délégués des autres Israélites. Ils exerceront leur ministère au service des autres Israélites dans la tente de la rencontre, et obtiendront ainsi le pardon en leur faveur; de cette manière je n'aurai pas à sévir contre ceux qui viendraient trop près du sanctuaire.» Moïse, Aaron et toute la communauté d'Israël exécutèrent scrupuleusement les ordres que le Seigneur avait donnés à Moïse au sujet des lévites: ceux-ci se purifièrent et lavèrent leurs vêtements, puis Aaron les consacra solennellement au Seigneur et effectua sur eux les gestes rituels du pardon et de la purification. Après quoi les lévites commencèrent à exercer leur ministère dans la tente de la rencontre, sous la direction d'Aaron et de ses fils. On exécuta ainsi les ordres que le Seigneur avait donnés à Moïse au sujet des lévites. Le Seigneur dit encore à Moïse: «Les lévites seront enrôlés dès l'âge de vingt-cinq ans pour exercer leur ministère dans la tente de la rencontre. A partir de cinquante ans, ils en seront dispensés et n'auront plus de travaux à exécuter. Ils pourront aider les lévites en activité pour les services à accomplir dans la tente, mais n'auront plus de charges propres. Voilà les dispositions que tu prendras en ce qui concerne le service des lévites.» Le Seigneur adressa la parole à Moïse dans le désert du Sinaï; c'était durant le premier mois de l'année après celle où les Israélites quittèrent l'Égypte. Le Seigneur lui dit: «Les Israélites doivent célébrer la fête de la Pâque à la date fixée. Célébrez-la donc le quatorzième jour de ce mois-ci, le soir, conformément aux lois et aux règles qui la concernent.» Moïse transmit cet ordre aux Israélites. Ceux-ci célébrèrent la fête le soir du quatorzième jour du premier mois, dans le désert du Sinaï; ils se conformèrent scrupuleusement aux indications que le Seigneur avait données à Moïse. Pourtant certains hommes, qui avaient été en contact avec un cadavre, se trouvaient en état d'impureté ce jour-là; à cause de cela, ils ne pouvaient pas célébrer la Pâque. Ils allèrent trouver Moïse et Aaron; ils dirent à Moïse: «Nous avons été rendus impurs par un cadavre. Faut-il que nous soyons empêchés d'apporter notre offrande au Seigneur comme les autres Israélites, parce qu'il y a une date fixe pour cela?» – «Attendez jusqu'à ce que j'aie appris ce que le Seigneur ordonne à votre sujet», répondit Moïse. Le Seigneur dit à Moïse de communiquer aux Israélites les instructions suivantes: «Si, aujourd'hui ou dans des générations à venir, des Israélites sont impurs pour avoir touché un cadavre, ou s'ils se trouvent en voyage lointain, au moment de la célébration de la Pâque en mon honneur, ils célébreront quand même la fête, mais au soir du quatorzième jour du deuxième mois; ils mangeront l'agneau du sacrifice avec des pains sans levain et des herbes amères. Ils ne laisseront aucun reste pour le lendemain, et ils ne briseront pas les os de l'animal. Ils suivront scrupuleusement le rituel de la Pâque. Mais si quelqu'un néglige de célébrer la Pâque à la date normale, alors qu'il n'est ni en état d'impureté ni en voyage, il sera exclu de la communauté d'Israël; en ne m'apportant pas son offrande au moment voulu, il se rend coupable d'une faute. Enfin, si des étrangers installés dans votre pays désirent célébrer la Pâque en mon honneur, ils devront le faire conformément au rituel et aux règles qui la concernent. Le rituel est le même pour tous, Israélites et étrangers.» Le jour où l'on dressa la demeure sacrée, la fumée vint recouvrir la tente qui abritait le document de l'alliance. Le soir, cette fumée devint lumineuse, et elle le resta jusqu'au matin. Dès lors il en fut toujours ainsi: la fumée recouvrait la demeure et devenait lumineuse la nuit. Chaque fois que la fumée s'élevait au-dessus de la tente, les Israélites levaient le camp, pour aller s'installer à l'endroit où la fumée venait se poser. De cette manière, les Israélites levaient le camp sur l'ordre du Seigneur, et ils le réinstallaient également sur son ordre; ils ne déplaçaient pas le camp tant que la fumée restait sur la demeure. Si la fumée restait longtemps sur la demeure, les Israélites obéissaient au Seigneur et ne partaient pas. Si elle ne restait que peu de jours, on installait et on levait le camp selon les ordres du Seigneur. Parfois la fumée restait à un endroit seulement du soir au lendemain matin, ou bien un jour et une nuit; dès qu'elle s'élevait, les Israélites levaient le camp. Mais si elle restait sur la demeure deux jours, un mois, ou plus longtemps encore, les Israélites ne déplaçaient pas leur camp avant que la fumée s'élève. Les Israélites n'installaient et ne levaient le camp que sur l'ordre du Seigneur. Ils accomplissaient leurs tâches au service du Seigneur conformément aux ordres qu'il avait donnés par l'intermédiaire de Moïse. Le Seigneur dit à Moïse: «Fais fabriquer deux trompettes en argent martelé; on s'en servira pour rassembler la communauté ou pour donner le signal du départ aux différents camps. Quand on sonnera des deux trompettes simultanément, toute la communauté se réunira autour de toi, à l'entrée de la tente de la rencontre. Si on ne sonne que d'une trompette, seuls les responsables, les chefs de clans d'Israël, se réuniront autour de toi. Mais pour les rassemblements, on sonnera de la trompette sans l'accompagner d'une ovation. «Seuls les prêtres, descendants d'Aaron, sont autorisés à sonner de la trompette. C'est une prescription que vous et vos descendants devrez observer en tout temps. «Lorsque, dans votre pays, vous partirez en guerre contre des adversaires qui vous attaquent, vous pousserez le cri de guerre en l'accompagnant de sonneries de trompettes, afin que je me souvienne de vous; alors moi, le Seigneur votre Dieu, je vous délivrerai de vos ennemis. Aux jours de fête, le premier jour de chaque mois ou à l'occasion d'autres solennités, vous sonnerez de la trompette au moment où vous offrez les sacrifices complets et les sacrifices de communion; grâce à cela aussi, je me souviendrai de vous. Je suis le Seigneur votre Dieu.» Le vingtième jour du deuxième mois, durant la deuxième année après la sortie d'Égypte, la fumée s'éleva au-dessus de la tente qui abritait le document de l'alliance. Les Israélites se mirent en route et quittèrent le désert du Sinaï. La fumée alla se poser dans le désert de Paran. C'était la première fois que les Israélites levaient le camp conformément à l'ordre du Seigneur transmis par Moïse. L'unité d'armée groupée autour de l'étendard de Juda fut la première à se mettre en route. Les troupes de la tribu de Juda étaient commandées par Nachon, fils d'Amminadab; celles de la tribu d'Issakar par Netanéel, fils de Souar; et celles de la tribu de Zabulon par Éliab, fils de Hélon. La demeure sacrée fut démontée; les descendants de Guerchon et de Merari partirent alors en l'emportant. L'unité d'armée groupée autour de l'étendard de Ruben se mit en route après eux. Les troupes de la tribu de Ruben étaient commandées par Élissour, fils de Chedéour; celles de la tribu de Siméon par Cheloumiel, fils de Sourichaddaï; et celles de la tribu de Gad par Éliassaf, fils de Déouel. Les lévites descendant de Quéhath, qui portaient les objets sacrés, partirent ensuite. Les autres lévites devaient dresser la demeure en attendant l'arrivée des Quéhatites. L'unité d'armée groupée autour de l'étendard d'Éfraïm se mit en route à son tour. Les troupes de la tribu d'Éfraïm étaient commandées par Élichama, fils d'Ammihoud; celles de la tribu de Manassé par Gamliel, fils de Pedassour; et celles de la tribu de Benjamin par Abidan, fils de Guidoni. Enfin l'unité d'armée groupée autour de l'étendard de Dan, qui constituait l'arrière-garde, se mit en route. Les troupes de la tribu de Dan étaient commandées par Ahiézer, fils d'Ammichaddaï; celles de la tribu d'Asser par Paguiel, fils d'Okran; et celles de la tribu de Neftali par Ahira, fils d'Énan. C'est dans cet ordre que les troupes israélites se mirent en route. Moïse dit à Hobab, fils de son beau-père madianite Réouel: «Nous partons pour le pays que le Seigneur a promis de nous donner. Viens avec nous, nous te ferons participer aux bienfaits que le Seigneur veut accorder à Israël.» – «Non! répondit Hobab. Je préfère retourner dans mon pays et ma famille.» – «Je t'en prie, reprit Moïse, ne nous abandonne pas. Tu connais les endroits du désert où nous pourrons installer notre camp; tu seras notre guide. Si tu nous accompagnes, nous te ferons participer aux bienfaits que le Seigneur va nous accorder.» Les Israélites quittèrent la montagne du Seigneur pour une marche de trois jours. Le coffre de l'alliance du Seigneur les précédait pour leur trouver un endroit où ils pourraient s'installer commodément. De jour, la fumée du Seigneur planait au-dessus d'eux, lorsqu'ils levaient le camp. Au moment du départ du coffre sacré, Moïse s'écriait: «Dresse-toi, Seigneur, afin que tes ennemis soient dispersés et que tes adversaires s'enfuient devant toi!» Et lorsque l'on déposait le coffre, Moïse s'écriait: «Seigneur, reviens prendre place au milieu des familles innombrables d'Israël!» Un jour, les Israélites adressèrent au Seigneur des plaintes amères. Lorsque le Seigneur entendit cela, il se mit en colère; il envoya contre eux un feu qui ravagea l'extrémité du camp. Le peuple supplia Moïse à grands cris; celui-ci intercéda auprès du Seigneur, et le feu s'éteignit. On donna à cet endroit le nom de Tabéra, ce qui signifie “incendie”, car c'est là que le Seigneur avait incendié leur camp. Un autre jour, les étrangers d'origines diverses qui se trouvaient parmi les Israélites furent obsédés par l'envie de manger de la viande; les Israélites eux-mêmes recommencèrent à se plaindre en disant: «Si seulement nous avions de la viande à manger! Ah! nos repas en Égypte, quel souvenir! Le poisson gratuit, les concombres, les melons, les poireaux, les oignons et l'ail. Ici, rien de tout cela; nous dépérissons à force de ne voir que de la manne!» – La manne avait la forme des graines de coriandre et était blanchâtre comme la résine du bdellium. Moïse entendit les Israélites se plaindre, groupés par familles à l'entrée de leurs tentes. Le Seigneur fut saisi d'une ardente colère, et Moïse, très affligé, lui demanda: «Pourquoi me traites-tu de la sorte, Seigneur? Pourquoi me refuses-tu ta bienveillance? Pourquoi m'imposes-tu le fardeau de diriger tout ce peuple? Ce n'est pas moi qui ai porté ce peuple et qui l'ai mis au monde, et pourtant tu m'ordonnes de le prendre dans mes bras comme une nourrice prend un bébé, pour le conduire dans le pays que tu as promis à ses ancêtres. Où pourrais-je trouver de la viande pour tous ces gens qui pleurent et exigent que je leur en donne à manger? Je ne peux pas, tout seul, supporter le fardeau que représente ce peuple. C'est trop pour moi! Si tu veux me traiter de cette manière, tue-moi plutôt! Tu me manifesteras ainsi ta bienveillance, et je ne serai pas témoin de mon propre malheur.» Le Seigneur répondit à Moïse: «Rassemble soixante-dix hommes respectables, que tu connais comme anciens et responsables du peuple. Tu les amèneras à la tente de la rencontre; ils se tiendront avec toi, là, devant moi. Je descendrai m'entretenir avec toi à cet endroit. Je prélèverai un peu de l'Esprit que je t'ai donné, pour en répandre sur eux; ils pourront dès lors t'aider à porter la charge que représente ce peuple, et tu ne seras plus seul pour cela. Quant au peuple, dis-leur: “ Purifiez -vous pour demain! Vous aurez de la viande à manger, car le Seigneur a entendu vos plaintes. Il sait que vous avez grande envie de viande, au point de prétendre que vous étiez bien en Égypte; c'est pourquoi il va vous en donner à manger. Vous n'en aurez pas seulement pour un jour ou deux, ni même pour cinq, dix ou vingt jours. Vous mangerez de la viande pendant tout un mois, jusqu'à en être dégoûtés, jusqu'à ce qu'elle vous ressorte par le nez. Ce sera votre punition pour avoir rejeté le Seigneur qui demeure au milieu de vous, en vous plaignant devant lui d'être sortis d'Égypte.” » Moïse s'exclama: «Ce peuple qui m'entoure ne compte pas moins de six cent mille hommes. Et tu prétends leur donner de la viande à manger pour tout un mois! Si nous abattions tous nos moutons, nos chèvres et nos bœufs, cela ne suffirait pas; si nous pouvions pêcher tous les poissons de la mer, même cela ne suffirait pas!» Le Seigneur lui répondit: «Et ma puissance, n'est-elle pas suffisante? Tu verras sous peu si ce que je t'ai dit se réalise ou non.» Moïse se retira et alla rapporter au peuple ce que le Seigneur avait dit. Ensuite il rassembla soixante-dix anciens d'Israël et les plaça autour de la tente. Le Seigneur descendit dans la colonne de fumée et s'entretint avec Moïse. Il préleva un peu de l'Esprit qu'il avait donné à Moïse, pour en répandre sur les soixante-dix anciens. Dès que l'Esprit fut sur eux, ils commencèrent à parler comme des prophètes, mais ils ne continuèrent pas. Deux hommes, Eldad et Médad, qui figuraient sur la liste des soixante-dix anciens, étaient restés dans le camp au lieu de se rendre à la tente. L'Esprit se posa aussi sur eux et ils se mirent à parler comme des prophètes, en plein camp. Un jeune homme courut avertir Moïse: «Eldad et Médad sont en train de prophétiser dans le camp!» lui dit-il. Josué, fils de Noun, qui était serviteur de Moïse depuis sa jeunesse, s'écria: «Moïse, mon maître, fais-les cesser!» Moïse lui répondit: «Es-tu jaloux pour moi? Si seulement le Seigneur répandait son Esprit sur tous les Israélites, pour qu'ils deviennent tous des prophètes!» Alors Moïse et les soixante-dix anciens d'Israël regagnèrent le camp. Le Seigneur fit souffler de la mer un vent qui amena des cailles et les rabattit sur le camp. Il y en avait tout autour du camp, sur une distance d'une journée de marche et sur une épaisseur d'un mètre environ. Le peuple passa ce jour-là, la nuit suivante et le lendemain à ramasser des cailles. Celui qui en ramassa le moins en avait plusieurs milliers de kilos. Ils les étalèrent autour du camp pour les faire sécher. Mais dès que les Israélites eurent planté les dents dans cette viande, le Seigneur se mit en colère contre eux et les frappa d'un terrible fléau. On appela cet endroit Quibroth-Taava, ce qui signifie “tombes de l'envie”, car c'est là qu'on enterra ceux du peuple qui avaient été obsédés par l'envie de manger de la viande. De Quibroth-Taava, les Israélites se rendirent à Hasséroth, où ils installèrent leur camp. Moïse avait épousé une femme Kouchite. Miriam et Aaron le critiquèrent à propos de ce mariage. Ils dirent: «Le Seigneur n'a-t-il parlé qu'à Moïse? Ne nous a-t-il pas parlé, à nous aussi?» Le Seigneur les entendit. Or Moïse était un homme très humble, plus humble que tout autre homme sur la terre. Le Seigneur appela Moïse, Aaron et Miriam et leur ordonna: «Rendez-vous tous les trois à la tente de la rencontre!» Ils s'y rendirent. Le Seigneur descendit dans la colonne de fumée, se tint à l'entrée de la tente et appela Aaron et Miriam. Ils s'avancèrent tous les deux. Le Seigneur leur dit: «Écoutez bien ce que j'ai à vous déclarer: Quand il y a parmi vous un prophète, moi, le Seigneur, je me fais connaître à lui et je lui parle au moyen de visions et de rêves. Mais ce n'est pas le cas avec mon serviteur Moïse, lui qui s'occupe fidèlement de tout mon peuple. Je lui parle directement, en langage clair; je me montre à lui, il me voit apparaître devant lui. Alors pourquoi n'avez-vous pas craint de critiquer mon serviteur Moïse?» Rempli de colère, le Seigneur s'en alla. Lorsque la fumée s'éleva au-dessus de la tente, Miriam était couverte de taches blanches comme la neige, des taches de lèpre. Aaron la regarda: elle était lépreuse! Il s'adressa à Moïse: «Nous sommes coupables! lui dit-il. Mais je t'en prie, ne nous inflige pas la punition que nous méritons à cause de notre conduite insensée. Que Miriam ne devienne pas semblable à ces enfants mort-nés dont la chair est déjà à moitié rongée au moment de leur naissance!» Alors Moïse supplia le Seigneur en ces mots: «Je t'en supplie, ô Dieu, daigne la guérir!» Le Seigneur lui répondit: «Si son père lui avait craché au visage, ne serait-elle pas couverte de honte pour une semaine? Eh bien, qu'elle soit exclue du camp pour une semaine aussi! Ensuite seulement elle sera autorisée à y rentrer.» On exclut donc Miriam du camp pour une semaine. Les Israélites ne se mirent pas en route avant qu'elle y soit réadmise. Ensuite ils quittèrent Hasséroth pour aller installer leur camp dans le désert de Paran. Le Seigneur dit à Moïse: «Envoie des gens explorer le pays de Canaan que je donne aux Israélites. De chaque tribu on enverra un homme choisi parmi les responsables.» Moïse obéit à l'ordre du Seigneur; il envoya du désert de Paran des gens qui étaient tous des chefs israélites. En voici la liste: Chammoua, fils de Zakour, de la tribu de Ruben; Chafath, fils de Hori, de la tribu de Siméon; Caleb, fils de Yefounné, de la tribu de Juda; Igal, fils de Joseph, de la tribu d'Issakar; Hosée, fils de Noun, de la tribu d'Éfraïm; Palti, fils de Rafou, de la tribu de Benjamin; Gaddiel, fils de Sodi, de la tribu de Zabulon; Gaddi, fils de Soussi, de la tribu de Manassé, fils de Joseph; Ammiel, fils de Guemali, de la tribu de Dan; Setour, fils de Mikaël, de la tribu d'Asser; Nabi, fils de Vofsi, de la tribu de Neftali; Gouel, fils de Maki, de la tribu de Gad. Telle est donc la liste de ceux que Moïse envoya explorer le pays de Canaan. Moïse donna à Hosée, fils de Noun, le nom de Josué. Au moment d'envoyer ces hommes, Moïse leur dit: «Pénétrez en Canaan par le sud, puis gagnez la région montagneuse et examinez la situation de la contrée. Voyez si les habitants sont forts ou faibles, nombreux ou pas. Voyez si le pays est bon ou mauvais, si les agglomérations sont des villes fortifiées ou de simples campements. Voyez si le sol est riche ou pauvre, et si des arbres y poussent ou non. Allez-y courageusement et rapportez-en des fruits.» – C'était en effet la saison des premiers raisins. Ces hommes partirent donc du désert de Tsin pour aller explorer le pays de Canaan jusqu'à Rehob, près de Lebo-Hamath. Ils pénétrèrent dans le pays par le sud et arrivèrent près d'Hébron, où habitaient les clans d'Ahiman, de Chéchaï et de Talmaï, descendants du géant Anac. – La ville d'Hébron fut fondée sept ans avant celle de Soan en Égypte. – Ils se rendirent ensuite dans le vallon d'Èchekol, où ils coupèrent une branche de vigne portant une grappe de raisin. Ils la placèrent, avec des grenades et des figues, sur une sorte de brancard qu'ils portaient à deux. On a donné à cet endroit le nom de vallon d'Èchekol – “vallon de la grappe” – à cause de la grappe de raisin que les Israélites y avaient cueillie. Au bout de quarante jours, les envoyés eurent fini d'explorer le pays et firent demi-tour. Ils revinrent auprès de Moïse, d'Aaron et de la communauté d'Israël, à Cadès dans le désert de Paran. Ils les informèrent tous de ce qu'ils avaient vu et leur montrèrent les fruits du pays. Voici ce qu'ils racontèrent à Moïse: «Nous sommes allés dans le pays où tu nous as envoyés. C'est vraiment un pays qui regorge de lait et de miel. En voici quelques fruits. Seulement ceux qui l'habitent sont puissants, et les villes sont très grandes et bien fortifiées. Nous y avons même vu les descendants du géant Anac. Les Amalécites habitent la partie sud du pays, les Hittites, les Jébusites et les Amorites la région montagneuse, et les Cananéens la côte méditerranéenne ainsi que la rive du Jourdain.» Caleb fit taire ceux qui se mettaient à critiquer Moïse, puis s'écria: «Allons-y! Nous nous emparerons de ce pays. Nous en sommes capables!» Mais les compagnons de Caleb déclarèrent: «Nous ne pouvons pas attaquer ces gens, ils sont bien plus forts que nous!» Et ils commencèrent à dénigrer devant les Israélites le pays qu'ils avaient exploré. Ils disaient: «Le pays que nous avons exploré est un pays qui fait mourir ceux qui viennent y habiter. Les gens que nous y avons vus sont tous de grande taille. Nous avons même vu des géants, les descendants d'Anac; par rapport à eux, nous nous sentions comme des fourmis, et c'est bien l'impression qu'ils devaient avoir eux-mêmes de nous.» Toute la nuit les Israélites crièrent et pleurèrent. Ils protestaient contre Moïse et Aaron, leur disant: «Ah, si seulement nous étions morts en Égypte, ou dans ce désert! Pourquoi le Seigneur nous conduit-il dans un tel pays? Nous y mourrons dans des combats, nos femmes et nos enfants feront partie du butin des vainqueurs. Ne vaudrait-il pas mieux pour nous retourner en Égypte?» Ils se dirent alors les uns aux autres: «Nommons un chef et retournons en Égypte!» Moïse et Aaron se jetèrent le visage contre terre, face à l'ensemble de la communauté d'Israël. Quant à Josué, fils de Noun, et Caleb, fils de Yefounné, deux de ceux qui avaient exploré le pays, profondément bouleversés, ils déchirèrent leurs vêtements, et dirent à la communauté: «Le pays que nous avons exploré est un excellent pays, qui regorge de lait et de miel. Si le Seigneur nous est favorable, il nous conduira dans ce pays et nous le donnera. Seulement, ne vous révoltez pas contre le Seigneur. Et n'ayez pas peur des habitants de ce pays: nous n'en ferons qu'une bouchée. En effet leurs dieux protecteurs les ont abandonnés, tandis que le Seigneur est avec nous. Ne les craignez donc pas.» Tout le peuple parlait de leur lancer des pierres pour les tuer, mais soudain la glorieuse présence du Seigneur se manifesta aux yeux des Israélites, sur la tente de la rencontre. Le Seigneur dit à Moïse: «Ce peuple ne cessera-t-il jamais de me rejeter? Refusera-t-il toujours de me faire confiance, malgré tous les signes que je lui ai donnés de ma puissance? Je vais le frapper de la peste et l'exterminer, puis je ferai naître de toi une nation plus puissante et plus nombreuse qu'Israël.» Moïse répondit au Seigneur: «Les Égyptiens ont su que, par ta force, tu avais fait sortir ce peuple de chez eux. Ils l'ont raconté aux habitants de ce pays. Ceux-ci ont donc appris que toi, le Seigneur, tu accompagnes ton peuple, que tu te manifestes à lui face à face; ils ont appris que c'est toi qui le protèges, puisque tu marches devant lui, le jour dans une colonne de fumée, la nuit dans une colonne de feu. Si maintenant tu extermines ton peuple d'un seul coup, les nations qui ont entendu parler de tout ce que tu as fait vont dire: “Le Seigneur n'a pas été capable de conduire ce peuple dans le pays qu'il lui avait promis; c'est pourquoi il l'a massacré dans le désert.” Alors je t'en supplie, Seigneur, déploie ta puissance. Agis selon ce que tu nous as affirmé: “Je suis le Seigneur, patient et d'une immense bonté; je supporte les péchés, les désobéissances. Mais je ne tiens pas le coupable pour innocent. J'interviens contre celui qui a péché et contre ses descendants, jusqu'à la troisième ou la quatrième génération.” Seigneur, puisque tu es si bon, pardonne encore le péché de ton peuple, comme tu n'as cessé de lui pardonner depuis qu'il est sorti d'Égypte.» Le Seigneur répondit: «Je lui pardonne, comme tu le demandes. Cependant, aussi vrai que je suis vivant et que ma gloire remplit toute la terre, je jure Mais mon serviteur Caleb a été animé d'un autre esprit et m'est resté fidèle; je le ferai entrer dans le pays qu'il a exploré, et je donnerai cette région à ses descendants. – Les Amalécites et les Cananéens occupent actuellement les vallées de cette région. – Demain donc, vous ferez demi-tour et vous repartirez par le désert dans la direction de la mer des Roseaux.» Le Seigneur dit encore à Moïse et à Aaron: «J'ai entendu les Israélites protester contre moi. Cette communauté insupportable ne cessera-t-elle jamais de le faire? Allez leur dire ceci: “Aussi vrai que je suis vivant, moi, le Seigneur, je déclare que je vous traiterai selon les paroles que j'ai entendues de vous: Vous mourrez dans ce désert. Vous tous qui avez été recensés, dénombrés, et qui avez vingt ans et plus, vous mourrez puisque vous avez protesté contre moi. Je le jure, vous n'entrerez pas dans le pays où j'avais pourtant promis de vous faire habiter. Seuls y entreront Caleb, fils de Yefounné, et Josué, fils de Noun. Quant à vos jeunes enfants, dont vous disiez qu'ils deviendraient le butin des vainqueurs, je les ferai entrer dans le pays que vous avez méprisé, et ils le connaîtront. Vous mourrez donc dans ce désert, tandis que vos enfants y garderont leurs troupeaux pendant quarante ans. Ils supporteront ainsi les conséquences de votre infidélité, jusqu'à ce que vous soyez tous morts dans le désert. Il vous a fallu quarante jours pour explorer le pays; eh bien, c'est pendant quarante ans que vous subirez les conséquences de vos péchés. A chaque jour correspondra une année. Ainsi vous saurez ce qu'il en coûte de s'opposer à moi. Voilà ce que j'avais à vous dire, moi, le Seigneur. Et je vous assure que je vais vous traiter ainsi, communauté insupportable liguée contre moi: jusqu'au dernier vous mourrez dans le désert.” » Ceux que Moïse avait envoyés explorer le pays et qui, au retour, avaient dénigré ce pays et incité la communauté d'Israël à protester contre Moïse, ceux-là moururent; ils furent frappés par le Seigneur, pour avoir calomnié le pays. Parmi ces envoyés, seuls Josué et Caleb restèrent en vie. Moïse rapporta toutes les paroles du Seigneur aux Israélites. Ils en furent très affligés. C'est pourquoi, tôt le lendemain matin, ils se mirent en route vers la région des montagnes en disant: «Nous avons été coupables! Mais maintenant nous voici prêts à nous rendre à l'endroit que le Seigneur a désigné.» – «Qu'allez-vous faire là? demanda Moïse. Vous désobéissez à l'ordre du Seigneur. Vous ne réussirez pas! Le Seigneur n'est pas avec vous; n'allez donc pas vous faire battre par vos ennemis. Les Amalécites et les Cananéens sont là, devant vous; vous serez exterminés dans la bataille. Puisque vous vous êtes détournés du Seigneur, celui-ci ne sera pas avec vous.» Dans leur témérité, les Israélites voulurent quand même monter dans la région des montagnes. Mais Moïse resta au camp, ainsi que le coffre sacré, symbole de l'alliance du Seigneur. Les Amalécites et les Cananéens descendirent des hauteurs où ils habitaient; ils battirent les Israélites et les poursuivirent jusqu'à Horma. Le Seigneur dit à Moïse de communiquer aux Israélites les prescriptions suivantes: «Quand vous serez entrés dans le pays que je vais vous donner et que vous y habiterez, vous m'offrirez des sacrifices entièrement consumés ou des sacrifices de communion, soit pour accomplir des vœux, soit de manière spontanée, soit encore à l'occasion de fêtes. Vous choisirez pour un tel sacrifice un bœuf, un mouton ou une chèvre, et j'en apprécierai la fumée odorante. Celui qui me présentera l'animal l'accompagnera d'offrandes végétales: il joindra trois kilos de farine pétrie avec un litre et demi d'huile, et un litre et demi de vin à tout agneau offert en sacrifice complet ou en sacrifice de communion. S'il s'agit d'un bélier, on y joindra six kilos de farine pétrie avec deux litres d'huile, ainsi que deux litres de vin; j'en apprécierai la fumée odorante. Si c'est un bœuf que l'on m'offre en sacrifice complet ou en sacrifice de communion, soit pour accomplir un vœu, soit comme sacrifice ordinaire, on joindra à l'animal une offrande de neuf kilos de farine pétrie avec trois litres d'huile, ainsi que trois litres de vin; j'en apprécierai la fumée odorante. «On devra procéder de cette manière-là lors du sacrifice d'un bœuf, d'un bélier, d'un agneau ou d'un chevreau. Quel que soit le nombre des animaux que vous offrirez, chacun d'eux sera accompagné des offrandes prescrites. Tous les Israélites suivront ces prescriptions lorsqu'ils m'offriront des sacrifices à la fumée odorante. Les étrangers séjournant temporairement dans votre pays, ou ceux dont la famille y est installée depuis plusieurs générations, suivront les mêmes prescriptions que vous s'ils veulent m'offrir des sacrifices à la fumée odorante. Les règles seront donc les mêmes pour tous les membres de l'assemblée, pour vous les Israélites comme pour les étrangers, et elles seront valables pour toutes les générations à venir. Moi, le Seigneur, je ne traite pas les Israélites différemment des étrangers: les lois et les règles sont identiques pour vous et pour eux.» Le Seigneur dit à Moïse de communiquer aux Israélites les prescriptions suivantes: «Quand vous serez entrés dans le pays où je vous conduis et que vous pourrez manger du pain cuit sur place, vous en prélèverez une partie pour me l'offrir. Avec de la pâte fraîchement pétrie, vous préparerez une galette d'offrande, que vous me présenterez comme on me présente une offrande de grains après le battage des céréales. Ainsi vous m'offrirez la première galette que vous aurez cuite. Cette règle est valable également pour les générations à venir.» Si la faute a été commise sans que la communauté s'en rende compte, c'est elle qui, dans son ensemble, m'offrira un taureau en sacrifice complet dont j'apprécierai la fumée odorante; elle y joindra les offrandes réglementaires de farine et de vin, ainsi qu'un bouc en sacrifice pour obtenir le pardon. Le prêtre effectuera ensuite le geste rituel du pardon des péchés sur toute la communauté d'Israël, et ceux-ci obtiendront le pardon; en effet il s'agira d'une faute involontaire pour laquelle vous m'aurez apporté une offrande consumée et un sacrifice pour le pardon. Le pardon sera accordé à l'ensemble de la communauté israélite et aux étrangers vivant parmi eux, car tout le monde aura été impliqué dans cette affaire. «Si c'est une seule personne qui a péché par mégarde, elle devra offrir une chèvre d'une année en sacrifice pour le pardon. Devant moi, le prêtre effectuera ensuite sur la personne coupable le geste rituel du pardon, et celle-ci obtiendra le pardon. La règle sera la même pour tous ceux qui auront péché par mégarde, Israélites ou étrangers vivant parmi eux. «Mais si un Israélite ou un étranger commet délibérément un péché, il m'offense et il sera exclu du peuple. Il sera responsable de son exclusion, pour avoir méprisé ma parole et violé mes commandements.» Pendant le séjour au désert, des Israélites surprirent un homme qui ramassait du bois un jour de sabbat. Ils l'amenèrent devant Moïse, Aaron et toute la communauté. On le mit sous bonne garde, dans l'attente d'une prescription sur la peine à lui infliger. Le Seigneur dit alors à Moïse: «Cet homme doit être mis à mort! Que toute la communauté le tue en lui jetant des pierres, à l'extérieur du camp.» On obéit à l'ordre du Seigneur: on emmena l'homme hors du camp, on lui jeta des pierres, et il mourut. Le Seigneur dit à Moïse de communiquer aux Israélites les prescriptions suivantes: «Vous et vos descendants, vous ferez des franges au bord de vos vêtements, et vous y mettrez un fil violet. Vous porterez donc des vêtements à franges, et quand vous verrez celles-ci, vous vous rappellerez mes commandements et les mettrez en pratique. Ainsi vous ne vous laisserez pas entraîner dans des cultes idolâtriques par vos penchants et vos désirs. Vous penserez à mettre en pratique tous mes commandements, et vous manifesterez ainsi que vous m'appartenez. Je suis le Seigneur votre Dieu; je vous ai fait sortir d'Égypte pour devenir votre Dieu. Oui, je suis le Seigneur votre Dieu.» Un lévite nommé Coré, fils d'Issar, de la famille des Quéhatites, entraîna trois Rubénites, Datan et Abiram, fils d'Éliab, et On, fils de Péleth, à s'opposer à Moïse. Ils étaient appuyés par deux cent cinquante autres Israélites, des chefs de la communauté et des notables participant aux assemblées. Ils s'attroupèrent autour de Moïse et d'Aaron et leur déclarèrent: «Vraiment, vous exagérez! Tous les membres de la communauté d'Israël appartiennent au Seigneur, et le Seigneur est au milieu de nous tous. Pourquoi donc vous croyez-vous supérieurs au reste du peuple du Seigneur?» Lorsque Moïse entendit ces reproches, il se jeta le visage contre terre, puis il dit à Coré et à ses partisans: «Demain matin, le Seigneur fera connaître celui qui lui appartient et qui a été consacré pour l'approcher. Il laissera venir auprès de lui celui qu'il a choisi. Vous donc, Coré et tes partisans, faites ceci: prenez des cassolettes, demain vous y mettrez des braises et vous répandrez du parfum par-dessus, en présence du Seigneur. On verra bien alors qui le Seigneur désignera et, par conséquent, qui lui appartient. C'est vous, les lévites, qui exagérez!» Puis Moïse dit encore à Coré: «Écoutez donc, vous, les lévites! Cela ne vous suffit-il pas que le Seigneur, Dieu d'Israël, vous ait choisis parmi les autres Israélites pour vous permettre de l'approcher, pour vous occuper de sa demeure sacrée et pour célébrer le culte au nom de la communauté d'Israël? Il vous a admis, toi, Coré, et tous tes frères lévites, à vous approcher de lui, et vous exigez en plus les fonctions de prêtres! De cette manière, toi et tes partisans, vous vous révoltez contre le Seigneur, car, au fond, ce n'est pas contre Aaron que vous protestez.» Ensuite Moïse envoya quelqu'un appeler Datan et Abiram, les fils d'Éliab, mais ils lui firent répondre: «Nous ne voulons pas venir! Tu nous as déjà fait quitter un pays qui regorgeait de lait et de miel pour nous emmener mourir dans le désert. Pourtant cela ne te suffit pas, tu voudrais encore t'imposer comme notre chef! Non vraiment, tu ne nous as pas conduits dans un pays qui regorge de lait et de miel, tu ne nous as pas donné en partage des champs et des vignes! Imagines-tu avoir affaire à des aveugles? Nous refusons de venir!» Moïse fut très irrité de cette réponse et dit au Seigneur: «N'accepte pas leur offrande! Je ne leur ai jamais rien pris, même pas un âne, je n'ai jamais fait du tort à aucun d'eux.» Moïse dit à Coré: «Toi et tes partisans, venez demain vous présenter devant le Seigneur. Aaron aussi sera là. Chacun de tes deux cent cinquante partisans prendra sa cassolette, y mettra du parfum et l'apportera devant le Seigneur. Aaron et toi, vous agirez de même.» Coré et ses partisans obéirent: chacun prit sa cassolette, y mit des braises, répandit du parfum par-dessus et vint se placer à l'entrée de la tente de la rencontre. Moïse et Aaron s'y présentèrent aussi, et Coré réunit en face d'eux toute la communauté d'Israël, près de l'entrée de la tente. Alors la glorieuse présence du Seigneur se manifesta à toute la communauté, et le Seigneur dit à Moïse et à Aaron: «Écartez-vous de ces gens, car je vais les détruire en un instant!» Moïse et Aaron se jetèrent le visage contre terre et s'écrièrent: «O Dieu, toi qui as donné la vie à toutes les créatures, vas-tu te mettre en colère contre toute la communauté, alors qu'un seul homme a péché?» Le Seigneur répondit à Moïse: «Ordonne au peuple de s'éloigner de l'endroit où habitent Coré, Datan et Abiram.» Moïse se releva et s'avança vers Datan et Abiram, suivi des anciens d'Israël. Il dit au peuple: «Écartez-vous des tentes de ces pécheurs. Ne touchez rien de ce qui leur appartient, car vous mourriez vous aussi à cause de tous leurs péchés.» Le peuple s'éloigna alors de l'endroit où habitaient Coré, Datan et Abiram. Datan et Abiram étaient sortis de leurs tentes et se tenaient devant elles, en compagnie de leurs femmes, de leurs enfants et des autres membres de leur famille. Moïse déclara: «Vous allez avoir la preuve que c'est bien le Seigneur qui m'a envoyé pour accomplir tout cela, que je n'agis pas de ma propre autorité: Si ces gens meurent de mort naturelle, atteints par le sort commun à tous, alors le Seigneur ne m'a pas envoyé. Mais si le Seigneur réalise un acte extraordinaire, si la terre s'ouvre pour les engloutir, eux et tout ce qui leur appartient, s'ils descendent vivants dans le monde des morts, vous aurez la preuve qu'ils se sont moqués du Seigneur.» A peine Moïse avait-il fini de parler que le sol se fendit sous les pieds de Datan et d'Abiram. La terre s'ouvrit et les engloutit avec leurs familles, de même que les partisans de Coré et tous leurs biens. Ces hommes descendirent vivants dans le monde des morts avec tout ce qui leur appartenait, la terre les recouvrit et ils disparurent du milieu de l'assemblée d'Israël. Tous les Israélites qui se trouvaient à proximité d'eux s'enfuirent lorsqu'ils entendirent leurs cris, car ils craignaient que la terre ne les engloutisse eux aussi. Une flamme envoyée par le Seigneur jaillit alors; elle brûla vifs les deux cent cinquante hommes qui présentaient leur parfum. Le Seigneur dit à Moïse: «Ordonne au prêtre Élazar, fils d'Aaron, de récupérer les cassolettes au milieu du feu, et de disperser les braises au loin. Ces cassolettes sont sacrées, car elles m'ont été présentées, même si elles appartenaient à des hommes qui ont péché et en sont morts. On les martèlera pour en faire des feuilles métalliques dont on recouvrira l'autel; cela servira d'avertissement pour les Israélites.» Le prêtre Élazar prit les cassolettes de bronze de ceux qui avaient été brûlés vifs et on les martela pour en recouvrir l'autel. Ce revêtement rappelait aux Israélites que personne d'autre que les descendants d'Aaron n'a le droit de brûler du parfum devant le Seigneur. Quiconque le ferait s'exposerait au même sort que Coré et ses partisans, comme le Seigneur en avait prévenu Aaron par l'intermédiaire de Moïse. Le lendemain, toute la communauté d'Israël se mit à protester contre Moïse et Aaron. Ils disaient: «Vous avez fait mourir le peuple du Seigneur!» Les Israélites s'attroupèrent autour de Moïse et d'Aaron. Mais au moment où ils regardèrent du côté de la tente de la rencontre, ils la virent enveloppée de la fumée où se manifestait la glorieuse présence du Seigneur. Moïse et Aaron se rendirent devant la tente, et le Seigneur dit à Moïse: «Éloignez-vous de ces gens. Je vais les exterminer en un instant.» Moïse et Aaron se jetèrent le visage contre terre, puis Moïse donna cet ordre à Aaron: «Prends ta cassolette, mets-y des braises provenant de l'autel et répands du parfum par-dessus. Hâte-toi d'aller effectuer sur la communauté le geste rituel du pardon des péchés. En effet, le Seigneur s'est mis en colère et le fléau destructeur a déjà commencé.» Aaron fit ce que Moïse lui disait; il courut au milieu du rassemblement, là où le fléau avait déjà commencé, il brûla de l'encens et effectua sur les Israélites le geste rituel du pardon. Il se plaça entre ceux qui étaient déjà morts et ceux qui étaient encore vivants. Alors le fléau prit fin. Le nombre des victimes fut de quatorze mille sept cents, sans compter les partisans de Coré qui étaient morts auparavant. Aaron rejoignit Moïse, à l'entrée de la tente, dès que le fléau eut pris fin. Le Seigneur dit à Moïse: «Ordonne aux Israélites que le responsable de chaque tribu te remette un bâton. Tu recevras donc douze bâtons et sur chacun d'eux tu graveras le nom de la tribu correspondante, sauf sur celui de la tribu de Lévi, où tu graveras le nom d'Aaron. Il y aura ainsi un bâton par chef de tribu. Tu déposeras ces bâtons dans la tente de la rencontre, devant le coffre sacré contenant le document de l'alliance, là où je me manifeste à vous. Et voici ce qui se passera: le bâton de celui que j'ai choisi produira des bourgeons! Ainsi je mettrai fin aux protestations dont vous êtes l'objet de la part des Israélites, et qui m'atteignent aussi.» Moïse transmit ces ordres aux Israélites. Alors les responsables des tribus lui remirent chacun un bâton, un par tribu; il en reçut douze en tout, y compris celui d'Aaron. Moïse les déposa devant le coffre sacré du Seigneur, dans la tente. Le lendemain, lorsqu'il se rendit dans la tente, il constata que le bâton d'Aaron, de la tribu de Lévi, avait produit non seulement des bourgeons, mais aussi des fleurs et même des amandes mûres. Moïse prit tous les bâtons dans la tente et alla les montrer aux Israélites. Tout le monde put les voir, et chacun des responsables reprit le sien. Le Seigneur dit encore à Moïse: «Rapporte le bâton d'Aaron devant le coffre sacré; on le conservera là pour rappeler aux Israélites qu'ils sont un peuple récalcitrant. De cette manière tu mettras fin aux protestations dont je suis l'objet de leur part, et ils ne s'exposeront plus à la mort.» Moïse exécuta scrupuleusement l'ordre du Seigneur. Les Israélites dirent à Moïse: «Ne vois-tu pas que nous allons mourir, que nous courons tous à notre perte? Quiconque s'approche de la demeure du Seigneur est frappé par la mort! Est-ce que nous allons tous, sans exception, finir de cette manière?» Alors le Seigneur dit à Aaron: «Toi, tes descendants et tes frères de la tribu de Lévi, vous serez désormais tenus pour responsables des fautes commises contre le sanctuaire. Par contre, c'est seulement toi et tes descendants qui serez responsables des fautes commises dans l'exercice de votre ministère. Tu feras venir tes frères lévites auprès de toi. Lorsque toi et tes descendants, vous vous rendrez devant la tente du document de l'alliance, ils seront vos adjoints et vos serviteurs; ils seront à votre service et au service de la tente, mais ils ne devront pas s'approcher des objets sacrés ou de l'autel; de cette manière ils n'exposeront personne à la mort, ni eux ni vous. Ils seront vos adjoints pour tous les services et travaux à accomplir dans la tente de la rencontre. Personne d'autre ne s'approchera de vous. Vous-mêmes, vous accomplirez votre ministère dans le lieu saint et à l'autel; vous éviterez ainsi une nouvelle explosion de ma colère contre les Israélites. Voyez, j'ai choisi vos frères lévites parmi les autres Israélites, ils m'appartiennent, et je vous les ai attribués pour accomplir des travaux à la tente de la rencontre. Mais toi, Aaron, et tes descendants, vous accomplirez votre ministère de prêtres à l'autel et dans le lieu très saint derrière le rideau de séparation. C'est moi qui vous fais don de ce ministère; si quelqu'un d'autre s'approche du sanctuaire, il devra être mis à mort.» Le Seigneur dit à Aaron: «Écoute, je te confie la responsabilité de toutes les offrandes que les Israélites me consacrent. Je te les donne; c'est la part qui te revient et qui ensuite reviendra pour toujours à tes descendants. Voici donc ce qui vous revient des offrandes qui me sont strictement réservées, après qu'on aura brûlé la part qui m'est destinée: tout ce que les Israélites me présentent comme offrandes végétales, sacrifices pour obtenir le pardon et sacrifices de réparation. Ces parts-là vous reviendront, à toi et à tes descendants, et elles vous serviront de nourriture. Mais, dans vos familles, seuls les hommes et les garçons pourront en manger, car il s'agit de nourriture sacrée. Vous pourrez y ajouter une partie des dons présentés solennellement par les Israélites; ce sera pour toujours la part que je vous donne, à toi et à tes descendants, et tous ceux et toutes celles de ta famille qui seront en état de pureté pourront en manger. Je vous donne également les premiers produits du sol, huile, vin nouveau et céréales, que les Israélites me consacrent; tout ce qu'ils m'apportent ainsi sera pour vous, et tous les membres de vos familles qui sont en état de pureté pourront en manger. Tout ce que les Israélites me consacrent de manière irrévocable vous revient aussi. Enfin, tous les premiers-nés qui me sont offerts, tant ceux des hommes que ceux des animaux, vous appartiendront; toutefois, vous ferez racheter tout garçon premier-né, de même que le premier petit d'une bête impure. Le prix de rachat d'un garçon, payable à l'âge d'un mois, est fixé à cinq pièces d'argent, en monnaie du sanctuaire, dont la pièce de base pèse dix grammes. Un veau, un agneau ou un chevreau premier-né ne peut pas être racheté: ces animaux-là me sont réservés de manière exclusive. Vous répandrez leur sang sur l'autel et vous y offrirez les parties grasses en sacrifice consumé, pour que j'en apprécie la fumée odorante. Ensuite, la viande de ces animaux vous reviendra, tout comme vous reviennent la poitrine et le gigot droit d'un animal offert solennellement en sacrifice de communion. Ainsi je vous donne tout ce que les Israélites me présentent comme offrandes sacrées; ce sera pour toujours votre part, à toi, à tes fils et à tes filles, en vertu de l'alliance irrévocable que j'ai conclue avec toi et tes descendants.» Et le Seigneur dit encore à Aaron: «Tu n'auras pas de territoire ou de possession dans le pays que je donnerai en partage aux Israélites. C'est moi qui serai ta part, ta richesse au milieu des autres Israélites.» Le Seigneur continua: «Et voici le salaire que j'accorde aux lévites, pour le service qu'ils accomplissent à la tente de la rencontre: je leur donne en partage la dîme, c'est-à-dire un dixième de tout ce qui est produit en Israël. Les autres Israélites ne s'approcheront plus de la tente sacrée, pour ne pas se rendre coupables et en mourir. Seuls les lévites accompliront le service à la tente et seront responsables des fautes qu'ils y commettront. Vous observerez cette prescription en tout temps. Les lévites ne posséderont pas de territoire comme les autres tribus d'Israël, mais je leur donnerai en partage les dîmes que les Israélites doivent m'offrir. C'est pourquoi j'ai pu leur dire qu'ils ne posséderaient pas de territoire comme les autres tribus.» Le Seigneur dit à Moïse de communiquer aussi les prescriptions suivantes aux lévites: «Lorsque les Israélites vous apporteront la dîme que je vous donne en partage, vous prélèverez vous-mêmes le dixième de cette dîme pour me l'offrir. Cela correspondra, de votre part, à ce que vos compatriotes prélèvent sur leurs céréales ou sur leur vin nouveau pour me l'offrir. De cette manière, vous aussi, vous m'apporterez votre contribution; vous la prélèverez sur la dîme que vous recevrez de vos compatriotes et vous me l'offrirez en la remettant au prêtre Aaron. Sur tous les dons que vous recevrez, vous prélèverez intégralement la meilleure part, qui me sera consacrée. Lorsque vous l'aurez prélevée, vous garderez le reste pour vous, comme les autres Israélites gardent le reste de leurs céréales, de leur vin et de leur huile. Vous pourrez consommer ces produits en n'importe quel endroit, avec tous les membres de vos familles, car c'est votre salaire pour le service accompli à la tente de la rencontre. Dès le moment où vous aurez prélevé pour moi la meilleure part, vous ne commettrez pas de faute en consommant ce qui reste; vous ne risquerez donc pas de profaner les offrandes que les Israélites me consacrent, et de vous exposer ainsi à la mort.» Le Seigneur communiqua à Moïse et à Aaron les prescriptions rituelles suivantes: «Ordonnez aux Israélites, leur dit-il, de vous procurer une vache rousse, qui ne présente absolument aucun défaut et qui n'ait jamais porté le joug. Vous la remettrez au prêtre Élazar. Celui-ci la conduira hors du camp et on l'égorgera en sa présence. Élazar prendra un peu de son sang et, d'un doigt, il en fera sept aspersions en direction de l'entrée de la tente de la rencontre. On brûlera sous ses yeux la vache tout entière: peau, viande, sang et boyaux. Le prêtre prendra du bois de cèdre, une branche d'hysope et de la laine teinte en cramoisi, qu'il jettera sur le foyer où se consume la vache. Ensuite le prêtre lavera ses vêtements et prendra un bain avant de regagner le camp; il restera cependant impur jusqu'au soir. Celui qui brûlera la vache devra aussi laver ses vêtements et prendre un bain; il restera impur jusqu'au soir. Un homme en état de pureté recueillera les cendres de la vache et les déposera dans un endroit pur hors du camp. La communauté d'Israël les conservera pour préparer l'eau de purification. – Ce rituel équivaut à un sacrifice pour obtenir le pardon des péchés. – Celui qui recueillera les cendres de la vache devra également laver ses vêtements; il restera impur jusqu'au soir. Les Israélites et les étrangers vivant parmi eux observeront en tout temps ce rituel.» «Quiconque touche un cadavre humain est impur pour une semaine. Le troisième et le septième jour, il doit s'asperger avec l'eau de purification, et il sera pur; mais s'il néglige de se purifier le troisième et le septième jour, il restera impur. Celui qui touche un cadavre humain et néglige de se purifier profane la demeure du Seigneur; il sera exclu du peuple d'Israël. Puisqu'il n'a pas été aspergé avec l'eau de purification, son impureté demeure. «Autre règle: Si une personne meurt dans une tente, ceux qui y pénètrent seront impurs pour une semaine, tout comme ceux qui s'y trouvent déjà. S'il y a là un récipient non fermé par un couvercle solidement fixé, son contenu devient impur. Si quelqu'un, en pleine campagne, bute sur le cadavre d'une personne assassinée ou morte de mort naturelle, il est impur pour une semaine, de même que celui qui bute sur des ossements humains ou sur un tombeau. Pour purifier une personne impure, on prend des cendres de la vache offerte en sacrifice pour le pardon des péchés, on les met dans un récipient et on ajoute de l'eau de source. Un homme en état de pureté prend une branche d'hysope, la plonge dans l'eau du récipient et en asperge la tente où quelqu'un est mort, tout son contenu, et les gens qui s'y trouvaient; ou bien il en asperge la personne qui a touché des ossements, un cadavre ou une tombe. Cette aspersion de la personne impure a lieu le troisième et le septième jour; après l'aspersion du septième jour, la personne lave ses vêtements et prend un bain, et dès le soir elle est pure. «Mais si une personne devenue impure ne se purifie pas, elle sera exclue de l'assemblée d'Israël, car elle rend profane le sanctuaire du Seigneur. Puisqu'elle n'a pas été aspergée d'eau de purification, elle reste impure. «Les Israélites observeront en tout temps ce rituel. Celui qui procède à une aspersion avec de l'eau de purification doit laver ses vêtements, et celui qui touche à cette eau est impur jusqu'au soir. Tout ce qu'une personne impure touche devient impur, et quiconque touche une personne impure est lui-même impur jusqu'au soir.» Toute la communauté d'Israël arriva dans le désert de Tsin au cours du premier mois et s'installa à Cadès. C'est là que Miriam mourut et qu'elle fut enterrée. Comme le peuple manquait d'eau, ils s'attroupèrent autour de Moïse et d'Aaron. Ils cherchèrent querelle à Moïse et lui dirent: «Si seulement nous étions morts sous les coups du Seigneur en même temps que nos compatriotes! Pourquoi nous avez-vous conduits dans ce désert, nous, le peuple du Seigneur? Pour que nous y mourions avec nos troupeaux? Pourquoi nous avoir fait quitter l'Égypte? Pour nous amener dans cet endroit horrible? On ne peut rien y semer, on n'y trouve ni figuiers, ni vignes, ni grenadiers, ni même d'eau à boire.» Moïse et Aaron s'éloignèrent de cet attroupement, se rendirent à l'entrée de la tente de la rencontre et s'y jetèrent le visage contre terre. Alors la glorieuse présence du Seigneur se manifesta à eux, et le Seigneur dit à Moïse: «Prends ton bâton, puis, avec ton frère Aaron, rassemble la communauté d'Israël. Sous leurs yeux, vous vous adresserez à ce rocher, là-bas, et il donnera de l'eau; oui, tu feras jaillir de l'eau de ce rocher, pour donner à boire aux Israélites et à leurs troupeaux!» Moïse alla chercher son bâton dans la demeure du Seigneur, selon l'ordre reçu. Aaron et lui convoquèrent l'ensemble des Israélites devant le rocher désigné, et leur dirent: «Écoutez donc, vous, les rebelles! Serons-nous capables de faire jaillir pour vous de l'eau de ce rocher?» Moïse leva le bras et frappa à deux reprises le rocher avec son bâton. Aussitôt de grandes quantités d'eau en jaillirent, et les Israélites purent s'y désaltérer, de même que leurs troupeaux. Mais le Seigneur dit à Moïse et à Aaron: «Vous n'avez pas eu confiance en moi, vous n'avez pas manifesté aux yeux des Israélites que je suis le vrai Dieu! Pour cette raison, ce n'est pas vous qui conduirez ce peuple dans le pays que je leur donne.» A propos de cet événement, on parle de l'eau de Meriba – l'eau de la “Querelle” –, car les Israélites avaient cherché querelle au Seigneur; mais le Seigneur s'est servi de cet événement pour manifester qu'il est le vrai Dieu. De Cadès, Moïse envoya des messagers au roi d'Édom. Ils lui dirent: «Écoute le message de tes frères israélites! Tu sais toutes les difficultés que nous avons rencontrées. Nos ancêtres sont partis autrefois pour l'Égypte, et notre peuple y a longtemps séjourné. Les Égyptiens nous ont maltraités, nos ancêtres et nous. Nous avons appelé le Seigneur à l'aide, il a entendu nos cris et il a envoyé son ange pour nous faire sortir d'Égypte. Nous voici maintenant à Cadès, la ville située à la limite de ton territoire. Veuille nous autoriser à traverser ton pays. Nous ne passerons ni dans les champs cultivés ni dans les vignes, nous ne boirons pas l'eau des puits; nous suivrons la grand-route sans nous en écarter ni à droite ni à gauche, jusqu'à ce que nous ayons traversé tout ton territoire.» – «Vous ne traverserez pas mon pays! répondit le roi d'Édom. Si vous essayez, je vous ferai la guerre!» Les Israélites insistèrent: «Nous resterons sur la route! Si nous avons besoin d'eau pour nous-mêmes et nos troupeaux, nous te la payerons. Nous te demandons simplement de pouvoir traverser ton pays.» – «Vous ne le traverserez pas!» répéta le roi. Et les Édomites vinrent à la rencontre des Israélites avec une nombreuse et puissante armée pour les empêcher de traverser leur territoire; alors les Israélites prirent une autre direction. Toute la communauté d'Israël quitta Cadès et se rendit à la montagne de Hor, à la frontière d'Édom. Là, le Seigneur dit à Moïse et à Aaron: «Aaron va bientôt mourir. En effet, il n'entrera pas dans le pays que je donne aux Israélites, puisque vous avez désobéi à mes ordres, à la source de Meriba. Toi donc, Moïse, emmène Aaron et son fils Élazar au sommet de la montagne de Hor. Après avoir ôté à Aaron ses vêtements sacerdotaux, tu en revêtiras Élazar. Aaron mourra à cet endroit.» Moïse suivit les instructions du Seigneur: sous les yeux de la communauté, ils montèrent tous les trois sur la montagne de Hor. Moïse prit les habits d'Aaron et en revêtit Élazar. Aaron mourut là, au sommet; puis Moïse et Élazar redescendirent de la montagne. Lorsque les Israélites comprirent qu'Aaron était mort, ils célébrèrent tous son deuil, et cela pendant trente jours. Le roi d'Arad, un Cananéen habitant le sud du pays, apprit que les Israélites arrivaient par le chemin d'Atarim; il les attaqua et fit parmi eux quelques prisonniers. Alors les Israélites promirent ceci au Seigneur: «Si tu livres ce peuple en notre pouvoir, nous détruirons complètement ses villes.» Le Seigneur accepta la promesse des Israélites et leur livra ces Cananéens. Les Israélites les exterminèrent, détruisirent leurs villes et appelèrent cette région Horma, ce qui signifie “la Ruine”. Les Israélites quittèrent la montagne de Hor et prirent la direction de la mer des Roseaux afin de contourner le pays d'Édom. Mais, en cours de route, le peuple perdit patience. Les gens se mirent à critiquer Dieu et Moïse: «Pourquoi nous avez-vous fait quitter l'Égypte? disaient-ils. Pour nous faire mourir dans le désert? Il n'y a ici ni pain ni eau, et nous sommes dégoûtés de la manne, cette nourriture de misère!» Alors le Seigneur envoya contre eux des serpents venimeux; ils mordirent un grand nombre d'Israélites qui en moururent. Le reste du peuple se rendit auprès de Moïse pour lui dire: «Nous avons péché en vous critiquant, le Seigneur et toi! Supplie donc le Seigneur d'éloigner ces serpents de nous.» Moïse se mit à prier le Seigneur en faveur du peuple. Le Seigneur lui répondit: «Façonne un serpent de métal et fixe-le sur une perche. Quiconque aura été mordu et le regardera aura la vie sauve.» Moïse façonna donc un serpent de bronze et le fixa sur une perche. Dès lors, toute personne qui avait été mordue par un serpent et regardait le serpent de bronze avait la vie sauve. Les Israélites se mirent en route et se rendirent à Oboth. L'étape suivante les conduisit d'Oboth à Yé-Abarim, dans le désert situé à l'est de Moab. Celle d'après les conduisit au bord du torrent de Zéred. La quatrième étape les conduisit au-delà de l'Arnon, la rivière qui prend naissance chez les Amorites et traverse une région désertique avant de servir de frontière entre le pays de Moab et celui des Amorites. Il en est question dans le Livre des guerres du Seigneur, là où l'on parle de: «…Vaheb en Soufa, avec ses affluents, l'Arnon avec ses affluents, dont la rive située du côté d'Ar constitue la frontière de Moab…» L'étape suivante les conduisit au lieu dit “Le Puits”, où le Seigneur donna cet ordre à Moïse: «Rassemble le peuple pour que je puisse lui donner de l'eau.» C'est alors que les Israélites chantèrent le chant que voici: «Que l'eau jaillisse du puits, sous les acclamations! Les chefs l'ont creusé, les nobles l'ont foré, avec leurs bâtons de commandement et leurs sceptres!» Du désert, les étapes suivantes les conduisirent à Mattana, puis à Nahaliel, puis à Bamoth, et enfin dans la vallée qui traverse le pays de Moab, en direction de la crête du mont Pisga d'où l'on domine le désert. Les Israélites envoyèrent des messagers dire à Sihon, roi des Amorites: «Nous désirons traverser ton pays. Nous ne nous écarterons pas du chemin pour passer dans les champs cultivés ou dans les vignes, nous ne boirons pas l'eau des puits; nous suivrons la grand-route jusqu'à ce que nous ayons traversé tout ton territoire.» Cependant Sihon ne voulut pas les laisser passer; il rassembla toute son armée, vint à la rencontre des Israélites jusqu'à Yahas, dans le désert, et les attaqua. Les Israélites le battirent et occupèrent tout son pays, entre l'Arnon au sud, le Yabboc au nord et la frontière fortifiée des Ammonites à l'est. Ils s'emparèrent de toutes les villes des Amorites, y compris Hèchebon et les villages voisins, et ils s'y installèrent. Hèchebon était la capitale de Sihon, roi des Amorites, depuis qu'il avait fait la guerre au précédent roi de Moab et lui avait pris toute la région s'étendant jusqu'à l'Arnon. Les poètes en ont parlé ainsi: «Essayez de reconstruire Hèchebon, venez rebâtir la ville de Sihon! Un feu a jailli de Hèchebon, de la cité de Sihon s'est échappée une flamme; elle a dévoré Ar au pays de Moab et les seigneurs des hauteurs de l'Arnon. Quel malheur pour toi, Moab! Vous voilà perdus, adorateurs de Kemoch! Les hommes qui ont survécu, les femmes, tous ont été livrés prisonniers à Sihon, roi des Amorites. Mais nous avons lancé nos flèches sur les Amorites. Maintenant Hèchebon est détruite, et tout le pays dévasté jusqu'à Dibon. Nous avons tout ravagé, tandis que le feu se répandait jusqu'à Mèdeba.» C'est ainsi que les Israélites s'établirent dans le pays des Amorites. Moïse envoya des espions explorer la ville de Yazer; puis les Israélites s'emparèrent des villages voisins, et ils en délogèrent les Amorites. Ensuite ils changèrent de direction et prirent la route du Bachan. Aussitôt Og, roi du Bachan, et toute son armée vinrent à la rencontre des Israélites pour les combattre, à Édréi. Le Seigneur dit à Moïse: «N'aie pas peur de lui! Je vais le livrer en ton pouvoir, avec toute son armée et tout son pays. Tu le traiteras comme tu as traité Sihon, le roi des Amorites, qui résidait à Hèchebon.» Les Israélites battirent Og, ses fils et toute son armée, sans laisser le moindre survivant, et ils occupèrent son pays. Une nouvelle étape conduisit les Israélites dans les plaines de Moab, sur la rive orientale du Jourdain, en face de Jéricho. Le roi envoya une délégation à Balaam, fils de Béor, qui habitait Petor sur l'Euphrate, dans le pays des Ammavites. Il lui adressait ce message: «Il y a ici un peuple venu d'Égypte, qui couvre toute la surface du pays. Il s'est installé non loin de chez moi. Viens donc à mon aide, je t'en prie, et maudis-le, car il est plus puissant que mon propre peuple. Si tu acceptes, je pourrai peut-être le vaincre et le chasser de la région. Je sais en effet que les bénédictions et les malédictions que tu prononces sont efficaces.» Les messagers, des notables moabites et madianites, emportèrent de quoi payer le devin Balaam et se rendirent chez lui. Ils lui transmirent la requête de Balac. Balaam leur dit: «Passez la nuit ici. Demain je vous donnerai la réponse que le Seigneur m'aura communiquée.» Les chefs de Moab demeurèrent donc chez Balaam. Alors Dieu vint demander à Balaam: «Qui sont ces gens que tu as reçus chez toi?» Balaam lui répondit: «Balac, fils de Sippor et roi de Moab, a envoyé ces hommes me dire: “Le peuple qui a quitté l'Égypte couvre toute la surface du pays. Viens donc à mon aide, je te prie, et maudis-le. Si tu acceptes, je pourrai peut-être le combattre et le chasser.” » – «Tu n'iras pas avec eux! lui dit Dieu. Tu ne maudiras pas ce peuple, car je l'ai béni.» Le lendemain, dès qu'il fut debout, Balaam dit aux notables envoyés par Balac: «Retournez dans votre pays. Le Seigneur m'interdit de partir avec vous.» Les notables moabites revinrent dire à Balac que Balaam avait refusé de les accompagner. Balac envoya une nouvelle délégation, composée de chefs plus nombreux et plus importants que la première fois. Ils allèrent transmettre à Balaam cette requête de Balac: «Moi, Balac, fils de Sippor, je t'en supplie, ne refuse pas de venir chez moi. Je te comblerai d'honneurs, je ferai tout ce que tu me demanderas! Viens donc à mon aide et maudis ce peuple.» Mais Balaam répondit aux envoyés de Balac: «Même si Balac me donnait tout l'argent et l'or dont son palais est plein, je ne pourrais en rien désobéir aux ordres du Seigneur mon Dieu. Pourtant, restez ici cette nuit, vous aussi, et je saurai ce que le Seigneur veut encore me communiquer.» Durant la nuit, Dieu vint dire à Balaam: «Si ces hommes sont venus t'inviter à les accompagner, pars avec eux. Cependant tu devras faire uniquement ce que je t'indiquerai.» Au matin, Balaam sella son ânesse et partit avec les chefs moabites. Le départ de Balaam provoqua la colère de Dieu. Tandis que Balaam cheminait, monté sur son ânesse et accompagné de deux serviteurs, l'ange du Seigneur alla se placer sur la route pour lui barrer le passage. L'ânesse vit l'ange debout au milieu de la route, tenant à la main son épée dégainée; elle s'en écarta et passa à travers champs. Balaam la battit pour la ramener sur le chemin. L'ange alla se poster plus loin dans un chemin encaissé, qui traversait des vignes entre deux murs. L'ânesse le vit, elle se serra contre le mur et y meurtrit le pied de Balaam. Celui-ci se remit à la battre. Une fois encore l'ange les devança; il se posta dans un endroit si resserré qu'il n'y avait moyen de passer ni à sa droite ni à sa gauche. Lorsque l'ânesse le vit, elle se coucha sous son maître. Balaam se mit en colère et la roua de coups de bâton. Alors le Seigneur donna à l'ânesse la possibilité de parler, et elle dit à Balaam: «Que t'ai-je fait, pour que tu me battes à trois reprises?» – «Tu t'es moquée de moi! lui répondit-il. Si j'avais une épée sur moi, je t'aurais déjà tuée!» – «Pourtant je suis ton ânesse, celle que tu as toujours montée! reprit-elle. Ai-je l'habitude de me comporter ainsi avec toi?» – «Non!» reconnut-il. A cet instant, le Seigneur ouvrit les yeux de Balaam, et celui-ci aperçut l'ange debout au milieu de la route, tenant à la main son épée dégainée. Aussitôt il se jeta le visage contre terre. L'ange lui demanda: «Pourquoi as-tu battu ton ânesse à trois reprises? Je suis venu pour te barrer le passage, car je pense que ce voyage te mène à ta perte. L'ânesse m'a vu, et à trois reprises elle s'est écartée de moi. Si elle ne l'avait pas fait, je t'aurais tué, mais elle, je l'aurais laissée en vie.» Balaam dit à l'ange: «J'ai commis une faute! J'ignorais que tu te tenais devant moi sur la route. Mais maintenant, si ce voyage te déplaît, je suis prêt à rentrer chez moi.» – «Non! répondit l'ange. Accompagne ces gens. Mais tu prononceras uniquement les paroles que je t'indiquerai.» Alors Balaam continua la route avec les envoyés de Balac. Lorsque Balac apprit que Balaam arrivait, il alla à sa rencontre jusqu'à Ar en Moab, qui se trouve tout près de la frontière du pays, sur le cours de l'Arnon. Balac lui demanda: «Pourquoi n'as-tu pas accepté de venir la première fois que j'ai envoyé une délégation pour t'inviter? Pensais-tu que je ne pourrais pas te combler d'honneurs?» – «Eh bien, me voici! répondit Balaam. Mais que pourrais-je dire? Je suis autorisé à prononcer uniquement les messages que Dieu placera dans ma bouche.» Balaam partit avec Balac et ils se rendirent à Quiriath-Houssoth. Balac offrit des bœufs et des moutons en sacrifices et en remit des parts à Balaam et aux chefs qui l'accompagnaient. Le lendemain matin, Balac monta avec Balaam à Bamoth-Baal, d'où l'on voyait une partie du peuple d'Israël. Balaam demanda à Balac de lui construire à cet endroit sept autels, et de lui fournir sept taureaux et sept béliers. Balac exécuta cet ordre. Après quoi, ils offrirent ensemble un taureau et un bélier sur chaque autel. Balaam dit à Balac: «Reste ici, près des sacrifices que tu as offerts, pendant que je m'en irai à l'écart. Le Seigneur se manifestera peut-être à moi. Je te communiquerai alors ce qu'il m'aura fait connaître.» Il monta sur une colline dénudée. Là, Dieu se manifesta à Balaam, qui lui dit: «J'ai fait dresser sept autels et j'ai offert un taureau et un bélier sur chacun d'eux.» Le Seigneur indiqua à Balaam le message qu'il devait prononcer, puis il lui ordonna de retourner auprès de Balac. Balaam rejoignit donc Balac, qui se tenait toujours près de ses sacrifices en compagnie des chefs moabites. Balaam prononça ce poème: «Balac, le roi de Moab, m'a fait venir des montagnes orientales de Syrie: “Viens prononcer, m'a-t-il demandé, des malédictions et des menaces contre les Israélites, les descendants de Jacob!” Mais comment pourrais-je maudire celui que Dieu ne maudit pas lui-même? Comment menacer un peuple que le Seigneur ne menace pas? Je regarde ce peuple du haut des rochers, je l'observe du sommet des collines; c'est un peuple qui habite à part, il se sait différent des autres nations. Qui peut compter la multitude des Israélites, dénombrer la foule des descendants de Jacob? Je souhaite avoir la même mort que ces justes, partager le sort du peuple d'Israël.» Balac dit à Balaam: «Que m'as-tu fait là? Je t'amène ici pour maudire mes ennemis et tu les couvres de bénédictions!» Balaam répondit: «Mon rôle n'est-il pas de transmettre seulement ce que le Seigneur me communique?» Balac reprit: «Viens avec moi à un autre endroit d'où tu verras tous les Israélites. D'ici tu n'en voyais qu'une partie. De là, tu les maudiras pour moi.» Il emmena Balaam jusqu'à un poste de guet, au sommet du mont Pisga; là aussi il construisit sept autels et offrit un taureau et un bélier sur chaque autel. Balaam dit à Balac: «Reste ici près des sacrifices que tu as offerts, pendant que j'irai là-bas attendre un message.» Le Seigneur se manifesta à Balaam, lui indiqua le message qu'il devait prononcer, puis il lui ordonna de retourner auprès de Balac. Balaam rejoignit donc Balac, qui se tenait toujours près de ses sacrifices en compagnie des chefs moabites. Balac lui demanda: «Qu'a déclaré le Seigneur?» Alors Balaam prononça ce poème: «Lève-toi, Balac, fils de Sippor, écoute-moi attentivement! Dieu n'est pas un homme pour mentir, il n'est pas un être humain pour changer d'opinion. Il n'affirme jamais rien sans tenir parole, ce qu'il promet, il le réalise. Moi, j'ai accepté de bénir ce peuple, le Seigneur l'a béni, je n'y changerai rien! Le Seigneur ne discerne aucun mal, aucune injustice dans le peuple d'Israël. Il est leur Dieu, il habite au milieu d'eux, il reçoit leur ovation royale. C'est lui qui les a fait sortir d'Égypte avec une force irrésistible, comme celle du buffle. La divination et ses pratiques ne sont pas en usage parmi les Israélites; en temps voulu, ils apprennent tout ce que Dieu accomplit. Ce peuple se lève comme un lion: il dévore la chair de sa proie, il boit le sang de sa victime, et ensuite seulement il se recouche.» Balac dit à Balaam: «Si tu ne veux pas les maudire, abstiens-toi au moins de les bénir!» Balaam lui répondit: «Je t'ai pourtant bien prévenu que j'exécutais scrupuleusement les ordres du Seigneur!» Balac reprit: «Viens donc, que je t'emmène encore à un autre endroit. Dieu acceptera peut-être que là, tu maudisses ce peuple pour moi.» Il emmena Balaam au sommet du mont Péor, d'où l'on domine le désert. Balaam lui demanda de construire à cet endroit sept autels, et de lui fournir sept taureaux et sept béliers. Balac exécuta cet ordre, puis offrit un taureau et un bélier sur chaque autel. Balaam comprit que le Seigneur tenait à bénir Israël; il n'alla donc pas à la recherche d'une révélation divine comme les fois précédentes, mais il se tourna tout de suite vers le désert. Lorsqu'il leva les yeux et vit les tribus d'Israël installées dans leur camp, il fut saisi par l'Esprit de Dieu et il prononça ce poème: «Voici ce que je proclame, moi, Balaam, fils de Béor, moi, l'homme au regard pénétrant; voici ce que je déclare, moi qui entends les paroles de Dieu et contemple les visions envoyées par le Tout -Puissant, car il se révèle à moi lorsque je l'adore. Peuple d'Israël, vous les descendants de Jacob, combien sont belles les tentes que vous habitez! On dirait des torrents qui coulent, des jardins sur les rives d'un fleuve; on dirait des aloès ou des cèdres plantés par le Seigneur au bord d'un ruisseau; on dirait de l'eau qui déborde d'un réservoir et irrigue abondamment les plantations. Le roi des Israélites l'emportera sur Agag, leur royaume gagnera en puissance. Dieu les a fait sortir d'Égypte avec une force irrésistible, comme celle du buffle. Ils ne font qu'une bouchée des nations qui les attaquent, ils brisent les os de leurs adversaires, ils les criblent de flèches. Comme des lions, ils s'accroupissent, se couchent… Qui pourrait les forcer à se lever? Israël, béni soit celui qui te bénira, et maudit soit celui qui te maudira!» Balac se mit en colère contre Balaam et, avec des gestes de menaces, il lui dit: «Je t'amène ici pour maudire mes ennemis, et, pour la troisième fois, tu les couvres de bénédictions! Maintenant va-t'en, retourne chez toi. Je t'avais promis de te combler d'honneurs, mais le Seigneur t'en a privé!» Balaam répondit à Balac: «J'avais pourtant bien dit aux messagers que tu m'as envoyés: “Même si Balac me donnait tout l'argent et l'or dont son palais est plein, je ne pourrais en rien désobéir aux ordres du Seigneur. Je prononce uniquement les paroles que le Seigneur m'indique.” Eh bien, maintenant, je vais rejoindre mon peuple. Mais auparavant, viens, je veux t'avertir de ce que les Israélites feront subir un jour à ton peuple!» Et Balaam prononça ce poème: «Voici ce que je proclame, moi, Balaam, fils de Béor, moi, l'homme au regard pénétrant; voici ce que je déclare, moi qui entends les paroles de Dieu, qui pénètre les secrets du Très-Haut et contemple les visions envoyées par le Tout -Puissant, car il se révèle à moi lorsque je l'adore. Je vois ce qui arrivera, mais ce n'est pas pour aujourd'hui, je discerne un événement, mais il se produira plus tard: Un astre apparaît parmi les descendants de Jacob, un souverain surgit au milieu du peuple d'Israël; de son sceptre, il frappe les Moabites à la tempe, les nomades du pays sur la tête. Il s'empare aussi de Séir, le pays de ses ennemis édomites, et les Israélites triomphent. Le descendant de Jacob domine ses adversaires, il extermine les derniers habitants de leurs villes.» Ensuite Balaam vit les Amalécites et prononça ces mots: «Voici Amalec, nation la plus puissante. Mais son avenir, c'est la ruine totale.» Il vit également les Quénites et déclara: «Quénites, vous êtes en sécurité dans votre pays, comme dans un nid accroché au rocher. Pourtant vos demeures seront la proie des flammes, et les Assyriens vous emmèneront en captivité.» Balaam ajouta encore ces mots: «Hélas! Qui arrive en bandes du nord? Ceux qui arrivent de la côte de Chypre, oppriment les Assyriens et même les descendants d'Éber; mais lui aussi court à la ruine.» Après ces paroles, Balaam se mit en route pour regagner son pays, tandis que Balac s'en allait de son côté. Les Israélites s'installèrent à Chittim. Là ils commencèrent à se livrer à la débauche avec des femmes moabites. Elles les entraînèrent à offrir des sacrifices à leurs dieux. Les Israélites partagèrent leurs repas sacrés et adorèrent leurs dieux. Ils s'associèrent en particulier au culte du dieu Baal, de Péor, ce qui provoqua la colère du Seigneur contre eux. Le Seigneur dit à Moïse: «Prends les chefs du peuple et fais-les pendre en ma présence, face au soleil; alors l'ardente colère que je ressens envers vous s'apaisera.» Moïse donna cet ordre aux responsables israélites: «Que chacun de vous tue ceux de ses hommes qui se livrent au culte du Baal de Péor!» A ce moment-là un Israélite arriva parmi les siens, accompagné d'une Madianite. Moïse et toute la communauté d'Israël, qui pleuraient à l'entrée de la tente de la rencontre, les virent. Le prêtre Pinhas, fils d'Élazar et petit-fils d'Aaron, se leva alors du milieu de la communauté et saisit une lance; il pénétra derrière l'homme dans la tente où il se rendait avec la Madianite et il les tua tous les deux d'un coup en plein ventre. Aussitôt le fléau qui s'était abattu sur les Israélites prit fin. Le nombre des victimes s'élevait déjà à vingt-quatre mille morts. Le Seigneur dit à Moïse: «Le prêtre Pinhas, fils d'Élazar et petit-fils d'Aaron, a détourné ma colère des Israélites en se montrant aussi intransigeant que moi à leur égard. C'est pourquoi, bien que j'exige d'être leur seul Dieu, je ne les ai pas exterminés. Maintenant, déclare-lui que je conclus avec lui une alliance qui sera source de paix; cette alliance, valable pour lui et pour ses descendants, fait d'eux des prêtres pour toujours. Il a en effet montré son attachement exclusif pour moi, son Dieu, et il a obtenu ainsi le pardon en faveur des Israélites.» L'Israélite tué en même temps que la Madianite s'appelait Zimri, fils de Salou; il était un des dirigeants de la tribu de Siméon. Quant à la Madianite, elle s'appelait Kozbi; son père, nommé Sour, était chef de plusieurs clans d'une tribu madianite. Le Seigneur dit à Moïse: «Attaquez les Madianites et exterminez-les! Ils ont été pour vous des ennemis pleins de perfidie, dans l'affaire de Péor et dans celle de Kozbi, la fille d'un de leurs princes, qui fut tuée lors du fléau de Péor.» Après ce fléau, le Seigneur dit à Moïse et au prêtre Élazar, fils d'Aaron: «Effectuez le recensement de la communauté d'Israël, en comptant, d'après leur famille, tous les hommes de vingt ans et plus, aptes au service militaire.» Moïse et Élazar s'adressèrent alors aux Israélites dans les plaines de Moab, près du Jourdain et en face de Jéricho. Ils leur annoncèrent que le Seigneur avait ordonné à Moïse de recenser tous les hommes de vingt ans et plus. Les tribus israélites qui avaient quitté l'Égypte étaient les suivantes: Il y avait tout d'abord la tribu de Ruben, fils aîné de Jacob. Elle se composait des clans issus de ses fils: les Hanokites, descendants de Hanok; les Pallouites, descendants de Pallou; les Hesronites, descendants de Hesron; les Karmites, descendants de Karmi. Tels étaient les clans rubénites, qui comptaient 43 730 hommes. Un fils de Pallou, Éliab, fut le père de Nemouel, Datan et Abiram. Datan et Abiram étaient ces notables de la communauté qui s'opposèrent à Moïse et à Aaron, aux côtés des partisans de Coré, lorsque ceux-ci se révoltèrent contre le Seigneur. La terre s'ouvrit alors et les engloutit en même temps que Coré, le jour où tous les partisans de celui-ci moururent et où le feu brûla vifs deux cent cinquante autres hommes. Ce fut un exemple pour le reste du peuple. Par contre les fils de Coré ne moururent pas à cette occasion. La tribu de Siméon se composait des clans suivants: les Nemouélites, descendants de Nemouel; les Yaminites, descendants de Yamin; les Yakinites, descendants de Yakin; les Zéraïtes, descendants de Zéra; les Chaoulites, descendants de Chaoul. Tels étaient les clans siméonites, qui comptaient 22 200 hommes. La tribu de Gad se composait des clans suivants: les Sefonites, descendants de Sefon; les Haguites, descendants de Hagui; les Chounites, descendants de Chouni; les Oznites, descendants d'Ozni; les Érites, descendants d'Éri; les Arodites, descendants d'Arod; les Arélites, descendants d'Aréli. Tels étaient les clans gadites, qui comptaient 40 500 hommes. Tels étaient les clans judéens, qui comptaient 76 500 hommes. La tribu d'Issakar se composait des clans suivants: les Tolaïtes, descendants de Tola; les Pouvites, descendants de Pouva; les Yachoubites, descendants de Yachoub; les Chimronites, descendants de Chimron. Tels étaient les clans issakarites, qui comptaient 64 300 hommes. La tribu de Zabulon se composait des clans suivants: les Sérédites, descendants de Séred; les Élonites, descendants d'Élon; les Yalélites, descendants de Yaléel. Tels étaient les clans zabulonites, qui comptaient 60 500 hommes. Les tribus de Manassé et d'Éfraïm comprenaient tous les descendants de Joseph. La tribu de Manassé se composait des clans suivants: les Makirites, descendants de Makir, et les Galaadites, descendants de Galaad, fils de Makir. Le clan des Galaadites regroupait les Yézérites, descendants de Yézer; les Héléquites, descendants de Hélec; les Asriélites, descendants d'Asriel; les Chékémites, descendants de Chékem; les Chemidaïtes, descendants de Chemida; les Héférites, descendants de Héfer. Selofad, fils de Héfer, n'eut pas de fils, mais seulement des filles, qui s'appelaient Mala, Noa, Hogla, Milka et Tirsa. Tels étaient les clans manassites, qui comptaient 52 700 hommes. La tribu d'Éfraïm se composait des clans suivants: les Choutélaïtes, descendants de Choutéla; les Békérites, descendants de Béker; les Tahanites, descendants de Tahan. Les Éranites étaient les descendants d'Éran, fils de Choutéla. Tels étaient les clans éfraïmites, qui comptaient 32 500 hommes. Les clans de ces deux tribus comprenaient tous les descendants de Joseph. La tribu de Benjamin se composait des clans suivants: les Bélaïtes, descendants de Béla; les Achebélites, descendants d'Achebel; les Ahiramites, descendants d'Ahiram; les Choufamites, descendants de Choufam; les Houfamites, descendants de Houfam. Le clan des Bélaïtes regroupait les Ardites, descendants d'Arde, et les Naamanites, descendants de Naaman. Tels étaient les clans benjaminites, qui comptaient 45 600 hommes. La tribu de Dan se composait d'un seul clan, celui des Chouhamites, descendants de Chouham. Ce clan comptait 64 400 hommes. La tribu d'Asser se composait des clans suivants: les Imnaïtes, descendants d'Imna; les Ichevites, descendants d'Ichevi; les Beriaïtes, descendants de Beria. Le clan des Beriaïtes regroupait les Hébérites, descendants de Héber, et les Malkiélites, descendants de Malkiel. Asser avait une fille qui s'appelait Séra. Tels étaient les clans assérites, qui comptaient 53 400 hommes. La tribu de Neftali se composait des clans suivants: les Yassiélites, descendants de Yassiel; les Gounites, descendants de Gouni; les Yessérites, descendants de Yesser; les Chillémites, descendants de Chillem. Tels étaient les clans neftalites, qui comptaient 45 400 hommes. Le total des Israélites recensés s'éleva ainsi à 601 730 hommes. Le Seigneur dit à Moïse: «Il faudra partager le pays entre les tribus, en tenant compte de leur importance: chacune recevra un territoire proportionné au nombre des personnes recensées; une tribu nombreuse obtiendra un territoire plus vaste qu'une petite tribu. Cependant, tout en tenant compte du nombre de personnes de chaque tribu, on recourra au tirage au sort pour le partage du pays. C'est par le tirage au sort qu'on décidera des régions attribuées aux tribus importantes et aux tribus plus petites.» Dans la tribu de Lévi, on recensa les clans suivants: les Guerchonites, descendants de Guerchon; les Quéhatites, descendants de Quéhath; les Merarites, descendants de Merari. Ils comprenaient les sous-clans des Libnites, des Hébronites, des Malites, des Mouchites et des Coréites. Quéhath fut le père d'Amram, qui épousa Yokébed, la fille de Lévi née en Égypte. Celle-ci donna trois enfants à Amram: Aaron, Moïse et leur sœur Miriam. Aaron eut lui-même quatre fils, Nadab, Abihou, Élazar et Itamar. Mais Nadab et Abihou moururent lorsqu'ils présentèrent au Seigneur une offrande de parfum profane. Le total des hommes et des garçons âgés d'un mois et plus fut de 23 000. Ils n'avaient pas été recensés avec les autres Israélites, car ils ne devaient pas recevoir comme eux de territoire. Tels furent les résultats du recensement des Israélites, effectué par Moïse et le prêtre Élazar dans les plaines de Moab, près du Jourdain et en face de Jéricho. Parmi ces Israélites, on ne trouvait plus aucun de ceux qui avaient été recensés par Moïse et le prêtre Aaron dans le désert du Sinaï, car le Seigneur les avait avertis qu'ils mourraient dans le désert. Il n'en restait donc pas un seul, à part Caleb, fils de Yefounné, et Josué, fils de Noun. Mala, Noa, Hogla, Milka et Tirsa étaient les filles de Selofad, membre d'un clan de Manassé, qui descendait de Joseph par Manassé, Makir, Galaad et Héfer. Ces cinq femmes vinrent se présenter devant Moïse, le prêtre Élazar, les notables et toute la communauté, à l'entrée de la tente de la rencontre, et elles déclarèrent: «Notre père est mort dans le désert, bien qu'il n'ait pas fait partie du groupe qui s'est ligué avec Coré contre le Seigneur; il est mort à cause de ses propres fautes. Mais il n'avait pas de fils. Serait-il normal que la famille de notre père ne soit plus représentée dans son clan, simplement parce qu'il n'a pas eu de fils? Qu'on nous accorde donc une part d'héritage en même temps qu'aux frères de notre père!» Moïse présenta leur requête au Seigneur, qui lui répondit: «Les filles de Selofad ont raison! Donne-leur une part d'héritage en même temps qu'aux frères de leur père, que la part de leur père leur revienne. Ensuite voici ce que tu diras aux Israélites: “Si un homme meurt sans avoir de fils, vous transmettrez ses biens à sa fille. S'il n'avait pas de fille, vous transmettrez ses biens à ses frères. S'il n'avait pas de frères, vous transmettrez ses biens à ses oncles paternels. Si son père n'avait pas non plus de frères, vous transmettrez ses biens à son plus proche parent; c'est lui qui en héritera.” Les Israélites respecteront cette procédure, conformément à l'ordre que je te donne.» Le Seigneur dit à Moïse: «Monte sur ce sommet de la chaîne des Abarim; de là tu regarderas le pays que je vais donner aux Israélites. Tu le contempleras, après quoi tu mourras, de la même manière que ton frère Aaron. En effet, vous avez désobéi à mes ordres dans le désert de Tsin, lorsque la communauté me cherchait querelle; vous n'avez pas manifesté aux yeux des Israélites que j'étais le vrai Dieu, quand ils réclamaient de l'eau.» Il évoquait l'épisode de l'eau de Meriba – l'eau de la “Querelle” – à Cadès, dans le désert de Tsin. Moïse dit au Seigneur: «Seigneur Dieu, toi qui as donné la vie à toutes les créatures, place à la tête du peuple un homme, un chef capable de le diriger en toutes circonstances, afin que ton peuple ne soit pas comme un troupeau sans berger.» Le Seigneur répondit à Moïse: «Josué, fils de Noun, est un homme animé de mon Esprit. Appelle-le auprès de toi et pose ta main sur lui. Tu le présenteras devant le prêtre Élazar, en face de toute la communauté, et tu en feras ton successeur, sous leurs yeux. Tu lui communiqueras une partie de ton autorité, afin que tous les Israélites lui obéissent. Mais lui-même devra s'en référer au prêtre Élazar: c'est le prêtre qui me consultera pour lui au moyen des dés sacrés. Josué et la communauté d'Israël se conformeront en toutes circonstances à ses ordres.» Moïse obéit au Seigneur: il fit venir Josué, il le plaça devant le prêtre Élazar, en face de toute la communauté, il posa ses mains sur lui et en fit son successeur, comme le Seigneur le lui avait ordonné. Le Seigneur dit à Moïse de transmettre aux Israélites les ordres suivants: «Vous veillerez à présenter au Seigneur, aux moments fixés, les offrandes qui lui sont dues, aliments consumés dont il apprécie la fumée odorante. «Chaque jour vous apporterez au Seigneur deux agneaux d'un an, sans défaut, qu'on brûlera entièrement. C'est un sacrifice complet qu'on ne cessera jamais de lui offrir. Le premier agneau sera offert le matin, le second le soir, en même temps que trois kilos de farine pétrie avec un litre et demi d'huile fine. Ce sacrifice quotidien sera identique à celui qui a été présenté au Seigneur sur le mont Sinaï, en offrande consumée à la fumée odorante. L'agneau du matin sera accompagné d'une offrande d'un litre et demi de vin, que l'on présentera au Seigneur dans le sanctuaire. Le second agneau sera offert au Seigneur le soir, et accompagné des mêmes offrandes que celui du matin; ce sera un sacrifice consumé à la fumée odorante.» «Le jour du sabbat, on offrira deux agneaux d'un an, sans défaut, en même temps qu'une offrande de six kilos de farine pétrie avec de l'huile et qu'une offrande de vin. Ce sacrifice complet s'ajoutera chaque sabbat au sacrifice quotidien et à l'offrande de vin qui l'accompagne.» «Le premier jour de chaque mois, vous offrirez au Seigneur, en sacrifices complets, deux taureaux, un bélier et sept agneaux d'un an, tous sans défaut. Chaque animal sera accompagné d'une offrande de farine pétrie avec de l'huile: offrande de neuf kilos pour chaque taureau, de six kilos pour le bélier, et de trois kilos pour chaque agneau. Le Seigneur appréciera la fumée odorante de ces sacrifices consumés. L'offrande de vin sera de trois litres par taureau, de deux litres pour le bélier et d'un litre et demi par agneau. Tels sont les sacrifices qu'on offrira au début de chaque mois de l'année. Vous offrirez également au Seigneur un bouc en sacrifice pour obtenir le pardon, en plus du sacrifice complet quotidien et de son offrande de vin.» «Le quatorzième jour du premier mois de l'année, célébrez la fête de la Pâque en l'honneur du Seigneur. Le quinzième jour du même mois commencera la fête de sept jours au cours de laquelle le pain que vous mangerez sera sans levain. Le premier jour de la fête, vous vous rassemblerez pour adorer le Seigneur et vous n'accomplirez pas votre travail ordinaire. Vous offrirez au Seigneur, en sacrifices entièrement consumés, deux taureaux, un bélier et sept agneaux d'un an, tous sans défaut. Chaque animal sera accompagné d'une offrande de farine pétrie avec de l'huile: offrande de neuf kilos pour chaque taureau, de six kilos pour le bélier, et de trois kilos pour chacun des sept agneaux. Vous offrirez également un bouc en sacrifice pour obtenir le pardon: on pourra alors effectuer sur vous le geste rituel du pardon des péchés. Tous ces sacrifices s'ajouteront au sacrifice complet de chaque matin. Durant la semaine de fête, le Seigneur pourra apprécier chaque jour la fumée odorante des aliments consumés qui accompagnent le sacrifice quotidien et son offrande de vin. Le septième jour, vous vous rassemblerez encore pour adorer le Seigneur et vous n'accomplirez pas non plus votre travail ordinaire. «Le jour de la Pentecôte, lorsque vous apporterez au Seigneur une offrande de céréales nouvellement récoltées, vous vous rassemblerez pour adorer le Seigneur et vous n'accomplirez pas votre travail ordinaire. Vous offrirez au Seigneur, en sacrifices complets à la fumée odorante, deux taureaux, un bélier et sept agneaux d'un an. Chaque animal sera accompagné d'une offrande de farine pétrie avec de l'huile: offrande de neuf kilos pour chaque taureau, de six kilos pour le bélier, et de trois kilos pour chacun des sept agneaux. Vous offrirez également un bouc, afin qu'on effectue sur vous le geste rituel du pardon des péchés. Tous ces sacrifices s'ajouteront au sacrifice complet quotidien et à son offrande végétale. Vous offrirez des animaux sans défaut, avec les offrandes de vin prévues.» «Le premier jour du septième mois, vous vous rassemblerez pour adorer le Seigneur. Vous n'accomplirez pas votre travail ordinaire, car c'est le jour de l'ovation. Vous offrirez au Seigneur, en sacrifices complets à la fumée odorante, un taureau, un bélier et sept agneaux d'un an, tous sans défaut. Chaque animal sera accompagné d'une offrande de farine pétrie avec de l'huile: offrande de neuf kilos pour le taureau, de six kilos pour le bélier, et de trois kilos pour chacun des sept agneaux. Vous m'offrirez également un bouc en sacrifice pour obtenir le pardon: on pourra alors effectuer sur vous le geste rituel du pardon des péchés. Tous ces sacrifices s'ajouteront au sacrifice complet quotidien et aux sacrifices complets du premier jour du mois, accompagnés des offrandes de farine et de vin habituelles. Le Seigneur appréciera la fumée odorante de ces sacrifices consumés.» «Le dixième jour du septième mois, vous vous rassemblerez pour adorer le Seigneur, vous jeûnerez et vous ne devrez faire aucun travail. Vous offrirez au Seigneur, en sacrifices complets à la fumée odorante, un taureau, un bélier et sept agneaux d'un an, tous sans défaut. Chaque animal sera accompagné d'une offrande de farine pétrie avec de l'huile: offrande de neuf kilos pour le taureau, de six kilos pour le bélier, et de trois kilos pour chacun des sept agneaux. Vous offrirez également un bouc en sacrifice pour obtenir le pardon. Tous ces sacrifices s'ajouteront au sacrifice pour le pardon, offert selon le rituel spécial de ce jour-là, le grand jour du Pardon des péchés, et au sacrifice complet quotidien, accompagné de ses offrandes de farine et de vin.» «Le quinzième jour du septième mois, vous vous rassemblerez pour adorer le Seigneur et vous n'accomplirez pas votre travail ordinaire. Célébrez, durant sept jours, une fête en l'honneur du Seigneur. Le premier jour, vous lui offrirez, en sacrifices consumés à la fumée odorante, treize taureaux, deux béliers et quatorze agneaux d'un an, tous sans défaut. Chaque animal sera accompagné d'une offrande de farine pétrie avec de l'huile: offrande de neuf kilos pour chacun des treize taureaux, de six kilos pour chacun des deux béliers, et de trois kilos pour chacun des quatorze agneaux. Vous offrirez également un bouc en sacrifice pour obtenir le pardon. Tous ces sacrifices s'ajouteront au sacrifice complet quotidien, accompagné de ses offrandes de farine et de vin. «Le huitième jour de la fête, jour du rassemblement final, vous n'accomplirez pas votre travail ordinaire. Vous offrirez au Seigneur, en sacrifices consumés à la fumée odorante, un taureau, un bélier et sept agneaux d'un an, tous sans défaut. Chaque animal sera accompagné des offrandes de farine et de vin habituelles. Vous offrirez également un bouc en sacrifice pour obtenir le pardon. Tous ces sacrifices s'ajouteront au sacrifice complet quotidien, accompagné de ses offrandes de farine et de vin. «Tels sont les sacrifices que vous devrez offrir au Seigneur à l'occasion des jours de fête; ils s'ajouteront aux sacrifices complets, aux offrandes de farine et de vin, et aux sacrifices de communion que vous pourrez lui présenter de manière spontanée ou pour accomplir un vœu.» Moïse communiqua aux Israélites tous les ordres qu'il avait reçus du Seigneur. Ensuite Moïse communiqua aux chefs des tribus israélites d'autres ordres du Seigneur: «Quand un homme fait le vœu de présenter une offrande au Seigneur, ou s'engage par un serment à s'abstenir de quelque chose, il ne doit pas manquer à sa parole, mais il doit agir scrupuleusement comme il l'a promis. «Cependant, supposons qu'une jeune fille vivant encore chez son père s'engage envers le Seigneur par un vœu ou un serment. Si son père ne lui dit rien au moment où il l'apprend, elle doit tenir ses engagements. Si au contraire le père s'y oppose le jour même où il l'apprend, elle n'a pas à tenir ses engagements. Le Seigneur lui pardonnera, car son père l'a empêchée de tenir sa promesse. «Supposons maintenant qu'une jeune fille prononce un vœu ou un serment inconsidéré. Ensuite elle se marie. Si son mari ne lui dit rien le jour où il l'apprend, elle doit tenir ses engagements. Si au contraire le mari s'y oppose le jour même où il l'apprend, il annule ainsi la promesse faite, et le Seigneur pardonnera à la femme de ne pas la tenir. «Quand une veuve ou une divorcée fait un vœu, elle doit tenir son engagement. «Par contre, supposons qu'une femme mariée fasse un vœu ou s'engage par un serment. Si son mari ne formule pas d'opposition quand il l'apprend, elle doit tenir ses engagements. Si au contraire le mari les annule le jour même où il l'apprend, elle n'a pas à tenir ses engagements. Le Seigneur lui pardonnera, car son mari a annulé la promesse faite. Ainsi lorsqu'une femme fait un vœu ou s'engage à s'abstenir de quelque chose, le mari peut confirmer ou annuler ce qu'elle a promis. Si le mari, un jour après l'avoir appris, n'a toujours rien dit à sa femme, il confirme par son silence les engagements qu'elle a pris. Mais s'il décide de les annuler plus tard, il sera lui-même coupable de ce que sa femme ne tienne pas sa promesse.» Telles sont les lois que le Seigneur a communiquées à Moïse au sujet des vœux prononcés par une femme mariée ou par une jeune fille célibataire habitant chez son père. Le Seigneur donna cet ordre à Moïse: «Va punir les Madianites pour le mal qu'ils ont fait aux Israélites. C'est après cela que tu quitteras ce monde.» Alors Moïse dit au peuple: «Il faut que certains d'entre vous prennent leurs armes et aillent attaquer les Madianites, afin de leur infliger la punition décidée par le Seigneur. Désignez à cet effet mille combattants dans chaque tribu.» On choisit dans les troupes d'Israël mille hommes par tribu, soit un total de douze mille soldats. Moïse les envoya tous au combat, accompagnés du prêtre Pinhas, fils d'Élazar. Celui-ci emportait les objets sacrés, ainsi que les trompettes pour donner le signal du cri de guerre. Ils attaquèrent le pays de Madian, comme le Seigneur en avait donné l'ordre par l'intermédiaire de Moïse, et y massacrèrent tous les hommes. Ils tuèrent aussi les cinq rois de Madian: Évi, Réquem, Sour, Hour et Réba, de même que Balaam, fils de Béor. Ils firent prisonniers les femmes et les enfants des Madianites, et s'approprièrent leurs bêtes de somme, leurs troupeaux et tous leurs biens. Ils incendièrent leurs villes et leurs campements, puis s'en allèrent avec le butin, les gens et les bêtes dont ils s'étaient emparés. Ils amenèrent le tout au camp situé dans les plaines de Moab, près du Jourdain et en face de Jéricho, pour le présenter à Moïse, au prêtre Élazar et à toute la communauté d'Israël. Moïse, Élazar et les autres chefs de la communauté sortirent du camp pour les accueillir. Moïse se mit en colère contre les commandants de régiments et de compagnies qui revenaient de cette campagne. Il leur dit: «Quoi! vous avez laissé la vie aux femmes! Vous le savez bien, pourtant, ce sont des femmes madianites qui, sur les conseils de Balaam, ont poussé les Israélites à commettre des fautes graves envers le Seigneur, lors de l'affaire de Péor; et à la suite de cela un fléau s'est abattu sur le peuple du Seigneur. Eh bien maintenant, tuez tous les garçons, de même que toutes les femmes qui ont été mariées. Mais vous pouvez garder pour vous toutes les filles encore vierges. Tous ceux d'entre vous qui ont tué quelqu'un ou touché un cadavre doivent demeurer sept jours hors du camp; ils devront se purifier le troisième et le septième jour. Cet ordre concerne aussi vos prisonnières. Vous purifierez également les vêtements, et tous les objets en peau, en poil de chèvre ou en bois.» Puis le prêtre Élazar dit aux hommes qui avaient participé au combat: «Voici les règles que le Seigneur a communiquées à Moïse: “Les objets en or, en argent, en cuivre, en fer, en étain ou en plomb, c'est-à-dire les objets qui ne brûlent pas, vous les purifierez par le feu, puis vous les tremperez dans l'eau de purification. Ce qui brûle, vous vous contenterez de le tremper dans l'eau de purification. Après avoir lavé vos vêtements le septième jour, vous serez purs et vous pourrez regagner le camp.” » Le Seigneur dit à Moïse: «Élazar et toi, avec l'aide des chefs de famille de la communauté, vous allez faire le compte de tout ce qui a été capturé, gens et bêtes. Tu en feras ensuite deux parts égales, l'une pour ceux qui ont été mobilisés et ont pris part au combat, l'autre pour le reste de la communauté. Sur la part attribuée aux combattants, tu retiendras pour moi une redevance qui s'élèvera à un être humain sur cinq cents, et à un animal sur cinq cents, en ce qui concerne les bœufs, les ânes, les moutons et les chèvres. Tu remettras au prêtre Élazar la redevance ainsi prélevée pour moi. Sur la part attribuée au reste des Israélites, tu retiendras un être humain sur cinquante, et un animal sur cinquante, en ce qui concerne les bœufs, les ânes, les moutons, les chèvres et les autres bêtes; et tu remettras cette redevance aux lévites, qui s'occupent de ma demeure sacrée.» Moïse et Élazar exécutèrent l'ordre donné par le Seigneur à Moïse. Du butin pris à l'ennemi par les combattants, il restait 675 000 moutons et chèvres, 72 000 bœufs, 61 000 ânes et 32 000 filles encore vierges. La part attribuée aux combattants fut la suivante: 337 500 moutons et chèvres, dont 675 furent prélevés pour le Seigneur; 36 000 bœufs, dont 72 pour le Seigneur; 30 500 ânes, dont 61 pour le Seigneur; 16 000 êtres humains, dont 32 pour le Seigneur. Moïse remit au prêtre Élazar la redevance destinée au Seigneur, selon l'ordre reçu. 36 000 bœufs, 30 500 ânes et 16 000 êtres humains. Sur la part attribuée aux Israélites, Moïse préleva une redevance d'un être humain sur cinquante, et d'une bête sur cinquante; et, selon l'ordre qu'il avait reçu du Seigneur, il la remit aux lévites, qui s'occupent de la demeure du Seigneur. Les chefs militaires, commandants de régiments et de compagnies, se réunirent auprès de Moïse et ils lui dirent: «Nous avons fait le compte des combattants placés sous nos ordres: il n'en manque aucun. C'est pourquoi nous apportons des offrandes pour le Seigneur, afin que nos vies soient préservées; chacun de nous offre les objets d'or qu'il a trouvés: chaînettes, bracelets, anneaux, boucles d'oreille et colliers.» Moïse et le prêtre Élazar acceptèrent tous les objets d'or ouvragés qu'ils apportèrent. Le poids total des objets offerts au Seigneur par les officiers fut d'environ 170 kilos. Quant aux simples soldats, chacun garda pour lui-même le butin qu'il avait ramassé. Moïse et Élazar déposèrent tous les objets d'or offerts par les officiers dans la tente de la rencontre, afin que le Seigneur n'oublie pas les Israélites. Les descendants de Ruben et de Gad possédaient des troupeaux nombreux et importants. Ils constatèrent que la région de Yazer et le pays de Galaad convenaient bien à l'élevage du bétail. C'est pourquoi ils allèrent trouver Moïse, le prêtre Élazar et les chefs de la communauté; ils leur dirent: «Les villes d'Ataroth, Dibon, Yazer, Nimra, Hèchebon, Élalé, Sebam, Nébo et Béon font partie du territoire que les Israélites ont conquis avec l'aide du Seigneur. La région convient à l'élevage du bétail, et nous avons justement des troupeaux.» Et ils ajoutèrent: «Si tu es d'accord avec notre suggestion, Moïse, permets qu'on nous donne en partage cette région; ne nous emmène pas de l'autre côté du Jourdain.» Moïse leur répondit: «Comment? Vos compatriotes iraient se battre tandis que vous resteriez tranquillement ici? Pourquoi voulez-vous décourager les Israélites de se rendre dans le pays que le Seigneur leur a donné? Vos pères ont commis la même faute autrefois, lorsque, de Cadès-Barnéa, je les ai envoyés explorer le pays de Canaan. Ils se sont rendus dans le vallon d'Èchekol, ils ont exploré la région, et au retour ils ont découragé les autres Israélites de se rendre dans le pays que le Seigneur leur avait par avance donné. Ce jour-là le Seigneur s'est mis en colère et a déclaré solennellement: “Aucun des hommes qui sont sortis d'Égypte et sont âgés de vingt ans et plus ne verra la terre que j'ai promise à Abraham, à Isaac et à Jacob, car ils ne m'ont pas obéi fidèlement. Seuls Caleb, fils de Yefounné, du clan de Quenaz, et Josué, fils de Noun, y entreront, car ils me sont restés fidèles.” Ainsi, continua Moïse, le Seigneur s'est mis en colère contre les Israélites et il les a obligés à passer quarante ans dans le désert, jusqu'à la disparition de toute la génération dont la conduite lui avait déplu. Et maintenant, bande de pécheurs, vous voulez suivre les traces de vos pères et raviver la colère du Seigneur envers Israël! Si vous, hommes de Ruben et de Gad, vous êtes infidèles au Seigneur, il prolongera le séjour du peuple d'Israël dans le désert; vous aurez ainsi causé sa perte.» Ces hommes s'approchèrent encore de Moïse et lui dirent: «Non! Nous allons construire ici des enclos pour nos troupeaux et des villes fortifiées pour nos familles. Ensuite nous nous empresserons de prendre les armes et nous passerons en tête des autres Israélites pour les mener dans le pays qui leur est attribué. Pendant ce temps, nos familles seront dans des villes fortifiées, à l'abri des habitants de ce pays. Nous reviendrons chez nous seulement quand chaque Israélite sera installé sur ses terres. Nous renonçons à posséder comme eux des terres de l'autre côté du Jourdain, si nous recevons notre territoire de ce côté, à l'est de la rivière.» – «Eh bien, tenez votre promesse! leur dit Moïse. Prenez vos armes pour aller combattre sous les ordres du Seigneur; que tous les hommes ainsi équipés passent de l'autre côté du Jourdain, comme il le veut; qu'ils y restent jusqu'à ce que le Seigneur ait dépossédé ses ennemis et que le pays soit soumis à son autorité. Après quoi vous pourrez rentrer chez vous, car vous serez sans reproches envers le Seigneur et envers les autres Israélites. Alors le pays situé de ce côté-ci du Jourdain vous appartiendra, avec l'accord du Seigneur. Mais si vous n'agissez pas ainsi, vous commettrez un péché envers le Seigneur, et vous en subirez les conséquences, sachez-le bien. Construisez des villes pour vos familles et des enclos pour vos moutons et vos chèvres, mais n'oubliez pas de tenir votre promesse.» – «Nous ferons ce que tu viens de nous ordonner, répondirent les hommes de Ruben et de Gad. Nous laisserons nos enfants, nos femmes, nos troupeaux et nos bêtes de somme ici dans les villes de Galaad; de notre côté, nous prendrons les armes et marcherons au combat sous les ordres du Seigneur, comme tu l'as dit.» Moïse donna des ordres à leur sujet au prêtre Élazar, à Josué, fils de Noun, et aux chefs de familles des diverses tribus d'Israël. Voici ce qu'il leur dit: «Si les hommes de Gad et de Ruben prennent leurs armes, passent le Jourdain en même temps que vous et marchent au combat sous les ordres du Seigneur, s'ils vous aident à soumettre le pays, vous leur accorderez comme territoire le pays de Galaad. Mais s'ils ne le font pas, ils devront recevoir des terres avec vous dans le pays de Canaan.» Les hommes de Gad et de Ruben affirmèrent encore une fois: «Nous ferons ce que le Seigneur nous a dit! Nous prendrons les armes et nous pénétrerons dans le pays de Canaan sous les ordres du Seigneur, afin de recevoir notre part de territoire de ce côté-ci du Jourdain.» Moïse accorda aux tribus de Gad et de Ruben, et à la moitié de la tribu de Manassé, fils de Joseph, le territoire de Sihon, roi des Amorites, et d'Og, roi du Bachan, y compris les villes avec les terres voisines. Les descendants de Gad rebâtirent les villes de Dibon, Ataroth, Aroër, Atroth-Chofan, Yazer, Yogboha, Beth-Nimra et Beth-Haran; ils en firent des villes fortifiées. Ils construisirent aussi des enclos pour leurs troupeaux. Les descendants de Ruben rebâtirent Hèchebon, Élalé, Quiriataïm, Nébo, Baal-Méon et Sibma, et ils donnèrent de nouveaux noms à certaines des villes qu'ils avaient rebâties. Les descendants de Makir, fils de Manassé, gagnèrent la région de Galaad et s'en emparèrent. Ils en chassèrent les Amorites qui l'habitaient. Alors Moïse leur accorda ce territoire pour qu'ils s'y installent. Les descendants de Yaïr, un autre fils de Manassé, allèrent s'emparer des villages des Amorites, et ils les appelèrent “villages de Yaïr”. Enfin Noba alla s'emparer de Quenath et des villages voisins; et il donna à la ville son propre nom, Noba. Voici les étapes que parcoururent les Israélites, lorsqu'ils quittèrent l'Égypte en bon ordre, sous la conduite de Moïse et d'Aaron. Moïse avait noté les endroits où ils s'arrêtaient, sur l'ordre du Seigneur, et d'où ils repartaient. En voici la liste: Le quinzième jour du premier mois de l'année, le lendemain de la première Pâque, les Israélites quittèrent Ramsès; ils partirent sous les yeux des Égyptiens, comme s'ils étaient déjà libres. Les Égyptiens enterraient alors leurs premiers-nés, qui étaient tous morts frappés par le Seigneur. En effet, le Seigneur avait exécuté ainsi sa sentence contre les dieux de l'Égypte. De Ramsès, les Israélites se rendirent à Soukoth. De Soukoth, ils gagnèrent Étam, en bordure du désert. D'Étam, ils revinrent jusqu'à Pi-Hahiroth, qui se trouve en face de Baal-Sefon, et ils installèrent leur camp en dessous de Migdol. De Pi-Hahiroth, ils traversèrent la mer et gagnèrent le désert; ils firent trois jours de marche dans le désert d'Étam et arrivèrent à Mara. De Mara, ils gagnèrent Élim, où se trouvent douze sources et soixante-dix palmiers, et ils y installèrent leur camp. D'Élim, ils allèrent camper près de la mer des Roseaux. De la mer des Roseaux, ils gagnèrent le désert de Sin. Du désert de Sin, ils se rendirent à Dofca, de Dofca à Alouch, et d'Alouch à Refidim, où le peuple ne trouva pas d'eau à boire. De Refidim, ils se rendirent dans le désert du Sinaï, du désert à Quibroth-Taava, de Quibroth-Taava à Hasséroth, de Hasséroth à Ritma, de Ritma à Rimmon-Pérès, de Rimmon-Pérès à Libna, de Libna à Rissa, de Rissa à Quehélata, de Quehélata au mont Chéfer, du mont Chéfer à Harada, de Harada à Maquéloth, de Maquéloth à Tahath, de Tahath à Téra, de Téra à Mitca, de Mitca à Hachemona, de Hachemona à Mosséroth, de Mosséroth à Bené-Yacan, de Bené-Yacan à Hor-Guidgad, de Hor-Guidgad à Yotbata, de Yotbata à Abrona, d'Abrona à Ession-Guéber, d'Ession-Guéber à Cadès, dans le désert de Tsin, et de Cadès à la montagne de Hor, près de la frontière d'Édom. C'est alors que le roi d'Arad, un Cananéen habitant le sud du pays, apprit l'arrivée des Israélites. De la montagne de Hor, les Israélites se rendirent à Salmona, de Salmona à Pounon, de Pounon à Oboth, d'Oboth à Yé-Abarim, à la frontière de Moab, de Yé-Abarim à Dibon-Gad, de Dibon-Gad à Almon-Diblataïm, d'Almon-Diblataïm aux monts Abarim, en face du mont Nébo, et des monts Abarim aux plaines de Moab, près du Jourdain et en face de Jéricho. Ils installèrent leur camp dans les plaines de Moab, près du Jourdain, entre Beth-Yechimoth et Abel-Chittim. Dans les plaines de Moab, près du Jourdain et en face de Jéricho, le Seigneur ordonna à Moïse de dire ceci aux Israélites: «Quand vous aurez traversé le Jourdain et pénétré dans le pays de Canaan, vous chasserez devant vous tous les habitants du pays, vous détruirez toutes les statues de pierre ou de métal représentant leurs dieux, et vous démolirez leurs lieux sacrés. Vous prendrez possession de leur territoire et vous vous y installerez, car je vous l'ai donné, il vous appartient. Vous tirerez au sort pour le répartir entre vos tribus et vos clans; vous assignerez aux clans des territoires plus ou moins vastes, selon leur importance, et chaque clan acceptera la part que le sort lui aura attribuée. Mais si vous ne chassez pas devant vous tous les habitants du pays, ceux que vous aurez laissés subsister vous feront souffrir comme des ronces aveuglant les yeux ou des épines déchirant le dos. Ils vous harcèleront dans le pays même où vous serez installés. Et c'est vous que je traiterai comme j'avais résolu de les traiter.» Le Seigneur ordonna à Moïse de transmettre aux Israélites les directives suivantes: «Vous allez pénétrer dans le pays de Canaan. C'est le pays qui vous est attribué en possession à l'intérieur des frontières que voici: «Au sud, votre territoire sera limité par le désert de Tsin et le pays d'Édom. La frontière partira, à l'est, de l'extrémité sud de la mer Morte. Elle tournera au sud de la montée des Scorpions, se dirigera vers Tsin, passera au sud de Cadès-Barnéa, puis par Hassar-Addar et Asmon. A Asmon, elle tournera de nouveau pour rejoindre le torrent d'Égypte et aboutir à la mer Méditerranée. «A l'ouest, la frontière sera constituée par la mer Méditerranée. «Au nord, vous tracerez la frontière entre la mer Méditerranée et la montagne de Hor. De la montagne de Hor, vous la ferez passer par Lebo-Hamath et Sedad. Elle continuera par Zifron pour aboutir à Hassar-Énan. Telle sera votre frontière nord. «A l'est, vous tracerez la frontière en partant de Hassar-Énan en direction de Chefam. De là, elle se dirigera sur Harbéla, à l'est de Aïn, puis, plus loin, elle ira toucher les pentes situées à l'est du lac de Génésareth, et rejoindra le cours du Jourdain pour aboutir à la mer Morte. «Telles seront les limites de votre pays.» Moïse transmit ces directives aux Israélites. Il leur dit ensuite: «Voilà le pays que le Seigneur a ordonné de répartir par tirage au sort entre les neuf tribus et demie. En effet, les familles de Ruben et de Gad, et la moitié de la tribu de Manassé ont déjà reçu leur territoire: la part attribuée à ces deux tribus et demie se trouve en face de Jéricho, sur la rive opposée du Jourdain, à l'est.» Le Seigneur dit à Moïse: «Le prêtre Élazar, et Josué fils de Noun, procéderont au partage du pays. Pour les aider dans ce travail, vous leur adjoindrez un responsable de chaque tribu. En voici la liste: tribu de Juda: Caleb, fils de Yefounné; tribu de Siméon: Chemouel, fils d'Ammihoud; tribu de Benjamin: Élidad, fils de Kislon; tribu de Dan: Bouqui, fils de Yogli; tribu de Manassé, fils de Joseph: Hanniel, fils d'Éfod; tribu d'Éfraïm, fils de Joseph: Quemouel, fils de Chiftan; tribu de Zabulon: Élissafan, fils de Parnak; tribu d'Issakar: Paltiel, fils d'Azan; tribu d'Asser: Ahihoud, fils de Chelomi; tribu de Neftali: Pedahel, fils d'Ammihoud.» Tels furent ceux que le Seigneur désigna pour procéder au partage du pays de Canaan entre les tribus d'Israël. Le Seigneur parla à Moïse, dans les plaines de Moab, près du Jourdain et en face de Jéricho. Voici ce qu'il lui dit: «Ordonne aux Israélites de donner aux lévites des villes choisies dans leur territoire, afin que ceux-ci puissent y habiter. Qu'ils leur donnent également les pâturages voisins. Les lévites s'installeront dans les villes, et disposeront des terres d'alentour pour le bétail et toutes les autres bêtes qu'ils possèdent. On donnera aux lévites les six villes de refuge où peut s'enfuir celui qui a tué involontairement quelqu'un et quarante-deux autres villes. Cela fera en tout quarante-huit villes, avec les pâturages voisins. Chaque tribu leur fournira un nombre de villes proportionnel à l'importance de son territoire: une grande tribu en fournira plus, une petite moins.» Le Seigneur dit à Moïse de communiquer aux Israélites les prescriptions suivantes: «Lorsque vous aurez passé le Jourdain et serez entrés dans le pays de Canaan, vous choisirez certaines villes comme villes de refuge. Là pourra s'enfuir celui qui aura tué une personne accidentellement; il échappera ainsi à l'homme chargé de venger la victime, et ne sera pas mis à mort avant d'avoir été jugé par la communauté. Il y aura six villes de refuge, trois à l'est du Jourdain et trois dans le pays de Canaan. Toute personne, Israélite, étranger, ou hôte de passage parmi les Israélites, qui a tué involontairement quelqu'un pourra se réfugier dans l'une de ces six villes. «Si un meurtre a été commis au moyen d'un objet en métal, l'auteur est un assassin et doit être mis à mort. Si le coup a été porté au moyen d'une pierre propre à causer la mort, l'auteur du meurtre est un assassin et doit être mis à mort. Si le coup a été porté au moyen d'un objet en bois propre à causer la mort, l'auteur du meurtre est un assassin et doit être mis à mort. C'est l'homme chargé de venger la victime qui tuera l'assassin, dès qu'il le trouvera. Si le meurtrier a tué sa victime en la bousculant avec haine, en lui lançant un projectile avec de mauvaises intentions, ou en la frappant méchamment d'un coup de poing, c'est un assassin et il doit être mis à mort; l'homme chargé de venger la victime le tuera dès qu'il le trouvera. «Cependant, il peut arriver qu'un homme cause la mort de quelqu'un en le bousculant, mais sans préméditation et sans hostilité, ou en l'atteignant avec un projectile, mais sans mauvaises intentions. Il peut également laisser tomber sur quelqu'un qu'il n'a pas vu une pierre propre à le tuer, sans être l'ennemi de la victime et sans lui vouloir du mal. La communauté suivra les règles relatives à ces cas-là pour prononcer un jugement dans l'affaire qui oppose l'auteur de l'accident mortel et le vengeur de la victime. Elle protégera l'auteur de l'accident contre le vengeur en le ramenant dans la ville où il s'était réfugié. «L'auteur de l'accident mortel devra rester dans la ville de refuge jusqu'à la mort du grand-prêtre, qui a été consacré au moyen de l'huile d'onction. Mais s'il vient à quitter les limites de la ville de refuge et que l'homme chargé de venger la victime le trouve, celui-ci pourra le tuer sans se rendre coupable d'un assassinat. En effet l'auteur de l'accident doit demeurer dans la ville de refuge jusqu'à la mort du grand-prêtre. C'est seulement après celle-ci qu'il peut regagner ses terres. «Vous appliquerez cette procédure en tout temps et quel que soit l'endroit où vous habiterez. «Dans toute affaire de meurtre, le meurtrier ne sera condamné à mort que sur la déposition de plusieurs témoins. Un seul témoin ne suffira pas. Vous n'accepterez pas d'argent en échange de la vie d'un meurtrier qui mérite la mort: il doit mourir. Vous n'accepterez pas non plus d'argent pour laisser un homme s'enfuir dans une ville de refuge, et retourner ensuite s'établir dans ses terres, avant la mort du grand-prêtre. «Vous ne devrez pas souiller le pays que vous habiterez: or un meurtre souille le pays, et lorsqu'un homme a été assassiné, le pays ne peut être purifié que par la mort de l'assassin. Vous veillerez donc à ne pas rendre impur le pays que vous habiterez et dans lequel je demeurerai moi-même au milieu de vous. Oui, moi, le Seigneur, je demeure au milieu des Israélites.» Des descendants de Joseph, les chefs de famille du clan de Galaad, fils de Makir et petits-fils de Manassé, vinrent trouver Moïse et les chefs de tribus israélites. Ils dirent: «Moïse, lorsque le Seigneur t'a ordonné de partager le pays entre les tribus d'Israël par tirage au sort, il t'a ordonné également d'accorder la part de territoire de notre frère Selofad à ses filles. Si maintenant elles épousent des hommes d'une autre tribu d'Israël, leur part sera retranchée de celle de notre tribu et s'ajoutera au territoire de leur nouvelle tribu. Ainsi la part qui nous a été attribuée par le sort sera diminuée. Et lors de l'année du “Jubilé”, leur part passera définitivement de notre tribu à leur nouvelle tribu.» Sur l'ordre du Seigneur, Moïse communiqua aux Israélites les prescriptions suivantes: «Ces descendants de Joseph ont raison. Voici donc ce que le Seigneur ordonne concernant les filles de Selofad: Elles pourront épouser qui bon leur semblera, à condition que ce soit quelqu'un d'un clan de leur tribu paternelle. Ainsi les terres d'Israël ne passeront pas d'une tribu à une autre; chaque Israélite restera fermement attaché au territoire de sa tribu. Si, dans l'une des tribus, une femme reçoit des terres en héritage, elle devra épouser quelqu'un d'un clan de sa tribu paternelle, afin que chaque tribu israélite conserve le territoire reçu de ses ancêtres. De cette manière les terres ne passeront pas d'une tribu à une autre; chaque tribu d'Israël restera fermement attachée à son territoire.» Les filles de Selofad obéirent à l'ordre que le Seigneur avait donné à Moïse: Mala, Tirsa, Hogla, Milka et Noa épousèrent des fils de leurs oncles paternels, donc des descendants de Manassé, fils de Joseph; de cette façon les terres qu'elles avaient héritées restèrent dans la tribu de leur père. Tels sont les commandements et les règles que le Seigneur communiqua aux Israélites, par l'intermédiaire de Moïse, dans les plaines de Moab, sur la rive du Jourdain et en face de Jéricho. Ce livre rapporte les discours que Moïse adressa à tous les Israélites, alors qu'ils étaient encore à l'est du Jourdain, dans la plaine désertique située près de Souf, entre Paran d'une part, et Tofel, Laban, Hasséroth et Di-Zahab d'autre part. – Du mont Horeb à Cadès-Barnéa, il y a onze jours de marche en suivant la route qui mène à la région montagneuse de Séir. – C'est quarante ans après la sortie d'Égypte, le premier jour du onzième mois, que Moïse transmit aux Israélites tout ce que le Seigneur lui avait ordonné de leur communiquer. Cela se passait après que Moïse eut remporté une victoire d'abord sur Sihon, roi des Amorites, qui résidait à Hèchebon, puis, à Édréi, sur Og, roi du Bachan, qui résidait à Achetaroth. A l'est du Jourdain, dans le pays de Moab, Moïse commença donc à enseigner la loi de Dieu. Voici ses paroles: Lorsque nous étions au mont Horeb, le Seigneur notre Dieu nous a parlé ainsi: «Vous êtes restés assez longtemps au pied de cette montagne. Remettez-vous en route maintenant; gagnez la région montagneuse où demeurent les Amorites, ainsi que les territoires voisins habités par les Cananéens, à savoir la plaine du Jourdain, la région des collines, le Bas -Pays, la partie méridionale et la région côtière; continuez même jusqu'aux montagnes du Liban et jusqu'à l'Euphrate, le grand fleuve. Voyez, je vous accorde ce pays. Allez en prendre possession, car c'est le pays que moi, le Seigneur, j'ai promis de donner à vos ancêtres Abraham, Isaac et Jacob, et à leurs descendants après eux.» Alors, continua Moïse, je vous ai déclaré: «Je ne veux plus porter seul la responsabilité de vous diriger. Le Seigneur votre Dieu vous a multipliés, vous êtes maintenant aussi nombreux que les étoiles dans le ciel. Je souhaite que le Seigneur, le Dieu de vos ancêtres, vous rende encore mille fois plus nombreux et vous bénisse comme il l'a promis! Mais comprenez bien qu'il m'est impossible de porter seul la charge de régler vos problèmes, vos réclamations et vos disputes. Choisissez donc parmi vous, dans chaque tribu, des hommes sages, compétents et de bonne réputation, et j'en ferai des responsables du peuple.» Vous m'avez répondu que cette proposition était judicieuse. Pour vous diriger, j'ai alors rassemblé les hommes sages et de bonne réputation qui avaient déjà des responsabilités dans vos tribus; j'ai désigné les uns comme chefs de groupes de mille, de cent, de cinquante ou de dix hommes, et j'ai confié aux autres des tâches de surveillance dans chaque tribu. Par la même occasion, j'ai donné les directives suivantes à ceux qui devaient rendre la justice parmi vous: «Examinez les causes que vos compatriotes vous soumettent, et rendez des jugements équitables dans les affaires opposant un Israélite et un de ses compatriotes ou un résident étranger. Ne favorisez personne dans un jugement; écoutez avec impartialité les gens simples et les personnages importants. Ne vous laissez impressionner par personne, car vous devez juger au nom de Dieu. Si une affaire est trop difficile pour vous, venez me la soumettre et je l'examinerai.» A cette occasion-là, je vous ai indiqué tout ce que vous deviez faire. Après cela, sur l'ordre du Seigneur notre Dieu, nous avons quitté le mont Horeb et nous avons traversé l'immense et redoutable désert que vous connaissez, en suivant la route qui conduit à la région montagneuse habitée par les Amorites. Lorsque nous avons atteint Cadès-Barnéa, je vous ai dit: «Vous voici arrivés près de la région montagneuse des Amorites, que le Seigneur notre Dieu nous donne. Regardez, le Seigneur votre Dieu déploie ce pays devant vous. En route, allez vous en emparer, comme le Seigneur, le Dieu de vos ancêtres, vous l'a ordonné. Soyez courageux et forts!» Alors vous êtes tous venus me trouver en disant: «Envoyons des hommes en reconnaissance pour explorer le pays. Ils auront pour mission de nous faire rapport sur les chemins à suivre et sur les villes où nous arriverons.» Votre proposition m'a paru judicieuse; c'est pourquoi j'ai désigné douze hommes parmi vous, un de chaque tribu. Ils ont pris la direction de la région montagneuse et ils ont gagné le vallon d'Èchekol, qu'ils ont exploré. Ils y ont cueilli des fruits du pays et nous les ont rapportés. Ils nous ont déclaré: «Le pays que le Seigneur notre Dieu va nous donner est un bon pays.» Pourtant vous avez désobéi aux ordres du Seigneur votre Dieu en refusant d'y aller. Vous avez protesté sous vos tentes en déclarant: «C'est par haine envers nous que le Seigneur nous a fait sortir d'Égypte. Il veut nous livrer au pouvoir des Amorites pour nous exterminer! Pourquoi irions-nous là-bas? Nous n'en avons pas le courage, car nos frères nous ont affirmé que les habitants de ce pays sont plus forts et plus nombreux que nous, et que les villes sont imposantes, avec des murailles qui s'élèvent jusqu'au ciel. Ils y ont même vu des descendants du géant Anac!» «Ne tremblez pas, ne les craignez pas! vous ai-je répondu. Le Seigneur votre Dieu, qui marche devant vous, combattra pour vous, comme il l'a déjà fait sous vos yeux, soit en Égypte, soit dans le désert. Vous l'avez constaté: il vous a portés, comme un homme porte son enfant, tout au long du voyage qui vous a amenés en ce lieu.» Mais, à ce moment-là, vous n'avez pas fait confiance au Seigneur votre Dieu. Pourtant c'est lui qui vous précédait sur la route, pour vous chercher un emplacement de camp; de nuit il était présent dans la colonne de feu qui éclairait le chemin à suivre, et de jour dans la colonne de fumée. Le Seigneur a entendu vos plaintes. Dans sa colère, il a déclaré: «Je jure qu'aucun des hommes de cette génération mauvaise n'entrera dans le bon pays que j'ai promis de donner à leurs ancêtres. Seul Caleb, fils de Yefounné, le verra; je lui donnerai, pour lui et ses descendants, la région qu'il a parcourue, parce qu'il a été fidèle envers moi.» A cause de vous, le Seigneur s'est mis en colère contre moi également. «Toi non plus, m'a-t-il dit, tu n'entreras pas dans ce pays. Par contre, ton serviteur Josué, fils de Noun, y entrera. Affermis son courage, car c'est lui qui devra conduire les Israélites à la conquête du pays.» Puis le Seigneur s'est adressé à vous tous: «Vous disiez que vos enfants allaient devenir le butin des vainqueurs. Eh bien, eux qui, aujourd'hui, ne savent pas encore distinguer le bien du mal, ils entreront dans le pays avec Josué. C'est à eux que je le donnerai en possession. Quant à vous, faites demi-tour et repartez par le désert en direction de la mer des Roseaux.» En réponse à cela, continua Moïse, vous m'avez affirmé: «Nous avons été coupables envers le Seigneur. Mais maintenant, nous voulons partir au combat, comme le Seigneur notre Dieu nous l'a ordonné.» Chacun de vous s'est équipé pour le combat, car vous pensiez qu'il était facile de vous emparer de la région montagneuse. Alors le Seigneur m'a déclaré: «Ordonne-leur de ne pas partir au combat, car je ne suis pas avec eux; qu'ils n'aillent donc pas se faire battre par leurs ennemis.» Je vous ai transmis cet avertissement, mais vous n'avez pas voulu m'écouter. Vous avez désobéi aux ordres du Seigneur et, pleins d'arrogance, vous avez gagné la région montagneuse. Des hauteurs où ils habitaient, les Amorites sont descendus contre vous, ils vous ont battus dans la région de Séir et, comme un essaim d'abeilles, ils vous ont poursuivis jusqu'à Horma. A votre retour, vous vous êtes lamentés devant le Seigneur, mais il n'a rien voulu entendre, il n'a pas prêté attention à vous. Alors vous êtes demeurés longtemps, très longtemps, à Cadès-Barnéa. Ensuite nous avons fait demi-tour et nous sommes repartis par le désert en direction de la mer des Roseaux, comme le Seigneur me l'avait ordonné. Nous avons passé beaucoup de temps aux alentours de la région montagneuse de Séir. Un jour, le Seigneur m'a dit que nous devions prendre la direction du nord, car nous avions passé suffisamment de temps dans cette région. Il m'a demandé de vous donner les instructions suivantes: «Vous allez traverser la région de Séir, où demeurent vos cousins, les descendants d'Ésaü. Ils auront peur de vous; pourtant gardez-vous de les attaquer, car je ne vous attribuerai rien dans leur territoire, pas même un endroit pour y poser le pied. En effet, c'est aux descendants d'Ésaü que j'ai donné en partage la région montagneuse de Séir. Vous leur payerez en argent la nourriture et même l'eau dont vous aurez besoin.» – Et, en effet, le Seigneur votre Dieu vous a bénis dans tout ce que vous avez entrepris, et il a veillé sur vous lors de la traversée de ce grand désert. Durant quarante ans, il a été avec vous, et vous n'avez manqué de rien. – Nous avons renoncé à passer par la région de Séir, où demeurent nos cousins, les descendants d'Ésaü. Nous avons aussi évité la route du fond de la vallée et les localités d'Élath et d'Ession-Guéber. Nous avons changé de direction pour traverser le désert de Moab. Le Seigneur m'a dit: «Ne provoquez pas les Moabites, n'engagez pas de combat contre eux, car je ne vous attribuerai rien dans leur territoire. En effet, c'est à eux, descendants de Loth, que j'ai donné en partage le pays d'Ar.» – Auparavant le pays d'Ar était habité par les Émites, un peuple puissant, nombreux et d'aussi grande taille que les descendants d'Anac. Certains les prenaient pour des Refaïtes, comme les Anaquites, mais les Moabites les appelaient Émites. Quant à la région de Séir, elle était peuplée auparavant de Horites, que les descendants d'Ésaü dépossédèrent et exterminèrent pour s'installer à leur place. Les Israélites agirent de la même façon dans le pays que le Seigneur leur donna et qu'ils occupèrent. – «Et maintenant, mettez-vous en route, a ordonné le Seigneur, et traversez le torrent de Zéred.» C'est ce que nous avons fait. Trente-huit ans s'étaient écoulés entre le départ de Cadès-Barnéa et le passage du Zéred. A cette époque, toute la génération de ceux qui étaient aptes à combattre au moment du départ avait disparu, comme le Seigneur le leur avait juré. Le Seigneur lui-même intervint contre eux pour les supprimer jusqu'au dernier. Lorsque toute cette génération du peuple eut disparu, le Seigneur m'a dit ceci: «Vous allez maintenant franchir la frontière de Moab et traverser le pays d'Ar. Vous arriverez en face du pays des Ammonites. Ne provoquez pas ceux-ci, ne les attaquez pas, car je ne vous attribuerai rien dans leur territoire. En effet, ils sont aussi des descendants de Loth, et c'est à eux que j'ai donné ce territoire en partage.» – On considérait que cette région appartenait aux Refaïtes. Auparavant, en effet, elle était peuplée de Refaïtes que les Ammonites appelaient Zamzoumites. C'était un peuple puissant, nombreux et d'aussi grande taille que les descendants d'Anac. Mais le Seigneur les extermina à l'arrivée des Ammonites, qui les dépossédèrent et s'installèrent à leur place. Le Seigneur agit de la même façon en faveur des Édomites, descendants d'Ésaü, qui habitent la région de Séir: il extermina les Horites à l'arrivée des Édomites qui les dépossédèrent et s'installèrent à leur place; et ils y sont encore aujourd'hui. Quant aux Avites, qui demeuraient dans les localités de la région de Gaza, les gens venus de Kaftor les exterminèrent et s'installèrent à leur place. – Ensuite le Seigneur a ordonné: «Mettez-vous en route et traversez le torrent de l'Arnon. Je vais livrer en votre pouvoir le roi amorite Sihon, de Hèchebon, et son pays. Commencez la conquête, déclarez-lui la guerre! Dès aujourd'hui, je vais faire en sorte que toutes les nations du monde vivent dans la crainte, et même la frayeur à votre égard. Aussitôt qu'elles entendront parler de vous, elles trembleront d'angoisse.» Du désert de Quedémoth, j'ai envoyé des messagers au roi Sihon, de Hèchebon, avec cette proposition pacifique: «Nous désirons traverser ton pays. Nous nous déplacerons uniquement sur la route, sans nous en écarter ni à droite ni à gauche. Nous te payerons en argent la nourriture et l'eau dont nous aurons besoin. Laisse-nous simplement traverser ton pays; les descendants d'Ésaü, qui habitent la région de Séir, et les Moabites, qui habitent le pays d'Ar, nous ont bien autorisés à traverser le leur. Nous franchirons ensuite le Jourdain pour gagner le pays que le Seigneur notre Dieu nous donne.» Mais le roi Sihon nous a refusé l'autorisation de passer chez lui; en effet, le Seigneur votre Dieu l'avait rendu totalement inflexible, pour vous permettre de vous emparer de son pays, que vous occupez encore aujourd'hui. Le Seigneur m'a dit: «Écoute, dès maintenant je livre Sihon et son pays en ton pouvoir. Commencez la conquête par ce territoire.» Sihon et toute son armée se sont mis en campagne et sont venus nous combattre à Yahas. Le Seigneur notre Dieu nous a donné la victoire: nous les avons battus, lui, ses fils et toute son armée. Aussitôt après, nous nous sommes emparés de toutes ses villes; nous les avons complètement détruites, et nous y avons exterminé les hommes, les femmes et les enfants; nous n'avons laissé aucun survivant. Nous nous sommes contentés de prendre comme butin le bétail, ainsi que les biens trouvés dans les villes conquises. De la ville d'Aroër sur l'Arnon et de l'autre ville située dans la même vallée, jusqu'au pays de Galaad, aucune ville ne fut assez forte pour nous résister. Le Seigneur notre Dieu les a toutes livrées en notre pouvoir. Mais nous n'avons pas touché au territoire des Ammonites: nous avons respecté toute la région située sur la rive du cours du Yabboc, de même que les villes dans la région montagneuse, et les endroits que le Seigneur notre Dieu avait ordonné d'épargner. Nous nous sommes dirigés ensuite vers le haut plateau du Bachan. Og, le roi du Bachan, et toute son armée se sont mis en campagne et sont venus nous combattre à Édréi. Alors le Seigneur m'a dit: «N'aie pas peur de lui! Je vais le livrer en ton pouvoir, avec toute son armée et son pays. Tu le traiteras comme tu as traité Sihon, le roi des Amorites, qui résidait à Hèchebon.» Le Seigneur notre Dieu nous a donc aussi donné la victoire sur Og et son armée: nous les avons battus sans laisser aucun survivant. Aussitôt après, nous nous sommes emparés de toutes ses villes; aucune n'a pu nous résister. Il s'agissait des soixante villes du territoire d'Argob, dans le Bachan, sur lesquelles Og régnait. Ces villes étaient fortifiées, entourées de hautes murailles et fermées par des portes à verrous. Il y avait en outre un très grand nombre de villages non fortifiés. Nous avons complètement détruit toutes ces localités et nous y avons exterminé les hommes, les femmes et les enfants, comme nous l'avions fait dans le pays du roi Sihon, de Hèchebon. Mais nous avons gardé comme butin le bétail, ainsi que les biens trouvés dans les villes. Ainsi, nous nous sommes emparés à cette époque-là du territoire des deux rois amorites installés à l'est du Jourdain, entre le torrent de l'Arnon et le mont Hermon. – Les Sidoniens appellent cette montagne Sirion, et les Amorites Senir. – Nous avons conquis toutes les villes du plateau, et même tout le territoire de Galaad et du Bachan jusqu'à Salka et Édréi, villes du royaume d'Og, dans le Bachan. – Le roi Og, du Bachan, était le dernier survivant des Refaïtes. A Rabba, la capitale des Ammonites, on peut encore voir son cercueil; il est taillé dans de la pierre de basalte, et il mesure plus de quatre mètres de long et environ deux mètres de large. – Nous avons donc conquis à cette époque-là tout le pays qui s'étend au nord d'Aroër sur l'Arnon. J'ai donné aux descendants de Ruben et de Gad la moitié de la région montagneuse de Galaad, avec les villes qui s'y trouvaient; et j'ai donné à la demi-tribu orientale de Manassé le reste de Galaad et tout le Bachan, c'est-à-dire l'ancien royaume d'Og. – L'ensemble du territoire d'Argob et du Bachan est aussi connu sous le nom de pays des Refaïtes. Les descendants de Yaïr, fils de Manassé, se sont emparés du territoire d'Argob, dans le Bachan, jusqu'à la frontière des Guéchourites et des Maakatites; ils ont appelé les localités de ce territoire “villages de Yaïr”, nom qu'elles portent encore aujourd'hui. – Aux descendants de Makir, fils de Manassé, j'ai donné la région de Galaad. Quant aux descendants de Ruben et de Gad, je leur ai donné le territoire situé entre la région de Galaad et l'Arnon. Le torrent de l'Arnon en constitue la frontière sud et celui du Yabboc la frontière avec le pays des Ammonites. La frontière occidentale suit la vallée du Jourdain, entre le lac de Génésareth et la mer Morte, jusqu'au pied du mont Pisga, qui se dresse à l'est. Alors je leur ai ordonné ceci: «Maintenant que le Seigneur votre Dieu vous a attribué ce territoire situé à l'est du Jourdain, il faut que tous les combattants parmi vous prennent leurs armes et traversent le Jourdain à la tête des autres Israélites, vos compatriotes. Seuls vos femmes et vos enfants, et vos troupeaux qui sont nombreux, je le sais, demeureront ici, dans les villes que je vous ai attribuées. Aidez vos compatriotes jusqu'à ce que le Seigneur leur ait permis d'être installés, comme vous-mêmes ici, après avoir reçu en partage, eux aussi, le territoire que le Seigneur votre Dieu leur attribuera, à l'ouest du Jourdain. A ce moment-là, chacun d'entre vous pourra regagner sa propriété dans le pays que je vous ai accordé.» A cette occasion, j'ai également donné mes ordres à Josué; je lui ai dit: «Tu as vu de tes propres yeux comment le Seigneur votre Dieu a traité les deux rois amorites. Il traitera de la même manière les rois des territoires que tu trouveras après la traversée du Jourdain. N'ayez pas peur d'eux, car le Seigneur votre Dieu combattra pour vous.» Alors j'ai supplié le Seigneur en ces termes: «Seigneur mon Dieu, tu m'as montré les premiers signes de ta grandeur et de ta puissance irrésistible. Il n'y a aucun autre dieu, ni au ciel ni sur la terre, qui soit capable d'accomplir des actions ou des exploits tels que les tiens! Permets-moi de franchir le Jourdain pour voir le pays merveilleux qui s'étend de l'autre côté, cette belle région montagneuse et les montagnes du Liban.» Mais à cause de vous, le Seigneur s'est emporté contre moi et a rejeté ma requête; il m'a dit: «Cela suffit! Cesse de me parler de cette affaire. Monte au sommet du mont Pisga, ouvre tout grand tes yeux et regarde vers le nord, vers le sud, vers l'ouest et vers l'est. Mais sache bien que tu ne franchiras pas le Jourdain! Tu donneras tes instructions à Josué. Tu affermiras son courage et sa détermination, car c'est lui qui devra traverser le Jourdain à la tête du peuple et remettre aux Israélites le pays que tu vas voir.» Depuis lors, nous sommes restés ici, dans cette vallée, en face de Beth-Péor. Israélites, continua Moïse, obéissez aux lois et aux règles que je vous enseigne à mettre en pratique. Elles vous permettront de vivre, et vous pourrez prendre possession du pays que le Seigneur, Dieu de vos ancêtres, vous donne. N'ajoutez rien aux commandements que je vous transmets de la part du Seigneur votre Dieu, n'en retranchez rien non plus: mettez-les tous en pratique. Vous avez vu de vos propres yeux comment le Seigneur votre Dieu a agi dans l'affaire du dieu Baal de Péor: il a exterminé tous ceux de votre peuple qui avaient rendu un culte à ce dieu; mais vous qui êtes restés fidèles au Seigneur votre Dieu, vous êtes tous encore en vie aujourd'hui. Vous le savez, je vous ai enseigné des lois et des règles, comme le Seigneur mon Dieu me l'a ordonné; vous les mettrez en pratique quand vous serez dans le pays dont vous allez prendre possession. Si vous les mettez soigneusement en pratique, les autres nations qui auront connaissance de ces lois vous considéreront comme sages et intelligents; on dira de vous: «Quelle sagesse, quelle intelligence il y a dans cette grande nation!» En effet, existe-t-il une autre nation, même parmi les plus grandes, qui ait des dieux aussi proches d'elle que le Seigneur notre Dieu l'est pour nous chaque fois que nous l'appelons à l'aide? Existe-t-il une autre nation, même parmi les plus grandes, qui possède des lois et des règles aussi justes que celles contenues dans le code de la loi que je vous présente aujourd'hui? Seulement prenez bien garde, veillez très soigneusement à ne pas oublier tous les événements dont vous avez été témoins. Qu'à aucun moment de votre vie ces événements ne s'effacent de votre mémoire: au contraire, racontez-les à vos enfants et à vos petits-enfants. Souvenez-vous du jour où vous vous êtes présentés devant le Seigneur votre Dieu, au mont Horeb! Le Seigneur m'avait dit: «Rassemble tout le peuple, je veux leur communiquer mes commandements. Ils apprendront ainsi à me respecter, aussi longtemps qu'ils seront sur la terre, et ils devront l'enseigner à leurs descendants.» Vous vous êtes alors avancés pour vous tenir au pied de la montagne; de celle-ci jaillissaient des flammes qui montaient jusqu'au ciel, au cœur d'une sombre fumée et d'un épais nuage. Le Seigneur vous a parlé du milieu du feu; vous l'avez entendu parler, mais sans le voir; vous ne perceviez que sa voix. Il vous a révélé son alliance avec vous, il vous a ordonné de la respecter en obéissant aux dix commandements qu'il a écrits sur deux tablettes de pierre. A la même époque, j'ai reçu du Seigneur l'ordre de vous enseigner toutes les lois et les règles que vous devez mettre en pratique dans le pays dont vous allez prendre possession. Surtout, gardez-vous d'oublier ceci: Le jour où le Seigneur vous a parlé sur le mont Horeb, du milieu du feu, vous ne l'avez pas vu lui-même. Ne tombez donc pas dans le péché en vous fabriquant des idoles, des images représentant des divinités, des hommes ou des femmes, des animaux, des oiseaux, des reptiles ou des poissons. Ne levez pas les yeux vers le ciel pour contempler le soleil, la lune, les étoiles, toute la multitude des astres, ne vous laissez pas entraîner à les adorer et à les servir. Le Seigneur votre Dieu a réservé ces pratiques aux autres peuples du monde; mais vous, il est allé vous chercher et vous a fait sortir de l'enfer égyptien pour que vous deveniez le peuple qui lui appartient, comme vous l'êtes aujourd'hui. Pourtant, à cause de vous, le Seigneur votre Dieu s'est mis en colère contre moi, il a juré que je ne franchirai pas le Jourdain et que je n'entrerai pas dans le bon pays qu'il va vous donner en possession. En effet, je vais mourir dans ce pays-ci, je ne franchirai jamais le Jourdain; mais vous allez le traverser pour prendre possession du bon pays qui est de l'autre côté. Prenez donc bien garde de ne pas oublier l'alliance que le Seigneur votre Dieu a conclue avec vous. Ne vous fabriquez pas des idoles, des images de ce qu'il vous a interdit de représenter, car le Seigneur votre Dieu est un feu qui détruit, il est un Dieu exigeant. Quand vous serez installés depuis longtemps dans le pays promis et que vous aurez eu des enfants et des petits-enfants, ne tombez pas dans le péché en vous fabriquant des idoles, des images sacrées de quoi que ce soit, ou en faisant d'autres choses qui déplaisent au Seigneur votre Dieu et qui l'irritent. Si vous commettez de tels péchés, je vous avertis solennellement aujourd'hui, le ciel et la terre m'en sont témoins, que vous ne tarderez pas à disparaître du pays dont vous allez prendre possession au-delà du Jourdain; vous n'y resterez pas longtemps, car vous en serez complètement balayés. Le Seigneur vous dispersera parmi les nations étrangères; on ne retrouvera qu'un petit nombre d'entre vous dans les pays où il vous aura exilés. Là vous adorerez des dieux taillés par les hommes dans du bois ou de la pierre, des dieux qui ne peuvent ni voir ni entendre, ni manger, ni sentir. Alors, dans ces pays, vous rechercherez le Seigneur votre Dieu. Et vous le trouverez, si vous le cherchez de tout votre cœur et de toute votre âme. Finalement, quand tout ce que je vous ai annoncé sera arrivé et que vous serez dans la détresse, vous reviendrez au Seigneur votre Dieu et vous lui obéirez de nouveau. En effet le Seigneur votre Dieu est un Dieu plein d'amour, qui ne vous abandonnera pas, ne vous exterminera pas et n'oubliera jamais l'alliance qu'il a conclue avec vos ancêtres. Réfléchissez aux événements d'autrefois, à ce qui est arrivé longtemps avant vous, depuis que Dieu a créé l'humanité sur la terre. Méditez sur tout ce qui s'est passé d'un bout à l'autre du monde. Un fait aussi extraordinaire s'est-il déjà produit? A-t-on déjà entendu raconter une chose pareille? Existe-t-il un autre peuple qui ait pu entendre un dieu lui parler du milieu du feu et qui ait survécu, comme cela vous est arrivé? Ou bien un autre dieu que le vôtre a-t-il essayé un jour d'arracher son peuple à la domination d'un peuple ennemi en recourant à des épreuves, des prodiges extraordinaires, des exploits irrésistibles et terrifiants? Non, mais le Seigneur votre Dieu vous a arrachés de cette manière à l'esclavage en Égypte, comme vous l'avez vu de vos propres yeux! Vous avez eu le privilège de voir cela, afin que vous sachiez que le Seigneur seul est Dieu, qu'il n'y a pas d'autres dieux que lui. Du ciel, il vous a fait entendre sa voix pour vous enseigner à être obéissants; sur terre, il vous a fait voir un grand feu, et vous l'avez entendu parler du milieu de ce feu. Parce qu'il aimait vos ancêtres et qu'il vous a choisis, vous, leurs descendants, il vous a fait sortir d'Égypte lui-même, grâce à sa force irrésistible. Il va maintenant mettre en fuite, à votre approche, des nations plus nombreuses et plus puissantes que vous, et vous conduire dans leur pays pour vous le donner en possession. Reconnaissez donc aujourd'hui, et réfléchissez-y sans cesse, que le Seigneur seul est Dieu, aussi bien dans le ciel que sur la terre, et qu'il n'y a pas d'autres dieux que lui. Mettez en pratique ses lois et ses commandements, que je vous communique aujourd'hui. Vous, et vos descendants par la suite, vous y trouverez le bonheur, et vous vivrez ainsi longtemps dans le pays que le Seigneur votre Dieu vous donne pour toujours. C'est alors que Moïse choisit trois villes à l'est du Jourdain comme villes de refuge pour celui qui aurait tué une personne involontairement et sans avoir jamais eu de haine contre sa victime. Dans ce cas, l'homme pourrait se réfugier dans l'une de ces villes et y avoir la vie sauve. Ces villes furent Besser, sur le plateau désertique, pour les gens de Ruben, ainsi que Ramoth, en Galaad, pour les gens de Gad, et Golan, dans le Bachan, pour les gens de Manassé. Voici la loi de Dieu que Moïse transmit aux Israélites. Il leur en communiqua les exigences, les dispositions et les règles, après qu'ils eurent quitté l'Égypte. Ils se trouvaient alors à l'est du Jourdain, dans la vallée située en face de Beth-Péor, au pays de Sihon, roi des Amorites. Sihon résidait à Hèchebon, mais Moïse et les Israélites l'avaient vaincu, après leur sortie d'Égypte, et s'étaient emparés de son pays, de même que du pays d'Og, roi du Bachan. – Ces deux rois amorites régnaient à l'est du Jourdain. – Les Israélites occupèrent ainsi la région qui s'étend d'Aroër sur l'Arnon au mont Hermon, appelé aussi Cion, région qui englobe la partie orientale de la vallée du Jourdain, jusqu'à la mer Morte, au pied du mont Pisga. Moïse convoqua tout le peuple d'Israël et leur dit: «Israélites, écoutez les lois et les règles que je vous transmets aujourd'hui. Ayez soin de les apprendre et de les mettre en pratique. Le Seigneur notre Dieu a conclu une alliance avec nous au mont Horeb. Il ne l'a pas conclue avec nos pères seulement, mais avec nous tous qui sommes encore vivants, ici aujourd'hui. Sur la montagne, le Seigneur vous a parlé face à face, du milieu du feu. A ce moment-là, je me tenais entre le Seigneur et vous, et je vous ai communiqué ce qu'il disait, car vous aviez peur de ce feu et vous ne vouliez pas monter sur la montagne. Le Seigneur vous a déclaré: «Je suis le Seigneur ton Dieu, c'est moi qui t'ai fait sortir d'Égypte où tu étais esclave. «Tu n'adoreras pas d'autres dieux que moi. «Tu ne te fabriqueras aucune idole, aucun objet qui représente ce qui est dans le ciel, sur la terre ou dans l'eau sous la terre; tu ne t'inclineras pas devant des statues de ce genre, tu ne les adoreras pas. En effet, je suis le Seigneur ton Dieu, un Dieu exigeant. Si quelqu'un est en tort à mon égard, j'interviens contre lui et ses descendants, jusqu'à la troisième ou la quatrième génération; mais je traite avec bonté pendant mille générations ceux qui m'aiment et obéissent à mes commandements. «Tu ne prononceras pas mon nom de manière abusive, car moi, le Seigneur ton Dieu, je tiens pour coupable celui qui agit ainsi. «Prends soin de me consacrer le jour du sabbat, comme je te l'ai ordonné. Tu as six jours pour travailler et faire tout ton ouvrage. Le septième jour, c'est le sabbat, qui m'est réservé, à moi, le Seigneur ton Dieu; tu ne feras aucun travail ce jour-là, ni toi, ni tes enfants, ni tes serviteurs ou servantes, ni ton bœuf, ni ton âne, ni aucune autre de tes bêtes, ni l'étranger qui réside chez toi; tes serviteurs et servantes doivent pouvoir se reposer comme toi. N'oublie pas que tu as été esclave en Égypte, et que je t'en ai fait sortir grâce à ma force irrésistible. C'est pourquoi moi, le Seigneur ton Dieu, je t'ai ordonné d'observer le repos du sabbat. «Respecte ton père et ta mère, comme je te l'ai ordonné, afin de jouir d'une vie longue et heureuse dans le pays que moi, le Seigneur ton Dieu, je te donne. «Tu ne commettras pas de meurtre. «Tu ne commettras pas d'adultère. «Tu ne commettras pas de vol. «Tu ne prononceras pas de faux témoignage contre ton prochain. «Tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain; tu n'envieras rien de ce qui appartient à ton prochain, ni sa maison, ni son champ, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne.» Tels sont les commandements que le Seigneur vous a communiqués d'une voix puissante, du milieu du feu, de la fumée et de l'épais nuage. Il s'adressait à vous tous, qui étiez rassemblés au pied de la montagne, et il n'a pas ajouté d'autres commandements. Ensuite, il a écrit ceux-ci sur deux tablettes de pierre qu'il m'a remises. Lorsque vous avez entendu cette voix venant du milieu de l'obscurité, sur la montagne qui semblait en feu, les chefs et les anciens de vos tribus se sont avancés jusqu'à moi. Ils ont dit: «Le Seigneur notre Dieu a manifesté devant nous sa grandeur et sa gloire. Nous l'avons entendu parler du milieu du feu. Nous constatons donc aujourd'hui que Dieu peut parler aux hommes sans que ceux-ci perdent la vie. Mais pourquoi nous exposer à mourir dévorés par ce grand feu? Si nous écoutons encore la voix du Seigneur notre Dieu, nous mourrons certainement. Jamais en effet un être humain n'est resté en vie après avoir entendu, comme nous, le Dieu vivant lui parler du milieu du feu. Toi, Moïse, approche-toi du Seigneur notre Dieu et écoute ce qu'il dit; tu nous communiqueras ensuite ses paroles, nous les écouterons et nous les mettrons en pratique.» Le Seigneur a entendu vos propos et il m'a déclaré: «J'ai entendu ce que le peuple a dit. Il a eu raison de parler ainsi. Si seulement ils étaient toujours disposés à me respecter en mettant en pratique tous mes commandements! Eux et leurs descendants y trouveraient le bonheur en tout temps! Va leur ordonner maintenant de regagner leurs tentes. Toi par contre, reste ici auprès de moi: je vais te communiquer tous les commandements, les lois et les règles que tu devras leur enseigner, pour qu'ils les mettent en pratique dans le pays que je leur donnerai en possession.» Ainsi, continua Moïse, veillez à mettre en pratique tout ce que le Seigneur votre Dieu vous a ordonné, sans jamais vous en écarter. Vous suivrez soigneusement le chemin que le Seigneur votre Dieu vous a tracé, afin que vous puissiez vivre et que votre vie soit longue et heureuse dans le pays dont vous allez prendre possession. Voici les commandements, les lois et les règles que le Seigneur votre Dieu m'a ordonné de vous enseigner, pour que vous les mettiez en pratique dans le pays dont vous allez bientôt prendre possession. Vous apprendrez ainsi, tout au long de votre existence, à respecter le Seigneur votre Dieu et à obéir aux lois et aux commandements que je vous ai communiqués, pour vous et pour vos descendants, afin que vous jouissiez d'une longue vie. Tenez-en compte, Israélites, et veillez à les mettre en pratique. Vous y trouverez le bonheur et vous deviendrez un peuple nombreux dans ce pays qui regorge de lait et de miel, comme vous l'a promis le Seigneur, Dieu de vos ancêtres. «Écoute, peuple d'Israël: Le Seigneur notre Dieu est le seul Seigneur. Tu dois aimer le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. Les commandements que je te communique aujourd'hui demeureront gravés dans ton cœur. Tu les enseigneras à tes enfants; tu en parleras quand tu seras assis chez toi ou quand tu marcheras le long d'une route, quand tu te coucheras ou quand tu te lèveras. Pour ne pas les oublier, tu les attacheras sur ton bras et sur ton front, tu les écriras sur les montants de porte de ta maison et sur les portes de tes villes.» Lorsque le Seigneur votre Dieu vous aura conduits dans le pays qu'il vous donne, comme il l'a promis à vos ancêtres Abraham, Isaac et Jacob, vous y trouverez de grandes et belles villes que vous n'avez pas bâties, des maisons pleines de toutes sortes de richesses que vous n'avez pas amassées, des puits que vous n'avez pas creusés, des vignes et des oliviers que vous n'avez pas plantés. Vous aurez de quoi vous nourrir abondamment. Prenez bien garde alors de ne pas oublier le Seigneur, qui vous a fait sortir d'Égypte où vous étiez esclaves. Vous le respecterez et vous l'adorerez lui seul, vous ne prêterez serment qu'en son nom. Vous ne rendrez pas de culte à d'autres dieux, les dieux des nations qui vous entoureront, car le Seigneur votre Dieu, qui est présent au milieu de vous, est un Dieu exigeant. Prenez garde à ne pas provoquer sa colère, parce qu'il pourrait vous exterminer de la surface de la terre. Ne mettez pas le Seigneur votre Dieu à l'épreuve, comme vous l'avez fait à Massa. Obéissez fidèlement aux commandements, aux instructions et aux lois qu'il vous a donnés. Agissez avec droiture, faites ce qui plaît au Seigneur. Alors vous trouverez le bonheur et vous réussirez à prendre possession du bon pays que le Seigneur a promis à vos ancêtres; vous en chasserez vos ennemis, comme l'a déclaré le Seigneur. Lorsque, dans l'avenir, vos enfants vous demanderont: «Pourquoi le Seigneur notre Dieu vous a-t-il donné ces instructions, ces lois et ces règles?», vous leur répondrez: «Nous étions esclaves du Pharaon en Égypte, et le Seigneur nous a fait sortir de ce pays grâce à sa force irrésistible. Nous avons vu les prodiges extraordinaires, impressionnants, par lesquels il a infligé le malheur au Pharaon, à sa famille et à tout son peuple. Il nous a fait sortir d'Égypte pour nous conduire dans le pays qu'il veut nous donner, comme il l'a promis à nos ancêtres. Alors il nous a ordonné de mettre en pratique toutes ces lois. Nous trouverons en tout temps le bonheur si nous respectons le Seigneur notre Dieu; il nous maintiendra en vie, comme c'est le cas aujourd'hui. Oui, si nous mettons soigneusement en pratique tous les commandements que le Seigneur nous a donnés, notre conduite sera conforme à ce qu'il veut.» Le Seigneur votre Dieu va vous conduire dans le pays dont vous devez prendre possession. A votre approche, il en chassera des populations nombreuses, sept peuples plus importants et plus puissants que le vôtre: les Hittites, les Guirgachites, les Amorites, les Cananéens, les Perizites, les Hivites et les Jébusites. Il les livrera en votre pouvoir, vous les vaincrez et vous les exterminerez. Ne concluez aucun traité avec eux et n'ayez pas pitié d'eux. Ne vous alliez pas à eux par des mariages: ne donnez pas vos filles à leurs fils, et ne choisissez pas parmi eux des épouses pour vos fils. Sinon ces étrangers entraîneraient vos descendants à se détourner du Seigneur pour adorer d'autres dieux. Le Seigneur se mettrait en colère contre vous et vous exterminerait sans tarder. Voici au contraire comment vous devez agir à l'égard de ces nations: vous démolirez leurs autels, vous briserez leurs pierres dressées, vous couperez leurs poteaux sacrés et vous brûlerez leurs idoles. Vous êtes en effet un peuple qui appartient en propre au Seigneur votre Dieu. C'est vous que le Seigneur a choisis, parmi tous les autres peuples de la terre, pour être son bien le plus précieux. Si le Seigneur s'est attaché à vous et vous a choisis, ce n'est pas parce que vous étiez un peuple plus nombreux que les autres. En fait vous êtes un peuple peu nombreux par rapport aux autres, mais le Seigneur vous aime, et il a accompli ce qu'il a promis à vos ancêtres: grâce à sa force irrésistible, il vous a fait sortir du pays où vous étiez esclaves, il vous a arrachés aux griffes du Pharaon, le roi d'Égypte. Reconnaissez que le Seigneur votre Dieu est le seul vrai Dieu. Il maintient pour mille générations son alliance avec ceux qui obéissent à ses commandements, il reste fidèle envers ceux qui l'aiment; mais il se dresse sans tarder face à ceux qui le haïssent, et il les fait mourir. Prenez donc au sérieux les commandements, les lois et les règles que je vous ordonne aujourd'hui de mettre en pratique. Si vous êtes attentifs à ces règles, si vous veillez à les mettre en pratique, le Seigneur votre Dieu maintiendra fidèlement en votre faveur l'alliance qu'il a conclue avec vos ancêtres. Dans son amour, il vous rendra prospères; il vous accordera de nombreux enfants, ainsi que d'abondantes récoltes de blé, de vin et d'huile, et il accroîtra vos troupeaux de bœufs, de moutons et de chèvres, lorsque vous serez dans le pays qu'il vous donnera, comme il l'a promis à vos ancêtres. Il vous rendra plus prospères que les autres nations. Aucun d'entre vous, homme ou femme, et aucune de vos bêtes domestiques ne souffrira de stérilité. Le Seigneur vous préservera de toutes les maladies, de tous les terribles fléaux qui, comme vous le savez, ont frappé l'Égypte; il ne vous les infligera pas, il les réservera à ceux qui vous haïssent. Vous devrez exterminer sans pitié tous les peuples que le Seigneur votre Dieu livrera en votre pouvoir. Vous n'adorerez pas leurs dieux, car vous seriez pris au piège de l'idolâtrie. Vous pensez peut-être: «Ces nations sont plus puissantes que nous! Comment pourrions-nous les déposséder?» N'ayez pas peur d'elles! Souvenez-vous de ce que le Seigneur votre Dieu a fait au Pharaon et à toute l'Égypte: vous avez vu les dures épreuves qu'il leur a infligées, les prodiges extraordinaires qu'il a accomplis, la force irrésistible par laquelle il vous a fait sortir de ce pays. Eh bien, le Seigneur votre Dieu agira de la même façon à l'égard de toutes les nations dont vous avez peur! Il enverra même des frelons contre elles, jusqu'à ce que soient exterminés tous les survivants qui chercheront à vous échapper en se cachant. Ne tremblez pas devant ces nations: le Seigneur votre Dieu est avec vous, et c'est un Dieu grand et redoutable. A votre approche, il chassera peu à peu ces populations. Vous ne pourrez pas les exterminer d'un seul coup, sinon les bêtes sauvages se multiplieraient à vos dépens. Mais finalement le Seigneur votre Dieu vous soumettra ces nations; une grande panique les saisira et les conduira à leur perte. Il livrera leurs rois en votre pouvoir et vous effacerez tout souvenir d'eux sur la terre; aucun d'entre eux ne subsistera devant vous, vous finirez par les exterminer tous. Alors vous brûlerez les statues de leurs dieux. Ne vous laissez pas tenter par leur revêtement d'or ou d'argent, ne vous les appropriez pas, car le Seigneur votre Dieu juge cela abominable; ce butin ferait votre malheur. Qu'aucune idole de ce genre ne soit introduite dans vos maisons. Si c'était le cas, vous mériteriez d'être détruits avec elle. En effet, de tels objets doivent être complètement détruits, vous devez les détester, les avoir en horreur. Veillez à mettre en pratique tous les commandements que je vous communique aujourd'hui; ils vous permettront de vivre et de devenir un peuple nombreux. Vous pourrez alors prendre possession du pays que le Seigneur a promis à vos ancêtres. Souvenez-vous de la longue marche que le Seigneur votre Dieu vous a imposée à travers le désert, pendant quarante ans; il vous a ainsi fait rencontrer des difficultés pour vous mettre à l'épreuve, afin de découvrir ce que vous aviez au fond de votre cœur et de savoir si, oui ou non, vous vouliez observer ses commandements. Après ces difficultés, après vous avoir fait souffrir de la faim, il vous a donné la manne, une nourriture inconnue de vous et de vos ancêtres. De cette manière, il vous a montré que l'homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole que Dieu prononce. Vos vêtements ne se sont pas usés, vos pieds n'ont pas enflé durant ces quarante ans. Comprenez donc bien que le Seigneur votre Dieu veut vous éduquer comme un père éduque son fils. Observez les commandements du Seigneur votre Dieu, conduisez-vous comme il le désire et respectez-le. Le Seigneur votre Dieu va vous faire entrer dans un bon pays, arrosé par des torrents et par l'eau de nombreuses sources qui jaillissent des profondeurs dans la plaine ou dans la montagne. C'est un pays où poussent le blé et l'orge, la vigne, le figuier et le grenadier, un pays qui abonde en huile d'olive et en miel; le pain ne vous y sera pas rationné et vous n'y manquerez de rien. De ses roches on peut extraire du fer, et de ses montagnes du cuivre. Vous y aurez de quoi vous nourrir abondamment, et vous remercierez le Seigneur votre Dieu de vous avoir donné ce bon pays. Prenez bien garde ensuite de ne pas oublier le Seigneur votre Dieu en négligeant d'obéir à ses commandements, à ses règles et à ses lois que je vous communique aujourd'hui. Vous aurez de quoi vous nourrir abondamment, vous vous construirez de belles maisons où vous vous installerez, vous posséderez davantage de bœufs, de moutons et de chèvres, davantage d'argent, d'or et de biens de toute sorte. Veillez alors à ne pas devenir orgueilleux, au point d'oublier que le Seigneur votre Dieu vous a fait sortir d'Égypte où vous étiez esclaves. Il vous a conduits à travers l'immense et redoutable désert peuplé de serpents venimeux et de scorpions; dans cette terre complètement aride, il a fait jaillir pour vous de l'eau du rocher le plus dur. Dans ce même désert, il vous a donné la manne, une nourriture inconnue de vos ancêtres; il vous a fait rencontrer des difficultés pour vous mettre à l'épreuve, tout en vous préparant un avenir heureux. Ne pensez jamais que vous avez atteint la prospérité par vous-mêmes, par vos propres forces. Souvenez-vous, c'est le Seigneur votre Dieu qui vous donne les forces nécessaires pour atteindre cette prospérité, et il confirme ainsi, aujourd'hui encore, l'alliance qu'il a conclue avec vos ancêtres. Si vous oubliez le Seigneur votre Dieu, si vous vous mettez à rendre un culte à d'autres dieux, à les adorer et à les servir, je vous avertis solennellement aujourd'hui que vous disparaîtrez complètement. Oui, si vous n'obéissez pas au Seigneur votre Dieu, vous disparaîtrez comme les nations que le Seigneur va éliminer à votre approche. Israélites, écoutez! Vous êtes maintenant sur le point de traverser le Jourdain. Vous allez mettre en fuite des nations plus nombreuses et plus puissantes que vous, et vous vous emparerez de villes imposantes, dont les murailles s'élèvent jusqu'au ciel. Vous déposséderez en particulier les Anaquites, gens puissants et de haute taille, dont on dit, comme vous le savez: «Qui peut subsister devant les descendants d'Anac?» Vous pourrez constater sous peu que le Seigneur votre Dieu marche devant vous, comme un feu qui détruit tout; il les écrasera, les obligera à céder devant vous. Vous les déposséderez et vous les exterminerez sans tarder, comme le Seigneur vous l'a promis. Lorsque le Seigneur votre Dieu les aura chassés devant vous, n'allez pas vous vanter en disant: «Le Seigneur nous permet de prendre possession de ce pays parce que nous l'avons mérité!» En réalité, c'est à cause de la mauvaise conduite de ces peuples que le Seigneur les mettra en fuite à votre approche et que vous pourrez prendre possession de leur pays. Ce n'est vraiment pas parce que vous le mériteriez par votre loyauté! Le Seigneur chassera ces peuples à cause de leur mauvaise conduite, et pour réaliser la promesse faite à vos ancêtres Abraham, Isaac et Jacob. Sachez-le donc, le Seigneur votre Dieu vous laissera vous emparer de ce bon pays, mais non parce que vous le mériteriez. En fait, vous êtes un peuple de rebelles! Souvenez-vous comment vous avez provoqué la colère du Seigneur votre Dieu dans le désert! Ne l'oubliez jamais! Depuis le jour où vous avez quitté l'Égypte jusqu'à votre arrivée ici, vous n'avez pas cessé d'être en révolte contre lui. Au mont Horeb en particulier, vous avez mis le Seigneur dans une si grande colère qu'il voulait vous exterminer. J'étais monté sur la montagne pour y recevoir les tablettes de pierre, document de l'alliance que le Seigneur avait conclue avec vous. Je suis resté quarante jours et quarante nuits sur la montagne, sans rien manger ni boire. Le Seigneur Dieu m'a remis les deux tablettes de pierre sur lesquelles il avait écrit lui-même tous les commandements qu'il vous avait communiqués du milieu du feu, le jour où vous étiez rassemblés au pied de la montagne. Au bout des quarante jours et quarante nuits, après m'avoir remis le document de l'alliance, le Seigneur m'a dit: «Redescends tout de suite d'ici, car le peuple que tu as fait sortir d'Égypte a commis un grave péché. Ils n'ont pas tardé à s'écarter du chemin que je leur avais indiqué et se sont fabriqué une idole en métal fondu.» Et le Seigneur a ajouté: «Eh bien, je l'ai constaté, ce peuple est un peuple de rebelles! Laisse-moi intervenir: je vais les exterminer, je vais effacer tout souvenir d'eux sur la terre. Ensuite je ferai naître de toi une nation plus puissante et plus nombreuse qu'eux.» Je suis redescendu de la montagne, qui semblait en feu. Je tenais des deux mains les tablettes de pierre, document de l'alliance. J'ai vu alors que vous aviez effectivement péché contre le Seigneur votre Dieu: vous aviez fabriqué un veau en métal fondu! Vous n'aviez pas tardé à vous écarter du chemin indiqué par le Seigneur. C'est pourquoi j'ai jeté les deux tablettes de pierre que je tenais et je les ai fracassées sous vos yeux. Ensuite je suis tombé à terre devant le Seigneur, et je suis resté là de nouveau quarante jours et quarante nuits, sans rien manger ni boire. J'ai fait cela à cause du péché que vous aviez commis: vous aviez agi d'une manière qui déplaît au Seigneur et qui l'irrite. Je redoutais la colère que le Seigneur ressentait contre vous, colère si ardente qu'il voulait vous exterminer. Pourtant, cette fois-là encore, le Seigneur a entendu ma prière. Sa colère était particulièrement vive à l'égard d'Aaron et il voulait le faire mourir, mais j'ai prié pour lui aussi ce jour-là. J'ai pris le veau que vous aviez fabriqué, œuvre de votre péché, et je l'ai jeté dans le feu. Puis j'ai écrasé ce qui restait, je l'ai réduit en fine poussière, et j'ai jeté cette poussière dans le torrent qui descend de la montagne. A Tabéra, à Massa, à Quibroth-Taava, vous avez aussi provoqué la colère du Seigneur. Et à Cadès-Barnéa, quand il voulut vous envoyer en expédition en vous disant: «Allez vous emparer du pays que je vous donne», vous avez désobéi aux ordres du Seigneur votre Dieu. Vous n'avez pas eu confiance en lui et vous n'avez pas tenu compte de ce qu'il vous disait. Depuis qu'il vous connaît, vous avez toujours été rebelles à l'égard du Seigneur. Lorsque le Seigneur a menacé de vous exterminer, je suis tombé à terre devant lui et je suis resté ainsi quarante jours et quarante nuits. Je lui ai adressé cette prière: «Seigneur Dieu, ne détruis pas le peuple qui t'appartient, le peuple que tu as libéré et fait sortir d'Égypte, grâce à ton autorité souveraine et à ta puissance irrésistible. Souviens-toi de tes serviteurs Abraham, Isaac et Jacob! Ne prête pas attention à l'insoumission, à la méchanceté et aux péchés de ce peuple. Il ne faut pas qu'on puisse dire, dans le pays d'où tu nous as fait sortir: “Le Seigneur n'était pas capable d'amener ces gens dans le pays qu'il leur avait promis”, ou encore: “Il ne les aimait pas, et il les a délivrés seulement pour les laisser mourir dans le désert.” Seigneur, ils sont ton peuple, ils t'appartiennent, eux que tu as libérés en déployant ta force et ta puissance irrésistibles.» Alors le Seigneur m'a donné cet ordre: «Taille deux tablettes de pierre, semblables aux précédentes; fabrique aussi un coffre en bois. Ensuite monte vers moi sur la montagne. J'inscrirai sur les tablettes les commandements qui figuraient sur celles que tu as fracassées, et tu les déposeras dans le coffre.» J'ai donc fabriqué un coffre en bois d'acacia, j'ai taillé deux tablettes de pierre semblables aux précédentes, et je les ai emportées sur la montagne. Le Seigneur a écrit sur les nouvelles tablettes, comme sur les premières, les dix commandements qu'il vous avait communiqués, du milieu du feu, le jour où vous étiez rassemblés au pied de la montagne. Puis il me les a remises. Je suis redescendu de la montagne et je les ai déposées dans le coffre que j'avais fabriqué. Elles y sont restées, comme le Seigneur me l'avait ordonné. – Les Israélites quittèrent les puits de Bené-Yacan pour Mosséra. C'est là qu'Aaron mourut et fut enterré; son fils Élazar lui succéda comme prêtre. De là, les Israélites se rendirent à Goudgoda, et de Goudgoda à Yotbata, endroit où l'on trouve plusieurs cours d'eau. A cette époque, le Seigneur confia à la tribu de Lévi les tâches particulières suivantes: porter le coffre de l'alliance du Seigneur, se tenir à la disposition du Seigneur pour le servir, et prononcer la bénédiction en son nom. Ces tâches sont encore les siennes aujourd'hui. C'est la raison pour laquelle cette tribu ne reçut pas de terres en partage parmi les autres; ce qu'elle a en partage, c'est le privilège de servir le Seigneur, comme le Seigneur votre Dieu le lui a dit. – J'étais resté sur la montagne quarante jours et quarante nuits, comme la fois précédente. Cette fois-ci encore, le Seigneur a entendu ma prière et il a renoncé à vous exterminer. Il m'a ordonné: «En route, va te mettre à la tête du peuple; qu'ils aillent conquérir le pays que j'ai juré à leurs ancêtres de leur donner!» Et maintenant, Israélites, qu'est-ce que le Seigneur votre Dieu attend de vous? Il désire que vous le respectiez en obéissant à sa volonté, en l'aimant et en le servant de tout votre cœur et de toute votre âme. Il désire que vous mettiez en pratique ses commandements et ses lois, que je vous communique aujourd'hui pour votre bien. Au Seigneur votre Dieu appartiennent le ciel immense, la terre et tout ce qu'elle abrite. Autrefois, pourtant, le Seigneur ne s'est attaché qu'à vos ancêtres, c'est eux qu'il a aimés; et maintenant c'est vous, leurs descendants, qu'il a choisis parmi toutes les nations, comme on peut le constater. Soyez donc entièrement consacrés au Seigneur votre Dieu, ne vous révoltez plus contre lui. En effet, il est le Dieu des dieux, le Seigneur des seigneurs, le Dieu grand, puissant et redoutable, qui n'avantage personne et ne se laisse pas corrompre par des cadeaux. Il prend la défense des orphelins et des veuves, et il manifeste son amour pour les étrangers installés chez vous, en leur donnant de la nourriture et des vêtements. Vous donc aussi, aimez les étrangers qui sont parmi vous; rappelez-vous que vous étiez des étrangers en Égypte. Respectez le Seigneur votre Dieu, adorez-le, attachez-vous à lui seul, et ne prêtez serment qu'en son nom. C'est à lui que vous devez adresser vos acclamations; il est votre seul Dieu, lui qui a accompli en votre faveur les actes merveilleux ou effrayants dont vous avez été témoins. Vos ancêtres n'étaient pas plus de soixante-dix lorsqu'ils sont arrivés en Égypte; maintenant le Seigneur votre Dieu vous a rendus aussi nombreux que les étoiles dans le ciel. Aimez le Seigneur votre Dieu, servez-le et mettez toujours en pratique ses lois, ses règles et ses commandements. En cet instant, je ne m'adresse pas à vos enfants, qui n'ont ni vu ni expérimenté la façon dont le Seigneur votre Dieu a fait sentir sa puissance, mais à vous-mêmes, qui avez été témoins de sa grandeur, de sa puissance irrésistible et de ses interventions spectaculaires. Le Seigneur est intervenu en Égypte, contre le Pharaon, roi des Égyptiens, et contre son pays; il est intervenu contre son armée, ses chevaux et ses chars, en ramenant sur eux l'eau de la mer des Roseaux, quand ils vous poursuivaient, et il les a fait disparaître pour toujours; il est intervenu en votre faveur dans le désert, pour vous permettre d'arriver ici; il est intervenu contre Datan et Abiram, les fils d'Éliab, de la tribu de Ruben: devant tous les Israélites, la terre s'est ouverte et les a engloutis avec leurs familles, leurs tentes et tous ceux qui avaient pris leur parti. Oui, vous avez été témoins des interventions grandioses du Seigneur. Mettez donc en pratique tous les commandements que je vous communique aujourd'hui. Vous y trouverez les forces nécessaires pour prendre possession du territoire dans lequel vous allez entrer, et vous pourrez alors vivre longtemps dans le pays que le Seigneur a juré de donner à vos ancêtres et à leurs descendants, ce pays qui regorge de lait et de miel. Le pays dont vous allez prendre possession n'est pas comme l'Égypte que vous avez quittée. Là-bas, après les semailles, il fallait irriguer les champs, comme on le fait pour un jardin potager. Par contre, le pays dont vous prendrez possession est un pays de montagnes et de vallées, qui est arrosé par les pluies; c'est un pays dont le Seigneur votre Dieu prend soin et sur lequel il garde les yeux fixés du début à la fin de l'année. Si vous obéissez fidèlement aux commandements que je vous communique aujourd'hui, si vous aimez et servez le Seigneur votre Dieu de tout votre cœur et de toute votre âme, il fera tomber la pluie sur vos terres en temps voulu, en automne et au printemps, pour que vous puissiez avoir de bonnes récoltes, du blé, du vin et de l'huile. Il fera aussi pousser l'herbe des prés pour votre bétail. Vous aurez de quoi vous nourrir abondamment. Prenez donc bien garde de ne pas vous laisser détourner du droit chemin, de ne pas vous incliner devant d'autres dieux pour les adorer. Cela mettrait le Seigneur en colère contre vous, et il fermerait le ciel pour qu'il ne tombe plus de pluie; la terre ne produirait plus de récoltes, et vous ne tarderiez pas à disparaître du bon pays que le Seigneur va vous donner. Vous imprimerez dans votre cœur et dans votre âme les commandements que je vous donne. Pour ne pas les oublier, vous les attacherez sur votre bras et sur votre front. Vous les enseignerez à vos enfants; vous leur en parlerez quand vous serez assis chez vous ou quand vous marcherez le long d'une route, quand vous vous coucherez ou quand vous vous lèverez. Vous les écrirez sur les montants de porte de vos maisons et sur les portes de vos villes. Grâce à cela, tant que le ciel sera au-dessus de la terre, vous et vos descendants, vous subsisterez dans le pays que le Seigneur a promis de donner à vos ancêtres. Oui, veillez soigneusement à mettre en pratique tous les commandements que je vous communique, aimez le Seigneur votre Dieu, obéissez à sa volonté et restez-lui fidèlement attachés; alors il mettra en fuite à votre approche les nations, plus nombreuses et plus puissantes que vous, dont vous occuperez le territoire. Tous les endroits où vous poserez le pied seront à vous: votre pays s'étendra à partir du désert et comprendra même le Liban, entre l'Euphrate, le grand fleuve, à l'est, et la mer Méditerranée, à l'ouest. Personne ne pourra vous résister. Partout où vous irez dans le pays, le Seigneur votre Dieu fera en sorte que les habitants vivent dans la crainte et même la frayeur à votre égard, comme il vous l'a promis. Écoutez, je vous donne à choisir aujourd'hui entre la bénédiction et la malédiction: Vous serez bénis si vous obéissez aux commandements que je vous communique aujourd'hui de la part du Seigneur votre Dieu; mais vous serez maudits si vous n'obéissez pas à ses commandements, si vous vous détournez du chemin que je vous trace, pour aller rendre un culte à d'autres dieux que vous ne connaissez pas maintenant. Lorsque le Seigneur votre Dieu vous aura installés dans le pays dont vous allez prendre possession, vous prononcerez la bénédiction du haut du mont Garizim et la malédiction du haut du mont Ébal. – Ces montagnes se trouvent au-delà du Jourdain, de l'autre côté de la route occidentale, dans le pays des Cananéens qui habitent la vallée du Jourdain; elles sont à proximité des chênes sacrés de Moré, en face du Guilgal. – Vous êtes sur le point de traverser le Jourdain pour gagner le pays que le Seigneur votre Dieu vous donne. Vous vous en emparerez pour vous y installer. Vous veillerez alors à mettre en pratique toutes les lois et les règles que je vous transmets aujourd'hui. Voici les lois et les règles que vous veillerez à mettre en pratique tous les jours de votre vie, dans le pays que le Seigneur, le Dieu de vos ancêtres, vous donnera en possession. Vous détruirez complètement les lieux sacrés situés sur les sommets des montagnes et des collines, parmi les arbres verts, là où les nations que vous allez déposséder adorent leurs dieux. Vous démolirez leurs autels, vous briserez leurs pierres dressées, vous brûlerez leurs poteaux sacrés, vous abattrez les statues de leurs dieux; vous effacerez de l'endroit tout souvenir de ces divinités. Dans le culte rendu au Seigneur votre Dieu, vous n'imiterez pas les pratiques de ces nations; vous irez l'adorer seulement dans le lieu qu'il choisira, sur le territoire de vos tribus, pour y demeurer et y manifester sa présence. C'est là que vous apporterez vos sacrifices complets et vos sacrifices de communion, la partie réservée de vos récoltes, vos dons volontaires, les offrandes présentées de manière spontanée ou pour accomplir un vœu, ainsi que les premiers-nés de vos troupeaux de bœufs, de moutons et de chèvres. C'est là aussi, au sanctuaire du Seigneur, que vous et vos familles prendrez ensemble les repas sacrés; vous serez pleins de joie, à cause du succès que le Seigneur votre Dieu vous aura accordé dans tout ce que vous entreprendrez. Vous n'adorerez plus le Seigneur comme nous le faisons ici aujourd'hui, où chacun agit selon ce qui lui semble bon. En effet, vous n'êtes pas encore arrivés dans le territoire que le Seigneur votre Dieu vous donnera en possession pour y mener une vie tranquille. Mais vous allez traverser le Jourdain et vous installer dans le pays qu'il vous attribue; il vous mettra à l'abri de tous les ennemis qui vous entourent et vous y habiterez en sécurité. Alors vous apporterez au Seigneur votre Dieu, dans le lieu qu'il aura choisi pour y manifester sa présence, tout ce que je vous ai dit: vos sacrifices complets, vos sacrifices de communion, la partie réservée de vos récoltes, vos dons volontaires, et tout ce que vous aurez décidé d'offrir au Seigneur pour accomplir vos vœux. Là, au sanctuaire du Seigneur votre Dieu, vous serez pleins de joie, vous, vos enfants, vos serviteurs et vos servantes, ainsi que les lévites qui demeurent dans vos villes parce qu'ils ne possèdent pas de part de territoire au milieu de vous. Prenez bien garde de ne pas offrir vos sacrifices dans tout lieu sacré que vous découvrirez. Offrez-les exclusivement dans le lieu que le Seigneur aura choisi, sur le territoire de l'une de vos tribus; c'est là seulement que vous accomplirez tout ce que je vous ai ordonné. Cependant, selon les biens que le Seigneur votre Dieu vous aura accordés là où vous habiterez, toutes les fois que vous le désirerez, vous pourrez tuer un animal pour en consommer la viande; chacun, qu'il soit ou non en état de pureté, pourra en manger, comme si c'était de la gazelle ou du cerf. Toutefois, vous ne consommerez pas le sang de l'animal; vous le verserez sur le sol, comme de l'eau. Vous n'aurez pas le droit de manger chez vous la part de blé, de vin et d'huile qui doit être offerte à Dieu, ni les premiers-nés de vos troupeaux de bœufs, de moutons et de chèvres, pas plus que les dons volontaires et les offrandes présentées de manière spontanée ou pour accomplir un vœu. Vous ne pourrez en manger qu'au sanctuaire édifié dans le lieu que le Seigneur votre Dieu choisira; vous le ferez avec vos enfants, vos serviteurs et vos servantes, ainsi qu'avec les lévites qui demeurent dans vos villes. Vous y serez pleins de joie à cause de tout ce que vous aurez accompli. Prenez bien garde de ne jamais négliger les lévites, aussi longtemps que vous vivrez dans votre pays. Lorsque le Seigneur votre Dieu agrandira votre territoire, comme il vous l'a promis, si vous avez envie de viande, vous pourrez en manger autant que vous le voudrez. Si vous habitez trop loin du lieu choisi par le Seigneur votre Dieu pour y manifester sa présence, vous pourrez tuer un animal pris dans vos troupeaux de bœufs, de moutons ou de chèvres que le Seigneur vous aura accordés; vous mangerez alors autant de viande que vous le voudrez, en vous conformant aux ordres que je vous ai donnés. Chacun de vous, qu'il soit ou non en état de pureté, pourra participer à ce repas, comme lorsqu'on mange de la gazelle ou du cerf. Toutefois, évitez rigoureusement de consommer le sang de l'animal, car le sang est porteur de vie. Ne consommez donc pas l'élément vital en même temps que la viande; ne le consommez pas, mais versez-le sur le sol, comme de l'eau. Ne le consommez jamais, et vous trouverez ainsi le bonheur, vous et vos descendants, car vous aurez fait ce qui plaît au Seigneur. Cependant vous amènerez au lieu choisi par le Seigneur les animaux consacrés, ou offerts pour accomplir un vœu. S'il s'agit de sacrifices complets, vous offrirez la viande et le sang sur l'autel du Seigneur votre Dieu; s'il s'agit de sacrifices de communion, vous verserez le sang sur l'autel du Seigneur et vous mangerez la viande. Écoutez et mettez en pratique toutes les prescriptions que je vous ai communiquées: vous y trouverez en tout temps le bonheur, vous et vos descendants, car vous aurez fait ce qui est bien, ce qui plaît au Seigneur votre Dieu. Le Seigneur votre Dieu éliminera, à votre approche, les nations établies dans le territoire où vous pénétrerez; vous pourrez ainsi les déposséder et vous installer dans leur pays. Lorsqu'elles auront été exterminées devant vous, ayez grand soin de ne pas vous laisser prendre au piège de leur exemple. Ne vous intéressez pas à leurs dieux, ne vous préoccupez pas de la façon dont elles les adoraient, avec l'intention d'adopter leurs pratiques. Ne les imitez pas pour adorer le Seigneur votre Dieu; en effet, dans leurs cultes, ces nations commettent toutes sortes d'actes que le Seigneur déteste et condamne: les gens vont même jusqu'à offrir leurs fils et leurs filles en sacrifices à leurs dieux! Veillez plutôt à mettre en pratique tous les commandements que je vous communique, sans rien y ajouter et sans rien en retrancher. Un jour peut-être un prophète ou un visionnaire se manifestera parmi vous, et vous annoncera un prodige extraordinaire. Si le prodige se réalise conformément à la prédiction et si l'homme vous invite alors à adorer et servir des dieux étrangers, des dieux que vous ne connaissez pas, n'écoutez pas ce qu'il vous dit. En effet, c'est le Seigneur votre Dieu qui vous mettra ainsi à l'épreuve pour savoir si vous l'aimez de tout votre cœur et de toute votre âme. Ne rendez de culte qu'au Seigneur votre Dieu, ayez du respect pour lui, prenez au sérieux ses commandements, obéissez-lui, servez-le et demeurez attachés à lui seul. On devra mettre à mort le prophète ou le visionnaire qui vous aura incités à vous détourner du Seigneur, le Dieu qui vous a arrachés à l'esclavage et vous a fait sortir d'Égypte; il sera exécuté pour avoir voulu vous entraîner hors du chemin que le Seigneur votre Dieu vous ordonnait de suivre. Vous ferez ainsi disparaître le mal du milieu de vous. Un jour peut-être l'un de vous verra son frère, ou son fils, ou sa fille, ou sa propre femme, ou son ami le plus cher, venir en cachette l'inviter à rendre un culte à des dieux étrangers, que ni vous ni vos ancêtres n'avez connus; ce seront des dieux qu'adorent les nations étrangères, proches ou lointaines, d'un bout du monde à l'autre. Il ne faudra pas y consentir, ni même écouter des propositions de ce genre; on n'aura aucune espèce de pitié pour le coupable et on ne prendra pas sa défense. Il doit absolument être mis à mort. Celui qu'il aura essayé d'entraîner sera le premier à lui jeter des pierres pour le faire mourir, et le reste du peuple interviendra ensuite. Le coupable sera exécuté à coups de pierres, pour avoir tenté de détourner quelqu'un du Seigneur, le Dieu qui vous a fait sortir d'Égypte où vous étiez esclaves. Tous les Israélites apprendront ce qui s'est passé, ils en éprouveront de la crainte et ils ne commettront plus un tel crime. Un jour peut-être vous apprendrez que, dans l'une des villes où le Seigneur votre Dieu vous aura permis de vous installer, des vauriens de votre peuple ont entraîné leurs concitoyens à rendre un culte à des dieux étrangers que vous ne connaissez pas maintenant. Alors vous vous informerez, vous ferez des recherches, vous mènerez une enquête minutieuse; si l'on découvre que cet acte abominable a réellement été commis, vous ferez mourir tous les habitants de la ville et vous massacrerez tout le bétail. Ensuite vous détruirez complètement la ville elle-même avec tout ce qui s'y trouve: vous rassemblerez toutes ses richesses au milieu de la place publique, vous y mettrez le feu et vous incendierez la ville. Ce sera comme un sacrifice entièrement brûlé en l'honneur du Seigneur votre Dieu. L'endroit restera pour toujours un tas de ruines, car la ville ne sera jamais rebâtie. Vous ne vous approprierez rien de ce qui doit être détruit, afin que l'ardente colère du Seigneur votre Dieu s'apaise. Il vous manifestera toute sa bonté et vous rendra nombreux, comme il l'a promis à vos ancêtres, si vous lui obéissez et mettez en pratique tous les commandements que je vous communique aujourd'hui, et si vous faites ce qui est juste à ses yeux. Vous êtes les enfants du Seigneur votre Dieu! Alors, en cas de deuil, ne vous faites pas d'entailles sur le corps, et ne rasez pas vos cheveux sur le devant de la tête. Vous êtes en effet un peuple qui appartient en propre au Seigneur votre Dieu. C'est vous qu'il a choisis, parmi tous les autres peuples de la terre, pour être son bien le plus précieux. Vous ne devez manger aucune nourriture que le Seigneur considère comme impure. Voici une liste de bêtes que vous pouvez manger: le bœuf, le mouton, la chèvre, le cerf, la gazelle, le daim, le bouquetin, le mouflon, l'antilope, la chèvre sauvage et toutes les autres bêtes qui ont des sabots fendus et qui ruminent. Mais vous ne devez pas manger ceux qui ont seulement des sabots fendus ou qui ruminent seulement; ainsi vous considérerez comme impurs les animaux suivants: le chameau, le lièvre et le daman, car ils ruminent, mais n'ont pas de sabots, ainsi que le porc, car il a des sabots, mais il ne rumine pas. Ne consommez pas la viande de ces animaux-là et ne touchez même pas leurs cadavres. Parmi les animaux vivant dans l'eau, vous pouvez manger ceux qui ont à la fois des nageoires et des écailles. Mais vous ne devez pas manger ceux qui n'ont pas de nageoires ou pas d'écailles: considérez-les comme impurs. Vous pouvez manger des oiseaux purs. Mais voici une liste d'oiseaux que vous ne devez pas manger: les aigles, les gypaètes, les aigles marins, les milans, les vautours, les diverses espèces de faucons et de corbeaux, les autruches, les chouettes, les mouettes, les diverses espèces d'éperviers, les hiboux, les hulottes, les effraies, les chouettes chevêches, les charognards, les cormorans, les cigognes, les diverses espèces de hérons, les huppes et les chauves-souris. Considérez comme impurs tous les insectes ailés; on ne doit pas en manger. Toutefois, vous pouvez manger les insectes qui sont purs. Ne consommez pas la viande d'un animal qui a crevé. Donnez-la à manger aux étrangers qui résident chez vous, ou vendez-la à d'autres étrangers. Vous en effet, vous êtes un peuple qui appartient en propre au Seigneur votre Dieu. Vous ne ferez pas cuire un chevreau dans le lait de sa mère. Chaque année, vous mettrez de côté une partie de toutes vos récoltes. Vous irez ensuite au sanctuaire du Seigneur votre Dieu, dans le lieu qu'il aura choisi pour y manifester sa présence, et c'est là que vous consommerez cette part de votre blé, de votre vin et de votre huile, ainsi que les premiers-nés de vos troupeaux de bœufs, de moutons et de chèvres. Vous apprendrez ainsi à respecter pour toujours le Seigneur votre Dieu. Quand le Seigneur votre Dieu vous accordera d'abondantes récoltes, vous ne pourrez peut-être pas transporter ce que vous avez mis de côté jusqu'au lieu qu'il aura choisi pour y manifester sa présence, parce que la route sera trop longue. Si c'est le cas, vous vendrez ces réserves et vous apporterez l'argent au sanctuaire du Seigneur votre Dieu. Là, vous achèterez tout ce dont vous aurez envie, bœufs, moutons ou chèvres, vin ou autres boissons alcooliques, et en présence du Seigneur votre Dieu, vous les consommerez joyeusement avec vos familles. Dans ces occasions-là, ne négligez pas les lévites qui demeurent dans votre ville, car ils ne possèdent pas de part de territoire au milieu de vous. Tous les trois ans, vous mettrez de côté la part de récolte de l'année en cours et vous l'entreposerez dans vos villes. Les lévites, qui ne possèdent pas de territoire au milieu de vous, pourront venir s'y ravitailler, ainsi que les étrangers, les orphelins et les veuves qui vivent parmi vous. Ils y trouveront de quoi se rassasier. Alors le Seigneur votre Dieu vous bénira dans tout ce que vous entreprendrez. Tous les sept ans, vous accorderez une remise de dettes à vos débiteurs. Voici comment cette règle doit être appliquée: Lorsque l'année de remise de dettes est proclamée en l'honneur du Seigneur, tous ceux qui ont prêté de l'argent à leur prochain doivent renoncer à être remboursés; ils ne doivent pas contraindre un compatriote, leur prochain, à payer sa dette. Vous pouvez contraindre un étranger à vous rembourser, mais vous devez renoncer à ce que vous avez prêté à un compatriote. Toutefois, il n'y aura pas de pauvre parmi vous, car le Seigneur votre Dieu vous comblera de biens dans le pays qu'il vous donnera en possession, pour autant que vous obéissiez à ses ordres, en mettant fidèlement en pratique tous les commandements que je vous communique aujourd'hui. Quand le Seigneur votre Dieu vous comblera de biens comme il l'a promis, personne parmi vous n'aura besoin d'emprunter de l'argent; au contraire, c'est vous qui en prêterez à de nombreux étrangers. Vous dominerez en effet de nombreuses nations étrangères, et aucune ne vous dominera. S'il se trouve tout de même un pauvre parmi vos compatriotes, dans une ville du pays que le Seigneur votre Dieu vous donnera, vous ne lui fermerez pas votre cœur en lui refusant un prêt. Au contraire, vous lui prêterez généreusement ce dont il a besoin. Et attention, ne vous laissez pas gagner par de mauvaises pensées en vous disant: «C'est bientôt la septième année, l'année de la remise des dettes.» N'allez pas vous montrer durs, pour cette raison, à l'égard d'un compatriote pauvre, en refusant de lui accorder quelque chose. Il adresserait alors au Seigneur une accusation contre vous et vous seriez coupables. Accordez-lui donc un prêt, et accordez-le-lui de bon cœur. A cause de cette générosité, le Seigneur votre Dieu vous bénira dans tout ce que vous entreprendrez. Il y aura toujours des pauvres dans votre pays, c'est pourquoi je vous commande d'être généreux envers vos compatriotes malheureux et pauvres. Si l'un de vos compatriotes hébreux, homme ou femme, doit se vendre à vous comme esclave, il vous servira pendant six ans. La septième année, vous lui rendrez sa liberté. Mais vous ne le laisserez pas s'en aller les mains vides. Vous lui donnerez de tout ce que le Seigneur votre Dieu vous aura généreusement accordé, moutons et chèvres, blé et vin. Souvenez-vous que vous avez été esclaves en Égypte et que le Seigneur votre Dieu vous a libérés. C'est pour cela que je vous donne ce commandement aujourd'hui. Si un esclave vous dit qu'il ne veut pas vous quitter, parce qu'il vous aime, vous et votre famille, et qu'il se trouve bien chez vous, prenez alors un poinçon et percez-lui l'oreille contre la porte de la maison; il sera ainsi votre esclave pour toujours. S'il s'agit d'une esclave, vous ferez de même. Ne regrettez pas de rendre la liberté à un esclave; en effet, en six ans de travail, il vous a fait gagner deux fois plus qu'un ouvrier salarié. Rendez-lui donc la liberté, et le Seigneur votre Dieu vous bénira dans tout ce que vous entreprendrez. Tout premier-né mâle de vos vaches, brebis ou chèvres doit être consacré au Seigneur votre Dieu; vous ne ferez donc pas travailler un taureau premier-né, et vous ne tondrez pas un mouton premier-né. Chaque année, vous les mangerez en famille, au sanctuaire du Seigneur votre Dieu, dans le lieu qu'il aura choisi. Si l'un d'eux a un défaut, s'il est boiteux ou aveugle, ou s'il a n'importe quel autre défaut grave, vous ne l'offrirez pas en sacrifice au Seigneur votre Dieu. Vous le mangerez chez vous; et chacun, qu'il soit ou non en état de pureté, pourra participer à ce repas, comme lorsqu'on mange de la gazelle ou du cerf. Toutefois, vous ne consommerez pas le sang de l'animal; vous le verserez sur le sol, comme de l'eau. Au cours du mois d'Abib, n'oubliez pas de célébrer la fête de la Pâque en l'honneur du Seigneur votre Dieu. En effet, c'est durant une nuit de ce mois-là que le Seigneur vous a fait sortir d'Égypte. Les animaux que vous offrirez au Seigneur lors de la Pâque seront pris dans les troupeaux de moutons, de chèvres ou de bœufs. La cérémonie se déroulera dans le lieu que le Seigneur aura choisi pour y manifester sa présence. Au repas de la fête, vous ne mangerez pas de pain levé; pendant sept jours, vous mangerez du pain sans levain, qui vous rappellera avec quelle hâte vous avez dû quitter l'Égypte. En consommant ce pain de misère, vous vous souviendrez à jamais du jour où vous êtes sortis d'Égypte. Durant ces sept jours, on ne devra trouver aucune trace de levain chez vous, dans tout votre pays. Quant à la viande de l'animal sacrifié le soir du premier jour, elle ne devra pas être gardée jusqu'au lendemain matin. Vous ne serez pas autorisés à célébrer la Pâque dans n'importe laquelle des villes où le Seigneur votre Dieu vous aura permis d'habiter; vous le ferez uniquement dans celle qu'il aura choisie pour y manifester sa présence. Le sacrifice aura lieu le soir au coucher du soleil, c'est-à-dire à l'heure où vous êtes sortis d'Égypte. Vous ferez cuire l'animal et vous le mangerez dans le lieu choisi par le Seigneur. Le lendemain matin, vous rentrerez chez vous. Pendant six jours vous mangerez du pain sans levain; le septième jour, vous aurez une assemblée solennelle en l'honneur du Seigneur votre Dieu, et vous ne ferez aucun travail. A partir du moment où vous commencerez la moisson, vous compterez sept semaines, puis vous célébrerez la fête de la Pentecôte en l'honneur du Seigneur votre Dieu. Vous préparerez des offrandes volontaires, à la mesure des bienfaits que le Seigneur vous aura accordés, et vous vous rendrez au lieu que le Seigneur aura choisi pour y manifester sa présence; là, au sanctuaire du Seigneur, vous serez pleins de joie, vous, vos enfants, vos serviteurs et vos servantes, ainsi que les lévites, les étrangers, les orphelins et les veuves qui vivent parmi vous. Souvenez-vous que vous avez été esclaves en Égypte, et veillez à mettre en pratique toutes ces lois. Lorsque vous aurez terminé de battre les céréales et de presser le raisin, vous célébrerez pendant sept jours la fête des Huttes. Vous en ferez une fête joyeuse, vous, vos enfants, vos serviteurs et vos servantes, ainsi que les lévites, les étrangers, les orphelins et les veuves qui vivent parmi vous. Cette fête en l'honneur du Seigneur votre Dieu durera sept jours, dans le lieu qu'il aura choisi. Réjouissez-vous pleinement, car le Seigneur vous accordera d'abondantes récoltes et le succès dans tout ce que vous entreprendrez. Chaque année tous les hommes de votre peuple iront donc se présenter trois fois devant le Seigneur votre Dieu dans le lieu qu'il aura choisi: lors des fêtes des Pains sans levain, de la Pentecôte et des Huttes. Ils n'iront pas au sanctuaire du Seigneur les mains vides, mais chacun apportera une offrande en fonction de ses moyens et à la mesure des bienfaits que le Seigneur votre Dieu lui aura accordés. Dans toutes les villes que le Seigneur votre Dieu vous donnera, vous désignerez des juges et des magistrats chargés de rendre la justice avec impartialité parmi les membres de vos tribus. Ne faussez pas le cours de la justice; dans un jugement, ne favorisez personne, et ne vous laissez pas corrompre par des cadeaux, car les cadeaux rendent aveugles même les plus clairvoyants et pervertissent les décisions des justes. Vous vous efforcerez de rendre la justice de manière objective. Alors vous pourrez vivre et prendre possession du pays que le Seigneur votre Dieu vous donne. Vous ne planterez ni poteau sacré ni arbre sacré à côté de l'autel que vous construirez pour le Seigneur votre Dieu. Vous ne dresserez pas non plus à cet endroit de pierre sacrée, car le Seigneur déteste de telles pratiques. Vous n'offrirez pas en sacrifice au Seigneur votre Dieu un animal, bœuf, mouton ou chèvre, ayant une malformation ou un défaut grave, car le Seigneur juge ce procédé abominable. Un jour peut-être, dans l'une des villes où le Seigneur votre Dieu vous aura permis d'habiter, un homme ou une femme fera ce qui déplaît au Seigneur et sera infidèle aux engagements pris envers Dieu: il ira servir et adorer des dieux étrangers, ou même le soleil, la lune et la multitude des astres. – Jamais le Seigneur ne vous a ordonné d'agir ainsi! – Si vous entendez parler d'un cas de ce genre, vous mènerez une enquête minutieuse; si l'on découvre que cette chose abominable s'est réellement produite en Israël, vous conduirez le coupable, homme ou femme, à la porte de la ville et vous le mettrez à mort en lui jetant des pierres. Un accusé ne pourra être condamné à mort que sur le témoignage de deux ou trois personnes; le témoignage d'une seule personne ne suffira pas. Les témoins seront les premiers à lui jeter des pierres pour le faire mourir, et le reste du peuple interviendra ensuite. Vous ferez ainsi disparaître le mal du milieu de vous. Si un tribunal local ne parvient pas à rendre un jugement dans une affaire de meurtre, de coups et blessures, ou dans tout autre litige, vous pourrez vous rendre au lieu que le Seigneur aura choisi. Vous irez y consulter les prêtres-lévites et le juge en fonction à ce moment-là, et ils vous indiqueront comment juger l'affaire. Vous appliquerez la sentence qu'ils vous communiqueront au sanctuaire du Seigneur, en veillant à suivre exactement les directives reçues. Vous ne vous écarterez en aucune façon des directives et des instructions qui vous seront transmises. Si quelqu'un, dans son orgueil, agit sans tenir compte des directives du prêtre qui exerce son ministère au sanctuaire du Seigneur votre Dieu, ou de celles du juge, cet homme doit être mis à mort. Vous ferez ainsi disparaître le mal du milieu d'Israël. Tout le peuple sera dans la crainte en apprenant ce qui s'est passé, et plus personne n'osera agir avec un tel orgueil. Lorsque vous aurez pénétré dans le pays que le Seigneur votre Dieu vous accordera, que vous en aurez pris possession et vous vous y serez installés, vous désirerez peut-être avoir un roi, pour être comme toutes les nations voisines. Vous vous donnerez alors pour roi l'homme que le Seigneur votre Dieu choisira lui-même. Ce sera un Israélite; vous n'accepterez pas comme roi un étranger, quelqu'un qui n'est pas de votre peuple. Votre roi ne devra pas posséder un grand nombre de chevaux, ni envoyer des gens en acheter en Égypte, car le Seigneur vous a dit que vous n'auriez plus à retourner dans ce pays. Il ne devra pas avoir de nombreuses épouses, ce qui le détournerait de Dieu, ni accumuler beaucoup d'argent et d'or. Quand le roi aura pris place sur le trône royal, il fera copier pour lui, dans un livre, la présente loi qui aura été conservée par les prêtres-lévites. Il la gardera auprès de lui et la lira tous les jours de sa vie, afin d'apprendre à respecter le Seigneur son Dieu en veillant à toujours mettre en pratique les exigences et les obligations qu'elle contient. Cela lui évitera de se croire supérieur aux gens de son peuple et de désobéir au moindre détail des commandements. Alors lui-même et ses descendants pourront jouir d'un long règne à la tête d'Israël. Les prêtres-lévites et les autres membres de la tribu de Lévi ne recevront pas de terres en partage comme le reste des Israélites. Pour se nourrir, ils disposeront des sacrifices offerts au Seigneur et des autres biens qui lui reviennent. Ils n'auront pas de territoire parmi les Israélites, car ce qu'ils ont en partage, c'est le privilège de servir le Seigneur, comme il le leur a dit. Les prêtres ont droit à une partie des animaux, bœufs, moutons ou chèvres, que les Israélites offrent en sacrifice de communion: on doit leur en donner l'épaule, les joues et l'estomac. Vous leur remettrez également les premiers produits du sol, blé, vin nouveau et huile, ainsi que la laine des premiers moutons que vous tondrez. Le Seigneur votre Dieu a, en effet, choisi les descendants de Lévi parmi toutes les tribus, afin qu'ils exercent pour toujours leur ministère à son service. Si un lévite désire quitter la ville d'Israël où il réside et venir dans le lieu que le Seigneur aura choisi, il pourra exercer là son ministère au service du Seigneur son Dieu, au même titre que tous les autres lévites présents au sanctuaire. Il aura droit, pour sa nourriture, à une part semblable à la leur, indépendamment de ce que lui aura rapporté la vente de ses biens de famille. Lorsque vous aurez pénétré dans le pays que le Seigneur votre Dieu vous accordera, vous ne vous mettrez pas à imiter les pratiques abominables de ses habitants actuels. Qu'on ne trouve parmi vous personne qui offre son fils ou sa fille en sacrifice, ni personne qui s'adonne à la magie ou à la divination, qui observe les présages ou se livre à la sorcellerie, qui jette des sorts ou qui interroge d'une manière ou d'une autre les esprits des morts. Le Seigneur votre Dieu a en horreur ceux qui agissent ainsi, et c'est pourquoi il va déposséder les habitants de ce pays lorsque vous arriverez. Pour vous, conduisez-vous de manière irréprochable à l'égard du Seigneur votre Dieu. Les peuples que vous allez déposséder écoutent les conseils de ceux qui pratiquent la magie ou la divination. Le Seigneur votre Dieu vous interdit d'agir ainsi. Il vous enverra un prophète comme moi, Moïse, qui sera un membre de votre peuple: vous écouterez ce qu'il vous dira. C'est bien ce que vous avez demandé au Seigneur, le jour où vous étiez rassemblés au mont Horeb; vous avez dit: «Nous ne voulons plus entendre le Seigneur notre Dieu nous parler directement, ni voir ce feu ardent! Nous ne tenons pas à mourir!» Le Seigneur m'a alors déclaré: «Ce peuple a eu raison de parler ainsi. Je vais leur envoyer un prophète comme toi, qui sera un membre de leur peuple. Je lui communiquerai mes messages, et il leur transmettra tout ce que je lui ordonnerai. Si un homme ne tient pas compte des paroles que le prophète prononcera en mon nom, je le punirai moi-même. Mais si un prophète a l'audace de prononcer en mon nom un message que je ne lui ai pas communiqué, ou s'il parle au nom d'autres divinités, il devra être mis à mort.» Vous vous demanderez peut-être comment on peut reconnaître qu'un message ne vient pas du Seigneur. Eh bien, si un prophète annonce quelque chose au nom du Seigneur et que cela ne se réalise pas, c'est que son message ne vient pas du Seigneur. Le prophète a eu l'audace de le prononcer lui-même. Ne vous laissez pas impressionner par lui. Le Seigneur votre Dieu éliminera certaines nations pour vous donner leur territoire; vous pourrez ainsi les déposséder et vous installer dans leurs villes et dans leurs maisons. Seul un homme qui a tué quelqu'un involontairement et sans avoir jamais eu de haine pour sa victime pourra se réfugier dans l'une de ces villes et y avoir la vie sauve. C'est le cas, par exemple, d'un homme qui se rend à la forêt avec un compagnon, pour couper du bois: il brandit sa hache pour abattre un arbre, le fer se détache du manche et atteint le compagnon, qui en meurt. L'auteur de l'accident peut alors trouver refuge dans l'une de ces villes et avoir la vie sauve. Il ne faudrait pas que l'homme chargé de venger la victime se mette, dans sa colère, à le poursuivre, puisse le rattraper si la route est longue, et le tue. En effet, l'auteur de l'accident ne doit pas être mis à mort, puisqu'il n'avait jamais eu de haine pour sa victime. C'est pourquoi je vous ordonne de désigner trois villes comme villes de refuge. De cette manière, dans le pays que le Seigneur votre Dieu vous donnera en possession, on évitera qu'un homme innocent soit mis à mort. Sinon, vous seriez responsables de cette mort. Mais si un homme éprouve de la haine pour un autre, le guette, lui tombe dessus et le frappe à mort, puis va se réfugier dans l'une de ces villes, les anciens de sa ville enverront des gens l'arrêter; on le livrera ensuite entre les mains de celui qui est chargé de venger la victime, pour qu'il le mette à mort. Vous n'aurez aucune pitié de lui: vous ferez ainsi disparaître du milieu d'Israël l'assassin d'un innocent, et vous vous en trouverez bien. Quand vous serez installés sur les terres qui vous auront été attribuées, dans le pays que le Seigneur votre Dieu va vous donner en possession, vous ne déplacerez pas les bornes, posées par les premiers arrivés pour marquer le domaine de votre voisin. Le témoignage d'une seule personne ne suffit pas pour condamner un homme soupçonné d'avoir commis un crime, un délit ou toute autre faute. Les faits ne peuvent être établis que sur le témoignage de deux ou trois personnes. Si un faux témoin accuse quelqu'un d'un méfait, les deux adversaires doivent se rendre au sanctuaire du Seigneur. Ils y présenteront leur affaire devant les prêtres et les juges en fonction à ce moment-là. Les juges mèneront une enquête minutieuse: lorsqu'ils auront démontré que le témoin a menti, qu'il a faussement accusé son compatriote, vous lui infligerez la peine qu'il espérait voir appliquée à celui-ci. Vous ferez ainsi disparaître le mal du milieu de vous. Les autres gens apprendront ce qui s'est passé, ils en éprouveront de la crainte et ils ne commettront plus un tel méfait. Vous n'aurez aucune pitié à l'égard du coupable; il doit être puni: vie pour vie, œil pour œil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied. Quand vous partirez en guerre contre vos ennemis, si vous voyez de la cavalerie, des chars de combat et une armée plus nombreuse que la vôtre, n'ayez pas peur. En effet, le Seigneur votre Dieu, qui vous a fait sortir d'Égypte, est avec vous. Au moment où vous vous préparerez à combattre, le prêtre s'avancera devant l'armée et dira aux hommes: «Soldats d'Israël, écoutez! Aujourd'hui, vous êtes sur le point de combattre vos ennemis. Face à eux, ne perdez pas courage, n'ayez pas peur, ne vous affolez pas, ne tremblez pas. Le Seigneur votre Dieu vous accompagne pour combattre avec vous contre vos ennemis et vous donner la victoire.» Ensuite les officiers recruteurs diront aux soldats: «Y a-t-il parmi vous quelqu'un qui vient de construire une maison et n'a pas encore pu y habiter? Qu'il retourne chez lui. Sinon il pourrait mourir à la guerre et un autre irait habiter sa maison. Y a-t-il quelqu'un qui vient de planter une vigne et n'a pas encore pu en cueillir les premiers raisins? Qu'il retourne chez lui. Sinon il pourrait mourir à la guerre, et un autre cueillerait ses raisins. Y a-t-il quelqu'un qui vient de se fiancer et n'a pas encore pu se marier? Qu'il retourne chez lui. Sinon il pourrait mourir à la guerre, et un autre épouserait sa fiancée.» Les officiers recruteurs ajouteront ceci: «Y a-t-il parmi vous quelqu'un qui a perdu courage et a peur? Qu'il retourne chez lui, afin de ne pas démoraliser les autres.» Quand ces officiers auront fini de parler, on désignera les chefs d'unité pour commander l'armée. Quand vous irez attaquer une ville, vous proposerez d'abord aux habitants de se rendre sans combat. S'ils acceptent et ouvrent les portes de la ville, ils seront tous soumis à des travaux obligatoires à votre service. Mais s'ils n'acceptent pas et préfèrent se battre, vous assiégerez la ville. Quand le Seigneur votre Dieu la livrera en votre pouvoir, vous y tuerez tous les hommes; vous pourrez garder comme butin les femmes, les enfants, le bétail et tout ce que vous trouverez dans la ville. Vous disposerez librement des biens de vos ennemis, puisque le Seigneur votre Dieu vous les aura donnés. Vous agirez ainsi envers les villes très éloignées, qui n'appartiennent pas au pays où vous vous installerez. Quant aux villes du pays que le Seigneur votre Dieu vous donnera en possession, vous n'y laisserez personne en vie. Vous exterminerez totalement les Hittites, Amorites, Cananéens, Perizites, Hivites et Jébusites, comme vous l'a ordonné le Seigneur votre Dieu, afin qu'ils ne vous enseignent pas à imiter les actions abominables qu'ils commettent pour plaire à leurs dieux. Cela vous conduirait à pécher contre le Seigneur votre Dieu. Lorsque vous attaquerez une ville et que vous l'assiégerez longtemps avant de pouvoir la prendre, vous ne détruirez pas les arbres fruitiers des environs. Vous pourrez en manger les fruits, mais vous ne couperez pas les arbres. Un arbre dans la campagne n'est pas un homme contre lequel on part en guerre! Par contre vous pouvez couper les arbres qui ne portent pas de fruits comestibles, et les utiliser pour le siège de la ville qui est en guerre contre vous, jusqu'à ce qu'elle se rende. Quand vous serez dans le pays que le Seigneur votre Dieu vous donnera en possession, supposons qu'on trouve dans les champs le cadavre d'un homme assassiné et que l'on ne connaisse pas l'auteur du meurtre. Dans ce cas, vos anciens et vos juges iront mesurer la distance entre le lieu où se trouve la victime et les villes voisines, pour déterminer quelle est la ville la plus proche. Les anciens de cette ville prendront alors une jeune vache qu'on n'a pas encore fait travailler sous le joug, ils l'amèneront près d'un torrent où il y a toujours de l'eau et sur les bords duquel on n'a jamais labouré ni semé; là, près du torrent, ils briseront la nuque de la vache. A ce moment s'avanceront les prêtres, descendants de Lévi, que le Seigneur votre Dieu a choisis pour le servir et prononcer la bénédiction en son nom. Ce sont eux en effet qui doivent régler les disputes et les affaires de coups et blessures. Tous les anciens de la ville qui se sont approchés du cadavre se laveront les mains au-dessus de la vache dont on a brisé la nuque, et ils déclareront: «Nous ne sommes pas les auteurs de ce meurtre, et nous n'avons pas vu ce qui s'est passé. Seigneur, pardonne au peuple que tu as libéré, ne tiens pas Israël pour responsable du meurtre d'un innocent.» Alors Dieu leur accordera son pardon. Vous agirez ainsi d'une façon qui plaît au Seigneur et vous éviterez d'être tenus pour responsables d'un tel meurtre. Lorsque vous partirez en guerre contre vos ennemis, que le Seigneur votre Dieu les livrera en votre pouvoir et que vous ferez des prisonniers, l'un de vous apercevra peut-être parmi eux une jolie femme; s'il en tombe amoureux et désire l'épouser, il pourra l'emmener chez lui. La femme se rasera la tête, se coupera les ongles, changera son vêtement de prisonnière contre un autre, et elle demeurera chez cet homme. Elle portera le deuil de son père et de sa mère pendant un mois. Ensuite seulement, l'homme pourra s'approcher d'elle et la prendre pour femme. Si plus tard elle cesse de lui plaire, il lui rendra la liberté. Il n'aura pas le droit de la vendre pour en retirer de l'argent, ni d'en faire son esclave, après l'avoir obligée à être sa femme. Supposons qu'un homme ait deux femmes, et qu'il préfère l'une à l'autre. Chacune d'elle lui donne un fils, mais le premier-né est le fils de la femme qu'il aime le moins. Quand il voudra répartir ses biens entre ses enfants, il n'aura pas le droit d'accorder au fils de sa femme préférée la part qui revient à un aîné, au détriment du fils de l'autre, qui est le véritable aîné. Au contraire, il devra admettre que le fils de la femme qu'il aime le moins est l'aîné, et lui accorder une double part de tous ses biens. En effet, c'est lui qui est son premier enfant et qui possède les droits du fils aîné. Supposons qu'un homme ait un fils indiscipliné et rebelle, qui ne prête pas attention à ce que lui disent ses parents, même quand ceux-ci le punissent. Le père et la mère se saisiront de lui et l'amèneront au tribunal, devant les anciens de sa ville; ils leur déclareront: «Notre fils que voici est indiscipliné et rebelle, il ne prête pas attention à ce que nous lui disons, il ne se plaît que dans la débauche et l'ivrognerie.» Alors tous les hommes de la ville lui jetteront des pierres jusqu'à ce qu'il meure. Vous ferez ainsi disparaître le mal du milieu de vous. Tous les Israélites apprendront cela et ils en éprouveront de la crainte. Supposons qu'un homme, coupable d'un crime méritant la mort, soit exécuté et qu'ensuite vous pendiez son cadavre à un arbre. Le corps ne devra pas demeurer sur l'arbre pendant la nuit; il faudra l'enterrer le jour même, car un cadavre ainsi pendu attire la malédiction de Dieu sur le pays. Veillez donc à ne pas rendre impur le pays que le Seigneur votre Dieu vous donne en possession. Si vous apercevez une vache, un mouton ou une chèvre appartenant à un compatriote, errer à l'aventure, ne laissez pas l'animal s'en aller, mais essayez de le ramener à son propriétaire. Si le propriétaire habite trop loin, ou si vous ne le connaissez pas, vous prendrez l'animal chez vous et vous le garderez jusqu'à ce que le propriétaire vienne le chercher; alors vous le lui rendrez. Vous agirez de même si vous trouvez un âne, un manteau ou tout autre objet égaré par son propriétaire. Vous ne pouvez pas refuser de vous en occuper. Si vous voyez un âne ou un bœuf appartenant à un compatriote tomber en chemin, vous ne devez pas non plus laisser le propriétaire s'en occuper seul; aidez-le à relever l'animal. Une femme ne doit pas porter des vêtements d'homme, ni un homme des vêtements de femme. Le Seigneur votre Dieu a en horreur ceux qui agissent ainsi. Si vous trouvez en chemin, sur un arbre ou par terre, un nid d'oiseaux avec la mère couvant ses œufs ou protégeant ses petits, vous ne devez pas prendre la mère en même temps que les petits; laissez la mère s'en aller et contentez-vous de prendre les petits. Vous jouirez alors d'une vie longue et heureuse. Quand vous bâtirez une nouvelle maison, construisez un muret autour du toit en terrasse, afin de ne pas être responsable si quelqu'un se tue en tombant du toit. Vous ne sèmerez pas dans vos vignes d'autres sortes de plantes. Sinon toute la récolte devrait être réservée à Dieu, aussi bien les raisins que les autres plantes. Vous ne labourerez pas en attelant un bœuf et un âne à la même charrue. Vous ne porterez pas des vêtements faits de laine et de lin tissés ensemble. Vous mettrez des pompons aux quatre coins de l'étoffe dont vous vous enveloppez. Supposons qu'un homme épouse une femme, s'unisse à elle, puis cesse de l'aimer. Il répand de faux bruits à son sujet et l'accuse d'inconduite en disant: «J'ai épousé cette femme, mais quand je me suis approché d'elle, je ne l'ai pas trouvée vierge.» Dans un cas de ce genre, les parents de la jeune femme apporteront devant les anciens de la ville, au tribunal, la preuve que leur fille était vierge. Le père leur déclarera: «J'ai donné ma fille pour épouse à cet homme, mais il a cessé de l'aimer, il s'est mis à l'accuser d'inconduite en me disant qu'il ne l'a pas trouvée vierge. Voici pourtant la preuve qu'elle l'était.» Et les parents étendront devant les anciens le drap, taché de sang, de la nuit de noce. Les anciens de la ville arrêteront alors l'homme et lui feront infliger une correction. Ils le condamneront en plus à payer au père de la jeune femme une indemnité de cent pièces d'argent, pour avoir répandu de faux bruits au sujet d'une jeune fille israélite. Enfin il devra la garder pour femme, et durant toute sa vie il n'aura plus le droit de la renvoyer. Si au contraire l'accusation se révèle juste, s'il n'y a pas de preuve que la jeune fille était vierge, on amènera celle-ci à l'entrée de la maison de son père, et les hommes de la ville lui jetteront des pierres jusqu'à ce qu'elle meure; elle s'est en effet conduite de manière infâme en Israël, en ayant des relations sexuelles alors qu'elle vivait encore chez son père. Vous ferez ainsi disparaître le mal du milieu de vous. Si l'on surprend un homme en train de coucher avec une femme mariée, les deux complices doivent être mis à mort, l'homme aussi bien que la femme. Vous ferez ainsi disparaître le mal du milieu d'Israël. Si, dans une ville, un homme rencontre une jeune fille fiancée à quelqu'un d'autre, et couche avec elle, vous les conduirez tous les deux à la porte de la ville et vous leur jetterez des pierres jusqu'à ce qu'ils meurent. La jeune fille sera exécutée parce qu'elle n'a pas appelé au secours, bien que l'affaire se soit déroulée à l'intérieur d'une ville; et l'homme, parce qu'il a couché avec une femme promise à quelqu'un d'autre. Vous ferez ainsi disparaître le mal du milieu de vous. Mais si c'est dans la campagne qu'un homme rencontre une jeune fille fiancée et qu'il la viole, lui seul sera exécuté. Vous ne ferez rien à la jeune fille, car elle n'a pas commis de faute méritant la mort. – Ce cas est semblable à celui d'un homme qu'un autre attaque et tue. – La rencontre ayant eu lieu dans la campagne, même si la jeune fiancée a appelé au secours, il n'y avait personne pour la délivrer. Si un homme rencontre une jeune fille qui n'est pas encore fiancée, qu'il l'oblige à coucher avec lui et qu'on les prenne sur le fait, l'homme versera au père de la jeune fille cinquante pièces d'argent, et il devra épouser celle-ci, puisqu'il lui a fait violence. Durant toute sa vie, il n'aura plus le droit de la renvoyer. Personne ne doit avoir de relations sexuelles avec une des femmes de son père; ce serait porter atteinte aux droits de son père. Un homme dont les testicules ont été écrasés ou dont le membre viril a été mutilé, ne doit pas être admis dans l'assemblée des fidèles du Seigneur. Un homme né d'une union interdite ne doit pas être admis dans l'assemblée des fidèles. Même ses descendants de la dixième génération n'y seront pas admis. Les Ammonites et les Moabites ne seront jamais admis dans l'assemblée des fidèles. Même leurs descendants de la dixième génération n'y seront pas admis. En effet ces peuples ne sont pas venus vous accueillir avec du pain et de l'eau lorsque vous étiez en route, après la sortie d'Égypte; au contraire ils ont fait venir de Petor, en Haute-Mésopotamie, le devin Balaam, fils de Béor, et ils l'ont payé pour qu'il vous maudisse. Mais le Seigneur votre Dieu n'a pas voulu écouter Balaam; pour vous il a changé la malédiction en bénédiction, parce qu'il vous aime. Tant que vous serez une nation, ne vous préoccupez jamais du bien-être ou du bonheur de ces deux peuples. Ne traitez pas les Édomites avec mépris, car ils sont vos cousins. Ne traitez pas non plus les Égyptiens avec mépris, car vous avez séjourné dans leur pays. Les descendants de ces deux peuples, établis dans votre pays, pourront être admis dès la troisième génération dans l'assemblée des fidèles du Seigneur. Lorsque vous partirez en guerre contre vos ennemis et que vous dresserez votre camp, vous veillerez à éviter tout ce qui pourrait vous rendre impurs. Si par exemple un de vos soldats devient impur pendant la nuit à cause d'une perte séminale, il devra sortir du camp et ne pas y rentrer de la journée. Dans l'après-midi, il se lavera, et au coucher du soleil il pourra regagner le camp. Vous réserverez hors du camp un endroit retiré où vous pourrez aller satisfaire vos besoins naturels. Chaque soldat aura un outil dans son équipement et, lorsqu'il se retirera à l'écart, il s'en servira pour creuser le sol, puis pour recouvrir ses excréments. Votre camp doit être un endroit consacré, car le Seigneur votre Dieu le parcourt pour vous protéger et vous donner la victoire sur vos ennemis. S'il y découvrait quelque chose de répugnant, il ne resterait pas auprès de vous. Si un esclave s'enfuit de chez son maître et cherche refuge dans votre pays, vous ne le ramènerez pas à son maître. Il doit pouvoir s'installer parmi vous, à l'endroit qu'il désire, dans la ville qui lui convient. Vous ne l'exploiterez pas. Aucun Israélite, homme ou femme, ne doit se livrer à la prostitution sacrée. N'acceptez pas que, pour accomplir un vœu, on apporte au temple du Seigneur votre Dieu le salaire gagné par des gens qui agissent ainsi, car le Seigneur juge leurs pratiques abominables. Si vous prêtez quelque chose à un compatriote, argent, nourriture ou autre, n'exigez de lui aucun intérêt. Vous pouvez exiger des intérêts d'un étranger, mais pas d'un compatriote. Obéissez à cette règle dans le pays dont vous allez prendre possession, et le Seigneur votre Dieu vous bénira dans tout ce que vous entreprendrez. Quand vous faites le vœu de présenter une offrande au Seigneur votre Dieu, ne tardez pas à la lui apporter, sinon le Seigneur devra vous la réclamer et vous serez coupables d'un péché. Si vous vous abstenez de faire des vœux, ce n'est pas un péché. Mais si vous formulez un vœu, accomplissez-le fidèlement; conformez-vous à ce que vous avez librement promis au Seigneur votre Dieu. Si vous passez à travers des vignes qui ne vous appartiennent pas, vous pouvez manger autant de raisin que vous le désirez, mais vous n'avez pas le droit d'en emporter dans votre panier. De même, si vous traversez des champs de blé qui ne sont pas à vous, vous pouvez cueillir à la main quelques épis, mais vous n'avez pas le droit de vous servir d'une faucille pour en couper. Supposons qu'un homme épouse une femme, mais qu'un jour elle cesse de lui plaire, car il a quelque chose à lui reprocher. Il rédige alors une attestation de divorce, il la lui remet et la renvoie de chez lui. Après l'avoir quitté, la femme épouse un autre homme. Supposons qu'à son tour, le second mari cesse de l'aimer, rédige une attestation de divorce qu'il lui remet, et la renvoie de chez lui, ou bien encore qu'il meure. Dans l'un ou l'autre cas, le premier mari n'a pas le droit de reprendre pour femme celle qu'il a renvoyée, car elle est devenue impure pour lui; le Seigneur jugerait cela abominable. Vous ne devrez pas déshonorer par de telles pratiques le pays que le Seigneur votre Dieu va vous donner en possession. Un homme qui vient de se marier est dispensé de partir à l'armée, et on ne lui imposera aucune autre charge. Il en sera libéré pendant un an, pour pouvoir se consacrer à sa maison et rendre heureuse la femme qu'il a épousée. On ne doit pas exiger en gage de quelqu'un sa meule à blé, même pas la pierre supérieure de la meule, car ce serait le priver de ses moyens d'existence. Si un Israélite enlève un de ses compatriotes et qu'il le réduise en esclavage ou le vende, il doit être mis à mort. Vous ferez ainsi disparaître le mal du milieu de vous. Prenez bien garde aux cas de lèpre: veillez soigneusement à mettre en pratique toutes les instructions que j'ai communiquées aux prêtres-lévites et qu'ils vous transmettront. Rappelez-vous ce que le Seigneur votre Dieu a fait à Miriam, lorsque vous étiez en route, après la sortie d'Égypte. Si vous prêtez quelque chose à un compatriote, ne pénétrez pas chez lui pour y prendre un gage. Restez dehors, et celui à qui vous avez accordé le prêt vous apportera le gage à l'extérieur. Ne profitez pas de la pauvreté ou de la misère d'un ouvrier, que ce soit un compatriote ou un étranger vivant dans une ville de votre pays. Versez-lui chaque jour son salaire; qu'il reçoive son dû avant le coucher du soleil. En effet, il est pauvre et a un urgent besoin de sa paie. S'il adressait au Seigneur une accusation contre vous, vous seriez coupable d'un péché. On ne doit pas mettre à mort des parents pour des péchés commis par leurs enfants, ni des enfants pour des péchés commis par leurs parents; un être humain ne peut être mis à mort que pour ses propres péchés. Ne faussez pas le cours de la justice au détriment d'un étranger orphelin. Ne prenez pas en gage les vêtements d'une veuve. Souvenez-vous que vous avez été esclaves en Égypte et que le Seigneur votre Dieu vous a libérés. C'est pour cela que je vous ordonne de mettre en pratique ces commandements. Lorsque vous moissonnerez, si vous avez oublié une gerbe dans le champ, vous ne retournerez pas la prendre; vous la laisserez pour les étrangers, les orphelins et les veuves. Alors le Seigneur votre Dieu vous bénira dans tout ce que vous entreprendrez. De même, lorsque vous récolterez les olives, vous ne passerez pas une seconde fois pour recueillir les fruits oubliés; vous les laisserez pour les étrangers, les orphelins et les veuves. Enfin, lorsque vous vendangerez, vous ne repasserez pas dans la vigne pour ramasser les grappes oubliées; vous les laisserez pour les étrangers, les orphelins et les veuves. Souvenez-vous que vous avez été esclaves en Égypte. C'est pour cela que je vous ordonne de mettre en pratique ces commandements. Supposons que deux Israélites, à la suite d'une querelle, se présentent devant un tribunal pour être jugés; l'un est déclaré innocent et l'autre coupable. Si le coupable est condamné à recevoir un certain nombre de coups, le juge le fera étendre par terre en sa présence, et on lui donnera le nombre de coups proportionné à la gravité de sa faute. Toutefois, on ne dépassera pas quarante coups; si on allait au-delà, votre compatriote serait déshonoré à vos yeux. Vous ne mettrez pas une muselière à un bœuf qui foule le blé. Si deux frères vivent ensemble sur le même domaine et que l'un d'eux meure sans avoir de fils, sa veuve ne doit pas épouser quelqu'un d'extérieur à la famille. C'est son beau-frère qui exercera son devoir envers elle en la prenant pour épouse. Le premier fils qu'elle mettra au monde sera alors considéré comme le fils de celui qui est mort, afin que son nom continue d'être porté en Israël. Si un homme n'est pas d'accord d'épouser sa belle-sœur, celle-ci se rendra devant les anciens, au tribunal, et expliquera: «Mon beau-frère n'a pas voulu exercer son devoir envers moi, il a refusé de donner à son frère un fils qui continue de porter son nom en Israël.» Les anciens de la ville convoqueront l'homme et l'interrogeront. S'il maintient son refus d'épouser la veuve de son frère, celle-ci s'avancera jusqu'à lui en présence des anciens, elle lui retirera sa sandale du pied, lui crachera au visage et déclarera: «Voilà comment on traite un homme qui refuse de donner un descendant à son frère!» Dès lors, en Israël, on surnommera la famille de cet homme “la famille du déchaussé”. Supposons que deux hommes soient en train de se battre, et que la femme de l'un d'eux s'approche pour arracher son mari aux coups de l'adversaire. Si elle tend le bras et saisit l'adversaire par ses organes sexuels, vous n'aurez aucune pitié d'elle: vous lui couperez la main. Vous n'aurez pas dans votre sac des poids inexacts, certains plus lourds et d'autres plus légers. Vous n'aurez pas non plus chez vous des mesures falsifiées, certaines plus grandes et d'autres plus petites. Vous ne devrez avoir que des poids exacts et des mesures justes. Ainsi vous vivrez longtemps dans le pays que le Seigneur votre Dieu va vous donner. En effet, le Seigneur votre Dieu a en horreur ceux qui commettent des injustices de ce genre. Rappelez-vous ce que les Amalécites vous ont fait, lorsque vous étiez en route, après la sortie d'Égypte. Ils n'avaient aucune crainte de Dieu, si bien qu'ils vous ont attendus le long du chemin, alors que vous étiez complètement exténués, et ils ont attaqué les retardataires à l'arrière de votre troupe. Maintenant, le Seigneur votre Dieu va vous installer à l'abri de tous les ennemis qui vous entourent, dans le pays qu'il vous donne en possession; vous exterminerez alors les Amalécites, de telle sorte que personne sur terre ne se souvienne d'eux. N'oubliez pas cela! Vous allez pénétrer dans le pays que le Seigneur votre Dieu vous accorde et vous en prendrez possession. Quand vous y serez installés, chacun de vous prélèvera une partie des premiers produits du sol qu'il aura fait pousser dans le pays donné par le Seigneur; il la déposera dans une corbeille et l'apportera au lieu choisi par le Seigneur votre Dieu pour y manifester sa présence. Il ira trouver le prêtre en fonction à ce moment-là et lui dira: «Je proclame aujourd'hui devant le Seigneur ton Dieu que je suis arrivé dans le pays qu'il avait promis à nos ancêtres de nous donner.» Le prêtre prendra la corbeille apportée et la placera devant l'autel du Seigneur votre Dieu. L'homme prononcera alors cette déclaration devant le Seigneur: «Mon ancêtre était un Araméen errant; il s'est rendu en Égypte et y a d'abord séjourné avec le petit groupe de gens qui l'accompagnaient. Ceux-ci ont formé par la suite une grande nation, puissante et nombreuse. Mais les Égyptiens nous ont maltraités et opprimés, en nous imposant un dur esclavage. Nous avons appelé à l'aide le Seigneur, Dieu de nos ancêtres; il a entendu nos cris et il a vu combien nous étions maltraités, brutalisés et opprimés. Il nous a fait sortir d'Égypte, en recourant à des exploits irrésistibles et terrifiants, à des prodiges extraordinaires. Il nous a conduits jusqu'ici et il nous a donné ce pays, qui regorge de lait et de miel. C'est pourquoi maintenant j'apporte au Seigneur les premiers produits des terres qu'il m'a accordées.» L'homme déposera alors devant le sanctuaire ce qu'il aura apporté et s'inclinera jusqu'à terre pour adorer le Seigneur votre Dieu. Ensuite, avec les lévites et les étrangers qui habitent votre pays, vous vous réjouirez de tous les bienfaits que le Seigneur votre Dieu vous a accordés, à vous et à vos familles. Tous les trois ans, ce sera “l'année du prélèvement”. Lorsque vous aurez terminé de prélever la part réservée de vos récoltes, vous la mettrez à la disposition des lévites, des étrangers, des orphelins et des veuves. Ceux-ci trouveront ainsi sur place de quoi se nourrir abondamment. Alors vous direz devant le Seigneur votre Dieu: «Seigneur, je n'ai rien gardé chez moi de tout ce qui t'est réservé. Comme tu l'exiges, j'ai tout mis à la disposition des lévites, des étrangers, des orphelins et des veuves. Je n'ai rien négligé, rien oublié de ce que tu ordonnes à ce sujet. Je n'ai rien mangé de cette part réservée quand j'étais en deuil, je ne l'ai pas livrée alors que j'étais en état d'impureté, je n'en ai rien donné en offrande pour un mort. J'ai écouté tes instructions, Seigneur mon Dieu, et j'ai obéi à tes ordres. Regarde donc du haut du ciel, là où tu demeures, et répands tes bienfaits sur Israël, ton peuple, et sur le pays que tu nous as donné selon la promesse faite à nos ancêtres, pays qui regorge de lait et de miel.» En ce jour, le Seigneur votre Dieu vous ordonne de mettre en pratique ses commandements et ses règles. Vous veillerez à vous y conformer de tout votre cœur et de toute votre âme. Vous avez obtenu aujourd'hui une promesse du Seigneur: il sera votre Dieu, si vous faites ce qu'il désire, si vous lui obéissez en tenant compte de ses lois, de ses commandements et de ses règles. De son côté, il a obtenu de vous cette promesse: vous serez son peuple, ceux qu'il appelle son bien le plus précieux, et vous obéirez à tous ses commandements. Oui, le Seigneur votre Dieu veut que vous deveniez la première de toutes les nations qu'il a créées, en gloire, en renommée et en dignité, et que vous soyez le peuple qui lui appartient en propre, comme il l'a déclaré. Moïse, accompagné des anciens du peuple, donna cet ordre aux Israélites: «Vous obéirez à tous les commandements que je vous communique aujourd'hui. Le jour où vous traverserez le Jourdain pour entrer dans le pays que le Seigneur votre Dieu vous donne, vous dresserez de grandes pierres que vous peindrez en blanc; sur ces pierres, vous écrirez dès votre arrivée tous les commandements de la loi que je vous transmets. Ainsi vous pourrez entrer dans le pays regorgeant de lait et de miel que le Seigneur, le Dieu de vos ancêtres, vous donne selon la promesse qu'il vous a faite. Oui, quand vous aurez traversé le Jourdain, vous dresserez sur le mont Garizim les pierres dont je viens de vous parler, et vous les peindrez en blanc. Ensuite vous construirez au même endroit un autel pour le Seigneur votre Dieu, au moyen de pierres qu'aucun outil de fer n'a touchées; vous ne devrez utiliser que des pierres non taillées pour le construire. Sur cet autel vous offrirez au Seigneur des sacrifices complets; vous offrirez également des sacrifices de communion que vous consommerez sur place dans la joie, en présence du Seigneur votre Dieu. Quant aux pierres que vous aurez dressées, vous écrirez dessus tous les commandements de la loi de Dieu, de manière bien lisible.» Ensuite Moïse, accompagné des prêtres-lévites, s'adressa encore au peuple: «Israélites, faites silence et écoutez! leur dit-il. Aujourd'hui vous êtes devenus le peuple du Seigneur votre Dieu. Obéissez-lui donc, mettez en pratique ses commandements et ses lois, que je vous communique en ce moment.» Le même jour, Moïse donna aussi au peuple l'ordre suivant: «Quand vous aurez traversé le Jourdain, les tribus de Siméon, Lévi, Juda, Issakar, Joseph et Benjamin se tiendront sur le mont Garizim pour prononcer les bénédictions en faveur du peuple, tandis que les tribus de Ruben, Gad, Asser, Zabulon, Dan et Neftali se tiendront sur le mont Ébal pour prononcer les malédictions.» Les lévites s'adresseront à tous les Israélites et ils leur diront d'une voix puissante: «Maudit soit celui qui se fabrique une idole taillée ou une statue en métal fondu pour l'adorer en secret. Le Seigneur déteste ce genre d'objet fabriqué par des mains humaines.» Et tout le peuple répondra: « Amen!» «Maudit soit celui qui déshonore son père et sa mère.» Et tout le peuple répondra: «Amen!» «Maudit soit celui qui déplace les bornes du domaine de son voisin.» Et tout le peuple répondra: «Amen!» «Maudit soit celui qui indique la mauvaise route à un aveugle.» Et tout le peuple répondra: «Amen!» «Maudit soit celui qui fausse le cours de la justice à l'égard d'un étranger, d'un orphelin ou d'une veuve.» Et tout le peuple répondra: «Amen!» «Maudit soit celui qui couche avec une des femmes de son père, car il porte ainsi atteinte aux droits de son père.» Et tout le peuple répondra: «Amen!» «Maudit soit celui qui s'accouple avec un animal.» Et tout le peuple répondra: «Amen!» «Maudit soit celui qui couche avec sa demi-sœur, fille de son père ou de sa mère.» Et tout le peuple répondra: «Amen!» «Maudit soit celui qui couche avec la mère de sa femme.» Et tout le peuple répondra: «Amen!» «Maudit soit celui qui assassine quelqu'un en cachette.» Et tout le peuple répondra: «Amen!» «Maudit soit celui qui accepte de l'argent pour assassiner un innocent.» Et tout le peuple répondra: «Amen!» «Maudit soit celui qui ne respecte pas les commandements de la loi de Dieu et qui ne les met pas en pratique.» Et tout le peuple répondra: «Amen!» Il bénira ceux qui habitent les villes et ceux qui habitent la campagne. Il vous accordera de nombreux enfants et d'abondantes récoltes, et il accroîtra vos troupeaux de bœufs, de moutons et de chèvres. Il remplira vos corbeilles de fruits et vos pétrins de farine. Il vous bénira dans toutes les circonstances de votre existence. Lorsque des ennemis vous attaqueront, le Seigneur vous donnera la victoire sur eux. S'ils arrivent par un seul chemin, ils s'enfuiront devant vous par sept chemins différents. Le Seigneur votre Dieu protégera tout ce que vous aurez amassé dans vos greniers, il fera prospérer tout ce que vous entreprendrez. Oui, il vous comblera de bienfaits dans le pays qu'il vous accordera. Si vous mettez en pratique les commandements du Seigneur votre Dieu et si vous obéissez à sa volonté, il fera de vous un peuple qui lui appartient en propre, comme il vous l'a promis. Tous les autres peuples de la terre verront alors que vous êtes consacrés au service du Seigneur, et ils seront remplis de crainte à votre égard. Le Seigneur accroîtra vos biens dans le pays qu'il a promis à vos ancêtres de vous donner: vous aurez de nombreux enfants, vos bêtes auront de nombreux petits et vos récoltes seront abondantes. Pour vous, le Seigneur ouvrira le ciel, où il conserve précieusement l'eau, afin de laisser tomber la pluie sur vos terres en temps voulu et de faire prospérer tout ce que vous entreprendrez. Vous n'aurez pas besoin d'emprunter de l'argent; au contraire, c'est vous qui en prêterez à de nombreux étrangers. Le Seigneur fera de vous la première des nations, et non la dernière; vous occuperez toujours une position dominante, et jamais une position inférieure. Mais pour cela, il faut mettre soigneusement en pratique les commandements que je vous communique aujourd'hui de la part du Seigneur votre Dieu; vous ne devez vous écarter en aucune façon des directives que je vous transmets, pour rendre un culte à d'autres dieux. Par contre, si vous n'obéissez pas au Seigneur votre Dieu, si vous ne veillez pas à mettre en pratique tous les commandements et les lois que je vous communique aujourd'hui de sa part, alors il vous infligera les malheurs que voici: Il maudira ceux qui habitent les villes et ceux qui habitent la campagne. Il ne mettra pas de fruits dans vos corbeilles, ni de farine dans vos pétrins. Il refusera de vous accorder de nombreux enfants et d'abondantes récoltes, vos troupeaux de bœufs, de moutons et de chèvres ne s'accroîtront pas. Il vous maudira dans toutes les circonstances de votre existence. Dans tout ce que vous entreprendrez, le Seigneur vous enverra la malédiction, la terreur et les tracas, et vous ne tarderez pas à être complètement exterminés à cause du mal que vous aurez commis en l'abandonnant. Il propagera une épidémie de peste jusqu'à ce que vous soyez éliminés du pays dont vous allez prendre possession. Il vous fera souffrir de dépérissement, d'inflammations ou de fièvres. Il provoquera la sécheresse. Les céréales sécheront sur pied, ou bien elles pourriront. Vous serez atteints de tous ces maux jusqu'à ce que vous disparaissiez. Le ciel sera dur comme du bronze au-dessus de vos têtes, et la terre dure comme du fer sous vos pieds. Au lieu de pluie, le Seigneur enverra du ciel sur vos terres de la poussière et du sable, jusqu'à ce que vous soyez exterminés. Le Seigneur donnera à vos ennemis la victoire sur vous. Si vous les attaquez par un seul chemin, vous vous enfuirez devant eux par sept chemins différents. Tous les royaumes du monde seront épouvantés en voyant ce qui vous arrive. Vos cadavres serviront de pâture aux vautours et aux chacals, que personne ne viendra déranger. Le Seigneur vous enverra des furoncles, comme aux Égyptiens, il vous fera souffrir d'hémorroïdes, de gale, de pustules inguérissables. Il vous frappera de folie, d'aveuglement et de délire. En plein midi, vous avancerez en tâtonnant, comme des aveugles. Aucune de vos entreprises ne réussira, vous serez sans cesse exploités et dépouillés, et personne ne viendra à votre secours. Lorsque l'un de vous se fiancera, quelqu'un d'autre couchera avec sa fiancée. Si un autre construit une maison, il ne pourra pas l'habiter. Si un autre encore plante une vigne, il ne pourra pas en cueillir les premiers raisins. Vos bœufs seront abattus devant vous, et vous ne mangerez pas de leur viande; vos ânes seront volés en votre présence, et vous ne pourrez pas les récupérer; des ennemis s'empareront de vos brebis, et personne ne viendra à votre secours. Sous vos yeux, vos fils et vos filles seront livrés comme esclaves à des étrangers; vous vous fatiguerez à guetter leur retour à longueur de journée, et vous ne pourrez pas l'obtenir. Un peuple inconnu se nourrira de vos récoltes, de tout le produit de votre travail; vous serez sans cesse exploités et maltraités. Le spectacle que vous aurez sous les yeux vous fera sombrer dans la folie. Le Seigneur vous infligera de terribles furoncles, inguérissables, qui se développeront sur les genoux et les cuisses, avant de s'étendre partout, de la tête aux pieds. Le Seigneur vous fera déporter, avec le roi que vous vous serez donné, chez une nation que ni vous ni vos ancêtres n'aurez connue, et là vous adorerez d'autres dieux qui ne sont que des statues de bois ou de pierre. Tous les peuples chez qui le Seigneur vous aura conduits seront stupéfaits de ce qui vous arrive; ils se mettront à ricaner à votre sujet et à se moquer de vous. Vous sèmerez du grain en abondance dans vos champs, mais vous ne ferez qu'une maigre récolte, car les sauterelles auront tout dévasté. Vous planterez des vignes et vous les soignerez, mais vous n'en boirez pas le vin; vous ne pourrez même pas rentrer la vendange, car les chenilles auront tout dévoré. Vous posséderez des oliviers dans tout le pays, mais vous n'aurez pas assez d'huile pour les soins du corps, car les olives seront tombées avant d'être mûres. Vous mettrez au monde des fils et des filles, mais vous ne pourrez pas les garder près de vous, car ils seront emmenés en exil. Tous les arbres et tous les produits de vos terres seront la proie des criquets. Les étrangers qui séjourneront parmi vous augmenteront de plus en plus leur puissance, tandis que vous perdrez progressivement la vôtre. Ce sont eux qui vous prêteront de l'argent, et non plus vous qui leur en prêterez. Ils seront vos maîtres et vous serez à leur service. Tous ces malheurs s'abattront sur vous et s'acharneront contre vous jusqu'à ce que vous soyez exterminés, parce que vous aurez refusé d'obéir au Seigneur votre Dieu et d'observer les commandements et les lois qu'il vous ordonne de mettre en pratique. Cela restera toujours comme un avertissement solennel, pour vous et vos descendants. Si donc vous ne servez pas le Seigneur votre Dieu avec joie et de tout votre cœur lorsque vous aurez de tout en abondance, vous deviendrez les esclaves des ennemis que le Seigneur enverra contre vous, vous aurez faim et soif, vous serez nus et privés de tout. Le Seigneur placera un joug de fer sur vos épaules, jusqu'à ce que vous soyez exterminés. De très loin, du bout du monde, il fera venir une nation dont vous ne connaîtrez pas la langue, et il la lancera contre vous, comme un aigle qui fond sur sa proie. Ce seront des hommes au visage dur, qui n'auront ni respect pour les vieux, ni pitié pour les enfants. Ils s'empareront de vos bêtes et de vos récoltes, et vous mourrez de faim; ils ne vous laisseront ni blé, ni vin, ni huile, ni les petits de vos troupeaux de bœufs, de moutons ou de chèvres, et vous finirez par disparaître. Ils vous assiégeront dans toutes les villes du pays que le Seigneur votre Dieu vous aura donné; ils vous combattront jusqu'à ce que s'écroulent les hautes murailles fortifiées derrière lesquelles vous vous serez crus à l'abri. Durant le siège, vos ennemis vous réduiront à une telle détresse que vous en viendrez à manger vos enfants, vous dévorerez la chair des fils et des filles que le Seigneur votre Dieu vous aura accordés. L'homme le plus raffiné et le plus sensible parmi vous regardera de travers son frère, sa propre femme et les enfants qui lui resteront: il craindra en effet d'avoir à partager avec l'un d'eux la chair de ses enfants, sa seule nourriture; il n'aura rien d'autre à manger durant le siège, par suite de la détresse à laquelle vos ennemis vous auront réduits dans vos villes. La femme la plus raffinée et la plus sensible parmi vous agira de même: elle qui était si délicate qu'elle ne daignait pas poser la pointe de son pied sur le sol, elle regardera de travers son propre mari, son fils et sa fille, et même son bébé à peine né et le placenta dont elle sera tout juste délivrée; en effet, privée de tout durant le siège, elle comptera les manger en cachette, par suite de la détresse à laquelle vos ennemis vous auront réduits dans vos villes. Veillez à mettre en pratique tous les commandements de la loi de Dieu, rassemblés dans ce livre, et respectez celui qui porte le titre glorieux et redoutable de “Seigneur votre Dieu”. Sinon, le Seigneur lui-même vous infligera, à vous et à vos descendants, toutes sortes de blessures et de maladies, plus graves et plus tenaces les unes que les autres. Il lâchera contre vous tous les fléaux que vous avez tant redoutés en Égypte, et vous en serez les victimes. Il déchaînera même contre vous toutes sortes de maladies et de blessures qui ne sont pas mentionnées dans ce livre, jusqu'à ce que vous soyez exterminés. Après que vous aurez été aussi nombreux que les étoiles dans le ciel, seule une poignée d'entre vous survivra, parce que vous aurez désobéi au Seigneur votre Dieu. Autant le Seigneur s'est plu à vous faire du bien et à vous rendre nombreux, autant il se plaira à vous conduire à votre perte et à vous exterminer. Il vous arrachera à la terre dont vous allez prendre possession et il vous dispersera parmi les nations étrangères, d'un bout du monde à l'autre. Vous y adorerez d'autres dieux, que ni vous ni vos ancêtres n'aurez connus, des statues de bois ou de pierre. Au milieu de ces nations, vous ne connaîtrez aucune tranquillité, vous ne trouverez aucun endroit où vous installer. Sous l'effet de la punition du Seigneur, l'inquiétude rongera votre cœur, vos yeux perdront leur éclat et le découragement s'emparera de tout votre être. Votre vie ne tiendra qu'à un fil et vous n'en attendrez plus rien; nuit et jour vous tremblerez de peur. Lorsque vous verrez ce qui se passera, la terreur remplira vos cœurs; le matin, vous direz: «Si seulement c'était le soir!» et le soir: «Si seulement c'était le matin!» Le Seigneur vous ramènera par bateaux en Égypte: il vous fera retourner dans le pays dont je vous ai dit pourtant que vous ne le verriez plus. Là-bas, hommes et femmes, vous essayerez de vous vendre à vos ennemis comme esclaves, mais personne ne voudra vous acheter. Voici comment Moïse conclut une alliance avec les Israélites, au nom du Seigneur et sur son ordre, dans le pays de Moab. – Cette alliance est distincte de celle qui avait été conclue au mont Horeb. – Moïse convoqua tout le peuple d'Israël et dit: Lorsque vous étiez en Égypte, vous avez vu de vos propres yeux comment le Seigneur a traité le Pharaon, ses ministres et tout son pays: vous avez vu les dures épreuves qu'il leur a infligées et les prodiges extraordinaires, impressionnants qu'il a accomplis. Pourtant, jusqu'à ce jour, le Seigneur ne vous a pas accordé un esprit capable de comprendre ce qui se passait: vos yeux et vos oreilles n'ont pas vraiment vu et entendu. Pendant quarante ans il vous a conduits à travers le désert; ni vos vêtements ni vos sandales ne se sont usés, et vous n'avez pas eu besoin de pain pour vous nourrir, ni de vin ou de bière pour vous désaltérer. Le Seigneur a pris soin de vous, pour que vous puissiez comprendre qu'il est votre Dieu. A notre arrivée ici, les rois Sihon, de Hèchebon, et Og, du Bachan, sont venus nous attaquer, mais nous les avons battus; nous nous sommes emparés de leur territoire et nous l'avons donné en partage aux tribus de Ruben, de Gad, et à la moitié de la tribu de Manassé. C'est pourquoi vous devez veiller à mettre en pratique les dispositions de l'alliance que Dieu a conclue avec vous. Ainsi vous réussirez dans tout ce que vous entreprendrez. Israélites, vous voici réunis aujourd'hui en présence du Seigneur votre Dieu; tout le monde est là, vos chefs et vos dirigeants, vos anciens et vos officiers, vos femmes et vos enfants, et même les étrangers qui vivent parmi vous dans le camp, et qui sont chargés de couper du bois ou de puiser de l'eau pour vous. Le Seigneur votre Dieu conclut maintenant une alliance avec vous, et vous invite à la confirmer par un serment solennel. Ainsi vous serez son peuple et il sera votre Dieu, comme il vous l'a promis à vous-mêmes et comme il l'a juré à vos ancêtres Abraham, Isaac et Jacob. Cette alliance que je vous propose et que je vous invite à confirmer solennellement n'est pas valable pour vous uniquement; elle concerne non seulement tout homme présent en ce moment même devant le Seigneur notre Dieu, mais aussi tous nos descendants qui ne sont pas encore nés à l'heure actuelle. Vous vous souvenez de notre séjour en Égypte et de notre passage parmi les nations dont nous avons traversé le territoire. Vous avez vu toutes les abominables idoles que ces peuples adorent, idoles en bois ou en pierre, en argent ou en or. Que personne parmi vous, homme ou femme, qu'aucune tribu, aucun clan, ne se détourne maintenant du Seigneur notre Dieu pour rendre un culte aux dieux de ces nations; que personne parmi vous ne devienne comme une plante produisant un poison amer. Et si l'un de vous, après avoir entendu ces paroles solennelles, se félicite intérieurement de ce qu'il est en se disant: «Tout ira bien pour moi, même si je persiste dans ma conduite!» et s'il entraîne quelqu'un d'autre dans l'idolâtrie, le Seigneur ne consentira pas à lui pardonner. Il ne tolérera pas l'infidélité de cet homme, il laissera éclater sa colère contre lui, il le frappera de toutes les malédictions contenues dans ce livre et effacera tout souvenir de lui sur la terre. Le Seigneur le livrera au malheur en l'excluant tout à fait du peuple d'Israël, conformément aux malédictions que comporte l'alliance décrite dans le présent livre de la loi. Lorsque la génération qui vous suivra, celle de vos enfants, et les étrangers venus de pays lointains, verront les catastrophes et les désastres que le Seigneur aura infligés à votre pays, ils diront: «Tout ce pays est brûlé par le soufre et le sel; on ne peut rien y semer, rien y faire pousser, aucune herbe même ne s'y développerait. Son sort est identique à celui de Sodome et de Gomorrhe, d'Adma et de Seboïm, les villes que le Seigneur a détruites dans son ardente colère.» Alors toutes les autres nations demanderont: «Pourquoi le Seigneur a-t-il traité ainsi ce pays? Pourquoi sa colère a-t-elle été si grande?» Et l'on répondra: «Cela est arrivé parce que ce peuple a rompu l'alliance que le Seigneur, le Dieu de leurs ancêtres, avait conclue avec eux, lorsqu'il les a fait sortir d'Égypte. Ils se sont mis à servir et adorer des dieux étrangers, qu'ils ne connaissaient pas auparavant et que le Seigneur ne leur permet pas d'adorer. C'est pourquoi le Seigneur, plein de colère, a déchaîné contre ce pays tous les malheurs décrits dans le présent livre; il a déversé son ardente et terrible colère sur son peuple, il l'a arraché à sa terre et l'a chassé dans un pays étranger, où il se trouve encore aujourd'hui.» Ce qui est caché, seul le Seigneur notre Dieu le connaît. Mais nous connaissons ce qui nous a été révélé pour toujours, à nous et à nos descendants, à savoir les commandements de la loi de Dieu, que nous devons mettre en pratique. Tout ce que je vous ai décrit, promesses de bonheur et menaces de malheur, s'accomplira. Lorsque le Seigneur votre Dieu vous aura dispersés chez des peuples étrangers, vous méditerez sur ces événements, vous reviendrez à lui et vous lui obéirez de nouveau. Vous et vos descendants, vous vous conformerez ainsi de tout votre cœur et de toute votre âme aux commandements que je vous communique aujourd'hui. Le Seigneur votre Dieu changera votre sort, il vous manifestera sa bonté et vous fera revenir de tous les pays où il vous aura dispersés. Même si vous êtes alors en exil aux extrémités de la terre, le Seigneur ira vous y chercher et il vous rassemblera pour vous ramener dans le pays de vos ancêtres. Vous en reprendrez possession, et le Seigneur vous y traitera mieux que vos ancêtres, il vous y rendra plus nombreux qu'eux. Le Seigneur votre Dieu lui-même purifiera votre cœur et celui de vos descendants, pour que vous l'aimiez de tout votre cœur et de toute votre âme, et qu'ainsi vous puissiez vivre. Tous les malheurs que je vous ai décrits, il les infligera à vos ennemis et à ceux qui vous poursuivent de leur haine, tandis que vous, vous lui obéirez de nouveau, en accomplissant tout ce que je vous ordonne de sa part aujourd'hui. Le Seigneur votre Dieu vous accordera le succès dans tout ce que vous entreprendrez. Vous aurez de nombreux enfants, vos bêtes auront de nombreux petits et vos récoltes seront abondantes. En effet, autant le Seigneur s'est plu à faire du bien à vos ancêtres, autant il se plaira à vous en faire, si vous lui obéissez et mettez en pratique les commandements et les prescriptions contenus dans le présent livre de la loi, et si vous revenez à lui de tout votre cœur et de toute votre âme. Les commandements que je vous communique aujourd'hui ne sont pas trop difficiles à comprendre ni hors d'atteinte pour vous. Ils ne sont pas au ciel, pour qu'on dise: «Qui montera au ciel pour aller nous les chercher et nous les communiquer, afin que nous puissions les mettre en pratique?» Ils ne sont pas non plus au-delà des mers, pour qu'on dise: «Qui traversera les mers pour aller nous les chercher et nous les communiquer, afin que nous puissions les mettre en pratique?» Non, cette parole du Seigneur est tout près de vous, dans votre bouche et dans votre cœur, et vous pouvez la mettre en pratique. Israélites, voyez: Aujourd'hui je place devant vous la vie et le bonheur d'une part, la mort et le malheur d'autre part. Prêtez donc attention aux commandements que je vous communique aujourd'hui: acceptez d'aimer le Seigneur votre Dieu, de suivre le chemin qu'il vous trace, d'obéir à ses commandements, à ses lois et à ses règles; alors vous pourrez vivre, vous deviendrez nombreux, et le Seigneur vous comblera de bienfaits dans le pays dont vous allez prendre possession. Mais si vous vous détournez de lui, si vous lui désobéissez, si vous vous laissez entraîner à adorer et servir d'autres dieux, vous disparaîtrez complètement, je vous en préviens dès aujourd'hui; vous ne resterez pas longtemps dans le pays dont vous allez prendre possession au-delà du Jourdain. Oui, je vous avertis solennellement aujourd'hui, le ciel et la terre m'en sont témoins: je place devant vous la vie et la bénédiction d'une part, la mort et la malédiction d'autre part. Choisissez donc la vie, afin que vous puissiez vivre, vous et vos descendants. Aimez le Seigneur votre Dieu, obéissez-lui, restez-lui fidèlement attachés: c'est ainsi que vous pourrez vivre et passer de nombreuses années dans le pays que le Seigneur a promis de donner à vos ancêtres Abraham, Isaac et Jacob. Moïse dit encore à tous les Israélites: «J'ai maintenant cent vingt ans; je ne suis plus en état de vous diriger. D'ailleurs le Seigneur m'a dit que je ne franchirai pas le Jourdain. Le Seigneur votre Dieu lui-même marchera devant vous; il exterminera ceux qui habitent de l'autre côté, pour que vous puissiez vous emparer de leur pays. Et c'est Josué qui sera votre chef, comme le Seigneur l'a dit. Le Seigneur détruira ces nations comme il a détruit Sihon et Og, rois des Amorites, et leur pays. Il les livrera en votre pouvoir et vous les traiterez exactement comme je vous l'ai ordonné. Soyez courageux et forts, ne tremblez pas de peur devant eux, car le Seigneur votre Dieu marchera avec vous, sans jamais vous abandonner.» Puis Moïse appela Josué et lui dit en présence de tous les Israélites: «Sois courageux et fort! C'est toi qui conduiras les Israélites dans le pays que le Seigneur a promis à leurs ancêtres, c'est toi qui le partageras entre eux. Le Seigneur marchera devant toi, il sera avec toi, sans jamais t'abandonner. N'aie donc pas peur et ne te laisse pas abattre.» Moïse mit par écrit la loi de Dieu et la confia aux prêtres, descendants de Lévi, chargés de porter le coffre de l'alliance, ainsi qu'aux anciens d'Israël. Tout le monde sera rassemblé, hommes, femmes, enfants, même les étrangers qui résident chez vous, afin d'entendre cette lecture, pour apprendre à respecter le Seigneur Dieu et obéir à toute la loi. Les enfants qui ne la connaîtront pas encore l'entendront aussi et apprendront à respecter le Seigneur Dieu, tant que vous vivrez dans le pays dont vous allez prendre possession de l'autre côté du Jourdain.» Le Seigneur dit à Moïse: «Le moment où tu vas mourir approche. Convoque Josué et venez vous présenter ensemble devant la tente de la rencontre; là, je lui donnerai mes ordres.» Moïse et Josué se rendirent donc à la tente de la rencontre. Le Seigneur leur apparut dans une colonne de fumée, qui se dressa à l'entrée de la tente; il déclara d'abord à Moïse: «Tu vas bientôt mourir. Après ta mort, le peuple d'Israël se mettra à rendre un culte idolâtrique aux dieux étrangers qui sont adorés dans le pays où il va entrer. Il m'abandonnera, rompant ainsi l'alliance que j'ai conclue avec lui. A cause de cela, je serai rempli de colère contre lui, je l'abandonnerai, je me détournerai de lui. Il deviendra la proie des autres nations; les malheurs et la détresse s'acharneront sur lui. Les Israélites comprendront alors que ces malheurs les atteignent parce que moi, leur Dieu, je ne suis plus au milieu d'eux. Oui, je me détournerai d'eux en ce temps-là, à cause de tout le mal qu'ils auront commis en adorant d'autres dieux. Et maintenant, qu'on note les paroles du cantique que je vais vous dicter. Toi, Moïse, tu les enseigneras aux Israélites, tu veilleras à ce qu'ils les apprennent, afin que ce cantique puisse me servir de témoin contre eux. En effet, je vais conduire ce peuple sur la terre regorgeant de lait et de miel que j'ai promise à leurs ancêtres; ils auront de quoi se nourrir abondamment et vivre dans l'aisance, ils se mettront à adorer et à servir des dieux étrangers, ils n'auront que mépris pour moi et ils rompront mon alliance. Les malheurs et la détresse s'acharneront alors sur eux, et ce cantique servira de témoin à charge contre eux, car même leurs descendants ne cesseront jamais de le chanter. Dès aujourd'hui, avant même de les conduire dans le pays que je leur ai promis, je sais ce qu'ils ont dans l'esprit.» Ce jour-là, Moïse nota les paroles du cantique dicté par Dieu et les enseigna aux Israélites. Ensuite, le Seigneur donna ses ordres à Josué, fils de Noun, et il lui dit: «Sois courageux et fort! C'est toi qui conduiras les Israélites dans le pays que je leur ai promis. Et moi, je serai avec toi!» Moïse écrivit dans un livre le texte complet de la loi de Dieu. Lorsqu'il eut fini, il s'adressa aux lévites chargés de porter le coffre de l'alliance du Seigneur et leur donna l'ordre suivant: «Prenez ce livre, qui contient la loi de Dieu, et placez-le à côté du coffre de l'alliance du Seigneur votre Dieu. Il devra rester là comme témoin contre les Israélites. En effet, je connais bien leur entêtement, je sais qu'ils sont tous des rebelles. Si aujourd'hui, alors que je suis encore en vie au milieu d'eux, ils se révoltent contre le Seigneur, ils le feront d'autant plus après ma mort. Maintenant, rassemblez auprès de moi tous les anciens et les responsables de vos tribus; devant le ciel et la terre qui en seront témoins, je leur communiquerai de vive voix les paroles du cantique dicté par Dieu. Je sais, en effet, qu'après ma mort, les Israélites tomberont dans le péché et se détourneront du chemin que je leur ai indiqué. Finalement le malheur les atteindra à cause de tout ce qu'ils auront entrepris pour déplaire au Seigneur et pour l'irriter.» Ensuite Moïse communiqua de vive voix à toute l'assemblée d'Israël le texte complet du cantique que voici: «Ciel, prête l'oreille à mes paroles, terre, écoute mes déclarations. Mes instructions ruissellent comme une pluie bienfaisante sur les plantes, mes enseignements se répandent comme la rosée sur l'herbe des champs. Je vais proclamer le nom du Seigneur; Israélites, célébrez aussi la grandeur de notre Dieu! Le Seigneur est un rocher protecteur. Il agit de manière parfaite, toutes ses décisions sont légitimes; toujours fidèle, jamais injuste, il est plein de droiture et de vérité. Mais vous, peuple mauvais et déraisonnable, vous avez offensé le Seigneur. Honte à vous! Vous n'êtes plus ses enfants! Peuple abruti, peuple insensé, peut-on se conduire ainsi envers lui? N'est-il pas votre père, votre créateur, celui qui a fait de vous son peuple? Pensez aux jours d'autrefois, remontez le cours des années; demandez à vos parents et aux vieillards de vous raconter le passé. Lorsque le Dieu très-haut a réparti les pays entre les hommes, il a fixé les frontières des nations; il a placé chaque peuple sous l'autorité d'un être céleste, mais il s'est réservé le peuple d'Israël, il a pris sous sa protection les descendants de Jacob. Le Seigneur a trouvé Israël au désert, au milieu des hurlements des chacals. Il a pris soin de lui, il l'a instruit, il a veillé sur lui comme sur la prunelle de ses yeux. Il fut pour lui semblable à un aigle qui plane au-dessus de son nid et invite ses petits à s'envoler, ou qui étend ses ailes au-dessous d'eux et les retient s'ils tombent. Oui, le Seigneur seul a conduit son peuple, sans l'aide d'aucun autre dieu. Il les a installés dans la région des collines et les a nourris des produits des champs; pour eux, il a fait couler le miel parmi les rochers et pousser les oliviers sur des sols rocailleux. Les vaches et les brebis leur donnaient du lait, les agneaux, les béliers bien gras et les boucs leur fournissaient de la viande; ils mangeaient le meilleur froment et buvaient le vin de leurs vignobles. Israël a mangé et s'est rassasié; Yechouroun, bien repu, s'est révolté; devenu gras et bouffi, il a délaissé Dieu, son créateur, il a déshonoré son protecteur et sauveur. Les Israélites excitaient la colère du Seigneur par des pratiques abominables, ils provoquaient sa jalousie en adorant des dieux étrangers. Ils offraient des sacrifices à des êtres qui n'étaient même pas des dieux et qu'ils n'avaient jamais connus, à des divinités nouvelles que leurs ancêtres ignoraient. “Oui, Israël, tu oublies ton protecteur, celui qui t'a mis au monde, tu négliges le Dieu qui t'a donné la vie!” Lorsque le Seigneur a vu comment ses enfants se moquaient de lui, il a été rempli de mépris. Alors il a déclaré: “On ne peut pas avoir confiance en eux! Ils ne respectent rien! Je vais cesser de les protéger et je verrai bien ce qui leur arrivera. Ils m'ont rendu jaloux avec des faux dieux, ils ont excité ma colère avec des idoles; eh bien, moi, je vais les rendre jaloux avec des gens qui ne sont pas un vrai peuple, j'exciterai leur colère avec une nation sans intelligence. Oui, ma colère s'est enflammée: elle pénètre même les profondeurs du monde des morts; comme un feu elle ravage tous les produits de la terre, elle brûle jusqu'aux racines des montagnes. Je vais accumuler des malheurs sur eux, je vais tirer contre eux toutes mes flèches: lorsqu'ils seront affaiblis par la faim, rongés par la fièvre ou les épidémies j'enverrai contre eux des bêtes féroces et des serpents venimeux. Dans les rues, on mourra par l'épée, et dans les maisons, on mourra de frayeur. La mort frappera tout le monde, les jeunes gens et les jeunes filles, les vieillards et les enfants.” “J'avais l'intention de les détruire complètement et d'effacer tout souvenir d'eux sur la terre. Mais j'ai eu peur que leurs ennemis se moquent de moi, en imaginant avoir accompli eux-mêmes cet exploit, en pensant que je n'y suis pour rien. Israël est une nation privée de bon sens; ils sont dépourvus d'intelligence. Avec un peu de sagesse ils comprendraient où tout cela les mène. Un ennemi tout seul peut-il mettre en fuite mille Israélites? et deux ennemis en poursuivre dix mille? Oui, si moi, le Seigneur, leur rocher protecteur, je les livre au pouvoir de leurs adversaires. Mais leurs ennemis savent eux-mêmes que leur dieu protecteur ne vaut pas le Dieu d'Israël. Pour leur part, ils ne valent pas mieux que les gens de Sodome et Gomorrhe; tous pareils à une vigne qui produirait des raisins amers et empoisonnés, leur vin est comme du venin de serpent. Voici ce que moi, le Seigneur, j'ai préparé en secret, ce que je tiens en réserve contre eux, pour le jour de la vengeance et de la rétribution, quand viendra le moment de leur chute. Ce jour de malheur ne tardera pas, le moment de leur déchéance est proche.” En effet, le Seigneur rendra justice à son peuple, il sera sensible au sort de ses serviteurs quand il les verra sans force, privés de tout appui, de tout soutien. Il leur demandera: “Où sont les dieux auprès desquels vous cherchiez refuge? Vous les nourrissiez de sacrifices d'animaux, vous leur offriez du vin à boire! Eh bien, qu'ils se manifestent pour vous sauver et vous protéger! Reconnaissez-le maintenant, moi seul je suis capable de sauver. Il n'existe pas d'autre dieu que moi. C'est moi qui fais mourir et qui fais vivre, c'est moi qui blesse et qui guéris! Qui pourrait arracher quelqu'un de ma main? Le bras dressé vers le ciel, je prononce le serment que voici: ‘Aussi vrai que je suis vivant pour toujours, j'aiguise et je polis mon épée, je brandis déjà la punition, je vais tirer vengeance de mes adversaires et payer de retour ceux qui me haïssent. Mes flèches s'enivreront de sang, mon épée se repaîtra de chair. Aucun des guerriers ennemis n'en réchappera; blessés ou captifs, tous en seront victimes.’ ” Que le ciel se réjouisse avec le peuple du Seigneur, que toutes les divinités s'inclinent devant Dieu. Le Seigneur va venger la mort de ses enfants. Il fera retomber sur ses adversaires le châtiment qu'ils méritent, il rétribuera ses ennemis, mais il purifiera la terre de son peuple.» Moïse et Josué, fils de Noun, vinrent se présenter devant le peuple et leur récitèrent à haute voix toutes les paroles de ce cantique. Lorsque Moïse eut terminé de communiquer les enseignements du Seigneur aux Israélites, il leur dit: «Prenez au sérieux les commandements que je vous ai donnés aujourd'hui. Transmettez-les à vos descendants, pour qu'ils veillent à mettre en pratique tout ce qu'exige la loi de Dieu. En effet, ces commandements ne sont pas des paroles creuses. Ils vous permettront de vivre et de passer de nombreuses années dans le pays dont vous allez prendre possession au-delà du Jourdain.» Le même jour, le Seigneur dit à Moïse: «Rends-toi sur la chaîne des Abarim, dans le pays de Moab, en face de Jéricho, et monte au sommet du mont Nébo. De là, tu regarderas le pays de Canaan que je vais donner en possession aux Israélites. Ensuite, sur cette montagne que tu auras gravie, tu mourras pour rejoindre tes ancêtres, tout comme ton frère Aaron est mort sur la montagne de Hor et a rejoint ses ancêtres. Aaron et toi, vous avez commis une faute grave envers moi, en présence des Israélites, lors de l'affaire de l'eau de Meriba, à Cadès, dans le désert de Tsin; à cette occasion, vous n'avez pas manifesté au milieu du peuple que j'étais le vrai Dieu. C'est pourquoi tu pourras seulement voir de loin le pays que je donne aux Israélites, mais tu n'y entreras pas toi-même.» Avant de mourir, Moïse, l'homme de Dieu, prononça sur les Israélites les bénédictions que voici: «Le Seigneur est venu du mont Sinaï. Comme le soleil, il s'est levé du pays de Séir, des monts de Paran, il a éclairé son peuple. Il est venu vers les siens, accompagné de milliers d'anges, et tenant dans sa main la loi flamboyante. Le Seigneur aime les tribus d'Israël, il protège tous les hommes qui lui appartiennent et qui se rassemblent à ses pieds pour recevoir ses instructions. La loi que Moïse nous a donnée est le précieux trésor des descendants de Jacob! Le Seigneur a été reconnu roi de Yechouroun lorsque les chefs du peuple se sont réunis avec toutes les tribus d'Israël.» Et Moïse ajouta: «Que la tribu de Ruben vive! Qu'elle ne cesse jamais d'exister, même si elle est peu nombreuse.» Au sujet des descendants de Juda, Moïse déclara: «Seigneur, écoute l'appel de Juda, réconcilie les Judéens avec leurs compatriotes! Ils ont courageusement pris leur sort en main; aide-les quand leurs ennemis les attaquent.» Au sujet des descendants de Lévi, Moïse déclara: «Seigneur, tu as confié les dés sacrés à tes fidèles serviteurs, les descendants de Lévi, après les avoir mis à l'épreuve à Massa et les avoir jugés dans l'affaire de Meriba. Ils ont montré plus d'amour pour toi que pour leurs parents, leurs frères ou leurs enfants, lorsqu'ils ont obéi à ton ordre et respecté ainsi ton alliance. Ce sont eux qui enseignent aux Israélites les commandements de ta loi, et qui présentent sur ton autel les offrandes de parfum et les sacrifices complets. Seigneur, renouvelle leurs forces et bénis tout ce qu'ils entreprennent. Brise la résistance de leurs adversaires pour qu'ils ne se redressent plus jamais.» Au sujet des descendants de Benjamin, Moïse déclara: «Benjamin, la tribu bien-aimée du Seigneur, demeure en sécurité auprès de son Dieu; il la protège jour après jour, il habite au milieu d'eux.» Au sujet des descendants de Joseph, Moïse déclara: «Leurs terres sont bénies par le Seigneur: elles reçoivent la rosée du ciel et l'eau qui monte des profondeurs du sol; le soleil fait pousser les plantes, chaque mois mûrissent de nouvelles récoltes. Couverte de montagnes et de collines, la région a de tout temps été fertile. Que les richesses de ce pays si prospère, et la faveur du Dieu présent dans le buisson se répandent sur la tribu de Joseph, lui qui fut le chef de ses frères. Honneur à Joseph! Il est fort comme un taureau. Comme le buffle antique, il est armé de deux puissantes cornes au moyen desquelles il frappe les nations et les repousse jusqu'aux extrémités de la terre. L'une des cornes, c'est la multitude d'Éfraïm, l'autre, les troupes nombreuses de Manassé.» Au sujet des descendants de Zabulon et d'Issakar, Moïse déclara: «Zabulon, jouis de ton activité commerciale, et toi, Issakar, de la tranquillité sous tes tentes! Vous inviterez vos voisins sur une montagne sacrée pour y offrir des sacrifices selon les règles, car vous tirez votre richesse de la mer et de trésors cachés dans le sable.» Au sujet des descendants de Gad, Moïse déclara: «Je remercie le Seigneur, qui donne à Gad un vaste territoire! Comme un lion, Gad s'est couché, prêt à déchirer sa proie des pattes jusqu'à la tête. Gad s'est attribué la meilleure part du pays, il s'est réservé une part digne d'un commandant. il a rejoint ensuite les chefs du peuple, il a accompli le plan du Seigneur et ses ordres en faveur d'Israël.» Au sujet des descendants de Dan, Moïse déclara: «Dan est comme un jeune lion qui bondit du Bachan.» Au sujet des descendants de Neftali, Moïse déclara: «Neftali est couvert de faveurs, comblé de bienfaits par le Seigneur. Qu'il étende son territoire vers l'ouest et vers le sud!» Au sujet des descendants d'Asser, Moïse déclara: «Béni soit Asser, parmi les fils de Jacob! Que ses frères lui témoignent leur affection! L'huile de ses olives est si abondante qu'il pourrait y baigner ses pieds. Il est à l'abri derrière ses portes aux verrous de fer ou de bronze. Que sa force dure autant que sa vie!» Puis Moïse dit encore: «Yechouroun, aucun dieu n'est semblable à ton Dieu! Plein de majesté, il chevauche les nuages et traverse le ciel pour venir à ton aide. Depuis toujours, il est ton refuge; depuis toujours, sa puissance est grande ici-bas. C'est lui qui chasse tes ennemis devant toi et qui t'ordonne de les exterminer. Les Israélites sont installés en sécurité, les descendants de Jacob se sont mis à l'abri dans un pays où poussent le blé et la vigne, grâce à l'abondante rosée qui vient du ciel. Heureux êtes-vous, Israélites! Vous êtes le seul peuple que le Seigneur a sauvé; le Seigneur est pour vous un bouclier protecteur, une épée qui vous donne la victoire. Quand vos ennemis viendront vous demander grâce, vous piétinerez leur orgueil.» Des plaines de Moab, Moïse monta sur le mont Nébo, au sommet de la Pisga, qui est à l'est de Jéricho. Le Seigneur lui montra tout le pays: la région de Galaad jusqu'à Dan, les régions de Neftali, d'Éfraïm, de Manassé, et celle de Juda jusqu'à la Méditerranée, la région du Néguev, et enfin, dans la vallée du Jourdain, le district de Jéricho – la ville des Palmiers – jusqu'à Soar. Alors le Seigneur lui dit: «Regarde le pays que j'ai promis à Abraham, à Isaac et à Jacob, lorsque je leur ai dit: “Je donnerai ce pays à vos descendants.” Je te le montre, mais tu n'y entreras pas.» Moïse, le serviteur du Seigneur, mourut là, dans le pays de Moab, comme le Seigneur l'avait annoncé. Dieu lui-même l'enterra dans une vallée de Moab, en face de la localité de Beth-Péor, et jusqu'à ce jour, personne n'a su exactement où se trouve sa tombe. Moïse avait cent vingt ans quand il mourut. Pourtant sa vue n'avait pas baissé et il était encore plein de vitalité. Les Israélites le pleurèrent dans les plaines de Moab pendant les trente jours que dura son deuil. Josué, fils de Noun, était rempli d'un esprit de sagesse, parce que Moïse avait posé les mains sur lui. C'est à lui que les Israélites obéirent dès lors, en suivant les ordres que le Seigneur leur avait transmis par Moïse. En Israël, il n'y a plus jamais eu de prophète semblable à Moïse: le Seigneur s'entretenait face à face avec lui; il l'a envoyé accomplir des prodiges extraordinaires en Égypte, devant le Pharaon, ses ministres et tout son peuple. Et sous les yeux de tous les Israélites, Moïse a agi avec une puissance redoutable. Moïse, le serviteur du Seigneur, était mort. Le Seigneur dit alors à Josué, fils de Noun et auxiliaire de Moïse: «Mon serviteur Moïse est mort. Maintenant, c'est à toi de traverser la rivière du Jourdain avec tout le peuple, pour pénétrer dans le pays que je donne aux Israélites. Comme je l'ai promis à Moïse, je vous accorde la propriété de tout endroit où vous poserez le pied. Du sud au nord votre territoire s'étendra du désert aux montagnes du Liban. D'est en ouest il ira de l'Euphrate, le grand fleuve, à la mer Méditerranée, en incluant le pays des Hittites. Durant toute ta vie personne ne pourra te résister, car je serai avec toi comme j'ai été avec Moïse. Jamais je ne t'abandonnerai, jamais je ne te laisserai sans secours. Sois courageux et fort, car c'est toi qui donneras en partage à ce peuple le pays que j'ai promis à ses ancêtres. Il te suffira d'être courageux et fort et d'observer entièrement la loi que mon serviteur Moïse t'a transmise: ne t'en écarte jamais et ainsi tu réussiras dans tout ce que tu entreprendras. Répète sans cesse les enseignements du livre de la loi et médite-les jour et nuit de façon à observer tout ce qui y est écrit. Alors tu mèneras à bien tes projets et ils réussiront. N'oublie pas que je t'ai recommandé d'être courageux et fort. Ne tremble pas, ne te laisse pas abattre, car moi, le Seigneur ton Dieu, je serai avec toi partout où tu iras.» Josué ordonna aux responsables du peuple de parcourir le camp pour transmettre les instructions suivantes aux Israélites: «Préparez des provisions, car dans trois jours, vous allez traverser le Jourdain pour prendre possession du pays que le Seigneur votre Dieu vous donne.» Puis Josué s'adressa aux hommes des tribus de Ruben et de Gad ainsi que de la demi-tribu de Manassé; il leur dit: «Souvenez-vous de l'ordre que Moïse, le serviteur du Seigneur, vous a adressé quand il a déclaré: “Le Seigneur votre Dieu vous accorde le repos dans le territoire qu'il vous donne à l'est du Jourdain.” Vos femmes, vos enfants et vos troupeaux pourront rester dans cette région où Moïse vous a amenés. Quant à vous, les hommes en état de combattre, munis de vos armes, vous traverserez la rivière à la tête de vos compatriotes. Vous les aiderez jusqu'à ce que le Seigneur votre Dieu leur accorde le repos, comme il l'a fait pour vous, et qu'eux aussi prennent possession du territoire qu'il leur attribue. Ensuite vous pourrez revenir occuper la région que Moïse, le serviteur du Seigneur, vous a donnée en partage à l'est du Jourdain.» Ils répondirent à Josué: «Nous ferons tout ce que tu nous ordonnes, nous irons partout où tu nous enverras. Nous t'obéirons exactement comme nous avons obéi à Moïse. Le Seigneur ton Dieu sera certainement avec toi comme il a été avec Moïse. Quiconque s'opposera à toi et refusera d'obéir à tes ordres sera mis à mort. Pour ta part, sois courageux et fort!» Du camp de Chittim, Josué, fils de Noun, envoya secrètement deux hommes avec l'ordre d'explorer le pays et la ville de Jéricho. Arrivés à Jéricho, les deux espions allèrent passer la nuit dans la maison d'une prostituée nommée Rahab. Le roi de Jéricho apprit que des Israélites étaient arrivés cette nuit-là dans la ville pour explorer le pays. Alors il fit dire à Rahab: «Les hommes qui sont venus chez toi ont pour mission d'examiner à fond le pays. Livre-les-nous.» Rahab emmena les deux hommes et les cacha, puis elle répondit: «Des hommes sont effectivement venus chez moi, mais je ne savais pas d'où ils étaient. Ils sont repartis à la tombée de la nuit au moment où on allait fermer la porte de la ville. J'ignore où ils sont allés. Si vous vous dépêchez, vous pourrez les rattraper.» En réalité, elle avait fait monter les hommes sur le toit en terrasse de sa maison et les avait cachés au milieu de tiges de lin qu'elle y avait déposées. Les envoyés du roi partirent à leur poursuite et, dès qu'ils eurent quitté la ville, on referma la porte. Ils recherchèrent les espions en suivant la route qui mène aux gués du Jourdain. De son côté, Rahab monta sur le toit de sa maison avant que les deux hommes soient endormis. Elle leur dit: «Je sais que le Seigneur vous a donné ce pays. Vous nous inspirez une si grande terreur que chacun ici a perdu tout courage à cause de vous. Nous avons appris, en effet, que le Seigneur a asséché la mer des Roseaux pour vous permettre de la traverser, lorsque vous êtes sortis d'Égypte. Nous avons appris aussi que vous avez tué les deux rois amorites, Sihon et Og, à l'est du Jourdain, et que vous avez détruit tout ce qui leur appartenait. A ces nouvelles, le cœur nous a manqué et personne ne se sent plus le courage de vous résister. En effet, le Seigneur, votre Dieu, est Dieu en haut dans le ciel et ici-bas sur la terre. Maintenant, jurez-moi par le Seigneur que vous traiterez ma famille avec une bonté semblable à celle que j'ai eue à votre égard et donnez-moi un signe que vous dites vrai. Promettez-moi de laisser la vie sauve à mes parents, mes frères et sœurs, et à tous les membres de leur familles; vous ne permettrez pas que nous soyons tués.» Les hommes lui répondirent: «Nous te le jurons sur notre vie, à condition que tu ne racontes rien de notre visite. Lorsque le Seigneur nous donnera ce pays, nous serons loyaux envers toi et te traiterons avec bonté.» La maison de Rahab était aménagée dans la muraille même de la ville. Elle put ainsi faire descendre les deux hommes par la fenêtre au moyen d'une corde. «Allez vous cacher dans les collines pour échapper à ceux qui vous recherchent, leur recommanda-t-elle. Restez-y trois jours, jusqu'à ce qu'ils soient revenus. Ensuite vous pourrez reprendre votre route.» Les hommes lui dirent: «Nous tiendrons le serment que tu nous as demandé de te prêter. Voici ce que tu feras: quand nous envahirons le pays, fixe ce cordon rouge à la fenêtre par laquelle tu nous fais descendre, puis rassemble dans ta maison tes parents, tes frères et sœurs et toute ta famille. Si quelqu'un sort de chez toi, il sera seul responsable de sa mort et nous en serons innocents. Par contre, si on s'attaque à quelqu'un qui se trouve avec toi dans ta maison, c'est nous qui serons responsables de sa mort. Toutefois, si tu racontes notre visite, nous ne serons plus tenus par le serment que tu nous as demandé.» – «D'accord», répondit-elle. Puis elle renvoya les deux hommes. Dès qu'ils furent partis, elle fixa le cordon rouge à sa fenêtre. Les espions gagnèrent les collines; ils s'y cachèrent pendant trois jours jusqu'au retour à Jéricho de leurs poursuivants, qui les avaient cherchés en vain partout. Les deux hommes quittèrent leur cachette, descendirent des collines, traversèrent le Jourdain et revinrent auprès de Josué. Ils lui racontèrent tout ce qui leur était arrivé. «Certainement, lui dirent-ils, le Seigneur nous a livré tout le pays. Les habitants ont même perdu le courage de nous résister.» Tôt le lendemain matin, Josué et les Israélites quittèrent Chittim et descendirent au bord du Jourdain. Ils s'installèrent là en attendant le moment de le traverser. Au bout de trois jours, les responsables du peuple parcoururent le camp et donnèrent les instructions suivantes aux Israélites: «Dès que vous verrez les prêtres-lévites emporter le coffre de l'alliance du Seigneur votre Dieu, quittez cet endroit et suivez-les; de cette façon vous saurez quel chemin prendre, car vous n'êtes jamais passés par là auparavant. Cependant, n'allez pas trop près du coffre, tenez-vous-en toujours à une distance d'environ un kilomètre.» Josué dit au peuple: « Purifiez -vous, car demain le Seigneur va accomplir des prodiges au milieu de vous.» Le jour suivant, il ordonna aux prêtres de porter le coffre de l'alliance et de marcher à la tête du peuple. C'est ce qu'ils firent. Le Seigneur dit à Josué: «A partir d'aujourd'hui, je vais affermir ton autorité aux yeux de tous les Israélites! Ils sauront que je suis avec toi comme j'ai été avec Moïse. Pour ta part, ordonne aux prêtres qui portent le coffre de l'alliance de s'arrêter dans l'eau du Jourdain, dès qu'ils y auront pénétré.» Alors Josué s'adressa aux Israélites: «Approchez-vous, leur dit-il, et écoutez ce que déclare le Seigneur votre Dieu. Vous allez être convaincus que le Dieu vivant est au milieu de vous et qu'il chassera devant vous les Cananéens, les Hittites, les Hivites, les Perizites, les Guirgachites, les Amorites et les Jébusites. En effet, le coffre de l'alliance du Seigneur de toute la terre traversera le Jourdain devant vous. Choisissez parmi vous douze hommes, un par tribu. Dès que les prêtres qui portent le coffre sacré poseront les pieds dans le Jourdain, le cours de la rivière sera coupé: en amont, l'eau sera arrêtée comme par une digue.» Le peuple quitta le camp pour traverser le Jourdain. Les prêtres qui portaient le coffre de l'alliance marchaient devant. C'était l'époque de la moisson pendant laquelle le Jourdain déborde et inonde continuellement ses rives. Dès que les prêtres y arrivèrent et posèrent les pieds dans l'eau, la rivière cessa de couler, l'eau fut arrêtée comme par une digue, loin en amont, à Adam, ville des environs de Sartan; en aval, l'eau qui s'écoule vers la mer Morte disparut complètement. Le peuple put alors traverser le Jourdain en face de Jéricho. Les prêtres qui portaient le coffre sacré restèrent dans le lit desséché de la rivière pendant que tout le peuple d'Israël passait à pied sec et jusqu'à ce que tout le monde ait atteint l'autre rive. Lorsque tout le peuple eut fini de traverser le Jourdain, le Seigneur donna les instructions suivantes à Josué: «Choisissez douze hommes, un par tribu, et ordonnez-leur d'aller chercher douze pierres dans le lit du Jourdain, à l'endroit exact où les prêtres ont posé leurs pieds. Ils devront emporter ces pierres et les déposer dans le lieu où vous passerez la nuit.» Josué appela les douze Israélites qu'il avait fait choisir et leur dit: «Passez devant le coffre du Seigneur votre Dieu et allez au milieu du Jourdain. Là, que chacun de vous charge une pierre sur son épaule, afin qu'il y en ait une pour chaque tribu d'Israël. Ces pierres vous rappelleront ce qui s'est passé ici. Lorsque, dans l'avenir, vos enfants vous demanderont ce qu'elles signifient pour vous, vous leur répondrez: “Le cours du Jourdain s'est arrêté au passage du coffre de l'alliance du Seigneur. Oui, lorsque le coffre a traversé le Jourdain, le cours du fleuve s'est arrêté, et ces pierres doivent rappeler pour toujours aux Israélites le souvenir de ce prodige.” » Les hommes désignés obéirent aux ordres de Josué. Ils prirent douze pierres au milieu du Jourdain, une pour chaque tribu d'Israël, comme le Seigneur lui-même l'avait ordonné à Josué. Ils les emportèrent et les déposèrent là où ils passèrent la nuit. Josué fit également dresser douze pierres dans le lit du Jourdain, à l'endroit où les prêtres porteurs du coffre de l'alliance avaient posé les pieds. Elles s'y trouvent encore aujourd'hui. Les prêtres qui portaient le coffre restèrent debout dans le lit du Jourdain jusqu'à ce que le peuple eut exécuté toutes les instructions que le Seigneur lui avait transmises par l'intermédiaire de Josué. Ainsi Josué se conforma aux recommandations de Moïse. Le peuple se dépêcha de traverser le fleuve et, lorsque tout le monde fut sur l'autre rive, les prêtres allèrent se remettre en tête avec le coffre sacré. Les hommes en armes des tribus de Ruben et de Gad, ainsi que ceux de la demi-tribu de Manassé, traversèrent à la tête des autres Israélites, comme Moïse le leur avait ordonné. En présence du Seigneur, environ quarante mille soldats, prêts à combattre, franchirent le Jourdain en direction de la plaine de Jéricho. Ce jour-là, le Seigneur affermit l'autorité de Josué aux yeux de tous les Israélites et, durant toute sa vie, ils le respectèrent comme ils avaient respecté Moïse. Ensuite, le Seigneur dit à Josué: «Ordonne aux prêtres qui portent le coffre contenant le document de l'alliance de sortir du Jourdain.» Josué leur en donna l'ordre. Les prêtres obéirent, et dès qu'ils eurent posé les pieds sur le bord, la rivière se remit à couler et à inonder ses rives comme auparavant. C'est le dixième jour du premier mois que les Israélites franchirent le Jourdain. Ils établirent leur camp au Guilgal, à l'est de Jéricho. Josué fit dresser au Guilgal les douze pierres prises dans le Jourdain. Puis il dit aux Israélites: «Lorsque, dans l'avenir, vos enfants vous demanderont ce que signifient ces pierres, vous leur expliquerez comment le peuple d'Israël a traversé le Jourdain à pied sec. En effet, le Seigneur votre Dieu a asséché le Jourdain pour vous permettre de le franchir, tout comme il avait asséché pour nous la mer des Roseaux. Il a agi ainsi pour que tous les peuples de la terre sachent combien la puissance du Seigneur est grande, et pour que vous vous soumettiez toujours à l'autorité du Seigneur votre Dieu.» Tous les rois des Amorites vivant à l'ouest du Jourdain et les rois des Cananéens établis au bord de la mer Méditerranée apprirent que le Seigneur avait asséché le Jourdain pour permettre aux Israélites de le franchir. Alors le cœur leur manqua et ils ne se sentirent plus le courage de résister aux Israélites. En ce temps-là, le Seigneur dit à Josué: «Fais-toi des couteaux de pierre et circoncis cette nouvelle génération d'Israélites.» Josué se fit des couteaux de pierre et circoncit les Israélites. Cela se passa à l'endroit qu'on a appelé la colline de la Circoncision. Les Israélites avaient marché pendant quarante années dans le désert. A la fin de cette période, les hommes en âge de combattre à la sortie d'Égypte étaient tous morts pour avoir désobéi au Seigneur; le Seigneur avait juré de ne pas leur laisser voir le pays qu'il avait promis à leurs ancêtres de donner à notre peuple, pays qui regorge de lait et de miel. A leur place, le Seigneur y fit entrer leurs fils, et ce sont eux que Josué circoncit puisqu'ils ne l'avaient pas encore été. Lorsqu'ils eurent tous subi cette opération, ils restèrent au camp jusqu'à leur guérison. Puis le Seigneur dit à Josué: «Aujourd'hui, je vous ai débarrassés de la honte que vous aviez ramenée d'Égypte.» C'est pourquoi on donna à l'endroit le nom de Guilgal, qu'il porte encore maintenant. Les Israélites campèrent au Guilgal, et ils célébrèrent la fête de la Pâque le quatorzième jour du mois, au soir, dans la plaine proche de Jéricho. Le lendemain, ils mangèrent des pains sans levain et des épis grillés; ils purent les préparer avec les produits du pays. Dès lors, ils ne reçurent plus de manne; cette année-là, ils se nourrirent de ce qui poussait dans le pays de Canaan. Un jour où Josué se trouvait près de Jéricho, il vit soudain un homme debout en face de lui, une épée dégainée à la main. Josué s'approcha de lui et lui demanda: «Es-tu de notre côté ou du côté de nos ennemis?» – «Ni l'un ni l'autre, répondit l'homme. Je suis le chef de l'armée du Seigneur et je viens d'arriver.» Alors Josué se jeta la face contre terre et lui dit: «Je suis ton serviteur, que m'ordonnes-tu?» Le chef de l'armée du Seigneur lui répondit: «Enlève tes sandales, car tu te trouves dans un endroit saint.» Et Josué obéit. Les portes de la ville de Jéricho étaient toutes soigneusement barricadées contre les Israélites. Personne ne pouvait entrer, personne ne pouvait sortir. Le Seigneur dit alors à Josué: «Regarde, je te livre Jéricho avec son roi et ses défenseurs. Toi et tous tes soldats, vous marcherez autour de la ville, vous en ferez le tour une fois par jour, durant six jours. Sept prêtres précéderont le coffre sacré en portant chacun une trompette. Le septième jour, vous ferez sept fois le tour de la ville pendant que les prêtres sonneront de la trompette. Lorsqu'ils feront entendre une note prolongée, le peuple poussera un formidable cri de guerre et les murailles de la ville s'écrouleront. Alors les Israélites monteront tous à l'assaut, chacun droit devant soi.» Josué, fils de Noun, appela les prêtres et leur dit: «Chargez sur vos épaules le coffre de l'alliance du Seigneur et que sept d'entre vous le précèdent avec des trompettes.» Puis il donna cet ordre au peuple: «En route! Faites le tour de la ville. Que l'avant-garde passe devant le coffre sacré du Seigneur.» Tout se déroula comme Josué l'avait ordonné. Les sept prêtres porteurs de trompettes avançaient en sonnant de leur instrument devant le coffre sacré. L'avant-garde les précédait et l'arrière-garde suivait le coffre. Pendant qu'ils marchaient, le son des trompettes ne cessait de retentir. Mais Josué avait commandé au peuple lui-même de rester parfaitement silencieux et de ne pousser le cri de guerre qu'au moment où il en donnerait l'ordre. Il leur fit faire une fois le tour de la ville avec le coffre sacré, puis ils retournèrent au camp pour y passer la nuit. Josué se leva tôt le lendemain matin et les prêtres chargèrent de nouveau le coffre sacré sur leurs épaules. Les sept prêtres porteurs de trompettes se remirent en marche devant le coffre en sonnant de leur instrument. L'avant-garde les précédait et l'arrière-garde suivait le coffre. Pendant qu'ils marchaient, le son des trompettes ne cessait de retentir. En ce deuxième jour, ils tournèrent également une fois autour de la ville, puis ils revinrent au camp. Ils agirent ainsi pendant six jours. Le septième jour, ils se levèrent à l'aurore et firent sept fois le tour de la ville, de la même manière. C'est le seul jour où ils en firent sept fois le tour. La septième fois, quand les prêtres eurent sonné de la trompette, Josué dit au peuple: «Poussez le cri de guerre! Le Seigneur vous a livré la ville! Elle sera détruite avec tout ce qui s'y trouve, car elle est réservée au Seigneur. On laissera la vie sauve uniquement à Rahab, la prostituée, et à tous ceux qui se trouvent dans sa maison, car elle a caché nos espions. Mais attention! Ne prenez rien de ce qui doit être détruit, sinon vous attirerez le malheur et la destruction sur le camp d'Israël. Tout l'argent et l'or, tous les objets de bronze ou de fer seront consacrés au Seigneur et mis dans son trésor.» On sonna de la trompette; dès que le peuple l'entendit, il poussa un formidable cri de guerre et les murailles s'écroulèrent. Aussitôt, les Israélites montèrent à l'assaut de la ville, chacun droit devant soi, et ils s'en emparèrent. Ils exterminèrent la population de la ville, hommes et femmes, jeunes et vieux. Ils tuèrent même les bœufs, les moutons et les ânes. Josué dit aux deux hommes qui avaient exploré la région de Jéricho: «Allez dans la maison de Rahab la prostituée et faites-la sortir avec toute sa famille, comme vous le lui avez juré.» Ils s'y rendirent et emmenèrent Rahab, ses parents, ses frères et sœurs et tous les autres membres de sa famille. Ils les installèrent en sûreté à l'extérieur du camp israélite. Puis on livra aux flammes la ville et tout ce qu'elle contenait, à l'exception de l'argent, de l'or et des objets de bronze ou de fer, qu'on plaça dans le trésor du sanctuaire du Seigneur. Josué laissa la vie sauve à Rahab, la prostituée, ainsi qu'à tous les membres de sa famille, parce qu'elle avait caché les espions chargés d'explorer Jéricho. Elle habita au milieu des Israélites, et ses descendants y vivent encore maintenant. En ce temps-là Josué prononça cet avertissement solennel au sujet de Jéricho: «Maudit soit-il par le Seigneur, l'homme qui tentera de reconstruire cette ville. Il en creusera les fondations au prix de son fils aîné; il en posera les portes au prix de son fils cadet.» Le Seigneur fut avec Josué, dont la renommée se répandit dans tout le pays. Les Israélites commirent une faute grave à propos des biens que le Seigneur avait interdit de prendre: un membre de la tribu de Juda, Akan, fils de Karmi, lui-même fils de Zabdi et petit-fils de Zéra, s'empara de certains d'entre eux. C'est pourquoi le Seigneur fut pris de colère contre les Israélites. De Jéricho, Josué envoya des hommes vers Aï, une ville située à l'est de Béthel, près de Beth-Aven, avec l'ordre d'explorer le pays. Lorsqu'ils l'eurent fait, ils revinrent dire à Josué: «Il est inutile d'envoyer l'armée entière attaquer Aï. Deux ou trois mille hommes suffiront. La population de la ville est trop peu nombreuse pour qu'on dérange toute notre armée.» Trois mille hommes environ partirent donc à l'attaque, mais ils durent s'enfuir devant les habitants d'Aï. Ceux-ci tuèrent environ trente-six d'entre eux, poursuivirent les autres depuis la porte de la ville jusqu'à Chébarim et, dans la descente, ils les mirent en déroute. Alors le peuple perdit tout courage, le cœur lui manqua. Josué et les anciens d'Israël déchirèrent leurs vêtements, se couvrirent la tête de poussière et se jetèrent la face contre terre devant le coffre sacré du Seigneur; ils restèrent ainsi jusqu'au soir. Josué s'exclama: «Ah, Seigneur Dieu! Pourquoi nous as-tu fait traverser le Jourdain? Est-ce pour nous livrer ensuite aux Amorites et nous laisser mourir? Si seulement nous étions restés de l'autre côté de la rivière! Que puis-je dire, Seigneur, maintenant que les Israélites ont pris la fuite devant leurs ennemis? Les Cananéens et les autres habitants du pays vont l'apprendre, ils se coaliseront contre nous et nous extermineront. Comment feras-tu reconnaître alors ta grandeur?» Le Seigneur répondit à Josué: «Relève-toi! Pourquoi t'es-tu jeté ainsi la face contre terre? Les Israélites ont péché. Ils ont rompu les engagements que je leur avais ordonné de respecter; ils se sont emparés des biens que je leur avais interdit de prendre. Ils les ont volés et les ont cachés en les mettant parmi leurs propres affaires. Dans ces conditions, ils ne pourront plus résister à leurs ennemis, ils prendront la fuite devant eux, ils sont condamnés à la destruction. Je ne serai plus de votre côté si vous ne détruisez pas les biens que je vous avais interdit de prendre et celui qui les a pris. Maintenant, va préparer le peuple à me rencontrer, ordonne-lui de se purifier pour demain, car voici ce que moi, le Seigneur, Dieu d'Israël, je déclare aux Israélites: Vous avez en votre possession des biens que je vous avais interdit de prendre. Vous ne pourrez pas résister à vos ennemis tant que vous n'aurez pas éliminé ces biens et celui qui les a pris. Demain matin, vous vous présenterez devant moi tribu par tribu. La tribu que je désignerai s'avancera clan par clan, et le clan désigné, famille par famille. Les hommes de la famille désignée s'avanceront alors un par un. Je désignerai alors parmi eux celui qui est en possession des biens interdits. Il sera jeté au feu, avec tout ce qui lui appartient, pour avoir rompu les engagements pris à mon égard et s'être conduit de façon inadmissible en Israël.» Tôt le lendemain matin, Josué fit avancer les Israélites tribu par tribu. La tribu de Juda fut désignée. Il la fit alors avancer clan par clan, et celui de Zéra fut désigné. Il fit avancer ce clan famille par famille, et celle de Zabdi fut désignée. Il fit avancer un par un les hommes de cette famille, et Akan, fils de Karmi, petit-fils de Zabdi et arrière-petit-fils de Zéra, de la tribu de Juda, fut désigné. Josué lui dit: «Mon ami, reconnais la grandeur du Seigneur, Dieu d'Israël, et dis-moi la vérité; avoue ce que tu as fait, sans rien me cacher.» Akan lui répondit: «Oui, c'est moi qui ai péché contre le Seigneur, Dieu d'Israël. Voici ce que j'ai fait: j'ai vu dans le butin un magnifique manteau de Mésopotamie, deux cents pièces d'argent et un lingot d'or d'une livre. J'en ai eu tellement envie que je les ai pris. Vous les trouverez enterrés à l'intérieur de ma tente, l'argent est dessous.» Josué envoya des hommes à la tente d'Akan. Ils se dépêchèrent d'y aller et trouvèrent les objets enterrés à l'intérieur, avec l'argent en dessous. Ils les sortirent de la tente et les apportèrent à Josué et aux Israélites. On les déposa devant le Seigneur. Josué et tous les Israélites s'emparèrent d'Akan, avec l'argent, le manteau et le lingot d'or. Ils prirent aussi les fils et les filles d'Akan, ses bœufs, ses ânes, ses moutons et ses chèvres, sa tente et tous ses autres biens. Ils les emmenèrent dans la vallée d'Akor. Josué dit à Akan: «Tu as causé notre malheur! Eh bien, maintenant, le Seigneur va causer ton malheur.» Alors les Israélites le tuèrent en lui jetant des pierres. Ils tuèrent de la même façon tous les siens et brûlèrent tous ses biens. Puis on éleva sur lui un grand tas de pierres qui existe toujours. C'est pourquoi, maintenant encore, ce lieu porte le nom de vallée d'Akor. Après cela, la colère du Seigneur s'apaisa. Le Seigneur dit à Josué: «N'aie pas peur et ne te laisse pas abattre. Prends toute ton armée et pars à l'attaque d'Aï. Regarde, je te livre le roi d'Aï ainsi que son peuple, sa ville et son territoire. Tu traiteras cette ville et son roi comme tu as traité Jéricho et son roi. Cependant, toi et tes soldats, vous pourrez prendre comme butin les biens et le bétail que vous y trouverez. Organise une attaque surprise contre la ville depuis l'arrière.» Josué se prépara donc à aller attaquer Aï avec toute son armée. Il choisit trente mille hommes en état de combattre et les envoya de nuit avec les ordres suivants: «Allez vous dissimuler à l'arrière de la ville, à faible distance, et soyez prêts à intervenir. De mon côté, j'avancerai vers Aï avec mes hommes. Lorsque les habitants sortiront de la ville pour nous combattre, nous fuirons devant eux comme la première fois. Ils se lanceront à notre poursuite et nous les entraînerons loin de la ville. Ils penseront, en effet, que nous fuyons devant eux comme l'autre fois. Vous surgirez alors de vos positions pour vous emparer de la ville, car le Seigneur votre Dieu vous la livrera. Dès que vous aurez pris la ville, vous y mettrez le feu suivant l'ordre du Seigneur. Observez soigneusement mes instructions.» Josué envoya les soldats au lieu choisi pour l'attaque surprise. Ils s'installèrent à l'ouest d'Aï, entre Béthel et Aï, tandis que Josué passait la nuit avec le reste de l'armée. Tôt le lendemain matin, Josué inspecta ses troupes puis, avec les anciens d'Israël, il les conduisit à l'attaque d'Aï. Tous les soldats avancèrent avec lui et arrivèrent en face de la ville. Ils prirent position du côté nord; ils étaient séparés de la ville par une vallée. Josué choisit environ cinq mille hommes et leur ordonna de se cacher à l'ouest de la ville, entre Béthel et Aï. L'armée établit son camp principal au nord de la ville tandis qu'une partie des troupes était postée à l'ouest. Josué passa cette nuit-là dans la vallée. Au matin, lorsque le roi d'Aï vit les Israélites, il se dépêcha de sortir de la ville avec tous ses soldats pour aller les combattre au même lieu que précédemment, en direction de la vallée du Jourdain. Il ignorait qu'une attaque était préparée sur ses arrières. Josué et les Israélites se laissèrent mettre en déroute et s'enfuirent dans la pleine campagne en direction du désert. Tous les hommes d'Aï reçurent l'ordre de les poursuivre et ils furent ainsi entraînés loin de la ville. Pas un homme ne resta dans Aï, ils poursuivirent les Israélites en laissant la ville sans défense. Alors le Seigneur dit à Josué: «Brandis ton sabre en direction d'Aï, car je vais te livrer la ville.» Josué obéit. Dès qu'il eut étendu la main, les Israélites qui étaient cachés sortirent en toute hâte de leurs positions: ils coururent jusqu'à la ville, y pénétrèrent, s'en emparèrent et y mirent aussitôt le feu. Les hommes d'Aï regardèrent en arrière et aperçurent la fumée qui s'élevait de leur ville. Toute retraite leur était coupée, car les Israélites qui fuyaient vers le désert se retournèrent contre leurs poursuivants. En effet, quand Josué et ses hommes virent que les soldats postés à l'arrière de la ville avaient pris celle-ci et qu'elle était en flammes, ils firent demi-tour et attaquèrent les gens d'Aï. Les autres Israélites quittèrent la ville pour les attaquer à leur tour, si bien que les gens d'Aï se trouvèrent pris en tenailles et furent tous tués. Personne ne put s'enfuir; il n'y eut pas de survivant, à l'exception du roi d'Aï qui fut capturé et amené à Josué. Les Israélites massacrèrent leurs ennemis en pleine campagne, là où ceux-ci les avaient poursuivis; lorsqu'il n'en resta plus un seul en vie, ils regagnèrent la ville où ils exterminèrent le reste de la population. Tous les habitants d'Aï, douze mille hommes et femmes, furent tués ce jour-là. Josué garda son sabre brandi en direction d'Aï jusqu'à ce que la population entière soit détruite. Selon l'ordre donné par le Seigneur à Josué, les Israélites se contentèrent de prendre comme butin les biens et le bétail qui se trouvaient dans la ville. Josué brûla Aï; il en fit pour toujours un monceau de ruines, un lieu désert, ce qu'elle est encore aujourd'hui. On pendit le roi d'Aï à un arbre où son corps resta jusqu'au soir. Au coucher du soleil, Josué ordonna de descendre le cadavre. On le jeta près de la porte de la ville et on éleva sur lui un grand tas de pierres qui existe toujours. Sur le mont Ébal, Josué fit un autel pour le Seigneur, Dieu d'Israël. Il le construisit selon les instructions que Moïse, le serviteur du Seigneur, avait données aux Israélites, instructions inscrites dans le livre de la loi de Moïse: un autel en pierres brutes, non taillées avec un outil de fer. On y offrit au Seigneur des sacrifices complets et des sacrifices de communion. Là, sous le regard des Israélites, Josué grava sur des pierres une copie de la loi que Moïse avait écrite. Les Israélites avec leurs anciens, leurs responsables et leurs juges, de même que les étrangers vivant parmi eux, se tenaient de part et d'autre du coffre de l'alliance du Seigneur, en face des prêtres-lévites qui le portaient. La moitié d'entre eux était placée du côté du mont Garizim, et l'autre moitié du côté du mont Ébal. Moïse avait ordonné autrefois de procéder ainsi pour bénir le peuple d'Israël. Josué lut alors tous les enseignements écrits dans le livre de la loi, avec les formules de bénédiction et celles de malédiction. Josué lut tous les commandements de Moïse, sans en omettre un seul, devant l'ensemble du peuple, y compris les femmes, les enfants et les étrangers vivant parmi les Israélites. La nouvelle de la destruction d'Aï parvint aux rois de toutes les régions situées à l'ouest du Jourdain: dans la région montagneuse, le Bas -Pays et la plaine côtière qui s'étend, le long de la Méditerranée, jusqu'au Liban. Alors Hittites, Amorites, Cananéens, Perizites, Hivites et Jébusites se liguèrent pour combattre Josué et les Israélites. Les habitants de Gabaon, des Hivites, apprirent eux aussi comment Josué avait traité les villes de Jéricho et d'Aï; mais, pour leur part, ils décidèrent d'avoir recours à la ruse. Ils préparèrent des provisions, chargèrent leurs ânes de sacs usés et de vieilles outres à vin déchirées et rapiécées; ils mirent des vêtements en lambeaux, des sandales usées et raccommodées et prirent avec eux du pain sec et réduit en miettes. Ils se rendirent au camp du Guilgal et s'adressèrent à Josué et aux Israélites: «Nous venons d'un pays lointain vous demander de conclure une alliance avec nous.» Les Israélites leur répondirent: «Peut-être vivez-vous tout près de nous? Dans ce cas, il ne nous est pas possible de conclure une alliance avec vous!» Ils déclarèrent à Josué: «Nous sommes prêts à nous mettre à ton service.» – «Mais qui êtes-vous et d'où venez-vous?» leur demanda Josué. Ils répondirent: «Nous, tes serviteurs, sommes venus d'un pays très lointain parce que nous avons entendu parler du Seigneur ton Dieu. Nous savons les prodiges qu'il a accomplis en Égypte et le traitement qu'il a infligé aux deux rois amorites qui vivaient de l'autre côté du Jourdain: Sihon, le roi de Hèchebon et Og, le roi du Bachan qui résidait à Achetaroth. Nos anciens et tous nos compatriotes nous ont conseillé de prendre des provisions de route et de venir vous trouver. Ils nous ont dit de nous mettre à votre service en vous demandant de conclure une alliance avec nous. Regardez notre pain! Lorsque nous l'avons pris avec nous en quittant nos maisons pour venir ici, il était encore chaud, maintenant le voilà tout sec et réduit en miettes! Et ces outres! Lorsque nous les avons remplies de vin, elles étaient neuves, maintenant les voilà toutes déchirées! Nos vêtements et nos sandales sont de même complètement usés à cause du long voyage que nous avons fait.» Les Israélites acceptèrent de manger une part de leurs provisions, mais ils négligèrent de consulter le Seigneur à leur sujet. Josué conclut avec eux une alliance de paix qui leur garantissait la vie. Les responsables du peuple la confirmèrent par un serment solennel. Trois jours après avoir conclu l'alliance avec eux, les Israélites apprirent qu'ils étaient en réalité leurs voisins. Ils se mirent en route et, au bout de trois jours, ils arrivèrent dans les villes où ces gens vivaient: Gabaon, Kefira, Beéroth et Quiriath-Yéarim. Cependant ils ne les tuèrent pas, car les responsables du peuple d'Israël leur avaient fait un serment solennel au nom du Seigneur, Dieu d'Israël. Tous les Israélites se mirent à protester contre leurs responsables, mais ceux-ci leur répondirent: «Nous ne pouvons pas maltraiter ces gens puisque nous leur avons fait un serment solennel au nom du Seigneur, Dieu d'Israël. Nous devons les laisser en vie à cause de notre serment, sinon nous attirerions la colère du Seigneur sur nous. Mais voici comment nous les traiterons: tout en leur accordant la vie sauve, nous les chargerons de couper du bois et de puiser de l'eau pour nous.» Telle fut la proposition des responsables. Josué convoqua alors les Gabaonites et leur dit: «Pourquoi nous avez-vous trompés en affirmant que vous veniez de très loin, alors que vous vivez tout près de nous? Maintenant vous êtes maudits, vous ne cesserez jamais d'être tous des esclaves, vous couperez du bois et puiserez de l'eau pour le temple de mon Dieu.» Les Gabaonites répondirent: «Voici pourquoi nous avons agi ainsi: nous avons appris que le Seigneur ton Dieu a ordonné à son serviteur Moïse de vous donner tout ce pays, et que vous deviez exterminer ses habitants. Nous avons eu très peur de vous et nous avons craint pour nos vies. Maintenant, nous sommes en ton pouvoir, traite-nous comme tu le jugeras bon.» Voici ce que leur fit Josué: après avoir empêché les Israélites de les tuer, il leur imposa la charge de couper du bois et de puiser de l'eau pour le peuple d'Israël et pour l'autel du Seigneur, à l'endroit que le Seigneur choisirait. Aujourd'hui encore, leurs descendants exercent ces fonctions. Adoni-Sédec, roi de Jérusalem, apprit que Josué s'était emparé d'Aï et avait complètement détruit la ville, en agissant envers elle et son roi comme il avait agi envers Jéricho et son roi. Il apprit aussi que les Gabaonites avaient passé un accord de paix avec les Israélites et vivaient parmi eux. Ces nouvelles causèrent une grande terreur à Jérusalem, car la ville de Gabaon, plus grande que celle d'Aï, était aussi importante que les villes royales et ne comptait que de vaillants soldats. C'est pourquoi Adoni-Sédec envoya des messagers à Hoham, roi d'Hébron, à Piram, roi de Yarmouth, à Yafia, roi de Lakich, et à Debir, roi d'Églon, pour leur demander ceci: «Venez m'aider à attaquer Gabaon, car ses habitants ont conclu un accord avec Josué et les Israélites.» C'est ainsi que cinq rois amorites, ceux de Jérusalem, Hébron, Yarmouth, Lakich et Églon, s'allièrent pour partir en expédition avec toutes leurs troupes; ils assiégèrent Gabaon et l'attaquèrent. Les Gabaonites firent dire à Josué, au camp du Guilgal: «Ne refuse pas ton aide à tes serviteurs, viens vite à notre secours et délivre-nous! Tous les rois amorites de la région montagneuse se sont ligués contre nous!» Aussitôt Josué quitta le Guilgal avec ses soldats d'élite et toute l'armée. Le Seigneur lui déclara: «N'aie pas peur d'eux! Je vais les livrer en ton pouvoir, aucun d'eux ne pourra te résister.» Après avoir marché toute la nuit depuis le Guilgal, Josué et ses troupes attaquèrent les Amorites à l'improviste. Le Seigneur mit les Amorites en déroute devant les Israélites: ceux-ci leur infligèrent une terrible défaite près de Gabaon; ils les poursuivirent sur la montée de Beth-Horon, puis continuèrent à les harceler jusqu'à Azéca et Maquéda. Lorsque les Amorites, en fuite devant les Israélites, descendirent de l'autre côté de Beth-Horon, le Seigneur fit tomber d'énormes grêlons sur eux. Ils en reçurent jusqu'à Azéca, et il y eut plus d'hommes tués par les grêlons que par les épées des Israélites. Le jour où le Seigneur livra les Amorites à l'armée d'Israël, Josué adressa une demande au Seigneur en présence de tous les Israélites. Il s'écria: «Soleil, arrête-toi au dessus de Gabaon! Lune, immobilise-toi sur le val d'Ayalon!» Le soleil s'arrêta et la lune s'immobilisa jusqu'à ce que la nation d'Israël ait pris le dessus sur ses ennemis. Comme il est écrit dans le Livre du Juste, le soleil s'arrêta au milieu du ciel, il interrompit sa course vers le couchant pendant un jour entier. Jamais auparavant et jamais depuis, il n'y eut de jour semblable à celui-là, où le Seigneur agit comme le lui demandait un homme: le Seigneur lui-même combattait aux côtés d'Israël! Ensuite Josué et tous les Israélites retournèrent au camp du Guilgal. Cependant les cinq rois amorites s'étaient enfuis et réfugiés dans la grotte de Maquéda. On découvrit qu'ils étaient cachés dans cette grotte et on vint en informer Josué. Celui-ci ordonna à ses hommes: «Roulez de grosses pierres à l'entrée de la grotte et postez-y des gardes. Mais ne vous attardez pas là, poursuivez vos ennemis et coupez-leur la retraite pour les empêcher de rejoindre leurs villes. En effet, le Seigneur votre Dieu vous les a livrés.» Josué et les Israélites finirent par infliger aux Amorites une très grande défaite, une défaite totale. Seuls, quelques fuyards purent échapper au massacre et regagner leurs villes fortifiées. Après quoi tous les Israélites retournèrent sains et saufs auprès de Josué, au campement établi près de Maquéda. Plus personne dans le pays n'osait prononcer un mot contre eux. Ensuite, Josué ordonna de dégager l'entrée de la grotte et de faire sortir les cinq rois amorites pour les lui amener. Son ordre fut exécuté et on conduisit auprès de lui les rois de Jérusalem, d'Hébron, de Yarmouth, de Lakich et d'Églon. Dès que ceux-ci furent devant lui, Josué convoqua les Israélites et dit aux chefs des troupes qui s'étaient battus à ses côtés: «Venez poser le pied sur le cou de ces rois.» Les chefs obéirent et Josué leur déclara: «N'ayez aucune crainte et ne vous laissez pas abattre! Soyez courageux et forts! Le Seigneur traitera de la même manière tous les ennemis que vous aurez à combattre.» Après quoi Josué exécuta les rois et les fit pendre à cinq arbres, où leurs corps restèrent jusqu'au soir. Au coucher du soleil, il ordonna de descendre les cadavres. On les jeta dans la grotte où les rois s'étaient cachés, et on boucha l'entrée avec de grosses pierres qui s'y trouvent encore aujourd'hui. Le même jour, Josué s'empara de la ville de Maquéda, il fit mourir son roi et tous ses habitants; il n'y laissa aucun survivant. Il traita le roi de Maquéda comme il avait traité celui de Jéricho. De Maquéda, Josué et les Israélites se rendirent à Libna, qu'ils attaquèrent. Le Seigneur leur livra également cette ville et son roi; ils en tuèrent les habitants sans laisser aucun survivant. Ils traitèrent son roi de la même manière que celui de Jéricho. De Libna, Josué et les Israélites se rendirent à Lakich, prirent position près de la ville et l'attaquèrent. Le Seigneur livra Lakich aux Israélites le second jour du combat; ceux-ci en tuèrent les habitants, sans laisser aucun survivant, comme ils l'avaient fait à Libna. Horam, roi de Guézer, se porta au secours de Lakich, mais Josué le battit, lui et son armée, et ne laissa aucun survivant. De Lakich, Josué et les Israélites se rendirent à Églon, prirent position près de la ville et l'attaquèrent. Ils s'en emparèrent le jour même et, comme à Lakich, ils en exterminèrent les habitants. D'Églon, Josué et les Israélites montèrent jusqu'à Hébron et attaquèrent la ville. Ils s'en emparèrent, firent mourir son roi et ses habitants. Ils prirent également les villes des environs et en tuèrent les habitants. Comme à Églon, Josué détruisit entièrement la ville et extermina la population sans laisser de survivant. Ensuite, Josué et les Israélites firent demi-tour pour se rendre à Debir qu'ils attaquèrent. Ils s'emparèrent de la ville et de son roi, ainsi que des villes des environs. Ils massacrèrent les habitants sans laisser de survivant. Josué traita Debir et son roi comme il avait traité Hébron ainsi que Libna et son roi. Josué conquit tout le pays: la région montagneuse, la région méridionale, le Bas -Pays et la région des coteaux, et il battit tous leurs rois. Il n'épargna personne, il extermina tous les êtres vivants, selon les ordres du Seigneur, Dieu d'Israël. Josué mena sa conquête de Cadès-Barnéa et Gaza, au sud, jusqu'à la région de Gochen et à Gabaon, au nord. Il s'empara de ces territoires, il vainquit leurs rois en une seule campagne, car le Seigneur, Dieu d'Israël, combattait lui-même aux côtés de son peuple. Ensuite il regagna le camp du Guilgal avec tous les Israélites. Lorsque Yabin, roi de Hassor, apprit les victoires de Josué, il envoya des messagers à Yobab, roi de Madon, au roi de Chimron et au roi d'Akechaf. Il en envoya également aux rois établis dans la région montagneuse du nord, dans la vallée du Jourdain au sud du lac de Génésareth, dans le Bas -Pays et sur la côte près de Dor, à l'ouest. Les Cananéens se trouvaient à l'est et à l'ouest du Jourdain; les Amorites, les Hittites, les Perizites, les Jébusites habitaient dans la région montagneuse; les Hivites vivaient au pied de l'Hermon, dans la région de Mispa. Tous les rois se mirent en route avec des soldats innombrables, comme les grains de sable au bord de la mer, et un grand nombre de chevaux et de chars. Ils joignirent leurs forces et allèrent prendre position près des sources de Mérom pour attaquer les Israélites. Le Seigneur dit à Josué: «N'aie pas peur d'eux, car, demain, à cette heure-ci, je les livrerai tous, blessés à mort, au peuple d'Israël. Tu couperas les jarrets de leurs chevaux et tu mettras le feu à leurs chars.» Josué et ses soldats allèrent attaquer leurs ennemis à l'improviste aux sources de Mérom. Le Seigneur les livra aux Israélites qui les battirent et les poursuivirent au nord jusqu'à Sidon, la grande ville, et Misrefoth-Maïm et, à l'est, jusqu'à la vallée de Mispé. Ils leur infligèrent une complète défaite et ne leur laissèrent aucun survivant. Josué agit comme le Seigneur le lui avait ordonné: il coupa les jarrets de leurs chevaux et mit le feu à leurs chars. En ce temps-là, Josué s'empara de Hassor, qui était autrefois la capitale des royaumes du nord. Il tua son roi et fit massacrer tous ses habitants; il n'y resta aucun être vivant et on brûla la ville. Josué l'emporta sur tous les rois de la coalition et s'empara de leurs villes. Il massacra les rois et la population des villes, comme Moïse, le serviteur du Seigneur, l'avait ordonné. Cependant les Israélites ne mirent pas le feu aux villes situées sur les collines, à l'exception de Hassor, que Josué fit incendier. Les Israélites prirent pour eux les biens et le bétail qu'ils trouvèrent dans ces villes; mais ils en exterminèrent la population, ils n'y laissèrent aucun être vivant. Moïse avait transmis à Josué les ordres que le Seigneur lui avait donnés à ce sujet, et Josué s'y conforma entièrement. Josué conquit tout le pays: la région montagneuse, la région méridionale, la région de Gochen, le Bas -Pays, la vallée du Jourdain ainsi que la région de montagnes et de plaines du nord. Il vainquit et tua les rois des territoires situés entre la montagne dénudée proche de Séir, au sud, et Baal-Gad dans la vallée du Liban, au pied du mont Hermon, au nord. La guerre qu'il leur livra dura longtemps. Seuls les Hivites résidant à Gabaon firent la paix avec les Israélites. Toutes les autres villes furent conquises par les armes. En effet, le Seigneur avait incité les habitants du pays à faire obstinément la guerre aux Israélites. Il fallait que ceux-ci les tuent sans pitié et les exterminent complètement, comme le Seigneur lui-même l'avait ordonné à Moïse. En ce temps-là, Josué alla combattre les Anaquites qui vivaient dans les montagnes, à Hébron, Debir, Anab, et dans toutes les régions montagneuses de Juda et d'Israël. Il les extermina et détruisit entièrement leurs villes. Il ne resta plus d'Anaquites dans le pays d'Israël, il en subsista seulement à Gaza, Gath et Asdod. Ainsi Josué conquit tout le pays, comme le Seigneur l'avait ordonné à Moïse, puis il l'attribua aux Israélites en le partageant entre les différentes tribus. Alors le peuple se reposa de la guerre. Les Israélites avaient déjà vaincu deux rois à l'est du Jourdain, et conquis leurs territoires qui s'étendaient du torrent de l'Arnon jusqu'au mont Hermon, et comprenaient la partie orientale de la vallée du Jourdain. Le premier était Sihon, le roi amorite résidant à Hèchebon. Il régnait sur la moitié de la vallée de l'Arnon à partir d'Aroër, et sur la moitié du territoire de Galaad jusqu'au torrent du Yabboc, qui sert de frontière avec le pays des Ammonites. Il possédait aussi la partie orientale de la vallée du Jourdain, du lac de Génésareth, au nord, jusqu'à la mer Morte, près de Beth-Yechimoth, et, plus au sud, la région située au pied du mont Pisga. L'autre roi était Og, un des derniers Refaïtes, qui régnait sur le Bachan et résidait à Achetaroth ou à Édréi. Son royaume comprenait le mont Hermon, Salka, tout le Bachan jusqu'à la frontière des Guéchourites et des Maakatites, ainsi que la moitié du territoire de Galaad jusqu'au royaume de Sihon, roi de Hèchebon. Moïse et les Israélites avaient vaincu ces deux rois, et Moïse, le serviteur du Seigneur, avait donné leurs territoires aux tribus de Ruben et de Gad ainsi qu'à la demi-tribu de Manassé. Josué et les Israélites vainquirent ensuite les rois établis à l'ouest du Jourdain, dont les territoires s'étendaient de Baal-Gad dans la vallée du Liban, au nord, jusqu'à la montagne dénudée proche de Séir, au sud. Josué donna ces territoires aux Israélites en les répartissant entre tribus. Il s'agissait de la région montagneuse, du Bas -Pays, de la vallée du Jourdain, de la région des coteaux, du désert et de la région méridionale. C'étaient les territoires où vivaient les Hittites, les Amorites, les Cananéens, les Perizites, les Hivites et les Jébusites. Les rois vaincus étaient ceux des villes suivantes: Jéricho, Aï, près de Béthel, Jérusalem, Hébron, Yarmouth, Lakich, Églon, Guézer, Debir, Guéder, Horma, Arad, Libna, Adoullam, Maquéda, Béthel, Tappoua, Héfer, Afec, Saron, Madon, Hassor, Chimron-Meron, Akechaf, Taanak, Méguiddo, Quédech, Yocnéam du Carmel, Dor sur la côte, Goïm en Galilée, et Tirsa. Cela faisait un total de trente et un rois. Josué était devenu très vieux. Le Seigneur lui dit: «Te voilà devenu très vieux et pourtant il reste une part considérable de pays à conquérir: les territoires des Philistins et des Guéchourites, c'est-à-dire la contrée, considérée comme cananéenne, qui s'étend du torrent du Chihor, à la frontière égyptienne, jusqu'à la région d'Écron, au nord. Là se trouvent les cinq chefs philistins qui dominent sur Gaza, Asdod, Ascalon, Gath et Écron, ainsi que le territoire des Avites, au sud. Il faudra conquérir également le pays des Cananéens, depuis Ara, possession des Sidoniens, jusqu'à Afec, à la frontière amorite; de même, la région de Guébal et le Liban oriental de Baal-Gad, au pied du mont Hermon, jusqu'à Lebo-Hamath, ainsi que la région montagneuse située entre le Liban et Misrefoth-Maïm dont les habitants sont tous Sidoniens. Au fur et à mesure que les Israélites avanceront, je chasserai devant eux les populations de ces régions. Tu attribueras aux Israélites les différentes parties du pays, en les tirant au sort, comme je te l'ai ordonné. Répartis donc ces territoires entre les neuf tribus et la demi-tribu de Manassé qui n'ont encore rien.» Les tribus de Ruben, de Gad et la première moitié de la tribu de Manassé avaient déjà reçu des terres en partage, à l'est du Jourdain. C'est Moïse, le serviteur du Seigneur, qui les leur avait attribuées. Leurs territoires étaient limités au sud par la ville d'Aroër sur l'Arnon et par la ville située au milieu de la même vallée. Ils comprenaient tout le plateau, de Mèdeba à Dibon, ainsi que les villes du roi amorite, Sihon, qui avait régné à Hèchebon sur la contrée allant jusqu'à la frontière ammonite. Ils comprenaient aussi le pays de Galaad, la région de Guéchour et de Maaka, le mont Hermon et tout le Bachan jusqu'à Salka. Le royaume d'Og, un des derniers Refaïtes, qui avait régné à Achetaroth et Édréi, au Bachan, était inclus dans leurs parts. Moïse avait vaincu et dépossédé les peuples de ces régions. Cependant les Israélites ne chassèrent pas les Guéchourites ni les Maakatites de sorte que, maintenant encore, ceux-ci vivent en Israël. La tribu de Lévi fut la seule à ne pas recevoir de terres en partage. En effet, la part qui revient aux descendants de Lévi est prise sur les sacrifices consumés pour le Seigneur, Dieu d'Israël, comme le Seigneur lui-même le leur a promis. Le territoire que Moïse avait attribué aux clans de la tribu de Ruben était limité au sud par la ville d'Aroër sur l'Arnon et par la ville située au milieu de la même vallée. Il comprenait le plateau autour de Mèdeba. Il comprenait également Hèchebon et toutes les villes du plateau: Dibon, Bamoth-Baal, Beth-Baal-Méon, Yahas, Quedémoth, Méfaath, Quiriataïm, Sibma, Séreth-Chahar sur la colline qui domine la vallée, Beth-Péor, les versants du mont Pisga et Beth-Yechimoth. Outre les villes du plateau, tout le royaume de Sihon, le souverain amorite qui avait régné à Hèchebon, était inclus dans leur part. Moïse avait vaincu Sihon ainsi que les chefs de Madian qui lui étaient soumis et qui vivaient dans le pays: Évi, Réquem, Sour, Hour et Réba. Le devin Balaam, fils de Béor, fut un de ceux que les Israélites tuèrent à ce moment-là. Le territoire des Rubénites avait le Jourdain pour frontière ouest. Les villes et les localités nommées ci-dessus constituèrent la part donnée aux clans de la tribu de Ruben. Le territoire que Moïse avait attribué aux clans de la tribu de Gad comprenait Yazer, toutes les villes de Galaad, la moitié du pays des Ammonites jusqu'à Aroër, près de Rabba. Il s'étendait d'Hèchebon à Ramath-Mispé et Betonim, et de Mahanaïm à la région de Lo-Dabar. Dans la vallée du Jourdain, il comprenait Beth-Haram, Beth-Nimra, Soukoth et Safon, localités du royaume de Sihon, qui avait régné à Hèchebon. Ce territoire était situé à l'est du Jourdain qui en formait la frontière jusqu'au lac de Génésareth, au nord. Toutes les villes et localités nommées ci-dessus constituèrent la part donnée aux clans de la tribu de Gad. Le territoire que Moïse avait attribué aux clans de la demi-tribu de Manassé était limité au sud par Mahanaïm. Il comprenait tout le Bachan, tout le pays d'Og, roi du Bachan, ainsi que les soixante villages de Yaïr situés dans cette région. Il englobait également la moitié du pays de Galaad ainsi que les villes d'Achetaroth et d'Édréi, les anciennes capitales d'Og, roi du Bachan. Tout ce territoire fut donné à la moitié des clans descendant de Makir, fils de Manassé. Moïse avait attribué ces différentes parts dans la région située à l'est de Jéricho et du Jourdain, lorsqu'il se trouvait dans les plaines de Moab. Il ne donna aucune terre en partage aux membres de la tribu de Lévi. En effet, leur part est de servir le Seigneur, Dieu d'Israël, comme celui-ci l'a dit. Voici les territoires qui furent attribués au peuple d'Israël dans le pays de Canaan. Le prêtre Élazar, Josué, fils de Noun, et les chefs de famille des différentes tribus les répartirent entre les Israélites. Comme le Seigneur l'avait ordonné à Moïse, on tira au sort les terres attribuées aux neuf tribus et demie qui n'en avaient pas encore. Moïse avait déjà distribué les terres situées à l'est du Jourdain à deux tribus et demie, mais il n'en avait pas donné aux descendants de Lévi, qui ne devaient recevoir aucun territoire. Cependant les descendants de Joseph formaient deux tribus, celles de Manassé et d'Éfraïm. Quant aux lévites, ils reçurent uniquement des villes pour y habiter avec les terrains des alentours pour leurs troupeaux et leurs autres biens. Ainsi les Israélites partagèrent le pays conformément aux ordres que le Seigneur avait donnés à Moïse. Un jour, des gens de la tribu de Juda vinrent trouver Josué au Guilgal. Caleb, fils de Yefounné, du clan de Quenaz, lui dit: «A Cadès-Barnéa, tu t'en souviens, le Seigneur a parlé de toi et de moi à Moïse, l'homme de Dieu. J'avais quarante ans lorsque Moïse, le serviteur du Seigneur, m'envoya de Cadès-Barnéa explorer ce pays-ci. A mon retour, je lui fis un rapport sincère; tandis que les hommes qui m'avaient accompagné décourageaient le peuple, je manifestai ma fidélité au Seigneur mon Dieu. Ce jour-là, Moïse me promit solennellement que je recevrais en partage le pays que j'avais parcouru, et que celui-ci appartiendrait à moi et à mes descendants pour toujours, à cause de ma fidélité au Seigneur Dieu. Il y a maintenant quarante-cinq ans que le Seigneur a donné cet ordre à Moïse, à l'époque où les Israélites traversaient le désert. Depuis ce temps-là, le Seigneur m'a gardé en vie selon sa promesse, et me voici âgé de quatre-vingt-cinq ans. Pourtant, je suis toujours aussi vigoureux que lorsque Moïse m'a envoyé en exploration. J'ai autant de forces qu'alors, que ce soit pour la guerre ou pour toute autre activité. Maintenant donc, attribue-moi la région montagneuse que le Seigneur m'a promise en ce temps-là. Je t'avais alors indiqué que les descendants d'Anac y vivent dans des villes grandes et bien fortifiées. Si le Seigneur est avec moi, je les en chasserai comme il l'a lui-même annoncé.» Josué bénit Caleb, fils de Yefounné, et lui donna la ville d'Hébron. Cette ville appartient maintenant encore aux descendants de Caleb, fils de Yefounné, du clan de Quenaz, parce que Caleb avait manifesté sa fidélité au Seigneur, Dieu d'Israël. Hébron s'appelait autrefois Quiriath-Arba, ou ville d'Arba, nom du plus célèbre des Anaquites. Alors le peuple se reposa de la guerre. Le territoire attribué par tirage au sort aux clans de Juda s'étendait au sud-est jusqu'à la frontière d'Édom. Le désert de Tsin en constituait la partie la plus méridionale. La frontière sud partait de la baie qui se trouve à l'extrémité méridionale de la mer Morte. Elle passait au sud de la montée des Scorpions et de Tsin. Au sud de Cadès-Barnéa, elle remontait par Hesron jusqu'à Addar, puis tournait en direction de Carca. Elle continuait par Asmon et rejoignait le torrent d'Égypte pour aboutir à la mer Méditerranée. Voilà où passait la frontière sud de Juda. A l'est, la frontière était constituée par la mer Morte jusqu'à l'endroit où le Jourdain s'y jette. C'est du même endroit que partait la frontière nord. Elle montait ensuite à Beth-Hogla, passait au nord de Beth-Araba, puis continuait jusqu'à la pierre dite de Bohan, un des fils de Ruben. Elle montait encore à Debir en passant par la vallée d'Akor, puis plus au nord elle tournait vers Guilgal, en face de la montée d'Adoumim, qui est au sud du ravin. Elle passait ensuite près des sources d'En-Chémech et rejoignait En-Roguel. Elle remontait alors la vallée de Hinnom, sur le versant sud de la colline des Jébusites, où se trouve Jérusalem, puis vers le sommet montagneux situé à l'ouest de la vallée de Hinnom et à l'extrémité nord de la vallée des Refaïtes. De là, elle tournait vers les sources de Neftoa et rejoignait les villes situées près du mont Éfron, avant de se diriger vers Baala, appelée aussi Quiriath-Yéarim. La frontière s'infléchissait à l'ouest de Baala vers la montagne de Séir, passait sur le versant nord de la montagne des Forêts, ou mont Kessalon, redescendait à Beth-Chémech et dépassait Timna. Elle continuait en direction du versant nord de la ville d'Écron, tournait vers Chikaron, et se dirigeait vers Yabné en passant par le mont Baala. Elle aboutissait à la mer Méditerranée. La frontière ouest était constituée par la mer Méditerranée. Voilà comment était délimité le territoire attribué aux clans de la tribu de Juda. Caleb, fils de Yefounné, reçut une partie du territoire de Juda, comme le Seigneur l'avait ordonné à Josué. On lui donna Quiriath-Arba, ou ville d'Arba, nom de l'ancêtre des Anaquites. Cette ville s'appelle maintenant Hébron. Caleb en chassa les trois clans anaquites: celui de Chéchaï, celui d'Ahiman et celui de Talmaï. D'Hébron, il partit attaquer les habitants de Debir, ville qui s'appelait alors Quiriath-Séfer. Caleb annonça qu'il donnerait sa fille Axa en mariage à celui qui réussirait à s'emparer de Quiriath-Séfer. Otniel, fils de Quenaz et neveu de Caleb, s'empara de la ville et Caleb lui donna sa fille en mariage. Lorsqu'elle arriva près d'Otniel, elle lui suggéra de demander un champ à son père Caleb. Elle descendit ensuite de son âne, Caleb lui demanda ce qu'elle désirait et elle répondit: «Accorde-moi une faveur. Donne-moi des points d'eau, car la région que tu m'as attribuée, au sud, est aride.» Caleb lui donna les sources d'en haut et les sources d'en bas. Tel était le territoire que les clans de la tribu de Juda reçurent en partage. Les villes situées dans la partie méridionale du territoire de Juda, près de la frontière d'Édom, étaient Cabséel, Éder, Yagour, Quina, Dimona, Adéada, Quédech, Hassor, Itnan, Zif, Télem, Béaloth, Hassor-Hadatta, Querioth-Hesron, appelée aussi Hassor, Amam, Chema, Molada, Hassar-Gadda, Hèchemon, Beth-Péleth, Hassar-Choual, Berchéba et les localités voisines, Baala, Iyim, Essem, Eltolad, Kessil, Horma, Siclag, Madmanna, Sanesanna, Lebaoth, Chilim et En-Rimmon, soit vingt-neuf villes et les villages voisins. Les villes situées dans le Bas -Pays étaient Èchetaol, Sora, Achena, Zanoa, En-Gannim, Tappoua, Énam, Yarmouth, Adoullam, Soko, Azéca, Chaaraïm, Aditaïm, Guedéra et Guedérotaïm, soit quatorze villes et les villages voisins. Il y avait également Senan, Hadacha, Migdal-Gad, Dilan, Mispé, Yoctéel, Lakich, Boscath, Églon, Kabbon, Lahémas, Kitlich, Guedéroth, Beth-Dagon, Naama et Maquéda, soit seize villes et les villages voisins. Il y avait en outre Libna, Éter, Achan, Ifta, Achena, Nessib, Quéila, Akzib et Marécha, soit neuf villes et les villages voisins. On y trouvait encore Écron, avec les localités et villages voisins, toutes les villes et les villages situés aux alentours d'Asdod entre Écron et la mer Méditerranée, Asdod et Gaza avec les localités et villages voisins, jusqu'au torrent d'Égypte et jusqu'à la côte de la Méditerranée. Les villes situées dans la région montagneuse étaient Chamir, Yattir, Soko, Danna, Quiriath-Sanna, appelée aussi Debir, Anab, Echtemoa, Anim, Gochen, Holon et Guilo, soit onze villes et les villages voisins. Il y avait également Arab, Rouma, Échan, Yanoum, Beth-Tappoua, Aféca, Houmeta, Quiriath-Arba, appelée aussi Hébron, et Sior, soit neuf villes et les villages voisins. Il y avait en outre Maon, Karmel, Zif, Youtta, Jizréel, Yocdéam, Zanoa, Caïn, Guibéa et Timna, soit dix villes et les villages voisins. On y trouvait enfin Haloul, Beth-Sour, Guedor, Maarath, Beth-Anoth et Eltecône, soit six villes et les villages voisins, ainsi que Quiriath-Baal, appelée aussi Quiriath-Yéarim, et Rabba, soit deux villes et les villages voisins. Les villes situées dans le désert étaient Beth-Araba, Middin, Sekaka, Nibechan, Ir-Méla et En-Guédi, soit six villes et les villages voisins. Les descendants de Juda ne réussirent pas à chasser les Jébusites, qui habitaient Jérusalem, et ceux-ci vivent maintenant encore dans cette ville avec les gens de Juda. Aux descendants de Joseph fut attribué, par tirage au sort, un territoire dont la frontière sud partait du Jourdain, près de Jéricho, à l'est de la source alimentant la ville. De Jéricho, la frontière traversait le désert pour s'élever dans la région montagneuse de Béthel. De là, elle se dirigeait vers Louz, passait par Ataroth, où vivent les Arkites, puis descendait à l'ouest dans la contrée des Yaflétites. Après avoir traversé Beth-Horon le Bas et Guézer, elle aboutissait à la mer Méditerranée. Les descendants de Joseph, c'est-à-dire les tribus de Manassé et d'Éfraïm, partagèrent ce territoire entre eux. Les clans de la tribu d'Éfraïm reçurent une partie du territoire dont la frontière allait d'Atroth-Addar, au sud-est, jusqu'à Beth-Horon le Haut et, de là, jusqu'à la mer Méditerranée. Au nord, elle passait près de Mikmétath. A l'est de Mikmétath, elle se dirigeait vers Taanath-Silo, qu'elle traversait pour aller à Yanoa. De là, elle descendait à Ataroth et Naara, rejoignait Jéricho et aboutissait au Jourdain. A l'ouest de Mikmétath, la frontière allait de Tappoua jusqu'au torrent de Cana pour rejoindre la mer Méditerranée. Tel fut le territoire attribué aux clans de la tribu d'Éfraïm, auquel on ajouta des villes et les villages voisins, situés dans le territoire de la tribu de Manassé. Les Éfraïmites ne chassèrent point les Cananéens qui habitaient Guézer. Ceux-ci y vivent maintenant encore parmi les Éfraïmites qui leur ont imposé certains travaux. Les descendants de Manassé, fils aîné de Joseph, reçurent également leur part. Un territoire avait déjà été attribué aux descendants de Makir, le vaillant guerrier, fils aîné de Manassé et père de Galaad: ils avaient reçu la région de Galaad et du Bachan, à l'est du Jourdain. On attribua des terres aux autres clans descendant de Manassé. Ces clans étaient ceux d'Abiézer, d'Hélec, d'Asriel, de Chékem, d'Héfer et de Chemida, descendant tous de Manassé, fils de Joseph. Selofad, fils de Héfer et petit-fils de Galaad, lui-même fils de Makir et petit-fils de Manassé, n'avait pas eu de fils mais seulement des filles. Ces filles s'appelaient Mala, Noa, Hogla, Milka et Tirsa. Elles vinrent trouver le prêtre Élazar, Josué, fils de Noun, et les responsables du peuple. Elles leur dirent: «Le Seigneur a ordonné à Moïse de nous attribuer des terres tout comme aux hommes de notre tribu.» Conformément à l'ordre du Seigneur, elles reçurent des terres tout comme les hommes de leur tribu. La tribu de Manassé eut donc dix parts en plus de Galaad et du Bachan, situés à l'est du Jourdain. On donna en effet des terres non seulement aux hommes descendant de Manassé, mais également à des femmes de la même tribu. – La région de Galaad appartenait aux autres descendants de Manassé. – Le territoire de Manassé s'étendait d'Asser à Mikmétath, à l'est de Sichem. De Mikmétath, la frontière descendait vers le sud jusque chez les habitants d'En-Tappoua. La région appartenait à Manassé, mais la ville de Tappoua elle-même, à la frontière, fut attribuée aux Éfraïmites. Ensuite, la frontière rejoignait la rive sud du torrent de Cana. Cependant, les villes situées au sud du torrent revinrent aux gens d'Éfraïm, bien qu'elles se trouvent dans le territoire de Manassé. La frontière passait de là au nord du torrent avant d'aboutir à la mer Méditerranée. Ainsi la tribu d'Éfraïm s'étendait vers le sud et celle de Manassé vers le nord. La mer Méditerranée constituait la frontière occidentale. La tribu d'Asser se trouvait au nord-ouest de Manassé et celle d'Issakar au nord-est. Dans les territoires d'Issakar et d'Asser, la tribu de Manassé reçut Beth-Chéan et Ibléam avec les localités voisines, ainsi que Dor, En-Dor, Taanak, Méguiddo, avec leurs habitants, et les localités voisines, c'est-à-dire le district de Dor. Cependant, les gens de Manassé ne réussirent pas à chasser les habitants de ces villes et les Cananéens continuèrent à y vivre. Même lorsque les Israélites furent devenus plus puissants, ils ne parvinrent pas à les chasser, mais leur imposèrent certains travaux. Les descendants de Joseph vinrent dire à Josué: «Pourquoi nous as-tu attribué une seule part du pays, à nous que le Seigneur a bénis au point de nous rendre très nombreux?» Josué répondit: «Si vous êtes si nombreux et que la région montagneuse d'Éfraïm ne vous suffit pas, allez donc vous défricher du terrain dans les forêts qui appartiennent aux Perizites et aux Refaïtes.» Les descendants de Joseph répliquèrent: «La région montagneuse ne nous suffit pas, il est vrai, toutefois les Cananéens qui habitent dans les plaines possèdent des chars de fer, aussi bien ceux de Beth-Chéan et des localités voisines que ceux de la vallée de Jizréel.» Alors Josué déclara aux descendants de Joseph, membres de la tribu d'Éfraïm et de la demi-tribu occidentale de Manassé: «Vous êtes nombreux et très forts, en effet. C'est pourquoi vous ne recevrez pas seulement une part dans le pays: toute la région montagneuse couverte de forêts sera à vous; vous la défricherez et vous l'occuperez entièrement. Vous parviendrez à en chasser les Cananéens, bien qu'ils aient des chars de fer et qu'ils soient puissants.» Après que les Israélites eurent soumis le pays, ils se rassemblèrent tous à Silo et y installèrent la tente de la rencontre. Il restait parmi eux sept tribus qui n'avaient pas encore reçu de terres en partage. Josué leur dit alors: «Jusqu'à quand attendrez-vous pour aller occuper le pays que le Seigneur, le Dieu de vos ancêtres, vous a donné? Désignez trois hommes par tribu. Je les enverrai parcourir le pays, ils examineront en détail les parts de leurs tribus, et reviendront m'en faire la description. Ils répartiront le pays en sept parts. Les descendants de Juda resteront dans leur territoire du sud, et ceux de Joseph dans le leur, plus au nord. Préparez donc une description de ces sept parts et venez me la présenter. Alors, en présence du Seigneur notre Dieu, je tirerai au sort la part de chacune de vos tribus. Les descendants de Lévi ne recevront aucun territoire en partage, car leur part consiste à être prêtres au service du Seigneur. De leur côté, les tribus de Gad et de Ruben, ainsi qu'une moitié de la tribu de Manassé, ont déjà reçu leurs territoires à l'est du Jourdain. C'est Moïse lui-même, le serviteur du Seigneur, qui les leur a donnés.» Les hommes désignés pour explorer le pays se préparèrent à partir. Avant qu'ils s'en aillent, Josué leur donna les instructions suivantes: «Allez parcourir le pays, examinez-le soigneusement et revenez me le décrire. Ici même, à Silo, je tirerai au sort, en présence du Seigneur, les différentes parts qui vous reviennent.» Les hommes parcoururent tout le pays. Ils rédigèrent une description détaillée des sept parts qu'ils avaient délimitées, avec une liste des villes, puis ils retournèrent auprès de Josué au camp de Silo. Josué tira ces parts au sort en présence du Seigneur et les répartit entre les Israélites; il donna à chaque tribu le territoire qui lui revenait dans le pays. La première part attribuée par le sort fut celle des clans de la tribu de Benjamin. Leur territoire était situé entre celui de Juda et celui des descendants de Joseph. La frontière nord partait du Jourdain, montait du côté nord de Jéricho, continuait vers l'ouest à travers la région montagneuse jusqu'au désert de Beth-Aven. De là, elle se dirigeait vers Louz, passait du côté sud de Louz, appelée aussi Béthel, puis descendait à Atroth-Addar à travers la montagne située au sud de Beth-Horon le Bas. A l'ouest de cette montagne, la frontière changeait de direction: elle tournait vers le sud pour aboutir à Quiriath-Baal, appelée aussi Quiriath-Yéarim, qui appartenait à la tribu de Juda. Voilà où passait la frontière ouest. La frontière sud partait de Quiriath-Yéarim, allait vers Gasin et aboutissait aux sources de Neftoa. De là, elle descendait au pied de la montagne qui domine la vallée de Hinnom, au nord de la vallée des Refaïtes. Elle longeait la vallée de Hinnom, sur le versant sud de la colline jébusite, et continuait à descendre jusqu'à En-Roguel. Elle tournait alors vers le nord en direction d'En-Chémech, puis de Gueliloth, en face de la montée d'Adoumim. De là, elle descendait vers la pierre dite de Bohan, un des fils de Ruben, puis dans la vallée du Jourdain en passant au nord de la hauteur qui domine cette vallée. Elle se prolongeait ensuite du côté nord de Beth-Hogla et aboutissait à l'extrémité nord de la mer Morte, à l'endroit où le Jourdain s'y jette. Voilà où passait la frontière sud. Le Jourdain constituait la frontière orientale. Ainsi était délimité le territoire attribué aux clans de la tribu de Benjamin. Les villes appartenant aux clans de Benjamin étaient Jéricho, Beth-Hogla, Émec-Quessis, Beth-Araba, Semaraïm, Béthel, Avim, Para, Ofra, Kefar-Ammona, Ofni et Guéba, soit douze villes et les villages voisins. Il y avait aussi Gabaon, Rama, Beéroth, Mispé, Kefira, Mossa, Réquem, Irpéel, Tarala, Séla, Élef, la ville jébusite, c'est-à-dire Jérusalem, Guibéa et Quiriath, soit quatorze villes et les villages voisins. Tout cela constituait la part des clans de Benjamin. La deuxième part attribuée par le sort fut celle des clans de la tribu de Siméon. Leur territoire était entouré par celui de la tribu de Juda. Il comprenait les villes de Berchéba, Chéba, Molada, Hassar-Choual, Baala, Essem, Eltolad, Betoul, Horma, Siclag, Beth-Markaboth, Hassar-Soussa, Beth-Lebaoth et Charouen, soit treize villes et les villages voisins. Il y avait aussi Aïn, Rimmon, Éter et Achan, soit quatre villes et les villages voisins, auxquels s'ajoutaient toutes les localités environnantes jusqu'à Baalath-Ber et Ramath-Néguev. Tout cela constituait la part des clans de Siméon. Le territoire de la tribu de Siméon avait été pris dans celui de Juda, car les descendants de Juda avaient reçu un territoire trop grand pour eux. C'est pourquoi la tribu de Siméon se trouva entourée par le territoire attribué à Juda. La troisième part attribuée par le sort fut celle des clans de la tribu de Zabulon. Leur territoire s'étendait au sud jusqu'à Sarid. De là, la frontière remontait vers l'ouest jusqu'à Marala, puis jusqu'à Dabbécheth et au torrent qui coule à l'est de Yocnéam. De l'autre côté de Sarid, la frontière se dirigeait vers l'est, touchait le territoire de Kisloth-Tabor, passait par Dabrath et montait jusqu'à Yafia. Ensuite, elle continuait plus à l'est jusqu'à Gath-Héfer et Eth-Cassin, rejoignait Rimmon et tournait vers Néa. Au nord, la frontière contournait Hannaton et aboutissait dans la vallée de Ifta-El. Le territoire comprenait douze villes avec les villages voisins, en particulier les villes de Cattath, Nahalal, Chimron, Idala et Bethléem. Toutes ces localités se trouvaient dans la part attribuée aux clans de la tribu de Zabulon. La quatrième part attribuée par le sort fut celle des clans de la tribu d'Issakar. Leur territoire comprenait Jizréel, Kessouloth, Chounem, Hafaraïm, Cion, Anaharath, Rabbith, Quichion, Ébès, Rémeth, En-Gannim, En-Hadda et Beth-Passès. La frontière touchait à Tabor, Chassaïm, Beth-Chémech et aboutissait au Jourdain. Le territoire comprenait seize villes avec les villages voisins. Toutes ces localités se trouvaient dans la part attribuée aux clans de la tribu d'Issakar. La cinquième part attribuée par le sort fut celle des clans de la tribu d'Asser. Leur territoire comprenait Helcath, Hali, Béten, Akechaf, Alamélek, Amad et Michal. A l'ouest, la frontière touchait au mont Carmel en suivant le torrent du Chihor-Libnath. A l'est, la frontière remontait vers Beth-Dagon, touchait le territoire de Zabulon et la vallée de Ifta-El, puis se dirigeait vers le nord pour atteindre Beth-Émec et Néiel. Elle continuait ensuite dans la même direction, passait à Caboul, Abdon, Rehob, Hammon et Cana pour aboutir près de Sidon, la grande ville. Elle tournait alors vers Rama et la forteresse de Tyr, puis elle se dirigeait vers Hossa et aboutissait à la mer Méditerranée en passant par Mahaleb, Akzib, Oum, Afec et Rehob. En tout, le territoire comprenait vingt-deux villes et les villages voisins. Toutes ces localités se trouvaient dans la part attribuée aux clans de la tribu d'Asser. La sixième part attribuée par le sort fut celle des clans de la tribu de Neftali. La frontière sud partait de Hélef et du chêne de Saananim, passait par Adami-Nékeb et Yabnéel, atteignait Laccoum et aboutissait au Jourdain. A l'ouest, la frontière tournait vers Aznoth-Tabor, rejoignait Houcoc, longeait le territoire de Zabulon au sud, puis celui d'Asser à l'ouest. A l'est, elle était formée par le Jourdain. Les villes fortifiées étaient Siddim, Ser, Hammath, Raccath, Kinnéreth, Adama, Rama, Hassor, Quédech, Édréi, En-Hassor, Iron, Migdal-El, Horem, Beth-Anath et Beth-Chémech: en tout dix-neuf villes avec les villages voisins. Toutes ces localités se trouvaient dans la part attribuée aux clans de la tribu de Neftali. La septième part attribuée par le sort fut celle des clans de la tribu de Dan. Leur territoire comprenait Sora, Èchetaol, Ir-Chémech, Chaalabin, Ayalon, Itla, Élon, Timna, Écron, Eltequé, Guibeton, Baalath, Yehoud, Bené-Berac, Gath-Rimmon, le cours du Yarcon, Raccon, et le territoire autour de Jaffa. Lorsque les membres de la tribu de Dan perdirent leur territoire, ils allèrent attaquer Léchem. Ils s'emparèrent de la ville et tuèrent ses habitants; ils l'occupèrent complètement et s'y installèrent. Ils donnèrent alors à Léchem le nom de leur ancêtre, Dan. Toutes les villes nommées ci-dessus et les villages voisins faisaient partie du territoire attribué aux clans de la tribu de Dan. Quand les Israélites eurent fini de répartir le pays entre eux, ils donnèrent une part de leur territoire à Josué, fils de Noun. Conformément à l'ordre du Seigneur, ils attribuèrent à Josué la ville qu'il demanda, à savoir Timnath-Séra dans la région montagneuse d'Éfraïm. Josué rebâtit la ville et s'y installa. Le prêtre Élazar, Josué, fils de Noun, et les chefs de famille des tribus israélites répartirent ces différents territoires par tirage au sort. Ils le firent à Silo, en présence du Seigneur, à l'entrée de la tente de la rencontre. Ils achevèrent ainsi le partage du pays. Le Seigneur ordonna à Josué de transmettre aux Israélites les instructions suivantes: «Choisissez les villes de refuge dont j'ai chargé Moïse de vous parler. Si quelqu'un parmi vous tue une personne accidentellement, sans l'avoir voulu, il pourra se réfugier dans l'une de ces villes et échapper ainsi à l'homme chargé de venger la victime. En arrivant à la ville de refuge, l'auteur de l'accident mortel s'arrêtera à l'entrée, là où l'on traite les affaires publiques, et expliquera aux anciens du lieu ce qui est arrivé. Ceux-ci le laisseront alors entrer dans la ville et lui indiqueront un endroit où il pourra habiter. Si l'homme chargé de venger la victime poursuit l'auteur de l'accident jusque-là, les habitants de la ville ne livreront pas celui-ci; en effet, c'est accidentellement qu'il a tué une personne pour qui il n'avait jamais eu de haine. Il restera dans cette ville jusqu'à ce qu'il ait été jugé par la communauté et jusqu'à la mort du grand-prêtre en fonction à ce moment-là. Après quoi, il pourra retourner chez lui, dans la ville d'où il s'était enfui.» Les Israélites mirent à part les villes de Quédech en Galilée, dans la région montagneuse de Neftali, de Sichem, dans la région montagneuse d'Éfraïm, et de Quiriath-Arba, appelée aussi Hébron, dans la région montagneuse de Juda. De l'autre côté du Jourdain, à l'est de Jéricho, ils choisirent Besser, sur le plateau désertique appartenant à la tribu de Ruben, Ramoth, en Galaad, appartenant à la tribu de Gad, et Golan dans le Bachan, appartenant à la tribu de Manassé. Ces villes furent choisies pour servir de refuge aux Israélites et aux étrangers installés chez eux. De cette façon, si quelqu'un tuait accidentellement une personne, il pouvait échapper à l'homme chargé de venger la victime et n'était pas mis à mort avant d'avoir été jugé par la communauté. Les chefs des familles de la tribu de Lévi vinrent trouver le prêtre Élazar, Josué, fils de Noun, et les chefs de famille des autres tribus israélites à Silo, dans le pays de Canaan. Ils leur dirent: «Le Seigneur a ordonné par l'intermédiaire de Moïse de nous donner des villes où nous puissions habiter, ainsi que les pâturages voisins pour notre bétail.» Les Israélites choisirent donc dans leurs territoires un certain nombre de villes avec leurs pâturages pour les donner aux lévites, conformément à l'ordre du Seigneur. Les clans lévitiques descendant de Quéhath furent désignés les premiers par le sort. Parmi eux, les descendants du prêtre Aaron reçurent par tirage au sort treize villes situées dans les territoires de Juda, de Siméon et de Benjamin. Les autres descendants de Quéhath reçurent dix villes situées dans les territoires d'Éfraïm, de Dan et de la demi-tribu occidentale de Manassé. Les clans descendant de Guerchon reçurent treize villes situées dans les territoires d'Issakar, d'Asser, de Neftali et de la demi-tribu de Manassé établie dans le Bachan. Les clans descendant de Merari reçurent douze villes situées dans les territoires de Ruben, de Gad et de Zabulon. Les Israélites attribuèrent aux descendants de Lévi, par tirage au sort, toutes ces villes avec leurs pâturages; ils se conformèrent ainsi à l'ordre que le Seigneur avait donné par l'intermédiaire de Moïse. Voici les noms des villes de Juda et de Siméon attribuées aux descendants d'Aaron, du clan de Quéhath, fils de Lévi. Ce sont eux, en effet, qui avaient été désignés les premiers par le sort. On leur donna Quiriath-Arba, ou ville d'Arba, nom de l'ancêtre des Anaquites. Cette ville, qui s'appelle maintenant Hébron, était située dans la région montagneuse de Juda. Elle leur fut donnée avec les pâturages voisins. Par contre, les champs et les villages qui dépendaient de la ville, avaient déjà été attribués à Caleb, fils de Yefounné. Avec Hébron, qui était une des villes de refuge, les descendants du prêtre Aaron reçurent Libna, Yattir, Echtemoa, Holon, Debir, Achan, Youtta, Beth-Chémech, soit neuf villes avec leurs pâturages, toutes situées dans le territoire de Juda et de Siméon. Dans le territoire de Benjamin, ils reçurent Gabaon, Guéba, Anatoth, Alémeth, soit quatre villes avec leurs pâturages. Au total, les prêtres descendant d'Aaron reçurent treize villes et leurs pâturages. Les clans des autres descendants de Quéhath reçurent par tirage au sort des villes situées dans le territoire d'Éfraïm: Sichem, une des villes de refuge, dans la région montagneuse, Guézer, Quibsaïm et Beth-Horon, soit quatre villes avec les pâturages voisins. Dans le territoire de Dan, ils reçurent également quatre villes avec leurs pâturages: Eltequé, Guibeton, Ayalon et Gath-Rimmon. Dans celui de la demi-tribu occidentale de Manassé, ils reçurent les deux villes de Taanak et Ibléam, avec leurs pâturages. Ils eurent donc en tout dix villes avec les pâturages. Les clans lévitiques de Guerchon reçurent deux villes et leurs pâturages dans le territoire de la demi-tribu orientale de Manassé: Golan dans le Bachan, une des villes de refuge, et Bèchetera. Dans le territoire d'Issakar, ils reçurent quatre villes avec leurs pâturages: Quichion, Dabrath, Yarmouth et En-Gannim. Dans celui d'Asser, ils reçurent également quatre villes avec les pâturages des alentours: Michal, Abdon, Helcath et Rehob. Dans le territoire de Neftali, ils reçurent trois villes avec leurs pâturages: Quédech, en Galilée, une des villes de refuge, Hammoth-Dor et Cartan. Les clans guerchonites reçurent donc en tout treize villes et leurs pâturages. Les autres clans lévitiques, ceux des descendants de Merari, reçurent quatre villes avec leurs pâturages dans le territoire de Zabulon: Yocnéam, Carta, Dimna et Nahalal. Dans le territoire de Ruben situé à l'est du Jourdain, en face de Jéricho, ils reçurent également quatre villes avec leurs pâturages: Besser dans la région désertique, une des villes de refuge, Yahas, Quedémoth et Méfaath. Dans celui de Gad, ils reçurent aussi quatre villes avec leurs pâturages: Ramoth, en Galaad, une des villes de refuge, Mahanaïm, Hèchebon et Yazer. Les clans lévitiques descendant de Merari reçurent donc en tout douze villes par tirage au sort. Au total, les descendants de Lévi reçurent quarante-huit villes prises sur les territoires des autres Israélites. Chacune de ces villes leur fut attribuée avec ses pâturages. Le Seigneur donna aux Israélites tout le pays qu'il avait promis à leurs ancêtres. Ils l'occupèrent et s'y installèrent. Le Seigneur leur assura la paix sur toutes les frontières, comme il l'avait aussi promis à leurs ancêtres. Il leur accorda la victoire sur tous leurs ennemis, aucun d'entre eux ne pouvait leur résister. Ainsi toutes les promesses que le Seigneur avait faites au peuple d'Israël se réalisèrent; pas une seule ne resta sans effet. Alors Josué convoqua les hommes des tribus de Ruben et de Gad, ainsi que ceux de la demi-tribu orientale de Manassé. Il leur dit: «Vous avez obéi à tous les ordres de Moïse, le serviteur du Seigneur, et vous avez agi exactement comme je vous l'ai commandé. Pendant la longue période qui s'achève aujourd'hui, vous n'avez jamais abandonné vos frères israélites et vous avez ainsi obéi aux ordres du Seigneur votre Dieu. Maintenant que le Seigneur votre Dieu a accordé le repos à vos compatriotes, comme il le leur avait promis, vous pouvez retourner chez vous. Vous irez habiter dans la région que Moïse, le serviteur du Seigneur, vous a donnée en partage à l'est du Jourdain. Cependant observez soigneusement toute la loi que Moïse, le serviteur du Seigneur, vous a transmise: aimez le Seigneur votre Dieu, obéissez à sa volonté, mettez en pratique ses commandements, attachez-vous à lui et servez-le de tout votre cœur et de toute votre âme.» Puis Josué les bénit et les invita à retourner chez eux Les descendants de Ruben et de Gad, ainsi que les membres de la demi-tribu orientale de Manassé, retournèrent chez eux. Ils quittèrent les autres Israélites à Silo, dans le pays de Canaan; ils se rendirent dans le pays de Galaad, région qu'ils avaient reçue en partage, conformément aux ordres que le Seigneur avait donnés par l'intermédiaire de Moïse. A leur arrivée en bordure du Jourdain, alors qu'ils étaient encore dans le pays de Canaan, ils construisirent un autel d'aspect impressionnant près de la rivière. On vint l'annoncer aux autres Israélites: «Écoutez, les tribus de Ruben et de Gad, ainsi que la demi-tribu orientale de Manassé, ont construit un autel en bordure du Jourdain, de notre côté, dans le pays de Canaan.» A cette nouvelle, les Israélites se rassemblèrent tous à Silo pour aller attaquer les tribus orientales. Ils envoyèrent Pinhas, fils du prêtre Élazar, dans le pays de Galaad pour qu'il parle aux tribus de Ruben et de Gad, ainsi qu'à la demi-tribu orientale de Manassé. Dix responsables du peuple l'accompagnaient, un par tribu; c'étaient tous des chefs de famille dans les clans d'Israël. Ils se rendirent dans le pays de Galaad auprès des tribus orientales, et leur parlèrent ainsi au nom de tous les autres Israélites: «Pourquoi avez-vous commis une faute aussi grave à l'égard du Dieu d'Israël? Pourquoi cessez-vous maintenant d'obéir au Seigneur? En construisant votre propre autel vous vous révoltez contre lui. A Péor, nous avons déjà commis une faute dont nous subissons encore les conséquences, malgré le fléau que le Seigneur a infligé alors à tout son peuple! N'est-ce pas suffisant? Voilà que vous cessez maintenant d'obéir au Seigneur! Si vous vous révoltez contre lui aujourd'hui, demain c'est sur tout le peuple d'Israël qu'il fera tomber sa colère! Si vous considérez que votre territoire est indigne du Seigneur, revenez dans le pays qui lui appartient, là où se trouve sa demeure sainte, et occupez des terres au milieu des nôtres. Mais surtout ne vous révoltez pas contre lui et contre nous, en vous construisant un autel rival de celui du Seigneur notre Dieu. Lorsque Akan, descendant de Zéra, commit une faute grave à propos des biens qu'il était interdit de prendre, c'est tout le peuple d'Israël qui subit la colère du Seigneur, vous le savez bien! Et Akan ne fut pas seul à mourir à cause de sa faute!» Les membres des tribus de Ruben et de Gad, ainsi que ceux de la demi-tribu orientale de Manassé, répondirent aux chefs de clans des autres tribus: «Le Seigneur est le Dieu suprême, oui, il est le Dieu suprême, et il sait pourquoi nous avons agi ainsi. Tous les Israélites le sauront également! Si c'est une révolte, une faute grave commise contre le Seigneur, qu'il ne nous laisse pas en vie plus longtemps! Si nous avons construit notre propre autel pour désobéir au Seigneur en y offrant des sacrifices complets, des offrandes végétales ou des sacrifices de communion, que le Seigneur lui-même nous en punisse! Mais tel n'est pas le cas! Au contraire, nous avons agi ainsi, car nous avions peur que, dans l'avenir, vos descendants disent aux nôtres: “Quel lien y a-t-il entre vous et le Seigneur, le Dieu d'Israël? Le Seigneur lui-même a placé le Jourdain comme frontière entre nous et vous, gens de Ruben et de Gad. Non, vous n'avez aucun droit à l'égard du Seigneur!” Ainsi vos descendants pourraient inciter les nôtres à ne plus adorer le Seigneur. C'est pourquoi, nous avons décidé de construire cet autel, mais non pour y offrir des sacrifices complets ou d'autres sacrifices. Nous voulons seulement que, pour nous et pour vous, puis pour les générations futures, cet autel témoigne du droit que nous avons de rendre un culte au Seigneur par nos sacrifices complets, nos sacrifices de communion et nos autres sacrifices. De cette manière, vos descendants ne pourront pas affirmer aux nôtres qu'ils n'ont aucun droit à l'égard du Seigneur. Nous nous sommes dit que si, plus tard, ils l'affirmaient tout de même à nous ou à nos descendants, on pourrait répondre: “Regardez, nos ancêtres ont donné à cet autel la forme même de l'autel du Seigneur. Cependant, ils ne l'ont pas construit pour y offrir des sacrifices complets ou d'autres sacrifices, mais pour qu'il soit un témoin entre nous et vous!” Il n'est pas question de nous révolter maintenant contre le Seigneur ou de lui être infidèles en construisant un autel pour offrir des sacrifices complets, des offrandes végétales ou d'autres sacrifices. Nous n'en offrirons pas en dehors de l'autel du Seigneur notre Dieu, qui se trouve devant la demeure qui lui est consacrée.» Le prêtre Pinhas, les responsables du peuple et les chefs des clans israélites furent satisfaits par les explications des gens de Ruben, de Gad et de Manassé. Pinhas, fils du prêtre Élazar, leur déclara: «Maintenant nous savons que le Seigneur est avec nous, puisque vous n'avez pas commis à son égard la faute grave que nous craignions. Ainsi vous n'exposez pas les Israélites à subir le châtiment du Seigneur.» Ensuite Pinhas, fils du prêtre Élazar, et les responsables du peuple prirent congé des tribus de Ruben et de Gad. Ils quittèrent le pays de Galaad pour regagner celui de Canaan et y faire leur rapport aux autres Israélites. Ceux-ci se déclarèrent satisfaits et remercièrent Dieu. Ils abandonnèrent l'idée d'aller attaquer les tribus de Ruben et de Gad et de dévaster leurs territoires. Les gens de Ruben et de Gad s'exclamèrent alors: «Cet autel témoigne pour nous tous que le Seigneur est Dieu!» Et ils donnèrent à l'autel le nom de “Témoin”. Une longue période s'écoula après que le Seigneur eut assuré la paix au peuple d'Israël en le délivrant de tous les ennemis qui l'entouraient. Josué était devenu très vieux; il convoqua tous les Israélites, y compris leurs anciens, leurs chefs, leurs juges et leurs officiers. Il leur dit: «Me voici devenu très vieux. Vous avez constaté comment le Seigneur votre Dieu a traité les peuples de ces régions à cause de vous. Il a combattu lui-même à vos côtés. Voyez, j'ai réparti maintenant entre vos tribus, par tirage au sort, les territoires des peuples que j'ai déjà vaincus et ceux des peuples qui restent à soumettre entre le Jourdain, à l'est, et la mer Méditerranée, à l'ouest. Le Seigneur votre Dieu chassera lui-même ces peuples devant vous, il les mettra en fuite à votre approche et vous occuperez leur pays selon sa promesse. Cependant, soyez fermement résolus à observer et mettre en pratique ce qui est écrit dans le livre de la loi de Moïse, sans jamais vous en écarter. Ne vous mêlez pas aux peuples qui restent encore parmi vous; n'invoquez pas leurs dieux et n'utilisez pas le nom de ces dieux dans vos serments, ne vous inclinez pas devant eux pour les adorer. Attachez-vous uniquement au Seigneur votre Dieu, comme vous l'avez fait jusqu'à maintenant. Le Seigneur a mis en fuite devant vous des peuples importants et puissants et, jusqu'à présent, personne n'a pu vous résister. Un seul d'entre vous peut mettre en fuite mille ennemis, car le Seigneur votre Dieu combat à vos côtés comme il vous l'a promis. Prenez donc bien garde d'aimer le Seigneur votre Dieu. Si vous vous détournez de lui pour vous associer aux peuples qui restent encore parmi vous, si vous épousez leurs filles, si vous vous mêlez à eux et eux à vous, sachez bien que le Seigneur ne continuera pas à les mettre en fuite devant vous. Ils deviendront alors pour vous des pièges, des trappes, ils vous feront souffrir comme des fouets frappant le dos ou des épines aveuglant les yeux. Vous finirez par disparaître de ce bon pays que le Seigneur votre Dieu vous a donné. Pour ma part, je vais bientôt quitter ce monde. Maintenant, reconnaissez-le de tout votre cœur, de tout votre être: pas une seule des promesses que le Seigneur votre Dieu vous a faites n'est restée sans effet; elles se sont toutes entièrement réalisées. Eh bien, de la même manière qu'il a tenu ses promesses, le Seigneur votre Dieu réalisera ses menaces contre vous. Il ira jusqu'à vous exterminer dans le bon pays qu'il vous a donné. Si vous rompez les engagements qu'il vous a ordonné de respecter, si vous vous inclinez devant des dieux étrangers pour les adorer, le Seigneur se mettra en colère contre vous et il ne tardera pas à vous faire disparaître de ce bon pays qu'il vous a donné.» Josué réunit à Sichem l'assemblée de toutes les tribus d'Israël. Il convoqua les anciens, les chefs, les juges et les officiers d'Israël, et ils vinrent se présenter devant Dieu. Alors Josué dit à tous: «Voici ce que déclare le Seigneur, Dieu d'Israël: “Autrefois, vos ancêtres étaient établis de l'autre côté de l'Euphrate, le grand fleuve, et ils adoraient des dieux étrangers. C'était la famille de Téra, le père d'Abraham et de Nahor. J'ai fait sortir votre ancêtre Abraham du pays situé de l'autre côté de l'Euphrate; je l'ai conduit à travers tout le pays de Canaan et je lui ai accordé une nombreuse descendance. Je lui ai donné Isaac et à Isaac j'ai donné Jacob et Ésaü. J'ai attribué la région montagneuse de Séir à Ésaü pour qu'il s'y installe, mais Jacob et ses fils se rendirent en Égypte. Plus tard, j'ai envoyé Moïse et Aaron et j'ai infligé divers fléaux à l'Égypte avant d'en faire sortir votre peuple. Une fois partis d'Égypte, vos ancêtres arrivèrent à la mer des Roseaux, mais les Égyptiens les poursuivirent jusque-là avec des chars et des cavaliers. Alors ils m'appelèrent à l'aide et je plaçai une colonne de fumée entre votre peuple et les Égyptiens. Puis je rabattis sur ceux-ci l'eau de la mer et elle les recouvrit. Vous savez bien comment j'ai traité les Égyptiens! Après cela, votre peuple a vécu pendant très longtemps dans le désert. Ensuite je vous ai conduits dans le pays des Amorites, installés à l'est du Jourdain. Ils vous ont attaqués mais je les ai livrés en votre pouvoir; vous avez pu conquérir leur pays, car je les ai exterminés à votre approche. Le roi de Moab, Balac, fils de Sippor, vous a également attaqués. Il fit même appeler Balaam, fils de Béor, pour qu'il vienne vous maudire. Mais j'ai refusé d'écouter Balaam, qui dut vous bénir et je vous ai délivrés ainsi du pouvoir de Balac. Vous avez traversé le Jourdain et vous êtes parvenus à Jéricho. Les habitants de Jéricho combattirent contre vous, de même que les Amorites, les Perizites, les Cananéens, les Hittites, les Guirgachites, les Hivites et les Jébusites. Je les ai tous livrés en votre pouvoir. J'ai envoyé devant vous des frelons qui mirent en fuite les deux rois amorites. Vos épées et vos arcs ne furent pour rien dans tout cela! Ainsi je vous ai donné un pays que vous n'aviez pas eu la peine de cultiver, des villes que vous n'aviez pas bâties mais que vous occupez, des vignes et des oliviers que vous n'aviez pas plantés mais dont vous mangez les fruits.” » Et Josué ajouta: «A vous maintenant de reconnaître l'autorité du Seigneur pour le servir de tout votre cœur, avec fidélité. Débarrassez-vous des dieux que vos ancêtres adoraient quand ils étaient de l'autre côté de l'Euphrate ou en Égypte, et mettez-vous au service du Seigneur. Si cela ne vous convient pas, alors choisissez aujourd'hui les dieux auxquels vous rendrez votre culte: par exemple ceux que vos ancêtres adoraient de l'autre côté de l'Euphrate, ou ceux des Amorites dont vous habitez le pays. Mais ma famille et moi, nous servirons le Seigneur.» Le peuple répondit: «Il n'est pas question que nous abandonnions le Seigneur pour nous mettre au service d'autres dieux! Car c'est le Seigneur notre Dieu qui nous a arrachés, nos pères et nous, à l'esclavage d'Égypte, et nous savons les grands miracles qu'il a faits alors. C'est lui qui nous a protégés tout le long du chemin que nous avons parcouru et au milieu de tous les peuples dont nous avons traversé le territoire. C'est lui qui a repoussé devant nous tant de peuples, en particulier les Amorites qui vivaient dans ce pays. Nous donc aussi nous servirons le Seigneur, car c'est lui qui est notre Dieu.» Alors Josué dit au peuple: «Vous ne serez pas capables de servir le Seigneur. C'est le vrai Dieu et il exige d'être votre seul Dieu. Il ne supportera ni vos révoltes ni vos fautes. Si vous l'abandonnez pour adorer des dieux étrangers, il se retournera contre vous, vous fera du mal et vous exterminera, après vous avoir fait tant de bien.» – «Mais non, répondit le peuple, c'est bien le Seigneur que nous servirons.» Josué reprit: «Vous êtes donc vos propres témoins: vous avez choisi vous-mêmes de servir le Seigneur.» – «Oui, déclarèrent-ils, nous en sommes témoins.» – «Alors, dit Josué, débarrassez-vous des dieux étrangers qui se trouvent chez vous et attachez-vous de tout votre cœur au Seigneur, le Dieu d'Israël.» Le peuple lui répondit: «Oui, nous voulons servir le Seigneur notre Dieu et obéir à ses ordres.» Ce jour-là, à Sichem, Josué lia le peuple par un engagement solennel. Il établit pour le peuple une loi et des règles de conduite, et les inscrivit dans le livre de la loi de Dieu. Puis il prit une grande pierre et la dressa sous le chêne, au sanctuaire du Seigneur. Il dit ensuite au peuple: «Regardez bien cette pierre: elle servira de témoin à notre sujet, car elle a entendu toutes les paroles que le Seigneur nous a dites. Oui, elle sera un témoin contre vous pour vous empêcher d'être infidèles à votre Dieu.» Alors Josué congédia l'assemblée et chacun retourna dans la part de terre qui lui revenait. Après cela Josué, fils de Noun et serviteur du Seigneur, mourut à l'âge de cent dix ans. On l'enterra dans la propriété qui lui avait été attribuée à Timnath-Séra, dans la région montagneuse d'Éfraïm, au nord du mont Gaach. Les Israélites servirent le Seigneur durant toute la vie de Josué et, après sa mort, tant que vécurent les anciens qui avaient vu les œuvres accomplies par le Seigneur en faveur d'Israël. Les Israélites enterrèrent à Sichem les restes de Joseph qu'ils avaient ramenés d'Égypte. Ils les mirent dans la parcelle de terrain que Jacob avait achetée pour cent pièces d'argent aux descendants de Hamor, le fondateur de Sichem, et qui était devenue la propriété des descendants de Joseph. Élazar, fils d'Aaron, mourut également. On l'enterra sur la colline qui avait été donnée à son fils Pinhas, dans la région montagneuse d'Éfraïm. Après la mort de Josué, les Israélites consultèrent le Seigneur pour savoir laquelle de leurs tribus devait aller la première attaquer les Cananéens. Le Seigneur répondit: «Ce sont les hommes de la tribu de Juda; je leur livre le pays.» Les hommes de Juda dirent alors aux descendants de Siméon, frère de Juda: «Venez avec nous conquérir le territoire qui nous a été attribué, attaquons ensemble les Cananéens! Ensuite nous irons conquérir votre territoire avec vous.» Les gens de la tribu de Siméon se joignirent à ceux de la tribu de Juda et ils partirent donc à l'attaque. Le Seigneur leur livra les Cananéens et les Perizites, et ils tuèrent dix mille hommes à Bézec. En effet, dans cette ville, ils trouvèrent le roi Adoni-Bézec, lui livrèrent bataille et remportèrent la victoire sur les Cananéens et les Perizites. Adoni-Bézec s'enfuit, ils le poursuivirent, s'emparèrent de lui et lui coupèrent les pouces des mains et des pieds. Alors il s'exclama: «Soixante-dix rois, dont on avait coupé les pouces des mains et des pieds, ramassaient les miettes tombant de ma table. Dieu m'a bien rendu ce que j'ai fait!» On emmena Adoni-Bézec à Jérusalem où il mourut. Les hommes de Juda attaquèrent Jérusalem et s'en emparèrent; ils massacrèrent les habitants et brûlèrent la ville. Ensuite ils partirent combattre les Cananéens qui vivaient dans la région montagneuse, la région méridionale et le Bas -Pays. Ils engagèrent le combat contre ceux qui habitaient Hébron, appelée à ce moment-là Quiriath-Arba, et ils y battirent les clans de Chéchaï, d'Ahiman et de Talmaï. De là, ils partirent attaquer les habitants de Debir, appelée à ce moment-là Quiriath-Séfer. Caleb annonça qu'il donnerait sa fille Axa en mariage à celui qui réussirait à s'emparer de Quiriath-Séfer. Otniel, fils de Quenaz, le frère cadet de Caleb, s'empara de la ville et Caleb lui donna sa fille en mariage. Lorsqu'elle arriva auprès d'Otniel, elle lui suggéra de demander un champ à son père Caleb. Elle descendit ensuite de son âne, Caleb lui demanda ce qu'elle désirait et elle répondit: «Fais-moi une faveur! Donne-moi des points d'eau, car la région que tu m'as attribuée, au sud, est aride.» Caleb lui donna les sources d'en haut et les sources d'en bas. Les Quénites, descendants du beau-père de Moïse, partirent de la ville des Palmiers, avec les hommes de Juda et allèrent s'installer dans la partie méridionale du territoire de Juda, au sud d'Arad. Ils allèrent habiter parmi les Amalécites. Les hommes de Juda partirent à l'attaque avec les descendants de Siméon, frère de Juda, et ils se rendirent maîtres des Cananéens habitant à Sefath. Ils détruisirent entièrement cette ville qu'on appela désormais Horma, ce qui signifie “la Ruine”. Les gens de Juda s'emparèrent ensuite des villes de Gaza, Ascalon et Écron, ainsi que des territoires voisins. Le Seigneur lui-même était avec eux et ils conquirent la région montagneuse. Cependant ils ne purent pas chasser les habitants des plaines, car ceux-ci possédaient des chars de fer. On attribua Hébron à Caleb, comme Moïse l'avait ordonné, et Caleb prit la ville aux trois clans anaquites qui l'habitaient. Les descendants de Benjamin ne réussirent pas à chasser les Jébusites qui habitaient Jérusalem, et ceux-ci vivent maintenant encore dans cette ville avec les Benjaminites. Les descendants d'Éfraïm et de Manassé, fils de Joseph, partirent attaquer Béthel et le Seigneur fut avec eux. Ils envoyèrent d'abord des hommes reconnaître la ville, appelée alors Louz. Les envoyés virent un homme en sortir et ils lui dirent: «Montre-nous comment on entre dans la ville et nous te traiterons avec bonté.» L'homme le leur montra. C'est ainsi que les descendants d'Éfraïm et de Manassé purent massacrer les habitants de la ville. Toutefois ils laissèrent partir cet homme avec toute sa famille. L'homme se rendit dans le pays des Hittites; il y construisit une ville qu'il appela Louz, nom qu'elle porte encore maintenant. Les gens de Manassé ne réussirent pas à chasser les habitants de Beth-Chéan, Taanak, Dor, Ibléam et Méguiddo, ni ceux des localités voisines, et les Cananéens continuèrent à vivre dans cette région. Même lorsque les Israélites furent devenus plus puissants, ils ne parvinrent pas à les chasser, mais ils leur imposèrent certains travaux. Les gens d'Éfraïm ne réussirent pas à chasser les Cananéens qui habitaient Guézer et ceux-ci y vécurent parmi les Éfraïmites. Les gens de Zabulon ne réussirent pas à chasser les Cananéens habitant Quitron et Nahalal. Ceux-ci y vécurent avec la tribu de Zabulon qui leur imposa certains travaux. Les gens d'Asser ne réussirent pas à chasser les habitants d'Akko et de Sidon, ni ceux d'Alab, d'Akzib, de Helba, d'Afic et de Rehob; c'est pourquoi ils durent s'installer parmi les Cananéens du pays. Les gens de Neftali ne réussirent pas à chasser les Cananéens habitant Beth-Chémech et Beth-Anath; ils s'installèrent parmi eux et leur imposèrent certains travaux. Les Amorites refoulèrent les descendants de Dan dans la région montagneuse; ils ne les laissèrent pas descendre dans la plaine. Les Amorites continuèrent donc à habiter Har-Hérès, Ayalon et Chaalbim. Mais plus tard, les descendants d'Éfraïm et Manassé établirent leur domination sur eux et leur imposèrent certains travaux. La frontière méridionale des Amorites longeait le territoire des Édomites, en partant, à l'est, de la montée des Scorpions. L'ange du Seigneur vint du Guilgal à Bokim. Il déclara aux Israélites: «Je vous ai fait sortir d'Égypte et vous ai conduits dans le pays que j'ai solennellement promis à vos ancêtres. J'ai annoncé que je ne romprai jamais mon alliance avec vous. Par contre, je vous ai ordonné de ne pas conclure d'alliance avec les habitants de ce pays et de démolir leurs autels. Or vous ne m'avez pas obéi! Qu'avez-vous fait là! Eh bien, je l'affirme, je ne chasserai pas devant vous les habitants du pays. Ceux-ci vous attireront dans un piège, vous y tomberez en adorant leurs dieux.» Lorsque l'ange du Seigneur eut adressé ces paroles aux Israélites, ceux-ci se mirent tous à pleurer. Ils appelèrent l'endroit Bokim, ce qui signifie “les Pleureurs”, et ils y offrirent des sacrifices au Seigneur. Après que Josué eut congédié l'assemblée, les Israélites se rendirent chacun dans la part de terre qui lui revenait et occupèrent ainsi le pays. Ils servirent le Seigneur durant la vie de Josué et, après sa mort, tant que vécurent les anciens qui avaient vu les grandes œuvres accomplies par le Seigneur en faveur d'Israël. Josué, fils de Noun et serviteur du Seigneur, mourut à l'âge de cent dix ans. On l'enterra dans la propriété qui lui avait été attribuée, à Timnath-Hérès, dans la région montagneuse d'Éfraïm, au nord du mont Gaach. Puis les gens de sa génération moururent à leur tour. La génération suivante n'avait plus de connaissance personnelle du Seigneur et des œuvres qu'il avait accomplies en faveur d'Israël. Les Israélites firent alors ce qui déplaît au Seigneur et se mirent à adorer les dieux Baals. Ils abandonnèrent le Seigneur, le Dieu de leurs ancêtres, qui les avait fait sortir d'Égypte, et ils rendirent un culte à d'autres dieux, ceux des peuples qui vivaient autour d'eux. Ils s'inclinèrent devant ces dieux et irritèrent ainsi le Seigneur. Ils abandonnèrent donc le Seigneur pour adorer les Baals et les Astartés. Le Seigneur se mit en colère contre les Israélites. Il les laissa sans défense devant des bandes de pillards qui les dépouillèrent; il les livra aux ennemis qui les entouraient, si bien qu'ils ne purent plus leur résister. Chaque fois qu'ils allaient au combat, le Seigneur faisait échouer leur expédition, comme il le leur avait annoncé et juré. Et ils tombèrent dans une profonde détresse. Alors le Seigneur mit à leur tête des juges et ceux-ci les délivrèrent du pouvoir des pillards. Mais les Israélites n'obéirent pas à leurs juges, ils rendirent un culte idolâtrique à des dieux étrangers en s'inclinant devant eux. Ils s'écartèrent ainsi rapidement du chemin suivi par leurs ancêtres qui obéissaient aux commandements du Seigneur; ils ne les imitèrent pas. Chaque fois que le Seigneur leur envoyait un juge, il se tenait lui-même à ses côtés; il délivrait les Israélites du pouvoir de leurs ennemis durant toute la vie de ce juge. En effet, le Seigneur avait pitié d'eux quand ils gémissaient sous les mauvais traitements de leurs oppresseurs. Mais, à la mort du juge, ils retombaient dans une infidélité pire que celle de leurs ancêtres; ils rendaient un culte à des dieux étrangers et s'inclinaient devant eux pour les adorer. Ils ne renonçaient ni à leurs mauvaises actions ni à leur attitude rebelle. Le Seigneur se mit en colère contre les Israélites et il déclara: «Les gens de ce peuple ont rompu les engagements que j'avais ordonné à leurs ancêtres de respecter; ils ne m'ont pas obéi. Eh bien, moi, je ne mettrai plus en fuite devant eux un seul homme des nations que Josué n'avait pas encore chassées lorsqu'il mourut. Je me servirai d'elles pour savoir si, oui ou non, les Israélites veulent suivre ma volonté et m'obéir comme leurs ancêtres l'ont fait.» Le Seigneur laissa donc subsister dans le pays les nations qu'il n'avait pas livrées à Josué; il ne se pressa pas de les chasser. Il les laissa subsister dans le pays pour mettre à l'épreuve les Israélites qui n'avaient pas participé aux guerres pour la conquête de Canaan. Il voulait que les nouvelles générations, du moins celles qui ne s'étaient pas encore battues, apprennent à faire la guerre. Voici ceux qu'il laissa dans le pays: les cinq chefs qui dominaient sur les Philistins, tous les Cananéens, les Sidoniens et les Hivites installés dans les montagnes du Liban, depuis le mont Baal-Hermon jusqu'à Lebo-Hamath. Le Seigneur désirait se servir d'eux pour savoir si les Israélites obéiraient aux commandements qu'il avait donnés à leurs ancêtres par l'intermédiaire de Moïse. C'est ainsi que les Israélites habitèrent parmi les Cananéens, les Hittites, les Amorites, les Perizites, les Hivites et les Jébusites. Ils allèrent prendre femme chez eux, ils leur donnèrent leurs filles en mariage, et ils adorèrent leurs dieux. Les Israélites firent ce qui déplaît au Seigneur leur Dieu, ils l'oublièrent pour adorer les Baals et les Achéras. Le Seigneur se mit en colère contre eux et il les livra à Kouchan-Richataïm, roi de Mésopotamie, auquel ils furent soumis pendant huit ans. Ils appelèrent alors le Seigneur au secours et celui-ci leur envoya pour les libérer Otniel, fils de Quenaz, le frère cadet de Caleb. L'Esprit du Seigneur s'empara d'Otniel, qui devint le chef du peuple d'Israël. Otniel partit en guerre et le Seigneur lui accorda la victoire sur le roi Kouchan-Richataïm. Le pays connut le repos que procure la paix pendant quarante ans. Puis Otniel, fils de Quenaz, mourut. Les Israélites firent de nouveau ce qui déplaît au Seigneur. C'est pourquoi le Seigneur dressa contre eux Églon, roi de Moab. Églon s'allia aux Ammonites et aux Amalécites pour aller attaquer Israël; ils s'emparèrent de la ville des Palmiers. Les Israélites furent soumis au roi Églon pendant dix-huit ans. Ils appelèrent alors le Seigneur au secours et celui-ci leur envoya un libérateur, Éhoud, un homme gaucher, qui était fils de Guéra, de la tribu de Benjamin. Les Israélites envoyèrent Éhoud présenter des cadeaux à Églon, roi de Moab. Éhoud se fabriqua une épée à deux tranchants, de cinquante centimètres environ, et la mit sous ses vêtements, contre sa cuisse droite. Puis il alla offrir les cadeaux à Églon, qui était un homme très gros. Lorsqu'il les eut donnés, il partit avec les hommes qui les avaient portés. Arrivé aux idoles de pierre qui se trouvent près du Guilgal, Éhoud retourna sur ses pas et vint dire au roi: «J'ai un message secret pour sa Majesté le roi.» Le roi ordonna à ses serviteurs de le laisser tranquille et tous sortirent. Il était alors assis dans la chambre fraîche qui lui était réservée sur la terrasse. Éhoud s'avança vers lui et déclara: «Le message que j'ai pour toi vient de Dieu.» Le roi se leva de son siège. De sa main gauche, Éhoud saisit l'épée qu'il portait sur la cuisse droite et la plongea dans le ventre du roi. Elle s'y enfonça tout entière, y compris la poignée, et la graisse se referma sur la lame, car Éhoud ne retira pas l'arme. Ensuite Éhoud sortit par derrière après avoir fermé les portes de la chambre et tourné la clé. Quand il fut parti, les serviteurs arrivèrent et constatèrent que les portes étaient fermées. Ils pensèrent que le roi était en train de satisfaire un besoin naturel à l'intérieur. Ils attendirent jusqu'à en perdre patience, mais le roi n'ouvrait toujours pas les portes de l'appartement. Alors ils prirent la clé, ouvrirent eux-mêmes et découvrirent leur maître étendu par terre, mort! Pendant qu'ils perdaient du temps, Éhoud s'était enfui. Il dépassa les idoles de pierre et se mit en sûreté à Séira. Après être arrivé à cet endroit, il sonna de la trompette dans la région montagneuse d'Éfraïm, pour rassembler les Israélites; puis il se mit à leur tête et ils descendirent des collines. «Suivez-moi, leur dit-il, car le Seigneur vous a livré vos ennemis moabites.» Ils suivirent Éhoud, prirent aux Moabites les gués du Jourdain et ne laissèrent personne traverser la rivière. Ce jour-là, ils tuèrent environ dix mille Moabites, tous des hommes robustes et courageux. Il n'y eut aucun survivant. A partir de ce moment, les Moabites durent se soumettre aux Israélites et le pays connut le repos que procure la paix pendant quatre-vingts ans. Le successeur d'Éhoud fut Chamgar, fils d'Anath. Il tua six cents Philistins avec un aiguillon à bœufs et délivra lui aussi le peuple d'Israël. Après la mort d'Éhoud, les Israélites firent de nouveau ce qui déplaît au Seigneur. Le Seigneur les livra à Yabin, un roi cananéen qui résidait dans la ville de Hassor. Le chef de son armée était Sisra, qui habitait Harocheth-Goïm. Yabin possédait neuf cents chars de fer et il opprima durement les Israélites pendant vingt ans. Alors ceux-ci appelèrent le Seigneur au secours. A cette époque, Débora, femme de Lapidoth, qui était prophétesse, rendait la justice en Israël. Elle siégeait sous un palmier, appelé ensuite palmier de Débora, entre Rama et Béthel, dans la région montagneuse d'Éfraïm. C'est là que les Israélites venaient la consulter. Un jour, Débora convoqua Barac, fils d'Abinoam, de Quédech dans le territoire de Neftali. Elle lui dit: «Voici ce que le Seigneur, Dieu d'Israël, t'ordonne: “Va recruter dix mille hommes dans les tribus de Neftali et de Zabulon et conduis-les sur le mont Tabor. J'inciterai Sisra, chef de l'armée de Yabin, à venir au torrent de Quichon pour t'attaquer avec ses chars et ses troupes, et je le livrerai en ton pouvoir.” » Barac répondit à Débora: «Si tu viens avec moi, j'irai, mais si tu ne viens pas, je refuse de m'y rendre.» – «Je t'accompagnerai donc, déclara-t-elle, cependant tu ne tireras aucune gloire de cette expédition, car c'est à une femme que le Seigneur livrera Sisra.» Débora se rendit à Quédech avec Barac. Celui-ci y rassembla les tribus de Neftali et de Zabulon. Dix mille hommes décidèrent de le suivre, et Débora elle-même partit avec lui. Près de Quédech se trouvait Héber, le Quénite. Il s'était séparé des autres Quénites descendant de Hobab, le beau-frère de Moïse, et il avait planté sa tente à côté du chêne de Saananim. Sisra apprit que Barac, fils d'Abinoam, était monté sur le Tabor. Il rassembla ses neuf cents chars de fer et tous ses hommes à Harocheth-Goïm, puis, de là, ils se rendirent au torrent de Quichon. Alors Débora dit à Barac: «En route! C'est aujourd'hui que le Seigneur va te livrer Sisra. Le Seigneur lui-même marche devant toi!» Barac descendit du mont Tabor à la tête de ses dix mille hommes. Il se lança à l'attaque et le Seigneur mit en déroute devant lui Sisra, tous ses chars et toutes ses troupes. Sisra abandonna son char et s'enfuit à pied. Barac poursuivit les chars et l'armée ennemis jusqu'à Harocheth-Goïm. Les troupes de Sisra furent massacrées: il n'en resta pas un seul homme. Sisra s'enfuit en courant jusqu'à la tente de Yaël, femme de Héber le Quénite, parce que la paix régnait entre la famille de Héber et le roi Yabin de Hassor. Yaël sortit au-devant de Sisra et lui dit: «Entre ici, mon général, entre chez moi. N'aie pas peur!» Il entra dans sa tente et elle le cacha sous une couverture. Il lui dit: «S'il te plaît, donne-moi un peu d'eau à boire; j'ai soif.» Elle ouvrit l'outre contenant du lait et lui donna à boire, puis elle remit la couverture sur lui. Il lui dit encore: «Reste à l'entrée de la tente et si on vient te demander: “Y a-t-il quelqu'un ici?” tu répondras: “Non!” » Sisra, épuisé de fatigue, s'endormit profondément. Yaël prit alors un marteau et un piquet de la tente, et s'approcha doucement de lui. Elle lui transperça la tête avec le piquet qui s'enfonça dans le sol. Sisra en mourut. Là-dessus, Barac, qui était à la poursuite de Sisra, arriva. Yaël sortit au-devant de lui et lui dit: «Viens, je te ferai voir l'homme que tu cherches.» Il entra dans la tente et découvrit Sisra étendu mort sur le sol, la tête transpercée par le piquet de tente. Ce jour-là, Dieu permit aux Israélites de remporter la victoire sur Yabin, le roi cananéen. Ils s'acharnèrent de plus en plus contre lui et réussirent finalement à le tuer. Ce jour-là, Débora et Barac, fils d'Abinoam, chantèrent le cantique que voici: «En Israël, chacun est prêt pour la guerre le peuple s'est offert à combattre: Remerciez le Seigneur! Vous, les rois, vous, les souverains, prêtez une oreille attentive! Je vais chanter pour le Seigneur, je vais célébrer le Seigneur, Dieu d'Israël. Seigneur, quand tu es venu du pays d'Édom, quand tu es descendu des monts de Séir la terre s'est mise à trembler, les nuages ont déversé leur eau, du ciel a ruisselé une pluie abondante, les montagnes ont vacillé devant toi, le Seigneur du Sinaï, le Dieu d'Israël. A l'époque de Chamgar, fils d'Anath, à l'époque de Yaël, les caravanes désertaient le pays, les voyageurs suivaient des chemins détournés. Il n'y avait plus de chefs, plus de chefs dans le pays d'Israël, jusqu'à ce que j'apparaisse, moi, Débora, et que je sois comme une mère pour Israël. On choisissait des dieux nouveaux et aussitôt la guerre éclatait. Mais à peine trouvait-on un bouclier ou une lance pour quarante mille hommes en Israël. Mon cœur est avec les commandants d'Israël et avec les engagés volontaires du peuple. Remerciez le Seigneur! Vous qui montez de blanches ânesses, vous qui êtes assis sur des tapis, vous qui cheminez sur les routes, proclamez-le! Près des abreuvoirs, ceux qui distribuent l'eau célèbrent les bienfaits du Seigneur, ses bienfaits envers les chefs d'Israël, lorsque le peuple a pris position aux portes de la ville. Réveille-toi, Débora, interviens! Réveille-toi! entonne un chant de guerre. Debout, Barac, fils d'Abinoam, ramène tes prisonniers! Les survivants ont rejoint les chefs, le peuple du Seigneur s'est rassemblé auprès de lui, comme des héros. Les vainqueurs des Amalécites sont venus d'Éfraïm. Benjamin les a suivis et s'est mêlé à leurs troupes. Le clan de Makir a fourni des chefs et la tribu de Zabulon des officiers. Les chefs d'Issakar ont rejoint Débora; Issakar, fidèle à Barac, s'est précipité à sa suite dans la plaine. Mais dans les clans de Ruben on a tenu des discussions sans fin. Pourquoi êtes-vous restés près des enclos à écouter les bergers appeler leurs troupeaux? Oui, dans les clans de Ruben on a tenu des discussions sans fin. Au Galaad, à l'est du Jourdain, les tribus n'ont pas bougé. La tribu de Dan est demeurée à proximité de ses navires, celle d'Asser est restée de même au bord de la mer, près de ses ports. Les gens de Zabulon, eux, tout comme ceux de Neftali, ont accepté d'affronter la mort sur les champs de bataille. Les rois ennemis, les rois de Canaan, ont lancé une attaque contre Taanak, près des sources de Méguiddo, mais ils n'ont obtenu ni butin ni argent! Du haut du ciel, les astres ont pris part à la bataille, en suivant leur chemin, ils ont combattu Sisra. Le torrent qui coule depuis si longtemps, le torrent de Quichon a balayé les ennemis. Marchons hardiment au combat! Alors les chevaux ont passé au galop, martelant le sol de leurs sabots. Maudissez la ville de Méroz, proclame l'ange du Seigneur, maudissez-la, maudissez ses habitants, car ils ne sont pas venus à l'aide du Seigneur, ils n'ont pas combattu avec ses vaillants guerriers. Bénie soit, parmi toutes les femmes, Yaël, femme de Héber le Quénite, Oui, bénie soit-elle, parmi toutes les femmes qui habitent sous tente. Sisra lui demanda de l'eau, elle lui donna du lait, du lait crémeux dans une coupe magnifique. Puis d'une main elle empoigna un piquet, de l'autre elle saisit le marteau de l'ouvrier. Elle frappa Sisra, elle lui fendit le crâne, elle lui transperça la tête. Il s'affaisse devant elle, il s'écroule, il reste étendu à ses pieds sur le sol; il s'affaisse, il s'écroule, il est mort. La mère de Sisra regarde par la fenêtre, à travers le treillis, elle se lamente: “Pourquoi son char se fait-il attendre? Pourquoi tarde-t-il à venir?” Elle se répète sans cesse la réponse de ses compagnes les plus sages: “Les soldats amassent le butin, sûrement, ils sont en train de le partager: une jeune fille ou deux pour chaque guerrier, des étoffes teintes et brodées pour Sisra, oui, une étoffe à double broderie pour entourer le cou du vainqueur.” Que tous tes ennemis, Seigneur, meurent comme est mort Sisra, mais que tes amis soient comme le soleil quand il se lève dans tout son éclat!» Et le pays connut le repos que procure la paix pendant quarante ans. Les Israélites firent de nouveau ce qui déplaît au Seigneur. C'est pourquoi le Seigneur les livra aux Madianites pendant sept ans. Les Madianites opprimaient durement Israël. Pour leur échapper, les Israélites utilisèrent les couloirs, les cavernes et les endroits escarpés des montagnes. Chaque fois que les Israélites avaient ensemencé leurs champs, les Madianites venaient les attaquer, avec les Amalécites et des nomades de l'Orient. Ils campaient sur leurs terres et détruisaient les produits du sol jusqu'à proximité de Gaza. Ils ne laissaient rien à manger aux Israélites, ils ne leur laissaient ni moutons, ni bœufs, ni ânes. En effet, ils se déplaçaient avec leurs troupeaux et leurs tentes, ils arrivaient en masse comme les sauterelles; ils étaient si nombreux, eux et leurs chameaux, qu'on ne pouvait pas les compter. Ils envahissaient le pays et le dévastaient. Ainsi, les Israélites furent plongés dans une telle misère par les Madianites qu'ils appelèrent le Seigneur à leur secours. Lorsque les Israélites demandèrent au Seigneur de les libérer des Madianites, celui-ci leur envoya un prophète qui leur dit: «Voici ce que déclare le Seigneur, Dieu d'Israël: “C'est moi qui vous ai fait sortir d'Égypte, le pays où vous étiez esclaves. Je vous ai délivrés des Égyptiens et de tous ceux qui vous opprimaient. J'ai chassé vos ennemis au fur et à mesure que vous avanciez et je vous ai donné leur pays. Je vous ai rappelé que j'étais le Seigneur votre Dieu et que vous ne deviez pas adorer les dieux des Amorites dont vous habitez le pays. Mais vous ne m'avez pas écouté!” » L'ange du Seigneur vint au village d'Ofra. Il s'assit sous le chêne situé dans la propriété de Yoach, un homme du clan d'Abiézer. Gédéon, fils de Yoach, était en train de battre le blé dans le pressoir à raisin, pour ne pas être vu des Madianites. L'ange du Seigneur lui apparut et lui dit: «Le Seigneur est avec toi, valeureux combattant!» Gédéon répondit: «Pardon, mon seigneur! Si le Seigneur est avec nous, pourquoi tous ces malheurs nous sont-ils arrivés? Où sont donc tous ces prodiges dont nous parlaient nos pères quand ils nous racontaient que le Seigneur les avait fait sortir d'Égypte? En réalité, le Seigneur nous a abandonnés, il nous a livrés aux Madianites.» Le Seigneur se tourna vers lui et lui dit: «Avec la force que tu as, va délivrer Israël des Madianites. C'est moi qui t'envoie.» – «Je t'en prie, Seigneur, répondit Gédéon, comment pourrais-je sauver Israël? Mon clan est le plus faible de la tribu de Manassé et moi, je suis le plus jeune de ma famille.» Alors le Seigneur déclara: «Je serai avec toi, c'est pourquoi tu battras les Madianites comme s'ils n'étaient qu'un seul homme.» Gédéon reprit: «Si tu m'accordes ta faveur, donne-moi un signe que c'est bien toi, le Seigneur, qui me parles. Ne t'en va pas avant que je sois revenu avec l'offrande que je désire te présenter.» Le Seigneur répondit: «Je resterai ici jusqu'à ton retour.» Gédéon alla donc préparer un chevreau ainsi que des pains sans levain confectionnés avec trente kilos de farine. Il mit la viande dans une corbeille et le jus dans un pot, il les apporta sous le chêne et les présenta à l'ange de Dieu. L'ange lui dit: «Va poser la viande et les pains sur ce rocher, puis verse le jus par-dessus.» Gédéon obéit. Alors l'ange du Seigneur étendit la main et, avec l'extrémité du bâton qu'il tenait, il toucha la viande et les pains. Le feu jaillit du rocher et brûla la viande et les pains. Puis l'ange disparut. Gédéon comprit alors que c'était l'ange du Seigneur et il s'écria: «Malheur à moi, Seigneur Dieu! J'ai vraiment vu ton ange face à face!» Mais le Seigneur lui dit: «Sois en paix, n'aie pas peur, tu ne mourras pas.» A cet endroit Gédéon construisit un autel pour le Seigneur, et il l'appela “Le Seigneur donne la paix”. Cet autel se trouve maintenant encore à Ofra, village du clan d'Abiézer. Cette nuit-là, le Seigneur ordonna à Gédéon: «Prends le taureau de ton père, le second, celui qui a sept ans. Démolis l'autel de Baal que possède ton père et coupe le poteau sacré dressé à côté. Au sommet de cette colline, construis ensuite pour le Seigneur ton Dieu un autel bien aménagé. Tu prendras le taureau et tu l'offriras en sacrifice complet, en utilisant pour le feu le bois du poteau sacré que tu auras coupé.» Gédéon choisit dix de ses serviteurs pour faire ce que le Seigneur lui avait ordonné. Mais il le fit de nuit, car il avait peur d'agir en plein jour à cause de sa famille et des habitants du village. Le matin, à leur réveil, les gens du village constatèrent que l'autel de Baal avait été démoli, que le poteau sacré dressé à côté avait été coupé, et que le taureau de la seconde portée avait été offert en sacrifice complet sur l'autel nouvellement construit. «Qui a fait cela?», se demandèrent-ils les uns aux autres. Ils se renseignèrent, firent des recherches et découvrirent que c'était Gédéon, fils de Yoach. Ils dirent alors à Yoach: «Amène-nous ton fils pour que nous le mettions à mort, car il a détruit l'autel de Baal et coupé le poteau sacré dressé à côté.» Yoach répondit à tous ceux qui faisaient front contre lui: «Est-ce à vous de défendre la cause de Baal et de venir à son secours? Quiconque défendra sa cause sera mis à mort avant demain matin. Si Baal est Dieu, qu'il se défende lui-même, car c'est son autel qui a été détruit!» A partir de ce moment-là, on appela Gédéon Yeroubaal, c'est-à-dire “que Baal se défende”, à cause de la parole de Yoach: «Que Baal se défende lui-même, car c'est son autel qui a été détruit!» Les Madianites, les Amalécites et les nomades de l'Orient se rassemblèrent, traversèrent le Jourdain et installèrent leur camp dans la plaine de Jizréel. Mais l'Esprit du Seigneur s'empara de Gédéon. Celui-ci sonna de la trompette pour appeler les hommes du clan d'Abiézer à le suivre. Il envoya des messagers dans tout le territoire de Manassé pour appeler les hommes de la tribu à le suivre également. Il envoya encore des messagers dans les tribus d'Asser, de Zabulon et de Neftali, dont les hommes vinrent se joindre à lui. Gédéon dit à Dieu: «Tu as déclaré que tu te servirais de moi pour délivrer Israël. Eh bien, je vais étendre une toison de laine à l'endroit où l'on bat le blé. Si, durant la nuit, la rosée se dépose seulement sur la toison et que le sol tout autour reste sec, je serai convaincu que tu te serviras de moi pour délivrer Israël comme tu l'as affirmé.» Et c'est ce qui arriva. Le lendemain matin, Gédéon alla presser la toison et il en fit sortir assez de rosée pour remplir d'eau un bol. Il dit alors à Dieu: «Ne te mets pas en colère contre moi, si je te demande encore quelque chose. Je voudrais faire un dernier essai avec la toison: il faudrait, cette fois, que la toison seule soit sèche et qu'il y ait de la rosée sur le sol tout autour!» Cette nuit-là, Dieu réalisa la demande de Gédéon: seule la toison resta sèche et le sol tout autour se couvrit de rosée. Tôt le matin, Gédéon, dit Yeroubaal, se mit en route avec ses troupes et ils allèrent camper près de la source de Harod. Le camp madianite se trouvait plus au nord, dans la plaine, du côté de la colline de Moré. Le Seigneur dit à Gédéon: «Tes troupes sont trop nombreuses pour que je leur accorde la victoire sur les Madianites. Les Israélites se vanteraient d'avoir vaincu par leur propre force et s'attribueraient ainsi une gloire qui me revient. Tu vas donc annoncer ceci devant tes troupes: “Que tous ceux qui tremblent de peur s'éloignent du mont Galaad et retournent chez eux.” » Vingt-deux mille d'entre eux s'en retournèrent et il en resta dix mille. Mais le Seigneur dit à Gédéon: «Les troupes sont encore trop nombreuses. Fais-les descendre au bord du torrent et là je ferai un tri pour toi. Je te dirai qui doit aller avec toi et qui ne le doit pas.» Gédéon fit descendre ses troupes au bord du torrent. Puis le Seigneur lui dit: «Ceux qui laperont l'eau avec la langue comme le font les chiens, tu les sépareras de ceux qui s'agenouilleront pour boire.» Il y eut trois cents hommes qui prirent de l'eau dans leur main pour la porter à la bouche et la laper; tous les autres s'agenouillèrent pour boire. Le Seigneur dit à Gédéon: «Avec les trois cents hommes qui ont lapé l'eau, je sauverai Israël en te livrant les Madianites. Quant aux autres, qu'ils retournent tous chez eux.» Gédéon retint avec lui les trois cents hommes et renvoya les autres Israélites chez eux, mais l'on garda les provisions et les trompettes des partants. Le camp des Madianites se trouvait plus bas dans la plaine. Cette nuit-là, le Seigneur dit à Gédéon: «Debout! Descends attaquer le camp madianite, car je te le livre. Si tu as peur de l'attaquer, descends-y d'abord avec Poura, ton serviteur. Tu entendras ce que l'on dit là-bas, et ensuite, tu auras le courage de partir à l'attaque.» Gédéon descendit avec son serviteur jusqu'aux avant-postes du camp. Les Madianites, les Amalécites et les nomades de l'Orient étaient répandus dans la plaine, en aussi grand nombre que des sauterelles; leurs chameaux étaient innombrables, comme les grains de sable au bord de la mer. Au moment où Gédéon arriva, un homme était en train de raconter un rêve à un camarade: «J'ai fait un rêve, lui disait-il. Je voyais un pain d'orge rouler à travers notre camp: il vint heurter une tente, la renversa et la mit sens dessus dessous.» Son camarade répondit: «Cela ne peut que représenter l'épée de Gédéon l'Israélite, le fils de Yoach. Dieu a décidé de nous livrer à lui avec tout le camp.» Quand Gédéon eut entendu le récit du rêve et son interprétation, il s'inclina jusqu'à terre pour remercier Dieu. Puis il retourna au camp israélite et cria: «Debout! le Seigneur vous a livré le camp madianite!» Gédéon divisa les trois cents hommes en trois groupes. Il remit à chaque homme une trompette, une cruche vide et une torche à placer dans la cruche. Ensuite, il leur donna cet ordre: «Vous regarderez de mon côté et vous agirez exactement comme moi dès que je serai arrivé à la limite du camp. Quand je sonnerai de la trompette, ainsi que les hommes qui m'accompagnent, vous sonnerez également de la trompette tout autour du camp et vous crierez: “Pour le Seigneur et pour Gédéon!” » Peu avant minuit, Gédéon et son groupe de cent hommes arrivèrent à la limite du camp. On venait de remplacer les sentinelles. Ils sonnèrent de la trompette et brisèrent les cruches qu'ils portaient. Les deux autres groupes en firent autant. Ils saisirent tous les torches de la main gauche et les trompettes de la main droite, et ils crièrent: «A l'assaut, pour le Seigneur et pour Gédéon!» Ils se tenaient autour du camp, chacun à sa place. Mais, dans le camp, tout le monde se mit à courir, à crier, à prendre la fuite. Pendant que les trois cents hommes sonnaient de la trompette, le Seigneur fit s'entre-tuer les Madianites dans tout le camp. Finalement, ceux qui restaient s'enfuirent jusqu'à Beth-Chitta en direction de Seréda et jusqu'à la ville d'Abel-Mehola, près de Tabbath. On fit appeler les Israélites des tribus de Neftali, d'Asser et de tout Manassé, et ils vinrent poursuivre les Madianites. Gédéon envoya des messagers proclamer dans la région montagneuse d'Éfraïm: «Descendez tous bloquer le passage aux Madianites en occupant les gués le long du Jourdain jusqu'à Beth-Bara.» On appela donc les hommes d'Éfraïm qui descendirent occuper les gués le long du Jourdain jusqu'à Beth-Bara. Ils capturèrent les deux chefs madianites, Oreb et Zeb; ils tuèrent Oreb au rocher d'Oreb et Zeb au pressoir de Zeb. Ils continuèrent ensuite à poursuivre les Madianites. Ils apportèrent à Gédéon, de l'autre côté du Jourdain, les têtes d'Oreb et de Zeb. Les hommes d'Éfraïm dirent à Gédéon: «Pourquoi nous as-tu traités de la sorte? Pourquoi ne nous as-tu pas appelés en renfort lorsque tu es allé combattre les Madianites?» Et ils s'en prirent violemment à lui. Mais Gédéon leur répondit: «Que représentent mes exploits en comparaison du vôtre? Votre intervention, gens d'Éfraïm, même limitée, n'a-t-elle pas plus de valeur que les succès obtenus par mon propre clan, le clan d'Abiézer? C'est à vous que Dieu a livré les chefs madianites Oreb et Zeb. Je n'ai rien réussi de comparable.» Cette réponse de Gédéon calma la colère des Éfraïmites. Gédéon et ses trois cents hommes atteignirent le Jourdain et le traversèrent. Ils étaient épuisés, mais ils continuèrent à poursuivre leurs ennemis. Ils arrivèrent à la ville de Soukoth et Gédéon dit aux habitants: «Distribuez des galettes de pain aux hommes qui m'accompagnent, car ils sont épuisés. Je suis à la poursuite des rois madianites Zéba et Salmounna.» Les chefs de la ville lui répondirent: «Pourquoi devrions-nous donner à manger à ta troupe? Tiens-tu déjà Zéba et Salmounna en ton pouvoir?» – «Eh bien, riposta Gédéon, quand le Seigneur m'aura livré Zéba et Salmounna, je vous déchirerai la peau avec des épines et des chardons du désert.» De là, Gédéon se rendit à Penouel où il présenta la même demande aux habitants. Ceux-ci lui répondirent de la même manière que les gens de Soukoth. Gédéon leur déclara: «Quand je reviendrai après ma victoire, je démolirai la tour de votre ville.» Zéba et Salmounna étaient à Carcor avec leurs troupes qui ne comptaient plus que quinze mille hommes. C'était tout ce qui restait de l'armée des nomades de l'Orient, car cent vingt mille soldats avaient été tués. Gédéon prit la route que suivent les nomades, à l'est de Noba et de Yogboha, et il attaqua le camp ennemi qui se croyait en sécurité. Les deux rois madianites Zéba et Salmounna s'enfuirent, mais il les poursuivit, les captura et sema la panique dans toutes leurs troupes. En revenant de la bataille par la montée de Hérès, Gédéon captura un jeune homme de Soukoth et l'interrogea. Celui-ci lui donna par écrit les noms des chefs et des anciens de la ville, en tout soixante-dix-sept hommes. Gédéon alla ensuite trouver les habitants de Soukoth et leur déclara: «Rappelez-vous comment vous m'avez insulté en disant: “Pourquoi devrions-nous donner à manger à tes hommes épuisés? Tiens-tu déjà Zéba et Salmounna en ton pouvoir?” Eh bien, je vous amène Zéba et Salmounna.» Il prit des épines et des chardons du désert avec lesquels il donna une bonne leçon aux anciens de Soukoth. Il démolit aussi la tour de Penouel et tua les habitants de la ville. Gédéon demanda ensuite à Zéba et Salmounna: «Comment étaient les hommes que vous avez tués au Tabor?» – «Ils te ressemblaient, répondirent-ils. Chacun d'eux avait l'air d'un fils de roi!» – «C'étaient mes frères, les fils de ma propre mère, s'écria Gédéon. Par le Seigneur vivant, je jure que si vous ne les aviez pas tués, je ne vous tuerais pas non plus!» Il ordonna alors à Yéter, son fils aîné: «Vas-y, tue-les!» Mais le jeune garçon n'osa pas tirer son épée: il était encore jeune et il avait peur. Zéba et Salmounna dirent à Gédéon: «Tue-nous donc toi-même, car c'est à un homme véritable de le faire!» Gédéon tua les deux rois et prit les ornements qui pendaient au cou de leurs chameaux. Après cela les Israélites dirent à Gédéon: «Sois notre chef et que ton fils puis ton petit-fils te succèdent, car tu nous as délivrés des Madianites.» – «Non, répondit-il, je ne serai pas votre chef et mon fils pas davantage. C'est le Seigneur qui sera votre chef.» Et il ajouta: «J'aimerais pourtant vous demander quelque chose: que chacun de vous me donne un anneau pris sur son butin.» Les Madianites portaient en effet des anneaux d'or, comme tous les hommes du désert. «Nous te les donnons bien volontiers,» répondirent les Israélites. Ils étendirent un manteau par terre et chacun y jeta un anneau de son butin. Les anneaux d'or demandés par Gédéon pesaient près de vingt kilos au total. Il reçut également les ornements, les boucles d'oreille et les magnifiques habits rouges que portaient les rois madianites, ainsi que les colliers qui ornaient le cou de leurs chameaux. Avec l'or, Gédéon fabriqua une statue qu'il plaça à Ofra, son village. Les Israélites se mirent à adorer cette idole, qui devint ainsi un piège pour Gédéon et sa famille. Dès lors, les Madianites furent soumis aux Israélites; jamais plus ils ne se relevèrent de leur défaite. Le pays connut le repos que procure la paix pendant quarante ans, aussi longtemps que vécut Gédéon. Yeroubaal, c'est-à-dire Gédéon, fils de Yoach, retourna habiter dans sa maison. Il eut soixante-dix fils, car il avait de nombreuses femmes. Une épouse de second rang, qu'il avait à Sichem, lui donna un fils; il l'appela Abimélek. Gédéon mourut après une heureuse vieillesse; on l'enterra à Ofra, village du clan d'Abiézer, dans le tombeau de Yoach, son père. Après la mort de Gédéon, les Israélites rendirent de nouveau un culte idolâtrique aux Baals. Ils prirent Baal-Berith pour dieu et ils oublièrent le Seigneur leur Dieu, qui les avait délivrés de tous les ennemis d'alentour. Ils ne montrèrent aucun attachement à la famille de Gédéon, dit Yeroubaal, en reconnaissance de tout le bien que celui-ci avait accompli en faveur d'Israël. Abimélek, fils de Yeroubaal, c'est-à-dire Gédéon, se rendit à Sichem pour parler avec ses oncles maternels et toute la famille de sa mère. Il leur dit: «Allez demander aux citoyens de la ville s'ils préfèrent être gouvernés par les soixante-dix fils de Yeroubaal ou par un seul homme. Et rappelez-vous que je suis de votre famille.» Les oncles d'Abimélek allèrent répéter ses paroles aux citoyens de Sichem. Ceux-ci décidèrent de prendre parti pour lui parce qu'il était un des leurs. Ils lui donnèrent soixante-dix pièces d'argent provenant du temple de Baal -Berith. Avec cet argent, Abimélek paya des vauriens et des aventuriers pour qu'ils le suivent. Il se rendit dans la maison de son père à Ofra et, là, il tua ses frères, les soixante-dix fils de Yeroubaal, sur le même rocher. Seul Yotam, le plus jeune d'entre eux, en réchappa, car il s'était caché. Les citoyens de Sichem et toute la population de Beth-Millo se rassemblèrent. Ils se rendirent au chêne de Sichem, à côté de la pierre dressée, et proclamèrent Abimélek roi. Yotam en fut informé. Il monta au sommet du mont Garizim et s'écria, aussi fort qu'il put: «Écoutez-moi, gens de Sichem, si vous voulez que Dieu vous écoute! «Un jour, les arbres décidèrent de se choisir un roi. Ils dirent à l'olivier: “Règne sur nous!” Mais l'olivier répondit: “Croyez-vous que je vais renoncer à produire de l'huile, appréciée par les dieux et par les hommes, pour me fatiguer à gouverner les autres arbres?” Les arbres dirent alors au figuier: “Toi, viens régner sur nous!” Mais le figuier répondit: “Croyez-vous que je vais renoncer à produire des fruits sucrés et délicieux pour me fatiguer à gouverner les autres arbres?” Ils dirent ensuite à la vigne: “Toi, viens régner sur nous!” Mais la vigne répondit: “Croyez-vous que je vais renoncer à produire du vin, qui remplit de joie les dieux et les hommes, pour me fatiguer à gouverner les autres arbres?” Finalement les arbres s'adressèrent d'un commun accord au buisson d'épines: “Toi, viens régner sur nous!”, lui dirent-ils. Et le buisson d'épines leur répondit: “Si vraiment vous voulez me choisir comme roi, venez vous placer sous mon ombre! Si vous ne le faites pas, qu'un feu jaillisse de mes épines et brûle même les cèdres du Liban!” » Yotam continua: «Quant à vous, avez-vous agi de façon droite et loyale lorsque vous avez proclamé Abimélek roi? Vous êtes-vous conduits correctement envers Yeroubaal et sa famille? Lui avez-vous été reconnaissants des services qu'il vous a rendus? Mon père a combattu pour vous, il a risqué sa vie pour vous délivrer des Madianites. Et voilà qu'aujourd'hui vous vous êtes soulevés contre sa famille; vous avez tué ses fils, soixante-dix hommes, sur un même rocher. Mais Abimélek, le fils qu'il a eu de sa servante, vous l'avez proclamé roi sur les citoyens de Sichem parce qu'il est votre compatriote. Si aujourd'hui vous avez agi de façon droite et loyale envers Yeroubaal et sa famille, qu'Abimélek fasse votre bonheur et vous le sien. Sinon, qu'un feu sorte d'Abimélek pour brûler les citoyens de Sichem et la population de Beth-Millo, et qu'un feu sorte des habitants de Sichem et de Beth-Millo pour brûler Abimélek.» Puis Yotam s'enfuit et alla se réfugier à Beéra, parce qu'il avait peur de son frère Abimélek. Abimélek exerça le pouvoir sur Israël pendant trois ans. Après quoi Dieu envoya un esprit de discorde entre le roi et les citoyens de Sichem, et ceux-ci se révoltèrent contre Abimélek. De cette manière, ils allaient tous payer pour leurs crimes: Abimélek, parce qu'il avait tué ses frères, les soixante-dix fils de Yeroubaal, et les Sichémites parce qu'ils s'étaient faits les complices de ce massacre. Pour faire du tort à Abimélek, les citoyens de Sichem postèrent des hommes en embuscade sur les hauteurs proches de la ville; ces hommes dévalisaient les voyageurs passant à leur portée. Abimélek en fut informé. Un jour, Gaal, fils d'Ébed, arriva à Sichem avec ses frères; les citoyens de la ville placèrent leur confiance en lui. Ils allèrent dans leurs vignes, récoltèrent les raisins et les pressèrent, puis ils organisèrent une fête. Ils se rendirent au temple de leur dieu, firent un banquet et prononcèrent des malédictions contre Abimélek. Gaal leur demanda: «Qui sommes-nous à Sichem pour nous laisser dominer par Abimélek et qui est-il, lui? C'est un fils de Yeroubaal et il fait gouverner la ville par Zéboul, n'est-ce pas? Vous donc, soyez loyaux envers Hamor, le fondateur de Sichem! Nous n'avons aucune raison d'être soumis à Abimélek. Pour ma part, si on me confiait le sort des gens de Sichem, je renverserais Abimélek.» Puis Gaal s'écria: «Abimélek, renforce ton armée et viens me combattre!» Lorsque Zéboul, gouverneur de la ville, apprit les paroles que Gaal avait prononcées, il se mit en colère. Il envoya secrètement des messagers dire à Abimélek: «Gaal, fils d'Ébed, et ses frères viennent d'arriver à Sichem et sont en train de soulever la ville contre toi. Il faut donc que, cette nuit, toi et tes hommes vous alliez vous cacher dans la campagne. Tôt demain matin, au lever du soleil, tu viendras attaquer la ville et, lorsque Gaal et ses partisans sortiront à ta rencontre, tu sauras les traiter comme il convient.» La nuit suivante, Abimélek et tous ses hommes se répartirent en quatre groupes et allèrent se cacher près de Sichem. Lorsque Gaal sortit de la ville et se tint près de la porte, Abimélek et son groupe surgirent de leur cachette. Gaal les vit et dit à Zéboul: «Regarde! Des hommes descendent du haut des collines.» – «Mais non, lui répondit Zéboul, c'est l'ombre des collines que tu prends pour des hommes!» Gaal insista: «Regarde! Ce sont bien des hommes qui descendent de la colline située au centre, et un autre groupe vient par la route du chêne des Devins.» Zéboul répliqua: «Où sont donc tes beaux discours? Tu nous as dit: “Qui est Abimélek pour que nous nous laissions dominer par lui?” Eh bien, voilà les gens que tu as traités avec mépris. Maintenant, va donc te battre contre eux!» Gaal sortit alors de la ville à la tête des Sichémites, et il livra bataille à Abimélek. Abimélek le força à s'enfuir et le poursuivit. Beaucoup d'hommes furent mortellement blessés avant même d'atteindre la porte de la ville. Abimélek alla s'installer à Arouma tandis que Zéboul chassait Gaal et ses frères de Sichem, en leur interdisant d'y revenir. Le jour suivant, les gens de Sichem s'apprêtèrent à se rendre dans les champs, et Abimélek en fut informé. Il prit ses hommes, les répartit en trois groupes et se plaça en embuscade dans la campagne. Lorsqu'il vit les Sichémites sortir de la ville, il se précipita vers eux pour les attaquer. Abimélek et son groupe se hâtèrent de prendre position à la porte de la ville, pendant que les deux autres groupes s'attaquaient aux gens dans la campagne et les massacraient. Abimélek poursuivit l'offensive durant toute la journée et s'empara de la ville; il en tua les habitants, la détruisit entièrement et répandit du sel sur son emplacement. Lorsque les habitants de Migdal-Sichem l'apprirent, ils se rendirent tous dans la salle aménagée sous le temple de Baal-Berith. On informa Abimélek qu'ils s'étaient réfugiés à cet endroit. Il partit alors sur le mont Salmon avec ses hommes. Il prit une hache, coupa une branche d'arbre et la mit sur son épaule. Il ordonna à ses hommes de se dépêcher d'en faire autant. Chacun d'eux coupa une branche, puis ils suivirent Abimélek. Ils allèrent entasser les branches contre la salle inférieure du temple et l'incendièrent avec tous ceux qui se trouvaient à l'intérieur. C'est ainsi que moururent tous les habitants de Migdal-Sichem, un millier d'hommes et de femmes environ. De là, Abimélek se rendit à Tébès. Il assiégea la ville et s'en empara. Or il y avait au milieu de la ville une tour fortifiée. Toute la population, hommes et femmes, alla s'y réfugier. Ils fermèrent les portes derrière eux et montèrent sur le toit en terrasse. Abimélek vint attaquer la tour, il s'approcha de la porte d'entrée pour mettre le feu au bâtiment. Mais une femme lui jeta une grosse pierre sur la tête et lui brisa le crâne. Aussitôt Abimélek appela le jeune homme qui portait ses armes et lui ordonna: «Prends ton épée et achève-moi pour qu'on ne puisse pas raconter qu'une femme m'a tué.» Le jeune homme lui passa l'épée à travers le corps et Abimélek mourut. Lorsque les Israélites virent qu'il était mort, ils s'en retournèrent chacun chez soi. De cette manière, Dieu fit retomber sur Abimélek le mal qu'il avait commis à l'égard de son père en tuant ses soixante-dix frères. Dieu avait également fait subir aux gens de Sichem les conséquences de leur grande méchanceté. Les malédictions que Yotam, fils de Yeroubaal, avait prononcées contre eux tous se réalisèrent ainsi. Après la mort d'Abimélek, Tola, fils de Pouva et petit-fils de Dodo, vint délivrer le peuple d'Israël. C'était un homme de la tribu d'Issakar, qui habitait Chamir, dans la région montagneuse d'Éfraïm. Il dirigea les Israélites pendant vingt-trois ans, puis il mourut et fut enterré à Chamir. Yaïr, originaire de Galaad, lui succéda et fut le chef des Israélites pendant vingt-deux ans. Il avait trente fils qui montaient trente ânes et possédaient trente localités dans la région de Galaad. Maintenant encore ces localités sont appelées les villages de Yaïr. A sa mort, Yaïr fut enterré à Camon. Les Israélites firent de nouveau ce qui déplaît au Seigneur: ils adorèrent les dieux Baals et les déesses Astartés, ainsi que les dieux des Syriens, des Sidoniens, des Moabites, des Ammonites et des Philistins. Ils abandonnèrent le Seigneur et ne lui rendirent plus de culte. Alors le Seigneur se mit en colère contre les Israélites et les livra aux Philistins et aux Ammonites. Dès lors et pendant dix-huit ans, ceux-ci opprimèrent et persécutèrent les Israélites qui vivaient en Galaad, la région amorite située à l'est du Jourdain. Les Ammonites traversèrent même le Jourdain pour combattre les tribus de Juda, de Benjamin et d'Éfraïm. Et les Israélites tombèrent dans une profonde détresse. Ils appelèrent le Seigneur au secours et lui dirent: «Nous avons péché contre toi, car nous t'avons abandonné toi, notre Dieu, pour adorer les dieux Baals.» Le Seigneur leur répondit: «Quand les Égyptiens, les Amorites, les Ammonites, les Philistins, les Sidoniens, les Amalécites et les Maonites vous ont opprimés, vous m'avez appelé au secours. Ne vous ai-je pas délivrés de leur domination? Mais vous, vous m'avez abandonné pour adorer d'autres dieux. C'est pourquoi, je refuse de vous délivrer encore. Appelez donc au secours les dieux que vous avez choisis. C'est à eux de vous délivrer lorsque vous êtes dans la détresse!» Alors les Israélites reprirent: «Seigneur, nous avons péché. Traite-nous comme tu le juges bon, mais délivre-nous encore aujourd'hui.» Puis ils se débarrassèrent des dieux étrangers qu'ils avaient adoptés et rendirent de nouveau un culte au Seigneur. Et le Seigneur ne put pas supporter plus longtemps leur accablement. Les Ammonites se rassemblèrent et prirent position dans la région de Galaad, tandis que les Israélites faisaient de même à Mispa. Alors les hommes des tribus installées en Galaad, ainsi que leurs chefs, se dirent les uns aux autres: «Qui va engager le combat contre les Ammonites? Celui qui le fera deviendra le chef de toute la population de Galaad.» Il y avait en Galaad un valeureux combattant, Jefté, le fils d'une prostituée et d'un homme appelé Galaad. La femme de Galaad lui avait aussi donné des fils. Lorsqu'ils furent devenus grands, ceux-ci chassèrent Jefté en lui déclarant: «Tu n'as aucun droit sur l'héritage qui vient de notre père, car tu es le fils d'une autre femme.» Alors Jefté s'enfuit loin de ses frères et s'installa dans la région de Tob. Des aventuriers se groupèrent autour de lui et le suivirent dans ses expéditions. Quelque temps plus tard, les Ammonites attaquèrent les Israélites. Quand les hostilités éclatèrent, les anciens de Galaad allèrent chercher Jefté dans la région de Tob. «Viens prendre le commandement de nos troupes, lui dirent-ils, pour que nous puissions lutter contre les Ammonites.» Mais Jefté leur répondit: «N'êtes-vous pas mes ennemis, vous qui m'avez chassé de la maison de mon père? Pourquoi faites-vous appel à moi maintenant que vous êtes dans la détresse?» Les anciens reprirent: «Eh bien, nous nous tournons vers toi maintenant, pour que tu viennes combattre avec nous contre les Ammonites et que tu sois notre chef ainsi que celui de toute la population de Galaad.» Jefté leur dit: «Si vous me ramenez avec vous pour combattre les Ammonites et que le Seigneur me les livre, je serai votre chef.» Les anciens de Galaad déclarèrent alors à Jefté: «Le Seigneur en est témoin, nous promettons de faire ce que tu dis.» Jefté partit donc avec les anciens de Galaad, le peuple le prit pour chef et lui donna le commandement des troupes. A Mispa, en présence du Seigneur, Jefté confirma l'accord conclu avec les anciens. Jefté envoya des messagers dire au roi des Ammonites: «Quel motif de guerre y a-t-il entre nous pour que tu viennes attaquer mon pays?» Le roi des Ammonites fit répondre à Jefté: «Lorsque les Israélites sont sortis d'Égypte, ils se sont emparés de mon pays depuis la vallée de l'Arnon jusqu'au torrent du Yabboc et à la vallée du Jourdain. Rends-nous maintenant ces territoires de ton plein gré.» Jefté envoya de nouveau des messagers au roi des Ammonites pour lui dire de sa part: «Les Israélites ne se sont pas emparés du territoire des Moabites ni de celui des Ammonites. En effet, lorsqu'ils quittèrent l'Égypte, ils traversèrent le désert jusqu'à la mer des Roseaux, puis se rendirent à Cadès. De là, ils envoyèrent des messagers demander au roi d'Édom l'autorisation de passer à travers son territoire. Mais celui-ci ne le leur permit pas. Les Israélites adressèrent la même demande au roi de Moab qui refusa également. Ils restèrent donc à Cadès. Par la suite, ils reprirent leur route dans le désert, contournèrent les territoires d'Édom et de Moab, et arrivèrent à l'est de Moab. Ils établirent leur camp de l'autre côté de la rivière de l'Arnon, sans entrer dans le territoire moabite dont l'Arnon constitue la frontière. De là, ils envoyèrent des messagers à Sihon, le roi amorite qui régnait à Hèchebon; ils lui demandèrent l'autorisation de traverser son territoire pour se rendre dans le pays qui leur était destiné. Mais Sihon n'accepta pas: il rassembla toutes ses troupes, prit position à Yahas et attaqua les Israélites. Le Seigneur, Dieu d'Israël, livra Sihon et ses troupes aux Israélites et ceux-ci remportèrent la victoire. Les Israélites conquirent tout le territoire habité par les Amorites, depuis la vallée de l'Arnon jusqu'au torrent du Yabboc, et depuis le désert oriental jusqu'au Jourdain. C'est le Seigneur, Dieu d'Israël, qui nous a permis à nous, son peuple, de conquérir le territoire des Amorites; et toi, tu voudrais nous le prendre? Ne possèdes-tu pas le territoire que ton dieu Kemoch t'a accordé? Eh bien, nous avons aussi le droit de posséder celui que le Seigneur nous a permis de conquérir. Te crois-tu plus fort que Balac, fils de Sippor, roi de Moab? Lui pourtant n'a pas cherché querelle au peuple d'Israël, et il ne l'a pas attaqué. Depuis trois cents ans, les Israélites sont installés à Hèchebon et Aroër, et dans les localités voisines, ainsi que dans toutes les villes situées sur les bords de l'Arnon. Pourquoi ne leur avez-vous pas repris ce territoire pendant tout ce temps-là? Pour ma part, je ne t'ai pas causé de tort, c'est toi qui agis mal à mon égard en me faisant la guerre. Que le Seigneur, le juge des hommes, tranche aujourd'hui entre les Israélites et les Ammonites!» Mais le roi des Ammonites ne tint pas compte du message de Jefté. L'Esprit du Seigneur s'empara de Jefté. Il parcourut la région de Galaad et le territoire de Manassé, puis il se rendit à Mispé en Galaad, pour passer dans le territoire des Ammonites. Il fit cette promesse solennelle au Seigneur: «Si tu livres les Ammonites en mon pouvoir, je te consacrerai et t'offrirai en sacrifice complet la première personne qui sortira de ma maison pour venir à ma rencontre, lorsque je reviendrai victorieux de chez les Ammonites.» Jefté franchit la frontière pour combattre les Ammonites et le Seigneur les lui livra. Jefté remporta une éclatante victoire, il s'empara de vingt localités situées entre Aroër, les alentours de Minnith et Abel-Keramim. Les Ammonites durent alors se soumettre aux Israélites. Lorsque Jefté revint chez lui à Mispa, ce fut sa fille qui sortit à sa rencontre, en dansant au rythme des tambourins. Elle était sa fille unique, il n'avait pas d'autre enfant. Dès qu'il la vit, il déchira ses vêtements et s'écria: «Ah! ma fille, tu me plonges dans le malheur, tu es toi-même la cause de mon désespoir! J'ai pris un engagement envers le Seigneur et je ne peux pas revenir sur ma promesse.» Elle lui répondit: «Si tu as pris un engagement envers le Seigneur, agis à mon égard comme tu le lui as promis puisqu'il t'a permis de te venger de tes ennemis ammonites. Cependant, ajouta-t-elle, accorde-moi un délai de deux mois; je me rendrai sur les collines avec mes amies pour m'y lamenter de devoir mourir avant d'avoir été mariée.» Jefté lui donna la permission de partir pendant deux mois. Elle alla donc sur les collines avec ses amies se lamenter de devoir mourir avant d'avoir été mariée. Au bout des deux mois, elle retourna auprès de son père qui accomplit à son égard ce qu'il avait promis. Elle mourut alors qu'elle était encore vierge. Dès lors, la coutume suivante s'est établie en Israël: chaque année, les femmes israélites vont pleurer pendant quatre jours sur le sort de la fille de Jefté, le Galaadite. Les hommes d'Éfraïm se rassemblèrent, traversèrent le Jourdain et se rendirent à Safon. Ils dirent à Jefté: «Pourquoi es-tu allé combattre les Ammonites sans nous appeler en renfort? Nous allons incendier ta maison et te brûler avec elle.» Jefté leur répondit: «Mon peuple et moi, nous avons eu de graves démêlés avec les Ammonites. J'ai fait appel à vous, mais vous ne m'avez pas délivré d'eux. Quand j'ai vu que vous ne veniez pas à mon secours, j'ai risqué ma vie en allant attaquer les Ammonites, et le Seigneur me les a livrés. Alors pourquoi venez-vous me combattre maintenant?» Jefté rassembla tous les hommes de Galaad. Il livra bataille aux Éfraïmites et les battit. Ce sont les Éfraïmites qui avaient affirmé: «Vous, les gens de Galaad, vous n'êtes que des fugitifs d'Éfraïm, passés de la tribu d'Éfraïm à celle de Manassé.» Puis les Galaadites occupèrent les gués du Jourdain pour couper la route aux Éfraïmites. Chaque fois qu'un fugitif se présentait pour passer, on lui demandait: «Es-tu Éfraïmite?» S'il répondait “non”, on lui ordonnait de prononcer le mot “Chiboleth”. L'homme disait “Sibolet”, car il ne réussissait pas à prononcer le terme correctement. Alors on s'emparait de lui et on le tuait près des gués du Jourdain. Quarante-deux mille hommes d'Éfraïm perdirent la vie à ce moment-là. Jefté, le Galaadite, fut le chef des Israélites pendant six ans, puis il mourut et on l'enterra en Galaad, dans sa ville natale. Après Jefté, ce fut Ibsan de Bethléem qui devint le chef des Israélites. Il eut trente fils et trente filles. Il donna ses filles en mariage en dehors de sa tribu et il fit venir des femmes d'autres tribus pour ses fils. Il dirigea le peuple d'Israël pendant sept ans, puis il mourut et fut enterré à Bethléem. Après Ibsan, Élon, de la tribu de Zabulon, devint le chef des Israélites pendant dix ans. Puis il mourut et fut enterré à Ayalon, dans le territoire de Zabulon. Après Élon, Abdon, fils de Hillel de Piraton, devint le chef des Israélites. Il eut quarante fils et trente petits-fils qui montaient soixante-dix ânes. Abdon dirigea le peuple d'Israël pendant huit ans. Puis il mourut et fut enterré à Piraton, dans le territoire d'Éfraïm, au mont de l'Amalécite. Les Israélites firent de nouveau ce qui déplaît au Seigneur. C'est pourquoi le Seigneur les livra aux Philistins pendant quarante ans. Dans la localité de Sora, il y avait un homme appelé Manoa qui appartenait à un clan de la tribu de Dan. Sa femme n'avait jamais pu avoir d'enfant. Un jour, l'ange du Seigneur apparut à cette femme et lui dit: «Je sais que tu n'as pas d'enfant parce que tu es stérile. Pourtant, tu vas être enceinte et tu donneras naissance à un fils. A partir de maintenant, garde-toi bien de boire du vin ou de toute autre boisson alcoolique et ne mange aucune nourriture impure, à cause de ta grossesse et de la naissance de ton fils. Le garçon ne devra pas avoir les cheveux coupés, car il sera consacré à Dieu dès avant sa naissance. C'est lui qui commencera à délivrer les Israélites de la domination des Philistins.» La femme rentra chez elle et dit à son mari: «Un homme de Dieu s'est présenté à moi. On aurait dit l'ange de Dieu, tant il était impressionnant à voir. Je ne lui ai pas demandé d'où il venait et il ne m'a pas dit son nom. Il m'a annoncé que j'allais être enceinte et donner naissance à un fils. Il m'a ordonné de ne boire dorénavant ni vin ni boisson alcoolique et de ne manger aucune nourriture impure, parce que le garçon doit être consacré à Dieu dès avant sa naissance et pour toute sa vie.» Manoa adressa alors cette prière au Seigneur: «Seigneur, je t'en supplie, fais revenir l'homme de Dieu que tu nous as déjà envoyé, pour qu'il nous enseigne la conduite à suivre envers le garçon qui va naître.» Dieu exauça la demande de Manoa: l'ange de Dieu revint se présenter à la femme pendant qu'elle était aux champs. Son mari n'était pas avec elle; elle courut donc le lui annoncer: «Écoute, dit-elle, l'homme qui était venu me trouver l'autre jour m'est de nouveau apparu.» Manoa accompagna immédiatement sa femme, s'approcha de l'homme et lui demanda: «Est-ce toi qui as parlé à ma femme?» – «Oui, c'est moi», lui répondit-il. Manoa reprit: «Eh bien, quand tes paroles se réaliseront, quelles règles devrons-nous suivre à l'égard du garçon? Que devrons-nous faire pour lui?» L'ange du Seigneur dit à Manoa: «Ta femme devra s'abstenir de tout ce que je lui ai mentionné: elle ne goûtera d'aucun produit de la vigne, elle ne boira ni vin ni boisson alcoolique, elle ne mangera d'aucune nourriture impure. Qu'elle observe soigneusement mes ordres.» Manoa dit alors à l'ange: «Laisse-nous t'inviter. Nous te préparerons un chevreau.» L'ange répondit: «Même si je reste, je ne mangerai pas la nourriture que tu me présenteras. Mais, si tu le veux, prépare un sacrifice complet et offre-le au Seigneur.» Manoa n'avait pas compris qu'il s'agissait de l'ange du Seigneur. Il lui demanda: «Dis-nous ton nom pour que nous puissions t'honorer lorsque tes paroles se réaliseront.» L'ange répliqua: «Pourquoi veux-tu connaître mon nom? C'est un nom merveilleux.» Manoa prépara un chevreau et une offrande et il les plaça sur un rocher pour les offrir au Seigneur, à celui qui accomplit des merveilles. Pendant que Manoa et sa femme regardaient les flammes du sacrifice monter de l'autel vers le ciel, ils virent l'ange du Seigneur s'élever au milieu des flammes. Alors ils se jetèrent le visage contre terre. Manoa comprit qu'il s'agissait de l'ange du Seigneur. L'ange ne leur apparut plus jamais. Manoa dit à sa femme: «A coup sûr nous allons mourir, car nous avons vu Dieu.» Sa femme lui répondit: «Si le Seigneur voulait nous faire mourir, il n'aurait pas accepté notre sacrifice complet et notre offrande; il ne nous aurait pas montré ce que nous avons vu ni communiqué les instructions que nous avons entendues.» La femme de Manoa donna naissance à un fils qu'elle appela Samson. Le garçon grandit et le Seigneur le bénit. Il se trouvait au camp de Dan, entre Sora et Èchetaol, lorsque l'Esprit du Seigneur le poussa à l'action pour la première fois. Un jour, Samson se rendit à Timna où il remarqua une jeune fille philistine. A son retour, il en parla à ses parents: «A Timna, leur dit-il, j'ai remarqué une jeune fille philistine et je désire que vous la demandiez en mariage pour moi.» Ses parents lui répliquèrent: «Ne trouves-tu pas de jeune fille dans ton clan ou dans notre peuple, pour que tu ailles en choisir une chez ces Philistins incirconcis?» Mais Samson dit à son père: «C'est celle-là qui me plaît, demande-la en mariage pour moi.» Les parents de Samson ne savaient pas que le Seigneur lui-même avait inspiré ce désir à leur fils pour avoir une occasion de s'en prendre aux Philistins. En effet, à cette époque, les Philistins dominaient sur les Israélites. Samson et ses parents partirent pour Timna. Lorsqu'ils arrivèrent aux vignes proches de la localité, un jeune lion bondit en rugissant vers Samson. Alors l'Esprit du Seigneur s'empara de Samson et, de ses mains nues, il mit le lion en pièces comme s'il s'agissait d'un simple chevreau. Il ne raconta pas son exploit à ses parents. Il continua son chemin et alla s'entretenir avec la jeune fille philistine. Elle lui plaisait beaucoup. Quelques jours plus tard, il retourna à Timna pour l'épouser. En route, il fit un détour pour aller voir le cadavre du lion; il trouva, dans la carcasse de l'animal, un essaim d'abeilles et du miel. Il recueillit le miel dans ses mains et en mangea tout en continuant sa route. Puis il rejoignit ses parents et leur en donna à manger, mais il ne leur raconta pas qu'il avait pris ce miel dans le cadavre d'un lion. Le père de Samson se rendit chez la jeune fille; Samson y offrit un festin de mariage comme les jeunes gens ont l'habitude de le faire. Quand les Philistins le virent, ils choisirent trente jeunes gens pour lui tenir compagnie. Samson leur déclara: «Je vais vous proposer une devinette. Si vous en trouvez la réponse et me l'expliquez avant la fin des sept journées de festin, je vous donnerai trente chemises fines et trente habits de fête. Sinon, c'est vous qui me donnerez trente chemises fines et trente habits de fête.» – «Propose ta devinette, lui répondirent-ils, nous écoutons.» Samson leur dit: «De celui qui mange, est sorti ce qui se mange. De celui qui est fort, est sorti ce qui est doux. Qu'est-ce?» Au bout de trois jours les jeunes gens n'avaient pas encore trouvé la réponse. Le septième jour, ils déclarèrent à la femme de Samson: «Persuade ton mari de nous donner la réponse de la devinette, sinon nous vous brûlerons, toi et toute ta famille. Est-ce donc pour nous dépouiller que vous nous avez invités?» La femme de Samson alla dire en pleurant à son mari: «Tu ne m'aimes pas du tout, tu me détestes! Tu as proposé une devinette à mes compatriotes sans me l'avoir expliquée.» – «Je ne l'ai pas expliquée à mes propres parents, répondit Samson. Pourquoi te l'expliquerais-je à toi?» La femme de Samson le fatigua de ses pleurs pendant les sept jours du festin. Le dernier jour, Samson lui donna la réponse de la devinette, car il était excédé. Elle communiqua aussitôt la solution à ses compatriotes. Le septième jour, avant le coucher du soleil, les hommes de la ville vinrent dire à Samson: «Qu'y a-t-il de plus doux que le miel? Qu'y a-t-il de plus fort qu'un lion?» Il leur répondit: «Si vous n'aviez pas labouré avec ma jeune vache, vous n'auriez pas trouvé la réponse.» Alors l'Esprit du Seigneur s'empara de Samson qui se rendit à Ascalon. Il y tua trente hommes, prit leurs vêtements et les donna comme habits de fête à ceux qui avaient trouvé la réponse de la devinette. Puis, rempli de colère, il retourna chez son père. On donna sa femme au jeune homme qui avait été son garçon d'honneur. Quelque temps après, à l'époque où l'on moissonnait le blé, Samson alla rendre visite à sa femme; il lui apportait un chevreau. Il demanda à entrer dans la chambre de sa femme, mais son beau-père lui en refusa l'accès. «J'ai pensé, lui dit-il, que tu ne l'aimais plus et je l'ai donnée à ton garçon d'honneur. Mais sa jeune sœur est plus jolie qu'elle, ne trouves-tu pas? Tu peux la prendre à sa place.» Samson déclara: «Cette fois-ci personne ne pourra me reprocher le mal que je vais faire aux Philistins.» Il partit et captura trois cents renards. Il se procura des torches, il attacha les renards deux à deux par la queue et fixa une torche à chaque paire de queues. Il alluma les torches, lâcha les bêtes dans les champs de blé des Philistins et mit ainsi le feu aux gerbes de blé, aux épis encore sur pied et même aux plantations de vignes et d'oliviers. Les Philistins demandèrent qui avait fait cela et on leur répondit: «C'est Samson! Il a agi ainsi parce que son beau-père, un habitant de Timna, a repris sa femme et l'a donnée au garçon d'honneur.» Alors les Philistins allèrent brûler vifs la femme et son père. Samson leur dit: «Puisque vous vous conduisez de la sorte, je ne me tiendrai pas tranquille tant que je ne me serai pas vengé de vous.» Il les attaqua et leur infligea une défaite complète. Puis il partit vivre dans une grotte du rocher d'Étam. Les Philistins vinrent prendre position dans le territoire de Juda et déployèrent leurs troupes contre la localité de Léhi. Les hommes de Juda leur demandèrent: «Pourquoi venez-vous nous attaquer?» Ils répondirent: «C'est pour capturer Samson et le traiter comme il nous a traités.» Alors trois mille hommes de Juda se rendirent à la grotte du rocher d'Étam. Ils dirent à Samson: «Tu sais bien que les Philistins dominent sur nous. Ne vois-tu pas le tort que tu nous causes!» – «Je les ai traités comme ils m'ont traité», répondit Samson. Ils reprirent: «Nous sommes venus ici pour te ligoter et te livrer aux Philistins.» – «Jurez-moi que vous ne me tuerez pas vous-mêmes», leur demanda Samson. Ils lui répondirent: «Non, nous n'avons pas l'intention de te mettre à mort. Nous voulons seulement te ligoter et te livrer à eux.» Ils le ligotèrent avec deux cordes neuves et le ramenèrent de la grotte. Quand il arriva à Léhi, les Philistins vinrent à sa rencontre avec des cris de triomphe. Alors l'Esprit du Seigneur s'empara de Samson: les cordes qui liaient ses bras et ses mains cédèrent aussi facilement que du fil de lin brûlé. Samson trouva la mâchoire d'un âne récemment tué, il la ramassa et s'en servit pour massacrer mille hommes. Puis il s'écria: «Avec une mâchoire d'âne, j'ai tué mille hommes, avec une mâchoire d'âne, j'ai entassé des cadavres.» Après quoi il jeta la mâchoire au loin; c'est pourquoi on appela l'endroit Ramath-Léhi, ce qui signifie “colline de la Mâchoire”. Samson eut soudain très soif, il appela le Seigneur au secours et lui dit: «O Dieu, c'est toi qui m'as accordé cette grande victoire. Est-ce que maintenant je vais mourir de soif et tomber entre les mains de ces incirconcis?» Dieu fendit le rocher creux qui se trouve à Léhi et il en sortit de l'eau. Samson put boire et retrouva ainsi ses forces. On donna à cette source le nom de “source de Coré”, c'est-à-dire “source de celui qui appelle”. Elle existe encore aujourd'hui. Samson fut le chef des Israélites pendant vingt ans à l'époque des Philistins. Un jour, Samson se rendit à Gaza. Il y rencontra une prostituée et alla coucher avec elle. Les habitants de la ville apprirent que Samson se trouvait à cet endroit. Ils organisèrent des rondes et firent le guet toute la nuit à la porte de la ville. Mais ils n'entreprirent rien contre Samson pendant la nuit en pensant qu'ils pouvaient attendre le matin pour le tuer. Mais Samson ne resta couché que la première partie de la nuit. A minuit il se leva, il empoigna les battants de la porte de la ville et les arracha avec les deux montants et le verrou de bois. Il chargea le tout sur ses épaules et alla le déposer au sommet de la colline située en face de la ville d'Hébron. Après cela, Samson tomba amoureux d'une femme nommée Dalila, qui habitait dans la vallée du Sorec. Les cinq chefs philistins vinrent dire à Dalila: «Persuade Samson de te faire savoir d'où lui vient sa force extraordinaire et comment on peut en venir à bout. Nous pourrons ainsi le ligoter et nous rendre maîtres de lui. Chacun de nous te donnera onze cents pièces d'argent.» Alors Dalila demanda à Samson: «Je t'en prie, dis-moi d'où te vient ta force extraordinaire. Avec quoi faudrait-il te lier pour se rendre maître de toi?» Samson lui répondit: «Si on me liait avec sept cordes d'arc neuves, qui ne sont pas encore sèches, je deviendrais aussi faible qu'un homme ordinaire.» Les chefs philistins apportèrent à Dalila sept cordes d'arc neuves, pas encore sèches, et elle s'en servit pour ligoter Samson. Elle avait caché des gens à l'intérieur de la maison. Soudain elle cria: «Samson, les Philistins viennent t'attaquer!» Samson rompit les cordes comme si c'était un cordon rongé par le feu. Ainsi on ne découvrit pas le secret de sa force. Dalila dit à Samson: «Tu t'es moqué de moi en me racontant des mensonges. Apprends-moi maintenant comment on pourrait te lier.» – «Si on me liait avec des cordes neuves, qui n'ont pas encore servi, je deviendrais aussi faible qu'un homme ordinaire», lui répondit-il. Dalila se procura alors des cordes neuves qu'elle utilisa pour ligoter Samson, puis elle cria: «Samson, les Philistins viennent t'attaquer!» Des gens étaient de nouveau cachés à l'intérieur de la maison. Cependant Samson rompit les cordes qui lui liaient les bras comme si c'était du fil. Dalila dit à Samson: «Tu t'es encore moqué de moi en me racontant des mensonges. Cette fois apprends-moi vraiment comment on pourrait te lier.» Samson lui répondit: «Si tu tissais les sept tresses de ma tête sur la chaîne d'un métier à tisser et si tu les fixais avec la cheville du métier, je deviendrais aussi faible qu'un homme ordinaire.» Dalila endormit Samson, tissa les sept tresses de sa tête sur la chaîne d'un métier à tisser et les fixa à l'aide de la cheville, puis elle cria: «Samson, les Philistins viennent t'attaquer!» Samson se réveilla et arracha la cheville, le métier à tisser et la chaîne. Dalila lui dit: «Comment peux-tu affirmer que tu m'aimes, alors que tu ne me fais pas confiance? Voilà trois fois que tu te moques de moi et que tu refuses de m'apprendre d'où provient ta force extraordinaire.» Dalila excéda Samson en répétant tous les jours les mêmes reproches, au point que, fatigué à en mourir, il perdit patience et lui révéla son secret: «Mes cheveux n'ont jamais été coupés, lui dit-il, car j'ai été consacré à Dieu dès avant ma naissance. Si on me coupait les cheveux, je perdrais ma force et deviendrais aussi faible qu'un homme ordinaire.» Dalila comprit qu'il lui avait révélé son secret et elle fit dire aux chefs philistins: «Cette fois-ci vous pouvez venir, car Samson m'a révélé son secret.» Ils se rendirent chez elle avec l'argent qu'ils avaient promis. Dalila endormit Samson sur ses genoux et appela un homme qui coupa ses sept tresses. Elle commença ainsi à le réduire en son pouvoir, car sa force le quitta. Alors elle cria: «Samson, les Philistins viennent t'attaquer!» Il se réveilla et pensa qu'il s'en sortirait et se libérerait comme les autres fois, car il ne savait pas que le Seigneur lui avait retiré son aide. Mais les Philistins s'emparèrent de lui et lui crevèrent les yeux. Ils l'emmenèrent à Gaza, l'attachèrent avec des chaînes de bronze et l'obligèrent à moudre le blé dans la prison. Cependant ses cheveux, qui avaient été coupés, se mirent à repousser. Un jour, les chefs philistins se rassemblèrent pour fêter leur victoire et offrir un grand sacrifice à leur dieu Dagon. Ils chantaient: «Notre dieu a livré entre nos mains Samson, l'ennemi des Philistins.» En voyant son dieu, le peuple l'acclamait aussi en ces termes: «Notre dieu a livré entre nos mains Samson, l'ennemi des Philistins, le fléau de notre nation, qui décimait notre population.» Comme ils étaient d'humeur joyeuse, ils réclamèrent qu'on fasse venir Samson pour les amuser. On tira Samson de la prison et les gens se divertirent en le voyant. Lorsqu'on le plaça entre les colonnes du temple, il demanda au garçon qui le conduisait par la main: «Guide-moi pour que je puisse toucher les colonnes qui soutiennent le temple et m'y appuyer.» Or le temple était rempli d'hommes et de femmes. Les cinq chefs philistins étaient là et environ trois mille personnes se tenaient sur la terrasse pour se divertir à la vue de Samson. Alors Samson adressa cette prière au Seigneur: «Seigneur Dieu, souviens-toi de moi! Redonne-moi de la force, rien que cette fois, ô Dieu, afin que d'un seul coup, je puisse me venger des Philistins pour la perte de mes deux yeux.» Samson palpa ensuite les deux colonnes centrales sur lesquelles reposait le temple; il appuya sa main droite contre l'une des colonnes et sa main gauche contre l'autre. Il s'écria: «Que je meure en même temps que les Philistins!» Il poussa de toutes ses forces et le temple s'effondra sur les chefs et sur tous les gens qui s'y trouvaient. Ceux qu'il entraîna avec lui dans la mort furent plus nombreux que ceux qu'il avait tués pendant toute sa vie. Ses frères et toute sa famille vinrent chercher son corps. Ils l'emportèrent et le déposèrent dans le tombeau de son père Manoa, entre Sora et Èchetaol. Samson avait été à la tête des Israélites pendant vingt ans. Il y avait dans la région montagneuse d'Éfraïm un homme appelé Mika. Un jour, il déclara à sa mère: «Tu te rappelles que, lorsqu'on t'a dérobé onze cents pièces d'argent, tu as maudit le voleur en ma présence. Eh bien, j'ai cet argent, c'est moi qui l'avais pris.» Sa mère dit alors: «Sois béni par le Seigneur, mon fils!» Mika rendit les onze cents pièces d'argent à sa mère et elle lui dit: «J'ai décidé de consacrer solennellement cet argent au Seigneur, en ta faveur, mon fils; il servira à fabriquer une idole recouverte de métal fondu. Je te le remets donc maintenant.» Mais il rendit de nouveau les pièces d'argent à sa mère; elle en prit deux cents qu'elle donna au fondeur. Celui-ci fabriqua une idole recouverte de métal fondu, qu'on plaça dans la maison de Mika. Or cet homme, Mika, avait chez lui un lieu de culte. Il fit fabriquer une autre idole ainsi que des statuettes sacrées, puis il installa un de ses fils comme prêtre à son service. A cette époque, il n'y avait pas de roi en Israël et chacun agissait comme il lui semblait bon. Un jeune lévite séjournait alors à Bethléem, localité de la tribu de Juda. Il quitta Bethléem, pour chercher un autre lieu de résidence. En cours de route, il arriva à la maison de Mika, dans la région montagneuse d'Éfraïm. Mika lui demanda: «D'où viens-tu?» – «Je suis un lévite de Bethléem, en Juda, lui répondit-il, et je suis à la recherche d'un lieu de résidence.» Mika lui dit: «Reste chez moi et deviens le prêtre de ma famille. Je te donnerai dix pièces d'argent par an, ainsi que les vêtements et la nourriture qui te seront nécessaires.» Le lévite entra et il accepta de rester chez Mika, qui le traita comme son fils. Mika l'installa comme prêtre à son service et le logea chez lui. Mika se dit: «Je suis certain maintenant que le Seigneur me fera du bien puisque j'ai un lévite pour prêtre.» A cette époque, il n'y avait pas de roi en Israël. La tribu de Dan cherchait alors un territoire où s'installer, car, à la différence des autres tribus israélites, elle n'en possédait pas encore. Les Danites choisirent donc parmi eux cinq hommes particulièrement courageux; ils les envoyèrent des localités de Sora et Èchetaol avec l'ordre d'explorer soigneusement le pays. Ces hommes arrivèrent dans la région montagneuse d'Éfraïm et ils s'arrêtèrent près de la maison de Mika. Pendant qu'ils étaient là, ils entendirent le jeune lévite et reconnurent son accent. Ils allèrent alors lui dire: «Qui t'a demandé de venir à cet endroit? Que fais-tu ici? Qu'est-ce qui t'y retient?» Il répondit: «Mika m'a offert une situation: il me paie un salaire et je suis son prêtre.» – «Eh bien, reprirent-ils, consulte Dieu. Nous désirons savoir si le voyage que nous avons entrepris réussira.» Le prêtre leur déclara: «Soyez sans crainte! Le Seigneur vous accompagne dans votre voyage.» Les cinq hommes se remirent en route et allèrent jusqu'à Laïch. Ils y trouvèrent des gens tranquilles, qui vivaient dans la paix et la sécurité, à la manière des Sidoniens. Personne n'avait rien à reprocher à celui qui exerçait le pouvoir dans la région. Ces gens vivaient loin des Sidoniens et ne dépendaient de personne. Les envoyés danites retournèrent à Sora et Èchetaol, et leurs compatriotes leur demandèrent ce qu'ils avaient découvert. Ils leur déclarèrent: «Venez! Allons attaquer les gens de Laïch. Nous avons constaté que la région est excellente. Ne restez pas là sans rien faire, dépêchez-vous de partir à la conquête de cette région! Quand vous y arriverez, vous trouverez une population sans méfiance, établie dans un vaste territoire. Dieu vous livrera ce territoire où il ne manque rien de ce qu'on peut avoir sur terre.» Alors six cents hommes de la tribu de Dan, équipés pour le combat, quittèrent Sora et Èchetaol. Ils allèrent installer leur camp à l'ouest de Quiriath-Yéarim, dans le pays de Juda. C'est pourquoi cet endroit a reçu le nom de Mahané-Dan, c'est-à-dire “camp de Dan”, qu'il porte encore maintenant. De là, ils se rendirent dans la région montagneuse d'Éfraïm et arrivèrent près de la maison de Mika. Les cinq hommes qui avaient exploré la région de Laïch, dirent à leurs camarades: «Savez-vous que, dans l'une de ces maisons, il y a une idole et des statuettes sacrées, ainsi qu'une autre idole recouverte de métal fondu? A vous de décider ce que vous devez faire.» Ensuite les cinq hommes se dirigèrent vers la maison de Mika, ils y entrèrent et demandèrent au jeune lévite qui y habitait comment il allait. Pendant ce temps, les six cents Danites, équipés pour le combat, se tenaient à l'entrée de la maison. Les cinq hommes qui avaient exploré le pays, ayant pénétré dans la maison, s'emparèrent des différentes idoles, des statuettes sacrées, ainsi que de l'idole recouverte de métal fondu. Le prêtre se tenait à l'entrée avec les six cents hommes armés. En voyant les autres pénétrer dans la maison de Mika et enlever les idoles et les objets sacrés, le prêtre leur demanda: «Que faites-vous là?» – «Chut! lui répondirent-ils, ne dis pas un mot! Viens avec nous, deviens le prêtre de notre tribu. Que préfères-tu: être prêtre pour la famille d'un seul homme ou pour toute une tribu israélite?» Le prêtre fut très heureux de la proposition, il prit les idoles et les statuettes et se joignit à la troupe. Les Danites se remirent en route, en se faisant précéder par les enfants, le bétail et les bagages. Ils étaient déjà loin de la maison de Mika lorsque celui-ci et les voisins se rassemblèrent et se lancèrent à leur poursuite. Aux cris qu'ils poussaient contre les Danites, ceux-ci se retournèrent et demandèrent à Mika: «Qu'est-ce qui te prend? Que signifie cet attroupement?» Il leur répondit: «Vous vous êtes emparés des dieux que je m'étais fabriqués et vous avez emmené mon prêtre. Il ne me reste plus rien et vous osez me demander ce que j'ai?» Ils lui répliquèrent: «Ne nous fatigue pas de tes plaintes! Certains d'entre nous pourraient en être exaspérés et vous attaquer. Tu causerais ainsi ta perte et celle de ta famille.» Puis ils reprirent leur marche. Mika, voyant qu'ils étaient les plus forts, fit demi-tour et rentra chez lui. Les Danites emportèrent les objets que Mika avait faits et emmenèrent le prêtre qu'il avait eu à son service. Ils allèrent attaquer Laïch, massacrèrent la population paisible et confiante qui y vivait et brûlèrent la ville. Laïch, située dans la vallée de Beth-Rehob, était loin de Sidon et ses habitants ne dépendaient de personne. C'est pourquoi personne ne vint à leur secours. Les Danites reconstruisirent la ville et s'y installèrent. Ils changèrent le nom qu'on lui donnait auparavant, Laïch, et l'appelèrent Dan, comme leur ancêtre, le fils de Jacob. Ils installèrent l'idole de Mika pour qu'elle serve à leur culte, et Yonatan, fils de Guerchom et petit-fils de Moïse, devint le prêtre de la tribu de Dan. Les descendants de Yonatan gardèrent cette charge jusqu'au moment où la population partit en déportation. Ils conservèrent l'idole de Mika pendant tout le temps qu'il y eut un sanctuaire de Dieu à Silo. A l'époque où il n'y avait pas de roi en Israël, un lévite séjournait dans un endroit écarté de la région montagneuse d'Éfraïm. Il avait pris comme épouse de second rang une femme de Bethléem, en Juda. Celle-ci se brouilla avec lui; elle le quitta et retourna chez son père, à Bethléem, où elle resta quatre mois. Son mari se mit en route pour la rejoindre et la convaincre de revenir. Il emmena avec lui son serviteur et deux ânes. La jeune femme fit entrer son mari dans la maison de son père; celui-ci, dès qu'il le vit, l'accueillit avec joie. Le beau-père retint son gendre qui resta trois jours chez lui: le lévite et son serviteur mangèrent, burent et dormirent là. Le quatrième jour, ils se levèrent de bonne heure. Lorsque le lévite fut sur le point de partir, son beau-père lui dit: «Mange donc quelque chose pour prendre des forces, vous vous en irez ensuite.» Alors les deux hommes se mirent à table; ils mangèrent et ils burent ensemble. Le beau-père dit au lévite: «Accorde-toi un peu de bon temps, accepte de passer encore la nuit ici.» Le lévite voulait partir, mais son beau-père insista tellement qu'il y renonça et resta une nuit de plus chez lui. Le cinquième jour, il se leva de bonne heure pour partir. Son beau-père lui dit: «Restaure-toi d'abord, remettez votre départ à cet après-midi.» Alors ils mangèrent ensemble. Lorsque le lévite voulut s'en aller avec sa femme et son serviteur, son beau-père lui dit: «Écoute, il se fait tard, l'obscurité arrive, dormez ici. Accorde-toi un peu de bon temps et reste encore cette nuit. Demain vous vous lèverez tôt pour rentrer chez toi.» Cette fois-ci le lévite refusa de rester et il se mit en route avec sa femme et ses deux ânes munis de leurs selles. Ils arrivèrent en vue de Jébus, c'est-à-dire Jérusalem. Lorsqu'ils furent près de la ville, le jour avait beaucoup baissé, et le serviteur dit à son maître: «Dirigeons-nous vers la ville des Jébusites, allons y passer la nuit.» – «Non, répondit son maître, nous n'irons point dans une ville étrangère, où il n'y a pas d'Israélites. Continuons jusqu'à Guibéa.» Puis il ajouta: «Tâchons d'atteindre Guibéa ou Rama; nous passerons la nuit dans une de ces deux localités.» Ils continuèrent donc leur route. Le soleil se couchait lorsqu'ils arrivèrent près de Guibéa, dans le territoire de Benjamin. Ils gagnèrent cette localité dans l'intention d'y dormir. Ils y entrèrent et s'assirent sur la place publique, mais personne ne les invita à loger dans sa maison. Ce même soir, un vieil homme, qui revenait de son travail aux champs, entra dans la localité. Il était originaire de la région montagneuse d'Éfraïm, mais il vivait à Guibéa, dont les habitants étaient benjaminites. Il remarqua le voyageur qui attendait sur la place. «D'où viens-tu et où vas-tu?» lui demanda-t-il. Le lévite lui répondit: «Nous venons de Bethléem, en Juda, et nous regagnons un endroit écarté de la région montagneuse d'Éfraïm. C'est là que j'habite, et je retourne chez moi après un voyage à Bethléem. Personne ne m'a invité dans sa maison, et pourtant nous avons de la paille et du fourrage pour nos ânes, ainsi que du pain et du vin pour moi, ma femme et mon serviteur. Nous ne manquons de rien.» Le vieil homme lui dit alors: «Sois le bienvenu! je vais m'occuper de ce qui pourrait te manquer; il ne faut pas que tu passes la nuit sur la place!» Il le fit entrer chez lui et donna du fourrage aux ânes. Les voyageurs se lavèrent les pieds, puis ils mangèrent et burent. Pendant qu'ils se régalaient, des hommes de la localité, une bande de voyous, encerclèrent la maison et frappèrent à la porte. Ils dirent au vieux maître de maison: «Fais sortir l'homme que tu as reçu chez toi. Nous voulons prendre du plaisir avec lui.» Le vieil homme sortit et leur dit: «Mes amis, je vous en supplie, ne commettez pas ce crime! Ne vous conduisez pas de façon aussi infâme, alors que cet homme est mon hôte. Écoutez, j'ai une fille encore vierge et il a avec lui une épouse de second rang. Je vais vous les amener, vous pourrez les prendre et les traiter comme vous en aurez envie, mais ne vous conduisez pas de façon aussi infâme envers cet homme.» Cependant ces hommes ne voulurent rien entendre. Alors le lévite leur amena sa femme dehors. Ils la violèrent, en abusèrent toute la nuit et ne la laissèrent qu'à l'aube. A l'approche du matin, la femme vint tomber à l'entrée de la maison du vieil homme chez qui son mari se trouvait. Elle resta là jusqu'à ce qu'il fasse jour. Le matin venu, son mari alla ouvrir la porte de la maison et sortit pour reprendre sa route. Il trouva sa femme étendue à l'entrée de la maison, les mains sur le seuil. «Lève-toi, dit-il, nous partons.» Mais il n'y eut pas de réponse! Alors l'homme chargea le corps de sa femme sur son âne, et il retourna chez lui. Arrivé dans sa maison, il prit un couteau, et découpa le cadavre de sa femme en douze morceaux. Il envoya un morceau à chacune des tribus d'Israël. Il chargea ses envoyés de dire à tous les Israélites: «A-t-on jamais fait chose semblable depuis que les Israélites sont sortis d'Egypte? Examinez cette affaire, consultez-vous et prenez une décision.» Tous ceux qui voyaient cela s'exclamaient: «On n'a jamais rien vu ou fait de semblable depuis que les Israélites sont sortis d'Égypte!» Tous les Israélites se rassemblèrent d'un commun accord à Mispa, en présence du Seigneur. Ils vinrent de partout, depuis Dan, au nord, jusqu'à Berchéba, au sud, ainsi que depuis le pays de Galaad, à l'est. Les chefs et les hommes de toutes les tribus d'Israël étaient présents à ce rassemblement du peuple de Dieu: il y avait quatre cent mille soldats à pied, habiles à manier l'épée. Et les hommes de la tribu de Benjamin apprirent que les autres Israélites s'étaient rendus à Mispa. Les Israélites demandèrent: «Racontez-nous comment ce crime a été commis.» Le lévite dont la femme avait été tuée, répondit: «J'étais entré avec mon épouse de second rang dans la localité de Guibéa, sur le territoire de Benjamin, pour y passer la nuit. Les habitants de Guibéa sont venus pour me faire du mal et ont encerclé, de nuit, la maison où je me trouvais. Ils ont voulu me tuer et ils ont abusé de ma femme jusqu'à ce qu'elle en meure. Alors j'ai pris son cadavre et je l'ai découpé en morceaux que j'ai envoyés dans toutes les tribus d'Israël. En effet un acte odieux, infâme, avait été commis en Israël. Maintenant que vous voici tous réunis, Israélites, discutez-en ensemble et prenez une décision.» D'un commun accord le peuple se leva pour déclarer: «Aucun d'entre nous ne retournera chez lui, dans sa tente ou sa maison. Voici ce que nous allons faire à l'égard de Guibéa: nous tirerons au sort pour choisir un dixième des hommes appartenant à chaque tribu d'Israël; ils seront chargés d'approvisionner les troupes qui iront attaquer Guibéa pour punir cette localité de l'acte infâme commis en Israël par ses habitants.» Ainsi, tous les Israélites furent d'accord de s'associer pour marcher contre Guibéa. Les différentes tribus envoyèrent des messagers dans tout le territoire de Benjamin pour dire: «Comment un crime aussi odieux a-t-il pu être commis chez vous? Livrez-nous maintenant les coupables, les voyous de Guibéa, nous les mettrons à mort et nous ferons ainsi disparaître le mal du peuple d'Israël.» Mais les Benjaminites ne voulurent pas écouter leurs compatriotes israélites. Ils vinrent de leurs diverses localités et se rassemblèrent à Guibéa pour combattre les Israélites. Ce jour-là, on enrôla vingt-six mille soldats venus de toutes leurs localités, sans compter les habitants de Guibéa qui enrôlèrent sept cents combattants d'élite. Dans cette armée, sept cents combattants d'élite étaient gauchers. Chacun d'eux pouvait, avec sa fronde, lancer une pierre sur un cheveu sans le manquer. De leur côté, les autres tribus israélites rassemblèrent quatre cent mille soldats entraînés à la guerre. Les Israélites se rendirent à Béthel et consultèrent Dieu pour savoir laquelle de leurs tribus devait aller la première attaquer les Benjaminites. Le Seigneur désigna la tribu de Juda. Dès le lendemain matin, les Israélites se mirent en marche et allèrent installer leur camp près de Guibéa. Puis ils s'avancèrent pour combattre les Benjaminites et se rangèrent en ordre de bataille en face de Guibéa. Les Benjaminites sortirent de la localité et, ce jour-là, ils massacrèrent vingt-deux mille Israélites. Alors toute la population d'Israël se rendit à Béthel. Les gens s'y assirent en présence du Seigneur pour se lamenter et, ce jour-là, ils jeûnèrent jusqu'au soir. Ils présentèrent au Seigneur des sacrifices complets et des sacrifices de communion. Les Israélites cachèrent des soldats tout autour de Guibéa. Puis, pour le troisième jour consécutif, ils allèrent attaquer les hommes de Benjamin et, comme les fois précédentes, ils se rangèrent en ordre de bataille en face de la localité. Les Benjaminites sortirent pour les combattre et se laissèrent entraîner loin de Guibéa. Comme les autres fois, ils se mirent à tuer des soldats israélites et firent une trentaine de victimes, en pleine campagne, sur le chemin de Béthel et sur celui de Guibéa. Ils pensaient avoir battu les Israélites comme ils l'avaient fait précédemment. Mais les Israélites avaient décidé de fuir et d'attirer les Benjaminites sur des chemins de campagne, loin de Guibéa. Les troupes israélites quittèrent ensuite les différents points où elles se trouvaient pour se regrouper à Baal-Tamar, tandis que les hommes postés près de la ville surgissaient soudain de leurs cachettes, du côté de la plaine de Guéba. Ainsi dix mille soldats d'élite, de tout Israël, arrivèrent en face de Guibéa. Il y eut une bataille acharnée, mais les Benjaminites ne se rendaient pas compte du désastre qui allait les frapper. Le Seigneur mit les Benjaminites en déroute devant les Israélites qui tuèrent ce jour-là vingt-cinq mille cent de leurs soldats. Les Benjaminites comprirent alors qu'ils étaient perdus. Les Israélites avaient cédé du terrain aux Benjaminites parce qu'ils comptaient sur l'intervention des soldats cachés autour de Guibéa. Ces derniers s'avancèrent rapidement vers la localité, ils l'envahirent et massacrèrent les habitants. Ils avaient convenu d'un signal avec le reste des Israélites: ils devaient faire monter un nuage de fumée au-dessus de la localité. Lorsque les troupes israélites reculèrent durant la bataille, les Benjaminites tuèrent environ trente de leurs hommes et ils pensèrent les avoir battus comme la fois précédente. Mais, à ce moment-là, le nuage de fumée qui servait de signal commença à s'élever au-dessus de Guibéa. Les Benjaminites regardèrent en arrière et aperçurent la fumée qui s'élevait de leur ville entièrement en flammes. Les Israélites se retournèrent contre les Benjaminites, et ceux-ci furent épouvantés, car ils avaient vu le désastre qui les frappait. Ils s'enfuirent devant les Israélites et se dirigèrent vers le désert, mais ils furent pris entre le gros des troupes et les soldats qui venaient de la localité et les massacraient. Les Israélites encerclèrent les hommes de Benjamin ou les poursuivirent, en les mettant à mort en chemin et sans leur laisser de répit, jusqu'à un endroit situé à l'est de Guibéa. Ainsi moururent dix-huit mille soldats de Benjamin, tous des hommes courageux. Les autres Benjaminites s'enfuirent en direction du désert, vers le rocher de Rimmon. Cinq mille d'entre eux furent tués le long des chemins, on poursuivit le reste jusqu'à Guidom et on en massacra encore deux mille. Le total des Benjaminites tués ce jour-là fut de vingt-cinq mille soldats, tous des hommes courageux. Toutefois six cents de ceux qui s'étaient enfuis en direction du désert purent échapper et arriver au rocher de Rimmon, où ils demeurèrent quatre mois. Les Israélites se retournèrent contre les Benjaminites qui restaient; passant d'une ville à l'autre, ils massacrèrent tous les hommes aussi bien que le bétail, puis ils mirent le feu à toutes les localités de la région. Lorsque les hommes d'Israël s'étaient réunis à Mispa, ils avaient fait le serment qu'aucun d'entre eux ne donnerait sa fille en mariage à un homme de la tribu de Benjamin. Cette fois-ci, le peuple se rendit à Béthel, et les gens y restèrent assis jusqu'au soir devant Dieu. Ils se lamentèrent et pleurèrent abondamment. Ils disaient: «Pourquoi ce malheur, Seigneur, Dieu d'Israël? Pourquoi faut-il que maintenant une des tribus d'Israël disparaisse?» Tôt le lendemain matin, le peuple construisit un autel à cet endroit et offrit des sacrifices complets et des sacrifices de communion. Puis les Israélites se demandèrent les uns aux autres: «Parmi toutes les tribus d'Israël, y a-t-il un groupe qui ne soit pas venu à l'assemblée tenue devant le Seigneur à Mispa?» En effet, ils avaient fait le serment solennel de mettre à mort quiconque ne se rendrait pas à Mispa. Par ailleurs, ils s'apitoyaient sur le sort de leurs compatriotes de Benjamin et disaient: «Aujourd'hui une tribu israélite est en train de disparaître. Que ferons-nous pour procurer des femmes aux hommes de Benjamin qui ont survécu, puisque nous avons promis solennellement devant le Seigneur de ne pas leur donner nos filles en mariage?» Ils s'informèrent pour savoir s'il y avait un groupe, parmi les tribus israélites, qui n'était pas venu à Mispa se présenter devant le Seigneur. Et on découvrit que personne de Yabech, en Galaad, ne s'était rendu au camp où avait lieu l'assemblée. En effet, lorsqu'on recensa les participants, aucun homme de Yabech ne répondit. Les membres de l'assemblée envoyèrent alors à Yabech douze mille hommes courageux avec les ordres suivants: «Allez massacrer les habitants de Yabech, en Galaad, y compris les femmes et les enfants. Vous tuerez les hommes dans leur totalité et les femmes qui ont déjà appartenu à un homme. Voilà ce que vous ferez.» Dans la population de Yabech, ils trouvèrent quatre cents jeunes filles encore vierges. Ils les amenèrent au camp de Silo, dans le pays de Canaan. Ensuite, les membres de l'assemblée envoyèrent des messagers parler aux Benjaminites réfugiés au rocher de Rimmon, pour leur offrir la paix. Les Benjaminites retournèrent aussitôt chez eux. On leur donna les femmes qui n'avaient pas été tuées à Yabech, mais il n'y en eut pas assez pour tous. Les Israélites s'apitoyèrent sur les gens de Benjamin, parce que le Seigneur avait créé un vide parmi les tribus d'Israël. Les responsables de l'assemblée dirent: «Il n'y a plus de femmes dans la tribu de Benjamin. Que ferons-nous pour en procurer aux hommes qui ont survécu? Il faut assurer une descendance aux survivants de Benjamin pour ne pas laisser mourir une tribu d'Israël. Mais nous ne pouvons pas leur permettre d'épouser nos filles, puisque nous avons fait le serment de maudire tout Israélite qui donnerait sa fille en mariage à un homme de Benjamin.» Ils se rappelèrent alors qu'on allait bientôt célébrer la fête annuelle du Seigneur, à Silo, localité située au nord de Béthel, au sud de Lebona, et à l'est de la route qui relie Béthel à Sichem. Ils donnèrent le conseil suivant aux hommes de Benjamin: «Allez vous cacher dans les vignes et faites-y le guet. Quand les filles de Silo sortiront pour former leurs danses, vous surgirez des vignes. Chacun de vous enlèvera une des jeunes filles, puis il l'emmènera avec lui dans le territoire de Benjamin pour en faire sa femme. Si leurs pères ou leurs frères viennent se plaindre à nous, nous leur répondrons: “Nous vous prions d'être compréhensifs envers les hommes de Benjamin, car nous n'avons pas pu prendre de femme pour chacun d'eux lors de la bataille de Yabech. Comme ce n'est pas vous qui leur avez accordé vos filles, on ne peut pas vous accuser d'avoir rompu votre serment.” » Les hommes de Benjamin suivirent ce conseil: ils enlevèrent autant de femmes qu'il leur en fallait parmi les jeunes filles qui dansaient à Silo, et ils les emmenèrent. Ils s'en retournèrent dans leur territoire, reconstruisirent leurs villes et s'y installèrent. Les autres Israélites quittèrent l'assemblée; chacun rejoignit sa tribu et son clan et regagna sa part de territoire. A cette époque, il n'y avait pas de roi en Israël et chacun agissait comme il lui semblait bon. A l'époque où les juges exerçaient le pouvoir en Israël, il y eut une famine dans le pays. Alors un homme de Bethléem en Juda partit avec sa femme et ses deux fils; ils allèrent habiter pour un temps dans le pays de Moab. L'homme s'appelait Élimélek, sa femme Noémi et ses deux fils Malon et Kilion; ils appartenaient au clan d'Éfrata. Au cours de leur séjour en Moab, Élimélek mourut et Noémi resta seule avec ses deux fils. Ceux-ci épousèrent des Moabites; l'une d'elles s'appelait Orpa, l'autre Ruth. Au bout de dix ans, Malon et Kilion moururent à leur tour. Noémi resta seule, privée de ses enfants et de son mari. Au pays de Moab, Noémi apprit que le Seigneur avait été favorable à son peuple et lui avait donné de bonnes récoltes. Alors elle se prépara à quitter ce pays avec ses deux belles-filles. Elles partirent ensemble pour retourner au pays de Juda, mais, en chemin, Noémi leur dit: «Rentrez chez vous maintenant, chacune dans la maison de sa mère. Que le Seigneur soit bon pour vous comme vous l'avez été pour ceux qui sont morts et pour moi-même! Qu'il permette à chacune de vous de trouver le bonheur dans la maison d'un mari!» Puis elle embrassa ses deux belles-filles pour prendre congé, mais celles-ci pleurèrent abondamment et lui dirent: «Non! nous t'accompagnons auprès de ton peuple.» Noémi reprit: «Rentrez chez vous, mes filles. Pourquoi voulez-vous venir avec moi? Je ne suis plus en âge d'avoir des fils qui pourraient vous épouser. Rentrez chez vous. Laissez-moi. Je suis trop vieille pour me remarier. Et même si je disais: “Il y a encore de l'espoir pour moi, cette nuit même je serai à un homme qui me donnera des fils”, pourriez-vous attendre qu'ils aient grandi? Renonceriez-vous à épouser quelqu'un d'autre? Non, mes filles! C'est contre moi que le Seigneur s'est tourné, mon sort est beaucoup trop dur pour vous.» Les deux belles-filles pleurèrent de plus belle. Finalement Orpa embrassa sa belle-mère pour prendre congé, mais Ruth refusa de la quitter. Noémi dit à Ruth: «Regarde, ta belle-sœur est retournée vers son peuple et son dieu. Fais comme elle, retourne chez toi.» Mais Ruth répondit: «N'insiste pas pour que je t'abandonne et que je retourne chez moi. Là où tu iras, j'irai; là où tu t'installeras, je m'installerai. Ton peuple sera mon peuple; ton Dieu sera mon Dieu. Là où tu mourras, je mourrai et c'est là que je serai enterrée. Que le Seigneur m'inflige la plus terrible des punitions si ce n'est pas la mort seule qui me sépare de toi!» Quand Noémi vit que Ruth était résolue à l'accompagner, elle cessa d'insister et elles allèrent ensemble jusqu'à Bethléem. Leur arrivée provoqua de l'excitation dans toute la localité. Les femmes s'exclamaient: «Est-ce vraiment Noémi?» Noémi leur déclara: «Ne m'appelez plus Noémi – “l'Heureuse” –, mais appelez-moi Mara – “l'Affligée” –, car le Dieu tout -puissant m'a durement affligée. Je suis partie d'ici les mains pleines et le Seigneur m'a fait revenir les mains vides. Ne m'appelez donc plus Noémi, puisque le Seigneur tout-puissant s'est tourné contre moi et a causé mon malheur.» C'est ainsi que Noémi revint du pays de Moab avec Ruth, sa belle-fille moabite. Lorsqu'elles arrivèrent à Bethléem, on commençait juste à récolter l'orge. Noémi avait un parent du côté d'Élimélek, son mari. C'était un homme riche et considéré, appelé Booz. Un jour, Ruth la Moabite dit à Noémi: «Permets-moi d'aller dans un champ ramasser les épis que les moissonneurs laissent derrière eux. Je trouverai bien quelqu'un d'assez bon pour me le permettre.» – «Vas-y, ma fille», répondit Noémi. Ruth partit donc et alla glaner dans un champ, derrière les moissonneurs. Or il se trouva que ce champ appartenait à Booz, le parent d'Élimélek. Un peu plus tard, Booz arriva de Bethléem. Il salua les moissonneurs en disant: «Que le Seigneur soit avec vous!» – «Que le Seigneur te bénisse!» répondirent-ils. Booz demanda au chef des moissonneurs: «Qui est cette jeune femme?» L'homme répondit: «C'est la jeune Moabite, celle qui a accompagné Noémi à son retour de Moab. Elle a demandé la permission de glaner derrière les moissonneurs. Elle est venue ce matin et jusqu'à maintenant c'est à peine si elle s'est reposée.» Alors Booz dit à Ruth: «Écoute mon conseil. Ne va pas glaner dans un autre champ; reste ici et travaille avec mes servantes. Observe bien à quel endroit le champ est moissonné et suis les femmes qui glanent. Sache que j'ai ordonné à mes serviteurs de te laisser tranquille. Si tu as soif, va boire de l'eau dans les cruches qu'ils ont remplies.» Ruth s'inclina jusqu'à terre et dit à Booz: «Pourquoi me traites-tu avec tant de bonté et t'intéresses-tu à moi qui suis une étrangère?» Booz répondit: «On m'a raconté comment tu as agi à l'égard de ta belle-mère depuis que ton mari est mort. Je sais que tu as quitté ton père, ta mère et le pays où tu es née pour venir vivre au milieu d'un peuple que tu ne connaissais pas auparavant. Je souhaite que le Seigneur te récompense pour tout cela. Oui, que le Seigneur, le Dieu d'Israël, te récompense abondamment, puisque c'est sous sa protection que tu es venue te placer.» Ruth répondit: «Tu es vraiment bon pour moi, maître! Tu me donnes du courage en me parlant aussi amicalement, alors que je ne suis même pas l'égale d'une de tes servantes.» A l'heure du repas, Booz dit à Ruth: «Viens manger avec nous; prends un morceau de pain et trempe-le dans la vinaigrette.» Ruth s'assit donc à côté des moissonneurs et Booz lui offrit des grains rôtis. Elle en mangea autant qu'elle voulut et il lui en resta. Lorsqu'elle fut retournée glaner, Booz donna cet ordre à ses serviteurs: «Laissez-la glaner également entre les gerbes sans lui adresser de remarques. Retirez même quelques épis des gerbes et abandonnez-les par terre pour qu'elle les ramasse. Surtout, ne lui reprochez rien.» Ruth glana dans le champ de Booz jusqu'au soir, puis elle battit les épis qu'elle avait ramassés et elle remplit un grand sac de grains d'orge. Elle rapporta le sac au bourg et montra à sa belle-mère tout ce qu'elle avait récolté. Elle avait ramené également le reste de son repas et elle le lui donna. Noémi lui demanda: «Où as-tu glané tout cela aujourd'hui? Dans quel champ as-tu travaillé? Que Dieu bénisse celui qui s'est intéressé à toi!» Ruth raconta alors à sa belle-mère qu'elle avait travaillé dans le champ d'un homme appelé Booz. Noémi déclara: «Je vois que le Seigneur garde sa bonté pour nous les vivants comme pour ceux qui sont morts. Qu'il bénisse cet homme!» Elle ajouta: «Booz est notre proche parent, un de ceux qui sont chargés de prendre soin de nous.» Alors Ruth reprit: «Il m'a même dit de continuer à glaner derrière ses serviteurs jusqu'à ce qu'ils aient terminé toute la moisson.» Noémi dit à Ruth: «Très bien, ma fille, continue de travailler avec les servantes de Booz. Si tu allais dans le champ de quelqu'un d'autre, tu risquerais d'être maltraitée.» Ruth alla donc glaner avec les servantes de Booz jusqu'à ce que toute l'orge et tout le blé aient été récoltés. Elle continuait à habiter avec sa belle-mère. Un jour, Noémi dit à Ruth: «Ma fille, je dois chercher à assurer ton avenir pour que tu sois heureuse. Comme tu le sais, ce Booz qui t'a laissée travailler avec ses servantes est notre parent. Or ce soir, il va aller battre l'orge sur son aire. Lave-toi donc, parfume-toi et mets tes plus beaux habits. Ensuite, rends-toi à l'endroit où il bat son orge, mais ne te montre pas avant qu'il ait fini de manger et de boire. Lorsqu'il se couchera, observe la place où il s'installe. Approche-toi ensuite, écarte un peu sa couverture et couche-toi à ses pieds. Après cela, il t'indiquera lui-même comment tu dois agir.» – «Je ferai tout ce que tu m'as dit», répondit Ruth. Ruth se rendit donc à l'aire de Booz et se conduisit exactement comme sa belle-mère le lui avait recommandé. Booz mangea et but, ce qui le mit d'excellente humeur, puis il alla se coucher au bord de son tas de grains. Ruth s'approcha doucement, écarta la couverture et s'étendit à ses pieds. Au milieu de la nuit, Booz se réveilla en sursaut, il se pencha en avant et vit avec surprise qu'une femme était couchée à ses pieds. «Qui es-tu?» demanda-t-il. Elle répondit: «C'est moi, Ruth, ta servante. Veuille me prendre sous ta protection, car tu as à mon égard la responsabilité d'un proche parent.» Booz lui déclara: «Que le Seigneur te bénisse, Ruth! Tu viens de donner à la famille de ta belle-mère une preuve de fidélité encore plus grande que précédemment. En effet, tu n'as pas recherché l'amour des jeunes gens, riches ou pauvres. Eh bien, n'aie aucun souci! Je ferai pour toi ce que tu demandes, car toute la population sait que tu es une femme de valeur. Il est exact que j'ai à ton égard la responsabilité d'un proche parent, mais il existe un homme dont le degré de parenté avec ta famille est plus étroit. Passe ici la fin de la nuit; demain matin nous verrons s'il veut exercer sa responsabilité à ton égard. Si oui, qu'il le fasse. S'il ne le désire pas, je te promets, par le Seigneur vivant, que j'exercerai ma responsabilité à ton égard. En attendant, reste couchée jusqu'au matin.» Ruth resta donc aux pieds de Booz, mais elle se leva à l'aube, avant que la lumière du jour permette de la reconnaître. En effet, Booz ne voulait pas qu'on sache qu'elle était venue à cet endroit. Il lui dit: «Enlève la cape que tu portes et tiens-la bien.» Elle tendit sa cape et il y versa six mesures d'orge qu'il l'aida à charger. Ensuite, il retourna au bourg. Ruth rejoignit sa belle-mère. Celle-ci lui demanda: «Comment cela s'est-il passé, ma fille?» Ruth lui raconta alors tout ce que Booz avait fait pour elle. Elle ajouta: «Il m'a même donné ces six mesures d'orge en disant que je ne devais pas revenir chez toi les mains vides.» Noémi lui dit: «Attends calmement ici, ma fille, jusqu'à ce que tu saches comment l'affaire va tourner. Booz ne sera satisfait que s'il la règle aujourd'hui même!» Booz se rendit à la porte de la localité, et s'assit. Le plus proche parent d'Élimélek, celui dont Booz avait parlé à Ruth, passa justement par là. Booz l'appela: «Viens t'asseoir ici», lui dit-il. C'est ce que fit l'homme. Booz demanda alors à dix des anciens de la localité de s'installer avec eux. Lorsqu'ils eurent pris place, il déclara au parent d'Élimélek: «Tu sais que Noémi est revenue du pays de Moab. Eh bien, elle met en vente le champ qui appartenait à Élimélek, notre parent. J'ai décidé de t'en informer et de te proposer de l'acheter devant les anciens et les autres personnes ici présentes. Si tu veux exercer ton droit de rachat, fais-le, sinon préviens-moi, car c'est à moi que ce droit revient tout de suite après toi.» L'homme dit: «Je veux bien acheter le champ.» Booz reprit: «Si tu achètes le champ à Noémi, tu devras en même temps prendre pour femme Ruth, la Moabite, pour que la propriété du champ reste dans la famille de son mari décédé.» L'homme répondit: «Dans ces conditions, j'y renonce, pour ne pas porter atteinte à mes propres biens. Reprends à ton compte mon droit de rachat, car je ne peux vraiment pas l'exercer moi-même.» Autrefois en Israël, quand des gens achetaient des biens ou échangeaient un droit de propriété, l'une des personnes ôtait sa sandale et la donnait à l'autre pour conclure le marché. Ce geste prouvait que l'affaire était réglée. C'est pourquoi, au moment où l'homme disait à Booz d'acheter le champ, il ôta sa sandale et la lui donna. Booz déclara alors aux anciens et à tous ceux qui étaient là: «Vous êtes témoins aujourd'hui que j'achète à Noémi tout ce qui appartenait à Élimélek et à ses fils, Kilion et Malon. En même temps, je prends pour femme Ruth la Moabite, la veuve de Malon. De cette façon, la propriété restera dans la famille du mort et il aura des descendants pour perpétuer son nom parmi ses concitoyens et dans les affaires de sa localité. Vous en êtes également témoins.» Les anciens et tous ceux qui étaient présents répondirent: «Oui, nous en sommes témoins. Que le Seigneur bénisse la femme qui entre dans ta maison; qu'elle soit semblable à Rachel et à Léa qui ont donné naissance au peuple d'Israël! Que ta richesse soit grande dans le clan d'Éfrata et ton nom célèbre dans tout Bethléem! Que le Seigneur t'accorde de nombreux enfants par cette jeune femme et qu'ainsi ta famille soit semblable à celle de Pérès, le fils de Juda et de Tamar!» Alors Booz prit Ruth pour femme et elle fut à lui. Le Seigneur la bénit, elle devint enceinte et donna naissance à un fils. Les femmes de Bethléem dirent à Noémi: «Loué soit le Seigneur! Aujourd'hui il a fait naître celui qui prendra soin de toi. Que ton petit-fils devienne célèbre en Israël! Il va transformer ta vie et te protéger dans ta vieillesse. Ta belle-fille vaut mieux pour toi que sept fils, car elle t'aime et t'a donné ce petit-fils.» Noémi prit l'enfant et le tint serré contre elle, puis elle se chargea de l'élever. Les femmes du voisinage proclamèrent: «Noémi a un fils!» et elles appelèrent l'enfant Obed. Obed fut le père de Jessé, père de David. Voici la liste des ancêtres de David à partir de Pérès: Pérès fut le père d'Hesron, Hesron celui de Ram, Ram d'Amminadab, Amminadab de Nachon, Nachon de Salma, Salma de Booz, Booz d'Obed, Obed de Jessé et Jessé de David. A Rama, dans la région montagneuse d'Éfraïm, vivait un Éfraïmite, du district de Souf, appelé Elcana; il était fils de Yeroam, lui-même fils d'Élihou, petit-fils de Tohou et arrière-petit-fils de Souf. Il avait épousé deux femmes, Anne et Peninna; Peninna avait des enfants, mais Anne n'en avait pas. Chaque année, Elcana se rendait de Rama au sanctuaire de Silo pour y adorer le Seigneur, le Dieu de l'univers, et lui offrir un sacrifice. Les deux fils d'Héli, Hofni et Pinhas, étaient prêtres du Seigneur à Silo. Elcana avait l'habitude de donner à Peninna et à chacun de ses enfants un morceau de l'animal sacrifié; mais à Anne, il donnait une part de choix, car il l'aimait beaucoup, bien que le Seigneur ne lui ait pas accordé d'enfants. Quant à Peninna, l'autre femme, elle cherchait sans cesse à vexer Anne pour l'humilier de n'avoir pas d'enfant. Et chaque année, lorsque Anne se rendait au sanctuaire du Seigneur, la même scène se répétait. Une année, comme Anne se mettait à pleurer et ne voulait rien manger, son mari lui demanda: «Anne, pourquoi pleures-tu? Pourquoi ne veux-tu rien manger? Pourquoi es-tu si triste? Est-ce que je ne vaux pas mieux pour toi que dix fils?» Après que l'on eut mangé et bu aux abords du sanctuaire de Silo, Anne se leva. Le prêtre Héli était assis près du montant de la porte. Anne était très affligée. Tout en pleurs, elle pria le Seigneur en prononçant cette promesse: «Seigneur, Dieu de l'univers, vois combien je suis malheureuse! Ne m'oublie pas, aie pitié de moi! Donne-moi un fils, je m'engage à le consacrer pour toujours à ton service; ses cheveux ne seront jamais coupés.» Anne pria longuement. Héli l'observait, il voyait ses lèvres remuer, mais n'entendait aucun son, car elle priait intérieurement. Héli pensa qu'elle était ivre et lui dit: «Resteras-tu encore longtemps dans cet état? Va faire passer ton ivresse ailleurs!» – «Non, je ne suis pas ivre, répondit Anne. Je suis une femme malheureuse, mais je n'ai pas bu. Je suis ici pour confier ma peine au Seigneur. Ne me considère pas comme une femme de rien. Si j'ai prié aussi longtemps, c'est parce que mon cœur débordait de chagrin et d'humiliation.» Alors Héli déclara: «Va en paix. Et que le Dieu d'Israël t'accorde ce que tu lui as demandé.» – «Et toi, répondit-elle, garde-moi ta bienveillance.» Anne s'en alla et accepta de manger. La tristesse avait disparu de son visage. Tôt le lendemain matin, Elcana et sa famille allèrent se prosterner devant le Seigneur, puis ils retournèrent chez eux, à Rama. Elcana s'unit à sa femme Anne, et le Seigneur exauça la prière de celle-ci. Anne devint enceinte, puis mit au monde un fils. Alors elle déclara: «Puisque je l'ai demandé au Seigneur, je lui donne le nom de Samuel.» Par la suite, Elcana se rendit de nouveau à Silo avec sa famille pour y offrir au Seigneur le sacrifice annuel et un sacrifice particulier qu'il avait promis. Mais cette fois, Anne n'alla pas avec son mari. Voici ce qu'elle lui avait expliqué: «J'attends que l'enfant soit sevré; alors je l'amènerai à Silo, je le présenterai devant le Seigneur, et il restera là pour toujours.» Elcana avait répondu: «C'est bien! Puisque tu le juges bon, reste ici avec lui jusqu'à ce qu'il soit sevré. Que le Seigneur réalise sa promesse.» Anne était donc restée à Rama pour allaiter son fils. Lorsqu'elle l'eut sevré, et bien qu'il fût encore tout jeune, elle l'emmena au sanctuaire du Seigneur à Silo. Elle et son mari avaient pris un taureau de trois ans, un sac de farine et une outre de vin. Ils offrirent le taureau en sacrifice, puis ils conduisirent l'enfant auprès d'Héli. Anne dit à Héli: «Te souviens-tu de cette femme qui se tenait un jour ici, non loin de toi, pour prier le Seigneur? Aussi vrai que tu es vivant, c'était moi. C'est pour obtenir cet enfant que je priais. Le Seigneur me l'a donné. A mon tour, je veux le donner au Seigneur; pour toute sa vie, il appartiendra au Seigneur.» Alors Samuel se prosterna devant le Seigneur. Ensuite Anne prononça cette prière: «Grâce au Seigneur, j'ai de la joie plein le cœur. Grâce au Seigneur, j'ai la tête haute, je peux rire de mes ennemis. Je me réjouis: Dieu m'a secourue. Le Seigneur est sans pareil, notre Dieu seul est un rocher. A part lui, il n'y a pas de Dieu. Ne multipliez pas les paroles hautaines, ne prononcez plus de propos insolents, car le Seigneur est un Dieu qui sait tout, il juge toutes les actions des hommes. Les guerriers puissants voient leurs arcs se briser mais ceux qui étaient faibles retrouvent de la force. Ceux qui étaient rassasiés cherchent un gagne-pain mais ceux qui étaient affamés n'ont plus besoin de travailler. La femme stérile met au monde sept enfants mais celle qui en avait beaucoup perd sa fécondité. Le Seigneur fait mourir et fait vivre, il fait descendre dans le monde des morts ou en fait remonter. Le Seigneur appauvrit et enrichit, il abaisse, mais il élève aussi. Il remet debout le misérable tombé à terre et le malheureux abandonné sur un tas d'ordures pour leur donner les places d'honneur en compagnie des gens importants. Au Seigneur appartient toute la terre, c'est lui qui l'a posée sur ses colonnes. Il veille sur l'existence de ceux qui le respectent, mais ceux qui le renient meurent dans les ténèbres. Car un homme ne peut pas triompher par sa propre force. Du haut du ciel, le Seigneur fait gronder le tonnerre pour écraser ses adversaires, car il est le souverain juge de la terre. Il rend puissant le roi de son peuple, il augmente le pouvoir du roi qu'il a choisi.» Après cela, Elcana retourna chez lui à Rama; mais le jeune Samuel demeura à Silo pour servir le Seigneur, sous la surveillance du prêtre Héli. Les fils d'Héli étaient des vauriens, qui ne se préoccupaient pas du Seigneur. Bien qu'ils fussent prêtres, voici comment ils se comportaient à l'égard des gens: par exemple, lorsque quelqu'un offrait un sacrifice, le serviteur du prêtre s'approchait de la viande en train de cuire, tenant en main une fourchette à trois dents; il la plongeait dans le récipient – marmite, chaudron ou terrine – et s'emparait pour le prêtre de tout ce que la fourchette ramenait. C'est ainsi que les fils d'Héli agissaient à l'égard de tous les Israélites venant au sanctuaire de Silo. Parfois même, avant que l'on ait fait brûler la graisse de la victime, le serviteur du prêtre arrivait et disait à l'homme qui offrait un sacrifice: «Donne-moi, pour le prêtre, de la viande à rôtir; il n'acceptera pas de toi de la viande cuite, seulement de la viande crue.» Si l'autre lui disait: «Qu'on fasse d'abord brûler la graisse; ensuite tu prendras ce que tu désires», le serviteur lui répondait: «Non, c'est maintenant que tu m'en donnes, sinon j'en prendrai de force.» Ainsi les fils d'Héli offensaient gravement le Seigneur, car ils traitaient sans respect les sacrifices qu'on lui offrait. Quant au jeune Samuel, vêtu du pagne de lin, il accomplissait son service en présence du Seigneur. Chaque année, la mère de Samuel confectionnait un petit manteau et l'apportait à son fils, quand elle se rendait avec son mari à Silo pour offrir le sacrifice annuel. Héli bénissait Elcana et sa femme, et disait à Elcana: «Que le Seigneur t'accorde d'avoir d'autres enfants de cette femme, pour remplacer celui qu'elle lui a donné.» Ensuite ils retournaient chez eux. Le Seigneur intervint en faveur d'Anne: celle-ci mit au monde encore trois fils et deux filles. Quant au jeune Samuel, il grandissait devant le Seigneur. Le prêtre Héli était devenu très vieux. Lorsqu'il apprit comment ses fils agissaient envers les Israélites, et que même ils couchaient avec les femmes qui étaient de service à l'entrée de la tente de la rencontre, il leur dit: «Qu'est-ce que j'apprends? Tout le monde parle de votre mauvaise conduite! Pourquoi agissez-vous ainsi? Arrêtez, mes enfants! Ce que j'entends raconter de vous dans le peuple du Seigneur est horrible. Si quelqu'un commet une faute contre un homme, Dieu peut arbitrer; mais si un homme commet une faute contre le Seigneur, qui pourrait arbitrer?» Mais ils ne tinrent aucun compte de ce que disait leur père. En effet le Seigneur avait décidé qu'ils devaient mourir. Quant au jeune Samuel, il continuait de grandir et d'être apprécié tant par le Seigneur que par les hommes. Un prophète vint trouver Héli et lui dit: «Voici ce que déclare le Seigneur: Quand tes ancêtres étaient en Égypte au service du Pharaon, tu sais bien que je me suis fait connaître à eux: parmi toutes les tribus d'Israël, c'est ton ancêtre Aaron que j'ai choisi pour qu'il devienne mon prêtre, chargé d'offrir les sacrifices sur mon autel, de brûler le parfum et de me consulter. Je lui ai même attribué, ainsi qu'à ses descendants, une part des sacrifices offerts par les Israélites. Alors, pourquoi traitez-vous sans respect les sacrifices et les offrandes que j'ai ordonné de me présenter en tout temps? Pourquoi vous engraissez-vous des meilleurs morceaux de ce que mon peuple d'Israël m'apporte en offrande? Pourquoi honores-tu tes fils plus que moi-même? Puisqu'il en est ainsi, voici ce que je t'annonce, moi, le Seigneur, le Dieu d'Israël: J'avais promis à ta famille, à ton clan même, que pour toujours vous seriez mes prêtres; mais maintenant, j'affirme solennellement qu'il n'en est plus question. En effet, j'honore ceux qui m'honorent, mais ceux qui me méprisent seront méprisés à leur tour. Je ne vais pas tarder à retrancher de ta famille et de ton clan tous ceux qui sont dans la force de l'âge, afin qu'on n'y trouve plus de vieillards. En tout temps tes regards seront pleins d'angoisse. Tout ira bien pour le peuple d'Israël, tandis que dans ta famille il n'y aura plus jamais de vieillards. Je maintiendrai pourtant un de tes descendants à proximité de mon autel, pour que tu en sois rongé de jalousie et de désespoir. Quant aux autres, ils mourront comme simples laïcs. «Tu auras une preuve de ce que j'affirme dans ce qui arrivera à tes deux fils, Hofni et Pinhas: ils mourront tous les deux le même jour. Ensuite, je me choisirai un prêtre fidèle, qui agira selon ce que je désire; je lui accorderai des descendants qui seront prêtres sans interruption, aux côtés du roi que j'aurai désigné. Alors, le survivant de ta famille ira se jeter à genoux devant le prêtre pour obtenir une pièce d'argent ou une miche de pain, et lui dira: “Je t'en supplie, accorde-moi n'importe quelle occupation aux côtés des prêtres, afin que j'aie de quoi manger.” » Quant au jeune Samuel, il servait le Seigneur, sous la surveillance d'Héli. En ce temps-là, il était rare que le Seigneur parle directement à un homme ou lui accorde une vision. Une nuit, le prêtre Héli, qui était devenu presque aveugle, dormait à sa place habituelle. Samuel aussi dormait. Il était dans le temple du Seigneur, près du coffre sacré. Avant l'aube, alors que la lampe du sanctuaire brûlait encore, le Seigneur appela Samuel. Celui-ci répondit: «Oui, Maître», puis il accourut auprès d'Héli et lui dit: «Tu m'as appelé; me voici!» – «Je ne t'ai pas appelé, dit Héli; retourne te coucher.» Samuel alla se recoucher. Une seconde fois le Seigneur appela: «Samuel!» L'enfant se leva et revint dire à Héli: «Tu m'as appelé; me voici!» – «Non, mon enfant! répondit Héli, je ne t'ai pas appelé; retourne te coucher.» Samuel ne connaissait pas encore personnellement le Seigneur, car celui-ci ne lui avait jamais parlé directement jusqu'alors. Pour la troisième fois, le Seigneur appela: «Samuel!» Samuel se leva, revint trouver Héli et lui dit: «Tu m'as appelé; me voici!» Cette fois, Héli comprit que c'était le Seigneur qui appelait l'enfant. Il lui dit alors: «Va te recoucher. Et si on t'appelle de nouveau, tu répondras: “Parle, Seigneur, ton serviteur écoute!” » Samuel alla donc se recoucher à sa place. Le Seigneur vint et se tint là; comme les autres fois, il appela: «Samuel, Samuel!» L'enfant répondit: «Parle, ton serviteur écoute.» Le Seigneur déclara à Samuel: «Je vais frapper Israël d'un malheur tel qu'il fera l'effet d'un coup de tonnerre sur ceux qui l'apprendront. Ce jour-là, je réaliserai à l'égard d'Héli et de sa famille tous les malheurs dont je les ai menacés, sans rien négliger. Je l'ai averti que je condamnais sa famille pour toujours; en effet, ses fils ont péché en me traitant avec mépris, et lui, qui savait cela, les a laissés faire. C'est pourquoi j'ai juré à la famille d'Héli que ni sacrifices ni offrandes ne pourront jamais faire oublier son péché.» Samuel resta couché jusqu'au matin. Puis il alla ouvrir les portes du sanctuaire. Il craignait de raconter sa vision à Héli; mais Héli l'appela: «Samuel, mon enfant!» – «Oui, Maître», répondit-il. «Que t'a dit le Seigneur? demanda Héli; ne me cache rien. Si tu me caches un seul mot de ce que Dieu t'a dit, je veux qu'il t'inflige la plus terrible des punitions.» Alors Samuel lui raconta tout, sans rien cacher. Héli déclara: «Il est le Seigneur! Qu'il fasse ce qu'il juge bon.» Samuel devint grand. Le Seigneur était avec lui, si bien qu'aucune des paroles que Samuel prononçait de sa part ne restait sans effet. C'est ainsi que dans tout le pays d'Israël, de Dan à Berchéba, on sut que Samuel était un vrai prophète du Seigneur. Le Seigneur continua de se manifester à Silo: en effet, c'est là qu'il se révélait à Samuel pour lui faire connaître sa parole, et Samuel transmettait cette parole à tout le peuple d'Israël. Un jour, les Israélites se mirent en campagne pour combattre les Philistins. Ils établirent leur camp à la Pierre-du-secours, tandis que les Philistins établissaient le leur à Afec. Les Philistins se mirent en ordre de bataille contre les Israélites. Le combat fut acharné. Les Philistins écrasèrent les Israélites et leur tuèrent environ quatre mille hommes dans cette bataille. Lorsque les survivants arrivèrent au camp, les anciens d'Israël se dirent: «Pourquoi le Seigneur a-t-il laissé les Philistins nous écraser aujourd'hui? Allons donc chercher à Silo le coffre de l'alliance du Seigneur. Quand le Seigneur sera au milieu de nous, il nous sauvera de nos ennemis.» On envoya alors des gens à Silo pour en ramener le coffre de l'alliance du Seigneur, le Dieu de l'univers, qui siège au-dessus des chérubins. Les deux fils du prêtre Héli, Hofni et Pinhas, accompagnèrent le coffre sacré. Dès qu'il arriva au camp, les soldats israélites firent une si grande ovation que la terre en trembla. Les Philistins entendirent cela et s'écrièrent: «Que signifient cette bruyante ovation dans le camp des Hébreux?» Lorsqu'ils surent que le coffre du Seigneur était arrivé au camp d'Israël, ils prirent peur; ils se disaient en effet: «Dieu est arrivé dans leur camp; précédemment il n'y était pas, mais maintenant, malheur à nous! Oui, malheur à nous! Qui nous sauvera du pouvoir de ce Dieu si puissant qui a infligé aux Égyptiens toutes sortes de fléaux dans le désert? Allons, Philistins, montrons-nous courageux et soyons des hommes. Nous risquons de devenir les esclaves des Hébreux, tout comme ils ont été les nôtres; combattons-les donc courageusement!» Les Philistins engagèrent alors le combat; les Israélites furent battus et s'enfuirent chez eux. Ce fut une très lourde défaite: trente mille soldats israélites furent tués, le coffre sacré fut pris par les Philistins, et les deux fils d'Héli, Hofni et Pinhas, moururent. Le même jour, un homme de la tribu de Benjamin s'échappa du champ de bataille et courut jusqu'à Silo; en signe de tristesse, il avait déchiré ses vêtements et mis de la poussière sur sa tête. Héli était au bord de la route, assis sur son siège; il attendait avec impatience, car il était très inquiet au sujet du coffre sacré de Dieu. L'homme entra dans la ville et annonça la nouvelle. Alors tous les habitants se lamentèrent à grands cris. Héli entendit ces cris et demanda ce que cela signifiait; l'homme vint en hâte lui apporter la nouvelle. – Héli avait alors quatre-vingt-dix-huit ans, et il était totalement aveugle. – L'homme lui dit: «Je viens d'arriver du combat. Je me suis enfui aujourd'hui même.» – «Que s'est-il passé, mon garçon?» demanda Héli. «Les Israélites ont pris la fuite devant les Philistins, répondit le messager; ce fut une lourde défaite pour notre armée. De plus, tes deux fils, Hofni et Pinhas, sont morts, et le coffre sacré de Dieu a été emporté par les Philistins.» Au moment où le messager mentionna le coffre sacré, Héli, qui était sur son siège, tomba à la renverse en travers de la porte du sanctuaire; il se brisa la nuque et mourut, car il était lourd et âgé. Il avait été à la tête du peuple d'Israël pendant quarante ans. La belle-fille d'Héli, la femme de Pinhas, était enceinte et près d'accoucher. Lorsqu'elle apprit que les Philistins s'étaient emparés du coffre sacré, et que son beau-père et son mari étaient morts, elle s'accroupit car les douleurs l'avaient saisie, et elle accoucha. Puis, comme elle était sur le point de mourir, les femmes qui se tenaient près d'elle lui dirent: «N'aie pas peur! Tu as donné naissance à un fils.» Mais elle ne répondit rien; elle ne fit même pas attention. Par la suite, elle déclara: «Puisque la gloire de Dieu a quitté Israël, je donne à l'enfant le nom d'Ikabod.» Ce nom, qui signifie “Il n'y a plus de gloire”, était une allusion à la prise du coffre sacré, et à la mort de son beau-père et de son mari. Elle affirma ainsi que la gloire avait quitté Israël parce que le coffre du Seigneur avait été emporté par les ennemis. Les Philistins s'étaient donc emparés du coffre sacré de Dieu; ils l'emmenèrent de la Pierre-du-secours à Asdod, l'introduisirent dans le temple de leur dieu Dagon et le placèrent à côté de la statue de Dagon. Le lendemain, lorsque les gens d'Asdod se levèrent, ils trouvèrent la statue de Dagon par terre, étendue devant le coffre du Seigneur; ils la remirent en place. Le matin suivant, ils virent que la statue était de nouveau par terre, devant le coffre sacré; il n'en restait d'ailleurs que le corps, car la tête et les mains, brisées, gisaient sur le seuil du temple. – C'est la raison pour laquelle les prêtres de Dagon et tous ceux qui entrent dans son temple, à Asdod, évitent encore aujourd'hui de poser le pied sur le seuil. – Le Seigneur fit sentir encore plus sévèrement sa puissance aux gens d'Asdod: il les épouvanta et leur infligea des hémorroïdes, à eux et aux habitants des environs. Quand ils virent ce qui leur arrivait, ils déclarèrent: «Nous ne voulons pas que le coffre sacré du Dieu d'Israël reste chez nous; ce Dieu nous a trop fait sentir sa puissance, à nous et à notre dieu Dagon.» Ils convoquèrent chez eux tous les chefs des Philistins et leur demandèrent: «Que devons-nous faire du coffre sacré du Dieu d'Israël?» – «Transportez-le à Gath », répondirent-ils. On le transporta donc à Gath, mais dès qu'il y arriva, le Seigneur fit sentir sa puissance aux habitants de la ville. Il y eut une terrible panique; tous les habitants, du plus petit au plus grand, attrapèrent des hémorroïdes. Aussitôt, ils firent porter le coffre à Écron; mais dès qu'il y arriva, les gens d'Écron poussèrent de grands cris et dirent: «On a transporté le coffre du Dieu d'Israël chez nous pour nous faire tous mourir!» Ils convoquèrent à leur tour les chefs des Philistins et leur dirent: «Renvoyez le coffre du Dieu d'Israël dans son pays, sinon nous allons tous mourir.» En effet, une panique effroyable régnait dans la ville, car le Seigneur y avait aussi fait sentir très fortement sa puissance; les gens qui ne mouraient pas attrapaient des hémorroïdes, et leurs cris de détresse montaient jusqu'au ciel. Le coffre sacré du Seigneur demeura sept mois dans le pays des Philistins. Finalement, ceux-ci demandèrent à leurs prêtres et à leurs devins: «Que ferons-nous du coffre du Seigneur? Dites-nous de quelle manière nous devons le renvoyer dans son pays.» – «Si vous voulez renvoyer le coffre du Dieu d'Israël, répondirent les prêtres et les devins, ne le renvoyez surtout pas sans rien. Au contraire, offrez quelque chose au Dieu d'Israël, à titre de compensation. Alors vous guérirez et vous saurez pour quelle raison ce Dieu ne cessait pas de vous faire sentir sa puissance.» – «Mais quel genre de compensation devrons-nous lui offrir?» demandèrent les Philistins. Les prêtres et les devins répondirent: «D'après le nombre des chefs des Philistins, offrez-lui cinq objets d'or représentant des hémorroïdes et cinq souris en or. En effet, c'est un seul et même fléau qui vous a atteints, vous et vos chefs. Faites donc des représentations de vos hémorroïdes, ainsi que des souris qui dévastent votre pays, et reconnaissez la gloire du Dieu d'Israël. Il renoncera peut-être à manifester sa puissance contre vous, vos dieux et votre pays. Ne vous obstinez pas comme le Pharaon et les Égyptiens l'ont fait. Souvenez-vous comment ce Dieu les a traités jusqu'à ce qu'ils laissent partir les Israélites. Alors maintenant, construisez un char neuf et prenez deux vaches qui allaitent leurs veaux et n'ont jamais porté le joug. Vous les attellerez au char, mais vous ramènerez leurs veaux à l'étable. Vous prendrez le coffre du Seigneur et le déposerez sur le char; vous placerez dans une caissette, à côté du coffre, les objets d'or que vous offrez à Dieu, à titre de compensation. Ensuite, vous laisserez partir le char. Et vous verrez: si les vaches prennent le chemin du pays d'Israël, en direction de Beth-Chémech, cela veut dire que c'est bien le Dieu d'Israël qui nous a fait tout ce mal; si elles ne prennent pas cette direction, nous saurons que ce n'est pas lui qui nous a infligé ces malheurs, mais qu'ils nous sont arrivés par hasard.» Les Philistins firent ce qu'on leur avait conseillé. Ils prirent deux vaches qui allaitaient et les attelèrent au char, mais ils enfermèrent leurs veaux à l'étable. Ils placèrent sur le char le coffre sacré ainsi que la caissette contenant les souris d'or et les représentations des hémorroïdes. Les vaches prirent tout droit le chemin de Beth-Chémech. Elles le suivirent sans cesser de meugler; elles ne se détournèrent ni à droite ni à gauche. Les chefs des Philistins marchèrent derrière le char jusqu'à la limite de Beth-Chémech. Les habitants de cette ville étaient dans la plaine, en train de moissonner le blé. Ils aperçurent le coffre sacré et en furent pleins de joie. Le char arriva au champ de Yochoua, de Beth-Chémech, et s'arrêta là, près d'une grosse pierre. On découpa le bois du char en morceaux, puis on offrit les vaches en sacrifice complet au Seigneur. Les lévites avaient enlevé du char le coffre du Seigneur et la caissette qui contenait les objets d'or, et avaient déposé le tout sur la grande pierre. Puis, le même jour, les gens de Beth-Chémech offrirent au Seigneur des sacrifices complets et des sacrifices de communion. Le même jour aussi, les cinq chefs des Philistins, après avoir vu cela, retournèrent à Écron. Voici le compte des hémorroïdes d'or que les Philistins offrirent au Seigneur à titre de compensation: une pour la ville d'Asdod, une pour Gaza, une pour Ascalon, une pour Gath et une pour Écron. Quant aux souris d'or, leur nombre correspondait à celui des localités, villes fortifiées ou villages de campagne, du territoire des cinq chefs philistins. – Leur territoire s'étend jusqu'à la grande pierre du champ de Yochoua, de Beth-Chémech, sur laquelle on avait déposé le coffre du Seigneur. – Le Seigneur punit les habitants de Beth-Chémech, parce qu'ils avaient regardé dans le coffre sacré; il fit mourir soixante-dix hommes sur cinquante mille. Alors tous les survivants prirent le deuil, parce que le Seigneur les avait très durement punis. Puis ils déclarèrent: «Personne ne pourrait subsister en présence du Seigneur, ce Dieu sans pareil. Où allons-nous donc faire transporter, loin de chez nous, son coffre sacré?» Ils envoyèrent des messagers aux habitants de Quiriath-Yéarim pour leur dire: «Les Philistins ont rapporté le coffre du Seigneur. Venez donc le chercher et emportez-le chez vous.» Les gens de Quiriath-Yéarim vinrent donc le chercher et le transportèrent dans la maison d'Abinadab, qui se trouve sur une colline. Ensuite ils consacrèrent Élazar, fils d'Abinadab, comme gardien du coffre du Seigneur. Après que le coffre sacré du Seigneur eut été déposé à Quiriath-Yéarim, beaucoup de temps s'écoula, une vingtaine d'années. Les Israélites aspiraient à se rapprocher du Seigneur. Alors Samuel leur dit: «Si c'est de tout votre cœur que vous revenez au Seigneur, cessez d'adorer les idoles d'Astarté et de tous les autres dieux étrangers; attachez-vous au Seigneur et servez-le, lui seul; alors il vous sauvera du pouvoir des Philistins.» Les Israélites rejetèrent donc les idoles des dieux Baals et de la déesse Astarté, et ils adorèrent le Seigneur seul. Samuel ordonna ensuite: «Que tout le peuple se rassemble à Mispa; là je prierai le Seigneur en votre faveur.» Les Israélites se rassemblèrent à Mispa. Ils puisèrent de l'eau, la répandirent sur le sol devant le Seigneur et jeûnèrent ce jour-là. Enfin ils confessèrent qu'ils étaient coupables envers le Seigneur. C'est là, à Mispa, que Samuel devint le chef du peuple d'Israël. Lorsque les Philistins apprirent que les Israélites étaient rassemblés à Mispa, leurs chefs décidèrent d'aller les attaquer. A cette nouvelle, les Israélites furent effrayés et ils dirent à Samuel: «Ne nous abandonne pas! Ne cesse pas de supplier le Seigneur notre Dieu en notre faveur, pour qu'il nous sauve du pouvoir des Philistins.» Samuel prit un tout jeune agneau et l'offrit en sacrifice au Seigneur en le brûlant complètement; puis il supplia le Seigneur en faveur des Israélites et le Seigneur l'exauça. En effet, tandis que Samuel offrait le sacrifice, les Philistins s'étaient avancés pour attaquer Israël; mais alors le Seigneur fit retentir le tonnerre à grand fracas, jetant la confusion dans l'armée des Philistins, qui furent battus par les Israélites. L'armée d'Israël sortit de Mispa, poursuivit les Philistins jusqu'au-dessous de Beth-Kar et les battit complètement. Samuel s'écria: «Jusqu'ici le Seigneur nous a secourus.» Il prit alors une pierre, la dressa entre Mispa et La Dent et l'appela “Pierre-du-secours”. Les Philistins furent humiliés par cette défaite. Le Seigneur leur fit sentir sa puissance tant que vécut Samuel, et ils ne recommencèrent plus à envahir le territoire d'Israël. Les localités que les Philistins avaient prises aux Israélites, dans la région située entre Écron et Gath, furent rendues aux Israélites; cette région fut ainsi libérée de la domination des Philistins. La paix régna également entre les Israélites et les Amorites. Samuel fut le chef du peuple d'Israël jusqu'à sa mort. Chaque année il se mettait en route et passait par Béthel, le Guilgal et Mispa, pour rendre la justice dans ces trois villes. Puis il rentrait chez lui, à Rama, où il rendait aussi la justice pour les Israélites. C'est là qu'il construisit un autel pour le Seigneur. Quand Samuel fut devenu vieux, il plaça ses fils à la tête du peuple d'Israël. Son fils aîné s'appelait Joël et le second Abia. Ils s'installèrent à Berchéba pour y rendre la justice. Mais ils ne suivirent pas l'exemple de leur père. Attirés par l'argent, ils acceptaient des cadeaux et prononçaient des jugements injustes. C'est pourquoi les anciens d'Israël se réunirent et se rendirent chez Samuel à Rama; ils lui déclarèrent: «Vois-tu, Samuel, tu es vieux, et tes fils ne suivent pas ton exemple. Désigne donc un roi pour nous gouverner, comme cela se fait chez tous les autres peuples.» Samuel fut très mécontent qu'ils aient demandé un roi et il se mit à prier le Seigneur. Le Seigneur lui répondit: «Écoute les Israélites, accepte leurs revendications. En effet, ce n'est pas toi qu'ils rejettent, c'est moi! Ils ne veulent plus que je sois leur roi. Depuis le jour où je les ai fait sortir d'Égypte jusqu'à maintenant, ils n'ont pas cessé de m'abandonner pour adorer d'autres dieux; ce qu'ils ont ainsi fait avec moi, ils vont maintenant le faire avec toi aussi. C'est pourquoi, accepte leurs revendications; seulement, avertis-les solennellement et indique-leur quels seront les droits du roi qui régnera sur eux.» Samuel rapporta les paroles du Seigneur à ceux qui lui avaient demandé un roi: «Sachez, leur dit-il, quels seront les droits du roi qui régnera sur vous: Il prendra parmi vos fils des soldats pour conduire ses chars de guerre, pour monter ses chevaux ou pour courir devant son propre char; certains auront à commander un régiment ou une compagnie. Il en prendra d'autres pour labourer ses champs et rentrer ses moissons ou pour lui fabriquer des armes et des équipements de chars. Il prendra aussi vos filles comme parfumeuses, cuisinières ou boulangères. Il s'appropriera les meilleurs de vos champs, de vos vignes ou de vos plantations d'oliviers et les donnera à ses officiers; il prélèvera sur les produits de vos champs et de vos vignes une redevance de dix pour cent, qu'il donnera à ses fonctionnaires et à ses officiers. Il réquisitionnera vos serviteurs et vos servantes, les plus forts de vos jeunes gens, et même vos ânes, pour travailler à son service. Il prélèvera une bête sur dix dans vos troupeaux de moutons et de chèvres. En un mot, vous serez ses esclaves. Alors vous vous plaindrez au Seigneur à cause du roi que vous vous serez choisi, mais il ne vous répondra pas.» Les Israélites refusèrent de tenir compte des paroles de Samuel et déclarèrent: «Tant pis, nous voulons quand même un roi, pour être comme tous les autres peuples. Nous voulons un roi qui rende la justice parmi nous, qui marche à la tête de notre armée et qui combatte avec nous.» Samuel écouta tout ce que disaient les Israélites et le rapporta au Seigneur. Le Seigneur lui répondit: «Accorde-leur ce qu'ils te demandent: donne-leur un roi.» Après cela, Samuel invita les Israélites à retourner chez eux. A cette époque-là, dans le pays de Benjamin, vivait un Benjaminite de condition aisée; il s'appelait Quich et était fils d'Abiel, lui-même fils de Seror, petit-fils de Bekorath et arrière-petit-fils d'Afia. Quich avait un fils nommé Saül, un beau jeune homme: personne en Israël n'avait plus belle allure que lui, il dépassait tout le monde d'une tête. Un jour, les ânesses de Quich s'égarèrent. Quich ordonna donc à son fils Saül de prendre avec lui un serviteur et de partir à la recherche de ces bêtes. Saül et son compagnon traversèrent d'abord la région montagneuse d'Éfraïm, puis le territoire de Chalicha, mais ils ne trouvèrent rien; ils passèrent par celui de Chaalim, en vain, puis par celui de Benjamin, mais ils ne trouvèrent toujours rien. Quand ils arrivèrent dans la région de Souf, Saül dit à son serviteur: «Rentrons à la maison, sinon mon père oubliera les ânesses pour ne plus s'inquiéter que de nous.» Le serviteur répondit: «Je sais que dans cette ville, là, devant nous, il y a un prophète, un homme réputé: tout ce qu'il annonce arrive à coup sûr. Allons donc le voir maintenant; il nous indiquera peut-être de quel côté nous devons poursuivre nos recherches.» – «Mais, si nous y allons, dit Saül, qu'apporterons-nous à ce prophète? Nous n'avons plus de pain dans nos sacs, nous n'avons aucun cadeau à lui offrir, il ne nous reste rien.» – «J'ai avec moi une petite pièce d'argent, reprit le serviteur; nous la lui donnerons pour qu'il nous indique le chemin à prendre.» Les jeunes filles leur répondirent: «Oui, il est arrivé juste avant vous; il est venu dans notre ville aujourd'hui, car c'est le jour où la population offre un sacrifice sur le lieu sacré. Dépêchez-vous et vous le trouverez dès que vous entrerez en ville, avant qu'il monte au lieu sacré pour le repas. Personne ne mangera avant qu'il arrive, car c'est lui qui doit bénir le sacrifice; les invités ne mangeront qu'ensuite. Allez-y maintenant, vous le trouverez tout de suite.» Ils continuèrent leur route. Au moment où ils entraient dans la ville, Samuel, qui en sortait pour se rendre au lieu sacré, arriva près d'eux. Or le jour précédent, le Seigneur avait averti Samuel de cette rencontre en disant: «Demain à la même heure, je te ferai rencontrer un homme de la tribu de Benjamin; tu le consacreras comme chef de mon peuple Israël, pour qu'il le délivre du pouvoir des Philistins. En effet, mon peuple m'a appelé au secours, et j'ai vu dans quelle situation il se trouve.» Ainsi, dès que Samuel aperçut Saül, le Seigneur lui dit: «Voici l'homme dont je t'ai parlé; c'est lui qui gouvernera mon peuple.» Saül s'approcha de Samuel et, à la porte de la ville, lui demanda: «Indique-moi, s'il te plaît, où loge le voyant.» – «C'est moi, le voyant, répondit Samuel. Veuille passer devant moi et montons au lieu sacré. Pour aujourd'hui, vous mangerez avec moi; demain matin, quand j'aurai répondu à toutes les questions que tu te poses, je te laisserai aller. Quant aux ânesses disparues depuis trois jours, ne t'en inquiète plus: on les a retrouvées. Mais il faut maintenant que tu saches vers qui se porte l'attente du peuple d'Israël: c'est vers toi, vers la famille de ton père!» Saül répondit: «Comment? Je ne suis qu'un Benjaminite, un membre de la plus petite des tribus d'Israël, et mon clan est le moins nombreux de la tribu de Benjamin! Comment peux-tu me dire une telle chose?» Cependant Samuel emmena Saül et son serviteur et les conduisit dans la salle du repas; il les installa à la place d'honneur, en compagnie d'une trentaine d'invités. Il ordonna ensuite au cuisinier d'apporter le morceau de viande qu'il lui avait remis et fait mettre de côté. Celui-ci alla chercher le gigot avec le morceau attenant et les déposa devant Saül. Samuel dit alors à Saül: «Voici devant toi les morceaux qu'on t'a réservés pour cette occasion. Mange, en compagnie de ceux que j'ai invités.» Ainsi Saül mangea, ce jour-là, avec Samuel. Puis ils redescendirent du lieu sacré à la ville, et Samuel s'entretint avec Saül, sur le toit en terrasse de la maison. Le lendemain, Saül et son serviteur se réveillèrent de bon matin. Lorsque le jour parut, Samuel appela Saül sur la terrasse: «En route, lui dit-il, je vais te raccompagner un bout de chemin.» Et Saül partit en compagnie de Samuel. Quand ils arrivèrent à la limite de la ville, Samuel dit à Saül: «Ordonne à ton serviteur de passer en avant.» Le serviteur s'éloigna. Samuel reprit: «Et toi, maintenant, reste ici, je vais te faire connaître ce que déclare le Seigneur.» Samuel prit alors le flacon d'huile qu'il avait emporté et le versa sur la tête de Saül. Puis il embrassa Saül et lui dit: «Le Seigneur lui-même t'a consacré comme chef de son peuple. Tout à l'heure tu vas me quitter. A Selsa, dans le territoire de Benjamin, tu rencontreras deux hommes près de la tombe de Rachel et ils te diront: “Les ânesses que tu cherches sont retrouvées; ton père ne s'en soucie donc plus, mais il s'inquiète de vous et se demande ce qu'il doit faire pour retrouver son fils.” Tu continueras ton chemin et tu arriveras près du chêne de Tabor. Là, tu rencontreras trois hommes qui se rendent au sanctuaire de Béthel, l'un portant trois chevreaux, le deuxième trois galettes de pain et le troisième une outre de vin. Ils te demanderont si tout va bien et t'offriront deux pains consacrés que tu accepteras. Ensuite, tu te rendras à Guibéa-Élohim, où se trouvent les gouverneurs philistins. Lorsque tu arriveras près de la ville, tu rencontreras un groupe de prophètes qui descendent du lieu sacré, précédés de joueurs de harpes, de tambourins, de flûtes et de lyres; eux-mêmes seront en pleine excitation prophétique. Alors l'Esprit du Seigneur s'emparera de toi; tu seras saisi de la même excitation qu'eux et tu deviendras un autre homme. Quand tous ces événements se seront produits, tu sauras que Dieu est vraiment avec toi. Dès lors, agis selon les circonstances. Tu devras encore descendre au Guilgal avant moi; je t'y rejoindrai plus tard, pour offrir des sacrifices complets et des sacrifices de communion. Tu m'y attendras sept jours; quand je serai là, je te communiquerai ce que tu devras faire.» Dès que Saül eut quitté Samuel, Dieu le transforma profondément. Et tous les événements annoncés par Samuel s'accomplirent ce même jour. Ainsi, lorsque Saül et son serviteur arrivèrent à Guibéa, ils rencontrèrent un groupe de prophètes; l'Esprit de Dieu s'empara de Saül, qui se joignit à eux et fut saisi de la même excitation prophétique. Tous ceux qui le connaissaient de longue date et qui le virent tout excité au milieu des prophètes se demandèrent les uns aux autres: «Qu'est-il arrivé au fils de Quich? Est-ce que Saül, lui aussi, est devenu prophète?» L'un d'eux ajouta: «Et les autres, qui est leur maître?» De là est né le proverbe qui dit: «Est-ce que Saül, lui aussi, est devenu prophète?» Lorsque Saül eut retrouvé son calme, il se rendit au lieu sacré. Son oncle lui demanda: «Où êtes-vous allés, toi et ton serviteur?» – «A la recherche des ânesses, répondit Saül. Mais nous ne les avons pas retrouvées, et nous sommes allés consulter Samuel.» L'oncle reprit: «Raconte-moi donc ce que Samuel vous a dit.» – «Il nous a simplement annoncé que les ânesses étaient retrouvées», affirma Saül. Mais il ne lui raconta rien de ce que Samuel lui avait dit au sujet de la royauté. Samuel convoqua les Israélites au sanctuaire de Mispa. Il leur dit: «Voici ce que déclare le Seigneur, le Dieu d'Israël: “C'est moi qui vous ai fait sortir d'Égypte, vous, le peuple d'Israël; c'est moi qui vous ai délivrés de la domination des Égyptiens et de celle des autres royaumes qui vous ont opprimés.” Or vous, maintenant, continua Samuel, vous avez rejeté votre Dieu, qui pourtant vous a sauvés aux jours de malheur et d'angoisse, et vous lui avez dit: “Donne-nous un roi! ” Eh bien, venez donc vous présenter devant le Seigneur, par tribus, puis par clans.» Samuel fit avancer chaque tribu d'Israël et tira au sort: le Seigneur désigna la tribu de Benjamin. Il fit alors avancer chaque clan de la tribu de Benjamin, et le clan de Matri fut désigné. Enfin, dans ce clan, Saül, fils de Quich, fut désigné. On le chercha, mais sans réussir à le trouver. On interrogea de nouveau le Seigneur: «Cet homme est-il venu ici? » – «Allez voir parmi les bagages, répondit le Seigneur; il y est caché.» On y courut, on l'en ramena, et il se présenta au milieu du peuple: il dépassait tout le monde d'une tête! Samuel dit au peuple: «Regardez! Voici celui que le Seigneur a choisi. Il n'a pas son pareil dans tout le peuple.» Alors tous lui firent une ovation en criant: «Vive le roi!» Ensuite, Samuel énuméra devant eux les droits et devoirs du roi, puis il les écrivit dans un livre qu'il déposa dans le sanctuaire. Enfin il renvoya les Israélites chez eux. De son côté, Saül rentra chez lui à Guibéa, accompagné d'une troupe de partisans que Dieu lui avait suscités. Mais il y eut aussi des vauriens pour dire: «Comment cet individu pourrait-il nous sauver?» En effet, ils le méprisaient et ne lui apportèrent pas de cadeaux. Mais Saül n'y attacha pas d'importance. Nahach, le roi des Ammonites, vint assiéger la ville de Yabech, en Galaad. Les habitants de Yabech lui dirent: «Passe un accord avec nous. Nous sommes prêts à nous soumettre.» – «Bien, répondit le roi, j'accepte de conclure un accord avec vous, mais à cette condition: je crèverai l'œil droit à chacun de vous, pour humilier tout le peuple d'Israël.» Les anciens de la ville reprirent: «Accorde-nous un délai de sept jours. Nous allons envoyer des messagers dans tout le territoire d'Israël. Si personne ne vient à notre secours, nous nous rendrons à toi.» Les messagers se rendirent à Guibéa, la ville de Saül, et racontèrent aux gens ce qui se passait. Tous les habitants pleurèrent abondamment. Saül, qui revenait justement des champs avec ses bœufs, demanda pourquoi tout le monde pleurait. On lui rapporta les paroles des gens de Yabech. Quand Saül entendit cela, l'Esprit de Dieu s'empara de lui et il fut saisi d'une vive indignation. Il prit deux bœufs, les découpa en morceaux, puis envoya des messagers porter ces morceaux dans tout le territoire d'Israël, avec l'avertissement suivant: «Ainsi seront traités les bœufs de quiconque ne suivra pas Saül et Samuel au combat.» Les Israélites furent terrifiés et se rassemblèrent comme un seul homme. Saül les passa en revue à Bézec: ils étaient trois cent mille des tribus du nord et trente mille de la tribu de Juda. Quant aux messagers venus de Yabech, on les chargea d'aller dire à leurs concitoyens: «Demain vers midi, vous serez délivrés.» Les messagers allèrent transmettre cette nouvelle aux habitants de Yabech. Ceux-ci en furent remplis de joie et dirent aux Ammonites: «Demain, nous nous rendrons à vous, et vous nous traiterez comme il vous plaira.» Le lendemain, Saül répartit son armée en trois groupes, qui pénétrèrent en plein camp ennemi avant la fin de la nuit. Ils tuèrent des Ammonites jusque vers midi. Les survivants se dispersèrent au point qu'il n'en resta pas deux ensemble. Alors les Israélites dirent à Samuel: «Où sont donc ceux qui ne voulaient pas que Saül règne sur nous? Qu'on nous les livre, afin que nous les fassions mourir!» Mais Saül déclara: «Personne ne doit être mis à mort en un tel jour, car aujourd'hui, le Seigneur a donné la victoire à Israël.» Ensuite, Samuel dit aux Israélites: «Venez, allons au Guilgal pour y confirmer la royauté de Saül.» Tout le peuple se rendit au Guilgal. Et là, dans le sanctuaire, Saül fut à nouveau proclamé roi, puis on offrit des sacrifices de communion au Seigneur. Saül et tous les habitants d'Israël se livrèrent à de grandes réjouissances. Samuel dit aux Israélites: «Eh bien, je vous ai accordé tout ce que vous m'avez demandé: j'ai établi un roi sur vous. Désormais c'est lui qui vous dirigera, car moi, je suis maintenant vieux et usé – mes fils sont des adultes, comme vous. Je vous ai dirigés depuis ma jeunesse jusqu'à ce jour. C'est pourquoi je me tiens devant vous: en présence du Seigneur et du roi qu'il a choisi, portez vos accusations contre moi, si vous en avez. Ai-je volé le bœuf de quelqu'un? ou l'âne de quelqu'un? Ai-je exploité quelqu'un? ou causé du tort à quelqu'un? Ai-je accepté un cadeau de quelqu'un, pour fermer les yeux sur ses agissements? Si c'est le cas, je vous rendrai ce que je vous ai pris.» Les Israélites répondirent: «Tu ne nous as ni exploités, ni causé du tort, et tu ne t'es jamais laissé acheter par un cadeau.» Samuel reprit: «Le Seigneur et le roi sont donc témoins aujourd'hui que vous n'avez rien à me reprocher.» – «C'est exact», répondirent-ils. Samuel leur dit encore: «Le Seigneur en est témoin, lui qui s'est servi de Moïse et d'Aaron pour faire sortir d'Égypte vos ancêtres. Maintenant donc, comparaissez en justice avec moi devant le Seigneur. Je vous rappellerai d'abord tous les bienfaits qu'il vous a accordés, à vous et à vos ancêtres. Après que Jacob et les siens se furent rendus en Égypte, vos ancêtres, persécutés, ont appelé le Seigneur à l'aide; le Seigneur a envoyé Moïse et Aaron pour les faire sortir d'Égypte et les installer dans ce pays-ci. Mais vos ancêtres ont ensuite oublié le Seigneur leur Dieu. C'est pourquoi il a permis à Sisra, général de l'armée de Hassor, aux Philistins et au roi de Moab, de les combattre et de les vaincre. Vos ancêtres ont de nouveau appelé le Seigneur à l'aide; ils ont déclaré: “Seigneur, nous sommes coupables, car nous t'avons abandonné pour adorer les idoles des dieux Baals et de la déesse Astarté. Mais maintenant, délivre-nous de nos ennemis et nous te servirons!” Alors le Seigneur a envoyé Gédéon, Bédan, Jefté, et finalement moi, Samuel, pour vous délivrer des ennemis qui vous entouraient. Ainsi vous avez pu habiter en sécurité dans le pays. Mais quand vous avez vu Nahach, roi des Ammonites, venir vous attaquer, vous m'avez dit: “Nous voulons un roi!” comme si le Seigneur n'était pas votre roi. Eh bien, vous l'avez, le roi que vous avez choisi, vous l'avez demandé et le Seigneur vous l'a accordé. Si désormais vous respectez et servez le Seigneur votre Dieu, si vous lui obéissez sans vous révolter contre ses commandements, si vous le suivez, vous et votre roi, tout ira bien. Mais si vous ne lui obéissez pas, si vous vous révoltez contre ses commandements, le Seigneur vous fera sentir sa puissance, à vous et à vos ancêtres. Et maintenant, tenez-vous prêts à regarder le grand prodige que le Seigneur va accomplir sous vos yeux: C'est l'époque de la moisson du blé, n'est-ce pas? Je vais prier le Seigneur, et il fera gronder le tonnerre et tomber la pluie. Ainsi vous découvrirez la grandeur de la faute que vous avez commise envers le Seigneur en demandant un roi.» Samuel pria le Seigneur, qui, le jour même, fit gronder le tonnerre et tomber la pluie. Alors tout le peuple fut rempli d'une grande crainte à l'égard du Seigneur et de Samuel, et ils dirent à Samuel: «Supplie le Seigneur ton Dieu en notre faveur, afin que nous ne mourions pas, car à tous nos péchés, nous avons ajouté celui de demander un roi.» – «N'ayez pas peur, répondit Samuel. Certes, vous avez commis cette faute grave. Mais ne vous détournez plus du Seigneur, servez-le de tout votre cœur. Si vous vous détourniez de lui, ce serait pour servir des faux dieux, incapables de secourir ou de sauver quelqu'un, puisqu'ils sont des faux dieux. Le Seigneur ne vous abandonnera pas, car c'est lui-même qui a voulu faire de vous son peuple, et il tient à préserver son renom. Quant à moi, je me garderai bien de pécher contre le Seigneur en cessant de prier pour vous; je continuerai de vous indiquer le bon et droit chemin. De votre côté, reconnaissez l'autorité du Seigneur, servez-le sincèrement, de tout votre cœur, et considérez tous les grands prodiges qu'il a accomplis en votre faveur. Mais si vous faites le mal, vous serez détruits, vous et votre roi.» Saül choisit parmi les Israélites trois mille soldats, dont deux mille restèrent avec lui à Mikmas et dans la région montagneuse de Béthel, tandis que les mille autres s'installèrent avec son fils Jonatan à Guibéa de Benjamin. Saül renvoya les autres Israélites chez eux. Un jour, Jonatan tua le gouverneur philistin établi à Guéba. Les Philistins l'apprirent. Saül fit sonner de la trompette dans tout le pays, car il se disait: «Il faut que les Hébreux le sachent». Les Israélites apprirent que Saül avait tué un gouverneur philistin et provoqué ainsi la colère des Philistins à l'égard d'Israël. Alors toute l'armée se rassembla auprès de Saül au Guilgal. Les Philistins de leur côté s'étaient rassemblés pour combattre Israël: ils avaient trente mille chars, six mille cavaliers, et des soldats aussi nombreux que des grains de sable au bord de la mer. Ils vinrent camper à Mikmas, à l'est de Beth-Aven. Lorsque la population israélite se vit menacée de si près, les gens allèrent se cacher dans des cavernes, des trous, des failles de rocher, des souterrains et des citernes. Certains d'entre eux franchirent le Jourdain pour se réfugier dans les territoires de Gad et de Galaad. Pendant ce temps, Saül était encore au Guilgal et toute son armée tremblait de peur. Durant sept jours, on attendit le moment du rendez-vous que Samuel avait fixé, mais Samuel n'arriva pas au Guilgal. Les soldats commencèrent à abandonner Saül et à se disperser. Alors Saül ordonna de préparer les animaux pour le sacrifice complet et les sacrifices de communion, puis offrit lui-même le sacrifice complet. Il achevait cette cérémonie lorsque Samuel arriva. Saül alla au-devant de lui pour le saluer. «Qu'as-tu fait là?» lui demanda Samuel. Saül répondit: «J'ai vu que les soldats m'abandonnaient et que tu n'étais pas venu au rendez-vous; de plus, je savais que les Philistins étaient rassemblés à Mikmas. J'ai alors pensé qu'ils allaient venir nous attaquer au Guilgal avant que nous ayons pu nous rendre le Seigneur favorable. C'est pourquoi j'ai pris la responsabilité d'offrir moi-même le sacrifice complet.» – «Tu as agi comme un insensé! lui dit Samuel. Tu n'as pas tenu compte de l'ordre que tu as reçu du Seigneur ton Dieu. Si tu l'avais fait, le Seigneur aurait permis que ta famille règne pour toujours sur Israël. Mais maintenant, ton règne ne durera pas. Le Seigneur s'est choisi un homme qui correspond à son désir, et il l'a désigné comme chef de son peuple, puisque tu n'as pas obéi à ses ordres.» Samuel quitta le Guilgal et s'en alla de son côté. Le reste de la troupe accompagna Saül lorsqu'il partit du Guilgal pour rejoindre ses autres soldats à Guibéa de Benjamin. Saül passa en revue les soldats qui se trouvaient encore auprès de lui: ils étaient environ six cents. Saül s'installa à Guéba de Benjamin avec son fils Jonatan et la troupe qui lui restait, tandis que les Philistins campaient à Mikmas. Un jour, une troupe de choc sortit du camp philistin et se divisa en trois sections. La première section prit la direction d'Ofra, dans le territoire de Choual, la seconde, celle de Beth-Horon, et la troisième, celle de la frontière, par le chemin qui domine la vallée des Hyènes, côté désert. A cette époque, on ne trouvait aucun forgeron dans tout le territoire d'Israël, car les Philistins ne voulaient pas que les Hébreux puissent se fabriquer des épées ou des lances. Chaque Israélite devait se rendre chez un forgeron philistin pour faire aiguiser son soc de charrue, sa pioche, sa hache ou son pic. L'aiguisage d'un soc de charrue, d'une pioche, d'une fourche, d'une hache, ou le redressement d'un aiguillon à bétail coûtait les deux tiers d'une pièce d'argent. Au jour du combat, la troupe de Saül et Jonatan se trouvait donc dépourvue d'épées et de lances. Seuls le roi et son fils en possédaient. Un groupe de soldats philistins alla prendre position au col de Mikmas. Un jour Jonatan, fils de Saül, dit au jeune serviteur qui portait ses armes: «Viens, allons jusqu'au groupe de soldats philistins postés là-bas, en face.» Mais Jonatan n'en informa pas son père. Celui-ci se trouvait alors à la limite de Guibéa, assis sous le grenadier de Migron, avec environ six cents soldats. Le prêtre qui se tenait là, avec les objets sacrés servant à consulter Dieu, était Ahia, fils d'Ahitoub et neveu d'Ikabod. – Ikabod était fils de Pinhas et petit-fils d'Héli, lequel avait été prêtre du Seigneur à Silo. – Personne parmi les soldats ne savait que Jonatan était parti. Pour essayer d'atteindre le groupe de soldats philistins, Jonatan s'engagea dans un passage, entre deux pointes rocheuses appelées respectivement Bossès et Senné; la première se dresse du côté nord, en face de Mikmas, la seconde du côté sud, en face de Guéba. Jonatan dit à son serviteur: «Viens, allons jusqu'à ce groupe de Philistins païens. Peut-être que le Seigneur agira en notre faveur. En effet rien ne l'empêche de nous donner la victoire, que nous soyons nombreux ou non.» – «Fais tout ce qui te plaît, répondit le serviteur. Allons-y, je te suis comme ton ombre!» – «Eh bien, reprit Jonatan, nous allons nous diriger vers ces gens et nous montrer à eux. S'ils nous disent: “Arrêtez-vous jusqu'à ce que nous soyons venus vers vous”, nous resterons sur place, nous ne monterons pas vers eux. Si au contraire ils nous disent: “Montez vers nous”, nous monterons, car ce sera pour nous le signe que le Seigneur les livre en notre pouvoir.» Tous deux allèrent donc se montrer aux Philistins. Ceux-ci se dirent entre eux: «Tiens! Voilà des Hébreux qui sortent des trous où ils s'étaient cachés.» Ils interpellèrent Jonatan et son serviteur: «Montez vers nous! leur crièrent-ils. Nous voulons vous raconter quelque chose.» Alors Jonatan dit au serviteur: «Monte derrière moi, le Seigneur les a livrés à Israël.» Jonatan monta en s'aidant des mains et des pieds, suivi de son serviteur. Les Philistins tombaient sous les coups de Jonatan, et le serviteur, derrière lui, les achevait. Cette première défaite infligée par Jonatan et son serviteur causa la mort d'une vingtaine de Philistins, tués sur un espace des plus restreints. Les Philistins restés dans le camp ainsi que toute la population des environs en furent terrifiés; la terreur s'empara même des postes de gardes et des troupes de choc des Philistins. En plus, la terre se mit à trembler; ce fut alors une immense panique. De Guibéa de Benjamin, les sentinelles de Saül virent cette foule de Philistins qui couraient dans toutes les directions. Saül ordonna à ses soldats: «Qu'on fasse l'appel! Voyez qui est parti d'ici.» On fit l'appel et l'on constata que Jonatan et son serviteur manquaient. Saül dit au prêtre Ahia: «Apporte ici le coffre sacré du Seigneur.» – Ce jour-là en effet, le coffre sacré se trouvait au camp des Israélites. – Pendant que Saül parlait au prêtre, le tumulte allait en augmentant dans le camp philistin. Saül dit alors à Ahia: «Inutile de consulter Dieu!» Saül rassembla sa troupe et ils partirent au combat. Ils trouvèrent leurs ennemis qui se battaient entre eux, dans un tumulte indescriptible. Des Hébreux, qui précédemment s'étaient soumis aux Philistins et qui participaient à leur expédition militaire, se rallièrent à Israël, aux côtés de Saül et Jonatan. Tous les autres Israélites qui s'étaient cachés dans la région montagneuse d'Éfraïm apprirent que les Philistins avaient pris la fuite. Ils se mirent eux aussi à les poursuivre et à les combattre. C'est ainsi que, ce jour-là, le Seigneur accorda la victoire à Israël. La bataille se déroula jusqu'au-delà de Beth-Aven. Ce jour-là, les Israélites avaient souffert, car Saül les avait placés sous la menace de cette malédiction: «Si quelqu'un prend de la nourriture avant le soir, avant que je me sois vengé de mes ennemis, qu'il soit maudit!» Personne n'avait donc mangé quoi que ce soit. Ils arrivèrent tous dans une forêt où il y avait du miel jusque par terre. En pénétrant dans la forêt, les soldats virent ce miel qui s'écoulait; toutefois aucun d'eux n'en prit pour en manger, car tous avaient peur de la malédiction. Mais Jonatan ignorait que son père avait imposé un serment à tout le monde. Il étendit le bâton qu'il tenait, en trempa l'extrémité dans un rayon de miel, et le ramena à sa bouche. Alors son visage s'éclaira. Un des soldats lui dit: «Ton père nous a imposé un serment, avec cette menace: “Si quelqu'un prend de la nourriture aujourd'hui, qu'il soit maudit!” C'est pourquoi tout le monde est épuisé.» Jonatan déclara: «Mon père a fait le malheur du pays! Regarde donc comme j'ai repris des forces depuis que j'ai mangé un peu de ce miel. Si tous les soldats avaient pu, aujourd'hui, se nourrir grâce au butin pris à leurs ennemis, la défaite des Philistins en serait maintenant beaucoup plus grande.» Ce jour-là, les Israélites battirent et poursuivirent les Philistins de Mikmas jusqu'à Ayalon. Ils en furent si épuisés qu'ils se précipitèrent sur le butin, prirent des moutons, des bœufs et des veaux, les égorgèrent sur place et les mangèrent à l'endroit même où le sang avait coulé. On avertit Saül que le peuple commettait une faute à l'égard du Seigneur en mangeant les bêtes là où on les avait saignées. Saül s'écria: «Quelle infidélité! Roulez immédiatement une grosse pierre jusqu'ici. Ensuite, passez parmi les gens et dites-leur de venir à moi, chacun avec son bœuf ou son mouton. C'est ici qu'ils égorgeront leurs bêtes, puis ils pourront les manger; de cette façon, ils ne commettront pas de faute à l'égard du Seigneur en les mangeant là où elles ont été saignées.» Ce soir-là, chacun amena donc sa bête et l'égorgea à cet endroit. C'est ainsi que Saül construisit un autel pour le Seigneur. Ce fut le premier autel qu'il lui construisit. Puis Saül donna l'ordre suivant: «Descendons pendant la nuit à la poursuite des Philistins, pillons-les jusqu'à ce que le jour se lève, et ne leur laissons aucun survivant.» – «Fais tout ce que tu juges bon», répondirent ses soldats. Mais le prêtre proposa: «Consultons d'abord Dieu.» Saül demanda donc à Dieu: «Dois-je descendre à la poursuite des Philistins? Les livreras-tu en notre pouvoir?» Mais Dieu ne lui donna pas de réponse ce jour-là. Alors Saül convoqua tous les chefs du peuple auprès de lui et leur dit: «Examinez attentivement quel péché a été commis aujourd'hui. Par le Seigneur vivant, le Sauveur d'Israël, je jure que le fautif mourra, même s'il s'agit de mon fils Jonatan.» Dans toute la troupe, personne ne répondit. Saül reprit: «Vous, tous les Israélites, mettez-vous d'un côté, tandis que mon fils Jonatan et moi-même nous tiendrons de l'autre côté.» – «Fais comme tu l'entends», lui répondirent les soldats. Saül pria le Seigneur: «Dieu d'Israël, pourquoi ne m'as-tu pas donné de réponse aujourd'hui? Seigneur, réponds-moi par les sorts sacrés: si la faute vient de Jonatan ou de moi-même, réponds par l'Ourim; si la faute vient de l'armée, réponds par le Toummim.» Jonatan et Saül furent désignés et l'armée mise hors de cause. Saül ordonna: «Qu'on tire au sort entre Jonatan et moi!» Jonatan fut désigné. Alors Saül lui dit: «Révèle-moi ce que tu as fait.» Jonatan répondit: «Avec l'extrémité de mon bâton, j'ai pris un peu de miel et je l'ai mangé. Voilà, je suis prêt à mourir.» – «Que Dieu m'inflige la plus terrible des punitions si tu ne meurs pas, Jonatan!» s'écria Saül. Mais les soldats dirent à Saül: «Jonatan devrait-il mourir, lui qui a procuré cette grande victoire à Israël? C'est inconcevable! Par le Seigneur vivant, nous ne permettrons pas qu'un seul cheveu tombe de sa tête, car c'est avec l'aide de Dieu qu'il a agi en ce jour!» Ainsi l'armée obtint que Jonatan échappe à la peine de mort. Saül cessa de poursuivre les Philistins, et ceux-ci retournèrent chez eux. Dès que Saül fut devenu roi d'Israël, il combattit tous ses ennemis d'alentour: les Moabites, les Ammonites, les Édomites, les royaumes de Soba et les Philistins. Dans chaque cas, il remporta la victoire. Un jour, il montra toute sa vaillance en battant les Amalécites et en délivrant ainsi Israël de ceux qui pillaient le pays. Saül eut des fils, Jonatan, Ichevi et Malkichoua, ainsi que des filles, Mérab, l'aînée, et Mikal, la cadette. Sa femme s'appelait Ahinoam et elle était fille d'Ahimaas. Son général en chef s'appelait Abner et il était fils de Ner, l'oncle de Saül. En effet Quich, le père de Saül, et Ner, le père d'Abner, étaient fils d'Abiel. Durant tout son règne, Saül fit une guerre acharnée contre les Philistins. C'est pourquoi, dès qu'il remarquait un homme courageux ou vigoureux, il l'enrôlait dans son armée. Samuel dit à Saül: «C'est moi que le Seigneur a envoyé autrefois pour te consacrer roi d'Israël, son peuple; écoute donc ce que j'ai à te dire de sa part. Voici ce que déclare le Seigneur, le Dieu de l'univers: “Je me souviens de ce que les Amalécites ont fait au peuple d'Israël, lorsqu'il est sorti d'Égypte: ils lui ont barré le passage. Eh bien, va les attaquer maintenant, détruis complètement tout ce qui leur appartient, sans pitié. Mets à mort tous les êtres vivants, hommes et femmes, enfants et bébés, bœufs et moutons, chameaux et ânes.” » Saül mobilisa l'armée et la passa en revue à Télem. Il y avait deux cent mille soldats à pied, et, en plus, dix mille hommes de Juda. Saül les conduisit près de la ville des Amalécites et prépara une attaque surprise dans le ravin. Puis il fit dire aux Quénites: «Ne restez pas parmi les Amalécites, éloignez-vous-en. Je ne veux pas vous faire subir le même sort qu'à eux, car vous avez été bons envers les Israélites quand ils sont sortis d'Égypte.» Les Quénites se séparèrent donc des Amalécites. Alors Saül battit les Amalécites de Havila jusqu'à Chour, à l'est de l'Égypte. Il massacra toute la population, sauf Agag, leur roi, qu'il fit prisonnier. Saül et ses soldats épargnèrent Agag, ainsi que tout ce qu'il y avait de meilleur dans le bétail, bœufs et moutons, bêtes vigoureuses et agneaux, en somme toutes les bêtes de valeur. Ils ne détruisirent que ce qui était sans valeur et sans intérêt. Alors le Seigneur adressa la parole à Samuel: «Je regrette d'avoir choisi Saül comme roi, lui dit-il, car il s'est détourné de moi et n'a pas exécuté mes ordres.» Samuel fut bouleversé, et pendant toute la nuit il implora le Seigneur. Tôt le lendemain matin, il partit trouver Saül. On l'informa que Saül s'était rendu à Karmel pour s'y dresser un monument, puis avait repris la route et était descendu au Guilgal. Lorsque Samuel arriva auprès de lui, Saül lui dit: «Que le Seigneur te bénisse! J'ai exécuté l'ordre du Seigneur.» – «D'où viennent donc ces bêlements de moutons et ces mugissements de bœufs que j'entends?» demanda Samuel. Saül répondit: «Les soldats ont épargné les meilleures bêtes des Amalécites, et ils les ont amenées ici pour les offrir en sacrifice au Seigneur ton Dieu. Tout le reste nous l'avons détruit.» – «Cela suffit, interrompit Samuel. Je vais t'annoncer ce que le Seigneur m'a dit cette nuit.» – «Parle», dit Saül. Samuel déclara: «Autrefois tu ne te considérais pas comme un homme important, et tu es maintenant le chef des tribus d'Israël: c'est le Seigneur qui t'a consacré roi d'Israël. Or le Seigneur t'a indiqué la voie à suivre: il t'a envoyé détruire ces Amalécites pécheurs en les combattant jusqu'à l'extermination totale. Pourquoi donc n'as-tu pas obéi à son ordre? Pourquoi t'es-tu jeté sur le butin, faisant ainsi ce qui déplaît au Seigneur?» – «J'ai pourtant obéi à l'ordre du Seigneur, répliqua Saül, et j'ai suivi la voie qu'il m'avait indiquée. J'ai fait mourir tous les Amalécites, sauf Agag, leur roi, que j'ai ramené ici. Quant à mes soldats, s'ils ont prélevé les plus belles têtes du bétail qui devait être détruit, c'était pour les offrir en sacrifices au Seigneur ton Dieu, ici au Guilgal.» Samuel reprit: «Le Seigneur aime-t-il autant des sacrifices d'animaux que l'obéissance à ses ordres? Non! Pour lui, l'obéissance docile est préférable aux sacrifices des bêtes les plus grasses. En effet, la désobéissance est aussi grave que la divination, et l'insoumission aussi grave que l'idolâtrie. Ainsi, puisque tu as rejeté les ordres du Seigneur, le Seigneur te rejette aussi: tu ne seras plus roi de son peuple.» – «Je suis coupable! s'écria Saül. J'ai désobéi à l'ordre du Seigneur, et à tes instructions. En effet, j'ai eu peur des soldats et j'ai fait ce qu'ils demandaient. Maintenant, je t'en prie, pardonne-moi ce péché et reviens avec moi, pour que je puisse aller adorer le Seigneur.» – «Non, lui répondit Samuel, je n'irai pas avec toi, car tu as rejeté les ordres du Seigneur, et le Seigneur t'a rejeté aussi: tu ne seras plus roi d'Israël.» Samuel se tourna pour s'en aller, mais Saül le saisit par le pan de son manteau, qui fut arraché. Alors Samuel lui dit: «C'est ainsi que le Seigneur t'arrache aujourd'hui la royauté d'Israël pour la donner à un autre, meilleur que toi. Le Seigneur, qui est la Gloire d'Israël, ne ment pas et ne change pas d'avis comme un homme.» – «Je suis coupable! répéta Saül. Mais je t'en supplie, traite-moi avec respect devant les anciens et le peuple d'Israël; reviens avec moi, pour que je puisse aller adorer le Seigneur ton Dieu.» Samuel l'accompagna, et Saül alla adorer le Seigneur. Ensuite Samuel ordonna qu'on lui amène Agag, le roi des Amalécites. Celui-ci arriva, plein d'assurance, car il pensait: «Je n'ai certainement plus à craindre la mort!» Mais Samuel lui dit: «Par ton épée, des femmes ont été privées de leurs enfants. Eh bien, ta mère aussi sera privée de son enfant.» Et Samuel l'exécuta devant le sanctuaire du Guilgal. Samuel retourna à Rama, tandis que Saül rentrait chez lui à Guibéa. Samuel ne revit plus Saül avant de mourir. Il était très affligé à son sujet, alors que le Seigneur lui-même regrettait d'avoir choisi Saül comme roi d'Israël. Le Seigneur dit à Samuel: «T'affligeras-tu encore longtemps au sujet de Saül, alors que moi-même je l'ai rejeté et qu'il ne pourra plus être roi d'Israël? Prends de l'huile et mets-toi en route. Je t'envoie chez Jessé, à Bethléem, car j'ai choisi parmi ses fils le roi qu'il me faut.» – «Comment faire? demanda Samuel. Si j'y vais, Saül l'apprendra et me tuera.» – «Prends avec toi un veau, dit le Seigneur. Tu diras que tu viens m'offrir un sacrifice, et tu inviteras Jessé à la cérémonie. Je t'apprendrai ce que tu auras à faire: tu consacreras roi à mon service celui que je t'indiquerai.» Samuel obéit et se rendit à Bethléem. Les anciens de la ville, tout inquiets, vinrent au-devant de lui et demandèrent: «Ta venue annonce-t-elle quelque chose d'heureux?» – «Oui, répondit-il. Je suis venu offrir un sacrifice au Seigneur. Purifiez -vous pour la cérémonie et venez ensuite avec moi.» Samuel invita aussi Jessé et ses fils à se purifier et à participer au sacrifice. Lorsque ceux-ci arrivèrent, Samuel aperçut Éliab et se dit: «C'est certainement lui que le Seigneur a choisi.» Mais le Seigneur lui dit: «Ne te laisse pas impressionner par sa mine et sa taille imposante, car je ne l'ai pas choisi. Je ne juge pas de la même manière que les hommes; les hommes s'arrêtent aux apparences, mais moi je vois jusqu'au fond du cœur.» Jessé appela ensuite Abinadab et le fit passer devant Samuel, qui déclara: «Le Seigneur n'a pas non plus choisi celui-ci.» Jessé fit passer Chamma, mais Samuel répéta: «Le Seigneur n'a pas non plus choisi celui-ci.» Jessé fit ainsi passer sept de ses fils devant Samuel, mais Samuel lui dit: «Le Seigneur n'a choisi aucun d'eux.» Puis il ajouta: «Sont-ils tous là?» – «Non, répondit Jessé; il y a encore le plus jeune, David, qui garde les moutons.» – «Envoie-le chercher, ordonna Samuel. Nous ne commencerons pas le repas sacrificiel avant qu'il soit là.» Jessé le fit donc venir. Le jeune homme avait le teint clair, un regard franc et une mine agréable. Le Seigneur dit alors à Samuel: «C'est lui, consacre-le comme roi.» Samuel prit l'huile et en versa sur la tête de David pour le consacrer, en présence de ses frères. L'Esprit du Seigneur s'empara de David et fut avec lui dès ce jour-là. Ensuite Samuel s'en retourna à Rama. L'Esprit du Seigneur avait quitté Saül, et un esprit mauvais, envoyé par le Seigneur, le tourmentait. Les serviteurs de Saül lui dirent: «Nous savons qu'un esprit mauvais, envoyé par Dieu, te tourmente. Il te suffit de donner un ordre; nous sommes à ta disposition. Nous te trouverons quelqu'un qui sache jouer de la lyre. Ainsi, lorsque l'esprit mauvais s'abattra sur toi, le musicien jouera et cela te soulagera.» – «D'accord, répondit Saül, cherchez-moi un bon musicien et amenez-le-moi.» Un des serviteurs dit: «Je connais justement quelqu'un, un fils de Jessé, de Bethléem; c'est un bon musicien, un homme de valeur, et un soldat. Il s'exprime avec intelligence et il a belle apparence. De plus, le Seigneur est avec lui.» Saül envoya des messagers dire à Jessé: «Envoie-moi ton fils David, le gardien de moutons.» Jessé prit un âne, le chargea de pain, d'une outre de vin et d'un chevreau, et il remit le tout à David pour Saül. Dès que David arriva chez Saül, il entra à son service. Saül éprouva une si vive affection pour lui qu'il lui confia le soin de porter ses armes. Puis Saül fit dire à Jessé: «Je désire que David demeure à mon service, car je l'apprécie beaucoup.» Dès lors, quand l'esprit mauvais envoyé par Dieu s'abattait sur Saül, David prenait sa lyre et en jouait. Cela soulageait Saül, il se calmait et l'esprit mauvais le quittait. Les Philistins réunirent leurs armées pour une expédition; ils se rassemblèrent à Soko en Juda, et ils établirent leur camp à Éfès-Dammim, entre Soko et Azéca. De leur côté, Saül et l'armée d'Israël se rassemblèrent et campèrent dans la vallée du Térébinthe; puis ils se rangèrent en ordre de bataille face aux Philistins. Ainsi les Philistins et les Israélites se trouvaient sur des hauteurs de part et d'autre de la vallée. Un soldat philistin s'avança hors des rangs, pour lancer un défi aux Israélites. Il était de la ville de Gath et s'appelait Goliath. Il mesurait près de trois mètres; Il avait aussi une lance dont le bois était gros comme le cylindre d'un métier à tisser et dont la pointe de fer pesait plus de sept kilos. Devant lui, marchait son porteur de bouclier. Goliath s'arrêta et cria aux soldats israélites: «Pourquoi vous êtes-vous mis en ordre de bataille? Je suis un Philistin; vous, des sujets de Saül. Choisissez parmi vous un homme qui vienne me combattre. S'il peut me vaincre et me tuer, nous serons vos esclaves; mais si c'est moi qui peux le vaincre et le tuer, c'est vous qui serez nos esclaves. Aujourd'hui, je lance un défi à votre armée, ajouta-t-il. Envoyez-moi donc un homme pour que nous nous battions.» Lorsque Saül et toute son armée entendirent ces paroles du Philistin, ils furent écrasés de terreur. David était fils de Jessé, du clan d'Éfrata, qui habitait Bethléem de Juda; Jessé avait huit fils, et, à l'époque de Saül, il était un notable respecté. il allait servir Saül et revenait régulièrement s'occuper des moutons de son père, à Bethléem. Pendant quarante jours, Goliath le Philistin se présenta matin et soir en face de l'armée d'Israël. Un de ces jours-là, Jessé dit à David: «Prends ce sac de grains grillés et ces dix pains, et apporte-les rapidement au camp pour tes frères. Prends également ces dix fromages, que tu offriras au commandant de l'unité. Tu verras si tes frères sont en bonne santé, et tu me rapporteras d'eux un signe prouvant que tout va bien. Tu les trouveras avec Saül et toute l'armée d'Israël dans la vallée du Térébinthe, où ils affrontent les Philistins.» Tôt le lendemain matin, David confia ses moutons à un gardien, prit ce qu'il devait emporter et s'en alla, comme Jessé le lui avait ordonné. Il arriva au camp à l'heure où l'armée allait prendre position et poussait le cri de guerre. Israélites et Philistins se mirent en ordre de bataille, face à face. David laissa ses affaires entre les mains du gardien des bagages et se rendit en hâte là où se trouvait l'armée. Il y rejoignit ses frères et leur demanda comment ils allaient. Il était en train de parler avec eux lorsque Goliath, le Philistin de Gath, sortit des rangs et répéta son défi habituel. David l'entendit. Tous les Israélites reculèrent quand ils virent Goliath, car ils avaient très peur; on disait: «Vous voyez cet homme! C'est pour nous provoquer qu'il s'avance ainsi. Eh bien, celui qui réussira à le tuer, le roi le comblera de richesses, lui donnera sa propre fille en mariage et accordera des privilèges à sa famille en Israël.» David demanda aux soldats qui étaient près de lui: «Quelle récompense recevra celui qui tuera ce Philistin et qui vengera ainsi l'insulte infligée à Israël? Et qui est donc ce Philistin païen qui ose insulter l'armée du Dieu vivant?» On répondit à David en lui répétant ce qui était promis au vainqueur. Mais son frère aîné, Éliab, l'entendit discuter avec les soldats et se fâcha: «Pourquoi es-tu venu ici? lui dit-il. A qui as-tu laissé ton petit troupeau, dans le désert? Je te connais bien, petit prétentieux, espèce de vaurien! C'est pour assister au combat que tu es venu.» – «Qu'ai-je fait de mal? demanda David. J'ai simplement posé une question.» Il tourna le dos à son frère et s'adressa à un autre soldat. Il continua de poser la même question et chacun lui donna la même réponse. Tout le monde entendit parler de l'intérêt de David pour cette affaire. Saül lui-même en fut informé. Il fit aussitôt venir David, qui lui dit: «Majesté, personne ne doit perdre courage à cause de ce Philistin. J'irai, moi, me battre contre lui.» – «Non, répondit Saül, tu ne peux pas aller le combattre. Tu n'es qu'un enfant, alors qu'il est soldat depuis sa jeunesse.» – «Majesté, reprit David, quand je garde les moutons de mon père, si un lion ou un ours vient et emporte un mouton du troupeau, je le poursuis, je le frappe et j'arrache la victime de sa gueule. S'il se dresse contre moi, je le saisis à la gorge et je le frappe à mort. C'est ainsi que j'ai tué des lions et des ours. Eh bien, je ferai subir le même sort à ce Philistin païen, puisqu'il a insulté l'armée du Dieu vivant. Le Seigneur qui m'a protégé des griffes du lion et de l'ours saura aussi me protéger des attaques de ce Philistin.» – «Vas-y donc, répondit Saül, et que le Seigneur soit avec toi.» Saül prêta son équipement militaire à David: il lui mit son casque de bronze sur la tête et le revêtit de sa cuirasse. David fixa encore l'épée de Saül par-dessus la cuirasse, puis il essaya d'avancer, mais il en fut incapable, car il n'était pas entraîné. Alors il déclara qu'il ne pouvait pas marcher avec cet équipement, par manque d'habitude, et il s'en débarrassa. Il prit son bâton et alla choisir cinq pierres bien lisses au bord du torrent; il les mit dans son sac de berger, puis, la fronde à la main, il se dirigea vers Goliath. De son côté, Goliath, précédé de son porteur de bouclier, s'approchait de plus en plus de David. Il examina David et n'eut que mépris pour lui, car David, jeune encore, avait le teint clair et une jolie figure. Goliath lui cria: «Me prends-tu pour un chien, toi qui viens contre moi avec des bâtons? Maudit sois-tu, par tous les dieux des Philistins! Viens ici, que je donne ta chair en nourriture aux oiseaux et aux bêtes sauvages.» – «Toi, répondit David, tu viens contre moi avec une épée, une lance et un sabre; moi je viens armé du nom du Seigneur de l'univers, le Dieu des troupes d'Israël, que tu as insulté. Aujourd'hui même, le Seigneur te livrera en mon pouvoir; je vais te tuer et te couper la tête. Aujourd'hui même, je donnerai les cadavres des soldats philistins en nourriture aux oiseaux et aux bêtes sauvages. Alors tous les peuples sauront qu'Israël a un Dieu, et tous les Israélites ici rassemblés sauront que le Seigneur n'a pas besoin d'épée ni de lance pour donner la victoire. Il est le maître de cette guerre et il va vous livrer en notre pouvoir.» Goliath se remit à marcher en direction de David. Celui-ci courut rapidement à la rencontre du Philistin, prit une pierre dans son sac, la lança avec sa fronde et l'atteignit en plein front. La pierre s'y enfonça et l'homme s'écroula, la face contre terre. Ainsi David triompha de Goliath et le tua, sans épée, grâce à sa fronde et à une pierre. Il courut jusqu'à Goliath, lui tira son épée du fourreau et lui coupa la tête. Alors les Philistins, voyant que leur héros était mort, s'enfuirent. Les soldats d'Israël et de Juda poussèrent leur cri de guerre et les poursuivirent jusqu'aux abords de Gath et jusqu'à l'entrée d'Écron. Des cadavres de Philistins jonchaient la route de Chaaraïm jusqu'à Gath et Écron. Les Israélites abandonnèrent la poursuite et revinrent piller le camp philistin. David prit la tête de Goliath pour l'apporter à Jérusalem; quant aux armes du géant, il les garda dans sa propre tente. Lorsque Saül avait vu David partir à la rencontre de Goliath, il avait demandé au général Abner: «De qui ce garçon est-il le fils, Abner?» – «Je n'en sais absolument rien, Majesté», répondit le général. «Alors, tâche de savoir de qui il s'agit», ordonna le roi. C'est pourquoi, lorsque David revint au camp après avoir tué Goliath, Abner alla le chercher et l'amena devant Saül. – David avait encore à la main la tête du Philistin. – «Qui es-tu, mon garçon?» lui demanda Saül. David répondit: «Je suis le fils de ton serviteur Jessé, de Bethléem.» Pendant que David achevait de parler avec Saül, Jonatan, le fils de Saül, se prit d'affection pour le jeune homme et se mit à l'aimer comme lui-même. Ce jour-là, Saül garda David auprès de lui, il ne le laissa pas retourner chez son père. Quant à Jonatan, il aimait tellement David qu'il conclut un pacte d'amitié avec lui. Il ôta le manteau qu'il portait et le lui donna; il lui offrit également ses habits militaires, et même son épée, son arc et son ceinturon. Chaque fois que Saül l'envoyait en expédition militaire, David remportait des succès; c'est pourquoi Saül lui confia le commandement de ses troupes de choc, ce qui plut autant aux soldats qu'aux officiers du roi. Au retour de l'armée, après que David eut tué le Philistin Goliath, des femmes de toutes les villes israélites vinrent à la rencontre du roi Saül; elles chantaient et dansaient, au son des tambourins et d'autres instruments de musique, et poussaient des cris de joie. En chœurs alternés, elles proclamaient joyeusement: «Saül a battu des milliers d'ennemis, David en a battu des dizaines de milliers.» Saül fut agacé, irrité même par ce chant. Il se disait: «On lui en accorde dix fois plus qu'à moi! Pour peu, on lui donnerait encore la royauté!» Dès ce moment, il regarda David avec méfiance. Le lendemain, un esprit mauvais envoyé par Dieu s'empara de Saül, qui se mit à divaguer dans sa propre maison. David lui jouait de la lyre, comme les autres jours, et Saül tenait sa lance à la main. Soudain, il brandit sa lance en se disant: «Je vais le clouer au mur.» Mais par deux fois, David évita le coup. Saül eut peur de David, car il comprit que le Seigneur l'avait abandonné pour être avec David. C'est pourquoi il éloigna David de lui, en le désignant comme chef d'un de ses régiments. Dès lors, David participa aux expéditions à la tête de sa troupe, et à chaque fois, il rencontrait le succès, car le Seigneur était avec lui. La frayeur de Saül ne cessait d'augmenter lorsqu'il apprenait les grands succès de David. Par contre, les Israélites et les Judéens aimaient tous David, car c'était lui qui les commandait dans leurs expéditions. Saül se dit: «Je ne veux pas me débarrasser moi-même de David; ce sont les Philistins qui s'en chargeront.» Il s'adressa donc à David et lui dit: «Voici ma fille aînée, Mérab; je te la donnerai pour épouse, si tu te montres vaillant à mon service, en participant aux guerres du Seigneur.» – «Majesté, répondit David, je ne suis rien; ma famille, le clan de mon père, n'est rien en Israël! Comment pourrais-je devenir le gendre du roi?» Mais au moment où Saül devait donner Mérab pour épouse à David, il l'accorda au contraire à Adriel, d'Abel-Mehola. Cependant Mikal, l'autre fille de Saül, tomba amoureuse de David. Lorsqu'on annonça cette nouvelle à Saül, il en fut satisfait; il se dit en effet: «Je vais lui accorder Mikal comme épouse, et elle sera un piège pour le faire tomber entre les mains des Philistins.» – Ainsi, à deux reprises, Saül proposa à David de devenir son gendre. – Saül donna cet ordre à ses ministres: «Parlez discrètement à David; dites-lui: “Le roi t'apprécie et nous, ses ministres, nous t'aimons. Accepte donc maintenant de devenir le gendre du roi.” » Les ministres rapportèrent ces paroles à David. Celui-ci leur dit: «Croyez-vous que ce soit une petite affaire pour moi d'entrer dans la famille royale, alors que je ne suis qu'un homme pauvre et insignifiant?» Les ministres allèrent raconter au roi ce que David avait répondu. «Eh bien, déclara Saül, dites-lui ceci: “Le roi ne s'intéresse pas au cadeau traditionnel pour ce mariage. Il se contentera de cent prépuces de Philistins pour tirer vengeance de ses ennemis.” » Saül comptait bien que David tomberait ainsi entre les mains des Philistins. Les ministres rapportèrent ces paroles à David. Celui-ci trouva acceptable, dans ces conditions, de devenir le gendre du roi. Avant la fin du délai fixé par le roi, David et ses hommes s'étaient mis en campagne et avaient tué deux cents Philistins. David rapporta leurs prépuces et les fit compter en présence de Saül, afin de devenir son gendre. Alors le roi lui accorda sa fille en mariage. Lorsqu'il fut tout à fait évident pour Saül que le Seigneur était avec David et que Mikal, sa propre fille, l'aimait, sa crainte à l'égard de David augmenta encore et sa haine envers lui devint définitive. A cette époque, les chefs philistins partirent en campagne contre les Israélites. Or dans chaque combat, David remportait plus de succès que tous les autres officiers de Saül, de sorte qu'il jouissait d'un très grand prestige. Saül informa son fils Jonatan et tous ses ministres de son intention de faire mourir David. Mais Jonatan, qui avait beaucoup d'affection pour David, l'en avertit: «Saül, mon père, a l'intention de te faire mourir, dit-il. Sois sur tes gardes demain matin, trouve-toi une bonne cachette et restes-y. Je sortirai avec mon père et je l'accompagnerai dans le champ où tu te seras caché. Je lui parlerai de toi, je verrai comment il réagit et je te le ferai savoir.» Jonatan vanta à son père les qualités de David, puis il ajouta: «Toi, le roi, tu ne dois pas commettre une faute à l'égard de ton serviteur David. Il n'en a pas commis à ton égard; au contraire il a toujours agi pour ton profit. Il a risqué sa vie pour tuer le Philistin Goliath, et ce jour-là, le Seigneur a accordé une grande victoire à Israël; tu l'as vu et tu t'en es réjoui. Pourquoi donc te rendrais-tu coupable de verser le sang d'un innocent, en faisant mourir David sans motif?» Saül se laissa convaincre par les propos de Jonatan et déclara: «Par le Seigneur vivant, je jure qu'il ne sera pas mis à mort.» Alors Jonatan alla chercher David, lui rapporta toute la conversation et le ramena vers Saül. David reprit son service auprès du roi comme par le passé. La guerre reprit. David partit combattre les Philistins et leur infligea une telle défaite qu'ils s'enfuirent devant lui. Un jour, l'esprit mauvais envoyé par le Seigneur s'empara de Saül, alors qu'il était chez lui, sa lance à la main. David était en train de jouer de la lyre. D'un coup de lance, Saül tenta de clouer David au mur, mais David s'écarta et la lance se planta dans le mur. David put s'échapper sain et sauf cette nuit-là. Saül envoya des gens surveiller la maison de David afin de le mettre à mort au matin. Mais Mikal, la femme de David, l'en informa et lui dit: «Si tu ne te sauves pas cette nuit, demain tu es un homme mort!» Elle le fit alors descendre par la fenêtre et il s'enfuit pour sauver sa vie. Ensuite, elle prit l'idole familiale et la plaça dans le lit de David; elle étendit une moustiquaire en poil de chèvre à la tête du lit et couvrit l'idole avec une couverture. Lorsque les envoyés de Saül vinrent arrêter David, Mikal leur dit: «Il est malade.» Saül les envoya une seconde fois: «Retournez voir David, leur dit-il, et ramenez-le-moi dans son lit, afin que je puisse le mettre à mort!» Les envoyés du roi y retournèrent: ils ne trouvèrent que l'idole dans le lit, et la moustiquaire étendue à la tête du lit. Saül questionna Mikal: «Pourquoi m'as-tu trompé de cette manière? Pourquoi as-tu laissé mon ennemi s'échapper?» Mikal répondit: «Il m'a menacée de me tuer, si je ne le laissais pas partir.» Pendant ce temps, David avait réussi à s'échapper. Il se rendit chez Samuel, à Rama, et lui raconta tout ce que Saül lui avait fait. Alors ils allèrent ensemble s'installer à Nayoth. On informa Saül que David se trouvait à Nayoth, près de Rama. Saül envoya de nouveau des gens pour l'arrêter. Quand ceux-ci virent la troupe de prophètes, avec leur chef Samuel, en pleine excitation prophétique, l'Esprit de Dieu s'empara d'eux et ils furent saisis de la même excitation. Dès que Saül apprit cette nouvelle, il envoya d'autres gens, mais eux aussi furent saisis de cette excitation prophétique. Saül envoya un troisième groupe, et la même chose se reproduisit. Alors il partit en personne pour Rama. Arrivé à la grande citerne de Sékou, il demanda: «Où se trouvent Samuel et David?» – «A Nayoth, près de Rama», lui répondit-on. Il s'y rendit. En cours de route, l'Esprit de Dieu s'empara de lui aussi; il fut possédé par l'excitation prophétique jusqu'à son arrivée à Nayoth. Comme les autres, il ôta ses vêtements, il prophétisa en présence de Samuel, puis s'effondra nu, et resta ainsi tout le jour et toute la nuit suivante. C'est pourquoi on dit: «Est-ce que Saül, lui aussi, est devenu prophète? » David quitta Nayoth près de Rama et vint trouver Jonatan, fils de Saül. Il lui demanda: «Quelle faute ou quel crime ai-je commis envers ton père? Il cherche à me faire mourir.» – «C'est invraisemblable, répondit Jonatan. Il n'est pas question que tu meures. Mon père n'a jamais fait quoi que ce soit sans m'en parler d'abord. Pourquoi m'aurait-il caché ce projet-là? C'est impossible.» – «Je te jure pourtant que c'est bien le cas, reprit David. Seulement ton père sait très bien que je suis ton ami; il s'est donc dit: “Il ne faut pas que Jonatan l'apprenne, il en aurait trop de chagrin.” Mais, par le Seigneur vivant et par ta propre vie, je t'assure que je suis à deux doigts de la mort.» – «Alors, que veux-tu que je fasse pour toi?» demanda Jonatan. «Eh bien, dit David, demain, c'est la fête de la nouvelle lune; je devrais normalement participer au repas du roi. Mais autorise-moi à partir, et j'irai me cacher dans la campagne jusqu'au soir. Ton père remarquera certainement mon absence; tu lui expliqueras que je t'ai demandé l'autorisation d'aller rapidement à Bethléem, ma ville d'origine, pour participer au sacrifice annuel avec toute ma famille. S'il déclare que c'est bien, je ne risque rien. Mais s'il se met en colère, tu auras la preuve qu'il a décidé ma mort. Tu pourras alors manifester ta fidélité envers moi, puisque nous sommes liés par un pacte d'amitié au nom du Seigneur. D'ailleurs, si je suis coupable de quoi que ce soit, tue-moi toi-même plutôt que de me livrer à ton père.» Jonatan s'écria: «Jamais de la vie! Et si j'apprends que mon père a décidé de te faire du mal, je te jure de t'en informer.» – «Et par qui m'informeras-tu, si ton père te donne une réponse menaçante?» demanda David. «Viens, allons dehors», répondit Jonatan. Et ils sortirent ensemble dans la campagne. Jonatan reprit: «Par le Seigneur, Dieu d'Israël, je te promets qu'à cette heure-ci, après-demain, j'aurai interrogé mon père sur ses intentions. Si elles te sont favorables, je ne te ferai rien dire. Mais au cas où mon père aurait l'idée de te faire du mal, je veux que le Seigneur m'inflige la plus terrible des punitions si je ne t'en informe pas. Alors je te laisserai partir et tu t'en iras sans être inquiété. Je souhaite que le Seigneur soit avec toi comme il a été avec mon père. Plus tard, si je suis encore vivant, agis envers moi avec la bonté du Seigneur, pour que je ne meure pas. Puis continue toujours d'agir avec bonté envers mes descendants, même lorsque le Seigneur fera disparaître tes ennemis, un à un, de la surface de la terre.» Jonatan conclut donc un pacte d'amitié avec David et sa famille, en disant: «Que le Seigneur tire vengeance des ennemis de David.» Il demanda encore à David de prononcer un serment au nom de son amour pour lui; David en effet aimait Jonatan de tout son cœur. Jonatan reprit: «Demain, on remarquera ton absence à la fête de la nouvelle lune, car ta place à table restera inoccupée. Après-demain, tu descendras vite à l'endroit où tu t'es caché l'autre jour et tu te tiendras près de la pierre Ézel. Et moi, je tirerai trois flèches dans cette direction, sur un but que je me serai fixé, puis j'enverrai mon jeune serviteur les chercher. Si je lui crie: “Regarde, les flèches ne sont pas si loin, reviens les ramasser”, c'est que tout va bien pour toi et que tu peux revenir. Il n'y aura aucun danger, je l'affirme devant le Seigneur. Mais si je lui crie: “Les flèches sont encore plus loin”, alors va-t'en, car le Seigneur veut que tu partes. Quant au pacte d'amitié que nous avons conclu, toi et moi, le Seigneur nous permettra d'y rester fidèles pour toujours.» David alla donc se cacher dans la campagne. Au jour de la nouvelle lune, le roi Saül prit place à table pour le repas. Comme d'habitude, il s'assit sur le siège qui lui était réservé, contre le mur; le général Abner s'assit à côté de lui et Jonatan en face, mais la place de David resta inoccupée. Ce jour-là, Saül ne dit rien; il pensa que David n'avait pas pu venir, à cause d'une affaire imprévisible d'impureté rituelle. Mais le lendemain, deuxième jour de la fête, lorsque Saül vit la place de David de nouveau inoccupée, il demanda à Jonatan: «Pourquoi David n'est-il pas venu au repas, ni hier, ni aujourd'hui?» Jonatan répondit: «David m'a demandé avec insistance de pouvoir se rendre à Bethléem. “Laisse-moi partir, m'a-t-il dit; nous avons un sacrifice de famille là-bas, et mon frère m'ordonne d'y assister. Si je suis ton ami, permets-moi d'y aller pour voir les miens.” Voilà pourquoi David n'a pas participé aux repas de fête chez toi.» Saül se mit en colère contre Jonatan et lui dit: «Fils de chienne! Je sais que tu as pris pour ami ce fils de Jessé, à ta honte et à celle de ta mère. Mais écoute bien ceci: Tant que cet individu sera en vie, tu ne seras jamais sûr de pouvoir régner. C'est pourquoi fais-le arrêter et qu'on l'amène ici, car il mérite la mort.» – «Pourquoi devrait-il mourir? répliqua Jonatan. Qu'a-t-il fait de mal?» Saül brandit sa lance contre Jonatan pour le frapper. Alors Jonatan comprit que son père était fermement décidé à faire mourir David. Fort en colère, il quitta la table et refusa de manger quoi que ce soit en ce deuxième jour de la fête. En effet, il était très inquiet au sujet de David, que son père avait si gravement insulté. Le lendemain matin, Jonatan sortit dans la campagne pour aller à l'endroit convenu avec David. Il était accompagné d'un jeune serviteur. Il lui dit: «Cours en avant! Tu ramasseras les flèches que je vais tirer.» Le serviteur partit, et Jonatan tira une flèche de manière à le dépasser. Tandis que le serviteur approchait de l'endroit où la flèche s'était plantée, Jonatan lui cria: «La flèche n'est-elle pas encore plus loin? Allons, dépêche-toi, ne t'arrête pas!» Le serviteur ramassa la flèche et revint vers son maître. Il ignorait tout du rendez-vous; seuls Jonatan et David étaient au courant. Jonatan remit son arc et ses flèches au serviteur et lui ordonna de les rapporter en ville. Le serviteur s'en alla et David sortit de sa cachette, au sud de la pierre. Trois fois il s'inclina jusqu'à terre devant Jonatan, puis ils s'embrassèrent tout en pleurant abondamment. Ensuite Jonatan dit à David: «Va en paix. Et souviens-toi du pacte d'amitié que nous avons conclu au nom du Seigneur, en disant: “Que le Seigneur nous permette d'y rester toujours fidèles, toi et moi, et nos descendants après nous.” » Alors David s'en alla, et Jonatan retourna en ville. David se rendit à Nob, chez le prêtre Ahimélek. Celui-ci vint tout inquiet à sa rencontre et lui demanda: «Pourquoi es-tu seul, sans aucun compagnon?» David lui répondit: «Le roi m'a donné un ordre, puis m'a dit: “Personne ne doit connaître la mission que je te confie.” C'est pourquoi j'ai donné rendez-vous à mes compagnons à un certain endroit. Pour l'instant, de quoi disposes-tu comme nourriture? Donne-moi cinq pains ou ce que tu peux trouver d'autre.» – «Je n'ai pas de pain ordinaire, déclara le prêtre, il n'y a ici que du pain consacré. Mais je peux t'en donner, pour autant que tes compagnons n'aient pas eu récemment de relations avec des femmes.» David lui dit: «Bien sûr, de telles relations nous ont été interdites, comme toujours en pareil cas. De plus, quand je pars en expédition, les armes de mes compagnons sont consacrées; et même si la présente expédition a un caractère profane, elle est aujourd'hui consacrée puisque les armes le sont.» Alors le prêtre remit à David des pains consacrés, car il n'en avait pas d'autres. Ces pains avaient été offerts au Seigneur, puis retirés du sanctuaire pour être remplacés par des pains frais. Ce jour-là, un serviteur de Saül se trouvait au sanctuaire du Seigneur, pour accomplir un devoir religieux. C'était un Édomite, nommé Doëg, le plus robuste des bergers de Saül. David dit encore à Ahimélek: «N'aurais-tu pas ici une lance ou une épée? La mission du roi était si urgente que je n'ai eu le temps de prendre ni mon épée ni aucune autre arme.» – «Il y a l'épée de Goliath, le Philistin que tu as vaincu dans la vallée du Térébinthe, répondit le prêtre. Elle se trouve derrière les habits sacerdotaux, enveloppée dans un manteau. Prends-la si tu veux; c'est la seule arme que nous avons ici.» – «Donne-la-moi, répondit David, je n'en trouverais pas de meilleure.» Ce même jour, David continua de fuir Saül et se rendit chez Akich, le roi de Gath. Les ministres d'Akich dirent à leur maître: «N'est-ce pas là David, le roi du pays d'Israël? C'est de lui que les femmes chantaient en dansant: “Saül a battu des milliers d'ennemis, David en a battu des dizaines de milliers ”?» David ressentit la gravité de ces propos et eut très peur du roi Akich. Il adopta un comportement anormal devant les Philistins: il se mit à divaguer parmi eux, à tracer des signes sur les battants des portes et à baver dans sa barbe. Akich dit à ses ministres: «Vous voyez bien que cet homme a perdu la raison! Pourquoi me l'amenez-vous? Est-ce que je manque de fous, que vous m'ameniez encore celui-ci pour me fatiguer avec ses extravagances? Non, il n'entrera pas chez moi!» Là-dessus, David quitta Gath et se réfugia dans la caverne d'Adoullam. Lorsque ses frères et tous les siens l'apprirent, ils vinrent l'y rejoindre. De plus, des gens en difficulté, des endettés, des mécontents, en tout quatre cents personnes environ, se rassemblèrent auprès de lui. Il devint leur chef. D'Adoullam, David se rendit à Mispé, en Moab, et dit au roi de Moab: «Permets que mon père et ma mère viennent s'installer chez toi jusqu'à ce que je sache ce que Dieu veut faire de moi.» David les conduisit à la cour du roi de Moab, où ils demeurèrent pendant tout le temps que David resta dans son refuge. Un jour, le prophète Gad dit à David: «Ne reste pas dans ce refuge, rentre au pays de Juda.» David partit donc et se rendit dans la forêt de Héreth. Saül apprit qu'on avait repéré David et ses compagnons. Le roi était alors à Guibéa, installé sur la colline, à l'ombre d'un tamaris, sa lance à la main. Tous ses serviteurs se tenaient près de lui et il leur dit: «Écoutez donc, vous les Benjaminites! Est-ce que le fils de Jessé vous donnera à tous, comme moi, des champs et des vignes? Est-ce à vous que David confiera le commandement de ses régiments et de ses compagnies? Non! Alors pourquoi complotez-vous tous contre moi? Personne ne m'informe que mon fils a conclu un pacte d'amitié avec David. Aucun de vous ne s'inquiète de m'informer, quand mon fils incite cet individu à me tendre des pièges, comme c'est le cas aujourd'hui!» Doëg l'Édomite, qui se trouvait parmi les serviteurs de Saül, lui dit: «Un jour j'ai vu le fils de Jessé arriver à Nob auprès d'Ahimélek, fils d'Ahitoub. Ahimélek a consulté le Seigneur pour lui, il l'a ravitaillé et lui a donné l'épée de Goliath, le Philistin.» Le roi envoya des gens chercher le prêtre Ahimélek ainsi que tous les membres de sa famille qui étaient prêtres à Nob. Ils vinrent tous se présenter devant le roi. Saül dit à Ahimélek: «Écoute donc, fils d'Ahitoub.» – «Oui, Majesté», répondit le prêtre. «Pourquoi avez-vous comploté contre moi, toi et le fils de Jessé? reprit le roi. Tu lui as donné de la nourriture et une épée, et tu as consulté Dieu pour lui, afin qu'il se révolte contre moi et me tende des pièges, comme c'est le cas aujourd'hui.» Ahimélek lui dit: «Mais, Majesté, y a-t-il parmi tous tes serviteurs quelqu'un d'aussi fidèle que David? Il est ton gendre et le chef de ta garde personnelle, il est très honoré au palais. Ce n'était pas la première fois, ce jour-là, que je consultais Dieu pour lui. Loin de moi l'idée de comploter contre toi! Ne nous soupçonne pas, ni moi, ni personne de ma famille. En effet, j'ignorais absolument tout de cette affaire.» – «Ahimélek, déclara le roi, vous mourrez, toi et toute ta famille.» Puis le roi s'adressa à ses gardes du corps, qui se trouvaient à ses côtés: «Allez-y, leur dit-il, mettez à mort les prêtres du Seigneur, puisque eux aussi ont aidé David; ils savaient que David était en fuite et ils ne m'en ont pas informé.» Mais aucun des gardes de Saül ne voulut porter la main sur les prêtres du Seigneur pour les tuer. Le roi dit alors à Doëg l'Édomite: «Vas-y, toi, tue ces prêtres.» Doëg s'avança et de sa propre main tua les prêtres. Ce jour-là, il fit mourir quatre-vingt-cinq hommes qui avaient le droit de porter les habits sacrés. Quant à Nob, la ville de ces prêtres, Saül y fit massacrer les hommes, les femmes, les enfants et les bébés, de même que les bœufs, les ânes, les moutons et les chèvres. Seul un certain Abiatar, fils d'Ahimélek et petit-fils d'Ahitoub, réussit à s'échapper et s'enfuit auprès de David. Il informa David que Saül avait massacré les prêtres du Seigneur. David lui dit: «L'autre jour, j'ai bien vu que Doëg l'Édomite était aussi à Nob. Je savais qu'il raconterait tout à Saül. C'est donc moi qui suis responsable de la mort de tous les tiens. Mais maintenant reste avec moi et ne crains plus rien. C'est le même ennemi, Saül, qui en veut à ma vie et à la tienne; auprès de moi, tu es en sécurité.» Un jour, quelqu'un informa David que les Philistins assiégeaient la ville de Quéila et pillaient les réserves de céréales. David consulta le Seigneur: «Dois-je aller attaquer ces Philistins?» demanda-t-il. «Va les attaquer, répondit le Seigneur; tu délivreras ainsi Quéila.» Les compagnons de David lui dirent alors: «Vois-tu, ici en Juda, nous avons déjà peur! Ce sera pire encore si nous allons à Quéila nous battre contre les troupes des Philistins!» David consulta une nouvelle fois le Seigneur, qui lui répondit: «Debout, va à Quéila! Je livrerai les Philistins en ton pouvoir.» David et ses compagnons se rendirent donc à Quéila et attaquèrent les Philistins. Ils s'emparèrent de leurs troupeaux et leur infligèrent une lourde défaite. David délivra ainsi les habitants de Quéila. Lorsque Abiatar, fils d'Ahimélek, était venu se réfugier auprès de David, à Quéila, il avait emporté les objets sacrés servant à consulter le Seigneur. Saül apprit que David était entré à Quéila; alors il déclara: «Dieu l'a livré en mon pouvoir, puisqu'il s'est laissé prendre au piège en entrant dans une ville aux portes verrouillées.» Saül mobilisa toute l'armée pour aller assiéger David et ses compagnons dans Quéila. David se rendit compte que Saül préparait un mauvais coup contre lui; il ordonna donc au prêtre Abiatar d'apporter les objets sacrés pour consulter Dieu. Puis il dit: «Seigneur, Dieu d'Israël, j'ai entendu dire que Saül s'apprête à venir à Quéila pour détruire la ville à cause de moi. Est-ce que les gens de Quéila me livreront à Saül, s'il vient assiéger la ville comme je l'ai appris? Seigneur, Dieu d'Israël, je t'en prie, réponds-moi.» – «Saül va venir», répondit le Seigneur. David reprit: «Alors, est-ce que les gens de Quéila nous livreront à Saül, moi et mes compagnons?» – «Oui, ils le feront», déclara le Seigneur. Aussitôt, David et ses compagnons, au nombre de six cents environ, quittèrent Quéila et s'en allèrent à l'aventure. Saül, apprenant que David s'était échappé de la ville, abandonna l'expédition. David gagna le désert de Zif et s'installa dans des endroits escarpés de la région montagneuse. Jour après jour, Saül le recherchait, mais Dieu ne permit pas que David tombe entre ses mains. David voyait bien que Saül partait en expédition pour le faire mourir, mais il restait à Horcha, dans le désert de Zif. Un jour, Jonatan, fils de Saül, se rendit auprès de David à Horcha et fortifia sa confiance en Dieu. Il lui dit: «Ne crains rien! Saül, mon père, ne réussira pas à mettre la main sur toi. C'est toi qui seras roi d'Israël, moi, je ne serai que ton plus proche collaborateur: mon père lui-même le sait bien.» Tous deux conclurent un pacte d'amitié au nom du Seigneur. Puis Jonatan retourna chez lui tandis que David demeurait à Horcha. Des habitants de Zif allèrent trouver Saül à Guibéa et lui dirent: «Ne sais-tu pas que David se cache dans notre région, dans les endroits escarpés proches de Horcha, dans les collines de Hakila, au sud de la plaine inculte? Si donc tu désires le surprendre, tu n'as qu'à venir, nous nous chargeons de te le livrer.» – «Que le Seigneur vous bénisse, s'écria Saül; vous avez eu pitié de moi. Maintenant, allez encore vérifier vos informations, découvrez exactement l'endroit où il se tient, et qui l'y a vu. On m'a dit en effet qu'il est très rusé. Repérez toutes les cachettes où il peut se réfugier, puis revenez vers moi avec des indications précises. Alors j'irai avec vous; s'il est dans le pays, je fouillerai chaque portion du territoire de Juda pour le trouver.» Les gens de Zif quittèrent Saül et retournèrent chez eux. A ce moment-là David se trouvait dans la partie basse du désert de Maon, au sud de la plaine inculte. Saül et ses soldats partirent à la recherche de David. Celui-ci en fut informé; il alla s'installer dans un massif rocheux du désert de Maon. Quand Saül l'apprit, il se mit à le pourchasser dans cette région. Saül et ses soldats avançaient sur le flanc d'une colline tandis que David et ses compagnons progressaient sur l'autre flanc. Ceux-ci se hâtaient pour échapper à Saül, car avec sa troupe il essayait de les encercler afin de les capturer. Mais un messager arriva et dit à Saül: «Viens vite, les Philistins attaquent le pays!» Saül cessa aussitôt de poursuivre David et il marcha contre les Philistins. C'est pourquoi on a appelé cet endroit “le Rocher de la Séparation”. David quitta cette région et alla s'installer près d'En-Guédi, dans un endroit difficilement accessible. Lorsque Saül revint de sa campagne militaire contre les Philistins, il apprit que David était dans la région désertique d'En-Guédi. Il rassembla trois mille hommes choisis dans l'armée d'Israël et partit à la recherche de David et de ses compagnons, qui se trouvaient en face de la Roche-aux-Bouquetins. En passant près des parcs à moutons qui bordaient la route, Saül vit une caverne et y entra pour satisfaire un besoin naturel. Or David était caché au fond de cette caverne avec ses compagnons. Ceux-ci lui chuchotèrent: «Voici le moment annoncé par le Seigneur lorsqu'il t'a dit: “Un jour je te livrerai ton ennemi pour que tu le traites comme il te plaira.” » Alors David s'avança et coupa discrètement un pan du manteau de Saül. Mais dès qu'il eut fait cela, son cœur se mit à battre très fort. Il dit à ses compagnons: «Que le Seigneur me préserve d'attenter à la vie de mon maître, comme vous le suggérez! En effet, c'est le Seigneur lui-même qui l'a choisi comme roi.» Par ces paroles, David réussit à empêcher ses compagnons de se jeter sur Saül. Saül quitta la caverne et reprit la route. David sortit peu après lui et cria: «Majesté, Majesté!» Saül se retourna pour regarder. David s'inclina respectueusement jusqu'à terre, puis lui demanda: «Pourquoi écoutes-tu ceux qui prétendent que je cherche à te nuire? Tu peux constater qu'aujourd'hui même le Seigneur t'avait livré en mon pouvoir dans cette caverne. On me conseillait de te tuer, mais je t'ai épargné. Je n'ai pas voulu attenter à ta vie, car c'est le Seigneur qui t'a choisi comme roi. Regarde, ô mon roi, regarde ce que je tiens: un pan de ton manteau! Je n'ai fait que couper le pan de ton manteau et je ne t'ai pas tué. Tu vois donc bien que je n'ai pas l'intention de te nuire ou de me révolter contre toi. Tu vois que je n'ai commis aucune faute envers toi. C'est toi qui me poursuis pour m'ôter la vie. Que le Seigneur soit l'arbitre entre nous deux; qu'il me venge du mal que tu m'as fait, mais moi-même je ne te ferai rien. Tu connais le proverbe d'autrefois qui dit: “Des méchants ne peut sortir que la méchanceté”, mais moi, je ne te ferai aucun mal. Contre qui le roi d'Israël s'est-il mis en campagne? Contre moi! Tu me pourchasses, moi qui ne suis qu'un chien crevé, qu'une misérable puce! Eh bien, le Seigneur sera l'arbitre entre nous; qu'il examine et défende ma cause, qu'il me rende justice et me délivre de tes attaques.» Lorsque David eut achevé de parler, Saül demanda: «David, mon fils, est-ce bien toi qui me parles?» Et il pleura abondamment. Puis il reprit: «C'est toi qui as raison et moi qui ai tort. Tu m'as fait du bien alors que je t'ai fait du mal. Tu m'as révélé aujourd'hui ta bonté pour moi. Le Seigneur m'avait en effet livré en ton pouvoir, mais tu ne m'as pas tué. D'habitude, quand un homme surprend son ennemi, le laisse-t-il s'en aller sain et sauf? Jamais! Que le Seigneur te récompense donc pour le bien que tu m'as fait aujourd'hui. Par ailleurs, je sais que tu seras roi un jour et que, sous ton autorité, le royaume d'Israël sera stable. Alors jure-moi au nom du Seigneur qu'après ma mort, tu n'effaceras pas tout souvenir de moi et de ma famille en exterminant mes descendants.» David le lui jura. Puis Saül retourna chez lui, tandis que David et ses compagnons regagnaient leur refuge dans la montagne. A cette époque, Samuel mourut. Tous les Israélites se rassemblèrent pour prendre part aux cérémonies de deuil; on l'enterra chez lui à Rama. Ensuite, David se rendit au désert de Paran. Dans la localité de Maon habitait un homme, un important propriétaire, qui possédait trois mille moutons et mille chèvres. Ses domaines se trouvaient à Karmel et il y était alors pour la tonte de ses troupeaux. Il s'appelait Nabal, et sa femme Abigaïl. Celle-ci était intelligente et belle, tandis que son mari était dur et méchant. Il était du clan de Caleb. Dans le désert, David apprit que Nabal procédait à la tonte de ses bêtes. Il décida de lui envoyer dix de ses compagnons auxquels il dit: «Allez à Karmel, chez Nabal, et demandez-lui de ma part si tout va bien. Vous lui direz: “Que l'année te soit favorable! Que tout aille bien pour toi, pour ta famille et pour tout ce qui t'appartient. David a appris que les tondeurs sont chez toi. Or, pendant tout le temps où tes bergers étaient à Karmel avec nous, nous ne leur avons fait aucun mal et ils n'ont rien perdu. Tu peux les interroger, ils te le confirmeront. David te prie donc d'être bienveillant envers nous, en ce jour de fête où nous venons à toi; donne-nous, pour nous et ton serviteur David, ce dont tu peux disposer.” » Les compagnons de David allèrent porter ce message à Nabal, de la part de David, puis ils attendirent. Mais Nabal leur répondit: «David, le fils de Jessé, qui est-ce? Aujourd'hui il y a bien trop d'esclaves qui s'évadent de chez leurs maîtres. Et moi, je devrais prendre de mon pain, de mon eau, de la viande que j'ai préparée pour mes tondeurs, et les donner à des gens dont je ne sais même pas d'où ils viennent!» Les compagnons de David s'en retournèrent et vinrent lui rapporter la réponse de Nabal. David leur ordonna: «Que chacun prenne son épée!» Chacun passa son épée dans sa ceinture; David prit aussi la sienne. Quatre cents hommes environ partirent avec lui, tandis que deux cents autres restaient auprès des bagages. Un des serviteurs de Nabal vint avertir Abigaïl, la femme de son maître, en ces termes: «Depuis le désert, David a envoyé des messagers saluer notre maître, mais celui-ci les a mal reçus. Pourtant, ces gens ont été très bons pour nous, ils ne nous ont fait aucun mal et nous n'avons rien perdu pendant tout le temps que nous les avons côtoyés dans les campagnes. Jour et nuit, ils ont été comme une muraille protectrice autour de nous, aussi longtemps que nous avons gardé les troupeaux dans la région où ils étaient. Maintenant donc, réfléchis bien à ce que tu dois faire, car, sans aucun doute, le malheur va s'abattre sur notre maître et sur sa famille. Il a lui-même si mauvais caractère qu'on ne peut rien lui dire.» Abigaïl se hâta de prendre deux cents pains, deux outres de vin, cinq moutons tout apprêtés, cinq mesures de grains grillés, cent grappes de raisins secs et deux cents gâteaux de figues. Elle chargea le tout sur des ânes, puis ordonna à ses serviteurs: «Passez en avant, je vous suis.» Abigaïl n'avait rien dit à Nabal, son mari. Installée sur son âne, elle descendait, cachée par la colline. Pendant ce temps, David et ses compagnons avançaient dans sa direction. Soudain elle se trouva en face d'eux. David venait justement de se dire: «Voilà ce que j'ai gagné à protéger, dans le désert, tous les biens de cet individu, afin qu'il ne subisse aucune perte: il me rend le mal pour le bien! Alors, que Dieu m'inflige la plus terrible des punitions si jusqu'à demain matin je laisse un seul homme en vie dans la famille de Nabal.» Dès qu'Abigaïl aperçut David, elle descendit en hâte de son âne; elle s'inclina devant David, se jeta le visage contre terre à ses pieds et lui dit: «A moi la faute, Excellence, à moi seule! Permets-moi toutefois de te parler, écoute ce que j'ai à te dire. Ne t'occupe pas de Nabal, c'est un vaurien qui mérite bien son nom: il s'appelle Nabal l'Abruti, et il est vraiment une brute. Quant à moi, je n'avais pas vu que tu nous avais envoyé quelques-uns de tes compagnons. Mais maintenant, par le Seigneur vivant et par ta propre vie, le Seigneur lui-même te retient d'en venir au meurtre et de te faire justice toi-même. Que tes ennemis et ceux qui te veulent du mal subissent le même sort que Nabal. Accepte les cadeaux que je t'apporte, qu'ils soient répartis entre les jeunes hommes qui t'accompagnent. Veuille aussi me pardonner ma faute. En effet, je suis sûre que le Seigneur accordera pour toujours le règne à ta famille, car tu participes aux guerres du Seigneur, et on ne pourrait trouver aucun mal en toi tout au long de ton existence. Un homme s'est mis en tête de te poursuivre, il veut ta mort; mais le Seigneur ton Dieu protégera toujours ta vie en la gardant auprès de lui, tandis qu'il rejettera au loin la vie de tes ennemis, comme avec une fronde. Lorsque le Seigneur accomplira tous les bienfaits qu'il t'a promis et fera de toi le chef d'Israël, il ne faudrait pas que tu aies la conscience tourmentée par le remords d'avoir tué inutilement quelqu'un et de t'être fait justice toi-même. Et quand le Seigneur t'aura accordé le bonheur, souviens-toi de moi!» David répondit à Abigaïl: «Je remercie le Seigneur, le Dieu d'Israël, qui t'a envoyée en ce moment à ma rencontre. Je te remercie aussi, toi qui, avec bon sens, m'as empêché d'en venir au meurtre et de me faire justice moi-même. Vraiment, par le Seigneur vivant, le Dieu d'Israël qui m'a retenu de te faire du mal, je te jure que, si tu n'étais pas venue aussi rapidement à ma rencontre, demain à l'aube il ne serait plus resté un seul homme vivant dans la famille de Nabal.» David accepta ce qu'Abigaïl lui avait apporté, puis il reprit: «Retourne en paix chez toi. Tu vois, j'ai entendu ta supplication et je l'accueille favorablement.» Lorsque Abigaïl arriva à la maison, elle y trouva Nabal en train de festoyer: c'était un vrai festin de roi. Nabal était si joyeux et tellement ivre qu'elle ne lui dit pas un mot avant l'aube. Elle attendit que son ivresse soit dissipée, au matin, pour lui raconter ce qui s'était passé. Nabal en reçut un tel choc qu'il resta paralysé. Une dizaine de jours plus tard, le Seigneur le frappa d'une nouvelle attaque et il mourut. Quand David apprit la mort de Nabal, il s'écria: «Je remercie le Seigneur qui a pris ma défense au moment où j'étais insulté par l'attitude de Nabal. Je le remercie de m'avoir retenu de faire le mal, et d'avoir fait retomber sur la tête de Nabal sa propre méchanceté.» Puis David envoya des messagers proposer à Abigaïl de devenir sa femme. Les messagers arrivèrent chez elle à Karmel et lui dirent: «David nous envoie te chercher pour que tu deviennes sa femme.» Abigaïl s'inclina devant eux, le visage contre terre, et répondit: «Je deviendrai l'esclave de son Excellence; je suis prête à laver les pieds de ses serviteurs.» Elle se releva en hâte, monta sur son âne et, accompagnée de cinq servantes, partit à la suite des messagers de David; et elle devint sa femme. Précédemment, David avait déjà épousé Ahinoam, de Jizréel; Ahinoam et Abigaïl furent donc toutes deux ses épouses. Quant à la première femme de David, Mikal, fille de Saül, son père l'avait donnée en mariage à Palti, fils de Laïch, de Gallim. Les habitants de Zif allèrent trouver Saül à Guibéa et lui dirent: «Ne sais-tu pas que David se cache dans les collines de Hakila, près de la plaine inculte?» Saül se mit donc en route pour le désert de Zif afin d'y chercher David. Il était accompagné de trois mille des meilleurs soldats d'Israël. Il établit son camp dans les collines de Hakila, au bord de la route. David, qui se tenait dans le désert, apprit que Saül venait l'y pourchasser. Il envoya des gens s'informer, et eut ainsi la certitude que Saül était arrivé. Il se rendit à l'emplacement du camp de Saül et repéra l'endroit précis où dormaient Saül et Abner, fils de Ner, le chef de l'armée; Saül dormait au centre du camp, et toute la troupe campait autour de lui. David appela Ahimélek le Hittite et Abichaï, frère de Joab, dont la mère s'appelait Serouia; il leur demanda: «L'un de vous viendrait-il avec moi jusqu'au camp de Saül?» – «J'irai avec toi», répondit Abichaï. Pendant la nuit, David et Abichaï se rendirent au camp de l'armée: Saül, couché, dormait au centre du camp, sa lance plantée en terre près de sa tête. Abner et la troupe dormaient tout autour de lui. Abichaï dit à David: «Cette nuit, Dieu livre ton ennemi en ton pouvoir. Permets-moi d'aller le clouer au sol avec sa lance. Un coup suffira, je n'aurai pas besoin de lui en donner un deuxième.» – «Non, répondit David, ne le tue pas! Penses-tu que l'on puisse rester impuni après avoir attenté à la vie du roi que le Seigneur a choisi? Par le Seigneur vivant, je te l'affirme, le Seigneur lui-même mettra fin à sa vie, soit qu'il meure de mort naturelle, soit qu'il succombe au cours d'un combat. Mais que le Seigneur me préserve d'attenter à la vie du roi qu'il s'est choisi. Contentons-nous de prendre la lance qui est près de son chevet et la cruche d'eau, et allons-nous-en.» David prit la lance et la cruche près de la tête de Saül et ils s'en allèrent. Personne ne se réveilla, personne ne vit ni ne sut quoi que ce soit; tout le monde dormait, car le Seigneur avait fait tomber sur eux un profond sommeil. David passa de l'autre côté de la vallée et se tint sur une hauteur, à bonne distance du camp de Saül. Il cria en direction de l'armée pour appeler Abner, fils de Ner: «Eh, Abner! Réponds donc!» – «Qui ose déranger ainsi le roi?» demanda Abner. David reprit: «Abner, tu es un homme, n'est-ce pas? Il n'y a pas de meilleur soldat que toi en Israël! Alors pourquoi n'as-tu pas mieux protégé le roi, ton maître? Quelqu'un est venu pour le tuer. Par le Seigneur vivant, ce n'est pas beau de négliger ainsi ton devoir! Vous mériteriez tous la mort pour n'avoir pas protégé votre maître, le roi choisi par le Seigneur! Regarde donc au chevet du roi: Où sont sa lance et sa cruche d'eau?» Saül reconnut la voix de David et demanda: «David, mon fils, est-ce bien toi qui me parles?» – «C'est bien moi, Majesté», répondit David. Et il ajouta: «Pourquoi le roi me poursuit-il? Que lui ai-je fait? Quel mal ai-je commis? Que le roi veuille bien écouter ce que j'ai à lui dire: Si c'est le Seigneur qui l'a poussé à agir ainsi envers moi, qu'il se laisse apaiser par un sacrifice. Mais si ce sont des hommes, que le Seigneur les maudisse. En effet, on me chasse aujourd'hui, on m'empêche de résider dans le pays accordé par le Seigneur à son peuple, et c'est comme si on me disait: “Va adorer d'autres dieux!” Mais moi, je ne veux pas mourir loin de la présence du Seigneur. Pourquoi le roi s'est-il mis en campagne contre moi, une simple puce? Pourquoi me pourchasse-t-il, comme on chasse une perdrix dans les montagnes?» Saül s'écria: «Je suis coupable! Reviens, David, mon fils, je ne te ferai plus de mal, puisque cette nuit tu as respecté ma vie. Je me suis conduit comme un insensé, je me suis lourdement trompé.» David répondit: «La lance du roi est ici; l'un de ses jeunes soldats peut venir la récupérer. Que le Seigneur récompense chacun de nous de son respect du droit et de sa fidélité. Aujourd'hui le Seigneur t'avait livré en mon pouvoir, mais je n'ai pas voulu attenter à ta vie, car tu es le roi choisi par le Seigneur. De même que ta vie a eu un grand prix pour moi, que ma vie ait un grand prix pour le Seigneur, et qu'il me délivre de toute détresse.» Alors Saül déclara: «Que le Seigneur te bénisse, David, mon fils. Tu feras de grandes choses, tu réussiras certainement.» David s'en alla de son côté, tandis que Saül retournait chez lui. David réfléchit et se dit: «Un jour ou l'autre, Saül parviendra à m'éliminer. Je n'ai pas de meilleure solution que de m'enfuir dans le pays des Philistins. Saül cessera de me pourchasser dans tout le territoire d'Israël, et ainsi je lui aurai échappé.» Alors David partit avec ses six cents compagnons et se rendit chez Akich, fils de Maok et roi de Gath. Ils s'installèrent tous à Gath, auprès d'Akich, chacun avec sa famille; David avait avec lui ses deux femmes, Ahinoam, de Jizréel, et Abigaïl, veuve de Nabal, de Karmel. Lorsque Saül apprit que David s'était réfugié à Gath, il cessa de le pourchasser. Un jour, David dit à Akich: «Si le roi considère que je suis digne de sa confiance, qu'il m'autorise à m'installer dans l'une des localités de la campagne. Pourquoi devrais-je résider avec lui dans la ville royale?» Le jour même, Akich lui donna la ville de Siclag. Voilà pourquoi cette ville a fait partie, jusqu'à maintenant, du territoire des rois de Juda. Le séjour de David dans le pays des Philistins dura un an et quatre mois. De Siclag, David et ses compagnons lançaient des attaques contre les Guéchourites, les Guirzites ou les Amalécites, c'est-à-dire les populations qui habitaient entre Télem et Chour et jusqu'à la frontière de l'Égypte. Ils dévastaient leur pays et ne laissaient en vie ni homme ni femme; ils emmenaient les moutons et les bœufs, les ânes et les chameaux, ainsi que les vêtements, et revenaient auprès d'Akich. Quand Akich demandait à David: «Contre qui avez-vous lancé une attaque aujourd'hui?», David lui répondait: «Contre la partie sud du territoire de Juda», ou «Contre la partie sud du territoire des Yeramélites», ou encore «Contre la partie sud du territoire des Quénites». David ne laissait ramener vivant à Gath ni homme ni femme, qui auraient pu, craignait-il, donner à son sujet des informations défavorables, en disant: «Voilà ce que David a fait.» David agit de cette manière pendant tout le temps qu'il résida dans le pays des Philistins. C'est pourquoi Akich avait pleine confiance en lui, car il pensait: «David s'est rendu absolument odieux à ses compatriotes israélites. Il sera donc pour toujours à mon service.» A cette époque-là, les Philistins rassemblèrent leurs troupes en une seule armée pour aller combattre Israël. Akich dit à David: «Il est entendu que, toi et tes compagnons, vous participerez avec moi à cette expédition.» – «Très bien, répondit David. Tu verras toi-même ce que je vais faire.» – «Dans ces conditions, reprit Akich, je te prends comme garde du corps pour toujours.» A la mort de Samuel, tous les Israélites avaient pris part aux cérémonies de deuil, puis on l'avait enterré dans sa ville de Rama. Par ailleurs, Saül avait interdit dans son royaume les pratiques consistant à évoquer et interroger les morts. Un jour, les Philistins rassemblèrent leurs troupes et vinrent camper près de Chounem. Saül mobilisa l'armée d'Israël, qui campa près du mont Guilboa. Lorsque Saül vit le camp des Philistins, il eut très peur et se mit à trembler comme une feuille. Il voulut consulter le Seigneur, mais celui-ci ne lui répondit ni par un rêve, ni par les dés sacrés du prêtre, ni par un prophète. Alors Saül donna cet ordre à ses officiers: «Cherchez-moi une femme capable d'interroger les morts, pour que je puisse aller la consulter.» – «Il y en a une à En-Dor », lui répondit-on. Saül se déguisa et partit pour En-Dor avec deux compagnons; il arriva de nuit chez la femme et lui dit: «Je désire que tu interroges un mort pour moi. Fais apparaître celui que je vais t'indiquer.» – «Mais, répondit la femme, tu sais bien que Saül a éliminé du pays les pratiques consistant à évoquer et interroger les morts. Est-ce que tu cherches à me tendre un piège pour me faire mourir?» – «Par le Seigneur vivant, déclara Saül, je te jure que tu ne risques rien dans cette affaire.» – «Qui donc dois-je faire apparaître pour toi?» demanda la femme. Il répondit: «Samuel.» Lorsque la femme vit Samuel, elle poussa un grand cri, puis elle interpella Saül en ces mots: «Mais tu es Saül! Pourquoi m'as-tu trompée?» – «Ne crains rien, répondit le roi. Dis-moi plutôt ce que tu as vu.» – «J'ai vu une sorte de fantôme qui montait des profondeurs de la terre», dit-elle. Le roi reprit: «Comment est-il?» – «C'est un homme âgé, enveloppé d'un manteau», dit-elle. Saül comprit qu'il s'agissait bien de Samuel, et il s'inclina respectueusement jusqu'à terre. Samuel lui demanda: «Pourquoi as-tu troublé mon repos? Pourquoi m'as-tu fait appeler?» – «Je suis tellement angoissé, répondit Saül. Les Philistins m'ont déclaré la guerre et Dieu s'est détourné de moi. Il ne me répond plus, ni par un prophète, ni par un rêve. Alors je t'ai fait appeler: viens me dire ce que je dois faire.» – «Pourquoi m'interroger, moi? dit Samuel. Tu vois bien que le Seigneur lui-même s'est détourné de toi et qu'il est devenu ton ennemi. Il a accompli ce que j'avais annoncé de sa part: il t'a repris la royauté pour la donner à un autre, à David. Tu as refusé d'obéir aux ordres du Seigneur, en n'exterminant pas complètement les Amalécites. C'est pourquoi le Seigneur te traite aujourd'hui de cette manière. Il va te livrer, ainsi que ton peuple, au pouvoir des Philistins. Demain, toi et tes fils, vous serez avec moi dans le monde des morts, et ton armée sera au pouvoir des Philistins.» Dès qu'il eut entendu ces paroles de Samuel, Saül s'écroula de tout son long, saisi d'une peur épouvantable. De plus il était sans force, n'ayant rien mangé depuis le jour précédent. La femme s'approcha de lui et vit combien il était épouvanté. Alors elle lui dit: «J'ai obéi à tes ordres. Au risque de ma vie, j'ai fait ce que tu m'ordonnais. Maintenant, écoute-moi à ton tour: je vais t'apporter un peu de nourriture; tu mangeras pour reprendre des forces avant de te remettre en route.» Saül refusa de manger quoi que ce soit, mais ses compagnons et la femme insistèrent, si bien qu'il finit par accepter; il se releva de terre et s'assit sur le lit. Sans tarder, la femme tua un veau qu'elle engraissait, puis elle prit de la farine, fit de la pâte et cuisit des galettes de pain. Elle servit ce repas à Saül et à ses compagnons. Après avoir mangé, ils se mirent en route alors qu'il faisait encore nuit. Les Philistins rassemblèrent toutes leurs troupes à Afec, tandis que les Israélites campaient à la source proche de Jizréel. Les chefs des Philistins défilèrent à la tête des compagnies et des régiments; David et ses hommes, qui accompagnaient le roi Akich, ne défilèrent qu'en dernier. Les officiers philistins demandèrent: «Qui sont ces Hébreux?» Akich leur répondit: «Ne reconnaissez-vous pas David, qui fut au service de Saül, roi d'Israël, mais qui est avec moi depuis un ou deux ans? Du jour où il a abandonné son maître jusqu'à présent, je n'ai aucun reproche à lui adresser.» Les officiers philistins se mirent en colère contre Akich et lui dirent: «Renvoie cet homme; qu'il retourne à la ville où tu lui as permis de résider. Il ne faut pas qu'il participe à notre expédition, il pourrait se tourner contre nous au cours du combat. En effet, comment regagnerait-il le mieux la faveur de son ancien maître, sinon en lui livrant nos hommes? N'oublions pas que c'est ce David dont les femmes disaient en chantant et en dansant: “Saül a battu des milliers d'ennemis, David en a battu des dizaines de milliers.” » Akich appela donc David et lui dit: «Par le Seigneur vivant, tu es un homme loyal. Je trouvais judicieux que tu participes avec moi à cette expédition militaire, car, du jour où tu es arrivé chez moi jusqu'à présent, je ne t'ai jamais vu mal agir. Mais tu ne plais pas aux autres chefs philistins. Par conséquent, retourne en paix chez toi, afin de ne pas les indisposer.» David lui demanda: «Mais qu'ai-je donc fait? Qu'as-tu à me reprocher, depuis le jour où je suis entré à ton service jusqu'à présent, pour que je ne puisse pas aller combattre tes ennemis?» – «Rien, je le sais, répondit Akich. Tu m'es aussi agréable qu'un ange de Dieu. Seulement, les officiers philistins m'ont dit: “Il ne doit pas participer à notre expédition!” Tu devras donc te lever tôt demain matin, de même que les hommes qui t'ont accompagné, et vous irez à l'endroit où je vous ai permis de résider. Ne garde pas de rancune en ton cœur, car tu m'es agréable; levez-vous tôt et partez dès qu'il fera jour.» Le lendemain matin, David et ses compagnons se levèrent tôt pour retourner au pays des Philistins. Quant aux Philistins, ils se rendirent à Jizréel. Le surlendemain, David et ses compagnons arrivèrent à Siclag. Or les Amalécites avaient lancé une attaque au sud de Juda et contre Siclag; ils avaient détruit et incendié la ville. Ils avaient fait prisonniers les femmes et les autres habitants, petits et grands; ils n'avaient tué personne, mais ils les avaient emmenés et avaient continué leur chemin. Ainsi, lorsque David et ses compagnons arrivèrent à la ville, ils découvrirent qu'elle avait été incendiée, et que leurs femmes, leurs fils et leurs filles avaient été enlevés. Alors David et toute sa troupe se mirent à se lamenter et pleurèrent jusqu'à épuisement. On avait emmené même les deux femmes de David, Ahinoam, de Jizréel, et Abigaïl, veuve de Nabal, de Karmel. Finalement David se vit dans une situation très angoissante, car ses compagnons parlaient de le tuer à coups de pierres; chacun d'eux était plein d'amertume en pensant à ses fils et à ses filles. Cependant, grâce au Seigneur son Dieu, David reprit courage. David dit au prêtre Abiatar, fils d'Ahimélek: «Apporte-moi les objets sacrés pour consulter le Seigneur.» Abiatar les apporta. David interrogea le Seigneur: «Si je poursuis cette bande de pillards, est-ce que je les rattraperai?» – «Poursuis-les, répondit le Seigneur. Tu les rattraperas et tu délivreras les prisonniers.» David et ses six cents compagnons se mirent en route. Lorsqu'ils arrivèrent au torrent du Bessor, deux cents hommes, trop fatigués pour traverser le torrent, s'arrêtèrent à cet endroit. David continua la poursuite avec les quatre cents autres. Dans la campagne, les soldats trouvèrent un jeune Égyptien qu'ils amenèrent à David. On lui donna du pain à manger et de l'eau à boire, puis une tranche de gâteau de figues et deux grappes de raisins secs. Quand il eut mangé cela, il retrouva des forces, car il n'avait rien mangé ni bu depuis trois jours et trois nuits. David l'interrogea: «A qui appartiens-tu et d'où viens-tu?» – «Je suis un Égyptien, esclave d'un Amalécite, répondit-il. Mon maître m'a abandonné il y a trois jours parce que j'étais tombé malade. Auparavant nous avions lancé des attaques contre le sud des territoires des Crétois, des Judéens et des Calébites, et nous avions incendié la ville de Siclag.» – «Veux-tu me conduire jusqu'à cette bande de pillards?» lui demanda David. L'homme répondit: «Si tu me jures devant Dieu que tu ne me mettras pas à mort, ou que tu ne me livreras pas à mon maître, je te conduirai jusqu'à eux.» L'homme conduisit donc David jusqu'aux Amalécites, qu'ils trouvèrent éparpillés dans toute la région, mangeant, buvant, faisant la fête avec le riche butin emporté du pays des Philistins et du pays de Juda. David les combattit victorieusement de l'aube jusqu'au soir du lendemain. Personne n'en réchappa, sauf quatre cents jeunes gens qui réussirent à s'enfuir à dos de chameaux. David put sauver tout ce que les Amalécites avaient pris; il délivra en particulier ses deux femmes. Personne ne manquait des petits et des grands, des fils et des filles, et le butin était intact. Tout ce que les ennemis avaient emporté, David le récupéra. Il s'empara aussi des troupeaux de moutons et de bœufs des Amalécites, et ceux qui conduisaient ce bétail disaient: «Voici le butin de David!» David retourna auprès des deux cents hommes qui avaient été trop fatigués pour le suivre et qu'on avait laissés près du torrent du Bessor. Ils vinrent au-devant de David et de ceux qui l'accompagnaient. David s'avança avec sa troupe et les salua. A ce moment-là, un groupe de mauvais sujets et de vauriens, parmi les soldats qui avaient accompagné David, déclarèrent: «Puisqu'ils ne sont pas venus avec nous, on ne leur donnera rien du butin récupéré; on rendra seulement à chacun sa femme et ses enfants. Qu'ils les emmènent et s'en aillent.» Mais David dit: «Mes amis, n'agissez pas ainsi avec ce que le Seigneur nous a donné. Il nous a protégés, il nous a même livré la bande de pillards qui avaient attaqué Siclag. Personne ne peut approuver votre proposition. En effet, “A chacun sa part de butin, à celui qui marche au combat comme à celui qui garde le camp: entre eux, ils partageront.” » Ce jour-là David érigea cette décision en règle légale pour Israël; et cette règle est encore valable aujourd'hui. De retour à Siclag, David envoya des parts de butin à ceux des anciens de Juda qui étaient ses amis. Il leur faisait dire: «Voici pour vous un cadeau tiré du butin pris aux ennemis du Seigneur.» Il en envoya aux anciens de Béthel, de Ramoth dans le Néguev, de Yattir, à ceux d'Aroër, de Sifmoth, d'Echtemoa, de Rakal, à ceux des villes des Yeramélites et des Quénites, à ceux de Horma, de Bor-Achan, d'Atak, d'Hébron, et à ceux de toutes les localités où il était passé précédemment avec ses compagnons. Sur le mont Guilboa, les Philistins attaquèrent les Israélites. Ceux-ci s'enfuirent et beaucoup furent tués. Les Philistins s'acharnèrent alors contre Saül et ses fils. Ils réussirent à tuer Jonatan, Abinadab et Malkichoua, les fils du roi. Dès lors, tout le poids du combat se porta contre Saül. Des tireurs à l'arc le découvrirent, et Saül en fut terrifié. Il dit à celui qui portait ses armes: «Prends ton épée et tue-moi, car je ne veux pas que ces Philistins païens me tuent eux-mêmes et se moquent de moi.» Mais son porteur d'armes refusa, tant il avait peur. Alors Saül prit son épée et se jeta dessus. Lorsque le porteur d'armes vit que son maître était mort, il se jeta aussi sur son épée et mourut. C'est ainsi que Saül, ses trois fils, son porteur d'armes et ses soldats moururent tous le même jour. Les Israélites qui habitaient l'autre côté de la vallée et l'autre rive du Jourdain apprirent que l'armée d'Israël avait fui, et que Saül et ses fils étaient morts; ils abandonnèrent alors leurs villes pour s'enfuir, et les Philistins vinrent s'y installer. Le lendemain, les Philistins, venus pour dépouiller les morts, trouvèrent les cadavres de Saül et de ses trois fils sur le mont Guilboa. Ils coupèrent la tête de Saül, lui enlevèrent ses armes, et firent circuler ces trophées dans leur pays, afin de répandre cette bonne nouvelle dans les temples de leurs idoles et parmi le peuple. Ensuite ils déposèrent ses armes dans le temple d'Astarté, et attachèrent son cadavre à la muraille de Beth-Chéan. Les habitants de Yabech, en Galaad, apprirent ce que les Philistins avaient fait à Saül. Les hommes les plus courageux de la ville se mirent en route et marchèrent durant toute la nuit jusqu'à Beth-Chéan; ils détachèrent le cadavre de Saül et ceux de ses fils de la muraille de la ville, puis rentrèrent à Yabech. Là ils les brûlèrent. Ils rassemblèrent ensuite leurs ossements, les enterrèrent sous un arbre, le tamaris de Yabech, et jeûnèrent pendant sept jours. Saül était déjà mort quand David revint s'installer à Siclag après avoir battu les Amalécites. Il y passa deux jours. Le troisième jour, un jeune messager venant du camp de Saül arriva. Il avait les vêtements déchirés et de la poussière sur la tête, en signe de deuil. Dès qu'il fut près de David, il s'inclina jusqu'à terre. «D'où viens-tu?» lui demanda David. «Je me suis enfui du camp d'Israël», répondit-il. «Raconte-moi donc ce qui s'est passé», dit David. «L'armée d'Israël a pris la fuite au cours du combat, dit l'homme; un grand nombre de soldats ont été tués. Même Saül et son fils Jonatan sont morts.» – «Comment sais-tu que Saül et Jonatan sont morts?» lui demanda encore David. «Je me trouvais par hasard sur le mont Guilboa, raconta le jeune homme. J'ai vu Saül qui s'appuyait sur sa lance; il était serré de près par les chars et les cavaliers ennemis. Il s'est retourné, m'a aperçu et m'a appelé. “Oui, Majesté”, ai-je répondu. Il m'a demandé qui j'étais. Je lui ai répondu que j'étais un Amalécite. Alors il m'a dit de venir lui donner la mort, car il se sentait mal, bien qu'il eût encore tous ses esprits. Je me suis donc approché et je lui ai donné la mort, car je savais qu'il ne survivrait pas à sa défaite. Ensuite, Excellence, j'ai pris la couronne et le bracelet qu'il portait et je te les ai apportés ici.» David déchira ses vêtements et tous ceux qui étaient près de lui firent de même. Jusqu'au soir ils pleurèrent et jeûnèrent, célébrant ainsi le deuil de Saül, de Jonatan et de tous les Israélites, membres du peuple du Seigneur, qui étaient morts au combat. Ensuite David dit au jeune messager: «Qui es-tu?» – «Je suis le fils d'un Amalécite installé dans ce pays», répondit-il. «Et tu n'as pas craint de faire mourir le roi que le Seigneur avait choisi!» s'écria David. Il appela un de ses jeunes soldats et lui ordonna: «Vas-y, tue-le!» Le soldat frappa à mort l'Amalécite, tandis que David lui déclarait: «C'est par ta faute que tu meurs; tu t'es condamné toi-même en disant: “C'est moi qui ai donné la mort au roi choisi par le Seigneur.” » Alors David composa une complainte à l'occasion de la mort de Saül et de Jonatan. Il ordonna de l'enseigner aux habitants de Juda. C'est la «Complainte de l'Arc». La voici, telle qu'on la trouve dans le Livre du Juste: Israël, pourquoi sont-ils morts, tes vaillants guerriers, tes glorieux combattants gisant sur les hauteurs? Ne publiez pas cette nouvelle dans la ville de Gath, ne la propagez pas dans les rues d'Ascalon. Que les femmes des Philistins n'aient pas cette joie, que les filles de ces païens ne triomphent pas. Montagnes de Guilboa, soyez privées de rosée et de pluie, qu'on ne voie plus de champs fertiles sur vos pentes. C'est là qu'ont été déshonorés les boucliers des guerriers, le bouclier de Saül, qui ne sera plus jamais frotté d'huile. Devant les ennemis à tuer, devant la vigueur des adversaires, l'arc de Jonatan ne reculait pas et l'épée de Saül accomplissait toujours sa tâche. Toute leur vie, Saül et Jonatan se sont aimés tendrement, dans leur mort même ils n'ont pas été séparés, eux qui étaient plus rapides que des aigles, plus courageux que des lions. Femmes du pays d'Israël, pleurez sur Saül! Il vous revêtait de beaux habits précieux, il ornait vos robes de bijoux d'or. Pourquoi sont-ils morts en plein combat, les vaillants guerriers, pourquoi Jonatan a-t-il succombé sur les hauteurs? Mon cœur souffre à cause de toi, Jonatan, mon frère, mon meilleur ami. Ton amitié pour moi était merveilleuse, bien plus encore que l'amour des femmes. Pourquoi sont-ils morts, ces vaillants guerriers, pourquoi ont-ils péri, ces illustres soldats? Après ces événements, David consulta le Seigneur: «Dois-je me rendre dans une des villes de Juda?» demanda-t-il. «Oui», répondit le Seigneur. «Dans laquelle?» demanda encore David. «A Hébron », dit le Seigneur. David s'y rendit, accompagné de ses deux femmes, Ahinoam, de Jizréel, et Abigaïl, veuve de Nabal, de Karmel. Il emmena également ses compagnons et leurs familles, qui s'installèrent dans les localités voisines d'Hébron. Alors les gens de Juda vinrent à Hébron pour y consacrer David roi de Juda. Lorsqu'on informa David que les habitants de Yabech, en Galaad, avaient enterré Saül, il envoya des messagers leur dire: «Que le Seigneur vous bénisse d'avoir enterré Saül votre maître et d'avoir montré un tel attachement à son égard. Que le Seigneur à son tour vous traite avec bonté et fidélité. Quant à moi, je vous ferai aussi du bien, puisque vous avez agi ainsi. Et maintenant, reprenez courage, soyez des hommes résolus. Votre maître Saül est mort, et c'est moi que les gens de Juda ont consacré pour que je règne sur eux.» Abner, fils de Ner, le général en chef de Saül, avait emmené Ichebaal, fils de Saül, à Mahanaïm. Là, il l'avait proclamé roi pour les régions de Galaad, d'Asser, de Jizréel, d'Éfraïm et de Benjamin, bref pour tout Israël. Ichebaal avait quarante ans lorsqu'il devint roi d'Israël, et il régna deux ans. Seule la tribu de Juda reconnut l'autorité de David. Celui-ci régna sur Juda, à Hébron, durant sept ans et demi. Abner, fils de Ner, et la garde d'Ichebaal, fils de Saül, quittèrent Mahanaïm et prirent la direction de Gabaon. Joab, dont la mère s'appelait Serouia, et la garde de David se mirent aussi en route. Les deux troupes se rencontrèrent près du réservoir de Gabaon et prirent position de part et d'autre de ce réservoir. Abner dit à Joab: «Je propose que nos jeunes soldats luttent en combat singulier devant nous.» – «D'accord», répondit Joab. Des soldats s'avancèrent; on en compta douze de la tribu de Benjamin, représentant Ichebaal, et douze de la garde de David. Chaque soldat saisit son adversaire par la tête et lui planta son épée dans le côté, de sorte qu'ils tombèrent tous ensemble. On appela cet endroit de Gabaon le Champ des Rochers. Le même jour, un combat extrêmement violent éclata. Abner et ses hommes furent battus par la garde de David. Joab, Abichaï et Assaël, dont la mère s'appelait Serouia, étaient présents. Assaël, qui était aussi léger et rapide qu'une gazelle sauvage, se mit à poursuivre Abner, sans dévier ni à droite ni à gauche. Abner, tournant la tête, demanda: «Est-ce bien toi, Assaël?» – «Oui, c'est bien moi», répondit-il. «Poursuis quelqu'un d'autre, à droite ou à gauche, lui dit Abner. Essaie d'attraper l'un des jeunes soldats et de t'emparer de son équipement.» Mais Assaël ne voulut pas cesser de poursuivre Abner. Celui-ci reprit: «Assaël, cesse de me poursuivre! Pourquoi m'obliger à te tuer? Ensuite je ne pourrais plus regarder ton frère Joab en face.» Assaël refusa pourtant de changer de direction. Alors Abner le frappa en plein ventre avec l'extrémité de sa lance; celle-ci ressortit dans le dos d'Assaël, qui s'affaissa et mourut sur place. Tous ceux qui arrivèrent à l'endroit où gisait Assaël s'arrêtèrent. Alors Joab et Abichaï se lancèrent à la poursuite d'Abner. Le soleil se couchait lorsqu'ils arrivèrent à Guibéa-Amma, à l'est de Guia sur le chemin du désert de Gabaon. Les soldats benjaminites se groupèrent en rangs serrés auprès d'Abner, et occupèrent le sommet d'une colline. Abner interpella Joab: «Allons-nous sans fin brandir l'épée pour nous exterminer? Ne comprends-tu pas que cette affaire finira tristement? Qu'attends-tu donc pour ordonner à tes soldats d'arrêter cette poursuite fratricide?» – «Par le Dieu vivant, s'écria Joab, je t'assure que si tu n'avais pas demandé cet arrêt, mes hommes n'auraient pas cessé de vous poursuivre avant demain matin.» Joab fit sonner de la trompette. Ses soldats cessèrent de poursuivre les Israélites et mirent fin au combat. Abner et ses hommes cheminèrent toute cette nuit-là dans la vallée du Jourdain, puis franchirent le fleuve, traversèrent tout le Bitron et arrivèrent à Mahanaïm. Joab, ayant cessé de poursuivre Abner, rassembla sa troupe. Seuls dix-neuf soldats de la garde de David manquaient à l'appel, en plus d'Assaël. Par contre, la garde de David avait frappé à mort trois cent soixante Benjaminites et autres soldats d'Abner. On emporta le corps d'Assaël et on le déposa dans le tombeau de son père à Bethléem. Ensuite Joab et ses hommes marchèrent toute la nuit et atteignirent Hébron au lever du jour. La guerre dura longtemps entre les partisans de Saül et ceux de David. Mais David consolidait de plus en plus sa position, tandis que les descendants de Saül perdaient progressivement leur pouvoir. A Hébron, David eut plusieurs fils. Il eut Amnon, l'aîné, d'Ahinoam, de Jizréel; Kilab, le second, d'Abigaïl, veuve de Nabal, de Karmel; Absalom, le troisième, de Maaka, fille de Talmaï, roi de Guéchour; Adonia, le quatrième, de Haguite; Chefatia, le cinquième, d'Abital; Itréam, le sixième, d'Égla, elle aussi femme du roi. Tels furent les fils de David qui naquirent à Hébron. Tant que la guerre dura entre partisans de Saül et partisans de David, Abner renforça son pouvoir dans le parti de Saül. Saül avait eu une épouse de second rang, du nom de Rispa, fille d'Aya. A son sujet, Ichebaal dit un jour à Abner: «Pourquoi as-tu couché avec une épouse de mon père?» Abner fut vivement indigné en entendant ces mots et déclara: «Suis-je un chien, à la solde des Judéens? Jusqu'à présent, j'ai prouvé mon attachement à l'égard de la famille de ton père Saül, de ses frères et de ses amis, j'ai tout fait pour que tu ne tombes pas entre les mains de David, et toi, aujourd'hui, tu me reproches un écart avec cette femme! Que le Seigneur m'inflige la plus terrible des punitions si je ne réalise pas pour David ce que le Seigneur lui a promis. Car il a juré de retirer la royauté à la famille de Saül afin d'étendre l'autorité royale de David sur Israël comme sur Juda, d'un bout à l'autre du pays.» Ichebaal fut incapable de lui répondre un seul mot, tant il avait peur de lui. Là-dessus, Abner envoya des messagers à David pour lui dire: «A qui appartient le pays? Conclus une alliance avec moi, et je t'aiderai à rallier tout Israël autour de toi.» David lui répondit: «Bien, je suis d'accord de conclure une alliance avec toi. Je ne te demande qu'une chose: Ne viens pas me trouver sans te faire précéder par ma femme Mikal, fille de Saül. A cette condition, tu pourras te présenter devant moi.» Puis David envoya des messagers à Ichebaal, fils de Saül, pour lui dire: «Rends-moi ma femme Mikal, que j'ai épousée au prix de cent prépuces de Philistins.» Alors Ichebaal fit venir Mikal de chez son mari Paltiel, fils de Laïch. Paltiel l'accompagna. Tout en pleurs, il marcha derrière elle jusqu'à Bahourim. Là, Abner lui ordonna de retourner chez lui et il obéit. Abner eut un entretien avec les anciens d'Israël; il leur dit: «Depuis longtemps, vous désirez que David soit votre roi. Eh bien, c'est le moment d'agir! En effet, le Seigneur a déclaré au sujet de David: “C'est par l'intermédiaire de mon serviteur David que je veux délivrer Israël, mon peuple, de la domination des Philistins et de tous ses autres ennemis.” » Abner parla aussi avec les Benjaminites. Ensuite il partit pour Hébron afin d'exposer à David lui-même le projet qui avait reçu le plein accord des Benjaminites et des autres Israélites. Il arriva chez David, à Hébron, avec vingt hommes. David leur offrit un banquet. Abner dit à David: «Majesté, je suis prêt à repartir et à rassembler tous les Israélites autour de toi. Ils concluront une alliance avec toi, et tu pourras alors régner sur tout le pays, comme tu le désires.» David autorisa Abner à s'en aller, et celui-ci partit en paix. Peu après, Joab arriva avec la garde de David; il revenait d'une expédition et rapportait un butin important. Abner n'était plus chez David à Hébron, car le roi l'avait laissé repartir en paix. Dès que Joab fut là avec toute sa troupe, quelqu'un l'informa qu'Abner, fils de Ner, était venu trouver le roi et que celui-ci l'avait laissé repartir en paix. Joab entra chez le roi et lui dit: «Qu'as-tu fait là? Abner vient chez toi, et tu le laisses repartir! Tu connais pourtant bien Abner, fil de Ner! S'il est venu, c'est pour te tromper, pour espionner tes allées et venues et savoir tout ce que tu fais.» Joab sortit de chez le roi et chargea des messagers de rattraper Abner. A l'insu de David, ils le firent revenir de la citerne de Sira. Quand Abner fut de retour à Hébron, Joab l'attira à l'écart, à l'intérieur de la porte de la ville, comme pour lui parler confidentiellement. Et là, il le poignarda en plein ventre, le tuant pour venger la mort de son frère Assaël. Dès que David apprit ce qui s'était passé, il s'écria: «Le Seigneur le sait, moi et mon royaume, nous sommes à jamais innocents du meurtre d'Abner, fils de Ner. Que seuls Joab et toute sa famille en subissent les conséquences! Qu'il y ait toujours dans cette famille des hommes atteints d'écoulements impurs ou de lèpre, des hommes réduits à des occupations féminines, des hommes qui meurent de mort violente ou qui manquent de nourriture!» C'est ainsi que Joab et son frère Abichaï assassinèrent Abner parce que celui-ci avait tué leur frère Assaël lors du combat de Gabaon. David dit à Joab et à tous ceux qui l'accompagnaient: « Déchirez vos vêtements, revêtez-vous d'étoffes grossières et prenez part à la cérémonie funèbre en l'honneur d'Abner.» Le roi David lui-même marcha derrière le corps du défunt. On enterra Abner à Hébron. Le roi éclata en sanglots sur sa tombe, et toute la foule pleura aussi. Puis le roi prononça la complainte suivante, au sujet d'Abner: Pourquoi es-tu mort, Abner, d'une mort digne d'un insensé? Tu n'avais pas les mains liées ni les pieds enchaînés. Pourtant tu es tombé mort comme un homme surpris par des criminels. Tous les assistants continuèrent de pleurer. Ensuite ils s'approchèrent de David pour lui offrir de la nourriture, alors qu'il faisait encore jour, mais le roi fit ce serment: «Que Dieu m'inflige la plus terrible des punitions si je mange un morceau de pain ou quoi que ce soit avant le coucher du soleil!» Le peuple entier en eut connaissance et l'approuva. D'ailleurs le peuple approuvait toujours ce que faisait le roi. Ainsi toute la population de Juda et tous les Israélites surent ce jour-là que ce n'était pas le roi qui avait donné l'ordre d'assassiner Abner, fils de Ner. David dit encore à ses ministres: «Vous rendez-vous compte qu'aujourd'hui un chef, un grand chef d'Israël, est mort? Moi, malgré mon titre de roi, je me sens actuellement faible par rapport à la violence de ces hommes, dont la mère s'appelle Serouia. Que le Seigneur veuille donc les punir lui-même d'avoir commis ce crime.» Ichebaal, fils de Saül, apprit qu'Abner était mort à Hébron; il en fut consterné, et tous les Israélites furent épouvantés. Ichebaal avait sous ses ordres deux chefs de bandes, nommés Baana et Rékab; c'étaient les fils de Rimmon, un Benjaminite de Beéroth. – Beéroth est considéré comme faisant partie du territoire de Benjamin, depuis que ses anciens habitants sont allés se réfugier à Guittaïm, où leurs descendants se trouvent encore aujourd'hui. – D'autre part Jonatan, lui aussi fils de Saül, avait laissé un fils, Mefibaal, qui était estropié des deux jambes. Mefibaal avait cinq ans lorsque arriva de Jizréel la nouvelle de la mort de Saül et de Jonatan; sa nourrice voulut le prendre pour fuir, mais dans sa hâte, elle le laissa tomber et l'enfant en demeura estropié. Rékab et Baana, les fils de Rimmon, de Beéroth, se rendirent chez Ichebaal; ils y arrivèrent à l'heure la plus chaude de la journée, alors qu'il faisait la sieste. Ils apportèrent la tête d'Ichebaal au roi David, à Hébron, et lui dirent: «Majesté, voici la tête d'Ichebaal, le fils de ton ennemi Saül, qui voulait ta mort. En ce jour, le Seigneur t'a vengé de Saül et de ses descendants.» – «Par le Seigneur vivant, qui m'a délivré de toute détresse! s'exclama David. Celui qui m'a annoncé la mort de Saül croyait m'apporter une bonne nouvelle, mais je l'ai fait arrêter et exécuter à Siclag. C'est ainsi que je l'ai récompensé pour sa bonne nouvelle. Comment donc vais-je récompenser des individus malfaisants, qui ont assassiné un homme innocent, dans sa maison, sur son lit? Je vais vous punir du meurtre que vous avez commis et vous éliminer de la surface de la terre.» David donna un ordre à ses jeunes soldats, qui exécutèrent Rékab et Baana. Ensuite on leur coupa les mains et les pieds, que l'on suspendit près du réservoir d'Hébron. Quant à la tête d'Ichebaal, on la déposa dans la tombe d'Abner, fils de Ner, à Hébron. Toutes les tribus d'Israël vinrent trouver David à Hébron et lui dirent: «Nous sommes de ta race, de ta famille. Autrefois, lorsque Saül était encore notre roi, tu étais déjà à la tête des expéditions militaires d'Israël. Et le Seigneur t'avait déjà dit: “C'est toi qui gouverneras Israël, mon peuple, c'est toi qui en seras le chef.” » Tous les anciens d'Israël vinrent également trouver le roi David à Hébron. Celui-ci y conclut un accord avec eux devant le Seigneur, et ils le consacrèrent roi d'Israël. David avait trente ans lorsqu'il devint roi, et il régna quarante ans. A Hébron, il régna sept ans et demi sur la tribu de Juda, puis à Jérusalem, il régna trente-trois ans sur l'ensemble d'Israël et de Juda. Le roi David et ses compagnons marchèrent contre Jérusalem. Les Jébusites, qui habitaient cette région, dirent à David: «Vous n'entrerez pas dans notre ville. Même des aveugles et des boiteux seraient assez forts pour vous repousser.» C'était leur façon d'affirmer que David ne pourrait jamais prendre la ville. David s'empara pourtant de la forteresse de Sion, nommée par la suite Cité de David. Ce jour-là, David avait dit: «Si quelqu'un veut battre les Jébusites, il n'a qu'à attaquer par le canal souterrain pour les atteindre. Je les déteste cordialement, ces boiteux et ces aveugles!» C'est pourquoi l'on dit: «Les aveugles et les boiteux ne sont pas admis dans le temple du Seigneur.» David s'installa dans la forteresse; c'est lui qui la nomma “Cité de David”. Ensuite il fit construire d'autres ouvrages défensifs, entre la terrasse appelée Millo et sa résidence. Ainsi David devint de plus en plus puissant, car le Seigneur, le Dieu de l'univers, était avec lui. Hiram, roi de Tyr, envoya une délégation à David. Il lui fit livrer du bois de cèdre et lui envoya aussi des charpentiers et des tailleurs de pierres, pour lui construire un palais. David reconnut alors que le Seigneur lui-même l'avait établi roi d'Israël et avait donné de l'éclat à son règne, à cause d'Israël, son peuple. Après avoir quitté Hébron pour Jérusalem, David épousa encore d'autres femmes, de rang principal et de second rang, qui lui donnèrent d'autres fils et filles. Voici la liste de ses fils nés à Jérusalem: Chammoua, Chobab, Natan, Salomon, Ibar, Élichoua, Néfeg, Yafia, Élichama, Éliada et Éliféleth. Les Philistins apprirent que l'on avait consacré David roi d'Israël; alors ils se mirent tous en campagne pour s'emparer de lui. David en fut informé et se rendit dans un refuge fortifié. Les Philistins arrivèrent et se déployèrent dans la vallée des Refaïtes. David consulta le Seigneur: «Dois-je aller attaquer les Philistins? demanda-t-il. Les livreras-tu en mon pouvoir?» – «Va les attaquer! répondit le Seigneur. Certainement je te les livrerai.» David se rendit donc à Baal-Perassim, où il battit les Philistins. Il déclara: «Le Seigneur a fait devant moi une brèche dans les rangs de mes ennemis, comme un torrent dans une digue.» De là vient le nom donné à cet endroit, Baal-Perassim, ce qui signifie “le Maître des Brèches”. Les Philistins avaient abandonné sur place leurs idoles; David et ses hommes les emportèrent. Une nouvelle fois, les Philistins se mirent en campagne et se déployèrent dans la vallée des Refaïtes. David consulta de nouveau le Seigneur, qui lui dit: «Ne les attaque pas d'ici! Va te placer sur leurs arrières et approche-toi d'eux aux abords de la forêt de micocouliers. Lorsque tu entendras un bruit de pas à la cime des arbres, interviens avec rapidité, car c'est à ce moment-là que je me serai avancé devant toi pour battre l'armée philistine.» David agit selon les ordres du Seigneur. Il put ainsi battre les Philistins et les poursuivre de Guéba jusqu'à l'entrée de Guézer. David rassembla de nouveau tous les soldats d'élite d'Israël, au nombre de trente mille. Accompagné de cette armée, il se rendit à Baala, en Juda, pour y reprendre le coffre sacré de Dieu; ce coffre porte le nom de “coffre du Seigneur”, du Dieu de l'univers, qui siège au-dessus des chérubins. Il se trouvait dans la maison d'Abinadab, sur la colline. On le déposa sur un char neuf et on l'emmena. Ouza et Ahio, fils d'Abinadab, conduisaient le char où reposait le coffre; Ahio marchait devant. David et tous les Israélites exprimaient leur joie devant le Seigneur en jouant de toutes sortes d'instruments en bois de pin, tels que lyres et harpes, avec accompagnement de tambourins, de sistres et de cymbales. Lorsqu'on arriva près de l'aire de Nakon, les bœufs faillirent faire tomber le coffre sacré. Ouza, de la main, essaya de le retenir. Alors le Seigneur se mit en colère contre lui: il le frappa sur place à cause de ce geste irréfléchi. Ouza mourut là, à côté du coffre. David fut bouleversé de voir que le Seigneur avait porté ce coup mortel à Ouza; il appela l'endroit Pérès-Ouza, nom qui a subsisté jusqu'à maintenant. Ce jour-là, il eut peur du Seigneur et déclara: «Je ne peux pas accueillir chez moi le coffre du Seigneur!» Il renonça donc à transférer le coffre chez lui, dans la Cité de David, mais le fit déposer dans la maison d'Obed-Édom, un homme originaire de Gath. Le coffre y demeura trois mois, et le Seigneur bénit Obed-Édom et tous les siens. On informa le roi David que le Seigneur avait béni la famille d'Obed-Édom en faisant prospérer toutes ses affaires, à cause du coffre sacré. Alors David se rendit chez Obed-Édom, pour en faire amener le coffre à la Cité de David, dans un joyeux cortège. Lorsque les porteurs du coffre eurent avancé de six pas, David sacrifia un taureau et un veau gras. Puis il se mit à danser de toutes ses forces en l'honneur du Seigneur, vêtu seulement du pagne de lin des prêtres. David et les Israélites emmenèrent le coffre du Seigneur à Jérusalem, au milieu des ovations et des sonneries de trompettes. Au moment où le coffre arriva dans la Cité de David, Mikal, fille de Saül, regarda par la fenêtre et vit le roi David danser et tournoyer devant le coffre. Alors elle éprouva un profond mépris pour lui. On vint déposer le coffre à la place qui lui était réservée, dans la tente que David avait fait dresser pour lui. Ensuite David offrit au Seigneur des sacrifices complets et des sacrifices de communion. Quand il eut achevé de les offrir, il bénit le peuple au nom du Seigneur, le Dieu de l'univers. Il fit distribuer des vivres à toute la foule des Israélites; chaque homme et chaque femme reçut une galette de pain, un gâteau de dattes et un gâteau de raisins secs. Ensuite chacun retourna chez soi. David rentra chez lui pour saluer les siens. Mais Mikal sortit au-devant de lui et lui dit: «Qu'il était glorieux, aujourd'hui, le roi d'Israël, lorsqu'il s'est donné en spectacle devant les servantes de ses serviteurs, à moitié nu comme le ferait un homme de rien!» David lui répondit: «C'est en l'honneur du Seigneur que j'ai agi ainsi, lui qui m'a choisi, de préférence à ton père et à toute sa famille, pour faire de moi le chef d'Israël son peuple; et je manifesterai encore ma joie en son honneur. Je m'abaisserai, je m'humilierai encore plus à mes propres yeux, mais c'est ainsi que je serai glorieux, même pour les servantes dont tu parlais.» Mikal, fille de Saül, n'eut pas d'enfant jusqu'à sa mort. Le roi David s'installa dans son palais. Le Seigneur le protégeait de tous les ennemis qui entouraient son royaume. Un jour, le roi dit au prophète Natan: «J'habite une maison en bois de cèdre et le coffre sacré de Dieu n'a pour abri qu'une tente de toile. Qu'en penses-tu?» – «Tu as certainement une idée à ce sujet, répondit Natan. Vas-y, réalise-la, car le Seigneur est avec toi.» Mais la nuit suivante, le Seigneur adressa la parole à Natan pour lui dire: «Va trouver David, mon serviteur. Tu lui diras: Voici ce que te déclare le Seigneur: “Ce n'est pas toi qui me construiras un temple où je puisse habiter. C'est pourquoi tu diras encore à David: Voici ce que te déclare le Seigneur, le Dieu de l'univers: “Lorsque tu n'étais qu'un gardien de moutons, je t'ai pris au pâturage pour faire de toi le chef d'Israël, mon peuple. Je t'ai soutenu dans toutes tes entreprises, j'ai exterminé tes ennemis devant toi. Grâce à moi, tu vas acquérir un renom semblable à celui des plus grands rois de la terre. Je vais donner à Israël, mon peuple, un lieu où je l'installerai pour qu'il y demeure sans rien avoir à craindre. Aucune nation malveillante ne recommencera à l'opprimer comme autrefois, à l'époque où j'ai confié à des juges le soin de gouverner Israël, mon peuple. Je te protégerai toi-même de tous tes ennemis. Enfin, je t'annonce que moi, le Seigneur, je vais t'accorder des descendants. Lorsque sera venu pour toi le moment de mourir, je désignerai l'un de tes propres enfants pour te succéder comme roi, et j'établirai fermement son autorité. C'est lui qui me construira un temple, et moi je l'installerai sur un trône inébranlable. Je serai un père pour lui et il sera un fils pour moi. S'il agit mal, je le punirai comme un père punit son fils. Cependant je ne lui retirerai pas mon appui, comme je l'ai fait pour Saül lorsque je l'ai rejeté et que je l'ai remplacé par toi. Un de tes descendants régnera toujours après toi, car le pouvoir royal de ta famille sera inébranlable.” » Natan rapporta à David tout ce que Dieu lui avait dit dans cette vision. Alors le roi David alla se présenter devant le Seigneur, dans la tente sacrée, et dit: «Seigneur mon Dieu, je sais que ni moi ni ma famille n'avons mérité tout ce que tu nous as déjà accordé. Mais pour toi, Seigneur, ce n'est pas encore suffisant. Voilà que tu fais des promesses pour l'avenir de ma famille; de plus tu m'en informes, moi qui ne suis qu'un homme. Seigneur, que pourrais-je ajouter, puisque tu me connais, moi, ton serviteur? Parce que tu l'as promis et que tu m'aimes, tu as accompli toutes ces choses merveilleuses et tu me les as révélées. Seigneur mon Dieu, comme tu es grand! Personne n'est semblable à toi. Il n'existe vraiment pas d'autre Dieu que toi, comme nous l'avons toujours entendu dire. De même, aucun peuple sur terre n'est semblable à Israël. Tu es venu le libérer, lui seul, de l'oppression des Égyptiens et de leurs dieux, pour en faire ton peuple. Tu l'as rendu célèbre, en accomplissant pour lui des choses merveilleuses ou effrayantes dans ton pays. Tu en as fait ton peuple pour toujours, Seigneur, et tu es devenu son Dieu. Maintenant, Seigneur mon Dieu, accomplis ce que tu as dit, réalise en tout temps ce que tu as promis à mon sujet et au sujet de mes descendants. Ainsi ta renommée sera établie pour toujours; on dira: “Le Dieu d'Israël, c'est le Seigneur de l'univers!” Assure la durée de ma dynastie. En effet, Seigneur de l'univers et Dieu d'Israël, tu m'as révélé ton intention de m'accorder des descendants qui régneront après moi. C'est pourquoi j'ai trouvé le courage de t'adresser cette prière. Seigneur Dieu, c'est toi qui es Dieu, ce que tu dis se réalise! Et tu me promets maintenant ce bonheur! Veuille donc bénir ma famille afin que mes descendants règnent toujours devant toi. Comme tu l'as promis, Seigneur mon Dieu, que ta bénédiction repose toujours sur ma famille!» Par la suite, David battit les Philistins et les humilia en les privant de leur domination sur la région. Il battit aussi les Moabites. Il les obligea à s'étendre par terre et fit mourir les deux tiers d'entre eux, ne laissant en vie qu'un homme sur trois. Dès lors, les Moabites furent des sujets de David, soumis au payement d'un tribut. Il battit encore Hadadézer, fils de Rehob et roi de l'État syrien de Soba, au moment où Hadadézer tentait de reprendre la région de l'Euphrate. Il fit prisonniers mille sept cents cavaliers et vingt mille fantassins de son armée; il garda pour lui une centaine d'attelages, mais fit couper les jarrets de tous les autres chevaux. Là-dessus, les Syriens de Damas vinrent au secours de Hadadézer; David les battit également et tua vingt-deux mille d'entre eux. Il leur imposa des gouverneurs, et les Syriens furent ses sujets, soumis au payement d'un tribut. Ainsi le Seigneur donna la victoire à David dans toutes ses campagnes militaires. David s'empara des boucliers d'or que portaient les gardes de Hadadézer et les emporta à Jérusalem. Il s'empara aussi de grandes quantités de bronze qui se trouvaient à Bétah et à Bérotaï, deux villes du royaume de Hadadézer. Toou, roi de Hamath, apprit que David avait battu toute l'armée de Hadadézer. Il envoya son fils Yoram saluer le roi David et le féliciter de sa campagne victorieuse contre Hadadézer. En effet, Hadadézer était un adversaire de Toou. Yoram apporta à David des objets d'or, d'argent et de bronze. Le roi les consacra au Seigneur, comme il avait consacré l'argent et l'or provenant des nations qu'il avait déjà soumises – Édomites, Moabites, Ammonites, Philistins et Amalécites –, ainsi que du butin pris à Hadadézer. C'est de cette manière que David acquit sa réputation. Après avoir battu les Syriens, David revint et battit encore les Édomites dans la vallée du Sel, tuant dix-huit mille d'entre eux. Il leur imposa des gouverneurs, et les Édomites furent ses sujets. Ainsi le Seigneur donna la victoire à David dans toutes ses campagnes militaires. David régna sur l'ensemble d'Israël. Il rendait la justice avec impartialité à l'égard de tout le peuple. Joab, dont la mère s'appelait Serouia, était chef de l'armée; Yochafath, fils d'Ahiloud, était porte-parole du roi; Sadoc, fils d'Ahitoub, et Ahimélek, fils d'Abiatar, étaient prêtres; Seraya était secrétaire; Benaya, fils de Yoyada, commandait les Crétois et les Pélétiens de la garde royale; les fils de David étaient aussi des prêtres. Un jour, David demanda: «Reste-t-il un survivant de la famille de Saül? J'aimerais le traiter avec bonté, à cause de Jonatan.» Or la famille de Saül avait eu un serviteur nommé Siba; on le fit venir devant le roi. David lui demanda: «Es-tu bien Siba?» – «Oui, Majesté», répondit-il. «Ne reste-t-il plus personne de la famille de Saül que je puisse traiter avec la bonté de Dieu?» reprit le roi. «Il reste un fils de Jonatan, déclara Siba; il a les jambes estropiées.» – «Où est-il?» demanda le roi. «Il se trouve chez Makir, fils d'Ammiel, à Lo-Dabar », répondit Siba. David envoya quelqu'un le chercher à Lo-Dabar. Lorsque Mefibaal, fils de Jonatan et petit-fils de Saül, arriva chez David, il se jeta le visage contre terre devant le roi. David l'interrogea: «Es-tu bien Mefibaal?» – «C'est bien moi, Majesté», répondit-il. «N'aie pas peur! lui dit David. A cause de ton père Jonatan, je veux te traiter avec bonté. Je te rendrai toutes les terres qui appartenaient à ton grand-père Saül et de plus, tu mangeras tous les jours à ma table.» Mefibaal s'inclina et dit: «Pourquoi le roi se préoccupe-t-il de moi, un pauvre chien crevé?» Cependant le roi fit venir Siba, serviteur de Saül, et lui dit: «J'ai donné à Mefibaal, le petit-fils de ton maître, tout ce qui appartenait à Saül et à sa famille. Toi, tes fils et tes serviteurs, vous travaillerez la terre pour lui, afin de fournir à sa famille ce qui leur servira de nourriture. Quant à Mefibaal, il mangera tous les jours à ma table.» Siba, qui avait quinze fils et vingt serviteurs, dit au roi: «Tout ce que le roi m'a ordonné, je le ferai. Toutefois Mefibaal a l'habitude de manger à ma table, puisqu'il est l'un des descendants de Saül.» Mefibaal avait un jeune fils, Mika, et il disposait pour son service personnel de tous ceux qui habitaient la maison de Siba. Du fait qu'il boitait des deux pieds, il s'installa à Jérusalem, pour pouvoir aller chaque jour manger à la table du roi. Quelque temps après, le roi des Ammonites mourut et son fils Hanoun lui succéda. David se dit: «Je veux traiter Hanoun, fils de Nahach, avec bonté, tout comme son père l'a fait à mon égard.» Il envoya donc quelques-uns de ses ministres présenter ses condoléances à Hanoun, à l'occasion de la mort de son père. Lorsque les ministres de David arrivèrent dans le pays des Ammonites, les princes ammonites dirent à leur maître Hanoun: «T'imagines-tu que c'est seulement pour honorer la mémoire de ton père que David envoie des ministres t'apporter ses condoléances? N'est-ce pas plutôt pour qu'ils jouent les espions en parcourant la ville, afin de pouvoir un jour s'en emparer?» Alors Hanoun fit arrêter les ministres de David: on leur rasa la moitié de la barbe, on leur coupa les vêtements à mi-hauteur, au niveau des fesses, et on les renvoya. David en fut informé. Il envoya des messagers à la rencontre de ses ministres, qui étaient écrasés de honte. Le roi leur faisait dire: «Restez à Jéricho jusqu'à ce que vos barbes aient repoussé. Alors seulement vous reviendrez ici.» Les Ammonites comprirent qu'ils s'étaient rendus odieux à David. Ils prirent donc à leur solde vingt mille soldats des États syriens de Beth-Rehob et de Soba, mille hommes de l'armée du roi de Maaka et douze mille de Tob. Dès que David l'apprit, il dépêcha sur les lieux le général Joab avec toute l'armée de métier. Les Ammonites allèrent se ranger en ordre de bataille près de la porte de leur capitale. Les Syriens de Soba et de Beth-Rehob, ainsi que les soldats de Tob et de Maaka, occupaient une autre position dans la campagne. Joab constata qu'il devait faire face à deux fronts, l'un devant lui et l'autre derrière. Il choisit les meilleurs soldats d'Israël et les plaça en face des Syriens. Il confia le reste de l'armée à son frère Abichaï et le plaça en face des Ammonites. Il dit à son frère: «Si les Syriens sont plus forts que moi, tu viendras à mon secours. Si au contraire les Ammonites sont plus forts que toi, c'est moi qui viendrai à ton secours. Montre-toi courageux, combattons avec vaillance pour notre peuple et les villes de notre Dieu. Et que le Seigneur agisse comme il le jugera bon.» Joab et sa troupe s'avancèrent pour combattre les Syriens; ceux-ci s'enfuirent devant lui. Quand les Ammonites virent les Syriens en fuite, ils s'enfuirent eux-mêmes devant Abichaï et rentrèrent dans leur ville. Alors Joab mit fin à la campagne contre les Ammonites et regagna Jérusalem. Les Syriens, constatant qu'ils avaient été battus par les Israélites, rassemblèrent toutes leurs troupes. Hadadézer envoya des messagers mobiliser les Syriens habitant au-delà de l'Euphrate. Ceux-ci arrivèrent à Hélam; à leur tête se trouvait Chobak, commandant en chef de l'armée de Hadadézer. David en fut informé; il rassembla toute l'armée israélite, passa le Jourdain et se rendit à Hélam. Les Syriens se placèrent en ordre de bataille, face à David. Ils attaquèrent, mais ils furent mis en fuite par les Israélites. David et ses troupes tuèrent sept cents attelages de chevaux et quarante mille cavaliers; ils blessèrent le général Chobak lui-même, qui mourut là. Lorsque tous les rois soumis à Hadadézer virent qu'ils avaient été battus par les Israélites, ils firent la paix avec eux et se soumirent à eux. Et les Syriens n'osèrent plus porter secours aux Ammonites. Au printemps suivant – c'est la saison où, d'habitude, les rois partent pour la guerre –, le roi David envoya le général Joab, à la tête de l'armée d'Israël et de ses officiers, combattre les Ammonites; ils ravagèrent leur pays et assiégèrent la capitale Rabba. David, lui, était resté à Jérusalem. Or un après-midi, après s'être reposé, David se leva et alla se promener sur le toit en terrasse du palais. De là, il aperçut une femme qui se baignait. Elle était très belle. Il fit prendre des renseignements sur elle; on lui dit: «C'est Batchéba, la fille d'Éliam et la femme d'Urie le Hittite.» David envoya des messagers l'inviter. Elle vint chez lui, il coucha avec elle, puis elle retourna chez elle. Or elle venait de se purifier, à la suite de ses règles. Batchéba devint enceinte. Elle en avertit David: «J'attends un enfant», lui fit-elle dire. Aussitôt, David adressa l'ordre suivant au général Joab: «Envoie-moi Urie le Hittite.» Joab l'envoya. Urie vint se présenter devant le roi, qui lui demanda des nouvelles de Joab et de l'armée, ainsi que du déroulement de la guerre. Puis il lui dit: «Va chez toi et prends un peu de repos.» Urie quitta le palais et le roi lui fit envoyer un cadeau. Mais Urie ne se rendit pas chez lui; il alla dormir en compagnie des soldats de la garde royale, près de l'entrée du palais. Lorsque David en fut informé, il interrogea Urie: «Voyons, tu viens d'arriver après un long trajet. Pourquoi ne vas-tu pas chez toi?» – «Majesté, répondit Urie, le coffre sacré du Seigneur ainsi que l'armée d'Israël et de Juda n'ont pour abris que des tentes; le général Joab et tes officiers campent en rase campagne. Et pendant ce temps, moi, j'irais à la maison pour manger, boire et dormir avec ma femme? Jamais de la vie je ne ferai une chose pareille, je te le jure!» – «Bon, répondit le roi, reste encore ici aujourd'hui. Je te laisserai repartir demain.» Urie resta donc à Jérusalem jusqu'au lendemain. David l'invita à manger et à boire à sa table, et il l'enivra. Mais le soir, Urie alla quand même dormir avec les soldats de la garde royale, plutôt que de rentrer chez lui. Le lendemain matin, David écrivit une lettre à Joab et la confia à Urie. Il y disait: «Placez Urie en première ligne, là où le combat est le plus violent, puis retirez-vous en le laissant seul, afin qu'il soit atteint par l'ennemi et qu'il meure.» Joab, qui surveillait la ville assiégée, plaça donc Urie à l'endroit qu'il savait gardé par de valeureux soldats ennemis. Les défenseurs de la ville firent une sortie contre les assiégeants. Ils tuèrent quelques soldats et officiers de l'armée de David. Urie lui-même fut tué. Joab envoya alors à David un rapport sur le déroulement du combat, en donnant au messager les instructions suivantes: «Quand tu auras terminé le récit du combat, le roi va peut-être se fâcher et te dire: “Pourquoi vous êtes-vous tellement approchés de la ville lors de ce combat? Ne savez-vous pas que l'on tire du haut de la muraille? Qui a tué Abimélek, le fils de Yeroubaal, à Tébès? C'est une femme! elle a lancé sur lui une grosse pierre, du haut de la muraille, et il est mort! Pourquoi donc vous êtes-vous tellement approchés de la muraille?” Si le roi te parle ainsi, tu lui annonceras: “L'officier Urie, le Hittite, est mort lui aussi.” » Le messager partit et alla présenter à David le rapport dont Joab l'avait chargé: «Les défenseurs de la ville, raconta-t-il, étaient plus forts que nous. Ils ont fait une sortie contre nous en rase campagne. Nous les avons quand même repoussés jusqu'à la porte de la ville. Mais alors, les tireurs à l'arc ont tiré sur nous du haut de la muraille. C'est ainsi que quelques-uns de tes officiers sont morts, entre autres Urie le Hittite.» Le roi répondit au messager: «Va redonner du courage à Joab en lui disant: “Ne prends pas cette affaire au tragique. Dans une guerre, il y a toujours des morts de part et d'autre. Mène fermement l'attaque de la ville et détruis-la.” » Lorsque Batchéba apprit que son mari était mort, elle prit le deuil. Mais quand le temps du deuil fut passé, David la fit venir chez lui. Il l'épousa et elle lui donna un fils. le Seigneur envoya donc le prophète Natan auprès de David. Natan entra chez le roi et lui dit: «Dans une ville, il y avait deux hommes, l'un riche et l'autre pauvre. Le riche avait de grands troupeaux de bœufs et de moutons. Le pauvre ne possédait qu'une seule petite brebis qu'il avait achetée. Il la nourrissait, et elle grandissait chez lui, en même temps que ses enfants. Elle mangeait la même nourriture et buvait le même lait que lui, elle dormait tout près de lui. Elle était comme sa fille. Un jour, un visiteur arriva chez le riche. Celui-ci évita de prendre une bête de ses troupeaux pour le repas; au contraire, il prit la brebis du pauvre et l'apprêta pour son visiteur.» David fut vivement indigné par cette attitude du riche; il dit à Natan: «Aussi vrai que le Seigneur est vivant, l'homme qui a fait cela mérite la mort! Puisqu'il a agi ainsi, sans aucune pitié, il remplacera la brebis volée par quatre autres brebis.» – «L'homme qui a fait cela, c'est toi! répliqua Natan. Et voici ce que déclare le Seigneur, le Dieu d'Israël: “Je t'ai consacré roi d'Israël. Je t'ai sauvé des attaques de Saül. J'ai livré en ton pouvoir la famille de ton maître Saül. J'ai mis dans tes bras les femmes de ton maître. J'ai placé sous ton autorité les peuples d'Israël et de Juda. N'est-ce pas assez? Je pourrais encore en faire bien plus pour toi. Alors pourquoi m'as-tu méprisé en faisant ce qui me déplaît? Tu as assassiné Urie le Hittite, oui, tu as tout organisé pour qu'il soit tué par les Ammonites, puis tu as pris sa femme et tu l'as épousée. Eh bien, dès maintenant, la violence ne cessera jamais de régner dans ta famille, puisque tu t'es moqué de moi en prenant et en épousant la femme d'Urie. Écoute bien ce que je te déclare: Je vais faire venir le malheur sur toi, du milieu de ta propre famille. Sous tes yeux je prendrai tes femmes et je les donnerai à l'un de tes proches, qui couchera avec elles au grand jour. Car ce que tu as fait en cachette, je le ferai arriver en plein jour, à la vue de tout ton peuple.” » David répondit à Natan: «Je suis coupable envers le Seigneur, je le reconnais.» – «Puisqu'il en est ainsi, dit Natan, le Seigneur te pardonne; tu ne mourras pas. Seulement, dans cette affaire, tu as gravement offensé le Seigneur. C'est pourquoi ton enfant qui vient de naître mourra.» Puis Natan retourna chez lui. Le Seigneur frappa d'une maladie l'enfant que Batchéba, la veuve d'Urie, avait donné à David. David supplia Dieu en faveur de l'enfant; il se mit à jeûner et, quand il rentrait chez lui, il passait la nuit couché à même le sol. Les plus respectés de ses serviteurs vinrent auprès de lui et l'invitèrent à se relever, mais il ne le voulut pas et refusa même de manger quoi que ce soit avec eux. Au bout d'une semaine, l'enfant mourut. Les serviteurs redoutaient d'annoncer cette nouvelle à David, car ils se disaient: «Tant que l'enfant était en vie, le roi ne voulait pas tenir compte de ce que nous lui disions. Comment lui annoncer maintenant que l'enfant est mort? Il pourrait commettre un acte désespéré!» David, les voyant chuchoter entre eux, comprit ce qui était arrivé. Il leur demanda: «Est-ce que mon fils est mort?» – «Oui, il est mort», répondirent-ils. Alors David se releva de terre, se baigna, se parfuma et changea de vêtements; puis il se rendit au sanctuaire pour y adorer le Seigneur. A son retour chez lui, il ordonna qu'on lui serve un repas et il mangea. Ses serviteurs l'interrogèrent: «Majesté, que signifie cette façon d'agir? Lorsque ton fils était encore vivant, tu jeûnais et tu pleurais, et maintenant qu'il est mort, tu te relèves et tu te remets à manger!» – «Mais oui, répondit David, tant que mon fils était vivant, j'ai jeûné et pleuré, me disant: “Qui sait? Le Seigneur se montrera peut-être indulgent à mon égard, et permettra que l'enfant survive.” Maintenant qu'il est mort, pourquoi jeûnerais-je? Jamais je ne pourrai le faire revenir à la vie! C'est moi qui irai le rejoindre, et non lui qui reviendra vers moi.» David alla consoler sa femme Batchéba et passa la nuit avec elle. Elle mit au monde un fils, qu'il appela Salomon. Le Seigneur l'aima et le fit savoir à David par l'intermédiaire du prophète Natan. A cause de cet amour, Natan donna à l'enfant le nom de Yedidia, ce qui signifie “aimé du Seigneur”. Pendant ce temps, le général Joab avait attaqué Rabba, la capitale des Ammonites, et s'était emparé du quartier où résidait le roi. Il envoya des messagers dire à David: «J'ai attaqué Rabba. Je me suis même emparé du quartier où se trouve la réserve d'eau. Maintenant donc, mobilise le reste de l'armée et viens assiéger la ville pour la prendre toi-même. Je ne voudrais pas m'en emparer et que tout l'honneur m'en revienne.» David mobilisa le reste de l'armée, vint attaquer Rabba et s'en empara. Il prit la couronne qui se trouvait sur la tête de la statue du dieu ammonite Milkom. Cette couronne d'or pesait plus de trente kilos et portait une pierre précieuse, qui fut placée sur la couronne royale de David. En outre, on emporta de la ville un très abondant butin. David déporta les habitants et les affecta à des travaux forcés, en tant que scieurs et tailleurs de pierres, bûcherons, ou mouleurs de briques. Il fit de même pour toutes les autres villes des Ammonites. Ensuite il rentra à Jérusalem avec toute son armée. Voici ce qui se passa par la suite. Absalom, fils de David, avait une sœur ravissante, qui s'appelait Tamar. Amnon, un autre fils de David, en tomba amoureux. Amnon était si tourmenté par son amour pour sa demi-sœur Tamar qu'il en devint malade. En effet, il lui semblait impossible de l'approcher, car elle était encore vierge. Mais il avait un ami très avisé, Yonadab, fils de Chamma et neveu de David. Yonadab lui demanda: «Prince, pourquoi donc es-tu si déprimé chaque matin? Ne veux-tu pas me le dire?» – «C'est que je suis amoureux de Tamar, la sœur de mon demi-frère Absalom», répondit Amnon. «Eh bien, suggéra Yonadab, couche-toi sur ton lit et fais semblant d'être malade. Lorsque ton père viendra te rendre visite, tu lui diras: “Permets que ma sœur Tamar vienne me faire à manger. Elle préparera la nourriture devant moi, sous mes yeux, elle me la présentera elle-même et j'en mangerai.” » Amnon se coucha donc et fit semblant d'être malade. Le roi vint lui rendre visite et Amnon lui dit: «Permets que ma sœur Tamar vienne confectionner devant moi deux petits gâteaux; elle me les servira elle-même, et je les mangerai.» David fit dire à Tamar, chez elle: «Va chez ton frère Amnon et prépare-lui à manger.» Tamar se rendit auprès d'Amnon et le trouva au lit. Elle prépara de la pâte, la pétrit, confectionna des gâteaux sous ses yeux et les fit cuire. Prenant ensuite la poêle, elle les disposa pour qu'il puisse manger, mais il refusa. Il ordonna de faire sortir tout le monde, et tous obéirent. Il dit alors à Tamar: «Viens m'apporter ces gâteaux jusqu'à mon lit; c'est là que tu me les serviras toi-même et que je les mangerai.» Tamar prit les gâteaux qu'elle avait faits et les apporta jusqu'au lit d'Amnon. Au moment où elle les lui présenta pour qu'il les mange, il la saisit en lui disant: «Viens au lit avec moi, Tamar.» – «Non, Amnon! s'écria-t-elle. Ne me fais pas violence! On n'agit pas ainsi en Israël. Ne commets pas cette infamie! Où irais-je ensuite traîner ma honte? Et toi, tu passerais pour un ignoble individu en Israël. Voyons, parles-en plutôt au roi, il ne refusera pas de me donner à toi.» Amnon ne voulut rien entendre. Étant plus fort qu'elle, il la maîtrisa et la viola. Là-dessus, il se mit à la haïr profondément. Il la détesta avec plus de passion qu'il l'avait aimée précédemment. Il lui ordonna: «Va-t'en!» – «Non! cria-t-elle. Me renvoyer ainsi serait un crime encore plus grand que celui que tu viens de commettre.» Mais Amnon ne voulut de nouveau rien entendre. Il appela son jeune serviteur et lui dit: «Qu'on expulse cette fille de chez moi. Verrouille bien la porte derrière elle.» Le serviteur l'expulsa et verrouilla la porte. Tamar portait une tunique de luxe, comme en portaient habituellement les princesses avant d'être mariées. Elle répandit des cendres sur sa tête et déchira sa belle tunique. Elle mit sa main sur son visage et s'en alla en poussant des cris. Son frère Absalom lui demanda: «Est-ce qu'Amnon t'a fait violence, petite sœur? N'en parle pas, car c'est ton frère. Et n'y attache pas trop d'importance.» Dès lors, Tamar demeura chez son frère Absalom, comme une femme abandonnée. Le roi David fut très irrité quand il apprit ce qui s'était passé; pourtant il ne reprocha rien à Amnon, car c'était son fils aîné et il l'aimait beaucoup. Quant à Absalom, il n'adressa plus du tout la parole à Amnon, tant il le haïssait d'avoir violé sa sœur Tamar. Deux ans s'écoulèrent. Un jour Absalom, qui avait les tondeurs de moutons chez lui, à Baal-Hassor près d'Éfraïm, y invita tous les fils du roi. Il alla trouver David et lui dit: «J'ai chez moi les tondeurs de moutons. Fais-moi l'honneur de venir à cette fête avec tes ministres.» – «Non, mon fils! répondit le roi. Ce serait une trop grande charge pour toi si nous y allions tous.» Absalom insista, mais le roi refusa d'y aller; il lui donna simplement sa bénédiction. Absalom reprit: «Puisque tu refuses de venir, permets au moins à mon frère Amnon de nous accompagner.» – «Pourquoi cela?» demanda le roi. De nouveau, Absalom insista, et finalement, le roi laissa Amnon et ses autres fils partir avec lui. Absalom prépara un festin, un vrai festin de roi. Ensuite il donna des ordres à ses serviteurs: «Surveillez Amnon, leur dit-il. Quand le vin l'aura rendu bien joyeux et que je vous dirai: “Frappez Amnon!”, tuez-le. Allez-y sans crainte, j'en prends la responsabilité. Alors courage, montrez-vous vaillants!» Les serviteurs exécutèrent l'ordre d'Absalom et tuèrent Amnon. Aussitôt, les autres fils du roi se levèrent de table, montèrent chacun sur son mulet et s'enfuirent. Ils étaient encore en route lorsque David reçut cette nouvelle: «Absalom a tué tous tes fils. Il n'en reste pas un seul en vie.» Alors le roi déchira ses vêtements et se coucha à même le sol. Tous ses ministres, les habits déchirés, se tenaient autour de lui. Mais Yonadab, fils de Chamma et neveu de David, prit la parole et déclara: «Que le roi ne s'imagine pas qu'on a fait mourir tous ses fils. Seul Amnon est mort. Absalom s'était promis cela depuis le jour où Amnon avait violé sa sœur Tamar. Ne te mets donc pas dans l'idée que tous tes fils sont morts. Non, Amnon seul est mort, et Absalom s'est enfui.» Le jeune homme placé en sentinelle aperçut soudain une troupe nombreuse qui descendait par la route de Horonaïm, au flanc de la colline. Il vint en avertir le roi en ces termes: «J'ai vu des gens arriver par la route de Horonaïm, au flanc de la colline.» Yonadab dit alors au roi: «Ce sont les fils du roi qui arrivent! Tout s'est passé comme je te l'ai dit.» Yonadab finissait à peine de parler lorsque les fils du roi arrivèrent. Ils éclatèrent en sanglots. Le roi lui-même et tous ses ministres versèrent d'abondantes larmes. Mais son ressentiment à l'égard d'Absalom finit par s'apaiser, lorsqu'il fut consolé de la mort d'Amnon. Joab, dont la mère s'appelait Serouia, constata que le roi David était mieux disposé envers Absalom. Il fit alors venir de Técoa une femme habile et lui dit: «Tu vas faire semblant d'être en deuil: tu mettras des vêtements de deuil, tu ne te parfumeras pas, et tu te comporteras comme une femme qui pleure un mort depuis longtemps. Tu iras trouver le roi et tu lui diras ce que je vais t'indiquer.» Et Joab lui indiqua ce qu'elle devait dire. La femme s'adressa au roi; se jetant le visage contre terre devant lui, elle s'écria: «Il faut que le roi vienne à mon secours!» – «Que veux-tu?» demanda le roi. «Ah, Majesté, répondit-elle, je suis veuve, mon mari est mort. J'avais deux fils; ils se sont battus dans les champs et l'un a tué l'autre, car il n'y avait personne pour les séparer. Alors tous les membres du clan se sont dressés contre moi; ils m'ont dit: “Livre-nous le meurtrier. Nous le ferons mourir pour venger le meurtre de son frère. – Et du même coup, nous supprimerons l'héritier. –” De cette manière, ils veulent anéantir le peu d'espérance qui me reste, et priver mon mari d'une descendance qui continue de porter son nom sur terre.» Le roi lui dit: «Rentre chez toi. Je vais donner des ordres à ton sujet.» – «Majesté, reprit la femme, quoi qu'il arrive, nous sommes prêts, ma famille et moi-même, à porter la responsabilité de cette affaire. Que cela ne retombe ni sur toi ni sur la royauté.» – «Si quelqu'un te fait des remarques, affirma le roi, tu n'as qu'à me l'amener! Il ne recommencera plus à s'en prendre à toi!» La femme lui dit encore: «Que le roi veuille me faire une promesse au nom du Seigneur son Dieu, afin que l'homme chargé de venger la mort de mon fils ne redouble pas les ravages en faisant mourir celui qui me reste.» – «Par le Seigneur vivant, déclara le roi, je te jure que pas un cheveu de ton fils ne tombera à terre.» La femme reprit: «Que le roi me permette de dire encore quelque chose.» – «Parle!» lui dit-il. «Pourquoi as-tu agi ainsi contre l'intérêt du peuple de Dieu? dit-elle. En parlant comme tu l'as fait tout à l'heure, tu t'es en quelque sorte déclaré coupable, puisque tu ne fais pas revenir Absalom du pays où il est exilé. Nous devons tous mourir un jour, et nous sommes alors comme de l'eau qu'on répand par terre et qu'on ne peut plus recueillir. Mais ce n'est pas le sort que Dieu envisage maintenant pour Absalom; au contraire il a pris des dispositions pour que celui-ci ne reste pas banni loin de lui. Si je suis venue maintenant dire tout cela au roi, c'est que l'on m'avait fait peur. Je me suis donc dit: “Je parlerai au roi; alors il fera peut-être ce que je lui propose, il acceptera de m'arracher à celui qui veut nous éliminer, mon fils et moi-même, du peuple que Dieu s'est choisi.” En effet, Majesté, je pensais ceci: “Ce que le roi dira contribuera certainement à calmer les esprits. Car le roi est comme un ange de Dieu, il sait discerner le bien et le mal.” Que le Seigneur ton Dieu soit donc avec toi!» Le roi dit à la femme: «Je vais te poser une question et tu me répondras sans rien cacher.» – «Que le roi daigne parler!» répondit la femme. Le roi demanda: «N'est-ce pas Joab qui a combiné tout cela avec toi?» – «Aussi vrai que le roi est vivant, c'est la vérité même! Ton serviteur Joab m'a effectivement dicté toutes les paroles que je devais dire. Il a agi pour retourner la situation. Mais toi, tu comprends tout ce qui se passe sur terre, car tu es aussi sage que l'ange de Dieu.» Le roi alla parler à Joab: «J'ai décidé d'agir selon ta suggestion, dit-il. Va chercher le jeune Absalom et ramène-le ici.» Joab se jeta le visage contre terre devant le roi et le remercia en ces mots: «Je sais maintenant que le roi m'a conservé sa bienveillance, puisqu'il accepte de faire ce que j'ai proposé.» Joab se releva et partit pour Guéchour. Il en ramena Absalom à Jérusalem. Le roi déclara: «Qu'il retourne chez lui! Qu'il ne vienne pas se présenter devant moi!» Alors Absalom se rendit chez lui, sans avoir vu le roi. Dans tout Israël, il n'y avait personne d'aussi beau, d'aussi admiré qu'Absalom: de la plante des pieds au sommet de la tête, on ne trouvait aucun défaut en lui. A la fin de chaque année, il se coupait les cheveux, parce qu'ils devenaient trop lourds. Il pesait alors sa chevelure: elle faisait plus de deux kilos, selon les poids officiels du roi. Absalom eut trois fils et une fille. La fille s'appelait Tamar, et elle était d'une grande beauté. Absalom demeura deux ans à Jérusalem, sans être admis chez le roi. Un jour, il fit appeler Joab, pour l'envoyer auprès du roi, mais Joab refusa de venir chez lui. Une seconde fois, Absalom lui envoya quelqu'un, mais de nouveau Joab refusa. Alors Absalom dit à ses domestiques: «Vous voyez le champ d'orge qui appartient à Joab, à côté du mien. Allez y mettre le feu!» Les domestiques exécutèrent son ordre. Aussitôt, Joab se rendit chez Absalom et lui demanda: «Pourquoi tes domestiques ont-ils mis le feu à mon champ?» – «Parce que je t'avais demandé de venir ici et que tu as refusé, dit Absalom. Je voulais t'envoyer chez le roi avec le message suivant: “A quoi bon être revenu de Guéchour? Il vaudrait mieux pour moi y être encore!” Maintenant, je veux être admis chez le roi. Et si je suis coupable, qu'il me fasse mourir!» Joab alla communiquer au roi le message d'Absalom. Le roi fit appeler Absalom, qui accourut et se jeta le visage contre terre devant lui. Alors le roi l'embrassa. Par la suite, Absalom se procura un char et des chevaux, ainsi qu'une troupe de cinquante hommes qui couraient devant son char. Tôt le matin, il se postait au bord de la route à l'entrée de la ville. Chaque fois que passait une personne se rendant chez le roi pour demander justice à propos d'un procès, Absalom l'interpellait et lui demandait: «D'où viens-tu?» – «Prince, je viens de telle tribu d'Israël.» – «Bien, disait Absalom. Ton affaire est bonne et tu es dans ton droit; seulement vois-tu, il n'y aura personne pour t'écouter de la part du roi.» Et il ajoutait: «Ah, si j'étais juge dans ce pays! Tous ceux qui ont des querelles ou des procès à régler viendraient me trouver, et moi je leur rendrais justice.» Si l'homme approchait alors pour s'incliner jusqu'à terre devant lui, Absalom le retenait et l'embrassait. Absalom agissait de cette manière à l'égard de tous ceux qui venaient demander justice au roi, et il gagnait insidieusement l'affection des Israélites. Au bout de quatre ans, Absalom dit un jour au roi: «Permets-moi d'aller à Hébron, pour y accomplir la promesse que j'ai faite au Seigneur. En effet, quand je séjournais à Guéchour, en Syrie, j'ai promis au Seigneur que, s'il me ramenait à Jérusalem, je lui offrirais des sacrifices.» – «Va en paix», répondit le roi. Alors Absalom se rendit à Hébron. De là, il envoya discrètement ses partisans dans toutes les tribus d'Israël, avec la consigne suivante: «Quand vous entendrez une certaine sonnerie de trompette, vous annoncerez qu'Absalom est devenu roi, à Hébron.» Deux cents hommes, invités par Absalom, étaient venus avec lui de Jérusalem. Mais ils l'avaient accompagné en toute innocence, ignorant tout de cette conspiration. Pendant qu'il offrait les sacrifices, Absalom fit encore chercher Ahitofel, conseiller de David, dans la ville de Guilo où il résidait. Ainsi le nombre des partisans d'Absalom augmentait, et la conspiration devint de plus en plus forte. C'est alors que David fut informé de l'affaire: «Les Israélites ont pris le parti d'Absalom», lui dit-on. Aussitôt David dit à tous ceux de ses ministres qui étaient avec lui à Jérusalem: «Fuyons, sans quoi Absalom ne nous laissera pas en vie. Et dépêchons-nous, sinon il ne tardera pas à venir nous attaquer et il répandra le malheur dans la ville en massacrant toute la population.» – «Majesté, répondirent les ministres, quelle que soit ta décision, nous sommes à ta disposition.» Alors le roi et tous ses proches s'en allèrent à pied. Le roi ne laissa que dix de ses épouses de second rang pour occuper le palais. Au moment où le roi et tous ceux qui l'accompagnaient sortaient de la ville, ils firent halte près de la dernière maison. Toutes les troupes de David se mirent à défiler: les Crétois et les Pélétiens de la garde royale, puis les six cents soldats de Gath qui avaient suivi David, tous défilèrent devant le roi. Celui-ci dit à Ittaï, chef des soldats de Gath: «Pourquoi veux-tu venir avec nous? Retourne en ville et demeure avec le nouveau roi. Après tout, tu es un étranger, un expatrié. Il n'y a pas longtemps que tu es arrivé auprès de moi, et aujourd'hui déjà je t'entraînerais avec nous, alors que je ne sais même pas où aller? Non, retourne en ville et ramènes-y tes compatriotes. Et que le Seigneur agisse envers toi avec bonté et loyauté!» Mais Ittaï répondit: «Par le Seigneur vivant et par la propre vie du roi, je le jure: là où sera le roi, je serai, pour y vivre ou y mourir avec lui.» – «Bien, dit David, passe en avant.» Ittaï passa donc en avant, avec ses soldats et leurs familles. Tout le monde pleurait et poussait des cris, tandis que la troupe défilait devant David. Le roi lui-même traversa le torrent du Cédron avec sa suite, par la route qui conduit au désert. Le prêtre Sadoc était aussi là avec les lévites portant le coffre de l'alliance de Dieu. Ceux-ci déposèrent le coffre et le prêtre Abiatar offrit des sacrifices jusqu'à ce que tous ceux qui venaient de la ville aient fini de passer. Le roi dit alors à Sadoc: «Ramène le coffre sacré en ville. Si le Seigneur me veut du bien, il me fera revenir et me permettra de revoir le coffre et le sanctuaire. Si au contraire il décide de me retirer sa faveur, eh bien, qu'il me traite comme il le jugera bon.» Puis le roi ajouta: «Vois-tu, retourne tranquillement en ville, avec ton fils Ahimaas ainsi qu'avec Abiatar et son fils Yonatan. Pour ma part, je vais attendre dans la région désertique proche des gués du Jourdain, jusqu'à ce que je reçoive des nouvelles de vous.» Sadoc et Abiatar ramenèrent donc le coffre sacré à Jérusalem et y demeurèrent. David gravissait le mont des Oliviers tout en pleurant. Il s'était voilé le visage et marchait nu-pieds. Tous ceux qui montaient avec lui avaient aussi le visage voilé et pleuraient. On informa David qu'Ahitofel se trouvait parmi les conspirateurs, aux côtés d'Absalom; alors David s'écria: «Seigneur, je t'en prie, rends stupides les conseils d'Ahitofel!» Or, au moment où David atteignait le sommet de la colline, là où l'on adore Dieu, il vit venir à sa rencontre son conseiller personnel Houchaï, l'Arkite, la tunique déchirée et de la poussière sur la tête. David lui dit: «Ne viens pas avec moi, tu serais une charge pour moi. Retourne plutôt en ville et va dire à Absalom: “Je me mets au service de Sa Majesté le roi. Précédemment j'ai servi son père, mais maintenant c'est lui-même que je veux servir.” De cette manière, tu pourras m'aider en faisant obstacle aux conseils d'Ahitofel. De plus, tu auras l'appui des prêtres Sadoc et Abiatar. Tu les informeras de tout ce que tu apprendras dans le palais royal. Ahimaas, fils de Sadoc, et Yonatan, fils d'Abiatar, sont tous deux avec eux; vous les enverrez m'apporter toutes les nouvelles que vous aurez apprises.» Houchaï, conseiller de David, rentra donc à Jérusalem au moment où Absalom lui-même y arrivait. David venait de dépasser le sommet de la colline lorsque Siba, le serviteur de Mefibaal, arriva à sa rencontre. Il conduisait deux ânes sellés, qui portaient deux cents pains, cent grappes de raisins secs, une corbeille de fruits de saison et une outre de vin. Le roi lui demanda: «Que veux-tu faire de cela?» – «Majesté, répondit Siba, les ânes serviront de montures pour ta famille, les pains et les fruits serviront de nourriture pour tes soldats, et le vin servira de boisson pour ceux qui seront fatigués dans le désert.» Le roi reprit: «Où est donc Mefibaal, le petit-fils de ton maître Saül?» – «Il est resté à Jérusalem, dit Siba, car il a pensé que maintenant les Israélites allaient lui rendre la royauté de son grand-père.» – «Eh bien, dit le roi, je te donne tout ce qui appartenait à Mefibaal.» Alors Siba s'inclina jusqu'à terre et dit: «Merci, Majesté, de m'accorder ta faveur.» Lorsque le roi David arriva près de Bahourim, un certain Chiméi, fils de Guéra, qui était du même clan que Saül, sortit de ce village et se mit à le maudire. Il lui lançait des pierres, ainsi qu'à ses ministres, malgré la foule et les soldats qui marchaient à droite et à gauche du roi. Il le maudissait en criant: «Va-t'en, va-t'en, vaurien, assassin! Le Seigneur te punit de tous les meurtres que tu as commis à l'égard de la famille de Saül. Tu as volé la royauté à Saül, et c'est pour cela que le Seigneur l'a donnée à ton fils Absalom. Et toi, maintenant, tu es dans le malheur, car tu es un assassin!» Abichaï, dont la mère s'appelait Serouia, dit au roi: «Majesté, ce chien crevé ne va pas te maudire plus longtemps. Laisse-moi aller lui couper la tête.» – «Abichaï, répondit le roi, de quoi vous mêlez-vous, toi et ton frère Joab? Si cet homme me maudit parce que le Seigneur lui a ordonné de me maudire, personne ne peut le lui reprocher. D'ailleurs, ajouta David à l'intention d'Abichaï et de tous ses ministres, lorsque mon fils, mon propre fils, cherche à me faire mourir, il n'est pas étonnant que ce Benjaminite, lui aussi, agisse ainsi. Laissez-le tranquille! Qu'il me maudisse, si le Seigneur le lui a ordonné. Peut-être que le Seigneur verra mon malheur. Alors il changera sa malédiction en bénédiction.» Tandis que David et ses compagnons poursuivaient leur marche sur la route, Chiméi avançait non loin d'eux, sur le flanc de la montagne; il continuait à prononcer des malédictions et à leur lancer des pierres et de la terre. Enfin le roi et ses compagnons arrivèrent au bord du Jourdain. Ils étaient exténués et se reposèrent là. Absalom était entré à Jérusalem avec toute une foule d'Israélites; Ahitofel aussi était avec lui. Lorsque Houchaï l'Arkite, conseiller personnel de David, arriva près d'Absalom, il s'écria: «Vive le roi! Vive le roi!» Absalom lui demanda: «Est-ce là toute ta fidélité à l'égard de ton ami David? Pourquoi ne l'as-tu pas accompagné?» – «Je ne l'ai pas voulu, répondit Houchaï, car je suis du côté de celui que le Seigneur et tout le peuple d'Israël ont choisi comme roi; je resterai donc avec toi. D'ailleurs, je n'entre pas ainsi au service de n'importe qui. N'es-tu pas le fils de mon ami? Tout comme j'ai servi ton père jusqu'à présent, c'est toi que je servirai désormais.» Absalom dit à Ahitofel: «Discutez entre vous de ce que nous devons faire.» Ahitofel répondit tout de suite à Absalom: «Va coucher avec les épouses que ton père a laissées pour occuper le palais. Tu te rendras ainsi odieux à ton père, tous les Israélites l'apprendront, et tes partisans en seront encouragés.» On dressa alors pour Absalom une tente sur le toit en terrasse du palais, et Absalom alla y coucher avec les épouses de son père, à la vue de tout Israël. En ce temps-là, un conseil donné par Ahitofel était aussi écouté qu'une parole de Dieu lui-même. Autant David qu'Absalom se conformaient à tous ses conseils. Peu après, Ahitofel dit à Absalom: «Permets-moi de choisir douze mille hommes et de me lancer à la poursuite de David cette nuit même. Je le surprendrai au moment où il sera fatigué et démoralisé, et je l'épouvanterai; tous ceux qui l'accompagnent s'enfuiront, et alors je le tuerai, lui seul. Ensuite je ramènerai à toi tout le peuple. En effet, dès que l'homme dont tu veux te débarrasser sera mort, tout le peuple reviendra à toi et vivra en paix.» Cette proposition parut judicieuse à Absalom et à tous les anciens d'Israël. Cependant Absalom ordonna: «Qu'on appelle également Houchaï l'Arkite, et qu'il nous donne son avis.» Quand Houchaï arriva, Absalom lui dit ce qu'Ahitofel avait proposé. Puis il lui demanda: «Devons-nous exécuter son plan? Sinon, fais-nous une autre proposition.» Houchaï répondit à Absalom: «Cette fois-ci, le conseil donné par Ahitofel n'est pas le meilleur. Tu connais bien ton père et ses hommes: ce sont tous de vaillants soldats, et ils sont exaspérés, comme une ourse qui aurait perdu son petit dans la campagne. Par ailleurs, ton père, qui est un homme de guerre, ne passera pas la nuit avec les autres. Actuellement, il est certainement caché dans une grotte ou en quelque autre endroit. Si dès le début il y a des tués dans nos rangs, la nouvelle se répandra que l'armée d'Absalom a subi une défaite. Alors même les plus braves, ceux qui ont un cœur de lion, perdront courage, car tous les Israélites savent que ton père est un valeureux combattant et que ses compagnons sont pleins de bravoure. Voici donc ce que je propose: mobilise tous les soldats israélites, d'un bout à l'autre du pays, en aussi grand nombre que les grains de sable au bord de la mer; ensuite va combattre personnellement avec eux. Nous atteindrons David où qu'il se trouve, nous lui tomberons dessus comme la rosée sur le sol. De lui et de ses hommes, pas un seul n'en réchappera. S'ils se réfugient dans une ville, tous nos soldats amèneront des cordes et nous traînerons cette ville dans le torrent voisin, jusqu'à ce qu'il n'en reste plus le moindre caillou.» Absalom et les Israélites déclarèrent: «Le conseil de Houchaï est meilleur que celui d'Ahitofel!» En effet le Seigneur avait décidé de faire échouer le conseil, pourtant valable, d'Ahitofel, afin d'amener le malheur sur Absalom. Houchaï rapporta aux prêtres Sadoc et Abiatar ce qu'Ahitofel avait proposé à Absalom et aux anciens d'Israël, et ce que lui-même avait ensuite proposé. Puis il ajouta: «Maintenant, dépêchez-vous d'envoyer un message à David. Faites-lui dire de ne pas passer la nuit dans la plaine du Jourdain. Il doit absolument traverser le fleuve, afin de ne pas se faire exterminer avec tous ses compagnons.» Yonatan, fils d'Abiatar, et Ahimaas, fils de Sadoc, étaient postés près de la source des Blanchisseurs; une servante était chargée de leur porter les messages qu'eux-mêmes devaient transmettre au roi David. En effet, il ne fallait pas qu'ils entrent dans la ville, de peur d'être vus. Pourtant un jeune homme les vit et en informa Absalom. Les deux messagers se hâtèrent alors de partir. Ils se rendirent chez un habitant de Bahourim; dans la cour de sa maison, il y avait un puits où ils descendirent se cacher. La maîtresse de maison prit une bâche, l'étendit sur l'ouverture du puits et y répandit du grain, de sorte qu'on ne remarquait rien. Des envoyés d'Absalom arrivèrent chez cette femme et lui demandèrent: «Où sont Ahimaas et Yonatan?» – «Ils sont passés par le réservoir d'eau », leur dit-elle. Les envoyés les cherchèrent, mais ils ne les trouvèrent pas; alors ils rentrèrent à Jérusalem. Après leur départ, Ahimaas et Yonatan sortirent du puits et allèrent avertir le roi David; ils lui racontèrent ce qu'Ahitofel avait proposé et lui dirent en conclusion: «Il faut vous hâter de traverser le fleuve.» Aussitôt, David et ceux qui l'accompagnaient se mirent à traverser le Jourdain. A l'aube, ils avaient tous passé, sans exception. Quand Ahitofel vit que son conseil n'avait pas été suivi, il sella son âne et retourna dans la ville qu'il habitait; il donna des ordres à sa famille, puis il se pendit. On l'enterra dans le tombeau de son père. David avait gagné Mahanaïm, pendant qu'Absalom passait le Jourdain avec toutes les troupes israélites. Absalom avait désigné Amassa comme chef de l'armée à la place de Joab. Amassa était le fils d'un Israélite nommé Yéter, qui avait épousé Abigal, fille de Nahach et sœur de Serouia, mère de Joab. Absalom et les Israélites établirent leur camp dans le pays de Galaad. A son arrivée à Mahanaïm, David fut rejoint par Chobi, fils de Nahach, de Rabba, capitale des Ammonites, par Makir, fils d'Ammiel, de Lo-Dabar, et par Barzillaï, de Roguelim, en Galaad. David passa en revue les troupes qui l'accompagnaient, et désigna des commandants de régiments et de compagnies; il confia un tiers de l'armée à Joab, dont la mère s'appelait Serouia, un autre tiers à Abichaï, frère de Joab, et le troisième tiers à Ittaï, de Gath. Puis il annonça aux soldats son intention de partir en guerre avec eux. Mais les soldats s'écrièrent: «Non, tu ne dois pas venir avec nous! En effet, si nous sommes mis en fuite, nous, les ennemis n'y attacheront pas d'importance. Même si la moitié d'entre nous étaient tués, ils n'y attacheraient pas d'importance. Mais toi, tu vaux dix mille soldats comme nous. Par conséquent, il est préférable que tu restes dans la ville, d'où tu pourras nous envoyer du secours.» – «Bien, répondit le roi; je ferai ce que vous jugez préférable.» Alors le roi se plaça près de la porte de la ville, tandis que l'armée sortait, rangée par compagnies et par régiments. Le roi dit encore à Joab, à Abichaï et à Ittaï: «Je vous en supplie, ne faites pas de mal à mon fils Absalom!» Tous les soldats l'entendirent donner cette consigne aux chefs. L'armée de David se mit en route pour aller combattre les troupes d'Absalom, et la bataille eut lieu dans la région des forêts d'Éfraïm. Les troupes d'Absalom furent battues par celles de David. Leur défaite fut lourde ce jour-là, avec des pertes s'élevant à vingt mille hommes. La bataille s'étendit à toute la région, et ceux qui perdirent la vie dans la forêt furent plus nombreux que ceux qui moururent au combat. A un certain moment, Absalom, monté sur un mulet, se trouva face à des soldats de David. Le mulet s'engagea sous les branches enchevêtrées d'un grand arbre. La tête d'Absalom se prit dans les branches et, le mulet continuant sa route, Absalom resta suspendu entre ciel et terre. Un soldat de David le vit et alla dire à Joab: «J'ai vu Absalom, pris dans les branches d'un arbre.» – «Comment, dit Joab, tu l'as vu? Pourquoi ne l'as-tu pas frappé et abattu sur place? Je t'aurais donné dix pièces d'argent et une ceinture!» Mais le soldat répondit à Joab: «Même si tu m'offrais mille pièces d'argent, je refuserais de faire du mal au fils du roi. Nous avons tous entendu le roi vous dire, à toi, à Abichaï et à Ittaï: “Veillez à ce que personne ne fasse du mal au jeune Absalom.” Si je l'avais tué, prétendant n'avoir rien entendu, le roi aurait fini par découvrir mon mensonge – car il découvre tout – et toi-même, alors, tu te serais bien gardé de prendre ma défense.» Joab s'écria: «Je ne vais pas perdre mon temps avec toi!» Il prit trois bâtons pointus et alla les planter dans le cœur d'Absalom qui, pris dans l'arbre, était encore vivant. Les dix jeunes soldats qui portaient les armes de Joab entourèrent aussitôt Absalom et l'achevèrent. Ensuite Joab fit sonner de la trompette pour arrêter le combat. Les soldats de David cessèrent donc de poursuivre l'armée d'Absalom. On prit le corps d'Absalom, on le jeta dans une grande fosse en pleine forêt, et on éleva sur lui un gros tas de cailloux. Pendant ce temps, les soldats d'Absalom fuyaient, chacun rentrant chez soi. Quand il était encore en vie, Absalom avait fait ériger la grande pierre qui se trouve dans la vallée du Roi, car il s'était dit: «Je n'ai pas de fils pour perpétuer mon nom.» Il avait donc donné son nom à cette pierre, qu'aujourd'hui encore on appelle “monument d'Absalom”. Ahimaas, fils de Sadoc, dit à Joab: «Permets-moi de courir porter au roi la nouvelle que le Seigneur lui a rendu justice en le délivrant de ses ennemis.» – «Non, répondit Joab, car aujourd'hui tu ne serais pas un messager de bonne nouvelle. Tu iras porter des nouvelles un autre jour, mais aujourd'hui ne le fais pas, car il s'agit de la mort du fils du roi.» Puis Joab adressa cet ordre à un esclave éthiopien: «Va, toi, raconter au roi ce que tu as vu!» L'esclave s'inclina devant Joab et partit en courant. Cependant Ahimaas insista auprès de Joab en disant: «Peu importe, je veux y courir aussi, à la suite de cet Éthiopien.» – «Mais pourquoi donc, mon ami? demanda Joab. Pareille nouvelle ne te vaudra aucune récompense!» – «Peu importe, répéta Ahimaas, je veux y aller.» – «Bon, vas-y», lui dit Joab. Ahimaas partit en courant par la route de la plaine du Jourdain, et dépassa l'Éthiopien. A ce moment-là, David était installé entre la porte extérieure et la porte intérieure de la ville. Un guetteur, monté sur la plate-forme dominant la porte, au sommet de la muraille, scrutait l'horizon. Soudain il aperçut un homme isolé qui courait. Il cria pour en informer le roi. Celui-ci déclara: «S'il est seul, il apporte de bonnes nouvelles.» Le messager se rapprochait, lorsque le guetteur aperçut un autre homme qui courait. Il cria au portier: «Voici encore un homme isolé, qui arrive en courant.» – «Celui-là également apporte de bonnes nouvelles», dit le roi. Le guetteur continua: «D'après sa façon de courir, je reconnais le premier: c'est Ahimaas, fils de Sadoc.» – «C'est un garçon de valeur, dit le roi; il apporte certainement une bonne nouvelle.» En arrivant, Ahimaas cria au roi: «Tout va bien!» Il se jeta le visage contre terre devant lui et ajouta: «Je remercie le Seigneur ton Dieu, qui a livré en ton pouvoir ceux qui s'étaient révoltés contre toi.» – «Et le jeune Absalom, va-t-il bien?» demanda le roi. Ahimaas répondit: «Au moment où Joab nous a envoyés, cet autre serviteur et moi-même, j'ai remarqué une grande agitation, mais je ne sais pas de quoi il s'agissait.» – «Bien! dit le roi. Retire-toi, mais reste à proximité.» Ahimaas se retira de devant le roi et attendit. A cet instant l'Éthiopien arriva; il dit au roi: «Voici une bonne nouvelle pour Sa Majesté le roi: Aujourd'hui le Seigneur lui a rendu justice en le délivrant de tous ses adversaires!» – «Et le jeune Absalom, va-t-il bien?» lui demanda le roi. «Majesté, répondit-il, souhaitons que ce qui est arrivé à ce jeune homme arrive également à tes ennemis et à tous ceux qui se révoltent contre toi!» Alors le roi David fut accablé. Il se rendit dans la pièce située au-dessus de la porte de la ville pour pleurer. Et tout en marchant, il criait: «Oh, mon fils Absalom, mon fils, mon fils, oh, mon Absalom! Pourquoi ne suis-je pas mort à ta place? Oh, Absalom, mon fils, mon fils!» On annonça à Joab que le roi pleurait et se lamentait au sujet d'Absalom. Et ce jour-là, les soldats, au lieu de célébrer la victoire, furent accablés de tristesse. En effet, ils avaient appris, eux aussi, combien le roi était éprouvé par la mort de son fils. Ils rentrèrent en ville furtivement, comme des soldats honteux d'avoir abandonné une bataille. Quant au roi, le visage voilé, il continuait de crier: «Oh, mon fils Absalom, oh, Absalom, mon fils, mon fils!» Alors Joab vint trouver le roi et lui dit: «En agissant ainsi aujourd'hui, tu couvres de honte tes soldats, qui t'ont sauvé la vie, ainsi qu'à tes fils, tes filles et toutes tes épouses. En effet, ton affection va à ceux qui te détestent et ta haine à ceux qui t'aiment. Tu montres que les chefs de ton armée et tous ceux qui te servent fidèlement ne comptent pas pour toi. Oui, je vois: Si aujourd'hui nous étions tous morts, mais qu'Absalom soit encore en vie, tu trouverais cela très bien. Allons, ressaisis-toi maintenant et va dire à tes soldats quelques mots d'encouragement. Si tu n'y vas pas, je te jure au nom du Seigneur qu'aucun d'eux ne restera un jour de plus à ton service. Ce serait là pour toi un malheur plus grand que tous ceux qui t'ont atteint depuis ta jeunesse.» Alors le roi alla s'installer près de la porte de la ville. On l'annonça aux soldats, qui vinrent tous se rassembler auprès de lui. Les soldats d'Absalom s'étaient enfuis, et chacun d'eux était rentré chez lui. Dans toutes les tribus israélites, on se mit à discuter âprement; on disait: «Le roi David nous avait délivrés de nos ennemis, en particulier des Philistins, et il a dû fuir le pays à cause d'Absalom. Mais cet Absalom, que nous nous étions donné comme roi, est mort à la guerre. Alors qu'attendons-nous pour faire revenir le roi David?» De son côté, David envoya ce message aux prêtres Sadoc et Abiatar: «Adressez-vous aux anciens de Juda et demandez-leur: “Pourquoi seriez-vous les derniers à entreprendre de ramener le roi chez lui, alors qu'il est lui-même au courant des intentions des autres Israélites? Vous êtes les frères du roi, ses plus proches parents. Ne soyez donc pas les derniers à le faire revenir.” Puis vous irez dire de ma part à Amassa: “N'es-tu pas de ma parenté? Que Dieu m'inflige donc la plus terrible des punitions si je ne te donne pas pour toujours la place de Joab à la tête de mon armée!” » Les paroles de David convainquirent les gens de Juda. D'un commun accord, ils firent dire au roi: «Reviens ici, avec tous tes serviteurs!» Alors le roi prit le chemin du retour et descendit jusqu'au bord du Jourdain. Les gens de Juda étaient venus au Guilgal, à la rencontre du roi, pour l'aider à traverser le fleuve. Chiméi, fils de Guéra, le Benjaminite de Bahourim, s'était hâté de descendre avec eux pour se présenter devant le roi David. Il était accompagné de mille Benjaminites, ainsi que de Siba, le serviteur de la famille de Saül, avec ses quinze fils et ses vingt serviteurs. Ceux-ci devaient accourir au Jourdain à la rencontre du roi, au moment où le radeau transportant la famille royale traverserait la rivière, et ils devaient exécuter les ordres que le roi pourrait donner. Lorsque le roi eut traversé la rivière, Chiméi se jeta à terre devant lui et lui dit: «Que le roi ne me tienne pas pour coupable! Qu'il oublie la faute que j'ai commise le jour où il quittait Jérusalem; qu'il ne m'en garde pas rancune. Je sais bien que j'ai commis une faute, mais aujourd'hui, le roi peut le constater, je suis descendu à sa rencontre avant tous les autres Israélites du Nord.» Abichaï, dont la mère s'appelait Serouia, intervint et dit au roi: «Est-ce un motif suffisant pour ne pas mettre à mort Chiméi, alors qu'il a maudit le roi choisi par le Seigneur?» Mais David dit à Abichaï et à son frère Joab: «De quoi vous mêlez-vous, fils de Serouia? Pourquoi en cet instant vous opposez-vous à mes intentions? Je ne veux pas qu'on mette à mort quelqu'un d'Israël, en ce jour où j'acquiers la certitude d'être vraiment le roi de ce peuple!» Et le roi déclara à Chiméi: «Tu ne seras pas mis à mort, je te le jure.» Mefibaal, le petit-fils de Saül, était aussi venu à la rencontre du roi. Entre le jour où le roi était parti et celui où il revenait sain et sauf à Jérusalem, Mefibaal n'avait ni taillé sa moustache, ni lavé ses pieds ou ses vêtements. Lorsqu'il se trouva devant le roi, celui-ci lui demanda: «Mefibaal, pourquoi n'es-tu pas parti avec moi?» – «Majesté, répondit-il, c'est que mon serviteur m'a trompé! Je m'étais pourtant dit: “Puisque je marche difficilement, je vais faire seller mon ânesse, la monter et accompagner ainsi le roi.” Et mon serviteur est allé te raconter des mensonges à mon sujet. Cependant, toi, tu es comme un ange de Dieu, tu peux faire ce qui te plaît. Il n'y avait, dans toute la famille de mon grand-père Saül, que des gens dignes de mort à tes yeux; malgré cela, tu m'as accueilli parmi ceux qui mangent à ta table. Je n'ai donc aucun droit de te demander une autre faveur.» – «Bon, dit le roi, assez parlé de cela! Je décide que Siba et toi, vous vous partagerez les terres de Saül.» – «Siba peut même tout prendre pour lui, déclara Mefibaal. L'essentiel, c'est que le roi puisse rentrer sain et sauf chez lui.» Barzillaï, de Roguelim, en Galaad, était également descendu au Jourdain; il l'avait passé avec le roi, avant de prendre congé de lui sur la rive. C'était un vieillard de quatre-vingts ans; étant très riche, il avait pu ravitailler le roi lorsque ce dernier se trouvait à Mahanaïm. Le roi lui dit: «Barzillaï, viens avec moi à Jérusalem, et j'y assurerai ton entretien.» – «Majesté, répondit-il, combien de temps me reste-t-il à vivre? Trop peu pour que je monte avec toi à Jérusalem! J'ai actuellement quatre-vingts ans et je ne suis plus en état de distinguer ce qui est bon de ce qui est mauvais; je ne peux plus apprécier le goût de ce que je mange et bois, ni les voix des chanteurs et chanteuses. Pourquoi donc serais-je une charge pour toi? C'est tout juste si je peux traverser le Jourdain avec toi. D'ailleurs je ne mérite pas une telle récompense! Laisse-moi donc retourner dans ma ville; j'y mourrai près du tombeau de mon père et de ma mère. Mais voici mon fils Kimham: c'est lui qui ira avec toi, et tu le traiteras comme tu le jugeras bon.» – «D'accord, dit le roi, Kimham m'accompagnera, et je le traiterai comme tu le désires. Tout ce que tu solliciteras de moi, je te l'accorderai.» Toute la foule passa le Jourdain, que le roi avait traversé auparavant. David embrassa Barzillaï et le bénit, puis celui-ci s'en retourna chez lui. Le roi se rendit au Guilgal, accompagné de Kimham. Tous les Judéens et la moitié des Israélites du Nord accompagnèrent le roi. Les gens du Nord s'approchèrent de lui et lui demandèrent: «Pourquoi nos frères, les Judéens, t'ont-ils accaparé pour te faire traverser le Jourdain, avec ta famille, alors que tous tes soldats t'accompagnaient?» Les Judéens leur répliquèrent: «C'est parce que nous sommes plus proches parents du roi que vous! Pourquoi vous fâcher à ce sujet? Avons-nous vécu aux dépens du roi? ou avons-nous reçu des cadeaux de lui?» Aussitôt les Israélites s'écrièrent: «Mais nous avons dix fois plus de droits que vous sur le roi; oui, même sur David, nous avons plus de droits que vous! Pourquoi donc nous traitez-vous avec un tel dédain? C'est pourtant bien nous qui, les premiers, avons parlé de faire revenir notre roi!» Mais les Judéens se montrèrent plus violents dans la discussion que les Israélites. Il y avait là, au Guilgal, un vaurien, un Benjaminite nommé Chéba, fils de Bikri. Il sonna de la trompette et cria: «Nous n'avons rien à faire avec David, nous n'avons rien de commun avec ce fils de Jessé! Gens d'Israël, que chacun retourne chez soi!» Alors les Israélites quittèrent David pour suivre Chéba, et seuls les Judéens restèrent avec leur roi, pour l'accompagner du Jourdain à Jérusalem. Dès son arrivée au palais, le roi fit chercher les dix épouses de second rang qu'il y avait laissées pour l'occuper. Il les plaça dans une maison bien gardée et pourvut à leur entretien, mais il n'eut plus de relations avec elles. Dès lors, elles furent séquestrées jusqu'au jour de leur mort; elles étaient comme veuves d'un vivant. Ensuite le roi dit à Amassa: «Mobilise l'armée de Juda! Je te donne trois jours pour venir te présenter ici avec eux.» Amassa alla exécuter cet ordre, mais il dépassa le délai fixé par le roi. Alors David dit à Abichaï: «A présent, Chéba est plus dangereux pour nous que ne l'était Absalom. Pars donc à la tête de ma garde personnelle et poursuis cet homme avant qu'il trouve abri dans des villes fortifiées et nous échappe.» La troupe commandée par Joab, ainsi que les Crétois et les Pélétiens de la garde royale, c'est-à-dire tous les soldats de métier, se mirent en campagne avec Abichaï; ils quittèrent Jérusalem et poursuivirent Chéba. Ils se trouvaient près de la grande pierre de Gabaon lorsque Amassa les rejoignit. Joab était vêtu de son équipement militaire, avec un ceinturon auquel était fixée l'épée dans son fourreau. Au moment où Joab s'avança, l'épée tomba. Joab dit à Amassa: «Comment vas-tu, mon frère?» Et de la main droite il saisit la barbe d'Amassa pour l'embrasser. Amassa ne prit pas garde à l'épée que Joab avait ramassée de la main gauche. Celui-ci la lui planta en plein ventre. Les intestins d'Amassa se répandirent à terre, et il mourut sans que Joab ait à lui donner un second coup. Ensuite Joab et son frère Abichaï reprirent la poursuite de Chéba. Un soldat de Joab était resté près du corps d'Amassa et disait: «Que les amis de Joab et les partisans de David suivent Joab!» Cependant Amassa s'était roulé dans son sang au milieu du chemin, et le soldat remarqua que tout le monde s'arrêtait. Alors il tira le cadavre à l'écart du chemin, dans le champ voisin, et jeta sur lui un manteau. Dès qu'il eut fait cela, les soldats passèrent tout droit et continuèrent, derrière Joab, à poursuivre Chéba. Joab traversa toutes les tribus d'Israël et atteignit la ville d'Abel-Beth-Maaka; tous les Bérites se réunirent pour le rejoindre eux aussi. Joab et ses troupes assiégèrent la ville, car Chéba s'y trouvait; ils élevèrent un remblai de terre jusqu'au niveau de l'avant-mur de la ville, puis ils se mirent à saper la muraille pour la faire s'écrouler. De la ville, une femme avisée cria: «Écoutez, écoutez donc! Demandez à Joab de venir jusqu'ici, j'ai à lui parler.» Joab s'approcha. La femme lui demanda: «Es-tu bien Joab?» – «Oui, c'est bien moi!» répondit-il. Elle reprit: «Daigne donc écouter ce que j'ai à te dire.» – «J'écoute», dit Joab. La femme poursuivit: «On avait coutume de dire autrefois: “Que l'on procède à une consultation à Abel-Beth-Maaka, et l'affaire sera réglée!” Notre ville est l'une des plus paisibles et des plus fidèles d'Israël. Mais toi, tu cherches à anéantir cette ville, qui est parmi les principales d'Israël! Pourquoi veux-tu ainsi détruire ce qui appartient au Seigneur?» – «Jamais de la vie! s'écria Joab. Je n'ai aucune intention de saccager ou de détruire quoi que ce soit! Il n'est pas question de cela. Il s'agit seulement d'un individu de la région montagneuse d'Éfraïm, Chéba, fils de Bikri, qui s'est révolté contre le roi David. Livrez-le-moi, lui seul, et je lèverai le siège.» – «Bien, dit la femme, nous allons te lancer sa tête par-dessus la muraille.» La femme rejoignit ses concitoyens et leur donna ce sage conseil. On coupa alors la tête de Chéba et on la lança à Joab. Celui-ci fit sonner de la trompette; aussitôt ses soldats levèrent le siège, puis rentrèrent chez eux. Joab lui-même retourna auprès du roi à Jérusalem. Joab était chef de toute l'armée d'Israël; Benaya, fils de Yoyada, commandait les Crétois et les Pélétiens de la garde royale; Adoram était responsable des travaux obligatoires; Yochafath, fils d'Ahiloud, était porte-parole du roi; Cheva était secrétaire; Sadoc et Abiatar étaient prêtres; Ira, descendant de Yaïr, était aussi prêtre au service de David. Pendant le règne de David, il y eut une famine qui dura trois années. David consulta le Seigneur, qui lui répondit: «Cela arrive à cause des meurtres que Saül et les siens ont commis, lorsque Saül a fait mourir les Gabaonites.» Le roi convoqua les Gabaonites pour leur parler. Ceux-ci n'étaient pas des Israélites, mais des survivants des Amorites, à qui les Israélites avaient promis la vie sauve; cependant Saül, dans son zèle pour Israël et Juda, avait cherché à les exterminer. David leur demanda: «Que dois-je faire pour vous? Comment puis-je réparer le mal que vous avez subi, afin que vous bénissiez le peuple du Seigneur?» Les Gabaonites répondirent: «Notre différend avec Saül et sa famille ne peut pas se régler avec de l'argent ou de l'or, ni en mettant à mort un Israélite.» – «Alors dites-moi ce que vous désirez, reprit David. Je vous l'accorderai.» Les Gabaonites lui dirent: «Saül avait l'intention d'en finir avec nous, de nous exterminer, de ne laisser subsister aucun de nous dans tout le territoire d'Israël. Qu'on nous livre donc sept hommes parmi ses descendants, et nous les pendrons en présence du Seigneur, à Guibéa, la ville où résidait Saül, le roi choisi par le Seigneur.» – «Je vous les livrerai», déclara le roi. David épargna Mefibaal, fils de Jonatan et petit-fils de Saül, à cause du pacte d'amitié qu'il avait conclu avec Jonatan, au nom du Seigneur. Mais il fit chercher Armoni et Mefibocheth, les deux fils que Rispa, fille d'Aya, avait donnés à Saül, et les cinq fils que Mikal, fille de Saül, avait donnés à Adriel, fils de Barzillaï, d'Abel-Mehola. Il les livra aux Gabaonites qui les pendirent sur une colline, devant le Seigneur. Tous les sept succombèrent ensemble. Cette exécution eut lieu dans les tout premiers jours de la moisson de l'orge. Rispa, veuve de Saül, prit l'étoffe grossière qu'elle portait, l'étendit sur le rocher, et demeura là depuis le début de la moisson jusqu'au moment où il se mit à pleuvoir sur les corps. De jour, elle empêchait les oiseaux de se poser sur eux, et de nuit, elle éloignait les bêtes sauvages. On informa David de ce qu'avait fait Rispa. Alors il alla reprendre les ossements de Saül et de son fils Jonatan aux citoyens de Yabech, en Galaad. En effet, après avoir vaincu Saül à Guilboa, les Philistins avaient pendu les corps de Saül et de Jonatan sur l'esplanade de Beth-Chéan, où les gens de Yabech étaient venus les dérober. David emporta de Yabech les ossements de Saül et de Jonatan. Puis on rassembla les ossements des sept pendus et on alla les déposer, avec ceux de Saül et de Jonatan, dans le tombeau de Quich, père de Saül, à Séla, dans le territoire de Benjamin. Après qu'on eut exécuté tous les ordres du roi, Dieu se montra propice au pays. Un nouveau conflit éclata entre Philistins et Israélites. David et ses soldats descendirent attaquer les Philistins. Soudain David ressentit de la fatigue. Ichebi-Benob, un descendant de Harafa, résolut de tuer David. Il était équipé de neuf, et la pointe de bronze de sa lance pesait plus de trois kilos. Mais Abichaï, dont la mère s'appelait Serouia, se porta au secours du roi et frappa à mort le Philistin. Alors les soldats firent promettre à David de ne plus participer avec eux aux combats, afin que la royauté ne s'éteigne pas en Israël. Plus tard, il y eut encore un combat contre les Philistins, à Gob; à cette occasion-là, Sibkaï, de Houcha, tua Saf, un autre descendant de Harafa. Au cours d'un autre combat contre les Philistins, également à Gob, Élanan, fils de Yari, de Bethléem, tua Goliath, de Gath, dont le bois de la lance était gros comme le cylindre d'un métier à tisser. Un autre combat encore eut lieu, à Gath. Il y avait là un soldat ennemi, qui avait six doigts à chaque main et à chaque pied, soit un total de vingt-quatre; il était lui aussi un descendant de Harafa. D'un tempérament bagarreur, il insulta les Israélites. Alors Yonatan, fils de Chamma et neveu de David, le tua. Ces quatre soldats philistins, descendants de Harafa, de Gath, tombèrent donc sous les coups de David et de ses soldats. David adressa ce cantique au Seigneur quand celui-ci l'eut délivré de tous ses ennemis, en particulier de Saül: Le Seigneur est pour moi un roc, un refuge où je suis en sûreté. Mon Dieu est pour moi un rocher où je suis à l'abri du danger, un bouclier qui me protège, une forteresse où je suis sauvé. Je cherche asile auprès de lui pour être délivré des violents. Qu'on acclame le Seigneur! Dès que je l'appelle au secours, je suis délivré de mes ennemis. La Mort faisait déferler ses vagues sur moi, elle m'effrayait comme un torrent destructeur; j'étais presque prisonnier du monde des ombres, son piège se refermait sur moi. Dans ma détresse j'ai appelé le Seigneur, j'ai lancé mes appels vers mon Dieu. De son temple il a entendu ma voix, il a bien voulu écouter mon cri. Alors la terre fut prise de tremblements, le ciel vacilla sur ses bases; terre et ciel chancelèrent devant la colère du Seigneur. Une fumée montait de ses narines, un feu dévorant sortait de sa bouche, accompagné d'étincelles brûlantes. Le Seigneur inclina le ciel et descendit, un sombre nuage sous les pieds. Monté sur un chérubin il prit son vol, il apparut sur les ailes du vent. Il s'enveloppa d'obscurité, se dissimula dans d'épaisses nuées, dans des nuages gonflés d'eau. Devant lui une vive lumière, d'où jaillissaient des étincelles de feu. Du ciel le Seigneur fit gronder le tonnerre, le Dieu très-haut fit retentir sa voix. Il lança des éclairs en tous sens, tira des flèches dans toutes les directions. Devant ces menaces du Seigneur, devant la tempête de sa colère, le fond des océans fut dévoilé, les fondations du monde apparurent. Alors du haut du ciel il étendit la main et me saisit, il m'arracha au danger qui me submergeait, il me délivra de mes puissants ennemis, de mes adversaires trop forts pour moi. Au jour du désastre ils m'avaient assailli, mais le Seigneur est venu me soutenir, il m'a dégagé, m'a rendu la liberté. Il m'aime, voilà pourquoi il m'a délivré. Le Seigneur me traite ainsi parce que je lui reste fidèle; il me récompense d'avoir toujours agi honnêtement. J'observe les recommandations du Seigneur, je ne me rends pas coupable envers mon Dieu. Oui, j'observe les règles qu'il a prescrites, je ne m'écarte pas de ce qu'il a ordonné. Je veux qu'il n'ait rien à me reprocher, je me garde d'être en faute. Alors le Seigneur m'a récompensé de lui être resté fidèle et d'avoir fait ce qu'il jugeait honnête. Seigneur, tu te montres fidèle envers qui t'est fidèle, irréprochable avec l'homme irréprochable. Tu te montres pur avec qui est pur, mais tu ridiculises l'homme de mauvaise foi. Tu viens au secours du peuple humilié, mais tu regardes avec mépris les orgueilleux. Seigneur, tu es pour moi une lampe, oui, Seigneur, tu éclaires la nuit où je suis. Avec toi, je prends d'assaut une muraille, grâce à toi, mon Dieu, je peux franchir un rempart. Dieu est un guide parfait, les avis qu'il donne sont sûrs; il est comme un bouclier pour tous ceux qui se réfugient auprès de lui. Un seul est Dieu, c'est le Seigneur; un seul est un rocher pour nous, c'est notre Dieu! C'est lui, mon puissant protecteur, qui dégage la route devant moi, qui me donne l'agilité de la gazelle et me maintient debout sur les hauteurs. C'est lui qui m'entraîne au combat et m'aide à tendre l'arc le plus puissant. Seigneur, comme un bouclier tu me protèges et me sauves, tu réponds à mes appels et tu me rends fort. Grâce à toi je cours plus vite sans faire de faux pas. Je poursuis mes ennemis et les extermine, je ne fais pas demi-tour avant d'en avoir fini avec eux. Je les taille en pièces, je les achève, ils ne se relèveront plus; ils sont à terre, je mets le pied sur eux. Tu me donnes la force de combattre, tu fais plier mes agresseurs, les voici à mes pieds. Devant moi tu mets en fuite mes ennemis, je peux réduire à rien mes adversaires. Ils ont beau implorer du regard, personne ne leur vient en aide; ils s'adressent au Seigneur, mais il ne leur répond pas. Je les broie, je les réduis en poussière, je les piétine comme la boue des rues. Tu me mets à l'abri de mon peuple révolté, tu me gardes à la tête des nations. Des gens inconnus se soumettent à moi, des étrangers viennent me flatter, au moindre mot ils m'obéissent, ils perdent leur assurance, ils trébuchent, à cause de leurs chaînes. Le Seigneur est vivant! Merci à celui qui est mon rocher! Dieu est grand, il est mon rocher et mon sauveur! C'est le Dieu qui me donne ma revanche et qui me soumet des peuples. Seigneur, tu me soustrais à mes ennemis, tu me rends victorieux de mes agresseurs, tu me délivres des hommes violents. Je veux donc te louer parmi les nations, te célébrer par mes chants. Le Seigneur fait de grandes choses pour secourir le roi qu'il a choisi, il traite avec bonté celui qu'il a consacré, David, et ses descendants, pour toujours. Voici les dernières déclarations de David: Écoutez les paroles de David, fils de Jessé, les paroles de l'homme souverainement élevé, que le Dieu de Jacob a choisi comme roi et que le peuple d'Israël se plaît à chanter: L'Esprit du Seigneur s'exprime par moi, il place sa parole sur ma langue. Le Dieu d'Israël a parlé, le protecteur d'Israël m'a déclaré: «Le roi qui gouverne les hommes avec justice et se soumet à Dieu pour les diriger est pareil au soleil qui se lève, lumineux, dans un ciel matinal sans nuage. A la chaleur de ses rayons, après la pluie, la verdure sort de terre.» Voici comment Dieu agit avec ma famille: il a conclu avec moi une alliance perpétuelle, fixée par des règles qui la préservent. En toute occasion, il m'assure la victoire, il réalise mes désirs. Mais tous ceux qui méprisent Dieu sont comme des branches épineuses qu'on élimine. On ne les empoigne pas à main nue; celui qui veut y toucher s'arme d'un crochet de fer ou d'un bois de lance, et brûle tout sur place. Voici la liste des plus vaillants guerriers de David: Ichebaal, le Hakmonite, qui appartenait à l'élite de la garde; on l'appelait aussi Adino l'Esnite, et c'est lui qui fit huit cents victimes en une seule fois. Vient ensuite Élazar, fils de Dodo et petit-fils d'un homme d'Ahoa. Il était l'un des trois guerriers accompagnant David, lorsqu'ils défièrent les Philistins rassemblés pour le combat; l'armée d'Israël battit en retraite, mais Élazar tint ferme et tua des Philistins jusqu'à ce que sa main se crispe de fatigue sur la poignée de son épée. Le Seigneur accorda ce jour-là une éclatante victoire à Israël; l'armée ne revint auprès d'Élazar que pour dépouiller les victimes. Vient ensuite Chamma, fils d'Agué, de Harar. Lorsque les Philistins se rassemblèrent à Léhi, où se trouvait un champ de lentilles, l'armée d'Israël prit la fuite devant eux; mais Chamma se posta au milieu du champ, le dégagea et battit les Philistins. Le Seigneur accorda ainsi une éclatante victoire à Israël. Un jour, au temps de la moisson, trois membres de l'élite de la garde vinrent trouver David à la caverne d'Adoullam, car une troupe de Philistins campait dans la vallée des Refaïtes. David était dans son refuge fortifié, et un groupe de Philistins occupait Bethléem. David, pris d'un désir soudain, demanda: «Qui m'apportera à boire de l'eau provenant de la citerne située à la porte de Bethléem?» Alors les trois guerriers firent irruption dans le camp philistin, puisèrent de l'eau dans la citerne, l'emportèrent et la présentèrent à David. Mais lui ne voulut pas la boire; il l'offrit au Seigneur en la versant sur le sol, et il déclara: «Je n'ai pas le droit, Seigneur, de boire cette eau! N'est-elle pas comme le sang même des hommes qui sont allés la chercher, au péril de leur vie?» Il refusa donc de la boire. Tel fut l'exploit de ces trois guerriers. Abichaï, frère de Joab, dont la mère s'appelait Serouia, appartenait à l'élite de la garde. C'est lui qui, un jour, brandit sa lance contre trois cents adversaires et les tua. Il acquit une renommée semblable à celle du “groupe des Trois”; il fut l'un des plus célèbres du “groupe des Trente”, et devint même leur chef, mais il ne fit pas partie du “groupe des Trois”. Benaya, de Cabséel, fils de Yoyada, lequel était un vaillant soldat, accomplit de nombreux exploits. C'est lui qui tua les deux Ariel de Moab; lui aussi qui, un jour où il neigeait, descendit dans une citerne pour y tuer un lion. C'est lui encore qui tua un imposant Égyptien armé d'une lance: il l'attaqua avec un bâton, lui arracha la lance de la main et s'en servit pour le tuer. Tels furent les exploits de Benaya, qui acquit une renommée semblable à celle du groupe des trois guerriers. Il fut l'un des plus célèbres du “groupe des Trente”, mais il ne fit pas partie du “groupe des Trois”. David lui confia le commandement de la garde royale. Le “groupe des Trente” comprenait aussi: Assaël, frère de Joab, Élanan, fils de Dodo, de Bethléem, Chamma, de Harod, Élica, de Harod, Hélès, de Péleth, Ira, fils d'Iquèch, de Técoa, Abiézer, d'Anatoth, Mebounnaï, de Houcha, Salmon, d'Ahoa, Maraï, de Netofa, Héleb, fils de Baana, de Netofa, Ittaï, fils de Ribaï, de Guibéa, dans le territoire de Benjamin, Benaya, de Piraton, Hiddaï, des torrents de Gaach, Abialbon, de Beth-Araba, Azmaveth, de Bahourim, Éliaba, de Chaalbon, un des fils de Yachen, Yonatan, Chamma, de Harar, Ahiam, fils de Charar, de Harar, Éliféleth, fils d'Ahasbaï et petit-fils d'un homme de Maaka, Éliam, fils d'Ahitofel, de Guilo, Hesraï, de Karmel, Paaraï, d'Arab, Igal, fils de Natan, de Soba, Bani, de la tribu de Gad, Sélec, l'Ammonite, Naraï, de Beéroth, porteur d'armes de Joab, dont la mère s'appelait Serouia, Ira, de la famille de Yéter, Gareb, de la même famille, et Urie, le Hittite. Au total, ils étaient trente-sept. Un jour, le Seigneur se mit de nouveau en colère contre les Israélites. Il poussa David à agir contre leur intérêt, en lui suggérant de dénombrer les Israélites et les Judéens. Le roi dit à Joab, chef de l'armée, qui accompagnait le roi: «Parcours tout le territoire d'Israël, du nord au sud, et que l'on recense le peuple, car je veux connaître le chiffre de la population.» Joab répondit au roi: «Majesté, je souhaite que le Seigneur ton Dieu rende le peuple cent fois plus nombreux, et que tu puisses le voir de tes propres yeux! Mais toi, pourquoi désires-tu faire une chose pareille?» Cependant l'ordre du roi était catégorique, de sorte que Joab et les officiers supérieurs durent l'exécuter. Ils sortirent de chez le roi pour aller recenser le peuple d'Israël. Ils passèrent le Jourdain et commencèrent par la ville d'Aroër et la ville qui se trouve au fond de la vallée. Ils traversèrent la tribu de Gad en direction de Yazer, pénétrèrent dans le territoire de Galaad, se rendirent dans le pays des Hittites, à Cadès, à Dan-Yaan et aux alentours, puis à Sidon. Ils continuèrent par la ville fortifiée de Tyr et par toutes les villes qui avaient appartenu aux Hivites et aux Cananéens pour gagner Berchéba, dans le sud du territoire de Juda. Après avoir parcouru tout le pays, ils regagnèrent Jérusalem, au bout de neuf mois et vingt jours. Joab communiqua au roi le résultat du recensement: Israël comptait 800 000 soldats en état de se battre, et Juda 500 000. Soudain, David se sentit coupable d'avoir fait ce recensement, et il dit au Seigneur: «En agissant ainsi, j'ai commis une faute grave. Je reconnais que je me suis conduit comme un insensé! Seigneur, pardonne-moi ce péché.» Gad se rendit chez lui et lui communiqua le message de Dieu, puis il lui demanda: «Préfères-tu que ton pays passe par sept années de famine, ou bien que tu aies à fuir pendant trois mois devant l'ennemi lancé à ta poursuite, ou encore que la peste s'abatte pour trois jours sur ton pays? Réfléchis et dis-moi ce que je dois répondre à celui qui m'envoie.» David répondit: «Je suis dans une grande angoisse… Mais je préfère tomber entre les mains du Seigneur plutôt qu'entre celles des hommes, car le Seigneur sait avoir pitié.» Le Seigneur envoya donc une épidémie de peste sur Israël, dès ce matin-là et pour la durée annoncée. D'un bout à l'autre du pays, soixante-dix mille hommes moururent. Lorsque l'ange du Seigneur, la main dirigée contre Jérusalem, fut sur le point d'y répandre le fléau, le Seigneur renonça à sévir davantage. Il dit à l'ange exterminateur: «Cela suffit; abaisse ta main!» A ce moment-là, l'ange du Seigneur se trouvait près de l'endroit où le Jébusite Aravna battait son blé. David, après avoir vu l'ange qui exterminait le peuple, dit au Seigneur: «Je suis le coupable. C'est moi, le roi, qui ai péché; eux, les gens de mon peuple, n'ont rien fait de mal. C'est donc moi et ma famille qu'il faut punir.» Le même jour, Gad vint trouver David et lui dit: «Monte sur l'aire où Aravna bat son blé et construis là un autel pour le Seigneur.» David s'y rendit comme le Seigneur le lui avait ordonné par l'intermédiaire de Gad. D'en haut, Aravna vit le roi et ses ministres qui venaient vers lui. Il s'avança, se jeta le visage contre terre devant le roi et demanda: «Comment se fait-il que le roi vienne chez moi?» – «Je désire t'acheter cet emplacement-ci, répondit David. Je veux y construire un autel pour le Seigneur, afin que le fléau qui s'est abattu sur le peuple prenne fin.» Aravna déclara alors: «Que le roi prenne tout ce qu'il désire pour faire une offrande à Dieu. Voici mes bœufs pour le sacrifice, ainsi que les chariots et les harnais comme combustible. Je donne tout au roi. J'espère que le Seigneur son Dieu accueillera cette offrande avec faveur.» Mais le roi lui dit: «Tu ne me donneras rien! Je veux acheter cela, te le payer. Je ne vais quand même pas offrir au Seigneur mon Dieu des sacrifices qui ne me coûtent rien!» David lui paya cinquante pièces d'argent pour l'aire et les bœufs. Il construisit à cet endroit un autel et offrit au Seigneur des sacrifices complets et des sacrifices de communion. Alors le Seigneur se montra propice au pays et le fléau qui s'était abattu sur Israël prit fin. Le roi David était devenu très vieux. Même quand on le couvrait de vêtements, il ne parvenait pas à se réchauffer. Alors les gens de son entourage lui dirent: «Nous allons chercher pour sa Majesté le roi une jeune fille vierge qui sera à son service, qui le soignera et qui couchera auprès de lui pour le réchauffer.» Adonia se mit à comploter avec le général Joab, dont la mère s'appelait Serouia, et avec le prêtre Abiatar, qui devinrent ses partisans. Par contre, le prêtre Sadoc, Benaya, fils de Yoyada, le prophète Natan, ainsi que Chiméi, Réi et les soldats de la garde personnelle de David, n'étaient pas des partisans d'Adonia. Un jour, Adonia organisa une grande fête à la “Pierre-qui-Glisse” près de la source des Blanchisseurs; on y sacrifia des moutons, des taureaux et des bêtes grasses. Il y avait invité les fils du roi David, ses frères, et tous les hommes importants de la région de Juda qui étaient au service du roi, à l'exception du prophète Natan, de Benaya, des soldats de la garde et de son frère Salomon. Alors Natan vint trouver Batchéba, la mère de Salomon: «Tu as certainement appris, lui dit-il, qu'Adonia, le fils de Haguite, agit comme s'il était roi; mais Sa Majesté le roi David n'en sait rien. Je vais donc te donner un conseil; si tu le suis, tu pourras sauver ta vie et celle de ton fils Salomon. Va trouver le roi David et dis-lui ceci: “Sa Majesté le roi m'avait bien promis que mon fils Salomon deviendrait roi après lui et qu'il prendrait place sur son trône. Alors pourquoi est-ce Adonia qui est devenu roi?” » Et Natan continua: «Au moment où tu finiras de parler avec le roi, moi aussi j'irai le trouver et je confirmerai ce que tu auras dit.» Batchéba se rendit donc chez le roi, qui était dans sa chambre à cause de son grand âge. Abichag de Chounem était là pour le servir. Batchéba s'agenouilla et s'inclina profondément devant le roi, qui lui demanda: «Que désires-tu?» Elle répondit: «Sa Majesté le roi m'avait promis devant le Seigneur son Dieu que mon fils Salomon deviendrait roi après lui et qu'il prendrait place sur son trône. Mais je viens d'apprendre que c'est Adonia qui est devenu roi, sans que tu en saches rien. En effet, Adonia a organisé une grande fête au cours de laquelle il a sacrifié des quantités de taureaux, de bêtes grasses et de moutons; il y a invité tous tes fils ainsi que le prêtre Abiatar et le général Joab, mais pas ton fils Salomon. Maintenant, Majesté, tout le peuple d'Israël attend avec impatience que tu proclames publiquement le nom de celui qui doit te succéder comme roi. Sinon, quand tu ne seras plus là, on nous traitera, mon fils Salomon et moi-même, comme des coupables.» Au moment où Batchéba finissait de parler avec le roi, le prophète Natan arriva au palais. On annonça au roi son arrivée, puis Natan entra et s'inclina devant le roi, le visage contre terre. Ensuite il dit: «Est-ce bien Sa Majesté le roi qui a décidé qu'Adonia deviendrait roi après lui et qu'il prendrait place sur son trône? En effet, Adonia est descendu aujourd'hui à la “Pierre-qui-Glisse”, il a organisé une grande fête au cours de laquelle il a sacrifié des quantités de taureaux, de bêtes grasses et de moutons. Il y a invité tes fils, ainsi que les chefs de l'armée et le prêtre Abiatar; tous ceux-là sont en train de manger et de boire avec lui, et crient: “Vive le roi Adonia!” Mais il n'a invité ni le prêtre Sadoc, ni Benaya, fils de Yoyada, ni ton fils Salomon, ni moi-même. Est-il possible que Sa Majesté le roi ait ainsi décidé de se choisir un successeur sans nous en informer, nous, ses fidèles serviteurs?» Alors le roi David ordonna: «Rappelez Batchéba!» Quand Batchéba fut de nouveau devant lui, il lui fit ce serment: «Par le Seigneur vivant, qui m'a toujours secouru quand j'étais dans des situations difficiles, je jure que je vais réaliser aujourd'hui même ce que je t'avais déjà promis devant le Seigneur, le Dieu d'Israël, lorsque je t'ai dit: “Ton fils Salomon deviendra roi après moi et prendra place sur mon trône.” » Alors Batchéba s'agenouilla, s'inclina jusqu'à terre devant le roi, puis elle s'écria: «Vive Sa Majesté le roi David, pour toujours!» Ensuite David fit appeler le prêtre Sadoc, le prophète Natan et Benaya, fils de Yoyada; lorsqu'ils furent devant lui, il leur ordonna: «Rassemblez les gens de mon entourage; puis faites monter mon fils Salomon sur ma mule royale et conduisez-le à la source de Guihon. Là, le prêtre Sadoc et le prophète Natan verseront de l'huile sur sa tête pour le consacrer roi d'Israël. Alors vous sonnerez de la trompette et vous crierez: “Vive le roi Salomon!” Ensuite vous remonterez à la ville en marchant derrière lui; et Salomon viendra prendre place sur mon trône et me succédera comme roi, car c'est lui que j'ai désigné comme chef à la tête des peuples d'Israël et de Juda.» Benaya répondit au roi: «C'est bien dit, Majesté! C'est le Seigneur Dieu lui-même qui a parlé par la bouche du roi. Qu'il soit avec Salomon comme il a été avec toi, et qu'il rende le règne de Salomon encore plus glorieux que le tien!» Le prêtre Sadoc, le prophète Natan et Benaya, fils de Yoyada, avec les Crétois et les Pélétiens de la garde royale, se rendirent donc auprès de Salomon; ils le firent monter sur la mule royale de David et le conduisirent à la source de Guihon. Le prêtre Sadoc avait pris dans la tente du Seigneur la corne remplie d'huile consacrée; il en versa sur la tête de Salomon pour le consacrer roi. Alors on sonna de la trompette et tous ceux qui étaient là se mirent à crier: «Vive le roi Salomon!» Puis tout le monde remonta à la ville en marchant derrière lui; les gens jouaient de la flûte et manifestaient une si grande joie que la terre était comme secouée par leurs cris. Adonia et tous ses invités, qui avaient fini de manger, entendirent du bruit; Joab distingua même la sonnerie de trompette et demanda: «Que signifie cette agitation bruyante dans la ville?» Il finissait de poser cette question quand Yonatan, le fils du prêtre Abiatar, arriva. «Entre, lui dit Adonia, car tu es un homme d'honneur, et tu apportes certainement de bonnes nouvelles.» – «Hélas non! répondit Yonatan. Sa Majesté le roi David a désigné Salomon pour lui succéder comme roi. David a ordonné au prêtre Sadoc, au prophète Natan et à Benaya, fils de Yoyada, avec les Crétois et les Pélétiens de la garde, d'accompagner Salomon; alors ceux-ci l'ont fait monter sur la mule royale, puis le prêtre Sadoc et le prophète Natan l'ont consacré roi près de la source de Guihon. Ensuite tout le monde est remonté de là en manifestant sa joie, et la population de la ville est tout excitée; voilà d'où venait le bruit que vous avez entendu. De plus, continua Yonatan, Salomon a pris place sur le trône royal, et les ministres sont venus féliciter Sa Majesté le roi David en disant: “Nous souhaitons que ton Dieu rende la renommée de Salomon encore plus grande que la tienne, et qu'il rende son règne encore plus glorieux que le tien.” Et alors le roi, sur son lit, s'est incliné profondément et a déclaré: “Je remercie le Seigneur, le Dieu d'Israël, qui m'a donné aujourd'hui un successeur, et qui surtout m'a permis de vivre ces événements.” » Tous les invités d'Adonia furent effrayés par ces paroles; ils se levèrent et s'en allèrent chacun de son côté. Adonia lui-même eut tellement peur de Salomon qu'il alla se réfugier auprès de l'autel des sacrifices. Quelqu'un vint l'annoncer à Salomon en ces termes: «Adonia a tellement peur de toi qu'il s'est réfugié auprès de l'autel; là, il a dit: “Je ne quitterai cet endroit que si le roi Salomon me promet de ne pas me faire mourir.” » Salomon répondit: «S'il se conduit en honnête homme, je ne lui ferai aucun mal; mais s'il commet la moindre faute, il devra mourir.» Le roi Salomon envoya quelqu'un chercher Adonia auprès de l'autel; on le fit descendre de là, et il vint s'incliner jusqu'à terre devant le roi. Alors Salomon lui dit: «Tu peux retourner chez toi!» Lorsque David sentit que la mort était proche, il donna ses instructions à son fils Salomon. «Je vais bientôt quitter ce monde, lui dit-il; montre-toi donc courageux et conduis-toi en homme responsable. Sois fidèle au Seigneur ton Dieu; fais toujours ce qu'il veut, et obéis à ses lois, à ses commandements, à ses ordres et à ses enseignements, à tout ce qui est écrit dans la loi de Moïse; c'est ainsi que tu réussiras dans tout ce que tu entreprendras. Alors le Seigneur accomplira ce qu'il m'avait promis en disant: “Si tes descendants font fidèlement ce que je veux, s'ils se conduisent à mon égard avec une entière franchise et avec une totale sincérité, il y aura toujours après toi l'un d'entre eux qui régnera sur le peuple d'Israël.” Par ailleurs, continua David, tu te souviens de tout le mal que m'a fait Joab, dont la mère s'appelle Serouia; c'est lui qui a assassiné les deux chefs des armées d'Israël, Abner fils de Ner et Amassa fils de Yéter; lorsqu'il a fait cela, il a commis un acte de guerre en temps de paix et il en est totalement responsable. C'est pourquoi, tu agiras avec sagesse en ne le laissant pas mourir tranquillement de vieillesse. Tu te souviens aussi des fils de Barzillaï, de Galaad, qui sont venus me secourir le jour où je m'enfuyais devant ton frère Absalom; à cause de cela, tu les traiteras avec bonté et ils mangeront tous les jours à ta table. Enfin n'oublie pas Chiméi, fils de Guéra, du village de Bahourim dans le territoire de Benjamin: il a prononcé contre moi une terrible malédiction le jour où je fuyais à Mahanaïm; mais quand j'ai pris le chemin du retour, il est descendu au bord du Jourdain pour m'accueillir; alors je lui ai promis devant le Seigneur de ne pas le faire mourir. Mais maintenant, toi qui es un homme sage, tu ne le tiendras pas pour innocent. Tu sais comment le traiter: malgré son grand âge, tu veilleras à ce qu'il soit mis à mort.» Lorsque David mourut, on l'enterra dans la Cité de David, à Jérusalem. Il avait régné quarante ans sur le peuple d'Israël, à savoir sept ans à Hébron et trente-trois ans à Jérusalem. Son fils Salomon lui succéda. Dès lors, l'autorité royale de Salomon s'affermit. Un jour Adonia, le fils de David et de Haguite, alla trouver Batchéba, la mère de Salomon; celle-ci lui demanda: «Viens-tu me voir avec de bonnes intentions?» – «Oui, répondit-il, et il ajouta: J'aimerais te parler.» – «Parle!» lui dit-elle. Il reprit: «Tu sais que la royauté aurait dû me revenir; d'ailleurs tout le peuple d'Israël s'attendait à ce que je devienne roi. Mais les choses se sont passées autrement: c'est mon frère Salomon qui est devenu roi plutôt que moi, car le Seigneur l'a voulu ainsi. Maintenant, j'ai juste une chose à te demander; ne me la refuse pas.» – «Parle donc», lui dit-elle. «Je t'en prie, reprit Adonia, demande au roi Salomon de me donner Abichag, de Chounem, pour qu'elle devienne ma femme; il ne te refusera certainement pas cela.» – «Bien, dit Batchéba, j'irai en parler au roi pour toi.» Elle alla donc se présenter devant Salomon pour lui parler d'Adonia. Le roi se leva de son trône, s'avança vers elle et s'inclina profondément; puis il se rassit, fit mettre un trône à sa droite et sa mère y prit place. Batchéba lui dit: «J'ai juste une petite chose à te demander; ne me la refuse pas.» – «Ma mère, lui répondit le roi, demande ce que tu veux, je ne te le refuserai pas.» – «Eh bien! reprit-elle, ne pourrait-on pas donner Abichag, de Chounem, à ton frère Adonia, pour qu'elle devienne sa femme?» Salomon répondit à sa mère: «Comment? Tu oses demander Abichag de Chounem pour Adonia? Mais demande tout de suite la royauté pour lui, puisqu'il est mon frère aîné! Demande-la pour lui et ses partisans, le prêtre Abiatar et le général Joab!» Ensuite Salomon prononça ce serment devant le Seigneur: «Que Dieu m'inflige la plus terrible des punitions si Adonia ne paie pas de sa vie une pareille demande! Par le Seigneur vivant qui m'a installé fermement sur le trône de mon père David et qui m'a promis la royauté pour moi et mes descendants, je jure qu'Adonia mourra aujourd'hui même!» Alors Salomon envoya Benaya, fils de Yoyada, l'exécuter. C'est ainsi qu'Adonia mourut. Le roi dit ensuite au prêtre Abiatar: «Retire-toi à Anatoth, dans ta propriété, car tu mérites la mort; mais je ne veux pas te faire mourir aujourd'hui, parce qu'autrefois, du temps de mon père David, tu as porté le coffre de l'alliance du Seigneur Dieu et tu as participé à toutes les épreuves de mon père.» Salomon interdit donc à Abiatar d'exercer ses fonctions de prêtre du Seigneur. Ainsi se réalisa ce que le Seigneur avait dit contre la famille du grand-prêtre Héli, au sanctuaire de Silo. Lorsque Joab apprit ce qui était arrivé à Adonia et à Abiatar, il s'enfuit à la tente du Seigneur et s'y réfugia auprès de l'autel des sacrifices. En effet, il avait pris parti pour Adonia, bien qu'il n'eût pas pris parti précédemment pour Absalom. Quelqu'un vint annoncer la nouvelle à Salomon en ces termes: «Joab s'est enfui à la tente du Seigneur et s'est réfugié près de l'autel.» Salomon envoya quelqu'un demander à Joab: «Pourquoi t'es-tu réfugié près de l'autel?» – «J'ai eu peur de toi, répondit Joab, et je me suis réfugié auprès du Seigneur.» Alors Salomon ordonna à Benaya, fils de Yoyada, d'aller le tuer. Benaya se rendit à la tente et dit à Joab: «Le roi t'ordonne de sortir de là.» – «Non! répondit Joab. Je veux mourir ici.» Benaya revint chez le roi et lui répéta ce qu'avait répondu Joab. «Très bien! s'écria le roi. Tue-le sur place comme il l'a dit, puis enterre-le; ainsi la famille de mon père et moi-même, nous serons dégagés de toute responsabilité en ce qui concerne la mort des deux hommes innocents que Joab a assassinés. En effet, Abner fils de Ner, chef de l'armée d'Israël, et Amassa fils de Yéter, chef de l'armée de Juda, étaient des hommes plus justes et meilleurs que Joab; pourtant ce dernier les a assassinés sans que mon père en sache rien. Eh bien, que le Seigneur fasse subir à Joab les conséquences de ce double meurtre! Oui, c'est Joab et ses descendants qui en subiront les conséquences pour toujours, tandis que David et ses descendants, sa famille et les rois qui lui succéderont jouiront d'un bonheur sans fin, accordé par le Seigneur.» Benaya retourna donc vers Joab et le tua; puis il le fit enterrer dans sa propriété, située en pleine campagne. Le roi remplaça Joab par Benaya à la tête de l'armée, et Abiatar par Sadoc comme prêtre du sanctuaire. Salomon fit venir Chiméi et lui dit: «Construis-toi une maison à Jérusalem; je veux que tu habites là et je t'interdis de sortir de la ville. Je t'avertis solennellement: si un jour tu sors de la ville et que tu traverses le torrent du Cédron, tu mourras; tu subiras ainsi la peine de ton crime.» – «Bien, Majesté! répondit Chiméi. Je vais faire ce que tu as dit.» Chiméi demeura longtemps à Jérusalem. Mais environ trois ans plus tard, deux de ses esclaves s'enfuirent chez Akich, fils de Maaka et roi de la ville de Gath. Lorsque Chiméi apprit que ses esclaves étaient chez Akich, il sella son âne et partit pour Gath; il alla réclamer ses esclaves à Akich et rentra avec eux à Jérusalem. On annonça à Salomon que Chiméi était allé à Gath, puis était rentré à Jérusalem. Alors le roi le fit venir et lui dit: «Je t'avais fait promettre devant le Seigneur de ne pas sortir de la ville, et je t'avais prévenu que si tu en sortais pour aller où que ce soit, tu mourrais. Tu m'avais répondu: “Bien! J'ai compris.” Pourquoi donc n'as-tu pas tenu la promesse faite devant le Seigneur? Pourquoi as-tu désobéi à l'ordre que je t'avais donné? Et tu te souviens aussi, ajouta le roi, de tout le mal que tu as fait à mon père David; tu en es parfaitement conscient. Eh bien, le Seigneur lui-même te fera subir les conséquences de ta méchanceté. Mais le Seigneur me bénira et il affermira pour toujours la royauté dans la famille de David.» Sur l'ordre du roi, Benaya, fils de Yoyada, sortit du palais avec Chiméi et le tua. Dès lors, l'autorité royale de Salomon fut fermement établie. Le roi Salomon épousa une fille du Pharaon, roi d'Égypte, et, par ce mariage, il s'allia avec le Pharaon. Il amena sa femme dans la Cité de David à Jérusalem, en attendant d'avoir fini de bâtir son propre palais, ainsi que le temple du Seigneur et les murailles qui entourent Jérusalem. A cette époque, les gens offraient les sacrifices dans les lieux sacrés du pays, car on n'avait pas encore construit de temple consacré au Seigneur. Salomon manifesta son amour pour le Seigneur en faisant ce que son père David lui avait ordonné; pourtant lui aussi offrait des sacrifices d'animaux et brûlait du parfum dans les lieux sacrés. Un jour, le roi se rendit à Gabaon pour y offrir des sacrifices. C'était là en effet le lieu sacré le plus important: Salomon avait déjà offert des centaines de sacrifices complets sur l'autel de ce lieu. Pendant que Salomon était à Gabaon, le Seigneur Dieu lui apparut durant la nuit dans un rêve et lui dit: «Que pourrais-je te donner? Demande-le-moi.» Salomon répondit: «Seigneur, tu as manifesté une grande bonté envers ton serviteur David mon père, tout comme lui-même s'est conduit en homme digne de confiance, juste et loyal envers toi; et tu lui as conservé ta bonté en lui donnant un fils pour lui succéder comme roi, ainsi qu'on peut le voir aujourd'hui. Oui, Seigneur mon Dieu, c'est toi qui m'as fait roi pour succéder à mon père David. Mais moi, je suis encore trop jeune pour savoir comment je dois remplir cette tâche. Et je me trouve soudain à la tête du peuple que tu as choisi, ce peuple si nombreux qu'on ne peut pas le compter exactement. Veuille donc, Seigneur, me donner l'intelligence nécessaire pour gouverner ton peuple et pour reconnaître ce qui est bon ou mauvais pour lui. Sans cela, personne ne serait capable de gouverner ton peuple, qui est considérable.» Cette demande de Salomon plut au Seigneur. Il répondit donc au roi: «Tu n'as demandé pour toi-même ni de vivre longtemps, ni de devenir riche, ni que tes ennemis meurent; tu as demandé de pouvoir gouverner mon peuple avec intelligence et justice. C'est pourquoi, conformément à ce que tu as demandé, je vais te donner de la sagesse et de l'intelligence; tu en auras plus que n'importe qui, avant toi ou après toi. Et je vais même te donner ce que tu n'as pas demandé, la richesse et la gloire; pendant toute ta vie, tu en auras plus qu'aucun autre roi. Enfin, si tu fais ce que je désire, si tu obéis à mes lois et à mes commandements comme ton père David, alors je prolongerai ta vie.» Quand Salomon se réveilla, il se rendit compte que Dieu lui avait parlé dans un rêve. Il revint à Jérusalem et se présenta devant le Seigneur, devant le coffre de l'alliance. Il offrit à Dieu des sacrifices complets, puis des sacrifices de communion, et enfin il donna un banquet à tous les gens de son entourage. Un jour, deux prostituées vinrent se présenter devant le roi Salomon. La première dit: «Que Sa Majesté veuille bien m'écouter. Moi et cette femme, nous habitons la même maison. J'ai mis au monde un fils, dans la maison, à un moment où elle était là. Deux jours plus tard, elle aussi a mis au monde un fils. Nous vivons seules dans cette maison, il n'y a personne d'autre que nous deux. Or cette nuit, le fils de cette femme est mort parce qu'elle s'était couchée sur lui. Alors elle s'est levée au milieu de la nuit, et pendant que je dormais, elle a pris mon fils qui était à côté de moi et elle l'a couché dans son lit; puis elle a placé son fils, qui était mort, à côté de moi. Ce matin, quand je me suis levée pour allaiter mon fils, je l'ai trouvé mort; je l'ai regardé attentivement à la lumière, et j'ai vu que ce n'était pas mon fils…» A ce moment, l'autre femme s'écria: «Ce n'est pas vrai! C'est mon fils qui est vivant et c'est le tien qui est mort!» Mais la première reprit: «Non! C'est ton fils qui est mort et le mien qui est vivant!» C'est ainsi qu'elles se disputaient devant le roi. Salomon prit la parole et déclara: «L'une d'entre vous dit: “L'enfant qui est vivant, c'est mon fils, et c'est ton fils qui est mort!” L'autre répond: “Non! C'est ton fils qui est mort et c'est le mien qui est vivant!” Eh bien! voici ce que j'ordonne: “Qu'on m'apporte une épée.” » Dès qu'on l'eut apportée, le roi ajouta: «Coupez l'enfant vivant en deux et donnez-en la moitié à chacune des femmes!» La mère de l'enfant vivant, poussée par son profond amour pour son fils, s'écria: «Majesté, qu'on donne plutôt l'enfant vivant à cette femme, mais surtout qu'on ne le fasse pas mourir!» Quant à l'autre femme, elle disait: «Coupez l'enfant en deux; de cette manière il ne sera ni à moi, ni à elle.» Alors le roi déclara: «Ne tuez pas l'enfant; remettez-le à la première des deux femmes, car c'est elle qui est la mère de l'enfant vivant!» Tous les Israélites apprirent comment Salomon avait rendu la justice à cette occasion, et ils furent remplis d'un profond respect envers le roi. En effet ils avaient compris que Dieu lui-même l'avait rempli de sagesse pour rendre la justice. Salomon fut roi de l'ensemble du peuple d'Israël. Voici les noms de ses hauts fonctionnaires: Azaria, fils de Sadoc, prêtre; Élihoref et Ahia, les fils de Chicha, secrétaires; Yochafath, fils d'Ahiloud, porte-parole du roi; Benaya, fils de Yoyada, chef de l'armée; Sadoc et Abiatar, prêtres; Azaria, fils de Natan, chef des gouverneurs; Zaboud, fils de Natan, prêtre et conseiller personnel du roi; Ahichar, chef du palais royal; Adoniram, fils d'Abda, responsable des travaux obligatoires. Salomon avait aussi douze gouverneurs répartis dans tout le pays d'Israël, qui devaient fournir la nourriture pour le roi et pour tout le personnel du palais. Chacun d'eux à tour de rôle était responsable de cette tâche pendant un mois de l'année. Voici qui étaient ces gouverneurs: Le fils de Hour, pour la région montagneuse d'Éfraïm; le fils de Déquer, pour la région de Macas, Chaalbim, Beth-Chémech et Élon-Beth-Hanan; le fils de Hessed, à Arouboth, pour la région de Soko et tout le pays de Héfer; le fils d'Abinadab, pour toute la région des collines de Dor – il avait épousé Tafath, une fille de Salomon –; Baana, fils d'Ahiloud, pour la région de Taanak et Méguiddo, et toute la région de Beth-Chéan – la région de Beth-Chéan touche à Sartan au-dessous de Jizréel; elle s'étend de Beth-Chéan à Abel-Mehola et jusqu'au-delà de Yocméam –; le fils de Guéber, à Ramoth, en Galaad, pour la région des villages de Yaïr, fils de Manassé, en Galaad, et le territoire d'Argob, sur le plateau du Bachan; toute cette région comptait soixante villes fortifiées, entourées de murailles et fermées par des portes avec verrous de bronze; Ahinadab, fils d'Iddo, pour la région de Mahanaïm; Ahimaas, pour la région de Neftali – lui aussi avait épousé une fille de Salomon, qui s'appelait Basmath –; Baana, fils de Houchaï, pour la région d'Asser et de Béaloth; Yochafath, fils de Paroua, pour la région d'Issakar; Chiméi, fils d'Éla, pour la région de Benjamin; Guéber, fils d'Ouri, pour le pays de Galaad, ainsi que les pays de Sihon, roi des Amorites, et d'Og, roi du Bachan. En plus de ces douze, il y avait aussi un gouverneur dans le pays de Juda. Les habitants du royaume de Juda et Israël étaient très nombreux, aussi nombreux que les grains de sable au bord de la mer. Ayant suffisamment à manger et à boire, ils menaient une vie heureuse. Salomon dominait tous les petits royaumes qui s'étendaient depuis l'Euphrate, le grand fleuve, jusqu'au pays des Philistins et même jusqu'à la frontière de l'Égypte. Tous les rois de ces royaumes furent ainsi soumis à Salomon et lui versèrent des impôts tant qu'il vécut. Chaque jour, Salomon avait besoin des vivres suivants pour lui-même et pour tout son personnel: neuf tonnes de farine grossièrement moulue, dix-huit tonnes de farine finement moulue, dix bœufs spécialement engraissés, vingt bœufs pris au pâturage et cent moutons, sans compter d'autres animaux comme des cerfs, des gazelles, des daims et des volailles engraissées. Salomon dominait donc tout le territoire situé au sud-ouest de l'Euphrate, depuis Tifsa jusqu'à Gaza, de sorte que tous les rois de cette région lui étaient soumis. Il vivait ainsi en paix avec tous ses voisins. Les habitants de Juda et d'Israël bénéficiaient de cette sécurité; d'un bout à l'autre du pays, chacun vivait tranquillement au milieu de ses vignes et de ses figuiers, tant que régna Salomon. Salomon avait aussi douze mille chevaux, ainsi que des écuries pouvant recevoir quarante mille chevaux pour ses chars. Les douze gouverneurs désignés par le roi fournissaient tous les vivres nécessaires pour Salomon et pour ses invités; chacun d'eux était responsable de cette tâche pendant un mois de l'année et faisait attention que rien ne manque. Quant à l'orge et à la paille nécessaires pour les chevaux et les bêtes de trait, les gouverneurs les faisaient livrer, selon les ordres reçus, à l'endroit où se trouvait le roi. Dieu avait donné à Salomon une immense sagesse et une immense intelligence. Ainsi les questions auxquelles Salomon s'intéressa furent aussi nombreuses que les grains de sable au bord de la mer. Salomon dépassa en sagesse tous les sages de l'Arabie et de l'Égypte. Il surpassait n'importe qui, même Étan l'Ezrahite, même Héman, Kalkol et Darda, les fils de Mahol; sa sagesse était si grande que sa réputation se répandit chez tous les peuples voisins. Il a prononcé trois mille proverbes et composé plus de mille chants. Il a parlé de toutes sortes de plantes, depuis le cèdre du Liban jusqu'à la branche d'hysope qui pousse au pied d'un mur; il a parlé aussi des animaux, des oiseaux, des reptiles et des poissons. On venait de toutes les nations pour entendre Salomon s'exprimer avec sagesse; on venait de la part de tous les rois de la terre, qui avaient entendu parler de cette sagesse. Hiram, roi de la ville de Tyr, avait toujours été un ami de David. Quand il apprit que Salomon avait été consacré roi pour succéder à son père David, il envoya une délégation lui présenter ses vœux. Salomon à son tour lui envoya des messagers pour lui dire: «Tu sais que mon père David n'a pas pu construire un temple consacré au Seigneur son Dieu, parce que ses ennemis ne cessaient pas de l'attaquer d'un côté ou d'un autre. Mais le Seigneur a fini par lui donner la victoire sur eux; et maintenant le Seigneur mon Dieu m'a accordé la paix sur toutes mes frontières, de sorte que je n'ai plus à redouter ni adversaire ni malheur. Je me suis donc décidé à construire un temple consacré au Seigneur mon Dieu. En effet le Seigneur avait déclaré ceci à mon père David: “C'est ton fils, celui que je désignerai pour te succéder comme roi, qui construira le temple où l'on viendra m'adorer.” Eh bien, je t'en prie, ordonne maintenant à tes bûcherons d'aller sur le mont Liban couper les cèdres dont j'aurai besoin; car, tu le sais bien, il n'y a chez nous personne d'aussi compétent que vous, les Phéniciens, pour abattre les arbres. Mes propres ouvriers aideront les tiens. Ensuite je te payerai intégralement le salaire que tu m'indiqueras pour tes bûcherons.» Lorsque le roi Hiram reçut ce message de Salomon, il en fut très heureux et il s'écria: «Il faut remercier le Seigneur en ce jour, car il a donné à David un fils plein de sagesse pour régner sur le grand peuple d'Israël!» Puis il envoya cette réponse à Salomon: «J'ai bien reçu la demande que tu m'as adressée. J'accepte de te fournir tout le bois de cèdre et de pin que tu désires. Mes ouvriers transporteront les troncs d'arbres des hauteurs du Liban jusqu'à la côte. Ils les assembleront en grands radeaux pour les faire flotter par mer jusqu'à l'endroit que tu m'indiqueras. Là, ils déferont les radeaux et tes ouvriers viendront y chercher les troncs. Comme paiement, tu me fourniras les provisions que je désire pour nourrir le personnel de mon palais.» Alors Hiram livra à Salomon tout le bois de cèdre et de pin qu'il désirait; de son côté, Salomon lui fournissait chaque année six mille tonnes de blé et huit mille litres d'huile d'olive de première qualité, pour approvisionner son palais. Le Seigneur avait donné de la sagesse à Salomon, comme il le lui avait promis. Salomon put ainsi vivre en bonne entente avec Hiram et conclure une alliance avec lui. Le roi Salomon organisa des travaux obligatoires, auxquels trente mille Israélites durent participer. Chaque mois, dix mille d'entre eux étaient envoyés sur le mont Liban, où ils dépendaient d'Adoniram, le responsable des travaux obligatoires; ils y travaillaient pendant un mois, puis revenaient passer deux mois chez eux. Il y avait aussi soixante-dix mille porteurs et quatre-vingt mille tailleurs de pierre qui travaillaient pour Salomon dans la montagne, sans compter les trois mille trois cents contremaîtres, subordonnés aux gouverneurs de Salomon, et qui surveillaient l'ouvrage de cette foule de travailleurs. Conformément aux ordres du roi, ils extrayaient et taillaient de belles grandes pierres pour les fondations du temple. Les ouvriers de Salomon et de Hiram, avec l'aide des spécialistes de la ville de Byblos, finissaient de les tailler. C'est ainsi qu'on prépara le bois et les pierres nécessaires pour construire le temple. Le roi Salomon commença la construction du temple du Seigneur quatre cent quatre-vingts ans après que les Israélites furent sortis d'Égypte. Salomon régnait depuis quatre ans sur le peuple d'Israël, lorsque les travaux débutèrent, pendant le mois de Ziv, c'est-à-dire le deuxième mois de l'année. Le temple que Salomon fit construire pour le Seigneur mesurait trente mètres de long, dix mètres de large et quinze mètres de haut. Devant la grande salle du temple, il y avait un vestibule d'entrée, de dix mètres de large, comme le temple, et de cinq mètres de profondeur. Dans les murs du temple se trouvaient des fenêtres à cadre, recouvertes d'un grillage. On construisit une annexe de trois étages qui s'appuyait contre les murs extérieurs de la grande salle et de la salle du fond. Le rez-de-chaussée de l'annexe avait deux mètres et demi de large, l'étage intermédiaire trois mètres et l'étage supérieur trois mètres et demi. En effet, le mur extérieur du temple n'avait pas la même épaisseur sur toute sa hauteur; il était moins épais à chaque niveau, de sorte que la charpente ne pénétrait pas dans les murs du temple. Pour construire le temple, on utilisa les pierres telles qu'elles provenaient de la carrière; ainsi, pendant tout le temps de la construction, on n'entendit pas un seul coup de marteau, ni de pic, ni d'aucun autre outil de fer. La porte de l'étage intermédiaire se trouvait sur le côté sud du temple; on y accédait par un escalier tournant, de même qu'à l'étage supérieur. Pour finir la construction du temple, on fit un plafond au moyen de poutres et de planches de cèdre. Quant à l'annexe construite sur le pourtour du temple, elle avait deux mètres et demi de haut par étage, et les poutres de cèdre reposaient sur le mur du temple. Le Seigneur adressa la parole à Salomon: «Tu es en train de construire ce temple pour moi. Eh bien, si tu te conduis conformément à mes lois, si tu agis selon les règles que je t'ai données, si tu t'appliques à obéir à tous mes commandements, alors je réaliserai la promesse que j'ai faite à ton sujet lorsque j'ai parlé à ton père David; je viendrai demeurer dans ce temple parmi les Israélites et je n'abandonnerai jamais Israël, mon peuple.» Lorsqu'on eut fini les travaux de maçonnerie du temple, selon les ordres de Salomon, on recouvrit les murs intérieurs de boiseries de cèdre, de bas en haut, et on posa un plancher en bois de pin. On recouvrit aussi de boiseries de cèdre les murs de la pièce du fond, dix mètres de boiserie de bas en haut; puis on aménagea l'intérieur de cette pièce pour en faire la salle du coffre de l'alliance, appelée “ lieu très saint”. Le reste du temple, c'est-à-dire la grande salle qui précède la salle du coffre, avait vingt mètres de long. Les boiseries intérieures du temple étaient décorées de sculptures représentant des fruits de coloquintes et des fleurs épanouies. Tout était recouvert de boiseries de cèdre, de sorte qu'on ne voyait aucune pierre. On arrangea l'intérieur de la salle du fond, la pièce importante du temple, pour y déposer le coffre de l'alliance du Seigneur. Ainsi le temple tout entier était recouvert d'or, de même que l'autel placé près de l'entrée de la salle du coffre. On plaça les chérubins au milieu de la salle du coffre; ils avaient les ailes étendues, de telle manière qu'une aile du premier chérubin touchait un mur de la salle, et une aile du second chérubin touchait l'autre mur, tandis que les deux autres ailes se touchaient au milieu de la pièce. On avait recouvert d'or les deux chérubins. Sur tous les murs du temple, dans les deux salles, on grava des motifs en relief, des chérubins, des palmes et des fleurs épanouies. Et on recouvrit d'or même le plancher du temple, également dans les deux salles. Pour fermer la salle du coffre, on fit une porte à deux battants, en bois d'olivier sauvage; le linteau et les montants de la porte avaient cinq moulures. On sculpta sur les deux battants des chérubins, des palmes et des fleurs épanouies, qu'on recouvrit d'or; l'or fut martelé sur les chérubins et sur les palmes. On fit de même une porte pour fermer la grande salle; mais là, les montants en bois d'olivier sauvage avaient quatre moulures, les deux battants étaient en bois de pin, et chaque battant était décoré de deux anneaux sculptés. On y sculpta aussi des chérubins, des palmes et des fleurs épanouies, et on recouvrit d'or les parties sculptées. Puis on entoura la cour intérieure d'un mur comportant trois rangées superposées de pierres de taille et une rangée de poutres de cèdre. Ainsi, on posa les fondations du temple du Seigneur pendant la quatrième année du règne de Salomon, au mois de Ziv. On termina de le construire dans tous ses détails et conformément à tous les plans pendant la onzième année du règne de Salomon, au mois de Boul, c'est-à-dire le huitième mois. Il fallut donc sept ans pour le construire. Salomon fit aussi construire son palais royal; il lui fallut treize ans pour en terminer tous les bâtiments. On construisit le bâtiment appelé “La Forêt du Liban”, qui avait cinquante mètres de long, vingt-cinq mètres de large et quinze mètres de haut. Il portait ce nom à cause de quatre rangées de colonnes en bois de cèdre, sur lesquelles reposaient les poutres du plafond, également en cèdre. Le plafond, en bois de cèdre lui aussi, était fixé sur les quarante-cinq poutres transversales – trois rangées de quinze – qui reposaient sur les colonnes. Sur chaque côté du bâtiment, il y avait trois rangées de fenêtres à cadre; les fenêtres se faisaient vis-à-vis, sur trois niveaux. Toutes les portes avec leurs encadrements étaient rectangulaires, et elles se faisaient également vis-à-vis, en trois endroits. On construisit ensuite la “Salle des Colonnes”, qui avait vingt-cinq mètres de long et quinze mètres de large. Elle servait de vestibule, avec ses colonnes et son auvent placés en avant de “La Forêt du Liban”. On construisit encore la “Salle du Trône”, appelée aussi “Salle du Jugement”, car c'était là que Salomon rendait la justice; elle était recouverte de boiseries de cèdre, de bas en haut. Le bâtiment dans lequel Salomon habitait se trouvait dans une autre cour, en retrait par rapport à “La Forêt du Liban”, mais il était construit de la même manière. Enfin le bâtiment destiné à la fille du Pharaon, que Salomon avait épousée, était construit de la même manière que le vestibule de “La Forêt du Liban”. Tous ces bâtiments furent construits avec des pierres soigneusement choisies; elles avaient les dimensions des pierres de taille et on en avait découpé à la scie les deux côtés apparents. On les utilisa depuis les fondations jusqu'au bord du toit, et dans les constructions extérieures, pour les murs de la grande cour. Pour les fondations elles-mêmes, on employa aussi des belles pierres de grandes dimensions, à savoir quatre et cinq mètres de long, et c'est là-dessus qu'on posa les pierres taillées et les poutres de cèdre. Autour de la grande cour, le mur comportait trois rangées superposées de pierres de taille et une rangée de poutres de cèdre, comme c'était le cas pour la cour intérieure du temple du Seigneur et pour le vestibule du temple. Hiram fabriqua deux colonnes de bronze; elles avaient neuf mètres de haut et six mètres de tour. Il fit aussi deux chapiteaux, à placer sur le sommet des colonnes; ils étaient coulés en bronze, et avaient chacun deux mètres et demi de haut. Il fit encore d'autres décorations de bronze, des sortes de filets et des sortes de chaînettes à pompons, pour les chapiteaux; il y en avait sept à chacun des chapiteaux. Il fit également une décoration représentant des fruits de grenadiers; il y en avait deux rangs sur les filets recouvrant les chapiteaux. Sur chaque colonne, il y avait un second chapiteau, de deux mètres de haut, en forme de fleur de lis. Immédiatement au-dessus des chapiteaux, il y avait une partie renflée; ce renflement se trouvait donc au-delà du filet et des deux cents grenades placées en rangs autour de chaque chapiteau. On dressa les deux colonnes devant le vestibule du temple, l'une à droite, qu'on appela Yakin – ce qui signifie “Dieu affermit” –, et l'autre à gauche, qu'on appela Boaz – “En Dieu est la force”. Ainsi Hiram termina la fabrication des colonnes. Hiram fit alors une grande cuve ronde en bronze; elle mesurait cinq mètres de diamètre, deux mètres et demi de haut et quinze mètres de tour. Au-dessous du bord de la cuve, sur tout le pourtour, se trouvait une décoration de fruits de coloquintes; il y en avait vingt par mètre, sur deux rangées. Cette décoration avait été coulée en même temps que la cuve. La cuve reposait sur douze taureaux de bronze; trois regardaient vers le nord, trois vers l'ouest, trois vers le sud et trois vers l'est, tandis que leurs arrière-trains étaient tous tournés vers l'intérieur, sous la cuve. La paroi de la cuve avait huit centimètres d'épaisseur; son rebord était travaillé comme le bord d'une coupe, en forme de pétale de lis. La cuve contenait environ quatre-vingt mille litres. Puis Hiram fit dix chariots de bronze; chacun mesurait deux mètres de long, deux mètres de large et un mètre et demi de haut. Voici comment ils étaient construits: des plaques de bronze, étroites, formaient le cadre; des plaques semblables étaient aussi fixées entre les montants, et étaient décorées de lions, de taureaux et de chérubins, de même que le haut des montants; au-dessous des lions et des taureaux, il y avait des sortes de guirlandes qui pendaient. Chaque chariot avait quatre roues de bronze, tournant sur des axes de bronze. Les axes eux-mêmes étaient fixés dans des sortes de pieds, aux quatre angles. Ces pièces en forme de pied avaient été coulées en même temps que le cadre, mais ne dépassaient pas les guirlandes. Dans la partie supérieure du chariot, il y avait une ouverture ronde, surélevée de cinquante centimètres, qui servait de support pour le bassin; cette ouverture mesurait soixante-quinze centimètres de diamètre. La partie qui dépassait du cadre était carrée et non pas ronde, et elle était décorée de motifs gravés sur des plaques de bronze. Les quatre roues étaient donc fixées au-dessous du bord du cadre, et les axes des roues passaient au travers du chariot. Les roues avaient soixante-quinze centimètres de diamètre; elles étaient faites de la même manière que des roues de char: les axes, les jantes, les rayons, les moyeux, tout était en bronze coulé. Les quatre pièces en forme de pied, aux quatre angles d'un chariot, faisaient corps avec le cadre du chariot. La surface supérieure de chaque chariot était décorée d'une couronne de vingt-cinq centimètres de large, tout autour de l'ouverture. Sur cette partie supérieure se trouvaient des poignées et des plaques de bronze, faisant également corps avec le reste du chariot. On grava encore des chérubins, des lions et des palmes sur les surfaces planes et non encore décorées des poignées et des plaques; et tout autour on grava des guirlandes. Les dix chariots furent fabriqués de la même manière, chacun d'une seule pièce, tous de mêmes dimensions et de même forme. Hiram fit encore dix bassins de bronze, à placer sur les dix chariots. Chaque bassin mesurait deux mètres de haut et contenait environ mille six cents litres. On plaça cinq des chariots avec bassins à droite du temple, et les cinq autres à gauche. La grande cuve ronde fut placée sur le côté droit du temple, près de l'angle sud-est. Lorsque Hiram eut fait les bassins, les pelles et les bols à aspersion, il eut terminé de fabriquer tout ce que le roi Salomon lui avait commandé pour le temple du Seigneur: deux colonnes, deux chapiteaux ronds, à placer au sommet des colonnes, deux sortes de filets pour recouvrir les chapiteaux ronds au sommet des colonnes, quatre cents grenades accrochées aux deux filets, à savoir deux rangs de grenades à chaque filet recouvrant ces chapiteaux, dix chariots, dix bassins placés sur les chariots, une grande cuve ronde, douze taureaux portant cette cuve, des récipients pour les cendres, des pelles et des bols à aspersion. Tous ces objets que Hiram fabriqua pour le temple du Seigneur, sur l'ordre du roi Salomon, étaient en bronze poli. On les coula en pleine terre, dans la vallée du Jourdain, entre les villages de Soukoth et de Sartan. Puis Salomon les fit installer dans le temple du Seigneur; mais il y en avait une telle quantité que l'on ne chercha même pas à connaître le poids du bronze utilisé. Salomon fit également fabriquer tous les objets d'or nécessaires au temple du Seigneur: l'autel des parfums, en or, la table où l'on dépose les pains offerts à Dieu, en or, les dix porte-lampes placés devant la “salle très sainte”, cinq à droite et cinq à gauche, en or fin, les fleurons, les lampes et les pincettes pour les porte-lampes, en or, les bassines, les mouchettes, les bols à aspersion, les coupes, les cassolettes, en or fin, les gonds des portes de la salle appelée “ lieu très saint”, et ceux des portes de la grande salle, en or. Lorsque le roi Salomon eut terminé tous les travaux de construction du temple du Seigneur, il fit amener ce que son père David avait consacré au Seigneur, argent, or et objets divers, et il déposa le tout dans la chambre du trésor du temple. A ce moment-là, le roi Salomon invita les anciens du peuple, les chefs des tribus et les représentants des vieilles familles d'Israël à se rassembler auprès de lui à Jérusalem, pour transporter le coffre de l'alliance du Seigneur depuis la Cité de David, qu'on appelle également Sion, jusqu'au temple. Alors tous les Israélites se rassemblèrent aussi auprès du roi pour la fête du mois d'Étanim, qui est le septième mois. Les anciens du peuple d'Israël vinrent accompagner les prêtres qui portaient le coffre de l'alliance. Les prêtres et les lévites transportèrent ainsi le coffre de l'alliance du Seigneur, de même que la tente de la rencontre et les objets sacrés qui s'y trouvaient. Le roi Salomon et toute la communauté d'Israël réunie avec lui devant le coffre offrirent en sacrifices un si grand nombre de moutons et de bœufs qu'on ne pouvait pas les compter exactement. Ensuite les prêtres introduisirent le coffre à la place prévue pour lui, dans la salle appelée “ lieu très saint”, sous les ailes des chérubins. En effet, les chérubins avaient les ailes étendues au-dessus de l'endroit prévu pour le coffre, afin d'abriter le coffre et les barres qui servaient à le porter. Ces barres étaient assez longues; on voyait leurs extrémités depuis la grande salle qui précède la salle du coffre, mais non pas depuis l'extérieur; tout est resté en place jusqu'à ce jour. Le coffre contenait seulement les deux tablettes de pierre que Moïse y avait déposées; ce sont les tablettes qu'il avait reçues au mont Horeb, lorsque le Seigneur conclut une alliance avec les Israélites après les avoir fait sortir d'Égypte. Quand les prêtres ressortirent du “ lieu saint”, un nuage remplit le temple du Seigneur. Les prêtres ne purent pas reprendre leur service à cause de ce nuage, car c'était la glorieuse présence du Seigneur qui remplissait le temple. Alors Salomon s'écria: «Seigneur, tu avais décidé d'habiter dans un lieu obscur. Mais moi, je t'ai construit un temple majestueux, où tu pourras habiter pour toujours!» Tous les Israélites étaient rassemblés, debout; Salomon se tourna vers eux et les salua. Puis il dit: «Je remercie le Seigneur, le Dieu d'Israël! Il a lui-même accompli ce qu'il avait promis à mon père David en ces termes: “Depuis le jour où j'ai fait sortir d'Égypte Israël, mon peuple, je n'ai jamais choisi une ville particulière parmi toutes les villes d'Israël pour qu'on y construise un temple où je puisse manifester ma présence, mais je t'ai choisi, toi, David, pour être le chef de mon peuple Israël.” Or, poursuivit Salomon, mon père David projetait de construire un temple consacré au Seigneur, Dieu d'Israël. Mais le Seigneur lui a dit: “Tu as eu l'excellente intention de construire un temple pour moi. Seulement ce n'est pas toi qui le feras construire, mais ton fils. Oui, c'est ton propre fils qui fera construire ce temple pour moi!” Ainsi, continua Salomon, le Seigneur a tenu sa promesse: j'ai succédé à mon père David, en prenant place sur le trône d'Israël, comme le Seigneur l'avait annoncé, et j'ai construit ce temple consacré au Seigneur, le Dieu d'Israël. J'y ai même préparé une place pour le coffre contenant le document de l'alliance, l'alliance que le Seigneur a conclue avec nos ancêtres, lorsqu'il les a fait sortir d'Égypte.» Ensuite Salomon se tint devant l'autel du Seigneur, en face de tous les Israélites assemblés; il leva les mains vers le ciel pour prier et dit: «Seigneur, Dieu d'Israël, il n'y a pas de Dieu comme toi, ni là-haut dans le ciel, ni ici-bas sur la terre. Tu maintiens ton alliance avec tes serviteurs, tu leur restes fidèle, quand ils se conduisent eux-mêmes devant toi avec une entière loyauté. Tu as fait pour ton serviteur David, mon père, ce que tu lui avais promis. Oui, ce que tu lui avais dit, tu l'as accompli toi-même aujourd'hui. Eh bien, maintenant, Seigneur, Dieu d'Israël, accomplis également ce que tu avais promis à ton serviteur David mon père, lorsque tu lui as dit: “Si tes descendants se conduisent loyalement à mon égard comme tu l'as fait toi-même, je t'assure qu'il y aura toujours devant moi l'un d'entre eux qui régnera après toi sur le peuple d'Israël.” Ainsi, Dieu d'Israël, réalise maintenant, je t'en supplie, cette promesse faite à ton serviteur David, mon père! «Mais Dieu pourrait-il vraiment habiter sur la terre? Le ciel, malgré son immensité, ne peut déjà pas le contenir! Encore moins ce temple que j'ai construit. Pourtant, Seigneur mon Dieu, tourne-toi vers moi, entends ma prière suppliante, oui, écoute l'appel pressant que je t'adresse aujourd'hui. Ouvre tes yeux! Considère ce temple avec bienveillance nuit et jour, puisque c'est le lieu dont tu as dit: “J'y manifesterai ma présence.” Écoute la prière que je t'adresse d'ici. Écoute mon appel et l'appel qu'Israël, ton peuple, t'adresse, tourné vers ce lieu. Écoute-nous, Seigneur, dans le ciel, là où tu habites; écoute-nous et pardonne-nous. «Quand un homme est accusé d'avoir fait du tort à son prochain, on peut exiger de lui un serment lié à une malédiction; s'il vient alors prêter serment devant ton autel dans ton temple, toi, Seigneur, dans le ciel, sois attentif, interviens, et prononce le jugement sur tes serviteurs, afin que le coupable soit puni et que le juste soit reconnu innocent. «Quand les Israélites seront battus par leurs ennemis parce qu'ils t'auront désobéi, s'ils te demandent pardon, s'ils te louent, s'ils te prient et te supplient dans ce temple, toi, Seigneur, dans le ciel, sois attentif, pardonne leurs péchés et rends-leur les terres que tu as données autrefois à leurs ancêtres, puisqu'ils sont ton peuple. «Ou bien, quand le ciel se fermera et qu'il n'y aura plus de pluie parce que les Israélites t'auront désobéi, s'ils se tournent vers ce lieu pour te prier, s'ils te louent et si, humiliés, ils cessent de te désobéir, toi, Seigneur, dans le ciel, sois attentif et pardonne leurs péchés, puisqu'ils sont tes serviteurs et ton peuple; bien plus, enseigne-leur à se bien conduire, puis fais tomber la pluie sur cette terre qui t'appartient et que tu leur as donnée en propriété. «Quand le pays sera frappé par la famine ou la peste, quand les céréales sécheront ou pourriront sur pied, quand les sauterelles et les criquets arriveront en masse, quand des ennemis opprimeront les Israélites jusque dans leurs villes fortifiées, quand se produira n'importe quelle catastrophe ou n'importe quelle épidémie, si les Israélites, ton peuple, frappés du plus profond remords, t'adressent des prières suppliantes, s'ils se tournent vers ce temple et lèvent les mains pour te prier, toi, Seigneur, dans le ciel où tu habites, sois attentif, pardonne-leur, interviens et traite chacun selon sa conduite, puisque tu connais son cœur. En effet, toi seul tu connais le cœur de tous les hommes. Agis de cette manière, afin que les Israélites te respectent toujours, tout le temps qu'ils vivront sur cette terre que tu as donnée à nos ancêtres. toi, Seigneur, dans le ciel où tu habites, sois attentif et accorde-lui ce qu'il demande. De cette manière tous les peuples de la terre te connaîtront, ils apprendront à te respecter comme Israël, ton peuple, te respecte, et ils sauront que ce temple que j'ai construit t'est vraiment consacré. «Quand, sur ton ordre, les Israélites iront combattre leurs ennemis, s'ils se tournent vers cette ville que tu as choisie et vers le temple que j'ai construit pour toi, s'ils te prient, toi, le Seigneur, sois donc attentif dans le ciel, écoute leur prière suppliante et viens à leur aide. «Quand les Israélites te désobéiront – car il n'y a aucun homme qui ne désobéisse jamais –, tu leur montreras peut-être ton irritation en les livrant à leurs ennemis et en permettant à ces derniers de les emmener en captivité dans leur pays proche ou lointain; si alors, dans le pays où ils sont captifs, ils réfléchissent, s'ils recommencent à te supplier en disant: “Nous avons désobéi, nous avons péché, nous sommes coupables!”, s'ils te demandent pardon de tout leur cœur et de toute leur âme dans la contrée ennemie où ils sont captifs, s'ils se tournent vers le pays que tu as donné à leurs ancêtres, vers cette ville que tu as choisie et vers le temple que j'ai construit pour toi, et s'ils te prient, toi alors, dans le ciel où tu habites, sois attentif, écoute leur prière suppliante et viens à leur aide; pardonne-leur d'avoir péché contre toi et de t'avoir désobéi, et permets que leurs ennemis les traitent avec pitié. En effet, ils sont ton peuple, ils t'appartiennent depuis que tu les as fait sortir de l'enfer égyptien. «Ouvre tes yeux, Seigneur Dieu; écoute les supplications que nous t'adresserons, ton peuple et moi-même, toutes les fois que nous crierons vers toi. En effet c'est toi qui nous as choisis parmi tous les peuples de la terre pour que nous t'appartenions. Toi-même tu l'as déclaré par l'intermédiaire de ton serviteur Moïse, lorsque tu as fait sortir d'Égypte nos ancêtres.» Durant cette solennelle prière de supplication adressée au Seigneur, Salomon s'était tenu à genoux devant l'autel, les mains levées vers le ciel. Lorsqu'il eut terminé de prier, il se releva et, debout, il bénit à haute voix toute l'assemblée d'Israël. Il dit: «Je remercie le Seigneur qui a donné la paix à Israël, son peuple, tout comme il l'avait promis; en effet, il a réalisé en tous ses détails la merveilleuse promesse qu'il avait faite par l'intermédiaire de son serviteur Moïse. Maintenant, je demande au Seigneur notre Dieu d'être avec nous comme il a été avec nos ancêtres; qu'il ne nous abandonne pas, qu'il ne cesse pas de nous soutenir; qu'il attire nos pensées vers lui afin que nous nous conduisions comme il le veut, en obéissant aux commandements, aux lois et aux règles qu'il a donnés à nos ancêtres. Que le Seigneur notre Dieu se souvienne jour et nuit des supplications que je lui ai adressées, afin que jour après jour il vienne à notre aide, à vous et à moi, car nous sommes son peuple. Ainsi tous les peuples de la terre sauront que le Seigneur seul est Dieu, et qu'il n'y en a pas d'autre. Et alors votre cœur appartiendra sans réserve au Seigneur notre Dieu, pour obéir à ses lois et à ses commandements comme aujourd'hui.» Le roi Salomon et tous les Israélites qui étaient présents offrirent des sacrifices en l'honneur du Seigneur. Salomon offrit vingt-deux mille bœufs et cent vingt mille moutons et chèvres en sacrifices de communion, pour inaugurer le temple du Seigneur. Ce même jour, le roi consacra tout le centre de la cour qui s'étend devant le temple du Seigneur; en effet l'autel de bronze qui se trouve près de l'entrée du temple était trop petit pour recevoir tous les sacrifices, et Salomon dut utiliser la cour pour faire brûler les sacrifices complets, les offrandes végétales et les parties grasses des sacrifices de communion. A cette même occasion, Salomon célébra la fête des Huttes en compagnie des Israélites assemblés en grand nombre; ils étaient venus de tout le pays, depuis Lebo-Hamath au nord, jusqu'au torrent d'Égypte au sud. Ils célébrèrent donc la fête en présence du Seigneur Dieu pendant sept jours, puis encore pendant sept jours, soit quatorze jours. Le lendemain, le roi renvoya les Israélites chez eux. Ceux-ci vinrent saluer le roi, puis s'en allèrent tout joyeux et le cœur content parce que le Seigneur s'était montré plein de bienveillance envers son serviteur David et envers Israël, son peuple. Lorsque le roi Salomon eut fini de construire le temple du Seigneur, ainsi que son propre palais et tout ce qu'il avait eu envie de construire, le Seigneur lui apparut une seconde fois, de la même manière qu'il lui était apparu à Gabaon. Le Seigneur lui dit: «J'ai entendu la prière suppliante que tu m'as adressée; j'ai donc consacré ce temple que tu as construit, en acceptant d'y manifester pour toujours ma présence parmi vous; toujours plein de bonté envers vous, je veillerai sur lui. Quant à toi, si tu te conduis envers moi comme ton père David, de manière sincère et loyale, si tu fais tout ce que je t'ordonne, si tu obéis aux lois et aux règles que je t'ai données, sache que j'affermirai pour toujours l'autorité du roi sur le peuple d'Israël. C'est ce que j'ai promis à ton père David en lui disant qu'il y aurait toujours l'un de ses descendants qui régnerait, après lui, sur le peuple d'Israël. Mais si toi et ton peuple, et vos descendants, vous vous détournez de moi, si vous désobéissez aux commandements et aux lois que je vous ai donnés, si vous servez d'autres dieux et si vous vous inclinez devant eux pour les adorer, je vous arracherai, vous, les Israélites, de la terre que je vous ai donnée; et je rejetterai loin de moi le temple que j'ai consacré en mon honneur. Alors tous les peuples ricaneront au sujet d'Israël et se moqueront de lui. Quand les gens passeront près de ce temple en ruine, ils seront stupéfaits et épouvantés; ils demanderont: “Pourquoi le Seigneur a-t-il traité ce pays et ce temple d'une telle manière?”, et on leur répondra: “C'est parce que les Israélites ont abandonné le Seigneur leur Dieu, qui avait fait sortir d'Égypte leurs ancêtres; le Seigneur leur a infligé tous ces malheurs, parce qu'ils ont adoré d'autres dieux.” » Alors Hiram vint de Tyr pour inspecter ces villes, mais il n'en fut pas satisfait et il s'exclama: «Mon frère Salomon, ces villes que tu m'as données ne valent rien!» C'est pourquoi, encore aujourd'hui, on appelle cette région “Pays de Kaboul” – c'est-à-dire “Pays de Rien”. Pourtant Hiram fit livrer à Salomon trois tonnes et demie d'or. Le roi Salomon avait organisé des travaux obligatoires pour construire le temple du Seigneur, le palais royal, la terrasse appelée Millo et les murailles de Jérusalem, ainsi que les villes de Hassor, de Méguiddo et de Guézer. – Le Pharaon, roi d'Égypte, avait attaqué Guézer; il avait pris la ville et l'avait incendiée, après avoir massacré les Cananéens qui l'habitaient, puis il l'avait donnée comme cadeau de noces à sa fille, lorsqu'elle épousa Salomon; c'est pourquoi Salomon dut reconstruire Guézer. – Salomon reconstruisit également les villes de Beth-Horon-le-Bas, Baalath, Tamar dans la région désertique du pays, de même que toutes les villes où il faisait entreposer ses provisions, celles où il garait ses chars de guerre et celles où il logeait ses chevaux. Il bâtit tout ce qu'il désira dans la ville même de Jérusalem, sur le mont Liban et dans tout le pays soumis à son autorité. Voici donc comment Salomon avait organisé les travaux obligatoires: Il y avait encore dans le pays un certain nombre d'Amorites, de Hittites, de Perizites, de Hivites et de Jébusites, c'est-à-dire des gens qui n'étaient pas israélites. Ils avaient subsisté parce que le peuple d'Israël n'avait pas pu les exterminer. C'est à eux que Salomon imposa ces travaux, et ils y sont soumis aujourd'hui encore. Mais Salomon en dispensa les Israélites: au contraire, il les enrôla dans l'armée, comme soldats, officiers, capitaines, adjudants, conducteurs de chars ou cavaliers. Les gouverneurs désignèrent cinq cent cinquante contremaîtres pour surveiller l'ouvrage de toute la foule des travailleurs qui exécutaient les travaux de Salomon. Après que la fille du Pharaon eut déménagé de la Cité de David dans le palais construit pour elle, Salomon fit aménager la terrasse appelée Millo. Trois fois par an, Salomon offrait des sacrifices complets et des sacrifices de communion; il les faisait brûler en l'honneur du Seigneur sur l'autel qu'il avait fait construire pour lui. Le temple était ainsi utilisé conformément à son but. Le roi Salomon fit construire des bateaux à Ession-Guéber près d'Élath, un port sur la mer des Roseaux dans le pays d'Édom. Le roi Hiram envoya à Salomon des marins phéniciens expérimentés pour accompagner les siens. Tous ces marins se rendirent alors ensemble dans le pays d'Ofir, d'où ils rapportèrent plus de douze tonnes d'or pour le roi Salomon. La reine du pays de Saba entendit parler de Salomon. Elle vint donc lui rendre visite pour éprouver sa sagesse en lui posant des questions difficiles. Elle arriva à Jérusalem avec une suite très imposante, et avec des chameaux portant des parfums, de l'or en grande quantité et des pierres précieuses. Elle se présenta devant Salomon et l'interrogea sur tous les sujets qu'elle avait préparés. Salomon répondit à toutes ses questions; il n'y en eut pas une seule à laquelle le roi ne put pas répondre. La reine de Saba entendit les paroles pleines de sagesse de Salomon, elle admira le palais qu'il s'était fait construire, la nourriture qu'on apportait sur les tables, la façon dont les gens de son entourage étaient placés, le costume de ceux qui servaient à manger et à boire, elle vit les sacrifices qu'il offrait au Seigneur dans le temple: elle fut si impressionnée par tout cela qu'elle en eut le souffle coupé. Quel privilège pour tes femmes et tous les gens de ton palais! Ils se trouvent toujours en ta présence et peuvent entendre tes paroles pleines de sagesse. Il faut remercier le Seigneur ton Dieu qui t'a choisi pour régner sur Israël! C'est parce qu'il aime ce peuple pour toujours que le Seigneur t'en a fait le roi et t'a chargé d'y faire respecter le droit et la justice.» Ensuite la reine de Saba donna au roi Salomon environ trois tonnes et demie d'or, une grande quantité de parfums, ainsi que des pierres précieuses. Depuis ce jour-là, on n'a plus jamais vu arriver une telle quantité de parfums dans le pays d'Israël. Les bateaux du roi Hiram, qui étaient allés à Ofir, en avaient rapporté de l'or, ainsi qu'une grande quantité de bois de santal et de pierres précieuses. Le roi Salomon avait utilisé le bois de santal pour faire une balustrade dans le temple du Seigneur, une autre dans le palais royal, ainsi que des instruments de musique, lyres et harpes, pour les chanteurs. Jusqu'à maintenant, on n'a plus jamais vu arriver en Israël une telle quantité de bois de santal. De son côté, le roi Salomon donna à la reine de Saba tout ce qu'elle désirait et demandait, en plus des cadeaux qu'il lui offrit de lui-même avec une générosité toute royale. Puis la reine et son entourage retournèrent dans leur pays. En une seule année, le roi Salomon vit arriver à Jérusalem un total de vingt tonnes d'or; il faut y ajouter les taxes prélevées sur les importations et le commerce, et les impôts payés par les rois étrangers ou perçus par les gouverneurs du pays. Le roi Salomon fit fabriquer deux cents grands boucliers en alliage d'or – pour chacun il fallait six kilos d'or –, et trois cents petits boucliers du même alliage – pour chacun il fallait un kilo et demi d'or –, et il les fit déposer dans le bâtiment appelé “La Forêt du Liban”. Le roi fit encore fabriquer un grand trône décoré d'ivoire et recouvert d'or pur. Ce trône se trouvait sur une estrade à six marches, il avait un dossier arrondi et des bras de chaque côté du siège; deux lions sculptés étaient placés de part et d'autre du trône, et douze autres lions répartis sur les marches, six à gauche et six à droite. On n'a rien fait de pareil dans aucun autre royaume. Toutes les coupes du roi Salomon étaient en or, et toute la vaisselle de “La Forêt du Liban” en or fin. On ne faisait rien en argent, car à l'époque de Salomon on considérait l'argent comme sans grande valeur. Le roi avait des bateaux qu'il envoyait en expédition lointaine avec ceux du roi Hiram; tous les trois ans, ces bateaux revenaient chargés d'or, d'argent, d'ivoire, de singes et d'oiseaux exotiques. Le roi Salomon surpassait tous les autres rois de la terre par ses richesses et par sa sagesse. En effet Dieu lui avait accordé une telle sagesse que des gens venaient de partout le consulter. Année après année, tous ces gens lui apportaient en cadeau des objets d'argent et d'or, des vêtements, des armes, des parfums, des chevaux ou des mulets. Salomon rassembla des chars de guerre et des chevaux: il eut mille quatre cents chars et douze mille chevaux, dont il garda un certain nombre auprès de lui à Jérusalem, alors que les autres étaient répartis dans les villes aménagées à cet effet. Grâce au roi, il y avait autant d'argent que de cailloux à Jérusalem, et les cèdres étaient aussi nombreux que les sycomores qui poussent dans le Bas -Pays. Les chevaux de Salomon provenaient d'Égypte et de Cilicie, où des marchands allaient les acheter pour le roi. Un char importé d'Égypte coûtait six cents pièces d'argent, et un cheval cent cinquante pièces. Ces mêmes marchands en importaient aussi pour les rois des Hittites et pour les rois de Syrie. Le roi Salomon, qui avait épousé la fille du roi d'Égypte, épousa aussi beaucoup d'autres étrangères, à savoir des Moabites, des Ammonites, des Édomites, des Sidoniennes et des Hittites. Pourtant le Seigneur avait dit aux Israélites au sujet de ces nations païennes: «Ne vous mêlez pas aux gens de ces nations et ne les laissez pas se mêler à vous; car ils vous entraîneraient à adorer leurs dieux.» Mais par amour Salomon s'attacha à ces femmes étrangères; il eut ainsi sept cents épouses de rang princier et trois cents épouses de second rang, qui toutes l'influencèrent beaucoup. En effet, quand Salomon fut devenu vieux, ses épouses l'entraînèrent à adorer d'autres dieux, de sorte qu'il cessa d'aimer le Seigneur son Dieu de tout son cœur, à la différence de son père David. Il adora Astarté, la déesse des Sidoniens, et Milkom, l'ignoble dieu des Ammonites; il fit ce qui déplaît au Seigneur, car il ne lui obéissait pas fidèlement comme son père David. A cette époque, Salomon aménagea un lieu sacré, sur la colline en face de Jérusalem, pour Kemoch, l'ignoble dieu des Moabites; il en fit aussi aménager un pour Milkom, l'ignoble dieu des Ammonites. Il fit la même chose pour les dieux de toutes ses épouses païennes, afin qu'elles puissent leur présenter des offrandes de parfums ou des sacrifices d'animaux. et lui dit: «Puisque tu t'es conduit ainsi, puisque tu n'as respecté ni l'alliance conclue entre nous, ni les ordres que je t'avais donnés, je vais t'arracher la royauté et la donner à l'un de tes sujets. Toutefois, à cause de ton père David, je n'accomplirai pas cette menace durant ta vie: j'arracherai la royauté à ton fils; d'ailleurs, je ne lui reprendrai pas tout le royaume, mais je lui laisserai une tribu, à cause de mon serviteur David et à cause de Jérusalem, la ville que j'ai choisie.» Le Seigneur suscita un adversaire à Salomon: c'était un Édomite, nommé Hadad, descendant de la famille royale d'Édom. A l'époque où David avait combattu le royaume d'Édom, le chef de son armée, Joab, y était allé avec une troupe enterrer les soldats israélites morts au combat, puis il avait fait mourir tous les garçons et tous les hommes édomites. En effet, Joab et toute sa troupe étaient restés six mois en Édom, pour y massacrer les garçons et les hommes. Cependant Hadad, qui était encore un tout jeune homme, réussit à s'enfuir en Égypte avec quelques Édomites qui avaient été au service de son père. Ils quittèrent la région de Madian, traversèrent le désert de Paran d'où ils entraînèrent avec eux quelques hommes, et se rendirent en Égypte auprès du roi de ce pays, le Pharaon. Ce dernier fournit à Hadad une maison et des terres et lui promit de le nourrir. Il fut même si bienveillant à l'égard du jeune Hadad, qu'il lui fit épouser une sœur de la “Grande Dame” Tapenès, sa femme. La sœur de Tapenès donna un fils à Hadad, qui l'appela Guenoubath; Tapenès le fit élever dans la maison du Pharaon, où il vécut avec les propres enfants du roi. Lorsque Hadad, qui était encore en Égypte, apprit que David était mort, de même que le général Joab, il dit au Pharaon: «Laisse-moi retourner dans mon pays!» Le Pharaon lui demanda: «Est-ce qu'il te manque quelque chose auprès de moi? Pourquoi cherches-tu à retourner dans ton pays?» – «Il ne me manque rien, répondit-il, mais laisse-moi partir quand même!» Dieu suscita un autre adversaire à Salomon: Rezon, fils d'Éliada, qui s'était enfui de chez son maître Hadadézer, roi de Soba. A l'époque où David avait massacré l'armée de Hadadézer, Rezon avait rassemblé des gens autour de lui et était devenu chef de bande. Ils s'étaient alors rendus à Damas, s'y étaient installés et avaient fini par y prendre le pouvoir. Rezon fut donc un adversaire du peuple d'Israël pendant tout le règne de Salomon, à côté de tout le mal que fit aussi Hadad; il détesta Israël tant qu'il fut roi de Syrie. ce Jéroboam était un jeune homme de valeur; Salomon remarqua qu'il faisait bien son travail et il le désigna comme surveillant des ouvriers des tribus d'Éfraïm et de Manassé. Un jour que Jéroboam était sorti de Jérusalem, le prophète Ahia, de Silo, le rencontra en chemin. Ils étaient tous deux seuls en pleine campagne. Ahia avait un manteau neuf sur les épaules; il le prit et le déchira en douze morceaux, puis il dit à Jéroboam: «Prends dix de ces morceaux! Voici en effet ce que déclare le Seigneur, le Dieu d'Israël: “Je suis en train d'arracher le royaume à Salomon, et je te confierai dix tribus; une seule tribu lui restera, à cause de mon serviteur David et à cause de Jérusalem, la seule ville que j'ai choisie dans tout le territoire d'Israël. Je ferai cela parce que les Israélites m'ont abandonné: ils se sont mis à adorer Astarté, déesse des Sidoniens, Kemoch, dieu des Moabites, et Milkom, dieu des Ammonites; ils n'ont pas suivi le chemin que je leur avais indiqué, ils n'ont pas agi loyalement envers moi, ils n'ont pas obéi aux lois et aux règles que je leur avais données, contrairement à ce que faisait David, le père de Salomon. Pourtant ce n'est pas à Salomon que j'arracherai tout le royaume: je le maintiendrai comme chef de mon peuple pendant toute sa vie, à cause de mon serviteur David que j'ai choisi et qui a obéi à mes commandements et à mes lois. C'est au fils de Salomon que j'enlèverai le royaume, et à toi, Jéroboam, je donnerai dix de ces tribus. Mais je laisserai quand même une tribu à son fils, afin que mon serviteur David ait toujours un de ses descendants qui règne devant moi à Jérusalem, la ville que j'ai choisie pour y manifester ma présence parmi vous. Quant à toi, Jéroboam, je t'accorde la royauté, comme tu le désires: tu régneras sur les dix tribus d'Israël. Si tu écoutes tout ce que je te dirai, si tu suis le chemin que je t'indiquerai, si tu agis loyalement envers moi, si tu obéis aux lois et aux commandements que je te donnerai, comme le faisait mon serviteur David, alors je serai avec toi, et je te promets que tes descendants régneront pour toujours, comme ceux de David. Je te donnerai les dix tribus d'Israël pour humilier les descendants de David – mais je ne les humilierai pas pour toujours.” » Salomon chercha alors à faire mourir Jéroboam; mais ce dernier s'enfuit en Égypte et se réfugia auprès de Chichac, le roi de ce pays; il y resta jusqu'à la mort de Salomon. Le reste de l'histoire de Salomon est contenu dans le livre intitulé Actes de Salomon; on y parle de tout ce qu'il a fait et de la sagesse qui était la sienne. Salomon régna pendant quarante ans à Jérusalem sur l'ensemble du peuple d'Israël. Lorsqu'il mourut, on l'enterra près de son père, dans la Cité de David; ce fut son fils Roboam qui lui succéda. Roboam se rendit à Sichem, car c'était là que les tribus israélites du Nord étaient venues pour le proclamer roi. Jéroboam, fils de Nebath, se trouvait toujours en Égypte où il s'était enfui pour échapper au roi Salomon. Lorsqu'il entendit parler de cette assemblée de Sichem, il décida de rester en Égypte, mais on envoya des gens l'y chercher; alors Jéroboam revint. Avec toute l'assemblée des tribus du Nord, ils s'adressèrent à Roboam en ces termes: «Ton père nous a toujours traités comme des esclaves. Si toi, maintenant, tu nous soulages un peu de ce fardeau qui pèse comme un joug sur nos épaules, nous sommes prêts à te servir.» – «Laissez-moi y réfléchir, leur répondit Roboam. Dans trois jours, revenez me trouver.» Ils s'en allèrent donc. Le roi Roboam demanda conseil aux anciens qui avaient entouré son père Salomon lorsqu'il vivait encore; il leur posa la question suivante: «Quelle réponse me conseillez-vous de donner à ces gens?» Les anciens lui dirent: «Si aujourd'hui tu leur montres que tu es prêt à servir le peuple, si tu réponds par des paroles positives, ils seront pour toujours à ton service.» Mais le roi négligea le conseil donné par les anciens. Il interrogea les jeunes gens qui l'entouraient et qui avaient grandi avec lui. Il leur dit: «Ces gens me demandent de les soulager un peu du fardeau que mon père leur a imposé comme un joug. Quelle réponse me conseillez-vous de leur donner?» Les jeunes de son âge lui dirent: «Ces gens se plaignent donc de ce que ton père les a traités comme des esclaves, et ils te demandent de les soulager un peu de ce fardeau. Eh bien, voici ce que tu dois leur répondre: “Mon petit doigt est plus gros que le bras de mon père. Mon père vous a chargés d'un joug pesant, moi je vous chargerai d'un joug encore plus pesant; mon père vous a fait marcher à coups de fouet, moi je vous ferai marcher à coups de fouet redoublés.” » Le troisième jour, Jéroboam et tout le peuple vinrent trouver Roboam, comme il le leur avait dit. Le roi négligea le conseil que les anciens lui avaient donné; il répondit donc au peuple avec dureté, suivant le conseil de ses compagnons de jeunesse. Il dit: «Mon père vous a imposé un joug pesant, moi je vous imposerai un joug encore plus pesant; mon père vous a fait marcher à coups de fouet, moi je vous ferai marcher à coups de fouet redoublés.» Ainsi le roi n'accepta pas les revendications du peuple. Le Seigneur Dieu dirigea les événements de cette manière pour réaliser la promesse qu'il avait faite à Jéroboam, fils de Nebath, par l'intermédiaire du prophète Ahia, de Silo. Lorsque les Israélites du Nord comprirent que le roi n'acceptait pas leurs revendications, ils déclarèrent: «Nous n'avons rien à faire avec David, nous n'avons rien de commun avec ce fils de Jessé! Gens d'Israël, retournons chez nous; et toi, descendant de David, occupe-toi maintenant de ton royaume!» Et ils quittèrent la place. Roboam ne fut plus reconnu comme roi que par les habitants du territoire de Juda. Pourtant il envoya Adoram, le responsable des travaux obligatoires, auprès des Israélites du Nord; mais ceux-ci le tuèrent à coups de pierres. Alors Roboam réussit tout juste à monter sur son char pour fuir à Jérusalem. C'est ainsi que les tribus israélites du Nord rejetèrent l'autorité de la famille de David; et telle est encore la situation aujourd'hui. Lorsque tous les Israélites du Nord apprirent que Jéroboam était de retour, ils convoquèrent leur propre assemblée, ils le firent venir et le désignèrent comme leur roi; ainsi, seule la tribu de Juda resta fidèle à la famille de David. Dès que Roboam fut arrivé à Jérusalem, il rassembla cent quatre-vingt mille soldats d'élite, des tribus de Juda et de Benjamin, afin d'aller combattre le royaume d'Israël et de s'y imposer comme roi, lui, le fils de Salomon. Mais Dieu adressa la parole au prophète Chemaya et lui dit: «Parle à Roboam, fils de Salomon et roi de Juda, ainsi qu'à tout le peuple de Juda et de Benjamin; dis-leur: Voici ce que déclare le Seigneur: “N'allez pas combattre contre les gens d'Israël, qui sont vos propres frères; que chacun d'entre vous retourne chez soi. En effet, c'est moi qui ai décidé tout ce qui s'est passé.” » Lorsqu'ils entendirent l'ordre du Seigneur, ils obéirent et retournèrent chez eux. Jéroboam fit fortifier la ville de Sichem dans la région montagneuse d'Éfraïm pour s'y installer. Plus tard, il quitta Sichem et fit fortifier la ville de Penouel. Jéroboam se dit en lui-même: «Dans les circonstances présentes, les gens de mon royaume risquent de retourner à la famille de David. En effet, s'ils doivent aller à Jérusalem pour offrir des sacrifices dans le temple du Seigneur, leur cœur va s'attacher à leur ancien maître Roboam, roi de Juda; alors ils me tueront et se soumettront à Roboam.» Ayant cherché une idée, le roi fit fabriquer deux veaux en or, puis il dit au peuple: «Vous êtes montés assez souvent à Jérusalem. Voyez, gens d'Israël, il est ici, votre Dieu qui vous a fait sortir d'Égypte.» Jéroboam fit dresser l'une des statues d'or à Béthel et l'autre à Dan. Il poussa ainsi les gens à pécher. Un grand nombre de personnes accompagnèrent la seconde statue jusqu'à Dan. Jéroboam fit construire des sanctuaires près des lieux sacrés, et il désigna comme prêtres des gens du peuple, qui ne faisaient pas partie de la tribu sacerdotale de Lévi. Il fixa une fête le quinzième jour du huitième mois, fête semblable à celle qui se déroulait en Juda, et il présenta lui-même des sacrifices sur l'autel. Voilà ce qu'il fit à Béthel, offrant des sacrifices aux veaux qu'il avait fabriqués; il y installa aussi quelques-uns des prêtres qu'il avait désignés pour les lieux sacrés. Le quinzième jour du huitième mois – il avait de lui-même choisi cette date –, Jéroboam célébra donc à Béthel une fête pour le peuple d'Israël. Au cours de cette fête, il offrit lui-même des sacrifices sur l'autel qu'il avait fait construire. Or un prophète avait reçu l'ordre du Seigneur de se rendre du pays de Juda à Béthel; il y arriva au moment où Jéroboam était occupé à faire brûler un sacrifice sur l'autel. Il prononça cette parole du Seigneur contre l'autel: «Autel! Autel! Écoute ce que déclare le Seigneur! Un garçon va naître dans la famille de David; il s'appellera Josias. Sur toi, autel, il sacrifiera les prêtres des lieux sacrés, là où ceux-ci faisaient auparavant brûler les sacrifices. Sur toi, on brûlera même des ossements humains!» Le prophète annonça encore ceci: «L'autel va se briser, et les cendres grasses qui s'y trouvent vont tomber à terre. Vous aurez ainsi la preuve que c'est bien le Seigneur qui a parlé.» Lorsque le roi Jéroboam entendit ce que le prophète disait contre l'autel de Béthel, il tendit le bras par-dessus l'autel et cria: «Arrêtez cet homme!» Mais son bras demeura tendu et paralysé, de sorte qu'il ne pouvait plus le ramener à lui. Au même moment, l'autel se brisa et les cendres grasses qui étaient dessus tombèrent à terre, conformément à ce que le prophète avait annoncé de la part du Seigneur. Aussitôt le roi dit au prophète: «Je t'en prie, supplie le Seigneur ton Dieu de me pardonner et de guérir mon bras.» Le prophète pria le Seigneur, et le bras du roi fut complètement rétabli. Alors le roi invita le prophète en ces termes: «Viens avec moi dans la maison, allons manger quelque chose. Ensuite je te ferai un cadeau.» Mais le prophète répondit au roi: «Même si tu me donnais la moitié de ta fortune, je n'irais pas chez toi. Je ne mangerai pas une miette de pain et je ne boirai pas une goutte d'eau en ce lieu. En effet, le Seigneur m'a ordonné ceci: “Tu ne mangeras rien, tu ne boiras rien, et pour rentrer chez toi, tu passeras par un autre chemin que celui que tu auras suivi pour aller à Béthel.” » Il repartit donc par un autre chemin que celui par lequel il était venu. Or il y avait un vieux prophète qui vivait à Béthel. Ses fils vinrent lui raconter tout ce que le prophète venu de Juda avait fait ce jour-là à Béthel, et ce qu'il avait dit au roi. Alors le père leur demanda: «Par où est-il reparti?» Les fils allèrent voir par où il était parti. Puis le père leur dit: «Préparez-moi mon âne!» Ses fils sellèrent l'âne, et le père y monta. Il suivit le même chemin que l'autre prophète; il le trouva assis à l'ombre d'un grand arbre et lui demanda: «Es-tu bien le prophète venu de Juda?» – «Oui! C'est moi», répondit l'autre. Le premier reprit: «Viens chez moi, pour manger quelque chose.» – «Non, dit l'autre, je ne peux pas faire demi-tour et t'accompagner, je ne dois rien manger ni boire avec toi en cet endroit-là. En effet, le Seigneur m'a bien dit: “Tu ne mangeras ni ne boiras rien là-bas; et pour rentrer chez toi, tu passeras par un autre chemin que celui que tu auras suivi pour aller.” » Mais le vieux prophète insista: «Moi aussi, je suis prophète comme toi, dit-il. Or un ange m'a parlé de la part du Seigneur et m'a ordonné de te ramener chez moi, pour que tu puisses manger et boire quelque chose.» En réalité, c'était un mensonge. Le prophète de Juda l'accompagna pourtant à la maison, pour manger et boire quelque chose. Or, pendant qu'ils étaient tous deux à table, le Seigneur adressa la parole au vieux prophète de Béthel, qui dit à celui venu de Juda: «Voici ce que déclare le Seigneur: “Tu as désobéi au Seigneur, tu n'as pas respecté l'ordre que le Seigneur ton Dieu t'avait donné; tu es revenu pour manger et boire quelque chose en cet endroit, alors que le Seigneur te l'avait interdit; eh bien, à cause de cela, tu vas mourir et ton corps ne sera pas déposé dans le tombeau de tes ancêtres.” » Après qu'ils eurent mangé et bu, le prophète de Juda prépara l'âne que le vieux prophète avait mis à sa disposition, et il s'en alla. En cours de route, il rencontra un lion qui le tua; son cadavre resta étendu en travers du chemin, tandis que l'âne et le lion se trouvaient chacun d'un côté. Des gens qui passaient virent ce cadavre sur le chemin, et le lion à côté. Ils allèrent raconter cela dans la ville où habitait le vieux prophète. Quand celui-ci l'apprit – c'était donc lui qui avait fait revenir l'autre à Béthel, alors qu'il était déjà en chemin –, il déclara: «C'est le prophète de Juda, celui qui a désobéi à l'ordre du Seigneur. Le Seigneur l'a livré à un lion, qui s'est jeté sur lui et l'a tué, conformément à ce que le Seigneur lui avait dit.» Puis il ordonna à ses fils: «Préparez-moi mon âne!» Lorsqu'ils eurent sellé l'âne, le vieux prophète partit. Il trouva le cadavre en travers du chemin, ainsi que l'âne et le lion à côté; pourtant le lion n'avait pas mangé le cadavre et il n'avait fait aucun mal à l'âne. Alors le vieux prophète ramassa le cadavre, le chargea sur l'âne et le ramena à Béthel, pour y organiser la cérémonie funèbre et l'enterrer. Il le déposa dans son propre tombeau, tandis que les gens chantaient à son sujet cette lamentation funèbre: «Hélas, mon frère est mort!» Après l'enterrement, le vieux prophète dit à ses fils: «Lorsque je mourrai, vous m'enterrerez dans le même tombeau que ce prophète; vous déposerez mon corps à côté du sien. Car il a vraiment parlé de la part du Seigneur contre l'autel de Béthel et contre tous les sanctuaires des lieux sacrés, qui se trouvent dans les villes de la Samarie: ce qu'il a proclamé se réalisera certainement.» Malgré l'avertissement qu'il avait reçu, le roi Jéroboam ne modifia pas sa mauvaise conduite; il continua de désigner des gens du peuple comme prêtres des lieux sacrés: si quelqu'un avait envie de ce titre, on le consacrait et il devenait prêtre des lieux sacrés. Cette conduite entraîna toute la famille de Jéroboam dans le péché, et c'est à cause de cela que cette famille fut éliminée et disparut complètement de la surface de la terre. A cette même époque, Abia, fils de Jéroboam, tomba malade. Alors Jéroboam dit à sa femme: «Déguise-toi pour qu'on ne reconnaisse pas que tu es ma femme, puis va à Silo. C'est là qu'habite le prophète Ahia, celui qui m'a annoncé que je régnerais sur le peuple d'Israël. Tu emporteras dix pains, quelques gâteaux et un pot de miel, et tu iras le trouver. Il t'annoncera certainement ce qui doit arriver à notre garçon.» C'est ce qu'elle fit: elle se rendit à Silo et se présenta chez le prophète Ahia. Or celui-ci était tellement âgé qu'il était devenu aveugle, mais le Seigneur l'avait prévenu en ces termes: «La femme de Jéroboam va venir. Elle sera déguisée et elle t'interrogera au sujet de son fils qui est malade. Tu lui donneras telle et telle réponse.» Ainsi, dès qu'Ahia entendit le bruit des pas de celle qui arrivait devant sa porte, il cria: «Entre, femme de Jéroboam! Pourquoi fais-tu semblant d'être quelqu'un d'autre? De toute façon, j'ai pour toi une mauvaise nouvelle. Retourne dire à Jéroboam: Voici ce que te déclare le Seigneur, le Dieu d'Israël: “Tu n'étais qu'un simple citoyen; or je t'ai pris pour faire de toi le chef d'Israël, mon peuple; j'ai arraché la royauté à la famille de David pour te la donner; mais toi, tu n'as pas imité mon serviteur David, qui obéissait à mes commandements et me servait de tout son cœur, sans rien faire qui me déplaise. Tu as agi plus mal encore que tous tes prédécesseurs: tu m'as irrité en te fabriquant des statues de dieux étrangers, tu t'es débarrassé de moi. C'est pourquoi je vais envoyer le malheur sur ta famille, j'exterminerai tous les hommes de ta parenté, enfants et adultes, je ferai totalement disparaître ta famille, comme on fait disparaître les ordures d'un coup de balai. Tout membre de ta famille qui mourra dans la ville sera dévoré par les chiens, et celui qui mourra dans la campagne sera déchiqueté par les vautours.” Voilà ce qu'a déclaré le Seigneur.» Le prophète Ahia continua: «Quant à toi, femme de Jéroboam, retourne chez toi; mais dès que tu poseras le pied dans la ville, ton enfant mourra. Alors tout le peuple d'Israël participera à la cérémonie funèbre et on l'enterrera. – Lui seul, en effet, parmi tous les descendants de Jéroboam, sera enterré dans un tombeau, parce qu'il est le seul, dans toute cette famille, en qui le Seigneur, le Dieu d'Israël a trouvé quelque chose qui lui a plu. – Par la suite, le Seigneur désignera un nouveau roi d'Israël; et celui-ci exterminera la famille de Jéroboam. – C'est pour aujourd'hui; que dis-je, pour tout de suite! – Puis le Seigneur frappera les gens d'Israël, qui trembleront alors comme les roseaux au bord de l'eau; le Seigneur les arrachera de cette bonne terre qu'il avait donnée à leurs ancêtres et il les dispersera de l'autre côté de l'Euphrate, le fleuve de Babylone. Voilà ce qui leur arrivera pour avoir irrité le Seigneur en fabriquant des poteaux sacrés. Il les abandonnera, parce que Jéroboam a péché et qu'il a poussé le peuple d'Israël à pécher.» La femme de Jéroboam s'en alla et rentra à Tirsa. Au moment où elle passa le seuil de sa maison, son enfant mourut. On l'enterra, et tout le peuple d'Israël participa à la cérémonie funèbre, conformément à ce que le prophète Ahia avait annoncé de la part du Seigneur. Le reste de l'histoire de Jéroboam est contenu dans le livre intitulé Actes des rois d'Israël; on y raconte les guerres qu'il a livrées et la façon dont il a régné. Lorsqu'il mourut après avoir régné vingt-deux ans, ce fut son fils Nadab qui lui succéda. Lorsque Roboam, fils de Salomon et de Naama l'Ammonite, était devenu roi de Juda, il avait quarante et un ans; il régna dix-sept ans à Jérusalem. C'est en effet la ville que le Seigneur a choisie dans tout le territoire d'Israël pour y manifester sa présence au milieu de son peuple. Les gens de la tribu de Juda firent ce qui déplaît au Seigneur. Ils provoquèrent sa colère par leurs péchés encore plus que ne l'avaient fait leurs ancêtres. Eux aussi aménagèrent des lieux sacrés et dressèrent des pierres et des poteaux sacrés au sommet de toutes les collines où il y avait des arbres verts. Il y eut même des hommes et des femmes qui pratiquaient la prostitution sacrée dans le pays. En somme, ils imitèrent toutes les pratiques abominables des nations que le Seigneur avait chassées pour faire place au peuple d'Israël. Pendant la cinquième année du règne de Roboam, le roi d'Égypte Chichac vint attaquer Jérusalem. Il emporta les trésors du temple du Seigneur et ceux du palais royal; il prit absolument tout, en particulier tous les boucliers d'or que Salomon avait faits. Alors, pour les remplacer, le roi Roboam fit fabriquer des boucliers en bronze, et il les confia aux chefs des soldats qui gardaient les portes du palais royal. Ainsi, toutes les fois que le roi se rendait au temple du Seigneur, les gardes portaient les boucliers, puis ils les ramenaient dans le local de garde. Tout le reste de l'histoire de Roboam est contenu dans le livre intitulé Actes des rois de Juda. Il fut constamment en guerre contre Jéroboam. Lorsqu'il mourut, on l'enterra dans le tombeau familial de la Cité de David. Sa mère était Ammonite et s'appelait Naama. Ce fut son fils Abiam qui lui succéda. Pendant la dix-huitième année du règne de Jéroboam, fils de Nebath, sur Israël, Abiam devint roi de Juda, et il régna trois ans à Jérusalem. Sa mère s'appelait Maaka, et elle était fille d'Abichalom. Abiam commit les mêmes péchés que son père avant lui, et contrairement à son ancêtre David, il n'aima pas le Seigneur son Dieu de tout son cœur. Le Seigneur son Dieu lui accorda quand même un fils pour lui succéder, afin que la famille royale ne s'éteigne pas et que Jérusalem reste la capitale du royaume; mais ce fut à cause de David, qui avait fait ce qui plaît au Seigneur, sans jamais désobéir à aucun de ses commandements, excepté dans l'affaire d'Urie le Hittite. Roboam avait été constamment en guerre contre Jéroboam. Tout le reste de l'histoire d'Abiam est contenu dans le livre intitulé Actes des rois de Juda. Lui aussi fut en guerre contre Jéroboam. Lorsqu'il mourut, on l'enterra dans la Cité de David; ce fut son fils Asa qui lui succéda. Pendant la vingtième année du règne de Jéroboam sur Israël, Asa devint roi de Juda, et il régna quarante et un ans à Jérusalem. Sa grand-mère s'appelait Maaka, et elle était fille d'Abichalom. Asa fit ce qui plaît au Seigneur, tout comme son ancêtre David. Il expulsa du pays les hommes et les femmes qui pratiquaient la prostitution sacrée et supprima toutes les idoles que ses ancêtres avaient fabriquées. Il retira même à sa grand-mère Maaka le titre de “Grande Dame”, parce qu'elle avait eu l'horrible idée de faire une idole pour la déesse Achéra. Asa ordonna de détruire cette idole et de la brûler au bord du torrent du Cédron. Pourtant il ne supprima pas les lieux sacrés, bien qu'il eût toujours aimé le Seigneur de tout son cœur. Il fit aussi apporter dans le temple du Seigneur les offrandes consacrées par son père et par lui-même, à savoir de l'argent, de l'or et divers objets. Asa fut constamment en guerre contre Bacha, roi d'Israël. Celui-ci vint un jour attaquer le pays de Juda; il se mit à fortifier le village de Rama, pour empêcher Asa et les Judéens de circuler librement de ce côté-là. Alors Asa confia à ses ministres tout ce qui restait d'argent et d'or dans le trésor du temple, ainsi que le trésor du palais royal; il les chargea de porter tout cela à Damas, au roi de Syrie Ben-Hadad, fils de Tabrimmon et petit-fils de Hézion, et de lui transmettre le message suivant: «Faisons alliance, toi et moi, comme nos pères respectifs. Tu vois, je t'envoie de l'argent et de l'or en cadeau. Va donc rompre ton alliance avec Bacha, roi d'Israël, afin qu'il retire ses troupes de mon territoire.» Ben-Hadad accepta la proposition d'Asa et envoya les chefs de ses forces armées attaquer les villes d'Israël. Ils prirent Yon, Dan, Abel-Beth-Maaka, la région de Kinnéreth et tout le reste du territoire de Neftali. Quand Bacha apprit cette nouvelle, il cessa de fortifier Rama et retourna s'installer à Tirsa. Le roi Asa fit alors convoquer tous les Judéens sans exception; ceux-ci emportèrent les pierres et les poutres que Bacha avait rassemblées pour fortifier Rama, et ils les utilisèrent pour fortifier les localités de Guéba-de-Benjamin et de Mispa, comme l'ordonna le roi Asa. Tout le reste de l'histoire d'Asa est contenu dans le livre intitulé Actes des rois de Juda; on y raconte le courage qu'il a montré, tout ce qu'il a fait et les villes qu'il a fortifiées. A la fin de sa vie, il eut une maladie des pieds. Lorsqu'il mourut, on l'enterra dans le tombeau familial de la Cité de David; ce fut son fils Josaphat qui lui succéda. Pendant la deuxième année du règne d'Asa sur Juda, Nadab, fils de Jéroboam, devint roi d'Israël, et il régna deux ans. Il fit ce qui déplaît au Seigneur, il se conduisit aussi mal que son père, qui avait poussé le peuple d'Israël à pécher, et il commit les mêmes péchés que lui. Alors Bacha, fils d'Ahia, de la tribu d'Issakar, forma un complot contre le roi. Tandis que Nadab et l'armée d'Israël assiégeaient la ville de Guibeton, occupée par les Philistins, Bacha assassina le roi Nadab; cela se passa pendant la troisième année du règne d'Asa sur Juda. Bacha s'empara du pouvoir et, dès qu'il fut roi, il fit massacrer toute la famille de Jéroboam et ne laissa subsister aucun de ses descendants; il extermina tout le monde, conformément à ce que le prophète Ahia de Silo avait annoncé de la part du Seigneur. Tout cela arriva parce que Jéroboam avait péché et avait poussé le peuple d'Israël à pécher, ce qui avait grandement irrité le Seigneur, le Dieu d'Israël. Tout le reste de l'histoire de Nadab est contenu dans le livre intitulé Actes des rois d'Israël. Asa fut constamment en guerre contre Bacha, roi d'Israël. Pendant la troisième année du règne d'Asa sur Juda, Bacha, fils d'Ahia, devint donc roi de tout Israël; il régna à Tirsa pendant vingt-quatre ans. Il fit ce qui déplaît au Seigneur: il se conduisit aussi mal que Jéroboam, qui avait poussé le peuple d'Israël à pécher, et il commit les mêmes péchés que lui. Le Seigneur adressa la parole au prophète Yéhou, fils de Hanani, pour qu'il transmette à Bacha le message suivant: «Tu n'étais qu'un citoyen insignifiant; or je t'ai pris pour faire de toi le chef d'Israël, mon peuple. Mais tu t'es conduit aussi mal que Jéroboam, tu as poussé les Israélites à pécher, et ceux-ci m'ont irrité par leurs péchés. C'est pourquoi je vais vous faire disparaître, toi et ta famille, je vous traiterai comme la famille de Jéroboam, fils de Nebath. Tout membre de ta famille qui mourra dans la ville sera dévoré par les chiens, et celui qui mourra dans la campagne sera déchiqueté par les vautours.» Le reste de l'histoire de Bacha est contenu dans le livre intitulé Actes des rois d'Israël; on y raconte ce qu'il a fait et le courage qu'il a montré. Lorsqu'il mourut, on l'enterra à Tirsa; ce fut son fils Éla qui lui succéda. Quand le Seigneur s'était adressé à Bacha et à sa famille par l'intermédiaire du prophète Yéhou, fils de Hanani, ce fut pour deux raisons: premièrement parce que Bacha et les siens avaient fait ce qui déplaît au Seigneur et l'avaient personnellement irrité par leurs actions, tout comme Jéroboam et sa famille; et deuxièmement parce que Bacha avait fait massacrer les descendants de Jéroboam. Pendant la vingt-sixième année du règne d'Asa sur Juda, Éla, fils de Bacha, devint roi d'Israël; il régna à Tirsa pendant deux ans. Un de ses officiers, Zimri, commandant de la moitié des unités de chars, forma un complot contre lui. Tandis que le roi était à Tirsa, chez Arsa, le chef du palais royal, en train de boire et de s'enivrer, Zimri vint et l'assassina; cela se passa pendant la vingt-septième année du règne d'Asa sur Juda. Zimri s'empara du pouvoir et, dès qu'il eut pris place sur le trône royal, il fit massacrer toute la famille de Bacha: il ne laissa subsister aucun homme, enfant ou adulte, ni dans sa parenté ni parmi ses partisans. Zimri extermina donc toute la famille de Bacha, conformément à ce que le prophète Yéhou avait annoncé de la part du Seigneur. Tout cela arriva parce que Bacha et son fils Éla avaient péché et avaient poussé le peuple d'Israël à pécher, et parce qu'ils avaient irrité le Seigneur, le Dieu d'Israël, par leur idolâtrie. Tout le reste de l'histoire d'Éla est contenu dans le livre intitulé Actes des rois d'Israël. Pendant la vingt-septième année du règne d'Asa sur Juda, Zimri devint donc roi d'Israël; il régna à Tirsa pendant sept jours. L'armée d'Israël était alors en position contre la ville de Guibeton, occupée par les Philistins. Les soldats apprirent que Zimri avait comploté contre le roi et l'avait même assassiné. Aussitôt, d'un commun accord et dans le camp même, ils désignèrent le général Omri comme roi d'Israël. Alors Omri quitta Guibeton avec toute son armée et ils allèrent assiéger Tirsa. Lorsque Zimri vit que la ville était prise, il se retira dans une salle du palais royal, il y mit le feu et mourut dans l'incendie. Tout cela arriva parce que Zimri avait péché en faisant ce qui déplaît au Seigneur et en se conduisant aussi mal que Jéroboam, qui avait poussé le peuple d'Israël à pécher. Le reste de l'histoire de Zimri est contenu dans le livre intitulé Actes des rois d'Israël; on y raconte aussi le complot qu'il forma. Après la mort de Zimri, le peuple d'Israël se divisa: une moitié voulait désigner comme roi Tibni, fils de Guinath; l'autre moitié voulait désigner Omri. Finalement, les partisans d'Omri l'emportèrent sur ceux de Tibni, fils de Guinath; Tibni mourut, et ce fut Omri qui devint roi. Pendant la trente et unième année du règne d'Asa sur Juda, Omri devint donc roi d'Israël pour douze ans. Il régna d'abord six ans à Tirsa. Ensuite il alla trouver Sémer et lui acheta la colline de Samarie pour six mille pièces d'argent; il construisit une ville sur cette colline et l'appela précisément Samarie, d'après le nom de Sémer, l'ancien propriétaire. Mais Omri fit ce qui déplaît au Seigneur; il fut même pire que tous les rois qui l'avaient précédé: il se conduisit aussi mal que Jéroboam, fils de Nebath, qui avait poussé les gens d'Israël à pécher et à irriter le Seigneur, le Dieu d'Israël, par leur idolâtrie. Le reste de l'histoire d'Omri est contenu dans le livre intitulé Actes des rois d'Israël; on y raconte ce qu'il a fait et le courage qu'il a montré. Lorsqu'il mourut, on l'enterra à Samarie; ce fut son fils Achab qui lui succéda. Pendant la trente-huitième année du règne d'Asa sur Juda, Achab, fils d'Omri, devint roi d'Israël, et il régna vingt-deux ans à Samarie. Mais il fit ce qui déplaît au Seigneur, encore bien plus que tous les rois qui l'avaient précédé. Non content d'imiter les péchés de Jéroboam, fils de Nebath, il alla jusqu'à épouser Jézabel, fille d'Etbaal, roi des Sidoniens, et il s'inclina devant le dieu Baal pour lui rendre un culte. A Samarie même, il construisit un temple pour Baal, y fit dresser un autel pour les sacrifices et y plaça un poteau sacré. Par toutes ses actions, il irrita le Seigneur, le Dieu d'Israël, plus encore que tous les rois d'Israël qui l'avaient précédé. C'est à cette même époque qu'un certain Hiel, de Béthel, reconstruisit la ville de Jéricho. Mais ce que Josué, fils de Noun, avait prédit de la part du Seigneur se réalisa: Hiel perdit son fils aîné Abiram lorsqu'on creusa les fondations de la ville, et son fils cadet Segoub lorsqu'on en posa les portes. Élie, un homme du village de Tichebé, en Galaad, dit au roi Achab: «Par le Seigneur vivant, le Dieu d'Israël dont je suis le serviteur, voici ce que je te déclare: “Il n'y aura ces prochaines années ni rosée ni pluie, sauf si je le demande.” » Puis le Seigneur adressa la parole à Élie: «Pars d'ici, lui dit-il, va vers l'orient et cache-toi près du torrent de Kerith, à l'est du Jourdain. Là, tu trouveras à boire au torrent, et je donnerai l'ordre aux corbeaux de t'apporter de la nourriture.» Élie fit ce que le Seigneur lui avait dit; il alla s'installer près du torrent de Kerith. Les corbeaux lui apportaient du pain et de la viande matin et soir, et il buvait l'eau du torrent. Mais au bout d'un certain temps, le torrent fut à sec, parce qu'il n'avait pas plu dans le pays. Alors le Seigneur adressa la parole à Élie: «En route, lui dit-il, va dans la ville de Sarepta, proche de Sidon, pour y habiter. J'ai commandé à une veuve de là-bas de te donner à manger.» Élie se mit donc en route pour Sarepta. Lorsqu'il arriva à l'entrée de la ville, il vit une veuve en train de ramasser du bois. Il l'appela et lui dit: «Apporte-moi, je te prie, un peu d'eau à boire.» Elle partit en chercher, mais il la rappela et lui dit: «Apporte-moi aussi un morceau de pain.» – «Par le Seigneur vivant, ton Dieu, je te jure que je n'ai pas de pain, répondit-elle; il ne me reste qu'une poignée de farine dans un bol et un peu d'huile dans un pot. Je suis venue ramasser quelques bouts de bois; je vais aller préparer ce qui nous reste pour mon fils et pour moi; et quand nous l'aurons mangé, nous n'aurons plus qu'à mourir.» – «N'aie pas peur! lui dit Élie. Va et fais comme tu l'as dit. Seulement, tu me prépareras d'abord une petite galette de pain que tu m'apporteras; ensuite tu en feras une pour toi et pour ton fils. En effet, voici ce que déclare le Seigneur, le Dieu d'Israël: “La farine ne manquera pas dans le bol, l'huile ne manquera pas dans le pot, jusqu'à ce que le Seigneur fasse tomber la pluie sur la terre.” » La femme alla faire ce qu'Élie lui avait dit; et ils eurent à manger pendant longtemps, elle et son fils, ainsi que le prophète. La farine ne manqua pas dans le bol, ni l'huile dans le pot, conformément à ce qu'Élie avait annoncé de la part du Seigneur. Quelque temps après, le fils de la veuve qui avait accueilli le prophète chez elle tomba malade. Il fut même si malade qu'il finit par mourir. Sa mère dit à Élie: «Prophète de Dieu, pourquoi m'as-tu fait cela? Es-tu venu pour rappeler mes fautes à Dieu, et provoquer ainsi la mort de mon fils?» Il lui répondit: «Donne-moi ton fils!» Elle le tenait dans ses bras; il le prit, le porta à l'étage supérieur, dans la chambre où il logeait, et le coucha sur son lit. Puis il pria le Seigneur en ces termes: «Seigneur mon Dieu, cette veuve m'a accueilli chez elle: veux-tu vraiment la rendre malheureuse en faisant mourir son fils?» Élie s'étendit ensuite trois fois sur l'enfant, en adressant au Seigneur cette prière: «Seigneur mon Dieu, je t'en supplie, rends la vie à cet enfant.» Le Seigneur répondit à la prière d'Élie: il rendit la vie à l'enfant, qui se remit à respirer. Élie prit l'enfant, le ramena à l'étage inférieur et le rendit à sa mère en disant: «Regarde, ton fils est vivant!» La femme lui déclara: «Cette fois-ci, je reconnais que tu es un prophète de Dieu et que tu parles vraiment de la part du Seigneur.» Après un temps assez long, durant la troisième année de la sécheresse, le Seigneur adressa la parole à Élie: «Va te présenter devant le roi Achab, lui dit-il, car je vais faire tomber la pluie sur le sol desséché.» Élie s'en alla pour se présenter devant Achab. A Samarie, la famine s'était aggravée; Achab avait appelé Obadia, le chef du palais royal. – Obadia était un adorateur très fidèle du Seigneur: lorsque la reine Jézabel avait fait mettre à mort les prophètes du Seigneur, Obadia avait sauvé cent de ces prophètes en les cachant par groupes de cinquante dans des cavernes, où il les avait ravitaillés en nourriture et en eau. – Achab dit à Obadia: «Viens, nous allons parcourir le pays et visiter toutes les sources et tous les torrents. Nous découvrirons peut-être de l'herbe pour nourrir les chevaux et les mulets, et ainsi nous n'aurons pas à abattre des bêtes.» Ils déterminèrent les régions du pays que chacun devait parcourir; ainsi Achab partit de son côté pendant qu'Obadia partait du sien. Tandis qu'Obadia était en route, il rencontra soudain Élie. Il le reconnut, s'inclina profondément devant lui et dit: «Est-ce bien toi, mon seigneur Élie?» – «C'est bien moi! répondit Élie. Va dire à ton maître Achab: “Élie arrive!” » – «Qu'ai-je fait de mal, demanda Obadia, pour que tu me livres au pouvoir d'Achab? Tu m'envoies à la mort! Par ton Dieu, le Seigneur vivant, je t'assure que mon maître a envoyé des gens dans toutes les nations et dans tous les royaumes pour te rechercher. Quand les représentants d'un de ces pays disaient: “Il n'est pas chez nous”, ils devaient encore jurer qu'on ne t'avait pas trouvé. Et maintenant, tu m'ordonnes d'aller annoncer à mon maître: “Élie arrive!” Mais dès que je me serai éloigné de toi, l'Esprit du Seigneur t'emportera je ne sais où; j'irai faire mon rapport à Achab, on ne te retrouvera pas et on me tuera! Pourtant je suis un adorateur fidèle du Seigneur depuis ma jeunesse. Est-ce qu'on ne t'a pas raconté, mon seigneur, comment j'ai agi quand Jézabel faisait massacrer les prophètes du Seigneur? comment j'ai caché cent de ces prophètes, par groupes de cinquante, dans des cavernes où je les ravitaillais en nourriture et en eau? Et maintenant, tu m'ordonnes d'aller annoncer à mon maître: “Élie arrive!” Il va me tuer!» Mais Élie lui répondit: «Par le Dieu vivant, le Seigneur de l'univers, dont je suis le serviteur, je t'assure qu'aujourd'hui même je me présenterai devant Achab.» Obadia alla donc retrouver Achab et lui fit son rapport; Achab vint à la rencontre d'Élie, et dès qu'il le vit, il lui dit: «Te voilà, toi qui amènes le malheur sur le peuple d'Israël!» Élie répondit: «Ce n'est pas moi qui ai amené le malheur sur Israël; c'est toi et ta famille, parce que vous avez refusé d'obéir aux commandements du Seigneur et que vous avez adoré les dieux Baals. Mais maintenant, envoie des messagers. Qu'ils rassemblent tout le peuple d'Israël autour de moi, sur le mont Carmel, avec les quatre cent cinquante prophètes du dieu Baal et les quatre cents prophètes de la déesse Achéra, qui sont les protégés de la reine Jézabel.» Achab fit convoquer toutes les tribus d'Israël, de même que les prophètes, sur le mont Carmel. Quand ils furent rassemblés, Élie s'avança devant tout le peuple et dit: «Quand cesserez-vous de sautiller tantôt sur un pied, tantôt sur l'autre? Ou bien c'est le Seigneur qui est le vrai Dieu, et alors rendez un culte au Seigneur! Ou bien c'est Baal qui est le vrai Dieu, et alors rendez un culte à Baal!» Mais personne dans le peuple ne répondit. Élie reprit: «Moi je reste seul comme prophète du Seigneur, tandis que les prophètes de Baal sont au nombre de quatre cent cinquante. Qu'on nous donne deux taureaux: les prophètes de Baal en choisiront un, qu'ils découperont et placeront sur du bois pour l'offrir en sacrifice, mais sans allumer le feu. Je préparerai l'autre et je le placerai sur du bois, mais je n'allumerai pas non plus le feu. Ils prieront leur dieu, et moi je prierai le Seigneur. Le vrai Dieu sera celui qui répondra aux prières en allumant le feu.» Tout le peuple répondit: «Nous sommes d'accord.» Alors Élie dit aux prophètes de Baal: «Choisissez l'un des taureaux et préparez-le, vous les premiers, puisque vous êtes les plus nombreux; ensuite priez votre dieu, mais n'allumez pas le feu.» Ils prirent le taureau qu'on leur présenta, ils préparèrent le sacrifice, puis ils supplièrent Baal depuis le matin jusqu'à midi: «Baal, réponds-nous!» disaient-ils, et ils dansaient en sautillant autour de l'autel qu'ils avaient construit; mais ils ne reçurent pas un mot de réponse. Vers midi, Élie se mit à se moquer d'eux, en disant: «Criez plus fort! Puisqu'il est un dieu, il est très occupé; ou bien il a une obligation urgente, ou encore il est en voyage; peut-être qu'il dort, et il faut le réveiller.» Ils crièrent plus fort; selon leur coutume, ils se blessèrent volontairement avec des épées et des lances jusqu'à ce que le sang coule sur leur corps. Quand midi fut passé, ils appelèrent Baal avec encore plus d'excitation jusqu'à l'heure où l'on offre le sacrifice de l'après-midi, mais ils ne reçurent aucune réponse: ni un mot ni un signe. Alors Élie invita tout le peuple à s'approcher de lui; quand ils se furent approchés, Élie se mit à réparer l'autel du Seigneur, qui était en ruine. Il prit douze pierres, nombre correspondant aux douze tribus des descendants de Jacob – c'est à ce Jacob que le Seigneur avait déclaré: «Tu t'appelleras désormais Israël». Avec ces pierres, il reconstruisit donc l'autel consacré au Seigneur. Il creusa tout autour de l'autel un fossé pouvant contenir une trentaine de litres; il arrangea des bûches de bois sur l'autel, puis découpa le taureau et plaça les morceaux sur le bois. Il ordonna ensuite à ceux qui étaient là: «Remplissez quatre cruches d'eau et versez-les sur le sacrifice et sur le bois.» Ils le firent. Élie reprit: «Faites-le une deuxième fois.» Ils le firent. «Faites-le une troisième fois», ajouta-t-il. Et ils le firent. L'eau coula tout autour de l'autel et remplit même le fossé. A l'heure où l'on présente à Dieu le sacrifice de l'après-midi, le prophète Élie s'approcha de l'autel et dit: «Seigneur, Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, montre aujourd'hui que tu es le Dieu d'Israël, que je suis ton serviteur, et que c'est sur ton ordre que j'ai fait tout cela. Réponds-moi, Seigneur, réponds-moi, afin que ces gens sachent que c'est toi, Seigneur, qui es le vrai Dieu, et tu les ramèneras ainsi à leur fidélité d'autrefois.» Le Seigneur fit alors descendre du feu, qui brûla le sacrifice, le bois, les pierres et la poussière, et qui fit évaporer l'eau du fossé. Lorsque les Israélites virent cela, ils s'inclinèrent tous jusqu'à terre, puis ils se mirent à crier: «C'est le Seigneur qui est le vrai Dieu! C'est le Seigneur qui est le vrai Dieu!» Élie leur dit: «Saisissez les prophètes de Baal, il ne faut pas qu'un seul d'entre eux s'échappe.» Ils les saisirent donc tous, Élie les fit descendre jusqu'au bord du torrent de Quichon, et là, il les fit égorger. Ensuite Élie dit à Achab: «Va manger et boire, car j'entends le bruit de la pluie.» Achab alla manger et boire; quant à Élie, il se rendit vers le sommet du mont Carmel, où il s'inclina jusqu'à terre, le visage entre les genoux. Puis il dit à son serviteur: «Monte donc regarder du côté de la mer.» Le serviteur monta, regarda et revint dire: «Il n'y a rien du tout.» A sept reprises, Élie l'envoya regarder. La septième fois, le serviteur déclara: «Il y a un petit nuage qui monte de la mer. Il n'est pas plus grand que la main.» Alors Élie lui ordonna: «Va dire à Achab d'atteler ses chevaux et de redescendre avant que la pluie ne le retienne.» Le ciel devint de plus en plus sombre à cause des nuages amenés par le vent, et une forte pluie se mit à tomber, tandis que le roi Achab, sur son char, rentrait à Jizréel. Élie attacha sa ceinture pour partir, et, rempli de force par le Seigneur, il courut devant le char d'Achab jusqu'à l'entrée de Jizréel. Le roi Achab raconta à Jézabel, sa femme, tout ce qu'Élie avait fait, et comment il avait mis à mort tous les prophètes de Baal. Jézabel envoya alors un messager pour avertir Élie en ces termes: «Si demain à pareille heure je ne t'ai pas traité comme tu as traité ces prophètes, que les dieux m'infligent la plus terrible des punitions!» Élie prit peur et s'enfuit pour sauver sa vie. Il se rendit à Berchéba, dans le pays de Juda; là, il laissa son serviteur, puis il marcha pendant une journée dans le désert, et alla s'asseoir sous un arbuste, un genêt. Il souhaitait mourir et dit: «Maintenant, Seigneur, j'en ai assez! Reprends ma vie, car je ne vaux pas mieux que mes ancêtres.» Puis il se coucha et s'endormit sous le genêt; mais un ange vint le toucher et lui dit: «Lève-toi et mange.» Et il vit en effet près de lui une de ces galettes, que l'on cuit sur des pierres chauffées, et un pot d'eau. Après avoir mangé et bu, il se recoucha; mais l'ange du Seigneur revint le toucher et lui dit: «Lève-toi et mange, car tu devras faire un très long voyage.» Élie se leva donc pour manger et boire, puis avec les forces trouvées dans ce repas, il marcha quarante jours et quarante nuits jusqu'à l'Horeb, la montagne de Dieu. Arrivé à l'Horeb, Élie entra dans une caverne, où il passa la nuit. Alors le Seigneur lui adressa la parole: «Pourquoi es-tu ici, Élie?» Il répondit: «Seigneur, Dieu de l'univers, je t'aime tellement que je ne peux plus supporter la façon d'agir des Israélites. En effet, ils ont rompu ton alliance, ils ont démoli tes autels, ils ont tué tes prophètes; je suis resté moi seul et ils cherchent à m'ôter la vie.» – «Sors, lui dit le Seigneur; tu te tiendras sur la montagne, devant moi; je vais passer.» Aussitôt un grand vent souffla, avec une violence telle qu'il fendait les montagnes et brisait les rochers devant le Seigneur; mais le Seigneur n'était pas présent dans ce vent. Après le vent, il y eut un tremblement de terre; mais le Seigneur n'était pas présent dans le tremblement de terre. Après le tremblement de terre, il y eut un feu; mais le Seigneur n'était pas présent dans le feu. Après le feu, il y eut le bruit d'un léger souffle. Dès qu'Élie l'entendit, il se couvrit le visage avec son manteau, il sortit de la caverne et se tint devant l'entrée. Il entendit de nouveau une voix qui disait: «Pourquoi es-tu ici, Élie?» Il répondit: «Seigneur, Dieu de l'univers, je t'aime tellement que je ne peux plus supporter la façon d'agir des Israélites. En effet, ils ont rompu ton alliance, ils ont démoli tes autels, ils ont tué tes prophètes; je suis resté moi seul et ils cherchent à m'ôter la vie.» Mais le Seigneur lui dit: «Va, retourne par le même chemin à travers le désert, et rends-toi à Damas. Tu iras y consacrer de ma part Hazaël comme roi de Syrie. Puis tu iras consacrer Jéhu, fils de Nimchi, comme roi d'Israël, et Élisée, fils de Chafath, d'Abel-Mehola, pour te succéder comme prophète. Ceux qui échapperont à l'épée d'Hazaël seront mis à mort par Jéhu, et ceux qui échapperont à l'épée de Jéhu seront mis à mort par Élisée. Mais je laisserai survivre sept mille hommes du peuple d'Israël, à savoir tous ceux qui ne se seront pas mis à genoux devant le dieu Baal et n'auront pas donné de baisers à ses statues.» Élie partit de là. Il trouva Élisée, fils de Chafath, en train de labourer un champ avec douze paires de bœufs; Élisée conduisait lui-même la douzième paire. Élie, en passant près d'Élisée, jeta son manteau sur lui. Alors Élisée abandonna ses bêtes et courut dire à Élie: «Laisse-moi aller embrasser mon père et ma mère, après quoi je te suivrai.» – «Mais tu peux retourner à ton travail, répondit Élie. Est-ce que je t'ai demandé quelque chose? » Élisée retourna à son champ. Là il prit ses deux bœufs et il les sacrifia. Avec la charrue il fit du feu pour cuire la viande; il la donna ensuite aux gens qui étaient présents, et ils la mangèrent. Puis il suivit Élie et devint son serviteur. Ben-Hadad, le roi de Syrie, rassembla toute son armée, qui regroupait trente-deux rois alliés, avec des chevaux et des chars, pour aller assiéger et attaquer la ville de Samarie. Il y envoya des messagers dire à Achab, roi d'Israël: «Voici un message de la part du roi Ben-Hadad: “Livre-moi ton argent et ton or, ainsi que tes femmes et tes enfants les plus beaux!” » Le roi d'Israël lui fit répondre: «J'obéis aux ordres de Sa Majesté le roi! Je me livre moi-même à lui, avec tout ce qui m'appartient.» Mais les messagers vinrent le trouver une seconde fois et lui transmirent ce nouveau message de la part de Ben-Hadad: «Je t'ai envoyé l'ordre de me donner ton argent et ton or, tes femmes et tes fils. Eh bien, sache que demain à pareille heure j'enverrai mes serviteurs chez toi. Ils fouilleront ton palais et les maisons de tes ministres, et ils prendront et emporteront tous les objets précieux auxquels tu tiens.» Alors le roi d'Israël convoqua tous les anciens du pays et leur dit: «Vous pouvez constater vous-mêmes clairement que celui-là nous veut du mal; en effet, quand il a envoyé ses messagers pour me réclamer mes femmes et mes enfants, ainsi que mon argent et mon or, je ne lui ai pourtant rien refusé.» Tous les anciens et tout le peuple lui dirent: «Ne l'écoute pas, n'accepte pas.» Il donna donc la réponse suivante aux messagers de Ben-Hadad: «Dites à Sa Majesté: “Tout ce que le roi m'a demandé la première fois, je l'aurais fait; mais ce qu'il exige maintenant, je ne peux pas l'admettre.” » Les messagers allèrent porter cette réponse à Ben-Hadad. Alors celui-ci envoya un troisième message au roi Achab: «Que les dieux m'infligent la plus terrible des punitions si je laisse subsister de Samarie assez de décombres pour remplir les mains de tous ceux qui m'accompagnent!» Le roi d'Israël répondit: «Rappelez à Ben-Hadad ce que dit le proverbe: “Celui qui part au combat ne doit pas se vanter comme s'il en revenait vainqueur.” » Ben-Hadad était en train de boire avec les autres rois dans les tentes, quand il reçut cette réponse; il donna aussitôt aux officiers l'ordre de préparer l'attaque. Ses officiers s'y préparèrent. Alors un prophète vint trouver Achab, roi d'Israël, et lui dit: «Voici ce que déclare le Seigneur: “Tu as vu cette grande foule de soldats! Eh bien, je vais les livrer en ton pouvoir aujourd'hui même, pour que tu saches que c'est moi le Seigneur.” » Achab demanda: «Par le moyen de qui seront-ils livrés en mon pouvoir?» – «Voici ce que déclare le Seigneur, répondit le prophète: “Par le moyen des jeunes soldats recrutés par les chefs de provinces.” » Achab reprit: «Qui engagera le combat?» – «Toi!» répondit-il. Achab passa en revue les jeunes soldats recrutés par les chefs de provinces, au nombre de deux cent trente-deux, puis il passa aussi en revue toute l'armée d'Israël, au nombre de sept mille combattants. Ils lancèrent une attaque à midi, tandis que Ben-Hadad et les trente-deux autres rois, ses alliés, continuaient de s'enivrer dans les tentes. Les jeunes soldats passèrent les premiers à l'attaque. Ben-Hadad envoya une patrouille voir ce qui se passait. On lui rapporta que des hommes étaient sortis de Samarie. «S'ils viennent demander la paix, dit-il, prenez-les vivants; mais s'ils viennent attaquer… prenez-les aussi vivants! » Cependant les jeunes soldats et l'armée qui les suivait étaient sortis de la ville; ils frappèrent chacun un adversaire, si bien que les Syriens s'enfuirent et que les Israélites se mirent à les poursuivre. Quant à Ben-Hadad, il parvint à se sauver à cheval avec quelques autres cavaliers. C'est ainsi que le roi d'Israël attaqua: il extermina les chevaux, détruisit les chars, et infligea une lourde défaite à l'armée des Syriens. Le prophète vint alors trouver le roi d'Israël pour lui dire: «Prends courage, et réfléchis bien à ce que tu dois faire, car l'an prochain à la même époque, le roi de Syrie reviendra t'attaquer.» Les gens de son entourage dirent au roi de Syrie: «Le Dieu d'Israël est un Dieu des montagnes: voilà pourquoi les Israélites ont été plus forts que nous; mais combattons-les dans la plaine: il est certain que là nous serons plus forts qu'eux. Maintenant, fais donc ceci: Destitue tous les rois, tes alliés, et remplace-les par des gouverneurs. Et toi, recrute une armée aussi nombreuse que celle que tu as perdue, ainsi que des chevaux et des chars en aussi grand nombre qu'avant; puis nous combattrons l'armée d'Israël dans la plaine; il est certain que nous serons plus forts qu'eux.» Ben-Hadad accepta de suivre leur conseil. L'année suivante à la même époque, il passa en revue l'armée syrienne, puis il la conduisit jusqu'à la ville d'Afec, pour engager le combat contre Israël. Les soldats d'Israël aussi furent passés en revue par Achab et ravitaillés, puis ils marchèrent à la rencontre de leurs adversaires. Ils campèrent en deux groupes, face aux Syriens. Ils ressemblaient à deux petits troupeaux de chèvres, tandis que les Syriens couvraient le pays. De nouveau le prophète de Dieu vint trouver le roi d'Israël et lui dit: «Voici ce que déclare le Seigneur: “Puisque les Syriens ont dit que moi, le Seigneur, j'étais un Dieu des montagnes et non pas des plaines, je vais livrer toute leur nombreuse armée en ton pouvoir. Ainsi vous saurez que je suis le Seigneur.” » Pendant sept jours ils campèrent les uns en face des autres. Le septième jour ils engagèrent le combat; les Israélites battirent les Syriens et tuèrent cent mille soldats à pied en un seul jour. Ceux qui restaient, vingt-sept mille hommes, s'enfuirent dans la ville d'Afec, mais la muraille de la ville s'écroula sur eux. Cependant Ben-Hadad, qui avait réussi à fuir, se réfugia en ville dans la pièce la plus retirée d'une maison. Les gens de son entourage lui dirent: «Écoute, nous avons appris que les rois d'Israël sont des rois pleins de pitié. Nous allons donc nous habiller d'étoffes grossières, nous passer des cordes autour du cou, et nous irons trouver le roi d'Israël. Peut-être qu'il ne te fera pas mourir.» Ils se vêtirent donc d'étoffes grossières, se passèrent des cordes autour du cou, se rendirent chez le roi d'Israël et lui dirent: «Ton esclave Ben-Hadad te supplie d'épargner sa vie.» – «Il est encore en vie? demanda Achab. Eh bien, il est mon frère!» Les envoyés de Ben-Hadad trouvèrent que c'était bon signe et se hâtèrent d'en profiter, en s'écriant: «Ben-Hadad est donc ton frère!» – «Allez le chercher», reprit Achab. Ben-Hadad sortit de sa cachette et vint vers Achab, qui le fit monter sur son char. Ben-Hadad dit à Achab: «Je veux te rendre les villes que mon père avait prises à ton père. Tu pourras aussi faire vendre les produits de ton pays à Damas, comme mon père pouvait vendre les nôtres à Samarie.» – «Et moi, dit Achab, je vais conclure une alliance avec toi, puis je te renverrai libre.» Après avoir conclu cette alliance, il le renvoya libre. A ce moment-là, le Seigneur ordonna à un membre d'une communauté de prophètes de dire à l'un de ses compagnons: «Frappe-moi!», mais l'autre refusa. Alors le premier lui dit: «Puisque tu n'as pas obéi à l'ordre du Seigneur, dès que tu m'auras quitté, un lion te tuera.» En effet, l'autre s'en alla et rencontra un lion qui le tua. Le premier alla trouver un autre homme et lui dit: «Frappe-moi!» Celui-ci le frappa et le blessa. Alors le prophète se déguisa, ramena sa coiffure sur son visage et alla se poster au bord de la route où devait passer le roi Achab. Lorsque le roi passa, le prophète lui cria: «Majesté, j'étais en plein combat lorsque quelqu'un est sorti des rangs et m'a amené un prisonnier, en disant: “Garde-moi cet homme! S'il s'échappe, tu payeras cela de ta vie, ou bien tu me verseras trois mille pièces d'argent.” Et voilà, tandis que j'étais occupé de-ci de-là, le prisonnier s'est échappé!» – «Eh bien, tu as prononcé toi-même ta condamnation», lui répondit le roi d'Israël. Aussitôt l'homme releva la coiffure qui cachait son visage, et le roi d'Israël reconnut qu'il était membre d'une communauté de prophètes. Le prophète lui dit alors: «Voici ce que déclare le Seigneur: “Puisque tu as laissé échapper l'homme que j'avais condamné à mort, tu payeras cela de ta vie, et ton peuple mourra à la place de son peuple.” » Le roi d'Israël s'en retourna chez lui, à Samarie, inquiet et furieux. Après ces événements, voici ce qui arriva: Il y avait à Jizréel un homme appelé Naboth; il possédait dans cette ville une vigne, tout près d'un palais appartenant à Achab, roi de Samarie. Un jour, Achab dit à Naboth: «Cède-moi ta vigne pour que je puisse m'en faire un jardin potager, puisqu'elle est juste à côté de mon palais; en échange, je te donnerai une vigne bien meilleure, ou si tu préfères, je t'en payerai le prix.» Mais Naboth lui répondit: «Je n'ai pas le droit devant le Seigneur de te céder la vigne que j'ai héritée de mes ancêtres!» Achab s'en retourna chez lui, déçu et furieux à cause de cette réponse de Naboth: «Je ne te céderai pas ce que j'ai hérité de mes ancêtres.» Il se coucha sur son lit, se tourna contre le mur et ne voulut plus rien manger. Sa femme Jézabel vint le trouver et lui demanda: «Pourquoi es-tu de mauvaise humeur? Pourquoi ne veux-tu rien manger?» – «J'ai parlé à Naboth, de Jizréel, répondit-il; je lui ai dit: “Cède-moi ta vigne contre de l'argent, ou si tu préfères, je te donnerai une autre vigne en échange”, mais il m'a répondu: “Je ne te céderai pas ma vigne.” » Jézabel lui dit alors: «Vraiment, tu oublies que tu es le roi d'Israël! Relève-toi! Mange et réjouis-toi! C'est moi qui vais te donner la vigne de Naboth, de Jizréel.» Elle écrivit des lettres au nom du roi Achab, elle les marqua avec le cachet royal et elle les fit porter aux anciens et aux autorités de la ville où habitait Naboth. Dans ces lettres, elle avait écrit ceci: «Convoquez la population à une cérémonie de jeûne, et demandez à Naboth de présider cette assemblée. En face de lui, placez deux vauriens, qui l'accuseront d'avoir maudit Dieu et le roi. Ensuite conduisez-le hors de la ville et jetez-lui des pierres jusqu'à ce qu'il meure.» Les anciens et les autorités de la ville de Naboth firent ce que Jézabel leur avait ordonné dans ses lettres. Ils convoquèrent la population à une cérémonie de jeûne et demandèrent à Naboth de présider cette assemblée. Les deux vauriens vinrent se placer en face de Naboth et se mirent à l'accuser devant tout le monde en disant: «Naboth a maudit Dieu et le roi!» Aussitôt, on le conduisit hors de la ville et on lui jeta des pierres jusqu'à ce qu'il meure. Alors les autorités de la ville envoyèrent un messager informer Jézabel que Naboth avait été exécuté et qu'il était mort. Lorsque Jézabel apprit cela, elle alla dire à Achab: «Va prendre possession de la vigne que Naboth, de Jizréel, refusait de te vendre: il est mort.» A cette nouvelle, Achab se rendit à la vigne de Naboth et en prit possession. Alors le Seigneur adressa la parole au prophète Élie, de Tichebé: «Rends-toi auprès d'Achab, le roi d'Israël qui réside à Samarie, lui dit-il. Il se trouve dans la vigne de Naboth, où il est allé pour en prendre possession. Va lui dire: Voici ce que déclare le Seigneur: “Ainsi, tu as assassiné quelqu'un, et tu viens maintenant prendre possession de ses biens!” Puis tu ajouteras: Voici ce que déclare encore le Seigneur: “A l'endroit même où les chiens ont léché le sang de Naboth, les chiens lécheront aussi ton propre sang.” » Élie alla porter ce message à Achab, qui lui dit: «Eh bien, mon ennemi, tu m'as retrouvé!» – «Oui, je t'ai retrouvé, dit Élie. Et puisque tu as pris plaisir à faire ce qui déplaît au Seigneur, voici ce qu'il déclare: “Je vais envoyer le malheur sur toi; je te ferai disparaître, j'exterminerai d'Israël tous les hommes de ta parenté, enfants et adultes. Je traiterai ta famille comme j'ai traité celle de Jéroboam, fils de Nebath, et celle de Bacha, fils d'Ahia, parce que tu m'as grandement irrité et que tu as poussé le peuple d'Israël à pécher.” Et, ajouta Élie, le Seigneur a aussi parlé contre Jézabel en déclarant: “Les chiens dévoreront Jézabel au pied de la muraille de Jizréel.” De plus, roi Achab, tout membre de ta famille qui mourra dans la ville sera dévoré par les chiens, et celui qui mourra dans la campagne sera déchiqueté par les vautours.» On n'a certainement jamais vu personne prendre autant de plaisir que le roi Achab à faire ce qui déplaît au Seigneur; c'est qu'il y était poussé par sa femme Jézabel. Il a agi d'une façon particulièrement abominable lorsqu'il adorait des idoles, tout comme les Amorites que le Seigneur avait chassés pour faire place au peuple d'Israël. Lorsque le roi Achab eut entendu le message du Seigneur, il s'humilia en déchirant ses vêtements, en portant une étoffe grossière directement sur la peau et en jeûnant; il gardait sur lui cette étoffe grossière même pour dormir, et il marchait à pas lents. Alors le Seigneur adressa la parole à Élie, de Tichebé: «Regarde combien Achab est devenu humble devant moi, dit-il. Puisqu'il s'est humilié ainsi, je n'enverrai pas le malheur sur sa famille pendant son règne, mais pendant celui de son fils.» Deux années passèrent, sans guerre entre la Syrie et Israël. Dans le courant de la troisième année, Josaphat, roi de Juda, vint voir Achab, roi d'Israël. Or Achab avait dit à son entourage: «Vous savez bien que la ville de Ramoth, en Galaad, est à nous. Pourquoi hésitons-nous à aller la reprendre au roi de Syrie?» Il demanda donc au roi Josaphat: «Viendrais-tu combattre avec moi pour reprendre Ramoth de Galaad?» Josaphat lui répondit: «Nous ne faisons qu'un, toi et moi, ton peuple et le mien, tes chevaux et les miens.» Pourtant Josaphat ajouta: «Consulte d'abord le Seigneur.» Le roi d'Israël rassembla alors ses prophètes, au nombre de quatre cents environ, et leur demanda: «Dois-je aller combattre pour reprendre Ramoth de Galaad, ou dois-je y renoncer?» – «Tu peux y aller, répondirent les prophètes, le Seigneur te livrera la ville.» Mais Josaphat demanda: «N'y a-t-il ici aucun autre prophète par qui nous puissions consulter le Seigneur?» – «Il y en a bien encore un, répondit le roi d'Israël, mais je ne l'aime pas, car il m'annonce toujours du mal, jamais rien de bon. C'est Michée, fils d'Imla.» Josaphat s'écria: «Ne parle pas ainsi d'un prophète!» Alors le roi d'Israël appela un fonctionnaire du palais et lui ordonna d'aller rapidement chercher Michée, fils d'Imla. Le roi d'Israël et le roi de Juda étaient assis chacun sur son trône, revêtus de leurs habits royaux, sur la place située près de la porte de la ville de Samarie, pendant que les prophètes proclamaient leur message devant eux. Un certain Sidequia, fils de Kenaana, s'était fabriqué des cornes de fer, et il disait: «Voici ce que déclare le Seigneur: “Ces cornes sont le signe de la puissance avec laquelle tu écraseras l'armée syrienne.” » Et tous les autres prophètes confirmaient ce message en disant: «Tu peux aller attaquer Ramoth de Galaad. Tu réussiras, le Seigneur te livrera la ville.» Le messager qui était allé chercher Michée lui dit: «Écoute, tous les prophètes sont unanimes à prédire au roi le succès; arrange-toi donc pour parler comme eux: prédis toi aussi le succès.» Mais Michée lui répondit: «Par le Seigneur vivant, je proclamerai ce que le Seigneur m'aura dit.» Il vint se présenter devant le roi, qui lui posa cette question: «Michée, devons-nous aller combattre pour reprendre Ramoth de Galaad, ou devons-nous y renoncer?» – «Tu peux y aller, répondit Michée; tu réussiras, le Seigneur te livrera la ville.» Mais le roi reprit: «Combien de fois faudra-t-il que je t'adjure de me dire seulement la vérité de la part du Seigneur?» Alors Michée déclara: «J'ai vu tout le peuple d'Israël dispersé sur les montagnes comme un troupeau sans berger. Et le Seigneur a dit: “Ils n'ont plus de chef. Que chacun retourne tranquillement chez soi.” » Le roi d'Israël dit à Josaphat: «Je te l'avais bien dit! Il m'annonce toujours du mal, jamais rien de bon!» Mais Michée reprit: «Écoute plutôt ce que dit le Seigneur. J'ai vu, en effet, le Seigneur assis sur son trône royal, avec tous ses serviteurs célestes debout à sa droite et à sa gauche; il a demandé: “Qui veut aller donner à Achab la mauvaise idée d'attaquer Ramoth de Galaad, afin qu'il y soit tué?” Quelqu'un a proposé ceci, un autre cela. Alors l'Esprit qui inspire les prophètes s'est avancé devant le Seigneur et a dit: “Moi, j'irai lui en donner l'idée!” – “Comment?” a demandé le Seigneur. “J'irai, a-t-il dit, et je ferai prononcer des mensonges par tous les prophètes du roi.” Le Seigneur lui a répondu: “C'est un excellent moyen pour le tromper; vas-y et fais cela!” Eh bien, ajouta Michée, maintenant, c'est fait. Le Seigneur a laissé un esprit inspirer des mensonges à tous tes prophètes; mais en réalité, le Seigneur a décidé de t'envoyer le malheur.» Aussitôt Sidequia, fils de Kenaana, s'approcha de Michée et lui donna une gifle en disant: «Est-ce que l'Esprit du Seigneur est sorti de moi pour aller te parler?» Michée répondit: «Oui! Et tu le comprendras bien toi-même le jour où tu iras te cacher dans le recoin le plus secret de ta maison.» Alors le roi d'Israël donna l'ordre suivant à un serviteur: «Saisis Michée et confie-le au gouverneur de la ville Amon et au prince Yoach. Tu leur ordonneras de ma part de mettre cet individu en prison, et de ne lui donner qu'une misérable ration de pain et d'eau, jusqu'à ce que je revienne sain et sauf de cette expédition.» Michée lui répondit: «Si tu reviens sain et sauf, c'est que le Seigneur n'a pas parlé par mon intermédiaire.» Le roi d'Israël et Josaphat, roi de Juda, allèrent donc attaquer Ramoth de Galaad. Le roi d'Israël dit à Josaphat: «Je vais me déguiser pour aller au combat, mais toi, mets tes habits royaux.» Ainsi le roi d'Israël se déguisa pour aller au combat. Or le roi de Syrie avait ordonné aux trente-deux chefs de ses chars de guerre de n'attaquer ni les simples soldats, ni les officiers, mais seulement le roi d'Israël. C'est pourquoi, lorsque les chefs de chars virent Josaphat, ils se dirent que c'était certainement le roi d'Israël et ils se tournèrent contre lui pour l'attaquer. Mais Josaphat poussa son cri de guerre et les chefs des chars se rendirent compte que ce n'était pas le roi d'Israël; alors ils cessèrent de le poursuivre. Or un soldat syrien tira de l'arc au hasard, et la flèche atteignit le roi d'Israël entre les plaques protectrices de sa cuirasse. Le roi dit au conducteur de son char: «Fais demi-tour! Fais-moi sortir de la bataille, car je me sens très mal.» Mais ce jour-là, le combat fut si violent que le roi dut rester face à l'armée syrienne, soutenu par quelqu'un sur son char; et le soir, il mourut. Le sang de sa blessure avait coulé au fond du char. Au coucher du soleil, on cria dans le camp: «Que chacun retourne dans sa ville, chacun chez soi, car le roi est mort!» On ramena le corps à Samarie et on l'y enterra. Et tandis qu'on lavait le char d'Achab à l'étang de Samarie, les chiens vinrent lécher son sang et les prostituées se baignèrent là, selon ce que le Seigneur avait annoncé. Le reste de l'histoire d'Achab est contenu dans le livre intitulé Actes des rois d'Israël; on y raconte tout ce qu'il a fait, comment il s'est construit un palais richement décoré d'ivoire, et combien de villes il s'est fait bâtir. Lorsqu'il mourut, ce fut son fils Ahazia qui lui succéda. Josaphat, fils d'Asa, était devenu roi de Juda pendant la quatrième année du règne d'Achab, roi d'Israël. Il avait alors trente-cinq ans, et il régna vingt-cinq ans à Jérusalem. Sa mère s'appelait Azouba, et elle était fille de Chili. Il se conduisit d'une manière droite et imita en tout son père Asa, faisant ce qui plaît au Seigneur. Pourtant il ne supprima pas les lieux sacrés; les gens continuaient d'y aller pour offrir des sacrifices d'animaux et brûler des parfums. Enfin Josaphat vécut en paix avec le roi d'Israël. Le reste de l'histoire de Josaphat est contenu dans le livre intitulé Actes des rois de Juda; on y raconte le courage qu'il a montré, les guerres qu'il a livrées, et comment il a éliminé du pays tous les hommes et les femmes qui pratiquaient la prostitution sacrée et qui avaient subsisté du temps de son père Asa. Par ailleurs, à cette époque, il n'y avait pas de roi dans le pays d'Édom, mais seulement un préfet nommé par le roi de Juda. Josaphat fit construire de grands bateaux à Ession-Guéber pour aller chercher de l'or dans le pays d'Ofir, mais l'expédition ne réussit pas, car les bateaux firent naufrage à Ession-Guéber. Alors Ahazia, fils d'Achab, proposa à Josaphat que des marins de son propre pays accompagnent ceux de Josaphat sur les bateaux, mais Josaphat n'accepta pas. Lorsque Josaphat mourut, on l'enterra dans le tombeau familial de la Cité de David; ce fut son fils Joram qui lui succéda. Ahazia, fils d'Achab, était devenu roi d'Israël à Samarie pendant la dix-septième année du règne de Josaphat, roi de Juda, et il régna deux ans sur le peuple d'Israël. Il fit ce qui déplaît au Seigneur; il se conduisit aussi mal que son père, que sa mère, et que le roi Jéroboam, fils de Nebath, qui avait poussé le peuple d'Israël à pécher. Il s'inclina devant le dieu Baal pour lui rendre un culte, irritant ainsi le Seigneur, le Dieu d'Israël, tout comme l'avait fait son père. Après la mort du roi Achab, les Moabites se révoltèrent contre la domination d'Israël. Un jour, le roi Ahazia, qui se trouvait dans une chambre à l'étage supérieur de son palais de Samarie, tomba de la fenêtre et se blessa gravement. Alors il envoya des messagers consulter Baal Zeboub, le dieu de la ville d'Écron, pour savoir s'il se rétablirait après cet accident. Mais un ange du Seigneur vint dire à Élie, de Tichebé: «Va à la rencontre des messagers du roi de Samarie et dis-leur: “N'y a-t-il pas de Dieu en Israël? Pourquoi donc allez-vous consulter Baal Zeboub, le dieu d'Écron?” Et tu ajouteras: “Voici ce que le Seigneur déclare au roi d'Israël: Tu ne quitteras plus le lit où tu es couché; tu vas mourir!” » Élie fit ce que le Seigneur lui avait commandé. Aussitôt, les messagers retournèrent auprès du roi, qui leur demanda: «Pourquoi donc êtes-vous revenus?» – «Un homme s'est approché de nous, répondirent-ils, et il nous a ordonné de retourner vers toi et de te dire: “Voici ce que déclare le Seigneur: N'y a-t-il pas de Dieu en Israël? Pourquoi donc envoies-tu des messagers consulter Baal Zeboub, le dieu d'Écron? A cause de cela, tu ne quitteras plus le lit où tu es couché; tu vas mourir!” » Le roi leur demanda: «Comment était l'homme qui est venu à votre rencontre et qui vous a transmis ce message?» Ils répondirent: «Il portait un vêtement fait de poils de chameau, avec une ceinture autour de la taille.» Le roi s'écria: «C'est Élie, de Tichebé!» Le roi envoya un officier avec une troupe de cinquante soldats pour arrêter Élie. Ceux-ci montèrent vers le sommet d'une montagne où Élie était assis. L'officier lui dit: « Prophète de Dieu, descends! C'est un ordre du roi!» Élie lui répondit: «Puisque je suis prophète de Dieu, j'ordonne qu'un feu descende du ciel et vous extermine, toi et tes cinquante hommes!» Aussitôt, un feu descendit du ciel et extermina l'officier et ses cinquante soldats. Le roi envoya un autre officier, avec cinquante soldats également, auprès d'Élie; l'officier dit à Élie: «Prophète de Dieu, dépêche-toi de descendre! C'est un ordre du roi!» Élie répondit: «Puisque je suis prophète de Dieu, j'ordonne qu'un feu descende du ciel et vous extermine, toi et tes cinquante hommes!» Aussitôt, un feu envoyé par Dieu descendit du ciel et extermina l'officier et ses cinquante soldats. Une troisième fois, le roi envoya un officier avec cinquante soldats. Ils montèrent sur la montagne; lorsqu'ils furent en vue d'Élie, l'officier se mit à genoux et le supplia en ces termes: «Prophète de Dieu, épargne ma vie et celle de mes cinquante hommes! Je sais qu'un feu est descendu du ciel et a exterminé les deux premiers officiers et leurs hommes. Mais je t'en supplie, épargne ma vie!» Un ange du Seigneur dit alors à Élie: «Descends avec lui sans crainte.» Élie descendit donc avec l'officier vers le roi et lui dit: «Voici ce que déclare le Seigneur: “Puisque tu as envoyé des messagers consulter Baal Zeboub, le dieu d'Écron, comme s'il n'y avait pas de Dieu qu'on puisse consulter en Israël, eh bien, tu ne quitteras plus le lit où tu es couché, tu vas mourir!” » Ahazia mourut en effet conformément au message du Seigneur transmis par Élie. Il n'avait pas de fils; ce fut donc son frère Joram qui lui succéda, pendant la deuxième année du règne de Joram, fils de Josaphat et roi de Juda. Tout le reste de l'histoire d'Ahazia est contenu dans le livre intitulé Actes des rois d'Israël. Voici comment un jour le Seigneur enleva Élie au ciel dans un tourbillon de vent: Élie et Élisée avaient quitté le Guilgal et marchaient ensemble. En cours de route, Élie dit à Élisée: «Reste ici; le Seigneur m'envoie à Béthel.» Mais Élisée lui répondit: «Par le Seigneur vivant et par ta propre vie, je jure que je ne te quitterai pas!» Ils se rendirent donc ensemble à Béthel. Les membres du groupe de prophètes qui habitaient Béthel demandèrent à Élisée: «Sais-tu qu'aujourd'hui le Seigneur va enlever ton maître au ciel?» – «Oui, je le sais aussi, répondit Élisée; mais ne me parlez pas de cela!» Élie dit de nouveau à Élisée: «Reste ici, Élisée! Le Seigneur m'envoie à Jéricho.» Mais Élisée lui répondit: «Par le Seigneur vivant et par ta propre vie, je jure que je ne te quitterai pas!» Ils se rendirent donc ensemble à Jéricho. Les membres du groupe de prophètes qui habitaient Jéricho s'approchèrent d'Élisée et lui demandèrent: «Sais-tu qu'aujourd'hui le Seigneur va enlever ton maître au ciel?» – «Oui, je le sais aussi, répondit Élisée; mais ne me parlez pas de cela!» Élie dit encore à Élisée: «Reste ici; le Seigneur m'envoie au bord du Jourdain.» Mais Élisée lui répondit: «Par le Seigneur vivant et par ta propre vie, je jure que je ne te quitterai pas!» Ils se mirent donc en route ensemble. Une cinquantaine de prophètes les suivirent; toutefois, ils restèrent à une certaine distance d'Élie et d'Élisée, qui se tenaient sur la rive du Jourdain. Élie ôta son manteau, le roula et en frappa l'eau du fleuve; l'eau s'écarta de part et d'autre, et ils purent tous deux traverser à pied sec. Quand ils eurent traversé, Élie dit à Élisée: «Demande-moi ce que tu désires que je fasse pour toi, avant que le Seigneur m'enlève d'auprès de toi.» Élisée répondit: «J'aimerais recevoir en héritage une double part de ton esprit prophétique.» – «Tu demandes une chose difficile à obtenir, reprit Élie. Toutefois, si tu me vois, au moment où le Seigneur m'enlèvera d'auprès de toi, c'est que ta demande se réalisera; si tu ne me vois pas, c'est qu'elle ne se réalisera pas.» Pendant qu'ils marchaient et s'entretenaient, un char étincelant, tiré par des chevaux éclatant de lumière, les sépara; et aussitôt, Élie fut enlevé au ciel dans un tourbillon de vent. Lorsque Élisée vit cela, il se mit à crier: «Mon père! Mon père! Tu valais tous les chars et tous les cavaliers d'Israël!» Quand il ne vit plus Élie, il déchira ses vêtements en deux. Ensuite il ramassa le manteau qu'Élie avait laissé tomber de ses épaules et il retourna sur la rive du Jourdain où il s'arrêta. Il prit ce manteau et frappa l'eau du fleuve, en s'écriant: «Où est le Seigneur, le Dieu d'Élie? Oui! Où est-il?» Il frappa donc l'eau du fleuve, qui s'écarta de part et d'autre, et il put passer. Les membres du groupe de prophètes de Jéricho virent à distance ce qu'avait fait Élisée et ils se dirent: «L'esprit prophétique qui animait Élie anime maintenant Élisée.» Ils vinrent à la rencontre d'Élisée, s'inclinèrent jusqu'à terre devant lui et lui dirent: «Vois-tu, nous avons avec nous cinquante hommes courageux. Nous allons les envoyer rechercher ton maître, car l'Esprit du Seigneur, après l'avoir enlevé, l'a peut-être jeté sur une montagne ou dans une vallée.» Mais Élisée leur dit de ne pas les envoyer. Cependant ils insistèrent tellement qu'Élisée finit par accepter. Ils envoyèrent donc leurs cinquante hommes, qui cherchèrent Élie pendant trois jours sans le trouver. Quand ils revinrent, Élisée, qui était encore à Jéricho, leur déclara: «Je vous avais bien dit de ne pas y aller!» Les habitants de Jéricho dirent à Élisée: «Comme tu peux le voir, mon seigneur, notre ville est bien située, mais l'eau est malsaine et la terre ne produit rien.» – «Apportez-moi du sel dans une écuelle neuve», dit Élisée. Ils lui en apportèrent. Élisée se rendit alors à la source et jeta le sel dans l'eau en disant: «Voici ce que déclare le Seigneur: “J'ai rendu cette eau saine; elle ne causera plus la mort des êtres vivants, ni la stérilité de la terre.” » En effet, l'eau devint saine, et elle l'est encore aujourd'hui, conformément à ce qu'Élisée avait annoncé. De Jéricho, Élisée partit pour Béthel. En cours de route, des gamins venus de la ville se moquèrent de lui en criant: «Monte, le tondu! Monte, le tondu!» Il se retourna, les regarda avec sévérité et les maudit au nom du Seigneur. Alors deux ourses sortirent de la forêt et mirent en pièces quarante-deux de ces enfants. Ensuite Élisée se rendit au mont Carmel, puis du Carmel il revint à Samarie. Joram, fils d'Achab, était devenu roi d'Israël pendant la dix-huitième année du règne de Josaphat, roi de Juda; il régna douze ans à Samarie. Le roi de Moab, Mécha, avait des élevages de moutons; il devait livrer chaque année cent mille agneaux et cent mille moutons avec leur laine comme impôt pour le roi d'Israël. Mais lorsque le roi Achab mourut, Mécha se révolta contre son successeur Joram. Celui-ci quitta aussitôt Samarie pour passer en revue toute l'armée d'Israël, puis il envoya des messagers dire à Josaphat, roi de Juda: «Le roi de Moab s'est révolté contre moi. Veux-tu venir avec moi pour attaquer son pays?» – «D'accord, lui fit répondre le roi de Juda; nous ne faisons qu'un, toi et moi, ton peuple et le mien, tes chevaux et les miens. Mais, ajoutait-il, par où passerons-nous?» – «Par le désert d'Édom », lui fit dire Joram. Les rois d'Israël, de Juda et d'Édom se mirent donc en route. Après avoir marché pendant sept jours, ils ne trouvèrent plus d'eau ni pour les troupes ni pour les bêtes de somme. Alors le roi d'Israël s'écria: «Malheur! C'est le Seigneur qui nous a attirés ici, nous les trois rois, pour nous livrer au pouvoir des Moabites!» Mais Josaphat demanda: «N'y a-t-il pas ici un prophète par qui nous puissions consulter le Seigneur?» Un officier du roi d'Israël répondit: «Nous avons avec nous Élisée, fils de Chafath, qui était un collaborateur intime du prophète Élie.» – «Bien! reprit Josaphat. Cet homme-là saura nous annoncer ce que le Seigneur veut nous dire.» Aussitôt, les rois d'Israël, de Juda et d'Édom allèrent trouver Élisée. Le prophète s'adressa au roi d'Israël et lui dit: «Pourquoi viens-tu me déranger? Va plutôt consulter les prophètes de ton père ou ceux de ta mère!» – «Non! répondit le roi. C'est le Seigneur qui nous a attirés ici, nous les trois rois, pour nous livrer au pouvoir des Moabites.» Élisée reprit: «Par le Dieu vivant, le Seigneur de l'univers dont je suis le serviteur, je réponds uniquement parce que je respecte Josaphat, roi de Juda; autrement je ne ferais pas attention à toi, je ne te regarderais même pas. Maintenant, qu'on m'amène un musicien.» Tandis que le musicien jouait de son instrument, la puissance du Seigneur saisit Élisée; celui-ci se mit à parler: «Voici ce qu'ordonne le Seigneur: “Creusez un grand nombre de fosses dans le lit desséché de ce torrent, car moi, le Seigneur, je déclare que ce vallon va se remplir d'eau; vous n'entendrez pas de vent, vous ne verrez pas de pluie, et pourtant vous aurez de l'eau à boire, pour vous-mêmes, pour vos troupeaux et pour vos bêtes de somme.” Mais, continua Élisée, c'est encore peu de chose pour le Seigneur; il va même livrer le pays de Moab en votre pouvoir. Vous pourrez détruire toutes les plus belles villes fortifiées, vous pourrez abattre tous les arbres fruitiers, boucher toutes les sources et jeter des pierres dans tous les champs cultivés pour les ravager.» Or le lendemain, à l'heure où l'on offre le sacrifice matinal, on vit de l'eau descendre du pays d'Édom et recouvrir le sol. Lorsqu'on avait appris, en Moab, que ces trois rois venaient attaquer le pays, on avait mobilisé tous les hommes en âge de porter les armes et on les avait placés sur la frontière. Au matin, quand les soldats moabites se réveillèrent, le soleil se reflétait à la surface de l'eau. Ils virent cette eau qui, de loin, leur apparaissait rouge comme du sang et ils s'écrièrent: «C'est du sang! Les rois et leurs armées se sont sûrement querellés et entre-tués. Debout, gens de Moab, au pillage!» Mais lorsqu'ils approchèrent du camp d'Israël, les soldats israélites surgirent et les battirent; alors les Moabites s'enfuirent. Les Israélites les poursuivirent, pénétrèrent dans leur territoire et leur infligèrent une sévère défaite. Ils détruisirent les villes, ils lancèrent chacun une pierre dans tous les champs cultivés jusqu'à ce qu'ils soient recouverts, ils bouchèrent toutes les sources et abattirent tous les arbres fruitiers. Finalement, seule la ville de Quir-Hérès était encore intacte, mais les soldats armés de lance-pierres vinrent aussi l'encercler et l'attaquer. Le roi de Moab comprit qu'il ne pouvait pas résister à cette attaque; il rassembla donc sept cents soldats porteurs d'épée pour faire une percée en direction du roi de Syrie, mais cela ne réussit pas. Alors il fit venir son fils aîné, qui devait lui succéder comme roi, et il l'offrit en sacrifice sur la muraille de la ville; les Israélites éprouvèrent une telle crainte qu'ils levèrent le siège et retournèrent chez eux. Un jour, une femme, dont le mari avait été membre d'un groupe de prophètes, vint trouver Élisée et le supplia de l'aider: «Élisée, lui dit-elle, tu sais que mon mari était un fidèle adorateur du Seigneur. Maintenant, il est mort, et l'homme à qui nous avions emprunté de l'argent va venir chercher mes deux enfants pour en faire ses esclaves.» Élisée lui dit: «Que pourrais-je faire pour toi? Dis-moi ce que tu possèdes chez toi.» – «Je ne possède rien du tout, répondit-elle; il ne me reste qu'un peu d'huile, juste de quoi me parfumer.» – «Eh bien! reprit Élisée, va chez tes voisins et emprunte-leur des récipients vides. Surtout, empruntes-en assez. Puis rentre chez toi avec tes enfants, et ferme bien la porte. Alors tu verseras l'huile dans tous ces récipients et tu les mettras de côté au fur et à mesure qu'ils seront pleins.» La femme s'en alla donc. Quand elle fut chez elle avec ses enfants, elle ferma la porte; les enfants se mirent à lui passer les récipients, et elle les remplissait. A un certain moment, elle dit à l'un des enfants: «Passe-moi encore un récipient vide.» Mais ils étaient tous pleins, et l'enfant lui dit qu'il n'y en avait plus. Alors l'huile s'arrêta de couler. La femme alla raconter au prophète ce qui venait d'arriver; celui-ci lui dit: «Va vendre cette huile et rembourse ta dette; ce qui te restera d'argent vous permettra ensuite de vivre, toi et tes enfants.» Une autre fois, Élisée était passé par le village de Chounem. Il y avait là une femme riche qui avait insisté pour qu'il vienne prendre un repas chez elle. C'est pourquoi, depuis ce jour, Élisée allait toujours manger chez elle quand il passait dans cette région. Cette femme dit à son mari: «Je suis sûre que cet homme qui passe toujours chez nous est un saint prophète de Dieu. Nous devrions construire une petite chambre à l'étage supérieur de la maison et y mettre pour lui un lit, une table, un siège et une lampe. Il pourrait loger là quand il passe chez nous.» C'est ainsi qu'un jour Élisée vint chez ces gens et monta dans la petite chambre pour y passer la nuit. Puis il dit à son serviteur Guéhazi d'aller chercher la maîtresse de maison. Lorsque celle-ci se présenta devant la chambre, Élisée chargea Guéhazi de lui dire: «Tu t'es donné beaucoup de peine pour nous. Que pouvons-nous faire pour toi? Peut-on intervenir en ta faveur auprès du roi ou du chef de l'armée?» – «Non! merci, répondit-elle. Au milieu de mon peuple, je ne manque de rien.» Élisée dit alors à Guéhazi: «Que faire pour elle?» – «Eh bien! répondit Guéhazi, elle n'a pas de fils, et son mari est âgé.» – «Rappelle-la donc!» dit Élisée. Lorsqu'elle se présenta sur le pas de la porte, Élisée lui déclara: «L'an prochain, à la même époque, tu tiendras un fils dans tes bras.» Mais elle s'écria: «C'est impossible! Toi qui es prophète de Dieu, ne me dis pas un mensonge!» Cependant cette femme devint enceinte, et à la même époque, l'année suivante, elle mit au monde un fils, conformément à ce qu'Élisée lui avait annoncé. L'enfant grandit. Un jour, il alla trouver son père qui travaillait avec les moissonneurs. Soudain il s'écria: «Papa! Oh, ma tête! J'ai mal à la tête!» Le père dit à un serviteur: «Porte-le vite à sa mère.» Le serviteur apporta l'enfant à sa mère. Celle-ci le prit sur ses genoux, mais vers midi il mourut. Alors elle monta dans la chambre d'Élisée, coucha l'enfant sur le lit, puis ferma la porte. Elle se rendit aux champs, appela son mari et lui dit: «Envoie-moi un serviteur avec une ânesse; je me rends vite chez le prophète de Dieu et je reviens.» Son mari lui demanda: «Pourquoi vas-tu chez lui aujourd'hui? Ce n'est pas la fête de la nouvelle lune, même pas un jour de sabbat.» – «Ne t'inquiète pas!» répondit-elle. Elle sella l'ânesse et dit au serviteur: «Allons-y, conduis l'ânesse; tu ne m'arrêteras que si je te l'ordonne.» Elle partit donc en direction du mont Carmel, pour aller trouver Élisée. Lorsque ce dernier la vit de loin, il dit à son serviteur Guéhazi: «Regarde, c'est la femme qui me reçoit à Chounem. Cours donc jusque vers elle et demande-lui si tout va bien pour elle-même, pour son mari et pour leur enfant.» La femme répondit à Guéhazi que tout allait bien. Cependant, quand elle arriva près d'Élisée sur la montagne, elle se jeta à ses pieds; Guéhazi voulut la repousser, mais Élisée lui dit: «Laisse-la tranquille! Elle est remplie d'une tristesse dont j'ignore la cause, car Dieu ne me l'a pas fait connaître.» Au même instant, la femme s'écria: «Est-ce moi qui t'avais demandé un fils? Non! Je t'avais même dit: “Ne me donne pas un faux espoir.” » Élisée dit à Guéhazi: «Es-tu prêt à partir? Prends mon bâton de prophète et va à Chounem. Si tu rencontres quelqu'un en chemin, ne t'arrête pas pour le saluer; et si quelqu'un veut te saluer, ne perds pas de temps à lui répondre. Là-bas, tu poseras mon bâton sur le visage de l'enfant.» Mais la mère de l'enfant dit à Élisée: «Par le Seigneur vivant, et par ta propre vie, je ne m'en irai pas sans toi.» Alors Élisée partit avec elle. Cependant Guéhazi était arrivé avant eux; il posa le bâton d'Élisée sur le visage de l'enfant, mais rien ne se passa: pas un bruit, pas un mouvement. Il revint donc vers le prophète et lui annonça: «L'enfant ne s'est pas réveillé.» Lorsque Élisée parvint à la maison, l'enfant mort était toujours étendu sur le lit. Élisée entra dans la chambre, ferma la porte derrière lui et se mit à prier le Seigneur. Puis il se plaça sur l'enfant, bouche contre bouche, les yeux en face des yeux, et mains contre mains; et tandis qu'il était ainsi agenouillé sur lui, le corps de l'enfant se réchauffa. Élisée se releva et se mit à marcher de long en large dans la pièce, puis il s'agenouilla de nouveau sur lui. Soudain l'enfant éternua sept fois et ouvrit les yeux. Aussitôt Élisée appela Guéhazi et lui dit: «Va chercher la mère de l'enfant.» Guéhazi descendit la chercher; lorsqu'elle arriva, Élisée lui dit: «Viens reprendre ton fils.» Elle s'avança, se jeta aux pieds du prophète et s'inclina jusqu'à terre. Puis elle prit son fils et s'en alla. Un jour, alors que la famine régnait dans le pays, Élisée était revenu au Guilgal et avait réuni le groupe de prophètes autour de lui. Il ordonna à son serviteur: «Mets la grande marmite sur le feu et prépare-nous une soupe.» Alors un membre du groupe s'en alla dans les champs pour chercher des herbes; il trouva une sorte de vigne sauvage, sur laquelle il cueillit des fruits ressemblant à de petites courges; il en remplit la poche de son vêtement et, à son retour, il les coupa en morceaux et les mit dans la marmite; personne ne savait ce que c'était. Mais lorsqu'on servit cette soupe aux hommes, ils la goûtèrent et se mirent aussitôt à crier: «La soupe est empoisonnée, prophète de Dieu!» En effet, personne ne pouvait la manger. Alors Élisée ordonna d'apporter de la farine; il en mit dans la soupe, puis dit à son serviteur: «Sers-en à ces gens et qu'ils mangent!» Or le contenu de la marmite était devenu tout à fait mangeable. A cette même époque, un homme arriva de Baal-Chalicha; il apportait au prophète vingt pains d'orge, faits de farine nouvelle, et un sac de grain qu'il venait de récolter. Élisée dit à son serviteur de partager ces vivres entre tous, mais le serviteur répondit: «Comment pourrais-je nourrir cent personnes avec cela?» – «Partage ces vivres entre tous, reprit Élisée, car voici ce que déclare le Seigneur: “Chacun aura assez à manger, et il y aura même des restes.” » Le serviteur répartit le pain entre ses compagnons; chacun en mangea et il y eut effectivement des restes, comme le Seigneur l'avait annoncé. Le général en chef du roi de Syrie s'appelait Naaman. Son maître l'appréciait beaucoup et le traitait avec faveur; en effet, c'était par lui que le Seigneur avait donné la victoire aux Syriens. Mais cet homme, un vrai héros, était lépreux. Or des pillards syriens, qui avaient pénétré en bandes dans le territoire d'Israël, en avaient ramené prisonnière une fillette, qui devint la servante de la femme de Naaman. La fillette dit un jour à sa maîtresse: «Ah! si seulement mon maître se présentait au prophète qui est à Samarie. Celui-ci le guérirait tout de suite de sa lèpre.» Naaman alla parler au roi de ce que la petite servante israélite avait dit: «Bien, dit le roi, va trouver le roi d'Israël avec la lettre que je te remettrai pour lui.» Naaman partit donc en emportant environ trois cents kilos d'argent, soixante kilos d'or et dix habits de fête. Il remit au roi d'Israël la lettre où le roi de Syrie avait écrit: «Je t'envoie mon général Naaman, porteur de cette lettre, pour que tu le guérisses de sa lèpre.» Dès que le roi d'Israël eut fini de lire la lettre, il déchira ses vêtements et s'écria: «Suis-je Dieu, moi, avec le pouvoir de faire mourir et de faire revivre les gens? Voilà le roi de Syrie qui m'envoie quelqu'un à guérir de la lèpre! Vous voyez bien: il cherche à m'entraîner dans un conflit!» Lorsque le prophète Élisée apprit que le roi d'Israël avait déchiré ses vêtements, il lui fit dire: «Pourquoi es-tu pareillement bouleversé? Cet homme n'a qu'à venir chez moi, et il saura qu'il y a vraiment un prophète dans le pays d'Israël.» Naaman vint donc avec son char et ses chevaux, et attendit devant la porte de la maison d'Élisée. Élisée envoya quelqu'un lui dire: «Va te plonger sept fois dans l'eau du Jourdain. Alors tu seras guéri et purifié.» Naaman s'en alla très mécontent, en disant: «Je pensais que le prophète sortirait de chez lui pour se présenter devant moi, qu'il prierait le Seigneur son Dieu, passerait sa main sur l'endroit malade et me guérirait de ma lèpre. D'ailleurs les rivières de Damas, l'Abana et le Parpar, valent certainement mieux que tous les cours d'eau du pays d'Israël! Ne pourrais-je pas m'y plonger pour être purifié?» Naaman fit donc demi-tour et s'en alla furieux. Mais ses serviteurs vinrent lui dire: «Maître, si le prophète t'avait ordonné quelque chose de difficile, ne l'aurais-tu pas fait? Alors pourquoi ne pas faire ce qu'il te dit: te plonger simplement dans l'eau pour être purifié?» Naaman descendit au bord du Jourdain et se trempa sept fois dans l'eau, comme Élisée l'avait dit, et il fut purifié: sa peau redevint semblable à celle d'un petit enfant. Aussitôt il revint chez le prophète avec tous ceux qui l'accompagnaient; il se présenta devant lui et dit: «Maintenant je sais que sur toute la terre il n'y a pas d'autre Dieu que celui d'Israël. Veuille donc accepter le cadeau que je t'offre.» Mais Élisée répondit: «Par le Seigneur vivant dont je suis le serviteur, je t'assure que je n'accepterai rien.» Naaman insista, mais Élisée refusa. Naaman reprit: «Puisque tu refuses tout cadeau, permets-moi au moins d'emporter un peu de terre de ton pays, de quoi charger deux mulets; en effet, je ne veux plus offrir de sacrifices complets ou de sacrifices de communion à d'autres dieux qu'au Seigneur d'Israël. Seulement je demande d'avance pardon au Seigneur pour ceci: Quand mon maître, le roi de Syrie, entre dans le temple de son dieu Rimmon pour prier, je dois m'incliner jusqu'à terre en même temps que lui, car il s'appuie sur mon bras. Que le Seigneur veuille donc bien me pardonner ce geste.» Élisée lui répondit: «Tu peux t'en aller en paix.» Et Naaman partit. Naaman n'était pas encore bien loin lorsque Guéhazi, le serviteur d'Élisée, se dit: «Mon maître n'a rien voulu accepter de ce que Naaman le Syrien lui offrait. Eh bien, moi, aussi vrai que le Seigneur est vivant, je vais le rattraper et obtenir quelque chose de lui!» Et Guéhazi partit pour le rattraper; quand Naaman le vit accourir, il sauta de son char et se précipita vers lui en demandant: «Que se passe-t-il?» – «Tout va bien! répondit Guéhazi. Mon maître m'a simplement envoyé te dire que deux membres d'un groupe de prophètes viennent d'arriver chez lui, venant de la région montagneuse d'Éfraïm. Il te prie de donner pour eux trente kilos d'argent et deux habits de fête.» – «Accepte de prendre soixante kilos d'argent», lui dit Naaman. Il insista et mit l'argent dans deux sacs qu'il ficela; il prépara aussi deux habits, et fit porter le tout par deux de ses serviteurs, qui accompagnèrent Guéhazi. Lorsqu'ils arrivèrent à l'endroit appelé Ofel, Guéhazi reprit les sacs et les habits et les déposa chez lui, puis il renvoya les serviteurs de Naaman. Guéhazi retourna auprès de son maître, qui lui demanda: «D'où viens-tu, Guéhazi?» – «Je ne suis allé nulle part, Maître», répondit-il. Mais Élisée reprit: «Crois-tu que je n'ai pas pu voir en esprit cet homme qui sautait de son char et venait à toi? Mais ce n'est pas le moment d'accepter de beaux habits, et encore moins de l'argent pour te payer des oliviers et des vignes, du gros et du petit bétail, des esclaves et des servantes; en effet, la lèpre de Naaman va s'attacher à toi et à tes descendants pour toujours!» Quand Guéhazi quitta Élisée, son corps, couvert de lèpre, était blanc comme la neige. Un jour, les membres du groupe de prophètes dirent à leur maître Élisée: «Regarde, le local où nous nous réunissons avec toi est trop petit pour nous. Permets-nous de descendre au bord du Jourdain, chacun de nous préparera une poutre, et nous nous construirons là un nouveau local de réunion.» – «Allez-y», dit Élisée. Mais l'un des prophètes reprit: «Maître, accepte de venir avec nous!» – «D'accord, je viens», répondit Élisée. Il descendit donc avec eux au bord du Jourdain, où ils abattirent des arbres. Tandis que l'un d'eux taillait sa poutre, le fer de sa hache se détacha du manche et tomba dans la rivière; l'homme s'écria: «Quel malheur, Maître! C'est une hache que j'avais empruntée!» Élisée lui demanda: «Où le fer est-il tombé?» L'homme lui montra l'emplacement; alors Élisée coupa un morceau de bois et le lança à cet endroit. Aussitôt le fer de hache revint à la surface. «Récupère-le», lui dit Élisée. Et l'homme n'eut qu'à étendre la main pour le prendre. A l'époque où le roi de Syrie était en guerre contre Israël, il consulta ses officiers, puis leur dit où il voulait que son armée campe. Mais Élisée fit dire au roi d'Israël: «Fais attention! Évitez de passer à tel endroit, car l'armée syrienne s'y installe.» Le roi d'Israël put donc envoyer des soldats surveiller l'endroit indiqué. Cela arriva plusieurs fois: Élisée avertissait le roi d'Israël, et celui-ci pouvait prendre ses précautions. Le roi de Syrie fut profondément troublé par ces événements; il convoqua ses officiers et leur dit: «Il y a parmi nous un traître qui travaille pour le roi d'Israël! Ne voulez-vous pas me le dénoncer?» L'un des officiers lui répondit: «Il n'y a pas de traître parmi nous, Majesté! Mais le prophète Élisée, en Israël, est capable de révéler à son roi même ce que tu dis dans ta chambre à coucher.» Alors le roi de Syrie ordonna: «Allez voir où il se trouve, pour que je puisse le faire capturer.» Quand on l'avertit qu'Élisée se trouvait à Dotan, le roi y envoya une forte troupe de soldats, avec des chars et des chevaux, qui arrivèrent de nuit et encerclèrent la ville. Le lendemain matin, le serviteur d'Élisée se leva de bonne heure et sortit de la ville; il vit les soldats, les chevaux et les chars qui entouraient la ville. «Malheur, Maître! s'écria-t-il. Qu'allons-nous faire?» – «N'aie pas peur! répondit Élisée. Ceux qui se trouvent avec nous sont plus nombreux que ceux qui sont avec eux.» Ensuite il pria en ces termes: «Seigneur, ouvre ses yeux pour qu'il puisse voir.» Le Seigneur ouvrit les yeux du serviteur d'Élisée, et celui-ci put voir que, tout autour d'Élisée, la montagne était couverte de chevaux et de chars étincelants. Cependant les soldats syriens se mirent en marche vers le prophète; Élisée pria de nouveau: «Seigneur, bouche les yeux de tous ces soldats.» Et Dieu leur boucha les yeux, comme Élisée l'avait demandé. Alors Élisée dit aux soldats: «Vous êtes sur le mauvais chemin, ce n'est pas la ville qu'on vous a indiquée; suivez-moi, et je vous conduirai vers l'homme que vous recherchez.» Mais en fait Élisée les conduisit à Samarie. Lorsqu'ils y entrèrent, Élisée pria encore: «Seigneur, demanda-t-il, ouvre leurs yeux pour qu'ils voient maintenant.» Lorsque Dieu eut ouvert leurs yeux, ils virent qu'ils se trouvaient en pleine ville de Samarie. Dès que le roi d'Israël vit tous ces soldats, il demanda à Élisée: «Mon père, faut-il les tuer?» – «Non! répondit Élisée, ne les tue pas. Habituellement tu ne mets pas à mort ceux que ton armée fait prisonniers au combat. Alors, à ceux-ci, donne plutôt à manger et à boire, puis laisse-les retourner chez leur roi.» Le roi d'Israël leur fit donc servir un grand festin; après qu'ils eurent mangé et bu, il les laissa retourner chez le roi de Syrie. Depuis lors, les bandes de pillards syriens cessèrent de pénétrer dans le territoire d'Israël. A une autre époque, le roi de Syrie, Ben-Hadad, rassembla toute son armée et alla assiéger Samarie. Alors il y eut une grande famine dans la ville: les assiégeants bloquaient si bien la ville, qu'une simple tête d'âne coûtait quatre-vingts pièces d'argent, et une livre de pois chiches cinq pièces d'argent. Un jour, le roi d'Israël passait sur la muraille; une femme lui cria: «Au secours, Majesté!» Mais le roi lui répondit: «Si le Seigneur ne te secourt pas, moi non plus je ne peux pas te secourir! Il n'y a plus de réserve, ni de blé, ni de vin.» Pourtant il ajouta: «Que veux-tu?» Elle répondit: «Tu vois cette femme! L'autre jour, elle a proposé que nous mangions mon fils, et que nous mangions le sien le lendemain. Nous avons donc cuit et mangé mon fils; mais le lendemain, quand je lui ai dit d'amener son fils pour que nous le mangions, elle l'a caché.» Quand le roi entendit la femme lui raconter cela, il déchira ses vêtements; il était alors sur la muraille, de sorte que tous les gens de la ville purent voir que, par-dessous, il portait une étoffe grossière directement sur la peau. Le roi s'écria: «Que Dieu m'inflige le plus terrible des malheurs si ce soir Élisée, fils de Chafath, a encore la tête sur les épaules.» Cependant Élisée tenait une réunion chez lui avec les anciens de la ville. Le roi lui envoya quelqu'un. Mais avant même que cet envoyé arrive, Élisée dit aux anciens: «Voyez-vous cela! Cet assassin envoie quelqu'un pour me couper la tête. Faites attention: quand cet homme arrivera, fermez la porte et empêchez-le d'entrer. D'ailleurs, on entend déjà son maître qui arrive derrière lui.» Élisée parlait encore lorsque le roi arriva et déclara: «C'est le Seigneur qui nous envoie tous ces malheurs! Que puis-je encore espérer de lui?» Élisée répondit: «Écoutez tous ce que déclare le Seigneur: “Demain à la même heure, on ne payera qu'une pièce d'argent pour douze kilos de farine ou vingt-quatre kilos d'orge, au marché de Samarie.” » L'aide de camp du roi, celui qui l'accompagnait toujours, répliqua: «Même si le Seigneur envoyait du grain en perçant des trous dans la voûte du ciel, ce que tu viens de dire pourrait-il se réaliser?» – «Eh bien, répondit Élisée, tu le verras, mais tu n'en profiteras pas.» Il y avait quatre lépreux, installés hors de la ville, près de la grande porte. Ils se dirent l'un à l'autre: «Pourquoi restons-nous ici en attendant la mort? Si nous décidons d'entrer dans la ville, nous y mourrons parce qu'on n'y trouve plus rien à manger; si nous restons ici, nous mourrons également! Descendons plutôt au camp des Syriens et rendons-nous à eux; s'ils nous laissent vivre, tant mieux, nous vivrons; et s'ils nous font mourir, eh bien, nous mourrons!» Vers le soir, ils descendirent donc en direction du camp des Syriens. Ils arrivèrent à la limite du camp, mais ils ne trouvèrent personne. En effet, dans le camp des Syriens, le Seigneur avait fait entendre le bruit d'une puissante armée, équipée de chevaux et de chars. Les Syriens s'étaient dit les uns aux autres: «Le roi d'Israël a payé les rois des Hittites et des Égyptiens pour qu'ils envoient leurs armées contre nous!» A la nuit tombée, ils s'étaient donc enfuis pour sauver leur vie; ils avaient abandonné leur camp tel qu'il était, laissant sur place les tentes, les chevaux et les ânes. Les quatre lépreux arrivèrent donc à la limite du camp. Ils entrèrent dans une tente, où ils mangèrent et burent ce qu'ils y trouvèrent; puis ils emportèrent de l'argent, de l'or et des vêtements qu'ils allèrent cacher ailleurs; ensuite ils entrèrent dans une autre tente et emportèrent divers objets qu'ils allèrent aussi cacher. Mais ils se dirent alors l'un à l'autre: «Ce que nous faisons là n'est pas bien: aujourd'hui nous connaissons une bonne nouvelle et nous la gardons pour nous. Si nous attendons qu'il fasse jour pour la publier, nous serons certainement punis. Allons! Nous devons porter cette nouvelle au palais royal.» Ils retournèrent à la ville, appelèrent les sentinelles de la grande porte et les informèrent: «Nous sommes allés au camp des Syriens, dirent-ils; il n'y a plus personne, nous n'avons pas entendu une voix humaine. Il ne reste que les chevaux et les ânes attachés et les tentes abandonnées.» Les sentinelles appelèrent aussitôt quelqu'un pour transmettre ce message à l'intérieur du palais royal. Le roi se leva, en pleine nuit, puis il dit à son entourage: «Je vais vous expliquer ce que les Syriens sont en train de nous préparer! Ils savent que nous sommes affamés: c'est pourquoi ils ont quitté leur camp et sont allés se cacher dans la campagne. Ils se disent que nous sortirons de Samarie, et qu'alors ils pourront nous capturer vivants et pénétrer dans la ville.» Un des officiers proposa au roi: «Prenons cinq des chevaux qui sont encore vivants – de toute façon, ils risquent de mourir comme tous les habitants de la ville – et envoyons quelques hommes avec ces chevaux pour voir ce qui se passe.» Le roi fit donc atteler deux chars et envoya une patrouille pour rechercher l'armée syrienne et voir ce qui se passait. La patrouille suivit les traces de l'armée jusqu'au Jourdain; tout le long du chemin, il y avait des quantités de vêtements et d'objets dont les Syriens s'étaient débarrassés pour fuir plus vite. Alors les envoyés revinrent en informer le roi. Aussitôt, les habitants de Samarie descendirent vers le camp abandonné par les Syriens, pour le piller. Et, comme le Seigneur l'avait annoncé, on ne paya qu'une pièce d'argent pour douze kilos de farine ou vingt-quatre kilos d'orge. Le roi avait ordonné à son aide de camp, celui qui l'accompagnait toujours, d'aller surveiller ce qui se passait au marché, à la porte de la ville; mais la foule massée à cet endroit le piétina et il mourut, comme le prophète Élisée l'avait annoncé, lorsque le roi d'Israël était venu le trouver. En effet, Élisée avait annoncé au roi: «Demain à la même heure, on ne payera qu'une pièce d'argent pour vingt-quatre kilos d'orge ou douze kilos de farine, au marché de Samarie.» L'aide de camp du roi avait alors répliqué: «Même si le Seigneur envoyait du grain en perçant des trous dans la voûte du ciel, ce que tu viens de dire pourrait-il se réaliser?», et Élisée lui avait répondu: «Tu le verras, mais tu n'en profiteras pas.» C'est bien ce qui arriva: la foule massée à la porte de la ville piétina l'aide de camp, qui mourut. Un jour, Élisée avait parlé à la femme dont il avait ramené le fils de la mort à la vie; il lui avait dit: «Partez d'ici, toi et ta famille, et allez vous installer où vous pourrez; en effet, le Seigneur a décidé d'envoyer la famine dans le pays d'Israël; elle va commencer et durera sept ans.» La femme avait fait ce que le prophète lui recommandait: elle était partie aussitôt avec sa famille et s'était installée pour sept ans dans le pays des Philistins. Au bout de ces sept ans, elle revint avec les siens de chez les Philistins et elle se rendit chez le roi pour réclamer sa maison et son domaine. A ce moment-là, le roi était en train de parler avec Guéhazi, le serviteur d'Élisée. Il lui avait demandé de raconter toutes les choses extraordinaires que le prophète avait faites. Guéhazi lui racontait justement l'histoire de l'enfant mort qu'Élisée avait ramené à la vie, lorsque la mère de cet enfant arriva auprès du roi pour réclamer sa maison et son domaine. Alors Guéhazi s'exclama: «Majesté, voici précisément cette femme, avec son fils qu'Élisée a ramené à la vie.» Le roi questionna la femme, qui lui raconta toute l'histoire. Aussitôt le roi ordonna à l'un de ses hommes de confiance de s'occuper de cette affaire: «Je veux, dit-il, qu'on lui rende tout ce qui lui appartient et qu'on l'indemnise pour tout ce que son domaine a produit depuis qu'elle a quitté le pays jusqu'à aujourd'hui.» Une autre fois, Élisée se rendit à Damas. Or le roi de Syrie, Ben-Hadad, était malade; lorsqu'il apprit que le prophète était en ville, il dit à Hazaël: «Va porter un cadeau au prophète Élisée. Tu lui demanderas ensuite de consulter le Seigneur pour savoir si je guérirai de cette maladie.» Hazaël partit trouver le prophète: il emmenait avec lui, sur quarante chameaux, les meilleurs produits de Damas pour les offrir en cadeau à Élisée. Il se présenta devant le prophète et lui dit: «Je suis l'envoyé de ton humble serviteur Ben-Hadad, le roi de Syrie. Il m'a chargé de te demander s'il guérirait de sa maladie.» Élisée répondit: «Va lui dire qu'il guérira certainement! Mais en réalité, le Seigneur m'a révélé qu'il allait mourir.» Soudain le regard du prophète devint fixe et son visage absolument rigide, puis il se mit à pleurer. «Pourquoi pleures-tu, prophète?» demanda Hazaël. Élisée répondit: «Je pleure parce que je sais déjà le mal que tu vas faire aux Israélites: tu incendieras leurs villes fortifiées, tu égorgeras les jeunes gens, tu écraseras les petits enfants et tu éventreras les femmes enceintes.» – «Comment pourrais-je faire de telles choses, moi qui ne dispose d'aucun pouvoir?» reprit Hazaël. «Le Seigneur m'a révélé que tu deviendras roi de Syrie », répliqua Élisée. Hazaël quitta Élisée et retourna vers son maître; celui-ci lui demanda: «Que t'a dit le prophète?» – «Il m'a dit que tu guériras certainement», répondit Hazaël. Mais le lendemain, Hazaël prit une couverture, la trempa dans l'eau et l'appliqua sur le visage du roi pour l'étouffer. Le roi mourut, et Hazaël régna à sa place. Pendant la cinquième année du règne de Joram, fils d'Achab et roi d'Israël, Joram, fils de Josaphat, devint roi de Juda; il avait trente-deux ans et il régna huit ans à Jérusalem. Il épousa une fille d'Achab. Il se conduisit aussi mal que les rois d'Israël et que la famille d'Achab, faisant ce qui déplaît au Seigneur. Pourtant le Seigneur ne voulut pas anéantir le royaume de Juda; en effet, il avait promis à son serviteur David que ses descendants régneraient toujours à Jérusalem. Ce fut pendant le règne de Joram que le peuple d'Édom se révolta contre la domination de Juda et se donna un roi. Joram se rendit alors à Saïr avec tous ses chars de guerre: mais en pleine nuit, le roi et les commandants de chars durent forcer la ligne des Édomites qui les avaient encerclés, et les soldats judéens s'enfuirent chez eux. Depuis ce moment-là, le peuple d'Édom est resté indépendant de Juda. La ville de Libna se révolta aussi à la même époque. Tout le reste de l'histoire de Joram est contenu dans le livre intitulé Actes des rois de Juda. Lorsqu'il mourut, on l'enterra dans le tombeau familial de la Cité de David; ce fut son fils Ahazia qui lui succéda. Pendant la douzième année du règne de Joram, fils d'Achab et roi d'Israël, Ahazia, fils de Joram, devint roi de Juda; il avait vingt-deux ans et il régna un an à Jérusalem. Sa mère s'appelait Athalie, et elle était de la famille d'Omri, roi d'Israël. Ahazia se conduisit aussi mal que la famille d'Achab, faisant ce qui déplaît au Seigneur, tout comme cette famille à laquelle il était allié par mariage. Avec Joram, fils d'Achab, Ahazia alla combattre Hazaël, roi de Syrie, à Ramoth, en Galaad. Au cours du combat, les Syriens blessèrent le roi Joram; celui-ci retourna à Jizréel pour soigner ses blessures. Alors Ahazia se rendit à Jizréel pour le voir, puisqu'il était souffrant. Un jour, le prophète Élisée appela un jeune membre d'un groupe de prophètes et lui dit: «Prépare-toi à partir. Tu emporteras ce flacon d'huile et tu te rendras à Ramoth, en Galaad. Là-bas, tu iras trouver Jéhu, fils de Yochafath et petit-fils de Nimchi; tu l'appelleras et tu l'emmèneras à l'écart de ses compagnons, dans une pièce retirée. Tu prendras alors le flacon et tu verseras l'huile sur sa tête en lui disant: Voici ce que déclare le Seigneur: “Je te consacre roi d'Israël!” Puis, ajouta Élisée, tu ouvriras la porte et tu t'enfuiras sans tarder.» Le jeune prophète se rendit donc à Ramoth de Galaad. Lorsqu'il y arriva, les chefs de l'armée d'Israël tenaient une séance; le jeune prophète déclara: «J'ai quelque chose à te dire, chef!» – «Auquel d'entre nous veux-tu parler?» demanda Jéhu. «A toi-même, chef!» répondit le prophète. Jéhu se leva et l'emmena dans la maison; le prophète versa l'huile sur sa tête en lui disant: «Voici ce que déclare le Seigneur, le Dieu d'Israël: “Je te consacre pour régner sur mon peuple, Israël. C'est toi qui feras mourir les descendants d'Achab, ton ancien maître. Ainsi je vengerai tous mes serviteurs, prophètes ou autres, que Jézabel a fait assassiner. Oui, toute la famille d'Achab mourra, j'exterminerai tous les hommes de sa parenté, enfants et adultes. Je traiterai sa famille comme j'ai traité celle de Jéroboam, fils de Nebath, et celle de Bacha, fils d'Ahia. Quant à Jézabel, personne ne l'enterrera, car les chiens la dévoreront dans le champ de Jizréel.” » Après avoir dit cela, le prophète ouvrit la porte et s'enfuit. Jéhu sortit et retourna auprès des autres officiers du roi, qui lui demandèrent: «Que se passe-t-il? Que te voulait cette espèce de fou?» – «Oh! rien, répondit Jéhu. Vous connaissez ce genre de prophètes et ce qu'ils peuvent vous raconter.» – «Tu mens, reprirent les autres. Raconte-nous donc ce qui s'est passé.» – «Eh bien! dit Jéhu, il m'a parlé de telle et telle manière; il m'a dit en particulier: Voici ce que déclare le Seigneur: “Je te consacre roi d'Israël!” » Aussitôt, tous les officiers enlevèrent leurs manteaux et les étendirent au haut de l'escalier pour y faire asseoir Jéhu; les musiciens sonnèrent de la trompette et tout le monde se mit à crier: «Vive le roi Jéhu!» Puis il monta sur son char et partit pour Jizréel, où se trouvait Joram, alité, ainsi qu'Ahazia, roi de Juda, qui était venu lui rendre visite. La sentinelle installée sur la tour de Jizréel vit arriver la troupe qui accompagnait Jéhu et fit dire au roi: «Je vois venir une troupe d'hommes.» – «Envoie un cavalier au-devant d'eux pour demander si tout va bien», ordonna Joram. Le cavalier partit à la rencontre de ces gens et leur dit: «Le roi demande si tout va bien.» – «De quoi te mêles-tu? répondit Jéhu. Passe derrière nous.» Alors la sentinelle annonça: «Le messager est arrivé près de ces gens, mais il ne revient pas.» Joram fit envoyer un second cavalier, qui, arrivé près d'eux, leur dit: «Le roi demande si tout va bien.» – «De quoi te mêles-tu? répondit Jéhu. Passe derrière nous.» La sentinelle annonça: «Le second messager est arrivé près de ces gens, mais il ne revient pas non plus. Cependant, je reconnais Jéhu, petit-fils de Nimchi, d'après sa façon de conduire: il conduit comme un fou.» Le roi Joram ordonna qu'on attelle son char, puis il y monta; Ahazia, roi de Juda, monta également sur le sien. Ils allèrent à la rencontre de Jéhu et le rejoignirent près du champ qui avait appartenu à Naboth, de Jizréel. Dès que Joram eut rejoint Jéhu, il lui demanda: «Tout va-t-il bien, Jéhu?» – «Comment peux-tu me demander cela? répondit Jéhu. Tu sais bien que ta mère Jézabel continue d'adorer les faux dieux et de pratiquer la magie…» Joram fit demi-tour et s'enfuit, en criant à Ahazia: «Attention, Ahazia, c'est une trahison!» Jéhu saisit son arc et tira; la flèche atteignit Joram entre les épaules et ressortit après avoir traversé le cœur; Joram s'écroula mort au fond de son char. Alors Jéhu dit à son aide de camp Bidcar: «Prends son cadavre et jette-le dans le champ de Naboth, de Jizréel. Souviens-toi en effet de ce que le Seigneur a prédit à son père, le roi Achab, le jour où nous deux, avec d'autres conducteurs de chars, nous l'avions accompagné: “Moi, le Seigneur, lui a-t-il dit, j'ai tout vu, hier, quand tu as fait mourir Naboth et ses fils. Eh bien, moi, le Seigneur, je jure que je te punirai pour cela, précisément dans ce champ.” Ainsi donc, ajouta Jéhu, prends le cadavre de Joram et jette-le dans ce champ, conformément à ce que le Seigneur a annoncé.» Lorsque Ahazia, roi de Juda, vit cela, il s'enfuit en direction de Beth-Gan, mais Jéhu le poursuivit. Jéhu ordonna à ses compagnons de tuer Ahazia lui aussi. Ils le frappèrent alors qu'il conduisait son char sur la route qui monte à Gour, non loin d'Ibléam. Ahazia parvint à fuir jusqu'à Méguiddo, où il mourut. Ses serviteurs l'emmenèrent sur son char à Jérusalem, où on l'enterra dans le tombeau familial de la Cité de David. C'est pendant la onzième année du règne de Joram, fils d'Achab, qu'Ahazia était devenu roi de Juda. Jézabel apprit tout ce qui s'était passé; alors elle se maquilla les paupières, se fit toute belle, et lorsque Jéhu revint à Jizréel, elle se mit à la fenêtre. Dès qu'il eut passé la porte de la ville, elle lui cria: «Comment vas-tu, espèce de Zimri, assassin de son roi?» Jéhu leva la tête vers la fenêtre et s'écria: «Qui veut être pour moi? Qui?» Deux ou trois hommes de confiance du palais royal se penchèrent aux fenêtres. «Jetez-la en bas!» leur ordonna-t-il. Alors ils poussèrent Jézabel par la fenêtre. Elle tomba, son sang éclaboussa la muraille et les chevaux, et Jéhu lui passa sur le corps avec son char. Jéhu entra dans le palais, se fit servir à manger et à boire, puis il dit à ses compagnons: «Occupez-vous quand même d'enterrer cette femme maudite, car elle était fille du roi.» Ils sortirent pour aller l'enterrer, mais ils ne retrouvèrent d'elle que le crâne, les mains et les pieds. Ils retournèrent l'annoncer à Jéhu, qui s'exclama: «C'est bien là ce que le prophète Élie, de Tichebé, avait déclaré de la part du Seigneur: “Les chiens dévoreront le corps de Jézabel dans le champ de Jizréel. Et les restes de Jézabel seront dispersés dans ce champ, comme du fumier étendu sur le sol, de sorte qu'on ne pourra même pas dire: C'est Jézabel.” » Il y avait soixante-dix descendants d'Achab qui habitaient Samarie. Jéhu envoya des lettres à Samarie, aux “Princes de Jizréel ”, aux anciens et aux gens chargés d'éduquer les descendants d'Achab; il leur écrivait ceci: «Vous vous occupez des enfants de la famille royale; vous disposez de chars, de chevaux et d'armes, et vous habitez une ville fortifiée. Dès que vous aurez reçu cette lettre, voyez parmi les descendants du roi lequel est le plus capable et le plus digne d'être roi, installez-le sur le trône et préparez-vous à combattre pour la famille royale.» Tous ces gens eurent très peur; ils se dirent les uns aux autres: «Comment pourrions-nous résister à Jéhu, nous, alors que deux rois ne l'ont pas pu?» Aussitôt, le chef du palais royal, le commandant militaire de la ville, les anciens et les éducateurs firent porter cette réponse à Jéhu: «Nous sommes à ton service; nous ferons tout ce que tu nous ordonneras; nous ne désignerons pas de nouveau roi. Fais donc ce qui te plaît.» Jéhu leur écrivit une seconde lettre en ces termes: «Si vous êtes pour moi, si vous voulez obéir à mes ordres, coupez la tête à tous les descendants du roi et apportez-les-moi à Jizréel, demain à la même heure.» Les soixante-dix descendants de la famille royale logeaient chez les citoyens influents de Samarie, qui assuraient leur éducation. Lorsque les autorités reçurent cette lettre, ils firent venir les soixante-dix descendants du roi et les tuèrent; ils entassèrent leurs têtes dans des corbeilles qu'ils firent porter à Jéhu, à Jizréel. Un messager vint lui annoncer qu'on avait apporté ces têtes; Jéhu ordonna qu'on les mette en deux tas près de la porte de la ville, jusqu'au lendemain. Le lendemain matin, il sortit de la ville, s'arrêta et adressa ces mots à la foule: «Vous, vous êtes innocents! Moi, je suis responsable d'avoir comploté contre le roi Joram et de l'avoir tué. Mais tous ceux-ci, qui les a assassinés? Reconnaissez donc qu'aucune des paroles que le Seigneur avait prononcées contre la famille d'Achab n'est restée sans effet! Le Seigneur a accompli tout ce que le prophète Élie avait annoncé de sa part.» Alors Jéhu tua tous les survivants de la famille d'Achab qui habitaient Jizréel, de même que tous les partisans influents, les familiers et les prêtres de ce roi; il n'en laissa échapper aucun. Ensuite Jéhu se mit en route pour Samarie. Alors qu'il arrivait à Beth-Équed-des-Bergers, il rencontra des proches parents d'Ahazia, roi de Juda. «Qui êtes-vous?» leur demanda-t-il. «Nous sommes des proches parents d'Ahazia, répondirent-ils. Nous sommes venus saluer les enfants de la reine Jézabel et le reste de la famille royale.» – «Prenez-les vivants!» s'écria Jéhu. Ses compagnons les prirent vivants et, après les avoir tués, jetèrent leurs cadavres dans le puits de Beth-Équed. Ces gens étaient au nombre de quarante-deux, et aucun d'entre eux n'échappa. Un peu plus loin, Jéhu vit Yonadab, fils de Rékab, qui venait vers lui. Jéhu le salua et lui dit: «Es-tu loyal envers moi, comme je le suis envers toi?» – «Oui!» répondit Yonadab. «Eh bien, serrons-nous la main!» déclara Jéhu. Ils se serrèrent la main, puis Jéhu le fit monter sur son char: «Viens avec moi, dit-il, et tu verras avec quel amour passionné je sers le Seigneur.» Et il l'emmena sur son char. Dès son arrivée à Samarie, Jéhu tua tous les survivants de la famille d'Achab qui habitaient là, et extermina cette famille, conformément à ce que le Seigneur avait annoncé au prophète Élie. Jéhu fit rassembler toute la population de Samarie et déclara: «Le roi Achab a adoré le dieu Baal; moi, Jéhu, je vais l'adorer beaucoup plus que lui. Que l'on convoque tous les prophètes de Baal, ses adorateurs et ses prêtres; qu'ils viennent tous vers moi. Aucun d'eux ne doit manquer, car je veux célébrer une grande fête avec sacrifices en l'honneur de Baal. Tous les absents seront mis à mort.» Jéhu agissait ainsi par ruse, pour anéantir les adorateurs de Baal. C'est pourquoi il ordonna de convoquer une assemblée solennelle en l'honneur de Baal. On la convoqua en envoyant des messagers dans tout le pays d'Israël. Tous les adorateurs de Baal vinrent, aucun n'osa être absent; ils remplirent complètement le temple de Baal. Alors Jéhu ordonna au responsable des vêtements sacrés d'en fournir à tous les participants. Cela fait, Jéhu et Yonadab, fils de Rékab, entrèrent dans le temple et dirent aux adorateurs de Baal: «Assurez-vous qu'il n'y a parmi vous aucun adorateur du Dieu d'Israël, mais seulement des adorateurs de Baal.» Jéhu avait fait placer à l'extérieur du temple quatre-vingts soldats, à qui il avait dit: «Je vais livrer tous ces gens en votre pouvoir; si l'un de vous en laisse échapper un seul vivant, il mourra à sa place.» Jéhu et Yonadab s'avancèrent pour offrir des sacrifices de communion et des sacrifices complets. Quand Jéhu eut terminé, il ordonna aux soldats et à leurs chefs: «Entrez et massacrez ces gens! Qu'aucun d'eux ne sorte vivant d'ici.» Ils les massacrèrent donc, jetèrent les cadavres dehors, puis pénétrèrent dans le lieu très saint du temple de Baal. Ils portèrent dehors les piliers sacrés du temple et les brûlèrent, puis ils fracassèrent la pierre dressée consacrée à Baal. Enfin ils démolirent le temple lui-même et, sur son emplacement, ils édifièrent des toilettes publiques, qui existent encore aujourd'hui. C'est ainsi que Jéhu fit disparaître du royaume d'Israël le culte de Baal. Toutefois, il ne cessa pas de commettre les mêmes péchés que Jéroboam, fils de Nebath, qui avait poussé le peuple d'Israël à pécher en adorant les veaux d'or à Béthel et à Dan. Alors le Seigneur dit à Jéhu: «C'est bien, tu as fait ce que je trouve juste; tu as réalisé ce que j'avais décidé pour punir la famille d'Achab; c'est pourquoi tes descendants jusqu'à la quatrième génération te succéderont comme rois d'Israël.» Pourtant Jéhu n'obéit pas de tout son cœur à la loi du Seigneur, le Dieu d'Israël, et il ne cessa pas de commettre les mêmes péchés que Jéroboam, qui avait poussé le peuple d'Israël à pécher. A cette même époque, le Seigneur commença d'entamer le territoire d'Israël; il permit à Hazaël, roi de Syrie, de battre les Israélites dans tout leur pays; ils perdirent ainsi toute la région située à l'est du Jourdain et au nord d'Aroër sur l'Arnon, à savoir les pays de Galaad et du Bachan, occupés par les tribus de Ruben, de Gad et de Manassé. Le reste de l'histoire de Jéhu est contenu dans le livre intitulé Actes des rois d'Israël; on y raconte tout ce qu'il a fait et le courage qu'il a montré. Lorsque Athalie, la mère du roi Ahazia, apprit que son fils était mort, elle décida de faire mourir tous les descendants de la famille royale. Mais au moment du massacre, Yochéba, fille du roi Joram de Juda et sœur d'Ahazia, parvint à emmener secrètement un fils de son frère, nommé Joas, et elle le cacha avec sa nourrice dans une chambre à coucher du temple; Athalie n'en sut rien, de telle sorte que l'enfant échappa au massacre. Pendant six ans, il resta caché avec sa nourrice dans le temple du Seigneur, tandis qu'Athalie régnait sur le pays. Au cours de la septième année, le prêtre Yoyada fit venir les capitaines des Cariens et des autres soldats de la garde; il les emmena dans le temple du Seigneur, conclut un accord avec eux, en leur faisant prêter serment, puis il leur montra le fils du roi. Ensuite il leur donna les ordres suivants: «Voici ce que vous allez faire: Une de vos compagnies entre en service le jour du sabbat; normalement la première section est chargée de garder le palais royal, la deuxième section la porte de Sour, et la troisième section la porte qui se trouve derrière le corps de garde; eh bien, ces trois sections garderont le palais à tour de rôle. Vos deux autres compagnies, qui normalement ne sont pas en service le jour du sabbat, viendront garder le temple, où se trouve le jeune roi. Tous les soldats auront leur arme à la main; ils entoureront le roi et l'accompagneront lorsqu'il se déplacera. Quiconque s'approchera de vos rangs sera mis à mort.» Les capitaines agirent comme le prêtre Yoyada le leur avait ordonné: ils rassemblèrent leurs soldats, aussi bien ceux qui prenaient leur tour de garde le jour du sabbat que ceux qui terminaient leur service ce jour-là, et ils se rendirent auprès de Yoyada. Celui-ci confia aux capitaines les lances et les boucliers qui avaient appartenu au roi David et qui étaient déposés dans le temple du Seigneur. Les soldats se placèrent en demi-cercle, les armes à la main, de l'angle sud-est à l'angle nord-est du temple, devant le bâtiment et l'autel, prêts à entourer le roi. Alors Yoyada fit sortir Joas: il lui remit l'insigne royal et le document de l'alliance, puis on le consacra roi en versant de l'huile sur sa tête; aussitôt tout le monde se mit à applaudir et à crier: «Vive le roi!» Lorsque Athalie entendit le bruit des gardes et du peuple, elle rejoignit la foule au temple du Seigneur. Elle aperçut le nouveau roi, debout près de la colonne du temple, selon la coutume; les officiers et les joueurs de trompettes se tenaient près de lui. Toute la population manifestait sa joie, tandis que les musiciens sonnaient de la trompette. Alors Athalie déchira ses vêtements en criant: «Trahison! Trahison!» Yoyada ne voulait pas qu'on la tue dans le temple. C'est pourquoi il s'adressa aux capitaines qui commandaient les soldats de la garde et leur donna l'ordre suivant: «Faites-la sortir entre vos rangs; si quelqu'un la suit, mettez-le à mort.» On l'entraîna vers le palais royal et, quand elle arriva à la porte des Chevaux, on l'exécuta. Yoyada conclut, entre le Seigneur d'une part, le roi et la population d'autre part, une alliance qui engageait ceux-ci à être le peuple du Seigneur; il conclut aussi une alliance entre le roi et son peuple. Alors la foule se rendit au temple de Baal et le démolit; on fracassa les autels et les statues, et on tua Mattan, prêtre de Baal, devant les autels. Ensuite Yoyada organisa des équipes chargées de veiller sur le temple du Seigneur. Yoyada rassembla encore les capitaines, les Cariens et le reste de la garde, avec tout le peuple, pour conduire le roi du temple au palais, en passant par la porte des gardes. Lorsque Joas s'assit sur le trône royal, tous manifestèrent leur joie. La ville fut tranquille après qu'Athalie eut été mise à mort au palais royal. Joas fit ce qui plaît au Seigneur durant toute sa vie, parce que le prêtre Yoyada l'avait bien éduqué. Toutefois, il ne supprima pas les lieux sacrés; les gens continuaient d'y aller pour offrir des sacrifices d'animaux et brûler des parfums. Mais la vingt-troisième année de son règne, les prêtres n'avaient encore rien réparé dans le temple. Alors Joas interpella Yoyada et les autres prêtres et leur demanda: «Pourquoi ne faites-vous pas réparer le temple? Puisqu'il en est ainsi, vous ne recueillerez désormais plus d'argent par l'intermédiaire de vos receveurs; vous le laisserez pour les réparations du temple.» Les prêtres consentirent donc à ne plus recevoir d'argent de la part des gens, et à ne plus s'occuper des réparations du temple. Le prêtre Yoyada se procura un coffre, perça un trou dans le couvercle, puis plaça ce coffre à côté de l'autel, à droite de l'entrée du temple. Les prêtres gardiens de l'entrée furent chargés de déposer dans le coffre tout l'argent apporté au temple. Lorsqu'ils voyaient qu'il y avait beaucoup d'argent dans le coffre, ils faisaient venir le secrétaire du roi et le chef des prêtres, qui emportaient cet argent et le pesaient. L'argent, une fois comptabilisé, était remis aux entrepreneurs et aux surveillants des travaux qui pouvaient alors payer les ouvriers occupés aux réparations, charpentiers, maçons et tailleurs de pierre; ils pouvaient également acheter du bois et des pierres de taille, et régler toutes les autres dépenses nécessitées par les réparations. On n'utilisa pas ces dons apportés au temple pour fabriquer des bassines, des mouchettes, des bols à aspersion, des trompettes, ou tout autre objet d'or ou d'argent. On remettait tout aux entrepreneurs, et ceux-ci s'occupaient des réparations nécessaires. On ne contrôlait d'ailleurs pas les gens chargés de payer les ouvriers, car ils agissaient honnêtement. Quant à l'argent que certaines personnes versaient au lieu d'offrir un sacrifice pour une faute commise, il n'était pas déposé dans le coffre, mais revenait aux prêtres. A cette époque, le roi de Syrie, Hazaël, vint attaquer la ville de Gath; après l'avoir prise, il décida d'attaquer Jérusalem. Aussitôt, Joas rassembla tous les objets de valeur que ses ancêtres, les rois de Juda, Josaphat, Joram et Ahazia, et lui-même avaient offerts au Seigneur, ainsi que tout l'or déposé dans la chambre du trésor du temple et dans celle du palais royal; il fit porter tout cela en cadeau au roi Hazaël, qui renonça à venir attaquer Jérusalem. Tout le reste de l'histoire de Joas est contenu dans le livre intitulé Actes des rois de Juda. Pendant la vingt-troisième année du règne de Joas, fils d'Ahazia, sur le royaume de Juda, Joachaz, fils de Jéhu, devint roi d'Israël à Samarie; il y régna dix-sept ans. Il fit ce qui déplaît au Seigneur; il ne cessa pas d'imiter les péchés de Jéroboam, fils de Nebath, qui avait poussé le peuple d'Israël à pécher. Alors le Seigneur se mit en colère contre les Israélites et les livra au pouvoir d'Hazaël, roi de Syrie, puis au pouvoir de son fils Ben-Hadad. Cela dura longtemps. Mais Joachaz supplia le Seigneur de s'apaiser; celui-ci l'entendit et, après avoir vu comment le roi de Syrie opprimait Israël, il envoya un libérateur qui délivra les Israélites de la domination des Syriens. Dès lors, les Israélites purent vivre en paix comme précédemment. Pourtant ils ne cessèrent pas d'imiter les péchés de Jéroboam et de sa famille, car Jéroboam avait poussé le peuple d'Israël à pécher; même le poteau sacré de la déesse Achéra resta dressé à Samarie. Finalement, les troupes de Joachaz ne comptaient plus que cinquante cavaliers, dix chars et dix mille soldats à pied; en effet, le roi de Syrie en avait détruit beaucoup et n'avait laissé d'eux qu'un peu de poussière au bord des routes. Le reste de l'histoire de Joachaz est contenu dans le livre intitulé Actes des rois d'Israël; on y raconte tout ce qu'il a fait et le courage qu'il a montré. Lorsqu'il mourut, on l'enterra à Samarie; ce fut son fils Joas qui lui succéda. Pendant la trente-septième année du règne de Joas sur Juda, Joas, fils de Joachaz, devint roi d'Israël à Samarie; il y régna seize ans. Il fit ce qui déplaît au Seigneur et ne cessa pas d'imiter tous les péchés de Jéroboam, fils de Nebath, qui avait poussé le peuple d'Israël à pécher. Le reste de l'histoire de Joas est contenu dans le livre intitulé Actes des rois d'Israël; on y raconte tout ce qu'il a fait, et le courage qu'il a montré en combattant contre Amassia, roi de Juda. Lorsqu'il mourut, on l'enterra à Samarie dans le tombeau des rois d'Israël; ce fut alors Jéroboam qui devint roi. Lorsque Élisée fut frappé de la maladie dont il allait mourir, Joas, roi d'Israël, se rendit auprès de lui; penché sur lui, il se mit à pleurer et s'écria: «Mon père! Mon père! Tu vaux tous les chars et tous les cavaliers d'Israël! » Élisée lui dit: «Procure-toi un arc et des flèches.» Le roi se les fit apporter. Ensuite Élisée lui ordonna: «Prends les autres flèches.» Le roi les prit. «Frappe le sol!» lui dit le prophète. Le roi frappa trois fois par terre, puis s'arrêta. Le prophète, irrité, lui déclara: «Si tu avais frappé par terre cinq ou six fois, alors tu aurais pu battre les Syriens définitivement; mais maintenant, tu ne pourras les battre que trois fois.» Élisée mourut et on l'enterra. Chaque année, des bandes de pillards moabites pénétraient dans le territoire d'Israël. Un jour, des gens qui allaient enterrer un mort virent soudain une de ces bandes. Ils lancèrent le corps dans le tombeau d'Élisée et s'enfuirent. Dès que le mort eut touché les os d'Élisée, il revint à la vie et se releva. Hazaël, roi de Syrie, avait opprimé les Israélites durant tout le règne de Joachaz. Mais le Seigneur, dans sa bienveillance, finit par avoir pitié d'eux; il leur pardonna, à cause de l'alliance qu'il avait conclue avec Abraham, Isaac et Jacob, et il renonça à les exterminer. Il ne les avait pas encore exilés loin de lui. Lorsque Hazaël mourut, ce fut son fils Ben-Hadad qui lui succéda comme roi de Syrie. Aussitôt Joas lui reprit les villes israélites qu'Hazaël avait arrachées au royaume de son père Joachaz. A trois reprises, Joas battit Ben-Hadad, et il récupéra ses villes. Pendant la deuxième année du règne de Joas, fils de Joachaz, sur le royaume d'Israël, Amassia succéda comme roi de Juda à son père Joas; il avait vingt-cinq ans, et il régna vingt-neuf ans à Jérusalem. Sa mère, qui était de Jérusalem, s'appelait Yoaddan. Amassia fit ce qui plaît au Seigneur, mais pourtant pas comme son ancêtre David; il agit exactement comme son père Joas; il ne supprima pas les lieux sacrés; les gens continuaient d'y aller pour offrir des sacrifices d'animaux et brûler des parfums. Lorsque Amassia eut solidement établi son autorité royale, il fit mettre à mort les officiers qui avaient assassiné son père, le roi Joas. Mais il épargna les enfants des assassins, pour respecter ce qui est écrit dans le livre de la loi de Moïse; en effet le Seigneur y a donné cet ordre: «On ne doit pas mettre à mort des parents pour des péchés commis par leurs enfants, ni des enfants pour des péchés commis par leurs parents; un être humain ne peut être mis à mort que pour ses propres péchés ». Ce fut aussi Amassia qui battit dix mille soldats édomites dans la vallée du Sel; au cours du combat, il s'empara de la ville de Séla, à laquelle il donna le nom de Yoctéel, nom qu'elle porte encore aujourd'hui. Là-dessus, Amassia envoya des messagers auprès du roi d'Israël, Joas, fils de Joachaz et petit-fils de Jéhu. Il lui faisait dire: «Viens! Affrontons-nous dans un combat!» Joas adressa cette réponse à Amassia: «Il y avait une fois sur le mont Liban un buisson épineux; il demanda à un cèdre du Liban de lui donner sa fille comme épouse pour son fils; mais une bête sauvage du Liban passa sur le buisson et l'écrasa». Et Joas ajoutait: «Parce que tu as battu les Édomites, tu fais le fier! Contente-toi de cette gloire et reste chez toi! Pourquoi veux-tu commencer une guerre qui finira mal pour toi, et où tu seras battu avec toute l'armée de Juda?» Mais Amassia ne tint pas compte de cet avertissement. Alors Joas, roi d'Israël, se mit en campagne; son armée et celle d'Amassia s'affrontèrent à Beth-Chémech, au pays de Juda. L'armée de Juda fut battue par celle d'Israël, et tous les soldats judéens s'enfuirent chez eux. A Beth-Chémech, Joas, roi d'Israël, fit prisonnier le roi de Juda Amassia, fils de Joas et petit-fils d'Ahazia; de là, il se rendit à Jérusalem et démolit la muraille de la ville sur une longueur de près de deux cents mètres, entre la porte d'Éfraïm et la porte de l'Angle. Il prit l'or, l'argent et tous les objets précieux qui se trouvaient dans le temple et dans le trésor du palais royal; il prit également des otages et retourna à Samarie. Le reste de l'histoire de Joas est contenu dans le livre intitulé Actes des rois d'Israël; on y raconte ce qu'il a fait, le courage qu'il a montré et la guerre qu'il a faite à Amassia, roi de Juda. Lorsqu'il mourut, on l'enterra à Samarie dans le tombeau des rois d'Israël; ce fut son fils Jéroboam qui lui succéda. Après la mort de Joas, roi d'Israël, Amassia, roi de Juda, vécut encore quinze ans. Le reste de l'histoire d'Amassia est contenu dans le livre intitulé Actes des rois de Juda. A Jérusalem, des gens complotèrent contre Amassia; celui-ci s'enfuit à Lakich, mais on le fit poursuivre et mettre à mort à cet endroit. Ensuite on ramena son corps à Jérusalem, sur un char tiré par plusieurs chevaux, et on l'enterra dans le tombeau familial de la Cité de David. Azaria, fils d'Amassia, était âgé de seize ans lorsque le peuple de Juda le désigna comme roi pour succéder à son père. C'est lui qui, après la mort de son père, reconquit la ville d'Élath et la rebâtit. Pendant la quinzième année du règne d'Amassia, fils de Joas, sur le royaume de Juda, Jéroboam, fils de Joas d'Israël, devint roi à Samarie; il y régna quarante et un ans. Il fit ce qui déplaît au Seigneur, et ne cessa pas de commettre les mêmes péchés que Jéroboam, fils de Nebath, qui avait poussé le peuple d'Israël à pécher. Il reconquit tous les territoires qui avaient appartenu à Israël, depuis Lebo-Hamath au nord, jusqu'à la mer Morte au sud, conformément à ce que le prophète Jonas, fils d'Amittaï, de Gath-Héfer, avait annoncé de la part du Seigneur, le Dieu d'Israël. En effet, le Seigneur avait vu la tragique misère de ce royaume: il n'y avait personne, vraiment plus personne pour secourir Israël. Mais le Seigneur n'avait pas décidé d'exterminer ce peuple; c'est pourquoi il le délivra par le moyen de Jéroboam, fils de Joas. Le reste de l'histoire de Jéroboam est contenu dans le livre intitulé Actes des rois d'Israël; on y raconte tout ce qu'il a fait, le courage qu'il a montré dans les combats et la manière dont il a rendu à Israël les villes de Damas et de Hamath, qui avaient appartenu au royaume de David. Lorsque Jéroboam mourut, on l'enterra à Samarie dans le tombeau des rois d'Israël; ce fut son fils Zacharie qui lui succéda. Pendant la vingt-septième année du règne de Jéroboam sur Israël, Azaria, fils d'Amassia, devint roi de Juda; il avait seize ans et il régna cinquante-deux ans à Jérusalem. Sa mère, qui était de Jérusalem, s'appelait Yekolia. Azaria fit ce qui plaît au Seigneur, tout comme son père Amassia. Toutefois il ne supprima pas les lieux sacrés; les gens continuaient d'y aller pour offrir des sacrifices d'animaux et brûler des parfums. Le Seigneur infligea une grave maladie à Azaria: le roi devint lépreux et le resta jusqu'à sa mort; il dut résider à l'écart des autres gens. Son fils Yotam, le chef du palais royal, fut chargé de gouverner le royaume. Tout le reste de l'histoire d'Azaria est contenu dans le livre intitulé Actes des rois de Juda. Lorsqu'il mourut, on l'enterra dans le tombeau familial de la Cité de David; ce fut son fils Yotam qui lui succéda. Pendant la trente-huitième année du règne d'Azaria sur Juda, Zacharie, fils de Jéroboam, devint roi d'Israël à Samarie; il y régna six mois. Il fit ce qui déplaît au Seigneur, comme ses ancêtres; il ne cessa pas de commettre les mêmes péchés que Jéroboam, fils de Nebath, qui avait poussé le peuple d'Israël à pécher. Un certain Challoum, fils de Yabech, complota contre lui, l'assassina en public et prit le pouvoir. Le reste de l'histoire de Zacharie est contenu dans le livre intitulé Actes des rois d'Israël. Ainsi s'accomplit ce que le Seigneur avait annoncé à Jéhu: «Tes descendants jusqu'à la quatrième génération te succéderont comme rois d'Israël ». Challoum, fils de Yabech, devint roi d'Israël pendant la trente-neuvième année du règne d'Azaria sur Juda; mais il ne régna qu'un mois à Samarie. Un certain Menahem, fils de Gadi, vint de Tirsa, entra dans Samarie, et y assassina Challoum; puis il prit le pouvoir. Le reste de l'histoire de Challoum est contenu dans le livre intitulé Actes des rois d'Israël; on y raconte aussi comment il complota contre Zacharie. C'est alors que Menahem attaqua la ville de Tifsa; il en massacra les habitants et ravagea la région qui s'étend de Tirsa à Tifsa. Il attaqua cette ville parce qu'on ne lui en avait pas ouvert les portes, et il y éventra toutes les femmes enceintes. Pendant la trente-neuvième année du règne d'Azaria sur Juda, Menahem, fils de Gadi, devint roi d'Israël; il régna dix ans à Samarie. Durant toute sa vie, il fit ce qui déplaît au Seigneur, et ne cessa pas de commettre les mêmes péchés que Jéroboam, fils de Nebath, qui avait poussé le peuple d'Israël à pécher. Poul, roi d'Assyrie, pénétra dans le territoire d'Israël; alors Menahem lui donna trente tonnes d'argent afin qu'il l'aide à établir solidement son autorité royale. Pour rassembler tout cet argent, Menahem préleva un impôt en Israël; chaque personnage important dut payer cinquante pièces d'argent. Lorsqu'on versa la somme convenue au roi d'Assyrie, celui-ci quitta le pays d'Israël et retourna chez lui. Tout le reste de l'histoire de Menahem est contenu dans le livre intitulé Actes des rois d'Israël. Lorsque Menahem mourut, ce fut son fils Pecahia qui lui succéda. Pendant la cinquantième année du règne d'Azaria sur Juda, Pecahia, fils de Menahem, devint roi d'Israël à Samarie; il y régna deux ans. Il fit ce qui déplaît au Seigneur, et ne cessa pas de commettre les mêmes péchés que Jéroboam, fils de Nebath, qui avait poussé le peuple d'Israël à pécher. Un certain Péca, fils de Remalia, qui était son aide de camp, complota contre lui. Avec une troupe de cinquante hommes de Galaad, il l'attaqua dans une des salles du palais royal; après l'avoir assassiné, il prit le pouvoir. Tout le reste de l'histoire de Pecahia est contenu dans le livre intitulé Actes des rois d'Israël. Pendant la cinquante-deuxième année du règne d'Azaria sur Juda, Péca, fils de Remalia, devint roi d'Israël à Samarie; il y régna vingt ans. Il fit ce qui déplaît au Seigneur, et ne cessa pas de commettre les mêmes péchés que Jéroboam, fils de Nebath, qui avait poussé le peuple d'Israël à pécher. A l'époque où Péca régnait sur Israël, Téglath-Phalasar, roi d'Assyrie, s'empara des villes d'Yon, Abel-Beth-Maaka, Yanoa, Quédech et Hassor; il occupa le territoire de Galaad, celui de Galilée et tout le pays de Neftali; il en déporta les habitants en Assyrie. Un certain Osée, fils d'Éla, complota contre le roi Péca; il l'assassina et prit le pouvoir. C'était alors la vingtième année du règne de Yotam, fils d'Azaria et roi de Juda. Tout le reste de l'histoire de Péca est contenu dans le livre intitulé Actes des rois d'Israël. Pendant la deuxième année du règne de Péca, fils de Remalia, sur le royaume d'Israël, Yotam, fils d'Azaria, devint roi de Juda; il avait vingt-cinq ans et il régna seize ans à Jérusalem. Sa mère s'appelait Yeroucha, et elle était fille de Sadoc. Yotam fit ce qui plaît au Seigneur, agissant tout comme son père Azaria. Toutefois il ne supprima pas les lieux sacrés; les gens continuaient d'y aller pour offrir des sacrifices d'animaux et brûler des parfums. C'est Yotam qui construisit la porte supérieure du temple du Seigneur. Tout le reste de l'histoire de Yotam est contenu dans le livre intitulé Actes des rois de Juda. C'est pendant le règne de Yotam que le Seigneur commença d'envoyer Ressin, roi de Syrie, et Péca, roi d'Israël, contre le pays de Juda. Lorsque Yotam mourut, on l'enterra dans le tombeau familial de la Cité de David; ce fut son fils Ahaz qui lui succéda. Pendant la dix-septième année du règne de Péca, fils de Remalia, sur le royaume d'Israël, Ahaz, fils de Yotam, devint roi de Juda; il avait vingt ans et il régna seize ans à Jérusalem, mais il ne fit pas ce qui plaît au Seigneur son Dieu, contrairement à son ancêtre David. Il imita plutôt la conduite des rois d'Israël; il alla même jusqu'à offrir son fils en sacrifice, selon l'abominable pratique des nations que le Seigneur avait chassées du pays pour faire place au peuple d'Israël. Il offrit des sacrifices d'animaux et brûla des parfums dans les lieux sacrés, sur les collines où il y avait des arbres verts. Ressin, roi de Syrie, et Péca, fils de Remalia et roi d'Israël, vinrent faire la guerre à Ahaz en l'assiégeant dans Jérusalem, mais ils ne réussirent pas à le vaincre. A la même époque, Ressin, roi de Syrie, soumit la ville d'Élath au contrôle des Syriens, après en avoir chassé les gens de Juda; les Édomites revinrent s'y installer et y sont restés depuis lors. Ahaz fit porter le message suivant à Téglath-Phalasar, roi d'Assyrie: «Je suis ton serviteur, ton fils. Viens me délivrer des rois de Syrie et d'Israël qui m'ont attaqué.» En même temps, il rassembla l'or et l'argent qui se trouvaient dans le temple du Seigneur et dans le trésor du palais royal, et les envoya en cadeau au roi d'Assyrie. Celui-ci fit ce qu'Ahaz lui demandait; il alla attaquer la ville de Damas, s'en empara et en déporta les habitants à Quir; quant à Ressin, il le fit mourir. Le roi Ahaz se rendit à Damas pour y rencontrer Téglath-Phalasar. Lorsqu'il vit l'autel du temple de Damas, il en envoya le croquis et le plan détaillé à Jérusalem, au prêtre Ouria. Ouria fabriqua un nouvel autel selon les instructions qu'Ahaz lui avait envoyées, et il l'acheva avant même qu'Ahaz soit rentré de Damas. Quand le roi fut de retour, il vit l'autel, s'en approcha et y offrit lui-même un sacrifice complet accompagné d'une offrande de farine et de vin, ainsi qu'un sacrifice de communion dont il répandit le sang sur l'autel. Puis il fit déplacer l'autel de bronze consacré au Seigneur: cet autel se trouvait près de l'entrée du temple, entre le nouvel autel et le temple, et il le fit mettre derrière le nouvel autel, au nord. Enfin, le roi Ahaz donna l'ordre suivant au prêtre Ouria: «Désormais, tu utiliseras le grand autel: tu y présenteras le sacrifice complet de chaque matin, l'offrande de farine de chaque après-midi, les sacrifices complets du roi, accompagnés des offrandes de farine, ceux du peuple, accompagnés des offrandes de farine et de vin; tu y répandras également le sang des animaux offerts en sacrifices. Quant à l'autel de bronze, je prendrai moi-même une décision.» Le prêtre Ouria exécuta tous les ordres du roi Ahaz. Celui-ci fit encore découper les plaques de bronze des chariots du temple, et enlever les bassins qui étaient sur ces chariots; il ôta la grande cuve ronde qui reposait sur les douze taureaux de bronze et la fit déposer directement sur le sol pavé. Enfin, pour plaire au roi d'Assyrie, il supprima la “Galerie du Sabbat ”, construite à l'intérieur du temple, et “l'Entrée du Roi”, située à l'extérieur. Tout le reste de l'histoire d'Ahaz est contenu dans le livre intitulé Actes des rois de Juda. Lorsqu'il mourut, on l'enterra dans le tombeau familial de la Cité de David; ce fut son fils Ézékias qui lui succéda. Pendant la douzième année du règne d'Ahaz sur Juda, Osée, fils d'Éla, devint roi d'Israël à Samarie; il y régna neuf ans. Il fit ce qui déplaît au Seigneur, toutefois pas autant que les précédents rois d'Israël. Salmanasar, roi d'Assyrie, vint l'attaquer; Osée dut se soumettre à lui et lui payer une redevance annuelle. Mais plus tard, Osée complota contre lui: il envoya des messagers auprès du roi d'Égypte à Saïs, et refusa de payer sa redevance au roi d'Assyrie; lorsque Salmanasar découvrit ce complot, il fit arrêter et emprisonner Osée. Puis il envahit le pays et vint assiéger Samarie. Au bout de trois ans, c'est-à-dire neuf ans après le début du règne d'Osée, le roi d'Assyrie s'empara de la ville. Il déporta la population d'Israël en Assyrie et l'installa dans la région de Hala, dans celle de Gozan où coule le Habor, et dans les villes de Médie. Ces événements arrivèrent parce que les Israélites avaient péché contre le Seigneur, leur Dieu, qui les avait délivrés du pouvoir du Pharaon, roi d'Égypte, et les avait fait sortir de ce pays. En effet, ils adorèrent d'autres dieux, ils adoptèrent les coutumes des nations que le Seigneur avait chassées du pays pour faire place au peuple d'Israël, ainsi que les coutumes introduites par les rois d'Israël, ils prononcèrent des paroles inadmissibles contre le Seigneur leur Dieu. Ils aménagèrent des lieux sacrés dans toutes leurs localités, aussi bien dans les simples postes d'observation que dans les villes fortifiées, ils dressèrent des pierres et des poteaux sacrés au sommet de toutes les collines où il y avait des arbres verts, ils offrirent des sacrifices dans tous les lieux sacrés, comme les nations que le Seigneur avait exilées pour leur faire place, ils y commirent de si mauvaises actions qu'ils irritèrent le Seigneur. Enfin ils adorèrent les idoles, malgré l'ordre du Seigneur de ne pas le faire. Le Seigneur adressa des avertissements aux gens d'Israël et de Juda par l'intermédiaire de divers prophètes: «Renoncez à votre mauvaise conduite, obéissez à mes commandements et à mes ordres formulés dans la loi que j'ai donnée à vos ancêtres et que je vous ai communiquée par mes serviteurs les prophètes.» Mais ces gens refusèrent d'écouter ce qu'on leur disait. Ils se montrèrent aussi rebelles que leurs ancêtres, qui n'avaient pas cru en Dieu leur Seigneur, ils rejetèrent les lois de Dieu, l'alliance qu'il avait conclue avec leurs ancêtres et les avertissements qu'il leur avait adressés, ils s'attachèrent à des dieux inconsistants et devinrent eux-mêmes tout aussi inconsistants, ils suivirent l'exemple des nations voisines que le Seigneur leur avait interdit d'imiter; ils négligèrent tous les commandements du Seigneur leur Dieu, ils se fabriquèrent deux statues de veaux en métal fondu et un poteau sacré, ils adorèrent les astres, ils servirent le dieu Baal, ils offrirent leurs fils et leurs filles en sacrifices, ils recoururent à diverses formes de magie, ils s'adonnèrent aux pratiques qui déplaisent au Seigneur et l'irritèrent. Alors le Seigneur laissa éclater sa colère contre les gens d'Israël; il ne voulut plus les voir devant lui, de sorte que seule la tribu de Juda subsista. Mais les gens de Juda aussi désobéirent aux commandements du Seigneur leur Dieu et adoptèrent les coutumes qui avaient été introduites dans le royaume d'Israël. C'est pourquoi le Seigneur rejeta l'ensemble des Israélites; il les livra au pouvoir de peuples pillards pour les humilier et finit par les exiler loin de lui. Lorsque le Seigneur avait détaché le territoire d'Israël du royaume constitué par David, les gens d'Israël s'étaient donné comme roi Jéroboam, fils de Nebath; celui-ci les avait alors détournés de l'obéissance au Seigneur et les avait entraînés dans de graves péchés. Dès lors, les gens d'Israël ne cessèrent pas d'imiter tous les péchés que Jéroboam avait commis. Finalement le Seigneur ne voulut plus les voir devant lui et les fit déporter en Assyrie, où ils se trouvent encore. C'est ainsi que le Seigneur réalisa ce qu'il avait annoncé par ses serviteurs les prophètes. Le roi d'Assyrie fit venir des gens de Babylone, de Kouta, d'Ava, de Hamath et de Sefarvaïm pour les installer dans les localités de la Samarie, à la place des Israélites qui avaient été déportés; ces gens prirent donc possession de la région et s'y établirent dans les localités. Toutefois, au début de leur installation, ils n'adoraient pas le Seigneur; c'est pourquoi celui-ci envoya des lions qui tuèrent plusieurs d'entre eux. On informa alors le roi d'Assyrie que les populations déplacées et installées dans les localités de la Samarie ne connaissaient pas le culte du dieu de ce pays, de sorte que le dieu avait envoyé des lions pour les faire mourir. Le roi ordonna donc de ramener en Samarie un des prêtres qu'on avait déportés et de l'y installer pour qu'il enseigne aux gens la façon de rendre un culte à ce dieu. C'est ainsi qu'un prêtre déporté de Samarie revint s'installer à Béthel et enseigna aux habitants comment adorer le Seigneur. Toutefois ces populations étrangères se fabriquèrent des statues de leurs dieux et les dressèrent dans les sanctuaires construits par les anciens habitants de la Samarie; chaque population fit cela dans les villes qu'elle occupait: les déportés venus de Babylone se firent une statue de Soukoth-Benoth, ceux de Kouta une statue de Nergal, ceux de Hamath une statue d'Achima, et ceux d'Ava des statues de Nibaz et de Tartac; les gens de Sefarvaïm offrirent même leurs enfants en sacrifice à leurs dieux Adrammélek et Anammélek. En même temps, ils adoraient tous le Seigneur. Ils désignèrent aussi parmi eux des hommes pour être prêtres dans leurs sanctuaires et y présider leurs cérémonies. D'un côté donc, ils adoraient le Seigneur, et de l'autre, ils servaient leurs dieux, selon les coutumes de leurs pays d'origine. Aujourd'hui encore, leurs descendants suivent ces anciennes coutumes. Cependant ils n'adorent pas vraiment le Seigneur; ils n'observent exactement ni leurs lois et pratiques traditionnelles, ni la loi et les commandements que le Seigneur a communiqués aux descendants de Jacob – c'est à ce Jacob que le Seigneur avait donné le nom d'Israël. Pourtant le Seigneur avait conclu une alliance avec les descendants de Jacob et leur avait donné entre autres les commandements suivants: «N'adorez pas d'autres dieux; ne vous inclinez pas devant eux; ne les servez pas et ne leur offrez aucun sacrifice. Vous m'adorerez moi seul, le Seigneur, qui vous ai fait sortir d'Égypte grâce à ma force irrésistible; c'est devant moi que vous vous inclinerez et à moi que vous offrirez des sacrifices. Vous obéirez jour après jour aux règles, aux prescriptions et aux commandements, en un mot à toute la loi que je vous ai donnée par écrit; en particulier, vous ne devez pas adorer d'autres dieux. N'oubliez pas l'alliance que j'ai conclue avec vous et, je le répète, n'adorez pas d'autres dieux. C'est moi, le Seigneur votre Dieu, que vous devez adorer, car c'est moi seul qui peux vous délivrer de tous vos ennemis.» Mais ces gens refusèrent d'écouter; ils continuèrent d'agir selon leurs anciennes coutumes. Ainsi, d'un côté, ils adoraient le Seigneur, et de l'autre, ils servaient leurs idoles; et après eux, leurs enfants et tous leurs descendants ont continué de faire la même chose jusqu'à maintenant. Pendant la troisième année du règne d'Osée, fils d'Éla, sur le royaume d'Israël, Ézékias, fils d'Ahaz, devint roi de Juda; il avait vingt-cinq ans et il régna vingt-neuf ans à Jérusalem. Sa mère s'appelait Abi, et elle était fille de Zacharie. Ézékias fit ce qui plaît au Seigneur, tout comme son ancêtre David. C'est lui qui supprima les lieux sacrés, qui fit briser les pierres dressées et couper les poteaux sacrés. Il fit aussi fracasser le serpent de bronze que Moïse avait fabriqué: en effet, jusqu'à cette époque-là, les Israélites brûlaient des parfums en l'honneur de ce serpent qu'on appelait Nehouchtan. Ézékias eut confiance dans le Seigneur, le Dieu d'Israël, plus que tous les rois de Juda qui l'avaient précédé ou qui lui succédèrent. Il demeura attaché au Seigneur sans jamais se détourner de lui; il obéit fidèlement aux commandements que le Seigneur avait donnés à Moïse. Le Seigneur était avec lui, et ainsi Ézékias réussissait dans tout ce qu'il entreprenait. Il se révolta contre le roi d'Assyrie et ne lui fut plus soumis; de plus il battit les Philistins, les poursuivit jusque dans le territoire de Gaza et s'empara aussi bien des villes fortifiées que des simples postes d'observation. Pendant la quatrième année du règne d'Ézékias, qui correspondait à la septième année du règne d'Osée, fils d'Éla, sur le royaume d'Israël, le roi d'Assyrie, Salmanasar, était venu assiéger Samarie; la ville fut prise au bout de trois ans, c'est-à-dire pendant la sixième année du règne d'Ézékias ou la neuvième année du règne d'Osée. Le roi d'Assyrie déporta la population d'Israël en Assyrie et l'installa dans la région de Hala, dans celle de Gozan où coule le Habor, et dans les villes de Médie. Tout cela arriva parce que les Israélites n'avaient pas écouté ce que commandait le Seigneur leur Dieu et qu'ils avaient été infidèles à son alliance; ils n'avaient ni écouté ni mis en pratique les commandements transmis par Moïse, le serviteur du Seigneur. Pendant la quatorzième année du règne d'Ézékias, le roi d'Assyrie Sennakérib vint attaquer toutes les villes fortifiées du royaume de Juda et s'en empara. Alors Ézékias, le roi de Juda, fit porter ce message au roi d'Assyrie, qui se trouvait à Lakich: «J'ai commis une faute! Renonce à m'attaquer ici. Je suis prêt à payer la somme que tu m'imposeras.» Le roi d'Assyrie exigea d'Ézékias neuf mille kilos d'argent et neuf cents kilos d'or. Ézékias dut prendre tout l'argent qui se trouvait dans le temple du Seigneur et dans le trésor du palais royal. Il dut même découper le revêtement d'or qu'il avait fait poser sur les portes du temple et sur leurs montants, et livra le tout au roi d'Assyrie. Cependant le roi d'Assyrie, qui se trouvait à Lakich, envoya au roi Ézékias, à Jérusalem, le général en chef, le chef d'état-major, ainsi que son propre aide de camp, à la tête d'une troupe importante. Dès qu'ils arrivèrent devant la ville, ils se placèrent près du canal du réservoir supérieur, sur la route qui mène au champ des Blanchisseurs, et demandèrent à parler au roi. Mais ce fut Éliaquim, fils de Hilquia et chef du palais royal, qui sortit de la ville à leur rencontre, accompagné du secrétaire Chebna et de Yoa, fils d'Assaf et porte-parole du roi. L'aide de camp assyrien leur dit: «Allez transmettre à Ézékias ce message du Grand Roi, le roi d'Assyrie: “Quelle belle confiance tu as là! Tu t'imagines que de simples paroles tiennent lieu de plan de bataille et de courage pour faire la guerre! Sur qui comptes-tu pour oser te révolter contre moi? Sur l'Égypte? Sur ce roseau cassé qui transperce la main de quiconque s'y appuie? Voilà ce que vaut le Pharaon, roi d'Égypte, pour tous ceux qui comptent sur lui! Vous allez sans doute me répondre que vous comptez sur le Seigneur votre Dieu. Mais c'est précisément toi, Ézékias, qui as supprimé ses lieux sacrés et ses autels, en ordonnant aux gens de Jérusalem et de Juda de ne rendre leur culte que devant l'autel de Jérusalem. Eh bien, fais donc un pari avec mon maître le roi d'Assyrie: je suis prêt à te fournir deux mille chevaux, si tu peux trouver des cavaliers pour les monter. Mais comment pourrais-tu mettre en fuite un seul officier de mon maître, même parmi les moindres? Et tu comptes sur l'Égypte pour obtenir des chars et des chevaux! D'ailleurs, mon maître est-il venu attaquer ce pays et le dévaster sans que le Seigneur l'ait voulu? Pas du tout! C'est le Seigneur lui-même qui lui en a donné l'ordre.” » Alors Éliaquim, fils de Hilquia, Chebna et Yoa demandèrent à l'aide de camp assyrien: «Parle-nous en araméen, s'il te plaît, nous le comprenons. Évite de t'adresser à nous en hébreu, à cause de tous les gens qui sont sur la muraille en train de nous écouter.» Mais l'aide de camp lui répondit: «Croyez-vous que le message de mon maître soit destiné seulement à votre maître et à vous? Il concerne aussi tous ces gens qui se tiennent sur la muraille et qui, comme vous, n'auront bientôt plus que leurs excréments à manger et leur urine à boire!» Puis l'aide de camp se dressa et cria de toutes ses forces en hébreu: «Écoutez le message du Grand Roi, le roi d'Assyrie: “Ne vous laissez pas tromper par Ézékias: il est incapable de vous arracher à mon pouvoir. Il prétend qu'il faut faire confiance au Seigneur, que celui-ci vous sauvera sûrement et m'empêchera de prendre cette ville. N'en croyez rien. N'écoutez pas Ézékias, écoutez plutôt ce que je vous propose, moi le roi d'Assyrie: cessez toute résistance et rendez-vous à moi. Alors chacun de vous pourra profiter de sa vigne, de son figuier et de l'eau de sa citerne. Plus tard, je viendrai pour vous emmener dans un pays comme le vôtre, un pays riche en blé pour le pain, en vignes pour le vin, en oliviers pour l'huile, et même en miel. Ainsi, au lieu de mourir ici, vous pourrez vivre là-bas. N'écoutez donc pas Ézékias, car il vous égare lorsqu'il prétend que le Seigneur vous sauvera. Les dieux des autres nations m'ont-ils empêché de mettre la main sur leur pays? Qu'ont-ils fait, les dieux de Hamath et d'Arpad? Et ceux de Sefarvaïm, de Héna et d'Ava? Quelqu'un m'a-t-il empêché de prendre Samarie? Parmi tous ces dieux, aucun n'a pu m'interdire de mettre la main sur son pays. Comment le Seigneur m'empêcherait-il alors de prendre Jérusalem?” » Tous ceux qui étaient là gardaient le silence; ils ne répondirent pas un mot, car tel était l'ordre du roi Ézékias. Puis Éliaquim, fils de Hilquia et chef du palais royal, le secrétaire Chebna et Yoa, fils d'Assaf et porte-parole du roi, après avoir déchiré leurs vêtements, revinrent auprès d'Ézékias et lui rapportèrent ce que l'aide de camp assyrien avait déclaré. Dès que le roi Ézékias eut entendu leur rapport, il déchira lui aussi ses vêtements, prit la tenue de deuil et se rendit au temple du Seigneur. En même temps, il envoya le chef du palais Éliaquim, le secrétaire Chebna et les prêtres les plus anciens chez le prophète Ésaïe, fils d'Amots. Ces hommes, eux aussi en tenue de deuil, devaient dire au prophète: «Voici un message d'Ézékias: “Ce jour est pour nous un jour d'angoisse, de punition, d'humiliation. Comme on dit, l'enfant est à terme, mais la mère manque de force pour le mettre au monde. Le roi d'Assyrie a envoyé son aide de camp pour insulter le Dieu vivant. Ah, si seulement le Seigneur ton Dieu entendait toutes ces insultes et le punissait d'avoir ainsi parlé! Toi, prie le Seigneur en faveur de ce qui reste de son peuple.” » Quand les envoyés du roi Ézékias eurent accompli leur démarche auprès d'Ésaïe, celui-ci leur dit: «Allez rapporter à votre maître ce que déclare le Seigneur: “Tu as entendu les officiers du roi d'Assyrie m'insulter. N'aie pas peur de ce qu'ils ont dit. Le roi va recevoir une nouvelle; je lui inspirerai alors de retourner dans son pays. Et là-bas je le ferai mourir assassiné.” » L'aide de camp assyrien apprit que son maître avait quitté Lakich pour assiéger Libna; c'est donc là qu'il vint le trouver. Le roi d'Assyrie fut informé que le Pharaon Tiraca l'Éthiopien venait l'attaquer. Il fit alors porter ce nouveau message à Ézékias, le roi de Juda: «Tu comptes trop sur ton Dieu en prétendant qu'il m'empêchera de prendre Jérusalem; ne te laisse pas tromper par lui. Tu as bien appris comment les rois d'Assyrie ont traité tous les autres pays et les ont dévastés. Et tu t'imagines que vous serez épargnés? Quand mes prédécesseurs ont détruit Gozan, Haran, Ressef et la capitale des Édénites, Telassar, les dieux de ces nations n'ont pas pu préserver ces villes. Réfléchis au sort des rois de Hamath, Arpad, Laïr, Sefarvaïm, Héna et Ava!» Ézékias prit la lettre apportée par les messagers assyriens et la lut. Puis il monta au temple et la présenta au Seigneur. Ensuite il prononça cette prière: «Seigneur, Dieu d'Israël, toi qui sièges au-dessus des chérubins, c'est toi qui es le seul Dieu pour tous les royaumes du monde, c'est toi qui as fait le ciel et la terre. Seigneur, écoute bien, regarde attentivement, remarque les insultes que les messagers de Sennakérib ont prononcées contre toi, le Dieu vivant. Seigneur, c'est vrai, les rois d'Assyrie ont exterminé les autres nations et ravagé leur territoire. Ils ont pu mettre au feu et détruire les dieux de ces nations, parce que ce n'étaient pas de vrais dieux, mais seulement des statues de bois ou de pierre fabriquées par les hommes. Mais toi, Seigneur notre Dieu, sauve-nous maintenant des griffes de Sennakérib. Alors dans tous les royaumes du monde on saura, Seigneur, que toi seul es Dieu.» Alors Ésaïe, fils d'Amots, fit porter ce message à Ézékias: «Voici ce que déclare le Seigneur, le Dieu d'Israël: J'ai entendu la prière que tu m'as adressée au sujet du roi d'Assyrie, Sennakérib. Écoute les paroles que je prononce contre lui: La cité de Sion te méprise, elle te trouve ridicule. Jérusalem la belle rit de toi en hochant la tête. Qui as-tu insulté? Qui as-tu outragé? Contre qui as-tu osé parler et jeter un regard insolent? Contre moi, l'unique vrai Dieu, le Dieu d'Israël! Par l'intermédiaire de tes messagers, tu m'as insulté, moi le Seigneur. Tu as dit: “Moi Sennakérib, monté sur mon char, j'ai gravi des sommets, jusqu'au cœur du Liban, pour y couper ses plus beaux cèdres et ses plus hauts cyprès. J'atteindrai ses derniers sommets et son parc forestier. Moi, j'ai creusé des puits et j'ai bu l'eau des autres peuples. Je mettrai à sec les bras du Nil rien qu'en posant les pieds sur le sol égyptien!” Eh bien, Sennakérib, ne le sais-tu pas? Depuis longtemps, c'est moi qui ai préparé ces événements, depuis un lointain passé j'en ai formé le plan, maintenant je les réalise. Je t'avais destiné à réduire en tas de ruines les villes fortifiées. Leurs habitants, les bras ballants, sont paralysés de peur et se sentent humiliés. Ils font penser à l'herbe des champs, à la verdure des prés, aux plantes sur les toits, qui sèchent avant d'avoir fini de pousser. Et je sais tout de toi: je sais quand tu t'assieds, quand tu sors ou quand tu entres, et quand tu t'emportes contre moi. Or tu t'es emporté contre moi; j'ai entendu tes insolences. C'est pourquoi je vais te maîtriser par un crochet dans le nez, par un mors dans la bouche. Je te ramènerai chez toi par le chemin que tu as pris pour venir. Quant à toi, Ézékias, je te signale ce qui doit arriver: cette année, on consommera le blé qui aura poussé tout seul; l'année prochaine également. Mais l'année suivante, vous pourrez semer et moissonner votre blé, cultiver vos vignes et profiter de la vendange. Les survivants du royaume de Juda seront de nouveau comme un arbre qui enfonce ses racines dans le sol et dont les branches se couvrent de fruits. Oui, à Jérusalem surgira un peuple de survivants, sur le mont Sion se lèveront des rescapés.» Ésaïe ajouta: «Voilà ce que fera le Seigneur dans son ardent amour. Et maintenant, voici ce qu'il déclare au sujet du roi d'Assyrie: “Il n'entrera pas dans cette ville, il ne tirera pas de flèches contre elle, il ne lancera pas d'attaque à l'abri des boucliers, il n'élèvera pas de remblai pour donner l'assaut. Il repartira par le chemin qu'il avait pris pour venir. Il n'entrera pas ici, je le déclare, moi le Seigneur. Je protégerai Jérusalem et je la sauverai, parce que je suis Dieu, et par fidélité à David mon serviteur.” » La nuit suivante, l'ange du Seigneur intervint dans le camp assyrien et y fit mourir 185 000 hommes. Le matin les survivants, à leur réveil, découvrirent tous ces cadavres. Alors Sennakérib, le roi d'Assyrie, fit démonter le camp et repartit pour Ninive, sa capitale, où il resta. Un jour qu'il était en prière au temple de son dieu Nisrok, deux de ses fils, Adrammélek et Saresser, l'assassinèrent; puis ils s'enfuirent au pays d'Ararat. Un autre de ses fils, Assarhaddon, lui succéda. A cette époque le roi Ézékias fut atteint d'une maladie mortelle. Le prophète Ésaïe, fils d'Amots, vint le voir et lui dit: «Voici ce que le Seigneur déclare: C'est le moment pour toi de régler tes affaires, car tu ne survivras pas à ta maladie.» Alors Ézékias se tourna contre le mur et adressa au Seigneur cette prière: «Ah! Seigneur, souviens-toi: je me suis conduit envers toi avec une entière loyauté, j'ai toujours agi de manière à te plaire!» Puis il ne put retenir ses larmes. Cependant Ésaïe n'était pas encore arrivé dans la cour intérieure du palais, que le Seigneur lui ordonna de retourner auprès d'Ézékias, le chef du peuple de Dieu, pour lui dire: «Voici ce que déclare le Seigneur, le Dieu de ton ancêtre David: “J'ai entendu ta prière et j'ai vu tes larmes. Eh bien, je vais te guérir; dès après-demain, tu pourras de nouveau te rendre au temple du Seigneur. Je vais même prolonger ta vie de quinze ans! Je vous arracherai, toi et Jérusalem, aux griffes du roi d'Assyrie. Je protégerai cette ville, parce que je suis Dieu, et par fidélité à David mon serviteur.” » Ésaïe fit préparer une pâte de figues écrasées; on la mit sur l'endroit malade, pour que le roi guérisse. Alors Ézékias demanda au prophète: «Quel signe m'assurera que le Seigneur me guérira, et qu'après-demain je pourrai de nouveau me rendre au temple du Seigneur?» Ésaïe lui dit: «Le Seigneur va t'accorder un signe pour t'assurer qu'il réalisera ce qu'il a promis: l'ombre va se déplacer de dix marches sur l'escalier d'Ahaz: préfères-tu qu'elle avance ou qu'elle recule?» – «Il serait plus facile que l'ombre avance de dix marches, répondit Ézékias; je préfère qu'elle recule.» Alors le prophète Ésaïe pria le Seigneur, et celui-ci fit reculer l'ombre de dix marches sur l'escalier. A cette époque, le roi de Babylone, Mérodak-Baladan, fils de Baladan, apprit qu'Ézékias avait été malade. Il lui envoya des ambassadeurs, porteurs d'une lettre et d'un cadeau. Ézékias les accueillit, puis leur fit visiter tout le bâtiment où l'on gardait les objets de valeur, argent, or, parfums et huiles aromatiques. Il leur montra également son dépôt d'armes et tout ce qui se trouvait dans ses réserves. Il ne leur cacha absolument rien, ni dans son palais, ni dans l'ensemble de son royaume. Après cela, le prophète Ésaïe vint trouver le roi Ézékias et lui demanda: «Que t'ont dit ces gens? Et d'abord, d'où venaient-ils?» – «Ils venaient de très loin, de Babylone», répondit Ézékias. Ésaïe reprit: «Et qu'ont-ils vu dans ton palais?» – «Tout ce qui s'y trouve, dit Ézékias; je ne leur ai rien caché de mes trésors.» Alors Ésaïe dit à Ézékias: «Écoute ce qu'annonce le Seigneur: “Un jour, tout ce qui se trouve maintenant dans ton palais, tout ce que tes prédécesseurs y ont amassé, tout cela sera emporté à Babylone. Il n'en restera rien ici, déclare le Seigneur. On emmènera même certains de tes descendants pour en faire des eunuques au service du roi dans le palais de Babylone.” » Ézékias répondit à Ésaïe: «C'est une bonne chose que tu m'annonces de la part du Seigneur.» Il se disait en effet: «Tant que je serai en vie, nous aurons la paix et la sécurité.» Le reste de l'histoire d'Ézékias est contenu dans le livre intitulé Actes des rois de Juda; on y raconte le courage qu'il a montré, et comment il a fait construire un réservoir et creuser un canal pour amener l'eau dans la ville de Jérusalem. Lorsqu'il mourut, ce fut son fils Manassé qui lui succéda. Manassé avait douze ans lorsqu'il devint roi; il régna cinquante-cinq ans à Jérusalem. Sa mère s'appelait Hefsi-Ba. Il fit ce qui déplaît au Seigneur, imitant toutes les pratiques abominables des nations que le Seigneur avait chassées du pays pour faire place au peuple d'Israël. Il rétablit les lieux sacrés que son père Ézékias avait détruits, il dressa des autels en l'honneur du dieu Baal, fabriqua un poteau sacré, comme l'avait fait autrefois Achab, roi d'Israël, et rendit un culte aux astres. Il dressa d'autres autels païens dans le temple de Jérusalem, au sujet duquel le Seigneur avait déclaré: «C'est là que je manifesterai ma présence.» Dans les deux cours du temple aussi, il dressa des autels en l'honneur des astres. Il alla même jusqu'à offrir son fils en sacrifice, à pratiquer diverses formes de magie et à consulter ceux qui interrogent les esprits des morts; il fit de plus en plus ce qui déplaît au Seigneur et l'irrita. Il fabriqua en outre une statue de la déesse Achéra et la plaça dans le temple. Pourtant le Seigneur avait déclaré à David et à son fils Salomon: «Ici, dans le temple de Jérusalem, ville que j'ai choisie parmi toutes celles des douze tribus d'Israël, je manifesterai pour toujours ma présence. Si le peuple d'Israël observe tous mes commandements et toute la loi que mon serviteur Moïse lui a transmise, je ne l'obligerai plus à errer loin du pays que j'ai donné à ses ancêtres ». Mais les gens de Juda n'obéirent pas au Seigneur; au contraire, Manassé les incita à se conduire encore plus mal que les anciens habitants du pays, que le Seigneur avait exterminés pour faire place à son peuple. Alors le Seigneur chargea ses serviteurs les prophètes de dire: «Le roi Manassé a commis tous ces actes abominables; il s'est conduit encore plus mal que les Amorites autrefois; par ses idoles, il a même poussé les gens de Juda à pécher; c'est pourquoi, voici ce que déclare le Seigneur, le Dieu d'Israël: “Je vais frapper Jérusalem et tout Juda d'un malheur tel qu'il fera l'effet d'un coup de tonnerre sur ceux qui l'apprendront. Je vais détruire Jérusalem comme j'ai détruit Samarie et la famille d'Achab; je vais nettoyer Jérusalem de ses habitants, comme un plat qu'on nettoie puis retourne. J'abandonnerai ceux de mon peuple qui auront survécu; je les livrerai au pouvoir de leurs ennemis, qui les dépouilleront de tout en pillant leur pays. J'agirai ainsi parce que mon peuple n'a pas cessé de faire ce qui me déplaît et de m'irriter, depuis le jour où ses ancêtres sont sortis d'Égypte jusqu'à maintenant.” » Le roi Manassé fit périr de si nombreuses personnes innocentes que la ville de Jérusalem fut remplie de sang; ces crimes s'ajoutaient à tous les péchés dans lesquels il entraîna le peuple de Juda, en le poussant à faire ce qui déplaît au Seigneur. Le reste de l'histoire de Manassé est contenu dans le livre intitulé Actes des rois de Juda; on y raconte tout ce qu'il a fait et la façon dont il a péché. Lorsque Manassé mourut, on l'enterra dans le jardin du palais, appelé aussi “Jardin d'Ouza”; ce fut son fils Amon qui lui succéda. Amon avait vingt-deux ans lorsqu'il devint roi; il régna deux ans à Jérusalem. Sa mère s'appelait Mechoullémeth, et elle était fille de Harous, de Yotba. Amon fit ce qui déplaît au Seigneur, comme son père Manassé. Il se conduisit aussi mal que lui; comme lui, il adora les idoles. Il ne se conduisit pas comme le Seigneur le désire; au contraire, il se détourna du Seigneur, le Dieu de ses ancêtres. Les officiers d'Amon complotèrent contre lui et l'assassinèrent dans son palais. Mais les citoyens de Juda firent mourir ceux qui avaient comploté contre le roi et désignèrent son fils Josias pour lui succéder. Tout le reste de l'histoire d'Amon est contenu dans le livre intitulé Actes des rois de Juda. On l'enterra dans son tombeau, au “Jardin d'Ouza”, et ce fut donc son fils Josias qui lui succéda. Josias avait huit ans lorsqu'il devint roi; il régna trente et un ans à Jérusalem. Sa mère s'appelait Yedida, et elle était fille d'un nommé Adaya, de Boscath. Josias fit ce qui plaît au Seigneur; il se conduisit tout comme son ancêtre David, sans jamais s'écarter de son exemple. Un jour de la dix-huitième année de son règne, Josias envoya le secrétaire Chafan, fils d'Assalia et petit-fils de Mechoullam, au temple du Seigneur. «Va trouver le grand-prêtre Hilquia, lui dit-il; demande-lui de compter l'argent que les fidèles ont donné pour le temple et que les prêtres gardiens de l'entrée ont récolté. Mais qu'on ne leur demande pas de comptes au sujet de cet argent, car ils agissent honnêtement.» Après avoir reçu ce message, le grand-prêtre annonça à Chafan qu'il avait trouvé le livre de la loi dans le temple du Seigneur, et il le lui donna. Chafan le lut, puis retourna faire son rapport au roi: «Les prêtres, dit-il, ont vidé le coffre du temple, et ont remis l'argent aux entrepreneurs chargés des réparations.» Puis il ajouta: «Le grand-prêtre Hilquia m'a donné ce livre.» Et il le lut au roi. Dès que le roi Josias eut entendu ce que contenait le livre de la loi, il fut si bouleversé qu'il déchira ses vêtements. Il convoqua le grand-prêtre, Hilquia, Ahicam, fils de Chafan, Akbor, fils de Mikaya, le secrétaire Chafan et Assaya, l'un de ses ministres, et leur dit: «Allez consulter le Seigneur pour moi et pour le peuple de Juda, sur le contenu de ce livre qu'on vient de trouver. En effet, nos ancêtres n'ont pas obéi aux commandements qui y sont écrits et, par conséquent, la colère du Seigneur contre nous doit être très grande.» Le grand-prêtre Hilquia, Ahicam, Akbor, Chafan et Assaya se rendirent donc chez la prophétesse Houlda, qui habitait le Quartier Neuf de Jérusalem. Son mari, un certain Challoum, fils de Ticva et petit-fils de Haras, était le responsable des vêtements sacrés du temple. Ces hommes exposèrent la situation à la prophétesse. Alors Houlda les chargea de rapporter le message suivant au roi: «Voici ce que déclare le Seigneur, le Dieu d'Israël: “Je vais frapper d'un malheur Jérusalem et ses habitants, comme cela est écrit dans le livre que le roi de Juda a lu. Les gens de Jérusalem m'ont abandonné, ils ont offert des sacrifices à d'autres dieux; tout ce qu'ils ont fait m'a irrité. C'est pourquoi ma colère contre cette ville est grande, et elle n'est pas près de s'apaiser. Quant au roi lui-même, qui vous a envoyés me consulter, voici ce que je lui déclare, moi, le Seigneur, le Dieu d'Israël: Tu as entendu le message de ce livre. Tu as écouté attentivement ce que j'ai dit au sujet de Jérusalem et de ses habitants: leur sort sera si terrible que leur nom servira dans les formules de malédiction. Tu t'es alors repenti, tu as reconnu tes fautes devant moi, tu as déchiré tes vêtements et versé des larmes. Eh bien, moi aussi je t'ai entendu, je te l'affirme, et c'est pourquoi je te laisserai mourir en paix; tu seras déposé dans ta tombe sans avoir vu tous les malheurs dont je vais frapper Jérusalem.” » Le grand-prêtre Hilquia et ses compagnons rapportèrent ce message au roi Josias. Aussitôt, le roi convoqua auprès de lui tous les anciens de Juda et de Jérusalem. Ils se rendirent ensemble au temple du Seigneur, accompagnés de la population de Jérusalem et de Juda, prêtres, prophètes et gens de toutes conditions. Puis le roi leur lut à tous le livre de l'alliance découvert dans le temple. Il se tint ensuite près de la colonne du temple et renouvela l'alliance avec le Seigneur; chacun devait s'engager à être fidèle au Seigneur, à obéir de tout son cœur et de toute son âme à ses commandements, à ses enseignements et à ses prescriptions, et à mettre en pratique tout ce qui est écrit dans le livre de l'alliance. Tout le peuple accepta cet engagement. Ensuite le roi ordonna au grand-prêtre Hilquia, à ses adjoints et aux prêtres gardiens de l'entrée du temple de débarrasser le sanctuaire de tous les objets servant au culte de Baal, d'Achéra et des astres; on brûla ces objets en dehors de Jérusalem, dans la vallée du Cédron, et on en porta les cendres à Béthel. Josias renvoya les faux prêtres que les rois de Juda avaient désignés pour offrir des sacrifices dans les lieux sacrés des villes de Juda et des environs de Jérusalem; il les renvoya, parce qu'ils offraient des sacrifices à Baal, au Soleil, à la Lune, aux signes du zodiaque et à tous les autres astres. Il fit enlever du temple le poteau sacré d'Achéra; on le porta hors de Jérusalem pour le brûler dans la vallée du Cédron; on le réduisit complètement en cendres et l'on répandit celles-ci sur le terrain servant de cimetière populaire. Josias fit encore démolir les locaux, proches du temple, où l'on pratiquait la prostitution sacrée et où des femmes tissaient des vêtements pour le culte d'Achéra. Ensuite Josias fit venir à Jérusalem tous les prêtres qui, de Guéba à Berchéba, officiaient dans les villes de Juda, et il rendit inutilisables les lieux sacrés où ils offraient des sacrifices. A Jérusalem, on démolit les autels situés près des portes de la ville, entre autres celui qui se trouvait à la porte de Yochoua, gouverneur de la ville, à gauche en entrant. Cependant les prêtres qui avaient officié dans les lieux sacrés ne furent pas autorisés à offrir des sacrifices sur l'autel du Seigneur, à Jérusalem; mais ils pouvaient manger des pains sans levain, tout comme les autres prêtres. Josias rendit inutilisable le brûloir du Tofeth, dans la vallée de Hinnom, afin que les gens n'y brûlent plus leur fils ou leur fille en sacrifice au dieu Molek. Il supprima les chevaux que les rois de Juda avaient consacrés au culte du Soleil. Ces chevaux se trouvaient à côté de l'entrée du temple, dans les bâtiments annexes, près de la chambre du fonctionnaire Netan-Mélek. Josias fit brûler les chars du Soleil. Il démolit les autels que les rois de Juda avaient dressés sur le toit plat des appartements d'Ahaz, ainsi que ceux dressés par Manassé dans les deux cours du temple; il les fit mettre en pièces sur place, et fit jeter les débris dans la vallée du Cédron. Il rendit inutilisables les lieux sacrés que le roi Salomon avait installés au sud du mont des Oliviers, la colline qui fait face à Jérusalem; ces lieux sacrés étaient dédiés à Astarté, l'ignoble déesse des Sidoniens, à Kemoch, l'ignoble dieu des Moabites, et à Milkom, l'abominable dieu des Ammonites. Josias fit briser les pierres dressées, couper les poteaux sacrés, et recouvrir les emplacements sacrés avec des ossements humains. Josias démolit aussi le lieu sacré de Béthel, que Jéroboam, fils de Nebath, avait installé pour entraîner le peuple d'Israël dans le péché; il incendia le lieu sacré, démolit l'autel, brûla le poteau sacré et réduisit le tout en poussière. A cette occasion, Josias, s'étant retourné, vit le cimetière qui se trouvait sur la colline; alors il envoya des gens prendre des ossements dans les tombes, pour les brûler sur l'autel et le rendre ainsi inutilisable, conformément à ce qu'avait dit le prophète du Seigneur, lorsque le roi Jéroboam se tenait devant l'autel, au cours de la fête. Puis Josias se retourna et vit le tombeau de ce prophète du Seigneur et il demanda: «Quelle est donc cette pierre tombale que je vois là-bas?» Des habitants de la ville lui répondirent: «C'est la tombe du prophète venu de Juda, celui qui avait annoncé tout ce que tu viens de faire à cet autel, ici.» Alors Josias ordonna: «Laissez cette tombe! Que personne ne touche aux ossements de ce prophète!» C'est ainsi que l'on épargna ses ossements, tout comme ceux du prophète venu de Samarie. Les rois d'Israël avaient irrité le Seigneur en construisant des lieux de culte païens dans les villes de la Samarie. Josias en détruisit aussi tous les bâtiments, exactement comme il l'avait fait à Béthel. Sur les autels, il égorgea les prêtres mêmes qui y avaient officié, et il brûla des ossements humains. Ensuite Josias retourna à Jérusalem. Le roi Josias ordonna au peuple tout entier de célébrer la fête de la Pâque en l'honneur du Seigneur leur Dieu, comme le livre de l'alliance le commande. En effet, depuis l'époque où Israël était gouverné par les Juges, et pendant tout le temps où des rois régnaient sur Israël et sur Juda, on n'avait pas célébré une fête de la Pâque comme celle-ci. Mais alors on la célébra à Jérusalem en l'honneur du Seigneur, pendant la dix-huitième année du règne de Josias. Pour obéir aux ordres du livre de la loi, trouvé par le grand-prêtre Hilquia dans le temple du Seigneur, Josias élimina de Jérusalem et du pays de Juda les gens qui interrogeaient les esprits des morts, et il fit détruire les statuettes sacrées, les idoles et autres objets de culte païens. En résumé, il n'y avait pas eu avant Josias de roi comme lui, qui se soit attaché au Seigneur de tout son cœur, de toute son âme et de toute sa force, comme la loi de Moïse le commande; et après lui, il n'y en a pas eu non plus. Cependant la colère du Seigneur à l'égard du royaume de Juda était si grande qu'il refusa de se laisser apaiser, tant le roi Manassé l'avait irrité. Et c'est pourquoi il déclara: «De même qu'autrefois je n'ai plus voulu voir devant moi les gens du royaume d'Israël, de même je ne veux plus voir ceux du royaume de Juda. Je vais rejeter Jérusalem, cette ville que j'avais choisie, et le temple, où j'avais promis de manifester ma présence.» Tout le reste de l'histoire de Josias est contenu dans le livre intitulé Actes des rois de Juda. C'est pendant son règne que le Pharaon Néco, roi d'Égypte, conduisit son armée vers l'Euphrate pour secourir le roi d'Assyrie; le roi Josias alla à sa rencontre, mais Néco le fit mourir, à Méguiddo, dès qu'il le vit. Ses officiers transportèrent son corps sur un char de Méguiddo à Jérusalem, où on l'enterra dans son tombeau. Ensuite les citoyens de Juda choisirent Joachaz, fils de Josias, et le consacrèrent comme roi pour succéder à son père. Joachaz avait vingt-trois ans lorsqu'il devint roi; il ne régna que trois mois à Jérusalem. Sa mère s'appelait Hamoutal, et elle était fille d'Irméya, de Libna. Joachaz fit ce qui déplaît au Seigneur, tout comme ses ancêtres. Le Pharaon Néco l'emmena prisonnier à Ribla, au pays de Hamath et mit ainsi fin à son règne; en même temps, Néco exigea du pays de Juda une redevance de trois mille kilos d'argent et trente kilos d'or. Ensuite il désigna Éliaquim, fils de Josias, comme roi pour succéder à son père, et changea son nom en Joaquim. Quant à Joachaz, il l'emmena en Égypte où il mourut. Joaquim dut prélever des impôts dans son royaume afin de verser au Pharaon ce qu'il exigeait; lorsque chaque citoyen eut payé sa part, Joaquim put remettre l'argent et l'or à Néco. Joaquim avait vingt-cinq ans lorsqu'il devint roi; il régna onze ans à Jérusalem. Sa mère s'appelait Zéboudda, et elle était fille de Pedaya, de Rouma. Joaquim fit ce qui déplaît au Seigneur, tout comme ses ancêtres. C'est pendant son règne que Nabucodonosor, roi de Babylone, envahit le pays de Juda; Joaquim dut se soumettre à lui. Mais au bout de trois ans, il se révolta. Alors le Seigneur envoya contre Joaquim des bandes de pillards babyloniens, syriens, moabites et ammonites, qui dévastèrent le royaume de Juda, conformément à ce que les prophètes avaient annoncé de la part du Seigneur. Ce fut le Seigneur qui provoqua ces malheurs dans le royaume de Juda, parce qu'il ne voulait plus le voir devant lui. En effet, le roi Manassé avait tellement péché, il avait fait mourir de si nombreuses personnes innocentes et avait rempli la ville de Jérusalem de tant de crimes, que le Seigneur ne voulut plus rien pardonner. Tout le reste de l'histoire de Joaquim est contenu dans le livre intitulé Actes des rois de Juda. Lorsque Joaquim mourut, ce fut son fils Joakin qui lui succéda. Quant au roi d'Égypte, il n'osa plus sortir de son pays, car le roi de Babylone s'était emparé de tous les territoires précédemment soumis à la domination égyptienne, entre la frontière nord de l'Égypte et l'Euphrate, le fleuve de Babylone. Joakin avait dix-huit ans lorsqu'il devint roi; il ne régna que trois mois à Jérusalem. Sa mère s'appelait Nehoucheta, et elle était fille d'Elnatan, de Jérusalem. Joakin fit ce qui déplaît au Seigneur, tout comme son père. A cette époque-là, l'armée babylonienne, commandée par les officiers du roi Nabucodonosor, vint assiéger Jérusalem. Pendant le siège, Nabucodonosor vint lui-même sur place. Alors le roi Joakin sortit de la ville avec sa mère, ses officiers, ses hauts fonctionnaires et ses hommes de confiance, et il se rendit au roi de Babylone. Celui-ci les fit prisonniers. C'était la huitième année du règne de Nabucodonosor. Conformément à ce que le Seigneur avait annoncé, Nabucodonosor emporta tous les trésors du temple et du palais, et mit en pièces tous les ustensiles d'or que le roi Salomon avait fait fabriquer pour le culte du temple. Il déporta la population de Jérusalem, les hauts fonctionnaires, les personnages importants, en tout dix mille personnes, sans compter les artisans et les serruriers. Il ne laissa sur place que les habitants les plus pauvres. Il déporta à Babylone le roi Joakin, sa mère, ses épouses et ses hommes de confiance, avec les chefs de Juda. Il emmena donc à Babylone tous les personnages importants, soit sept mille hommes, ainsi que les artisans et serruriers, soit mille hommes, car tous ces gens étaient aptes au service militaire. Ensuite Nabucodonosor désigna Mattania, oncle de Joakin, comme roi, et changea son nom en Sédécias. Sédécias avait vingt et un ans lorsqu'il devint roi; il régna onze ans à Jérusalem. Sa mère s'appelait Hamoutal; elle était fille d'Irméya, de Libna. Sédécias fit ce qui déplaît au Seigneur, tout comme Joaquim. Ce fut le Seigneur qui, dans sa colère, provoqua les malheurs de Jérusalem et du royaume de Juda, et qui finit par rejeter son peuple loin de lui. Sédécias se révolta contre le roi Nabucodonosor de Babylone. Celui-ci vint alors à Jérusalem avec toute son armée et installa son camp devant la ville; les Babyloniens entourèrent la ville de tranchées. C'était la neuvième année du règne de Sédécias, le dixième jour du dixième mois. Le siège dura jusqu'à la onzième année de son règne. La famine devint terrible dans la ville; il n'y avait plus de quoi nourrir la population. Le neuvième jour du quatrième mois, les Babyloniens ouvrirent une brèche dans la muraille de la ville. A la nuit tombée, les combattants de Juda s'enfuirent. Malgré les Babyloniens qui encerclaient Jérusalem, ils passèrent par la porte située entre les deux murailles, près du jardin du roi. Le roi Sédécias prit alors le chemin qui mène à la vallée du Jourdain. Mais les troupes babyloniennes se lancèrent à sa poursuite et le rattrapèrent dans la plaine de Jéricho; toute son armée l'avait abandonné. Les Babyloniens le firent prisonnier et le conduisirent au roi de Babylone, qui se trouvait à Ribla. C'est là que les Babyloniens rendirent leur jugement contre Sédécias. On exécuta les fils de Sédécias en présence de leur père. Après quoi Nabucodonosor fit crever les yeux de Sédécias, et l'envoya solidement enchaîné à Babylone. La dix-neuvième année du règne de Nabucodonosor, roi de Babylone, le septième jour du cinquième mois, Nebouzaradan fit son entrée à Jérusalem; c'était le chef des gardes, un officier du roi de Babylone. Il incendia le temple, le palais royal et les maisons de la ville, en particulier toutes celles des personnages de haut rang. Les troupes babyloniennes, qui accompagnaient le chef des gardes, démolirent les murailles qui entouraient Jérusalem. Ensuite Nebouzaradan déporta à Babylone les habitants qui étaient demeurés dans la ville, tant ceux qui s'étaient rendus aux Babyloniens que le reste de la population. Mais il laissa une partie des gens les plus pauvres pour cultiver les vignes et les champs. Les Babyloniens mirent en pièces les colonnes de bronze qui se trouvaient à l'entrée du temple, ainsi que les chariots et la grande cuve de bronze placés dans la cour. Ils emportèrent tout ce bronze à Babylone. Ils prirent aussi tous les objets de bronze qui servaient pour le culte: récipients à cendres, pelles, mouchettes et coupes. Le chef des gardes prit encore tous les objets d'or et d'argent, tels que cassolettes et bols à aspersion. Il fut impossible de peser tout le bronze provenant des objets que le roi Salomon avait fait confectionner pour le temple du Seigneur: les deux colonnes, la grande cuve ronde et les chariots. Par exemple, les colonnes avaient chacune neuf mètres de haut; elles étaient surmontées chacune d'un chapiteau de bronze, haut d'un mètre et demi, et décoré tout autour d'une sorte de filet de bronze, et de fruits de grenadiers, également en bronze. Les deux colonnes étaient identiques, ainsi que les filets. Le chef des gardes fit arrêter le grand-prêtre Seraya, son adjoint Sefania, et les trois prêtres gardiens de l'entrée du temple. Il fit arrêter également un fonctionnaire responsable du personnel militaire, puis cinq personnes de la cour du roi, le secrétaire chargé du recrutement des soldats – c'était un chef de l'armée –, et soixante citoyens de Juda; tous ces gens se trouvaient alors à Jérusalem. Nebouzaradan les conduisit auprès du roi de Babylone, à Ribla. Celui-ci les fit exécuter sur place, au pays de Hamath. C'est ainsi que le peuple de Juda fut déporté loin de son territoire. Le roi Nabucodonosor de Babylone avait laissé une partie de la population dans le pays de Juda. Il désigna pour gouverner ces gens un certain Guedalia, fils d'Ahicam et petit-fils de Chafan. Lorsque les officiers et les soldats judéens qui ne s'étaient pas rendus aux Babyloniens apprirent cette décision de Nabucodonosor, ils allèrent trouver Guedalia à Mispa. Les officiers étaient Ismaël, fils de Netania, Yohanan, fils de Caréa, Seraya, fils de Tanehoumeth, de Netofa, et Yazania, de Maaka. Guedalia leur dit à tous: «Je vous promets que vous n'avez rien à craindre de la part des Babyloniens; installez-vous dans le pays et soumettez-vous au roi de Babylone; vous y trouverez votre avantage.» Mais au septième mois de cette année-là, Ismaël, fils de Netania et petit-fils d'Élichama, qui était de la famille royale, vint à Mispa avec dix hommes; ils frappèrent à mort Guedalia, de même que les Judéens et les Babyloniens qui étaient chez lui. Alors l'ensemble de la population et les officiers gagnèrent l'Égypte, car ils eurent peur des Babyloniens. Trente-sept ans après la déportation du roi Joakin, de Juda, Évil-Mérodak devint roi de Babylone. Le vingt-septième jour du douzième mois de cette année-là, il accorda sa grâce à Joakin et le fit sortir de prison; il lui parla avec bonté et lui attribua un rang supérieur à celui des autres rois qui se trouvaient avec lui à Babylone. Joakin fut autorisé à ne plus porter la tenue des prisonniers, et désormais il prit toujours ses repas à la table du roi de Babylone. C'est ainsi que chaque jour jusqu'à sa mort, Joakin reçut du roi de Babylone ce qui était nécessaire à son entretien. Adam fut le père de Seth, Seth celui d'Énos, Énos de Quénan, Quénan de Malaléel, Malaléel de Yéred, Yéred de Hénok, Hénok de Matusalem, Matusalem de Lémek, et Lémek de Noé. Noé fut le père de Sem, Cham et Japhet. Fils de Japhet: Gomer, Magog, Madaï, Yavan, Toubal, Méchek et Tiras. Fils de Gomer: Achekénaz, Difath et Togarma. Fils de Yavan: Élicha, Tarsis, Kittim et Rodanim. Fils de Cham: Kouch, Misraïm, Pouth et Canaan. Fils de Kouch: Séba, Havila, Sabta, Ragma et Sabteka; fils de Ragma: Saba et Dédan. Kouch fut aussi le père de Nemrod, qui a été le premier souverain sur la terre. Misraïm fut l'ancêtre des gens de Loud, Anem, Lehab, Naftou, Patros, Kaslou – d'où sont issus les Philistins – et Kaftor. Canaan fut le père de Sidon, son fils aîné, et de Heth, et l'ancêtre des Jébusites, Amorites, Guirgachites, Hivites, Arquites, Sinites, Arvadites, Semarites et Hamatites. Fils de Sem: Élam, Assour, Arpaxad, Loud, Aram, Ous, Houl, Guéter et Méchek. Arpaxad fut le père de Chéla, et Chéla celui d'Éber. Éber eut deux fils: le premier s'appelait Péleg, ce qui signifie “Division”, parce qu'à l'époque où il vécut, la population de la terre se divisa; son frère s'appelait Yoctan. Yoctan fut le père d'Almodad, Chélef, Hassarmaveth, Yéra, Hadoram, Ouzal, Dicla, Ébal, Abimaël, Saba, Ofir, Havila et Yobab; tous ceux-là furent les fils de Yoctan. Sem fut le père d'Arpaxad, Arpaxad celui de Chéla, Chéla d'Éber, Éber de Péleg, Péleg de Réou, Réou de Seroug, Seroug de Nahor, Nahor de Téra, Téra d'Abram, lequel reçut plus tard le nom d'Abraham. Fils d'Abraham: Isaac et Ismaël. Voici la liste de leurs descendants: D'Ismaël sont nés Nebayoth, l'aîné, Quédar, Adbéel, Mibsam, Michema, Douma, Massa, Hadad, Téma, Yetour, Nafich et Quedma; tels furent les fils d'Ismaël. Quetoura, épouse de second rang d'Abraham, mit au monde Zimran, Yoxan, Medan, Madian, Ichebac et Choua. Fils de Yoxan: Saba et Dédan. Fils de Madian: Éfa, Éfer, Hanok, Abida et Elda. Tous ceux-là furent les descendants de Quetoura. Abraham fut le père d'Isaac. Fils d'Isaac: Ésaü et Israël. Fils d'Ésaü: Élifaz, Réouel, Yéouch, Yalam et Cora. Fils d'Élifaz: Téman, Omar, Sefi, Gatam, Quenaz, Timna et Amalec. Fils de Réouel: Nahath, Zéra, Chamma et Miza. Fils de Séir: Lotan, Chobal, Sibéon – qui fut le père d'Ana et le grand-père de Dichon –, Esser et Dichan. Fils de Lotan: Hori et Homam – Lotan avait une sœur, Timna. Fils de Chobal: Alian, Manahath, Ébal, Chefi et Onam. Fils de Sibéon: Aya et Ana. Fils d'Ana: Dichon; fils de Dichon: Hamran, Ècheban, Itran et Keran. Fils d'Esser: Bilehan, Zavan et Yakan. Fils de Dichan: Ous et Aran. Après la mort du roi Hadad, Édom fut gouverné par des chefs de clans. En voici la liste: Timna, Alva, Yéteth, Oholibama, Éla, Pinon, Quenaz, Téman, Mibsar, Magdiel et Iram. Tels furent les chefs de clans d'Édom. Voici la liste des fils de Jacob – appelé aussi Israël –: Ruben, Siméon, Lévi, Juda, Issakar, Zabulon, Dan, Joseph, Benjamin, Neftali, Gad et Asser. Juda eut trois fils de son épouse cananéenne, la fille de Choua. Ce furent Er, Onan et Chéla. Er, l'aîné, déplut tellement au Seigneur qu'il le fit mourir. Plus tard, Juda eut de sa belle-fille Tamar deux autres fils, Pérès et Zéra. Il eut donc cinq fils en tout. Fils de Pérès: Hesron et Hamoul. Fils de Zéra: Zimri, Étan, Héman, Kalkol et Dara, cinq en tout. Fils de Karmi: Akar. C'est lui qui attira le malheur sur Israël en gardant pour lui une partie du butin réservé à Dieu. Fils d'Étan: Azaria. Fils de Hesron: Yeraméel, Ram et Caleb, appelé aussi Keloubaï. Ram fut le père d'Amminadab, Amminadab celui de Nachon, chef de la tribu de Juda; Nachon fut le père de Salma, Salma celui de Booz, Booz d'Obed et Obed de Jessé. Jessé fut le père de sept fils. Ce furent, dans l'ordre, Éliab, Abinadab, Chamma, Netanéel, Raddaï, Ossem et David; leurs sœurs étaient Serouia et Abigal. Fils de Serouia: Abichaï, Joab et Assaël, trois en tout. Abigal eut un fils, Amassa, dont le père était Yéter l'Ismaélite. Caleb, fils de Hesron, eut trois fils de ses femmes Azouba et Yerioth: Yécher, Chobab et Ardon. Après la mort d'Azouba, Caleb prit pour femme Éfrata, qui lui donna un fils, Hour. Hour fut le père d'Ouri, et Ouri celui de Bessalel. A l'âge de soixante ans, Hesron épousa la fille de Makir, père de Galaad; il en eut un fils, Segoub. Segoub fut le père de Yaïr, qui posséda vingt-trois localités du territoire de Galaad. Mais les rois de Guéchour et d'Aram s'emparèrent des villages de Yaïr, ainsi que de la ville de Quenath et des villages voisins, au total soixante localités. Tous ceux qui y habitaient étaient les descendants de Makir, père de Galaad. Après la mort de Hesron, dont la femme était Abia, Caleb s'unit de nouveau à Éfrata, qui lui donna un fils, Achehour; celui-ci fut le fondateur de Técoa. Le fils aîné de Hesron, Yeraméel, eut plusieurs fils: Ram, le premier-né, puis Bouna, Oren, Ossem et Ahia. Yeraméel eut une autre épouse, Atara, qui fut la mère d'Onam. Fils de Ram, l'aîné de Yeraméel: Maas, Yamin et Équer. Fils d'Onam: Chammaï et Yada. Fils de Chammaï: Nadab et Abichour. Abichour épousa Abihaïl qui lui donna Aban et Molid. Fils de Nadab: Séled et Appaïm. Séled mourut sans enfant. Fils d'Appaïm: Ichéi; fils d'Ichéi: Chéchan; fils de Chéchan: Alaï. Fils de Yada, le frère de Chammaï: Yéter et Yonatan. Yéter mourut sans enfant. Fils de Yonatan: Péleth et Zaza. Tels furent les descendants de Yeraméel. Chéchan n'eut pas de fils, mais seulement des filles. Il avait un serviteur égyptien, Yara, à qui il donna une de ses filles en mariage. Celle-ci mit au monde un fils, Attaï. Attaï fut le père de Natan, Natan celui de Zabad, Zabad d'Éflal, Éflal d'Obed, Obed de Yéhou, Yéhou d'Azaria, Azaria de Hélès, Hélès d'Élassa, Élassa de Sismaï, Sismaï de Challoum, Challoum de Yecamia, et Yecamia d'Élichama. Fils de Caleb, le frère de Yeraméel: Mécha, l'aîné, qui fut père de Zif; quant aux descendants de Marécha, ce sont eux qui peuplèrent Hébron. Fils d'Hébron: Cora, Tappoua, Réquem et Chéma. Chéma fut le père de Raham, et Raham celui de Yorcoam. Réquem fut le père de Chammaï, Chammaï celui de Maon, et Maon celui de Beth-Sour. Caleb eut une épouse de second rang, Éfa, qui lui donna Haran, Mossa et Gazez. Haran eut un fils qu'il appela aussi Gazez. Fils de Yadaï: Réguem, Yotam, Guéchan, Péleth, Éfa et Chaaf. Caleb eut une autre épouse de second rang, Maaka, qui lui donna Chéber et Tirana. Plus tard elle mit encore au monde Chaaf, qui fut le père de Madmanna, et Cheva, qui fut le père de Makbéna et de Guibéa. En outre, Caleb eut une fille nommée Axa. Voici encore d'autres descendants de Caleb: Hour, fils aîné de son épouse Éfrata, eut trois fils: Chobal, qui fut le fondateur de Quiriath-Yéarim, Salma, qui fut celui de Bethléem, et Haref, qui fut celui de Beth-Guéder. Chobal, fondateur de Quiriath-Yéarim, eut des descendants: les habitants de Haroé, la moitié de ceux de Menouhoth, et les clans de Quiriath-Yéarim, à savoir les Itrites, les Poutites, les Choumatites et les Micheraïtes, qui peuplèrent les localités de Sora et d'Èchetaol. Descendants de Salma: les gens de Bethléem, de Netofa, d'Atroth-Beth-Yoab, la moitié de ceux de Manahath, ceux de Sora, ainsi que les clans des lettrés habitant Yabès, à savoir les Tiratites, les Chimatites et les Soukatites – ceux-ci sont des Quénites descendant de Hammath, l'ancêtre de la famille des Rékabites. Voici la liste des fils de David qui naquirent à Hébron: Amnon, le premier-né, fils d'Ahinoam, de Jizréel; Daniel, le second, fils d'Abigaïl, de Karmel; Absalom, le troisième, fils de Maaka, elle-même fille de Talmaï, roi de Guéchour; Adonia, le quatrième, fils de Haguite; Chefatia, le cinquième, fils d'Abital; Itréam, le sixième, fils d'Égla, elle aussi femme du roi. Ces six fils naquirent pendant les sept ans et demi que David régna à Hébron. Ensuite David régna trente-trois ans à Jérusalem, où il eut encore des enfants. Batchéba, fille d'Ammiel, lui donna quatre fils: Chima, Chobab, Natan et Salomon. En outre ses épouses de second rang lui donnèrent aussi des fils. Il eut également une fille, Tamar. Les descendants de Salomon, en ligne directe, furent Roboam, Abia, Asa, Josaphat, Joram, Ahazia, Joas, Amassia, Azaria, Yotam, Ahaz, Ézékias, Manassé, Amon et Josias. Fils de Josias: Yohanan, l'aîné, Joaquim, le second, Sédécias, le troisième, et Challoum, le quatrième. Fils de Joaquim: Yekonia et Sédécias. Fils de Yekonia, lequel fut emmené captif à Babylone: Chéaltiel, Malkiram, Pedaya, Chénassar, Yecamia, Hochama et Nedabia. Fils de Pedaya: Zorobabel et Chiméi. Zorobabel eut deux fils, Mechoullam et Hanania, ainsi qu'une fille, Chelomith, puis encore cinq fils, Hachouba, Ohel, Bérékia, Hassadia et Youchab-Hessed. Descendants de Hanania: Pelatia et Yechaya, ainsi que les fils de Refaya, d'Arnan, d'Obadia et de Chekania. Chekania eut six fils, Chemaya, Hattouch, Igal, Baria, Néaria et Chafath. Néaria eut trois fils, Éliohénaï, Hizquia et Azricam. Éliohénaï eut sept fils, Hodavia, Éliachib, Pelaya, Accoub, Yohanan, Delaya et Anani. Descendants de Juda: Pérès, Hesron, Karmi, Hour et Chobal. Réaya, fils de Chobal, fut le père de Yahath, et Yahath celui d'Ahoumaï et de Lahad. Ces derniers furent les ancêtres des clans de Sora. Les fondateurs d'Étam furent Jizréel, Ichema et Idbach; ils avaient une sœur, Haslelponi. Penouel, fondateur de Guedor, et Ézer, fondateur de Houcha, étaient fils de Hour, le fils aîné d'Éfrata et fondateur de Bethléem. Achehour, fondateur de Técoa, eut deux femmes, Héla et Naara. Naara lui donna quatre fils, Ahouzam, Héfer, Temni et Ahachetari. Héla lui en donna trois, Séreth, Sohar et Etnan. Cos fut le père d'Anoub et de Sobéba, et l'ancêtre des clans d'Aharéhel, fils de Haroum. Yabès était un homme plus considéré que ses frères; sa mère lui avait donné le nom de Yabès parce qu'elle avait beaucoup souffert en le mettant au monde. Yabès prononça cette prière: «Dieu d'Israël, accorde-moi ta bénédiction; augmente mes possessions, étends sur moi ta main protectrice et éloigne de moi le malheur et la souffrance!» Dieu lui accorda ce qu'il avait demandé. Keloub, frère de Chouha, fut le père de Méhir, Méhir celui d'Ècheton, Ècheton de Beth-Rafa, Passéa et Tehinna; Tehinna fut le fondateur de la ville de Nahach. Leurs descendants habitèrent Réka. Fils de Quenaz: Otniel et Seraya. Fils d'Otniel: Hatath et Méonotaï. Méonotaï fut le père d'Ofra. Seraya fut le père de Yoab, l'ancêtre des artisans qui habitaient la vallée des Artisans. Caleb, fils de Yefounné, eut trois fils, Irou, Éla et Naam. Éla fut le père de Quenaz. Fils de Yehallélel: Zif, Zifa, Tiria et Assarel. Hodia épousa une sœur de Naham; leurs descendants furent les Garmites, qui peuplèrent Quéila, et les Maakatites, qui peuplèrent Echtemoa. Fils de Chimon: Amnon, Rinna, Ben-Hanan et Tilon. Descendants d'Ichéi: Zoheth et son fils. Descendants de Chéla, fils de Juda: Er, fondateur de Léka, Lada, fondateur de Marécha, ainsi que les clans qui travaillent les étoffes de lin fin, à Beth-Achebéa. Chéla fut aussi l'ancêtre de Yoquim, des habitants de Kozéba, et de Yoach et Saraf, qui épousèrent des femmes moabites avant de revenir s'installer à Léhem – ces choses-là sont anciennes. Leurs descendants furent potiers; ils habitaient Netaïm et Guedéra, où ils travaillaient au service du roi. Fils de Siméon: Nemouel, Yamin, Yarib, Zéra et Chaoul. Les descendants de Chaoul, en ligne directe, furent Challoum, Mibsam et Michema. Ceux de Michema furent Hammouel, Zakour et Chiméi. Chiméi eut seize fils et six filles, mais les autres chefs de familles n'eurent que peu d'enfants. C'est pourquoi les clans de la tribu de Siméon ne furent jamais aussi nombreux que ceux de Juda. de même que les villages des alentours, jusqu'à Baalath. Telles sont les localités où ils habitèrent. La liste de leurs familles figure dans les registres. qu'elles se dispersèrent jusqu'aux abords de Guedor, à l'est de la vallée, pour chercher des pâturages à moutons. Ils y trouvèrent de bons et riches pâturages, dans une région vaste et très paisible, où avaient habité autrefois des descendants de Cham. En effet, à l'époque d'Ézékias, roi de Juda, les chefs qui viennent d'être mentionnés arrivèrent dans cette région, détruisirent les tentes et les abris où demeuraient les descendants de Cham et exterminèrent la population, dont on ne trouve plus trace aujourd'hui. Ensuite ils s'installèrent à leur place, puisqu'il y avait là des pâturages pour leurs moutons. Certains membres de la tribu de Siméon, au nombre de cinq cents, gagnèrent la région montagneuse d'Édom sous la conduite des quatre fils d'Ichéi, Pelatia, Néaria, Refaya et Ouziel. Ils tuèrent les survivants amalécites qui s'étaient enfuis là-bas et s'y installèrent. Et leurs descendants y sont encore aujourd'hui. Les descendants de Joël, en ligne directe, furent Chemaya, Gog, Chiméi, Mika, Réaya, Baal et Beéra; ce dernier était un chef rubénite que le roi d'Assyrie Téglath-Phalasar emmena en déportation. Les cousins de Beéra, chefs de clans ou de familles, figuraient dans les registres; le premier était Yéiel, ensuite Zacharie et enfin Béla, fils d'Azaz, petit-fils de Chéma et arrière-petit-fils de Joël. Les Rubénites vivaient dans le territoire situé entre Aroër au sud, le mont Nébo et la ville de Baal-Méon au nord. A l'est, ils étaient installés jusqu'au bord du désert qui séparait leur territoire de l'Euphrate, le fleuve de Babylone, car ils possédaient de nombreux troupeaux dans cette région appelée Galaad. A l'époque de Saül, ils avaient fait la guerre aux Hagrites et les avaient soumis; ensuite ils s'étaient installés dans toutes les régions de l'est de Galaad. Les descendants de Gad vivaient au nord des Rubénites, sur le plateau du Bachan, et jusqu'à Salka à l'est. On y trouvait les clans de Joël, le principal, de Chafan, le second, de Yanaï et de Chafath. En outre, il y avait sept autres clans: ceux de Mikaël, Mechoullam, Chéba, Yoraï, Yakan, Zia et Éber. Les fondateurs de ces clans étaient fils d'Abihaïl, dont les ancêtres en ligne directe étaient Houri, Yaroa, Galaad, Mikaël, Yechichaï, Yado et Bouz. Ahi, fils d'Abdiel et petit-fils de Gouni, était le chef de ces clans-là. Les descendants de Gad habitaient donc les territoires de Galaad et du Bachan, ainsi que les régions qui en dépendaient, y compris les pâturages de Saron, jusqu'à leur extrême limite. Les membres de cette tribu furent inscrits dans les registres à l'époque des rois Yotam, de Juda, et Jéroboam, d'Israël. Les tribus de Ruben et Gad, et la demi-tribu de Manassé pouvaient fournir un contingent de 44 760 vaillants soldats bien instruits, capables de manier bouclier, épée ou arc, et prêts à se mettre en campagne. Ils firent la guerre aux Hagrites, ainsi qu'aux descendants de Yetour, Nafich et Nodab. Au cours de cette guerre, ils implorèrent l'aide de Dieu; puisqu'ils avaient confiance en lui, Dieu accueillit favorablement leur prière et les secourut. Ils purent ainsi soumettre les Hagrites et leurs alliés. Ils s'emparèrent de leur bétail, à savoir cinquante mille chameaux, deux cent cinquante mille moutons et chèvres et deux mille ânes; de plus ils firent cent mille prisonniers. Ils avaient aussi tué de nombreux ennemis. Cela arriva parce que cette guerre dépendait de Dieu. Ils s'installèrent alors dans le territoire des Hagrites et y demeurèrent jusqu'à l'exil. Une moitié de la tribu de Manassé était venue s'installer dans le territoire qui s'étend entre le Bachan au sud, et Baal-Hermon, Senir et l'Hermon au nord. Sa population devint nombreuse. Voici les noms des chefs de familles: Éfer, Ichéi, Éliel, Azriel, Irméya, Hodavia et Yadiel. Ils étaient tous des gens de valeur et de renom. Fils de Lévi: Guerchon, Quéhath et Merari. Fils de Quéhath: Amram, Issar, Hébron et Ouziel. Amram eut deux fils, Aaron et Moïse, et une fille, Miriam. Fils d'Aaron: Nadab, Abihou, Élazar et Itamar. Élazar fut le père de Pinhas, Pinhas celui d'Abichoua, Abichoua de Bouqui, Bouqui d'Ouzi, Ouzi de Zéraya, Zéraya de Merayoth, Merayoth d'Amaria, Amaria d'Ahitoub, Ahitoub de Sadoc, Sadoc d'Ahimaas, Ahimaas d'Azaria, Azaria de Yohanan, et Yohanan d'Azaria. Cet Azaria fut prêtre dans le temple que Salomon fit construire à Jérusalem. Azaria fut le père d'Amaria, Amaria celui d'Ahitoub, Ahitoub de Sadoc, Sadoc de Challoum, Challoum de Hilquia, Hilquia d'Azaria, Azaria de Seraya, et Seraya de Yossadac. Yossadac fut déporté par Nabucodonosor, lorsque le Seigneur envoya en exil la population de Jérusalem et du royaume de Juda. Fils de Lévi: Guerchom, Quéhath et Merari. Fils de Guerchom: Libni et Chiméi. Fils de Quéhath: Amram, Issar, Hébron et Ouziel. Fils de Merari: Mali et Mouchi. Tels sont les ancêtres qui ont donné leur nom aux clans de la tribu de Lévi. Les descendants de Guerchom, en ligne directe, furent Libni, Yahath, Zimma, Yoa, Iddo, Zéra et Yéatraï. Ceux de Quéhath furent Amminadab, Coré, Assir, Elcana, Abiassaf, Assir, Tahath, Ouriel, Ozias et Chaoul. Elcana eut d'autres fils, Amassaï, Ahimoth et Elcana. Les descendants d'Elcana furent Sofaï, Nahath, Éliab, Yeroam et Elcana. Fils de Samuel: Joël, l'aîné, et Abia, le second. Les descendants de Merari, en ligne directe, furent Mali, Libni, Chiméi, Ouza, Chima, Haguia et Assaya. David confia à des descendants de Lévi la fonction de chanteurs au sanctuaire du Seigneur, dès que le coffre sacré y fut déposé. Avant que Salomon ait construit le temple de Jérusalem, ces hommes exerçaient leur service musical devant la tente de la rencontre, selon les règles fixées. Voici ceux qui accomplissaient ce service, en compagnie des membres de leurs chorales: Du clan de Quéhath, Héman le chantre, dont les ancêtres en ligne directe étaient Joël, Samuel, Elcana, Yeroam, Éliel, Toa, Souf, Elcana, Mahath, Amassaï, Elcana, Joël, Azaria, Sefania, Tahath, Assir, Abiassaf, Coré, Issar, Quéhath, Lévi et Jacob. A droite de Héman se tenait son collègue Assaf, dont les ancêtres en ligne directe étaient Bérékia, Chima, Mikaël, Baasséya, Malkia, Etni, Zéra, Adaya, Étan, Zimma, Chiméi, Yahath, Guerchom et Lévi. Les membres de la chorale du clan de Merari se tenaient à leur gauche. Ils étaient dirigés par Étan, dont les ancêtres en ligne directe étaient Quichi, Abdi, Mallouk, Hachabia, Amassia, Hilquia, Amsi, Bani, Chémer, Mali, Mouchi, Merari et Lévi. Les autres membres de la tribu de Lévi accomplissaient toutes les autres tâches concernant le sanctuaire de Dieu. Aaron et ses descendants étaient chargés de présenter les sacrifices d'animaux et les offrandes de parfum sur les autels correspondants. Ils s'occupaient ainsi de tout ce qui était strictement réservé à Dieu. C'étaient eux aussi qui présidaient les cérémonies de pardon en faveur du peuple d'Israël, conformément à tous les ordres transmis par Moïse, le serviteur de Dieu. Voici la liste des descendants d'Aaron, en ligne directe: Élazar, Pinhas, Abichoua, Bouqui, Ouzi, Zéraya, Merayoth, Amaria, Ahitoub, Sadoc et Ahimaas. Voici la liste des endroits du pays où habitèrent les descendants d'Aaron, du clan de Quéhath. Ils furent les premiers à recevoir leur territoire par tirage au sort: ils reçurent la ville d'Hébron, en Juda, avec les pâturages des alentours; mais les champs et les villages qui dépendaient de la ville avaient déjà été attribués à Caleb, fils de Yefounné. Les familles des autres descendants de Quéhath reçurent par tirage au sort dix villes situées dans les territoires d'Éfraïm, de Dan, et de la demi-tribu occidentale de Manassé. Les familles des descendants de Guerchom reçurent treize villes situées dans les territoires d'Issakar, d'Asser, de Neftali, et de la demi-tribu de Manassé établie dans le Bachan. Les familles des descendants de Merari reçurent par tirage au sort douze villes situées dans les territoires de Ruben, de Gad et de Zabulon. Les Israélites donnèrent ces villes avec leurs pâturages aux descendants de Lévi. Les villes situées dans les territoires de Juda, de Siméon et de Benjamin, et qui ont été mentionnées plus haut, furent aussi attribuées par tirage au sort. Issakar eut quatre fils, Tola, Pouva, Yachoub et Chimron. Descendants de Tola: Ouzi, Refaya, Yeriel, Yamaï, Ibsam et Chemouel. Ceux-là furent les chefs des familles issues de Tola. Ils étaient des hommes de valeur dans leurs familles. A l'époque de David le nombre des descendants de Tola était de 22 600. Ouzi eut pour fils Izrahia. Izrahia et ses fils Mikaël, Obadia, Joël et Issia furent tous les cinq des chefs de familles. Leurs familles comptaient un si grand nombre de femmes et de fils qu'elles devaient fournir 36 000 hommes aptes à combattre. Tous les autres membres des clans d'Issakar, hommes de valeur figurant dans les registres, étaient au nombre de 87 000. Benjamin eut trois fils, Béla, Béker et Yediaël. Béla eut cinq descendants, Esbon, Ouzi, Ouziel, Yerimoth et Iri, hommes de valeur qui furent chefs de leurs familles respectives. Ces familles figuraient dans les registres pour un total de 22 034 hommes. Descendants de Béker: Zémira, Yoach, Éliézer, Éliohénaï, Omri, Yerémoth, Abia, Anatoth et Alémeth. Tous ces descendants de Béker, hommes de valeur, furent chefs de leurs familles respectives. Ces familles figuraient dans les registres pour un total de 20 200 hommes. Descendants de Yediaël: Bilehan, qui eut pour fils Yéouch, Benjamin, Éhoud, Kenaana, Zétan, Tarsis et Ahichahar. Tous ces descendants de Yediaël, hommes de valeur, furent chefs de leurs familles respectives, lesquelles comptaient 17 200 hommes aptes à combattre. Chouppim et Houppim étaient fils d'Ir. Houchim était fils d'Aher. Fils de Neftali: Yassiel, Gouni, Yesser et Challoum; la mère de Neftali était Bila. Descendants de Manassé: Asriel et Makir, que lui donna une épouse de second rang, syrienne; Makir fut le père de Galaad. Makir trouva une épouse pour Houppim et une pour Chouppim. Il avait une sœur nommée Maaka. Il eut un second fils, Selofad, qui n'eut lui-même que des filles. La femme de Makir, Maaka, lui donna encore un fils, qu'elle appela Pérech, puis un autre, qu'elle appela Chérech. Chérech fut le père d'Oulam et Réquem, et Oulam celui de Bédan. Tels sont les descendants de Galaad, fils de Makir et petit-fils de Manassé. La sœur de Galaad, Hammoléketh, mit au monde Ichod, Abiézer et Mala. Les fils de Chemida furent Ahian, Chékem, Liqui et Aniam. Les descendants d'Éfraïm, en ligne directe, furent Choutéla, Béred, Tahath, Élada, Tahath, Zabad et Choutéla. Ézer et Élad, deux autres fils d'Éfraïm, tentèrent de s'emparer des troupeaux appartenant aux habitants de la région de Gath, mais ceux-ci les tuèrent. Éfraïm porta le deuil pendant longtemps. Ses proches parents vinrent le consoler. Plus tard Éfraïm passa encore la nuit avec sa femme, et elle lui donna un fils. Il l'appela Beria, car sa maison était dans le malheur. Éfraïm eut aussi une fille, Chéra, qui construisit Beth-Horon-le-Bas, Beth-Horon-le-Haut et Ouzen-Chéra. Les descendants de Beria, en ligne directe, furent Réfa, Réchef, Téla, Tahan, Ladan, Ammihoud, Élichama, Noun et Josué. Le territoire que les Éfraïmites reçurent pour y habiter comprenait Béthel et les villages voisins, Naaran à l'est, Guézer et les villages voisins à l'ouest, ainsi que la région située entre Sichem et Aya, avec les villages voisins. Les descendants de Manassé possédaient les villes de Beth-Chéan, Taanak, Méguiddo et Dor, chacune avec les villages voisins. Telles furent les villes où habitaient les descendants de Joseph, fils de Jacob. Fils d'Asser: Imna, Icheva, Ichevi et Beria; leur sœur était Séra. Fils de Beria: Héber et Malkiel; Malkiel fut le fondateur de Birzaïth. Héber fut le père de Yafleth, Chémer et Hotam, ainsi que de leur sœur Choua. Fils de Yafleth: Passak, Bimal et Assevath. Fils de Chémer: Ahi, Roga, Houbba et Aram. Fils de Hotam, son frère: Sofa, Imna, Chélech et Amal. Fils de Sofa: Soua, Harnéfer, Choual, Béri, Imra, Besser, Hod, Chamma, Chilecha, Itran et Beéra. Fils d'Itran: Yefounné, Pichepa et Éra. Fils d'Oulla: Ara, Hanniel et Rissia. Tous ces gens-là étaient des descendants d'Asser. Ils étaient d'excellents chefs de familles, des hommes de valeur et des dirigeants remarquables. Selon le registre des hommes aptes à combattre, la tribu pouvait fournir 26 000 hommes. Benjamin fut le père de cinq fils. Ce furent, dans l'ordre, Béla, Achebel, Ara, Noha et Rafa. Béla eut pour fils Addar, Guéra, Abihoud, Abichoua, Naaman, Ahoa, Guéra, Chefoufan et Houram. Les fils d'Éhoud, chefs de familles des habitants de Guéba, les firent émigrer à Manahath. Voici leurs noms: Naaman, Ahia et Guéra. C'est Guéra, père d'Ouza et d'Ahihoud, qui dirigea l'émigration. Charaïm renvoya ses deux femmes Houchim et Baara; plus tard, dans le pays de Moab, il prit une autre femme, Hodech, et devint père de Yobab, Sibia, Mécha, Malkam, Yéous, Sakia et Mirma. Ses fils devinrent des chefs de familles. Auparavant Charaïm avait eu deux fils de son épouse Houchim, Abitoub et Elpaal. Fils d'Elpaal: Éber, Micham et Chémed. Chémed construisit la ville d'Ono, ainsi que celle de Lod avec les villages voisins. Beria et Chéma, chefs de familles des habitants d'Ayalon, mirent en fuite les habitants de Gath. Tels furent les chefs de familles, dans leurs générations respectives. Ils habitaient Jérusalem. Le fondateur de Gabaon habitait cette ville, avec sa femme Maaka, son fils aîné Abdon et ses autres fils Sour, Quich, Baal, Ner, Nadab, Guedor, Ahio, Zéker et Micloth, qui fut le père de Chima. Ces derniers, contrairement à leur famille, habitaient Jérusalem avec d'autres membres de leur clan. Ner fut le père de Quich, Quich celui de Saül, et Saül de Jonatan, Malkichoua, Abinadab et Ichebaal. Fils de Jonatan: Meribaal; Meribaal fut le père de Mika. Fils de Mika: Piton, Mélek, Taréa et Ahaz. Ahaz fut le père de Yoadda, Yoadda celui d'Alémeth, Azmaveth et Zimri, Zimri de Mossa, Mossa de Binéa, Binéa de Rafa, Rafa d'Élassa, et Élassa d'Assel. Assel eut six fils, dont voici les noms: Azricam, Bokrou, Ismaël, Chéaria, Obadia et Hanan. Assel avait un frère, Échec, qui fut le père d'Oulam, le premier-né, Yéouch, le second, et Éliféleth, le troisième. Les fils d'Oulam furent des hommes de valeur, et des tireurs à l'arc. Ils eurent beaucoup de fils et de petits-fils, 150 en tout. Tous ceux qui précèdent faisaient partie de la tribu de Benjamin. Tous les Israélites furent inscrits, familles par familles, dans le registre des rois d'Israël. Les Judéens avaient été déportés à Babylone, à cause de leur infidélité envers Dieu. Les premiers à regagner leur ville pour reprendre possession de leurs biens furent des laïcs israélites, puis les prêtres, les lévites et les gens s'occupant du temple. A Jérusalem vinrent s'installer des gens de Juda, de Benjamin, d'Éfraïm et de Manassé. De la tribu de Juda, il y avait Outaï, fils d'Ammihoud, lui-même fils d'Omri, petit-fils d'Imri et arrière-petit-fils de Bani, membre du clan de Pérès. Du clan de Chéla, il y avait Assaya, l'aîné de sa famille, avec ses fils. Du clan de Zéra, il y avait Yéouel. Les Judéens installés à Jérusalem étaient au nombre de 690. De la tribu de Benjamin, il y avait Sallou, fils de Mechoullam, petit-fils de Hodavia et arrière-petit-fils de Hassenoua; Ibnéya, fils de Yeroam; Éla, fils d'Ouzi et petit-fils de Mikri; Mechoullam, fils de Chefatia, petit-fils de Réouel et arrière-petit-fils d'Ibnia. Tous ces hommes étaient des chefs dans leurs familles respectives. Les Benjaminites installés à Jérusalem étaient au nombre de 956. De la classe des prêtres, il y avait Yedaya, Yoyarib, Yakin, et Azaria, dont les ancêtres en ligne directe étaient Hilquia, Mechoullam, Sadoc, Merayoth et Ahitoub, le responsable du temple; il y avait aussi Adaya, dont les ancêtres étaient Yeroam, Pachehour et Malkia; il y avait encore Massaï, dont les ancêtres étaient Adiel, Yazéra, Mechoullam, Mechillémith et Immer. Avec les autres prêtres, ces chefs de familles étaient au nombre de 1 760, tous hommes de valeur s'occupant du service du temple. De la classe des lévites, il y avait Chemaya, dont les ancêtres en ligne directe étaient Hachoub, Azricam et Hachabia, du clan de Merari; il y avait aussi Bacbaccar, Hérech, Galal et Mattania, dont les ancêtres étaient Mika, Zikri et Assaf; il y avait encore Obadia, dont les ancêtres étaient Chemaya, Galal et Yedoutoun, et enfin Bérékia, fils d'Assa et petit-fils d'Elcana, qui habitait dans le territoire dépendant de la ville de Netofa. Parmi les portiers, il y avait Challoum, le responsable, et ses frères Accoub, Talmon et Ahiman. Ce sont leurs descendants qui sont encore aujourd'hui en fonction à la porte orientale, la porte du roi. Leurs ancêtres avaient été portiers du camp des lévites. Challoum, fils de Coré, petit-fils d'Abiassaf et arrière-petit-fils de Coré, ainsi que les autres membres de la famille de Coré, étaient chargés de surveiller l'entrée de la tente de la rencontre, comme leurs ancêtres l'avaient été dans le camp du peuple du Seigneur. Pinhas, fils d'Élazar, avait été leur chef auparavant, car le Seigneur était avec lui. Zacharie, fils de Mechélémia, était aussi un des portiers de la tente de la rencontre. Au total, ceux qui avaient été choisis comme portiers étaient au nombre de 212. Ils étaient enregistrés dans leurs villages d'origine. C'est David et le prophète Samuel qui avaient attribué à leurs ancêtres ces postes de confiance; ils conservèrent donc de génération en génération les fonctions de portiers et de gardiens du sanctuaire du Seigneur. Il y avait des portiers attitrés à chacune des quatre portes, à l'est, à l'ouest, au nord et au sud. D'autres portiers, vivant dans leurs villages respectifs, venaient à intervalles réguliers accomplir avec eux le service de garde pendant une semaine. En effet, il y avait quatre chefs portiers permanents. C'étaient des lévites, qui avaient la responsabilité des locaux et des trésors du temple. Ils passaient la nuit dans les parages du temple, puisqu'ils devaient le surveiller et en ouvrir les portes chaque matin. Certains des portiers avaient la charge de compter les objets de culte qu'on emportait et qu'on rapportait. D'autres s'occupaient du reste des ustensiles et des objets sacrés, ainsi que de la farine, du vin, de l'huile, de l'encens et du parfum. Cependant le soin de préparer le mélange du parfum était réservé à des prêtres. Un lévite, Mattitia, fils aîné de Challoum, du clan de Coré, était responsable de la fabrication des galettes d'offrande. Quelques autres lévites, du clan de Quéhath, étaient chargés de confectionner les pains sacrés qu'on offre à Dieu chaque jour de sabbat. Les chefs de familles lévitiques responsables du chant habitaient dans leurs propres locaux; ils étaient dispensés de toute autre charge, car ils étaient de service jour et nuit. Tels furent les chefs de familles lévitiques, dans leurs générations respectives. Ils habitaient Jérusalem. Le fondateur de Gabaon, Yéiel, habitait cette ville, avec sa femme Maaka, son fils aîné Abdon et ses autres fils, Sour, Quich, Baal, Ner, Nadab, Guedor, Ahio, Zacharie et Micloth. Micloth fut le père de Chimam; contrairement à leur famille, ils habitaient Jérusalem, avec d'autres membres de leur clan. Ner fut le père de Quich, Quich celui de Saül, et Saül de Jonatan, Malkichoua, Abinadab et Ichebaal. Fils de Jonatan: Meribaal; Meribaal fut le père de Mika. Fils de Mika: Piton, Mélek et Taréa. Ahaz fut le père de Yara, Yara celui d'Alémeth, Azmaveth et Zimri, Zimri de Mossa, Mossa de Binéa, Binéa de Refaya, Refaya d'Élassa, et Élassa d'Assel. Assel eut six fils, dont voici les noms: Azricam, Bokrou, Ismaël, Chéaria, Obadia et Hanan. Un jour les Philistins attaquèrent les Israélites, sur le mont Guilboa. Les Israélites s'enfuirent et beaucoup furent tués. Les Philistins s'acharnèrent alors contre Saül et ses fils. Ils réussirent à tuer Jonatan, Abinadab et Malkichoua, les fils du roi. Dès lors tout le poids du combat se porta contre Saül. Des tireurs à l'arc le découvrirent, et Saül en fut effrayé. Il dit à celui qui portait ses armes: «Prends ton épée et tue-moi, car je ne veux pas que ces Philistins païens le fassent eux-mêmes et se moquent de moi.» Mais son porteur d'armes refusa, tant il avait peur. Alors Saül prit son épée et se jeta dessus. Lorsque le porteur d'armes vit que son maître était mort, il se jeta aussi sur son épée et mourut. C'est ainsi que Saül et ses trois fils moururent; ce fut la fin de la famille royale. Tous les Israélites qui habitaient la vallée apprirent que l'armée d'Israël avait fui, et que Saül et ses fils étaient morts; ils abandonnèrent alors leurs villes pour s'enfuir, et les Philistins vinrent s'y installer. Le lendemain les Philistins, venus pour dépouiller les morts, trouvèrent les cadavres de Saül et de ses fils sur le mont Guilboa. Ils dépouillèrent Saül, emportèrent sa tête et ses armes, et firent circuler ces trophées dans leur pays, afin de répandre cette bonne nouvelle parmi leurs idoles et leur peuple. Ensuite ils déposèrent ses armes dans le temple d'un de leurs dieux, et clouèrent son crâne dans le temple de Dagon. Les gens de Yabech, en Galaad, apprirent tout ce que les Philistins avaient fait à Saül. Les hommes les plus courageux de la ville se mirent en route et allèrent reprendre les cadavres de Saül et de ses fils pour les ramener à Yabech. Ils enterrèrent leurs ossements sous un arbre, le térébinthe de Yabech, et jeûnèrent pendant sept jours. Saül mourut parce qu'il avait été infidèle envers le Seigneur: il avait négligé d'obéir à ses commandements, et il avait même évoqué l'esprit d'un mort pour le consulter, au lieu de consulter le Seigneur. Dieu le fit donc mourir et confia la royauté à David, fils de Jessé. Tout le peuple d'Israël se rassembla auprès de David à Hébron et lui dit: «Nous sommes de ta race, de ta famille. Autrefois, lorsque Saül était encore roi, tu étais déjà à la tête des expéditions militaires d'Israël. Et le Seigneur ton Dieu t'avait déjà dit: “C'est toi qui gouverneras Israël, mon peuple, c'est toi qui en seras le chef.” » Tous les anciens d'Israël vinrent également trouver le roi David à Hébron. Celui-ci y conclut un accord avec eux devant le Seigneur, et ils le consacrèrent roi d'Israël, conformément à ce que Samuel avait annoncé de la part du Seigneur. David et tous les Israélites allèrent assiéger Jérusalem. La ville s'appelait aussi Jébus, car les Jébusites, qui habitaient cette région, y étaient installés. Les Jébusites dirent à David: «Vous n'entrerez pas dans notre ville!» David s'empara pourtant de la forteresse de Sion, nommée par la suite Cité de David. Il avait dit: «Le premier qui tuera un Jébusite deviendra commandant en chef de l'armée.» Joab, dont la mère s'appelait Serouia, attaqua le premier, et ce fut donc lui qui devint chef de l'armée. David s'installa dans la forteresse, qu'on appela pour cette raison “Cité de David”. Puis il édifia de nouveaux quartiers tout autour de la terrasse appelée Millo, tandis que Joab restaurait le reste de la ville. Ainsi David devint de plus en plus puissant, car le Seigneur, le Dieu de l'univers, était avec lui. Voici la liste des principaux guerriers de David. Avec tout Israël, ils avaient proclamé David roi, selon l'ordre du Seigneur concernant son peuple; ils lui demeurèrent fidèles tout au long de son règne. Ces guerriers étaient: Ichebaal, fils d'un Hakmonite et chef des gardes; c'est lui qui, un jour, brandit sa lance contre trois cents adversaires et les tua tous, au cours d'un seul combat. Vient ensuite Élazar, fils de Dodo, d'Ahoa, qui faisait partie du “groupe des Trois”. Il était auprès de David, à Pas-Dammim, lorsque les Philistins se rassemblèrent pour le combat; l'armée d'Israël se mit à fuir devant eux. Il y avait là un champ d'orge; Élazar et ses hommes se postèrent au milieu du champ, le dégagèrent et battirent les Philistins. Le Seigneur accorda ainsi une éclatante victoire à Israël. Un jour, trois membres de l'élite de la garde vinrent trouver David au rocher proche de la caverne d'Adoullam, car des Philistins campaient dans la vallée des Refaïtes. David était dans son refuge fortifié, tandis que le gouverneur philistin se trouvait à Bethléem. David, pris d'un désir soudain, demanda: «Qui m'apportera à boire de l'eau provenant de la citerne située à la porte de Bethléem?» Alors les trois guerriers firent irruption dans le camp philistin, puisèrent de l'eau dans la citerne, l'emportèrent et la présentèrent à David. Mais lui ne voulut pas la boire; il l'offrit au Seigneur en la versant sur le sol, et il déclara: «Je n'ai pas le droit, mon Dieu, de boire cette eau! Cela équivaudrait à boire le sang des hommes qui sont allés la chercher, au péril de leur vie.» Il refusa donc de la boire. Tel fut l'exploit de ces trois guerriers. Abichaï, frère de Joab, fut le chef du “groupe des Trois”. C'est lui qui, un jour, brandit sa lance contre trois cents adversaires et les tua. Il acquit sa renommée dans le “groupe des Trois”. Il fut plus célèbre que les deux autres et devint même leur chef. Il était insurpassable dans le “groupe des Trois”. Benaya, de Cabséel, fils de Yoyada, lequel était un vaillant soldat, accomplit de nombreux exploits. C'est lui qui tua les deux Ariel de Moab; lui aussi qui, un jour où il neigeait, descendit dans une citerne pour y tuer un lion. C'est lui encore qui tua un Égyptien mesurant près de deux mètres et demi et armé d'une lance grosse comme le cylindre d'un métier à tisser; il l'attaqua avec un bâton, lui arracha la lance de la main et s'en servit pour le tuer. Tels furent les exploits de Benaya, qui acquit une renommée semblable à celle du groupe des trois guerriers. Il fut l'un des plus célèbres du “groupe des Trente”, mais il ne fit pas partie du “groupe des Trois”. David lui confia le commandement de la garde royale. Quant aux autres guerriers, c'étaient: Assaël, frère de Joab, Élanan, fils de Dodo, de Bethléem, Chammoth, de Haror, Hélès, de Palon, Ira, fils d'Iquèch, de Técoa, Abiézer, d'Anatoth, Sibkaï, de Houcha, Ilaï, d'Ahoa, Maraï, de Netofa, Héled, fils de Baana, de Netofa, Ittaï, fils de Ribaï, de Guibéa, dans le territoire de Benjamin, Benaya, de Piraton, Houraï, des torrents de Gaach, Abiel, de Beth-Araba, Azmaveth, de Bahourim, Éliaba, de Chaalbon, les fils de Hachem, de Guizon, Yonatan, fils de Chagué, de Harar, Ahiam, fils de Sakar, de Harar, Élifal, fils d'Our, Héfer, de Mekéra, Ahia, de Palon, Hesro, de Karmel, Naaraï, fils d'Ezbaï, Joël, frère de Natan, Mibar, fils d'un Hagrite, Sélec, l'Ammonite, Naraï, de Beéroth, porteur d'armes de Joab, dont la mère s'appelait Serouia, Ira, de la famille de Yéter, Gareb, de la même famille, Urie, le Hittite, Zabad, fils d'Alaï, Adina, fils de Chiza, un des chefs de la tribu de Ruben, accompagné de trente soldats, Hanan, fils de Maaka, Yochafath, de Méten, Ouzia, d'Achetaroth, Chama et Yéiel, fils de Hotam, d'Aroër, Yediaël, fils de Chimri, et Yoha, son frère, de Tis, Éliel, de Mahava, Yeribaï et Yochavia, fils d'Elnam, Itma, du pays de Moab, ainsi qu' Éliel, Obed et Yassiel, de Soba. A l'époque où David se cachait à Siclag pour échapper à Saül, fils de Quich, des hommes vinrent l'y rejoindre. C'étaient de vaillants soldats, prêts à combattre avec lui; équipés d'arcs et de frondes, ils étaient capables de lancer des pierres ou de tirer des flèches aussi bien de la main gauche que de la droite. Voici ceux qui arrivèrent de la tribu de Benjamin, la propre tribu de Saül: Ahiézer, le chef, et son frère Yoach, fils de Chema, de Guibéa, Yeziel et Péleth, fils d'Azmaveth, Beraka et Yéhou, d'Anatoth, Ichemaya, de Gabaon, l'un des chefs du groupe des trente guerriers, Irméya, Yaziel, Yohanan et Yozabad, de Guedéra, Élouzaï, Yerimoth, Béalia, Chemaria et Chefatia, de Harouf, Elcana, Issia, Azarel, Yoézer et Yachobam, descendants de Cora, ainsi que Yoéla et Zébadia, fils de Yeroam, de Guedor. D'autres hommes quittèrent la tribu de Gad pour rejoindre David dans son refuge du désert. C'étaient de vaillants guerriers, bien exercés au combat et sachant manier le bouclier et la lance. Ils étaient aussi redoutables que des lions, et aussi rapides que des gazelles dans les montagnes. Ces Gadites étaient des chefs militaires; le moindre d'entre eux valait cent soldats et le meilleur mille. Ce sont eux qui franchirent le Jourdain au premier mois de l'année, à l'époque où il inonde ses rives, et qui mirent en fuite tous les habitants des vallées latérales, à l'est comme à l'ouest. Un groupe de Benjaminites et de Judéens alla trouver David dans son refuge. David vint au-devant d'eux et leur déclara: «Si vous venez me trouver dans un esprit de paix et pour m'aider, je vous accueille de tout cœur. Mais si c'est pour me trahir et me livrer à mes adversaires, bien que je n'aie rien fait de mal, que le Dieu de nos ancêtres en soit témoin et qu'il vous punisse.» Alors l'Esprit de Dieu s'empara d'Amassaï, chef des gardes, qui s'écria: «Nous sommes avec toi, nous sommes de ton côté, David, fils de Jessé! La paix est pour toi et pour ceux qui t'aident, car le Seigneur t'a secouru.» David les accueillit et leur confia des postes de chefs dans sa troupe. Des hommes de la tribu de Manassé se rallièrent à David lorsqu'il se joignit aux Philistins pour une expédition contre Saül. A vrai dire, David et ses compagnons ne combattirent pas aux côtés des Philistins, car les chefs de ceux-ci les renvoyèrent; ils se disaient en effet: «David se ralliera à son ancien maître Saül, en nous livrant à lui». Et c'est au moment où David regagnait Siclag que les hommes de Manassé le rejoignirent; c'étaient Adna, Yozabad, Yediaël, Mikaël, Yozabad, Élihou et Silletaï, commandants des régiments de Manassé. Ils étaient tous de vaillants guerriers et apportaient leur aide à la troupe de David. Ils devinrent des chefs de son armée. Jour après jour, des hommes se joignaient à la troupe de David pour le soutenir, à tel point que son armée devint immense. Voici le nombre des hommes aptes à combattre qui rejoignirent David à Hébron pour lui transmettre la royauté de Saül, selon l'ordre du Seigneur: De la tribu de Juda, 6 800 soldats armés de boucliers et de lances. De la tribu de Siméon, 7 100 vaillants soldats. De la tribu de Lévi, 4 600 hommes, ainsi que Yoyada, chef du clan d'Aaron, accompagné de 3 700 hommes; il y avait aussi le jeune Sadoc, un vaillant soldat, avec 22 chefs de sa propre famille. De la tribu de Benjamin, la propre tribu de Saül, 3 000 hommes dont la plupart avaient été jusqu'alors au service de la famille de Saül. De la tribu d'Éfraïm, 20 800 vaillants soldats, tous hommes de renom dans leur famille. De la demi-tribu occidentale de Manassé, 18 000 hommes, qui avaient été spécialement désignés pour aller proclamer David roi. De la tribu d'Issakar, 200 officiers avec ceux qui étaient sous leurs ordres, des hommes sachant tous discerner quand et comment les Israélites devaient agir. De la tribu de Zabulon, 50 000 soldats bien entraînés, prêts à se mettre en ligne de bataille, équipés de toutes sortes d'armes et agissant avec un ensemble parfait. De la tribu de Neftali, 1 000 officiers avec 37 000 soldats armés de boucliers et de lances. De la tribu de Dan, 28 600 soldats prêts à se mettre en ligne de bataille. De la tribu d'Asser, 40 000 soldats bien entraînés et prêts, eux aussi, à se mettre en ligne de bataille. Des tribus installées à l'est du Jourdain, Ruben, Gad et la moitié de Manassé, 120 000 hommes équipés de toutes sortes d'armes. Tous ces soldats, prêts à se ranger en bataille, vinrent à Hébron et de tout cœur proclamèrent David roi sur l'ensemble d'Israël. Les autres Israélites étaient tous d'accord pour lui conférer cette royauté. Ils restèrent là trois jours avec David, mangeant et buvant ce que leurs concitoyens avaient préparé pour eux. De plus des gens des régions voisines, et même d'Issakar, de Zabulon et de Neftali, apportaient des quantités de vivres, à dos d'ânes, de chameaux, de mulets et de bœufs: de la farine, des gâteaux de figues, des grappes de raisins secs, du vin, de l'huile; on amenait même des bœufs et des moutons. Tout le pays en effet vivait dans la joie. David tint conseil avec les commandants de régiments et de compagnies, ainsi qu'avec les autres notables. Ensuite il dit à tous les Israélites rassemblés: «Si vous le jugez bon, et si le Seigneur notre Dieu l'approuve, hâtons-nous d'envoyer des messagers à nos compatriotes restés dans tout le territoire d'Israël, en particulier aux prêtres et aux lévites dans les villes et régions avoisinantes qu'ils habitent. Invitons-les à nous rejoindre. Nous ramènerons alors le coffre sacré de notre Dieu chez nous, puisque nous ne nous en sommes pas préoccupés du temps de Saül.» Toute l'assemblée trouva le projet judicieux et décida qu'il fallait le réaliser. David convoqua donc les Israélites de tout le pays, depuis la frontière d'Égypte au sud, jusqu'à Lebo-Hamath au nord, pour aller chercher le coffre sacré à Quiriath-Yéarim. Avec eux il se rendit à Baala, c'est-à-dire Quiriath-Yéarim, en Juda, pour y reprendre le coffre de Dieu, “le coffre du Seigneur qui siège au-dessus des chérubins ”, comme on l'appelle. Il se trouvait dans la maison d'Abinadab. On le déposa sur un char neuf, que conduisirent Ouza et Ahio. David et tous les Israélites exprimaient leur joie devant Dieu de toute leur force: ils chantaient avec accompagnement de lyres, de harpes, de tambourins, de cymbales et de trompettes. Lorsqu'on arriva près de l'aire de Kidon, les bœufs faillirent faire tomber le coffre sacré. Ouza essaya, de la main, de le retenir. Alors le Seigneur se mit en colère contre lui et le punit d'avoir osé toucher le coffre. Ouza mourut là, en présence du Seigneur. David fut bouleversé de voir que le Seigneur avait porté ce coup mortel à Ouza; il appela l'endroit Pérès-Ouza, nom qui a subsisté jusqu'à maintenant. Ce jour-là, il eut peur de Dieu et déclara: «Je ne peux pas faire venir chez moi le coffre sacré de Dieu!» Il ne transféra donc pas le coffre chez lui, dans la Cité de David, mais le fit déposer dans la maison d'Obed-Édom, un homme originaire de Gath. Le coffre demeura trois mois dans la famille d'Obed-Édom, et le Seigneur bénit sa famille et tous ses biens. Hiram, roi de Tyr, envoya une délégation à David. Il lui fit livrer du bois de cèdre et lui envoya aussi des tailleurs de pierre et des charpentiers pour lui construire un palais. David reconnut alors que le Seigneur lui-même l'avait établi roi d'Israël et que sa royauté rayonnait d'un éclat souverain, à cause d'Israël, le peuple de Dieu. A Jérusalem, David épousa encore d'autres femmes dont il eut d'autres fils et filles. Voici la liste de ses fils nés à Jérusalem: Chammoua, Chobab, Natan, Salomon, Ibar, Élichoua, Elpéleth, Noga, Néfeg, Yafia, Élichama, Beéliada et Éliféleth. Les Philistins apprirent que David avait été consacré roi de l'ensemble d'Israël; alors ils se mirent tous en campagne pour s'emparer de lui. David en fut informé et marcha à leur rencontre. Les Philistins arrivèrent et ravagèrent la vallée des Refaïtes. David consulta Dieu: «Dois-je aller attaquer les Philistins? demanda-t-il. Les livreras-tu en mon pouvoir?» – «Va les attaquer! répondit le Seigneur. Je te les livrerai.» Les Philistins s'avancèrent jusqu'à Baal-Perassim, où David les battit. David déclara: «Par ma main, Dieu a fait une brèche dans les rangs de mes ennemis, comme un torrent dans une digue.» – De là vient le nom donné à cet endroit, Baal-Perassim, ce qui signifie “le Maître des Brèches”. – Les Philistins, en fuyant, avaient abandonné sur place les statues de leurs dieux; David ordonna qu'on les brûle. Les Philistins recommencèrent à ravager la vallée des Refaïtes. David consulta de nouveau Dieu, qui lui dit: «Ne les attaque pas par derrière, fais un détour à bonne distance et approche-toi d'eux aux abords de la forêt de micocouliers. Lorsque tu entendras un bruit de pas à la cime des arbres, lance une attaque, car c'est à ce moment-là que je me serai avancé devant toi pour battre l'armée philistine.» David agit selon les ordres du Seigneur. Les Israélites purent ainsi battre les Philistins et les poursuivre de Gabaon à Guézer. Dès lors la renommée de David se répandit dans tous les pays, et le Seigneur le rendit redoutable à toutes les nations. David se fit construire des maisons dans la Cité de David. Il prépara un emplacement et y dressa une tente pour abriter le coffre sacré de Dieu. Alors il déclara: «Seuls les lévites ont le droit de porter le coffre sacré; ce sont eux en effet que Dieu a choisis à titre définitif pour le porter et pour s'en occuper.» David convoqua tout Israël à Jérusalem, afin d'amener le coffre à l'emplacement préparé pour lui. Il rassembla les prêtres, descendants d'Aaron, ainsi que les lévites. Parmi ces derniers, il y avait: le chef Ouriel, avec 120 autres membres du clan de Quéhath; le chef Assaya et 220 autres membres du clan de Merari; le chef Joël et 130 autres membres du clan de Guerchom; le chef Chemaya et 200 autres membres du clan d'Élissafan; le chef Éliel et 80 autres membres du clan d'Hébron; le chef Amminadab et 112 autres membres du clan d'Ouziel. David appela les prêtres Sadoc et Abiatar, et les lévites Ouriel, Assaya, Joël, Chemaya, Éliel et Amminadab. Il leur dit: «Vous qui êtes des chefs de familles lévitiques, purifiez -vous, ainsi que les membres de vos familles, puis allez chercher le coffre du Seigneur, du Dieu d'Israël, pour l'amener à l'endroit que j'ai préparé pour lui. La première fois, vous n'étiez pas là, et à cause de cela le Seigneur notre Dieu nous a porté un coup mortel. En effet, nous ne l'avions pas consulté selon les règles.» Les prêtres et les lévites se purifièrent en vue du transport du coffre sacré. Les lévites chargèrent ensuite le coffre sur leurs épaules, au moyen des barres, conformément aux instructions que Moïse avait données de la part du Seigneur. David ordonna aux chefs des lévites de placer les membres de leurs familles qui devaient chanter en s'accompagnant de harpes, de lyres et de cymbales, et qui devaient manifester leur joie par une musique éclatante. On donna donc leur place à Héman, fils de Joël, à son collègue Assaf, fils de Bérékia, ainsi qu'à leur collègue Étan, fils de Couchaya, du clan de Merari. Auprès d'eux et sous leurs ordres se trouvaient d'autres lévites, les portiers Zacharie, Ben, Yaziel, Chemiramoth, Yéhiel, Ounni, Éliab, Benaya, Maasséya, Mattitia, Élifléhou, Micnéya, Obed-Édom et Yéiel. Les chantres Héman, Assaf et Étan jouaient des cymbales de bronze retentissantes; Zacharie, Aziel, Chemiramoth, Yéhiel, Ounni, Éliab, Maasséya et Benaya jouaient sur des harpes les notes aiguës; Mattitia, Élifléhou, Micnéya, Obed-Édom, Yéiel et Azazia jouaient sur des lyres les notes graves, pour entraîner le chant. Kenania, chef des lévites chargés de porter le coffre sacré, devait surveiller ce transport, à cause de sa compétence. Les portiers Bérékia et Elcana devaient se tenir près du coffre, de même que les portiers Obed-Édom et Yéhia. Quant aux prêtres Chebania, Yochafath, Netanéel, Amassaï, Zacharie, Benaya et Éliézer, ils devaient sonner de la trompette devant le coffre de Dieu. David, les anciens d'Israël et les commandants militaires qui étaient allés chercher le coffre de l'alliance du Seigneur chez Obed-Édom étaient dans la joie. Dieu accorda sa protection aux lévites qui portaient le coffre; alors on lui offrit en sacrifices sept taureaux et sept béliers. David était vêtu d'un manteau de lin fin, de même que les lévites qui portaient le coffre, les musiciens et Kenania, le responsable du transport. En outre, David portait le pagne de lin des prêtres. Tous les Israélites emmenèrent le coffre sacré à Jérusalem, au milieu des ovations, des sonneries de cors et de trompettes, et de la musique des cymbales, des harpes et des lyres. Au moment où le coffre arriva dans la Cité de David, Mikal, fille de Saül, regarda par la fenêtre et vit le roi David danser de joie. Alors elle éprouva un profond mépris pour lui. On vint déposer le coffre à l'intérieur de la tente que David avait fait dresser pour lui. Ensuite on offrit à Dieu des sacrifices complets et des sacrifices de communion. Quand David eut achevé d'offrir ces sacrifices, il bénit le peuple au nom du Seigneur. Il fit distribuer des vivres aux Israélites: chaque homme et chaque femme reçut un pain rond, un gâteau de dattes et un gâteau de raisins secs. David plaça devant le coffre du Seigneur quelques-uns des lévites de service, pour célébrer, louer et acclamer le Seigneur, le Dieu d'Israël. Assaf les dirigeait et Zacharie le secondait. Yéiel, Chemiramoth, Yéhiel, Mattitia, Éliab, Benaya, Obed-Édom et Yéiel jouaient de la harpe et de la lyre, tandis qu'Assaf faisait retentir des cymbales. Les prêtres Benaya et Yaziel sonnaient continuellement de la trompette devant le coffre sacré. Pour la première fois ce jour-là, David chargea Assaf et ses collègues de louer le Seigneur. Louez le Seigneur, dites bien haut qui est Dieu, annoncez aux autres peuples ses exploits. Chantez pour lui, célébrez-le en musique, parlez de toutes ses merveilles. Soyez fiers de lui, l'unique vrai Dieu, ayez le cœur en joie, fidèles du Seigneur. Tournez-vous vers le Seigneur tout-puissant, cherchez continuellement sa présence. Notre Dieu, c'est lui, le Seigneur; ses décisions concernent la terre entière. Souvenez-vous qu'il s'est engagé pour toujours, qu'il a donné sa parole pour mille générations. C'est la promesse qu'il a faite à Abraham, c'est son serment en faveur d'Isaac; c'est la décision qu'il a confirmée à Jacob, sa promesse éternelle en faveur d'Israël, quand il lui a dit: «Je te donne le pays de Canaan, c'est la part qui vous est attribuée, à toi et à tes descendants.» Ceux-ci n'étaient alors qu'en petit nombre, tout juste quelques émigrés dans le pays. Ils allaient d'une nation chez une autre, d'un royaume à un autre. Mais Dieu ne laissa personne les maltraiter, à cause d'eux il avertit des rois: «Défense de toucher à ceux que j'ai consacrés, disait-il; défense de faire du mal à ceux qui sont mes porte-parole!» Gens du monde entier, chantez pour le Seigneur, jour après jour annoncez qu'il est le Sauveur. Parlez de sa gloire à tous les hommes, chez tous les peuples racontez ses merveilles. Le Seigneur est grand et mérite bien qu'on l'acclame. Il est plus redoutable que tous les dieux. Les dieux des nations sont tous des nullités, tandis que le Seigneur a fait le ciel. Il rayonne de grandeur et de majesté, le lieu où il se trouve est rempli de puissance et d'allégresse. Peuples de tous pays, venez honorer le Seigneur, en proclamant sa gloire et sa puissance. Venez proclamer sa gloire, apportez vos dons devant lui. Courbez-vous jusqu'à terre devant le Seigneur, quand il manifeste qu'il est Dieu. Tremblez devant lui, gens du monde entier, la terre est ferme, elle tiendra bon. Que le ciel se réjouisse, que la terre s'émerveille! Que l'on dise à tous les hommes: «Le Seigneur est roi!» Que la mer mugisse avec ce qu'elle contient! Que la campagne soit en fête avec tout ce qui la peuple! Que les arbres des forêts poussent des cris de joie devant le Seigneur, car il vient pour rendre la justice sur terre. Louez le Seigneur, car il est bon, et son amour n'a pas de fin. Criez vers lui: «Dieu notre Sauveur, sauve-nous, délivre-nous des nations étrangères et rassemble-nous. Alors, en te louant, nous prononcerons ton nom, ton nom unique, nous nous réjouirons de t'acclamer.» Merci au Seigneur, au Dieu d'Israël, remerciez-le en tout temps. Et toute l'assemblée s'écria: « Amen! Acclamez le Seigneur!» David ordonna ensuite à Assaf et à ses collègues de rester auprès du coffre de l'alliance du Seigneur, pour y accomplir leur service, sans interruption, selon l'ordre prévu pour chaque jour. Et il désigna comme portiers Obed-Édom et soixante-huit hommes de sa parenté, ainsi qu'Obed-Édom, fils de Yedoutoun, et Hossa. David confia au prêtre Sadoc et aux prêtres de sa parenté le service du sanctuaire du Seigneur qui se trouvait sur le lieu sacré de Gabaon. Ils devaient y présenter sur l'autel les sacrifices complets offerts au Seigneur chaque matin et chaque soir, et accomplir toutes les tâches inscrites dans la loi que le Seigneur a donnée à Israël. Ils étaient en compagnie de Héman, de Yedoutoun et des autres hommes spécialement désignés pour louer le Seigneur, à cause de son amour sans fin. Héman et Yedoutoun s'occupaient des trompettes et des cymbales des musiciens, ainsi que des autres instruments utilisés pour accompagner les chants sacrés. Les fils de Yedoutoun étaient portiers. Ensuite chacun retourna chez soi. David rentra aussi chez lui saluer les siens. David s'installa dans son palais. Un jour il dit au prophète Natan: «J'habite une maison construite en bois de cèdre et le coffre de l'alliance du Seigneur n'a pour abri que les toiles d'une tente. Qu'en penses-tu?» – «Tu as certainement une idée à ce sujet, répondit Natan. Réalise-la, car Dieu est avec toi.» Mais la nuit suivante, le Seigneur adressa la parole à Natan pour lui dire: «Va trouver David mon serviteur. Tu lui diras: Voici ce que te déclare le Seigneur: “Ce n'est pas toi qui me construiras un temple où je puisse habiter. Je n'ai d'ailleurs jamais habité dans un temple, depuis le jour où j'ai fait sortir Israël d'Égypte et jusqu'à présent. Au contraire, je me suis abrité sous des tentes, en me déplaçant d'un endroit à un autre. De plus, durant tout le temps où j'accompagnais Israël, j'ai confié à plusieurs juges le soin de gouverner mon peuple, mais je n'ai reproché à aucun d'entre eux de ne pas m'avoir construit un temple en bois de cèdre.” C'est pourquoi tu diras encore à David: Voici ce que te déclare le Seigneur, le Dieu de l'univers: “Lorsque tu n'étais qu'un gardien de moutons, je t'ai pris au pâturage pour faire de toi le chef d'Israël, mon peuple. Je t'ai soutenu dans toutes tes entreprises, j'ai exterminé tes ennemis devant toi. Grâce à moi tu vas acquérir un renom semblable à celui des plus grands rois de la terre. Je vais donner à Israël, mon peuple, un lieu où je l'installerai pour qu'il y demeure sans rien avoir à craindre. Aucune nation malveillante ne recommencera à le maltraiter comme autrefois, à l'époque où j'ai confié à des juges le soin de gouverner Israël, mon peuple; je ferai plier tous tes ennemis. Et je t'annonce que moi, le Seigneur, je vais t'accorder des descendants. Lorsque sera venu pour toi le moment de mourir, je désignerai l'un de tes propres fils pour te succéder comme roi, et j'établirai fermement son autorité. C'est lui qui me construira un temple, et moi je l'installerai sur un trône inébranlable. Je serai un père pour lui et il sera un fils pour moi. Je ne lui retirerai pas mon appui, comme je l'ai fait pour le roi qui t'a précédé. Je le maintiendrai comme roi à la tête de mon peuple, pour toujours, car le pouvoir royal de sa famille sera inébranlable.” » Natan rapporta à David tout ce que Dieu lui avait dit dans cette vision. Alors le roi David alla se présenter devant le Seigneur, dans la tente sacrée, et dit: «Seigneur mon Dieu, je sais que ni moi ni ma famille n'avons mérité tout ce que tu nous as déjà accordé. Mais pour toi, Seigneur, ce n'est pas suffisant. Voilà que tu fais des promesses pour l'avenir de ma famille; tu me traites comme si j'étais un homme supérieur. Seigneur mon Dieu, que pourrais-je ajouter au sujet de la gloire que tu m'accordes, puisque tu me connais, moi, ton serviteur? Seigneur, parce que tu m'aimes, tu as accompli toutes ces choses merveilleuses, pour manifester ton infinie grandeur. Seigneur, personne n'est semblable à toi. Il n'existe vraiment pas d'autre Dieu que toi, comme nous l'avons toujours entendu dire. De même aucun peuple sur terre n'est semblable à Israël. Tu es venu le libérer, lui seul, de l'oppression des Égyptiens, pour en faire ton peuple. Tu t'es rendu célèbre en recourant à des actions merveilleuses ou effrayantes pour chasser des nations devant ton peuple. Tu en as fait ton peuple pour toujours, Seigneur, et tu es devenu son Dieu. Maintenant, Seigneur, accomplis ce que tu as dit, et que la promesse que tu as faite à mon sujet et au sujet de mes descendants se réalise en tout temps. Oui, qu'elle se réalise, et ainsi ta renommée sera établie pour toujours; on dira: “Le Dieu d'Israël, le Dieu qui est pour Israël, c'est le Seigneur de l'univers.” Assure la durée de ma dynastie. En effet, mon Dieu, tu m'as révélé ton intention de m'accorder des descendants qui régneront après moi. C'est pourquoi je me trouve ici, devant toi, en train de prier. Seigneur, c'est toi qui es Dieu, et tu me promets maintenant ce bonheur! Tu as décidé de bénir ma famille afin que mes descendants règnent toujours devant toi. Seigneur, puisque c'est toi qui la bénis, elle sera bénie pour toujours.» Par la suite, David battit les Philistins et les humilia en leur prenant la ville de Gath et les villages voisins. Il battit aussi les Moabites, qui devinrent alors ses sujets, soumis au payement d'un tribut. Il battit encore Hadadézer, roi de l'État syrien de Soba, dont le royaume s'étendait en direction de Hamath, au moment où Hadadézer tentait d'établir sa domination sur la région de l'Euphrate. Il s'empara de mille chars, et fit prisonniers sept mille cavaliers et vingt mille fantassins de son armée; il garda pour lui une centaine d'attelages, mais fit couper les jarrets de tous les autres chevaux. Là-dessus les Syriens de Damas vinrent au secours de Hadadézer; David les battit également et tua vingt-deux mille d'entre eux. Il leur imposa des gouverneurs, et les Syriens furent ses sujets, soumis au payement d'un tribut. Ainsi le Seigneur donna la victoire à David dans toutes ses campagnes militaires. David s'empara des boucliers d'or que portaient les gardes de Hadadézer, et les emporta à Jérusalem. Il s'empara aussi de grandes quantités de bronze qui se trouvaient à Tibath et à Koun, deux villes du royaume de Hadadézer. Plus tard Salomon utilisa ce métal pour fabriquer la grande cuve ronde, les colonnes et les ustensiles de bronze du temple. Toou, roi de Hamath, apprit que David avait battu toute l'armée de Hadadézer, roi de Soba. Il envoya son fils Hadoram saluer le roi David et le féliciter de sa campagne victorieuse contre Hadadézer. En effet, Hadadézer était un adversaire de Toou. Hadoram apporta à David toutes sortes d'objets d'or, d'argent et de bronze. Le roi les consacra au Seigneur, comme l'argent et l'or pris aux autres nations, Édomites, Moabites, Ammonites, Philistins et Amalécites. Abichaï, dont la mère s'appelait Serouia, battit les Édomites dans la vallée du Sel, tuant dix-huit mille d'entre eux. Il leur imposa des gouverneurs, et les Édomites furent ses sujets. Ainsi le Seigneur donna la victoire à David dans toutes ses campagnes militaires. David régna sur l'ensemble d'Israël. Il rendait la justice avec impartialité à l'égard de tout le peuple. Joab, dont la mère s'appelait Serouia, était chef de l'armée; Yochafath, fils d'Ahiloud, était porte-parole du roi; Sadoc, fils d'Ahitoub, et Abimélek, fils d'Abiatar, étaient prêtres; Chavecha était secrétaire; Benaya, fils de Yoyada, commandait les Crétois et les Pélétiens de la garde royale. Les fils de David étaient ses principaux collaborateurs. Quelque temps après, Nahach, roi des Ammonites, mourut et son fils lui succéda. David se dit: «Je veux traiter Hanoun, fils de Nahach, avec bonté, puisque son père l'a fait à mon égard.» Il envoya donc une délégation présenter ses condoléances à Hanoun, à l'occasion de la mort de son père. Lorsque les ministres de David, chargés de cette mission, arrivèrent dans le pays des Ammonites, les princes ammonites dirent à Hanoun: «T'imagines-tu que c'est seulement pour honorer la mémoire de ton père que David envoie des ministres t'apporter ses condoléances? N'est-ce pas plutôt pour qu'ils jouent les espions en parcourant le pays, afin de pouvoir un jour s'en emparer?» Alors Hanoun fit arrêter les ministres de David: on leur rasa la barbe, on leur coupa les vêtements à mi-hauteur, au niveau des fesses, et on les renvoya. Ils s'en allèrent. David fut informé de ce qui était arrivé à ses ministres. Il envoya des messagers à leur rencontre, car ils étaient écrasés de honte. Le roi leur faisait dire: «Restez à Jéricho jusqu'à ce que vos barbes aient repoussé. Alors seulement vous reviendrez ici.» Hanoun et les Ammonites comprirent qu'ils s'étaient rendus odieux à David. Ils prirent donc à leur solde des Syriens de Haute-Mésopotamie, de Maaka et de Soba, avec chars et cavaliers, au prix de trente tonnes d'argent. Ils se procurèrent trente-deux mille chars de guerre, et louèrent les services du roi de Maaka avec son armée. Ceux-ci vinrent camper dans les environs de Mèdeba, tandis que les Ammonites, sortant de leurs villes, se rassemblaient pour le combat. Dès que David l'apprit, il dépêcha sur les lieux le général Joab avec toute l'armée de métier. Les Ammonites allèrent se ranger en ordre de bataille près de la porte de leur capitale. Les rois venus à leur aide occupaient une autre position dans la campagne. Joab constata qu'il devait faire face à deux fronts, l'un devant lui et l'autre derrière. Il choisit les meilleurs soldats d'Israël et les plaça en face des Syriens. Il confia le reste de l'armée à son frère Abichaï; ces troupes-là furent placées en face des Ammonites. Joab dit à son frère: «Si les Syriens sont plus forts que moi, tu viendras à mon secours. Si au contraire les Ammonites sont plus forts que toi, c'est moi qui te secourrai. Montre-toi courageux, combattons avec vaillance pour notre peuple et les villes de notre Dieu. Et que le Seigneur agisse comme il le jugera bon.» Joab et sa troupe s'avancèrent pour combattre les Syriens; ceux-ci s'enfuirent devant lui. Quand les Ammonites virent les Syriens en fuite, ils s'enfuirent eux-mêmes devant Abichaï, le frère de Joab, et rentrèrent dans la ville. Alors Joab regagna Jérusalem. Les Syriens, constatant qu'ils avaient été battus par les Israélites, envoyèrent des messagers mobiliser leurs compatriotes habitant au-delà de l'Euphrate. A leur tête se trouvait Chofak, commandant en chef de l'armée de Hadadézer. David en fut informé; il rassembla toute l'armée israélite, passa le Jourdain, fonça vers eux et prit position à proximité de leurs lignes. Il plaça ses troupes en ordre de bataille, face aux Syriens. Les Syriens attaquèrent, mais ils furent mis en fuite par les Israélites. David et ses troupes tuèrent sept mille attelages de chevaux et quarante mille fantassins; il tuèrent même le général Chofak. Lorsque les rois soumis à Hadadézer virent qu'ils avaient été battus par les Israélites, ils firent la paix avec David et se soumirent à lui. Dès lors les Syriens ne voulurent plus porter secours aux Ammonites. Au printemps suivant – c'est la saison où, d'habitude, les rois partent pour la guerre –, Joab partit à la tête de l'armée, ravagea le territoire des Ammonites et alla assiéger la capitale Rabba. David, lui, était resté à Jérusalem. Lorsque Joab se fut emparé de Rabba et l'eut détruite, David prit la couronne qui se trouvait sur la tête de la statue du dieu ammonite Milkom. On constata que cette couronne d'or pesait plus de trente kilos et portait une pierre précieuse, qui fut placée sur la couronne royale de David. En outre on emporta de la ville un très abondant butin. David déporta les habitants et les affecta à des travaux forcés, en tant que scieurs et tailleurs de pierre ou bûcherons. Il fit de même pour toutes les autres villes des Ammonites. Ensuite il rentra à Jérusalem avec toute son armée. Plus tard, Israël engagea un combat contre les Philistins, à Guézer; à cette occasion-là, Sibkaï, de Houcha, tua Sippaï, un descendant des Refaïtes. Les Philistins en furent humiliés. Au cours d'un autre combat contre les Philistins, Élanan, fils de Yaïr, tua Lami, frère de Goliath, de Gath, dont le bois de la lance était gros comme le cylindre d'un métier à tisser. Un autre combat encore eut lieu, à Gath. Il y avait là un soldat ennemi de haute taille, qui avait six doigts à chaque extrémité, soit vingt-quatre doigts; il était, comme les autres, un descendant de Harafa. Il insulta les Israélites. Alors Yonatan, fils de Chamma et neveu de David, le tua. Ces soldats philistins, descendants de Harafa, de Gath, tombèrent donc sous les coups de David et de ses soldats. Un jour, Satan décida de nuire à Israël en poussant David à dénombrer les Israélites. David dit à Joab et aux autres chefs de l'armée: «Allez recenser les Israélites, du sud au nord du pays, puis venez me faire votre rapport, car je veux connaître le chiffre de la population.» Joab lui répondit: «Majesté, je souhaite que le Seigneur rende les Israélites cent fois plus nombreux! Aujourd'hui ils sont déjà tous à ton service. Mais pourquoi donc désires-tu connaître leur nombre et entraîner Israël dans la désobéissance? » Cependant l'ordre du roi était catégorique, de sorte que Joab dut l'exécuter. Il partit, parcourut tout Israël, puis regagna Jérusalem. Il communiqua à David le résultat du recensement: Israël comptait 1 100 000 hommes en état de se battre, et Juda 470 000. Joab n'avait pas recensé les tribus de Lévi et de Benjamin avec les autres, car l'ordre du roi l'avait profondément choqué. Cette entreprise déplut à Dieu, qui punit Israël. David dit à Dieu: «En agissant ainsi, j'ai commis une faute grave. Je reconnais que je me suis conduit comme un insensé! Pardonne-moi ce péché.» Le Seigneur adressa la parole au prophète Gad, conseiller de David: «Va trouver David! Tu lui diras: “Voici ce que déclare le Seigneur: Je te propose trois châtiments; je t'infligerai celui que tu choisiras.” » Gad se rendit chez David et lui dit: «Voici ce que déclare le Seigneur: “Que choisis-tu? Trois années de famine? ou trois mois de défaite, pendant lesquels tu seras harcelé par l'épée de tes ennemis? ou trois jours pendant lesquels le Seigneur frappera le pays de son épée en envoyant son ange exterminateur répandre la peste dans tout le territoire d'Israël?” Réfléchis et dis-moi ce que je dois répondre à celui qui m'envoie.» David répondit: «Je suis dans une grande angoisse… Mais je préfère tomber entre les mains du Seigneur plutôt qu'entre celles des hommes, car le Seigneur sait avoir pitié.» Le Seigneur envoya donc une épidémie de peste sur Israël; soixante-dix mille Israélites en moururent. Le Seigneur conduisit l'ange à Jérusalem, pour y répandre le fléau. Mais lorsqu'il vit l'ange exterminateur accomplir sa tâche, le Seigneur renonça à sévir davantage et lui dit: «Cela suffit; abaisse ta main!» A ce moment-là, l'ange du Seigneur se tenait près de l'endroit où le Jébusite Ornan battait son blé. David leva les yeux et vit l'ange qui se tenait entre ciel et terre, brandissant son épée dégainée en direction de Jérusalem. David et les anciens, qui étaient vêtus d'habits de deuil, se jetèrent le visage contre terre. David dit à Dieu: «N'est-ce pas moi qui ai ordonné de dénombrer la population? C'est donc moi qui suis coupable, c'est moi qui ai commis une faute! Eux, les gens de mon peuple, n'ont rien fait de mal. Seigneur mon Dieu, c'est moi et ma famille qu'il faut punir, sans infliger ce fléau à ton peuple.» L'ange du Seigneur dit à Gad: «Ordonne à David de monter sur l'aire où Ornan bat son blé, et d'y construire un autel pour le Seigneur.» David s'y rendit comme Gad le lui avait ordonné de la part du Seigneur. Ornan était en train de battre son blé. Il se retourna et aperçut l'ange; ses quatre fils, qui étaient avec lui, allèrent se cacher. David monta vers Ornan. Dès que celui-ci vit le roi, il quitta l'aire et vint se jeter le visage contre terre devant lui. David lui dit: «Cède-moi l'emplacement de ton aire. Je veux y construire un autel pour le Seigneur, afin que le fléau qui s'est abattu sur le peuple prenne fin. Cède-le-moi donc, je te le payerai à sa pleine valeur.» Ornan répondit: «Que le roi prenne ce dont il a besoin et qu'il fasse ce qu'il désire. Voici mes bœufs, je les donne pour le sacrifice, et voici les chariots comme combustible et le blé pour l'offrande végétale. Je donne tout.» Mais le roi lui dit: «Tu ne me donneras rien! Je veux acheter cela, te le payer à sa pleine valeur. Je ne vais quand même pas offrir au Seigneur ce qui t'appartient, lui faire des sacrifices qui ne me coûtent rien!» David remit à Ornan six cents pièces d'or, pour l'achat de cet emplacement. Il construisit à cet endroit un autel pour le Seigneur et y plaça des sacrifices complets et des sacrifices de communion. Il pria ensuite le Seigneur, qui lui répondit en envoyant du ciel le feu destiné à brûler les sacrifices sur l'autel. Alors le Seigneur ordonna à l'ange de remettre l'épée dans son fourreau. David constata que le Seigneur avait répondu à sa prière, sur l'aire d'Ornan, le Jébusite; dès lors, il y offrit régulièrement des sacrifices. A cette époque, le sanctuaire que Moïse avait fabriqué dans le désert se trouvait, avec l'autel des sacrifices, sur le lieu sacré de Gabaon. Mais David ne pouvait pas s'y rendre pour consulter Dieu, tant il avait été effrayé par l'épée de l'ange du Seigneur. C'est pourquoi il disait: «Le sanctuaire du Seigneur Dieu se trouve ici, et voici l'autel où les Israélites doivent offrir leurs sacrifices.» David ordonna de rassembler les étrangers habitant le pays d'Israël; il leur imposa la tâche de façonner des pierres de taille en vue de la construction du temple de Dieu. Il prépara une grande quantité de fer, destiné à la fabrication des clous pour les battants des portes, ainsi que des crochets; il accumula une masse incalculable de bronze, de même qu'une quantité considérable de bois de cèdre, que les Sidoniens et les Tyriens lui fournissaient en abondance. En effet, David se disait: «Mon fils Salomon est jeune et sans expérience. Or le temple à construire pour le Seigneur devra être renommé dans tous les pays pour sa grandeur insurpassable et sa splendeur. Je veux donc faire des préparatifs en vue de cette construction.» Ainsi David fit de nombreux préparatifs avant sa mort. David convoqua son fils Salomon et lui ordonna de construire un temple pour le Seigneur, le Dieu d'Israël. Il lui dit: «Mon fils, j'avais moi-même l'intention de construire un temple consacré au Seigneur mon Dieu. Cependant le Seigneur m'a déclaré: “Tu as fait couler beaucoup de sang au cours des grandes guerres que tu as menées. A cause de tout ce sang répandu à terre devant moi, ce n'est pas toi qui construiras un temple où l'on viendra m'adorer. Mais un fils va naître de toi: ce sera un homme de paix et je ne permettrai pas aux ennemis qui l'entourent de troubler sa tranquillité. Il portera le nom de Salomon, – ce qui signifie ‘le Pacifique’ –, car durant son règne j'accorderai à Israël paix et sécurité. C'est lui qui me construira un temple. Il sera un fils pour moi et je serai un père pour lui. Je rendrai inébranlable sa royauté sur Israël.” Eh bien, mon fils, continua David, que le Seigneur ton Dieu soit avec toi, afin que tu réussisses à lui construire un temple, comme il l'a promis à ton sujet. Qu'il t'accorde du discernement et de l'intelligence lorsqu'il te donnera l'autorité sur Israël, pour que tu puisses obéir à sa loi. Si tu respectes et accomplis les prescriptions et les règles qu'il a données à Moïse pour Israël, alors tu réussiras en tout. Sois courageux et fort; ne crains rien, ne t'effraie pas. J'ai pris la peine d'accumuler, pour le temple du Seigneur, plus de trois mille tonnes d'or, plus de trente mille tonnes d'argent, ainsi qu'une quantité incalculable de bronze et de fer. J'ai aussi préparé du bois et des pierres. Tu pourras en ajouter encore. Tu auras à ton service des ouvriers, artisans spécialisés dans le travail de la pierre et du bois, ou experts en tout autre ouvrage. Tu disposes d'une quantité inépuisable d'or, d'argent, de bronze et de fer. Eh bien, mets-toi à l'ouvrage, et que le Seigneur soit avec toi.» Ensuite David ordonna à tous les chefs d'Israël de venir en aide à son fils Salomon: «Le Seigneur votre Dieu n'est-il pas avec vous? leur dit-il. Il vous a accordé la tranquillité de tous les côtés, depuis qu'il a livré les anciens habitants du pays à mon pouvoir. Les voici maintenant soumis au Seigneur et à son peuple. Alors appliquez-vous de tout votre cœur et de tout votre être à connaître la volonté du Seigneur votre Dieu. Mettez-vous à l'ouvrage et construisez le sanctuaire du Seigneur Dieu; vous pourrez ainsi déposer le coffre de l'alliance du Seigneur et les objets consacrés à Dieu dans le temple que vous aurez construit en son honneur.» David, devenu très vieux, désigna son fils Salomon comme roi d'Israël. Puis il fit venir tous les chefs d'Israël, ainsi que les prêtres et les lévites. On compta un à un les lévites adultes, âgés de trente ans et plus; leur nombre s'éleva à trente-huit mille. David en désigna vingt-quatre mille pour surveiller la construction du temple du Seigneur, six mille comme administrateurs et juges, quatre mille comme portiers et les quatre mille autres pour acclamer le Seigneur avec les instruments de musique qu'il avait fait fabriquer pour cet usage. Il répartit les lévites en différents groupes, selon qu'ils appartenaient aux clans de Guerchon, Quéhath ou Merari, les fils de Lévi. Guerchon eut pour fils Ladan et Chiméi. Ladan eut trois fils: Yéhiel, le premier, puis Zétam et Joël. Chiméi eut trois fils: Chelomith, Haziel et Haran, qui furent les chefs des familles issues de Ladan. Chiméi eut encore quatre fils: Yahath, Ziza, Yéouch et Beria. Yahath était le premier, Ziza le second; Yéouch et Beria eurent peu de fils, si bien qu'ils furent enregistrés comme une seule famille. Quéhath eut quatre fils: Amram, Issar, Hébron et Ouziel. Fils d'Amram: Aaron et Moïse. Aaron fut mis à part à titre définitif, de même que ses descendants, pour s'occuper du “ lieu très saint”; ils devaient présenter au Seigneur les offrandes de parfum, accomplir le service divin et prononcer la bénédiction au nom du Seigneur. Quant à Moïse, il fut l'homme de Dieu; cependant ses fils furent considérés comme de simples membres de la tribu de Lévi. Fils de Moïse: Guerchom et Éliézer. Fils de Guerchom: Chebouel, le premier. Éliézer eut un fils, Rehabia; il n'en eut pas d'autres, mais Rehabia eut de très nombreux descendants. Fils d'Issar: Chelomith, le premier. Fils d'Hébron: Yeria, le premier, Amaria, le second, Yaziel, le troisième, et Yecamam, le quatrième. Fils d'Ouziel: Mika, le premier, et Issia, le second. Fils de Merari: Mali et Mouchi. Mali eut deux fils, Élazar et Quich. Élazar mourut sans avoir eu de fils. Il ne laissait que des filles et ce furent leurs cousins, les fils de Quich, qui les épousèrent. Mouchi eut trois fils, Mali, Éder et Yerémoth. Tels furent les descendants de Lévi, chefs de leurs familles respectives, enregistrés un à un dans les listes nominatives. Ils étaient chargés, dès l'âge de vingt ans, de s'occuper du service dans le temple du Seigneur. En effet, David avait déclaré: «Le Seigneur, le Dieu d'Israël, a accordé la paix à son peuple; lui-même demeure pour toujours à Jérusalem. Ainsi les lévites n'ont plus à transporter la tente de la rencontre et tous les objets du culte.» Selon la décision finale de David, les lévites sont inscrits sur les listes dès l'âge de vingt ans. Ils sont aux ordres des descendants d'Aaron pour le service dans le temple du Seigneur, dans les cours et dans les locaux adjacents; ils purifient les objets sacrés et accomplissent des tâches particulières dans le sanctuaire: confectionner les pains sacrés offerts à Dieu, préparer la farine destinée aux offrandes végétales – galettes sans levain, gâteaux cuits sur une plaque et autres pâtisseries –, et contrôler les mesures de capacité et de longueur. Ils doivent être présents matin et soir pour louer et acclamer le Seigneur, ainsi que chaque fois qu'on lui offre des sacrifices complets, le jour du sabbat, le premier jour du mois ou les autres jours de fêtes. En tout temps, ils accompliront, en nombre réglementaire, leur tâche devant le Seigneur. Ils prendront soin de la tente de la rencontre et du sanctuaire, et collaboreront avec les descendants d'Aaron, leurs frères, au service dans le temple du Seigneur. Les descendants d'Aaron furent répartis en groupes. Aaron avait eu quatre fils, Nadab, Abihou, Élazar et Itamar. Nadab et Abihou moururent avant leur père, sans avoir de fils, si bien que seuls Élazar et Itamar exercèrent le ministère de prêtres. Plus tard David, secondé par Sadoc, descendant d'Élazar, et par Ahimélek, descendant d'Itamar, répartit les prêtres en groupes, selon les devoirs de leur service. On constata qu'il y avait plus d'hommes parmi les descendants d'Élazar que parmi ceux d'Itamar. C'est pourquoi on répartit les descendants d'Élazar en seize groupes familiaux et ceux d'Itamar en huit groupes, avec leurs chefs respectifs. La répartition des uns et des autres se fit par tirage au sort, car il y avait des “princes consacrés” et des “princes de Dieu” aussi bien parmi les descendants d'Élazar que parmi ceux d'Itamar. Le secrétaire Chemaya, fils de Netanéel, de la tribu de Lévi, inscrivit leurs noms en présence du roi, des chefs, du prêtre Sadoc, d'Ahimélek, fils d'Abiatar, et des chefs de familles sacerdotales et lévitiques. Pour le clan d'Élazar, on tirait au sort deux fois consécutives, pour celui d'Itamar, une seule fois. Les groupes se conformaient à cet ordre pour leur service dans le temple du Seigneur; ils y accomplissaient leur tâche selon les directives transmises par leur ancêtre Aaron, qui les avait reçues du Seigneur, le Dieu d'Israël lui-même. Voici d'autres descendants de Lévi: Parmi les descendants d'Amram, il y eut Choubaël, et parmi ceux de Choubaël, Yédia. Parmi les descendants de Rehabia, il y eut Issia, le premier de sa famille. Parmi les descendants d'Issar, il y eut Chelomoth, et parmi ceux de Chelomoth, Yahath. Fils d'Hébron: Yeria, le premier, Amaria, le second, Yaziel, le troisième, et Yecamam, le quatrième. Fils d'Ouziel: Mika. Parmi les descendants de Mika, il y eut Chamir. Parmi les descendants d'Issia, frère de Mika, il y eut Zacharie. Fils de Merari: Mali, Mouchi et Yazia; descendants de Merari, par son fils Yazia: Choham, Zakour et Ibri. Fils de Mali: Élazar, qui n'eut pas de fils, et Quich, dont Yeraméel fut un fils. Fils de Mouchi: Mali, Éder et Yerimoth. Tels furent les descendants des lévites, selon leurs familles respectives. Eux aussi, tout comme leurs frères, les descendants d'Aaron, tirèrent au sort l'ordre de leur service, en présence du roi David, de Sadoc et Ahimélek, et des chefs de familles sacerdotales et lévitiques. Ainsi la famille d'un aîné fut traitée de la même façon que celle d'un frère plus jeune. David, secondé par les chefs des équipes responsables du culte, mit à part les descendants d'Assaf, de Héman et de Yedoutoun; ils chantaient les messages de Dieu en s'accompagnant de lyres, de harpes et de cymbales. Voici la liste des hommes effectuant ce service: Les fils d'Assaf: Zakour, Joseph, Netania et Assaréla; ils étaient dirigés par leur père, qui chantait les messages de Dieu selon les instructions du roi. Les fils de Yedoutoun: Guedalia, Seri, Yechaya, Chiméi, Hachabia et Mattitia; tous les six étaient dirigés par leur père, qui chantait les messages de Dieu en s'accompagnant de la lyre pour louer et acclamer le Seigneur. Les fils de Héman: Bouquia, Mattania, Ouziel, Chebouel, Yerimoth, Hanania, Hanani, Éliata, Guidalti, Romameti-Ézer, Yochebécacha, Malloti, Hotir et Mahazioth. C'étaient là tous les fils de Héman, lequel annonçait au roi les messages de Dieu, pour exalter sa puissance. Dieu avait accordé à Héman quatorze fils et trois filles. Tous ces gens chantaient dans le temple du Seigneur sous la direction de leur père, en s'accompagnant de cymbales, de harpes et de lyres; ils exerçaient leur ministère au service du roi, sous la direction d'Assaf, Yedoutoun et Héman. Ces chanteurs expérimentés et les membres de leurs groupes, également formés pour louer le Seigneur par le chant, étaient deux cent quatre-vingt-huit au total. On tira au sort pour déterminer l'ordre des services, sans faire de différence entre les jeunes et les vieux, ni entre les chanteurs expérimentés et les débutants. Les portiers formaient aussi des groupes. Mechélémia, fils de Coré et petit-fils d'Abiassaf, du clan de Coré, eut sept fils: ce furent, dans l'ordre, Zacharie, Yediaël, Zébadia, Yatniel, Élam, Yohanan et Éliohénaï. Obed-Édom eut huit fils: ce furent, dans l'ordre, Chemaya, Yozabad, Yoa, Sakar, Netanéel, Ammiel, Issakar et Péoultaï. En effet, Dieu avait béni Obed-Édom. Son aîné Chemaya eut des fils qui occupèrent des positions dominantes dans la famille, car c'étaient des hommes de valeur. Les fils de Chemaya furent Otni, Refaël, Obed et Elzabad, ainsi que leurs frères Élihou et Semakia, tous deux particulièrement estimés. Ces descendants d'Obed-Édom, avec leurs propres fils et d'autres parents, étaient tous des hommes de valeur, pleins d'énergie dans leur service. Ils étaient au nombre de soixante-deux. Le groupe de Mechélémia, constitué par ses fils et ses frères, comptait dix-huit hommes de valeur. Hossa, du clan de Merari, eut quatre fils: Chimri, le premier de la famille, – son père lui attribua cette position, bien qu'il ne fût pas l'aîné –, Hilquia, le second, Tebalia, le troisième, et Zacharie, le quatrième; le groupe de Hossa, constitué par tous ses fils et ses frères, comptait treize hommes. Les chefs et les membres de ces groupes de portiers accomplissaient ensemble leur tâche dans le temple du Seigneur. Ils se répartirent les portes à garder en tirant au sort d'après leurs familles, jeunes et vieux sur pied d'égalité. Le sort attribua la porte orientale à Chélémia. Son fils Zacharie, dont les avis étaient remplis de bon sens, se vit confier par le sort la porte nord. Obed-Édom eut la garde de la porte sud, et ses fils la surveillance des entrepôts. Chouppim et Hossa se partagèrent la garde de la porte ouest et de la porte de Challéketh, qui s'ouvre sur le chemin montant. Les équipes respectives de garde étaient réparties de la manière suivante: à la porte orientale, six lévites par jour; à la porte nord, quatre par jour; à la porte sud, quatre par jour; aux entrepôts, deux équipes de deux; pour le bâtiment annexe situé à l'ouest, quatre hommes sur la route et deux dans le bâtiment. Tels étaient les groupes de portiers, recrutés dans les clans de Coré et de Merari. D'autres lévites avaient la responsabilité des trésors du temple et des objets sacrés offerts à Dieu. Les descendants de Ladan, du clan de Guerchon, chefs de leurs familles respectives, étaient Yéhiéli, ainsi que les fils de Yéhiéli, Zétam et son frère Joël; ils avaient la responsabilité des trésors du temple du Seigneur. Pour les clans d'Amram, d'Issar, d'Hébron et d'Ouziel, Chebouel, descendant de Guerchom, lui-même fils de Moïse, était le surveillant général des trésors. Dans sa parenté se trouvait la lignée des descendants d'Éliézer, frère de Guerchom: Rehabia, fils d'Éliézer, puis Yechaya, Yoram, Zikri et Chelomith. Chelomith, avec ses frères, était responsable des objets qui avaient été consacrés à Dieu par le roi David, par les chefs de familles, par les commandants de régiments et de compagnies, et par les autres chefs militaires. Ces hommes avaient consacré à Dieu une part du butin pris lors des guerres, en vue d'entretenir le temple du Seigneur. Tout ce que le prophète Samuel, Saül, fils de Quich, Abner, fils de Ner, et Joab, dont la mère s'appelait Serouia, avaient consacré à Dieu se trouvait aussi sous la responsabilité de Chelomith et de ses frères. Kenania et ses fils, du clan d'Issar, s'occupaient des affaires civiles d'Israël, en tant qu'administrateurs et juges. Hachabia et mille sept cents autres hommes de valeur du clan d'Hébron veillaient sur le territoire d'Israël situé à l'ouest du Jourdain; ils étaient chargés de toutes les affaires, tant religieuses que civiles. Yeria était le chef du clan d'Hébron. Pendant la quarantième année du règne de David, on fit des recherches généalogiques relatives à ce clan, et on trouva à Yazer, en Galaad, des hommes de valeur qui en étaient membres. Le roi David désigna, à côté de Yeria, deux mille sept cents membres de ce clan, tous chefs de familles, pour s'occuper de l'ensemble des affaires religieuses et civiles, dans la région habitée par les tribus de Ruben et de Gad, et la demi-tribu orientale de Manassé. Voici une liste d'Israélites au service du roi: chefs de familles, commandants de régiments ou de compagnies, et administrateurs. Leur activité concernait les divisions militaires qui, tout au long de l'année, étaient de service à tour de rôle pour un mois. Chaque division comptait vingt-quatre mille hommes; A la tête des tribus d'Israël se trouvaient les chefs suivants: Tribu de Ruben: Éliézer, fils de Zikri. Tribu de Siméon: Chefatia, fils de Maaka. Tribu de Lévi: Hachabia, fils de Quemouel. Descendant d'Aaron: Sadoc. Tribu de Juda: Élihou, un des frères de David. Tribu d'Issakar: Omri, fils de Mikaël. Tribu de Zabulon: Ichemaya, fils d'Obadia. Tribu de Neftali: Yerimoth, fils d'Azriel. Tribu d'Éfraïm: Osée, fils d'Azazia. Demi-tribu occidentale de Manassé: Joël, fils de Pedaya. Demi-tribu orientale de Manassé, installée en Galaad: Iddo, fils de Zacharie. Tribu de Benjamin: Yassiel, fils d'Abner. Tribu de Dan: Azarel, fils de Yeroam. Tels étaient les chefs des tribus d'Israël. David ne fit pas dénombrer les jeunes de vingt ans et au-dessous, car le Seigneur avait annoncé qu'il rendrait les Israélites aussi nombreux que les étoiles du ciel. Joab, dont la mère s'appelait Serouia, avait commencé le dénombrement, mais il ne l'acheva pas, car Dieu se mit en colère contre Israël à cause de cette entreprise. C'est pourquoi le chiffre total de la population ne figure pas dans le livre intitulé Actes du roi David. Azmaveth, fils d'Adiel, était intendant du trésor royal. Yonatan, fils d'Ozias, était intendant des réserves entreposées dans le pays, tant dans les villes que dans les villages et les postes de garde. Ezri, fils de Keloub, était responsable des ouvriers agricoles travaillant dans le pays. Chiméi, de Rama, était intendant des vignobles. Zabdi, de Chefam, était intendant des réserves de vin provenant de ces vignobles. Baal-Hanan, de Beth-Guéder, était intendant des plantations d'oliviers et de sycomores dans le Bas -Pays. Yoach était intendant des réserves d'huile. Chitraï, de Saron, était responsable des troupeaux de bœufs paissant dans les pâturages de Saron. Chafath, fils d'Adlaï, était responsable de ceux paissant ailleurs dans les plaines. Obil, l'Ismaélite, était responsable des chameaux. Yédia, de Méronoth, était responsable des ânesses. Yaziz, le Hagrite, était responsable des moutons et des chèvres. Telle est la liste des gens qui administraient les biens appartenant au roi David. Yonatan, oncle de David, homme intelligent et instruit, était conseiller du roi. Yéhiel, fils d'un Hakmonite, était chargé de l'éducation des enfants du roi. Ahitofel était aussi conseiller du roi. Houchaï, l'Arkite, était le confident du roi. Ahitofel eut pour successeurs Yoyada, fils de Benaya, et Abiatar. Quant au commandant en chef de l'armée royale, c'était Joab. Le roi David réunit à Jérusalem tous les chefs d'Israël: chefs de tribus, chefs de divisions militaires au service du roi, commandants de régiments ou de compagnies, administrateurs des biens et des troupeaux appartenant au roi et à ses fils, de même que les hommes de confiance du palais, les soldats les plus vaillants et tous les hommes de valeur. Le roi se leva et leur dit: «Hommes de mon peuple, mes amis, écoutez-moi. J'avais l'intention de construire un temple pour y déposer le coffre de l'alliance du Seigneur, le marchepied de notre Dieu. J'avais donc tout préparé à cet effet, mais Dieu m'a dit: “Ce n'est pas toi qui construiras un temple où l'on viendra m'adorer, car tu es un homme de guerre, qui as fait couler beaucoup de sang.” Cependant c'est moi que le Seigneur, le Dieu d'Israël, a choisi parmi toute la famille de mon père, afin que moi et mes descendants nous régnions pour toujours sur Israël. Autrefois il a choisi Juda comme prince, puis, dans la tribu de Juda, il a choisi la famille de mon père, et ensuite, parmi les fils de mon père, il lui a plu de me faire roi de l'ensemble d'Israël. Maintenant, entre les nombreux fils qu'il m'a accordés, il a choisi Salomon pour qu'il prenne place sur le trône d'Israël et y exerce la royauté de la part du Seigneur. Il m'a déclaré: “C'est ton fils Salomon qui me construira un temple avec ses cours, car c'est lui que j'ai choisi; il sera un fils pour moi et je serai un père pour lui. Je lui prépare un règne qui durera éternellement, si, comme aujourd'hui, il met fermement en pratique mes commandements et mes règles”. Eh bien maintenant, mes amis, face à tout Israël, le peuple du Seigneur, et en présence de notre Dieu qui nous entend, engagez-vous à étudier et à observer tous les commandements du Seigneur notre Dieu. Ainsi vous continuerez à posséder le bon pays où vous êtes et vous pourrez le laisser en héritage perpétuel à vos descendants. – Quant à toi, mon fils Salomon, apprends à bien connaître le Dieu que j'ai servi, adore-le avec un cœur sans partage et un esprit bien disposé. En effet, le Seigneur regarde jusqu'au fond des cœurs, et discerne toutes les pensées des hommes. Si tu le recherches, il se laissera trouver par toi; mais si tu l'abandonnes, il te rejettera définitivement. A présent, tu peux constater que le Seigneur t'a choisi pour construire le temple qui sera son sanctuaire. Prends donc courage et mets-toi à l'œuvre.» David remit à Salomon le plan du sanctuaire, avec ses locaux annexes – chambres à trésor, chambres supérieures ou intérieures –, et la salle du coffre sacré. Il lui remit aussi les plans de tout ce qu'il avait prévu de construire, les cours du temple, les salles autour des cours, les salles destinées aux trésors du temple et aux objets sacrés offerts à Dieu. Il lui confia la liste des groupes de prêtres et de lévites, celle des services à accomplir dans le temple du Seigneur, celle des objets de culte du temple. Il lui indiqua le poids d'or nécessaire pour chaque objet d'or, et le poids d'argent pour chaque objet d'argent, selon l'utilisation respective, ainsi que le poids des porte-lampes et des lampes d'or, des porte-lampes et des lampes d'argent, selon leur utilisation respective, le poids de chacune des tables d'or destinées aux pains offerts à Dieu, celui des tables d'argent, le poids des fourchettes à viande, des bols à aspersion et des flacons d'or pur, celui des bassines d'or et d'argent, selon leur utilisation respective, et le poids de l'autel du parfum, en or fin. Il lui donna enfin le modèle du char sacré, en particulier des chérubins d'or qui couvrent de leurs ailes déployées le coffre de l'alliance du Seigneur. Alors David déclara: «Tout cela figure dans le document que j'ai reçu de la part du Seigneur; ce document explique en détail la façon d'exécuter les plans.» Puis il ajouta: «Mon fils, sois courageux et fort; mets-toi à l'œuvre sans crainte ni frayeur! Le Seigneur mon Dieu ne t'abandonnera pas; il est avec toi et te soutiendra jusqu'à ce que soit achevé le travail à accomplir pour son temple. Les prêtres et lévites, organisés en groupes pour célébrer le culte du temple, sont aussi à tes côtés; de même, tu peux compter pour le travail à faire sur des gens pleins de bonne volonté et de compétence, parmi les chefs et l'ensemble du peuple.» Le roi David dit à toute l'assemblée présente: «Mon fils Salomon, que le Seigneur a choisi, est jeune et sans expérience. Or le travail à accomplir est considérable, car il ne s'agit pas de construire un palais pour un homme, mais le temple du Seigneur Dieu. J'ai consacré tous mes efforts à faire des préparatifs pour le temple de Dieu: j'ai amassé de l'or, de l'argent, du bronze, du fer, du bois, pour tous les objets à fabriquer avec ces divers matériaux; j'ai préparé des quantités de pierres de cornaline et d'autres pierres décoratives, des pierres noires et de diverses couleurs, toutes sortes de pierres précieuses, ainsi que des blocs d'albâtre. Quant à ma fortune personnelle, en or et en argent, je la donne pour le temple de mon Dieu, je l'ajoute à tout ce que j'ai déjà préparé pour ce sanctuaire que j'aime tant. Je donne cent tonnes d'or d'Ofir et deux cent quarante tonnes d'argent fin destiné à recouvrir les parois du temple. Et maintenant, qui de vous s'engage librement à consacrer au Seigneur de l'or ou de l'argent, pour que les artisans puissent fabriquer tous les objets d'or et d'argent nécessaires?» Alors les chefs de familles, les chefs des tribus d'Israël, les commandants de régiments ou de compagnies, et les responsables des équipes travaillant pour le roi s'engagèrent librement à donner pour le service du temple de Dieu cent soixante-dix tonnes d'or, dix mille pièces d'or, plus de trois cents tonnes d'argent, environ six cents tonnes de bronze et plus de trois mille tonnes de fer. Ceux qui possédaient des pierres précieuses les confièrent à Yéhiel, du clan de Guerchon, pour le trésor du temple du Seigneur. Tous ces gens avaient offert de bon cœur leurs biens pour le Seigneur, et ils en étaient joyeux. Le roi David aussi était rempli d'une grande joie. David remercia le Seigneur en présence de toute l'assemblée: «Merci à toi en tout temps, Seigneur, Dieu de notre ancêtre Jacob! s'écria-t-il. C'est à toi, Seigneur, qu'appartiennent la grandeur, la puissance, la splendeur, l'éclat et la majesté! Oui, dans le ciel et sur la terre, tout t'appartient, Seigneur, car tu es le roi, le souverain maître de tous les êtres. La richesse et la gloire viennent de toi, qui domines sur toute chose. Tu possèdes la force et la puissance, tu détiens le pouvoir d'élever et de fortifier qui tu veux. C'est pourquoi, notre Dieu, nous te louons et nous proclamons ton nom merveilleux. Je ne suis rien, mon peuple n'est rien, ce n'est pas par nous-mêmes que nous avons le pouvoir de t'offrir ces dons. Nous avons tout reçu de toi, et nous ne pouvons t'offrir que ce qui nous vient de toi. Devant toi nous n'avons pas plus de droits que des étrangers ou des hôtes de passage, comme tous nos ancêtres. Notre vie sur terre, aussi éphémère qu'une ombre, s'écoule sans sécurité. Seigneur notre Dieu, nous avons accumulé des quantités de matériaux pour te construire le temple où nous irons t'adorer, toi le vrai Dieu; or tout cela vient de toi, tout t'appartient. Mon Dieu, je sais que tu examines nos pensées secrètes et que tu apprécies la droiture; eh bien, c'est d'un cœur droit que j'ai offert volontairement mes richesses, et aujourd'hui j'ai vu ton peuple ici rassemblé faire de même avec joie. Seigneur, Dieu de nos ancêtres Abraham, Isaac et Jacob, permets que ton peuple conserve toujours ces mêmes dispositions d'esprit, que ses pensées soient fermement tournées vers toi. Et accorde à mon fils Salomon un cœur entièrement disposé à observer tes commandements, tes enseignements et tes lois, à les mettre tous en pratique, et à construire le sanctuaire pour lequel j'ai fait tous ces préparatifs.» David dit ensuite à toute l'assemblée: «Remerciez le Seigneur votre Dieu.» Tous remercièrent donc le Seigneur, Dieu de leurs ancêtres; ils s'agenouillèrent et s'inclinèrent jusqu'à terre pour rendre hommage au Seigneur et au roi. Le lendemain, on présenta au Seigneur des sacrifices de communion et des sacrifices complets; on lui offrit mille taureaux, mille béliers et mille agneaux, accompagnés des offrandes de vin nécessaires. Le nombre des sacrifices de communion fut suffisant pour nourrir tous les Israélites présents. Ce jour-là, on mangea et on but en présence du Seigneur, dans une ambiance de grande joie. Pour la seconde fois on désigna Salomon, fils de David, comme roi; on lui conféra cette autorité au service du Seigneur, et en même temps on consacra Sadoc comme grand-prêtre. Salomon prit place sur le trône royal du Seigneur, où il succéda à son père David. Il y montra si bien ses qualités que tout Israël lui obéit. Toutes les autorités, les soldats, et même les autres fils de David, reconnurent la souveraineté du roi Salomon. Le Seigneur accrut au plus haut point le prestige de Salomon, aux yeux de tout Israël. Il accorda à son règne une splendeur qui dépassait celle de ses prédécesseurs sur le trône d'Israël. David, fils de Jessé, avait régné sur l'ensemble d'Israël. Son règne dura quarante ans, dont sept à Hébron et trente-trois à Jérusalem. Il mourut au terme d'une heureuse vieillesse, couvert de richesse et de gloire; ce fut son fils Salomon qui lui succéda. L'histoire du roi David, du début à la fin, est contenue dans les livres intitulés Actes du voyant Samuel, Actes du prophète Natan et Actes du prophète Gad; on y raconte son règne, ses actes de bravoure, ainsi que les événements survenus dans sa vie privée, dans la politique d'Israël et dans celle des autres royaumes. Salomon, fils de David, affermit son autorité royale. Le Seigneur son Dieu fut avec lui et fit de lui un roi prestigieux. Salomon convoqua tous les Israélites, en particulier les commandants de régiments et de compagnies, les juges et tous les chefs de famille, qui étaient des notables israélites. Avec tous ceux qui se rassemblèrent auprès de lui, il se rendit au lieu sacré de Gabaon; là, en effet, se dressait la tente de la rencontre avec Dieu, que Moïse, le serviteur du Seigneur, avait fabriquée dans le désert. David avait ramené le coffre sacré de Dieu de Quiriath-Yéarim à Jérusalem, et l'avait déposé à l'endroit préparé à cet effet, sous une tente. Mais il avait placé l'autel de bronze fabriqué par Bessalel, fils d'Ouri et petit-fils de Hour, devant la tente du Seigneur à Gabaon. C'est là que Salomon et tous ceux qui l'accompagnaient vinrent consulter le Seigneur. Salomon s'avança devant le Seigneur et offrit mille sacrifices complets sur l'autel de bronze proche de la tente de la rencontre. Durant la nuit suivante, Dieu lui apparut et lui dit: «Que pourrais-je te donner? Demande-le-moi.» Salomon lui répondit: «Seigneur, tu as manifesté une grande bonté envers mon père David, et maintenant tu m'as désigné comme roi pour lui succéder. Alors, Seigneur Dieu, réalise la promesse que tu as faite à mon père. Tu m'as établi roi d'un peuple aussi nombreux que les grains de poussière de la terre. Veuille donc me donner sagesse et discernement pour que je sache remplir cette tâche à la tête de ce peuple. Sans cela, personne ne pourrait gouverner ton peuple, qui est si grand.» Dieu dit à Salomon: «Tu n'as demandé ni de devenir très riche, ni d'être couvert de gloire, ni que tes adversaires meurent, ni même de vivre longtemps; selon ton désir profond, tu as demandé sagesse et discernement, afin de pouvoir gouverner mon peuple, dont je t'ai fait roi. C'est pourquoi tu recevras la sagesse et le discernement. Et en plus je te donnerai de grandes richesses et de la gloire; tu en auras plus que n'importe quel autre roi, avant toi ou après toi.» Salomon quitta alors le lieu sacré de Gabaon où se trouvait la tente de la rencontre, et regagna Jérusalem pour y remplir sa tâche de roi d'Israël. Salomon rassembla des chars de guerre et des chevaux: il eut mille quatre cents chars et douze mille chevaux, dont il garda un certain nombre auprès de lui à Jérusalem, alors que les autres étaient répartis dans les villes aménagées à cet effet. Grâce au roi, il y avait autant d'argent et d'or que de cailloux à Jérusalem, et les cèdres étaient aussi nombreux que les sycomores qui poussent dans le Bas -Pays. Les chevaux de Salomon provenaient d'Égypte et de Cilicie, où des marchands allaient les acheter pour le roi. Ces marchands importaient d'Égypte un char pour six cents pièces d'argent, et un cheval pour cent cinquante pièces. Ils en importaient aussi pour les rois des Hittites et pour les rois de Syrie. Salomon décida de construire un temple consacré au Seigneur, ainsi qu'un palais royal pour lui-même. Il enrôla soixante-dix mille porteurs et quatre-vingt mille tailleurs de pierre pour travailler dans la montagne, sous les ordres de trois mille six cents surveillants. Salomon envoya à Hiram, roi de la ville de Tyr, le message suivant: «Tu as fourni du bois de cèdre à mon père David pour qu'il puisse se construire sa résidence. Agis de même envers moi. Je suis en effet sur le point de construire, en l'honneur du Seigneur mon Dieu, un temple qui lui sera consacré. On y brûlera pour lui les offrandes de parfum, on y exposera sans interruption les pains sacrés et l'on y offrira les sacrifices complets, matin et soir, ainsi que les jours de sabbat, le premier jour de chaque mois et les autres jours de fête du Seigneur notre Dieu. Ces règles, données aux Israélites, sont valables pour toujours. Or le temple que je veux construire doit être grandiose, car notre Dieu est plus grand que n'importe quel dieu. En fait, personne ne pourrait lui construire une demeure, puisque le ciel, malgré son immensité, ne peut déjà pas le contenir. Moi-même, je ne prétends pas lui construire une demeure, mais seulement un lieu de culte où on lui offrira des sacrifices. Eh bien donc, envoie-moi un spécialiste du travail de l'or, de l'argent, du bronze et du fer, qui sache aussi apprêter les étoffes teintes en rouge, en cramoisi ou en violet, et qui connaisse l'art de la gravure. Il travaillera avec mes propres spécialistes, ceux que mon père David a désignés et qui habitent Jérusalem ou ailleurs dans le pays de Juda. Fournis-moi aussi du bois de cèdre, de pin et de santal, en provenance du mont Liban. Je sais que tes bûcherons sont compétents pour couper les arbres du Liban; mes ouvriers iront aider les tiens, et ils me prépareront ensemble une grande quantité de bois, car le temple que je veux construire sera particulièrement majestueux. De mon côté, je fournirai, pour tes bûcherons occupés à couper les arbres, six mille tonnes de semoule de blé, six mille tonnes d'orge, huit cent mille litres de vin et huit cent mille litres d'huile.» Hiram, roi de Tyr, répondit par écrit à Salomon: «C'est parce que le Seigneur aime son peuple qu'il t'en a fait le roi. Il faut remercier le Seigneur, le Dieu d'Israël, qui a créé le ciel et la terre, car il a donné à David un fils plein de sagesse, de bon sens et d'intelligence, capable de construire un temple pour le Seigneur, ainsi qu'un palais royal pour lui-même. Eh bien, maintenant, je t'envoie un spécialiste particulièrement doué, Houram-Abi. Il est tyrien par son père, mais originaire de la tribu de Dan par sa mère. Il sait travailler l'or, l'argent, le bronze, le fer, la pierre, le bois, et apprêter les étoffes teintes en rouge, en violet ou en cramoisi et celles de lin fin; il connaît aussi l'art de la gravure; il saura même élaborer n'importe quel projet qu'on lui confiera. Il travaillera avec tes propres spécialistes et avec ceux que ton père, le roi David, avait désignés. De ton côté, envoie-nous le blé, l'orge, l'huile et le vin dont tu as parlé. Nous irons couper sur le mont Liban tous les arbres dont tu as besoin, et nous te les amènerons par mer, assemblés en grands radeaux, jusqu'à Jaffa. De là tu pourras les faire transporter à Jérusalem.» Salomon enrôla tous les hommes d'origine étrangère qui résidaient en Israël, d'après le dénombrement effectué par son père David: il y en avait cent cinquante-trois mille six cents. Il en désigna soixante-dix mille comme porteurs, quatre-vingt mille comme tailleurs de pierre dans la montagne, et trois mille six cents comme surveillants, pour organiser le travail de tout ce monde. Salomon entreprit de construire le temple du Seigneur à Jérusalem, sur le mont Moria, là où le Seigneur était apparu à son père David. David y avait préparé un emplacement sur l'aire du Jébusite Ornan. Salomon régnait depuis quatre ans lorsque les travaux débutèrent, pendant le second mois de l'année. Voici les dimensions fixées par Salomon pour la construction du temple de Dieu: trente mètres de long et dix mètres de large. Le vestibule d'entrée, par-devant, avait dix mètres de large, comme le temple, et soixante mètres de haut; on en recouvrit tout l'intérieur d'or pur. Sur les murs de la grande salle, on appliqua des planches de pin, recouvertes d'or fin, où l'on représenta des palmes et des chaînettes. On décora encore cette salle au moyen de pierres précieuses. Quant à l'or qu'on employait, il provenait de Parvaïm. On recouvrit d'or même les poutres, les seuils, les murs et les portes de la salle, et on grava des chérubins sur les murs. On construisit également la salle appelée “ lieu très saint”: elle avait dix mètres de large, comme le temple, et dix mètres de profondeur; on utilisa vingt tonnes d'or fin pour en revêtir l'intérieur. Les clous d'or utilisés pesaient cinq cents grammes. Même les chambres supérieures furent recouvertes d'or. On façonna ensuite deux chérubins en métal fondu; on les recouvrit d'or et on les plaça dans le “lieu très saint”. On tissa aussi un rideau de lin fin, teint en violet, rouge et cramoisi, sur lequel on broda des chérubins. On fit deux colonnes hautes de dix-sept mètres, à placer devant le temple; au sommet de chacune se trouvait un chapiteau de deux mètres et demi de haut. On fit des chaînettes qu'on plaça au sommet des colonnes, puis on fit des décorations représentant des fruits de grenadiers, une centaine, qu'on suspendit aux chaînettes. On dressa les colonnes devant le sanctuaire, l'une à droite et l'autre à gauche de l'entrée; on appela celle de droite Yakin – ce qui signifie “Dieu affermit” –, et celle de gauche Boaz – “En Dieu est la force”. On fit un autel de bronze, de dix mètres sur dix, et cinq mètres de haut. On fit une grande cuve ronde en bronze; elle mesurait cinq mètres de diamètre, deux mètres et demi de haut et quinze mètres de tour. Au-dessous du bord de la cuve, sur tout le pourtour, se trouvait une décoration représentant des taureaux; il y en avait vingt par mètres, sur deux rangées. Cette décoration avait été coulée en même temps que la cuve. La cuve reposait sur douze taureaux de bronze; trois regardaient vers le nord, trois vers l'ouest, trois vers le sud et trois vers l'est, tandis que leurs arrière-trains étaient tous tournés vers l'intérieur, sous la cuve. La paroi de la cuve avait huit centimètres d'épaisseur; son rebord était travaillé comme le bord d'une coupe, en forme de pétale de lis. Sa capacité était d'environ cent vingt mille litres. On fit dix bassins de bronze; on en plaça cinq à droite du temple et les cinq autres à gauche, pour les purifications: on y lavait les victimes offertes en sacrifices complets. L'eau de la grande cuve était destinée aux purifications des prêtres. On fit dix porte-lampes en or, selon le modèle prescrit, et on les plaça dans la grande salle du temple, cinq à droite et cinq à gauche. On fit dix tables, qu'on disposa aussi dans la grande salle, cinq à droite et cinq à gauche. On fit cent bols à aspersion, en or. On fit une cour pour les prêtres, ainsi qu'une autre cour, plus grande, avec des portes; les portes étaient recouvertes de bronze. La grande cuve ronde avait été placée sur le côté droit du temple, près de l'angle sud-est. Lorsque Houram eut fait les récipients pour les cendres, les pelles et les bols à aspersion, il eut terminé de fabriquer tout ce que le roi Salomon lui avait commandé pour le temple de Dieu: deux colonnes, deux chapiteaux ronds, à placer au sommet des colonnes, deux sortes de filets pour recouvrir les chapiteaux ronds au sommet des colonnes, quatre cents grenades accrochées aux deux filets, à savoir deux rangs de grenades à chaque filet recouvrant ces chapiteaux; il avait aussi fait des chariots et des bassins qu'on pose dessus, une grande cuve ronde, douze taureaux portant cette cuve, des récipients pour les cendres, des pelles et des fourchettes à viande. Tous ces objets que Houram-Abi fabriqua pour le temple du Seigneur, sur l'ordre du roi Salomon, étaient en bronze poli. On les coula en pleine terre dans la vallée du Jourdain, entre les villages de Soukoth et de Serédata. Salomon fit faire une telle quantité d'objets que l'on ne chercha même pas à connaître le poids du bronze utilisé. Salomon fit aussi fabriquer tous les objets d'or nécessaires au temple de Dieu: l'autel des parfums, en or, les tables où l'on dépose les pains offerts à Dieu, les porte-lampes, avec leurs lampes qui doivent brûler devant la “salle très sainte” selon la règle établie, en or fin, les fleurons, les lampes et les pincettes pour les porte-lampes, en or de la meilleure qualité, les mouchettes, les bols à aspersion, les coupes, les cassolettes, en or fin, les portes du temple, aussi bien les portes intérieures donnant sur le “ lieu très saint” que les portes de la grande salle, en or. Lorsque Salomon eut terminé tous les travaux de construction du temple du Seigneur, il fit amener ce que son père David avait consacré au Seigneur, argent, or et objets de toutes sortes, et il déposa le tout dans la chambre du trésor du temple. A ce moment-là, le roi Salomon invita les anciens du peuple, les chefs des tribus et les représentants des vieilles familles d'Israël à se rassembler à Jérusalem pour transporter le coffre de l'alliance du Seigneur depuis la Cité de David, qu'on appelle également Sion, jusqu'au temple. Alors tous les Israélites se rassemblèrent aussi pour la fête du septième mois. Les anciens du peuple d'Israël vinrent accompagner les lévites qui portaient le coffre de l'alliance. Les prêtres-lévites transportèrent ainsi le coffre sacré, de même que la tente de la rencontre et les objets sacrés qui s'y trouvaient. Le roi Salomon et toute la communauté d'Israël réunie avec lui devant le coffre offrirent en sacrifices un si grand nombre de moutons et de bœufs qu'on ne pouvait pas les compter exactement. Ensuite les prêtres introduisirent le coffre à la place prévue pour lui, dans la salle appelée “ lieu très saint”, sous les ailes des chérubins. Les chérubins avaient les ailes étendues au-dessus de l'endroit prévu pour le coffre, afin de couvrir le coffre et les barres qui servaient à le porter. Ces barres étaient assez longues; on ne voyait leurs extrémités que si l'on se trouvait entre le coffre et l'entrée de la salle, mais pas depuis l'extérieur; elles sont restées en place jusqu'à ce jour. Le coffre contenait seulement les deux tablettes de pierre que Moïse y avait placées; ce sont les tablettes qu'il avait reçues au mont Horeb, lorsque le Seigneur conclut une alliance avec les Israélites après les avoir fait sortir d'Égypte. Les prêtres ressortirent du sanctuaire. Tous les prêtres présents s'étaient purifiés, sans observer l'ordre des groupes. Les lévites musiciens, Assaf, Héman, Yedoutoun, ainsi que leurs fils et les autres membres de leurs clans, étaient revêtus de lin fin; ils se tenaient avec des cymbales, des harpes et des lyres à l'est de l'autel. Près d'eux se trouvaient cent vingt prêtres sachant jouer de la trompette. Tous ensemble, les joueurs de trompette et les autres musiciens se firent entendre à l'unisson, pour acclamer et louer le Seigneur. Lorsque s'éleva ce chant accompagné par les trompettes, les cymbales et les autres instruments: «Acclamez le Seigneur, car il est bon, et son amour n'a pas de fin», un nuage remplit le temple, la maison du Seigneur. Les prêtres ne purent pas reprendre leur service à cause de ce nuage, car c'était la glorieuse présence du Seigneur qui remplissait le temple. Alors Salomon s'écria: «Seigneur, tu avais décidé d'habiter dans un lieu obscur. Mais moi, je t'ai construit un temple majestueux, où tu pourras habiter pour toujours!» Tous les Israélites étaient rassemblés, debout; Salomon se tourna vers eux et les salua. Puis il dit: «Je remercie le Seigneur, le Dieu d'Israël! Il a lui-même accompli ce qu'il avait promis à mon père David en ces termes: “Depuis le jour où j'ai fait sortir d'Égypte mon peuple, je n'ai jamais choisi une ville particulière parmi toutes les villes d'Israël pour qu'on y construise un temple où je puisse manifester ma présence, et je n'ai pas non plus choisi un homme particulier pour être le chef d'Israël, mon peuple. Mais j'ai choisi Jérusalem pour y manifester ma présence, et je t'ai choisi, toi, David, pour gouverner mon peuple.” Or, poursuivit Salomon, mon père David projetait de construire un temple consacré au Seigneur, le Dieu d'Israël. Mais le Seigneur lui a dit: “Tu as eu l'excellente intention de construire un temple pour moi. Seulement ce n'est pas toi qui le feras construire, mais ton fils. Oui, c'est ton propre fils qui fera construire ce temple pour moi!” Ainsi, continua Salomon, le Seigneur a tenu sa promesse: j'ai succédé à mon père David en prenant place sur le trône d'Israël, comme le Seigneur l'avait annoncé, et j'ai construit ce temple consacré au Seigneur, le Dieu d'Israël. J'y ai même déposé le coffre contenant le document de l'alliance que le Seigneur a conclue avec les Israélites.» Ensuite le roi se tint devant l'autel du Seigneur, en face de tous les Israélites assemblés, et il leva les mains pour prier. Salomon avait fait faire un socle de bronze qu'on avait placé au milieu de la cour; ce socle mesurait deux mètres et demi sur deux mètres et demi, et un mètre et demi de haut. Salomon y monta donc et s'agenouilla, en face de tous les Israélites assemblés; il leva les mains vers le ciel pour prier et dit: «Seigneur, Dieu d'Israël, il n'y a pas de Dieu comme toi, ni dans le ciel ni sur la terre. Tu maintiens ton alliance avec tes serviteurs, tu leur restes fidèle, quand ils se conduisent eux-mêmes devant toi avec une entière loyauté. Tu as fait pour ton serviteur David, mon père, ce que tu lui avais promis. Oui, ce que tu lui avais dit, tu l'as accompli toi-même aujourd'hui. Eh bien, maintenant, Seigneur, Dieu d'Israël, accomplis également ce que tu avais promis à ton serviteur David, mon père, lorsque tu lui as dit: “Si tes descendants veillent sur leur conduite en respectant ma loi, comme tu l'as fait toi-même, je t'assure qu'il y aura toujours devant moi l'un d'entre eux qui régnera après toi sur le peuple d'Israël ”. Ainsi Seigneur, Dieu d'Israël, réalise maintenant cette promesse faite à ton serviteur David! «Mais Dieu pourrait-il vraiment habiter avec les hommes sur la terre? Le ciel, malgré son immensité, ne peut déjà pas le contenir! Encore moins ce temple que j'ai construit. Pourtant, Seigneur mon Dieu, tourne-toi vers moi, entends ma prière suppliante, oui, écoute l'appel pressant que je t'adresse. Ouvre tes yeux! Considère ce temple avec bienveillance jour et nuit, puisque c'est le lieu dont tu as dit que tu y manifesterais ta présence. Écoute la prière que je t'adresse d'ici. Écoute mes appels et l'appel qu'Israël, ton peuple, t'adresse, tourné vers ce lieu. Écoute-nous, Seigneur, dans le ciel, là où tu habites; écoute-nous et pardonne-nous. «Quand un homme est accusé d'avoir fait du tort à son prochain, on peut exiger de lui un serment lié à une malédiction; s'il vient alors prêter serment devant ton autel dans ton temple, toi, Seigneur, dans le ciel, sois attentif, interviens, et prononce le jugement sur tes serviteurs, afin que le coupable soit puni et que le juste soit reconnu innocent. «Quand les Israélites seront battus par leurs ennemis parce qu'ils t'auront désobéi, s'ils demandent pardon, s'ils te louent, s'ils te prient et te supplient dans ce temple, toi, Seigneur, dans le ciel, sois attentif, pardonne leur péché et rends-leur les terres que tu as données autrefois à leurs ancêtres et à eux-mêmes, puisqu'ils sont ton peuple. «Ou bien, quand le ciel se fermera et qu'il n'y aura plus de pluie parce que les Israélites t'auront désobéi, s'ils se tournent vers ce lieu pour te prier, s'ils te louent et si, humiliés, ils cessent de te désobéir, toi, Seigneur, dans le ciel, sois attentif et pardonne leurs péchés, puisqu'ils sont tes serviteurs et ton peuple; bien plus, enseigne-leur à se bien conduire, puis fais tomber la pluie sur cette terre qui t'appartient et que tu leur as donnée en propriété. «Quand le pays sera frappé par la famine ou la peste, quand les céréales sécheront ou pourriront sur pied, quand les sauterelles et les criquets arriveront en masse, quand des ennemis opprimeront les Israélites jusque dans leurs villes fortifiées, quand se produira n'importe quelle catastrophe ou n'importe quelle épidémie, si les Israélites, ton peuple, douloureusement frappés de remords, t'adressent des prières suppliantes, s'ils se tournent vers ce temple et lèvent les mains pour te prier, toi, Seigneur, dans le ciel où tu habites, sois attentif, pardonne-leur et traite chacun selon sa conduite, puisque tu connais son cœur. En effet, toi seul, tu connais le cœur des hommes. Agis de cette manière afin que les Israélites se conduisent comme tu le désires et qu'ainsi ils te respectent toujours, tout le temps qu'ils vivront sur cette terre que tu as donnée à nos ancêtres. «Si un étranger, quelqu'un qui ne fait pas partie d'Israël, ton peuple, vient d'un pays éloigné pour te prier dans ce temple, après avoir entendu parler de ton nom glorieux et de la puissance avec laquelle tu agis, toi, Seigneur, dans le ciel où tu habites, sois attentif et accorde-lui ce qu'il te demande. De cette manière, tous les peuples de la terre te connaîtront, ils apprendront à te respecter comme Israël, ton peuple, te respecte et ils sauront que ce temple que j'ai construit t'est vraiment consacré. «Quand, sur ton ordre, les Israélites iront combattre leurs ennemis, s'ils se tournent vers cette ville que tu as choisie et vers le temple que j'ai construit pour toi, s'ils te prient, sois donc attentif dans le ciel, écoute leur prière suppliante et viens à leur aide. «Quand les Israélites te désobéiront – car il n'y a aucun homme qui ne désobéisse jamais –, tu leur montreras peut-être ton irritation en les livrant à leurs ennemis et en permettant à ces derniers de les emmener en captivité dans leur pays proche ou lointain; si alors, dans le pays où ils sont captifs, ils réfléchissent, s'ils recommencent à te supplier en disant: “Nous avons désobéi, nous avons péché, nous sommes coupables!”, s'ils te demandent pardon de tout leur cœur et de toute leur âme dans la contrée où ils sont captifs, s'ils se tournent vers le pays que tu as donné à leurs ancêtres, vers cette ville que tu as choisie et vers le temple que j'ai construit pour toi, s'ils te prient, toi alors, dans le ciel où tu habites, sois attentif, écoute leur prière suppliante, viens à leur aide et pardonne-leur d'avoir péché contre toi. «Mon Dieu, ouvre tes yeux! Sois attentif à la prière que je t'adresse en cet instant et en ce lieu. Et maintenant, Seigneur Dieu, accompagne le coffre sacré où réside ta puissance, et viens en ce lieu destiné à ton repos. Que tes prêtres, Seigneur Dieu, portent avec eux le salut comme ils portent leurs vêtements; que tes fidèles laissent éclater leur joie et leur bonheur. Seigneur Dieu, ne repousse pas le roi que tu as consacré, souviens-toi de tous les bienfaits que tu as accordés à ton serviteur David». Lorsque Salomon eut terminé cette prière, un feu descendit du ciel et brûla les sacrifices complets et les sacrifices de communion, et la glorieuse présence du Seigneur remplit le temple. Les prêtres ne purent pas pénétrer dans le sanctuaire, car cette présence glorieuse le remplissait. Tous les Israélites présents virent le feu descendre du ciel et la gloire du Seigneur rayonner dans le temple; aussitôt ils se jetèrent à genoux sur le dallage, le visage contre terre, pour adorer et louer le Seigneur à cause de sa bonté et de son amour sans fin. Le roi et tout le peuple offrirent ces sacrifices en l'honneur du Seigneur. Ils offrirent vingt-deux mille bœufs et cent vingt mille moutons et chèvres, pour inaugurer le temple de Dieu. Les prêtres étaient à leurs postes. Les lévites jouaient des instruments de musique sacrés que le roi David avait fait fabriquer; ils louaient le Seigneur pour son amour sans fin, selon le cantique que David leur avait transmis. En face d'eux, des prêtres sonnaient de la trompette. Tout le peuple était debout. Alors Salomon consacra tout le centre de la cour qui s'étend devant le temple du Seigneur; en effet l'autel de bronze que Salomon avait dressé ne pouvait recevoir tous les sacrifices, et le roi dut utiliser la cour pour faire brûler les sacrifices complets, les offrandes végétales et les parties grasses des sacrifices de communion. A cette même occasion, Salomon célébra pendant sept jours la fête des Huttes en compagnie des Israélites assemblés en très grand nombre: ils étaient venus de tout le pays, depuis Lebo-Hamath au nord jusqu'au torrent d'Égypte au sud. Une assemblée solennelle eut lieu au huitième jour de la fête. Ainsi on célébra la consécration de l'autel pendant sept jours, puis la fête elle-même dura sept autres jours. Après quoi, le vingt-troisième jour du septième mois, le roi renvoya les Israélites chez eux. Ils s'en allèrent tout joyeux et le cœur content parce que le Seigneur s'était montré plein de bienveillance envers David, envers Salomon et envers Israël, son peuple. Lorsque le roi Salomon eut fini le temple du Seigneur et son propre palais, lorsqu'il eut mené à bien tout ce qu'il avait eu l'intention de faire dans ces deux bâtiments, le Seigneur lui apparut pendant la nuit et lui dit: «J'ai entendu ta prière; j'ai accepté de choisir ce lieu pour qu'on m'y offre des sacrifices. Supposons qu'un jour je ferme le ciel et qu'il n'y ait plus de pluie, ou que j'ordonne aux sauterelles de ravager le pays, ou encore que j'envoie une épidémie de peste sur mon peuple: si alors mon peuple, le peuple à qui j'ai donné mon nom, s'humilie et prie, si les Israélites me recherchent en renonçant à leur mauvaise conduite, moi, dans le ciel, je serai attentif, je pardonnerai leur péché et je rétablirai la prospérité de leur pays. Dès maintenant, j'ouvre mes yeux; je serai attentif à toute prière qu'on m'adressera dans ce temple. Je l'ai choisi, je l'ai consacré en acceptant d'y manifester pour toujours ma présence parmi vous; je veillerai sur lui, toujours plein de bonté envers vous. Quant à toi, si tu te conduis envers moi comme ton père David, si tu fais tout ce que je t'ordonne, si tu obéis aux lois et aux règles que je t'ai données, sache que j'affermirai ton autorité de roi, conformément à l'alliance que j'ai conclue avec ton père David en lui disant qu'il y aurait toujours l'un de ses descendants qui, après lui, gouvernerait le peuple d'Israël. Mais si vous vous détournez de moi, si vous négligez d'obéir aux lois et aux commandements que je vous ai donnés, si vous servez d'autres dieux et si vous vous inclinez devant eux pour les adorer, je vous arracherai de la terre que je vous ai donnée, et je rejetterai loin de moi le temple que j'ai consacré en mon honneur. Alors tous les peuples ricaneront au sujet d'Israël et se moqueront de lui. Quand les gens passeront près de ce temple auparavant si grandiose, ils seront stupéfaits et demanderont: “Pourquoi le Seigneur a-t-il traité ce pays et ce temple d'une telle manière?”, et on leur répondra: “C'est parce que les Israélites ont abandonné le Seigneur, le Dieu de leurs ancêtres, qui les avait fait sortir d'Égypte; le Seigneur leur a infligé tous ces malheurs parce qu'ils ont adoré d'autres dieux.” » Au bout de vingt ans, Salomon eut fini de construire le temple du Seigneur et son propre palais; il reconstruisit alors les villes que le roi Hiram, de Tyr, lui avait données, et les peupla d'Israélites. Ensuite il alla attaquer Hamath-Soba et s'en empara. Il reconstruisit Tadmor, dans la région désertique, de même que toutes les villes qu'il avait bâties dans la région de Hamath pour y entreposer ses provisions. Il reconstruisit également Beth-Horon-le-Haut et Beth-Horon-le-Bas, villes fortifiées, entourées de murailles et fermées par des portes à verrous, ainsi que Baalath et toutes les villes où il faisait entreposer ses provisions, celles où il garait ses chars de guerre et celles où il logeait ses chevaux. Il bâtit tout ce qu'il désira dans la ville même de Jérusalem, sur le mont Liban et dans tout le pays soumis à son autorité. Il y avait encore dans le pays un certain nombre de Hittites, d'Amorites, de Perizites, de Hivites et de Jébusites, c'est-à-dire des gens qui n'étaient pas israélites. Ils avaient subsisté parce que le peuple d'Israël ne les avait pas exterminés. C'est à eux que Salomon imposa certains travaux, et ils y sont soumis aujourd'hui encore. Mais Salomon en dispensa les Israélites; au contraire il les enrôla dans l'armée comme officiers supérieurs, conducteurs de chars ou cavaliers. Les gouverneurs désignèrent deux cent cinquante contremaîtres pour surveiller la foule des travailleurs au service du roi Salomon. Sur l'ordre de Salomon, sa femme, la fille du Pharaon, quitta la Cité de David et s'installa dans le palais construit pour elle. Le roi se disait en effet: «Même ma femme ne doit pas demeurer dans le palais de David, roi d'Israël, car des bâtiments où l'on a déposé le coffre sacré du Seigneur sont eux-mêmes sacrés.» Dès lors Salomon offrit des sacrifices complets au Seigneur sur l'autel qu'il avait fait construire pour lui devant le sanctuaire. Conformément aux règles fixées par Moïse pour chaque jour particulier, il offrait des sacrifices le jour du sabbat, le premier jour du mois, et lors des trois grandes fêtes annuelles, celle des Pains sans levain, celle de la Pentecôte et celle des Huttes. Salomon, appliquant les décisions de son père David, installa dans leurs fonctions respectives les groupes de prêtres, puis les lévites chargés d'acclamer jour après jour le Seigneur ou de seconder les prêtres dans leur service, et enfin les portiers, selon les équipes attribuées à telle ou telle porte. C'est ce que David, l'homme de Dieu, avait ordonné. On ne s'écarta des directives de David relatives aux prêtres et aux lévites sur aucun point, même pas en ce qui concernait les trésors. Tous les projets de Salomon furent ainsi réalisés, depuis les préparatifs pour la fondation du temple jusqu'aux travaux menant à son achèvement: le temple du Seigneur était parfait. Alors Salomon alla à Ession-Guéber et à Élath, ports sur la mer des Roseaux dans le pays d'Édom. Le roi Hiram lui envoya des bateaux conduits par des marins phéniciens expérimentés. Ces marins se rendirent avec ceux de Salomon dans le pays d'Ofir, d'où ils rapportèrent plus de treize tonnes d'or pour le roi Salomon. La reine du pays de Saba entendit parler de Salomon. Elle vint donc à Jérusalem pour éprouver sa sagesse en lui posant des questions difficiles. Elle avait emmené une suite très imposante, ainsi que des chameaux portant des parfums, de l'or en quantité et des pierres précieuses. Elle se présenta devant Salomon et aborda avec lui tous les sujets qu'elle avait préparés. Salomon répondit à toutes ses questions; il n'y en eut pas une seule à laquelle il ne pût pas répondre. La reine de Saba entendit les paroles pleines de sagesse de Salomon, elle admira le palais qu'il s'était fait construire, la nourriture qu'on apportait sur les tables, la façon dont les gens de son entourage étaient placés, le costume de ceux qui servaient à manger et à boire, elle vit le roi monter en procession au temple du Seigneur: elle fut si impressionnée par tout cela qu'elle en eut le souffle coupé. Quel privilège pour tes serviteurs, pour tous les gens de ton palais! Ils se trouvent toujours en ta présence et peuvent entendre tes paroles pleines de sagesse. Il faut remercier le Seigneur ton Dieu, qui t'a choisi comme roi pour régner en son nom sur Israël! C'est parce qu'il aime ce peuple et qu'il veut le faire subsister pour toujours, que ton Dieu t'en a fait le roi et t'a chargé d'y faire respecter le droit et la justice.» Ensuite la reine de Saba donna au roi Salomon environ trois tonnes et demie d'or, une grande quantité de parfums, ainsi que des pierres précieuses. On n'avait jamais vu des parfums tels que ceux-là. Les serviteurs du roi Hiram et ceux de Salomon, qui étaient allés à Ofir, en avaient rapporté de l'or, ainsi que du bois de santal et des pierres précieuses. Le roi Salomon avait utilisé le bois de santal pour faire des parquets dans le temple du Seigneur et dans le palais royal, ainsi que des instruments de musique, lyres et harpes, pour les chanteurs. On n'avait jamais rien vu de pareil dans le pays de Juda. De son côté, le roi Salomon donna à la reine de Saba tout ce qu'elle désirait et demandait, bien plus qu'elle ne lui en avait elle-même apporté. Puis la reine et son entourage retournèrent dans leur pays. En une seule année, le roi Salomon vit arriver à Jérusalem un total de vingt tonnes d'or; il faut y ajouter les taxes prélevées sur les importations et le commerce, ainsi que l'or et l'argent que les rois d'Arabie et les gouverneurs du pays apportaient à Salomon. Le roi Salomon fit fabriquer deux cents grands boucliers en alliage d'or – pour chacun il fallait six kilos d'alliage d'or –, et trois cents petits boucliers du même alliage – pour chacun il fallait trois kilos de métal –, et il les fit déposer dans le bâtiment appelé “La Forêt du Liban”. Le roi fit encore fabriquer un grand trône décoré d'ivoire et recouvert d'or pur. Ce trône se trouvait sur une estrade à six marches, il avait un marchepied en or, qui lui était fixé, et des bras de chaque côté du siège; deux lions sculptés étaient placés de part et d'autre du trône, et douze autres lions répartis sur les marches, six à gauche et six à droite. On n'a rien fait de pareil dans aucun autre royaume. Toutes les coupes du roi Salomon étaient en or, et toute la vaisselle de “La Forêt du Liban” en or fin. On ne faisait rien en argent, car à l'époque de Salomon on considérait l'argent comme sans grande valeur. Le roi avait des bateaux qu'il envoyait en expédition lointaine, conduits par des marins du roi Hiram; tous les trois ans ces bateaux revenaient chargés d'or, d'argent, d'ivoire, de singes et d'oiseaux exotiques. Le roi Salomon surpassait tous les autres rois de la terre par ses richesses et par sa sagesse. En effet, Dieu lui avait accordé une telle sagesse que, de partout, des rois venaient le consulter. Année après année, tous ces gens lui apportaient en cadeau des objets d'argent et d'or, des vêtements, des armes, des parfums, des chevaux ou des mulets. Salomon avait des écuries pouvant abriter quatre mille chevaux et chars; il avait douze mille chevaux, dont il garda un certain nombre auprès de lui à Jérusalem, alors que les autres étaient répartis dans les villes aménagées à cet effet. Il dominait tous les rois dont les territoires s'étendaient depuis l'Euphrate, le grand fleuve, jusqu'au pays des Philistins et même jusqu'à la frontière de l'Égypte. Grâce au roi, il y avait autant d'argent que de cailloux à Jérusalem, et les cèdres étaient aussi nombreux que les sycomores qui poussent dans le Bas -Pays. Quant aux chevaux de Salomon, on les importait d'Égypte et de bien d'autres pays. Le reste de l'histoire de Salomon, du début à la fin, est contenu dans les livres intitulés Actes du prophète Natan, Prophétie d'Ahia, de Silo et Vision du prophète Yédo. – Ce dernier livre traite de l'histoire de Jéroboam, fils de Nebath. – Salomon régna pendant quarante ans à Jérusalem sur l'ensemble du peuple d'Israël. Lorsqu'il mourut, on l'enterra près de son père, dans la Cité de David; ce fut son fils Roboam qui lui succéda. Roboam se rendit à Sichem, car c'était là que les tribus israélites du Nord étaient venues pour le proclamer roi. Jéroboam, fils de Nebath, se trouvait en Égypte où il s'était enfui pour échapper au roi Salomon. Lorsqu'il entendit parler de cette assemblée de Sichem, il rentra d'Égypte. On envoya des gens le chercher, et il rejoignit les tribus du Nord. Ils s'adressèrent à Roboam en ces termes: «Ton père nous a toujours traités comme des esclaves. Si maintenant tu nous soulages un peu de ce fardeau qui pèse comme un joug sur nos épaules, nous sommes prêts à te servir.» – «Revenez me trouver dans trois jours», leur répondit Roboam. Ils s'en allèrent donc. Le roi Roboam demanda conseil aux anciens qui avaient entouré son père Salomon lorsqu'il vivait encore; il leur posa la question suivante: «Quelle réponse me conseillez-vous de donner à ces gens?» Les anciens lui dirent: «Si tu te montres bon envers le peuple, si tu satisfais ses revendications, si tu réponds par des paroles positives, ces gens seront pour toujours à ton service.» Mais le roi négligea le conseil donné par les anciens. Il interrogea les jeunes gens qui l'entouraient et qui avaient grandi avec lui. Il leur dit: «Ces gens me demandent de les soulager un peu du fardeau que mon père leur a imposé comme un joug. Quelle réponse me conseillez-vous de leur donner?» Les jeunes de son âge lui dirent: «Ces gens se plaignent donc de ce que ton père les a traités comme des esclaves, et ils te demandent de les soulager un peu de ce fardeau. Eh bien, voici ce que tu dois leur répondre: “Mon petit doigt est plus gros que le bras de mon père. Mon père vous a chargés d'un joug pesant, moi je vous chargerai d'un joug encore plus pesant; mon père vous a fait marcher à coups de fouet, moi je vous ferai marcher à coups de fouet redoublés.” » Le troisième jour, Jéroboam et tout le peuple vinrent trouver Roboam, comme il le leur avait dit. Le roi négligea le conseil que les anciens lui avaient donné; il répondit au peuple avec dureté, suivant le conseil de ses compagnons de jeunesse. Il dit: «Je vous imposerai un joug pesant, et je le rendrai de plus en plus pesant; mon père vous a fait marcher à coups de fouet, moi je vous ferai marcher à coups de fouet redoublés.» Ainsi le roi n'accepta pas les revendications du peuple. Le Seigneur Dieu dirigea les événements de cette manière pour réaliser la promesse qu'il avait faite à Jéroboam, fils de Nebath, par l'intermédiaire du prophète Ahia, de Silo. Lorsque les Israélites du Nord comprirent que le roi n'acceptait pas leurs revendications, ils lui déclarèrent: «Nous n'avons rien à faire avec David, nous n'avons rien de commun avec ce fils de Jessé! Gens d'Israël, que chacun retourne chez soi; et toi, descendant de David, occupe-toi maintenant de ton royaume!» Et ils quittèrent la place. Roboam ne fut plus reconnu comme roi que par les habitants du territoire de Juda. Pourtant il envoya Hadoram, le responsable des travaux obligatoires, auprès des Israélites du Nord; mais ceux-ci le tuèrent à coups de pierres. Alors Roboam réussit tout juste à monter sur son char pour fuir à Jérusalem. C'est ainsi que les tribus israélites du Nord rejetèrent l'autorité de la famille de David; et telle est encore la situation aujourd'hui. Dès que Roboam fut arrivé à Jérusalem, il rassembla cent quatre-vingt mille soldats d'élite, des tribus de Juda et de Benjamin, afin d'aller combattre les Israélites du Nord et de s'imposer à eux comme roi. Mais le Seigneur adressa la parole au prophète Chemaya et lui dit: «Parle à Roboam, fils de Salomon et roi de Juda, ainsi qu'à tous les Israélites de Juda et de Benjamin; dis-leur: Voici ce que déclare le Seigneur: “N'allez pas combattre contre vos propres frères; que chacun d'entre vous retourne chez soi. En effet, c'est moi qui ai décidé tout ce qui s'est passé.” » Lorsqu'ils entendirent ces paroles du Seigneur, ils renoncèrent à marcher contre Jéroboam. Après s'être établi à Jérusalem, Roboam fit fortifier plusieurs villes du royaume de Juda: Bethléem, Étam, Técoa, Beth-Sour, Soko, Adoullam, Gath, Marécha, Zif, Adoraïm, Lakich, Azéca, Sora, Ayalon et Hébron. Ces villes fortifiées font partie des territoires de Juda et de Benjamin. Roboam les entoura de solides fortifications, y installa des gouverneurs et y entreposa des vivres, de l'huile et du vin. Dans chacune de ces villes se trouvaient aussi des boucliers et des lances. Grâce à ces localités très fortifiées, il maintint sa domination sur Juda et Benjamin. Les prêtres et les lévites vinrent de tout le territoire d'Israël pour se rallier à Roboam. Les lévites avaient quitté leurs propriétés dans les alentours des villes pour gagner Jérusalem et le royaume de Juda, car Jéroboam et ses fils les empêchaient d'exercer leur ministère de prêtres du Seigneur. Jéroboam en effet avait désigné lui-même des hommes comme prêtres des faux dieux qu'on adorait dans les lieux sacrés, sous forme de boucs ou de veaux. Des gens de toutes les tribus du Nord, qui avaient à cœur d'adorer le Seigneur, le Dieu d'Israël, gagnèrent Jérusalem à la suite des lévites pour pouvoir y offrir des sacrifices au Seigneur, le Dieu de leurs ancêtres. Ils contribuèrent ainsi à la puissance du royaume de Juda et affermirent le pouvoir de Roboam, fils de Salomon; cela dura trois ans, temps pendant lequel on se conduisit comme sous les règnes de David et de Salomon. Roboam épousa Mahalath, dont le père, Yerimoth, était fils de David, et la mère, Abihaïl, était fille d'Éliab et petite-fille de Jessé. Mahalath lui donna trois fils, Yéouch, Chemaria et Zaham. Plus tard, Roboam épousa Maaka, fille d'Abichalom; elle lui donna quatre fils, Abia, Attaï, Ziza et Chelomith. Roboam préférait Maaka, fille d'Abichalom, à toutes ses autres épouses. Il avait en effet dix-huit épouses principales et soixante épouses de second rang; il en eut vingt-huit fils et soixante filles. Roboam attribua à Abia, fils de Maaka, la première place dans la famille; il en fit le chef de ses frères, car il désirait qu'il devienne roi. Il fut aussi assez avisé pour disperser tous ses autres fils dans les villes fortifiées de Juda et de Benjamin; il leur fournit des vivres en abondance et leur procura une multitude de femmes. Lorsque Roboam eut rendu son royaume stable et affermi son pouvoir, il cessa d'obéir à la loi du Seigneur, et tout son peuple fit de même. Pendant la cinquième année du règne de Roboam, le roi d'Égypte Chichac vint attaquer Jérusalem: ce fut la conséquence de leur infidélité envers le Seigneur. Chichac était à la tête d'une armée qui comptait mille deux cents chars de guerre, soixante mille cavaliers et un nombre incalculable de soldats libyens, soukites et éthiopiens. Il s'empara des villes fortifiées de Juda et s'avança jusqu'à Jérusalem. Le prophète Chemaya vint trouver Roboam et les chefs de Juda, qui s'étaient rassemblés à Jérusalem à l'approche de Chichac, et leur dit: «Voici ce que déclare le Seigneur: “Vous m'avez abandonné! Eh bien, moi aussi, je vous abandonne au pouvoir de Chichac.” » Le roi et les chefs du peuple reconnurent leur faute et déclarèrent: «Le Seigneur a raison!» Dès que le Seigneur vit cela, il adressa de nouveau la parole à Chemaya: «Puisqu'ils ont reconnu leur faute, dit-il, je ne vais pas les exterminer. Sous peu je leur accorderai une délivrance, car je renonce à déverser ma colère sur Jérusalem au point de laisser Chichac détruire cette ville. Toutefois ils seront soumis à Chichac, et ils apprendront ainsi quelle différence il y a entre se soumettre à moi et être soumis à des rois terrestres.» Chichac, le roi d'Égypte, attaqua Jérusalem. Il emporta les trésors du temple du Seigneur et ceux du palais royal; il prit absolument tout, en particulier les boucliers d'or que Salomon avait faits. Alors, pour les remplacer, le roi Roboam fit fabriquer des boucliers en bronze, et il les confia aux chefs des soldats qui gardaient les portes du palais royal. Ainsi, toutes les fois que le roi se rendait au temple du Seigneur, les gardes allaient chercher les boucliers, puis ils les ramenaient dans le local de garde. Le Seigneur ne laissa pas éclater sa colère contre Roboam et renonça à une extermination complète, car Roboam avait reconnu sa faute. De plus, on trouvait encore du bon dans le royaume de Juda. Le roi Roboam, dont la mère était Naama l'Ammonite, régna à Jérusalem et affermit son pouvoir. Il avait quarante et un ans lorsqu'il était devenu roi; il régna dix-sept ans à Jérusalem. C'est en effet la ville que le Seigneur a choisie dans tout le territoire d'Israël pour y manifester sa présence au milieu de son peuple. Roboam agit mal, il ne s'appliqua pas de tout son cœur à connaître la volonté du Seigneur. L'histoire de Roboam, du début à la fin, est contenue dans le livre intitulé Actes du prophète Chemaya et du voyant Iddo, où figurent les listes généalogiques. Roboam fut constamment en guerre contre Jéroboam. Lorsqu'il mourut, on l'enterra dans la Cité de David. Ce fut son fils Abia qui lui succéda. Pendant la dix-huitième année du règne de Jéroboam, Abia devint roi de Juda, et il régna trois ans à Jérusalem. Sa mère s'appelait Mikaya, et elle était fille d'Ouriel, de Guibéa. Abia et Jéroboam se firent la guerre. Abia engagea le combat avec une armée de quatre cent mille guerriers d'élite; Jéroboam aligna contre lui une armée de huit cent mille vaillants soldats d'élite. Abia gravit le sommet du Semaraïm, dans la région montagneuse d'Éfraïm, et cria à Jéroboam et aux Israélites: «Écoutez-moi donc! Ignorez-vous que le Seigneur, le Dieu d'Israël, a donné pour toujours la royauté sur Israël à David et à ses descendants? Il en a pris l'engagement irrévocable! Or Jéroboam, fils de Nebath, qui était au service de Salomon, fils de David, s'est révolté contre son maître. Autour de lui se sont groupés des gens peu recommandables, des vauriens. Ils l'ont emporté sur Roboam, fils de Salomon, jeune homme sans expérience qui n'a pas pu leur résister. Et maintenant vous prétendez vous opposer à la royauté que le Seigneur a confiée aux descendants de David. Vous formez une armée nombreuse, et vous avez avec vous les veaux d'or que Jéroboam a fait fabriquer pour vous servir de dieux. Vous avez expulsé les vrais prêtres du Seigneur, les descendants d'Aaron, ainsi que les lévites, et vous vous êtes choisi des prêtres comme ceux des autres pays: il suffisait de se présenter avec un taureau et sept béliers pour se faire désigner comme prêtre au service de dieux qui n'en sont pas. Nous, au contraire, nous avons pour Dieu le Seigneur, et nous ne l'avons pas renié; chez nous, les prêtres au service du Seigneur sont des descendants d'Aaron, et les lévites accomplissent leurs tâches. Matin et soir ils font brûler pour le Seigneur des sacrifices complets et des offrandes de parfum, les pains offerts à Dieu sont déposés sur la table pure, et chaque soir ils allument les lampes du porte-lampes d'or. Nous accomplissons en effet fidèlement le service du Seigneur, tandis que vous, vous avez renié le vrai Dieu. Maintenant, Dieu lui-même est à notre tête; ses prêtres sont là, prêts à sonner de la trompette pour donner le signal du cri de guerre contre vous. Alors, Israélites, ne combattez pas contre le Seigneur, le Dieu de vos ancêtres, car vous ne remporteriez pas la victoire.» Pendant ce temps, Jéroboam avait envoyé un détachement de soldats se placer en embuscade derrière les Judéens, de sorte que ceux-ci se trouvaient pris entre l'armée d'Israël devant eux et l'embuscade derrière eux. Les Judéens, s'étant retournés, découvrirent qu'ils devaient se battre sur deux fronts, et ils implorèrent le secours du Seigneur. Lorsque les prêtres sonnèrent de la trompette, l'armée de Juda poussa le cri de guerre. Aussitôt, Dieu fit reculer Jéroboam et les Israélites devant Abia et les Judéens. Les Israélites perdirent pied devant eux et Dieu les livra au pouvoir des Judéens. Abia et son armée infligèrent une lourde défaite aux troupes d'Israël, tuant cinq cent mille de leurs soldats d'élite. A cette occasion-là, les Israélites furent humiliés, tandis que les Judéens triomphèrent parce qu'ils s'étaient appuyés sur le Seigneur, le Dieu de leurs ancêtres. Abia poursuivit Jéroboam; il lui prit les localités de Béthel, Yechana et Éfron, avec les villages voisins. Durant le règne d'Abia, Jéroboam ne retrouva jamais son ancienne puissance; finalement le Seigneur le frappa et il mourut. Par contre Abia affermit son pouvoir. Il épousa quatorze femmes et en eut vingt-deux fils et seize filles. Le reste de l'histoire d'Abia est contenu dans le livre intitulé Souvenirs du prophète Iddo; on y raconte ses faits et gestes. Lorsqu'il mourut, on l'enterra dans la Cité de David; ce fut son fils Asa qui lui succéda. Sous le règne d'Asa, le pays fut tranquille pendant dix ans. Asa agit bien, faisant ce qui plaît au Seigneur son Dieu. Il supprima les autels et les lieux de culte païens, brisa les pierres dressées et coupa les poteaux sacrés. Il ordonna aux Judéens d'adorer le Seigneur, le Dieu de leurs ancêtres, et d'obéir à sa loi et à ses commandements. Asa avait détruit dans toutes les villes de Juda les lieux de culte païens et les autels à parfums, de sorte que le royaume fut tranquille pendant son règne. Personne ne lui fit la guerre durant ces années-là, car le Seigneur lui-même lui assurait la paix. Il profita de cette période de tranquillité dans le pays pour fortifier plusieurs villes de Juda. Il dit aux Judéens: «Fortifions ces villes en les entourant de murailles avec des tours et des portes à verrous, pendant que le pays est encore à nous. En effet, nous avons été fidèles au Seigneur notre Dieu et, à cause de notre fidélité, il nous a accordé la paix de tous côtés.» Ils se mirent alors au travail et réussirent à fortifier ces villes. Asa avait une armée de trois cent mille Judéens, portant le grand bouclier et la lance, et de deux cent quatre-vingt mille Benjaminites, portant le petit bouclier et sachant manier l'arc. Ils étaient tous de vaillants guerriers. Zéra l'Éthiopien vint les attaquer avec une armée d'un million d'hommes et trois cents chars de guerre; il arriva jusqu'à Marécha. Asa sortit à sa rencontre: ils se mirent en ordre de bataille dans la vallée de Sefata, près de Marécha. Asa implora le secours du Seigneur son Dieu en ces mots: «Seigneur, il n'est pas plus difficile pour toi de secourir le faible plutôt que le fort. Viens donc à notre aide, Seigneur notre Dieu, car nous nous appuyons sur toi; c'est en ton nom que nous nous sommes avancés contre cette immense armée. Tu es le Seigneur notre Dieu, ne permets pas qu'un homme l'emporte sur toi.» Le Seigneur fit reculer les Éthiopiens devant Asa et l'armée judéenne; ils s'enfuirent et furent poursuivis par Asa et ses troupes jusqu'à Guérar. Ils tombèrent en masse, et finalement aucun d'eux n'en réchappa, car leur armée se brisa contre le Seigneur et contre son peuple. Les Judéens emportèrent un très abondant butin. Ils réussirent ensuite à conquérir toutes les villes des environs de Guérar, car leurs habitants étaient sous l'effet de la crainte du Seigneur. Ils pillèrent ces villes et y trouvèrent un butin considérable. Ils attaquèrent même les campements des gardiens de troupeaux et s'emparèrent d'un grand nombre de moutons et de chameaux. Après quoi, ils regagnèrent Jérusalem. Azaria, fils d'Oded, fut saisi par l'Esprit de Dieu; il s'en alla trouver Asa pour lui dire: «Roi Asa, et vous tous, Judéens et Benjaminites, écoutez-moi! Le Seigneur est avec vous tant que vous êtes avec lui. Si vous le recherchez, il se laissera trouver par vous; si vous l'abandonnez, il vous abandonnera aussi. Pendant longtemps les Israélites ont vécu sans le vrai Dieu, sans prêtre pour les enseigner et sans loi. Mais dans leur détresse, ils sont revenus au Seigneur, le Dieu d'Israël; ils l'ont recherché, et lui s'est laissé trouver par eux. A cette époque-là, on ne pouvait pas aller et venir en sécurité; c'était une période pleine de troubles pour les habitants de tous les pays. Une nation écrasait une autre nation, une ville une autre ville, car Dieu les secouait par toutes sortes de calamités. Mais vous, maintenant, soyez forts, ne vous laissez pas décourager. Votre œuvre sera récompensée.» Lorsque le roi Asa entendit ce message prononcé par le prophète Azaria, fils d'Oded, il prit courage et fit disparaître de tout le territoire de Juda et de Benjamin les idoles qui s'y trouvaient; il agit de même dans les villes dont il s'était emparé dans la région montagneuse d'Éfraïm. Ensuite il répara l'autel du Seigneur, qui se dressait devant le temple. De nombreux Israélites des tribus d'Éfraïm, Manassé et Siméon s'étaient ralliés au roi Asa et vivaient dans son royaume depuis qu'ils avaient vu que le Seigneur son Dieu était avec lui. Le roi les convoqua, avec tous les habitants de Juda et de Benjamin. Ils se rassemblèrent à Jérusalem, pendant le troisième mois de la quinzième année du règne d'Asa. Le jour de leur arrivée, ils offrirent en sacrifices au Seigneur des bêtes qu'ils avaient prises aux ennemis: sept cents bœufs et sept mille moutons. Ils promirent solennellement de s'appliquer de tout leur cœur et de tout leur être à connaître la volonté du Seigneur, le Dieu de leurs ancêtres. Si quelqu'un, jeune ou âgé, homme ou femme, ne s'appliquait pas à connaître ainsi le Seigneur, le Dieu d'Israël, il devait être mis à mort. Ils accompagnèrent leur serment envers le Seigneur de grands cris, d'ovations, et de sonneries de cors et de trompettes. Le royaume de Juda fut dans la joie à cause de cet engagement pris de tout cœur. Tout le monde se plut à rechercher le Seigneur, qui se laissa trouver par eux, et qui leur accorda la paix sur toutes leurs frontières. Le roi Asa retira même à sa grand-mère Maaka le titre de “Grande Dame”, parce qu'elle avait eu l'horrible idée de faire une idole pour la déesse Achéra. Il ordonna de détruire cette idole, de la réduire en miettes et de la brûler au bord du torrent du Cédron. Pourtant il ne supprima pas les lieux sacrés d'Israël, bien qu'il eût toujours aimé Dieu de tout son cœur. Il fit aussi apporter dans le temple de Dieu les offrandes consacrées par son père et par lui-même, à savoir de l'argent, de l'or et divers objets. Il n'y eut plus de guerre jusqu'à la trente-cinquième année du règne d'Asa. Pendant la trente-sixième année du règne d'Asa, Bacha, roi d'Israël, vint un jour attaquer le pays de Juda; il se mit à fortifier le village de Rama, pour empêcher Asa et les Judéens de circuler librement de ce côté-là. Asa préleva une certaine quantité d'argent et d'or dans le trésor du temple et dans le trésor du palais royal, et l'envoya à Damas, au roi de Syrie Ben-Hadad, avec le message suivant: «Faisons alliance, toi et moi, comme nos pères respectifs. Tu vois, je t'envoie de l'argent et de l'or en cadeau. Va donc rompre ton alliance avec Bacha, roi d'Israël, afin qu'il retire ses troupes de mon territoire.» Ben-Hadad accepta la proposition d'Asa et envoya les chefs de ses forces armées attaquer les villes d'Israël. Ils prirent Yon, Dan et Abel-Maïm, ainsi que toutes les villes de Neftali où l'on entreposait des réserves. Quand Bacha apprit cette nouvelle, il interrompit les travaux et cessa de fortifier Rama. Le roi Asa emmena tous les Judéens: ils emportèrent les pierres et les poutres que Bacha avait rassemblées pour fortifier Rama, et ils les utilisèrent pour fortifier les localités de Guéba et Mispa. A cette époque-là, le prophète Hanani vint trouver Asa, roi de Juda, et lui dit: «Tu n'as pas recherché l'appui du Seigneur ton Dieu; tu as préféré t'appuyer sur le roi de Syrie! En agissant ainsi tu as permis à l'armée du roi de Syrie d'échapper à ton pouvoir. Les Éthiopiens et les Libyens ne formaient-ils pas une puissante armée, comprenant un nombre incalculable de chars et de cavaliers? Pourtant le Seigneur les a livrés en ton pouvoir, parce que tu t'es alors appuyé sur lui. En effet, le Seigneur promène ses regards sur toute la terre, afin de soutenir ceux qui l'aiment de tout leur cœur. Eh bien, cette fois-ci, tu as agi comme un insensé, et désormais tu devras affronter des guerres.» Asa s'irrita contre le prophète; il le fit jeter en prison, tant ses paroles avaient excité sa colère. A cette même époque, Asa se mit à opprimer certains citoyens. L'histoire d'Asa, du début à la fin, est contenue dans le livre des rois de Juda et d'Israël. Durant la trente-neuvième année de son règne, Asa fut atteint d'une très grave maladie des pieds, mais au lieu de rechercher le secours du Seigneur, il consulta des médecins. Lorsque Asa mourut, durant la quarante et unième année de son règne, on l'enterra dans un des tombeaux qu'il avait fait creuser dans la Cité de David; on déposa le corps à un endroit où l'on avait rassemblé beaucoup de parfums divers, préparés selon l'art des parfumeurs, et on en brûla une très grande quantité en son honneur. Josaphat, fils d'Asa, succéda à son père. Il consolida sa position face au royaume d'Israël. Il plaça des troupes dans toutes les villes fortifiées de Juda, et installa des gouverneurs dans son royaume, ainsi que dans les villes que son père Asa avait prises aux Éfraïmites. Le Seigneur fut avec Josaphat, car celui-ci se conduisit comme son ancêtre David s'était conduit au début de son règne. Il ne consulta pas les dieux Baals, mais s'efforça de connaître la volonté du Dieu de son ancêtre et d'obéir à ses commandements, contrairement à ce que l'on faisait dans le royaume du Nord. Le Seigneur affermit son pouvoir royal. Tous les Judéens offraient des cadeaux à Josaphat, de sorte que celui-ci fut couvert de richesse et de gloire. Il se fit un point d'honneur de suivre la volonté du Seigneur, et supprima du royaume de Juda les lieux de culte païens et les poteaux sacrés. Durant la troisième année de son règne, il envoya quelques-uns de ses hauts fonctionnaires enseigner les habitants des villes de Juda: c'étaient Ben-Haïl, Obadia, Zacharie, Netanéel et Mikaya. Ils étaient accompagnés de neuf lévites, Chemaya, Netania, Zébadia, Assaël, Chemiramoth, Yonatan, Adonia, Tobia et Tob-Adonia, ainsi que de deux prêtres, Élichama et Yoram. Ils emportèrent avec eux le livre de la loi du Seigneur, et ils firent le tour des villes de Juda, pour y enseigner toute la population. Tous les royaumes voisins furent frappés de crainte à l'égard du Seigneur, et personne n'osa engager une guerre contre Josaphat. On vit même des Philistins apporter à Josaphat des cadeaux ou des tributs en argent, et des Arabes lui amener sept mille sept cents béliers et autant de boucs. La puissance de Josaphat grandissait de plus en plus. Il construisit en Juda des forteresses et des villes pour y entreposer des réserves. Il disposait ainsi de provisions importantes dans les villes du royaume. Les guerriers les plus vaillants de son armée étaient stationnés à Jérusalem. Ces soldats étaient groupés selon leur origine familiale. De la tribu de Juda, on trouvait les commandants de régiments suivants: le commandant Adna, à la tête de trois cent mille vaillants guerriers; à ses côtés, le commandant Yohanan, à la tête de deux cent quatre-vingt mille soldats, et Amassia, fils de Zikri, engagé volontaire au service du Seigneur, à la tête de deux cent mille vaillants guerriers. De la tribu de Benjamin, on trouvait un vaillant guerrier, Éliada, à la tête de deux cent mille hommes équipés d'arcs et de boucliers, et à ses côtés, Yozabad, à la tête de cent quatre-vingt mille hommes aptes à combattre. Tels étaient les soldats au service du roi à Jérusalem. Il faut y ajouter ceux qu'il avait établis dans les villes fortifiées de tout son royaume. Le roi Josaphat était couvert de richesse et de gloire. Il arrangea un mariage entre sa famille et celle du roi Achab, d'Israël. Quelques années plus tard, Josaphat se rendit chez Achab, à Samarie. Pour l'accueillir, lui et sa suite, Achab fit abattre une grande quantité de moutons et de bœufs. Puis il suggéra à Josaphat d'aller ensemble attaquer la ville de Ramoth, en Galaad; il lui demanda: «Viendrais-tu avec moi attaquer Ramoth de Galaad?» Josaphat lui répondit: «Nous ne faisons qu'un, toi et moi, ton peuple et le mien. Je pars en guerre avec toi.» Pourtant Josaphat ajouta: «Consulte d'abord le Seigneur.» Le roi d'Israël rassembla alors ses quatre cents prophètes et leur demanda: «Devons-nous aller combattre pour reprendre Ramoth de Galaad, ou dois-je y renoncer?» – «Tu peux y aller, répondirent les prophètes, Dieu te livrera la ville.» Mais Josaphat demanda: «N'y a-t-il ici aucun autre prophète par qui nous puissions consulter le Seigneur?» – «Il y en a bien encore un, répondit le roi d'Israël, mais je ne l'aime pas, car il m'annonce toujours du mal, jamais rien de bon. C'est Michée, fils d'Imla.» Josaphat s'écria: «Ne parle pas ainsi d'un prophète!» Alors le roi d'Israël appela un fonctionnaire du palais et lui ordonna d'aller rapidement chercher Michée, fils d'Imla. Le roi d'Israël et le roi de Juda étaient assis chacun sur son trône, revêtus de leurs habits royaux, sur la place située près de la porte de la ville de Samarie, pendant que les prophètes proclamaient leur message devant eux. Un certain Sidequia, fils de Kenaana, s'était fabriqué des cornes de fer, et il disait: «Voici ce que déclare le Seigneur: “Ces cornes sont le signe de la puissance avec laquelle tu écraseras l'armée syrienne.” » Et tous les autres prophètes confirmaient ce message en disant: «Tu peux aller attaquer Ramoth de Galaad. Tu réussiras, le Seigneur te livrera la ville.» Le messager qui était allé chercher Michée lui dit: «Écoute, tous les prophètes sont unanimes à prédire au roi le succès; arrange-toi donc pour parler comme eux: prédis toi aussi le succès.» Mais Michée lui répondit: «Par le Seigneur vivant, je proclamerai ce que mon Dieu aura dit.» Il vint se présenter devant le roi, qui lui posa cette question: «Michée, devons-nous aller combattre pour reprendre Ramoth de Galaad, ou dois-je y renoncer?» – «Vous pouvez y aller, répondit Michée; vous réussirez, le Seigneur vous livrera la ville.» Mais le roi reprit: «Combien de fois faudra-t-il que je t'adjure de me dire seulement la vérité de la part du Seigneur?» Alors Michée déclara: «J'ai vu tout le peuple d'Israël dispersé sur les montagnes comme un troupeau sans berger. Et le Seigneur a dit: “Ils n'ont plus de chef. Que chacun retourne tranquillement chez soi.” » Le roi d'Israël dit à Josaphat: «Je te l'avais bien dit! Il m'annonce toujours du mal, jamais rien de bon!» Mais Michée reprit: «Écoutez plutôt ce que dit le Seigneur. J'ai vu, en effet, le Seigneur assis sur son trône royal, avec tous ses serviteurs célestes debout à sa droite et à sa gauche; il a demandé: “Qui veut aller donner à Achab, roi d'Israël, la mauvaise idée d'attaquer Ramoth de Galaad, afin qu'il y soit tué?” Quelqu'un a proposé ceci, un autre cela. Alors l'Esprit qui inspire les prophètes s'est avancé devant le Seigneur et a dit: “Moi, j'irai lui en donner l'idée!” – “Comment?” a demandé le Seigneur. “J'irai, a-t-il dit, et je ferai prononcer des mensonges par tous les prophètes du roi.” Le Seigneur lui a répondu: “C'est un excellent moyen pour le tromper; vas-y et fais cela!” Eh bien, ajouta Michée, maintenant c'est fait. Le Seigneur a laissé un esprit inspirer des mensonges à tes prophètes; mais en réalité le Seigneur a décidé de t'envoyer le malheur.» Aussitôt Sidequia, fils de Kenaana, s'approcha de Michée et lui donna une gifle en disant: «Est-ce que l'Esprit du Seigneur est sorti de moi pour aller te parler?» Michée répondit: «Oui! Et tu le comprendras bien toi-même le jour où tu iras te cacher dans le recoin le plus secret de ta maison.» Alors le roi d'Israël donna l'ordre suivant à des serviteurs: «Saisissez Michée et confiez-le au gouverneur de la ville Amon et au prince Yoach. Vous leur ordonnerez de ma part de mettre cet individu en prison, et de ne lui donner qu'une misérable ration de pain et d'eau, jusqu'à ce que je revienne sain et sauf de cette expédition.» Michée lui répondit: «Si tu reviens sain et sauf, c'est que le Seigneur n'a pas parlé par mon intermédiaire ». Achab, roi d'Israël, et Josaphat, roi de Juda, allèrent donc attaquer Ramoth de Galaad. Achab dit à Josaphat: «Je vais me déguiser pour aller au combat, mais toi, mets tes habits royaux.» Ainsi le roi d'Israël se déguisa, et ils partirent au combat. Or le roi de Syrie avait ordonné aux chefs de ses chars de guerre de n'attaquer ni les simples soldats, ni les officiers, mais seulement le roi d'Israël. C'est pourquoi, lorsque les chefs des chars virent Josaphat, ils se dirent que c'était le roi d'Israël et ils l'encerclèrent pour l'attaquer. Mais Josaphat implora l'aide du Seigneur Dieu, qui le secourut en repoussant ses ennemis. Quand les chefs des chars se rendirent compte que ce n'était pas le roi d'Israël, ils cessèrent de le poursuivre. Or un soldat syrien tira de l'arc au hasard, et la flèche atteignit le roi d'Israël entre les plaques protectrices de sa cuirasse. Le roi dit au conducteur de son char: «Fais demi-tour! Fais-moi sortir de la bataille, car je me sens très mal.» Mais ce jour-là, le combat fut si violent que le roi d'Israël dut rester jusqu'au soir debout sur son char, face à l'armée syrienne. Au moment où le soleil se couchait, il mourut. Josaphat, roi de Juda, rentra sain et sauf chez lui, à Jérusalem. Le prophète Yéhou, fils de Hanani, vint à sa rencontre et lui dit: «Pourquoi as-tu porté secours à un homme malfaisant? Peut-on aimer ceux qui haïssent le Seigneur? A cause de ce que tu as fait, le Seigneur est en colère contre toi. Pourtant il y a encore du bon en toi, car tu as brûlé, dans ton pays, les poteaux sacrés de la déesse Achéra, et tu t'es appliqué de tout ton cœur à obéir à Dieu.» Josaphat résidait à Jérusalem. Cependant il se remit à parcourir le pays, de Berchéba à la région montagneuse d'Éfraïm, pour inviter les Israélites à revenir au Seigneur, le Dieu de leurs ancêtres. Il établit des juges dans chacune des villes fortifiées du royaume de Juda et leur dit: «Accomplissez scrupuleusement votre tâche. En effet, vous n'avez pas à juger au nom des hommes, mais au nom du Seigneur. Il sera lui-même avec vous quand vous prononcerez un jugement. Ayez donc un grand respect pour le Seigneur et prenez garde à ce que vous faites, car le Seigneur notre Dieu ne tolère ni l'injustice, ni le favoritisme, ni la corruption par des cadeaux.» A Jérusalem également, Josaphat désigna des lévites, des prêtres et des chefs de famille israélites pour rendre la justice au nom du Seigneur et régler les querelles entre habitants de la ville. Il leur donna les ordres suivants: «Vous devez vous laisser inspirer par le respect du Seigneur, afin d'agir consciencieusement et avec une profonde intégrité. Toutes les fois que des compatriotes, venus des villes où ils habitent, soumettront à votre jugement une affaire de meurtre ou une querelle relative à la loi, à un commandement, à des prescriptions ou à des réglementations, vous les éclairerez. Ainsi ils ne se rendront pas coupables envers le Seigneur, et le Seigneur n'aura pas à se mettre en colère contre vous et vos compatriotes. Agissez de cette manière, afin de n'être pas vous-mêmes coupables. Le grand-prêtre Amaria vous supervisera dans toutes les affaires religieuses, et le ministre du royaume, Zébadia, fils d'Ismaël, dans toutes les affaires civiles. Quant aux lévites, ils exerceront les fonctions d'administrateurs à vos côtés. Mettez-vous courageusement au travail, et que le Seigneur soit avec ceux qui font le bien.» Par la suite, les Moabites et les Ammonites, renforcés par des Méounites, entrèrent en guerre contre Josaphat. On vint l'annoncer au roi: «Une armée nombreuse marche contre toi, lui dit-on. Elle est venue depuis l'autre côté de la mer Morte, du pays d'Édom, et se trouve maintenant à Hassasson-Tamar, c'est-à-dire En-Guédi.» Pris de peur, Josaphat décida de consulter le Seigneur et imposa un jeûne à tout le royaume de Juda. Les Judéens vinrent de toutes les villes du pays et se rassemblèrent pour implorer l'aide du Seigneur. Josaphat, entouré des habitants de Jérusalem et de tous les autres Judéens, se plaça face à la Cour Neuve du temple, et il pria ainsi: «Seigneur, Dieu de nos ancêtres, c'est toi qui règnes dans le ciel et qui domines toutes les nations! Tu possèdes la force et la puissance, de sorte que personne ne peut tenir devant toi. N'est-ce pas toi, notre Dieu, qui as dépossédé les habitants de ce pays, lorsque Israël, ton peuple, y arrivait, et qui as donné ce territoire pour toujours aux descendants de ton ami Abraham? Ils s'y sont installés et y ont construit un sanctuaire qui t'est consacré. Puis ils ont dit: “Si un malheur nous atteint, un châtiment, guerre, épidémie de peste ou famine, nous viendrons nous placer devant ce sanctuaire – c'est-à-dire devant toi, puisque tu y manifestes ta présence – et nous t'appellerons au secours du fond de notre détresse. Toi alors, tu nous écouteras et nous sauveras.” Eh bien, maintenant, regarde: Voici les Ammonites, les Moabites et les Édomites qui nous attaquent. Quand nos ancêtres quittèrent l'Égypte, tu ne leur as pas permis de traverser les territoires de ces peuples. Nos ancêtres ont donc fait un détour et ne les ont pas exterminés. Mais eux nous récompensent aujourd'hui en venant nous chasser de la terre que tu nous as donnée! Seigneur notre Dieu, ne vas-tu pas leur infliger un juste châtiment? Nous sommes sans force devant cette armée nombreuse qui marche contre nous, et nous ne savons que faire. C'est pourquoi nous tournons nos visages suppliants vers toi.» Tous les Judéens, y compris les femmes et les enfants, se tenaient là, debout devant le sanctuaire. En pleine assemblée, l'Esprit du Seigneur s'empara de Yaziel, un lévite, fils de Zacharie et petit-fils de Benaya, lui-même fils de Yéiel, petit-fils de Mattania et descendant d'Assaf. Yaziel s'écria: «Écoutez attentivement, vous tous, habitants de Jérusalem, Judéens, et toi en particulier, roi Josaphat. Voici ce que vous déclare le Seigneur: “Ne craignez rien, n'ayez pas peur de cette armée nombreuse! L'issue de ce combat ne dépend pas de vous, mais de moi, votre Dieu. Demain vous descendrez dans la direction de vos ennemis, qui sont en train de monter par la côte des Fleurs. Vous les rencontrerez à l'extrémité du ravin, en face du désert de Yerouel. Vous n'aurez pas besoin de les y combattre. Gens de Jérusalem et de Juda, contentez-vous de vous arrêter là, de rester sur place, et de regarder comment je vous délivrerai. Ne craignez rien, ne vous effrayez pas! Demain, allez à leur rencontre, et je serai avec vous.” » Josaphat s'inclina jusqu'à terre devant le Seigneur. Tous les habitants de Jérusalem et les Judéens se prosternèrent aussi pour adorer le Seigneur. Ensuite les lévites des clans de Quéhath et de Coré se relevèrent et acclamèrent à pleine voix le Seigneur, le Dieu d'Israël. Tôt le lendemain matin, ils se mirent tous en route pour le désert de Técoa. Au moment du départ, Josaphat leur adressa la parole: «Écoutez-moi, gens de Jérusalem et de Juda! Ayez confiance dans le Seigneur votre Dieu, et vous serez fortifiés; ayez confiance en ses prophètes, et vous triompherez!» D'entente avec le peuple, Josaphat plaça, en tête de l'armée, des chanteurs revêtus d'ornements sacrés et chargés d'acclamer le Seigneur par le cantique: «Louez le Seigneur, car son amour n'a pas de fin.» Au moment où ils entonnèrent cette joyeuse acclamation, le Seigneur jeta la confusion dans les rangs des Ammonites, des Moabites et des Édomites qui marchaient contre les Judéens, et ils se battirent entre eux. Les Ammonites et les Moabites commencèrent par attaquer les Édomites et ils les massacrèrent jusqu'au dernier. Après quoi ils s'exterminèrent les uns les autres. Lorsque les Judéens arrivèrent à l'endroit d'où l'on peut observer le désert, ils portèrent leurs regards vers l'armée ennemie, mais ne virent que des cadavres gisant à terre: il n'y avait pas un seul rescapé. Josaphat et son peuple se mirent à piller le champ de bataille; ils y trouvèrent une grande quantité de bétail, des richesses, des vêtements et des objets précieux. Il y en avait tant qu'ils passèrent trois jours à amasser du butin, et ils ne purent même pas tout emporter. Le quatrième jour ils se réunirent dans la vallée de la Beraka. – Cet endroit porte aujourd'hui encore le nom de “vallée de la Beraka”, car c'est là qu'ils remercièrent le Seigneur. – Tous les habitants de Jérusalem et les autres Judéens, avec Josaphat à leur tête, se mirent ensuite en route pour regagner Jérusalem, le cœur en joie. Le Seigneur leur avait en effet donné une grande joie en les délivrant de leurs ennemis. Ils entrèrent dans la ville au son des harpes, des lyres et des trompettes, et se dirigèrent vers le temple du Seigneur. Lorsque, dans les royaumes étrangers, on apprit que le Seigneur Dieu avait combattu contre les ennemis d'Israël, tout le monde fut frappé de crainte à son égard. Ainsi le règne de Josaphat se déroula dans la tranquillité, car son Dieu lui assurait la paix de tous côtés. Josaphat était devenu roi de Juda à l'âge de trente-cinq ans, et il régna vingt-cinq ans à Jérusalem. Sa mère s'appelait Azouba, et elle était fille de Chili. Il se conduisit d'une manière droite et imita son père Asa, faisant ce qui plaît au Seigneur. Pourtant il ne supprima pas les lieux sacrés, de sorte que le peuple n'était pas attaché de tout son cœur au Dieu de ses ancêtres. Le reste de l'histoire de Josaphat, du début à la fin, est contenu dans les Actes de Yéhou, fils de Hanani, ouvrage inséré dans le livre des rois d'Israël. Par ailleurs, Josaphat, roi de Juda, s'associa avec Ahazia, roi d'Israël, dont la conduite était mauvaise. Ensemble ils décidèrent de construire des bateaux pour des expéditions lointaines. La construction eut lieu dans le port d'Ession-Guéber. Mais le prophète Éliézer, fils de Dodava, de Marécha, déclara à Josaphat: «Tu t'es associé avec Ahazia. Eh bien, le Seigneur va détruire ce que tu as construit.» Effectivement, les bateaux ne purent pas partir en expédition, car ils firent naufrage. Lorsque Josaphat mourut, on l'enterra dans le tombeau familial de la Cité de David; ce fut son fils Joram qui lui succéda. Joram avait plusieurs frères, tous fils du roi Josaphat: c'étaient Azaria, Yéhiel, Zacharie, Azariahou, Mikaël et Chefatia. Josaphat, leur père, leur avait fait des cadeaux importants en argent, en or et en objets de valeur, et leur avait confié le commandement de villes fortifiées en Juda; mais c'est Joram qu'il avait désigné pour lui succéder, car il était l'aîné. Joram accéda donc à la royauté à la suite de son père et il affermit sa position. Il fit alors assassiner tous ses frères, de même que quelques ministres du royaume. Joram avait trente-deux ans lorsqu'il devint roi, et il régna huit ans à Jérusalem. Il épousa une fille d'Achab. Il se conduisit aussi mal que les rois d'Israël et que la famille d'Achab, faisant ce qui déplaît au Seigneur. Pourtant le Seigneur ne voulut pas anéantir la dynastie de David, à cause de l'alliance conclue avec ce roi; en effet, il lui avait promis que ses descendants régneraient toujours à Jérusalem. Ce fut pendant le règne de Joram que le peuple d'Édom se révolta contre la domination de Juda et se donna un roi. Joram se mit en route avec ses officiers et tous ses chars de guerre; mais en pleine nuit le roi et les commandants des chars durent forcer la ligne des Édomites qui les avaient encerclés. Depuis ce moment-là, le peuple d'Édom est resté indépendant de Juda. La ville de Libna se révolta aussi à la même époque et échappa à la domination de Joram, parce que celui-ci avait cessé d'obéir au Seigneur, le Dieu de ses ancêtres. Joram avait même installé des lieux de culte païens sur les montagnes de Juda, incitant de cette manière les gens de Jérusalem et de Juda à se montrer infidèles au vrai Dieu. Joram reçut un jour une lettre provenant du prophète Élie et disant: «Voici ce que déclare le Seigneur, le Dieu de ton ancêtre David: Tu n'as pas suivi l'exemple de ton père Josaphat ni celui de ton grand-père Asa, roi de Juda. Au contraire, tu as pris exemple sur les rois d'Israël, tu as incité les gens de Jérusalem et de Juda à se tourner vers les faux dieux, comme la famille d'Achab; tu as même assassiné tes propres frères, qui valaient pourtant mieux que toi. C'est pourquoi le Seigneur va frapper d'un terrible fléau ton peuple, tes fils, tes femmes et toutes tes possessions. Toi-même tu seras atteint de diverses maladies, dont l'une empirera de jour en jour, jusqu'à ce que tes intestins se répandent hors de ton corps.» Le Seigneur incita les Philistins, et des Arabes voisins des Éthiopiens, à faire la guerre à Joram. Ils vinrent attaquer le royaume de Juda et y pénétrèrent; ils s'emparèrent de tous les biens qui se trouvaient dans le palais royal, et emmenèrent captifs les enfants et les épouses du roi. Seul le plus jeune de ses fils, Ahazia, lui resta. Après tout cela, le Seigneur frappa encore Joram d'une maladie incurable des intestins. Les jours passèrent; au bout de deux ans environ, sous l'effet de la maladie, ses intestins se répandirent hors de son corps, et il mourut dans de cruelles souffrances. Toutefois son peuple n'alluma pas un grand feu en son honneur, comme on l'avait fait pour ses ancêtres. Joram était devenu roi à l'âge de trente-deux ans, et il régna huit ans à Jérusalem. Lorsqu'il mourut, personne ne le regretta. On l'enterra dans la Cité de David, mais pas dans les tombes royales. Les habitants de Jérusalem désignèrent Ahazia, le plus jeune fils du roi Joram, pour lui succéder. En effet, tous les fils aînés avaient été tués par une bande d'Arabes qui avaient pénétré dans le camp militaire judéen. C'est ainsi qu'Ahazia, fils de Joram, devint roi de Juda; il avait vingt ans et il régna un an à Jérusalem. Sa mère s'appelait Athalie, et elle était de la famille d'Omri. A son tour, Ahazia se conduisit aussi mal que la famille d'Achab, car sa mère lui donnait de mauvais conseils; il fit ce qui déplaît au Seigneur, tout comme les descendants d'Achab, qui, après la mort de son père, étaient devenus ses conseillers pour sa perte. Sur leur conseil précisément, Ahazia partit avec Joram, fils d'Achab et roi d'Israël, pour aller combattre Hazaël, roi de Syrie, à Ramoth, en Galaad. Au cours du combat, les Syriens blessèrent Joram; celui-ci retourna à Jizréel pour soigner ses blessures. Alors Ahazia se rendit à Jizréel pour le voir, puisqu'il était souffrant. Dieu se servit de cette visite à Joram pour provoquer la perte d'Ahazia. En effet, dès son arrivée, Ahazia partit avec Joram à la rencontre de Jéhu, fils de Nimchi. Or le Seigneur avait accordé la consécration royale à Jéhu pour qu'il extermine la famille d'Achab. Jéhu exécuta le jugement de Dieu sur la famille d'Achab. Ayant rencontré des chefs de Juda et les neveux d'Ahazia, tous gens au service du roi, il les massacra. Il fit ensuite rechercher Ahazia; on le captura à Samarie où il se cachait, on l'amena devant Jéhu et on le mit à mort. Mais on l'enterra quand même, car on se disait qu'il était un descendant de Josaphat, le roi qui avait sincèrement cherché à obéir au Seigneur. Dans la famille d'Ahazia, personne n'était en état de régner. Lorsque Athalie, la mère d'Ahazia, apprit que son fils était mort, elle décida d'exterminer tous les descendants de la famille royale de Juda. Mais au moment du massacre, la princesse Yochéba parvint à emmener secrètement un fils d'Ahazia, nommé Joas, et elle le cacha avec sa nourrice dans une chambre à coucher du temple, de sorte qu'Athalie ne put pas le faire mourir. – Yochéba, femme du prêtre Yoyada, était fille du roi Joram de Juda et donc sœur d'Ahazia. – Pendant six ans, Joas resta caché avec ses protecteurs dans le temple de Dieu, tandis qu'Athalie régnait sur le pays. Au cours de la septième année, le prêtre Yoyada prit une décision courageuse: il conclut un accord avec les capitaines Azaria, fils de Yeroam, Ismaël, fils de Yohanan, Azaria, fils d'Obed, Maasséya, fils d'Adaya, et Élichafath, fils de Zikri. Ceux-ci parcoururent le royaume de Juda; dans toutes les villes, ils convoquèrent les lévites et les chefs de familles israélites, puis regagnèrent avec eux Jérusalem. Tous ces gens, rassemblés dans le temple de Dieu, conclurent un pacte au sujet du roi. Yoyada leur dit: «Voici Joas, le fils du roi! C'est lui qui doit régner, conformément à ce que le Seigneur a promis au sujet des descendants de David. Procédez donc de la manière suivante: Lorsque les prêtres et les lévites entreront en service le jour du sabbat, un premier groupe gardera les entrées du temple, un deuxième groupe le palais royal, et le troisième groupe la porte de la Fondation. Tout le peuple se tiendra dans les cours du temple. Que personne ne pénètre dans le temple du Seigneur, sauf les prêtres et les lévites de service qui en ont le droit, car ils sont consacrés; pour leur part, les laïcs doivent respecter l'interdiction qui vient du Seigneur. Les autres lévites auront leur arme à la main; ils entoureront le roi et l'accompagneront lorsqu'il se déplacera. Quiconque tentera de pénétrer dans le temple sera mis à mort.» Les lévites et tous les Judéens agirent comme le prêtre Yoyada le leur avait ordonné; chaque chef rassembla ses hommes, aussi bien ceux qui commençaient leur service le jour du sabbat que ceux qui le terminaient ce jour-là, car Yoyada n'avait accordé de congé à aucun groupe. Yoyada confia aux capitaines les lances et les différentes sortes de boucliers qui avaient appartenu au roi David et qui étaient déposés dans le temple de Dieu. Il plaça tous les hommes en demi-cercle, chacun avec son javelot à la main, de l'angle sud-est à l'angle nord-est du temple, devant le bâtiment et l'autel, prêts à entourer le roi. Alors on amena Joas: on lui remit l'insigne royal et le document de l'alliance, puis Yoyada et ses fils le consacrèrent roi en versant de l'huile sur sa tête; aussitôt tout le monde se mit à crier: «Vive le roi!» Lorsque Athalie entendit le bruit du peuple qui courait et acclamait le roi, elle rejoignit la foule au temple du Seigneur. Elle aperçut le nouveau roi, debout près de la colonne du temple, à côté de l'entrée; les officiers et les joueurs de trompettes se tenaient près de lui. Toute la population manifestait sa joie, tandis que les musiciens sonnaient de la trompette et que les chanteurs, avec leurs instruments de musique, dirigeaient les acclamations. Alors Athalie déchira ses vêtements en criant: «Trahison! Trahison!» Yoyada ne voulait pas qu'on la tue dans le temple. C'est pourquoi il fit approcher les capitaines qui commandaient les soldats de la garde et leur dit: «Faites-la sortir entre vos rangs; si quelqu'un la suit, qu'il soit mis à mort.» On l'entraîna vers le palais royal et, quand elle arriva à la porte des Chevaux, on l'exécuta. Yoyada conclut une alliance qui engageait la population, le roi et lui-même à être le peuple du Seigneur. Alors la foule se rendit au temple de Baal et le démolit; on brisa les autels et les idoles, et on tua Mattan, prêtre de Baal, devant les autels. Ensuite Yoyada confia la surveillance du temple du Seigneur aux prêtres-lévites. David les avait répartis en groupes pour offrir les sacrifices complets dans le temple du Seigneur, selon ce qui figure dans la loi de Moïse; il leur avait prescrit d'accomplir ce service avec des chants joyeux. Yoyada plaça aussi des gardiens aux portes du temple, afin qu'aucune personne en état d'impureté n'y pénètre. Yoyada rassembla encore les capitaines, les notables et les dirigeants, avec tout le peuple; il conduisit le roi du temple au palais, en passant par la porte supérieure. Lorsqu'on installa Joas sur le trône royal, tous manifestèrent leur joie. La ville fut tranquille après qu'Athalie eut été mise à mort. Joas avait sept ans lorsqu'il devint roi, et il régna quarante ans à Jérusalem. Sa mère, qui était de Berchéba, s'appelait Sibia. Joas fit ce qui plaît au Seigneur aussi longtemps que le prêtre Yoyada vécut. Celui-ci lui fit épouser deux femmes, dont il eut plusieurs fils et filles. Après un certain temps, Joas décida de restaurer le temple du Seigneur. Il réunit les prêtres et les lévites et leur dit: «Allez dans les villes de Juda et récoltez de l'argent auprès de tous les Israélites, afin que vous puissiez effectuer chaque année des réparations dans le temple de votre Dieu. Hâtez-vous de le faire.» Mais les lévites laissèrent traîner les choses. Le roi convoqua alors le grand-prêtre Yoyada et lui dit: «Pourquoi n'as-tu pas exigé des lévites qu'ils perçoivent auprès des habitants de Jérusalem et de Juda l'impôt fixé par Moïse, le serviteur du Seigneur, et par l'assemblée d'Israël, en faveur du sanctuaire où se trouve le document de l'alliance? Car les partisans de la perfide Athalie ont laissé le temple de Dieu se dégrader, et ils ont même utilisé les objets sacrés du temple pour le culte des dieux Baals.» Sur l'ordre du roi, on fabriqua un coffre et on le plaça près de l'entrée du temple, à l'extérieur. Ensuite on fit proclamer à Jérusalem et dans tout le royaume que chacun devait apporter au Seigneur l'impôt exigé des Israélites par Moïse, serviteur de Dieu, lors de la traversée du désert. Les chefs et le peuple tout entier vinrent déposer avec joie ce qu'ils devaient dans le coffre, au point de le remplir. Quand on apporta le coffre aux lévites pour qu'ils en contrôlent le contenu au nom du roi, ils y trouvèrent beaucoup d'argent, si bien que le secrétaire du roi et l'administrateur du grand-prêtre vinrent le vider. Ensuite ils le firent remettre à sa place. Dès lors, on procéda chaque jour de cette façon-là, et on recueillit ainsi des sommes importantes. Le roi et Yoyada remirent l'argent aux entrepreneurs chargés des travaux; ceux-ci embauchèrent des tailleurs de pierre et des charpentiers, ainsi que des spécialistes du travail du fer et du bronze, pour restaurer et consolider le temple. Les ouvriers se mirent à l'ouvrage; grâce à leur savoir-faire, les réparations progressèrent et le temple retrouva son allure et sa solidité antérieures. Quand les travaux furent achevés, les entrepreneurs apportèrent le reste de l'argent au roi et à Yoyada. On l'utilisa pour fabriquer des ustensiles pour le temple: objets de culte, instruments pour les sacrifices, coupes et récipients d'or et d'argent. Durant toute la vie de Yoyada, on offrit régulièrement des sacrifices complets dans le temple du Seigneur. Yoyada devint très vieux, et mourut à l'âge de cent trente ans. On l'enterra dans les tombes royales de la Cité de David, car il avait toujours agi pour le bien d'Israël, et pour l'honneur de Dieu et de son temple. Après la mort de Yoyada, les chefs de Juda vinrent trouver Joas et lui rendirent hommage. Le roi prêta l'oreille à leurs suggestions, et c'est ainsi que les Israélites délaissèrent le temple du Seigneur, le Dieu de leurs ancêtres, pour adorer les poteaux sacrés et autres idoles. Cette faute provoqua la colère de Dieu contre Jérusalem et contre tout le royaume de Juda. Ensuite Dieu leur envoya des prophètes pour les persuader de revenir à lui, mais personne ne les écouta. Alors l'Esprit de Dieu s'empara du prêtre Zacharie, fils de Yoyada. Zacharie se dressa face à la foule et proclama: «Écoutez ce que Dieu déclare: “Pourquoi désobéissez-vous à mes commandements? Vous n'en tirerez aucun profit! Vous m'avez abandonné: eh bien, je vous abandonnerai, moi aussi!” » Le peuple complota contre Zacharie et, sur l'ordre du roi, se mit à lui lancer des pierres, dans la cour même du temple. Le roi Joas, oubliant la bonté que lui avait manifestée Yoyada, le père de Zacharie, fit mourir celui-ci. Avant d'expirer, Zacharie s'écria encore: «Que le Seigneur voie ce qui se passe et qu'il t'en punisse!» Au printemps suivant, l'armée syrienne vint attaquer Joas. Elle envahit le royaume de Juda et la ville de Jérusalem, extermina les chefs du peuple et envoya tout le butin à son roi, à Damas. Cette armée n'était pas considérable, mais le Seigneur livra en son pouvoir l'armée très nombreuse des Judéens, parce que ceux-ci l'avaient abandonné, lui, le Dieu de leurs ancêtres. Tel fut le châtiment infligé à Joas. Puis les Syriens s'en allèrent, le laissant en proie à de cruelles souffrances. Alors les officiers de Joas complotèrent contre lui, pour venger la mort du fils du prêtre Yoyada, et ils l'assassinèrent dans son lit. On l'enterra dans la Cité de David, mais pas dans les tombes royales. – Les auteurs du complot contre Joas étaient Zabad, fils d'une Ammonite nommée Chiméath, et Yozabad, fils d'une Moabite nommée Chimrith. – La liste des fils de Joas, le texte des nombreux messages prophétiques prononcés contre lui et le récit de la restauration du temple de Dieu figurent dans le livre intitulé Commentaire du livre des Rois. Ce fut son fils Amassia qui lui succéda. Amassia devint roi à l'âge de vingt-cinq ans, et il régna vingt-neuf ans à Jérusalem. Sa mère, qui était de Jérusalem, s'appelait Yoaddan. Amassia fit ce qui plaît au Seigneur, mais sans grand enthousiasme. Lorsque Amassia eut solidement établi son autorité royale, il fit mourir les officiers qui avaient assassiné son père, le roi Joas. Mais il épargna leurs enfants, pour respecter ce qui est écrit dans le livre de la Loi, le livre de Moïse; en effet, le Seigneur y a donné cet ordre: «On ne doit pas mettre à mort des parents pour des péchés commis par leurs enfants, ni des enfants pour des péchés commis par leurs parents; un être humain ne peut être mis à mort que pour ses propres péchés.» Amassia rassembla les hommes de son royaume, Judéens et Benjaminites, et désigna, selon les clans, des commandants de régiments et de compagnies. On dénombra les hommes de vingt ans et plus, et on en trouva trois cent mille, aptes au service et sachant manier la lance et le bouclier. Pour le prix de trois tonnes d'argent environ, Amassia recruta en plus cent mille vaillants soldats du royaume d'Israël. Mais un prophète vint lui dire: «Majesté, il ne faut pas que des soldats d'Israël partent avec toi, car le Seigneur ne soutient pas les gens du royaume du Nord. S'ils t'accompagnent, tu auras beau combattre avec toute ton énergie, Dieu te fera lâcher pied devant tes ennemis. En effet, Dieu seul peut accorder la victoire ou infliger la défaite.» Amassia demanda au prophète: «Et qu'adviendra-t-il de tout l'argent que j'ai versé à ces soldats?» – «Le Seigneur a les moyens de t'en redonner bien davantage!» répondit-il. Amassia renvoya chez eux les soldats venus du royaume du Nord. Ils s'en retournèrent, mais ils étaient fort en colère à l'égard du royaume de Juda. Amassia, rempli de courage, partit à la tête de son armée pour la vallée du Sel, où il tua dix mille soldats édomites. Les Judéens firent prisonniers dix mille autres soldats; ils les conduisirent au sommet d'une falaise d'où ils les précipitèrent dans le vide, de sorte que tous s'écrasèrent au sol. Quant aux soldats israélites qu'Amassia avait renvoyés, les empêchant de participer à son expédition, ils envahirent les villes judéennes situées entre Samarie et Beth-Horon, tuèrent trois mille habitants et emportèrent une grande quantité de butin. Lorsque Amassia revint de sa campagne victorieuse contre les Édomites, il rapporta des statues des dieux d'Édom et il en fit ses dieux; il les adorait et leur offrait des sacrifices. Le Seigneur se mit en colère contre lui; il lui envoya un prophète qui lui dit: «Pourquoi te tournes-tu vers des dieux qui n'ont même pas pu délivrer leur peuple de ta main?» Mais le roi lui coupa la parole pour lui demander: «Est-ce que je t'ai désigné comme conseiller royal? N'insiste pas, si tu ne veux pas qu'on te maltraite.» Le prophète s'interrompit, puis reprit: «Je sais que Dieu a décidé de te faire mourir, parce que tu as agi de la sorte et que tu as refusé d'écouter mon avis.» Amassia, roi de Juda, préféra d'autres avis et envoya des messagers auprès du roi d'Israël, Joas, fils de Joachaz et petit-fils de Jéhu. Il lui faisait dire: «Viens! Affrontons-nous dans un combat!» Joas adressa cette réponse à Amassia: «Il y avait une fois sur le mont Liban un buisson épineux; il demanda à un cèdre du Liban de lui donner sa fille comme épouse pour son fils; mais une bête sauvage du Liban passa sur le buisson et l'écrasa». Et Joas ajoutait: «Tu te vantes d'avoir battu les Édomites. Tu fais le fier, mais tu n'es qu'un vaniteux! Tu ferais mieux de rester chez toi! Pourquoi veux-tu commencer une guerre qui finira mal pour toi, et où tu seras battu avec toute l'armée de Juda?» Mais Amassia ne tint pas compte de l'avertissement; Dieu voulait en effet causer la perte d'Amassia et de son armée, parce qu'ils s'étaient tournés vers les dieux d'Édom. Alors Joas, roi d'Israël, se mit en campagne; son armée et celle d'Amassia s'affrontèrent à Beth-Chémech, au pays de Juda. L'armée de Juda fut battue par celle d'Israël, et tous les soldats judéens s'enfuirent chez eux. A Beth-Chémech, Joas, roi d'Israël, fit prisonnier le roi de Juda Amassia, fils de Joas et petit-fils d'Ahazia; de là il l'emmena à Jérusalem et il démolit la muraille de la ville sur une longueur de près de deux cents mètres, entre la porte d'Éfraïm et la porte de l'Angle. Il prit l'or, l'argent et tous les objets précieux qui se trouvaient dans le temple, sous la garde d'Obed-Édom, et dans le trésor du palais royal; il prit également des otages et retourna à Samarie. Après la mort de Joas, fils de Joachaz et roi d'Israël, Amassia, roi de Juda, vécut encore quinze ans. Le reste de l'histoire d'Amassia, du début à la fin, est contenu dans le livre des rois de Juda et d'Israël. Dès l'époque où Amassia s'était détourné du Seigneur, des gens s'étaient mis à comploter contre lui, à Jérusalem. Un jour, il s'enfuit à Lakich, mais on le fit poursuivre et mettre à mort à cet endroit. Ensuite on ramena son corps dans la capitale du royaume, sur un char tiré par plusieurs chevaux, et on l'enterra dans le tombeau familial. Ozias, fils d'Amassia, était âgé de seize ans lorsque le peuple de Juda le désigna comme roi pour succéder à son père. C'est lui qui, après la mort de son père, reconquit la ville d'Élath et la rebâtit. Ozias, devenu roi à l'âge de seize ans, régna cinquante-deux ans à Jérusalem. Sa mère, qui était de Jérusalem, s'appelait Yekolia. Ozias fit ce qui plaît au Seigneur, tout comme son père Amassia. Tant que vécut Zacharie, qui était capable de comprendre les visions envoyées par Dieu, Ozias s'efforça de connaître la volonté du Seigneur Dieu, et celui-ci lui accorda le succès. Ozias partit en guerre contre les Philistins: il démolit les murailles de Gath, de Yabné et d'Asdod, puis fortifia des villes aux environs d'Asdod et dans le reste du territoire philistin. Dieu lui vint en aide dans ses campagnes contre les Philistins, les Arabes habitant Gour-Baal, et les Méounites. Même ces derniers lui payèrent un tribut de guerre. Ozias devint si puissant que sa renommée se répandit jusqu'aux frontières de l'Égypte. Il construisit des tours fortifiées à Jérusalem, au-dessus de la porte de l'Angle, de la porte de la Vallée, et à un endroit où la muraille s'avance en saillie. Il construisit aussi des tours de garde dans les régions désertiques, et il creusa de nombreuses citernes, car il avait de vastes troupeaux dans le Bas -Pays et dans la plaine; il avait également des laboureurs et des vignerons à son service dans les collines et les vignobles, car il aimait le travail de la terre. Ozias entretenait une armée apte à combattre; elle était répartie en troupes selon le résultat du recensement effectué par le secrétaire Yéiel et l'administrateur Maasséya, sous la direction de Hanania, l'un des officiers du roi. Ces vaillants soldats, placés sous les ordres de deux mille six cents chefs de familles, étaient au nombre de trois cent sept mille cinq cents; ils étaient pleins de force et prêts à se battre contre les ennemis du roi. Lors de chaque expédition, le roi leur fournissait des boucliers, des lances, des casques, des cuirasses, des arcs et des pierres de frondes. A Jérusalem, Ozias fabriqua des engins inventés par un ingénieur; ces engins, placés sur les tours et les angles des murailles, permettaient de lancer des flèches ou de grosses pierres. Ozias fut si merveilleusement aidé par Dieu qu'il devint de plus en plus puissant et que sa renommée s'étendit au loin. Mais sa puissance le rendit orgueilleux, ce qui causa sa perte, et il cessa d'être fidèle au Seigneur son Dieu: un jour, il pénétra à l'intérieur même du temple pour faire brûler de l'encens sur l'autel du parfum. Le grand-prêtre Azaria, accompagné de quatre-vingts prêtres du Seigneur, tous très courageux, y pénétra derrière lui. Ils se placèrent en face du roi Ozias et lui dirent: «Sa Majesté le roi n'a pas le droit de présenter lui-même les offrandes de parfum au Seigneur. C'est le privilège des prêtres, les descendants d'Aaron, qui ont été consacrés à cet effet. Sors de ce sanctuaire, car tu es en train de commettre un acte sacrilège, qui ne sera pas un acte de gloire pour toi devant le Seigneur Dieu.» Ozias, qui s'apprêtait à faire brûler l'encens, se mit en colère contre les prêtres. Aussitôt la lèpre apparut sur son front, là, dans le temple, près de l'autel du parfum et en présence des prêtres. Le grand-prêtre Azaria et tous les autres prêtres, qui le regardaient, virent la lèpre apparaître sur son front; ils l'expulsèrent immédiatement, et lui-même, se sentant frappé par le Seigneur, se hâta de sortir du sanctuaire. Le roi Ozias resta lépreux jusqu'à sa mort; à cause de cette maladie, il dut résider à l'écart des autres gens, sans avoir le droit de retourner au temple du Seigneur. Son fils Yotam, le chef du palais royal, fut chargé de gouverner le royaume. Le reste de l'histoire d'Ozias, du début à la fin, a été rédigé par le prophète Ésaïe, fils d'Amots. Lorsqu'il mourut, on l'enterra dans le cimetière royal mais, parce qu'il était lépreux, pas dans le tombeau familial. Ce fut son fils Yotam qui lui succéda. Yotam devint roi à l'âge de vingt-cinq ans, et il régna seize ans à Jérusalem. Sa mère s'appelait Yeroucha, et elle était fille de Sadoc. Yotam fit ce qui plaît au Seigneur, agissant tout comme son père Ozias, sans toutefois commettre la faute de pénétrer dans le temple du Seigneur. Cependant le peuple n'améliorait pas sa conduite. C'est Yotam qui construisit la porte supérieure du temple du Seigneur, et fortifia en plusieurs endroits la muraille du quartier de l'Ofel. Il édifia aussi des villes dans la région montagneuse de Juda, de même que des fortins et des tours dans les forêts. Yotam partit en guerre contre le roi des Ammonites et remporta la victoire. Cette année-là, les Ammonites lui payèrent un tribut de trois tonnes d'argent, trois mille tonnes de blé et trois mille tonnes d'orge; les deux années suivantes, ils lui fournirent un tribut équivalent. Yotam devint de plus en plus puissant, parce qu'il se conduisait de manière droite devant le Seigneur son Dieu. Le reste de l'histoire de Yotam est contenu dans le livre des rois d'Israël et de Juda; on y raconte ses guerres et ses actions. Yotam était devenu roi à l'âge de vingt-cinq ans, et il régna seize ans à Jérusalem. Lorsqu'il mourut, on l'enterra dans la Cité de David; ce fut son fils Ahaz qui lui succéda. Ahaz devint roi à l'âge de vingt ans, et il régna seize ans à Jérusalem. Il ne fit pas ce qui plaît au Seigneur, contrairement à son ancêtre David. Il imita plutôt la conduite des rois d'Israël; il alla même jusqu'à fabriquer des statues de métal fondu pour le culte des dieux Baals. Il présenta des offrandes de parfums dans la vallée de Hinnom, et offrit ses fils en sacrifices, selon l'abominable pratique des nations que le Seigneur avait chassées du pays pour faire place au peuple d'Israël. Il offrit également des sacrifices d'animaux et brûla des parfums dans les lieux de culte païens, sur les collines où il y avait des arbres verts. Le Seigneur son Dieu le livra au pouvoir du roi de Syrie: les Syriens le battirent et firent un grand nombre de prisonniers qui furent conduits à Damas. Ahaz fut aussi livré au pouvoir de Péca, fils de Remalia et roi d'Israël, qui lui infligea une lourde défaite: en un seul jour, Péca fit mourir cent vingt mille vaillants soldats judéens; cela arriva parce qu'ils avaient abandonné le Seigneur, le Dieu de leurs ancêtres. Quant au guerrier éfraïmite Zikri, il tua Maasséya, un des fils du roi, Azricam, chef du palais, et Elcana, le plus proche collaborateur du roi. Enfin les soldats du royaume du Nord firent prisonniers deux cent mille femmes et enfants de Juda; ils s'emparèrent également d'un butin considérable qu'ils emportèrent à Samarie. Il y avait à Samarie un prophète du Seigneur, nommé Oded; il sortit à la rencontre de l'armée d'Israël qui arrivait en ville, et dit aux soldats: «Le Seigneur, le Dieu de vos ancêtres, était en colère contre les Judéens. C'est pourquoi il les a livrés en votre pouvoir. Or vous en avez massacré un certain nombre avec une rage telle que l'écho en est monté jusqu'au ciel. De plus, vous avez maintenant l'intention de réduire en esclavage ces hommes et ces femmes de Jérusalem et de Juda. N'est-ce pas vous rendre vous-mêmes coupables envers le Seigneur votre Dieu? Écoutez-moi donc et rendez la liberté aux prisonniers judéens que vous avez faits, car c'est contre vous que le Seigneur est actuellement en colère.» Alors quelques-uns des chefs éfraïmites prirent parti contre ceux qui revenaient de l'expédition; c'étaient Azaria, fils de Yohanan, Bérékia, fils de Mechillémoth, Yehizquia, fils de Challoum, et Amassa, fils de Hadlaï. Ils leur dirent: «N'amenez pas ces prisonniers ici! Vous nous rendriez responsables d'une faute grave envers le Seigneur. Avez-vous l'intention d'augmenter le poids de notre culpabilité, alors qu'elle est déjà bien lourde et que le Seigneur est déjà très en colère contre Israël?» En présence des chefs et de toute la foule, la troupe libéra aussitôt les prisonniers et renonça même au butin. Des hommes, qu'on désigna personnellement pour cette tâche, réconfortèrent les prisonniers: ils prirent dans le butin des vêtements et des chaussures pour les remettre à ceux qui en étaient dépourvus; à tous ils donnèrent à manger et à boire, ils soignèrent les blessés, puis chargeant les éclopés sur des ânes, ils reconduisirent tous ces gens auprès de leurs compatriotes à Jéricho, la ville des Palmiers. Ensuite ils regagnèrent Samarie. A cette époque-là, le roi Ahaz fit demander au roi d'Assyrie de venir à son secours. En effet, les Édomites étaient de nouveau venus attaquer le royaume de Juda et avaient fait des prisonniers. De leur côté, les Philistins avaient envahi les villes du Bas -Pays et la région méridionale de Juda; ils s'étaient emparés de Beth-Chémech, Ayalon et Guedéroth, ainsi que de Soko, Timna, Guimzo et des villages voisins, et ils s'y étaient installés. Le Seigneur humiliait ainsi le royaume de Juda, à cause du roi Ahaz qui avait poussé son peuple à négliger le Seigneur et qui lui avait été personnellement infidèle. Téglath-Phalasar, roi d'Assyrie, vint attaquer Ahaz et le mit dans une situation désespérée, au lieu de lui venir en aide. Ahaz prit une partie des richesses du temple, du palais et de ses dignitaires, et remit le tout au roi d'Assyrie, mais il n'en retira aucun profit. Même dans une situation aussi désespérée, Ahaz ne cessa pas d'être infidèle au Seigneur: il offrit des sacrifices aux dieux de Damas, qui pourtant avaient provoqué sa défaite; il se disait en effet: «Les rois de Syrie sont secourus par leurs dieux; je vais donc leur offrir des sacrifices, afin qu'ils me secourent aussi.» Mais ce furent justement ces dieux qui causèrent sa perte et celle de tout son peuple. Ahaz rassembla tous les objets sacrés du temple, les brisa, puis il verrouilla les portes du sanctuaire du Seigneur. Ensuite il fit dresser des autels à tous les carrefours de Jérusalem. Dans chaque ville de son royaume, il installa des lieux sacrés pour y offrir des sacrifices aux dieux étrangers, irritant ainsi le Seigneur, le Dieu de ses ancêtres. Le reste de l'histoire d'Ahaz, du début à la fin, est contenu dans le livre des rois de Juda et d'Israël; on y raconte tous ses faits et gestes. Lorsqu'il mourut, on l'enterra dans la ville de Jérusalem, mais pas dans les tombes royales; ce fut son fils Ézékias qui lui succéda. Ézékias devint roi à l'âge de vingt-cinq ans, et il régna vingt-neuf ans à Jérusalem. Sa mère s'appelait Abi, et elle était fille de Zacharie. Ézékias fit ce qui plaît au Seigneur, tout comme son ancêtre David. La première année de son règne, durant le premier mois, il rouvrit les portes du temple et les répara. Il convoqua les prêtres et les lévites, les rassembla sur la place de l'Orient et leur dit: «Descendants de Lévi, écoutez-moi! Purifiez -vous maintenant, puis purifiez le temple du Seigneur, le Dieu de vos ancêtres, en le vidant de tous les objets impurs qui s'y trouvent. Nos ancêtres ont été infidèles envers le Seigneur notre Dieu, ils ont fait ce qui lui déplaît, ils l'ont renié! Ils ont détourné leurs regards de son sanctuaire, ils lui ont tourné le dos. Ils ont même verrouillé les portes du temple, laissé les lampes s'éteindre, et négligé de présenter les offrandes de parfum et les sacrifices d'animaux dans le sanctuaire du Dieu d'Israël. Alors le Seigneur s'est mis en colère contre Jérusalem et Juda: il a abandonné son peuple à l'angoisse, il en a fait un objet d'horreur et d'épouvante, comme vous pouvez encore le constater de vos propres yeux. C'est pourquoi les hommes de notre peuple sont morts à la guerre, les femmes et les enfants ont été faits prisonniers. Eh bien moi, j'ai l'intention de conclure une alliance avec le Seigneur, le Dieu d'Israël, afin que l'ardente colère qu'il ressent contre nous s'apaise. Quant à vous, mes amis, ne vous montrez pas négligents, car c'est vous que le Seigneur a choisis pour vous tenir devant lui, prêts à célébrer le culte et à brûler l'encens en son honneur.» Voici les lévites qui s'avancèrent: Mahath, fils d'Amassaï, et Joël, fils d'Azaria, du clan de Quéhath; Quich, fils d'Abdi, et Azaria, fils de Yehallélel, du clan de Merari; Yoa, fils de Zimma, et Éden, fils de Yoa, du clan de Guerchon; Chimri et Yéiel, du clan d'Élissafan; Zacharie et Mattania, du clan d'Assaf; Yéhiel et Chiméi, du clan de Héman; Chemaya et Ouziel, du clan de Yedoutoun. Ils réunirent les membres de leurs clans respectifs et ils se purifièrent tous. Puis, selon l'ordre du roi, conforme à la volonté du Seigneur, ils se rendirent au temple pour le purifier. Les prêtres pénétrèrent dans le bâtiment pour en purifier l'intérieur: ils transportèrent dans la cour du temple tous les objets impurs qu'ils trouvèrent dans la grande salle; les lévites les ramassèrent et allèrent les déposer hors de la ville, dans la vallée du Cédron. On avait commencé la purification le premier jour du mois; le huitième jour, on était parvenu au vestibule du temple. La purification du bâtiment ayant duré huit jours également, le seizième jour du mois le travail était achevé. Les descendants de Lévi se rendirent ensuite chez le roi Ézékias et lui dirent: «Majesté, nous avons purifié tout le temple du Seigneur, y compris l'autel des sacrifices et la table où l'on dépose les pains offerts à Dieu, avec tous leurs accessoires. Quant aux objets sacrés que le roi Ahaz avait profanés durant son règne impie, nous les avons tous remis en état et consacré de nouveau. Les voici déposés devant l'autel.» Tôt le lendemain, le roi Ézékias réunit les dignitaires de la ville et monta au temple du Seigneur avec eux. Ils firent amener sept taureaux, sept béliers et sept agneaux, ainsi que sept boucs à offrir en sacrifices pour obtenir le pardon de Dieu; ces sacrifices devaient être faits en faveur de la famille royale, du sanctuaire et du peuple de Juda. Le roi ordonna aux prêtres, descendants d'Aaron, d'offrir les sacrifices sur l'autel du Seigneur. On égorgea donc les taureaux; les prêtres en recueillirent le sang et le répandirent sur l'autel. On égorgea ensuite les béliers, et enfin les agneaux: chaque fois les prêtres en répandirent le sang sur l'autel. Quant aux boucs du sacrifice pour obtenir le pardon, on les conduisit devant le roi et l'assemblée; le roi et les autres gens posèrent la main sur eux. Les prêtres les égorgèrent et en versèrent le sang sur l'autel, pour obtenir le pardon en faveur de tout Israël. En effet, le roi avait précisé que les deux sortes de sacrifices étaient offerts en faveur de tout le peuple. Le roi plaça ensuite les lévites dans la cour du temple du Seigneur avec des cymbales, des harpes et des lyres, selon la règle fixée par David et par les prophètes du roi, Gad et Natan; l'ordre venait en effet du Seigneur, par l'intermédiaire de ses prophètes. Les lévites prirent place avec les instruments de musique que David avait fait fabriquer, et les prêtres, de leur côté, avec des trompettes. Ézékias ordonna de faire brûler les sacrifices complets sur l'autel. Au moment où commençait la cérémonie, on entonna les chants en l'honneur du Seigneur, accompagnés par les trompettes et les instruments de David, roi d'Israël. Toute l'assemblée se tint profondément inclinée, tandis que les musiciens chantaient ou jouaient de la trompette jusqu'à la fin du sacrifice. Quand ce fut terminé, le roi et tous ceux qui se trouvaient avec lui s'agenouillèrent et s'inclinèrent jusqu'à terre. Le roi et les dignitaires dirent aux lévites d'acclamer encore le Seigneur par les chants que David et le prophète Assaf avaient composés. Les lévites chantèrent donc avec joie, puis s'inclinèrent jusqu'à terre pour adorer le Seigneur. Le roi Ézékias reprit la parole et dit au peuple: «Maintenant, vous qui avez les mains pleines d'offrandes pour le Seigneur, apportez au temple vos sacrifices de communion et de louange!» Les gens amenèrent les animaux pour ces sacrifices; ceux qui étaient particulièrement généreux offrirent également des sacrifices complets. Au total, on offrit au Seigneur soixante-dix taureaux, cent béliers et deux cents agneaux en sacrifices complets, ainsi que six cents bœufs et trois mille moutons et chèvres pour les autres sacrifices. Les prêtres présents, trop peu nombreux, ne parvenaient pas à ôter la peau à tous les animaux des sacrifices complets; c'est pourquoi leurs frères lévites les aidèrent à terminer la besogne, en attendant que les autres prêtres se soient purifiés. En effet, les lévites avaient manifesté plus d'empressement que les prêtres pour se purifier. De plus, à côté des nombreux sacrifices complets, accompagnés des offrandes de vin nécessaires, il fallait encore présenter sur l'autel les parties grasses des sacrifices de communion. C'est ainsi que le culte fut rétabli dans le temple du Seigneur. Ézékias et tout le peuple furent très heureux de ce que Dieu leur avait permis de réaliser, car les choses n'avaient pas traîné. Les messagers parcoururent les territoires d'Israël et de Juda, avec les lettres signées par le roi et ses dignitaires; selon l'ordre du roi, ils proclamaient: «Israélites, vous qui avez pu échapper à l'invasion assyrienne, revenez au Seigneur, le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, et il reviendra à vous. N'imitez pas vos pères et vos frères, qui ont été infidèles envers le Seigneur, le Dieu de leurs ancêtres; Dieu les a livrés à la ruine, ainsi que vous pouvez le constater. Ne vous montrez pas aussi rebelles que vos ancêtres: soumettez-vous au Seigneur, revenez à son sanctuaire, qu'il a consacré pour toujours, et soyez les serviteurs du Seigneur votre Dieu. Alors l'ardente colère qu'il ressent contre vous s'apaisera. Si vous revenez au Seigneur, ceux qui ont déporté vos compatriotes et les membres de vos familles useront de bienveillance à leur égard et les laisseront revenir dans ce pays. En effet, le Seigneur votre Dieu ne se détournera pas de vous si vous revenez à lui, car il est bienveillant et compatissant.» Les messagers parcoururent les territoires d'Éfraïm et de Manassé, passant de ville en ville, puis se rendirent jusque dans la tribu de Zabulon, mais les gens se moquaient d'eux et les tournaient en ridicule. Toutefois quelques personnes des tribus d'Asser, de Manassé et de Zabulon reconnurent leurs fautes et gagnèrent Jérusalem. Dans le royaume de Juda, le Seigneur agit sur la population qui accepta dans son ensemble d'exécuter l'ordre que le roi et les dignitaires transmettaient de sa part. Une foule de gens se réunirent à Jérusalem, durant le deuxième mois de l'année, pour célébrer la fête des Pains sans levain. Ce fut une assemblée vraiment très nombreuse. On commença par enlever les autels qui se trouvaient dans la ville, y compris les autels à parfums, et on les jeta dans la vallée du Cédron. Le quatorzième jour du même mois, on égorgea les animaux de la Pâque. Les prêtres et les lévites, pris de honte, s'étaient purifiés pour pouvoir apporter les sacrifices complets au temple du Seigneur. Ils occupaient leurs postes habituels, conformément à la loi de Moïse, l'homme de Dieu: les lévites remettaient aux prêtres le sang des animaux offerts en sacrifices, et les prêtres le répandaient sur l'autel. En effet, beaucoup de personnes dans l'assemblée ne s'étaient pas purifiées, et les lévites s'occupèrent d'égorger les animaux à la place de ceux qui n'étaient pas en état d'accomplir les actes sacrés en l'honneur du Seigneur. La plupart des gens, surtout ceux des tribus d'Éfraïm, de Manassé, d'Issakar et de Zabulon, n'étaient pas en état de pureté, mais ils mangèrent quand même le repas de la Pâque, en contradiction avec les prescriptions de l'Écriture. Mais Ézékias pria pour eux: «Seigneur, Dieu de nos ancêtres, dit-il, pardonne dans ta bonté à ceux qui s'efforcent de tout leur cœur de connaître ta volonté, même s'ils ne sont pas en état de pureté et de consécration.» Le Seigneur exauça la prière d'Ézékias et renonça à les punir. Les Israélites présents à Jérusalem célébrèrent durant sept jours la fête des Pains sans levain, dans une grande joie. Chaque jour, les lévites et les prêtres acclamaient le Seigneur au moyen des puissants instruments de musique réservés à cet usage. Ézékias adressa des encouragements à tous les lévites si bien disposés envers le Seigneur. Pendant toute la semaine, les gens participèrent aux repas de la fête, offrant les sacrifices de communion et chantant les louanges du Seigneur, le Dieu de leurs ancêtres. L'assemblée fut ensuite d'avis de prolonger la fête durant sept autres jours. Cette deuxième semaine se déroula dans la joie, car le roi Ézékias fournit à l'assemblée mille taureaux et sept mille moutons, et les dignitaires mille taureaux et dix mille moutons. De plus les prêtres s'étaient purifiés en grand nombre. Tout le monde était joyeux: les Judéens, les prêtres et les lévites, ainsi que les ressortissants du royaume du Nord qui étaient venus spécialement pour la fête ou qui étaient déjà établis en Juda. Cette joie était particulièrement grande pour les habitants de Jérusalem, car depuis l'époque de Salomon, fils de David et roi d'Israël, on n'avait plus célébré une telle fête dans la ville. A la fin, les prêtres-lévites se levèrent et demandèrent à Dieu de bénir le peuple. Leur prière monta jusqu'au ciel, la demeure de Dieu, et elle fut exaucée. Lorsque la fête fut terminée, tous les Israélites présents se rendirent dans les villes de Juda, où ils brisèrent les pierres dressées, coupèrent les poteaux sacrés et démolirent les lieux de culte païens avec leurs autels. Ils agirent ainsi dans tout le royaume de Juda, dans les tribus de Benjamin, d'Éfraïm et de Manassé, puis chacun rentra chez soi, dans sa ville. Ézékias rétablit les groupes de prêtres et de lévites, et attribua à chacun une fonction à l'intérieur de son groupe; dans l'enceinte du sanctuaire du Seigneur, prêtres et lévites devaient s'occuper soit des sacrifices complets et des sacrifices de communion, soit du service liturgique, consistant à louer et acclamer le Seigneur. Le roi utilisa une part de ses biens pour payer les sacrifices complets offerts matin et soir, de même que ceux offerts le jour du sabbat, le premier jour du mois et lors des autres fêtes, comme le prescrit la loi du Seigneur. Le roi ordonna à tous les habitants de Jérusalem de donner aux prêtres et aux lévites ce qui leur est dû, afin qu'ils puissent se consacrer entièrement aux tâches définies dans la loi du Seigneur. Dès que cet ordre fut connu, les Israélites apportèrent en masse les premiers produits de leurs cultures, blé, vin, huile, miel et autres denrées, ainsi que la dixième partie de leurs récoltes. Les habitants des villes de Juda, Israélites du Nord ou Judéens, amenèrent eux aussi la dixième partie de leur bétail, bœufs et moutons, ainsi que les offrandes consacrées au Seigneur leur Dieu. On fit des tas considérables des divers produits. On commença à former des tas au troisième mois et on ne termina qu'au septième. Lorsque Ézékias et les dignitaires vinrent voir tout ce qui avait été apporté, ils remercièrent le Seigneur et Israël, son peuple. Le roi interrogea les prêtres et les lévites au sujet de ces dons. Le grand-prêtre Azaria, du clan de Sadoc, lui répondit: «Depuis que les gens ont commencé à apporter au temple ce qu'ils prélèvent de leurs récoltes, nous avons pu manger à satiété, et nous avons même eu des excédents considérables, car le Seigneur a béni son peuple. Ce qui est entassé ici, ce sont les excédents.» Le roi ordonna donc d'aménager des entrepôts près du temple. Dès qu'ils furent prêts, on put y apporter en permanence les produits prélevés sur les récoltes et les autres offrandes réservées à Dieu. Le lévite Konania en fut nommé intendant, avec son frère Chiméi comme adjoint. Par décision du roi Ézékias et du grand-prêtre Azaria, responsable du temple, Konania et Chiméi avaient sous leurs ordres les surveillants suivants: Yéhiel, Azazia, Nahath, Assaël, Yerimoth, Yozabad, Éliel, Ismakia, Mahath et Benaya. Le lévite Coré, fils d'Imna et gardien de la porte orientale, fut chargé de recevoir les dons volontaires faits à Dieu. Il devait également procéder à la répartition, tant des offrandes strictement réservées à Dieu que des autres. Il avait en permanence sous ses ordres, dans les villes sacerdotales, Éden, Miniamin, Yéchoua, Chemaya, Amaria et Chekania; ces hommes étaient responsables de la répartition de la nourriture entre leurs compagnons, adultes ou enfants, selon les groupes de fonction. Ils accordaient des parts non seulement à tous les hommes enregistrés, y compris les garçons dès l'âge de trois ans, mais aussi à ceux qui, jour après jour et selon leur groupe, venaient accomplir leur service liturgique dans le temple. Les prêtres étaient enregistrés d'après leur famille, tandis que les lévites, à partir de l'âge de vingt ans, l'étaient d'après leur fonction et leur groupe. Ils étaient enregistrés avec tous les membres de leurs familles, femmes, fils et filles, et avec tous ceux de leur entourage qui pouvaient en tout temps consommer des offrandes réservées à Dieu. Quant aux prêtres, descendants d'Aaron, qui habitaient les campagnes aux alentours des villes sacerdotales, il y avait dans chaque ville des hommes spécialement désignés pour leur distribuer leur part, ainsi qu'aux lévites inscrits dans les registres. En agissant ainsi dans tout son royaume, Ézékias fit ce qui est bien et juste, ce qu'approuve le Seigneur son Dieu. Quand il entreprit de réparer le temple de Dieu et de faire respecter sa loi et ses commandements, il s'efforça de connaître la volonté de Dieu; il agit ainsi de tout son cœur, et Dieu lui accorda le succès. Après qu'Ézékias eut ainsi montré sa fidélité envers Dieu, le roi d'Assyrie, Sennakérib, envahit le royaume de Juda; il assiégea les villes fortifiées, dans l'idée de s'en emparer. Quand Ézékias vit que Sennakérib s'approchait de Jérusalem avec l'intention de l'attaquer, il proposa aux chefs et aux soldats de sa garde personnelle de boucher les sources situées en dehors de la ville; ceux-ci approuvèrent son idée. Ils se rassemblèrent donc en grand nombre et bouchèrent toutes les sources, ainsi que l'accès à celle qui s'écoulait dans un canal souterrain. Ils se disaient en effet: «Il ne faut pas que les Assyriens, en arrivant ici, trouvent de l'eau en abondance.» Ézékias, plein de courage, fit ensuite reconstruire la muraille de la ville là où elle était détruite, il suréleva les tours, puis fit construire une autre muraille à l'extérieur; il fortifia le Millo, dans la Cité de David, et fit fabriquer un grand nombre de javelots et de boucliers. Enfin il désigna des chefs militaires pour commander la population de la ville. Il rassembla tout le monde sur la place située près de la porte de la ville et les exhorta en ces termes: «Soyez courageux et forts; ne craignez rien, n'ayez pas peur du roi d'Assyrie et des troupes nombreuses qui l'accompagnent. En effet il y a plus de puissance de notre côté que du sien. Avec lui, il n'y a qu'une armée humaine, mais avec nous, il y a le Seigneur notre Dieu qui nous secourra en combattant pour nous.» Ces paroles d'Ézékias, roi de Juda, réconfortèrent toute la population de la ville. Quelque temps après, le roi d'Assyrie, Sennakérib, avec toute son armée, assiégeait la ville de Lakich. De là, il envoya quelques officiers au roi Ézékias et à tous les Judéens qui se trouvaient avec lui à Jérusalem. Ils leur apportaient ce message: «Voici ce que déclare Sennakérib, le roi d'Assyrie: “Sur qui comptez-vous donc pour rester dans Jérusalem assiégée? Ézékias vous assure que le Seigneur votre Dieu vous arrachera à mon pouvoir; mais il vous trompe, et vous allez tous mourir de faim et de soif. N'est-ce pas précisément Ézékias qui a supprimé les lieux sacrés et les autels du Seigneur, en ordonnant aux gens de Juda et de Jérusalem de ne rendre leur culte que devant un seul autel et d'offrir leurs sacrifices uniquement là? Et ne savez-vous pas ce que mes ancêtres et moi-même avons fait à tous les autres peuples de la terre? Les dieux de ces nations ont-ils pu m'empêcher de mettre la main sur leur pays? Parmi tous les dieux des pays dévastés par mes ancêtres, aucun n'a pu sauver son peuple. Comment votre Dieu vous arrachera-t-il à mon pouvoir? Allons! ne laissez pas Ézékias vous mentir et vous tromper ainsi, ne le croyez pas! Encore une fois, aucun dieu d'aucune nation ni d'aucun royaume n'a pu arracher son pays au pouvoir de mes ancêtres ou au mien; donc vos dieux ne vous sauveront pas non plus.” » Les envoyés du roi d'Assyrie continuèrent de médire du Seigneur Dieu et de son serviteur Ézékias. Le roi d'Assyrie avait aussi écrit une lettre pour insulter le Seigneur, le Dieu d'Israël. Il y disait: «Les dieux des autres nations de la terre n'ont pas pu arracher leurs peuples à mon pouvoir; le Dieu d'Ézékias ne pourra pas non plus en arracher son peuple.» Les envoyés de Sennakérib s'adressaient d'une voix forte, en hébreu, aux gens qui étaient sur la muraille de Jérusalem; ils cherchaient à les effrayer et à les décourager afin de pouvoir s'emparer plus facilement de la ville. Ils parlaient du Dieu de Jérusalem comme ils le faisaient pour les dieux des autres nations, qui ne sont que des statues fabriquées par les hommes. Alors le roi Ézékias et le prophète Ésaïe, fils d'Amots, prièrent Dieu pour lui demander son secours. Le Seigneur envoya dans le camp assyrien un ange qui fit mourir tous les vaillants soldats et tous les officiers de l'armée. Le roi d'Assyrie, couvert de honte, retourna dans son pays. Et un jour qu'il était entré dans le temple de son dieu, il fut assassiné par ses propres enfants. C'est ainsi que le Seigneur arracha Ézékias et la population de Jérusalem au pouvoir de Sennakérib, roi d'Assyrie, et de leurs autres ennemis. Il leur accorda la paix de tous côtés. Beaucoup de gens apportèrent à Jérusalem des offrandes pour le Seigneur et des cadeaux pour Ézékias, roi de Juda, qui dès lors fut respecté par tous les peuples voisins. A cette époque, le roi Ézékias fut atteint d'une maladie mortelle. Il pria le Seigneur, qui lui donna un signe l'assurant de sa guérison. Mais Ézékias ne fut pas reconnaissant pour le bienfait reçu de Dieu; au contraire, il se montra si orgueilleux que le Seigneur se mit en colère contre lui, contre Jérusalem et contre le royaume de Juda. Cependant Ézékias et les gens de Jérusalem reconnurent leurs fautes, de sorte que le Seigneur ne laissa pas éclater sa colère contre eux pendant le règne d'Ézékias. Ézékias possédait de très grandes richesses et jouissait d'un immense prestige. Il se fit construire des locaux pour déposer l'argent, l'or, les pierres précieuses, les huiles parfumées, les boucliers et tous ses autres objets de valeur. Il fit construire aussi des entrepôts pour les récoltes de céréales, pour le vin et l'huile, ainsi que des étables pour son bétail et des enclos pour ses troupeaux. Il fit même construire des villes et se procura des troupeaux innombrables de moutons, de chèvres et de bœufs, car Dieu lui avait donné d'immenses richesses. C'est Ézékias aussi qui détourna la source de Guihon pour en diriger l'eau plus bas, vers l'ouest, dans la Cité de David. Ézékias réussissait dans tout ce qu'il entreprenait; c'est pourquoi, lorsque les autorités babyloniennes lui envoyèrent des ambassadeurs pour s'informer au sujet de l'événement extraordinaire survenu dans son pays, Dieu le laissa agir par lui-même, afin de le mettre à l'épreuve et de voir ainsi son caractère. Le reste de l'histoire d'Ézékias est contenu dans le recueil intitulé Révélation du prophète Ésaïe, fils d'Amots, et dans le livre des rois de Juda et d'Israël; on y raconte combien il se montra fidèle envers Dieu. Lorsqu'il mourut, on l'enterra dans la partie supérieure du tombeau des descendants de David; à cette occasion, les habitants de Jérusalem et tous les autres Judéens célébrèrent sa gloire. Ce fut son fils Manassé qui lui succéda. Manassé avait douze ans lorsqu'il devint roi, et il régna cinquante-cinq ans à Jérusalem. Il fit ce qui déplaît au Seigneur, imitant toutes les pratiques abominables des nations que le Seigneur avait chassées du pays pour faire place au peuple d'Israël. Il rétablit les lieux sacrés que son père Ézékias avait détruits; il dressa des autels en l'honneur des dieux Baals, fabriqua des poteaux sacrés et rendit un culte aux astres. Il dressa d'autres autels païens dans le temple de Jérusalem, au sujet duquel le Seigneur avait déclaré: «C'est là que je manifesterai pour toujours ma présence». Dans les deux cours du temple aussi, il dressa des autels en l'honneur des astres. Il alla même jusqu'à offrir ses fils en sacrifices dans la vallée de Hinnom, à pratiquer diverses formes de magie et de sorcellerie, et à consulter ceux qui interrogent les esprits des morts; il fit de plus en plus ce qui déplaît au Seigneur et l'irrita. Il fit en outre sculpter une idole et la plaça dans le temple. Pourtant Dieu avait déclaré à David et à son fils Salomon: «Ici, dans le temple de Jérusalem, ville que j'ai choisie de préférence au reste du territoire d'Israël, je manifesterai pour toujours ma présence. Si le peuple d'Israël observe tous les commandements, les lois et les règles que je lui ai donnés par l'intermédiaire de Moïse, je ne l'obligerai plus à quitter le pays que j'ai accordé à ses ancêtres». Mais Manassé incita les gens de Jérusalem et de Juda à se conduire encore plus mal que les anciens habitants du pays, que le Seigneur avait exterminés pour faire place à son peuple. Le Seigneur s'adressa au roi Manassé et à son peuple, mais personne n'y prêta attention. Alors le Seigneur fit venir contre eux les chefs de l'armée du roi d'Assyrie; ils s'emparèrent de Manassé, lui plantèrent des crochets dans la mâchoire, l'enchaînèrent solidement et l'emmenèrent à Babylone. Du fond de sa détresse, Manassé implora le Seigneur son Dieu: il reconnut toutes ses fautes devant le Dieu de ses ancêtres et il le supplia d'avoir pitié. Dieu se laissa fléchir: il exauça sa requête, le ramena à Jérusalem et le rétablit dans sa royauté. Dès lors Manassé sut que le Seigneur est le seul vrai Dieu. Après ces événements, Manassé construisit à l'extérieur de la Cité de David une muraille très élevée; elle passait à l'ouest de la source de Guihon et longeait la vallée du Cédron jusqu'à la porte des Poissons, après avoir contourné l'Ofel. Il installa des commandants militaires dans toutes les villes fortifiées de Juda. Il fit retirer du temple du Seigneur les dieux étrangers et l'idole sculptée qu'il y avait mis; il fit démolir tous les autels païens qu'il avait dressés sur la colline du temple et dans Jérusalem, et en jeta les débris hors de la ville. Il rétablit l'autel du Seigneur, y offrit des sacrifices de communion et de louange, et ordonna aux Judéens d'adorer le Seigneur, le Dieu d'Israël. A vrai dire, les gens offraient encore des sacrifices dans les autres lieux sacrés du pays, mais seulement en l'honneur du Seigneur leur Dieu. Le reste de l'histoire de Manassé est contenu dans les Actes des rois d'Israël; on y trouve en particulier la prière qu'il a faite à son Dieu, et les messages que les prophètes lui ont adressés de la part du Seigneur, le Dieu d'Israël. Sa prière et la manière dont Dieu l'exauça, le récit de ses fautes et de ses infidélités envers Dieu, la liste des endroits où il aménagea des lieux de culte païens et dressa des poteaux sacrés et des statues, avant de reconnaître ses fautes devant Dieu, tout cela figure dans les Actes de Hozaï. Lorsque Manassé mourut, on l'enterra dans sa propriété; ce fut son fils Amon qui lui succéda. Amon avait vingt-deux ans lorsqu'il devint roi; il régna deux ans à Jérusalem. Il fit ce qui déplaît au Seigneur, comme son père Manassé: il offrit des sacrifices aux idoles faites par son père et il les adora. Mais il ne reconnut pas ses fautes devant le Seigneur, comme l'avait fait Manassé; au contraire, il commit encore plus de péchés que lui. Ses officiers complotèrent contre lui et l'assassinèrent dans son palais. Mais les citoyens de Juda firent mourir ceux qui avaient comploté contre le roi et désignèrent son fils Josias pour lui succéder. Josias avait huit ans lorsqu'il devint roi, et il régna trente et un ans à Jérusalem. Il fit ce qui plaît au Seigneur; il se conduisit comme son ancêtre David, sans jamais s'écarter de son exemple. Durant la huitième année de son règne, alors qu'il était encore un jeune homme, il entreprit de rechercher la volonté du Dieu de son ancêtre David; quatre ans plus tard, il se mit à débarrasser Jérusalem et le royaume de Juda des lieux de culte païens, des poteaux sacrés et des idoles de toutes sortes. On démolit en sa présence les autels des dieux Baals, on abattit du même coup les brûle-parfums qui les surmontaient, on coupa les poteaux sacrés et on brisa les diverses idoles; on réduisit le tout en poussière, que l'on dispersa sur les tombes de ceux qui avaient offert des sacrifices aux faux dieux. Enfin on brûla des ossements de prêtres païens sur les autels qu'ils avaient utilisés. C'est ainsi que Josias purifia la ville de Jérusalem et le royaume de Juda. Puis il passa dans les villes de Manassé, d'Éfraïm, de Siméon et même de Neftali, où il perquisitionnait les maisons: il démolit les autels, réduisit en miettes les poteaux sacrés et les idoles, et abattit les brûle-parfums dans toutes les tribus du Nord. Ensuite il regagna Jérusalem. Un jour de la dix-huitième année de son règne, alors qu'il était en train de purifier le pays et le temple, Josias ordonna à Chafan, fils d'Assalia, à Maasséya, gouverneur de la ville, et à Yoa, fils de Joachaz et porte-parole du roi, d'aller réparer le temple du Seigneur son Dieu. Ces hommes se rendirent chez le grand-prêtre Hilquia. Ils apportaient l'argent que les lévites gardiens de l'entrée avaient reçu, comme dons pour le temple, de la part des fidèles de Manassé, d'Éfraïm et des autres tribus du Nord, ainsi que des habitants de Juda, de Benjamin et de Jérusalem. Les ouvriers accomplissaient consciencieusement leur travail sous la direction des lévites Yahath et Obadia, du clan de Merari, et Zacharie et Mechoullam, du clan de Quéhath. D'autres lévites, sachant tous jouer d'un instrument de musique, avaient sous leur direction les porteurs et tous les ouvriers, quelle que soit leur profession. Quant aux fonctions de secrétaires, administrateurs et portiers, elles étaient également remplies par des lévites. Au moment où l'on retirait du coffre l'argent qui y avait été déposé pour le temple, le grand-prêtre Hilquia découvrit le livre de la loi du Seigneur, transmise par l'intermédiaire de Moïse. Hilquia annonça au secrétaire Chafan qu'il avait trouvé le livre de la loi dans le temple du Seigneur, et il le lui donna. Chafan apporta le livre au roi et lui fit en même temps son rapport: «Tes serviteurs sont en train d'accomplir toutes les tâches que tu leur as confiées, dit-il. Les prêtres ont vidé le coffre du temple et ont remis l'argent aux entrepreneurs et aux ouvriers.» Puis il ajouta: «Le grand-prêtre Hilquia m'a donné ce livre.» Et il se mit à le lire au roi. Dès que le roi Josias eut entendu ce que contenait le livre de la loi, il fut si bouleversé qu'il déchira ses vêtements. Il convoqua Hilquia, Ahicam, fils de Chafan, Abdon, fils de Mika, le secrétaire Chafan et Assaya, l'un de ses ministres, et leur dit: «Allez consulter le Seigneur pour moi, et pour ce qui reste de la population d'Israël et de Juda, sur le contenu du livre qu'on vient de trouver. En effet, nos ancêtres n'ont pas obéi aux commandements qui y figurent et, par conséquent, la colère du Seigneur contre nous doit être très grande.» Hilquia et les autres délégués du roi se rendirent donc chez la prophétesse Houlda, qui habitait le Quartier Neuf de Jérusalem. Son mari, un certain Challoum, fils de Toquehath et petit-fils de Hasra, était le responsable des vêtements sacrés du temple. Ces hommes exposèrent la situation à la prophétesse. Alors Houlda les chargea de rapporter le message suivant au roi: «Voici ce que déclare le Seigneur, le Dieu d'Israël: “Je vais frapper d'un malheur Jérusalem et ses habitants, en réalisant toutes les malédictions inscrites dans le livre qu'on a lu devant le roi de Juda. Les gens de Jérusalem m'ont abandonné, ils ont offert des sacrifices à d'autres dieux; tout ce qu'ils ont fait m'a irrité. C'est pourquoi ma colère contre cette ville est grande, et elle n'est pas près de s'apaiser. Quant au roi lui-même, qui vous a envoyés me consulter, voici ce que je lui déclare, moi, le Seigneur, le Dieu d'Israël: Tu as entendu le message de ce livre. Tu as écouté attentivement ce que j'ai dit au sujet de Jérusalem et de ses habitants. Tu t'es alors repenti, tu as reconnu tes fautes devant moi, tu as déchiré tes vêtements et versé des larmes. Eh bien, moi aussi je t'ai entendu, je te l'affirme, et je te laisserai mourir en paix; tu seras déposé dans ta tombe sans avoir vu tous les malheurs dont je vais frapper Jérusalem et ses habitants.” » Le grand-prêtre Hilquia et ses compagnons rapportèrent ce message au roi Josias. Aussitôt le roi convoqua tous les anciens de Jérusalem et de Juda. Ils se rendirent ensemble au temple du Seigneur, accompagnés de la population de Jérusalem et de Juda, prêtres, lévites et gens de toutes conditions. Puis le roi leur lut à tous le livre de l'alliance découvert dans le temple. Il se tint ensuite à la place qui lui était réservée et renouvela l'alliance avec le Seigneur; chacun devait s'engager à être fidèle au Seigneur, à obéir de tout son cœur et de toute son âme à ses commandements, à ses enseignements et à ses prescriptions, et à mettre en pratique tout ce qui est écrit dans le livre de l'alliance. Le roi fit prendre cet engagement à tous ceux qui se trouvaient à Jérusalem, ainsi qu'aux Benjaminites. Dès lors les habitants de Jérusalem se conformèrent à l'alliance conclue avec le Dieu de leurs ancêtres. Josias mit fin aux pratiques abominables qui avaient cours dans le territoire d'Israël et obligea tous les habitants à adorer le Seigneur leur Dieu. De cette manière, tant qu'il vécut, aucun d'eux ne se détourna du Seigneur, le Dieu de leurs ancêtres. Josias célébra la fête de la Pâque à Jérusalem, en l'honneur du Seigneur; le quatorzième jour du premier mois de l'année, on égorgea les animaux de la fête. Josias rétablit les prêtres dans leurs fonctions et les encouragea à s'occuper du temple du Seigneur. Il s'adressa ensuite aux lévites, qui sont chargés d'enseigner le peuple et sont consacrés au service du Seigneur; il leur dit: «Placez le coffre sacré du Seigneur dans le temple que Salomon, fils de David et roi d'Israël, a construit; vous n'avez plus à le transporter sur vos épaules. Maintenant soyez au service du Seigneur votre Dieu et d'Israël, son peuple. Répartissez-vous selon vos clans familiaux et vos groupes de service, conformément aux instructions écrites de David, roi d'Israël, et de son fils Salomon. Que chaque groupe familial de lévites se tienne dans le sanctuaire, à la disposition des autres Israélites, d'après les subdivisions de leurs clans. Vous devez offrir le sacrifice de la Pâque, purifiez -vous donc et mettez-vous à la disposition de vos frères israélites pour que la cérémonie se déroule selon les ordres du Seigneur transmis par Moïse.» Josias préleva sur ses propres troupeaux trente mille agneaux et chevreaux dont les Israélites présents avaient besoin pour le sacrifice pascal, ainsi que trois mille bœufs. Ses ministres, de leur propre initiative, fournirent également des bêtes pour le peuple, pour les prêtres et pour les lévites. Hilquia, Zacharie et Yéhiel, responsables du temple, donnèrent aux prêtres deux mille six cents agneaux et chevreaux pour le sacrifice pascal, ainsi que trois cents bœufs; et les chefs des lévites, Konania, avec ses frères Chemaya et Netanéel, Hachabia, Yéiel et Yozabad fournirent aux lévites cinq mille agneaux et chevreaux et cinq cents bœufs. Voici comment la cérémonie fut organisée: les prêtres se tinrent à leurs postes et les lévites dans leurs groupes, selon l'ordre du roi. Les gens se mirent à égorger les agneaux et les chevreaux; ils remettaient aux prêtres le sang de ces animaux, et les prêtres le répandaient sur l'autel; quant aux lévites, ils ôtaient la peau des victimes. On mit de côté les animaux, en particulier les taureaux, qui devaient être offerts en sacrifices complets au Seigneur, d'après les subdivisions des clans israélites, conformément à ce qui figure dans le livre transmis par Moïse. Selon la coutume on fit rôtir l'agneau pascal sur le feu, tandis qu'on cuisait les autres offrandes sacrées dans des marmites, des chaudrons ou d'autres récipients. On se hâta ensuite d'en porter à tous les Israélites. Après cela les lévites apprêtèrent ce qui revenait aux prêtres et à eux-mêmes. En effet les prêtres, descendants d'Aaron, furent occupés jusqu'au soir à faire brûler les sacrifices complets et les parties grasses des autres sacrifices, et c'est pourquoi les lévites préparèrent le repas. Les chanteurs, descendants d'Assaf, purent rester à leurs postes, selon les instructions de David et d'Assaf, Héman et Yedoutoun, les conseillers du roi; les portiers demeurèrent également à leurs postes. Aucun d'eux n'eut à quitter son service, puisque d'autres lévites préparaient aussi le repas pour eux. C'est ainsi que toute la cérémonie de ce jour-là fut organisée en l'honneur du Seigneur, la célébration de la Pâque aussi bien que l'offrande des sacrifices sur l'autel du Seigneur, conformément aux ordres du roi Josias. A la suite de la fête de la Pâque, les Israélites présents célébrèrent, pendant sept jours, la fête des Pains sans levain. En Israël, on n'avait plus célébré une Pâque semblable depuis l'époque du prophète Samuel; aucun roi d'Israël n'avait organisé une cérémonie pareille à celle préparée par Josias avec l'aide des prêtres, des lévites, des habitants de Jérusalem, des Judéens et des autres Israélites présents. Cette Pâque fut célébrée durant la dix-huitième année du règne de Josias. Un jour, après que Josias eut restauré le temple, le roi d'Égypte Néco conduisit son armée vers Karkémich, sur l'Euphrate, pour aller y combattre. Josias voulut s'opposer au passage des Égyptiens, mais Néco envoya des messagers lui dire: «Roi de Juda, pourquoi veux-tu me faire obstacle? Ce n'est pas contre toi que je me suis mis en campagne aujourd'hui, mais contre un autre ennemi, et Dieu m'a dit de me hâter. Dieu est avec moi, cesse donc de t'opposer à lui, sinon il va te faire mourir.» Cependant Josias ne renonça pas à affronter Néco; il refusa d'écouter son message, qui pourtant venait de Dieu lui-même. Il se déguisa et se rendit dans la plaine de Méguiddo pour y combattre. Au cours de la bataille, il fut atteint par des tireurs à l'arc et il dit à ses serviteurs: «Emmenez-moi, car je me sens très mal.» Ses serviteurs le descendirent de son char de combat, le transportèrent sur son autre char et le ramenèrent à Jérusalem. Il y mourut, et lorsqu'on l'enterra dans le tombeau de ses ancêtres, tous les habitants de Jérusalem et de Juda le pleurèrent. Le prophète Jérémie composa une complainte sur la mort de Josias. Depuis lors et jusqu'à aujourd'hui, tous les chanteurs et chanteuses parlent de Josias dans leurs complaintes, car c'est devenu une coutume en Israël. On trouve leurs textes dans le livre des complaintes. A Jérusalem, les citoyens de Juda choisirent Joachaz, fils de Josias, pour en faire le successeur de son père. Joachaz avait vingt-trois ans lorsqu'il devint roi; il ne régna que trois mois à Jérusalem. Néco, roi d'Égypte, le destitua, à Jérusalem, et exigea du pays de Juda une redevance de trois mille kilos d'argent et trente kilos d'or. Ensuite il désigna Éliaquim, frère de Joachaz, comme roi de Jérusalem et de Juda, et changea son nom en Joaquim. Quant à son frère Joachaz, il l'emmena en Égypte. Joaquim avait vingt-cinq ans lorsqu'il devint roi; il régna onze ans à Jérusalem et fit ce qui déplaît au Seigneur son Dieu. Nabucodonosor, roi de Babylone, envahit son pays. Il fit enchaîner solidement Joaquim et l'emmena à Babylone. Il emporta également à Babylone divers objets du temple du Seigneur et les plaça dans son palais. Le reste de l'histoire de Joaquim est contenu dans le livre des rois d'Israël et de Juda; on y raconte les pratiques abominables auxquelles il s'est livré et tout ce qui lui est arrivé. Ce fut son fils Joakin qui lui succéda. Joakin avait huit ans lorsqu'il devint roi; il ne régna que trois mois et dix jours à Jérusalem et fit ce qui déplaît au Seigneur. Au début du printemps, Nabucodonosor le fit amener à Babylone, avec des objets précieux du temple du Seigneur, et il désigna Sédécias, un proche parent de Joakin, comme roi de Jérusalem et de Juda. Sédécias avait vingt et un ans lorsqu'il devint roi; il régna onze ans à Jérusalem. Il fit ce qui déplaît au Seigneur son Dieu, et refusa même de reconnaître ses fautes devant le prophète Jérémie qui lui parlait de la part du Seigneur. Le roi Nabucodonosor lui avait fait prêter serment au nom du Seigneur Dieu, mais malgré cela Sédécias se révolta contre lui. Il s'entêta, refusant catégoriquement de revenir au Seigneur, le Dieu d'Israël. De même, les chefs des prêtres et du peuple, tous plus infidèles les uns que les autres envers Dieu, se livrèrent aux pratiques abominables des nations païennes et profanèrent le temple que le Seigneur s'était consacré à Jérusalem. Le Seigneur, le Dieu de leurs ancêtres, plein d'amour envers son peuple et son sanctuaire, envoya à maintes reprises des messagers leur parler de sa part, mais les Israélites bafouèrent les messagers, se moquèrent des prophètes et négligèrent les paroles de Dieu. Alors le Seigneur finit par laisser éclater sa colère contre eux au point qu'ils ne purent rien faire pour y échapper. Il fit envahir le pays par le roi de Babylone et livra tout à son pouvoir. Ce roi massacra les soldats jusque dans le sanctuaire; il n'épargna ni les jeunes gens, ni les jeunes filles, ni les adultes, ni les vieillards. Il prit tous les objets du temple, grands ou petits, ainsi que les trésors du temple, du roi et des ministres, et il emporta le tout à Babylone. Les Babyloniens incendièrent le temple de Dieu, démolirent la muraille de Jérusalem, mirent le feu aux belles maisons et détruisirent tous les objets précieux de la ville. Leur roi déporta à Babylone ceux qui avaient survécu aux massacres: ils devinrent ses esclaves, puis ceux de ses descendants, jusqu'à l'avènement de l'empire perse. Ainsi se réalisa la parole que le Seigneur avait prononcée par la bouche du prophète Jérémie: «Le pays sera abandonné pendant soixante-dix ans, jusqu'à ce que soit achevé son temps de repos, pour compenser les périodes de repos qui n'ont pas été observées.» Durant la première année du règne de Cyrus, roi de Perse, le Seigneur décida de réaliser la parole qu'il avait prononcée par la bouche du prophète Jérémie. Il fit naître dans l'esprit de Cyrus l'idée de publier dans tout son empire, de vive voix et par écrit, le texte suivant: «Voici ce que proclame Cyrus, roi de Perse: Le Seigneur, le Dieu du ciel, a soumis à mon autorité tous les royaumes de la terre. Il m'a chargé de lui reconstruire un temple à Jérusalem, dans le pays de Juda. Tous ceux d'entre vous qui appartiennent à son peuple sont invités à regagner Jérusalem. Que le Seigneur leur Dieu soit avec eux!» Durant la première année du règne de Cyrus, roi de Perse, le Seigneur décida de réaliser la parole qu'il avait prononcée par la bouche du prophète Jérémie. Il fit naître dans l'esprit de Cyrus l'idée de publier dans tout son empire, de vive voix et par écrit, le texte suivant: «Voici ce que proclame Cyrus, roi de Perse: Le Seigneur, le Dieu du ciel, a soumis à mon autorité tous les royaumes de la terre. Il m'a chargé de lui reconstruire un temple à Jérusalem, dans le pays de Juda. Tous ceux d'entre vous qui appartiennent à son peuple sont invités à regagner Jérusalem, en Juda, et à y reconstruire le temple du Seigneur, le Dieu d'Israël, le Dieu qu'on adore à Jérusalem. Et que leur Dieu soit avec eux! Partout où résident des Israélites, les gens de l'endroit doivent leur apporter de l'aide par des dons en argent et en or, leur fournir d'autres biens et du bétail, et leur remettre des offrandes volontaires pour le temple de Dieu à Jérusalem.» Les chefs de famille des tribus de Juda et de Benjamin, les prêtres et les lévites, et tous ceux à qui le Seigneur Dieu avait inspiré le désir d'aller reconstruire son temple à Jérusalem se préparèrent à partir. Leurs voisins les aidèrent en leur donnant des ustensiles en argent et en or, d'autres biens, toutes sortes d'objets de valeur, et du bétail, sans compter les offrandes volontaires pour le temple. Le roi Cyrus lui-même fit rassembler les objets précieux que Nabucodonosor avait pris dans le temple du Seigneur à Jérusalem pour les déposer dans le temple de ses propres dieux. Sur l'ordre du roi, Mitrédath, responsable des trésors, confia ces objets à Chèchebassar, prince de Juda. En voici la liste: 30 plats en or, 1 000 plats en argent, 29 couteaux, 30 bassines d'or, 410 bassines d'argent de second ordre et 1 000 autres objets. Au total, il y avait 5 400 objets d'or et d'argent. Chèchebassar les emporta tous lorsqu'il quitta la Babylonie, avec les autres exilés, et regagna Jérusalem. Parmi les familles que le roi de Babylone, Nabucodonosor, avait emmenées en exil en Babylonie, nombreux furent ceux qui regagnèrent Jérusalem et le pays de Juda. Chacun retourna dans sa propre ville. Ils revinrent sous la conduite de Zorobabel, Yéchoua, Nehémia, Seraya, Rélaya, Mordokaï, Bilechan, Mispar, Bigvaï, Rehoum et Baana. En voici la liste, avec le nombre des Israélites formant chaque groupe: 2 172 hommes du clan de Paroch; 372 hommes du clan de Chefatia; 775 hommes du clan d'Ara; 2 812 hommes du clan de Pahath-Moab, descendants de Yéchoua et de Yoab; 1 254 hommes du clan d'Élam; 945 hommes du clan de Zattou; 760 hommes du clan de Zakaï; 642 hommes du clan de Bani; 623 hommes du clan de Bébaï; 1 222 hommes du clan d'Azgad; 666 hommes du clan d'Adonicam; 2 056 hommes du clan de Bigvaï; 454 hommes du clan d'Adin; 98 hommes du clan d'Ater, descendants de Yehizquia; 323 hommes du clan de Bessaï; 112 hommes du clan de Yora; 223 hommes du clan de Hachoum; 95 hommes du clan de Guibbar; 123 hommes du village de Bethléem; 56 hommes du village de Netofa; 128 hommes du village d'Anatoth; 42 hommes du village d'Azmaveth; 743 hommes des villages de Quiriath-Yéarim, Kefira et Beéroth; 621 hommes des villages de Rama et Guéba; 122 hommes du village de Mikmas; 223 hommes des villages de Béthel et Aï; 52 hommes du village de Nébo; 156 hommes du village de Magbich; 1 254 hommes du clan d'un autre Élam; 320 hommes du clan de Harim; 725 hommes des villages de Lod, Hadid et Ono; 345 hommes de la ville de Jéricho; 3 630 hommes de la ville de Senaa. Les groupes des prêtres comprenaient: 973 hommes du clan de Yedaya, descendants de Yéchoua; 1 052 hommes du clan d'Immer; 1 247 hommes du clan de Pachehour; 1 017 hommes du clan de Harim. Le groupe des lévites comprenait: 74 hommes des clans de Yéchoua, Cadmiel, Binnoui et Hodavia. Le groupe des chanteurs du temple comprenait: 128 hommes du clan d'Assaf. Le groupe des portiers comprenait: 139 hommes des clans de Challoum, Ater, Talmon, Accoub, Hatita et Chobaï. Le groupe des employés subalternes du temple comprenait les descendants de Siha, Hassoufa, Tabbaoth, Quéros, Siaha, Padon, Lebana, Hagaba, Accoub, Hagab, Chamlaï, Hanan, Guiddel, Gahar, Réaya, Ressin, Necoda, Gazam, Ouza, Passéa, Bésaï, Asna, Meounim, Nefoussim, Bacbouc, Hacoufa, Harour, Baslouth, Méhida, Harcha, Barcos, Sisra, Téma, Nessia et Hatifa. Le groupe des descendants des serviteurs de Salomon comprenait les descendants de Sotaï, Soféreth, Perouda, Yala, Darcon, Guiddel, Chefatia, Hattil, Pokéreth-Hassebaïm et Ami. Ensemble, les groupes des employés subalternes du temple et des descendants des serviteurs de Salomon comprenaient 392 hommes. Les hommes qui revinrent d'exil de Tel-Méla, Tel-Harcha, Keroub, Addan et Immer, ne réussirent pas à fournir les renseignements nécessaires sur les familles de leurs ancêtres, pour prouver qu'ils étaient israélites: ils étaient en tout 652 et descendaient de Delaya, Tobia et Necoda. Certains prêtres se trouvèrent dans une situation analogue: c'étaient les descendants de Hobaya, Haccos et Barzillaï. – Ce dernier était appelé ainsi parce qu'il avait épousé une des filles de Barzillaï, de Galaad. – Ils avaient cherché sans succès les registres où leurs ancêtres étaient inscrits. On les considéra donc comme impurs et on leur interdit d'exercer un ministère de prêtres. Le gouverneur lui-même leur ordonna de ne pas manger des offrandes strictement réservées à Dieu jusqu'à ce qu'un prêtre puisse prendre une décision au moyen de l'Ourim et du Toummim. Le nombre total des Israélites revenus d'exil s'élevait à 42 360 personnes. Ils avaient avec eux 7 337 serviteurs et servantes, 200 chanteurs et chanteuses, ainsi que 736 chevaux, 245 mulets, 435 chameaux et 6 720 ânes. Lorsqu'ils arrivèrent à Jérusalem, la ville du temple du Seigneur, certains chefs de famille firent des dons volontaires pour que le temple de Dieu soit reconstruit sur son emplacement primitif. Ils versèrent tout ce qu'ils purent pour financer cette construction, soit au total 61 000 pièces d'or et 2 500 kilos d'argent; ils donnèrent également 100 tuniques de prêtres. Les prêtres, les lévites et certains laïcs, chanteurs, portiers et employés subalternes du temple, s'établirent dans les villes qui leur furent attribuées. Les autres Israélites s'établirent dans leurs villes d'origine. Quand arriva le septième mois de l'année, tous les Israélites, qui étaient installés dans leurs villes, se rassemblèrent d'un commun accord à Jérusalem. Le prêtre Yéchoua, fils de Yossadac, accompagné de ses frères les autres prêtres, ainsi que Zorobabel, fils de Chéaltiel, avec les gens de sa parenté, se mirent à reconstruire l'autel du Dieu d'Israël, afin de pouvoir y offrir des sacrifices complets, comme l'exige la loi de Moïse, l'homme de Dieu. Malgré la peur que leur inspiraient ceux qui s'étaient installés dans le pays durant l'exil, ils reconstruisirent cet autel sur ses anciennes fondations et y offrirent au Seigneur les sacrifices complets du matin et du soir. Ensuite les Israélites célébrèrent la fête des Huttes, comme cela est prescrit, en offrant chaque jour le nombre réglementaire de sacrifices complets. Depuis lors, ils offrirent régulièrement les sacrifices quotidiens, les sacrifices prescrits pour le premier jour de chaque mois et pour les fêtes consacrées au Seigneur, et ceux qui sont apportés spontanément au Seigneur. C'est ainsi que, dès le premier jour du septième mois, ils recommencèrent à offrir des sacrifices complets au Seigneur, alors même que les fondations de son nouveau temple n'avaient pas encore été posées. Par la suite, ils payèrent des ouvriers pour tailler des pierres et des poutres; de plus, ils fournirent des vivres, des boissons et de l'huile aux Sidoniens et aux Tyriens, afin que ceux-ci leur livrent du bois de cèdre du Liban, par mer, jusqu'à Jaffa. Ils agirent ainsi avec l'autorisation de Cyrus, le roi de Perse. L'année qui suivit leur retour à Jérusalem, à la ville du temple de Dieu, au cours du deuxième mois, Zorobabel, fils de Chéaltiel, Yéchoua, fils de Yossadac, leurs frères les autres prêtres, les lévites et tous ceux qui étaient revenus d'exil se mirent au travail; ils désignèrent les lévites de vingt ans et plus pour diriger la construction du temple du Seigneur. Les lévites Yéchoua, avec ses fils et ses frères, et Cadmiel, avec ses fils, du clan de Hodavia, prirent en commun la direction des ouvriers travaillant au temple de Dieu. Ils furent aidés par les lévites du clan de Hénadad. Lorsque les constructeurs posèrent les fondations du temple du Seigneur, on fit avancer les prêtres, en vêtements de cérémonie, avec des trompettes, et les lévites, descendants d'Assaf, avec des cymbales, pour acclamer le Seigneur selon les prescriptions de David, roi d'Israël. Ils acclamèrent et louèrent le Seigneur en chantant à tour de rôle ce refrain: «Le Seigneur est bon, et son amour pour Israël n'a pas de fin!» Le peuple aussi faisait une ovation au Seigneur en poussant de grandes acclamations, parce que l'on posait les fondations de son temple. Un grand nombre de prêtres, de lévites et de chefs de famille, assez âgés pour avoir connu le temple d'autrefois, pleuraient bruyamment pendant qu'on posait sous leurs yeux les fondations du nouveau temple; mais beaucoup d'autres gens exprimaient leur joie par des ovations sonores. Ainsi on ne pouvait pas distinguer entre les acclamations joyeuses des uns et les pleurs des autres, car tout le monde poussait de grands cris qu'on entendait de très loin. Les gens du pays, ennemis des Juifs de Juda et de Benjamin, apprirent que ceux-ci, depuis leur retour d'exil, reconstruisaient un temple pour le Seigneur, le Dieu d'Israël. Ils vinrent trouver Zorobabel et les chefs de famille, et leur dirent: «Nous désirons vous aider à construire ce temple. En effet, nous adorons le même Dieu que vous et nous lui offrons des sacrifices, depuis que le roi d'Assyrie Assarhaddon nous a déportés ici.» Mais Zorobabel, Yéchoua et les autres chefs de famille israélites leur répondirent: «Il ne convient pas que vous nous aidiez à construire un temple pour notre Dieu. Nous seuls devons le faire, car ce sera le temple du Seigneur, le Dieu d'Israël. Cyrus lui-même, le roi de Perse, en a décidé ainsi.» Les gens du pays entreprirent alors de décourager les Juifs et de les effrayer pour qu'ils renoncent à bâtir le temple. Pendant tout le règne de Cyrus, roi de Perse, et jusqu'à celui de Darius, ils donnèrent de l'argent à des conseillers de la cour pour qu'ils fassent échouer les projets des Juifs. Au début du règne du roi Xerxès, les ennemis des Juifs lui envoyèrent une lettre formulant des accusations contre les habitants de Jérusalem et du district de Juda. Sous le règne d'Artaxerxès, roi de Perse, Bichelam, Mitrédath, Tabéel et leurs collègues écrivirent aussi au roi. La lettre était écrite en caractères araméens et en langue araméenne. Rehoum, gouverneur de la région, et Chimechaï, son adjoint, écrivirent également au roi Artaxerxès une lettre au sujet de Jérusalem. Cette lettre commençait ainsi: «De la part de Rehoum, gouverneur de la région, de Chimechaï, son adjoint, de leurs collègues des régions de Din, Afarsatak, Tarpel, Afaras, Érek, Babylone, Suse, Déha et Élam, et au nom des autres populations déportées par le grand et illustre Asnappar, installées dans les villes de la Samarie ou dans le reste de la province située à l'ouest de l'Euphrate, etc.» Et voici le texte de leur lettre: «Au roi Artaxerxès, de la part de ses serviteurs, les gens de la province située à l'ouest de l'Euphrate, etc. «Nous informons Sa Majesté le roi que les Juifs revenus de chez lui jusque chez nous sont arrivés à Jérusalem, avec l'intention de rebâtir cette cité rebelle et mauvaise. Ils relèvent les murailles après en avoir réparé les fondations. Il faut que le roi sache que, si cette ville est rebâtie et ses murailles relevées, les habitants cesseront de payer les taxes, les impôts et les droits de passage, et cela causera des dommages au trésor royal. C'est pourquoi, nous qui avons le privilège d'être au service du roi et qui ne pourrions pas supporter de voir qu'on le déshonore, nous lui suggérons de faire des recherches dans les documents d'archives de ses prédécesseurs. Il y trouvera la confirmation que cette ville a toujours été rebelle: elle n'a jamais cessé de causer des dommages aux rois et aux gouverneurs de provinces, et depuis toujours elle est secouée par des mouvements de révolte. C'est d'ailleurs pour ces raisons que la ville a été détruite. Nous tenons à en avertir Sa Majesté le roi: si la ville est rebâtie et ses murailles relevées, il ne sera plus le maître de ce côté-ci de l'Euphrate.» Le roi envoya la réponse suivante: «Au gouverneur Rehoum, à son adjoint Chimechaï et à leurs collègues établis en Samarie et dans le reste de la province située à l'ouest de l'Euphrate. «Je vous salue, etc. «La lettre que vous m'avez envoyée m'a été lue après avoir été traduite. J'ai donné l'ordre de faire des recherches, et l'on a effectivement trouvé que, depuis toujours, la ville de Jérusalem se soulève contre les rois et qu'elle est secouée par des insurrections et des révoltes. Il y a eu autrefois dans cette ville de puissants rois qui dominaient toute la région située à l'ouest de l'Euphrate et y prélevaient des taxes, des impôts et des droits de passage. Mais maintenant, vous devez ordonner aux Juifs de cesser leurs travaux: la ville ne doit pas être rebâtie, tant que je n'en aurai pas moi-même donné l'ordre. Veillez à ne rien négliger dans cette affaire, afin que le gouvernement royal ne subisse pas des dommages encore plus grands.» Aussitôt que le contenu de la lettre du roi Artaxerxès fut connu de Rehoum, de son adjoint Chimechaï et de leurs collègues, ils se rendirent en toute hâte à Jérusalem et utilisèrent la force pour obliger les Juifs à cesser la reconstruction. A Jérusalem, les travaux de reconstruction du temple de Dieu avaient cessé; l'interruption dura jusqu'à la deuxième année du règne du roi de Perse, Darius. Mais un jour, le prophète Aggée et le prophète Zacharie fils d'Iddo parlèrent aux Juifs de Jérusalem et de Juda, de la part du Dieu d'Israël, leur Dieu. Alors Zorobabel, fils de Chéaltiel, et Yéchoua, fils de Yossadac, se mirent au travail pour reconstruire le temple de Dieu à Jérusalem, avec l'appui des prophètes de Dieu. Aussitôt Tattenaï, gouverneur de la province située à l'ouest de l'Euphrate, accompagné de Chetar-Boznaï et de leurs collègues, vinrent les trouver et leur demandèrent: «Qui vous a donné l'ordre de rebâtir le temple et d'en relever les murailles? Nous exigeons que vous nous donniez les noms de ceux qui participent à cette reconstruction.» Mais Dieu veillait sur les responsables juifs, de sorte qu'on ne les empêcha pas de continuer, en attendant qu'un rapport parvienne à Darius et qu'on reçoive sa réponse à ce sujet. Voici le texte de la lettre envoyée au roi Darius par le gouverneur Tattenaï, par Chetar-Boznaï et ses collègues les préfets de la province située à l'ouest de l'Euphrate. Elle était rédigée en ces termes: «Au roi Darius, tous nos vœux de prospérité! «Nous informons Sa Majesté le roi que nous nous sommes rendus dans le district de Juda, au temple du grand Dieu. On est en train de reconstruire ce temple en pierres de taille, avec des poutres de bois placées dans les murs. Le travail est fait soigneusement et progresse rapidement. Nous avons interrogé les responsables; nous leur avons demandé qui leur avait donné l'ordre de rebâtir le temple et d'en relever les murailles. Nous leur avons également demandé leurs noms, afin de pouvoir communiquer au roi la liste écrite de ceux qui dirigent les travaux. Ils nous ont répondu: “Nous sommes les serviteurs du Dieu du ciel et de la terre; nous rebâtissons le temple qu'un grand roi d'Israël avait construit et achevé il y a fort longtemps. Mais nos ancêtres ont provoqué la colère du Dieu du ciel, qui les a alors livrés au pouvoir de Nabucodonosor, de Babylone, roi de la dynastie chaldéenne. C'est ce roi qui a détruit le temple et emmené le peuple en déportation à Babylone. Toutefois, la première année de son règne sur la Babylonie, le roi Cyrus a donné l'ordre de rebâtir le temple de Dieu. Le roi Nabucodonosor avait emporté les ustensiles d'or et d'argent qui se trouvaient dans le temple de Dieu à Jérusalem, pour les déposer dans le temple de Babylone. Le roi Cyrus les a repris du temple de Babylone et les a confiés au nommé Chèchebassar qu'il avait désigné comme gouverneur de Juda. Il lui a ordonné de les emporter pour aller les remettre dans le temple de Jérusalem, lorsque celui-ci serait rebâti sur son ancien emplacement. C'est alors que Chèchebassar est venu ici, à Jérusalem, et y a posé les nouvelles fondations du temple de Dieu. Depuis lors, les travaux ont continué, mais ils ne sont pas encore terminés.” Maintenant, si le roi le veut bien, que l'on fasse des recherches dans les archives royales de Babylone, pour savoir si le roi Cyrus a vraiment donné l'ordre de rebâtir le temple de Dieu à Jérusalem. Et qu'on nous communique ensuite la décision du roi à ce sujet.» Le roi Darius ordonna de faire des recherches à Babylone, dans les locaux où l'on déposait les archives et les objets précieux. Mais c'est à Ecbatane, ville fortifiée de la province de Médie, que l'on trouva un rouleau de parchemin portant le texte que voici: «Procès-verbal. «Durant la première année de son règne, le roi Cyrus a publié ce décret: Le temple de Dieu, à Jérusalem, doit être rebâti pour servir de lieu où l'on offre des sacrifices; on utilisera ses anciennes fondations; il aura trente mètres de haut et trente mètres de large. On fera alterner trois rangées de pierres de taille et une rangée de poutres de bois. Les dépenses seront couvertes par la trésorerie royale. Les ustensiles d'or et d'argent provenant du temple de Dieu, à Jérusalem, et déposés à Babylone par le roi Nabucodonosor, doivent être rendus et rapportés au temple de Jérusalem; chacun d'eux sera remis à sa place.» En conséquence, Darius écrivit la lettre suivante à Tattenaï, gouverneur de la province située à l'ouest de l'Euphrate, à Chetar-Boznaï et à leurs collègues, les préfets de la province: «Cessez de vous occuper de cette affaire. Laissez les Juifs libres de reconstruire le temple de Dieu: le gouverneur et les responsables juifs doivent pouvoir le rebâtir sur son ancien emplacement. Je vous ordonne donc d'aider les responsables juifs dans la reconstruction du temple, en veillant à ce que les dépenses soient couvertes en tout temps et exactement par la trésorerie royale, alimentée par les impôts prélevés dans la province. Vous prendrez soin de fournir jour après jour aux prêtres de Jérusalem ce dont ils ont besoin, d'après leurs indications: les taureaux, les béliers et les agneaux pour les sacrifices complets offerts au Dieu du ciel, de même que le blé, le sel, le vin et l'huile. Ils pourront ainsi présenter au Dieu du ciel des offrandes à la fumée odorante, et ils prieront pour la vie du roi et de ses fils. Si quelqu'un désobéit à ces décisions, j'ordonne qu'on arrache une poutre de sa maison, qu'on la dresse pour l'empaler dessus, et qu'on transforme ensuite sa maison en un tas de décombres. Que le Dieu qui manifeste sa présence à Jérusalem punisse lui-même tout roi ou toute nation qui tenterait d'y détruire son temple, au mépris de mes décisions. C'est moi, Darius, qui donne ces ordres: qu'ils soient exécutés soigneusement!» Tattenaï, gouverneur de la province située à l'ouest de l'Euphrate, Chetar-Boznaï et leurs collègues suivirent soigneusement les ordres donnés par le roi Darius. Les responsables juifs, encouragés par les messages du prophète Aggée et du prophète Zacharie fils d'Iddo, continuèrent avec succès la construction; ils l'achevèrent conformément à l'ordre du Dieu d'Israël et aux décrets des rois de Perse, Cyrus, Darius et Artaxerxès. Le temple fut terminé le vingt-troisième jour du mois d'Adar, durant la sixième année du règne du roi Darius. Les Juifs, prêtres, lévites et autres gens revenus d'exil, célébrèrent dans la joie la dédicace du bâtiment. A cette occasion, on offrit en sacrifice cent taureaux, deux cents béliers et quatre cents agneaux, ainsi que douze boucs, un par tribu, pour obtenir le pardon de Dieu en faveur de tout le peuple d'Israël. On répartit aussi les prêtres et les lévites en groupes, selon leurs tâches respectives au service du Dieu de Jérusalem, conformément à ce qui figure dans le livre de Moïse. Tous ceux qui étaient revenus d'exil célébrèrent la Pâque le quatorzième jour du premier mois de l'année suivante. Les prêtres et les lévites s'étaient purifiés ensemble, alors que les autres membres du peuple ne l'avaient pas fait; ce furent donc les lévites, en état de pureté, qui égorgèrent rituellement les agneaux de la Pâque, pour le peuple, pour leurs frères les prêtres et pour eux-mêmes. Tous les Israélites mangèrent le repas de la Pâque, aussi bien ceux qui étaient revenus d'exil que ceux qui avaient rompu avec les coutumes des païens impurs du pays, et s'étaient associés à leurs compatriotes dans le culte rendu au Seigneur, Dieu d'Israël. Ils célébrèrent ensuite dans la joie les sept jours de la fête des Pains sans levain. Le Seigneur les avait remplis de joie parce qu'il avait inspiré au roi une attitude bienveillante envers eux; cela les avait encouragés à reprendre le travail pour reconstruire le temple du Dieu d'Israël. Lorsque des Israélites, prêtres, lévites, chanteurs, portiers et employés subalternes du sanctuaire revinrent à Jérusalem, la septième année du règne d'Artaxerxès, Esdras arriva avec eux, au cours du cinquième mois. Il avait fixé le départ de Babylonie au premier jour du premier mois, et il arriva à Jérusalem le premier jour du cinquième mois, grâce à la protection bienveillante que son Dieu lui accordait. En effet, Esdras s'appliquait de tout son cœur à étudier la loi du Seigneur, à la mettre en pratique et à enseigner aux Israélites les commandements et les règles de cette loi. Voici le texte de la lettre que le roi Artaxerxès remit au prêtre Esdras, spécialiste des lois et commandements donnés par le Seigneur à Israël: «Artaxerxès, le roi des rois, au prêtre Esdras, spécialiste de la loi du Dieu du ciel, etc. «J'ordonne qu'on laisse partir avec toi tous les Israélites de mon empire – laïcs, prêtres ou lévites –, désireux de se rendre à Jérusalem. Moi-même et mes sept conseillers, nous t'envoyons à Jérusalem et dans le district de Juda, pour voir comment la loi de ton Dieu, dont tu emportes le texte avec toi, y est respectée; par la même occasion, tu emporteras l'argent et l'or que moi et mes conseillers désirons offrir au Dieu d'Israël qui a son sanctuaire à Jérusalem. Tu emporteras également tous les dons en argent et en or que tu auras recueillis dans la province babylonienne, dons offerts généreusement par tes concitoyens, prêtres ou laïcs, pour le temple de leur Dieu à Jérusalem. Là-bas, tu auras soin d'acheter avec cet argent des taureaux, des béliers, des agneaux, et tout ce qu'il faut pour les offrandes végétales et les offrandes de vin, et tu offriras le tout en sacrifices sur l'autel du temple de votre Dieu, à Jérusalem. Ensuite, toi et tes compagnons, vous utiliserez le reste de l'argent et de l'or comme bon vous semblera, en suivant toutefois les directives de votre Dieu. Tu déposeras dans le temple de ton Dieu à Jérusalem les ustensiles du culte qui t'ont été remis. Si tu dois fournir d'autres choses pour ce temple, tu les feras payer par la trésorerie royale. «Moi, le roi Artaxerxès, je donne l'ordre à tous les trésoriers de la région située à l'ouest de l'Euphrate de faire soigneusement tout ce que leur demandera le prêtre Esdras, spécialiste de la loi du Dieu du ciel. Ils lui remettront jusqu'à trois mille kilos d'argent, trente mille kilos de blé, quatre mille litres de vin, quatre mille litres d'huile, et du sel à volonté. Tous les ordres donnés de la part du Dieu du ciel au sujet de son temple devront être exécutés avec empressement, afin que ce Dieu ne laisse pas éclater sa colère contre l'empire, ou contre moi-même et mes descendants. De plus, nous informons les trésoriers qu'il n'est pas permis de prélever des taxes, des impôts et des droits de passage sur les prêtres, les lévites, les chanteurs, les portiers, les employés subalternes ou tout autre membre du personnel du temple. «Quant à toi, Esdras, conformément aux sages instructions de la loi de Dieu, dont tu emportes le texte avec toi, établis des juges et des magistrats chargés de rendre la justice à tous ceux qui, dans la population de cette province, connaissent les lois de ton Dieu; à ceux qui ne les connaissent pas, vous les enseignerez. Après cela, si quelqu'un refuse d'obéir à la loi de Dieu ou à la loi du roi, qu'on ait soin de lui infliger la condamnation qu'il mérite, soit la mort, soit le bannissement, soit la confiscation de ses biens, soit encore l'emprisonnement.» «Que le Seigneur, le Dieu de nos ancêtres, soit remercié! s'écria Esdras. Il a inspiré au roi le désir d'honorer le temple de Jérusalem. Sous les yeux du roi, de ses conseillers et de tous les grands personnages de son entourage, le Seigneur m'a manifesté sa bonté. Et moi, encouragé par sa protection, j'ai pu rassembler des chefs israélites pour revenir avec moi.» Voici, d'après les registres généalogiques, la liste des chefs de famille qui revinrent de Babylonie à Jérusalem avec moi, Esdras, pendant le règne du roi Artaxerxès: Guerchom, du clan de Pinhas; Daniel, du clan d'Itamar; Hattouch, du clan de David; un des fils de Chekania; Zacharie, du clan de Paroch, accompagné de 150 hommes de sa famille; Éliohénaï, fils de Zéraya, du clan de Pahath-Moab, accompagné de 200 hommes; Chekania, fils de Yaziel, du clan de Zattou, accompagné de 300 hommes; Ébed, fils de Yonatan, du clan d'Adin, accompagné de 50 hommes; Yechaya, fils d'Atalia, du clan d'Élam, accompagné de 70 hommes; Zébadia, fils de Mikaël, du clan de Chefatia, accompagné de 80 hommes; Obadia, fils de Yéhiel, du clan de Yoab, accompagné de 218 hommes; Chelomith, fils de Yossifia, du clan de Bani, accompagné de 160 hommes; Zacharie, fils de Bébaï, du clan de Bébaï, accompagné de 28 hommes; Yohanan, fils de Haccatan, du clan d'Azgad, accompagné de 110 hommes; Éliféleth, Yéiel et Chemaya, les trois plus jeunes descendants du clan d'Adonicam, accompagnés de 60 hommes; Outaï et Zakour, du clan de Bigvaï, accompagnés de 70 hommes. J'ai rassemblé tous ces gens près du canal qui passe par Ahava, et nous avons campé là durant trois jours. Lorsque j'ai constaté qu'il y avait parmi eux des laïcs et des prêtres, mais aucun lévite, j'ai chargé d'une mission les chefs Éliézer, Ariel, Chemaya, Elnatan, Yarib, Elnatan, Natan, Zacharie, Mechoullam, et les deux instructeurs de la loi, Yoyarib et Elnatan; je leur ai ordonné de se rendre chez Iddo, le chef de la localité de Kassifia. Je leur avais indiqué ce qu'ils devaient dire à Iddo et à ses collaborateurs, les employés subalternes du sanctuaire, qui résidaient à Kassifia, afin de pouvoir nous ramener des gens pour le service du temple de notre Dieu. Grâce à la protection que notre Dieu nous accordait, ils ont pu ramener Chérébia, homme avisé, du clan de Mali et descendant de Lévi, fils de Jacob, avec ses fils et ses frères, soit 18 hommes, ainsi que Hachabia, accompagné de Yechaya, du clan de Merari, avec ses frères et leurs fils, soit 20 hommes. Ils ont également ramené 220 hommes spécialement désignés parmi les employés subalternes du sanctuaire, catégorie de gens que David et ses collaborateurs avaient mis à la disposition des lévites. Là, au bord du canal d'Ahava, j'ai décidé que nous devions tous jeûner et manifester ainsi notre humble soumission à notre Dieu, afin qu'il nous accorde un voyage paisible, à nous et à nos familles, avec nos biens. J'aurais eu honte de demander au roi de nous fournir une escorte de soldats et de cavaliers pour nous protéger en cours de route contre nos ennemis; en effet, nous lui avions affirmé que notre Dieu étend sa main protectrice sur tous ses fidèles, mais que sa colère éclate avec force contre ceux qui l'abandonnent. Nous avons donc jeûné, nous avons demandé à notre Dieu de nous protéger, et il a exaucé notre prière. Ensuite j'ai pris à part douze des principaux prêtres, ainsi que Chérébia, Hachabia et dix de leurs compagnons. Devant eux j'ai pesé l'argent, l'or et les objets de valeur que le roi, ses conseillers, ses ministres et les Israélites du pays avaient offerts pour le temple de notre Dieu. Je leur ai confié ainsi vingt tonnes d'argent, trois tonnes d'objets précieux en argent, trois tonnes d'or, vingt bassines d'or valant mille pièces d'or, et deux splendides vases de bronze brillant, aussi précieux que des vases en or. Je leur ai dit: «De même que vous êtes des gens consacrés au service du Seigneur, de même ces objets lui ont été consacrés. L'argent et l'or sont des offrandes volontaires en faveur du Seigneur, le Dieu de vos ancêtres. Veillez soigneusement sur ces trésors jusqu'à l'arrivée à Jérusalem. Là vous les pèserez devant les principaux prêtres et lévites et devant les chefs de famille, dans les locaux annexes du temple du Seigneur.» Alors les prêtres et les lévites ont pris en charge tout ce qui avait été pesé, l'argent, l'or et les objets de valeur, pour les apporter à Jérusalem, au temple de notre Dieu. Le douzième jour du premier mois, nous avons quitté le canal d'Ahava pour Jérusalem. Tout au long du voyage, notre Dieu a étendu sa main sur nous pour nous protéger des ennemis ou des pillards qui nous menaçaient. A notre arrivée à Jérusalem, nous nous sommes reposés trois jours. Le quatrième jour, nous avons pesé l'argent, l'or et les objets de valeur dans le temple de notre Dieu, avant de les remettre au prêtre Merémoth, fils d'Ouria, qui était accompagné d'Élazar, fils de Pinhas, et des lévites Yozabad, fils de Yéchoua, et Noadia, fils de Binnoui. Tout fut compté et pesé, et le poids total fut aussitôt consigné par écrit. Tous ceux qui avaient vécu en exil et en étaient revenus ont offert des sacrifices au Dieu d'Israël: ils lui ont présenté, au nom de tout Israël, douze taureaux, quatre-vingt-seize béliers et soixante-dix-sept agneaux en sacrifices complets, ainsi que douze boucs en sacrifices pour obtenir son pardon. Tous les animaux furent entièrement consumés pour le Seigneur. Ensuite ils ont communiqué les décrets royaux aux représentants du roi et aux gouverneurs de la région située à l'ouest de l'Euphrate. Ceux-ci ont alors apporté leur appui aux Israélites en ce qui concerne le temple de Dieu. Après ces événements, quelques chefs du peuple sont venus me dire: «Ni les laïcs, ni les prêtres, ni les lévites ne se sont tenus à l'écart des autres habitants du pays. Ils ont imité les pratiques abominables des Cananéens, des Hittites, des Perizites, des Jébusites, des Ammonites, des Moabites, des Égyptiens et des Amorites. Ils ont pris pour eux-mêmes et pour leurs fils des épouses dans ces peuples, de sorte que le peuple de Dieu a été mélangé à la population du pays. Les chefs et les notables n'ont pas été les derniers à commettre une telle infidélité.» Lorsque j'ai entendu ces paroles, j'ai déchiré mon manteau et mes vêtements, je me suis arraché les cheveux et la barbe et je me suis assis complètement accablé. Je suis demeuré ainsi jusqu'à l'heure où l'on offre le sacrifice du soir. Tous ceux qui redoutaient le jugement du Dieu d'Israël à l'égard de l'infidélité des Juifs revenus d'exil se sont rassemblés autour de moi. A l'heure du sacrifice du soir, je suis sorti de mon abattement. Je portais encore mon manteau et mes vêtements déchirés; je me suis jeté à genoux et, les mains tendues vers le Seigneur mon Dieu, je lui ai adressé cette prière: «Mon Dieu, quelle humiliation! Mon Dieu, j'éprouve trop de honte pour oser lever mes regards vers toi. Nos péchés sont nombreux, ils s'élèvent plus haut que nos têtes, nos fautes s'accumulent jusqu'au ciel même. Depuis l'époque où vivaient nos ancêtres jusqu'à ce jour, notre peuple a commis de grandes fautes. A cause de cela, nous, nos rois et nos prêtres avons eu à subir la domination de rois étrangers, la guerre, la déportation, le pillage et l'humiliation, comme c'est le cas aujourd'hui encore. Mais maintenant, pour un peu de temps, Seigneur notre Dieu, tu nous as manifesté ta grâce en permettant que quelques survivants de notre peuple reviennent s'installer dans ton territoire sacré; ainsi toi, notre Dieu, tu as redonné du rayonnement à nos regards, tu nous as rendu un peu de vie, au cœur de notre esclavage. Oui, notre Dieu, nous étions esclaves, et toi tu ne nous as pas abandonnés dans cet état. Tu as rendu les rois de Perse bienveillants à notre égard; ils nous ont permis de revivre, de rebâtir ton temple en le relevant de ses ruines, et de trouver un abri sûr à Jérusalem et en Juda. «Et maintenant, notre Dieu, que pourrions-nous dire, après ce qui est arrivé? Nous avons désobéi aux commandements que tu nous avais communiqués par l'intermédiaire de tes serviteurs les prophètes! Tu nous avais prévenus: “Le pays dans lequel vous allez entrer pour en prendre possession est impur, parce que les nations qui l'occupent sont impures et l'ont rempli d'un bout à l'autre de leurs pratiques abominables. Ne donnez donc pas vos filles en mariage aux fils de ces étrangers, et ne choisissez pas parmi eux des épouses pour vos propres fils. Ne vous préoccupez jamais du bien-être ou du bonheur de ces nations païennes. C'est ainsi que vous deviendrez un peuple fort, que vous jouirez des biens de ce pays et que vous pourrez le transmettre pour toujours en héritage à vos descendants.” O notre Dieu, c'est à cause de nos mauvaises actions et de nos grandes fautes que tous nos malheurs nous sont arrivés; pourtant tu ne nous as pas punis autant que nos péchés le méritaient et tu nous as permis de survivre, à nous qui sommes ici. Alors comment pouvons-nous recommencer à désobéir à tes commandements, en nous alliant par des mariages avec ces nations aux pratiques abominables? Ne vas-tu pas te mettre en colère contre nous et nous exterminer tous sans exception? Aujourd'hui, Seigneur, Dieu d'Israël, dans ta juste bonté, tu as permis à quelques-uns d'entre nous de survivre. Nous voici en effet devant toi, chargés de fautes, alors que, dans une telle situation, personne ne devrait pouvoir subsister en ta présence.» Tandis qu'Esdras, agenouillé en pleurs devant le temple, priait et demandait pardon à Dieu, un très grand nombre d'Israélites, hommes, femmes et enfants, s'étaient rassemblés autour de lui; et ils pleuraient tous abondamment. Alors Chekania, fils de Yéhiel et descendant d'Élam, déclara à Esdras: «Nous avons commis une faute grave envers Dieu, en épousant des femmes étrangères, appartenant aux populations de ce pays. Mais malgré cela il reste un espoir pour Israël: Nous allons nous engager envers Dieu à renvoyer toutes ces femmes étrangères ainsi que leurs enfants. Nous suivrons ainsi la suggestion que vous avez faite, toi et tous ceux qui accomplissent respectueusement les commandements de notre Dieu. Que sa loi soit observée! Relève-toi, et prends l'affaire en mains. Nous sommes prêts à te seconder. N'hésite donc pas à agir.» Esdras se releva. Il exigea que les chefs des prêtres-lévites et tous les chefs d'Israël jurent de se soumettre à la proposition de Chekania. Ils en firent tous le serment. Alors Esdras quitta la cour du temple de Dieu, se rendit au domicile de Yohanan, fils d'Éliachib, et s'y installa. Mais il refusa de manger ou de boire, tellement il était affligé par la faute grave de ses compatriotes. On fit ensuite circuler à Jérusalem et dans le pays de Juda une proclamation ordonnant à tous les anciens exilés de se réunir à Jérusalem. Quiconque ne se présenterait pas dans un délai de trois jours, selon la décision des chefs et des notables, aurait tous ses biens confisqués et serait exclu de la communauté. Tous les hommes de Juda et de Benjamin vinrent donc à Jérusalem trois jours plus tard, à savoir le vingtième jour du neuvième mois, et se rassemblèrent sur la place du temple de Dieu. Tout le monde tremblait, à cause de cette affaire et parce qu'il pleuvait. Le prêtre Esdras se leva et leur dit: «Israélites, vous avez commis une faute grave en épousant des femmes étrangères. C'est un péché que vous ajoutez à tous ceux de notre peuple. Maintenant vous devez reconnaître vos torts devant le Seigneur, Dieu de vos ancêtres, et obéir à sa volonté; renoncez à tout contact avec les populations de ce pays et séparez-vous de vos femmes d'origine étrangère.» Tous les participants à l'assemblée s'écrièrent: «Tu as raison! Nous devons faire ce que tu nous dis. Pourtant nous sommes nombreux et c'est la saison des pluies; il est impossible de rester ici en plein air. De plus, une telle question ne se réglera pas en un jour ou deux, car beaucoup d'entre nous sont impliqués dans cette affaire. Nous proposons que nos chefs se tiennent à disposition de la communauté: tous les Israélites qui ont épousé des femmes étrangères viendront se présenter devant eux à la date qu'on leur indiquera, en compagnie des anciens et des juges de leurs villes respectives. Nous mènerons à bien cette affaire, jusqu'à ce que l'ardente colère de notre Dieu envers nous soit apaisée.» Yonatan, fils d'Assaël, et Yazia, fils de Ticva, appuyés par Mechoullam et le lévite Chabbetaï, furent les seuls à s'opposer à cette résolution. Les autres Israélites revenus d'exil l'acceptèrent. Le prêtre Esdras choisit dans chaque clan des chefs de famille, tous désignés personnellement. Ces hommes siégèrent dès le premier jour du dixième mois pour régler toute l'affaire. Et le premier jour du premier mois de l'année suivante, ils eurent achevé d'examiner le cas de tous les hommes qui avaient épousé des femmes étrangères. Parmi les prêtres ayant épousé des femmes étrangères, il y avait: des descendants de Yéchoua et de ses frères, fils de Yossadac: Maasséya, Éliézer, Yarib et Guedalia; ils s'engagèrent solennellement à renvoyer leurs femmes et à offrir un bélier en sacrifice pour obtenir le pardon de Dieu; des descendants d'Immer: Hanani et Zébadia; des descendants de Harim: Maasséya, Élia, Chemaya, Yéhiel et Ouzia; des descendants de Pachehour: Éliohénaï, Maasséya, Ismaël, Netanéel, Yozabad et Élassa. Parmi les lévites, il y avait: Yozabad, Chiméi, Quélaya (appelé aussi Quelita), Petahia, Yehouda et Éliézer. Parmi les chanteurs, il y avait Éliachib. Parmi les portiers, il y avait Challoum, Télem et Ouri. Parmi les laïcs israélites, il y avait: des descendants de Paroch: Ramia, Izia, Malkia, Miamin, Élazar, Malkia et Benaya; des descendants d'Élam: Mattania, Zacharie, Yéhiel, Abdi, Yerémoth et Élia; des descendants de Zattou: Éliohénaï, Éliachib, Mattania, Yerémoth, Zabad et Aziza; des descendants de Bébaï: Yohanan, Hanania, Zabbaï et Atlaï; des descendants de Bani: Mechoullam, Mallouk, Adaya, Yachoub, Chéal et Yerémoth; des descendants de Pahath-Moab: Adna, Kelal, Benaya, Maasséya, Mattania, Bessalel, Binnoui et Manassé; des descendants de Harim: Éliézer, Issia, Malkia, Chemaya, Chimon, Benjamin, Mallouk et Chemaria; des descendants de Hachoum: Mattenaï, Mattatta, Zabad, Éliféleth, Yerémaï, Manassé et Chiméi; des descendants de Bani: Maadaï, Amram, Ouel, Benaya, Bédia, Kelouhou, Vania, Merémoth, Éliachib, Mattania, Mattenaï, Yassaï, Bani, Binnoui, Chiméi, Chélémia, Natan, Adaya, Maknadebaï, Chachaï, Charaï, Azarel, Chélémia, Chemaria, Challoum, Amaria et Joseph; des descendants de Nébo: Yéiel, Mattitia, Zabad, Zébina, Yaddaï, Joël et Benaya. Tous ces hommes-là avaient épousé des femmes étrangères, et certaines de ces femmes avaient mis au monde des enfants. Récit de Néhémie, fils de Hakalia. La vingtième année du règne d'Artaxerxès, au cours du mois de Kisleu, alors que moi, Néhémie, je résidais dans la ville forte de Suse, un de mes frères, Hanani, arriva de la province de Juda, accompagné de quelques hommes. Je leur posai des questions au sujet des Juifs revenus d'exil, et au sujet de Jérusalem. Ils me répondirent: «Les anciens exilés sont installés dans la province de Juda, mais se trouvent dans une grande misère et dans une situation humiliante. Quant à Jérusalem, ses murailles ont des brèches et ses portes ont été incendiées.» Lorsque j'entendis ces nouvelles, je m'assis pour pleurer; durant plusieurs jours je restai dans l'affliction, en jeûnant. Je me mis à prier le Dieu du ciel et lui dis: «Ah, Seigneur, Dieu du ciel, Dieu grand et redoutable! Tu maintiens ton alliance avec ceux qui obéissent à tes commandements, tu restes fidèle envers ceux qui t'aiment. Tourne ton regard vers moi, sois attentif, écoute maintenant la prière que je t'adresse, moi, ton serviteur. Jour et nuit je te prie pour nous, les Israélites, tes serviteurs; je te demande de pardonner les fautes que nous avons commises. Oui, moi-même et mes ancêtres nous avons péché; nous t'avons offensé en désobéissant aux commandements, aux lois et aux règles que tu nous avais communiqués par ton serviteur Moïse. Souviens-toi cependant de la parole que Moïse nous a adressée de ta part: “Si vous ne me restez pas fidèles, je vous disperserai parmi les nations étrangères. Mais si, par la suite, vous revenez à moi et prenez bien soin de mettre en pratique mes commandements, j'irai vous chercher et je vous ramènerai à l'endroit que j'ai choisi pour y manifester ma présence, même si vous êtes alors en exil aux extrémités de la terre.” Seigneur, nous sommes tes serviteurs, nous sommes ton peuple! C'est nous que tu as délivrés grâce à ta force, à ta puissance irrésistible. Je t'en supplie, Seigneur, sois attentif à la prière que je t'adresse et que t'adressent aussi tes autres fidèles, qui trouvent leur joie à t'honorer. Fais réussir les démarches que je vais entreprendre et permets que le roi y réponde avec bienveillance.» J'étais à cette époque échanson du roi. La vingtième année du règne du roi Artaxerxès, un jour du mois de Nisan, pendant que le roi était à table, je pris du vin et lui en versai. J'étais triste, ce qui ne m'était jamais arrivé en sa présence. Alors le roi m'interrogea: «Pourquoi cet air triste? Tu n'es pourtant pas malade? Quel est le chagrin qui te ronge?» Je fus saisi d'une grande frayeur. Je parvins toutefois à dire au roi: «Que Sa Majesté le roi vive à jamais! Comment pourrais-je ne pas être triste, alors que la ville où mes ancêtres sont enterrés est en ruine et que ses portes ont été incendiées?» – «Que désires-tu obtenir de moi?» me demanda le roi. Aussitôt, j'adressai une prière au Dieu du ciel, puis je répondis au roi: «Si le roi accepte de me témoigner de la bienveillance, qu'il m'autorise à me rendre dans la province de Juda, dans la ville où mes ancêtres sont enterrés, afin que je puisse la reconstruire.» Le roi, à côté duquel la reine était assise, me demanda encore: «Combien de temps durera ton voyage? Quand seras-tu de retour?» Le roi acceptait donc de me laisser partir, et je lui indiquai la date de mon retour. J'ajoutai: «Que le roi veuille bien me faire remettre des lettres destinées aux gouverneurs de la région située à l'ouest de l'Euphrate, afin qu'ils me laissent passer en Juda. Qu'on me remette aussi une lettre destinée à Assaf, le responsable des forêts royales, afin qu'il me fournisse le bois nécessaire pour les portes de la forteresse proche du temple, pour les murailles de la ville et pour la maison que j'habiterai.» Le roi me procura ces lettres, car mon Dieu m'accordait sa protection. Je me rendis alors chez les gouverneurs de la région à l'ouest de l'Euphrate pour leur remettre les lettres du roi. J'étais escorté par des officiers et des cavaliers que le roi avait mis à mon service. Lorsque Saneballath le Horonite et Tobia, son adjoint ammonite, apprirent que j'arrivais, ils furent très mécontents que quelqu'un vienne s'occuper du bien-être des Israélites. A mon arrivée à Jérusalem, je restai d'abord trois jours tranquille, sans révéler à personne ce que mon Dieu m'avait inspiré d'accomplir pour la ville. Ensuite, de nuit, je me mis en route, accompagné d'un petit groupe d'hommes. Je n'emmenai pas d'autre animal que l'âne qui me servait de monture. En pleine nuit, je sortis de la ville par la porte de la Vallée et je me dirigeai vers la source du Dragon et la porte du Fumier. J'examinai les murailles de Jérusalem et je constatai qu'elles avaient des brèches et que les portes avaient été dévorées par le feu. Je continuai en direction de la porte de la Source et de l'étang du roi, mais ma monture n'eut bientôt plus la place de passer. Alors, toujours de nuit, je remontai le ravin du Cédron en poursuivant l'examen des murailles, puis je fis demi-tour et je rentrai par la porte de la Vallée. Les magistrats de la ville ne savaient pas où j'étais allé, ni ce que j'avais fait, car avant ce moment-là, je n'avais rien révélé aux Juifs, pas même aux prêtres, aux notables, aux magistrats ou à d'autres personnes responsables des travaux. Je leur parlai ainsi: «Vous voyez dans quelle misère nous nous trouvons: Jérusalem est en ruine, ses portes ont été incendiées! Allons, rebâtissons les murailles de Jérusalem, afin de mettre un terme à cette situation humiliante.» Je leur racontai comment mon Dieu m'avait accordé sa protection, et ce que le roi m'avait dit. Ils s'écrièrent aussitôt: «Au travail! Nous allons reconstruire la ville!» Et ils se préparèrent courageusement à réaliser cette belle œuvre. Lorsque Saneballath le Horonite, Tobia, son adjoint ammonite, et Guéchem l'Arabe apprirent cette nouvelle, ils commencèrent à se moquer de nous; ils nous demandaient avec mépris: «Qu'êtes-vous en train de faire? Essayez-vous de vous révolter contre le roi?» Je leur fis donner cette réponse: «C'est le Dieu du ciel lui-même qui nous accordera le succès. Nous, ses serviteurs, nous allons nous mettre au travail et reconstruire la ville. Quant à vous, vous n'avez pas le droit de posséder quoi que ce soit à Jérusalem, ni d'y exercer une autorité. Que jamais non plus on ne s'y souvienne de vous!» Le grand-prêtre Éliachib se mit au travail avec ses collègues les prêtres. Ils rebâtirent ensemble la porte des Brebis; après l'avoir consacrée, ils mirent en place les battants de la porte. Ils réparèrent la muraille jusqu'à la tour des Cent, et après l'avoir consacrée, ils continuèrent jusqu'à la tour de Hananéel. A côté d'eux travaillaient les habitants de Jéricho, puis Zakour, fils d'Imri. La porte des Poissons fut rebâtie par les habitants de Senaa; après en avoir posé la charpente, ils mirent en place les battants de la porte, avec ses barres et ses verrous. A côté d'eux travaillaient Merémoth, fils d'Ouria et petit-fils de Haccos, puis Mechoullam, fils de Bérékia et petit-fils de Mechézabel, puis Sadoc, fils de Baana. Venaient ensuite les habitants de Técoa, dont les notables refusèrent cependant de travailler sous les ordres des responsables de l'ouvrage. La porte de Yechana fut reconstruite par Yoyada, fils de Passéa, et par Mechoullam, fils de Bessodia; après en avoir posé la charpente, ils mirent en place les battants de la porte, avec ses barres et ses verrous. A côté d'eux travaillaient Melatia, de Gabaon, Yadon, de Méronoth, ainsi que d'autres hommes de Gabaon et de Mispa, pour le compte du gouverneur de la province située à l'ouest de l'Euphrate. Plus loin il y avait l'orfèvre Ouziel, fils de Haraya, puis le parfumeur Hanania. Ils achevèrent leur travail à Jérusalem, lorsqu'ils arrivèrent à l'endroit où la muraille s'élargit. A côté d'eux travaillait Refaya, fils de Hour et chef de la moitié du district de Jérusalem. Un peu plus loin Yedaya, fils de Haroumaf, s'occupait d'un secteur situé en face de sa maison; venait ensuite Hattouch, fils de Hachabnéya. Malkia, fils de Harim, et Hachoub, fils de Pahath-Moab, travaillaient à un autre secteur comprenant la tour des Fourneaux. A côté d'eux, Challoum, fils de Hallohech et chef de l'autre moitié du district de Jérusalem, travaillait avec l'aide de ses filles. La porte de la Vallée fut reconstruite par Hanoun et les habitants de la ville de Zanoa; après l'avoir rebâtie, ils mirent en place ses battants, ses barres et ses verrous; ils réparèrent aussi cinq cents mètres de muraille, jusqu'à la porte du Fumier. La porte du Fumier fut reconstruite par Malkia, fils de Rékab et chef du district de Beth-Kérem; après l'avoir rebâtie, il mit en place ses battants, ses barres et ses verrous. La porte de la Source fut reconstruite par Challoun, fils de Kol-Hozé et chef du district de Mispa; après l'avoir rebâtie et recouverte d'un toit, il mit en place ses battants, ses barres et ses verrous; il répara aussi la muraille à proximité de l'étang de Siloé, entre le jardin du roi et l'escalier qui descend de la Cité de David. Plus loin, Néhémie, fils d'Azbouc et chef de la moitié du district de Beth-Sour, travaillait jusqu'aux abords du cimetière de David, jusqu'à l'étang artificiel et jusqu'à la caserne de la garde royale. Plus loin, le travail était fait par des lévites: par Rehoum, fils de Bani, par Hachabia, chef de la moitié du district de Quéila, pour son district, puis par Binnoui, fils de Hénadad et chef de l'autre moitié du district de Quéila, et par Ézer, fils de Yéchoua et chef de Mispa, qui réparait un secteur situé en face de la montée à l'arsenal, à l'endroit où la muraille s'avance en saillie. A côté de lui, Barouk, fils de Zabbaï, travaillait avec ardeur au secteur suivant, entre la saillie de la muraille et l'entrée de la maison du grand-prêtre Éliachib. Plus loin, Merémoth, fils d'Ouria et petit-fils de Haccos, travaillait au secteur situé entre l'entrée et l'extrémité de la maison d'Éliachib. Plus loin travaillaient les prêtres venus des environs de Jérusalem. Benjamin et Hachoub réparaient un secteur situé en face de leurs maisons, tandis qu'Azaria, fils de Maasséya et petit-fils d'Anania, travaillait à côté de sa maison. Binnoui, fils de Hénadad, travaillait au secteur suivant, entre la maison d'Azaria et l'angle en saillie de la muraille. Palal, fils d'Ouzaï, travaillait entre la saillie et la tour supérieure située en avant du palais royal, près de la cour de garde. Plus loin, Pedaya, fils de Paroch, et les employés subalternes du temple, qui habitaient le quartier de l'Ofel, travaillaient jusqu'à la tour en saillie située à l'est de la porte des Eaux. Les habitants de Técoa travaillaient au secteur suivant, entre l'endroit situé en face de la grande tour en saillie et le mur de l'Ofel. A partir de la porte des Chevaux, des prêtres travaillaient chacun à un secteur situé en face de sa maison. Plus loin, le travail fut fait par Sadoc, fils d'Immer, également en face de sa maison, par Chemaya, fils de Chekania et gardien de la porte de l'Est, par Hanania, fils de Chélémia, et par Hanoun, le sixième fils de Salaf, qui réparait le secteur suivant. A côté de lui, Mechoullam, fils de Bérékia, travaillait à un secteur situé en face de l'endroit où il habitait. Plus loin, l'orfèvre Malkia travaillait jusqu'à la maison réservée aux employés subalternes du temple et aux marchands, en face de la porte de Mifcad, et jusqu'au poste de guet situé à l'angle de la muraille. Les autres orfèvres et les marchands travaillaient au dernier secteur, situé entre le poste de guet et la porte des Brebis. Lorsque Saneballath apprit que nous, les Juifs, nous nous mettions à rebâtir la muraille, il laissa éclater son irritation et sa colère. Par ailleurs, il se moquait de nous, en déclarant devant ses compatriotes et les soldats de Samarie: «Qu'est-ce que ces Juifs minables essaient de faire? Vont-ils arriver au bout de leur entreprise et offrir des sacrifices à leur Dieu? Vont-ils achever aujourd'hui même leurs travaux de construction, en réutilisant des pierres arrachées aux tas de décombres incendiés?» Tobia l'Ammonite était à ses côtés; il s'exclama: «Quelle construction! Il suffirait qu'un renard grimpe sur leur mur de pierres pour le démolir!» «Seigneur notre Dieu, me suis-je alors écrié, entends comme nos ennemis se moquent de nous! Fais retomber sur eux le mépris dont ils nous accablent, livre-les au pillage et à la déportation dans un pays étranger! Ne pardonne pas leur péché, n'efface pas leur faute: ils nous ont insultés en face parce que nous rebâtissons la muraille.» C'est ainsi que nous avons travaillé à la reconstruction de la muraille; nous l'avons réparée jusqu'à mi-hauteur sur toute sa longueur, car chacun s'y était mis de tout son cœur. Mais quand Saneballath, Tobia, les Arabes, les Ammonites et les Asdodiens apprirent que la reconstruction des murailles de Jérusalem progressait, et que les brèches étaient en voie d'être refermées, ils laissèrent éclater leur colère et s'entendirent pour venir tous ensemble attaquer Jérusalem et y semer le désordre. Alors nous avons prié notre Dieu, et nous avons établi une surveillance de jour et de nuit pour prévenir toute attaque de leur part. Pourtant les hommes de Juda disaient: «Les travailleurs sont à bout de force, il y a trop de décombres. Jamais nous ne parviendrons à rebâtir ces murs!» Quant à nos ennemis, ils s'imaginaient que nous ne saurions ni ne verrions rien jusqu'à l'instant où ils fondraient sur nous, pour nous massacrer et mettre fin aux travaux. Les Juifs qui habitaient dans le voisinage de nos ennemis vinrent au moins dix fois nous avertir du danger. «Revenez chez nous!» disaient-ils. Je repérai donc des endroits abrités en contrebas, derrière la muraille, et j'y installai des soldats, groupés par clans et armés d'épées, de lances et d'arcs. Après avoir examiné les positions, je m'adressai aux notables, aux magistrats et à tous ceux qui étaient présents; je leur dis: «Ne craignez pas vos ennemis! Souvenez-vous que le Seigneur est grand et redoutable. Combattez pour vos frères, vos fils, vos filles, vos femmes et vos maisons.» Nos ennemis apprirent que nous étions renseignés et que Dieu avait ainsi fait échouer leur projet. Nous avons alors tous pu retourner à la muraille pour y reprendre notre ouvrage. Mais à partir de ce jour, la moitié seulement de mes collaborateurs participa aux travaux; les autres étaient équipés de lances, de boucliers, d'arcs et de cuirasses. Les chefs veillaient sur tous les gens de Juda occupés à la reconstruction de la muraille. Les porteurs de charge ne travaillaient que d'une main, car de l'autre ils tenaient une arme; les maçons avaient chacun une épée passée dans la ceinture pendant qu'ils réparaient la muraille. Un homme m'accompagnait, prêt à sonner de la trompette. Je dis aux notables, aux magistrats et à tous ceux qui étaient présents: «Il y a encore beaucoup de travail à faire, tout le long de la muraille. Or nous sommes répartis sur une grande distance et éloignés les uns des autres. Où que vous soyez, si vous entendez une sonnerie de trompette, rassemblez-vous auprès de moi. Et que notre Dieu combatte avec nous!» Nous étions ainsi au travail de l'aube à la nuit, la moitié d'entre nous tenant une lance à la main. Durant cette période j'ordonnai à chaque responsable de passer la nuit, avec son équipe de collaborateurs, à l'intérieur de Jérusalem, afin qu'ils puissent nous protéger durant la nuit et travailler le jour. Moi-même, mes proches, mes collaborateurs et les hommes de garde qui m'accompagnaient, nous ne retirions jamais nos vêtements, si ce n'est pour nous baigner. Un jour, des hommes et des femmes du peuple se plaignirent amèrement de certains compatriotes juifs. Les uns disaient: «Avec nos fils et nos filles, nous sommes nombreux. Nous aimerions obtenir du blé, afin de pouvoir manger et survivre.» D'autres disaient: «Nous devons donner nos champs, nos vignes et même nos maisons en garantie, lorsque nous désirons obtenir du blé pendant une période de famine.» D'autres encore disaient: «Pour payer les taxes dues au roi, nous sommes obligés d'emprunter de l'argent sur nos champs et nos vignes. Pourtant nous sommes tous de la même race! Nos enfants ne sont pas différents de ceux de nos compatriotes! Mais nous sommes contraints de les livrer à l'esclavage, certaines de nos filles y sont déjà réduites; nous ne pouvons pas faire autrement, car nos champs et nos vignes appartiennent déjà à nos créanciers.» Lorsque j'entendis ces propos et ces plaintes, j'en fus vivement indigné. Je pris la décision de reprocher aux notables et aux magistrats d'imposer des charges excessives à leurs compatriotes, et je les convoquai à une assemblée solennelle. Je leur déclarai: «Dans la mesure de nos moyens, nous avons racheté nos compatriotes juifs qui s'étaient vendus comme esclaves à des étrangers. Et maintenant, vous-mêmes, vous vendez vos propres compatriotes, et cela à des gens de notre peuple!» Ils ne trouvèrent rien à répondre et gardèrent le silence. Je repris: «Vous avez tort d'agir de cette façon! Ne devriez-vous pas vivre dans la crainte de notre Dieu pour éviter les outrages des autres peuples, nos ennemis? Moi aussi, j'ai prêté de l'argent et du blé, tout comme mes proches et mes collaborateurs. Renonçons donc à récupérer ce qui nous est dû. Aujourd'hui même, rendez à vos débiteurs leurs champs, leurs vignes, leurs oliviers et leurs maisons, et renoncez aux intérêts sur tout ce que vous leur avez prêté, argent, blé, vin ou huile.» – «Nous allons faire ce que tu nous proposes, répondirent-ils; nous rendrons ce que nous avons pris et nous ne leur réclamerons plus rien.» Alors je convoquai les prêtres, en présence desquels j'exigeai des créanciers qu'ils jurent de tenir leur promesse. Ensuite je secouai le pan de mon vêtement en déclarant: «Que Dieu secoue de la même manière tous ceux qui ne tiendront pas leur parole! Qu'il les prive de leur foyer et de leurs biens, pour qu'ils se retrouvent sans rien!» – « Amen! Qu'il en soit bien ainsi!» s'écria l'assemblée. Tous acclamèrent le Seigneur, et, par la suite, ils tinrent leur promesse. Depuis le jour où j'avais été désigné comme gouverneur des Juifs dans la province de Juda, soit pendant douze ans, de la vingtième à la trente-deuxième année du règne d'Artaxerxès, ni moi ni mes proches n'avons usé de notre droit de prélever l'impôt destiné au gouverneur. Mes prédécesseurs pressuraient le peuple, exigeant nourriture et vin, en plus de quarante pièces d'argent. Même les collaborateurs des gouverneurs opprimaient le peuple. Mais moi, par crainte de Dieu, je n'ai jamais agi ainsi. Au contraire, j'ai travaillé personnellement à la reconstruction de la muraille; je n'ai pas profité de ma situation pour acheter des terrains à bon compte, et mes collaborateurs, qui participaient aussi aux travaux sur la muraille, ne l'ont pas fait non plus. Pourtant je recevais à ma table cent cinquante magistrats juifs, à côté des hôtes qui nous venaient des nations voisines. Chaque jour on préparait, à mes frais, un bœuf, six moutons de choix et de la volaille, et tous les dix jours on me livrait de grandes quantités de vin. Malgré cela je n'ai pas réclamé ce qui était normalement dû au gouverneur, car les travaux constituaient déjà une lourde charge pour le peuple. «O mon Dieu, souviens-toi de tout ce que j'ai fait pour ce peuple, et accorde-moi ta faveur.» Saneballath, Tobia, Guéchem l'Arabe et nos autres ennemis apprirent que j'avais reconstruit la muraille de la ville et qu'il n'y avait plus de brèches. A ce moment-là, je n'avais pourtant pas encore mis en place les battants des portes. Alors Saneballath et Guéchem envoyèrent un messager m'inviter à une entrevue avec eux à Kefirim, dans la vallée d'Ono. Ils avaient l'intention de me faire du mal. Mais je leur fis répondre ceci: «J'ai encore beaucoup de travail à accomplir, il m'est impossible de me rendre auprès de vous. Si je partais d'ici pour vous rencontrer, le travail cesserait.» A quatre reprises ils m'envoyèrent la même invitation, et chaque fois je leur fis la même réponse. La cinquième fois Saneballath m'envoya un de ses collaborateurs, porteur d'une lettre ouverte qui disait: «Le bruit court parmi les non-Juifs, comme Guéchem me l'a rapporté, que toi et tes compatriotes, vous songez à vous révolter. C'est la raison pour laquelle tu rebâtis la muraille. Tu désires être leur roi, paraît-il; on dit même que tu as déjà désigné des prophètes pour proclamer à Jérusalem que tu es devenu roi de Juda. Le roi de Perse ne va pas tarder à apprendre tout cela. Alors viens t'en entretenir avec moi.» Je lui fis répondre: «Il n'y a rien d'exact dans ce que tu racontes! Ce n'est que pure invention de ta part.» En effet, ils essayaient tous de nous effrayer; ils espéraient que, découragés, nous cesserions le travail. «O Seigneur, fortifie-moi dans ma tâche!» Un jour, j'allai trouver Chemaya, fils de Delaya et petit-fils de Métabéel, car il n'avait pas pu venir chez moi. Il me dit: «Rencontrons-nous dans le temple de Dieu, à l'intérieur du sanctuaire, et fermons-en bien les portes, car tes adversaires vont venir, de nuit, pour te tuer.» – «Je ne suis pas homme à prendre la fuite! répondis-je. Et d'ailleurs un homme tel que moi pourrait-il pénétrer dans le sanctuaire et rester en vie? Non, je ne m'y rendrai pas!» J'avais bien compris qu'il ne me transmettait pas un message de Dieu, mais que Tobia et Saneballath l'avaient payé pour qu'il me parle ainsi. Pourquoi donc? Pour que j'aie peur, que je suive son conseil et que je commette un péché. Alors ils auraient pu compromettre ma réputation et me couvrir de honte. «O mon Dieu, souviens-toi de ce qu'ont fait Tobia et Saneballath, comme aussi la prophétesse Noadia et les autres prophètes qui ont cherché à m'effrayer.» La muraille fut achevée le vingt-cinquième jour du mois d'Éloul, après cinquante-deux jours de travail. Lorsque, dans les nations des alentours, nos ennemis l'apprirent, ils éprouvèrent de la crainte et se sentirent profondément humiliés. Ils durent reconnaître que cet ouvrage avait été réalisé avec l'aide de Dieu. Durant toute cette période, il y eut un important échange de correspondance entre les notables de Juda et Tobia. En effet, bon nombre de Juifs conspiraient avec lui, car il était le gendre d'un Juif, Chekania fils d'Ara, et son propre fils Yohanan avait épousé la fille de Mechoullam, fils de Bérékia. On faisait son éloge devant moi, et on lui rapportait mes propos. Tobia lui-même envoyait des lettres pour m'effrayer. Lorsque la muraille fut achevée et que les battants des portes eurent été remis en place, les portiers, les chanteurs et les lévites furent établis dans leurs fonctions. Je confiai l'administration de Jérusalem à mon frère Hanani, ainsi qu'à Hanania, commandant militaire de la forteresse, homme de confiance, bien plus fidèle à Dieu que beaucoup d'autres. Je leur dis: «On n'ouvrira pas les portes de la ville avant que le soleil soit haut dans le ciel, et le soir on les fermera et on les verrouillera avant que les portiers quittent leur travail. On instituera un tour de garde pour les habitants de Jérusalem, les uns occupant un poste et les autres surveillant les abords de leur maison.» Bien que la ville de Jérusalem s'étendît sur une vaste surface, la population était peu nombreuse; certaines maisons n'avaient pas encore été rebâties. Inspiré par mon Dieu, je rassemblai les notables, les magistrats et le reste du peuple pour en faire le recensement. Je consultai le livre contenant la liste de ceux qui, tout au début, étaient revenus d'exil, et j'y trouvai les indications suivantes: «Parmi les familles que le roi de Babylone, Nabucodonosor, avait emmenées en exil, nombreux furent ceux qui regagnèrent Jérusalem et le pays de Juda. Chacun retourna dans sa propre ville. Ils revinrent sous la conduite de Zorobabel, Yéchoua, Nehémia, Azaria, Raamia, Nahamani, Mordokaï, Bilechan, Mispéreth, Bigvaï, Nehoum et Baana. En voici la liste, avec le nombre des Israélites formant chaque groupe: 2 172 hommes du clan de Paroch; 372 hommes du clan de Chefatia; 652 hommes du clan d'Ara; 2 818 hommes du clan de Pahath-Moab, descendants de Yéchoua et de Yoab; 1 254 hommes du clan d'Élam; 845 hommes du clan de Zattou; 760 hommes du clan de Zakaï; 648 hommes du clan de Binnoui; 628 hommes du clan de Bébaï; 2 322 hommes du clan d'Azgad; 667 hommes du clan d'Adonicam; 2 067 hommes du clan de Bigvaï; 655 hommes du clan d'Adin; 98 hommes du clan d'Ater, descendants de Hizquia; 328 hommes du clan de Hachoum; 324 hommes du clan de Bessaï; 112 hommes du clan de Harif; 95 hommes du village de Gabaon; 188 hommes des villages de Bethléem et Netofa; 128 hommes du village d'Anatoth; 42 hommes du village de Beth-Azmaveth; 743 hommes des villages de Quiriath-Yéarim, Kefira et Beéroth; 621 hommes des villages de Rama et Guéba; 122 hommes du village de Mikmas; 123 hommes des villages de Béthel et Aï; 52 hommes de l'autre village de Nébo; 1 254 hommes du clan d'un autre Élam; 320 hommes du clan de Harim; 345 hommes de la ville de Jéricho; 721 hommes des villages de Lod, Hadid et Ono; 3 930 hommes de la ville de Senaa. Les groupes des prêtres comprenaient: 973 hommes du clan de Yedaya, descendants de Yéchoua; 1 052 hommes du clan d'Immer; 1 247 hommes du clan de Pachehour; 1 017 hommes du clan de Harim. Le groupe des lévites comprenait: 74 hommes des clans de Yéchoua, Cadmiel, Binnoui et Hodeva. Le groupe des chanteurs du temple comprenait: 148 hommes du clan d'Assaf. Le groupe des portiers comprenait: 138 hommes des clans de Challoum, Ater, Talmon, Accoub, Hatita et Chobaï. Le groupe des employés subalternes du temple comprenait les descendants de Siha, Hassoufa, Tabbaoth, Quéros, Sia, Padon, Lebana, Hagaba, Chalmaï, Hanan, Guiddel, Gahar, Réaya, Ressin, Necoda, Gazam, Ouza, Passéa, Bésaï, Meounim, Nefouchessim, Bacbouc, Hacoufa, Harour, Baslith, Méhida, Harcha, Barcos, Sisra, Téma, Nessia et Hatifa. Le groupe des descendants des serviteurs de Salomon comprenait les descendants de Sotaï, Soféreth, Perida, Yala, Darcon, Guiddel, Chefatia, Hattil, Pokéreth-Hassebaïm et Amon. Ensemble, les groupes des employés subalternes du temple et des descendants des serviteurs de Salomon comprenaient 392 hommes. «Les hommes qui revinrent d'exil de Tel-Méla, Tel-Harcha, Keroub-Addon et Immer, ne réussirent pas à fournir les renseignements nécessaires sur les familles de leurs ancêtres, pour prouver qu'ils étaient Israélites: ils étaient en tout 642 et descendaient de Delaya, Tobia et Necoda. «Certains prêtres se trouvèrent dans une situation analogue: c'étaient les descendants de Hobaya, Haccos et Barzillaï. – Ce dernier était appelé ainsi parce qu'il avait épousé une des filles de Barzillaï, de Galaad. – Ils avaient cherché sans succès les registres où leurs ancêtres étaient inscrits; on les considéra donc comme impurs et on leur interdit d'exercer un ministère de prêtres. Le gouverneur lui-même leur ordonna de ne pas manger des offrandes strictement réservées à Dieu jusqu'à ce qu'un prêtre puisse prendre une décision au moyen de l'Ourim et du Toummim. «Le nombre total des Israélites revenus d'exil s'élevait à 42 360 personnes. Ils avaient avec eux 7 337 serviteurs et servantes, 245 chanteurs et chanteuses, ainsi que 435 chameaux et 6 720 ânes. Quelques-uns des chefs de famille firent des dons pour la reconstruction du temple. Le gouverneur donna 1 000 pièces d'or, 50 bols à aspersion, 30 tuniques de prêtres et 250 kilos d'argent au profit du sanctuaire. Quant aux dons des chefs de famille, ils s'élevèrent à 20 000 pièces d'or et 1 100 kilos d'argent. Les autres Israélites donnèrent 20 000 pièces d'or, 1 000 kilos d'argent et 67 tuniques de prêtres. «Les prêtres, les lévites, les portiers, les chanteurs, certains laïcs, tels que les employés subalternes du temple, et tous les autres Israélites s'établirent dans leurs villes respectives.» Quand arriva le septième mois de l'année, tous les Israélites vinrent des villes où ils s'étaient installés. De l'aube à midi, Esdras se tint sur la place située devant la porte des Eaux, et il leur lut à haute voix le contenu du livre. Tous écoutaient attentivement cette lecture. Esdras était debout sur une estrade en bois, dressée pour la circonstance; il avait à sa droite Mattitia, Chéma, Anaya, Ouria, Hilquia et Maasséya, et à sa gauche Pedaya, Michaël, Malkia, Hachoum, Hachebadana, Zacharie et Mechoullam. Il était donc placé plus haut que l'assemblée; lorsqu'il ouvrit le livre, tout le monde le vit et se tint debout. Esdras remercia le Seigneur, le grand Dieu, et tous répondirent: « Amen! Amen!», en élevant les mains. Puis ils s'inclinèrent jusqu'à terre pour adorer le Seigneur. Ils se redressèrent, et les lévites Yéchoua, Bani, Chérébia, Yamin, Accoub, Chabbetaï, Hodia, Maasséya, Quelita, Azaria, Yozabad, Hanan et Pelaya commencèrent à leur enseigner la loi. Ils lisaient dans le livre de la loi de Dieu, de manière distincte et en donnant des explications, afin que chacun comprenne ce qui était lu. Toute l'assemblée se mit à pleurer en entendant cette lecture. C'est pourquoi Néhémie, le gouverneur, Esdras, le prêtre spécialiste de la loi, et les lévites qui expliquaient le texte, leur dirent: «Ce jour est consacré au Seigneur votre Dieu! Ce n'est pas le moment de vous affliger et de pleurer.» Esdras ajouta: «Rentrez chez vous, prenez un bon repas, buvez d'excellentes boissons, et partagez avec ceux qui n'ont rien de prêt, car ce jour est consacré à notre Seigneur. Ne soyez pas dans la tristesse! La joie qui vient du Seigneur vous donnera la force.» Les lévites eux aussi apaisaient le peuple en disant: «Calmez-vous! Ce jour est consacré à Dieu. Ne soyez pas dans la tristesse!» Alors tous rentrèrent chez eux pour manger et boire; ils partagèrent leur repas avec ceux qui n'avaient rien et se livrèrent à de grandes réjouissances. Ils avaient en effet compris le message qu'on leur avait communiqué. Le jour suivant, tous les chefs de famille israélites, les prêtres et les lévites se rassemblèrent autour d'Esdras, le spécialiste de la loi, pour étudier plus en détail les enseignements de la loi. Dans cette loi, que Dieu avait communiquée par l'intermédiaire de Moïse, ils trouvèrent le passage qui ordonne aux Israélites de vivre dans des huttes pendant la durée de la “fête des Huttes”, au septième mois: cette fête doit être annoncée par une proclamation publiée dans toutes les villes, y compris Jérusalem; la population est invitée à se rendre dans la montagne et à en ramener des branches d'oliviers cultivés et sauvages, de myrtes, de palmiers et d'arbres touffus pour s'en faire des huttes, comme cela est écrit. Alors les Israélites allèrent chercher des branchages pour se faire des huttes, les uns sur le toit en terrasse de leur maison, d'autres dans la cour de leur maison, d'autres encore dans les cours du temple, d'autres enfin sur la place de la porte des Eaux et sur celle de la porte d'Éfraïm. Tous ceux qui étaient rassemblés là, ceux qui étaient revenus d'exil, se construisirent des huttes et s'y installèrent. Ce fut l'occasion de très grandes réjouissances, car les Israélites n'avaient plus célébré cette fête depuis l'époque de Josué, fils de Noun. Chacun des jours de la fête, du premier au dernier, on lut un passage dans le livre de la loi de Dieu; la fête dura sept jours et se termina le huitième jour par une assemblée solennelle, selon la règle établie. Le vingt-quatrième jour du même mois, les Israélites se rassemblèrent pour un jeûne. Ils portaient des vêtements en étoffe grossière et avaient la tête couverte de terre. Ils se tinrent à l'écart des non-Juifs et confessèrent qu'ils avaient péché, eux et leurs ancêtres. Ensuite ils se relevèrent et écoutèrent debout, pendant trois heures, la lecture faite dans le livre de la loi du Seigneur leur Dieu; pendant trois autres heures, ils se tinrent inclinés devant le Seigneur Dieu, pour lui demander pardon. Sur l'estrade réservée aux lévites, Yéchoua, Bani, Cadmiel, Chebania, Bounni, Chérébia, Bani et Kenani se relevèrent et demandèrent à grands cris le secours du Seigneur leur Dieu. Puis les lévites Yéchoua, Cadmiel, Bani, Hachabnéya, Chérébia, Hodia, Chebania et Petahia s'écrièrent: «Debout! Remerciez le Seigneur votre Dieu, remerciez-le en tout temps!» «Seigneur, que chacun loue ton nom glorieux, dont la grandeur dépasse tout ce que l'on peut exprimer! C'est toi qui es le Seigneur, toi seul! Tu as fait le ciel immense et toutes les étoiles, la terre et tout ce qui s'y trouve, les mers et tout ce qu'elles contiennent; tu donnes la vie à chaque créature. Devant toi s'inclinent les puissances célestes. C'est toi, Seigneur Dieu, qui as choisi Abram. Tu lui as fait quitter Our en Chaldée, et tu lui as donné le nom d'Abraham. Tu as constaté sa fidélité envers toi; alors tu as conclu une alliance avec lui: tu as promis de donner à ses descendants le pays des Cananéens, des Hittites, des Amorites, des Perizites, des Jébusites et des Guirgachites. Tu as tenu ta promesse, car tu es fidèle aussi. Tu as vu, en Égypte, la souffrance de nos ancêtres; tu les as entendus appeler à l'aide sur le bord de la mer des Roseaux. Tu as réalisé des prodiges extraordinaires dirigés contre le roi d'Égypte, contre les gens de son entourage et toute la population de son pays, car tu connaissais l'orgueil des Égyptiens à l'égard de nos ancêtres. Grande fut alors ta renommée, elle subsiste encore aujourd'hui. Tu as fendu la mer devant les Israélites pour qu'ils la traversent à pied sec. Tu as jeté dans l'abîme ceux qui les poursuivaient, ils ont coulé comme une pierre dans l'eau profonde. Le jour tu as conduit ton peuple par une colonne de fumée, et la nuit par une colonne de feu qui éclairait leur chemin. Du ciel tu es descendu pour leur parler sur le mont Sinaï: tu leur as communiqué des règles justes, des enseignements véridiques, des lois et des commandements parfaits. Par l'intermédiaire de Moïse, ton serviteur, tu leur as fait connaître le sabbat, le jour qui t'est consacré, et tu leur as enseigné les autres commandements de la loi. Tu leur as donné le pain du ciel pour calmer leur faim, tu as fait jaillir de l'eau d'un rocher pour apaiser leur soif. Tu les as envoyés conquérir le pays que tu avais juré de leur donner. Mais nos ancêtres, pleins d'orgueil, se sont montrés rebelles, ils n'ont pas écouté tes commandements. Ils ont refusé d'obéir, ils ont oublié les merveilles que tu avais réalisées en leur faveur; ils se sont entêtés, ils ont décidé de retourner à leur esclavage en Égypte. Mais toi, tu ne les as pas abandonnés, car tu es un Dieu qui pardonne, un Dieu bienveillant et compatissant, patient et d'une immense bonté. Ils se sont fait un veau en métal fondu et se sont écriés: “Voici notre dieu, qui nous a fait sortir d'Égypte!”, leur conduite a été ignoble; même alors, toi, dans ton amour infini, tu ne les as pas abandonnés dans le désert: la colonne de fumée qui leur montrait la route pendant le jour ne s'est pas éloignée d'eux, ni la colonne de feu qui éclairait leur chemin pendant la nuit. Dans ta bonté, tu leur as donné ton Esprit pour les rendre intelligents. Sans cesse tu leur as prodigué de la manne pour les nourrir, et de l'eau pour apaiser leur soif. Durant quarante ans tu as pris soin d'eux, dans le désert, ils n'ont manqué de rien. Leurs vêtements ne se sont pas usés, leurs pieds n'ont pas enflé. Tu as livré en leur pouvoir des nations et des royaumes: ils ont occupé des territoires voisins, le pays de Sihon, roi de Hèchebon, et le pays d'Og, roi du Bachan. Tu leur as accordé des descendants aussi nombreux que les étoiles dans le ciel. Tu les as conduits dans le pays de Canaan, que tu avais dit à leurs ancêtres d'aller conquérir. Ils y sont entrés, ils en ont pris possession, tu as obligé les Cananéens à céder devant eux et à se soumettre à leur pouvoir. Ton peuple a pu traiter comme il voulait les rois et les nations de cette région. Ils ont pris des villes fortifiées, des terres fertiles, des maisons pleines de richesses, des puits déjà creusés, des vignes et des oliviers, et des arbres fruitiers en quantité. Grâce à ta grande bonté, ils ont mangé à leur faim, ils se sont rassasiés largement, ils ont vécu dans les délices. Pourtant ils ont été indociles, ils se sont révoltés contre toi, ils ont tourné le dos à ta loi; ils ont assassiné tes prophètes, qui les pressaient de revenir à toi; leur conduite a été ignoble. Alors tu les as livrés au pouvoir d'ennemis qui les opprimèrent. Au temps de la détresse, ils ont crié vers toi, et toi, du ciel, tu les as entendus; dans ton amour infini, tu leur as envoyé des hommes qui les ont arrachés à la domination de leurs ennemis. Mais sitôt délivrés de l'oppression, ils recommençaient à pécher contre toi, et tu les abandonnais de nouveau aux griffes de leurs adversaires. Alors ils se remettaient à crier vers toi, et toi, du ciel, tu les entendais; dans ton amour, tu les as sauvés à de nombreuses reprises. Tu les as pressés de revenir à ta loi, mais eux, pleins d'orgueil, n'ont pas écouté tes commandements; ils ont désobéi à tes règles, et pourtant elles donnent la vie à ceux qui les mettent en pratique. Ils se sont montrés obstinés et rebelles, ils ont absolument refusé de t'écouter. De longues années, tu les as supportés; tes prophètes, animés de ton Esprit, les interpellaient de ta part, mais ils n'ont pas écouté. Alors tu les as livrés au pouvoir de peuples étrangers. Pourtant, dans ton amour infini, tu ne les as pas exterminés; tu ne les as pas abandonnés, car tu es un Dieu bienveillant et compatissant. Toi, notre Dieu, tu es grand, puissant et redoutable, tu maintiens fidèlement l'alliance conclue avec nous. Veuille tenir compte des difficultés rencontrées par ton peuple, nos rois et nos chefs, nos prêtres et nos prophètes, nos ancêtres et nous-mêmes, depuis l'époque des rois d'Assyrie jusqu'à ce jour. Dans tout ce qui nous est arrivé, tu as agi avec justice et fidélité, alors que nous étions infidèles. Nos rois et nos chefs, nos prêtres et nos ancêtres n'ont pas respecté ta loi; ils ont négligé tes commandements et les avertissements que tu leur adressais. Comblés de tes bienfaits dans leur propre royaume, installés par tes soins dans un pays vaste et fertile, ils n'ont pas renoncé à mal agir pour te servir. Aujourd'hui, nous voici esclaves! Nous le sommes dans le pays que tu as donné à nos ancêtres, pour qu'ils jouissent de ses meilleures récoltes. Ce pays produit des biens en abondance pour les rois auxquels tu nous as soumis à cause de nos péchés. Ils disposent de nous et de notre bétail selon leur bon plaisir. Nous sommes dans une profonde détresse!» A cause de tout ce qui nous est arrivé, à nous, les Israélites, nous avons pris un engagement ferme que nous avons mis par écrit. Nos chefs, nos lévites et nos prêtres ont apposé leur signature sur le document cacheté. Voici la liste des signataires: – Néhémie, fils de Hakalia, gouverneur. – Sidequia, Seraya, Azaria, Irméya, Pachehour, Amaria, Malkia, Hattouch, Chebania, Mallouk, Harim, Merémoth, Obadia, Daniel, Guineton, Barouk, Mechoullam, Abia, Miamin, Maazia, Bilgaï et Chemaya, tous prêtres. – A eux se sont joints tous les autres citoyens, prêtres, lévites, portiers, chanteurs, employés subalternes du temple, et nous tous qui nous sommes tenus à l'écart des gens restés dans le pays durant l'exil et qui sommes demeurés fidèles à la loi de Dieu, de même que nos femmes et tous nos enfants, garçons et filles, en âge de comprendre. Avec nos éminents compatriotes, nous avons solennellement juré d'obéir à la loi que Dieu nous a transmise par l'intermédiaire de son serviteur Moïse, et d'observer attentivement tous les commandements, règles et prescriptions du Seigneur notre Dieu. Nous ne donnerons pas nos filles en mariage à ceux qui sont restés dans le pays durant l'exil, et nous ne choisirons pas dans cette population des femmes pour nos fils. Si, le jour du sabbat ou un jour de fête, ces gens apportent du blé ou d'autres marchandises à vendre, nous ne leur achèterons rien. Tous les sept ans, nous laisserons le sol en repos et nous renoncerons à exiger le remboursement des dettes. Nous nous donnons pour règle de verser chaque année une pièce d'argent de quatre grammes destinée au service du temple de notre Dieu: cette contribution servira à procurer les pains offerts à Dieu, les sacrifices complets et les offrandes végétales de chaque jour, les sacrifices qu'on offre le jour du sabbat, le jour de la nouvelle lune ou les autres jours de fête, les autres offrandes consacrées à Dieu, et les sacrifices offerts par Israël pour obtenir le pardon; elle servira enfin à assurer tous les travaux d'entretien du temple de notre Dieu. Nous, les prêtres, les lévites et les laïcs, nous avons tiré au sort pour répartir entre nos familles respectives les périodes où nous aurons à fournir les offrandes de bois pour le temple de notre Dieu; chaque année, comme le prescrit la loi, nous apporterons le bois nécessaire pour brûler les sacrifices sur l'autel du Seigneur notre Dieu. Chaque année aussi, nous apporterons au temple les premiers produits du sol et les premiers fruits de nos arbres; nous y présenterons nos fils premiers-nés et les premiers petits de notre bétail, comme le prescrit la loi. Nous amènerons les premiers-nés de nos troupeaux de bœufs, de moutons et de chèvres au temple de notre Dieu, et nous les remettrons aux prêtres qui assurent le service du temple. Nous remettrons également à ceux-ci une part de notre meilleure farine, de même que nos offrandes de fruits, de vin nouveau et d'huile, que nous déposerons dans les locaux annexes du temple. Aux lévites reviendra la dixième partie de ce que produiront nos terres. Les lévites iront personnellement prélever cette dîme dans les localités où nous travaillerons. Un prêtre, un descendant d'Aaron, accompagnera les lévites au moment où ils prélèveront la dîme. Les lévites apporteront le dixième de la dîme au temple, dans les locaux annexes du trésor. Les Israélites et les lévites apporteront leurs offrandes de blé, de vin nouveau et d'huile dans ces locaux annexes où se trouve le matériel du sanctuaire, et où se tiennent les prêtres de service, les portiers et les chanteurs. Ainsi nous ne délaisserons pas le temple de notre Dieu. Les chefs du peuple s'installèrent à Jérusalem. Dans le reste de la population, on désigna par le sort un citoyen sur dix pour qu'il aille habiter Jérusalem, la ville sainte, tandis que les neuf autres pouvaient demeurer dans les diverses localités du pays. On fut particulièrement reconnaissant envers ceux qui s'offrirent spontanément pour aller habiter Jérusalem. Les chefs de la province habitèrent Jérusalem, alors que les autres Israélites, prêtres, lévites, employés subalternes du temple et descendants des serviteurs de Salomon, demeuraient dans leurs localités respectives, chacun dans sa propriété. Toutefois un certain nombre de gens de Juda et de Benjamin s'installèrent à Jérusalem. Parmi les gens de Juda, il y avait: Ataya, du clan de Pérès, descendant de Malaléel par Chefatia, Amaria, Zacharie et Ouzia, ainsi que Maasséya, descendant de Chiloni par Zacharie, Yoyarib, Adaya, Hazaya, Kol-Hozé et Barouk. Au total, on comptait parmi les habitants de Jérusalem 468 hommes de valeur du clan de Pérès. Parmi les gens de Benjamin, il y avait: Sallou, descendant de Yechaya par Itiel, Maasséya, Colaya, Pedaya, Yoëd et Mechoullam, ainsi que Gabbaï et Sallaï; au total 928 Benjaminites. Joël, fils de Zikri, était le responsable de ce groupe, et Yehouda, fils de Hassenoua, était l'adjoint du chef de la ville. Parmi les prêtres, il y avait: Yedaya, fils de Yoyarib, Yakin, Seraya, descendant du grand-prêtre Ahitoub par Merayoth, Sadoc, Mechoullam et Hilquia, ainsi que 822 membres de leur clan, chargés des travaux dans le temple de Dieu; Adaya, descendant de Malkia par Pachehour, Zacharie, Amsi, Pelalia et Yeroam, avec 242 chefs de famille, membres de son clan; Amachesaï, descendant d'Immer par Mechillémoth, Azaï et Azarel, avec 128 soldats valeureux, membres de son clan. Le responsable de ce groupe était Zabdiel, fils de Haguedolim. Parmi les lévites, il y avait: Chemaya, descendant de Bounni par Hachabia, Azricam et Hachoub, ainsi que les chefs lévitiques Chabbetaï et Yozabad, chargés des travaux extérieurs du temple de Dieu; Mattania, descendant d'Assaf par Zabdi et Mika, chargé d'entonner les chants de louange à l'heure de la prière; Bacbouquia, un des frères de Mattania, chargé de le seconder; Abda, descendant de Yedoutoun par Galal et Chammoua. Au total, on comptait 284 lévites dans la ville sainte. Il y avait les portiers Accoub et Talmon, chargés avec les hommes de leur clan de la surveillance des portes; au total 172 personnes. Les autres Israélites, y compris les prêtres et les lévites, résidaient dans les autres localités de Juda, chacun dans sa propriété. Les employés subalternes du temple résidaient dans le quartier de Jérusalem appelé l'Ofel; ils étaient placés sous l'autorité de Siha et Guichepa. Le responsable des lévites de Jérusalem était Ouzi, descendant de Mika par Mattania, Hachabia et Bani; il était membre du clan d'Assaf, le clan responsable des activités musicales dans le temple de Dieu. Les musiciens étaient soumis à un règlement royal et à des dispositions fixant leurs tâches quotidiennes. Petahia, fils de Mechézabel, du clan de Zéra fils de Juda, représentait le peuple d'Israël à la cour royale de Perse. Certaines familles de la tribu de Juda habitaient les localités disséminées dans la campagne: Quiriath-Arba et les villages voisins, Dibon et les villages voisins, Yecabséel et les localités voisines, Yéchoua, Molada, Beth-Péleth, Hassar-Choual, Berchéba et les villages voisins, Siclag, Mekona et les villages voisins, En-Rimmon, Sora, Yarmouth, Zanoa, Adoullam et les localités voisines, Lakich et les environs, Azéca et les villages voisins. Ils se trouvaient donc installés entre Berchéba au sud, et la vallée de Hinnom au nord. Les familles de la tribu de Benjamin habitaient Guéba, Mikmas, Aya, Béthel et les villages voisins, Anatoth, Nob, Anania, Hassor, Rama, Guittaïm, Hadid, Seboïm, Neballath, Lod, Ono et la vallée des Artisans. Certains groupes de lévites émigrèrent de Juda en Benjamin. Voici la liste des prêtres et des lévites qui revinrent d'exil avec Zorobabel, fils de Chéaltiel, et avec Yéchoua. C'étaient Seraya, Irméya, Ezra, Amaria, Mallouk, Hattouch, Chekania, Rehoum, Merémoth, Iddo, Guinetoï, Abia, Miamin, Maadia, Bilga, Chemaya, Yoyarib, Yedaya, Sallou, Amoc, Hilquia et Yedaya. A l'époque de Yéchoua, tous ceux-ci étaient des chefs de familles sacerdotales et lévitiques. Parmi les lévites, il y avait Yéchoua, Binnoui, Cadmiel, Chérébia, Yehouda et Mattania. Mattania et les hommes de sa famille entonnaient les chants de louange, auxquels répondaient les lévites Bacbouquia et Ounni, placés en face d'eux pour le service. Yéchoua fut le père de Yoyaquim, Yoyaquim celui d'Éliachib, Éliachib de Yoyada, Yoyada de Yonatan, et Yonatan de Yaddoua. A l'époque où Yoyaquim était grand-prêtre, les chefs de familles sacerdotales étaient: Meraya pour la famille de Seraya, Hanania pour celle d'Irméya, Mechoullam pour celle d'Ezra, Yohanan pour celle d'Amaria, Yonatan pour celle de Melikou, Joseph pour celle de Chebania, Adna pour celle de Harim, Helcaï pour celle de Merayoth, Zacharie pour celle d'Iddo, Mechoullam pour celle de Guineton, Zikri pour celle d'Abia,… pour celle de Miniamin, Piltaï pour celle de Moadia, Chammoua pour celle de Bilga, Yonatan pour celle de Chemaya, Mattenaï pour celle de Yoyarib, Ouzi pour celle de Yedaya, Callaï pour celle de Sallaï, Éber pour celle d'Amoc, Hachabia pour celle de Hilquia, et Netanéel pour celle de Yedaya. A l'époque où Éliachib, puis Yoyada, Yohanan et enfin Yaddoua étaient grands-prêtres, on inscrivit dans des registres les noms des lévites qui étaient chefs de famille; on procéda de même pour les prêtres jusqu'au règne de Darius, roi de Perse. Les noms des chefs de familles lévitiques figuraient aussi dans le livre relatant les événements importants, mais cela seulement jusqu'à l'époque de Yohanan, petit-fils d'Éliachib. Les chefs lévitiques Hachabia, Chérébia et Yéchoua, fils de Cadmiel, se tenaient en face des autres lévites pour acclamer et louer Dieu, lorsque c'était leur tour de service; ils se conformaient ainsi aux instructions de David, l'homme de Dieu. Les portiers Mattania, Bacbouquia, Obadia, Mechoullam, Talmon et Accoub avaient pour tâche de surveiller les entrepôts situés près des portes du temple. Ils accomplissaient leur service à l'époque de Yoyaquim, fils de Yéchoua et petit-fils de Yossadac, et à l'époque de Néhémie le gouverneur, et d'Esdras, le prêtre spécialiste de la loi. Lorsqu'on eut fini de rebâtir la muraille de Jérusalem, on fit venir les lévites de tous les endroits où ils habitaient pour célébrer à Jérusalem une joyeuse fête de dédicace, avec des chants de louange accompagnés par des cymbales, des harpes et des lyres. Les prêtres et les lévites se purifièrent. Ils invitèrent tout le peuple à se purifier aussi, puis ils accomplirent la purification des portes et des murailles de la ville. Je fis monter les chefs de Juda sur la muraille. Je formai deux grandes chorales. La première partit vers la droite et avança sur la muraille en direction de la porte du Fumier. Derrière les choristes marchaient Hochaya et la moitié des chefs de Juda, puis Azaria, Ezra, Mechoullam, Yehouda, Benjamin, Chemaya et Irméya. Ensuite venaient des prêtres porteurs de trompettes. Zacharie, descendant d'Assaf par Zakour, Mikaya, Mattania, Chemaya et Yonatan, et ses compagnons Chemaya, Azarel, Milalaï, Guilalaï, Maaï, Netanéel, Yehouda et Hanani suivaient; ils portaient des instruments de musique que David, l'homme de Dieu, avait fait fabriquer. Esdras, le spécialiste de la loi, était à la tête de ce groupe. Arrivés à la porte de la Source, ils se trouvèrent devant la montée de la Cité de David; ils la gravirent sur le mur même, d'où ils dominaient le palais de David, puis ils continuèrent jusqu'à la porte des Eaux, sur le côté oriental de la ville. La seconde chorale partit vers la gauche. Je la suivis, sur la muraille, accompagné de l'autre moitié de la foule. Nous sommes passés près de la tour des Fourneaux, puis par l'endroit où la muraille s'élargit; nous avons continué au-dessus de la porte d'Éfraïm, de la porte de Yechana et de la porte des Poissons; après la tour de Hananéel et la tour des Cent, nous avons dépassé la porte des Brebis pour atteindre la porte de la Garde. Les deux chorales s'arrêtèrent au temple de Dieu. Je m'arrêtai également, tout comme ceux des magistrats qui m'accompagnaient. Les prêtres Éliaquim, Maasséya, Miniamin, Mikaya, Éliohénaï, Zacharie et Hanania jouaient de la trompette. Il y avait aussi Maasséya, Chemaya, Élazar, Ouzi, Yohanan, Malkia, Élam et Ézer. Les chanteurs se firent entendre, sous la direction d'Izrahia. Ce jour-là, on offrit de nombreux sacrifices dans une ambiance de fête. Dieu avait en effet rempli son peuple d'une grande joie. A Jérusalem, les femmes et les enfants étaient si heureux que le bruit des réjouissances s'entendait au loin. A cette même époque, on chargea des hommes de veiller sur les locaux où étaient entreposées les offrandes de premiers fruits, ainsi que la dîme ou dixième partie des produits de la terre. Ces hommes devaient y recueillir les parts de récolte que la loi attribue aux prêtres et aux lévites, et qui proviennent des champs cultivés entourant les villes. Tous les gens de Juda étaient satisfaits du travail accompli par les prêtres et les lévites, qui s'occupaient du service de leur Dieu et effectuaient les purifications rituelles. Les chanteurs et les portiers, eux aussi, se conformaient aux instructions du roi David et de son fils Salomon. En effet, depuis l'époque lointaine de David et du chantre Assaf, des chefs de chorale dirigeaient les chants d'acclamation et de louange adressés à Dieu. A l'époque de Zorobabel, comme à celle de Néhémie, les Israélites donnaient chaque jour aux chanteurs et aux portiers ce qui leur était dû. Ils remettaient également les offrandes consacrées aux lévites, et les lévites transmettaient aux prêtres, descendants d'Aaron, la part qui leur revenait. A cette même époque, au cours de la lecture publique du livre de Moïse, on arriva au passage où il est écrit que les Ammonites et les Moabites ne seraient jamais admis dans l'assemblée de ceux qui adorent Dieu. En effet, autrefois, ils n'ont pas accueilli les Israélites en leur offrant à manger et à boire; les Moabites ont même payé Balaam pour qu'il vienne maudire Israël, mais notre Dieu a changé la malédiction en bénédiction. Lorsque les Israélites entendirent la lecture de cette interdiction, ils décidèrent d'exclure de leur communauté tous les étrangers. Quelque temps avant, le prêtre Éliachib avait été désigné pour s'occuper des locaux annexes du temple de notre Dieu. Comme il était proche parent de Tobia, il mit à sa disposition une grande pièce dans laquelle on avait entreposé jusqu'alors les offrandes végétales, l'encens et les ustensiles du temple, ainsi que les parts dues aux prêtres, et la dîme du blé, du vin nouveau et de l'huile, réservée aux lévites, aux chanteurs et aux portiers. Au moment de ces événements, je n'étais pas à Jérusalem: je m'étais rendu auprès d'Artaxerxès, le roi de Babylone, pendant la trente-deuxième année de son règne. Après quelque temps, et avec l'autorisation du roi, je regagnai Jérusalem. Je me rendis compte du mal qu'Éliachib avait fait en offrant à Tobia une pièce donnant sur la cour du temple. J'en fus très irrité et je fis jeter hors de la pièce tout ce qui appartenait à Tobia. Puis, sur mon ordre, on nettoya soigneusement les chambres pour y déposer de nouveau les ustensiles du temple, les offrandes et l'encens. J'appris aussi que les lévites ne recevaient pas ce qui leur était dû. C'est pourquoi, au lieu d'accomplir leur service, chacun d'eux s'était retiré sur ses terres. Les chanteurs avaient fait de même. Je reprochai alors aux magistrats d'avoir permis que le temple de Dieu soit délaissé. Puis je rassemblai les lévites et les chanteurs et je leur fis reprendre le travail. Les Juifs recommencèrent à apporter la dîme du blé, du vin nouveau et de l'huile dans les locaux prévus à cet effet. Je désignai, pour veiller sur ces locaux, le prêtre Chélémia, le secrétaire Sadoc et le lévite Pedaya, secondés par Hanan, fils de Zakour et petit-fils de Mattania; ils étaient tous considérés comme des hommes de confiance. Ils avaient pour tâche de partager les offrandes entre leurs compagnons. «O mon Dieu, souviens-toi de tout ce que j'ai fait! N'oublie pas la fidélité avec laquelle j'ai travaillé pour le temple et pour le culte.» A cette même époque je vis, dans le pays de Juda, des gens qui foulaient du raisin dans les pressoirs durant le jour du sabbat. D'autres transportaient du blé, chargeaient sur des ânes du vin, du raisin, des figues et toute sorte d'autres choses, pour les introduire à Jérusalem. Je leur donnai un avertissement, le jour où ils vendaient leur marchandise. De plus, les Tyriens installés à Jérusalem faisaient venir du poisson et d'autres denrées pour les vendre, le jour du sabbat, aux gens de Jérusalem et de Juda. J'adressai des reproches aux notables de Juda: «Vous rendez-vous compte du mal que vous faites? leur dis-je. Vous ne respectez pas le caractère sacré du sabbat. Vos ancêtres ont agi ainsi, et c'est bien pourquoi notre Dieu nous a infligé de tels malheurs, à nous et à notre ville. Et vous, par votre manque de respect à l'égard du sabbat, vous ne faites que ranimer la colère de Dieu contre Israël!» Dès lors, j'ordonnai qu'on ferme les portes de Jérusalem à la tombée de la nuit, avant le début du sabbat, et qu'on ne les rouvre pas avant la fin du sabbat. Je plaçai quelques-uns de mes collaborateurs à proximité, pour veiller à ce qu'aucune marchandise ne pénètre dans la ville durant le sabbat. Une fois ou deux, des vendeurs de toute espèce de marchandises s'installèrent sous les murs de Jérusalem. Je leur donnai un avertissement en ces termes: «Pourquoi vous installez-vous devant les murs de la ville? Si vous recommencez, je vous ferai arrêter.» A partir de ce moment, ils ne vinrent plus pendant le sabbat. Alors j'ordonnai aux lévites de se purifier et d'aller surveiller les portes de la ville, afin qu'on respecte le caractère sacré du sabbat. «O mon Dieu, souviens-toi de moi, aussi à cause de cela. Toi qui es si bon, aie pitié de moi!» A cette époque-là encore, je constatai que des Juifs avaient épousé des femmes asdodiennes, ammonites ou moabites. La moitié de leurs enfants parlaient la langue d'Asdod, d'autres parlaient la langue de tel ou tel peuple étranger, mais plus aucun d'eux ne savait parler la langue des Juifs. Je leur adressai des reproches et des malédictions; je frappai même quelques hommes et leur arrachai les cheveux. Puis je leur fis jurer au nom de Dieu de ne plus donner leurs filles en mariage à des étrangers, ni de prendre des femmes étrangères pour leurs fils ou pour eux-mêmes. «N'est-ce pas cela qui a conduit Salomon, le roi d'Israël, à pécher? leur demandai-je. Dans tous les peuples étrangers, il n'y a pas eu de roi comme lui; il était aimé de Dieu, et Dieu l'avait établi roi sur tout Israël. Pourtant même lui fut entraîné dans le péché par des femmes étrangères. Nous ne voulons plus entendre dire que vous commettez à l'égard de notre Dieu la grave infidélité d'épouser des femmes étrangères.» L'un des fils de Yoyada, un petit-fils du grand-prêtre Éliachib, était gendre de Saneballath le Horonite. C'est pourquoi je l'expulsai de Jérusalem. «O mon Dieu, n'oublie jamais le déshonneur qui a été infligé ainsi à la fonction de prêtre et au pacte conclu par toi avec les prêtres et les lévites.» Je purifiai le peuple de tout élément étranger, et je remis en vigueur les règlements définissant la tâche particulière de chacun des prêtres et des lévites. Je rétablis également les offrandes de bois à fournir aux dates fixées, et les offrandes des premiers produits de la terre. «O mon Dieu, souviens-toi de moi et traite-moi avec bonté!» L'histoire rapportée ici est arrivée au temps du roi Xerxès, celui qui régna sur cent vingt-sept provinces, de l'Inde jusqu'à l'Éthiopie. Il leur montra les richesses magnifiques et le luxe éclatant qui faisaient la gloire de son règne. Les festivités durèrent très longtemps, six mois au total. A la fin de cette période, le roi offrit également un banquet aux gens de toutes conditions, riches ou pauvres, qui se trouvaient dans la citadelle de Suse. Cette fête se déroula pendant une semaine dans les jardins du palais. Des tentures de lin blanc ou violet étaient suspendues par des cordelettes blanches et rouges à des anneaux d'argent fixés sur des colonnes de marbre. On avait placé des divans d'or et d'argent sur le sol recouvert d'une mosaïque de dalles jaunes, blanches, nacrées et noires. Les boissons étaient servies dans des coupes d'or, de différentes formes. Le vin coulait à flot et était offert avec une générosité toute royale. Chacun pouvait boire sans contrainte, car le roi avait ordonné à tous les serviteurs du palais de satisfaire les désirs de ses hôtes. De son côté, la reine Vasti avait organisé un banquet pour les femmes à l'intérieur du palais de Xerxès. Le septième jour du banquet, le roi Xerxès était égayé par le vin. Il appela les sept eunuques spécialement attachés à son service: Mehouman, Bizta, Harbona, Bigta, Abagta, Zétar et Karkas. Il leur ordonna de lui amener la reine Vasti portant la couronne royale. Il désirait montrer à ses hauts fonctionnaires et aux autres gens présents combien la reine était belle. Elle était en effet d'une beauté remarquable. Les eunuques transmirent l'ordre du roi à la reine, mais celle-ci refusa de venir. Le roi fut saisi d'une violente colère. Il consulta ses experts, car les affaires royales étaient toujours réglées avec l'aide des spécialistes du droit et des usages. Parmi ces conseillers les plus proches du roi se trouvaient Karchena, Chétar, Admata, Tarsis, Mérès, Marsena et Memoukan, sept hauts fonctionnaires de Perse et de Médie; ils avaient la confiance du roi et occupaient les postes les plus élevés de l'empire. Le roi leur dit: «Moi, le roi, j'ai envoyé mes eunuques donner un ordre à la reine Vasti et elle n'y a pas obéi. D'après la loi, quelle peine faut-il lui appliquer?» Memoukan déclara alors au roi et à ses hauts fonctionnaires: «La reine Vasti a fort mal agi non seulement à l'égard du roi, mais aussi à l'égard de ses hauts fonctionnaires et même de tous les hommes qui vivent dans les différentes provinces de l'empire. En effet, toutes les femmes vont apprendre le comportement de la reine et elles se mettront à mépriser l'autorité de leurs maris. Elles se justifieront en disant: “Le roi avait ordonné qu'on lui amène la reine Vasti et celle-ci a refusé de venir!” Aujourd'hui même, les épouses des hauts fonctionnaires de Perse et de Médie vont être au courant de la conduite de la reine, elles se permettront de répliquer à leurs maris et le mépris des femmes suscitera la colère des hommes. Si sa Majesté le roi le juge bon, qu'il veuille promulguer un décret interdisant pour toujours à Vasti de se présenter devant lui et attribuant le titre de reine à une femme qui en sera plus digne qu'elle. Ce décret royal devra figurer parmi les lois de Perse et de Médie qu'on ne peut pas annuler. Lorsque cette décision sera connue dans toutes les parties de l'immense empire, chaque femme aura des égards pour son mari, qu'il soit important ou modeste.» L'idée plut au roi et à ses hauts fonctionnaires, et le roi suivit le conseil de Memoukan. Il fit envoyer dans toutes les provinces des lettres rédigées selon le système d'écriture et dans la langue des peuples qui y vivaient. Elles disaient que tout homme doit être maître dans sa maison et y imposer l'usage de sa langue maternelle. Quelque temps après, lorsque la colère du roi Xerxès se fut calmée, il réfléchit à ce que Vasti avait fait et à la décision prise contre elle. Les hommes attachés à son service lui dirent: «On devrait rechercher pour sa Majesté des jeunes filles vierges et remarquables par leur beauté. Nomme donc dans toutes les provinces de l'empire des fonctionnaires chargés d'amener les jeunes filles spécialement belles au harem royal de la citadelle de Suse. Hégué, l'eunuque responsable du harem, en prendra soin et leur fournira des produits de beauté. La jeune fille qui aura ta préférence deviendra reine à la place de Vasti.» La proposition plut au roi et il l'accepta. Un Juif nommé Mardochée vivait dans la citadelle de Suse. Il était fils de Yaïr, descendant de Chiméi et de Quich et originaire de la tribu de Benjamin. Il faisait partie du groupe de déportés que Nabucodonosor, roi de Babylone, avait emmenés en exil de Jérusalem en même temps que Yekonia, roi de Juda. Mardochée avait adopté sa cousine Hadassa, qu'on appelait Esther. La jeune fille avait perdu ses parents et, depuis leur mort, Mardochée l'élevait. Son corps était splendide et sa beauté remarquable. Lorsque le décret royal fut publié, de nombreuses jeunes filles furent rassemblées à la citadelle de Suse. Esther se trouvait parmi elles; elle fut conduite comme les autres au palais royal et placée sous l'autorité de Hégué, le responsable du harem. Elle plut beaucoup à celui-ci et gagna sa faveur. Il s'empressa de lui fournir tout ce qui était nécessaire à ses soins de beauté et à son entretien. Il lui procura sept servantes choisies dans le personnel du palais, et l'installa avec elles dans le meilleur appartement du harem. Esther n'avait pas révélé son origine juive, car Mardochée le lui avait interdit. De son côté, Mardochée se promenait tous les jours devant la cour du harem pour se renseigner sur la santé d'Esther et savoir ce qui allait lui arriver. Les jeunes filles du harem devaient suivre pendant une année le traitement de beauté prescrit aux femmes: les six premiers mois elles étaient massées avec de l'huile de myrrhe et les six mois suivants avec des baumes parfumés et d'autres produits de beauté féminins. Ensuite chaque jeune fille avait son tour pour se rendre auprès du roi Xerxès. Lorsqu'elle allait du harem au palais royal, on lui donnait tout ce qu'elle désirait prendre avec elle. Elle se présentait chez le roi le soir, et le lendemain matin elle était conduite dans un second harem dirigé par Chaachgaz, l'eunuque responsable des épouses royales de second rang. Elle ne retournait plus chez le roi sauf si celui-ci en manifestait le désir et la faisait nommément appeler. Un jour, ce fut le tour d'Esther, fille d'Abihaïl et fille adoptive de son cousin Mardochée, de se rendre auprès du roi. Elle demanda uniquement ce que Hégué, l'eunuque responsable du harem royal lui avait conseillé de prendre. Esther attirait la bienveillance de tous ceux qui la rencontraient. C'est pendant la septième année du règne de Xerxès, le dixième mois ou mois de Tébeth, qu'on la conduisit dans le palais auprès du roi. Le roi devint amoureux d'Esther, plus qu'il ne l'avait jamais été d'une autre femme, et ce fut elle, parmi les jeunes filles, qui gagna sa faveur et sa tendresse. Il posa la couronne royale sur sa tête et la proclama reine à la place de Vasti. Il organisa en l'honneur d'Esther un grand banquet auquel il invita tous ses hauts fonctionnaires et ses ministres. Il accorda une dispense d'impôt aux habitants des provinces et distribua des présents avec une générosité toute royale. On rassembla une seconde fois des jeunes filles. Mardochée occupait alors un poste dans l'administration royale. De son côté, Esther n'avait pas révélé son origine juive, respectant en cela l'interdiction de Mardochée; elle lui obéissait en effet, car elle était sous sa protection. Un jour où Mardochée exerçait ses fonctions au palais, Bigtan et Térech, deux fonctionnaires chargés de garder l'entrée des appartements royaux, complotèrent d'assassiner le roi Xerxès contre qui ils étaient irrités. Mardochée l'apprit, il en informa la reine Esther, qui transmit le fait au roi de la part de Mardochée. Il y eut une enquête et l'accusation fut reconnue exacte. Les deux fonctionnaires furent pendus et l'affaire fut mise par écrit, en présence du roi lui-même, dans les Annales de l'empire. Quelque temps après, le roi Xerxès combla d'honneurs Haman, fils de Hammedata et descendant d'Agag. Il l'éleva au poste de premier ministre. Tous les fonctionnaires du palais s'agenouillaient et s'inclinaient jusqu'à terre devant Haman, car le roi en avait donné l'ordre. Seul Mardochée refusait de le faire. Les autres fonctionnaires lui demandèrent pourquoi il désobéissait à l'ordre royal. Chaque jour ils renouvelaient leur remarque sans que Mardochée en tienne compte. Comme il leur avait dit qu'il était juif, ils le dénoncèrent à Haman pour voir s'il persisterait dans sa résolution. Haman constata que Mardochée refusait effectivement de s'agenouiller et de s'incliner devant lui, et il en fut rempli de colère. On lui avait appris aussi que Mardochée était juif. Alors il jugea insuffisant de se venger de Mardochée seul et chercha un moyen d'exterminer les compatriotes de celui-ci, tous les Juifs qui vivaient dans l'empire de Xerxès. Au début de la douzième année du règne de Xerxès, le premier mois, ou mois de Nisan, Haman fit jeter les dés – qu'on appelait les pourim – pour savoir quel jour et quel mois seraient favorables à ses plans. Le sort tomba sur le douzième mois ou mois d'Adar. Haman dit au roi Xerxès: «Majesté, il existe un peuple particulier, dont les membres sont dispersés dans toutes les provinces de ton empire. Ils vivent à part, ils suivent des coutumes qui ne ressemblent à celles d'aucun autre peuple et ils n'obéissent pas aux lois royales. Tu n'as pas intérêt à laisser ces gens-là tranquilles! Si tu le juges bon, veuille donner par écrit l'ordre de les exterminer. Je remettrai alors trois cents tonnes d'argent aux fonctionnaires chargés de l'administration de l'empire pour qu'ils les déposent dans le trésor royal.» Le roi enleva son anneau et le remit à l'adversaire des Juifs, Haman, fils de Hammedata et descendant d'Agag. «Garde ton argent, lui dit-il; quant à ce peuple, je te l'abandonne, fais-en ce que tu voudras!» Le treizième jour du premier mois, les secrétaires royaux furent convoqués. Selon les indications de Haman, ils écrivirent des lettres et les adressèrent aux représentants du roi, aux gouverneurs de chaque province et aux chefs de chaque peuple. Elles étaient rédigées dans tous les systèmes d'écriture et dans toutes les langues utilisées dans l'empire. On les signa au nom du roi Xerxès et on les cacheta avec son anneau. Des messagers furent chargés de porter ces lettres dans chaque province de l'empire. Elles donnaient l'ordre de détruire, tuer, massacrer tous les Juifs, jeunes et vieux, femmes et enfants, et de piller leurs biens. Cette extermination devait être réalisée un jour précis, le treizième jour du douzième mois ou mois d'Adar. Dans chaque province, la lettre reçue devait avoir force de loi et être portée à la connaissance de tout le monde pour que chacun soit prêt à agir au jour fixé. Sur l'ordre du roi les messagers partirent à toute vitesse, puis le décret fut publié dans la citadelle de Suse. Alors le roi et Haman s'installèrent pour boire, tandis que la ville de Suse était plongée dans la consternation. Dès que Mardochée apprit ce qui s'était passé, il déchira ses vêtements, se vêtit d'une étoffe de deuil et répandit de la cendre sur sa tête. Il parcourut la ville en poussant de grands cris de douleur. Arrivé devant le palais royal, il s'arrêta, car personne n'avait le droit d'y pénétrer en tenue de deuil. Dans chaque province de l'empire, partout où le décret royal était parvenu, les Juifs furent plongés dans un grand accablement: ils jeûnaient, pleuraient et se lamentaient; beaucoup d'entre eux revêtaient des étoffes de deuil et se couchaient sur de la cendre. Les servantes et les eunuques de la reine Esther vinrent lui raconter ce qu'ils avaient vu et elle en fut très effrayée. Elle envoya des vêtements à Mardochée pour qu'il quitte sa tenue de deuil, mais il les refusa. Alors Esther fit appeler Hatak, un des eunuques que le roi avait mis à son service, et elle l'envoya demander à Mardochée ce qui se passait et pourquoi il agissait ainsi. Hatak alla trouver Mardochée sur la place située devant l'entrée du palais. Mardochée le mit au courant des événements; il lui parla en particulier de la somme d'argent que Haman avait promis de verser au trésor royal si tous les Juifs étaient massacrés. Il lui donna le texte du décret publié à Suse en vue de l'extermination des Juifs; il lui demanda de renseigner Esther sur la situation en lui montrant ce texte. Hatak devait aussi la prier de se rendre auprès du roi pour implorer sa pitié et plaider la cause du peuple auquel elle appartenait. Hatak remplit sa mission et Esther lui ordonna de rapporter la réponse suivante à Mardochée: «Tout le monde, des serviteurs du roi aux habitants des provinces de l'empire, connaît la loi s'appliquant à quiconque, homme ou femme, entre dans la cour intérieure du palais sans avoir été convoqué par le roi: cette personne doit mourir. Elle n'a la vie sauve que si le roi lui tend son sceptre d'or. En ce qui me concerne, voilà tout un mois que je n'ai pas été invitée à me rendre auprès du roi.» Lorsque Mardochée reçut cette réponse d'Esther, il lui fit dire: «Ne t'imagine pas que tu pourras échapper, toi seule, au sort des Juifs parce que tu vis dans le palais. Si tu refuses d'intervenir dans les circonstances présentes, les Juifs recevront de l'aide d'ailleurs et ils seront sauvés. Toi, par contre, tu mourras et ce sera la fin de ta famille. Mais qui sait? Peut-être est-ce pour faire face à une telle situation que tu es devenue reine.» Alors Esther envoya ce message à Mardochée: «Va rassembler tous les Juifs qui se trouvent à Suse, observez un jeûne en ma faveur. Pendant trois jours et trois nuits ne prenez ni nourriture ni boisson. Mes servantes et moi, nous agirons de même de notre côté. Puis je me rendrai auprès du roi bien que ce soit contraire à la loi, et si je dois mourir, je mourrai!» Alors Mardochée partit et agit comme Esther le lui avait recommandé. Au bout de ses trois jours de jeûne, Esther revêtit ses habits de reine et alla se présenter dans la cour intérieure du palais, en face des appartements royaux. Le roi était dans le palais, assis sur son trône, en face de la porte d'entrée. Lorsqu'il vit la reine Esther debout dans la cour, il la considéra avec bienveillance et il lui tendit le sceptre d'or qu'il tenait. Esther s'approcha et en toucha l'extrémité. Le roi lui demanda: «Que se passe-t-il, reine Esther? Que désires-tu? Je suis prêt à t'accorder jusqu'à la moitié de mon empire.» – «Si sa Majesté le roi le juge bon, répondit Esther, j'aimerais qu'aujourd'hui même il vienne avec Haman au festin que j'ai préparé pour lui.» Le roi envoya immédiatement quelqu'un chercher Haman pour exaucer le souhait d'Esther. Puis ils se rendirent tous les deux au festin qu'elle avait préparé. A la fin du repas le roi dit à Esther: «Que désires-tu me demander? Je suis prêt à réaliser tes vœux en t'accordant jusqu'à la moitié de mon empire.» – «Ce que je désire te demander? répondit Esther. Eh bien, si j'ai obtenu la faveur de sa Majesté, si le roi est prêt à exaucer mes vœux, j'aimerais qu'il vienne de nouveau avec Haman au festin que je vous offrirai demain. Alors je te dirai de quoi il s'agit.» Ce jour-là, Haman sortit de chez la reine joyeux et le cœur léger. Mais, à la porte du palais, il constata que Mardochée ne se levait pas et n'avait pas le moindre mouvement de respect à son égard; il fut rempli de colère contre lui. Il se domina pourtant et rentra chez lui. Il fit venir ses amis et sa femme, Zérech. Devant eux il se vanta de ses impressionnantes richesses, de ses nombreux fils et des honneurs dont le roi l'avait comblé en le plaçant au-dessus de tous les hauts fonctionnaires et ministres. «En plus de cela, ajouta Haman, la reine Esther m'a invité, moi seul, à accompagner le roi au festin qu'elle a préparé aujourd'hui. Et je suis de nouveau invité demain avec le roi. Mais tout cela ne me donne aucun plaisir tant que je vois Mardochée, le Juif, en fonction à l'entrée du palais.» Alors Zérech, la femme de Haman, et tous ses amis lui firent cette suggestion: «Fais donc préparer un gibet de vingt-cinq mètres; demain matin tu demanderas au roi que Mardochée y soit pendu. Tu pourras alors te rendre gaiement au festin en compagnie du roi.» Cette proposition plut à Haman qui fit préparer le gibet. Cette nuit-là, le roi n'arrivait pas à s'endormir. Il demanda qu'on lui apporte les Annales, le livre où étaient notés les événements de l'empire, et on lui en fit la lecture. On lut en particulier le passage qui racontait comment Bigtan et Térech, deux des fonctionnaires chargés de garder l'entrée des appartements royaux, avaient voulu tuer le roi et comment Mardochée avait dénoncé leur complot. Alors le roi demanda: «De quelle manière Mardochée a-t-il été récompensé et honoré pour cela?» – «Il n'a reçu aucune récompense», répondirent ses serviteurs. Le roi dit alors: «Qui est dans la cour du palais?» Or Haman pénétrait justement dans la cour extérieure. Il venait demander au roi de faire pendre Mardochée au gibet préparé pour lui. Les serviteurs répondirent: «C'est Haman qui s'y trouve» – «Qu'il entre», dit le roi. Haman entra et le roi lui demanda: «Comment dois-je traiter un homme que je désire tout spécialement honorer?» Haman pensa: «Qui donc le roi désirerait-il tant honorer? Il ne peut s'agir que de moi-même!», et il répondit: «Si sa Majesté le roi désire honorer quelqu'un, qu'il lui fasse remettre un vêtement royal et qu'il le fasse monter sur un cheval royal, la tête ornée d'une couronne royale. Charge l'un de tes principaux fonctionnaires d'habiller cet homme avec le vêtement royal, de le faire monter sur ton cheval et de le conduire sur la place de la ville en proclamant devant lui: “Voilà comment le roi traite un homme qu'il veut honorer!” » Le roi dit à Haman: «Eh bien, va vite prendre le vêtement et le cheval, et agis envers Mardochée exactement comme tu me l'as proposé; c'est le Juif qui est en fonction à l'entrée du palais. Ne néglige aucun détail.» Haman alla donc chercher le vêtement et le cheval. Il mit le vêtement à Mardochée, le fit monter sur le cheval et le conduisit sur la place de la ville en proclamant devant lui: «Voilà comment le roi traite un homme qu'il veut honorer!» Puis Mardochée retourna à l'entrée du palais et Haman rentra précipitamment chez lui, en se couvrant le visage pour cacher sa honte. Il raconta ce qui venait de lui arriver à Zérech, sa femme, et à tous ses amis ou conseillers qui lui dirent: «Puisque ce Mardochée devant lequel tu as commencé à être humilié est juif, tu ne pourras plus reprendre l'avantage, tu vas continuer à déchoir devant lui.» Ils parlaient encore quand les envoyés du roi arrivèrent et, sans plus tarder, ceux-ci entraînèrent Haman au festin qu'Esther avait préparé. Le roi et Haman se rendirent chez la reine Esther pour y festoyer une seconde fois. A la fin du repas, le roi dit de nouveau à Esther: «Que désires-tu me demander? Je suis prêt à réaliser tes vœux en t'accordant jusqu'à la moitié de mon empire.» La reine Esther répondit: «Si j'ai obtenu la faveur de sa Majesté et si le roi le juge bon, qu'il veuille accorder la vie sauve à moi-même et à mon peuple, c'est là le vœu que je te demande d'exaucer. En effet, mon peuple et moi nous avons été vendus pour être détruits, tués et massacrés. Si nous avions été vendus seulement pour être réduits en esclavage, je me serais tue, car cela n'aurait pas valu la peine de te déranger.» Le roi Xerxès demanda à la reine Esther: «Où est donc celui qui a formé un tel projet? Qui est-ce?» Esther répondit: «Notre adversaire, notre ennemi, c'est Haman, ce misérable!» Haman fut saisi de terreur devant le roi et la reine. Le roi, furieux, quitta la table et sortit dans le jardin du palais. Haman comprit que le roi avait décidé sa perte et il resta pour supplier la reine Esther de lui sauver la vie. Il se laissa tomber sur le divan où elle était installée. C'est alors que le roi revint du jardin dans la salle du festin. Il s'écria: «Cet individu veut-il en plus violer la reine sous mes yeux, dans mon palais?» A peine le roi eut-il prononcé ces mots que les serviteurs voilèrent le visage de Haman. L'un d'eux, Harbona, s'adressa au roi et lui dit: «Majesté, Haman a lui-même préparé un gibet pour y pendre Mardochée, l'homme dont le rapport t'a sauvé la vie. Ce gibet se dresse devant la maison de Haman, il est haut de vingt-cinq mètres.» – «Qu'on y pende Haman!», ordonna le roi. Haman fut pendu au gibet qu'il avait fait préparer pour Mardochée. Alors la colère du roi se calma. Le jour même, le roi Xerxès remit à la reine Esther tous les biens de Haman, l'adversaire des Juifs. Par ailleurs, Esther apprit au roi que Mardochée était son parent. Le roi le fit venir; il enleva l'anneau royal qu'il avait repris à Haman et le donna à Mardochée. En outre, Esther chargea celui-ci de gérer les biens de Haman. Esther parla de nouveau au roi. Elle se jeta à ses pieds et le supplia, en pleurant, de s'opposer aux plans malfaisants que Haman, le descendant d'Agag, avait élaborés contre les Juifs. Le roi tendit son sceptre d'or à Esther qui se releva et lui dit: «Si sa Majesté le roi le juge bon et raisonnable, si j'ai obtenu sa faveur et son affection, qu'il fasse révoquer par écrit les lettres que Haman, fils de Hammedata et descendant d'Agag, a rédigées en vue du massacre des Juifs qui vivent dans toutes les provinces de l'empire. Comment pourrais-je supporter de voir un tel malheur s'abattre sur mon peuple, comment pourrais-je assister à l'extermination de ma propre race?» Le roi Xerxès répondit à Esther et à Mardochée, le Juif: «Écoutez, j'ai fait pendre Haman parce qu'il menaçait la vie des Juifs et je t'ai remis tous ses biens, Esther. Mais il m'est impossible d'annuler un ordre signé en mon nom et cacheté avec mon anneau. Cependant vous pouvez vous-mêmes écrire des lettres présentant les mesures que vous jugez favorables aux Juifs, les signer en mon nom et les cacheter avec mon anneau.» Le même jour, le vingt-troisième du troisième mois, ou mois de Sivan, les secrétaires du roi furent convoqués. Selon les indications de Mardochée, ils écrivirent des lettres et les adressèrent aux Juifs, aux représentants du roi, aux gouverneurs et hauts fonctionnaires des cent vingt-sept provinces de l'empire, qui s'étendait de l'Inde jusqu'à l'Éthiopie. Elles furent rédigées dans les langues et les systèmes d'écriture des peuples qui vivaient dans les diverses provinces, et dans la langue et le système d'écriture propres aux Juifs. On signa les lettres au nom du roi Xerxès et on les cacheta avec son anneau. Des cavaliers, montés sur des chevaux provenant des écuries royales, furent chargés de les porter. Il y était écrit que le roi autorisait les Juifs de toutes les villes de l'empire à se rassembler pour défendre leur vie. Il leur permettait de détruire, tuer, massacrer, dans toute province de l'empire et dans n'importe quel peuple, les gens armés qui les attaqueraient. Ils pouvaient même tuer leurs femmes et leurs enfants et piller leurs biens. Cette autorisation était valable partout dans l'empire de Xerxès pour un jour précis, le treizième du douzième mois, ou mois d'Adar. Dans chaque province la lettre reçue devait avoir force de loi et être portée à la connaissance de tout le monde, pour que les Juifs soient prêts à se venger de leurs ennemis au jour fixé. Dès que le roi leur en eut donné l'ordre, les messagers, montés sur des chevaux des écuries royales, partirent à toute vitesse. Puis le décret fut publié dans la citadelle de Suse. Mardochée sortit du palais, vêtu d'un costume royal violet et blanc, avec un manteau blanc et rouge, et portant une grande couronne d'or. La ville de Suse retentissait d'acclamations et de cris de joie. Pour les Juifs ce fut une explosion de bonheur, une allégresse sans mélange, un triomphe. Dans chaque province, dans chaque ville, partout où le décret royal était parvenu, les Juifs étaient transportés de joie, ils organisaient des banquets et des fêtes. Beaucoup de gens des autres peuples se firent même Juifs à cause de la terreur que les Juifs leur inspiraient. Le treizième jour du douzième mois, ou mois d'Adar, arriva. C'était la date où le décret royal entrait en application et où les ennemis des Juifs avaient espéré triompher d'eux. Mais le contraire se produisit et les Juifs triomphèrent de ceux qui les détestaient. Partout dans l'empire du roi Xerxès, les Juifs se rassemblèrent dans les villes qu'ils habitaient et ils attaquèrent ceux qui leur voulaient du mal. Personne ne leur résista, car ils inspiraient à tous une grande terreur. Les hauts fonctionnaires, les représentants du roi, les gouverneurs et le personnel de l'administration royale, prirent même le parti des Juifs tant ils avaient peur de Mardochée. En effet, Mardochée occupait un poste élevé au palais royal et son influence se faisait sentir jusque dans les provinces: c'était un personnage de plus en plus puissant. Les Juifs purent traiter comme il leur plut ceux qui les détestaient, ils mirent à mort leurs ennemis; ce fut une tuerie et un massacre. Dans la citadelle de Suse, ils tuèrent cinq cents hommes. Le même jour, on fit connaître au roi le nombre des gens qui avaient été tués dans la citadelle de Suse. Le roi dit alors à la reine Esther: «Rien que dans la citadelle de Suse, les Juifs ont massacré cinq cents hommes en plus des dix fils de Haman. Combien ont-ils dû en tuer dans les autres parties de l'empire! Mais si tu désires encore me demander quelque chose, je te l'accorderai, je réaliserai tous tes vœux.» Esther répondit: «Si sa Majesté le roi le juge bon, qu'il soit permis aux Juifs de Suse d'agir encore demain selon le décret qui était valable aujourd'hui, et que les corps des dix fils de Haman soient pendus à un gibet.» Le roi donna les ordres nécessaires: un nouveau décret fut publié à Suse et les corps des dix fils de Haman furent pendus. Les Juifs de Suse se rassemblèrent encore le quatorzième jour du mois d'Adar, ils tuèrent trois cents hommes dans la ville, mais ils ne pillèrent pas leurs biens. Les Juifs qui vivaient dans les autres parties de l'empire se rassemblèrent également pour défendre leur vie. Ils se débarrassèrent de leurs ennemis en tuant soixante-quinze mille de ceux qui les détestaient, mais ils ne pillèrent pas leurs biens. Cela se passa le treizième jour du mois d'Adar. Le quatorzième jour, ils cessèrent tout massacre et, le même jour, ils festoyèrent joyeusement. Par contre, les Juifs de Suse, qui s'étaient vengés de leurs ennemis les treizième et quatorzième jours d'Adar, prirent du repos le quinzième et c'est ce jour-là qu'ils festoyèrent joyeusement. Voilà pourquoi les Juifs qui habitent les localités de la campagne célèbrent un jour de fête le quatorzième jour du mois d'Adar: ils festoient joyeusement et s'envoient des cadeaux les uns aux autres. Mardochée rédigea le récit de ces événements. Puis il envoya des lettres à tous les Juifs qui vivaient dans les provinces proches ou lointaines de l'empire de Xerxès. Il leur demandait de célébrer une fête, chaque année, les quatorzième et quinzième jours du mois d'Adar. En effet, ces jours-là, les Juifs s'étaient débarrassés de leurs ennemis; ce mois-là, leur détresse s'était transformée en joie et leur malheur en bonheur. Ils devaient donc commémorer ces événements en festoyant joyeusement, en s'envoyant des cadeaux les uns aux autres et en faisant des dons aux pauvres. Les Juifs suivirent les instructions de Mardochée et la fête, célébrée une première fois, devint une tradition. Mardochée rappelait ceci: Haman, fils de Hammedata et descendant d'Agag, l'adversaire des Juifs, avait décidé d'exterminer ceux-ci. Il avait jeté les dés, appelés Pourim, pour fixer le jour de leur extermination totale. Mais Esther alla trouver le roi, et celui-ci ordonna par écrit de faire subir à Haman le sort affreux qu'il avait prévu pour les Juifs; c'est ainsi que Haman et ses fils furent pendus à un gibet. Voilà pourquoi on appelle ces jours de fête les Pourim, d'après le mot qui signifie “dé”. Les Juifs tinrent compte des instructions de la lettre de Mardochée ainsi que de tout ce qu'ils avaient vu et subi eux-mêmes. Ils instituèrent la tradition valable pour eux, pour leurs descendants et pour tous ceux qui se feraient Juifs, de fêter sans faute ces deux jours chaque année à la date fixée et conformément aux consignes de Mardochée. Dans toutes les générations à venir, chaque famille juive de chaque province et de chaque ville de l'empire devait continuer à fêter les jours des Pourim; il fallait que les Juifs et leurs descendants n'interrompent jamais cette tradition et n'oublient pas ce qui s'était passé. La reine Esther, fille d'Abihaïl, et le Juif Mardochée écrivirent une seconde fois pour confirmer avec toute leur autorité la lettre relative aux Pourim Ces nouvelles lettres furent adressées à tous les Juifs dans les cent vingt-sept provinces de l'empire de Xerxès. Elles contenaient des vœux de paix et de sécurité. Elles recommandaient aux Juifs de fêter les Pourim à la date fixée selon les instructions d'Esther et de Mardochée; la décision en était prise pour eux et leurs descendants comme celle concernant les jeûnes et les lamentations. Ces ordres d'Esther confirmaient l'institution de la fête des Pourim, et on les mit par écrit dans un livre. Le roi Xerxès imposa des travaux forcés aux habitants des régions côtières de son empire comme à ceux de l'intérieur. Toutes les grandes et courageuses actions du roi, de même que la manière dont il éleva Mardochée à une haute situation, sont racontées dans le livre intitulé: Actes des rois de Médie et de Perse. En effet, Mardochée, le Juif, devint le personnage le plus puissant de l'empire, après le roi Xerxès. Il était honoré et aimé par tous ses compatriotes juifs. Il travailla pour leur bien et il intervint pour assurer la sécurité de son peuple. Il y avait une fois au pays d'Ous un homme du nom de Job. Cet homme était irréprochable, droit, fidèle à Dieu et se tenait à l'écart du mal. Il était père de sept fils et de trois filles; il possédait sept mille moutons, trois mille chameaux, cinq cents paires de bœufs et cinq cents ânesses, ainsi que de nombreux domestiques. C'était le personnage le plus considérable à l'est de la Palestine. De temps en temps, ses fils se rendaient chez l'un ou l'autre d'entre eux, à tour de rôle, pour y faire un bon repas. Ils invitaient alors leurs trois sœurs à manger et boire avec eux. Quand les festivités étaient achevées, Job faisait venir ses enfants pour les purifier. Il se levait tôt le lendemain et offrait à Dieu un sacrifice complet pour chacun d'eux, car il se disait: «Mes fils ont peut-être commis une faute, ils ont peut-être offensé Dieu en pensée.» C'est ainsi que Job agissait chaque fois. Or un jour que les anges de Dieu venaient faire leur rapport au Seigneur, le Satan, l'accusateur, se présenta parmi eux, lui aussi. Le Seigneur lui demanda: «D'où viens-tu donc?» L'accusateur répondit au Seigneur: «Je viens de faire un tour sur terre.» – «Tu as sûrement remarqué mon serviteur Job, dit le Seigneur. Il n'a pas son pareil sur terre. C'est un homme irréprochable et droit; il m'est fidèle et se tient à l'écart du mal.» – «Si Job t'est fidèle, répliqua l'accusateur, est-ce gratuitement? Ne le protèges-tu pas de tous côtés, comme par une clôture, lui, sa famille et ses biens? Tu as si bien favorisé ce qu'il a entrepris, que ses troupeaux sont répandus sur tout le pays. Mais si tu oses toucher à ce qu'il possède, il te maudira ouvertement!» Le Seigneur dit à l'accusateur: «Eh bien, tu peux disposer de tout ce qu'il possède. Mais garde-toi de toucher à lui-même.» Alors l'accusateur se retira hors de la présence du Seigneur. Un jour que les enfants de Job étaient occupés à manger et boire chez leur frère aîné, un messager arriva chez Job et lui dit: «Les bœufs étaient en train de labourer, et les ânesses se trouvaient au pré non loin de là, quand des Sabéens se sont précipités sur eux et les ont enlevés, passant tes domestiques au fil de l'épée. J'ai été le seul à m'échapper pour t'en avertir.» Le premier messager n'avait pas fini de parler qu'un autre arriva pour annoncer: «La foudre est tombée du ciel sur les troupeaux de moutons et sur tes domestiques, et elle a tout consumé. J'ai été le seul à pouvoir m'échapper pour t'en avertir.» Il n'avait pas fini de parler qu'un autre arriva pour annoncer: «Des Chaldéens ont formé trois bandes, qui se sont jetées sur les chameaux et les ont enlevés, passant tes domestiques au fil de l'épée. J'ai été le seul à pouvoir m'échapper pour t'en avertir.» Il n'avait pas fini de parler qu'un autre arriva pour annoncer: «Tes enfants étaient occupés à manger et boire chez leur frère aîné, quand un ouragan survenant du désert a heurté violemment les quatre coins de la maison; la maison s'est effondrée et les jeunes gens sont morts. J'ai été le seul à m'échapper pour t'en avertir.» Alors Job se leva, il déchira son manteau, se rasa la tête et se jeta à terre, le front dans la poussière; il déclara: «Je suis sorti tout nu du ventre de ma mère, je retournerai nu au ventre de la terre. Le Seigneur a donné, le Seigneur a repris. Il faut continuer de remercier le Seigneur.» Dans tous ces malheurs Job ne commit ainsi aucune faute; il ne dit rien d'inconvenant contre Dieu. Un jour que les anges de Dieu venaient faire leur rapport au Seigneur, l'accusateur se présenta parmi eux, lui aussi, pour son rapport. Le Seigneur lui demanda: «D'où viens-tu donc?» L'accusateur répondit au Seigneur: «Je viens de faire un tour sur terre.» – «Tu as sûrement remarqué mon serviteur Job, dit le Seigneur. Il n'a pas son pareil sur terre. C'est un homme irréprochable et droit; il m'est fidèle et se tient à l'écart du mal. Il est resté fermement irréprochable. C'est donc pour rien que tu m'as poussé à lui faire du tort.» – «Échange de bons procédés, répliqua l'accusateur: tout ce qu'un homme possède, il le donnera pour sauver sa peau. Mais si tu oses toucher à sa personne, il te maudira ouvertement!» Le Seigneur dit à l'accusateur: «Eh bien, tu peux disposer de lui, mais non pas de sa vie.» Alors l'accusateur se retira hors de la présence du Seigneur. Il frappa Job d'une méchante maladie de peau, depuis la plante des pieds jusqu'au sommet du crâne. Job s'assit au milieu du tas de cendres et ramassa un débris de poterie pour se gratter. Sa femme lui dit: «Tu persistes à rester irréprochable. Mais tu ferais mieux de maudire Dieu et d'en mourir!» – «Tu parles comme une femme privée de bon sens, lui répondit Job. Si nous acceptons de Dieu le bonheur, pourquoi refuserions-nous de lui le malheur?» Dans cette nouvelle épreuve Job ne prononça aucun mot qui puisse offenser Dieu. Trois amis de Job apprirent les malheurs qui lui étaient arrivés. C'étaient Élifaz de Téman, Bildad de Chouha et Sofar de Naama. Ils vinrent de chez eux et se mirent d'accord pour lui manifester leur sympathie et le réconforter. En le regardant de loin, ils le trouvèrent méconnaissable. Alors ils éclatèrent en sanglots; ils déchirèrent leur manteau et se répandirent de la poussière sur la tête. Puis ils restèrent assis à terre avec Job pendant sept jours et sept nuits, sans rien lui dire, tant sa souffrance leur apparaissait grande. A la fin, Job se décida à parler et maudit le jour de sa naissance. Voici ce qu'il dit: Ah! que disparaisse le jour de ma naissance et la nuit qui a dit: «Un garçon est conçu»! Qu'on regarde ce jour comme l'un des plus sombres! Que Dieu, là-haut, ne s'intéresse plus à lui! Qu'aucune lumière ne vienne l'éclairer! Que l'ombre la plus noire s'empare de lui et qu'un nuage obscur s'abatte sur ce jour, ou une terrifiante éclipse de soleil! Quant à cette nuit-là, qu'elle soit la plus noire, qu'on ne la compte plus dans le calendrier, et qu'elle n'entre plus dans le calcul des mois! Oui, que cette nuit-là reste toujours stérile et qu'aucun cri de joie n'y pénètre jamais! Qu'elle soit signalée comme portant malheur par tous les magiciens qui maudissent les jours et sont habiles à provoquer le grand dragon! Qu'elle ne puisse voir l'étoile du matin! Qu'elle espère le jour, mais qu'elle attende en vain et n'aperçoive pas l'aurore qui s'éveille! Car elle n'a rien fait pour m'empêcher de naître et de voir aujourd'hui cette dure misère. Pourquoi n'être pas mort dès avant ma naissance, n'avoir pas expiré dès que j'ai vu le jour? Pourquoi ai-je trouvé deux genoux accueillants et deux seins maternels où je tétais la vie? Je serais aujourd'hui tranquille dans ma tombe; alors je dormirais et je serais en paix avec les rois, avec les grands hommes d'État, ceux qui reconstruisaient les monuments en ruine, ou avec les princes, qui possédaient de l'or et des objets d'argent pour garnir leurs maisons. Ou bien tout simplement je n'existerais pas, comme l'enfant mort-né qui n'a pas vu le jour. Dans la tombe, les méchants ne s'agitent plus, et les gens épuisés se reposent enfin. Les prisonniers ont trouvé eux aussi la paix, ils ont cessé d'entendre les cris du gardien, et l'esclave est ici délivré de son maître. Grands ou petits, il n'y a plus de différence. Pourquoi Dieu fait-il voir le jour aux malheureux, à ceux qui doivent vivre une existence amère? Ils attendent la mort, mais elle ne vient pas; ils la cherchent plus passionnément qu'un trésor. Ils seraient si heureux et tellement ravis de trouver un tombeau! Voici donc un homme qui ne sait où il va, que Dieu a enfermé comme derrière un mur. Comme pain à manger, je n'ai que des soupirs, et mes cris de douleur jaillissent comme l'eau. Si j'éprouve une crainte, elle se réalise; ce que je redoutais, c'est cela qui m'arrive! Je ne connais plus ni tranquillité, ni paix, ni repos, mais je suis assailli de tourments. Élifaz de Téman prit alors la parole et dit à Job: On n'ose te parler, tant tu es déprimé. Pourtant on ne peut pas se taire plus longtemps. Toi qui as fait l'éducation de tant de gens et savais fortifier les bras trop fatigués, toi qui trouvais les mots pour remettre debout ceux qui n'en pouvaient plus, et relever ceux qui pliaient sous le fardeau, te voilà abattu quand le malheur est là, te voilà effrayé quand c'est toi qu'il atteint! Puisque tu reconnais l'autorité de Dieu, et puisque ta conduite est sans aucun reproche, ne dois-tu pas garder confiance et bon espoir? Souviens-toi: as-tu vu déjà des innocents ou des honnêtes gens succomber au malheur? Je l'ai bien remarqué: Cultiver l'injustice ou semer la misère conduit à récolter injustice et misère. Dieu balaie de son souffle ceux qui s'y adonnent, il les réduit à rien au vent de sa colère. Il fait taire leurs rugissements de lions, et il casse les dents à ces bêtes féroces. Privés de toute proie, ces fauves dépérissent, tandis que leurs petits sont dispersés au loin. Un message m'est parvenu comme en secret, mon oreille a perçu un très léger murmure, quand en rêve, la nuit, les pensées sont confuses, quand l'engourdissement s'abat sur les humains. Un frisson de terreur s'est emparé de moi, j'étais tremblant de tous mes membres. Une sorte de souffle effleura mon visage et me donna sur tout le corps la chair de poule. Quelqu'un se tenait là, que je discernais mal, une forme devant mes yeux. Un silence d'abord, puis j'entendis sa voix: «Face à son Dieu, son Créateur, disait la voix, l'homme peut-il se dire irréprochable et pur? Si Dieu ne se fie pas à ses anges eux-mêmes, s'il trouve à critiquer ses propres serviteurs, à plus forte raison ne peut-il se fier à ces pauvres humains, créatures d'argile, dont le corps est poussière, et qu'on peut écraser plus vite qu'une mite! En moins d'une journée ils sont réduits en poudre, disparus pour toujours sans qu'on y ait pris garde. Le fil qui les tenait a été arraché, et les voilà tous morts ignorant la sagesse.» Lance un appel, pour voir si quelqu'un te répond. Auquel de ses anges pourras-tu t'adresser? Le sot en veut à tous, c'est cela qui le tue; l'imbécile s'emporte, et il en meurt bientôt. Certes, j'ai déjà vu un sot qui prospérait, mais sans tarder j'ai prononcé sur sa maison cette malédiction: «Que ses enfants restent privés de tout appui, condamnés sans recours devant le tribunal! Ce qu'il a moissonné, que d'autres en profitent! Qu'ils aillent s'en saisir, malgré les haies d'épines! Que des gens avides s'emparent de ses biens!» L'injustice, en effet, ne sort pas de la terre, la misère non plus ne germe pas du sol. Mais l'homme est destiné à subir la misère, comme les étincelles à voler en l'air. Si j'étais toi, je m'adresserais donc à Dieu; c'est à lui-même que je soumettrais mon cas. Ce qu'il fait est grandiose, il n'est pas limité. On ne peut pas énumérer tous ses prodiges. C'est lui qui fait pleuvoir pour arroser la terre, qui envoie l'eau du ciel pour abreuver les champs. Il place tout en haut ceux qui sont tout en bas; ceux qui portaient le deuil se dressent de bonheur. Il casse les projets des gens les plus malins, et les plans qu'ils ont faits se brisent dans leurs mains. C'est qu'il prend les sages au piège de leur ruse; leurs habiles conseils se trouvent dépassés. Ils butent en plein jour contre l'obscurité, tâtonnant dans la nuit, alors qu'il est midi. Mais Dieu sauve de leur gueule l'homme abattu, il arrache le pauvre à leurs puissantes griffes. Il y a désormais un espoir pour les faibles, et il ferme la bouche à tous les malfaisants. Voici un homme heureux: celui que Dieu corrige! Toi, Job, n'aie donc aucun mépris pour les leçons du Dieu très-grand. Dieu peut faire souffrir, mais il répare aussi; s'il fait une blessure, il la soigne lui-même. Plus d'une fois, il te sauvera de l'angoisse, et à la fin, le mal ne pourra plus t'atteindre. En temps de famine, il t'évitera la mort; au plus fort du combat, il sauvera ta vie. Tu seras à l'abri de la langue agressive, tu n'auras rien à craindre au moment du désastre. Le désastre, la faim, tu t'en moqueras bien, et tu seras sans peur face aux bêtes sauvages. Tu seras garanti des dégâts dans tes champs: des pierres qu'on y jette, ou des bêtes qui passent. Tu connaîtras la paix dans toute ta maison; quand tu l'inspecteras, il n'y manquera rien. Tu verras encore ta famille augmenter, tes descendants pousser comme l'herbe des champs, et tu pourras mourir quand ta vie sera pleine, quand le grand tas de gerbes sera au complet. Voilà le résultat de nos longues recherches; il en est bien ainsi. Laisse-toi informer, et fais-en ton profit! Job répondit alors: Ah! combien je voudrais que l'on pèse ma peine, et que tout mon malheur soit mis sur la balance! Il est certes plus lourd que le sable des mers. Voilà pourquoi je parle à tort et à travers. C'est vrai, le Dieu très-grand m'a percé de ses flèches, et j'en ai absorbé le poison qu'elles portent. Les plus vives terreurs s'alignent devant moi. Est-ce que l'âne sauvage se met à braire quand il a devant lui un repas d'herbe fraîche? Et le bœuf mugit-il quand il a son fourrage? Faut-il manger sans sel ce qui est insipide, et trouver quelque goût dans le blanc de l'œuf cru? Je ne veux pas toucher à ces aliments-là. Ma souffrance est un pain qui donne la nausée. Je voudrais tant qu'on donne suite à ma demande, et que Dieu veuille m'accorder ce que j'espère: qu'il consente enfin à m'écraser pour de bon, qu'il laisse aller sa main et qu'il tranche le fil! Je sauterais de joie, dans ma peine sans fin, et j'obtiendrais alors ce dernier réconfort: ne pas avoir trahi les ordres du Dieu saint. Mais je n'ai plus la force d'espérer encore: à quoi bon patienter, je n'ai plus d'avenir. Suis-je une pierre, moi, pour résister à tout? Mon corps est-il de bronze? Je n'ai plus en moi-même une seule ressource, je me trouve privé du plus petit secours. L'homme abattu a droit à un peu de bonté de la part d'un ami, même s'il ne reconnaît plus l'autorité du Dieu très-grand. Mes amis m'ont déçu, comme un ruisseau sans eau, comme un des ces torrents dont le lit devient sec. A la fin de l'hiver, ils charrient des eaux troubles, quand la glace et la neige se mettent à fondre. Mais dès la saison chaude, les voilà taris; au retour de l'été, ils s'assèchent sur place. Les caravanes se détournent de leur route, elles s'avancent au désert, et puis s'égarent. Caravaniers de Téma, convois de Saba cherchent l'eau du regard, ils sont remplis d'espoir. Mais ils regrettent bien d'avoir cru au ruisseau: quand ils y arrivent, leur espoir est déçu. Or voilà ce que vous êtes pour votre ami! En voyant le désastre, vous avez pris peur. Vous ai-je demandé de me faire un cadeau, de prélever pour moi une part de vos biens, afin de m'arracher aux mains d'un ennemi et de me délivrer du pouvoir d'un tyran? Instruisez-moi plutôt, je suis prêt à me taire; expliquez-moi en quoi j'ai commis une erreur. Des arguments honnêtes ne blessent personne, mais sur quoi portent les critiques que vous faites? Songez-vous donc à critiquer de simples mots? Ce sont des mots en l'air, d'un homme sans espoir. Vous oseriez tirer au sort un orphelin, vous iriez jusqu'à vendre votre propre ami! Eh bien, regardez-moi dans les yeux, voulez-vous? Et dites-moi si je vous joue la comédie. La vie est rude pour les hommes sur la terre: ils ont la condition d'un travailleur de force, d'un esclave au soleil, qui voudrait un peu d'ombre, ou d'un pauvre ouvrier, qui attend qu'on le paie. Tel est aussi mon sort: des mois de déception, et des nuits de tourments; c'est ce que j'ai gagné. Dès que je suis couché, je commence à me dire: «Quand me lèverai-je?» Le soir n'en finit pas. Je n'en peux plus de m'agiter jusqu'à l'aurore. J'ai le corps recouvert de vermine et de croûtes, et ma peau écorchée n'est que plaies purulentes. Ma vie aura passé plus vite que la navette d'un tisserand, elle touche à sa fin quand le fil de l'espoir est arrivé au bout. O Dieu, ne l'oublie pas, ma vie tient à un souffle, mes yeux ne reverront plus jamais le bonheur. Toi qui veillais sur moi, tu ne me verras plus; tu me regarderas, je ne serai plus là. Comme un nuage se dissipe et disparaît, on descend chez les morts pour n'en plus remonter. Celui qui part ainsi ne revient plus chez lui, et là où il vivait, on l'oubliera bientôt. Alors je ne veux plus me taire davantage; j'ai l'esprit en détresse, il faut donc que je parle. Mon cœur est trop amer, j'exprimerai ma plainte. Toi, pourquoi me fais-tu surveiller de si près: serais-je l'Océan ou le Monstre marin? Quand je me mets au lit en espérant trouver quelque soulagement ou quelque apaisement, tu viens me terroriser par des cauchemars; ce que tu me fais voir me jette dans l'angoisse. Ah! si tu m'étranglais, j'aimerais mieux cela! Je préfère mourir, plutôt qu'être réduit à l'état de squelette. Je n'en peux plus, je ne durerai pas toujours. Ma vie tient à un rien, laisse-moi donc tranquille. Pourquoi donner tant d'importance à un humain? Oui, pourquoi le prends-tu tellement au sérieux, et viens-tu l'inspecter matin après matin? Pourquoi à chaque instant le mets-tu à l'épreuve? Quand donc cesseras-tu de t'occuper de moi? Quand me laisseras-tu avaler ma salive? Si je me suis rendu coupable à ton égard, que t'ai-je fait, dis-moi, inspecteur des humains? Pourquoi fais-tu de moi une cible pour toi? Serais-je devenu une charge pour toi? Pourquoi refuses-tu de supporter ma faute, de pardonner mes torts? Me voilà maintenant couché dans la poussière; quand tu me chercheras, je ne serai plus là. Bildad de Chouha prit alors la parole et dit à Job: Combien de temps nous tiendras-tu de tels discours? Et quand s'arrêtera cet ouragan de mots? Crois-tu vraiment que Dieu modifie la justice, ou que le Dieu très-grand fasse une entorse au droit? Tes fils ont dû commettre une faute envers lui, et il leur en a fait payer les conséquences. Mais toi, si tu cherches la présence de Dieu, si tu adresses ta prière au Dieu très-grand, si tu es innocent, si tu te montres droit, il ne tardera pas à s'occuper de toi et à te rendre la place que tu mérites. Ton ancienne situation te paraîtra bien modeste en comparaison de la nouvelle. Informe-toi chez ceux qui nous ont précédés, et retiens bien l'expérience de leurs ancêtres. Nous sommes nés d'hier, et nous ne savons rien; notre vie sur la terre est une ombre qui passe. Mais eux peuvent t'instruire et ils pourront te dire ce qu'ils savent tirer de leur propre expérience: «Le jonc ne pousse pas en dehors des marais, ni le roseau à l'écart des lieux privés d'eau. Il est encore en fleurs, on ne l'a pas coupé; le voilà desséché avant les autres herbes!» Telle est la destinée de ceux qui oublient Dieu; ainsi finit l'espoir de tous les infidèles. Leur si belle assurance a les ailes coupées, et leur sécurité n'est qu'un fil d'araignée. Quand ils s'appuient sur leur maison, elle vacille, et ils ont beau s'y cramponner, elle s'écroule. Ils sont comme un arbre plein de sève au soleil, qui étend ses rameaux au-dessus du jardin. Il plonge ses racines jusque dans la pierre et s'en va explorer l'intérieur du rocher. Mais s'il est arraché du lieu où il était, celui-ci prétendra qu'il ne l'a jamais vu. Tel est, vois-tu, l'heureux destin de ces gens-là! Et à leur place, une autre plante germera. Dieu ne rejette pas un homme irréprochable, et il ne prête pas main-forte aux malfaiteurs. Il finira par remplir ta bouche de rires et par mettre sur tes lèvres des cris de joie. Mais ceux qui t'en veulent seront couverts de honte; les gens sans foi ni loi auront quitté la place. Job répondit alors: Évidemment, je connais bien ce point de vue. Avoir raison contre Dieu? Ce n'est pas possible! Supposons qu'on veuille discuter avec lui, il ne répondra pas, même une fois sur mille. Il est certes trop fort et trop intelligent pour qu'on lui tienne tête et qu'on en sorte intact. Il déplace les montagnes, sans qu'elles sachent qui, dans sa colère, les bouleverse ainsi. Sur place il fait trembler la terre; les piliers qui la supportent sont ébranlés. Il ordonne au soleil de ne pas se lever, et il enferme à clé les étoiles du ciel. A lui seul, il déploie les espaces célestes, et il pose ses pas sur les vagues des mers. Il a tracé les constellations: la Grande Ourse, Orion, les Pléiades et les Chambres du Sud. Ce qu'il fait est grandiose, il n'est pas limité. On ne peut pas énumérer tous ses prodiges. S'il passe près de moi, je ne peux pas le voir, et s'il s'en va plus loin, je ne m'en rends pas compte. Qui lui ferait lâcher ce qu'il a pris de force? Qui oserait lui demander: «Que fais-tu donc?» Quand Dieu est en colère, il ne renonce pas. A ses pieds sont courbés les monstres de la mer, Rahab et ses complices. Dans ces conditions, moi, puis-je lui répliquer? Quel argument choisir pour le lui opposer? Même si j'ai raison, je ne peux rien répondre, et je dois demander la grâce de mon juge! Même si je l'appelle et même s'il répond, je ne peux être sûr qu'il voudra m'écouter. Il m'écrase pour un motif insignifiant, il m'inflige pour rien blessure après blessure, il ne me permet pas de reprendre mon souffle, mais jusqu'à la nausée me gave d'amertume. Faut-il nous affronter? Il est trop fort pour moi! Faut-il aller en jugement? Mais voudra-t-il me convoquer au tribunal? Même si j'ai raison, ce que je pourrais dire me donnerait tort, et me condamnerait malgré mon innocence. Suis-je innocent? Je ne me connais pas moi-même. Je suis dégoûté de la vie. Tout est pareil, c'est pourquoi je le dis: Dieu supprime aussi bien innocent ou coupable. Quand une catastrophe arrive tout à coup et tue des innocents, Dieu n'a que moqueries pour toutes leurs détresses! Quand un pays tombe au pouvoir d'un criminel, Dieu oblige les juges à fermer les yeux! Car si ce n'est pas lui, qui donc? Et mes jours ont passé plus vite qu'un coureur, ils se sont tous enfuis sans voir aucun bonheur, glissant rapidement comme un bateau de joncs, comme un aigle qui fonce du ciel sur sa proie. Si je me dis: il faut oublier mes soucis, cesser d'être morose et me mettre à sourire, je reste tourmenté par toutes mes souffrances, et je sais que toi, Dieu, ne m'acquitteras pas. Si de toute façon je ne suis qu'un coupable, A quoi bon me donner de la peine pour rien? J'aurais beau me laver en usant du savon, me nettoyer les mains avec de la potasse, tu me replongerais aussitôt dans la boue, au point de faire horreur à mes propres habits. Car Dieu n'est pas du tout au même rang que moi, comme un autre homme auquel je pourrais répliquer ou donner rendez-vous devant un tribunal. Au moins, s'il y avait un arbitre entre nous, qui poserait la main sur chacun de nous deux! il laisserait alors le bâton qui me frappe, et il ferait cesser la terreur qui m'accable. Je pourrais lui parler sans avoir peur de lui. Mais ce n'est pas le cas, je suis seul avec moi. Eh bien, puisque la vie me donne la nausée, je ne retiendrai pas mes plaintes plus longtemps; je ne me tairai pas, tant j'ai le cœur amer. Je dirai donc à Dieu: ne me condamne pas, fais-moi plutôt savoir ce que tu me reproches. Cela sert-il ton but de me faire du mal, en méprisant ainsi ton pénible travail et en favorisant les projets des méchants? Ne vois-tu rien de plus que ce que voient les hommes? Ton point de vue n'est-il qu'un point de vue terrestre? Ta vie serait-elle aussi brève que la nôtre, se limiterait-elle à aussi peu d'années? Pourquoi donc cherches-tu à connaître mes torts, et pourquoi t'efforcer de découvrir ma faute? Pourtant, tu le sais bien, je ne suis pas coupable et je n'ai aucune chance de t'échapper. Tes propres mains m'ont fait, elles m'ont façonné, elles m'ont entouré, et tu veux me détruire! Tu m'avais modelé comme un objet d'argile, veuille t'en souvenir avant de me réduire à l'état de poussière. Un jour, tu m'as formé dans le corps de ma mère, comme on verse du lait et qu'on le fait cailler. Tu m'as alors vêtu de muscles et de peau, tu as fait de moi un tissu d'os et de nerfs. Puis tu m'as accordé la grâce de la vie, et tu t'es occupé de me la conserver. Or tu as un secret, que tu veux me cacher. Mais je n'ignore pas le fond de ta pensée: me prendre sur le fait dès que je suis en faute, et ne pas m'acquitter si je me mets en tort. Alors tant pis pour moi, si je me rends coupable! Même innocent, je dois rester la tête basse, et je suis soûl de honte, ivre de ma misère. Mais dès que je lève la tête, te voilà qui reprends la chasse contre moi, tel un fauve, m'écrasant à nouveau de ta toute-puissance! Tu lances contre moi un assaut après l'autre, tu laisses ta fureur redoubler envers moi, et tu jettes sur moi des troupes toujours fraîches. Pourquoi m'as-tu tiré du ventre de ma mère? J'aurais pu y mourir à l'abri des regards, et je serais allé tout droit jusqu'à la tombe, comme si je n'avais jamais eu d'existence. Je n'ai plus maintenant que peu de temps à vivre. Cesse donc tes attaques, laisse-moi enfin jouir tranquillement de ce peu qui me reste. Bientôt je partirai, sans espoir de retour, au pays recouvert de l'ombre la plus sombre, au pays où la nuit règne sur le désordre, où l'aurore elle-même est d'un noir absolu. Sofar de Naama prit alors la parole et dit à Job: Ne faut-il pas répondre à ce flot de paroles? Savoir parler ne prouve pas qu'on ait raison! Tes beaux discours vont-ils laisser les gens muets? Te moqueras-tu du monde sans qu'on te blâme? Tu as même affirmé: «Ce que je dis est vrai; oui, Dieu m'en est témoin, je suis irréprochable.» Ah! combien j'aimerais que Dieu dise son mot et qu'il consente à te parler directement! Il te révélerait son secret savoir-faire – qui est trop merveilleux pour notre intelligence. Tu comprendrais alors que Dieu laisse passer une part de tes fautes. Mais peux-tu découvrir les profondeurs de Dieu, peux-tu saisir la perfection du Dieu très-grand? Elle est plus haute que le ciel; que feras-tu? Elle est plus profonde que le monde des morts; que peux-tu en savoir? Elle est, en étendue, plus vaste que la terre, plus large que la mer. Si Dieu arrête donc un coupable en passant et s'il l'appelle à comparaître au tribunal, qui s'y opposera? Car Dieu reconnaît bien les gens sans consistance; sans effort d'attention, il voit où est le mal. Mais un idiot sera enfin intelligent quand l'âne sauvage naîtra domestiqué! Toi cependant, tu dois tendre ton cœur vers Dieu et le prier en étendant les mains vers lui. Si tes mains sont salies par le mal, nettoie-les, ne laisse pas chez toi de place à l'injustice. Alors tu seras sans tache, la tête haute, rien ne t'ébranlera, rien ne te fera peur. Et tu ne garderas pas plus de souvenirs de tes malheurs présents que de l'eau écoulée. La vie te deviendra plus radieuse encore que le jour à midi; l'obscurité se changera en clair matin. Tu reprendras espoir, tu reprendras confiance: voyant que tout va bien, tu dormiras tranquille. Personne ne viendra déranger ton repos, tout le monde au contraire voudra te flatter. Mais les méchants s'usent les yeux à chercher du secours, ils n'ont aucune issue, et leur dernier espoir est d'expirer enfin. Job répondit alors: Bien sûr, vous détenez tout le savoir humain! La sagesse mourra en même temps que vous. Mais moi aussi, je sais réfléchir tout autant, et je ne me crois pas inférieur sur ce point. Ce que vous avez dit, tout le monde le sait. Je fais appel à Dieu, dans l'espoir qu'il réponde, et je suis devenu celui que ses amis tournent en ridicule: on tourne en ridicule celui qui est honnête, un homme irréprochable! «Le malheureux n'a droit qu'à un complet mépris.» Telle est la devise des gens qui sont tranquilles; ils l'appliquent à ceux dont le pied a glissé. Et sous leur tente les violents sont sans souci, ceux qui provoquent Dieu sont en sécurité: ils ne connaissent pas d'autre dieu que leur force. Questionne les bestiaux, et ils sauront t'instruire; les oiseaux dans le ciel, ils te renseigneront. Parle donc à la terre, elle saura t'instruire; les poissons dans la mer ont beaucoup à t'apprendre. Parmi tous ces êtres, lequel ignore encore que tout ce qui existe est l'œuvre du Seigneur? C'est lui qui tient en mains la vie de tout vivant, le souffle qui anime le corps des humains. Ne dit-on pas, en une sorte de proverbe: «Le rôle de l'oreille est d'apprécier les mots, tout comme le palais doit percevoir le goût. La sagesse est le privilège du grand âge, et le discernement appartient aux vieillards»? Mais c'est chez Dieu qu'on trouve sagesse et pouvoir, c'est lui qui a savoir-faire et discernement. On ne rebâtit pas ce que Dieu démolit, on ne libère pas celui qu'il emprisonne. Quand il retient la pluie, la sécheresse est là; mais s'il lâche les eaux, la terre est dévastée. Il possède la force, il a l'habileté. C'est à lui qu'appartiennent et celui qui s'égare et celui qui égare. Il fait marcher pieds nus les grands hommes d'État, et il fait perdre la raison aux dirigeants. Il dénoue de même le grand cordon des rois et leur noue sur les reins la corde des captifs. Il fait marcher pieds nus les prêtres, eux aussi, et renverse d'un coup les pouvoirs établis. Il ôte la parole aux meilleurs orateurs et prive les vieillards de leur discernement. Il répand le mépris sur les gens haut placés et laisse les tyrans tout à coup sans défense. Il ôte aux profondeurs leur manteau de ténèbres et fait sortir au jour ce qui était dans l'ombre. Il fait grandir des peuples, puis cause leur ruine; il les laisse s'étendre, et les emmène ailleurs. Il ôte la raison aux maîtres du pays et les laisse à errer dans un désert sans routes, avancer à tâtons dans la nuit sans lumière; il les fait tituber comme s'ils étaient ivres. Voilà tout ce que j'ai observé de mes yeux, entendu de mes propres oreilles et compris. Tout ce que vous savez, je le sais, moi aussi, et je ne me crois pas plus stupide que vous! Mais c'est au Dieu très-grand que moi, je veux parler: je veux me plaindre à lui. Vous, vous cachez la vérité sous le mensonge, vous offrez tous des remèdes de charlatan. Qui saura donc vous faire taire tout à fait? En vous taisant vous passeriez pour des gens sages! Écoutez donc plutôt quand j'exprime ma plainte et soyez attentifs à ma protestation. Pensez-vous servir Dieu en déformant les faits? Prendrez-vous sa défense à coups de fausses preuves? Montrerez-vous pour Dieu de la partialité? Prétendez-vous pouvoir plaider en sa faveur? Et s'il vous inspectait, serait-ce bon pour vous? On ne trompe pas Dieu comme l'on trompe un homme! Si vous avez, même en secret, du parti pris, il aura sûrement un reproche à vous faire. Ne redoutez-vous pas la majesté de Dieu, n'êtes-vous pas saisis par la peur qu'il inspire? Vos arguments ne sont que de la poudre aux yeux, et vos raisonnements des murailles de boue. Taisez-vous devant moi! A mon tour de parler! Et peu importe alors ce qui m'arrivera! Me voilà prêt à tout, même à risquer ma vie. Que Dieu me tue, s'il veut, je n'espère plus rien; mais devant lui, je veux défendre ma conduite. Et si j'y réussis, ce sera ma victoire, car Dieu n'admet personne de mauvaise foi. Écoutez sérieusement ce que j'ai à dire, ouvrez vos oreilles à mes explications. Eh bien, je me prépare à aller en justice, et j'ai la conviction que je suis dans mon droit. Dès lors, qui osera contester mon bon droit? Je suis prêt, si j'ai tort, à me taire et mourir. Mon Dieu, épargne-moi deux choses seulement, et je pourrai enfin me présenter à toi: D'abord, délivre-moi de ta main qui m'accable, ne laisse plus peser l'épouvante sur moi. Prends la parole ensuite, et je te répondrai, ou bien je parlerai, et tu répliqueras. Combien de torts m'attribues-tu, combien de fautes? Fais-moi savoir en quoi je t'ai désobéi. Pourquoi détournes-tu ton visage de moi, et me traites-tu comme un de tes ennemis? Qui donc pourchasses-tu? – Une feuille qui vole! Qui poursuis-tu sans fin? – Un brin de paille sèche! Tu écris contre moi un rapport bien sévère, tu me fais supporter mes fautes de jeunesse. Tu entraves mes pieds, tu gardes l'œil fixé sur tous mes faits et gestes, tu vas jusqu'à noter les traces de mes pas! Mais ma vie se défait comme un bois vermoulu ou comme un vêtement dévoré par les mites. L'homme n'est rien d'autre que l'enfant de la femme. Sa vie demeure brève et remplie de tourments. Comme la fleur, il s'épanouit, et puis se fane; comme l'ombre qui fuit sans pouvoir s'arrêter. Et c'est cela, mon Dieu, que ton regard épie! Et c'est moi que tu traînes ainsi en justice! Mais qui peut donc tirer quelque chose de pur de ce qui est impur? Pas un seul être au monde! Car la durée de vie est limitée pour l'homme; c'est toi qui as fixé le nombre de ses mois, il ne peut dépasser la ligne que tu traces. Cesse de le guetter et laisse-le tranquille, pour qu'il termine en paix sa journée d'ouvrier. Or il reste toujours de l'espoir pour un arbre: si on le coupe, il peut se mettre à repousser, il ne manquera pas de produire un bourgeon. Même si sa racine vieillit dans la terre, et si sa souche paraît morte dans le sol, l'odeur de l'eau suffit pour qu'il reprenne vie et pousse des rameaux comme s'il était jeune. Quand l'homme meurt, par contre, il est privé de force. Que devient-il, une fois qu'il a expiré? Un jour peut-être, les fleuves seront taris, et la mer n'aura plus la moindre goutte d'eau. Mais l'homme qui est mort ne se lèvera pas; pas de réveil pour lui, tant que dure le ciel, il ne sortira plus de son dernier sommeil. Ah! si tu me cachais dans le monde des morts, m'y abritant jusqu'à la fin de ta colère! Si tu me fixais un délai, après lequel tu voudrais de nouveau te souvenir de moi! – Mais l'homme qui est mort, peut-il reprendre vie? – Je saurais patienter, le temps de mon service, jusqu'au moment où l'on viendrait me relever. Alors, je répondrais quand tu m'appellerais, quand tu voudrais me voir, moi que tu as créé! Tandis que maintenant tu comptes tous mes pas, tu cesserais de surveiller mes manquements, dans un sac bien fermé tu cacherais mes fautes, tu couvrirais mes torts d'une couche de plâtre. Cependant les montagnes tombent en morceaux, et les rochers finissent par changer de place. Les eaux arrivent à user même les pierres, et l'averse emporte la poussière du sol. Toi aussi tu ruines l'espérance de l'homme. Tu le jettes par terre, il s'en va pour toujours; la mort le défigure, et tu le chasses loin. Si on couvre ses fils d'honneurs, il n'en sait rien; si on les humilie, il ne s'en rend pas compte. Il est seul à souffrir de sa propre douleur, il est seul à gémir de son propre malheur. Alors Élifaz de Téman prit la parole et dit à Job: Un sage a-t-il le droit de se nourrir de vent, fait-il des réponses aussi peu consistantes? Les arguments dont tu te sers sont sans effet; dans tout ce que tu dis, il n'y a rien d'utile. Tu vas même jusqu'à ruiner la religion, à détruire toutes les bases de la foi! Ta culpabilité inspire tes paroles, tu choisis un discours complètement tordu. C'est ton langage, et non pas moi, qui te condamne, tout ce que tu as dit témoigne contre toi. Te prends-tu pour Adam, né avant tout le monde? Aurais-tu vu le jour plus tôt que les collines? Quand Dieu tenait conseil, aurais-tu écouté, au point de détenir la sagesse à toi seul? Que peux-tu donc savoir, que nous ne sachions pas, et qu'aurais-tu compris, qui nous soit étranger? Il y a parmi nous des vieux pleins d'expérience, bien plus riches d'années que ne l'était ton père! Te crois-tu au-dessus de ces consolations que Dieu te propose par nos douces paroles? Pourquoi réagis-tu avec tant de passion? A quoi bon ces clins d'œil dans notre direction, quand tu tournes ta mauvaise humeur contre Dieu et te mets à répandre des flots de paroles? Un humain, qu'est-il donc pour se prétendre pur et oser affirmer qu'il a le droit pour lui? Si Dieu ne se fie pas à ses anges eux-mêmes, et si le ciel ne lui paraît pas assez pur, qu'en sera-t-il alors de l'homme méprisable, cet être corrompu, qui commet l'injustice aussi facilement qu'il boit un verre d'eau? Écoute-moi, j'ai quelque chose à t'expliquer; je veux te raconter ce que j'ai découvert, l'enseignement complet de ceux qui sont les sages, la tradition qu'ils ont reçue de leurs ancêtres. Dieu leur avait donné le pays à eux seuls, et aucun étranger n'était passé chez eux: «Le méchant est plongé tous les jours dans l'angoisse, et le temps du tyran est strictement compté. Des voix effrayantes hurlent à ses oreilles. En pleine paix le Destructeur marche vers lui. Il ne croit plus pouvoir échapper à la nuit, et il se sent guetté par une mort violente, destiné à finir sous le bec des vautours; il n'en peut plus douter: sa ruine est imminente. Le sombre jour qui vient le remplit d'épouvante, l'angoisse et le tourment se jettent contre lui, comme l'armée d'un roi qui se lance à l'assaut.» Il a levé le poing, en effet, contre Dieu, il a bravé Celui qui est le Dieu très-grand. Tête baissée, il part à l'assaut contre Dieu, protégé par l'épaisseur de son bouclier. Il a fort bonne mine et il est bien en chair. Il s'était installé dans des villes détruites, occupant des maisons où l'on n'habitait plus, car elles menaçaient de s'écrouler bientôt. Cet homme ne pourra jamais devenir riche, ou bien sa fortune ne tiendra pas longtemps. Il n'aura pas d'influence dans le pays. Il n'échappera pas à la nuit de la mort. Un arbre dont le feu a séché les rameaux: voilà ce qu'il sera! Et le souffle de Dieu l'emportera au loin. Il commet une erreur en comptant sur la fraude, car il sera payé de la même monnaie. Cela s'accomplira avant même sa fin, comme pour un rameau privé de toute sève, ou la vigne qui perd ses fruits encore verts, ou l'olivier qui voit tomber toutes ses fleurs. Oui, la bande des hommes de mauvaise foi se trouve condamnée à demeurer stérile. Le feu dévorera les maisons de ces gens, foyers de corruption. Qui porte en lui le mal engendre le malheur; ce qui mûrit en lui le trompera lui-même. Job répondit alors: J'ai entendu cent fois ce genre de discours. Quels pénibles consolateurs vous êtes tous, vous qui me demandez: «Quand verra-t-on la fin de ces paroles creuses?» ou «Quel tourment te pousse à répliquer ainsi?» Si vous étiez à ma place et moi à la vôtre, je pourrais moi aussi m'exprimer comme vous, je ferais contre vous un discours très brillant, je hocherais la tête en signe de pitié, je vous rendrais courage à force de parler, mes propos empressés mettraient fin à vos maux. Mais quand je veux parler, ma douleur n'est pas moindre, et si je veux me taire, elle ne s'en va pas. C'est qu'en réalité Dieu a usé mes forces, il a exterminé tous ceux qui m'entouraient. Les rides qu'il m'a faites en sont les témoins, ma maigreur m'accuse et me déclare coupable. Dans sa fureur, Dieu me choisit comme sa proie, il me poursuit, me montre des dents menaçantes; lui, mon ennemi, me transperce du regard. Les gens ouvrent la bouche pour me menacer, me frappent sur les joues et me couvrent d'insultes, se forment en bande, s'attroupent contre moi. Dieu m'a livré au pouvoir de jeunes voyous, il m'a laissé aux mains de gens sans foi ni loi. Dieu est venu troubler la paix où je vivais, il m'a saisi la nuque, il m'a jeté à terre, et il a fait de moi la cible de ses flèches; elles volent autour de moi de toutes parts. Il transperce mes reins sans la moindre pitié; la bile de mon foie se répand sur la terre. Comme un guerrier, il se précipite sur moi, me frappe et m'inflige blessure après blessure. Le vêtement de deuil ne quitte plus ma peau, et je garde le front plongé dans la poussière. A force de pleurer, j'ai les yeux tout rougis et cernés par une ombre. Pourtant, mes mains n'ont pas trempé dans la violence et ma prière n'a pas cessé d'être pure. Terre, je perds mon sang, ne le recouvre pas; que ma protestation soit partout entendue! Car j'ai dès maintenant un témoin dans le ciel, oui, j'ai quelqu'un là-haut qui témoigne pour moi. Tandis que mes amis me traitent sans respect, je regarde vers Dieu, les yeux remplis de larmes. Ah! que mon témoin arbitre entre Dieu et moi, comme on le fait sur terre entre un homme et un autre! Oui, qu'il intervienne, car mes jours sont comptés, je pars sur un chemin d'où l'on ne revient pas. Je respire avec peine et ma vie va s'éteindre; ma tombe est grande ouverte. Ne voit-on pas que j'ai affaire à des moqueurs, et que leurs agressions m'empêchent de dormir? O Dieu, apporte-moi ta propre garantie, car à part toi, qui voudrait s'engager pour moi? Tu as ôté toute raison à mes amis; ne les laisse donc pas se croire supérieurs. Ils sont comme l'homme dont parle le proverbe: invitant ses amis à partager son pain, il laisse ses enfants attendre en vain leur part. Les gens ont fait de moi un sujet de chansons. Je suis celui sur qui on crache en plein visage. Mes yeux ne brillent plus, éteints par le chagrin; mon corps n'est à présent que l'ombre de lui-même. Les braves gens restent sans voix devant mon mal. Les innocents sont indignés: ils voient en moi un homme de mauvaise foi. «Que le fidèle persévère, disent-ils; et que l'homme aux mains propres redouble d'efforts!» Quant à vous, mes amis, venez, revenez tous: je ne trouverai parmi vous aucun vrai sage! Ma vie est terminée; voici réduits à rien les projets que j'ai faits et mes plus chers désirs! Si j'en crois mes amis, ma nuit serait le jour, et l'aube serait proche, alors que le soir tombe! Que puis-je attendre encore? – Une place pour moi dans le monde des morts, un lit où me coucher dans son obscurité! Je dis à mon tombeau: «C'est toi qui es mon père», et à la pourriture: «Ma mère et ma sœur!» Où donc est mon espoir? Qui l'aperçoit encore? Il descend avec moi dans le monde des morts, nous tombons tous les deux jusque dans la poussière. Bildad de Chouha prit alors la parole: Jusqu'à quand tairez-vous ce qu'il convient de dire? Réfléchissez d'abord et nous saurons parler. Allez-vous laisser Job nous prendre pour des bêtes? Avez-vous l'impression que nous sommes stupides? Quant à toi, Job, ta fureur te nuit à toi-même. Crois-tu qu'elle pourrait dépeupler un pays, déplacer un rocher…? C'est la lumière du méchant qui s'éteindra! La flamme, à son foyer, cessera de briller. La lumière, chez lui, perdra de sa clarté, la lampe de sa vie va s'éteindre à son tour. Sa démarche assurée deviendra hésitante, et les projets qu'il fait finiront par le perdre. Ses pas le conduiront dans un filet tendu, et il ira tout droit se prendre dans les mailles. Un piège le capturera par le talon, un nœud coulant le retiendra solidement. Le fil qui le prendra est caché dans la terre, et le lacet fatal l'attend sur son chemin. De partout, la terreur tombe soudain sur lui et lui donne la chasse à chaque pas qu'il fait. Lui qui était si fort, le voilà affamé, et la misère est installée à ses côtés. Elle dévorera les morceaux de sa peau et un fléau mortel consumera ses membres. On viendra l'arracher de sa demeure sûre, pour le conduire au roi du monde de la mort. Sa maison sera libre, on pourra l'occuper; sur sa propriété on répandra du soufre. Il sera l'arbre mort, du bas jusqu'à la cime, racines desséchées et feuillage flétri. Au pays, on perdra tout souvenir de lui, son nom ne sera plus prononcé dans la rue. De la lumière, on l'expulsera dans la nuit, et on le chassera de la terre habitée. Aucun enfant n'assurera sa descendance, aucun ne survivra, de toute sa maison. A l'ouest comme à l'est on apprendra son sort, les gens seront saisis d'effroi et de frissons: «Ainsi donc, diront-ils, voilà tout ce qui reste de cet individu et de sa maisonnée. C'était ici un lieu où l'on ignorait Dieu.» Job répondit alors: Pendant combien de temps me tourmenterez-vous et m'écraserez-vous sous le poids des discours? Au moins dix fois déjà vous m'avez insulté. Me torturer ainsi ne vous fait-il pas honte? Même s'il était vrai que je me sois trompé, je suis le seul que cette erreur concernerait! En fait vous m'abaissez pour vous grandir vous-mêmes, et vous me reprochez ma grande humiliation. Mais sachez que c'est Dieu qui m'a causé ce tort et m'a entortillé dans son propre filet. Si je dénonce la violence qui m'est faite, on ne me répond pas. Si j'appelle au secours, personne n'intervient pour me rendre justice. Dieu barre ma route, m'empêche de passer, me laisse dans le noir à chercher mon chemin. Il est venu me dépouiller de mon honneur et m'enlever tout mon prestige, ma couronne. Il m'a ruiné à tous égards et je succombe; il m'a ôté l'espoir, comme on arrache un arbre. Excitant contre moi le feu de sa colère, il m'a traité comme l'un de ses ennemis. Ses bandes de tueurs se rassemblent en masse, ils s'ouvrent un chemin pour venir jusqu'à moi et installent leur camp tout autour de ma tente. Mes plus proches parents, Dieu les a éloignés. Ceux qui me connaissaient font tout pour m'éviter. Les gens de ma maison et mes amis intimes se tiennent à distance. Ils m'ont tous oublié, même les réfugiés que j'avais recueillis! Mes servantes me traitent comme un étranger; je ne suis plus pour elles qu'un indésirable. Mon serviteur ne répond plus quand je l'appelle, même si j'insiste jusqu'à le supplier. Ma femme ne peut plus supporter mon haleine, et mes propres enfants n'ont que dégoût pour moi. Me voilà méprisé par de simples gamins: si je prends la parole, ils médisent de moi. Je fais horreur à mes amis les plus intimes, et tous ceux que j'aimais se tournent contre moi. Je n'ai plus aujourd'hui que la peau sur les os, et je sors du désastre en ayant tout perdu. Pitié pour moi, pitié pour moi, vous mes amis, car c'est la main de Dieu qui m'a porté ces coups! Pourquoi vous joindre à lui et me persécuter? N'avez-vous pas assez de me martyriser? Ah! combien je voudrais que ma protestation soit mise par écrit, inscrite dans un livre! Qu'on puisse la graver à la pointe de fer, qu'on la noircisse au plomb, qu'elle reste toujours marquée dans le rocher! Je sais bien, moi, que j'ai un défenseur vivant, et qu'il se dressera enfin sur cette terre. Quand on aura fini de m'arracher la peau, eh bien, même écorché, je contemplerai Dieu! Je le verrai moi-même, de mes propres yeux. C'est moi qui le verrai et non un étranger. Mon cœur s'épuise en moi d'attendre ce moment. Vous vous interrogez: «Comment donc le poursuivre, quel prétexte trouver pour lui faire un procès?» Redoutez que l'épée vous atteigne vous-mêmes, car votre acharnement mériterait la mort. Vous devez le savoir: Dieu sera votre juge! Sofar de Naama prit alors la parole et dit à Job: Eh bien, mes réflexions me poussent à répondre, et aussi l'impatience que je sens en moi. J'entends une leçon qui m'est insupportable, mais ma raison m'inspire la réponse à faire. Tu as l'air d'ignorer ceci: depuis toujours, depuis que l'être humain a été mis sur terre, les méchants ne crient victoire que peu de temps, la joie est de courte durée chez l'homme de mauvaise foi. Même s'il est de taille à monter jusqu'au ciel, même s'il a la tête au niveau des nuages, il finira comme ses propres excréments. «Qu'est-il donc devenu?» demanderont alors ceux qui le connaissaient. Tel un rêve, il s'envole, et sa trace est perdue comme s'évanouit une vision nocturne. On avait vu cet homme, on ne le verra plus; là même où il vivait, on n'apercevra rien. Lui-même en est réduit à rendre ses richesses, et ses fils sont contraints de rembourser les pauvres. Il se sentait rempli de force et de jeunesse, mais tout cela se couche avec lui dans la tombe. Dans sa bouche, le mal est doux comme un bonbon, et il le fait glisser à l'abri de sa langue. Il l'y garde longtemps, il ne le lâche pas, prolongeant le plaisir d'en savourer le goût. Mais ce qu'il a mangé trouble sa digestion et devient en son ventre un venin de serpent. Il doit vomir les biens qu'il avait pris aux autres, Dieu lui fait recracher ce qu'il a englouti. Ce qu'il suçait n'était qu'un venin de serpent, aussi mortel qu'une morsure de vipère. Qu'il ne s'attende pas à voir couler pour lui des flots de miel, des fleuves, des torrents de crème! Il rendra tous ses gains avant d'en profiter et sans pouvoir jouir de ses gros bénéfices! Car il a maltraité et délaissé les faibles, il a pris leur maison au lieu d'en bâtir une. Puisque son appétit était infatigable, il ne pourra sauver aucun de ses trésors. Personne n'échappait à sa voracité, c'est pourquoi son bonheur n'aura pas de durée. Dans la surabondance, il est saisi d'angoisse, la main de tous les miséreux s'abat sur lui. Quand il est occupé à se remplir le ventre, Dieu lâche contre lui son ardente colère; elle pleuvra sur lui en guise de repas. Il esquive les coups de quelque arme de fer, mais le voilà percé d'une pointe de bronze. Il arrache la flèche qui sort de son dos, il retire l'arme qui traverse son foie; la terreur de la mort tombe aussitôt sur lui. Son destin est caché; c'est une nuit totale. Un feu surnaturel viendra le dévorer, et il consumera ce qui reste chez lui! Le ciel démasquera les crimes de cet homme, la terre se dressera pour le dénoncer! L'inondation emportera au loin ses biens, le jour où Dieu fera éclater sa colère! Tel est le sort que Dieu réserve aux criminels, c'est cela le destin qu'il prépare pour eux. Job répondit alors: Écoutez sérieusement ce que j'ai à dire, je n'attends pas d'autre consolation de vous. Supportez-moi, permettez-moi de m'exprimer, et quand j'aurai parlé, on pourra se moquer. Est-ce d'un homme que j'ai à me plaindre, moi? Non! Pourquoi donc ne pourrais-je perdre patience? Penchez-vous sur mon cas: vous serez stupéfaits; la main sur la bouche, vous ne direz plus rien. Quand je pense moi-même à tout ce qui m'arrive, je suis épouvanté et pris de tremblements. Pourquoi donc les méchants sont-ils encore en vie, pourquoi accroissent-ils leur pouvoir avec l'âge? Ils voient leurs descendants s'installer auprès d'eux, ils peuvent contempler tous leurs petits-enfants. Chez eux tout va très bien, on ignore la peur, et le bâton de Dieu ne les frappe jamais. Chaque fois, leur taureau rend leur vache féconde; celle-ci fait son veau sans jamais avorter. Ils laissent leurs gamins courir comme un troupeau et leurs petits-enfants s'ébattre en liberté. Tambourin et guitare accompagnent leurs chants; ils prennent du plaisir à écouter la flûte. Après avoir passé leur vie dans le bonheur, ils descendent en paix dans le monde des morts. Or ils disaient à Dieu: «Laisse-nous donc tranquilles, peu nous importe de savoir ce que tu veux. Qu'est donc le Dieu très-grand, sommes-nous ses esclaves? A quoi nous servirait de le solliciter?» Et pourtant leur bonheur ne dépendait pas d'eux! Que je reste étranger à ce comportement des gens sans foi ni loi! Est-ce qu'on voit souvent la lampe de leur vie s'éteindre tout à coup, la ruine les atteindre, ou Dieu les condamner à subir sa colère? Qu'ils soient comme la paille emportée par le vent, comme la poussière qu'un tourbillon soulève! On dit que Dieu réserverait la punition aux fils de ces gens-là. S'il les faisait plutôt payer directement, cela leur apprendrait! Il faut que les méchants voient eux-mêmes leur ruine et qu'ils goûtent à la fureur du Dieu très-grand. Une fois en effet que leur vie est tranchée, le sort de leurs enfants ne les concerne plus. Va-t-on apprendre à Dieu à connaître ces choses, alors qu'il est le juge des anges eux-mêmes? Certains ne sont pris par la mort qu'en plein bonheur, ils vivent sans soucis, parfaitement tranquilles. Ils portent l'embonpoint des gens trop bien nourris, ils sont encore tout pleins de vitalité. Mais d'autres n'ont connu qu'une existence amère et n'ont jamais goûté un instant de bonheur. Les uns et les autres sont couchés dans la terre, et recouverts bientôt d'une couche de vers. C'est que je connais bien vos arrière-pensées et les idées que vous vous faites sur mon compte! Vous dites en effet: «Qu'est-elle devenue, la maison des tyrans, la tente des méchants? – Il n'y en a plus trace!» Mais n'avez-vous jamais questionné les passants et n'acceptez-vous pas les preuves qu'ils apportent? Lorsque vient le malheur, le méchant y échappe, la colère de Dieu le laisse sain et sauf. Qui osera dès lors lui démontrer ses torts? Qui lui fera payer le mal qu'il a commis? Lui, quand il meurt, on le conduit au cimetière, on veille sur sa tombe. Tout le monde a suivi son cortège funèbre, une foule immense défile devant lui. La terre du vallon est légère à son corps! Quelle consolation m'offrez-vous donc? Du vent! Et tous vos arguments ne sont qu'escroquerie. Alors Élifaz de Téman prit la parole et dit à Job: A qui l'homme peut-il être utile? Est-ce à Dieu? – A lui-même plutôt, s'il a quelque bon sens. Et quel profit le Dieu très-grand retire-t-il de ta bonne conduite? Et que peut-il gagner si ton comportement est sans aucun reproche? Crois-tu qu'il te corrige et te fait un procès parce que tu respectes son autorité? C'est plutôt pour punir tes innombrables torts et les fautes que tu ne cesses de commettre. Par exemple, tu as réclamé indûment un gage à ton prochain; tu lui as pris le seul manteau qu'il possédait. Tu as refusé un peu d'eau à l'assoiffé ou un morceau de pain à qui mourait de faim. Mais tu laissais les forts s'emparer du pays et les favoris du pouvoir s'y installer. Tu as laissé partir des veuves les mains vides et privé l'orphelin de ses dernières forces. C'est pourquoi te voilà cerné, pris au filet, et soudain assailli par une peur terrible. La nuit tombe sur toi et tu n'y vois plus rien, tu te trouves noyé sous une énorme vague. On sait très bien que Dieu est là-haut dans le ciel. Vois déjà la hauteur de la plus haute étoile! Alors tu as conclu: «Que peut-il bien savoir? Dieu peut-il nous juger à travers les nuages? Leur voile est trop épais, il ne distingue rien quand il parcourt le tour du ciel.» Tiendrais-tu à rester sur les chemins battus qu'ont toujours parcouru les partisans du mal, eux qui sont balayés avant le temps normal, comme un mur emporté par une inondation? Ces gens disaient de Dieu: «Qu'il nous laisse tranquilles! Il est le Dieu très-grand, mais que peut-il nous faire?» Or c'est lui qui avait enrichi leurs familles! Que je reste étranger à ce comportement des gens sans foi ni loi! Les fidèles seront heureux de voir leur ruine, les innocents n'auront pour eux que moqueries: «Eh bien, voilà nos ennemis anéantis! Le feu a dévoré tout ce qu'ils ont laissé.» Réconcilie-toi avec Dieu, tout ira mieux, c'est ainsi que le bonheur te sera rendu. Reçois l'enseignement qu'il te donne lui-même, prends à cœur ses paroles. Reviens au Dieu très-grand, il te rétablira; éloigne de chez toi tout ce qui est injuste. Jette ton or à terre ou laisse-le parmi les pierres du torrent, et c'est le Dieu très-grand qui te tiendra lieu d'or, de quantité d'argent. Alors tu te plairas auprès du Dieu très-grand, tu lèveras vers lui un visage confiant. Il ne manquera pas d'écouter ta prière, et tu pourras alors t'acquitter de tes vœux. Quoi que tu décides, cela réussira, tout sera clair pour toi sur la voie que tu suis. On voudra t'humilier, mais tu diras: “Debout!” car Dieu donne son aide à celui qui est humble. Puisqu'il arrache au mal les hommes innocents, tu seras délivré en gardant les mains propres. Job répondit alors: J'ai beau vouloir étouffer mes gémissements, encore maintenant, ma plainte est la plus forte. Ah! comme j'aimerais savoir où trouver Dieu! Je me rendrais alors jusqu'à sa résidence et je pourrais ainsi lui exposer ma cause. Je lui présenterais mes nombreux arguments. Je connaîtrais quelle réponse il me ferait, je comprendrais enfin ce qu'il tient à me dire. Lui faudrait-il un grand effort pour m'affronter? Mais non: il suffirait qu'il me prête attention. Il pourrait s'expliquer avec un homme honnête, et moi, j'échapperais pour toujours à mon juge. Mais si je vais à l'est, il ne s'y trouve pas. Je me rends à l'ouest, et ne l'aperçois pas. A-t-il à faire au nord? Non, je ne l'y vois pas. Se cache-t-il au sud? Je ne remarque rien. Pourtant il connaît bien le chemin que je suis: il m'a mis à l'épreuve, mais j'en sortirai pur, comme l'or du creuset. Je me suis fermement attaché à ses pas, j'ai suivi son chemin et n'en ai pas dévié. Je n'ai pas refusé ce qu'il me commandait, j'ai gardé dans mon cœur tout ce qu'il m'ordonnait. Mais il n'a qu'une idée. Qui l'en fera changer? Ce qu'il a désiré, il l'a réalisé. Il accomplit pour moi ce qu'il a décidé, comme tant d'autres plans qu'il a mis en réserve. Voilà pourquoi je suis terrifié devant Dieu. Oui, plus je réfléchis et plus j'ai peur de lui. Car c'est bien Dieu qui affaiblit tout mon courage, c'est lui, le Dieu très-grand, qui vient me terrifier. Pourtant malgré la nuit, je ne me suis pas tu; malgré l'obscurité qu'il fait tomber sur moi! Pourquoi le Dieu très-grand n'a-t-il pas réservé des jours où il exercerait son jugement, où ses fidèles le verraient intervenir? Or des gens déplacent les bornes de leur champ, d'autres font paître des moutons qu'ils ont volés. Certains s'emparent de l'âne des orphelins ou prennent en garantie le bœuf de la veuve. Les malheureux sont bousculés hors du chemin, les pauvres du pays n'ont plus qu'à se cacher. Tels les ânes sauvages des terres désertes, ils partent au travail et cherchent dans la steppe quelque chose à manger pour nourrir leurs petits. Ils doivent ramasser de l'herbe dans les champs, ils doivent vendanger la vigne du méchant. Mais ils n'ont pas de quoi se couvrir pour la nuit, pas de couverture pour résister au froid. Ils sont trempés par les averses des montagnes; faute d'abri, ils se serrent contre un rocher. On arrache l'orphelin au sein de sa mère. De celui qui n'a rien on exige des gages. On le réduit à marcher à peine vêtu, à porter des gerbes de blé le ventre creux, à presser des olives dans l'enclos des autres ou préparer le vin sans pouvoir y goûter. Dans la ville, les gens font entendre leurs plaintes; le râle des blessés est un appel à l'aide, et Dieu reste insensible à ces faits scandaleux! Les méchants sont de ceux qui n'aiment pas le jour, ils ne fréquentent pas les chemins qu'il éclaire, ils ne s'y tiennent pas. Le meurtrier se lève à l'approche de l'aube, il assassine le pauvre, le malheureux, et il se fait voleur quand la nuit est venue. Le mari infidèle guette aussi le soir en se disant: «Je passerai inaperçu.» Alors il cache son visage sous un voile. C'est dans la nuit que le voleur perce les murs; pendant le jour, il se tient enfermé chez lui, la lumière est pour lui une chose étrangère. Pour eux tous, le matin est un sombre moment, tant ils sont familiers des horreurs de la nuit. Mais vous, vous affirmez: «Les méchants sont vite emportés au fil de l'eau, leur domaine devient une terre maudite, et ils ne prennent plus la direction des vignes. Comme neige au soleil, ainsi disparaissent vers le monde des morts tous ceux qui ont péché. Celle qui les a mis au monde les oublie, ils sont un mets de choix pour les vers des cadavres; on cesse tout à fait de parler de ces gens. Voilà le mal brisé comme un morceau de bois. Ces gens ont maltraité la femme qui ne pouvait avoir d'enfants, ou bien n'ont pas montré de bonté à la veuve. Mais Dieu a la force d'expulser les tyrans. Il surgit et ceux-ci ne sont plus sûrs de vivre. Il les laisse assurés de leur sécurité, mais il garde les yeux fixés sur leur conduite. Ces gens se redressent un peu, et puis plus rien; ils courbent la tête, comme une fleur qui meurt, ils se fanent comme un épi qu'on a coupé.» Il en est bien ainsi! Qui oserait alors me traiter de menteur et réduire à néant ce que j'ai affirmé? Bildad de Chouha prit alors la parole et dit à Job: Dieu détient un pouvoir souverain, effrayant; il impose la paix jusqu'au plus haut du ciel. Qui pourrait compter les troupes dont il dispose? Et sur qui son soleil ne se lève-t-il pas? Comment veut-on qu'un homme ait raison contre Dieu? Et comment un humain se prétendra-t-il pur? Si devant Dieu même la lune est sans éclat, et si les étoiles lui paraissent ternies, qu'en sera-t-il alors de ces pauvres humains aussi insignifiants qu'un simple vermisseau? Job répondit alors: Ah! comme tu sais bien venir en aide au faible, au secours de celui dont le bras est sans force! Ah! comme tu sais bien conseiller l'incapable et, sur tous les sujets, montrer ta compétence! Mais pour qui ces discours? De qui t'inspires-tu pour parler de la sorte? Plus bas que l'océan et que ceux qui le peuplent, au pays des ombres, on se met à trembler, car le monde des morts est à nu devant Dieu, aucun voile ne cache l'abîme à ses yeux. C'est Dieu qui étend le nord du ciel sur le vide et qui suspend la terre au-dessus du néant. Il enferme la pluie au-dedans des nuages et empêche ceux-ci de crever sous le poids. Il voile le visage de la pleine lune en tirant devant elle un rideau de nuages. Il a tracé un cercle autour de l'océan, là où la lumière met un terme à la nuit. Aux menaces de Dieu, le ciel, sur ses piliers, est pris de tremblements et reste stupéfait. La puissance de Dieu a vaincu l'océan et son intelligence le monstre Rahab. Comme un vent, son haleine a balayé le ciel, sa main a transpercé le serpent tortueux. Si ce n'est là qu'un petit bout de ses actions – et nous n'en percevons qu'un très léger écho – qui comprendra le tonnerre de ses hauts faits? Job reprit son plaidoyer en disant: Voici ce que je jure par le Dieu vivant, qui me refuse justice, par le Dieu très-grand qui me remplit d'amertume: Tant que j'aurai en moi un petit peu de vie, que le souffle de Dieu sera dans mes narines, jamais mes lèvres ne diront ce qui est faux, ni ma langue ne trahira la vérité! Loin de moi la pensée de vous donner raison! Jamais, jusqu'à ma mort, je ne renoncerai à me dire innocent. Je maintiens fermement que ma conduite est juste, je n'en démordrai pas. En conscience, je n'ai pas honte de ma vie. C'est à mon ennemi que le sort des méchants doit être réservé! A ceux qui m'attaquent, le sort des criminels! Que reste-t-il à l'homme de mauvaise foi, quand Dieu coupe ou arrache le fil de sa vie? Lorsque survient pour lui le temps de la détresse, ses appels au secours sont-ils reçus par Dieu? Trouverait-il son plaisir auprès du Dieu très-grand? Adresserait-il à Dieu sa prière en tout temps? Je dis tout haut ce que pense le Dieu très-grand, je ne vous cache pas ses arrière-pensées. Vous avez constaté, vous tous, ce qu'il en est. Alors pourquoi votre discours est-il si creux? Voici le sort que Dieu réserve aux criminels, la part que le Dieu très-grand destine aux tyrans: Si leurs fils grandissent, la guerre les tuera, leurs enfants n'auront pas assez de pain pour vivre; enfin la peste emportera les survivants, leurs veuves ne pourront même pas les pleurer. S'ils amassent l'argent comme de la poussière et des tas de vêtements comme de la boue…, c'est un fidèle qui mettra les vêtements, c'est un homme honnête qui touchera l'argent. La maison que ces gens ont bâtie est fragile, une hutte branlante de gardien de vigne. Ils se couchent riches, ils ne vont pas mourir; quand ils ouvrent les yeux, il ne reste plus rien. La terreur les surprend comme l'eau qui déborde, un tourbillon les emporte pendant la nuit. Le vent d'est les soulève et il s'en va plus loin, il les arrache avec violence à leur demeure. Sans avoir pitié d'eux, Dieu les prend comme cibles, si bien qu'ils doivent fuir pour éviter les coups. On applaudit en les voyant dans cet état, du lieu où ils étaient, on siffle de plaisir. Il existe des lieux où l'on extrait l'argent, et des endroits où l'or est trié par lavage. Quant au fer, c'est dans le sol qu'on va le chercher, et le cuivre s'obtient en fondant de la roche. Sous terre, les mineurs apportent la lumière; on y fouille jusqu'aux limites du possible la roche sombre et noire. On ouvre des tunnels hors des lieux habités. Loin des humains, en des endroits inaccessibles, des mineurs oscillent, suspendus à des cordes. La terre, en surface, produit la nourriture, tandis que, par-dessous, on dirait que le feu a tout bouleversé. C'est dans ses roches que l'on trouve le saphir et les pépites d'or. Le vautour ignore ces chemins souterrains, l'œil des oiseaux de proie ne les a jamais vus. Aucun grand fauve n'a parcouru ces sentiers, et le lion ne s'y est pas aventuré. Mais l'homme ose attaquer la roche de granit, il remue les montagnes jusqu'à la racine. Dans le roc, il ouvre un réseau de galeries; tout ce qui est précieux, il le voit de ses yeux. Il va jusqu'à tarir les sources des cours d'eau et il amène au jour ce qui était caché. Mais la Sagesse, où peut-on bien la trouver? Où donc est la demeure de l'intelligence? Les humains ignorent à quel prix l'estimer, car elle est introuvable au pays des vivants. Le grand Océan dit: «Elle n'est pas ici», et la Mer, à son tour: «Elle n'est pas chez moi.» On ne peut l'échanger contre un lingot d'or fin, on ne peut l'acquérir contre un bon poids d'argent. Elle est incomparable face à l'or d'Ofir, à la précieuse cornaline ou au saphir. Ni le verre ni l'or n'atteignent sa valeur, on ne peut l'obtenir contre un vase d'or fin, ne parlons même pas du corail, du cristal… La Sagesse vaut mieux qu'aller pêcher les perles! La topaze éthiopienne est loin de la valoir. Face à l'or le plus pur, elle est incomparable. Mais la Sagesse, d'où peut-elle provenir? Où donc est la demeure de l'intelligence? Elle reste cachée au regard des vivants, invisible à l'oiseau qui vole dans le ciel. La Mort et le Royaume de la mort déclarent: «Oui, c'est vrai, nous avons entendu parler d'elle.» Mais Dieu a remarqué par où elle venait; lui seul a su le lieu où l'on peut la trouver, quand son regard allait jusqu'au bout de la terre, et qu'il inspectait tout ce qui est sous le ciel. Quand il attribuait un certain poids au vent et quand il mesurait le volume des eaux, quand il marquait une limite pour la pluie et un chemin pour les roulements du tonnerre, c'est alors qu'il vit la Sagesse et l'estima; il en fit l'inventaire, éprouva sa valeur. Puis il dit aux humains: «Respecter le Seigneur, c'est cela la sagesse! Et s'écarter du mal, voilà l'intelligence!» Job reprit son plaidoyer en disant: Ah! combien j'aimerais retrouver le passé, ce temps où je vivais sous la garde de Dieu, quand sa lampe brillait au-dessus de ma tête! Sa lumière m'aidait à traverser la nuit. Je me trouvais alors au temps de l'âge mûr, et l'amitié de Dieu veillait sur ma maison. Lui, le Dieu très-grand, était encore avec moi, et tout autour de moi se tenaient mes garçons. A cette époque, je nageais dans l'abondance, des ruisseaux d'huile s'écoulaient de mon pressoir. Lorsque je sortais vers la porte de la ville et que j'allais siéger au conseil sur la place, les jeunes gens, en me voyant, se retiraient, les vieillards se levaient et ils restaient debout. Les personnalités arrêtaient leurs discours, s'imposant le silence, la main sur la bouche. Les chefs baissaient le ton, ils devenaient muets. J'étais félicité par ceux qui m'entendaient; en me voyant, tous m'assuraient de leur estime: je sauvais le pauvre qui m'appelait à l'aide et l'orphelin que personne ne secourait. Ceux qui mouraient me laissaient leur bénédiction, je remettais un peu de joie au cœur des veuves. Le sens de la justice était mon vêtement, mon respect pour le droit un manteau, un turban. Pour l'aveugle, j'étais les yeux qui lui manquaient, pour l'infirme, les pieds qui lui faisaient défaut. Pour les malheureux, j'étais devenu un père, je donnais tous mes soins au cas de l'étranger. Mais je cassais les dents à tous les criminels, arrachant de leurs crocs la proie qu'ils détenaient. Je me disais alors: «Je mourrai dans mon nid comme l'oiseau Phénix, et revivrai longtemps. Je suis comme un arbre qui a le pied dans l'eau; la rosée de la nuit rafraîchit mes rameaux. Je pourrai retrouver un prestige tout neuf et ma force d'agir comme un arc bien tendu.» En ce temps-là, on m'écoutait, on attendait, on se taisait pour que je donne mon avis. Quand j'avais terminé, on ne discutait pas, sur les gens mes propos s'écoulaient goutte à goutte. Et les gens m'attendaient, comme on attend la pluie, comme on aspire à voir l'averse de printemps. Quand je leur souriais, ils n'osaient pas y croire, guettant sur mon visage un signe bienveillant. Je siégeais à leur tête et leur montrais la route, vivant avec eux comme un roi parmi ses troupes, comme quelqu'un qui console les affligés. Mais maintenant, je suis tourné en ridicule par des petits jeunots. Leurs pères autrefois m'auraient paru indignes de figurer parmi les chiens de mon troupeau. Et d'ailleurs, que pouvais-je attendre de ces gens à la force mourante? Épuisés par la faim et par les privations, ils cherchaient quelque chose à ronger dans la steppe, sombre région de ruine et de désolation. Ils recueillaient l'herbe salée près des buissons, ils se nourrissaient des racines du genêt. Chassés par tout le monde, poursuivis à grands cris comme des malfaiteurs, ils cherchaient un abri sur les flancs des ravins, dans les trous de la terre ou les creux des rochers. Ils étaient entassés à couvert sous les ronces, on entendait leurs cris au milieu des buissons: Des espèces de fous, des êtres innommables, qu'on chassait du pays à grands coups de bâton! Mais maintenant je suis un thème de chansons, me voilà devenu sujet de racontars. Ils s'éloignent de moi pour marquer leur dégoût, ou bien, sans se gêner, me crachent au visage. Dès lors que Dieu m'a affaibli et humilié, ils n'ont plus envers moi la moindre retenue! Pour m'accuser, une foule de gens se lèvent, cherchant à me faire tomber d'un croche-pied. Ils lancent contre moi leur assaut pour me perdre. Ils m'ont coupé toute retraite, chacun travaille à mon malheur, aucun d'entre eux n'a besoin d'aide. Ils pénètrent chez moi par une large brèche et se glissent vers moi à travers les décombres. Toutes sortes de terreurs me prennent pour cible, balayant ma dignité comme un coup de vent; mon bonheur a été un nuage qui passe. Enfermé maintenant dans ce temps de misère, il ne me reste plus qu'à exprimer ma plainte. La nuit, les douleurs me transpercent jusqu'à l'os, elles me rongent sans m'accorder de repos. Dieu a saisi brutalement mon vêtement, il me serre le cou comme un col trop étroit, me jette dans la boue; on dirait que je suis de poussière et de cendre. Mon Dieu, je t'appelle, mais tu ne réponds pas; je me tiens devant toi, mais ton regard me perce. Te voilà devenu cruel à mon égard, tu mets toute ta force à t'acharner sur moi. Tu m'emportes au grand galop avec le vent, et la tempête me secoue dans tous les sens. Je le sais bien, tu me ramènes chez la mort, ce lieu de rendez-vous fixé à tout vivant. Mais quand tout est ruiné, ne tend-on pas la main? Dans la détresse, n'appelle-t-on pas à l'aide? N'ai-je pas pleuré sur ceux que la vie malmène? Le sort des malheureux m'a toujours tourmenté! J'espérais du bonheur, mais j'ai eu le malheur; j'attendais la lumière, et la nuit est venue. L'émotion ne cesse de bouillonner en moi depuis que j'affronte cette vie de misère. Je marche dans le deuil; pas de soleil pour moi! En plein public je lance des appels à l'aide. Par mes lugubres cris, me voilà devenu compagnon des chacals et frère des hiboux. Sur moi, ma peau noircit, au plus profond de moi, la fièvre me dévore. Ma guitare ne joue que des airs pour le deuil, ma flûte ne soutient que le chant des pleureurs. J'avais un pacte avec mes yeux, m'interdisant tout regard de désir sur une jeune fille. Sinon qu'aurais-je pu m'attendre à recevoir depuis le ciel, du Dieu très-grand qui est là-haut? «Le malheur est pour les criminels, dites-vous, et les graves ennuis pour les gens malfaisants.» Or Dieu ne voit-il pas comment je me conduis? Il va jusqu'à compter tous les pas que je fais! Eh bien, ai-je vécu guidé par le mensonge, ai-je pressé le pas pour commettre la fraude? Que Dieu me pèse dans une balance juste! Alors il le saura: je suis irréprochable. Si mes pas ont quitté le chemin qu'il traçait, si mon cœur a suivi les désirs de mes yeux, si mes mains sont salies par une action mauvaise, qu'un autre profite alors de ce que je sème, ou que mes plantations soient arrachées de terre! Si mon cœur a cédé à l'attrait d'une femme et si je l'ai guettée à la porte voisine, que ma propre femme travaille pour un autre et que tout le monde puisse disposer d'elle! Car j'aurais commis là une faute honteuse, un crime digne d'être puni par les juges. Ma faute aurait été une sorte de feu, qui m'aurait consumé jusqu'à m'anéantir et qui aurait détruit tout ce que j'ai acquis. Lorsque mon serviteur ou lorsque ma servante avaient un sujet de plainte à me présenter, ai-je tenu pour rien le droit qui est le leur? Sinon que ferai-je quand Dieu interviendra, et que répondrai-je quand il enquêtera? Car c'est le même Dieu qui nous a tous formés, eux comme moi, dans le ventre de notre mère. Ai-je jamais dit non aux demandes des faibles, et laissé les yeux de la veuve attendre en vain? Ai-je mangé tout seul un morceau de mon pain sans laisser l'orphelin en avoir une part? Depuis ma jeunesse, j'ai été au contraire comme le père auprès duquel il grandissait, et j'ai toujours été un guide pour la veuve. Ai-je vu un pauvre privé de vêtements, un malheureux qui n'avait rien pour se couvrir, sans qu'ils me remercient d'avoir mis sur leur dos un tissu chaud de la laine de mes moutons? Si j'ai menacé l'orphelin au tribunal, en sachant que j'aurais l'appui de tous les juges, que mon épaule alors s'arrache de mon dos, et que mon bras se casse à la hauteur du coude! Car je redoute trop la punition de Dieu, je ne pourrais tenir devant sa majesté. Est-ce que j'ai placé ma confiance dans l'or? Ou lui ai-je dit: «Tu es ma sécurité»? Je n'ai pas mis ma joie dans ma grande fortune, dans les nombreux objets que j'ai pu acquérir. Quand j'ai vu le soleil dans toute sa splendeur et la lune avancer majestueusement, mon cœur a-t-il été secrètement séduit, les ai-je pris pour dieux et les ai-je adorés? En agissant ainsi, j'aurais mérité d'être puni par mon juge, car j'aurais été traître envers le Dieu d'en haut. Ai-je trouvé plaisir à voir mon ennemi plongé dans les ennuis, frappé par le malheur? Je n'osais même pas me permettre la faute de le maudire en demandant à Dieu sa mort. Qui n'ai-je pas nourri de viande à satiété? Tous ceux que je logeais peuvent en témoigner. L'étranger ne passait jamais la nuit dehors, puisque ma porte était ouverte au voyageur. Comme beaucoup de gens, ai-je caché mes fautes, dissimulé mes torts? Je n'ai pas peur de me présenter en public, d'avoir à affronter le mépris collectif, au point de ne rien dire et de rester chez moi. Ah! combien j'aimerais être enfin écouté! Je peux signer ce que j'ai dit. C'est maintenant au Dieu très-grand de me répondre! Quant à l'acte d'accusation qu'a rédigé mon adversaire, je le porte glorieusement sur mes épaules, j'en fais une couronne à mettre sur ma tête. Je rendrai compte à Dieu de chacun de mes pas, je me présenterai à lui, fier comme un prince. Ai-je poussé les champs à se plaindre de moi, et ai-je fait pleurer les sillons de la terre en profitant gratuitement de leurs récoltes, sans respecter les droits de leurs propriétaires? Si c'est le cas, eh bien, que la terre produise des buissons épineux et des herbes puantes au lieu d'orge et de blé! Fin des paroles de Job. Élifaz, Bildad et Sofar renoncèrent à répondre à Job, puisque celui-ci s'estimait innocent. Cela provoqua l'indignation d'un certain Élihou, fils de Barakel, de la tribu de Bouz, du clan de Ram. Son indignation éclata contre Job, parce que celui-ci prétendait avoir raison contre Dieu. Mais elle visait aussi ses trois amis, parce qu'ils n'avaient pas su répondre à Job et avaient ainsi donné tort à Dieu. Élihou s'était retenu de parler à Job, car les autres étaient plus âgés que lui. Mais son indignation éclata, quand il s'aperçut que les trois hommes n'avaient plus rien à répondre. Élihou, fils de Barakel, de la tribu de Bouz, déclara donc: Je suis encore jeune et vous êtes âgés. Voilà pourquoi j'étais bien trop intimidé pour oser exposer devant vous mon savoir. Je me disais: «C'est aux plus âgés de parler, c'est aux gens d'âge mûr d'enseigner la sagesse!» En vérité, ce qui rend l'homme intelligent c'est l'Esprit, c'est l'inspiration du Dieu très-grand. Être un sage, reconnaître ce qui est juste n'est pas une exclusivité des gens âgés. C'est pourquoi je vous demande de m'écouter: moi aussi, je voudrais exposer mon savoir. Eh bien, j'ai attendu ce que vous alliez dire, j'espérais entendre vos arguments de fond, un exposé fouillé. Je vous ai écoutés avec grande attention, mais aucun d'entre vous n'a su critiquer Job ni fournir de réponse à ses affirmations. Surtout ne pensez pas: «Voici ce qui est sage: ce n'est pas nous mais Dieu qui le réfutera.» Les arguments de Job ne me concernent pas; quant aux vôtres, je n'en veux pas pour lui répondre. Vous êtes consternés, vous ne répliquez plus, vous ne savez que dire. J'ai attendu. Mais puisque vous ne parlez plus et que vous restez là, impuissants à répondre, eh bien, c'est à mon tour de prendre la parole! je voudrais exposer, moi aussi, mon savoir. Je suis par trop rempli de ce que j'ai à dire; l'esprit au fond de moi me presse de parler. Cela fermente en moi comme un vin sous pression déchirant les outres neuves où on l'a mis. Qu'on me laisse parler, je serai soulagé, je pourrai m'exprimer et donner ma réponse. Bien sûr je ne prendrai le parti de personne, et je ne flatterai aucun de vous non plus. Je ne sais pas flatter, et si je le faisais, mon Créateur m'enlèverait sans plus tarder. Quant à toi, Job, écoute ce que j'ai à dire et fais bien attention à toutes mes paroles. J'ai quelque chose à dire et je vais l'exprimer. Je tiens à te parler en toute honnêteté, et je ne te dirai que la vérité pure. C'est par l'Esprit de Dieu que j'ai été créé, c'est le souffle du Dieu très-grand qui me fait vivre. Essaie de me contredire, si tu le peux, prépare-toi à m'affronter. En position! Nous sommes des égaux, toi et moi, devant Dieu, moi aussi j'ai été façonné dans l'argile. Serais-je une terreur? Tu n'as pas à trembler et je n'exercerai pas de pression sur toi. J'ai encore à l'oreille le son de ta voix, lorsque tu ne faisais que répéter ceci: «Moi, je suis innocent, et non rebelle à Dieu; je suis pur de tout crime. Mais Dieu trouve encore à me faire des reproches, il me considère comme son ennemi. Il entrave mes pas, il garde l'œil fixé sur tous mes faits et gestes.» Tu as tort sur ce point, Job, je dois te le dire; Dieu est beaucoup trop grand pour un simple être humain. Pourquoi donc entres-tu en procès avec lui? Il n'a pas à répondre de tout ce qu'il fait. Quand Dieu parle, il choisit tel moyen d'expression, ou tel autre, mais on n'y fait pas attention. Il parle par un rêve, une vision nocturne, quand l'engourdissement s'abat sur les humains, quand ils sont endormis, allongés sur un lit. Il leur apporte alors une révélation et il les avertit définitivement: il veut les détourner de leurs agissements, il veut leur éviter de tomber dans l'orgueil. C'est ainsi qu'il préserve leur vie de la tombe, qu'il les fait échapper au couloir de la mort. Mais Dieu corrige aussi l'homme par la souffrance qui le jette sur un lit: la fièvre fait trembler ses membres sans arrêt; le voilà dégoûté de toute nourriture, sans aucun appétit pour son plat favori. Il est si amaigri qu'on ne voit plus ses chairs et il devient bientôt un squelette vivant. Il n'est pas loin d'avoir mis un pied dans la tombe, sa vie est au pouvoir des agents de la mort. Mais il suffit d'un ange aux côtés de cet homme, un seul de ces mille intermédiaires de Dieu, pour lui faire savoir quel est le droit chemin. L'ange a pitié de lui, et il demande à Dieu: «Ne le laisse donc pas descendre dans la tombe, j'ai trouvé le moyen de le faire acquitter.» L'homme retrouve alors sa fraîcheur enfantine; le voilà revenu au temps de sa jeunesse. Quand il s'adresse à Dieu, il est bien accueilli; il se présente à lui avec des cris de joie, car Dieu lui a rendu sa condition normale. Il se met à chanter, disant à tout le monde: «J'étais fautif, je n'avais pas suivi la règle, mais Dieu m'a épargné la peine méritée. Il m'a fait échapper au couloir de la mort, j'ai retrouvé la vie et je vois la lumière.» Eh bien, c'est tout cela que Dieu fait pour les hommes, recommençant deux fois, trois fois si nécessaire. Il vise ainsi à les ramener de la tombe pour que brille sur eux la lumière de vie. Job, tu dois m'accorder toute ton attention; commence par te taire et laisse-moi parler. Si tu as quelque chose à répondre, dis-le, car j'aurais grand plaisir à te donner raison. Si tu n'as rien à dire, écoute-moi plutôt, fais silence, et je t'enseignerai la sagesse. Élihou poursuivit: Écoutez mon discours, vous qui êtes des sages, accordez-moi votre attention, gens d'expérience. Le rôle de l'oreille est d'apprécier les mots, tout comme le palais doit percevoir le goût. Eh bien, cherchons à discerner ce qui est juste, reconnaissons ensemble ce qui est correct! Voici Job qui déclare: «Je suis innocent, mais Dieu ne tient aucun compte de mon bon droit. Sur mon bon droit, il ne dit pas la vérité; sans que je sois coupable, il m'a blessé à mort.» Quel genre d'homme est Job? Il manie l'insolence aussi facilement qu'il boit un verre d'eau! Il fait cause commune avec les malfaiteurs, il se met du côté des gens sans foi ni loi, car il a déclaré: «L'homme ne gagne rien à chercher de bonnes relations avec Dieu.» Vous donc qui avez du bon sens, écoutez-moi: Loin de moi la pensée que Dieu ferait le mal, que le Dieu très-grand pratiquerait l'injustice! Mais il rend aux humains ce qu'ils ont mérité, il les traite chacun d'après ce qu'il a fait. Il est bien évident que Dieu n'agit pas mal; le Dieu très-grand ne violera jamais le droit! Quelqu'un d'autre lui aurait-il confié la terre? Son pouvoir sur le monde, il le tient de lui seul. Si Dieu n'était préoccupé que de lui-même et reprenait pour lui le souffle de la vie, tous les êtres vivants expireraient d'un coup, l'homme retournerait à l'état de poussière. Si tu comprends les choses, Job, écoute donc et fais bien attention à ce que je vais dire: Dieu pourrait-il vraiment exercer son pouvoir s'il détestait le droit? Oses-tu donner tort au seul souverain juste? Lui seul peut dire au roi: «Espèce de vaurien!» et aux princes: «Vous n'êtes que des criminels.» Il n'a pas pour les chefs d'égards particuliers, il ne fait pas passer le riche avant le pauvre, car il les a créés aussi bien l'un que l'autre. Soudain la mort est là, au milieu de la nuit: le peuple est en révolte et les maîtres périssent; on élimine le tyran sans grand effort. Dieu surveille en effet la conduite des hommes et remarque toutes les démarches qu'ils font. Il n'y a pas d'obscurité assez profonde pour l'empêcher d'apercevoir les malfaiteurs. Dieu n'a aucun besoin d'une enquête spéciale pour les mener à comparaître au tribunal. Sans ouvrir une enquête, il brise les puissants et installe bientôt quelqu'un d'autre à leur place. C'est qu'il n'ignore rien de leurs agissements, il les renverse et les écrase en une nuit. Il les frappe en public, comme des criminels. Ces gens-là, en effet, se détournaient de lui, ils voulaient ignorer tous ses enseignements. Ils ont ainsi poussé les faibles et les pauvres à lancer jusqu'à lui leurs appels au secours. Or il entend ces cris! S'il ne réagit pas, qui lui donnera tort? Et s'il veut se cacher, qui le verra quand même? Mais il peut imposer aux nations, aux humains, un homme indigne comme roi, un démagogue. Supposons que quelqu'un déclare à Dieu ceci: «J'ai purgé ma peine, je renonce à mal faire. Montre-moi les fautes que je n'ai pas su voir. Si j'ai commis le mal, je n'y reviendrai plus.» Dieu doit-il le punir? Quel est donc ton avis, toi qui fais la critique? Puisque c'est toi qui décides et non pas moi, dis ce que tu en penses. Les hommes de bon sens sauront bien me le dire et les sages aussi qui m'auront écouté: «Non, Job parle, mais sans savoir de quoi il parle, ses paroles révèlent qu'il n'y connaît rien. Puisqu'il tient les propos des partisans du mal, eh bien, il faut pousser l'épreuve jusqu'au bout. A sa faute, il ajoute en effet la révolte; en multipliant ses attaques contre Dieu, il finit par semer le doute parmi nous.» Élihou poursuivit: Eh bien, c'est moi qui vais te donner la réponse, et à tes amis avec toi! Regarde bien le ciel, observe les nuages: ils sont plus hauts que toi! Quand tu commets le mal, est-ce à Dieu que tu nuis? Lorsque tu multiplies les désobéissances, en quoi cela le touche-t-il? – En rien du tout! Et si tu te conduis comme il l'attend de toi, que lui apportes-tu? Que reçoit-il de toi? Mais le mal que tu fais, ou ta bonne conduite, affecte seulement tes semblables, les hommes. Quand l'oppression est trop lourde, les gens protestent, ils lancent des appels contre la tyrannie. Mais pas un ne demande: «Où est Dieu, qui m'a fait, qui suscite nos chants au milieu de la nuit, qui fait notre instruction grâce aux bêtes sauvages, et nous apprend la sagesse grâce aux oiseaux?» Contre les orgueilleux, contre les malfaisants, on appelle au secours, mais Dieu ne répond pas. On crie, mais c'est en vain; c'est que le Dieu très-grand n'entend pas, il n'y accorde aucune attention. Combien moins te répondra-t-il, quand tu déclares que tu ne le vois pas, que tu l'attends toujours, alors que ta cause lui a été soumise! Mais puisqu'il ne manifeste pas sa colère, et puisqu'il ignore cette grande révolte, c'est que tout le discours de Job n'est que fumée; il multiplie les mots sans savoir ce qu'il dit. Élihou poursuivit: Patiente encore un peu, Job, pour que je t'instruise: j'ai encore à parler pour la cause de Dieu. J'apporte mon savoir aux gens les plus lointains, je veux donner raison à Dieu, mon créateur. Ce que j'ai à dire, c'est la vérité pure; je me présente en homme sûr de son affaire. Oui, Dieu est trop puissant pour mépriser personne; il reste souverain, sa décision est ferme. Il enlève la vie aux gens sans foi ni loi, mais il fait droit aux pauvres. Il ne retire pas son estime aux fidèles. Parlons aussi des rois, qui siègent sur un trône. Dieu les y a placés pour que leur règne dure. Mais ils s'enorgueillissent. Les voilà prisonniers, attachés par des chaînes; ils sont captifs d'une situation misérable. Dieu leur révèle ainsi quel acte ils ont commis: par orgueil, ils se sont révoltés contre lui. Il les rend attentifs à l'avertissement, il les appelle à renoncer à leur méfait. S'ils veulent écouter et se soumettre à Dieu, ils finiront leur vie dans le plus grand bonheur. Mais s'ils n'écoutent pas, ils devront traverser le couloir de la mort, et ils expireront faute d'avoir compris. Gens de mauvaise foi, ils en veulent à Dieu; ils ne l'appellent pas quand il les emprisonne. Les voilà morts au beau milieu de leur jeunesse, ils connaissent la fin des jeunes débauchés. Mais Dieu sauve le pauvre par la pauvreté, il se sert du malheur afin de l'avertir. Autrefois, Dieu t'avait épargné la détresse, t'accordant à la place une très large aisance. Ta table était garnie de morceaux délicieux. Pourtant tu as subi une condamnation, et la sentence qui te frappe est sans appel. Que la fureur ne te pousse pas aux excès! Et ne te laisse pas séduire par l'idée qu'à force de cadeaux tu achèterais Dieu. Ni tes biens ni ton or ne sauraient y suffire, ni tes plus grands efforts. Ne compte pas non plus sur la nuit qui verra les peuples disparaître. Garde-toi plutôt de te tourner vers le mal, puisque c'est pour cela que tu es dans la peine. Oui, Dieu est souverain, tant il a de puissance. Qui peut lui être comparé, pour enseigner? Qui donc lui a jamais imposé sa conduite? Qui a osé lui dire: «Tu as mal agi»? N'oublie donc pas de célébrer ce qu'il a fait, ce que tous les humains glorifient par leurs chants, ce que tous peuvent voir et contempler de loin. C'est que Dieu est si grand qu'on n'en a pas idée; on ne peut calculer l'âge qu'il peut avoir. Il attire vers lui les gouttelettes d'eau, pulvérise la pluie pour en faire un brouillard. C'est cette pluie que laissent tomber les nuages, goutte par goutte, sur la foule des humains. Qui peut saisir comment se déploient les nuages et comment le tonnerre éclate sous le ciel? Tu vois bien que c'est Dieu qui déploie son éclair au-dessus de lui-même et qui a recouvert les profondeurs des mers. Par la pluie qu'il envoie, il fait vivre les peuples en leur donnant abondamment de quoi manger. Dans ses deux mains, il dissimule les éclairs, puis leur fixe une cible. Il révèle sa présence par le tonnerre, et même les troupeaux pressentent qu'il approche. Devant un tel spectacle, j'ai le cœur qui bat, prêt à bondir hors de sa place. Écoutez, écoutez la voix de Dieu qui tonne, ces profonds grondements qu'elle fait retentir. Dieu lance son éclair sous l'ensemble du ciel, et cet éclair parvient jusqu'au bout de la terre. Après lui, on entend la voix de Dieu rugir, la voix de Dieu tonner majestueusement. Dès cet instant, Dieu lâche à nouveau des éclairs, et l'on entend sa voix. Par sa puissante voix Dieu produit des merveilles, il fait de grandes choses qu'on ne peut comprendre. Dieu ordonne à la neige: «Tombe sur la terre»; il envoie les averses, les pluies torrentielles. Il paralyse alors l'activité humaine, pour que tous les humains reconnaissent son œuvre. Même les animaux se mettent à l'abri et ils vont se coucher au fond de leur tanière. Du sud arrive l'ouragan, du nord le froid. Sous le souffle de Dieu, se forme de la glace; la surface de l'eau durcit comme un métal. Dieu charge aussi les nuages d'humidité et les envoie ici et là remplis d'éclairs. C'est ainsi qu'il les fait circuler en tous sens, pour qu'ils accomplissent, selon ses intentions, tout ce qu'il leur a commandé dans l'univers. Dieu réalise alors sa volonté sur terre, soit pour punir, soit pour montrer de la bonté. Job, tu devrais être attentif à tout cela. Debout, pour contempler les merveilles de Dieu! Sais-tu bien comment Dieu commande à ces merveilles, comment les nuages font jaillir les éclairs? Sais-tu aussi comment ils planent dans les airs? Pour ce miracle il faut un savoir sans défaut. Tu te sens trop couvert, tu as déjà trop chaud, dès que le vent du sud accable le pays. Étais-tu avec Dieu pour étirer le ciel aussi dur qu'un miroir coulé dans le métal? Fais-moi savoir ce que nous pourrions dire à Dieu. – Rien de bien cohérent! Nous sommes dans le noir. Devra-t-on l'avertir quand je fais un discours? Ou va-t-on l'informer que quelqu'un a parlé? Voilà que tout à coup on n'y voit plus très clair: le soleil est caché derrière les nuages. Alors le vent se lève et il nettoie le ciel. La lumière dorée arrive par le nord, autour de Dieu rayonne un éclat redoutable. Il est le Dieu très-grand, hors d'atteinte pour nous; il est grand par la force et grand par la justice, parfaitement loyal. Il n'a pas à répondre. C'est pourquoi les humains doivent le respecter; mais il n'a pas un seul regard pour ceux qui se prétendent sages. Du cœur de la tempête, le Seigneur interpella Job et lui demanda: Qui es-tu pour oser rendre mes plans obscurs à force de parler de ce que tu ignores? Tiens-toi prêt, sois un homme: je vais t'interroger, et tu me répondras. Où donc te trouvais-tu quand je fondais la terre? Renseigne-moi, si tu connais la vérité: Qui a fixé ses dimensions, le sais-tu bien? Et qui l'a mesurée en tirant le cordeau? Sur quel socle s'appuient les piliers qui la portent? Et qui encore en a placé la pierre d'angle, quand les étoiles du matin chantaient en chœur, quand les anges de Dieu lançaient des cris de joie? Qui a fermé la porte aux flots de l'océan, quand il naissait en jaillissant des profondeurs? Moi! Et je l'ai alors habillé de nuages, quand je l'enveloppais dans un épais brouillard. J'ai cassé son élan, marqué une limite en plaçant devant lui une porte barrée. Je lui ai déclaré: «Tu iras jusqu'ici, n'avance pas plus loin; oui, tes flots orgueilleux s'arrêteront ici!» Une fois dans ta vie, as-tu donné des ordres au jour pour qu'il se lève? Et as-tu désigné à l'aurore son poste, pour lui faire saisir la terre par les bords afin d'en secouer les gens sans foi ni loi? La terre prend alors une teinte rosée comme l'argile où l'on appose les cachets, et toute la nature en paraît habillée. Mais les méchants se voient privés de leur lumière; le bras qui se levait pour frapper est brisé. T'es-tu déjà rendu aux sources de la mer et as-tu exploré le fond de l'océan? Les portes de la Mort t'ont-elles été montrées, as-tu vu cette entrée du royaume des ombres? T'es-tu fait une idée des dimensions du monde? Renseigne-moi, si tu connais toutes ces choses. Sais-tu de quel côté habite la lumière, à quelle adresse on peut trouver l'obscurité? Tu irais les chercher jusque dans leur domaine, si tu comprends vraiment comment on va chez elles. Tu dois bien le savoir, toi qui as vu le jour il y a si longtemps! Es-tu allé déjà jusqu'aux dépôts de neige, ou encore as-tu vu les provisions de grêle? Je les ai réservés pour les temps de désastre, pour les jours de combat, pour le temps de la guerre. Sais-tu par quel chemin nous parvient la lumière, et par où le vent d'est se répand sur la terre? Qui a tracé au ciel un passage à la pluie? Qui a ouvert la route au nuage qui tonne? Qui fait pleuvoir sur une terre inhabitée, sur un pays désert, où il n'y a personne, pour gorger d'eau un sol privé de toute vie, pour y faire germer et pousser du gazon? La pluie a-t-elle un père? Les gouttes de rosée, qui les a engendrées? De quelle mère est née la glace? Le givre, qui l'a mis au monde? Quand il gèle, l'eau devient dure comme pierre, la surface des flots se prend en un seul bloc. Vois les constellations: Peux-tu nouer le lien qui maintient les Pléiades, dénouer les cordes qui retiennent Orion, faire apparaître à temps les signes du zodiaque, conduire la Grande Ourse avec tous ses petits? Sais-tu à quelles lois le ciel doit obéir? Est-ce à toi de régler leur action sur la terre? Suffit-il que tu cries tes ordres aux nuages pour qu'une masse d'eau vienne te recouvrir? Est-ce toi qui envoies les éclairs quand ils partent? Te disent-ils alors: «Nous voici à tes ordres»? Qui a fait de l'ibis l'oiseau plein de sagesse? Qui a donné au coq l'art du discernement? Qui est assez expert pour compter les nuages et pour vider les cruches d'eau qui sont au ciel, quand la croûte du sol se durcit comme un bloc, quand les mottes de terre se collent ensemble? Est-ce à toi de chasser une proie pour la lionne? Est-ce à toi d'apaiser l'appétit des lionceaux, quand ils sont accroupis au fond de leur tanière ou qu'ils se tiennent à l'affût dans les fourrés? Et qui prévoit, pour le corbeau, sa nourriture, quand ses petits appellent Dieu à leur secours et qu'ils sont affaiblis, faute de quoi manger? Connais-tu la saison où naissent les petits bouquetins des rochers, et as-tu vu les mères leur donner le jour? As-tu compté combien de mois elles les portent? Sais-tu à quel moment se produit la naissance? Elles se baissent en mettant bas leurs petits, afin de déposer leur portée sur le sol. Grandissant en plein air les petits prennent force; puis ils quittent leur mère et ne reviennent plus. Qui a lâché l'âne sauvage en liberté? Qui l'a laissé partir en détachant ses liens? Je l'ai fait habiter dans les régions arides; le milieu où il vit, c'est la terre salée. Il n'a que moqueries pour la ville bruyante et il n'entend jamais les hurlements d'un maître. Son pâturage est la montagne qu'il parcourt, et tout ce qui est vert, il le cherche avec soin. Le buffle voudra-t-il se mettre à ton service? Est-ce qu'il va passer la nuit dans ton étable? Pourras-tu l'atteler pour labourer ton champ? Te suivra-t-il dans le vallon avec la herse? Te fieras-tu à lui, à son énorme force, pour lui abandonner ce que tu as à faire? Vas-tu compter sur lui pour ramener ton blé et rentrer ta récolte? Les ailes de l'autruche ont un rythme joyeux; et quel gracieux duvet, quel plumage elle porte! Mais quand elle abandonne ses œufs sur la terre et les laisse incuber à même la poussière, elle ne pense pas qu'on peut marcher dessus, que les bêtes des champs peuvent les écraser. Pour ses petits, elle est une mère très dure, à croire qu'ils sont tous des étrangers pour elle: avoir peiné pour rien la laisse indifférente. C'est que je ne l'ai pas dotée de la sagesse, et elle n'a pas eu sa part d'intelligence. Mais dès qu'elle se dresse et s'élance en avant, pour elle c'est un jeu de laisser à distance cheval et cavalier. Est-ce toi qui donnes au cheval sa vigueur? et qui as habillé son cou d'une crinière? ou qui le fais bondir comme une sauterelle? Son fier hennissement provoque la terreur. Il frappe du sabot le sol de la vallée; tout joyeux de sa force, il s'élance au-devant du front de la bataille. Il méprise la peur, il ne s'effraie de rien, et ce n'est pas l'épée qui le fait reculer. Quand il entend sur lui le carquois cliqueter, quand la lance et le sabre jettent des éclairs, tout vibrant d'impatience, il dévore l'espace. Quand la trompette sonne, il ne se retient plus. Il répond au signal par un hennissement. Il reconnaît de loin l'odeur de la bataille, le hurlement des officiers, le cri de guerre. As-tu conçu la migration de l'épervier, quand il prend son envol en direction du sud? Est-ce sur ton ordre que le vautour s'envole, ou qu'il place son nid à très grande hauteur? Il s'établit dans les rochers, et il séjourne sur une dent rocheuse impossible à atteindre. De là-haut, il guette une proie, ses yeux l'aperçoivent de loin, car ses petits sont avides de proies saignantes. On le trouve partout où gisent les cadavres. Le Seigneur interpella Job et lui demanda: Toi qui portes plainte contre le Dieu très-grand, oses-tu critiquer? Toi qui fais la leçon, que vas-tu donc répondre? Alors Job répondit au Seigneur: Je suis peu de chose. Que puis-je te répondre? Je me mets la main sur la bouche et je me tais. J'avais osé parler, je ne dirai plus rien. J'avais même insisté, je ne le ferai plus. Du cœur de la tempête, le Seigneur interpella Job et lui dit: Tiens-toi prêt, sois un homme: je vais t'interroger et tu me répondras. Veux-tu vraiment mettre en question mon jugement? Veux-tu me donner tort pour te donner raison? As-tu donc les moyens d'être aussi fort que moi? Et ta voix, pourrait-elle égaler mon tonnerre? Eh bien! pare-toi donc de gloire et de grandeur, habille-toi de splendeur et de majesté. Répands sur les humains ta terrible colère; d'un seul regard, abaisse tous les orgueilleux. Oui, que ton seul regard les fasse plier tous! Les gens sans foi ni loi, écrase-les sur place. D'un même mouvement, fais-les rentrer sous terre, enferme-les chacun au cachot de la mort. Alors je chanterai moi aussi tes louanges pour la victoire due à cette belle action! Regarde bien ce monstre qu'est l'hippopotame: je suis son créateur, comme je suis le tien. C'est un simple mangeur d'herbe, comme le bœuf. Mais regarde la force qu'il a dans sa croupe, admire la vigueur des muscles de son ventre! Sa queue est puissante, comme le tronc d'un cèdre; ses cuisses sont nouées par des tendons puissants. Ses os sont aussi forts que des tubes de bronze, ses côtes font penser à des barres de fer. De tout ce que j'ai fait, c'est bien lui mon chef-d'œuvre! Moi seul, son créateur, je le tiens en respect. Les hauteurs lui fournissent sa part de fourrage sur les lieux où s'ébattent les bêtes sauvages. Mais il va se coucher à l'abri des lotus, il se cache parmi les roseaux des marais. Il trouve une retraite à l'ombre des lotus, autour des peupliers qui bordent la rivière. Si le courant est fort, il ne s'en trouble pas; même si le torrent jaillit jusqu'à sa gueule, il garde tout son calme. Tant qu'il ouvre les yeux, qui peut le capturer? Va-t-on le retenir en lui perçant le nez? Vas-tu pêcher le grand dragon à l'hameçon, vas-tu le prendre par la langue avec ta ligne? Pourras-tu lui passer un jonc dans les narines, lui percer la mâchoire à l'aide d'un crochet? Crois-tu qu'il va te supplier en insistant? Ou bien qu'il te dira des mots affectueux? Est-ce qu'il conclura un contrat avec toi, pour qu'indéfiniment il reste ton esclave? Joueras-tu avec lui comme avec un oiseau? Ou l'attacheras-tu pour amuser tes filles? Les pêcheurs associés le mettront-ils en vente? Le partagera-t-on entre divers marchands? Peux-tu percer sa peau en le criblant de coups, lui traverser la tête à l'aide d'un harpon? Pose la main sur lui: en songeant au combat, tu ne le feras plus! On est plein d'illusions en espérant le vaincre; rien qu'en l'apercevant, on tombe à la renverse. Qui serait assez fou d'oser le provoquer – et encore plus fou d'oser me tenir tête? A qui ai-je emprunté, pour devoir le lui rendre? je dispose de tout ce qui est sous le ciel! Pas question de passer sous silence ses membres, la valeur de sa force et sa superbe armure. Qui donc a découvert son manteau par devant? Qui s'est aventuré dans sa double mâchoire? Qui a jamais ouvert les battants de sa gueule, dont les terribles dents garnissent le pourtour? Plusieurs rangées de boucliers couvrent son dos en une carapace étroitement soudée. Chacun d'eux est si bien lié à son voisin que pas un souffle d'air ne pourrait s'y glisser. Chacun d'eux est collé à celui d'à côté, et rien ne peut défaire un pareil assemblage. Sitôt qu'il éternue, la lumière jaillit, et son regard est flamboyant comme l'aurore. De sa gueule, s'échappent des langues de flammes, des gerbes d'étincelles. On voit sortir de la vapeur de ses narines, comme d'une marmite ou d'un chaudron bouillant. Son souffle est si brûlant qu'il rallume les braises par les flammes qu'il projette hors de sa gueule. Il y a dans son cou une telle puissance qu'en présence de lui on est saisi d'effroi. Les replis de sa peau sont tellement massifs qu'on a beau appuyer, on ne fait rien bouger. Son poitrail est si dur qu'on dirait de la pierre, dur comme la meule inférieure d'un moulin. Même les chefs sont pris de peur dès qu'il se dresse; dans leur affolement, ils perdent leurs moyens. C'est que les coups d'épée n'ont pas prise sur lui, pas plus que la sagaie, ou la lance, ou les flèches. Le fer n'a pas sur lui plus d'effet que la paille, et le bronze pas plus que du bois vermoulu. On ne peut pas le mettre en fuite à coups de flèches, et les pierres qu'on tire à la fronde sur lui font l'effet d'une paille. La massue n'est pour lui qu'un simple bout de paille, il est indifférent aux sifflements du sabre. Son ventre est hérissé de tranchants et de pointes, il laisse sur la boue les traces d'une herse. Dès qu'il plonge dans l'eau, il la fait bouillonner, il transforme le lac en un brûle-parfums. Derrière lui, reste un sillage lumineux, chevelure d'argent flottant sur l'eau profonde. Sur la terre, il n'a pas son pareil, il est fait insensible à la peur. Il défie du regard les plus grands adversaires, c'est lui le roi de toutes les bêtes féroces. Alors Job répondit au Seigneur: Je reconnais que tout est possible pour toi, je sais qu'aucun projet ne peut t'embarrasser. Tu l'as dit: j'ai osé rendre tes plans obscurs à force de parler de ce que j'ignorais. Je l'avoue: j'ai parlé d'un sujet trop ardu, je n'y comprenais rien et ne le savais pas! «Écoute, disais-tu, et laisse-moi parler; je t'interrogerai et tu me répondras.» Je ne savais de toi que ce qu'on m'avait dit, mais maintenant, c'est de mes yeux que je t'ai vu. C'est pourquoi je retire ce que j'affirmais, je reconnais avoir eu tort et m'humilie en m'asseyant dans la poussière et dans la cendre. Quand le Seigneur eut fini de parler avec Job, il dit à Élifaz de Téman: «Tu as provoqué mon indignation, ainsi que tes deux amis. Contrairement à mon serviteur Job, en effet, vous n'avez pas dit la vérité sur moi. Maintenant donc, procurez-vous sept taureaux et sept béliers, et allez trouver mon serviteur Job. Vous offrirez alors pour vous-mêmes ces animaux en sacrifice complet, tandis que mon serviteur Job priera pour vous. J'accueillerai sa prière avec bienveillance et je renoncerai à vous traiter selon votre folie, bien que vous n'ayez pas dit la vérité sur moi, comme il l'a fait lui-même.» Élifaz de Téman, Bildad de Chouha et Sofar de Naama allèrent donc faire ce que le Seigneur leur avait dit, et celui-ci accueillit avec bienveillance la prière de Job. Tandis que Job priait pour ses amis, le Seigneur le rétablit. Il doubla même les biens que Job avait possédés. Alors tous les frères et sœurs de Job et tous ceux qui l'avaient connu autrefois vinrent lui rendre visite. Ils vinrent manger avec lui, ils lui manifestèrent leur sympathie et le réconfortèrent de tous les malheurs que le Seigneur lui avait envoyés. Enfin, chacun d'eux lui fit cadeau d'une pièce d'argent et d'un anneau d'or. Le Seigneur combla Job de ses bénédictions, plus encore qu'il ne l'avait fait auparavant. C'est ainsi que Job eut quatorze mille moutons, six mille chameaux, mille paires de bœufs et mille ânesses. Il eut aussi sept fils et trois filles. Il nomma la première Yemima, la seconde Quessia et la troisième Quéren-Happouk. Dans tout le pays, on ne trouvait pas de femmes aussi belles que les filles de Job. Leur père leur réserva une part d'héritage au même titre qu'à leurs frères. Après cela, Job vécut encore cent quarante ans, et il put voir ses enfants, ses petits-enfants, tous ses descendants jusqu'à la quatrième génération. Rassasié de la vie, il mourut à un âge avancé. Heureux qui ne suit pas les conseils des gens sans foi ni loi, qui ne s'arrête pas sur le chemin de ceux qui se détournent de Dieu, et qui ne s'assied pas avec ceux qui se moquent de tout! Ce qu'il aime, au contraire, c'est l'enseignement du Seigneur; il le médite jour et nuit. Il est comme un arbre planté près d'un cours d'eau: il produit ses fruits quand la saison est venue, et son feuillage ne perd jamais sa fraîcheur. Tout ce que fait cet homme est réussi. Mais ce n'est pas le cas des gens sans foi ni loi: ils sont comme brins de paille dispersés par le vent. C'est pourquoi, quand on juge, à l'entrée du temple, ces gens-là ne sont pas admis; dans l'assemblée des fidèles de Dieu, il n'y a pas de place pour eux. Le Seigneur connaît la conduite des fidèles, mais la conduite des gens sans foi ni loi mène au désastre. Les nations s'agitent, mais pourquoi? Les peuples complotent, mais c'est pour rien! Les rois de la terre se préparent au combat, les princes se concertent contre le Seigneur et contre le roi qu'il a consacré. «Rompons les liens qu'ils nous imposent, disent-ils, rejetons leur domination!» Mais le Seigneur se met à rire, celui qui siège au ciel se moque d'eux. Puis il s'adresse à eux avec colère et les terrifie par son indignation: «A Sion, la montagne qui m'est consacrée, dit-il, j'ai consacré le roi que j'ai choisi.» Laissez-moi citer le décret du Seigneur; il m'a déclaré: «C'est toi qui es mon fils. A partir d'aujourd'hui, c'est moi qui suis ton père. Si tu me demandes toutes les nations, je te les donnerai en propriété; ton domaine s'étendra jusqu'au bout du monde. Tu les maîtriseras avec une autorité de fer, tu pourras les briser comme un pot d'argile.» Eh bien, vous les rois, montrez-vous intelligents! Laissez-vous avertir, souverains de la terre. Psaume appartenant au recueil de David. Il fait allusion à la fuite de David devant son fils Absalom. Seigneur, que mes ennemis sont nombreux! Que de gens se dressent contre moi! Que de gens disent à mon sujet: «Aucune chance que Dieu vienne à son secours!» Mais toi, Seigneur, tu es pour moi un bouclier protecteur, tu me rends ma dignité et ma fierté. Si j'appelle le Seigneur à mon secours, il me répond de la montagne qui lui est consacrée. Je me suis endormi pour la nuit; au réveil je reprends conscience que le Seigneur est mon appui. Je n'ai plus peur de ces milliers de gens qui m'assaillent de tous côtés. Interviens, Seigneur; ô mon Dieu, au secours! Voilà, tu frappes à la joue mes ennemis, tu casses les dents aux méchants. Seigneur, c'est toi qui peux sauver. Que ta bénédiction soit sur ton peuple! Du répertoire du chef de chorale. Psaume appartenant au recueil de David. Accompagnement sur instruments à cordes. Quand je t'appelle au secours, ô Dieu qui rétablis mon droit, réponds-moi. Déjà, quand j'étais opprimé, tu m'as rendu la liberté. Fais-moi la grâce d'écouter ma prière. Vous autres, jusqu'à quand salirez-vous mon honneur, vous qui aimez accuser pour rien, et qui cherchez à me calomnier? Apprenez que le Seigneur distingue celui qui est fidèle: il m'écoute quand je l'appelle au secours. Si vous êtes fâchés, ne vous mettez pas en tort, réfléchissez pendant la nuit, mais restez tranquilles. Offrez plutôt les sacrifices convenables et fiez-vous à la décision du Seigneur. Beaucoup se plaignent: «Ah! que nous aimerions voir le bonheur! Seigneur, fais-nous bon accueil.» Mais dans mon cœur tu mets plus de joie que ces gens n'en trouvent à récolter tout leur blé et tout leur vin. Aussitôt couché, je peux m'endormir en paix, car toi, Seigneur, toi seul, tu me fais vivre en sécurité. Du répertoire du chef de chorale. Avec accompagnement de flûtes. Psaume appartenant au recueil de David. Seigneur, écoute ce que je dis, remarque mes soupirs. Mon Dieu, mon Roi, sois attentif à mes appels. C'est à toi que j'adresse ma prière dès le matin, Seigneur. Entends-moi. Dès le matin, je me prépare à être reçu chez toi, et j'attends. Tu n'es pas un dieu qui prend plaisir au mal. Le méchant n'a pas sa place chez toi. Tu ne supportes pas d'avoir des insolents devant toi; tu détestes tous ceux qui font le malheur des autres. Tu élimines les menteurs, Seigneur, tu as horreur de ceux qui pratiquent le meurtre et la fraude. Mais ta bonté pour moi est si grande que je peux entrer chez toi pour m'incliner avec respect face à ton sanctuaire. Seigneur, tu es un Dieu loyal, sois mon guide à cause de mes adversaires; aplanis devant moi le chemin que tu m'appelles à suivre. On ne peut se fier à ce qu'ils disent; ils ne pensent qu'à nuire. Leur langue leur sert à flatter, leur bouche est une tombe ouverte. O Dieu, déclare-les coupables; que leurs intrigues les mènent à leur chute, chasse-les pour toutes leurs fautes, puisqu'ils te sont rebelles. Quant à ceux qui ont recours à toi, qu'ils se réjouissent, qu'ils crient leur joie pour toujours; qu'ils chantent victoire à cause de toi, tous ceux qui t'aiment! Tu es un abri pour eux. Toi, Seigneur, tu fais du bien aux fidèles; ta bienveillance est comme un bouclier qui les protège. Du répertoire du chef de chorale. Accompagnement à l'octave. Psaume appartenant au recueil de David. Seigneur, tu es irrité contre moi, mais ne me condamne pas; tu es indigné contre moi, mais renonce à me punir. Seigneur, aie pitié de moi, je suis sans force. Seigneur, guéris-moi, je suis profondément troublé. Je suis en plein désarroi. Et toi, Seigneur, jusqu'à quand m'en voudras-tu? Reviens me délivrer, Seigneur, toi qui es si bon, sauve-moi. Car dans la mort on ne peut plus penser à toi, chez les défunts on ne peut plus te louer. Je m'épuise à force de soupirer, chaque nuit je trempe mon lit de larmes, j'inonde ma couche de pleurs. Mes yeux se voilent, tant j'ai de chagrin; je n'y vois plus tant j'ai d'adversaires. Allez-vous-en, vous tous qui faites le mal, car le Seigneur a entendu mes pleurs; oui, il a entendu ma supplication, il a accueilli ma prière. Honte à tous mes ennemis; qu'ils soient plongés dans le plus grand désarroi, qu'ils repartent, soudain couverts de honte! Complainte chantée appartenant au recueil de David. Celui-ci l'adressa au Seigneur à propos de Kouch le Benjaminite. Seigneur mon Dieu, c'est à toi que j'ai recours. Sauve-moi, délivre-moi de tous ceux qui me persécutent. Sinon, comme des lions, ils me déchireront, on me mettra en pièces sans que personne me délivre. Seigneur mon Dieu, si j'ai fait ce qu'on dit, si mes mains ont commis un crime, si j'ai rendu le mal pour le mal ou dépouillé celui qui m'en veut sans raison, alors, que l'ennemi me poursuive, qu'il me rattrape, me piétine à terre tout vivant et traîne mon honneur dans la boue! Fâche-toi, Seigneur, et interviens; oppose-toi à mes adversaires furieux. Toi qui établis le droit, veille auprès de moi. Que les peuples se rassemblent autour de toi; et toi, domine-les du haut de ton trône. Seigneur, toi qui juges les peuples, rends justice à ma loyauté et à mon innocence. Fais cesser les méfaits des méchants, affermis les fidèles, toi qui perces le secret des consciences, toi, le Dieu juste. Mon bouclier protecteur, c'est Dieu, le sauveur des hommes au cœur droit. Dieu est un juste juge, mais il reste chaque jour un Dieu sévère. C'est sûr, l'adversaire recommence: il aiguise son épée, il tend son arc et vise. Il se prépare des armes de mort, il apprête des flèches incendiaires. Le voici qui conçoit ses méfaits, qui porte en lui le malheur et qui accouche du mensonge. Il creuse un trou profond, mais il tombe dans son propre piège. Le malheur qu'il a préparé lui revient sur la tête; la violence qu'il a conçue lui retombe sur le crâne. Je veux louer le Seigneur pour sa loyauté, et célébrer par mes chants le nom du Dieu très-haut. Psaume appartenant au répertoire du chef de chorale et au recueil de David. Accompagnement sur la harpe de Gath. O Seigneur, notre Maître, que ta renommée est grande sur toute la terre! Ta majesté surpasse la majesté du ciel. Mais c'est la voix des petits enfants, des tout petits enfants, que tu opposes à tes adversaires. Elle est comme un rempart que tu dresses pour réduire au silence tes ennemis les plus acharnés. Quand je vois le ciel, ton ouvrage, la lune et les étoiles, que tu y as placées, je me demande: L'homme a-t-il tant d'importance pour que tu penses à lui? Un être humain mérite-t-il vraiment que tu t'occupes de lui? Or tu l'as fait presque l'égal des anges, tu le couronnes de gloire et d'honneur. Tu le fais régner sur tout ce que tu as créé: tu as tout mis à ses pieds, moutons, chèvres et bœufs, et même les bêtes sauvages, les oiseaux, les poissons, et tout ce qui suit les pistes des mers. O Seigneur, notre Maître, que ta renommée est grande sur toute la terre! Du répertoire du chef de chorale. Accompagnement à l'aigu. Psaume appartenant au recueil de David. De tout mon cœur, je veux te louer, Seigneur, et raconter toutes tes merveilles. Je veux chanter victoire à cause de toi, et te célébrer par mes chants, Dieu très-haut. Mes ennemis ont fait demi-tour, ils ont trébuché, ils ont succombé devant toi. Tu m'as fait droit, tu m'as rendu justice; sur ton trône, tu sièges en juste juge. Tu menaces ces païens, tu fais succomber ces infidèles, tu effaces leur nom pour toujours. L'ennemi est réduit à rien, définitivement ruiné: tu as dépeuplé ses villes, il ne reste d'elles aucun souvenir. Le Seigneur siège sur son trône éternel, qu'il a dressé pour le jugement. C'est lui qui juge le monde avec justice, qui arbitre impartialement entre les peuples. Le Seigneur est un refuge pour l'opprimé, un refuge dans les temps de détresse. Qu'ils comptent sur toi, ceux qui savent qui tu es! Car tu n'abandonnes pas ceux qui se tournent vers toi, Seigneur. Célébrez par vos chants le Seigneur qui a son trône à Sion; parmi les peuples, proclamez ses exploits, car il demande des comptes aux meurtriers, il se souvient de leurs victimes, il n'oublie pas les pauvres qui crient vers lui. Accorde-moi ton appui, Seigneur; considère la misère que j'endure par la faute de ceux qui m'en veulent, toi qui m'arraches aux griffes de la mort. Alors je répéterai tous les motifs que j'ai de te louer. Dans la communauté de Sion, je crierai ma joie de t'avoir comme sauveur. Les païens sont tombés dans la fosse qu'ils avaient creusée; ils se sont pris les pieds au filet qu'ils avaient tendu en cachette. Le Seigneur a montré qui il était, il a rendu la justice: il prend l'infidèle à son propre piège. Que les infidèles retournent au monde des morts, ces païens oublient tous qui est Dieu. Mais Dieu n'oubliera jamais le malheureux, l'espoir n'est jamais perdu pour les pauvres. Interviens, Seigneur; que l'homme ne soit pas le plus fort! Traîne les barbares devant ton tribunal. Seigneur, fais-leur peur. Qu'ils le sachent, ces barbares: ils ne sont que des hommes. Alléluia, vive le Seigneur! Du haut du ciel, acclamez le Seigneur, acclamez-le, vous qui êtes là-haut. Acclamez-le, tous ses anges, acclamez-le, toutes ses troupes. Acclamez-le, soleil et lune, acclamez-le toutes, étoiles scintillantes. Acclamez-le, espaces reculés du ciel, et vous aussi, masses d'eau plus hautes encore. Que tous acclament le Seigneur, car il n'a eu qu'un mot à dire et ils ont commencé d'exister. Il les a mis en place pour toujours, leur fixant une loi à ne pas enfreindre. Depuis la terre, acclamez le Seigneur, acclamez-le, océans et monstres marins; et vous aussi, feu et grêle, neige et brouillard, vent de tempête, soumis à sa parole. Acclamez-le, montagnes et collines, arbres fruitiers, et tous les cèdres, animaux sauvages ou domestiques, oiseaux et reptiles. Acclamez-le, rois de la terre, et vous aussi, tous les peuples, les princes, les dirigeants de la terre. Garçons et filles, jeunes et vieux, acclamez-le. Acclamez le Seigneur, car lui seul porte un grand nom, sa majesté s'étend sur la terre et le ciel. Il a rendu force et fierté à son peuple. C'est un titre de gloire pour ses fidèles, pour tous les membres d'Israël, le peuple qui lui est proche. Alléluia, vive le Seigneur! Alléluia, vive le Seigneur! Chantez en l'honneur du Seigneur un chant nouveau. Qu'on loue le Seigneur dans l'assemblée des fidèles! Israël, réjouis-toi: il est ton Créateur; peuple de Sion, quelle joie! Il est ton roi. Qu'on loue le Seigneur par des danses, qu'on le célèbre au rythme du tambourin et aux accords de la lyre! Car le Seigneur trouve son bonheur dans son peuple, il honore les humbles en les sauvant. Que les fidèles soient en fête et rendent gloire à Dieu! Qu'ils crient de joie, même pendant la nuit! Qu'ils aient à la bouche des louanges pour Dieu, et à la main l'épée à deux tranchants! Ils doivent tirer vengeance des nations, administrer aux peuples une correction méritée. Ils enchaîneront leurs rois et mettront aux fers leurs ministres. Ils doivent exécuter contre eux le jugement de Dieu, tel qu'il est écrit. C'est un honneur pour tous les fidèles. Alléluia, vive le Seigneur! Alléluia, vive le Seigneur! Acclamez Dieu dans son temple, acclamez-le sous la puissante voûte de son ciel! Acclamez-le pour ses exploits, acclamez-le pour sa grandeur infinie! Acclamez-le en sonnant du cor, acclamez-le aux accords de la harpe et de la lyre. Acclamez-le en dansant au rythme des tambourins, acclamez-le avec la guitare, avec la flûte à bec. Acclamez-le avec les cymbales sonores, acclamez-le avec les cymbales éclatantes. Que tout ce qui respire acclame le Seigneur! Alléluia, vive le Seigneur! Proverbes de Salomon, fils de David et roi d'Israël. Ces proverbes apprennent à l'homme à se conduire avec sagesse et à accepter les recommandations. Ils lui donnent à comprendre des paroles pleines de sens. Ils enseignent à vivre de façon intelligente, en ayant un comportement juste, équitable et droit. Ils donnent des exemples de bon sens aux ignorants, des connaissances et des sujets de réflexion aux jeunes gens. Même les sages les consulteront avec profit, même les intelligents y trouveront des directives. Ils pourront comprendre le sens caché de certains proverbes et les propos énigmatiques de ceux qui enseignent la sagesse. Reconnaître l'autorité du Seigneur est l'a b c de la sagesse. Seuls les imbéciles méprisent les enseignements et les avertissements des sages. Mon fils, écoute les avertissements de ton père, ne repousse pas les conseils de ta mère. Ils seront comme une parure gracieuse sur ta tête ou un collier autour de ton cou. Mon fils, si de mauvais garçons essaient de t'entraîner au mal, n'accepte pas. Ils pourraient te dire: «Viens avec nous! Allons guetter le passage des gens pour les tuer. Attaquons par surprise même ceux qui ne nous ont rien fait. Prenons-les bien vivants pour les détruire et les envoyer d'un seul coup dans la tombe comme si nous étions la mort elle-même. Emparons-nous de toutes sortes d'objets précieux pour en remplir nos maisons. Viens, tu en auras ta part, nous ferons bourse commune!» Mon fils, ne va pas avec des gens pareils. Éloigne-toi de leur chemin. Ils courent faire le mal, ils sont pressés de verser le sang. Lorsque l'oiseau voit le chasseur, il est inutile que celui-ci pose un piège pour le capturer. Mais eux, ils se tendent un piège à eux-mêmes, leurs complots se retournent contre eux. En effet, tel est le sort de ceux qui pratiquent le vol: la vie des voleurs leur sera volée. La Sagesse crie dans les rues, elle élève la voix sur les places publiques, lance un appel aux carrefours les plus fréquentés, proclame son message aux portes de la ville. «Vous, les ignorants, s'écrie-t-elle, combien de temps vous plairez-vous dans votre ignorance? Vous, les insolents, combien de temps vous moquerez-vous de moi? Vous, les sots, combien de temps refuserez-vous de comprendre? Écoutez mes avertissements. Alors je répandrai sur vous mon esprit et vous éclairerai de mes conseils. Mais je vous appelle et vous refusez mon invitation; je vous tends la main et personne n'y fait attention. Vous rejetez tous mes conseils et vous n'acceptez pas mes avertissements. C'est pourquoi, lorsque vous serez dans le malheur, je rirai de vous à mon tour; je me moquerai lorsque la peur vous saisira. Car, un jour, vous serez pris dans le malheur comme dans un ouragan, et dans la peur comme dans une tempête; l'angoisse et la détresse vous accableront. Alors vous m'appellerez à l'aide mais je ne vous répondrai pas, vous me chercherez mais vous ne me trouverez pas. Il en sera ainsi parce que vous avez refusé les leçons de l'expérience et que vous n'avez pas voulu reconnaître l'autorité du Seigneur, parce que vous n'avez pas accepté mes conseils et que vous avez méprisé tous mes avertissements. Vous récolterez les fruits de votre conduite, vous serez écœurés par vos propres machinations. Car le refus de la sagesse cause la perte des ignorants et l'insouciance détruit les sots. Par contre, celui qui m'écoute vivra en toute sécurité, sans avoir à craindre le malheur.» Mon fils, reçois favorablement ce que je t'enseigne, retiens bien ce que je te dis de faire. Écoute les leçons de la sagesse, efforce-toi de les comprendre. A l'intelligence demande son aide, appelle la raison à ton secours. Cherche-les comme de l'argent, comme un trésor caché. Alors tu découvriras comment respecter l'autorité du Seigneur, tu réussiras à connaître Dieu. C'est le Seigneur qui donne la sagesse, la connaissance et la raison viennent de lui. Il aide les hommes droits. Comme un bouclier il protège ceux qui vivent dans l'intégrité. Il secourt ceux qui se comportent équitablement avec les autres. Il garde ceux qui lui sont dévoués. Si tu m'écoutes, tu découvriras qu'un comportement juste, équitable et droit est le chemin du bonheur. La sagesse entrera dans ton cœur, la connaissance te donnera de la joie, la réflexion te gardera de l'erreur et la raison veillera sur toi. Elles t'empêcheront de mal agir, elles te préserveront des hommes aux paroles mensongères et de ceux qui abandonnent le droit chemin pour s'engager sur des voies obscures. Ils s'amusent à mal faire, ils prennent plaisir à la méchanceté. Leur comportement est tortueux, leur façon de faire pleine de détours. De cette manière tu éviteras d'être séduit par une femme qui n'est pas la tienne, une étrangère aux paroles flatteuses qui a abandonné son premier compagnon et oublié l'alliance conclue avec son Dieu. Son comportement la fait sombrer vers la mort, sa conduite l'entraîne chez ceux qui ne sont plus. Celui qui va chez elle n'en revient pas, il ne retrouve pas le chemin de la vie. Choisis donc la conduite des bons, imite le comportement des justes. Car les gens loyaux et intègres habiteront dans ce pays et pourront y rester. Les gens mauvais et déloyaux devront le quitter, ils en seront expulsés. Mon fils, n'oublie pas mon enseignement, garde en ton cœur mes recommandations. Grâce à mes conseils, tu connaîtras le bien-être et une vie longue et heureuse. Pratique toujours la bonté et la fidélité; conserve-les comme une parure autour de ton cou, grave-les dans ton cœur. Alors Dieu et les hommes t'aimeront et apprécieront ton bon sens. Ne te fie pas à ta propre intelligence, mais place toute ta confiance dans le Seigneur. Appuie-toi sur lui dans tout ce que tu entreprends et il guidera tes pas. Ne te fie pas à ton propre jugement, mais soumets-toi au Seigneur et détourne-toi du mal. Ce sera le remède à tous tes troubles, l'apaisement de tes maux. Honore le Seigneur en lui offrant une part de tes revenus, donne-lui le meilleur de tes récoltes. Alors tes greniers seront remplis de blé et tes tonneaux déborderont de vin. Accepte, mon fils, que le Seigneur soit ton éducateur et ne dédaigne pas ses reproches. Car le Seigneur réprimande celui qu'il aime tout comme un père réprimande le fils qu'il chérit. Heureux l'homme qui trouve la sagesse et découvre la raison. Les profits de l'argent, la richesse de l'or, n'offrent pas autant d'avantages. La sagesse a plus de valeur que des perles précieuses. On ne peut rien désirer de meilleur. Elle aide l'homme à vivre longtemps, elle lui procure prospérité et honneur. Elle le dirige sur des chemins agréables où il avance en toute sécurité. C'est un arbre de vie pour ceux qui la pratiquent, ceux qui s'y attachent sont heureux. Par sa sagesse le Seigneur a fondé la terre, il a fixé le ciel par son intelligence. Par sa science les eaux d'en bas ont jailli sur le sol et les nuages ont déversé la pluie. Mon fils, que le discernement et la réflexion te guident, ne t'en détourne jamais. Ils te feront vivre d'une vie véritable et belle. Tu pourras avancer avec assurance, aucun obstacle ne te fera tomber. Le soir tu te coucheras sans peur et la nuit ton sommeil sera paisible. Tu n'auras à craindre ni terreurs soudaines, ni attaques de la part des méchants. Car le Seigneur te gardera en sécurité, il écartera tout piège de tes pas. Chaque fois que tu en as la possibilité, n'hésite pas à faire du bien à ceux qui en ont besoin. Ne dis pas à ton prochain de revenir le lendemain, lorsque tu peux lui donner immédiatement ce qu'il demande. Ne projette pas de faire du mal à ton ami alors qu'il vit près de toi avec confiance. Ne te querelle pas sans motif avec quelqu'un qui ne t'a rien fait. N'envie pas les gens violents et n'imite pas leur conduite. Car le Seigneur déteste ceux qui se détournent de lui, mais il donne son amitié aux hommes droits. Le Seigneur maudit la maison des méchants alors qu'il bénit la demeure des justes. Il se moque de ceux qui se moquent de lui, mais il traite les humbles avec bonté. La part réservée aux sages, c'est l'honneur, celle des sots la honte. Écoutez, fils, les avertissements d'un père. Soyez attentifs et vous apprendrez à être intelligents. Je vous transmets des connaissances sûres, ne rejetez pas ce que je vous enseigne. Moi aussi, j'ai eu un père pour m'éduquer, j'ai été tendrement aimé par ma mère. Mon père m'enseignait ainsi: «Retiens bien mes paroles, observe les règles que je te donne et tu vivras. Acquiers la sagesse et l'intelligence, et ne les oublie plus. Ne néglige aucune parole de ma bouche. Ne délaisse pas la sagesse et elle t'aidera, aime-la et elle veillera sur toi. Pour devenir un sage, commence par acquérir la sagesse; donne tout ce que tu possèdes pour acquérir l'intelligence. Serre la sagesse contre toi, elle te rendra grand et noble si tu l'enlaces. Elle sera pour toi comme une parure gracieuse, comme une couronne magnifique.» Écoute-moi, mon fils. Reçois favorablement ce que je t'enseigne et tu jouiras d'une longue vie. Je t'apprends comment pratiquer la sagesse, je t'indique comment te conduire avec droiture. Ainsi tu pourras avancer sans encombre dans la vie et prendre ton élan sans risquer de chute. Ne renie jamais l'éducation que tu as reçue; c'est la base de ta vie: restes-y attaché. N'imite pas la conduite des méchants, ne suis pas la route des malfaiteurs. Laisse-la de côté, ne t'y engage pas. Évite-la et va plus loin. En effet ces gens-là refusent de s'endormir avant d'avoir mal agi, le sommeil les fuit lorsqu'ils n'ont pas causé de tort. Car ils se rassasient du mal et s'enivrent de violence. La conduite des justes ressemble à la lumière de l'aurore, dont l'éclat augmente jusqu'à ce qu'il fasse plein jour. Mais la conduite des méchants ressemble à la nuit noire. Ils ne peuvent pas voir les obstacles du chemin. Mon fils, sois attentif à mes paroles, prête l'oreille à mes conseils. Ne les laisse pas tomber dans l'oubli, mais garde-les au plus profond de ton cœur. Ils apportent la vie et la santé à tous ceux qui les acceptent. Avant tout, prends garde à ce que tu penses au fond de toi-même, car ta vie en dépend. Ne laisse pas ta langue être fausse, ni tes lèvres prononcer des paroles trompeuses. Que tes yeux fixent les gens bien en face, regarde droit devant toi avec franchise. Réfléchis au chemin que tu vas prendre, engage tes pas dans une direction sûre. Ne t'en écarte ni à droite ni à gauche. Tiens-toi éloigné du mal. Mon fils, prête une oreille attentive à mes paroles, pleines de sagesse et d'intelligence. Alors tu profiteras de mes conseils et tu parleras en connaissance de cause. Les sollicitations de la femme d'autrui sont sucrées comme le miel, onctueuses comme l'huile. Mais à la fin celle-ci laisse le goût d'une plante amère, elle blesse comme une arme à double tranchant. Sa conduite entraîne à la mort, ses pas mènent tout droit au tombeau. Elle ne suit pas la route de la vie, elle se trompe de chemin sans le savoir. Mon fils, écoute-moi donc, ne rejette pas mes conseils. Tiens-toi éloigné d'une femme de ce genre et n'approche même pas du seuil de sa maison. Ne te mets pas à la merci d'un autre homme, évite qu'un mari sans pitié ne ruine ta vie. Sinon, des étrangers seront nourris par tes efforts, ton travail profitera à d'autres qu'à toi. Et pour finir tu seras à bout de forces, tu te lamenteras comme une bête. Tu diras: «Hélas, je n'ai pas aimé les avertissements, je n'ai pas voulu accepter les reproches. Je n'ai pas écouté l'avis de mes maîtres, je n'ai pas prêté l'oreille à ceux qui m'enseignaient. J'ai été au bord du pire des malheurs devant l'assemblée de mon peuple.» Ta femme est comme une source d'eau pure. Bois à cette source! Ne laisse pas son eau couler dans les rues et se disperser sur les places publiques. Qu'elle soit pour toi seul! Ne la partage pas avec des étrangers. Remplis-la de bonheur, trouve ta joie dans la compagne de ta jeunesse. Ta femme est aimable, et gracieuse comme une gazelle. Que son corps te comble toujours de plaisir. Abandonne-toi sans cesse à son amour. Mon fils, pourquoi t'abandonnerais-tu à la femme d'un autre? Pourquoi chercherais-tu le plaisir auprès d'une étrangère? Le Seigneur voit la conduite de tout homme. Il observe chacun de ses actes. Les fautes emprisonnent celui qui les commet. Elles le tiennent captif à la manière d'un piège. Celui qui ne sait pas se dominer cause sa propre mort. L'excès de sa bêtise lui fait perdre la tête. Mon fils, t'es-tu rendu responsable de la dette d'un ami en tapant dans la main d'un autre homme? T'es-tu engagé par tes paroles et lié par tes promesses à ce sujet? Si oui, tu te trouves au pouvoir du créancier et il faut t'en libérer. Va le voir, supplie-le, insiste pour te dégager. Ne t'accorde aucun repos et ne ferme pas l'œil avant d'y être parvenu. Rends-toi libre; imite la gazelle et l'oiseau qui réussissent à s'échapper du piège où ils ont été pris. Toi qui es paresseux, va voir la fourmi. Observe son comportement et tires-en une leçon de sagesse. La fourmi n'a ni surveillant, ni contremaître, ni patron. Pourtant elle amasse de la nourriture pendant l'été, au temps de la récolte elle fait des provisions. Et toi, paresseux, combien de temps resteras-tu couché? Quand cesseras-tu de dormir? Tu veux prendre un peu de sommeil et t'assoupir un petit moment, tu restes un peu étendu en te croisant les bras. Pendant ce temps, la pauvreté te surprendra comme un rôdeur, et la misère comme un pillard. Celui qui répand des paroles fausses est un vaurien, un homme immoral. Il cligne de l'œil pour tromper les autres, il fait des appels du pied, des signes de la main. Il n'a de goût que pour le mal. Il prépare sans cesse de mauvaises actions, il provoque les querelles. C'est pourquoi, il sera ruiné d'un coup, abattu en un instant de manière irrémédiable. Mon fils, tiens compte des recommandations de ton père, ne rejette pas l'enseignement de ta mère. Fixe-les pour toujours dans ton esprit; garde-les comme une parure autour de ton cou. Ils te guideront dans tes allées et venues, ils te protégeront dans ton sommeil et dès ton réveil te porteront conseil. Car les recommandations sont comme une lampe, l'enseignement est comme une lumière, les réprimandes et les avertissements nous maintiennent sur le chemin de la vie. Ils te mettront en garde contre la femme qui se conduit mal, contre les paroles doucereuses de l'étrangère. Ne désire pas une telle femme à cause de sa beauté, ne te laisse pas séduire par son regard ensorcelant. En effet, pour une prostituée on renonce à un peu de pain, mais pour une femme mariée on risque sa vie entière. Peut-on porter du feu dans une poche sans que tout le vêtement s'enflamme? Peut-on marcher sur des braises sans se brûler les pieds? Il en va de même pour celui qui s'approche de la femme de son prochain; celui qui la touche ne restera pas impuni. On ne méprise pas un voleur quand il a dérobé pour calmer la faim de son estomac. Mais une fois découvert, il doit rendre bien plus que ce qu'il a pris; il perd tout ce qu'il possède. L'homme qui rend une femme adultère a la tête vide. En agissant ainsi, il cause sa propre perte. Il récoltera des coups, il sera déshonoré, sa honte ne le quittera plus. Car la jalousie rendra le mari furieux, et le jour venu celui-ci se vengera sans pitié. Il n'acceptera aucune indemnité, il ne fléchira pas, même si on le couvre de cadeaux. Mon fils, n'oublie pas mes paroles, retiens bien ce que je te dis de faire. Fais ce que je te recommande et tu vivras. Garde mon enseignement comme la prunelle de tes yeux. Ne le laisse pas échapper de tes mains, grave-le dans ton esprit. Considère la sagesse comme ta propre sœur et l'intelligence comme ton amie. Elles te préserveront de la femme d'autrui, du langage séducteur de la femme étrangère. Un jour, j'étais à la fenêtre de ma maison et je regardais au dehors. Je vis des garçons inexpérimentés et je remarquai parmi eux un jeune homme à la tête vide. Il passait dans la ruelle, près de l'endroit où vit l'une de ces femmes, et il prit le chemin de sa maison. C'était à la tombée du jour, lorsque la nuit s'approche et que l'obscurité s'installe. Voici que la femme vient à sa rencontre, vêtue comme une prostituée et la ruse au cœur. Hardie et excitée, elle ne tient pas en place dans sa maison. Dans la rue ou les lieux publics, partout elle cherche l'aventure. Elle aborde le jeune homme, l'embrasse et lui dit d'un air effronté: «J'avais promis à Dieu des sacrifices de reconnaissance et aujourd'hui, je les ai offerts. C'est pourquoi, je suis sortie à ta rencontre. Je voulais faire ta connaissance et je t'ai trouvé. J'ai préparé mon lit avec des couvertures multicolores, des tissus en lin d'Égypte. Je l'ai parfumé avec de la myrrhe, de l'aloès et de la cannelle. Viens, enivrons-nous d'amour jusqu'au matin, jouissons ensemble du plaisir qu'il procure. Mon mari n'est pas à la maison, il est parti en voyage au loin. Il a emporté une bourse pleine d'argent et il ne reviendra qu'à la pleine lune.» Elle le persuade à force d'habileté, elle l'entraîne par ses paroles ensorcelantes. Et voilà qu'il la suit comme un bœuf va à l'abattoir. Il se livre stupidement au châtiment, pieds et poings liés, jusqu'à ce qu'il soit blessé en plein cœur. Comme un oiseau qui se précipite dans le piège, il ne sait pas que sa vie est en danger. Maintenant donc, fils, écoutez-moi et tenez compte de mes paroles. Que votre cœur ne se laisse pas séduire par une femme de ce genre, ne vous égarez pas dans les chemins qu'elle prend. Car elle en a blessé et ruiné beaucoup, même des hommes forts ont été ses victimes. Aller chez elle, c'est s'avancer vers le monde des morts, c'est descendre la pente qui conduit à leur demeure. La Sagesse lance un appel, l'intelligence élève la voix. N'entendez-vous pas? Sur les hauteurs dominant la route, à la croisée des chemins, la Sagesse se tient debout. Aux lieux de passage de la ville, à côté des portes d'entrée, voici ce qu'elle proclame: «C'est vous, les humains, que j'appelle. Je m'adresse à tout le monde. Vous, les ignorants, apprenez à avoir du bon sens. Vous, les sots, apprenez à avoir de l'esprit. Écoutez, j'ai à dire quelque chose d'important, c'est ouvertement que je vous parle. En effet, mes lèvres annoncent la vérité, je déteste parler pour dire du mal. Je ne prononce que des paroles justes, aucune n'est mensongère ou trompeuse. L'homme intelligent les reconnaît exactes, ceux qui sont instruits les trouvent sûres. Recherchez l'éducation que je donne plutôt que l'argent, la connaissance de préférence à l'or pur. Car moi, la Sagesse, je vaux mieux que les perles. Aucun trésor n'a autant de valeur.» «Je suis la Sagesse, le bon sens m'accompagne. Je sais agir avec réflexion. Être soumis au Seigneur, c'est détester le mal. Pour ma part, je déteste l'orgueil et l'arrogance, les mauvaises actions et les paroles trompeuses. Conseiller et rendre prévoyant: voilà mon rôle. Je suis l'intelligence elle-même. C'est moi qui donne la puissance. Grâce à mon aide les rois règnent, les magistrats rendent la justice. Grâce à moi gouvernent les souverains, les notables et tous les chefs légitimes. Ceux qui m'aiment, je les aime en retour. Ceux qui me cherchent sont sûrs de me trouver. J'offre la richesse et l'honneur, des biens stables et une prospérité méritée. Mes dons sont préférables à l'or le plus fin, leur profit est plus grand que l'argent le plus pur. Je me trouve sur la route qui conduit à la justice, sur les chemins où l'on respecte le droit. Là, j'assure des biens à ceux qui m'aiment, je remplis leurs maisons de trésors. Le Seigneur m'a conçue il y a très longtemps, comme la première de ses œuvres, avant toutes les autres. J'ai été établie dès le début des temps, avant même que le monde existe. Quand je suis née, il n'y avait pas d'océans, pas de sources d'où les eaux jaillissent. Avant la formation des montagnes, avant les collines, j'ai été enfantée. Le Seigneur n'avait fait alors ni la terre ni les espaces, ni le premier grain de poussière du monde. J'étais déjà là quand il fixa le ciel et traça l'horizon au-dessus de l'océan primitif. Il plaça les nuages dans les hauteurs et donna leur force aux sources profondes. Il imposa à la mer une limite que les eaux ne doivent pas franchir. Il posa les fondations de la terre. Pendant ce temps, j'étais à ses côtés comme architecte. Jour après jour, je faisais sa joie, je jouais sans cesse en sa présence, sur le sol du monde créé par lui. Depuis lors, ma joie est d'être au milieu des humains.» «Et maintenant, mes fils, écoutez-moi, heureux serez-vous si vous suivez mes conseils. Ne rejetez pas mes avertissements, tenez-en compte et vous deviendrez sages. Heureux ceux qui m'écoutent, qui se tiennent chaque jour à ma porte et veillent à l'entrée de ma maison. Celui qui me trouve, trouve la vie: le Seigneur lui donne son approbation. Celui qui m'offense, se fait du tort à lui-même, qui me déteste, aime la mort.» La Sagesse a taillé sept colonnes et a construit sa maison. Elle a fait abattre des bêtes, elle a préparé du vin, puis elle a dressé la table. Elle a envoyé ses servantes lancer cette invitation à l'endroit le plus élevé de la ville: «Vous, les ignorants, accourez donc par ici.» Elle a fait dire à ceux qui ont la tête vide: «Venez vous nourrir à ma table et boire le vin que j'ai préparé. Quittez la compagnie des ignorants et vous vivrez, prenez donc le chemin où se tient l'intelligence.» Qui réprimande un arrogant ne récolte que mépris, et qui blâme un méchant se fait insulter. Ne critique pas l'orgueilleux, car il te haïrait, mais critique le sage et il t'aimera. Ce que tu dis à un sage développe sa sagesse. Ce que tu transmets à un homme honnête augmente son savoir. Reconnaître l'autorité du Seigneur est le commencement de la sagesse, connaître celui qui est saint procure l'intelligence. Moi, la Sagesse, j'augmenterai le nombre de tes jours, je prolongerai la durée de ta vie. Si tu deviens sage, c'est toi qui en profiteras. Si tu deviens orgueilleux, c'est toi qui en supporteras les conséquences. La Sottise est comme une femme bruyante, ignorante et niaise. Elle est assise à la porte de sa maison, sur les hauteurs de la ville. De là, elle interpelle les passants qui vont droit devant eux: «Vous, les ignorants, faites un détour par ici.» Elle déclare à ceux qui ont la tête vide: «La boisson volée est agréable et la nourriture mangée en cachette délicieuse.» Ils ne savent pas qu'ils vont rejoindre ceux qui ne sont plus, que les invités de cette femme s'enfoncent dans le monde des morts. Proverbes de Salomon. Un fils sage fait la joie de ses parents, un sot fait le désespoir des siens. Bien mal acquis ne profite jamais, seule une conduite juste préserve de la mort. Le Seigneur ne laisse pas le juste avoir faim, mais il refuse au méchant ce qu'il convoite. Des mains nonchalantes attirent la pauvreté, des mains actives procurent la richesse. Qui amasse des provisions pendant l'été est un homme sensé, mais qui dort pendant la récolte mérite le mépris. Les justes attirent sur eux le bonheur. Les méchants cachent la violence dans leurs paroles. On se souvient avec reconnaissance d'un homme juste, mais on oublie jusqu'au nom des méchants. Qui a l'esprit sage accepte de recevoir des directives. Celui qui parle à tort et à travers court à sa perte. Vivre dans l'intégrité, c'est vivre dans la sécurité. L'homme à la conduite tortueuse sera démasqué. Qui cache la vérité aux autres les fait souffrir, qui les reprend avec franchise leur apporte la paix. Les paroles du juste sont source de vie. Les paroles des méchants cachent la violence. La haine suscite des querelles, mais l'amour ne tient pas compte des offenses. On reconnaît la sagesse dans les paroles de l'homme intelligent, on réserve les coups à celui qui a la tête vide. Les sages amassent un trésor d'expérience, mais les paroles des imbéciles entraînent une ruine rapide. La fortune du riche lui tient lieu de place forte. La misère du pauvre l'expose à la ruine. Le travail d'un homme honnête lui permet de vivre. Le gain d'un homme malhonnête est voué à l'échec. Qui tient compte des avertissements avance dans la vie, qui rejette les réprimandes s'égare. Il est hypocrite de cacher sa haine, mais répandre une calomnie est stupide. Qui parle trop cause forcément du tort. Il est plus prudent de savoir tenir sa langue. Les paroles d'un homme juste valent l'argent le plus pur. Ce que pense un méchant ne vaut pas grand-chose. Les paroles d'un homme juste profitent à beaucoup, tandis que les imbéciles meurent parce qu'ils ont la tête vide. Seule la bénédiction du Seigneur donne la prospérité. Les efforts de l'homme n'y ajoutent rien. La pratique du mal est un jeu pour le sot, celle de la sagesse un jeu pour l'homme intelligent. Ce que les méchants redoutent leur arrive, ce que souhaitent les justes leur est accordé. L'ouragan passe et le méchant n'est plus! Le juste tient toujours debout. Le vinaigre irrite les dents et la fumée les yeux; de même le paresseux est une cause d'irritation pour son maître. Reconnaître l'autorité du Seigneur permet de vivre longtemps, mais les pécheurs meurent prématurément. L'espérance des justes leur procure la joie, les espoirs des méchants n'aboutissent à rien. Les plans du Seigneur protègent les gens intègres comme une forteresse, mais ils détruisent ceux qui font le mal. Rien ne fera jamais tomber un juste, mais les méchants ne pourront pas demeurer sur terre. Des paroles sages sortent de la bouche du juste. Les menteurs méritent qu'on leur coupe la langue. Quand le juste parle, c'est avec bienveillance, mais la malveillance sort de la bouche des méchants. Le Seigneur déteste les balances faussées, mais il approuve l'utilisation de poids exacts. A l'arrogance répond le mépris. Il est plus sage d'être modeste. L'intégrité guide les hommes droits. L'amour du mal détruit les gens déloyaux. Au jour du jugement la richesse est inutile, seule la pratique de la justice préserve de la mort. L'intégrité du juste le met sur le droit chemin. Le méchant se perd à cause de sa méchanceté. La justice de l'homme droit lui préserve la vie. Les gens déloyaux sont pris au piège de leurs propres désirs. La mort du méchant anéantit tous ses espoirs, en particulier ceux qu'il plaçait en ses richesses. L'homme juste échappe à l'inquiétude; le méchant y est livré à sa place. L'homme de mauvaise foi détruit les autres par ses paroles, mais les justes sont préservés par leur expérience. Les habitants d'une ville fêtent la réussite des justes et ils poussent des cris de joie à la mort des méchants. Les hommes droits apportent la prospérité à leur ville, les méchants la ruinent par leurs paroles. Qui parle des autres avec mépris a la tête vide, un homme intelligent préfère se taire. Celui qui parle à tort et à travers trahit aussi les secrets. Un homme digne de confiance garde tout pour lui. Un peuple périt quand il n'est pas dirigé; un grand nombre de conseillers assure la victoire. Qui s'engage à payer les dettes d'autrui s'en trouvera mal; refuser de le faire est plus sûr. Une jolie femme reçoit des hommages, un homme énergique acquiert la richesse. La bonté fait du bien à celui qui l'exerce, mais la cruauté se retourne contre son auteur. Le méchant réalise des profits incertains; celui qui propage la justice est sûr d'être récompensé. Qui décide d'être juste vivra, mais celui qui opte pour le mal en mourra. Le Seigneur déteste les gens rusés, il approuve ceux qui se conduisent avec intégrité. A coup sûr l'homme mauvais n'évitera pas la punition, mais tous les justes y échapperont. Un anneau d'or au nez d'un cochon: telle est la femme belle mais stupide. L'unique désir des justes est de bien agir. Les souhaits des méchants n'attirent sur eux que la colère. Certains donnent largement et accroissent leur fortune. D'autres épargnent plus qu'il n'est nécessaire et s'appauvrissent. Une personne généreuse sera comblée de biens en retour, celui qui donne à boire sera désaltéré. Le peuple maudit ceux qui stockent leur blé, mais il est reconnaissant à ceux qui le vendent. On approuve celui qui cherche à bien agir, mais le malheur s'abat sur celui qui ne pense qu'à mal faire. Celui qui se confie en ses richesses dépérit. Les justes prospèrent comme des arbres verdoyants. Qui oriente mal sa maison l'expose au vent. L'imbécile s'expose à devenir l'esclave du sage. Les actes du juste sont comme un arbre de vie. Le sage gagne les cœurs. Le juste est récompensé sur la terre, on peut donc être certain que le méchant et le pécheur recevront ce qu'ils méritent. Celui qui accepte les reproches aime s'instruire. Il est stupide de détester les critiques. Le Seigneur approuve l'homme de bien, il condamne le maître en intrigues. Personne n'affermit sa position par la méchanceté, mais rien ne fera tomber le juste. Une femme vaillante fait la fierté de son mari. Une femme indigne est comme un cancer qui ronge les os. Les justes ont toujours l'intention de respecter le droit, les méchants n'ont pas d'autre projet que la fraude. Les paroles des méchants sont des pièges mortels. Ce que disent les hommes droits les préserve de la mort. Lorsque les méchants sont détruits, plus rien d'eux n'existe, mais la famille des justes est fermement établie. On chante les louanges de l'homme sensé, mais l'homme stupide est méprisé. Mieux vaut être de condition modeste avec un seul serviteur que se donner de grands airs et manquer de pain. Le juste prend en considération même les besoins de son bétail. Le méchant ne respire que cruauté. Qui cultive son champ a du pain en abondance, mais celui qui cultive des illusions manque de bon sens. Les méchants désirent des gains malhonnêtes, seule la persévérance des hommes justes est profitable. L'homme mauvais est pris au piège de ses propos malfaisants, l'homme juste se tire de toute situation périlleuse. On peut obtenir le succès par ses paroles, comme on s'assure un salaire par son travail. L'imbécile estime toujours qu'il agit correctement, le sage accepte les conseils. L'imbécile laisse paraître immédiatement sa colère, l'homme prudent cache son irritation. Celui qui déclare la vérité favorise la justice, mais le faux témoin favorise l'erreur. Qui bavarde à la légère blesse autant qu'une épée, les paroles des sages apportent la guérison. Une affirmation vraie reste toujours valable, mais les mensonges ne tiennent qu'un instant. Ceux qui projettent le mal ont le cœur plein de fausseté. Ceux qui conseillent le bien en retirent de la joie. Aucun mal n'arrive aux hommes justes, mais les méchants sont accablés de malheurs. Le Seigneur déteste les menteurs, il approuve ceux qui pratiquent la vérité. L'homme avisé ne fait pas étalage de ses connaissances, les sots exhibent leur bêtise. Des mains actives procurent le pouvoir, mais la nonchalance mène à l'esclavage. Un cœur soucieux déprime un homme, une parole aimable le réconforte. Le juste guide son compagnon dans la bonne direction, la conduite des méchants les égare. Le chasseur nonchalant n'a pas de gibier à rôtir. Il est précieux pour un homme d'être actif. La vie se trouve là où l'on pratique la justice. En suivant cette voie on ne rencontre pas la mort. Un fils qui a de la sagesse tient compte des avertissements de son père, mais un fils insolent n'accepte aucun reproche. L'homme de bien récolte le fruit de ce qu'il dit. Les gens déloyaux vivent de violence. Celui qui surveille ses paroles met sa vie à l'abri; celui qui dit n'importe quoi s'expose à la ruine. Il ne sert à rien pour un paresseux de convoiter quelque chose, mais un homme actif obtient ce qu'il désire. Un homme juste déteste le mensonge, une personne malveillante déshonore les autres en les couvrant de boue. L'honnêteté protège celui qui se conduit bien. Le mal entraîne la ruine de ceux qui le commettent. Certains font semblant d'être riches alors qu'ils n'ont rien. D'autres font les pauvres et possèdent une fortune. Parfois un riche doit payer pour sauver sa vie, mais le pauvre ne risque pas d'être menacé. Le juste rayonne comme une lumière brillante, le méchant est comme une lampe qui s'éteint. L'orgueil ne sert qu'à provoquer des querelles. Il est plus sage d'accepter les conseils. La richesse trop vite acquise disparaît vite. Celle qu'on amasse petit à petit ne cesse de grandir. L'espoir qui tarde à se réaliser chagrine le cœur, le désir comblé est comme un arbre de vie. Celui qui méprise un avis risque de le payer cher. Celui qui respecte un ordre sera récompensé. L'enseignement du sage est source de vie, il préserve des erreurs qui entraînent la mort. Le bon sens procure du charme. Les gens déloyaux suivent une voie sans issue. Un homme avisé réfléchit avant d'agir, mais les sots font étalage de leur bêtise. Un mauvais messager est cause de malheur, un envoyé fidèle rétablit les situations. Celui qui refuse d'être éduqué sera pauvre et méprisé, mais qui tient compte des critiques sera honoré. Il est agréable de satisfaire un désir; c'est pourquoi les sots détestent renoncer au mal. A fréquenter les sages, on gagne en sagesse, mais la compagnie des sots amène le malheur. Le malheur s'acharne sur qui agit mal, alors que le bonheur récompense les gens honnêtes. L'homme de bien laisse un héritage à ses descendants, mais la fortune du pécheur reviendra au juste. Les pauvres tirent une nourriture abondante de leurs champs, mais certains dépérissent par manque d'équité. Qui refuse de frapper son fils ne l'aime pas. Celui qui l'aime n'hésite pas à le punir. Le juste mange à satiété, mais le ventre du méchant crie famine. Une femme pleine de sagesse assure la solidité d'un foyer, mais une femme sotte le détruit de ses propres mains. Qui mène une vie droite respecte le Seigneur. Celui qui se conduit de travers le méprise. Dans la bouche de l'imbécile fleurit l'orgueil. Les paroles des sages assurent leur protection. Là où il n'y a pas de bœufs de labour, le grenier est vide. Un bétail vigoureux procure des revenus importants. Un témoin digne de confiance ne ment pas, un faux témoin débite des mensonges. L'insolent s'efforce-t-il d'acquérir de la sagesse? C'est en vain. Mais celui qui réfléchit acquiert facilement du savoir-faire. Fuis la présence du sot, car tu n'apprendrais rien dans ce qu'il dit. L'homme prudent surveille sa conduite parce qu'il est sage. Les sots s'égarent à cause de leur bêtise. Les imbéciles n'estiment pas nécessaire de réparer un tort, mais la bonne volonté règne entre les hommes droits. Chacun est seul dans ses chagrins et ses joies, personne d'autre ne peut les partager. La maison des méchants est destinée à la ruine, celle des hommes droits à la prospérité. Il arrive qu'un homme estime sa conduite droite, alors que finalement elle le mène à la mort. Le rire peut cacher la peine et la joie céder la place à la tristesse. L'homme immoral subira les conséquences de ses actes. La situation de l'homme de bien est préférable. L'ignorant croit tout ce qu'on lui dit, l'homme prudent regarde où il met les pieds. Le sage a peur du mal et s'en détourne, mais le sot agit trop vite parce qu'il est sûr de lui. Qui se met facilement en colère fait des bêtises, celui qui intrigue attire la haine. La part des ignorants c'est la bêtise, l'honneur des gens avisés c'est le savoir. Les hommes mauvais se sont inclinés devant les bons et les méchants attendent à la porte des justes. Le pauvre est détesté même par ses compagnons, tandis que le riche a de nombreux amis. Mépriser son prochain est un péché, mais heureux celui qui est bon avec les pauvres. Les gens mal intentionnés font fausse route. Les gens bien intentionnés rencontrent la bonté et la fidélité. Tout travail obtient un salaire, mais le bavardage ne conduit qu'à la pauvreté. La richesse est la récompense des sages. Les sots ne sortent jamais de leur bêtise. Un témoin digne de foi sauve des vies, mais celui qui débite des mensonges conduit à l'erreur. Reconnaître l'autorité du Seigneur permet de vivre en toute sécurité, car il protège ses enfants. Reconnaître l'autorité du Seigneur est source de vie; cela permet d'éviter des pièges mortels. Un peuple nombreux fait la gloire d'un roi. S'il manque de sujets, c'est la fin de son pouvoir. Qui reste calme fait preuve d'une grande intelligence, qui s'emporte montre sa bêtise. La paix de l'esprit favorise la santé, mais la passion est un cancer qui ronge les os. Qui opprime les indigents outrage celui qui les a faits. Seul l'honore celui qui leur porte secours. Le mal que commet le méchant cause sa perte, mais le juste garde confiance même devant la mort. Celui qui réfléchit possède la sagesse, mais peut-on la trouver parmi les sots? Pratiquer la justice fait la grandeur d'une nation, l'injustice fait la honte des peuples. Le roi apprécie des ministres compétents, mais sa colère menace les indignes. Une réponse aimable apaise la colère, mais une parole brutale l'excite. Quand le sage parle, il donne envie de s'instruire, mais la bouche des sots répand la bêtise. Le Seigneur dirige ses regards partout; il observe aussi bien les bons que les mauvais. Une parole réconfortante est comme un arbre de vie, une parole cruelle est démoralisante. L'imbécile méprise les avertissements de son père, qui accepte les réprimandes est avisé. Le juste vit dans l'abondance. Les profits malhonnêtes attirent le malheur. Les paroles des sages diffusent le savoir, tandis que la tête des sots ne vaut rien. Le Seigneur déteste les sacrifices offerts par les méchants, mais il reçoit favorablement la prière des hommes droits. Le Seigneur déteste la conduite des méchants, mais il aime ceux qui pratiquent la justice. Celui qui s'écarte du bien sera sévèrement puni: refuser les avertissements conduit à la mort. Le Seigneur sait ce qui se passe même au fond du monde des morts; à plus forte raison connaît-il toutes les pensées de l'homme. L'arrogant n'aime pas les critiques; il ne consulte jamais les sages. La joie au cœur égaie le visage, la peine provoque la mauvaise humeur. Qui a l'esprit sage désire s'instruire, mais le sot n'avale que des bêtises. Le malheureux vit sans cesse dans la peine. L'homme heureux vit dans une fête continuelle. Mieux vaut avoir peu et être soumis au Seigneur que posséder beaucoup et vivre dans l'inquiétude. Mieux vaut un plat de légumes préparé avec amour qu'une viande savoureuse assaisonnée de haine. Un homme coléreux provoque des disputes, un homme patient les apaise. Le sentier du paresseux est couvert de ronces. La route des hommes droits est bien dégagée. Un fils sage fait la joie de ses parents. Le sot ne respecte pas les siens. Celui qui a la tête vide se complaît dans sa bêtise, mais l'homme raisonnable va droit son chemin. Quand on ne consulte personne, les projets échouent. Grâce à de nombreux conseils, ils se réalisent. Il est agréable de savoir bien répondre; quel plaisir de dire la parole juste au moment voulu! L'homme sensé suit la route qui monte vers la vie, il évite celle qui descend vers la mort. Le Seigneur détruit la maison de l'orgueilleux, mais il protège le terrain de la veuve. Le Seigneur déteste les mauvaises intentions. Seules les paroles inspirées par la bonté sont irréprochables. L'homme avide d'argent attire la ruine sur sa famille. Celui qui ne se laisse pas acheter jouira d'une longue vie. Le juste réfléchit avant de répondre, mais le méchant s'empresse de répandre des calomnies. Le Seigneur ne s'intéresse pas aux méchants, mais il écoute la prière des justes. Un regard bienveillant donne de la joie et une bonne nouvelle ranime les forces. Celui qui tend l'oreille à une critique salutaire a sa place parmi les sages. Qui refuse d'être éduqué néglige sa propre vie, mais celui qui tient compte des réprimandes acquiert du caractère. Reconnaître l'autorité du Seigneur est une école de sagesse. Avant d'accéder aux honneurs, il convient d'être humble. Les hommes forment des projets, mais c'est le Seigneur qui a le dernier mot. Chacun pense agir toujours correctement, mais le Seigneur examine le fond du cœur. Expose ton activité au Seigneur et tu réaliseras tes projets. Le Seigneur a tout fait dans une intention précise, même les méchants pour le jour de leur malheur. Le Seigneur déteste les hommes orgueilleux; on peut être sûr qu'ils ne seront pas impunis. Par la bonté et la fidélité on peut réparer un tort. En respectant le Seigneur on évite d'agir mal. Lorsque le Seigneur approuve la conduite de quelqu'un, il réconcilie avec lui ses ennemis eux-mêmes. Mieux vaut un maigre salaire gagné honnêtement que de gros revenus tirés d'affaires louches. L'homme élabore des plans, le Seigneur en dirige la réalisation. Le roi parle avec une autorité divine, il ne se trompe pas quand il prononce un jugement. Le Seigneur veut que les balances soient justes, il fixe la valeur des poids. Le roi déteste qu'on agisse mal, car seule la pratique de la justice maintient son pouvoir. Le roi apprécie qu'on lui parle honnêtement, il aime ceux qui disent la vérité. Un roi en colère peut envoyer quelqu'un à la mort. Un homme sage fait tout pour l'apaiser. Un sourire sur le visage du roi est promesse de vie, sa bonté est comme une pluie rafraîchissante. Mieux vaut acquérir la sagesse que de l'or, l'intelligence que de l'argent. Les hommes droits se détournent du mal, car surveiller sa conduite, c'est veiller sur sa vie. L'orgueil conduit à la faillite et l'arrogance à la ruine. Mieux vaut vivre modestement avec des pauvres que partager un riche butin avec des gens orgueilleux. Qui est habile en affaires s'en trouve bien, mais celui qui fait confiance au Seigneur connaît le bonheur. Un homme à l'esprit sage est intelligent. Plus une parole est aimable, plus elle est convaincante. Le bons sens procure la vie à ceux qui le possèdent. Les imbéciles sont punis par leur propre bêtise. L'homme à l'esprit sage réfléchit avant de parler et rend ainsi ses paroles plus convaincantes. Des paroles aimables sont pareilles au miel, qui est agréable au goût et bon pour la santé. Il arrive qu'un homme estime sa conduite droite alors que finalement elle le mène à la mort. La faim oblige le travailleur à se donner de la peine, son appétit l'y pousse. Le vaurien projette le mal, sa langue est brûlante de méchanceté. L'homme rusé provoque des disputes, et le calomniateur détruit l'amitié. L'homme violent trompe les autres et les entraîne sur une mauvaise pente. Celui qui ferme les yeux et serre les lèvres pour préparer un mauvais coup l'a déjà réalisé. Les cheveux blancs sont une parure qui couronne celui qui a suivi les traces de la justice. Le héros véritable est celui qui vainc sa colère. Il vaut mieux être maître de soi que maître d'une ville. On jette les dés pour connaître l'avenir, mais c'est le Seigneur qui détermine la réponse. Mieux vaut manger en paix un croûton de pain sec que participer à un banquet dans une maison où l'on se dispute. Un serviteur compétent prendra la place du fils indigne et recevra une part de l'héritage familial. L'or et l'argent sont testés par le feu, et c'est le Seigneur qui éprouve la valeur des hommes. L'homme malintentionné prête l'oreille aux paroles malveillantes et le menteur écoute les mauvaises langues. Qui se moque des pauvres outrage celui qui les a faits. Celui qui rit du malheur d'autrui ne sera pas impuni. Les gens âgés sont fiers de leurs petits-enfants, et les enfants sont fiers de leurs parents. Un langage distingué ne convient pas à un homme vulgaire, encore moins le mensonge à un dirigeant. Certains pensent qu'offrir un cadeau porte bonheur et assure la réussite de toutes les entreprises. Oublier un tort favorise l'amitié, mais en reparler sans cesse la rend impossible. Un reproche a plus d'influence sur un homme intelligent que cent coups de bâton sur un sot. Le méchant ne cherche qu'à nuire et déchaîne ainsi contre lui les forces du malheur. Mieux vaut rencontrer une ourse privée de ses petits qu'un sot tout plein de sa bêtise. Le malheur ne quitte pas la maison de l'homme qui rend le mal pour le bien. Commencer une dispute c'est ouvrir une digue. Arrête-toi avant que la querelle ne se déchaîne. Le Seigneur déteste autant celui qui déclare innocent un coupable que celui qui condamne un innocent. A quoi peut servir l'argent dans la main d'un sot? A se procurer la sagesse? Mais il n'a pas de tête! Un ami montre son affection en toutes circonstances. Un frère est là pour partager les difficultés. Seul un insensé se rend responsable de la dette d'autrui en tapant dans la main de quelqu'un. Qui aime la querelle aime causer du tort. Qui fait l'important cherche sa ruine. Qui a l'esprit rusé ne connaît pas le bonheur, et le malheur s'abat sur celui qui a une mauvaise langue. Qui donne naissance à un sot n'a que du chagrin. Toute joie est refusée au père d'un homme stupide. La bonne humeur favorise la guérison, mais la tristesse fait perdre toute vitalité. Les gens malhonnêtes acceptent les cadeaux offerts pour dévier le cours de la justice. L'homme intelligent ne perd jamais de vue ce qui est sage, mais les regards du sot se portent vers des buts inaccessibles. Le sot donne du chagrin à son père et des regrets à celle qui l'a mis au monde. Il n'est pas bien d'infliger une amende à un innocent et il est injuste de punir quelqu'un de respectable. Quelqu'un d'expérimenté évite de trop parler et quelqu'un de raisonnable prend le temps de réfléchir. Quand il se tait, même un imbécile paraît sage. Lorsque ses lèvres sont fermées on peut le croire intelligent. Celui qui ne cherche que son intérêt s'isole des autres, il s'irrite quand on lui propose de l'aide. Ce qui intéresse le sot n'est pas de comprendre, mais de faire étalage de son opinion. La méchanceté amène avec elle le mépris, et la honte accompagne l'affront. Les paroles de l'homme peuvent être profondes comme l'océan, vivifiantes comme un torrent et source de sagesse. Il n'est pas bien de favoriser le coupable en refusant de faire justice à l'innocent. Les paroles du sot entraînent des disputes, ce qu'il dit provoque la bagarre. Quand le sot parle, il cause sa ruine; il est pris au piège de ses propres paroles. Les calomnies sont comme des friandises, elles s'insinuent jusqu'au fond de soi-même. Celui qui néglige sa besogne et celui qui la gâche sont de la même famille. Le Seigneur est une forteresse. L'homme juste accourt près de lui et il est en sécurité. La fortune du riche lui tient lieu de citadelle, dans son coffre-fort elle le protège comme un rempart élevé. L'orgueil de l'homme le conduit à la faillite. Avant d'accéder aux honneurs, il convient d'être humble. Qui répond avant d'avoir écouté montre sa bêtise et se couvre de ridicule. La volonté de vivre soutient l'homme malade, mais qui peut rétablir une volonté défaillante? Celui qui réfléchit acquiert des connaissances, le sage cherche à entendre des paroles instructives. Offrir un cadeau ouvre bien des portes et permet de rencontrer des gens haut placés. Le premier à plaider une cause semble avoir raison jusqu'au moment où son adversaire le contredit. Jeter les dés fait cesser les querelles et tranche le débat entre les plaideurs. Un frère offensé est plus difficile à aborder qu'une forteresse. Les disputes sont aussi tenaces que les verrous d'un château. Un homme peut assurer sa nourriture par ses paroles; ce qu'il dit lui permet de gagner sa vie. Les paroles peuvent être source de vie ou de mort. Qui aime parler doit en accepter les conséquences. Celui qui trouve une compagne, trouve le bonheur. Il a obtenu l'approbation du Seigneur. Le pauvre parle en suppliant, le riche répond avec dureté. Il y a des amis qui mènent au malheur. Un ami véritable est plus loyal qu'un frère. Mieux vaut être pauvre et vivre dans l'intégrité qu'être sot et parler pour tromper. Sans expérience l'enthousiasme n'est pas bon; à trop se hâter on commet des erreurs. Tel homme se met bêtement dans une mauvaise situation et tourne sa colère contre le Seigneur! Un riche a sans cesse de nouveaux amis, un indigent risque de perdre le seul qui lui reste. Le faux témoin ne reste pas impuni et le menteur n'échappe pas à la punition qu'il mérite. Beaucoup de gens flattent en face l'homme important et tout le monde se prend d'amitié pour qui fait des cadeaux. Le pauvre est détesté par ses propres frères, à plus forte raison ses amis l'abandonnent-ils. Lorsqu'il voudrait leur parler, ils ne sont plus là. Apprendre à réfléchir, c'est agir pour son propre bien; s'appliquer à comprendre mène au bonheur. Le faux témoin ne reste pas impuni et le menteur cause sa propre perte. Il ne convient pas qu'un sot vive dans le luxe et encore moins qu'un esclave commande à des chefs. Un homme sensé maîtrise sa colère, il met son point d'honneur à oublier les torts subis. La colère du roi est redoutable comme le rugissement d'un lion, mais sa bonté est bienfaisante comme la rosée sur l'herbe. Le sot fait le malheur de son père. La femme querelleuse est comme une gouttière qui coule sans cesse. On peut hériter maison et argent de ses ancêtres, mais seul le Seigneur peut donner une femme sensée. La paresse plonge dans l'inertie et la nonchalance ne nourrit pas son homme! Celui qui respecte les règles protège sa vie, celui qui ne surveille pas sa conduite mourra. Donner aux pauvres revient à prêter au Seigneur, il récompensera cette générosité. Corrige tes enfants tant que tu as l'espoir de les aider, mais ne t'emporte pas au point de vouloir leur mort. L'homme violent mérite de payer une amende. Ne pas lui en infliger, c'est l'inciter à recommencer. Écoute les conseils, laisse-toi éduquer: tu finiras par devenir un sage. L'homme élabore de nombreux plans, mais seule la décision du Seigneur se réalise. Ce qu'on attend d'un homme, c'est la bonté. Mieux vaut être pauvre que menteur. Respecter le Seigneur conduit à la vie, une vie dans l'abondance et à l'abri du malheur. Le paresseux plonge sa main dans le plat, mais il hésite à l'amener jusqu'à sa bouche. Lorsqu'on frappe un insolent, l'imbécile peut devenir prudent. Lorsqu'un homme intelligent est critiqué, il comprend la leçon. Qui est violent avec son père et chasse sa mère est un fils indigne, dont on rougit. Mon fils, si tu cesses d'écouter les avertissements, tu tournes le dos aux leçons de l'expérience. Un témoin malfaisant bafoue le droit. Les méchants ont le goût du mal. Les insolents s'exposent à être punis et le sot s'expose à recevoir des coups. Le vin rend insolent et les liqueurs fortes incitent au tapage. Qui se laisse enivrer ne peut devenir sage. Un roi irrité est aussi redoutable qu'un lion rugissant. Qui excite la colère du roi met sa vie en danger. Se retirer d'une dispute est un acte honorable. Seuls les imbéciles s'y entêtent. Un paysan trop paresseux pour labourer à l'automne ne trouve rien à récolter à l'époque de la moisson. Les pensées de l'homme sont cachées comme des eaux souterraines. Une personne intelligente sait les faire apparaître. Beaucoup de gens se vantent de leur bonté, mais qui trouvera quelqu'un de vraiment sûr? Le juste mène une vie intègre, heureux les enfants qu'il laisse après lui! Lorsque le roi siège pour rendre la justice, il discerne le mal au premier coup d'œil. Quelqu'un peut-il dire: «J'ai la conscience tranquille, je suis pur de tout péché»? Avoir deux poids, deux mesures, voilà qui est détestable aux yeux du Seigneur. Même un enfant manifeste par ses actes si sa conduite est claire et droite. Des yeux pour voir, des oreilles pour entendre sont l'œuvre du Seigneur. Si tu aimes dormir, tu deviendras pauvre. Ouvre grands les yeux et tu mangeras à ta faim. «Mauvaise affaire!» dit l'acheteur, mais, lorsqu'il s'en va, il se félicite de son succès. L'or n'est pas rare et les perles abondent. Des paroles instructives sont un trésor bien plus précieux. Si quelqu'un se porte garant auprès de toi de la dette d'un inconnu, exige son vêtement, s'il cautionne des étrangers, exige des gages. Au premier abord la nourriture volée est un délice, mais ensuite c'est du gravier plein la bouche. Grâce à de bons conseils on réalise ses projets. Ne pars pas en guerre sans en avoir délibéré. Celui qui parle à tort et à travers trahit aussi les secrets. Évite donc les gens qui bavardent trop. Si quelqu'un maudit son père ou sa mère, il verra sa vie s'éteindre comme une lampe dans les ténèbres. Celui qui commence trop rapidement à amasser une fortune n'aura pas lieu de s'en féliciter par la suite. Ne te propose pas de rendre le mal qu'on te fait. Place ta confiance dans le Seigneur, et il te tirera d'affaire. Le Seigneur déteste les poids inexacts, il désapprouve l'emploi d'une balance fausse. C'est le Seigneur qui dirige la vie des hommes. Comment un humain comprendrait-il où le mènent ses pas? Il est dangereux de dire à la légère: «Ceci est pour Dieu» et de lui faire des promesses avant d'avoir réfléchi. Un roi sage disperse ceux qui agissent mal, il fait passer sur eux la roue du malheur. La conscience est la lampe que le Seigneur donne à l'homme: elle éclaire les profondeurs de son être. La bonté et la fidélité protègent le roi. C'est par la bonté qu'il affermit son pouvoir. La vigueur fait la beauté de la jeunesse et les cheveux blancs la dignité de la vieillesse. Des blessures douloureuses peuvent guérir de la méchanceté et les coups assagir le fond du cœur. L'esprit du roi est comme un ruisseau que la main du Seigneur dirige là où il veut. Chacun pense agir toujours avec droiture, mais le Seigneur examine le fond du cœur. Une conduite juste et équitable a plus de prix pour le Seigneur que des sacrifices. Le regard hautain et l'esprit orgueilleux, voilà ce qui manifeste le péché des méchants. Celui qui s'applique à élaborer des plans connaîtra l'abondance, celui qui agit précipitamment connaîtra la disette. S'efforcer d'acquérir la richesse par le mensonge, c'est obtenir de la fumée de la part de gens qui cherchent la mort. La violence des méchants les mène à leur perte, car ils refusent d'appliquer le droit. Les criminels suivent des voies tortueuses, mais les honnêtes gens ont une conduite droite. Mieux vaut vivre au coin d'un toit que partager sa maison avec une femme querelleuse. De tout son être, l'homme malveillant désire faire du mal et il n'épargne même pas son ami. La punition de l'insolent est une leçon de sagesse pour l'ignorant, tandis que le sage acquiert de l'expérience par l'enseignement qu'il reçoit. Le juste suit de près ce qui se passe dans la maison des méchants, et il les précipite dans le malheur. Qui fait la sourde oreille aux cris de l'indigent n'obtiendra pas de réponse quand il appellera au secours. Pour calmer la colère ou même la violente fureur de quelqu'un, rien de tel qu'un cadeau discret, qu'un présent offert sous le manteau. L'application du droit fait la joie de l'homme honnête et frappe d'épouvante le malfaiteur. Un homme qui abandonne tout bon sens ira bientôt tenir compagnie à ceux qui ne sont plus. Celui qui aime les plaisirs connaîtra le besoin; l'amateur de vin et de bonne chère ne deviendra jamais riche. Les gens sans foi ni loi supporteront le malheur que les hommes honnêtes et droits n'auront pas à subir. Mieux vaut vivre dans un coin désert qu'avec une femme querelleuse et irritable. On trouve de précieuses réserves et des produits de luxe dans la demeure du sage, mais le sot dilapide ce qu'il a. Celui qui cherche à être honnête et bon vivra longtemps, il sera traité avec justice et respect. Le sage prend d'assaut une ville fortement défendue et abat les fortifications qui donnaient confiance à ses habitants. Celui qui surveille tout ce qui sort de sa bouche s'évite bien des tourments. Un homme dédaigneux et orgueilleux, voilà l'insolent, dans tout son comportement son orgueil se déchaîne. Le paresseux meurt de ne pas pouvoir réaliser ses désirs, car ses mains refusent de travailler. Il passe son temps à convoiter, alors que l'homme juste donne sans rien garder pour lui. Les méchants rendent leurs sacrifices d'autant plus détestables qu'ils les offrent avec de mauvaises intentions. Le témoignage d'un menteur sera condamné, l'homme qui sait écouter peut parler de façon décisive. L'homme malfaisant prend un air hardi. Un homme droit est sûr de sa conduite. Aucune sagesse, aucune intelligence, aucun avis ne tient devant le Seigneur. On équipe des chevaux pour le jour du combat, mais c'est le Seigneur qui donne la victoire. Une bonne réputation vaut mieux que de grandes richesses: l'estime des autres est préférable à l'or et à l'argent. Le riche et le pauvre ont ceci de commun: le Seigneur a fait l'un aussi bien que l'autre. Un homme prudent voit venir le malheur et se met à l'abri. Les ignorants y donnent tête baissée et le paient cher. L'homme humble se soumet au Seigneur, il est récompensé par la prospérité, la considération et une longue vie. Une conduite tortueuse comporte tant d'épines et de pièges qu'il faut s'en écarter si l'on tient à sa vie. Donne de bonnes habitudes à l'enfant dès l'entrée de sa vie: il les conservera jusque dans sa vieillesse. Le riche a les pauvres en son pouvoir. Ceux qui empruntent sont les esclaves de leurs créanciers. Qui sème l'injustice récolte le malheur, car son pouvoir de faire violence sera brisé. L'homme bienveillant sera béni parce qu'il partage sa nourriture avec l'indigent. Chasse les insolents, et les disputes cesseront: ce sera la fin des querelles et des propos méprisants. Celui qui aime les intentions pures et les paroles aimables gagne l'amitié du roi. Le Seigneur protège la vraie connaissance et il démasque les paroles des gens de mauvaise foi. Le paresseux déclare: «Il y a un lion dehors. Je pourrais être tué en pleine rue!» Les paroles séductrices des femmes infidèles constituent un piège redoutable où tombe celui que le Seigneur désapprouve. Les enfants aiment ce qui est déraisonnable. Quelques bonnes corrections les guériront de cette tendance. Celui qui opprime un indigent lui procure finalement un avantage. Celui qui donne à un riche ne fait que s'appauvrir lui-même. Prête l'oreille et écoute les paroles des sages; ouvre ton esprit à l'expérience que je te transmets. Tu seras heureux de les garder en mémoire et d'être toujours prêt à les citer. Je désire que tu places ta confiance dans le Seigneur, c'est pourquoi je vais te les faire connaître à toi aussi aujourd'hui même. J'ai écrit pour toi une trentaine de conseils et de réflexions. Je veux te donner des informations réellement dignes de confiance. Si quelqu'un t'envoie chercher la vérité, tu pourras ainsi lui communiquer des informations sûres. Ne profite pas de la faiblesse d'un indigent pour le dépouiller et n'accable pas au tribunal un homme sans défense. En effet, le Seigneur défendra leur cause et privera de la vie ceux qui les auront privés de tout. Ne te lie pas à quelqu'un d'irritable et fuis la compagnie de l'homme agressif. Sinon, tu te mettras à imiter leur comportement et tu seras pris dans un engrenage fatal. Ne te rends pas responsable des dettes d'autrui en tapant dans la main de quelqu'un. Si tu n'as pas de quoi payer, on te retirera même ton propre lit. Ne déplace pas les bornes que tes ancêtres ont posées pour marquer la limite des champs. Regarde l'homme qui fait bien son métier: il pourra offrir ses services aux rois eux-mêmes au lieu de rester un obscur ouvrier. Quand tu es assis à la table d'un homme important, considère bien qui tu as devant toi. Réfrène ton appétit si tu es un glouton. Ne convoite pas ses bons plats: c'est une nourriture décevante! Ne te fatigue pas à courir après la richesse: cesse même d'y penser. L'argent disparaît avant qu'on ait eu le temps de bien le voir: on dirait qu'il se fabrique des ailes pour s'envoler au loin comme un aigle dans le ciel. Ne partage pas le repas d'un homme malintentionné et ne convoite pas ses bons plats. Car il ne pense pas ce qu'il dit. «Mange et bois», te dit-il, mais en réalité il ne te veut aucun bien. Par la suite, tu vomiras ce que tu as mangé et tes paroles flatteuses n'auront servi à rien. N'essaie pas de te faire écouter d'un sot: il ne reconnaîtra pas la valeur de tes paroles. Ne déplace pas les bornes posées autrefois, et ne cherche pas à t'emparer du terrain des orphelins. En effet, ils ont un défenseur puissant, et c'est lui qui soutiendra leur cause contre toi. Ouvre ton esprit à l'éducation que tu reçois et tes oreilles aux leçons de l'expérience. N'hésite pas à punir ton enfant. Quelques bonnes corrections ne le tueront pas. En le frappant tu peux au contraire le préserver du monde des morts. Mon fils, si ton cœur s'attache à la sagesse, j'en aurai une grande joie. Je serai profondément heureux si tu parles avec droiture. N'envie pas intérieurement les pécheurs, mais sois constamment soumis au Seigneur. Alors tu auras un avenir, ton espérance ne sera pas déçue. Toi, mon fils, écoute-moi et tu deviendras sage, tu iras droit ton chemin. Ne fréquente pas les gens qui s'enivrent de vin et s'empiffrent de viande. Car les buveurs et les gloutons seront réduits à la misère, à force d'indolence ils n'auront plus que des haillons à se mettre. Écoute ton père, car tu lui dois la vie; ne méprise pas ta mère lorsqu'elle a vieilli. Apprends à être véridique, sage, discipliné et intelligent, et ne gaspille pas ces qualités. Le plus grand bonheur d'un père est d'avoir donné la vie à un homme juste et sage. Donne cette joie à ton père et à ta mère, ce bonheur à celle qui t'a mis au monde. Mon fils, fais-moi confiance, prends plaisir à suivre mon exemple. Sache bien que la prostituée et la femme d'autrui sont aussi dangereuses qu'une fosse profonde, qu'un puits étroit. Comme les brigands, elles se mettent aux aguets. On ne compte plus les hommes qu'elles ont rendus infidèles. Pour qui s'écrie-t-on «malheur» et «hélas»? Qui se dispute sans cesse et se plaint sans arrêt? Qui reçoit des coups sans raison? Qui a la vue trouble? C'est l'homme qui s'attarde à boire du vin et essaie sans cesse de nouveaux mélanges d'alcool. Ne sois pas tenté par la belle couleur du vin qui pétille dans la coupe. Il coule agréablement dans le gosier, mais finalement il est comme une morsure de serpent, comme le poison d'un reptile venimeux. Tes yeux auront des visions, ton esprit et tes paroles deviendront confus. Tu te croiras en pleine mer, balancé au sommet du mât d'un navire. Tu te diras: «J'ai dû être blessé et battu sans avoir mal et sans m'en rendre compte. Pourvu que je me réveille bientôt pour redemander à boire!» N'envie pas les gens malfaisants et ne recherche pas leur compagnie. Ils ne pensent qu'à agir avec violence et ne parlent que du mal qu'ils vont faire. Il faut de la sagesse pour construire une maison, de l'intelligence pour la rendre habitable. Il faut du savoir-faire pour en remplir les pièces d'objets agréables et précieux. La sagesse d'un homme fait sa force, l'expérience augmente son pouvoir. Ne pars pas en guerre sans en avoir délibéré, car un grand nombre de conseillers assure la victoire. Les données de la sagesse sont inaccessibles à l'imbécile. Qu'il ferme la bouche quand on discute des affaires publiques! Celui qui projette le mal a la réputation d'être maître en intrigues. Les machinations d'un sot sont toujours coupables et celui qui se moque de tout se rend odieux. Si tu perds courage au jour du péril, ton courage est bien faible! Efforce-toi de sauver les condamnés à mort, ceux que l'on traîne injustement au supplice. Si tu dis: «Je n'étais pas au courant», celui qui examine le fond du cœur sait ce qu'il en est. Il t'observe, il connaît tout, il juge chacun selon ses actes. Mange du miel, mon fils, car le miel fait du bien et le goût t'en sera agréable. Mais rappelle-toi que la sagesse aussi est bonne pour ta vie. Si tu arrives à la pratiquer, tu auras un avenir, ton espérance ne sera pas déçue. N'essaie pas, tel un malfaiteur, de t'approprier par la ruse la maison d'un honnête homme, ne le prive pas de son domicile. Un honnête homme peut tomber très souvent sous les coups du sort, il s'en relève toujours; mais les malfaiteurs sont terrassés par l'adversité. Ne te réjouis pas lorsque ton ennemi tombe, ne saute pas de joie lorsqu'il succombe sous le malheur. Le Seigneur verrait cela d'un mauvais œil et il détournerait sa colère de ton ennemi. Ne t'excite pas au sujet de ceux qui font le mal, et n'envie pas les méchants. Ils n'ont aucun avenir, leur vie est comme une lampe qui s'éteint. Mon fils, respecte le Seigneur et le roi. Ne t'associe pas à ceux qui veulent tout changer. Car les novateurs peuvent être anéantis soudainement, et qui sait quel désastre le Seigneur et le roi peuvent susciter contre eux? Voici ce que des sages ont encore dit: Il n'est pas bien de juger avec parti pris. Si un magistrat dit au coupable: «Tu es innocent», les foules et les peuples le poursuivent de leur haine. Par contre, ceux qui condamnent le coupable s'en trouvent bien et sont récompensés par la reconnaissance de chacun. Une réponse donnée avec franchise est une vraie preuve d'amitié. N'envisage de bâtir une maison qu'après avoir terminé tes travaux au-dehors et préparé tes champs pour la récolte. N'accuse pas ton voisin sans motif: voudrais-tu proférer un tel mensonge? Ne dis pas: «J'agirai avec lui comme il a agi avec moi, je lui rendrai la monnaie de sa pièce!» Un jour, je suis passé près du champ et de la vigne d'un homme paresseux et à la tête vide. Des ronces et des mauvaises herbes poussaient partout, le mur de clôture était écroulé. J'ai réfléchi à ce que j'avais vu et j'en ai tiré la leçon: tu dors un peu, tu t'assoupis un petit moment, tu restes étendu en te croisant les bras. Pendant ce temps, la pauvreté arrive sur toi comme un rôdeur, la misère te surprend comme un pillard. Voici d'autres proverbes de Salomon rassemblés par des hommes de l'entourage d'Ézékias, roi de Juda. Nous honorons Dieu parce qu'il tient certaines choses cachées. Nous honorons les rois parce qu'ils examinent le fond des choses. Nous ne savons pas jusqu'où s'élève le ciel ni jusqu'où va la profondeur de la terre. Nous ne connaissons pas davantage les pensées des rois. Si l'on ôte ses impuretés à l'argent, l'orfèvre en tirera un objet d'art. Si l'on ôte les gens malfaisants de l'entourage du roi, celui-ci affermira son pouvoir en pratiquant la justice. Ne te mets pas en avant en présence du roi et ne t'attribue pas la place d'un grand personnage. Il vaut mieux qu'on te dise: «Reçois une fonction plus haute», que si on te rabaissait en faveur d'un notable. Ce que tu as vu, ne sois pas trop pressé de le rapporter au tribunal. Si la personne en cause prouve que tu as tort, que te restera-t-il à faire? Si tu as un différend avec ton voisin, règle-le avec lui, mais ne révèle pas ce qu'un autre a pu te confier. Sinon, quelqu'un peut t'entendre, te le reprocher et tu ne pourras plus revenir sur ton indiscrétion. Une parole bien tournée est aussi précieuse qu'un objet en or avec des motifs d'argent. Un anneau ou un collier d'or fin: telle est la réprimande d'un sage pour celui qui l'écoute. Dans la chaleur d'un jour de récolte, l'eau glacée est un réconfort. De même un messager fidèle à sa mission apporte du réconfort à son maître. Des nuages et du vent qui n'amènent pas de pluie: tel est celui qui se vante d'un cadeau qu'il n'offrira pas. Avec beaucoup de patience on persuade un juge; des paroles douces viennent à bout des résistances les plus solides. Si tu trouves du miel, n'en mange pas trop, sinon tu en seras dégoûté au point de le vomir. Ne rends pas trop souvent visite à ton voisin, sinon il sera lassé de toi au point de te haïr. Une massue, une épée ou une flèche pointue: tel est celui qui porte un faux témoignage contre son prochain. Faire confiance à un homme déloyal au moment du malheur, c'est comme manger sur une dent branlante ou s'appuyer sur un pied chancelant. Chanter des chansons à un homme malheureux, c'est comme enlever son manteau par un jour de froid ou mettre du vinaigre sur une plaie. Si ton ennemi a faim, donne-lui à manger; s'il a soif, donne-lui à boire. En agissant ainsi, tu le mettras mal à l'aise, comme s'il avait des charbons brûlants sur sa tête. Et le Seigneur te récompensera. Le vent du nord amène la pluie, et un langage dissimulateur entraîne la colère des autres. Mieux vaut vivre au coin d'un toit que partager sa maison avec une femme querelleuse. De l'eau fraîche pour un gosier desséché: telle est une bonne nouvelle qui vient d'un pays lointain. Une source ou une fontaine dont l'eau a été polluée: tel est le juste qui se laisse influencer par un méchant. Il n'est pas bon de manger trop de miel ni de rechercher trop d'honneurs. Une ville sans défense devant une attaque: tel est l'homme qui ne contient pas sa colère. Les honneurs attribués à un sot sont aussi déplacés que la neige en été et la pluie au moment de la récolte. Comme le moineau et l'hirondelle qui volettent sans se poser, une malédiction non méritée n'atteint personne. Le fouet est pour le cheval, la bride pour l'âne et les coups pour le dos des sots. Ne réponds pas au sot en imitant sa bêtise, pour ne pas devenir toi-même semblable à lui. Réponds au sot comme le mérite sa bêtise, pour qu'il ne s'imagine pas être un sage. Celui qui confie des messages à un sot agit comme s'il coupait ses propres jambes, il s'expose aux pires déboires. Les jambes d'un paralysé se dérobent sous lui; un proverbe dans la bouche des sots n'a pas plus de force. Féliciter un sot, c'est comme attacher une pierre à une fronde. Une épine brandie par un ivrogne: tel est un proverbe dans la bouche des sots. Un chef qui embauche un sot ou n'importe quel passant fait du tort à tout le monde. Le chien retourne à ce qu'il a vomi et le sot renouvelle ses bêtises. Si tu rencontres quelqu'un qui se croit malin, sache qu'il y a plus à espérer d'un sot que de lui. Le paresseux déclare: «Il y a un lion sur le chemin, un fauve au milieu de la rue.» La porte tourne sur ses gonds, le paresseux se retourne dans son lit. Le paresseux plonge sa main dans le plat mais trouve trop fatigant de l'amener jusqu'à sa bouche. Le paresseux se croit plus sage que sept hommes qui savent répondre avec intelligence. Se mêler d'une dispute qui ne vous concerne pas, c'est vouloir attraper par les oreilles un chien qui passe. Un fou qui lance autour de lui des tisons, des flèches, des projectiles meurtriers, tel est celui qui trompe autrui et lui dit ensuite: «C'était pour rire.» Quand il n'y a plus de bois, le feu s'éteint; quand il n'y a plus de mauvaise langue, la querelle cesse. Le charbon entretient les braises, le bois entretient le feu et l'homme querelleur attise la dispute. Les calomnies sont comme des friandises, elles s'insinuent jusqu'au fond de soi-même. Des paroles chaleureuses qui cachent un esprit malveillant, c'est de l'argent impur plaqué sur de l'argile. L'homme plein de haine donne le change par ses paroles, au-dedans de lui il prépare des tromperies. Quand il parle aimablement, ne t'y fie pas, car il a l'esprit plein de pensées détestables. Il est assez rusé pour dissimuler sa haine, mais tout le monde finit par découvrir sa méchanceté. Qui creuse une fosse tombera dedans et la pierre reviendra sur celui qui la roule. Blesser quelqu'un par des mensonges, c'est le haïr. Prononcer des paroles flatteuses entraîne la ruine. Ne te vante pas de ce que sera demain, car tu ignores ce qui se produira aujourd'hui. Laisse aux autres le soin de chanter tes louanges. Qu'un étranger le fasse plutôt que toi-même! Une pierre peut être lourde et du sable pesant, la rancune d'un imbécile pèse plus lourd encore. La violence est brutale, la colère est un torrent déchaîné, mais devant la jalousie qui pourra résister? Mieux vaut une critique franche qu'une amitié qui ne se manifeste pas. Les reproches d'un ami prouvent sa loyauté, les baisers d'un ennemi sont de trop. Un homme rassasié va jusqu'à refuser du miel; un affamé trouve doux ce qui est amer. L'homme qui erre loin de son pays est comme un oiseau errant loin de son nid. Les produits de beauté et les parfums mettent le cœur en fête; la douceur de l'amitié est comme l'arôme le plus précieux. N'abandonne pas tes amis ni les amis de ton père. Si tu es en difficulté, ne va pas chez ton frère, car un voisin proche vaut parfois mieux qu'un frère lointain. Conduis-toi sagement, mon fils, j'en aurai le cœur rempli de joie et si quelqu'un me critique, je pourrai lui répondre. Un homme prudent voit venir le malheur et se met à l'abri. Les ignorants y donnent tête baissée et le paient cher. Si quelqu'un se porte garant auprès de toi de la dette d'un inconnu, exige son vêtement, s'il cautionne une étrangère, exige des gages. Si quelqu'un salue bruyamment son voisin au point du jour, sa salutation sera considérée comme une insulte. Une femme querelleuse est comme une gouttière qui coule sans cesse par un jour de pluie. Vouloir l'arrêter, c'est comme vouloir retenir le vent ou chercher à saisir de l'huile avec la main. Le fer aiguise le fer, le contact avec autrui affine l'esprit de l'homme. Celui qui soigne un figuier en mangera les fruits. Celui qui prend soin de son maître en tirera honneur. On trouve dans l'eau le reflet de son propre visage, on trouve chez les autres hommes le reflet de ses propres sentiments. Le monde des morts et ses profondeurs n'ont jamais fini d'engloutir leurs proies, et l'être humain n'arrive jamais au bout de ses désirs. L'or et l'argent sont testés par le feu, l'homme est jugé d'après sa réputation. Même si l'on écrasait un imbécile avec un pilon, comme des graines dans un mortier, on n'arriverait jamais à le débarrasser de sa bêtise. Sois bien au courant de l'état de ton bétail, prends grand soin de ton troupeau. En effet, la richesse ne dure pas toujours: même les couronnes ne se transmettent pas indéfiniment. Coupe l'herbe des champs et, pendant que l'herbe nouvelle pousse, ramasse le foin sur les montagnes. Aie des moutons pour te confectionner des vêtements, des boucs pour pouvoir acheter un champ. Le lait que tes chèvres donnent avec abondance, utilise-le pour te nourrir ainsi que ta famille et tes servantes. Celui qui agit mal prend la fuite, même si personne ne le poursuit, mais le juste a autant d'assurance qu'un jeune lion. Quand un peuple se révolte, les chefs se multiplient. Avec quelqu'un d'intelligent et d'instruit, la stabilité règne. Un homme pauvre qui opprime des indigents ressemble à une pluie battante qui détruit les récoltes. Ceux qui rejettent la loi félicitent les méchants, tandis que ceux qui l'observent les combattent. Les gens malhonnêtes ne comprennent rien au droit, ceux qui cherchent à obéir au Seigneur comprennent tout. Mieux vaut être pauvre et se conduire avec intégrité qu'être riche et avoir une conduite tortueuse. Un fils intelligent obéit à la loi, celui qui a de mauvaises fréquentations fait la honte de son père. Si quelqu'un s'enrichit en prêtant de l'argent à des taux excessifs, sa fortune reviendra à un homme généreux envers les indigents. Si quelqu'un fait la sourde oreille aux exigences de la loi, même sa prière est désapprouvée. Quiconque entraîne des hommes droits sur un mauvais chemin tombera dans ses propres pièges. Le bonheur est réservé aux gens intègres. Le riche estime qu'il se conduit avec sagesse, mais un indigent peut le démasquer par son intelligence. Quand des justes triomphent, l'honneur en rejaillit sur tous, mais si des méchants l'emportent, chacun se met à l'abri. Rien ne réussit à celui qui cache ses fautes, mais celui qui les avoue et y renonce est pardonné. Heureux l'homme qui vit dans la crainte de mal agir; l'homme obstiné connaîtra le malheur. Un lion rugissant, un ours prêt à bondir: tel est le tyran qui domine sur un peuple de petites gens. Un dirigeant dénué de raison commet de nombreuses injustices. Celui qui déteste les gains malhonnêtes vivra longtemps. L'homme qui a un meurtre sur la conscience se précipite vers sa propre tombe: que personne ne l'en empêche! Quiconque suit une conduite droite sera en sécurité. L'hypocrite, qui mène une double vie, se perdra d'une façon ou d'une autre. Celui qui cultive son champ a beaucoup de pain, celui qui cultive des illusions beaucoup de misère. Un homme loyal sera comblé de bonheur, celui qui ne pense qu'à s'enrichir ne restera pas impuni. Il n'est pas bien d'avoir du parti pris. Pourtant, certains commettent cette injustice en échange d'une bouchée de pain. L'homme envieux se précipite sur la richesse sans se douter qu'il attire sur lui la misère. Celui qui adresse des critiques reçoit finalement plus de reconnaissance que le flatteur. Qui dépouille son père et sa mère en disant qu'il n'y a pas de mal à cela fait la paire avec le brigand. Un homme avide provoque des querelles, mais celui qui se confie dans le Seigneur connaîtra la prospérité. Il est insensé de se fier aux impulsions de son cœur, seul celui qui se conduit avec sagesse échappe au danger. L'homme généreux envers les pauvres ne manquera jamais de rien, mais celui qui ferme les yeux sur leur misère sera maudit par beaucoup. Quand les méchants l'emportent, chacun se met à l'abri. Lorsqu'ils sont renversés, beaucoup de justes se manifestent. Qui refuse obstinément les critiques sera détruit soudain et de manière irrémédiable. Lorsque les justes sont nombreux, le peuple est heureux, mais si un tyran a le pouvoir, le peuple gémit. Celui qui aime la sagesse donne de la joie à son père. Qui fréquente les prostituées y laisse sa fortune. Un roi assure la prospérité de son pays lorsqu'il respecte le droit, mais, s'il lève des impôts abusifs, il le ruine. Qui flatte ses amis place un piège sur son propre chemin. Les méchants sont prisonniers de leurs propres torts, alors que les justes débordent de joie. Le juste sait reconnaître le droit des indigents, le méchant n'a pas cette intelligence. Les frondeurs mettent une ville entière en effervescence, les sages apaisent la colère. Si un sage est en procès avec un sot, qu'il choisisse de se fâcher ou de rire, il ne s'en sortira jamais. Les hommes sanguinaires détestent les gens intègres, mais les hommes droits recherchent leur compagnie. Le sot donne libre cours à sa mauvaise humeur, le sage retient et calme la sienne. Lorsqu'un chef prête attention à des mensonges, tous ses subordonnés deviennent malhonnêtes. Le pauvre et l'oppresseur ont un point commun: le Seigneur leur donne à tous deux des yeux pour voir. Un roi qui juge les petites gens avec équité consolide à jamais son pouvoir. Les punitions et les réprimandes donnent de la sagesse; un enfant livré à lui-même fait la honte de sa mère. Plus il y a de gens malfaisants, plus il y a de crimes, mais les justes verront l'effondrement des méchants. Eduque sévèrement ton fils, tu seras sans inquiétude à son sujet et il te procurera beaucoup de satisfactions. Lorsqu'il n'y a plus de vision d'avenir, un peuple vit dans le désordre. Heureux alors est l'homme qui obéit à la loi. Ce n'est pas avec des paroles qu'on peut corriger un serviteur, car, même s'il comprend ce qu'on lui dit, il n'obéira pas. Si tu rencontres quelqu'un qui parle sans réfléchir, sache qu'il y a plus à espérer d'un sot que de lui. Celui qui est trop indulgent avec un serviteur dès son jeune âge finira par le rendre indocile. Un homme coléreux provoque des disputes, celui qui s'emporte facilement accumule les fautes. L'orgueil conduit à l'humiliation. Pour accéder aux honneurs, il faut avoir l'esprit humble. Le complice d'un voleur se fait du tort à lui-même: il connaît la malédiction qui le menace, mais il refuse de parler. Il est dangereux d'avoir peur des hommes, mais celui qui se confie dans le Seigneur est en sécurité. Beaucoup de gens recherchent l'approbation de leur chef, pourtant c'est le Seigneur qui juge chacun. Les justes détestent les gens malhonnêtes, les méchants détestent la conduite des hommes droits. Paroles solennelles d'Agour, fils de Yaqué. Voici ce que cet homme déclara à Itiel, Itiel et Oukal: «Oui, je suis trop stupide pour un homme, je n'ai même pas l'intelligence d'un être humain. Je n'ai jamais acquis la sagesse, et je n'ai pas accès à la connaissance de celui qui est saint. Qui est monté au ciel et en est revenu? Qui a recueilli le vent dans le creux de ses mains? Qui a enveloppé les eaux dans le pli de son vêtement? Qui a établi les limites de la terre? Quel est son nom? Quel est le nom de son fils? Dis-le-moi si tu le sais. «Toutes les promesses de Dieu sont dignes de confiance. Il est un bouclier pour qui lui demande protection. N'ajoute rien à ses paroles. Sinon, il te réprimandera et tu seras traité de menteur. «Mon Dieu, je te demande deux faveurs. Accorde-les-moi jusqu'à la fin de ma vie. Eloigne de moi maux et mensonges, et ne me laisse pas devenir trop pauvre ou trop riche. Donne-moi juste ce dont j'ai besoin pour vivre. Si je possède trop, je risque de te trahir en disant: “A quoi le Seigneur sert-il?” Si j'ai trop peu, je risque de voler et de déshonorer ainsi mon Dieu. «Ne calomnie pas un serviteur auprès de son maître. Sinon, il te maudira et tu paieras pour ta faute. «Il y a des gens qui maudissent leur père et ne disent aucun bien de leur mère. «Il y a des gens qui se croient purs alors qu'ils ne sont pas lavés de leurs souillures. «Il y a des gens aux yeux pleins de mépris qui regardent tout le monde de haut. «Il y a des gens dont les dents sont des épées, les crocs des couteaux. Ils sont prêts à retrancher les malheureux de la terre, les pauvres du milieu des hommes.» Si quelqu'un se moque de son père et néglige l'obéissance due à sa mère, les corbeaux du torrent lui crèveront les yeux et les aigles le dévoreront. Voici quelle est l'attitude de la femme adultère: «Je n'ai rien fait de mal», dit-elle, aussi tranquillement que si elle s'essuyait la bouche après avoir mangé. Il existe sur la terre quatre espèces d'animaux fort petits, mais qui sont d'une sagesse étonnante: les fourmis, qui n'ont pas de force, mais amassent leur nourriture pendant l'été, les damans, qui sont faibles, mais se fabriquent des abris sûrs au milieu des rochers, les sauterelles, qui n'ont pas de roi, mais se déplacent en troupes ordonnées, les lézards, qui peuvent être attrapés avec la main, mais se faufilent jusque dans les palais des rois. Si tu as été assez stupide pour te vanter et qu'ensuite tu réfléchisses, retiens désormais ta langue! En effet, battre la crème produit du beurre, frapper sur le nez fait jaillir du sang et provoquer la colère suscite les disputes. Voici les conseils que Lemouel, roi de Massa, a reçus de sa mère: «Écoute, mon fils, mon propre enfant, l'objet de mes vœux. Ne gâche pas tes forces avec les femmes. Ne te laisse pas mener par celles qui perdent les rois. Le vin, Lemouel, n'est pas bon pour les rois. Ce n'est pas à eux d'en boire, ni à ceux qui gouvernent de boire de l'alcool. S'ils s'enivrent, ils oublieront d'appliquer les lois et trahiront les droits des pauvres gens. Que l'on donne plutôt des boissons enivrantes à ceux qui vont mourir ou qui ont une vie misérable. Car, en buvant, ils oublieront leur misère et leur tourment. Mais toi, tu dois parler pour défendre ceux qui n'ont pas la parole et pour prendre le parti des laissés pour compte. Parle en leur faveur: gouverne avec justice, défends la cause des pauvres et des malheureux.» Une femme vaillante est une véritable trouvaille! Elle a plus de valeur que des perles. Son mari place sa confiance en elle, elle ne lui gaspille pas son bien. Elle ne lui cause jamais de tort, mais elle lui donne du bonheur tous les jours de sa vie. Elle se procure de la laine et du lin et travaille de ses mains avec ardeur. Pareille aux navires marchands, elle amène de loin sa nourriture. Elle se lève avant le jour, prépare le repas de sa famille et distribue à ses servantes leur travail. Après avoir bien réfléchi, elle achète un champ et plante une vigne grâce à l'argent qu'elle a gagné. Elle se met au travail avec énergie et ne laisse jamais ses bras inactifs. Elle constate que ses affaires vont bien, elle travaille même la nuit à la lumière de sa lampe. Ses mains s'activent à filer la laine, ses doigts à tisser des vêtements. Elle tend une main secourable aux malheureux, elle est généreuse envers les pauvres. Elle ne craint pas le froid pour les siens, car chacun dans sa maison a double vêtement. Elle se fabrique des tapis et porte des habits raffinés en lin pourpre. Son mari est un notable honorablement connu, il participe aux délibérations du conseil de la ville. Elle confectionne des vêtements et les vend, elle livre des ceintures au marchand qui passe. La force et la dignité sont sa parure, elle sourit en pensant à l'avenir. Elle s'exprime avec sagesse, elle sait donner des conseils avec bonté. Elle surveille tout ce qui se passe dans sa maison et refuse de rester inactive. Ses enfants viennent la féliciter. Son mari chante ses louanges. «Bien des femmes se montrent vaillantes, dit-il, mais toi, tu les surpasses toutes.» Le charme est trompeur, la beauté passagère, seule une femme soumise au Seigneur est digne d'éloge. Que l'on récompense sa peine! Que l'on chante ses mérites sur les places publiques! Voici les paroles du Sage, fils de David et roi à Jérusalem. De la fumée, dit le Sage, tout n'est que fumée, tout part en fumée. Les humains travaillent durement ici-bas mais quel profit en tirent-ils? Une génération passe, une nouvelle génération lui succède, mais le monde demeure indéfiniment. Le soleil se lève, le soleil se couche, puis il se hâte de retourner à son point de départ. Le vent souffle tantôt vers le sud, tantôt vers le nord. Le vent souffle, le vent tourne, puis il reprend sa première direction. Tous les fleuves se jettent dans la mer, mais la mer n'est jamais remplie. Sans arrêt pourtant, les fleuves se déversent à ce même endroit. On ne pourra jamais assez dire combien tout cela est lassant: l'œil n'a jamais fini de voir ni l'oreille d'entendre. Ce qui est arrivé arrivera encore. Ce qui a été fait se fera encore. Rien de nouveau ne se produit ici-bas. S'il y a quelque chose dont nous disons: «Voilà du neuf!», en réalité cela avait déjà existé bien longtemps avant nous. Mais nous oublions ce qui est arrivé à nos ancêtres. Les hommes qui viendront après nous ne laisseront pas non plus de souvenir à ceux qui leur succéderont. Moi, le Sage, j'ai régné sur le peuple d'Israël à Jérusalem. Je me suis appliqué à comprendre et à connaître ce qui se passe dans le monde à l'aide de toute ma sagesse. C'est là une préoccupation pénible que Dieu impose aux humains! J'ai vu tout ce qui se fait ici-bas. Eh bien, ce n'est que fumée, course après le vent. Ce qui est tordu ne peut pas être redressé, ce qui n'existe pas ne peut pas être compté. Je me suis dit: «J'ai accumulé bien plus de sagesse que tous ceux qui ont régné à Jérusalem avant moi.» J'ai beaucoup enrichi mon expérience et ma compréhension de la vie. Je me suis appliqué à connaître ce qui est sage et ce qui est insensé, ce qui est intelligent et ce qui est stupide. J'ai compris que cela aussi c'est courir après le vent. Beaucoup de sagesse, c'est beaucoup de tracas; qui augmente son savoir augmente sa douleur. Je me suis dit: «Voyons ce que valent les joies de la vie, découvrons ce qu'est le bonheur.» Eh bien, cela aussi part en fumée! Le rire est insensé et la joie ne mène à rien. J'ai décidé de goûter au plaisir du vin et d'imiter la vie des gens stupides tout en restant maître de moi-même. Je voulais comprendre ce que les humains ont de mieux à faire pendant le temps de leur vie ici-bas. J'ai entrepris de grands travaux. Je me suis construit des maisons et j'ai planté des vignes. Je me suis aménagé des jardins et des vergers avec toutes sortes d'arbres fruitiers. Je me suis creusé des réservoirs d'eau pour arroser une forêt de jeunes arbres. Je me suis procuré des esclaves, hommes et femmes, en plus de ceux que j'avais déjà. J'ai eu du gros et du petit bétail en plus grand nombre que tous ceux qui ont vécu à Jérusalem avant moi. J'ai amassé de l'argent et de l'or, trésors provenant des rois et des provinces qui m'étaient soumis. Des chanteurs et des chanteuses venaient me divertir, et j'ai été comblé autant qu'un homme peut le désirer en ayant quantité de femmes. Je devins quelqu'un de considérable, bien plus considérable que tous ceux qui ont vécu avant moi à Jérusalem. Mais pendant tout ce temps je restais lucide. Je ne me suis rien refusé de ce que je souhaitais. Je ne me suis privé d'aucun plaisir. Oui, j'ai largement profité de tous mes travaux et j'ai eu ma part des joies qu'ils pouvaient donner. Alors j'ai considéré toutes mes entreprises et la peine que j'avais eue à les réaliser. Eh bien! tout cela n'est que fumée, course après le vent. Les humains ne tirent aucun profit véritable de leur vie ici-bas. J'ai voulu comprendre quel avantage il y a à être sage plutôt qu'insensé ou stupide. Et je me suis demandé si l'homme qui me succédera comme roi agira autrement que ses prédécesseurs. Bien sûr, je sais que la sagesse est préférable à la sottise tout comme la lumière est préférable à l'obscurité. Car l'homme sage voit où il va, alors que le sot avance à tâtons. Mais je sais aussi qu'un sort identique les attend finalement tous les deux. Et je me suis dit: «Puisque je connaîtrai la même fin que le sot, à quoi m'aura servi d'être tellement plus sage que lui? Voilà encore de la fumée qui s'évanouit!» Tout ce qui arrive est oublié dans les jours qui suivent. Le sage meurt tout comme le sot et les hommes ne se souviennent pas plus de l'un que de l'autre. Pourquoi en est-il ainsi? Alors j'ai été dégoûté de la vie. En effet, je trouve détestable ce que les humains font ici-bas, puisque tout n'est que fumée, course après le vent. J'ai détesté toute la peine que j'avais prise ici-bas, puisque je devrai abandonner mes réalisations à celui qui me succédera. Se comportera-t-il en homme sage ou en sot? Qui peut le savoir? Pourtant il disposera de tout ce que j'aurai acquis ici-bas par mon travail et ma sagesse: encore de la fumée sans lendemain! Alors l'idée que j'avais tant travaillé ici-bas m'a conduit au bord du désespoir. Un être humain travaille avec sagesse, compétence et succès, et voilà qu'il doit abandonner ses réalisations à quelqu'un qui n'y a pas travaillé. C'est de la fumée sans lendemain, une grande injustice! Dans ces conditions, quel intérêt les humains ont-ils à se donner de la peine pour réaliser ce qu'ils désirent faire ici-bas? Leurs occupations ne leur apportent que soucis et tracas quotidiens, et même la nuit leur esprit n'a pas de repos. Encore une fois, c'est de la fumée sans lendemain! Le seul bonheur des humains est de manger, de boire et de jouir des résultats de leur travail. J'ai constaté que c'est Dieu qui leur offre ce bonheur, car personne ne peut manger ni éprouver du plaisir si Dieu ne le lui accorde pas. En effet, il donne à celui qui lui est agréable la sagesse, la connaissance et la joie. Mais il charge celui qui lui désobéit d'amasser des biens pour celui qui lui est agréable. Cela encore n'est que fumée, course après le vent. Tout ce qui se produit dans le monde arrive en son temps. Il y a un temps pour naître et un temps pour mourir; un temps pour planter et un temps pour arracher les plantes; un temps pour tuer et un temps pour soigner les blessures; un temps pour démolir et un temps pour construire. Il y a un temps pour pleurer et un temps pour rire; un temps pour gémir et un temps pour danser. Il y a un temps pour jeter des pierres et un temps pour les ramasser. Il y a un temps pour donner des baisers et un temps pour refuser d'en donner. Il y a un temps pour chercher et un temps pour perdre; un temps pour conserver et un temps pour jeter; un temps pour déchirer et un temps pour coudre. Il y a un temps pour se taire et un temps pour parler. Il y a un temps pour aimer et un temps pour haïr; un temps pour la guerre et un temps pour la paix. Quel profit celui qui travaille retire-t-il de sa peine? J'ai considéré les occupations que Dieu a imposées aux humains. Dieu a établi pour chaque événement le moment qui convient. Il nous a aussi donné le désir de connaître à la fois le passé et l'avenir. Pourtant nous ne parvenons pas à connaître l'œuvre de Dieu dans sa totalité. J'en ai conclu qu'il n'y a rien de mieux pour les humains que d'éprouver du plaisir et de vivre dans le bien-être. Lorsqu'un homme mange, boit et jouit des résultats de son travail, c'est un don de Dieu. J'ai compris que tout ce que Dieu fait existe pour toujours; il n'y a rien à y ajouter ni rien à en retrancher. Dieu agit de telle sorte que les humains reconnaissent son autorité. Ce qui arrive maintenant, comme ce qui arrivera plus tard, s'est déjà produit dans le passé. Dieu fait que les événements se répètent. Voilà ce que j'ai aussi observé ici-bas: la méchanceté règne là où le droit devrait être appliqué et la justice rendue. Je me suis dit alors que Dieu jugera le méchant comme le juste, car toute chose arrive en son temps et chacune de nos actions sera jugée. En ce qui concerne les humains, je pense que Dieu les met à l'épreuve pour leur montrer qu'ils ne valent pas mieux que les bêtes. En effet, le sort final de l'homme est le même que celui de la bête. Un souffle de vie identique anime hommes et bêtes, et les uns comme les autres doivent mourir. L'être humain ne possède aucune supériorité sur la bête puisque finalement tout part en fumée. Toute vie se termine de la même façon, tout être retourne à la terre à partir de laquelle il a été formé. Personne ne peut affirmer que le souffle de vie propre aux humains s'élève vers le haut tandis que celui des bêtes doit disparaître dans la terre. Alors, je l'ai constaté, il n'y a rien de mieux pour l'être humain que de jouir du produit de son travail. C'est la part dont il doit se contenter, car personne ne l'emmènera voir ce qui arrivera après lui. J'ai observé encore toutes les injustices qui existent ici-bas. Les opprimés crient leur détresse et personne ne leur vient en aide. Le pouvoir est du côté des oppresseurs, si bien que personne ne peut leur venir en aide. J'estime que ceux qui sont déjà morts sont plus heureux que les vivants. Celui qui n'est jamais né est encore plus heureux puisqu'il ne connaîtra pas les injustices commises ici-bas. J'ai découvert aussi que les humains peinent et s'appliquent dans leur travail uniquement pour réussir mieux que leur voisin. Cela encore n'est que fumée, course après le vent. Bien sûr, le sot qui se croise les bras se laisse mourir de faim. Mais il vaut mieux s'accorder un peu de repos que s'éreinter à un travail qui est une course après le vent. J'ai observé ici-bas une autre situation décevante comme la fumée: voici un homme absolument seul, sans compagnon, qui n'a ni frère ni fils, et qui travaille à n'en plus finir. Il désire toujours plus de richesses, bien qu'il se demande pour qui il travaille et se prive de bonheur. Voilà encore de la fumée sans lendemain, une mauvaise façon d'occuper sa vie. Deux hommes associés sont plus heureux qu'un homme solitaire. A deux ils tirent un bon profit de leur travail. Si l'un d'eux tombe, l'autre le relève. Par contre celui qui est seul est bien à plaindre, car s'il tombe il n'a personne pour le relever. Lorsqu'on peut dormir à deux on se tient chaud, alors que celui qui est seul n'arrive pas à se réchauffer. Deux personnes peuvent résister à une attaque qui viendrait à bout d'un homme seul. Plus une corde a de brins, plus elle est solide! Mieux vaut un jeune homme pauvre et sage qu'un vieux roi stupide qui refuse les conseils. Et cela, même si le jeune homme est sorti de prison pour régner ou s'il a commencé par être un mendiant dans son futur royaume. J'ai constaté que tout le monde ici-bas se pressait autour du jeune homme en train d'accéder à la place du roi précédent. Il se trouvait à la tête d'une foule innombrable. Pourtant les générations suivantes n'auront plus aucun enthousiasme à son égard. Cela encore n'est que fumée, course après le vent. Ne te rends pas à la légère dans la maison de Dieu. Vas-y avec l'intention d'écouter. Cela vaut mieux que d'offrir des sacrifices à la manière des sots qui ne comprennent pas qu'ils agissent mal. Ne parle pas précipitamment et ne décide pas trop vite de faire des promesses à Dieu; Dieu est au ciel et toi, tu es sur la terre. Par conséquent, mesure tes paroles. En effet, plus on parle, plus on risque de prononcer des propos irréfléchis, de même que plus on a de soucis, plus on risque d'avoir de mauvais rêves. Si tu fais une promesse à Dieu, accomplis-la sans retard, car Dieu n'aime pas ceux qui agissent sans réfléchir. C'est pourquoi, tiens ce que tu promets. Il vaut mieux ne pas promettre que de promettre sans tenir parole. Évite les propos qui te rendraient coupable. Ne sois pas obligé de dire au prêtre: «C'est une erreur.» Autrement, Dieu s'irritera à cause de ces paroles et détruira ce que tu entreprends. Les paroles trop abondantes sont aussi vaines que les rêves en grand nombre. C'est pourquoi, préoccupe-toi plutôt de respecter Dieu. Il ne faut pas s'étonner de voir le pauvre opprimé ni de voir le droit et la justice bafoués dans le pays. En effet, un personnage haut placé est couvert par un plus grand que lui et tous deux sont protégés par des gens plus haut placés encore. Il serait préférable pour le pays d'avoir un roi qui favorise le travail des champs. Celui qui aime l'argent n'en a jamais assez et celui qui aime la richesse n'en profite pas. Encore de la fumée qui s'évanouit! Plus quelqu'un a de biens, plus nombreux sont ceux qui vivent à ses dépens. Quel avantage en a-t-il sinon de contempler sa propre richesse? Le travailleur dort d'un bon sommeil, qu'il ait peu ou beaucoup à manger. Mais le riche a tant de biens qu'il n'arrive pas à dormir. J'ai observé sur la terre une situation dramatique: celle de quelqu'un qui a mis son argent de côté pour son propre malheur. Il perd sa fortune dans une mauvaise affaire et il n'a plus rien lorsque lui naît un fils. Il devra quitter cette terre comme il y est venu, aussi nu que lorsqu'il est sorti du ventre de sa mère. Il n'aura rien retiré de son travail, rien qu'il puisse prendre avec lui. C'est un grand malheur pour lui de quitter le monde comme il y est entré. Quel avantage a-t-il retiré? Il a travaillé pour du vent. En outre sa vie entière a été assombrie par de nombreux chagrins, l'irritation et la souffrance. Voici la conclusion que j'en tire: le mieux pour l'être humain est de manger, de boire et de profiter des résultats de son travail ici-bas pendant la durée de vie que Dieu lui donne. C'est la part qui lui revient. Lorsque Dieu donne à quelqu'un d'être riche et de jouir de sa fortune, il peut profiter de la part qui lui revient, du produit de son travail. C'est là un don de Dieu. L'être humain oublie alors combien sa vie est courte, car Dieu remplit son cœur de bonheur. J'ai observé encore un malheur ici-bas, un grand malheur pour les humains. Voici quelqu'un à qui Dieu permet de s'enrichir, d'être fortuné et bien considéré. Cet homme a tout ce qu'il peut désirer. Mais Dieu ne le laisse pas jouir de ses biens; un autre en profite. C'est de la fumée sans lendemain et une cruelle douleur. Un homme peut avoir une centaine d'enfants et vivre de nombreuses années. Que vaut tout cela s'il n'est pas heureux pendant sa longue vie et s'il n'est même pas enterré décemment? A mon avis, la condition de l'enfant mort-né est meilleure que la sienne. En effet, celui-ci est venu comme de la fumée sans lendemain, il disparaît dans l'obscurité et personne ne se souvient de lui. Il n'a même pas vu le jour et il n'a rien connu de la vie. Il est plus tranquille que celui qui vit longtemps. Ce n'est pas la peine de vivre, serait-ce jusqu'à deux fois mille ans, si l'on ne connaît pas le bonheur. Car toute vie aboutit à la mort. L'être humain travaille uniquement pour contenter ses désirs, mais il n'est jamais satisfait. Le sage ne vit pas mieux que le sot et à quoi sert-il à un homme pauvre de savoir se débrouiller dans la vie? Mieux vaut ce que les yeux voient que ce à quoi le désir entraîne; cela aussi n'est que fumée, course après le vent. Tout ce qui existe est connu depuis longtemps et nous savons bien ce qu'est l'homme: il ne peut pas discuter avec plus fort que lui. Des paroles à n'en plus finir, c'est comme de la fumée sans fin. Qu'y gagne-t-on? L'être humain traverse la vie comme une ombre. Qui sait ce qu'il a de mieux à faire chaque jour de sa fugitive existence? Personne ne lui indique ce qui arrivera après lui ici-bas. Une bonne réputation vaut mieux qu'un parfum coûteux, et le jour où un homme meurt est préférable à celui de sa naissance. Mieux vaut se rendre dans la maison où l'on pleure un mort que dans celle où se tient un banquet. La mort est la fin de tout homme et il est bon que chacun s'en souvienne. La douleur est préférable au rire. Elle attriste le visage, mais elle rend le cœur meilleur. Là où quelqu'un souffre on rencontre le sage; là où on s'amuse on rencontre le sot. Mieux vaut écouter les avertissements d'un homme sensé que les louanges d'un sot. Car le rire du sot est comme le crépitement des épines en feu sous une marmite: fumée qui s'évanouit! Le pouvoir d'opprimer peut rendre insensé un homme sage, un cadeau peut le rendre malhonnête. Il est préférable de terminer une affaire que de la commencer. Mieux vaut être patient qu'orgueilleux. Il ne faut pas s'irriter trop vite; seuls les sots s'irritent facilement. Ne nous demandons pas pourquoi le passé a été meilleur que le présent; il n'est pas sage de se poser cette question. La sagesse a autant de valeur qu'un héritage et tout être humain peut en tirer profit. Comme l'argent elle met à l'abri des dangers. Elle prolonge la vie de ceux qui la possèdent: voilà pourquoi il est utile de la connaître. Considérons l'œuvre de Dieu. Ce qu'il a courbé, personne ne peut le redresser. Lorsque tout va bien, soyons heureux; lorsque tout va mal, réfléchissons. Dieu envoie le bonheur ou le malheur de façon que nous ne sachions jamais ce qui va arriver. Durant ma fugitive existence, j'ai constaté que tout peut se produire: un homme juste meurt à cause de son bon comportement et un homme mauvais continue à vivre grâce à sa méchanceté. Ne soyons pas justes à l'excès, ni sages outre mesure. Pourquoi nous détruire nous-mêmes? Ne nous laissons pas emporter par la méchanceté et ne nous conduisons pas de manière stupide. Pourquoi mourir avant l'heure? Il est bon de suivre à la fois ces deux conseils, car celui qui respecte Dieu ne doit pas tomber dans l'excès. La sagesse dirige mieux le sage que dix gouverneurs une ville. En effet, il n'existe sur la terre personne d'assez juste pour pratiquer le bien sans jamais se tromper. Il ne faut pas non plus prêter attention à tout ce que les gens racontent. Sinon on risquerait d'entendre son serviteur dire du mal de soi. Nous savons bien que souvent nous disons nous-mêmes du mal des autres. J'ai examiné attentivement toute chose. Je me suis dit: «Je vais me conduire en homme sensé.» Mais je n'ai pu atteindre ce but. La réalité est si vaste et tellement profonde! Qui la comprendra totalement? Alors je me suis consacré à l'étude et à la recherche. J'ai voulu saisir ce qu'est la sagesse et quelle est la raison d'être des événements. J'ai appris qu'être méchant ou sot c'est insensé. Je l'ai constaté, la femme qui est un piège donne plus d'amertume que la mort. Son amour est comme un filet et ses bras sont comme des liens. L'homme agréable à Dieu lui échappe, mais elle a prise sur le pécheur. Voici la seule chose que j'ai comprise: Dieu a fait les êtres humains simples et droits, mais ceux-ci ont tout compliqué. Personne n'est vraiment tout à fait sage et ne connaît l'explication d'un événement. Pourtant la sagesse d'un être éclaire son visage et adoucit ses traits. Lorsque le roi parle, il faut obéir. Nous lui avons prêté serment devant Dieu, ne nous hâtons donc pas de refuser son autorité. Ne persévérons pas dans une affaire qui lui déplaît. En effet, le roi agit comme il le désire. Sa parole est souveraine et personne ne peut lui demander les raisons de ce qu'il fait. Celui qui lui obéit ne se mettra pas dans un mauvais cas. Mais le sage a la conviction qu'à un moment donné il y aura un jugement. En effet, toute action sera jugée un jour parce que la méchanceté des humains est grande. Nous ne savons pas ce qui va arriver. Qui nous dira comment les choses se passeront? Aucun être humain n'a le pouvoir de retenir sa vie et personne ne peut reculer le jour de sa mort. Lorsque la guerre est là, il n'y a pas moyen d'y échapper. La méchanceté ne peut sauver celui qui s'en rend coupable. J'ai examiné avec soin tout ce qui se passe ici-bas, où l'être humain domine son semblable et le rend malheureux. J'ai vu des méchants à qui on faisait des funérailles. Ces gens-là avaient fréquenté le temple. A Jérusalem on avait oublié leur comportement. Cela aussi est décevant comme la fumée! Celui qui agit mal n'est pas puni dans l'immédiat. C'est pourquoi les humains sont prêts à commettre tant de mauvaises actions. Quelqu'un peut être coupable d'une centaine de méfaits et vivre très longtemps. Je sais bien qu'on affirme: «Seuls ceux qui respectent Dieu seront heureux, parce qu'ils reconnaissent son autorité. L'homme mauvais, lui, ne sera pas heureux. Il passera comme une ombre et mourra jeune parce qu'il ne tient pas compte de Dieu.» Pourtant des faits décevants comme la fumée se produisent sur la terre: des justes sont traités comme le méritent les méchants, et des méchants connaissent la réussite que méritent les justes. Je le répète: c'est décevant comme la fumée! Pour ma part, je célèbre la joie. En effet, le seul bonheur de l'être humain ici-bas est de manger, de boire et d'éprouver du plaisir. Voilà ce qui doit accompagner son travail chaque jour que Dieu lui donne à vivre ici-bas. Alors j'ai pris en considération tout ce que j'ai vu. J'en ai conclu que Dieu seul a pouvoir sur la vie des justes et des sages comme sur leurs actions. Les hommes ne savent même pas s'ils connaîtront l'amour ou la haine. Ils ne peuvent rien prévoir. Et c'est pareil pour tout le monde. La condition du juste et du méchant, du bon et du mauvais est identique. A cet égard, il n'y a pas de différence entre celui qui accomplit les rites religieux et celui qui ne les accomplit pas, entre celui qui offre des sacrifices et celui qui n'en offre pas, entre celui qui se conduit bien et celui qui se conduit mal, entre celui qui fait des promesses à Dieu et celui qui n'ose pas en faire. La condition humaine est la même pour tous et les conséquences qui en résultent sont désastreuses ici-bas: les humains se livrent au mal et ont des désirs insensés, ensuite il ne leur reste plus qu'à mourir. Or seul celui qui est en vie peut encore espérer: un chien vivant vaut mieux qu'un lion mort! En effet, les vivants savent au moins qu'ils mourront, mais les morts, eux, ne savent rien du tout. Ils n'ont plus rien à attendre puisqu'ils sont tombés dans l'oubli. Leurs amours, leurs haines, leurs jalousies sont mortes avec eux et ils ne participeront plus jamais à tout ce qui arrive ici-bas. Alors, mange ton pain avec plaisir et bois ton vin d'un cœur joyeux, car Dieu a déjà approuvé tes actions. En toute circonstance, mets des vêtements de fête et n'oublie jamais de parfumer ton visage. Jouis de la vie avec la femme que tu aimes, chaque jour de la fugitive existence que Dieu t'accorde ici-bas. C'est là ce qui te revient dans la vie pour la peine que tu prends ici-bas. Utilise ta force à réaliser tout ce qui se présente à toi. En effet on ne peut pas agir ni juger, il n'y a ni savoir ni sagesse là où sont les morts que tu iras rejoindre. J'ai vu encore bien des choses ici-bas. Les plus rapides ne gagnent pas toujours la course et les plus courageux dans la bataille ne remportent pas forcément la victoire. Ce n'est pas le sage qui gagne le plus facilement sa vie, l'homme intelligent ne devient pas toujours riche et les savants ne sont pas forcément honorés. Chacun peut avoir de la malchance. En effet, l'être humain ne sait pas quand viendra le malheur. Comme le poisson capturé dans le filet fatal ou l'oiseau pris au piège, il voit le malheur s'abattre sur lui à l'improviste. J'ai fait une autre constatation, que j'ai jugée importante, sur le rôle de la sagesse ici-bas. Il y avait une fois une petite ville avec peu d'habitants. Un roi puissant vint l'attaquer. Il l'assiégea et édifia contre elle de gros ouvrages de guerre. Un homme pauvre mais sage y vivait. Il aurait pu sauver la ville grâce à sa sagesse. Cependant personne ne songea à s'adresser à un homme pauvre comme lui. Eh bien, je l'affirme: la sagesse vaut mieux que la bravoure, mais lorsqu'un homme sage est pauvre, les gens le méprisent et n'écoutent pas ses conseils. Pourtant il vaut mieux écouter un homme sensé qui parle calmement, qu'un chef qui crie en s'adressant à des sots. La sagesse est plus efficace que les armes, mais un seul maladroit détruit le bien qu'elle procure. Quelques mouches mortes infectent et abîment tout un flacon de parfum. Ainsi un peu de sottise fait perdre son efficacité à la sagesse. L'esprit du sage fonctionne bien, mais le sot comprend tout de travers. L'imbécile apparaît sur la route et, comme le bon sens lui manque totalement, tout le monde constate qu'il est stupide. Si ton chef se met en colère, n'abandonne pas ton poste: une attitude calme évite de graves erreurs. Un dirigeant peut se tromper. Ainsi j'ai observé bien des situations anormales ici-bas. Un imbécile reçoit parfois de hautes fonctions, alors que des gens de valeur sont maintenus à des postes inférieurs. J'ai vu des esclaves aller à cheval et des hommes de haut rang aller à pied comme des esclaves. L'homme qui creuse une fosse risque d'y tomber et celui qui démolit un mur peut être mordu par un serpent. Celui qui extrait des pierres peut se blesser et celui qui fend des bûches court un danger. Si on n'aiguise pas une hache au tranchant émoussé, il faut davantage de force pour l'utiliser. En effet, la sagesse est l'instrument du succès. A quoi bon savoir charmer un serpent, si on commence par se laisser mordre? Lorsque le sage parle, les gens l'approuvent, alors que le sot se déconsidère dès qu'il ouvre la bouche. Il commence par dire des sottises et termine par de dangereuses insanités. L'imbécile ne peut plus s'arrêter de parler. Pourtant l'homme ne sait rien de l'avenir. Qui lui indiquera ce qui arrivera après lui? Le sot se fatigue beaucoup pour peu, lui qui ne sait même pas trouver son chemin pour aller à la ville. Quel malheur pour un pays d'avoir un roi trop jeune et des ministres qui passent tout leur temps à table! Heureux le pays dont le roi est de naissance noble et dont les ministres se mettent à table à l'heure qui convient, pour prendre des forces et non pour s'enivrer. Le toit s'effondre sur celui qui est trop paresseux pour le réparer, l'eau pénètre dans la maison de celui qui est négligent. Les grands préparent un repas pour se divertir, le vin leur rend la vie gaie et l'argent leur permet de tout obtenir. Cependant ne critique pas le roi, même intérieurement, ne dis rien contre le puissant, même en privé. Un oiseau pourrait répandre tes paroles et répéter ce que tu as dit. Engage-toi dans une affaire, même en courant des risques, un jour tu peux y retrouver ton compte. Bien plus, investis ton argent dans plusieurs affaires, car tu ne sais jamais quel malheur peut arriver sur la terre. Quel que soit le côté où un arbre tombe, il reste là où il s'est abattu. Quand les nuages sont gonflés d'eau, il se met à pleuvoir. Celui qui a peur que vienne le vent ou la pluie, ne pourra jamais semer ni moissonner. Tu ne sais pas comment la vie se forme dans le ventre d'une femme enceinte. Tu peux encore moins comprendre comment Dieu agit, lui qui fait tout. C'est pourquoi sème ton grain dès le matin et jusqu'au soir n'arrête pas de travailler. Tu ne sais pas quelle partie de ton travail réussira ou si tu tireras profit de toute ton activité. La lumière du jour est douce à voir et il est agréable d'être vivant. L'être humain doit se réjouir de chaque année qui lui est donnée, même s'il vit longtemps. Rappelons-nous qu'il y aura toujours assez de jours sombres, car l'avenir est incertain comme la fumée! Toi qui es jeune, profite de ta jeunesse. Sois heureux pendant ce temps-là. Fais tout ce que tu désires, tout ce qui te plaît. Mais sache bien que Dieu jugera chacune de tes actions. Évite les causes de tristesse ou de maladie, car la jeunesse et la vigueur se dissipent comme de la fumée. Pendant que tu es jeune, n'oublie pas celui qui t'a créé. Souviens-toi de lui avant que ne viennent les jours du déclin et le moment où tu diras: «Je n'ai point de plaisir à vivre.» Alors le soleil s'assombrit, la lune et les étoiles se ternissent, les nuages reviennent sans cesse après la pluie. Alors le gardien tremble de peur, l'homme vigoureux se courbe, les meunières cessent de moudre par manque de compagnie, la femme renonce à paraître à sa fenêtre. Alors la porte se referme sur la rue, le bruit du moulin baisse, le chant de l'oiseau s'éteint, toutes les chansons s'évanouissent. On a peur de gravir une pente, on a des frayeurs en chemin, les cheveux blanchissent comme l'aubépine en fleur, l'agilité de la sauterelle fait défaut, les épices perdent leur saveur. Ainsi chacun s'en va vers sa dernière demeure. Et dans la rue, les pleureurs rôdent en attendant. Alors le fil d'argent de la vie se détache, le vase d'or se brise, la cruche à la fontaine se casse, la poulie tombe au fond du puits. Le corps de l'homme s'en retourne à la terre d'où il a été tiré et le souffle de vie s'en retourne à Dieu qui l'a donné. Tout n'est que fumée, dit le Sage, tout part en fumée. Il faut encore ajouter que le Sage n'a pas cessé d'enseigner aux gens ce qu'il savait. Il a mis en forme beaucoup de proverbes après avoir soigneusement examiné leur valeur. Le Sage s'est efforcé de décrire honnêtement la réalité et de trouver cependant des paroles réconfortantes. Les paroles des hommes expérimentés sont comme des aiguillons qui stimulent l'esprit et comme des attaches qui retiennent l'ensemble des connaissances. Elles sont inspirées par Dieu, qui est le seul guide véritable. Mon fils, prends garde de ne pas trop y ajouter. Le nombre de livres que l'on pourrait écrire est illimité et il est épuisant de consacrer beaucoup de temps à l'étude. Et voilà la conclusion de tout ce qui a été dit: le devoir de tout homme est de respecter Dieu en obéissant à ses ordres. En effet, Dieu demandera des comptes pour toutes nos actions, même cachées, qu'elles soient bonnes ou mauvaises. Le plus beau de tous les chants. Il appartient aux écrits de Salomon. Embrasse-moi, embrasse-moi donc! Ton amour m'enivre plus que le vin, plus que la senteur de ton huile parfumée. Tu es séduisant comme un parfum raffiné; il n'est pas étonnant que toutes les filles soient amoureuses de toi! prends-moi par la main, entraîne-moi et courons. Tu es mon roi, conduis-moi dans ta chambre, rends-nous follement heureux tous les deux; célébrons ton amour plus enivrant que le vin. Elles ont bien raison, les filles, d'être amoureuses de toi! J'ai beau avoir le teint bronzé, je suis jolie comme les tentes des bédouins, comme les tapisseries de luxe. Filles de la capitale, ne me regardez pas comme ça, sous prétexte que je suis hâlée, brunie par le soleil: c'est que mes frères se sont fâchés contre moi et m'ont imposé de surveiller les vignes. Mais pour ma vigne à moi, je ne veux pas de surveillance! Toi que j'aime, dis-moi donc où tu fais paître ton troupeau, où tu le mets au repos, vers midi. Ainsi je n'aurai pas l'air de chercher l'aventure près des troupeaux de tes camarades. Si tu ne le sais pas, la belle, suis donc les traces des moutons, et conduis tes chevrettes près des cabanes de bergers. Ma tendre amie, tu as aussi belle allure que le cheval de parade attelé au char du Pharaon. Des pendants d'oreille rehaussent la beauté de tes joues, et un collier de coquillages l'élégance de ton cou. Nous te ferons faire des pendants d'or avec des incrustations d'argent. Pendant que mon roi est à son festin, mon parfum de nard répand sa senteur. Mon bien-aimé est pour moi comme un sachet de myrrhe odorante qui repose entre mes seins, comme une grappe de fleurs de henné aux vignes d'En-Guédi. Que tu es belle, ma tendre amie, que tu es belle! Tes yeux ont le charme des colombes. Toi aussi, mon amour, tu es beau, tu es superbe. Nous avons un lit de verdure, les branches des cèdres forment les poutres de notre maison, les genévriers en sont les cloisons. Et moi, je suis une fleur de la plaine du Saron, une anémone des vallées. Oui, une anémone parmi les ronces, voilà ma tendre amie parmi les autres filles! Un pommier parmi les arbres du bois, voilà mon bien-aimé parmi les autres garçons! A son ombre, j'ai plaisir à m'asseoir et je trouve à ses fruits un goût délicieux. Il m'a conduite au palais de l'ivresse, sous l'enseigne “A l'Amour”. «Vite, des gâteaux de raisin pour me rendre des forces, et des pommes pour me réconforter, car je suis malade d'amour.» Sa main gauche soutient ma tête, son bras droit m'enlace la taille. Ah, filles de la capitale, au nom des gazelles en liberté, je vous le demande instamment: n'éveillez pas l'amour, ne le provoquez pas avant qu'il y consente! Écoutez, c'est mon bien-aimé, c'est lui qui arrive, franchissant d'un bond monts et collines. On dirait une gazelle ou un jeune cerf. Le voici qui s'arrête derrière notre mur, cherchant à voir à travers la fenêtre, jetant un coup d'œil à travers le treillage. Et maintenant il me parle: «Allons, ma tendre amie, ma belle, viens. L'hiver est passé, la pluie a cessé, elle est loin. On voit les champs fleurir; c'est le temps où tout chante. Sur nos terres on entend la tourterelle qui roucoule. Les figues vertes grossissent sur les figuiers, les vignes sont en fleur et répandent leur parfum. Allons, ma tendre amie, ma belle, viens. Ma colombe nichée au creux des rochers, cachée dans la falaise, montre-moi ton visage; fais-moi entendre ta voix, elle est si agréable, et ton visage est si joli!» Attrapez-nous ces renards, ces petites bêtes qui mettent à mal nos vignes, quand notre vigne est en fleur! Mon bien-aimé est à moi et je suis à lui. Il trouve sa pâture là où poussent les anémones. A la fraîcheur du soir, quand les ombres s'allongeront, tu reviendras, mon amour, leste comme une gazelle ou comme un jeune cerf sur les monts séparés. Sur mon lit, pendant la nuit, je cherche celui que j'aime, je le cherche, sans le trouver. Je veux me lever, parcourir la ville, les rues, les places, partir à la recherche de celui que j'aime. Je le cherche, sans le trouver. Mais je rencontre les gardes, qui font leur ronde: «Avez-vous vu celui que j'aime?» A peine les ai-je dépassés, que je trouve celui que j'aime. Je lui prends la main, je ne le lâcherai plus avant de l'avoir fait entrer à la maison, dans la chambre où ma mère m'a conçue. «Ah, filles de la capitale, au nom des gazelles en liberté, je vous le demande instamment: n'éveillez pas l'amour, ne le provoquez pas avant qu'il y consente!» Qui donc arrive du désert comme une colonne de fumée, comme un nuage odorant de myrrhe, d'encens et de parfums exotiques en tous genres? C'est la litière du roi Salomon, entourée de soixante hommes d'élite, de l'élite d'Israël. Ils sont tous armés de l'épée et entraînés au combat. Chacun porte son arme à la hanche pour faire face aux dangers de la nuit. Salomon s'est fait construire un siège à porteurs en bois du Liban. Il a fait faire les supports en argent, le dossier en or, le siège en tissu de luxe. Les filles de la capitale ont arrangé l'intérieur avec amour. «Ah, filles de la capitale, venez donc voir le roi Salomon! Il porte la couronne de mariage que lui a remise sa mère en ce jour où il est tout à la joie.» Que tu es belle, ma tendre amie, que tu es belle! Derrière ton voile tes yeux ont le charme des colombes. Tes cheveux évoquent un troupeau de chèvres dévalant du mont Galaad. Tes dents me font penser à un troupeau de brebis fraîchement tondues, qui remontent du point d'eau. Chacune a sa sœur jumelle, aucune ne manque à l'appel. Un ruban rouge: ce sont tes lèvres; ta bouche est ravissante. Derrière ton voile tes pommettes ont la rougeur d'une tranche de grenade. Ton cou a l'aspect de la Tour-de-David, bâtie toute ronde. Mille boucliers y sont suspendus, les boucliers ronds de tous les héros. Tes deux seins sont comme deux cabris, comme les jumeaux d'une gazelle, qui broutent parmi les anémones. A la fraîcheur du soir, quand les ombres s'allongeront, je compte bien venir à ta montagne de myrrhe et à ta colline d'encens. Tout en toi est beauté, ma tendre amie, et sans aucun défaut. Viens avec moi, ma promise, quitte les monts du Liban et viens avec moi; descends des sommets de l'Amana, du Senir et de l'Hermon. Fuis ces repaires de lions, ces montagnes pour panthères. Par un seul de tes regards tu me fais battre le cœur, petite sœur, ma promise, par un seul mouvement de ton cou gracieux. Comme ton amour me ravit, petite sœur, ma promise! Je le trouve plus enivrant que le vin, et ton huile parfumée m'enchante plus que tous les baumes odorants. Ma promise, sur tes lèvres mon baiser recueille un suc de fleurs, et ta langue cache un lait parfumé de miel. Les vêtements que tu portes ont l'odeur des bois du Liban. Tu es mon jardin privé, petite sœur, ma promise, ma source personnelle, ma fontaine réservée. Tu as la fraîcheur d'un verger de paradis planté de grenadiers aux fruits exquis. S'y croisent les parfums du henné et du nard, du nard et du safran, du laurier et de la cannelle avec ceux de tous les bois odorants; et aussi les senteurs de myrrhe et d'aloès avec celles des baumes les plus fins. Le jardin a une source, une fontaine d'eau courante dévalant les pentes du Liban. Réveillez-vous, venez, vents du nord et du midi, répandez les parfums de mon jardin, pour qu'il exhale ses senteurs! Et toi, mon amour, viens à ton jardin pour en manger les fruits exquis. Je viens à mon jardin, petite sœur, ma promise, et j'y fais ma cueillette de myrrhe et d'herbes parfumées; j'y mange mon rayon de miel, j'y bois mon vin et mon lait. Mangez, mes amis, buvez, enivrez-vous d'amour. J'étais endormie, mais mon cœur restait en éveil. J'entends quelque chose, c'est mon bien-aimé qui frappe à la porte: «Ouvre-moi, petite sœur, ma tendre amie, ma colombe, mon trésor. J'ai la tête couverte de rosée et les cheveux trempés des gouttes de la nuit. J'ai retiré mes vêtements, je ne vais pas me rhabiller! Je viens de me laver les pieds, je ne vais pas les resalir!» Mon bien-aimé passe la main par le guichet de la porte, et j'en ai le cœur battant. D'un bond je suis debout pour ouvrir à mon bien-aimé. J'ai les mains et les doigts couverts d'huile de myrrhe, quand je saisis la poignée du verrou. J'ouvre à mon bien-aimé; mais il est parti, il n'est plus là. Je sors à sa poursuite, je le cherche, sans le trouver. J'ai beau l'appeler, pas de réponse. Mais je rencontre les gardes, qui font leur ronde sur les remparts de la ville. Ils me frappent, ils me blessent, ils m'arrachent mon châle. Ah, filles de la capitale, je vous le demande instamment: si vous rencontrez mon bien-aimé, que lui raconterez-vous? Que je suis malade d'amour! Dites-le-lui. Dis-nous, la belle, qu'a-t-il de plus qu'un autre, ton amoureux? Oui, qu'a-t-il de plus qu'un autre pour que tu nous fasses pareille demande? Mon bien-aimé est reconnaissable entre dix mille à son teint resplendissant et cuivré. Sa tête est dorée. Il a les cheveux bouclés comme les fleurs de dattier, et d'un noir de corbeau. Ses yeux ont le charme des colombes penchées sur un ruisseau; leur iris semble baigner dans du lait, comme logé dans un écrin. Ses joues sont une plate-bande odorante, semée d'herbes parfumées. Ses lèvres ont l'éclat de l'anémone où perle une huile de myrrhe. Ses bras sont comme un anneau d'or chargé de pierreries. Son corps est une plaque d'ivoire couverte de saphirs. Ses jambes font penser à des colonnes de marbre blanc, solidement plantées sur des socles d'or fin. Il a fière allure, comme les monts du Liban; il a la distinction des cèdres. Sa bouche est douce à mon baiser, tout en lui appelle mon désir. Voilà mon bien-aimé, filles de la capitale, voilà mon ami! Dis-nous, la belle, où est-il allé, ton amoureux? Quelle direction a-t-il prise? Nous voulons le chercher avec toi. Mon bien-aimé descendra à son jardin, à ses plates-bandes odorantes, pour y trouver sa pâture et y cueillir les anémones. Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi. Il trouve sa pâture là où poussent les anémones. Tu es belle, ma tendre amie, comme la cité de Tirsa-la-Jolie, ravissante comme Jérusalem, troublante comme un mirage. Détourne un peu les yeux, car ton regard me trouble. Tes cheveux évoquent un troupeau de chèvres dévalant du mont Galaad. Tes dents me font penser à un troupeau de brebis qui remontent du point d'eau. Chacune a sa sœur jumelle, aucune ne manque à l'appel. Derrière ton voile tes pommettes ont la rougeur d'une tranche de grenade. Le roi peut bien avoir soixante reines, quatre-vingts concubines et des jeunes femmes sans nombre, pour moi il n'y a qu'une femme au monde, c'est ma colombe, c'est mon trésor, seule fille de sa mère et son enfant préférée. Les autres femmes, en la voyant, vantent son bonheur. Reines et concubines du roi font d'elle cet éloge: «Quelle est donc cette femme, qui a la fierté de l'aurore, la beauté de la lune, l'éclat du soleil, et vous trouble autant qu'un mirage?» Je suis descendu au parc des noyers, pour voir les jeunes pousses dans le vallon, pour voir si la vigne bourgeonne et si les grenadiers sont en fleur. Mais je n'y comprends plus rien; tu me fais perdre mes moyens, fille de noble race. Tourne-toi, tourne-toi, Sulamite, tourne-toi donc et laisse-nous te regarder. Pourquoi regarder la Sulamite entraînée dans la danse à deux camps? Que tes pieds sont jolis dans leurs sandales, princesse! La courbe de tes hanches fait penser à un collier sorti des mains d'un artiste. Le bas de ton ventre est une coupe ronde, où le vin parfumé ne devrait pas manquer. Ton ventre est un tas de blé entouré d'anémones. Tes deux seins sont comme deux cabris, comme les jumeaux d'une gazelle. Ton cou ressemble à la Tour-d'ivoire. Tes yeux me rappellent les étangs de Hèchebon, à la sortie de cette grande cité. Ton nez est aussi gracieux que la Tour-du-Liban, qui monte la garde en face de Damas. Ta tête se dresse fièrement comme le mont Carmel. Les mèches de tes cheveux ont des reflets de pourpre; un roi est pris à leurs boucles. Que tu es belle et gracieuse, mon amour, toi qui fais mes délices! Et quelle ligne élancée! On dirait un palmier-dattier; tes seins en sont les régimes. Ce qui me fait dire: «Il faut que je monte au palmier pour mettre la main sur ses régimes!» Que tes seins soient aussi pour moi comme des grappes de raisin, et le parfum de ton haleine comme l'odeur des pommes! Que ta bouche m'enivre comme le bon vin…! …oui, un bon vin réservé à mon bien-aimé et glissant sur nos lèvres endormies. Je suis à mon bien-aimé et c'est moi qu'il désire. Viens, mon amour, sortons, allons passer la nuit parmi les fleurs de henné. Nous serons de bonne heure aux vignes, nous verrons si elles bourgeonnent ou même si les bourgeons s'ouvrent, et si les grenadiers sont en fleur. Et là je te donnerai mon amour. Les pommes d'amour libèrent leur senteur. A notre porte nous avons toutes sortes de fruits exquis, des nouveaux et des anciens. Mon amour, je les ai réservés pour toi. Ah, comme j'aimerais que tu sois mon frère, nourri au sein de ma mère! Quand je te rencontrerais dehors, je pourrais t'embrasser sans provoquer les critiques. Je te mènerais jusque chez ma mère, et tu m'apprendrais l'amour. Je te ferais goûter à mon vin parfumé et à mon jus de grenade. Sa main gauche soutient ma tête, son bras droit m'enlace la taille. Ah, filles de la capitale, je vous le demande instamment: pourquoi réveiller l'amour, pourquoi le provoquer avant qu'il y consente? Quelle est cette femme, qui arrive du désert appuyée au bras de son bien-aimé? Je te réveille sous le pommier, là où ta mère t'a conçu, là où elle t'a mis au monde. Place-moi contre ton cœur, comme ton cachet personnel; garde-moi près de toi, comme la pierre gravée à ton nom que tu portes au bras. C'est que l'amour est aussi fort que la mort. Comme la mort aussi la passion vous tient. Elle est une flamme ardente, elle frappe comme la foudre. Toute l'eau des océans ne suffirait pas à éteindre le feu de l'amour. Et toute l'eau des fleuves serait incapable de le noyer. Imaginons quelqu'un qui offrirait tous ses biens pour acheter l'amour: il ne manquerait pas de recueillir le mépris. Nous avons une sœur, mais elle est trop jeune, elle n'a pas encore les seins formés. Que ferons-nous pour elle, quand il sera question de la marier? Si elle est un rempart, pour défendre sa vertu nous couronnerons ce rempart de créneaux d'argent. Si elle est une porte ouverte, nous bloquerons cette porte par une barre de cèdre. Je suis un rempart, moi; mes seins en sont les tours. Alors, pour lui, je suis celle qui fait son bonheur. Salomon possède une vigne à Baal-Hamon, et l'a confiée à des gardiens. Le droit de vendange est fixé à mille pièces d'argent. Salomon, tu peux garder les mille pièces d'argent, dont deux cents pour les gardiens; ma vigne à moi, je la garde moi-même. Ma belle, toi qui te tiens dans le jardin, il y a ici des camarades, qui essaient d'écouter ce que tu dis. Mais c'est à moi que tu dois dire: «pars vite d'ici, mon amour, et leste comme une gazelle ou un jeune cerf, rends-toi sur les monts parfumés.» Révélation concernant le royaume de Juda et la ville de Jérusalem. Ésaïe, fils d'Amots, la reçut du Seigneur à l'époque des rois Ozias, Yotam, Ahaz et Ézékias de Juda. Ciel, écoute, terre, prête attention, c'est le Seigneur qui parle: «J'ai élevé des enfants pour en faire des adultes, mais ils se sont révoltés contre moi. Un bœuf connaît son propriétaire, et un âne le maître qui lui donne à manger. Mais Israël ne veut rien savoir, mon peuple ne comprend rien.» Quel malheur, nation coupable, peuple chargé de crimes, race de malfaiteurs, enfants vicieux que vous êtes! Vous avez abandonné le Seigneur, vous avez dédaigné l'unique vrai Dieu, le Dieu d'Israël, vous lui avez tourné le dos. Où voulez-vous qu'il vous frappe encore, vous qui persistez dans la révolte? La tête est couverte de blessures, le cœur tout entier est malade. Des pieds à la tête plus rien n'est intact. Tout n'est que blessures, traces de coups et plaies ouvertes, que personne n'a nettoyées, ni pansées, ni soignées à l'huile. Votre pays est comme un désert sinistre, vos villes sont incendiées. Sous vos yeux, des étrangers dévorent les produits de votre sol; il n'en reste plus rien, comme si Dieu avait infligé ce bouleversement à des étrangers. Seule Sion subsiste comme une hutte dans une vigne, comme une cabane dans un champ de concombres, comme une ville assiégée. Si le Seigneur de l'univers ne nous avait pas laissé quelques rescapés, nous serions comme la ville de Sodome, dans le même état que Gomorrhe. Vous, dirigeants corrompus, dignes de Sodome, écoutez bien ce que dit le Seigneur. Et vous, peuple perverti, digne de Gomorrhe, soyez attentifs aux instructions de notre Dieu: «Je n'ai rien à faire de vos nombreux sacrifices, déclare le Seigneur. J'en ai assez des béliers consumés par le feu et de la graisse des veaux. Je n'éprouve aucun plaisir au sang des taureaux, des agneaux et des boucs. Vous venez vous présenter devant moi, mais vous ai-je demandé de piétiner les cours de mon temple? Cessez de m'apporter des offrandes, c'est inutile; cessez de m'offrir la fumée des sacrifices, j'en ai horreur; cessez vos célébrations de nouvelles lunes, de sabbats ou de fêtes solennelles, je n'admets pas un culte mêlé au crime, je déteste vos fêtes de nouvelle lune, vos cérémonies sont un fardeau pour moi, je suis fatigué de les supporter. Quand vous étendez les mains pour prier, je me bouche les yeux pour ne pas voir. Vous avez beau faire prière sur prière, je refuse d'écouter, car vos mains sont couvertes de sang. Nettoyez-vous, purifiez -vous, écartez de ma vue vos mauvaises actions, cessez de mal faire. Apprenez à bien faire, préoccupez-vous du droit des gens, tirez d'affaire l'opprimé, rendez justice à l'orphelin, défendez la cause de la veuve.» «Venez donc, dit le Seigneur, nous allons nous expliquer. Si vos crimes ont la teinte du sang, peuvent-ils devenir blancs comme neige? S'ils sont rouge vermillon, peuvent-ils prendre la blancheur de la laine? Si vous êtes bien disposés, si vous m'écoutez, vous pourriez vous nourrir des bons produits du pays. Mais si vous refusez, si vous êtes rebelles, vous serez la proie de l'épée.» Voilà ce que déclare le Seigneur. Comment la cité fidèle a-t-elle pu dégénérer en prostituée? Le droit y était respecté, la justice y était chez elle; mais à présent, les assassins y sont les maîtres. Jérusalem, tu fais penser à un argent dégénéré, à un grand vin coupé d'eau. Tes princes sont des agitateurs, ils sont complices des filous, tous amateurs de cadeaux, coureurs de pots-de-vin, violant les droits de l'orphelin, sourds à la plainte de la veuve. C'est pourquoi le Maître suprême, le Seigneur de l'univers, le Dieu fort d'Israël, affirme: «Ah, je vais prendre ma revanche sur mes adversaires! Je tirerai vengeance de mes ennemis! Jérusalem, tu vas avoir affaire à moi: je vais te purifier au feu, fondre tes scories comme avec de la soude, et supprimer tous tes déchets. Je rendrai tes juges comme ceux d'autrefois, et tes conseillers comme ceux de l'ancien temps. Alors on pourra te nommer “Ville de la justice” et “Cité fidèle”.» La délivrance viendra pour Sion quand elle respectera le droit, et pour ses habitants repentis quand ils pratiqueront la loyauté. Mais ce sera la catastrophe pour les rebelles et les coupables, ce sera la fin pour ceux qui abandonnent le Seigneur. Oui, vous serez humiliés d'avoir pratiqué vos rites sous ces arbres sacrés qui vous tiennent tant à cœur; vous serez déçus d'avoir choisi ces jardins pour vos pratiques païennes. Vous serez comme ces arbres quand ils perdent leurs feuilles, ou comme ces jardins quand ils sont privés d'eau. L'homme fort sera l'amadou, et ce qu'il fait… une étincelle: tous deux brûleront ensemble, sans personne pour éteindre. Message qu'Ésaïe, fils d'Amots, reçut du Seigneur concernant le royaume de Juda et la ville de Jérusalem. Un jour viendra – et ce sera définitif – où la montagne du temple se dressera au-dessus des collines, plus haut que les autres montagnes. Alors toutes les nations afflueront vers elle. Beaucoup de peuples s'y rendront; ils diront: «En route! Montons à la montagne du Seigneur, à la maison du Dieu de Jacob. Il nous enseignera ce qu'il attend de nous, et nous suivrons le chemin qu'il nous trace.» En effet, c'est de Sion que vient l'enseignement du Seigneur, c'est de Jérusalem que nous parvient sa parole. Il rendra son jugement entre les nations, il sera un arbitre pour tous les peuples. De leurs épées, ils forgeront des pioches, et de leurs lances, ils feront des faucilles. Il n'y aura plus d'agression d'une nation contre une autre, on ne s'exercera plus à la guerre. Vous, les descendants de Jacob, en route! Marchons ensemble dans la lumière du Seigneur. Seigneur, tu ne veux plus de ton peuple, les descendants de Jacob. Car les devins orientaux pullulent chez lui; il y a autant d'astrologues que chez les Philistins. Ton peuple fait des affaires avec les païens. Son pays est plein d'or, d'argent et d'innombrables trésors. Il regorge de chevaux et de chars de combat. Il est aussi plein de faux dieux, et tout le monde s'incline devant des idoles, des objets fabriqués, façonnés par des mains humaines. C'est pourquoi tous les humains devront s'incliner et mordre la poussière. Et toi, Seigneur, ne les relève surtout pas! Cachez-vous sous les rochers, rentrez sous terre, pour fuir la terreur qu'inspire le Seigneur, pour vous mettre à l'abri devant sa suprême grandeur. L'homme au regard hautain devra baisser les yeux, l'insolent devra s'incliner. Ce jour-là, le Seigneur seul sera reconnu grand. Le Seigneur de l'univers se réserve un jour pour prononcer son jugement contre tout ce qui prétend être grand ou supérieur, afin de le rabaisser: contre tous les cèdres du Liban à la taille si haute, et les chênes du Bachan, contre toutes les hautes montagnes et les collines dominantes, contre toutes les tours hautaines et les murailles inaccessibles, contre tous les grands navires et les bateaux de luxe. L'homme hautain devra s'incliner et l'insolent mordre la poussière. Ce jour-là, le Seigneur seul sera reconnu grand. Tous les faux dieux disparaîtront. Qu'on entre dans les cavernes, dans les trous de la terre, pour fuir la terreur qu'inspire le Seigneur, pour se mettre à l'abri devant sa suprême grandeur, quand il intervient et frappe la terre d'épouvante! Ce jour-là, on jettera aux rats et aux chauves-souris les faux dieux d'argent et d'or, qu'on a fabriqués pour s'incliner devant eux. On entrera dans les creux et les fentes des rochers pour fuir la terreur qu'inspire le Seigneur, pour se mettre à l'abri devant sa suprême grandeur, quand il interviendra en frappant la terre d'épouvante. Cessez de compter sur l'homme, sa vie ne tient qu'à un souffle. Quelle valeur lui reconnaître? Le Maître suprême, le Seigneur de l'univers, va priver Jérusalem et le royaume de Juda de toute ressource en pain et en eau; il va les priver de tout ce qui leur sert d'appui: troupes d'élite et simples soldats, juges, prophètes, devins et membres du conseil des anciens, officiers et dignitaires, conseillers, techniciens et experts en sorcellerie. «Comme chefs, dit le Seigneur, je leur donnerai des gamins, qui les gouverneront au gré de leurs caprices.» Ce sera la foire d'empoigne: c'est à qui l'emportera sur l'autre, les jeunes brutalisant les vieux, et les vauriens les gens de bien. Un homme empoignera son frère, un membre de son propre clan: «Tu as un manteau à te mettre dira-t-il, tu es donc notre chef, prends le commandement de ces ruines.» Mais ce jour-là, l'autre répondra: «Je ne peux rien faire pour vous; il n'y a chez moi ni pain ni manteau. Vous ne ferez pas de moi un chef.» Jérusalem a trébuché, Juda est à terre. En paroles et en actes ils s'opposent au Seigneur, ils le bravent en face. Leur partialité les accuse. Comme les gens de Sodome ils commettent leurs crimes au grand jour, sans même les cacher. Hélas pour eux, ils préparent leur propre malheur! Vous pouvez le dire: pour les fidèles tout ira bien; ce qu'ils ont fait leur profitera. Mais quel triste sort pour les méchants! Tout ira mal pour eux; on les traitera selon ce qu'ils ont fait. Mon peuple, dit le Seigneur, ceux qui dominent sur toi sont des rapaces; ce sont des gens avides qui exercent le pouvoir. Mon peuple, ceux qui te dirigent ne font que t'égarer, ils te conduisent dans la mauvaise direction. Le Seigneur est prêt pour un procès, il est en place pour juger son peuple. Il fait passer en justice les conseillers et les chefs de son peuple: «C'est vous qui avez ravagé la vigne; vous avez rempli vos maisons de ce que vous avez pris aux pauvres. De quel droit écrasez-vous mon peuple et faites-vous violence aux pauvres, demande le Seigneur, le Dieu de l'univers?» «Les dames de Jérusalem sont bien fières, dit le Seigneur; elles marchent le cou tendu, le regard provocant; elles vont à petits pas en faisant résonner les anneaux de leurs chevilles.» C'est pourquoi le Seigneur va leur tondre le crâne et dénuder leur front. Ce jour-là, le Seigneur les privera de tout ce qui leur sert de parure: les anneaux aux chevilles, les serre-tête et les bijoux en forme de croissant; les boucles d'oreille, les bracelets et les voilettes; les turbans, les chaînettes, les ceintures tressées, les gris-gris et les porte-bonheur; les bagues et les anneaux pour le nez; les vêtements de fête, les capes, les foulards et les sacoches; les manteaux, les chemises fines, les écharpes et les châles. L'odeur de pourriture remplacera les parfums, et une simple corde tiendra lieu de ceinture. Au lieu de coiffures savantes, une tête tondue; au lieu d'habits de luxe, l'étoffe de deuil autour de la taille. Oui, pour remplacer la beauté, l'humiliation. Jérusalem, tes hommes succomberont à la guerre, tes soldats mourront au combat. Alors toute la ville poussera des plaintes et des lamentations, telle une femme qui a tout perdu et reste assise à terre. En ce jour-là, sept femmes agripperont le même homme en lui disant: «Nous ne serons à ta charge ni pour la nourriture ni pour l'habillement. Enlève seulement notre déshonneur, en nous permettant de porter ton nom!» Un jour, ce que le Seigneur fera germer dans le pays sera la fierté et la gloire des survivants d'Israël; ce que le pays produira fera leur grandeur et leur prestige. Alors ceux qui seront restés à Jérusalem, ceux qui auront survécu dans Sion recevront le titre de “consacrés au Seigneur”; ce sont, à Jérusalem, tous ceux que le Seigneur a inscrits dans son livre comme vivants. Le Seigneur fera souffler un vent de justice et de purification. Quand il aura ainsi nettoyé les dames de Jérusalem de leur souillure, quand il aura lavé Sion du sang qu'elle a répandu chez elle, alors, partout sur le mont Sion et sur les assemblées qui s'y tiendront, il fera paraître un nuage de fumée pendant le jour et l'éclat d'une flamme pendant la nuit. Au-dessus de tout, la glorieuse présence du Seigneur sera une protection; elle sera un toit de feuillage pour donner de l'ombre pendant la chaleur du jour, et fournir un abri, un refuge, contre l'orage et la pluie. Laissez-moi chanter quelques couplets au nom de mon ami; c'est la chanson de mon ami et de sa vigne. Mon ami avait une vigne sur un coteau fertile. Il en avait travaillé la terre, enlevé les pierres; il y avait mis un plant de choix, bâti une tour de guet et creusé un pressoir. Il espérait que sa vigne produirait de beaux raisins, mais elle n'a rien donné de bon. «Eh bien, dit mon ami, vous qui habitez Jérusalem, vous les gens de Juda, c'est à vous de juger entre ma vigne et moi. Que faire de plus pour elle, que je n'aie déjà fait? J'espérais d'elle de beaux raisins, elle n'a rien donné de bon. Pourquoi? Maintenant, je veux vous dire ce que je vais faire à ma vigne: J'arracherai la haie qui l'entoure, et les troupeaux y brouteront. J'abattrai son mur de clôture, et les passants la piétineront. Je ferai d'elle un terrain vague: personne pour la tailler, personne pour l'entretenir; épines et ronces y pousseront, et j'interdirai aux nuages de laisser tomber la pluie sur elle.» La vigne du Seigneur de l'univers, c'est la nation d'Israël. La plantation qui lui plaisait tant, c'est le peuple de Juda. Le Seigneur espérait d'eux qu'ils respecteraient le droit, mais c'est partout injustice et passe-droit; il escomptait la loyauté, mais c'est partout cris de détresse et déloyauté. Quel malheur de voir ces gens qui ajoutent une maison à une autre et annexent champ après champ! A la fin, ils ont pris toute la place, il n'y a plus qu'eux dans le pays. J'ai entendu le Seigneur de l'univers faire ce serment: «Je le jure, toutes ces maisons seront dévastées, ces grandes et belles demeures resteront vides d'habitants. Trois hectares de vigne ne produiront pas cinquante litres de vin; et qui sème cent kilos de blé n'en récoltera que dix.» Quel malheur de voir ceux qui dès le matin se ruent sur les boissons fortes, et tard le soir encore s'échauffent avec du vin! Ils s'enivrent au son des harpes et des lyres, des tambourins et des flûtes. Mais ils ne remarquent pas que le Seigneur agit, ils ne regardent pas ce qu'il fait. C'est pourquoi le Seigneur déclare: «Mon peuple sera déporté, car il n'a rien compris. Ses élites mourront de faim, ses masses populaires dépériront de soif.» La Mort a ouvert tout grand sa gueule, elle l'agrandit démesurément. Nobles et petit peuple de Jérusalem y tomberont en pleine fête. C'est pourquoi tous les hommes devront s'incliner et mordre la poussière. L'homme au regard hautain devra baisser les yeux. Le Seigneur de l'univers montrera sa grandeur en instaurant le droit; l'unique vrai Dieu montrera qu'il est Dieu en établissant son ordre. Dans les ruines de la ville, les moutons paîtront comme dans leur pâturage, et les chevreaux qu'on engraisse y chercheront leur nourriture. Quel malheur de voir ces gens attelés au crime par les cordes du mensonge! Comme on traîne un chariot, ils traînent derrière eux les suites de leur faute. Ils disent en effet: «Vite, vite que se réalise ce que le Seigneur doit faire, nous voudrions voir ça! Que le plan du Dieu d'Israël, le vrai, l'unique, arrive à échéance, nous aimerions le connaître!» Quel malheur de voir ces gens qui déclarent bien ce qui est mal, et mal ce qui est bien! Ils prétendent clair ce qui est sombre, et sombre ce qui est clair. De ce qui est doux ils font quelque chose d'amer, et de ce qui est amer quelque chose de doux. Quel malheur de voir ces gens qui se prennent pour des sages et qui se croient intelligents! Quel malheur de voir ces gens qui sont des champions pour boire, des virtuoses pour préparer des boissons corsées! Ils acquittent le coupable en échange d'un cadeau, et ne veulent rien savoir du bon droit de l'innocent. C'est pourquoi ils auront le sort de la paille qu'on brûle sur pied, ou de l'herbe sèche qui se consume dans les flammes. Ils pourriront par la racine, leur tige tombera en poussière, car ils ont méprisé l'enseignement du Seigneur de l'univers, ils ont dédaigné la parole de l'unique vrai Dieu, le Dieu d'Israël. C'est pourquoi le Seigneur fit éclater son indignation contre son peuple. Il l'a menacé du poing et l'a frappé. Les montagnes en ont tremblé; les cadavres des victimes restent sur place dans les rues comme des ordures. Mais la colère du Seigneur ne cesse pas pour autant, et son poing reste menaçant. Le Seigneur dresse un signal pour des nations lointaines; il siffle pour faire venir cette troupe depuis le bout du monde. La voilà qui se hâte et arrive au plus vite. Il n'y a personne chez elle qui se sente fatigué, personne qui traîne les pieds, personne qui somnole, personne qui s'endorme; aucun ceinturon n'est débouclé, aucun lacet desserré. Ses flèches sont aiguisées, ses arcs prêts à tirer. Les sabots de ses chevaux sont durs comme un silex, et les roues de ses chars font penser à un tourbillon. On croit entendre le rugissement d'une lionne, le cri rauque d'un fauve, qui gronde, saisit sa proie et la met en lieu sûr, sans que personne ose la lui arracher. Un de ces jours cependant, c'est contre cette nation que le tonnerre grondera, comme la mer en colère. On regardera le pays, mais on n'y verra qu'une obscurité oppressante; d'épais nuages obscurciront la lumière du jour. C'était l'année où mourut le roi Ozias. Dans une vision, j'aperçus le Seigneur assis sur un trône très élevé. Les pans de son manteau remplissaient le temple. Des anges flamboyants se tenaient au-dessus de lui. Ils avaient chacun six ailes: deux leur servaient à se cacher le visage, deux à se voiler le corps et deux à voler. Ils criaient l'un à l'autre: «Saint, saint, saint, le Seigneur de l'univers! La terre entière est remplie de sa glorieuse présence.» Leur voix faisait trembler les portes sur leurs pivots, et le temple se remplit de fumée. Je dis alors: «Hélas, me voilà condamné au silence car mes lèvres sont indignes de Dieu, et j'appartiens à un peuple aux lèvres tout aussi indignes de lui. Or j'ai vu, de mes yeux, le Roi, le Seigneur de l'univers!» Mais l'un des anges flamboyants vola vers moi. Avec des pincettes il tenait une braise qu'il avait prise sur l'autel. Il en toucha ma bouche et me dit: «Ceci a touché tes lèvres, ton indignité est supprimée, ton péché est effacé.» J'entendis alors le Seigneur demander: «Qui vais-je envoyer? Qui sera notre porte-parole?» – «Moi, répondis-je, tu peux m'envoyer.» Il reprit: «Va dire à ce peuple: “Vous aurez beau écouter, vous n'entendrez pas. Vous aurez beau regarder, vous ne verrez pas.” Rends-les donc insensibles, durs d'oreille et aveugles; empêche leurs yeux de voir, leurs oreilles d'entendre et leur intelligence de comprendre, sinon ils reviendraient à moi et ils seraient guéris.» Je demandai alors: «Jusqu'à quand, Seigneur?» Il me répondit: «Jusqu'à ce que les villes soient dévastées et dépeuplées, les maisons vidées de leurs occupants et la campagne réduite en désert. «Oui, le Seigneur éloignera la population du pays. Beaucoup de terres y resteront en friche. Si même le dixième échappe encore au désastre, à son tour il aura le sort des rejetons qui poussent de la souche d'un chêne ou d'un térébinthe abattu: on les livre au feu. Mais cette souche est le gage divin d'un nouveau commencement.» C'était l'époque où Ahaz, fils de Yotam et petit-fils d'Ozias, était roi de Juda. Le roi Ressin de Syrie vint avec Péca, fils de Remalia et roi d'Israël, pour attaquer Jérusalem. Mais leur tentative allait échouer. On informa Ahaz, le descendant de David, et sa cour que les Syriens avaient établi leur camp sur le territoire d'Éfraïm. Le roi et son peuple furent secoués par cette nouvelle comme les arbres de la forêt par le vent. Le Seigneur dit alors à Ésaïe: «Prends avec toi ton fils Chéar-Yachoub et va voir Ahaz; il est à l'extrémité du canal du réservoir supérieur, sur le chemin qui mène au champ des Blanchisseurs. Tu lui diras: “Attention! Garde ton calme, n'aie pas peur et ne te laisse pas intimider par la brûlante colère de Ressin le Syrien et du fils de Remalia. Ce ne sont que deux bouts de tisons fumants. Je sais que les Syriens, ainsi que Péca et les troupes d'Éfraïm, ont des projets agressifs contre toi. Ils ont dit: ‘En avant contre le royaume de Juda! Faisons-lui peur, forçons-le à se joindre à nous, et imposons-lui comme roi le fils de Tabéel.’ Mais voici ce que le Seigneur Dieu déclare: ‘Cela n'a aucune chance d'arriver. Le Seigneur ajouta cet autre message pour Ahaz: «Demande au Seigneur ton Dieu un signe de son appui. Qu'il te le donne au fond du monde des morts ou là-haut dans le ciel.» Mais Ahaz répondit: «Non, je ne demanderai rien; je ne veux pas mettre le Seigneur à l'épreuve.» Alors Ésaïe lui dit: «Écoutez-moi, toi et ta famille, les descendants de David. On dirait que cela ne vous suffit pas d'épuiser la patience des hommes, et qu'il vous faut aussi épuiser la patience de mon Dieu. Eh bien! le Seigneur vous donne lui-même un signe: la jeune femme va être enceinte et mettre au monde un fils. Elle le nommera Emmanuel “Dieu avec nous”. L'enfant sera nourri de crème et de miel, jusqu'à ce qu'il soit capable de refuser ce qui est mauvais et de choisir ce qui est bon. Avant même que le petit garçon soit en âge de faire cette différence, le territoire dont les deux rois te font si peur sera abandonné par ses habitants. Mais pour toi, pour ton peuple et pour ta dynastie, le Seigneur va faire venir un temps qu'on n'avait plus connu depuis le jour où le royaume d'Israël s'est séparé du royaume de Juda – c'est une allusion à l'intervention du roi d'Assyrie.» Un de ces jours, le Seigneur, d'un coup de sifflet, fera venir les mouches qui se trouvent là-bas, dans le delta du Nil, ainsi que les abeilles qui sont en Assyrie. Toutes, elles viendront se poser dans les ravins abrupts et les fentes des rochers, dans tous les fourrés et à tous les points d'eau. Un de ces jours, le Seigneur louera un rasoir de l'autre côté de l'Euphrate – allusion au roi d'Assyrie –, il marquera votre déshonneur en vous rasant la tête et tous les poils du corps, sans oublier la barbe. En ce temps-là aussi, chacun élèvera une vache et deux chèvres, qui produiront tant de lait qu'on pourra manger de la crème. Tous ceux qui seront restés au pays se nourriront de crème et de miel. En ce temps-là encore, un champ de mille pieds de vigne, valant mille pièces d'argent, sera abandonné aux épines et aux ronces. On viendra y chasser avec un arc et des flèches. Oui, le pays tout entier ne sera plus qu'épines et ronces. Quant aux coteaux qu'on cultivait à la houe, on n'osera plus s'y rendre, par crainte des épines et des ronces. On y laissera paître les bœufs et passer les moutons. Pour obéir à un ordre du Seigneur, je pris une tablette à écrire de grandes dimensions et j'y gravai en lettres usuelles “A celui qui s'appelle Vite-au-butin-Fonce-au-pillage”. Je montrai alors la tablette à deux témoins dignes de foi, Ouria, le prêtre, et Zacharie, fils de Yebérékia. Puis je passai la nuit avec la prophétesse, ma femme. Elle devint enceinte et mit au monde un fils. Alors le Seigneur me donna cet ordre: «Donne-lui comme nom “Vite-au-butin-Fonce-au-pillage”. Car avant même que l'enfant sache dire “Papa” ou “Maman”, on aura apporté au roi d'Assyrie les richesses de Damas et le butin pris à Samarie.» Le Seigneur me dit encore: «Ce peuple dédaigne les eaux du canal de Siloé, qui coulent tout doucement; et il perd courage face aux deux rois Ressin et Péca. C'est pourquoi je vais faire monter jusqu'à lui les flots abondants et violents de l'Euphrate – le roi d'Assyrie et le poids de sa puissance. L'Euphrate sortira de son lit, submergera ses rives, se répandra en inondation, débordera sur Juda et lui montera jusqu'au cou. Il étendra au loin ses rives sur toute la largeur de ton pays, Emmanuel.» Peuples, vous avez beau faire alliance, c'est la terreur qui vous attend. Soyez attentifs, vous les pays lointains: Vous pouvez bien vous armer, la terreur vous attend. Oui, vous pouvez bien vous armer, la terreur vous attend. Faites donc des projets, ils tomberont en miettes. Palabrez tant que vous voudrez, vos plans ne verront pas le jour, car il y a Emmanuel, “Dieu avec nous”. Le Seigneur me saisit et m'avertit de ne pas imiter le comportement de ce peuple. Voici ce qu'il me déclara: «N'imitez pas ces gens quand ils parlent de menaces contre l'ordre établi, n'ayez pas peur de ce qui leur fait peur, ne le redoutez pas.» C'est le Seigneur de l'univers qu'il faut reconnaître comme Dieu; c'est de lui qu'il faut avoir peur, c'est lui qu'il faut redouter. Je place mon message à l'abri, je mets sous clé les instructions que j'ai à transmettre; je ne les confie qu'à mes disciples. J'attends le Seigneur. Pour l'instant, il se détourne des descendants de Jacob, mais je compte patiemment sur lui. Moi-même et les enfants que le Seigneur m'a donnés, nous servons de signes et de présages en Israël au nom du Seigneur de l'univers, qui a sa demeure sur le mont Sion. Certains déclarent: «Consultez les esprits des morts, qui chuchotent et murmurent en prédisant l'avenir. Il est normal, disent-ils, qu'un peuple consulte ceux qui sont ses dieux, qu'il s'adresse aux morts en faveur des vivants.» Si l'on vous dit cela, vous répondrez: «C'est aux instructions et aux messages du Seigneur qu'il faut revenir.» Celui qui n'adoptera pas ce mot d'ordre ne verra pas l'aurore. On passe dans le pays, accablé, l'estomac vide. Exaspéré par la faim, on en vient à maudire et son roi et son Dieu. On se tourne vers le ciel, puis on regarde la terre, et l'on ne voit que détresse, obscurité, sombre oppression, nuit sans la moindre lueur. Celui que cette nuit étreint ne peut s'en échapper. Dans le temps passé, le Seigneur a déshonoré la région de Zabulon et celle de Neftali. Mais dans l'avenir, il mettra à l'honneur la route qui longe la mer, le pays à l'est du Jourdain et la Galilée, district des étrangers. Le peuple qui marche dans la nuit voit une grande lumière. Sur ceux qui vivent au pays des ténèbres, une lumière se met à luire. Seigneur, tu fais grandir la nation, tu rends sa joie immense. On se réjouit en ta présence comme on se réjouit à la moisson, comme on crie de joie en partageant le butin. Ainsi que tu le fis autrefois, quand tu mis les Madianites en déroute, tu brises aujourd'hui le joug de l'oppression qui pèse sur ton peuple, la barre qui écrase ses épaules, le gourdin dont on le frappe. Et toute botte ennemie martelant le sol, tout manteau roulé taché de sang s'enflamment et deviennent la proie du feu. Car un enfant nous est né, un fils nous est donné. Dieu lui a confié l'autorité. On lui donne ces titres: Conseiller merveilleux, Dieu fort, Père pour toujours, Prince de la paix. Il doit étendre son autorité et assurer une paix sans fin. Il occupera le siège royal de David et régnera sur son empire, pour l'affermir et le maintenir en établissant le droit et l'ordre de Dieu, dès à présent et pour toujours. Voilà ce que fera le Seigneur de l'univers dans son ardent amour. Le Seigneur a lancé une parole contre les descendants de Jacob, elle est tombée sur le royaume d'Israël. Tout le monde est au courant, tout le royaume d'Éfraïm et la population de Samarie. Le cœur gonflé d'orgueil, ces gens disaient: «Les murs de briques sont tombés, mais nous les rebâtirons en pierres de taille! Les poutres en bois de sycomore ont été abattues, mais nous les remplacerons par des poutres de cèdre!» Alors, contre Israël, le Seigneur a donné l'avantage aux ennemis de Ressin; il a excité leurs adversaires, les Syriens par-devant, les Philistins par-derrière. Et ceux-ci ont dévoré Israël à belles dents. Mais la colère du Seigneur ne cesse pas pour autant, et son poing reste menaçant. Ainsi Dieu a frappé son peuple. Malgré cela Israël n'est pas revenu à son Dieu, il ne s'est pas tourné vers le Seigneur de l'univers. Alors, en un seul jour, le Seigneur a tranché dans le vif du haut en bas d'Israël, fauchant les conseillers, les dignitaires – c'est le haut – et les faux prophètes – le bas. Les dirigeants ont égaré ce peuple, et ceux qu'ils dirigeaient ont pris le mauvais chemin. C'est pourquoi le Seigneur n'épargne pas leurs jeunes gens, il reste sans pitié pour leurs orphelins et leurs veuves. Car ce sont tous des infidèles, des gens qui font le mal; tout ce qu'ils disent est infâme. Mais la colère du Seigneur ne cesse pas pour autant, et son poing reste menaçant. Oui, la méchanceté flambe comme un feu d'épines et de ronces, qui communique l'incendie aux fourrés de la forêt, et fait monter vers le ciel des tourbillons de fumée. Sous l'effet de la colère du Seigneur de l'univers, le pays est en flammes; on dirait que son peuple devient la proie du feu. Personne n'épargne son prochain: on taille un morceau à droite, sans cesser d'avoir faim; on en dévore un autre à gauche, sans pouvoir se rassasier. Chacun s'attaque à son prochain: la tribu de Manassé s'en prend à celle d'Éfraïm, celle-ci à Manassé, et tous deux ensemble à Juda. Mais la colère du Seigneur ne cesse pas pour autant, et son poing reste menaçant. Quel malheur de voir ces gens qui prennent des décrets injustes et s'empressent d'enregistrer des lois qui causent la misère! Ils écartent ainsi la revendication des faibles, et privent de leurs droits les pauvres de mon peuple. Ils font des veuves leur proie et dépouillent les orphelins. Quand le Seigneur interviendra, quand l'orage accourra de loin, que ferez-vous alors? Chez qui fuirez-vous pour chercher du secours? Et où irez-vous déposer vos richesses? Vous n'aurez plus qu'à vous courber parmi les prisonniers, ou à tomber à terre parmi les morts. Mais la colère du Seigneur ne cesse pas pour autant, et son poing reste menaçant. Quel malheur de voir l'Assyrie, l'instrument de ma colère, dit le Seigneur. C'est elle qui tient le gourdin par lequel je montre ma fureur. Je l'ai envoyée contre une nation d'infidèles. Je lui ai donné mission de s'attaquer au peuple qui cause mon indignation, de le mettre au pillage et de ramasser du butin, de le piétiner comme boue dans la rue. Mais ce n'est pas cela qu'imagine l'Assyrie; elle a une autre idée: elle ne pense qu'à détruire et à éliminer le plus de nations possible. Elle dit: «N'est-il pas vrai que les chefs de mes armées valent autant de rois? N'est-il pas vrai que la ville de Kalné a eu le sort de Karkémich? que j'ai traité Hamath comme j'avais traité Arpad, et Samarie comme Damas? J'ai su mettre la main sur des royaumes dont les dieux surpassent les divinités de Jérusalem ou Samarie. Le traitement que j'ai infligé à Samarie et à ses dieux, je l'infligerai de même à Jérusalem et à ses dieux. N'en suis-je pas capable?» Quand le Seigneur aura terminé tout son travail sur le mont Sion et à Jérusalem, il interviendra contre le roi d'Assyrie, contre son cœur gonflé d'orgueil et son regard insolent. Celui-ci a déclaré en effet: «Tout ce que j'ai fait, je le dois à ma force et à mon savoir-faire, car je suis le plus malin. J'ai fait disparaître les frontières des peuples, pillé leurs réserves, et jeté les rois au bas de leur trône. Comme on met la main sur un nid, j'ai pris les richesses des peuples. Comme on ramasse des œufs abandonnés, j'ai tout raflé sur la terre, et il ne s'est trouvé personne pour oser battre des ailes, ouvrir le bec ou piper mot.» Est-ce que la hache a de quoi se vanter plutôt que celui qui s'en sert? Est-ce que la scie fait la fière devant celui qui la manie? C'est comme si le bâton maniait celui qui le brandit! ou comme si le gourdin brandissait celui qui s'en sert! C'est pourquoi le Maître suprême, le Seigneur de l'univers, fera perdre leur graisse aux riches régions de l'Assyrie. Sous leur splendeur apparente, le feu se propagera comme un incendie. Le Seigneur, lumière d'Israël, deviendra un feu; l'unique vrai Dieu deviendra la flamme qui allumera épines et ronces, et les consumera en un jour, anéantissant de fond en comble forêts splendides et vergers. On croira voir un homme miné par la maladie. Il restera si peu d'arbres dans la forêt d'Assyrie, qu'un gamin pourra les compter. Ce jour-là, les survivants d'Israël, les rescapés du peuple de Jacob, cesseront de chercher leur appui auprès de celui qui les frappait. Mais ils chercheront secours pour de bon auprès du Seigneur, l'unique vrai Dieu, le Dieu d'Israël. Un reste reviendra; oui, un reste d'Israël se tournera vers le Dieu fort. Cependant, Israël, même si ta population était aussi nombreuse que les grains de sable au bord de la mer, c'est un reste seulement qui reviendra au Seigneur. La destruction est décidée, la justice suivra son cours. Oui, le Seigneur, le Dieu de l'univers, accomplira sur toute la terre la destruction qu'il a décidée. C'est pourquoi voici ce que déclare le Seigneur, Dieu de l'univers: «Mon peuple, toi qui habites à Sion, n'aie pas peur de l'Assyrie, qui te frappe à coups de bâton, levant son gourdin sur toi à la manière des Égyptiens d'autrefois. Car, d'ici très peu de temps, mon indignation sera passée, ma colère complètement finie.» Le Seigneur de l'univers, en effet, brandira son fouet pour frapper l'Assyrie, comme il l'a fait contre les Madianites au rocher d'Oreb; il lèvera son bâton, comme il le fit sur la mer contre l'Égypte. Ce jour-là, il soulagera ton épaule de la charge qui l'écrasait, et ton cou du joug qui pesait sur lui. L'ennemi monte à Samarie, il arrive près d'Ayath, il passe à Migron et laisse ses bagages à Mikmas. Il franchit le défilé: «Campons à Guéba», dit-il. A Rama on tremble de peur. On prend la fuite à Guibéa, la ville de Saül. Gens de Gallim, donnez l'alarme. Reste à l'écoute, Laïcha. Réponds, Anatoth. Madména se sauve, les habitants de Guébim se mettent à l'abri. Ce même jour, l'ennemi doit prendre position à Nob. Il brandit le poing pour menacer Sion, la colline de Jérusalem. Le Maître suprême, le Seigneur de l'univers, fait tomber les branches à coups de serpe; les plus hauts arbres sont abattus, les plus élevés jetés bas. Les taillis de la forêt tombent sous les coups de hache, les cèdres prestigieux du Liban sont à terre. Un rameau sort du vieux tronc de Jessé, un rejeton pousse de ses racines. L'Esprit du Seigneur est sans cesse avec lui, l'Esprit qui donne sagesse et discernement, aptitude à décider et vaillance, l'Esprit qui fait connaître le Seigneur et enseigne à l'honorer. Honorer le Seigneur sera tout son plaisir. Il ne jugera pas selon les apparences, il ne décidera rien d'après des racontars. Mais il rendra justice aux défavorisés, il sera juste pour les pauvres du pays. Sa parole, comme un bâton, frappera le pays, sa sentence fera mourir le méchant. La justice et la fidélité seront pour lui comme la ceinture qu'on porte toujours autour des reins. Alors le loup séjournera avec l'agneau, la panthère aura son gîte avec le chevreau. Le veau et le lionceau se nourriront ensemble, et un petit garçon les conduira. La vache et l'ourse se lieront d'amitié, leurs petits seront couchés côte à côte. Le lion comme le bœuf mangera du fourrage. Le nourrisson jouera sur le nid du serpent, et le petit garçon pourra mettre la main dans la cachette de la vipère. On ne commettra ni mal ni dommage sur toute la montagne consacrée au Seigneur, car la connaissance du Seigneur remplira le pays aussi parfaitement que les eaux recouvrent le fond des mers. Ce jour-là, le descendant de Jessé sera comme un signal dressé pour les peuples du monde. Les nations viendront le consulter. Et du lieu où il s'établira rayonnera la glorieuse présence de Dieu. Ce jour-là, une fois encore, le Seigneur agira pour racheter le reste de son peuple, ceux qui auront survécu en Assyrie, en Basse-Égypte, en Haute-Égypte, au Soudan, en Élam, en Babylonie, à Hamath-en-Syrie et dans les régions maritimes. Il dressera un signal pour avertir ces nations qu'il va rassembler les exilés d'Israël et regrouper les Judéens dispersés aux quatre coins du monde. Alors cessera la jalousie d'Éfraïm envers de Juda, les agresseurs de Juda seront éliminés. Éfraïm ne sera plus jaloux de Juda, Juda ne sera plus agressif envers Éfraïm. Vers l'ouest, ils fonceront ensemble sur les collines de Philistie, vers l'est, ils iront piller les tribus du désert: ils étendront leur pouvoir sur Édom et sur Moab, et les Ammonites leur seront soumis. Le Seigneur asséchera le golfe d'Égypte. Il menacera l'Euphrate d'un geste de la main; par la puissance de son souffle, il le réduira en sept ruisseaux qu'on pourra passer à pied sec. Il y aura une route pour le reste de son peuple, qui aura survécu en Assyrie, comme il y en eut une jadis pour Israël, quand il quitta l'Égypte. Peuple libéré, tu diras ce jour-là: «Seigneur, je veux te louer; j'avais mérité ta colère, mais tu ne m'en veux plus, tu m'as réconforté. Voici le Dieu qui m'a sauvé; je me sens en sécurité, je n'ai plus peur. Ma grande force, c'est le Seigneur; il est mon sauveur.» Avec joie vous puiserez aux sources du salut. Ce jour-là, vous direz: «Louez le Seigneur, dites bien haut qui est Dieu, annoncez à tout le monde quels sont ses exploits, rappelez à tous quel grand nom est le sien. Célébrez le Seigneur par vos chants, car il a fait de grandes choses. Qu'on les fasse connaître dans le monde entier!» Population de Sion, manifeste ta joie, pousse des cris d'enthousiasme, car il est grand, celui qui est chez toi, l'unique vrai Dieu, le Dieu d'Israël. Message qu'Ésaïe, fils d'Amots reçut du Seigneur; il est intitulé “ Babylone ”: «Sur une montagne dénudée, dressez un signal, dit le Seigneur. Avertissez à grands cris les guerriers. Faites-leur signe de la main, qu'ils entrent par les portes des volontaires! Je commande moi-même aux hommes qui me sont consacrés, j'ai convoqué mes soldats d'élite, les joyeux champions de mon honneur, pour manifester ma colère.» Écoutez ce bruit sur les montagnes: on dirait une foule immense. Écoutez ce grondement de royaumes, de nations rassemblées. Le Seigneur de l'univers passe en revue l'armée qui va combattre. Ils arrivent d'un pays lointain, du bout de l'horizon, pour dévaster tout le pays: c'est le Seigneur et ceux dont il se sert pour manifester sa fureur. Entonnez une complainte, car le jour du Seigneur n'est pas loin, il vient comme un désastre, envoyé par le Dieu très-grand. C'est pourquoi tous les bras sont inertes, les hommes perdent courage. Les voilà démoralisés, saisis de douleurs et de crampes, se tordant de souffrance comme une femme au moment d'accoucher. Ils se tournent stupéfaits l'un vers l'autre, leur visage est brûlant d'émotion. Voici venir le jour du Seigneur, jour de colère impitoyable et d'ardente indignation. Il va réduire le pays en un désert sinistre, et en exterminer les coupables. Les étoiles dans le ciel et les constellations cessent de scintiller. Le soleil, dès qu'il se lève, est obscurci, et la lune ne répand plus sa clarté. «J'interviendrai, dit le Seigneur, contre la méchanceté du monde, contre les crimes des méchants. Je mettrai fin à l'orgueil des insolents, et je rabattrai la fierté des tyrans. Je rendrai les humains plus rares que l'or fin, plus rares que l'or d'Ofir.» Le ciel sera ébranlé, la terre sursautera sur place, sous l'effet de la colère du Seigneur de l'univers, le jour où éclatera son ardente indignation. Alors on croira voir des gazelles effarouchées ou des moutons sans surveillance: chacun rejoindra son peuple, chacun regagnera son pays. Le premier qu'on trouvera sera criblé de flèches, et quiconque sera pris tombera sous les coups d'épée. Ils verront leurs enfants écrasés, leurs maisons pillées, leurs femmes violées. «Je vais leur susciter des ennemis, les Mèdes, ces gens indifférents à l'argent et qui font fi de l'or, dit le Seigneur. Leurs flèches abattent les jeunes gens; ils n'épargnent pas les nouveau-nés, ils sont sans pitié pour les enfants.» Babylone, joyau de l'empire, fière parure des Babyloniens, subira le bouleversement que Dieu a infligé jadis à Sodome et à Gomorrhe. Pour toujours Babylone restera dépeuplée, de siècle en siècle inhabitée. Même les nomades n'y dresseront pas leur tente, même les bergers n'y feront pas de halte. Mais les chats sauvages y auront leur gîte, et les hiboux hanteront ses maisons. Les autruches y feront leur demeure et les boucs y danseront. Les hyènes trouveront un abri dans les châteaux de la ville, et les chacals dans ses palais d'agrément. Le moment est proche, il arrive, Babylone n'aura pas un seul jour de sursis. Oui, le Seigneur montrera qu'il aime les descendants de Jacob, il montrera encore qu'il a choisi Israël. Il réinstallera les siens sur leur territoire, les immigrés se joindront à eux et s'associeront au peuple de Jacob. Les peuples étrangers devront se charger de ramener Israël dans sa patrie. Et là, sur le sol qui appartient au Seigneur, Israël prendra possession d'eux comme esclaves, hommes et femmes. Il gardera prisonniers ceux qui l'avaient fait prisonnier, il sera le maître de ceux qui le dominaient. Israël, quand le Seigneur t'aura rendu la tranquillité après tant de souffrances et de tourments, après le dur esclavage auquel tu as été soumis, tu entonneras ce chant satirique sur le roi de Babylone: Comment est-ce possible? C'est la fin du dictateur, la fin de l'oppression! Le Seigneur a brisé le pouvoir féroce, le bâton de tyran, qui portait aux peuples des coups furieux et incessants, domptait rageusement les nations et les persécutait sans la moindre retenue. La terre tout entière a enfin trouvé le calme, on éclate en cris de joie. Les arbres aussi se réjouissent de la fin du tyran. Les cyprès lui disent, avec les cèdres du Liban: «Depuis que tu es dans la tombe, on ne monte plus nous abattre.» En bas, dans le monde des morts, on s'agite à cause de toi, tyran, en prévision de ta venue. Pour toi on réveille les ombres, tous ceux qui avaient été de grands chefs sur la terre; on fait lever de leur trône tous les rois des nations. Ils prennent tous la parole et te disent: «Toi aussi, te voilà sans force, dans le même état que nous!» Ton luxe a été jeté au fond du monde des morts, au son de tes harpes. Ton matelas, c'est la pourriture, et ta couverture, la vermine. Comment est-ce possible? Te voilà tombé du haut du ciel, toi l'astre brillant du matin! Te voilà jeté à terre, toi le vainqueur des nations! Tu te disais: «Je monterai jusqu'au ciel, je hisserai mon trône plus haut que les étoiles de Dieu, je siégerai sur la montagne où les dieux tiennent leur conseil, à l'extrême nord. Je monterai au sommet des nuages, je serai l'égal du Dieu très-haut.» Mais c'est au monde des morts, jusqu'au fond de la fosse, que tu as dû descendre. Ceux qui t'y voient venir t'observent attentivement, ils te regardent fixement: «Est-ce bien ça, demandent-ils, l'homme qui faisait trembler la terre, mettait à mal les royaumes, changeait le monde en désert, rasait les villes et refusait de libérer ses prisonniers?» Tous les rois des nations, oui tous ont l'honneur de reposer chacun dans son tombeau. Mais toi, tu es jeté dehors, on t'a privé de tombe, comme un enfant mort-né qui fait horreur, comme un cadavre piétiné. Tu es couvert de tués, de gens massacrés. Ils sont descendus jusqu'aux dalles qui pavent le fond de la fosse, mais tu ne les rejoindras pas au cimetière, car tu as ruiné ton pays, tu as saigné ton peuple. Plus jamais on ne prononcera le nom de ta race criminelle. Préparez le massacre des fils pour les crimes de leurs pères, de peur qu'ils ne se relèvent pour reconquérir la terre et la couvrir de villes. «Je me dresserai contre les Babyloniens, déclare le Seigneur de l'univers, je supprimerai le nom de Babylone, et toute trace d'elle, toute descendance. Je ferai d'elle un marécage, le domaine des butors. Je l'éliminerai à grands coups de balai, déclare le Seigneur de l'univers.» Le Seigneur de l'univers a fait ce serment: «Je le jure, ce que j'ai prévu, c'est ce qui arrivera; ce que j'ai décidé, voilà ce qui se produira! Je briserai la puissance assyrienne dans mon propre pays; sur mes montagnes je la piétinerai. Elle imposait aux miens le joug de sa domination, je la ferai disparaître. Elle avait chargé leurs épaules d'un fardeau pesant, je les en débarrasserai.» Telle est la décision que le Seigneur a prise pour toute la terre, et la menace qu'il adresse à toutes les nations. Quand le Seigneur de l'univers a pris une décision, qui pourrait la faire échouer? Quand il menace du poing, qui pourrait l'en détourner? Ce message date de l'année où mourut le roi Ahaz. Vous tous, Philistins, le bâton qui vous frappait a beau être brisé, ne vous en réjouissez pas. Car du cadavre du serpent naîtra un autre serpent plus dangereux encore, et de son œuf sortira un dragon volant. Les plus misérables seront alors comme un troupeau au pâturage, les malheureux auront enfin repos et sécurité. Mais toi, Philistie, l'ennemi te fera dépérir jusqu'à la racine en t'affamant, il massacrera tes survivants. Vous, les villes fortifiées, entonnez une complainte et poussez des cris. L'ensemble de la Philistie a perdu tout courage: un nuage de fumée arrive en effet du nord. Chez l'ennemi, personne n'est absent au rassemblement. Que faut-il répondre aux envoyés des Philistins? – Ceci: le Seigneur lui-même a fondé Sion; c'est là que les pauvres de son peuple trouveront un refuge sûr. Message intitulé “Moab”. Un silence de mort plane sur la ville d'Ar-en-Moab, anéantie en une nuit. Un silence de mort plane sur Quir-en-Moab, elle aussi anéantie en une nuit. Les gens de la Maison et de Dibon sont montés au lieu sacré pour y pleurer; à Nébo et à Mèdeba, Moab entonne des complaintes. Toutes les têtes sont rasées et toutes les barbes coupées. Dans les rues des villes, on porte l'habit de deuil; sur les terrasses des maisons et sur les places publiques, tous entonnent des complaintes, tout le monde est en larmes. A Hèchebon, à Élalé, les gens appellent au secours, on les entend jusqu'à Yahas. C'est pour cela que Moab a les reins qui fléchissent, son moral est au plus bas. J'appelle au secours pour Moab. Ses fuyards courent jusqu'à Soar, jusqu'à Églath-Selissia. On gravit en pleurant la montée de Louhith, sur le chemin de Horonaïm, on crie au désastre. L'oasis de Nimrim est sinistrée, les plantes sont desséchées, l'herbe fraîche a disparu, il n'y a plus de verdure. Les quelques biens qui restaient, ceux qu'on avait pu conserver, on les emporte plus loin, au-delà du torrent des Peupliers. On perçoit des cris d'appel sur tout le pourtour du territoire de Moab. Ses complaintes s'entendent jusqu'à Églaïm, jusqu'au puits d'Élim. Le torrent qui passe à Dimon sera rouge de sang. «J'apporte en effet à Dimon un nouveau malheur, dit le Seigneur: un lion qui s'attaquera aux survivants de Moab, aux rescapés du pays.» «Depuis la Roche-au-désert, qu'on envoie le bélier du maître du pays au roi de Juda, sur le mont Sion!» Les femmes de Moab se tiennent aux gués de l'Arnon comme des oiseaux errants chassés loin de leur nid. Les Moabites demandent à Jérusalem: «Donne-nous un conseil, prends une décision. En plein midi, étends ta protection sur nous, comme la nuit étend son ombre, cache nos réfugiés, ne trahis pas nos fugitifs. Permets à nos réfugiés de séjourner chez toi, offre-leur un abri contre le destructeur. Quand l'oppression aura cessé, quand la violence aura pris fin, quand le ravageur aura disparu du pays, alors, grâce à ta bonté, il y aura un trône solide et durable pour le descendant de David. Il siégera comme un juge, préoccupé du droit et passionné de justice.» Nous avons entendu parler de l'orgueil de Moab, de son immense fierté, de son arrogance, de sa prétention sans mesure, de sa vantardise sans raison. Mais maintenant, les Moabites se lamentent sur eux-mêmes, tous entonnent une complainte pour regretter les gâteaux de raisin qu'on faisait à Quir-Hérès. Frappés jusqu'au cœur, ils jettent des cris plaintifs. Les jardins en terrasse sont dévastés à Hèchebon, les vignes de Sibma dépérissent: leurs grands vins enivraient les maîtres des nations; elles s'étendaient jusqu'à Yazer et s'égaraient dans le désert, leurs sarments s'étiraient jusqu'au-delà de la mer Morte. Voilà pourquoi je pleure avec les gens de Yazer sur les vignes de Sibma. Je répands des torrents de larmes pour vous, Hèchebon, Élalé: un cri de guerre s'est abattu sur vos vendanges et vos récoltes. La joie bruyante a disparu de vos vergers; dans vos vignes on n'entend plus les cris de joie, les ovations. Plus de vin dans les cuves, plus d'ouvriers au pressoir, plus de cris cadencés. C'est pourquoi mon chant s'élève avec émotion pour Moab, comme un air de guitare. J'ai le cœur serré pour Quir-Hérès. On verra Moab s'essouffler pour monter au lieu sacré, pour se rendre à son temple et supplier son dieu, mais sans succès. Voilà ce que le Seigneur a dit jadis au sujet de Moab. Mais maintenant, le Seigneur déclare: «D'ici trois ans, jour pour jour, ni l'élite de Moab ni ses masses populaires ne représenteront grand-chose. Ce qui restera d'elles ne comptera guère: une minorité insignifiante.» Message intitulé “Damas”. On ne comptera bientôt plus Damas parmi les villes; il n'en restera qu'un tas de ruines. Les villes qui en dépendent seront abandonnées pour toujours, livrées aux troupeaux qui y feront halte sans être dérangés. Le royaume d'Éfraïm sera privé de ses défenses, et Damas de sa royauté. Ce qui restera des Syriens ne comptera pas plus que les Israélites. Voilà ce que déclare le Seigneur de l'univers. Ce jour-là, Israël ne pèsera pas lourd, il aura perdu son embonpoint. On se croira à la moisson, quand on a ramassé le blé et recueilli des brassées d'épis. Oui, on se croira dans la vallée des Refaïtes, quand on a récolté les épis. Il ne restera d'Israël que des bribes à recueillir, comme lorsqu'on a fait tomber les olives à coups de bâton: deux ou trois fruits en haut de l'arbre et quatre ou cinq sur ses branches. Voilà ce que déclare le Seigneur, le Dieu d'Israël. Ce jour-là, l'homme tournera ses regards vers son Créateur, il lèvera les yeux vers l'unique vrai Dieu, le Dieu d'Israël. Il ne tournera plus les yeux vers les autels qu'il a fabriqués, il ne regardera plus aux idoles qu'il a façonnées de ses dix doigts, ni aux poteaux sacrés, ni aux brûle-parfums. Ce jour-là, les villes fortifiées d'Israël seront abandonnées, comme furent abandonnées jadis les villes des Hivites et des Amorites à l'arrivée des Israélites. Il n'en restera qu'un désert sinistre. Israël, tu as oublié le Dieu qui t'avait sauvé, tu ne te souviens pas de ton Rocher fortifié. La preuve: tu fais des plantations pour le dieu charmeur et tu sèmes des graines en l'honneur de dieux étrangers. Un jour, tu fais pousser ce que tu as planté, tu fais fleurir ce que tu as semé le matin. Mais la récolte disparaît quand vient le jour du malheur, et le mal est sans remède. Quel malheur, ce grondement de peuples innombrables! On croit entendre gronder les océans furieux. Et ce mugissement des nations! On croit entendre mugir les puissantes vagues en colère. Le mugissement des nations est pareil aux hurlements du grand océan. Mais le Seigneur les menace et elles s'enfuient au loin, chassées comme des brins de paille par le vent des montagnes, comme des graines de chardon emportées dans un tourbillon. Vers le soir c'est la terreur, avant même le matin il n'en reste plus rien. Voilà le destin de ceux qui nous dépouillent, voilà le sort de ceux qui viennent nous piller. Ah, ce pays de barques ailées, le long des fleuves d'Éthiopie! Il envoie des ambassadeurs qui voyagent sur le Nil dans des canots de papyrus. Rapides messagers, repartez chez ces gens de haute taille à la peau luisante, chez ce peuple qu'on redoute d'ici jusqu'au bout du monde, chez cette nation puissante qui piétine ses ennemis. Repartez dans votre pays que partagent les fleuves. Quant à vous, habitants du monde, vous qui peuplez la terre, regardez, quand on dressera un signal sur les montagnes, écoutez, quand retentira le son saccadé du cor. Car voici ce que le Seigneur m'a déclaré: «Du haut de ma demeure, j'observe ce qui se passe, parfaitement immobile, comme la chaleur qui rayonne au grand soleil ou les nuages de rosée au temps de la moisson.» Or vers le temps de la moisson, quand la vigne a fini de fleurir, quand la fleur est devenue grappe et que celle-ci mûrit, on retranche à la serpe les rameaux inutiles, les gourmands et des feuilles. Tout cela est abandonné aux vautours des montagnes et aux bêtes sauvages – les vautours en été, les bêtes sauvages en hiver. C'est alors qu'on apportera des dons au Seigneur de l'univers, de la part de ce peuple à la haute taille et à la peau luisante, ce peuple qu'on redoute d'ici jusqu'au bout du monde, cette nation puissante qui piétine ses ennemis, et dont les fleuves partagent le pays. On apportera ces dons sur le mont Sion, là où le Seigneur de l'univers réside. Message intitulé “L'Égypte”. Voici le Seigneur: il arrive en Égypte, porté par un nuage rapide. Les faux dieux de l'Égypte s'affolent devant lui, et les Égyptiens voient fondre leur courage. «Je vais les exciter les uns contre les autres, dit le Seigneur, au point qu'ils se battront entre eux, individu contre individu, ville contre ville, royaume contre royaume. Les Égyptiens en perdront la tête, j'embrouillerai leur politique. Alors ils consulteront leurs faux dieux et ceux qui évoquent les morts, ou interrogent les esprits. Je livrerai l'Égypte au pouvoir d'un maître dur; c'est un roi brutal qui dominera sur elle.» Voilà ce que déclare le Maître suprême, le Seigneur de l'univers. L'eau tarit dans le Nil, le fleuve est complètement à sec. Les canaux empestent; dans les bras du fleuve égyptien, le niveau des eaux baisse jusqu'à l'assèchement. Papyrus et roseaux se fanent, comme les herbes aquatiques à l'embouchure du Nil. Et tous les terrains cultivés que le fleuve fertilisait sont secs, balayés par le vent. Il ne reste plus rien. Les pêcheurs se plaignent et se lamentent, ceux qui jetaient leur ligne dans le Nil et ceux qui lançaient leurs filets à la surface de l'eau, tous sont dans la consternation. C'est la déception aussi pour ceux qui travaillaient le lin. Les femmes qui le démêlaient, les hommes qui le tissaient sont pâles d'inquiétude. Les tisserands sont accablés, ceux qui gagnaient ainsi leur vie sont tous découragés. Les princes de la ville de Soan sont des incapables; les experts du Pharaon forment un conseil stupide. Comment chacun de vous peut-il dire au Pharaon: «Je suis un fils d'expert, moi, un descendant des rois d'autrefois»? Pharaon, où sont-ils, tes experts? Qu'ils te renseignent donc et te fassent connaître ce que le Seigneur de l'univers a décidé contre l'Égypte! Les princes de Soan sont devenus stupides, et ceux de Memphis se font des illusions. Ce sont eux, les chefs des provinces, qui égarent l'Égypte! Parmi eux le Seigneur a jeté le désarroi: oui, ils égarent l'Égypte dans tout ce qu'elle entreprend. Elle est comme un ivrogne qui titube dans ce qu'il a vomi. Du haut en bas de la société, il n'y a plus personne en Égypte pour entreprendre rien qui vaille. Un jour, les Égyptiens feront penser à des femmelettes; ils trembleront de peur quand le Seigneur de l'univers les menacera en agitant le bras. Pour eux, la terre de Juda restera un souvenir humiliant. Chaque fois qu'on la rappellera devant eux, ils prendront peur à l'idée de ce que le Seigneur de l'univers pourrait décider contre eux. Un jour, il y aura en Égypte cinq villes où l'on parlera l'hébreu, et où l'on aura fait serment d'appartenir au Seigneur de l'univers. Le nom de l'une d'elles sera Ville-du-Soleil. Un jour, il y aura au centre de l'Égypte un autel dédié au Seigneur, et une pierre dressée en son honneur à la frontière du pays. Ce sera un signe attestant que le Seigneur de l'univers est présent en Égypte. Quand les Égyptiens appelleront le Seigneur au secours contre ceux qui les oppriment, il leur enverra un sauveur, qui prendra leur défense et les délivrera. Alors le Seigneur se révélera aux Égyptiens, ceux-ci le connaîtront et l'adoreront par leurs sacrifices et leurs offrandes, ils lui feront des promesses et ils les tiendront. Quand le Seigneur aura frappé les Égyptiens, il les guérira: eux-mêmes reviendront à lui, il accueillera leurs demandes et les guérira. Un jour, une route reliera l'Égypte à l'Assyrie. Les Assyriens iront en Égypte et les Égyptiens en Assyrie. Ensemble ils rendront un culte au Seigneur. Un jour, à côté de l'Égypte et de l'Assyrie, il y aura en troisième lieu Israël, exemple vivant de la bénédiction que Dieu apportera au monde. Le Seigneur de l'univers bénira le monde en ces termes: «Je bénis l'Égypte, mon peuple, l'Assyrie, que j'ai créée de mes mains, et Israël, la part qui est bien à moi.» C'était l'année où le général en chef des troupes assyriennes vint attaquer la ville d'Asdod en Philistie, sur l'ordre du roi, Sargon d'Assyrie, et s'empara d'elle. Trois ans plus tôt, le Seigneur avait dit à Ésaïe, fils d'Amots: «Tu vas dénouer l'étoffe de deuil que tu portes autour des reins et ôter les sandales que tu as aux pieds.» C'est ce qu'avait fait Ésaïe; il se promenait donc sans vêtements ni chaussures. A l'époque de la prise d'Asdod, le Seigneur parla par la bouche d'Ésaïe: «Voilà trois ans, dit-il, que mon serviteur Ésaïe se promène sans vêtements ni chaussures. C'est un signe, un présage, qui concerne l'Égypte et l'Éthiopie. Le roi d'Assyrie emmènera les Égyptiens prisonniers, il déportera les Éthiopiens, jeunes et vieux. Ils partiront alors sans vêtements ni chaussures, eux aussi. Le derrière nu, quelle honte pour les Égyptiens! Quel découragement, quelle déception pour ceux qui espéraient quelque chose de l'Éthiopie, ou qui se vantaient de l'aide égyptienne!» Ce jour-là, les populations de la côte où nous vivons s'exclameront: «Voilà ce qui advient de nos espérances! Nous comptions nous réfugier là-bas pour chercher secours et délivrance face au roi d'Assyrie… Où allons-nous maintenant trouver le salut?» Message intitulé “Le désert maritime”. Comme les tourbillons traversant le Néguev, l'ennemi arrive du désert, d'un pays redoutable. – C'est une vision cruelle qui m'est ainsi révélée. – L'ancien allié devient traître, le destructeur est au travail. «Élamites, à l'attaque! Mèdes, assiégez la ville. Je mets fin à tout son orgueil dit le Seigneur.» C'est pourquoi je sens mes reins envahis par la souffrance. Les douleurs m'ont saisi, comme une femme au moment d'accoucher. Ce que j'entends me bouleverse, ce que je vois me terrifie. Mon courage est chancelant, la terreur s'est jetée sur moi. J'attendais le soir pour trouver un peu de fraîcheur, il s'est changé pour moi en un soir d'épouvante. On a servi le repas, on a étendu les tapis, on mange et on boit… Soudain un cri retentit: «Debout, les officiers! Aux armes!» Voici en effet ce que le Seigneur m'a dit: «Va placer un guetteur, qu'il annonce ce qu'il verra! S'il aperçoit un char de guerre tiré par des chevaux, une caravane d'ânes, ou une caravane de chameaux, qu'il fasse attention, très attention!» Celui qui regardait a crié: «Maître, je suis resté tout le jour à mon poste de garde, je me suis tenu toute la nuit à mon observatoire. Attention! Là-bas arrive un homme monté sur un char tiré par des chevaux. Il ouvre la bouche, il crie: “ Babylone est tombée, Babylone est tombée! Toutes les statues de ses dieux sont par terre, en miettes!” » Mon peuple, toi qui as été battu comme du blé sur l'aire, voilà ce que j'ai appris du Seigneur de l'univers, le Dieu d'Israël. C'est la nouvelle que je t'apporte. Message intitulé “Douma”. Une voix me crie de Séir: «Veilleur, où en est la nuit, oui, où en est la nuit?» Et le veilleur répond: «Le matin vient, mais c'est encore la nuit. Si vous voulez une réponse, revenez une autre fois.» Message intitulé “Dans la steppe”. Dans la brousse, dans la steppe retirez-vous pour la nuit, caravanes de Dédan. Vous qui habitez à Téma, allez à la rencontre de ceux qui meurent de soif, apportez-leur de l'eau; allez au-devant des fuyards, apportez-leur de quoi manger. Car ils ont fui devant l'épée, devant l'épée que rien ne retient, devant l'arc tendu contre eux, devant la pression du combat. Voici en effet ce que le Seigneur m'a déclaré: «D'ici un an, jour pour jour, c'en sera fini de toute la gloire de Quédar. Ce qui restera de Quédar, de ses nombreux archers et de ses soldats d'élite, sera insignifiant.» C'est ce que déclare le Seigneur, le Dieu d'Israël. Message intitulé “La vallée de la vision ”. Que t'arrive-t-il, Jérusalem? Pourquoi toute ta population est-elle montée sur les terrasses? Pourquoi cette ville bruyante, ces cris qui la remplissent, cette animation dans la cité? Tes morts ne sont pas des victimes de la guerre, ils n'ont pas été tués au combat. Tes officiers ont tous pris la fuite, ils ont cédé au tir des archers. Tous ceux que l'ennemi a trouvés ont été faits prisonniers, même ceux qui s'étaient enfuis au loin. C'est pourquoi je vous dis: «Ne vous occupez pas de moi, laissez-moi pleurer amèrement. Ne vous donnez pas la peine de me consoler du désastre que mon peuple a subi. Car aujourd'hui, le Seigneur, le Dieu de l'univers, nous a envoyé le désarroi, la défaite et la confusion.» Dans la vallée de la vision, le vacarme est intense, les cris montent vers les hauteurs. Les troupes élamites portent arcs et flèches; il y a des hommes sur les chars, il y a des chevaux, les soldats de Quir préparent leur bouclier. Jérusalem, la plus belle de tes vallées est remplie de chars et de chevaux; ils prennent position face à ta porte. Juda n'a plus de protection. Ce jour-là, vous avez tourné vos regards vers les armes entreposées au bâtiment dit “de la Forêt”. Vous avez vu toutes les brèches dans la muraille qui entoure la Cité de David. Vous avez fait des provisions d'eau au réservoir inférieur. Vous avez dénombré les maisons de Jérusalem, vous en avez démoli certaines pour faciliter la défense des remparts. Vous avez aménagé un bassin entre les deux murailles pour les eaux du vieux réservoir. Mais vous n'avez pas tourné vos regards vers l'auteur de ces événements; il les préparait depuis longtemps, mais vous ne l'avez pas vu. En ce jour, le Seigneur, le Dieu de l'univers, vous appelait à pleurer et à vous lamenter, à vous raser la tête et à porter l'habit de deuil. Or c'est la joie débordante: on abat des bœufs, on égorge des moutons, on mange de la viande, on boit du vin… «Mangeons, buvons, dites-vous, car demain nous mourrons.» Mais le Seigneur de l'univers m'a fait entendre ce message: «J'en fais le serment, cette faute ne peut être effacée avant que vous soyez morts.» Voilà ce qu'a déclaré le Seigneur, le Dieu de l'univers. Voici ce que le Seigneur, le Dieu de l'univers, m'a dit: «Va trouver ce Chebna, cet intendant qui est Chef du palais royal, et dis-lui: Quel droit de propriété ou quel droit de parenté possèdes-tu ici, pour t'y faire tailler un tombeau, le tailler très haut, et creuser dans le rocher ta dernière demeure? Le Seigneur va t'abattre d'un seul coup, mon gaillard, t'empaqueter soigneusement et t'envoyer rouler comme une boule dans un pays aux larges espaces. C'est là-bas que tu mourras, là-bas, avec tes chars de prestige, toi qui déshonores la cour de ton maître! Je te chasserai de ta place, dit le Seigneur, je t'arracherai de ton poste. Ce jour-là, je ferai appel à mon serviteur Éliaquim, le fils de Hilquia. Je l'habillerai de ta robe de fonction, je le ceindrai de ton écharpe, je lui confierai ton pouvoir. Il sera un père pour les gens de Jérusalem et le royaume de Juda. Je lui confierai la clé du palais de David. Quand il ouvrira la porte, personne ne la fermera, et quand il la fermera, personne ne l'ouvrira. Je le planterai comme un piton dans un endroit solide. Il sera le titre de gloire de sa famille.» Mais toutes les branches de sa parenté, les grosses et les petites, sont pendues à lui comme des pièces de vaisselle, des cuvettes, des cruches, accrochées à un piton. Quel poids! «Un jour, déclare le Seigneur de l'univers, le piton cédera. Il avait pourtant été planté dans un endroit solide. Il cassera et tombera, et toute la charge qui y était suspendue se brisera.» Voilà ce que déclare le Seigneur. Message intitulé “Tyr ”. «Navires de haute mer, entonnez une complainte, car tout est détruit, il n'y a plus de maisons.» C'est à leur arrivée de l'île de Chypre, qu'ils ont appris cette nouvelle. «Restez muets de stupeur, vous qui habitez la côte, vous les marchands de Sidon, dont les envoyés traversent la haute mer.» Ce que l'on semait le long du Nil, c'est Sidon qui le récoltait; c'est à elle que revenait le bénéfice des nations. Honte à toi, Sidon, forteresse de la mer! La mer annonce en effet: «Je refuse d'endurer les douleurs, de mettre des enfants au monde, de faire grandir des garçons et d'élever des filles.» A cette nouvelle, l'Égypte sera prise de douleurs, comme lorsqu'elle apprendra ce qui est arrivé à Tyr. «Traversez la mer jusqu'à Tarsis, entonnez une complainte, vous qui habitez la côte. Est-ce bien là votre ville jadis si animée, d'origine si ancienne, la ville qui était allée coloniser des régions lointaines?» Tyr distribuait des couronnes de roi, ses marchands étaient autant de princes, ses commerçants comptaient parmi les gens que le monde honore. Qui donc a décidé sa ruine? – C'est le Seigneur de l'univers, pour rabattre l'orgueil de tous ces amateurs de gloire, et déconsidérer ces gens que le monde honore. «Tyr, cultive donc ta terre, car il n'y a plus de port pour les navires de haute mer.» Le Seigneur a menacé la mer, il a fait trembler les royaumes, il a ordonné de détruire les forteresses de Canaan. Il a dit: «Population de Sidon, la fête est finie pour toi, tu es une fille violée. Si tu te mets en route et traverses la mer jusqu'à l'île des Chaldéens, même là-bas il n'y aura aucun repos pour toi. Vois le pays des Chaldéens: ce peuple n'existe plus. L'Assyrie en avait fait une base navale, mais on y a dressé des tours pour l'attaquer, on a détruit ses belles maisons, on l'a réduite en tas de ruines. Navires de haute mer, entonnez une complainte, car votre refuge a été anéanti.» Alors Tyr restera oubliée pendant soixante-dix ans, durée de la vie d'un roi. Au bout de ces soixante-dix ans, il arrivera à Tyr ce que la chanson dit de la prostituée: Prends ta guitare, fais le tour de la ville, fille oubliée. Joue de ton mieux, chante et chante encore, pour te rappeler au souvenir des gens. Au bout de ces soixante-dix ans, le Seigneur interviendra à Tyr. Elle recommencera à gagner de l'argent en se prostituant à tous les royaumes du monde. Mais ses profits et ses gains seront consacrés au Seigneur. On ne les amassera pas, on ne les conservera pas, mais ils serviront à nourrir, à rassasier et à vêtir somptueusement ceux qui habitent en présence du Seigneur. Le Seigneur va ravager la terre, il va la dévaster, bouleverser la face du monde et disperser ses habitants. Un même sort attend le prêtre et le laïc, le maître et son esclave, la maîtresse et sa servante, le vendeur et son client, le prêteur et l'emprunteur, le créancier et son débiteur. La terre subira des ravages terribles, un pillage radical. Le Seigneur, en effet, a décrété cela. La terre est en deuil, elle tombe en ruine. Le monde se délabre, il tombe en ruine. Le ciel aussi se dégrade en même temps que la terre. La terre a été souillée sous les pieds de ses habitants, car ils ont passé par-dessus les instructions du Seigneur, ils ont violé les règles, ils ont rompu l'engagement qui les liait à Dieu pour toujours. C'est pourquoi la terre se consume sous la malédiction de Dieu, et ses habitants portent la peine de leur faute, ils dépérissent, et ne restent plus qu'en nombre insignifiant. C'est le deuil pour le vin nouveau, la vigne dépérit, et les joyeux lurons poussent des soupirs. Le rythme gai des tambourins s'est arrêté, le brouhaha des gens en fête a disparu, le son joyeux des guitares s'est tu. On n'entend plus de chansons à boire, et les boissons fortes paraissent amères aux buveurs. La cité déserte est en plein désastre, l'entrée des maisons est bloquée. Dans les rues, on se plaint qu'il n'y a plus de vin. La joie s'est complètement éteinte, la gaîté a disparu du pays. Il ne reste de la ville que de sinistres décombres, sa porte est fracassée, en ruine. Oui, sur la terre, parmi les peuples, il ne restera pas grand-chose, comme sur les oliviers après la récolte, ou comme après la vendange quand on cherche les derniers raisins. Les survivants entonnent un chant, proclamant la grandeur du Seigneur; ils poussent des cris d'enthousiasme en arrivant des pays de l'ouest: «Dans les régions de l'est, célébrez la gloire du Seigneur. Sur les côtes de la mer, proclamez son nom: le Seigneur, le Dieu d'Israël.» Nous entendons ce chant, qui vient du bout du monde: «Gloire au Dieu juste!» Mais moi, je me dis: «C'en est fait de moi, oui, c'en est fait de moi. Quel malheur!» Les traîtres sont à l'œuvre, ils trahissent à qui mieux mieux. Terreur folle, fosse et filet, voilà ce qui vous attend, vous qui vivez sur la terre. Celui qui fuira devant les cris de terreur folle tombera au fond de la fosse. S'il peut en remonter, il se prendra au filet. La grande inondation menace, le monde tremble sur ses bases. La terre se crevasse, elle vacille, elle s'écroule, titubant comme un ivrogne, branlante comme une cabane. Sous le poids de sa faute, elle est tombée et ne peut pas se relever. Ce jour-là, le Seigneur interviendra là-haut contre l'armée des astres, et ici-bas contre les rois de la terre. Tous seront rassemblés comme des prisonniers dans une fosse, enfermés dans un cachot. Après un long délai, ils devront comparaître en justice. La lune en rougira d'humiliation, le soleil en pâlira de honte. C'est le Seigneur de l'univers qui régnera à Jérusalem, sur le mont Sion. Sa présence glorieuse rayonnera en face de son conseil. Seigneur, c'est toi qui es mon Dieu, je veux proclamer ta grandeur et dire qui tu es dans mes louanges. Car tu as réalisé des projets merveilleux. Ils tiennent depuis longtemps, on peut s'y fier. Tu as fait de la ville un tas de pierres, tu as réduit la cité fortifiée en un monceau de ruines. La forteresse des orgueilleux n'a plus rien d'une ville et ne sera jamais rebâtie. C'est pourquoi un peuple puissant célébrera ta gloire, les cités des nations tyranniques reconnaîtront ton autorité. Car tu as été le refuge des faibles, oui, le refuge des malheureux, quand ils étaient dans la détresse. Tu as été un abri contre l'averse, une ombre qui protège de l'ardeur du soleil. – C'est que la fureur des tyrans est comme une violente averse, ou comme l'ardeur du soleil sur une terre desséchée. – Tu étouffes le bruit que font les orgueilleux. Comme l'ardeur du soleil est voilée par un nuage, les tyrans sont réduits au silence au moment de chanter victoire. Sur le mont Sion, le Seigneur de l'univers offrira à tous les peuples un banquet de viandes grasses arrosé de vins fins – des viandes tendres et grasses, des vins fins bien clarifiés. C'est là qu'il supprimera le voile de deuil que portaient les peuples, le rideau de tristesse étendu sur toutes les nations. Il supprimera la mort pour toujours. Le Seigneur Dieu essuiera les larmes sur tous les visages. Dans l'ensemble du pays, il enlèvera l'affront que son peuple a subi. Voilà ce qu'a promis le Seigneur. On dira ce jour-là: «C'est lui qui est notre Dieu. Nous comptions patiemment sur lui et il nous a sauvés. Oui, c'est dans le Seigneur que nous avons mis notre espoir. Quelle joie, quelle allégresse de l'avoir comme Sauveur! La main favorable du Seigneur repose bien sur cette montagne!» Mais Moab est piétiné sur place, comme de la paille qu'on foulerait aux pieds dans une fosse à fumier. Et là, il agite les bras, on dirait un nageur. Mais malgré ses mouvements le Seigneur rabat sa fierté. Quant à tes murailles, Moab, ces hautes fortifications, le Seigneur les a renversées, rabattues, jetées à terre dans la poussière. Ce jour-là, au pays de Juda, on chantera ce cantique: «Nous avons une ville forte. Pour la protéger, le Seigneur y a placé murailles et avant-mur. Ouvrez les portes, laissez entrer le peuple fidèle qui tient ses engagements. Son cœur est ferme. Toi, Seigneur, tu le gardes en paix, car il te fait confiance. Faites confiance pour toujours au Seigneur, oui au Seigneur, le Rocher de tous les temps. Car il a fait dégringoler ceux qui logeaient sur les hauteurs; il a précipité en bas la cité inaccessible, il l'a précipitée jusqu'à terre. Il l'a jetée dans la poussière, et l'a fait piétiner par le peuple pauvre et faible.» Seigneur, tu indiques au fidèle un chemin qui va tout droit; la voie que tu lui traces est sans aucun détour. Oui, sur le chemin que tu commandes de suivre, nous comptons sur toi, Seigneur. Prononcer ton nom, faire appel à toi, voilà ce que tout cœur désire. Pendant la nuit, moi aussi, je désire ta présence, du fond du cœur je te cherche. Quand tu appliques aux humains les sentences que tu as prononcées, alors les habitants du monde apprennent à se conduire comme il faut. Mais si l'on a pitié des méchants, ils n'apprennent pas ce qu'il faut faire, ils tordent ce qui est droit sur terre, ils ne voient pas ta grandeur, Seigneur. Seigneur, ta main est menaçante, mais ils ne la remarquent pas. Qu'ils soient humiliés de voir avec quelle passion tu défends ton peuple! Qu'ils soient dévorés par le feu que tu destines à tes adversaires! Seigneur, tu nous donnes l'essentiel, car c'est toi qui as mené à bien pour nous tout ce que nous avons entrepris. Seigneur notre Dieu, d'autres maîtres que toi ont dominé sur nous. Mais tu es le seul que nous voulons célébrer. Ceux-là sont morts et ne revivront pas, ils ne sont plus que des ombres, ils ne se relèveront pas. C'est vrai, tu es intervenu pour les exterminer, tu as fait disparaître tout ce qui pouvait rappeler leur souvenir. Tu as fait grandir notre peuple, Seigneur, c'est ton titre de gloire; tu as fait grandir notre peuple, tu as repoussé toutes les frontières du pays. Seigneur, dans la détresse ils ont cherché ta présence; ils ont murmuré des prières sous ta correction. Devant toi, Seigneur, nous avons été comme une femme qui va mettre au monde un enfant: elle se tord de douleur et crie. Nous aussi, nous devions mettre au monde quelque chose, nous étions dans les douleurs, mais nous n'avons donné le jour qu'à du vent, semble-t-il. Nous n'avons pas su apporter le salut à la terre, ni de nouveaux habitants au monde. Mon peuple, tes morts reprendront vie – alors les cadavres des miens ressusciteront! – Ceux qui sont couchés en terre se réveilleront et crieront de joie. Le Seigneur t'enverra une rosée de lumière, et la terre redonnera naissance à ceux qui n'étaient plus que des ombres. Mon peuple, retire-toi à l'intérieur de ta maison, ferme derrière toi les deux battants de la porte. Cache-toi un court instant jusqu'à ce que soit passée la colère du Seigneur. Le voici qui sort de chez lui, pour s'occuper des crimes des habitants de la terre. La terre va laisser paraître le sang qu'elle recouvrait, elle cessera de cacher les victimes qu'elle a recueillies. Ce jour-là, le Seigneur prendra sa grande, sa terrible, sa puissante épée, pour intervenir contre le monstre Léviatan, le serpent tortueux, insaisissable; et il tuera ce dragon des mers. Ce jour-là, entonnez un chant en l'honneur de la vigne au vin délicieux. «C'est moi, le Seigneur, qui suis son gardien. Je l'arrose au bon moment, je la garde jour et nuit pour empêcher toute incursion. Je ne lui en veux plus, mais gare aux épines et aux ronces que je pourrais y trouver! Je m'y attaquerai en y mettant le feu, à moins qu'on ne se place sous ma protection, et qu'on ne fasse la paix avec moi, oui, la paix avec moi!» Dans les temps à venir, le peuple de Jacob poussera de nouvelles racines, Israël sera florissant et s'épanouira, couvrant le monde de ses fruits. Le Seigneur a-t-il frappé les siens comme il l'a fait pour ceux qui les frappaient? Ou les a-t-il mis à mort comme il l'a fait pour ceux qui les mettaient à mort? Non, mais il les a condamnés à l'exil, à la déportation. D'un souffle terrible, en un jour de vent d'est, il les a chassés. Maintenant voici comment le crime d'Israël sera effacé, voici le résultat du pardon de sa faute: on réduira en morceaux toutes les pierres de l'autel comme des pierres à chaux, et l'on ne verra plus se dresser poteaux sacrés ou brûle-parfums. Il n'y a plus personne dans la ville fortifiée; elle est là, dépeuplée, abandonnée, désertée. Les veaux y paissent, y font leur gîte et broutent les feuilles des buissons. Quand les rameaux sont secs, ils se cassent, les femmes viennent en faire du feu. Vraiment ce peuple n'a rien compris. C'est pourquoi son Créateur n'a plus pour lui aucune affection, celui qui l'a formé ne lui accorde aucun appui. Ce jour-là, le Seigneur battra sa moisson d'épis, depuis l'Euphrate jusqu'au torrent d'Égypte. Alors vous, les Israélites, il vous moissonnera un à un. Ce jour-là, retentira le son saccadé du grand cor. Alors arriveront tous ceux qui étaient perdus en Assyrie ou dispersés en Égypte; ils viendront s'incliner devant le Seigneur, à Jérusalem, sur la montagne qui lui est consacrée. Quel malheur de voir Samarie, la ville en forme de couronne, fierté des ivrognes d'Éfraïm! Dominant la riche vallée, sa somptueuse parure n'est que fleurs fanées sur la tête de ces hommes abrutis par le vin. Voici une grande puissance qui vient au service du Seigneur, telle un orage de grêle, une tempête destructrice, une pluie torrentielle qui se répand en inondation. D'un revers de la main, le Seigneur renverse la ville à terre. Voilà foulée aux pieds la couronne, fierté des ivrognes d'Éfraïm; voilà foulées aux pieds les fleurs fanées de sa somptueuse parure, dominant la riche vallée. Samarie aura le même sort qu'une figue mûre avant l'été: le premier à l'apercevoir la prend dans le creux de la main et n'en fait qu'une bouchée. Un jour, le Seigneur de l'univers sera lui-même la somptueuse couronne, le diadème et la parure des survivants de son peuple. C'est lui qui inspirera la justice à ceux qui siègent au tribunal, et donnera la vaillance à ceux qui repoussent l'attaque ennemie devant la porte de la ville. En voici encore que le vin égare, que les boissons fortes font tituber: ce sont les prêtres et les prophètes, égarés par les boissons fortes, désorientés sous l'effet du vin. Les boissons fortes les font tituber, ils s'égarent dans leurs visions, ils s'embrouillent en rendant leurs sentences. Leurs tables sont toutes couvertes de ce qu'ils ont vomi, leurs saletés sont partout. Ils demandent: «A qui cet Ésaïe veut-il faire la leçon et expliquer ses révélations? A des enfants fraîchement sevrés? A des bambins qu'on vient d'ôter du sein de leur mère? Écoutez-le: Blablabla, blablabla, et patati et patata.» Eh bien, c'est dans un langage inintelligible, dans une langue étrangère, que le Seigneur va désormais s'adresser à ce peuple! Il leur avait pourtant dit: «Ici vous trouverez du répit; laissez-y se reposer ceux qui sont fatigués. C'est un endroit tranquille.» Mais ils n'ont rien voulu entendre. Alors la parole du Seigneur sera pour eux aussi dénuée de sens que «Blablabla, blablabla, et patati et patata.» Finalement ils tomberont à la renverse, se casseront les reins, s'empêtreront les pieds sans pouvoir se dégager. Vous les plaisantins, qui dirigez ce peuple de Jérusalem, écoutez donc ce que dit le Seigneur: «Vous prétendez avoir conclu une alliance avec la mort, un pacte avec le monde d'en bas. Vous dites que la catastrophe ne vous atteindra pas quand elle passera, car vous avez pris le mensonge pour refuge, la contrevérité pour abri.» Voici donc ce que déclare le Seigneur Dieu: «A Sion je vais placer une pierre de fondation pour vous mettre à l'épreuve, une précieuse pierre d'angle aux assises solides. Celui qui me fait confiance aura la même solidité. Mon cordeau à mesurer, ce sera le droit, et mon fil à plomb, le respect de la justice.» Mais la grêle balaiera votre refuge trompeur, les eaux emporteront votre abri. Votre alliance avec la mort sera annulée, votre pacte avec le monde d'en bas ne pourra pas tenir. Quand la catastrophe viendra, elle vous écrasera. Chaque fois qu'elle passera, le matin, le jour, la nuit, elle vous attrapera. Et quelle panique quand on en entendra parler! Oui, comme dit le proverbe, le lit est trop court pour qu'on s'y étende, et la couverture trop étroite pour qu'on s'y enveloppe. Comme au mont Perassim le Seigneur interviendra; comme à Gabaon, dans la plaine, il s'irritera pour accomplir son œuvre, pour faire son travail. Mais quelle œuvre étrange, quel travail inhabituel! Maintenant donc, arrêtez vos sottes plaisanteries, sinon le nœud va se resserrer autour de votre cou. Car j'ai appris du Seigneur, le Dieu de l'univers, qu'il a décidé d'en finir avec tout le pays. Écoutez-moi bien, faites attention à ce que je vais dire: Ne le savez-vous pas? Le paysan qui veut semer ne passe pas tout son temps à labourer son champ, à y tracer des sillons et à y passer la herse. Mais après avoir égalisé la surface du sol, il répand les graines de nigelle, puis de cumin; il met en place le blé, le millet et l'orge aux endroits qui conviennent et le blé dur sur les bords. Tel est le procédé que son Dieu lui a donné à suivre et qu'il lui a enseigné. On n'égrène pas la nigelle en se servant d'un traîneau; on ne fait pas non plus passer les roues d'un chariot sur le cumin. Mais c'est au bâton qu'on doit battre la nigelle et le cumin. Le blé doit être passé sous le poids du traîneau, mais pas indéfiniment. On manœuvre la roue du chariot et son attelage, mais non jusqu'à broyer le grain. Ce procédé lui aussi vient du Seigneur de l'univers, qui montre ainsi à quel point son plan est merveilleux et son savoir-faire immense. «Quel malheur, Ariel, Ariel, cité de Jérusalem que David vint assiéger! Tu as beau maintenir tout le cycle des fêtes année après année, je te malmènerai, dit le Seigneur. Tu ne connaîtras plus que tristesse et détresse, et tu ne seras plus pour moi que l'ariel de l'autel, où se consument les victimes. J'établirai mon camp tout autour de toi, moi aussi; je t'enfermerai dans des retranchements, je m'opposerai à toi en élevant des remblais. Tu seras tombée si bas, que ta voix semblera venir des profondeurs de la terre; elle n'arrivera qu'assourdie à travers la poussière. On croira entendre la voix d'un esprit, dont le message chuchoté doit traverser le sol. La foule de tes ennemis est comme un nuage de poussière, la horde des brutes qui t'attaquent comme une volée de brins de paille.» Et voilà que, tout à coup, le Seigneur de l'univers intervient en ta faveur dans un grondement de tonnerre, dans un vacarme terrible, dans un vent de tempête et les flammes d'un feu dévorant. La horde des nations qui te faisaient la guerre, Ariel, ceux qui t'attaquaient, t'entouraient de retranchements et te malmenaient s'évanouissent tous comme un rêve, comme une vision dans la nuit. Un homme affamé rêve qu'il est en train de manger; mais quand il se réveille, il a encore le ventre creux. Un homme assoiffé rêve qu'il est en train de boire; mais quand il se réveille, épuisé, il a encore la gorge sèche. Ainsi en sera-t-il pour la horde des nations qui faisaient la guerre contre le mont Sion. Soyez stupéfaits et restez sans voix, soyez aveuglés et restez sans voir, ivres, mais non de vin, titubants, mais sans avoir bu. Car le Seigneur vous a plongés dans un profond abrutissement; il vous a bouché les yeux – c'est une allusion aux prophètes –, il a mis un voile sur vos têtes – c'est une allusion aux voyants. La révélation de ces événements vous est restée aussi étrangère que les mots d'un écrit scellé par un cachet de cire. On le présente à quelqu'un qui sait lire, en lui disant: «Lis donc ceci»; mais il répond: «Impossible, l'écrit est scellé». On le présente alors à quelqu'un qui ne sait pas lire, en lui disant: «Lis donc cela»; mais il répond: «Je ne sais pas lire». Le Seigneur a dit de ce peuple: «Il n'est proche de moi qu'en paroles, c'est du bout des lèvres qu'il m'honore. Mais de cœur il est loin de moi. Le respect qu'il dit avoir pour moi n'est qu'une tradition humaine, une leçon apprise. Je vais donc continuer à l'étonner par mes prodiges. La sagesse de ses sages sera mise en échec, la compétence de ses experts sera prise en défaut.» Quel malheur de voir ces gens qui agissent en secret, cachent leurs plans au Seigneur et trafiquent dans l'ombre. «Qui peut nous voir, pensent-ils, et savoir ce que nous faisons?» Quelle absurdité que la vôtre: mettre sur le même plan l'argile et le potier! L'objet dira-t-il de l'artisan: «Ce n'est pas lui qui m'a fait»? Le vase dira-t-il du potier: «Il n'y connaît rien »? Ne le savez-vous pas? D'ici très peu de temps, la forêt du Liban deviendra un verger, et le verger une forêt. Ce jour-là, les sourds entendront ce qui est dit dans le livre et, sortant de l'obscurité, les aveugles se mettront à voir. Le Seigneur sera pour les humbles une source de joie grandissante; les plus pauvres des humains exploseront de bonheur, grâce à l'unique vrai Dieu, le Dieu d'Israël. Ce sera la fin des tyrans, l'élimination des insolents. On sera débarrassé de ceux qui cherchent à nuire aux autres, les accusent de crimes, tendent des pièges aux juges et font condamner sans raison celui qui est dans son droit. Voici donc ce que le Seigneur déclare au peuple de Jacob, lui le sauveur d'Abraham: «Désormais le peuple de Jacob ne sera plus humilié, il n'aura plus à pâlir. Quand eux ou leurs enfants verront en effet ce que je ferai parmi eux, ils reconnaîtront qui je suis, moi, l'unique vrai Dieu, le Dieu de Jacob, ils redouteront de me déplaire, moi, le Dieu d'Israël. Eux qui avaient perdu tout bon sens, ils commenceront à me comprendre; eux qui protestaient toujours, ils se laisseront instruire.» Quel malheur, enfants rebelles, déclare le Seigneur! Vous élaborez des plans, ils ne viennent pas de moi; vous concluez des alliances, je ne les ai pas inspirées. Vous accumulez ainsi une faute après l'autre. Vous faites le voyage d'Égypte, mais sans m'avoir consulté. C'est auprès du Pharaon que vous cherchez protection, c'est à l'ombre de l'Égypte que vous cherchez un abri! Mais la protection du Pharaon ne vous apportera que déception, l'abri que vous cherchez en Égypte tournera à votre humiliation, même si vos ministres sont déjà à Soan, et si vos ambassadeurs ont atteint Hanès. Ils seront tous déçus par un peuple qui n'est utile à personne. Il ne sera pour eux d'aucun secours, d'aucune utilité, mais source de déception et de déshonneur. Des bêtes de somme chargées cheminent dans le Sud. A travers une région de détresse et d'angoisse, de lions féroces et rugissants, de vipères et de dragons volants, on transporte des richesses, des trésors à dos d'ânes et de chameaux. On les destine à un peuple qui n'est utile à personne. On les destine à l'Égypte, dont l'aide est illusoire. Le nom que je lui donne c'est “l'Assaillant inactif ”. Le Seigneur dit à Ésaïe: «Maintenant, inscris cela sur une tablette à écrire, devant les gens de Jérusalem; grave-le sur un document. Dans l'avenir cela servira de témoignage perpétuel.» Oui, c'est un peuple rebelle, ce sont des enfants menteurs, qui refusent d'écouter les instructions du Seigneur. Ils disent aux prophètes: «Inutile d'avoir des visions!» Ils ne veulent pas qu'on leur annonce la vérité. Ils préfèrent qu'on leur dise des choses agréables, et qu'on leur annonce des contrevérités. Ils réclament des prophètes qu'ils s'écartent de la ligne droite et quittent la bonne direction. «Cessez, disent-ils, de citer devant nous l'unique vrai Dieu, le Dieu d'Israël.» Voici donc ce que déclare l'unique vrai Dieu, le Dieu d'Israël: «Vous repoussez ce que je dis, vous vous fiez plutôt à l'oppression et aux intrigues pour trouver des appuis. Eh bien, cette faute aura pour vous le même effet qu'une fissure se produisant dans une haute muraille; un renflement apparaît et soudain, d'un seul coup, survient l'effondrement. La muraille est en miettes, comme la cruche d'un potier qui a reçu un coup: c'est irrémédiable. On ne peut même plus trouver parmi les débris de quoi prendre un peu de braise dans le foyer, ou recueillir un peu d'eau dans une flaque.» Voici ce que déclare le Seigneur Dieu, l'unique vrai Dieu, le Dieu d'Israël: Vous ne serez sauvés qu'en revenant à moi et en restant paisibles. Votre seule force, c'est de garder votre calme et de me faire confiance. Mais vous ne le voulez pas. Vous répondez: «Pas du tout! Nous irons au galop à cheval.» Oui, vous irez au galop à cheval, mais pour prendre la fuite! Vous dites: «Nos chevaux sont rapides». Oui, mais vos poursuivants seront plus rapides encore! Un seul ennemi suffira à menacer mille d'entre vous; sous la menace de cinq, vous prendrez tous la fuite. A la fin, les survivants seront isolés comme un mât dressé au sommet d'une montagne, comme un signal sur la colline. Cependant le Seigneur espère toujours vous accorder son appui, il voudrait se lever pour vous prendre en pitié. Car le Seigneur est un Dieu juste. Heureux tous ceux qui espèrent en lui! Toi, le peuple de Sion, toi qui vis à Jérusalem, tu ne pleureras plus jamais. Quand tu appelleras le Seigneur, il sera bien disposé; dès qu'il t'entendra il te répondra. Le Seigneur t'accordera le pain et l'eau nécessaires. Lui qui t'instruit, il ne te sera plus caché, tu le verras de tes propres yeux. Quand tu devras aller à droite ou à gauche, tu entendras ces mots prononcés derrière toi: «Voici le chemin à prendre.» Tu considéreras comme impures tes idoles revêtues d'argent et tes statuettes plaquées d'or, tu les rejetteras comme ignobles: «Saleté», diras-tu. Le Seigneur te donnera la pluie pour la semence que tu auras mise en terre, et le sol te produira du blé aussi abondant qu'excellent. Ce jour-là, ton bétail paîtra dans de vastes prairies. Les bœufs et les ânes qui labourent le sol auront à manger du fourrage salé, qu'on répandra par terre avec la fourche à vanner. Le jour du grand massacre, quand s'écrouleront toutes les tours, des ruisseaux arroseront montagnes et collines. Le jour où le Seigneur pansera les plaies de son peuple, quand il guérira ses blessures, la lune luira comme un soleil, et le soleil rayonnera sept fois plus que d'habitude. Voici le Seigneur en personne, il arrive de loin, brûlant d'une lourde colère. Ses lèvres expriment la fureur, sa parole est un feu dévorant, son souffle est un torrent qui emporte tout sur son passage. Il vient secouer les nations dans le crible du malheur, et mettre à la mâchoire des peuples un mors pour les conduire où ils ne veulent pas. Quant à vous, gens de Jérusalem, vous chanterez, comme pendant la nuit où l'on célèbre la fête. Vous aurez la joie au cœur, comme lorsqu'on marche au son de la flûte, pour se rendre à la montagne du Seigneur, auprès de Dieu, le Rocher d'Israël. Le Seigneur fera entendre sa voix majestueuse; il montrera comment son bras s'abat pour frapper. Il manifestera sa terrible colère, parmi les flammes d'un feu dévorant, au milieu d'une pluie battante et d'un orage de grêle. A la voix du Seigneur et sous les coups qui pleuvront, l'Assyrie connaîtra la peur. Chaque volée de coups que le Seigneur a décidée, il la lui administrera au son du tambourin et de la guitare. Il menacera l'Assyrie et la combattra par des guerres. Il y a longtemps déjà que le bûcher est en place – pour le roi, lui aussi. On l'a préparé dans un espace rond, large et profond où flambera le feu, avec du bois en quantité. Alors le souffle du Seigneur y mettra le feu, comme un torrent de soufre enflammé. Quel malheur de voir ces gens qui se rendent en Égypte y chercher du secours! Ils comptent sur les chevaux, ils font confiance aux chars, parce qu'ils sont nombreux, et à la cavalerie parce qu'elle représente une force appréciable. Mais leur regard ne cherche pas l'unique vrai Dieu, le Dieu d'Israël, eux-mêmes ne consultent pas celui qui est le Seigneur. Lui aussi, pourtant, sait y faire: il a amené le malheur, il n'a pas retiré ses menaces. Il s'est dressé contre le parti des vauriens, et contre ces gens malfaisants que l'on appelle à l'aide. Les Égyptiens ne sont que des hommes, ils n'ont aucun pouvoir divin; leurs chevaux ne sont que des chevaux, ils n'ont aucun don surnaturel. Il suffit au Seigneur d'étendre la main: le sauveteur trébuche, celui qu'il devait aider se retrouve à terre, et c'est la fin pour tous les deux. Voici ce que le Seigneur m'a déclaré: «Quand le lion ou le lionceau gronde pour défendre sa proie contre une bande de bergers ameutés contre lui, il n'a pas peur de leurs cris, il ne cède pas à leur tapage. Il en sera de même pour moi, le Seigneur de l'univers, quand je descendrai sur le mont Sion pour y faire la guerre.» Comme un oiseau qui étend ses ailes, le Seigneur de l'univers étendra sa protection sur Jérusalem. Du même coup, il la sauvera et lui épargnera la catastrophe. Israélites, vous avez été jusqu'au bout de la désertion à l'égard du Seigneur; revenez donc à lui. Un jour, chacun d'entre vous rejettera les idoles d'argent ou d'or qu'il a fabriquées de ses mains coupables. L'Assyrie tombera sous les coups d'une épée qui n'est pas celle des hommes; l'épée qui la détruira n'est pas une épée humaine. Devant cette épée, les Assyriens s'enfuiront, et leurs troupes d'élite seront soumises au travail forcé. Sous l'effet de la terreur, les plus solides deviendront déserteurs, et les officiers, découragés, abandonneront leur drapeau. C'est le Seigneur qui le déclare, lui qui a sa flamme à Sion, un feu allumé à Jérusalem. Il y aura un roi qui régnera selon les principes de la justice; les princes exerceront le pouvoir conformément au droit. Chacun d'eux sera bienfaisant, comme un abri contre le vent, un refuge contre l'orage, un ruisseau dans une terre aride ou l'ombre d'un gros rocher dans un pays torride. Ceux qui devraient voir n'auront plus les yeux aveuglés, ceux qui devraient entendre auront les oreilles grandes ouvertes. Les gens irréfléchis se mettront à comprendre, les bègues s'exprimeront vite et clairement. On n'accordera plus aux canailles un titre de noblesse, on ne dira plus aux gredins qu'ils sont des gens de qualité. Les canailles ne parlent que pour dire des idioties. Ils réfléchissent au mal qu'ils vont faire, agissent comme des scélérats et tiennent des propos scandaleux contre le Seigneur. Ils laissent l'affamé manquer du nécessaire, et refusent de donner à boire à celui qui meurt de soif. Quant aux gredins, ils ont des armes cruelles. Ils préparent leurs mauvais coups pour nuire aux pauvres, en affirmant ce qui est faux alors que les malheureux réclament seulement leur droit. Mais l'homme au noble cœur n'a que de nobles pensées, et il n'intervient que pour de nobles causes. Femmes insouciantes, debout, écoutez-moi. Filles nonchalantes, attention, j'ai à parler! Dans un peu plus d'un an vous, les nonchalantes, vous vous inquiéterez, car la vendange sera perdue, il n'y aura pas de récolte. Tremblez donc de peur, insouciantes, inquiétez-vous, nonchalantes. Quittez vos vêtements, déshabillez-vous et mettez autour des reins l'étoffe de deuil. Frappez-vous la poitrine. pleurez sur la belle campagne et la vigne féconde, sur la terre de mon peuple, qu'envahissent les broussailles, sur toutes ces maisons joyeuses et cette ville animée. Le palais est abandonné, la ville bruyante est désertée, le quartier de l'Ofel ainsi que la tour de guet sont devenus pour toujours des terrains vagues, où se plaisent les ânes sauvages et où paissent les troupeaux. Un jour, le Seigneur répandra sur nous son Esprit. Alors les terres incultes deviendront un verger et le verger une forêt. Le droit sera chez lui dans ces terres aujourd'hui incultes, et la justice régnera dans le verger. La justice produira la paix, elle créera pour toujours tranquillité et sécurité. Son peuple habitera une oasis de paix, il vivra en sécurité, au repos et sans souci. La forêt s'écroulera sous la grêle, la ville s'effondrera. Mais quel bonheur pour tous, de pouvoir semer partout près de l'eau, et de laisser le bœuf ou l'âne aller et venir librement! Quel malheur, toi qui détruis tout sans avoir subi la pareille et qui trahis les autres sans que l'on t'ait trahi! Quand tu auras fini de détruire, tu seras détruit à ton tour. Quand tu auras cessé de trahir, on te trahira toi aussi. Seigneur, accorde-nous ton appui, nous comptons patiemment sur toi. Chaque matin, sois notre force, notre sauveur dans la détresse. Au bruit de ton intervention, les peuples prennent la fuite; dès que tu te dresses, les nations se dispersent. Alors c'est le pillage: on croirait voir des criquets. On se rue sur le butin comme une nuée de sauterelles. Le Seigneur domine la situation, il réside là-haut. Partout dans Jérusalem, il a instauré le droit et l'ordre. Quant à toi, peuple du Seigneur, tu pourras vivre en sécurité. Être sage et connaître Dieu, c'est être riche du salut; honorer le Seigneur, c'est cela ton trésor! Voici les gens d'Ariel qui sortent dans la rue en poussant des cris. Les messagers de paix reviennent en pleurant amèrement. Les routes sont désertées, plus de passants sur les chemins. Le tyran a rompu l'alliance, il en a repoussé les témoins, il n'a que mépris pour les hommes. Le pays, en deuil, se dessèche; le massif du Liban, frappé par la sécheresse, a honte, la plaine du Saron ressemble à un désert, le Bachan et le Carmel se retrouvent dépouillés. «Maintenant, dit le Seigneur, je vais intervenir, maintenant je vais me dresser, je vais montrer ma grandeur. Les projets que vous avez conçus ne sont que du foin, et quand ils voient le jour, ce n'est que de la paille. Comme un feu, votre propre souffle vous consumera. Quant aux autres peuples, le feu les réduira en chaux, les flammes les dévoreront comme des broussailles coupées. Vous qui êtes au loin, écoutez ce que j'ai fait. Et vous qui êtes près, sachez de quoi je suis capable.» A Sion les coupables prennent peur, un tremblement saisit les infidèles. «Qui de nous pourra rester près de ce feu dévorant? demandent-ils. Qui de nous pourra rester près de ce brasier sans fin?» – C'est celui qui poursuit sa route en respectant le droit et en disant la vérité; c'est l'homme qui refuse les profits acquis par la violence, repousse ceux qui essaient de l'acheter par des cadeaux, ferme ses oreilles à ceux qui lui suggèrent un meurtre, et n'accorde au mal aucun regard complaisant. Cet homme habitera sur les hauteurs, à l'abri; il aura un refuge sur les rochers fortifiés, son pain lui sera assuré, l'eau ne lui manquera pas. Tu pourras contempler le roi dans toute sa splendeur, tu verras le pays dans sa plus vaste étendue. Tu penseras alors à la terreur passée, et tu demanderas: «Où sont-ils donc, ceux qui comptaient et vérifiaient les impôts? Où sont ceux qui inspectaient les fortifications?» Tu cesseras enfin de voir ce peuple arrogant, au parler incompréhensible, au langage inintelligible, impossible à saisir. Quand tu regarderas Jérusalem, quand tu verras Sion, la ville où se célèbrent nos fêtes, elle t'apparaîtra comme un asile de calme, une tente qu'on ne déplace plus; on n'arrachera plus ses piquets, on n'enlèvera plus ses cordes. C'est là que le Seigneur nous montrera sa grandeur. Il y aura là des rivières, des fleuves au large cours, où les bateaux de guerre ne passeront pas, et où les grands navires ne circuleront pas. Le Seigneur est notre guide, il est notre chef de file. Le Seigneur est notre roi, c'est lui notre Sauveur. Tes cordages sont relâchés, ils ne maintiennent plus le mât, ils ne permettent plus de hisser le signal. Alors on se partagera une quantité de butin; les boiteux eux-mêmes participeront au pillage. Personne à Jérusalem ne dira plus «Je suis malade». Le peuple de cette ville sera déchargé de sa faute. Nations, approchez-vous pour écouter; peuples, faites bien attention. Et que la terre entende, elle et tout ce qui s'y trouve! Que le monde soit témoin, lui et tout ce qu'il produit! Le Seigneur est indigné contre l'ensemble des nations, il en veut à toute leur troupe. Il les a destinées à l'extermination, livrées à l'abattoir. Les victimes sont jetées à terre, les cadavres empestent, les montagnes ruissellent de sang. La troupe des étoiles se disloque tout entière, le ciel s'enroule sur lui-même comme un rouleau de papyrus. Les astres tombent tous, comme les feuilles mortes d'une vigne ou d'un figuier. L'épée du Seigneur apparaît dans le ciel. La voilà qui s'abat sur les Édomites, ce peuple que le Seigneur a condamné à l'extermination. L'épée du Seigneur est pleine de sang, couverte de graisse comme du sang des béliers et des boucs, comme de la graisse de leurs reins. A Bosra, la capitale, le Seigneur fait un sacrifice; dans le pays d'Édom, c'est un terrible massacre. En même temps, les buffles tombent, taureaux et bœufs s'écroulent. La terre s'enivre de sang, le sol est gavé de graisse. Pour le Seigneur, c'est en effet le jour de la revanche; pour le défenseur de Sion, c'est l'année du règlement des comptes. Les torrents du pays d'Édom deviendront des torrents de poix, son sol se changera en soufre. Le pays va devenir un champ de poix brûlante, qui se consume nuit et jour, envoyant vers le ciel une fumée sans fin. De siècle en siècle, le pays restera dévasté, plus jamais on n'y passera. La chouette chevêche et le butor en prendront possession. La hulotte et le corbeau y auront leur demeure. On étendra sur lui le cordeau de la destruction, on nivellera tout, on fera le vide. Plus de nobles pour élire un roi, c'est la fin de tous les princes. Les buissons épineux poussent dans les belles maisons, les orties et les ronces envahissent les forteresses. C'est le repaire des chacals, le domaine des autruches. Les chats sauvages y rencontrent les hyènes, c'est le rendez-vous des boucs. C'est là que le démon Lilith prend un moment de repos: il y trouve où se reposer. C'est là encore que le serpent a son nid, qu'il dépose ses œufs et surveille leur éclosion. C'est là enfin que les vautours se rassemblent en troupe. Si vous cherchez dans le livre du Seigneur, vous pourrez lire ceci: Aucun d'eux ne reste en arrière, il n'y a pas un seul absent; ils sont aux ordres du Seigneur, c'est son Esprit qui les rassemble. Il a tiré au sort la part de chacun d'eux, il a pris son cordeau pour leur répartir le pays. Ils en seront propriétaires pour toujours, de siècle en siècle, ils y auront leur demeure. Que le désert et la terre aride manifestent leur joie! Que le pays sec s'émerveille et se couvre de fleurs, aussi belles que les lis! Oui, qu'il se couvre de fleurs, et qu'il s'émerveille à grands cris! Le Seigneur lui a donné la splendeur des montagnes du Liban, l'éclat du mont Carmel et de la plaine du Saron. On pourra voir alors la glorieuse présence du Seigneur, l'éclat de notre Dieu. Rendez force aux bras fatigués, affermissez les genoux chancelants. Dites à ceux qui perdent courage: «Ressaisissez-vous, n'ayez pas peur, voici votre Dieu. Il vient vous venger et rendre à vos ennemis le mal qu'ils vous ont fait, il vient lui-même vous sauver.» Alors les aveugles verront, et les sourds entendront. Alors les boiteux bondiront comme les cerfs et les muets exprimeront leur joie. Car de l'eau jaillira dans le désert, des torrents ruisselleront dans le pays sec. Le sable brûlant se changera en étang, et le pays de la soif en région de sources. A l'endroit même où les chacals avaient leur repaire, pousseront des roseaux et des joncs. C'est là qu'il y aura une route qu'on nommera “le chemin réservé”. Aucun impur n'y pourra passer, aucun idolâtre n'y rôdera. Elle sera destinée au peuple du Seigneur quand il se mettra en marche. Sur cette route, pas de lion; aucune bête féroce ne pourra y accéder, on n'en trouvera pas. C'est là que marcheront ceux que le Seigneur aura libérés. C'est par là que reviendront ceux qu'il aura délivrés. Ils arriveront à Sion en criant de bonheur. Une joie éternelle illuminera leur visage. Une joie débordante les inondera, tandis que chagrins et soupirs se seront évanouis. Pendant la quatorzième année du règne d'Ézékias, le roi d'Assyrie, Sennakérib, vint attaquer toutes les villes fortifiées du royaume de Juda et s'en empara. Alors qu'il se trouvait à Lakich, il envoya son aide de camp au roi Ézékias, à Jérusalem. L'aide de camp était à la tête d'une troupe importante. Il se plaça près du canal du réservoir supérieur, sur la route qui mène au champ des Blanchisseurs. Alors Éliaquim, fils de Hilquia et chef du palais royal, sortit de la ville à sa rencontre, accompagné du secrétaire Chebna et de Yoa, fils d'Assaf et porte-parole du roi. L'aide de camp assyrien leur dit: «Allez transmettre à Ézékias ce message du Grand Roi, le roi d'Assyrie: “Quelle belle confiance tu as là! Je me suis dit que de simples paroles te tiennent lieu de plan de bataille et de courage pour faire la guerre. Sur qui comptes-tu pour oser te révolter contre moi? Sur l'Égypte? Sur ce roseau cassé qui transperce la main de quiconque s'y appuie? Voilà ce que vaut le Pharaon, roi d'Égypte, pour tous ceux qui comptent sur lui! Tu vas sans doute me répondre que vous comptez sur le Seigneur votre Dieu. Mais tu as précisément supprimé ses lieux sacrés et ses autels, en ordonnant aux gens de Juda et de Jérusalem de ne rendre leur culte que devant l'autel de cette ville!” Eh bien, fais donc un pari avec mon maître, le roi d'Assyrie: je suis prêt à te fournir deux mille chevaux, si tu peux trouver des cavaliers pour les monter. Mais comment pourrais-tu mettre en fuite un seul officier de mon maître, même parmi les moindres? Et tu comptes sur l'Égypte pour obtenir des chars et des chevaux! D'ailleurs, mon maître est-il venu attaquer ce pays et le dévaster sans que le Seigneur l'ait voulu? Pas du tout! C'est le Seigneur lui-même qui lui en a donné l'ordre!» Alors Éliaquim, Chebna et Yoa demandèrent à l'aide de camp assyrien: «Parle-nous en araméen s'il te plaît, nous le comprenons. Évite de t'adresser à nous en hébreu, à cause de tous les gens qui sont sur la muraille en train de nous écouter.» Mais l'aide de camp répondit: «Croyez-vous que le message de mon maître soit destiné seulement à votre maître et à vous? Il concerne aussi tous ces gens qui se tiennent sur la muraille, et qui, comme vous, n'auront bientôt plus que leurs excréments à manger et leur urine à boire.» Puis l'aide de camp se dressa et cria de toutes ses forces en hébreu: «Écoutez le message du Grand Roi, le roi d'Assyrie: “Ne vous laissez pas tromper par Ézékias: il est incapable de vous tirer d'affaire. Il prétend qu'il faut faire confiance au Seigneur, que celui-ci vous sauvera sûrement et m'empêchera de prendre cette ville. N'en croyez rien. N'écoutez pas Ézékias, écoutez plutôt ce que je vous propose, moi le roi d'Assyrie: cessez toute résistance et rendez-vous à moi. Alors chacun de vous pourra profiter de sa vigne, de son figuier et de l'eau de sa citerne. Plus tard, je viendrai pour vous emmener dans un pays comme le vôtre, un pays riche en blé et en vignes, en pain et en vin. Ne vous laissez donc pas égarer par Ézékias lorsqu'il prétend que le Seigneur vous sauvera. Les dieux des autres nations m'ont-ils empêché de mettre la main sur leur pays? Qu'ont-ils fait, les dieux de Hamath et d'Arpad? Et ceux de Sefarvaïm? Quelqu'un m'a-t-il empêché de prendre Samarie? Parmi tous ces dieux, aucun n'a pu m'interdire de mettre la main sur son pays. Comment le Seigneur m'empêcherait-il alors de prendre Jérusalem?” » Tous ceux qui étaient là gardèrent le silence; ils ne répondirent pas un mot, car tel était l'ordre du roi Ézékias. Puis Éliaquim, fils de Hilquia et chef du palais royal, le secrétaire Chebna et Yoa, fils d'Assaf et porte-parole du roi, après avoir déchiré leurs vêtements, revinrent auprès d'Ézékias et lui rapportèrent ce que l'aide de camp assyrien avait déclaré. Dès que le roi Ézékias eut entendu leur rapport, il déchira lui aussi ses vêtements, prit la tenue de deuil et se rendit au temple du Seigneur. En même temps, il envoya le chef du palais Éliaquim, le secrétaire Chebna et les prêtres les plus anciens chez le prophète Ésaïe, fils d'Amots. Ces hommes, eux aussi en tenue de deuil, devaient dire au prophète: «Voici un message d'Ézékias: “Ce jour est pour nous un jour d'angoisse, de punition, d'humiliation. Comme on dit, l'enfant est à terme, mais la mère manque de force pour le mettre au monde. Le roi d'Assyrie a envoyé son aide de camp pour insulter le Dieu vivant. Ah, si seulement le Seigneur ton Dieu entendait ces insultes et le punissait d'avoir ainsi parlé! Toi, prie le Seigneur en faveur de ce qui reste de son peuple.” » Quand les envoyés du roi Ézékias eurent accompli leur démarche auprès d'Ésaïe, celui-ci leur dit: «Allez rapporter à votre maître ce que déclare le Seigneur: “Tu as entendu les officiers du roi d'Assyrie m'insulter. N'aie pas peur de ce qu'ils ont dit. Le roi va recevoir une nouvelle; je lui inspirerai alors de retourner dans son pays. Et là-bas, je le ferai mourir assassiné.” » L'aide de camp assyrien apprit que son maître avait quitté Lakich pour assiéger Libna; c'est donc là qu'il vint le trouver. Le roi d'Assyrie fut informé que le Pharaon Tiraca l'Éthiopien venait l'attaquer. Quand il reçut la nouvelle, il fit porter ce message à Ézékias, le roi de Juda: «Tu comptes trop sur ton Dieu en prétendant qu'il m'empêchera de prendre Jérusalem; ne te laisse pas tromper par lui. Tu as bien appris comment les rois d'Assyrie ont traité tous les autres pays et les ont dévastés. Et tu t'imagines que vous serez épargnés? Quand mes prédécesseurs ont détruit Gozan, Haran, Ressef et la capitale des Édénites, Télassar, les dieux de ces nations n'ont pas pu préserver ces villes. Réfléchis au sort des rois de Hamath, Arpad, Laïr, Sefarvaïm, Héna et Ava!» Ézékias prit la lettre apportée par les messagers assyriens et la lut. Puis il monta au temple et la présenta au Seigneur. Ensuite il prononça cette prière: «Seigneur de l'univers, Dieu d'Israël, toi qui sièges au-dessus des chérubins, c'est toi qui es le seul Dieu pour tous les royaumes du monde, c'est toi qui as fait le ciel et la terre. Seigneur, écoute bien, regarde attentivement, remarque les insultes que les messagers de Sennakérib ont prononcées contre toi, le Dieu vivant! Seigneur, c'est vrai, les rois d'Assyrie ont exterminé les autres nations et ravagé leurs territoires. Ils ont pu mettre au feu et détruire les dieux de ces nations, parce que ce n'étaient pas de vrais dieux, mais seulement des statues de bois ou de pierre fabriquées par les hommes. Mais toi, Seigneur notre Dieu, sauve-nous maintenant des griffes de Sennakérib. Alors, dans tous les royaumes du monde, on saura, Seigneur, que toi seul es Dieu.» Alors Ésaïe, fils d'Amots, fit porter ce message à Ézékias: «Voici ce que déclare le Seigneur, Dieu d'Israël, en réponse à la prière que tu lui as adressée au sujet du roi d'Assyrie, Sennakérib. Écoute les paroles qu'il prononce contre Sennakérib: La cité de Sion te méprise, elle te trouve ridicule. Jérusalem la belle rit de toi en hochant la tête. Qui as-tu insulté? Qui as-tu outragé? Contre qui as-tu osé parler et jeter un regard arrogant? Contre moi, l'unique vrai Dieu, le Dieu d'Israël! Tu t'es servi de tes valets pour m'insulter, moi le Seigneur. Tu as dit: “Moi, Sennakérib, grâce à mes nombreux chars, j'ai gravi des sommets jusqu'au cœur du Liban, pour y couper ses plus beaux cèdres et ses plus hauts cyprès. J'atteindrai ses derniers sommets et son parc forestier. Moi, j'ai creusé des puits et j'en ai bu l'eau. Je mettrai à sec les bras du Nil rien qu'en posant les pieds sur le sol égyptien!” Eh bien, Sennakérib, ne le sais-tu pas? Depuis longtemps, c'est moi qui ai préparé ces événements. Depuis un lointain passé j'en ai formé le plan, maintenant, je les réalise. Je t'avais destiné à réduire en tas de ruines les villes fortifiées. Leurs habitants, les bras ballants, sont paralysés de peur et se sentent humiliés. Ils font penser à l'herbe des champs, à la verdure des prés, aux plantes sur les toits grillées par le vent d'est. Et je sais tout de toi: quand tu te lèves ou tu t'assieds, quand tu sors ou quand tu entres, et quand tu t'emportes contre moi. Or tu t'es emporté contre moi, j'ai entendu tes insolences. C'est pourquoi je vais te maîtriser par un crochet dans le nez, par un mors dans la bouche. Je te ramènerai chez toi par le chemin que tu as pris pour venir. Quant à toi, Ézékias, je te signale ce qui doit arriver: cette année, on consommera le blé qui aura poussé tout seul; l'année prochaine également. Mais l'année suivante, vous pourrez semer et moissonner votre blé, cultiver vos vignes et profiter de la vendange. Les survivants du royaume de Juda seront de nouveau comme un arbre qui enfonce ses racines dans le sol et dont les branches se couvrent de fruits. Oui, à Jérusalem surgira un peuple de survivants, sur le mont Sion se lèveront des rescapés.» Ésaïe ajouta: «Voilà ce que fera le Seigneur de l'univers dans son ardent amour. Et maintenant voici ce qu'il déclare au sujet du roi d'Assyrie: “Il n'entrera pas dans cette ville, il ne tirera pas de flèches contre elle, il ne lancera pas d'attaque à l'abri des boucliers, il n'élèvera pas de remblai pour donner l'assaut. Il repartira par le chemin qu'il avait pris pour venir. Il n'entrera pas ici, je le déclare, moi le Seigneur. Je protégerai Jérusalem et je la sauverai, parce que je suis Dieu, et par fidélité à David mon serviteur.” » Effectivement l'ange du Seigneur intervint dans le camp assyrien et y fit mourir cent quatre-vingt-cinq mille hommes. Le lendemain matin, les survivants, à leur réveil, découvrirent tous ces cadavres. Alors Sennakérib, le roi d'Assyrie, fit démonter le camp et repartit pour Ninive, sa capitale, où il resta. Un jour qu'il était en prière au temple de son dieu Nisrok, deux de ses fils, Adrammélek et Saresser, l'assassinèrent, puis ils s'enfuirent au pays d'Ararat. Un autre de ses fils, Assarhaddon, lui succéda. A cette époque, le roi Ézékias fut atteint d'une maladie mortelle. Le prophète Ésaïe, fils d'Amots, vint le voir et lui dit: «Voici ce que le Seigneur déclare: C'est le moment pour toi de régler tes affaires, car tu ne survivras pas à ta maladie.» Alors Ézékias se tourna contre le mur et adressa au Seigneur cette prière: «Ah! Seigneur, souviens-toi: je me suis conduit envers toi avec une entière loyauté, j'ai toujours agi de manière à te plaire.» Puis il ne put retenir ses larmes. Alors le Seigneur chargea Ésaïe de dire à Ézékias: «Voici ce que déclare le Seigneur, le Dieu de ton ancêtre David: “J'ai entendu ta prière et j'ai vu tes larmes. Eh bien, je vais prolonger ta vie de quinze ans! Je vous arracherai, toi et Jérusalem, aux griffes du roi d'Assyrie, et je protégerai la ville.” » Ésaïe lui dit: «Le Seigneur va t'accorder un signe pour t'assurer qu'il réalisera ce qu'il a promis: sur l'escalier d'Ahaz qui était au soleil, l'ombre est descendue. Eh bien, le Seigneur va la faire remonter de dix marches!» Effectivement le soleil revint sur les dix marches d'escalier que l'ombre avait recouvertes. Voici le poème que le roi Ézékias de Juda composa après sa maladie et sa guérison: Je me disais: je n'ai vécu que la moitié de ma vie, et je dois déjà m'en aller! Je vais devoir passer dans le monde des morts les années qui me restaient à vivre. Je me disais encore: Je ne verrai plus le Seigneur sur la terre des vivants, ni aucun être humain dans le monde habité. L'abri où je vis est arraché, emporté loin de moi, comme une tente de berger. Ma vie est au bout du rouleau, comme une pièce de tissu, que le tisserand enroule après avoir tranché les fils. – Avant le soir, Seigneur, tu en auras fini avec moi, et d'ici le matin, la mort m'aura fauché. – Comme un lion le Seigneur a broyé tous mes os. – Avant le soir, Seigneur, tu en auras fini avec moi. – Mes cris sont perçants comme ceux de l'hirondelle, et mes gémissements plaintifs comme ceux de la tourterelle. Mes yeux n'en peuvent plus de regarder au ciel. – Dans mon accablement, Seigneur, fais quelque chose pour moi. – Mais que dirai-je, pour qu'il me parle, puisque c'est lui qui agit? Le sommeil me fuit, tant j'ai d'amertume au cœur. – Seigneur, tu étais au courant de ce qui m'arrivait, et tu m'as ranimé, tu m'as rendu des forces, tu m'as gardé en vie. Maintenant mon amertume s'est changée en bonheur, car tu m'as aimé assez pour m'éviter la mort; tu as jeté toutes mes fautes loin derrière toi. Dans le monde des morts, personne ne te loue; ce ne sont pas les cadavres qui peuvent t'acclamer. Quand on descend dans la tombe, il est trop tard pour espérer en ta fidélité. Mais ce sont les vivants seuls qui peuvent te louer, comme moi aujourd'hui, et comme les parents qui feront connaître à leurs enfants combien tu es fidèle. Seigneur, tu m'as sauvé. Nous te louerons donc en musique tous les jours de notre vie, dans ta maison, Seigneur. Puis Ésaïe donna cet ordre: «Qu'on apporte une pâte de figues écrasées, et qu'on l'applique sur l'endroit malade, pour que le roi guérisse!» Alors Ézékias demanda: «Quel signe m'assurera que je pourrai me rendre encore au temple du Seigneur?» A cette époque, le roi de Babylone, Mérodak-Baladan, fils de Baladan, apprit qu'Ézékias avait été malade et qu'il était rétabli. Il lui envoya des ambassadeurs, porteurs d'une lettre et d'un cadeau. Ézékias en fut très heureux. Il leur fit visiter le bâtiment où l'on gardait les objets de valeur, argent, or, parfums et huiles aromatiques. Il leur montra également son dépôt d'armes et tout ce qui se trouvait dans ses réserves. Il ne leur cacha absolument rien, ni dans son palais, ni dans l'ensemble de son royaume. Après cela, le prophète Ésaïe vint trouver le roi Ézékias et lui demanda: «Que t'ont dit ces gens? Et d'abord d'où venaient-ils?» – «De très loin, répondit Ézékias; ils sont venus me voir de Babylone.» Ésaïe reprit: «Et qu'ont-ils vu dans ton palais?» – «Tout ce qui s'y trouve, dit Ézékias. Je ne leur ai rien caché de mes trésors.» Alors Ésaïe dit à Ézékias: «Écoute ce qu'annonce le Seigneur de l'univers: “Un jour, tout ce qui se trouve maintenant dans ton palais, tout ce que tes prédécesseurs y ont amassé, tout cela sera emporté à Babylone. Il n'en restera rien ici, déclare le Seigneur. On emmènera même certains de tes descendants pour en faire des eunuques au service du roi dans le palais de Babylone.” » Ézékias répondit à Ésaïe: «C'est une bonne chose que tu m'annonces de la part du Seigneur.» Il se disait en effet: «Tant que je serai en vie, nous aurons la paix et la sécurité.» Réconfortez mon peuple, c'est urgent, dit votre Dieu. Retrouvez la confiance de Jérusalem, criez-lui qu'elle en a fini avec les travaux forcés, et qu'elle a purgé sa peine. Car le Seigneur lui a fait payer le prix complet de toutes ses fautes. J'entends une voix crier: «Dans le désert, ouvrez le chemin au Seigneur; dans cet espace aride, frayez une route pour notre Dieu. Qu'on relève le niveau des vallées, qu'on abaisse montagnes et collines! Qu'on change les reliefs en plaine et les hauteurs en larges vallées! La glorieuse présence du Seigneur va être dévoilée, et tout le monde la verra. Tel est l'ordre du Seigneur.» J'entends une voix qui dit: «Fais une proclamation». Mais je réponds: «Laquelle?» La voix reprend: «Celle-ci: Le sort des humains est précaire comme celui de l'herbe. Ils n'ont pas plus de vigueur que les fleurs des champs. L'herbe sèche, la fleur se fane, quand le souffle du Seigneur est passé par là. – C'est bien vrai, les humains ont la fragilité de l'herbe. Oui, l'herbe sèche, la fleur se fane, mais la Parole de notre Dieu se réalisera pour toujours.» Peuple de Jérusalem, monte sur une haute montagne. Peuple de Sion, crie de toutes tes forces. Tu es chargé d'une bonne nouvelle, n'aie pas peur de la faire entendre. Dis aux villes de Juda: «Voici votre Dieu. Voici le Seigneur Dieu. Il arrive plein de force, il a les moyens de régner. Il ramène ce qu'il a gagné, il rapporte le fruit de sa peine. Il est comme un berger qui mène son troupeau et le rassemble d'un geste du bras; il porte les agneaux contre lui et ménage les brebis qui allaitent des petits.» Qui a mesuré dans le creux de sa main le volume de la mer? Qui a évalué de ses doigts écartés le diamètre du ciel? Et la poussière de la terre, qui en a estimé la masse en la tassant dans un seau? Qui a pesé sur la balance les montagnes et les collines? Qui a pris la mesure de l'Esprit du Seigneur? Quel confident Dieu a-t-il instruit de son plan? Avec qui s'est-il entretenu pour le mettre au courant? A qui a-t-il enseigné comment il faut s'y prendre, et ce qu'il faut savoir, et par quel moyen comprendre son action? Devant le Seigneur, les nations ne comptent pas plus qu'une goutte d'eau qui tombe d'un seau, ou qu'un grain de sable dans le plateau d'une balance. Les populations lointaines ne pèsent pas plus qu'un peu de poussière. Tout le gibier du Liban ne suffirait pas pour lui offrir un sacrifice digne de lui, ni les arbres de ses forêts pour entretenir le feu. Les nations toutes ensemble ne font pas le poids devant lui, elles comptent pour moins que rien. A qui voulez-vous comparer Dieu? A quelle image le confronter? Une idole? Un fondeur l'a moulée, puis un orfèvre l'a plaquée d'or et ornée de chaînettes d'argent. Celui qui est trop pauvre pour une telle dépense choisit un morceau de bois que les vers n'ont pas piqué. Puis il cherche un bon artisan, capable de faire une idole qui tiendra solidement. Ne le savez-vous pas? Ne l'avez-vous pas appris? Ne vous l'a-t-on pas annoncé depuis le début? N'avez-vous pas compris la fondation du monde? Le Seigneur a son trône au-dessus de l'horizon, si haut qu'il voit les humains de la taille des fourmis. Il a étendu le ciel comme une grande toile, et l'a déployé comme une tente pour y faire sa demeure. Il a réduit à rien les dirigeants du monde, à rien du tout les détenteurs du pouvoir. A peine sont-ils en place, à peine sont-ils installés, à peine ont-ils pris racine, que le souffle du Seigneur les balaie, les dessèche. Et les voilà emportés comme des brins de paille dans un tourbillon. «A qui pourriez-vous donc me comparer? demande l'unique vrai Dieu. Qui pourrait être mon égal?» Regardez le ciel, là-haut, voyez qui a créé les étoiles, qui les fait sortir au complet comme une armée à la parade. Il les embauche toutes par leur nom. Sa force est si grande et son pouvoir est tel, qu'aucune ne manque à l'appel. Israël, peuple de Jacob, pourquoi affirmes-tu: «Le Seigneur ne s'aperçoit pas de ce qui m'arrive. Mon bon droit échappe à mon Dieu»? Ne le sais-tu pas? Ne l'as-tu pas entendu dire? Le Seigneur est Dieu de siècle en siècle; il a créé la terre d'une extrémité à l'autre. Jamais il ne faiblit, jamais il ne se lasse. Son savoir-faire est sans limite. Il redonne des forces à celui qui faiblit, il remplit de vigueur celui qui n'en peut plus. Les jeunes eux-mêmes connaissent la défaillance; même les champions trébuchent parfois. Mais ceux qui comptent sur le Seigneur reçoivent des forces nouvelles; comme des aigles ils s'élancent. Ils courent, mais sans se lasser, ils avancent, mais sans faiblir. Vous, les populations lointaines, taisez-vous donc pour m'écouter, dit le Seigneur. Vous les peuples, armez-vous de courage, comparaissez d'abord, après quoi vous prendrez la parole. Oui, approchons-nous, vous et moi pour commencer le procès. A l'est, là-bas, n'est-ce pas moi qui ai mis en route l'homme que la victoire vient saluer à chacun de ses pas? Il fait capituler les nations devant lui, il piétine les rois. Son épée les réduit en poussière, ses flèches les éparpillent comme la paille au vent. Il les poursuit et traverse leurs rangs sain et sauf, sans mettre même pied à terre! Qui est l'auteur de ces événements? C'est celui qui annonce à l'avance ce qui doit arriver. C'est moi, le Seigneur. Je suis au point de départ, et je serai là encore pour les derniers événements. Les populations lointaines l'ont bien vu et prennent peur; les gens du bout du monde se sont approchés en tremblant. Des hommes s'entraident au travail, l'un dit à l'autre: «Vas-y!» Le fondeur encourage l'orfèvre; celui qui aplatit le métal encourage à son tour l'ouvrier qui travaille à l'enclume. Il dit de la soudure: «Ça va». Puis on fait tenir l'idole en la fixant avec des clous. Écoute, Israël, mon serviteur, peuple de Jacob que j'ai choisi, race de mon ami Abraham; toi que j'ai été chercher jusqu'au bout du monde, et que j'ai appelé des régions les plus lointaines; toi, à qui j'ai dit: «Non, je ne t'ai pas rejeté, au contraire, je t'ai choisi; mon serviteur, c'est toi.» N'aie pas peur maintenant, car je suis avec toi. Ne lance pas ces regards inquiets, car ton Dieu, c'est moi. Je viens te rendre courage, j'arrive à ton secours et je te protège, ma main droite tient sa promesse. Oui, honte et déshonneur à tous ceux qui t'en veulent! Qu'ils soient réduits à rien, qu'ils disparaissent, tes adversaires! Tu chercheras vainement la trace de tes agresseurs. Ils seront réduits à rien du tout, ceux qui sont en guerre contre toi. Car moi, le Seigneur, je suis ton Dieu, je tiens fermement ta main droite, je te répète: «N'aie pas peur, j'arrive à ton secours.» Israël, peuple de Jacob, n'aie pas peur, toi qu'on traite en vermine, toi qu'on écrase comme un ver. Je viens moi-même à ton secours, déclare le Seigneur, je prends ta cause en mains, dit l'unique vrai Dieu, le Dieu d'Israël. Je vais faire de toi un traîneau à battre le blé, tout neuf, aux dents aiguës. Tu vas déchiqueter les montagnes, tu vas les mettre en pièces, tu traiteras les collines comme on traite la paille: tu les jetteras en l'air, et le vent les emportera, un tourbillon les dispersera. Et toi tu crieras la joie que te cause le Seigneur, tu te féliciteras de l'unique vrai Dieu, le Dieu d'Israël. Les pauvres et les malheureux cherchent de l'eau, mais rien. La soif leur dessèche la langue. Mais moi, le Seigneur, je vais leur répondre, moi, le Dieu d'Israël, je ne les abandonne pas. Je vais faire jaillir des fleuves sur les hauteurs dénudées, et des sources au fond des vallées, changeant le désert en étang et la terre aride en oasis. Je planterai au désert cèdres et acacias, myrtes et oliviers. Dans les régions sans eau je mettrai des cyprès, des pins et des buis. Ainsi tout le monde verra, tout le monde saura, tous constateront et comprendront que c'est l'œuvre du Seigneur, ce qu'a créé l'unique vrai Dieu, le Dieu d'Israël. Vous, les dieux des nations, venez présenter votre cause, apportez vos preuves, dit le Seigneur, le roi de Jacob. Apportez vos arguments, expliquez-nous ce qui arrive. Les premiers événements, qu'en était-il? Expliquez-les, et nous y réfléchirons. Ou bien annoncez-nous l'avenir, et nous saurons ce qui arrivera. Oui, annoncez-nous ce qui va se produire, et nous connaîtrons alors si vous êtes vraiment des dieux. Faites donc seulement un peu de bien ou de mal, pour que nous en soyons tous les témoins admiratifs. Mais vous êtes moins que rien, et ce que vous faites est nul. Qui vous choisit comme dieux est aussi répugnant que vous. Là-bas, au nord, j'ai mis en route un homme, et le voilà qui vient. Et là-bas, où le soleil se lève, il se réclame de moi. Il piétine les gouverneurs comme on piétine de la boue, ou comme un potier foule aux pieds son argile. Qui a donc annoncé cet événement à l'avance, pour que nous le sachions? Qui l'a prédit, pour que nous disions: «Il avait raison»? Aucun d'entre vous, c'est sûr, n'en a été capable; on ne vous a rien entendu dire. Moi, le premier, j'annonce à Sion: “Eh bien, les voici!” J'envoie à Jérusalem un porteur de la bonne nouvelle. J'ai eu beau regarder, je n'ai vu personne: personne parmi ces dieux-là pour donner son avis, personne à consulter, personne pour me répondre. Ce sont tous des zéros: ce qu'ils font est nul. Leurs idoles: du vent, du vide! Voici mon serviteur, dit le Seigneur, je le tiens par la main, j'ai plaisir à l'avoir choisi. J'ai mis mon Esprit sur lui pour qu'il apporte aux nations le droit que j'instaure. Il ne crie pas, il n'élève pas la voix, il ne fait pas non plus de grands discours dans la rue. Il ne casse pas le roseau déjà plié, il n'éteint pas la lampe qui faiblit. Mais il apporte réellement le droit que j'instaure. Il ne faiblira pas, il ne se laissera pas abattre, jusqu'à ce qu'il l'ait établi sur l'ensemble du monde, et que les peuples lointains attendent ses instructions. Celui qui a créé le ciel dans toute son étendue, qui a étalé la terre avec sa végétation, qui a donné la vie à ses populations et anime ses habitants, Dieu, le Seigneur, déclare à celui qu'il a choisi: «Moi, le Seigneur, je t'ai appelé par fidélité à moi-même. Je te donne mon appui. Je t'ai formé pour faire de toi le garant de mon engagement envers l'humanité, la lumière des nations. Tu rendras la vue aux aveugles, tu feras sortir les prisonniers de leur cachot, tu retireras de leur prison ceux qui attendent dans le noir.» Je suis le Seigneur, tel est mon nom. Je ne laisse pas à d'autres la gloire qui me revient, ni aux idoles l'honneur qui m'est dû. Les premiers événements se sont déjà produits; j'annonce à présent du nouveau, et je vous en informe avant qu'il se produise. En l'honneur du Seigneur, chantez un chant nouveau. Louez-le depuis le bout du monde, vous qui parcourez la mer, vous les êtres qui la peuplez, et vous les populations lointaines. Qu'on entonne des chants dans les cités du désert, dans les campements de Quédar! Que les habitants de la Roche lancent des cris de joie! Du sommet des montagnes, qu'ils manifestent leur enthousiasme! Que les populations lointaines rendent hommage au Seigneur et le louent haut et fort! Comme un soldat d'élite le Seigneur s'avance; comme un homme de guerre il brûle de combattre. Il lance un puissant cri de guerre, un défi à ses ennemis. Depuis longtemps, je me suis tu, me retenant d'intervenir, dit le Seigneur. Mais maintenant, je vais crier comme une femme au moment d'accoucher, qui s'essouffle et respire avec peine. Je vais nettoyer montagnes et collines, dessécher toute leur végétation, changer les fleuves en terre ferme et assécher les étangs. Et je vais guider les aveugles sur un chemin, sur des sentiers qu'ils n'avaient jamais suivis. Pour eux, je changerai l'obscurité en lumière et les obstacles en terrain plat. C'est cela mon projet, je n'y renoncerai pas, je le réaliserai. En arrière, honte à vous qui vous fiez aux idoles et qui dites à vos statuettes: «Nos dieux, c'est vous»! Vous, les sourds, écoutez bien; vous, les aveugles, ouvrez l'œil. Qui se trouve être aveugle, sinon mon serviteur? Et qui donc est sourd comme le messager que j'envoie? – Oui, qui est aveugle comme l'est le porte-parole de Dieu, qui est aveugle comme le serviteur du Seigneur? Il a vu beaucoup de choses, mais il n'a rien retenu; il a une bonne ouïe, mais il n'a rien entendu. Alors, par fidélité à lui-même, le Seigneur a voulu montrer combien sa loi est grande et belle: et voilà ce peuple pillé et dépouillé. Voilà tous les siens prisonniers, enfermés dans des cachots, traités comme du butin, comme une bonne prise, sans que personne s'y oppose, sans personne pour exiger: «Rendez-les-moi!» Qui parmi vous va faire attention, qui va écouter, qui va entendre désormais? – Qui donc a livré Israël, le peuple de Jacob, à ceux qui le dépouillaient, à ceux qui le pillaient? N'est-ce pas le Seigneur envers qui nous étions coupables? Israël n'a pas voulu suivre la voie que son Dieu lui traçait, il n'a pas écouté sa loi. C'est pourquoi le Seigneur a déversé sur son peuple son ardente colère et la violence de la guerre. Celle-ci l'a entouré de flammes, mais Israël n'a rien compris; elle a été jusqu'à le brûler, mais il n'y a pas réfléchi. Peuple de Jacob, maintenant ton Créateur, lui qui t'a formé, Israël, le Seigneur te déclare: «N'aie pas peur, je t'ai libéré, je t'ai engagé personnellement, tu m'appartiens. Quand tu traverseras l'eau, je serai avec toi; quand tu franchiras les fleuves, tu ne t'y noieras pas. Quand tu passeras à travers le feu, tu ne t'y brûleras pas, les flammes ne t'atteindront pas. Car moi, le Seigneur, je suis ton Dieu, moi, l'unique vrai Dieu, le Dieu d'Israël, je suis ton Sauveur. Je donne l'Égypte pour payer ta libération, l'Éthiopie et Séba en échange de toi. C'est que tu as du prix à mes yeux, tu comptes beaucoup pour moi et je t'aime. Donc je donne des hommes à ta place, des peuples en échange de toi. N'aie pas peur, je suis avec toi. De l'Est, où le soleil se lève, je fais revenir tes enfants, et de l'Ouest, où il se couche, je rassemble les tiens. Je dis au Nord: “Rends-les donc”, et au Sud: “Ne les retiens pas.” Ramenez mes fils de là-bas, et mes filles du bout du monde; ramenez ceux qui portent mon nom, tous ceux que j'ai créés, que j'ai façonnés, que j'ai faits pour qu'ils manifestent ma gloire.» Qu'on fasse comparaître ce peuple, qui a des yeux mais ne voit rien, des oreilles mais n'entend rien. Que les nations se rassemblent, que les peuples se réunissent! Eh bien, parmi eux, qui peut nous révéler ce qui arrive? Ou nous informer de ce qui s'est déjà passé? Qu'ils produisent leurs témoins et montrent qu'ils ont raison! Que ces témoins les écoutent et qu'ils confirment: «C'est exact»! Mes témoins à moi, c'est vous mon peuple, déclare le Seigneur; vous êtes mon serviteur, celui que j'ai choisi. Mon but est que vous sachiez, que vous croyiez et compreniez qui je suis, moi. Avant moi il n'y a pas eu de dieu, et après moi il n'y en aura pas. Le Seigneur, c'est moi et moi seul. A part moi, pas de sauveur. C'est moi qui apporte le salut, moi aussi qui l'annonce et qui le fais savoir; ce n'est pas un dieu étranger qu'on trouverait chez vous. Vous êtes témoins que je suis Dieu, dit le Seigneur, et que je le resterai. Personne ne me forcera la main, et ce que je fais, personne ne le changera. Voici ce que le Seigneur déclare, lui qui prend votre cause en mains, lui l'unique vrai Dieu, le Dieu d'Israël: «Par amour pour vous j'envoie quelqu'un à Babylone pour faire tomber tous les verrous. Alors, chez les Babyloniens, les cris de joie se changeront en lamentations. Je suis le Seigneur, votre vrai Dieu, l'unique, le Créateur d'Israël, votre Roi.» Voici ce que le Seigneur déclare, lui qui a ouvert jadis un chemin dans la mer, qui a tracé un passage à travers l'eau profonde. Jadis il a mis en marche des chars et des chevaux, des armées avec leur corps d'élite. Celles-ci sont tombées pour ne plus se relever, éteintes, consumées comme la mèche d'une lampe. Il déclare donc maintenant: «Ne pensez plus au passé, ne vous préoccupez plus de ce qui est derrière vous. Car je vais faire du nouveau; on le voit déjà paraître, vous saurez bien le reconnaître. Oui, dans le désert je vais ouvrir un chemin, dans ces lieux arides je vais faire couler des fleuves. Les animaux sauvages, les chacals et les autruches m'honoreront parce que j'ai fait couler de l'eau dans le désert, des fleuves dans ces lieux arides. Car je veux donner à boire au peuple que j'ai choisi. Et ce peuple, que j'ai formé, dira pourquoi il me loue.» Le Seigneur déclare: «Israël, ce n'est pas à moi que tu as fait appel; tu t'es plutôt lassé de moi, peuple de Jacob. Ce n'est pas pour moi que tu sacrifiais des agneaux, ce n'est pas moi que tu honorais ainsi. Il n'est pas vrai non plus que j'aie fait de toi un esclave en exigeant des offrandes, ou que je t'aie fatigué en réclamant de l'encens. Ce n'est pas pour moi que tu achetais à grand prix du roseau aromatique, ni moi que tu rassasiais de la graisse de tes sacrifices. Par tes fautes, au contraire, tu as fait de moi ton esclave, par tes crimes, tu m'as fatigué. Mais je prends sur moi de pardonner tes révoltes et de ne plus garder le souvenir de tes fautes. Rappelle-moi ce que tu me reproches, discutons tous les deux cette affaire; énumère les faits qui te donnent raison. Déjà ton premier ancêtre s'était mis dans son tort; et tes derniers porte-parole se sont révoltés contre moi. Alors j'ai déshonoré les chefs-sacrés, j'ai livré le peuple de Jacob à la destruction, j'ai abandonné Israël aux insultes de ses ennemis. Mais maintenant, écoute bien, peuple de Jacob, mon serviteur, Israël, toi que j'ai choisi. Voici ce que je te déclare, moi le Seigneur qui t'ai fait, qui t'ai formé dès avant ta naissance et qui viens à ton aide: N'aie pas peur, peuple de Jacob, toi mon serviteur, toi Yechouroun que j'ai choisi. Car je vais arroser le pays qui meurt de soif, et faire couler des ruisseaux sur la terre desséchée. Je vais répandre mon Esprit sur tes enfants et ma bénédiction sur tes descendants. Ils pousseront et grandiront comme des roseaux dans l'eau, comme des peupliers sur le bord des ruisseaux. L'un dira: “Je suis au Seigneur”; un autre voudra porter le nom de Jacob. Tel autre inscrira sur sa main: “Propriété du Seigneur” et sera fier de porter le nom d'Israël.» Le Seigneur, le roi d'Israël, lui qui libère son peuple, lui le Seigneur de l'univers, te déclare, Israël: «C'est moi qui suis au point de départ, mais aussi à l'arrivée. A part moi, pas de Dieu. Qui donc comme moi provoque les événements par sa parole? Qu'il me raconte tout cela et me l'expose depuis que j'ai établi les premiers humains! Et qu'il annonce aux gens ce qui est près d'arriver. Vous, mon peuple, soyez sans crainte, n'ayez pas peur. Je vous l'ai annoncé, je vous l'ai révélé longtemps à l'avance, vous le savez bien, vous m'en êtes témoins. A part moi y a-t-il un autre Dieu? Non, il n'y a pas d'autre Rocher, je n'en connais aucun.» Les fabricants d'idoles sont tous des nullités. Et leurs chers objets ne servent absolument à rien: ce sont leurs témoins à eux, mais des témoins qui ne voient rien, qui ne savent rien et les laisseront bien déçus. Fabriquer un dieu, mouler une idole qui ne servira à rien, quelle sottise! Tous ceux qui s'en font les complices se couvriront de honte. Les artisans qui la fabriquent ne sont que des hommes. Qu'ils se rassemblent tous, qu'ils se présentent: ils prendront peur et se couvriront tous de honte! Le forgeron aiguise un ciseau, il le travaille à chaud, lui donne une forme au marteau; il y met toute son énergie. Mais le travail lui donne faim, le voilà sans force. S'il oublie de boire un peu d'eau, le voilà épuisé. Quant au sculpteur sur bois, il prend ses mesures au cordeau, trace le contour à la craie, travaille la pièce au ciseau et arrondit le tout au rabot. Il lui donne une forme humaine, une belle figure d'homme, qui restera dans une maison. On réserve un cèdre à couper, on choisit un chêne ou un térébinthe. On le laisse grandir parmi les arbres de la forêt. Ou bien on plante un pin; la pluie le fera pousser. Ce bois servira aux hommes pour allumer du feu. Ils en prennent pour se chauffer ou pour cuire leur pain. Ou ils en font un dieu, devant lequel on s'incline, ils fabriquent une idole à qui l'on adresse des prières. Ils brûlent ainsi au feu la moitié de la bûche; ils y font rôtir de la viande et en mangent à leur faim. Ou encore ils se chauffent en s'exclamant: «Ah, je me réchauffe, quel plaisir de voir le feu!» Avec l'autre moitié de la bûche ils se fabriquent un dieu, ils se font une idole, ils s'inclinent devant elle et lui adressent cette prière: «Tu es mon dieu, délivre-moi!» Ces gens n'ont rien dans la tête, ils ne comprennent rien. Ils ont les yeux collés, ils ne distinguent rien, et leur esprit est trop borné pour qu'ils saisissent quelque chose. Aucun ne réfléchit, aucun n'a le bon sens ni l'intelligence de se dire: «J'ai brûlé la moitié de ce bois; sur les braises j'ai cuit mon pain et rôti la viande que je mange. Ce que je fais de l'autre moitié n'est qu'une idole abominable. C'est devant un bout de bois que je viens m'incliner!» Non, leurs pensées s'attachent à ce qui n'est qu'un peu de cendre; leur esprit égaré les fait déraisonner. Leur dieu ne les délivre pas, mais eux-mêmes ne se disent pas: «Ce que je tiens dans la main n'est qu'un faux dieu, c'est évident.» «Israël, peuple de Jacob, rappelle-toi bien ceci: C'est toi qui es mon serviteur. Je t'ai façonné pour que tu sois à mon service. Israël, je ne t'oublie pas. J'ai passé l'éponge sur tes révoltes, sur tes fautes. Les voilà effacées, disparues, comme un nuage qui passe. Je t'ai libéré, reviens à moi.» Oui, le Seigneur agit. Ciel, manifeste ta joie. Profondeurs de la terre, faites-lui une ovation. Arbres, forêts, montagnes, éclatez en cris de joie. Le Seigneur a libéré son peuple, il manifeste sa gloire en sauvant Israël. Israël, le Seigneur, ton libérateur, qui t'a formé dès avant ta naissance, te déclare: «C'est moi l'auteur de tout ce qui existe. Moi seul j'ai déployé le ciel, j'ai étalé la terre sans l'aide de personne. Maintenant je réduis à rien les prédictions des devins, je fais perdre la raison à ceux qui annoncent l'avenir, je force les sages à reculer, je démontre à quel point leur savoir est stupide. Mais je réalise ce que mon serviteur a dit, et je fais réussir les plans que mes envoyés ont annoncés. J'affirme de Jérusalem: “Elle sera repeuplée, ses ruines seront relevées.” Je dis des villes de Juda: “Elles seront rebâties.” J'ordonne aux profondeurs de la mer: “Asséchez-vous, je taris votre eau”. Et je dis de Cyrus: “C'est le berger que j'ai désigné. Il fera réussir tout ce que je veux. Il donnera des ordres, et Jérusalem sera rebâtie, le temple reconstruit.” » Voici ce que le Seigneur déclare à Cyrus, l'homme qu'il a consacré: «Je te donne mon appui, pour te soumettre les nations, pour ôter aux rois leur pouvoir et ouvrir devant toi les portes verrouillées des villes. Moi-même je marche devant toi pour aplanir les obstacles, fracasser les portes de bronze et briser les verrous de fer. Je te livre les trésors secrets et les richesses bien cachées. Ainsi tu sauras que je suis le Seigneur, que je t'engage personnellement, moi, le Dieu d'Israël. Pour l'amour d'Israël, mon peuple, le serviteur que j'ai choisi, je t'ai pris à mon service. Et je te fais cet honneur alors que tu ne me connais pas. Le Seigneur, c'est moi et personne d'autre. A part moi, il n'y a pas de dieu. Tu ne me connais pas, mais je te mets au travail. D'un bout du monde à l'autre on reconnaîtra ainsi qu'en dehors de moi il n'y a rien. Le Seigneur, c'est moi et personne d'autre. Je fais la lumière et je crée l'obscurité. Je procure le bonheur et je crée le malheur. Oui, c'est moi, le Seigneur, qui réalise tout cela. Que le ciel, là-haut, laisse tomber la rosée! Et que les nuages fassent pleuvoir la victoire! Que la terre s'entrouvre pour laisser fleurir le salut et germer la justice! Voilà ce que je crée, moi le Seigneur.» Quel malheur de voir un homme, simple pot de terre parmi les autres, qui ose faire des reproches à celui qui l'a façonné! L'argile demande-t-elle à celui qui la façonne: «Que fais-tu là?» Le vase dit-il du potier: «Quel maladroit!» Quel malheur de voir un homme qui oserait dire à un père: «Quel genre de fils as-tu engendré là?» ou à une mère: «Qu'as-tu donc mis au monde?» Voici ce que déclare maintenant le Seigneur, l'unique vrai Dieu, le Dieu d'Israël, lui qui a façonné son peuple: «Est-ce à vous de me poser des questions sur l'avenir de mes enfants, et de donner des ordres sur ce que je dois faire? C'est moi qui ai fait la terre et créé les humains qui la peuplent. C'est moi qui ai déployé le ciel et commande à l'armée des étoiles. Par fidélité à moi-même c'est moi aussi qui ai mis en route cet homme que vous savez. Je faciliterai tout ce qu'il entreprendra. C'est lui qui rebâtira Jérusalem, ma ville, et laissera repartir les déportés qui m'appartiennent. Et cela sans exiger un sou, dit le Seigneur de l'univers!» Israël, le Seigneur te déclare: le fruit du travail des Égyptiens, le gain des Éthiopiens et des gens de Séba, si hauts de taille, tout cela passera chez toi, tout cela sera pour toi! Ces gens te suivront, enchaînés; ils s'inclineront devant toi et te diront comme une prière: «Il n'y a de Dieu que chez toi, et nulle part ailleurs.» Dieu d'Israël, toi qui sauves, tu es vraiment un Dieu caché! Voilà les fabricants d'idoles couverts de honte et de déshonneur. Ils s'en vont tous la tête basse. Mais le peuple d'Israël a reçu du Seigneur un salut éternel. Il n'y aura jamais pour lui ni honte ni déshonneur. Voici ce que le Seigneur déclare, lui qui a créé le ciel, lui, le Dieu qui a fait la terre, qui l'a façonnée et consolidée. Il ne l'a pas créée vide, mais il l'a faite pour être habitée. Il déclare donc ceci: «Le Seigneur, c'est moi; il n'y a pas d'autre Dieu. Je n'ai pas parlé en cachette dans quelque endroit obscur. Et je n'ai pas recommandé aux descendants de Jacob de me chercher là où il n'y a rien. Moi, le Seigneur, je parle franchement, ce que j'annonce est clair et net.» Vous, les survivants des nations, venez et rassemblez-vous, approchez-vous ensemble. Ceux qui portent leur idole de bois ou qui adressent une prière à un dieu qui ne peut les sauver, ceux-là n'ont rien dans la tête. Faites votre déclaration et apportez vos preuves; tenez même conseil ensemble. Qui a fait savoir depuis longtemps ce qui arrive aujourd'hui? Qui l'a révélé à l'avance? N'est-ce pas moi, le Seigneur? A part moi il n'y a pas de Dieu. Un Dieu loyal, un Dieu qui sauve, il n'y en a pas, sauf moi. Gens du bout du monde, tournez-vous vers moi et vous serez sauvés, car Dieu, c'est moi et personne d'autre. Aussi vrai que je suis Dieu, j'en fais le serment et ma promesse est loyale, je n'y changerai rien: tous les humains, à genoux, me jureront fidélité. Ils diront de moi: «C'est auprès du Seigneur seul qu'on trouve force et loyauté.» Tous ceux qui m'auront combattu viendront à moi, la tête basse. Mais tous les descendants d'Israël obtiendront justice auprès de moi et s'en féliciteront. Le dieu Bel a faibli, le dieu Nébo fléchit. Leurs statues sont confiées à des bêtes de somme. Ce qu'on portait en procession n'est plus qu'un chargement, un lourd fardeau pour des animaux fatigués. Les dieux faiblissent et fléchissent, incapables de sauver leurs statues: ils vont eux-mêmes en déportation. Écoutez-moi, gens d'Israël, survivants du peuple de Jacob, vous dont je me suis chargé depuis votre naissance, vous que j'ai portés dès que vous avez vu le jour. Je resterai le même jusqu'à votre vieillesse, je vous soutiendrai jusqu'à vos cheveux blancs. C'est moi qui vous ai faits c'est moi qui vous porterai. Oui, je me chargerai de vous et je vous sauverai. A qui pouvez-vous me comparer? A qui allez-vous m'assimiler? Avec qui me mettre en balance pour établir des ressemblances? Voici des gens qui vident leur bourse. Ils pèsent l'argent et l'or, ils embauchent un orfèvre pour qu'il leur confectionne un dieu auquel ils feront des prières en s'inclinant devant lui. Puis ils emportent leur dieu en le chargeant sur leur épaule, et le déposent à sa place. Le dieu y reste, il n'en bougera pas. Si on lui adresse un appel, il ne répondra pas. Il ne sauvera personne de la détresse. Rappelez-vous ceci, infidèles, ressaisissez-vous, réfléchissez. Rappelez-vous votre lointaine histoire: Dieu, c'est moi et personne d'autre. Il n'y a pas de Dieu comme moi. Dès le début, j'ai prédit mon but. Longtemps à l'avance, j'ai annoncé ce qui n'a pas encore eu lieu. Je dis: voici mon projet, il se réalisera. Tout ce que je veux, je le fais. De là-bas, où le soleil se lève, je convoque un oiseau de proie; c'est l'homme qui accomplira mes plans. Je l'appelle d'un pays éloigné. Aussitôt dit, aussitôt fait! Projet conçu, projet réalisé! Écoutez-moi, gens obstinés qui vous tenez si loin du salut. Eh bien, cela n'est plus très loin, c'est même tout près de se réaliser! La délivrance ne tardera pas, je l'apporte moi-même à Sion. Oui, j'apporte à Israël quelque chose de splendide. Babylone, reconnais ta déchéance et assieds-toi dans la poussière, déclare le Seigneur. Oui, assieds-toi par terre, car tu n'es plus la reine, tu as perdu tes titres de “Babylone la jolie”, “Babylone la raffinée”. Prends les deux meules du moulin et prépare la farine. Dévoile ton visage, relève les pans de ta robe et découvre tes jambes pour passer la rivière. Renonce à ta pudeur et laisse donc voir ce que tu caches avec gêne. Je vais prendre ma revanche sans que personne s'y oppose, dit celui qui prend en mains la cause de son peuple. Son nom: le Seigneur de l'univers, l'unique vrai Dieu, le Dieu d'Israël. Assieds-toi en silence, Babylone, cache-toi dans l'obscurité, car tu as perdu ton titre de “Maîtresse des empires”. J'étais indigné contre mon peuple. Alors j'ai déshonoré ceux qui m'appartenaient et je te les ai livrés. Mais tu les as traités sans aucune pitié, tu as écrasé le vieillard sous le poids de ton joug. Tu te prétendais éternelle, maîtresse du monde pour toujours, mais tu n'as pas réfléchi à ce qui se passait, tu n'as pas pensé à ce qui allait arriver. Écoute donc maintenant, toi, l'amie des plaisirs, bien tranquillement assise, toi qui te disais: «Je suis incomparable, moi! Je ne risque pas d'être veuve ni de perdre mes enfants.» Eh bien, soudain, en un seul jour, ces deux malheurs te surprendront: d'un seul coup tu perdras tes enfants et tu deviendras veuve. Et cela t'arrivera malgré toutes les précautions de tes sorciers et magiciens. Tu mettais ta confiance dans tes pratiques maléfiques. «Personne ne me voit», disais-tu. Mais ton prétendu savoir-faire et ta prétendue science t'ont mis la tête à l'envers et t'ont fait dire: «Je suis incomparable, moi!» Oui, un malheur va t'arriver, que tu ne sauras pas détourner; un désastre va t'assaillir sans que tu puisses t'en protéger: un orage fondra soudain sur toi, dont tu n'as pas idée. Continue donc tes sorcelleries, toutes tes pratiques magiques. Tu les avais apprises à grand-peine, depuis ta jeunesse, avec l'espoir d'en tirer profit ou d'effrayer le mauvais sort. Tu t'épuises à consulter les astrologues. Eh bien, qu'ils se présentent et qu'ils viennent te sauver, ces astrologues qui observent les astres, annonçant tous les mois ce qui doit t'arriver! Ils auront le sort de la paille: le feu les consumera, ils n'échapperont pas aux flammes. Et ce ne sera pas un petit feu de braises où l'on peut cuire son pain, ni un simple foyer où l'on vient se chauffer! Tel sera le sort de tes sorciers, que tu prenais tant de peine à consulter depuis ta jeunesse. Ils partiront à l'aventure, chacun de son côté; aucun ne pourra te sauver. Écoutez, peuple de Jacob, vous qui êtes si fiers de porter le nom d'Israël, et qui descendez de Juda. Vous prêtez serment en prononçant le nom du Seigneur, vous célébrez le Dieu d'Israël, mais sans sérieux ni loyauté. Vous qui êtes fiers d'être appelés “Ceux de la ville sainte”, vous qui vous appuyez sur le Dieu d'Israël, celui qui a pour nom “le Seigneur de l'univers”, écoutez donc ceci: Depuis longtemps, j'ai annoncé les événements passés; je vous les avais promis, je vous en avais informés. Tout à coup j'ai agi, et ils se sont produits. Mais je vous connaissais comme un peuple récalcitrant, un peuple qui se cabre, un peuple à la tête de bois. Je m'y suis donc pris à l'avance pour vous avertir de ces faits. Je vous en ai informés avant qu'ils se produisent. De la sorte, vous n'irez pas dire: «C'est l'œuvre de mon idole, c'est mon dieu de bois ou de bronze qui en a décidé ainsi.» Vous avez entendu ce que j'avais prédit, et vous pouvez constater que tout s'est réalisé. N'allez-vous pas le reconnaître? Eh bien, à partir d'aujourd'hui, j'annonce des faits nouveaux que je tenais en réserve et dont vous n'avez pas idée. Ce n'est pas de l'histoire ancienne, c'est maintenant que je vais les créer. Jamais avant ce jour-ci vous n'en aviez entendu parler. Ainsi vous n'irez pas dire que vous le saviez bien. D'ailleurs vous n'avez pas écouté, vous n'avez rien voulu savoir, vous n'avez jamais fait attention. Je vous connais comme traîtres, depuis votre naissance on vous appelle “infidèles”. Mais parce que je suis Dieu, je retiens ma colère. C'est par souci de mon honneur que je vous épargne et renonce à vous éliminer. Je vous ai soumis à l'épreuve, non pas au feu, comme pour l'argent, mais je vous ai fait passer au creuset de la misère. Si j'agis ainsi, c'est pour moi, oui pour moi, car je ne peux pas supporter que mon nom soit déshonoré. Je ne veux pas laisser à d'autres la gloire qui me revient. Écoute-moi, peuple de Jacob, Israël, toi que j'ai appelé, dit le Seigneur. Je suis toujours le même: je suis au point de départ et encore à l'arrivée. De mes propres mains j'ai posé les bases de la terre et déployé le ciel. Il suffit que je les nomme pour qu'ils se tiennent là. Rassemblez-vous, écoutez tous: J'ai un ami qui accomplira mes projets contre Babylone et fera sentir mon pouvoir aux Babyloniens. Mais qui donc parmi vous a révélé cela? Personne. Moi, par contre, j'en ai parlé; mieux encore, j'ai appelé cet homme et je l'ai fait venir. Ce qu'il entreprend réussira. Approchez-vous de moi pour écouter ceci: depuis le commencement j'ai parlé ouvertement. Et j'étais là depuis le jour où ces événements ont commencé. – Et maintenant, c'est le Seigneur Dieu qui m'envoie et me donne son Esprit. – Voici ce que déclare le Seigneur, ton libérateur, l'unique vrai Dieu, le Dieu d'Israël: «Moi, le Seigneur, je suis ton Dieu. C'est moi qui t'enseigne ce qui doit t'être utile; c'est moi qui te conduis sur le chemin que tu suis. Ah, si tu avais bien écouté ce que je t'ai commandé! Un fleuve de bénédictions aurait coulé vers toi, le salut serait venu à toi comme les vagues de la mer! Tes descendants seraient nombreux comme les grains de sable sur le bord de la mer, leur nom ne risquerait pas de disparaître devant moi!» Sortez de Babylone, vite, partez de là. Avec des cris de joie proclamez cette nouvelle jusqu'au bout du monde, annoncez-la, diffusez-la, dites: «Le Seigneur a libéré son serviteur, Israël.» Il conduit les siens au désert sans qu'ils aient à souffrir de la soif. Pour eux, il fait jaillir de l'eau hors du rocher: il le fend, et l'eau s'écoule. Mais ces bénédictions, dit le Seigneur, ne sont pas pour les gens sans foi ni loi. Écoutez-moi, populations lointaines, peuples éloignés, soyez attentifs. Dès avant ma naissance, le Seigneur m'a appelé; j'étais encore au ventre de ma mère quand il a prononcé mon nom. Il a fait de ma parole une épée tranchante et il me cache à l'abri de sa main. Il a fait de mon message une flèche pointue, dissimulée dans son carquois. Il m'a dit: «C'est toi qui es mon serviteur, l'Israël dont je me sers pour manifester ma gloire.» Quant à moi, je pensais m'être donné du mal pour rien, avoir usé mes forces sans résultat, pour du vent. Or le Seigneur garantit mon droit, mon Dieu détient ma récompense. Mais maintenant, le Seigneur déclare qu'il m'a formé quand j'étais encore au ventre de ma mère pour que je sois son serviteur. Il veut que je ramène à lui les descendants de Jacob, que je rassemble près de lui le peuple d'Israël. Le Seigneur reconnaît la valeur de mon service, mon Dieu est ma force. Il m'a dit: «Cela ne suffit pas que tu sois à mon service, pour relever les tribus de Jacob et ramener les survivants d'Israël. Je fais de toi la lumière des nations, pour que mon salut s'étende jusqu'au bout du monde.» Le Seigneur te parle, lui le libérateur de son peuple, l'unique vrai Dieu, le Dieu d'Israël. Il te déclare, à toi que l'on méprise et que les gens détestent, à toi l'esclave des tyrans: «Quand les rois te verront, ils se lèveront de leur trône. Quand les princes t'apercevront, ils s'inclineront devant toi.» Ils montreront ainsi leur respect pour le Seigneur, qui t'a choisi, pour l'unique vrai Dieu, le Dieu d'Israël, qui tient parole. Voici donc ce que le Seigneur déclare: «Au moment favorable, j'ai répondu à ton appel; quand est arrivé le jour du salut, je suis venu à ton secours. Je t'ai formé pour faire de toi le garant de mon engagement envers l'humanité. Je vais relever le pays et redistribuer les parts de la terre sainte aujourd'hui ravagée. Je dis aux prisonniers, à ceux qui vivent dans le noir: “Sortez, venez au jour.” Ils seront alors comme un troupeau qui broute le long des chemins et trouve sa nourriture sur toutes les collines. Ils ne souffriront plus de la faim ou de la soif. Ni le vent brûlant du désert ni le soleil ne leur feront de mal. Avec amour, je les conduirai se rafraîchir aux sources. Je changerai les hauteurs en chemins praticables, je referai les routes. Les voici qui arrivent! Ils reviennent de loin, les uns du nord, d'autres de l'ouest, par la mer, d'autres du sud, de l'Égypte.» Ciel, manifeste ta joie; terre, émerveille-toi; montagnes, lancez des acclamations, car le Seigneur réconforte son peuple, il montre son amour aux humiliés. Jérusalem disait: «Le Seigneur m'a abandonnée, mon Maître m'a oubliée.» Mais le Seigneur répond: Une femme oublie-t-elle l'enfant qu'elle allaite? cesse-t-elle d'aimer l'enfant qu'elle a porté? A supposer qu'elle l'oublie, moi, je ne t'oublie pas: j'ai ton nom gravé sur les paumes de mes mains, et l'image de tes murailles ne quitte pas mes yeux. Ceux qui vont te rebâtir se dépêchent d'arriver, tandis que partent loin de toi ceux qui t'ont démolie, ceux qui t'ont dévastée. Regarde autour de toi et constate: tes enfants se rassemblent tous et arrivent vers toi. J'en fais le serment par ma vie, dit le Seigneur, ils seront pour toi comme un bijou dont on se pare, comme une ceinture de fiançailles qu'on se met à la taille. Tu es au milieu des ruines, de quartiers dévastés, ton pays est dépeuplé. Mais il sera bientôt trop étroit pour ses habitants, tandis que partiront très loin ceux qui t'avaient fait disparaître. Tu te croyais privée de fils, mais à nouveau tu les entendras dire: «Je n'ai pas de place, pousse-toi donc un peu, que je puisse m'installer». Tu te demanderas alors: «Qui m'a donné tous ces enfants? J'étais privée des miens et sans espoir d'en avoir d'autres, exilée et mise à l'écart. Mais ceux-là, qui les a élevés? J'étais restée seule, et ceux-là, où étaient-ils?» Voici ce que le Seigneur Dieu déclare: «Je vais faire signe aux nations, dresser un signal pour les peuples. Et ils ramèneront tes fils en les prenant dans leurs bras, ils ramèneront tes filles en les portant sur leurs épaules. Tu auras, pour tes enfants, des princesses comme nourrices, des rois comme éducateurs. Ils s'inclineront devant toi, le visage contre terre, léchant la poussière de tes pieds. Alors tu reconnaîtras que je suis le Seigneur, et que ceux qui comptent sur moi ne sont jamais déçus.» Va-t-on reprendre à l'homme de guerre le butin dont il s'est emparé? Va-t-on arracher à la brute celui qui est son prisonnier? Oui, et voici ce que déclare le Seigneur: «Je vais reprendre à l'homme de guerre celui qu'il avait fait prisonnier, je vais arracher à la brute le butin dont il s'est emparé! Jérusalem, je vais moi-même prendre à partie tes adversaires et délivrer tes enfants. Je forcerai tes oppresseurs à manger leur propre chair, à s'enivrer de leur sang comme on s'enivre de vin nouveau. Alors tout être vivant saura que ton sauveur, c'est moi, le Seigneur, et que j'ai pris ta cause en mains, moi, le Dieu fort de Jacob.» Voici ce que le Seigneur déclare: «S'il est vrai que j'ai renvoyé Jérusalem, votre mère, montrez-moi le certificat prouvant que je l'ai répudiée! Ou encore, dites-moi à qui je vous aurais vendus comme esclaves en paiement de mes dettes. Si vous avez été vendus, c'est à cause de vos crimes. Si votre mère a été renvoyée, c'est pour ses révoltes – les vôtres! Quand je suis venu, pourquoi n'ai-je trouvé personne? Quand j'ai appelé, pourquoi ne m'a-t-on pas répondu? Aurais-je le bras trop court pour pouvoir vous sauver? Manquerais-je de force pour délivrer? Allons donc! D'une simple menace je peux assécher la mer ou changer les fleuves en désert. Alors, faute d'eau, les poissons meurent de soif et se mettent à pourrir. Je peux aussi vêtir le ciel de noir et l'habiller de deuil.» Le Seigneur Dieu m'a enseigné ce que je dois dire, pour que je sache avec quels mots je soutiendrai celui qui faiblit. Chaque matin, il me réveille, il me réapprend à écouter, comme doivent écouter les disciples. Le Seigneur Dieu m'ouvre les oreilles, et je ne lui résiste pas, je ne recule pas. J'offre mon dos à ceux qui me battent, je tends les joues à ceux qui m'arrachent la barbe. Je ne cache pas mon visage aux crachats, aux insultes. Le Seigneur Dieu me vient en aide, c'est pourquoi je ne m'avoue pas vaincu, je rends mon visage dur comme la pierre, je sais que je n'aurai pas le dessous. Le Seigneur est à mes côtés, il me donnera raison. Qui osera me faire un procès? Qu'il vienne avec moi devant un juge! Qui veut être mon adversaire? Qu'il se présente en face de moi! C'est le Seigneur Dieu qui me vient en aide, qui donc pourrait me déclarer coupable? Mes adversaires s'useront tous comme un habit qui tombe en lambeaux, dévoré par les mites. Si quelqu'un parmi vous reconnaît l'autorité du Seigneur, qu'il écoute son serviteur! Si quelqu'un avance dans le noir, sans la moindre lumière, qu'il se fie au Seigneur et s'appuie sur son Dieu! Quant à vous tous qui allumez du feu et vous armez de flèches enflammées, voici ce qui vous attend: les flammes de votre propre feu, les flèches que vous avez allumées. C'est le sort que le Seigneur vous réserve; vous mourrez dans les tourments. «Vous qui courez après le salut, vous mes fidèles, écoutez-moi, dit le Seigneur. Considérez dans quel rocher vous avez été taillés, pensez à la carrière d'où vous avez été tirés: Considérez Abraham, votre père, et Sara, qui vous a mis au monde. Abraham était sans enfant quand je l'ai appelé, mais je l'ai béni, j'ai fait de lui l'ancêtre d'un peuple nombreux.» Le Seigneur a pitié de Sion, il a pitié de ses ruines. De ce site déserté il va faire un jardin merveilleux, de ce terrain aride il va faire un paradis. Et là retentiront les cris d'une joie débordante, les chants de louange et les airs de musique. «Vous mon peuple, écoutez-moi bien, dit le Seigneur. Vous ma nation, soyez attentifs. C'est moi qui énonce la loi; le droit que je formule sera la lumière des peuples. Le salut que j'apporte est proche, imminent, la délivrance va paraître. Je ferai régner le droit avec vigueur parmi les peuples. Les populations lointaines mettront leur espoir en moi, elles compteront sur mon pouvoir. Regardez là-haut, vers le ciel, puis en bas, sur la terre: le ciel s'évanouira comme une fumée; la terre partira en lambeaux comme un vêtement, et ses habitants tomberont comme des mouches. Mais la délivrance que j'apporte subsistera toujours, mon salut n'aura pas de fin. Écoutez-moi, vous qui savez ce qui est juste, peuple qui prends à cœur ma loi: n'ayez pas peur des outrages des hommes, ne cédez pas à leurs insultes, car ils auront le sort d'un vêtement de laine dévoré par les mites. Mais le salut que j'apporte subsistera toujours, et ma délivrance durera de siècle en siècle.» Réveille-toi, Seigneur, réveille-toi vite, agis avec vigueur. Réveille-toi comme autrefois, dans le lointain passé. N'est-ce pas toi alors qui abattis le monstre Rahab, qui transperças le dragon des mers? N'est-ce pas toi aussi qui asséchas la mer, les eaux du grand océan? Et toi qui traças un chemin dans les profondeurs de la mer, pour y faire passer ceux que tu as libérés? Le Seigneur délivrera les siens. Ils reviendront à Jérusalem et ils y entreront en criant de bonheur. Une joie éternelle illuminera leur visage, une joie débordante les inondera, tandis que chagrins et soupirs se seront évanouis. C'est moi qui vous réconforte, c'est bien moi, dit le Seigneur. Mon peuple, qu'as-tu à craindre d'un simple humain, qui mourra, qui aura le sort de l'herbe? Tu oublies le Seigneur, celui qui t'a créé, qui a déployé le ciel et posé les bases de la terre. Tous les jours tu trembles de peur devant la fureur de l'oppresseur, comme s'il était prêt à te détruire. Mais que reste-t-il de sa fureur? Bientôt, le prisonnier accablé sera remis en liberté. Il ne mourra pas dans son cachot et ne manquera plus de pain. Moi, le Seigneur, je suis ton Dieu, j'excite la mer, je fais mugir ses flots. Mon nom: le Seigneur de l'univers. Je remets en place le ciel, je replace les bases de la terre, et je dis à Jérusalem: «C'est toi qui es mon peuple; je te confie mon message, je te mets à l'abri de ma main.» Ressaisis-toi, Jérusalem, ressaisis-toi et lève-toi. Le Seigneur t'avait tendu la coupe remplie de sa colère, et tu as dû la boire jusqu'à la dernière goutte, jusqu'à en avoir le vertige. Parmi tous les fils que tu avais mis au monde, aucun ne t'a guidée. Parmi tous les enfants que tu as élevés, aucun ne t'a soutenue. Les malheurs t'ont frappée par deux: ruine et désastre, guerre et famine. Mais qui voudra te plaindre, qui te réconfortera? A tous les coins de rue tes enfants sont à terre, ils restent là, sans réagir, comme des antilopes prises au piège, sous la colère du Seigneur, sous la menace de ton Dieu. Mais maintenant écoute bien, malheureuse Jérusalem, toi qui es ivre, mais non de vin: Voici ce que déclare le Seigneur, ton Maître, ton Dieu, qui prend la défense de son peuple: «Je vais reprendre de tes mains la coupe qui donne le vertige, la coupe de ma colère. Tu n'auras plus à y boire. Je la tends à tes bourreaux, eux qui te disaient: “A plat ventre, pour que nous te marchions dessus!” Et tu avais dû offrir ton dos comme le sol d'une rue à ceux qui te marchaient dessus.» Réveille-toi, Jérusalem, réveille-toi vite, retrouve ta vigueur. Sion, ville de Dieu, mets tes plus beaux habits. Car les étrangers, les impurs ne mettront plus les pieds chez toi. Tu es couverte de poussière, secoue-toi, Jérusalem. Debout, et reprends ta place, Sion la prisonnière, libère-toi des liens qui enserrent ton cou. Voici en effet ce que le Seigneur déclare à son peuple: «Vous avez été livrés comme esclaves sans contrepartie, vous serez libérés sans payer un sou.» Et voici ce que le Seigneur Dieu déclare encore: «Au début de son histoire, mon peuple alla se réfugier en Égypte. A la fin, les Assyriens le maltraitèrent. Dans la situation présente, qu'ai-je donc à gagner? Mon peuple a été emmené prisonnier sans dédommagement. Ceux qui le tyrannisent sont triomphants. Et sans cesse mon nom est tourné en ridicule. C'est pourquoi, un de ces jours, mon peuple va savoir qui je suis; il va le savoir, c'est moi qui dis: J'arrive!» Qu'il est beau de voir venir, franchissant les montagnes, un porteur de bonne nouvelle! Il annonce la paix, le bonheur et le salut. Et il te dit, Jérusalem: «Ton Dieu est roi». Écoute donc les hommes que tu as placés en sentinelle: tous ensemble ils crient de joie, car ils voient de leurs propres yeux le Seigneur revenir à Sion. Ruines de Jérusalem, lancez des cris de joie: le Seigneur réconforte son peuple, il libère Jérusalem. Aux yeux de toutes les nations le Seigneur s'est donné les mains libres pour réaliser son œuvre divine. Et jusqu'au bout du monde on pourra voir la délivrance que nous apporte notre Dieu. Vous qui rapportez les ustensiles réservés au culte du Seigneur, partez, partez vite, quittez Babylone sans rien toucher d'impur. Gardez-vous purs en sortant d'ici. Pour vous, cette fois, ce n'est plus un départ en catastrophe, vous ne partez plus dans la panique, car c'est le Seigneur qui est votre avant-garde, et c'est le Dieu d'Israël qui sera aussi votre arrière-garde. «Mon serviteur, dit le Seigneur, va obtenir un plein succès et recevoir les plus grands honneurs. La plupart, en le voyant, ont été horrifiés, tant son visage était défiguré, tant son aspect n'avait plus rien d'humain. Et maintenant, la foule des nations est stupéfaite à son sujet, des rois ne savent plus que dire, car ce qu'ils voient n'a rien de commun avec ce qu'on a pu leur raconter, ce qu'ils apprennent est inouï.» Qui de nous a cru la nouvelle que nous avons apprise? Qui de nous a reconnu que le Seigneur était intervenu? Car, devant le Seigneur, le serviteur avait grandi comme une simple pousse, comme une pauvre plante qui sort d'un sol desséché. Il n'avait pas l'allure ni le genre de beauté qui attirent les regards. Il était trop effacé pour se faire remarquer. Il était celui qu'on dédaigne, celui qu'on ignore, la victime, le souffre-douleur. Nous l'avons dédaigné, nous l'avons compté pour rien, comme quelqu'un qu'on n'ose pas regarder. Or il supportait les maladies qui auraient dû nous atteindre, il subissait la souffrance que nous méritions. Mais nous pensions que c'était Dieu qui le punissait ainsi, qui le frappait et l'humiliait. Pourtant il n'était blessé que du fait de nos crimes, il n'était accablé que par l'effet de nos propres torts. Il a subi notre punition, et nous sommes acquittés; il a reçu les coups, et nous sommes épargnés. Nous errions tous ça et là comme un troupeau éparpillé, c'était chacun pour soi. Mais le Seigneur lui a fait subir les conséquences de nos fautes à tous. Il s'est laissé maltraiter sans protester, sans rien dire, comme un agneau qu'on mène à l'abattoir, comme une brebis devant ceux qui la tondent. On l'a arrêté, jugé, supprimé, mais qui se souciait de son sort? Or, il était éliminé du monde des vivants, il était frappé à mort du fait des crimes de mon peuple. On l'a enterré avec les criminels, dans la mort, on l'a mis avec les riches, bien qu'il n'ait pas commis de violence ni pratiqué la fraude. Mais le Seigneur approuve son serviteur accablé, et il a rétabli celui qui avait offert sa vie à la place des autres. Son serviteur aura des descendants et il vivra longtemps encore. C'est lui qui fera aboutir le projet du Seigneur. «Après avoir subi tant de peines, dit le Seigneur, mon serviteur verra la lumière de la vie, il en fera l'expérience parfaite. Les masses humaines reconnaîtront mon serviteur comme le vrai Juste, lui qui s'est chargé de leurs fautes. C'est pourquoi je le place au rang des plus grands, c'est avec les plus puissants qu'il partagera le butin. Car il s'est dépouillé lui-même jusqu'à en mourir, il s'est laissé placer au nombre des malfaiteurs, il a pris sur lui les fautes des masses humaines, et il est intervenu en faveur des coupables.» Jérusalem, toi qui n'avais plus d'enfants, pousse des cris de joie. Toi qui ne mettais plus de fils au monde, éclate en cris de joie et d'enthousiasme. Car le Seigneur te dit: «Toi, la femme abandonnée, tu as maintenant plus d'enfants qu'une femme aimée par son mari.» Agrandis la tente où tu vis, tends des toiles supplémentaires, ne regarde pas à la dépense. Allonge les cordes de ta tente, consolide les piquets, car tu vas t'agrandir de tous côtés; tes fils vont récupérer les territoires voisins, et tes villes désertées vont être repeuplées. Tu ne seras plus humiliée, n'aie donc pas peur. Tu ne seras plus déshonorée, ne te sens plus honteuse. Tu oublieras l'humiliation que tu ressentais dans ta jeunesse, tu ne penseras plus au déshonneur que tu éprouvais quand tu étais veuve. Car tu vas avoir pour époux celui qui t'a créée, celui qui a pour nom “Le Seigneur de l'univers”. C'est l'unique vrai Dieu, le Dieu d'Israël qui te libère, celui-là même qu'on nomme “Le Dieu de toute la terre”. Comme une femme abandonnée tu étais plongée dans le chagrin. Mais ton Dieu déclare: «Comment peut-on rejeter la femme qu'on a choisie quand on était jeune? Pendant un court instant, je t'avais rejetée, mais, dans ma grande tendresse, je te reprends avec moi. Dans un accès momentané de colère, j'ai refusé de te voir, mais, dans mon amour sans fin, je te garde ma tendresse. C'est moi, le Seigneur, qui te le dis, moi qui prends ta cause en mains. «Je vais faire aujourd'hui comme au temps de Noé: j'avais promis alors que la grande inondation ne submergerait plus la terre. Je te promets de même aujourd'hui de ne plus m'irriter et de ne plus te menacer. Même si les collines venaient à s'ébranler, même si les montagnes venaient à changer de place, l'amour que j'ai pour toi ne changera jamais, et l'engagement que je prends d'assurer ton bonheur restera inébranlable. C'est moi, le Seigneur, qui te le dis, moi qui te garde ma tendresse.» Malheureuse Jérusalem, secouée par la tempête, sans personne pour te réconforter! «Eh bien moi, dit le Seigneur, je vais te rebâtir en pierres décorées, refaire tes fondations en saphir, le haut de tes murailles en rubis, tes entrées en cristal, et tous tes remparts en pierres précieuses! Tes enfants seront tous mes disciples, ils vivront en pleine prospérité. Tu seras vraiment inébranlable. A l'abri de toute oppression, tu n'auras plus rien à craindre. Tu seras délivrée de la terreur, elle ne te menacera plus. Si on veut t'attaquer, cela ne viendra pas de moi. D'ailleurs, quiconque t'attaquera succombera devant toi. C'est moi, remarque-le, qui crée le forgeron, l'homme qui active le feu et produit toutes sortes d'armes. Mais c'est moi aussi qui crée l'homme chargé de les détruire. Toute arme forgée pour te nuire ne te fera aucun mal. Quiconque t'accusera au tribunal, tu le feras condamner. Voilà la part que je réserve à ceux qui sont mes serviteurs, voilà les droits que je leur garantis, déclare le Seigneur.» Holà, vous tous qui avez soif, voici de l'eau, venez. Même sans argent, venez; prenez de quoi manger, c'est gratuit; du vin ou du lait, c'est pour rien. A quoi bon dépenser de l'argent pour un pain qui ne nourrit pas, à quoi bon vous donner du mal pour rester sur votre faim? Ecoutez-moi bien, et vous aurez à manger quelque chose de bon, vous vous régalerez de ce qu'il y a de meilleur. Accordez-moi votre attention et venez jusqu'à moi. Écoutez-moi, et vous revivrez. «Je m'engage pour toujours, dit le Seigneur, à vous accorder les bienfaits que j'avais assurés à David: Face aux peuples, j'avais fait de lui un témoin de mon pouvoir, je l'avais établi comme un chef et un maître pour les nations. Eh bien toi aussi, Israël, tu lanceras un appel à des étrangers, des inconnus, et ces gens qui t'ignoraient accourront vers toi. Ils viendront à cause de moi, le Seigneur ton Dieu, l'unique vrai Dieu, le Dieu d'Israël, qui t'accorde cet honneur.» Tournez-vous vers le Seigneur, maintenant qu'il se laisse trouver. Faites appel à lui, maintenant qu'il est près de vous. Que l'homme sans foi ni loi renonce à ses pratiques! Que l'individu malveillant renonce à ses méchantes pensées! Qu'ils reviennent tous au Seigneur, car il aura pitié d'eux! Qu'ils reviennent à notre Dieu, car il accorde un large pardon! «En effet, dit le Seigneur, ce que je pense n'a rien de commun avec ce que vous pensez, et vos façons d'agir n'ont rien de commun avec les miennes. Il y a autant de distance entre ma façon d'agir et la vôtre, entre ce que je pense et ce que vous pensez, qu'entre le ciel et la terre. «La pluie et la neige tombent du ciel, mais elles n'y retournent pas sans avoir arrosé la terre, sans l'avoir rendue fertile, sans avoir fait germer les graines. Elles procurent ainsi ce qu'il faut pour semer et ce qu'il faut pour se nourrir. Eh bien, il en est de même pour ma parole, pour ma promesse: elle ne revient pas à moi sans avoir produit d'effet, sans avoir réalisé ce que je voulais, sans avoir atteint le but que je lui avais fixé.» C'est dans la joie que vous quitterez Babylone, et dans la paix que vous serez ramenés chez vous. Devant vous, montagnes et collines éclateront en cris de joie, et tous les arbres des campagnes battront des mains pour applaudir. Au lieu du buisson d'épines poussera le cyprès; à la place des orties, le myrte. Pour le Seigneur, ce sera un titre de gloire, la marque indestructible qui rappellera toujours ce qu'il a fait pour vous. Voici ce que le Seigneur déclare: «Respectez le droit, faites ce qui est juste, car le salut que j'apporte est proche, il va venir. On verra que je tiens ma promesse. Heureux sera l'homme qui fait ce que j'ai dit, qui s'y tient fermement, qui respecte avec soin le sabbat et s'interdit de faire quelque mal que ce soit!» Il ne faut donc pas que l'étranger qui s'est attaché au Seigneur aille s'imaginer: «Le Seigneur me met à part, à l'écart de son peuple.» Il ne faut pas non plus que l'eunuque se mette à dire: «Je ne suis qu'un arbre sec.» Car voici ce que le Seigneur déclare: «Si un eunuque respecte mes sabbats, s'il choisit de faire ce qui m'est agréable, s'il se tient à l'engagement que j'attends de mon peuple, alors je lui réserverai, sur les murs de mon temple, un emplacement pour son nom. Ce sera mieux pour lui que des fils et des filles. Je rendrai son nom éternel, rien ne l'effacera.» Quant aux étrangers qui se sont attachés au Seigneur pour l'honorer et pour l'aimer, pour être ses serviteurs, le Seigneur déclare: «S'ils respectent avec soin le sabbat, s'ils se tiennent à l'engagement que j'attends de mon peuple, alors je les ferai venir sur la montagne qui m'est consacrée, je les remplirai de joie dans ma maison de prière, j'accueillerai avec faveur les divers sacrifices qu'ils m'offriront sur l'autel. Car on appellera ma maison “Maison de prière pour tous les peuples.” Celui qui a rassemblé les dispersés d'Israël, le Seigneur Dieu, ajoute: «J'en ai déjà rassemblés, j'en rassemblerai d'autres encore.» Vous toutes, bêtes des champs, et vous, animaux des forêts, venez au festin! Les gardiens d'Israël sont tous des aveugles, ils ne remarquent rien. Ce sont des chiens muets, incapables d'aboyer. Ils rêvent, allongés, ils aiment à sommeiller. Ce sont aussi des chiens voraces, qui n'ont jamais assez. Et dire qu'ils sont les bergers! Ils n'ont aucun discernement, ils ne suivent que leurs désirs; chacun d'eux ne poursuit que son propre intérêt. «Venez, disent-ils, allons chercher du vin, boire quelque chose de fort. Demain sera comme aujourd'hui, il reste beaucoup à boire.» Quant aux fidèles, ils sont mis à mort sans que personne s'en soucie; les braves gens succombent sans que personne y prenne garde. Oui, les fidèles succombent, victimes des méchants. Mais la paix reviendra, et ceux qui suivent le droit chemin pourront enfin dormir tranquilles. Approchez ici, vous autres, enfants de sorcière, race adultère et prostituée! De qui vous moquez-vous? A qui faites-vous des grimaces et tirez-vous la langue? N'est-il pas vrai que vous êtes des enfants désobéissants, une race menteuse? Vous vous excitez près des grands arbres, sous tout ce qui porte des feuilles. Vous sacrifiez des enfants sur le bord des torrents, à l'abri des cavernes. Les pierres lisses du torrent, voilà ton bien le plus sacré, la part qui est la tienne, Israël! C'est pour elles que tu répands du vin en sacrifice, et que tu présentes des offrandes! Devrais-je m'y résigner, demande le Seigneur? Tu te prépares un lit sur toutes les hauteurs. C'est là que tu montes pour offrir des sacrifices. Tu as fixé ton fétiche derrière le montant de la porte. En cachette de moi tu te déshabilles, tu montes sur ton lit, tu y fais de la place. Tu as fait un pacte avec tes amants, tu aimes coucher avec eux, tu contemples la chose! Tu t'es enduite d'huile pour aller trouver le grand roi, tu t'es richement parfumée. Tu as envoyé des messagers jusque très loin d'ici, et tu es descendue jusqu'au séjour des morts. A force de démarches, tu as fini par te fatiguer. Mais tu n'as pas dit: «Inutile d'insister». Tu as retrouvé tes forces, tu as surmonté ta fatigue. Qui donc te faisait si peur pour que tu me trompes à ce point, que tu ne penses plus à moi et me chasses de ton souvenir? Je ne disais rien depuis longtemps; c'est sans doute pour cela que tu ne me respectes plus. Mais je vais dénoncer ta prétendue innocence et tes agissements. Tu n'en tireras aucun profit. Quand tu appelleras au secours, eh bien, qu'elle te tire d'affaire, ta collection de faux dieux! Que le vent les emporte tous, qu'un souffle les balaye! Mais ceux qui chercheront un refuge auprès de moi recevront le pays comme leur propriété, et ils posséderont la montagne qui m'est consacrée. Le Seigneur avait dit: «Réparez le chemin, dépêchez-vous, ouvrez la voie, enlevez les obstacles devant les pas de mon peuple.» Or voici ce que déclare celui qui est plus haut que tout, dont la demeure est éternelle et dont le nom est unique: «Moi, l'unique vrai Dieu, j'habite là-haut, mais je suis avec les hommes qui se trouvent accablés et ont l'esprit d'humilité, pour rendre la vie aux humiliés, pour rendre la vie aux accablés. Car ce n'est pas sans fin que je fais des reproches ou que je reste irrité. Sinon tous ceux que j'ai créés perdraient le souffle de la vie. Les torts d'Israël, ses gains malhonnêtes m'ont irrité. Dans ma colère je l'ai frappé, je ne voulais plus le voir. Mais il est resté infidèle, il n'en a fait qu'à sa tête, je connais bien sa conduite. Or voici quelle sera ma revanche: je le guérirai, je le guiderai, je le réconforterai! Quant à ceux qui portaient le deuil, je mettrai sur leurs lèvres des exclamations de joie. Salut, salut pour tous, aux plus lointains comme aux plus proches, dit le Seigneur. Oui, je guérirai mon peuple.» Mais les gens sans foi ni loi sont comme la mer agitée, incapable de se calmer, et dont les eaux rejettent toutes sortes de saletés. «Le salut, a dit mon Dieu, n'est pas pour les gens sans foi ni loi.» Crie à pleine voix, ne te retiens pas, dit le Seigneur. Comme le son du cor, que ta voix porte loin. Dénonce à mon peuple sa révolte, aux descendants de Jacob leurs fautes. Jour après jour, tournés vers moi, ils désirent connaître ce que j'attends d'eux. On dirait une nation qui agit comme il faut, et qui n'abandonne pas le droit proclamé par son Dieu. Ils réclament de moi de justes jugements et désirent ma présence. Mais ils me disent: «A quoi bon pratiquer le jeûne, si tu ne nous vois pas? A quoi bon nous priver, si tu ne le remarques pas?» Alors je réponds: Constatez-le vous-mêmes: jeûner ne vous empêche pas de saisir une bonne affaire, de malmener vos employés, ni de vous quereller ou de donner des coups de poing! Quand vous jeûnez ainsi, votre prière ne m'atteint pas. Est-ce en cela que consiste le jeûne tel que je l'aime, le jour où l'on se prive? Courber la tête comme un roseau, revêtir l'habit de deuil, se coucher dans la poussière, est-ce vraiment pour cela que vous devez proclamer un jeûne, un jour qui me sera agréable? Le jeûne tel que je l'aime, le voici, vous le savez bien: c'est libérer les hommes injustement enchaînés, c'est les délivrer des contraintes qui pèsent sur eux, c'est rendre la liberté à ceux qui sont opprimés, bref, c'est supprimer tout ce qui les tient esclaves. C'est partager ton pain avec celui qui a faim, c'est ouvrir ta maison aux pauvres et aux déracinés, fournir un vêtement à ceux qui n'en ont pas, ne pas te détourner de celui qui est ton frère. Alors ce sera pour toi l'aube d'un jour nouveau, ta plaie ne tardera pas à se cicatriser. Le salut te précédera et la glorieuse présence du Seigneur sera ton arrière-garde. Quand tu appelleras, le Seigneur te répondra; quand tu demanderas de l'aide, il te dira: «J'arrive!» Si tu cesses chez toi de faire peser des contraintes, de ridiculiser les autres en les montrant du doigt, ou de parler d'eux méchamment, si tu partages ton pain avec celui qui a faim, si tu donnes à manger à qui doit se priver, alors la lumière chassera l'obscurité où tu vis; au lieu de vivre dans la nuit, tu seras comme en plein midi. Le Seigneur restera ton guide; même en plein désert, il te rassasiera et te rendra des forces. Tu feras plaisir à voir, comme un jardin bien arrosé, comme une fontaine abondante dont l'eau ne tarit pas. Alors tu relèveras les anciennes ruines, et tu rebâtiras sur les fondations abandonnées depuis longtemps. On te nommera ainsi: «Le peuple qui répare les brèches des murailles et redonne vie aux ruelles de la ville». «Si tu renonces à travailler le jour du sabbat, ou à traiter une bonne affaire le jour qui m'est consacré, dit le Seigneur; si tu parles du sabbat comme d'un jour de joie consacré à mon service et qu'il convient d'honorer; si tu le respectes effectivement en renonçant à travailler, à saisir une bonne affaire et à marchander longuement, alors je deviendrai la source de ta joie. Moi, le Seigneur, je t'emmènerai en triomphe sur les plus hauts sommets, et je te ferai profiter du pays que Jacob, ton ancêtre, a reçu en propriété.» Voilà ce que promet le Seigneur. Pensez-vous que le Seigneur n'ait pas le bras assez long pour vous sauver? ou qu'il ait l'oreille trop dure pour vous entendre? En réalité, ce sont vos torts qui dressent une barrière entre vous et votre Dieu; ce sont vos propres fautes qui le poussent à tourner la tête pour ne pas vous écouter. Car vous avez du sang sur les mains, vos doigts sont souillés de crimes, et quand vous ouvrez la bouche, c'est pour mentir ou calomnier. Vous déposez au tribunal des plaintes malhonnêtes, vous y plaidez sans loyauté. Vous vous appuyez sur des preuves vides, vos arguments sont sans fondement, vous portez en vous le désir de nuire et n'accouchez que du malheur. Vous courez à toutes jambes pour faire le mal, vous vous précipitez pour assassiner l'innocent. Vos projets visent seulement à faire du mal aux autres. Sur votre route, vous semez la violence et le désastre. Vous ne connaissez pas le chemin de la paix, et là où vous passez on ne rencontre pas le droit. Vous préférez les voies détournées, et quiconque emprunte vos chemins ne connaîtra jamais la paix. Voilà pourquoi Dieu met du temps à intervenir pour nous et repousse à plus tard le salut promis. Nous espérions voir la lumière, mais c'est partout l'obscurité. Nous attendions que le jour se lève, mais nous marchons dans la nuit noire. Nous avançons en tâtonnant comme un aveugle près d'un mur, nous hésitons comme un homme qui ne voit pas où il va. En plein midi, nous trébuchons comme dans la nuit la plus noire. Nous sommes en bonne santé, mais ne valons pas mieux que des morts. Nous laissons tous échapper des grognements d'ours ou des cris plaintifs de colombe. Nous espérions que Dieu interviendrait, mais rien. Nous attendions le salut, mais il reste loin de nous. En effet, bien souvent, Seigneur, nous t'avons désobéi. Nos fautes nous accusent, nos révoltes collent à nous, nous savons bien quels sont nos torts: nous t'avons désobéi, nous t'avons trahi, nous avons refusé de te suivre, toi notre Dieu. Nous ne parlons que d'opprimer ou de nous révolter. Ce que nous portons en nous, ce que nous avons à l'esprit n'est finalement que mensonge. Ainsi le droit est en recul, la justice reste inaccessible. Sur la place du marché la bonne foi trébuche, l'honnêteté n'a plus cours. Oui, la bonne foi a disparu, et celui qui veut rester honnête se fait dépouiller à tous les coups. Le Seigneur a bien vu tout ce qui se passait. Il n'a pas accepté que le droit soit foulé aux pieds. Il a constaté que personne ne réagissait; il est resté surpris que personne n'intervienne. Alors il a décidé d'y mettre la main lui-même; sa loyauté lui en a donné la force. Cette loyauté lui sert de cuirasse, et le salut, de casque pour sa tête. Il a passé sur lui le vêtement de la revanche; le manteau dont il s'enveloppe, c'est son ardeur à combattre. Il va rendre aux humains ce qu'ils ont mérité, user de furieuses représailles contre tous ses ennemis, même les plus lointains. Ainsi, depuis le soleil levant jusqu'au soleil couchant, on respectera le Seigneur et sa présence glorieuse, quand il arrivera tel un torrent impétueux poussé par la tempête. Le Seigneur va venir pour libérer Jérusalem et ceux du peuple d'Israël qui renoncent à leurs révoltes. C'est lui qui le déclare. Et le Seigneur ajoute: «Voici l'engagement que je prends envers ceux-là: Mon Esprit reposera sur vous, je vous confie mon message dès maintenant et pour toujours. Je ne vous retirerai jamais cette mission, ni à vous, ni à vos enfants, ni aux enfants de vos enfants. C'est moi qui le déclare.» Debout, Jérusalem, brille de mille feux, car la lumière se lève pour toi: la glorieuse présence du Seigneur t'éclaire comme le soleil levant. L'obscurité couvre la terre, la nuit enveloppe les peuples. Mais toi, le Seigneur t'éclaire comme le soleil qui se lève. Au-dessus de toi apparaît sa présence lumineuse. Alors des nations marcheront vers la lumière dont tu rayonnes, des rois seront attirés par l'éclat dont tu te mettras à briller. Regarde bien autour de toi, et vois tous tes enfants: ils viennent et se rassemblent auprès de toi. Tes fils arrivent de loin, on ramène tes filles en les portant dans les bras. En les apercevant, tu rayonnes de bonheur; tu en es tout émue, ton cœur éclate de joie. Car les richesses de la mer arrivent chez toi, les trésors des nations affluent jusqu'à toi. Ton pays se couvre d'une foule de chameaux: ce sont les caravanes de Madian et d'Éfa, arrivant toutes de Saba. Elles apportent de l'or et de l'encens en chantant les hauts faits du Seigneur. Les troupeaux des gens de Quédar se rassemblent devant toi, les béliers de Nebayoth sont à ta disposition. On les présente sur l'autel du Seigneur, et c'est pour lui un sacrifice agréable. Il montre ainsi la gloire de son temple. Qui sont donc tous ces gens? On dirait un nuage, ou un vol de pigeons qui rentrent au pigeonnier. Des rivages lointains, des bateaux se rassemblent, les grands navires en tête. Depuis les pays éloignés ils ramènent tes enfants, avec leur or et leur argent: ils viennent glorifier le Seigneur, ton Dieu, l'unique vrai Dieu, le Dieu d'Israël, qui t'accorde cet honneur. Ce sont des étrangers qui rebâtiront tes murailles; leurs rois seront à ton service, dit le Seigneur. Je t'avais frappée, en effet, tant j'étais indigné. Mais j'ai plaisir maintenant à te montrer mon amour. Tes portes resteront ouvertes, elles ne seront refermées ni la nuit ni le jour, afin qu'on fasse entrer chez toi les trésors des nations et leurs rois l'un après l'autre. Toute nation ou tout royaume qui refusera de te servir devra disparaître; ces nations-là seront complètement ruinées. Toute la gloire des forêts du Liban, bois de cyprès, de pin et de buis, arrivera chez toi pour orner mon saint temple. Je montrerai ainsi la gloire du lieu où je me tiens. Ceux qui t'ont maltraitée s'approcheront de toi en baissant la tête, tous ceux qui t'ont ridiculisée se jetteront à tes pieds. Ils te donneront ces titres: “La cité du Seigneur”, “La Sion de l'unique vrai Dieu, le Dieu d'Israël”. Tu étais abandonnée, personne ne t'aimait ni ne passait te voir. Au lieu de cela, je ferai de toi un sujet de fierté pour toujours, un sujet de joie de siècle en siècle. Les nations et leurs rois te serviront de nourrices. Alors tu le sauras: moi, le Seigneur, je suis ton sauveur, moi, le Dieu fort de Jacob, je suis ton libérateur. J'apporterai chez toi du fer au lieu de pierres, du bronze au lieu de bois, de l'argent au lieu de fer, de l'or au lieu de bronze. L'autorité et le pouvoir que j'instaurerai chez toi, c'est la paix et la justice. On n'entendra plus parler de violence dans ton pays, ni de ruine et de désastre à l'intérieur de tes frontières. Mais tu pourras nommer tes murailles “Salut”, et tes portes “Louange à Dieu”. Pour t'éclairer, tu n'auras plus besoin ni du soleil pendant le jour, ni de la lune pendant la nuit, car moi, le Seigneur ton Dieu, je t'éclairerai pour toujours et je t'illuminerai de tout mon éclat. La lumière du jour ne s'en ira plus pour toi comme au coucher du soleil, ni la clarté de la nuit comme au coucher de la lune, car moi, le Seigneur, je t'éclairerai pour toujours. Ce sera la fin de ton deuil. Tes habitants formeront à eux tous un peuple de fidèles, ils resteront toujours les maîtres du pays. Eux que j'ai créés de mes mains pour qu'ils manifestent ma gloire, ils seront comme des plantes dans mon jardin. La plus petite famille comptera mille personnes, la plus modeste deviendra une nation puissante. Voilà ce que moi, le Seigneur, je me dépêcherai de faire quand le moment sera venu. Le Seigneur Dieu me remplit de son Esprit, car il m'a consacré et m'a donné pour mission d'apporter aux pauvres une bonne nouvelle, et de prendre soin des désespérés; de proclamer aux déportés qu'ils seront libres désormais et de dire aux prisonniers que leurs chaînes vont tomber; d'annoncer l'année où le Seigneur montrera sa faveur à son peuple, le jour où notre Dieu prendra sa revanche sur ses ennemis; d'apporter un réconfort à ceux qui sont en deuil. Ils portent le deuil de Sion, mais j'ai mission de remplacer les marques de leur tristesse par autant de marques de joie: la cendre sur leur tête par un splendide turban, leur mine douloureuse par une huile parfumée, leur air pitoyable par un habit de fête. Alors on les comparera à des arbres qui font honneur à Dieu, à un jardin qui révèle la gloire du Seigneur. Ils relèveront les anciennes ruines, ils rebâtiront les maisons jadis abattues, ils restaureront les villes restées si longtemps dévastées. Des étrangers seront là pour veiller sur vos troupeaux; des gens venus d'ailleurs laboureront pour vous et cultiveront vos vignes. Vous-mêmes porterez le titre de “Prêtres du Seigneur”. On dira en parlant de vous: “Les serviteurs de notre Dieu”. Vous pourrez profiter de la fortune des nations et faire étalage de leurs richesses. «Vous avez souffert le déshonneur, et même deux fois plutôt qu'une. Votre lot était l'humiliation, les gens crachaient sur vous, dit le Seigneur. C'est pourquoi, en compensation, vous recevrez double part dans le pays de ces gens-là, et vous vivrez dès lors dans une joie éternelle. Moi, le Seigneur, j'aime en effet qu'on respecte le droit, mais je déteste, je trouve indigne qu'on prenne quelque chose de force. Je vous donnerai donc un vrai dédommagement et je m'engagerai envers vous solennellement et pour toujours.» Vos descendants seront connus partout, chez toutes les nations. Ceux qui les apercevront les reconnaîtront à ceci: ils formeront une race que le Seigneur bénit. Le Seigneur est pour moi une source de joie débordante. Mon Dieu me remplit de bonheur, car le secours qu'il m'accorde est un habit dont il me vêt, et le salut qu'il m'apporte, un manteau dont il me couvre. J'ai la joie du jeune marié qui a mis son turban de fête, ou de la fiancée parée de ses bijoux. En effet, comme la terre fait sortir les pousses, ou comme un jardin fait germer ce qu'on y a semé, ainsi le Seigneur Dieu fera germer salut et louange devant l'ensemble des nations. Par amour pour toi, Jérusalem, je ne me tairai pas; par amour pour toi, Sion, je ne resterai pas inactif, jusqu'à ce que ta juste délivrance apparaisse comme le jour, et que ton salut brille comme une torche enflammée. Les nations constateront que le Seigneur t'a délivrée, tous les rois contempleront ta gloire. On te donnera le nom nouveau que le Seigneur aura prononcé. Dans la main du Seigneur, de ton Dieu, tu seras comme un turban royal, comme une couronne de fête. On ne t'appellera plus “la ville abandonnée”, on ne nommera plus ton pays “la terre dévastée”. On t'appellera au contraire “Plaisir du Seigneur”, et l'on nommera ta terre “la bien mariée”. Car tu seras vraiment le plaisir du Seigneur, et ta terre aura un époux. Oui, comme un jeune homme épouse une jeune fille, ainsi Celui qui te rebâtit sera un mari pour toi. De même aussi qu'une fiancée fait la joie de son fiancé, tu feras la joie de ton Dieu. Sur tes murailles, Jérusalem, j'ai placé des veilleurs. Ils ne devront jamais se taire, ni le jour ni la nuit. «Vous qui rappelez au Seigneur le souvenir de Jérusalem, ne faites aucune pause. Ne le laissez pas en repos jusqu'à ce qu'il l'ait rétablie, jusqu'à ce qu'il ait fait d'elle la gloire de toute la terre.» Le Seigneur a fait ce serment: «Aussi vrai que j'ai tout pouvoir, je le jure à mon peuple: jamais plus je ne laisserai tes ennemis profiter du blé que tu as cultivé, ni des gens venus d'ailleurs boire le vin de l'année pour lequel tu as pris tant de peine. Ceux qui mangeront le blé en acclamant le Seigneur seront ceux qui l'auront moissonné; ceux qui boiront le vin dans les cours de mon sanctuaire seront ceux qui auront fait la vendange.» Gens de Jérusalem, sortez, sortez vite de la ville. Ouvrez la voie à ceux qui reviennent, bouchez les trous de la chaussée, débarrassez-la des pierres. Et balisez la route à l'intention des peuples. Le Seigneur va donner ses ordres d'un bout du monde à l'autre. Dites donc à Sion: «Ton Sauveur arrive, il ramène ceux qu'il a gagnés, il rapporte le fruit de sa peine.» On vous appellera, vous et eux, “le peuple consacré à Dieu”, “ceux que le Seigneur a libérés”. Et toi, Jérusalem, on ne te nommera plus “la ville abandonnée”, mais bien “la Désirée”. Quel est ce voyageur qui arrive d'Édom, de Bosra, la capitale, les vêtements tachés de rouge? Drapé dans son manteau, il marche la tête haute et conscient de sa force. «C'est moi, dit le Seigneur, je viens rendre la justice et m'en prendre aux nations pour sauver mon peuple.» «Mais pourquoi ce rouge à ton manteau et ces taches à tes vêtements? On dirait que tu as travaillé à fouler du raisin au pressoir.» «Oui, j'ai travaillé au pressoir, et seul, sans personne d'aucun peuple avec moi. Dans ma colère et ma fureur j'ai piétiné des gens, je les ai foulés aux pieds. Leur sang a giclé sur mes habits, j'ai taché tous mes vêtements. C'est que j'avais à cœur de prendre aujourd'hui ma revanche; le moment était venu de libérer mon peuple. J'ai cherché quelqu'un du regard, mais personne pour m'aider! Je suis resté surpris que personne ne m'assiste. Alors j'ai décidé d'y mettre la main moi-même; ma fureur m'en a donné la force. Dans ma colère j'ai écrasé des gens, je les ai enivrés de ma fureur, j'ai répandu leur sang à terre.» Je voudrais rappeler les bontés du Seigneur et nos motifs de le louer: tout ce qu'il a fait pour nous, et sa générosité envers la nation d'Israël, tout ce qu'il a fait par amour, dans son immense bonté. Il a dit des gens d'Israël: «Mon peuple, c'est eux, ils sont pour moi des fils qui ne me décevront pas.» Et il a été leur sauveur. Dans toutes leurs détresses il n'a délégué personne pour leur venir en aide, mais il les a sauvés lui-même. Dans son amour et sa pitié, c'est lui qui les a libérés, c'est lui qui s'est chargé d'eux et les a portés à bout de bras tout au long de leur histoire. Mais ils ont été rebelles, ils ont déçu son Esprit saint. Il s'est donc fait leur ennemi et il s'est mis à les combattre. Alors son peuple s'est rappelé l'histoire ancienne, avec Moïse: «Qu'est-il donc devenu, celui qui a fait monter son peuple de la mer, son troupeau avec ses bergers? Qu'est-il donc devenu, celui qui, par son Esprit, était présent parmi les siens? A la droite de Moïse, c'est lui qui avança son bras majestueux. Il fendit les eaux devant les siens et s'est acquis ainsi un éternel titre de gloire. C'est lui qui les fit avancer sur le fond de la mer, comme un cheval en liberté, sans qu'ils fassent un faux pas. On aurait dit un troupeau qui descend dans la vallée. L'Esprit du Seigneur les conduisait vers le repos.» C'est donc ainsi, Seigneur, que tu conduisais ton peuple et que tu te faisais un splendide titre de gloire! Du haut du ciel, regarde; de ta splendide demeure divine, vois ce qui nous arrive: Que sont donc devenus ton amour si ardent, ta vaillance au combat et tes sentiments de tendresse? Seigneur, ne t'es-tu pas retenu de montrer ton affection à ton peuple? Car c'est toi qui es notre père, Abraham, notre ancêtre, nous ignore, et Jacob ne nous connaît pas; mais toi, Seigneur, tu es notre père, toi qu'on nomme depuis toujours “notre Libérateur”. Pourquoi, Seigneur, nous as-tu laissés nous égarer loin de ta route, et nous obstiner à rejeter ton autorité? Reviens, pour l'amour de nous qui sommes tes serviteurs, le peuple qui est ta propriété. Nous, le peuple qui t'est consacré, n'avons pas eu bien longtemps la propriété du pays; ton saint temple a été piétiné par nos ennemis. Il y a si longtemps que nous ne sommes plus le peuple sur lequel tu règnes, le peuple qui porte ton nom! Ah! si tu déchirais le ciel, et si tu descendais! Devant toi les montagnes seraient ébranlées! Tu serais comme un feu embrasant des brindilles ou mettant l'eau en ébullition. Et tu ferais savoir ainsi à tous tes adversaires quel Dieu tu es. Devant toi, les nations seraient prises de panique, quand tu accomplirais des prodiges inattendus. Oui, tu descendrais, et devant toi, les montagnes seraient ébranlées. Jamais on n'a entendu dire, jamais on n'a remarqué, jamais un œil n'a vu qu'un autre dieu que toi ait agi de la sorte pour ceux qui comptent sur lui. Tu viens à la rencontre de ceux qui font ta volonté, qui la font avec joie, et qui pensent à suivre les chemins que tu as tracés. Si tu t'es irrité, c'est que nous étions coupables. Mais c'est toujours sur ces chemins que nous trouverons le salut. Nous sommes tous impropres à ton service, comme un objet impur; et toutes nos belles actions sont aussi répugnantes qu'un linge taché de sang. Nos torts nous emportent tous comme les feuilles mortes balayées par le vent. Il n'y a plus personne pour s'adresser à toi, pour se ressaisir et s'attacher à toi. Car tu refuses de nous voir, et tu nous as livrés découragés au pouvoir de nos fautes. Et pourtant, Seigneur, c'est toi qui es notre père. Nous sommes l'argile, et tu es le potier, tu nous as tous façonnés. Seigneur, ne sois pas trop irrité, ne te rappelle pas sans cesse nos torts. Veuille considérer que nous sommes tous ton peuple. Les villes qui te sont consacrées sont dépeuplées, Jérusalem n'est plus qu'un désert et Sion un lieu dévasté. La maison qui t'était consacrée, où nos parents t'acclamaient, notre temple splendide a été livré au feu. Ce lieu que nous aimions tant n'est plus qu'un tas de ruines. Seigneur, devant ces ruines, peux-tu rester indifférent? Peux-tu te taire plus longtemps, et nous humilier encore, au-delà de toute mesure? J'offre ma réponse, mais on ne me demande rien. Je suis disponible, dit le Seigneur, mais on ne me consulte pas. J'ai annoncé: «Me voici, j'arrive», mais à une nation qui ne s'adressait pas à moi. J'ai constamment tendu les mains à des gens qui n'en voulaient pas, qui suivaient un mauvais chemin et n'en faisaient qu'à leur tête. C'est un peuple qui me provoque ouvertement et constamment: dans leurs jardins sacrés, ils font des sacrifices et brûlent sur des autels de briques du parfum pour les faux dieux; ils s'asseyent dans les tombeaux, ils séjournent dans des caveaux; ils mangent de la viande de porc et mettent dans leurs plats des nourritures impures. Ils disent à ceux qu'ils rencontrent: «Reste à distance, ne me touche pas, tu ne peux m'approcher sans danger.» Quand je vois ces pratiques, la colère me prend et ne cesse de me brûler. Mais j'ai pris note de leur conduite, et je ne me tairai pas sans leur avoir réglé leur compte, et même copieusement. Moi le Seigneur, je le déclare: je compte en même temps leurs crimes et ceux de leurs ancêtres: ceux-ci déjà brûlaient du parfum pour les faux dieux sur les montagnes, ils me provoquaient sur les collines. Ainsi je ferai bonne mesure pour leur ancienne conduite, bonne et copieuse mesure! Quand on trouve sur une vigne une grappe bien juteuse, on dit: «Laissons-la intacte, car elle promet du bon vin.» Eh bien, voici ce que déclare le Seigneur: «C'est comme cela que j'agirai pour mes fidèles, je les garderai intacts. Je donnerai des descendants au peuple de Jacob, à la tribu de Juda. Ils posséderont mes montagnes, ceux que j'ai choisis en auront la propriété, mes fidèles y auront leur demeure. Pour ceux qui se tournent vers moi, la plaine de Saron deviendra un pâturage, et la vallée d'Akor un enclos pour le bétail. J'en viens à vous maintenant, à vous qui m'abandonnez et qui avez oublié le chemin de la montagne qui m'est consacrée, qui servez des repas à Gad, le dieu de la chance, et offrez des vins mélangés à Méni, le dieu du destin! Eh bien, je vous destine à une mort violente. Vous tomberez tous à genoux pour être massacrés. Car je vous ai appelés, mais vous n'avez pas répondu, je vous ai parlé, mais vous n'avez pas écouté. Vous faites précisément ce que j'estime mauvais; ce que vous avez choisi, c'est ce qui me déplaît! Voici donc ce que je déclare, moi le Seigneur Dieu: Tandis que vous connaîtrez la famine, mes fidèles auront de quoi manger. Quand que vous mourrez de soif, mes fidèles auront de quoi boire. Alors que vous serez dans la honte, mes fidèles seront dans la joie: ils seront si heureux, qu'ils crieront de joie! Mais vos cris à vous seront des cris de douleur: vous vous lamenterez, le cœur découragé. Votre nom, après vous, ne servira plus à mes fidèles qu'à formuler cette malédiction: “Que le Seigneur Dieu te fasse mourir comme un tel ou un tel!” Mais pour eux, pour mes fidèles, c'est un tout autre nom que l'on prononcera: Dans le pays, ceux qui voudront souhaiter à d'autres d'être bénis le feront en prononçant le nom du Dieu sur qui l'on peut compter. Ceux qui voudront prêter serment le feront en prononçant le nom du Dieu sur qui l'on peut compter.» Oui, les malheurs du passé tomberont dans l'oubli, ils disparaîtront loin de mes yeux, dit le Seigneur. Car je vais créer un ciel nouveau et une terre nouvelle, si bien qu'on n'évoquera plus le ciel ancien, la terre ancienne; on n'y pensera plus. Réjouissez-vous plutôt, et ne vous arrêtez pas de crier votre enthousiasme pour ce que je vais créer: une Jérusalem enthousiaste et son peuple débordant de joie. Moi aussi, je suis enthousiasmé par cette Jérusalem, et débordant de joie en pensant à mon peuple. On n'entendra plus chez lui ni bruits de pleurs, ni cris d'appel. On n'y trouvera plus d'enfant mort en bas âge, ou encore d'adulte privé d'une longue vieillesse. Car ce sera mourir jeune que de mourir à cent ans, et qui n'atteindra pas cet âge sera regardé comme un maudit. Si mon peuple bâtit des maisons, il sera sûr d'y habiter; et s'il plante des vignes, il sera sûr d'en profiter. Il ne bâtira plus pour qu'un autre en jouisse, il ne plantera plus pour qu'un autre en profite. Dans mon peuple on vivra aussi vieux que les arbres, et mes bien-aimés jouiront du travail qu'ils auront fait. Ce ne sera plus pour rien qu'ils se donneront de la peine, et ils ne mettront plus au monde des enfants pour les voir mourir. Car ils forment la famille de ceux que je bénis, eux et leurs enfants. Moi, je leur répondrai avant même qu'ils appellent; ils n'auront pas fini de parler, que je les aurai entendus. Le loup et l'agneau paîtront l'un avec l'autre. Le lion comme le bœuf mangera du fourrage. Le serpent, pour se nourrir, se contentera de poussière. On ne commettra ni mal ni dommage sur toute la montagne qui m'est consacrée, dit le Seigneur. Voici ce que déclare le Seigneur: «Le ciel est mon trône et la terre mon marchepied. Quel genre de maison pouvez-vous donc me bâtir? Et en quel genre de lieu voulez-vous que je me fixe? Tout ce que vous voyez, je l'ai fait de mes mains, et tout cela existe, vous dis-je. Mais ce qui m'intéresse, c'est le pauvre, le malheureux, celui qui écoute ma parole avec crainte et tremblement. Or, pour offrir un sacrifice, on abat un bœuf, mais on tue aussi bien un homme; on égorge un mouton, mais on assomme aussi bien un chien; on présente une offrande de farine, mais aussi bien du sang de porc; on la brûle avec de l'encens, mais on honore aussi des faux dieux. Puisque ces gens-là ont choisi de suivre cette voie, puisqu'ils se plaisent à ces horreurs, je choisis, moi, de les livrer aux conséquences de leurs caprices; j'amènerai sur eux tous les maux qu'ils redoutent. En effet, j'ai appelé, mais aucun d'eux n'a répondu; je leur ai parlé, mais ils n'ont pas écouté. Ils ont fait précisément ce que je considère comme mauvais, et ce qu'ils ont choisi, c'est ce qui me déplaît.» Écoutez ce que dit le Seigneur, vous qui recevez sa parole avec crainte et tremblement. Vous avez des compatriotes qui vous détestent et vous excluent parce que vous lui êtes fidèles. Ils vous disent en se moquant: «Que le Seigneur montre sa glorieuse présence, et nous vous verrons triompher!» Mais c'est eux qui seront humiliés. Écoutez plutôt ce bruit qui provient de la ville, ce bruit qui vient du temple: c'est le Seigneur qui est en train de rendre à ses ennemis ce qu'ils ont mérité. Donner naissance à un enfant avant que viennent les douleurs! Mettre au monde un garçon avant même d'être en travail! A-t-on jamais entendu dire, a-t-on jamais vu chose pareille? Un pays naît-il en un seul jour? Une nation naît-elle d'un seul coup? C'est pourtant le cas de Sion: à peine dans les douleurs, elle mettait au monde ses enfants! «Si je mène une femme jusqu'au terme de sa grossesse, demande le Seigneur, vais-je empêcher l'enfant de naître? Si c'est moi qui prépare une naissance, déclare ton Dieu, ce n'est pas pour la rendre impossible!» Vous qui aimez Jérusalem, réjouissez-vous avec elle, enthousiasmez-vous pour elle. Vous tous qui aviez pris le deuil à cause de son malheur, partagez maintenant avec elle une joie débordante. Ainsi vous vous rassasierez des consolations qu'elle vous donne, comme des nourrissons allaités par leur mère, qui tètent avec délices son sein généreux. Voici en effet ce que déclare le Seigneur: «Je vais diriger vers Jérusalem un fleuve de bienfaits, et la richesse des nations comme un torrent qui déborde. Et je prendrai soin de vous comme une mère le fait pour l'enfant qu'elle allaite, qu'elle porte sur la hanche et cajole sur ses genoux. Oui, comme une mère qui console son enfant, moi aussi, je vous consolerai, et ce sera à Jérusalem! Oui, vous connaîtrez ce moment-là, votre cœur sera dans la joie, et vos vieux os reprendront vie comme l'herbe au printemps.» Le Seigneur fera éprouver son pouvoir à ses fidèles, mais sa colère à ses ennemis. Voici en effet le Seigneur: il arrive dans un feu, ses chars sont comme l'ouragan. Rempli d'indignation, il vient exercer sa colère et réaliser sa menace dans un bouquet de flammes. C'est par le feu et par l'épée que le Seigneur se fera juge contre tous les humains. Il y aura beaucoup de victimes: je parle ici des gens qui se purifient spécialement pour entrer dans certains jardins; ils viennent s'y placer derrière celui qui est au centre, ils mangent du porc, ou bien du rat, choses abominables. Ces gens-là finiront d'un seul coup, c'est le Seigneur qui l'a dit. Étant donné leurs pratiques et leur projet, dit le Seigneur, le moment est venu pour moi de rassembler des nations de toutes langues, pour qu'elles contemplent ma glorieuse présence. Je mettrai chez elles un signe de mon autorité. Quant à ceux qui auront survécu à mon jugement, je les enverrai chez les peuples de Tarsis, de Poul, de Loud – les spécialistes du tir à l'arc – chez les gens de Toubal et de Yavan et dans les îles lointaines, partout où l'on n'a jamais entendu parler de moi, partout où l'on n'a jamais vu ma gloire. Et mes envoyés révéleront ma gloire à ces nations. Alors celles-ci ramèneront tous vos frères de race qui étaient chez elles: à cheval, en char ou en chariot couvert, à dos de mulet ou de chameau, jusqu'à la montagne qui m'est consacrée à Jérusalem, dit le Seigneur. Ce sera leur offrande pour moi; je l'accueillerai comme celle que les Israélites apportent à mon temple dans des plats purifiés. J'irai même jusqu'à choisir dans ces nations des prêtres et des lévites, déclare le Seigneur. Vos descendants et votre nom, dit le Seigneur, subsisteront en ma présence aussi longtemps que le ciel nouveau et la terre nouvelle que je crée. Ainsi, de mois en mois et de sabbat en sabbat, tout le monde viendra s'incliner devant moi, dit le Seigneur. Alors on viendra voir les cadavres des gens qui m'ont été rebelles. La vermine qui les ronge n'est pas près de mourir, et le feu qui les dévore ne s'éteindra pas de sitôt. Ils feront ainsi horreur à tous les humains. Ce livre rapporte ce qu'a dit et fait Jérémie, fils de Hilkia. Jérémie était d'une famille de prêtres vivant à Anatoth, sur le territoire de la tribu de Benjamin. Le Seigneur lui confia sa parole dès la treizième année du règne de Josias, fils d'Amon et roi de Juda. Il lui parla encore à l'époque où Joaquim, un fils de Josias, était roi de Juda, et jusqu'à la fin du règne de Sédécias, un autre fils de Josias, c'est-à-dire jusqu'à la onzième année de ce règne, au cinquième mois, lorsque la population de Jérusalem fut déportée. Je reçus cette parole du Seigneur: «Je te connaissais avant même de t'avoir formé dans le ventre de ta mère; je t'avais mis à part pour me servir avant même que tu sois né. Et je t'avais destiné à être mon porte-parole auprès des nations.» Je répondis: «Hélas! Seigneur Dieu, je suis trop jeune pour parler en public.» Mais le Seigneur me répliqua: «Ne dis pas que tu es trop jeune; tu devras aller voir tous ceux à qui je t'enverrai, et leur dire tout ce que je t'ordonnerai. N'aie pas peur d'eux, car je suis avec toi pour te délivrer.» Voilà ce que le Seigneur me déclara. Puis il avança la main, toucha ma bouche et me dit: «C'est toi qui prononceras mes paroles. Tu vois, aujourd'hui je te charge d'une mission, qui concerne les nations et les royaumes: tu auras à déraciner et à renverser, à détruire et à démolir, mais aussi à reconstruire et à replanter.» Alors je reçus cette parole du Seigneur: «Qu'aperçois-tu Jérémie?» – «Une branche d'amandier, l'arbre vigilant», répondis-je. «Bien vu, me dit le Seigneur; je serai vigilant, en effet, pour réaliser ce que j'annoncerai.» Une seconde fois je reçus une parole du Seigneur: «Et maintenant qu'aperçois-tu?» – «Un chaudron bouillonnant, répondis-je; il est incliné depuis le nord.» Alors le Seigneur m'expliqua: «C'est du nord, en effet, que le malheur va jaillir contre tous les habitants du pays. Car, je le déclare, je vais appeler tous les clans et royaumes du nord. Alors ils viendront placer les trônes de leurs rois devant les portes de Jérusalem. Ils encercleront ses murailles, ils attaqueront toutes les villes de Juda. J'exécuterai ainsi la sentence que j'ai prononcée contre les habitants du pays à cause de tout le mal qu'ils ont fait: ils m'ont abandonné, ils ont offert des sacrifices à d'autres dieux, des dieux qu'ils se sont fabriqués, et auxquels ils rendent un culte! Toi, Jérémie, prépare-toi. Debout! Va leur transmettre tout ce que je t'ordonnerai de leur dire. Ne te laisse pas intimider par eux, sinon je te rendrai timide devant eux. Dès aujourd'hui je te rends résistant comme une ville fortifiée, une colonne de fer, un mur de bronze, face à toute la population du pays, face aux rois de Juda, aux ministres, aux prêtres et aux citoyens du royaume. Ils te combattront, mais ne pourront rien contre toi, car je suis avec toi pour te délivrer. C'est moi, le Seigneur, qui le déclare.» Je reçus cette parole du Seigneur: «Va faire entendre ce message à la population de Jérusalem: Voici ce que déclare le Seigneur: Je garde le souvenir de ce que tu étais autrefois. Comme tu m'étais attachée, lorsque tu étais jeune! Comme tu m'aimais, quand tu étais ma fiancée! Tu me suivais au désert, dans cette région où rien ne pousse. Israël, tu étais alors à moi seul, comme les premiers produits d'une récolte. Tous ceux qui touchaient à toi avaient affaire à moi; il leur arrivait aussitôt malheur, déclare le Seigneur. Vous qui descendez de Jacob, gens de tous les clans d'Israël, écoutez cette parole du Seigneur; voici ce qu'il déclare: Vos ancêtres ont-ils trouvé une faute à me reprocher? Pourquoi ont-ils rompu avec moi? Et cela, pour suivre des dieux inconsistants, et devenir eux-mêmes tout aussi inconsistants! Ils ne se sont pas demandé: “Où est le Seigneur, lui qui nous a retirés d'Égypte et nous a conduits à travers le désert, cette région desséchée, coupée de ravins, cette région de soif et d'angoisse, où personne ne passe, où personne ne vit?” Or je vous ai fait venir dans un pays fertile, pour que vous profitiez de ses meilleurs produits. C'était mon pays, vous y êtes entrés, mais vous l'avez rendu impur; c'était ma propriété, mais vous en avez fait quelque chose d'abominable. Les prêtres n'ont pas demandé: “Où est le Seigneur?” Les spécialistes de la loi m'ont ignoré, les dirigeants se sont révoltés contre moi, les prophètes ont parlé au nom de Baal, et tous se sont attachés à des dieux incapables. C'est pourquoi je reste en procès contre vous, et le serai encore avec vos descendants, déclare le Seigneur. “Allez donc vous informer dans les îles grecques, ou faites une enquête chez les Arabes de Quédar, pour voir si l'on agit là-bas comme on agit ici, pour voir si une nation a déjà changé ses dieux. Et pourtant ce ne sont même pas des dieux! Or mon peuple avait l'honneur de m'avoir comme Dieu, mais il m'a échangé contre des dieux incapables. Soyez-en stupéfaits, habitants du ciel, soyez-en paralysés d'horreur, déclare le Seigneur. Mon peuple a commis une double faute: il m'a abandonné, moi la source d'eau vive, pour se creuser des citernes; et ce sont des citernes fissurées, incapables de retenir l'eau!” » «Israël est-il maintenant un domestique? Ou même est-il né esclave? Non. Alors pourquoi est-il la proie des autres peuples? Comme des fauves ils rugissent, ils grondent contre lui. Ils ont ravagé son pays de façon effrayante. Ses villes sont devenues des ruines inhabitées. Même les gens de Memphis et de Tapanès viennent lui tondre le crâne. Tout cela n'est-il pas de ta faute, Israël, toi qui as abandonné le Seigneur ton Dieu, alors même qu'il te conduisait sur la route? Et maintenant, à quoi bon te rendre en Égypte pour aller boire au Nil? A quoi bon prendre le chemin de l'Assyrie pour aller boire à l'Euphrate? Sois puni par le mal que tu as fait, sois châtié par ta propre trahison! Ainsi tu te rendras compte combien c'est amer et mauvais d'abandonner le Seigneur ton Dieu, et de ne plus reconnaître mon autorité, déclare le Seigneur, le Dieu de l'univers.» «Israël, dit le Seigneur, il y a longtemps que tu te rebelles contre moi; tu as rompu avec moi et tu as déclaré: “Je veux être libre”. En effet, sur n'importe quelle colline, sous n'importe quel arbre vert tu t'étales comme une prostituée. Je t'avais pourtant plantée comme une vigne de qualité, comme un plant parfaitement sûr. Comment se fait-il que tu aies dégénéré en une infecte vigne étrangère? Même si tu te nettoyais à la lessive, même si tu utilisais une quantité de savon, ta faute resterait comme une tache devant moi, déclare le Seigneur Dieu. Comment oses-tu dire: “Je ne me suis pas rendue impure, je n'ai pas suivi la religion des Baals ”? Regarde comment tu te conduis dans la vallée! Reconnais ce que tu as fait! On dirait une jeune chamelle qui court en tous sens. Tu es comme une ânesse sauvage, familière des espaces déserts. Poussée par son désir elle flaire le vent; elle est si ardente, que rien ne la retient. Les mâles qui la cherchent n'ont pas à se fatiguer; ils la trouvent dès qu'elle est en chaleur. “Attention, Israël! En courant si vite tu vas te blesser les pieds, tu vas te dessécher le gosier!” Mais tu réponds: “Inutile d'insister, j'aime les dieux étrangers, il faut que j'aille avec eux.” Seulement, un de ces jours, vous, les gens d'Israël, peuple, rois et ministres, prêtres et prophètes, serez aussi honteux qu'un voleur quand il est surpris. Vous dites à une idole de bois: “C'est toi qui es mon père!” et à une statue de pierre: “C'est toi qui m'as mis au monde!” Au lieu de regarder vers moi vous me tournez le dos. Et quand tout ira mal pour vous, vous m'appellerez en disant: “Viens nous sauver!” Mais je vous répondrai: “Où sont donc les dieux que vous vous êtes fabriqués? Qu'ils viennent vous sauver, s'ils le peuvent, quand tout ira mal pour vous! Car vous avez autant de dieux que vous avez de villes, gens de Juda.” Pourquoi vous en prendre à moi? demande le Seigneur. Tous, vous m'avez été infidèles. Je vous ai frappés, mais ça n'a servi à rien, et vous n'avez pas accepté cet avertissement. Au contraire, comme des lions féroces, vous avez tué vos prophètes. – Que les lecteurs d'aujourd'hui soient bien attentifs à ce que dit le Seigneur! – Gens d'Israël, suis-je devenu pour vous effrayant comme un désert ou comme le pays de la nuit? O mon peuple, pourquoi dites-vous “Nous sommes libres, nous ne reviendrons pas à toi”? Une jeune fille oublie-t-elle ses bijoux, ou une fiancée sa ceinture tressée? Non, mais vous, mon peuple, vous m'avez oublié depuis tant de jours, qu'on n'ose plus les compter.» «Ah, comme tu sais y faire pour te chercher des aventures amoureuses! Pour y parvenir, tu t'es même habituée au crime: jusque sur les pans de ton vêtement on trouve le sang des malheureux innocents. Tu ne les avais pourtant pas surpris en train de forcer ta porte! Et malgré tout cela, tu prétends que tu es innocente et que je dois cesser de t'en vouloir. Mais puisque tu déclares n'avoir rien fait de mal, je vais entrer en procès contre toi.» «Avec quelle légèreté tu changes de politique! Mais tu seras déçue par l'Égypte, comme tu as été déçue par l'Assyrie. Et tu en reviendras honteuse, cachant ton visage dans les mains, car moi, le Seigneur, je n'admets pas que tu cherches ce genre d'appui. Tu n'as aucune chance de t'en tirer comme cela.» Le Seigneur a dit: Si un homme répudie sa femme et qu'elle le quitte pour devenir la femme d'un autre, peut-il la reprendre comme épouse? Non! Le pays en serait souillé. Or toi, Israël, déclare le Seigneur, tu t'es prostituée avec tant de partenaires, et tu voudrais que je te reprenne? Regarde un peu vers les hauteurs, et vois s'il y en a une où tu ne te sois pas déshonorée. Comme un bédouin du désert qui attend ses victimes, tu attendais tes partenaires, assise au bord du chemin. Tu as souillé le pays par tes prostitutions et par ton inconduite. Alors je t'ai refusé la pluie, il n'y a pas eu d'averse au printemps. Mais tu t'obstines à te prostituer, tu refuses de reconnaître tes torts. Et maintenant tu as l'audace de t'écrier, en parlant de moi: «Mon père, mon ami d'enfance, m'en voudra-t-il toujours, me gardera-t-il rancune?» Oui, c'est ce que tu dis, mais tu ne cesses de mal faire, et tu t'y connais! A l'époque du roi Josias, le Seigneur me dit: «As-tu remarqué ce qu'a fait Israël -la-volage? Elle s'est rendue sur n'importe quelle hauteur, sous n'importe quel arbre vert et s'y est livrée à la prostitution. Je me disais: Elle finira bien par me revenir. Mais elle n'en a rien fait. Et sa sœur Juda-l'infidèle, l'a bien vu. J'avais remis à Israël-la-volage une attestation de divorce et je l'avais répudiée à cause de sa conduite adultère. Mais j'ai vu que Juda-l'infidèle n'en a ressenti aucune crainte. Au contraire, elle est allée se prostituer à son tour. Elle a commis l'adultère avec les dieux de pierre et de bois, et par sa conduite légère elle a souillé le pays. Avec tout cela, Juda-l'infidèle, la sœur d'Israël, n'est pas revenue à moi, du moins pas de tout son cœur, seulement du bout des lèvres, c'est moi, le Seigneur, qui le déclare.» Le Seigneur ajouta: «Israël-la-volage paraît loyale en comparaison de Juda-l'infidèle. Va donc lancer cet appel en direction du nord: “Reviens, Israël-la-volage. Je ne te ferai pas mauvaise figure, car je suis bien disposé, je ne garde pas sans fin rancune, déclare le Seigneur. Simplement reconnais tes torts, reconnais que tu t'es révoltée contre moi, le Seigneur ton Dieu: tu t'es précipitée partout chez les dieux étrangers – sous n'importe quel arbre vert – et tu ne m'as pas écouté, déclare le Seigneur.” » «Revenez, enfants volages, déclare le Seigneur, car c'est moi qui suis votre maître! Je prendrai l'un de vous ici, dans telle ville, deux autres là, dans tel village, et je vous ramènerai à Sion. Je vous donnerai des dirigeants qui me conviennent et qui sauront vous conduire avec compétence. «En ce temps-là, déclare encore le Seigneur, vous deviendrez nombreux et prolifiques dans le pays. On ne parlera plus du coffre de l'alliance. L'idée n'en viendra à personne, on l'aura oublié, on ne le regrettera plus, on n'en fera pas un autre. En ce temps-là, c'est Jérusalem qu'on appellera “Trône du Seigneur”. Toutes les nations s'y rassembleront pour m'y rencontrer, et elles renonceront à leurs mauvaises intentions. Alors la population de Juda rejoindra celle d'Israël, et toutes deux reviendront du pays du nord au pays que j'ai donné à leurs ancêtres comme propriété personnelle.» «Je me disais: Ah, comme j'aimerais te considérer comme un de mes fils, et te donner un pays de rêve, la plus belle propriété du monde! Je pensais: Tu m'appelleras “Mon père”, tu ne te détourneras plus de moi. Mais vous m'avez été infidèles, gens d'Israël, comme une femme infidèle à son mari. C'est moi, le Seigneur, qui le déclare. On entend des voix sur les hauteurs: ce sont les gens d'Israël, qui pleurent et qui supplient, car ils ont fait fausse route, ils m'ont oublié, moi le Seigneur, leur Dieu. Revenez à moi, enfants volages, je vous guérirai de votre trahison!» «Nous voici, nous venons à toi, car c'est toi, Seigneur, qui es notre Dieu. Oui, nous nous sommes laissés duper par les cultes païens des collines, par tout ce bruit qu'on fait sur les montagnes. Mais c'est auprès du Seigneur notre Dieu qu'Israël peut trouver le salut. Depuis notre enfance, le culte honteux de Baal a dévoré ce que nos parents avaient acquis, leur petit et leur gros bétail, leurs fils et leurs filles. Couchons-nous dans notre honte, acceptons d'être couverts de déshonneur, car nous nous sommes rendus coupables envers le Seigneur notre Dieu, aussi bien nous que nos parents, depuis notre enfance jusqu'à ce jour: nous n'avons pas écouté ce que nous disait le Seigneur notre Dieu.» «Israël, si tu fais demi-tour, déclare le Seigneur, tu peux revenir à moi. Si tu écartes de ma vue tes abominables idoles, tu n'auras plus à fuir sans cesse. Si tu es sincère, droit et loyal quand tu prêtes serment en déclarant “Je le jure par le Seigneur vivant…”, alors les nations païennes me demanderont de les bénir et seront fières de moi. Voici ce que déclare le Seigneur aux gens de Juda et de Jérusalem: Défrichez-vous un champ nouveau, cessez de semer parmi les ronces. Puisque vous êtes circoncis, soyez-le pour moi, le Seigneur. Gens de Juda, habitants de Jérusalem, consacrez-moi votre vie. Sinon, à cause du mal que vous avez commis, ma colère jaillira comme un feu, elle consumera tout sans que personne puisse l'éteindre.» Donnez l'alarme en Juda, alertez Jérusalem. Sonnez du cor dans le pays, criez à pleine voix. Dites qu'on vienne se rassembler dans les villes fortifiées, qu'on dresse le signal d'alarme du côté de Sion, qu'on se mette à l'abri, que personne ne reste sur place. Du nord le Seigneur fait venir un malheur, un grand désastre. Le lion est sorti de son fourré, le destructeur des nations est en route, il a quitté son repaire pour ravager votre pays. Vos villes vont tomber en ruine, elles vont être dépeuplées. Prenez donc la tenue de deuil, frappez-vous la poitrine, entonnez une complainte, car le Seigneur n'a pas renoncé à nous poursuivre de son ardente indignation. «Quand cela se produira, déclare le Seigneur, le roi perdra courage, les ministres aussi; les prêtres seront horrifiés, les prophètes bouleversés. Ils diront: “Ah, Seigneur Dieu, tu as trompé ce peuple, tu as trompé Jérusalem en promettant que tout irait bien, alors que nous avons le couteau sur la gorge!” » Alors le Seigneur dira aux gens de Jérusalem: «Le vent brûlant des hauteurs arrive du désert sur mon peuple. Ce n'est pas un vent léger qui permet de vanner le blé. C'est un vent puissant, qui vient de là-bas, sur mon ordre. Maintenant je vais prononcer mon jugement contre eux.» «Voici l'ennemi: il monte comme les nuages d'orage. Ses chars volent comme l'ouragan, ses chevaux foncent plus vite que l'aigle. Nous sommes perdus, c'est la ruine!» «Jérusalem, si tu veux être délivrée, nettoie ton cœur de sa méchanceté. Jusqu'à quand resteras-tu habitée par de mauvaises pensées? Écoute cette rumeur qui vient de Dan, ces nouvelles de malheur arrivant de la montagne d'Éfraïm. Avertissez toutes les populations, alertez Jérusalem: les assiégeants s'approchent, ils viennent d'un pays lointain, et lancent leurs cris de guerre contre les villes de Juda. Comme des gardiens autour d'un champ ils encerclent Jérusalem. “C'est le résultat de sa révolte contre moi, dit le Seigneur.” La cause de ce qui t'arrive, c'est ta conduite, Jérusalem, c'est le mal que tu as fait. Et ce malheur qui te frappe, tu en ressens l'amertume, il t'atteint en plein cœur.» Ah, que mon ventre me fait mal! Je me tords de douleur, mon cœur bat à se rompre. Quelle agitation en moi! Je ne peux pas me taire: j'ai entendu la trompette et les cris de guerre. On annonce désastre après désastre, tout le pays est ravagé. Nos tentes sont soudain renversées, nos abris emportés en un clin d'œil. Jusqu'à quand me faudra-t-il voir les emblèmes de guerre, et me faudra-t-il entendre les trompettes sonnant la charge? «Mon peuple est stupide, il m'ignore, dit le Seigneur. Ce sont des enfants sans cervelle, ils ne comprennent rien. Ils ne sont experts que pour mal faire. Mais pour ce qui est de bien faire, ils n'y comprennent rien.» Je regarde: la terre est comme un chaos désertique, et le ciel a perdu sa lumière. Je regarde: les montagnes ne tiennent plus debout, et les collines sont ébranlées. Je regarde: il n'y a plus d'hommes, même les oiseaux sont tous partis. Je regarde: ce pays était un verger, il n'est plus qu'un désert, toutes ses villes sont en ruine. C'est le fait du Seigneur, de son ardente indignation. Voici ce que déclare le Seigneur: «Le pays tout entier ne sera plus qu'un désert sinistre, et pourtant je n'irai pas jusqu'à tout détruire. C'est pourquoi la terre prend le deuil, et le ciel, là-haut, s'obscurcit. J'ai dit ce que j'avais décidé, je ne change pas d'avis, je ne reviendrai pas là-dessus.» Un cri: «Voici les chars, voici les tireurs à l'arc!» Toutes les villes prennent la fuite. On entre dans les fourrés, on grimpe sur les rochers. Toutes les villes sont désertées, il n'y reste personne. Mais toi, Jérusalem, qu'as-tu à t'habiller de façon provocante, à te parer de bijoux d'or, à te farder les yeux de noir? C'est pour rien que tu te fais belle. Ceux qui te couraient après ne veulent plus de toi, ils veulent ta mort. Je crois entendre les plaintes d'une femme en travail, les cris d'une jeune mère dont c'est le premier enfant. C'est la voix de Sion, qui gémit et supplie en étendant les mains: «Je suis perdue, je meurs sous les coups des tueurs!» «Parcourez les rues de Jérusalem, regardez bien, faites une enquête; cherchez sur les places si vous pouvez trouver quelqu'un qui agisse correctement, qui cherche à être honnête. Si vous en trouvez un, je pardonnerai à Jérusalem.» Quand ils prêtent serment en déclarant: «Je le jure, par le Seigneur vivant…» c'est en fait un faux serment. Seigneur, ce qui t'intéresse, n'est-ce pas une vie honnête? Tu les as frappés, mais ça ne leur a rien fait. Tu as voulu en finir avec eux, mais ils ont refusé l'avertissement. Ils font les fortes têtes, ils refusent de revenir à toi. Je me disais: «C'est seulement le cas des petites gens; ils n'ont pas grand-chose dans la tête, ils ignorent la volonté du Seigneur, les exigences de leur Dieu. Je vais m'adresser aux dirigeants: eux, ils connaissent la volonté du Seigneur, les exigences de leur Dieu.» Mais ils sont tous pareils: ils ont brisé toute contrainte et rompu leurs attaches avec Dieu. C'est pourquoi le lion sort des fourrés et les attaque, le loup des plaines les met en pièces. La panthère s'embusque près de leurs villes et déchire tous ceux qui en sortent, car leurs révoltes se multiplient, on ne compte plus leurs trahisons. «Jérusalem, pour quelle raison te pardonnerais-je? Tes fils m'ont abandonné, ils ont recours à des faux dieux pour faire leurs serments. Je leur avais donné tout le nécessaire, mais ils ont commis un adultère, ils se sont rués dans la prostitution. De gras étalons en rut, voilà ce qu'ils sont! Chacun pousse des hennissements vers la femme de son prochain. Ne faut-il pas que j'intervienne contre ces gens-là, déclare le Seigneur, et que je tire vengeance d'une pareille nation? Qu'on monte dans son vignoble en terrasses et qu'on y saccage tout – sans aller pourtant jusqu'à tout détruire! – Qu'on arrache les sarments, car ils ne m'appartiennent pas! C'est vrai qu'ils m'ont été infidèles, tant le royaume de Juda que le royaume d'Israël», déclare le Seigneur. Les gens de Juda ont renié le Seigneur, déclarant: «Il est sans pouvoir, le malheur ne nous atteindra pas, nous ne verrons ni guerre ni famine. Ses prophètes ne sont que du vent, ils n'ont reçu aucune parole de Dieu. Qu'il leur arrive ce qu'ils annoncent!» Voici donc ce que déclare le Seigneur, le Dieu de l'univers: «Puisque c'est là ce qu'ils disent, eh bien, Jérémie, le message que je te confie va être un feu, et ce peuple du bois que ce feu va dévorer. Quant à vous, gens d'Israël, déclare le Seigneur, je vais envoyer contre vous une nation qui vient de loin, une nation invincible, une nation des plus anciennes, dont la langue vous est inconnue et les mots incompréhensibles. Ses flèches sèment la mort, elle n'a que des soldats d'élite. Elle dévorera tout: vos moissons et votre pain, vos fils et vos filles, votre gros et votre petit bétail, vos vignes et vos figuiers; la guerre détruira les villes fortifiées où vous vous croyez en sécurité. «A ce moment-là, déclare le Seigneur, je n'irai pourtant pas jusqu'à vous exterminer. Mais quand on demandera: “Pour quelle raison le Seigneur notre Dieu nous a-t-il infligé tous ces malheurs?”, toi, Jérémie, tu répondras: “Vous l'avez abandonné pour servir des dieux étrangers dans votre propre pays. Eh bien, vous servirez de même des étrangers dans un pays qui n'est pas le vôtre!” » «Qu'on transmette ce message aux descendants de Jacob, qu'on le fasse entendre aux gens de Juda, dit le Seigneur: Écoutez donc ceci, peuple trop bête pour comprendre, vous qui avez des yeux, mais qui ne voyez pas, et des oreilles, mais qui n'entendez rien. Ne reconnaissez-vous pas mon autorité? demande le Seigneur. Ne tremblez-vous pas devant moi? C'est moi qui ai donné le sable pour limite à la mer, frontière définitive qu'elle ne saurait franchir: elle a beau s'agiter, elle n'y parvient pas; ses vagues ont beau mugir, elles ne passent pas. Mais vous, vous êtes un peuple à l'esprit indocile et rebelle. Vous faites défection, vous partez, au lieu de dire: “Nous devrions reconnaître l'autorité du Seigneur notre Dieu. Il nous donne la pluie quand il faut, à l'automne et au printemps, et nous assure chaque année les semaines de la moisson.” Vos torts ont perturbé tout cela, vos fautes ont fait obstacle à ces biens. Dans mon peuple, en effet, il y a des gens sans foi ni loi. On dirait des chasseurs d'oiseaux accroupis en embuscade. Ils ont dressé des pièges pour capturer des hommes. Comme la cage pleine d'oiseaux, leurs maisons sont remplies de ce qu'ils ont pris par fraude. C'est pourquoi ils sont devenus puissants et riches, gros et gras. Il n'y a pas de limite à leurs méfaits. Ils ne rendent pas la justice, ne font pas droit à l'orphelin, sinon il aurait gain de cause. Ils ne tiennent aucun compte des droits du pauvre. Ne faut-il pas que j'intervienne contre ces gens-là, déclare le Seigneur, et que je tire vengeance d'une pareille nation? Il arrive dans le pays une chose affreuse et révoltante: les prophètes parlent au nom d'un faux dieu, les prêtres cherchent leur seul profit, et mon peuple trouve cela très bien. Quand viendra la fin, que ferez-vous?» Sortez de Jérusalem pour vous mettre à l'abri, gens de Benjamin. Sonnez du cor à Técoa, dressez un signal à Beth-Kérem, car un malheur, un grand désastre apparaît à l'horizon du nord. La voilà ruinée, la belle et délicate Sion! Des gens arrivent jusqu'à elle, comme des bergers avec leurs troupeaux. Contre elle, tout autour, ils dressent leur camp; chacun a son secteur pour mener ses troupes. Ils s'écrient: «Debout, qu'on appelle à la guerre sainte contre elle! Donnons l'assaut en plein midi… Quelle malchance! le jour baisse, les ombres du soir s'allongent. Eh bien, donnons l'assaut de nuit, détruisons ses belles maisons!» Voici ce que déclare le Seigneur de l'univers: «Abattez des arbres pour élever un remblai contre Jérusalem.» La preuve en est faite: c'est la ville envahie tout entière par la brutalité. Elle fait jaillir sa méchanceté comme une fontaine fait jaillir ses eaux. On n'y entend parler que de violence et d'oppression. J'ai sous les yeux un spectacle sans fin de blessures et de souffrances. «Jérusalem, prends garde à toi, sinon je me détacherai de toi et te réduirai en désert, en terre inhabitée.» Voici ce que déclare le Seigneur de l'univers: «Ramassez jusqu'au dernier les survivants d'Israël, comme on grappille dans une vigne; que votre main repasse le long des sarments, comme celle des vendangeurs!» A qui dois-je parler, qui avertir pour qu'on m'écoute? Ils ont les oreilles bouchées, ils ne peuvent pas être attentifs. Ce que tu dis, Seigneur, provoque leurs moqueries; ils ne veulent rien entendre. Quant à moi, Seigneur, je suis rempli de ta fureur et je m'épuise à la retenir. «Répands-la tout à la fois sur les enfants dans les rues et sur l'ensemble des jeunes gens. Hommes et femmes, vieux et très vieux, tous seront emmenés. Leurs maisons passeront à d'autres, leurs champs et leurs femmes aussi. Oui, je vais intervenir contre tous les habitants du pays, déclare le Seigneur. Car du plus petit au plus grand tous ne cherchent que leur profit. Du prophète au prêtre tous sont des tricheurs. Ils traitent à la légère le désastre de mon peuple, en déclarant: “Tout va bien, tout va très bien”, alors que tout va mal. Éprouvent-ils quelque regret des horreurs qu'ils ont commises? Pas le moins du monde! Reconnaître leurs torts est quelque chose qu'ils ignorent. C'est pourquoi, dit le Seigneur, ils seront au nombre des victimes, quand j'interviendrai contre eux; ils se retrouveront à terre! Voici ce que déclare le Seigneur: Arrêtez-vous un instant sur la route où vous marchez; regardez et informez-vous des expériences du passé. Cherchez le bon chemin, suivez-le et vous vivrez tranquilles. Mais ils ont répondu: “Nous n'en ferons rien”. J'ai placé des sentinelles pour les avertir: Attention, le cor sonne l'alerte! Mais ils ont répondu: “Ça nous est égal”. Écoutez donc, vous les nations, sachez tous ce qui va leur arriver. Écoutez, peuples du monde entier: Je vais envoyer à ces gens le malheur que méritent leurs intentions mauvaises. Ils n'ont pas pris garde à ce que je leur disais, ils n'ont pas voulu de mes enseignements. A quoi bon importer pour moi de l'encens de Saba et du roseau aromatique d'un pays lointain? Les animaux qu'ils m'offrent en les brûlant sur l'autel ne me causent aucun plaisir, leurs sacrifices ne me sont pas agréables. Voici donc ce que déclare le Seigneur: Je vais mettre devant ces gens un obstacle; ils y buteront et ils en perdront tous la vie, les pères, leurs fils, leurs voisins, leurs amis.» Voici ce que déclare le Seigneur: «Un peuple arrive d'un pays du nord; une grande nation se met en route depuis le bout du monde. Ses soldats brandissent l'arc et le sabre, ils sont sauvages et sans pitié. Ils font autant de bruit que la mer quand elle mugit. Ils sont montés sur des chevaux et rangés pour la bataille en ordre parfait; et c'est contre toi, Sion!» «A cette nouvelle les bras nous tombent, l'angoisse nous saisit, comme une femme au moment d'accoucher. Ne sortez pas dans la campagne, n'allez pas sur les routes, car l'ennemi s'y trouve et tue; c'est la terreur de toutes parts.» «Mon peuple, mets autour de tes reins l'étoffe de deuil, roule-toi dans la poussière, commence les rites de deuil comme pour un fils unique, chante une amère lamentation, car l'ennemi dévastateur arrive soudain sur toi.» «Jérémie, je fais de toi un essayeur de métaux pour éprouver mon peuple: tu auras à reconnaître et à apprécier sa conduite.» Ce sont tous des rebelles endurcis, des calomniateurs, durs comme le bronze ou le fer, ce sont tous des malfaiteurs. Le soufflet de forge s'essouffle; sous l'effet du feu le plomb devrait disparaître. Mais c'est pour rien qu'on s'acharne à purifier l'argent: les impuretés ne se détachent pas. “Un argent sans valeur”, c'est ce qu'on dit de ces gens, le Seigneur n'en veut pas. Jérémie reçut du Seigneur cette parole: Place-toi à l'entrée du temple et proclames-y le message que voici: «Vous tous, gens de Juda qui passez par cette entrée pour participer au culte, écoutez ce que dit le Seigneur. Voici donc ce que déclare le Seigneur de l'univers, le Dieu d'Israël: Conduisez-vous et agissez comme il convient; alors je vous laisserai vivre dans ce pays. Ne croyez pas à ce slogan trompeur: “C'est ici le temple où demeure le Seigneur, le temple du Seigneur, oui, le temple du Seigneur.” Conduisez-vous et agissez plutôt comme il convient: rendez une vraie justice entre deux hommes en procès, renoncez à profiter de la faiblesse de l'émigré, de l'orphelin ou de la veuve, cessez de mettre à mort ici même des innocents, et de vous attacher, pour votre malheur, à des dieux étrangers. Alors je vous laisserai vivre ici dans ce pays que j'ai donné à vos ancêtres depuis toujours et pour toujours. «Mais vous vous fiez à des slogans trompeurs et sans valeur. Quoi! Vous commettez des vols, des meurtres, des adultères, vous faites de faux serments, vous offrez des sacrifices à Baal, vous vous attachez à des dieux étrangers, avec lesquels vous n'avez rien de commun. Puis vous venez vous présenter devant moi, dans ce temple qui m'est consacré, et vous déclarez: “Nous voilà sauvés!” et cela pour continuer à commettre ces horreurs! Ce temple qui m'est consacré, le prenez-vous pour une caverne de voleurs? C'est pourtant bien ce que je vois, déclare le Seigneur. «Allez donc au lieu saint que j'avais à Silo où se trouvait autrefois ma résidence, et regardez la ruine que j'en ai faite à cause des méfaits d'Israël, mon peuple. Eh bien, déclare le Seigneur, vous avez agi aussi mal. Je vous l'ai dit et n'ai cessé de vous le répéter sans que vous écoutiez; je vous ai appelés sans que vous répondiez. C'est pourquoi ce temple qui m'est consacré, ce temple dans lequel vous mettez votre confiance, ce lieu que j'ai donné à vos ancêtres et à vous, je vais le traiter comme j'ai traité Silo. Et je vous rejetterai loin de moi, comme j'ai rejeté vos frères, les gens d'Éfraïm.» «Toi, Jérémie, ne m'adresse aucune demande en faveur de ce peuple, ne fais monter vers moi ni prière ni supplication pour eux. N'insiste pas auprès de moi, car je ne t'écouterai pas. Ne vois-tu pas ce qu'ils font dans les villes de Juda et les rues de Jérusalem? Les enfants ramassent du bois, les pères allument du feu, les femmes préparent la pâte pour faire des gâteaux dédiés à la Reine du ciel; ils me blessent en présentant des offrandes de vin à des dieux étrangers. En fait, est-ce moi qu'ils blessent? demande le Seigneur. Non, c'est eux-mêmes, pour leur propre honte.» C'est pourquoi voici ce que déclare le Seigneur Dieu: «Je vais laisser déborder mon ardente indignation sur cette ville, sur les hommes et sur les bêtes, sur les arbres de la campagne et les produits du sol. Elle sera comme un feu qui ne s'éteint pas.» Voici ce que déclare le Seigneur de l'univers, le Dieu d'Israël: «Ajoutez la viande de vos sacrifices complets à celle de vos sacrifices ordinaires et mangez-la vous-mêmes. Quand j'ai fait sortir vos ancêtres d'Égypte, je ne leur ai rien dit et ne leur ai donné aucun ordre au sujet de ces deux sortes de sacrifices. Par contre, je leur ai ordonné ceci: Écoutez ce que je vous dis, pour que je sois votre Dieu et que vous soyez mon peuple. Suivez exactement le chemin que je vous indique, et vous vous en trouverez bien. Mais ils n'ont pas écouté, ils n'ont pas été attentifs, ils ont suivi délibérément leurs intentions mauvaises. Au lieu de regarder vers moi, ils m'ont tourné le dos. Depuis que vos ancêtres sont sortis d'Égypte jusqu'à aujourd'hui, je n'ai pas cessé de vous envoyer jour après jour mes serviteurs les prophètes. Mais vous ne m'avez pas écouté, vous n'avez pas été attentifs, vous vous êtes cabrés. Vous avez été pires que vos ancêtres. «Toi, Jérémie, tu vas leur dire tout cela, mais ils ne t'écouteront pas; tu vas leur transmettre mon appel, mais ils ne répondront pas. Alors tu leur diras: Vous êtes la nation qui n'écoute pas ce que dit le Seigneur, son Dieu, et qui refuse ses avertissements. Chez vous la fidélité est morte, elle a disparu de vos propos.» «Peuple de Juda, dit le Seigneur, coupe les longs cheveux qui marquent ta consécration et jette-les. Sur les hauteurs dénudées entonne une complainte. Tu es une génération qui a provoqué ma colère, je ne veux plus de toi, je te rejette. «En effet, dit le Seigneur, je condamne ce qu'ont fait les gens de Juda: ils ont placé leurs abominables idoles dans le temple qui m'est consacré, et ils l'ont rendu impur. Dans la vallée de Hinnom, ils ont aménagé un lieu sacré, le Tofeth, pour y brûler en sacrifice leurs fils et leurs filles. Je n'avais pourtant rien commandé de pareil, l'idée ne m'en serait jamais venue. «C'est pourquoi, déclare le Seigneur, le jour vient où l'on ne dira plus “le Tofeth” ni “la vallée de Hinnom”, mais “la vallée du Massacre”. C'est là qu'on enterrera les morts, par manque de place ailleurs. Les cadavres de ces gens serviront de pâture aux vautours et aux chacals que personne ne viendra déranger. Dans les villes de Juda et les rues de Jérusalem, je ferai cesser les bruits de fête, les cris de joie et les chansons des jeunes mariés, car le pays deviendra un champ de ruines. «Alors, déclare le Seigneur, on déterrera les ossements des rois de Juda, ceux des ministres, ceux des prêtres, ceux des prophètes et ceux des habitants de Jérusalem. On les laissera éparpillés devant le Soleil, la Lune et l'Armée des étoiles, que ces gens ont aimés, auxquels ils ont rendu un culte, auxquels ils se sont attachés, qu'ils ont consultés et adorés. On ne recueillera pas ces ossements, on ne les remettra pas dans une tombe, mais ils resteront comme du fumier à la surface du sol. La mort vaudra mieux que la vie pour ceux qui resteront de cette méchante population, partout où je l'aurai dispersée, déclare le Seigneur de l'univers.» «Dis-leur: Voici ce que déclare le Seigneur: Quand on fait une chute, ne se relève-t-on pas? Quand on a fait fausse route, ne revient-on pas sur ses pas? Alors pourquoi ce peuple de Jérusalem, qui fait fausse route, persiste-t-il dans sa trahison? Ces gens tiennent à leurs faux dieux, ils refusent de me revenir. J'ai bien écouté ce qu'ils disent: ça ne tient pas debout. Aucun ne regrette ses mauvais choix, ni ne se demande: “Mais qu'ai-je donc fait?” Chacun reprend sa course folle comme un cheval emballé en pleine bataille. Même la cigogne connaît le moment de sa migration; tourterelle, hirondelle et grive savent quand il faut revenir. Mais mon peuple ne connaît rien aux règles que j'ai établies.» Vous prétendez: «Nous sommes des sages, c'est nous qui avons la Loi du Seigneur.» Mais comment osez-vous prétendre cela, quand ceux qui transcrivent la Loi sont des faussaires qui tordent son sens? C'est la honte pour les sages; ils ne savent plus où ils en sont, les voilà pris au piège. Puisqu'ils ne veulent pas de la Parole du Seigneur, leur sagesse, à quoi donc leur sert-elle? «C'est pourquoi, dit le Seigneur, je donne leurs femmes à d'autres et leurs champs à ceux qui les prendront. Car du plus petit au plus grand, tous ne cherchent que leur profit; du prophète au prêtre, tous sont des tricheurs. Ils traitent à la légère le désastre de mon peuple, en déclarant: “Tout va bien, tout va très bien”, alors que tout va mal. Éprouvent-ils quelque regret des horreurs qu'ils ont commises? Pas le moins du monde! Reconnaître leurs torts est quelque chose qu'ils ignorent. C'est pourquoi, dit le Seigneur, ils seront au nombre des victimes quand j'interviendrai contre eux; ils se retrouveront à terre!» «Si je veux recueillir quelque chose chez eux, je ne trouve aucun raisin sur la vigne, dit le Seigneur, aucune figue sur le figuier; le feuillage est flétri. Je les laisse donc aux passants.» «Pourquoi restons-nous sur place? Rassemblons-nous plutôt, entrons dans les villes fortifiées, et attendons-y la mort. Oui, le Seigneur notre Dieu nous réduit au silence, il nous fait boire l'eau empoisonnée, car nous sommes en faute envers lui. Nous avions l'espoir que tout s'arrangerait, mais il n'arrive rien de bon. Nous attendions le moment où nos maux seraient guéris, mais voici la terreur. Déjà l'ennemi est à Dan; de là-bas on entend le souffle de ses chevaux. Au bruit de leurs hennissements toute la terre tremble. Ils arrivent, et tout y passe, le pays et ce qu'il contient, la ville et sa population.» «Je vais envoyer contre vous des serpents venimeux. Impossible de les charmer; ils vous mordront», déclare le Seigneur. J'ai le cœur serré. Il n'y a pas de remède pour guérir mon chagrin. Écoutez: c'est mon peuple qui appelle au secours d'un bout à l'autre du pays: «Le Seigneur n'est-il plus à Sion, et Sion n'a-t-elle plus de roi?» «Pourquoi m'ont-ils provoqué en adorant leurs idoles, ces bricoles de l'étranger?» La moisson est passée, l'été touche à sa fin, et nous attendons encore d'être délivrés. Le désastre de mon peuple me brise complètement; je suis en deuil, en proie à la désolation. En Galaad n'y a-t-il plus de baume calmant ou de médecin? Pourquoi la plaie de mon peuple ne peut-elle se cicatriser? Ah, comme je voudrais que ma tête soit pleine d'eau et mes yeux des fontaines de larmes! Je passerais mes jours et mes nuits à pleurer les morts de mon peuple! Ah, si je pouvais être au désert dans un refuge pour voyageurs! J'aurais laissé mon peuple et serais parti loin de lui. C'est une bande de déserteurs, ils sont tous adultères à l'égard du Seigneur. «Leur langue est une arme menaçante, dit le Seigneur. Ce n'est pas grâce à la vérité mais grâce au mensonge qu'ils règnent dans le pays. Ils vont de méfait en méfait, ils n'ont aucune relation avec moi, déclare le Seigneur. Que chacun se méfie des autres! Défiez-vous même d'un frère, c'est un nouveau Jacob, il vous dupera sûrement; même l'ami vous calomnie. Chacun trompe son prochain, aucun ne dit la vérité; ils sont habitués à mentir. Ils ont si mal agi qu'ils sont hors d'état de revenir à moi. Ils passent d'une violence à l'autre, d'un mensonge à un autre mensonge. Ils refusent toute relation avec moi», dit le Seigneur. C'est pourquoi voici ce que déclare le Seigneur de l'univers: «Je vais les purifier par le feu, les faire passer au creuset. Comment réagir autrement à la méchanceté de mon peuple? La langue de ces gens est une flèche meurtrière ce qu'ils disent est mensonger: ils ont des mots aimables pour leur prochain, mais dans le secret de leur cœur ils lui préparent un piège. Ne faut-il pas que j'intervienne contre ces gens-là, déclare le Seigneur, et que je tire vengeance d'une pareille nation?» Sur les montagnes je laisse éclater mes pleurs et ma plainte; j'entonne une lamentation sur les pâturages du pays. Car tout y est brûlé, plus personne n'y passe. On n'y entend plus le bêlement des troupeaux. Oiseaux comme animaux ont disparu, tous sont partis. «Je vais faire de Jérusalem un tas de ruines, dit le Seigneur, un repaire de chacals, et des villes de Juda un désert sinistre complètement inhabité.» Y a-t-il un homme assez sage pour expliquer cela? Si le Seigneur lui a parlé, qu'il fasse connaître pourquoi le pays est en ruine, pourquoi il n'est plus qu'un désert où personne ne passe! Le Seigneur dit encore: «C'est parce qu'ils ont abandonné l'enseignement que je leur avais donné, ils ont refusé d'écouter et de suivre ce que je leur disais. Ils ont suivi leur intention de s'adonner à la religion des Baals, à laquelle leurs parents les avaient habitués. Voici donc ce que moi, le Seigneur de l'univers, le Dieu d'Israël, je déclare: je vais nourrir ce peuple d'amertume, je vais lui faire boire de l'eau empoisonnée. Je les disperserai parmi des nations qu'ils ne connaissaient pas, ni eux ni leurs parents, et je les ferai poursuivre par la guerre jusqu'à ce que j'en aie fini avec eux.» Voilà ce que déclare le Seigneur de l'univers. «Attention, convoquez les pleureuses, qu'elles viennent! Envoyez chercher des professionnelles, qu'elles se dépêchent de venir entonner leur complainte à notre sujet! Que nous ayons les yeux pleins de larmes, et les paupières mouillées de pleurs!» Du côté de Sion on entend une complainte: «Dans quel triste état nous sommes, quelle honte pour nous de quitter le pays et de voir nos maisons abattues!» Vous, les femmes, écoutez donc cette parole du Seigneur; ouvrez vos oreilles à ce qu'il dit. Enseignez la complainte à vos filles, que chacune apprenne à sa voisine cette lamentation: «La mort monte par nos fenêtres, elle entre dans nos belles maisons, elle fauche les enfants dans les rues et les jeunes gens sur les places.» «Toi, Jérémie, ajoute ce que je déclare, moi le Seigneur: Les cadavres humains sont étendus par terre comme du fumier à la surface des champs, comme des épis coupés, que personne ne ramasse derrière les moissonneurs.» Voici ce que déclare le Seigneur: «Que l'homme sage ne se vante pas d'être sage! Que l'homme fort ne se vante pas d'être fort! Que le riche ne se vante pas d'être riche! Si quelqu'un veut se vanter qu'il se vante plutôt d'être capable de me connaître et de savoir que moi, le Seigneur, je travaille pour la bonté, le droit et l'ordre sur la terre. Ce sont de telles gens qui me plaisent », déclare le Seigneur. «Le jour vient, déclare le Seigneur, où j'interviendrai contre tous ceux qui sont circoncis pour la forme: Égyptiens, Judéens, Édomites, Ammonites, Moabites, ainsi que les populations du désert qui se rasent les tempes. Car toutes ces nations sont sans vraie circoncision et Israël dans son ensemble ne s'est pas circoncis pour le Seigneur.» Gens d'Israël, écoutez le message que le Seigneur vous adresse. Voici ce qu'il déclare: «Ne vous mettez pas à l'école des païens; ne vous laissez pas troubler par des signes inhabituels apparaissant dans le ciel. Laissez cela aux païens. La religion des autres peuples, c'est du vent, rien de plus. On coupe du bois dans la forêt et l'artisan sculpte une idole. On l'embellit d'or ou d'argent. On doit la fixer avec un marteau et des clous pour qu'elle tienne bien droit. Comme un épouvantail à moineaux dans un champ de concombres, ces dieux-là ne parlent pas; il faut bien les porter, car ils n'avancent pas tout seuls. N'ayez pas peur d'eux: ils ne font pas de mal, pas plus qu'ils ne font de bien.» Tu n'as pas ton pareil, Seigneur, tu es grand, comme est grande la renommée de ton pouvoir. Tous devraient reconnaître ton autorité, roi des nations; cela te revient de droit. Parmi tous les sages du monde, dans tous les royaumes, tu es sans pareil. Du premier au dernier ils sont complètement stupides: la religion des idoles est une école de nullité. Ces idoles, on les décore de lamelles d'argent importé de Tarsis, ou d'or provenant d'Oufaz. Un artisan les fabrique, un orfèvre les travaille. On les habille richement de rouge ou de violet. Toutes ces idoles ne sont que des produits de l'habileté humaine. Mais le Seigneur est vraiment Dieu, Dieu vivant, roi éternel. Quand il est irrité, la terre tremble; les nations sont impuissantes devant sa colère. Voici ce qu'il faut leur dire: ces dieux qui n'ont créé ni le ciel ni la terre seront balayés de la terre, il n'y aura plus de place pour eux sous le ciel. Le Seigneur a montré sa force en créant la terre; il a montré sa compétence en fondant le monde, et son intelligence en déployant le ciel. Sur un ordre de lui, les eaux s'accumulent au ciel, les gros nuages montent à l'horizon, les éclairs déclenchent la pluie, les vents sortent de ses réserves. Tout le monde reste là, stupide, sans comprendre. Ceux qui ont moulé leurs idoles sont tout honteux de les avoir faites, car leurs statuettes font illusion: elles n'ont aucun souffle de vie. C'est du vent, une œuvre ridicule. Tout cela sera balayé, quand le Seigneur interviendra. Mais il n'est pas comme elles, lui, le Trésor d'Israël, le Créateur de l'univers. C'est à lui qu'appartient la tribu d'Israël. Son nom: le Seigneur de l'univers. Jérusalem, toi qui te trouves assiégée, ramasse à terre tes bagages. Voici, en effet, ce que déclare le Seigneur: «Cette fois-ci je vais lancer à la fronde les habitants du pays; je les serrerai si bien qu'ils atteindront leur but.» «Hélas, quel désastre pour moi, s'écrie Jérusalem! Ma blessure est inguérissable. Je me disais: ce n'est pas grave, je supporterai mon mal. Mais ma tente est ravagée, ses cordes sont toutes arrachées. Je n'ai plus d'enfants, ils sont partis. Je n'ai plus personne pour redresser ma tente et me rétablir un abri.» C'est la faute des dirigeants: ils ont été stupides, ils n'ont pas consulté le Seigneur. C'est pourquoi ils ont échoué, et ceux dont ils avaient la charge sont tous dispersés. Écoutez cette rumeur; elle approche: c'est un grand bouleversement qui arrive du nord; il va réduire les villes de Juda en un désert sinistre, en un repaire de chacals. Seigneur, je le sais, l'être humain n'est pas maître de son avenir; il n'a pas les moyens d'orienter sa vie. Seigneur, corrige-moi, mais avec mesure et non pas avec colère, sinon tu me réduirais à rien. Emporte-toi plutôt contre ces étrangers qui t'ignorent, contre ces populations qui ne te rendent aucun culte. Car ils pillent ton peuple, ils le pillent jusqu'au bout, ils dévastent son domaine. Jérémie reçut du Seigneur cette parole: «Respectez l'engagement que je vous ai fait prendre». Il ajouta: «Voilà ce que tu diras aux gens de Juda et aux habitants de Jérusalem. Tu leur expliqueras: Voici ce que le Seigneur, Dieu d'Israël, déclare: Je condamne quiconque ne respecte pas l'engagement que j'ai fait prendre à mon peuple, et déjà à vos ancêtres, quand je les ai fait sortir de l'enfer égyptien. J'ai dit alors: “Écoutez ce que je vous dis et mettez-le en pratique; c'est un ordre que je vous donne. Alors vous serez mon peuple, et moi je serai votre Dieu. Ainsi je tiendrai la promesse que j'ai faite à vos ancêtres de leur donner le pays regorgeant de lait et de miel, où vous vous trouvez aujourd'hui.” » Je répondis: «Oui, Seigneur.» Le Seigneur me dit encore: «Proclame ce message dans les villes de Juda et les rues de Jérusalem: “Respectez cet engagement que je vous ai fait prendre, et mettez-le en pratique. J'ai beaucoup insisté auprès de vos ancêtres depuis que je les ai retirés d'Égypte, comme je ne cesse d'insister auprès de vous aujourd'hui, en vous adjurant d'écouter ce que je vous dis. Mais ils n'ont pas écouté, ils n'ont pas été attentifs, ils ont suivi leurs intentions mauvaises. Alors j'ai appliqué les clauses de cet engagement qu'ils n'ont pas respecté malgré mes ordres.” » Puis le Seigneur ajouta: «Il existe un complot chez les gens de Juda et les habitants de Jérusalem. Ils sont revenus aux fautes de leurs ancêtres, qui refusaient d'écouter mes paroles. Ils se sont attachés à des dieux étrangers pour leur rendre un culte. Les gens d'Israël et ceux de Juda ont trahi l'alliance que j'avais solennellement conclue avec leurs ancêtres. «C'est pourquoi, voici ce que déclare le Seigneur: “Je vais faire venir sur eux un malheur auquel ils ne pourront pas échapper. Quand ils m'appelleront au secours, je n'écouterai pas. Alors les habitants des villes de Juda et de Jérusalem se tourneront vers les dieux auxquels ils ont offert des sacrifices, mais il n'y a aucune chance que ceux-ci les sauvent quand le malheur sera là. Le peuple de Juda a autant de dieux que de villes, et on a installé à Jérusalem autant d'autels qu'il y a de rues, pour offrir des sacrifices à Baal -la-Honte.” Quant à toi, Jérémie, ne m'adresse aucune demande en faveur de ce peuple, ne fais monter vers moi ni prière ni supplication pour eux, car je n'écouterai pas quand ils seront dans le malheur et qu'ils m'appelleront à leur secours.» «Le peuple que j'aime, dit le Seigneur, agit sans sincérité. Que vient-il faire chez moi? Croit-il que ce qu'il me promet ou les sacrifices qu'il m'offre lui épargneront le malheur et qu'il pourra s'en sortir? Je l'avais surnommé “Olivier florissant aux fruits magnifiques”. Mais au milieu d'un grand fracas je mets le feu à son feuillage et ses branches sont saccagées.» C'est le Seigneur de l'univers qui l'avait planté. Il lui annonce maintenant un malheur, en conséquence du mal qu'ont commis les gens d'Israël et ceux de Juda. En effet, ils l'ont provoqué en offrant des sacrifices à Baal. Le Seigneur m'a informé, et je suis au courant; il m'a fait voir leurs manœuvres. Moi, j'étais comme un agneau docile qu'on mène à l'abattoir, sans me douter qu'ils projetaient quelque chose contre moi. Ils disaient: «Détruisons l'arbre en pleine force, supprimons-le du monde des vivants, et que personne ne se souvienne qu'il a existé!» Mais toi, Seigneur de l'univers, tu es un juge loyal. Tu perces le secret des consciences. Je pourrai voir la revanche que tu prendras sur eux, car c'est à toi que je confie ma cause. C'est pourquoi voici ce que le Seigneur de l'univers déclare contre les hommes d'Anatoth qui veulent ma mort et me disent: «Cesse de faire le prophète au nom du Seigneur, sans quoi tu mourras de notre main.» Voici donc ce que déclare le Seigneur à leur sujet: «Je vais intervenir contre eux: la guerre tuera leurs jeunes gens, la famine fera mourir leurs fils et leurs filles. Il ne restera aucun survivant des gens d'Anatoth, l'année où j'interviendrai contre eux en leur envoyant le malheur». Seigneur, tu es trop juste pour que je m'en prenne à toi. Pourtant j'aimerais discuter de justice avec toi: Pourquoi le chemin des méchants les mène-t-il au succès? Et ceux qui te sont infidèles, pourquoi vivent-ils tranquilles? Tu les as plantés, ils se sont enracinés, ils poussent et produisent des fruits. Ton nom est toujours sur leurs lèvres, mais leur cœur est loin de toi. Moi, tu me connais, Seigneur, tu me vois, tu as vérifié que j'ai pris parti pour toi. Quant à eux, mets-les de côté comme des moutons pour l'abattoir, mets-les à part pour le jour du massacre. Jusqu'à quand le pays sera-t-il en deuil et toute la végétation desséchée dans les champs? La vie animale dépérit dans le pays par la faute de ses habitants. Ils disent: «Jérémie sera fini avant nous.» «Si tu ne peux pas suivre ceux qui font la course à pied, dit le Seigneur, comment rivaliseras-tu avec des chevaux? Si tu n'es rassuré que dans un pays normal, comment t'y prendras-tu dans les fourrés du Jourdain? «En effet, même les gens de ta tribu, même ceux de ta famille te trahissent. Ils ameutent un tas de gens à ton insu. Méfie-toi d'eux quand ils te parlent gentiment.» «J'abandonne le temple qui était ma maison; je me débarrasse de ce qui m'appartenait. Je livre aux mains de l'ennemi ce que j'aimais de tout mon cœur. Ceux qui étaient à moi se sont montrés agressifs comme les lions de la forêt: ils ont rugi contre moi. C'est pourquoi je ne les aime plus. Ceux qui étaient à moi sont-ils maintenant ce bel oiseau assailli de tous côtés par des rapaces? “Qu'on sonne le rassemblement pour toutes les bêtes sauvages! Qu'on les amène au festin!” Des bergers en grand nombre ont ravagé ma vigne, ils ont piétiné mon domaine. C'était un domaine ravissant, ils en ont fait un désert sinistre, oui, sinistre, marqué par le deuil. Devant moi tout est dévasté, le pays est sinistré et personne ne s'en émeut.» Dans les régions inhabitées, sur les hauteurs dénudées apparaissent des pillards. L'arme du Seigneur ravage tout d'un bout à l'autre du pays, elle n'épargne personne. Vous aviez semé du blé, vous moissonnez des ronces. Vous vous étiez donné du mal, vous n'en tirez aucun profit. Honte à vous pour cette récolte! Le Seigneur vous l'a envoyée dans son ardente indignation. Voici ce que déclare le Seigneur au sujet des mauvais voisins de mon peuple: «Ils ont touché à ce qui m'appartenait, au territoire que j'avais donné à Israël, mon peuple. Je vais les arracher à leur sol, mais je vais leur arracher aussi le peuple de Juda. Après quoi je reviendrai à des sentiments de pitié pour eux, et je ramènerai chacun d'eux à sa terre, chacun à son pays. Ils avaient enseigné à mon peuple à prêter serment au nom de Baal. Mais s'ils apprennent vraiment à se conduire comme doit le faire mon peuple, s'ils prêtent serment en déclarant “Je le jure par le Seigneur vivant…”, alors ils retrouveront leur place dans mon peuple. Cependant si une de ces nations refuse de m'écouter, alors je la déracinerai pour de bon et l'abandonnerai à la mort», dit le Seigneur. Voici ce que me déclara le Seigneur: «Va t'acheter une ceinture de lin, mets-la autour de tes reins, mais garde-toi de la laver.» J'achetai donc une ceinture, comme le Seigneur me l'avait dit, et je me mis à la porter autour des reins. Une seconde fois je reçus une parole du Seigneur, celle-ci: «Prends cette ceinture et rends-toi au torrent du Fara. Tu la cacheras là-bas dans une fente de rocher.» Je me rendis donc au Fara et j'y cachai la ceinture, comme le Seigneur me l'avait ordonné. Au bout d'un temps assez long, le Seigneur me dit: «Retourne au Fara et prends-y la ceinture que je t'avais commandé de cacher.» Je retournai donc au Fara, dégageai la ceinture et la repris à l'endroit où je l'avais cachée. Je constatai qu'elle était pourrie, complètement hors d'usage. Alors je reçus cette parole du Seigneur: «Voici ce que déclare le Seigneur: Je ferai subir le même sort à ce qui fait la fierté de Juda, la grande fierté de Jérusalem. C'est en effet un peuple mauvais, qui refuse d'écouter ce que je dis. Il a suivi son intention de s'attacher à d'autres dieux, en leur rendant un culte et en s'inclinant devant eux. Eh bien, que ce peuple ait le sort de cette ceinture complètement hors d'usage! Comme un homme qui s'attache une ceinture autour des reins, dit le Seigneur, je m'étais attaché le royaume d'Israël et le royaume de Juda, pour leur confier ma réputation, pour qu'ils soient mon peuple, mon titre de gloire, ma parure. Mais ils ne m'ont pas écouté.» «Va leur dire: “Voici ce que déclare le Seigneur, le Dieu d'Israël: Une cruche est faite pour contenir du vin.” S'ils répliquent: “C'est évident, nous le savons bien”, tu leur répondras: “Voici ce que déclare le Seigneur: Je vais enivrer complètement tous les habitants de ce pays, y compris les rois qui siègent sur le trône de David, les prêtres, les prophètes et la population de Jérusalem. Je les fracasserai l'un contre l'autre, parents contre enfants, dit le Seigneur. Je n'épargnerai personne; aucune sorte de pitié ne m'empêchera de les éliminer.” » Écoutez, soyez attentifs, ne vous raidissez pas, le Seigneur vous parle. Honorez le Seigneur votre Dieu avant qu'il envoie la nuit, et que vos pieds trébuchent sur les montagnes assombries par le crépuscule. Vous attendiez le jour, mais il le change en nuit, il le rend sombre comme un nuage d'orage. Si vous n'écoutez pas cet avertissement, il ne me restera plus, dans mon coin, qu'à pleurer de votre orgueil si grand, à répandre des torrents de larmes, car le troupeau du Seigneur part en déportation. Dis au roi et à la reine mère: «Asseyez-vous par terre, car votre superbe couronne est tombée de votre tête. Les villes du midi sont fermées, personne n'ouvre plus leurs portes, car tout le peuple de Juda est parti en exil, c'est la déportation générale.» «Jérusalem, lève les yeux, regarde: tes ennemis arrivent du nord. Que va devenir le peuple que je t'ai confié, le troupeau qui fait ta gloire? Et que trouveras-tu à dire, quand ceux que tu as habitués à être tes familiers interviendront contre toi pour te dominer? Tu vas être assaillie de douleurs comme une femme au moment d'accoucher. Alors tu demanderas: “Pourquoi cela m'arrive-t-il?” Eh bien, si on relève ta robe, si on te fait violence, c'est le prix de ta lourde faute. L'Éthiopien peut-il changer la couleur de sa peau? ou la panthère les taches de son pelage? Non! Eh bien, vous tous, si habitués à mal faire, vous ne pouvez pas davantage vous mettre à faire le bien! Je vais vous éparpiller comme des brins de paille emportés par le vent du désert. Jérusalem, voici le sort qui t'attend, la part que je te réserve, dit le Seigneur, parce que tu m'as oublié pour te fier à des faux dieux: Je vais relever moi aussi ta robe jusqu'à ton visage, et on te verra toute nue. Ah, tes adultères, tes cris de désir, ta honteuse prostitution! Je les ai bien vues sur les collines des campagnes, tes abominables idoles! Quel malheur, Jérusalem, tu ne veux pas te purifier! Jusqu'à quand cela durera-t-il?» Parole du Seigneur que Jérémie reçut à l'occasion de la sécheresse. «Le peuple de Juda est en deuil, ses villes tombent en ruine, il est sombre, assis par terre. La plainte de Jérusalem s'élève vers le ciel. Les maîtres envoient leurs employés à la corvée d'eau. Ceux-ci arrivent aux citernes, ils les trouvent à sec et reviennent déçus, consternés, la tête basse: leurs récipients sont vides. Les paysans sont déçus, ils montrent leur consternation en voyant le sol craquelé, tant la terre a manqué de pluie. Dans la campagne, la biche abandonne le petit qu'elle a mis bas, car il n'y a plus de verdure. Les ânes sauvages s'arrêtent sur les hauteurs dénudées, ils flairent le vent comme des chacals. Leur regard s'épuise à chercher de l'herbe alors qu'il n'y en a plus.» «Nos torts sont accablants, c'est vrai, mais toi, Seigneur, fais quelque chose: ton honneur est en jeu. Nous t'avons souvent trahi, nous sommes coupables envers toi. Toi en qui espère Israël, toi qui l'as sauvé au temps de la détresse, pourquoi te conduis-tu comme un étranger au pays, comme un voyageur qui n'entre que pour la nuit? Pourquoi te conduis-tu comme un homme sans énergie comme un héros incapable de sauver les autres? Pourtant tu es parmi nous, Seigneur, nous te sommes consacrés, ne nous laisse pas tomber.» Voici ce que le Seigneur déclare à l'intention de ce peuple: «Oui, ces gens aiment vagabonder sans retenue.» Mais cela ne plaît pas au Seigneur, il n'oublie pas leurs torts et punira leurs fautes. Le Seigneur me dit: «Ne m'adresse aucune demande en faveur de ce peuple. Même s'ils jeûnent, je n'écouterai pas leurs supplications. Même s'ils m'offrent des sacrifices et des offrandes, je ne les accepterai pas. Mais j'en finirai avec eux par la guerre, la famine et la peste.» Je répondis: «Hélas! Seigneur Dieu, les prophètes leur disent: “Vous ne subirez ni la guerre ni la famine, mais Dieu vous donnera une vraie prospérité, et cela ici même.” » Le Seigneur me répliqua: «Ces prophètes prétendent parler de ma part. C'est un mensonge, car je ne les ai pas envoyés, je ne leur ai donné aucun ordre, je ne leur ai rien dit. Ce qu'ils vous annoncent n'est que fausses révélations, prédictions sans valeur, inventions trompeuses! C'est pourquoi, voici ce que moi, le Seigneur, je déclare contre ces prophètes: Je ne les ai pas envoyés, mais ils prétendent annoncer de ma part qu'ils n'y aura ni guerre ni famine dans ce pays. Eh bien, c'est justement par la guerre et la famine qu'ils vont finir jusqu'au dernier! Quant au peuple auquel ils ont adressé leurs prédictions, il sera terrassé dans les rues de Jérusalem du fait de la guerre et de la famine. Il n'y aura personne pour ensevelir ces gens, leurs femmes, leurs fils ou leurs filles. Ainsi je reverserai sur eux le mal qu'ils ont commis. «Voici ce que tu devras leur dire: Je voudrais que mes yeux ruissellent de larmes, sans répit, de jour et de nuit, car mon pauvre peuple a subi un grand désastre, sa blessure est vraiment inguérissable. Si je sors dans les champs, je ne vois que des morts, victimes de la guerre. Si je rentre en ville, je ne vois que des morts, victimes de la faim. Les prophètes, les prêtres ont parcouru le pays: ils ne comprennent pas.» «Seigneur, as-tu donc rejeté Juda? Es-tu dégoûté de Sion? Pourquoi nous infliges-tu des blessures inguérissables? Nous avions l'espoir que tout s'arrangerait, mais il n'arrive rien de bon. Nous attendions le moment où nos maux seraient guéris, mais voici la terreur. Seigneur, nous savons que nous avons mal agi, nous reconnaissons les torts de nos parents. Nous sommes coupables envers toi. Ton honneur est en jeu; ne montre pas de mépris pour ton trône glorieux, ne t'en désintéresse pas. Pense à l'engagement que tu as pris envers nous, ne le romps pas. Parmi les faux dieux des nations, en existe-t-il un qui puisse provoquer la pluie? Est-ce le ciel qui donne les averses, n'est-ce pas toi, Seigneur? Notre Dieu, c'est en toi que nous mettons notre espoir, car c'est toi qui fais tout cela.» Le Seigneur me dit: «Même si Moïse et Samuel intervenaient auprès de moi, je ne me laisserais pas fléchir en faveur de ce peuple. Débarrasse-moi de sa présence, et qu'il s'en aille! Si on te demande: “Où irons-nous?”, tu répondras: “Voici ce que déclare le Seigneur: A chacun son sort: aux uns la peste, à d'autres le massacre, à d'autres la famine, à d'autres l'exil!” «J'interviendrai contre eux de ces quatre manières, déclare le Seigneur; l'épée les massacrera, les chiens les traîneront plus loin, les vautours et enfin les chacals les dévoreront et les feront disparaître. Ainsi tous les royaumes du monde seront épouvantés en les voyant. C'est la conséquence des méfaits que Manassé, fils d'Ézékias et roi de Juda, a commis à Jérusalem.» «Jérusalem, dit le Seigneur, il n'y a plus personne pour avoir pitié de toi, personne pour te plaindre, personne qui se dérange pour demander de tes nouvelles. C'est toi, dit le Seigneur, qui n'a plus voulu de moi et m'as tourné le dos. Alors je suis intervenu pour en finir avec toi, car j'en ai assez de me laisser apitoyer. Dans chaque ville du pays, j'ai brandi ma fourche à vanner; j'ai dispersé mon peuple, je l'ai laissé dépérir en le privant de ses enfants, mais ils n'ont pas changé de conduite. J'ai fait chez eux plus de veuves qu'il n'y a de grains de sable au bord de la mer. J'ai terrassé en plein midi la mère du jeune guerrier; j'ai fait soudain fondre sur elle le tremblement de l'angoisse. Celle qu'on honorait d'avoir eu sept enfants n'est tout à coup plus rien. Elle a perdu le souffle, son soleil s'est couché au beau milieu du jour. C'est la honte pour elle, c'est le déshonneur. Quant à ceux qui survivront, je les livrerai au massacre face à leurs ennemis», déclare le Seigneur. Quel malheur pour moi, ma mère, que tu m'aies mis au monde! Pour tout le pays, je ne suis qu'un homme contesté, un homme à qui l'on en veut. Je n'ai pourtant ni prêté ni emprunté de l'argent, mais tout le monde me maudit. Le Seigneur avait pourtant dit: «J'ai promis de te délivrer pour ton bonheur. J'ai promis d'amener tes adversaires à te supplier dans la détresse ou le malheur. Le fer peut-il casser l'acier ou le bronze?» «Juda, je livre au pillage tes biens et tes trésors, sans compensation pour toi. C'est le prix de toutes les fautes que tu as commises sur tout ton territoire. Je t'asservis à tes ennemis dans un pays dont tu ne sais rien; car ma colère a pris feu, je suis furieux contre toi.» Mais toi, Seigneur, tu sais bien tout ce qui me concerne. Pense à moi, interviens pour moi, venge-moi de mes persécuteurs. Que je n'aie pas à pâtir de ta patience envers eux! Reconnais-le: c'est pour toi que je supporte les insultes. Dès qu'il m'arrivait une parole de toi, je la dévorais; elle causait ma joie et me mettait le cœur en fête, car je te suis consacré, Seigneur, Dieu de l'univers. Je n'ai pas été m'amuser en m'asseyant parmi les rieurs. Mais tu m'as forcé à rester à l'écart, rempli de ton indignation. Pourquoi ma souffrance est-elle sans fin? Pourquoi ma blessure est-elle inguérissable et refuse-t-elle de se cicatriser? Vraiment tu m'as trompé, comme un ruisseau irrégulier où l'on n'est pas sûr de trouver de l'eau! Voici ce que déclara le Seigneur: «Si tu reviens à moi, je te reprendrai à mon service. Si tu es prêt à exprimer non plus des propos sans valeur mais ce qui mérite d'être dit, tu seras mon porte-parole. C'est aux gens de Juda de s'aligner sur toi, et non pas à toi de t'aligner sur eux! Je ferai de toi, face à eux, un mur de bronze inébranlable. Ils te combattront, mais ne pourront rien contre toi, car je suis avec toi pour te sauver, te délivrer, déclare le Seigneur. Je t'arracherai aux griffes des méchants, je te libérerai du pouvoir de ces brutes.» Je reçus cette parole du Seigneur: «Tu ne dois pas te marier, me dit-il, et avoir des fils ou des filles dans ce pays. Voici en effet ce que je déclare, moi le Seigneur, au sujet des fils et des filles qui naîtront dans ce pays, ainsi que de leurs pères et de leurs mères: ils auront une mort cruelle, il n'y aura personne pour les pleurer ou les enterrer, mais ils resteront comme du fumier à la surface du sol. La guerre et la famine auront raison d'eux, et leurs cadavres serviront de pâture aux vautours et aux chacals.» Voici encore ce que le Seigneur me déclara: «N'entre pas dans une maison mortuaire, n'assiste pas aux funérailles, n'apporte à personne tes condoléances, car je retire à ce peuple mon amitié, ma bonté et mon affection. Dans ce pays, riches ou pauvres mourront sans personne pour les enterrer, les pleurer ou exprimer de la tristesse par des entailles sur le corps ou des cheveux tondus. Il n'y aura personne pour partager le pain avec la famille en deuil et la consoler, personne non plus pour offrir la coupe de consolation à ceux qui ont perdu un père ou une mère. «N'entre pas davantage dans une maison où l'on fait un festin; ne t'assieds pas pour manger et boire avec les convives. Car voici ce que je déclare, moi le Seigneur de l'univers et le Dieu d'Israël: “Je vais mettre fin aux bruits de fête, aux cris de joie et aux chants des jeunes mariés. Et vous resterez en vie pour voir cela!” «Quand tu auras transmis ce message à ce peuple, il est possible qu'on te demande: “Pour quelle raison le Seigneur a-t-il décrété contre nous ce grand malheur? Quel est notre tort? Quelle faute avons-nous commise contre le Seigneur notre Dieu?” Tu répondras alors: “C'est parce que vos parents m'ont abandonné et qu'ils se sont attachés à des dieux étrangers, pour leur rendre un culte et s'incliner devant eux, déclare le Seigneur. Ils m'ont abandonné, ils n'ont pas observé mes enseignements. Quant à vous, vous agissez plus mal encore que vos parents; chacun de vous suit son intention mauvaise au lieu d'écouter ce que je dis. C'est pourquoi, je vais vous chasser de ce pays dans un autre qui ne représente rien pour vous, pas plus que pour vos parents. Là-bas, jour et nuit, vous rendrez un culte à ces dieux étrangers, parce que moi, je ne vous accorderai aucune faveur.” » «Le jour vient, déclare le Seigneur, où l'on prêtera serment non plus en déclarant “Je le jure par le Seigneur vivant, qui a retiré d'Égypte les Israélites!”, mais “Je le jure par le Seigneur vivant, qui a retiré les Israélites du pays du nord et des autres pays où il les avait chassés!” Je les ferai revenir, en effet, sur leur sol, celui que j'ai donné à leurs ancêtres.» «Je vais envoyer de nombreux pêcheurs, dit le Seigneur, pour les capturer, puis de nombreux chasseurs pour les traquer partout, sur les montagnes, les collines et jusque dans les fentes des rochers. Car j'ai l'œil sur leur conduite, elle ne peut pas m'échapper, leur crime me saute aux yeux. Je vais les payer du montant total de leur crime, la faute elle-même et son dédommagement, parce qu'ils ont souillé mon pays avec leurs abominables idoles mortes, et ils ont rempli ma propriété de leurs horribles faux dieux.» Seigneur, tu es ma forteresse, mon protecteur, mon refuge au temps de la détresse. C'est à toi que viendront les nations païennes depuis le bout du monde. Elles diront alors: «Notre religion traditionnelle n'est qu'une duperie, c'est du vent, ça ne sert à rien. On ne peut pas se faire des dieux, ceux que l'on fait ne sont pas Dieu.» «Eh bien, cette fois-ci, dit le Seigneur, je vais leur faire connaître mon pouvoir et ma puissance. Ils sauront alors que je suis le Seigneur.» «La faute des gens de Juda est comme un texte gravé au burin de fer ou à la pointe de diamant. Elle est inscrite sur leurs cœurs et sur les angles de leurs autels. Comme ils pensent à leurs enfants ils pensent à leurs autels, à leurs poteaux sacrés, aux arbres verts sur les collines. Peuple de Juda, toi qui fréquentes les hauteurs dans les campagnes, je livre au pillage tes biens et tous tes trésors, ainsi que tes lieux sacrés. C'est le prix des fautes que tu as commises sur tout ton territoire. Tu vas devoir restituer le pays que tu possèdes, celui que je t'avais donné. Je t'asservis à tes ennemis dans un pays dont tu ne sais rien. Car tu as allumé ma colère, et rien ne pourra l'éteindre.» Voici ce que déclare le Seigneur: «Je maudis celui qui se détourne de moi, ne met sa confiance qu'en l'homme et cherche sa force dans les pauvres moyens humains. Il aura le même sort qu'un buisson chétif dans la steppe. Aucune chance pour lui de voir venir le bonheur! Il restera là, parmi les pierres du désert, sur cette terre stérile que personne n'habite. Mais je bénis celui qui met sa confiance en moi et cherche en moi sa sécurité. Il aura le même sort qu'un arbre planté près de l'eau, dont les racines s'étendent à proximité du ruisseau. Il n'a rien à redouter quand vient la chaleur, et son feuillage reste vert. Même en année de sécheresse il ne se fait aucun souci, il ne cesse de porter des fruits. «Rien n'est plus trompeur que le cœur humain. On ne peut pas le guérir, on ne peut rien y comprendre. «Moi, dit le Seigneur, je vois jusqu'au fond du cœur, je perce le secret des consciences. Ainsi je peux traiter chacun selon sa conduite et le résultat de ses actes. Une poule qui a couvé des œufs de cane, tel est celui qui s'est enrichi en violant les lois; au milieu de sa vie ses biens l'abandonnent et sur la fin il est là comme un sot.» Il y a un trône glorieux dominant le monde depuis les origines, c'est là qu'est notre saint temple! Seigneur, toi en qui espère Israël, honte à tous ceux qui t'abandonnent! Ceux qui se détournent de toi ne sont que des noms inscrits dans la poussière. C'est qu'ils t'ont abandonné, Seigneur, toi la source d'eau vive. Seigneur, je ne serai guéri que si tu me guéris; je ne serai sauvé que si tu me sauves, car tu m'as toujours donné une raison de te louer. Voilà que tout le monde me dit: «Et la menace du Seigneur, où est-elle passée? Qu'elle se réalise donc!» Ce n'est pas moi qui t'ai pressé de déclencher le malheur, Seigneur; je n'ai pas souhaité que vienne le jour de la catastrophe. Tu le sais, tu as pu vérifier tout ce que j'ai annoncé. Ne sois donc pas pour moi une cause de désarroi, toi qui es mon refuge quand le malheur est là. La honte devrait être pour mes persécuteurs, et non pas pour moi! Pour eux aussi la consternation, mais non pas pour moi! Fais venir sur eux le jour du malheur, mets-les complètement en pièces. Voici ce que le Seigneur me déclara: «Va te placer à la porte du Peuple, par laquelle passent les rois de Juda pour entrer ou sortir de la ville; tu feras de même ensuite aux autres portes de la ville. Tu diras à tous ceux qui les franchissent: “Vous, les rois, et vous tous, peuple de Juda et habitants de Jérusalem, écoutez ce que dit le Seigneur. Voici ce qu'il déclare: Le jour du sabbat, gardez-vous de porter une charge, gardez-vous d'en faire passer par une de ces portes. Ce jour-là, n'emportez rien hors de vos maisons, et ne faites aucun travail; mais réservez ce jour pour moi, comme j'en ai donné l'ordre à vos ancêtres. Il est vrai que ceux-ci ne m'ont pas écouté, ils n'ont pas été attentifs, ils se sont cabrés. Ils n'ont rien écouté, ils ont refusé mes avertissements. “Mais vous, écoutez-moi bien, dit le Seigneur; le jour du sabbat, évitez de faire passer des charges par les portes de la ville, réservez ce jour pour moi et abstenez-vous de tout travail. Alors les rois qui siègent sur le trône de David, qui circulent à cheval ou sur un char, leurs ministres, les gens de Juda et les habitants de Jérusalem, tous ceux-là pourront continuer de franchir les portes de la ville, et celle-ci restera toujours habitée. Alors aussi, on viendra au temple, depuis les villes de Juda, les environs de Jérusalem et le territoire de Benjamin, depuis le Bas -Pays, le Haut-Pays et le Néguev; on y viendra offrir toutes sortes de sacrifices: sacrifices complets ou ordinaires, offrandes de blé ou d'encens, et sacrifices de reconnaissance. Mais si vous ne m'écoutez pas, si vous négligez de réserver pour moi le jour du sabbat, si vous franchissez ce jour-là les portes de Jérusalem avec des charges sur le dos, j'allumerai un feu dans la ville; il consumera ses belles maisons et ne s'éteindra pas.” » Jérémie reçut du Seigneur cette parole: «Debout, Jérémie! Descends chez le potier, c'est là que je te ferai entendre ce que j'ai à te dire.» Je descendis donc chez le potier et le trouvai en train de travailler sur son tour. Si le vase qu'il façonnait était raté, ce qui arrive parfois avec l'argile entre les mains du potier, il en refaisait un autre, comme il le jugeait bon. Alors je reçus du Seigneur cette parole: «Gens d'Israël, ne suis-je pas capable d'agir à votre égard comme ce potier, demande le Seigneur? Vous êtes dans ma main comme l'argile dans la main du potier. Parfois, à propos d'une nation ou d'un royaume, je parle de déraciner, de renverser et de détruire. Mais si cette nation renonce au mal qui a provoqué ma menace, alors je change d'avis au sujet du malheur que je lui destinais. Parfois, à propos d'une autre nation ou d'un autre royaume, je parle de reconstruire et de replanter. Mais si cette nation fait ce que je désapprouve, sans écouter mon avertissement, alors je change d'avis au sujet du bien que j'avais promis de lui faire. «Maintenant, Jérémie, adresse-toi aux gens de Juda et aux habitants de Jérusalem, et dis-leur: “Voici ce que déclare le Seigneur: J'ai pris une décision contre vous, je suis en train de vous préparer un malheur. Que chacun de vous renonce à sa conduite mauvaise; conduisez-vous et agissez plutôt comme il convient.” » Mais ils ne suivent que leurs intentions mauvaises, et ils répondent: «Inutile d'insister! Nous ferons ce que nous avons décidé.» Voici donc ce que déclare le Seigneur: «Informez-vous à l'étranger: on n'a jamais entendu raconter rien de pareil! Ce qu'Israël a commis est tout à fait horrible. Voit-on la neige du Liban disparaître des rochers sauvages? Voit-on tarir l'eau des torrents qui descend toute fraîche? Non. Pourtant mon peuple m'a oublié. Il offre des sacrifices à des dieux qui n'en sont pas, qui le font trébucher sur sa route, quitter sa voie traditionnelle, et s'avancer sur des chemins qui ne sont pas tracés. Il a mis son pays dans un tel état qu'on en reste horrifié. Sans fin, les gens s'exclament, les passants en ont le frisson, et stupéfaits hochent la tête. A l'approche de l'ennemi, je disperserai mon peuple comme la poussière chassée par le vent d'est. Le jour de leur désastre, je leur tournerai le dos au lieu de me tourner vers eux.» Il y eut alors des gens qui dirent: «Allons, c'est le moment de faire des plans contre Jérémie, car nous ne manquons ni de prêtres pour donner un enseignement, ni de sages pour fournir un bon conseil, ni de prophètes pour transmettre la Parole de Dieu. Portons-lui un coup fatal par une campagne de dénigrement et n'accordons aucune attention à ce qu'il dit.» Accorde-moi ton attention, Seigneur, écoute les propos de ceux qui m'accusent. Doit-on rendre le mal pour le bien? Or ils me préparent un piège. Mais moi, ne l'oublie pas, je me suis tenu devant toi pour parler en leur faveur et détourner d'eux ta colère. C'est pourquoi livre leurs fils à la famine, fais-les passer eux-mêmes au fil de l'épée. Que leurs femmes soient privées de leurs enfants, et qu'elles deviennent veuves! Que les hommes meurent de la peste, que les jeunes gens périssent à la guerre! Qu'on entende chez eux des cris de douleur, quand tout à coup tu enverras des bandes armées contre eux! Car ils se préparent à me prendre, ils dissimulent un piège sous mes pas. Toi, Seigneur, tu n'ignores rien de tous les projets qu'ils forment pour me faire mourir. Ne pardonne pas leur crime, n'efface pas leur faute. Qu'ils s'effondrent devant toi, qu'ils aient affaire à ta colère! Voici ce que le Seigneur déclara à Jérémie: «Va chez le potier t'acheter une cruche d'argile, puis prends avec toi quelques membres du conseil des anciens, laïcs et prêtres. Ensuite tu sortiras par la porte des Pots cassés dans la vallée de Hinnom, où tu proclameras le message que je vais t'indiquer. Tu diras: Rois de Juda et habitants de Jérusalem, écoutez ce que dit le Seigneur. Voici ce que déclare le Seigneur de l'univers, le Dieu d'Israël: Je vais faire venir sur ce lieu un malheur qui produira l'effet d'un coup de tonnerre sur ceux qui l'apprendront. En effet, les gens de Juda m'ont abandonné, ils ont rendu ce lieu méconnaissable: ils y ont offert des sacrifices à des dieux étrangers, avec lesquels ils n'avaient rien de commun, ni eux ni leurs prédécesseurs, ni les rois de Juda. Ils ont rempli ce lieu du sang d'êtres innocents. Ils ont aménagé un emplacement consacré au dieu Baal, pour y brûler leurs fils en sacrifice. Je n'avais pourtant rien commandé de pareil, je n'en avais même pas parlé, l'idée ne m'en serait jamais venue. «C'est pourquoi, dit le Seigneur, le jour vient où l'on nommera ce lieu non plus “le Tofeth” ou “la vallée de Hinnom”, mais “la vallée du Massacre”. En cet endroit même, je réduirai à rien la politique de Jérusalem et de Juda, et je ferai tomber ses habitants sous les coups de leurs ennemis, des gens impitoyables. Je laisserai leurs cadavres en pâture aux vautours et aux chacals. Je mettrai cette ville dans un tel état qu'on s'exclamera de stupéfaction. Les passants en auront le frisson, ils siffleront d'horreur en voyant les dégâts qu'elle aura subis. Des ennemis, des gens impitoyables, vont assiéger la ville et la réduire à une telle détresse, à une telle misère, que ses habitants en viendront à manger la chair de leurs propres enfants et à se dévorer les uns les autres. «Puis tu casseras la cruche en présence de ceux qui t'accompagnent et tu leur diras: Voici ce que déclare le Seigneur de l'univers: Je casserai ce peuple et cette ville, comme on casse une cruche d'argile; ce sera irrémédiable. «Quant au Tofeth, c'est là qu'on enterrera les morts, faute de place ailleurs. Et je ferai subir à cette ville ainsi qu'à ses habitants le même sort qu'au Tofeth, déclare le Seigneur. Je rendrai les maisons de Jérusalem et celles des rois de Juda comme cet emplacement de Tofeth: impures. Oui, ce sera le sort de toutes ces habitations, sur les terrasses desquelles on fait monter la fumée de l'encens, en l'honneur de l'Armée des étoiles, et on présente des offrandes de vin à des dieux étrangers.» Quand Jérémie fut revenu du Tofeth, où le Seigneur l'avait envoyé parler de sa part, il vint se placer dans la cour du temple et dit à tous ceux qui étaient là: «Voici ce que déclare le Seigneur de l'univers, le Dieu d'Israël: “Je vais faire venir sur cette ville, ainsi que sur les villages voisins, tous les malheurs que j'ai annoncés contre elle. En effet, ses habitants se sont cabrés, ils ont refusé d'écouter ma parole.” » Pachehour, fils d'Immer, le prêtre inspecteur chef du temple, entendit Jérémie proclamer ces paroles de la part du Seigneur. Il gifla le prophète et le fit attacher au pilori situé à la porte supérieure de Benjamin, celle qui donne accès au temple. Le lendemain, Pachehour libéra Jérémie du pilori. Celui-ci lui dit: «Le Seigneur ne te nommera plus Pachehour mais “Terreur de toutes parts”. Voici en effet ce que déclare le Seigneur: “Je vais te livrer à la terreur, toi et tous tes amis. Ceux-ci tomberont sous l'épée de leurs ennemis, et toi tu assisteras à leur mort. Je livrerai tout le peuple de Juda au roi de Babylone, qui le déportera dans son pays ou le fera exécuter. Toutes les richesses des habitants de cette ville, tout le fruit de leur travail, ce qu'ils possèdent de plus précieux, ainsi que les trésors des rois de Juda, tout cela je le livrerai à leurs ennemis; ils le pilleront, s'en empareront et l'emporteront à Babylone. Toi-même, Pachehour, et tous ceux qui vivent avec toi, vous serez déportés. Après ton arrivée à Babylone tu mourras, et c'est là-bas qu'on t'enterrera, ainsi que tous les amis auprès desquels tu as été un faux prophète.” » Seigneur, tu m'as si bien séduit que je me suis laissé prendre; tu m'as forcé la main, tu as été le plus fort. Tous les jours on rit de moi, tous me tournent en ridicule. Chaque fois que je dois parler, il me faut ensuite appeler au secours, crier à la violence et à l'oppression. Recevoir de toi une parole me vaut chaque jour moqueries et insultes. Si j'en viens à me dire: «Je ne veux plus y penser, je ne parlerai plus de la part de Dieu», alors au plus profond de moi il y a comme un feu qui me brûle. Je m'épuise à le maîtriser, mais je n'y parviens pas. J'entends beaucoup de gens dire du mal de moi; ils me surnomment “Terreur de toutes parts”. «Dénoncez-le», disent les uns; «Oui, dénonçons-le», répètent les autres. Mes proches eux-mêmes guettent ma moindre erreur, ils espèrent me prendre en défaut. «Alors, disent-ils, nous le tiendrons et nous aurons notre revanche.» Mais, Seigneur, tu es fort et tu combats pour moi. Ce sont mes persécuteurs qui trébucheront; ils n'auront pas le dernier mot. Humiliés d'avoir échoué, ils seront déshonorés pour toujours, et personne ne l'oubliera. Toi, Seigneur de l'univers, tu sais reconnaître si un homme t'est fidèle, tu discernes ses pensées cachées. Je t'ai confié ma cause, j'espère donc voir comment tu prendras ta revanche sur mes adversaires. Chantez pour le Seigneur, acclamez-le, car il a arraché le malheureux aux griffes des malfaiteurs. Maudit soit le jour qui m'a vu naître! Que personne ne déclare béni ce jour où ma mère m'a mis au monde! Maudit soit l'homme qui a rempli mon père de joie en lui annonçant: «C'est un garçon!» Que cet homme-là ait le sort des villes que Dieu a bouleversées sans revenir sur sa décision! Le matin, qu'il entende des plaintes, et à midi encore des cris de guerre! Si seulement Dieu m'avait laissé mourir avant que je naisse! Ma mère aurait été ma tombe, elle m'aurait gardé en elle pour toujours. Pourquoi suis-je sorti du ventre maternel, si c'est pour connaître peine et souffrance et finir ma vie dans l'humiliation? Jérémie reçut du Seigneur une parole à l'intention du roi Sédécias. Le roi avait délégué auprès de Jérémie Pachehour, fils de Malkia, et le prêtre Sefania, fils de Maasséya, pour lui demander: «S'il te plaît, consulte le Seigneur pour nous, car le roi Nabucodonosor de Babylone est en guerre contre nous. Peut-être le Seigneur fera-t-il un de ses miracles en notre faveur, pour détourner de nous l'attaque des Babyloniens.» Jérémie répondit alors aux envoyés: «Allez trouver Sédécias et dites-lui: Voici ce que déclare le Seigneur, le Dieu d'Israël: “Vous combattez l'armée du roi de Babylone, qui vous assiège. Mais je vais forcer les combattants qui luttent en avant des remparts à faire demi-tour et à se replier à l'intérieur de la ville. Je vais combattre moi-même contre vous et vous montrer ma force et mon savoir-faire, dans mon ardente et terrible colère. Je vais m'attaquer à tout ce qui vit dans cette ville, hommes et bêtes; tous mourront d'une terrible peste. Après quoi, déclare le Seigneur, le roi Sédécias de Juda et ses ministres, ainsi que la population qui aura survécu dans la ville aux effets de la peste, de la guerre et de la famine, seront livrés au roi de Babylone. Oui, je les livrerai à leurs ennemis, à ceux qui désirent leur mort. Et Nabucodonosor les fera massacrer, il sera sans pitié pour eux, il n'épargnera personne, il ne se laissera pas fléchir.” » Le Seigneur confia cet autre message à Jérémie, à l'intention du peuple: «Voici ce que déclare le Seigneur: Je vous place à une croisée de chemins; vous avez devant vous la vie ou la mort. Quiconque restera dans cette ville y mourra des effets de la guerre, de la famine ou de la peste. Mais celui d'entre vous qui sortira de la ville pour se rendre aux assiégeants babyloniens y gagnera la vie sauve. Je vais m'occuper de cette ville, dit le Seigneur, non pour son bonheur mais pour son malheur; elle tombera aux mains du roi de Babylone, qui y mettra le feu.» Déclarations sur la famille royale de Juda. «Écoutez ce que dit le Seigneur, gens de la famille de David. Voici ce qu'il déclare: Commencez vos journées en rendant une vraie justice. Arrachez aux exploiteurs ceux qu'ils sont en train de dépouiller. Sinon ma fureur jaillira, telle un feu qui brûlera tout, sans que personne puisse l'éteindre. Voilà ce que vous rapportera le mal que vous avez commis. Je prends parti contre vous qui habitez en contrebas sur le rocher plat, déclare le Seigneur; oui, contre vous qui prétendez qu'aucun ennemi ne pourra descendre jusqu'à vous ni pénétrer dans vos repaires. Moi, j'interviendrai contre vous, déclare le Seigneur. Voilà ce que vous rapportera le mal que vous avez commis. Je mettrai le feu à votre forêt de colonnes de cèdre, il dévorera tout ce qui est autour.» Voici ce que le Seigneur déclara à Jérémie: «Descends au palais des rois de Juda pour y prononcer la parole que voici. Tu diras: “Écoute ce que dit le Seigneur, toi le roi de Juda qui sièges sur le trône de David. Cela concerne aussi tes ministres et ton peuple, qui franchissent les portes de ton palais.” Voici ce que déclare le Seigneur: Agissez selon le droit et l'ordre que je veux, arrachez aux exploiteurs ceux qu'ils sont en train de dépouiller. Ne profitez pas de la faiblesse de l'immigré, de l'orphelin ou de la veuve, pour leur extorquer ce qu'ils possèdent. Cessez de mettre à mort des innocents en ce lieu. Si vous vous décidez à appliquer ces recommandations, alors il y aura encore des rois qui siégeront sur le trône de David et circuleront à cheval ou sur un char. Ils pourront continuer de franchir les portes de ce palais, eux, leurs ministres et le peuple. Mais si vous n'écoutez pas ce que je vous dis, alors je le jure, moi le Seigneur, aussi vrai que je suis Dieu, ce palais deviendra un tas de ruines. «Voici ce que déclare le Seigneur au sujet du palais royal de Juda: Bien que je te trouve aussi beau que les forêts de Galaad ou le sommet du Liban, je le jure, je ferai de toi un désert, une cité morte. Je mobilise contre toi des destructeurs bien outillés. Ils abattront tes belles colonnes de cèdres et les jetteront au feu. «Beaucoup d'étrangers viendront alors à passer près de cette ville. Ils se demanderont l'un à l'autre: “Pour quelle raison le Seigneur a-t-il fait subir pareil traitement à cette grande ville?” Alors on leur répondra: “C'est parce que ses habitants se sont inclinés devant d'autres dieux et leur ont rendu un culte. Ils ont ainsi trahi l'engagement qu'ils avaient pris envers le Seigneur leur Dieu.” » Gens de Juda, ne pleurez pas celui qui est mort, le roi Josias, ne vous apitoyez pas sur lui. Pleurez plutôt celui qui s'en va, le roi Challoum, car il ne reviendra plus, il ne reverra plus son pays natal. Voici ce que déclare le Seigneur au sujet du roi Challoum de Juda, qui avait succédé à son père Josias, et qui n'est plus ici: «Il ne reviendra pas. Il mourra là où on l'a déporté, il ne reverra plus ce pays.» «Quel malheur pour toi, Joaquim! tu te fais construire un palais, sans respecter la justice! Tu y ajoutes des étages, sans respecter le droit des gens! Tu fais travailler les autres pour rien, sans les payer! “Je veux me faire bâtir un palais grandiose, dis-tu, avec de vastes étages.” Tu y ouvres des fenêtres, tu en revêts les murs avec du bois de cèdre, tu le fais peindre au rouge vermillon. Veux-tu prouver que tu es roi en choisissant le bois de cèdre pour te distinguer? Ton père mangeait et buvait comme tout le monde, mais il agissait selon le droit et l'ordre que je veux, et il s'en portait bien. Il faisait droit au pauvre et au malheureux, et on s'en trouvait bien. Celui qui agit ainsi montre qu'il me connaît vraiment, moi le Seigneur. Mais toi tu ne regardes que ton propre profit, tu ne t'intéresses qu'à faire mourir des innocents et à pratiquer une brutale oppression.» Voici donc ce que déclare le Seigneur au sujet de Joaquim, fils de Josias et roi de Juda: «A sa mort il n'y aura pas de lamentation funèbre; personne ne dira: “Quel malheur, mon frère!” “Quel malheur, ma sœur!” On ne le pleurera pas en disant: “Quel malheur, mon Maître!” “Quel malheur, Excellence!” On l'enterrera comme une bête, on traînera son corps pour s'en débarrasser hors des portes de Jérusalem.» «Monte au sommet du Liban et pousse des cris, Jérusalem. Sur le plateau du Bachan fais entendre ta voix. Pousse des hurlements depuis les monts Abarim, car pour tes amants, c'est fini. Je t'avais avertie quand rien ne menaçait, mais tu as répondu: “Je ne veux pas écouter.” C'est ce que tu as toujours fait depuis ton enfance; tu n'as jamais écouté ce que je te disais. Le vent balaie tous tes dirigeants: tes amants partent en exil. Tout le mal que tu as fait te vaut honte et humiliation. Toi qui étais tranquille, perchée sur le Liban, qui avais ton nid dans les cèdres, quels soupirs tu pousses alors que les douleurs te surprennent et que tu te tords comme une femme au moment d'accoucher!» «Tu diras à Konia, fils de Joaquim et roi de Juda: “Même si tu étais pour moi comme le cachet personnel qu'on porte à la main droite, déclare le Seigneur, je t'arracherais de mon doigt. J'en fais le serment par ma vie: Je te livre au pouvoir de ceux qui veulent ta mort, ces gens dont tu as si peur, Nabucodonosor le roi de Babylone et ses troupes. Je vous chasserai, toi et ta mère, dans un pays qui n'a rien de commun avec celui où tu es né; c'est là-bas que vous mourrez, elle et toi. Vous aurez beau désirer ardemment revenir dans votre pays, vous n'y parviendrez pas.” » On demande: «Cet homme, Konia, est-il un pot ébréché dont on ne veut plus, un objet sans intérêt? Pourquoi a-t-il été expulsé avec ses enfants, chassé dans un pays qui ne représente rien pour lui?» O mon pays, mon pays! Écoute ce que dit le Seigneur. Voici ce qu'il déclare: «Qu'on inscrive cet homme comme étant sans enfants! Ce garçon a raté sa vie. Aucun de ses descendants ne réussira à siéger comme roi sur le trône de David, aucun ne pourra exercer le pouvoir en Juda.» «Quel malheur! dit le Seigneur. Les dirigeants de mon peuple sont de mauvais bergers, qui laissent mon troupeau dépérir et s'égarer.» Voici donc ce que déclare le Seigneur, le Dieu d'Israël, au sujet de ces bergers: «Vous avez laissé mon troupeau s'égarer et se disperser. Vous ne vous êtes pas occupés de lui. Eh bien, moi, je vais m'occuper de vous et de vos agissements, dit le Seigneur! «Je vais rassembler moi-même les survivants de mon troupeau, dans tous les pays où je les ai dispersés. Je les ramènerai à leur pâturage, où ils pourront prospérer et se multiplier. Je mettrai à leur tête de vrais bergers, grâce auxquels ils n'auront plus ni peur ni frayeur. Aucun d'eux ne manquera plus à l'appel, dit le Seigneur.» «Le jour vient, dit le Seigneur, où je ferai naître un vrai descendant de David. Il sera un roi compétent, il agira dans le pays selon le droit et l'ordre que je veux. Quand il régnera, Juda sera libéré, Israël vivra tranquille. Voici le nom qu'on lui donnera: “Le Seigneur est notre salut”. «Oui, le jour vient, dit le Seigneur, où l'on prêtera serment, non plus en déclarant “Je le jure par le Seigneur vivant, qui a retiré d'Égypte les Israélites…”, mais “Je le jure par le Seigneur vivant, qui a retiré la race d'Israël des pays du nord, et de toutes les régions où il l'avait dispersée, pour qu'elle vive à nouveau dans sa patrie!” » Déclarations sur les prophètes. L'émotion m'a brisé, je tremble de tout mon corps. je suis comme un homme ivre, étourdi par le vin. C'est à cause du Seigneur, de l'unique vrai Dieu, et de ce qu'il m'a dit: «Le pays est rempli de gens qui commettent l'adultère. Ils se précipitent vers le mal, ils sont pleins de courage pour des pratiques inadmissibles. Par une malédiction la terre est en deuil, tout est sec dans les pâturages du pays. Prophètes aussi bien que prêtres, tous sont des crapules. On trouve jusque dans mon temple les traces de leurs méfaits, déclare le Seigneur. C'est pourquoi leur chemin va devenir glissant. Ils se cogneront dans le noir, ils se retrouveront par terre, quand je leur enverrai le malheur, quand j'interviendrai contre eux», déclare le Seigneur. «Ce que j'avais constaté chez les prophètes de Samarie m'avait profondément choqué, dit le Seigneur. Ils parlaient au nom du dieu Baal, ils égaraient Israël, mon peuple. Mais ce que je constate à Jérusalem chez les prophètes est abominable: ils pratiquent l'adultère, ils vivent dans le mensonge, ils encouragent les malfaiteurs. Ils empêchent ainsi chacun de renoncer à mal agir. Ils m'apparaissent tous comme les gens de Sodome, et les habitants de Jérusalem ne valent pas mieux que ceux de Gomorrhe.» Voici donc ce que déclare le Seigneur de l'univers au sujet des prophètes: «Je vais les nourrir d'amertume, les forcer à boire de l'eau empoisonnée: les prophètes de Jérusalem sont en effet une source polluée qui contamine tout le pays.» Voici ce que déclare le Seigneur de l'univers: «N'écoutez pas ce que vous disent les prophètes; ils vous bercent d'illusions. Les révélations qu'ils vous annoncent sortent de leur propre esprit, cela ne vient pas de moi. A ceux qui se moquent de moi ils osent annoncer: “Le Seigneur a dit: Tout ira bien pour vous.” A ceux-là mêmes qui ne suivent que leurs propres intentions, ils déclarent “Le malheur ne vous atteindra pas.” Mais lequel était présent à mon conseil? Lequel a vu et entendu ce que j'y disais, moi le Seigneur? Lequel a saisi ma parole et l'a comprise?» Jérémie Voici venir un ouragan: c'est la colère du Seigneur. Un cyclone s'abat sur la tête des coupables. Et l'indignation du Seigneur ne cessera pas avant qu'il ait réalisé tout ce qu'il a décidé. Un jour, vous comprendrez cela. le Seigneur «Je n'ai pas envoyé ces prophètes, et pourtant ils courent, dit le Seigneur. Je ne leur ai rien dit, pourtant ils font des déclarations. S'ils avaient été présents à mon conseil, ils pourraient transmettre à mon peuple tout ce que j'ai dit; ils l'amèneraient à renoncer à sa mauvaise conduite, au mal qu'il fait.» «Serais-je un Dieu à la vue courte? demande le Seigneur. Non, je reste un Dieu qui voit de loin. Si quelqu'un se cache, suis-je incapable de le voir? demande le Seigneur. Ma présence remplit le ciel et la terre; ne le savez-vous pas?» demande le Seigneur. «Moi, le Seigneur, j'ai entendu ce que disent les prophètes. Ils prétendent parler de ma part, mais c'est faux. Ils annoncent: “J'ai eu un rêve, une vision!” Jusqu'à quand en sera-t-il ainsi? Qu'y a-t-il dans l'esprit de ces prophètes, quand ils proclament ce qui est faux, ce qui n'est qu'invention trompeuse? Avec leurs visions, qu'ils se racontent l'un à l'autre, ils ne visent qu'à faire oublier à mon peuple qui je suis, comme ses ancêtres, qui m'avaient oublié au profit du dieu Baal. Si un prophète a un rêve, eh bien, qu'il raconte son rêve! Mais s'il a un message de moi, eh bien, qu'il le proclame fidèlement! Il ne faut pas confondre la paille avec le grain, déclare le Seigneur. Ma parole est comme un feu, comme un puissant marteau qui brise le rocher. «C'est pourquoi, déclare le Seigneur, je vais m'attaquer aux prophètes qui se volent mes paroles l'un à l'autre. Oui, déclare le Seigneur, je vais m'attaquer à ces soi-disant prophètes qui confondent leur parole avec la mienne. Je vais m'attaquer à ceux qui font état de prétendues visions prophétiques. En les racontant ils égarent mon peuple par leurs mensonges prétentieux. Moi, je ne leur ai confié aucune mission, je ne leur ai donné aucun ordre. Ils n'apportent donc aucune aide à mon peuple, déclare le Seigneur.» Le Seigneur dit à Jérémie: «Si un prophète, ou un prêtre, ou n'importe qui te demande: “Quel est le message du Seigneur, quel fardeau nous impose-t-il?”, tu répondras: “C'est vous qui êtes un fardeau, dit le Seigneur. C'est pourquoi je me débarrasserai de vous.” Si un prophète, un prêtre, ou n'importe qui parle d'un fardeau imposé par le Seigneur, j'interviendrai contre lui et contre sa famille. Ce que vous devez vous demander l'un à l'autre, c'est: “Qu'a répondu le Seigneur?” ou “Qu'a dit le Seigneur?” – Quant à l'expression fardeau imposé par le Seigneur, on ne doit plus la mentionner. La parole du Seigneur est-elle un fardeau pour l'homme? Non, bien sûr! Mais en parlant ainsi on falsifie la parole du Dieu vivant, le Seigneur de l'univers, le Dieu d'Israël. – Oui, ce qu'il faut demander à un prophète, c'est: “Que t'a répondu le Seigneur, que t'a-t-il dit?” Si vous continuez à parler d'un fardeau imposé par le Seigneur malgré mon interdiction, eh bien, voici ce que je vous déclare: je vais vous charger sur mes épaules comme un fardeau et je me débarrasserai de vous, ainsi que de cette ville, que j'avais donnée à vos ancêtres et à vous; je vous livrerai à une honte et à un déshonneur qu'on n'oubliera pas de si tôt.» Le Seigneur me fit remarquer deux paniers de figues, que quelqu'un avait placés devant le temple. Cela se passait après que le roi Nabucodonosor de Babylone eut déporté Yekonia, fils de Joaquim et roi de Juda, ainsi que les ministres du royaume, les artisans et les serruriers de Jérusalem pour les amener à Babylone. Les figues du premier panier étaient fort belles, comme celles du début de saison. Les figues du second panier étaient infectes, immangeables. Le Seigneur me demanda: «Qu'aperçois-tu, Jérémie?» Je répondis: «Des figues: les unes sont fort belles, les autres infectes, immangeables.» Alors je reçus du Seigneur cette parole: «Voici ce que je déclare, moi le Seigneur, Dieu d'Israël: On a plaisir à considérer ces belles figues. De même, c'est avec sympathie que je considère les Judéens déportés, que j'ai chassés d'ici jusqu'en Babylonie. Oui, je les regarde avec tant de sympathie que je les ramènerai dans ce pays. Je ne veux plus les démolir mais les rétablir, ni les déraciner mais les replanter. Je les rendrai capables de reconnaître que je suis le Seigneur. Ils reviendront à moi de tout leur cœur. Alors ils seront mon peuple, et je serai leur Dieu. «Mais voici ce que je déclare au sujet du roi Sédécias de Juda, de ses ministres, de la population restée à Jérusalem, de tous ceux qui n'ont pas quitté le pays, et aussi de ceux qui se sont installés en Égypte: je les traiterai comme on traite ces figues trop mauvaises pour être mangeables. Ainsi tous les royaumes du monde seront épouvantés en les voyant. Partout où je les disperserai, on les citera comme exemple quand on voudra lancer une insulte ou une moquerie, composer une chanson cruelle ou prononcer une malédiction. Je ferai passer sur eux la guerre, la famine et la peste jusqu'à ce qu'ils aient disparu du sol que je leur avais donné, à leurs ancêtres et à eux.» Jérémie reçut du Seigneur une parole concernant tout le peuple de Juda. C'était la quatrième année du règne de Joaquim, fils de Josias et roi de Juda, et la première du règne de Nabucodonosor, roi de Babylone. Jérémie dit aux gens de Juda et aux habitants de Jérusalem: «Depuis la treizième année du règne de Josias, fils d'Amon et roi de Juda, jusqu'à aujourd'hui, il y a vingt-trois ans que je vous annonce et ne cesse de vous répéter la parole que je reçois du Seigneur; mais vous ne l'écoutez pas. Le Seigneur n'a pas cessé de vous envoyer l'un après l'autre ses serviteurs les prophètes. Mais vous n'avez pas écouté, vous n'avez pas voulu faire attention. Il vous a dit: “Que chacun de vous renonce à sa mauvaise conduite, au mal qu'il fait! Alors vous pourrez vivre dans le pays que, depuis toujours et pour toujours, j'ai donné à vos ancêtres et à vous. Si vous ne vous attachez pas à des dieux étrangers pour leur rendre un culte et vous incliner devant eux, si vous ne me provoquez pas en vous fabriquant des idoles, je ne vous ferai aucun mal. Mais vous ne m'avez pas écouté, déclare le Seigneur. Au contraire, vous m'avez provoqué en fabriquant des idoles, pour votre malheur.” «Voici donc ce que déclare le Seigneur de l'univers: Puisque vous n'avez pas écouté ce que je dis, je vais envoyer chercher tous les peuples du nord et appeler mon serviteur Nabucodonosor, le roi de Babylone. Je les ferai venir contre ce pays et sa population – contre toutes les nations voisines également –, je vous exterminerai, elles et vous, et je transformerai pour toujours ce pays en un champ de ruines, devant lequel on s'exclamera et sifflera d'horreur. C'est moi, le Seigneur qui le déclare. Je ferai disparaître de chez vous les bruits de fête, les cris de joie et les chansons des jeunes mariés, le bruissement des meules du moulin et la lumière de la lampe. Tout ce pays deviendra un champ de ruines, et pendant soixante-dix ans toutes ces nations seront soumises au roi de Babylone. «Quand ces soixante-dix ans seront achevés, je m'occuperai des crimes du roi de Babylone et de son peuple, déclare le Seigneur; j'interviendrai contre leur pays, et j'en ferai un désert sinistre pour toujours. Je ferai venir sur ce pays-là tous les malheurs dont j'ai parlé. Ils sont notés dans ce livre; c'est ce que le prophète Jérémie a annoncé de ma part au sujet de toutes les nations. A leur tour, les Babyloniens devront être soumis à de grandes nations et à de puissants rois. Je leur rendrai ainsi tout le mal qu'ils ont fait.» Voici ce que me déclara le Seigneur, le Dieu d'Israël: «Je te tends cette coupe à vin, qui est remplie de ma colère. Prends-la et fais-y boire toutes les nations auprès desquelles je t'envoie. Qu'elles y boivent, qu'elles en aient le vertige et qu'elles perdent la tête à la vue du massacre que je vais provoquer parmi elles!» Je pris donc la coupe que le Seigneur me tendait, et j'y fis boire toutes les nations auprès desquelles le Seigneur m'avait envoyé. Je commençai par Jérusalem et les villes de Juda, avec les rois et les ministres, pour les réduire en un champ de ruines qui provoquera des exclamations et des sifflements d'horreur, et qui servira d'exemple quand on voudra prononcer une malédiction. Puis ce fut le tour des autres nations: – le Pharaon, roi d'Égypte, avec ses officiers, ses ministres, tout son peuple, et les diverses peuplades qui vivent en Égypte; – les rois du pays d'Ous; – les rois des Philistins: ceux d'Ascalon, de Gaza, d'Écron et de ce qui reste d'Asdod; – les Édomites, les Moabites et les Ammonites; – l'ensemble des rois de Tyr, de Sidon et de la côte au-delà de la mer; – les populations de Dédan, Téma, Bouz et celles qui se rasent les tempes; – les rois d'Arabie et les diverses peuplades qui vivent au désert; – l'ensemble des rois de Zimri, d'Élam et des Mèdes; – l'ensemble des rois du nord, proches ou lointains. Bref, tous les royaumes du monde répartis sur la surface de la terre durent boire à la coupe l'un après l'autre, et, pour finir, le roi de Chéchak. Le Seigneur me chargea de leur dire: «Voici ce que déclare le Seigneur de l'univers, le Dieu d'Israël: Buvez jusqu'à vous enivrer et à vomir, jusqu'à tomber par terre sans pouvoir vous relever, à la vue du massacre que je vais provoquer parmi vous.» Il ajouta: «Si certains refusent de prendre la coupe que tu leur tends et d'y boire, tu leur diras: Vous y boirez de toute façon; c'est le Seigneur de l'univers qui le déclare. Je n'épargne pas la ville qui m'est consacrée, et vous, vous voudriez être traités en innocents? Non, je ne vous traiterai pas en innocents. Au contraire, je vais faire appel à l'épée contre tous les habitants du monde. C'est moi, le Seigneur de l'univers, qui le déclare.» Le Seigneur me dit encore: «Annonce-leur de ma part tout ce que je viens de dire; tu ajouteras: De là-haut le Seigneur rugit; de la demeure qui lui est consacrée il donne de la voix, il rugit contre son domaine. Il pousse des exclamations comme ceux qui écrasent le raisin. Le bruit qu'il fait parvient à tous les habitants de la terre, jusqu'au bout du monde. Le Seigneur est en procès contre les nations, il appelle à son tribunal tous les humains. Quant aux coupables, il les livre au massacre. Voilà le message du Seigneur.» Voici ce que déclare le Seigneur de l'univers: «Le malheur s'étend d'une nation à l'autre, un ouragan se lève à l'extrémité de la terre.» Quand ces événements se produiront, il n'y aura personne, d'un bout du monde à l'autre, pour pleurer les victimes du Seigneur, personne pour les recueillir, ni pour les enterrer. Ils resteront comme du fumier sur le sol. Entonnez une complainte et poussez des cris, vous les dirigeants; roulez-vous par terre, vous les maîtres du troupeau, car votre tour est venu de passer à l'abattoir! Votre chute sera irrémédiable, comme celle d'un vase précieux. Pour les dirigeants, aucun moyen d'échapper! Pour les maîtres du troupeau, pas de retraite possible! J'entends déjà leurs cris, leurs plaintes de douleur: le Seigneur, en effet, dévaste leur pâturage. Son ardente indignation plonge les plaisantes prairies dans un silence de mort. On dirait que le lion a quitté son fourré. Leur pays n'est plus qu'un désert, du fait des horreurs de la guerre et de son ardente indignation. Peu après que Joaquim, fils de Josias, fut devenu roi de Juda, Jérémie reçut du Seigneur cette parole: «Voici ce que moi, le Seigneur, je déclare: va te placer dans la cour du temple, et adresse-toi à tous ceux qui viennent des villes de Juda pour participer au culte. Répète-leur tout ce que je t'aurai ordonné de leur dire, n'en supprime pas un mot. J'espère qu'ils écouteront et que chacun abandonnera sa mauvaise manière de vivre. J'ai l'intention de leur envoyer le malheur à cause du mal qu'ils font; mais s'ils écoutent, j'y renoncerai. Tu leur diras donc: Voici ce que déclare le Seigneur: “Écoutez-moi, suivez les enseignements que je vous ai donnés et prenez au sérieux le message de mes serviteurs les prophètes. Je n'ai jamais cessé de vous en envoyer, mais vous ne les avez pas écoutés. Si vous n'écoutez pas, je détruirai ce temple comme j'ai détruit celui de Silo, et chez toutes les nations de la terre je ferai de Jérusalem l'exemple qu'on citera pour prononcer une malédiction.” » Les prêtres, les prophètes et tous ceux qui étaient là entendirent Jérémie prononcer ces paroles dans la cour du temple. Quand Jérémie eut achevé d'annoncer à tous ces gens ce que le Seigneur lui avait ordonné, ils se saisirent de lui en disant: «Tu mérites la mort! Comment oses-tu annoncer de la part du Seigneur que ce temple sera détruit comme celui de Silo, et que cette ville sera dévastée et vidée de ses habitants?» Alors tous ceux qui se trouvaient au temple s'attroupèrent contre Jérémie. Quand les ministres de Juda apprirent ce qui se passait, ils montèrent du palais royal au temple et vinrent siéger devant la porte Neuve du temple. Les prêtres et les prophètes leur dirent alors, ainsi qu'à toute la foule: «Cet homme mérite la mort, car il a parlé contre Jérusalem, vous l'avez entendu de vos propres oreilles.» Mais Jérémie dit à tous les ministres et à la foule: «C'est le Seigneur qui m'a envoyé annoncer contre ce temple et contre cette ville tout ce que vous venez d'entendre. Maintenant conduisez-vous et agissez comme il convient; écoutez ce que dit le Seigneur votre Dieu. Alors il renoncera à vous envoyer le malheur qu'il vous avait annoncé. Quant à moi, je suis en votre pouvoir; faites de moi ce qui vous semblera juste. Seulement, si vous me mettez à mort, sachez bien que vous aurez tué un innocent et que vous devrez en supporter les conséquences, vous et tous les habitants de cette ville. Car le Seigneur m'a vraiment envoyé pour vous faire entendre toutes ces paroles.» Alors les ministres et les gens de la foule dirent aux prêtres et aux prophètes: «Cet homme ne mérite pas la mort, car il nous a réellement parlé de la part du Seigneur notre Dieu.» Il y eut même quelques membres du conseil des Anciens qui s'avancèrent pour dire à toute l'assemblée: «A l'époque du roi Ézékias de Juda, il y avait un prophète nommé Michée, de Morécheth. Il déclara à tout le peuple de Juda: Voici ce que déclare le Seigneur de l'univers: “ Sion deviendra un champ labouré, Jérusalem un tas de ruines, et la montagne du temple se couvrira de broussailles.” Eh bien, le roi Ézékias et les gens de Juda ont-ils fait mourir le prophète Michée? – Non, mais ils ont reconnu l'autorité du Seigneur et ils ont cherché à l'apaiser. Alors le Seigneur a renoncé à faire venir sur eux le malheur qu'il avait annoncé. Mais si nous condamnons maintenant cet homme, nous nous ferons le plus grand tort.» A cette époque, il y avait un autre prophète qui parlait de la part de Dieu. C'était Ouria, fils de Chemaya. Il était de Quiriath-Yéarim. Comme Jérémie, il parla de la part de Dieu contre la ville de Jérusalem et le pays de Juda. Le roi Joaquim, tous ses gardes et ses ministres apprirent ce qu'avait dit Ouria. Alors le roi chercha à le faire mourir. Mais Ouria l'apprit, il eut peur et s'enfuit en Égypte. Le roi Joaquim envoya donc en Égypte Elnatan, fils d'Akbor, avec quelques hommes. Ils ramenèrent Ouria d'Égypte et le conduisirent au roi. Celui-ci fit exécuter Ouria et jeter son cadavre dans la fosse commune. Mais Jérémie était protégé par Ahicam, fils de Chafan; c'est grâce à lui que Jérémie ne tomba pas aux mains du peuple et put échapper à la mort. Peu après que Joaquim, fils de Josias, fut devenu roi de Juda, Jérémie reçut du Seigneur cette parole: «C'est moi, le Seigneur, qui le déclare: fabrique-toi des courroies et des jougs; mets-les sur tes épaules. Puis tu les feras parvenir au roi d'Édom, au roi de Moab, au roi des Ammonites, au roi de Tyr et au roi de Sidon. A cet effet, tu remettras ces jougs aux ambassadeurs venus à Jérusalem auprès de Sédécias, roi de Juda, et tu chargeras ceux-ci de transmettre fidèlement à leurs maîtres ce que je leur déclare, moi le Seigneur de l'univers, Dieu d'Israël: «J'ai montré ma force et mon savoir-faire en créant la terre, ainsi que les hommes et les bêtes qui y vivent. Et ce que j'ai créé, je le donne à qui je veux. Eh bien, j'ai décidé de livrer tous vos pays à mon serviteur Nabucodonosor, roi de Babylone, et de lui soumettre même les bêtes sauvages. Toutes les nations lui seront asservies, et, après lui à son fils et à son petit-fils, jusqu'au moment où son propre pays devra être soumis à des nations plus puissantes et à de plus grands rois. «Si une nation ou un royaume refuse de se soumettre à Nabucodonosor, dit le Seigneur, oui, si une nation refuse de porter le joug que lui impose le roi de Babylone, j'interviendrai contre elle par la guerre, la famine et la peste; je me servirai de lui pour en finir avec cette nation. «Vous donc, n'écoutez pas vos prophètes ni ceux qui vous prédisent l'avenir en tirant au sort, en interprétant les rêves ou la forme des nuages, ou encore en pratiquant la magie. Tous ceux-là prétendent que vous n'aurez plus à vous soumettre au roi de Babylone. Mais ce qu'ils vous prédisent est faux; si vous les écoutez, vous serez emmenés loin de votre territoire, je vous en chasserai et vous succomberez. «Au contraire, si une nation accepte de porter le joug que lui impose le roi de Babylone et se soumet à lui, alors je la laisserai sur son territoire, et elle pourra le cultiver et l'habiter, déclare le Seigneur.» Jérémie transmit à peu près le même message à Sédécias, le roi de Juda; il lui dit: «Toi et ton peuple, vous devez accepter de porter le joug que vous impose le roi de Babylone; soumettez-vous à lui et à son peuple; alors vous aurez la vie sauve. Pourquoi faudrait-il que toi et ton peuple vous mouriez par la guerre, la famine ou la peste? C'est pourtant ce qui arrivera à toute nation qui refusera de se soumettre au roi de Babylone, comme le Seigneur l'a dit. Il y a des prophètes qui prétendent que vous n'aurez plus à vous soumettre au roi de Babylone. Ce qu'ils vous prédisent est faux, ne les écoutez donc pas. Le Seigneur affirme: “Je ne les ai pas envoyés. Ils prétendent parler de ma part, mais ils mentent. Si vous les écoutez, je vous chasserai d'ici et vous succomberez, vous et les prophètes qui vous font ces prédictions.” » Jérémie s'adressa enfin aux prêtres et à tous les gens qui étaient là, et il leur dit: «Voici ce que déclare le Seigneur: “N'écoutez pas les prophètes qui vous prédisent que les ustensiles du temple seront bientôt ramenés de Babylone; ce qu'ils vous prédisent est faux. Ne les écoutez pas; soumettez-vous plutôt au roi de Babylone, et ainsi vous aurez la vie sauve. Pourquoi faudrait-il que cette ville devienne un tas de ruines?” » Jérémie ajouta: «Si ces gens sont vraiment des prophètes, s'ils sont vraiment chargés d'un message de la part du Seigneur, eh bien, qu'ils supplient plutôt le Seigneur de l'univers de ne pas laisser partir à Babylone les objets précieux qui restent encore dans le temple, dans le palais du roi de Juda ou dans la ville. En effet, le Seigneur a quelque chose à déclarer au sujet des colonnes, de la grande cuve, des bassins roulants et de tous les autres objets qui restent encore à Jérusalem. – Nabucodonosor, roi de Babylone, ne les avait pas emportés de Jérusalem à Babylone quand il avait emmené Yekonia, fils de Joaquim et roi de Juda, avec tous les nobles de Jérusalem et de Juda. – Voici donc ce que déclare le Seigneur de l'univers, Dieu d'Israël, au sujet des objets précieux qui restent dans le temple, dans le palais du roi de Juda ou à Jérusalem: “Tous ces objets seront emmenés à Babylone, et ils y resteront jusqu'au jour où j'interviendrai pour les ramener ici même.” » Voilà ce que le Seigneur a déclaré. La même année, c'est-à-dire la quatrième année du règne de Sédécias, roi de Juda, un jour du cinquième mois, le prophète Hanania, fils d'Azour, de Gabaon, se trouvait au temple. Il s'adressa à Jérémie, en présence des prêtres et de tous les gens qui étaient là, et lui dit: «Voici ce que déclare le Seigneur de l'univers, Dieu d'Israël: “Je brise la domination que le roi de Babylone vous impose comme un joug. En effet, avant deux ans jour pour jour, je ramènerai ici tous les ustensiles du temple, tous les objets que le roi Nabucodonosor y a pris pour les emporter à Babylone. Je ramènerai aussi Yekonia, fils de Joaquim, roi de Juda, avec tous les gens de Juda qui ont été déportés à Babylone, déclare le Seigneur. Oui, je vais briser la domination que le roi de Babylone vous impose comme un joug.” » Le prophète Jérémie répondit au prophète Hanania en présence des prêtres et de tous les gens qui se trouvaient au temple: «Oui, je souhaite que le Seigneur agisse comme tu l'as dit, qu'il réalise ce que tu as prédit et qu'il ramène de Babylone jusqu'ici tous les ustensiles du temple avec tous les déportés. Seulement, écoute bien ce que je vais vous faire entendre, à toi et à tous ceux qui sont là: Il y a eu des prophètes longtemps avant toi et avant moi. Ces prophètes ont adressé leurs messages à de grands pays et à d'importants royaumes, et ils ont annoncé en général la guerre, le malheur et la peste. Mais quand un prophète annonce du bonheur, comment savoir si ce prophète est vraiment envoyé par le Seigneur? Eh bien, on le saura quand ce qu'il a annoncé se réalisera.» Alors le prophète Hanania prit le joug que le prophète Jérémie portait sur les épaules, et le brisa. Puis il dit en présence de tous ceux qui étaient là: «Voici ce que déclare le Seigneur: “Avant deux ans jour pour jour, je briserai de la même manière la domination que Nabucodonosor, roi de Babylone, impose comme un joug à toutes les nations.” » Alors le prophète Jérémie s'en alla de son côté. Mais après que le prophète Hanania eut brisé le joug que Jérémie portait sur les épaules, Jérémie reçut cette parole du Seigneur: «Va dire à Hanania: Voici ce que déclare le Seigneur: “Puisque tu as brisé un joug de bois, tu devras le remplacer par un joug de fer.” » Et Jérémie ajouta: «Voici en effet ce que déclare le Seigneur de l'univers, Dieu d'Israël: “Je place un joug de fer sur les épaules de toutes les nations de cette région; elles devront être soumises à Nabucodonosor, roi de Babylone. Je lui soumettrai même les bêtes sauvages.” » Puis Jérémie dit encore au prophète Hanania: «Écoute bien, Hanania: le Seigneur ne t'a pas envoyé; tu as poussé ce peuple à croire à des mensonges. Voici ce que le Seigneur déclare donc: il va débarrasser la terre de ta personne; avant la fin de cette année tu seras mort, car tu as poussé le peuple à s'opposer au Seigneur.» Le prophète Hanania mourut effectivement au cours du septième mois de cette même année. De Jérusalem, le prophète Jérémie adressa une lettre à tous les conseillers, les prêtres, les prophètes et à l'ensemble des gens que Nabucodonosor avait déportés de Jérusalem à Babylone. – Cette lettre fut envoyée après que le roi Yekonia, la reine mère, les hauts fonctionnaires, les chefs de Juda et de Jérusalem, ainsi que les artisans et les serruriers eurent dû quitter eux-mêmes Jérusalem. – Or le roi Sédécias de Juda envoyait Élassa, fils de Chafan, et Guemaria, fils de Hilquia, à Babylone, auprès du roi Nabucodonosor. Jérémie leur confia sa lettre. Elle était ainsi rédigée: «Voici ce que déclare le Seigneur de l'univers, Dieu d'Israël, pour tous ceux qu'il a fait déporter de Jérusalem à Babylone: “Construisez des maisons pour vous y installer; plantez des jardins pour vous nourrir de ce qu'ils produiront. Mariez-vous, ayez des fils et des filles; mariez vos fils et vos filles, et qu'à leur tour ils aient des enfants. Devenez ainsi nombreux là-bas, ne diminuez surtout pas! Cherchez à rendre prospère la ville où le Seigneur vous a fait déporter, et priez-le pour elle, car plus elle sera prospère, plus vous le serez vous-mêmes.” «Voici ce que le Seigneur de l'univers, Dieu d'Israël, déclare: “Ne vous laissez pas tromper par les prophètes qui vivent parmi vous, ni par les gens qui prédisent l'avenir. Ne prenez pas au sérieux ceux qui vous expliquent vos rêves. Car ils prétendent vous parler de ma part, mais ce n'est pas vrai; je ne les ai pas envoyés”, dit le Seigneur. «Et maintenant, voici encore ce que le Seigneur déclare: “Quand le royaume de Babylone aura duré soixante-dix ans, alors j'interviendrai pour vous et je réaliserai le bien que je vous ai promis: je vous ferai revenir ici, à Jérusalem. Car moi, le Seigneur, je sais bien quels projets je forme pour vous; et je vous l'affirme: ce ne sont pas des projets de malheur mais des projets de bonheur. Je veux vous donner un avenir à espérer. Si vous venez alors m'appeler et me prier, je vous écouterai; «Le Seigneur vous dit tout cela parce que vous prétendez qu'il vous a donné des prophètes à Babylone. «Et maintenant voici ce que le Seigneur déclare au sujet du roi qui a hérité du royaume de David, et au sujet de tout le peuple qui vit encore à Jérusalem – je parle de vos frères, qui n'ont pas été déportés avec vous. C'est ce que déclare le Seigneur de l'univers: “Je vais envoyer contre eux la guerre, la famine et la peste. Je les mettrai dans un tel état qu'ils feront penser à des figues pourries, trop mauvaises pour qu'on les mange. Je les poursuivrai par la guerre, la famine et la peste, de sorte que tous les royaumes du monde seront épouvantés en les voyant. Chez toutes les nations où je les disperserai, on les citera comme exemple quand on voudra prononcer une malédiction ou mentionner quelque chose d'horrible, d'effrayant ou de honteux. En effet, ils n'ont pas écouté ce que je leur disais, déclare le Seigneur. Pourtant je n'ai pas cessé de leur envoyer l'un après l'autre mes serviteurs les prophètes; mais ils ne les ont pas écoutés.” «Vous tous du moins, les déportés que le Seigneur a envoyés de Jérusalem à Babylone, écoutez ce que vous dit le Seigneur! «Voici maintenant ce que déclare le Seigneur de l'univers, Dieu d'Israël, concernant Ahab, fils de Colaya, et Sidequia, fils de Maasséya; tous deux sont des faux prophètes, bien qu'ils prétendent parler de la part de Dieu: “Je vais les livrer à Nabucodonosor, roi de Babylone, qui les fera exécuter devant vous. Tous les gens de Juda qui ont été déportés à Babylone utiliseront désormais le nom de ces deux hommes pour prononcer des formules de malédiction comme celle-ci: ‘Que le Seigneur te traite comme Sidequia et Ahab, que le roi de Babylone a fait rôtir au feu!’ Cela leur arrivera parce qu'ils ont fait quelque chose d'inadmissible en Israël. En effet, ils ont commis l'adultère et ils ont prétendu parler de ma part alors que je ne leur avais rien commandé. Mais moi, je sais tout cela, déclare le Seigneur, et j'en ai été témoin.” » «Puisque le Seigneur t'a établi prêtre pour succéder à Yoyada, tu dois surveiller dans le temple les exaltés qui se disent prophètes, pour les faire attacher avec des chaînes et un collier de fer. Pourquoi donc n'as-tu pas réagi contre Jérémie d'Anatoth, qui joue au prophète devant vous? C'est de ta faute s'il a pu nous envoyer une lettre ici, à Babylone, pour nous annoncer que nous resterions longtemps déportés. Il nous a même écrit de construire des maisons pour nous y installer et de planter des jardins pour vivre de ce qu'ils produiront.» Mais le prêtre Sefania lut cette lettre à Jérémie. Alors Jérémie reçut cette parole du Seigneur: «Envoie le message suivant aux déportés: “Voici ce que le Seigneur déclare au sujet de Chemaya de Néhélam: Chemaya prétend être un prophète, mais je ne l'ai chargé d'aucun message pour vous. Puisqu'il vous a poussés à croire à des mensonges, voici ce que moi, le Seigneur, je déclare: je vais intervenir contre Chemaya et ses descendants; plus personne de sa famille ne restera parmi vous pour voir le bien que je vais faire à mon peuple. Car il a poussé mon peuple à s'opposer à moi, dit le Seigneur.” » Jérémie reçut du Seigneur cette parole: «Voici ce que déclare le Seigneur Dieu d'Israël. Note bien par écrit tous les messages que je t'ai communiqués. Je te le déclare en effet: le jour vient où je rétablirai Israël, mon peuple – et aussi Juda. Je les ramènerai au pays que j'avais donné à leurs ancêtres, et ils le posséderont de nouveau, dit encore le Seigneur.» Informez-vous et voyez si un homme a déjà accouché. Pourquoi donc vois-je tous les hommes les mains sur les reins comme une femme en travail, pâles comme la mort et la mine défaite? Quel malheur! C'est un jour terrible, un jour sans pareil; c'est un temps de détresse pour les descendants de Jacob! Et pourtant ils en sortiront sains et saufs.» «Quand le moment sera venu, déclare le Seigneur de l'univers, je briserai le joug qui pèse sur leur nuque et je trancherai leurs liens. Alors ils ne seront plus esclaves des étrangers, mais ils me serviront, moi le Seigneur leur Dieu. Pour eux je rétablirai David, et ils le serviront comme leur roi.» «Toi, Israël mon serviteur, n'aie donc pas peur, déclare le Seigneur; ne perds pas courage, toi qui descends de Jacob, car je viens te sauver de ces régions lointaines; je viens sauver tes enfants du pays où ils sont exilés. Israël, tu retrouveras tranquillité et sécurité; on ne vous inquiétera plus. Je suis avec toi pour te sauver, déclare le Seigneur; je veux en finir avec toutes les nations chez lesquelles je t'ai dispersé, mais non pas avec toi, bien que j'aie dû te corriger comme il fallait. Je ne pouvais tout de même pas te traiter en innocent!» Voici ce que déclare le Seigneur: «Ton mal est grave, ta blessure inguérissable. Personne ne prend soin de ton cas. D'habitude on guérit les blessures, mais pour toi il n'y a pas de remède. Aucun de tes amants ne se souvient de toi, aucun ne se soucie plus de toi; car je t'ai frappée, comme si j'étais ton ennemi, je t'ai sévèrement corrigée. Pourquoi te plains-tu de ton mal, de ta douleur que rien n'apaise? Si je t'ai traitée de la sorte, c'est que ta faute était grave et tes torts nombreux. Mais tous ceux qui te dévorent seront à leur tour dévorés; tous ceux qui te détestent seront à leur tour déportés; tous ceux qui te dépouillent seront à leur tour dépouillés, et ceux qui pillent tes biens seront à leur tour pillés. Puisqu'ils te nomment “la bonne à rien”, “cette Sion dont personne ne se soucie”, eh bien, je guérirai tes blessures, je ferai cicatriser tes plaies», déclare le Seigneur. Voici ce que déclare le Seigneur: «Je vais vous rétablir, familles d'Israël, j'aurai pitié de vos foyers. Les villes seront rebâties sur leurs ruines, et les belles maisons à leur ancienne place. Du dehors, on entendra des cantiques et des cris de joie. Vous ne diminuerez plus, descendants de Jacob, car je vous rendrai nombreux. Vous ne serez plus méprisés, car je vous couvrirai d'honneurs. Vous serez comme autrefois, descendants de Jacob: de nouveau vous tiendrez vos assemblées devant moi et j'interviendrai contre tous vos oppresseurs. C'est l'un de vous qui sera votre chef; oui, c'est l'un des vôtres qui vous dirigera. Je lui permettrai de s'approcher de moi, car personne d'autre n'oserait risquer sa vie pour s'approcher de moi sans que je l'invite, dit le Seigneur. Alors vous serez de nouveau mon peuple et je serai votre Dieu.» Voici venir un ouragan: c'est la colère du Seigneur. Un cyclone s'abat sur la tête des coupables; et l'ardente indignation du Seigneur ne cessera pas avant qu'il ait réalisé tout ce qu'il a décidé. Un jour, vous comprendrez cela. «Un jour viendra, déclare le Seigneur, où je serai le Dieu de tous les clans d'Israël, et ils formeront mon peuple.» Voici ce que déclare le Seigneur: «Dans le désert j'ai montré ma faveur au peuple qui avait échappé au massacre. Israël va donc pouvoir vivre tranquille. Il disait: “De loin le Seigneur est venu se montrer à moi.” Et je lui ai dit à mon tour: “Je t'aime depuis toujours, c'est pourquoi je te reste profondément attaché. Je te rétablirai, chère Israël; de nouveau, tu prendras ton joli tambourin pour te joindre aux danseurs joyeux. De nouveau, tu planteras des vignes sur les collines de Samarie, et les vignerons pourront enfin profiter de leurs plantations. De nouveau, un jour viendra où, sur les collines d'Éfraïm, ceux qui veillent s'écrieront: Allons, montons à Sion auprès du Seigneur notre Dieu!” » Poussez des cris de joie pour Israël, défiez les nations par vos acclamations, faites entendre vos alléluias et dites: «Seigneur, sauve ton peuple, sauve les survivants d'Israël!» Voici en effet ce que déclare le Seigneur: «Je vais les ramener du pays du nord et les rassembler des plus lointaines contrées. Tout le monde est là, les aveugles, les boiteux, même les femmes enceintes et les accouchées. Mon peuple revient au grand complet. Ils arrivent en pleurant et en suppliant, et je les accompagne. Je vais les conduire à des ruisseaux pleins d'eau par un chemin facile, sans obstacle qui les fasse trébucher. Car je suis comme un père pour Israël, et c'est Éfraïm qui est mon fils aîné.» Vous, les nations étrangères, écoutez ce que dit le Seigneur, et faites-le savoir jusque dans les îles lointaines. Dites: «Le Seigneur avait dispersé Israël, mais maintenant il le rassemble et veille sur lui comme un berger sur son troupeau.» Car le Seigneur a libéré les gens d'Israël, il les a délivrés d'un ennemi plus puissant. Ils arriveront en criant de joie sur la colline de Sion; leurs visages rayonneront devant tout ce qu'ils recevront du Seigneur: du blé, du vin nouveau, de l'huile fraîche, des moutons, des chèvres et des bœufs. Ils seront comme un jardin bien arrosé; ils ne risqueront plus de dépérir. Alors les jeunes filles danseront de joie, de même que les jeunes gens et les vieillards. En effet, déclare le Seigneur, je changerai leur tristesse en gaîté; je les consolerai de leurs chagrins, je les remplirai de joie. Je régalerai les prêtres de victimes grasses, je comblerai mon peuple de ce qu'il y a de meilleur. Voici ce que déclare le Seigneur: «Écoutez: on entend une plainte à Rama, des pleurs amers. C'est Rachel qui pleure ses enfants; elle ne veut pas être consolée de les avoir perdus.» Mais le Seigneur lui adresse ce message: «Retiens tes sanglots, sèche tes larmes, car je récompenserai ta peine. C'est moi, le Seigneur, qui le dis. Tes enfants reviendront de chez leurs ennemis. Il y a donc de l'espoir pour tes descendants, déclare le Seigneur: tes enfants reviendront dans leur patrie. J'ai parfaitement entendu les gens d'Éfraïm se plaindre et dire: “Seigneur, tu nous as sévèrement corrigés, comme on corrige un jeune taureau mal dressé. Mais ramène-nous à toi pour que nous revenions vraiment à toi, car c'est toi, Seigneur, qui es notre Dieu. Oui, nous nous étions détournés de toi, mais maintenant nous le regrettons. Tu nous as fait comprendre notre faute, et maintenant nous nous frappons la poitrine, nous avons honte, nous nous sentons humiliés de ce que nous avons fait quand nous étions plus jeunes.” Éfraïm est mon fils le plus cher, dit le Seigneur, c'est mon enfant préféré. Chaque fois que je dois le condamner, je continue malgré tout à penser à lui, tellement j'éprouve de tendresse pour lui. Je ne peux pas m'empêcher d'avoir pitié de lui.» Dresse des bornes le long de ta route, plante des jalons; réfléchis à l'itinéraire que tu as parcouru, au chemin que tu as suivi, et reviens, chère Israël, reviens dans ces villes qui t'appartiennent. Combien de temps encore vas-tu retarder le moment de te décider, fille rebelle? Car le Seigneur a inventé quelque chose de nouveau sur la terre: c'est la femme qui va faire la cour à l'homme. Voici ce que déclare le Seigneur de l'univers, Dieu d'Israël: «Quand je rétablirai le pays et les villes de Juda, on prononcera de nouveau ces mots: “Que le Seigneur te bénisse, sainte colline de Sion, demeure du salut!” «Alors les gens de la campagne et des villes de Juda occuperont ensemble le pays, aussi bien les paysans que ceux qui voyagent avec leurs troupeaux. Car je réconforterai ceux qui sont épuisés, et je donnerai tout le nécessaire à ceux qui dépérissent. – C'est pourquoi on dit: “Quand je me suis réveillé, j'ai vu que mon sommeil m'avait fait du bien.” – «Bientôt, déclare le Seigneur, dans les royaumes d'Israël et de Juda je répandrai partout des hommes et du bétail comme on répand de la semence dans un champ. Jusqu'à présent je m'étais tourné contre eux et je m'étais appliqué à déraciner et à renverser, à démolir, à détruire et à faire du mal. Mais désormais, je vais me tourner vers eux et m'appliquer de la même manière à reconstruire et à replanter, déclare le Seigneur. Alors plus personne ne répétera ce proverbe: “les parents ont mangé des raisins verts, mais ce sont les enfants qui ont mal aux dents.” En effet, si quelqu'un mange des raisins verts, c'est lui qui aura mal aux dents; chacun ne mourra que pour ses propres fautes. «Bientôt, déclare le Seigneur, je conclurai une alliance nouvelle avec le peuple d'Israël et le peuple de Juda. Elle ne sera pas comme celle que j'avais conclue avec leurs ancêtres, quand je les ai pris par la main pour les faire sortir d'Égypte. Celle-là, ils l'ont rompue, et pourtant c'est moi qui étais leur maître, dit le Seigneur. Mais voici en quoi consistera l'alliance que je conclurai avec le peuple d'Israël, déclare le Seigneur: j'inscrirai mes instructions non plus sur des tablettes de pierre, mais dans leur conscience; je les graverai dans leur cœur; je serai leur Dieu et ils seront mon peuple. Aucun d'eux n'aura plus besoin de s'adresser à ses compagnons, à ses frères, pour leur enseigner à me connaître, car tous me connaîtront, déclare le Seigneur, tous, du plus petit jusqu'au plus grand. En effet, je pardonnerai leurs torts, je ne me souviendrai plus de leurs fautes.» Qui met le soleil en place pour faire de la lumière dans la journée? Qui prescrit à la lune et aux étoiles de répandre une clarté pendant la nuit? Qui excite la mer pour faire mugir les flots? C'est le Seigneur de l'univers; voilà son nom. Eh bien, voici ce qu'il déclare: «Si j'admets un jour que ces lois de la nature sont devenues périmées, dit le Seigneur, alors j'admettrai aussi que les Israélites cessent pour toujours de former une nation! Voici ce que déclare le Seigneur: Si quelqu'un parvient à mesurer la hauteur du ciel ou s'il réussit à explorer les profondeurs de la terre, alors je rejetterai l'ensemble des Israélites à cause du mal qu'ils ont commis.» «Bientôt, déclare le Seigneur, on rebâtira les murs de Jérusalem en mon honneur, depuis la tour de Hananéel jusqu'à la porte de l'Angle. On tracera les nouvelles limites de la ville d'abord en direction de l'ouest, vers la colline de Gareb, et de là, elles tourneront vers Goa. Toute la vallée des cadavres et des cendres grasses, tous les espaces libres qui s'étendent jusqu'au torrent du Cédron puis jusqu'à l'angle de la porte des Chevaux à l'est, tous ces terrains me seront consacrés. Rien n'y sera jamais plus arraché ou démoli.» Jérémie reçut du Seigneur une parole dans les circonstances que voici: on était dans la dixième année du règne de Sédécias roi de Juda, ce qui correspond à la dix-huitième année du règne de Nabucodonosor, roi de Babylone. L'armée de Babylone assiégeait alors Jérusalem. Quant au prophète Jérémie, il était détenu au palais du roi de Juda, dans la cour de garde. Sédécias l'y avait fait enfermer, car il reprochait au prophète d'avoir proclamé cette déclaration du Seigneur: «Je vais livrer Jérusalem au roi de Babylone, qui s'en emparera. Même le roi Sédécias de Juda n'échappera pas aux Babyloniens, car j'ai décidé de le livrer au roi de Babylone. Il devra comparaître devant Nabucodonosor face à face et lui répondre personnellement. Puis Sédécias sera emmené à Babylone, et il y restera jusqu'à ce que je m'occupe de lui, déclare le Seigneur. Même si vous continuez la guerre contre les Babyloniens, vous ne la gagnerez jamais.» Or voici ce que Jérémie raconte: Je reçus cette parole du Seigneur: «Ton cousin Hanaméel, fils de Challoum, va venir te voir au sujet du champ qu'il possède à Anatoth. Il va te proposer d'acheter ce champ, car tu es son plus proche parent; c'est donc toi qui as la priorité pour le racheter.» Comme le Seigneur me l'avait annoncé, mon cousin Hanaméel vint me trouver dans la cour de garde et me dit: «Tu devrais acheter le champ que je possède à Anatoth, sur le territoire de Benjamin, car tu es mon plus proche parent; tu as donc la priorité pour le racheter et l'avoir ainsi à toi.» Je fus alors certain que c'était bien le Seigneur qui m'avait parlé. J'ai donc acheté à Hanaméel le champ situé à Anatoth et payé le prix: dix-sept pièces d'argent. J'ai rédigé l'acte de vente en double exemplaire. Devant témoins, j'ai fermé l'un des exemplaires avec mon cachet personnel et vérifié le poids de l'argent sur une balance. Puis j'ai pris l'exemplaire cacheté de l'acte de vente, comme la loi l'exige, ainsi que l'autre resté ouvert, et les ai confiés tous les deux à Baruc, fils de Néria et petit-fils de Maasséya. Mon cousin Hanaméel et les témoins qui avaient contresigné l'acte de vente étaient présents, de même que tous les Judéens qui se trouvaient dans la cour de garde. J'ai dit alors à Baruc, en présence de tous: «Voici ce que déclare le Seigneur de l'univers, Dieu d'Israël: “Prends l'acte de vente cacheté, ainsi que l'autre, qui est resté ouvert, et mets-les dans un vase d'argile, de façon qu'ils puissent être conservés longtemps.” «Voici en effet ce que déclare le Seigneur de l'univers, Dieu d'Israël: “Un jour, dans ce pays, on achètera de nouveau des maisons, des champs et des vignes.” » Après avoir remis l'acte de vente à Baruc, j'ai adressé au Seigneur cette prière: «Ah, Seigneur Dieu, tu as montré ta force et ton savoir-faire en créant le ciel et la terre. Rien n'est trop difficile pour toi. Tu montres ta bonté jusqu'à mille générations humaines; mais si des parents ont commis une faute, tu en fais supporter les conséquences à leurs enfants. Tu es le Dieu grand et fort; tu te nommes le Seigneur de l'univers. Tu as de grands projets, tu es souverain pour les réaliser. Tu regardes attentivement ce que font les humains, pour traiter chacun d'eux selon sa conduite et ses actes. «Tu as montré qui tu es par des prodiges marquants, lorsque nos ancêtres étaient en Égypte, et aujourd'hui encore, non seulement dans le peuple d'Israël mais aussi dans le reste de l'humanité, comme on le voit aujourd'hui. Tu as montré ta force et ton savoir-faire par des prodiges marquants et des plus impressionnants, pour faire sortir d'Égypte Israël, ton peuple. Tu avais juré à nos ancêtres de leur donner le pays où nous sommes aujourd'hui, ce pays qui regorge de lait et de miel, et tu le leur as donné. Ils sont venus en prendre possession. Seulement ils n'ont pas écouté ce que tu disais, ils n'ont pas suivi tes instructions, ils n'ont pas fait ce que tu commandais. Alors tu as envoyé tous ces malheurs qui arrivent aujourd'hui. «Voilà en effet les Babyloniens qui avancent leurs travaux de siège de plus en plus près de la ville; ils vont la prendre; elle leur est déjà livrée, pour ainsi dire; ils cherchent à la vaincre par les armes, la famine et la peste. Ce que tu avais prédit est arrivé, tu le vois bien. Oui, la ville est presque aux mains des Babyloniens. Seigneur Dieu, pourquoi donc m'as-tu ordonné d'acheter ce champ et de le payer comptant devant témoins?» Alors Jérémie reçut cette parole du Seigneur: «Je suis le Dieu de tout ce qui vit, moi le Seigneur. Rien n'est trop difficile pour moi. C'est pourquoi, voici ce que je déclare: je vais livrer cette ville au roi Nabucodonosor de Babylone et à ses troupes; il s'en emparera. Les Babyloniens, qui sont en train de l'attaquer, y entreront et la détruiront en y mettant le feu. En particulier, ils incendieront ces maisons où l'on m'avait provoqué en brûlant sur leurs terrasses du parfum pour Baal et en y présentant des offrandes de vin à des dieux étrangers. «En effet, continua le Seigneur, depuis le début de leur histoire, les gens d'Israël et de Juda n'ont fait que ce qui me déplaît. Oui, tout ce que les gens d'Israël ont fait n'a réussi qu'à me provoquer. Et cette ville de Jérusalem a été la cause de mon indignation et de ma colère, depuis qu'on l'a bâtie jusqu'à aujourd'hui, de sorte que je ne veux plus la voir devant moi. Je suis blessé par tout le mal que les gens d'Israël et de Juda ont commis, aussi bien leurs rois, leurs chefs, leurs prêtres et leurs prophètes que la population de Juda et les habitants de Jérusalem. Au lieu de se tourner vers moi, ils m'ont tourné le dos. Pourtant je n'ai jamais cessé de les avertir, mais personne n'a accepté ni même écouté mes avertissements. Bien plus, ils ont placé leurs abominables idoles dans le temple qui m'est consacré, et ils l'ont rendu impur. Ils ont aménagé dans la vallée de Hinnom des lieux sacrés pour le dieu Baal, afin d'y offrir en sacrifice leurs fils et leurs filles au dieu Molek. Je ne le leur avais pourtant jamais commandé; je n'en avais même pas eu l'idée. En commettant des actes aussi horribles ils ont poussé le peuple de Juda à se rendre coupable. «Eh bien, malgré cela, voici ce que je déclare, moi le Seigneur, Dieu d'Israël, au sujet de cette ville dont tu dis, avec d'autres: “La guerre, la famine et la peste l'ont livrée au pouvoir du roi de Babylone.” J'étais fâché, indigné, terriblement en colère contre les habitants de cette ville; je les ai donc dispersés dans toutes sortes de pays. Mais je vais les rassembler, je vais les ramener ici et les faire vivre en sécurité. Ils seront de nouveau mon peuple et je serai leur Dieu. Je les rendrai unanimes pour me rester toujours fidèles, afin qu'ils soient heureux, eux et leurs descendants. Je m'engage à ne plus me détourner d'eux mais à leur faire du bien. Pour cela, je conclurai une alliance éternelle avec eux; je les amènerai à me respecter assez pour ne plus se détacher de moi. Je serai heureux de leur faire du bien et je mettrai tout mon cœur à les implanter définitivement dans ce pays. «Voici ce que je déclare encore, dit le Seigneur: c'est moi qui ai fait venir ce grand malheur qui frappe le peuple de Juda. Mais c'est moi aussi qui ferai venir pour lui tout le bonheur que je lui ai annoncé. Tu dis avec d'autres que ce pays a été livré aux Babyloniens, et qu'il est maintenant un désert sinistre sans hommes et sans animaux. Pourtant c'est dans ce pays-là qu'on recommencera à acheter des champs. Oui, dans le territoire de Benjamin, dans le district de Jérusalem, dans les villes de Juda, dans celles du Haut-Pays, du Bas -Pays et du Néguev on achètera encore des champs, on rédigera des actes de vente, on apposera des cachets, on convoquera des témoins. Car je rétablirai leurs habitants », dit le Seigneur. Jérémie était encore détenu dans la cour de garde quand il reçut pour la seconde fois une parole du Seigneur. «Voici ce que déclare celui qui fait l'événement, qui le prépare et le met en place, celui qui se nomme le Seigneur: Appelle-moi, et je te répondrai, je t'apprendrai de grands secrets que tu ne connais pas. «Mais je m'occuperai d'elle comme on soigne un blessé; je la guérirai et rendrai à ses maisons la santé; et je ferai connaître à ses habitants la paix et la sécurité. Je rétablirai le peuple de Juda et le peuple d'Israël, et je les rétablirai dans leur ancienne situation. Je les déclarerai purs de toutes les fautes qu'ils ont commises contre moi, et je leur pardonnerai de s'être rebellés contre moi. Alors j'aurai du plaisir à prononcer le nom de Jérusalem; c'est elle qui me fera honneur et qui sera ma parure devant toutes les nations de la terre. Quand elles apprendront tout le bien que je vais lui faire, elles trembleront de crainte et seront troublées devant tant de bonheur et de prospérité.» Voici ce que déclare le Seigneur: «Vous, les gens de Juda, vous répétez que votre pays est dévasté, et qu'on n'y trouve plus ni homme ni bête. C'est vrai, les villes de Juda et les rues de Jérusalem sont désertes aujourd'hui, sans âme qui vive, ni homme ni bête. Eh bien, dans ce pays-là on entendra de nouveau des bruits de fête et des cris de joie. On entendra de nouveau les chansons des jeunes mariés; on entendra de nouveau des gens chanter ce cantique: Louez le Seigneur de l'univers car il est bon, et son amour n'a pas de fin. On entendra de nouveau le chant de ceux qui apportent leur sacrifice au temple. En effet, je rétablirai ce pays », déclare le Seigneur. Voici ce que le Seigneur de l'univers déclare encore: «Dans ce pays dévasté, où l'on ne trouve ni homme ni bête, et dans toutes ses villes il y aura de nouveau de la place pour les bergers qui surveillent leurs chèvres et leurs moutons pendant la nuit. Dans les villes du Haut-Pays, dans celles du Bas -Pays et celles du Néguev, dans le territoire de Benjamin, le district de Jérusalem et les villes de Juda, les chèvres et les moutons passeront de nouveau sous la main du berger qui les compte», déclare le Seigneur. «Bientôt, déclare le Seigneur, je réaliserai les promesses que j'ai faites au peuple d'Israël et au peuple de Juda. Quand ce moment sera venu, je ferai naître un vrai descendant de David. Il agira dans le pays selon le droit et l'ordre que je veux. Alors le royaume de Juda sera libéré, et les gens de Jérusalem vivront enfin tranquilles. Et voici comment on appellera Jérusalem: “Le Seigneur est notre salut.” » Voici ce que déclare le Seigneur: «Le roi David ne manquera jamais d'un descendant qui règne sur Israël. De même pour les prêtres qui descendent de Lévi: il y en aura toujours pour se tenir devant moi et présenter les sacrifices complets, faire monter vers moi la fumée des offrandes et offrir les sacrifices de communion.» Jérémie reçut cette parole du Seigneur: «C'est moi le Seigneur qui le déclare: Pouvez-vous rompre l'obligation que j'ai imposée au jour et à la nuit, et les empêcher ainsi de se succéder normalement? – Non. Eh bien, l'engagement que j'ai pris envers mon serviteur David ne peut pas davantage être rompu. Personne ne pourra empêcher qu'il y ait toujours à Jérusalem un de ses descendants comme roi, ni que les descendants de Lévi continuent de me servir comme prêtres. Je multiplierai les descendants de mon serviteur David et les descendants de Lévi qui me servent comme prêtres; ils seront aussi nombreux que les étoiles qu'on ne peut compter dans le ciel, ou que les grains de sable innombrables au bord de la mer.» Jérémie reçut cette parole du Seigneur: «N'as-tu pas remarqué ce que les gens disent? Ils prétendent que j'ai rejeté Israël et Juda, les deux familles que j'avais choisies! Ceux qui parlent ainsi ne considèrent plus mon peuple comme une nation; ils le méprisent. Mais voici ce que je déclare: J'ai fait un pacte avec le jour et la nuit; j'ai imposé mes lois au ciel et à la terre. Alors peut-on croire que je rejette les descendants de Jacob et ceux de mon serviteur David? Ou que je renonce à prendre parmi eux les chefs qui gouverneront la race d'Abraham, d'Isaac et de Jacob? «Mais non! Je suis plein d'amour pour eux et je vais les rétablir.» Nabucodonosor, roi de Babylone, était en guerre contre Jérusalem et les autres villes de Juda. Il avait avec lui toute son armée, et les soldats de tous les royaumes de la terre, de tous les peuples qui lui étaient soumis. Jérémie reçut alors du Seigneur cette parole: «Voici ce que je déclare, moi le Seigneur, Dieu d'Israël: Va trouver Sédécias, roi de Juda, et dis-lui: Voici ce que déclare le Seigneur: Je vais livrer cette ville au roi de Babylone pour qu'il la détruise par le feu. Et toi, tu ne pourras pas lui échapper, tu seras capturé, tu lui seras livré. Tu devras comparaître devant lui face à face et lui répondre personnellement, avant de partir à Babylone. «Pourtant, Sédécias, roi de Juda, si tu obéis à ce que je te dis, tu éviteras la mort violente. C'est moi, le Seigneur, qui te le déclare. Au contraire, tu auras une mort paisible. Et à tes obsèques on fera pour toi comme pour tes ancêtres, les rois qui t'ont précédé: on brûlera pour toi des plantes parfumées, et on chantera en ton honneur cette lamentation funèbre: “Quel malheur! le roi est mort!” C'est moi, le Seigneur, qui te l'affirme.» Tel fut le message que le prophète Jérémie transmit au roi Sédécias de Juda; cela se passait à Jérusalem. Pendant ce temps, l'armée du roi de Babylone attaquait Jérusalem et les seules autres villes fortifiées de Juda qui résistaient encore, Lakich et Azéca. Jérémie reçut du Seigneur une parole dans les circonstances que voici: le roi Sédécias avait conclu un accord solennel avec la population de Jérusalem, pour proclamer que les esclaves étaient libérés. Chacun devait renvoyer libres ses esclaves hébreux, hommes ou femmes; personne ne devait plus faire travailler un Judéen, un frère, comme esclave. Toutes les autorités et la population de Jérusalem avaient participé à cet accord solennel et avaient accepté de ne plus faire travailler les hommes et les femmes qu'ils avaient eus comme esclaves mais de les renvoyer libres. Chacun avait obéi à cet accord et avait laissé partir ses esclaves. Mais ensuite ils changèrent d'avis, ils reprirent les hommes et les femmes qu'ils avaient libérés et les forcèrent à redevenir esclaves. Alors Jérémie reçut cette parole du Seigneur: «Voici ce que déclare le Seigneur, Dieu d'Israël: Moi aussi, j'avais conclu un accord; c'était avec vos ancêtres, quand je les ai fait sortir d'Égypte où ils étaient esclaves. Après une période de sept ans, leur avais-je dit alors, chacun de vous devra laisser partir le frère hébreu qui a dû se vendre à lui comme esclave et qui l'aura servi pendant six ans. Vous devrez le laisser partir libre. Mais vos ancêtres ne m'ont pas écouté, ils n'ont pas fait attention à ce que je disais. Vous au contraire, vous veniez de prendre l'attitude inverse, et je trouvais que chacun de vous avait bien fait en proclamant que son prochain était libéré. Vous aviez même conclu un accord solennel devant moi, dans ce temple qui m'est consacré. Seulement vous avez changé d'avis et vous m'avez ainsi traité avec mépris: après avoir laissé vos esclaves, hommes et femmes, libres d'aller où ils voulaient, chacun de vous, en effet, les a repris et les a forcés à redevenir esclaves.» Jérémie ajouta: «Voici donc ce que déclare le Seigneur: Chacun de vous devait proclamer la libération de son esclave, qui est son frère, son prochain; mais vous ne m'avez pas obéi. C'est pourquoi moi, le Seigneur, je proclame que je vais libérer contre vous la guerre, la peste et la famine, de sorte que tous les royaumes du monde soient épouvantés en vous voyant. Je les livrerai à ceux qui désirent leur mort; et leurs cadavres serviront de nourriture aux vautours et aux chacals. De même je livrerai le roi Sédécias de Juda et ses ministres à ceux qui désirent leur mort; je les livrerai à l'armée du roi de Babylone. Car, même si cette armée se retire actuellement loin de vous, j'ordonnerai qu'elle revienne contre cette ville et qu'elle l'attaque, qu'elle la prenne et la détruise par le feu. Et je ferai des villes de Juda un désert sinistre», déclare le Seigneur. A l'époque de Joaquim, fils de Josias et roi de Juda, Jérémie reçut du Seigneur cette parole: «Va trouver le clan des Rékabites et persuade ces gens de venir dans l'une des salles annexes du temple. Et là tu leur offriras à boire du vin.» Jérémie alla donc chercher Yazania, fils d'Irméya et petit-fils de Habassinia, avec les frères et les fils de Yazania, bref tout le clan des Rékabites. Il les fit entrer au temple, dans la salle attribuée aux disciples de Hanan, un saint homme, fils d'Igdalia. Cette salle était proche de celle des chefs et située au-dessus de celle de Maasséya, fils de Challoum, le prêtre chargé de surveiller l'entrée du Temple. Jérémie plaça devant les membres du clan des Rékabites des cruches remplies de vin et des gobelets. Puis il leur dit: «Prenez donc un peu de vin.» Mais ils répondirent: «Nous ne buvons pas de vin, car notre ancêtre Yonadab, fils de Rékab, nous a ordonné ceci: “Vous ne boirez jamais de vin, ni vous, ni vos enfants. Vous ne construirez pas de maisons, vous ne cultiverez pas la terre, vous ne planterez pas de vigne et vous n'en posséderez pas. Mais vous logerez sous des tentes durant toute votre vie; c'est ainsi que vous pourrez vivre longtemps dans ce pays qui n'est pas votre patrie.” «Nous avons donc obéi à tout ce que notre ancêtre Yonadab nous avait ordonné. Ainsi nous ne buvons jamais de vin, ni nos femmes, ni nos fils ni nos filles. Nous ne construisons pas de maisons pour y loger, nous ne possédons ni vigne ni champ cultivé, mais nous logeons sous des tentes. Ainsi nous respectons tous les ordres que nous avons reçus de notre ancêtre Yonadab. Mais quand Nabucodonosor, roi de Babylone, a envahi le pays, nous avons décidé d'entrer à Jérusalem pour échapper aux armées babylonienne et syrienne. En ce moment, nous sommes donc installés à Jérusalem.» Le Seigneur dit alors à Jérémie: «Adresse-toi maintenant aux gens de Juda et aux habitants de Jérusalem, et dis-leur: Voici ce que déclare le Seigneur de l'univers, Dieu d'Israël: Ne devriez-vous pas accepter mes avertissements en écoutant ce que je vous dis? déclare le Seigneur. Yonadab, fils de Rékab, avait ordonné à ses enfants de ne pas boire de vin; les Rékabites ont pris au sérieux ses paroles: ils se sont abstenus de vin jusqu'à aujourd'hui, car ils ont obéi à l'ordre de leur ancêtre. Or moi, le Seigneur, je n'ai pas cessé de vous avertir, mais vous ne m'avez pas écouté. Je n'ai pas cessé de vous envoyer, l'un après l'autre, mes serviteurs les prophètes, pour vous dire: “Que chacun de vous renonce à sa mauvaise manière de vivre; agissez enfin comme il convient; cessez de vous attacher à des dieux étrangers pour leur rendre un culte. Alors vous pourrez habiter la patrie que je vous ai donnée, à vos ancêtres et à vous-mêmes.” Seulement vous n'avez pas fait attention, vous ne m'avez pas écouté. Les Rékabites, eux, ont suivi l'ordre qu'ils avaient reçu de leur ancêtre Yonadab; mais vous, les gens de Juda, vous ne m'avez pas écouté.» Jérémie ajouta: «C'est pourquoi, voici ce que le Seigneur, Dieu de l'univers et Dieu d'Israël, déclare: Je vais faire venir sur vous, peuple de Juda et habitants de Jérusalem, tous les malheurs que je vous ai prédits. Car je vous ai parlé, mais vous n'avez pas écouté; je vous ai appelés, mais vous n'avez pas répondu.» Puis Jérémie dit au clan des Rékabites: «Voici ce que déclare le Seigneur de l'univers, Dieu d'Israël: Vous avez obéi à l'ordre que vous avez reçu de votre ancêtre Yonadab, vous avez fidèlement exécuté tout ce qu'il vous avait recommandé; c'est pourquoi dans la famille de Yonadab, fils de Rékab, il y aura toujours quelqu'un qui aura le privilège de se tenir en ma présence. «Voilà ce que déclare le Seigneur de l'univers, Dieu d'Israël.» La quatrième année du règne de Joaquim, fils de Josias et roi de Juda, Jérémie reçut du Seigneur cette parole: «Procure-toi un rouleau de cuir. Tu y inscriras tous les messages que je t'ai déjà communiqués au sujet du royaume d'Israël, du royaume de Juda et des nations étrangères, depuis l'époque de Josias, quand j'ai commencé à te parler, jusqu'à aujourd'hui. Peut-être les gens de Juda comprendront-ils enfin que j'ai l'intention de leur envoyer le malheur, et renonceront-ils chacun à leur mauvaise manière de vivre; alors je pardonnerai leurs fautes et leurs péchés.» Jérémie fit donc appel à Baruc, fils de Néria; il lui dicta tous les messages qu'il avait reçus du Seigneur, et Baruc les inscrivit sur un rouleau. Puis Jérémie donna cet ordre à Baruc: «On m'interdit d'entrer au temple; je ne puis donc y aller moi-même. Mais toi, tu t'y rendras le jour du jeûne, et tu y liras à haute voix les messages du Seigneur que je t'ai dictés. Tu les feras entendre aux gens qui seront au temple, ainsi qu'à tous ceux qui seront venus des villes de Juda. Alors ils se mettront peut-être à supplier le Seigneur de les épargner et ils renonceront enfin à leur mauvaise manière de vivre. Car le Seigneur a bien dit qu'il était particulièrement indigné et fâché contre ce peuple.» Baruc suivit toutes les instructions qu'il avait reçues du prophète Jérémie. Il se rendit au temple pour y lire à haute voix les messages du Seigneur inscrits sur le rouleau. Cela se passait la cinquième année du règne de Joaquim, fils de Josias et roi de Juda, au neuvième mois de cette année. On avait convoqué toute la population de Jérusalem et tous les gens des villes de Juda pour une cérémonie de jeûne en présence du Seigneur. Au temple, devant tous ceux qui étaient là, Baruc lut donc à haute voix les messages de Jérémie inscrits sur le rouleau. Il s'était placé dans la salle attribuée à Guemaria, fils de Chafan, l'ancien secrétaire d'État. Cette salle était située dans la cour supérieure du temple, près de la porte Neuve. Quand Mika, fils de Guemaria et petit-fils de Chafan, eut entendu tous les messages du Seigneur que Baruc avait lus sur le rouleau, il descendit au palais royal jusqu'au bureau du secrétaire. Tous les ministres y étaient en séance; il y avait là le secrétaire d'État Élichama, Delaya, fils de Chemaya, Elnatan, fils d'Akbor, Guemaria, fils de Chafan, Sidequia, fils de Hanania, et tous les autres ministres. Mika leur raconta tout ce qu'il avait entendu quand Baruc avait lu à haute voix devant tout le monde les messages inscrits sur le rouleau. Alors les ministres envoyèrent Yehoudi, fils de Netania, petit-fils de Chélémia et arrière-petit-fils de Kouchi, pour dire à Baruc de venir avec le rouleau qu'il avait lu en public. Baruc prit donc le rouleau et vint les rejoindre. Ils lui dirent: «Assieds-toi et lis-nous ce rouleau.» Baruc leur en fit donc la lecture. Quand les ministres eurent tout entendu, ils se regardèrent les uns et les autres avec frayeur et dirent à Baruc: «Il faut que nous racontions tout cela au roi.» Puis ils demandèrent à Baruc: «Veux-tu nous expliquer comment tu as écrit tout cela?» Baruc leur répondit: «C'est Jérémie qui m'a dicté tous ces messages, et moi, au fur et à mesure, je les notais à l'encre sur le rouleau.» Les ministres dirent alors à Baruc: «Allez vous cacher tous les deux, Jérémie et toi; et que personne ne sache où vous êtes!» Puis ils laissèrent le rouleau dans le bureau d'Élichama, le secrétaire d'État et se rendirent dans la cour du palais pour raconter au roi tout ce qui venait d'arriver. Alors le roi envoya Yehoudi chercher le rouleau dans le bureau d'Élichama. Yehoudi le rapporta et se mit à le lire à haute voix devant le roi et tous les ministres qui se tenaient près de lui. Comme on était au neuvième mois de l'année, le roi occupait son logement d'hiver et se tenait devant un brasero allumé. Au fur et à mesure que Yehoudi avait lu trois ou quatre colonnes, le roi les découpait avec un canif et les jetait au feu. Il continua ainsi jusqu'à ce que le rouleau soit complètement consumé. Le roi et tous ses officiers avaient bien compris les messages notés sur le rouleau, mais ils n'avaient montré ni crainte ni signe de tristesse. Pourtant Elnatan, Delaya et Guemaria avaient insisté pour que le roi ne brûle pas le rouleau, mais le roi ne les avait pas écoutés. Au contraire même, il ordonna à l'officier de police Yeraméel, ainsi qu'à Seraya, fils d'Azriel, et à Chélémia, fils d'Abdéel, d'arrêter le secrétaire Baruc et le prophète Jérémie. Mais le Seigneur mit Baruc et Jérémie à l'abri. Après que le roi eut brûlé le rouleau contenant tous les messages que Jérémie avait dictés à Baruc, Jérémie reçut une parole du Seigneur: «Procure-toi un autre rouleau et inscris-y à nouveau tous les messages qui se trouvaient sur le premier rouleau, celui que Joaquim a brûlé. Puis tu diras ceci au sujet de Joaquim, roi de Juda: “Voici ce que déclare le Seigneur: Jérémie a écrit que le roi de Babylone viendrait sûrement détruire ce pays et en exterminer hommes et bêtes. Mais Joaquim le lui a reproché et a brûlé le rouleau. C'est pourquoi voici ce que déclare le Seigneur: Joaquim n'aura aucun descendant qui règne après lui sur le royaume de David. Son cadavre restera exposé dehors à la chaleur du jour et au froid de la nuit. J'interviendrai contre lui, contre ses descendants et contre ses officiers, et je leur ferai payer leurs fautes. Je ferai venir sur eux, sur les habitants de Jérusalem et sur la population de Juda tous les malheurs que je leur ai annoncés et qu'ils n'ont pas voulu prendre au sérieux.” » Jérémie se procura donc un autre rouleau; il le donna au secrétaire Baruc. Celui-ci y inscrivit ce que lui dictait Jérémie: tous les messages qui figuraient sur le livre brûlé par le roi Joaquim, et beaucoup d'autres du même genre. Nabucodonosor, roi de Babylone, avait installé Sédécias, un fils de Josias, comme roi dans le pays de Juda. Sédécias avait donc remplacé Konia, fils de Joaquim. Mais ni lui, ni ses officiers, ni les citoyens de Juda n'écoutèrent les avertissements que le Seigneur leur adressait par l'intermédiaire du prophète Jérémie. Cependant le roi Sédécias envoya Youkal, fils de Chélémia, et le prêtre Sefania, fils de Maasséya, auprès du prophète Jérémie pour lui dire: «Nous venons te demander de prier le Seigneur notre Dieu pour nous tous.» A cette époque, on n'avait pas encore mis Jérémie en prison; il pouvait donc aller et venir librement. D'autre part, l'armée du Pharaon était sortie d'Égypte. Les Babyloniens, qui étaient en train d'assiéger la ville de Jérusalem, avaient appris cette nouvelle et s'étaient retirés à quelque distance de Jérusalem. Alors le prophète Jérémie reçut cette parole du Seigneur: «Voici ce que déclare le Seigneur, Dieu d'Israël: “Allez dire au roi de Juda, qui vous a envoyés pour me consulter: l'armée du Pharaon, qui était sortie pour vous secourir, a fait demi-tour et rentre chez elle, en Égypte. Les Babyloniens vont donc revenir attaquer cette ville, ils la prendront et la détruiront par le feu. Moi, le Seigneur, je le déclare: ne vous faites pas d'illusions en pensant que les Babyloniens sont vraiment partis. Ils ne partiront pas! Supposez que vous puissiez battre toute l'armée babylonienne qui est en guerre contre vous, supposez qu'il n'en reste que des hommes blessés, eh bien, chacun d'eux se remettrait debout dans sa tente, et ils viendraient tous détruire cette ville par le feu.” » Pendant que l'armée babylonienne s'était retirée à distance de Jérusalem pour éviter l'armée du Pharaon, Jérémie voulut sortir de la ville pour aller dans le territoire de Benjamin et y prendre part, avec les gens de son village, à une répartition de terrains communaux. Il passait par la porte de Benjamin quand il tomba sur le chef des gardes, nommé Iria, fils de Chélémia et petit-fils de Hanania. Iria retint le prophète et lui dit: «Tu es en train de passer aux Babyloniens!» – «Ce n'est pas vrai, répondit Jérémie; je ne passe pas du tout aux Babyloniens.» Mais Iria n'admit pas ces explications, il l'arrêta et le conduisit à ses chefs; ceux-ci se mirent en colère contre Jérémie et le frappèrent; puis ils l'enfermèrent dans la maison du secrétaire d'État Yonatan, dont on avait fait une prison. Jérémie fut mis dans un cachot voûté. Il y était depuis longtemps, quand le roi Sédécias envoya quelqu'un le chercher, pour pouvoir l'interroger en secret dans son palais. «As-tu un message du Seigneur pour moi? lui demanda-t-il.» – «Oui, répondit Jérémie; le voici: “Tu seras livré au roi de Babylone.” » Puis Jérémie demanda au roi Sédécias: «Quelle faute ai-je commise contre toi, ou contre tes officiers, ou contre la population de cette ville pour que vous m'ayez fait mettre en prison? Et que sont devenus vos prophètes, qui vous prédisaient que le roi de Babylone ne viendrait pas s'attaquer à vous ni à ce pays?» Enfin Jérémie ajouta: «Et maintenant, Monseigneur le Roi, je te prie d'écouter la supplication que je te présente: Ne me renvoie pas chez le secrétaire d'État Yonatan, sinon j'y mourrai.» Alors le roi Sédécias ordonna qu'on mette Jérémie dans la cour de garde et qu'on lui donne chaque jour un pain rond de la rue des Boulangers, tant qu'il y aurait du pain dans la ville. C'est ainsi que Jérémie resta dans la cour de garde. Chefatia, fils de Mattan, ainsi que Guedalia, fils de Pachehour, Youkal, fils de Chélémia, et Pachehour, fils de Malkia, apprirent que Jérémie disait à tous ceux qui passaient par là: «Voici ce que déclare le Seigneur: “Quiconque restera dans cette ville mourra des suites de la guerre, de la famine ou de la peste. Mais quiconque sortira pour se rendre aux Babyloniens y gagnera la vie sauve.” » Jérémie disait aussi: «Voici ce que le Seigneur déclare: il est décidé à livrer cette ville à l'armée du roi de Babylone, et celui-ci s'en emparera.» Après l'avoir entendu, ces officiers dirent au roi Sédécias: «Nous réclamons la peine de mort contre ce Jérémie, car ce qu'il dit démoralise complètement les soldats et la population qui restent dans la ville. Au lieu de chercher à améliorer la situation du peuple, cet individu cherche plutôt à l'aggraver.» Alors le roi Sédécias leur répondit: «Eh bien, faites de lui ce que vous voudrez, car j'ai beau être le roi, je n'ai pas le pouvoir de vous en empêcher.» Ces quatre officiers firent donc prendre Jérémie pour le mettre dans la citerne de Malkia, l'officier de police; celle-ci était située dans la cour de garde. On y descendit Jérémie au moyen de cordes. Il n'y avait pas d'eau dans cette citerne, mais seulement de la vase, dans laquelle Jérémie s'enfonça. Or un Éthiopien, nommé Ébed-Mélek, qui était homme de confiance au palais royal, apprit qu'on avait mis Jérémie dans la citerne. Comme le roi se tenait à la porte de Benjamin, Ébed-Mélek sortit du palais royal et vint lui parler. Il lui dit: «Majesté, ces hommes ont commis une mauvaise action en traitant ainsi le prophète Jérémie; ils l'ont jeté dans une citerne! Il y mourra de faim, car il n'y a plus de pain dans la ville.» Alors le roi donna cet ordre à Ébed-Mélek, l'Éthiopien: «Emmène avec toi trente hommes d'ici, et fais sortir Jérémie de la citerne avant qu'il meure.» Ébed-Mélek emmena donc les trente hommes et se rendit au palais royal, dans la chambre aux réserves; il y prit de vieux vêtements usés ou déchirés, qu'il fit ensuite passer à Jérémie dans la citerne au moyen de cordes. Puis Ébed-Mélek, l'Éthiopien, dit à Jérémie: «Mets-toi donc ces vieux chiffons sous les bras, et les cordes par-dessous.» Quand Jérémie l'eut fait, les hommes tirèrent sur les cordes et le firent remonter de la citerne. Après cela Jérémie resta dans la cour de garde. Le roi Sédécias envoya chercher le prophète Jérémie et le prit à part, dans la troisième entrée du temple. Il lui dit: «Je voudrais te poser une question; ne me cache rien.» Jérémie répondit à Sédécias: «Si je te dis ce que je dois te dire, tu me feras mettre à mort. Et si je te donne un conseil, tu n'en tiendras aucun compte.» Mais le roi Sédécias fit à Jérémie ce serment secret: «Par le Seigneur vivant, qui nous a donné la vie, je te jure que je te laisserai en vie et que je ne te livrerai pas à ces hommes qui veulent ta mort.» Alors Jérémie répondit à Sédécias: «Voici donc ce que déclare le Seigneur, Dieu de l'univers et Dieu d'Israël: “Si tu sors pour te rendre aux officiers du roi de Babylone, vous aurez la vie sauve, toi et ta famille; et cette ville ne sera pas détruite par le feu. Mais si tu refuses de te rendre aux officiers du roi de Babylone, cette ville sera livrée aux Babyloniens, qui la détruiront par le feu; et toi, tu ne leur échapperas pas.” » – «J'ai peur des Judéens qui ont passé aux Babyloniens, répliqua le roi Sédécias; je crains qu'on me livre à eux et qu'ils me ridiculisent.» Mais Jérémie lui répondit: «Non, on ne te livrera pas à eux; écoute plutôt ce que je te dis de la part du Seigneur; alors tout ira bien pour toi et tu auras la vie sauve. Mais si tu refuses de te rendre, voici ce qui t'arrivera et que le Seigneur m'a révélé: toutes les femmes, qui seront restées au palais royal, seront conduites aux officiers du roi de Babylone. Et elles feront sur toi cette chanson: “Ils t'ont bien mystifié, tes excellents amis! Quand tu es embourbé, ils te laissent tomber!” Oui, on conduira tes femmes et tes fils aux Babyloniens, et toi, tu ne leur échapperas pas davantage; le roi de Babylone te fera prisonnier et il détruira cette ville par le feu.» Alors Sédécias dit à Jérémie: «Si tu veux rester en vie, que personne ne sache rien de notre conversation. Les officiers supérieurs vont sans doute apprendre que j'ai parlé avec toi, et ils viendront te questionner sur ce que nous avons dit l'un et l'autre; ils vont te promettre de te laisser la vie sauve, à condition que tu ne leur caches rien. Mais tu leur répondras: “J'ai supplié le roi de ne pas me renvoyer dans la maison de Yonatan; je n'y survivrais pas.” » Les officiers supérieurs vinrent effectivement trouver Jérémie et l'interrogèrent. Mais Jérémie leur répondit comme le roi le lui avait ordonné. Alors ils le laissèrent tranquille, car personne n'avait pu entendre ce que le roi et Jérémie s'étaient dit l'un à l'autre. Jérémie resta donc dans la cour de garde jusqu'au jour où Jérusalem fut prise. Voici ce qui arriva quand Jérusalem fut prise: Pendant la neuvième année du règne de Sédécias, roi de Juda, au dixième mois, le roi Nabucodonosor de Babylone était venu avec toute son armée assiéger la ville de Jérusalem. Au cours de la onzième année, le neuvième jour du quatrième mois, les Babyloniens ouvrirent une brèche dans la muraille de la ville. Alors tous les officiers du roi de Babylone pénétrèrent dans la ville et s'installèrent à la porte du Milieu. Il y avait là Nergal-Saresser le chef d'état-major, Samgar-Nebo, Sar-Sekim, le principal homme de confiance du roi et tous les autres officiers du roi de Babylone. Dès que le roi Sédécias et ses soldats s'en aperçurent, ils s'enfuirent. A la nuit tombée, ils quittèrent la ville en passant par le jardin royal et par la porte située entre les deux murailles, puis ils prirent le chemin qui mène à la vallée du Jourdain. Mais les troupes babyloniennes se lancèrent à leur poursuite et rattrapèrent Sédécias dans la plaine de Jéricho. Elles le capturèrent, puis le conduisirent au roi Nabucodonosor de Babylone, qui se trouvait à Ribla, au pays de Hamath. C'est là que Nabucodonosor rendit son jugement contre Sédécias. C'est là également qu'il fit exécuter les fils de Sédécias en présence de leur père, ainsi que tous les nobles de Juda. Après quoi, il fit crever les yeux de Sédécias et l'envoya solidement enchaîné à Babylone. D'autre part, à Jérusalem, les Babyloniens incendièrent le palais royal et les maisons d'habitation. Ils démolirent aussi les murailles de la ville. Ensuite Nebouzaradan, le chef des gardes, fit déporter à Babylone la population qui était restée dans la ville, ainsi que ceux qui s'étaient rendus à lui et les derniers artisans. Mais il laissa dans le pays de Juda une partie de la population pauvre, les gens qui ne possédaient rien, et il leur attribua en même temps des vignes et des champs. Le roi Nabucodonosor avait donné au chef des gardes, Nebouzaradan, les ordres suivants au sujet de Jérémie: «Va le chercher, veille à ce qu'on ne lui fasse aucun mal, et fais pour lui ce qu'il demandera!» Nebouzaradan, le chef des gardes, s'entendit avec Nebouchazban, principal homme de confiance du roi, Nergal-Saresser, chef d'état-major, et les autres généraux du roi de Babylone; il commanda qu'on aille chercher Jérémie dans la cour de garde, et qu'on l'en fasse sortir pour le remettre à Guedalia, fils d'Ahicam et petit-fils de Chafan; Guedalia lui permettrait de rentrer chez lui. Jérémie vint donc vivre parmi les gens du peuple. Lorsque Jérémie se trouvait encore détenu dans la cour de garde, il avait reçu cette parole du Seigneur: «Va transmettre ce message à Ébed-Mélek, l'Éthiopien: “Voici ce que déclare le Seigneur de l'univers, Dieu d'Israël: J'avais annoncé aux habitants de cette ville non pas du bonheur mais du malheur. Eh bien, je vais réaliser ce que j'ai dit, et tu pourras le constater bientôt. Mais le jour où ce malheur arrivera, j'empêcherai que tu tombes aux mains des hommes dont tu as peur, déclare le Seigneur. Oui, je te préserverai de la mort, et tu y gagneras la vie sauve, car tu as eu confiance en moi, dit le Seigneur.” » Jérémie reçut du Seigneur une parole après que Nebouzaradan, le chef des gardes, l'eut laissé partir de Rama. Jérémie se trouvait enchaîné parmi les gens de Jérusalem et les Judéens qui allaient être déportés à Babylone. C'est là que le chef des gardes le retira du convoi des déportés. Il prit à part Jérémie et lui dit: «Le Seigneur ton Dieu avait prédit à cette ville un malheur comme celui-là. Et maintenant, il a effectivement réalisé ce qu'il avait prédit, car vous avez été coupables de ne pas obéir à ce qu'il vous disait. C'est pourquoi tout cela vous est arrivé. Eh bien, je détache aujourd'hui les chaînes qui tenaient tes mains. Si tu as envie de venir avec moi à Babylone, viens, je veillerai sur toi. Mais si tu n'en as pas envie, ne viens pas. Considère que tu peux aller partout dans le pays, et va où tu jugeras bon d'aller.» Mais comme Jérémie ne partait pas, Nebouzaradan ajouta: «Tu peux retourner auprès de Guedalia, fils d'Ahicam et petit-fils de Chafan. Le roi de Babylone l'a chargé en effet de gouverner les villes de Juda. Installe-toi avec lui au milieu de la population; ou bien va partout où tu jugeras bon d'aller.» Le chef des gardes donna à Jérémie des vivres pour le voyage et lui fit un cadeau, puis il le laissa partir. Finalement Jérémie se rendit à Mispa, auprès de Guedalia, et s'installa avec lui au milieu de la population restée dans le pays. Or, dans la campagne, il y avait encore des bandes armées. Les chefs de ces bandes et leurs hommes apprirent que le roi de Babylone avait chargé Guedalia, fils d'Ahicam, de gouverner le pays et lui avait confié les pauvres, hommes, femmes et enfants qui n'avaient pas été déportés à Babylone. Ces chefs de bandes, avec leurs hommes, vinrent donc rejoindre Guedalia à Mispa; c'étaient Ismaël, fils de Netania, Yohanan et Yonatan, tous deux fils de Caréa, Seraya, fils de Tanehoumeth, les fils d'Éfaï de Netofa et Yazania de Maaka. Guedalia leur dit à tous: «N'ayez pas peur d'accepter l'autorité des Babyloniens; installez-vous dans le pays et soyez soumis au roi de Babylone. Je vous promets solennellement que vous y trouverez votre avantage. Moi, je siège ici, à Mispa, pour vous représenter devant les Babyloniens qui viennent chez nous. Mais vous, faites la récolte de vin, de fruits et d'huile, mettez-la en réserve et installez-vous dans les villes que vous devez réoccuper.» De même les Judéens qui se trouvaient chez les Moabites, les Ammonites, les Édomites ou dans quelque autre pays apprirent tous que le roi de Babylone avait laissé une partie de la population au royaume de Juda et qu'il les avait confiés à Guedalia. Alors tous ces Judéens revinrent des divers lieux où ils avaient été chassés, et ils arrivèrent auprès de Guedalia, à Mispa, dans le pays de Juda. Ils récoltèrent une grande quantité de vin et de fruits. Un jour, Yohanan, fils de Caréa, et les autres chefs de bandes qui se trouvaient encore dans la campagne vinrent trouver Guedalia à Mispa. Ils lui demandèrent: «Sais-tu bien que Baalis, le roi des Ammonites, a chargé Ismaël, fils de Netania, de t'assassiner?» Mais Guedalia ne voulut pas les croire. Pourtant Yohanan était venu trouver Guedalia en cachette, à Mispa, et lui avait dit: «Veux-tu que j'aille supprimer Ismaël? Personne n'en saura rien. Pourquoi te laisser assassiner? S'il te tue, les Judéens qui se sont rassemblés autour de toi seront à nouveau dispersés, et ce qui reste encore du royaume de Juda disparaîtra.» Mais Guedalia avait répondu à Yohanan: «Non, tu te trompes au sujet d'Ismaël; ne fais donc pas une chose pareille.» Or, au septième mois de l'année, Ismaël, fils de Netania et petit-fils d'Élichama, vint à Mispa auprès de Guedalia. Ismaël était de famille royale et avait fait partie de la cour du roi. Il avait dix hommes avec lui. Pendant qu'ils étaient à table chez Guedalia, Ismaël se leva en même temps que les dix hommes qui l'accompagnaient, ils frappèrent Guedalia à coups d'épée et le tuèrent, lui que le roi de Babylone avait chargé de gouverner le pays. Puis Ismaël assassina aussi tous les Judéens qui se trouvaient à Mispa avec Guedalia, ainsi que les soldats babyloniens qui étaient là. Deux jours après l'assassinat de Guedalia, personne n'était encore au courant de ce meurtre. C'est alors qu'arrivèrent de Sichem, de Silo et de Samarie quatre-vingts hommes. Ils avaient la barbe rasée, les vêtements déchirés et le corps couvert d'entailles. Ils portaient des offrandes de blé et d'encens pour aller les offrir à Dieu dans le temple de Jérusalem. Ismaël sortit de Mispa et marcha à leur rencontre en pleurant. Quand il fut arrivé jusqu'à eux, il leur dit: «Venez donc chez Guedalia.» Mais dès qu'ils furent parvenus à l'intérieur de la ville, Ismaël et ses hommes les massacrèrent et jetèrent les corps dans une citerne. Une dizaine d'entre eux cependant avaient dit à Ismaël: «Ne nous tue pas, car nous avons des provisions cachées dans la campagne, du blé, de l'orge, de l'huile et du miel.» Ismaël renonça donc à les tuer comme leurs compagnons. La citerne dans laquelle Ismaël avait fait jeter les cadavres de ces hommes assassinés était la grande citerne que le roi Asa avait ordonné de creuser quand il était en guerre contre le roi d'Israël Bacha. Ismaël la remplit de cadavres. Après cela il emmena prisonniers tous ceux qui restaient à Mispa, ainsi que les filles du roi, bref tous ceux que Nebouzaradan, le chef des gardes, avait confiés à Guedalia. Puis Ismaël partit avec ses prisonniers pour passer chez les Ammonites. Yohanan, fils de Caréa, et les chefs de bandes qui étaient avec lui apprirent tout le mal qu'Ismaël avait fait. Ils emmenèrent leurs hommes pour aller attaquer Ismaël. Ils rattrapèrent celui-ci au grand étang de Gabaon. Quand les prisonniers d'Ismaël aperçurent Yohanan et les chefs de bandes qui l'accompagnaient, ils se réjouirent. Alors tous les gens qu'Ismaël avait emmenés de Mispa firent demi-tour et rejoignirent Yohanan. Mais Ismaël s'enfuit avec huit hommes devant Yohanan et se rendit chez les Ammonites. Après cela Yohanan et les chefs de bandes qui l'accompagnaient prirent avec eux les survivants qu'Ismaël avait emmenés de Mispa après l'assassinat de Guedalia: les hommes – c'est-à-dire les soldats –, les femmes, les enfants, les eunuques, bref, tous ceux qu'ils avaient ramenés de Gabaon. Ils allèrent faire halte à l'auberge de Kimeham, près de Bethléem. Ils avaient l'intention d'aller jusqu'en Égypte, car ils avaient peur des Babyloniens, depuis qu'Ismaël avait assassiné Guedalia, celui que le roi de Babylone avait chargé de gouverner le pays. Alors tous les chefs de bandes armées, en particulier Yohanan, fils de Caréa, et Yezania fils de Hochaya, et tous les gens qui étaient là se présentèrent au grand complet devant le prophète Jérémie. «Accueille favorablement notre demande, lui dirent-ils: prie le Seigneur ton Dieu pour tous les rescapés que nous sommes, car nous restons bien peu nombreux, comme tu peux le voir. Demande au Seigneur ton Dieu qu'il nous fasse connaître où nous devons aller et ce que nous avons à faire.» Le prophète Jérémie leur dit: «C'est entendu! Je vais prier le Seigneur notre Dieu comme vous me le demandez; puis je vous ferai connaître la réponse du Seigneur; je ne vous en cacherai rien.» Ils répondirent à Jérémie: «Nous nous engageons à faire exactement ce que le Seigneur ton Dieu t'aura chargé de nous dire. Qu'il soit le témoin incontesté de notre serment! Nous t'avons chargé de consulter le Seigneur notre Dieu. Nous obéirons donc à ce qu'il nous commandera, que cela nous plaise ou non. Ainsi tout ira bien pour nous puisque nous aurons obéi au Seigneur notre Dieu.» Au bout d'une dizaine de jours, Jérémie reçut une parole du Seigneur. Celui-ci convoqua Yohanan, fils de Caréa, et les autres chefs de bandes qui l'accompagnaient, ainsi que tous les gens qui étaient là, sans exception. Puis il leur dit: «Vous m'aviez chargé de présenter votre demande au Seigneur, Dieu d'Israël; voici ce qu'il déclare: “Si vous revenez au pays, je reconstruirai votre peuple au lieu de le démolir; je vous replanterai au lieu de vous déraciner. Je regretterai alors de vous avoir envoyé le malheur. Maintenant cessez d'avoir peur du roi de Babylone. Moi, le Seigneur, je vous répète: N'ayez pas peur de lui, car je suis avec vous pour vous sauver et l'empêcher de vous nuire. J'agirai en votre faveur, il aura pitié de vous et vous laissera revenir dans votre patrie.” » Jérémie continua: «Supposons que vous refusiez d'obéir aux ordres du Seigneur votre Dieu, et que vous déclariez: Non, nous n'irons pas vivre dans ce pays, nous irons plutôt en Égypte pour ne plus voir la guerre, ne plus entendre le son de la corne d'alarme et ne plus souffrir de la faim; c'est là-bas que nous irons vivre! Alors, poursuivit Jérémie, vous, les derniers représentants du royaume de Juda, écoutez bien ce que le Seigneur annonce. Voici ce que déclare le Seigneur de l'univers, Dieu d'Israël: “Si vous décidez vraiment de vous rendre en Égypte, si vous allez vous y réfugier, alors la guerre, qui vous fait si peur, vous rejoindra là-bas, en Égypte; la faim, qui vous cause tant de soucis, vous poursuivra jusque-là, et vous y mourrez. Tous ceux qui auront décidé d'aller se réfugier en Égypte mourront par la guerre, la famine ou la peste. Aucun d'eux ne pourra échapper au malheur que je ferai venir sur eux.” » Jérémie dit encore: «Voici ce que déclare le Seigneur de l'univers, Dieu d'Israël: “J'avais laissé déborder mon ardente indignation contre les habitants de Jérusalem. Eh bien, de la même façon je la laisserai déborder contre vous, si vous allez en Égypte. Alors on vous citera comme exemple quand on voudra prononcer une malédiction, ou mentionner quelque chose d'horrible, de maudit ou de honteux; et vous ne reverrez jamais plus ce pays.” » Jérémie ajouta: «C'est le Seigneur qui vous dit de ne pas aller en Égypte, vous, les derniers représentants de Juda. Comprenez-le bien, je vous l'affirme solennellement aujourd'hui. Quand vous m'avez chargé de consulter le Seigneur votre Dieu, et que vous m'avez demandé de le prier pour vous, vous avez dit: “Fais-nous connaître exactement tout ce que le Seigneur notre Dieu dira, et nous le ferons.” A ce moment-là, vous vous êtes engagés à la légère. Aujourd'hui, en effet, je vous apporte la réponse du Seigneur notre Dieu, mais vous n'écoutez rien de ce qu'il m'a chargé de vous répondre. Eh bien, sachez que vous mourrez par la guerre, la famine ou la peste, là même où vous aurez désiré aller vous réfugier!» Quand Jérémie eut fini de dire à tous ceux qui étaient là ce que le Seigneur leur Dieu l'avait chargé d'annoncer, c'est-à-dire tout ce qu'on vient de lire, Azaria, fils de Hochaya, Yohanan, fils de Caréa, et tous les autres eurent l'audace de répondre à Jérémie: «Menteur! le Seigneur notre Dieu ne t'a pas chargé de nous dissuader d'aller en Égypte pour nous y réfugier. C'est plutôt Baruc, fils de Néria, qui t'excite contre nous. Il voudrait bien, en effet, nous voir livrés aux Babyloniens, pour que ceux-ci nous fassent mourir ou nous déportent à Babylone.» Ainsi Yohanan, fils de Caréa, les autres chefs de bandes et les gens qui étaient avec eux refusèrent d'écouter ce que le Seigneur leur disait et de s'installer au pays de Juda. Alors Yohanan, et les autres chefs de bandes emmenèrent les derniers représentants de Juda, tous ceux qui avaient été d'abord chassés chez les nations voisines et qui étaient ensuite revenus vivre au pays de Juda: hommes, femmes, enfants, les filles du roi, toutes les personnes que Nebouzaradan, le chef des gardes, avait laissées avec Guedalia, fils d'Ahicam et petit-fils de Chafan. Ils emmenèrent également le prophète Jérémie et Baruc, fils de Néria. Contrairement aux ordres du Seigneur, ils se rendirent en Égypte et arrivèrent à Tapanès. A Tapanès, Jérémie reçut cette parole du Seigneur: «Prends quelques grandes pierres et enterre-les dans le sol de la terrasse qui se trouve à l'entrée du palais administratif de la ville. Fais cela en présence des hommes de Juda. Puis tu leur diras: “Voici ce que déclare le Seigneur de l'univers, Dieu d'Israël: Je vais envoyer chercher mon serviteur, le roi Nabucodonosor de Babylone, et j'installerai son trône au-dessus des pierres qui ont été enterrées ici. C'est à cet endroit qu'il dressera sa tente royale. Quand il arrivera, il écrasera l'Égypte. Et ce sera pour les uns la mort, pour d'autres la déportation, pour d'autres l'exécution. Il mettra le feu aux temples des dieux égyptiens; il brûlera les dieux égyptiens eux-mêmes ou les emportera chez lui. Il pillera l'Égypte aussi soigneusement qu'un berger élimine les poux de son vêtement. Puis il s'en ira tranquillement. A Héliopolis, il brisera aussi les colonnes de pierre et détruira par le feu les temples des dieux égyptiens.” » Jérémie reçut une parole de Dieu pour tous les Judéens qui s'étaient installés en Égypte dans les villes de Migdol, Tapanès, Memphis et dans la région de Patros. Jérémie leur dit donc: «Voici ce que déclare le Seigneur de l'univers, Dieu d'Israël: “Vous avez vu tous les malheurs que j'ai fait venir sur Jérusalem et sur les autres villes de Juda. Elles sont aujourd'hui en ruine et complètement dépeuplées. C'est parce que leurs habitants m'ont provoqué par le mal qu'ils ont commis. En effet, ils sont allés offrir leurs sacrifices et leur culte à des dieux étrangers. Pourtant ils n'avaient rien de commun avec ces dieux-là, pas plus que vous-mêmes ou vos ancêtres. Et moi, je n'ai jamais cessé de vous envoyer l'un après l'autre mes serviteurs, les prophètes, pour vous faire abandonner ces pratiques scandaleuses que je déteste. Mais vous n'avez pas écouté, vous n'avez pas fait attention, vous n'avez pas renoncé à vous mal conduire, ni à offrir des sacrifices à des dieux étrangers. Alors j'ai laissé déborder ma colère et mon indignation; elles ont consumé les villes de Juda et les rues de Jérusalem; il n'en reste plus que des ruines, des ruines sinistres, comme on peut le constater aujourd'hui.” » Jérémie continua: «Et maintenant, voici ce que le Seigneur, Dieu de l'univers et Dieu d'Israël, déclare: “Pourquoi vous faites-vous tant de mal à vous-mêmes? Désirez-vous vraiment priver le peuple de Juda de ses hommes, de ses femmes, de sa jeunesse et de ses petits enfants? Voulez-vous qu'il ne reste rien de vous? Cherchez-vous à me provoquer par vos actions, en offrant des sacrifices à des dieux étrangers, dans ce pays d'Égypte où vous êtes venus vous réfugier? Voulez-vous vraiment vous faire exterminer et devenir un exemple de malédiction et de honte pour toutes les nations du monde? Avez-vous oublié tout le mal qui a été commis dans le pays de Juda et les rues de Jérusalem par vos parents, par les rois de Juda, par les femmes de Salomon, par vous-mêmes et par vos femmes? Jusqu'à présent, personne n'en a été accablé, personne n'a reconnu mon autorité, personne n'a suivi l'enseignement et les commandements que je vous avais donnés comme à vos ancêtres.” » Enfin Jérémie ajouta: «C'est pourquoi voici ce que déclare le Seigneur de l'univers, Dieu d'Israël: “J'ai l'intention de vous envoyer le malheur et de supprimer l'ensemble du peuple de Juda. Je prendrai les derniers représentants de Juda qui ont décidé de venir se réfugier en Égypte, et ils mourront tous. C'est dans ce pays qu'ils tomberont morts; ils seront achevés par la guerre ou la famine, tous sans exception; oui, ils périront de cette façon et on les citera en exemple pour prononcer une malédiction ou mentionner une chose horrible, maudite ou honteuse. J'interviendrai contre ceux qui se sont installés en Égypte, comme je suis intervenu contre les gens de Jérusalem: par la guerre, la famine ou la peste. Parmi les derniers représentants de Juda qui sont venus se réfugier ici, en Égypte, aucun ne pourra s'enfuir, aucun n'échappera, aucun ne reviendra au pays de Juda, où ils désirent pourtant revenir s'installer un jour; aucun, sauf quelques rescapés.” » Tous les hommes, qui savaient bien que leurs femmes offraient des sacrifices à des dieux étrangers, et toutes les femmes, qui formaient là une grande assemblée, bref tous ceux qui s'étaient installés en Égypte, à Patros, répondirent à Jérémie: «Tu prétends que tu nous parles de la part du Seigneur, mais nous refusons de t'écouter. Nous ferons plutôt ce que nous avons promis: nous présenterons des offrandes de parfum et de vin à la déesse Astarté, la Reine du ciel, comme nous l'avons fait jusqu'ici, ainsi que nos parents, nos rois et nos ministres, dans les villes de Juda et les rues de Jérusalem. Alors nous avions suffisamment à manger, tout allait bien pour nous et nous ne connaissions pas le malheur. Mais depuis que nous avons cessé de présenter ces offrandes de parfum et de vin à la Reine du ciel, nous manquons de tout et nous sommes épuisés par la guerre et la famine.» Et les femmes ajoutèrent: «Lorsque nous offrons des sacrifices à la Reine du ciel, nos maris ne sont-ils pas d'accord avec nous? Ils savent bien que nous faisons pour elle des gâteaux qui la représentent et que nous lui apportons des offrandes de vin.» Jérémie dit alors à tous ces gens, hommes et femmes, qui venaient de lui répondre ainsi: «Dans les villes de Juda et dans les rues de Jérusalem, vous offriez déjà ces sacrifices, vous-mêmes, vos parents, vos rois, vos ministres et vos concitoyens. N'est-ce pas vrai? Croyez-vous que le Seigneur ne l'ait pas remarqué ou qu'il l'ait oublié? Non, le Seigneur ne pouvait plus supporter vos agissements, vos pratiques scandaleuses; c'est pourquoi votre pays a été ruiné, effroyablement dévasté, vidé de ses habitants, et on le cite comme exemple pour prononcer une malédiction, tout le monde peut le constater. Ce malheur qui vous frappe aujourd'hui vous est arrivé parce que vous avez offert des sacrifices à des dieux étrangers et que vous vous êtes rendus coupables envers le Seigneur: vous n'avez pas écouté ce qu'il vous disait et vous n'avez pas suivi son enseignement, ses commandements et ses avertissements.» Jérémie dit encore à tous ces gens, hommes et femmes: «Écoutez ce que déclare le Seigneur, vous tous, gens de Juda qui êtes en Égypte. Voici en effet ce que déclare le Seigneur de l'univers, Dieu d'Israël: “Vous-mêmes et vos femmes avez annoncé que de toute façon vous tiendriez vos promesses à l'égard de la Reine du ciel, et que vous lui présenteriez donc des offrandes de parfum et de vin; et vous l'avez fait. Eh bien, tenez ces engagements, faites ce que vous avez promis! Mais alors, vous tous, écoutez bien ce que je vous annonce; c'est moi, le Seigneur, qui vous le dis; je le jure par mon grand nom: dans toute l'Égypte aucun homme de Juda ne prononcera jamais plus mon nom pour prêter serment en disant: ‘Par le Seigneur, le Dieu vivant…’ Je m'appliquerai à vous envoyer non pas du bonheur mais du malheur. Tous les gens de Juda qui sont en Égypte mourront jusqu'au dernier par la guerre ou la famine. Quelques-uns seulement pourront échapper à la guerre et revenir d'Égypte au pays de Juda. Alors les survivants de ces gens de Juda qui étaient venus se réfugier en Égypte reconnaîtront si c'est ma parole ou si c'est la vôtre qui se réalise. J'interviendrai ici même contre vous, déclare le Seigneur; je vais vous en donner un signe. Ainsi vous reconnaîtrez que je réaliserai sûrement le malheur que je vous ai annoncé. Ce signe, le voici: Je vais livrer le roi d'Égypte, le Pharaon Hofra, à ceux qui veulent sa mort, comme j'ai livré le roi Sédécias de Juda à son mortel ennemi, Nabucodonosor, le roi de Babylone. C'est moi, le Seigneur, qui le déclare.” » Lorsque Baruc, fils de Néria, fixa par écrit les messages que le prophète Jérémie lui dictait, il y avait quatre ans que Joaquim, fils de Josias, était roi de Juda. C'est alors que Jérémie dit à Baruc: «Voici ce que le Seigneur, Dieu d'Israël, déclare à ton sujet, Baruc. Tu dis: “Ah! que tout va mal pour moi! J'avais déjà bien des soucis, et le Seigneur y ajoute de nouveaux ennuis. Je suis fatigué de soupirer, et je ne trouve aucun répit!” Eh bien, voici ce que le Seigneur m'a chargé de déclarer: “Je suis en train de démolir ce que j'avais bâti et de déraciner ce que j'avais planté; je bouleverse le pays tout entier. Et toi, tu oses réclamer un avantage personnel? Ne réclame rien, car le malheur que je vais envoyer atteindra tout ce qui vit, déclare le Seigneur. Pourtant je te ferai gagner ceci: Tu auras la vie sauve partout où tu voudras aller.” » Parole du Seigneur que le prophète Jérémie reçut concernant les nations. Au sujet de l'Égypte et de l'armée du roi d'Égypte, le Pharaon Néco. Celui-ci se trouvait à Karkémich, au bord de l'Euphrate, lorsque le roi Nabucodonosor de Babylone lui infligea une défaite. C'était la quatrième année du règne de Joaquim, fils de Josias et roi de Juda. Les officiers hurlent: «Préparez les boucliers, les grands et les petits. Avancez pour le combat. Attelez les chevaux, en selle, cavaliers! Mettez le casque! A vos rangs! Astiquez les lances, revêtez les cuirasses.» Mais que se passe-t-il? Que vois-je? Ils perdent courage, ils cèdent du terrain. Leurs troupes d'élite sont battues, c'est le sauve-qui-peut, personne ne se retourne; c'est la terreur de toutes parts, déclare le Seigneur. Inutile aux plus rapides de vouloir se sauver! Inutile aux troupes d'élite de vouloir échapper! Là-bas, vers le nord, sur les bords de l'Euphrate, ils trébuchent, et c'est la chute. Qui donc ressemble au Nil en crue, à ce fleuve aux eaux bouillonnantes? C'est l'Égypte. Elle disait: «Comme le Nil en crue, comme ses eaux bouillonnantes, je vais inonder la terre et anéantir les villes avec leurs habitants. A l'assaut, les chevaux, à toute allure, les chars! En avant, les troupes d'élite, gens de Kouch et de Pouth, porteurs du petit bouclier, et gens de Loud, armés de l'arc!» Mais pour le Seigneur, pour le Dieu de l'univers, c'est le jour attendu, le jour de la revanche contre ses adversaires. L'épée est comme un monstre qui dévore à sa faim et s'enivre de leur sang. Quel carnage pour le Seigneur, pour le Dieu de l'univers, au pays du nord, sur les bords de l'Euphrate! Malheureuse Égypte, monte jusqu'en Galaad y chercher du baume calmant… Mais il est inutile de multiplier les soins: ta blessure ne guérira pas. Les nations ont appris comment tu as été humiliée, car ta plainte s'entend partout. Le héros heurte un autre héros, ils trébuchent et tombent tous les deux. Parole que le Seigneur adressa au prophète Jérémie, quand le roi Nabucodonosor de Babylone arriva pour attaquer l'Égypte: «Annoncez la nouvelle en Égypte, faites-la connaître à Migdol, à Memphis et à Tapanès. Dites-leur: “A vos postes, aux armes!” Car la guerre a déjà englouti vos voisins. Mais que se passe-t-il? Ton taureau sacré est à terre; il n'a pas résisté à la poussée du Seigneur, qui fait trébucher et tomber une foule de soldats. Ils se disent l'un à l'autre: “Allons, retournons chez nous, dans notre patrie, fuyons les horreurs de la guerre.” Quant au Pharaon, le roi d'Égypte, qu'on lui attribue ce surnom: “Beaucoup de bruit pour rien ”! Par ma vie, j'en fais le serment, dit le Roi, qui a pour nom “le Seigneur de l'univers”: l'ennemi viendra, c'est aussi sûr que le Tabor est une montagne et que le Carmel domine la mer! Population d'Égypte, c'est le moment pour toi de ramasser tes affaires pour partir en exil. Car la ville de Memphis va devenir un désert sinistre, une ruine inhabitée. Quelle jolie bête, l'Égypte! Mais, venant du nord, une mouche piquante est arrivée sur elle. Les soldats mercenaires, en Égypte, étaient l'objet de tous les soins. Or même eux font demi-tour, tous, ils prennent la fuite. Aucun ne résiste quand arrive le jour du désastre, quand j'interviens contre eux. Ses troupes s'esquivent sans plus de bruit qu'un serpent dès que les ennemis arrivent en force contre elle, tels des bûcherons brandissant leur hache. Ils abattent sa forêt, son impénétrable forêt; c'est ce qu'annonce le Seigneur. Ils arrivent en masse, comme un nuage de sauterelles, innombrables. C'est la honte pour l'Égypte: elle tombe au pouvoir d'un peuple venu du nord.» Le Seigneur de l'univers, le Dieu d'Israël, annonce: “Je vais intervenir contre Amon, le dieu de Thèbes, contre l'Égypte, ses dieux et ses rois – contre le Pharaon et ceux qui comptent sur lui. Je vais les livrer à ceux qui désirent leur mort: le roi Nabucodonosor de Babylone et ses troupes. Plus tard l'Égypte pourra retrouver son ancienne situation.” Voilà ce que déclare le Seigneur. «Toi, Israël mon serviteur, n'aie donc pas peur; ne perds pas courage, toi qui descends de Jacob, car je viens te sauver de ces régions lointaines. Je viens sauver tes enfants du pays où ils sont exilés. Israël, tu retrouveras tranquillité et sécurité, on ne vous inquiétera plus. Toi, Israël mon serviteur, n'aie donc plus peur, déclare le Seigneur, car je suis avec toi. Je veux en finir avec toutes les nations chez lesquelles je t'ai dispersé, mais non pas avec toi, bien que j'aie dû te corriger comme il fallait. Je ne pouvais tout de même pas te traiter en innocent!» Parole du Seigneur que le prophète Jérémie reçut concernant les Philistins. C'était avant que le Pharaon vienne attaquer Gaza. Voici ce que déclare le Seigneur: «Un flot qui grossit arrive du nord; c'est bientôt un torrent impétueux, inondant le pays et ce qui s'y trouve, les villes et leurs populations. Les gens se mettent à crier, tous les habitants du pays entonnent une complainte. On entend les chevaux frapper le sol de leurs sabots, le grondement des chars, le fracas des roues. Les parents en oublient leurs enfants, ils se tiennent là, les bras ballants. C'est que le jour de la dévastation est venu pour tous les Philistins, si bien qu'il ne reste personne pour aider Tyr et Sidon. Le Seigneur ravage tout chez les Philistins, ces survivants de l'île de Kaftor. A Gaza, les têtes sont tondues, c'est le deuil. A Ascalon, c'est un silence de mort. Vous, les survivants des géants, jusqu'à quand vous entaillerez-vous le corps? Vous dites: “Hélas, épée du Seigneur, ne prendras-tu jamais du repos? Rentre dans ton fourreau, reste tranquille, arrête.” – Mais comment prendrait-elle du repos? Le Seigneur lui a donné des ordres, et lui a confié comme objectif Ascalon et le bord de la mer.» Au sujet de Moab. Voici ce que déclare le Seigneur de l'univers, le Dieu d'Israël: «Quel malheur pour les gens de Nébo: leur ville est dévastée! Consternation pour Quiriataïm: la voilà conquise! Consternation pour cette citadelle: elle ne réagit plus! La gloire de Moab, c'est fini. On a fait de méchants projets contre la ville de Hèchebon: “Allons, rayons-la du nombre des nations!” Toi aussi tu es ruinée, Madmen, la guerre te poursuit. On entend des appels au secours provenant de Horonaïm: Quel grand et terrible désastre! C'est fini pour Moab, on entend ses cris jusqu'à Soar. Les survivants sont en larmes, en suivant la montée de Louhith. A la descente de Horonaïm, on entend crier au désastre: “Fuyez d'ici, sauve-qui-peut! Restez dans le désert, comme l'âne sauvage.” Moab, tu te fiais à tes réalisations, à tes réserves. Mais te voilà pris, toi aussi! Ton dieu Kemoch part en exil avec tes prêtres et avec tes princes. Le destructeur passe de ville en ville, aucune n'est épargnée. Tout a péri dans la vallée, et le plateau est ravagé.» C'est ce qu'a dit le Seigneur. Qu'on donne des ailes à Moab, qu'il parte à tire d'aile! Ses villes seront sinistrées, privées de tous leurs habitants. Que le Seigneur maudisse tous ceux qui font son travail avec mollesse et privent son épée de sang! «Depuis sa jeunesse Moab vivait sans souci: il n'avait jamais été déporté. Il restait tranquille, comme un vin qui a le temps de laisser déposer sa lie. On ne l'avait jamais transvasé, il avait conservé son goût et tout son arôme. «C'est pourquoi, déclare le Seigneur, un de ces jours je vais lui envoyer des gens pour le transvaser. Ils videront les jarres qui le contiennent et les mettront en pièces. Moab sera déçu par son dieu Kemoch, comme le royaume d'Israël a été déçu par le dieu de Béthel, en qui il avait mis toute sa confiance. «Gens de Moab, comment pouvez-vous dire: “Nous sommes des soldats d'élite, des hommes faits pour la guerre”? Moab est dévasté, on monte à l'assaut de ses villes et on fait descendre à l'abattoir les meilleurs de ses jeunes gens.» Voilà ce que déclare le grand Roi, qui a pour nom le Seigneur de l'univers: Pour Moab la ruine approche, le malheur vient en toute hâte. Vous tous, les peuples voisins qui le connaissez bien, présentez-lui vos condoléances. Dites: «Comment est-il possible que soit brisée une telle puissance, un pouvoir aussi glorieux?» Population de Dibon, descends du haut de ta gloire, assieds-toi dans les ordures, car le destructeur de Moab monte à l'assaut contre toi, il démolit tes fortifications. Population d'Aroër, tiens-toi sur le chemin et fais le guet. Demande aux fuyards, aux rescapés ce qui est arrivé. «C'est la honte et l'abattement pour Moab», répondront-ils. Poussez des cris, des hurlements; annoncez sur les bords de l'Arnon que Moab est dévasté. C'est le jugement du Seigneur qui frappe la région du plateau et les villes de Holon, Yahas, Méfaath, Dibon, Nébo, Beth-Diblataïm, Quiriataïm, Beth-Gamoul, Beth-Méon, Querioth et Bosra. Il atteint toutes les villes du pays de Moab, proches ou lointaines. «La force de Moab est cassée, son pouvoir est brisé», déclare le Seigneur. Moab s'est cru supérieur au Seigneur. Qu'on l'enivre donc jusqu'à ce qu'il vomisse son vin et qu'à son tour il fasse rire tout le monde de lui. Moab, rappelle-toi comment tu te moquais d'Israël. Tu semblais le prendre pour un voleur, car tu ne parlais jamais de lui sans hocher la tête d'un air moqueur. Quittez les villes, gens de Moab, installez-vous sur les rochers. Imitez la colombe qui fait son nid de l'autre côté du précipice. Nous avons entendu parler de l'orgueil de Moab, de sa fierté démesurée, de sa prétention hautaine, de son arrogance, de son esprit de supériorité. «Moi aussi je le sais, déclare le Seigneur: il exagère, il se vante; mais ce qu'il fait est sans valeur.» C'est pourquoi, quand je pense à Moab, j'entonne une complainte, j'appelle au secours pour tout ce peuple, je jette des cris plaintifs à propos des gens de Quir-Hérès. Je pleure sur toi, vigne de Sibma, plus que sur les gens de Yazer. Tu avais allongé tes pousses au-delà de la mer Morte, elles atteignaient Yazer. Mais le destructeur s'est jeté sur tes fruits, sur ta vendange. La joie bruyante a disparu des vergers de Moab. Il n'y a plus de vin dans les cuves, plus d'hommes pour fouler le raisin; on n'entend plus leurs cris cadencés. Les gens de Hèchebon appellent au secours. On les entend jusqu'à Élalé; on perçoit leur voix jusqu'à Yahas, et de Soar jusqu'à Horonaïm et Églath-Selissia. Car même l'oasis de Nimrim est sinistrée. «J'éliminerai de Moab ceux qui vont au lieu sacré offrir des sacrifices à leurs dieux», déclare le Seigneur. C'est pourquoi mon chant s'élève sur Moab et sur les gens de Quir-Hérès, plaintif comme un air de flûte: tout ce qu'ils avaient gagné est perdu. Les hommes ont tous tondu leurs cheveux et coupé leur barbe, ils se sont entaillé les mains et portent la tenue de deuil. Sur toutes les terrasses des maisons de Moab et sur les places on n'entend plus que des lamentations. «J'ai cassé Moab comme un pot dont on ne veut plus», déclare le Seigneur. Entonnez une complainte: «Comme le voilà abattu! Et quelle honte pour lui d'avoir tourné le dos!» Pour tous ses voisins Moab sera désormais un sujet d'horreur et de désarroi. Voici ce que déclare le Seigneur: «On dirait qu'un vautour, ailes déployées, plane au-dessus de Moab.» Les villes sont prises, les forteresses conquises. Alors les meilleurs soldats de Moab ressentent la même angoisse qu'une femme au moment d'accoucher. Moab est supprimé, il n'existe plus comme peuple: il s'est cru supérieur au Seigneur. «Terreur, fosse et filet: tout cela est pour vous, habitants de Moab, déclare le Seigneur. Celui qui fuit la terreur tombera au fond de la fosse. S'il peut en remonter, il se prendra au filet. Je fais venir sur Moab l'année où il devra rendre compte, déclare le Seigneur. Les fuyards, à bout de forces, cherchent un abri dans Hèchebon. Mais un feu jaillit de la ville; du palais du roi Sihon une flamme part dévorer le pays de ces gens si bruyants, des frontières jusqu'au centre. Quel malheur pour toi, Moab! Tu péris, peuple du dieu Kemoch. Tes fils et tes filles sont emmenés prisonniers. Mais un jour, déclare le Seigneur, je rétablirai Moab.» Ici prend fin la sentence que le Seigneur a prononcée sur Moab. Au sujet des Ammonites. Voici ce que déclare le Seigneur: «Pourquoi le dieu Milkom a-t-il annexé le territoire de Gad? Pourquoi les Ammonites occupent-ils des villes israélites? Israël n'a-t-il pas de fils qui puissent en être les héritiers?» C'est pourquoi le Seigneur déclare: «Je vais faire entendre les cris de guerre dans Rabba, la capitale ammonite. Elle ne sera bientôt plus qu'une butte déserte et sinistre, tandis que les villages voisins seront dévorés par le feu. Alors Israël reprendra ce qui lui appartenait.» Voilà ce que dit le Seigneur. Gens de Hèchebon, entonnez une complainte: «La ville d'Aï est dévastée.» Lancez des appels au secours, villages voisins de Rabba. Mettez la tenue de deuil, entonnez une complainte, errez çà et là dans les enclos: le dieu Milkom part en exil avec ses prêtres et avec ses princes. Ah, Rabba, fille rebelle! tu te vantais de ta vallée, de ta luxuriante vallée; tu te fiais à tes réserves. «Qui oserait m'attaquer?», demandais-tu. «Eh bien, déclare le Seigneur, le Dieu de l'univers, j'introduis chez toi la panique; elle vient de tous les environs. Vous serez tous chassés droit devant vous, et il n'y aura personne pour regrouper les fuyards. Mais après cela je rétablirai les Ammonites.» Voilà ce que déclare le Seigneur. Au sujet d'Édom. Voici ce que déclare le Seigneur de l'univers: «N'y a-t-il plus de sages à Téman? Ses philosophes ont-ils perdu la raison? Leur sagesse est-elle rouillée? Demi-tour, fuyez, gens de Dédan, installez-vous au fond des cavernes, car je vous apporte la ruine, descendants d'Ésaü; j'interviens contre vous, c'est le moment. Quand les vendangeurs viendront chez vous, ils ne laisseront pas une grappe. La nuit où les voleurs entreront, ils feront des dégâts jusqu'à ce qu'ils en aient assez. C'est moi qui vais vous dépouiller, descendants d'Ésaü, qui vais découvrir vos cachettes: vous ne pourrez plus vous dissimuler. C'est la catastrophe pour votre race. Pas un voisin ne pourra dire: Quand vous ne serez plus là, je ferai vivre vos orphelins, et vos veuves pourront compter sur moi.» Voici ce que déclare le Seigneur: «Écoutez bien: ceux que je n'avais pas condamnés à boire la coupe ont dû la boire quand même. Et toi, Édom, tu voudrais être traité en innocent? Il n'en est pas question. Cette coupe, tu la boiras! J'en fais le serment: Aussi vrai que je suis Dieu, ta capitale Bosra deviendra un sujet d'horreur et d'effroi, un champ de ruines que l'on citera comme exemple pour prononcer une malédiction. Et les villes voisines ne seront plus que des ruines éternelles.» Voilà ce que déclare le Seigneur. Le Seigneur m'a fait entendre ce message qu'un envoyé apporte aux nations: «Rassemblement! En marche contre Édom! En avant! A l'attaque!» «Édom, je vais faire de toi la dernière des nations, celle que tout le monde méprise. Tu effarouchais tout le monde, tu te croyais supérieur, mais tu te faisais des illusions. Toi qui habites les trous de rocher, qui t'accroches sur les hauteurs, même si tu as hissé ton nid aussi haut que celui de l'aigle, je t'en ferai redescendre.» Voilà ce que déclare le Seigneur. «Édom deviendra un champ de ruines; tous les passants en auront le frisson et siffleront d'horreur en voyant les dégâts qu'il aura subis. Ce sera comme le bouleversement de Sodome, de Gomorrhe et des villes voisines, dit le Seigneur. Personne n'habitera plus chez toi, aucun humain n'y séjournera plus.» «Je serai comme un lion qui sort des fourrés du Jourdain vers une oasis, dit le Seigneur: en un clin d'œil j'en ferai déguerpir tout le monde. Alors j'établirai sur Édom le chef que j'aurai choisi. Qui, en effet, peut m'être comparé? Qui oserait me demander des comptes? Et quel est le dirigeant qui pourrait me résister?» Écoutez donc quel projet le Seigneur a fait contre Édom, quels plans il a préparés contre les habitants de Téman: Soyez-en sûrs, on les emmènera comme du bétail, jusqu'au dernier. Soyez-en sûrs, leur propre domaine les rejettera avec horreur. Au bruit de leur chute la terre tremble; leurs appels au secours s'entendent jusqu'à la mer des Roseaux. On dirait qu'un vautour, ailes déployées, s'élève et plane au-dessus de Bosra. Ce jour-là, les meilleurs soldats d'Édom ressentiront la même angoisse qu'une femme au moment d'accoucher. Au sujet de Damas. «C'est la consternation dans les villes de Hamath et d'Arpad. Elles ont appris la mauvaise nouvelle et sont saisies d'inquiétude. La mer est troublée, impossible à calmer. Les gens de Damas ont perdu courage, ils ont fait demi-tour pour s'enfuir, ils sont pris de panique, saisis d'angoisse et de douleurs comme une femme au moment d'accoucher. Non, comment est-il possible qu'elle soit abandonnée, cette ville célèbre, cette cité joyeuse? Ainsi ses jeunes gens tomberont sur les places, tous ses soldats perdront la vie ce jour-là, annonce le Seigneur de l'univers. Je mettrai le feu à la ville de Damas; il dévorera le palais de Ben-Hadad.» Au sujet des Arabes de Quédar et des royaumes de Hassor, qui furent vaincus par le roi Nabucodonosor de Babylone. Voici ce que déclare le Seigneur: «Allons, à l'assaut contre Quédar! Dévastez tout chez les gens du désert. Qu'on prenne leurs tentes et leurs troupeaux, leurs abris et tous leurs bagages! Qu'on emmène leurs chameaux, et que l'on crie à leur sujet: “C'est la terreur de toutes parts! ” Gens de Hassor, fuyez partout, installez-vous au fond des cavernes, déclare le Seigneur. Le roi Nabucodonosor de Babylone a un projet contre vous, il a préparé un plan. Allons, déclare le Seigneur, à l'assaut contre ces gens sans souci, qui croyaient vivre en sécurité, qui n'ont ni porte ni serrure, et qui vivent à l'écart! L'ennemi prendra leurs chameaux et leurs nombreux troupeaux comme butin. Je disperserai à tous les vents ces populations aux tempes rasées. De toutes parts je leur apporte la ruine, déclare le Seigneur. La ville de Hassor deviendra un repaire de chacals, un désert sinistre pour toujours. Personne n'y habitera plus, aucun humain n'y séjournera.» Parole du Seigneur que le prophète Jérémie reçut concernant les Élamites. C'était au début du règne de Sédécias, roi de Juda. Voici ce que déclare le Seigneur de l'univers: «Je vais casser l'arc d'Élam, la source de sa puissance. Du nord et du sud, de l'est et de l'ouest, j'envoie les quatre vents en direction d'Élam. «Je vais disperser les Élamites en tous sens. Il y aura des réfugiés élamites dans tous les pays sans exception. J'intimiderai les Élamites devant leurs adversaires, devant ceux qui désirent leur mort. Dans mon ardente indignation je leur enverrai le malheur. Je les poursuivrai par la guerre jusqu'à en finir avec eux. J'éliminerai d'Élam le roi et les ministres, pour y dresser mon propre trône.» Voilà ce que déclare le Seigneur. «Mais un jour, ajoute le Seigneur, je rétablirai Élam.» Parole que le Seigneur prononça sur Babylone et la Babylonie par l'intermédiaire du prophète Jérémie. «Annoncez cette nouvelle aux nations, faites-la connaître par signaux, proclamez-la sans rien cacher: Babylone est prise, c'est la honte pour ses idoles, l'abattement pour ses faux dieux, oui, la honte pour Bel, l'abattement pour Mardouk. Une nation marche contre elle, en provenance du nord, et va changer son pays en un désert sinistre, sans âme qui vive. Hommes et bêtes, tous auront fui, tous auront disparu. C'est alors, déclare le Seigneur, qu'Israélites et Judéens viendront d'un même pas, marchant tout en pleurant pour me chercher, moi leur Dieu. Ils demanderont le chemin qui conduit à Sion, le but de leur voyage. Ils viendront s'associer à moi pour une alliance éternelle, qu'ils n'oublieront jamais. Mon peuple n'était plus qu'un troupeau de brebis perdues. Ses bergers les avaient égarées, les laissant errer sur les montagnes. Elles allaient d'une hauteur à l'autre et avaient oublié leur enclos. Les premiers adversaires venus n'en faisaient qu'une bouchée, tout en disant: “Il n'y a pas de mal à cela, ces gens sont coupables envers le Seigneur, la demeure du salut, l'espoir de leurs ancêtres.” Fuyez hors de Babylone dit le Seigneur, partez de ce pays, forcez le passage, tels des boucs devant le troupeau. Car je vais réveiller un groupe de grandes nations et les lancer à l'attaque contre Babylone. Ces gens arriveront du nord, prendront position contre elle et s'en empareront. Leurs flèches ne manquent pas leur but, pas plus qu'un soldat d'élite ne revient les mains vides. Le pays des Babyloniens n'échappera pas au pillage; tous ceux qui le dépouilleront s'en donneront à cœur joie, déclare le Seigneur. Ah, vous pouvez vous réjouir, vous pouvez vous féliciter, vous qui avez saccagé ce qui m'appartenait! Vous pouvez faire des bonds comme des veaux dans l'herbe tendre, et pousser des hennissements comme des étalons! Voyez plutôt votre mère patrie: elle est plongée dans la honte, c'est le déshonneur pour elle. La voilà devenue la dernière des nations, un désert, une steppe aride.» L'irritation du Seigneur lui vaut de rester inhabitée, tout entière sinistrée. Tous ceux qui passent près d'elle en ont le frisson, ils sifflent d'horreur à la vue des dégâts qu'elle a subis. Vous tous, les tireurs à l'arc, venez prendre position tout autour de Babylone. Lâchez vos flèches sur elle, ne les économisez pas, car elle est coupable envers le Seigneur. Lancez de toutes parts vos cris de guerre contre elle. La voilà qui se rend, bras levés, ses tours sont démolies, ses murailles effondrées. C'est la revanche du Seigneur, vengez-vous donc de Babylone, faites-lui ce qu'elle a fait aux autres. Privez-la de ses semeurs et de ses moissonneurs. Devant les horreurs de la guerre, que chacun rentre chez les siens, qu'il se sauve dans son pays! Israël n'était plus qu'une brebis égarée que les lions pourchassaient. Le premier à en manger fut le roi d'Assyrie. Après quoi, vint le roi Nabucodonosor de Babylone, qui lui brisa les os. Voici donc ce que déclare le Seigneur de l'univers: «Je vais intervenir contre le roi de Babylone et contre son pays, comme je suis intervenu autrefois contre le roi d'Assyrie. Mais je reconduirai Israël jusqu'à son pâturage. Il trouvera sa nourriture au mont Carmel et au Bachan; à la montagne d'Éfraïm et au pays de Galaad il ne manquera de rien. Je le déclare, moi le Seigneur: on aura beau chercher alors quels sont les torts d'Israël, ils auront disparu, et quelle est la faute de Juda, on ne trouvera rien. Car je donnerai mon pardon à ceux que je laisserai en vie. Tous au pays de l'eau saumâtre! A l'attaque contre lui et contre les gens de Pécod! Qu'on les massacre, qu'on les extermine jusqu'au dernier, déclare le Seigneur! Qu'on fasse tout ce que j'ai ordonné! Dans le pays, quel bruit de bataille, quel grand désastre! Comment est-ce possible? Babylone était un marteau fracassant toute la terre; or la voilà cassée, en miettes. Parmi les nations elle n'est plus qu'un désert sinistre. Comment est-ce possible? Je t'ai préparé un piège, Babylone, et tu t'y es fait prendre, sans même t'en rendre compte; tu te retrouves prisonnière, car c'est à moi, le Seigneur, que tu t'es attaquée.» Le Seigneur ouvre sa réserve; avec les armes qu'il en tire il va montrer sa fureur. Au pays de Babylone on va voir le travail du Seigneur, le Dieu de l'univers. Qu'on vienne de partout jusqu'à elle, qu'on éventre ses greniers, qu'on mette en tas le butin et qu'on détruise la ville! Qu'il n'en reste rien! Qu'on tue tous ses meilleurs soldats, qu'ils descendent à l'abattoir! Quel malheur pour eux! car le jour est venu où le Seigneur intervient contre eux. Écoutez: ce sont les fuyards, les rescapés de Babylonie, qui apportent la nouvelle à Sion: «Le Seigneur notre Dieu t'a vengée, il a vengé son saint temple.» Convoquez tous les tireurs à l'arc, envoyez-les contre Babylone. Qu'ils dressent leur camp autour d'elle et lui coupent toute retraite! Qu'on lui rende le mal qu'elle a fait, qu'on lui fasse subir ce qu'elle a infligé aux autres! Car elle s'est montrée insolente envers le Seigneur, l'unique vrai Dieu, le Dieu d'Israël. «Ainsi ses jeunes gens tomberont sur les places, tous ses soldats périront ce jour-là», annonce le Seigneur. «Je m'en prends à toi, orgueilleuse Babylone, déclare le Seigneur, le Dieu de l'univers. Ton tour est venu, c'est le moment pour moi d'intervenir contre toi. L'orgueilleuse trébuche et tombe; personne pour la relever. Je mets le feu à ses villes, il dévorera tout ce qui est autour.» Voici ce que déclare le Seigneur de l'univers: «Les gens d'Israël sont victimes de l'oppression, et ceux de Juda tout autant. Ceux qui les ont déportés les retiennent de force, refusant de les relâcher. Moi, leur défenseur, je suis fort, je suis le Seigneur de l'univers. Je prends en mains leur cause, pour apporter la paix à la terre, et le trouble aux gens de Babylone.» «Guerre aux Babyloniens, aux habitants de la capitale, à ses princes et à ses experts, déclare le Seigneur! Guerre à ses faiseurs d'oracles; qu'ils en perdent la raison! Guerre à ses soldats; qu'ils en perdent le moral! Guerre à ses chevaux, à ses chars, aux diverses peuplades qui combattent pour elle; qu'ils deviennent des femmelettes! Guerre à ses trésors; qu'ils soient livrés au pillage! Guerre à ses cours d'eau; qu'ils soient asséchés! Car c'est le pays des idoles, ces horreurs qui font perdre la tête à tous leurs adorateurs. C'est pourquoi chats sauvages et hyènes viendront hanter la ville, les autruches s'y établiront. Pour toujours Babylone restera dépeuplée, de siècle en siècle inhabitée. Je la bouleverserai comme je l'ai fait pour Sodome, pour Gomorrhe et les villes voisines, déclare le Seigneur. Personne n'y habitera plus, aucun humain n'y séjournera. Un peuple arrive du nord, une grande nation; de puissants rois sont en route depuis le bout du monde. Leurs soldats brandissent l'arc et le sabre, ils sont sauvages et sans pitié. Ils font autant de bruit que la mer quand elle mugit. Ils sont montés sur des chevaux et rangés pour la bataille, en ordre parfait, et c'est contre toi, Babylone! Le roi de Babylone apprend la nouvelle, les bras lui en tombent, l'angoisse le saisit comme une femme au moment d'accoucher. Je serai comme un lion qui sort des fourrés du Jourdain vers une oasis, dit le Seigneur: en un clin d'œil j'en ferai déguerpir tout le monde. Alors j'établirai à Babylone le chef que j'aurai choisi. Qui, en effet, peut m'être comparé? Qui oserait me demander des comptes? Et quel est le dirigeant qui pourrait me résister?» Écoutez donc quel projet le Seigneur fait contre Babylone, quels plans il a préparés contre les habitants du pays. Soyez-en sûrs, on les emmènera comme du bétail jusqu'au dernier. Soyez-en sûrs, leur propre domaine les rejette avec horreur. A cette nouvelle: «Babylone est prise», la terre tremble, une grande clameur s'élève dans toutes les nations. Voici ce que déclare le Seigneur: «Je vais faire souffler un vent destructeur sur Babylone et sur ses habitants. Je vais lâcher contre elle des gens qui l'éparpilleront comme la paille au vent, et qui ravageront son pays. En ce jour de malheur ils la cerneront de partout.» Que les archers tirent sur les archers adverses! Et que ceux-ci ne se vantent pas de leur cuirasse! N'épargnez pas ses jeunes soldats, exterminez son armée! Les blessés resteront étendus sur la terre de Babylone, les victimes du combat joncheront les rues. Car leur pays est plein de fautes contre l'unique vrai Dieu, le Dieu d'Israël. – Mais Israël et Juda n'ont pas perdu leur Dieu, le Seigneur de l'univers. – Fuyez hors de Babylone, que chacun se sauve! Ne payez pas de votre vie le crime qu'elle a commis. Pour le Seigneur, c'est en effet le moment de la revanche; il lui rend ce qu'elle mérite. Babylone était une coupe d'or dans la main du Seigneur. Elle enivrait le monde entier, les nations buvaient de son vin à en perdre la tête. Elle est soudain tombée, et la voilà en miettes. «Entonnez la complainte sur elle, procurez-vous du baume pour calmer ses maux. Peut-être guérira-t-elle?» – «Nous avons soigné Babylone, mais elle ne guérit pas. Abandonnons-la donc et rentrons chacun chez soi. Car la condamnation qui la frappe est quelque chose de colossal, aux dimensions de l'univers. Le Seigneur a jugé en notre faveur. Allons à Sion raconter ce qu'a fait le Seigneur notre Dieu.» Le Seigneur a un projet: détruire Babylone. Il encourage les rois de Médie à le réaliser. C'est sa revanche, il venge ainsi le temple qui lui est consacré. Aiguisez bien vos flèches, remplissez-en les carquois. Dressez le signal de l'attaque contre les murs de Babylone. Renforcez les postes de garde, postez des sentinelles, disposez des guetteurs. C'est ainsi que le Seigneur accomplit ce qu'il a décidé, ce qu'il a déclaré sur les gens de Babylone. Babylone, toi qui habites sur les bords du grand fleuve, toi qui possèdes tant de trésors, pour toi c'est la fin, la mesure est comble. Le Seigneur de l'univers en a fait le serment: «Aussi vrai que je suis Dieu, je te fais envahir par une nuée d'hommes, comme une nuée de sauterelles; ils pousseront contre toi le cri des combattants.» Le Seigneur a montré sa force en créant la terre; il a montré sa compétence en fondant le monde, et son intelligence en déployant le ciel. Sur un ordre de lui, les eaux s'accumulent au ciel, les gros nuages montent à l'horizon, les éclairs déclenchent la pluie, les vents sortent de ses réserves. Tout le monde reste là, stupide, sans comprendre. Ceux qui ont moulé leurs idoles sont tout honteux de les avoir faites, car leurs statuettes font illusion: elles n'ont aucun souffle de vie. C'est du vent, une œuvre ridicule. Tout cela sera balayé, quand le Seigneur interviendra. Il n'est pas comme elles, lui, le Trésor d'Israël, le Créateur de l'univers. C'est à lui qu'appartient la tribu d'Israël. Son nom: le Seigneur de l'univers. «Babylone, dit le Seigneur, tu étais pour moi une massue, une arme de guerre. Je me suis servi de toi pour mettre en pièces des nations et détruire des empires. Je me suis servi de toi pour mettre en pièces des chevaux et leurs cavaliers, des chars et leurs conducteurs. Je me suis servi de toi pour mettre en pièces des hommes et des femmes, des jeunes et des vieux, des garçons et des filles. Je me suis servi de toi pour mettre en pièces des bergers et leurs troupeaux, des laboureurs et leurs attelages, des gouverneurs et des préfets. Mais, déclare le Seigneur, vous allez voir maintenant comment je rends à Babylone et à ses habitants tout le mal qu'ils ont fait à Sion. Oui, je m'en prends à toi, Babylone, monstre destructeur, toi qui détruis tout sur la terre, déclare le Seigneur. Je tends mon poing contre toi, je te précipite du haut des rochers. Et je fais de toi un feu si monstrueux, qu'on ne pourra même plus prendre chez toi une pierre pour l'angle d'une maison ou pour ses fondations. Tu ne seras pour toujours qu'un désert sinistre», déclare le Seigneur. Dressez un signal dans le pays, sonnez du cor chez les nations; mobilisez tout le monde contre Babylone, convoquez les royaumes d'Ararat, de Minni et d'Achekénaz. Établissez des sergents recruteurs, envoyez des chevaux à l'attaque, comme un nuage de sauterelles. Mobilisez tout le monde contre elle, en particulier les rois de Médie, avec leurs gouverneurs et leurs préfets et tout le pays qu'ils administrent. La terre se met à trembler, elle frissonne de peur quand les projets du Seigneur se réalisent contre Babylone. Il fait du pays babylonien un territoire sinistre, complètement dépeuplé. Les meilleurs soldats de Babylone renoncent à combattre et se terrent dans les abris. Leur courage est à sec, on dirait des femmelettes. Les portes de la ville ont cédé, ses maisons sont en feu. Les messagers se relaient, ils courent à toutes jambes jusqu'au roi de Babylone, lui annoncer la nouvelle: la ville est prise d'un bout à l'autre, les passages sont occupés, les forts incendiés, les soldats démoralisés. Voici en effet ce que déclare le Seigneur de l'univers, le Dieu d'Israël: «La malheureuse Babylone est piétinée comme un terrain que l'on prépare pour battre le blé. D'ici peu viendra pour elle le temps de la moisson.» «Nabucodonosor, le roi de Babylone, m'a dévorée, pressurée, et laissée là comme un plat vide. Tel un monstre, il m'a engloutie, il s'est rempli le ventre de ce que j'avais de meilleur, avant de me rejeter. Que Babylone subisse la peine de la violence qu'elle m'a faite, dit la population de Sion! Que les Babyloniens paient le crime d'avoir versé mon sang, dit Jérusalem!» Voici donc ce que déclare le Seigneur pour Jérusalem: «Je prends ta cause en mains, je me charge de te venger: je vais assécher son fleuve et tarir sa source. Je vais faire de Babylone un tas de ruines, un repaire de chacals, une ville dépeuplée, qui provoquera la stupeur et l'horreur. Pour l'instant les gens de Babylone sont tous comme des lions rugissants, ils grondent comme des fauves. Tandis que leur désir s'échauffe, je leur prépare un festin: je vais les enivrer jusqu'au délire; ils s'endormiront pour toujours, pour ne jamais se réveiller, je le déclare, moi le Seigneur. Je les emmène à l'abattoir, comme des moutons, des béliers ou des boucs.» Comment est-ce possible? La ville de Chéchak, mondialement célèbre, est prise et occupée! Comment est-ce possible? Babylone n'est plus qu'un désert sinistre parmi les nations! La mer est montée jusqu'à elle, dans un grand fracas les eaux l'ont recouverte. Ses villes sont sinistrées, son pays est réduit en steppe désertique, sans plus un seul habitant, sans plus un seul passant. Le Seigneur annonce: «J'interviens contre Bel, le dieu de Babylone; je lui ferai recracher ce qu'il est en train d'avaler. Les nations cesseront d'affluer vers lui. La muraille de Babylone s'est écroulée. Vous, mon peuple, quittez la ville; que chacun se sauve pour éviter les effets de mon ardente indignation! «Gardez-vous de perdre courage et de prendre peur aux nouvelles que l'on colporte dans le pays. Tantôt c'est une rumeur, tantôt une autre, selon les années: violence sur la terre, coup d'état d'un dictateur qui en chasse un autre… Un de ces jours, j'interviendrai contre les idoles de Babylone. Dans tout le pays, ce sera la consternation. Dans la ville, les tués resteront étendus à terre. Dans le ciel et sur la terre, on entendra alors une grande clameur au sujet de Babylone, quand arriveront du nord ceux qui doivent la détruire.» Voilà ce que déclare le Seigneur. Dans le monde entier, des victimes sont tombées pour Babylone; c'est à son tour de tomber pour les Israélites ses victimes. Vous qui avez échappé à ses coups, partez, ne restez pas sur place. De là-bas, pensez au Seigneur, souvenez-vous de Jérusalem. «Quelle humiliation pour nous, quand nous entendions les insultes! La honte nous montait au front, quand des étrangers ont pénétré dans le sanctuaire du Seigneur.» «C'est pourquoi, déclare le Seigneur, un de ces jours j'interviendrai contre les idoles de Babylone. On entendra dans tout son pays le gémissement des blessés. Même si Babylone pouvait grimper au ciel et rendre là-haut sa retraite inaccessible, sur mon ordre les destructeurs parviendraient jusqu'à elle», déclare le Seigneur. Écoutez: on entend des appels venant de Babylone; le bruit d'un grand désastre arrive de son pays. C'est le Seigneur qui est en train de la détruire; il va faire taire ses grands cris. L'ennemi pousse des clameurs, comme les flots de la mer dans un bruit de tonnerre; le destructeur s'approche d'elle, il va l'attaquer, faire prisonniers ses héros et casser leurs arcs de guerre. Car le Seigneur est un Dieu qui sait rendre la pareille et user de représailles. «Je vais enivrer ses ministres et ses experts, ses gouverneurs, ses préfets et ses troupes d'élite. Ils s'endormiront pour toujours, pour ne jamais se réveiller, déclare le grand Roi, qui a pour nom le Seigneur de l'univers.» Et voici ce qu'il déclare encore: «Les larges murailles de Babylone sont complètement démolies, ses hautes portes sont incendiées: les peuples se donnent du mal pour rien, c'est pour du feu que les nations peinent!» «Quand tu seras arrivé à Babylone, tu prendras soin de lire à haute voix toutes ces paroles. Puis tu diras: “Seigneur, tu as toi-même annoncé que cette ville serait détruite, qu'il n'y resterait ni homme ni bête, qu'elle deviendrait un désert sinistre pour toujours.” Après avoir achevé la lecture de ce rouleau, tu y attacheras une pierre, tu le jetteras dans l'Euphrate, et tu prononceras ces paroles: “De la même manière Babylone disparaîtra et ne se relèvera plus du malheur que le Seigneur lui envoie.” » «Les nations peinent»: fin des paroles de Jérémie. Sédécias avait vingt et un ans quand il devint roi de Juda; il régna onze ans à Jérusalem. Sa mère s'appelait Hamoutal; elle était fille d'Irméya, de Libna. Sédécias fit ce qui déplaît au Seigneur, tout comme Joaquim. Ce qui se passa alors à Jérusalem et dans le royaume de Juda provoqua la colère du Seigneur, qui finit par rejeter son peuple loin de lui. Sédécias se révolta contre le roi Nabucodonosor de Babylone. Celui-ci vint alors à Jérusalem avec toute son armée. Ses troupes installèrent leur camp devant la ville et entourèrent Jérusalem de tranchées. C'était la neuvième année du règne de Sédécias, le dixième jour du dixième mois. Le siège dura jusqu'à la onzième année de son règne. La famine était devenue terrible dans la ville; il n'y avait plus de quoi nourrir la population. Le neuvième jour du quatrième mois, les Babyloniens ouvrirent une brèche dans la muraille de la ville. A la nuit tombée, les combattants de Juda s'enfuirent. Malgré les Babyloniens qui encerclaient la ville, ils quittèrent Jérusalem par la porte située entre les deux murailles près du jardin du Roi. Puis ils prirent le chemin qui mène à la vallée du Jourdain. Mais les troupes babyloniennes se lancèrent à la poursuite du roi Sédécias et le rattrapèrent dans la plaine de Jéricho; toute son armée l'avait abandonné. Les Babyloniens le firent prisonnier et le conduisirent au roi de Babylone, qui se trouvait à Ribla, au pays de Hamath. C'est là que Nabucodonosor rendit son jugement contre Sédécias. C'est là également qu'il fit exécuter les fils de Sédécias en présence de leur père, ainsi que tous les hauts fonctionnaires de Juda. Après quoi, le roi de Babylone fit crever les yeux de Sédécias et l'envoya solidement enchaîné à Babylone pour l'y jeter en prison; Sédécias y resta jusqu'au jour de sa mort. La dix-neuvième année du règne de Nabucodonosor, le dixième jour du cinquième mois, Nebouzaradan fit son entrée à Jérusalem; c'était le chef des gardes, un haut personnage de la cour du roi de Babylone. Il incendia le temple, le palais royal et les maisons de la ville, en particulier toutes celles des personnes de haut rang. Les troupes babyloniennes, qui accompagnaient le chef des gardes, démolirent les murailles qui entouraient Jérusalem. Ensuite Nebouzaradan déporta la population qui était restée dans la ville, dont quelques familles pauvres, et ceux qui s'étaient rendus au roi de Babylone, ainsi que les derniers artisans. Mais il laissa une partie de la population pauvre pour cultiver les vignes et les champs. Les Babyloniens mirent en pièces les colonnes de bronze qui se trouvaient à l'entrée du temple, ainsi que les chariots et la grande cuve de bronze placés dans la cour. Ils emportèrent tout ce bronze à Babylone. Ils prirent aussi tous les objets de bronze qui servaient pour le culte: récipients à cendres, pelles, mouchettes, bols à aspersion et coupes. Le chef des gardes prit encore tous les objets d'or et d'argent: bassines, cassolettes, bols à aspersion, récipients à cendres, chandeliers, coupes et vases. Il fut impossible de peser le métal représenté par tous les objets de bronze que le roi Salomon avait fait confectionner pour le temple du Seigneur: les deux colonnes, la grande cuve avec les douze taureaux qui la supportaient, et les chariots. Par exemple, les colonnes avaient chacune neuf mètres de haut et six mètres de tour; elles étaient creuses, avec une épaisseur de métal de quatre doigts. Elles étaient surmontées chacune d'un chapiteau de bronze, haut de deux mètres et demi et décoré tout autour d'une sorte de filet de bronze et de fruits de grenadier également en bronze. Les deux colonnes étaient identiques, ainsi que leurs décorations: quatre-vingt-seize fruits de grenadier sur les côtés, soit un total de cent fruits tout autour du filet. Le chef des gardes fit arrêter le grand-prêtre Seraya, son adjoint Sefania et les trois prêtres gardiens de l'entrée du temple. Il fit arrêter également un fonctionnaire responsable du personnel militaire, puis sept personnes de la cour du roi, enfin le secrétaire du chef de l'armée, chargé du recrutement, et soixante citoyens de Juda; tous ces gens se trouvaient alors à Jérusalem. Nebouzaradan les conduisit auprès du roi de Babylone, à Ribla. Celui-ci les fit exécuter sur place, au pays de Hamath. C'est ainsi que le peuple de Juda fut déporté loin de son territoire. Voici le compte des gens que Nabucodonosor fit déporter: la septième année: 3 023 Judéens; la dix-huitième année de son règne: 832 personnes de Jérusalem; la vingt-troisième année Nebouzaradan, le chef des gardes, fit encore déporter 745 Judéens. Au total 4 600 personnes. Trente-sept ans après la déportation du roi Joakin de Juda, Évil-Mérodak devint roi de Babylone. Le vingt-cinquième jour du douzième mois de cette année-là, il accorda sa grâce à Joakin et le fit sortir de prison. Il lui parla avec bonté et lui attribua un rang supérieur à celui des rois qui se trouvaient avec lui à Babylone. Joakin fut autorisé à ne plus porter la tenue des prisonniers, et désormais il prit toujours ses repas à la table du roi de Babylone. C'est ainsi que chaque jour jusqu'à sa mort, Joakin reçut du roi de Babylone ce qui était nécessaire à son entretien. Hélas! la voilà toute seule la cité autrefois si fréquentée! Elle, si renommée parmi les nations, la voilà comme veuve. Hier princesse dominant les provinces, la voilà réduite au travail des esclaves. Elle passe la nuit à pleurer, ses joues ruissellent de larmes. Parmi tous ses amis, plus personne pour la réconforter. Tous ses amis l'ont abandonnée, ils sont maintenant des ennemis pour elle. Accablée de misère et du pire esclavage, la tribu de Juda part en déportation. Elle vit chez les païens, mais sans trouver où se fixer. Ceux qui la poursuivaient l'ont rejointe en la coinçant dans une impasse. Les chemins qui vont à Sion sont dans le deuil, délaissés par ceux qui venaient à la fête. Ses places publiques sont désertées, ses prêtres soupirent de découragement. Ses jeunes filles sont désespérées. Que tout cela est amer pour Sion! Ses ennemis ont eu le dessus, ses adversaires sont tranquilles. C'est le Seigneur qui l'afflige pour ses nombreuses désobéissances. Ses jeunes enfants, poussés par les vainqueurs, partent vers la captivité. Sion voit s'en aller tout ce qui faisait sa gloire. Ses ministres font penser à des cerfs qui n'ont rien trouvé à brouter, et s'enfuient à bout de forces devant le chasseur. En ces jours où elle est errante et humiliée, Jérusalem se rappelle tout ce qu'elle avait de précieux depuis si longtemps. Quand son peuple est tombé aux mains de l'ennemi, sans personne pour lui porter secours, ses vainqueurs ont trouvé amusant de la voir ainsi réduite à rien. Jérusalem a commis des fautes graves, c'est pourquoi elle provoque le dégoût. Ceux qui la respectaient la méprisent, maintenant qu'ils la voient toute nue. Elle n'a plus qu'à se retirer en poussant des soupirs. Sa robe porte les traces de sa souillure. Elle n'avait pas prévu ce qui arriverait, et la voilà surprise d'être ainsi déchue, sans personne pour la réconforter. «Seigneur, dit-elle, vois ma misère, vois comme mon ennemi est triomphant.» Les vainqueurs ont fait main basse sur tous ses trésors. Elle a même vu les païens pénétrer dans son sanctuaire. Tu avais pourtant interdit, Seigneur, qu'ils prennent place dans ton assemblée. Son peuple soupire, découragé, cherchant quelque chose à manger. Il a donné ce qu'il avait de plus précieux pour du pain, pour refaire ses forces. «Seigneur, prie-t-elle, regarde et vois à quel point je suis méprisée.» Vous tous qui passez par ici, ce malheur ne vous a pas touchés; regardez et constatez: il n'y a pas de souffrance comparable à celle que je subis, à celle que le Seigneur m'a infligée, le jour où sa colère a éclaté. De là-haut, il a envoyé un feu et l'a fait pénétrer en moi. Il a tendu un piège sous mes pas et m'a renversée en arrière. Il m'a complètement isolée, j'en suis malade tous les jours. Il a l'œil sur mes fautes, elles forment comme un nœud dans sa main, elles montent jusqu'à mon cou. Le Seigneur a paralysé mes forces, il m'a livrée aux mains d'adversaires contre lesquels je ne peux rien. Le Seigneur a rejeté dans le mépris tous les vaillants soldats que j'avais chez moi. Il a mobilisé une armée contre moi, pour écraser mes jeunes gens. Il m'a écrasée, moi Sion de Juda, comme du raisin au pressoir. C'est sur ce malheur que je pleure toutes les larmes de mon corps. Il est loin, celui qui peut me réconforter et me rendre la force de vivre. Mes enfants sont perdus pour moi, l'ennemi était trop fort. Sion a beau tendre les mains en suppliant, personne pour la réconforter. Sur l'ordre du Seigneur, les voisins d'Israël sont devenus ses adversaires. Parmi eux, Jérusalem ne provoque plus que du dégoût. Le Seigneur a eu raison d'agir ainsi, car je m'étais opposée à ses ordres. Vous tous qui êtes ici, écoutez bien, et regardez ma souffrance: mes jeunes filles et mes jeunes gens partent vers la captivité. J'ai appelé ceux qui m'aimaient, pourtant ils m'ont laissée tomber. Mes prêtres et mes conseillers ont expiré dans la ville, alors qu'ils cherchaient quelque chose à manger pour refaire leurs forces. Seigneur, vois dans quelle détresse je suis, et quelle émotion me brûle. J'ai le cœur tout retourné de t'avoir été rebelle à ce point. Dans la rue, l'épée m'a privée de mes enfants, à la maison, on se croirait chez les morts. On m'entend soupirer: personne pour me réconforter. Mes ennemis ont tous appris mon malheur, ils sont ravis de ce que tu m'as infligé. Tu as fait lever le jour annoncé. Qu'ils aient le même sort que moi! Regarde bien leur méchanceté et traite-les comme tu m'as traitée pour toutes mes désobéissances. Tu vois, je ne fais que soupirer, j'en ai le cœur malade. Hélas, dans sa colère, le Seigneur maintient de bien sombres nuages sur Jérusalem! Du haut du ciel, il a jeté jusqu'à terre ce qui était la gloire d'Israël. Quand sa colère a éclaté contre Sion, il a oublié qu'elle était son marchepied. Sans pitié le Seigneur n'a fait qu'une bouchée du domaine de son peuple. Dans son emportement, il a démoli les villes fortifiées de Juda, Il a jeté à terre et déshonoré le royaume et ses dirigeants. Dans sa colère ardente, il a cassé tout ce qui faisait la fierté d'Israël. Il s'est retenu d'intervenir quand l'ennemi est arrivé. Chez son peuple il a allumé un incendie qui a tout dévoré autour de lui. Comme un ennemi il a tendu son arc, gardant sa main droite en position de tir. Il s'est montré notre adversaire, en massacrant ce que nous avions plaisir à voir. Il a déversé sa fureur comme un feu sur le temple de Sion. Le Seigneur s'est conduit comme notre ennemi, il n'a fait qu'une bouchée d'Israël et de toutes ses belles maisons; il a démoli ses fortifications, répandant partout dans le peuple de Juda plaintes et complaintes. Il a forcé la haie de son jardin, il a détruit le lieu où il nous rencontrait. A Sion, le Seigneur a fait oublier les jours de fête et de sabbat. En déchaînant sa colère, il a déshonoré aussi bien le roi que les prêtres. Le Seigneur ne veut plus de son autel, il a abandonné son lieu saint, il a laissé tomber aux mains de l'ennemi les belles maisons de Sion. Dans le temple, le vacarme était aussi fort que lors d'un jour de fête! Le Seigneur avait décidé de détruire les murailles de Sion. Il a étendu le cordeau à niveler, il n'a pas hésité à démolir. Il a mis en deuil l'avant-mur et le rempart, qui se délabrent l'un et l'autre. Les portes de la ville se sont écroulées, il a réduit en miettes ses fermetures. Roi et ministres sont aux mains des païens. Personne pour dire ce que Dieu veut; même les prophètes ne reçoivent plus de message venant du Seigneur. Les conseillers de Sion sont assis à terre et gardent le silence, ils ont jeté de la poussière sur leur tête, ils ont revêtu la tenue de deuil. Et les jeunes filles de Jérusalem baissent la tête vers la terre. Mes yeux s'épuisent à pleurer, l'émotion me brûle, je ne puis retenir mon désespoir devant le désastre qui atteint mon peuple, alors que les nourrissons meurent de soif sur les places de la cité. Les enfants demandent à leur mère: «Où y a-t-il quelque chose à manger?», tandis qu'ils défaillent, comme les blessés sur les places de la ville, et qu'ils expirent dans les bras de leur mère. Jérusalem, je ne sais plus que te dire; ta situation ne ressemble à aucune autre! Quel autre cas te citer, pour te consoler, pauvre Sion? Ton désastre est immense, comme la mer; personne ne pourrait t'en guérir. Tes prophètes n'ont eu pour toi que des messages mensongers et creux. Ils n'ont pas démasqué ta faute, ce qui aurait conduit à ton rétablissement. Leur message pour toi n'était que mensonge et poudre aux yeux. Tous ceux qui passent par ici applaudissent à ta ruine. Ils sifflent et hochent la tête pour se moquer de toi, Jérusalem: «Est-ce bien la ville qu'on appelait Beauté parfaite et Joie de toute la terre?» Tous ceux qui t'en veulent ouvrent la bouche pour te provoquer. Ils sifflent, te montrent des dents menaçantes. Ils disent: «Nous n'en avons fait qu'une bouchée. Le voilà venu, le jour que nous attendions: nous y sommes, nous le voyons enfin!» Le Seigneur a fait ce qu'il avait résolu, il a réalisé ce qu'il avait dit, ce qu'il avait décidé depuis longtemps: il a démoli sans pitié. Par ton malheur il a réjoui l'ennemi, il a renforcé l'orgueil de ton adversaire. D'un seul cœur Jérusalem a fait monter son cri vers le Seigneur. Muraille de Sion, jour et nuit, laisse couler tes larmes à torrents. Ne t'accorde aucun répit, que tes pleurs ne cessent pas! Ne te retiens pas: d'heure en heure, remplis la nuit de tes lamentations. Vide ton cœur en présence du Seigneur. Tends vers lui tes mains suppliantes pour la vie de tes jeunes enfants en train de mourir de faim à tous les coins de rue. Seigneur, regarde et vois qui tu traites ainsi. Des femmes peuvent-elles aller jusqu'à manger les enfants qu'elles ont mis au monde et choyés? Peut-on assassiner prêtres et prophètes jusque dans ton sanctuaire? Jeunes et vieux gisent pêle-mêle par terre au coin des rues. Mes filles et mes garçons sont tombés sous les coups de l'épée. Le jour de ta colère, tu les as tués, massacrés sans pitié. Comme pour un jour de fête, tu as invité mes redoutables voisins. Le jour où ta colère a éclaté, Seigneur, il n'y a eu ni rescapé ni survivant. Les enfants que j'avais élevés et choyés, l'ennemi les a exterminés. Je suis l'homme qui a connu la misère sous les coups furieux du Seigneur. Il m'a poussé devant lui, il m'a fait marcher non dans la lumière mais dans le noir. C'est sur moi seul qu'il continue à porter la main tous les jours. Il m'a fait dépérir de la tête aux pieds, il m'a brisé les os. Il a dressé autour de moi comme un mur d'amertume et de peine. Il m'a relégué dans l'obscurité comme les morts du passé. Il m'a emmuré pour m'empêcher d'en sortir, il m'a chargé de chaînes. J'ai beau crier au secours, il fait obstacle à ma prière. Il m'a barré la route avec des blocs de pierre et m'a engagé sur une fausse voie. Il a été pour moi un ours en embuscade, un lion tapi dans le fourré. Il m'a rendu la vie impossible, il m'a paralysé et laissé sans voix. Il a tendu son arc et m'a pris comme cible, il m'a transpercé les reins de toutes ses flèches. Tout le monde rit de moi, tous les jours on me ridiculise. Il m'a fait boire tout mon soûl d'amertume et m'a enivré de mélancolie. Il m'a obligé à croquer des cailloux et m'a piétiné dans la poussière. J'ai été privé d'une vie paisible, j'ai oublié ce qu'est le bonheur. Je le dis: je n'ai plus d'avenir, je n'attends plus rien du Seigneur. Je suis errant et humilié; y penser est un amer poison pour moi. Je n'en peux rien oublier et je reste accablé. Mais voici ce que je veux me rappeler, voici ma raison d'espérer: Les bontés du Seigneur ne sont pas épuisées, il n'est pas au bout de son amour. Sa bonté se renouvelle chaque matin. Que ta fidélité est grande, Seigneur! Je le dis: le Seigneur est mon trésor, voilà pourquoi j'espère en lui. Le Seigneur est bon pour qui compte sur lui, pour qui se tourne vers lui. Il est bon d'espérer en silence la délivrance que le Seigneur enverra. Il est bon pour l'homme d'avoir dû se plier à des contraintes dès sa jeunesse. Qu'il s'isole en silence quand le Seigneur lui impose une épreuve! Qu'il s'incline, la bouche dans la poussière, dans l'espoir que le Seigneur intervienne! Qu'il tende la joue à celui qui le frappe, et qu'il se laisse abreuver d'insultes! Car le Seigneur n'est pas de ceux qui rejettent pour toujours. Même s'il fait souffrir, il reste plein d'amour, tant sa bonté est grande. Ce n'est pas de bon cœur qu'il humilie et qu'il fait souffrir les humains. Quand on foule aux pieds tous les prisonniers d'un pays, quand on défie le Dieu très-haut en violant les droits de l'homme, quand on tord la justice dans un procès, le Seigneur ne le voit-il pas? Qui peut, d'un seul mot, provoquer l'événement? N'est-ce pas le Seigneur qui décide? N'est-ce pas la parole du Dieu très-haut qui suscite tout, malheur ou bonheur? Alors de quoi l'homme peut-il se plaindre, s'il est encore en vie, malgré ses fautes? Examinons de près notre conduite et revenons au Seigneur. Prions de tout notre cœur, en levant les mains vers Dieu qui est dans les cieux. Nous avons été des rebelles endurcis, et toi, Seigneur, tu ne nous l'as pas pardonné. Enfermé dans ta colère, tu nous as poursuivis, massacrés sans pitié. Tu t'es retiré derrière un nuage pour être inaccessible à notre prière. Tu as fait de nous des balayures, des ordures parmi les autres peuples. Tous nos ennemis ouvrent la bouche pour nous provoquer. Notre sort, c'est l'effroi, le vertige, la dévastation, le désastre. Mes yeux laissent couler des torrents de larmes à cause du désastre de mon peuple. Ils sont une source intarissable, car nous n'avons aucun répit. J'attends que le Seigneur se penche de là-haut pour regarder, et qu'il voie: Ce qui arrive aux filles de ma ville est un spectacle trop douloureux pour moi. Ceux qui m'en veulent sans raison m'ont pourchassé comme un oiseau. Ils m'ont enfermé tout vivant dans une fosse, ils ont placé une pierre au-dessus de moi. L'eau montait plus haut que ma tête; je me suis dit que j'étais perdu. Au fond du gouffre, Seigneur, j'ai fait appel à toi. Tu m'as entendu te crier: «Ne bouche pas tes oreilles à mes soupirs et à mes cris.» Quand je t'ai appelé, tu t'es approché et tu m'as dit: «N'aie pas peur.» Seigneur, tu as plaidé pour moi, tu m'as sauvé la vie. Seigneur, tu as vu quel tort on m'a fait, rends-moi donc justice. Tu as vu comment on s'est vengé de moi, tu as vu les projets qu'on formait contre moi. Seigneur, tu as entendu ces insultes, tout ce qu'on projetait contre moi. Les discours et les pensées de mes adversaires sont tournés contre moi tous les jours. Regarde tout ce qu'ils font: je suis le sujet de leurs chansons. Seigneur, tu les traiteras en retour comme ils m'ont traité. Tu rendras leur esprit aveugle, ce sera ta malédiction sur eux. Tu les poursuivras de ta colère, tu les élimineras de la terre. Comment l'or si brillant, le métal si beau, a-t-il pu se ternir? Comment les pierres qui t'étaient consacrées ont-elles pu s'éparpiller à tous les coins de rue? Comment les enfants de Sion, eux qui valaient leur pesant d'or, peuvent-ils être estimés au prix d'un simple pot de terre? Même les chacals ont l'instinct maternel et allaitent leurs petits. Mais mon peuple est une mère inhumaine, comme l'autruche dans le désert. De soif, les nourrissons ont la langue collée à leur palais. Les jeunes enfants réclament du pain; personne pour leur en offrir une bouchée. Ceux qui se nourrissaient de bons morceaux tombent d'épuisement dans les rues. Ceux qu'on avait élevés dans le luxe fouillent à pleines mains les tas d'ordures. Les torts de mon peuple sont plus grands que les fautes des gens de Sodome, qui fut bouleversée en un clin d'œil sans qu'on ait eu le temps de réagir. Les princes avaient plus d'éclat que la neige, leur teint était plus blanc que le lait et leur corps plus rose que le corail. Leurs veines évoquaient le bleu du saphir. Ils paraissent maintenant plus noirs que la suie, on ne les reconnaît plus dans la rue. Ils n'ont plus que la peau sur les os, une peau sèche comme du bois sec. Mieux valait succomber victime de l'épée que mourir victime de la faim et dépérir affaibli par la disette. Des mères, pourtant pleines d'amour, ont fait cuire elles-mêmes leurs enfants pour s'en nourrir, dans le désastre qui atteint mon peuple. Le Seigneur est allé au bout de sa fureur, il a déversé son ardente colère. A Sion, il a allumé un incendie qui en a dévoré les fondations. Les rois de la terre ni personne au monde n'auraient pu croire que l'ennemi vainqueur entrerait un jour par les portes de Jérusalem. Ce désastre est dû aux fautes des prophètes et aux crimes des prêtres, qui ont répandu dans la ville le sang des vrais fidèles. Comme des aveugles dans les rues ils avancent hésitants, souillés de sang. Il est interdit de toucher même à leurs vêtements. Quand ils arrivent on crie: «Écartez-vous, ils sont impurs! Écartez-vous, n'approchez pas!» Tandis qu'ils s'enfuient sans savoir où aller, les peuples étrangers déclarent: «Pas question qu'ils restent plus longtemps chez nous!» Le Seigneur en personne les a dispersés, il ne veut plus les voir. On n'a pas eu d'égards pour les prêtres, ni de respect pour les vieillards. Nos yeux continuaient à se fatiguer, à épier un secours qui ne venait pas. Nous avons attendu sans répit l'arrivée d'une nation qui n'est pas venue nous sauver. On surveille nos pas: impossible de nous rendre sur nos places. Nous avons fait notre temps, notre fin est proche, elle est là. Nos poursuivants sont rapides, plus que l'aigle dans le ciel. Ils nous pourchassent sur les montagnes, ils nous guettent dans les lieux inhabités. Celui dont notre vie dépendait, le roi que le Seigneur avait consacré, lui dont nous disions: «Sous sa garde nous aurons notre place parmi les nations», le voilà captif dans une fosse ennemie! Tu peux être ravie, population d'Édom, toi qui habites le pays d'Ous! Mais la coupe du jugement te parviendra à toi aussi! Tu t'y enivreras, tu te mettras toute nue! Ta punition est complète, pauvre Sion. On ne t'emmènera plus en déportation. Quant à toi, Édom, le Seigneur punira tes fautes, il démasquera tes crimes. Seigneur, n'oublie pas ce qui nous est arrivé, regarde et constate comme on nous insulte. Notre bien le plus sacré est passé à d'autres et nos maisons à des étrangers. Nos pères ne sont plus là, nous voilà orphelins et nos mères veuves. Nous ne buvons l'eau de nos puits qu'à prix d'argent, et nous devons payer pour rentrer notre bois. Nous avons nos persécuteurs sur le dos; épuisés, nous n'avons pas de répit. Nous tendons la main vers l'Égypte et vers l'Assyrie, pour manger à notre faim. Nos parents ont fait le mal, ils ne sont plus là, mais c'est nous qui portons le poids de leurs crimes. Des esclaves sont nos maîtres, et personne n'est là pour nous délivrer d'eux. Pour avoir à manger nous risquons notre vie contre les bandes armées des lieux déserts. Comme si nous étions dans un four notre peau nous brûle, tant la faim nous tenaille. On fait violence aux femmes dans Sion, et aux jeunes filles dans les villes de Juda. On a pris les ministres et on les a pendus, on n'a eu aucun respect pour les vieillards. Des jeunes gens portent la meule du moulin, les garçons trébuchent sous la charge de bois. Les vieux ont cessé de siéger au conseil et les jeunes de pincer leur guitare. Notre cœur a cessé d'être heureux, notre danse de joie s'est changée en deuil. C'en est fini de notre dignité! Quel malheur pour nous d'avoir trahi le Seigneur! Si nous sommes atteints jusqu'au cœur, si nos yeux se voilent de larmes, c'est que le mont Sion est changé en désert, il est devenu le domaine des renards. Mais toi, Seigneur, tu es roi pour toujours, tu règnes de siècle en siècle. Pourquoi nous oublierais-tu sans fin, nous abandonnerais-tu pour toute la vie? Ramène-nous à toi, Seigneur, pour que nous revenions vraiment à toi; renouvelle notre vie comme autrefois. Nous rejetterais-tu tout à fait? Nous en voudrais-tu à ce point? Le cinquième jour du quatrième mois de ma trentième année, je me trouvai parmi les déportés sur les rives du Kébar; je vis le ciel s'ouvrir et Dieu m'envoya des visions. C'était la cinquième année depuis que le roi Joakin avait été déporté. C'est ainsi que, dans le pays des Babyloniens, sur les rives du Kébar, le Seigneur m'adressa sa parole, à moi, Ézékiel, fils du prêtre Bouzi; là, la puissance du Seigneur me saisit. Voici ce que je vis: une rafale de vent arrivait du nord, amenant un gros nuage d'où jaillissaient des flammes. Le nuage était entouré de clarté. Son centre embrasé scintillait comme un métal brillant. On y distinguait les formes de quatre êtres vivants qui présentaient une apparence humaine. Chacun d'eux avait quatre visages et quatre ailes. Leurs jambes étaient droites; leurs pieds ressemblaient aux sabots d'un veau et brillaient comme du bronze poli. Sous chacune de leurs quatre ailes, il y avait une main d'homme. Ces mains étaient tournées dans les quatre directions comme leurs visages et leurs ailes. Les extrémités de leurs ailes se touchaient l'une l'autre. Ils avançaient droit devant eux sans tourner leur corps. Leurs visages étaient comme des faces humaines, et chacun d'eux avait une face de lion à droite, une face de taureau à gauche et une face d'aigle. Deux de leurs ailes, déployées vers le haut, se rejoignaient entre elles, et deux leur couvraient le corps. Ils avançaient chacun droit devant soi. Ils allaient là où ils voulaient sans avoir à tourner leur corps. Entre les êtres vivants on apercevait comme des braises enflammées, on voyait bouger des sortes de torches. Le feu était éblouissant et des éclairs en jaillissaient. Les êtres vivants allaient et venaient à toute allure; ils semblaient aussi rapides que la foudre. En les observant, je vis à côté de chacun d'eux une roue qui touchait terre. Les roues offraient l'aspect scintillant d'une pierre précieuse. Elles étaient toutes semblables et paraissaient construites de telle manière qu'elles s'imbriquaient les unes dans les autres. Elles pouvaient se déplacer dans les quatre directions sans avoir à pivoter. Elles étaient d'une hauteur effrayante et couvertes de reflets brillants sur tout leur pourtour. Lorsque les êtres vivants avançaient, les roues avançaient à côté d'eux, et lorsqu'ils s'élevaient de terre, elles s'élevaient également. Ils allaient là où ils voulaient et les roues se déplaçaient en même temps qu'eux, car la volonté des êtres vivants animait les roues. Ainsi, chaque fois qu'ils avançaient, qu'ils s'arrêtaient ou qu'ils s'élevaient de terre, les roues faisaient le même mouvement en même temps, puisqu'elles étaient animées par la volonté des êtres. Une sorte de voûte s'étendait au-dessus des têtes des êtres vivants, aussi resplendissante de clarté que le cristal. Sous cette voûte, chacun des êtres avait deux ailes tendues bien droit l'une vers l'autre, tandis que les deux autres lui couvraient le corps. J'entendis le bruit que faisaient leurs ailes quand ils se déplaçaient. C'était un bruit pareil au grondement de la mer, au roulement du tonnerre ou au tumulte d'une immense armée. Quand ils s'arrêtaient, ils repliaient leurs ailes. Au-dessus de la voûte qui dominait leurs têtes, il y avait aussi du bruit et l'on y distinguait comme une pierre de saphir qui avait les contours d'un trône. Sur cette sorte de trône, tout en haut, se tenait une forme qui avait une apparence humaine. Je vis que cette forme scintillait comme du métal brillant et qu'elle paraissait entourée de feu. Au-dessus et au-dessous de ce qui semblait être sa taille, je voyais comme du feu l'inondant de clarté. La lumière environnante ressemblait à celle de l'arc-en-ciel qui resplendit en un jour de pluie. C'était le reflet de la glorieuse présence du Seigneur. A cette vue, je tombai la face contre terre. Alors j'entendis quelqu'un me parler. Il me dit: «Toi, l'homme, mets-toi debout; j'ai à te parler.» Pendant qu'il disait cela, l'Esprit de Dieu me pénétra et me fit tenir debout. J'écoutai donc celui qui me parlait. «Toi qui n'es qu'un homme, dit-il, je t'envoie auprès des Israélites, cette bande de rebelles qui se sont révoltés contre moi. Tout comme leurs ancêtres, ils n'ont jamais cessé de rejeter mon autorité. C'est vers ces gens à la tête dure et au caractère obstiné que je t'envoie. Tu t'adresseras à eux en disant: “Voici ce que déclare le Seigneur Dieu.” Alors, qu'ils t'écoutent ou qu'ils refusent de le faire parce qu'ils sont un peuple récalcitrant, ils sauront qu'il y a un prophète parmi eux. «Quant à toi, l'homme, n'aie pas peur d'eux ni de leurs paroles. Ils te contrediront: ce sera comme si tu étais entouré de ronces et assis sur des scorpions. Cependant ne sois pas effrayé par les paroles ou par l'attitude de ce peuple récalcitrant. Tu leur répéteras ce que je te dirai, qu'ils t'écoutent ou refusent de le faire à cause de leur entêtement. «Quant à toi, l'homme, ne te montre pas aussi récalcitrant qu'eux, écoute ce que j'ai à te dire. Ouvre la bouche et mange ce que je vais te donner.» Je vis alors une main tendue vers moi; elle tenait un livre en forme de rouleau. Elle le déroula devant moi: il était écrit des deux côtés; le texte était composé de plaintes, de gémissements et de cris de détresse. Celui qui me parlait dit: «Toi, l'homme, mange ce rouleau qui t'est présenté, puis va parler aux Israélites.» J'ouvris la bouche et il me fit manger le rouleau. Il ajouta: «Toi, l'homme, remplis ton ventre et nourris ton corps avec ce rouleau que je te donne.» Je le mangeai donc et, dans ma bouche, il eut un goût aussi doux que le miel. Alors il reprit: «En route, l'homme, va auprès des Israélites et transmets-leur mes paroles. Je ne t'envoie pas auprès d'un peuple qui parle une langue étrangère difficile à comprendre, mais auprès du peuple d'Israël. Si je t'envoyais auprès des nombreux peuples qui parlent une langue étrangère difficile et même incompréhensible pour toi, ils t'écouteraient. Mais les Israélites, eux, ne voudront pas t'écouter, car ils ne veulent pas m'écouter. En effet, ils ont tous une forte tête et un caractère endurci. Cependant, je vais te rendre aussi obstiné qu'eux, tu auras la tête aussi dure que la leur! Je te rendrai résistant comme le diamant, plus solide que le roc. Par conséquent n'aie pas peur d'eux et ne sois pas effrayé par l'attitude de ce peuple récalcitrant.» Il continua: «Toi, l'homme, ouvre ton cœur et tes oreilles à mes paroles et retiens-les bien. Ensuite va auprès des membres de ton peuple qui sont déportés ici. Adresse-toi à eux en disant: “Voici ce que déclare le Seigneur Dieu.” Parle-leur, qu'ils t'écoutent ou qu'ils refusent de le faire.» Alors l'Esprit de Dieu me souleva de terre et j'entendis derrière moi une grande clameur: «Que le Seigneur soit loué là où il manifeste sa glorieuse présence.» J'entendis aussi le bruit que faisaient les ailes des êtres vivants en se heurtant l'une à l'autre, ainsi que le bruit des roues à côté d'eux. Ce fut un grand vacarme. L'Esprit qui m'avait soulevé de terre, m'emporta. La puissance du Seigneur m'avait saisi de façon irrésistible et je m'en allai le cœur triste et agité. J'arrivai à Tel-Abib, auprès des déportés installés sur les rives du Kébar. Je restai sept jours parmi eux, dans la plus complète stupeur. Au bout des sept jours, le Seigneur m'adressa la parole: «Tu n'es qu'un homme, mais je fais de toi un guetteur pour alerter le peuple d'Israël. Tu écouteras mes paroles et tu transmettras mes avertissements aux Israélites. Supposons que j'aie à prévenir un méchant qu'il va vers une mort certaine: si tu ne l'avertis pas d'avoir à changer sa mauvaise conduite afin qu'il puisse vivre, ce méchant mourra à cause de ses fautes, mais c'est toi que je tiendrai pour responsable de sa mort. Par contre, si tu l'avertis et qu'il ne renonce pas à sa méchanceté et à sa mauvaise conduite, il mourra à cause de ses fautes mais toi, tu auras préservé ta vie. Supposons qu'un homme juste se détourne du bien et se mette à mal agir: j'en ferai la cause de son malheur et il mourra. Si tu ne l'avertis pas du danger, il mourra à cause de ses mauvaises actions. Ses bonnes actions passées ne seront pas prises en compte, mais c'est toi que je tiendrai pour responsable de sa mort. Par contre, si tu avertis ce juste de ne pas mal agir et qu'il renonce à le faire, il vivra grâce à tes avertissements et toi-même, tu auras préservé ta vie.» La puissance du Seigneur me saisit encore. Il me dit: «Debout, va dans la vallée, je veux t'y parler.» Je me mis donc en route pour aller dans la vallée. La glorieuse présence du Seigneur s'y manifestait telle que je l'avais déjà vue sur les rives du Kébar. Je tombai la face contre terre. Alors l'Esprit de Dieu me pénétra et me remit debout. Il me dit: «Va t'enfermer dans ta maison. Là on te mettra des cordes, à toi, l'homme, on te ligotera de telle manière que tu ne pourras plus sortir en public. J'immobiliserai ta langue contre ton palais et tu deviendras muet, incapable de réprimander ce peuple récalcitrant. Mais lorsque j'aurai quelque chose à dire par ton intermédiaire, je te rendrai la faculté de parler. Alors tu t'adresseras à eux en disant: “Voici ce que déclare le Seigneur Dieu.” Certains seront disposés à écouter mais d'autres refuseront de le faire, car c'est un peuple récalcitrant.» «Quant à toi, l'homme, prends une brique d'argile et pose-la devant toi. Dessine dessus une ville qui représente Jérusalem. Puis montre qu'elle est assiégée: creuse des tranchées, élève des remblais, place des lignes d'attaque et des machines de guerre tout autour d'elle. Prends ensuite une plaque de fer et dispose-la comme un mur entre toi et la ville. Fixe ton regard sur la ville: elle est assiégée, c'est toi qui l'assièges, et c'est là un signe d'avertissement pour le peuple d'Israël. «Couche-toi alors sur le côté gauche et places-y le poids des fautes du royaume d'Israël. Aussi longtemps que tu seras couché dans cette position, tu en supporteras le fardeau. Je t'impose cela pour un nombre de jours équivalent au nombre d'années où le royaume d'Israël a été en faute. Ainsi pendant trois cent quatre-vingt-dix jours, tu porteras le poids de ses fautes. A la fin de cette période, tourne-toi sur le côté droit, et porte le poids des fautes du royaume de Juda pendant quarante jours. Je t'impose un jour pour chacune des années où il a été en faute. Ensuite dirige ton regard vers Jérusalem assiégée, étends vers elle ton bras nu et prononce de ma part des menaces contre la ville. Quant à moi, je t'attacherai avec des cordes pour que tu ne puisses pas te tourner d'un côté sur l'autre pendant tout le temps où tu seras immobilisé par ce siège. «Prends du blé, de l'orge, des fèves, des lentilles, du millet et du blé dur. Mélange le tout dans un récipient pour en faire du pain. Ce sera ta nourriture pendant les trois cent quatre-vingt-dix jours où tu seras couché sur le côté. Tu mangeras une ration d'une demi-livre par jour: cela devra te suffire jusqu'au jour suivant. Tu boiras de l'eau en quantité mesurée, ta ration sera d'un litre par jour. Ta nourriture aura la forme de galettes d'orge. Tu la feras cuire sur un tas d'excréments humains devant les yeux de tout le monde.» Le Seigneur ajouta: «C'est ainsi que les Israélites auront à manger des aliments impurs dans les pays étrangers où je vais les chasser.» Je m'écriai: «Ah, Seigneur Dieu, je ne me suis jamais rendu impur! Depuis mon enfance, je n'ai jamais mangé d'une bête crevée ou qui a été tuée par un animal sauvage; aucune viande considérée comme impure n'est passée entre mes lèvres.» – «Eh bien, me répondit-il, je t'accorde de remplacer les excréments humains par de la bouse de vache pour faire cuire ta nourriture.» Il ajouta: «Vois-tu, l'homme, je vais détruire les réserves de pain de Jérusalem. Les gens devront sévèrement rationner leur nourriture et leur boisson; ils en seront très angoissés. Ils manqueront de pain et d'eau, chacun en sera accablé, et ils dépériront à cause de leurs fautes.» «Quant à toi, l'homme, prends une épée tranchante et utilise-la comme rasoir. Rase-toi les cheveux et la barbe, puis pèse ce que tu auras coupé et divise-le en plusieurs parts. Lorsque le temps du siège sera terminé, tu en brûleras un tiers dans un feu allumé au centre de la ville. Tu prendras le second tiers et tu le frapperas avec ton épée tout autour de la ville. Tu disperseras le dernier tiers au vent et moi je le poursuivrai de mon épée. Cependant, tu garderas une petite partie des poils et tu les mettras à l'abri dans la poche de ton vêtement. Tu en prélèveras quelques-uns pour les jeter au feu et les brûler; et le feu atteindra tout le peuple d'Israël. «Je le déclare, moi, le Seigneur Dieu, tel sera le sort de Jérusalem, la ville que j'ai placée au centre des nations, que j'ai entourée de pays étrangers. Ses habitants ont rejeté les lois que je leur ai données. Ils ont refusé de se conduire selon mes règles. Ils ont ainsi dépassé en méchanceté les peuples étrangers et les pays d'alentour. Eh bien moi, le Seigneur Dieu, je leur déclare: Vous avez causé bien plus de désordre que les peuples qui vous entourent. Vous ne vous êtes pas conduits selon mes règles, vous n'avez pas appliqué mes lois et vous n'avez même pas suivi celles des peuples voisins. C'est pourquoi je déclare qu'à mon tour je vais agir contre vous, habitants de Jérusalem. Je vais exécuter ma sentence en pleine ville de façon que les autres peuples le voient. J'interviendrai contre vous comme je ne l'ai jamais fait et comme je ne le ferai jamais plus, tellement vos actes ont été abominables. Dans la ville, les parents en viendront à manger leurs enfants et les enfants à manger leurs parents. J'exécuterai ma sentence contre vous et je disperserai aux quatre vents tous les survivants. «Par ma vie, je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu, vous avez souillé mon temple par vos idoles abominables et vos pratiques révoltantes. Eh bien moi, je passerai le rasoir; je n'aurai pas un regard de pitié, je ne vous épargnerai pas. Un tiers d'entre vous mourra de la peste ou de la famine à l'intérieur de la ville, un tiers sera tué par l'épée aux alentours; je disperserai le dernier tiers aux quatre vents et je les poursuivrai de mon épée. Je donnerai libre cours à ma colère, j'irai jusqu'au bout de ma fureur et j'exercerai ma vengeance contre vous. Alors vous serez convaincus que c'est moi, le Seigneur, qui vous ai parlé parce que je ne supporte pas votre infidélité. Les habitants des pays qui vous entourent et tous ceux qui passeront par là verront que j'ai fait de Jérusalem une ville ruinée et déshonorée. J'exécuterai ma sentence contre elle avec une grande colère et en l'accablant de violents reproches. Les peuples d'alentour feront alors de cette ville un sujet de moquerie et d'insulte, mais elle sera aussi pour eux un avertissement et une cause de frayeur. C'est moi, le Seigneur, qui vous parle. «J'enverrai contre vous, pour vous exterminer, les flèches funestes de la famine. Je détruirai vos réserves de pain et je vous laisserai mourir de faim. La famine que je vous enverrai et les bêtes féroces que je lâcherai contre vous tueront vos enfants; la peste, la violence et la guerre vous détruiront. C'est moi, le Seigneur, qui vous parle.» Le Seigneur m'adressa la parole: «Toi, l'homme, tourne ton regard vers les montagnes d'Israël et prononce des menaces contre elles. Tu diras: Montagnes d'Israël, écoutez les paroles que le Seigneur Dieu adresse à vos habitants et à ceux des collines, des ravins et des vallées: Me voici, je vais faire venir la guerre contre vous pour détruire vos lieux sacrés. Vos autels seront démolis, vos brûle-parfums brisés et beaucoup d'entre vous tomberont morts devant vos sales idoles. J'étendrai ainsi les cadavres des Israélites devant leurs idoles et j'éparpillerai leurs ossements autour de leurs autels. Partout où vous habitez, les villes seront dépeuplées et les lieux sacrés abandonnés. Vos autels seront en ruine et deviendront inutiles, vos idoles seront brisées, supprimées, et vos brûle-parfums détruits; tout ce que vous avez fabriqué sera anéanti. Beaucoup tomberont morts parmi vous. Alors vous serez convaincus que je suis le Seigneur. Cependant, je laisserai certains d'entre vous survivre à la guerre, et ces rescapés seront dispersés dans des pays étrangers. Ils penseront à moi au milieu des populations où ils auront été déportés. Ils se rappelleront comment j'ai brisé leurs cœurs infidèles qui se sont détournés de moi et détruit leurs yeux qui se sont fixés sur les idoles. Alors ils seront pris d'un grand dégoût d'eux-mêmes à cause des actions abominables qu'ils ont commises. Ils seront convaincus que moi, le Seigneur, je n'ai pas parlé en l'air quand je les ai menacés des malheurs qui leur arrivent!» Voici ce que le Seigneur Dieu me déclara: «Frappe des mains, tape des pieds et dis: “Nous y voilà!”, à propos de toutes les pratiques abominables et monstrueuses des Israélites. Ils vont être exterminés par la guerre, la famine et la peste. Ceux qui sont éloignés mourront de la peste, ceux qui sont à proximité seront tués au combat et les survivants des assiégés mourront de faim. Je donnerai libre cours à ma colère contre eux. Leurs cadavres joncheront le sol parmi leurs idoles et autour de leurs autels, sur les sommets des montagnes et des collines, parmi les arbres verdoyants et touffus, et à tous les autres endroits où ils offrent des sacrifices à leurs idoles. Alors chacun sera convaincu que je suis le Seigneur. Je manifesterai ma puissance contre eux. Je dévasterai leur pays et je dépeuplerai tous les endroits où ils vivent, depuis le désert au sud jusqu'à la ville de Ribla au nord. Tout le monde sera convaincu alors que je suis le Seigneur.» Le Seigneur m'adressa la parole: «Quant à toi, l'homme, écoute ce que le Seigneur Dieu déclare aux habitants de la terre d'Israël: C'est la fin, le désastre final s'étend aux quatre coins du pays. Maintenant c'en est fini de vous: ma colère va se déchaîner contre vous. Je vais juger votre conduite et vous faire payer vos actions abominables. Je n'aurai pas un regard de pitié et je ne vous épargnerai pas. Je vous ferai payer votre conduite; vos actions abominables deviendront manifestes. Ainsi vous serez convaincus que je suis le Seigneur. «Voici ce que le Seigneur Dieu déclare: Le malheur arrive, un malheur sans pareil! C'en est fini: le désastre final vient, il va fondre sur vous, il est là! Habitants du pays, votre ruine se prépare, le dénouement arrive, le jour du jugement approche. La panique va remplacer les cris de joie sur les montagnes. Maintenant c'est sans tarder que je vais déverser ma colère sur vous et donner libre cours à ma fureur. Je vais juger votre conduite et vous faire payer vos actions abominables. Je n'aurai pas un regard de pitié, je ne vous épargnerai pas. Je vous ferai payer votre conduite; vos actions abominables deviendront manifestes. Vous serez convaincus alors que c'est moi, le Seigneur, qui vous frappe. «Voici le jour du jugement, la ruine se prépare. La brutalité prospère, l'orgueil s'épanouit. La violence est comme un bâton dressé pour commettre le mal. Il ne va rien rester de vous, rien de votre nombre, de votre animation ou de votre grandeur. Le dénouement est venu, le jour du jugement est là. Il n'est plus temps pour les acheteurs de se réjouir ni pour les vendeurs de se désoler, car ma colère est dirigée contre le peuple tout entier. Le vendeur ne retournera pas prendre sa marchandise, même s'il reste en vie. En effet, la vision annonçant la ruine de tout le peuple ne sera pas détournée de vous. Chacun d'eux vit dans le désordre, aussi personne ne pourra-t-il se rétablir. On aura beau sonner de la trompette et tout préparer, pas un homme ne se rendra au combat, car ma colère est dirigée contre le peuple entier.» «La guerre sévira dans les rues, la peste et la famine à l'intérieur des maisons. Dans les campagnes les hommes mourront au combat, dans la ville ils succomberont à la faim et à la maladie. Les survivants s'enfuiront dans les montagnes et, comme des colombes plaintives, ils gémiront chacun à cause de sa faute. Leurs mains pendront sans force, leurs genoux s'entrechoqueront. Ils se revêtiront d'étoffes de deuil, un frisson les parcourra. La honte se lira sur leurs visages, tous les crânes seront rasés. Ils jetteront leur argent dans les rues, ils traiteront leur or comme des ordures; car ni l'argent ni l'or ne pourront les sauver au jour de la colère du Seigneur. Ils n'auront plus de quoi se rassasier ni de quoi satisfaire leurs désirs, car l'argent et l'or sont à l'origine de leurs fautes. Ils ont tiré orgueil de leur précieuse richesse et en ont fabriqué des idoles abominables, monstrueuses. C'est pourquoi, dit le Seigneur, je la transforme pour eux en ordure. Je laisserai des étrangers la piller et des vauriens l'emporter comme butin, après avoir tout profané. Je n'interviendrai pas, lorsque mon trésor sera profané: des brigands s'y rendront et le souilleront. Fabrique une chaîne, car le pays est rempli de meurtriers, et la ville pleine de violence. Je ferai venir les peuples les plus cruels pour s'emparer de leurs maisons. Je mettrai fin à l'assurance des plus puissants et leurs lieux sacrés seront souillés. L'angoisse survient: c'est en vain que l'on cherchera un lieu de paix. Le malheur succédera au malheur et les mauvaises nouvelles s'accumuleront. On suppliera en vain le prophète d'avoir une vision, le prêtre n'aura plus rien à enseigner et les anciens ne donneront plus de conseils. Le roi prendra le deuil, le prince sera au désespoir, et tout le monde dans le pays tremblera de crainte. Je vais les traiter en fonction de leur conduite, et les juger comme ils le méritent. Ainsi ils seront convaincus que je suis le Seigneur.» La sixième année après la déportation, le cinquième jour du sixième mois, j'étais assis chez moi, et les anciens de Juda étaient assis devant moi. C'est là que la puissance du Seigneur Dieu me saisit soudain. Je vis une forme qui avait l'apparence d'un homme. Au-dessous de ce qui paraissait être sa taille, son corps semblait de feu; au-dessus, il présentait l'éclat et le scintillement d'un métal brillant. Il étendit une sorte de main et me saisit par les cheveux. Alors, dans cette vision envoyée par Dieu, l'Esprit me souleva dans les airs et me transporta à Jérusalem. Je me retrouvai du côté intérieur de la porte nord de la ville, à l'endroit où l'on a placé une statue qui est un affront insupportable à Dieu. La glorieuse présence du Dieu d'Israël m'apparut là, telle que je l'avais déjà vue dans la vallée. Dieu me dit: «Toi, l'homme, regarde en direction du nord.» C'est ce que je fis. Au nord de la porte de l'autel, il y avait la statue insupportable à Dieu, à l'entrée. Il ajouta: «Toi, l'homme, vois-tu bien ce qui se passe? Les gens d'Israël s'adonnent à des pratiques vraiment abominables pour m'éloigner de mon sanctuaire. Mais tu vas voir encore d'autres pratiques tout aussi abominables.» Il me transporta à la porte de la cour extérieure du temple et je vis qu'il y avait un trou dans le mur. Dieu me dit: «Toi, l'homme, perce donc le mur.» Je perçai le mur et j'y fis une ouverture. Il reprit: «Entre et regarde les actions abominables et révoltantes que ces gens commettent ici.» J'entrai et voici ce que je vis: autour de moi les murs étaient couverts de dessins représentant des reptiles et d'autres bêtes répugnantes; toutes les idoles des Israélites y étaient figurées. Soixante-dix anciens du peuple d'Israël étaient debout devant ces images; parmi eux se trouvait Yazania, fils de Chafan. Chacun d'eux tenait un brûle-parfums à la main et la fumée d'encens s'élevait dans l'air. Dieu me demanda: «Toi, l'homme, vois-tu bien ce que les anciens du peuple font en cachette, chacun à l'emplacement consacré à son idole? Ils se justifient en disant: “Le Seigneur ne nous voit pas, il a abandonné le pays.” » Il ajouta: «Tu vas voir qu'ils se livrent encore à d'autres pratiques tout aussi abominables.» Il me transporta vers la porte nord de son temple. Des femmes y étaient assises et pleuraient sur la mort de Tammouz. Il me demanda: «Vois-tu bien cela, l'homme? Tu vas voir des pratiques plus abominables encore.» Il me transporta alors vers la cour intérieure du temple. A l'entrée du sanctuaire, entre le vestibule et l'autel, il y avait environ vingt-cinq hommes. Ils tournaient le dos au sanctuaire et, face à l'orient, ils se prosternaient pour adorer le soleil. Dieu me demanda: «Vois-tu bien cela, l'homme? Pourtant ces gens de Juda ne se contentent pas des actions abominables qu'ils commettent ici. Ils répandent en outre la violence dans le pays et ils font tout pour m'irriter. Les voilà maintenant qui approchent un rameau de leur nez. Eh bien, je les paierai de retour dans ma terrible colère. Je n'aurai pas un regard de pitié et je ne les épargnerai pas. Ils auront beau m'appeler au secours d'une voix forte, je ne les écouterai pas.» Ensuite, j'entendis le Seigneur appeler à voix forte: «Venez, vous qui êtes chargés d'intervenir contre la ville! Que chacun apporte son arme de destruction.» Alors, je vis six hommes déboucher de la porte supérieure nord du temple avec, chacun, son arme de destruction. Au milieu d'eux se trouvait un homme habillé de lin, qui portait à la ceinture du matériel pour écrire. Ils s'approchèrent tous et s'arrêtèrent près de l'autel de bronze. La glorieuse présence du Dieu d'Israël, qui se manifestait au-dessus des chérubins, s'éleva de là pour se diriger vers le seuil du temple. Le Seigneur appela l'homme habillé de lin, qui portait du matériel pour écrire, et lui dit: «Parcours toute la ville de Jérusalem; tu traceras une marque sur le front de tous ceux qui se lamentent et s'affligent à propos des actions abominables qu'on y commet.» Puis je l'entendis ordonner au reste du groupe: «Suivez cet homme à travers la ville et tuez les habitants. N'ayez pas un regard de pitié et ne les épargnez pas. Exterminez aussi bien les vieillards que les jeunes gens et les jeunes filles, les enfants que les femmes. Mais ne touchez à aucun de ceux qui portent une marque sur le front. Commencez ici, par mon sanctuaire.» Ils commencèrent donc par tuer les anciens qui étaient devant le temple. Le Seigneur ordonna alors: «Souillez le temple, remplissez ses cours de cadavres, puis allez plus loin.» Et ils partirent continuer le massacre dans la ville. Resté seul pendant cette tuerie, je me jetai la face contre terre et m'écriai: «Oh, Seigneur Dieu, en déversant ainsi ta colère sur Jérusalem, désires-tu exterminer tous les Israélites qui restent?» Il me répondit: «Les fautes commises dans les royaumes d'Israël et de Juda sont vraiment énormes: la violence règne partout dans le pays et l'injustice remplit cette ville. Les gens se disent: “Le Seigneur a abandonné le pays et il ne nous voit pas.” Eh bien, moi, je n'aurai pas un regard de pitié, je ne les épargnerai pas, mais je leur ferai supporter les conséquences de leur conduite.» A ce moment, l'homme habillé de lin vint faire son rapport: «J'ai exécuté tes ordres», dit-il à Dieu. Je remarquai alors la voûte qui se trouvait au-dessus de la tête des chérubins. On y voyait une sorte de pierre de saphir; sa forme était semblable à celle d'un trône. Dieu dit à l'homme habillé de lin: «Pénètre dans le tourbillon sous les chérubins. Remplis tes mains de braises que tu prendras entre les chérubins, puis va les répandre sur la ville.» Je vis l'homme y aller. Pendant qu'il s'y rendait, les chérubins se trouvaient dans la partie droite du temple et un nuage de fumée remplissait la cour intérieure. La glorieuse présence du Seigneur s'éleva au-dessus des chérubins pour se diriger vers le seuil du temple. Le nuage vint alors remplir le temple tandis que la cour était tout illuminée par la glorieuse présence du Seigneur. Le bruit produit par les ailes des chérubins s'entendait jusque dans la cour extérieure. On aurait dit que le Dieu tout -puissant faisait gronder le tonnerre. L'homme habillé de lin se tenait près d'une roue; il était allé se placer là lorsque Dieu lui avait donné l'ordre de prendre du feu dans le tourbillon, au milieu des chérubins. L'un des chérubins étendit la main vers le feu proche de lui. Il en retira des braises et en remplit les mains de l'homme qui les emporta. Des sortes de mains humaines apparaissaient sous les ailes des chérubins. Je remarquai aussi quatre roues, une à côté de chacun des chérubins. Ces roues offraient l'aspect scintillant d'une pierre précieuse. Elles avaient toutes une apparence semblable et paraissaient s'imbriquer les unes dans les autres. Elles pouvaient se déplacer dans les quatre directions sans avoir à pivoter. Elles se dirigeaient là où était tournée la tête des chérubins et avançaient sans pivoter. Tout le corps, le dos, les mains et les ailes des chérubins étaient couverts de reflets brillants, ainsi que les quatre roues. J'entendis qu'on donnait le nom de “tourbillon” à ces roues. Chaque chérubin avait quatre faces: la première était celle d'un chérubin, la seconde celle d'un homme, la troisième celle d'un lion et la quatrième celle d'un aigle. Les chérubins s'élevèrent dans l'espace: c'étaient les mêmes êtres que j'avais vus sur les rives du Kébar. Quand ils se déplaçaient, les roues se déplaçaient avec eux; quand ils déployaient leurs ailes pour s'élever de terre, les roues ne s'écartaient pas d'eux. S'ils s'arrêtaient, elles s'arrêtaient; s'ils s'élevaient dans l'espace, elles s'élevaient également, car la volonté des êtres vivants animait les roues. La glorieuse présence du Seigneur s'éleva du seuil du temple et alla se poser au-dessus des chérubins. Ceux-ci déployèrent leurs ailes pour partir et je les vis s'élever de terre, eux et les roues en même temps qu'eux. Ils s'arrêtèrent près de la porte orientale du temple et la glorieuse présence du Dieu d'Israël brillait au-dessus d'eux. Sur les rives du Kébar, j'avais vu les mêmes êtres se tenir au-dessous du Dieu d'Israël, et je compris que c'étaient des chérubins. Chacun avait quatre faces, quatre ailes et des sortes de mains humaines sous leurs ailes. Leurs faces étaient tout à fait semblables à celles des êtres que j'avais vus sur les rives du Kébar. Les chérubins avançaient chacun droit devant soi. L'Esprit du Seigneur me souleva de terre et me transporta à la porte orientale du temple. Près de l'entrée, je vis vingt-cinq hommes et je reconnus parmi eux deux des chefs du peuple, Yazania, fils d'Azour, et Pelatia, fils de Benaya. L'Esprit me dit: «Toi, l'homme, voilà ceux qui projettent des actions malfaisantes et répandent des conseils désastreux dans Jérusalem. Ils affirment: “Pendant un certain temps, on ne construira plus ici de maisons! La ville est comme une marmite et nous sommes la viande conservée à l'intérieur.” Eh bien, toi, l'homme, dénonce-les en parlant comme prophète.» L'Esprit du Seigneur s'empara alors de moi et m'ordonna de parler ainsi: «Voici ce que déclare le Seigneur: Je sais ce que vous dites, gens d'Israël, et je connais les pensées qui vous viennent à l'esprit! Vous avez commis tant de meurtres dans cette ville que les rues sont jonchées de cadavres. C'est pourquoi, moi, le Seigneur Dieu, je vous le déclare: La ville est bien comme une marmite, mais la viande c'est ceux que vous y avez tués. Quant à vous, je vous en chasserai. Vous avez peur de la guerre? Eh bien, je vous enverrai la guerre, je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu. Je vous chasserai de la ville et vous livrerai à un pouvoir étranger, j'exécuterai ma sentence contre vous. J'exercerai ma justice à l'intérieur même des frontières d'Israël en vous faisant mourir à la guerre. Vous serez convaincus ainsi que je suis le Seigneur. Cette ville ne sera pas pour vous comme une marmite et vous ne serez pas la viande qu'elle conserve, mais vous subirez ma justice à l'intérieur même des frontières d'Israël. Vous serez convaincus alors que je suis le Seigneur, celui dont vous n'avez pas observé les règles ni appliqué les lois, parce que vous avez suivi les coutumes des peuples qui vous entourent.» Pendant que je transmettais ce message de la part de Dieu, Pelatia, fils de Benaya, mourut. Je tombai la face contre terre et m'écriai d'une voix forte: «Oh, Seigneur Dieu, vas-tu faire mourir tous les Israélites qui restent?» Le Seigneur me dit: «Je m'adresse à toi, l'homme, au sujet de tes compatriotes, tes propres frères, tous les Israélites déportés. Les habitants de Jérusalem leur donnent ce conseil: “Restez donc loin de la présence du Seigneur, car c'est à nous qu'il a accordé la possession de ce pays.” Eh bien, transmets à tes compagnons de déportation ce que je déclare, moi, le Seigneur Dieu: “Je vous ai envoyés dans des pays lointains, parmi des peuples étrangers, mais, même là, je suis présent parmi vous, comme dans un sanctuaire.” Transmets-leur donc ce que je déclare encore, moi, le Seigneur Dieu: “Je vous rassemblerai hors des peuples et des pays dans lesquels je vous ai dispersés et je vous donnerai à nouveau le pays d'Israël. Quand vous y arriverez, vous supprimerez toutes les pratiques idolâtriques et révoltantes qui y existent. Je vous donnerai à tous un même cœur, je vous animerai d'un esprit nouveau; j'enlèverai votre cœur insensible comme une pierre et je le remplacerai par un cœur réceptif. Ainsi vous suivrez les règles que je vous ai données, vous serez attentifs à mes lois et vous les appliquerez; vous serez mon peuple et je serai votre Dieu. Quant à ceux qui adorent des idoles et agissent de manière révoltante en suivant les penchants de leur cœur, je leur ferai subir les conséquences de leur conduite.” Je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu.» Les chérubins déployèrent alors leurs ailes et les roues se mirent en mouvement en même temps qu'eux; la glorieuse présence du Dieu d'Israël brillait au-dessus d'eux. Ensuite la glorieuse présence du Seigneur s'éleva au-dessus du centre de la ville et alla s'arrêter sur la montagne située à l'est de Jérusalem. Dans la même vision, je sentis l'Esprit de Dieu me soulever de terre et me ramener auprès des déportés en Babylonie. Alors la vision que j'avais eue cessa, et je racontai aux déportés tout ce que le Seigneur m'avait fait voir. Le Seigneur m'adressa la parole: «Toi, l'homme, tu vis parmi un peuple récalcitrant! Ils ont des yeux, mais ils refusent de voir, ils ont des oreilles, mais ils refusent d'entendre, tellement ils sont récalcitrants! Eh bien, rassemble les affaires nécessaires à un déporté et prépare ton départ en plein jour, sous les yeux de tous. Quitte l'endroit où tu habites pour t'exiler dans un autre lieu. Fais-le sous le regard de tout le monde: ils comprendront peut-être ainsi à quel point ils sont récalcitrants. Pendant la journée et en leur présence, tu sortiras tes affaires de chez toi et puis, le soir, tu partiras sous leurs yeux comme part un déporté. Toujours sous leur regard, tu pratiqueras une ouverture dans le mur de la ville et feras passer tes affaires par là. Qu'ils te voient les placer sur ton épaule et les emporter dans l'obscurité. Tu te couvriras le visage de façon à ne pas voir où tu vas. En effet je fais de toi un signe d'avertissement pour les Israélites.» Je fis ce que le Seigneur m'avait ordonné: pendant la journée je sortis de chez moi les affaires nécessaires à un déporté et, le soir, je pratiquai une ouverture dans le mur avec la main. Les gens me virent partir dans l'obscurité avec mon baluchon sur l'épaule. Le lendemain matin, le Seigneur m'adressa la parole: «Toi, l'homme, n'as-tu pas entendu les Israélites, ce peuple récalcitrant, te demander ce que tu faisais là? Réponds-leur donc: “Le Seigneur Dieu vous déclare que ceci est un message pour le prince qui règne à Jérusalem et pour tous les Israélites qui y habitent.” Dis-leur que tu as agi ainsi en signe d'avertissement, car ils iront en déportation, en exil. Le prince qui les gouverne chargera ses affaires sur son épaule dans l'obscurité et quittera la ville. On pratiquera une ouverture dans le mur pour lui permettre de sortir. Il se couvrira le visage pour ne pas voir où il va. Et moi, le Seigneur, je vais lui tendre un piège et le capturer. Je l'emmènerai dans le pays des Babyloniens qu'il ne pourra pas voir mais où il mourra. Je disperserai aux quatre vents tous les membres de son entourage, toute sa garde et son armée, puis je les poursuivrai de mon épée. Quand je les disperserai parmi des peuples et dans des pays étrangers, ils seront convaincus que je suis le Seigneur. Cependant je laisserai quelques hommes échapper à la guerre, à la famine et à la peste: ils pourront raconter aux populations parmi lesquelles ils se trouveront combien leur conduite a été abominable, et elles seront convaincues, elles aussi, que je suis le Seigneur.» Le Seigneur m'adressa la parole: «Toi, l'homme, mange ton pain en tremblant et bois ton eau avec crainte et appréhension. Puis tu transmettras ce message à toute la nation: Le Seigneur Dieu le déclare, les habitants de Jérusalem qui sont restés sur le territoire d'Israël mangeront et boiront dans l'angoisse et l'accablement. En effet, leur pays sera dévasté parce que ceux qui y vivent l'ont rempli de violence. Les villes seront vidées de leurs habitants et la campagne deviendra un désert. Ainsi vous serez convaincus que je suis le Seigneur.» Le Seigneur m'adressa la parole: «Toi, l'homme, dis-moi, pourquoi entend-on parmi vous répéter ce proverbe au sujet du pays d'Israël: “Le temps passe et aucune vision ne se réalise”? Eh bien, dis-le aux Israélites, je déclare, moi, le Seigneur Dieu, que je ne laisserai plus citer ce proverbe, on ne le répétera plus en Israël. Dis-leur par contre: “Le temps où toutes les visions vont se réaliser est proche.” On ne présentera plus de visions imaginaires ni de prédictions trompeuses aux Israélites. En effet, c'est moi, le Seigneur, qui parle et ce que j'annonce se produira sans tarder. Oui, c'est de votre vivant, peuple récalcitrant, que je réaliserai mes menaces, je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu.» Il m'adressa encore la parole: «Toi, l'homme, les Israélites affirment que tes visions actuelles ne se réaliseront pas avant longtemps et que ce que tu dis de ma part concerne une époque éloignée. Eh bien, dis-leur que je le déclare, moi, le Seigneur Dieu, je réaliserai sans tarder toutes mes menaces. C'est moi qui l'affirme.» Le Seigneur m'adressa la parole: «Toi, l'homme, dénonce de ma part ceux qui se prétendent prophètes en Israël et prophétisent de leur propre initiative. Dis-leur d'écouter mes paroles. Je le déclare, moi, le Seigneur Dieu, le malheur va s'abattre sur ces prophètes insensés! Ils suivent leur propre inspiration et inventent leurs visions. Israélites, vos prophètes sont comme les chacals qui rôdent dans les ruines! Ils ne sont pas allés réparer les brèches de la muraille et ils n'ont pas construit de mur pour vous protéger de la guerre au jour du Seigneur. Ils ont des visions imaginaires et leurs prédictions sont mensongères. Ils disent: “Voici ce que le Seigneur affirme”, alors que moi, le Seigneur, je ne les ai pas envoyés. Ils espèrent pourtant que je confirmerai leurs paroles! Or je leur dis: “Vos visions ne sont-elles pas imaginaires et vos prédictions mensongères? Vous prétendez transmettre ce que le Seigneur affirme, alors que je ne vous ai même pas parlé! Eh bien, je vous le déclare, moi, le Seigneur Dieu: puisque vous avez répandu des illusions et annoncé des mensonges, je vais intervenir contre vous.” Voilà ce que j'affirme, moi, le Seigneur Dieu! «Je manifesterai ma puissance contre les prophètes qui ont des visions imaginaires et font des prédictions mensongères. Ils n'auront pas de place dans l'assemblée de mon peuple, ils ne seront pas inscrits sur la liste des membres du peuple d'Israël et ils ne retourneront pas dans leur pays. Ainsi ils seront convaincus que je suis le Seigneur Dieu. «Les prophètes trompent mon peuple en affirmant que tout va bien quand tout va mal. Les gens de mon peuple construisent un mur et eux se contentent de le recouvrir de badigeon. Eh bien, dis à ces badigeonneurs: Le mur s'écroulera! Une averse va survenir, des grêlons tomberont, une tempête éclatera. Quand le mur s'écroulera, on vous demandera à quoi a servi le badigeon dont vous l'aviez recouvert. C'est bien là ce que je vous déclare, moi, le Seigneur Dieu: Ma colère va déchaîner une tempête, et ma fureur des pluies torrentielles. Dans mon indignation j'enverrai des grêlons destructeurs. Je démolirai le mur que vous avez badigeonné, je l'abattrai à ras de terre, ses fondations apparaîtront. Il s'écroulera, vous serez écrasés dessous, et vous serez convaincus alors que je suis le Seigneur. Je donnerai libre cours à ma colère contre le mur et contre ceux qui l'ont recouvert de badigeon. On vous dira: “Le mur est détruit! C'en est fini de ceux qui le badigeonnaient, fini des prophètes israélites qui prédisaient l'avenir de Jérusalem et avaient des visions optimistes alors que tout allait mal!” Je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu.» «Quant à toi, l'homme, adresse-toi aux femmes d'Israël qui prophétisent de leur propre initiative, et dénonce leur imposture. Transmets-leur ce que je déclare, moi, le Seigneur Dieu: Le malheur va s'abattre sur vous! Vous cousez des rubans sur tous les poignets et vous confectionnez des foulards pour les gens de tous âges afin d'obtenir un pouvoir sur leur vie. Vous voulez vous approprier la vie des membres de mon peuple tout en sauvegardant la vôtre. Vous me déshonorez devant mon peuple pour quelques poignées d'orge ou quelques bouchées de pain. En mentant à mon peuple trop crédule, vous apportez la mort à ceux qui ne la méritent pas et vous faites vivre ceux qui en sont indignes. C'est pourquoi je vous le déclare, moi, le Seigneur Dieu, je vais agir contre vos rubans avec lesquels vous emprisonnez la vie des autres. Je les déchirerai en les arrachant de vos bras et je délivrerai ceux que vous avez capturés. Je déchirerai vos foulards et je libérerai mon peuple de votre pouvoir. Vous ne pourrez plus en faire votre proie et vous serez convaincues alors que je suis le Seigneur. Par vos mensonges, vous avez découragé des justes, auxquels je ne voulais pas de mal, et vous avez encouragé des méchants à persister dans leur mauvaise conduite au péril de leur vie. Eh bien, c'en est fini de vos visions imaginaires et de vos prédictions. Je vais libérer mon peuple de votre pouvoir. Ainsi vous serez convaincues que je suis le Seigneur.» Un jour quelques anciens d'Israël vinrent s'asseoir devant moi pour me consulter. Alors le Seigneur me dit: «Je m'adresse à toi, l'homme, parce que ces gens-là ont le cœur dominé par leurs sales idoles; ils ne quittent pas des yeux ce qui est à l'origine de leurs fautes. Pensent-ils que je vais me laisser consulter par eux? Transmets-leur donc ce que je leur déclare, moi, le Seigneur Dieu: Si un Israélite se laisse dominer par ses idoles et ne quitte pas des yeux l'origine même de sa faute, et qu'il vienne ensuite consulter le prophète, moi, le Seigneur, je serai amené à lui répondre moi-même. Je le ferai en fonction des nombreuses idoles qu'il adore. Ma réponse bouleversera les Israélites qui m'ont abandonné par amour pour leurs sales idoles. C'est pourquoi, dis aux Israélites: “Le Seigneur Dieu vous le demande, changez d'attitude, abandonnez vos idoles et renoncez à toutes vos pratiques abominables.” «Si un Israélite ou un étranger installé en Israël m'abandonne, s'il se laisse dominer par ses idoles, s'il ne quitte pas des yeux l'origine même de sa faute, et qu'il vienne ensuite consulter le prophète pour connaître ma volonté, moi, le Seigneur, je serai amené à lui répondre moi-même. J'interviendrai contre cet homme, j'en ferai un exemple qui deviendra proverbial, je le retrancherai de mon peuple et vous serez convaincus ainsi que je suis le Seigneur. «Si un prophète se laisse égarer au point de répondre lui-même, c'est que moi, le Seigneur, je l'aurai amené à s'égarer. Je manifesterai ma puissance contre lui et je l'exclurai d'Israël, mon peuple. Un tel prophète et celui qui le consulte sont tous les deux responsables de la même faute et ils en subiront les conséquences. De cette façon, les Israélites n'iront plus se perdre loin de moi, ils ne se rendront plus impurs par leurs nombreuses désobéissances, mais ils seront mon peuple et je serai leur Dieu. Je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu.» Le Seigneur m'adressa la parole: «Toi, l'homme, suppose que la population d'un pays se rende coupable envers moi en m'étant infidèle. Eh bien, je manifesterai ma puissance contre elle. Je détruirai ses réserves de pain, je lui infligerai la famine et ferai disparaître ainsi hommes et bêtes du pays. Même si trois hommes tels que Noé, Danel et Job se trouvaient parmi les habitants, leur fidélité ne servirait à préserver que leur propre vie. Je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu. «Ou bien je lâcherai des bêtes féroces contre cette population. Le pays deviendra un désert car les bêtes tueront tous ses habitants et personne ne s'y hasardera plus par peur d'elles. Si les trois hommes déjà nommés s'y trouvaient, ils seraient les seuls à survivre. Par ma vie, je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu, ils ne pourraient même pas sauver leurs propres enfants et le pays deviendrait un désert. «Ou bien je ferai subir la guerre à cette population, j'ordonnerai à une armée de ravager le pays et d'en exterminer les hommes et les bêtes. Si les trois hommes déjà nommés y habitaient, ils seraient les seuls à survivre. Par ma vie, je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu, ils ne pourraient même pas sauver leurs propres enfants. «Ou bien encore j'enverrai une épidémie de peste à cette population; je manifesterai ma colère contre elle par ce fléau mortel qui exterminera hommes et bêtes du pays. Même si Noé, Danel et Job se trouvaient parmi les habitants, leur fidélité servirait uniquement à préserver leur vie. Par ma vie, je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu: ils ne pourraient même pas sauver leurs propres enfants.» Ensuite le Seigneur Dieu me déclara: «J'ai infligé à Jérusalem les quatre grands fléaux que sont la guerre, la famine, les bêtes féroces et la peste, de façon à exterminer les hommes et les bêtes. Il reste cependant quelques survivants, des hommes et des femmes. On les a fait sortir de la ville, ils vous rejoindront en exil. Quand vous verrez leur conduite et leurs actes, vous changerez d'avis devant les grands malheurs que j'ai déchaînés sur Jérusalem. Vous changerez d'avis, car vous comprendrez, après les avoir vus, que j'ai eu raison d'agir comme je l'ai fait contre cette ville. Je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu.» Le Seigneur m'adressa la parole: «Toi, l'homme, penses-tu que le bois de la vigne a plus de valeur que n'importe quel autre bois provenant des arbres de la forêt? Peut-on en tirer de quoi façonner un objet, peut-on en faire une cheville pour y suspendre un ustensile? Il est juste bon pour alimenter le feu. Lorsque le feu en a brûlé les deux bouts et que le centre lui-même est en flammes, peut-il encore servir à quelque chose? Déjà, quand il était intact, on ne savait qu'en faire. A plus forte raison, une fois attaqué et brûlé par le feu, le voilà totalement inutilisable. «Eh bien, voilà ce que je déclare, moi, le Seigneur Dieu: On jette au feu le bois de la vigne avec le bois des autres arbres. De même, ce sont les habitants de Jérusalem que je vais punir, c'est contre eux que j'interviens. Ils croient avoir échappé au feu, mais le feu les détruira. Vous serez convaincus que je suis le Seigneur lorsque j'interviendrai contre eux. Je rendrai leur pays désertique parce qu'ils ont trahi la fidélité qu'ils me doivent. Je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu.» Le Seigneur m'adressa la parole: «Toi, l'homme, montre à Jérusalem combien sa conduite a été abominable. Transmets-lui ce que je déclare, moi, le Seigneur Dieu: Canaan est le pays de tes ancêtres, la terre où tu es née. Ton père était un Amorite et ta mère une Hittite. Au moment de ta naissance, personne n'a coupé ton cordon, on ne t'a pas plongée dans l'eau pour te laver, on ne t'a pas frottée avec du sel et on ne t'a pas emmaillotée dans des langes. Personne n'a eu un regard de pitié pour toi ni assez de compassion pour te prodiguer un seul de ces soins. Au contraire, on n'avait que du dégoût pour toi et tu as été jetée sur le sol nu à ta naissance. Je suis passé près de toi et j'ai vu que tu baignais dans le sang. Je t'ai dit de vivre malgré le sang dont tu étais couverte, j'ai insisté pour que tu vives. Je t'ai fait croître comme une plante des champs. Tu as grandi, tu t'es développée et tu es devenue très belle: tes seins se sont formés et tes poils ont poussé. Mais tu étais complètement nue. De nouveau, je suis passé près de toi et j'ai vu que tu avais atteint l'âge de l'amour. Alors j'ai étendu mon manteau sur toi pour en couvrir ta nudité. Je t'ai promis fidélité et j'ai conclu une alliance avec toi. C'est ainsi que tu fus à moi, je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu. «J'ai pris de l'eau pour laver le sang qui était sur toi, puis je t'ai frictionnée avec de l'huile parfumée. Je t'ai donné des vêtements brodés et des sandales de cuir fin, une ceinture de lin et un manteau de soie. Je t'ai couverte de bijoux; j'ai mis des bracelets à tes poignets et un collier à ton cou; j'ai placé un anneau à ton nez, des boucles à tes oreilles et une magnifique couronne sur ta tête. Tes bijoux étaient d'or et d'argent, tes vêtements de lin, de soie et d'étoffes brodées. Pour te nourrir, tu prenais la farine la plus fine, du miel et de l'huile d'olive. Alors tu es devenue extrêmement belle et digne d'être reine. Ta renommée se répandit dans le monde entier à cause de ta beauté, qui était parfaite, car je t'avais somptueusement parée. Je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu.» «Mais tu t'es fiée à ta beauté, tu as profité de ta renommée pour te prostituer et t'adonner à la débauche en t'offrant à n'importe quel passant. Tu as choisi certains de tes vêtements aux riches couleurs pour orner tes lieux sacrés et tu t'es prostituée dessus – ce n'était jamais arrivé et cela n'arrivera jamais plus. Tu as pris les bijoux d'or et d'argent que je t'avais donnés, tu t'en es servie pour fabriquer des idoles masculines et tu t'es livrée à la débauche avec elles. Tu les as recouvertes de tes vêtements brodés et tu leur as présenté l'huile et les parfums que tu avais reçus de moi. Tu leur as offert en sacrifice, pour leur être agréable, tous les aliments que je te donnais, la farine la plus fine, l'huile et le miel dont je te nourrissais. Je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu. Tu leur as offert en sacrifice les fils et les filles que tu m'avais donnés, tu les leur as donnés en pâture. La débauche ne te suffisait donc pas? Il a fallu que tu égorges mes enfants pour les livrer à tes idoles! Pendant cette répugnante vie de débauche, tu ne t'es pas souvenue de ta jeunesse, de la période où tu étais complètement nue et où tu baignais dans le sang. «Malheureuse, c'est pour ton malheur que tu avais déjà fait tant de mal, je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu. Pourtant, tu as continué en t'aménageant des estrades, des endroits bien en vue sur chaque place. A l'entrée de chaque rue tu t'es construit une estrade et là, tu as souillé ta beauté, tu t'es offerte à tous les passants et t'es prostituée de plus en plus. Tu t'es prostituée aux Égyptiens, tes voisins aux corps magnifiques, et tu m'as irrité par tes innombrables actes de débauche. Alors, j'ai manifesté ma puissance contre toi: je t'ai coupé les vivres et je t'ai livrée à tes ennemies, les villes philistines, qui s'indignaient de ta conduite immorale. Mais tes désirs n'étaient pas assouvis et tu t'es prostituée aux Assyriens. Malgré cela tu n'as pas été satisfaite. Tu as commis d'innombrables actes de débauche dans le pays des Babyloniens, ces marchands, sans réussir davantage à satisfaire tes désirs. Ah, comme tu es lâche! Je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu. Pourtant, tu t'es conduite comme une prostituée pleine d'audace. Tu t'es construit une estrade à l'entrée de chaque rue et tu t'es aménagé un endroit bien en vue sur toutes les places, mais tu n'as même pas demandé un salaire comme une prostituée ordinaire! Tu as été semblable à une femme adultère qui recherche des étrangers au lieu d'aimer son mari. Toutes les prostituées reçoivent un salaire, mais toi, tu as offert des cadeaux à tes amants, tu les as payés pour que, de partout, ils viennent coucher avec toi. Dans ta débauche, tu as agi à l'opposé des autres prostituées. On ne te recherchait pas et on ne te donnait pas de salaire, mais c'est toi qui payais. Ainsi tu as inversé les rôles. «Eh bien, Jérusalem, la prostituée, écoute la parole du Seigneur. Voici ce que je te déclare, moi, le Seigneur Dieu: Tu t'es montrée complètement nue, tu as exhibé toutes les parties de ton corps en te livrant à la débauche avec tes amants, tes idoles abominables; tu as même versé le sang de tes enfants en les offrant à tes idoles. C'est pourquoi, je vais rassembler contre toi tous les amants auxquels tu as plu, ceux que tu as aimés et ceux que tu as détestés. Quand je les aurai amenés de partout, je te dévêtirai devant eux et tu seras livrée entièrement nue à leurs regards. Je t'infligerai la peine réservée aux femmes adultères et aux criminelles. Je te mettrai en sang par ma colère et ma vengeance. Je te livrerai au pouvoir de tes amants. Ils démoliront toutes les estrades que tu t'étais aménagées. Ils te déshabilleront, ils te dépouilleront de tes bijoux et ils t'abandonneront complètement nue. Puis ils ameuteront la foule contre toi, ils te lanceront des pierres, ils te mettront en pièces avec leurs épées, ils brûleront tes maisons. Ils exécuteront ainsi la sentence à laquelle tu es condamnée, sous les yeux d'une foule de femmes. Je mettrai fin à ta vie de prostituée et tu ne te paieras plus aucun amant. J'assouvirai ma fureur contre toi puis, lorsque je n'aurai plus de raison d'être jaloux, je retrouverai mon calme et je ne m'irriterai plus. Tu ne t'es pas souvenue de ce que j'ai été pour toi dans ta jeunesse et tu as provoqué ma colère par tes actes. Eh bien, je te ferai supporter les conséquences de ta conduite! Je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu. N'as-tu pas mêlé l'inconduite la plus honteuse à ton idolâtrie?» «Jérusalem, les faiseurs de proverbes diront à propos de toi: “Telle mère, telle fille”. En effet, tu es bien la fille de ta mère, cette femme qui a détesté son mari et ses enfants. Tu es pareille à tes sœurs, qui ont détesté leurs maris et leurs enfants. Votre mère était hittite et votre père amorite. Ta sœur aînée, c'est Samarie, dans le nord, avec les localités voisines. Ta jeune sœur, c'est Sodome, dans le sud, avec les localités voisines. Tu ne t'es pas contentée d'imiter leur conduite et leurs actions abominables, c'était trop peu! En tout, ton comportement a été bien pire que le leur! Par ma vie, je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu, ta sœur Sodome et les localités voisines n'ont jamais fait autant de mal que toi et les localités voisines. Voici quelles furent leurs fautes: elles ont vécu dans l'orgueil, le rassasiement et une tranquille insouciance; elles n'ont pas secouru les pauvres et les défavorisés. Elles sont devenues hautaines et ont commis des actes qui me sont insupportables. Alors je les ai fait disparaître de la terre, comme tu le sais. Quant à Samarie, elle n'en a pas fait la moitié autant que toi! Tu as agi de façon bien plus abominable qu'elle. Sodome et Samarie, tes sœurs, semblent innocentes en comparaison de toi! Eh bien maintenant, tu dois supporter ton humiliation! Tu as blanchi tes sœurs: puisque tu as commis des fautes bien plus abominables qu'elles, elles apparaissent plus justes que toi. A ton tour donc de subir la honte et l'humiliation, toi qui leur as donné une apparence d'innocence! Je restaurerai ces villes: je rétablirai la situation de Sodome et des localités voisines ainsi que celle de Samarie et des localités voisines, et je finirai par rétablir ta situation comme la leur. De cette façon tu seras humiliée d'avoir été à l'origine de leur restauration. Sodome, Samarie et les localités voisines retrouveront leur ancienne situation. Il en sera de même pour toi et les localités voisines. Au temps où tu étais fière de toi, tu parlais avec mépris de Sodome. C'était avant que ta propre indignité ne soit rendue manifeste. A ton tour maintenant de subir les moqueries des villes édomites et des villes voisines, les insultes des villes philistines qui, de tous côtés, manifestent leur mépris. Tu supportes ainsi les conséquences de tes actions honteuses et abominables, je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu. «Voici ce que je déclare, moi, le Seigneur Dieu: Tu n'as pas tenu compte de ton serment mais tu as rompu notre alliance, si bien que je te traiterai comme tu le mérites. Seulement, moi, je serai fidèle à l'alliance que j'ai conclue avec toi au temps de ta jeunesse et je la transformerai en une alliance éternelle. Tu réfléchiras à ta conduite et tu en seras honteuse lorsque tu retrouveras tes sœurs aînées et tes sœurs plus jeunes. Je te les soumettrai comme si c'étaient tes filles, bien que cela ne fasse pas partie de mes engagements à ton égard. Je renouvellerai mon alliance avec toi et tu seras convaincue que je suis le Seigneur. Alors tu te souviendras du passé, tu en rougiras de honte et tu n'oseras plus prendre la parole, mais moi, je te pardonnerai tout le mal que tu as fait. Je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu.» Le Seigneur m'adressa la parole: «Toi, l'homme, propose une énigme aux Israélites, raconte-leur une parabole. Dis-leur que c'est moi, le Seigneur Dieu, qui la leur adresse. La voici: “Il y avait un aigle gigantesque, aux ailes immenses, aux longues plumes, abondantes et de couleurs variées. Il vola jusqu'aux montagnes du Liban. Il y brisa la cime d'un cèdre, il arracha la plus élevée de ses branches. Il l'emporta dans un pays de commerçants et la déposa dans une ville de marchands. Il prit ensuite une autre plante du pays d'Israël et la plaça dans une pépinière. Il la mit en terre au bord d'un abondant cours d'eau, comme si c'était un saule. Cette plante poussa et devint une vigne florissante, d'une espèce rampante. Ses branches se développaient en direction de l'aigle et ses racines s'étendaient sous lui. Elle devint une vigne qui produisit des rameaux et fit pousser des sarments. Mais un second aigle, gigantesque lui aussi, survint; ses ailes étaient immenses et son plumage abondant. Alors la vigne dirigea ses racines vers lui et tourna ses branches dans sa direction. Elle espérait ainsi recevoir encore plus d'eau que dans le terrain où elle était. Elle avait pourtant été plantée dans un champ fertile, au bord d'un cours d'eau abondant, de façon à produire des rameaux, à porter des fruits et à devenir une vigne magnifique.” «Transmets ce que je déclare, moi, le Seigneur Dieu: “Cette vigne pourra-t-elle se développer? Le premier aigle ne va-t-il pas arracher ses racines, détruire ses fruits, faire en sorte que ses pousses nouvelles se dessèchent? Il n'aura pas besoin d'une grande force ni d'une troupe nombreuse pour la déraciner. La vigne a bien été plantée, mais pourra-t-elle prospérer? Dès que le vent d'est soufflera sur elle, ne va-t-elle pas se dessécher complètement? Elle séchera sur pied à l'endroit où elle devait pousser!” » Le Seigneur m'adressa la parole: «Demande à ces gens récalcitrants s'ils ne comprennent pas ce que signifie cette histoire. Rappelle-leur comment le souverain de Babylone est entré à Jérusalem, a capturé le roi et les chefs et les a emmenés dans son pays. Il a ensuite pris un membre de la famille royale, a conclu un traité avec lui et lui a fait prêter un serment de fidélité. Il a éloigné du pays tous les notables pour que le royaume reste modeste, perde toute ambition et respecte fidèlement le traité. Mais le nouveau roi s'est révolté contre le vainqueur, il a envoyé des messagers en Égypte pour demander des chevaux et un nombre important de soldats. Va-t-il réussir et sauver la situation après avoir agi ainsi? Il ne peut sûrement pas se tirer d'affaire alors qu'il a rompu le traité conclu! «Par ma vie, je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu, ce roi mourra dans le pays du souverain qui l'a placé sur le trône. En effet, il n'a pas tenu compte du serment prêté, il a rompu le traité conclu. C'est à Babylone qu'il mourra. Même avec une nombreuse et puissante armée, le Pharaon d'Égypte ne pourra pas l'aider à se défendre lorsque les Babyloniens élèveront des remblais et creuseront des tranchées en vue de massacrer une foule de gens. En rompant le traité, ce roi s'est moqué des engagements pris. Puisqu'il a agi ainsi, après avoir donné sa parole, il ne s'en tirera pas! «Voici ce que je déclare, moi, le Seigneur Dieu: Par ma vie, le roi a rompu le traité qu'il avait juré d'observer devant moi, et je lui en ferai subir les conséquences. Je vais lui tendre un piège et le capturer. Je l'emmènerai à Babylone où je le condamnerai pour l'infidélité qu'il a commise envers moi. Ses meilleurs soldats seront tués au combat et les survivants seront dispersés aux quatre vents. Vous serez convaincus ainsi que c'est moi, le Seigneur, qui vous ai parlé.» «Voici ce que je déclare, moi, le Seigneur Dieu: Je prendrai moi-même un jeune rameau à la cime du cèdre, je le cueillerai à l'extrémité de ses branches et je le planterai sur une très haute montagne. Sur une montagne élevée d'Israël je le planterai. Il développera des branches, produira des graines et deviendra un cèdre magnifique. Des oiseaux de toute espèce nicheront dans ses branches et trouveront un abri à leur ombre. Alors tous les arbres de la campagne sauront que je suis le Seigneur. J'abats les arbres trop élevés et je fais pousser les plus petits. Je dessèche les arbres verdoyants et je redonne de la sève aux arbres desséchés. C'est moi, le Seigneur, qui parle, et je fais ce que je dis.» Le Seigneur m'adressa la parole: «Pourquoi entend-on répéter ce proverbe dans le pays d'Israël: “Les parents ont mangé des raisins verts, mais ce sont les enfants qui ont mal aux dents?” Par ma vie, je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu, vous n'aurez plus à répéter ce proverbe en Israël. En effet, la vie de chacun m'appartient, celle des parents comme celle des enfants, et c'est le coupable qui doit mourir. «Prenons le cas d'un homme qui pratique le bien en agissant de manière juste et honnête. Il ne participe pas à des repas sacrés sur les montagnes, il ne rend pas de culte aux sales idoles des Israélites. Il ne déshonore jamais la femme d'un autre et il n'a pas de relations avec une femme pendant ses règles. Il n'exploite ni ne vole personne, il restitue le gage fourni par son débiteur, il donne du pain à qui a faim et des habits à qui en manque. Il ne prête pas son argent pour en retirer un intérêt ou un profit. Il ne se rend pas complice de l'injustice mais prononce des jugements impartiaux. Il obéit aux règles et aux lois que j'ai établies, en agissant loyalement. Eh bien, moi, le Seigneur Dieu, je l'affirme, un tel homme pratique vraiment le bien et il vivra. «Supposons que cet homme ait un fils qui pille, tue et commette toutes sortes d'actions de ce genre. Contrairement à son père, il participe aux repas sacrés sur les montagnes, il déshonore la femme des autres, exploite les pauvres et les défavorisés, vole les gens, ne restitue pas les gages fournis par ses débiteurs. Il s'adonne au culte des idoles et commet à cette occasion des actions abominables. Il prête son argent pour en retirer un intérêt ou un profit. Un tel homme doit-il vivre? Sûrement pas! Il a commis tous ces actes détestables; il mourra donc et sera lui-même responsable de sa mort. «Supposons qu'il ait à son tour un fils. Ce fils a vu toutes les mauvaises actions commises par son père, mais il ne suit pas son exemple. Il ne participe pas à des repas sacrés sur les montagnes, il ne rend pas de culte aux sales idoles des Israélites. Il ne déshonore jamais la femme d'un autre. Il n'exploite ni ne vole personne et il n'exige pas de gage de ses débiteurs. Il donne du pain à qui a faim et des habits à qui en manque. Il ne se rend pas complice de l'injustice, il ne prête pas son argent pour en retirer un intérêt ou un profit. Il obéit ainsi aux règles et aux lois que j'ai établies. Cet homme n'a pas à mourir pour les fautes de son père: il conservera assurément la vie. C'est son père qui a opprimé, volé et maltraité les gens autour de lui; c'est donc lui qui mourra pour ses fautes. «Vous demandez pourquoi le fils ne supporte pas les conséquences des fautes de son père? Eh bien, c'est parce qu'il a agi conformément au droit et à la justice et qu'il a obéi à toutes mes règles. Il vivra donc. C'est la personne coupable qui doit mourir. Les enfants n'auront pas à payer pour les fautes de leurs parents ni les parents pour les fautes de leurs enfants. L'homme de bien sera récompensé d'agir avec justice et le méchant sera puni pour le mal qu'il fait.» «Si un méchant renonce à ses mauvaises actions, s'il se met à obéir à mes règles et à agir conformément au droit et à la justice, il n'aura pas à mourir, assurément il vivra. Tous ses torts seront oubliés et il vivra grâce au bien qu'il pratique. Pensez-vous que j'aime voir mourir les méchants? Je vous le déclare, moi, le Seigneur Dieu, tout ce que je désire, c'est qu'ils changent de conduite et qu'ils vivent. Par contre, si un homme juste renonce à se conduire bien, s'il se met à agir de manière aussi abominable que les méchants, pensez-vous qu'il pourra vivre? Sûrement pas! Toutes ses bonnes actions seront oubliées. Il mourra à cause de son infidélité et du mal qu'il commet. Vous dites: “Le Seigneur va trop loin!” Écoutez-moi bien, vous, les Israélites: Est-ce moi qui vais trop loin? N'est-ce pas plutôt vous qui passez les bornes? Si un homme juste renonce à se conduire bien, agit mal et meurt, il meurt à cause du mal qu'il fait. Si au contraire un méchant renonce à sa mauvaise conduite et se met à agir de manière juste et honnête, il sauve sa vie. Il peut continuer à vivre, puisqu'il s'est rendu compte de ses mauvaises actions et y a renoncé; il n'y a plus de raison qu'il meure. Mais vous, les Israélites, vous dites: “Le Seigneur va trop loin!” Eh bien non, ce n'est pas moi qui vais trop loin, c'est vous qui passez les bornes! Pour ma part, je jugerai chacun de vous selon sa propre conduite, je vous l'affirme, moi, le Seigneur Dieu. Changez donc de vie, détournez-vous de tout le mal que vous faites, ne laissez plus aucune faute causer votre perte. Renoncez aux mauvaises actions que vous commettez, transformez vos cœurs et vos esprits. Pourquoi voudriez-vous mourir, Israélites? Vraiment je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu, je ne veux la mort de personne. Détournez-vous du mal et vivez!» Le Seigneur me dit de chanter cette complainte sur les princes qui règnent en Israël: «Votre mère était une lionne remarquable dans la race des lions! Étendue parmi les jeunes lions, elle nourrissait ses petits. Elle dressa spécialement l'un d'eux. Devenu un jeune lion, il apprit à déchirer une proie et il dévora des hommes. Des étrangers en entendirent parler. Ils le firent tomber dans une fosse et l'emmenèrent avec des crochets au pays d'Égypte. La lionne constata qu'elle attendait en vain et qu'il n'y avait plus d'espoir. Elle choisit alors un autre de ses petits, elle en fit un lionceau vigoureux élevé en compagnie des lions. Devenu un jeune lion, lui aussi apprit à déchirer une proie et il dévora des hommes. Il démolit leurs citadelles, détruisit leurs villes. Les habitants du pays étaient épouvantés, en l'entendant rugir. Des étrangers venant de partout se postèrent contre lui. Ils le prirent au piège, le firent tomber dans une fosse. Au moyen de crochets, ils l'entraînèrent dans une cage et l'emmenèrent au roi de Babylone. On le mit en prison pour ne plus l'entendre rugir sur les montagnes d'Israël.» «Votre mère ressemblait à une vigne plantée au bord de l'eau. Elle était chargée de fruits et de feuilles, grâce à toute l'eau qu'elle recevait. Elle eut des branches vigoureuses qui devinrent des bâtons de commandement. Elle s'éleva au-dessus des arbres. On admirait sa haute taille et le nombre de ses rameaux. Mais elle a été arrachée avec colère et jetée au sol. Le vent d'est a desséché ses fruits, qui sont tombés. Ses branches magnifiques ont séché puis elles ont été brûlées. Maintenant la vigne est plantée dans le désert, dans un pays aride et sans eau. Un feu a jailli de son tronc, il a détruit ses rameaux et ses fruits. Elle n'a plus de branche vigoureuse qui puisse devenir un bâton de chef.» Ce poème doit être chanté comme une complainte. La septième année après la déportation, le dixième jour du cinquième mois, quelques anciens d'Israël vinrent s'asseoir devant moi pour me consulter sur la volonté du Seigneur. Alors le Seigneur m'adressa la parole: «Toi, l'homme, transmets aux anciens d'Israël ce que je leur déclare, moi, le Seigneur Dieu: C'est pour connaître ma volonté que vous êtes venus, n'est-ce pas? Eh bien, par ma vie, je ne me laisserai pas consulter par vous, je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu! «Toi qui n'es qu'un homme, prépare-toi à les juger, n'hésite pas à le faire. Rappelle-leur les actions abominables de leurs ancêtres. Rapporte-leur ce que je déclare, moi, le Seigneur Dieu: Lorsque j'ai choisi Israël, je me suis engagé par serment envers tous les membres de ce peuple. Je me suis révélé à eux en Égypte, je leur ai solennellement promis d'être leur Seigneur et leur Dieu. A ce moment-là, je leur ai juré de les faire sortir d'Égypte pour les conduire dans une merveille de pays, un pays qui regorge de lait et de miel, et que j'avais spécialement préparé pour eux. Je leur ai donné cet ordre: “Que chacun de vous renonce aux dieux abominables qui vous attirent, ne vous rendez plus impurs en adorant les idoles égyptiennes. C'est moi qui suis le Seigneur, votre Dieu.” «Mais ils se sont révoltés contre moi et n'ont pas voulu m'obéir. Personne n'a renoncé aux dieux abominables qui l'attiraient, aucun d'eux n'a abandonné les idoles égyptiennes. J'envisageai alors de ne plus contenir ma colère mais de la déverser sur eux, en Égypte même. Cependant j'ai agi par égard pour moi, pour ne pas m'exposer au mépris des populations parmi lesquelles ils vivaient. En effet, celles-ci avaient été témoins de ma promesse de faire sortir Israël d'Égypte. Je les emmenai donc hors d'Égypte et les conduisis dans le désert. Je leur enseignai les règles et les lois que j'ai établies pour que tous ceux qui les pratiquent puissent vivre. J'instituai le jour du sabbat pour manifester la relation qui les unit à moi et leur rappeler que moi, le Seigneur, je les consacre à mon service. Mais les Israélites se sont révoltés contre moi dans le désert. Ils ont négligé mes règles et méprisé mes lois, qui permettent de vivre à ceux qui les pratiquent. Ils ont gravement violé le jour du sabbat. De nouveau, j'envisageai de déverser ma colère sur eux dans le désert et de les y détruire. Cependant j'ai agi par égard pour moi, pour ne pas m'exposer au mépris des populations qui m'avaient vu emmener les Israélites hors d'Égypte. Par contre, dans le désert, je leur jurai de ne pas les conduire dans le pays de merveille que je leur donne, un pays qui regorge de lait et de miel. J'en fis le serment parce qu'ils avaient refusé d'observer mes lois et mes règles et de respecter le jour du sabbat, tellement ils étaient attachés à leurs idoles. Mais j'eus trop pitié d'eux pour les détruire et je ne les exterminai pas dans le désert.» «J'ai donné ces recommandations à leurs enfants dans le désert: “Ne vous conduisez pas selon les règles et les lois que vos pères se sont fabriquées, ne vous rendez pas impurs en adorant leurs sales idoles. C'est moi qui suis le Seigneur votre Dieu! Conduisez-vous selon mes règles et acceptez d'obéir à mes lois. Consacrez-moi le jour du sabbat pour manifester la relation qui vous unit à moi et vous rappeler que je suis le Seigneur, votre Dieu.” Mais eux aussi se sont révoltés contre moi. Ils n'ont pas observé mes règles et ils ont refusé de se conformer à mes lois, qui permettent de vivre à ceux qui les pratiquent. Ils ont violé le jour du sabbat. J'envisageai alors de ne plus contenir ma colère mais de la déverser sur eux dans le désert. J'y renonçai par égard pour moi, pour ne pas m'exposer au mépris des populations qui m'avaient vu les emmener hors d'Égypte. Par contre, dans le désert, je leur jurai de les disperser parmi d'autres peuples dans des pays étrangers. J'en fis le serment parce qu'ils n'avaient pas observé mes règles et mes lois ni respecté le jour du sabbat, mais qu'ils s'étaient laissés attirer par les sales idoles de leurs pères. Je leur ai même donné des règles qui ne leur ont pas fait de bien et des lois qui ne leur ont pas permis de vivre. Je les ai laissés se rendre impurs par des offrandes qui consistaient à tuer leurs premiers-nés. Ils en ont été eux-mêmes frappés d'horreur et ainsi ils ont reconnu que je suis le Seigneur.» «C'est pourquoi, l'homme, transmets aux Israélites ce que je leur déclare, moi, le Seigneur Dieu: Vos ancêtres m'ont aussi offensé en trahissant la fidélité qu'ils me devaient. Je les ai conduits dans le pays que j'avais juré de leur donner. Là ils remarquèrent les sommets des collines aux arbres touffus et ils se mirent à y offrir leurs sacrifices. Ils ont provoqué ma colère par les dons, les offrandes à l'odeur apaisante et les offrandes de vin qu'ils y présentaient. Je leur demandai alors: “Qu'est-ce que ces lieux sacrés où vous vous rendez?” Depuis lors, on appelle ces endroits des lieux sacrés. Transmets donc aux Israélites ce que je déclare, moi, le Seigneur Dieu: Comment! vous suivez l'exemple de vos ancêtres, vous vous rendez impurs et vous vous prostituez en adorant leurs idoles abominables! Maintenant encore, vous vous rendez impurs en apportant vos dons et en offrant vos enfants en sacrifice à vos idoles. Dans ces conditions, est-ce que je vais me laisser consulter par vous, les Israélites? Par ma vie, je l'affirme, moi le Seigneur Dieu, je ne me laisserai pas consulter par vous! Vous vous imaginez que vous pourrez être comme les peuples des autres pays en adorant des arbres et des pierres, mais cela n'arrivera pas. Par ma vie, je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu, c'est avec puissance que j'agirai, je laisserai exploser ma colère et c'est ainsi que je régnerai sur vous. Je vous retirerai du milieu des peuples et des pays où vous avez été dispersés et je vous rassemblerai en vous faisant sentir toute ma puissance et les effets de ma colère. Je vous amènerai au désert, à l'écart des autres peuples, et je vous ferai comparaître devant moi. Je vous condamnerai tout comme j'ai condamné vos ancêtres dans le désert proche de l'Égypte, je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu. Je vous ferai passer sous mon bâton de berger et je vous compterai à l'entrée. J'exclurai de votre nombre ceux qui se sont révoltés et m'ont désobéi. Je les retirerai des pays où ils séjournent, mais ils ne retourneront point sur le sol d'Israël. Alors vous serez convaincus que je suis le Seigneur. Voici ce que moi, le Seigneur Dieu, je vous déclare: Israélites, chacun de vous peut bien adorer ses sales idoles! Mais ensuite, vous serez obligés de m'obéir, vous cesserez de déshonorer le nom que je porte en offrant des dons à vos idoles. En effet, tous les Israélites du pays me rendront un culte sur la montagne qui m'est consacrée, la grande montagne d'Israël. Là, je vous recevrai favorablement et je vous demanderai de m'apporter tout ce que vous me consacrez, vos dons et l'offrande de ce que vous avez de meilleur. Après vous avoir retirés du milieu des peuples et des pays où vous avez été dispersés et vous avoir rassemblés, j'accueillerai vos offrandes à l'odeur apaisante. Ainsi, par mes actions à votre égard, je montrerai aux autres peuples que je suis le vrai Dieu. De votre côté, vous serez convaincus que je suis le Seigneur lorsque je vous conduirai dans le pays d'Israël, que j'avais solennellement promis de donner à vos ancêtres. Là, vous réfléchirez à votre conduite passée et aux actions qui vous ont rendus impurs. Vous serez pris d'un grand dégoût de vous-mêmes à cause de tout le mal que vous avez commis. Je ne vous traiterai pas, vous les Israélites, en fonction de votre conduite mauvaise et de vos actions immorales, mais j'agirai avec vous de façon à faire respecter ce que je suis. Vous serez convaincus alors que je suis le Seigneur, je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu.» Le Seigneur m'adressa la parole: «Toi, l'homme, tourne ton regard vers le sud du pays, déverse de ma part des menaces contre les habitants de la forêt du sud. Tu leur diras d'écouter ces paroles que moi, le Seigneur Dieu, je prononce contre la forêt du sud: Je vais allumer un incendie qui consumera tous tes arbres, qu'ils soient verdoyants ou desséchés. Rien ne pourra éteindre ses flammes, il se répandra du sud au nord et tout le monde subira ses brûlures. Chacun verra que c'est moi, le Seigneur, qui l'ai allumé, et rien ne pourra l'éteindre.» Je répondis: «Ah, Seigneur Dieu, on se plaint déjà de moi en disant: “Il ne parle que par énigmes.” » Le Seigneur m'adressa encore la parole: «Toi, l'homme, tourne ton regard vers la ville de Jérusalem, déverse tes menaces contre les sanctuaires, parle de ma part contre le pays d'Israël. Révèle aux Israélites que moi, le Seigneur, je leur déclare ceci: “Je vais intervenir contre vous, je vais tirer mon épée de son fourreau et vous tuer tous, les justes comme les méchants. C'est pour vous supprimer tous que je brandirai mon épée contre chacun de vous, depuis le sud jusqu'au nord. Tout le monde saura que moi, le Seigneur, j'ai retiré mon épée de son fourreau. Je ne l'y remettrai plus.” Quant à toi, l'homme, courbe-toi sous le poids du désespoir et gémis aux yeux de tous. On te demandera pourquoi tu gémis et tu répondras: “J'ai appris une mauvaise nouvelle, elle va se réaliser. Les cœurs seront brisés, les mains pendront sans force, les courages faibliront, les genoux s'entrechoqueront. Nous y voilà! Cela se réalise maintenant, déclare le Seigneur Dieu.” » Le Seigneur m'adressa de nouveau la parole: «Toi, l'homme, sois prophète. Révèle aux gens ce que je leur déclare, moi, le Seigneur: Voici une épée, une épée aiguisée et polie. C'est pour un massacre qu'elle a été aiguisée, elle a été polie au point de lancer des éclairs. Je l'ai donnée à fourbir pour qu'elle puisse être brandie, elle est affûtée et nettoyée pour être remise au tueur. Pousse des cris de détresse, l'homme! Cette épée est dirigée contre mon peuple, et contre tous les princes qui règnent en Israël et qui seront massacrés en même temps que lui. Frappe-toi la poitrine de désespoir. C'est une dure épreuve, je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu. Quant à toi, l'homme, sois prophète. Frappe dans tes mains, une fois, deux fois, trois fois, car c'est l'épée de la mort, l'épée de la grande tuerie qui menace de partout. Elle brise le courage de chacun, fait chanceler tout le monde. Devant chaque porte, j'ai placé l'épée du massacre, étincelante comme l'éclair, prête à tuer. Frappe à droite, frappe à gauche, épée tranchante, Tourne ta pointe dans toutes les directions! A mon tour, je vais frapper du poing et donner libre cours à ma colère. C'est moi, le Seigneur, qui vous parle.» Le Seigneur m'adressa la parole: «Quant à toi, l'homme, trace deux routes par lesquelles le roi de Babylone pourra venir avec son épée. Fais-les partir toutes les deux du même pays. Au départ de chacune d'elles, indique par un signe la ville à laquelle elle mène. Une des routes conduira l'armée de Babylone à la ville ammonite de Rabba et l'autre à la ville fortifiée de Jérusalem, en Juda. Le roi de Babylone s'arrête au point de départ des deux routes, à la bifurcation, pour consulter le sort. Il lance les flèches en l'air, interroge les idoles et examine des foies d'animaux. A sa droite est tombée la flèche qui désigne Jérusalem. Il poussera des cris de guerre et lancera le signal d'attaque. Il placera des machines de guerre contre les portes de la ville, il élèvera des remblais et creusera des tranchées. Les gens de Jérusalem estiment que cette décision du sort est sans conséquence puisqu'ils sont protégés par un serment. Mais le roi de Babylone leur rappelle leur infidélité et les avertit qu'ils seront emmenés en captivité. C'est pourquoi, je leur déclare ceci, moi, le Seigneur Dieu: Vous me remettez sans cesse vos fautes en mémoire par votre désobéissance manifeste, dans toutes vos actions vous vous montrez coupables. Eh bien, puisque vous ne vous êtes pas fait oublier, vous tomberez au pouvoir de l'ennemi! «Quant à toi, prince qui règnes en Israël, tu n'es qu'un criminel infâme. Le moment vient où ta conduite fautive prendra fin. Voici ce que je déclare, moi, le Seigneur Dieu: Tu seras privé de ton insigne royal, on ôtera ta couronne. La situation a tourné! Les humbles occuperont une place élevée, les puissants seront abaissés. Des ruines, rien que des ruines! Je transformerai Jérusalem en ruines. La ville sera entièrement détruite, mais pas avant la venue de celui auquel j'aurai remis le pouvoir d'intervenir contre elle.» «Quant à toi, l'homme, sois prophète; transmets aux Ammonites ce que je déclare, moi, le Seigneur Dieu, à leur sujet et au sujet de leur attitude insultante à l'égard d'Israël. Dis-leur: Une épée est là, une épée prête à vous tuer. Elle a été fourbie pour un massacre, elle a été polie au point de lancer des éclairs. Pendant que vous vous reposez sur des visions imaginaires et des prédictions fausses, elle est prête à trancher le cou des criminels infâmes. En effet, le moment vient où leur conduite fautive prendra fin. Maintenant remettez vos épées dans leur fourreau. C'est à l'endroit où vous avez été créés, dans le pays de votre naissance, que j'interviendrai contre vous. Je déverserai sur vous ma colère, je vous ferai subir le feu de mon indignation et je vous livrerai au pouvoir d'hommes brutaux, acharnés à détruire. Vous serez la proie des flammes et votre sang coulera dans tout le pays. Après quoi personne ne se souviendra plus de vous. C'est moi, le Seigneur Dieu, qui vous parle.» Le Seigneur m'adressa la parole: «Quant à toi, l'homme, prépare-toi à juger la ville criminelle de Jérusalem, n'hésite pas! Fais-lui prendre conscience de ses actions abominables. Transmets-lui ce que je déclare, moi, le Seigneur Dieu: Tu es une ville dont les habitants commettent des meurtres et préparent ainsi le moment de ta ruine; ils se fabriquent de sales idoles et souillent ton sol. Tu es coupable de tous ces meurtres et tu es souillée par la fabrication de ces idoles! Tu fais toi-même approcher le moment de ta destruction, tes jours sont comptés! C'est pourquoi je te livre aux moqueries des peuples étrangers, tu deviendras la risée de toutes les nations. Ta réputation est ternie, tu es un lieu de désordres, et les pays éloignés comme les pays voisins riront de toi. «Chez toi, chaque dirigeant d'Israël abuse de son pouvoir et commet des meurtres. Chez toi, on méprise son père et sa mère, on exploite les étrangers, on opprime les orphelins et les veuves. On n'a aucun respect pour les lieux qui me sont consacrés, on viole le jour du sabbat. Chez toi, des gens se livrent à la calomnie dans un but criminel. Tes habitants participent aux repas sacrés sur les montagnes. Ils s'adonnent à la débauche. Certains couchent avec la femme de leur père, ou abusent des femmes pendant leurs règles. Les uns commettent des actes abominables avec les femmes de leur prochain, d'autres séduisent et forcent à la débauche leur belle-fille ou leur demi-sœur. Chez toi, on accepte d'être payé pour tuer, on prête son argent pour en retirer un intérêt, on exploite ses compatriotes pour s'enrichir. Et moi, on m'oublie totalement, je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu. «Mais je vais frapper du poing, population de Jérusalem, à cause de tes bénéfices malhonnêtes et des meurtres que tu as commis. Aurez-vous assez de force et de courage pour tenir le coup, lorsque j'interviendrai contre vous? C'est moi, le Seigneur, qui parle, et je fais ce que je dis. Je vous disperserai parmi d'autres peuples dans des pays étrangers et je mettrai fin à toutes vos actions impures. Vous serez rabaissés aux yeux des autres nations, mais vous serez convaincus alors que je suis le Seigneur.» Le Seigneur m'adressa la parole: «Vois-tu, l'homme, pour moi les Israélites sont devenus semblables à des métaux impurs. Ils sont comme l'argent, le cuivre, l'étain, le fer ou le plomb mélangés dans le creuset. C'est pourquoi je déclare ceci, moi, le Seigneur Dieu: Vous êtes tous devenus des métaux impurs, je vais donc vous entasser dans la ville de Jérusalem. On entasse l'argent, le cuivre, le fer, le plomb ou l'étain dans le creuset, puis on attise le feu par-dessous pour obtenir leur fusion. Eh bien, de même, dans ma terrible colère, je vous rassemblerai et vous entasserai pour vous faire fondre par le feu! Dans Jérusalem même, je vous rassemblerai et je vous soumettrai au feu de ma colère, qui vous fera fondre comme du métal. Vous serez semblables à l'argent en fusion dans le creuset. Vous serez convaincus alors que c'est moi, le Seigneur, qui ai déversé ma fureur sur vous.» Le Seigneur m'adressa la parole: «Toi, l'homme, dis aux Israélites que leur pays ressemble à une terre qui ne reçoit pas de pluie, il dépérira sous l'effet de ma colère comme un sol sans eau. Tels des lions rugissants qui s'acharnent sur leur proie, leurs dirigeants commettent des meurtres, s'emparent de l'argent et des biens d'autrui et réduisent de nombreuses femmes au veuvage. Leurs prêtres violent mes lois et ne respectent pas les lieux qui me sont consacrés. Ils confondent sacré et profane. Ils n'enseignent pas aux gens la distinction entre pur et impur et ils ignorent volontairement le jour du sabbat. Au milieu d'eux je suis exposé au mépris. Les chefs du peuple sont sanguinaires comme des loups qui s'acharnent sur leur proie, ils détruisent des vies pour s'enrichir. Leurs prophètes masquent tout cela sous une couche de badigeon. Ils racontent des visions imaginaires et prédisent des mensonges. Ils prétendent transmettre un message de ma part alors que moi, le Seigneur, je ne leur ai pas parlé. Partout dans le pays, on pratique l'oppression, on commet des vols, on maltraite les pauvres et les défavorisés, on exploite les étrangers contre leurs droits. J'ai cherché quelqu'un qui serait prêt à construire un mur d'enceinte, ou prêt à se tenir sur la brèche des murailles pour défendre le pays et m'empêcher de le détruire, mais je n'ai trouvé personne. Alors j'ai déversé ma fureur sur eux, je les détruis dans le feu de ma colère, et je leur fais supporter les conséquences de leur conduite. Je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu.» Le Seigneur m'adressa la parole: «Toi, l'homme, écoute l'histoire de deux sœurs, nées de la même mère. Lorsqu'elles étaient jeunes, elles devinrent des prostituées en Égypte où elles vivaient. C'est là qu'on mit la main sur leur poitrine, là qu'on tripota leurs seins de jeune fille. L'aînée s'appelait Ohola et la cadette Oholiba. La première représente Samarie et la seconde Jérusalem. Je les épousai toutes deux et elles me donnèrent des fils et des filles. Mais Ohola se prostitua, bien qu'elle fût à moi. Elle éprouva du désir pour ses voisins, les Assyriens, et prit parmi eux ses amants. Ils portaient des costumes de couleur pourpre en tant que gouverneurs ou magistrats. C'étaient des hommes jeunes, séduisants et d'habiles cavaliers. Ohola accorda ses faveurs à ces hauts fonctionnaires assyriens et, chaque fois qu'elle éprouvait du désir pour l'un d'eux, elle se souillait en adorant leurs sales idoles. Elle continua la vie de prostituée qu'elle avait menée en Égypte. Là, déjà, quand elle était jeune, des hommes couchaient avec elle, tripotaient ses seins de jeune fille et l'entraînaient dans la débauche. Alors, je l'ai abandonnée entre les mains de ses amants, les Assyriens, qu'elle désirait. Ils l'ont entièrement déshabillée et l'ont assassinée, après avoir emmené ses fils et ses filles. Elle a subi ainsi un châtiment qui fut un exemple pour les autres femmes.» «Sa sœur Oholiba en fut témoin. Pourtant, dans ses passions, elle fut encore plus corrompue qu'Ohola, elle se prostitua de façon bien pire. Elle aussi éprouva du désir pour les gouverneurs et les magistrats assyriens, ses voisins magnifiquement vêtus, qui étaient d'habiles cavaliers et des hommes jeunes et séduisants. Elle aussi s'enfonça dans l'immoralité. Je le constatai: les deux sœurs avaient vraiment la même conduite! Cependant Oholiba alla encore plus loin dans la débauche. Un jour, elle vit des hommes dessinés et peints en rouge sur un mur. Ils représentaient des Babyloniens. Des ceintures serraient leurs tailles, des turbans entouraient leurs têtes. Ils avaient l'allure de fiers guerriers. C'était un portrait fidèle des Babyloniens tels qu'ils vivent dans leur pays. Oholiba éprouva du désir pour eux dès le premier regard et elle envoya des messagers dans leur pays. Alors les Babyloniens vinrent coucher avec elle. Ils la souillèrent par leurs débauches. Quand elle se fut suffisamment avilie avec eux, elle éprouva du dégoût pour eux. Elle s'était publiquement conduite comme une prostituée, elle avait livré sa nudité aux regards, si bien que j'éprouvai pour elle le même dégoût que j'avais eu pour sa sœur. Mais elle se prostitua de plus en plus et se conduisit de façon aussi immorale que dans sa jeunesse en Égypte. Là, elle avait éprouvé du désir pour des débauchés, à la sexualité bestiale et effrénée comme celle des ânes ou des étalons.» «Oholiba, tu as recommencé à agir avec la même immoralité que dans ta jeunesse, lorsque tu laissais les Égyptiens mettre la main sur ta poitrine et tripoter tes jeunes seins. C'est pourquoi, voici ce que je te déclare, moi, le Seigneur Dieu: Je vais dresser contre toi tous tes amants. Maintenant que tu éprouves du dégoût pour eux, je vais les faire venir de partout contre toi. Je vais ameuter les Babyloniens, tous les Chaldéens, les habitants de Pecod, Choa et Coa, et les Assyriens se joindront à eux. Je rassemblerai ces hommes jeunes et séduisants, gouverneurs et magistrats, guerriers et hauts dignitaires, tous habiles cavaliers. Ils viendront du nord, avec des chars, toutes sortes de véhicules et une immense armée. Protégés par leurs boucliers et leurs casques, ils t'encercleront. J'exposerai ton cas devant eux et ils te jugeront selon leurs lois. A cause de ma colère contre toi, je les laisserai te traiter avec violence. Ils te couperont le nez et les oreilles et ils t'achèveront avec leurs épées. Ils prendront tes fils et tes filles et les survivants seront dévorés par le feu. Ils te dépouilleront de tes vêtements et de tes bijoux. Je mettrai un terme à la vie de débauche et de prostitution que tu as commencée en Égypte. Tu ne désireras plus personne et tu ne penseras plus aux Égyptiens. «Moi, le Seigneur, je le déclare, je vais t'abandonner entre les mains de ceux que tu détestes, de ceux pour qui tu as du dégoût. Ils te traiteront odieusement. Ils prendront le produit de ton travail. Ils te laisseront entièrement nue, exposée aux regards comme une prostituée. C'est ton immoralité et tes débauches qui t'auront valu cela. Tu t'es prostituée aux hommes de pays étrangers et tu t'es souillée en adorant leurs sales idoles. Tu as suivi l'exemple de ta sœur, c'est pourquoi je te ferai boire comme elle à la coupe de ma colère. Voici ce que je déclare, moi, le Seigneur Dieu: Tu boiras la même coupe que ta sœur, une coupe large et profonde. On rira et on se moquera de toi, car la coupe est bien remplie! Elle te rendra ivre de douleur, cette coupe de peur et de souffrance, que ta sœur Samarie a déjà vidée. Tu la boiras jusqu'au bout, tu la casseras de tes dents, tu blesseras ta poitrine à ses débris. Oui, c'est moi, le Seigneur Dieu, qui te parle, et c'est ce que j'affirme. En effet, voici ce que je déclare, moi, le Seigneur Dieu: Puisque tu m'as oublié, que tu t'es débarrassée de moi, tu subiras toi aussi les conséquences de ta débauche et de tes prostitutions.» Le Seigneur me dit: «Toi, l'homme, prépare-toi à juger Ohola et Oholiba. Dénonce leurs actions abominables. Ce sont des femmes adultères et criminelles. Elles ont commis des adultères en adorant de sales idoles, et des meurtres en leur offrant en pâture les fils qu'elles m'avaient donnés. Et ce n'est pas tout ce que je leur reproche! Le même jour, elles ont souillé mon sanctuaire et violé le sabbat qui m'est consacré. En effet, le jour même où elles ont tué leurs fils en sacrifice à leurs idoles, elles sont entrées dans mon sanctuaire, ma propre maison, et, ainsi, elles l'ont souillé. En outre, elles ont envoyé un messager inviter des hommes de contrées lointaines. Sitôt le message reçu, ils sont accourus auprès d'elles. Pour eux elles s'étaient baignées, elles avaient fardé leurs yeux et mis leurs bijoux. Puis elles s'étaient installées sur de somptueux divans; elles avaient dressé devant elles une table où étaient placés l'encens et l'huile parfumée qu'elles avaient reçus de moi. Un grand nombre de gens sont venus chez elles, on y entendait la rumeur d'une foule insouciante. Il y avait en particulier des hommes accourus de tous les points du désert. Ils ont mis des bracelets aux poignets des deux sœurs et ont posé de magnifiques couronnes sur leurs têtes. Alors je me suis dit: “Même celle qui est la plus usée par les adultères se livre encore à la prostitution! Les hommes viennent à elle! Ils usent d'Ohola et d'Oholiba, ces débauchées, comme on use de prostituées!” Mais des hommes justes condamneront ces femmes pour adultère et meurtre, car elles ont commis l'adultère et elles ont du sang sur les mains! «Voici ce que je déclare, moi, le Seigneur Dieu: Ameutez la foule contre elles, qu'on les abandonne à l'angoisse et qu'on les dépouille de leurs biens! Lancez-leur des pierres, mettez-les en pièces avec vos épées, tuez leurs fils et leurs filles et brûlez leurs maisons! Je mettrai un terme à l'immoralité répandue dans ce pays, toutes les femmes en seront averties et elles n'imiteront plus la débauche des deux sœurs. Celles-ci paieront leur immoralité et supporteront les conséquences de leur idolâtrie. Ainsi vous serez convaincus que je suis le Seigneur.» La neuvième année après la déportation, le dixième jour du dixième mois, le Seigneur m'adressa la parole: «Toi, l'homme, note par écrit la date d'aujourd'hui, car c'est aujourd'hui même que le roi de Babylone commence le siège de Jérusalem. Présente à mon peuple récalcitrant cette parabole, en lui disant que c'est moi, le Seigneur Dieu, qui la lui adresse: “Prépare une marmite. Verse de l'eau dedans. Places-y des morceaux de viande, tous les morceaux de choix, gigot et épaule. Remplis-la avec les meilleurs os. Prends la viande des plus beaux moutons, entasse les os au fond de la marmite, fais bouillir le tout à gros bouillons, car même les os doivent cuire. Oui, je le déclare, moi, le Seigneur Dieu: Quel malheur pour la ville meurtrière! Elle ressemble à une marmite rouillée, qu'on ne peut pas nettoyer. Vide la marmite, morceau par morceau, aucun ne sera préservé par une décision du sort. Le sang versé est encore dans la ville, il a été répandu sur la pierre nue, la terre ne l'a pas absorbé et personne ne l'a recouvert de poussière. Et moi, je laisse le sang sur la pierre nue, là où il ne peut pas être caché, pour qu'il suscite ma colère et réclame ma vengeance. Oui, je le déclare, moi, le Seigneur Dieu: Quel malheur pour la ville meurtrière, car je vais construire un grand bûcher! Empile des morceaux de bois, attise le feu, termine la cuisson de la viande, ajoute des épices et laisse les os griller complètement. Place ensuite la marmite vide sur les braises, afin qu'elle chauffe, que le métal rougisse. Alors l'impureté qui est dedans disparaîtra, la rouille sera détruite.” Mais tous les efforts sont inutiles! Tant de rouille ne disparaîtra pas par le feu. Jérusalem, tu es souillée par toutes tes actions immorales. J'ai voulu te purifier mais tu ne t'es pas laissé faire. Eh bien, tu ne pourras pas devenir pure jusqu'à ce que tu aies subi toute ma fureur. C'est moi, le Seigneur, qui parle et cela arrivera. Je vais agir sans hésiter, sans pitié ni regret. Tu seras jugée sur ta conduite et tes actes. Je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu.» Le Seigneur m'adressa la parole: «Je vais t'enlever brutalement celle qui fait la joie de tes yeux, mais toi, l'homme, tu ne te plaindras pas; tu ne gémiras pas et tu ne laisseras pas couler tes larmes. Garde ta peine pour toi et n'observe pas le deuil. Au contraire, noue ton turban et mets tes sandales comme d'habitude. Ne te couvre pas le bas du visage et ne mange pas de pain préparé pour les funérailles.» Je m'adressai au peuple dans la matinée et, le soir même, ma femme mourut. Le matin suivant, j'agis comme le Seigneur me l'avait ordonné. Les gens me demandèrent de leur expliquer la signification de mon comportement. Je leur répondis: «Le Seigneur m'a chargé du message suivant pour vous, les Israélites: “Je le déclare, moi, le Seigneur Dieu, je vais laisser souiller mon sanctuaire, l'objet de votre grande fierté, la joie de vos yeux et l'espoir de votre vie. Vos fils et vos filles restés à Jérusalem seront tués. Vous agirez alors comme Ézékiel. Vous ne vous couvrirez pas le bas du visage et vous ne mangerez pas le pain des funérailles. Vous garderez vos turbans sur la tête et vos sandales aux pieds, vous ne vous plaindrez pas et vous ne pleurerez pas. Cependant vous vous mettrez à dépérir à cause de vos fautes et chacun gémira sur le sort de son voisin. Ézékiel est pour vous un signe d'avertissement. Vous agirez en tout comme lui, et, quand les événements annoncés arriveront, vous serez convaincus que je suis le Seigneur Dieu.” «Quant à toi, l'homme, écoute: un jour je vais les priver du sanctuaire qui est leur refuge, la joie de leurs yeux, le lieu où ils placent leur fierté et leur espérance. Je les priverai aussi de leurs fils et de leurs filles. Ce jour-là, un survivant du désastre viendra t'en apporter la nouvelle. Le jour même, tu cesseras d'être muet, tu retrouveras la parole et tu t'entretiendras avec le survivant. Tu seras un signe d'avertissement pour les membres de mon peuple et ils seront convaincus alors que je suis le Seigneur.» Le Seigneur m'adressa la parole: «Toi, l'homme, tourne ton regard vers les Ammonites et prononce de ma part des menaces contre eux. Dis-leur d'écouter ces paroles que je leur adresse, moi, le Seigneur Dieu: Vous avez ricané lorsque mon sanctuaire a été souillé, lorsque le pays d'Israël a été dévasté et que les habitants de Juda sont partis en déportation. Eh bien, je vais laisser les nomades de l'est conquérir votre pays: ils établiront leurs campements sur votre sol, ils y planteront leurs tentes. Ce sont eux qui mangeront les fruits et boiront le lait qui vous appartiennent. Je transformerai Rabba, votre capitale, en pâturage à chameaux et tout le pays d'Ammon en parc à moutons. Ainsi vous serez convaincus que je suis le Seigneur. «Voici ce que je déclare, moi, le Seigneur Dieu: Vous avez applaudi et sauté de joie aux malheurs d'Israël. Vous avez montré ainsi votre profond mépris à l'égard de mon peuple. Eh bien, je manifesterai ma puissance contre vous et je vous livrerai à des peuples étrangers qui vous dépouilleront de tout. Vous disparaîtrez en tant que peuple, vous n'aurez plus de pays, je vous détruirai complètement. Vous serez convaincus alors que je suis le Seigneur.» «Voici ce que je déclare, moi, le Seigneur Dieu: Les Moabites ont affirmé que Juda est un peuple comme les autres. Eh bien, je ferai attaquer les villes qui défendent l'accès de Moab, elles seront démolies les unes après les autres, même les plus belles comme Beth-Yechimoth, Baal-Méon et Quiriataïm. Je laisserai les nomades de l'est conquérir Moab, comme ils ont conquis Ammon, si bien que dans l'avenir, personne ne se souviendra plus de Moab. Les Moabites subiront ma justice et ils seront convaincus alors que je suis le Seigneur.» «Voici ce que je déclare, moi, le Seigneur Dieu: Les Édomites ont exercé leur vengeance contre le peuple de Juda et c'est en cela qu'ils sont coupables. Eh bien, je le déclare, moi, le Seigneur Dieu, je manifesterai ma puissance contre Édom, j'exterminerai les hommes et les bêtes de ce pays, je le transformerai en désert, de la ville de Téman jusqu'à celle de Dédan, ses habitants seront tués à la guerre. Je confierai à Israël, mon peuple, le soin de me venger des Édomites. Les Israélites les traiteront comme ma terrible colère l'exige, pour leur apprendre ce qu'il en coûte de m'offenser. Je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu.» «Voici ce que je déclare, moi, le Seigneur Dieu: Les Philistins ont agi par esprit de vengeance. Pleins de mépris, ils ont exercé leur vengeance sur ceux qu'ils haïssent depuis toujours et ils les ont exterminés. Eh bien, je le déclare, moi, le Seigneur Dieu, je vais manifester ma puissance contre eux. Je les exterminerai, tous ces gens venus de Kaftor qui se sont établis sur le littoral. Ma vengeance et mon châtiment seront terribles et, quand ils les subiront, ils seront convaincus que je suis le Seigneur.» La onzième année après la déportation, le premier jour du mois, le Seigneur me dit: «Je m'adresse à toi, l'homme, parce que les habitants de Tyr se moquent de Jérusalem en disant: “Ah! Ah! Elle est anéantie, la ville par où tout le monde passait! A notre tour de nous enrichir, elle est en ruine! ” Eh bien, je le déclare, moi, le Seigneur Dieu, je vais intervenir contre toi, ville de Tyr. Je te ferai attaquer par des peuples nombreux, ils déferleront sur toi comme les vagues de la mer. Ils détruiront tes remparts et démoliront tes tours. Je balaierai tous les débris et ne laisserai que le rocher dénudé. Il ne restera au milieu de la mer qu'un emplacement où les pêcheurs mettront leurs filets à sécher. Oui, c'est moi, le Seigneur Dieu, qui parle, et c'est ce que j'affirme. Des peuples étrangers viendront piller la ville et décimeront les localités voisines sur la côte. Alors on sera convaincu que je suis le Seigneur. «Oui, je le déclare, moi, le Seigneur Dieu: Contre toi, ville de Tyr, je vais faire venir du nord le plus puissant des rois, le roi Nabucodonosor de Babylone. Il viendra t'attaquer avec des chevaux, des chars, des cavaliers et une armée innombrable. Il décimera les localités voisines, sur la côte. Ensuite les soldats ennemis creuseront des tranchées et élèveront des remblais contre toi, ils t'opposeront un mur de boucliers. Ils martèleront tes murailles avec leurs machines de guerre, ils démoliront tes tours à coups de pioches. Tu seras couverte de la poussière soulevée par leurs nombreux chevaux, tes murs trembleront sous le vacarme de leurs cavaliers et le roulement de leurs chars. En effet, ils entreront par tes portes tout comme on s'engouffre dans une ville par une brèche. Ils fouleront toutes tes rues du sabot de leurs chevaux, ils passeront tes habitants par l'épée et ils jetteront à terre tes colonnes imposantes. Ils voleront tes richesses et pilleront tes stocks de marchandises. Ils démoliront tes murs et raseront tes demeures luxueuses; ils en prendront les pierres, le bois et les gravats et les jetteront au fond de la mer. Je mettrai fin à tes chants, on n'entendra plus le son de tes harpes. Je ne laisserai subsister de toi qu'un rocher dénudé, où les pêcheurs mettront leurs filets à sécher, et la ville ne sera jamais rebâtie. Oui, c'est moi, le Seigneur Dieu, qui parle, et c'est ce que j'affirme. «Voici ce que je déclare, moi, le Seigneur Dieu, à la ville de Tyr: Les habitants des rivages lointains se mettront à trembler lorsque tu seras détruite et qu'on entendra gémir les blessés dans le massacre qui aura lieu chez toi. Les princes qui règnent sur les peuples de la côte descendront de leurs trônes, ils se dépouilleront de leurs manteaux et de leurs vêtements brodés. Revêtus d'épouvante et assis par terre, ils ne cesseront pas de trembler, tellement ils seront terrifiés par ton destin. Ils chanteront sur toi cette complainte: “Elle est détruite, la ville célèbre, elle a disparu des mers! Ses habitants étendaient leur puissance sur les mers, où ils étaient redoutés de tous. Maintenant les peuples de la côte tremblent à cause de son anéantissement, ceux des rivages lointains sont terrifiés par sa disparition.” «Oui, je le déclare, moi, le Seigneur Dieu, je te rendrai pareille aux villes en ruine où plus personne n'habite. Je ferai monter du fond de la mer des masses d'eau qui te recouvriront. Je t'enverrai rejoindre dans les profondeurs les morts de tous les âges. Tu resteras dans le monde souterrain, semblable aux ruines antiques, en compagnie des morts qui t'ont précédée. Tu ne pourras plus en remonter et tu n'auras plus de place sur la terre des vivants. Tout le monde sera épouvanté par ton sort, car tu seras complètement détruite. On recherchera tes vestiges, mais personne ne te trouvera plus jamais, je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu.» Le Seigneur m'adressa la parole: «Quant à toi, l'homme, chante une complainte sur la ville de Tyr, qui est installée à l'entrée de la mer et fait du commerce avec de nombreux peuples maritimes. Transmets-lui ce que je déclare, moi, le Seigneur Dieu: O Tyr! tu dis: “Je suis un navire d'une parfaite beauté!” Ton domaine s'étend jusqu'en pleine mer. Tu as été splendidement bâtie. Tes constructeurs ont pris des cyprès de Senir pour fabriquer toutes les parties de ta coque; Ils ont utilisé un cèdre du Liban pour t'en faire un mât. Ils ont taillé tes rames dans des chênes du Bachan. Ils ont construit ton pont avec des cèdres des îles grecques, incrustés d'ivoire. Tes voiles en lin brodé d'Égypte permettaient de te reconnaître de loin. Des étoffes teintes en violet et en rouge, provenant de l'île de Chypre, protégeaient tes marchandises. Tu employais comme rameurs des hommes de Sidon et d'Arvad, et les Tyriens les plus habiles manœuvraient le navire. Des artisans de Byblos, expérimentés et adroits, étaient chargés de réparer tes avaries. Tous les navires voguant sur la mer s'arrêtaient chez toi, et leurs équipages achetaient tes marchandises. Des soldats de Perse, de Loud et de Pouth servaient dans ton armée, ils suspendaient leurs boucliers et leurs casques dans tes casernes. Ils contribuaient à ton prestige. Des hommes d'Arvad montaient la garde sur tes murailles en compagnie de tes propres soldats, et des hommes de Gammad veillaient sur tes tours. Ils suspendaient leurs boucliers aux murs qui t'entourent. Ils portaient ta beauté à sa perfection.» «Les gens de Tarsis faisaient commerce avec toi de toutes sortes de richesses. Contre tes marchandises ils fournissaient de l'argent, du fer, de l'étain et du plomb. Les peuples de la Grèce, de Toubal et de Méchek faisaient du commerce avec toi et te fournissaient des esclaves et des objets de bronze en échange de tes produits. De Beth-Togarma on te fournissait des chevaux de trait, des chevaux de cavalerie et des mulets. Les gens de Dédan faisaient aussi du commerce avec toi. Tes marchés s'étendaient à de nombreuses îles et tu te faisais payer en défenses d'ivoire et en bois d'ébène. Les Édomites t'achetaient un grand nombre de produits et te fournissaient en échange des émeraudes, des étoffes teintes en violet, des tissus brodés et des tissus de lin, du corail et des rubis. Les peuples de Juda et d'Israël faisaient du commerce avec toi et te procuraient du blé de Minnith, du millet, du miel, de l'huile et de la résine odorante. Les habitants de Damas étaient preneurs d'un grand nombre de tes produits et richesses variés. Ils te payaient avec du vin de Helbon et de la laine de Sahar. Depuis la ville d'Ouzal, les tribus de Dan et de Yavan s'acquittaient de leur dû en te fournissant du fer forgé, de la cannelle et du roseau aromatique. Les gens de Dédan faisaient commerce avec toi de couvertures de cheval. L'Arabie et les dirigeants du pays de Quédar étaient tes clients. Ils te payaient avec des agneaux, des moutons et des chèvres. Les marchands de Saba et de Ragma faisaient des affaires avec toi; ils fournissaient contre tes marchandises des parfums de première qualité, toutes sortes de pierres précieuses et de l'or. Les villes de Haran, Kanné et Éden faisaient du commerce avec toi, de même que les marchands de Saba et les villes d'Assour et de Kilmad. Ils faisaient avec toi un trafic de vêtements de luxe et amenaient sur tes marchés des vêtements teints en violet, des vêtements brodés, des tapis multicolores et des cordes solidement tressées. Une flotte de navires imposants assurait le transport de tes produits.» «Tu étais remplie de marchandises, pesamment chargée, en pleine mer. Tes rameurs t'ont conduite sur les eaux profondes, et, en haute mer, le vent d'est t'a brisée. Tes denrées, tes produits, tous tes biens, les matelots de ton équipage, les artisans qui réparaient tes avaries, les marchands qui assuraient ton commerce, les soldats à ton service, la foule de ceux qui se trouvaient à ton bord, tout a sombré dans la mer, au moment de ton naufrage. Aux cris de tes matelots, les habitants des côtes tremblent. Alors tous ceux qui manient la rame quittent leurs navires. Les équipages descendent à terre. Ils se lamentent sur ton sort, avec des plaintes amères. Ils couvrent leur tête de poussière et se roulent dans la cendre. A cause de toi, ils se rasent le crâne et se revêtent d'étoffes de deuil. La tristesse au cœur, ils pleurent sur toi et se lamentent amèrement. Dans leur douleur, ils chantent une complainte sur toi, ils entonnent ce chant funèbre: “Qui était semblable à Tyr, maintenant réduite au silence en pleine mer?” Quand on débarquait les produits de ton commerce, de nombreux peuples étaient approvisionnés. Tes ressources abondantes et tes marchandises faisaient la richesse des rois de la terre. Maintenant, te voilà brisée par les flots, ensevelie dans les eaux profondes. Ta cargaison et tout ton équipage ont sombré avec toi dans la mer. Tous les habitants des rivages lointains en sont frappés de stupeur. Leurs rois sont épouvantés, la terreur se lit sur leurs visages. Les commerçants des peuples étrangers sifflent de stupéfaction, car tu es devenue un objet d'épouvante, tu as disparu pour toujours!» Le Seigneur m'adressa la parole: «Toi, l'homme, transmets au souverain de Tyr ce que je lui déclare, moi, le Seigneur Dieu: Le cœur gonflé d'orgueil, tu as dit: “Je suis un dieu. J'occupe un emplacement digne des dieux au milieu des mers.” Tu prétends être l'égal d'un dieu, mais tu n'es qu'un homme et tu n'as rien de divin! Tu te crois plus sage que Danel et capable de comprendre les choses les plus mystérieuses. Tu t'es constitué une fortune grâce à ton savoir-faire et à ton intelligence. Tu as amassé des trésors d'or et d'argent. Tu as accumulé des bénéfices grâce à ta grande habileté commerciale et toute cette richesse t'a gonflé d'orgueil. «Eh bien, voici ce que je te déclare, moi, le Seigneur Dieu: Tu t'es cru l'égal d'un dieu. A cause de cela, je vais envoyer contre toi les peuples étrangers les plus redoutables. Ils mettront en pièces les réalisations de ta belle sagesse et traîneront ta splendeur dans la boue. Ils te feront descendre dans la tombe, tu mourras de mort violente en pleine mer. Quand on viendra te tuer, oseras-tu encore prétendre que tu es un dieu? Pauvre homme, tu n'auras rien de divin entre les mains de tes meurtriers! Tu mourras de la mort infamante des incirconcis, sous les coups d'étrangers. Oui c'est moi, le Seigneur Dieu, qui parle, et c'est ce que j'affirme.» Le Seigneur m'adressa de nouveau la parole: «Toi, l'homme, chante une complainte sur le roi de Tyr. Dis-lui que c'est moi, le Seigneur Dieu, qui la lui adresse. La voici: “Tu as été un modèle de perfection avec ta grande sagesse et ton incomparable beauté. Tu vivais en Éden, le jardin de Dieu, et tu étais couvert de toutes sortes de pierres précieuses: rubis, topaze et diamant, chrysolithe, cornaline et jaspe, saphir, grenat et émeraude. Tu portais des bijoux et des joyaux en or ouvragé, préparés le jour même où tu fus créé. J'avais mis près de toi un chérubin protecteur de taille impressionnante. Tu vivais sur la montagne qui m'est consacrée et tu marchais parmi des pierres étincelantes. Tu as eu une conduite irréprochable depuis le jour où tu as été créé, jusqu'à ce que le mal apparaisse en toi. Le développement de ton commerce t'a entraîné à l'oppression. Tu as fait le mal. Aussi je te réduis au rang du commun des mortels en te chassant de ma montagne. Le chérubin protecteur t'expulse loin des pierres étincelantes. Ton prestige t'a gonflé d'orgueil et l'éclat de ta réussite t'a fait perdre la tête. Aussi je te jette à terre et te donne en spectacle aux autres rois. Tu as fait beaucoup de torts; tu as été malhonnête dans le trafic de tes marchandises et tu as souillé ainsi tes lieux de culte. Aussi j'allume dans ta ville un feu qui te détruira. Tous ceux qui regarderont ne verront plus que les cendres auxquelles je te réduis. Ton destin remplira de stupeur tous les peuples qui te connaissent, car tu deviendras un sujet d'épouvante, tu auras disparu pour toujours.” » Le Seigneur m'adressa la parole: «Toi, l'homme, tourne ton regard vers la ville de Sidon et prononce de ma part des menaces contre sa population. Transmets-lui ce que je lui déclare, moi, le Seigneur Dieu: Je vais intervenir contre toi, Sidon! Je manifesterai ma puissance glorieuse dans mes actions à ton égard. Tous seront convaincus que je suis le Seigneur lorsque j'exécuterai ma sentence contre toi et montrerai ainsi qui je suis. J'enverrai une épidémie de peste contre toi et le sang coulera dans tes rues. On t'attaquera de tous côtés et beaucoup de tes habitants seront tués à l'intérieur de la ville. Alors tous seront convaincus que je suis le Seigneur.» «Aucune des nations voisines ne continuera à mépriser le peuple d'Israël. Elles cesseront de le harceler comme des ronces qui piquent et qui griffent. Alors on sera convaincu que je suis le Seigneur. «Je le déclare, moi, le Seigneur Dieu, je rassemblerai les Israélites hors des peuples où je les ai dispersés, et je montrerai ainsi aux autres peuples qui je suis. Ils habiteront dans leur propre pays, celui que j'ai donné à mon serviteur Jacob. Ils vivront là en sécurité, ils bâtiront des maisons et planteront des vignes. Ils vivront en sécurité, car j'infligerai un châtiment à tous les voisins qui les auront traités avec mépris. Alors ils seront convaincus que je suis le Seigneur.» La dixième année après la déportation, le douzième jour du dixième mois, le Seigneur m'adressa la parole: «Toi, l'homme, tourne ton regard vers le Pharaon, roi d'Égypte, et prononce de ma part des menaces contre lui et contre tout le pays d'Égypte. Transmets-lui ces paroles que je lui adresse, moi, le Seigneur Dieu: Je vais intervenir contre toi, Pharaon, roi d'Égypte. Tu es comme un crocodile monstrueux, tapi dans les bras du Nil. Tu affirmes que ce fleuve t'appartient parce qu'il est ton œuvre. Eh bien, je vais fixer des crochets dans tes mâchoires et faire adhérer à tes écailles les poissons de ton fleuve. Je te sortirai du Nil, avec tous ces poissons accrochés à tes écailles. Je vous jetterai dans le désert, toi et tous ces poissons. Tu tomberas mort à la surface du sol, sans que personne ne ramasse ni n'enterre tes restes. Je les donnerai en pâture aux oiseaux et aux bêtes sauvages. Alors tous les habitants d'Égypte seront convaincus que je suis le Seigneur. «L'appui que tu as accordé aux Israélites a été aussi fragile que celui d'un roseau. Ils se sont cramponnés à toi, mais tu as cassé dans leurs mains, tu les as blessés à l'épaule et tu as paralysé leur courage. Eh bien, voici ce que je déclare, moi, le Seigneur Dieu: J'enverrai contre toi des troupes armées et j'exterminerai les hommes et les bêtes de ton pays. L'Égypte deviendra aussi dépeuplée qu'un désert, et l'on sera convaincu que je suis le Seigneur. «Tu as dit que le Nil t'appartenait et qu'il était ton œuvre. A cause de cela, j'interviendrai contre toi et ton fleuve. Je dévasterai l'Égypte, j'en ferai un désert depuis la ville de Migdol au nord jusqu'à la ville d'Assouan et la frontière éthiopienne au sud. Ni homme ni bête ne s'y aventureront plus; pendant quarante ans on n'y rencontrera aucune créature vivante. Je ferai de l'Égypte le plus désertique de tous les déserts, ses villes seront réduites en ruine comme aucune ville ne l'a jamais été. Cela durera quarante ans, pendant lesquels j'obligerai les Égyptiens à se disperser parmi d'autres peuples dans des pays étrangers. «Oui, je le déclare, moi, le Seigneur Dieu: Au bout de quarante ans, je rassemblerai les Égyptiens hors des peuples où ils étaient dispersés. Je changerai leur sort et leur permettrai de revenir en Haute-Égypte, leur pays d'origine. Ils y établiront un modeste royaume, le plus faible de tous les royaumes, et ils ne s'élèveront plus au-dessus des autres peuples. Je diminuerai leur nombre à tel point qu'ils ne domineront plus sur eux. Ils ne représenteront plus aucune sécurité pour les Israélites. Ceux-ci ne reproduiront donc plus la faute de les appeler à l'aide. Alors on sera convaincu que je suis le Seigneur.» La vingt-septième année après la déportation, le premier jour du premier mois, le Seigneur m'adressa la parole: «Vois-tu, l'homme, le roi Nabucodonosor de Babylone a imposé à son armée des efforts considérables contre la ville de Tyr. Ses soldats en ont tous la tête chauve et les épaules meurtries. Cependant ni le roi ni ses hommes n'ont tiré profit de leur opération contre Tyr. Eh bien, voici ce que je déclare, moi, le Seigneur Dieu: Je vais livrer l'Égypte à Nabucodonosor, roi de Babylone. Il pillera et saccagera le pays, il en emportera toutes les richesses et les accordera comme salaire à ses soldats. Je lui donne le pays d'Égypte en paiement de ses services, car c'est pour moi que son armée a travaillé, je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu. «Quand cela arrivera, je renouvellerai la vigueur des Israélites. Quant à toi, Ézékiel, je te donnerai le pouvoir de leur parler. Alors ils seront convaincus que je suis le Seigneur.» Le Seigneur m'adressa de nouveau la parole: «Toi, l'homme, sois prophète, transmets ce que je déclare, moi, le Seigneur Dieu: Lamentez-vous sur les temps qui viennent! Car il arrive, il est tout proche, le jour du Seigneur. Ce sera un jour chargé de nuages menaçants. Ce sera le temps des règlements de comptes entre nations. La guerre sévira en Égypte et on en tremblera de frayeur jusqu'en Éthiopie. Les Égyptiens seront massacrés, leurs richesses pillées et leur pays réduit en ruine. Des hommes d'Éthiopie, de Pouth et de Loud, d'Arabie et de Libye, et même de mon propre peuple tomberont au combat. Je le déclare, moi, le Seigneur, de Migdol au nord jusqu'à Assouan au sud, les défenseurs de l'Égypte seront tués dans la bataille et l'orgueilleuse puissance égyptienne s'effondrera. Je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu. Le pays deviendra la plus désertique des terres, ses villes ne seront plus que des tas de ruines. Lorsque je mettrai l'Égypte à feu et à sang et que j'exterminerai tous ses défenseurs, on sera convaincu que je suis le Seigneur. Le jour où je détruirai l'Égypte, des messagers partiront en bateau pour aller de ma part tirer les Éthiopiens de leur fausse sécurité, et ceux-ci se mettront à trembler de frayeur. Ce jour-là approche! «Voici ce que je déclare, moi, le Seigneur Dieu: Je me servirai du roi Nabucodonosor de Babylone pour exterminer la nombreuse population de l'Égypte. Il viendra saccager ce pays avec les hommes de son peuple, le plus brutal de tous. Ils tireront leurs épées contre les Égyptiens et rempliront le pays de cadavres. J'assécherai les bras du Nil et je livrerai l'Égypte à des hommes barbares. Je chargerai des étrangers de la dévaster et de la vider de toutes ses ressources. C'est moi, le Seigneur, qui parle. «Voici ce que je déclare encore, moi, le Seigneur Dieu: Je détruirai totalement les idoles et les faux dieux de Memphis. Il n'y aura plus personne pour gouverner l'Égypte et je ferai régner la crainte dans tout le pays. Je dévasterai la Haute-Égypte, je mettrai le feu à la ville de Soan et j'exécuterai ma sentence contre la ville de No. Je déverserai ma fureur sur Sin, la forteresse qui garde l'Égypte, et je détruirai la nombreuse population de No. Je mettrai l'Égypte à feu et à sang. Les habitants de Sin seront pris de panique. Une brèche sera pratiquée dans les murs de No et la ville sera inondée. Les jeunes gens d'On et de Pi-Besseth seront tués au combat et les autres habitants emmenés en captivité. Le jour ne se lèvera pas sur Tapanès, lorsque je briserai la puissance de l'Égypte et ferai cesser l'orgueil qu'elle en tirait. Un nuage sombre recouvrira la ville et la population de la région ira en captivité. J'exécuterai ma sentence contre l'Égypte, et l'on sera convaincu que je suis le Seigneur.» La onzième année après la déportation, le septième jour du premier mois, le Seigneur m'adressa la parole: «Vois-tu, l'homme, j'ai brisé le bras du Pharaon, roi d'Égypte. Personne ne lui a procuré de pansement ou de remède, personne ne lui a mis de bandage pour qu'il retrouve la force de manier l'épée. Eh bien, je le déclare, moi, le Seigneur Dieu, je vais intervenir contre le Pharaon, roi d'Égypte. C'est les deux bras que je lui briserai, non seulement celui qui est déjà cassé mais encore celui qui est resté valide: son épée tombera de sa main! Alors je disperserai les Égyptiens parmi d'autres peuples dans des pays étrangers. J'augmenterai la puissance du roi de Babylone et je mettrai ma propre épée dans ses mains. Le Pharaon, dont j'aurai brisé le bras, mourra en gémissant devant son ennemi. Oui, les bras du Pharaon pendront sans force alors que je donnerai une vigueur accrue à ceux du roi de Babylone. Je mettrai ma propre épée dans ses mains, il la brandira contre l'Égypte, et tout le monde sera convaincu que je suis le Seigneur. Je disperserai les Égyptiens parmi d'autres peuples dans des pays étrangers, et l'on sera convaincu que je suis le Seigneur.» La onzième année après la déportation, le premier jour du troisième mois, le Seigneur m'adressa la parole: «Toi, l'homme, voici ce que tu vas dire au Pharaon, roi d'Égypte, et à la nombreuse population qu'il gouverne: “A quoi pourrais-je te comparer, toi dont la puissance est si grande? Tu ressembles au cèdre du Liban dont les branches magnifiques produisaient une ombre bienfaisante, un cèdre si élevé que sa cime atteignait les nuages. La pluie l'avait fait grandir. Une rivière souterraine l'avait fait croître. L'eau s'amassait autour de ses racines, puis ruisselait vers tous les arbres de la campagne. Grâce à toute l'eau dont il profitait, il avait poussé plus haut que les autres arbres. Ses branches étaient abondantes et étendues: des oiseaux de toute espèce y nichaient, sous elles les bêtes sauvages venaient mettre bas, et des gens de tout peuple vivaient à son ombre. C'était un arbre magnifique, à la taille élevée, aux branches étendues, car ses racines s'enfonçaient dans un sol gorgé d'eau. Dans le jardin de Dieu, aucun cèdre ne lui était comparable, aucun cyprès n'avait d'aussi belles branches, aucun platane un feuillage aussi fourni, aucun arbre n'égalait sa beauté. Je lui avais donné des branches superbes, si bien qu'en Éden, le jardin de Dieu, tous les arbres en étaient jaloux.” » «Eh bien, voici ce que je déclare, moi, le Seigneur Dieu: Le cèdre a grandi, il s'est élevé jusqu'aux nuages et il est devenu de plus en plus orgueilleux. C'est pourquoi je l'ai rejeté et je le livre au pouvoir du plus puissant roi de la terre, qui le traitera comme son indignité le mérite. Des étrangers, les plus brutaux de tous, l'ont abattu et abandonné sur place. Ses branches et ses rameaux brisés sont tombés, ils jonchent les montagnes et les vallées du pays. Tous les gens du pays qui vivaient à son ombre ont dû la quitter et s'enfuir. Toute espèce d'oiseaux se posent sur son tronc mutilé, toutes les bêtes sauvages gîtent parmi ses branches: il en a été ainsi afin qu'aucun arbre bien arrosé, saturé d'eau, ne puisse plus s'élever jusqu'aux nuages et tirer fierté de sa hauteur. En effet, les arbres comme les hommes sont destinés à mourir, condamnés à disparaître sous la terre et à y rejoindre ceux qui y sont couchés. «Voici ce que je déclare, moi, le Seigneur Dieu: Le jour où le cèdre est allé dans le monde des morts, j'ai mis la nature en deuil. J'ai retenu la rivière souterraine, j'ai arrêté son ruissellement et immobilisé ses multiples cours. A cause de lui, j'ai étendu l'obscurité sur les montagnes du Liban et fait dépérir tous les arbres de la campagne. Lorsque j'ai provoqué la chute de cet arbre pour qu'il rejoigne ceux qui sont dans le monde des morts, les peuples l'ont entendu tomber et se sont mis à trembler de frayeur. Dans le monde d'en bas, tous les arbres d'Éden, les arbres les plus magnifiques et les mieux arrosés du Liban, en ont eu du plaisir. Eux aussi ont disparu sous la terre, avec les victimes de la guerre, eux qui lui fournissaient leur soutien et vivaient à l'ombre de sa puissance au milieu des nations. «Aucun arbre d'Éden n'égalait ta splendeur et ta stature. Pourtant tu seras précipité avec eux sous la terre, tu y seras couché avec des incirconcis et des victimes de la guerre. Voilà quel sera le sort du Pharaon et de toute la population d'Égypte. Je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu.» La douzième année après la déportation, le premier jour du douzième mois, le Seigneur m'adressa la parole: «Toi, l'homme, chante cette complainte sur le Pharaon, roi d'Égypte: “Tu es parmi les peuples comme un jeune lion. Mais tu agis aussi comme un crocodile: tu t'ébroues dans les bras de ton fleuve, tu le salis avec tes pattes et tu le troubles en agitant ses courants. Écoute ce que déclare le Seigneur Dieu: Lorsque beaucoup de peuples seront rassemblés, je déploierai sur toi mon filet et on te ramènera sur le rivage dans ses mailles. Je te jetterai sur le sol, je te lancerai en plein champ, pour que tous les oiseaux s'abattent sur toi et que toutes les bêtes sauvages viennent se nourrir de ta chair. Je répandrai tes restes décomposés sur les montagnes et j'en remplirai les vallées. J'abreuverai la terre de ton sang, il couvrira les montagnes et remplira les ravins. Lorsque tu cesseras de vivre, j'assombrirai le ciel, je voilerai la clarté des étoiles, je couvrirai le soleil de nuages et la lune n'aura plus d'éclat. A cause de toi, j'éteindrai toutes les lumières du ciel et je plongerai ton pays dans l'obscurité. Je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu. Beaucoup de peuples seront consternés lorsque je leur ferai parvenir la nouvelle de ta fin jusque dans des pays que tu ne connais pas. Ils seront stupéfaits du sort que je te ferai subir. Leurs rois frémiront d'horreur, lorsque je brandirai mon épée au-dessus de leur tête. Le jour où tu t'effondreras, ils trembleront sans arrêt, chacun craignant pour sa propre vie. “Voici ce que déclare le Seigneur Dieu: L'armée du roi de Babylone va fondre sur toi. J'enverrai les guerriers les plus brutaux de tous tuer tes innombrables sujets. Ils ravageront l'orgueilleuse Égypte et extermineront la population entière. Je détruirai tout le bétail que tu possèdes au bord du Nil. L'eau ne sera plus troublée par les pieds de l'homme ou les sabots des bêtes. Je la laisserai reposer; elle s'écoulera aussi calmement que de l'huile. Je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu. Je réduirai le pays d'Égypte à l'état désertique, je le viderai de toutes ses ressources, j'exterminerai ses habitants. Alors on sera convaincu que je suis le Seigneur.” «Telle est la complainte que les femmes de tous les peuples chanteront au sujet de l'Égypte et de sa nombreuse population. Je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu.» La douzième année après la déportation, le quinzième jour du douzième mois le Seigneur m'adressa la parole: «Toi, l'homme, lamente-toi sur la population d'Égypte. Que ta complainte la précipite avec les autres grandes nations dans le lieu souterrain où descendent les morts. Dis-leur: Pensez-vous mériter une faveur spéciale? Descendez vous coucher parmi les autres incirconcis tués à la guerre. En effet, les Égyptiens tomberont sur le champ de bataille. Les épées sont dégainées: qu'elles envoient à la mort toute l'armée d'Égypte! Dans le monde des morts, les plus vaillants guerriers et les anciens alliés des Égyptiens s'écrieront: “Ils descendent se coucher parmi nous, ces incirconcis qui sont tombés au combat!” «Le roi d'Assyrie est là avec son armée; il est entouré par les tombeaux de ses soldats, tous tués au combat. Leurs tombes se trouvent dans la partie la plus profonde du monde des morts, autour de celle du roi. Ils ont tous été victimes de la guerre, eux qui auparavant semaient la terreur dans le monde des vivants. «Le roi d'Élam est là avec son armée, sa tombe est entourée de celles de ses soldats, tous tués au combat. Ces incirconcis, qui semaient la terreur dans le monde des vivants, sont descendus sous terre. Ils sont couverts de honte en partageant le sort de n'importe quels morts. Oui, le roi d'Élam est couché avec son armée parmi les victimes de la guerre; il est entouré par les tombeaux de ses soldats. Tous ces incirconcis sont tombés sur le champ de bataille. Ils semaient la terreur dans le monde des vivants et les voilà, gisant dans le déshonneur, avec les autres morts abattus au combat. «Les rois de Méchek et de Toubal sont là avec leur armée; ils sont entourés par les tombeaux de leurs soldats. Tous ces incirconcis sont tombés au combat, eux qui semaient la terreur dans le monde des vivants! On ne les a pas enterrés avec les vaillants guerriers des anciens temps, qui inspiraient de la terreur à tous les vivants et descendaient dans le monde des morts avec leur équipement de guerre, l'épée placée sous la tête et le bouclier posé sur le corps. A votre tour, vous, les Égyptiens, vous mourrez et serez enterrés parmi des incirconcis tués au combat. «Les Édomites, leurs rois et leurs princes sont là aussi. Malgré leur bravoure, ils ont été traités comme les autres victimes de la guerre; on les a couchés sous terre avec tous les incirconcis qui y sont descendus. «Tous les dirigeants des peuples du nord sont là également, ainsi que les habitants de Sidon, descendus rejoindre les morts. Ils étaient si vaillants qu'ils inspiraient la terreur, mais maintenant, ces incirconcis sont couchés, couverts de honte, avec les autres victimes de la guerre. Ils partagent le déshonneur de tous ceux qui sont descendus sous terre. «En voyant là tous ces guerriers, le Pharaon sera moins accablé par le sort de son armée, lui qui aura été tué au combat avec ses soldats, je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu. J'ai laissé le Pharaon semer la terreur dans le monde des vivants, mais maintenant lui-même, aussi bien que ses soldats, va être enterré parmi les incirconcis, victimes de la guerre. Je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu.» Le Seigneur m'adressa la parole: «Toi, l'homme, rappelle aux Israélites ce qui arrive lorsque je suscite la guerre contre un pays. Les habitants de ce pays choisissent parmi eux un homme pour être leur guetteur. Dès que le guetteur voit venir l'armée ennemie, il sonne l'alarme pour avertir ses compatriotes. Si quelqu'un entend l'alarme, n'en tient pas compte et se laisse surprendre et tuer par l'ennemi, il est seul responsable de sa mort. Il meurt par sa faute puisqu'il a négligé l'avertissement entendu. S'il en avait tenu compte il aurait préservé sa vie. Par contre, supposons que le guetteur voie venir l'armée ennemie et ne sonne pas l'alarme: ses compatriotes ne sont pas avertis, et si quelqu'un se laisse surprendre et tuer par l'ennemi, c'est la faute du guetteur, c'est lui que je tiendrai pour responsable de cette mort. «Quant à toi, l'homme, c'est toi que j'ai placé comme guetteur pour alerter le peuple d'Israël. Tu écouteras mes paroles et tu transmettras mes avertissements aux Israélites. Supposons que j'aie à prévenir un méchant qu'il s'expose à une mort certaine: si tu ne l'avertis pas d'avoir à changer sa conduite, ce méchant mourra pour ses fautes, mais c'est toi que je tiendrai pour responsable de sa mort. Par contre, si tu l'avertis d'avoir à changer sa conduite et qu'il ne le fasse pas, il mourra pour ses fautes, mais toi, tu auras préservé ta vie.» «Quant à toi, l'homme, parle aux Israélites qui affirment: “Nous sommes écrasés par nos désobéissances et nos mauvaises actions de toutes sortes au point de dépérir sous ce poids. Comment pourrions-nous survivre?” Dis-leur de ma part: Par ma vie, je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu, je n'aime pas voir mourir les méchants; tout ce que je désire, c'est qu'ils changent de conduite et qu'ils vivent. Je vous en prie, vous, les Israélites, cessez de mal agir. Pourquoi voudriez-vous mourir? «Toi, l'homme, dis encore ceci à tes compatriotes: “Lorsqu'un homme juste se met à mal agir, le bien qu'il a fait auparavant ne le préserve pas du sort qui l'attend. Lorsqu'un méchant abandonne sa mauvaise conduite, le mal qu'il a fait auparavant ne cause pas sa perte. Quand un homme juste se met à mal agir, sa vie ne sera pas épargnée à cause de son obéissance précédente. Supposons que j'aie promis la vie à un homme juste: s'il croit que son obéissance passée suffit et qu'il se mette à mal agir, toutes ses bonnes actions seront oubliées et il mourra pour le mal commis. Supposons par contre que j'aie averti un méchant qu'il mérite la mort: s'il renonce à sa mauvaise conduite et se met à agir conformément au droit et à la justice, il ne mourra pas. S'il restitue le gage exigé pour un prêt ou rend ce qu'il a volé, s'il ne commet plus le mal mais obéit aux lois qui donnent la vie, il ne mourra pas, assurément il vivra. Toutes ses mauvaises actions seront oubliées et il vivra parce qu'il aura pratiqué le droit et la justice.” «Tes compatriotes disent que moi, le Seigneur, je vais trop loin; mais n'est-ce pas eux qui passent les bornes? Si un homme juste renonce à se conduire bien et se met à mal agir, il mourra à cause de cela. Par contre, si un méchant abandonne sa mauvaise conduite pour une conduite juste et honnête, il vivra grâce à cela. «“Vous, les Israélites, vous dites que je vais trop loin: eh bien, sachez que je jugerai chacun de vous selon sa propre conduite!” » La douzième année après notre déportation, le cinquième jour du dixième mois, un homme qui avait survécu à la prise de Jérusalem vint m'annoncer: «La ville est tombée!» Le soir avant son arrivée, le Seigneur m'avait fait sentir sa puissance en me rendant la parole. Lorsque le rescapé se présenta à moi le lendemain matin, je n'étais plus muet, je pouvais parler. Le Seigneur me dit: «Je m'adresse à toi, l'homme, parce que les gens restés dans les villes en ruine du pays d'Israël disent: “Abraham était seul et pourtant il a possédé tout ce pays. A plus forte raison la possession du pays nous est acquise à nous qui sommes nombreux”. Eh bien, transmets-leur ce que je leur déclare, moi, le Seigneur Dieu: Vous mangez la viande avec le sang, vous adorez des idoles, vous commettez des meurtres, comment osez-vous prétendre que le pays vous appartient? Vous ne vous fiez qu'à vos armes, vous accomplissez des actions abominables, vous commettez l'adultère, comment osez-vous prétendre que le pays vous appartient? «Dis-leur que moi, le Seigneur Dieu, je leur déclare ceci: “Par ma vie, je vous préviens que ceux qui sont restés dans les villes en ruine seront tués, ceux qui se trouvent dans la campagne seront dévorés par les bêtes sauvages, et ceux qui se cachent sur les montagnes et dans les cavernes mourront de la peste. Je dévasterai le pays, je le transformerai en désert, il perdra la puissance qui faisait l'orgueil de ses habitants, les montagnes d'Israël seront à l'état d'abandon, personne ne s'y hasardera plus.” Lorsque j'aurai complètement transformé le pays en désert pour punir les Israélites de leurs actions abominables, ils seront convaincus que je suis le Seigneur. «Quant à toi, l'homme, tes compagnons d'exil bavardent le long des murs de la ville ou aux portes de leurs maisons. Ils parlent de toi les uns avec les autres et se disent: “Allons donc écouter le message qui provient du Seigneur”. Alors les gens de mon peuple se rassemblent et s'asseoient devant toi pour t'entendre. Ils t'écoutent, mais ils ne font pas ce que tu leur dis. Ils agissent selon leur bon plaisir et ils ne suivent que leur intérêt. Au fond, tu es pour eux comme un chanteur de charme doué d'une belle voix et accompagné d'une musique agréable. Ils entendent tes recommandations mais ne les mettent pas en pratique. Pourtant, lorsque les événements que tu annonces arriveront – et ils sont sur le point d'arriver – ils seront convaincus qu'il y avait un prophète parmi eux.» Le Seigneur m'adressa la parole: «Toi, l'homme, prononce des menaces contre les dirigeants du peuple d'Israël, révèle-leur ce que je déclare, moi, le Seigneur Dieu: Le malheur est sur vous, bergers d'Israël! Vous ne prenez soin que de vous-mêmes! N'est-ce pas du troupeau que les bergers doivent prendre soin? Or vous en prenez le lait pour vous nourrir, la laine pour vous habiller et vous abattez les bêtes les plus grasses. Vous n'agissez pas en bergers. Vous n'avez pas rendu des forces aux bêtes affaiblies ni soigné celles qui étaient malades, vous n'avez pas pansé celles qui étaient blessées, vous n'avez pas ramené celles qui s'étaient écartées du troupeau ni recherché celles qui étaient perdues; mais vous avez exercé votre pouvoir avec violence et dureté. Alors ces bêtes qui n'avaient pas de bergers se sont dispersées et sont devenues la proie des animaux sauvages. Oui, les bêtes de mon troupeau sont allées se perdre sur les montagnes et les collines, puis ont été dispersées sur toute la surface de la terre, sans que personne se soucie d'elles ou aille les chercher. Vous donc, les bergers d'Israël, écoutez ce que je vous dis: Par ma vie, je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu, j'en ai assez de voir mon troupeau livré à des ravisseurs; privé de bergers, il est devenu la proie des animaux sauvages. En effet, mes bergers ne se sont pas souciés de lui; au lieu d'en prendre soin, ils ont pris soin d'eux-mêmes. Eh bien, écoutez ce que je dis, bergers d'Israël: Moi, le Seigneur Dieu, je vous déclare que je me retourne contre vous et vous retire la charge de mon troupeau. Ceux qui prennent soin uniquement d'eux-mêmes ne pourront plus diriger le troupeau. Je vous arracherai de la bouche les bêtes de mon troupeau, elles ne serviront plus à vous nourrir. «Oui, je le déclare, moi, le Seigneur Dieu, à partir de maintenant, je vais m'occuper de mon troupeau et en prendre soin moi-même. Je prendrai soin de le regrouper comme le fait un berger lorsque son troupeau est complètement éparpillé. J'irai rechercher mes bêtes partout où elles ont été dispersées un jour de grand orage. Je les retirerai du milieu des peuples et des pays étrangers où elles se trouvent, je les rassemblerai et les ramènerai dans leur pays; je les conduirai sur les montagnes d'Israël, au creux des vallées et dans tous les endroits habitables du pays. Je les mènerai dans un bon pâturage. Elles auront leurs prairies sur les montagnes du pays d'Israël. Oui, elles auront là de belles prairies pour y faire halte et de gras pâturages pour y paître. Je serai le berger de mon troupeau, je le mettrai à l'abri, c'est moi, le Seigneur Dieu, qui l'affirme. J'irai chercher la bête qui s'est perdue, je ramènerai celle qui s'est écartée, je panserai celle qui s'est blessée, je rendrai des forces à celle qui est malade. Mais j'éliminerai celle qui est trop grasse ou vigoureuse. Je dirigerai mon troupeau selon les règles de la justice.» «Quant à mon troupeau, voici ce que je lui déclare, moi, le Seigneur Dieu: Je vais être juge entre les bêtes du troupeau, entre les béliers et les boucs. Pourquoi certains d'entre vous ne se contentent-ils pas de paître dans le meilleur pâturage? Pourquoi piétinent-ils encore l'herbe qui reste? Ne vous suffit-il pas d'avoir une eau claire à boire? Pourquoi troublez-vous avec vos pattes ce que vous n'avez pas bu? Le reste de mon troupeau est obligé de manger l'herbe que vous avez piétinée et de boire l'eau que vous avez troublée. C'est pourquoi je vous le déclare, moi, le Seigneur Dieu, je vais moi-même être juge entre les bêtes maigres et les bêtes grasses de mon troupeau. Vous avez bousculé de l'épaule et du flanc les bêtes affaiblies, vous les avez repoussées à coups de cornes jusqu'à ce que vous les ayez chassées du troupeau. Je viens donc à leur secours, pour qu'elles ne soient plus livrées à des ravisseurs, et je vais être juge entre elles et vous. Je mettrai à la tête de mon troupeau un unique berger qui saura en prendre soin. Ce sera mon serviteur David. Lui, il prendra soin des bêtes du troupeau et il sera un vrai berger pour elles. Moi, le Seigneur, je serai leur Dieu et mon serviteur David sera leur prince. C'est moi, le Seigneur, qui parle. «Je m'engagerai à assurer la paix de mon troupeau: je ferai disparaître du pays tous les animaux sauvages; alors mes bêtes pourront demeurer en sécurité dans les pâturages et dormir dans les bois. Je leur permettrai de vivre aux alentours de la montagne qui m'est consacrée. Je ferai tomber la pluie à la saison qui convient et ce sera une source de bienfaits. Les arbres porteront des fruits, la terre fournira ses produits et chacun vivra en sécurité dans le pays. Je briserai les chaînes qui asservissent les membres de mon peuple, je les délivrerai de ceux qui les ont rendus esclaves et ils seront alors convaincus que je suis le Seigneur. Des ravisseurs étrangers n'en feront plus leur proie, des animaux sauvages ne les dévoreront plus. Ils vivront à l'abri du danger et personne ne leur causera plus d'effroi. Je leur donnerai des champs réputés pour leur fertilité, ils ne souffriront plus de la faim dans leur pays. Les autres peuples cesseront de les accabler de mépris. Tout le monde sera convaincu que moi, le Seigneur leur Dieu, je prends leur parti et que le peuple d'Israël est vraiment mon peuple. Je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu. «Oui, vous les membres de mon troupeau, vous êtes des hommes dont je prends soin, car je suis votre Dieu. Je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu.» Le Seigneur m'adressa la parole: «Toi, l'homme, tourne ton regard vers la région montagneuse d'Édom et prononce de ma part des menaces contre ses habitants. Transmets-leur ce que je déclare, moi, le Seigneur Dieu: Je vais intervenir contre vous! Je manifesterai ma puissance contre toi, Édom, je te dévasterai et te transformerai en désert. Je réduirai tes villes en ruine, ton pays sera complètement ravagé et tu seras convaincu que je suis le Seigneur. Tu n'as jamais cessé de haïr les Israélites. Au moment de leur défaite, lorsqu'un terme a été mis à leur conduite criminelle, tu les as livrés aux ravages de la guerre. Eh bien! par ma vie, je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu, je te mettrai à feu et à sang, car le sang que tu as versé réclame vengeance. Puisque tu n'as pas hésité à verser le sang, du sang il y en aura pour toi. Je dévasterai ton pays, Édom, je le transformerai en désert et j'exterminerai quiconque y passera. Tes montagnes, je les couvrirai de cadavres, les victimes de la guerre tomberont sur tes collines, dans tes vallées et tes ravins. C'est pour toujours que je réduirai ton pays en désert, personne n'habitera plus jamais dans tes villes. Alors tu seras convaincu que je suis le Seigneur. «Tu as affirmé: “Je vais m'emparer des deux royaumes d'Israël et de Juda, ces pays où demeure le Seigneur.” Eh bien! par ma vie, je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu, je te traiterai en fonction de la violence, de la jalousie et de la haine que tu as manifestées contre les Israélites. Je leur montrerai qui je suis en prononçant mon jugement contre toi. Tu sauras alors que moi, le Seigneur, j'ai entendu tes paroles outrageantes lorsque tu as dit: “A nous, les montagnes d'Israël! Elles sont dévastées: nous pouvons en faire notre proie!” Tu m'as bravé, mais moi je n'ai pas oublié les paroles que tu as prononcées contre moi. «Voici ce que je déclare, moi, le Seigneur Dieu: Pour la joie de tous les pays voisins, je te détruirai entièrement. Tu t'es réjoui de voir la ruine d'Israël, le peuple qui m'appartient. Eh bien, je t'infligerai le même sort: tes montagnes, tout ton pays seront dévastés. Alors tout le monde sera convaincu que je suis le Seigneur.» «Quant à toi, l'homme, sois prophète au sujet des montagnes d'Israël. Dis-leur d'écouter les paroles que je leur adresse, moi, le Seigneur Dieu, à propos de leurs ennemis. Ceux-ci ont ricané en s'écriant: “Maintenant les antiques montagnes d'Israël sont en notre possession!” Eh bien, sois prophète. Révèle aux Israélites ce que je leur déclare, moi, le Seigneur Dieu. Voici: J'ai constaté que, de tous côtés, on s'est acharné sur les montagnes d'Israël; on les a convoitées, elles sont tombées au pouvoir des nations étrangères, qui en ont fait un sujet de moqueries et d'insultes. C'est pourquoi, montagnes d'Israël, écoutez les paroles que moi, le Seigneur Dieu, je prononce au sujet des montagnes et des collines, des torrents et des vallées, des lieux transformés en ruines et des villes dépeuplées, pillées et insultées par les peuples voisins. Oui, je le déclare, moi, le Seigneur Dieu, dans l'ardeur de ma colère, j'adresse des menaces aux nations voisines et en particulier à Édom. Avec une joie triomphante et sans aucun scrupule, ces nations se sont emparées de mon pays pour piller ses pâturages. Sois donc prophète au sujet du pays d'Israël. Transmets aux montagnes et aux collines, aux torrents et aux vallées ce que moi, le Seigneur Dieu, je déclare. Voici: Je vais laisser s'exprimer ma terrible colère. Vous avez été insultés et humiliés par les nations étrangères. Eh bien, je le déclare, moi, le Seigneur Dieu, ces nations qui vous environnent seront humiliées à leur tour. A ce moment-là, sur les montagnes d'Israël, les arbres se couvriront de feuilles et porteront des fruits pour vous, Israélites, mon peuple, car vous retournerez bientôt dans votre patrie. Oui, je vais intervenir en votre faveur, je veillerai à ce que votre sol soit de nouveau labouré et ensemencé. Dans tout le pays d'Israël, je vais faire croître votre population. Les villes seront de nouveau habitées, car ce qui a été détruit sera rebâti. Partout les hommes et les bêtes se multiplieront. Vous deviendrez très nombreux et vous aurez beaucoup de descendants. Le pays sera aussi peuplé que dans le passé et je vous donnerai plus de prospérité qu'auparavant. Alors vous serez convaincus que je suis le Seigneur. Je vous ferai marcher partout dans le pays, vous, les membres de mon peuple. Vous en prendrez possession, il vous appartiendra et il ne vous privera plus jamais de vos enfants. Voici ce que je déclare, moi, le Seigneur Dieu: On dit que le pays d'Israël est comme un ogre qui dévore ses propres enfants. Eh bien, dès maintenant, le pays ne dévorera plus ses habitants, il ne privera plus le peuple de ses enfants. Je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu. Vous n'aurez plus à entendre et à supporter les moqueries et les insultes des autres nations. En effet, votre pays ne fera plus mourir vos enfants. Je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu.» Le Seigneur me dit: «Je m'adresse à toi, l'homme, parce que les Israélites ont rendu leur pays impur. En effet, quand ils y habitaient encore, ils se sont très mal conduits. Pour moi leur conduite a été aussi impure que le sang perdu par une femme pendant ses règles. Ils ont souillé le pays par les meurtres qu'ils ont commis et par leurs sales idoles. C'est pourquoi j'ai déversé sur eux ma colère. Je les ai dispersés parmi d'autres peuples dans des pays étrangers. Tel fut l'effet de mon jugement sur leur conduite et leurs actions. Or, dans toutes les nations où ils sont allés, le nom que je porte a été déshonoré par leur faute. On disait d'eux, en effet: “C'était le peuple du Seigneur; ils ont dû quitter son pays.” Alors j'ai souffert de ce que les nations étrangères méprisent le nom que je porte, par la faute des Israélites qui arrivaient chez elles. C'est pourquoi, transmets-leur ce que je déclare, moi, le Seigneur Dieu: Ce que je vais entreprendre, gens d'Israël, je ne le ferai pas par égard pour vous, mais pour faire respecter le nom que je porte, que vous avez déshonoré chez les nations où vous êtes allés. C'est vous qui m'avez déshonoré devant elles, et, malgré cela, je vais leur montrer que je suis vraiment Dieu. C'est de vous que je me servirai pour le leur montrer. Alors elles seront convaincues que je suis le Seigneur, je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu. «En effet, après vous avoir retirés du milieu des peuples et des pays où vous vous trouvez, je vous rassemblerai et vous ramènerai dans votre patrie. Je verserai sur vous l'eau pure qui vous purifiera; oui, je vous purifierai de toutes vos souillures et de toute votre idolâtrie. Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau. J'enlèverai votre cœur insensible comme une pierre et je le remplacerai par un cœur réceptif. Je mettrai en vous mon Esprit, je vous rendrai ainsi capables d'obéir à mes lois, d'observer et de pratiquer les règles que je vous ai prescrites. Alors vous pourrez habiter dans le pays que j'ai donné à vos ancêtres; vous serez mon peuple et je serai votre Dieu. Je vous délivrerai de toutes vos souillures. Je ne vous enverrai plus de famine, mais je ferai pousser le blé et je vous donnerai des récoltes abondantes. Je ferai produire largement les arbres fruitiers et les champs, pour que vous n'ayez plus à supporter devant les autres nations la honte d'avoir faim. Alors vous vous souviendrez de votre mauvaise conduite et de vos actions indignes; vous serez écœurés des fautes et des actes abominables que vous avez commis. Sachez-le bien, ce n'est pas par égard pour vous que j'agirai, je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu. Vous feriez mieux d'avoir vraiment honte de votre conduite, gens d'Israël! «Voici ce que je déclare, moi, le Seigneur Dieu: Lorsque je vous purifierai de toutes vos fautes, je repeuplerai les villes et tout ce qui a été détruit sera rebâti. Les champs en friche seront de nouveau cultivés, les passants ne verront plus de terres abandonnées. On dira: “Ce pays qui était dévasté est devenu comme le jardin d'Éden. Les villes qui avaient été démolies et abandonnées à l'état de ruine, ont été reconstruites et repeuplées.” Alors les nations qui subsistent encore autour de vous seront convaincues que je suis le Seigneur, celui qui reconstruit les villes en ruine et replante les champs en friche. C'est moi, le Seigneur, qui parle, et je fais ce que je dis. «Voici ce que je déclare, moi, le Seigneur Dieu: Je laisserai de nouveau les Israélites m'appeler à l'aide et je leur répondrai en les rendant aussi nombreux que les bêtes d'un troupeau. Lors des fêtes solennelles, Jérusalem était remplie des bêtes destinées aux sacrifices, on les y amenait par troupeaux entiers. Eh bien, les hommes qui repeupleront vos villes actuellement en ruine seront aussi nombreux. Alors tout le monde sera convaincu que je suis le Seigneur.» La puissance du Seigneur me saisit; son Esprit m'emmena et me déposa dans une large vallée couverte d'ossements. Le Seigneur me fit circuler tout autour d'eux, dans cette vallée: ils étaient très nombreux et complètement desséchés. Alors le Seigneur me demanda: «Toi, l'homme, dis-moi, ces ossements peuvent-ils reprendre vie?» Je répondis: «Seigneur Dieu, c'est toi seul qui le sais.» Il reprit: «Parle en tant que prophète à ces ossements, dis-leur: Ossements desséchés, écoutez! Voici ce que le Seigneur Dieu vous déclare: Je vais vous réanimer, et vous reprendrez vie. Je vais mettre sur vous des nerfs, faire croître de la chair et vous recouvrir de peau; puis je vous rendrai le souffle pour que vous repreniez vie. Vous serez convaincus alors que je suis le Seigneur.» Je parlai en tant que prophète aux ossements comme le Seigneur m'en avait donné l'ordre. Tandis que je parlais, j'entendis le bruit d'un grand remue-ménage: les os se rapprochaient les uns des autres, chacun de celui qui lui correspondait. Je vis que des nerfs et de la chair se formaient sur eux et se recouvraient de peau. Mais ils étaient encore inanimés. Le Seigneur me dit alors: «Toi qui n'es qu'un homme, parle en prophète au souffle de vie, oui, parle-lui de ma part, et dis-lui: “Souffle de vie, le Seigneur te donne l'ordre de venir de tous les points de l'horizon et de souffler sur ces cadavres afin qu'ils reprennent vie.” » Je parlai en tant que prophète comme le Seigneur me l'avait ordonné. Le souffle de vie entra dans les cadavres qui reprirent vie. Ils se dressèrent sur leurs pieds. Ils formaient une nombreuse, une très nombreuse armée. Le Seigneur reprit: «Vois-tu, l'homme, ces ossements sont l'image du peuple d'Israël. Les Israélites disent en effet: “Nous sommes comme des ossements desséchés, notre espoir est mort, il n'y a plus rien à faire.” C'est pourquoi, parle en prophète, révèle-leur ce que je leur déclare, moi, le Seigneur Dieu: Je vais ouvrir vos tombes et vous en faire remonter, vous mon peuple, et je vous ramènerai en Israël, votre patrie. Vous serez convaincus que je suis le Seigneur quand j'ouvrirai vos tombes et vous en ferai remonter, quand je vous ferai reprendre vie par mon Esprit, quand je vous réinstallerai dans votre patrie. Oui, vous serez convaincus que moi, le Seigneur, je parle et je fais ce que je dis. Je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu.» Le Seigneur m'adressa la parole: «Quant à toi, l'homme, prends un morceau de bois et écris dessus ces mots: “Juda et les Israélites de ce royaume”. Puis prends un autre morceau de bois et écris dessus: “Joseph (ou Éfraïm) et les Israélites de ce royaume.” Place ces deux morceaux bout à bout de façon qu'ils n'en forment plus qu'un dans ta main. Tes compatriotes te demanderont alors de leur expliquer ce que cela signifie. Tu leur répondras que je leur déclare ceci, moi, le Seigneur Dieu: Je vais prendre le morceau qui représente Joseph et les Israélites de ce royaume, pour le joindre à celui qui représente le royaume de Juda. Réunis dans ma main, ils formeront un seul morceau. «Tu garderas dans ta main les morceaux de bois sur lesquels tu as écrit, de façon que tous les voient. Puis tu leur transmettras ce que je déclare, moi, le Seigneur Dieu: Israélites, je vous retirerai du milieu des peuples où vous êtes allés, je vous rassemblerai et vous ramènerai dans votre patrie. Là, je vous réunirai et vous formerez un seul peuple sur les montagnes d'Israël. Un seul roi régnera sur vous tous. La division en deux peuples et en deux royaumes n'existera plus. Vous ne vous souillerez plus en adorant de sales idoles, en commettant des actions abominables et en me désobéissant de toutes les manières. Je vous délivrerai de toutes les infidélités dont vous vous êtes rendus coupables envers moi. Je vous purifierai; vous serez mon peuple et je serai votre Dieu. Mon serviteur David sera votre roi, il sera pour vous le seul berger. Vous obéirez à mes lois, vous observerez et pratiquerez les règles que je vous ai prescrites. Vous vivrez dans le pays que j'ai donné à mon serviteur Jacob, et où vos ancêtres ont vécu. Vous y demeurerez pour toujours, vous, vos enfants et tous vos descendants. Mon serviteur David sera le prince qui régnera sur vous pour toujours. Je m'engagerai à vous assurer une paix définitive. Je vous installerai là et je ferai croître votre population. Je placerai mon temple au milieu de vous pour toujours. Je demeurerai avec vous. Je serai votre Dieu et vous serez mon peuple. Les autres nations seront convaincues que je suis le Seigneur et que j'ai consacré Israël à mon service, lorsque mon temple sera établi pour toujours au milieu de vous.» Le Seigneur m'adressa la parole: «Toi, l'homme, dirige ton regard vers Gog, chef suprême des peuples de Toubal et de Méchek, au pays de Magog. Prononce de ma part des menaces contre lui. Transmets-lui ce que je déclare, moi, le Seigneur Dieu: Je vais intervenir contre toi, Gog, chef suprême des peuples de Méchek et de Toubal. Je vais fixer des crochets dans tes mâchoires pour te déplacer de force. Je te forcerai à sortir de ton pays, toi et toute ton armée, chevaux et cavaliers magnifiquement vêtus, troupes nombreuses de soldats armés de boucliers et d'épées. Les soldats de Perse, d'Éthiopie, de Pouth, s'équiperont tous de boucliers et de casques et iront avec toi. Les soldats du pays de Gomer, ceux de Beth-Togarma, à l'extrême nord, iront avec toi par bataillons entiers, ainsi que des hommes de nombreux autres peuples. Fais les préparatifs nécessaires et tiens-toi prêt, toi et toute la foule mobilisée sous ton commandement. Bien plus tard, après de nombreuses années, je te chargerai d'envahir le pays d'Israël. Ses habitants, après avoir survécu à la guerre, auront quitté les pays divers où ils se trouvaient, et se seront rassemblés sur les montagnes d'Israël restées très longtemps à l'état d'abandon. Depuis leur séparation d'avec les autres peuples, ils auront vécu en sécurité. Toi, ton armée et tes nombreux alliés, vous les attaquerez, vous fondrez sur eux comme une tempête, vous envahirez leur pays comme un amoncellement de nuages. «Je le déclare, moi, le Seigneur Dieu, quand ce moment arrivera, de nombreuses idées te viendront à l'esprit et tu élaboreras un projet malfaisant. Tu décideras d'attaquer ces gens paisibles, qui vivent en sécurité dans un pays dont les villes ne sont pas entourées de murailles ni fermées par des portes à verrous. Tu viendras piller et saccager, tu t'attaqueras à des gens qui ont repeuplé des villes autrefois en ruine. Ils se sont rassemblés en sortant des nations étrangères, ils ont acquis des troupeaux et des richesses et ils vivent au centre du monde. Les habitants de Saba et de Dédan, les commerçants de Tarsis et des localités voisines te demanderont: “Est-ce pour piller et pour saccager que tu as mobilisé ton armée? Viens-tu prendre de l'argent et de l'or, des troupeaux et des richesses pour te constituer un énorme butin?” «Eh bien, toi, l'homme, sois prophète. Révèle à Gog ce que je déclare, moi, le Seigneur Dieu: A l'époque où Israël, mon peuple, vivra en sécurité, tu te mettras en marche. Tu viendras de ton pays, de l'extrême nord, à la tête de troupes de toutes nationalités: tous montés sur des chevaux, vous formerez une puissante armée. Tu viendras attaquer Israël, mon peuple, et tu envahiras son pays comme un nuage qui recouvre la terre. Cela arrivera dans très longtemps. Je t'enverrai toi, Gog, envahir mon pays de façon à convaincre les peuples étrangers que je suis Dieu. C'est ce que je leur montrerai en agissant par ton intermédiaire. «Voici ce que je te déclare, moi, le Seigneur Dieu: Tu es celui dont j'ai parlé, il y a fort longtemps, lorsque j'ai ordonné à mes serviteurs, les prophètes d'Israël, d'annoncer pendant des années et des années, que j'enverrai quelqu'un attaquer leur peuple. Mais le jour où tu envahiras effectivement Israël, Gog, ma colère se déchaînera, je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu. Dans l'ardeur de ma colère, je jure que ce jour-là, un terrible tremblement de terre secouera le pays d'Israël. Les poissons dans la mer, les oiseaux dans le ciel, les bêtes sauvages, les serpents qui rampent sur le sol et les êtres humains sur la terre, trembleront tous de peur devant moi. Les montagnes s'affaisseront, les falaises s'effondreront, toutes les murailles s'écrouleront à terre. J'enverrai la guerre contre toi pour protéger mes montagnes, je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu. Tes soldats s'entretueront. Je te condamnerai à subir des épidémies de peste et des massacres. Je ferai pleuvoir sur toi, sur ton armée et sur tes nombreux alliés des torrents de pluie et de grêle, accompagnés de soufre enflammé. Ainsi je montrerai à toutes les nations que je suis vraiment Dieu et elles seront convaincues que je suis le Seigneur.» «Quant à toi, l'homme, prononce de ma part des menaces contre Gog. Révèle-lui ce que je déclare, moi, le Seigneur Dieu: Je vais intervenir contre toi, Gog, chef suprême des peuples de Méchek et de Toubal. Je te ferai sortir de ton pays, je te forcerai à quitter l'extrême nord pour aller attaquer les montagnes d'Israël. Puis je te frapperai: ton arc se brisera dans ta main gauche et tes flèches tomberont de ta main droite. Alors toi, toute ton armée et tes nombreux alliés, vous trouverez la mort sur les montagnes d'Israël. Je laisserai les oiseaux de proie et les bêtes sauvages se nourrir de vos cadavres. Tu tomberas mort à la surface du sol, car c'est moi qui parle, je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu. J'allumerai un incendie dans le pays de Magog et sur les rivages lointains où les gens pensent être en sécurité. Alors tout le monde sera convaincu que je suis le Seigneur. Je ferai en sorte qu'Israël, mon peuple, reconnaisse que je suis vraiment Dieu, je ne le laisserai plus me mépriser et les autres nations seront convaincues que je suis le Seigneur, le vrai Dieu d'Israël. Oui, ces événements vont arriver, ils commencent à se réaliser, voilà que vient le jour du jugement que j'ai annoncé. Je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu. Les Israélites sortiront de leurs villes. Ils allumeront un feu et y brûleront les armes de leurs ennemis. Les boucliers de toutes tailles, les arcs et les flèches, les lances et les javelots alimenteront ce feu pendant sept ans. Les gens n'auront plus besoin d'aller ramasser du bois dans la campagne ni d'abattre des arbres dans la forêt, car ils feront du feu avec ces armes. Ils voleront et pilleront à leur tour les pillards qui les ont dépouillés. Je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu. «Lorsque tout cela sera arrivé, je donnerai à Gog un lieu de sépulture, là, en Israël. Ce sera dans la vallée des Passants, à l'est de la mer Morte, et cette sépulture barrera la route aux passants. On y enterrera Gog et toute son armée, et on appelera l'endroit “Vallée de la Multitude de Gog”. Les Israélites passeront sept mois à enterrer tout ce monde et à nettoyer le pays. Tous les habitants de la région participeront à cette tâche et ce sera pour eux un sujet de fierté, le jour où je manifesterai ma présence glorieuse. Je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu. Au bout des sept mois, on désignera des hommes chargés de parcourir sans arrêt le pays, pour le nettoyer en recherchant et en enterrant les cadavres qui gisent encore sur le sol. Ils parcourront le pays en tous sens. Lorsque l'un d'eux trouvera des ossements humains, il placera un tas de pierres comme repère à côté d'eux pour que les fossoyeurs viennent les prendre et les enterrer dans la Vallée de la Multitude de Gog. Il y aura même une ville dont le nom sera Hamona, c'est-à-dire “Multitude”. Finalement le pays sera nettoyé.» Le Seigneur Dieu me déclara encore: «Quant à toi, l'homme, appelle les oiseaux et les bêtes sauvages, dis-leur de ma part: Venez de partout, rassemblez-vous pour prendre part au sacrifice que je vous destine. Ce sera un grand sacrifice sur les montagnes d'Israël. Vous pourrez y manger de la chair et y boire du sang. Vous allez manger les corps de vaillants soldats et boire le sang des dirigeants du monde, offerts en sacrifice au lieu des béliers, des agneaux, des boucs et des veaux gras du Bachan. C'est à ce sacrifice que je vous convie, vous y mangerez de la graisse jusqu'à satiété et vous boirez du sang jusqu'à l'ivresse. A mon festin vous vous repaîtrez de chevaux et de cavaliers, de soldats et de toutes sortes de guerriers. Je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu. «Je manifesterai ma présence glorieuse aux autres nations. Elles verront toutes comment j'utilise mon pouvoir pour exécuter mes sentences à leur égard. A partir de ce jour-là, les Israélites seront convaincus que je suis le Seigneur, leur Dieu.» «Les autres nations comprendront que les Israélites ont été en déportation à cause des fautes qu'ils ont commises à mon égard, dit le Seigneur. En effet, je me suis détourné d'eux, je les ai abandonnés au pouvoir de leurs ennemis pour qu'ils soient tous tués à la guerre. En me détournant d'eux, je les ai traités comme le méritaient leurs actions impures et coupables. «Mais voici ce que je déclare, moi, le Seigneur Dieu: Désormais je vais avoir pitié des Israélites, les descendants de Jacob, je changerai leur sort et j'exigerai de tous le respect qui est dû au nom que je porte. Alors ils oublieront le déshonneur dans lequel les fautes qu'ils ont commises à mon égard les ont entraînés. Ils vivront de nouveau à l'abri du danger dans leur pays et personne ne leur causera plus d'effroi. Je les ramènerai chez eux, après les avoir fait sortir des pays où habitent leurs ennemis. Je me servirai d'eux pour montrer aux nombreuses nations d'alentour que je suis vraiment Dieu. Eux-mêmes seront convaincus que je suis le Seigneur, leur Dieu, lorsque je les rassemblerai sur leur sol, sans laisser aucun d'eux en arrière, dans les pays étrangers où je les avais exilés. J'animerai les Israélites de mon Esprit et, par conséquent, je ne me détournerai plus jamais d'eux. Je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu.» Au début de la vingt-cinquième année après notre déportation, le dixième jour du mois, quatorze ans jour pour jour après la chute de Jérusalem, la puissance du Seigneur me saisit pour m'emmener là-bas: au cours d'une vision, Dieu me transporta dans le pays d'Israël. Il me déposa au sommet d'une très haute montagne; sur son versant sud il y avait des constructions qui ressemblaient à une ville. Il m'y emmena. Un homme se trouvait là. Son apparence était celle du bronze. Il avait à la main un cordeau de lin et un roseau servant à mesurer. Il se tenait debout près d'une porte. Il me dit: «Toi, l'homme, ouvre tes yeux et ouvre tes oreilles. Sois très attentif à tout ce que je vais te montrer, car c'est pour le contempler que tu as été amené ici. Ensuite tu raconteras aux Israélites tout ce que tu auras vu.» Voici ce que je vis: un mur extérieur entourait le temple. L'homme tenait son roseau long de six mesures – chaque mesure ayant une largeur de main de plus que la mesure actuelle. Il mesura l'épaisseur et la hauteur du mur et trouva une longueur de roseau dans les deux cas. Il se rendit au porche de l'entrée est. Il en gravit les marches et mesura le seuil dont la profondeur était d'un roseau à mesurer. Chacun des locaux de garde le long du passage central avait une longueur et une largeur d'un roseau. Les murs qui les séparaient avaient une épaisseur de cinq mesures. L'entrée, de la longueur du roseau à mesurer, précédait le vestibule situé en face du temple. Les six locaux de garde du porche oriental avaient tous les mêmes dimensions. Il y en avait trois de chaque côté du passage central. Les murs qui les séparaient étaient tous de la même épaisseur. L'homme prit la dimension de l'ouverture du porche: il trouva dix mesures. La largeur totale du passage central était de treize mesures. Devant les locaux de garde, qui étaient des carrés de six mesures sur six, et de part et d'autre du passage central, se trouvait une barrière haute d'une mesure. L'homme mesura la distance entre le fond d'un de ces locaux et le fond du local placé en face: il trouva vingt-cinq mesures. Il prit aussi les dimensions du vestibule. Celui-ci avait vingt mesures de largeur. La cour du temple entourait le vestibule de toutes parts. Depuis la première entrée dans le mur extérieur du porche jusqu'au mur de façade du vestibule à l'autre bout, il y avait cinquante mesures. Des fenêtres grillagées se trouvaient tout autour du porche d'entrée, du côté intérieur. Il y en avait sur les murs des locaux, sur les murs de séparation, de même que sur les murs du vestibule. Les murs du porche d'entrée étaient décorés de palmes. L'homme me conduisit dans la cour extérieure du temple. Cette cour dallée était entourée de trente salles. Le dallage recouvrait le sol autour des porches d'entrée. Son niveau était plus bas que celui de la cour intérieure. L'homme mesura la distance entre la façade sur cour du premier porche et le mur de la cour intérieure: il trouva cent mesures. Voilà pour le côté est. Passant au nord, il mesura la longueur et la largeur du porche menant à la cour extérieure. Il comportait six locaux de garde: trois d'un côté du passage central et trois de l'autre. Les murs et le vestibule avaient les mêmes dimensions que ceux du porche est. La longueur totale du porche était de cinquante mesures et sa largeur de vingt-cinq. Le vestibule, les fenêtres et les décorations de palmes avaient les mêmes dimensions que ceux de l'autre porche. On accédait au porche nord par sept marches en face desquelles était le vestibule. En face du porche nord, il y avait un porche menant à la cour intérieure, comme c'était le cas du côté de l'est. L'homme mesura la distance entre les deux porches et trouva cent mesures. Il me conduisit ensuite du côté sud où je vis aussi un porche orienté vers le sud. Il mesura les locaux de garde, les murs et le vestibule, et trouva les mêmes dimensions que pour les autres. Là aussi, il y avait des fenêtres tout autour du porche et du vestibule. Elles étaient pareilles à celles de l'est et du nord. La longueur totale du porche était de cinquante mesures et sa largeur de vingt-cinq. On y accédait par sept marches en face desquelles se trouvait le vestibule. Les murs intérieurs étaient décorés de palmes des deux côtés du passage. En face de ce porche il y en avait un autre menant à la cour intérieure. L'homme mesura la distance qui les séparait et trouva cent mesures. L'homme me conduisit alors par le porche sud dans la cour intérieure. Il mesura ce porche qui avait les mêmes dimensions que les porches du mur extérieur. Les locaux de garde, les murs de séparation, le vestibule avaient les mêmes dimensions que ceux des autres porches. Il y avait des fenêtres tout autour du vestibule. La longueur totale du porche était de cinquante mesures et sa largeur de vingt-cinq. Des vestibules se trouvaient autour, leur longueur était de vingt-cinq mesures et leur largeur de cinq mesures. Le vestibule donnait sur la cour extérieure. Les murs intérieurs étaient décorés de palmes. On y accédait par huit marches. L'homme me fit ensuite traverser le porche oriental pour entrer dans la cour intérieure. Il mesura le porche: il avait les mêmes dimensions que les autres. Les locaux de garde, les murs de séparation et le vestibule avaient les mêmes dimensions que ceux des autres porches. Il y avait des fenêtres tout autour du porche et du vestibule. La longueur totale du porche était de cinquante mesures et sa largeur de vingt-cinq. Le vestibule donnait sur la cour extérieure. Les murs intérieurs étaient décorés de palmes des deux côtés du passage. On y accédait par huit marches. L'homme me conduisit ensuite au porche nord et le mesura. Il avait les mêmes dimensions que les précédents. Lui aussi comprenait des locaux de garde, des murs de séparation, un vestibule et des fenêtres disposées sur tout son pourtour. Sa longueur totale était de cinquante mesures et sa largeur de vingt-cinq. Le vestibule donnait sur la cour extérieure. Les murs intérieurs étaient décorés de palmes des deux côtés du passage. On y accédait par huit marches. Une salle ouvrait sur le vestibule du porche nord: c'est là qu'on lavait les animaux tués pour être offerts en sacrifices complets. A chaque extrémité il y avait deux tables. Sur ces tables on égorgeait les animaux offerts en sacrifice: sacrifices complets et divers sacrifices pour obtenir le pardon. A l'extérieur du vestibule il y avait également quatre tables. Lorsqu'on montait vers l'entrée du porche nord, on pouvait en voir deux de chaque côté. On utilisait donc huit tables en tout pour égorger les animaux destinés aux sacrifices, quatre d'un côté du porche et quatre de l'autre. Les quatre tables réservées à la préparation des sacrifices complets étaient en pierres de taille. Elles avaient une mesure et demie de côté et une mesure de hauteur. On y déposait les instruments nécessaires pour préparer les animaux offerts en sacrifice. Des rigoles de la largeur d'une main étaient aménagées sur le pourtour des tables. On plaçait sur ces tables les viandes des sacrifices. L'homme m'emmena dans la cour intérieure. Au-delà du porche intérieur, il y avait les salles des chanteurs: l'une à côté du porche nord avec la façade au sud, l'autre à côté du porche sud avec la façade au nord. L'homme me dit: «Cette salle dont la façade est orientée au sud est réservée aux prêtres qui assurent le service du temple, tandis que la salle dont la façade est orientée au nord est réservée aux prêtres qui assurent le service de l'autel. Parmi les membres de la tribu de Lévi, seuls les descendants de Sadoc peuvent se présenter devant le Seigneur pour le servir.» L'homme prit les dimensions de la cour intérieure: elle était carrée et avait cent mesures de côté. L'autel se trouvait devant le temple. Il me fit entrer dans le vestibule du temple. Il prit les dimensions du passage qui y menait: les murs avaient chacun cinq mesures d'épaisseur et l'entrée avait quatorze mesures de largeur. Les parois latérales avaient trois mesures d'épaisseur. Le vestibule d'entrée avait vingt mesures de longueur et douze de largeur. On y accédait par dix marches. Deux colonnes encadraient l'entrée. L'homme me conduisit alors dans la grande salle du temple, dont il prit les dimensions. Les murs du passage qui y menait avaient six mesures de largeur de chaque côté, l'entrée avait dix mesures de largeur et ses parois latérales avaient chacune cinq mesures d'épaisseur. La salle elle-même avait quarante mesures de longueur et vingt de largeur. Il pénétra ensuite dans la salle du fond. Il prit les dimensions de l'entrée: elle avait deux mesures de profondeur et six de largeur, avec des parois latérales de sept mesures d'épaisseur. Il prit les dimensions de la salle elle-même: elle avait vingt mesures de longueur et vingt mesures de largeur. Puis il me dit que c'était là le “ lieu très saint”. L'homme prit les dimensions du mur intérieur du temple: il avait six mesures d'épaisseur. Des annexes de deux mesures de largeur étaient construites tout autour. Ces annexes s'élevaient sur trois étages, qui comportaient chacun trente salles. Chaque salle s'encastrait dans le mur extérieur mais ne s'encastrait pas dans le mur du temple lui-même. A chaque étage, la surface des salles augmentait au détriment de l'épaisseur du mur, et cela tout autour du temple. C'est pourquoi, au fur et à mesure qu'on montait, il y avait plus de place à l'intérieur. Depuis l'étage du bas, on montait à celui du milieu puis à celui du haut. Je remarquai que tout autour du temple, les annexes avaient un soubassement de six mesures. Le mur extérieur des annexes avait cinq mesures d'épaisseur. L'espace laissé libre entre les salles adossées au temple et les autres salles avait vingt mesures de largeur, tout autour du temple. Les annexes ouvraient sur l'espace libre par deux portes: une au nord et une au sud. L'épaisseur du mur qui fermait cet espace était de cinq mesures sur tout le pourtour. A l'ouest du temple un bâtiment faisait face à l'espace libre. Il avait quatre-vingt-dix mesures de longueur et soixante-dix de largeur. Ses murs avaient cinq mesures d'épaisseur. L'homme prit les dimensions du temple et lui trouva une longueur de cent mesures. La longueur de la surface occupée par l'espace libre, le bâtiment situé à l'ouest et ses murs, était également de cent mesures. La façade du temple orientée à l'est et les espaces laissés libres de chaque côté occupaient une largeur de cent mesures. L'homme prit aussi les dimensions du bâtiment situé derrière le temple. Avec les passages qui existaient d'un côté et de l'autre, il avait une longueur de cent mesures. Le vestibule d'entrée, la grande salle et la salle du fond étaient lambrissés, de même que les cadres des fenêtres et les galeries disposées tout autour sur trois étages. Tout était en bois, depuis le sol jusqu'aux fenêtres. Les fenêtres elles-mêmes étaient recouvertes de lattes de bois. A l'extérieur du temple et à l'intérieur, depuis la porte d'entrée jusqu'à la salle du fond, on avait ménagé un espace pour y représenter des chérubins et des palmes. Les palmes alternaient avec les chérubins. Chaque chérubin avait deux faces: une face d'homme tournée vers une palme d'un côté, une face de lion tournée vers une palme de l'autre. Ces motifs étaient répétés sur tout le pourtour du temple. Les chérubins et les palmes étaient sculptés sur les murs depuis le sol jusqu'au-dessus des portes. La porte de la grande salle avait des montants carrés. Devant le “lieu très saint”, on voyait quelque chose qui ressemblait à un autel en bois de trois mesures de hauteur et de deux mesures de largeur. Il avait des angles, un socle et des côtés en bois. L'homme me dit: «C'est la table qui est placée devant le Seigneur.» Une double porte permettait d'accéder à la grande salle et une autre au “lieu très saint”. Ces portes avaient chacune deux battants mobiles. Sur les portes de la grande salle, on avait sculpté les mêmes chérubins et les mêmes palmes que sur les murs. A l'extérieur, un auvent de bois se trouvait sur la façade du vestibule d'entrée. Sur les parois latérales de ce vestibule, il y avait des fenêtres grillagées et des motifs représentant des palmes. L'homme me fit sortir dans la cour extérieure et me fit entrer dans des salles situées au nord, face à l'espace libre et au bâtiment situés derrière le temple. Cette construction, au nord, avait cent mesures de longueur et cinquante de largeur. D'un côté elle faisait face à l'espace qui entourait le temple sur vingt mesures de largeur; de l'autre elle donnait sur le dallage de la cour extérieure. Elle comportait des galeries superposées sur trois étages. Devant les salles, du côté de la cour intérieure, il y avait une allée de dix mesures de largeur sur une longueur de cent mesures. On entrait dans cette construction par le nord. Les salles supérieures étaient plus étroites que celles du dessous, car les galeries empiétaient davantage sur elles que sur celles du milieu et du bas. Les galeries étaient superposées sur trois étages sans être soutenues par des colonnes comme les autres bâtiments de la cour. Au fur et à mesure qu'on montait, en allant des salles du bas à celles du milieu puis du haut, les salles devenaient plus étroites. Du côté de la cour extérieure, le mur parallèle aux salles avait cinquante mesures de longueur, car la longueur des salles elles-mêmes était de cinquante mesures. Par contre, les salles donnant sur le temple avaient cent mesures de longueur. Au-dessous de ces salles, du côté est de la construction, il y avait une entrée pour ceux qui venaient de la cour extérieure. Cette entrée se trouvait là où le mur de la cour commençait. Du côté sud, il y avait également des salles faisant face à la cour et au bâtiment placés derrière le temple. Une allée se trouvait devant elles. Elles étaient identiques aux salles situées au nord par leurs dimensions, leur disposition, leurs entrées et leurs sorties. Il en était de même des portes de cette construction sud. Au début de l'allée, il y avait une entrée faisant face au mur qui protégeait le sanctuaire. On y accédait par l'est. L'homme me dit: «Les salles du nord et du sud qui donnent sur la cour sont des salles consacrées à Dieu. Les prêtres qui peuvent se présenter devant le Seigneur mangent les offrandes spécialement sacrées dans ces salles. En effet, elles sont consacrées à Dieu et on y dépose donc les offrandes spécialement sacrées: les dons et les victimes des divers sacrifices offerts pour obtenir le pardon. Les prêtres qui sont entrés dans le sanctuaire ne peuvent pas sortir directement dans la cour extérieure. Ils doivent laisser dans ces salles les vêtements sacrés portés pour servir le Seigneur, et y revêtir d'autres habits avant de rejoindre l'endroit où le peuple se rassemble.» Lorsque l'homme eut terminé de mesurer les bâtiments intérieurs du temple, il me fit sortir par le porche est. Il se mit alors à mesurer l'espace qui entourait le temple. Avec le roseau à mesurer, il trouva que le côté est avait cinq cents mesures de longueur. C'est ainsi qu'il mesura le mur qui entourait le temple sur ses quatre côtés. Le mur formait un carré de cinq cents mesures de côté et il servait à séparer l'espace réservé à Dieu de l'espace profane. L'homme me ramena au porche oriental. Je vis alors la glorieuse présence du Dieu d'Israël venir de l'est. Elle était accompagnée d'un bruit comparable au grondement de la mer et elle illuminait la terre de sa clarté. Cette vision était semblable à celles que j'avais eues lorsque Dieu était venu détruire Jérusalem et lorsque je me trouvais sur les rives du Kébar. Je tombai la face contre terre. La glorieuse présence du Seigneur entra dans le temple en passant par le porche oriental. L'Esprit de Dieu me souleva de terre et me transporta dans la cour intérieure. Je vis que la glorieuse présence du Seigneur remplissait le temple. J'entendis quelqu'un me parler depuis l'intérieur du temple, alors que l'homme qui m'avait conduit était toujours à mes côtés. Le Seigneur me dit: «Toi qui n'es qu'un homme, regarde ce lieu: là est mon trône, c'est là que je pose les pieds. Je vais y demeurer au milieu des Israélites pour toujours. Ni le peuple d'Israël ni ses rois ne déshonoreront plus le nom que je porte en vivant dans la débauche et en enterrant ici les corps de leurs rois défunts. Les rois ont placé les seuils et les montants de porte de leur palais juste à côté des seuils et des montants de porte de mon temple; il n'y a qu'un mur entre ma maison et la leur. Ils ont déshonoré le nom que je porte en commettant des actions abominables. C'est pourquoi, dans ma colère, je les ai exterminés. Maintenant les Israélites vont cesser de vivre dans la débauche sous mes yeux et ils éloigneront de ma présence les cadavres de leurs rois. Alors je demeurerai au milieu d'eux pour toujours. «Quant à toi, l'homme, décris le temple aux Israélites. Qu'ils aient honte de toutes leurs fautes et qu'ils examinent le plan de cette construction. S'ils sont vraiment honteux des actions qu'ils ont commises, présente-leur un croquis du temple, avec la répartition des bâtiments, des entrées et des sorties, tout le plan d'ensemble. Indique par écrit et mets sous leurs yeux les lois et réglementations qui doivent y être appliquées, afin qu'ils puissent s'y conformer et les mettre en pratique. Voici la règle principale concernant le temple: tout l'espace qui l'entoure au sommet de la montagne doit être considéré comme spécialement réservé à Dieu.» Voici les dimensions de l'autel exprimées en mesures anciennes – de la valeur d'une mesure actuelle plus une largeur de main. Le fossé qui l'entourait avait une mesure de profondeur et une mesure de largeur, avec, du côté extérieur, un rebord d'une moitié de mesure de hauteur. En ce qui concerne la hauteur de l'autel, on comptait deux mesures depuis la base au niveau du sol jusqu'à la plate-forme inférieure, décalée d'une mesure par rapport à la base; de cette plate-forme jusqu'à la suivante, également décalée d'une mesure, on comptait quatre mesures. La partie supérieure de l'autel, où se trouvait le foyer, avait quatre mesures de hauteur et les quatre angles en étaient relevés. Le foyer était un carré de douze mesures de côté. La seconde plate-forme était également un carré: elle avait quatorze mesures de côté. Elle comportait, du côté extérieur, un rebord d'une moitié de mesure de hauteur et, tout autour, une rainure d'une mesure. On y accédait par des marches situées du côté est. L'homme me dit: «Toi, l'homme, écoute ce que déclare le Seigneur Dieu: Voici les règles à suivre lorsque l'autel aura été construit, qu'on y brûlera des sacrifices et qu'on y répandra le sang des victimes. Tu remettras un taureau aux prêtres-lévites, descendants de Sadoc, les seuls autorisés à se présenter devant moi pour me servir, je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu. On l'offrira en sacrifice pour obtenir le pardon. Tu prendras de son sang et tu en mettras sur les quatre angles relevés de l'autel, sur les quatre coins de la seconde plate-forme et sur tout le pourtour de l'autel. Tu purifieras ainsi l'autel et tu le consacreras. Puis tu feras emporter le taureau offert en sacrifice et on le brûlera à un endroit réservé à cet usage, en dehors du sanctuaire. Le jour suivant, tu prendras un bouc sans défaut et tu l'offriras également en sacrifice pour obtenir le pardon. Tu procéderas à la purification de l'autel comme tu l'as fait avec le taureau. Quand tu auras terminé ce sacrifice, tu prendras un taureau et un bélier sans défaut et tu me les amèneras à moi, le Seigneur. Les prêtres jetteront du sel sur eux et me les offriront en sacrifice complet. Chaque jour pendant une semaine, tu offriras en sacrifice un bouc pour obtenir le pardon, puis un taureau et un bélier sans défaut. Ainsi sept jours durant, on procédera à la purification et à la consécration de l'autel pour pouvoir l'inaugurer. Une fois la semaine écoulée, dès le huitième jour, les prêtres pourront présenter sur l'autel les sacrifices complets et les sacrifices de communion que vous offrirez. Alors je serai bien disposé à votre égard. Je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu.» L'homme me ramena au porche extérieur situé à l'est du sanctuaire. Il était fermé. Le Seigneur me dit: «Ce porche restera fermé, on ne devra jamais l'ouvrir. Personne n'y passera, car moi, le Seigneur, le Dieu d'Israël, je suis entré par là. Qu'il reste donc fermé. Cependant le prince régnant pourra, en tant que prince, y prendre le repas sacré en ma présence. Il devra entrer et sortir en traversant la salle attenante au porche.» L'homme me conduisit ensuite par le porche nord devant la façade du temple. Je vis que la glorieuse présence du Seigneur remplissait son temple. Je tombai la face contre terre. Le Seigneur me dit: «Toi, l'homme, sois attentif, ouvre tes yeux et ouvre tes oreilles. Écoute quelles sont les lois et les réglementations que je formule au sujet de mon temple. Tu feras spécialement attention à celles qui concernent le droit d'entrer dans le sanctuaire ou d'en sortir. «Tu transmettras aux Israélites, ces hommes récalcitrants, ce que je déclare, moi, le Seigneur Dieu: J'en ai assez des actions abominables que vous avez commises, vous, les Israélites. Au moment même où vous m'offriez ma part de nourriture, la graisse et le sang des sacrifices, vous introduisiez dans mon sanctuaire des étrangers qui sont incirconcis et qui ne m'obéissent pas. Vous avez ainsi souillé mon temple. Par toutes vos actions abominables vous avez violé l'alliance qui vous lie à moi. Vous ne vous êtes pas occupés vous-mêmes de me servir dans mon sanctuaire, mais vous avez chargé ces étrangers de le faire à votre place. Je le déclare, moi, le Seigneur Dieu, aucun étranger qui est incirconcis et qui ne m'obéit pas, n'entrera plus dans mon sanctuaire, même s'il habite au milieu des Israélites.» «Quant aux lévites qui m'ont abandonné et se sont détournés de moi, en même temps que le reste du peuple d'Israël, pour adorer leurs sales idoles, ils supporteront les conséquences de leurs fautes. Ils seront au service du sanctuaire en gardant les porches du temple et en accomplissant diverses tâches dans le temple. Ils pourront égorger les animaux destinés aux sacrifices complets et aux autres sacrifices. Ils seront à la disposition du peuple. Mais puisqu'ils lui ont servi d'intermédiaires auprès des idoles et qu'ils ont même été à l'origine de la faute des Israélites, voici ce que j'affirme, moi, le Seigneur Dieu: Je vais intervenir contre eux, et ils supporteront les conséquences de leurs fautes. Ils ne devront pas se présenter devant moi pour exercer des fonctions de prêtres; ils ne devront pas s'approcher des objets qui me sont réservés ni du “ lieu très saint”. Ils supporteront ainsi les conséquences des actions honteuses et abominables qu'ils ont commises. Je les chargerai d'assurer seulement les tâches nécessaires au fonctionnement et aux activités du temple.» «Les prêtres-lévites, descendants de Sadoc, ont, pour leur part, appliqué fidèlement les règles du sanctuaire alors même que les Israélites se détournaient de moi, le Seigneur. Eux seuls pourront se présenter devant moi pour me servir et pour m'offrir la graisse et le sang des sacrifices, je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu. Eux seuls entreront dans mon sanctuaire et s'approcheront de la table réservée à mon service. Ils observeront fidèlement les règles que j'ai données à ce sujet. Pour franchir les portes de la cour intérieure, ils devront mettre des vêtements de lin. Ils ne porteront pas d'habits en laine pendant qu'ils assureront leur service dans la cour intérieure et dans le temple. Ils auront des turbans de lin sur la tête et une étoffe de lin autour de la taille. Ils ne porteront rien qui puisse provoquer la transpiration. Pour regagner la cour extérieure, où se tient le peuple, ils enlèveront les vêtements portés dans l'exercice de leurs fonctions, ils les déposeront dans les salles du sanctuaire et mettront d'autres habits. Ainsi ils n'exposeront pas le peuple à entrer en contact avec leurs vêtements sacrés. «Les prêtres ne se raseront pas complètement la tête, mais ils couperont leurs cheveux avant qu'ils deviennent trop longs. Aucun d'eux ne boira du vin avant d'entrer dans la cour intérieure. Un prêtre ne se mariera pas avec une femme veuve ou divorcée. Il épousera une jeune fille israélite ou, éventuellement, la veuve d'un autre prêtre. «Les prêtres enseigneront à mon peuple la distinction entre sacré et profane ainsi qu'entre pur et impur. Ils seront juges dans les procès et ils rendront la justice en respectant mes lois. Ils célèbreront les fêtes religieuses selon les règles et les prescriptions que j'ai données, ils veilleront à ce que le jour du sabbat me soit consacré. «Un prêtre ne devra pas se rendre impur en s'approchant du cadavre de quelqu'un, sauf s'il s'agit de son père ou de sa mère, d'un de ses enfants, d'un de ses frères ou d'une sœur non mariée. Dans un tel cas, après s'être purifié, il attendra sept jours pour reprendre son service. Le jour où il retournera dans la cour intérieure du sanctuaire, il offrira un sacrifice pour obtenir le pardon, je l'ordonne, moi, le Seigneur Dieu. Les prêtres auront le privilège de me servir. On ne leur donnera aucune propriété en Israël, car c'est moi qui serai leur part. Ils se nourriront des offrandes et des animaux offerts en sacrifice pour obtenir le pardon des péchés. Tout ce qui, en Israël, est mis à part pour moi de manière irrévocable leur reviendra. Les prêtres recevront la première partie des récoltes et tout ce qui est prélevé pour moi sur les richesses des Israélites. Les gens leur donneront leur plus belle farine pour que je bénisse leurs maisons. Mais les prêtres n'auront pas le droit de manger les oiseaux et les bêtes crevées ou qui ont été tuées par un animal sauvage.» «Lorsque le pays sera réparti entre les tribus israélites, on mettra de côté pour le Seigneur une partie qui lui sera réservée: ce sera un territoire de vingt-cinq mille mesures de longueur et de vingt mille de largeur. Il sera sacré dans sa totalité. A l'intérieur de ce territoire, on gardera pour le temple un terrain carré de cinq cents mesures de côté, entouré par un espace libre d'une largeur de cinquante mesures. On délimitera dans ce territoire un secteur de vingt-cinq mille mesures de longueur sur dix mille de largeur. C'est là que s'élèvera le sanctuaire, le “lieu très saint”. Cette partie du pays sera sacrée, mise à part pour les prêtres qui assurent le service du sanctuaire et qui se présentent devant le Seigneur. Ils auront là des emplacements pour leurs maisons et un terrain sacré réservé au sanctuaire. Un autre secteur de vingt-cinq mille mesures de longueur sur dix mille de largeur sera attribué aux lévites qui assurent le service du temple. Ils y posséderont des villes où ils habiteront. Le long de ce territoire réservé au Seigneur, on délimitera encore un secteur de vingt-cinq mille mesures de longueur sur cinq mille de largeur pour la ville où chaque Israélite pourra habiter. Au prince régnant on attribuera un domaine situé de part et d'autre du territoire réservé au sanctuaire et à l'emplacement de la ville. Ce domaine s'étendra à l'ouest jusqu'à la mer Méditerranée et à l'est jusqu'à la frontière orientale d'Israël. Il aura la même longueur que le territoire de chaque tribu. Ainsi les princes auront leur propre domaine en Israël. Ils n'opprimeront plus le peuple du Seigneur, ils laisseront le reste du pays aux tribus d'Israël.» Voici ce que déclare le Seigneur Dieu: «Princes qui régnez sur Israël, vous avez vraiment exagéré! Renoncez donc à la violence et à la tyrannie, conformez-vous au droit et à la justice, cessez de vous emparer des biens de mon peuple. Je l'ordonne, moi, le Seigneur Dieu! «Que chacun se serve de balances et de mesures justes. L'éfa pour les grains et le bat pour les liquides doivent avoir la même capacité, soit le dixième d'un homer, qui sera la mesure de base. La pièce d'argent d'un sicle vaudra vingt guéras et il faudra soixante de ces pièces pour faire une mine «Vous prélèverez vos offrandes de la manière suivante: vous donnerez un soixantième de vos récoltes de blé ou d'orge, et un centième de votre production d'huile. Vous mesurerez l'huile avec un bat, qui est le dixième d'un homer, et également le dixième d'un kor. Enfin dans les pâturages d'Israël, sur deux cents moutons ou chèvres, vous prélèverez une bête. Ce que vous aurez prélevé sera présenté en offrande végétale, en sacrifice complet ou en sacrifice de communion, en vue d'obtenir le pardon de vos péchés. Je l'ordonne, moi, le Seigneur Dieu. «Cette contribution sera exigée de tous les gens du pays, ils l'apporteront au prince régnant sur Israël. En effet, c'est lui qui sera chargé de fournir le nécessaire pour les sacrifices complets et les offrandes de farine et de vin effectués pendant les fêtes, en particulier celle de la nouvelle lune, les jours de sabbat et autres occasions où le peuple d'Israël se rassemble. Le prince aura la charge des sacrifices pour les fautes, des offrandes, des sacrifices complets et des sacrifices de communion afin d'obtenir le pardon des péchés du peuple d'Israël.» Voici ce que déclare encore le Seigneur Dieu: «Le premier jour du premier mois, on sacrifiera un taureau sans défaut pour purifier le sanctuaire. Le prêtre prendra du sang de l'animal offert et en mettra sur les montants de porte du temple, sur les quatre coins de la plate-forme de l'autel et sur les montants des portes de la cour intérieure. Le septième jour du mois, on refera la même chose pour ceux qui ont commis des péchés sans le vouloir ou sans le savoir. De cette manière on purifiera le temple. «Le quatorzième jour du mois, vous commencerez à célébrer la fête de la Pâque. Celle-ci durera sept jours au cours desquels on mangera des pains sans levain. Le premier jour de la fête, le prince offrira un taureau en sacrifice afin d'obtenir le pardon pour lui-même et pour tout le peuple. En outre chacun des sept jours de la fête, il m'offrira sept taureaux et sept béliers sans défaut en sacrifice complet. Chaque jour il offrira également un bouc en sacrifice pour obtenir le pardon. Enfin il fera une offrande de trente kilos de blé auquel il ajoutera six litres d'huile, par taureau et bélier sacrifiés. «Pour la fête qui commence au quinzième jour du septième mois, le prince agira comme pour la fête de la Pâque: chacun des sept jours de la fête, il offrira les mêmes sacrifices pour obtenir le pardon, les mêmes sacrifices complets et les mêmes offrandes en blé et en huile.» Voici ce que déclare le Seigneur Dieu: «Le porche de la cour intérieure située à l'est devra rester fermé pendant les six jours où l'on travaille, mais il sera ouvert le jour du sabbat et à la fête de la nouvelle lune. Le prince viendra de la cour extérieure et traversera le vestibule proche de l'entrée. Il se tiendra près du montant de la porte pendant que les prêtres offriront ses sacrifices complets et ses sacrifices de communion. Il s'inclinera profondément sur le seuil puis il repartira. Le porche ne devra pas être refermé avant le soir. En effet, les jours de sabbat et de nouvelle lune, la population viendra à ce porche pour m'adorer moi, le Seigneur. «Le jour du sabbat, le prince me présentera six agneaux et un bélier sans défaut pour qu'ils soient offerts en sacrifice complet. Il apportera en outre une offrande de trente kilos de blé par bélier et, avec les agneaux, la quantité de blé qu'il jugera bonne. Il y ajoutera six litres d'huile pour trente kilos de blé. Les jours de nouvelle lune, il offrira un taureau, six agneaux et un bélier, tous sans défaut. Il y joindra une offrande de trente kilos de blé par taureau et par bélier et, avec les agneaux, la quantité de blé qu'il jugera bonne. Il y ajoutera six litres d'huile pour trente kilos de blé. Le prince entrera et sortira par le même chemin, en traversant le vestibule proche de l'entrée. Par contre, lorsque la population viendra m'adorer, moi, le Seigneur, dans les occasions solennelles, ceux qui seront entrés par le porche nord repartiront par le porche sud, et ceux qui seront entrés par le porche sud repartiront par le porche nord. Personne ne ressortira par où il est entré, mais chacun passera par le porche opposé. Le prince devra entrer et repartir en même temps que la population.» «Les jours de fête et dans les occasions solennelles, on fera une offrande de trente kilos de blé par taureau ou par bélier sacrifié et, pour les agneaux, la quantité qui sera jugée bonne. On ajoutera six litres d'huile pour trente kilos de blé. «Si le prince désire faire une offrande volontaire au Seigneur, qu'il s'agisse d'un sacrifice complet ou d'un sacrifice de communion, on devra lui ouvrir le porche oriental. Il offrira ses sacrifices de la même manière que le jour du sabbat et, dès son départ, on refermera le porche. «Chaque jour on fera au Seigneur le sacrifice complet d'un agneau d'un an sans défaut. Cette offrande aura lieu le matin. Chaque matin également, on offrira au Seigneur cinq kilos de farine mélangée avec deux litres d'huile. Les règles de cette offrande quotidienne sont valables pour toujours. L'agneau, la farine et l'huile devront être offerts au Seigneur chaque matin sans faute, et cela pour toujours.» Voici ce que déclare le Seigneur Dieu: «Si le prince donne une partie de son domaine à l'un de ses fils, ce don passera dans l'héritage du fils et sera transmis aux enfants de celui-ci. Mais si le prince donne une partie de son domaine à l'un de ses sujets, ce don appartiendra à celui-ci jusqu'à l'année de la libération, puis sera restitué au prince. En effet, c'est aux enfants du prince que doivent revenir ses possessions personnelles. Par contre, le prince ne devra pas s'emparer de ce qui appartient à un membre du peuple, en le dépouillant de sa propriété. Il constituera les parts qui reviennent à ses fils en prenant sur son propre domaine, afin que personne dans mon peuple ne soit chassé de sa propriété.» Après cela, par l'entrée située sur le côté du porche, l'homme me conduisit dans les salles du sanctuaire orientées au nord et réservées aux prêtres. Il m'y montra un emplacement, dans le fond, du côté ouest, et me dit: «Voilà l'endroit où les prêtres feront bouillir la chair des animaux sacrifiés pour obtenir le pardon; ils y feront également cuire les offrandes. Ainsi rien n'en sera porté dans la cour extérieure et l'on ne mettra pas le peuple en contact avec le sacré.» Puis il me conduisit dans la cour extérieure et me fit passer devant ses quatre coins: à chaque coin il y avait une cour. Ces quatre cours étaient petites et toutes de la même dimension, soit quarante mesures de longueur et trente mesures de largeur. Chacune était entourée d'un mur de pierre le long duquel des fourneaux étaient construits. L'homme me dit: «Ce sont les cuisines où les hommes chargés du service du temple feront bouillir la chair des animaux offerts en sacrifice par le peuple.» L'homme me ramena à l'entrée du temple. Je vis alors que de l'eau jaillissait de dessous l'entrée vers l'est; la façade du temple était en effet orientée à l'est. L'eau s'écoulait du côté sud du temple, puis passait au sud de l'autel. L'homme me fit sortir du temple par le porche nord et m'en fit contourner l'extérieur jusqu'au porche oriental. L'eau s'écoulait au sud de ce porche. Il s'avança vers l'est; il tenait un cordeau à la main avec lequel il compta mille mesures dans cette direction. Puis il me fit traverser l'eau: elle m'arrivait aux chevilles. Il compta encore mille mesures et me fit traverser l'eau: elle m'arrivait aux genoux. Au bout des mille mesures suivantes, il me fit de nouveau traverser l'eau: cette fois-ci, elle m'arrivait à la taille. Il compta une dernière fois mille mesures, mais je ne pouvais plus traverser, car l'eau était montée à un niveau où il faut nager. C'était devenu un torrent infranchissable. Il me dit: «As-tu bien regardé, toi, l'homme?» Il m'emmena un moment à l'écart puis me ramena au bord du torrent. Je constatai alors qu'il y avait de très nombreux arbres sur chaque rive. L'homme me dit: «Ce torrent se dirige vers l'est du pays, il descend la vallée du Jourdain et débouche dans la mer Morte. Lorsqu'il parvient à la mer, il en renouvelle l'eau, qui devient saine. Des êtres de toute espèce se mettront à grouiller et les poissons se multiplieront partout où le torrent arrivera. Il assainira la mer et là où il se déversera, il apportera avec lui la vie. Alors, depuis En-Guédi jusqu'à En-Églaïm, il y aura des pêcheurs qui mettront leurs filets à sécher sur les bords de la mer. On y trouvera autant d'espèces de poissons que dans la mer Méditerranée. Cependant les marais et les lagunes de son littoral ne seront pas assainis, on les gardera comme réserves de sel. Sur chaque rive du torrent, des arbres fruitiers de toutes sortes pousseront. Leur feuillage ne se flétrira jamais et ils produiront sans cesse des fruits. Ils donneront chaque mois une nouvelle récolte, car ils sont arrosés par l'eau provenant du sanctuaire. Leurs fruits serviront de nourriture et leurs feuilles de remèdes.» Voici ce que déclare le Seigneur Dieu: «Je vais vous indiquer les frontières du pays que les douze tribus d'Israël se partageront. La tribu de Joseph recevra deux parts. Vous vous répartirez équitablement le territoire. En effet, je me suis engagé par serment à donner le pays d'Israël à vos ancêtres et il vous revient donc en héritage. La frontière nord partira de la mer Méditerranée, suivra la route qui passe par Hetlon, Lebo-Hamath, Sedad, puis par les villes de Berota et Sibraïm situées entre le territoire du royaume de Damas et celui de Hamath, et celle de Hasser-Tikon proche de la frontière de Hauran. Ainsi cette frontière s'étendra de la mer Méditerranée jusqu'à la localité d'Hassar-Énan à l'est. Elle sera bordée au nord par les royaumes de Damas et de Hamath. Voilà pour le nord. La frontière orientale partira d'un endroit situé entre Damas et Hauran, elle suivra la vallée du Jourdain entre la région de Galaad et le pays d'Israël, et elle ira jusqu'à Tamar sur la mer Morte. Voilà pour l'est. Au sud, la frontière s'étendra de Tamar à l'oasis de Meriba de Cadès; elle longera le torrent d'Égypte jusqu'à la mer Méditerranée. Voilà pour le sud. A l'ouest, la mer Méditerranée servira de frontière depuis le sud jusqu'à Lebo-Hamath au nord. Voilà pour l'ouest. «Vous partagerez le pays entre les tribus de votre peuple. Vous le répartirez par tirage au sort entre vous et entre les étrangers installés au milieu de vous et qui auront eu des enfants dans le pays. Ceux-ci devront être traités comme les Israélites, comme des membres du peuple, et recevoir leur part de territoire dans les tribus d'Israël. Chacun d'eux recevra sa part dans la tribu où il se sera installé. Je l'ordonne, moi, le Seigneur Dieu.» «Voici les noms des tribus avec leurs parts. La part de Dan sera située tout au nord, en bordure de la route qui passe par Hetlon, Lebo-Hamath et Hassar-Énan, près des royaumes de Damas et de Hamath; elle s'étendra de la frontière orientale jusqu'à la mer Méditerranée à l'ouest. Le long de la part de Dan, de l'est à l'ouest, se trouvera la part d'Asser, le long de celle d'Asser, celle de Neftali, le long de celle de Neftali, celle de Manassé, le long de celle de Manassé, celle d'Éfraïm, le long de celle d'Éfraïm, celle de Ruben, et le long de celle de Ruben, toujours de l'est à l'ouest, celle de Juda.» «Le long de la part de Juda, de la frontière orientale à la mer Méditerranée à l'ouest, on réservera un territoire qui aura la même longueur que la part de chaque tribu, sur une largeur de vingt-cinq mille mesures. Au centre s'élèvera le sanctuaire. Le secteur réservé au Seigneur aura vingt-cinq mille mesures de longueur et vingt mille de largeur. La partie de ce territoire attribuée aux prêtres s'étendra sur vingt-cinq mille mesures de l'est à l'ouest, et dix mille du nord au sud. Au centre s'élèvera le sanctuaire du Seigneur. Cette région reviendra aux prêtres consacrés, descendants de Sadoc. Ils ont accompli fidèlement le service du Seigneur et, contrairement aux lévites, ils n'ont pas abandonné Dieu lorsque les Israélites se détournaient de lui. C'est pourquoi ils recevront une part spécialement sacrée dans le territoire réservé au Seigneur; elle sera voisine de celle des lévites. La part des lévites sera semblable à celle des prêtres. Toutes deux auront vingt-cinq mille mesures de longueur sur dix mille de largeur. On ne pourra ni échanger, ni vendre ni céder du terrain dans cette partie du pays, qui est la plus importante de toutes, car elle est consacrée au Seigneur.» «Sur ce territoire réservé, il restera un terrain de cinq mille mesures de largeur sur vingt-cinq mille de longueur. Ce sera un terrain profane, destiné à la ville, à ses habitations et à ses dépendances. Au centre se trouvera la ville. Les dimensions de ses côtés seront de quatre mille cinq cents mesures au nord, au sud, à l'est et à l'ouest. Sur les quatre côtés de la ville, il y aura un espace libre de deux cent cinquante mesures de largeur. Le long de la partie consacrée au Seigneur, il restera encore un terrain long de dix mille mesures à l'est de la ville, et d'autant à l'ouest. On en tirera la nourriture nécessaire aux employés de la ville. Le personnel de la ville qui le cultivera viendra de toutes les tribus d'Israël. L'ensemble du territoire réservé au Seigneur formera un carré de vingt-cinq mille mesures de côté, dont un quart sera pris pour l'emplacement de la ville. Le reste sera pour le prince. Son domaine sera situé de part et d'autre du territoire réservé au Seigneur et à la ville. Il s'étendra, le long des autres parts, sur vingt-cinq mille mesures, vers l'est jusqu'à la frontière orientale et vers l'ouest jusqu'à la mer Méditerranée. Le territoire consacré au Seigneur et le sanctuaire se trouveront ainsi au centre de la partie du pays mise à part. Le territoire des lévites et l'emplacement de la ville couperont en deux le domaine du prince, qui sera compris entre la part de Juda au nord et celle de Benjamin au sud.» «Les autres tribus, avec leurs parts, sont les suivantes: la part de Benjamin ira de la frontière orientale jusqu'à la mer Méditerranée à l'ouest. Le long de la part de Benjamin, de l'est à l'ouest, se trouvera la part de Siméon, le long de celle de Siméon, celle d'Issakar, le long de celle d'Issakar, celle de Zabulon, le long de celle de Zabulon, toujours de l'est à l'ouest, celle de Gad. La frontière sud de Gad sera la frontière du pays. Elle s'étendra de Tamar, à l'est, à l'oasis de Meriba de Cadès, puis elle longera le torrent d'Égypte jusqu'à la mer Méditerranée. C'est ainsi que vous répartirez le pays entre les tribus d'Israël et que vous fixerez leurs territoires respectifs. Je l'ordonne, moi, le Seigneur Dieu.» A l'est se trouvera aussi un mur de quatre mille cinq cent mesures avec trois portes: la porte de Joseph, celle de Benjamin et celle de Dan. Au sud il y aura un mur de même longueur avec trois portes: la porte de Siméon, celle d'Issakar et celle de Zabulon. A l'ouest enfin, il y aura un mur de même longueur avec également trois portes: la porte de Gad, celle d'Asser et celle de Neftali. La longueur totale des murs qui entoureront la ville sera de dix-huit mille mesures. «Dès lors, on appellera la ville “Le Seigneur-est-là ”.» Pendant la troisième année du règne de Joaquim, roi de Juda, le roi de Babylone, Nabucodonosor, vint assiéger Jérusalem. Le Seigneur livra Joaquim en son pouvoir, et le laissa s'emparer d'une partie des ustensiles sacrés du temple de Dieu. Nabucodonosor emmena des prisonniers en Babylonie et déposa le butin dans le temple de ses dieux, dans la salle du trésor. Nabucodonosor ordonna au chef de son personnel, Achepénaz, de choisir parmi les Israélites quelques garçons de la famille royale ou de familles nobles. Ces jeunes gens ne devaient présenter aucun défaut physique; ils devaient avoir bonne apparence et être remplis de sagesse, de connaissance et de discernement, afin de pouvoir entrer au service du roi, dans son palais. On leur enseignerait la langue et l'écriture des Babyloniens. Le roi prescrivit qu'on leur fournisse chaque jour la nourriture et le vin de la table royale, et qu'on les instruise durant trois ans. A la fin de cette période, ils entreraient à son service. Parmi ceux de la tribu de Juda qui furent choisis se trouvaient Daniel, Hanania, Michaël et Azaria. Le chef du personnel royal leur donna de nouveaux noms: Daniel reçut le nom de Beltassar, Hanania celui de Chadrac, Michaël celui de Méchak, et Azaria celui d'Abed-Négo. Daniel prit la ferme résolution de ne pas se rendre impur en consommant la nourriture et le vin de la table royale. Il demanda donc au chef du personnel de ne pas l'obliger à se rendre impur par de tels aliments. Dieu permit que sa requête soit accueillie avec faveur et bienveillance par le chef du personnel. Toutefois celui-ci répondit à Daniel: «C'est Sa Majesté le roi lui-même qui a prescrit ce que vous devez manger et boire. J'ai peur qu'il ne vous trouve pas aussi bonne mine qu'aux autres jeunes gens de votre âge; ainsi, à cause de vous, le roi pourrait me faire couper la tête.» Alors Daniel dit à l'homme chargé par le chef du personnel de s'occuper de Hanania, de Michaël, d'Azaria et de lui-même: «Je t'en prie, fais un essai avec nous pendant dix jours: qu'on nous donne seulement des légumes à manger et de l'eau à boire. Ensuite tu compareras notre mine à celle des jeunes gens qui consomment la nourriture de la table royale. A ce moment-là, tu agiras envers nous d'après ce que tu auras vu.» L'homme accepta cette proposition et fit un essai de dix jours avec Daniel et ses compagnons. A la fin de cette période, on put constater qu'ils avaient meilleure mine et avaient pris plus de poids que les jeunes gens nourris des mets de la table royale. C'est pourquoi l'homme responsable d'eux continua d'écarter la nourriture et le vin qu'on leur fournissait; il leur donnait seulement des légumes. Dieu accorda aux quatre jeunes gens du discernement et de vastes connaissances dans les domaines de la langue et de la sagesse. Daniel était capable en outre de comprendre le sens des visions et des rêves. Au terme du délai fixé par le roi Nabucodonosor pour qu'on lui présente les jeunes gens choisis, le chef du personnel les lui amena. Le roi s'entretint avec eux: Daniel, Hanania, Michaël et Azaria se révélèrent plus compétents que tous les autres. C'est pourquoi ils entrèrent à son service. Lorsque le roi les interrogeait sur n'importe quel sujet exigeant de la sagesse et de l'intelligence, il les trouvait dix fois supérieurs à tous les devins et magiciens de son royaume. Daniel resta au service du roi jusqu'au moment où Cyrus devint roi. Pendant la deuxième année de son règne, Nabucodonosor fit un rêve. Il en fut si troublé qu'il en perdit le sommeil. Il ordonna de convoquer les devins, magiciens, sorciers et enchanteurs, afin qu'on lui révèle ce qu'il avait rêvé. Lorsqu'ils arrivèrent et se présentèrent devant lui, il leur déclara: «J'ai fait un rêve qui m'a beaucoup troublé. J'aimerais que vous me disiez ce que j'ai rêvé.» Les enchanteurs répondirent au roi, en langue araméenne: «Longue vie au roi! Qu'il nous communique ce qu'il a rêvé, et nous lui en donnerons la signification.» Le roi répondit: «Ma décision est fermement prise: si vous ne me révélez pas le contenu et la signification de mon rêve, vous serez coupés en morceaux et vos maisons seront transformées en tas de décombres. Si au contraire vous me les révélez, vous recevrez de moi de riches cadeaux et de grands honneurs. Alors, dites-moi le contenu et la signification de ce rêve.» Pour la seconde fois, les enchanteurs dirent au roi: «Que le roi nous communique ce qu'il a rêvé, et nous pourrons lui en donner la signification.» Le roi s'écria: «Je vois bien que vous essayez de gagner du temps, parce que vous constatez que ma décision est fermement prise. Mais si vous ne me révélez pas ce que j'ai rêvé, la sentence sera la même pour tous. Vous vous êtes concertés pour ne prononcer devant moi que des propos mensongers et trompeurs, en attendant que la situation ait changé. Eh bien, non; dites-moi ce que j'ai rêvé, et je saurai ainsi que vous êtes capables de m'en donner la signification.» Les enchanteurs reprirent: «Majesté, aucun être humain au monde ne peut faire ce que tu exiges. D'ailleurs, aucun roi, même grand ou puissant, n'a jamais demandé une chose pareille à un devin, à un magicien ou à un enchanteur. Ce que tu exiges est excessif: personne ne peut te donner la réponse, sinon les dieux, mais ils n'habitent pas dans le monde des hommes.» Alors le roi entra dans une très violente colère et ordonna de mettre à mort tous les sages de Babylone. Cette décision fut publiée, et les sages allaient être exécutés. On chercha donc aussi Daniel et ses compagnons pour les faire mourir. Daniel s'adressa avec prudence et sagesse au capitaine Ariok, chef des gardes du roi, qui s'était mis en route pour aller mettre à mort les sages de Babylone. Il lui demanda pourquoi le roi avait prononcé une sentence si dure. Ariok lui exposa l'affaire. Aussitôt Daniel se rendit chez le roi pour le prier de lui accorder un délai, afin qu'il puisse lui communiquer la signification de son rêve. De retour chez lui, Daniel raconta toute l'affaire à ses compagnons Hanania, Michaël et Azaria; il les invita à implorer la bienveillance du Dieu du ciel au sujet de ce rêve mystérieux, afin de ne pas être exécutés avec les autres sages de Babylone. Et le mystère fut révélé à Daniel pendant la nuit, au cours d'une vision. Alors Daniel se mit à louer le Dieu du ciel en ces termes: «Remercions Dieu en tout temps, car la sagesse et la puissance lui appartiennent. Il est le maître du temps et de l'Histoire, il renverse les rois ou les établit. C'est lui qui accorde la sagesse aux sages, qui donne le discernement aux intelligents, et qui révèle les secrets les plus mystérieux. Il sait ce qui se cache dans les ténèbres, car la lumière brille à ses côtés. Vers toi, Dieu de mes ancêtres, montent ma reconnaissance et mes louanges: tu m'as rempli de sagesse et de force. Tu m'as fait connaître ce que nous t'avons demandé, en nous révélant ce qui préoccupe le roi.» Là-dessus, Daniel se rendit chez Ariok, à qui le roi avait ordonné de tuer les sages de Babylone. Sitôt arrivé, il lui dit: «Ne fais pas mourir les sages de Babylone! Introduis-moi auprès du roi et je lui indiquerai la signification de son rêve.» Sans tarder, Ariok amena Daniel chez le roi et dit à celui-ci: «Majesté, parmi les déportés de Juda, j'ai trouvé un homme capable de t'indiquer la signification de ton rêve.» Le roi s'adressa à Daniel, appelé aussi Beltassar, et lui demanda: «Es-tu vraiment capable de me révéler ce que j'ai rêvé et de m'en donner la signification?» Daniel lui répondit: «Aucun sage, aucun magicien, aucun devin, aucun astrologue n'est en mesure de révéler au roi le mystère dont il parle. Mais il y a dans le ciel un Dieu qui révèle les mystères. C'est lui qui fait connaître au roi Nabucodonosor ce qui arrivera dans l'avenir. Eh bien, voici la vision que tu as eue durant ton sommeil: Lorsque tu t'es couché, tu t'es mis à penser à l'avenir. Alors celui qui révèle les mystères t'a montré ce qui arrivera. Pour ma part, ce mystère m'a été révélé, non pas parce que je serais plus sage que n'importe qui d'autre, mais pour que quelqu'un puisse te communiquer la signification de ton rêve et te faire connaître ce qui inquiète ton esprit. Voici donc ce que tu as vu: Devant toi se dressait une grande, très grande statue, d'une splendeur éblouissante et d'un aspect terrifiant. La tête de la statue était en or pur, sa poitrine et ses bras en argent, son ventre et ses cuisses en bronze, ses jambes en fer, et ses pieds moitié en fer et moitié en terre cuite. Tu as contemplé cette statue jusqu'au moment où une pierre s'est détachée de la montagne sans intervention humaine; elle est venue frapper les pieds en fer et en terre cuite de la statue, et les a fracassés. Alors, d'un seul coup, le fer et la terre cuite, ainsi que le bronze, l'argent et l'or, furent réduits en poussière que le vent emporta, comme des brins de paille lorsqu'on vanne les céréales en été. Aucune trace n'en subsista. Quant à la pierre qui avait frappé la statue, elle devint une grande montagne remplissant toute la terre. «Tel fut le rêve du roi. Maintenant en voici la signification: Tu es le plus grand de tous les rois. Le Dieu du ciel t'a donné la royauté, la puissance, la force et l'honneur; il a placé sous ton autorité les êtres humains, les animaux et les oiseaux: tu en es le maître, partout où ils demeurent. Eh bien, la tête en or, c'est toi! Un autre royaume, moins puissant que le tien, s'élèvera après toi. Ensuite un troisième royaume, représenté par le bronze, s'étendra à toute la terre. Un quatrième royaume, dur comme le fer, lui succédera. Comme le fer écrase, pulvérise et broie tout, ce royaume écrasera et broiera les royaumes précédents. Enfin, ainsi que tu l'as constaté, les pieds et les orteils de la statue étaient faits en partie de terre cuite et en partie de fer: cela signifie que ce royaume manquera d'unité. Il y aura en lui quelque chose de la solidité du fer, puisque tu as vu le fer mêlé à la terre cuite. Mais les orteils où le fer et la terre cuite étaient mélangés montrent qu'une partie de ce royaume sera forte et une autre partie fragile; ils indiquent aussi que des rois s'allieront par des mariages, mais ces alliances ne seront pas solides, pas plus que l'alliage du fer et de la terre cuite. A l'époque de ces rois-là, le Dieu du ciel établira un royaume qui ne sera jamais détruit et dont la souveraineté ne passera jamais à une autre nation. Ce royaume écrasera tous les royaumes précédents et mettra fin à leur existence, puis il subsistera éternellement; c'est ce qu'annonce la pierre que tu as vue se détacher de la montagne sans intervention humaine, pour venir broyer le fer, le bronze, la terre cuite, l'argent et l'or de la statue. Le grand Dieu t'a fait connaître ainsi ce qui arrivera par la suite. Ton rêve est une authentique révélation, et son interprétation est digne de confiance.» Alors le roi Nabucodonosor se jeta le visage contre terre, rendit hommage à Daniel et ordonna qu'on lui présente des sacrifices et des offrandes de parfums. Puis il dit à Daniel: «Votre Dieu est vraiment le plus grand de tous les dieux, et le maître des rois. Lui seul révèle les mystères, puisque tu as été capable de me dévoiler ce mystère-ci.» Ensuite le roi accorda à Daniel de grands honneurs et lui remit de nombreux et importants cadeaux. Il le nomma gouverneur de la province de Babylone et chef suprême des sages de Babylone. Sur une demande de Daniel, le roi confia à Chadrac, Méchak et Abed-Négo des postes dans l'administration de la province de Babylone. Quant à Daniel, il devint conseiller à la cour royale. Le roi Nabucodonosor fit construire une statue d'or, de trente mètres de haut et de trois mètres de large, et il ordonna qu'on la dresse sur la plaine de Doura, dans la province de Babylone. Ensuite il envoya des messagers convoquer les satrapes, les préfets, les gouverneurs, les conseillers, les trésoriers, les juges, les magistrats et tous les autres fonctionnaires des provinces. Ils devaient venir pour l'inauguration de la statue que le roi avait fait dresser. Tous ces hauts fonctionnaires se rassemblèrent donc et prirent place devant la statue, pour la cérémonie d'inauguration. Le maître de cérémonie cria d'une voix puissante: «Gens de tous peuples, de toutes nations et de toutes langues, écoutez l'ordre que voici: “Dès que vous entendrez jouer de la trompette, de la flûte, de la cithare, de la sambuque, du psaltérion, de la cornemuse et de tous les genres d'instruments de musique, vous vous inclinerez jusqu'à terre pour adorer la statue d'or que le roi Nabucodonosor a fait dresser. Si quelqu'un refuse de s'incliner et de l'adorer, on le jettera immédiatement dans la fournaise où brûle un feu intense.” » Ainsi donc, dès que les gens de tous peuples, nations et langues entendirent jouer de la trompette, de la flûte, de la cithare, de la sambuque, du psaltérion et de tous les genres d'instruments de musique, ils s'inclinèrent jusqu'à terre et adorèrent la statue d'or que le roi Nabucodonosor avait fait dresser. Aussitôt après, quelques Babyloniens vinrent accuser les Juifs. Ils s'adressèrent au roi Nabucodonosor et lui dirent: «Longue vie au roi! Sa Majesté le roi lui-même a donné l'ordre suivant: “Tout homme devra s'incliner jusqu'à terre pour adorer la statue d'or, dès qu'il entendra jouer de la trompette, de la flûte, de la cithare, de la sambuque, du psaltérion, de la cornemuse et de tous les genres d'instruments de musique. Si quelqu'un refuse de s'incliner et d'adorer la statue, on le jettera dans la fournaise où brûle un feu intense.” Eh bien, Majesté, les Juifs Chadrac, Méchak et Abed-Négo, à qui tu as confié des postes dans l'administration de la province de Babylone, n'ont pas tenu compte de ton ordre: ils refusent de servir tes dieux et d'adorer la statue d'or que tu as fait dresser.» Très en colère, Nabucodonosor ordonna qu'on lui amène Chadrac, Méchak et Abed-Négo. Lorsqu'ils furent présents, le roi leur demanda: «Est-il vrai, Chadrac, Méchak et Abed-Négo, que vous refusez de servir mes dieux et d'adorer la statue d'or que j'ai fait dresser? Vous allez entendre de nouveau jouer de la trompette, de la flûte, de la cithare, de la sambuque, du psaltérion, de la cornemuse et de tous les genres d'instruments de musique. Êtes-vous prêts maintenant à vous incliner jusqu'à terre pour adorer la statue que j'ai faite? Si vous refusez, vous serez jetés immédiatement dans la fournaise où brûle un feu intense. Quel dieu pourrait alors vous arracher à mon pouvoir?» Chadrac, Méchak et Abed-Négo répondirent au roi: «Majesté, nous ne voulons pas essayer de nous justifier. Sache toutefois que notre Dieu, le Dieu que nous servons, est capable de nous sauver; oui, il nous arrachera à la fournaise et à ton pouvoir. Et à supposer qu'il ne le fasse pas, sache bien que nous refuserons quand même de servir tes dieux et d'adorer la statue d'or que tu as fait dresser.» Nabucodonosor devint furieux; il pâlit de rage face à Chadrac, Méchak et Abed-Négo. Il exigea qu'on chauffe la fournaise sept fois plus que d'habitude et il ordonna à quelques vigoureux soldats de son armée de ligoter Chadrac, Méchak et Abed-Négo pour les jeter dans la fournaise. Aussitôt on ligota ces trois hommes, vêtus de leur costume d'apparat, pantalons, tuniques et bonnets, et on les jeta dans la fournaise. Conformément à l'ordre catégorique du roi, on avait surchauffé la fournaise. Ainsi, lorsque les soldats allèrent jeter Chadrac, Méchak et Abed-Négo dans le feu, ils furent eux-mêmes tués par les flammes. Quant à Chadrac, Méchak et Abed-Négo, ils tombèrent tous les trois, ligotés, au cœur de la fournaise. Soudain, le roi Nabucodonosor se leva stupéfait et demanda à ses ministres: «N'avons-nous pas jeté trois hommes ligotés dans le feu?» – «C'est exact, Majesté!» répondirent-ils. «Et pourtant, reprit le roi, je vois quatre hommes, non ligotés, qui se déplacent en plein milieu du feu. Ils ne portent aucune trace de blessures. Et le quatrième ressemble tout à fait à un être divin.» Nabucodonosor s'approcha de l'ouverture de la fournaise et cria: «Chadrac, Méchak et Abed-Négo, serviteurs du Dieu très-haut, sortez de là et venez!» Aussitôt, ils sortirent tous trois du milieu du feu. Les satrapes, les préfets, les gouverneurs et les ministres du roi s'attroupèrent pour les examiner: leurs corps n'avaient pas subi l'atteinte du feu, leurs cheveux n'étaient pas roussis, leurs vêtements n'étaient pas endommagés, ils ne portaient même aucune odeur de brûlé. Le roi s'écria: «Merci au Dieu de Chadrac, de Méchak et d'Abed-Négo! Il a envoyé son ange délivrer ses serviteurs qui, pleins de confiance en lui, ont désobéi à mon ordre royal. Ils ont préféré s'exposer aux tortures plutôt que de servir et d'adorer d'autres dieux que le leur. C'est pourquoi je décrète ce qui suit: “Si une personne, quel que soit son peuple, sa nation ou sa langue d'origine, parle avec légèreté du Dieu de Chadrac, de Méchak et d'Abed-Négo, cette personne sera coupée en morceaux et sa maison sera transformée en un tas de décombres. En effet, aucun autre dieu n'est capable d'accomplir une telle délivrance.” » Ensuite le roi confia à Chadrac, à Méchak et à Abed-Négo des postes plus importants que précédemment, dans la province de Babylone. Le roi Nabucodonosor adressa le message suivant aux gens de tous peuples, de toutes nations et de toutes langues, habitant la terre entière: «Je vous souhaite une paix parfaite! «Il m'a paru bon de faire connaître les prodiges et les miracles que le Dieu très-haut a accomplis en ma faveur: Ses prodiges sont si grands! Ses miracles sont si puissants! Ce Dieu régnera éternellement, sa souveraineté n'aura pas de fin! «Moi, Nabucodonosor, je passais des jours tranquilles et heureux dans ma résidence royale. Une nuit, couché sur mon lit, je fis un rêve qui me tourmenta: en effet, ce que j'avais vu était effrayant. J'ordonnai de rassembler auprès de moi tous les sages de Babylone, afin qu'on m'indique la signification de ce rêve. Dès que les devins, les magiciens, les enchanteurs et les astrologues furent arrivés, je leur racontai mon rêve, mais ils furent incapables de m'en donner la signification. Le dernier à se présenter devant moi fut Daniel. Cet homme, qui porte aussi le nom de Beltassar, dérivé du nom de mon dieu, est animé de l'esprit des dieux saints. Je lui racontai mon rêve: “Beltassar, chef des devins, lui dis-je, je sais que tu es animé de l'esprit des dieux saints, de sorte qu'aucun mystère ne t'embarrasse. Indique-moi donc la signification de ce que j'ai vu en rêve. Pendant que j'étais couché sur mon lit, voici ce que j'ai vu: Au milieu de la terre se dressait un arbre immense. Cet arbre devenait toujours plus grand et plus puissant; son sommet atteignait le ciel. Il était visible jusqu'aux extrémités du monde. Son feuillage était magnifique; il portait des fruits si abondants que tout être y trouvait de quoi se nourrir. Les bêtes des champs s'abritaient sous son ombre, les oiseaux faisaient leurs nids dans ses branches. Toute créature tirait de lui sa subsistance. “Couché sur mon lit, je vis ensuite un ange de Dieu, un être toujours vigilant, descendre du ciel. Il cria d'une voix puissante: Abattez cet arbre, coupez ses branches, dépouillez-le de ses feuilles et dispersez ses fruits! Que les bêtes s'enfuient loin de lui et que les oiseaux abandonnent ses branches! Mais laissez en terre la souche avec les racines, au milieu de l'herbe des champs, entourez-la d'une chaîne de fer et de bronze. Qu'elle soit trempée par la rosée, qu'elle se nourrisse d'herbe, comme les animaux; que sa raison cesse d'être celle d'un homme et soit remplacée par l'instinct d'une bête. Qu'elle demeure dans cet état pendant sept ans! “Cette décision est transmise par les anges de Dieu, les êtres toujours vigilants, afin que tous les vivants reconnaissent que le Dieu très-haut est le maître de toute royauté humaine: il la donne à qui il veut, il peut même y élever le plus humble des hommes. “Tel est le rêve que j'ai fait, moi, le roi Nabucodonosor. A toi, Beltassar, de m'en indiquer la signification. Aucun des sages de mon royaume n'a pu me la communiquer, mais toi tu en es capable, car tu es animé de l'esprit des dieux saints.” » Durant un moment Daniel, appelé aussi Beltassar, fut épouvanté, terrifié même par ses pensées. Le roi lui dit: «Beltassar, ne te laisse pas effrayer par ce rêve et sa signification!» – «Majesté, répondit Beltassar, si seulement ce rêve et sa signification s'appliquaient à tes ennemis! Tu as vu un arbre, grand et puissant, dont le sommet atteignait le ciel et qui était visible du monde entier. Cet arbre au feuillage magnifique portait des fruits si abondants que tout être y trouvait de quoi se nourrir; les bêtes des champs venaient se mettre à l'abri sous lui et les oiseaux faisaient leurs nids dans ses branches. Eh bien, cet arbre, c'est toi! Tu es devenu grand et puissant, toi aussi; ta grandeur a atteint le ciel et ta souveraineté s'est étendue jusqu'aux extrémités du monde. Tu as vu ensuite un ange de Dieu, un être toujours vigilant, descendre du ciel et donner l'ordre suivant: “Abattez l'arbre et détruisez-le! Mais laissez en terre la souche avec les racines, au milieu de l'herbe des champs, et entourez-la d'une chaîne de fer et de bronze. Qu'elle soit trempée par la rosée et partage le sort des animaux durant sept ans.” «Majesté, voici ce que cela signifie, conformément à la décision prise par le Dieu très-haut à ton égard: Tu vas être chassé d'entre les humains! Tu vivras parmi les animaux sauvages, tu te nourriras d'herbe comme les bœufs, tu seras trempé par la rosée! Tu demeureras dans cet état pendant sept ans, jusqu'à ce que tu reconnaisses que le Dieu très-haut est le maître de toute royauté humaine et qu'il la donne à qui il veut. Enfin, l'ordre de laisser subsister la souche de l'arbre avec ses racines signifie ceci: La royauté te sera rendue dès que tu auras reconnu que le Dieu du ciel est le maître. Alors, que sa Majesté le roi daigne accueillir favorablement mon conseil: qu'il renonce à ses péchés et à ses fautes, qu'il pratique la justice et soit bon envers les pauvres; peut-être qu'ainsi le temps de sa prospérité se prolongera.» Tous les événements prédits au roi Nabucodonosor s'accomplirent. En effet, un an plus tard, le roi se promenait sur la terrasse du palais royal de Babylone. Il s'écria: «Voilà Babylone, la grande ville que j'ai bâtie comme résidence royale. Elle montre combien ma puissance est grande, combien mon pouvoir est glorieux!» A l'instant même où le roi prononçait ces mots, une voix venant du ciel déclara: «Roi Nabucodonosor, écoute cette proclamation: Le pouvoir royal t'est retiré! Tu vas être chassé d'entre les humains! Tu vivras parmi les animaux sauvages et tu te nourriras d'herbe comme les bœufs! Tu demeureras dans cet état pendant sept ans, jusqu'à ce que tu reconnaisses que le Dieu très-haut est le maître de toute royauté humaine et qu'il la donne à qui il veut.» Aussitôt cette parole se réalisa: Nabucodonosor fut chassé d'entre les humains, il se mit à manger de l'herbe comme les bœufs, et son corps fut trempé par la rosée. Sa chevelure devint aussi longue que des plumes d'aigles, et ses ongles aussi grands que des griffes d'oiseaux. «A la fin des sept années, déclara Nabucodonosor, je levai les yeux vers le ciel et ma raison humaine me fut rendue. Je remerciai le Dieu très-haut qui vit éternellement, je me mis à le louer et à proclamer sa gloire: Sa souveraineté n'a pas de fin, sa royauté dure à jamais. Les habitants de la terre, aussi nombreux soient-ils, ne comptent pour rien devant lui; il traite comme il lui plaît tant les êtres célestes que les humains. Personne ne peut s'opposer à son pouvoir ou lui reprocher ce qu'il fait. La raison humaine me fut donc rendue à ce moment-là. Pour la gloire de mon règne, la dignité et la splendeur royales me furent rendues également. Mes ministres et mes hauts fonctionnaires s'empressèrent de venir me chercher. Je fus rétabli dans ma royauté et je reçus plus d'honneur encore qu'auparavant. C'est pourquoi maintenant moi, Nabucodonosor, je loue, j'exalte, je glorifie le Roi du ciel! Tout ce qu'il entreprend est droit, toutes ses actions sont justes. Il a même le pouvoir d'humilier ceux qui se conduisent avec orgueil.» Un jour, le roi Baltazar offrit un grand banquet à ses hauts fonctionnaires, au nombre de mille, et il se mit à boire du vin en leur présence. Sous l'influence de l'alcool, il ordonna qu'on apporte les coupes d'or et d'argent que son père Nabucodonosor avait prises au temple de Jérusalem. Il voulait s'en servir pour boire en compagnie de ses hauts fonctionnaires, de ses femmes et de ses épouses de second rang. On apporta donc les coupes d'or qui provenaient du temple de Jérusalem, la maison de Dieu, et le roi les utilisa pour boire en compagnie de tous ses invités. Après avoir bien bu, ils se mirent à chanter les louanges des dieux d'or et d'argent, de bronze et de fer, de bois et de pierre. A ce moment précis, une main humaine apparut, à proximité du porte-lampes. Elle écrivit quelque chose sur la paroi blanchie à la chaux du palais royal. Lorsque le roi vit cette main qui écrivait, il devint tout pâle et fut terrifié par ses pensées; il perdit sa belle assurance et ses genoux s'entrechoquèrent. Il ordonna à grands cris de faire venir les sages de Babylone, magiciens, enchanteurs ou astrologues, et il leur dit: «Celui qui déchiffrera cette inscription et m'en donnera la signification sera revêtu d'habits d'apparat, on passera un collier d'or autour de son cou, et il sera un des principaux ministres du royaume.» Tous les sages au service du roi s'avancèrent, mais aucun d'eux ne put déchiffrer l'inscription pour en donner la signification au roi. Baltazar en fut terrifié et devint encore plus pâle; ses hauts fonctionnaires eux-mêmes étaient bouleversés. La reine mère entendit les cris poussés par le roi et par ses hauts fonctionnaires. Elle entra dans la salle du banquet et déclara: «Longue vie au roi! Il ne faut pas te laisser terrifier par tes pensées et en perdre toute couleur. Dans ton royaume, il y a un homme qui est animé de l'esprit des dieux saints. A l'époque de ton père, on a découvert en lui une clairvoyance, une intelligence et une sagesse pareilles à la sagesse des dieux. C'est pourquoi ton père, le roi Nabucodonosor, l'avait nommé chef des devins, magiciens, enchanteurs et astrologues. Il possède un esprit exceptionnel, du discernement, de l'intelligence, et la capacité d'expliquer les rêves, de déchiffrer les énigmes et de résoudre les problèmes. Eh bien, qu'on fasse venir cet homme, ce Daniel à qui le roi avait donné le nom de Beltassar: il révélera la signification de cette inscription.» On conduisit donc Daniel devant le roi, qui lui demanda: «Es-tu bien Daniel, ce déporté judéen, que le roi mon père a ramené du pays de Juda? J'ai entendu dire que tu es animé de l'esprit des dieux et que tu possèdes de la clairvoyance, de l'intelligence et une sagesse exceptionnelle. On vient de m'amener les sages et les magiciens pour qu'ils déchiffrent l'inscription que voici et m'en donnent la signification, mais ils n'en ont pas été capables. Or j'ai appris que toi, tu es capable d'expliquer les énigmes et de résoudre les problèmes. Si tu parviens à déchiffrer cette inscription et à m'en donner la signification, tu seras revêtu d'habits d'apparat, on passera un collier d'or autour de ton cou, et tu seras l'un des principaux ministres du royaume.» Daniel répondit au roi: «Tu peux garder pour toi tes cadeaux et tes présents, ou les donner à d'autres. Pourtant, je déchiffrerai l'inscription et je t'en expliquerai la signification. Majesté, le Dieu très-haut avait fait de ton père Nabucodonosor un grand roi, couvert de gloire et de dignité. A cause de cette grandeur reçue de Dieu, les populations de tous pays, de toutes nations et de toutes langues tremblaient de peur devant lui. Il condamnait à mort qui il voulait, il laissait vivre qui il voulait; il honorait ou humiliait qui il voulait. Mais il devint orgueilleux et plein d'arrogance; alors il fut renversé de son trône royal et privé de sa gloire. Il fut chassé d'entre les humains et réduit à vivre comme les bêtes: il eut sa demeure parmi les ânes sauvages, se nourrit d'herbe comme les bœufs, et son corps fut trempé par la rosée. Cela dura jusqu'au jour où il reconnut que le Dieu très-haut est le maître de toute royauté humaine et qu'il y élève qui il veut. Toi Baltazar, son fils, tu savais fort bien tout cela, et pourtant tu n'as pas adopté une attitude plus humble. Tu as défié le Dieu du ciel lorsque tu as fait apporter les coupes sacrées venant de son temple, et que vous vous en êtes servis pour boire du vin, toi, tes hauts fonctionnaires, tes femmes et tes épouses de second rang. De plus tu as chanté les louanges des dieux d'argent et d'or, de bronze et de fer, de bois et de pierre, des dieux qui ne voient rien, n'entendent rien et ne savent rien; et tu as refusé de rendre gloire au Dieu qui tient dans sa main ta vie présente et ta destinée. Alors Dieu a envoyé une main tracer cette inscription. Voici ce qui est écrit: MENÉ, MENÉ, TEKEL et PARSIN. Et en voici le sens: MENÉ signifie compté – Dieu a fait les comptes au sujet de ton règne, et il y met fin; TEKEL signifie pesé – tu as été pesé sur une balance, et l'on a jugé que tu ne fais pas le poids; PERÈS signifie divisé – ton royaume a été divisé pour être donné aux Mèdes et aux Perses.» Aussitôt, Baltazar ordonna à ses serviteurs de revêtir Daniel d'habits d'apparat et de lui passer un collier d'or autour du cou. Il fit aussi proclamer que Daniel devenait un des principaux ministres du royaume. Au cours de la nuit suivante, Baltazar, roi de Babylone, fut tué et Darius, le Mède, accéda à la royauté, à l'âge de soixante-deux ans. Darius décida de créer cent vingt postes de satrapes afin de placer dans tout l'empire des hommes qui représentent son autorité. Il nomma à leur tête trois surintendants à qui les satrapes devraient rendre compte de leur administration, de telle manière que personne ne puisse nuire aux intérêts du roi. Daniel était l'un des surintendants; il surpassait les deux autres et tous les satrapes par ses capacités exceptionnelles, si bien que le roi avait l'intention de lui confier une responsabilité relative à l'empire tout entier. Alors les autres surintendants et les satrapes se mirent à chercher si Daniel avait commis des erreurs au préjudice de l'empire, mais ils ne purent trouver aucune faute ni aucun manquement, car il était parfaitement honnête: il n'y avait vraiment rien à lui reprocher. Ces hommes se dirent donc: «Nous n'aurons aucun motif pour accuser Daniel, à moins de trouver quelque chose en relation avec la loi de son Dieu.» Sans tarder, les deux surintendants et les satrapes se rendirent chez le roi et lui dirent: «Longue vie au roi Darius! Les surintendants de l'empire, les préfets, les satrapes, les ministres et les gouverneurs ont tenu conseil et proposent au roi de promulguer et publier un décret impérial de la teneur suivante: “Durant une période de trente jours, quiconque adressera une prière à un dieu ou à un être humain autre que le roi lui-même devra être jeté dans la fosse aux lions.” Que le roi promulgue donc ce décret et le signe, de telle sorte qu'il ne puisse pas être modifié, conformément à la loi des Mèdes et des Perses, qui est irrévocable.» Là-dessus, le roi Darius signa le document du décret. Lorsque Daniel apprit qu'un tel décret avait été signé, il regagna sa maison. A l'étage supérieur, il ouvrit les fenêtres orientées vers Jérusalem. C'est là que, trois fois par jour, il se mettait à genoux pour prier et louer son Dieu. Il le fit comme d'habitude. Ses adversaires arrivèrent en hâte et le trouvèrent en train de prier et d'implorer son Dieu. Ils se rendirent donc chez le roi et lui dirent: «Le roi n'a-t-il pas signé un décret prévoyant que, durant une période de trente jours, quiconque adresserait une prière à un dieu ou à un être humain autre que le roi lui-même, devrait être jeté dans la fosse aux lions?» – «C'est effectivement la décision qui a été prise, répondit le roi, conformément à la loi des Mèdes et des Perses, qui est irrévocable.» – «Eh bien, Majesté, reprirent ces hommes, Daniel, l'un des déportés du pays de Juda, n'a de respect ni pour toi ni pour le décret que tu as signé: trois fois par jour il prie son Dieu.» Lorsque le roi entendit ces paroles, il en fut profondément chagriné et se mit en tête d'épargner Daniel. Jusqu'au coucher du soleil, il chercha un moyen de le sauver. Mais les adversaires de Daniel ne tardèrent pas à revenir et dirent au roi: «Le roi sait bien que, selon la loi des Mèdes et des Perses, un décret ou un règlement promulgué par lui ne peut pas être modifié.» Alors, sur un ordre du roi, on amena Daniel et on le jeta dans la fosse aux lions. Le roi lui dit: «Seul ton Dieu, que tu sers avec tant de persévérance, pourra te sauver.» On apporta une pierre qu'on plaça sur l'ouverture de la fosse. Le roi y appliqua son cachet personnel, de même que le cachet de ses hauts fonctionnaires, afin que personne ne puisse modifier la situation de Daniel. Le roi regagna ensuite son palais pour la nuit. Il refusa toute nourriture et, bien qu'il n'arrivât pas à dormir, il refusa aussi tout divertissement. Dès les premières lueurs de l'aube, le roi se leva et se rendit en hâte à la fosse aux lions. Tandis qu'il en approchait, il appela Daniel d'une voix affligée: «Daniel, serviteur du Dieu vivant, est-ce que ton Dieu, que tu sers avec tant de persévérance, a pu t'arracher aux griffes des lions?» Daniel lui répondit: «Longue vie au roi! Oui, mon Dieu a envoyé son ange fermer la gueule des lions, et ils ne m'ont fait aucun mal. En effet, je n'étais pas coupable envers Dieu, et je n'avais commis aucune faute non plus à l'égard du roi!» Rempli de joie, le roi donna l'ordre de remonter Daniel de la fosse. Dès qu'il en fut sorti, on constata qu'il ne portait aucune blessure, parce qu'il avait eu confiance en son Dieu. Le roi ordonna ensuite d'arrêter les hommes qui avaient dénoncé Daniel, et on les jeta dans la fosse aux lions, avec leurs femmes et leurs enfants. Les lions les attaquèrent et leur broyèrent les os avant même qu'ils aient atteint le fond de la fosse. Ensuite le roi Darius adressa le message suivant aux gens de tous peuples, de toutes nations et de toutes langues, habitant la terre entière: «Je vous souhaite une paix parfaite! «Je décrète ce qui suit: Dans tout l'empire placé sous mon autorité, chacun doit manifester un respect absolu envers le Dieu de Daniel. Il est le Dieu vivant, celui qui subsistera toujours. Son règne ne cessera jamais, sa souveraineté durera éternellement. Il délivre et il sauve, il accomplit des prodiges et des miracles dans le ciel et sur la terre. C'est lui en effet qui a arraché Daniel aux griffes des lions.» Par la suite, Daniel occupa un poste important sous le règne de Darius, puis sous le règne de Cyrus, roi de Perse. Pendant la première année du règne de Baltazar à Babylone, Daniel fit un rêve et son esprit fut assailli par des visions, alors qu'il était couché sur son lit. Plus tard, il mit par écrit son rêve. Voici, en substance, ce qu'il a raconté: «Durant la nuit, j'ai vu, en vision, le vent se déchaîner des quatre coins de l'horizon sur la mer immense. Quatre bêtes énormes sortaient de la mer; chacune était différente des autres. La première ressemblait à un lion, mais elle avait des ailes d'aigle; tandis que je regardais, ses ailes lui furent arrachées, elle fut soulevée de terre, dressée sur ses deux pattes de derrière, comme un être humain, et elle reçut une intelligence humaine. La deuxième bête, semblable à un ours, était à demi levée et tenait trois côtes dans sa gueule, entre ses dents; elle reçut l'ordre de se lever tout à fait et d'aller dévorer beaucoup de chair. Je continuai de regarder et je vis une autre bête, qui ressemblait à un léopard; elle avait quatre ailes d'oiseau sur le dos, ainsi que quatre têtes, et elle reçut un pouvoir de domination. Je continuai de regarder les visions qui m'apparaissaient pendant la nuit: la quatrième bête que je vis était effrayante, terrifiante, d'une puissance extraordinaire; elle avait d'énormes dents de fer pour manger et déchiqueter ses victimes, et elle piétinait ce qu'elle ne mangeait pas. Elle était absolument différente des trois bêtes précédentes, et avait dix cornes. Tandis que j'examinais ces cornes, une nouvelle corne, plus petite, se mit à pousser parmi les autres et déracina trois d'entre elles. La nouvelle corne avait des yeux, comme un être humain, et une bouche qui prononçait des paroles orgueilleuses.» «Je continuai de regarder: des trônes furent installés, et un vieillard vint s'asseoir. Il avait des habits blancs comme la neige, et sa chevelure était comme de la laine pure. Son trône flamboyant avait des roues qui brillaient comme un feu ardent. Un fleuve de feu s'écoulait de devant lui. Des millions, des dizaines de millions de personnages se tenaient devant lui pour le servir. Alors le tribunal prit place, et des livres furent ouverts. «Je continuai de regarder, à cause des paroles orgueilleuses et bruyantes que la petite corne prononçait. Et tandis que je regardais, la quatrième bête fut tuée; on détruisit son corps en le jetant dans un feu intense. Les autres bêtes furent privées de leur souveraineté, mais on leur accorda une prolongation de vie pour un temps déterminé. «Je continuai de regarder les visions qui m'apparaissaient pendant la nuit: un être semblable à un homme arrivait parmi les nuages du ciel. Il s'avança en direction du vieillard, devant lequel on le conduisit. La souveraineté, la gloire et la royauté lui furent données, afin que les populations de tous pays, de toutes nations et de toutes langues le servent. Sa souveraineté durera éternellement, elle n'aura pas de fin, et son royaume ne sera jamais détruit.» «L'angoisse me saisit, moi, Daniel, jusqu'au plus profond de mon être, tant ces visions étaient terrifiantes. Je m'approchai d'un des personnages présents et je lui demandai le sens véritable de ce que j'avais vu. Il m'en fit alors connaître la signification: “Ces quatre bêtes énormes représentent quatre royaumes d'origine terrestre. Après eux, le peuple qui appartient en propre au Dieu très-haut recevra la royauté et il la conservera à tout jamais.” Ensuite je désirai être au clair au sujet de la quatrième bête, celle qui était absolument différente des trois autres; elle était effrayante au plus haut point, avec ses dents de fer et ses griffes de bronze, elle mangeait et déchiquetait ses victimes, et elle piétinait ce qu'elle ne mangeait pas. Je me renseignai également à propos des dix cornes que la bête avait sur la tête, et à propos de la corne qui s'était mise à pousser et avait fait tomber trois d'entre elles; cette corne-là avait des yeux, et une bouche prononçant des paroles orgueilleuses, et elle paraissait plus grande que les autres. Tandis que je regardais, elle faisait la guerre au peuple de Dieu et était en train de triompher; mais le vieillard s'avança et rendit justice au peuple qui appartient en propre au Dieu très-haut. Lorsque le temps fut venu, le peuple de Dieu entra en possession de la royauté. «L'explication suivante me fut donnée: “La quatrième bête représente un quatrième royaume terrestre, différent de tous les autres. Ce royaume dévorera toute la terre, la piétinera et la déchiquettera. Les dix cornes représentent dix rois qui se succéderont à la tête de ce royaume. Un onzième roi, différent des précédents, prendra le pouvoir après en avoir écarté trois autres. Il prononcera des paroles insolentes à l'égard du Dieu très-haut et opprimera le peuple qui lui appartient en propre; il formera le projet de modifier le calendrier et les lois religieuses du peuple de Dieu, et celui-ci sera livré à son pouvoir pendant trois ans et demi. Ensuite le tribunal céleste siégera et le privera de sa souveraineté; cette souveraineté sera anéantie, définitivement détruite. La royauté, la souveraineté et la grandeur de tous les royaumes terrestres seront attribuées au peuple qui appartient au Dieu très-haut. La royauté de ce peuple durera éternellement, et toutes les puissances du monde lui obéiront et le serviront.” «Ici se termine le récit. Quant à moi, Daniel, je fus absolument terrifié par mes pensées, j'en devins tout pâle et je ne cessais pas d'y réfléchir.» «Durant la troisième année du règne de Baltazar, moi, Daniel, j'eus une nouvelle vision, après celle que j'avais eue précédemment. Voici ce que je vis alors: Je me voyais à Suse, ville forte de la province d'Élam, au bord de la rivière nommée Oulaï. Tandis que je regardais, je vis un bélier qui se tenait sur le bord de la rivière. Il avait deux cornes de grande taille; toutefois celle qui avait poussé en dernier était plus grande que l'autre. Je vis le bélier donner des coups de cornes en direction de l'ouest, du nord et du sud. Aucune autre bête n'était capable de lui résister, et on ne pouvait arracher personne à son pouvoir. Il agissait comme bon lui semblait et sa puissance ne cessait pas de grandir. «Pendant que je réfléchissais à tout cela, je vis un bouc arriver de l'occident; il parcourait toute la terre sans même toucher le sol. Ce bouc avait une corne impressionnante entre les yeux. Il arriva près du bélier à deux cornes que j'avais vu sur le bord de la rivière, et il se précipita sur lui de toutes ses forces. Je le vis atteindre le bélier, s'acharner à le frapper et lui briser les deux cornes. Il jeta à terre le bélier, qui était incapable de lui résister, et il le foula aux pieds; personne ne put l'arracher à son pouvoir. La force du bouc grandit énormément. Mais lorsqu'il fut au sommet de sa puissance, la grande corne se brisa; à sa place, quatre autres cornes impressionnantes poussèrent, orientées vers les quatre coins de l'horizon. «De l'une d'elles, la plus petite, sortit une nouvelle corne, qui étendit sa puissance démesurée vers le sud, l'est et le plus beau des pays. Elle se dressa également contre les êtres célestes, elle jeta à terre plusieurs d'entre eux, ainsi que plusieurs astres, et elle les foula aux pieds. Elle s'attaqua même au chef des êtres célestes, supprima le sacrifice qu'on lui offrait chaque jour et profana l'emplacement de son sanctuaire. Les êtres célestes furent livrés avec perversité en son pouvoir, en même temps que le sacrifice de chaque jour. La corne jeta à terre le culte fidèle. Elle réussit dans tout ce qu'elle entreprit. «J'entendis alors un ange qui parlait. Un autre ange lui demanda: “Combien de temps dureront les événements annoncés par la vision? Pendant combien de temps le sacrifice quotidien sera-t-il supprimé, la perversité dévastatrice régnera-t-elle, le sanctuaire et les êtres célestes seront-ils foulés aux pieds?” Le premier ange lui répondit: “Il faut que s'écoulent 2 300 soirs et matins. Ensuite le sanctuaire sera consacré de nouveau.” » «Tandis que moi, Daniel, je contemplais cette vision et que j'essayais d'en comprendre la signification, un être qui ressemblait à un homme vint se placer en face de moi. Et j'entendis une voix, venant de la rivière Oulaï, lui crier: “Gabriel, explique à cet homme la vision qu'il a eue.” Gabriel s'approcha de l'endroit où je me tenais. Terrifié, je me jetai le visage contre terre, mais il me dit: “Toi qui n'es qu'un homme, sache pourtant que cette vision concerne la fin des temps.” Pendant qu'il me parlait, j'avais toujours le visage contre terre et je perdis connaissance. Il me toucha et me remit debout, puis il me dit: “Je vais te révéler ce qui arrivera au moment, déjà fixé, où la colère de Dieu prendra fin. Le bélier à deux cornes que tu as vu représente les empires mède et perse. Le bouc, c'est le royaume grec; la grande corne placée entre ses yeux représente le premier roi. Lorsque la corne fut brisée, quatre autres cornes poussèrent à sa place: ce sont quatre royaumes qui prendront la place du précédent, mais qui n'auront pas sa puissance. Quand ces royaumes toucheront à leur fin et que les pécheurs auront mis le comble à leur péché, un roi arrogant et expert en tromperies surgira. Sa puissance grandira, sans pourtant que cela vienne de lui-même. Il causera des ravages extraordinaires; il réussira dans tout ce qu'il entreprendra, allant jusqu'à exterminer des gens puissants et même le peuple qui appartient en propre à Dieu. Plein d'habileté, il parviendra à tromper les autres. Dans son orgueil, il exterminera beaucoup de gens qui se croient en sécurité, et il se dressera contre le Prince des princes. C'est alors qu'il sera brisé, sans intervention humaine. Voilà l'explication digne de foi de ce que tu as vu au sujet des soirs et des matins. Mais garde cette vision secrète, car elle concerne une époque encore lointaine.” A ce moment-là, moi, Daniel, je m'effondrai et je fus ensuite malade pendant quelques jours. Lorsque je fus rétabli, je repris mon service auprès du roi. J'étais encore bouleversé par cette vision, car je ne la comprenais pas.» Je me mis à jeûner et, vêtu d'habits en étoffe grossière, la tête couverte de cendres, je me tournai vers le Seigneur Dieu pour le prier et lui adresser des supplications. Je présentai au Seigneur mon Dieu cette prière de confession des péchés: «Ah, Seigneur, Dieu grand et redoutable, tu maintiens ton alliance avec ceux qui obéissent à tes commandements, et tu restes fidèle envers ceux qui t'aiment. Nous avons désobéi, nous avons péché, nous sommes coupables; nous nous sommes révoltés contre toi, nous nous sommes détournés de tes commandements et de tes règles. Nous n'avons pas écouté tes serviteurs les prophètes qui ont parlé de ta part à nos rois, à nos chefs, à nos ancêtres et au peuple tout entier. Toi, Seigneur, tu es sans faute! Nous, nous ne pouvons que nous humilier, comme en ce jour, nous, habitants de Jérusalem, gens de Juda, et tous les autres Israélites, proches ou lointains, dispersés dans les pays où tu les as chassés à cause de leur infidélité à ton égard. Oui, Seigneur, honte à nous, à nos rois, nos chefs et nos ancêtres, car nous t'avons désobéi! Mais toi, Seigneur notre Dieu, dans ta bienveillance, tu nous pardonnes, bien que nous nous soyons révoltés contre toi. Nous ne t'avons pas écouté, lorsque tu nous ordonnais d'obéir aux lois que tu nous communiquais par tes serviteurs les prophètes. Le peuple d'Israël en entier a violé ta loi et s'est détourné pour ne pas écouter tes instructions. Alors, à cause de nos désobéissances, la malédiction promise dans la loi de Moïse, ton serviteur, s'est déversée sur nous. Tu as réalisé ce que tu avais annoncé au sujet de nous-mêmes et des chefs qui nous gouvernent: tu as fait venir sur nous, à Jérusalem, des malheurs tels qu'on n'en a jamais vu ailleurs dans le monde. Conformément à ce qui est écrit dans la loi de Moïse, tous ces malheurs nous sont arrivés; et nous, Seigneur notre Dieu, nous ne t'avons pas supplié de t'apaiser, nous ne nous sommes pas détournés de nos péchés, nous n'avons pas tenu compte de ta ferme résolution. C'est pourquoi tu n'as pas manqué de faire venir sur nous ces malheurs. En effet, Seigneur notre Dieu, tu es juste dans tout ce que tu fais, mais nous n'avons pas écouté tes instructions. «Seigneur notre Dieu, lorsque tu as fait sortir ton peuple d'Égypte grâce à ta force irrésistible, tu as acquis une renommée qui subsiste encore aujourd'hui; mais nous, nous avons désobéi et nous sommes coupables. Seigneur, renouvelle tes bienfaits, détourne ton ardente colère de Jérusalem, ta ville, ta montagne sacrée. A cause de nos fautes et des péchés de nos ancêtres, les nations qui nous entourent couvrent d'insultes Jérusalem et ton peuple. Écoute donc, Seigneur notre Dieu, la prière et les supplications que je t'adresse. Par égard pour toi-même, regarde avec bonté ton sanctuaire dévasté. Mon Dieu, écoute bien, regarde attentivement; vois l'état de dévastation de notre ville, cette ville qui t'est consacrée. En te présentant nos supplications, nous ne comptons pas sur nos mérites, mais sur ton amour infini. Seigneur, écoute-nous! Seigneur, pardonne-nous! Seigneur, sois attentif! Par égard pour toi, mon Dieu, interviens sans tarder en faveur de cette ville et de ce peuple qui te sont consacrés.» «Je continuai de prier, de confesser mes fautes et celles d'Israël mon peuple, et d'adresser mes supplications au Seigneur mon Dieu au sujet de sa montagne sacrée. Or, tandis que je priais ainsi, l'ange Gabriel, que j'avais vu dans ma vision précédente, s'approcha de moi d'un vol rapide, à l'heure où l'on offre le sacrifice de l'après-midi. Il m'instruisit en me disant: “Daniel, je suis venu maintenant pour éclairer ton intelligence. Dès que tu as commencé de supplier Dieu, un message a été prononcé de sa part, et je suis venu te le communiquer, car Dieu t'aime. Efforce-toi donc de comprendre ce message et de discerner le sens de la vision. Une période de soixante-dix fois sept ans a été fixée pour ton peuple et pour la ville où tu demeures; c'est nécessaire pour que la désobéissance prenne fin, que les fautes cessent et que les péchés soient pardonnés, pour que la justice éternelle se manifeste, que la vision et la prophétie s'accomplissent et que le temple de Dieu soit consacré de nouveau. Voici donc ce que tu dois savoir et comprendre: depuis l'instant où a été prononcé le message concernant le retour d'exil et la reconstruction de Jérusalem, jusqu'à l'apparition du chef consacré, il y a sept périodes de sept ans. Ensuite, pendant soixante-deux périodes de sept ans, la ville et ses fortifications seront reconstruites, mais les temps seront difficiles. A la fin de ces soixante-deux périodes, un homme consacré sera tué sans que personne le défende. Puis un chef viendra avec son armée et détruira la ville et le sanctuaire. Toutefois ce chef finira sous le déferlement de la colère divine. Mais jusqu'à sa mort il mènera une guerre dévastatrice, comme cela a été décidé. Pendant la dernière période de sept ans, il imposera de dures obligations à un grand nombre de gens. Au bout de trois ans et demi, il fera même cesser les sacrifices et les offrandes. Ce dévastateur accomplira ses œuvres abominables avec rapidité, jusqu'à ce que la fin qui a été décidée s'abatte sur lui.” » Durant la troisième année du règne de Cyrus, roi de Perse, un message de Dieu fut révélé à Daniel, appelé aussi Beltassar. Ce message, digne de foi, annonçait de grandes difficultés. Daniel y réfléchit attentivement et en découvrit le sens grâce à la vision. «A cette époque, moi, Daniel, j'observai les rites de deuil pendant trois semaines complètes: Je ne mangeai aucun mets délicat, je ne consommai ni viande ni vin, et je renonçai à me parfumer la tête, jusqu'à ce que ces trois semaines soient passées. Le vingt-quatrième jour du premier mois, je me trouvais au bord du Tigre, le grand fleuve. Tandis que je regardais, j'aperçus un personnage, vêtu d'habits de lin, avec une ceinture en or pur autour de la taille. Son corps ressemblait à une pierre précieuse, son visage brillait comme un éclair, ses yeux étaient pareils à des torches enflammées, ses bras et ses jambes luisaient comme du bronze poli. Quand il parlait, on croyait entendre le bruit d'une foule. Moi, Daniel, je fus le seul à voir cette apparition. Les gens qui m'entouraient ne virent rien, et pourtant, saisis de terreur, ils coururent se cacher. Je demeurai donc tout seul à contempler cette apparition impressionnante. Cependant mes forces me quittèrent, mon visage changea de couleur, il devint livide, et je me retrouvai sans aucune énergie. J'entendis le personnage prononcer des paroles; au bruit de sa voix, je perdis connaissance et m'écroulai le visage contre terre. Alors une main me toucha et me fit tenir, tout tremblant, sur mes genoux et mes mains. Le personnage me dit: “Daniel, toi que Dieu aime, efforce-toi de comprendre le sens des paroles que je t'adresse. Tiens-toi debout, car c'est auprès de toi que j'ai été envoyé en cet instant.” A ces mots, je me mis debout en tremblant encore. Il ajouta: “N'aie pas peur, Daniel! Dès le premier jour où tu as manifesté ton humble soumission envers ton Dieu, en ayant à cœur de comprendre ce qui se passait, ta prière a été entendue et je me suis mis en route pour t'apporter la réponse. Mais l'ange protecteur de l'empire perse s'est opposé à moi pendant vingt et un jours, jusqu'au moment où Michel, l'un des principaux anges, est venu à mon aide. J'ai donc été retenu auprès des rois de Perse. Et maintenant je viens pour te faire comprendre ce qui arrivera à ton peuple dans l'avenir, car voici encore une vision qui concerne ce temps-là.” «Tandis qu'il m'adressait ces paroles, j'avais le regard fixé au sol et j'étais incapable de prononcer un mot. Mais un autre être, qui avait une apparence humaine, vint toucher mes lèvres, et je pus de nouveau ouvrir la bouche et parler. Je dis au personnage qui se tenait en face de moi: “Mon seigneur, à cause de cette vision, l'angoisse m'a saisi et je me retrouve sans force. Comment pourrais-je, moi, un homme insignifiant, m'entretenir avec mon seigneur, alors qu'il ne me reste ni force ni souffle?” Aussitôt celui qui avait une apparence humaine me toucha de nouveau pour me redonner des forces, et l'autre personnage me dit: “Homme que Dieu aime, n'aie pas peur! Tout va bien pour toi! Reprends courage, retrouve tes forces!” Au fur et à mesure qu'il me parlait, mes forces revenaient. Je lui dis alors: “Mon seigneur, tu peux me parler, car tu m'as redonné des forces.” que j'ai moi-même aidé et soutenu pendant la première année du règne de Darius le Mède. Et maintenant, voici le message digne de foi que j'ai à te transmettre: “Trois rois vont se succéder au gouvernement de la Perse, suivis d'un quatrième qui accumulera des richesses plus grandes encore que ses prédécesseurs. Lorsque ses richesses lui auront donné suffisamment de puissance, il mettra tout en œuvre contre le royaume de Grèce. Mais un guerrier deviendra roi de Grèce. A la tête d'un empire étendu, il agira comme bon lui semblera. Toutefois, quand il sera bien établi, son pouvoir royal sera brisé et son royaume sera disloqué aux quatre coins de l'horizon. Ce ne sont pas ses descendants qui lui succéderont: le pouvoir royal sera réparti entre d'autres gens, mais ceux-ci n'atteindront pas la puissance qu'il avait. “Celui qui régnera sur le royaume du Sud sera puissant, mais l'un de ses généraux deviendra plus puissant que lui et exercera un pouvoir plus étendu que le sien. Au bout de quelques années, ils concluront un pacte: la fille du roi du Sud épousera le roi du Nord pour rétablir l'entente. Mais elle ne conservera pas son pouvoir. Son mari lui-même ne restera pas en vie, et leur enfant non plus. Elle aussi perdra la vie en ce temps-là, tout comme son entourage, son père et son mari. Un membre de sa famille prendra la place de son père et viendra menacer l'armée du roi du Nord dans ses propres forteresses. Il attaquera cette armée et la vaincra. Il emmènera comme butin en Égypte les statues des dieux du pays, ainsi que les précieux ustensiles d'or et d'argent qui leur étaient consacrés. Puis, durant quelques années, il se tiendra à distance du roi du Nord. Ensuite, celui-ci se rendra dans le royaume du Sud, puis regagnera son pays. “Les fils du roi du Nord se prépareront à la guerre en rassemblant des troupes extrêmement nombreuses. L'un d'eux se mettra en campagne et, avec ses soldats, franchira la frontière comme un torrent qui déborde. En regagnant ensuite son pays, il attaquera une ville fortifiée de l'ennemi. Exaspéré, le roi du Sud lancera une offensive contre le roi du Nord; celui-ci mettra sur pied des troupes nombreuses, mais elles tomberont au pouvoir de l'adversaire. Le roi du Sud tirera orgueil de cette grande victoire; toutefois, malgré les milliers de soldats qu'il fera mourir, il ne triomphera pas. Le roi du Nord mettra sur pied de nouvelles troupes, plus nombreuses que les précédentes. Au bout de quelques années, il reviendra avec cette grande armée équipée d'un matériel imposant. A cette époque-là, beaucoup de gens prendront position contre le roi du Sud; même des gens de ton peuple, Daniel, des partisans de la violence, se soulèveront contre lui, afin que se réalise une certaine vision. Mais ils échoueront. Le roi du Nord viendra donc, élèvera un remblai contre une ville fortifiée et s'en emparera. L'armée du Sud, malgré ses troupes d'élite, ne pourra lui résister, elle n'en aura pas la force. L'envahisseur agira comme bon lui semblera, puisque rien ne lui résistera. Il s'installera dans le plus beau des pays, après y avoir semé la destruction. Puis il décidera d'intervenir avec toute la puissance de son royaume et fera semblant d'agir avec droiture: il donnera sa fille en mariage au roi du Sud, avec l'intention d'entraîner le pays de son ennemi dans la ruine, mais cette ruse ne réussira pas du tout. Ensuite il dirigera ses regards vers les régions côtières et s'emparera de plusieurs territoires, jusqu'à ce qu'un chef étranger mette fin à son arrogance et en fasse retomber les conséquences sur lui. Il tournera alors ses regards sur les cités fortifiées de son propre pays, mais sans pouvoir en tirer profit; au contraire, il mourra sans laisser de traces. Son successeur enverra un homme piller le plus glorieux édifice du royaume; peu de temps après, ce roi sera brisé, mais non pas publiquement, ni au cours d'une guerre. “Son successeur sera un personnage méprisable à qui l'on n'aura pas confié la dignité royale. En pleine paix, cet homme viendra s'emparer de la royauté par des intrigues. Aucune armée d'invasion ne pourra tenir devant lui; il les écrasera toutes, et il tuera un chef du peuple de l'alliance. Il profitera des traités conclus avec lui pour user de tromperie, et sa puissance sera de plus en plus grande, malgré le petit nombre de ses partisans. En pleine paix, il se rendra dans les régions les plus prospères de la province pour faire ce que ses ancêtres n'avaient jamais osé faire: il pillera le pays et distribuera le butin et les richesses à ses partisans. Il projettera même d'attaquer des forteresses. Mais tout cela ne durera qu'un certain temps. “Convaincu de sa force et de son courage, il partira avec une grande armée contre le roi du Sud. Ce dernier se préparera à combattre avec une armée très grande et extrêmement puissante, mais il ne parviendra pas à lui résister, car il sera victime de manœuvres sournoises. En effet, des gens de son propre entourage le trahiront, tandis que son armée sera en campagne, et un grand nombre de soldats mourront. Les deux rois se retrouveront à la même table, mais comme ils auront le cœur rempli de méchanceté, ils n'échangeront que des paroles mensongères. Leur discussion ne servira à rien, car l'affaire ne s'achèvera qu'au temps fixé. Le roi du Nord partira pour son pays en emportant de grandes richesses. Au passage il interviendra, comme il l'aura projeté, contre le peuple avec qui Dieu a fait alliance, puis il rentrera chez lui. “Le moment venu, le roi du Nord se rendra de nouveau dans le royaume du Sud, mais cette fois les choses ne se dérouleront pas comme la fois précédente. Des gens de l'ouest, arrivant par bateaux, viendront s'opposer à lui. Découragé, il rebroussera chemin; il tournera de nouveau sa rage contre le peuple avec qui Dieu a fait alliance, tout en se concertant avec ceux qui seront infidèles à l'alliance. Des soldats envoyés par lui prendront position devant le sanctuaire fortifié et le profaneront. Ils interdiront le sacrifice qu'on offre chaque jour à Dieu et dresseront sur l'autel ‘l'Horreur abominable’. Le roi lui-même, par ses flatteries, amènera des gens à rejeter l'alliance. Mais tous ceux qui sont fidèles à Dieu resteront fermes dans leur façon d'agir. Les plus intelligents parmi ceux-ci en instruiront beaucoup d'autres; pendant quelque temps, on assassinera certains d'entre eux, on en brûlera d'autres, on en jettera d'autres encore en prison, après les avoir dépouillés de leurs biens. Au cours de ces persécutions, ils ne recevront que peu d'aide, car beaucoup de ceux qui se joindront à eux le feront par hypocrisie. Parmi les gens intelligents, plusieurs succomberont, et leur mort servira à purifier le peuple, à l'affiner, à le blanchir, pour le moment où viendra la fin. – En effet, ce ne sera pas encore le temps de la fin. – “Le roi agira comme bon lui semblera. Plein d'orgueil, et se croyant supérieur aux dieux, il s'exprimera de manière intolérable contre le Dieu des dieux. Il connaîtra le succès, jusqu'à ce que la colère divine se manifeste. Alors Dieu accomplira ce qu'il a décidé. Le roi ne respectera pas les dieux que ses ancêtres ont adorés, ni celui que les femmes chérissent particulièrement; en effet, il se considérera comme supérieur à toutes les divinités et n'en respectera aucune. Au lieu de cela, il rendra un culte au dieu des forteresses, divinité que ses ancêtres ne connaissaient pas; il lui offrira de l'or, de l'argent, des pierres précieuses et d'autres objets de valeur. Il interviendra contre les villes fortifiées avec l'aide de ce dieu étranger. Il couvrira d'honneur tous ceux qui accepteront ce dieu, il les désignera comme chefs d'un grand nombre de gens, et leur attribuera des terres en récompense. “A l'époque de la fin, le roi du Sud reprendra les hostilités, mais le roi du Nord foncera sur lui avec ses chars, sa cavalerie, et une flotte nombreuse; il pénétrera avec son armée dans divers pays, en franchissant les frontières comme un torrent qui déborde. Il envahira le plus beau des pays, où beaucoup de gens succomberont. Par contre, les Édomites, les Moabites et l'élite des Ammonites échapperont à ses coups. Il étendra sa domination sur d'autres pays, et même l'Égypte ne lui échappera pas. Il s'emparera des trésors de l'Égypte, or, argent et objets précieux. Les Libyens et les Éthiopiens se soumettront à lui. Mais des nouvelles en provenance de l'est et du nord le terrifieront: il se mettra en campagne, plein de fureur, pour exterminer un grand nombre de gens. Il dressera ses tentes royales entre la mer et la montagne sacrée du plus beau des pays. Et c'est là que la mort le surprendra, sans que personne lui vienne en aide.” » « L'ange me dit encore: “En ce temps-là paraîtra Michel, le chef des anges, le protecteur de ton peuple. Ce sera un temps d'angoisse, comme il n'y en aura jamais eu depuis qu'une nation existe et jusqu'à ce moment-là. Alors seront sauvés tous ceux de ton peuple dont le nom sera inscrit dans le livre de vie. Beaucoup de gens qui dorment au fond de la tombe se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour la honte, pour l'horreur éternelle. Les gens intelligents rayonneront de splendeur comme la voûte céleste; après avoir montré aux autres comment être fidèles, ils brilleront pour toujours comme des étoiles. “Toi, Daniel, garde secret ce message, ne révèle pas le contenu de ce livre avant le temps de la fin. Alors beaucoup de gens le consulteront et leur connaissance en sera augmentée.” » «Tandis que moi, Daniel, je contemplais cette vision, deux autres personnages apparurent, debout de part et d'autre du fleuve. L'un d'eux s'adressa au personnage vêtu d'habits de lin, qui se tenait au-dessus de l'eau du fleuve, et lui demanda: “Quand ces événements extraordinaires prendront-ils fin?” Le personnage aux habits de lin leva les deux mains vers le ciel, et je l'entendis déclarer: “Je le jure, au nom du Dieu qui vit pour toujours, ces événements dureront trois ans et demi. Ils prendront fin quand la puissance du peuple de Dieu sera entièrement brisée.” «Moi, Daniel, j'entendis ces paroles, mais sans comprendre. C'est pourquoi je demandai: “Mon seigneur, comment tout cela se terminera-t-il?” – “Va en paix, Daniel, me répondit-il. Ce message doit rester soigneusement caché jusqu'au moment de la fin. Beaucoup de gens seront purifiés, blanchis, affinés par les épreuves. Les gens mauvais, incapables de comprendre, continueront de commettre leurs crimes. Mais les gens intelligents comprendront ce qui se passe. Depuis le moment où l'on ne pourra plus offrir à Dieu le sacrifice de chaque jour, et où ‘l'Horreur abominable’ sera dressée sur l'autel, il s'écoulera 1 290 jours. Heureux ceux qui demeureront fermes dans leur attente pendant 1 335 jours. Quant à toi, Daniel, tiens bon jusqu'au bout. Alors tu auras droit au repos, puis tu te relèveras pour recevoir ta récompense à la fin des temps.” » Paroles que le Seigneur a communiquées à Osée, fils de Beéri, alors que Jéroboam, fils de Joas, était roi d'Israël. C'était aussi l'époque des rois de Juda Ozias, Yotam, Ahaz et Ézékias. Voici comment le Seigneur commença de parler à son peuple par l'intermédiaire d'Osée. Il dit à celui-ci: «Va, épouse une femme qui pratique la prostitution sacrée; les enfants que tu auras d'elle seront des enfants de prostituée. En effet, le peuple du pays se livre à une vraie prostitution en se détournant de moi, le Seigneur.» Alors Osée alla épouser Gomer, fille de Diblaïm. Elle lui donna un fils, et le Seigneur dit à Osée: «Tu l'appelleras Jizréel, car j'interviendrai d'ici peu contre les descendants de Jéhu pour le crime commis à Jizréel. Je mettrai fin à la royauté dans la nation d'Israël. Un de ces jours, je briserai la force militaire d'Israël dans la plaine de Jizréel.» Gomer, de nouveau enceinte, mit au monde une fille. Et le Seigneur dit à Osée: «Tu l'appelleras Mal-Aimée, car je cesse d'aimer les gens d'Israël. Je leur retire tout mon amour. «Mais je continue d'aimer les gens de Juda. Au contraire, moi le Seigneur leur Dieu, je les sauverai, et cela sans recourir ni à l'arc ou à l'épée, ni aux combats, ni aux chevaux ou aux cavaliers.» Après avoir sevré Mal-Aimée, Gomer fut encore enceinte et mit au monde un fils. Et le Seigneur dit à Osée: «Tu l'appelleras Étranger car vous, les gens d'Israël, vous n'êtes pas mon peuple, et moi je ne suis rien pour vous.» Mais un jour les gens d'Israël seront devenus trop nombreux pour être recensés, tels les grains de sable impossibles à compter sur le bord de la mer. Et là même où Dieu leur disait: “Vous n'êtes pas mon peuple”, il les nommera au contraire: “Fils du Dieu vivant”. Alors Juda et Israël retrouveront leur unité, ils se donneront un chef unique et seront maîtres du pays. Voilà le grand jour de Jizréel! Dites de la part du Seigneur à vos frères et à vos sœurs: “Mon peuple” et “Bien-Aimée”. «Accusez Israël, votre mère, ne vous en privez pas, dit le Seigneur, car elle n'est plus ma femme et je ne suis plus son mari. «Qu'elle ôte de son visage les marques de sa prostitution! Qu'elle enlève d'entre ses seins les signes de son adultère! Sinon je la mettrai toute nue, dans l'état où elle était au jour de sa naissance! Je changerai son territoire en désert, en terre aride; je la ferai mourir de soif. «Je n'aime pas ses enfants: ce sont des enfants de prostituée, car leur mère s'est prostituée, celle qui les a mis au monde s'est conduite honteusement. Elle se disait en effet: “Je veux courir après mes amants, eux qui me donnent mon pain et mon eau, ma laine et mon lin, mon huile et mon vin.” «Mais moi, le Seigneur, je vais lui barrer la route par une haie d'épines; je vais l'entourer d'un mur pour l'empêcher désormais de trouver son chemin. C'est en vain qu'elle essaiera de rejoindre ses amants; elle cherchera à les atteindre, mais sans le moindre succès. Alors elle se dira: “Il faut que je revienne à mon premier mari, car j'étais heureuse alors, bien plus qu'aujourd'hui!” «Elle ne se rendait pas compte que c'est moi qui lui donnais le blé, le vin et l'huile fraîche; c'est moi qui l'enrichissais de l'argent et de l'or dont elle s'est servie pour Baal. C'est pourquoi, je vais lui reprendre mon blé au temps de la moisson et mon vin au temps des vendanges. Je vais lui arracher ma laine et mon lin, qui lui servaient à se couvrir. Oui, je la déshabillerai, pour sa honte, sous le regard de ses amants. Personne ne m'en empêchera. Je mettrai fin à ses réjouissances, à ses pèlerinages, à ses fêtes de nouvelle lune, à ses sabbats et autres cérémonies. Je détruirai ses vignes et ses figuiers, dont elle disait: “C'est le salaire que m'ont versé mes amants.” J'en ferai un terrain broussailleux où les animaux des champs viendront prendre leur nourriture. Je lui ferai payer ainsi le temps qu'elle consacrait à Baal et aux dieux de cette espèce. Elle leur offrait des sacrifices, se parait d'anneaux et de colliers, elle courait après ses amants, et moi, elle m'oubliait, déclare le Seigneur. Je vais donc la reconquérir et la reconduire au désert, et je retrouverai sa confiance. De là, je lui rendrai ses vignes; la sinistre vallée d'Akor deviendra pour elle une porte ouvrant sur l'espérance. Elle m'y suivra volontiers, comme lorsqu'elle était jeune, comme au temps de la sortie d'Égypte.» «En ce jour-là, dit le Seigneur, elle m'appellera “mon mari” et non plus “mon Baal, mon Maître”. J'écarterai de son langage le nom même de Baal et des dieux de cette espèce, on ne le prononcera plus. Alors je conclurai pour mon peuple un pacte solennel avec les bêtes dans les champs, les oiseaux dans les airs et les bestioles sur le sol. Je casserai et jetterai hors du pays les arcs, les épées, toutes les armes, et je permettrai à mon peuple de dormir enfin tranquille. Israël, c'est pour toujours que je t'obtiendrai en mariage. Pour t'obtenir je paierai le prix: la loyauté et la justice, l'amour et la tendresse. Oui, je t'obtiendrai par la fidélité. Alors tu me reconnaîtras comme le Seigneur. En ce jour-là, dit le Seigneur, je serai un Dieu qui répond: je répondrai aux besoins du ciel, qui répondra aux besoins de la terre, laquelle répondra aux besoins du blé, du vin nouveau et de l'huile fraîche; et tout cela répondra aux besoins de Jizréel. J'implanterai Jizréel dans le pays, j'aimerai Mal-Aimée, je dirai à Étranger: “Mon peuple, c'est toi”, et lui me répondra: “Mon Dieu.”» Le Seigneur me dit: «Eh bien! une fois encore aime cette femme qui a un amant et vit dans l'adultère. Aime-la comme moi, le Seigneur, j'aime les gens d'Israël, bien qu'ils se tournent vers d'autres dieux et raffolent des gâteaux de raisin.» Je récupérai donc ma femme au prix de quinze pièces d'argent et de six hectolitres d'orge. Et je lui dis: «Pendant longtemps tu resteras chez moi, et tu renonceras à pratiquer la prostitution. Tu devras renoncer à tout rapport amoureux, et moi, j'y renoncerai de même à ton égard.» En effet, les gens d'Israël resteront longtemps privés de roi et de chefs, de sacrifices et de pierres sacrées, privés aussi de ce qui sert à consulter Dieu. Plus tard, ils reviendront au Seigneur, ils se tourneront vers leur Dieu et vers le descendant de David, leur roi. Dans l'avenir, ils chercheront respectueusement la présence du Seigneur et les biens qu'il donne. Le Seigneur est en procès contre les habitants du pays. Gens d'Israël, écoutez donc ce qu'il déclare: «Il n'y a plus ici ni fidélité ni bonté. On ne me reconnaît plus comme Dieu. On maudit son prochain, on lui ment, on l'assassine, on commet vols et adultères. Le pays en est envahi, les meurtres succèdent aux meurtres. C'est pourquoi, dans le pays, la sécheresse va sévir, tous ses habitants vont dépérir, avec les bêtes dans les champs, et les oiseaux dans les airs. Même les poissons dans la mer sont condamnés à disparaître.» «Non, ce n'est pas n'importe qui que l'on doit accuser ou couvrir de reproches. Mais c'est avec toi, le grand-prêtre, que je suis en procès, dit le Seigneur. Tu vas trébucher en plein jour, et ton compère, le prophète, trébuchera lui aussi dans la nuit. Je réduirai ta mère au silence éternel. Oui, mon peuple est réduit au silence faute de me reconnaître. Mais toi-même déjà, tu n'as pas voulu me reconnaître. C'est pourquoi je ne veux plus de toi, tu ne seras plus mon prêtre. Puisque tu as oublié l'enseignement de ton Dieu, moi, j'oublierai tes enfants. «Tous les prêtres sans exception ont d'ailleurs dévié de la ligne que je leur avais tracée. Leur fonction est honorée, je vais la rendre déshonorante. Ils vivent des sacrifices offerts par mon peuple coupable. Ils n'ont donc qu'un désir: que mon peuple se rende coupable. Mais il arrivera aux prêtres ce qui arrivera au peuple: je m'occuperai de leur conduite, je retournerai leurs actes contre eux. Ils auront beau manger, ils ne se rassasieront pas; ils auront beau se prostituer, ils n'auront pas d'enfants. Oui, ils m'ont abandonné, moi, le Seigneur, pour pratiquer la prostitution. «Le désir d'une bonne vendange fait perdre la tête à mon peuple. Il demande des réponses à une idole de bois; c'est un bout de bâton qui lui fait des révélations! Un vent de prostitution a soufflé sur eux et les a égarés. Ils se sont prostitués en se séparant de leur Dieu. Ils font des repas sacrés sur le sommet des montagnes. Sur les collines, ils font monter la fumée de leurs sacrifices. Ils se tiennent sous les chênes, les peupliers, les térébinthes, dont l'ombre est si favorable. C'est pour toutes ces raisons que leurs filles et leurs belles-filles se prostituent et vivent dans l'adultère. Mais je ne punirai pas vos filles de s'être prostituées, ni vos belles-filles de vivre dans l'adultère. Car ce sont eux – les prêtres – qui emmènent des filles à l'écart, et partagent les repas sacrés avec les prostituées de vos temples. Comme dit le proverbe: “Un peuple sans discernement est un peuple perdu.” «Ainsi donc, Israël, tu pratiques la prostitution. Mais que Juda, au moins, ne commette pas la même faute! N'allez pas au lieu saint du Guilgal, ne montez pas à Béthel-l'enfer, ne jurez pas en disant: “Par le Seigneur vivant…!” » Israël s'est montré aussi récalcitrant qu'une vache refusant d'avancer. Pourquoi donc le Seigneur devrait-il le traiter comme des agneaux qu'on mène dans de vastes pâturages? Les gens d'Éfraïm se sont compromis avec les idoles. Laissez-les finir leurs orgies, se vautrer dans la prostitution, et préférer le déshonneur des gens débauchés. Un tourbillon de vent les emporte. Ils auront honte de leurs sacrifices. «Vous les prêtres, écoutez bien ceci, vous aussi, dirigeants d'Israël, et vous de même, gens de la cour du roi: Vous deviez faire respecter le droit. Cependant à Mispa vous avez été comme un piège pour mon peuple, sur le mont Tabor un filet tendu, et à Chittim une fosse profonde. Mais moi, dit le Seigneur, je vous donnerai à tous une bonne leçon. «Moi, je connais la tribu d'Éfraïm, et le cas d'Israël ne m'échappe nullement. Vous avez poussé Éfraïm à la prostitution, et maintenant tout Israël se trouve contaminé.» Ce que les gens d'Israël ont fait ne leur permet pas de revenir à leur Dieu. Un vent de prostitution souffle en effet parmi eux, ils ne reconnaissent pas le Seigneur. L'orgueil du peuple d'Éfraïm témoigne contre lui. Éfraïm et Israël trébuchent sur leur propre crime. Même Juda trébuche avec eux. Avec leurs bœufs et leurs moutons, qu'ils vont offrir en sacrifice, ils viennent consulter le Seigneur, mais ils ne le trouveront pas, car il s'est retiré loin d'eux. Ils ont trahi le Seigneur en donnant le jour à des enfants bâtards. Maintenant, en moins d'un mois, leur patrie sera ruinée. «Sonnez du cor à Guibéa, de la trompette à Rama. Lancez l'alarme à Béthel-l'enfer. Attention derrière toi, tribu de Benjamin! Au jour de la punition, la tribu d'Éfraïm va être réduite en désert. Ce que j'annonce ainsi parmi les tribus d'Israël est tout à fait certain. Les chefs de Juda se comportent comme des gens qui déplacent les bornes de leur champ. Mais je déverserai sur eux le flot de ma colère. «Éfraïm est maltraité, ses droits sont piétinés, car il s'est mis en tête de courir après des mirages. Moi, je suis maintenant pour lui comme un abcès purulent, et pour les gens de Juda comme un ulcère infectieux. Éfraïm a reconnu son mal et Juda la gravité de son cas. Alors Éfraïm s'est adressé à l'Assyrie, il a envoyé une mission auprès du Grand Roi. Mais celui-ci est incapable de remédier à votre mal et de vous guérir, gens d'Éfraïm. Car c'est moi, le Seigneur, qui vous attaque, tel un lion, et qui assaille Juda, tel une bête féroce. Quand je saisis ma proie et m'en vais en l'emportant, personne n'est capable de me l'arracher.» «Eh bien, je vais rentrer chez moi, annonce le Seigneur, jusqu'à ce qu'ils reconnaissent leurs fautes, et qu'ils se tournent vers moi. Quand ils seront dans la détresse, ils rechercheront ma présence.» Alors vous dites: «Allons, revenons au Seigneur. C'est lui qui a fait la blessure, mais il nous guérira. C'est lui qui nous a frappés, mais il bandera nos plaies et nous rendra la vie. En deux jours, en trois jours il nous relèvera, et nous revivrons en sa présence. Alors reconnaissons-le comme Dieu. Oui, tâchons vraiment de reconnaître le Seigneur. Son intervention est certaine comme la venue de l'aurore. Il viendra jusqu'à nous comme la pluie d'hiver ou la pluie du printemps, qui rafraîchit la terre.» Mais le Seigneur vous répond: «Que faire pour toi, Éfraïm? et pour toi, Juda? L'affection que vous me portez est comme un nuage matinal ou comme la rosée: elle est si vite dissipée! C'est pourquoi je vous combats par le message des prophètes, et je vous annonce que vous allez au massacre. Ma sentence va jaillir claire comme le jour. Qu'on agisse avec bonté: voilà ce que je désire plutôt que des sacrifices; et qu'on me reconnaisse comme Dieu, plutôt que de consumer des animaux sur l'autel.» «Mais vous, à Adam-la-Ville, vous avez violé vos engagements; c'est là que vous m'avez trahi. Galaad est une cité de malfaiteurs laissant derrière eux des traces sanglantes. Comme des brigands en embuscade, une bande de prêtres assassine les gens sur le chemin de Sichem. C'est une chose horrible! Dans la nation d'Israël j'ai vu des horreurs: la prostitution d'Éfraïm contamine tout Israël. «Pour toi aussi, Juda, on prépare la moisson.» «Au moment où je désire rétablir mon peuple, dit le Seigneur, quand je veux guérir Israël, les crimes des gens d'Éfraïm, les méfaits de ceux de Samarie m'apparaissent à nouveau. Ils pratiquent l'escroquerie, les voleurs entrent dans les maisons, les brigands sévissent dans les rues. Et personne ne se dit que je suis conscient du mal qu'ils font. Maintenant les voilà prisonniers de leurs propres méfaits. J'ai tout cela sous les yeux. Ils cachent leurs méchants complots en amusant roi et ministres. Tous ils pratiquent l'adultère. Ils sont comme un four surchauffé que le boulanger ne surveille plus depuis qu'il a pétri la pâte et jusqu'à ce qu'elle ait levé. Le jour où on fête notre roi, les ministres se rendent malades par la brûlure du vin; le roi tend la main aux moqueurs, quand ils s'approchent. Dans leur ruse ils sont comme un four: toute la nuit leur colère sommeille; le matin elle s'enflamme comme un grand incendie. Tous échauffés comme un four ils éliminent leurs dirigeants. Leurs rois tombent les uns après les autres, sans que personne fasse appel à moi. «Éfraïm est contaminé par les autres peuples. On dirait une galette qui n'a pas été retournée. Des étrangers sucent ses forces, et lui ne s'en aperçoit pas. Il a déjà des cheveux blancs mais ne s'en rend pas compte. L'orgueil du peuple d'Israël témoigne contre lui. Israël n'est pas revenu vers moi, le Seigneur son Dieu. Dans tous ces événements on ne m'a pas consulté. Éfraïm est un pigeon aussi naïf qu'irréfléchi: il fait appel à l'Égypte, puis il se rend en Assyrie. Mais pendant qu'il y va, je lance mon filet sur lui, je le fais tomber comme un oiseau, et je le corrige comme je l'ai annoncé à son assemblée. «Malheureusement pour eux, les gens d'Éfraïm me fuient. C'est la catastrophe pour eux, car ils sont révoltés contre moi. Et moi, je devrais les libérer, alors qu'ils mentent dès qu'ils me parlent! Ils ne sont pas sincères quand ils m'appellent à leur secours. Mais ils se couchent en gémissant, ils s'entaillent le corps, dans l'espoir d'obtenir de meilleures moissons, de meilleures vendanges. Ils se détournent ainsi de moi. Et cependant c'est moi qui leur avais donné des forces! Mais ils n'ont eu envers moi que de mauvaises pensées. S'ils reviennent à quelqu'un, ce n'est pas à moi. Ils sont décevants comme un arc faussé. Leurs chefs tomberont à la guerre pour leurs paroles insolentes, et l'on en rira bien en Égypte!» Sonnez du cor, donnez l'alarme: comme un vautour le malheur s'abat sur le pays du Seigneur. «C'est que les gens d'Israël ont violé les engagements qui les liaient à moi, dit le Seigneur; ils se sont opposés à mon enseignement. Ils ont beau me crier: “Mon Dieu, nous sommes Israël, nous te reconnaissons, nous!” Ils ont rejeté ce qui est bien. Alors l'ennemi les met en fuite. Ils établissent des rois, mais sans demander mon avis. Ils nomment des ministres, mais sans me mettre au courant. Ils prennent leur argent, leur or, pour se faire des idoles. Bon moyen de le perdre! Gens de Samarie, votre veau est répugnant. Vous avez provoqué mon indignation. Jusqu'à quand resterez-vous impunis? Votre veau ne provient que d'Israël, c'est un artisan qui l'a fait, il n'a rien d'un dieu. Oui, le veau de Samarie volera en éclats. Puisque vous semez le vent, vous récolterez la tempête. Comme dit le proverbe: “A blé sans épi, point de farine”. Et s'il en donne tout de même, ce sont des étrangers qui la consommeront. «Israël s'est fait dévorer. Le voici parmi les peuples comme un pot dont on ne veut plus. Il a pris l'initiative de se rendre en Assyrie. Un âne sauvage garde son indépendance, mais les gens d'Éfraïm s'achètent des amants! Malgré tous les cadeaux qu'ils font aux autres peuples, le moment est venu où je vais les rassembler. Et d'ici peu ils souffriront sous la charge que le roi des princes fera peser sur eux. Éfraïm a dressé d'innombrables autels, et ceux-ci n'ont servi qu'à les rendre plus coupables. – Des autels pour se rendre coupable! – J'aurais beau rédiger pour lui mes instructions par milliers, il n'en tiendrait aucun compte. Ils aiment offrir des sacrifices parce qu'ils veulent manger de la viande. Mais je n'y trouve aucun plaisir, moi, le Seigneur; je n'oublie pas leurs crimes, je passe en revue leurs fautes. Ils retourneront en Égypte. «Israël s'est construit des palais, oubliant ainsi son Créateur. Juda, de son côté, a fortifié quantité de villes. Mais je mettrai le feu à ses villes, le feu dévorera leurs belles maisons.» Israël, ce n'est pas la peine de faire la fête jusqu'au délire comme les autres peuples. Car tu t'es éloigné de ton Dieu en pratiquant la prostitution; tu aimes en recevoir le salaire partout où l'on bat le blé. Mais le blé qu'on bat sur l'aire et l'huile qu'on recueille au pressoir ne seront pas pour toi. Le vin nouveau que tu attends te passera sous le nez. Éfraïm ne pourra pas rester dans le pays du Seigneur, il devra retourner en Égypte ou aller en Assyrie vivre de nourritures impures. Alors les gens d'Éfraïm ne pourront plus répandre des offrandes de vin en l'honneur du Seigneur, ou offrir des sacrifices pour lui être agréables. Pour eux la nourriture sera comme le pain de deuil: quiconque en mange se rend impur. Leur pain satisfera leur faim, mais on ne pourra l'introduire dans la maison du Seigneur. Que ferez-vous pour préparer le jour du Rendez-vous, la fête du Seigneur? Quand vous quitterez votre pays dévasté, l'Égypte vous recueillera, mais la ville de Memphis sera votre tombeau. Ici les orties envahiront vos trésors en argent, et les ronces vos habitations. Le moment est venu où le Seigneur interviendra. Oui, le moment est venu pour le règlement des comptes. Israël doit le savoir. «Le prophète est fou, dites-vous, l'homme inspiré divague.» Eh bien oui, mais c'est l'effet de vos innombrables crimes et de la violente hostilité que vous lui manifestez. Celui qui veille pour Éfraïm est avec mon Dieu – c'est le prophète. – Or on lui tend des pièges partout où il va. Dans la maison de son Dieu il ne rencontre qu'hostilité. Vous êtes allés jusqu'au fond du mal comme jadis à Guibéa. Mais le Seigneur n'oublie pas vos crimes, il punira vos fautes. «Autrefois, dit le Seigneur, Israël m'était apparu comme des raisins qu'on trouverait en plein désert. J'avais découvert vos ancêtres comme la toute première figue qu'on aperçoit sur un figuier. Mais à peine arrivés à Beth-Péor, ils se consacraient à Baal -la-Honte et devenaient du même coup aussi détestables eux-mêmes que leur nouvel amant. La gloire des gens d'Éfraïm va s'envoler maintenant comme une volée de moineaux: il n'y aura plus de naissances, plus d'enfants attendus, plus même d'enfants conçus! Et même s'ils arrivent à en élever quelques-uns, je les en priverai pour qu'il ne reste personne. Quand je leur tournerai le dos, eh bien, tant pis pour eux! Éfraïm, tel que je le vois, fait de ses enfants un gibier pour la chasse: il les laisse partir au-devant du tueur.» Seigneur, s'il faut une sanction, laquelle choisir? Rends leurs femmes incapables d'avoir des enfants et d'allaiter! «Toute leur déloyauté, dit encore le Seigneur, s'est montrée au Guilgal. C'est là que j'ai commencé à les détester. Je les chasserai donc de chez moi pour le mal qu'ils ont commis; je cesserai de les aimer. Leurs chefs sont tous des rebelles. Éfraïm est bien atteint: ses racines sont desséchées, il ne portera plus aucun fruit. Et même si les femmes ont encore des enfants, j'enverrai à la mort leurs précieux rejetons.» Mon Dieu ne veut plus d'eux, car ils ne l'ont pas écouté. Ils deviendront errants parmi les autres nations. Une vigne prospère, qui produisait beaucoup: voilà ce qu'était Israël. Mais plus il était florissant, plus il multipliait les autels; plus son pays prospérait, plus il dressait de somptueuses pierres sacrées. Ces gens sont faux jusqu'au cœur. Ils vont maintenant porter le poids de leur faute. Le Seigneur va casser leurs autels et détruire leurs pierres sacrées. Oui, ils vont dire maintenant: «Si nous n'avons plus de roi, c'est que nous n'avons pas reconnu l'autorité du Seigneur. Mais au point où nous en sommes, à quoi nous servirait un roi?» Ils tiennent des palabres, ils font de faux serments, ils concluent des alliances, mais le droit n'est plus pour eux qu'une herbe vénéneuse poussant dans un champ labouré. Les habitants de Samarie honorent une sorte de veau qui se trouve à Béthel-l'enfer. Son peuple et ses prétendus prêtres mènent grand deuil devant lui. Ils peuvent bien acclamer sa gloire: elle est perdue pour lui! Car lui aussi on l'emmènera jusqu'en Assyrie en cadeau pour le Grand Roi. Éfraïm en sera humilié, Israël se mordra les doigts d'avoir choisi cette politique. Pour Samarie tout est fini, son roi s'en va à la dérive comme un bout de bois au fil de l'eau. Les lieux sacrés sont dévastés – ils étaient le crime, la faute d'Israël. Les broussailles et les épines envahissent les autels. C'est le moment de dire: «Montagnes, recouvrez-nous», «Collines, tombez sur nous ». «Depuis l'affaire de Guibéa Israël manque à son devoir; il n'a pas changé. N'est-il pas normal que la guerre atteigne ces criminels à Guibéa précisément? Je désire les corriger, dit le Seigneur: des peuples vont s'unir contre eux pour punir leur crime répété. «Une génisse bien dressée, qui aimait travailler à battre le blé: voilà ce qu'était Éfraïm. Et moi, quand j'ai découvert son cou si bien musclé, j'ai voulu l'atteler: ainsi Juda ferait le labour et Israël tirerait la herse. Semez ce qui est juste, vous récolterez la bonté; défrichez-vous un champ nouveau: le moment est venu pour vous de vous tourner vers moi, le Seigneur, jusqu'à ce que je vienne répandre sur vous le salut. Mais vous avez cultivé le mal, vous avez donc récolté le crime, et vous avez eu à goûter le fruit de la trahison. «Israël, tu t'es fié à tes propres méthodes et au nombre de tes soldats. C'est pourquoi le fracas des combats retentira chez ton peuple, et tes villes fortifiées seront toutes rasées. Elles auront le sort de Beth-Arbel, dévastée par le roi Chalman, qui écrasa les mères en même temps que leurs enfants. Voilà ce qu'a produit pour vous ce que vous faites à Béthel; c'est l'effet de votre extrême méchanceté. Dès le lever du jour, au début du combat, ce sera la fin pour le roi d'Israël.» «Quand Israël était jeune, je me suis mis à l'aimer, dit le Seigneur, et je l'ai appelé, lui mon fils, à sortir d'Égypte.» – Mais ensuite, plus on les appelait, plus ils s'éloignaient. Mon peuple offre des sacrifices à Baal et aux dieux de cette espèce, il brûle des offrandes en l'honneur des idoles. «C'est pourtant moi qui avais guidé les premiers pas d'Éfraïm et l'avais porté dans mes bras. Mais il n'a pas reconnu que je prenais soin de lui. Je le dirigeais avec ménagement, lié à lui par l'amour. J'étais pour lui comme une mère qui soulève son petit enfant tout contre sa joue. Je me penchais vers lui pour le faire manger. «Le peuple d'Israël ne reviendra pas en Égypte, mais ce sera l'Assyrie qui dominera sur lui. Car il a refusé de revenir à moi. C'est pourquoi la guerre fait rage dans ses villes et détruit ses défenses, elle engloutit tout. Tel est le résultat de la politique d'Israël. Mon peuple s'accroche à sa trahison; on l'appelle à se relever, mais sans le moindre succès. «Pourtant comment peut-on imaginer que je t'abandonne, Éfraïm, que je te trahisse, Israël? Comment pourrais-je en venir à te traiter comme les villes d'Adma et de Seboïm? Une telle décision me bouleverserait, l'émotion serait trop forte. Ce n'est pas mon indignation qui aura le dernier mot, et je ne reviendrai pas à l'idée de détruire Éfraïm. Car je ne suis pas homme, je suis Dieu, moi. Chez toi, Éfraïm, je suis le Dieu unique, et je ne viens pas pour montrer ma fureur.» Les exilés avancent en suivant le Seigneur, qui rugit comme un lion. A ses rugissements ses fils arrivent tout excités d'au-delà de la mer. Ils arrivent aussi d'Égypte comme une volée de moineaux, et de l'Assyrie, comme un vol de colombes. «Je les ramène dans leur patrie», dit le Seigneur. Le peuple d'Éfraïm m'entoure de déloyauté; la nation d'Israël forme tout autour de moi un cercle de trahison. Et Juda est encore indécis envers Dieu, il reste fidèle aux dieux païens. Éfraïm livre de l'huile aux Égyptiens. Il cultive ainsi des amis qui ne sont que du vent. Et c'est un vent desséchant qu'il poursuit tous les jours en concluant un pacte avec les Assyriens! Il multiplie les mensonges et les actes de violence. Le Seigneur est en procès avec les gens de Juda. Il va intervenir contre le peuple de Jacob pour sa mauvaise conduite, il fera revenir sur ce peuple le mal qu'il a commis. Jacob n'était pas né qu'il se jouait déjà de son frère. Une fois devenu homme, il combattit contre Dieu, il combattit contre un ange, celui-ci fut vainqueur. Jacob pleura et demanda grâce. Dieu lui donna rendez-vous à Béthel: c'est là qu'il nous parlerait. C'est là qu'il dit, lui, le Dieu de l'univers, lui qu'on nomme “le Seigneur”: «Tu dois revenir à moi, ton Dieu. Pratique la bonté et respecte le droit. Ne cesse jamais de compter sur moi, ton Dieu.» «Comme les commerçants cananéens, Éfraïm, tu tiens à la main une balance faussée. Tu aimes frauder, et tu dis: “Certes je me suis enrichi, j'ai gagné une fortune. Mais il n'y a pas de mal à faire des bénéfices, ce n'est pas une faute!” Eh bien, moi le Seigneur, moi qui suis ton Dieu depuis que tu étais en Égypte, je vais te ramener à la vie des nomades, comme au temps de notre rencontre. Je confiais alors ma parole aux prophètes et je leur envoyais toutes sortes de visions. D'ailleurs, c'est par les prophètes que j'annonce encore mes projets. Les gens de Galaad ont été de vrais malfaiteurs; il ne reste rien d'eux. Au sanctuaire du Guilgal ils offraient en sacrifice taureau après taureau. Mais leurs autels ne sont plus que tas de pierres dans les champs.» Jacob s'était enfui en Haute-Mésopotamie. Il s'y mit au service d'un autre pour le prix d'une femme. Oui, c'est pour le prix d'une femme qu'il se fit gardien de troupeau. Mais c'est grâce à un prophète que le Seigneur retira Israël de l'Égypte. Et c'est un prophète qu'il chargea d'être le berger de son peuple. Les gens d'Éfraïm ont causé au Seigneur une blessure amère. Mais leur Maître rejette sur eux les conséquences de leurs crimes. Il leur fait payer leurs affronts. Quand Éfraïm parlait, tout le monde avait peur. Il dominait en Israël. Mais il s'est rendu coupable d'adorer le dieu Baal, ce qui lui a été fatal. Et maintenant voilà ces gens qui s'obstinent dans leur faute: avec leur argent ils se moulent des statuettes, des idoles de leur invention. Ce n'est là qu'œuvres d'artisan, et c'est à leur sujet qu'ils disent: «On doit leur offrir des sacrifices!» Des hommes adorent des veaux! C'est pourquoi, comme un nuage matinal, ces gens disparaîtront, rosée vite dissipée, brins de paille envolés loin de l'aire où l'on bat le blé, ou fumée qui s'échappe par l'ouverture du toit. «Israël, depuis ta sortie d'Égypte, je suis le Seigneur ton Dieu. Un autre Dieu que moi, tu n'en connais pas, et il n'existe pas d'autre sauveur que moi. C'est moi qui étais ton intime quand tu étais au désert, au pays de la sécheresse. A peine au pâturage, tu as pu calmer ta faim; mais une fois rassasié, tu t'es gonflé d'orgueil. C'est pourquoi tu m'as oublié. Alors je suis devenu comme un lion pour vous tous, comme une panthère embusquée sur le chemin. Je vous attaque comme une ourse à qui l'on a pris son petit, je vous déchire la poitrine. Comme une lionne je vous dévore, et les bêtes sauvages mettront en pièces vos cadavres. «Israël, ce qui te perd, c'est que tu es contre moi, contre celui qui t'apporte du secours. Ton roi, qu'est-il devenu, où est celui qui devait te sauver? Dans toutes tes villes, où sont ceux qui devaient te diriger? C'est toi qui m'avais demandé: “Donne-moi un roi et des chefs.” Je t'ai donc donné des rois, mais par colère contre toi; et je te les ai repris, tant j'étais indigné. «Les torts du peuple d'Éfraïm sont bien enregistrés; les preuves de sa faute ont été mises en lieu sûr. Pour lui les douleurs surviennent comme lors d'une naissance. Mais c'est un enfant stupide: quand le moment est venu, il refuse de sortir du ventre maternel. Et moi, le Seigneur, je devrais arracher ces gens aux griffes de la mort, les délivrer du monde des morts? Mort, où sont tes armes? Mort, montre ton pouvoir mortel! Mon œil se ferme à la pitié. Tandis qu'Éfraïm prospère parmi ses frères, le vent desséchant se lève, il arrive du désert. C'est le Seigneur qui l'envoie. Alors la source tarit, la fontaine est à sec. On emporte le trésor, tout ce qui est précieux. Les habitants de Samarie devront bien supporter les conséquences de leur faute, car ils sont en révolte contre leur Dieu. Ils tomberont morts à la guerre, leurs enfants seront écrasés, leurs femmes enceintes éventrées.» Reviens, Israël, reviens au Seigneur, à ton Dieu, car si tu es tombé, c'est l'effet de ta faute. Revenez au Seigneur en lui apportant ces paroles: «Pardonne tout notre crime. Reçois favorablement, plutôt que des taureaux, ce que nous déclarons: Ce n'est pas l'Assyrie qui pourra nous sauver. Nous ne monterons plus sur des chevaux de guerre. Nos idoles sont seulement des objets fabriqués; nous ne leur dirons plus qu'elles sont notre Dieu, car toi seul sais montrer de la bonté à l'orphelin.» «Je guérirai Israël de son infidélité, dit le Seigneur. Je n'aurai pas à me forcer pour lui montrer mon amour, car je ne lui en veux plus. Je serai pour lui comme une rosée bienfaisante. Alors il fleurira comme un lis, il s'enracinera comme les arbres du Liban. Il deviendra florissant, beau comme un olivier, et répandra le parfum des forêts du Liban. Ils reviendront, ceux qui habitaient sous son ombre. Ils cultiveront le blé, ils prospéreront comme la vigne, ils auront la réputation des grands vins du Liban. Éfraïm, qu'ai-je de commun avec les idoles? Moi, je réponds à ta prière et je veille sur toi. Moi, je suis comme un cyprès, un arbre toujours vert. C'est moi qui te fournis tes récoltes.» Si quelqu'un est intelligent, il comprendra les paroles d'Osée; s'il y a quelqu'un d'avisé, il en connaîtra le sens. Le Seigneur, en effet, trace des chemins sans détour. Les fidèles peuvent y marcher, mais les rebelles y perdent l'équilibre. Paroles que le Seigneur a communiquées à Joël, fils de Petouel. Écoutez, vous les anciens, ouvrez tous vos oreilles, habitants de Juda! Semblable chose s'est-elle produite pendant votre vie ou du temps de vos ancêtres? Faites-en le récit à vos enfants; ils le répéteront à leurs propres enfants, pour qu'ils le transmettent à la génération suivante. Ce que les chenilles laissent de la récolte est dévoré par les sauterelles; ce que laissent les sauterelles est dévoré par les hannetons; ce que laissent les hannetons est dévoré par les criquets. Réveillez-vous, les ivrognes, et pleurez! Lamentez-vous tous, les buveurs de vin: faute de raisins, vous serez privés de vin nouveau. Une armée d'insectes envahit notre pays. Ils sont acharnés, innombrables, dévastateurs comme les dents du lion ou les crocs de la lionne. Ils ravagent nos vignes, détruisent complètement nos figuiers. Ils les rongent, les dépouillent de leur écorce et ne laissent que des rameaux blanchis. Lamentez-vous comme une jeune femme en deuil pleurant le mari qu'elle vient d'épouser. On n'apporte plus au temple ni offrandes de blé, ni offrandes de vin. C'est pourquoi les prêtres sont en deuil, eux qui sont chargés de servir le Seigneur. Les champs sont dévastés, la terre est plongée dans la tristesse. Plus de blé, plus de jus de raisin, plus une goutte d'huile fraîche. Les cultivateurs sont consternés, les vignerons crient leur désespoir. Le froment comme l'orge sont perdus, toutes les récoltes anéanties. La vigne est desséchée, les figuiers sont flétris. Grenadiers, dattiers ou pommiers, les arbres fruitiers sont rabougris. Toute joie s'est éteinte parmi les humains. Prenez vos habits de deuil et lamentez-vous, prêtres chargés du service de l'autel. Passez la nuit dans la tristesse, vous, les serviteurs de notre Dieu, car on n'apporte plus au temple ni offrandes de blé, ni offrandes de vin. Ordonnez un temps de jeûne, convoquez une assemblée solennelle; réunissez les anciens et toute la population dans le temple du Seigneur, notre Dieu, adressez-lui vos supplications. Hélas, un jour terrible approche, le jour du Seigneur! Avec lui vient la destruction décidée par le Dieu tout -puissant. Là, sous nos yeux, disparaît notre nourriture et, loin du temple de notre Dieu, s'en vont la gaieté et la joie. Sous les mottes de terre les graines sont desséchées. Il n'y a plus de blé! Les greniers sont vides, les granges en ruine. Écoutez comme les bêtes gémissent! Les troupeaux errent dans tous les sens, car ils n'ont plus de pâturages. Même les moutons dépérissent. Vers toi, Seigneur, je crie! Le feu dévore l'herbe de la steppe, les flammes consument tous les arbres des champs. Les bêtes sauvages elles-mêmes tournent la tête dans ta direction, car les cours d'eau sont à sec. Le feu ravage l'herbe de la steppe. Sonnez de la trompette, donnez l'alarme, à Sion, la montagne consacrée à Dieu. Tremblez, vous les habitants du pays, car il arrive, il est tout proche, le jour du Seigneur. C'est un jour d'obscurité profonde, envahi de nuages et de brouillard. Voici qu'arrive l'armée des insectes, masse nombreuse et redoutable, semblable à la nuit qui se répand sur les montagnes. On n'a jamais rien vu de pareil et on ne le verra plus jamais. Comme un incendie destructeur, ils ravagent tout devant eux et laissent le vide derrière eux. Avant leur passage la terre était un jardin d'Éden, et après c'est un désert sinistre: rien n'a pu leur échapper! On dirait une armée de chevaux, des cavaliers qui s'élancent. Ils bondissent d'une montagne à l'autre, on croirait entendre des chars de combat, ou le crépitement de flammes en train de brûler l'herbe sèche. Ils viennent comme une troupe puissante rangée en ordre de bataille. A leur approche tout le monde est terrifié, la peur pâlit les visages. Comme des soldats ils vont à l'assaut, comme des guerriers ils escaladent les murailles. Chacun s'avance droit devant soi, sans s'écarter de son chemin. Aucun d'eux ne gêne les autres, car chacun suit sa propre route. Ils se ruent à travers les obstacles, rien ne peut les arrêter. Ils se répandent dans la ville, courent sur les murailles, s'introduisent dans les maisons, par les fenêtres, comme des voleurs. A leur approche la terre tremble, le ciel semble chavirer, le soleil et la lune ne brillent plus, les étoiles perdent leur éclat. Le Seigneur fait tonner sa voix à l'avant de son armée. Les troupes qui exécutent ses ordres sont nombreuses et redoutables. Oui, il est terrible, le jour du Seigneur, si effrayant que personne ne survivra. «Il est encore temps, maintenant, de revenir à moi, affirme le Seigneur. Faites-le de tout votre cœur: jeûnez, pleurez et suppliez-moi. Il ne suffit pas de déchirer vos vêtements, c'est votre cœur qu'il faut changer.» Oui, revenez au Seigneur, votre Dieu: Il est bienveillant et compatissant, patient et d'une immense bonté, toujours prêt à renoncer à ses menaces. Il changera peut-être d'avis, et vous comblera de bienfaits. Vous pourrez alors lui apporter des offrandes de blé et de vin. Sonnez de la trompette à Sion, ordonnez un temps de jeûne, convoquez une assemblée. Groupez la population pour une réunion solennelle. Rassemblez les vieillards, les jeunes gens et même les tout petits enfants; Que les nouveaux mariés eux-mêmes quittent la chambre de leurs noces. Que les prêtres qui servent le Seigneur pleurent dans le temple, entre le vestibule d'entrée et l'autel, et qu'ils supplient Dieu ainsi: «Seigneur, aie pitié de nous, ton peuple, ne livre pas les tiens à la honte, ne permets pas que des peuples étrangers se moquent de nous en disant: “Que fait donc leur Dieu?” » Le Seigneur aime son pays, il a pitié de son peuple et répond ainsi à ses prières: «Je vais vous donner de nouveau du blé, du vin et de l'huile. Vous en serez comblés! Plus jamais je ne vous livrerai aux moqueries des autres peuples. Je chasserai vos ennemis venus du nord, je les repousserai au loin vers des terres désertes et desséchées, je jetterai leur avant-garde dans la mer Morte, et leur arrière-garde dans la Méditerranée. Leurs cadavres répandront une odeur atroce qui infectera l'air. Ainsi disparaîtront ceux qui vous ont fait tant de mal. Toi, la terre, n'aie plus de crainte! Que ta joie éclate, car le Seigneur accomplit de grandes œuvres. Vous, les animaux, n'ayez plus de crainte! L'herbe de la steppe reverdit, les arbres portent des fruits, les figuiers et les vignes en sont couverts. Et vous, les habitants de Sion, rayonnez de joie, à cause du Seigneur, votre Dieu. A l'automne il vous envoie la pluie qui vous est nécessaire, comme autrefois il fait tomber les averses d'automne et de printemps. Les granges sont remplies de blé, les cuves débordent de vin et d'huile. Oui, dit le Seigneur, je vous dédommage, pour les récoltes dévorées par les chenilles, les sauterelles, les hannetons et les criquets, cette grande armée d'insectes que j'ai envoyés contre vous. Vous mangerez à votre faim, vous m'acclamerez, moi, le Seigneur votre Dieu, qui accomplis pour vous des merveilles. Et jamais plus mon peuple ne sera livré à la honte. Alors vous comprendrez que je suis présent au milieu de vous, Israélites, que le Seigneur votre Dieu, c'est moi et personne d'autre. Non, jamais plus mon peuple ne sera livré à la honte.» «Par la suite, dit le Seigneur, je répandrai mon Esprit sur tout être humain. Vos fils et vos filles deviendront prophètes, je parlerai par des rêves à vos vieillards et par des visions à vos jeunes gens. Même sur les serviteurs et les servantes, je répandrai mon Esprit en ces jours-là. Je susciterai des phénomènes extraordinaires dans le ciel et sur la terre. Il y aura du sang, du feu et des nuages de fumée. Le soleil deviendra obscur et la lune rouge comme du sang, avant que vienne le jour du Seigneur, ce jour grand et redoutable.» Alors quiconque fera appel au Seigneur sera sauvé. A Jérusalem, sur le mont Sion, certains échapperont au désastre, comme le Seigneur l'a promis. Ce seront ceux qu'il appelle à la vie. Ce livre rapporte les paroles d'Amos, un des éleveurs de bétail du village de Técoa. Le Seigneur lui révéla son message par des visions, au sujet du royaume d'Israël, deux ans avant le tremblement de terre, à l'époque où régnaient Ozias en Juda et Jéroboam, fils de Joas, en Israël. Amos disait: «De Jérusalem le Seigneur rugit, de Sion il fait entendre sa voix. Alors c'est la désolation dans tous les pâturages, c'est la sécheresse au sommet du mont Carmel.» Voici ce que déclare le Seigneur: «J'ai plus d'un crime à reprocher aux Syriens de Damas, et en particulier celui-ci: ils ont écrasé sous des herses de fer les habitants de Galaad. C'est pourquoi, je ne reviendrai pas sur ma décision: Je mettrai le feu au palais du roi Hazaël, au château du roi Ben-Hadad. Je ferai sauter les verrous de Damas, et j'éliminerai celui qui siège sur cette vallée du crime, le roi qui règne dans cette cité du plaisir. Quant au peuple syrien, il sera déporté à Quir », dit le Seigneur. Voici ce que déclare le Seigneur: «J'ai plus d'un crime à reprocher aux Philistins de Gaza, et en particulier celui-ci: ils ont déporté les populations de villages entiers pour les livrer aux Édomites. C'est pourquoi, je ne reviendrai pas sur ma décision: Je mettrai le feu aux murailles de Gaza; le feu dévorera ses belles maisons. J'exterminerai les habitants d'Asdod et le roi qui règne à Ascalon. Je m'acharnerai sur les gens d'Écron. Les Philistins n'auront pas de survivants», dit le Seigneur Dieu. Voici ce que déclare le Seigneur: «J'ai plus d'un crime à reprocher aux Phéniciens de Tyr, et en particulier celui-ci: ils n'ont pas honoré le pacte fraternel qui les liait à Israël; ils ont emmené les populations de villages entiers pour les livrer aux Édomites. C'est pourquoi, je ne reviendrai pas sur ma décision: Je mettrai le feu à la ville de Tyr; le feu dévorera ses belles maisons.» Voici ce que déclare le Seigneur: «J'ai plus d'un crime à reprocher aux gens d'Édom, et en particulier celui-ci: Ils se sont lancés, l'épée à la main, à la poursuite de leurs frères d'Israël. Ils ont étouffé toute pitié, ils ont gardé sans fin la rage de déchirer et conservé une rancune sans limite. C'est pourquoi, je ne reviendrai pas sur ma décision: Je mettrai le feu à leur ville de Téman; le feu dévorera les belles maisons qui se trouvent à Bosra.» Voici ce que déclare le Seigneur: «J'ai plus d'un crime à reprocher aux Ammonites, et en particulier celui-ci: ils ont éventré les femmes enceintes en voulant agrandir leur territoire au pays de Galaad. C'est pourquoi, je ne reviendrai pas sur ma décision: je mettrai le feu à leur ville de Rabba; le feu dévorera ses belles maisons, au jour de la bataille, parmi les cris de guerre, dans l'ouragan d'un jour de tempête. Leur roi partira en déportation, et ses princes avec lui», dit le Seigneur. Voici ce que déclare le Seigneur: «J'ai plus d'un crime à reprocher aux gens de Moab, et en particulier celui-ci: ils ont brûlé les ossements du roi d'Édom, ils en ont fait de la chaux. C'est pourquoi, je ne reviendrai pas sur ma décision: je mettrai le feu au pays de Moab; le feu dévorera les belles maisons qui se trouvent à Quérioth. Moab succombera au milieu du tumulte, des cris de guerre et des sonneries de cor. J'éliminerai son premier magistrat, et je massacrerai tous ses princes avec lui», dit le Seigneur. Voici ce que déclare le Seigneur: «J'ai plus d'un crime à reprocher aux gens de Juda, et en particulier celui-ci: ils ont méprisé mes enseignements, ils n'ont pas observé mes commandements. Ils se sont laissé égarer par les faux dieux qui attiraient déjà leurs ancêtres. C'est pourquoi, je ne reviendrai pas sur ma décision: Je mettrai le feu au pays de Juda; le feu dévorera les belles maisons qui se trouvent à Jérusalem.» Voici ce que déclare le Seigneur: «J'ai plus d'un crime à reprocher aux gens d'Israël. C'est pourquoi, je ne reviendrai pas sur ma décision. Je leur reproche en particulier ceci: ils vendent l'innocent comme esclave pour de l'argent qu'il n'a pu rembourser; ils vendent le malheureux pour une paire de sandales. Ils n'ont qu'un désir: voir les faibles humiliés; au tribunal ils font rejeter la requête du pauvre. Le père et le fils se succèdent dans le lit de la même fille, ce qui est une insulte à mon honneur. Dans tous les lieux de culte ils s'étendent sur les vêtements que les pauvres leur ont remis en gage. Dans le temple de leur dieu ils boivent le vin qu'ils ont confisqué. Moi, pourtant, j'avais détruit pour vous les populations amorites; ces gens aussi grands que les cèdres, aussi robustes que les chênes, je les avais détruits des pieds à la tête. Avant cela, c'est moi déjà qui vous avais ramenés d'Égypte, et vous avais accompagnés pendant quarante ans au désert, jusqu'à ce que vous vous empariez du pays des Amorites. Plus tard, parmi vos fils, j'ai suscité des prophètes; j'ai appelé tels de vos jeunes hommes à se consacrer à moi par un vœu. N'est-ce pas vrai, gens d'Israël? demande le Seigneur. Or vous avez fait boire du vin à ceux qui ne devaient pas en boire, puisqu'ils s'étaient consacrés à moi, et vous avez interdit aux prophètes de parler de ma part. «Eh bien, sous vos propres pas je vais ébranler la terre, comme sous les roues d'un chariot surchargé d'épis de blé. Il sera impossible aux plus lestes de gagner un refuge, impossible aux plus forts de déployer leur vigueur, impossible aux soldats d'élite de sauver leur propre vie! Le tireur à l'arc ne résistera pas, le meilleur coureur ne pourra échapper, le cavalier lui-même ne s'en tirera pas. Ce jour-là, le plus courageux parmi les soldats d'élite jettera ses armes et s'enfuira», dit le Seigneur. Gens d'Israël, vous la famille que le Seigneur a ramenée d'Égypte, écoutez ce qu'il déclare contre vous: «Parmi toutes les familles de la terre c'est à vous seuls que je me suis intéressé. C'est pourquoi je vous demanderai compte de tous les crimes que vous avez commis.» Deux hommes font-ils route ensemble sans s'être d'abord rencontrés? Le lion rugit-il dans les bois s'il n'a pas trouvé une proie? Et gronde-t-il dans sa tanière s'il n'a rien attrapé? L'oiseau tombe-t-il dans un piège sans un appât qui l'y attire? Un filet se referme-t-il sans avoir fait de prise? Sonne-t-on du cor d'alarme dans une ville sans inquiéter tout le monde? Arrive-t-il un malheur dans une ville sans que le Seigneur en soit l'auteur? A vrai dire, le Seigneur Dieu ne fait rien sans révéler ses intentions à ses serviteurs, les prophètes. Quand le lion a rugi, qui peut s'empêcher d'avoir peur? Quand le Seigneur Dieu a parlé qui ose alors ne pas transmettre son message? Sur les toits des belles maisons d'Asdod et des belles maisons d'Égypte, qu'on lance cet appel: «Rassemblez-vous sur les hauteurs autour de Samarie, pour constater les nombreux désordres et l'oppression qui y sévissent.» Le Seigneur dit en effet: «Les gens de Samarie ne savent pas ce qu'est une action honnête. Ils entassent dans leurs belles maisons tout ce que leur rapportent la violence et le pillage.» C'est pourquoi, Samarie, voici ce que le Seigneur Dieu déclare: «L'ennemi encerclera le pays, il abattra tes fortifications, il pillera tes belles maisons.» Voici ce que déclare le Seigneur: «Quand le lion a pris un mouton, le berger lui en arrache deux pattes ou un bout d'oreille. Ainsi en sera-t-il pour les Israélites qui vivent à Samarie, au creux d'un divan ou sur les coussins d'un lit: on n'en sauvera que des débris.» «Écoutez, dit le Seigneur Dieu, le Dieu de l'univers, et transmettez cet avertissement aux descendants de Jacob: Le jour où j'interviendrai pour punir les crimes d'Israël, j'interviendrai contre les autels qui se trouvent à Béthel. Leurs angles seront cassés et tomberont à terre. J'abattrai les maisons d'hiver aussi bien que les maisons d'été. Finies, les résidences décorées d'ivoire! En ruine, ces vastes logements!» dit le Seigneur. Vous, les dames de Samarie, florissantes comme les vaches du Bachan, écoutez ce que j'ai à dire: vous violez le droit des faibles, vous maltraitez les pauvres, et vous dites à vos maris: «Apporte donc à boire, et buvons.» Eh bien, le Seigneur Dieu l'a juré «Aussi vrai que je suis l'unique vrai Dieu, voici venir le jour où l'on vous traînera, jusqu'aux dernières, comme des poissons pris à l'hameçon. Vous devrez quitter la ville par les brèches de la muraille, chacune droit devant soi, et vous serez jetées vers le nord », dit le Seigneur. «Gens d'Israël, fréquentez le temple de Béthel tout en vous révoltant contre moi, ou celui du Guilgal tout en multipliant vos révoltes. Le lendemain de votre arrivée présentez vos sacrifices, et le surlendemain offrez vos dons en nature. Faites brûler sur l'autel du pain levé pour vos sacrifices de louange. Annoncez à grands cris les dons volontaires que vous m'offrez, puisque c'est cela que vous aimez, gens d'Israël», dit le Seigneur Dieu. «Moi, dans toutes vos villes, je vous ai laissés le ventre creux; dans toutes vos localités j'ai fait manquer le pain, mais vous n'êtes pas revenus à moi, dit le Seigneur. «Je vous ai privés de pluie jusqu'à trois mois de la moisson. J'ai fait tomber la pluie sur telle ville et non sur telle autre. Tel champ a reçu l'averse, et tel autre s'est desséché, faute de recevoir de l'eau. De deux ou trois villes on se traînait vers une autre pour obtenir de l'eau à boire, sans pourtant en trouver assez. Mais vous n'êtes pas revenus à moi, dit le Seigneur. «J'ai frappé de maladie vos céréales, les faisant sécher ou pourrir sur pied. Les sauterelles ont dévoré tous vos jardins et vos vignes; ainsi que vos figuiers et vos oliviers, mais vous n'êtes pas revenus à moi, dit le Seigneur. J'ai envoyé contre vous la peste du bétail comme jadis en Égypte. J'ai laissé l'ennemi massacrer vos jeunes gens et capturer vos chevaux. Dans vos camps la puanteur des cadavres est montée jusqu'à vos narines, mais vous n'êtes pas revenus à moi, dit le Seigneur. «J'ai tout bouleversé chez vous, comme jadis à Sodome et Gomorrhe. Vous l'avez échappé belle comme un tison tiré du feu, mais vous n'êtes pas revenus à moi, dit le Seigneur. «C'est pourquoi, Israël, tu vas voir comment je te traite. Tiens-toi donc prêt à comparaître devant moi, ton Dieu.» Oui, c'est lui qui a fait les montagnes, il a créé le vent, il révèle aux humains ses projets. Il change la nuit en aurore. Il marche sur les plus hauts sommets. Son nom: le Seigneur, Dieu de l'univers. Gens d'Israël, écoutez ce que j'ai à dire: c'est un chant de deuil, que j'entonne à votre sujet. Comme une jeune fille morte Israël est à terre, elle ne se relèvera plus. La voilà abandonnée sur son propre sol: personne pour la relever! Car voici ce que le Seigneur Dieu déclare au sujet de la nation d'Israël: «Sur mille hommes d'une ville qui partent pour la guerre, il n'en restera que cent. Sur cent hommes d'un village, il n'en restera que dix.» Voici ce que déclare le Seigneur à la nation d'Israël: «Si vous voulez rester en vie, c'est moi que vous devez consulter. Mais ne me consultez pas au temple de Béthel, n'entrez pas non plus au sanctuaire du Guilgal, ne faites pas de pèlerinage au lieu saint de Berchéba. Car je dis du Guilgal: “Qu'il galope vers l'exil!” et de Béthel, la maison de Dieu, “Qu'elle devienne un enfer!” » Si vous voulez rester en vie, c'est le Seigneur qu'il vous faut consulter. Sinon, descendants de Joseph, il jaillira comme un feu, qui consumera tout à Béthel, sans que personne puisse l'éteindre. Hélas, on donne au droit un goût amer, on jette la justice à terre! Il a fait les constellations, les Pléiades et Orion. Il change l'obscurité en lumière du matin; il obscurcit le jour pour faire venir la nuit. Il convoque les eaux de la mer et les répand sur la terre. Son nom: le Seigneur. Il fait luire sur l'homme fort l'éclair de la destruction, et la ruine survient dans la ville fortifiée. Au tribunal on est plein de haine pour celui qui rappelle le droit, et on a en horreur le témoin qui dit la vérité. «Vous exploitez le faible, vous prélevez du blé sur sa récolte. C'est pourquoi vous ne profiterez pas des belles maisons que vous avez bâties, et vous ne goûterez pas le vin des vignes de choix que vous avez plantées. Mais je n'ignore rien de tous vos crimes, je connais la gravité de vos fautes: vous êtes l'ennemi de l'innocent, vous vous laissez acheter. Au tribunal vous empêchez qu'on fasse justice aux pauvres.» Ce temps est un temps de malheur, c'est pourquoi l'homme averti préfère garder le silence. Cherchez donc ce qui est bien et non pas ce qui est mal. Ainsi vous resterez en vie, et le Seigneur, le Dieu de l'univers, sera vraiment avec vous, comme vous le prétendez. Détestez ce qui est mal, aimez ce qui est bien. Au tribunal rétablissez le droit. Alors le Seigneur, le Dieu de l'univers, se montrera peut-être bienveillant pour les derniers descendants de Joseph. Voici donc ce que déclare le Seigneur, le Dieu souverain de l'univers: «Sur toutes les places publiques on entendra des lamentations. Dans toutes les rues les gens s'écrieront: “Quel malheur! Quel malheur!” On convoquera pour le deuil les ouvriers de la ferme, et pour les chants mortuaires les pleureurs professionnels. Dans toutes les vignes il y aura des lamentations quand je passerai parmi vous», dit le Seigneur. Quel malheur de voir ceux qui attendent le jour où le Seigneur interviendra! Que vous apportera-t-il, ce jour du Seigneur? Un bonheur lumineux? – Non, ce sera un jour noir, comme pour un homme qui fuit devant un lion et tombe sur un ours. Il entre à la maison, appuie la main au mur, et se fait mordre par un serpent! – Lumineux, le jour du Seigneur? – Non, ce sera un jour noir, un jour d'obscurité, sans la moindre lumière! «Je déteste vos pèlerinages, je ne veux plus les voir, dit le Seigneur. Je ne peux plus sentir vos cérémonies religieuses, ni les sacrifices complets que vous venez me présenter. Je n'éprouve aucun plaisir à vos offrandes de grains. Je ne regarde même pas les veaux gras que vous m'offrez en sacrifice de communion. Cessez de brailler vos cantiques à mes oreilles; je ne veux plus entendre le son de vos harpes. Laissez plutôt libre cours au droit. Que la justice puisse couler comme un torrent intarissable! «Pendant les quarante ans que vous avez passés au désert, m'avez-vous présenté des sacrifices et des offrandes, gens d'Israël? Et portiez-vous alors, comme vous le faites aujourd'hui, les symboles de votre dieu-roi Sakouth et de votre dieu-étoile Kéwan, ces objets que vous vous êtes fabriqués? Vous savez bien que non! C'est pourquoi je vous déporterai bien au-delà de Damas», déclare le Seigneur. Son nom: Dieu de l'univers. Hélas pour vous qui vivez tranquilles à Sion, et pour vous qui habitez sans soucis sur la colline de Samarie! Vous êtes, paraît-il, l'élite de la première des nations. Et dire que les Israélites se tournent vers des gens comme vous! Rendez-vous plutôt à Kalné pour voir ce qui s'est passé. Ensuite allez de là jusqu'à Hamath, la grande ville. Puis descendez à Gath chez les Philistins. Vous le constaterez: vous ne valez pas mieux que ces royaumes-là, même si leur territoire est plus petit que le vôtre. Vous cherchez à reculer le jour du malheur. En réalité vous rapprochez le règne de la violence. Vous êtes allongés sur des lits décorés d'ivoire, étendus sur vos divans pour déguster de l'agneau et manger du veau gras. Vous chantez à tue-tête au son de la harpe. Pour imiter David, vous créez de nouveaux instruments de musique. Vous buvez le vin dans de larges coupes, et vous vous parfumez aux huiles les plus fines. Mais vous ne vous affligez pas du désastre qui menace les tribus de Joseph. C'est pourquoi j'annonce maintenant que vous serez au premier rang de ceux que l'on déportera. Finie, la fête pour les fainéants! Le Seigneur, le Dieu de l'univers, a fait le serment que voici: «Aussi vrai que je suis Dieu, dis-je, l'orgueil du royaume d'Israël me répugne profondément. Je déteste ses belles maisons. Je livrerai à ses ennemis tout ce qu'il y a dans Samarie.» S'il reste dix hommes dans une famille, ils mourront. Alors un proche parent des morts emportera les cadavres hors de la maison. S'il se trouve un survivant dans la dernière pièce de la maison, cet homme lui demandera: «Y a-t-il encore quelqu'un avec toi?» – «Non, personne», répondra l'autre, qui ajoutera: «Chut! Ce n'est pas le moment de prononcer le nom du Seigneur.» Prenez garde, en effet: le Seigneur n'a qu'un ordre à donner, la grande maison tombe en ruine, et la petite se fissure. Est-ce que les chevaux courent sur les rochers? Est-ce qu'on y laboure avec des bœufs? Pourquoi donc avez-vous changé le droit en poison et une conduite juste en quelque chose d'amer? Vous fêtez votre victoire de Lo-Dabar, la Dérisoire; vous dites: «Nous sommes assez forts pour avoir repris Carnaïm, la Double Corne.» Mais moi, dit le Seigneur, le Dieu de l'univers, je vais dresser contre vous, royaume d'Israël, une nation qui vous fera sentir son pouvoir de Lebo-Hamath, au nord, jusqu'au torrent de la Araba, au sud. Voici ce que le Seigneur Dieu me montra dans une vision: il produisait un nuage de sauterelles, au moment même où l'herbe commençait à repousser, après la première coupe, celle qui est réservée au roi. Quand les sauterelles eurent dévoré presque toute la végétation du pays, je dis: «Je t'en prie, Seigneur Dieu, pardonne à ton peuple. Sinon comment pourra-t-il subsister, lui qui est si petit?» Et le Seigneur changea d'avis: «Cela n'arrivera pas», dit-il. Le Seigneur Dieu me montra autre chose: il faisait appel au feu pour exercer son jugement; la chaleur tarissait les eaux souterraines et consumait le territoire d'Israël. Je dis alors: «Seigneur Dieu, arrête, je t'en prie. Sinon comment ton peuple pourra-t-il subsister, lui qui est si petit?» Et le Seigneur changea d'avis: «Cela n'arrivera pas non plus», dit-il. Le Seigneur me fit voir encore ceci: il était lui-même debout près d'une muraille verticale et tenait à la main un fil à plomb. Il me posa cette question: «Que vois-tu, Amos?» – «Un fil à plomb», répondis-je. Le Seigneur reprit: «Eh bien, je vérifie si Israël, mon peuple, est d'aplomb, car je ne l'épargnerai plus. Je dévasterai les lieux sacrés des descendants d'Isaac. Je ruinerai les sanctuaires d'Israël, et je m'attaquerai par la guerre à la dynastie de Jéroboam.» Amassia, le prêtre de Béthel, fit parvenir ce message à Jéroboam, roi d'Israël: «Amos cherche à renverser ton pouvoir dans le royaume d'Israël. Le pays ne peut tolérer davantage ses discours. Voici en effet ce que déclare Amos: “Jéroboam mourra de mort violente, et la population d'Israël sera déportée loin de sa patrie.” » Amassia dit alors à Amos: «Visionnaire, décampe d'ici et rentre au pays de Juda. Là-bas tu pourras gagner ton pain en faisant le prophète. Mais cesse de jouer au prophète ici, à Béthel, car c'est un sanctuaire royal, un temple officiel.» Amos répondit à Amassia: «Je ne suis ni prophète de métier ni membre d'une confrérie prophétique. Je gagne habituellement ma vie en élevant du bétail et en incisant les fruits du sycomore. Seulement le Seigneur m'a pris derrière mon troupeau, et il m'a dit d'aller parler de sa part à Israël, son peuple. Or toi, Amassia, tu m'interdis d'apporter le message de Dieu au sujet d'Israël, de débiter mes discours, comme tu dis, contre les descendants d'Isaac. Eh bien, écoute donc ce message du Seigneur: Voici ce qu'il déclare: “Ta femme sera réduite à se prostituer dans la ville, tes fils et tes filles seront massacrés. Ta propriété sera partagée au cordeau. Toi-même tu mourras en pays païen, et la population d'Israël sera déportée loin de sa patrie.” » Le Seigneur Dieu me fit voir encore une corbeille de fruits mûrs. Il me posa cette question: «Que vois-tu, Amos?» – «Une corbeille de fruits mûrs», répondis-je. Alors le Seigneur me déclara: «Mon peuple d'Israël est mûr pour sa fin. Je ne l'épargnerai plus. Je le dis, moi le Seigneur Dieu: ce jour-là, les chants du palais royal deviendront des complaintes. Il y aura des tas de cadavres, on en jettera partout. Chut!» Écoutez donc ceci, vous qui piétinez les malheureux, vous qui éliminez les humbles du pays: Vous dites: «Vivement que finissent les fêtes de nouvelle lune, pour que nous puissions nous remettre à vendre notre blé! Vivement la fin du sabbat, pour rouvrir nos greniers!» Vous diminuez la mesure, vous falsifiez les poids, vous faussez la balance. Vous vendez à vos clients jusqu'aux déchets de votre blé. Vous récupérez comme esclaves des malheureux pour un peu d'argent qu'ils n'ont pu rembourser, des pauvres pour une paire de sandales. Le Seigneur a fait ce serment: «Par le pays dont Israël est si fier, jamais je n'oublierai vos façons d'agir!» C'est pourquoi le pays tremblera, tous les habitants prendront le deuil. Il se soulèvera tout entier, puis il s'affaissera comme le Nil en crue. «Ce jour-là, dit le Seigneur Dieu, je ferai coucher le soleil en plein midi; en plein jour le pays sera plongé dans l'ombre. Je changerai vos fêtes en deuil et tous vos chants en lamentations. Tout le monde portera l'étoffe de deuil autour des reins, toutes les têtes seront rasées, comme à la mort d'un fils unique. Et tout cela finira comme un jour plein d'amertume. Le jour vient, dit le Seigneur, où j'enverrai la faim dans le pays. Les gens auront faim, mais non de pain; ils auront soif, mais non pas d'eau. Ils auront faim et soif d'entendre ce que je dis. Ils erreront en vagabonds du sud du pays vers l'ouest, puis du nord vers l'est, pour chercher à entendre la parole du Seigneur, mais ils ne la trouveront pas. «Ce jour-là la soif fera défaillir les jolies filles et les garçons. Et tous ceux qui prêtent serment par le faux dieu de Samarie, ceux qui jurent en disant: “Par ton dieu vivant, Dan…!” ou “Par le chemin sacré qui mène à Berchéba …!” tous ceux-là tomberont pour ne plus se relever.» Je vis le Seigneur debout sur l'autel. Il disait: «Qu'on abatte le chapiteau des colonnes, et que les pivots des colonnes en soient ébranlés! Qu'on les brise sur leur tête à tous, et s'il en reste encore, je les ferai massacrer. Personne ne pourra s'enfuir, il n'y aura pas de rescapé. S'ils parviennent au monde des morts, j'irai jusque-là pour m'emparer d'eux. S'ils vont se réfugier au ciel, je les en ferai redescendre. S'ils vont se cacher en haut du mont Carmel, je les découvrirai et les y saisirai. S'ils pensent échapper à ma vue en plongeant au fond des mers, j'ordonnerai au serpent marin d'y aller pour les mordre. S'ils partent chez leurs ennemis comme prisonniers de guerre, j'ordonnerai qu'on les y massacre. J'aurai l'œil sur eux, non pour leur faire du bien, mais pour leur faire du mal.» Le Seigneur, le Dieu de l'univers, met le doigt sur la terre, et la voilà qui tremble, tous ses habitants prennent le deuil. Elle se soulève tout entière, puis elle s'affaisse, comme le Nil en crue. Il construit sa haute résidence au ciel, dont la voûte s'appuie sur la terre. Il convoque les eaux de la mer et les répand sur la terre. Son nom: le Seigneur. «Gens d'Israël, dit le Seigneur, avez-vous plus de prix pour moi que les gens d'Éthiopie? Je vous ai fait partir d'Égypte, mais j'ai fait partir aussi les Philistins de Kaftor et les Syriens de Quir! Ne le savez-vous pas?» Le Seigneur Dieu a l'œil fixé sur la dynastie coupable des rois d'Israël. «Je vais la supprimer, dit-il, de la surface du sol. Mais il n'est pas certain que je supprimerai aussi les descendants de Jacob. Pour l'instant, je donne l'ordre qu'on secoue la nation d'Israël parmi les autres nations, comme on secoue un crible sans qu'une pierre tombe à terre. La mort violente atteindra tous les coupables de mon peuple, tous ceux qui disent au prophète: “Non, tu ne provoqueras pas le malheur dont tu nous menaces!” » «Une hutte effondrée: c'est la cité de David. Un jour, dit le Seigneur, je la remettrai en état, je réparerai ses brèches, je redresserai ses ruines. Je la reconstruirai comme elle était autrefois. Alors le peuple d'Israël pourra reconquérir les anciens territoires d'Édom et des autres nations, ceux qui m'ont appartenu. C'est moi, le Seigneur, qui le dis et qui le réaliserai.» «Le jour vient, dit encore le Seigneur, où l'on pourra labourer peu après avoir moissonné, et où l'on foulera les raisins peu après avoir semé le blé. Alors le vin nouveau ruissellera sur les coteaux, et toutes les collines en seront inondées. Je rétablirai mon peuple, Israël: ils reconstruiront les villes dévastées et les repeupleront. Ils planteront des vignes, dont ils boiront le vin. Ils cultiveront des jardins dont ils mangeront les produits. Je replanterai mon peuple sur le sol qui est le sien. Ils ne seront plus chassés du sol que je leur aurai rendu. Voilà ce que j'annonce, moi, le Seigneur votre Dieu.» Voici ce que le Seigneur Dieu a révélé à Abdias, ce qu'il lui a déclaré contre le peuple d'Édom. Le Seigneur nous a fait entendre ce message, qu'un envoyé apporte aux nations: «Debout, allons à l'attaque d'Édom!» «Édom, dit le Seigneur, je vais faire de toi le plus faible des peuples. Tout le monde te méprisera. Ton immense orgueil t'égare! Tu es installé dans les trous de rochers, aux endroits les plus élevés, et tu te dis: “Qui pourrait m'en déloger?” Même si tu te perchais aussi haut que l'aigle et plaçais ton nid parmi les étoiles, je t'en ferais descendre. C'est moi, le Seigneur, qui l'affirme. Si des voleurs ou des pillards viennent chez toi pendant la nuit, ils prendront tout ce qu'ils peuvent emporter et tu seras complètement ruiné! Si des vendangeurs pénètrent dans ta vigne, ils laisseront seulement quelques grappes. Ainsi, chez vous, descendants d'Ésaü, tout est mis à sac, même vos richesses cachées sont découvertes. On vous chasse de votre territoire, tous vos alliés vous trahissent: ceux qui étaient vos amis vous réduisent en leur pouvoir, vos anciens compagnons de table mettent des pièges sous vos pas. “Ils n'ont plus de bon sens!” dit-on de vous. En effet, je l'affirme, moi, le Seigneur, au jour de ma colère, j'exterminerai les sages du pays d'Édom, je ne laisserai sur ses montagnes aucun homme intelligent. Tes guerriers seront pris d'une telle panique, ville de Téman, que tous les habitants du pays seront tués.» «Vous avez dépouillé et tué vos frères, les descendants de Jacob. Eh bien, vous serez couverts de honte et exterminés pour toujours! Vous vous teniez à l'écart quand des ennemis mettaient leur armée hors de combat et pénétraient dans leur ville. Et lorsque ces étrangers ont tiré au sort les richesses de Jérusalem, vous aussi, vous avez agi comme eux. Édom, tu n'aurais pas dû regarder avec plaisir tes frères de Juda au moment de leur malheur; il ne fallait pas te réjouir au moment de leur ruine, ni avoir l'insulte à la bouche au moment de la détresse. Tu n'aurais pas dû pénétrer dans la ville de mon peuple au moment de son pillage. Il ne fallait pas contempler sa ruine, ni t'emparer de sa richesse au moment du pillage. Tu n'aurais pas dû te poster aux carrefours pour tuer les rescapés qui s'enfuyaient, ou les livrer à l'ennemi, en ce temps de malheur. Car il est proche, le jour où le Seigneur jugera tous les peuples. Alors on te traitera comme tu as traité les autres. Le mal que tu as commis se retournera contre toi.» «Vous, les Israélites, vous avez déjà bu la coupe de ma colère sur la montagne qui m'est consacrée. Eh bien, les autres peuples n'en finiront pas de la boire, ils la boiront jusqu'à l'ivresse, puis ils disparaîtront complètement. Alors sur le mont Sion, qui m'appartiendra de nouveau tout à fait, des rescapés trouveront asile. Les descendants de Jacob reprendront leur pays à ceux qui le leur avaient pris. Les descendants de Jacob et de Joseph seront comme du feu, et les descendants d'Ésaü comme de la paille, qu'ils détruiront complètement, sans laisser de survivant. C'est moi, le Seigneur, qui l'affirme.» Les gens de Juda s'empareront des montagnes d'Édom, au sud; ils occuperont également le Bas -Pays, contrée des Philistins, et la Samarie, territoire des descendants d'Éfraïm. Les descendants de Benjamin s'empareront de Galaad. Les exilés d'Israël du Nord, une véritable armée, conquerront la Phénicie jusqu'à Sarepta. Les exilés de Jérusalem, qui se trouvent à Sefarad, occuperont les villes du sud. Victorieux, ils graviront le mont Sion, et de là, ils établiront leur domination sur Édom. Le Seigneur sera roi! Un jour, le Seigneur donna cet ordre à Jonas, fils d'Amittaï: «Debout, pars pour Ninive, la grande ville. Prononce des menaces contre elle, car j'en ai assez de voir la méchanceté de ses habitants.» Mais Jonas décida de fuir à Tarsis, loin du Seigneur. Il se rendit à Jaffa, où il trouva un navire prêt à partir pour Tarsis. Il paya sa place et embarqua avec l'équipage pour aller à Tarsis, loin du Seigneur. Le Seigneur déchaîna un vent violent sur la mer. Il y eut une telle tempête que le navire semblait prêt à se briser. Les marins eurent très peur, chacun appela son propre dieu à grands cris. Puis ils jetèrent le chargement à la mer pour alléger le navire. Jonas, lui, était descendu au fond du bateau, il s'était couché et dormait profondément. Le capitaine du navire s'approcha de lui et l'interpella ainsi: «Que fais-tu là? tu dors? Lève-toi donc, appelle ton dieu au secours! Il se souciera peut-être de nous, lui, et ne nous laissera pas mourir.» Les marins se dirent entre eux: «Tirons au sort pour connaître le responsable du malheur qui nous arrive.» Ils tirèrent au sort et le sort tomba sur Jonas. Ils lui dirent alors: «Tu es responsable de notre malheur. Explique-nous donc ce que tu fais ici. D'où es-tu? de quel pays? de quel peuple?» Jonas leur répondit: «Je suis hébreu et j'adore le Seigneur, le Dieu qui est au ciel et qui a créé les mers et les continents.» Puis il leur raconta son histoire. Les marins furent saisis d'une grande crainte en apprenant qu'il s'enfuyait loin du Seigneur. «Pourquoi as-tu agi ainsi? lui demandèrent-ils. Que devons-nous faire de toi pour que la mer s'apaise autour de nous?» La mer était en effet de plus en plus démontée. Il leur répondit: «Prenez-moi, jetez-moi par-dessus bord et la mer s'apaisera. Je le reconnais, c'est par ma faute que vous subissez cette grande tempête.» Les marins se mirent à ramer pour essayer de gagner la terre ferme; mais ils ne réussirent pas, car la mer se déchaînait encore plus. Alors ils appelèrent le Seigneur au secours: «Ah, Seigneur, ne nous laisse pas perdre la vie à cause de cet homme. Ne nous rends pas non plus responsables de la mort de quelqu'un qui ne nous a rien fait. Car c'est toi, Seigneur, qui as agi comme tu l'as voulu.» Puis ils prirent Jonas, le jetèrent par-dessus bord, et la tempête cessa de faire rage. Alors ils furent remplis de crainte à l'égard du Seigneur; ils lui offrirent un sacrifice et lui firent des promesses solennelles. Le Seigneur envoya un grand poisson qui avala Jonas. Durant trois jours et trois nuits, Jonas demeura dans le ventre du poisson. De là, il adressa cette prière au Seigneur, son Dieu: Quand j'étais dans la détresse j'ai crié vers toi, Seigneur, et tu m'as répondu; du gouffre de la mort j'ai appelé au secours et tu m'as entendu. Tu m'avais jeté dans la mer, au plus profond de l'eau. Les flots m'encerclaient, tu faisais déferler sur moi vagues après vagues. Déjà, je me disais: «Me voilà chassé loin de toi, Seigneur, pourtant j'aimerais revoir ton saint temple.» L'eau m'arrivait à la gorge. La mer me submergeait, des algues s'enroulaient autour de ma tête. J'étais descendu à la base des montagnes, le monde des morts fermait pour toujours ses verrous sur moi, mais toi, Seigneur mon Dieu, tu m'as fait remonter vivant du gouffre. Au moment où la vie me quittait, j'ai pensé à toi, Seigneur, et ma prière est parvenue jusqu'à toi, à ton saint temple. Ceux qui rendent un culte aux faux dieux perdent toute chance de salut. Mais moi, je chanterai ma reconnaissance, je t'offrirai un sacrifice, je tiendrai les promesses que je t'ai faites. Oui, c'est toi, Seigneur, qui me sauves! Sur un ordre du Seigneur, le poisson rejeta Jonas sur la terre ferme. Une deuxième fois, le Seigneur donna cet ordre à Jonas: «Debout, pars pour Ninive, la grande ville, et fais-y entendre le message dont je te charge.» Cette fois-ci, Jonas obéit à l'ordre du Seigneur et se mit en route pour Ninive. C'était une ville prodigieusement grande, il fallait trois jours pour la traverser. Jonas y fit une première journée de marche en proclamant: «Dans quarante jours, Ninive sera détruite.» Les habitants de la ville prirent au sérieux la parole de Dieu. Ils décidèrent de jeûner et chacun, du plus riche au plus pauvre, revêtit des étoffes de deuil. Quand le roi de Ninive fut informé de ce qui se passait, il descendit de son trône, ôta son habit royal, se couvrit d'une étoffe de deuil et s'assit sur de la cendre. Puis il fit proclamer dans la ville ce décret: «Par ordre du roi et de ses ministres, il est interdit aux hommes et au gros et petit bétail de manger quoi que ce soit et de boire. Hommes et bêtes doivent être couverts d'étoffes de deuil. Que chacun appelle Dieu au secours de toutes ses forces, que chacun renonce à ses mauvaises actions et à la violence qui colle à ses mains. Peut-être qu'ainsi Dieu reviendra sur sa décision, renoncera à sa grande colère et ne nous fera pas mourir.» Dieu vit comment les Ninivites réagissaient: il constata qu'ils renonçaient à leurs mauvaises actions. Il revint alors sur sa décision et n'accomplit pas le malheur dont il les avait menacés. Jonas prit fort mal la chose et se mit en colère. Il adressa cette prière au Seigneur: «Ah, Seigneur, voilà bien ce que je craignais lorsque j'étais encore dans mon pays et c'est pourquoi je me suis dépêché de fuir vers Tarsis. Je savais que tu es un Dieu bienveillant et compatissant, patient et d'une immense bonté, toujours prêt à revenir sur tes menaces. Eh bien, Seigneur, laisse-moi mourir, car je préfère la mort à la vie.» – «As-tu raison d'être en colère?» lui demanda le Seigneur. Jonas sortit de la ville et s'arrêta à l'est de Ninive. Là, il se fit une cabane à l'abri de laquelle il s'assit. Il attendait de voir ce qui allait se passer dans la ville. Le Seigneur Dieu fit pousser une plante, plus haute que Jonas, pour lui donner de l'ombre et le guérir de sa mauvaise humeur. Jonas en éprouva une grande joie. Mais le lendemain, au lever du jour, Dieu envoya un ver s'attaquer à la plante et elle sécha. Puis, quand le soleil parut, Dieu fit souffler de l'est un vent brûlant. Le soleil tapa sur la tête de Jonas qui faillit s'évanouir. Il souhaita la mort en disant: «Je préfère la mort à la vie.» Dieu lui demanda: «As-tu raison d'être en colère au sujet de cette plante?» Jonas répondit: «Oui, j'ai de bonnes raisons d'être en colère au point de désirer la mort.» Alors le Seigneur reprit: «Écoute, cette plante ne t'a donné aucun travail, ce n'est pas toi qui l'as fait pousser. Elle a grandi en une nuit et a disparu la nuit suivante. Pourtant tu en as pitié. Et tu voudrais que moi, je n'aie pas pitié de Ninive, la grande ville, où il y a plus de cent vingt mille êtres humains qui ignorent ce qui est bon pour eux, ainsi qu'un grand nombre d'animaux?» Paroles que le Seigneur a communiquées à Michée de Morécheth, à l'époque des rois Yotam, Ahaz et Ézékias de Juda. Voici ce qu'il lui révéla au sujet des villes de Samarie et de Jérusalem. Vous, tous les peuples, écoutez. Que la terre et ceux qui y vivent prêtent attention! Le Seigneur Dieu va venir vous accuser depuis sa demeure sainte. Oui, le Seigneur sort du lieu où il habite, il descend et marche sur les sommets de la terre. Sous ses pas, les montagnes s'affaissent et les vallées se disloquent, comme la cire fond au feu et comme l'eau dévale une pente. La révolte des descendants de Jacob, les infidélités du royaume d'Israël en sont la cause. Qui entraîne Israël dans la révolte? N'est-ce pas Samarie? Qui entraîne Juda dans l'idolâtrie? N'est-ce pas Jérusalem? «A cause de cela, dit le Seigneur, je transformerai Samarie en champ de décombres, en terrain où l'on plantera de la vigne; j'enverrai rouler ses pierres au fond de la vallée, je ferai apparaître ses fondations. Toutes ses idoles seront brisées, et les cadeaux qu'elle a reçus seront jetés aux flammes; je ferai mettre en pièces les statues de ses dieux, car elle a rassemblé tous ces objets avec le salaire de ses prostitutions, et ils serviront à leur tour à payer d'autres prostitutions.» Moi, Michée, je vais me lamenter et gémir, je marcherai pieds nus et à peine vêtu. Comme les chacals, je pousserai des cris. Comme les autruches, je laisserai échapper ma plainte. Les coups portés à Samarie sont mortels. Ils atteignent même le pays de Juda et les portes de Jérusalem, où habite mon peuple. Dans la ville de Gath, n'annoncez pas cette nouvelle, retenez vos larmes. A Beth-Léafra, roulez-vous dans la poussière en signe de deuil. Habitants de Chafir, prenez la route de l'exil, honteux et nus. La population de Saanan n'ose pas sortir de la ville. On se lamente dans la ville de Beth-Essel, on ne sait plus où se tenir. Les habitants de Maroth tremblent pour leur bien-être. En effet le malheur que le Seigneur envoie atteint les portes de Jérusalem. Habitants de Lakich, attelez vos chevaux. Vous avez imité les infidélités d'Israël et entraîné ainsi Jérusalem dans la révolte. C'est pourquoi vous devrez vous séparer des habitants de Morécheth-Gath. Quant à la ville d'Akzib, elle ne sera qu'un espoir trompeur pour les rois du peuple d'Israël. Habitants de Marécha, le Seigneur vous livrera, vous aussi, à un conquérant. Les glorieux chefs d'Israël iront se réfugier dans la caverne d'Adoullam. Arrachez-vous les cheveux, rasez-vous le crâne, habitants de Jérusalem, que votre tête devienne chauve comme celle du vautour, pleurez vos enfants bien-aimés: on va les emmener en exil loin de vous. Malheureux ceux qui, pendant la nuit, projettent et préparent des mauvais coups, et, dès l'aurore, les réalisent, quand ils en ont les moyens. S'ils veulent des champs, ils les prennent; s'ils convoitent des maisons, ils s'en emparent; ils oppriment des hommes et leurs familles, en s'appropriant les biens qui leur appartiennent. C'est pourquoi le Seigneur déclare: «Je prépare un malheur contre les gens de votre sorte; vous ne pourrez pas y échapper, vous ne marcherez plus la tête haute, car le temps qui vient est un temps de malheur.» A ce moment-là on dira ce couplet, on chantera cette complainte à cause de vous: «Nous voilà complètement ruinés, notre peuple est privé de ses terres, et celles-ci seront partagées entre nos adversaires. Pourquoi nous dépouille-t-on?» Eh bien, aucun de vous ne recevra une part des terres que le peuple du Seigneur redistribuera. Certains me tiennent ce discours: «Cesse de débiter de tels discours, il est insensé d'affirmer que le déshonneur est inévitable. Le peuple d'Israël est-il maudit? Le Seigneur a-t-il perdu patience? A-t-il l'habitude d'agir ainsi?» Quant à moi, j'ai des paroles agréables pour ceux qui agissent avec droiture. Mais à vous, il est dit: «Vous vous dressez en ennemis de mon peuple. Vous arrachez le vêtement de dessus aux hommes qui reviennent du combat et avancent avec confiance. Les femmes de mon peuple, vous les expulsez des maisons qu'elles aiment, vous enlevez pour toujours à leurs enfants l'honneur que je leur ai donné. Debout! Partez! Finie votre tranquillité! A cause de vos infidélités, de cruelles souffrances vous attendent.» Et il faudrait venir à vous en tenant des propos en l'air et en débitant ce mensonge: «Du vin et des boissons enivrantes, vous en aurez!» Mais il y en a qui tiennent au peuple ces propos insensés: «Je vais vous rassembler tous, descendants de Jacob, je vais vous réunir, survivants d'Israël, dit le Seigneur. Je vous regrouperai comme des moutons dans leur enclos, comme un troupeau dans son pâturage. Vous formerez une foule animée. A votre tête marche celui qui ouvre le chemin; vous êtes libérés, vous forcez un passage et vous sortez. C'est le Seigneur, votre roi, qui passe devant vous et vous conduit.» Or moi je dis: «Écoutez donc, dirigeants des descendants de Jacob, magistrats du peuple d'Israël. Votre rôle n'est-il pas de vous préoccuper du droit? Mais vous détestez ce qui est bien et vous aimez ce qui est mal, vous arrachez aux gens jusqu'à la peau et à la chair qui recouvrent leurs os.» Oui, ils se nourrissent de la chair de mon peuple. Ils lui enlèvent la peau, ils lui brisent les os, ils le découpent en morceaux, comme si c'était de la viande qu'on place dans la marmite. C'est pourquoi, lorsqu'ils supplieront le Seigneur de venir à leur secours, le Seigneur ne leur répondra pas, mais il détournera d'eux son regard à cause du mal qu'ils ont commis. Voici ce que déclare le Seigneur au sujet des prophètes qui trompent mon peuple: «Si on leur met quelque chose sous la dent, ils disent que tout va bien, mais ils partent en guerre contre ceux qui ne leur mettent rien dans la bouche. Eh bien, finies les visions! la nuit tombera sur vous, prophètes. Finies les prédictions! l'obscurité vous entourera, comme après le coucher du soleil, et vous serez dans le noir!» Tous ceux qui prédisent l'avenir vont se couvrir le visage pour cacher leur honte, car Dieu ne leur répond plus. Par contre, moi, je suis plein de force, le Seigneur me donne son Esprit; armé de justice et de courage, je dénonce au peuple d'Israël, aux descendants de Jacob, leur révolte et leur infidélité. Écoutez donc, dirigeants des descendants de Jacob, magistrats du peuple d'Israël. Vous détestez la justice et violez le droit. Vous bâtissez la prospérité de Jérusalem, la ville de Dieu, sur le meurtre et l'oppression. Les magistrats y rendent la justice contre des cadeaux; les prêtres se font payer pour enseigner la loi; les prophètes prédisent l'avenir contre de l'argent. Et cependant ils osent se réclamer du Seigneur: «Le Seigneur est avec nous, disent-ils, le malheur ne nous atteindra pas.» Eh bien, à cause de vous, Sion deviendra un champ labouré, Jérusalem un tas de ruines, et la montagne du temple se couvrira de broussailles. «Mais un jour viendra où la montagne du temple, définitivement la plus haute, se dressera au-dessus des collines. Alors des peuples afflueront vers elle. Beaucoup de nations s'y rendront; “En route! diront-elles, montons à la montagne du Seigneur, à la maison du Dieu de Jacob. Il nous enseignera ce qu'il attend de nous, et nous suivrons le chemin qu'il nous trace.” En effet, c'est de Sion que vient l'enseignement du Seigneur, c'est de Jérusalem que nous parvient sa parole. Il rendra son jugement entre de nombreux peuples, il sera un arbitre pour de puissantes nations, même lointaines. De leurs épées elles forgeront des pioches, et de leurs lances elles feront des faucilles. Il n'y aura plus d'agression d'une nation contre une autre, on ne s'exercera plus à la guerre. Chacun cultivera en paix sa vigne et ses figuiers sans que personne lui cause de l'effroi.» C'est le Seigneur de l'univers lui-même qui parle. Chacun des autres peuples agit pour plaire à ses dieux, alors que nous, nous voulons plaire au Seigneur, notre Dieu pour toujours. «Un jour viendra, affirme le Seigneur, où je recueillerai ceux qui sont blessés, où je ramènerai ceux qui sont en exil, et que j'ai durement traités. Je ferai des blessés un reste qui survivra, de ceux qui sont en exil une nation puissante. Moi, le Seigneur, je régnerai sur eux depuis le mont Sion, à partir de ce moment-là et pour toujours. Et toi, colline de Jérusalem, qui veilles sur le peuple comme une tour de garde, tu vas bientôt retrouver ton autorité d'autrefois. Jérusalem sera de nouveau la capitale du royaume.» Pourquoi poussez-vous ces cris maintenant, peuple de Jérusalem? Pourquoi vous tordez-vous de douleur comme une femme qui accouche? N'avez-vous plus de roi? Vos conseillers sont-ils morts? Tordez-vous de douleur, criez comme une femme qui accouche! Vous allez devoir quitter la ville, camper dans les champs et aller jusqu'à Babylone. Là vous serez délivrés, le Seigneur vous y arrachera au pouvoir de vos ennemis. Maintenant déjà de nombreuses nations s'assemblent contre vous. «Que leur ville soit déshonorée, disent-elles, contemplons la ruine de Jérusalem!» Ces gens ne savent pas ce que le Seigneur a décidé; ils ne comprennent pas son intention: il veut les rassembler comme des gerbes de blé à l'endroit où elles doivent être battues. «Debout! Battez le blé, habitants de Jérusalem! Je vous rendrai aussi forts qu'un bœuf aux cornes de fer et aux sabots de bronze. Vous écraserez des peuples nombreux. Et le riche butin que vous leur prendrez, vous me le réserverez, à moi, le Seigneur, le maître de la terre entière.» Mais, pour l'instant, faites-vous des entailles en signe de deuil, gens de Jérusalem, vous qui rassemblez vos troupes. On est en train de nous assiéger et l'on frappe au visage, à coups de bâton, le chef du peuple d'Israël. «Et toi, Bethléem Éfrata, dit le Seigneur, tu es une localité peu importante parmi celles des familles de Juda. Mais de toi je veux faire sortir celui qui doit gouverner en mon nom le peuple d'Israël, et dont l'origine remonte aux temps les plus anciens.» Le Seigneur va abandonner son peuple en attendant le moment où la femme qui doit être mère aura un fils. Ceux qui auront survécu à l'exil viendront rejoindre alors les autres Israélites. Et lui, le chef promis, conduira fermement le peuple en manifestant la puissance et la présence glorieuse du Seigneur, son Dieu. Les gens de son peuple vivront en sécurité, car on reconnaîtra sa grandeur jusqu'aux extrémités de la terre. C'est lui qui amènera la paix. «Si les Assyriens viennent envahir notre pays et pénètrent dans nos palais, nous enverrons contre eux un grand nombre de chefs. Grâce à leurs armes, ils imposeront leur pouvoir à la terre d'Assyrie, pays de Nemrod.» «C'est le chef promis qui nous délivrera des Assyriens, s'ils franchissent notre frontière et envahissent notre pays.» Les survivants d'Israël, au milieu de peuples nombreux, seront comme la rosée bienfaisante que le Seigneur envoie, comme la pluie qui tombe sur l'herbe sans rien demander aux hommes et sans dépendre d'eux. Les survivants du peuple d'Israël, au milieu de nations en grand nombre, seront forts comme un lion parmi les bêtes de la forêt, ou dans un troupeau de moutons. Partout où il passe, il saisit et déchire sa proie, et personne ne la lui arrache. «Oui, attaque tes ennemis et mets-les tous en pièces!» «Voilà qu'un jour vient, affirme le Seigneur, où j'anéantirai vos chevaux et ferai disparaître vos chars. Je détruirai les villes de votre pays, je démolirai toutes vos fortifications. Je supprimerai vos actes de magie, on ne trouvera plus chez vous aucun astrologue. J'abattrai vos idoles et vos pierres dressées, vous n'adorerez plus des objets que vous avez fabriqués vous-mêmes. J'arracherai vos poteaux sacrés et je détruirai vos villes. Puis ma fureur se déchaînera, j'exercerai ma vengeance contre les nations qui ne m'ont pas obéi.» Écoutez ce que déclare le Seigneur: il m'ordonne de défendre sa cause, d'aller l'exposer à voix haute devant les montagnes et les collines. Écoutez, vous, les montagnes, et vous, les bases inébranlables sur lesquelles la terre repose: le Seigneur accuse son peuple, il demande des comptes aux Israélites. «Mon peuple, leur dit-il, quel mal vous ai-je fait? En quoi vous ai-je fatigués? Répondez-moi! Me reprochez-vous de vous avoir fait sortir d'Égypte, de vous avoir délivrés de l'esclavage et d'avoir envoyé, pour vous guider, Moïse, Aaron et Miriam? Mon peuple, rappelez-vous! Quand Balac, roi de Moab, projetait de vous faire du mal, rappelez-vous ce que lui a répondu Balaam, fils de Béor. Ensuite je vous ai fait passer de Chittim jusqu'au Guilgal. Vous avez pu voir ainsi les bienfaits dont je vous comble, moi, le Seigneur.» «Quelle offrande devons-nous apporter lorsque nous venons adorer le Seigneur, le Dieu très-haut? Faut-il lui offrir en sacrifices complets des veaux d'un an? Le Seigneur désire-t-il des béliers innombrables, des flots intarissables d'huile? Devons-nous lui donner nos enfants premiers-nés pour qu'il pardonne nos révoltes et nos infidélités?» On vous a enseigné la conduite juste que le Seigneur exige des hommes: il vous demande seulement de respecter les droits des autres, d'aimer agir avec bonté et de suivre avec soin le chemin que lui, votre Dieu, vous indique. Le Seigneur s'adresse aux habitants de la ville, et il sauvera ceux qui respectent son autorité. «Écoutez, hommes de la tribu de Juda, vous tous qui êtes assemblés dans la ville! Puis-je supporter que les méchants entassent dans leurs maisons des biens acquis par la fraude, et se servent – ce qui est détestable – de mesures faussées? Puis-je tenir pour innocents ceux qui utilisent des balances fausses et mettent dans leur sac des poids truqués? Les riches de cette ville recourent à la fraude, ses habitants mentent comme ils respirent pour tromper les autres. Eh bien, j'ai commencé à vous porter des coups qui entraîneront votre ruine, à cause de vos péchés. Vous mangerez sans pouvoir vous rassasier, chez vous on criera famine! Ce que vous mettrez de côté ne pourra pas être conservé, et si vous conservez quelque chose, je le ferai détruire par la guerre. Vous sèmerez sans pouvoir récolter. Vous presserez des olives, mais vous n'en utiliserez pas l'huile. Vous foulerez du raisin, mais vous ne boirez pas le vin. Vous suivez le mauvais exemple donné par le roi Omri et par son fils Achab ainsi que par sa famille. Vous êtes fidèles à leurs habitudes! C'est pourquoi je provoquerai la ruine de votre ville, et je ferai de vous, ses habitants, un sujet de moquerie. Vous supporterez la honte qui atteint tout mon peuple.» Hélas! je suis comme un homme qui va cueillir des fruits au moment de la récolte, qui va chercher des grappes après la vendange: il ne trouve rien à manger, aucun raisin, aucune figue tendre dont il avait envie. Dans le pays, il ne reste plus de gens fidèles à Dieu, plus personne n'y est honnête. Tous ne pensent qu'au meurtre, ils se guettent les uns les autres. Ils sont maîtres dans l'art de faire le mal. Les chefs et les juges exigent des cadeaux, les hommes influents disent bien haut leurs désirs, et tous intriguent ensemble. On ne trouve pas plus de bonté en eux que dans un tas d'orties, pas plus d'honnêteté que dans un amas de ronces. Voici qu'arrive le jour de votre châtiment, annoncé par vos sentinelles, les prophètes. Déjà, vous vivez dans l'angoisse! Ne croyez pas vos proches, ne vous fiez pas à vos amis. Gardez-vous d'ouvrir la bouche, même devant votre propre femme. Car le fils insulte le père, la fille s'oppose à sa mère, la belle-fille à sa belle-mère, chacun a pour ennemis les membres de sa propre famille. Mais moi, je me tourne vers le Seigneur, je compte sur le Dieu qui me sauve, mon Dieu entendra mon appel. O vous, nos ennemis, ne riez pas de notre sort! Même si nous sommes tombés, nous nous relèverons! Même si nous sommes dans l'obscurité, le Seigneur est notre lumière! Nous devons supporter la colère du Seigneur, car nous avons péché contre lui. Mais le moment viendra où il défendra notre cause et rétablira nos droits. Il nous ramènera à la lumière, et nous comblera de ses bienfaits. En voyant cela, nos ennemis seront couverts de honte, eux qui nous demandaient: «Que fait donc le Seigneur, votre Dieu?» Ils seront foulés aux pieds comme de la boue dans les rues, et nous verrons ce spectacle! Le jour vient où l'on rebâtira les murs de votre capitale. Ce jour-là, on portera plus loin les limites de votre territoire. Alors vos compatriotes reviendront chez vous, d'Assyrie et d'Égypte, des bords du Nil et de l'Euphrate, du rivage des mers, et des régions de montagnes. Le reste du monde sera transformé en désert à cause de la méchanceté de ceux qui y habitent. Conduis avec ton bâton de berger le peuple qui t'appartient, Seigneur. Il se tient à l'écart sur une terre inculte entourée de vergers. Conduis-le, comme autrefois, dans les pâturages du Bachan et du pays de Galaad. Comme à l'époque où tu nous fis sortir d'Égypte, réalise pour nous des prodiges. Les nations les verront, et seront couvertes de honte malgré toute leur puissance. Dans leur étonnement, elles ne diront plus un mot et feront la sourde oreille. Comme les serpents et tous les reptiles, elles mordront la poussière. Elles sortiront de leurs forteresses pour venir en tremblant vers toi, le Seigneur, notre Dieu; elles redouteront ta puissance. Aucun dieu n'est semblable à toi, Seigneur, tu effaces la faute, tu pardonnes la révolte du reste de ton peuple qui a survécu. Ta colère ne dure pas toujours, car tu prends plaisir à nous manifester ta bonté. Une fois encore tu auras pitié de nous, tu ne tiendras pas compte de nos fautes, tu jetteras nos péchés au fond de la mer. Tu manifesteras ton amour fidèle aux descendants d'Abraham et de Jacob, comme tu l'as promis autrefois à nos ancêtres. Message intitulé Ninive, récit de ce que Dieu a révélé à Nahoum d'Elcoch. Le Seigneur est un Dieu exigeant, il prend sa revanche sur ceux qui s'opposent à lui; sa colère est terrible, il prend sa revanche sur ses ennemis, il leur garde rancune. Le Seigneur est patient, sa puissance est immense, mais il ne tient pas le coupable pour innocent. Une violente tempête surgit lorsqu'il se déplace. Les nuages sont la poussière que soulèvent ses pas. Il menace la mer et la voici à sec, il vide les fleuves de leur eau. Alors les pâturages du Bachan et les pentes du Carmel jaunissent, les fleurs du Liban se flétrissent. Il intervient et les montagnes chancellent, les collines s'effondrent. En sa présence, la terre tremble, la terre entière avec ceux qui l'habitent. Qui donc pourrait résister à sa fureur et survivre au feu de sa colère? Sa colère se propage comme un incendie, même les rochers éclatent devant lui. Le Seigneur est bon, il est un abri au jour de la détresse. Il prend soin de ceux dont il est le refuge, lorsque passe le flot du malheur. Mais il détruit ses ennemis, il les pourchasse jusque dans les ténèbres de la mort. Pour qui prenez-vous le Seigneur? Il réduit vos adversaires au néant, vous ne subirez plus leur oppression! Ils sont pareils à des ronces qui s'enchevêtrent, eux qui boivent jusqu'à en être ivres. Ils brûleront entièrement comme de l'herbe sèche. De toi, Ninive, est sorti un homme aux projets diaboliques, qui complote contre le Seigneur. Le Seigneur déclare aux gens de Juda: «Même si vos ennemis sont nombreux et forts, ils disparaîtront, il n'en restera rien. Je vous ai courbés sous la souffrance, mais je ne recommencerai pas. Maintenant je vous libère du joug ennemi, je brise vos chaînes.» Contre vous, habitants de Ninive, le Seigneur décide ceci: «Vous n'aurez plus de descendants qui porteront votre nom. Dans le temple de vos dieux, j'abattrai vos idoles de bois ou de métal. Je prépare votre tombeau, car à mes yeux, vous ne valez plus rien.» Gens de Juda, voici venir par-dessus les montagnes un porteur de bonne nouvelle: il annonce la paix! Célébrez vos fêtes religieuses, apportez à Dieu ce que vous lui avez promis. L'homme diabolique n'envahira plus votre pays; son pouvoir a été anéanti. On monte à l'assaut contre toi, Ninive. Soldats, gardez les fortifications, surveillez les routes, préparez-vous au combat, rassemblez toutes vos forces. Voici que le Seigneur restaure la grandeur des descendants de Jacob, tout comme celle d'Israël, vigne que des pillards avaient ravagée et saccagée. Les soldats de l'armée ennemie ont des boucliers peints en rouge et portent des costumes écarlates. Lorsqu'ils sont prêts à l'attaque, les chars flamboient comme du feu, les lances s'agitent. Les chars se lancent à l'assaut à travers rues et places comme des bêtes en furie. On dirait des torches enflammées, ils sont aussi rapides que l'éclair. Le roi de Ninive fait appel à ses généraux, mais ils s'avancent en trébuchant. Les assaillants se précipitent vers les remparts, ils se placent derrière un abri. Soudain, les portes qui donnent sur les fleuves sont enfoncées, au palais royal c'est la débandade! On saisit la statue de la déesse, on l'emporte. Les femmes qui en prenaient soin gémissent comme des colombes plaintives; dans leur tristesse, elles se frappent la poitrine. Ninive est comme un réservoir dont toute l'eau s'échappe. «Arrêtez-vous, arrêtez-vous», crie-t-on, mais aucun fuyard ne se retourne. Qu'on rafle l'or et l'argent! Les richesses de la ville sont inépuisables, elle regorge d'objets précieux. Pillage, saccage et ravage! Tous perdent courage; les jambes fléchissent, les corps tremblent et les visages pâlissent. Qu'est devenu le repaire du lion? Les lionceaux y recevaient leur nourriture. Quand le lion partait en chasse, personne n'inquiétait ses petits. Le lion tuait et déchirait ses proies pour la lionne et les lionceaux. Il remplissait ses tanières de la chair déchiquetée de ses victimes. Le Seigneur de l'univers déclare: «Je vais intervenir contre toi, Ninive, je ferai partir en fumée tes chars de guerre, tes lionceaux seront tués au combat. Je mettrai un terme à tes pillages sur la terre, on n'entendra plus les ordres de tes envoyés.» Quel malheur pour la ville criminelle, qui règne par la fraude, s'enrichit par la violence et sans cesse recourt au pillage! Voici qu'on y entend le claquement des fouets, le fracas des roues, le galop des chevaux, et le roulement des chars de guerre. La cavalerie charge, les armes flamboient, les piques lancent des éclairs. Partout il y a des morts, les cadavres s'entassent, on ne peut les compter, on trébuche sur les corps! Ninive, prostituée aux mille débauches, attirait par sa grâce et ensorcelait par sa beauté. Ses débauches et sorcelleries mettaient peuples et nations sur le marché des esclaves. Voilà pourquoi je vais intervenir contre toi, lui affirme le Seigneur de l'univers. Je relèverai ta robe jusqu'à ton visage, je te montrerai nue aux peuples étrangers: ils verront tous ton humiliation. Je vais te traîner dans la boue, te couvrir de honte. Je ferai de toi un exemple: tous ceux qui te verront prendront la fuite. «Ninive est en ruine, s'écrieront-ils, qui aurait pitié d'elle? Où pourrait-on lui trouver du réconfort?» Ninive, vaux-tu mieux que Thèbes, la ville installée sur les canaux du Nil, entourée d'eau, protégée par le rempart d'un fleuve grand comme une mer? L'Éthiopie et l'Égypte lui fournissaient des ressources inépuisables. Les gens de Pouth et de Libye étaient ses alliés. Pourtant ses habitants, eux aussi, ont été emmenés en exil. Ses jeunes enfants eux-mêmes ont été écrasés à tous les coins de rues. Tous ses chefs ont été chargés de chaînes, ses notables ont été répartis entre les vainqueurs par tirage au sort. A ton tour, Ninive, tu seras ivre de douleur, tu en seras submergée. A ton tour, tu chercheras un refuge pour échapper à tes ennemis. Tes fortifications sont toutes comme des figues déjà mûres: dès qu'on secoue le figuier, elles tombent dans la bouche de qui veut les manger. Il n'y a plus chez toi que des femmelettes, les portes fortifiées du pays s'ouvrent d'elles-mêmes devant l'ennemi: leurs verrous ont été détruits par le feu. Puisez de l'eau, Ninivites, en vue du siège que vous allez subir, renforcez les murs de défense, pétrissez la terre argileuse et préparez les moules à briques. Mais vous mourrez, brûlés dans l'incendie de votre ville, ou tués au combat. Vous serez détruits comme des feuilles dévorées par les hannetons. Votre population grouillait comme des essaims de sauterelles. Vos marchands étaient plus nombreux que les étoiles dans le ciel, comme des hannetons qui dévorent et puis s'envolent, ils ont maintenant disparu. Vos inspecteurs pullulaient comme des sauterelles et vos fonctionnaires comme des grappes d'insectes qui se posent sur les buissons par temps froid. Lorsque le soleil se met à briller, ils disparaissent on ne sait où. Où donc sont-ils passés? Roi d'Assyrie, tes gouverneurs se sont endormis pour toujours, tes généraux ne bougent plus. Ton peuple est dispersé sur les montagnes et personne ne le rassemble. Tu as subi un désastre irréparable, tes blessures sont mortelles. Tous ceux qui apprennent ton sort applaudissent à ton malheur, car qui n'a pas été victime de ta cruauté incessante? Message que Dieu a révélé au prophète Habacuc. Jusqu'à quand, Seigneur, vais-je t'appeler au secours sans que tu m'écoutes, et vais-je crier à la violence sans que tu nous en délivres? Pourquoi me fais-tu voir tant d'injustice? Comment peux-tu accepter d'être spectateur du malheur? Autour de moi je ne vois qu'oppression et violence, partout éclatent des procès et des querelles. La loi n'est pas appliquée, la justice n'est pas correctement rendue, le méchant l'emporte sur le juste et les jugements sont faussés. «Fixez vos yeux sur les nations, dit le Seigneur. Soyez saisis d'étonnement. De votre vivant une œuvre va être accomplie, une œuvre telle que vous n'y croiriez pas si quelqu'un vous la racontait. Je fais venir les Babyloniens, ce peuple cruel et déchaîné; ils parcourent le vaste monde pour s'emparer des terres d'autrui. Ils sont terrifiants et redoutables, dans leur orgueil ils décident seuls de leurs droits. Leurs chevaux sont plus rapides que les léopards, plus agiles que les loups qui chassent le soir. Arrivant de loin, leurs cavaliers bondissent, ils volent comme l'aigle qui fond sur sa proie. Ils viennent tous semer la violence, ils regardent avidement devant eux, ils rassemblent des prisonniers innombrables comme les grains de sable. Ils traitent les rois avec mépris, ils se moquent de ceux qui gouvernent. Les forteresses ne les impressionnent pas: ils élèvent des remblais de terre et s'emparent de chacune d'elles. Ils passent comme un ouragan, ils se précipitent ailleurs, eux qui font un dieu de leur propre force.» Depuis toujours, c'est toi qui es le Seigneur, tu es mon Dieu, le vrai Dieu qui ne meurt pas. Seigneur, mon rocher protecteur, tu as choisi et affermi ce peuple ennemi, pour qu'il exécute ton jugement sur nous. Mais tes yeux sont trop purs pour supporter la vue du mal, tu ne peux pas accepter d'être spectateur du malheur. Alors pourquoi regardes-tu sans rien dire ce que font ces gens perfides? Pourquoi gardes-tu le silence quand les méchants détruisent ceux qui sont plus justes qu'eux? Pourquoi traites-tu les hommes comme les poissons et les bestioles qui n'ont personne pour les diriger? Les Babyloniens capturent les gens comme le poisson pris à l'hameçon, ils les ramènent dans leurs filets. Ils en ont une joie immense; ils offrent des sacrifices à leurs filets, ils brûlent du parfum en leur honneur, car c'est grâce à eux qu'ils peuvent manger une nourriture abondante et savoureuse. Ne cesseront-ils jamais de tirer leurs épées pour massacrer sans pitié les autres nations? Moi, je vais rester à mon poste de garde, j'attendrai comme un guetteur sur le rempart, pour savoir ce que Dieu me dira et comment il répondra à mes plaintes. Le Seigneur me répondit ainsi: «Écris ce que je te révèle, grave-le sur des tablettes de telle sorte qu'on puisse le lire clairement. Le moment n'est pas encore venu pour que cette révélation se réalise, mais elle se vérifiera en temps voulu. Attends avec confiance même si cela paraît long: ce que j'annonce arrivera à coup sûr et à son heure. Écris: l'homme aux intentions mauvaises dépérit, mais le juste vit par sa fidélité. Oui, la puissance est dangereuse: les hommes orgueilleux ne sont jamais en repos, ils sont gloutons comme le monde des morts, comme la mort ils en veulent toujours plus, ils conquièrent une nation après l'autre, ils les placent sous leur domination. Les peuples conquis se mettront tous à prononcer contre eux des paroles ironiques et à double sens.» «Voici ce qu'ils diront: Malheureux! Vous accumulez des richesses en volant les autres. Mais ce ne sera pas pour longtemps! Vous accumulez ainsi les dettes. Vous serez soudain pris à la gorge, vos créanciers surgiront à vos trousses et vous déchireront, ils vous pilleront à leur tour. Vous dépouillez de nombreux peuples: eh bien, le reste du monde vous dépouillera à cause du sang que vous répandez et de la violence avec laquelle vous traitez les pays, les villes et leurs habitants! «Malheureux! Vous empochez des gains malhonnêtes en faveur de vos proches, et vous pensez être assez haut placés pour échapper aux coups du malheur. Vos plans ne serviront qu'à humilier vos proches: en détruisant de nombreux peuples, c'est votre vie que vous mettez en danger. Même les pierres des murs crieront pour vous accuser, et les poutres des charpentes leur feront écho. «Malheureux! Vous fondez la prospérité des villes sur le meurtre et l'oppression. C'est pourquoi le travail des peuples finit au feu, les nations se donnent du mal pour rien. Tout cela, n'est-ce pas l'œuvre du Seigneur de l'univers? Oui, on connaîtra la glorieuse présence du Seigneur! Le pays en sera rempli tout comme les eaux recouvrent le fond des mers. «Malheureux! Vous versez à vos semblables une boisson dangereuse comme du poison, pour qu'ils deviennent ivres et se montrent nus en public. C'est vous qui vous couvrez de honte et non de gloire: buvez à votre tour et montrez-vous tout nus! Le Seigneur va vous forcer à vider la coupe de sa colère: votre honneur se changera en déshonneur. Les ravages commis au Liban se retourneront contre vous; vous avez massacré des animaux, eh bien, des animaux vous terrifieront! Tout cela arrivera à cause du sang que vous répandez et de la violence avec laquelle vous traitez les pays, les villes et leurs habitants. A quoi sert-il de fabriquer des idoles? Ce ne sont que des objets de métal qui laissent croire à des mensonges. Pourquoi l'homme ferait-il confiance à ces divinités qui ne peuvent pas parler et qu'il a lui-même façonnées? «Malheureux! Vous dites “Réveille-toi!” à un morceau de bois et “Debout!” à un bloc de pierre muet, alors qu'ils ne peuvent rien vous révéler. Même s'ils sont recouverts d'or et d'argent, il n'y a aucune vie en eux! Mais le Seigneur se tient dans son saint temple. Que chacun sur la terre fasse silence devant lui!» Prière en forme de complainte prononcée par le prophète Habacuc: Seigneur, Seigneur, j'ai entendu parler de tes exploits et j'en suis rempli de respect. Accomplis au cours de notre vie des œuvres semblables, fais-les connaître de notre vivant. Même si tu as des raisons d'être en colère, manifeste-nous encore ta bonté. Dieu arrive de Téman, le vrai Dieu vient des monts de Paran. Sa splendeur illumine le ciel et la terre est pleine de sa louange. Il vient, éclatant de lumière, des rayons brillants jaillissent de sa main, où se cache sa puissance. Il envoie des épidémies devant lui, des maladies se déclarent là où il passe. Lorsqu'il s'arrête, il fait trembler la terre, il regarde les nations et elles tressaillent de peur. Les montagnes éternelles sont ébranlées, les collines antiques s'affaissent, elles qui furent autrefois la route où il passait. Je vois les tentes des gens de Kouchan et les abris des Madianites: ils sont secoués par la menace. Est-ce les fleuves, Seigneur, est-ce les fleuves qui te mettent en colère? Est-ce contre la mer que ta fureur se déchaîne? Tu montes sur les nuages comme sur un char dont les chevaux te conduisent à la victoire. Tu prépares ton arc, tes flèches sont les serments que tu as prononcés. La terre s'ouvre et les fleuves jaillissent. Quand les montagnes te voient, elles tremblent, des pluies torrentielles inondent la terre, le grand océan mugit et lance ses lames jusqu'au ciel. A la lumière de tes flèches qui volent, devant les éclairs éblouissants de ta lance, le soleil et la lune interrompent leur course. Avec colère tu parcours la terre, avec fureur tu écrases les nations. Tu t'avances au secours de ton peuple, au secours du roi que tu as consacré; tu abats le chef du clan des méchants, tu fais table rase de ses partisans. Tu perces la tête des chefs ennemis avec leurs propres épieux. Semblables à un ouragan, ils se précipitaient pour nous disperser en poussant des cris de joie, prêts à massacrer en secret leurs victimes. Tu parcours la mer avec tes chevaux dans un bouillonnement de grosses vagues. J'entends tout ce tumulte et je suis profondément bouleversé: mes lèvres frémissent de crainte, mon corps est paralysé, mes jambes se dérobent sous moi. En silence j'attends le jour de la détresse, pour aller attaquer le peuple qui nous opprime. Les figuiers ne portent plus de fruits, les vignes ne donnent pas de raisins, les oliviers ne produisent rien, les champs ne fournissent aucune récolte; il n'y a plus de moutons dans les enclos, plus de bœufs dans les étables. Mais moi, je trouve ma joie dans le Seigneur, je suis heureux à cause du Dieu qui me sauve. Le Seigneur Dieu est ma force: il me rend aussi agile que les biches, il me fait marcher sur les hauteurs. Paroles que le Seigneur a communiquées à Sophonie à l'époque où Josias, fils d'Amon, était roi de Juda. Sophonie était fils de Kouchi, lui-même fils de Guedalia, petit-fils d'Amaria et arrière-petit-fils d'Ézékias. Le Seigneur affirme: «Je vais exterminer tout ce qui vit sur la terre. Je détruirai les hommes et les bêtes, les oiseaux comme les poissons, je détruirai les méchants et leurs œuvres scandaleuses. Je ne laisserai aucun homme sur la terre.» «Je vais intervenir contre les habitants de Jérusalem et toute la population de Juda. Je ferai disparaître de cet endroit tout ce qui reste du culte de Baal et même le souvenir des prêtres de ce dieu. Je détruirai ceux qui montent sur les toits en terrasse pour adorer les astres, ceux qui célèbrent leur culte et prêtent serment tantôt en mon nom, tantôt au nom du dieu Milkom. Je détruirai ceux qui se détournent de moi, le Seigneur, et ne veulent ni avoir recours à moi ni me demander conseil.» Faites silence devant Dieu, le Seigneur, car le jour où il interviendra est proche! Le Seigneur a préparé un sacrifice, il a déjà purifié ses invités. «Au jour de ce sacrifice, dit le Seigneur, je punirai les chefs, les fils du roi et tous ceux qui suivent une mode étrangère. Ce jour-là, je punirai tous ceux qui sautent, comme des païens, par-dessus le seuil du temple, tous ceux qui remplissent la maison de leur maître de richesses acquises par la fraude et la violence. Ce jour-là, à Jérusalem, affirme le Seigneur, on entendra de grands cris à la porte des Poissons, des lamentations dans le Quartier Neuf et un énorme fracas sur les collines. Poussez des hurlements, habitants de la ville basse, car tous les marchands vont mourir, tous les commerçants vont être exterminés. A ce moment-là, je prendrai une lampe et je fouillerai la ville de Jérusalem; je sévirai contre les hommes qui vivent tranquilles comme le vin laissant déposer sa lie; ils disent: “Le Seigneur ne peut rien faire, ni en bien ni en mal!” Eh bien, leurs richesses seront pillées et leurs maisons détruites; ils construisent des maisons mais ils ne les habiteront pas, ils plantent des vignes mais ils n'en boiront pas le vin.» Le grand jour du Seigneur approche, il arrive en toute hâte, sa venue provoquera des cris de désespoir, même les plus courageux appelleront au secours! Ce sera un jour de fureur, un jour de détresse et d'angoisse, de ruine et de désolation. Ce sera un jour d'obscurité profonde, envahi de nuages et de brouillard. Ce jour-là, on entendra les soldats sonner de la trompette et pousser des cris de guerre contre les villes fortifiées et leurs hautes tours. «Je plongerai les hommes dans le malheur, dit le Seigneur, ils tâtonneront comme des aveugles parce qu'ils ont péché contre moi. Leur sang sera répandu partout, comme de la poussière, et leurs cadavres pourriront comme des ordures.» Ni leur argent ni leur or ne pourront les sauver au jour de la fureur du Seigneur. La terre entière sera détruite par le feu de son courroux. Oui, ce sera terrible: il va exterminer tous les habitants de la terre. Prenez la peine de réfléchir, ressaisissez-vous, gens dépourvus de honte, avant que vous ne deveniez comme les brins de paille dispersés en un jour, avant que l'ardente colère du Seigneur ne vous atteigne, avant que ne vienne le jour où elle se déchaînera. Tournez-vous vers le Seigneur, vous, tous les humbles du pays, qui obéissez à ses commandements. Pratiquez la justice, restez humbles devant Dieu. Vous serez peut-être épargnés au jour de la colère du Seigneur. Gaza va être désertée, Ascalon détruite, les habitants d'Asdod seront expulsés en plein jour, et ceux d'Écron seront chassés de leur ville. Quel malheur pour vous, gens venus de Kaftor, qui vivez au bord de la mer! Le Seigneur prononce ce jugement contre vous: «Canaan, pays des Philistins, je vais te dévaster, te priver de tes habitants. Ton territoire, au bord de la mer, sera transformé en pâturages, en terrains parcourus par les bergers avec des enclos pour les moutons.» Les survivants du peuple de Juda occuperont la région; ils y feront paître leurs troupeaux, et le soir ils iront se coucher dans les maisons d'Ascalon. En effet, le Seigneur, leur Dieu, interviendra en leur faveur et changera leur sort. «J'ai entendu les gens de Moab et d'Ammon rire de mon peuple et en parler avec mépris. Ils l'ont couvert d'injures et ils ont agrandi leur territoire aux dépens du sien. Eh bien, aussi vrai que je suis vivant, je l'affirme, moi, le Seigneur de l'univers, le Dieu d'Israël: Moab et Ammon seront détruits comme les villes de Sodome et de Gomorrhe; sur leur territoire à tout jamais désert, il n'y aura plus que plantes épineuses et mines de sel. Les survivants de mon peuple viendront les piller et s'emparer de leur pays.» Voilà la punition qu'ils devront subir à cause de leur arrogance: en effet, ils ont couvert d'injures le peuple du Seigneur de l'univers et se sont agrandis à ses dépens. Le Seigneur sera redoutable pour eux, il réduira à rien tous les dieux des humains. Alors, même les nations les plus lointaines lui rendront un culte, chacune sur son propre sol. «Vous aussi, les Éthiopiens, je vous ferai mourir à la guerre.» Le Seigneur interviendra également contre la région du nord et il détruira l'Assyrie; il provoquera la ruine de Ninive qui deviendra un désert aride. A l'endroit où la ville s'étendait, des troupeaux viendront s'installer ainsi que des animaux de toute espèce: la chouette chevêche et le butor logeront dans ses chapiteaux. On entendra les cris des oiseaux aux fenêtres des maisons; dès le seuil on ne verra que des ruines, les boiseries de cèdre seront arrachées. Voilà ce que deviendra cette ville si fière, dont les habitants se croyaient à l'abri, et pensaient n'avoir pas d'égal. Eh bien, elle tombe en ruine, elle sert de repaire aux bêtes! Tous ceux qui passent près d'elle sifflent et font des gestes de mépris. Quel malheur pour la ville rebelle, corrompue et tyrannique! Elle n'a pas écouté les paroles du Seigneur ni tenu compte de ses avertissements! Elle n'a pas mis sa confiance en lui, elle n'a pas eu recours à son Dieu. Ses chefs sont comme des lions rugissants, ses juges comme des loups qui chassent le soir et ne gardent rien à ronger pour le matin. Ses prophètes sont des irresponsables qui trahissent leur mission. Ses prêtres ne respectent pas ce qui est consacré à Dieu; ils violent sa loi. Pourtant le Seigneur est présent dans la ville pour y faire régner la justice et non le mal; chaque matin sans faute, il rend ses jugements. Malgré cela, les méchants agissent sans aucune honte! «J'ai supprimé des nations entières, dit le Seigneur, j'ai détruit les tours de leurs fortifications, j'ai rendu désertes les rues de leurs villes, j'ai saccagé les villes elles-mêmes: plus personne n'y passe, plus personne n'y habite. Puis je me suis dit: la ville va me respecter et tenir compte de mes avertissements. Je n'aurai donc pas besoin de la dévaster en réalisant mes menaces contre elle. Mais ses habitants n'ont d'empressement que pour commettre de mauvaises actions. Eh bien, voici ce que le Seigneur affirme: attendez-vous à mon intervention, attendez le jour où je viendrai vous accuser. J'ai décidé de rassembler les nations et les royaumes pour les soumettre au feu de ma colère. Toute la terre sera consumée par mon ardent courroux.» «Alors je transformerai les peuples, je purifierai leurs lèvres: ils me prieront, moi, le Seigneur, et me rendront un culte d'un même élan. Même de plus loin que les fleuves d'Éthiopie, mes fidèles partout dispersés, viendront m'apporter leurs offrandes.» «Ce jour-là, mon peuple, tu n'auras plus à rougir de toutes tes mauvaises actions, des péchés commis contre moi; j'enlèverai en effet du milieu de toi tous ceux qui débordent d'orgueil, et tu cesseras de faire le fier sur la montagne qui m'est consacrée. De toi, je garderai les gens humbles et pauvres qui me demanderont de les protéger. Les survivants du peuple d'Israël ne commettront plus d'injustice et ne diront plus de mensonges, ils n'utiliseront plus leur langue pour tromper. Ils pourront manger et dormir sans que personne leur cause de l'effroi.» Éclate de joie, ville de Sion! Criez de bonheur, gens d'Israël! Réjouis-toi de tout ton cœur, Jérusalem! Le Seigneur a retiré les condamnations qui pesaient sur vous, il a fait fuir vos ennemis. Le Seigneur, roi d'Israël, est avec vous, vous n'aurez plus à craindre le malheur. Le jour vient où l'on dira à Jérusalem: «N'aie pas peur, ville de Sion, ne te décourage pas! Le Seigneur ton Dieu est avec toi: il est fort et t'assure la victoire, il rayonne de bonheur à cause de toi, son amour te donne une vie nouvelle, il pousse des cris joyeux à ton sujet, comme en un jour de fête.» «Je supprimerai le malheur, dit le Seigneur, j'enlèverai la honte qui pèse sur vous. Voici le moment où je vais punir tous ceux qui vous ont opprimés. Je soignerai vos blessés, je ramènerai les exilés, je changerai en gloire et renommée le mépris que l'on vous témoignait partout. A ce moment-là je vous ramènerai et vous rassemblerai. Vous le verrez, je changerai votre sort; je vous donnerai gloire et renommée parmi tous les peuples de la terre.» C'est le Seigneur qui a parlé. La deuxième année du règne de Darius, le premier jour du sixième mois, le Seigneur s'adressa au prophète Aggée. Il lui ordonna de transmettre un message au gouverneur de Juda, Zorobabel, fils de Chéaltiel, et au grand-prêtre Yéchoua, fils de Yossadac. Eh bien, est-il normal que vous habitiez des maisons richement décorées alors que mon temple est en ruine? Je vous le demande, moi, le Seigneur de l'univers, réfléchissez à ce qui vous arrive. Vous avez beaucoup semé, mais votre récolte est très faible; vous n'avez pas suffisamment à manger pour bien vous nourrir et pas suffisamment à boire pour vous rendre gais; vous n'avez pas assez de vêtements pour vous tenir chaud et le salaire du travailleur s'épuise aussi vite qu'une bourse percée! Je vous le répète, moi, le Seigneur de l'univers, réfléchissez à ce qui vous arrive. Montez sur les collines pour y chercher du bois et rebâtissez mon temple. Alors je serai heureux d'y recevoir l'honneur qui m'est dû, je le déclare, moi, le Seigneur. Vous avez espéré de grosses récoltes et voyez le peu que vous avez obtenu. Ce que vous avez ramené chez vous, je l'ai dispersé de mon souffle. Pourquoi cela? je vous le demande, moi, le Seigneur de l'univers. Eh bien, c'est parce que mon temple est en ruine alors que chacun de vous s'occupe activement de sa maison. Voilà pourquoi aucune pluie n'est tombée et rien n'a pu pousser. J'ai provoqué la sécheresse dans le pays: sur les collines, dans les champs de blé, les vignes, les plantations d'oliviers et les autres cultures; les hommes et les bêtes en ont souffert et tout votre travail a été compromis.” » Zorobabel, fils de Chéaltiel, le grand-prêtre Yéchoua, fils de Yossadac, et tous ceux qui étaient revenus d'exil prirent au sérieux les paroles du Seigneur leur Dieu, transmises par le prophète Aggée. Aggée remplit ainsi la mission que le Seigneur lui avait confiée et les membres du peuple reconnurent l'autorité du Seigneur. Puis Aggée, l'envoyé du Seigneur, leur délivra ce message: «Je serai avec vous, je vous le promets, moi, le Seigneur.» Le Seigneur réveilla le zèle de Zorobabel, le gouverneur de Juda, de Yéchoua, le grand-prêtre, et de tous ceux qui étaient revenus d'exil. Ils se mirent au travail pour reconstruire le temple de leur Dieu, le Seigneur de l'univers, le vingt-quatrième jour du sixième mois de la même année. La deuxième année du règne de Darius, le vingt et unième jour du septième mois, le Seigneur ordonna de nouveau au prophète Aggée de transmettre un message. Il lui demanda de parler ainsi au gouverneur de Juda, Zorobabel, fils de Chéaltiel, au grand-prêtre Yéchoua, fils de Yossadac et à tous ceux qui étaient revenus d'exil: «Y a-t-il encore parmi vous quelqu'un qui se rappelle combien le temple était splendide autrefois? Or que constatez-vous maintenant? Ne voyez-vous pas que sa splendeur a été réduite à néant? C'est pourquoi, moi, le Seigneur, je vous dis: Reprends courage, Zorobabel! courage, Yéchoua, fils de Yossadac, toi qui es grand-prêtre! courage, vous, tous les gens du pays! Mettez-vous au travail, je serai avec vous, je vous le promets, moi, le Seigneur de l'univers. J'ai pris cet engagement lorsque vous êtes sortis du pays d'Égypte. Mon Esprit sera présent au milieu de vous. Vous n'avez rien à craindre! Oui, moi le Seigneur de l'univers, je le déclare, dans peu de temps je vais ébranler le ciel et la terre, les mers et les continents. Je mettrai toutes les nations étrangères sens dessus dessous. Leurs richesses afflueront ici et je redonnerai au temple une grande splendeur, je vous le déclare. En effet, l'or et l'argent du monde entier m'appartiennent. Ainsi la splendeur du nouveau temple surpassera celle du premier. Et en ce lieu je vous accorderai la paix, c'est moi, le Seigneur de l'univers, qui le promets.» La deuxième année du règne de Darius, le vingt-quatrième jour du neuvième mois, le Seigneur de l'univers s'adressa de nouveau au prophète Aggée: «Demande aux prêtres, lui dit-il, de trancher la question suivante: Supposons que quelqu'un ait un morceau de viande provenant d'un sacrifice dans une partie de son vêtement. Si son vêtement touche ensuite du pain, des légumes, du vin, de l'huile ou tout autre aliment, cet aliment doit-il être mis à part pour Dieu?» – «Non», répondirent les prêtres à cette question d'Aggée. Aggée leur demanda encore: «Maintenant, supposons que quelqu'un soit impur pour avoir touché un cadavre. S'il touche ensuite un aliment, cet aliment deviendra-t-il impur?» – «Oui», répondirent les prêtres. Aggée reprit alors: «Eh bien, voici ce que le Seigneur affirme: “Ainsi en est-il des habitants de ce pays et de ce qu'ils produisent par leur travail; à mes yeux, tout ce qu'ils m'offrent sur l'autel est impur.” » «Le Seigneur dit encore: “Et maintenant observez attentivement ce qui va se passer à partir d'aujourd'hui. Avant que vous ayez commencé à assembler des pierres pour reconstruire mon temple, que vous arrivait-il? Lorsque quelqu'un allait chercher vingt mesures de blé au grenier, il n'en trouvait que dix; lorsque quelqu'un allait puiser cinquante litres de vin à la cuve, il n'en trouvait que vingt. J'ai détruit tout le produit de votre travail: j'ai fait sécher ou pourrir sur pied les céréales, j'ai fait tomber la grêle, et vous n'êtes pas revenus à moi, le Seigneur. Observez attentivement ce qui va se passer à partir d'aujourd'hui. Ce jour-ci, où l'on a posé les fondations du temple, est le vingt-quatrième du neuvième mois, retenez-le bien. Il ne reste plus de blé dans les greniers, n'est-ce pas? Les vignes, les figuiers, les grenadiers et les oliviers n'ont rien produit. Eh bien, à partir d'aujourd'hui, je vais répandre sur vous mes bienfaits.” » Le même jour, le vingt-quatre du mois, le Seigneur adressa un second message à Aggée. Il lui demanda de parler ainsi au gouverneur de Juda, Zorobabel, fils de Chéaltiel: «Moi, le Seigneur de l'univers, je vais ébranler le ciel et la terre. Je vais renverser les rois et mettre fin à la puissance des royaumes de la terre; je ferai culbuter les chars et leurs conducteurs, les chevaux mourront et les cavaliers s'entre-tueront. Mais ce jour-là, je te confierai une mission, Zorobabel, toi qui es mon serviteur. Tu seras pour moi aussi précieux qu'un cachet personnel, car c'est toi que j'ai choisi pour me servir. Voilà ce que j'affirme, moi, le Seigneur de l'univers.» La deuxième année du règne de Darius, au cours du huitième mois, le Seigneur s'adressa au prophète Zacharie, fils de Bérékia et petit-fils d'Iddo. N'imitez pas vos ancêtres. Autrefois les prophètes les ont exhortés de ma part à renoncer à leur mauvaise conduite et à leurs actions indignes, mais ils n'ont pas voulu écouter et ils ne m'ont pas obéi. Vos ancêtres ne sont plus là et les prophètes n'ont pas vécu indéfiniment, vous le savez bien. Cependant les paroles et les ordres que j'avais transmis à mes serviteurs les prophètes ont finalement convaincu vos ancêtres; ils ont changé d'attitude, ils ont reconnu que je les avais traités comme je l'avais décidé et comme le méritaient leur conduite et leurs actes.» La deuxième année du règne de Darius, le vingt-quatrième jour du onzième mois, ou mois de Chebath, le Seigneur communiqua un message au prophète Zacharie, fils de Bérékia et petit-fils d'Iddo. Voici le récit de Zacharie: J'ai eu, cette nuit, une vision. J'ai vu un cavalier monté sur un cheval roux. Il se trouvait parmi des myrtes situés au fond d'une vallée. Derrière lui, il y avait d'autres chevaux, des roux, des gris et des blancs. Je lui demandai: «Mon seigneur, que représentent ces chevaux?» L'ange chargé de me parler répondit: «Je vais te l'expliquer.» Et, du milieu des myrtes où il se trouvait, il ajouta: «Le Seigneur les a envoyés parcourir la terre.» Les cavaliers firent alors leur rapport à l'ange du Seigneur: «Nous avons parcouru toute la terre, lui dirent-ils, et nous n'y avons trouvé aucun signe d'agitation: tout est calme.» L'ange s'exclama: «Seigneur de l'univers, voilà soixante-dix ans que tu es irrité contre Jérusalem et les autres villes de Juda. Combien de temps encore refuseras-tu d'avoir pitié d'elles?» Alors le Seigneur adressa à l'ange des paroles rassurantes et réconfortantes. L'ange qui parlait avec moi m'ordonna de proclamer ce message de la part du Seigneur de l'univers: «J'ai un amour ardent pour Jérusalem et la colline de Sion, mais j'éprouve une violente irritation contre les nations trop sûres d'elles. En effet, lorsque ma colère contre Israël était encore faible, elles ont contribué à sa ruine. C'est pourquoi, je le déclare, moi, le Seigneur de l'univers, je vais revenir à Jérusalem pour y manifester ma bonté. Mon temple y sera rebâti, et l'on reconstruira la ville.» Puis l'ange me demanda de proclamer cet autre message: «Mes villes vont retrouver leur bien-être, déclare le Seigneur de l'univers, je choisirai de nouveau Jérusalem, je viendrai au secours de Sion.» Dans une autre vision, je vis quatre cornes. Je demandai à l'ange chargé de me parler: «Que représentent ces cornes?» Il me répondit: «Elles représentent les puissantes nations qui ont dispersé les habitants de Juda, d'Israël et de Jérusalem.» Puis le Seigneur me montra quatre forgerons. Je demandai: «Que viennent-ils faire?» Il me répondit: «Ils sont venus terrifier et abattre les puissantes nations qui se sont dressées contre le pays de Juda et qui en ont dispersé les habitants, si bien que personne n'a pu leur résister.» Dans une autre vision, je vis un homme qui tenait un cordeau à mesurer. Je lui demandai: «Où vas-tu?» – «A Jérusalem, me répondit-il, pour en mesurer la longueur et la largeur.» L'ange chargé de me parler s'avança alors vers un autre ange qui venait à sa rencontre. Il ordonna à celui-ci: «Cours dire au jeune homme qui tient le cordeau: Jérusalem ne sera pas entourée de murailles, car les gens et les bêtes qui y vivront seront très nombreux. Le Seigneur affirme à ce sujet: “Moi-même je serai là, comme une muraille de feu autour de la ville, et j'y manifesterai ma présence glorieuse.” » Voici ce que le Seigneur vous annonce: «Holà! vous que j'ai dispersés à tous les points de l'horizon, enfuyez-vous maintenant, quittez les terres du nord! Holà! gens de Jérusalem exilés à Babylone, dépêchez-vous de vous échapper.» Le Seigneur de l'univers, qui m'a chargé d'une mission importante, déclare à propos des nations qui vous ont pillés: «Quiconque vous attaque, s'attaque à ce que j'ai de plus précieux. Oui, je vais intervenir contre les nations: elles seront pillées à leur tour par ceux qu'elles ont asservis.» Quand cela arrivera, vous saurez que c'est bien le Seigneur de l'univers qui m'a envoyé. Le Seigneur annonce encore: «Faites éclater votre joie, gens de Jérusalem, je viens habiter au milieu de vous. Dès ce moment-là, de nombreuses nations se rallieront à moi, le Seigneur, et elles deviendront mon peuple. Cependant c'est au milieu de vous que j'habiterai.» Quand cela arrivera, vous saurez que c'est bien le Seigneur de l'univers qui m'a envoyé vers vous. Juda sera de nouveau la propriété personnelle du Seigneur, dans le pays qui lui est consacré, et Jérusalem redeviendra la ville qu'il s'est choisie. Que chacun fasse silence en présence du Seigneur, car soudain il va sortir de sa sainte demeure! Le Seigneur me fit voir le grand-prêtre Yéchoua debout devant l'ange du Seigneur. Satan se tenait à la droite de Yéchoua pour l'accuser. L'ange dit à Satan, l'accusateur: «Que le Seigneur te réduise au silence, Satan, oui, qu'il te réduise au silence, lui qui a choisi Jérusalem! Yéchoua n'est-il pas en effet comme un tison arraché au feu?» Yéchoua, debout devant l'ange, était vêtu d'habits sales. L'ange ordonna à ceux qui l'accompagnaient de les lui enlever. Puis il dit à Yéchoua: «Je t'ai débarrassé de ta faute et je vais te revêtir d'habits de fête.» Il donna également l'ordre de mettre un turban propre sur la tête de Yéchoua. On mit donc à celui-ci un turban et des habits propres en présence de l'ange. L'ange fit ensuite cette déclaration à Yéchoua: Voici une promesse du Seigneur de l'univers: «Si tu obéis à mes lois, si tu te conformes à mes règles, tu seras responsable de mon temple et de ses cours, et je te ferai accéder au rang de ceux qui sont ici à mon service.» «Écoute donc, Yéchoua, toi qui es grand-prêtre, écoutez également, vous, les prêtres, ses compagnons, vous tous qui êtes un signe du salut à venir. Je vais faire apparaître mon serviteur, celui qui s'appelle “Germe”. Devant Yéchoua je pose une pierre, une seule pierre, avec sept points brillants. Je vais y graver moi-même une inscription, et, en un seul jour, j'enlèverai les fautes qui souillent ce pays. Oui, je l'affirme, moi, le Seigneur de l'univers. Quand ce jour arrivera, vous vous inviterez les uns les autres à jouir de la paix dans vos vignes et sous vos figuiers.» L'ange chargé de me parler vint éveiller mon attention comme on tire un homme du sommeil. «Que vois-tu?» me demanda-t-il. Je répondis: «Je vois un porte-lampes tout en or, avec un réservoir pour l'huile à sa partie supérieure. Il porte sept lampes munies chacune de sept mèches. Deux oliviers se trouvent à côté du réservoir, l'un à droite et l'autre à gauche.» J'interrogeai alors l'ange chargé de me parler: «Mon seigneur, que représente tout cela?» – «Ne le sais-tu pas?» me demanda-t-il. Je lui répondis que non. Alors il me donna cette explication: L'ange me dit de transmettre cette parole à Zorobabel: voici ce que déclare le Seigneur de l'univers: «Ce n'est pas par la violence ni par tes propres forces que tu accompliras ta tâche, mais c'est grâce à mon Esprit.» Il ajouta: «Cette grande montagne est-elle un obstacle? Zorobabel l'aplanira. Il en extraira la pierre de fondation. “Qu'elle est belle, qu'elle est belle!” s'écriera-t-on.» Le Seigneur me transmit cet autre message: «Zorobabel a posé les fondations du temple et il en achèvera la construction.» Quand cela arrivera, vous saurez que c'est bien le Seigneur de l'univers qui m'a envoyé vers vous. «Les sept lampes représentent les yeux du Seigneur qui inspectent tout ce qui se passe sur la terre.» Il ne faut pas mépriser la petitesse des premiers travaux. Qu'on se réjouisse plutôt de voir Zorobabel l'outil à la main. Je lui demandai encore: «Que représentent les deux oliviers situés à droite et à gauche du porte-lampes?» Et j'ajoutai cette autre question: «Que représentent les deux branches d'olivier placées à côté des deux conduits en or d'où sort l'huile dorée?» – «Ne le sais-tu pas?» me dit-il. Je lui répondis que non. Alors il m'expliqua: «Ils représentent les deux hommes consacrés avec de l'huile pour être au service du Seigneur de toute la terre.» J'eus encore une vision et je vis un livre en forme de rouleau voler à travers les airs. «Que vois-tu?» me demanda l'ange. Je répondis: «Je vois un rouleau qui vole à travers les airs: il a dix mètres de long et cinq mètres de large.» Alors il me dit: «C'est le texte de la malédiction qui va atteindre le pays tout entier: sur un côté du rouleau, il est écrit que tous les voleurs seront expulsés du pays et, sur l'autre, que tous ceux qui prononcent de faux serments le seront également. Le Seigneur de l'univers affirme qu'il envoie lui-même cette malédiction: elle va pénétrer dans la maison de chaque voleur et de chaque personne qui prononce de faux serments en se servant de mon nom; elle y restera et détruira tout, même les poutres et les pierres.» L'ange chargé de me parler vint me dire: «Regarde! Que vois-tu apparaître là-bas?» – «Qu'est-ce que c'est?» lui demandai-je. Il répondit: «C'est une corbeille qui contient les fautes de tout le pays.» A ce moment-là, le couvercle de plomb qui était sur la corbeille se souleva et je vis une femme assise à l'intérieur. L'ange me dit: «Elle représente la Méchanceté.» Puis il la repoussa à l'intérieur de la corbeille et remit le couvercle. Levant les yeux, je vis apparaître deux femmes qui volaient, poussées par le vent: elles avaient en effet des ailes semblables à celles d'une cigogne. Elles prirent la corbeille et l'emportèrent dans les airs. Je demandai à l'ange où elles l'emmenaient. Il me répondit: «En Mésopotamie, où elles lui construiront un temple; elles dresseront un socle sur lequel elles l'installeront.» J'eus encore une vision et je vis quatre chars déboucher entre deux montagnes de bronze. Des chevaux roux étaient attelés au premier char, des chevaux noirs au deuxième, des chevaux blancs au troisième et des chevaux tachetés de brun au quatrième. Je demandai à l'ange chargé de me parler: «Mon seigneur, que représentent ces attelages?» Il me répondit: «Ce sont les quatre vents. Ils se tenaient auprès du Seigneur de toute la terre et ils le quittent maintenant.» Le char tiré par les chevaux noirs partit vers la région du nord, les chevaux blancs partirent vers l'ouest et les chevaux tachetés partirent vers la région du sud. Les chevaux bruns s'avancèrent et demandèrent à aller parcourir la terre. Le Seigneur leur dit: «Allez parcourir la terre.» C'est ce qu'ils firent. Alors le Seigneur m'appela et me déclara: «Regarde, ceux qui partent en direction du nord vont faire descendre mon Esprit sur cette région.» Le Seigneur me donna l'ordre suivant: «Accepte les dons apportés par Heldaï, Tobia et Yedaya de la part des exilés. Tu vas te rendre aujourd'hui même dans la maison de Yosia, fils de Sefania, où ces hommes sont allés à leur retour de Babylone. Tu prendras de l'argent et de l'or pour en fabriquer une couronne, que tu poseras sur la tête du grand-prêtre Yéchoua, fils de Yossadac, en lui disant: “Voici ce que déclare le Seigneur de l'univers: Il y a ici un homme, dont le nom est ‘Germe’, sous ses pas germera la vie, et c'est lui qui reconstruira mon temple. Oui, c'est lui qui le reconstruira. Il portera les insignes royaux et, de son trône royal, il gouvernera le peuple. Près de lui se trouvera un prêtre: entre les deux hommes existera une entente parfaite. “La couronne restera dans le temple pour rappeler le souvenir de Heldaï, Tobia, Yedaya et de la générosité du fils de Sefania.” » Des gens viendront de loin aider à reconstruire le temple du Seigneur. Alors vous saurez que c'est bien le Seigneur de l'univers qui m'a envoyé vers vous. Tout cela arrivera si vous obéissez fidèlement au Seigneur votre Dieu. La quatrième année du règne de Darius, le quatrième jour du neuvième mois, ou mois de Kisleu, le Seigneur me communiqua un message. Les habitants de Béthel avaient envoyé Saresser et Réguem-Mélek avec une délégation pour implorer la faveur du Seigneur. Ils devaient poser la question suivante aux prêtres qui officient au temple du Seigneur de l'univers, et aux prophètes: «Devons-nous continuer à pleurer et à jeûner pendant le cinquième mois de l'année, comme nous le faisons depuis si longtemps?» Alors le Seigneur de l'univers me donna l'ordre de transmettre sa réponse aux prêtres et à tous les habitants du pays: «Depuis soixante-dix ans, vous jeûnez et vous vous lamentez pendant les cinquième et septième mois, mais ce n'est pas pour me plaire que vous observez ces jeûnes! Et lorsque vous mangez et buvez, c'est pour votre propre plaisir que vous le faites!» Autrefois déjà, les prophètes ont proclamé des avertissements semblables de la part du Seigneur; c'était l'époque où les habitants de Jérusalem et des villes d'alentour vivaient dans la tranquillité, et où la région méridionale et le Bas -Pays étaient peuplés. N'opprimez ni les veuves, ni les orphelins, ni les étrangers, ni les pauvres. Ne projetez aucun mal les uns à l'égard des autres.» Mais les gens ont refusé d'écouter: ils ont tourné le dos et se sont bouché les oreilles pour ne pas entendre. Ils ont rendu leur cœur aussi dur que le diamant; ils ne voulaient pas recevoir les enseignements du Seigneur de l'univers, que son Esprit leur communiquait par l'intermédiaire des prophètes d'autrefois. Alors le Seigneur de l'univers s'est mis dans une violente colère et il a déclaré: «Puisqu'ils n'ont pas voulu entendre quand je les appelais à l'obéissance, j'ai refusé de leur répondre lorsqu'ils appelaient au secours. Je les ai éparpillés parmi toutes sortes de peuples qu'ils ne connaissaient pas. Derrière eux, ils ont laissé un pays vide, où plus personne n'allait et venait. Leur pays où il faisait bon vivre, ils l'ont transformé en désert.» Le Seigneur de l'univers me communiqua ce message: «Moi, le Seigneur, j'ai un amour ardent pour Jérusalem, j'éprouve une vraie passion pour elle. C'est pourquoi, je le déclare, je reviens à Jérusalem, j'habite de nouveau à Sion. On appellera Jérusalem “Ville fidèle”, et Sion, la colline qui m'appartient, aura pour nom “Colline sainte”. Oui, je le déclare, les vieillards, hommes et femmes, qui s'appuient sur un bâton à cause de leur grand âge, reviendront s'asseoir sur les places de Jérusalem. Les garçons et les filles viendront de nouveau en grand nombre jouer dans les rues de la ville. Cet avenir semble irréalisable aux survivants du peuple d'Israël, mais je peux réaliser ce miracle, moi, le Seigneur de l'univers. Je vous le promets, je vais sauver mon peuple exilé dans les régions de l'est et de l'ouest. Je les ferai venir de là-bas pour habiter à Jérusalem. Ils seront mon peuple et je serai leur Dieu. Je régnerai sur eux avec loyauté et justice.» Voici ce que déclare le Seigneur de l'univers: «Reprenez courage! Vous entendez maintenant les promesses que les prophètes ont déjà annoncées de ma part au moment où on a posé les fondations pour reconstruire mon temple. Auparavant personne ne payait le travail des hommes ni celui des bêtes. On ne pouvait pas aller et venir à l'abri des ennemis, car j'avais lâché tous les hommes les uns contre les autres. Mais maintenant, je l'affirme, je ne traiterai plus comme autrefois les survivants de ce peuple. Je répandrai la paix sur la terre: les vignes donneront du raisin, le sol produira des récoltes, du ciel tomberont des pluies abondantes. J'accorderai tous ces bienfaits aux survivants de mon peuple. Royaumes de Juda et d'Israël, vous avez été, parmi les nations, l'exemple d'un peuple maudit. Eh bien, maintenant, je vous sauve, vous serez l'exemple d'un peuple béni. N'ayez plus peur! Reprenez courage!» Voici ce que déclare le Seigneur de l'univers: «Lorsque j'avais résolu de vous plonger dans le malheur parce que vos ancêtres m'avaient irrité, je ne suis pas revenu sur ma décision. Maintenant j'ai décidé, au contraire, de vous combler de bienfaits, habitants de Jérusalem et de tout le pays de Juda. N'ayez donc plus peur. Voici comment vous devez agir: Que chacun dise la vérité à son prochain. Que vos tribunaux rendent une justice équitable et rétablissent la paix! Ne projetez aucun mal les uns à l'égard des autres, refusez de prononcer de faux serments, car je déteste les actes de ce genre, je l'affirme, moi, le Seigneur.» Le Seigneur de l'univers me communiqua ce message: «Je vous le déclare, les jeûnes que vous observez pendant les quatrième, cinquième, septième et dixième mois de l'année deviendront désormais, pour le peuple de Juda, de grandes fêtes pleines de gaieté et de joie. «Mais désirez par-dessus tout la vérité et la paix!» Voici ce que déclare le Seigneur de l'univers: «Des nations étrangères, les habitants de nombreuses villes viendront de nouveau à Jérusalem. Les habitants d'une ville proposeront à ceux d'une autre: “Venez, nous partons prier le Seigneur de l'univers et rechercher sa présence.” “Nous venons avec vous”, répondront-ils. Oui, de nombreux peuples et de puissantes nations viendront à Jérusalem rechercher ma présence et m'implorer par leurs prières. A ce moment-là, je le déclare, dix étrangers, parlant chacun une langue différente, saisiront un Juif par le pan de son manteau, et lui diront: “Nous voulons aller avec vous, car nous avons appris que Dieu est avec vous.” » Message du Seigneur. Sa parole atteint la région de Hadrak, elle s'arrête sur la ville de Damas. En effet, le Seigneur pose son regard non seulement sur les tribus d'Israël, mais aussi sur tous les êtres humains. Il s'adresse également à Hamath, près de Damas, et aux villes de Tyr et de Sidon, dont l'habileté est grande. Tyr s'est construit une forteresse, elle a entassé autant d'argent qu'il y a de terre sur les chemins, et accumulé autant d'or qu'il y a de poussière dans les rues. Mais le Seigneur la dépossédera, il fera tomber ses remparts dans la mer et un incendie détruira la ville. A ce spectacle, la ville d'Ascalon prendra peur, Gaza tremblera de crainte, Écron aussi, car elle aura perdu l'appui qu'elle espérait. Il n'y aura plus de roi à Gaza, Ascalon sera privée de ses habitants. Une population mélangée s'installera à Asdod. «C'est ainsi, dit le Seigneur, que je détruirai l'orgueil des Philistins. J'arracherai de leur bouche la viande non saignée ou consacrée aux idoles. Leurs survivants m'auront pour Dieu au même titre qu'un clan de Juda, Écron entrera dans mon peuple comme les Jébusites l'ont fait. Je monterai la garde autour de mon pays pour le défendre contre les armées qui passent, personne ne viendra plus opprimer mon peuple, car maintenant j'ai posé mon regard sur lui.» Éclate de joie, Jérusalem! Crie de bonheur, ville de Sion! Regarde, ton roi vient à toi, juste et victorieux, humble et monté sur un âne, sur un ânon, le petit d'une ânesse. A Éfraïm, il supprimera les chars de combat et les chevaux, à Jérusalem; il brisera les arcs de guerre. Il établira la paix parmi les nations; il sera le maître d'une mer à l'autre, de l'Euphrate jusqu'au bout du monde. Le Seigneur dit: «A cause de mon alliance avec vous, confirmée par le sang des sacrifices, je vais libérer ceux de vous qui sont au fond d'une prison comme dans une citerne sans eau. Prisonniers qui vivez d'espérance, retournez dans votre ville dont les murs sont relevés. Je vous l'annonce maintenant: je vous dédommagerai de vos souffrances par le double de bienfaits. J'utiliserai Juda comme un arc de guerre, Éfraïm en sera la flèche. Sion, j'enverrai tes hommes attaquer ceux de la Grèce; je me servirai d'eux comme de l'épée d'un guerrier.» Le Seigneur va surgir au-dessus de son peuple. Sa flèche partira comme l'éclair. Le Seigneur Dieu sonnera de la trompette, il arrivera avec les orages du sud. Le Seigneur de l'univers protégera son peuple, il lancera des grêlons pour détruire et écraser toute opposition: ils feront couler le sang des ennemis comme si c'était du vin, ou comme le sang des sacrifices qui remplit les bols à aspersion et recouvre les angles de l'autel. En ce temps-là, le Seigneur Dieu sauvera son peuple comme un berger sauve son troupeau. Semblables aux pierres précieuses d'une couronne, ils resplendiront dans le pays. Comme ils seront heureux! Comme ils seront beaux! Blé et vin nouveau donneront de la vigueur aux jeunes gens et aux jeunes filles. Demandez au Seigneur de vous envoyer la pluie du printemps: c'est lui qui produit les orages; il vous donnera une pluie abondante et fera verdir les champs de chacun. Les idoles que vous consultez vous répondent par des mensonges; les devins font de fausses révélations, les rêves qu'ils racontent sont sans valeur, la consolation qu'ils apportent est trompeuse. C'est pourquoi le peuple a dû partir, malheureux comme un troupeau privé de berger. «Je me suis mis en colère contre les bergers étrangers qui prétendent diriger mon peuple, je vais intervenir contre eux. Oui, moi, le Seigneur de l'univers, je vais m'occuper de mon troupeau, le peuple de Juda. Je l'emmènerai au combat comme un glorieux cheval. De lui proviendront des chefs de toutes sortes, solides comme une pierre angulaire, fermes comme un piquet de tente, forts comme un arc de guerre. Ils se conduiront en vaillants guerriers, piétinant ceux qui les combattent, comme la poussière des rues. Ils combattront ainsi parce que moi, le Seigneur, je suis avec eux. Et les cavaliers ennemis seront couverts de honte. Je fortifierai le peuple de Juda, je délivrerai le peuple d'Israël. Je les ramènerai chez eux et je leur montrerai mon amour comme si je ne les avais jamais rejetés. Je suis le Seigneur, leur Dieu, et je répondrai à leurs prières. Les hommes d'Éfraïm se montreront forts comme des guerriers, joyeux comme s'ils avaient bu du vin. A ce spectacle, leurs enfants seront heureux, grâce au Seigneur, leur cœur sera rempli de joie. J'appellerai mon peuple et je le rassemblerai, car j'ai décidé de le libérer. Ils seront aussi nombreux qu'autrefois. Je les ai répandus parmi les peuples comme on répand de la semence, mais, dans les pays lointains, ils se souviendront de moi. Ils pourront y vivre avec leurs enfants, puis ils reviendront. Je les retirerai d'Égypte et d'Assyrie, je les ramènerai chez eux, je les conduirai aussi dans le pays de Galaad et au Liban, mais même là, ils manqueront de place. Ils franchiront la mer de détresse, moi, le Seigneur, j'abattrai les vagues, même le fond du Nil sera à sec. L'orgueilleuse Assyrie tombera de haut, l'Égypte perdra tout pouvoir. Je fortifierai mon peuple, il agira toujours de façon à me plaire. C'est moi, le Seigneur, qui l'affirme.» Liban, ouvre tes portes et qu'un incendie ravage tes cèdres. Gémissez, cyprès, les cèdres ont été abattus, ces arbres magnifiques ont été détruits. Gémissez, chênes du Bachan, votre forêt impénétrable a été rasée. On entend gémir les bergers des peuples, leur temps de gloire est passé. On entend rugir les lions, le long du Jourdain leurs magnifiques fourrés sont dévastés. Un jour, le Seigneur mon Dieu me donna cet ordre: «Deviens le berger des moutons destinés à l'abattoir. Ceux qui les achètent les égorgent sans se croire coupables, et ceux qui les vendent s'exclament: “Remercions le Seigneur, nous voilà riches!” Leurs propres bergers n'en ont même pas pitié. Moi, le Seigneur, je l'affirme, je n'aurai pas non plus pitié des habitants de la terre. Je vais livrer chaque homme au pouvoir de son voisin et de son roi. Les rois dévasteront la terre et je ne délivrerai personne de leurs mains.» Je devins donc le berger du troupeau que les trafiquants de moutons destinaient à l'abattoir. Je me procurai deux bâtons de berger. J'appelai l'un “Amitié” et l'autre “Unité”, et j'allai prendre soin des moutons. En un seul mois je renvoyai leurs trois bergers. Puis je perdis patience avec les moutons et, de leur côté, ils en eurent assez de moi. Alors je leur dis: «Je ne prendrai pas soin de vous plus longtemps. Ceux qui doivent mourir n'ont qu'à mourir! Ceux qui doivent être abattus n'ont qu'à se laisser massacrer! Et ceux qui survivront après cela n'auront qu'à s'entre-dévorer!» Je pris le bâton de l'amitié et je le cassai pour rompre le pacte d'amitié que le Seigneur avait fait conclure à tous les peuples. Le pacte fut donc rompu à ce moment même. Les trafiquants de moutons, qui m'observaient, comprirent que le Seigneur parlait à travers mes actions. Je leur déclarai: «Si vous le jugez bon, donnez-moi mon salaire; sinon tant pis!» Ils comptèrent alors trente pièces d'argent, qu'ils me donnèrent comme salaire. Le Seigneur me dit: «Ils estiment que je ne vaux pas plus que cela! Porte cette somme grandiose au fondeur!» Je pris donc les trente pièces d'argent et je les portai au fondeur dans le temple du Seigneur. Ensuite je cassai le second bâton, celui de l'unité, pour rompre la fraternité entre les gens de Juda et d'Israël. Le Seigneur me dit encore: «Joue maintenant le rôle d'un berger insensé. En effet, je vais envoyer dans le pays un nouveau berger: il ne s'occupera pas des moutons qui risquent d'être abattus, il ne cherchera pas les égarés, il ne soignera pas les blessés et il ne nourrira pas ceux qui sont encore bien portants. Au lieu de cela, il mangera la viande des plus gras et il leur brisera les sabots.» Malheur au berger insensé qui abandonne son troupeau! Que la guerre détruise la vigueur de ses bras et la vivacité de ses yeux: que son bras soit paralysé, que son œil droit perde la vue! Message du Seigneur au sujet d'Israël. Voici ce qu'affirme le Seigneur, lui qui a déployé l'étendue du ciel, posé les bases de la terre et donné la vie à l'homme: «Je vais faire de Jérusalem une coupe remplie du vin de ma colère: elle donnera le vertige à tous les peuples d'alentour. Le vertige atteindra tout Juda, lorsque Jérusalem sera assiégée. En ce temps-là, je ferai de Jérusalem un bloc de pierre que les peuples voudront soulever. Ceux qui essaieront se blesseront. Alors toutes les nations de la terre s'uniront contre la ville. En ce temps-là, je l'affirme, je rendrai leurs chevaux ivres de crainte et leurs cavaliers fous de terreur. Je veillerai sur Juda, mais je rendrai aveugles les chevaux des autres peuples. Les chefs de Juda se diront en eux-mêmes: “C'est en Dieu, le Seigneur de l'univers, que les habitants de Jérusalem trouvent leur force.” En ce temps-là, je rendrai les chefs de Juda semblables à un foyer d'incendie dans une forêt ou à une torche enflammée sous des gerbes de blé; de tous côtés, ils détruiront les peuples qui les entourent. Cependant les habitants de Jérusalem continueront à vivre dans leur ville.» Le Seigneur viendra d'abord au secours des familles de Juda, pour que les descendants de David et les habitants de Jérusalem ne se croient pas supérieurs au reste de la population de Juda. En ce temps-là, le Seigneur protégera les habitants de Jérusalem: les plus faibles d'entre eux deviendront forts comme David, et les descendants de David seront pour eux comme Dieu, comme l'ange du Seigneur marchant devant eux. «En ce temps-là, dit le Seigneur, j'interviendrai pour détruire toutes les nations qui viendront attaquer Jérusalem. J'animerai les descendants de David et les habitants de Jérusalem d'un esprit de bonne volonté et de prière. Ils regarderont à moi, à cause de celui qu'ils ont transpercé. Ils pleureront sur lui comme on pleure à la mort d'un fils unique, ils se lamenteront amèrement comme lorsqu'on perd un fils premier-né. En ce temps-là, il y aura à Jérusalem une cérémonie de deuil aussi imposante que celle qu'on célèbre pour Hadad-Rimmon dans la vallée de Méguiddo. Chaque clan du pays célébrera le deuil de son côté: le clan des descendants de David, hommes et femmes séparément, celui des descendants de Natan, hommes et femmes séparément, celui des descendants de Lévi, hommes et femmes séparément, celui des descendants de Chiméi, hommes et femmes séparément. De même, tous les autres clans célébreront le deuil chacun de son côté, hommes et femmes séparément. «En ce temps-là, une source jaillira pour laver les péchés et les impuretés des descendants de David et des habitants de Jérusalem.» «En ce temps-là, affirme le Seigneur de l'univers, j'ôterai les idoles du pays et personne ne mentionnera plus leurs noms. Je ferai disparaître également ceux qui se disent prophètes et je détruirai votre goût pour l'idolâtrie. Si quelqu'un se met encore à faire le prophète, son propre père et sa propre mère lui diront: “Tu dois mourir, car tu prétends parler de la part de Dieu mais, en réalité, tu débites des mensonges.” Et ses propres parents le frapperont à mort pendant qu'il prophétisera. En ce temps-là, les prophètes auront honte de prophétiser et de raconter leurs visions, ils n'oseront plus tromper les gens en mettant le manteau de poil des prophètes. Chacun d'eux dira: “Je ne suis pas un prophète, moi, je suis un cultivateur, je possède des terres depuis ma jeunesse!” Et si quelqu'un lui demande: “Que signifient ces blessures sur ta poitrine?”, il répondra: “Je les ai reçues chez des amis!” » Voici ce que le Seigneur de l'univers affirme: «Épée, attaque le berger, dont j'ai fait mon associé, tue le berger, alors les moutons partiront de tous côtés, et j'attaquerai les petits du troupeau.» Il affirme encore: «Les deux tiers des habitants du pays mourront, un tiers d'entre eux seulement survivra. Je purifierai et j'éprouverai les survivants comme de l'or et de l'argent qu'on fait passer par le feu. Alors ils m'adresseront leurs prières et je les exaucerai. Je leur dirai: “Mon peuple”, et ils affirmeront: “Le Seigneur est notre Dieu. ”» Le jour du Seigneur approche. Sous vos yeux, habitants de Jérusalem, on se partagera vos biens. En effet, le Seigneur rassemblera les nations pour qu'elles attaquent Jérusalem: la ville sera prise, les maisons seront pillées et les femmes violées, la moitié des habitants partira en exil, mais le reste de la population pourra rester dans la ville. Puis le Seigneur se mettra en campagne contre ces nations, il combattra comme il l'a toujours fait dans les temps de guerre. En ce temps-là, il se tiendra sur le mont des Oliviers, près de Jérusalem, à l'est de la ville. Le mont des Oliviers se fendra en deux et une grande vallée apparaîtra, orientée d'est en ouest. Une moitié du mont s'éloignera vers le nord, et l'autre moitié vers le sud. Vous vous enfuirez par cette vallée creusée entre les montagnes, car elle s'étendra jusqu'à Assal. Vous fuirez comme vos ancêtres l'ont fait à l'époque d'Ozias, roi de Juda, à cause du tremblement de terre. Alors le Seigneur mon Dieu arrivera avec les anges qui sont à son service. En ce temps-là, la lumière ne sera plus nécessaire, il n'y aura plus ni froid ni gel. A une époque que seul le Seigneur connaît, il fera continuellement jour, on ne distinguera plus entre le jour et la nuit, même le soir, il fera clair. En ce temps-là, une source jaillira de Jérusalem; la moitié de son eau coulera vers la mer Morte et l'autre moitié vers la Méditerranée, pendant toute l'année, à la saison sèche comme à la saison des pluies. En ce temps-là, le Seigneur régnera sur la terre entière; lui seul sera adoré comme Dieu, son nom seul sera reconnu par tous les hommes. Toute la région autour de Jérusalem sera transformée en plaine, de Guéba au nord jusqu'à Rimmon au sud. Jérusalem dominera les alentours, et la ville s'étendra de la porte de Benjamin jusqu'à la porte de l'Angle, à l'emplacement de l'ancienne porte, et de la tour de Hananéel jusqu'aux pressoirs du Roi. On pourra s'installer dans la ville, elle ne sera plus menacée de destruction et on y vivra en sécurité. Quant aux peuples partis en guerre contre Jérusalem, voici quels maux le Seigneur leur fera subir: leur chair se décomposera alors qu'ils seront encore vivants, leurs yeux pourriront dans leurs orbites, de même que leur langue dans leur bouche. En ce temps-là, le Seigneur les remplira d'une panique épouvantable; ils se tourneront les uns contre les autres et chacun attaquera son voisin. Les hommes de Juda combattront pour défendre Jérusalem, ils prendront aux nations voisines toutes leurs richesses: ils amasseront ainsi de l'or, de l'argent et des habits en grande quantité. Tous les animaux des camps ennemis, chevaux et mulets, chameaux et ânes, subiront des maux semblables à ceux qui ont frappé les hommes. En ce temps-là, les survivants des nations qui ont attaqué Jérusalem se rendront chaque année dans cette ville, pour adorer le Seigneur, le roi de l'univers, et pour célébrer la fête des Huttes. Si l'un des peuples de la terre ne se rend pas à Jérusalem, pour adorer le Seigneur, le roi de l'univers, la pluie ne tombera pas sur son pays. Si les Égyptiens refusent de se rendre à Jérusalem, pour célébrer la fête des Huttes, ils seront frappés d'un malheur comme les autres nations qui n'iront pas célébrer cette fête. Ainsi seront punies l'Égypte et les nations qui ne célébreront pas cette fête. En ce temps-là, même les clochettes des chevaux porteront l'inscription “consacré au Seigneur”. Les chaudrons ordinaires du temple seront considérés comme aussi sacrés que les bols à aspersion placés devant l'autel. Tous les chaudrons qui se trouvent à Jérusalem et en Juda seront consacrés au Seigneur de l'univers. Ceux qui viendront offrir des sacrifices les utiliseront pour faire cuire la viande. Quand ce temps arrivera, il n'y aura plus aucun marchand dans le temple du Seigneur de l'univers. Message que le Seigneur a adressé aux Israélites par l'intermédiaire de Malachie. Le Seigneur déclare à son peuple: «Je vous aime.» On lui demande: «Où est la preuve de ton amour?» Le Seigneur répond: «Ésaü n'était-il pas le frère de Jacob? Pourtant j'ai aimé Jacob mais j'ai repoussé Ésaü. J'ai dévasté la région montagneuse d'Ésaü, et j'ai livré son pays aux chacals du désert. Ses descendants, les Édomites, peuvent bien dire: “Nous avons été écrasés, mais nous allons rebâtir nos villes en ruine.” Moi, le Seigneur de l'univers, je déclare ceci: Qu'ils reconstruisent, je démolirai leur œuvre. On leur appliquera ces surnoms “le pays où règne le mal” et “le peuple contre lequel le Seigneur est sans cesse irrité”. Vous, les Israélites, vous verrez tout cela et vous vous exclamerez: “Le Seigneur manifeste sa puissance même au-delà des frontières d'Israël!” » Le Seigneur de l'univers déclare ceci aux prêtres: «Un fils a des égards pour son père et un serviteur pour son maître. Ne suis-je pas à la fois votre père et votre maître? Alors pourquoi n'avez-vous ni égards ni respect pour moi? Vous me méprisez et vous demandez: “En quoi t'avons-nous méprisé?” Vous apportez sur mon autel des aliments indignes de moi et vous dites: “En quoi offensons-nous ta dignité?” Eh bien, c'est en traitant mon autel avec désinvolture! Quand vous amenez un animal aveugle, boiteux ou malade pour me l'offrir en sacrifice, pensez-vous que ce soit correct? Si vous offrez un tel animal au gouverneur, croyez-vous qu'il sera satisfait et prêt à vous accorder des faveurs? Je vous le demande, moi, le Seigneur de l'univers. Maintenant, essayez donc de me supplier, moi, votre Dieu, pour que je sois favorable à mon peuple. Pensez-vous que je vais vous écouter avec bienveillance après ce que vous avez fait? Sûrement pas! Il vaudrait bien mieux que l'un de vous ferme les portes du temple; alors vous n'iriez plus allumer pour rien du feu sur mon autel. En effet, je n'ai aucun plaisir à vous voir et les offrandes que vous me présentez ne me sont pas agréables, je le déclare, moi, le Seigneur de l'univers. D'une extrémité de la terre à l'autre, des gens de toutes nations reconnaissent ma grandeur. Partout on brûle du parfum en mon honneur et on m'apporte des offrandes dignes de moi. Oui, les nations reconnaissent ma grandeur, je le déclare, moi, le Seigneur de l'univers. Mais vous, vous la bafouez en considérant que l'autel du Seigneur n'est pas digne de respect et qu'il ne rapporte rien. Vous dites même: “Quelle corvée!” Vous n'avez que du mépris pour moi, le Seigneur de l'univers. Vous m'offrez des animaux volés, boiteux ou malades. Comment pourrais-je accepter de telles offrandes, je vous le demande? Malheur au tricheur qui a des bêtes saines dans son troupeau et qui met de côté un animal taré pour me l'offrir en sacrifice! Malheur à lui, car je suis un grand roi dont toutes les nations redoutent la puissance, je le déclare, moi, le Seigneur de l'univers!» Déjà, je profère des menaces contre vos descendants. Quant à vous, je vais vous jeter du fumier à la figure, le fumier des animaux sacrifiés pendant vos fêtes. Et l'on se débarrassera de vous en même temps que de lui. Vous comprendrez alors que moi, le Seigneur Dieu, je vous ai adressé cet avertissement pour préserver l'alliance que j'ai conclue avec les lévites. Par cette alliance, je leur ai accordé la vie et la prospérité, je leur ai inspiré du respect, ils m'ont obéi et ont été remplis de crainte devant ma puissance. Ils n'ont formulé que des enseignements justes, ils n'ont prononcé aucune parole mensongère. Ils vivaient en parfait accord avec moi, dans la loyauté, et ils ont convaincu beaucoup de gens de renoncer au mal. Oui, c'est le rôle du prêtre d'enseigner aux hommes à connaître Dieu, c'est lui qu'ils viennent consulter au sujet des règles à appliquer, car il est le porte-parole du Seigneur de l'univers. Mais vous, vous avez trahi cette mission. Par votre enseignement, vous avez égaré beaucoup de gens, vous avez rompu mon alliance avec vous, les lévites, je le déclare, moi, le Seigneur de l'univers. Eh bien moi, je vais inciter tout le peuple d'Israël à vous mépriser et vous humilier, puisque vous n'obéissez pas à ma volonté et que vous faites preuve de partialité dans vos décisions.» «N'avons-nous pas tous le même père? N'est-ce pas le même Dieu qui nous a créés? Alors pourquoi sommes-nous déloyaux les uns envers les autres en violant l'alliance conclue entre Dieu et nos ancêtres? Les gens de Juda ont trahi leurs engagements. Ils ont commis des actions abominables à Jérusalem et dans tout le pays d'Israël. En effet, ils ont méprisé le lieu saint, cher au Seigneur, et ils ont épousé des femmes qui adorent des dieux étrangers. Que le Seigneur prive d'aide quiconque agit ainsi! Que personne dans les maisons israélites ne témoigne en sa faveur ou ne présente en son nom des offrandes au Seigneur de l'univers! «Et voici ce que vous faites encore: vous inondez de larmes l'autel du Seigneur; vous pleurez et gémissez parce que le Seigneur ne prête plus attention à vos offrandes et n'accepte plus ce que vous lui apportez. Vous demandez pourquoi il n'en veut plus. Eh bien, vous vous étiez engagés devant le Seigneur envers la femme épousée dans votre jeunesse. C'était votre compagne, vous vous étiez liés à elle, et pourtant vous l'avez trahie. Le Seigneur n'a-t-il pas fait de vous un seul être avec elle, par le corps et l'esprit? Et que souhaite ce seul être? N'est-ce pas d'avoir des enfants accordés par Dieu? Prenez donc garde à vous-mêmes, ne trahissez pas la femme épousée dans votre jeunesse. “Je hais la répudiation et celui qui se rend coupable de violence, dit le Seigneur, le Dieu d'Israël et de l'univers. Prenez donc garde à vous-mêmes et ne trahissez pas vos engagements.” » «Vous fatiguez le Seigneur par vos discours. Mais vous demandez: “En quoi le fatiguons-nous?” Eh bien, c'est lorsque vous dites: “Le Seigneur voit d'un bon œil celui qui agit mal, il approuve cette sorte de gens.” Ou encore: “Où donc est le Dieu qui fait régner la justice?” «Le Seigneur de l'univers vous répond: “Je vais envoyer mon messager pour m'ouvrir le chemin. Le Seigneur que vous désirez arrivera soudain dans son temple; le messager que vous attendez proclamera mon alliance avec vous. Le voici, il est en train de venir!” Quelqu'un pourra-t-il survivre lorsqu'il arrivera? Quelqu'un restera-t-il debout lorsqu'il apparaîtra? Il sera comme le feu qui affine le métal, comme le savon du blanchisseur. Il s'installera pour éliminer les déchets et enlever les impuretés. Comme on raffine de l'or et de l'argent, il purifiera totalement les descendants de Lévi. Ceux-ci présenteront alors leurs offrandes au Seigneur conformément aux règles. Le Seigneur accueillera favorablement les offrandes des gens de Juda et de Jérusalem comme auparavant, dans les années du passé. Oui, le Seigneur de l'univers déclare: “Je viendrai au milieu de vous pour vous juger. Je m'empresserai d'accuser ceux qui pratiquent la magie, qui commettent l'adultère, qui prononcent de faux serments, qui retiennent le salaire des ouvriers, qui oppriment les veuves et les orphelins ou qui font du tort aux étrangers, tous ceux qui ne tiennent aucun compte de moi.” » «Moi, le Seigneur, je ne change pas. Et vous, vous ne cessez pas d'être les vrais descendants de Jacob. Tout comme vos ancêtres avant vous, vous vous êtes écartés de mes enseignements, vous ne les avez pas observés. Revenez à moi et je reviendrai à vous, je le déclare, moi, le Seigneur de l'univers. Mais voilà que vous dites: “Comment pouvons-nous revenir à toi?” Je vous réponds: Est-il normal de tromper Dieu? Pourtant vous, vous me trompez! “En quoi?” me demandez-vous. Dans le versement de la dîme et dans vos offrandes. Vous êtes sous le coup d'une grave malédiction parce que vous me trompez, vous, le peuple tout entier. Apportez donc réellement tout ce que vous devez dans mon temple pour qu'il y ait toujours de la nourriture en réserve. Vous pouvez me mettre à l'épreuve à ce sujet, moi, le Seigneur de l'univers. Vous verrez bien que j'ouvrirai pour vous les vannes du ciel et que je vous comblerai de bienfaits. J'empêcherai les insectes de détruire vos récoltes et de rendre vos vignes improductives, je vous le promets. Toutes les nations étrangères vous déclareront heureux, car il fera bon vivre dans votre pays, je le déclare, moi, le Seigneur de l'univers.» Le Seigneur déclare: «Vous prononcez contre moi des paroles insolentes puis vous demandez: “Quels propos malveillants à ton égard avons-nous bien pu échanger entre nous?” Eh bien, vous avez affirmé: “Il est inutile de servir Dieu. Nous avons obéi à ses ordres et nous avons participé à des cérémonies de deuil pour obtenir la faveur du Seigneur de l'univers, mais nous n'en avons tiré aucun profit. Nous le constatons maintenant: les gens heureux, ce sont les arrogants, et les gens prospères, ce sont les malfaiteurs. Même s'ils provoquent Dieu, ils s'en tirent toujours!” » Alors, ceux qui se soumettent au Seigneur ont discuté entre eux. Le Seigneur les a écoutés, il a entendu leur propos. On a mis par écrit devant lui la liste de ceux qui reconnaissent et respectent son autorité. Puis le Seigneur de l'univers a déclaré: «Le jour où je manifesterai ma puissance, je considérerai ces gens comme miens, ils seront mon propre peuple. Je serai bienveillant à leur égard comme un père l'est à l'égard du fils qui le sert. Et vous verrez de nouveau la différence entre les justes et les méchants, entre ceux qui servent Dieu et ceux qui ne le servent pas. Je le déclare, moi, le Seigneur de l'univers, le jour où j'interviendrai arrive, semblable à une fournaise ardente. Ce jour-là, les arrogants et les malfaiteurs disparaîtront comme paille au feu. Il ne restera rien d'eux, absolument plus rien. Mais, pour ceux qui reconnaissent mon autorité, voici ma promesse: ma puissance de salut va apparaître comme le soleil levant qui apporte la guérison dans ses rayons. Vous serez libres et vous bondirez de joie comme des veaux au sortir de l'étable. Le jour où je manifesterai ma puissance, vous écraserez les méchants; ils seront comme de la poussière sous vos pieds, je le déclare, moi, le Seigneur de l'univers.» «Souvenez-vous de ce que mon serviteur Moïse a enseigné, observez les règles et les lois que je lui ai données sur le mont Horeb pour tout le peuple d'Israël. «Avant que vienne le jour du Seigneur, ce jour grand et redoutable, je vais vous envoyer le prophète Élie. Il réconciliera les pères avec leurs enfants et les enfants avec leurs pères. Ainsi je n'aurai pas à venir détruire votre pays.» Voici la liste des ancêtres de Jésus-Christ, descendant de David, lui-même descendant d'Abraham. Abraham fut père d'Isaac, Isaac de Jacob, Jacob de Juda et de ses frères; Juda fut père de Pérès et de Zéra – leur mère était Tamar –, Pérès fut père de Hesron, Hesron de Ram; Ram fut père d'Amminadab; Amminadab de Nachon, Nachon de Salman; Salman fut père de Booz – Rahab était sa mère –, Booz fut père d'Obed – Ruth était sa mère –, Obed fut père de Jessé, et Jessé du roi David. David fut père de Salomon – sa mère avait été la femme d'Urie –; Salomon fut père de Roboam, Roboam d'Abia, Abia d'Asaf; Asaf fut père de Josaphat, Josaphat de Joram, Joram d'Ozias; Ozias fut père de Yotam, Yotam d'Akaz, Akaz d'Ézékias; Ézékias fut père de Manassé, Manassé d'Amon, Amon de Josias; Josias fut père de Yekonia et de ses frères, à l'époque où les Israélites furent déportés à Babylone. Après que les Israélites eurent été déportés à Babylone, Yekonia fut père de Chéaltiel, et Chéaltiel de Zorobabel; Zorobabel fut père d'Abihoud, Abihoud d'Éliakim; Éliakim d'Azor; Azor fut père de Sadok, Sadok d'Achim, Achim d'Élioud; Élioud fut père d'Éléazar, Éléazar de Matthan, Matthan de Jacob; Jacob fut père de Joseph, l'époux de Marie; c'est d'elle qu'est né Jésus, appelé le Messie. Il y eut donc en tout quatorze générations depuis Abraham jusqu'à David, puis quatorze depuis David jusqu'à l'époque où les Israélites furent déportés à Babylone, et quatorze depuis cette époque jusqu'à la naissance du Messie. Voici dans quelles circonstances Jésus-Christ est né. Marie, sa mère, était fiancée à Joseph; mais avant qu'ils aient vécu ensemble, elle se trouva enceinte par l'action du Saint-Esprit. Joseph, son fiancé, était un homme droit et ne voulait pas la dénoncer publiquement; il décida de rompre secrètement ses fiançailles. Comme il y pensait, un ange du Seigneur lui apparut dans un rêve et lui dit: «Joseph, descendant de David, ne crains pas d'épouser Marie, car c'est par l'action du Saint-Esprit qu'elle attend un enfant. Elle mettra au monde un fils, que tu appelleras Jésus, car il sauvera son peuple de ses péchés.» Tout cela arriva afin que se réalise ce que le Seigneur avait dit par le prophète: «La vierge sera enceinte et mettra au monde un fils, qu'on appellera Emmanuel.» – Ce nom signifie «Dieu est avec nous». – Quand Joseph se réveilla, il agit comme l'ange du Seigneur le lui avait ordonné et prit Marie comme épouse. Mais il n'eut pas de relations avec elle jusqu'à ce qu'elle ait mis au monde son fils, que Joseph appela Jésus. Jésus naquit à Bethléem, en Judée, à l'époque où Hérode était roi. Après sa naissance, des savants, spécialistes des étoiles, vinrent d'Orient. Ils arrivèrent à Jérusalem et demandèrent: «Où est l'enfant qui vient de naître, le roi des Juifs? Nous avons vu son étoile apparaître en Orient et nous sommes venus l'adorer.» Quand le roi Hérode apprit cette nouvelle, il fut troublé, ainsi que toute la population de Jérusalem. Il convoqua tous les chefs des prêtres et les maîtres de la loi, et leur demanda où le Messie devait naître. Ils lui répondirent: «A Bethléem, en Judée. Car voici ce que le prophète a écrit: “Et toi, Bethléem, au pays de Juda, tu n'es certainement pas la moins importante des localités de Juda; car c'est de toi que viendra un chef qui conduira mon peuple, Israël.” » Alors Hérode convoqua secrètement les savants et s'informa auprès d'eux du moment précis où l'étoile était apparue. Puis il les envoya à Bethléem, en leur disant: «Allez chercher des renseignements précis sur l'enfant; et quand vous l'aurez trouvé, faites-le-moi savoir, afin que j'aille, moi aussi, l'adorer.» Après avoir reçu ces instructions du roi, ils partirent. Ils virent alors l'étoile qu'ils avaient déjà remarquée en Orient: elle allait devant eux, et quand elle arriva au-dessus de l'endroit où se trouvait l'enfant, elle s'arrêta. Ils furent remplis d'une très grande joie en la voyant là. Ils entrèrent dans la maison et virent l'enfant avec sa mère, Marie. Ils se mirent à genoux pour adorer l'enfant; puis ils ouvrirent leurs bagages et lui offrirent des cadeaux: de l'or, de l'encens et de la myrrhe. Ensuite, Dieu les avertit dans un rêve de ne pas retourner auprès d'Hérode; ils prirent alors un autre chemin pour rentrer dans leur pays. Quand les savants furent partis, un ange du Seigneur apparut à Joseph dans un rêve et lui dit: «Debout, prends avec toi l'enfant et sa mère et fuis en Égypte; restes-y jusqu'à ce que je te dise de revenir. Car Hérode va rechercher l'enfant pour le faire mourir.» Joseph se leva donc, prit avec lui l'enfant et sa mère, en pleine nuit, et se réfugia en Égypte. Il y resta jusqu'à la mort d'Hérode. Cela arriva afin que se réalise ce que le Seigneur avait dit par le prophète: «J'ai appelé mon fils à sortir d'Égypte.» Quand Hérode se rendit compte que les savants l'avaient trompé, il entra dans une grande colère. Il donna l'ordre de tuer, à Bethléem et dans les environs, tous les garçons de moins de deux ans; cette limite d'âge correspondait aux indications que les savants lui avaient données. Alors se réalisa ce qu'avait déclaré le prophète Jérémie: «On a entendu une plainte à Rama, des pleurs et de grandes lamentations. C'est Rachel qui pleure ses enfants, elle ne veut pas être consolée, car ils sont morts.» Après la mort d'Hérode, un ange du Seigneur apparut dans un rêve à Joseph, en Égypte. Il lui dit: «Debout, prends avec toi l'enfant et sa mère et retourne au pays d'Israël, car ceux qui cherchaient à faire mourir l'enfant sont morts.» Joseph se leva donc, prit avec lui l'enfant et sa mère et retourna au pays d'Israël. Mais il apprit qu'Archélaos avait succédé à son père Hérode comme roi de Judée; alors il eut peur de s'y rendre. Il reçut de nouvelles indications dans un rêve, et il partit pour la province de Galilée. Il alla s'établir dans une ville appelée Nazareth. Il en fut ainsi pour que se réalise cette parole des prophètes: «Il sera appelé Nazaréen.» En ce temps-là, Jean-Baptiste parut dans le désert de Judée et se mit à prêcher: «Changez de comportement, disait-il, car le Royaume des cieux s'est approché!» Jean est celui dont le prophète Ésaïe a parlé lorsqu'il a dit: «Un homme crie dans le désert: Préparez le chemin du Seigneur, faites-lui des sentiers bien droits!» Le vêtement de Jean était fait de poils de chameau et il portait une ceinture de cuir autour de la taille; il mangeait des sauterelles et du miel sauvage. Les habitants de Jérusalem, de toute la Judée et de toute la région voisine de la rivière, le Jourdain, allaient à lui. Ils confessaient publiquement leurs péchés et Jean les baptisait dans le Jourdain. Jean vit que beaucoup de Pharisiens et de Sadducéens venaient à lui pour être baptisés; il leur dit alors: «Bande de serpents! Qui vous a enseigné à vouloir échapper au jugement de Dieu, qui est proche? Montrez par des actes que vous avez changé de mentalité et ne pensez pas qu'il suffit de dire en vous-mêmes: “Abraham est notre ancêtre.” Car je vous déclare que Dieu peut utiliser les pierres que voici pour en faire des descendants d'Abraham! La hache est déjà prête à couper les arbres à la racine: tout arbre qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu. Moi, je vous baptise avec de l'eau pour montrer que vous changez de comportement; mais celui qui vient après moi vous baptisera avec le Saint-Esprit et avec du feu. Il est plus puissant que moi: je ne suis pas même digne d'enlever ses chaussures. Il tient en sa main la pelle à vanner et séparera le grain de la paille. Il amassera son grain dans le grenier, mais il brûlera la paille dans un feu qui ne s'éteint jamais.» Alors Jésus vint de la Galilée au Jourdain; il arriva auprès de Jean pour être baptisé par lui. Jean s'y opposait et lui disait: «C'est moi qui devrais être baptisé par toi et c'est toi qui viens à moi!» Mais Jésus lui répondit: «Accepte qu'il en soit ainsi pour le moment. Car voilà comment nous devons accomplir tout ce que Dieu demande.» Alors Jean accepta. Dès que Jésus fut baptisé, il sortit de l'eau. Au même moment le ciel s'ouvrit pour lui: il vit l'Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. Et une voix venant du ciel déclara: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé; je mets en lui toute ma joie.» Ensuite l'Esprit de Dieu conduisit Jésus dans le désert pour qu'il y soit tenté par le diable. Après avoir passé quarante jours et quarante nuits sans manger, Jésus eut faim. Le diable, le tentateur, s'approcha et lui dit: «Si tu es le Fils de Dieu, ordonne à ces pierres de se changer en pains.» Jésus répondit: «L'Écriture déclare: “L'homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole que Dieu prononce.” » Alors le diable l'emmena jusqu'à Jérusalem, la ville sainte, le plaça au sommet du temple et lui dit: «Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas; car l'Écriture déclare: “Dieu donnera pour toi des ordres à ses anges et ils te porteront sur leurs mains pour éviter que ton pied ne heurte une pierre.” » Jésus lui répondit: «L'Écriture déclare aussi: “Ne mets pas à l'épreuve le Seigneur ton Dieu.” » Le diable l'emmena encore sur une très haute montagne, lui fit voir tous les royaumes du monde et leur splendeur, et lui dit: «Je te donnerai tout cela, si tu te mets à genoux devant moi pour m'adorer.» Alors Jésus lui dit: «Va-t'en, Satan! Car l'Écriture déclare: “Adore le Seigneur ton Dieu et ne rends de culte qu'à lui seul.” » Cette fois le diable le laissa. Des anges vinrent alors auprès de Jésus et se mirent à le servir. Quand Jésus apprit que Jean avait été mis en prison, il s'en alla en Galilée. Il ne resta pas à Nazareth, mais alla demeurer à Capernaüm, ville située au bord du lac de Galilée, dans la région de Zabulon et de Neftali. Il en fut ainsi afin que se réalisent ces paroles du prophète Ésaïe: «Région de Zabulon, région de Neftali, en direction de la mer, de l'autre côté du Jourdain, Galilée qu'habitent des non-Juifs! Le peuple qui vit dans la nuit verra une grande lumière! Pour ceux qui vivent dans le sombre pays de la mort, la lumière apparaîtra!» Dès ce moment, Jésus se mit à prêcher: «Changez de comportement, disait-il, car le Royaume des cieux s'est approché!» Jésus marchait le long du lac de Galilée, lorsqu'il vit deux frères qui étaient pêcheurs, Simon, surnommé Pierre, et son frère André; ils pêchaient en jetant un filet dans le lac. Jésus leur dit: «Venez avec moi et je ferai de vous des pêcheurs d'hommes.» Aussitôt, ils laissèrent leurs filets et le suivirent. Il alla plus loin et vit deux autres frères, Jacques et Jean, les fils de Zébédée. Ils étaient dans leur barque avec Zébédée, leur père, et réparaient leurs filets. Jésus les appela; aussitôt, ils laissèrent la barque et leur père et ils le suivirent. Jésus allait dans toute la Galilée; il enseignait dans les synagogues de la région, proclamait la Bonne Nouvelle du Royaume et guérissait les gens de toutes leurs maladies et de toutes leurs infirmités. L'on entendit parler de lui dans tout le pays de Syrie et on lui amena tous ceux qui souffraient de diverses maladies ou étaient tourmentés par divers maux: ceux qui étaient possédés d'un esprit mauvais, ainsi que les épileptiques et les paralysés. Et Jésus les guérit. De grandes foules le suivirent; elles venaient de Galilée, de la région des Dix Villes, de Jérusalem, de Judée et du territoire situé de l'autre côté du Jourdain. Quand Jésus vit ces foules, il monta sur une montagne et s'assit. Ses disciples vinrent auprès de lui et il se mit à leur donner cet enseignement: «Heureux ceux qui se savent pauvres en eux-mêmes, car le Royaume des cieux est à eux! Heureux ceux qui pleurent, car Dieu les consolera! Heureux ceux qui sont doux, car ils recevront la terre que Dieu a promise! Heureux ceux qui ont faim et soif de vivre comme Dieu le demande, car Dieu exaucera leur désir! Heureux ceux qui ont de la compassion pour autrui, car Dieu aura de la compassion pour eux! Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu! Heureux ceux qui créent la paix autour d'eux, car Dieu les appellera ses fils! Heureux ceux qu'on persécute parce qu'ils agissent comme Dieu le demande, car le Royaume des cieux est à eux! Heureux êtes-vous si les hommes vous insultent, vous persécutent et disent faussement toute sorte de mal contre vous parce que vous croyez en moi. Réjouissez-vous, soyez heureux, car une grande récompense vous attend dans les cieux. C'est ainsi, en effet, qu'on a persécuté les prophètes qui ont vécu avant vous.» «C'est vous qui êtes le sel du monde. Mais si le sel perd son goût, comment pourrait-on le rendre de nouveau salé? Il n'est plus bon à rien; on le jette dehors, et les gens marchent dessus. «C'est vous qui êtes la lumière du monde. Une ville construite sur une montagne ne peut pas être cachée. On n'allume pas une lampe pour la mettre sous un seau. Au contraire, on la place sur son support, d'où elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. C'est ainsi que votre lumière doit briller devant les hommes, afin qu'ils voient le bien que vous faites et qu'ils louent votre Père qui est dans les cieux.» «Ne pensez pas que je sois venu supprimer la loi de Moïse et l'enseignement des prophètes. Je ne suis pas venu pour les supprimer mais pour leur donner tout leur sens. Je vous le déclare, c'est la vérité: aussi longtemps que le ciel et la terre dureront, ni la plus petite lettre ni le plus petit détail ne seront supprimés de la loi, et cela jusqu'à la fin de toutes choses. C'est pourquoi, celui qui écarte même le plus petit des commandements et enseigne aux autres à faire de même, sera le plus petit dans le Royaume des cieux. Mais celui qui l'applique et enseigne aux autres à faire de même, sera grand dans le Royaume des cieux. Je vous l'affirme: si vous n'êtes pas plus fidèles à la volonté de Dieu que les maîtres de la loi et les Pharisiens, vous ne pourrez pas entrer dans le Royaume des cieux.» «Vous avez entendu qu'il a été dit à nos ancêtres: “Tu ne commettras pas de meurtre; tout homme qui en tue un autre mérite de comparaître devant le juge.” Eh bien, moi je vous déclare: tout homme qui se met en colère contre son frère mérite de comparaître devant le juge; celui qui dit à son frère: “Imbécile!” mérite d'être jugé par le Conseil supérieur; celui qui lui dit: “Idiot!” mérite d'être jeté dans le feu de l'enfer. Si donc tu viens à l'autel présenter ton offrande à Dieu et que là tu te souviennes que ton frère a une raison de t'en vouloir, laisse là ton offrande, devant l'autel, et va d'abord faire la paix avec ton frère; puis reviens et présente ton offrande à Dieu. «Si tu es en procès avec quelqu'un, dépêche-toi de te mettre d'accord avec lui pendant que vous êtes encore en chemin. Tu éviteras ainsi que ton adversaire ne te livre au juge, que le juge ne te remette à la police et qu'on ne te jette en prison. Je te le déclare, c'est la vérité: tu ne sortiras pas de là tant que tu n'auras pas payé ta dette jusqu'au dernier centime.» «Vous avez entendu qu'il a été dit: “Tu ne commettras pas d'adultère.” Eh bien, moi je vous déclare: tout homme qui regarde la femme d'un autre en la désirant a déjà commis l'adultère avec elle en lui-même. Si donc c'est à cause de ton œil droit que tu tombes dans le péché, arrache-le et jette-le loin de toi: il vaut mieux pour toi perdre une seule partie de ton corps que d'être jeté tout entier dans l'enfer. Si c'est à cause de ta main droite que tu tombes dans le péché, coupe-la et jette-la loin de toi: il vaut mieux pour toi perdre un seul membre de ton corps que d'aller tout entier en enfer.» «Il a été dit aussi: “Celui qui renvoie sa femme doit lui donner une attestation de divorce.” Eh bien, moi je vous déclare: tout homme qui renvoie sa femme, alors qu'elle n'a pas été infidèle, lui fait commettre un adultère si elle se remarie; et celui qui épouse une femme renvoyée par un autre commet aussi un adultère.» «Vous avez aussi entendu qu'il a été dit à nos ancêtres: “Ne romps pas ton serment, mais accomplis ce que tu as promis avec serment devant le Seigneur.” Eh bien, moi je vous dis de ne faire aucun serment: n'en faites ni par le ciel, car c'est le trône de Dieu; ni par la terre, car elle est un escabeau sous ses pieds; ni par Jérusalem, car elle est la ville du grand Roi. N'en fais pas non plus par ta tête, car tu ne peux pas rendre blanc ou noir un seul de tes cheveux. Si c'est oui, dites “oui”, si c'est non, dites “non”, tout simplement; ce que l'on dit en plus vient du Mauvais.» «Vous avez entendu qu'il a été dit: “Œil pour œil et dent pour dent.” Eh bien, moi je vous dis de ne pas vous venger de celui qui vous fait du mal. Si quelqu'un te gifle sur la joue droite, laisse-le te gifler aussi sur la joue gauche. Si quelqu'un veut te faire un procès pour te prendre ta chemise, laisse-le prendre aussi ton manteau. Si quelqu'un t'oblige à faire mille pas, fais-en deux mille avec lui. Donne à celui qui te demande quelque chose; ne refuse pas de prêter à celui qui veut t'emprunter.» «Vous avez entendu qu'il a été dit: “Tu dois aimer ton prochain et haïr ton ennemi.” Eh bien, moi je vous dis: aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent. Ainsi vous deviendrez les fils de votre Père qui est dans les cieux. Car il fait lever son soleil aussi bien sur les méchants que sur les bons, il fait pleuvoir sur ceux qui lui sont fidèles comme sur ceux qui ne le sont pas. Si vous aimez seulement ceux qui vous aiment, pourquoi vous attendre à recevoir une récompense de Dieu? Même les collecteurs d'impôts en font autant! Si vous ne saluez que vos frères, faites-vous là quelque chose d'extraordinaire? Même les païens en font autant! Soyez donc parfaits, tout comme votre Père qui est au ciel est parfait.» «Gardez-vous d'accomplir vos devoirs religieux en public, pour que tout le monde vous remarque. Sinon, vous ne recevrez pas de récompense de votre Père qui est dans les cieux. Quand donc tu donnes quelque chose à un pauvre, n'attire pas bruyamment l'attention sur toi, comme le font les hypocrites dans les synagogues et dans les rues: ils agissent ainsi pour être loués par les hommes. Je vous le déclare, c'est la vérité: ils ont déjà leur récompense. Mais quand ta main droite donne quelque chose à un pauvre, ta main gauche elle-même ne doit pas le savoir. Ainsi, il faut que ce don reste secret; et Dieu, ton Père, qui voit ce que tu fais en secret, te récompensera.» «Quand vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites: ils aiment à prier debout dans les synagogues et au coin des rues pour que tout le monde les voie. Je vous le déclare, c'est la vérité: ils ont déjà leur récompense. Mais toi, lorsque tu veux prier, entre dans ta chambre, ferme la porte et prie ton Père qui est là, dans cet endroit secret; et ton Père, qui voit ce que tu fais en secret, te récompensera. «Quand vous priez, ne répétez pas sans fin les mêmes choses comme les païens: ils s'imaginent que Dieu les exaucera s'ils parlent beaucoup. Ne les imitez pas, car Dieu, votre Père, sait déjà de quoi vous avez besoin avant que vous le lui demandiez. Voici comment vous devez prier: “Notre Père qui es dans les cieux, que chacun reconnaisse que tu es le Dieu saint, que ton Règne vienne; que chacun, sur la terre, fasse ta volonté comme elle est faite dans le ciel. Donne-nous aujourd'hui le pain nécessaire. Pardonne-nous nos torts, comme nous pardonnons nous aussi à ceux qui nous ont fait du tort. Et ne nous expose pas à la tentation, mais délivre-nous du Mauvais. [Car c'est à toi qu'appartiennent le règne, la puissance et la gloire, pour toujours. Amen.]” «En effet, si vous pardonnez aux autres le mal qu'ils vous ont fait, votre Père qui est au ciel vous pardonnera aussi. Mais si vous ne pardonnez pas aux autres, votre Père ne vous pardonnera pas non plus le mal que vous avez fait.» «Quand vous jeûnez, ne prenez pas un air triste comme font les hypocrites: ils changent de visage pour que tout le monde voie qu'ils jeûnent. Je vous le déclare, c'est la vérité: ils ont déjà leur récompense. Mais toi, quand tu jeûnes, lave-toi le visage et parfume ta tête, afin que les gens ne se rendent pas compte que tu jeûnes. Seul ton Père qui est là, dans le secret, le saura; et ton Père, qui voit ce que tu fais en secret, te récompensera.» «Ne vous amassez pas des richesses dans ce monde, où les vers et la rouille détruisent, où les cambrioleurs forcent les serrures pour voler. Amassez-vous plutôt des richesses dans le ciel, où il n'y a ni vers ni rouille pour détruire, ni cambrioleurs pour forcer les serrures et voler. Car ton cœur sera toujours là où sont tes richesses.» «Les yeux sont la lampe du corps: si tes yeux sont en bon état, tout ton corps est éclairé; mais si tes yeux sont malades, tout ton corps est dans l'obscurité. Si donc la lumière qui est en toi n'est qu'obscurité, comme cette obscurité sera noire!» «Personne ne peut servir deux maîtres: ou bien il haïra le premier et aimera le second; ou bien il s'attachera au premier et méprisera le second. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l'argent.» «Voilà pourquoi je vous dis: Ne vous inquiétez pas au sujet de la nourriture et de la boisson dont vous avez besoin pour vivre, ou au sujet des vêtements dont vous avez besoin pour votre corps. La vie est plus importante que la nourriture et le corps plus important que les vêtements, n'est-ce pas? Regardez les oiseaux: ils ne sèment ni ne moissonnent, ils n'amassent pas de récoltes dans des greniers, mais votre Père qui est au ciel les nourrit! Ne valez-vous pas beaucoup plus que les oiseaux? Qui d'entre vous parvient à prolonger un peu la durée de sa vie par le souci qu'il se fait? «Et pourquoi vous inquiétez-vous au sujet des vêtements? Observez comment poussent les fleurs des champs: elles ne travaillent pas, elles ne se font pas de vêtements. Pourtant, je vous le dis, même Salomon, avec toute sa richesse, n'a pas eu de vêtements aussi beaux qu'une seule de ces fleurs. Dieu habille ainsi l'herbe des champs qui est là aujourd'hui et qui demain sera jetée au feu: alors ne vous habillera-t-il pas à bien plus forte raison vous-mêmes? Comme votre confiance en lui est faible! Ne vous inquiétez donc pas en disant: “Qu'allons-nous manger? qu'allons-nous boire? qu'allons-nous mettre pour nous habiller?” Ce sont les païens qui recherchent sans arrêt tout cela. Mais votre Père qui est au ciel sait que vous en avez besoin. Préoccupez-vous d'abord du Royaume de Dieu et de la vie juste qu'il demande, et Dieu vous accordera aussi tout le reste. Ne vous inquiétez donc pas du lendemain: le lendemain se souciera de lui-même. A chaque jour suffit sa peine.» «Ne portez de jugement contre personne, afin que Dieu ne vous juge pas non plus. Car Dieu vous jugera comme vous jugez les autres; il vous mesurera avec la mesure que vous employez pour eux. Pourquoi regardes-tu le brin de paille qui est dans l'œil de ton frère, alors que tu ne remarques pas la poutre qui est dans ton œil? Comment peux-tu dire à ton frère: “Laisse-moi enlever cette paille de ton œil”, alors que tu as une poutre dans le tien? Hypocrite, enlève d'abord la poutre de ton œil et alors tu verras assez clair pour enlever la paille de l'œil de ton frère. «Ne donnez pas ce qui est saint aux chiens, de peur qu'ils ne se retournent contre vous et ne vous déchirent; ne jetez pas vos perles devant les porcs, de peur qu'ils ne les piétinent.» «Demandez et vous recevrez; cherchez et vous trouverez; frappez et l'on vous ouvrira la porte. Car quiconque demande reçoit, qui cherche trouve et l'on ouvre la porte à qui frappe. Y a-t-il quelqu'un parmi vous qui donne à son fils une pierre si celui-ci demande du pain? ou qui lui donne un serpent s'il demande un poisson? Tout mauvais que vous êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants. A combien plus forte raison, donc, votre Père qui est dans les cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui les lui demandent! «Faites pour les autres tout ce que vous voulez qu'ils fassent pour vous: c'est là ce qu'enseignent les livres de la loi de Moïse et des Prophètes.» «Entrez par la porte étroite! Car large est la porte et facile le chemin qui mènent à la ruine; nombreux sont ceux qui passent par là. Mais combien étroite est la porte et difficile le chemin qui mènent à la vie; peu nombreux sont ceux qui les trouvent.» «Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent à vous déguisés en brebis, mais au-dedans ce sont des loups féroces. Vous les reconnaîtrez à leur conduite. On ne cueille pas des raisins sur des buissons d'épines, ni des figues sur des chardons. Un bon arbre produit de bons fruits et un arbre malade de mauvais fruits. Un bon arbre ne peut pas produire de mauvais fruits ni un arbre malade de bons fruits. Tout arbre qui ne produit pas de bons fruits est coupé, puis jeté au feu. Ainsi donc, vous reconnaîtrez les faux prophètes à leur conduite.» «Ce ne sont pas tous ceux qui me disent: “Seigneur, Seigneur”, qui entreront dans le Royaume des cieux, mais seulement ceux qui font la volonté de mon Père qui est dans les cieux. Au jour du Jugement, beaucoup me diront: “Seigneur, Seigneur, c'est en ton nom que nous avons été prophètes; c'est en ton nom que nous avons chassé des esprits mauvais; c'est en ton nom que nous avons accompli de nombreux miracles. Ne le sais-tu pas?” Alors je leur déclarerai: “Je ne vous ai jamais connus; allez-vous-en loin de moi, vous qui commettez le mal!” » «Ainsi, quiconque écoute ce que je viens de dire et le met en pratique sera comme un homme intelligent qui a bâti sa maison sur le roc. La pluie est tombée, les rivières ont débordé, la tempête s'est abattue sur cette maison, mais elle ne s'est pas écroulée, car ses fondations avaient été posées sur le roc. Mais quiconque écoute ce que je viens de dire et ne le met pas en pratique sera comme un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable. La pluie est tombée, les rivières ont débordé, la tempête s'est abattue sur cette maison et elle s'est écroulée: sa ruine a été complète.» Quand Jésus eut achevé ces instructions, tous restèrent impressionnés par sa manière d'enseigner; car il n'était pas comme leurs maîtres de la loi, mais il les enseignait avec autorité. Jésus descendit de la montagne et une foule de gens le suivirent. Alors un lépreux s'approcha, se mit à genoux devant lui et dit: «Maître, si tu le veux, tu peux me rendre pur.» Jésus étendit la main, le toucha et déclara: «Je le veux, sois pur!» Aussitôt, l'homme fut purifié de sa lèpre. Puis Jésus lui dit: «Écoute bien: ne parle de cela à personne. Mais va te faire examiner par le prêtre, puis offre le sacrifice que Moïse a ordonné, pour prouver à tous que tu es guéri.» Au moment où Jésus entrait dans Capernaüm, un capitaine romain s'approcha et lui demanda son aide en ces termes: «Maître, mon serviteur est couché à la maison, il est paralysé et souffre terriblement.» Jésus lui dit: «J'y vais et je le guérirai.» Mais le capitaine répondit: «Maître, je ne suis pas digne que tu entres dans ma maison. Mais il suffit que tu dises un mot et mon serviteur sera guéri. Je suis moi-même soumis à mes supérieurs et j'ai des soldats sous mes ordres. Si je dis à l'un: “Va!”, il va; si je dis à un autre: “Viens!”, il vient; et si je dis à mon serviteur: “Fais ceci!”, il le fait.» Quand Jésus entendit ces mots, il fut dans l'admiration et dit à ceux qui le suivaient: «Je vous le déclare, c'est la vérité: je n'ai trouvé une telle foi chez personne en Israël. Je vous l'affirme, beaucoup viendront de l'est et de l'ouest et prendront place à table dans le Royaume des cieux avec Abraham, Isaac et Jacob. Mais ceux qui étaient destinés au Royaume seront jetés dehors, dans le noir, où ils pleureront et grinceront des dents.» Puis Jésus dit au capitaine: «Retourne chez toi, Dieu t'accorde ce que tu as demandé avec foi!» Et le serviteur du capitaine fut guéri à ce moment même. Jésus se rendit à la maison de Pierre. Il y trouva la belle-mère de Pierre au lit: elle avait de la fièvre. Il lui toucha la main et la fièvre la quitta; elle se leva et se mit à le servir. Le soir venu, on amena à Jésus un grand nombre de personnes tourmentées par des esprits mauvais. Par sa parole Jésus chassa ces esprits et il guérit aussi tous les malades. Il le fit afin que se réalise cette parole du prophète Ésaïe: «Il a pris nos infirmités et nous a déchargés de nos maladies.» Quand Jésus vit toute la foule qui l'entourait, il donna l'ordre à ses disciples de passer avec lui de l'autre côté du lac. Un maître de la loi s'approcha et lui dit: «Maître, je te suivrai partout où tu iras.» Jésus lui répondit: «Les renards ont des terriers et les oiseaux ont des nids, mais le Fils de l'homme n'a pas un endroit où il puisse se coucher et se reposer.» Quelqu'un d'autre, un de ses disciples, lui dit: «Maître, permets-moi d'aller d'abord enterrer mon père.» Jésus lui répondit: «Suis-moi et laisse les morts enterrer leurs morts.» Jésus monta dans la barque et ses disciples l'accompagnèrent. Soudain, une grande tempête s'éleva sur le lac, si bien que les vagues recouvraient la barque. Mais Jésus dormait. Les disciples s'approchèrent de lui et le réveillèrent en criant: «Seigneur, sauve-nous! Nous allons mourir!» Jésus leur répondit: «Pourquoi avez-vous peur? Comme votre confiance est faible!» Alors il se leva, parla sévèrement au vent et à l'eau du lac, et il se fit un grand calme. Tous étaient remplis d'étonnement et disaient: «Quel genre d'homme est-ce pour que même le vent et les flots lui obéissent?» Quand Jésus arriva de l'autre côté du lac, dans le territoire des Gadaréniens, deux hommes sortirent du milieu des tombeaux et vinrent à sa rencontre. Ces hommes étaient possédés par des esprits mauvais; ils étaient si dangereux que personne n'osait passer par ce chemin. Ils se mirent à crier: «Que nous veux-tu, Fils de Dieu? Es-tu venu ici pour nous tourmenter avant le moment fixé?» Il y avait, à une certaine distance, un grand troupeau de porcs qui cherchait sa nourriture. Les esprits mauvais adressèrent cette prière à Jésus: «Si tu veux nous chasser, envoie-nous dans ce troupeau de porcs.» – «Allez», leur dit Jésus. Ils sortirent des deux hommes et s'en allèrent dans les porcs. Aussitôt, tout le troupeau se précipita du haut de la falaise dans le lac et disparut dans l'eau. Les hommes qui gardaient les porcs s'enfuirent; ils se rendirent dans la ville où ils racontèrent toute l'histoire et ce qui s'était passé pour les deux possédés. Alors tous les habitants de la ville sortirent à la rencontre de Jésus; quand ils le virent, ils le supplièrent de quitter leur territoire. Jésus monta dans la barque, refit la traversée du lac et se rendit dans sa ville. Quelques personnes lui amenèrent un paralysé couché sur une civière. Quand Jésus vit leur foi, il dit au paralysé: «Courage, mon fils! Tes péchés sont pardonnés!» Alors quelques maîtres de la loi se dirent en eux-mêmes: «Cet homme fait insulte à Dieu!» Jésus discerna ce qu'ils pensaient et dit: «Pourquoi avez-vous ces mauvaises pensées? Est-il plus facile de dire: “Tes péchés sont pardonnés”, ou de dire: “Lève-toi et marche”? Mais je veux que vous le sachiez: le Fils de l'homme a le pouvoir sur la terre de pardonner les péchés.» Il dit alors au paralysé: «Lève-toi, prends ta civière et rentre chez toi!» L'homme se leva et s'en alla chez lui. Quand la foule vit cela, elle fut remplie de crainte et loua Dieu d'avoir donné un tel pouvoir aux hommes. Jésus partit de là et vit, en passant, un homme appelé Matthieu assis au bureau des impôts. Il lui dit: «Suis-moi!» Matthieu se leva et le suivit. Jésus prenait un repas dans la maison de Matthieu; beaucoup de collecteurs d'impôts et autres gens de mauvaise réputation vinrent prendre place à table avec lui et ses disciples. Les Pharisiens virent cela et dirent à ses disciples: «Pourquoi votre maître mange-t-il avec les collecteurs d'impôts et les gens de mauvaise réputation?» Jésus les entendit et déclara: «Les personnes en bonne santé n'ont pas besoin de médecin, ce sont les malades qui en ont besoin. Allez apprendre ce que signifient ces mots prononcés par Dieu: “Je désire la bonté et non des sacrifices d'animaux.” Car je ne suis pas venu appeler ceux qui s'estiment justes, mais ceux qui se savent pécheurs.» Les disciples de Jean-Baptiste s'approchèrent alors de Jésus et lui demandèrent: «Pourquoi nous et les Pharisiens jeûnons -nous souvent, tandis que tes disciples ne le font pas?» Et Jésus leur répondit: «Pensez-vous que les invités d'une noce peuvent être tristes pendant que le marié est avec eux? Bien sûr que non! Mais le temps viendra où le marié leur sera enlevé; alors ils jeûneront. «Personne ne répare un vieux vêtement avec une pièce d'étoffe neuve; car cette pièce arracherait une partie du vêtement et la déchirure s'agrandirait encore. On ne verse pas non plus du vin nouveau dans de vieilles outres; sinon les outres éclatent, le vin se répand et les outres sont perdues. On verse au contraire le vin nouveau dans des outres neuves et ainsi le tout se conserve bien.» Pendant que Jésus leur parlait ainsi, un chef juif arriva, se mit à genoux devant lui et dit: «Ma fille est morte il y a un instant; mais viens, pose ta main sur elle et elle vivra.» Jésus se leva et le suivit avec ses disciples. Une femme, qui souffrait de pertes de sang depuis douze ans, s'approcha alors de Jésus par derrière et toucha le bord de son vêtement. Car elle se disait: «Si je peux seulement toucher son vêtement, je serai guérie». Jésus se retourna, la vit et déclara: «Courage, ma fille! Ta foi t'a guérie.» Et à ce moment même, la femme fut guérie. Jésus arriva à la maison du chef. Quand il vit les musiciens prêts pour l'enterrement et la foule qui s'agitait bruyamment, il dit: «Sortez d'ici, car la fillette n'est pas morte, elle dort.» Mais ils se moquèrent de lui. Quand on eut mis la foule dehors, Jésus entra dans la chambre, il prit la fillette par la main et elle se leva. La nouvelle s'en répandit dans toute cette région. Au moment où Jésus partit de là, deux aveugles se mirent à le suivre en criant: «Aie pitié de nous, Fils de David!» Quand Jésus fut arrivé à la maison, les aveugles s'approchèrent de lui et il leur demanda: «Croyez-vous que je peux faire cela?» Ils lui répondirent: «Oui, Maître.» Alors Jésus leur toucha les yeux et dit: «Dieu vous accorde ce que vous attendez avec foi!» Et leurs yeux purent voir. Jésus leur parla avec sévérité: «Écoutez bien, leur dit-il, personne ne doit le savoir.» Mais ils s'en allèrent parler de Jésus dans toute cette région. Alors qu'ils s'en allaient, on amena à Jésus un homme qui était muet parce qu'il était possédé d'un esprit mauvais. Dès que Jésus eut chassé cet esprit, le muet se mit à parler. Dans la foule tous étaient remplis d'étonnement et disaient: «On n'a jamais rien vu de pareil en Israël!» Mais les Pharisiens affirmaient: «C'est le chef des esprits mauvais qui lui donne le pouvoir de chasser ces esprits!» Jésus parcourait villes et villages; il enseignait dans leurs synagogues, prêchait la Bonne Nouvelle du Royaume et guérissait toutes les maladies et toutes les infirmités. Son cœur fut rempli de pitié pour les foules qu'il voyait, car ces gens étaient fatigués et découragés, comme un troupeau qui n'a pas de berger. Il dit alors à ses disciples: «La moisson à faire est grande, mais il y a peu d'ouvriers pour cela. Priez donc le propriétaire de la moisson d'envoyer davantage d'ouvriers pour la faire.» Jésus appela ses douze disciples et leur donna le pouvoir de chasser les esprits mauvais et de guérir toutes les maladies et toutes les infirmités. Voici les noms de ces douze apôtres: d'abord Simon, surnommé Pierre, et son frère André; Jacques et son frère Jean, tous deux fils de Zébédée; Philippe et Barthélemy; Thomas et Matthieu le collecteur d'impôts; Jacques le fils d'Alphée et Thaddée; Simon le nationaliste et Judas Iscariote, qui trahit Jésus. Jésus envoya ces douze hommes en mission, avec les instructions suivantes: «Évitez les régions où habitent les non-Juifs et n'entrez dans aucune ville de Samarie. Allez plutôt vers les brebis perdues du peuple d'Israël. En chemin, prêchez et dites: “Le Royaume des cieux s'est approché!” Guérissez les malades, rendez la vie aux morts, purifiez les lépreux, chassez les esprits mauvais. Vous avez reçu gratuitement, donnez aussi gratuitement. Ne vous procurez ni or, ni argent, ni monnaie de cuivre à mettre dans vos poches; ne prenez pas de sac pour le voyage, ni une deuxième chemise, ne prenez ni chaussures, ni bâton. En effet, l'ouvrier a droit à sa nourriture. «Quand vous arriverez dans une ville ou un village, cherchez qui est prêt à vous recevoir et restez chez cette personne jusqu'à ce que vous quittiez l'endroit. Quand vous entrerez dans une maison, dites: “La paix soit avec vous.” Si les habitants de cette maison vous reçoivent, que votre souhait de paix repose sur eux; mais s'ils ne vous reçoivent pas, retirez votre souhait de paix. Si, dans une maison ou dans une ville, on refuse de vous accueillir ou de vous écouter, partez de là et secouez la poussière de vos pieds. Je vous le déclare, c'est la vérité: au jour du Jugement, les habitants de Sodome et Gomorrhe seront traités moins sévèrement que les habitants de cette ville-là. «Écoutez! Je vous envoie comme des moutons au milieu des loups. Soyez donc prudents comme les serpents et innocents comme les colombes. Prenez garde, car des hommes vous feront passer devant les tribunaux et vous frapperont à coups de fouet dans leurs synagogues. On vous fera comparaître devant des gouverneurs et des rois à cause de moi, pour que vous puissiez apporter votre témoignage devant eux et devant les non-Juifs. Lorsqu'on vous conduira devant le tribunal, ne vous inquiétez pas de ce que vous aurez à dire ni de la manière de l'exprimer; les paroles que vous aurez à prononcer vous seront données à ce moment-là: elles ne viendront pas de vous, mais l'Esprit de votre Père parlera en vous. Des frères livreront leurs propres frères pour qu'on les mette à mort, et des pères agiront de même avec leurs enfants; des enfants se tourneront contre leurs parents et les feront condamner à mort. Tout le monde vous haïra à cause de moi. Mais celui qui tiendra bon jusqu'à la fin sera sauvé. Quand on vous persécutera dans une ville, fuyez dans une autre. Je vous le déclare, c'est la vérité: vous n'aurez pas encore fini de parcourir toutes les villes d'Israël avant que vienne le Fils de l'homme. «Aucun élève n'est supérieur à son maître; aucun serviteur n'est supérieur à son patron. Il suffit que l'élève devienne comme son maître et que le serviteur devienne comme son patron. Si l'on a appelé le chef de famille Béelzébul, à combien plus forte raison insultera-t-on les membres de sa famille!» «Ne craignez donc aucun homme. Tout ce qui est caché sera découvert, et tout ce qui est secret sera connu. Ce que je vous dis dans l'obscurité, répétez-le à la lumière du jour; et ce que l'on chuchote à votre oreille, criez-le du haut des toits. Ne craignez pas ceux qui tuent le corps mais qui ne peuvent pas tuer l'âme; craignez plutôt Dieu qui peut faire périr à la fois le corps et l'âme dans l'enfer. Ne vend-on pas deux moineaux pour un sou? Cependant, aucun d'eux ne tombe à terre sans que Dieu votre Père le sache. Quant à vous, même vos cheveux sont tous comptés. N'ayez donc pas peur: vous valez plus que beaucoup de moineaux!» «Quiconque reconnaît publiquement qu'il est mon disciple, je reconnaîtrai moi aussi devant mon Père qui est dans les cieux qu'il est à moi; mais si quelqu'un affirme publiquement ne pas me connaître, j'affirmerai moi aussi devant mon Père qui est dans les cieux que je ne le connais pas.» «Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre: je ne suis pas venu apporter la paix, mais le combat. Je suis venu séparer l'homme de son père, la fille de sa mère, la belle-fille de sa belle-mère; on aura pour ennemis les membres de sa propre famille. Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n'est pas digne de moi; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n'est pas digne de moi. Celui qui ne se charge pas de sa croix pour marcher à ma suite n'est pas digne de moi. Celui qui voudra garder sa vie la perdra; mais celui qui perdra sa vie pour moi la retrouvera.» «Quiconque vous accueille m'accueille; quiconque m'accueille accueille celui qui m'a envoyé. Celui qui accueille un prophète de Dieu parce qu'il est prophète, recevra la récompense accordée à un prophète; et celui qui accueille un homme fidèle à Dieu parce qu'il est fidèle, recevra la récompense accordée à un fidèle. Je vous le déclare, c'est la vérité: celui qui donne même un simple verre d'eau fraîche à l'un de ces petits parmi mes disciples parce qu'il est mon disciple recevra sa récompense.» Lorsque Jésus eut achevé de donner ces instructions à ses douze disciples, il partit de là pour aller enseigner et prêcher dans les villes de la région. Jean-Baptiste, dans sa prison, entendit parler des œuvres du Christ. Alors il envoya quelques-uns de ses disciples demander à Jésus: «Es-tu le Messie qui doit venir ou devons-nous attendre quelqu'un d'autre?» Jésus leur répondit: «Allez raconter à Jean ce que vous entendez et voyez: les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts reviennent à la vie et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. Heureux celui qui n'abandonnera pas la foi en moi!» Quand les disciples de Jean partirent, Jésus se mit à parler de Jean à la foule en disant: «Qu'êtes-vous allés voir au désert? un roseau agité par le vent? Non? Alors qu'êtes-vous allés voir? un homme vêtu d'habits magnifiques? Mais ceux qui portent des habits magnifiques se trouvent dans les palais des rois. Qu'êtes-vous donc allés voir? un prophète? Oui, vous dis-je, et même bien plus qu'un prophète. Car Jean est celui dont l'Écriture déclare: “Je vais envoyer mon messager devant toi, dit Dieu, pour t'ouvrir le chemin.” Je vous le déclare, c'est la vérité: parmi les humains, il n'a jamais existé personne de plus grand que Jean-Baptiste; pourtant, celui qui est le plus petit dans le Royaume des cieux est plus grand que lui. Depuis l'époque où Jean-Baptiste prêchait jusqu'à présent, le Royaume des cieux subit la violence et les violents cherchent à s'en emparer. Tous les prophètes et la loi de Moïse ont annoncé le Royaume, jusqu'à l'époque de Jean. Et si vous voulez bien l'admettre, Jean est cet Élie dont la venue a été annoncée. Écoutez bien, si vous avez des oreilles! «A qui puis-je comparer les gens d'aujourd'hui? Ils ressemblent à des enfants assis sur les places publiques, dont les uns crient aux autres: “Nous vous avons joué un air de danse sur la flûte et vous n'avez pas dansé! Nous avons chanté des chants de deuil et vous ne vous êtes pas lamentés!” En effet, Jean est venu, il ne mange ni ne boit, et l'on dit: “Il est possédé d'un esprit mauvais!” Le Fils de l'homme est venu, il mange et boit, et l'on dit: “Voyez cet homme qui ne pense qu'à manger et à boire du vin, qui est ami des collecteurs d'impôts et autres gens de mauvaise réputation!” Mais la sagesse de Dieu se révèle juste par ses effets.» Alors Jésus se mit à faire des reproches aux villes dans lesquelles il avait accompli le plus grand nombre de ses miracles, parce que leurs habitants n'avaient pas changé de comportement. Il dit: «Malheur à toi, Chorazin! Malheur à toi, Bethsaïda! Car si les miracles qui ont été accomplis chez vous l'avaient été à Tyr et à Sidon, il y a longtemps que leurs habitants auraient pris le deuil, se seraient couvert la tête de cendre et auraient changé de comportement. C'est pourquoi, je vous le déclare, au jour du Jugement Tyr et Sidon seront traitées moins sévèrement que vous. Et toi, Capernaüm, crois-tu que tu t'élèveras jusqu'au ciel? Tu seras abaissée jusqu'au monde des morts. Car si les miracles qui ont été accomplis chez toi l'avaient été à Sodome, cette ville existerait encore aujourd'hui. C'est pourquoi, je vous le déclare, au jour du Jugement Sodome sera traitée moins sévèrement que toi.» En ce temps-là, Jésus s'écria: «O Père, Seigneur du ciel et de la terre, je te remercie d'avoir révélé aux petits ce que tu as caché aux sages et aux gens instruits. Oui, Père, tu as bien voulu qu'il en soit ainsi. «Mon Père m'a remis toutes choses. Personne ne connaît le Fils si ce n'est le Père, et personne ne connaît le Père si ce n'est le Fils et ceux à qui le Fils veut le révéler. «Venez à moi vous tous qui êtes fatigués de porter un lourd fardeau et je vous donnerai le repos. Prenez sur vous mon joug et laissez-moi vous instruire, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour vous-mêmes. Le joug que je vous invite à prendre est facile à porter et le fardeau que je vous propose est léger.» Quelque temps après, Jésus traversait des champs de blé un jour de sabbat. Ses disciples avaient faim; ils se mirent à cueillir des épis et à en manger les grains. Quand les Pharisiens virent cela, ils dirent à Jésus: «Regarde, tes disciples font ce que notre loi ne permet pas le jour du sabbat!» Jésus leur répondit: «N'avez-vous pas lu ce que fit David un jour où lui-même et ses compagnons avaient faim? Il entra dans la maison de Dieu et lui et ses compagnons mangèrent les pains offerts à Dieu; il ne leur était pourtant pas permis d'en manger: notre loi ne le permet qu'aux seuls prêtres. Ou bien, n'avez-vous pas lu dans la loi de Moïse que, le jour du sabbat, les prêtres en service dans le temple n'observent pas la loi du sabbat, et cela sans être coupables? Or, je vous le déclare, il y a ici plus que le temple! Si vous saviez vraiment ce que signifient ces mots de l'Écriture: “Je désire la bonté et non des sacrifices d'animaux ”, vous n'auriez pas condamné des innocents. Car le Fils de l'homme est maître du sabbat.» Jésus partit de là et se rendit dans leur synagogue. Il y avait là un homme dont la main était paralysée. Les Pharisiens voulaient accuser Jésus; c'est pourquoi ils lui demandèrent: «Notre loi permet-elle de faire une guérison le jour du sabbat?» Jésus leur répondit: «Si l'un d'entre vous a un seul mouton et que celui-ci tombe dans un trou profond le jour du sabbat, n'ira-t-il pas le prendre pour le sortir de là? Et un homme vaut beaucoup plus qu'un mouton! Donc, notre loi permet de faire du bien à quelqu'un le jour du sabbat.» Jésus dit alors à l'homme: «Avance ta main.» Il l'avança et elle redevint saine comme l'autre. Les Pharisiens s'en allèrent et tinrent conseil pour décider comment ils pourraient faire mourir Jésus. Quand Jésus apprit cela, il quitta cet endroit et un grand nombre de personnes le suivirent. Il guérit tous les malades, mais il leur recommanda sévèrement de ne pas dire qui il était. Il en fut ainsi afin que se réalisent ces paroles du prophète Ésaïe: «Voici mon serviteur que j'ai choisi, dit Dieu, celui que j'aime et en qui je mets toute ma joie. Je placerai mon Esprit sur lui et il annoncera aux nations le droit que j'instaure. Il ne se disputera avec personne et ne criera pas, on ne l'entendra pas faire des discours dans les rues. Il ne cassera pas le roseau déjà plié et n'éteindra pas la lampe dont la lumière faiblit. Il agira ainsi jusqu'à ce qu'il ait fait triompher le droit; et toutes les nations mettront leur espoir en lui.» On amena alors à Jésus un homme qui était aveugle et muet parce qu'il était possédé d'un esprit mauvais. Jésus guérit cet homme, de sorte qu'il se mit à parler et à voir. La foule était remplie d'étonnement et tous disaient: «Serait-il le Fils de David?» Quand les Pharisiens les entendirent, ils déclarèrent: «Cet homme ne chasse les esprits mauvais que parce que Béelzébul, leur chef, lui en donne le pouvoir!» Mais Jésus connaissait leurs pensées; il leur dit alors: «Tout royaume dont les habitants luttent les uns contre les autres finit par être détruit. Aucune ville ou aucune famille dont les habitants ou les membres luttent les uns contre les autres ne pourra se maintenir. Si Satan chasse ce qui est à Satan, il est en lutte contre lui-même; comment donc son royaume pourra-t-il se maintenir? Vous prétendez que je chasse les esprits mauvais parce que Béelzébul m'en donne le pouvoir; qui donne alors à vos partisans le pouvoir de les chasser? Vos partisans eux-mêmes démontrent que vous avez tort! En réalité, c'est par l'Esprit de Dieu que je chasse les esprits mauvais, ce qui signifie que le Royaume de Dieu est déjà venu jusqu'à vous. «Personne ne peut entrer dans la maison d'un homme fort et s'emparer de ses biens, s'il n'a pas d'abord ligoté cet homme fort; mais après l'avoir ligoté, il peut s'emparer de tout dans sa maison. Celui qui n'est pas avec moi est contre moi; et celui qui ne m'aide pas à rassembler disperse. C'est pourquoi, je vous le déclare: les êtres humains pourront être pardonnés pour tout péché et pour toute insulte qu'ils font à Dieu; mais celui qui fait insulte au Saint-Esprit ne recevra pas de pardon. Celui qui dit une parole contre le Fils de l'homme sera pardonné; mais celui qui parle contre le Saint-Esprit ne sera pardonné ni dans le monde présent, ni dans le monde à venir.» «Pour avoir de bons fruits, vous devez avoir un bon arbre; si vous avez un arbre malade, vous aurez de mauvais fruits. Car on reconnaît un arbre au genre de fruits qu'il produit. Bande de serpents! Comment pourriez-vous dire de bonnes choses, alors que vous êtes mauvais? Car la bouche exprime ce dont le cœur est plein. L'homme bon tire de bonnes choses de son bon trésor; l'homme mauvais tire de mauvaises choses de son mauvais trésor. Je vous le déclare: au jour du Jugement, les hommes auront à rendre compte de toute parole inutile qu'ils auront prononcée. Car c'est d'après tes paroles que tu seras jugé et déclaré soit innocent, soit coupable.» Alors quelques maîtres de la loi et quelques Pharisiens dirent à Jésus: «Maître, nous voudrions que tu nous fasses voir un signe miraculeux.» Jésus leur répondit en ces termes: «Les gens d'aujourd'hui, qui sont mauvais et infidèles à Dieu, réclament un signe miraculeux, mais aucun signe ne leur sera accordé si ce n'est celui du prophète Jonas. En effet, de même que Jonas a passé trois jours et trois nuits dans le ventre du grand poisson, ainsi le Fils de l'homme passera trois jours et trois nuits dans la terre. Au jour du Jugement, les habitants de Ninive se lèveront en face des gens d'aujourd'hui et les accuseront, car les Ninivites ont changé de comportement quand ils ont entendu prêcher Jonas. Et il y a ici plus que Jonas! Au jour du Jugement, la reine du Sud se lèvera en face des gens d'aujourd'hui et les accusera, car elle est venue des régions les plus lointaines de la terre pour écouter les paroles pleines de sagesse de Salomon. Et il y a ici plus que Salomon!» «Lorsqu'un esprit mauvais est sorti d'un homme, il va et vient dans des espaces déserts en cherchant un lieu où s'établir. Comme il n'en trouve pas, il se dit: “Je vais retourner dans ma maison, celle que j'ai quittée.” Il y retourne et la trouve vide, balayée, bien arrangée. Alors il s'en va prendre sept autres esprits encore plus malfaisants que lui; ils reviennent ensemble dans la maison et s'y installent. Finalement, l'état de cet homme est donc pire qu'au début. Et il en ira de même pour les gens mauvais d'aujourd'hui.» Jésus parlait encore à la foule, lorsque sa mère et ses frères arrivèrent. Ils se tenaient dehors et cherchaient à lui parler. Quelqu'un dit à Jésus: «Écoute, ta mère et tes frères se tiennent dehors et désirent te parler.» Jésus répondit à cette personne: «Qui est ma mère et qui sont mes frères?» Puis il désigna de la main ses disciples et dit: «Voyez: ma mère et mes frères sont ici. Car celui qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux est mon frère, ma sœur ou ma mère.» Ce jour-là, Jésus sortit de la maison et alla s'asseoir au bord du lac pour enseigner. Une foule nombreuse s'assembla autour de lui, si bien qu'il monta dans une barque et s'y assit. Les gens se tenaient au bord de l'eau. Il leur parlait de beaucoup de choses en utilisant des paraboles et il leur disait: «Un jour, un homme s'en alla dans son champ pour semer. Tandis qu'il lançait la semence, une partie des grains tomba le long du chemin: les oiseaux vinrent et les mangèrent. Une autre partie tomba sur un sol pierreux où il y avait peu de terre. Les grains poussèrent aussitôt parce que la couche de terre n'était pas profonde. Quand le soleil fut haut dans le ciel, il brûla les jeunes plantes: elles se desséchèrent parce que leurs racines étaient insuffisantes. Une autre partie des grains tomba parmi des plantes épineuses. Celles-ci grandirent et étouffèrent les bonnes pousses. Mais d'autres grains tombèrent dans la bonne terre et produisirent des épis: les uns portaient cent grains, d'autres soixante et d'autres trente.» Et Jésus ajouta: «Écoutez bien, si vous avez des oreilles!» Les disciples s'approchèrent alors de Jésus et lui demandèrent: «Pourquoi leur parles-tu en utilisant des paraboles?» Il leur répondit: «Vous avez reçu, vous, la connaissance des secrets du Royaume des cieux, mais eux ne l'ont pas reçue. Car celui qui a quelque chose recevra davantage et il sera dans l'abondance; mais à celui qui n'a rien on enlèvera même le peu qui pourrait lui rester. C'est pourquoi j'utilise des paraboles pour leur parler: parce qu'ils regardent sans voir et qu'ils écoutent sans entendre et sans comprendre. Ainsi s'accomplit pour eux la prophétie exprimée par Ésaïe en ces termes: “Vous entendrez bien, mais vous ne comprendrez pas; vous regarderez bien, mais vous ne verrez pas. Car ce peuple est devenu insensible; ils se sont bouché les oreilles, ils ont fermé les yeux, afin d'empêcher leurs yeux de voir, leurs oreilles d'entendre, leur intelligence de comprendre, et ainsi, ils ne reviendront pas à moi pour que je les guérisse, dit Dieu.” «Quant à vous, heureux êtes-vous: vos yeux voient et vos oreilles entendent! Je vous le déclare, c'est la vérité: beaucoup de prophètes et de gens fidèles à Dieu ont désiré voir ce que vous voyez, mais ne l'ont pas vu, et entendre ce que vous entendez, mais ne l'ont pas entendu.» «Écoutez donc ce que signifie la parabole du semeur. Ceux qui entendent parler du Royaume et ne comprennent pas sont comme le bord du chemin où tombe la semence: le Mauvais arrive et arrache ce qui a été semé dans leur cœur. D'autres sont comme le terrain pierreux où tombe la semence: ils entendent la parole et la reçoivent aussitôt avec joie. Mais ils ne la laissent pas s'enraciner en eux, ils ne s'y attachent qu'un instant. Et alors, quand survient la détresse ou la persécution à cause de la parole de Dieu, ils renoncent bien vite à la foi. D'autres encore reçoivent la semence parmi des plantes épineuses: ils ont entendu la parole, mais les préoccupations de ce monde et l'attrait trompeur de la richesse étouffent la parole, et elle ne produit rien. D'autres, enfin, reçoivent la semence dans de la bonne terre: ils entendent la parole et la comprennent; ils portent alors des fruits, les uns cent, d'autres soixante et d'autres trente.» Jésus leur raconta une autre parabole: «Voici à quoi ressemble le Royaume des cieux: Un homme avait semé de la bonne semence dans son champ. Une nuit, pendant que tout le monde dormait, un ennemi de cet homme vint semer de la mauvaise herbe parmi le blé et s'en alla. Lorsque les plantes poussèrent et que les épis se formèrent, la mauvaise herbe apparut aussi. Les serviteurs du propriétaire vinrent lui dire: “Maître, tu avais semé de la bonne semence dans ton champ: d'où vient donc cette mauvaise herbe?” Il leur répondit: “C'est un ennemi qui a fait cela.” Les serviteurs lui demandèrent alors: “Veux-tu que nous allions enlever la mauvaise herbe?” – “Non, répondit-il, car en l'enlevant vous risqueriez d'arracher aussi le blé. Laissez-les pousser ensemble jusqu'à la moisson et, à ce moment-là, je dirai aux moissonneurs: Enlevez d'abord la mauvaise herbe et liez-la en bottes pour la brûler, puis vous rentrerez le blé dans mon grenier.” » Jésus leur raconta une autre parabole: «Le Royaume des cieux ressemble à une graine de moutarde qu'un homme a prise et semée dans son champ. C'est la plus petite de toutes les graines; mais quand elle a poussé, c'est la plus grande de toutes les plantes du jardin: elle devient un arbre, de sorte que les oiseaux viennent faire leurs nids dans ses branches.» Jésus leur dit une autre parabole: «Le Royaume des cieux ressemble au levain qu'une femme prend et mêle à une grande quantité de farine, si bien que toute la pâte lève.» Jésus dit tout cela aux foules en utilisant des paraboles; il ne leur parlait pas sans utiliser de paraboles. Il agissait ainsi afin que se réalise cette parole du prophète: «Je m'exprimerai par des paraboles, j'annoncerai des choses tenues secrètes depuis la création du monde.» Alors Jésus quitta la foule et se rendit à la maison. Ses disciples s'approchèrent de lui et dirent: «Explique-nous la parabole de la mauvaise herbe dans le champ.» Jésus répondit en ces termes: «Celui qui sème la bonne semence, c'est le Fils de l'homme; le champ, c'est le monde; la bonne semence représente ceux qui se soumettent au Royaume; la mauvaise herbe représente ceux qui obéissent au Mauvais; l'ennemi qui sème la mauvaise herbe, c'est le diable; la moisson, c'est la fin du monde; et les moissonneurs, ce sont les anges. Comme on enlève la mauvaise herbe pour la jeter au feu, ainsi en sera-t-il à la fin du monde: le Fils de l'homme enverra ses anges, ils élimineront de son Royaume tous ceux qui détournent de la foi les autres et ceux qui commettent le mal, et ils les jetteront dans le feu de la fournaise; c'est là que beaucoup pleureront et grinceront des dents. Mais alors, ceux qui sont fidèles à Dieu brilleront comme le soleil dans le Royaume de leur Père. Écoutez bien, si vous avez des oreilles!» «Le Royaume des cieux ressemble à un trésor caché dans un champ. Un homme découvre ce trésor et le cache de nouveau. Il est si heureux qu'il va vendre tout ce qu'il possède et revient acheter ce champ. «Le Royaume des cieux ressemble encore à un marchand qui cherche de belles perles. Quand il en a trouvé une de grande valeur, il va vendre tout ce qu'il possède et achète cette perle.» «Le Royaume des cieux ressemble encore à un filet qu'on a jeté dans le lac et qui attrape toutes sortes de poissons. Quand il est plein, les pêcheurs le tirent au bord de l'eau, puis s'asseyent pour trier les poissons: ils mettent les bons dans des paniers et rejettent ceux qui ne valent rien. Ainsi en sera-t-il à la fin du monde: les anges viendront séparer les méchants d'avec les bons pour les jeter dans le feu de la fournaise; c'est là que beaucoup pleureront et grinceront des dents.» «Avez-vous compris tout cela?» leur demanda Jésus. «Oui», répondirent-ils. Il leur dit alors: «Ainsi donc, tout maître de la loi qui devient disciple du Royaume des cieux est semblable à un propriétaire qui tire de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes.» Quand Jésus eut fini de raconter ces paraboles, il partit de là et se rendit dans la ville où il avait grandi. Il se mit à enseigner dans la synagogue de l'endroit et toutes les personnes présentes furent très étonnées. Elles disaient: «D'où a-t-il cette sagesse? comment peut-il accomplir ces miracles? N'est-ce pas lui le fils du charpentier? Marie n'est-elle pas sa mère? Jacques, Joseph, Simon et Jude ne sont-ils pas ses frères? Et ses sœurs ne vivent-elles pas toutes parmi nous? D'où a-t-il donc tout ce pouvoir?» Et cela les empêchait de croire en lui. Alors Jésus leur dit: «Un prophète est estimé partout, excepté dans sa ville natale et dans sa famille.» Jésus n'accomplit là que peu de miracles à cause de leur manque de foi. En ce temps-là, Hérode, qui régnait sur la Galilée, entendit parler de Jésus. Il dit à ses serviteurs: «C'est Jean-Baptiste: il est revenu d'entre les morts! Voilà pourquoi il a le pouvoir d'accomplir des miracles.» En effet, Hérode avait ordonné d'arrêter Jean, de l'enchaîner et de le jeter en prison. C'était à cause d'Hérodiade, la femme de son frère Philippe. Car Jean disait à Hérode: «Il ne t'est pas permis d'avoir Hérodiade pour femme!» Hérode voulait faire mourir Jean, mais il craignait le peuple juif, car tous considéraient Jean comme un prophète. Cependant, le jour de l'anniversaire d'Hérode, la fille d'Hérodiade dansa devant les invités. Elle plut tellement à Hérode qu'il jura de lui donner tout ce qu'elle demanderait. Sur le conseil de sa mère, elle lui dit: «Donne-moi ici la tête de Jean-Baptiste sur un plat!» Le roi en fut attristé; mais à cause des serments qu'il avait faits devant ses invités, il donna l'ordre de la lui accorder. Il envoya donc quelqu'un couper la tête de Jean-Baptiste dans la prison. La tête fut apportée sur un plat et donnée à la jeune fille, qui la remit à sa mère. Les disciples de Jean vinrent prendre son corps et l'enterrèrent; puis ils allèrent annoncer à Jésus ce qui s'était passé. Quand Jésus entendit cette nouvelle, il partit de là en barque pour se rendre seul dans un endroit isolé. Mais les foules l'apprirent; elles sortirent des localités voisines et suivirent Jésus en marchant au bord de l'eau. Lorsque Jésus sortit de la barque, il vit une grande foule; il eut le cœur rempli de pitié pour ces gens et il se mit à guérir leurs malades. Quand le soir fut venu, les disciples de Jésus s'approchèrent de lui et dirent: «Il est déjà tard et cet endroit est isolé. Renvoie tous ces gens pour qu'ils aillent dans les villages s'acheter des vivres.» Jésus leur répondit: «Il n'est pas nécessaire qu'ils s'en aillent; donnez-leur vous-mêmes à manger!» Mais ils lui dirent: «Nous n'avons ici que cinq pains et deux poissons.» – «Apportez-les-moi», leur dit Jésus. Ensuite, il ordonna à la foule de s'asseoir sur l'herbe; puis il prit les cinq pains et les deux poissons, leva les yeux vers le ciel et remercia Dieu. Il rompit les pains et les donna aux disciples, et ceux-ci les distribuèrent à la foule. Chacun mangea à sa faim. Les disciples emportèrent douze corbeilles pleines des morceaux qui restaient. Ceux qui avaient mangé étaient au nombre d'environ cinq mille hommes, sans compter les femmes et les enfants. Aussitôt après, Jésus fit monter les disciples dans la barque pour qu'ils passent avant lui de l'autre côté du lac, pendant que lui-même renverrait la foule. Après l'avoir renvoyée, il monta sur une colline pour prier. Quand le soir fut venu, il se tenait là, seul; la barque était déjà à une bonne distance de la terre, elle était battue par les vagues, car le vent soufflait contre elle. Tard dans la nuit, Jésus se dirigea vers ses disciples en marchant sur l'eau. Quand ils le virent marcher sur l'eau, ils furent terrifiés et dirent: «C'est un fantôme!» Et ils poussèrent des cris de frayeur. Mais aussitôt Jésus leur parla: «Courage, leur dit-il. C'est moi, n'ayez pas peur!» Pierre prit alors la parole et lui dit: «Seigneur, si c'est bien toi, ordonne que j'aille vers toi sur l'eau.» – «Viens!» répondit Jésus. Pierre sortit de la barque et se mit à marcher sur l'eau pour aller à Jésus. Mais quand il remarqua la violence du vent, il prit peur. Il commença à s'enfoncer dans l'eau et s'écria: «Seigneur, sauve-moi!» Aussitôt, Jésus étendit la main, le saisit et lui dit: «Comme ta confiance est faible! Pourquoi as-tu douté?» Ils montèrent tous les deux dans la barque et le vent tomba. Alors les disciples qui étaient dans la barque se mirent à genoux devant Jésus et dirent: «Tu es vraiment le Fils de Dieu!» Ils achevèrent la traversée du lac et arrivèrent dans la région de Génésareth. Les gens de l'endroit reconnurent Jésus et répandirent dans les environs la nouvelle de son arrivée, et on lui amena tous les malades. On le suppliait de les laisser toucher au moins le bord de son manteau; et tous ceux qui le touchaient étaient guéris. Des Pharisiens et des maîtres de la loi vinrent alors de Jérusalem trouver Jésus et lui demandèrent: «Pourquoi tes disciples désobéissent-ils aux règles transmises par nos ancêtres? Car ils ne se lavent pas les mains selon la coutume avant de manger.» Jésus leur répondit: «Et vous, pourquoi désobéissez-vous au commandement de Dieu pour agir selon votre propre tradition? Dieu a dit en effet: “Respecte ton père et ta mère”, et aussi “Celui qui maudit son père ou sa mère doit être mis à mort.” Mais vous, vous enseignez que si quelqu'un déclare à son père ou à sa mère: “Ce que je pourrais te donner pour t'aider est une offrande réservée à Dieu”, il n'a pas besoin de marquer pratiquement son respect pour son père. C'est ainsi que vous annulez l'exigence de la parole de Dieu pour agir selon votre propre tradition! Hypocrites! Ésaïe avait bien raison lorsqu'il prophétisait à votre sujet en ces termes: “Ce peuple, dit Dieu, m'honore en paroles, mais de cœur il est loin de moi. Le culte que ces gens me rendent est sans valeur car les doctrines qu'ils enseignent ne sont que des prescriptions humaines.” » Puis Jésus appela la foule et dit à tous: «Écoutez et comprenez ceci: Ce n'est pas ce qui entre dans la bouche d'un homme qui le rend impur. Mais ce qui sort de sa bouche, voilà ce qui le rend impur.» Les disciples s'approchèrent alors de Jésus et lui dirent: «Sais-tu que les Pharisiens ont été scandalisés de t'entendre parler ainsi?» Il répondit: «Toute plante que n'a pas plantée mon Père qui est au ciel sera arrachée. Laissez-les: ce sont des aveugles conducteurs d'aveugles! Et si un aveugle conduit un autre aveugle, ils tomberont tous les deux dans un trou.» Pierre prit la parole et lui dit: «Explique-nous le sens de cette image.» Jésus dit: «Êtes-vous encore, vous aussi, sans intelligence? Ne comprenez-vous pas que tout ce qui entre dans la bouche de quelqu'un passe dans son ventre et sort ensuite de son corps? Mais ce qui sort de la bouche vient du cœur, et c'est cela qui rend l'homme impur. Car de son cœur viennent les mauvaises pensées qui le poussent à tuer, commettre l'adultère, vivre dans l'immoralité, voler, prononcer de faux témoignages et dire du mal des autres. Voilà ce qui rend l'homme impur! Mais manger sans s'être lavé les mains selon la coutume, cela ne rend pas l'homme impur.» Puis Jésus partit de là et s'en alla dans le territoire de Tyr et de Sidon. Une femme cananéenne qui vivait dans cette région vint à lui et s'écria: «Maître, Fils de David, aie pitié de moi! Ma fille est tourmentée par un esprit mauvais, elle va très mal!» Mais Jésus ne répondit pas un mot. Ses disciples s'approchèrent pour lui adresser cette demande: «Renvoie-la, car elle ne cesse de crier en nous suivant.» Jésus répondit: «Je n'ai été envoyé qu'aux brebis perdues du peuple d'Israël.» Mais la femme vint se mettre à genoux devant lui et dit: «Maître, aide-moi!» Jésus répondit: «Il n'est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux chiens.» – «C'est vrai, Maître, dit-elle, pourtant même les chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres.» Alors Jésus lui répondit: «Oh! que ta foi est grande! Dieu t'accordera ce que tu désires.» Et sa fille fut guérie à ce moment même. Jésus partit de là et se rendit au bord du lac de Galilée. Il monta sur une colline et s'assit. Des foules nombreuses vinrent à lui, amenant avec elles des boiteux, des aveugles, des infirmes, des muets et beaucoup d'autres malades. On les déposa aux pieds de Jésus et il les guérit. Les gens furent remplis d'étonnement quand ils virent les muets parler, les infirmes être guéris, les boiteux marcher et les aveugles voir, et ils se mirent à louer le Dieu d'Israël. Jésus appela ses disciples et dit: «J'ai pitié de ces gens, car voilà trois jours qu'ils sont avec moi et ils n'ont plus rien à manger. Je ne veux pas les renvoyer le ventre vide; ils pourraient se trouver mal en chemin.» Les disciples lui demandèrent: «Où pourrions-nous trouver de quoi faire manger à sa faim une telle foule, dans cet endroit désert?» Jésus leur demanda: «Combien avez-vous de pains?» Et ils répondirent: «Sept, et quelques petits poissons.» Alors, il ordonna à la foule de s'asseoir par terre. Puis il prit les sept pains et les poissons, remercia Dieu, les rompit et les donna à ses disciples, et les disciples les distribuèrent à tous. Chacun mangea à sa faim. Les disciples emportèrent sept corbeilles pleines des morceaux qui restaient. Ceux qui avaient mangé étaient au nombre de quatre mille hommes, sans compter les femmes et les enfants. Après avoir renvoyé la foule, Jésus monta dans la barque et se rendit dans la région de Magadan. Les Pharisiens et les Sadducéens s'approchèrent de Jésus pour lui tendre un piège. Ils lui demandèrent de leur montrer par un signe miraculeux qu'il venait de la part de Dieu. Mais Jésus leur répondit en ces termes: «Au coucher du soleil, vous dites: “Il va faire beau temps, car le ciel est rouge.” Et tôt le matin, vous dites: “Il va pleuvoir aujourd'hui, car le ciel est rouge sombre.” Vous savez interpréter les aspects du ciel, mais vous êtes incapables d'interpréter les signes qui concernent ces temps-ci! Les gens d'aujourd'hui, qui sont mauvais et infidèles à Dieu, réclament un signe miraculeux, mais aucun signe ne leur sera accordé si ce n'est celui de Jonas.» Puis il les laissa et partit. Quand les disciples passèrent de l'autre côté du lac, ils oublièrent d'emporter du pain. Jésus leur dit alors: «Attention! Gardez-vous du levain des Pharisiens et des Sadducéens.» Les disciples se mirent à dire entre eux: «Il parle ainsi parce que nous n'avons pas emporté de pain.» Jésus s'aperçut de ce qu'ils disaient et leur demanda: «Pourquoi dire entre vous: c'est parce que nous n'avons pas de pain? Comme votre confiance est faible! Ne comprenez-vous pas encore? Ne vous rappelez-vous pas les cinq pains distribués aux cinq mille hommes et le nombre de corbeilles que vous avez emportées? Et ne vous rappelez-vous pas les sept pains distribués aux quatre mille hommes et le nombre de corbeilles que vous avez emportées? Comment ne comprenez-vous pas que je ne vous parlais pas de pain quand je vous disais: Gardez-vous du levain des Pharisiens et des Sadducéens?» Alors les disciples comprirent qu'il ne leur avait pas dit de se garder du levain utilisé pour le pain, mais de l'enseignement des Pharisiens et des Sadducéens. Jésus se rendit dans le territoire de Césarée de Philippe. Il demanda à ses disciples: «Que disent les gens au sujet du Fils de l'homme?» Ils répondirent: «Certains disent que tu es Jean-Baptiste, d'autres que tu es Élie, et d'autres encore que tu es Jérémie ou un autre prophète.» – «Et vous, leur demanda Jésus, qui dites-vous que je suis?» Simon Pierre répondit: «Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant.» Jésus lui dit alors: «Tu es heureux, Simon fils de Jean, car ce n'est pas un être humain qui t'a révélé cette vérité, mais mon Père qui est dans les cieux. Eh bien, moi, je te le déclare, tu es Pierre et sur cette pierre je construirai mon Église. La mort elle-même ne pourra rien contre elle. Je te donnerai les clés du Royaume des cieux: ce que tu excluras sur terre sera exclu dans les cieux; ce que tu accueilleras sur terre sera accueilli dans les cieux.» Puis Jésus ordonna sévèrement à ses disciples de ne dire à personne qu'il était le Messie. A partir de ce moment, Jésus se mit à parler ouvertement à ses disciples en disant: «Il faut que j'aille à Jérusalem et que j'y souffre beaucoup de la part des anciens, des chefs des prêtres et des maîtres de la loi. Je serai mis à mort et, le troisième jour, je reviendrai à la vie.» Alors Pierre le prit à part et se mit à lui faire des reproches: «Dieu t'en garde, Seigneur! dit-il. Non, cela ne t'arrivera pas!» Mais Jésus se retourna et dit à Pierre: «Va-t'en loin de moi, Satan! Tu es un obstacle sur ma route, car tu ne penses pas comme Dieu, mais comme les êtres humains.» Puis Jésus dit à ses disciples: «Si quelqu'un veut venir avec moi, qu'il cesse de penser à lui-même, qu'il porte sa croix et me suive. En effet, celui qui veut sauver sa vie la perdra; mais celui qui perdra sa vie pour moi la retrouvera. A quoi servirait-il à un homme de gagner le monde entier, si c'est au prix de sa vie? Que pourrait-il donner pour racheter sa vie? En effet, le Fils de l'homme va venir dans la gloire de son Père avec ses anges, et alors il traitera chacun selon la façon dont il aura agi. Je vous le déclare, c'est la vérité: quelques-uns de ceux qui sont ici ne mourront pas avant d'avoir vu le Fils de l'homme venir comme roi.» Six jours après, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, frère de Jacques, et les conduisit sur une haute montagne où ils se trouvèrent seuls. Il changea d'aspect devant leurs yeux; son visage se mit à briller comme le soleil et ses vêtements devinrent blancs comme la lumière. Soudain les trois disciples virent Moïse et Élie qui parlaient avec Jésus. Pierre dit alors à Jésus: «Seigneur, il est bon que nous soyons ici. Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie.» Il parlait encore, lorsqu'un nuage brillant vint les couvrir, et du nuage une voix se fit entendre: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui je mets toute ma joie. Écoutez-le!» Quand les disciples entendirent cette voix, ils eurent tellement peur qu'ils se jetèrent le visage contre terre. Jésus s'approcha d'eux, les toucha et dit: «Relevez-vous, n'ayez pas peur.» Ils levèrent alors les yeux et ne virent personne d'autre que Jésus. Tandis qu'ils descendaient de la montagne, Jésus leur fit cette recommandation: «Ne parlez à personne de cette vision, jusqu'à ce que le Fils de l'homme revienne d'entre les morts.» Puis les disciples interrogèrent Jésus: «Pourquoi les maîtres de la loi disent-ils qu'Élie doit venir d'abord?» Il leur répondit: «Élie doit en effet venir et tout remettre en ordre. Quant à moi, je vous le déclare: Élie est déjà venu, les gens ne l'ont pas reconnu mais l'ont traité comme ils l'ont voulu. C'est ainsi que le Fils de l'homme lui-même sera maltraité par eux.» Les disciples comprirent alors qu'il leur parlait de Jean-Baptiste. Quand ils arrivèrent là où était la foule, un homme s'approcha de Jésus, se mit à genoux devant lui et dit: «Maître, aie pitié de mon fils. Il est épileptique et il a de telles crises que, souvent, il tombe dans le feu ou dans l'eau. Je l'ai amené à tes disciples, mais ils n'ont pas pu le guérir.» Jésus s'écria: «Gens mauvais et sans foi que vous êtes! Combien de temps encore devrai-je rester avec vous? Combien de temps encore devrai-je vous supporter? Amenez-moi l'enfant ici.» Jésus menaça l'esprit mauvais; celui-ci sortit de l'enfant qui fut guéri à ce moment même. Les disciples s'approchèrent alors de Jésus en particulier et lui demandèrent: «Pourquoi n'avons-nous pas pu chasser cet esprit?» Jésus leur répondit: «Parce que vous avez trop peu de foi. Je vous le déclare, c'est la vérité: si vous aviez de la foi gros comme une graine de moutarde, vous diriez à cette colline: “Déplace-toi d'ici à là-bas”, et elle se déplacerait. Rien ne vous serait impossible. [ Mais c'est par la prière et le jeûne seulement qu'on peut faire sortir ce genre d'esprit.]» Un jour que les disciples se trouvaient tous ensemble en Galilée, Jésus leur dit: «Le Fils de l'homme va être livré entre les mains des hommes, qui le mettront à mort; mais, le troisième jour, il reviendra à la vie.» Alors les disciples furent profondément attristés. Quand Jésus et ses disciples arrivèrent à Capernaüm, ceux qui percevaient l'impôt du temple s'approchèrent de Pierre et lui demandèrent: «Votre maître ne paie-t-il pas l'impôt du temple?» – «Si, répondit Pierre, il le paie.» Au moment où Pierre entrait dans la maison, Jésus prit la parole le premier et dit: «Qu'en penses-tu, Simon? Qui doit payer les impôts ou les taxes aux rois de ce monde? Les citoyens de leurs pays ou les étrangers?» – «Les étrangers», répondit Pierre. «Par conséquent, lui dit Jésus, les citoyens n'ont pas à payer. Cependant, nous ne voulons pas choquer ces gens. C'est pourquoi, va au lac, lance une ligne à l'eau, tire à toi le premier poisson que tu attraperas et ouvre-lui la bouche: tu y trouveras une pièce d'argent qui suffira pour payer mon impôt et le tien; prends-la et paie-leur notre impôt.» A ce moment, les disciples s'approchèrent de Jésus et lui demandèrent: «Qui est le plus grand dans le Royaume des cieux?» Jésus appela un petit enfant, le plaça au milieu d'eux et dit: «Je vous le déclare, c'est la vérité: si vous ne changez pas pour devenir comme des petits enfants, vous n'entrerez pas dans le Royaume des cieux. Le plus grand dans le Royaume des cieux est celui qui s'abaisse et devient comme cet enfant. Et l'homme qui reçoit un enfant comme celui-ci par amour pour moi, me reçoit moi-même. «Celui qui fait tomber dans le péché un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu'on lui attache au cou une grosse pierre et qu'on le noie au fond de la mer. Quel malheur pour le monde que tous les faits qui entraînent les hommes à pécher! Ils se produisent fatalement, mais malheur à l'homme qui en est la cause! Si c'est à cause de ta main ou de ton pied que tu tombes dans le péché, coupe-les et jette-les loin de toi; il vaut mieux pour toi entrer dans la vraie vie avec une seule main ou un seul pied que de garder les deux mains et les deux pieds et d'être jeté dans le feu éternel. Et si c'est à cause de ton œil que tu tombes dans le péché, arrache-le et jette-le loin de toi; il vaut mieux pour toi entrer dans la vraie vie avec un seul œil que de garder les deux yeux et d'être jeté dans le feu de l'enfer.» «Gardez-vous de mépriser l'un de ces petits; je vous l'affirme, en effet, leurs anges se tiennent continuellement en présence de mon Père dans les cieux. [ Car le Fils de l'homme est venu sauver ceux qui étaient perdus.] «Qu'en pensez-vous? Supposons qu'un homme possède cent moutons et que l'un d'eux s'égare, ne va-t-il pas laisser les quatre-vingt-dix-neuf autres sur la colline pour partir à la recherche de celui qui s'est égaré? Je vous l'affirme, s'il le retrouve, il ressent plus de joie pour ce mouton que pour les quatre-vingt-dix-neuf autres qui ne se sont pas égarés. De même, votre Père qui est dans les cieux ne veut pas qu'un seul de ces petits se perde.» «Si ton frère se rend coupable à ton égard, va le trouver seul à seul et montre-lui sa faute. S'il t'écoute, tu auras gagné ton frère. Mais s'il refuse de t'écouter, prends une ou deux autres personnes avec toi, afin que, comme le dit l'Écriture, “toute affaire soit réglée sur le témoignage de deux ou trois personnes.” Mais s'il refuse de les écouter, dis-le à l'Église; et s'il refuse d'écouter l'Église, considère-le comme un incroyant ou un collecteur d'impôts. «Je vous le déclare, c'est la vérité: tout ce que vous exclurez sur terre sera exclu dans le ciel; tout ce que vous accueillerez sur terre sera accueilli dans le ciel. «Je vous déclare aussi que si deux d'entre vous, sur la terre, s'accordent pour demander quoi que ce soit dans la prière, mon Père qui est dans les cieux le leur donnera. Car là où deux ou trois s'assemblent en mon nom, je suis au milieu d'eux.» Alors Pierre s'approcha de Jésus et lui demanda: «Seigneur, combien de fois devrai-je pardonner à mon frère s'il se rend coupable envers moi? jusqu'à sept fois?» – «Non, répondit Jésus, je ne te dis pas jusqu'à sept fois, mais jusqu'à soixante-dix fois sept fois. C'est pourquoi, voici à quoi ressemble le Royaume des cieux: Un roi décida de régler ses comptes avec ses serviteurs. Il commençait à le faire, quand on lui en amena un qui lui devait une énorme somme d'argent. Cet homme n'avait pas de quoi rendre cet argent; alors son maître donna l'ordre de le vendre comme esclave et de vendre aussi sa femme, ses enfants et tout ce qu'il possédait, afin de rembourser ainsi la dette. Le serviteur se jeta à genoux devant son maître et lui dit: “Prends patience envers moi et je te paierai tout!” Le maître en eut pitié: il annula sa dette et le laissa partir. Le serviteur sortit et rencontra un de ses compagnons de service qui lui devait une très petite somme d'argent. Il le saisit à la gorge et le serrait à l'étouffer en disant: “Paie ce que tu me dois!” Son compagnon se jeta à ses pieds et le supplia en ces termes: “Prends patience envers moi et je te paierai!” Mais l'autre refusa; bien plus, il le fit jeter en prison en attendant qu'il ait payé sa dette. Quand les autres serviteurs virent ce qui était arrivé, ils en furent profondément attristés et allèrent tout raconter à leur maître. Alors le maître fit venir ce serviteur et lui dit: “Méchant serviteur! j'ai annulé toute ta dette parce que tu m'as supplié de le faire. Tu devais toi aussi avoir pitié de ton compagnon, comme j'ai eu pitié de toi.” Le maître était fort en colère et il envoya le serviteur aux travaux forcés en attendant qu'il ait payé toute sa dette.» Et Jésus ajouta: «C'est ainsi que mon Père qui est au ciel vous traitera si chacun de vous ne pardonne pas à son frère de tout son cœur.» Quand Jésus eut achevé ces instructions, il quitta la Galilée et se rendit dans la partie de la Judée qui se trouve de l'autre côté de la rivière, le Jourdain. Une foule de gens l'y suivirent et il guérit leurs malades. Quelques Pharisiens s'approchèrent de lui pour lui tendre un piège. Ils lui demandèrent: «Notre loi permet-elle à un homme de renvoyer sa femme pour n'importe quelle raison?» Jésus répondit: «N'avez-vous pas lu ce que déclare l'Écriture? “Au commencement, le Créateur les fit homme et femme ”, puis il dit: C'est pourquoi, l'homme quittera son père et sa mère pour s'attacher à sa femme, et les deux deviendront un seul être. Ainsi, ils ne sont plus deux mais un seul être. Que l'homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni.» Les Pharisiens lui demandèrent: «Pourquoi donc Moïse a-t-il commandé à l'homme de donner une attestation de divorce à sa femme quand il la renvoie?» Jésus répondit: «Moïse vous a permis de renvoyer vos femmes parce que vous avez le cœur dur. Mais au commencement, il n'en était pas ainsi. Je vous le déclare: si un homme renvoie sa femme, alors qu'elle n'a pas été infidèle, et en épouse une autre, il commet un adultère.» Ses disciples lui dirent: «Si telle est la condition de l'homme par rapport à sa femme, il vaut mieux ne pas se marier.» Jésus leur répondit: «Tous les hommes ne sont pas capables d'accepter cet enseignement, mais seulement ceux à qui Dieu en donne les moyens. Il y a différentes raisons qui empêchent les hommes de se marier: pour certains, c'est une impossibilité dès leur naissance; d'autres, les eunuques, en ont été rendus incapables par les hommes; d'autres enfin renoncent à se marier à cause du Royaume des cieux. Que celui qui peut accepter cet enseignement l'accepte!» Des gens amenèrent des enfants à Jésus pour qu'il pose les mains sur eux et prie pour eux, mais les disciples leur firent des reproches. Jésus dit alors: «Laissez les enfants venir à moi et ne les en empêchez pas, car le Royaume des cieux appartient à ceux qui sont comme eux.» Il posa les mains sur eux, puis partit de là. Un homme s'approcha de Jésus et lui demanda: «Maître, que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle?» Jésus lui dit: «Pourquoi m'interroges-tu au sujet de ce qui est bon? Un seul est bon. Si tu veux entrer dans la vie, obéis aux commandements.» – «Auxquels?» demanda-t-il. Jésus répondit: «Ne commets pas de meurtre; ne commets pas d'adultère; ne vole pas; ne prononce pas de faux témoignage contre quelqu'un; respecte ton père et ta mère; aime ton prochain comme toi-même.» Le jeune homme lui dit: «J'ai obéi à tous ces commandements. Que dois-je faire encore?» – «Si tu veux être parfait, lui dit Jésus, va vendre tout ce que tu possèdes et donne l'argent aux pauvres, alors tu auras des richesses dans les cieux; puis viens et suis-moi.» Mais quand le jeune homme entendit cela, il s'en alla tout triste, parce qu'il avait de grands biens. Jésus dit alors à ses disciples: «Je vous le déclare, c'est la vérité: il est difficile à un homme riche d'entrer dans le Royaume des cieux. Et je vous déclare encore ceci: il est difficile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille, mais il est encore plus difficile à un riche d'entrer dans le Royaume de Dieu.» Quand les disciples entendirent ces mots, ils furent très étonnés et dirent: «Mais qui donc peut être sauvé?» Jésus les regarda et leur dit: «C'est impossible aux hommes, mais tout est possible à Dieu.» Alors Pierre prit la parole: «Écoute, lui dit-il, nous avons tout quitté pour te suivre. Que se passera-t-il pour nous?» Jésus leur dit: «Je vous le déclare, c'est la vérité: quand le Fils de l'homme siégera sur son trône glorieux dans le monde nouveau, vous, les douze qui m'avez suivi, vous siégerez également sur des trônes pour juger les douze tribus d'Israël. Et tous ceux qui auront quitté pour moi leurs maisons, ou leurs frères, leurs sœurs, leur père, leur mère, leurs enfants, leurs champs, recevront cent fois plus et auront part à la vie éternelle. Mais beaucoup qui sont maintenant les premiers seront les derniers et beaucoup qui sont maintenant les derniers seront les premiers.» «Voici, en effet, à quoi ressemble le Royaume des cieux: Un propriétaire sortit tôt le matin afin d'engager des ouvriers pour sa vigne. Il convint avec eux de leur payer le salaire habituel, une pièce d'argent par jour, et les envoya travailler dans sa vigne. Il sortit de nouveau à neuf heures du matin et en vit d'autres qui se tenaient sur la place sans rien faire. Il leur dit: “Allez, vous aussi, travailler dans ma vigne et je vous donnerai un juste salaire.” Et ils y allèrent. Le propriétaire sortit encore à midi, puis à trois heures de l'après-midi et fit de même. Enfin, vers cinq heures du soir, il sortit et trouva d'autres hommes qui se tenaient encore sur la place. Il leur demanda: “Pourquoi restez-vous ici tout le jour sans rien faire?” – “Parce que personne ne nous a engagés”, répondirent-ils. Il leur dit: “Eh bien, allez, vous aussi, travailler dans ma vigne.” «Quand vint le soir, le propriétaire de la vigne dit à son contremaître: “Appelle les ouvriers et paie à chacun son salaire. Tu commenceras par les derniers engagés et tu termineras par les premiers engagés.” Ceux qui s'étaient mis au travail à cinq heures du soir vinrent alors et reçurent chacun une pièce d'argent. Quand ce fut le tour des premiers engagés, ils pensèrent qu'ils recevraient plus; mais on leur remit aussi à chacun une pièce d'argent. En la recevant, ils critiquaient le propriétaire et disaient: “Ces ouvriers engagés en dernier n'ont travaillé qu'une heure et tu les as payés comme nous qui avons supporté la fatigue d'une journée entière de travail sous un soleil brûlant!” Mais le propriétaire répondit à l'un d'eux: “Mon ami, je ne te cause aucun tort. Tu as convenu avec moi de travailler pour une pièce d'argent par jour, n'est-ce pas? Prends donc ton salaire et va-t'en. Je veux donner à ce dernier engagé autant qu'à toi. N'ai-je pas le droit de faire ce que je veux de mon argent? Ou bien es-tu jaloux parce que je suis bon?” Ainsi, ajouta Jésus, ceux qui sont les derniers seront les premiers et ceux qui sont les premiers seront les derniers.» Jésus se rendait à Jérusalem. Il prit les douze disciples à part et leur dit, tout en marchant: «Écoutez, nous montons à Jérusalem, où le Fils de l'homme sera livré aux chefs des prêtres et aux maîtres de la loi. Ils le condamneront à mort et le livreront aux païens, qui se moqueront de lui, le frapperont à coups de fouet et le cloueront sur une croix. Et le troisième jour, il reviendra de la mort à la vie.» Alors la femme de Zébédée s'approcha de Jésus avec ses deux fils; elle s'inclina devant lui pour lui demander une faveur. «Que désires-tu?» lui dit Jésus. Elle lui répondit: «Promets-moi que mes deux fils que voici siégeront l'un à ta droite et l'autre à ta gauche quand tu seras roi.» – «Vous ne savez pas ce que vous demandez, répondit Jésus. Pouvez-vous boire la coupe de douleur que je vais boire?» – «Nous le pouvons», lui répondirent-ils. «Vous boirez en effet ma coupe, leur dit Jésus. Mais ce n'est pas à moi de décider qui siégera à ma droite et à ma gauche; ces places sont à ceux pour qui mon Père les a préparées.» Quand les dix autres disciples entendirent cela, ils s'indignèrent contre les deux frères. Alors Jésus les appela tous et dit: «Vous savez que les chefs des peuples les commandent en maîtres et que les grands personnages leur font sentir leur pouvoir. Mais cela ne doit pas se passer ainsi parmi vous. Au contraire, si l'un de vous veut être grand, il doit être votre serviteur, et si l'un de vous veut être le premier, il doit être votre esclave: c'est ainsi que le Fils de l'homme n'est pas venu pour se faire servir, mais il est venu pour servir, et donner sa vie comme rançon pour libérer une multitude de gens.» Lorsqu'ils sortirent de Jéricho, une grande foule suivit Jésus. Deux aveugles qui étaient assis au bord du chemin entendirent que Jésus passait; ils se mirent alors à crier: «Maître, Fils de David, aie pitié de nous!» La foule leur faisait des reproches pour qu'ils se taisent, mais ils criaient encore plus fort: «Maître, Fils de David, aie pitié de nous!» Jésus s'arrêta, les appela et leur demanda: «Que voulez-vous que je fasse pour vous?» Ils lui répondirent: «Maître, fais que nos yeux puissent voir.» Jésus eut pitié d'eux et toucha leurs yeux; aussitôt, les deux hommes purent voir, et ils le suivirent. Quand ils approchèrent de Jérusalem et arrivèrent près du village de Bethfagé, sur le mont des Oliviers, Jésus envoya en avant deux des disciples: «Allez au village qui est là devant vous, leur dit-il. Vous y trouverez tout de suite une ânesse attachée et son ânon avec elle. Détachez-les et amenez-les-moi. Si l'on vous dit quelque chose, répondez: “Le Seigneur en a besoin.” Et aussitôt on les laissera partir.» Cela arriva afin que se réalisent ces paroles du prophète: «Dites à la population de Sion: Regarde, ton roi vient à toi, plein de douceur, monté sur une ânesse, et sur un ânon, le petit d'une ânesse.» Les disciples partirent donc et firent ce que Jésus leur avait ordonné. Ils amenèrent l'ânesse et l'ânon, posèrent leurs manteaux sur eux et Jésus s'assit dessus. Une grande foule de gens étendirent leurs manteaux sur le chemin; d'autres coupaient des branches aux arbres et les mettaient sur le chemin. Les gens qui marchaient devant Jésus et ceux qui le suivaient criaient: «Gloire au Fils de David! Que Dieu bénisse celui qui vient au nom du Seigneur! Gloire à Dieu dans les cieux!» Quand Jésus entra dans Jérusalem, toute la population se mit à s'agiter. «Qui est cet homme?» demandait-on. «C'est le prophète Jésus, de Nazareth en Galilée», répondaient les gens. Jésus entra dans le temple et chassa tous ceux qui vendaient ou qui achetaient à cet endroit; il renversa les tables des changeurs d'argent et les sièges des vendeurs de pigeons. Puis il leur dit: «Dans les Écritures, Dieu déclare: “On appellera ma maison maison de prière.” Mais vous, ajouta-t-il, vous en faites une caverne de voleurs!» Des aveugles et des boiteux s'approchèrent de Jésus dans le temple et il les guérit. Les chefs des prêtres et les maîtres de la loi s'indignèrent quand ils virent les actions étonnantes qu'il accomplissait et les enfants qui criaient dans le temple: «Gloire au Fils de David!» Ils dirent alors à Jésus: «Entends-tu ce qu'ils disent?» – «Oui, leur répondit Jésus. N'avez-vous jamais lu ce passage de l'Écriture: “Tu as fait en sorte que même des enfants et des bébés te louent ”?» Puis il les quitta et sortit de la ville pour se rendre à Béthanie où il passa la nuit. Le lendemain matin, tandis qu'il revenait en ville, Jésus eut faim. Il vit un figuier au bord du chemin et s'en approcha, mais il n'y trouva que des feuilles. Il dit alors au figuier: «Tu ne porteras plus jamais de fruit!» Aussitôt, le figuier devint tout sec. Les disciples virent cela et furent remplis d'étonnement. Ils demandèrent à Jésus: «Comment ce figuier est-il devenu tout sec en un instant?» Jésus leur répondit: «Je vous le déclare, c'est la vérité: si vous avez de la foi et si vous ne doutez pas, non seulement vous pourrez faire ce que j'ai fait à ce figuier, mais vous pourrez même dire à cette colline: “Ote-toi de là et jette-toi dans la mer”, et cela arrivera. Si vous croyez, vous recevrez tout ce que vous demanderez dans la prière.» Jésus entra dans le temple et se mit à enseigner; les chefs des prêtres et les anciens du peuple juif s'approchèrent alors et lui demandèrent: «De quel droit fais-tu ces choses? Qui t'a donné autorité pour cela?» Jésus leur répondit: «Je vais vous poser à mon tour une question, une seule; si vous me donnez une réponse, alors je vous dirai de quel droit je fais ces choses. Qui a envoyé Jean baptiser? Est-ce Dieu ou les hommes?» Mais ils se mirent à discuter entre eux et se dirent: «Si nous répondons: “C'est Dieu qui l'a envoyé”, il nous demandera: “Pourquoi donc n'avez-vous pas cru Jean?” Mais si nous disons: “Ce sont les hommes qui l'ont envoyé”, nous avons à craindre la foule, car tous pensent que Jean était un prophète.» Alors ils répondirent à Jésus: «Nous ne savons pas.» – «Eh bien, répliqua-t-il, moi non plus, je ne vous dirai pas de quel droit je fais ces choses.» «Que pensez-vous de ceci? ajouta Jésus. Un homme avait deux fils. Il s'adressa au premier et lui dit: “Mon enfant, va travailler aujourd'hui dans la vigne.” – “Non, je ne veux pas”, répondit-il; mais, plus tard, il changea d'idée et se rendit à la vigne. Le père adressa la même demande à l'autre fils. Celui-ci lui répondit: “Oui, père, j'y vais”, mais il n'y alla pas. Lequel des deux a fait la volonté de son père?» – «Le premier», répondirent-ils. Jésus leur dit alors: «Je vous le déclare, c'est la vérité: les collecteurs d'impôts et les prostituées vous précèdent dans le Royaume de Dieu. Car Jean-Baptiste est venu à vous en vous montrant le juste chemin et vous ne l'avez pas cru; mais les collecteurs d'impôts et les prostituées l'ont cru. Et même après avoir vu cela, vous n'avez pas changé intérieurement pour croire en lui.» «Écoutez une autre parabole: Il y avait un propriétaire qui planta une vigne; il l'entoura d'un mur, y creusa la roche pour le pressoir à raisin et bâtit une tour de garde. Ensuite, il loua la vigne à des ouvriers vignerons et partit en voyage. Quand vint le moment de récolter le raisin, il envoya ses serviteurs aux ouvriers vignerons pour recevoir sa récolte. Mais les vignerons saisirent ses serviteurs, battirent l'un, assassinèrent l'autre et tuèrent un troisième à coups de pierres. Alors le propriétaire envoya d'autres serviteurs, en plus grand nombre que la première fois, mais les vignerons les traitèrent de la même façon. Finalement, il leur envoya son fils en pensant: “Ils auront du respect pour mon fils.” Mais quand les vignerons virent le fils, ils se dirent entre eux: “Voici le futur héritier! Allons, tuons-le et nous aurons sa propriété!” Ils le saisirent donc, le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent. «Eh bien, quand le propriétaire de la vigne viendra, que fera-t-il à ces vignerons?» demanda Jésus. Ils lui répondirent: «Il mettra à mort sans pitié ces criminels et louera la vigne à d'autres vignerons, qui lui remettront la récolte au moment voulu.» Puis Jésus leur dit: «N'avez-vous jamais lu ce que déclare l'Écriture? “La pierre que les bâtisseurs avaient rejetée est devenue la pierre principale. Cela vient du Seigneur, pour nous, c'est une merveille!” «C'est pourquoi, ajouta Jésus, je vous le déclare: le Royaume de Dieu vous sera enlevé pour être confié à un peuple qui en produira les fruits. [ Celui qui tombera sur cette pierre s'y brisera; et si la pierre tombe sur quelqu'un, elle le réduira en poussière.]» Les chefs des prêtres et les Pharisiens entendirent les paraboles de Jésus et comprirent qu'il parlait d'eux. Ils cherchèrent alors un moyen de l'arrêter, mais ils eurent peur de la foule qui considérait Jésus comme un prophète. Jésus utilisa de nouveau des paraboles pour parler à ses auditeurs. Il leur dit: «Voici à quoi ressemble le Royaume des cieux: Un roi organisa un repas pour le mariage de son fils. Il envoya ses serviteurs appeler les invités pour ce repas, mais ils ne voulurent pas venir. Il envoya alors d'autres serviteurs avec cet ordre: “Dites aux invités: Mon repas est préparé maintenant, mes taureaux et mes bêtes grasses sont tués, tout est prêt. Venez au repas de mariage!” Mais les invités ne s'en soucièrent pas et s'en allèrent à leurs affaires: l'un à son champ, l'autre à son commerce; les autres saisirent les serviteurs, les maltraitèrent et les tuèrent. Le roi se mit en colère: il envoya ses soldats tuer ces assassins et incendier leur ville. Puis il dit à ses serviteurs: “Le repas de mariage est prêt, mais les invités ne le méritaient pas. Allez donc dans les principales rues et invitez au repas tous ceux que vous pourrez trouver.” Les serviteurs s'en allèrent dans les rues et rassemblèrent tous ceux qu'ils trouvèrent, les mauvais comme les bons; et ainsi, la salle de fête se remplit de monde. Le roi entra alors pour voir les invités et il aperçut un homme qui ne portait pas de costume de fête. Il lui demanda: “Mon ami, comment es-tu entré ici sans costume de fête?” Mais l'homme ne répondit rien. Alors le roi dit aux serviteurs: “Liez-lui les pieds et les mains et jetez-le dehors, dans le noir. C'est là qu'il pleurera et grincera des dents.” En effet, ajouta Jésus, beaucoup sont invités, mais peu sont admis.» Les Pharisiens allèrent alors tenir conseil pour décider comment ils pourraient prendre Jésus au piège par une question. Ils envoyèrent ensuite quelques-uns de leurs disciples et quelques membres du parti d'Hérode dire à Jésus: «Maître, nous savons que tu dis la vérité: tu enseignes la vérité sur la conduite que Dieu demande; tu n'as pas peur de ce que pensent les autres et tu ne tiens pas compte de l'apparence des gens. Dis-nous donc ce que tu penses de ceci: notre loi permet-elle ou non de payer des impôts à l'empereur romain?» Mais Jésus connaissait leurs mauvaises intentions; il leur dit alors: «Hypocrites, pourquoi me tendez-vous un piège? Montrez-moi l'argent qui sert à payer l'impôt.» Ils lui présentèrent une pièce d'argent, et Jésus leur demanda: «Ce visage et ce nom gravés ici, de qui sont-ils?» – «De l'empereur», répondirent-ils. Alors Jésus leur dit: «Payez donc à l'empereur ce qui lui appartient, et à Dieu ce qui lui appartient.» Quand ils entendirent cette réponse, ils furent remplis d'étonnement. Ils le laissèrent et s'en allèrent. Le même jour, quelques Sadducéens vinrent auprès de Jésus. – Ce sont eux qui affirment qu'il n'y a pas de résurrection. – Ils l'interrogèrent de la façon suivante: «Maître, voici ce que Moïse a déclaré: “Si un homme meurt sans avoir eu d'enfants, son frère doit épouser la veuve pour donner des descendants à celui qui est mort.” Or, il y avait parmi nous sept frères. Le premier se maria, mourut sans avoir eu d'enfants et laissa ainsi sa veuve à son frère. Il en fut de même pour le deuxième frère, puis pour le troisième et pour tous les sept. Après eux tous, la femme mourut aussi. Au jour où les morts se relèveront, duquel des sept sera-t-elle donc la femme? Car ils l'ont tous eue comme épouse!» Jésus leur répondit: «Vous vous trompez parce que vous ne connaissez ni les Écritures, ni la puissance de Dieu. En effet, quand les morts se relèveront, les hommes et les femmes ne se marieront pas, mais ils vivront comme les anges dans le ciel. Pour ce qui est de se relever d'entre les morts, n'avez-vous jamais lu ce que Dieu vous a déclaré? Il a dit: “Je suis le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob.” Dieu, ajouta Jésus, est le Dieu des vivants, et non des morts.» Tous ceux qui l'avaient entendu étaient impressionnés par son enseignement. Quand les Pharisiens apprirent que Jésus avait réduit au silence les Sadducéens, ils se réunirent. Et l'un d'eux, un maître de la loi, voulut lui tendre un piège; il lui demanda: «Maître, quel est le plus grand commandement de la loi?» Jésus lui répondit: «“Tu dois aimer le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ton intelligence.” C'est là le commandement le plus grand et le plus important. Et voici le second commandement, qui est d'une importance semblable: “Tu dois aimer ton prochain comme toi-même.” Toute la loi de Moïse et tout l'enseignement des prophètes dépendent de ces deux commandements.» Les Pharisiens se trouvaient réunis et Jésus leur posa cette question: «Que pensez-vous du Messie? De qui est-il le descendant?» – «Il est le descendant de David», lui répondirent-ils. Jésus leur dit: «Comment donc David, guidé par le Saint-Esprit, a-t-il pu l'appeler “Seigneur”? Car David a dit: “Le Seigneur Dieu a déclaré à mon Seigneur: Viens siéger à ma droite, je veux contraindre tes ennemis à passer sous tes pieds.” «Si donc David l'appelle “Seigneur”, comment le Messie peut-il être aussi descendant de David?» Aucun d'eux ne put lui répondre un seul mot et, à partir de ce jour, personne n'osa plus lui poser de questions. Alors Jésus s'adressa à toute la foule, ainsi qu'à ses disciples: «Les maîtres de la loi et les Pharisiens, dit-il, sont chargés d'expliquer la loi de Moïse. Vous devez donc leur obéir et accomplir tout ce qu'ils vous disent; mais n'imitez pas leur façon d'agir, car ils ne mettent pas en pratique ce qu'ils enseignent. Ils attachent de lourds fardeaux, difficiles à porter, et les mettent sur les épaules des hommes; mais eux-mêmes refusent de bouger un doigt pour les aider à remuer ces fardeaux. Ils accomplissent toutes leurs œuvres de façon que les hommes les remarquent. Ainsi, pour les paroles sacrées qu'ils portent au front ou au bras, ils ont des étuis particulièrement grands; les franges de leurs manteaux sont exceptionnellement larges. Ils aiment les places d'honneur dans les grands repas et les sièges les plus en vue dans les synagogues; ils aiment à recevoir des salutations respectueuses sur les places publiques et à être appelés “Maître” par les gens. Mais vous, ne vous faites pas appeler “Maître”, car vous êtes tous frères et vous n'avez qu'un seul Maître. N'appelez personne sur la terre votre “Père”, car vous n'avez qu'un seul Père, celui qui est au ciel. Ne vous faites pas non plus appeler “Chef”, car vous n'avez qu'un seul Chef, le Messie. Le plus grand parmi vous doit être votre serviteur. Celui qui s'élève sera abaissé, mais celui qui s'abaisse sera élevé.» «Malheur à vous, maîtres de la loi et Pharisiens, hypocrites! Vous fermez la porte du Royaume des cieux devant les hommes; vous n'y entrez pas vous-mêmes et vous ne laissez pas entrer ceux qui le désirent. [ «Malheur à vous, maîtres de la loi et Pharisiens, hypocrites! Vous prenez aux veuves tout ce qu'elles possèdent et, en même temps, vous faites de longues prières pour vous faire remarquer. C'est pourquoi vous serez jugés d'autant plus sévèrement!] «Malheur à vous, maîtres de la loi et Pharisiens, hypocrites! Vous voyagez partout sur terre et sur mer pour gagner un seul converti, et quand vous l'avez gagné vous le rendez digne de l'enfer deux fois plus que vous. «Malheur à vous, conducteurs aveugles! Vous dites: “Si quelqu'un jure par le temple, il n'est pas engagé par ce serment; mais s'il jure par l'or du temple, il est engagé.” Insensés, aveugles! Qu'est-ce qui a le plus d'importance: l'or, ou le temple qui rend cet or sacré? Vous dites aussi: “Si quelqu'un jure par l'autel, il n'est pas engagé par ce serment; mais s'il jure par l'offrande qui se trouve sur l'autel, il est engagé.” Aveugles! Qu'est-ce qui a le plus d'importance: l'offrande, ou l'autel qui rend cette offrande sacrée? Celui donc qui jure par l'autel jure par l'autel et par tout ce qui se trouve dessus; celui qui jure par le temple jure par le temple et par Dieu qui l'habite; celui qui jure par le ciel jure par le trône de Dieu et par Dieu qui y siège. «Malheur à vous, maîtres de la loi et Pharisiens, hypocrites! Vous donnez à Dieu le dixième de plantes comme la menthe, le fenouil et le cumin, mais vous négligez les enseignements les plus importants de la loi, tels que la justice, la bonté et la fidélité: c'est pourtant là ce qu'il fallait pratiquer, sans négliger le reste. Conducteurs aveugles! Vous filtrez votre boisson pour en éliminer un moustique, mais vous avalez un chameau! «Malheur à vous, maîtres de la loi et Pharisiens, hypocrites! Vous nettoyez l'extérieur de la coupe et du plat, mais l'intérieur reste rempli du produit de vos vols et de vos mauvais désirs. Pharisien aveugle! Nettoie d'abord l'intérieur de la coupe et alors l'extérieur deviendra également propre. «Malheur à vous, maîtres de la loi et Pharisiens, hypocrites! Vous ressemblez à des tombeaux blanchis qui paraissent beaux à l'extérieur mais qui, à l'intérieur, sont pleins d'ossements de morts et de toute sorte de pourriture. Vous de même, extérieurement vous donnez à tout le monde l'impression que vous êtes fidèles à Dieu, mais intérieurement vous êtes pleins d'hypocrisie et de mal. «Malheur à vous, maîtres de la loi et Pharisiens, hypocrites! Vous construisez de belles tombes pour les prophètes, vous décorez les tombeaux des hommes justes, et vous dites: “Si nous avions vécu au temps de nos ancêtres, nous n'aurions pas été leurs complices pour tuer les prophètes.” Ainsi, vous reconnaissez vous-mêmes que vous êtes les descendants de ceux qui ont assassiné les prophètes. Eh bien, continuez, achevez ce que vos ancêtres ont commencé! Serpents, bande de vipères! Comment pensez-vous éviter d'être condamnés à l'enfer? C'est pourquoi, écoutez: je vais vous envoyer des prophètes, des sages et de vrais maîtres de la loi. Vous tuerez les uns, vous en clouerez d'autres sur des croix, vous en frapperez d'autres encore à coups de fouet dans vos synagogues et vous les poursuivrez de ville en ville. Et alors, c'est sur vous que retomberont les conséquences de tous les meurtres commis contre des innocents depuis le meurtre d'Abel le juste jusqu'à celui de Zacharie, fils de Barachie, que vous avez assassiné entre le sanctuaire et l'autel. Je vous le déclare, c'est la vérité: les conséquences de tous ces meurtres retomberont sur les gens d'aujourd'hui!» «Jérusalem, Jérusalem, toi qui mets à mort les prophètes et tues à coups de pierres ceux que Dieu t'envoie! Combien de fois ai-je désiré rassembler tes habitants auprès de moi comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, mais vous ne l'avez pas voulu! Eh bien, votre maison va être complètement abandonnée. En effet, je vous le déclare: dès maintenant vous ne me verrez plus jusqu'à ce que vous disiez: “Que Dieu bénisse celui qui vient au nom du Seigneur!” » Jésus sortit du temple et, tandis qu'il s'en allait, ses disciples s'approchèrent de lui pour lui faire remarquer les constructions du temple. Alors Jésus prit la parole et leur dit: «Vous voyez tout cela? Je vous le déclare, c'est la vérité: il ne restera pas ici une seule pierre posée sur une autre; tout sera renversé.» Jésus s'était assis au mont des Oliviers. Ses disciples s'approchèrent alors de lui en particulier et lui demandèrent: «Dis-nous quand cela se passera, et quel signe indiquera le moment de ta venue et de la fin du monde.» Jésus leur répondit: «Faites attention que personne ne vous trompe. Car beaucoup d'hommes viendront en usant de mon nom et diront: “Je suis le Messie!” Et ils tromperont quantité de gens. Vous allez entendre le bruit de guerres proches et des nouvelles sur des guerres lointaines; ne vous laissez pas effrayer: il faut que cela arrive, mais ce ne sera pas encore la fin de ce monde. Un peuple combattra contre un autre peuple, et un royaume attaquera un autre royaume; il y aura des famines et des tremblements de terre dans différentes régions. Tous ces événements seront comme les premières douleurs de l'accouchement. Alors des hommes vous livreront pour qu'on vous tourmente et l'on vous mettra à mort. Tous les peuples vous haïront à cause de moi. En ce temps-là, beaucoup abandonneront la foi; ils se trahiront et se haïront les uns les autres. De nombreux faux prophètes apparaîtront et tromperont beaucoup de gens. Le mal se répandra à tel point que l'amour d'un grand nombre de personnes se refroidira. Mais celui qui tiendra bon jusqu'à la fin sera sauvé. Cette Bonne Nouvelle du Royaume sera annoncée dans le monde entier pour que le témoignage en soit présenté à tous les peuples. Et alors viendra la fin.» «Vous verrez celui qu'on appelle “l'Horreur abominable”, dont le prophète Daniel a parlé; il sera placé dans le lieu saint. – Que celui qui lit comprenne bien cela! – Alors, ceux qui seront en Judée devront s'enfuir vers les montagnes; celui qui sera sur la terrasse de sa maison ne devra pas descendre pour prendre ses affaires à l'intérieur; et celui qui sera dans les champs ne devra pas retourner chez lui pour emporter son manteau. Quel malheur ce sera, en ces jours-là, pour les femmes enceintes et pour celles qui allaiteront! Priez Dieu pour que vous n'ayez pas à fuir pendant la mauvaise saison ou un jour de sabbat! Car, en ce temps-là, la détresse sera plus terrible que toutes celles qu'on a connues depuis le commencement du monde jusqu'à maintenant, et il n'y en aura plus jamais de pareille. Si Dieu n'avait pas décidé d'abréger cette période, personne ne pourrait survivre. Mais il l'a abrégée à cause de ceux qu'il a choisis. Si quelqu'un vous dit alors: “Regardez, le Messie est ici!” ou bien: “Il est là!”, ne le croyez pas. Car de faux messies et de faux prophètes apparaîtront; ils accompliront de grands miracles et des prodiges pour tromper, si possible, même ceux que Dieu a choisis. Écoutez! Je vous ai avertis à l'avance. «Si donc on vous dit: “Regardez, il est dans le désert!”, n'y allez pas. Ou si l'on vous dit: “Regardez, il se cache ici!”, ne le croyez pas. Comme l'éclair brille à travers le ciel de l'est à l'ouest, ainsi viendra le Fils de l'homme. Où que soit le cadavre, là se rassembleront les vautours.» «Aussitôt après la détresse de ces jours-là, le soleil s'obscurcira, la lune ne donnera plus sa clarté, les étoiles tomberont du ciel et les puissances des cieux seront ébranlées. Alors, le signe du Fils de l'homme apparaîtra dans le ciel; alors, tous les peuples de la terre se lamenteront, ils verront le Fils de l'homme arriver sur les nuages du ciel avec beaucoup de puissance et de gloire. La grande trompette sonnera et il enverra ses anges aux quatre coins de la terre: ils rassembleront ceux qu'il a choisis, d'un bout du monde à l'autre.» «Comprenez l'enseignement que donne le figuier: dès que la sève circule dans ses branches et que ses feuilles poussent, vous savez que la bonne saison est proche. De même, quand vous verrez tout cela, sachez que l'événement est proche, qu'il va se produire. Je vous le déclare, c'est la vérité: les gens d'aujourd'hui n'auront pas tous disparu avant que tout cela arrive. Le ciel et la terre disparaîtront, tandis que mes paroles ne disparaîtront jamais.» «Cependant personne ne sait quand viendra ce jour ou cette heure, pas même les anges dans les cieux, ni même le Fils; le Père seul le sait. Ce qui s'est passé du temps de Noé se passera de la même façon quand viendra le Fils de l'homme. En effet, à cette époque, avant la grande inondation, les gens mangeaient et buvaient, se mariaient ou donnaient leurs filles en mariage, jusqu'au jour où Noé entra dans l'arche; ils ne se rendirent compte de rien jusqu'au moment où la grande inondation vint et les emporta tous. Ainsi en sera-t-il quand viendra le Fils de l'homme. Alors, deux hommes seront aux champs: l'un sera emmené et l'autre laissé. Deux femmes moudront du grain au moulin: l'une sera emmenée et l'autre laissée. Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur viendra. Comprenez bien ceci: si le maître de la maison savait à quel moment de la nuit le voleur doit venir, il resterait éveillé et ne le laisserait pas pénétrer dans sa maison. C'est pourquoi, tenez-vous prêts, vous aussi, car le Fils de l'homme viendra à l'heure que vous ne pensez pas.» «Quel est donc le serviteur fidèle et intelligent? En voici un que son maître a chargé de prendre soin des autres serviteurs pour leur donner leur nourriture au moment voulu. Heureux ce serviteur si le maître, à son retour chez lui, le trouve occupé à ce travail! Je vous le déclare, c'est la vérité: le maître lui confiera la charge de tous ses biens. Mais si c'est un mauvais serviteur, il se dira: “Mon maître tarde à revenir”, et il se mettra à battre ses compagnons de service, il mangera et boira avec des ivrognes. Eh bien, le maître reviendra un jour où le serviteur ne l'attend pas et à une heure qu'il ne connaît pas; il chassera le serviteur et lui fera partager le sort des hypocrites, là où l'on pleure et grince des dents.» «Alors le Royaume des cieux ressemblera à l'histoire de dix jeunes filles qui prirent leurs lampes et sortirent pour aller à la rencontre du marié. Cinq d'entre elles étaient imprévoyantes et cinq étaient raisonnables. Celles qui étaient imprévoyantes prirent leurs lampes mais sans emporter une réserve d'huile. En revanche, celles qui étaient raisonnables emportèrent des flacons d'huile avec leurs lampes. Or, le marié tardait à venir; les jeunes filles eurent toutes sommeil et s'endormirent. A minuit, un cri se fit entendre: “Voici le marié! Sortez à sa rencontre!” Alors ces dix jeunes filles se réveillèrent et se mirent à préparer leurs lampes. Les imprévoyantes demandèrent aux raisonnables: “Donnez-nous un peu de votre huile, car nos lampes s'éteignent.” Les raisonnables répondirent: “Non, car il n'y en aurait pas assez pour nous et pour vous. Vous feriez mieux d'aller au magasin en acheter pour vous.” Les imprévoyantes partirent donc acheter de l'huile, mais pendant ce temps, le marié arriva. Les cinq jeunes filles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle de mariage et l'on ferma la porte à clé. Plus tard, les autres jeunes filles arrivèrent et s'écrièrent: “Maître, maître, ouvre-nous!” Mais le marié répondit: “Je vous le déclare, c'est la vérité: je ne vous connais pas.” Veillez donc, ajouta Jésus, car vous ne connaissez ni le jour ni l'heure.» «Il en sera comme d'un homme qui allait partir en voyage: il appela ses serviteurs et leur confia ses biens. Il remit à l'un cinq cents pièces d'or, à un autre deux cents, à un troisième cent: à chacun selon ses capacités. Puis il partit. Le serviteur qui avait reçu les cinq cents pièces d'or s'en alla aussitôt faire du commerce avec cet argent et gagna cinq cents autres pièces d'or. Celui qui avait reçu deux cents pièces agit de même et gagna deux cents autres pièces. Mais celui qui avait reçu cent pièces s'en alla creuser un trou dans la terre et y cacha l'argent de son maître. «Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint et se mit à régler ses comptes avec eux. Celui qui avait reçu cinq cents pièces d'or s'approcha et présenta les cinq cents autres pièces en disant: “Maître, tu m'avais remis cinq cents pièces d'or. J'en ai gagné cinq cents autres: les voici.” Son maître lui dit: “C'est bien, bon et fidèle serviteur. Tu as été fidèle dans des choses qui ont peu de valeur, je te confierai donc celles qui ont beaucoup de valeur. Viens te réjouir avec moi.” Le serviteur qui avait reçu les deux cents pièces s'approcha ensuite et dit: “Maître, tu m'avais remis deux cents pièces d'or. J'en ai gagné deux cents autres: les voici.” Son maître lui dit: “C'est bien, bon et fidèle serviteur. Tu as été fidèle dans des choses qui ont peu de valeur, je te confierai donc celles qui ont beaucoup de valeur. Viens te réjouir avec moi.” Enfin, le serviteur qui avait reçu les cent pièces s'approcha et dit: “Maître, je te connaissais comme un homme dur: tu moissonnes où tu n'as pas semé, tu récoltes où tu n'as rien planté. J'ai eu peur et je suis allé cacher ton argent dans la terre. Eh bien, voici ce qui t'appartient.” Son maître lui répondit: “Mauvais serviteur, paresseux! Tu savais que je moissonne où je n'ai pas semé, que je récolte où je n'ai rien planté? Eh bien, tu aurais dû placer mon argent à la banque et, à mon retour, j'aurais retiré mon bien avec les intérêts. Enlevez-lui donc les cent pièces d'or et remettez-les à celui qui en a mille. Car quiconque a quelque chose recevra davantage et il sera dans l'abondance; mais à celui qui n'a rien, on enlèvera même le peu qui pourrait lui rester. Quant à ce serviteur bon à rien, jetez-le dehors, dans le noir, là où l'on pleure et grince des dents.” » «Quand le Fils de l'homme viendra dans sa gloire avec tous les anges, il siégera sur son trône royal. Tous les peuples de la terre seront assemblés devant lui et il séparera les gens les uns des autres comme le berger sépare les moutons des chèvres; il placera les moutons à sa droite et les chèvres à sa gauche. Alors le roi dira à ceux qui seront à sa droite: “Venez, vous qui êtes bénis par mon Père, et recevez le Royaume qui a été préparé pour vous depuis la création du monde. Car j'ai eu faim et vous m'avez donné à manger; j'ai eu soif et vous m'avez donné à boire; j'étais étranger et vous m'avez accueilli chez vous; j'étais nu et vous m'avez habillé; j'étais malade et vous avez pris soin de moi; j'étais en prison et vous êtes venus me voir.” Ceux qui ont fait la volonté de Dieu lui répondront alors: “Seigneur, quand t'avons-nous vu affamé et t'avons-nous donné à manger, ou assoiffé et t'avons-nous donné à boire? Quand t'avons-nous vu étranger et t'avons-nous accueilli chez nous, ou nu et t'avons-nous habillé? Quand t'avons-nous vu malade ou en prison et sommes-nous allés te voir?” Le roi leur répondra: “Je vous le déclare, c'est la vérité: toutes les fois que vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait.” «Ensuite, le roi dira à ceux qui seront à sa gauche: “Allez-vous-en loin de moi, maudits! Allez dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et ses anges! Car j'ai eu faim et vous ne m'avez pas donné à manger; j'ai eu soif et vous ne m'avez pas donné à boire; j'étais étranger et vous ne m'avez pas accueilli; j'étais nu et vous ne m'avez pas habillé; j'étais malade et en prison et vous n'avez pas pris soin de moi.” Ils lui répondront alors: “Seigneur, quand t'avons-nous vu affamé, ou assoiffé, ou étranger, ou nu, ou malade, ou en prison et ne t'avons-nous pas secouru?” Le roi leur répondra: “Je vous le déclare, c'est la vérité: toutes les fois que vous ne l'avez pas fait à l'un de ces plus petits, vous ne l'avez pas fait à moi non plus.” Et ils iront subir la peine éternelle, tandis que ceux qui ont fait la volonté de Dieu iront à la vie éternelle.» Quand Jésus eut achevé toutes ces instructions, il dit à ses disciples: «Vous savez que la fête de la Pâque aura lieu dans deux jours: le Fils de l'homme va être livré pour être cloué sur une croix.» Alors les chefs des prêtres et les anciens du peuple juif se réunirent dans le palais de Caïphe, le grand-prêtre; ils prirent ensemble la décision d'arrêter Jésus en cachette et de le mettre à mort. Ils disaient: «Nous ne devons pas l'arrêter pendant la fête, sinon le peuple va se soulever.» Jésus était à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux. Une femme s'approcha de lui avec un flacon d'albâtre plein d'un parfum de grande valeur: elle versa ce parfum sur la tête de Jésus pendant qu'il était à table. Quand les disciples virent cela, ils furent indignés et dirent: «Pourquoi ce gaspillage? On aurait pu vendre ce parfum très cher et donner l'argent aux pauvres!» Jésus se rendit compte qu'ils parlaient ainsi et leur dit: «Pourquoi faites-vous de la peine à cette femme? Ce qu'elle a accompli pour moi est beau. Car vous aurez toujours des pauvres avec vous; mais moi, vous ne m'aurez pas toujours avec vous. Elle a répandu ce parfum sur mon corps afin de me préparer pour le tombeau. Je vous le déclare, c'est la vérité: partout où l'on annoncera cette Bonne Nouvelle, dans le monde entier, on racontera ce que cette femme a fait, et l'on se souviendra d'elle.» Alors un des douze disciples, appelé Judas Iscariote, alla trouver les chefs des prêtres et leur dit: «Que me donnerez-vous si je vous livre Jésus?» Ceux-ci comptèrent trente pièces d'argent qu'ils lui remirent. A partir de ce moment, Judas se mit à chercher une occasion favorable pour leur livrer Jésus. Le premier jour de la fête des pains sans levain, les disciples vinrent demander à Jésus: «Où veux-tu que nous te préparions le repas de la Pâque?» Jésus leur dit alors: «Allez à la ville chez un tel et dites-lui: “Le Maître déclare: Mon heure est arrivée; c'est chez toi que je célébrerai la Pâque avec mes disciples.” » Les disciples firent ce que Jésus leur avait ordonné et préparèrent le repas de la Pâque. Quand le soir fut venu, Jésus se mit à table avec les douze disciples. Pendant qu'ils mangeaient, Jésus dit: «Je vous le déclare, c'est la vérité: l'un de vous me trahira.» Les disciples en furent profondément attristés et se mirent à lui demander l'un après l'autre: «Ce n'est pas moi, n'est-ce pas, Seigneur?» Jésus répondit: «Celui qui a trempé avec moi son pain dans le plat, c'est lui qui me trahira. Le Fils de l'homme va mourir comme les Écritures l'annoncent à son sujet; mais quel malheur pour celui qui trahit le Fils de l'homme! Il aurait mieux valu pour cet homme-là ne pas naître!» Judas, celui qui le trahissait, prit la parole et demanda: «Ce n'est pas moi, n'est-ce pas, Maître?» Jésus lui répondit: «C'est toi qui le dis.» Pendant le repas, Jésus prit du pain et, après avoir remercié Dieu, il le rompit et le donna à ses disciples; il leur dit: «Prenez et mangez ceci, c'est mon corps.» Il prit ensuite une coupe de vin et, après avoir remercié Dieu, il la leur donna en disant: «Buvez-en tous, car ceci est mon sang, le sang qui garantit l'alliance de Dieu et qui est versé pour une multitude de gens, pour le pardon des péchés. Je vous le déclare: dès maintenant, je ne boirai plus de ce vin jusqu'au jour où je boirai avec vous le vin nouveau dans le Royaume de mon Père.» Ils chantèrent ensuite les psaumes de la fête, puis ils s'en allèrent au mont des Oliviers. Alors Jésus dit à ses disciples: «Cette nuit même, vous allez tous m'abandonner, car on lit dans les Écritures: “Je tuerai le berger, et les moutons du troupeau partiront de tous côtés.” Mais, ajouta Jésus, quand je serai de nouveau vivant, j'irai vous attendre en Galilée.» Pierre prit la parole et lui dit: «Même si tous les autres t'abandonnent, moi je ne t'abandonnerai jamais.» Jésus lui répondit: «Je te le déclare, c'est la vérité: cette nuit même, avant que le coq chante, tu auras prétendu trois fois ne pas me connaître.» Pierre lui dit: «Je ne prétendrai jamais que je ne te connais pas, même si je dois mourir avec toi.» Et tous les autres disciples dirent la même chose. Alors Jésus arriva avec ses disciples à un endroit appelé Gethsémané et il leur dit: «Asseyez-vous ici, pendant que je vais là-bas pour prier.» Puis il emmena avec lui Pierre et les deux fils de Zébédée. Il commença à ressentir de la tristesse et de l'angoisse. Il leur dit alors: «Mon cœur est plein d'une tristesse mortelle; restez ici et veillez avec moi.» Il alla un peu plus loin, se jeta le visage contre terre et pria en ces termes: «Mon Père, si c'est possible, éloigne de moi cette coupe de douleur. Toutefois, non pas comme je veux, mais comme tu veux.» Il revint ensuite vers les trois disciples et les trouva endormis. Il dit à Pierre: «Ainsi vous n'avez pas été capables de veiller avec moi même une heure? Restez éveillés et priez pour ne pas tomber dans la tentation. L'être humain est plein de bonne volonté, mais il est faible.» Il s'éloigna une deuxième fois et pria en ces termes: «Mon Père, si cette coupe ne peut pas être enlevée sans que je la boive, que ta volonté soit faite!» Il revint encore auprès de ses disciples et les trouva endormis; ils ne pouvaient pas garder les yeux ouverts. Jésus les quitta de nouveau, s'éloigna et pria pour la troisième fois en répétant les mêmes paroles. Puis il revint auprès des disciples et leur dit: «Vous dormez encore et vous vous reposez? Maintenant, l'heure est arrivée et le Fils de l'homme va être livré entre les mains des pécheurs. Levez-vous, allons-y! Voyez, l'homme qui me livre à eux est ici!» Jésus parlait encore quand arriva Judas, l'un des douze disciples. Il y avait avec lui une foule nombreuse de gens armés d'épées et de bâtons. Ils étaient envoyés par les chefs des prêtres et les anciens du peuple juif. Judas, celui qui leur livrait Jésus, avait indiqué à cette foule le signe qu'il utiliserait: «L'homme que j'embrasserai, c'est lui. Saisissez-le.» Judas s'approcha immédiatement de Jésus et lui dit: «Salut, Maître!» Puis il l'embrassa. Jésus lui répondit: «Mon ami, ce que tu es venu faire, fais-le vite.» Alors les autres s'approchèrent, mirent la main sur Jésus et l'arrêtèrent. Un de ceux qui étaient avec Jésus tira son épée, frappa le serviteur du grand-prêtre et lui coupa l'oreille. Jésus lui dit alors: «Remets ton épée à sa place, car tous ceux qui prennent l'épée périront par l'épée. Ne sais-tu pas que je pourrais appeler mon Père à l'aide et qu'aussitôt il m'enverrait plus de douze armées d'anges? Mais, en ce cas, comment se réaliseraient les Écritures? Elles déclarent, en effet, que cela doit se passer ainsi.» Puis Jésus dit à la foule: «Deviez-vous venir armés d'épées et de bâtons pour me prendre, comme si j'étais un brigand? Tous les jours, j'étais assis dans le temple pour y enseigner, et vous ne m'avez pas arrêté. Mais tout cela est arrivé pour que se réalisent les paroles des prophètes contenues dans les Écritures.» Alors tous les disciples l'abandonnèrent et s'enfuirent. Ceux qui avaient arrêté Jésus l'emmenèrent chez Caïphe, le grand -prêtre, où les maîtres de la loi et les anciens étaient assemblés. Pierre suivit Jésus de loin, jusqu'à la cour de la maison du grand-prêtre. Il entra dans la cour et s'assit avec les gardes pour voir comment cela finirait. Les chefs des prêtres et tout le Conseil supérieur cherchaient une accusation, même fausse, contre Jésus pour le condamner à mort; mais ils n'en trouvèrent pas, quoique beaucoup de gens fussent venus déposer de fausses accusations contre lui. Finalement, deux hommes se présentèrent et dirent: «Cet homme a déclaré: “Je peux détruire le temple de Dieu et le rebâtir en trois jours.” » Le grand-prêtre se leva et dit à Jésus: «Ne réponds-tu rien à ce que ces gens disent contre toi?» Mais Jésus se taisait. Le grand-prêtre lui dit alors: «Au nom du Dieu vivant, je te demande de nous répondre sous serment: es-tu le Messie, le Fils de Dieu?» Jésus lui répondit: «C'est toi qui le dis. Mais je vous le déclare: dès maintenant vous verrez le Fils de l'homme siégeant à la droite du Dieu puissant; vous le verrez aussi venir sur les nuages du ciel.» Alors le grand-prêtre déchira ses vêtements et dit: «Il a fait insulte à Dieu! Nous n'avons plus besoin de témoins! Vous venez d'entendre cette insulte faite à Dieu. Qu'en pensez-vous?» Ils répondirent: «Il est coupable et mérite la mort.» Puis ils lui crachèrent au visage et le frappèrent à coups de poing; certains lui donnèrent des gifles en disant: «Devine, toi le Messie, dis-nous qui t'a frappé!» Pierre était assis dehors, dans la cour. Une servante s'approcha de lui et lui dit: «Toi aussi, tu étais avec Jésus, cet homme de Galilée.» Mais il le nia devant tout le monde en déclarant: «Je ne sais pas ce que tu veux dire.» Puis il s'en alla vers la porte de la cour. Une autre servante le vit et dit à ceux qui étaient là: «Celui-ci était avec Jésus de Nazareth.» Et Pierre le nia de nouveau en déclarant: «Je jure que je ne connais pas cet homme.» Peu après, ceux qui étaient là s'approchèrent de Pierre et lui dirent: «Certainement, tu es l'un d'eux: ton accent révèle d'où tu viens.» Alors Pierre s'écria: «Que Dieu me punisse si je mens! Je le jure, je ne connais pas cet homme!» A ce moment même, un coq chanta, et Pierre se rappela ce que Jésus lui avait dit: «Avant que le coq chante, tu auras prétendu trois fois ne pas me connaître.» Il sortit et pleura amèrement. Tôt le matin, tous les chefs des prêtres et les anciens du peuple juif prirent ensemble la décision de faire mourir Jésus. Ils le firent ligoter, l'emmenèrent et le livrèrent à Pilate, le gouverneur romain. Judas, celui qui l'avait trahi, apprit que Jésus avait été condamné. Il fut alors pris de remords et rapporta les trente pièces d'argent aux chefs des prêtres et aux anciens. Il leur dit: «Je suis coupable, j'ai livré un innocent à la mort!» Mais ils lui répondirent: «Cela nous est égal! C'est ton affaire!» Judas jeta l'argent dans le temple et partit; puis il alla se pendre. Les chefs des prêtres ramassèrent l'argent et dirent: «Notre loi ne permet pas de verser cet argent dans le trésor du temple, car c'est le prix du sang.» Après s'être mis d'accord, ils achetèrent avec cette somme le champ du potier pour y établir un cimetière d'étrangers. C'est pourquoi ce champ s'est appelé «champ du sang» jusqu'à ce jour. Alors se réalisèrent ces paroles du prophète Jérémie: «Ils prirent les trente pièces d'argent – le prix auquel les Israélites l'avaient estimé – et les employèrent pour acheter le champ du potier, comme le Seigneur me l'avait ordonné.» Jésus comparut devant le gouverneur qui l'interrogea: «Es-tu le roi des Juifs?» Jésus répondit: «Tu le dis.» Ensuite, lorsque les chefs des prêtres et les anciens l'accusèrent, il ne répondit rien. Pilate lui dit alors: «N'entends-tu pas toutes les accusations qu'ils portent contre toi?» Mais Jésus ne lui répondit sur aucun point, de sorte que le gouverneur était profondément étonné. A chaque fête de la Pâque, le gouverneur avait l'habitude de libérer un prisonnier, celui que la foule voulait. Or, il y avait à ce moment-là un prisonnier célèbre appelé Jésus Barabbas. Pilate demanda donc à la foule assemblée: «Qui voulez-vous que je vous libère: Jésus Barabbas ou Jésus appelé Christ?» Pilate savait bien, en effet, qu'ils lui avaient livré Jésus par jalousie. Pendant que Pilate siégeait au tribunal, sa femme lui envoya ce message: «N'aie rien à faire avec cet homme innocent car, cette nuit, j'ai beaucoup souffert en rêve à cause de lui.» Les chefs des prêtres et les anciens persuadèrent la foule de demander la libération de Barabbas et la mise à mort de Jésus. Le gouverneur reprit la parole pour leur demander: «Lequel des deux voulez-vous que je vous libère?» – «Barabbas!» lui répondirent-ils. «Que ferai-je donc de Jésus appelé Christ?» leur demanda Pilate. Tous répondirent: «Cloue-le sur une croix!» – «Quel mal a-t-il donc commis?» demanda Pilate. Mais ils se mirent à crier de toutes leurs forces: «Cloue-le sur une croix!» Quand Pilate vit qu'il n'arrivait à rien, mais que l'agitation augmentait, il prit de l'eau, se lava les mains devant la foule et dit: «Je ne suis pas responsable de la mort de cet homme! C'est votre affaire!» Toute la foule répondit: «Que les conséquences de sa mort retombent sur nous et sur nos enfants!» Alors Pilate leur libéra Barabbas; il fit frapper Jésus à coups de fouet et le livra pour qu'on le cloue sur une croix. Les soldats de Pilate emmenèrent Jésus dans le palais du gouverneur et toute la troupe se rassembla autour de lui. Ils lui enlevèrent ses vêtements et le revêtirent d'un manteau rouge. Puis ils tressèrent une couronne avec des branches épineuses, la posèrent sur sa tête et placèrent un roseau dans sa main droite. Ils se mirent ensuite à genoux devant lui et se moquèrent de lui en disant: «Salut, roi des Juifs!» Ils crachaient sur lui et prenaient le roseau pour le frapper sur la tête. Quand ils se furent bien moqués de lui, ils lui enlevèrent le manteau, lui remirent ses vêtements et l'emmenèrent pour le clouer sur une croix. En sortant de la ville, ils rencontrèrent un homme de Cyrène, appelé Simon; les soldats l'obligèrent à porter la croix de Jésus. Ils arrivèrent à un endroit appelé Golgotha, ce qui signifie «Le lieu du Crâne». Et là, ils donnèrent à boire à Jésus du vin mélangé avec une drogue amère; après l'avoir goûté, il ne voulut pas en boire. Ils le clouèrent sur la croix et se partagèrent ses vêtements en tirant au sort. Puis ils s'assirent là pour le garder. Au-dessus de sa tête, ils placèrent une inscription qui indiquait la raison de sa condamnation: «Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs.» Deux brigands furent alors cloués sur des croix à côté de Jésus, l'un à sa droite et l'autre à sa gauche. Les passants l'insultaient en hochant la tête; ils lui disaient: «Toi qui voulais détruire le temple et en bâtir un autre en trois jours, sauve-toi toi-même, si tu es le Fils de Dieu, et descends de la croix!» De même, les chefs des prêtres, les maîtres de la loi et les anciens se moquaient de lui et disaient: «Il a sauvé d'autres gens, mais il ne peut pas se sauver lui-même! Il est le roi d'Israël? Qu'il descende maintenant de la croix et nous croirons en lui. Il a mis sa confiance en Dieu et a déclaré: “Je suis le Fils de Dieu.” Eh bien, si Dieu l'aime, qu'il le sauve maintenant!» Et les brigands qui avaient été mis en croix à côté de lui l'insultaient de la même manière. A midi, l'obscurité se fit sur tout le pays et dura jusqu'à trois heures de l'après-midi. Vers trois heures, Jésus cria avec force: « » – ce qui signifie «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné? » – Quelques-uns de ceux qui se tenaient là l'entendirent et s'écrièrent: «Il appelle Élie!» L'un d'eux courut aussitôt prendre une éponge, la remplit de vinaigre et la fixa au bout d'un roseau, puis il la tendit à Jésus pour qu'il boive. Mais les autres dirent: «Attends, nous allons voir si Élie vient le sauver!» Jésus poussa de nouveau un grand cri et mourut. A ce moment, le rideau suspendu dans le temple se déchira depuis le haut jusqu'en bas. La terre trembla, les rochers se fendirent, les tombeaux s'ouvrirent et de nombreux croyants qui étaient morts revinrent à la vie. Ils sortirent des tombeaux et, après la résurrection de Jésus, ils entrèrent dans Jérusalem, la ville sainte, où beaucoup de personnes les virent. Le capitaine romain et les soldats qui gardaient Jésus avec lui virent le tremblement de terre et tout ce qui arrivait; ils eurent alors très peur et dirent: «Il était vraiment le Fils de Dieu!» De nombreuses femmes étaient là et regardaient de loin: elles avaient suivi Jésus depuis la Galilée pour le servir. Parmi elles, il y avait Marie du village de Magdala, Marie la mère de Jacques et de Joseph, et la mère des fils de Zébédée. Quand le soir fut venu, un homme riche, qui était d'Arimathée, arriva. Il s'appelait Joseph et était lui aussi disciple de Jésus. Il alla trouver Pilate et lui demanda le corps de Jésus. Alors Pilate ordonna de le remettre à Joseph. Celui-ci prit le corps, l'enveloppa dans un drap de lin neuf et le déposa dans son propre tombeau qu'il venait de faire creuser dans le rocher. Puis il roula une grosse pierre pour fermer l'entrée du tombeau et s'en alla. Marie de Magdala et l'autre Marie étaient là, assises en face du tombeau. Le lendemain, c'est-à-dire le jour qui suivait la préparation du sabbat, les chefs des prêtres et les Pharisiens allèrent ensemble chez Pilate et dirent: «Excellence, nous nous souvenons que cet imposteur, quand il était encore vivant, a dit: “Au bout de trois jours, je reviendrai de la mort à la vie.” Veuillez donc ordonner que le tombeau soit gardé jusqu'au troisième jour, sinon ses disciples pourraient venir voler le corps et diraient ensuite au peuple: “Il est revenu d'entre les morts.” Cette dernière imposture serait encore pire que la première.» Pilate leur dit: «Voici des soldats pour monter la garde. Allez et faites surveiller le tombeau comme vous le jugez bon.» Ils allèrent donc organiser la surveillance du tombeau: ils scellèrent la pierre qui le fermait et placèrent les gardes. Après le sabbat, dimanche au lever du jour, Marie de Magdala et l'autre Marie vinrent voir le tombeau. Soudain, il y eut un fort tremblement de terre; un ange du Seigneur descendit du ciel, vint rouler la grosse pierre et s'assit dessus. Il avait l'aspect d'un éclair et ses vêtements étaient blancs comme la neige. Les gardes en eurent une telle peur qu'ils se mirent à trembler et devinrent comme morts. L'ange prit la parole et dit aux femmes: «N'ayez pas peur. Je sais que vous cherchez Jésus, celui qu'on a cloué sur la croix; il n'est pas ici, il est revenu de la mort à la vie comme il l'avait dit. Venez, voyez l'endroit où il était couché. Allez vite dire à ses disciples: “Il est revenu d'entre les morts et il va maintenant vous attendre en Galilée; c'est là que vous le verrez.” Voilà ce que j'avais à vous dire.» Elles quittèrent rapidement le tombeau, remplies tout à la fois de crainte et d'une grande joie, et coururent porter la nouvelle aux disciples de Jésus. Tout à coup, Jésus vint à leur rencontre et dit: «Je vous salue!» Elles s'approchèrent de lui, saisirent ses pieds et l'adorèrent. Jésus leur dit alors: «N'ayez pas peur. Allez dire à mes frères de se rendre en Galilée: c'est là qu'ils me verront.» Pendant qu'elles étaient en chemin, quelques-uns des soldats qui devaient garder le tombeau revinrent en ville et racontèrent aux chefs des prêtres tout ce qui était arrivé. Les chefs des prêtres se réunirent avec les anciens: après s'être mis d'accord, ils donnèrent une forte somme d'argent aux soldats et leur dirent: «Vous déclarerez que les disciples de cet homme sont venus voler son corps durant la nuit, pendant que vous dormiez. Et si le gouverneur l'apprend, nous saurons le convaincre et vous éviter toute difficulté.» Les gardes prirent l'argent et agirent conformément aux instructions reçues. Ainsi, cette histoire s'est répandue parmi les Juifs jusqu'à ce jour. Les onze disciples se rendirent en Galilée, sur la colline que Jésus leur avait indiquée. Quand ils le virent, ils l'adorèrent; certains d'entre eux, pourtant, eurent des doutes. Jésus s'approcha et leur dit: «Tout pouvoir m'a été donné dans le ciel et sur la terre. Allez donc auprès des gens de toutes les nations et faites d'eux mes disciples; baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à pratiquer tout ce que je vous ai commandé. Et sachez-le: je vais être avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde.» Ici commence la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, le Fils de Dieu. Dans le livre du prophète Ésaïe, il est écrit: «Je vais envoyer mon messager devant toi, dit Dieu, pour t'ouvrir le chemin. C'est la voix d'un homme qui crie dans le désert: Préparez le chemin du Seigneur, faites-lui des sentiers bien droits!» Ainsi, Jean le Baptiste parut dans le désert; il lançait cet appel: «Changez de comportement, faites-vous baptiser et Dieu pardonnera vos péchés.» Tous les habitants de la région de Judée et de la ville de Jérusalem allaient à lui; ils confessaient publiquement leurs péchés et Jean les baptisait dans la rivière, le Jourdain. Jean portait un vêtement fait de poils de chameau et une ceinture de cuir autour de la taille; il mangeait des sauterelles et du miel sauvage. Il déclarait à la foule: «Celui qui vient après moi est plus puissant que moi; je ne suis pas même digne de me baisser pour délier la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés avec de l'eau, mais lui, il vous baptisera avec le Saint-Esprit.» Alors, Jésus vint de Nazareth, localité de Galilée, et Jean le baptisa dans le Jourdain. Au moment où Jésus sortait de l'eau, il vit le ciel s'ouvrir et l'Esprit Saint descendre sur lui comme une colombe. Et une voix se fit entendre du ciel: «Tu es mon Fils bien-aimé; je mets en toi toute ma joie.» Tout de suite après, l'Esprit le poussa dans le désert. Jésus y resta pendant quarante jours et il fut tenté par Satan. Il vivait parmi les bêtes sauvages et les anges le servaient. Après que Jean eut été mis en prison, Jésus se rendit en Galilée; il y proclamait la Bonne Nouvelle venant de Dieu. «Le moment fixé est arrivé, disait-il, car le Royaume de Dieu s'est approché! Changez de comportement et croyez la Bonne Nouvelle!» Jésus marchait le long du lac de Galilée lorsqu'il vit deux pêcheurs, Simon et son frère André, qui pêchaient en jetant un filet dans le lac. Jésus leur dit: «Venez avec moi et je ferai de vous des pêcheurs d'hommes.» Aussitôt, ils laissèrent leurs filets et le suivirent. Jésus s'avança un peu plus loin et vit Jacques et son frère Jean, les fils de Zébédée. Ils étaient dans leur barque et réparaient leurs filets. Aussitôt Jésus les appela; ils laissèrent leur père Zébédée dans la barque avec les ouvriers et allèrent avec Jésus. Jésus et ses disciples se rendirent à la ville de Capernaüm. Au jour du sabbat, Jésus entra dans la synagogue et se mit à enseigner. Les gens qui l'entendaient étaient impressionnés par sa manière d'enseigner; car il n'était pas comme les maîtres de la loi, mais il leur donnait son enseignement avec autorité. Or, dans cette synagogue, il y avait justement un homme tourmenté par un esprit mauvais. Il cria: «Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth? Es-tu venu pour nous détruire? Je sais bien qui tu es: le Saint envoyé de Dieu!» Jésus parla sévèrement à l'esprit mauvais et lui donna cet ordre: «Tais-toi et sors de cet homme!» L'esprit secoua rudement l'homme et sortit de lui en poussant un grand cri. Les gens furent tous si étonnés qu'ils se demandèrent les uns aux autres: «Qu'est-ce que cela? Un nouvel enseignement donné avec autorité! Cet homme commande même aux esprits mauvais et ils lui obéissent!» Et, très vite, la renommée de Jésus se répandit dans toute la région de la Galilée. Ils quittèrent la synagogue et allèrent aussitôt à la maison de Simon et d'André, en compagnie de Jacques et Jean. La belle-mère de Simon était au lit, parce qu'elle avait de la fièvre; dès que Jésus arriva, on lui parla d'elle. Il s'approcha d'elle, lui prit la main et la fit lever. La fièvre la quitta et elle se mit à les servir. Le soir, après le coucher du soleil, les gens transportèrent vers Jésus tous les malades et ceux qui étaient possédés d'un esprit mauvais. Toute la population de la ville était rassemblée devant la porte de la maison. Jésus guérit beaucoup de gens qui souffraient de toutes sortes de maladies et il chassa aussi beaucoup d'esprits mauvais. Il ne laissait pas parler les esprits mauvais, parce qu'ils savaient, eux, qui il était. Très tôt le lendemain, alors qu'il faisait encore nuit noire, Jésus se leva et sortit de la maison. Il s'en alla hors de la ville, dans un endroit isolé; là, il se mit à prier. Simon et ses compagnons partirent à sa recherche; quand ils le trouvèrent, ils lui dirent: «Tout le monde te cherche.» Mais Jésus leur dit: «Allons ailleurs, dans les villages voisins. Je dois prêcher là-bas aussi, car c'est pour cela que je suis venu.» Et ainsi, il alla dans toute la Galilée; il prêchait dans les synagogues de la région et il chassait les esprits mauvais. Un lépreux vint à Jésus, se mit à genoux devant lui et lui demanda son aide en disant: «Si tu le veux, tu peux me rendre pur.» Jésus fut rempli de pitié pour lui; il étendit la main, le toucha et lui déclara: «Je le veux, sois pur!» Aussitôt, la lèpre quitta cet homme et il fut pur. Puis, Jésus le renvoya immédiatement en lui parlant avec sévérité. «Écoute bien, lui dit-il, ne parle de cela à personne. Mais va te faire examiner par le prêtre, puis offre le sacrifice que Moïse a ordonné, pour prouver à tous que tu es guéri.» L'homme partit, mais il se mit à raconter partout ce qui lui était arrivé. A cause de cela, Jésus ne pouvait plus se montrer dans une ville; il restait en dehors, dans des endroits isolés. Et l'on venait à lui de partout. Quelques jours plus tard, Jésus revint à Capernaüm, et l'on apprit qu'il était à la maison. Une foule de gens s'assembla, si bien qu'il ne restait plus de place, pas même dehors devant la porte. Jésus leur donnait son enseignement. Quelques hommes arrivèrent, lui amenant un paralysé porté par quatre d'entre eux. Mais ils ne pouvaient pas le présenter à Jésus, à cause de la foule. Ils ouvrirent alors le toit au-dessus de l'endroit où était Jésus; par le trou qu'ils avaient fait, ils descendirent le paralysé étendu sur sa natte. Quand Jésus vit la foi de ces hommes, il dit au paralysé: «Mon fils, tes péchés sont pardonnés.» Quelques maîtres de la loi, qui étaient assis là, pensaient en eux-mêmes: «Pourquoi cet homme parle-t-il ainsi? Il fait insulte à Dieu. Qui peut pardonner les péchés? Dieu seul le peut!» Jésus devina aussitôt ce qu'ils pensaient et leur dit: «Pourquoi avez-vous de telles pensées? Est-il plus facile de dire au paralysé: “Tes péchés sont pardonnés”, ou de dire: “Lève-toi, prends ta natte et marche”? Mais je veux que vous le sachiez: le Fils de l'homme a le pouvoir sur la terre de pardonner les péchés.» Alors il adressa ces mots au paralysé: «Je te le dis, lève-toi, prends ta natte, et rentre chez toi!» Aussitôt, tandis que tout le monde le regardait, l'homme se leva, prit sa natte et partit. Ils furent tous frappés d'étonnement; ils louaient Dieu et disaient: «Nous n'avons jamais rien vu de pareil!» Jésus retourna au bord du lac de Galilée. Une foule de gens venaient à lui et il leur donnait son enseignement. En passant, il vit Lévi, le fils d'Alphée, assis au bureau des impôts. Jésus lui dit: «Suis-moi!» Lévi se leva et le suivit. Jésus prit ensuite un repas dans la maison de Lévi. Beaucoup de collecteurs d'impôts et autres gens de mauvaise réputation étaient à table avec lui et ses disciples, car nombreux étaient les hommes de cette sorte qui le suivaient. Et les maîtres de la loi qui étaient du parti des Pharisiens virent que Jésus mangeait avec tous ces gens; ils dirent à ses disciples: «Pourquoi mange-t-il avec les collecteurs d'impôts et les gens de mauvaise réputation?» Jésus les entendit et leur déclara: «Les personnes en bonne santé n'ont pas besoin de médecin, ce sont les malades qui en ont besoin. Je ne suis pas venu appeler ceux qui s'estiment justes, mais ceux qui se sentent pécheurs.» Un jour, les disciples de Jean-Baptiste et les Pharisiens jeûnaient. Des gens vinrent alors demander à Jésus: «Pourquoi les disciples de Jean-Baptiste et ceux des Pharisiens jeûnent-ils, tandis que tes disciples ne le font pas?» Et Jésus leur répondit: «Pensez-vous que les invités d'une noce peuvent refuser de manger pendant que le marié est avec eux? Bien sûr que non! Tant que le marié est avec eux, ils ne peuvent pas refuser de manger. Mais le temps viendra où le marié leur sera enlevé; ce jour-là, ils jeûneront. «Personne ne coud une pièce d'étoffe neuve sur un vieux vêtement; sinon, la nouvelle pièce arrache une partie du vieux vêtement et la déchirure s'agrandit encore. Et personne ne verse du vin nouveau dans de vieilles outres; sinon, le vin fait éclater les outres: le vin est perdu et les outres aussi. Mais non! Pour le vin nouveau, il faut des outres neuves!» Un jour de sabbat, Jésus traversait des champs de blé. Ses disciples se mirent à cueillir des épis le long du chemin. Les Pharisiens dirent alors à Jésus: «Regarde, pourquoi tes disciples font-ils ce que notre loi ne permet pas le jour du sabbat?» Jésus leur répondit: «N'avez-vous jamais lu ce que fit David un jour où il se trouvait en difficulté, parce que lui-même et ses compagnons avaient faim? Il entra dans la maison de Dieu et mangea les pains offerts à Dieu. Abiatar était le grand -prêtre en ce temps-là. Notre loi permet aux seuls prêtres de manger ces pains, mais David en prit et en donna aussi à ses compagnons.» Jésus leur dit encore: «Le sabbat a été fait pour l'homme; l'homme n'a pas été fait pour le sabbat. Voilà pourquoi, le Fils de l'homme est maître même du sabbat.» Ensuite, Jésus retourna dans la synagogue. Il y avait là un homme dont la main était paralysée. Les Pharisiens observaient attentivement Jésus pour voir s'il allait le guérir le jour du sabbat, car ils voulaient l'accuser. Jésus dit à l'homme dont la main était paralysée: «Lève-toi, là, devant tout le monde.» Puis il demanda à ceux qui regardaient: «Que permet notre loi? de faire du bien le jour du sabbat ou de faire du mal? de sauver la vie d'un être humain ou de le laisser mourir?» Mais ils ne voulaient pas répondre. Jésus les regarda tous avec indignation; il était en même temps profondément attristé qu'ils refusent de comprendre. Il dit alors à l'homme: «Avance ta main.» Il l'avança et sa main redevint saine. Les Pharisiens sortirent de la synagogue et se réunirent aussitôt avec des membres du parti d'Hérode pour décider comment ils pourraient faire mourir Jésus. Jésus se retira avec ses disciples au bord du lac de Galilée et une foule nombreuse le suivit. Les gens arrivaient de Galilée et de Judée, de Jérusalem, du territoire d'Idumée, du territoire situé de l'autre côté du Jourdain et de la région de Tyr et de Sidon. Ils venaient en foule à Jésus parce qu'ils avaient appris tout ce qu'il faisait. Alors Jésus demanda à ses disciples de lui préparer une barque afin que la foule ne l'écrase pas. En effet, comme il guérissait beaucoup de gens, tous ceux qui souffraient de maladies se précipitaient sur lui pour le toucher. Et quand ceux que les esprits mauvais tourmentaient le voyaient, ils se jetaient à ses pieds et criaient: «Tu es le Fils de Dieu!» Mais Jésus leur recommandait sévèrement de ne pas dire qui il était. Puis Jésus monta sur une colline; il appela les hommes qu'il voulait et ils vinrent à lui. Il forma ainsi le groupe des douze qu'il nomma apôtres. Il fit cela pour les avoir avec lui et les envoyer annoncer la Bonne Nouvelle, avec le pouvoir de chasser les esprits mauvais. Voici ces douze: Simon – Jésus lui donna le nom de Pierre –, Jacques et son frère Jean, tous deux fils de Zébédée – Jésus leur donna le nom de Boanergès, qui signifie «les hommes semblables au tonnerre » –, André, Philippe, Barthélemy, Matthieu, Thomas, Jacques le fils d'Alphée, Thaddée, Simon le nationaliste, et Judas Iscariote, celui qui trahit Jésus. Jésus se rendit ensuite à la maison. Une telle foule s'assembla de nouveau que Jésus et ses disciples ne pouvaient même pas manger. Quand les membres de sa famille apprirent cela, ils se mirent en route pour venir le prendre, car ils disaient: «Il a perdu la raison!» Les maîtres de la loi qui étaient venus de Jérusalem disaient: «Béelzébul, le diable, habite en lui!» Et encore: «C'est le chef des esprits mauvais qui lui donne le pouvoir de chasser ces esprits!» Alors Jésus les appela et leur parla en utilisant des images: «Comment Satan peut-il se chasser lui-même? Si les membres d'un royaume luttent les uns contre les autres, ce royaume ne peut pas se maintenir; et si les membres d'une famille luttent les uns contre les autres, cette famille ne pourra pas se maintenir. Si donc Satan lutte contre lui-même, s'il est divisé, son pouvoir ne peut pas se maintenir mais prend fin. «Personne ne peut entrer dans la maison d'un homme fort et s'emparer de ses biens, s'il n'a pas d'abord ligoté cet homme fort; mais après l'avoir ligoté, il peut s'emparer de tout dans sa maison. Je vous le déclare, c'est la vérité: les êtres humains pourront être pardonnés de tous leurs péchés et de toutes les insultes qu'ils auront faites à Dieu. Mais celui qui aura fait insulte au Saint-Esprit ne recevra jamais de pardon, car il est coupable d'un péché éternel.» Jésus leur parla ainsi parce qu'ils déclaraient: «Un esprit mauvais habite en lui.» La mère et les frères de Jésus arrivèrent alors; ils se tinrent en dehors de la maison et lui envoyèrent quelqu'un pour l'appeler. Un grand nombre de personnes étaient assises autour de Jésus et on lui dit: «Écoute, ta mère, tes frères et tes sœurs sont dehors et ils te demandent.» Jésus répondit: «Qui est ma mère et qui sont mes frères?» Puis il regarda les gens assis en cercle autour de lui et dit: «Voyez: ma mère et mes frères sont ici. Car celui qui fait la volonté de Dieu est mon frère, ma sœur ou ma mère.» Jésus se mit de nouveau à enseigner au bord du lac de Galilée. Une foule nombreuse s'assembla autour de lui, si bien qu'il monta dans une barque et s'y assit. La barque était sur le lac et les gens étaient à terre, près de l'eau. Il leur enseignait beaucoup de choses en utilisant des paraboles et il leur disait dans son enseignement: «Écoutez! Un jour, un homme s'en alla dans son champ pour semer. Or, tandis qu'il lançait la semence, une partie des grains tomba le long du chemin: les oiseaux vinrent et les mangèrent. Une autre partie tomba sur un sol pierreux où il y avait peu de terre. Les grains poussèrent aussitôt parce que la couche de terre n'était pas profonde. Quand le soleil fut haut dans le ciel, il brûla les jeunes plantes: elles se desséchèrent parce que leurs racines étaient insuffisantes. Une autre partie des grains tomba parmi des plantes épineuses. Celles-ci grandirent et étouffèrent les bonnes pousses, qui ne produisirent rien. Mais d'autres grains tombèrent dans la bonne terre; les plantes poussèrent, se développèrent et produisirent des épis: les uns portaient trente grains, d'autres soixante et d'autres cent.» Et Jésus dit: «Écoutez bien, si vous avez des oreilles pour entendre!» Quand ils furent seuls avec Jésus, ceux qui l'entouraient d'habitude et les douze disciples le questionnèrent au sujet des paraboles. Il leur répondit: «Vous avez reçu, vous, le secret du Royaume de Dieu; mais les autres n'en entendent parler que sous forme de paraboles, et ainsi “Ils peuvent bien regarder mais sans vraiment voir, ils peuvent bien entendre mais sans vraiment comprendre, sinon ils reviendraient à Dieu et Dieu leur pardonnerait!” » Puis Jésus leur dit: «Vous ne comprenez pas cette parabole? Alors comment comprendrez-vous toutes les autres paraboles? Le semeur sème la parole de Dieu. Certains sont comme le bord du chemin où tombe la parole: dès qu'ils l'ont entendue, Satan arrive et arrache la parole semée en eux. D'autres reçoivent la semence dans des sols pierreux: aussitôt qu'ils entendent la parole, ils l'acceptent avec joie. Mais ils ne la laissent pas s'enraciner en eux, ils ne s'y attachent qu'un instant. Et alors, quand survient la détresse ou la persécution à cause de la parole de Dieu, ils renoncent bien vite à la foi. D'autres encore reçoivent la semence parmi des plantes épineuses: ils ont entendu la parole, mais les préoccupations de ce monde, l'attrait trompeur de la richesse et les désirs de toutes sortes pénètrent en eux, ils étouffent la parole et elle ne produit rien. D'autres, enfin, reçoivent la semence dans de la bonne terre: ils entendent la parole, ils l'accueillent et portent des fruits, les uns trente, d'autres soixante et d'autres cent.» Puis Jésus leur dit: «Quelqu'un apporte-t-il la lampe pour la mettre sous un seau ou sous le lit? N'est-ce pas plutôt pour la mettre sur son support? Tout ce qui est caché paraîtra au grand jour, et tout ce qui est secret sera mis en pleine lumière. Écoutez bien, si vous avez des oreilles pour entendre!» Jésus leur dit encore: «Faites attention à ce que vous entendez! Dieu mesurera ce qu'il vous donne avec la mesure que vous employez vous-mêmes et il y ajoutera encore. Car celui qui a quelque chose recevra davantage; mais à celui qui n'a rien on enlèvera même le peu qui pourrait lui rester.» Jésus dit encore: «Voici à quoi ressemble le Royaume de Dieu: Un homme lance de la semence dans son champ. Ensuite, il va dormir durant la nuit et il se lève chaque jour, et pendant ce temps les graines germent et poussent sans qu'il sache comment. La terre fait pousser d'elle-même la récolte: d'abord la tige des plantes, puis l'épi vert, et enfin le grain bien formé dans l'épi. Dès que le grain est mûr, l'homme se met au travail avec sa faucille, car le moment de la moisson est arrivé.» Jésus dit encore: «A quoi pouvons-nous comparer le Royaume de Dieu? Au moyen de quelle parabole allons-nous en parler? Il ressemble à une graine de moutarde; quand on la sème dans la terre, elle est la plus petite de toutes les graines du monde. Mais après qu'on l'a semée, elle monte et devient la plus grande de toutes les plantes du jardin. Elle pousse des branches si grandes que les oiseaux peuvent faire leurs nids à son ombre.» Ainsi, Jésus donnait son enseignement en utilisant beaucoup de paraboles de ce genre; il le donnait selon ce que ses auditeurs pouvaient comprendre. Il ne leur parlait pas sans utiliser des paraboles; mais quand il était seul avec ses disciples, il leur expliquait tout. Le soir de ce même jour, Jésus dit à ses disciples: «Passons de l'autre côté du lac.» Ils quittèrent donc la foule; les disciples emmenèrent Jésus dans la barque où il se trouvait encore. D'autres barques étaient près de lui. Et voilà qu'un vent violent se mit à souffler, les vagues se jetaient dans la barque, à tel point que, déjà, elle se remplissait d'eau. Jésus, à l'arrière du bateau, dormait, la tête appuyée sur un coussin. Ses disciples le réveillèrent alors en criant: «Maître, nous allons mourir: cela ne te fait donc rien?» Jésus, réveillé, menaça le vent et dit à l'eau du lac: «Silence! calme-toi!» Alors le vent tomba et il y eut un grand calme. Puis Jésus dit aux disciples: «Pourquoi avez-vous si peur? N'avez-vous pas encore confiance?» Mais ils éprouvèrent une grande frayeur et ils se dirent les uns aux autres: «Qui est donc cet homme, pour que même le vent et les flots lui obéissent?» Puis ils arrivèrent de l'autre côté du lac de Galilée, dans le territoire des Géraséniens. Jésus descendit de la barque et, aussitôt, un homme sortit du milieu des tombeaux et vint à sa rencontre. Cet homme était possédé par un esprit mauvais et il vivait parmi les tombeaux. Personne ne pouvait plus le tenir attaché, même avec une chaîne; souvent, en effet, on lui avait mis des fers aux pieds et des chaînes aux mains, mais il avait rompu les chaînes et brisé les fers. Personne n'était assez fort pour le maîtriser. Continuellement, la nuit comme le jour, il errait parmi les tombeaux et sur les collines, en poussant des cris et en se blessant lui-même avec des pierres. Il vit Jésus de loin; alors il accourut, se jeta à genoux devant lui, et cria avec force: «Que me veux-tu, Jésus, Fils du Dieu très-haut? Je t'en conjure, au nom de Dieu, ne me tourmente pas!» – Jésus lui disait en effet: «Esprit mauvais, sors de cet homme!» – Jésus l'interrogea: «Quel est ton nom?» Il répondit: «Mon nom est “Multitude”, car nous sommes nombreux.» Et il le suppliait avec insistance de ne pas envoyer les esprits mauvais hors de la région. Il y avait là un grand troupeau de porcs qui cherchait sa nourriture près de la colline. Les esprits adressèrent cette prière à Jésus: «Envoie-nous dans ces porcs, laisse nous entrer en eux!» Jésus le leur permit. Alors les esprits mauvais sortirent de l'homme et entrèrent dans les porcs. Tout le troupeau – environ deux mille porcs – se précipita du haut de la falaise dans le lac et s'y noya. Les hommes qui gardaient les porcs s'enfuirent et portèrent la nouvelle dans la ville et dans les fermes. Les gens vinrent donc voir ce qui s'était passé. Ils arrivèrent auprès de Jésus et virent l'homme qui avait été possédé d'une multitude d'esprits mauvais: il était assis, il portait des vêtements et était dans son bon sens. Et ils prirent peur. Ceux qui avaient tout vu leur racontèrent ce qui était arrivé à l'homme possédé et aux porcs. Alors ils se mirent à supplier Jésus de quitter leur territoire. Au moment où Jésus montait dans la barque, l'homme guéri lui demanda de pouvoir rester avec lui. Jésus ne le lui permit pas, mais il lui dit: «Retourne chez toi, dans ta famille, et raconte-leur tout ce que le Seigneur a fait dans sa bonté pour toi.» L'homme s'en alla donc et se mit à proclamer dans la région des Dix Villes tout ce que Jésus avait fait pour lui; et tous ceux qui l'entendirent furent remplis d'étonnement. Jésus revint en barque de l'autre côté du lac. Une grande foule s'assembla autour de lui alors qu'il se tenait au bord de l'eau. Un chef de la synagogue locale, nommé Jaïrus, arriva. Il vit Jésus, se jeta à ses pieds et le supplia avec insistance: «Ma petite fille est mourante, dit-il. Je t'en prie, viens et pose les mains sur elle afin qu'elle soit sauvée et qu'elle vive!» Jésus partit avec lui. Une grande foule l'accompagnait et le pressait de tous côtés. Il y avait là une femme qui avait des pertes de sang depuis douze ans. Elle avait été chez de nombreux médecins, dont le traitement l'avait fait beaucoup souffrir. Elle y avait dépensé tout son argent, mais cela n'avait servi à rien; au contraire, elle allait plus mal. Elle avait entendu parler de Jésus. Elle vint alors dans la foule, derrière lui, et toucha son vêtement. Car elle se disait: «Si je touche au moins ses vêtements, je serai guérie.» Sa perte de sang s'arrêta aussitôt et elle se sentit guérie de son mal. Au même moment, Jésus se rendit compte qu'une force était sortie de lui. Il se retourna au milieu de la foule et demanda: «Qui a touché mes vêtements?» Ses disciples lui répondirent: «Tu vois que la foule te presse de tous côtés, et tu demandes encore: “Qui m'a touché?” » Mais Jésus regardait autour de lui pour voir qui avait fait cela. La femme tremblait de peur parce qu'elle savait ce qui lui était arrivé; elle vint alors se jeter à ses pieds et lui avoua toute la vérité. Jésus lui dit: «Ma fille, ta foi t'a guérie. Va en paix, délivrée de ton mal.» Tandis que Jésus parlait ainsi, des messagers vinrent de la maison du chef de la synagogue et lui dirent: «Ta fille est morte. Pourquoi déranger encore le Maître?» Mais Jésus ne prêta aucune attention à leurs paroles et dit à Jaïrus: «N'aie pas peur, crois seulement.» Il ne permit alors à personne de l'accompagner, si ce n'est à Pierre, à Jacques et à son frère Jean. Ils arrivèrent chez le chef de la synagogue, où Jésus vit des gens très agités, qui pleuraient et se lamentaient à grands cris. Il entra dans la maison et leur dit: «Pourquoi toute cette agitation et ces pleurs? L'enfant n'est pas morte, elle dort.» Mais ils se moquèrent de lui. Alors il les fit tous sortir, garda avec lui le père, la mère et les trois disciples, et entra dans la chambre de l'enfant. Il la prit par la main et lui dit: «!» – ce qui signifie «Fillette, debout, je te le dis!». La fillette se leva aussitôt et se mit à marcher – elle avait douze ans. Aussitôt, tous furent frappés d'un très grand étonnement. Mais Jésus leur recommanda fermement de ne le faire savoir à personne; puis il leur dit: «Donnez-lui à manger.» Jésus quitta cet endroit et se rendit dans la ville où il avait grandi; ses disciples l'accompagnaient. Le jour du sabbat, il se mit à enseigner dans la synagogue. Ses nombreux auditeurs furent très étonnés. Ils disaient: «D'où a-t-il tout cela? Qui donc lui a donné cette sagesse et le pouvoir d'accomplir de tels miracles? N'est-ce pas lui le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de Joses, de Jude et de Simon? Et ses sœurs ne vivent-elles pas ici parmi nous?» Et cela les empêchait de croire en lui. Alors Jésus leur dit: «Un prophète est estimé partout, excepté dans sa ville natale, sa parenté et sa famille.» Jésus ne put faire là aucun miracle, si ce n'est qu'il posa les mains sur quelques malades et les guérit. Et il s'étonnait du manque de foi des gens de sa ville. Ensuite, Jésus parcourut tous les villages des environs pour y donner son enseignement. Il appela ses douze disciples et se mit à les envoyer deux par deux. Il leur donna le pouvoir de soumettre les esprits mauvais et leur fit ces recommandations: «Ne prenez rien avec vous pour le voyage, sauf un bâton; ne prenez pas de pain, ni de sac, ni d'argent dans votre poche. Mettez des sandales, mais n'emportez pas deux chemises.» Il leur dit encore: «Quand vous arriverez quelque part, restez dans la maison où l'on vous invitera jusqu'au moment où vous quitterez l'endroit. Si les habitants d'une localité refusent de vous accueillir ou de vous écouter, partez de là et secouez la poussière de vos pieds: ce sera un avertissement pour eux.» Les disciples s'en allèrent donc proclamer à tous qu'il fallait changer de comportement. Ils chassaient beaucoup d'esprits mauvais et guérissaient de nombreux malades après leur avoir versé quelques gouttes d'huile sur la tête. Or, le roi Hérode entendit parler de Jésus, car sa réputation s'était répandue partout. Certains disaient: «Jean-Baptiste est revenu d'entre les morts! C'est pourquoi il a le pouvoir de faire des miracles.» Mais d'autres disaient: «C'est Élie.» D'autres encore disaient: «C'est un prophète, pareil à l'un des prophètes d'autrefois.» Quand Hérode entendit tout ce qui se racontait, il se dit: «C'est Jean-Baptiste! Je lui ai fait couper la tête, mais il est revenu à la vie!» En effet, Hérode avait donné l'ordre d'arrêter Jean et de le jeter en prison, enchaîné. C'était à cause d'Hérodiade, qu'Hérode avait épousée bien qu'elle fût la femme de son frère Philippe. Car Jean disait à Hérode: «Il ne t'est pas permis de prendre la femme de ton frère!» Hérodiade était remplie de haine contre Jean et voulait le faire exécuter, mais elle ne le pouvait pas. En effet, Hérode craignait Jean, car il savait que c'était un homme juste et saint, et il le protégeait. Quand il l'écoutait, il était très embarrassé; pourtant il aimait l'écouter. Cependant, une occasion favorable se présenta pour Hérodiade le jour de l'anniversaire d'Hérode. Celui-ci donna un banquet aux membres de son gouvernement, aux chefs de l'armée et aux notables de Galilée. La fille d'Hérodiade entra dans la salle et dansa; elle plut à Hérode et à ses invités. Le roi dit alors à la jeune fille: «Demande-moi ce que tu voudras, et je te le donnerai.» Et il lui fit ce serment solennel: «Je jure de te donner ce que tu demanderas, même la moitié de mon royaume.» La jeune fille sortit et dit à sa mère: «Que dois-je demander?» Celle-ci répondit: «La tête de Jean-Baptiste.» La jeune fille se hâta de retourner auprès du roi et lui fit cette demande: «Je veux que tu me donnes tout de suite la tête de Jean-Baptiste sur un plat!» Le roi devint tout triste; mais il ne voulut pas lui opposer un refus, à cause des serments qu'il avait faits devant ses invités. Il envoya donc immédiatement un soldat de sa garde, avec l'ordre d'apporter la tête de Jean-Baptiste. Le soldat se rendit à la prison et coupa la tête de Jean. Puis il apporta la tête sur un plat et la donna à la jeune fille, et celle-ci la donna à sa mère. Quand les disciples de Jean apprirent la nouvelle, ils vinrent prendre son corps et le mirent dans un tombeau. Les apôtres revinrent auprès de Jésus et lui racontèrent tout ce qu'ils avaient fait et enseigné. Cependant, les gens qui allaient et venaient étaient si nombreux que Jésus et ses disciples n'avaient même pas le temps de manger. C'est pourquoi il leur dit: «Venez avec moi dans un endroit isolé pour vous reposer un moment.» Ils partirent donc dans la barque, seuls, vers un endroit isolé. Mais beaucoup de gens les virent s'éloigner et comprirent où ils allaient; ils accoururent alors de toutes les localités voisines et arrivèrent à pied à cet endroit avant Jésus et ses disciples. Quand Jésus sortit de la barque, il vit cette grande foule; son cœur fut rempli de pitié pour ces gens, parce qu'ils ressemblaient à un troupeau sans berger. Et il se mit à leur enseigner beaucoup de choses. Il était déjà tard, lorsque les disciples de Jésus s'approchèrent de lui et lui dirent: «Il est déjà tard et cet endroit est isolé. Renvoie ces gens pour qu'ils aillent dans les fermes et les villages des environs acheter de quoi manger.» Jésus leur répondit: «Donnez-leur vous-mêmes à manger!» Mais ils lui demandèrent: «Voudrais-tu que nous allions dépenser deux cents pièces d'argent pour acheter du pain et leur donner à manger?» Jésus leur dit: «Combien avez-vous de pains? Allez voir.» Ils se renseignèrent et lui dirent: «Nous avons cinq pains, et aussi deux poissons.» Alors, Jésus leur donna l'ordre de faire asseoir tout le monde, par groupes, sur l'herbe verte. Les gens s'assirent en rangs de cent et de cinquante. Puis Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, leva les yeux vers le ciel et remercia Dieu. Il rompit les pains et les donna aux disciples pour qu'ils les distribuent aux gens. Il partagea aussi les deux poissons entre eux tous. Chacun mangea à sa faim. Les disciples emportèrent les morceaux de pain et de poisson qui restaient, de quoi remplir douze corbeilles. Ceux qui avaient mangé les pains étaient au nombre de cinq mille hommes. Aussitôt après, Jésus fit monter ses disciples dans la barque pour qu'ils passent avant lui de l'autre côté du lac, vers la ville de Bethsaïda, pendant que lui-même renverrait la foule. Après l'avoir congédiée, il s'en alla sur une colline pour prier. Quand le soir fut venu, la barque était au milieu du lac et Jésus était seul à terre. Il vit que ses disciples avaient beaucoup de peine à ramer, parce que le vent soufflait contre eux; alors, tard dans la nuit, il se dirigea vers eux en marchant sur l'eau, et il allait les dépasser. Quand ils le virent marcher sur l'eau, ils crurent que c'était un fantôme et poussèrent des cris. En effet, tous le voyaient et étaient terrifiés. Mais aussitôt, il leur parla: «Courage! leur dit-il. C'est moi; n'ayez pas peur!» Puis il monta dans la barque, auprès d'eux, et le vent tomba. Les disciples étaient remplis d'un étonnement extrême, car ils n'avaient pas compris le miracle des pains: leur intelligence était incapable d'en saisir le sens. Ils achevèrent la traversée du lac et touchèrent terre dans la région de Génésareth. Ils sortirent de la barque et, aussitôt, on reconnut Jésus. Les gens coururent alors dans toute la région et se mirent à lui apporter les malades sur leurs nattes, là où ils entendaient dire qu'il était. Partout où Jésus allait, dans les villes, les villages ou les fermes, les gens venaient mettre leurs malades sur les places publiques et le suppliaient de les laisser toucher au moins le bord de son manteau; tous ceux qui le touchaient étaient guéris. Les Pharisiens et quelques maîtres de la loi venus de Jérusalem s'assemblèrent autour de Jésus. Ils remarquèrent que certains de ses disciples prenaient leur repas avec des mains impures, c'est-à-dire sans les avoir lavées selon la coutume. En effet, les Pharisiens et tous les autres Juifs respectent les règles transmises par leurs ancêtres: ils ne mangent pas sans s'être lavé les mains avec soin et quand ils reviennent du marché, ils ne mangent pas avant de s'être purifiés. Ils respectent beaucoup d'autres règles traditionnelles, telles que la bonne manière de laver les coupes, les pots, les marmites de cuivre [et les lits]. Les Pharisiens et les maîtres de la loi demandèrent donc à Jésus: «Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas les règles transmises par nos ancêtres, mais prennent-ils leur repas avec des mains impures?» Jésus leur répondit: «Ésaïe avait bien raison lorsqu'il prophétisait à votre sujet! Vous êtes des hypocrites, ainsi qu'il l'écrivait: “Ce peuple, dit Dieu, m'honore en paroles, mais de cœur il est loin de moi. Le culte que ces gens me rendent est sans valeur, car les doctrines qu'ils enseignent ne sont que des prescriptions humaines.” Vous laissez de côté les commandements de Dieu, dit Jésus, pour respecter les règles transmises par les hommes.» Puis il ajouta: «Vous savez fort bien rejeter le commandement de Dieu pour vous en tenir à votre propre tradition! Moïse a dit en effet: “Respecte ton père et ta mère”, et aussi “Celui qui maudit son père ou sa mère doit être mis à mort.” Mais vous, vous enseignez que si un homme déclare à son père ou à sa mère: “Ce que je pourrais te donner pour t'aider est ” – c'est-à-dire “offrande réservée à Dieu” –, il n'a plus besoin de rien faire pour son père ou sa mère, vous le lui permettez. De cette façon, vous annulez l'exigence de la parole de Dieu par la tradition que vous transmettez. Et vous faites beaucoup d'autres choses semblables.» Puis Jésus appela de nouveau la foule et dit: «Écoutez-moi, vous tous, et comprenez ceci: Rien de ce qui entre du dehors en l'homme ne peut le rendre impur. Mais ce qui sort de l'homme, voilà ce qui le rend impur. [ Écoutez bien, si vous avez des oreilles pour entendre!]» Quand Jésus eut quitté la foule et fut rentré à la maison, ses disciples lui demandèrent le sens de cette image. Et il leur dit: «Êtes-vous donc, vous aussi, sans intelligence? Ne comprenez-vous pas que rien de ce qui entre du dehors en l'homme ne peut le rendre impur, car cela n'entre pas dans son cœur, mais dans son ventre, et sort ensuite de son corps?» Par ces paroles, Jésus déclarait donc que tous les aliments peuvent être mangés. Et il dit encore: «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. Car c'est du dedans, du cœur de l'homme, que viennent les mauvaises pensées qui le poussent à vivre dans l'immoralité, à voler, tuer, commettre l'adultère, vouloir ce qui est aux autres, agir méchamment, tromper, vivre dans le désordre, être jaloux, dire du mal des autres, être orgueilleux et insensé. Toutes ces mauvaises choses sortent du dedans de l'homme et le rendent impur.» Jésus partit de là et se rendit dans le territoire de Tyr. Il entra dans une maison et il voulait que personne ne sache qu'il était là, mais il ne put pas rester caché. En effet, une femme, dont la fille était tourmentée par un esprit mauvais, entendit parler de Jésus; elle vint aussitôt vers lui et se jeta à ses pieds. Cette femme était non juive, née en Phénicie de Syrie. Elle pria Jésus de chasser l'esprit mauvais hors de sa fille. Mais Jésus lui dit: «Laisse d'abord les enfants manger à leur faim; car il n'est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux chiens.» Elle lui répondit: «Pourtant, Maître, même les chiens, sous la table, mangent les miettes que les enfants laissent tomber.» Alors Jésus lui dit: «A cause de cette réponse, tu peux retourner chez toi: l'esprit mauvais est sorti de ta fille.» Elle retourna donc chez elle et, là, elle trouva son enfant étendue sur le lit: l'esprit mauvais l'avait quittée. Jésus quitta ensuite le territoire de Tyr, passa par Sidon et revint vers le lac de Galilée à travers le territoire des Dix Villes. On lui amena un homme qui était sourd et avait de la peine à parler, et on le supplia de poser la main sur lui. Alors Jésus l'emmena seul avec lui, loin de la foule; il mit ses doigts dans les oreilles de l'homme et lui toucha la langue avec sa propre salive. Puis il leva les yeux vers le ciel, soupira et dit à l'homme: «!» – ce qui signifie «Ouvre-toi!» – Aussitôt, les oreilles de l'homme s'ouvrirent, sa langue fut libérée et il se mit à parler normalement. Jésus recommanda à tous de n'en parler à personne; mais plus il le leur recommandait, plus ils répandaient la nouvelle. Et les gens étaient impressionnés au plus haut point; ils disaient: «Tout ce qu'il fait est vraiment bien! Il fait même entendre les sourds et parler les muets!» En ce temps-là, une grande foule s'était de nouveau assemblée. Comme elle n'avait rien à manger, Jésus appela ses disciples et leur dit: «J'ai pitié de ces gens, car voilà trois jours qu'ils sont avec moi et ils n'ont plus rien à manger. Si je les renvoie chez eux le ventre vide, ils se trouveront mal en chemin, car plusieurs d'entre eux sont venus de loin.» Ses disciples lui répondirent: «Où pourrait-on trouver de quoi les faire manger à leur faim, dans cet endroit désert?» Jésus leur demanda: «Combien avez-vous de pains?» Et ils répondirent: «Sept.» Alors, il ordonna à la foule de s'asseoir par terre. Puis il prit les sept pains, remercia Dieu, les rompit et les donna à ses disciples pour les distribuer à tous. C'est ce qu'ils firent. Ils avaient encore quelques petits poissons. Jésus remercia Dieu pour ces poissons et dit à ses disciples de les distribuer aussi. Chacun mangea à sa faim. Les disciples emportèrent sept corbeilles pleines des morceaux qui restaient. Or, il y avait là environ quatre mille personnes. Puis Jésus les renvoya, monta aussitôt dans la barque avec ses disciples et se rendit dans la région de Dalmanoutha. Les Pharisiens arrivèrent et commencèrent à discuter avec Jésus pour lui tendre un piège. Ils lui demandèrent de montrer par un signe miraculeux qu'il venait de Dieu. Jésus soupira profondément et dit: «Pourquoi les gens d'aujourd'hui réclament-ils un signe miraculeux? Je vous le déclare, c'est la vérité: aucun signe ne leur sera donné!» Puis il les quitta, remonta dans la barque et partit vers l'autre côté du lac. Les disciples avaient oublié d'emporter des pains, ils n'en avaient qu'un seul avec eux dans la barque. Jésus leur fit alors cette recommandation: «Attention! Gardez-vous du levain des Pharisiens et du levain d'Hérode.» Les disciples se mirent à discuter entre eux parce qu'ils n'avaient pas de pain. Jésus s'en aperçut et leur demanda: «Pourquoi discutez-vous parce que vous n'avez pas de pain? Ne comprenez-vous pas encore? Ne saisissez-vous pas? Avez-vous l'esprit bouché? Vous avez des yeux, ne voyez-vous pas? Vous avez des oreilles, n'entendez-vous pas? Ne vous rappelez-vous pas: quand j'ai rompu les cinq pains pour les cinq mille hommes, combien de corbeilles pleines de morceaux avez-vous emportées?» – «Douze», répondirent-ils. «Et quand j'ai rompu les sept pains pour les quatre mille personnes, demanda Jésus, combien de corbeilles pleines de morceaux avez-vous emportées?» – «Sept», répondirent-ils. Alors Jésus leur dit: «Et vous ne comprenez pas encore?» Ils arrivèrent à Bethsaïda; là, on amena à Jésus un aveugle et on le pria de le toucher. Jésus prit l'aveugle par la main et le conduisit hors du village. Puis il lui mit de la salive sur les yeux, posa les mains sur lui et lui demanda: «Peux-tu voir quelque chose?» L'aveugle leva les yeux et dit: «Je vois des gens, je les vois comme des arbres, mais ils marchent.» Jésus posa de nouveau les mains sur les yeux de l'homme; celui-ci regarda droit devant lui: il était guéri, il voyait tout clairement. Alors Jésus le renvoya chez lui en lui disant: «N'entre pas dans le village.» Jésus et ses disciples partirent ensuite vers les villages proches de Césarée de Philippe. En chemin, il leur demanda: «Que disent les gens à mon sujet?» Ils lui répondirent: «Certains disent que tu es Jean-Baptiste, d'autres que tu es Élie, et d'autres encore que tu es l'un des prophètes.» – «Et vous, leur demanda Jésus, qui dites-vous que je suis?» Pierre lui répondit: «Tu es le Messie.» Alors, Jésus leur ordonna sévèrement de n'en parler à personne. Ensuite, Jésus se mit à donner cet enseignement à ses disciples: «Il faut que le Fils de l'homme souffre beaucoup; les anciens, les chefs des prêtres et les maîtres de la loi le rejetteront; il sera mis à mort, et après trois jours, il se relèvera de la mort.» Il leur annonçait cela très clairement. Alors Pierre le prit à part et se mit à lui faire des reproches. Mais Jésus se retourna, regarda ses disciples et reprit sévèrement Pierre: «Va-t'en loin de moi, Satan, dit-il, car tu ne penses pas comme Dieu mais comme les êtres humains.» Puis Jésus appela la foule avec ses disciples et dit à tous: «Si quelqu'un veut venir avec moi, qu'il cesse de penser à lui-même, qu'il porte sa croix et me suive. En effet, celui qui veut sauver sa vie la perdra; mais celui qui perdra sa vie pour moi et pour la Bonne Nouvelle la sauvera. A quoi sert-il à un homme de gagner le monde entier, si c'est au prix de sa vie? Que pourrait-il donner pour racheter sa vie? Si quelqu'un a honte de moi et de mes paroles face aux gens d'aujourd'hui, infidèles et rebelles à Dieu, alors le Fils de l'homme aussi aura honte de lui, quand il viendra dans la gloire de son Père avec les saints anges.» Jésus leur dit encore: «Je vous le déclare, c'est la vérité: quelques-uns de ceux qui sont ici ne mourront pas avant d'avoir vu le Royaume de Dieu venir avec puissance.» Six jours après, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les conduisit sur une haute montagne où ils se trouvèrent seuls. Il changea d'aspect devant leurs yeux; ses vêtements devinrent d'un blanc si brillant que personne sur toute la terre ne pourrait les blanchir à ce point. Soudain les trois disciples virent Élie et Moïse qui parlaient avec Jésus. Pierre dit alors à Jésus: «Maître, il est bon que nous soyons ici. Nous allons dresser trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie.» En fait, il ne savait pas que dire, car ses deux compagnons et lui-même étaient très effrayés. Un nuage survint et les couvrit de son ombre, et du nuage une voix se fit entendre: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le!» Aussitôt, les disciples regardèrent autour d'eux, mais ils ne virent plus personne; Jésus seul était avec eux. Tandis qu'ils descendaient de la montagne, Jésus leur recommanda de ne raconter à personne ce qu'ils avaient vu, jusqu'à ce que le Fils de l'homme se relève d'entre les morts. Ils retinrent cette recommandation, mais ils se demandèrent entre eux: «Que veut-il dire par “se relever d'entre les morts”?» Puis ils interrogèrent Jésus: «Pourquoi les maîtres de la loi disent-ils qu'Élie doit venir d'abord?» Il leur répondit: «Élie doit en effet venir d'abord pour tout remettre en ordre. Mais pourquoi les Écritures affirment-elles aussi que le Fils de l'homme souffrira beaucoup et qu'on le traitera avec mépris? Quant à moi, je vous le déclare: Élie est déjà venu, et les gens l'ont traité comme ils l'ont voulu, ainsi que les Écritures l'annoncent à son sujet.» Quand ils arrivèrent près des autres disciples, ils virent une grande foule qui les entourait et des maîtres de la loi qui discutaient avec eux. Dès que les gens virent Jésus, ils furent tous très surpris, et ils accoururent pour le saluer. Jésus demanda à ses disciples: «De quoi discutez-vous avec eux?» Un homme dans la foule lui répondit: «Maître, je t'ai amené mon fils, car il est tourmenté par un esprit mauvais qui l'empêche de parler. L'esprit le saisit n'importe où, il le jette à terre, l'enfant a de l'écume à la bouche et grince des dents, son corps devient raide. J'ai demandé à tes disciples de chasser cet esprit, mais ils ne l'ont pas pu.» Jésus leur déclara: «Gens sans foi que vous êtes! Combien de temps encore devrai-je rester avec vous? Combien de temps encore devrai-je vous supporter? Amenez-moi l'enfant.» On le lui amena donc. Dès que l'esprit vit Jésus, il secoua rudement l'enfant; celui-ci tomba à terre, il se roulait et avait de l'écume à la bouche. Jésus demanda au père: «Depuis combien de temps cela lui arrive-t-il?» Et le père répondit: «Depuis sa petite enfance. Et souvent l'esprit l'a poussé dans le feu ou dans l'eau pour le faire mourir. Mais aie pitié de nous et viens à notre secours, si tu peux!» Jésus répliqua: «Si tu peux, dis-tu. Mais, tout est possible pour celui qui croit.» Aussitôt, le père de l'enfant s'écria: «Je crois, aide-moi, car j'ai de la peine à croire!» Jésus vit la foule accourir près d'eux; alors, il menaça l'esprit mauvais et lui dit: «Esprit qui rend muet et sourd, je te le commande: sors de cet enfant et ne reviens plus jamais en lui!» L'esprit poussa des cris, secoua l'enfant avec violence, et sortit. Le garçon paraissait mort, de sorte que beaucoup de gens disaient: «Il est mort.» Mais Jésus le prit par la main, le fit lever et l'enfant se tint debout. Quand Jésus fut rentré à la maison et que ses disciples furent seuls avec lui, ils lui demandèrent: «Pourquoi n'avons-nous pas pu chasser cet esprit?» Et Jésus leur répondit: «C'est par la prière seulement qu'on peut faire sortir ce genre d'esprit.» Ils partirent de là et traversèrent la Galilée. Jésus ne voulait pas qu'on sache où il était. Voici, en effet, ce qu'il enseignait à ses disciples: «Le Fils de l'homme sera livré aux mains des hommes, ceux-ci le mettront à mort; et trois jours après, il se relèvera de la mort.» Mais les disciples ne comprenaient pas la signification de ces paroles et ils avaient peur de lui poser des questions. Ils arrivèrent à Capernaüm. Quand il fut à la maison, Jésus questionna ses disciples: «De quoi discutiez-vous en chemin?» Mais ils se taisaient, car, en chemin, ils avaient discuté entre eux pour savoir lequel était le plus grand. Alors Jésus s'assit, il appela les douze disciples et leur dit: «Si quelqu'un veut être le premier, il doit être le dernier de tous et le serviteur de tous.» Puis il prit un petit enfant et le plaça au milieu d'eux; il le serra dans ses bras et leur dit: «Celui qui reçoit un enfant comme celui-ci par amour pour moi, me reçoit moi-même; et celui qui me reçoit ne reçoit pas seulement moi-même, mais aussi celui qui m'a envoyé.» Jean dit à Jésus: «Maître, nous avons vu un homme qui chassait les esprits mauvais en usant de ton nom, et nous avons voulu l'en empêcher, parce qu'il n'appartient pas à notre groupe.» Mais Jésus répondit: «Ne l'en empêchez pas, car personne ne peut accomplir un miracle en mon nom et tout de suite après dire du mal de moi. Car celui qui n'est pas contre nous est pour nous. Et celui qui vous donnera à boire un verre d'eau parce que vous appartenez au Christ, je vous le déclare, c'est la vérité: il recevra sa récompense.» «Celui qui fait tomber dans le péché un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu'on lui attache au cou une grosse pierre et qu'on le jette dans la mer. Si c'est à cause de ta main que tu tombes dans le péché, coupe-la; il vaut mieux pour toi entrer dans la vraie vie avec une seule main que de garder les deux mains et d'aller en enfer, dans le feu qui ne s'éteint pas. [ Là, “les vers qui rongent les corps ne meurent pas et le feu ne s'éteint jamais ”.] Si c'est à cause de ton pied que tu tombes dans le péché, coupe-le; il vaut mieux pour toi entrer dans la vraie vie avec un seul pied que de garder les deux pieds et d'être jeté en enfer. [ Là, “les vers qui rongent les corps ne meurent pas et le feu ne s'éteint jamais ”.] Et si c'est à cause de ton œil que tu tombes dans le péché, arrache-le; il vaut mieux pour toi entrer dans le Royaume de Dieu avec un seul œil que de garder les deux yeux et d'être jeté en enfer. Là, “les vers qui rongent les corps ne meurent pas et le feu ne s'éteint jamais ”. En effet, chacun sera salé de feu. «Le sel est une bonne chose; mais si le sel perd son goût particulier, comment le lui rendrez-vous? Ayez du sel en vous-mêmes et vivez en paix les uns avec les autres.» Jésus partit de là et se rendit dans le territoire de la Judée, puis de l'autre côté du Jourdain. De nouveau, une foule de gens s'assemblèrent près de lui et il se mit à leur donner son enseignement, comme il le faisait toujours. Quelques Pharisiens s'approchèrent de lui pour lui tendre un piège. Ils lui demandèrent: «Notre loi permet-elle à un homme de renvoyer sa femme?» Jésus leur répondit par cette question: «Quel commandement Moïse vous a-t-il donné?» Ils dirent: «Moïse a permis à un homme d'écrire une attestation de divorce et de renvoyer sa femme.» Alors Jésus leur dit: «Moïse a écrit ce commandement pour vous parce que vous avez le cœur dur. Mais au commencement, quand Dieu a tout créé, “il les fit homme et femme”, dit l'Écriture. “C'est pourquoi, l'homme quittera son père et sa mère pour s'attacher à sa femme, et les deux deviendront un seul être.” Ainsi, ils ne sont plus deux mais un seul être. Que l'homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni.» Quand ils furent dans la maison, les disciples posèrent de nouveau des questions à Jésus à ce propos. Il leur répondit: «Si un homme renvoie sa femme et en épouse une autre, il commet un adultère envers la première; de même, si une femme renvoie son mari et épouse un autre homme, elle commet un adultère.» Des gens amenèrent des enfants à Jésus pour qu'il pose les mains sur eux, mais les disciples leur firent des reproches. Quand Jésus vit cela, il s'indigna et dit à ses disciples: «Laissez les enfants venir à moi! Ne les en empêchez pas, car le Royaume de Dieu appartient à ceux qui sont comme eux. Je vous le déclare, c'est la vérité: celui qui ne reçoit pas le Royaume de Dieu comme un enfant ne pourra jamais y entrer.» Ensuite, il prit les enfants dans ses bras; il posa les mains sur chacun d'eux et les bénit. Comme Jésus se mettait en route, un homme vint en courant, se jeta à genoux devant lui et lui demanda: «Bon maître, que dois-je faire pour obtenir la vie éternelle?» Jésus lui dit: «Pourquoi m'appelles-tu bon? Personne n'est bon, à part Dieu seul. Tu connais les commandements: “Ne commets pas de meurtre; ne commets pas d'adultère; ne vole pas; ne prononce pas de faux témoignage contre quelqu'un; ne prends rien aux autres par tromperie; respecte ton père et ta mère.” » L'homme lui répondit: «Maître, j'ai obéi à tous ces commandements depuis ma jeunesse.» Jésus le regarda avec amour et lui dit: «Il te manque une chose: va vendre tout ce que tu as et donne l'argent aux pauvres, alors tu auras des richesses dans le ciel; puis viens et suis-moi.» Mais quand l'homme entendit cela, il prit un air sombre et il s'en alla tout triste parce qu'il avait de grands biens. Jésus regarda ses disciples qui l'entouraient et leur dit: «Qu'il est difficile aux riches d'entrer dans le Royaume de Dieu!» Les disciples furent troublés par ces paroles. Mais Jésus leur dit encore: «Mes enfants, qu'il est difficile d'entrer dans le Royaume de Dieu! Il est difficile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille, mais il est encore plus difficile à un riche d'entrer dans le Royaume de Dieu.» Les disciples étaient de plus en plus étonnés, et ils se demandèrent les uns aux autres: «Mais qui donc peut être sauvé?» Jésus les regarda et leur dit: «C'est impossible aux hommes, mais non à Dieu, car tout est possible à Dieu.» Alors Pierre lui dit: «Écoute, nous avons tout quitté pour te suivre.» Jésus lui répondit: «Je vous le déclare, c'est la vérité: si quelqu'un quitte, pour moi et pour la Bonne Nouvelle, sa maison, ou ses frères, ses sœurs, sa mère, son père, ses enfants, ses champs, il recevra cent fois plus dans le temps où nous vivons maintenant: des maisons, des frères, des sœurs, des mères, des enfants et des champs, avec des persécutions aussi; et dans le monde futur, il recevra la vie éternelle. Mais beaucoup qui sont maintenant les premiers seront les derniers, et ceux qui sont maintenant les derniers seront les premiers.» Ils étaient en chemin pour monter à Jérusalem. Jésus marchait devant ses disciples, qui étaient inquiets, et ceux qui les suivaient avaient peur. Jésus prit de nouveau les douze disciples avec lui et se mit à leur parler de ce qui allait bientôt lui arriver. Il leur dit: «Écoutez, nous montons à Jérusalem, où le Fils de l'homme sera livré aux chefs des prêtres et aux maîtres de la loi. Ils le condamneront à mort et le livreront aux païens. Ceux-ci se moqueront de lui, cracheront sur lui, le frapperont à coups de fouet et le mettront à mort. Et, après trois jours, il se relèvera de la mort.» Alors, Jacques et Jean, les fils de Zébédée, vinrent auprès de Jésus. Ils lui dirent: «Maître, nous désirons que tu fasses pour nous ce que nous te demanderons.» – «Que voulez-vous que je fasse pour vous?» leur dit Jésus. Ils lui répondirent: «Quand tu seras dans ton règne glorieux, accorde-nous de siéger à côté de toi, l'un à ta droite, l'autre à ta gauche.» Mais Jésus leur dit: «Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe de douleur que je vais boire, ou recevoir le baptême de souffrance que je vais recevoir?» Et ils lui répondirent: «Nous le pouvons.» Jésus leur dit: «Vous boirez en effet la coupe que je vais boire et vous recevrez le baptême que je vais recevoir. Mais ce n'est pas à moi de décider qui siègera à ma droite ou à ma gauche; ces places sont à ceux pour qui Dieu les a préparées.» Quand les dix autres disciples entendirent cela, ils s'indignèrent contre Jacques et Jean. Alors Jésus les appela tous et leur dit: «Vous le savez, ceux qu'on regarde comme les chefs des peuples les commandent en maîtres, et les grands personnages leur font sentir leur pouvoir. Mais cela ne se passe pas ainsi parmi vous. Au contraire, si l'un de vous veut être grand, il doit être votre serviteur, et si l'un de vous veut être le premier, il doit être l'esclave de tous. Car le Fils de l'homme lui-même n'est pas venu pour se faire servir, mais il est venu pour servir et donner sa vie comme rançon pour libérer une multitude de gens.» Ils arrivèrent à Jéricho. Lorsque Jésus sortit de cette ville avec ses disciples et une grande foule, un aveugle appelé Bartimée, le fils de Timée, était assis au bord du chemin et mendiait. Quand il entendit que c'était Jésus de Nazareth, il se mit à crier: «Jésus, Fils de David, aie pitié de moi!» Beaucoup lui faisaient des reproches pour qu'il se taise, mais il criait encore plus fort: «Fils de David, aie pitié de moi!» Jésus s'arrêta et dit: «Appelez-le.» Ils appelèrent donc l'aveugle et lui dirent: «Courage, lève-toi, il t'appelle.» Alors il jeta son manteau, sauta sur ses pieds et vint vers Jésus. Jésus lui demanda: «Que veux-tu que je fasse pour toi?» L'aveugle lui répondit: «Maître, fais que je voie de nouveau.» Et Jésus lui dit: «Va, ta foi t'a guéri.» Aussitôt, il put voir, et il suivait Jésus sur le chemin. Quand ils approchèrent de Jérusalem, près des villages de Bethfagé et de Béthanie, ils arrivèrent au mont des Oliviers. Jésus envoya en avant deux de ses disciples: «Allez au village qui est là devant vous, leur dit-il. Dès que vous y serez arrivés, vous trouverez un petit âne attaché, sur lequel personne ne s'est encore assis. Détachez-le et amenez-le-moi. Et si quelqu'un vous demande: “Pourquoi faites-vous cela?”, dites-lui: “Le Seigneur en a besoin, mais il le renverra ici sans tarder.” » Ils partirent donc et trouvèrent un âne dehors, dans la rue, attaché à la porte d'une maison. Ils le détachèrent. Quelques-uns de ceux qui se trouvaient là leur demandèrent: «Que faites-vous? pourquoi détachez-vous cet ânon?» Ils leur répondirent ce que Jésus avait dit, et on les laissa aller. Ils amenèrent l'ânon à Jésus; ils posèrent leurs manteaux sur l'animal, et Jésus s'assit dessus. Beaucoup de gens étendirent leurs manteaux sur le chemin, et d'autres y mirent des branches vertes qu'ils avaient coupées dans la campagne. Ceux qui marchaient devant Jésus et ceux qui le suivaient criaient: «Gloire à Dieu! Que Dieu bénisse celui qui vient au nom du Seigneur! Que Dieu bénisse le royaume qui vient, le royaume de David notre père! Gloire à Dieu dans les cieux!» Jésus entra dans Jérusalem et se rendit dans le temple. Après avoir tout regardé autour de lui, il partit pour Béthanie avec les douze disciples, car il était déjà tard. Le lendemain, au moment où ils quittaient Béthanie, Jésus eut faim. Il vit de loin un figuier qui avait des feuilles, et il alla regarder s'il y trouverait des fruits; mais quand il fut près de l'arbre, il ne trouva que des feuilles, car ce n'était pas la saison des figues. Alors Jésus dit au figuier: «Que personne ne mange plus jamais de tes fruits!» Et ses disciples l'entendirent. Ils arrivèrent ensuite à Jérusalem. Jésus entra dans le temple et se mit à chasser ceux qui vendaient ou qui achetaient à cet endroit; il renversa les tables des changeurs d'argent et les sièges des vendeurs de pigeons, et il ne laissait personne transporter un objet à travers le temple. Puis il leur enseigna ceci: «Dans les Écritures, Dieu déclare: “On appellera ma maison maison de prière pour tous les peuples.” Mais vous, ajouta-t-il, vous en avez fait une caverne de voleurs!» Les chefs des prêtres et les maîtres de la loi apprirent cela et ils cherchaient un moyen de faire mourir Jésus; en effet, ils avaient peur de lui, parce que toute la foule était impressionnée par son enseignement. Le soir venu, Jésus et ses disciples sortirent de la ville. Tôt le lendemain, tandis qu'ils passaient le long du chemin, ils virent le figuier: il était complètement sec jusqu'aux racines. Pierre se rappela ce qui était arrivé et dit à Jésus: «Maître, regarde, le figuier que tu as maudit est devenu tout sec.» Jésus dit alors à ses disciples: «Je vous le déclare, c'est la vérité: Ayez foi en Dieu! Si quelqu'un dit à cette colline: “Ote-toi de là et jette-toi dans la mer”, et s'il ne doute pas dans son cœur, mais croit que ce qu'il dit arrivera, cela arrivera pour lui. C'est pourquoi, je vous dis: Quand vous priez pour demander quelque chose, croyez que vous l'avez reçu et cela vous sera donné. Et quand vous êtes debout pour prier, si vous avez quelque chose contre quelqu'un, pardonnez-lui, afin que votre Père qui est dans les cieux vous pardonne aussi le mal que vous avez fait. [ Mais si vous ne pardonnez pas aux autres, votre Père qui est dans les cieux ne vous pardonnera pas non plus le mal que vous avez fait.]» Ils revinrent à Jérusalem. Pendant que Jésus allait et venait dans le temple, les chefs des prêtres, les maîtres de la loi et les anciens vinrent auprès de lui. Ils lui demandèrent: «De quel droit fais-tu ces choses? Qui t'a donné autorité pour les faire?» Jésus leur répondit: «Je vais vous poser une seule question; si vous me donnez une réponse, alors je vous dirai de quel droit je fais ces choses. Qui a envoyé Jean baptiser? Est-ce Dieu ou les hommes? Répondez-moi.» Mais ils se mirent à discuter entre eux et se dirent: «Si nous répondons: “C'est Dieu qui l'a envoyé”, il nous demandera: “Pourquoi donc n'avez-vous pas cru Jean?” Mais pouvons-nous dire: “Ce sont les hommes qui l'ont envoyé…”?» – Ils avaient peur de la foule, car tous pensaient que Jean avait été un vrai prophète. – Alors ils répondirent à Jésus: «Nous ne savons pas.» – «Eh bien, répliqua Jésus, moi non plus, je ne vous dirai pas de quel droit je fais ces choses.» Puis Jésus se mit à leur parler en utilisant des paraboles: «Un homme planta une vigne; il l'entoura d'un mur, creusa la roche pour le pressoir à raisin et bâtit une tour de garde. Ensuite, il loua la vigne à des ouvriers vignerons et partit en voyage. Au moment voulu, il envoya un serviteur aux ouvriers vignerons pour recevoir d'eux sa part de la récolte. Mais ils saisirent le serviteur, le battirent et le renvoyèrent les mains vides. Alors le propriétaire envoya un autre serviteur; celui-là, ils le frappèrent à la tête et l'insultèrent. Le propriétaire en envoya encore un autre, et, celui-là, ils le tuèrent; et ils en traitèrent beaucoup d'autres de la même manière: ils battirent les uns et tuèrent les autres. Le seul homme qui restait au propriétaire était son fils bien-aimé. Il le leur envoya en dernier, car il pensait: “Ils auront du respect pour mon fils.” Mais ces vignerons se dirent les uns aux autres: “Voici le futur héritier! Allons, tuons-le, et la vigne sera à nous!” Ils saisirent donc le fils, le tuèrent et jetèrent son corps hors de la vigne. «Eh bien, que fera le propriétaire de la vigne? demanda Jésus. Il viendra, il mettra à mort les vignerons et confiera la vigne à d'autres. Vous avez sûrement lu cette parole de l'Écriture: “La pierre que les bâtisseurs avaient rejetée est devenue la pierre principale. Cela vient du Seigneur, pour nous, c'est une merveille!” » Les chefs des Juifs cherchaient un moyen d'arrêter Jésus, car ils savaient qu'il avait dit cette parabole contre eux. Mais ils avaient peur de la foule; ils le laissèrent donc et s'en allèrent. On envoya auprès de Jésus quelques Pharisiens et quelques membres du parti d'Hérode pour le prendre au piège par une question. Ils vinrent lui dire: «Maître, nous savons que tu dis la vérité; tu n'as pas peur de ce que pensent les autres et tu ne tiens pas compte de l'apparence des gens, mais tu enseignes la vérité sur la conduite qui plaît à Dieu. Dis-nous, notre loi permet-elle ou non de payer des impôts à l'empereur romain? Devons-nous les payer, oui ou non?» Mais Jésus savait qu'ils cachaient leur véritable pensée; il leur dit alors: «Pourquoi me tendez-vous un piège? Apportez-moi une pièce d'argent, je voudrais la voir.» Ils en apportèrent une, et Jésus leur demanda: «Ce visage et ce nom gravés ici, de qui sont-ils?» – «De l'empereur», lui répondirent-ils. Alors Jésus leur dit: «Payez donc à l'empereur ce qui lui appartient, et à Dieu ce qui lui appartient.» Et sa réponse les remplit d'étonnement. Quelques Sadducéens vinrent auprès de Jésus. – Ce sont eux qui disent qu'il n'y a pas de résurrection. – Ils l'interrogèrent de la façon suivante: «Maître, Moïse nous a donné ce commandement écrit: “Si un homme, qui a un frère, meurt et laisse une femme sans enfants, il faut que son frère épouse la veuve pour donner des descendants à celui qui est mort.” Or, il y avait une fois sept frères. Le premier se maria et mourut sans laisser d'enfants. Le deuxième épousa la veuve, et il mourut sans laisser d'enfants. La même chose arriva au troisième frère, et à tous les sept, qui épousèrent successivement la femme et moururent sans laisser d'enfants. Après eux tous, la femme mourut aussi. Au jour de la résurrection, quand les morts se relèveront, de qui sera-t-elle donc la femme? Car tous les sept l'ont eue comme épouse!» Jésus leur répondit: «Vous vous trompez, et savez-vous pourquoi? Parce que vous ne connaissez ni les Écritures, ni la puissance de Dieu. En effet, quand ils se relèveront d'entre les morts, les hommes et les femmes ne se marieront pas, mais ils vivront comme les anges dans le ciel. Pour ce qui est des morts qui reviennent à la vie, n'avez-vous jamais lu dans le livre de Moïse le passage qui parle du buisson en flammes? On y lit que Dieu dit à Moïse: “Je suis le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob.” Dieu, ajouta Jésus, est le Dieu des vivants, et non des morts. Ainsi, vous êtes complètement dans l'erreur.» Un maître de la loi les avait entendus discuter. Il vit que Jésus avait bien répondu aux Sadducéens; il s'approcha donc de lui et lui demanda: «Quel est le plus important de tous les commandements?» Jésus lui répondit: «Voici le commandement le plus important: “Écoute, Israël! Le Seigneur notre Dieu est le seul Seigneur. Tu dois aimer le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ton intelligence et de toute ta force.” Et voici le second commandement: “Tu dois aimer ton prochain comme toi-même.” Il n'y a pas d'autre commandement plus important que ces deux-là.» Le maître de la loi dit alors à Jésus: «Très bien, Maître! Ce que tu as dit est vrai: Le Seigneur est le seul Dieu, et il n'y a pas d'autre Dieu que lui. Chacun doit donc aimer Dieu de tout son cœur, de toute son intelligence et de toute sa force; et il doit aimer son prochain comme lui-même. Cela vaut beaucoup mieux que de présenter à Dieu toutes sortes d'offrandes et de sacrifices d'animaux.» Jésus vit qu'il avait répondu de façon intelligente; il lui dit alors: «Tu n'es pas loin du Royaume de Dieu.» Après cela, personne n'osait plus lui poser de questions. Alors que Jésus enseignait dans le temple, il posa cette question: «Comment les maîtres de la loi peuvent-ils dire que le Messie est descendant de David? Car David, guidé par le Saint-Esprit, a dit lui-même: “Le Seigneur Dieu a déclaré à mon Seigneur: Viens siéger à ma droite, je veux contraindre tes ennemis à passer sous tes pieds.” David lui-même l'appelle “Seigneur”: comment le Messie peut-il alors être aussi descendant de David?» La foule, nombreuse, écoutait Jésus avec plaisir. Voici ce qu'il enseignait à tous: «Gardez-vous des maîtres de la loi qui aiment à se promener en longues robes et à recevoir des salutations respectueuses sur les places publiques; ils choisissent les sièges les plus en vue dans les synagogues et les places d'honneur dans les grands repas. Ils prennent aux veuves tout ce qu'elles possèdent et, en même temps, font de longues prières pour se faire remarquer. Ils seront jugés d'autant plus sévèrement!» Puis Jésus s'assit en face des troncs à offrandes du temple, et il regardait comment les gens y déposaient de l'argent. De nombreux riches donnaient beaucoup d'argent. Une veuve pauvre arriva et mit deux petites pièces de cuivre, d'une valeur de quelques centimes. Alors Jésus appela ses disciples et leur dit: «Je vous le déclare, c'est la vérité: cette veuve pauvre a mis dans le tronc plus que tous les autres. Car tous les autres ont donné de l'argent dont ils n'avaient pas besoin; mais elle, dans sa pauvreté, a offert tout ce qu'elle possédait, tout ce dont elle avait besoin pour vivre.» Tandis que Jésus sortait du temple, un de ses disciples lui dit: «Maître, regarde! Quelles belles pierres, quelles grandes constructions!» Jésus lui répondit: «Tu vois ces grandes constructions? Il ne restera pas ici une seule pierre posée sur une autre; tout sera renversé.» Jésus s'assit au mont des Oliviers, en face du temple. Pierre, Jacques, Jean et André, qui étaient seuls avec lui, lui demandèrent: «Dis-nous quand cela se passera et quel signe indiquera le moment où toutes ces choses doivent arriver.» Alors Jésus se mit à leur dire: «Faites attention que personne ne vous trompe. Beaucoup d'hommes viendront en usant de mon nom et diront: “Je suis le Messie!” Et ils tromperont quantité de gens. Quand vous entendrez le bruit de guerres proches et des nouvelles sur des guerres lointaines, ne vous effrayez pas; il faut que cela arrive, mais ce ne sera pas encore la fin de ce monde. Un peuple combattra contre un autre peuple, et un royaume attaquera un autre royaume; il y aura des tremblements de terre dans différentes régions, ainsi que des famines. Ce sera comme les premières douleurs de l'accouchement. Quant à vous, faites attention à vous-mêmes. Car des gens vous feront passer devant les tribunaux; on vous battra dans les synagogues. Vous devrez comparaître devant des gouverneurs et des rois à cause de moi, pour apporter votre témoignage devant eux. Il faut avant tout que la Bonne Nouvelle soit annoncée à tous les peuples. Et lorsqu'on vous arrêtera pour vous conduire devant le tribunal, ne vous inquiétez pas d'avance de ce que vous aurez à dire; mais dites les paroles qui vous seront données à ce moment-là, car elles ne viendront pas de vous, mais du Saint-Esprit. Des frères livreront leurs propres frères pour qu'on les mette à mort, et des pères agiront de même avec leurs enfants; des enfants se tourneront contre leurs parents et les feront condamner à mort. Tout le monde vous haïra à cause de moi. Mais celui qui tiendra bon jusqu'à la fin sera sauvé.» «Vous verrez celui qu'on appelle “l'Horreur abominable”: il sera placé là où il ne doit pas être. – Que celui qui lit comprenne bien cela! – Alors, ceux qui seront en Judée devront s'enfuir vers les montagnes; celui qui sera sur la terrasse de sa maison ne devra pas descendre pour aller prendre quelque chose à l'intérieur; et celui qui sera dans les champs ne devra pas retourner chez lui pour emporter son manteau. Quel malheur ce sera, en ces jours-là, pour les femmes enceintes et pour celles qui allaiteront! Priez Dieu pour que ces choses n'arrivent pas pendant la mauvaise saison! Car, en ces jours-là, la détresse sera plus grande que toutes celles qu'on a connues depuis le commencement du monde, quand Dieu a tout créé, jusqu'à maintenant, et il n'y en aura plus jamais de pareille. Si le Seigneur n'avait pas décidé d'abréger cette période, personne ne pourrait survivre. Mais il l'a abrégée à cause de ceux qu'il a choisis pour être à lui. Si quelqu'un vous dit alors: “Regardez, le Messie est ici!” ou bien: “Regardez, il est là!”, ne le croyez pas. Car de faux messies et de faux prophètes apparaîtront; ils accompliront des miracles et des prodiges pour tromper, si possible, ceux que Dieu a choisis. Vous donc, faites attention! Je vous ai avertis de tout à l'avance.» «Mais en ces jours-là, après ce temps de détresse, le soleil s'obscurcira, la lune ne donnera plus sa clarté, les étoiles tomberont du ciel, et les puissances qui sont dans les cieux seront ébranlées. Alors on verra le Fils de l'homme arriver parmi les nuages, avec beaucoup de puissance et de gloire. Il enverra les anges aux quatre coins de la terre pour rassembler ceux qu'il a choisis, d'un bout du monde à l'autre.» «Comprenez l'enseignement que donne le figuier: dès que la sève circule dans ses branches et que ses feuilles poussent, vous savez que la bonne saison est proche. De même, quand vous verrez ces choses arriver, sachez que l'événement est proche, qu'il va se produire. Je vous le déclare, c'est la vérité: les gens d'aujourd'hui n'auront pas tous disparu avant que tout cela arrive. Le ciel et la terre disparaîtront, tandis que mes paroles ne disparaîtront jamais.» «Cependant personne ne sait quand viendra ce jour ou cette heure, pas même les anges dans les cieux, ni même le Fils; le Père seul le sait. Attention! Ne vous endormez pas, car vous ne savez pas quand le moment viendra. Ce sera comme lorsqu'un homme part en voyage: il quitte sa maison et en laisse le soin à ses serviteurs, il donne à chacun un travail particulier à faire et il ordonne au gardien de la porte de rester éveillé. Restez donc éveillés, car vous ne savez pas quand le maître de la maison reviendra: ce sera peut-être le soir, ou au milieu de la nuit, ou au chant du coq, ou le matin. S'il revient tout à coup, il ne faut pas qu'il vous trouve endormis. Ce que je vous dis là, je le dis à tous: Restez éveillés!» On était à deux jours de la fête de la Pâque et des pains sans levain. Les chefs des prêtres et les maîtres de la loi cherchaient un moyen d'arrêter Jésus en cachette et de le mettre à mort. Ils se disaient en effet: «Nous ne pouvons pas faire cela pendant la fête, sinon le peuple risquerait de se soulever.» Jésus était à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux; pendant qu'il était à table, une femme entra avec un flacon d'albâtre plein d'un parfum très cher, fait de nard pur. Elle brisa le flacon et versa le parfum sur la tête de Jésus. Certains de ceux qui étaient là furent indignés et se dirent entre eux: «A quoi bon avoir ainsi gaspillé ce parfum? On aurait pu le vendre plus de trois cents pièces d'argent pour les donner aux pauvres!» Et ils critiquaient sévèrement cette femme. Mais Jésus dit: «Laissez-la tranquille. Pourquoi lui faites-vous de la peine? Ce qu'elle a accompli pour moi est beau. Car vous aurez toujours des pauvres avec vous, et toutes les fois que vous le voudrez, vous pourrez leur faire du bien; mais moi, vous ne m'aurez pas toujours avec vous. Elle a fait ce qu'elle a pu: elle a d'avance mis du parfum sur mon corps afin de le préparer pour le tombeau. Je vous le déclare, c'est la vérité: partout où l'on annoncera la Bonne Nouvelle, dans le monde entier, on racontera ce que cette femme a fait et l'on se souviendra d'elle.» Alors Judas Iscariote, un des douze disciples, alla proposer aux chefs des prêtres de leur livrer Jésus. Ils furent très contents de l'entendre et lui promirent de l'argent. Et Judas se mit à chercher une occasion favorable pour leur livrer Jésus. Le premier jour de la fête des pains sans levain, le jour où l'on sacrifiait les agneaux pour le repas de la Pâque, les disciples de Jésus lui demandèrent: «Où veux-tu que nous allions te préparer le repas de la Pâque?» Alors Jésus envoya deux de ses disciples en avant, avec l'ordre suivant: «Allez à la ville, vous y rencontrerez un homme qui porte une cruche d'eau. Suivez-le, et là où il entrera, dites au propriétaire de la maison: “Le Maître demande: Où est la pièce qui m'est réservée, celle où je prendrai le repas de la Pâque avec mes disciples?” Et il vous montrera, en haut de la maison, une grande chambre déjà prête, avec tout ce qui est nécessaire. C'est là que vous nous préparerez le repas.» Les disciples partirent et allèrent à la ville; ils trouvèrent tout comme Jésus le leur avait dit, et ils préparèrent le repas de la Pâque. Quand le soir fut venu, Jésus arriva avec les douze disciples. Pendant qu'ils étaient à table et qu'ils mangeaient, Jésus dit: «Je vous le déclare, c'est la vérité: l'un de vous, qui mange avec moi, me trahira.» Les disciples devinrent tout tristes, et ils se mirent à lui demander l'un après l'autre: «Ce n'est pas moi, n'est-ce pas?» Jésus leur répondit: «C'est l'un d'entre vous, les douze, quelqu'un qui trempe avec moi son pain dans le plat. Certes, le Fils de l'homme va mourir comme les Écritures l'annoncent à son sujet; mais quel malheur pour celui qui trahit le Fils de l'homme! Il aurait mieux valu pour cet homme-là ne pas naître!» Pendant le repas, Jésus prit du pain et, après avoir remercié Dieu, il le rompit et le donna à ses disciples; il leur dit: «Prenez ceci, c'est mon corps.» Il prit ensuite une coupe de vin et, après avoir remercié Dieu, il la leur donna, et ils en burent tous. Jésus leur dit: «Ceci est mon sang, le sang qui garantit l'alliance de Dieu et qui est versé pour une multitude de gens. Je vous le déclare, c'est la vérité: je ne boirai plus jamais de vin jusqu'au jour où je boirai le vin nouveau dans le Royaume de Dieu.» Ils chantèrent ensuite les psaumes de la fête, puis ils s'en allèrent au mont des Oliviers. Jésus dit à ses disciples: «Vous allez tous m'abandonner, car on lit dans les Écritures: “Je tuerai le berger, et les moutons partiront de tous côtés ”. Mais, ajouta Jésus, quand je serai de nouveau vivant, j'irai vous attendre en Galilée.» Pierre lui dit: «Même si tous les autres t'abandonnent, moi je ne t'abandonnerai pas.» Alors Jésus lui répondit: «Je te le déclare, c'est la vérité: aujourd'hui, cette nuit même, avant que le coq chante deux fois, toi, tu auras prétendu trois fois ne pas me connaître.» Mais Pierre répliqua encore plus fort: «Je ne prétendrai jamais que je ne te connais pas, même si je dois mourir avec toi.» Et tous les autres disciples disaient la même chose. Ils arrivèrent ensuite à un endroit appelé Gethsémané, et Jésus dit à ses disciples: «Asseyez-vous ici, pendant que je vais prier.» Puis il emmena avec lui Pierre, Jacques et Jean. Il commença à ressentir de la frayeur et de l'angoisse, et il leur dit: «Mon cœur est plein d'une tristesse mortelle; restez ici et demeurez éveillés.» Il alla un peu plus loin, se jeta à terre et pria pour que, si c'était possible, il n'ait pas à passer par cette heure de souffrance. Il disait: «Abba, ô mon Père, tout t'est possible; éloigne de moi cette coupe de douleur. Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux.» Il revint ensuite vers les trois disciples et les trouva endormis. Il dit à Pierre: «Simon, tu dors? Tu n'as pas été capable de rester éveillé même une heure? Restez éveillés et priez, pour ne pas tomber dans la tentation. L'être humain est plein de bonne volonté, mais il est faible.» Il s'éloigna de nouveau et pria en répétant les mêmes paroles. Puis il revint auprès de ses disciples et les trouva endormis; ils ne pouvaient pas garder les yeux ouverts. Et ils ne savaient pas que lui dire. Quand il revint la troisième fois, il leur dit: «Vous dormez encore et vous vous reposez? C'est fini! L'heure est arrivée. Maintenant, le Fils de l'homme va être livré entre les mains des pécheurs. Levez-vous, allons-y! Voyez, l'homme qui me livre à eux est ici!» Jésus parlait encore quand arriva Judas, l'un des douze disciples. Il y avait avec lui une foule de gens armés d'épées et de bâtons. Ils étaient envoyés par les chefs des prêtres, les maîtres de la loi et les anciens. Judas, celui qui leur livrait Jésus, avait indiqué à cette foule le signe qu'il utiliserait: «L'homme que j'embrasserai, c'est lui. Saisissez-le et emmenez-le sous bonne garde.» Dès que Judas arriva, il s'approcha de Jésus et lui dit: «Maître!» Puis il l'embrassa. Les autres mirent alors la main sur Jésus et l'arrêtèrent. Mais un de ceux qui étaient là tira son épée, frappa le serviteur du grand-prêtre et lui coupa l'oreille. Jésus leur dit: «Deviez-vous venir armés d'épées et de bâtons pour me prendre, comme si j'étais un brigand? Tous les jours j'étais avec vous et j'enseignais dans le temple, et vous ne m'avez pas arrêté. Mais cela arrive pour que les Écritures se réalisent.» Alors tous les disciples l'abandonnèrent et s'enfuirent. Un jeune homme suivait Jésus, vêtu d'un simple drap. On essaya de le saisir, mais il abandonna le drap et s'enfuit tout nu. Ils emmenèrent Jésus chez le grand -prêtre, où s'assemblèrent tous les chefs des prêtres, les anciens et les maîtres de la loi. Pierre suivit Jésus de loin et il entra dans la cour de la maison du grand-prêtre. Là, il s'assit avec les gardes et il se chauffait près du feu. Les chefs des prêtres et tout le Conseil supérieur cherchaient une accusation contre Jésus pour le condamner à mort, mais ils n'en trouvaient pas. Beaucoup de gens, en effet, portaient de fausses accusations contre Jésus, mais ils se contredisaient entre eux. Quelques-uns se levèrent alors et portèrent cette fausse accusation contre lui: «Nous l'avons entendu dire: “Je détruirai ce temple construit par les hommes, et en trois jours j'en bâtirai un autre qui ne sera pas une œuvre humaine.” » Mais même sur ce point-là ils se contredisaient. Le grand-prêtre se leva alors dans l'assemblée et interrogea Jésus: «Ne réponds-tu rien à ce que ces gens disent contre toi?» Mais Jésus se taisait, il ne répondait rien. Le grand-prêtre l'interrogea de nouveau: «Es-tu le Messie, le Fils du Dieu auquel vont nos louanges?» Jésus répondit: «Oui, je le suis, et vous verrez tous le Fils de l'homme siégeant à la droite du Dieu puissant; vous le verrez aussi venir parmi les nuages du ciel.» Alors le grand-prêtre déchira ses vêtements et dit: «Nous n'avons plus besoin de témoins! Vous avez entendu cette insulte faite à Dieu. Qu'en pensez-vous?» Tous déclarèrent qu'il était coupable et qu'il méritait la mort. Quelques-uns d'entre eux se mirent à cracher sur Jésus, ils lui couvrirent le visage, le frappèrent à coups de poing et lui dirent: «Devine qui t'a fait cela!» Et les gardes prirent Jésus et lui donnèrent des gifles. Pierre se trouvait encore en bas dans la cour, quand arriva une des servantes du grand -prêtre. Elle vit Pierre qui se chauffait, le regarda bien et lui dit: «Toi aussi, tu étais avec Jésus, cet homme de Nazareth.» Mais il le nia en déclarant: «Je ne sais pas ce que tu veux dire, je ne comprends pas.» Puis il s'en alla hors de la cour, dans l'entrée. [Alors un coq chanta.] Mais la servante le vit et répéta devant ceux qui étaient là: «Cet homme est l'un d'eux!» Et Pierre le nia de nouveau. Peu après, ceux qui étaient là dirent encore à Pierre: «Certainement, tu es l'un d'eux, parce que, toi aussi, tu es de Galilée.» Alors Pierre s'écria: «Que Dieu me punisse si je mens! Je le jure, je ne connais pas l'homme dont vous parlez.» A ce moment même, un coq chanta pour la seconde fois, et Pierre se rappela ce que Jésus lui avait dit: «Avant que le coq chante deux fois, tu auras prétendu trois fois ne pas me connaître.» Alors, il se mit à pleurer. Tôt le matin, les chefs des prêtres se réunirent en séance avec les anciens et les maîtres de la loi, c'est-à-dire tout le Conseil supérieur. Ils firent ligoter Jésus, l'emmenèrent et le livrèrent à Pilate. Celui-ci l'interrogea: «Es-tu le roi des Juifs?» Jésus lui répondit: «Tu le dis.» Les chefs des prêtres portaient de nombreuses accusations contre Jésus. Alors, Pilate l'interrogea de nouveau: «Ne réponds-tu rien? Tu entends combien d'accusations ils portent contre toi!» Mais Jésus ne répondit plus rien, de sorte que Pilate était étonné. A chaque fête de la Pâque, Pilate libérait un prisonnier, celui que la foule demandait. Or, un certain Barabbas était en prison avec des rebelles qui avaient commis un meurtre lors d'une révolte. La foule se rendit donc à la résidence de Pilate et tous se mirent à lui demander ce qu'il avait l'habitude de leur accorder. Pilate leur répondit: «Voulez-vous que je vous libère le roi des Juifs?» Il savait bien, en effet, que les chefs des prêtres lui avaient livré Jésus par jalousie. Mais les chefs des prêtres poussèrent la foule à demander que Pilate leur libère plutôt Barabbas. Pilate s'adressa de nouveau à la foule: «Que voulez-vous donc que je fasse de celui que vous appelez le roi des Juifs?» Ils lui répondirent en criant: «Cloue-le sur une croix!» Pilate leur demanda: «Quel mal a-t-il donc commis?» Mais ils crièrent encore plus fort: «Cloue-le sur une croix!» Pilate voulut contenter la foule et leur libéra Barabbas; puis il fit frapper Jésus à coups de fouet et le livra pour qu'on le cloue sur une croix. Les soldats emmenèrent Jésus à l'intérieur du palais du gouverneur, et ils appelèrent toute la troupe. Ils le revêtirent d'un manteau rouge, tressèrent une couronne avec des branches épineuses et la posèrent sur sa tête. Puis ils se mirent à le saluer: «Salut, roi des Juifs!» Et ils le frappaient sur la tête avec un roseau, crachaient sur lui et se mettaient à genoux pour s'incliner bien bas devant lui. Quand ils se furent bien moqués de lui, ils lui enlevèrent le manteau rouge et lui remirent ses vêtements. Puis ils l'emmenèrent au-dehors pour le clouer sur une croix. Un certain Simon, de Cyrène, le père d'Alexandre et de Rufus, passait par là alors qu'il revenait des champs. Les soldats l'obligèrent à porter la croix de Jésus. Ils conduisirent Jésus à un endroit appelé Golgotha, ce qui signifie «Le lieu du Crâne». Ils voulurent lui donner du vin mélangé avec une drogue, la myrrhe, mais Jésus le refusa. Puis ils le clouèrent sur la croix et se partagèrent ses vêtements, en tirant au sort pour savoir ce que chacun recevrait. Il était neuf heures du matin quand ils le clouèrent sur la croix. Sur l'écriteau qui indiquait la raison de sa condamnation, il y avait ces mots: «Le roi des Juifs». Ils clouèrent aussi deux brigands sur des croix à côté de Jésus, l'un à sa droite et l'autre à sa gauche. [ C'est ainsi que se réalisa le passage de l'Écriture qui déclare: «Il a été placé au nombre des malfaiteurs.»] Les passants l'insultaient en hochant la tête; ils lui disaient: «Hé! toi qui voulais détruire le temple et en bâtir un autre en trois jours, sauve-toi toi-même, descends de la croix!» De même, les chefs des prêtres et les maîtres de la loi se moquaient de Jésus et se disaient les uns aux autres: «Il a sauvé d'autres gens, mais il ne peut pas se sauver lui-même! Que le Messie, le roi d'Israël descende maintenant de la croix! Si nous voyons cela, alors nous croirons en lui.» Ceux qui avaient été mis en croix à côté de Jésus l'insultaient aussi. A midi, l'obscurité se fit sur tout le pays et dura jusqu'à trois heures de l'après-midi. Et à trois heures, Jésus cria avec force: « » – ce qui signifie «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?» – Quelques-uns de ceux qui étaient là l'entendirent et s'écrièrent: «Écoutez, il appelle Élie!» L'un d'eux courut remplir une éponge de vinaigre et la fixa au bout d'un roseau, puis il la tendit à Jésus pour qu'il boive et dit: «Attendez, nous allons voir si Élie vient le descendre de la croix!» Mais Jésus poussa un grand cri et mourut. Le rideau suspendu dans le temple se déchira en deux depuis le haut jusqu'en bas. Le capitaine romain, qui se tenait en face de Jésus, vit comment il était mort et il dit: «Cet homme était vraiment Fils de Dieu!» Quelques femmes étaient là, elles aussi, et regardaient de loin. Parmi elles, il y avait Marie du village de Magdala, Marie, la mère de Jacques le jeune et de Joses, et Salomé. Elles avaient suivi Jésus et l'avaient servi quand il était en Galilée. Il y avait là également plusieurs autres femmes qui étaient montées avec lui à Jérusalem. Mais Pilate fut étonné d'apprendre qu'il était déjà mort. Il fit donc appeler le capitaine et lui demanda si Jésus était mort depuis longtemps. Après avoir reçu la réponse de l'officier, il permit à Joseph d'avoir le corps. Joseph acheta un drap de lin, il descendit le corps de la croix, l'enveloppa dans le drap et le déposa dans un tombeau qui avait été creusé dans le rocher. Puis il roula une grosse pierre pour fermer l'entrée du tombeau. Marie de Magdala et Marie la mère de Joses regardaient où on mettait Jésus. Quand le jour du sabbat fut passé, Marie de Magdala, Marie mère de Jacques, et Salomé achetèrent des huiles parfumées pour aller embaumer le corps de Jésus. Très tôt le dimanche matin, au lever du soleil, elles se rendirent au tombeau. Elles se disaient l'une à l'autre: «Qui va rouler pour nous la pierre qui ferme l'entrée du tombeau?» Mais quand elles regardèrent, elles virent que la pierre, qui était très grande, avait déjà été roulée de côté. Elles entrèrent alors dans le tombeau; elles virent là un jeune homme, assis à droite, qui portait une robe blanche, et elles furent effrayées. Mais il leur dit: «Ne soyez pas effrayées; vous cherchez Jésus de Nazareth, celui qu'on a cloué sur la croix; il est revenu de la mort à la vie, il n'est pas ici. Regardez, voici l'endroit où on l'avait déposé. Allez maintenant dire ceci à ses disciples, y compris à Pierre: “Il va vous attendre en Galilée; c'est là que vous le verrez, comme il vous l'a dit.” » Elles sortirent alors et s'enfuirent loin du tombeau, car elles étaient toutes tremblantes de crainte. Et elles ne dirent rien à personne, parce qu'elles avaient peur. [ Après que Jésus eut passé de la mort à la vie tôt le dimanche matin, il se montra tout d'abord à Marie de Magdala, de laquelle il avait chassé sept esprits mauvais. Elle alla le raconter à ceux qui avaient été avec lui. Ils étaient tristes et pleuraient. Mais quand ils entendirent qu'elle disait: «Jésus est vivant, je l'ai vu!», ils ne la crurent pas. Ensuite, Jésus se montra d'une manière différente à deux disciples qui étaient en chemin pour aller à la campagne. Ils revinrent et le racontèrent aux autres, qui ne les crurent pas non plus. Enfin, Jésus se montra aux onze disciples pendant qu'ils mangeaient; il leur reprocha de manquer de foi et de s'être obstinés à ne pas croire ceux qui l'avaient vu vivant. Puis il leur dit: «Allez dans le monde entier annoncer la Bonne Nouvelle à tous les êtres humains. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé; mais celui qui ne croira pas sera condamné. Et voici à quels signes on pourra reconnaître ceux qui auront cru: ils chasseront des esprits mauvais en mon nom; ils parleront des langues nouvelles; s'ils prennent des serpents dans leurs mains ou boivent du poison, il ne leur arrivera aucun mal; ils poseront les mains sur les malades et ceux-ci seront guéris.» Après leur avoir ainsi parlé, le Seigneur Jésus fut enlevé au ciel et s'assit à la droite de Dieu. Les disciples partirent pour annoncer partout la Bonne Nouvelle. Le Seigneur les aidait dans ce travail et confirmait la vérité de leur prédication par les signes miraculeux qui l'accompagnaient.] Cher Théophile, Plusieurs personnes ont essayé d'écrire le récit des événements qui se sont passés parmi nous. Ils ont rapporté les faits tels que nous les ont racontés ceux qui les ont vus dès le commencement et qui ont été chargés d'annoncer la parole de Dieu. C'est pourquoi, à mon tour, je me suis renseigné exactement sur tout ce qui est arrivé depuis le début et il m'a semblé bon, illustre Théophile, d'en écrire pour toi le récit suivi. Je le fais pour que tu puisses reconnaître la vérité des enseignements que tu as reçus. Au temps où Hérode était roi de Judée, il y avait un prêtre nommé Zacharie qui appartenait au groupe de prêtres d'Abia. Sa femme, une descendante d'Aaron le grand-prêtre, s'appelait Élisabeth. Ils étaient tous deux justes aux yeux de Dieu et obéissaient parfaitement à toutes les lois et tous les commandements du Seigneur. Mais ils n'avaient pas d'enfant, car Élisabeth ne pouvait pas en avoir et ils étaient déjà âgés tous les deux. Un jour, Zacharie exerçait ses fonctions de prêtre devant Dieu, car c'était au tour de son groupe de le faire. Selon la coutume des prêtres, il fut désigné par le sort pour entrer dans le sanctuaire du Seigneur et y brûler l'encens. Toute la foule des fidèles priait au-dehors à l'heure où l'on brûlait l'encens. Un ange du Seigneur apparut alors à Zacharie: il se tenait à la droite de l'autel servant à l'offrande de l'encens. Quand Zacharie le vit, il fut troublé et saisi de crainte. Mais l'ange lui dit: «N'aie pas peur, Zacharie, car Dieu a entendu ta prière: Élisabeth, ta femme, te donnera un fils que tu nommeras Jean. Tu en seras profondément heureux et beaucoup de gens se réjouiront au sujet de sa naissance. Car il sera un grand serviteur du Seigneur. Il ne boira ni vin, ni aucune autre boisson fermentée. Il sera rempli du Saint-Esprit dès avant sa naissance. Il ramènera beaucoup d'Israélites au Seigneur leur Dieu. Il viendra comme messager de Dieu avec l'esprit et la puissance du prophète Élie, pour réconcilier les pères avec leurs enfants et ramener les désobéissants à la sagesse des justes; il formera un peuple prêt pour le Seigneur.» Mais Zacharie dit à l'ange: «Comment saurai-je que cela est vrai? Car je suis vieux et ma femme aussi est âgée.» Et l'ange lui répondit: «Je suis Gabriel; je me tiens devant Dieu pour le servir; il m'a envoyé pour te parler et t'apporter cette bonne nouvelle. Mais tu n'as pas cru à mes paroles, qui se réaliseront pourtant au moment voulu; c'est pourquoi tu vas devenir muet, tu seras incapable de parler jusqu'au jour où ces événements se produiront.» Pendant ce temps, les fidèles attendaient Zacharie et s'étonnaient qu'il reste si longtemps à l'intérieur du sanctuaire. Mais quand il sortit, il ne put pas leur parler et les gens comprirent qu'il avait eu une vision dans le sanctuaire. Il leur faisait des signes et restait muet. Quand Zacharie eut achevé la période où il devait servir dans le temple, il retourna chez lui. Quelque temps après, Élisabeth sa femme devint enceinte, et elle se tint cachée pendant cinq mois. Elle se disait: «Voilà ce que le Seigneur a fait pour moi: il a bien voulu me délivrer maintenant de ce qui causait ma honte devant tout le monde.» Le sixième mois, Dieu envoya l'ange Gabriel dans une ville de Galilée, Nazareth, chez une jeune fille fiancée à un homme appelé Joseph. Celui-ci était un descendant du roi David; le nom de la jeune fille était Marie. L'ange entra chez elle et lui dit: «Réjouis-toi! Le Seigneur t'a accordé une grande faveur, il est avec toi.» Marie fut très troublée par ces mots; elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation. L'ange lui dit alors: «N'aie pas peur, Marie, car tu as la faveur de Dieu. Bientôt tu seras enceinte, puis tu mettras au monde un fils que tu nommeras Jésus. Il sera grand et on l'appellera le Fils du Dieu très-haut. Le Seigneur Dieu fera de lui un roi, comme le fut David son ancêtre, et il régnera pour toujours sur le peuple d'Israël, son règne n'aura point de fin.» Marie dit à l'ange: «Comment cela sera-t-il possible, puisque je suis vierge?» L'ange lui répondit: «Le Saint-Esprit viendra sur toi et la puissance du Dieu très-haut te couvrira comme d'une ombre. C'est pourquoi on appellera saint et Fils de Dieu l'enfant qui doit naître. Élisabeth ta parente attend elle-même un fils, malgré son âge; elle qu'on disait stérile en est maintenant à son sixième mois. Car rien n'est impossible à Dieu.» Alors Marie dit: «Je suis la servante du Seigneur; que tout se passe pour moi comme tu l'as dit.» Et l'ange la quitta. Dans les jours qui suivirent, Marie se mit en route et se rendit en hâte dans une localité de la région montagneuse de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Au moment où celle-ci entendit la salutation de Marie, l'enfant remua en elle. Élisabeth fut remplie du Saint-Esprit et s'écria d'une voix forte: «Dieu t'a bénie plus que toutes les femmes et sa bénédiction repose sur l'enfant que tu auras! Qui suis-je pour que la mère de mon Seigneur vienne chez moi? Car, vois-tu, au moment où j'ai entendu ta salutation, l'enfant a remué de joie en moi. Tu es heureuse: tu as cru que le Seigneur accomplira ce qu'il t'a annoncé!» Marie dit alors: «De tout mon être je veux dire la grandeur du Seigneur, mon cœur est plein de joie à cause de Dieu, mon Sauveur; car il a bien voulu abaisser son regard sur moi, son humble servante. Oui, dès maintenant et en tous les temps, les humains me diront bienheureuse, car Dieu le Tout-Puissant a fait pour moi des choses magnifiques. Il est le Dieu saint, il est plein de bonté en tout temps pour ceux qui le respectent. Il a montré son pouvoir en déployant sa force: il a mis en déroute les hommes au cœur orgueilleux, il a renversé les rois de leurs trônes et il a placé les humbles au premier rang. Il a comblé de biens ceux qui avaient faim, et il a renvoyé les riches les mains vides. Il est venu en aide au peuple d'Israël, son serviteur: il n'a pas oublié de manifester sa bonté envers Abraham et ses descendants, pour toujours, comme il l'avait promis à nos ancêtres.» Marie resta avec Élisabeth pendant environ trois mois, puis elle retourna chez elle. Le moment arriva où Élisabeth devait accoucher et elle mit au monde un fils. Ses voisins et les membres de sa parenté apprirent que le Seigneur lui avait donné cette grande preuve de sa bonté et ils s'en réjouissaient avec elle. Le huitième jour après la naissance, ils vinrent pour circoncire l'enfant; ils voulaient lui donner le nom de son père, Zacharie. Mais sa mère déclara: «Non, il s'appellera Jean.» Ils lui dirent: «Mais, personne dans ta famille ne porte ce nom!» Alors, ils demandèrent par gestes au père comment il voulait qu'on nomme son enfant. Zacharie se fit apporter une tablette à écrire et il y inscrivit ces mots: «Jean est bien son nom.» Ils s'en étonnèrent tous. Aussitôt, Zacharie put de nouveau parler: il se mit à louer Dieu à haute voix. Alors, tous les voisins éprouvèrent de la crainte, et dans toute la région montagneuse de Judée l'on se racontait ces événements. Tous ceux qui en entendaient parler se mettaient à y réfléchir et se demandaient: «Que deviendra donc ce petit enfant?» La puissance du Seigneur était en effet réellement avec lui. Zacharie, le père du petit enfant, fut rempli du Saint-Esprit; il se mit à prophétiser en ces termes: «Loué soit le Seigneur, le Dieu du peuple d'Israël, parce qu'il est intervenu en faveur de son peuple et l'a délivré. Il a fait apparaître un puissant Sauveur, pour nous, parmi les descendants du roi David, son serviteur. C'est ce qu'il avait annoncé depuis longtemps par ses saints prophètes: il avait promis qu'il nous délivrerait de nos ennemis et du pouvoir de tous ceux qui nous veulent du mal. Il a manifesté sa bonté envers nos ancêtres et n'a pas oublié sa sainte alliance. En effet, Dieu avait fait serment à Abraham, notre ancêtre, de nous libérer du pouvoir des ennemis et de nous permettre ainsi de le servir sans peur, pour que nous soyons saints et justes devant lui tous les jours de notre vie. Et toi, mon enfant, tu seras prophète du Dieu très-haut, car tu marcheras devant le Seigneur pour préparer son chemin et pour faire savoir à son peuple qu'il vient le sauver en pardonnant ses péchés. Notre Dieu est plein de tendresse et de bonté: il fera briller sur nous une lumière d'en haut, semblable à celle du soleil levant, pour éclairer ceux qui se trouvent dans la nuit et dans l'ombre de la mort, pour diriger nos pas sur le chemin de la paix.» L'enfant grandissait et se développait spirituellement. Il demeura dans des lieux déserts jusqu'au jour où il se présenta publiquement devant le peuple d'Israël. En ce temps-là, l'empereur Auguste donna l'ordre de recenser tous les habitants de l'empire romain. Ce recensement, le premier, eut lieu alors que Quirinius était gouverneur de la province de Syrie. Tout le monde allait se faire enregistrer, chacun dans sa ville d'origine. Joseph lui aussi partit de Nazareth, un bourg de Galilée, pour se rendre en Judée, à Bethléem, où est né le roi David; en effet, il était lui-même un descendant de David. Il alla s'y faire enregistrer avec Marie, sa fiancée, qui était enceinte. Pendant qu'ils étaient à Bethléem, le jour de la naissance arriva. Elle mit au monde un fils, son premier-né. Elle l'enveloppa de langes et le coucha dans une crèche, parce qu'il n'y avait pas de place pour eux dans l'abri destiné aux voyageurs. Dans cette même région, il y avait des bergers qui passaient la nuit dans les champs pour garder leur troupeau. Un ange du Seigneur leur apparut et la gloire du Seigneur les entoura de lumière. Ils eurent alors très peur. Mais l'ange leur dit: «N'ayez pas peur, car je vous apporte une bonne nouvelle qui réjouira beaucoup tout le peuple: cette nuit, dans la ville de David, est né, pour vous, un Sauveur; c'est le Christ, le Seigneur. Et voici le signe qui vous le fera reconnaître: vous trouverez un petit enfant enveloppé de langes et couché dans une crèche.» Tout à coup, il y eut avec l'ange une troupe nombreuse d'anges du ciel, qui louaient Dieu en disant: «Gloire à Dieu dans les cieux très hauts, et paix sur la terre pour ceux qu'il aime!» Lorsque les anges les eurent quittés pour retourner au ciel, les bergers se dirent les uns aux autres: «Allons donc jusqu'à Bethléem: il faut que nous voyions ce qui est arrivé, ce que le Seigneur nous a fait connaître.» Ils se dépêchèrent d'y aller et ils trouvèrent Marie et Joseph, et le petit enfant couché dans la crèche. Quand ils le virent, ils racontèrent ce que l'ange leur avait dit au sujet de ce petit enfant. Tous ceux qui entendirent les bergers furent étonnés de ce qu'ils leur disaient. Quant à Marie, elle gardait tout cela dans sa mémoire et y réfléchissait profondément. Puis les bergers prirent le chemin du retour. Ils célébraient la grandeur de Dieu et le louaient pour tout ce qu'ils avaient entendu et vu, car tout s'était passé comme l'ange le leur avait annoncé. Le huitième jour après la naissance, le moment vint de circoncire l'enfant; on lui donna le nom de Jésus, nom que l'ange avait indiqué avant que sa mère devienne enceinte. Puis le moment vint pour Joseph et Marie d'accomplir la cérémonie de purification qu'ordonne la loi de Moïse. Ils amenèrent alors l'enfant au temple de Jérusalem pour le présenter au Seigneur, car il est écrit dans la loi du Seigneur: «Tout garçon premier-né sera mis à part pour le Seigneur.» Ils devaient offrir aussi le sacrifice que demande la même loi, «une paire de tourterelles ou deux jeunes pigeons.» Il y avait alors à Jérusalem un certain Siméon. Cet homme était droit; il respectait Dieu et attendait celui qui devait sauver Israël. Le Saint-Esprit était avec lui et lui avait appris qu'il ne mourrait pas avant d'avoir vu le Messie envoyé par le Seigneur. Guidé par l'Esprit, Siméon alla dans le temple. Quand les parents de Jésus amenèrent leur petit enfant afin d'accomplir pour lui ce que demandait la loi, Siméon le prit dans ses bras et remercia Dieu en disant: «Maintenant, Seigneur, tu as réalisé ta promesse: tu peux laisser ton serviteur mourir en paix. Car j'ai vu de mes propres yeux ton salut, ce salut que tu as préparé devant tous les peuples: c'est la lumière qui te fera connaître aux nations du monde et qui sera la gloire d'Israël, ton peuple.» Le père et la mère de Jésus étaient tout étonnés de ce que Siméon disait de lui. Siméon les bénit et dit à Marie, la mère de Jésus: «Dieu a destiné cet enfant à causer la chute ou le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de Dieu auquel les gens s'opposeront, et il mettra ainsi en pleine lumière les pensées cachées dans le cœur de beaucoup. Quant à toi, Marie, la douleur te transpercera l'âme comme une épée.» Il y avait aussi une prophétesse, appelée Anne, qui était la fille de Penouel, de la tribu d'Asser. Elle était très âgée. Elle avait vécu sept ans avec le mari qu'elle avait épousé dans sa jeunesse, puis, demeurée veuve, elle était parvenue à l'âge de quatre-vingt-quatre ans. Elle ne quittait pas le temple, mais elle servait Dieu jour et nuit: elle jeûnait et elle priait. Elle arriva à ce même moment et se mit à remercier Dieu. Et elle parla de l'enfant à tous ceux qui attendaient que Dieu délivre Jérusalem. Quand les parents de Jésus eurent achevé de faire tout ce que demandait la loi du Seigneur, ils retournèrent avec lui en Galilée, dans leur ville de Nazareth. L'enfant grandissait et se fortifiait. Il était rempli de sagesse et la faveur de Dieu reposait sur lui. Chaque année, les parents de Jésus allaient à Jérusalem pour la fête de la Pâque. Lorsque Jésus eut douze ans, ils l'emmenèrent avec eux selon la coutume. Quand la fête fut terminée, ils repartirent, mais l'enfant Jésus resta à Jérusalem et ses parents ne s'en aperçurent pas. Ils pensaient que Jésus était avec leurs compagnons de voyage et firent une journée de marche. Ils se mirent ensuite à le chercher parmi leurs parents et leurs amis, mais sans le trouver. Ils retournèrent donc à Jérusalem en continuant à le chercher. Le troisième jour, ils le découvrirent dans le temple: il était assis au milieu des maîtres de la loi, les écoutait et leur posait des questions. Tous ceux qui l'entendaient étaient surpris de son intelligence et des réponses qu'il donnait. Quand ses parents l'aperçurent, ils furent stupéfaits et sa mère lui dit: «Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela? Ton père et moi, nous étions très inquiets en te cherchant.» Il leur répondit: «Pourquoi me cherchiez-vous? Ne saviez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père?» Mais ils ne comprirent pas ce qu'il leur disait. Jésus repartit avec eux à Nazareth. Il leur obéissait. Sa mère gardait en elle le souvenir de tous ces événements. Et Jésus grandissait, il progressait en sagesse et se rendait agréable à Dieu et aux hommes. C'était la quinzième année du règne de l'empereur Tibère; Ponce- Pilate était gouverneur de Judée, Hérode régnait sur la Galilée et son frère Philippe sur le territoire de l'Iturée et de la Trachonitide, Lysanias régnait sur l'Abilène, Hanne et Caïphe étaient grands -prêtres. La parole de Dieu se fit alors entendre à Jean, fils de Zacharie, dans le désert. Jean se mit à parcourir toute la région voisine de la rivière, le Jourdain. Il lançait cet appel: «Changez de comportement, faites-vous baptiser et Dieu pardonnera vos péchés.» Ainsi arriva ce que le prophète Ésaïe avait écrit dans son livre: «Un homme crie dans le désert: Préparez le chemin du Seigneur, faites-lui des sentiers bien droits! Toute vallée sera comblée, toute montagne et toute colline seront abaissées; les courbes de la route seront redressées, les chemins en mauvais état seront égalisés. Et tout le monde verra le salut accordé par Dieu.» Une foule de gens venaient à Jean pour qu'il les baptise. Il leur disait: «Bande de serpents! Qui vous a enseigné à vouloir échapper au jugement divin, qui est proche? Montrez par des actes que vous avez changé de mentalité et ne vous mettez pas à dire en vous-mêmes: “Abraham est notre ancêtre.” Car je vous déclare que Dieu peut utiliser les pierres que voici pour en faire des descendants d'Abraham! La hache est déjà prête à couper les arbres à la racine: tout arbre qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu.» Les gens lui demandaient: «Que devons-nous donc faire?» Il leur répondit: «Celui qui a deux chemises doit en donner une à celui qui n'en a pas et celui qui a de quoi manger doit partager.» Des collecteurs d'impôts vinrent aussi pour être baptisés et demandèrent à Jean: «Maître, que devons-nous faire?» Il leur répondit: «Ne faites pas payer plus que ce qui vous a été indiqué.» Des soldats lui demandèrent également: «Et nous, que devons-nous faire?» Il leur dit: «Ne prenez d'argent à personne par la force ou en portant de fausses accusations, mais contentez-vous de votre solde.» Le peuple attendait, plein d'espoir: chacun pensait que Jean était peut-être le Messie. Jean leur dit alors à tous: «Moi, je vous baptise avec de l'eau; mais celui qui vient est plus puissant que moi: je ne suis pas même digne de délier la courroie de ses sandales. Il vous baptisera avec le Saint-Esprit et avec du feu. Il tient en sa main la pelle à vanner pour séparer le grain de la paille. Il amassera le grain dans son grenier, mais il brûlera la paille dans un feu qui ne s'éteint jamais.» C'est en leur adressant beaucoup d'autres appels encore que Jean annonçait la Bonne Nouvelle au peuple. Cependant Jean fit des reproches à Hérode, qui régnait sur la Galilée, parce qu'il avait épousé Hérodiade, la femme de son frère, et parce qu'il avait commis beaucoup d'autres mauvaises actions. Alors Hérode commit une mauvaise action de plus: il fit mettre Jean en prison. Après que tout le monde eut été baptisé, Jésus fut aussi baptisé. Pendant qu'il priait, le ciel s'ouvrit et le Saint-Esprit descendit sur lui sous une forme corporelle, comme une colombe. Et une voix se fit entendre du ciel: «Tu es mon Fils bien-aimé; je mets en toi toute ma joie.» Jésus avait environ trente ans lorsqu'il commença son œuvre. Il était, à ce que l'on pensait, fils de Joseph, qui était fils d'Éli, fils de Matthat, fils de Lévi, fils de Melchi, fils de Jannaï, fils de Joseph, fils de Mattatias, fils d'Amos, fils de Nahoum, fils d'Esli, fils de Naggaï, fils de Maath, fils de Mattatias, fils de Séméïn, fils de Josech, fils de Joda, fils de Yohanan, fils de Rhésa, fils de Zorobabel, fils de Chéaltiel, fils de Néri, fils de Melchi, fils d'Addi, fils de Kosam, fils d'Elmadam, fils d'Er, fils de Jésus, fils d'Éliézer, fils de Jorim, fils de Matthat, fils de Lévi, fils de Siméon, fils de Juda, fils de Joseph, fils de Jonam, fils d'Éliakim, fils de Méléa, fils de Menna, fils de Mattata, fils de Natan, fils de David, fils de Jessé, fils d'Obed, fils de Booz, fils de Sala, fils de Nachon, fils d'Amminadab, fils d'Admin, fils d'Arni, fils de Hesron, fils de Pérès, fils de Juda, fils de Jacob, fils d'Isaac, fils d'Abraham, fils de Téra, fils de Nahor, fils de Seroug, fils de Réou, fils de Péleg, fils d'Éber, fils de Chéla, fils de Quénan, fils d'Arpaxad, fils de Sem, fils de Noé, fils de Lémek, fils de Matusalem, fils d'Hénok, fils de Yéred, fils de Malaléel, fils de Quénan, fils d'Énos, fils de Seth, fils d'Adam, fils de Dieu. Jésus, rempli de Saint-Esprit, revint du Jourdain et fut conduit par l'Esprit dans le désert. Il y fut tenté par le diable pendant quarante jours. Il ne mangea rien durant ces jours-là et, quand ils furent passés, il eut faim. Le diable lui dit alors: «Si tu es le Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de se changer en pain.» Jésus lui répondit: «L'Écriture déclare: “L'homme ne vivra pas de pain seulement.” » Le diable l'emmena plus haut, lui fit voir en un instant tous les royaumes de la terre et lui dit: «Je te donnerai toute cette puissance et la richesse de ces royaumes: tout cela m'a été remis et je peux le donner à qui je veux. Si donc tu te mets à genoux devant moi, tout sera à toi.» Jésus lui répondit: «L'Écriture déclare: “Adore le Seigneur ton Dieu et ne rends de culte qu'à lui seul.” » Le diable le conduisit ensuite à Jérusalem, le plaça au sommet du temple et lui dit: «Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi d'ici en bas; car l'Écriture déclare: “Dieu ordonnera à ses anges de te garder.” Et encore: “Ils te porteront sur leurs mains pour éviter que ton pied ne heurte une pierre.” » Jésus lui répondit: «L'Écriture déclare: “Ne mets pas à l'épreuve le Seigneur ton Dieu.” » Après avoir achevé de tenter Jésus de toutes les manières, le diable s'éloigna de lui jusqu'à une autre occasion. Jésus retourna en Galilée, plein de la puissance du Saint-Esprit. On se mit à parler de lui dans toute cette région. Il y enseignait dans les synagogues et tout le monde faisait son éloge. Jésus se rendit à Nazareth, où il avait été élevé. Le jour du sabbat, il entra dans la synagogue selon son habitude. Il se leva pour lire les Écritures et on lui remit le rouleau du livre du prophète Ésaïe. Il le déroula et trouva le passage où il est écrit: «L'Esprit du Seigneur est sur moi, il m'a consacré pour apporter la Bonne Nouvelle aux pauvres. Il m'a envoyé pour proclamer la délivrance aux prisonniers et le don de la vue aux aveugles, pour libérer les opprimés, pour annoncer l'année où le Seigneur manifestera sa faveur.» Puis Jésus roula le livre, le rendit au serviteur et s'assit. Toutes les personnes présentes dans la synagogue fixaient les yeux sur lui. Alors il se mit à leur dire: «Ce passage de l'Écriture est réalisé, aujourd'hui, pour vous qui m'écoutez.» Tous exprimaient leur admiration à l'égard de Jésus et s'étonnaient des paroles merveilleuses qu'il prononçait. Ils disaient: «N'est-ce pas le fils de Joseph?» Jésus leur déclara: «Vous allez certainement me citer ce proverbe: “Médecin, guéris-toi toi-même.” Vous me direz aussi: “Nous avons appris tout ce que tu as fait à Capernaüm, accomplis les mêmes choses ici, dans ta propre ville.” » Puis il ajouta: «Je vous le déclare, c'est la vérité: aucun prophète n'est bien reçu dans sa ville natale. De plus, je peux vous assurer qu'il y avait beaucoup de veuves en Israël à l'époque d'Élie, lorsque la pluie ne tomba pas durant trois ans et demi et qu'une grande famine sévit dans tout le pays. Pourtant Dieu n'envoya Élie chez aucune d'elles, mais seulement chez une veuve qui vivait à Sarepta, dans la région de Sidon. Il y avait aussi beaucoup de lépreux en Israël à l'époque du prophète Élisée; pourtant aucun d'eux ne fut guéri, mais seulement Naaman le Syrien.» Tous, dans la synagogue, furent remplis de colère en entendant ces mots. Ils se levèrent, entraînèrent Jésus hors de la ville et le menèrent au sommet de la colline sur laquelle Nazareth était bâtie, afin de le précipiter dans le vide. Mais il passa au milieu d'eux et s'en alla. Jésus se rendit alors à Capernaüm, ville de Galilée, et il y donnait son enseignement à tous le jour du sabbat. Les gens étaient impressionnés par sa manière d'enseigner, car il parlait avec autorité. Dans la synagogue, il y avait un homme tourmenté par un esprit mauvais. Il se mit à crier avec force: «Ah! que nous veux-tu, Jésus de Nazareth? Es-tu venu pour nous détruire? Je sais bien qui tu es: le Saint envoyé de Dieu!» Jésus parla sévèrement à l'esprit mauvais et lui donna cet ordre: «Tais-toi et sors de cet homme!» L'esprit jeta l'homme à terre devant tout le monde et sortit de lui sans lui faire aucun mal. Tous furent saisis d'étonnement et ils se disaient les uns aux autres: «Quel genre de parole est-ce là? Cet homme commande avec autorité et puissance aux esprits mauvais et ils sortent!» Et la renommée de Jésus se répandit partout dans cette région. Jésus quitta la synagogue et se rendit à la maison de Simon. La belle-mère de Simon souffrait d'une forte fièvre et l'on demanda à Jésus de faire quelque chose pour elle. Il se pencha sur elle et, d'un ton sévère, donna un ordre à la fièvre. La fièvre la quitta, elle se leva aussitôt et se mit à les servir. Au coucher du soleil, tous ceux qui avaient des malades atteints de divers maux les amenèrent à Jésus. Il posa les mains sur chacun d'eux et les guérit. Des esprits mauvais sortirent aussi de beaucoup de malades en criant: «Tu es le Fils de Dieu!» Mais Jésus leur adressait des paroles sévères et les empêchait de parler, parce qu'ils savaient, eux, qu'il était le Messie. Dès que le jour parut, Jésus sortit de la ville et s'en alla vers un endroit isolé. Une foule de gens se mirent à le chercher; quand ils l'eurent rejoint, ils voulurent le retenir et l'empêcher de les quitter. Mais Jésus leur dit: «Je dois annoncer la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu aux autres villes aussi, car c'est pour cela que Dieu m'a envoyé.» Et il prêchait dans les synagogues du pays. Un jour, Jésus se tenait au bord du lac de Génésareth et la foule se pressait autour de lui pour écouter la parole de Dieu. Il vit deux barques près de la rive: les pêcheurs en étaient descendus et lavaient leurs filets. Jésus monta dans l'une des barques, qui appartenait à Simon, et pria celui-ci de s'éloigner un peu du bord. Jésus s'assit dans la barque et se mit à donner son enseignement à la foule. Quand il eut fini de parler, il dit à Simon: «Avance plus loin, là où l'eau est profonde, puis, toi et tes compagnons, jetez vos filets pour pêcher.» Simon lui répondit: «Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre. Mais puisque tu me dis de le faire, je jetterai les filets.» Ils les jetèrent donc et prirent une si grande quantité de poissons que leurs filets commençaient à se déchirer. Ils firent alors signe à leurs compagnons qui étaient dans l'autre barque de venir les aider. Ceux-ci vinrent et, ensemble, ils remplirent les deux barques de tant de poissons qu'elles enfonçaient dans l'eau. Quand Simon Pierre vit cela, il se mit à genoux devant Jésus et dit: «Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur!» Simon, comme tous ceux qui étaient avec lui, était en effet saisi de crainte, à cause de la grande quantité de poissons qu'ils avaient pris. Il en était de même des compagnons de Simon, Jacques et Jean, les fils de Zébédée. Mais Jésus dit à Simon: «N'aie pas peur; désormais, ce sont des hommes que tu prendras.» Ils ramenèrent alors leurs barques à terre et laissèrent tout pour suivre Jésus. Alors que Jésus se trouvait dans une localité, survint un homme couvert de lèpre. Quand il vit Jésus, il se jeta devant lui le visage contre terre et le pria en ces termes: «Maître, si tu le veux, tu peux me rendre pur.» Jésus étendit la main, le toucha et déclara: «Je le veux, sois pur!» Aussitôt, la lèpre quitta cet homme. Jésus lui donna cet ordre: «Ne parle de cela à personne. Mais va te faire examiner par le prêtre, puis offre le sacrifice que Moïse a ordonné, pour prouver à tous que tu es guéri.» Cependant, la réputation de Jésus se répandait de plus en plus; des foules nombreuses se rassemblaient pour l'entendre et se faire guérir de leurs maladies. Mais Jésus se retirait dans des endroits isolés où il priait. Un jour, Jésus était en train d'enseigner. Des Pharisiens et des maîtres de la loi étaient présents; ils étaient venus de tous les villages de Galilée et de Judée, ainsi que de Jérusalem. La puissance du Seigneur était avec Jésus et lui faisait guérir des malades. Des gens arrivèrent, portant sur une civière un homme paralysé; ils cherchaient à le faire entrer dans la maison et à le déposer devant Jésus. Mais ils ne savaient par où l'introduire, à cause de la foule. Ils le montèrent alors sur le toit, firent une ouverture parmi les tuiles et le descendirent sur sa civière au milieu de l'assemblée, devant Jésus. Quand Jésus vit leur foi, il dit au malade: «Mon ami, tes péchés te sont pardonnés.» Les maîtres de la loi et les Pharisiens se mirent à penser: «Qui est cet homme qui fait insulte à Dieu? Qui peut pardonner les péchés? Dieu seul le peut!» Jésus devina leurs pensées et leur dit: «Pourquoi avez-vous de telles pensées? Est-il plus facile de dire: “Tes péchés te sont pardonnés”, ou de dire: “Lève-toi et marche”? Mais je veux que vous le sachiez: le Fils de l'homme a le pouvoir sur la terre de pardonner les péchés.» Alors il adressa ces mots au paralysé: «Je te le dis, lève-toi, prends ta civière et rentre chez toi!» Aussitôt, l'homme se leva devant tout le monde, prit la civière sur laquelle il avait été couché et s'en alla chez lui en louant Dieu. Tous furent frappés d'étonnement. Ils louaient Dieu, remplis de crainte, et disaient: «Nous avons vu aujourd'hui des choses extraordinaires!» Après cela, Jésus sortit et vit un collecteur d'impôts, nommé Lévi, assis à son bureau. Jésus lui dit: «Suis-moi!» Lévi se leva, laissa tout et le suivit. Puis Lévi lui offrit un grand repas dans sa maison; beaucoup de collecteurs d'impôts et d'autres personnes étaient à table avec eux. Les Pharisiens et les maîtres de la loi qui étaient de leur parti critiquaient cela; ils dirent aux disciples de Jésus: «Pourquoi mangez-vous et buvez-vous avec les collecteurs d'impôts et autres gens de mauvaise réputation?» Jésus leur répondit: «Les personnes en bonne santé n'ont pas besoin de médecin, ce sont les malades qui en ont besoin. Je ne suis pas venu appeler ceux qui s'estiment justes, mais ceux qui se savent pécheurs pour qu'ils changent de comportement.» Les Pharisiens dirent à Jésus: «Les disciples de Jean, de même que les nôtres, jeûnent souvent et font des prières; mais tes disciples, eux, mangent et boivent.» Jésus leur répondit: «Pensez-vous pouvoir obliger les invités d'une noce à ne pas manger pendant que le marié est avec eux? Bien sûr que non! Mais le temps viendra où le marié leur sera enlevé; ces jours-là, ils jeûneront.» Jésus leur dit aussi cette parabole: «Personne ne déchire une pièce d'un vêtement neuf pour réparer un vieux vêtement; sinon, le vêtement neuf est déchiré et la pièce d'étoffe neuve ne s'accorde pas avec le vieux. Et personne ne verse du vin nouveau dans de vieilles outres; sinon, le vin nouveau fait éclater les outres: il se répand et les outres sont perdues. Mais non! pour le vin nouveau, il faut des outres neuves! Et personne ne veut du vin nouveau après en avoir bu du vieux. On dit en effet: “Le vieux est meilleur.” » Un jour de sabbat, Jésus traversait des champs de blé. Ses disciples cueillaient des épis, les frottaient dans leurs mains et en mangeaient les grains. Quelques Pharisiens leur dirent: «Pourquoi faites-vous ce que notre loi ne permet pas le jour du sabbat?» Jésus leur répondit: «N'avez-vous pas lu ce que fit David un jour où lui-même et ses compagnons avaient faim? Il entra dans la maison de Dieu, prit les pains offerts à Dieu, en mangea et en donna à ses compagnons, bien que notre loi ne permette qu'aux seuls prêtres d'en manger.» Jésus leur dit encore: «Le Fils de l'homme est maître du sabbat.» Un autre jour de sabbat, Jésus entra dans la synagogue et se mit à enseigner. Il y avait là un homme dont la main droite était paralysée. Les maîtres de la loi et les Pharisiens observaient attentivement Jésus pour voir s'il allait guérir quelqu'un le jour du sabbat, car ils voulaient avoir une raison de l'accuser. Mais Jésus connaissait leurs pensées. Il dit alors à l'homme dont la main était paralysée: «Lève-toi et tiens-toi là, devant tout le monde.» L'homme se leva et se tint là. Puis Jésus leur dit: «Je vous le demande: Que permet notre loi? de faire du bien le jour du sabbat ou de faire du mal? de sauver la vie d'un être humain ou de la détruire?» Il les regarda tous et dit ensuite à l'homme: «Avance ta main.» Il le fit et sa main redevint saine. Mais les maîtres de la loi et les Pharisiens furent remplis de fureur et se mirent à discuter entre eux sur ce qu'ils pourraient faire à Jésus. En ce temps-là, Jésus monta sur une colline pour prier et y passa toute la nuit à prier Dieu. Quand le jour parut, il appela ses disciples et en choisit douze qu'il nomma apôtres: Simon – auquel il donna aussi le nom de Pierre – et son frère André, Jacques et Jean, Philippe et Barthélemy, Matthieu et Thomas, Jacques le fils d'Alphée et Simon – dit le nationaliste –, Jude le fils de Jacques et Judas Iscariote, celui qui devint un traître. Jésus descendit de la colline avec eux et s'arrêta en un endroit plat, où se trouvait un grand nombre de ses disciples. Il y avait aussi là une foule immense: des gens de toute la Judée, de Jérusalem et des villes de la côte, Tyr et Sidon; ils étaient venus pour l'entendre et se faire guérir de leurs maladies. Ceux que tourmentaient des esprits mauvais étaient guéris. Tout le monde cherchait à le toucher, parce qu'une force sortait de lui et les guérissait tous. Jésus regarda alors ses disciples et dit: «Heureux, vous qui êtes pauvres, car le Royaume de Dieu est à vous! Heureux, vous qui avez faim maintenant, car vous aurez de la nourriture en abondance! Heureux, vous qui pleurez maintenant, car vous rirez! «Heureux êtes-vous si les hommes vous haïssent, s'ils vous rejettent, vous insultent et disent du mal de vous, parce que vous croyez au Fils de l'homme. Réjouissez-vous quand cela arrivera et sautez de joie, car une grande récompense vous attend dans le ciel. C'est ainsi, en effet, que leurs ancêtres maltraitaient les prophètes. «Mais malheur à vous qui êtes riches, car vous avez déjà eu votre bonheur! Malheur à vous qui avez tout en abondance maintenant, car vous aurez faim! Malheur à vous qui riez maintenant, car vous serez dans la tristesse et vous pleurerez! «Malheur à vous si tous les hommes disent du bien de vous, car c'est ainsi que leurs ancêtres agissaient avec les faux prophètes!» «Mais je vous le dis, à vous qui m'écoutez: Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent et priez pour ceux qui vous maltraitent. Si quelqu'un te frappe sur une joue, présente-lui aussi l'autre; si quelqu'un te prend ton manteau, laisse-le prendre aussi ta chemise. Donne à quiconque te demande quelque chose, et si quelqu'un te prend ce qui t'appartient, ne le lui réclame pas. Faites pour les autres exactement ce que vous voulez qu'ils fassent pour vous. Si vous aimez seulement ceux qui vous aiment, pourquoi vous attendre à une reconnaissance particulière? Même les pécheurs aiment ceux qui les aiment! Et si vous faites du bien seulement à ceux qui vous font du bien, pourquoi vous attendre à une reconnaissance particulière? Même les pécheurs en font autant! Et si vous prêtez seulement à ceux dont vous espérez qu'ils vous rendront, pourquoi vous attendre à une reconnaissance particulière? Des pécheurs aussi prêtent à des pécheurs pour qu'ils leur rendent la même somme! Au contraire, aimez vos ennemis, faites-leur du bien et prêtez sans rien espérer recevoir en retour. Vous obtiendrez une grande récompense et vous serez les fils du Dieu très-haut, car il est bon pour les ingrats et les méchants. Soyez pleins de bonté comme votre Père est plein de bonté.» «Ne portez de jugement contre personne et Dieu ne vous jugera pas non plus; ne condamnez pas les autres et Dieu ne vous condamnera pas; pardonnez aux autres et Dieu vous pardonnera. Donnez aux autres et Dieu vous donnera: on versera dans la grande poche de votre vêtement une bonne mesure, bien serrée et secouée, débordante. Dieu mesurera ses dons envers vous avec la mesure même que vous employez pour les autres.» Jésus leur parla encore avec des images: «Un aveugle ne peut pas conduire un autre aveugle, n'est-ce pas? Sinon, ils tomberont tous les deux dans un trou. Aucun élève n'est supérieur à son maître; mais tout élève complètement instruit sera comme son maître. Pourquoi regardes-tu le brin de paille qui est dans l'œil de ton frère, alors que tu ne remarques pas la poutre qui est dans ton œil? Comment peux-tu dire à ton frère: “Mon frère, laisse-moi enlever cette paille qui est dans ton œil”, toi qui ne vois même pas la poutre qui est dans le tien? Hypocrite, enlève d'abord la poutre de ton œil et alors tu verras assez clair pour enlever la paille de l'œil de ton frère.» «Un bon arbre ne produit pas de mauvais fruits, ni un arbre malade de bons fruits. Chaque arbre se reconnaît à ses fruits: on ne cueille pas des figues sur des buissons d'épines et l'on ne récolte pas du raisin sur des ronces. L'homme bon tire du bien du bon trésor que contient son cœur; l'homme mauvais tire du mal de son mauvais trésor. Car la bouche de chacun exprime ce dont son cœur est plein.» «Pourquoi m'appelez-vous “Seigneur, Seigneur”, et ne faites-vous pas ce que je vous dis? Je vais vous montrer à qui ressemble quiconque vient à moi, écoute mes paroles et les met en pratique: il est comme un homme qui s'est mis à bâtir une maison; il a creusé profondément la terre et a posé les fondations sur le roc. Quand l'inondation est venue, les eaux de la rivière se sont jetées contre cette maison, mais sans pouvoir l'ébranler, car la maison était bien bâtie. Mais quiconque écoute mes paroles et ne les met pas en pratique est comme un homme qui a bâti une maison directement sur le sol, sans fondations. Quand les eaux de la rivière se sont jetées contre cette maison, elle s'est aussitôt écroulée: elle a été complètement détruite.» Quand Jésus eut fini d'adresser toutes ces paroles à la foule qui l'entourait, il se rendit à Capernaüm. Là, un capitaine romain avait un serviteur qui lui était très cher. Ce serviteur était malade et près de mourir. Quand le capitaine entendit parler de Jésus, il lui envoya quelques anciens des Juifs pour lui demander de venir guérir son serviteur. Ils arrivèrent auprès de Jésus et se mirent à le prier avec insistance en disant: «Cet homme mérite que tu lui accordes ton aide. Il aime notre peuple et c'est lui qui a fait bâtir notre synagogue.» Alors Jésus s'en alla avec eux. Il n'était pas loin de la maison, quand le capitaine envoya des amis pour lui dire: «Maître, ne te dérange pas. Je ne suis pas digne que tu entres dans ma maison; c'est pour cela que je ne me suis pas permis d'aller en personne vers toi. Mais dis un mot pour que mon serviteur soit guéri. Je suis moi-même soumis à mes supérieurs et j'ai des soldats sous mes ordres. Si je dis à l'un: “Va!”, il va; si je dis à un autre: “Viens!”, il vient; et si je dis à mon serviteur: “Fais ceci!”, il le fait.» Quand Jésus entendit ces mots, il admira le capitaine. Il se retourna et dit à la foule qui le suivait: «Je vous le déclare: je n'ai jamais trouvé une telle foi, non, pas même en Israël.» Les envoyés retournèrent dans la maison du capitaine et y trouvèrent le serviteur en bonne santé. Jésus se rendit ensuite dans une localité appelée Naïn; ses disciples et une grande foule l'accompagnaient. Au moment où il approchait de la porte de cette localité, on menait un mort au cimetière: c'était le fils unique d'une veuve. Un grand nombre d'habitants de l'endroit se trouvaient avec elle. Quand le Seigneur la vit, il fut rempli de pitié pour elle et lui dit: «Ne pleure pas!» Puis il s'avança et toucha le cercueil; les porteurs s'arrêtèrent. Jésus dit: «Jeune homme, je te l'ordonne, lève-toi!» Le mort se dressa et se mit à parler. Jésus le rendit à sa mère. Tous furent saisis de crainte; ils louaient Dieu en disant: «Un grand prophète est apparu parmi nous!» et aussi: «Dieu est venu secourir son peuple!» Et dans toute la Judée et ses environs on apprit ce que Jésus avait fait. Les disciples de Jean racontèrent tout cela à leur maître. Jean appela deux d'entre eux et les envoya au Seigneur pour lui demander: «Es-tu le Messie qui doit venir ou devons-nous attendre quelqu'un d'autre?» Quand ils arrivèrent auprès de Jésus, ils lui dirent: «Jean-Baptiste nous a envoyés pour te demander: “Es-tu le Messie qui doit venir ou devons-nous attendre quelqu'un d'autre?” » Au même moment, Jésus guérit beaucoup de personnes de leurs maladies, de leurs maux, il les délivra d'esprits mauvais et rendit la vue à de nombreux aveugles. Puis il répondit aux envoyés de Jean: «Allez raconter à Jean ce que vous avez vu et entendu: les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts reviennent à la vie, la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. Heureux celui qui n'abandonnera pas la foi en moi!» Quand les envoyés de Jean furent partis, Jésus se mit à parler de Jean à la foule en disant: «Qu'êtes-vous allés voir au désert? un roseau agité par le vent? Non? Alors qu'êtes-vous allés voir? un homme vêtu d'habits magnifiques? Mais ceux qui portent de riches habits et vivent dans le luxe se trouvent dans les palais des rois. Qu'êtes-vous donc allés voir? un prophète? Oui, vous dis-je, et même bien plus qu'un prophète. Car Jean est celui dont l'Écriture déclare: “Je vais envoyer mon messager devant toi, dit Dieu, pour t'ouvrir le chemin.” «Je vous le déclare, ajouta Jésus, il n'est jamais né personne de plus grand que Jean; pourtant, celui qui est le plus petit dans le Royaume de Dieu est plus grand que lui. Tout le peuple et les collecteurs d'impôts l'ont écouté, ils ont reconnu que Dieu est juste et ils se sont fait baptiser par Jean. Mais les Pharisiens et les maîtres de la loi ont rejeté ce que Dieu voulait pour eux et ont refusé de se faire baptiser par Jean.» Jésus dit encore: «A qui puis-je comparer les gens d'aujourd'hui? A qui ressemblent-ils? Ils ressemblent à des enfants assis sur la place publique, dont les uns crient aux autres: “Nous vous avons joué un air de danse sur la flûte et vous n'avez pas dansé! Nous avons chanté des chants de deuil et vous n'avez pas pleuré!” En effet, Jean-Baptiste est venu, il ne mange pas de pain et ne boit pas de vin, et vous dites: “Il est possédé d'un esprit mauvais!” Le Fils de l'homme est venu, il mange et boit, et vous dites: “Voyez cet homme qui ne pense qu'à manger et à boire du vin, qui est ami des collecteurs d'impôts et autres gens de mauvaise réputation!” Mais la sagesse de Dieu est reconnue comme juste par tous ceux qui l'acceptent.» Un Pharisien invita Jésus à prendre un repas avec lui. Jésus se rendit chez cet homme et se mit à table. Il y avait dans cette ville une femme de mauvaise réputation. Lorsqu'elle apprit que Jésus était à table chez le Pharisien, elle apporta un flacon d'albâtre plein de parfum et se tint derrière Jésus, à ses pieds. Elle pleurait et se mit à mouiller de ses larmes les pieds de Jésus; puis elle les essuya avec ses cheveux, les embrassa et répandit le parfum sur eux. Quand le Pharisien qui avait invité Jésus vit cela, il se dit en lui-même: «Si cet homme était vraiment un prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche et ce qu'elle est: une femme de mauvaise réputation.» Jésus prit alors la parole et dit au Pharisien: «Simon, j'ai quelque chose à te dire.» Simon répondit: «Parle, Maître.» Et Jésus dit: «Deux hommes devaient de l'argent à un prêteur. L'un lui devait cinq cents pièces d'argent et l'autre cinquante. Comme ni l'un ni l'autre ne pouvaient le rembourser, il leur fit grâce de leur dette à tous deux. Lequel des deux l'aimera le plus?» Simon lui répondit: «Je pense que c'est celui auquel il a fait grâce de la plus grosse somme.» Jésus lui dit: «Tu as raison.» Puis il se tourna vers la femme et dit à Simon: «Tu vois cette femme? Je suis entré chez toi et tu ne m'as pas donné d'eau pour mes pieds; mais elle m'a lavé les pieds de ses larmes et les a essuyés avec ses cheveux. Tu ne m'as pas reçu en m'embrassant; mais elle n'a pas cessé de m'embrasser les pieds depuis que je suis entré. Tu n'as pas répandu d'huile sur ma tête; mais elle a répandu du parfum sur mes pieds. C'est pourquoi, je te le déclare: le grand amour qu'elle a manifesté prouve que ses nombreux péchés ont été pardonnés. Mais celui à qui l'on a peu pardonné ne manifeste que peu d'amour.» Jésus dit alors à la femme: «Tes péchés sont pardonnés.» Ceux qui étaient à table avec lui se mirent à dire en eux-mêmes: «Qui est cet homme qui ose même pardonner les péchés?» Mais Jésus dit à la femme: «Ta foi t'a sauvée: va en paix.» Ensuite, Jésus alla dans les villes et les villages pour y prêcher et annoncer la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu. Les douze disciples l'accompagnaient, ainsi que quelques femmes qui avaient été délivrées d'esprits mauvais et guéries de maladies: Marie – appelée Marie de Magdala –, dont sept esprits mauvais avaient été chassés; Jeanne, femme de Chuza, un administrateur d'Hérode; Suzanne et plusieurs autres qui utilisaient leurs biens pour aider Jésus et ses disciples. De chaque ville, des gens venaient à Jésus. Comme une grande foule s'assemblait, il dit cette parabole: «Un homme s'en alla dans son champ pour semer du grain. Tandis qu'il lançait la semence, une partie des grains tomba le long du chemin: on marcha dessus et les oiseaux les mangèrent. Une autre partie tomba sur un sol pierreux: dès que les plantes poussèrent, elles se desséchèrent parce qu'elles manquaient d'humidité. Une autre partie tomba parmi des plantes épineuses qui poussèrent en même temps que les bonnes plantes et les étouffèrent. Mais une autre partie tomba dans la bonne terre; les plantes poussèrent et produisirent des épis: chacun portait cent grains.» Et Jésus ajouta: «Écoutez bien, si vous avez des oreilles pour entendre!» Les disciples de Jésus lui demandèrent ce que signifiait cette parabole. Il leur répondit: «Vous avez reçu, vous, la connaissance des secrets du Royaume de Dieu; mais aux autres gens, ils sont présentés sous forme de paraboles et ainsi “Ils peuvent regarder, mais sans voir, ils peuvent entendre, mais sans comprendre.” » «Voici ce que signifie cette parabole: la semence, c'est la parole de Dieu. Certains sont comme le bord du chemin où tombe le grain: ils entendent, mais le diable arrive et arrache la parole de leur cœur pour les empêcher de croire et d'être sauvés. D'autres sont comme un sol pierreux: ils entendent la parole et la reçoivent avec joie. Mais ils ne la laissent pas s'enraciner, ils ne croient qu'un instant et ils abandonnent la foi au moment où survient l'épreuve. La semence qui tombe parmi les plantes épineuses représente ceux qui entendent; mais ils se laissent étouffer en chemin par les préoccupations, la richesse et les plaisirs de la vie, et ils ne donnent pas de fruits mûrs. La semence qui tombe dans la bonne terre représente ceux qui écoutent la parole et la gardent dans un cœur bon et bien disposé, qui demeurent fidèles et portent ainsi des fruits.» «Personne n'allume une lampe pour la couvrir d'un pot ou pour la mettre sous un lit. Au contraire, on la place sur son support, afin que ceux qui entrent voient la lumière. Tout ce qui est caché apparaîtra au grand jour, et tout ce qui est secret sera connu et mis en pleine lumière. Faites attention à la manière dont vous écoutez! Car celui qui a quelque chose recevra davantage; mais à celui qui n'a rien on enlèvera même le peu qu'il pense avoir.» La mère et les frères de Jésus vinrent le trouver, mais ils ne pouvaient pas arriver jusqu'à lui à cause de la foule. On l'annonça à Jésus en ces termes: «Ta mère et tes frères se tiennent dehors et désirent te voir.» Mais Jésus dit à tous: «Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent en pratique.» Un jour, Jésus monta dans une barque avec ses disciples et leur dit: «Passons de l'autre côté du lac.» Et ils partirent. Pendant qu'ils naviguaient, Jésus s'endormit. Soudain, un vent violent se mit à souffler sur le lac; la barque se remplissait d'eau et ils étaient en danger. Les disciples s'approchèrent alors de Jésus et le réveillèrent en criant: «Maître, maître, nous allons mourir!» Jésus, réveillé, menaça le vent et les grosses vagues, qui s'apaisèrent. Il y eut un grand calme. Jésus dit aux disciples: «Où est votre confiance?» Mais ils avaient peur, étaient remplis d'étonnement et se disaient les uns aux autres: «Qui est donc cet homme? Il donne des ordres même aux vents et à l'eau, et ils lui obéissent!» Ils abordèrent dans le territoire des Géraséniens, qui est de l'autre côté du lac, en face de la Galilée. Au moment où Jésus descendait à terre, un homme de la ville vint à sa rencontre. Cet homme était possédé par des esprits mauvais; depuis longtemps il ne portait pas de vêtement et n'habitait pas dans une maison, mais vivait parmi les tombeaux. Quand il vit Jésus, il poussa un cri, se jeta à ses pieds et dit avec force: «Que me veux-tu, Jésus, fils du Dieu très-haut? Je t'en prie, ne me tourmente pas!» Jésus ordonnait en effet à l'esprit mauvais de sortir de lui. Cet esprit s'était emparé de lui bien des fois; on attachait alors les mains et les pieds de l'homme avec des chaînes pour le garder, mais il rompait ses liens et l'esprit l'entraînait vers les lieux déserts. Jésus l'interrogea: «Quel est ton nom?» – «Mon nom est “Multitude” », répondit-il. En effet, de nombreux esprits mauvais étaient entrés en lui. Et ces esprits suppliaient Jésus de ne pas les envoyer dans l'abîme. Il y avait là un grand troupeau de porcs qui cherchait sa nourriture sur la colline. Les esprits prièrent Jésus de leur permettre d'entrer dans ces porcs. Il le leur permit. Alors les esprits mauvais sortirent de l'homme et entrèrent dans les porcs. Tout le troupeau se précipita du haut de la falaise dans le lac et s'y noya. Quand les hommes qui gardaient les porcs virent ce qui était arrivé, ils s'enfuirent et portèrent la nouvelle dans la ville et dans les fermes. Les gens sortirent pour voir ce qui s'était passé. Ils arrivèrent auprès de Jésus et trouvèrent l'homme dont les esprits mauvais étaient sortis: il était assis aux pieds de Jésus, il portait des vêtements et était dans son bon sens. Et ils prirent peur. Ceux qui avaient tout vu leur racontèrent comment l'homme possédé avait été guéri. Alors toute la population de ce territoire demanda à Jésus de s'en aller de chez eux, car ils avaient très peur. Jésus monta dans la barque pour partir. L'homme dont les esprits mauvais étaient sortis priait Jésus de le laisser rester avec lui. Mais Jésus le renvoya en disant: «Retourne chez toi et raconte tout ce que Dieu a fait pour toi.» L'homme s'en alla donc et proclama dans la ville entière tout ce que Jésus avait fait pour lui. Au moment où Jésus revint sur l'autre rive du lac, la foule l'accueillit, car tous l'attendaient. Un homme appelé Jaïrus arriva alors. Il était chef de la synagogue locale. Il se jeta aux pieds de Jésus et le supplia de venir chez lui, parce qu'il avait une fille unique, âgée d'environ douze ans, qui était mourante. Pendant que Jésus s'y rendait, la foule le pressait de tous côtés. Il y avait là une femme qui souffrait de pertes de sang depuis douze ans. Elle avait dépensé tout ce qu'elle possédait chez les médecins, mais personne n'avait pu la guérir. Elle s'approcha de Jésus par derrière et toucha le bord de son vêtement. Aussitôt, sa perte de sang s'arrêta. Jésus demanda: «Qui m'a touché?» Tous niaient l'avoir fait et Pierre dit: «Maître, la foule t'entoure et te presse de tous côtés.» Mais Jésus dit: «Quelqu'un m'a touché, car j'ai senti qu'une force était sortie de moi.» La femme vit qu'elle avait été découverte. Elle vint alors, toute tremblante, se jeter aux pieds de Jésus. Elle lui raconta devant tout le monde pourquoi elle l'avait touché et comment elle avait été guérie immédiatement. Jésus lui dit: «Ma fille, ta foi t'a guérie. Va en paix.» Tandis que Jésus parlait ainsi, un messager vint de la maison du chef de la synagogue et dit à celui-ci: «Ta fille est morte. Ne dérange plus le maître.» Mais Jésus l'entendit et dit à Jaïrus: «N'aie pas peur, crois seulement, et elle guérira.» Lorsqu'il fut arrivé à la maison, il ne permit à personne d'entrer avec lui, si ce n'est à Pierre, à Jean, à Jacques, et au père et à la mère de l'enfant. Tous pleuraient et se lamentaient à cause de l'enfant. Alors Jésus dit: «Ne pleurez pas. Elle n'est pas morte, elle dort.» Mais ils se moquèrent de lui, car ils savaient qu'elle était morte. Cependant, Jésus la prit par la main et dit d'une voix forte: «Enfant, debout!» Elle revint à la vie et se leva aussitôt. Jésus leur ordonna de lui donner à manger. Ses parents furent remplis d'étonnement, mais Jésus leur recommanda de ne dire à personne ce qui s'était passé. Jésus réunit les douze disciples et leur donna le pouvoir et l'autorité de chasser tous les esprits mauvais et de guérir les maladies. Puis il les envoya prêcher le Royaume de Dieu et guérir les malades. Il leur dit: «Ne prenez rien avec vous pour le voyage: ni bâton, ni sac, ni pain, ni argent, et n'ayez pas deux chemises chacun. Partout où l'on vous accueillera, restez dans la même maison jusqu'à ce que vous quittiez l'endroit. Partout où les gens refuseront de vous accueillir, quittez leur ville et secouez la poussière de vos pieds: ce sera un avertissement pour eux.» Les disciples partirent; ils passaient dans tous les villages, annonçaient la Bonne Nouvelle et guérissaient partout les malades. Or, Hérode, qui régnait sur la Galilée, entendit parler de tout ce qui se passait. Il ne savait qu'en penser, car certains disaient: «Jean-Baptiste est revenu d'entre les morts.» D'autres disaient: «C'est Élie qui est apparu.» D'autres encore disaient: «L'un des prophètes d'autrefois s'est relevé de la mort.» Mais Hérode déclara: «J'ai fait couper la tête à Jean. Qui est donc cet homme dont j'entends dire toutes ces choses?» Et il cherchait à voir Jésus. Les apôtres revinrent et racontèrent à Jésus tout ce qu'ils avaient fait. Il les emmena et se retira avec eux seuls près d'une localité appelée Bethsaïda. Mais les gens l'apprirent et le suivirent. Jésus les accueillit, leur parla du Royaume de Dieu et guérit ceux qui en avaient besoin. Le jour commençait à baisser; alors les douze s'approchèrent de Jésus et lui dirent: «Renvoie tous ces gens, afin qu'ils aillent dans les villages et les fermes des environs pour y trouver à se loger et à se nourrir, car nous sommes ici dans un endroit isolé.» Mais Jésus leur dit: «Donnez-leur vous-mêmes à manger!» Ils répondirent: «Nous n'avons que cinq pains et deux poissons. Voudrais-tu peut-être que nous allions acheter des vivres pour tout ce monde?» Il y avait là, en effet, environ cinq mille hommes. Jésus dit à ses disciples: «Faites-les asseoir par groupes de cinquante environ.» Les disciples obéirent et les firent tous asseoir. Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, leva les yeux vers le ciel et remercia Dieu pour ces aliments. Il les partagea et les donna aux disciples pour qu'ils les distribuent à la foule. Chacun mangea à sa faim. On emporta douze corbeilles pleines des morceaux qu'ils eurent en trop. Un jour, Jésus priait à l'écart et ses disciples étaient avec lui. Il leur demanda: «Que disent les foules à mon sujet?» Ils répondirent: «Certains disent que tu es Jean-Baptiste, d'autres que tu es Élie, et d'autres encore que l'un des prophètes d'autrefois s'est relevé de la mort.» – «Et vous, leur demanda Jésus, qui dites-vous que je suis?» Pierre répondit: «Tu es le Messie de Dieu.» Jésus leur ordonna sévèrement de n'en parler à personne, et il ajouta: «Il faut que le Fils de l'homme souffre beaucoup; les anciens, les chefs des prêtres et les maîtres de la loi le rejetteront; il sera mis à mort et, le troisième jour, il reviendra à la vie.» Puis il dit à tous: «Si quelqu'un veut venir avec moi, qu'il cesse de penser à lui-même, qu'il porte sa croix chaque jour et me suive. En effet, celui qui veut sauver sa vie la perdra; mais celui qui perdra sa vie pour moi la sauvera. A quoi sert-il à un homme de gagner le monde entier, s'il se perd lui-même ou va à sa ruine? Si quelqu'un a honte de moi et de mes paroles, alors le Fils de l'homme aura honte de lui, quand il viendra dans sa gloire et dans la gloire du Père et des saints anges. Je vous le déclare, c'est la vérité: quelques-uns de ceux qui sont ici ne mourront pas avant d'avoir vu le Royaume de Dieu.» Environ une semaine après qu'il eut parlé ainsi, Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il monta sur une montagne pour prier. Pendant qu'il priait, son visage changea d'aspect et ses vêtements devinrent d'une blancheur éblouissante. Soudain, il y eut là deux hommes qui s'entretenaient avec Jésus: c'étaient Moïse et Élie, qui apparaissaient au milieu d'une gloire céleste. Ils parlaient avec Jésus de la façon dont il allait réaliser sa mission en mourant à Jérusalem. Pierre et ses compagnons s'étaient profondément endormis; mais ils se réveillèrent et virent la gloire de Jésus et les deux hommes qui se tenaient avec lui. Au moment où ces hommes quittaient Jésus, Pierre lui dit: «Maître, il est bon que nous soyons ici. Nous allons dresser trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie.» – Il ne savait pas ce qu'il disait. – Pendant qu'il parlait ainsi, un nuage survint et les couvrit de son ombre. Les disciples eurent peur en voyant ce nuage les recouvrir. Du nuage une voix se fit entendre: «Celui-ci est mon Fils, que j'ai choisi. Écoutez-le!» Après que la voix eut parlé, on ne vit plus que Jésus seul. Les disciples gardèrent le silence et, en ce temps-là, ne racontèrent rien à personne de ce qu'ils avaient vu. Le jour suivant, ils descendirent de la montagne et une grande foule vint à la rencontre de Jésus. De la foule un homme se mit à crier: «Maître, je t'en prie, jette un regard sur mon fils, mon fils unique! Un esprit le saisit, le fait crier tout à coup, le secoue avec violence et le fait écumer de la bouche; il le maltraite et ne le quitte que difficilement. J'ai prié tes disciples de chasser cet esprit, mais ils ne l'ont pas pu.» Jésus s'écria: «Gens mauvais et sans foi que vous êtes! Combien de temps encore devrai-je rester avec vous? Combien de temps encore devrai-je vous supporter? Amène ton fils ici.» Au moment où l'enfant approchait, l'esprit le jeta à terre et le secoua rudement. Mais Jésus menaça l'esprit mauvais, guérit l'enfant et le rendit à son père. Et tous étaient impressionnés par la grande puissance de Dieu. Comme chacun s'étonnait encore de tout ce que Jésus faisait, il dit à ses disciples: «Retenez bien ce que je vous affirme maintenant: Le Fils de l'homme va être livré entre les mains des hommes.» Mais ils ne comprenaient pas cette parole: son sens leur avait été caché afin qu'ils ne puissent pas le comprendre, et ils avaient peur d'interroger Jésus à ce sujet. Les disciples se mirent à discuter pour savoir lequel d'entre eux était le plus grand. Jésus se rendit compte de ce qu'ils pensaient. Il prit alors un enfant, le plaça auprès de lui, et leur dit: «Celui qui reçoit cet enfant par amour pour moi, me reçoit moi-même; et celui qui me reçoit, reçoit aussi celui qui m'a envoyé. Car celui qui est le plus petit parmi vous tous, c'est lui qui est le plus grand.» Jean prit la parole: «Maître, dit-il, nous avons vu un homme qui chassait les esprits mauvais en usant de ton nom et nous avons voulu l'en empêcher, parce qu'il n'appartient pas à notre groupe.» Mais Jésus lui répondit: «Ne l'en empêchez pas, car celui qui n'est pas contre vous est pour vous.» Lorsque le moment approcha où Jésus devait être enlevé au ciel, il décida fermement de se rendre à Jérusalem. Il envoya des messagers devant lui. Ceux-ci partirent et entrèrent dans un village de Samarie pour lui préparer tout le nécessaire. Mais les habitants refusèrent de le recevoir parce qu'il se dirigeait vers Jérusalem. Quand les disciples Jacques et Jean apprirent cela, ils dirent: «Seigneur, veux-tu que nous commandions au feu de descendre du ciel et de les exterminer?» Jésus se tourna vers eux et leur fit des reproches. Et ils allèrent dans un autre village. Ils étaient en chemin, lorsqu'un homme dit à Jésus: «Je te suivrai partout où tu iras.» Jésus lui dit: «Les renards ont des terriers et les oiseaux ont des nids, mais le Fils de l'homme n'a pas un endroit où il puisse se coucher et se reposer.» Il dit à un autre homme: «Suis-moi.» Mais l'homme dit: «Maître, permets-moi d'aller d'abord enterrer mon père.» Jésus lui répondit: «Laisse les morts enterrer leurs morts; et toi, va annoncer le Royaume de Dieu.» Un autre homme encore dit: «Je te suivrai, Maître, mais permets-moi d'aller d'abord dire adieu à ma famille.» Jésus lui déclara: «Celui qui se met à labourer puis regarde en arrière n'est d'aucune utilité pour le Royaume de Dieu.» Après cela, le Seigneur choisit soixante-douze autres hommes et les envoya deux par deux devant lui dans toutes les villes et tous les endroits où lui-même devait se rendre. Il leur dit: «La moisson à faire est grande, mais il y a peu d'ouvriers pour cela. Priez donc le propriétaire de la moisson d'envoyer davantage d'ouvriers pour la faire. En route! Je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. Ne prenez ni bourse, ni sac, ni chaussures; ne vous arrêtez pas en chemin pour saluer quelqu'un. Quand vous entrerez dans une maison, dites d'abord: “Paix à cette maison.” Si un homme de paix habite là, votre souhait de paix reposera sur lui; sinon, retirez votre souhait de paix. Demeurez dans cette maison-là, mangez et buvez ce que l'on vous y donnera, car l'ouvrier a droit à son salaire. Ne passez pas de cette maison dans une autre. Quand vous entrerez dans une ville et que l'on vous recevra, mangez ce que l'on vous présentera; guérissez les malades de cette ville et dites à ses habitants: “Le Royaume de Dieu s'est approché de vous.” Mais quand vous entrerez dans une ville et que l'on ne vous recevra pas, allez dans les rues et dites à tous: “Nous secouons contre vous la poussière même de votre ville qui s'est attachée à nos pieds. Pourtant, sachez bien ceci: le Royaume de Dieu s'est approché de vous.” Je vous le déclare: au jour du Jugement les habitants de Sodome seront traités moins sévèrement que les habitants de cette ville-là.» «Malheur à toi, Chorazin! Malheur à toi, Bethsaïda! Car si les miracles qui ont été accomplis chez vous l'avaient été à Tyr et à Sidon, il y a longtemps que leurs habitants auraient pris le deuil, se seraient assis dans la cendre et auraient changé de comportement. C'est pourquoi, au jour du Jugement, Tyr et Sidon seront traitées moins sévèrement que vous. Et toi, Capernaüm, crois-tu que tu t'élèveras jusqu'au ciel? Tu seras abaissée jusqu'au monde des morts.» Il dit encore à ses disciples: «Celui qui vous écoute, m'écoute; celui qui vous rejette, me rejette; et celui qui me rejette, rejette celui qui m'a envoyé.» Les soixante-douze envoyés revinrent pleins de joie et dirent: «Seigneur, même les esprits mauvais nous obéissent quand nous leur donnons des ordres en ton nom!» Jésus leur répondit: «Je voyais Satan tomber du ciel comme un éclair. Écoutez: je vous ai donné le pouvoir de marcher sur les serpents et les scorpions et d'écraser toute la puissance de l'ennemi, et rien ne pourra vous faire du mal. Mais ne vous réjouissez pas de ce que les esprits mauvais vous obéissent; réjouissez-vous plutôt de ce que vos noms sont écrits dans les cieux.» A ce moment même, Jésus fut rempli de joie par le Saint-Esprit et s'écria: «O Père, Seigneur du ciel et de la terre, je te remercie d'avoir révélé aux petits ce que tu as caché aux sages et aux gens instruits. Oui, Père, tu as bien voulu qu'il en soit ainsi. «Mon Père m'a remis toutes choses. Personne ne sait qui est le Fils si ce n'est le Père, et personne ne sait qui est le Père si ce n'est le Fils et ceux à qui le Fils veut bien le révéler.» Puis Jésus se tourna vers ses disciples et leur dit à eux seuls: «Heureux êtes-vous de voir ce que vous voyez! Car, je vous le déclare, beaucoup de prophètes et de rois ont désiré voir ce que vous voyez, mais ne l'ont pas vu, et entendre ce que vous entendez, mais ne l'ont pas entendu.» Un maître de la loi intervint alors. Pour tendre un piège à Jésus, il lui demanda: «Maître, que dois-je faire pour recevoir la vie éternelle?» Jésus lui dit: «Qu'est-il écrit dans notre loi? Qu'est-ce que tu y lis?» L'homme répondit: «“Tu dois aimer le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ton intelligence.” Et aussi: “Tu dois aimer ton prochain comme toi-même.” » Jésus lui dit alors: «Tu as bien répondu. Fais cela et tu vivras.» Mais le maître de la loi voulait justifier sa question. Il demanda donc à Jésus: «Qui est mon prochain?» Jésus répondit: «Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho lorsque des brigands l'attaquèrent, lui prirent tout ce qu'il avait, le battirent et s'en allèrent en le laissant à demi-mort. Il se trouva qu'un prêtre descendait cette route. Quand il vit l'homme, il passa de l'autre côté de la route et s'éloigna. De même, un lévite arriva à cet endroit, il vit l'homme, passa de l'autre côté de la route et s'éloigna. Mais un Samaritain, qui voyageait par là, arriva près du blessé. Quand il le vit, il en eut profondément pitié. Il s'en approcha encore plus, versa de l'huile et du vin sur ses blessures et les recouvrit de pansements. Puis il le plaça sur sa propre bête et le mena dans un hôtel, où il prit soin de lui. Le lendemain, il sortit deux pièces d'argent, les donna à l'hôtelier et lui dit: “Prends soin de cet homme; lorsque je repasserai par ici, je te paierai moi-même ce que tu auras dépensé en plus pour lui.” » Jésus ajouta: «Lequel de ces trois te semble avoir été le prochain de l'homme attaqué par les brigands?» Le maître de la loi répondit: «Celui qui a été bon pour lui.» Jésus lui dit alors: «Va et fais de même.» Tandis que Jésus et ses disciples étaient en chemin, il entra dans un village où une femme, appelée Marthe, le reçut chez elle. Elle avait une sœur, appelée Marie, qui, après s'être assise aux pieds du Seigneur, écoutait ce qu'il enseignait. Marthe était très affairée à tout préparer pour le repas. Elle survint et dit: «Seigneur, cela ne te fait-il rien que ma sœur me laisse seule pour accomplir tout le travail? Dis-lui donc de m'aider.» Le Seigneur lui répondit: «Marthe, Marthe, tu t'inquiètes et tu t'agites pour beaucoup de choses, mais une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part, qui ne lui sera pas enlevée.» Un jour, Jésus priait en un certain lieu. Quand il eut fini, un de ses disciples lui demanda: «Seigneur, enseigne-nous à prier, comme Jean l'a appris à ses disciples.» Jésus leur déclara: «Quand vous priez, dites: “Père, que tous reconnaissent que tu es le Dieu saint; que ton Règne vienne. Donne-nous chaque jour le pain nécessaire. Pardonne-nous nos péchés, car nous pardonnons nous-mêmes à tous ceux qui nous ont fait du tort. Et ne nous expose pas à la tentation.” » Jésus leur dit encore: «Supposons ceci: l'un d'entre vous a un ami qu'il s'en va trouver chez lui à minuit pour lui dire: “Mon ami, prête-moi trois pains. Un de mes amis qui est en voyage vient d'arriver chez moi et je n'ai rien à lui offrir.” Et supposons que l'autre lui réponde de l'intérieur de la maison: “Laisse-moi tranquille! La porte est déjà fermée à clé, mes enfants et moi sommes au lit; je ne peux pas me lever pour te donner des pains.” Eh bien, je vous l'affirme, même s'il ne se lève pas par amitié pour les lui donner, il se lèvera pourtant et lui donnera tout ce dont il a besoin parce que son ami insiste sans se gêner. Et moi, je vous dis: demandez et vous recevrez; cherchez et vous trouverez; frappez et l'on vous ouvrira la porte. Car quiconque demande reçoit, qui cherche trouve et l'on ouvrira la porte à qui frappe. Si l'un d'entre vous est père, donnera-t-il un serpent à son fils alors que celui-ci lui demande un poisson? Ou bien lui donnera-t-il un scorpion s'il demande un œuf? Tout mauvais que vous êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants. A combien plus forte raison, donc, le Père qui est au ciel donnera-t-il le Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent!» Jésus était en train de chasser un esprit mauvais qui rendait un homme muet. Quand l'esprit mauvais sortit, le muet se mit à parler et, dans la foule, les gens furent remplis d'étonnement. Cependant, quelques-uns dirent: «C'est Béelzébul, le chef des esprits mauvais, qui lui donne le pouvoir de chasser ces esprits!» D'autres voulaient lui tendre un piège: ils lui demandèrent de montrer par un signe miraculeux qu'il venait de Dieu. Mais Jésus connaissait leurs pensées; il leur dit alors: «Tout royaume dont les habitants luttent les uns contre les autres finit par être détruit, ses maisons s'écroulent les unes sur les autres. Si donc Satan est en lutte contre lui-même, comment son royaume pourra-t-il se maintenir? Vous dites, en effet, que je chasse les esprits mauvais parce que Béelzébul m'en donne le pouvoir. Si je les chasse de cette façon, qui donne à vos partisans le pouvoir de les chasser? Vos partisans eux-mêmes démontrent que vous avez tort! En réalité, c'est avec la puissance de Dieu que je chasse les esprits mauvais, ce qui signifie que le Royaume de Dieu est déjà venu jusqu'à vous. «Quand un homme fort et bien armé garde sa maison, tous ses biens sont en sûreté. Mais si un homme plus fort que lui arrive et s'en rend vainqueur, il lui enlève les armes dans lesquelles il mettait sa confiance et il distribue tout ce qu'il lui a pris. «Celui qui n'est pas avec moi est contre moi; et celui qui ne m'aide pas à rassembler disperse.» «Lorsqu'un esprit mauvais est sorti d'un homme, il va et vient dans des espaces déserts en cherchant un lieu où s'établir. S'il n'en trouve pas, il se dit alors: “Je vais retourner dans ma maison, celle que j'ai quittée.” Il y retourne et la trouve balayée, bien arrangée. Alors il s'en va prendre sept autres esprits encore plus malfaisants que lui; ils reviennent ensemble dans la maison et s'y installent. Finalement, l'état de cet homme est donc pire qu'au début.» Jésus venait de parler ainsi, quand une femme s'adressa à lui du milieu de la foule: «Heureuse est la femme qui t'a porté en elle et qui t'a allaité!» Mais Jésus répondit: «Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent en pratique!» Tandis que les foules s'amassaient autour de Jésus, il se mit à dire: «Les gens d'aujourd'hui sont mauvais; ils réclament un signe miraculeux, mais aucun signe ne leur sera accordé si ce n'est celui de Jonas. En effet, de même que Jonas fut un signe pour les habitants de Ninive, ainsi le Fils de l'homme sera un signe pour les gens d'aujourd'hui. Au jour du Jugement, la reine du Sud se lèvera en face des gens d'aujourd'hui et les accusera, car elle est venue des régions les plus lointaines de la terre pour écouter les paroles pleines de sagesse de Salomon. Et il y a ici plus que Salomon! Au jour du Jugement, les habitants de Ninive se lèveront en face des gens d'aujourd'hui et les accuseront, car les Ninivites ont changé de comportement quand ils ont entendu prêcher Jonas. Et il y a ici plus que Jonas!» «Personne n'allume une lampe pour la cacher ou la mettre sous un seau; au contraire, on la place sur son support, afin que ceux qui entrent voient la lumière. Tes yeux sont la lampe de ton corps: si tes yeux sont en bon état, tout ton corps est éclairé; mais si tes yeux sont mauvais, alors ton corps est dans l'obscurité. Ainsi, prends garde que la lumière qui est en toi ne soit pas obscurité. Si donc tout ton corps est éclairé, sans aucune partie dans l'obscurité, il sera tout entier en pleine lumière, comme lorsque la lampe t'illumine de sa brillante clarté.» Quand Jésus eut fini de parler, un Pharisien l'invita à prendre un repas chez lui. Jésus entra et se mit à table. Le Pharisien s'étonna lorsqu'il remarqua que Jésus ne s'était pas lavé avant le repas. Le Seigneur lui dit alors: «Voilà comme vous êtes, vous les Pharisiens: vous nettoyez l'extérieur de la coupe et du plat, mais à l'intérieur vous êtes pleins du désir de voler et pleins de méchanceté. Insensés que vous êtes! Dieu qui a fait l'extérieur n'a-t-il pas aussi fait l'intérieur? Donnez donc plutôt aux pauvres ce qui est dans vos coupes et vos plats, et tout sera pur pour vous. «Malheur à vous, Pharisiens! Vous donnez à Dieu le dixième de plantes comme la menthe et la rue, ainsi que de toutes sortes de légumes, mais vous négligez la justice et l'amour pour Dieu: c'est pourtant là ce qu'il fallait pratiquer, sans négliger le reste. «Malheur à vous, Pharisiens! Vous aimez les sièges les plus en vue dans les synagogues et vous aimez à recevoir des salutations respectueuses sur les places publiques. Malheur à vous! Vous êtes comme des tombeaux qu'on ne remarque pas et sur lesquels on marche sans le savoir!» Un des maîtres de la loi lui dit: «Maître, en parlant ainsi, tu nous insultes nous aussi!» Jésus répondit: «Malheur à vous aussi, maîtres de la loi! Vous mettez sur le dos des gens des fardeaux difficiles à porter, et vous ne bougez pas même un seul doigt pour les aider à porter ces fardeaux. Malheur à vous! Vous construisez de beaux tombeaux pour les prophètes, ces prophètes que vos ancêtres ont tués! Vous montrez ainsi que vous approuvez les actes de vos ancêtres, car ils ont tué les prophètes, et vous, vous construisez leurs tombeaux! C'est pourquoi Dieu, dans sa sagesse, a déclaré: “Je leur enverrai des prophètes et des apôtres; ils tueront certains d'entre eux et en persécuteront d'autres.” Par conséquent, les gens d'aujourd'hui supporteront les conséquences des meurtres commis contre tous les prophètes depuis la création du monde, depuis le meurtre d'Abel jusqu'à celui de Zacharie, qui fut tué entre l'autel et le sanctuaire. Oui, je vous l'affirme, les gens d'aujourd'hui supporteront les conséquences de tous ces meurtres! «Malheur à vous, maîtres de la loi! Vous avez pris la clé permettant d'ouvrir la porte du savoir: vous n'entrez pas vous-mêmes et vous empêchez d'entrer ceux qui le désirent.» Quand Jésus fut sorti de cette maison, les maîtres de la loi et les Pharisiens se mirent à lui manifester une violente fureur et à lui poser des questions sur toutes sortes de sujets: ils lui tendaient des pièges pour essayer de surprendre quelque chose de faux dans ses paroles. Pendant ce temps, les gens s'étaient assemblés par milliers, au point qu'ils se marchaient sur les pieds les uns des autres. Jésus s'adressa d'abord à ses disciples: «Gardez-vous, leur dit-il, du levain des Pharisiens, c'est-à-dire de leur hypocrisie. Tout ce qui est caché sera découvert, et tout ce qui est secret sera connu. C'est pourquoi tout ce que vous aurez dit dans l'obscurité sera entendu à la lumière du jour, et ce que vous aurez murmuré à l'oreille d'autrui dans une chambre fermée sera crié du haut des toits.» «Je vous le dis, à vous mes amis: ne craignez pas ceux qui tuent le corps mais qui, ensuite, ne peuvent rien faire de plus. Je vais vous montrer qui vous devez craindre: craignez Dieu qui, après la mort, a le pouvoir de vous jeter en enfer. Oui, je vous le dis, c'est lui que vous devez craindre! «Ne vend-on pas cinq moineaux pour deux sous? Cependant, Dieu n'en oublie pas un seul. Et même vos cheveux sont tous comptés. N'ayez donc pas peur: vous valez plus que beaucoup de moineaux!» «Je vous le dis: quiconque reconnaît publiquement qu'il est mon disciple, le Fils de l'homme aussi reconnaîtra devant les anges de Dieu qu'il est à lui; mais si quelqu'un affirme publiquement ne pas me connaître, le Fils de l'homme aussi affirmera devant les anges de Dieu qu'il ne le connaît pas. Quiconque dira une parole contre le Fils de l'homme sera pardonné; mais celui qui aura fait insulte au Saint-Esprit ne recevra pas de pardon. «Quand on vous conduira pour être jugés dans les synagogues, ou devant les dirigeants ou les autorités, ne vous inquiétez pas de la manière dont vous vous défendrez ou de ce que vous aurez à dire, car le Saint-Esprit vous enseignera à ce moment-là ce que vous devez exprimer.» Quelqu'un dans la foule dit à Jésus: «Maître, dis à mon frère de partager avec moi les biens que notre père nous a laissés.» Jésus lui répondit: «Mon ami, qui m'a établi pour juger vos affaires ou pour partager vos biens?» Puis il dit à tous: «Attention! Gardez-vous de tout amour des richesses, car la vie d'un homme ne dépend pas de ses biens, même s'il est très riche.» Il leur raconta alors cette parabole: «Un homme riche avait des terres qui lui rapportèrent de bonnes récoltes. Il réfléchissait et se demandait: “Que vais-je faire? Je n'ai pas de place où amasser toutes mes récoltes.” Puis il ajouta: “Voici ce que je vais faire: je vais démolir mes greniers, j'en construirai de plus grands, j'y amasserai tout mon blé et mes autres biens. Ensuite, je me dirai à moi-même: Mon cher, tu as des biens en abondance pour de nombreuses années; repose-toi, mange, bois et jouis de la vie.” Mais Dieu lui dit: “Insensé! Cette nuit même tu cesseras de vivre. Et alors, pour qui sera tout ce que tu as accumulé?” » Jésus ajouta: «Ainsi en est-il de celui qui amasse des richesses pour lui-même, mais qui n'est pas riche aux yeux de Dieu.» Puis Jésus dit à ses disciples: «Voilà pourquoi je vous dis: Ne vous inquiétez pas au sujet de la nourriture dont vous avez besoin pour vivre, ou au sujet des vêtements dont vous avez besoin pour votre corps. Car la vie est plus importante que la nourriture et le corps plus important que les vêtements. Regardez les corbeaux: ils ne sèment ni ne moissonnent, ils n'ont ni cave à provisions ni grenier, mais Dieu les nourrit! Vous valez beaucoup plus que les oiseaux! Qui d'entre vous parvient à prolonger un peu la durée de sa vie par le souci qu'il se fait? Si donc vous ne pouvez rien pour ce qui est très peu de chose, pourquoi vous inquiétez-vous au sujet du reste? Regardez comment poussent les fleurs des champs: elles ne travaillent pas et ne tissent pas de vêtements. Pourtant, je vous le dis, même Salomon, avec toute sa richesse, n'a pas eu de vêtements aussi beaux qu'une seule de ces fleurs. Dieu revêt ainsi l'herbe des champs qui est là aujourd'hui et qui demain sera jetée au feu: à combien plus forte raison vous vêtira-t-il vous-mêmes! Comme votre confiance en lui est faible! Ne vous tourmentez donc pas à chercher continuellement ce que vous allez manger et boire. Ce sont les païens de ce monde qui recherchent sans arrêt tout cela. Mais vous, vous avez un Père qui sait que vous en avez besoin. Préoccupez-vous plutôt du Royaume de Dieu et Dieu vous accordera aussi le reste.» «N'aie pas peur, petit troupeau! Car il a plu à votre Père de vous donner le Royaume. Vendez vos biens et donnez l'argent aux pauvres. Munissez-vous de bourses qui ne s'usent pas, amassez-vous des richesses dans les cieux, où elles ne disparaîtront jamais: les voleurs ne peuvent pas les y atteindre ni les vers les détruire. Car votre cœur sera toujours là où sont vos richesses.» «Soyez prêts à agir, avec la ceinture serrée autour de la taille et vos lampes allumées. Soyez comme des serviteurs qui attendent leur maître au moment où il va revenir d'un mariage, afin de lui ouvrir la porte dès qu'il arrivera et frappera. Heureux ces serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera éveillés! Je vous le déclare, c'est la vérité: il attachera sa ceinture, les fera prendre place à table et viendra les servir. S'il revient à minuit ou même plus tard encore et qu'il les trouve éveillés, heureux sont-ils! «Comprenez bien ceci: si le maître de la maison savait à quelle heure le voleur doit venir, il ne le laisserait pas pénétrer dans la maison. Tenez-vous prêts, vous aussi, car le Fils de l'homme viendra à l'heure que vous ne pensez pas.» Alors Pierre demanda: «Seigneur, dis-tu cette parabole pour nous seulement ou bien pour tout le monde?» Le Seigneur répondit: «Quel est donc le serviteur fidèle et intelligent? En voici un que son maître va charger de veiller sur la maison et de donner aux autres serviteurs leur part de nourriture au moment voulu. Heureux ce serviteur si le maître, à son retour chez lui, le trouve occupé à ce travail! Je vous le déclare, c'est la vérité: le maître lui confiera la charge de tous ses biens. Mais si le serviteur se dit: “Mon maître tarde à revenir”, s'il se met alors à battre les autres serviteurs et les servantes, s'il mange, boit et s'enivre, alors le maître reviendra un jour où le serviteur ne l'attend pas et à une heure qu'il ne connaît pas; il chassera le serviteur et lui fera partager le sort des infidèles. Le serviteur qui sait ce que veut son maître, mais ne se tient pas prêt à le faire, recevra de nombreux coups. Par contre, le serviteur qui ne sait pas ce que veut son maître et agit de telle façon qu'il mérite d'être battu, recevra peu de coups. A qui l'on a beaucoup donné, on demandera beaucoup; à qui l'on a confié beaucoup, on demandera encore plus.» «Je suis venu apporter un feu sur la terre et combien je voudrais qu'il soit déjà allumé! Je dois recevoir un baptême et quelle angoisse pour moi jusqu'à ce qu'il soit accompli! Pensez-vous que je sois venu apporter la paix sur la terre? Non, je vous le dis, mais la division. Dès maintenant, une famille de cinq personnes sera divisée, trois contre deux et deux contre trois. Le père sera contre son fils et le fils contre son père, la mère contre sa fille et la fille contre sa mère, la belle-mère contre sa belle-fille et la belle-fille contre sa belle-mère.» Jésus disait aussi à la foule: «Quand vous voyez un nuage se lever à l'ouest, vous dites aussitôt: “Il va pleuvoir”, et c'est ce qui arrive. Et quand vous sentez souffler le vent du sud, vous dites: “Il va faire chaud”, et c'est ce qui arrive. Hypocrites! Vous êtes capables de comprendre ce que signifient les aspects de la terre et du ciel; alors, pourquoi ne comprenez-vous pas le sens du temps présent?» «Pourquoi ne jugez-vous pas par vous-mêmes de la juste façon d'agir? Si tu es en procès avec quelqu'un et que vous alliez ensemble au tribunal, efforce-toi de trouver un arrangement avec lui pendant que vous êtes en chemin. Tu éviteras ainsi que ton adversaire ne te traîne devant le juge, que le juge ne te livre à la police et que la police ne te jette en prison. Tu ne sortiras pas de là, je te l'affirme, tant que tu n'auras pas payé ta dette jusqu'au dernier centime.» En ce temps-là, quelques personnes vinrent raconter à Jésus comment Pilate avait fait tuer des Galiléens au moment où ils offraient des sacrifices à Dieu. Jésus leur répondit: «Pensez-vous que si ces Galiléens ont été ainsi massacrés, cela signifie qu'ils étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens? Non, vous dis-je; mais si vous ne changez pas de comportement, vous mourrez tous comme eux. Et ces dix-huit personnes que la tour de Siloé a écrasées en s'écroulant, pensez-vous qu'elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem? Non, vous dis-je; mais si vous ne changez pas de comportement, vous mourrez tous comme eux.» Puis Jésus leur dit cette parabole: «Un homme avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint y chercher des figues, mais n'en trouva pas. Il dit alors au vigneron: “Regarde: depuis trois ans je viens chercher des figues sur ce figuier et je n'en trouve pas. Coupe-le donc! Pourquoi occupe-t-il du terrain inutilement?” Mais le vigneron lui répondit: “Maître, laisse-le cette année encore; je vais creuser la terre tout autour et j'y mettrai du fumier. Ainsi, il donnera peut-être des figues l'année prochaine; sinon, tu le feras couper.” » Un jour de sabbat, Jésus enseignait dans une synagogue. Une femme malade se trouvait là: depuis dix-huit ans, un esprit mauvais la tenait courbée et elle était totalement incapable de se redresser. Quand Jésus vit cette femme, il l'appela et lui dit: «Tu es délivrée de ta maladie.» Il posa les mains sur elle et, aussitôt, elle se redressa et se mit à louer Dieu. Mais le chef de la synagogue était indigné de ce que Jésus avait accompli une guérison le jour du sabbat. Il s'adressa alors à la foule: «Il y a six jours pendant lesquels on doit travailler; venez donc vous faire guérir ces jours-là et non le jour du sabbat!» Le Seigneur lui répondit en ces mots: «Hypocrites que vous êtes! Le jour du sabbat, chacun de vous détache de la crèche son bœuf ou son âne pour le mener boire, n'est-ce pas? Et cette femme, descendante d'Abraham, que Satan a tenue liée pendant dix-huit ans, ne fallait-il pas la détacher de ses liens le jour du sabbat?» Cette réponse de Jésus remplit de honte tous ses adversaires; mais la foule entière se réjouissait de toutes les œuvres magnifiques qu'il accomplissait. Jésus dit: «A quoi le Royaume de Dieu ressemble-t-il? A quoi puis-je le comparer? Il ressemble à une graine de moutarde qu'un homme a prise et mise en terre dans son jardin: elle a poussé, elle est devenue un arbre et les oiseaux ont fait leurs nids dans ses branches.» Jésus dit encore: «A quoi puis-je comparer le Royaume de Dieu? Il ressemble au levain qu'une femme prend et mêle à une grande quantité de farine, si bien que toute la pâte lève.» Jésus traversait villes et villages et enseignait en faisant route vers Jérusalem. Quelqu'un lui demanda: «Maître, n'y a-t-il que peu de gens qui seront sauvés?» Jésus répondit: «Efforcez-vous d'entrer par la porte étroite; car, je vous l'affirme, beaucoup essayeront d'entrer et ne le pourront pas. «Quand le maître de maison se sera levé et aura fermé la porte à clé, vous vous trouverez dehors, vous vous mettrez à frapper à la porte et à dire: “Maître, ouvre-nous.” Il vous répondra: “Je ne sais pas d'où vous êtes!” Alors, vous allez lui dire: “Nous avons mangé et bu avec toi, tu as enseigné dans les rues de notre ville.” Il vous dira de nouveau: “Je ne sais pas d'où vous êtes. Écartez-vous de moi, vous tous qui commettez le mal!” C'est là que vous pleurerez et grincerez des dents, quand vous verrez Abraham, Isaac, Jacob et tous les prophètes dans le Royaume de Dieu et que vous serez jetés dehors! Des hommes viendront de l'est et de l'ouest, du nord et du sud et prendront place à table dans le Royaume de Dieu. Et alors, certains de ceux qui sont maintenant les derniers seront les premiers et d'autres qui sont maintenant les premiers seront les derniers.» A ce moment-là, quelques Pharisiens s'approchèrent de Jésus et lui dirent: «Pars d'ici, va-t'en ailleurs, car Hérode veut te faire mourir.» Jésus leur répondit: «Allez dire à cette espèce de renard: “Je chasse des esprits mauvais et j'accomplis des guérisons aujourd'hui et demain, et le troisième jour j'achève mon œuvre.” Mais il faut que je continue ma route aujourd'hui, demain et le jour suivant, car il ne convient pas qu'un prophète soit mis à mort ailleurs qu'à Jérusalem. «Jérusalem, Jérusalem, toi qui mets à mort les prophètes et tues à coups de pierres ceux que Dieu t'envoie! Combien de fois ai-je désiré rassembler tes habitants auprès de moi comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, mais vous ne l'avez pas voulu! Eh bien, votre maison va être abandonnée. Je vous le déclare: vous ne me verrez plus jusqu'à ce que vienne le moment où vous direz: “Que Dieu bénisse celui qui vient au nom du Seigneur!” » Un jour de sabbat, Jésus se rendit chez un des chefs des Pharisiens pour y prendre un repas. Ceux qui étaient là observaient attentivement Jésus. Un homme atteint d'hydropisie se tenait devant lui. Jésus prit la parole et demanda aux maîtres de la loi et aux Pharisiens: «Notre loi permet-elle ou non de faire une guérison le jour du sabbat?» Mais ils ne voulurent pas répondre. Alors Jésus toucha le malade, le guérit et le renvoya. Puis il leur dit: «Si l'un de vous a un fils ou un bœuf qui tombe dans un puits, ne va-t-il pas l'en retirer aussitôt, même le jour du sabbat?» Ils furent incapables de répondre à cela. Jésus remarqua comment les invités choisissaient les meilleures places. Il dit alors à tous cette parabole: «Lorsque quelqu'un t'invite à un repas de mariage, ne va pas t'asseoir à la meilleure place. Il se pourrait en effet que quelqu'un de plus important que toi ait été invité et que celui qui vous a invités l'un et l'autre vienne te dire: “Laisse-lui cette place.” Alors tu devrais, tout honteux, te mettre à la dernière place. Au contraire, lorsque tu es invité, va t'installer à la dernière place, pour qu'au moment où viendra celui qui t'a invité, il te dise: “Mon ami, viens t'asseoir à une meilleure place.” Ainsi, ce sera pour toi un honneur devant tous ceux qui seront à table avec toi. En effet, quiconque s'élève sera abaissé, et celui qui s'abaisse sera élevé.» Puis Jésus dit à celui qui l'avait invité: «Quand tu donnes un déjeuner ou un dîner, n'invite ni tes amis, ni tes frères, ni les membres de ta parenté, ni tes riches voisins; car ils pourraient t'inviter à leur tour et tu serais ainsi payé pour ce que tu as donné. Mais quand tu offres un repas de fête, invite les pauvres, les infirmes, les boiteux et les aveugles. Tu seras heureux, car ils ne peuvent pas te le rendre. Dieu te le rendra lorsque ceux qui ont fait le bien se relèveront de la mort.» Après avoir entendu ces mots, un de ceux qui étaient à table dit à Jésus: «Heureux celui qui prendra son repas dans le Royaume de Dieu!» Jésus lui raconta cette parabole: «Un homme offrit un grand repas auquel il invita beaucoup de monde. A l'heure du repas, il envoya son serviteur dire aux invités: “Venez, car c'est prêt maintenant.” Mais tous, l'un après l'autre, se mirent à s'excuser. Le premier dit au serviteur: “J'ai acheté un champ et il faut que j'aille le voir; je te prie de m'excuser.” Un autre lui dit: “J'ai acheté cinq paires de bœufs et je vais les essayer; je te prie de m'excuser.” Un autre encore dit: “Je viens de me marier et c'est pourquoi je ne peux pas y aller.” Le serviteur retourna auprès de son maître et lui rapporta ces réponses. Le maître de la maison se mit en colère et dit à son serviteur: “Va vite sur les places et dans les rues de la ville, et amène ici les pauvres, les infirmes, les aveugles et les boiteux.” Après un moment, le serviteur vint dire: “Maître, tes ordres ont été exécutés, mais il y a encore de la place.” Le maître dit alors à son serviteur: “Va sur les chemins de campagne, le long des haies, et oblige les gens à entrer, afin que ma maison soit remplie. Je vous le dis: aucun de ceux qui avaient été invités ne mangera de mon repas!” » Une foule immense faisait route avec Jésus. Il se retourna et dit à tous: «Celui qui vient à moi doit me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses sœurs, et même à sa propre personne. Sinon, il ne peut pas être mon disciple. Celui qui ne porte pas sa croix pour me suivre ne peut pas être mon disciple. Si l'un de vous veut construire une tour, il s'assied d'abord pour calculer la dépense et voir s'il a assez d'argent pour achever le travail. Autrement, s'il pose les fondations sans pouvoir achever la tour, tous ceux qui verront cela se mettront à rire de lui en disant: “Cet homme a commencé de construire mais a été incapable d'achever le travail!” De même, si un roi veut partir en guerre contre un autre roi, il s'assied d'abord pour examiner s'il peut, avec dix mille hommes, affronter son adversaire qui marche contre lui avec vingt mille hommes. S'il ne le peut pas, il envoie des messagers à l'autre roi, pendant qu'il est encore loin, pour lui demander ses conditions de paix. Ainsi donc, ajouta Jésus, aucun de vous ne peut être mon disciple s'il ne renonce pas à tout ce qu'il possède.» «Le sel est une bonne chose. Mais s'il perd son goût, comment pourrait-on le lui rendre? Il n'est alors bon ni pour la terre, ni pour le fumier; on le jette dehors. Écoutez bien, si vous avez des oreilles pour entendre!» Les collecteurs d'impôts et autres gens de mauvaise réputation s'approchaient tous de Jésus pour l'écouter. Les Pharisiens et les maîtres de la loi critiquaient Jésus; ils disaient: «Cet homme fait bon accueil aux gens de mauvaise réputation et mange avec eux!» Jésus leur dit alors cette parabole: «Si quelqu'un parmi vous possède cent moutons et qu'il perde l'un d'entre eux, ne va-t-il pas laisser les quatre-vingt-dix-neuf autres dans leur pâturage pour partir à la recherche de celui qui est perdu jusqu'à ce qu'il le retrouve? Et quand il l'a retrouvé, il est tout joyeux: il met le mouton sur ses épaules, il rentre chez lui, puis appelle ses amis et ses voisins et leur dit: “Réjouissez-vous avec moi, car j'ai retrouvé mon mouton, celui qui était perdu!” De même, je vous le dis, il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui commence une vie nouvelle que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'en ont pas besoin.» «Ou bien, si une femme possède dix pièces d'argent et qu'elle en perde une, ne va-t-elle pas allumer une lampe, balayer la maison et chercher avec soin jusqu'à ce qu'elle la retrouve? Et quand elle l'a retrouvée, elle appelle ses amies et ses voisines et leur dit: “Réjouissez-vous avec moi, car j'ai retrouvé la pièce d'argent que j'avais perdue!” De même, je vous le dis, il y a de la joie parmi les anges de Dieu pour un seul pécheur qui commence une vie nouvelle.» Jésus dit encore: «Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père: “Mon père, donne-moi la part de notre fortune qui doit me revenir.” Alors le père partagea ses biens entre ses deux fils. Peu de jours après, le plus jeune fils vendit sa part de la propriété et partit avec son argent pour un pays éloigné. Là, il vécut dans le désordre et dissipa ainsi tout ce qu'il possédait. Quand il eut tout dépensé, une grande famine survint dans ce pays, et il commença à manquer du nécessaire. Il alla donc se mettre au service d'un des habitants du pays, qui l'envoya dans ses champs garder les cochons. Il aurait bien voulu se nourrir des fruits du caroubier que mangeaient les cochons, mais personne ne lui en donnait. Alors, il se mit à réfléchir sur sa situation et se dit: “Tous les ouvriers de mon père ont plus à manger qu'il ne leur en faut, tandis que moi, ici, je meurs de faim! Je veux repartir chez mon père et je lui dirai: Mon père, j'ai péché contre Dieu et contre toi, je ne suis plus digne que tu me regardes comme ton fils. Traite-moi donc comme l'un de tes ouvriers.” Et il repartit chez son père. «Tandis qu'il était encore assez loin de la maison, son père le vit et en eut profondément pitié: il courut à sa rencontre, le serra contre lui et l'embrassa. Le fils lui dit alors: “Mon père, j'ai péché contre Dieu et contre toi, je ne suis plus digne que tu me regardes comme ton fils…” Mais le père dit à ses serviteurs: “Dépêchez-vous d'apporter la plus belle robe et mettez-la-lui; passez-lui une bague au doigt et des chaussures aux pieds. Amenez le veau que nous avons engraissé et tuez-le; nous allons faire un festin et nous réjouir, car mon fils que voici était mort et il est revenu à la vie, il était perdu et je l'ai retrouvé.” Et ils commencèrent la fête. «Pendant ce temps, le fils aîné de cet homme était aux champs. A son retour, quand il approcha de la maison, il entendit un bruit de musique et de danses. Il appela un des serviteurs et lui demanda ce qui se passait. Le serviteur lui répondit: “Ton frère est revenu, et ton père a fait tuer le veau que nous avons engraissé, parce qu'il a retrouvé son fils en bonne santé.” Le fils aîné se mit alors en colère et refusa d'entrer dans la maison. Son père sortit pour le prier d'entrer. Mais le fils répondit à son père: “Écoute, il y a tant d'années que je te sers sans avoir jamais désobéi à l'un de tes ordres. Pourtant, tu ne m'as jamais donné même un chevreau pour que je fasse la fête avec mes amis. Mais quand ton fils que voilà revient, lui qui a dépensé entièrement ta fortune avec des prostituées, pour lui tu fais tuer le veau que nous avons engraissé!” Le père lui dit: “Mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce que je possède est aussi à toi. Mais nous devions faire une fête et nous réjouir, car ton frère que voici était mort et il est revenu à la vie, il était perdu et le voilà retrouvé!” » Jésus dit à ses disciples: «Un homme riche avait un gérant et l'on vint lui rapporter que ce gérant gaspillait ses biens. Le maître l'appela et lui dit: “Qu'est-ce que j'apprends à ton sujet? Présente-moi les comptes de ta gestion, car tu ne pourras plus être mon gérant.” Le gérant se dit en lui-même: “Mon maître va me retirer ma charge. Que faire? Je ne suis pas assez fort pour travailler la terre et j'aurais honte de mendier. Ah! je sais ce que je vais faire! Et quand j'aurai perdu ma place, des gens me recevront chez eux!” Il fit alors venir un à un tous ceux qui devaient quelque chose à son maître. Il dit au premier: “Combien dois-tu à mon maître?” – “Cent tonneaux d'huile d'olive”, lui répondit-il. Le gérant lui dit: “Voici ton compte; vite, assieds-toi et note cinquante.” Puis il dit à un autre: “Et toi, combien dois-tu?” – “Cent sacs de blé”, répondit-il. Le gérant lui dit: “Voici ton compte; note quatre-vingts.” Eh bien, le maître loua le gérant malhonnête d'avoir agi si habilement. En effet, les gens de ce monde sont bien plus habiles dans leurs rapports les uns avec les autres que ceux qui appartiennent à la lumière.» Jésus ajouta: «Et moi je vous dis: faites-vous des amis avec les richesses trompeuses de ce monde, afin qu'au moment où elles n'existeront plus pour vous on vous reçoive dans les demeures éternelles. Celui qui est fidèle dans les petites choses est aussi fidèle dans les grandes; celui qui est malhonnête dans les petites choses est aussi malhonnête dans les grandes. Si donc vous n'avez pas été fidèles dans votre façon d'utiliser les richesses trompeuses de ce monde, qui pourrait vous confier les vraies richesses? Et si vous n'avez pas été fidèles en ce qui concerne le bien des autres, qui vous donnera le bien qui vous est destiné? «Aucun serviteur ne peut servir deux maîtres: ou bien il haïra le premier et aimera le second; ou bien il s'attachera au premier et méprisera le second. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l'argent.» Les Pharisiens entendaient toutes ces paroles et se moquaient de Jésus, car ils aimaient l'argent. Jésus leur dit: «Vous êtes des gens qui se font passer pour justes aux yeux des hommes, mais Dieu connaît vos cœurs. Car ce que les hommes considèrent comme grand est détestable aux yeux de Dieu. «Le temps de la loi de Moïse et des livres des Prophètes a duré jusqu'à l'époque de Jean-Baptiste. Depuis cette époque, la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu est annoncée et chacun use de force pour y entrer. Mais le ciel et la terre peuvent disparaître plus facilement que le plus petit détail de la loi. «Tout homme qui renvoie sa femme et en épouse une autre commet un adultère, et celui qui épouse une femme renvoyée par son mari commet un adultère.» «Il y avait une fois un homme riche qui s'habillait des vêtements les plus fins et les plus coûteux et qui, chaque jour, vivait dans le luxe en faisant de bons repas. Devant la porte de sa maison était couché un pauvre homme, appelé Lazare. Son corps était couvert de plaies. Il aurait bien voulu se nourrir des morceaux qui tombaient de la table du riche. De plus, les chiens venaient lécher ses plaies. Le pauvre mourut et les anges le portèrent auprès d'Abraham. Le riche mourut aussi et on l'enterra. Il souffrait beaucoup dans le monde des morts; il leva les yeux et vit de loin Abraham et Lazare à côté de lui. Alors il s'écria: “Père Abraham, aie pitié de moi; envoie donc Lazare tremper le bout de son doigt dans de l'eau pour me rafraîchir la langue, car je souffre beaucoup dans ce feu.” Mais Abraham dit: “Mon enfant, souviens-toi que tu as reçu beaucoup de biens pendant ta vie, tandis que Lazare a eu beaucoup de malheurs. Maintenant, il reçoit ici sa consolation, tandis que toi tu souffres. De plus, il y a un profond abîme entre vous et nous; ainsi, ceux qui voudraient passer d'ici vers vous ne le peuvent pas et l'on ne peut pas non plus parvenir jusqu'à nous de là où tu es.” Le riche dit: “Je t'en prie, père, envoie donc Lazare dans la maison de mon père, où j'ai cinq frères. Qu'il aille les avertir, afin qu'ils ne viennent pas eux aussi dans ce lieu de souffrances.” Abraham répondit: “Tes frères ont Moïse et les prophètes pour les avertir: qu'ils les écoutent!” Le riche dit: “Cela ne suffit pas, père Abraham. Mais si quelqu'un revient de chez les morts et va les trouver, alors ils changeront de comportement.” Mais Abraham lui dit: “S'ils ne veulent pas écouter Moïse et les prophètes, ils ne se laisseront pas persuader même si quelqu'un se relevait d'entre les morts.” » Jésus dit à ses disciples: «Il est inévitable qu'il y ait des faits qui entraînent les hommes à pécher. Mais malheur à celui qui en est la cause! Il vaudrait mieux pour lui qu'on lui attache au cou une grosse pierre et qu'on le jette dans la mer, plutôt que de faire tomber dans le péché un seul de ces petits. Prenez bien garde! «Si ton frère se rend coupable, parle-lui sérieusement. Et s'il regrette son acte, pardonne-lui. S'il se rend coupable à ton égard sept fois en un jour et que chaque fois il revienne te dire: “Je le regrette”, tu lui pardonneras.» Les apôtres dirent au Seigneur: «Augmente notre foi.» Le Seigneur répondit: «Si vous aviez de la foi gros comme une graine de moutarde, vous pourriez dire à cet arbre, ce mûrier: “Déracine-toi et va te planter dans la mer”, et il vous obéirait.» «Supposons ceci: l'un d'entre vous a un serviteur qui laboure ou qui garde les troupeaux. Lorsqu'il le voit revenir des champs, va-t-il lui dire: “Viens vite te mettre à table”? Non, il lui dira plutôt: “Prépare mon repas, puis change de vêtements pour me servir pendant que je mange et bois; après quoi, tu pourras manger et boire à ton tour.” Il n'a pas à remercier son serviteur d'avoir fait ce qui lui était ordonné, n'est-ce pas? Il en va de même pour vous: quand vous aurez fait tout ce qui vous est ordonné, dites: “Nous sommes de simples serviteurs; nous n'avons fait que notre devoir.” » Tandis que Jésus faisait route vers Jérusalem, il passa le long de la frontière qui sépare la Samarie et la Galilée. Il entrait dans un village quand dix lépreux vinrent à sa rencontre. Ils se tinrent à distance et se mirent à crier: «Jésus, Maître, aie pitié de nous!» Jésus les vit et leur dit: «Allez vous faire examiner par les prêtres.» Pendant qu'ils y allaient, ils furent guéris. L'un d'entre eux, quand il vit qu'il était guéri, revint sur ses pas en louant Dieu à haute voix. Il se jeta aux pieds de Jésus, le visage contre terre, et le remercia. Cet homme était Samaritain. Jésus dit alors: «Tous les dix ont été guéris, n'est-ce pas? Où sont les neuf autres? Personne n'a-t-il pensé à revenir pour remercier Dieu, sinon cet étranger?» Puis Jésus lui dit: «Relève-toi et va; ta foi t'a sauvé.» Les Pharisiens demandèrent à Jésus quand viendrait le Royaume de Dieu. Il leur répondit: «Le Royaume de Dieu ne vient pas de façon spectaculaire. On ne dira pas: “Voyez, il est ici!” ou bien: “Il est là!” Car, sachez-le, le Royaume de Dieu est au milieu de vous.» Puis il dit aux disciples: «Le temps viendra où vous désirerez voir le Fils de l'homme même un seul jour, mais vous ne le verrez pas. On vous dira: “Regardez là!” ou: “Regardez ici!” Mais n'y allez pas, n'y courez pas. Comme l'éclair brille à travers le ciel et l'illumine d'une extrémité à l'autre, ainsi sera le Fils de l'homme en son jour. Mais il faut d'abord qu'il souffre beaucoup et qu'il soit rejeté par les gens d'aujourd'hui. Ce qui s'est passé du temps de Noé se passera de la même façon aux jours du Fils de l'homme. Les gens mangeaient et buvaient, se mariaient ou étaient donnés en mariage, jusqu'au jour où Noé entra dans l'arche: la grande inondation vint alors et les fit tous périr. Ce sera comme du temps de Loth: les gens mangeaient et buvaient, achetaient et vendaient, plantaient et bâtissaient; mais le jour où Loth quitta Sodome, il tomba du ciel une pluie de soufre enflammé qui les fit tous périr. Il se passera la même chose le jour où le Fils de l'homme doit apparaître. «En ce jour-là, celui qui sera sur la terrasse de sa maison et aura ses affaires à l'intérieur, ne devra pas descendre pour les prendre; de même, celui qui sera dans les champs ne devra pas retourner dans sa maison. Rappelez-vous la femme de Loth! Celui qui cherchera à préserver sa vie la perdra; mais celui qui perdra sa vie la conservera. Je vous le déclare, en cette nuit-là, deux personnes seront dans un même lit: l'une sera emmenée et l'autre laissée. Deux femmes moudront du grain ensemble: l'une sera emmenée et l'autre laissée. [ Deux hommes seront dans un champ: l'un sera emmené et l'autre laissé.]» Les disciples lui demandèrent: «Où cela se passera-t-il, Seigneur?» Et il répondit: «Où sera le cadavre, là aussi se rassembleront les vautours.» Jésus leur dit ensuite cette parabole pour leur montrer qu'ils devaient toujours prier, sans jamais se décourager: «Il y avait dans une ville un juge qui ne se souciait pas de Dieu et n'avait d'égards pour personne. Il y avait aussi dans cette ville une veuve qui venait fréquemment le trouver pour obtenir justice: “Rends-moi justice contre mon adversaire”, disait-elle. Pendant longtemps, le juge refusa, puis il se dit: “Bien sûr, je ne me soucie pas de Dieu et je n'ai d'égards pour personne; mais comme cette veuve me fatigue, je vais faire reconnaître ses droits, sinon, à force de venir, elle finira par m'exaspérer.” » Puis le Seigneur ajouta: «Écoutez ce que dit ce juge indigne! Et Dieu, lui, ne ferait-il pas justice aux siens quand ils crient à lui jour et nuit? Tardera-t-il à les aider? Je vous le déclare: il leur fera justice rapidement. Mais quand le Fils de l'homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre?» Jésus dit la parabole suivante à l'intention de ceux qui se croyaient justes aux yeux de Dieu et méprisaient les autres: «Deux hommes montèrent au temple pour prier; l'un était Pharisien, l'autre collecteur d'impôts. Le Pharisien, debout, priait ainsi en lui-même: “O Dieu, je te remercie de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont voleurs, mauvais et adultères; je te remercie de ce que je ne suis pas comme ce collecteur d'impôts. Je jeûne deux jours par semaine et je te donne le dixième de tous mes revenus.” Le collecteur d'impôts, lui, se tenait à distance et n'osait pas même lever les yeux vers le ciel, mais il se frappait la poitrine et disait: “O Dieu, aie pitié de moi, qui suis un pécheur.” Je vous le dis, ajouta Jésus, cet homme était en règle avec Dieu quand il retourna chez lui, mais pas le Pharisien. En effet, quiconque s'élève sera abaissé, mais celui qui s'abaisse sera élevé.» Des gens amenèrent à Jésus même des bébés pour qu'il pose les mains sur eux. En voyant cela, les disciples leur firent des reproches. Mais Jésus fit approcher les enfants et dit: «Laissez les enfants venir à moi! Ne les en empêchez pas, car le Royaume de Dieu appartient à ceux qui sont comme eux. Je vous le déclare, c'est la vérité: celui qui ne reçoit pas le Royaume de Dieu comme un enfant ne pourra jamais y entrer.» Un chef juif demanda à Jésus: «Bon maître, que dois-je faire pour obtenir la vie éternelle?» Jésus lui dit: «Pourquoi m'appelles-tu bon? Personne n'est bon si ce n'est Dieu seul. Tu connais les commandements: “Ne commets pas d'adultère; ne commets pas de meurtre; ne vole pas; ne prononce pas de faux témoignage contre quelqu'un; respecte ton père et ta mère.” » L'homme répondit: «J'ai obéi à tous ces commandements depuis ma jeunesse.» Après avoir entendu cela, Jésus lui dit: «Il te manque encore une chose: vends tout ce que tu as et distribue l'argent aux pauvres, alors tu auras des richesses dans les cieux; puis viens et suis-moi.» Mais quand l'homme entendit ces mots, il devint tout triste, car il était très riche. Jésus vit qu'il était triste et dit: «Qu'il est difficile aux riches d'entrer dans le Royaume de Dieu! Il est difficile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille, mais il est encore plus difficile à un riche d'entrer dans le Royaume de Dieu.» Ceux qui l'écoutaient dirent: «Mais qui donc peut être sauvé?» Jésus répondit: «Ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu.» Pierre dit alors: «Écoute, nous avons quitté ce que nous avions pour te suivre.» Jésus leur dit: «Je vous le déclare, c'est la vérité: si quelqu'un quitte, pour le Royaume de Dieu, sa maison, ou sa femme, ses frères, ses parents, ses enfants, il recevra beaucoup plus dans le temps présent et dans le monde futur il recevra la vie éternelle.» Jésus prit les douze disciples avec lui et leur dit: «Écoutez, nous allons à Jérusalem où se réalisera tout ce que les prophètes ont écrit au sujet du Fils de l'homme. On le livrera aux païens, qui se moqueront de lui, l'insulteront et cracheront sur lui. Ils le frapperont à coups de fouet et le mettront à mort. Et le troisième jour il se relèvera de la mort.» Mais les disciples ne comprirent rien à cela; le sens de ces paroles leur était caché et ils ne savaient pas de quoi Jésus parlait. Jésus approchait de Jéricho. Or, un aveugle était assis au bord du chemin et mendiait. Il entendit la foule qui avançait et demanda ce que c'était. On lui apprit que Jésus de Nazareth passait par là. Alors il s'écria: «Jésus, Fils de David, aie pitié de moi!» Ceux qui marchaient en avant lui faisaient des reproches pour qu'il se taise, mais il criait encore plus fort: «Fils de David, aie pitié de moi!» Jésus s'arrêta et ordonna qu'on le lui amène. Quand l'aveugle se fut approché, Jésus lui demanda: «Que veux-tu que je fasse pour toi?» Il répondit: «Maître, fais que je voie de nouveau.» Et Jésus lui dit: «Eh bien, ta foi t'a guéri.» Aussitôt, il put voir, et il suivait Jésus en louant Dieu. Toute la foule vit cela et se mit aussi à louer Dieu. Après être entré dans Jéricho, Jésus traversait la ville. Il y avait là un homme appelé Zachée; c'était le chef des collecteurs d'impôts et il était riche. Il cherchait à voir qui était Jésus, mais comme il était de petite taille, il ne pouvait pas y parvenir à cause de la foule. Il courut alors en avant et grimpa sur un arbre, un sycomore, pour voir Jésus qui devait passer par là. Quand Jésus arriva à cet endroit, il leva les yeux et dit à Zachée: «Dépêche-toi de descendre, Zachée, car il faut que je loge chez toi aujourd'hui.» Zachée se dépêcha de descendre et le reçut avec joie. En voyant cela, tous critiquaient Jésus; ils disaient: «Cet homme est allé loger chez un pécheur!» Zachée, debout devant le Seigneur, lui dit: «Écoute, Maître, je vais donner la moitié de mes biens aux pauvres, et si j'ai pris trop d'argent à quelqu'un, je vais lui rendre quatre fois autant.» Jésus lui dit: «Aujourd'hui, le salut est entré dans cette maison, parce que tu es, toi aussi, un descendant d'Abraham. Car le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ceux qui étaient perdus.» Jésus dit encore une parabole pour ceux qui venaient d'entendre ces paroles. Il était en effet près de Jérusalem et l'on pensait que le Royaume de Dieu allait se manifester d'un instant à l'autre. Voici donc ce qu'il dit: «Un homme de famille noble se rendit dans un pays éloigné pour y être nommé roi; il devait revenir ensuite. Avant de partir, il appela dix de ses serviteurs, leur remit à chacun une pièce d'or de grande valeur et leur dit: “Faites des affaires avec cet argent jusqu'à mon retour.” Mais les gens de son pays le haïssaient; ils envoyèrent une délégation derrière lui pour dire: “Nous ne voulons pas de lui comme roi.” Il fut pourtant nommé roi et revint dans son pays. Il fit alors appeler les serviteurs auxquels il avait remis l'argent, pour savoir ce qu'ils avaient gagné. Le premier se présenta et dit: “Maître, j'ai gagné dix pièces d'or avec celle que tu m'as donnée.” Le roi lui dit: “C'est bien, bon serviteur; puisque tu as été fidèle dans de petites choses, je te nomme gouverneur de dix villes.” Le deuxième serviteur vint et dit: “Maître, j'ai gagné cinq pièces d'or avec celle que tu m'as donnée.” Le roi dit à celui-là: “Toi, je te nomme gouverneur de cinq villes.” Un autre serviteur vint et dit: “Maître, voici ta pièce d'or; je l'ai gardée cachée dans un mouchoir. J'avais peur de toi, car tu es un homme dur: tu prends ce que tu n'as pas déposé, tu moissonnes ce que tu n'as pas semé.” Le roi lui dit: “Mauvais serviteur, je vais te juger sur tes propres paroles. Tu savais que je suis un homme dur, que je prends ce que je n'ai pas déposé et moissonne ce que je n'ai pas semé. Alors, pourquoi n'as-tu pas placé mon argent dans une banque? A mon retour, j'aurais pu le retirer avec les intérêts.” Puis il dit à ceux qui étaient là: “Enlevez-lui cette pièce d'or et remettez-la à celui qui en a dix.” Ils lui dirent: “Maître, il a déjà dix pièces!” – “Je vous l'affirme, répondit-il, à celui qui a quelque chose l'on donnera davantage; tandis qu'à celui qui n'a rien on enlèvera même le peu qui pourrait lui rester. Quant à mes ennemis qui n'ont pas voulu de moi comme roi, amenez-les ici et exécutez-les devant moi.” » Après avoir ainsi parlé, Jésus partit en tête de la foule sur le chemin qui monte à Jérusalem. Lorsqu'il approcha de Bethfagé et de Béthanie, près de la colline appelée mont des Oliviers, il envoya en avant deux disciples: «Allez au village qui est en face, leur dit-il. Quand vous y serez arrivés, vous trouverez un petit âne attaché, sur lequel personne ne s'est jamais assis. Détachez-le et amenez-le ici. Et si quelqu'un vous demande: “Pourquoi le détachez-vous?”, dites-lui: “Le Seigneur en a besoin.” » Les envoyés partirent et trouvèrent tout comme Jésus le leur avait dit. Pendant qu'ils détachaient l'ânon, ses propriétaires leur dirent: «Pourquoi détachez-vous cet ânon?» Ils répondirent: «Le Seigneur en a besoin.» Puis ils amenèrent l'ânon à Jésus; ils jetèrent leurs manteaux sur l'animal et y firent monter Jésus. A mesure qu'il avançait, les gens étendaient leurs manteaux sur le chemin. Tandis qu'il approchait de Jérusalem, par le chemin qui descend du mont des Oliviers, toute la foule des disciples, pleine de joie, se mit à louer Dieu d'une voix forte pour tous les miracles qu'ils avaient vus. Ils disaient: «Que Dieu bénisse le roi qui vient au nom du Seigneur! Paix dans le ciel et gloire à Dieu!» Quelques Pharisiens, qui se trouvaient dans la foule, dirent à Jésus: «Maître, ordonne à tes disciples de se taire.» Jésus répondit: «Je vous le déclare, s'ils se taisent, les pierres crieront!» Quand Jésus fut près de la ville et qu'il la vit, il pleura sur elle, en disant: «Si seulement tu comprenais toi aussi, en ce jour, comment trouver la paix! Mais maintenant, cela t'est caché, tu ne peux pas le voir! Car des jours vont venir pour toi où tes ennemis t'entoureront d'ouvrages fortifiés, t'assiégeront et te presseront de tous côtés. Ils te détruiront complètement, toi et ta population; ils ne te laisseront pas une seule pierre posée sur une autre, parce que tu n'as pas reconnu le temps où Dieu est venu te secourir!» Jésus entra dans le temple et se mit à en chasser les marchands, en leur disant: «Dans les Écritures, Dieu déclare: “Ma maison sera une maison de prière.” Mais vous, ajouta-t-il, vous en avez fait une caverne de voleurs!» Jésus enseignait tous les jours dans le temple. Les chefs des prêtres, les maîtres de la loi, ainsi que les notables du peuple, cherchaient à le faire mourir. Mais ils ne savaient pas comment y parvenir, car tout le peuple l'écoutait avec une grande attention. Un jour, Jésus donnait son enseignement au peuple dans le temple et annonçait la Bonne Nouvelle. Les chefs des prêtres et les maîtres de la loi survinrent alors avec les anciens et lui demandèrent: «Dis-nous de quel droit tu fais ces choses, qui t'a donné autorité pour cela?» Jésus leur répondit: «Je vais vous poser une question, moi aussi. Dites-moi: qui a envoyé Jean baptiser? Est-ce Dieu ou les hommes?» Mais ils se mirent à discuter entre eux et se dirent: «Si nous répondons: “C'est Dieu qui l'a envoyé”, il nous demandera: “Pourquoi n'avez-vous pas cru Jean?” Mais si nous disons: “Ce sont les hommes qui l'ont envoyé,” le peuple tout entier nous jettera des pierres pour nous tuer, car il est persuadé que Jean a été un prophète.» Ils répondirent alors: «Nous ne savons pas qui l'a envoyé baptiser.» – «Eh bien, répliqua Jésus, moi non plus, je ne vous dirai pas de quel droit je fais ces choses.» Ensuite, Jésus se mit à dire au peuple la parabole suivante: «Un homme planta une vigne, la loua à des ouvriers vignerons et partit en voyage pour longtemps. Au moment voulu, il envoya un serviteur aux ouvriers vignerons pour qu'ils lui remettent sa part de la récolte. Mais les vignerons battirent le serviteur et le renvoyèrent les mains vides. Le propriétaire envoya encore un autre serviteur, mais les vignerons le battirent aussi, l'insultèrent et le renvoyèrent sans rien lui donner. Il envoya encore un troisième serviteur; celui-là, ils le blessèrent aussi et le jetèrent dehors. Le propriétaire de la vigne dit alors: “Que faire? Je vais envoyer mon fils bien-aimé; ils auront probablement du respect pour lui.” Mais quand les vignerons le virent, ils se dirent les uns aux autres: “Voici le futur héritier. Tuons-le, pour que la vigne soit à nous.” Et ils le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent. «Eh bien, que leur fera le propriétaire de la vigne? demanda Jésus. Il viendra, il mettra à mort ces vignerons et confiera la vigne à d'autres.» Quand les gens entendirent ces mots, ils affirmèrent: «Cela n'arrivera certainement pas!» Mais Jésus les regarda et dit: «Que signifie cette parole de l'Écriture: “La pierre que les bâtisseurs avaient rejetée est devenue la pierre principale ”? Tout homme qui tombera sur cette pierre s'y brisera; et si la pierre tombe sur quelqu'un, elle le réduira en poussière.» Les maîtres de la loi et les chefs des prêtres cherchèrent à arrêter Jésus à ce moment même, car ils savaient qu'il avait dit cette parabole contre eux; mais ils eurent peur du peuple. Ils se mirent alors à surveiller Jésus. A cet effet, ils lui envoyèrent des gens qui faisaient semblant d'être des hommes honorables. Ces gens devaient prendre Jésus au piège par une question, afin qu'on ait l'occasion de le livrer au pouvoir et à l'autorité du gouverneur. Ils lui posèrent cette question: «Maître, nous savons que ce que tu dis et enseignes est juste; tu ne juges personne sur les apparences, mais tu enseignes la vérité sur la conduite qui plaît à Dieu. Eh bien, dis-nous, notre loi permet-elle ou non de payer des impôts à l'empereur romain?» Mais Jésus se rendit compte de leur ruse et leur dit: «Montrez-moi une pièce d'argent. Le visage et le nom gravés sur cette pièce, de qui sont-ils?» – «De l'empereur», répondirent-ils. Alors Jésus leur dit: «Eh bien, payez à l'empereur ce qui lui appartient, et à Dieu ce qui lui appartient.» Ils ne purent pas le prendre en faute pour ce qu'il disait devant le peuple. Au contraire, sa réponse les remplit d'étonnement et ils gardèrent le silence. Quelques Sadducéens vinrent auprès de Jésus. – Ce sont eux qui affirment qu'il n'y a pas de résurrection. – Ils l'interrogèrent de la façon suivante: «Maître, Moïse nous a donné ce commandement écrit: “Si un homme marié, qui a un frère, meurt sans avoir eu d'enfants, il faut que son frère épouse la veuve pour donner des descendants à celui qui est mort.” Or, il y avait une fois sept frères. Le premier se maria et mourut sans laisser d'enfants. Le deuxième épousa la veuve, puis le troisième. Il en fut de même pour tous les sept, qui moururent sans laisser d'enfants. Finalement, la femme mourut aussi. Au jour où les morts se relèveront, de qui sera-t-elle donc la femme? Car tous les sept l'ont eue comme épouse!» Jésus leur répondit: «Les hommes et les femmes de ce monde-ci se marient; mais les hommes et les femmes qui sont jugés dignes de se relever d'entre les morts et de vivre dans le monde à venir ne se marient pas. Ils ne peuvent plus mourir, ils sont pareils aux anges. Ils sont fils de Dieu, car ils ont passé de la mort à la vie. Moïse indique clairement que les morts reviendront à la vie. Dans le passage qui parle du buisson en flammes, il appelle le Seigneur “le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob.” Dieu, ajouta Jésus, est le Dieu des vivants, et non des morts, car tous sont vivants pour lui.» Quelques maîtres de la loi prirent alors la parole et dirent: «Tu as bien parlé, Maître.» Car ils n'osaient plus lui poser d'autres questions. Jésus leur dit: «Comment peut-on affirmer que le Messie est descendant de David? Car David déclare lui-même dans le livre des Psaumes: “Le Seigneur Dieu a déclaré à mon Seigneur: Viens siéger à ma droite, je veux contraindre tes ennemis à te servir de marchepied.” David l'appelle donc “Seigneur”: comment le Messie peut-il être aussi le descendant de David?» Tandis que toute l'assemblée l'écoutait, Jésus dit à ses disciples: «Gardez-vous des maîtres de la loi qui se plaisent à se promener en longues robes et qui aiment à recevoir des salutations respectueuses sur les places publiques; ils choisissent les sièges les plus en vue dans les synagogues et les places d'honneur dans les grands repas. Ils prennent aux veuves tout ce qu'elles possèdent et, en même temps, font de longues prières pour se faire remarquer. Ils seront jugés d'autant plus sévèrement.» Jésus regarda autour de lui et vit des riches qui déposaient leurs dons dans les troncs à offrandes du temple. Il vit aussi une veuve pauvre qui y mettait deux petites pièces de cuivre. Il dit alors: «Je vous le déclare, c'est la vérité: cette veuve pauvre a mis plus que tous les autres. Car tous les autres ont donné comme offrande de l'argent dont ils n'avaient pas besoin; mais elle, dans sa pauvreté, a offert tout ce dont elle avait besoin pour vivre.» Quelques personnes parlaient du temple et disaient qu'il était magnifique avec ses belles pierres et les objets offerts à Dieu. Mais Jésus déclara: «Les jours viendront où il ne restera pas une seule pierre posée sur une autre de ce que vous voyez là; tout sera renversé.» Ils lui demandèrent alors: «Maître, quand cela se passera-t-il? Quel sera le signe qui indiquera le moment où ces choses doivent arriver?» Jésus répondit: «Faites attention, ne vous laissez pas tromper. Car beaucoup d'hommes viendront en usant de mon nom et diront: “Je suis le Messie!” et: “Le temps est arrivé!” Mais ne les suivez pas. Quand vous entendrez parler de guerres et de révolutions, ne vous effrayez pas; il faut que cela arrive d'abord, mais ce ne sera pas tout de suite la fin de ce monde.» Puis il ajouta: «Un peuple combattra contre un autre peuple, et un royaume attaquera un autre royaume; il y aura de terribles tremblements de terre et, dans différentes régions, des famines et des épidémies; il y aura aussi des phénomènes effrayants et des signes impressionnants venant du ciel. Mais avant tout cela, on vous arrêtera, on vous persécutera, on vous livrera pour être jugés dans les synagogues et l'on vous mettra en prison; on vous fera comparaître devant des rois et des gouverneurs à cause de moi. Ce sera pour vous l'occasion d'apporter votre témoignage à mon sujet. Soyez donc bien décidés à ne pas vous inquiéter par avance de la manière dont vous vous défendrez. Je vous donnerai moi-même des paroles et une sagesse telles qu'aucun de vos adversaires ne pourra leur résister ou les contredire. Vous serez livrés même par vos père et mère, vos frères, vos parents et vos amis; on fera condamner à mort plusieurs d'entre vous. Tout le monde vous haïra à cause de moi. Mais pas un cheveu de votre tête ne sera perdu. Tenez bon: c'est ainsi que vous sauverez vos vies.» «Quand vous verrez Jérusalem encerclée par des armées, vous saurez, à ce moment-là, qu'elle sera bientôt détruite. Alors, ceux qui seront en Judée devront s'enfuir vers les montagnes; ceux qui seront à l'intérieur de Jérusalem devront s'éloigner, et ceux qui seront dans les campagnes ne devront pas entrer dans la ville. Car ce seront les jours du Jugement, où se réalisera tout ce que déclarent les Écritures. Quel malheur ce sera, en ces jours-là, pour les femmes enceintes et pour celles qui allaiteront! Car il y aura une grande détresse dans ce pays et la colère de Dieu se manifestera contre ce peuple. Ils seront tués par l'épée, ils seront emmenés prisonniers parmi toutes les nations, et les païens piétineront Jérusalem jusqu'à ce que le temps qui leur est accordé soit écoulé.» «Il y aura des signes dans le soleil, dans la lune et dans les étoiles. Sur la terre, les nations seront dans l'angoisse, rendues inquiètes par le bruit violent de la mer et des vagues. Des hommes mourront de frayeur en pensant à ce qui devra survenir sur toute la terre, car les puissances des cieux seront ébranlées. Alors on verra le Fils de l'homme arriver sur un nuage, avec beaucoup de puissance et de gloire. Quand ces événements commenceront à se produire, redressez-vous et relevez la tête, car votre délivrance sera proche.» Puis Jésus leur dit cette parabole: «Regardez le figuier et tous les autres arbres: quand vous voyez leurs feuilles commencer à pousser, vous savez que la bonne saison est proche. De même, quand vous verrez ces événements arriver, sachez que le Royaume de Dieu est proche. Je vous le déclare, c'est la vérité: les gens d'aujourd'hui n'auront pas tous disparu avant que tout cela arrive. Le ciel et la terre disparaîtront, tandis que mes paroles ne disparaîtront jamais.» «Prenez garde! Ne laissez pas votre esprit s'alourdir dans les fêtes et l'ivrognerie, ainsi que dans les soucis de cette vie, sinon le jour du Jugement vous surprendra tout à coup, comme un piège; car il s'abattra sur tous les habitants de la terre entière. Ne vous endormez pas, priez en tout temps; ainsi vous aurez la force de surmonter tout ce qui doit arriver et vous pourrez vous présenter debout devant le Fils de l'homme.» Pendant le jour, Jésus enseignait dans le temple; mais, le soir, il s'en allait passer la nuit sur la colline appelée mont des Oliviers. Et tout le peuple venait au temple tôt le matin pour l'écouter. La fête des pains sans levain, appelée la Pâque, approchait. Les chefs des prêtres et les maîtres de la loi cherchaient un moyen de mettre à mort Jésus, mais ils avaient peur du peuple. Alors Satan entra dans Judas, appelé Iscariote, qui était l'un des douze disciples. Judas alla parler avec les chefs des prêtres et les chefs des gardes du temple de la façon dont il pourrait leur livrer Jésus. Ils en furent très contents et promirent de lui donner de l'argent. Judas accepta et se mit à chercher une occasion favorable pour leur livrer Jésus sans que la foule le sache. Le jour arriva, pendant la fête des pains sans levain, où l'on devait sacrifier les agneaux pour le repas de la Pâque. Jésus envoya alors Pierre et Jean en avant avec l'ordre suivant: «Allez nous préparer le repas de la Pâque.» Ils lui demandèrent: «Où veux-tu que nous le préparions?» Il leur dit: «Écoutez: au moment où vous arriverez en ville, vous rencontrerez un homme qui porte une cruche d'eau. Suivez-le dans la maison où il entrera et dites au propriétaire de la maison: “Le Maître te demande: Où est la pièce où je prendrai le repas de la Pâque avec mes disciples?” Et il vous montrera, en haut de la maison, une grande chambre avec tout ce qui est nécessaire. C'est là que vous préparerez le repas.» Ils s'en allèrent, trouvèrent tout comme Jésus le leur avait dit et préparèrent le repas de la Pâque. Quand l'heure fut venue, Jésus se mit à table avec les apôtres. Il leur dit: «Combien j'ai désiré prendre ce repas de la Pâque avec vous avant de souffrir! Car, je vous le déclare, je ne le prendrai plus jusqu'à ce que son sens soit pleinement réalisé dans le Royaume de Dieu.» Il saisit alors une coupe, remercia Dieu et dit: «Prenez cette coupe et partagez-en le contenu entre vous; car, je vous le déclare, dès maintenant je ne boirai plus de vin jusqu'à ce que vienne le Royaume de Dieu.» Puis il prit du pain et, après avoir remercié Dieu, il le rompit et le leur donna en disant: «Ceci est mon corps qui est donné pour vous. Faites ceci en mémoire de moi.» Il leur donna de même la coupe, après le repas, en disant: «Cette coupe est la nouvelle alliance de Dieu, garantie par mon sang qui est versé pour vous. Mais regardez: celui qui me trahit est ici, à table avec moi! Certes, le Fils de l'homme va mourir suivant le plan de Dieu; mais quel malheur pour celui qui le trahit!» Ils se mirent alors à se demander les uns aux autres qui était celui d'entre eux qui allait faire cela. Les disciples se mirent à discuter vivement pour savoir lequel d'entre eux devait être considéré comme le plus important. Jésus leur dit: «Les rois des nations leur commandent et ceux qui exercent le pouvoir sur elles se font appeler “Bienfaiteurs”. Mais il n'en va pas ainsi pour vous. Au contraire, le plus important parmi vous doit être comme le plus jeune, et celui qui commande doit être comme celui qui sert. Car qui est le plus important, celui qui est à table ou celui qui sert? Celui qui est à table, n'est-ce pas? Eh bien, moi je suis parmi vous comme celui qui sert! Vous êtes demeurés continuellement avec moi dans mes épreuves; et de même que le Père a disposé du Royaume en ma faveur, de même j'en dispose pour vous: vous mangerez et boirez à ma table dans mon Royaume, et vous siégerez sur des trônes pour juger les douze tribus d'Israël.» «Simon, Simon! Écoute: Satan a demandé de pouvoir vous passer tous au crible comme on le fait pour purifier le grain. Mais j'ai prié pour toi, afin que la foi ne vienne pas à te manquer. Et quand tu seras revenu à moi, fortifie tes frères.» Pierre lui dit: «Seigneur, je suis prêt à aller en prison avec toi et à mourir avec toi.» Jésus lui répondit: «Je te le déclare, Pierre, le coq n'aura pas encore chanté aujourd'hui que tu auras déjà prétendu trois fois ne pas me connaître.» Puis Jésus leur dit: «Quand je vous ai envoyés en mission sans bourse, ni sac, ni chaussures, avez-vous manqué de quelque chose?» – «De rien», répondirent-ils. Alors il leur dit: «Mais maintenant, celui qui a une bourse doit la prendre, de même celui qui a un sac; et celui qui n'a pas d'épée doit vendre son manteau pour en acheter une. Car, je vous le déclare, il faut que se réalise en ma personne cette parole de l'Écriture: “Il a été placé au nombre des malfaiteurs.” En effet, ce qui me concerne va se réaliser.» Les disciples dirent: «Seigneur, voici deux épées.» – «Cela suffit», répondit-il. Jésus sortit et se rendit, selon son habitude, au mont des Oliviers. Ses disciples le suivirent. Quand il fut arrivé à cet endroit, il leur dit: «Priez afin de ne pas tomber dans la tentation.» Puis il s'éloigna d'eux à la distance d'un jet de pierre environ, se mit à genoux et pria en ces termes: «Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe de douleur. Toutefois, que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne.» [ Alors un ange du ciel lui apparut pour le fortifier. Saisi d'angoisse, Jésus priait avec encore plus d'ardeur. Sa sueur devint comme des gouttes de sang qui tombaient à terre.] Après avoir prié, il se leva, revint vers les disciples et les trouva endormis, épuisés de tristesse. Il leur dit: «Pourquoi dormez-vous? Levez-vous et priez, afin que vous ne tombiez pas dans la tentation.» Il parlait encore quand une foule apparut. Judas, l'un des douze disciples, la conduisait; il s'approcha de Jésus pour l'embrasser. Mais Jésus lui dit: «Judas, est-ce en l'embrassant que tu trahis le Fils de l'homme?» Quand les compagnons de Jésus virent ce qui allait arriver, ils lui demandèrent: «Seigneur, devons-nous frapper avec nos épées?» Et l'un d'eux frappa le serviteur du grand -prêtre et lui coupa l'oreille droite. Mais Jésus dit: «Laissez, cela suffit.» Il toucha l'oreille de cet homme et le guérit. Puis Jésus dit aux chefs des prêtres, aux chefs des gardes du temple et aux anciens qui étaient venus le prendre: «Deviez-vous venir armés d'épées et de bâtons, comme si j'étais un brigand? Tous les jours j'étais avec vous dans le temple et vous n'avez pas cherché à m'arrêter. Mais cette heure est à vous et à la puissance de la nuit.» Ils se saisirent alors de Jésus, l'emmenèrent et le conduisirent dans la maison du grand -prêtre. Pierre suivait de loin. On avait fait du feu au milieu de la cour et Pierre prit place parmi ceux qui étaient assis autour. Une servante le vit assis près du feu; elle le fixa du regard et dit: «Cet homme aussi était avec lui!» Mais Pierre le nia en lui déclarant: «Je ne le connais pas.» Peu après, quelqu'un d'autre le vit et dit: «Toi aussi, tu es l'un d'eux!» Mais Pierre répondit à cet homme: «Non, je n'en suis pas.» Environ une heure plus tard, un autre encore affirma avec force: «Certainement, cet homme était avec lui, car il est de Galilée.» Mais Pierre répondit: «Je ne sais pas ce que tu veux dire, toi.» Au moment même où il parlait un coq chanta. Le Seigneur se retourna et regarda fixement Pierre. Alors Pierre se souvint de ce que le Seigneur lui avait dit: «Avant que le coq chante aujourd'hui, tu auras prétendu trois fois ne pas me connaître.» Pierre sortit et pleura amèrement. Les hommes qui gardaient Jésus se moquaient de lui et le frappaient. Ils lui couvraient le visage et lui demandaient: «Qui t'a frappé? Devine!» Et ils lui adressaient beaucoup d'autres paroles insultantes. Quand il fit jour, les anciens du peuple juif, les chefs des prêtres et les maîtres de la loi s'assemblèrent. Ils firent amener Jésus devant leur Conseil supérieur et lui demandèrent: «Es-tu le Messie? Dis-le-nous.» Il leur répondit: «Si je vous le dis, vous ne me croirez pas, et si je vous pose une question, vous ne me répondrez pas. Mais dès maintenant le Fils de l'homme siégera à la droite du Dieu puissant.» Tous s'exclamèrent: «Tu es donc le Fils de Dieu?» Il leur répondit: «Vous le dites: je le suis.» Alors ils ajoutèrent: «Nous n'avons plus besoin de témoins! Nous avons nous-mêmes entendu ses propres paroles!» L'assemblée entière se leva et ils amenèrent Jésus devant Pilate. Là, ils se mirent à l'accuser en disant: «Nous avons trouvé cet homme en train d'égarer notre peuple: il leur dit de ne pas payer les impôts à l'empereur et prétend qu'il est lui-même le Messie, un roi.» Pilate l'interrogea en ces mots: «Es-tu le roi des Juifs?» Jésus lui répondit: «Tu le dis.» Pilate s'adressa alors aux chefs des prêtres et à la foule: «Je ne trouve aucune raison de condamner cet homme.» Mais ils déclarèrent avec encore plus de force: «Il pousse le peuple à la révolte par son enseignement. Il a commencé en Galilée, a passé par toute la Judée et, maintenant, il est venu jusqu'ici.» Quand Pilate entendit ces mots, il demanda: «Cet homme est-il de Galilée?» Et lorsqu'il eut appris que Jésus venait de la région gouvernée par Hérode, il l'envoya à celui-ci, car il se trouvait aussi à Jérusalem ces jours-là. Hérode fut très heureux de voir Jésus. En effet, il avait entendu parler de lui et désirait le rencontrer depuis longtemps; il espérait le voir faire un signe miraculeux. Il lui posa beaucoup de questions, mais Jésus ne lui répondit rien. Les chefs des prêtres et les maîtres de la loi étaient là et portaient de violentes accusations contre Jésus. Hérode et ses soldats se moquèrent de lui et le traitèrent avec mépris. Ils lui mirent un vêtement magnifique et le renvoyèrent à Pilate. Hérode et Pilate étaient ennemis auparavant; ce jour-là, ils devinrent amis. Pilate réunit les chefs des prêtres, les dirigeants et le peuple, et leur dit: «Vous m'avez amené cet homme en me disant qu'il égare le peuple. Eh bien, je l'ai interrogé devant vous et je ne l'ai trouvé coupable d'aucune des mauvaises actions dont vous l'accusez. Hérode ne l'a pas non plus trouvé coupable, car il nous l'a renvoyé. Ainsi, cet homme n'a commis aucune faute pour laquelle il mériterait de mourir. Je vais donc le faire battre à coups de fouet, puis je le relâcherai.» [ A chaque fête de la Pâque, Pilate devait leur libérer un prisonnier.] Mais ils se mirent à crier tous ensemble: «Fais mourir cet homme! Relâche-nous Barabbas!» – Barabbas avait été mis en prison pour une révolte qui avait eu lieu dans la ville et pour un meurtre. – Comme Pilate désirait libérer Jésus, il leur adressa de nouveau la parole. Mais ils lui criaient: «Cloue-le sur une croix! Cloue-le sur une croix!» Pilate prit la parole une troisième fois et leur dit: «Quel mal a-t-il commis? Je n'ai trouvé en lui aucune faute pour laquelle il mériterait de mourir. Je vais donc le faire battre à coups de fouet, puis je le relâcherai.» Mais ils continuaient à réclamer à grands cris que Jésus soit cloué sur une croix. Et leurs cris l'emportèrent: Pilate décida de leur accorder ce qu'ils demandaient. Il libéra l'homme qu'ils réclamaient, celui qui avait été mis en prison pour révolte et meurtre, et leur livra Jésus pour qu'ils en fassent ce qu'ils voulaient. Tandis qu'ils emmenaient Jésus, ils rencontrèrent Simon, un homme de Cyrène, qui revenait des champs. Les soldats se saisirent de lui et le chargèrent de la croix pour qu'il la porte derrière Jésus. Une grande foule de gens du peuple le suivait, ainsi que des femmes qui pleuraient et se lamentaient à cause de lui. Jésus se tourna vers elles et dit: «Femmes de Jérusalem, ne pleurez pas à mon sujet! Pleurez plutôt pour vous et pour vos enfants! Car le moment approche où l'on dira: “Heureuses celles qui ne peuvent pas avoir d'enfant, qui n'en ont jamais mis au monde et qui n'en ont jamais allaité!” Alors les gens se mettront à dire aux montagnes: “Tombez sur nous!” et aux collines: “Cachez-nous!” Car si l'on traite ainsi le bois vert, qu'arrivera-t-il au bois sec?» On emmenait aussi deux autres hommes, des malfaiteurs, pour les mettre à mort avec Jésus. Lorsqu'ils arrivèrent à l'endroit appelé «Le Crâne», les soldats clouèrent Jésus sur la croix à cet endroit-là et mirent aussi les deux malfaiteurs en croix, l'un à sa droite et l'autre à sa gauche. Jésus dit alors: «Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font.» Ils partagèrent ses vêtements entre eux en les tirant au sort. Le peuple se tenait là et regardait. Les chefs juifs se moquaient de lui en disant: «Il a sauvé d'autres gens; qu'il se sauve lui-même, s'il est le Messie, celui que Dieu a choisi!» Les soldats aussi se moquèrent de lui; ils s'approchèrent, lui présentèrent du vinaigre et dirent: «Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même!» Au-dessus de lui, il y avait cette inscription: «Celui-ci est le roi des Juifs.» L'un des malfaiteurs suspendus en croix l'insultait en disant: «N'es-tu pas le Messie? Sauve-toi toi-même et nous avec toi!» Mais l'autre lui fit des reproches et lui dit: «Ne crains-tu pas Dieu, toi qui subis la même punition? Pour nous, cette punition est juste, car nous recevons ce que nous avons mérité par nos actes; mais lui n'a rien fait de mal.» Puis il ajouta: «Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras pour être roi.» Jésus lui répondit: «Je te le déclare, c'est la vérité: aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis.» Jésus s'écria d'une voix forte: «Père, je remets mon esprit entre tes mains.» Après avoir dit ces mots, il mourut. Le capitaine romain vit ce qui était arrivé; il loua Dieu et dit: «Certainement cet homme était innocent!» Tous ceux qui étaient venus, en foule, assister à ce spectacle virent ce qui était arrivé. Alors ils s'en retournèrent en se frappant la poitrine de tristesse. Tous les amis de Jésus, ainsi que les femmes qui l'avaient accompagné depuis la Galilée, se tenaient à distance pour regarder ce qui se passait. Il alla trouver Pilate et lui demanda le corps de Jésus. Puis il descendit le corps de la croix, l'enveloppa dans un drap de lin et le déposa dans un tombeau qui avait été creusé dans le roc, un tombeau dans lequel on n'avait jamais mis personne. C'était vendredi et le sabbat allait commencer. Les femmes qui avaient accompagné Jésus depuis la Galilée vinrent avec Joseph; elles regardèrent le tombeau et virent comment le corps de Jésus y était placé. Puis elles retournèrent en ville et préparèrent les huiles et les parfums pour le corps. Le jour du sabbat, elles se reposèrent, comme la loi l'ordonnait. Très tôt le dimanche matin, les femmes se rendirent au tombeau, en apportant les huiles parfumées qu'elles avaient préparées. Elles découvrirent que la pierre fermant l'entrée du tombeau avait été roulée de côté; elles entrèrent, mais ne trouvèrent pas le corps du Seigneur Jésus. Elles ne savaient qu'en penser, lorsque deux hommes aux vêtements brillants leur apparurent. Comme elles étaient saisies de crainte et tenaient leur visage baissé vers la terre, ces hommes leur dirent: «Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant? Il n'est pas ici, mais il est revenu de la mort à la vie. Rappelez-vous ce qu'il vous a dit lorsqu'il était encore en Galilée: “Il faut que le Fils de l'homme soit livré à des pécheurs, qu'il soit cloué sur une croix et qu'il se relève de la mort le troisième jour.” » Elles se rappelèrent alors les paroles de Jésus. Elles quittèrent le tombeau et allèrent raconter tout cela aux onze et à tous les autres disciples. C'étaient Marie de Magdala, Jeanne et Marie, mère de Jacques. Les autres femmes qui étaient avec elles firent le même récit aux apôtres. Mais ceux-ci pensèrent que ce qu'elles racontaient était absurde et ils ne les crurent pas. Cependant Pierre se leva et courut au tombeau; il se baissa et ne vit que les bandes de lin. Puis il retourna chez lui, très étonné de ce qui s'était passé. Ce même jour, deux disciples se rendaient à un village appelé Emmaüs, qui se trouvait à environ deux heures de marche de Jérusalem. Ils parlaient de tout ce qui s'était passé. Pendant qu'ils parlaient et discutaient, Jésus lui-même s'approcha et fit route avec eux. Ils le voyaient, mais quelque chose les empêchait de le reconnaître. Jésus leur demanda: «De quoi discutez-vous en marchant?» Et ils s'arrêtèrent, tout attristés. L'un d'eux, appelé Cléopas, lui dit: «Es-tu le seul habitant de Jérusalem qui ne connaisse pas ce qui s'est passé ces derniers jours?» – «Quoi donc?» leur demanda-t-il. Ils lui répondirent: «Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth! C'était un prophète puissant; il l'a montré par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple. Les chefs de nos prêtres et nos dirigeants l'ont livré pour le faire condamner à mort et l'ont cloué sur une croix. Nous avions l'espoir qu'il était celui qui devait délivrer Israël. Mais en plus de tout cela, c'est aujourd'hui le troisième jour depuis que ces faits se sont passés. Quelques femmes de notre groupe nous ont étonnés, il est vrai. Elles se sont rendues tôt ce matin au tombeau mais n'ont pas trouvé son corps. Elles sont revenues nous raconter que des anges leur sont apparus et leur ont déclaré qu'il est vivant. Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau et ont trouvé tout comme les femmes l'avaient dit, mais lui, ils ne l'ont pas vu.» Alors Jésus leur dit: «Gens sans intelligence, que vous êtes lents à croire tout ce qu'ont annoncé les prophètes! Ne fallait-il pas que le Messie souffre ainsi avant d'entrer dans sa gloire?» Puis il leur expliqua ce qui était dit à son sujet dans l'ensemble des Écritures, en commençant par les livres de Moïse et en continuant par tous les livres des Prophètes. Quand ils arrivèrent près du village où ils se rendaient, Jésus fit comme s'il voulait poursuivre sa route. Mais ils le retinrent en disant: «Reste avec nous; le jour baisse déjà et la nuit approche.» Il entra donc pour rester avec eux. Il se mit à table avec eux, prit le pain et remercia Dieu; puis il rompit le pain et le leur donna. Alors, leurs yeux s'ouvrirent et ils le reconnurent; mais il disparut de devant eux. Ils se dirent l'un à l'autre: «N'y avait-il pas comme un feu qui brûlait au-dedans de nous quand il nous parlait en chemin et nous expliquait les Écritures?» Ils se levèrent aussitôt et retournèrent à Jérusalem. Ils y trouvèrent les onze disciples réunis avec leurs compagnons, qui disaient: «Le Seigneur est vraiment ressuscité! Simon l'a vu!» Et eux-mêmes leur racontèrent ce qui s'était passé en chemin et comment ils avaient reconnu Jésus au moment où il rompait le pain. Ils parlaient encore, quand Jésus lui-même se présenta au milieu d'eux et leur dit: «La paix soit avec vous!» Ils furent saisis de crainte, et même de terreur, car ils croyaient voir un fantôme. Mais Jésus leur dit: «Pourquoi êtes-vous troublés? Pourquoi avez-vous ces doutes dans vos cœurs? Regardez mes mains et mes pieds: c'est bien moi! Touchez-moi et voyez, car un fantôme n'a ni chair ni os, contrairement à moi, comme vous pouvez le constater.» Il dit ces mots et leur montra ses mains et ses pieds. Comme ils ne pouvaient pas encore croire, tellement ils étaient remplis de joie et d'étonnement, il leur demanda: «Avez-vous ici quelque chose à manger?» Ils lui donnèrent un morceau de poisson grillé. Il le prit et le mangea devant eux. Puis il leur dit: «Quand j'étais encore avec vous, voici ce que je vous ai déclaré: ce qui est écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, dans les livres des Prophètes et dans les Psaumes, tout cela devait se réaliser.» Alors il leur ouvrit l'intelligence pour qu'ils comprennent les Écritures, et il leur dit: «Voici ce qui est écrit: le Messie doit souffrir, puis se relever d'entre les morts le troisième jour, et il faut que l'on prêche en son nom devant toutes les nations, en commençant par Jérusalem; on appellera les humains à changer de comportement et à recevoir le pardon des péchés. Vous êtes témoins de tout cela. Et je vais envoyer moi-même sur vous ce que mon Père a promis. Quant à vous, restez dans la ville jusqu'à ce que vous soyez remplis de la puissance d'en haut.» Puis Jésus les emmena hors de la ville, près de Béthanie, et là, il leva les mains et les bénit. Pendant qu'il les bénissait, il se sépara d'eux et fut enlevé au ciel. Quant à eux, ils l'adorèrent et retournèrent à Jérusalem, pleins d'une grande joie. Ils se tenaient continuellement dans le temple et louaient Dieu. Au commencement de toutes choses, la Parole existait déjà; celui qui est la Parole était avec Dieu, et il était Dieu. Il était donc avec Dieu au commencement. Dieu a fait toutes choses par lui; rien n'a été fait sans lui; ce qui a été fait avait la vie en lui. Cette vie était la lumière des hommes. La lumière brille dans l'obscurité, mais l'obscurité ne l'a pas reçue. Dieu envoya son messager, un homme appelé Jean. Il vint comme témoin, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous croient grâce à lui. Il n'était pas lui-même la lumière, mais il devait rendre témoignage à la lumière. Cette lumière était la seule lumière véritable, celle qui vient dans le monde et qui éclaire tous les hommes. Celui qui est la Parole était dans le monde. Dieu a fait le monde par lui, et pourtant le monde ne l'a pas reconnu. Il est venu dans son propre pays, mais les siens ne l'ont pas accueilli. Cependant, certains l'ont reçu et ont cru en lui; il leur a donné le droit de devenir enfants de Dieu. Ils ne sont pas devenus enfants de Dieu par une naissance naturelle, par une volonté humaine; c'est Dieu qui leur a donné une nouvelle vie. Celui qui est la Parole est devenu un homme et il a vécu parmi nous, plein de grâce et de vérité. Nous avons vu sa gloire, la gloire que le Fils unique reçoit du Père. Jean lui a rendu témoignage; il s'est écrié: «C'est de lui que j'ai parlé quand j'ai dit: “Il vient après moi, mais il est plus important que moi, car il existait déjà avant moi.” » Nous avons tous reçu notre part des richesses de sa grâce; nous avons reçu une bénédiction après l'autre. Dieu nous a donné la loi par Moïse; mais la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ. Personne n'a jamais vu Dieu. Mais le Fils unique, qui est Dieu et demeure auprès du Père, lui seul l'a fait connaître. Voici le témoignage rendu par Jean lorsque les autorités juives de Jérusalem envoyèrent des prêtres et des lévites pour lui demander: «Qui es-tu?» Il ne refusa pas de répondre, mais il affirma très clairement devant tous: «Je ne suis pas le Messie.» Ils lui demandèrent: «Qui es-tu donc? Es-tu Élie?» – «Non, répondit Jean, je ne le suis pas.» – «Es-tu le Prophète?» dirent-ils. «Non», répondit-il. Ils lui dirent alors: «Qui es-tu donc? Nous devons donner une réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu à ton sujet?» Jean répondit: «Je suis “celui qui crie dans le désert: Préparez un chemin bien droit pour le Seigneur!” » – C'est ce qu'a dit le prophète Ésaïe. – Parmi les messagers envoyés à Jean, il y avait des Pharisiens; ils lui demandèrent encore: «Si tu n'es pas le Messie, ni Élie, ni le Prophète, pourquoi donc baptises-tu?» Jean leur répondit: «Moi, je vous baptise avec de l'eau; mais il y a au milieu de vous quelqu'un que vous ne connaissez pas. Il vient après moi, mais je ne suis pas même digne de délier la courroie de ses sandales.» Tout cela se passait à Béthanie, de l'autre côté de la rivière, le Jourdain, là où Jean baptisait. Le lendemain, Jean vit Jésus venir à lui, et il dit: «Voici l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. C'est de lui que j'ai parlé quand j'ai dit: “Un homme vient après moi, mais il est plus important que moi, car il existait déjà avant moi.” Je ne savais pas qui ce devait être, mais je suis venu baptiser avec de l'eau afin de le faire connaître au peuple d'Israël.» Jean déclara encore: «J'ai vu l'Esprit de Dieu descendre du ciel comme une colombe et demeurer sur lui. Je ne savais pas encore qui il était, mais Dieu, qui m'a envoyé baptiser avec de l'eau, m'a dit: “Tu verras l'Esprit descendre et demeurer sur un homme; c'est lui qui va baptiser avec le Saint-Esprit.” J'ai vu cela, dit Jean, et j'atteste donc que cet homme est le Fils de Dieu.» Le lendemain, Jean était de nouveau là, avec deux de ses disciples. Quand il vit Jésus passer, il dit: «Voici l'Agneau de Dieu!» Les deux disciples de Jean entendirent ces paroles, et ils suivirent Jésus. Jésus se retourna, il vit qu'ils le suivaient et leur demanda: «Que cherchez-vous?» Ils lui dirent: «Où demeures-tu, Rabbi?» – Ce mot signifie «Maître». – Il leur répondit: «Venez, et vous verrez.» Ils allèrent donc et virent où il demeurait, et ils passèrent le reste de ce jour avec lui. Il était alors environ quatre heures de l'après-midi. L'un des deux qui avaient entendu les paroles de Jean et avaient suivi Jésus, était André, le frère de Simon Pierre. La première personne que rencontra André fut son frère Simon; il lui dit: «Nous avons trouvé le Messie.» – Ce mot signifie «Christ». – Et il conduisit Simon auprès de Jésus. Jésus le regarda et dit: «Tu es Simon, le fils de Jean; on t'appellera Céphas.» – Ce nom signifie «Pierre». – Le lendemain, Jésus décida de partir pour la Galilée. Il rencontra Philippe et lui dit: «Suis-moi!» – Philippe était de Bethsaïda, la localité d'où provenaient aussi André et Pierre. – Ensuite, Philippe rencontra Nathanaël et lui dit: «Nous avons trouvé celui dont Moïse a parlé dans le livre de la Loi et dont les prophètes aussi ont parlé. C'est Jésus, le fils de Joseph, de Nazareth.» Nathanaël lui dit: «Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth?» Philippe lui répondit: «Viens, et tu verras.» Quand Jésus vit Nathanaël s'approcher de lui, il dit à son sujet: «Voici un véritable Israélite; il n'y a rien de faux en lui.» Nathanaël lui demanda: «Comment me connais-tu?» Jésus répondit: «Je t'ai vu quand tu étais sous le figuier, avant que Philippe t'appelle.» Alors Nathanaël lui dit: «Maître, tu es le Fils de Dieu, tu es le roi d'Israël!» Jésus lui répondit: «Ainsi, tu crois en moi parce que je t'ai dit que je t'avais vu sous le figuier? Tu verras de bien plus grandes choses que celle-ci!» Et il ajouta: «Oui, je vous le déclare, c'est la vérité: vous verrez le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l'homme!» Deux jours après, il y eut un mariage à Cana, en Galilée. La mère de Jésus était là, et on avait aussi invité Jésus et ses disciples à ce mariage. A un moment donné, il ne resta plus de vin. La mère de Jésus lui dit alors: «Ils n'ont plus de vin.» Mais Jésus lui répondit: «Mère, est-ce à toi de me dire ce que j'ai à faire? Mon heure n'est pas encore venue.» La mère de Jésus dit alors aux serviteurs: «Faites tout ce qu'il vous dira.» Il y avait là six récipients de pierre que les Juifs utilisaient pour leurs rites de purification. Chacun d'eux pouvait contenir une centaine de litres. Jésus dit aux serviteurs: «Remplissez d'eau ces récipients.» Ils les remplirent jusqu'au bord. Alors Jésus leur dit: «Puisez maintenant un peu de cette eau et portez-en au maître de la fête.» C'est ce qu'ils firent. Le maître de la fête goûta l'eau changée en vin. Il ne savait pas d'où venait ce vin, mais les serviteurs qui avaient puisé l'eau le savaient. Il appela donc le marié et lui dit: «Tout le monde commence par offrir le meilleur vin, puis, quand les invités ont beaucoup bu, on sert le moins bon. Mais toi, tu as gardé le meilleur vin jusqu'à maintenant!» Voilà comment Jésus fit le premier de ses signes miraculeux, à Cana en Galilée; il manifesta ainsi sa gloire, et ses disciples crurent en lui. Après cela, il se rendit à Capernaüm avec sa mère, ses frères et ses disciples. Ils n'y restèrent que peu de jours. La fête juive de la Pâque était proche et Jésus alla donc à Jérusalem. Dans le temple, il trouva des gens qui vendaient des bœufs, des moutons et des pigeons; il trouva aussi des changeurs d'argent assis à leurs tables. Alors, il fit un fouet avec des cordes et les chassa tous hors du temple, avec leurs moutons et leurs bœufs; il jeta par terre l'argent des changeurs en renversant leurs tables; et il dit aux vendeurs de pigeons: «Enlevez tout cela d'ici! Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de commerce!» Ses disciples se rappelèrent ces paroles de l'Écriture: «L'amour que j'ai pour ta maison, ô Dieu, me consumera comme un feu.» Alors les chefs juifs lui demandèrent: «Quel signe miraculeux peux-tu faire pour nous prouver que tu as le droit d'agir ainsi?» Jésus leur répondit: «Détruisez ce temple, et en trois jours je le rebâtirai.» – «On a mis quarante-six ans pour bâtir ce temple, et toi, tu vas le rebâtir en trois jours?» lui dirent-ils. Mais le temple dont parlait Jésus, c'était son corps. Plus tard, quand Jésus revint d'entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu'il avait dit cela; et ils crurent à l'Écriture et aux paroles que Jésus avait dites. Pendant que Jésus était à Jérusalem, au moment de la fête de la Pâque, beaucoup crurent en lui en voyant les signes miraculeux qu'il faisait. Mais Jésus n'avait pas confiance en eux, parce qu'il les connaissait tous très bien. Il n'avait pas besoin qu'on le renseigne sur qui que ce soit, car il savait lui-même ce qu'il y a dans le cœur humain. Il y avait un homme appelé Nicodème, qui était du parti des Pharisiens et qui était l'un des chefs juifs. Il vint une nuit trouver Jésus et lui dit: «Maître, nous savons que Dieu t'a envoyé pour nous apporter un enseignement; car personne ne peut faire des signes miraculeux comme tu en fais si Dieu n'est pas avec lui.» Jésus lui répondit: «Oui, je te le déclare, c'est la vérité: personne ne peut voir le Royaume de Dieu s'il ne naît pas de nouveau.» Nicodème lui demanda: «Comment un homme déjà âgé peut-il naître de nouveau? Il ne peut pourtant pas retourner dans le ventre de sa mère et naître une seconde fois?» Jésus répondit: «Oui, je te le déclare, c'est la vérité: personne ne peut entrer dans le Royaume de Dieu s'il ne naît pas d'eau et de l'Esprit. Ce qui naît de parents humains est humain; ce qui naît de l'Esprit de Dieu est esprit. Ne sois pas étonné parce que je t'ai dit: “Il vous faut tous naître de nouveau.” Le vent souffle où il veut; tu entends le bruit qu'il fait, mais tu ne sais pas d'où il vient ni où il va. Voilà ce qui se passe pour quiconque naît de l'Esprit de Dieu.» Alors Nicodème lui dit: «Comment cela peut-il se faire?» Jésus lui répondit: «Toi qui es un maître réputé en Israël, tu ne sais pas ces choses? Oui, je te le déclare, c'est la vérité: nous parlons de ce que nous savons, et nous témoignons de ce que nous avons vu, mais vous ne voulez pas accepter notre témoignage. Vous ne me croyez pas quand je vous parle des choses terrestres; comment donc me croirez-vous si je vous parle des choses célestes? Personne n'est jamais monté au ciel, excepté le Fils de l'homme qui est descendu du ciel! De même que Moïse a élevé le serpent de bronze sur une perche dans le désert, de même le Fils de l'homme doit être élevé, afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle. Car Dieu a tellement aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne soit pas perdu mais qu'il ait la vie éternelle. Dieu n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour condamner le monde, mais pour sauver le monde par lui. Celui qui croit au Fils n'est pas condamné; mais celui qui ne croit pas est déjà condamné, parce qu'il n'a pas cru au Fils unique de Dieu. Voici comment la condamnation se manifeste: la lumière est venue dans le monde, mais les hommes préfèrent l'obscurité à la lumière, parce qu'ils agissent mal. Quiconque fait le mal déteste la lumière et s'en écarte, car il a peur que ses mauvaises actions apparaissent en plein jour. Mais celui qui obéit à la vérité vient à la lumière, afin qu'on voie clairement que ses actions sont accomplies en accord avec Dieu.» Après cela, Jésus et ses disciples allèrent en Judée. Il y resta quelque temps avec eux, et il baptisait. Jean aussi baptisait, à Énon près de Salim, parce qu'il y avait là beaucoup d'eau. Les gens venaient à lui et il les baptisait. En effet, Jean n'avait pas encore été mis en prison. Alors quelques-uns des disciples de Jean commencèrent à discuter avec un Juif des rites de purification. Ils allèrent trouver Jean et lui dirent: «Maître, tu te rappelles l'homme qui était avec toi de l'autre côté du Jourdain, celui auquel tu as rendu témoignage? Eh bien, il baptise maintenant et tout le monde va le voir!» Jean leur répondit: «Personne ne peut avoir quoi que ce soit si Dieu ne le lui a pas donné. Vous pouvez vous-mêmes témoigner que j'ai dit: “Je ne suis pas le Messie, mais j'ai été envoyé devant lui.” Celui à qui appartient la mariée, c'est le marié; mais l'ami du marié se tient près de lui et l'écoute, et il est tout joyeux d'entendre la voix du marié. Cette joie est la mienne, et elle est maintenant complète. Il faut que son influence grandisse et que la mienne diminue.» «Celui qui vient d'en haut est au-dessus de tous; celui qui est de la terre appartient à la terre et parle des choses de la terre. Celui qui vient du ciel [est au-dessus de tous]; il témoigne de ce qu'il a vu et entendu, mais personne n'accepte son témoignage. Celui qui accepte son témoignage certifie ainsi que Dieu dit la vérité. Celui que Dieu a envoyé dit les paroles de Dieu, car Dieu lui donne pleinement son Esprit. Le Père aime le Fils et a tout mis en son pouvoir. Celui qui croit au Fils a la vie éternelle; celui qui refuse de croire au Fils n'aura pas cette vie, mais il reste exposé à la colère de Dieu.» Pour y aller, il devait traverser la Samarie. Il arriva près d'une localité de Samarie appelée Sychar, qui est proche du champ que Jacob avait donné à son fils Joseph. Là se trouvait le puits de Jacob. Jésus, fatigué du voyage, s'assit au bord du puits. Il était environ midi. Une femme de Samarie vint pour puiser de l'eau et Jésus lui dit: «Donne-moi à boire.» – Ses disciples étaient allés à la ville acheter de quoi manger. – La femme samaritaine dit à Jésus: «Mais, tu es Juif! Comment oses-tu donc me demander à boire, à moi, une Samaritaine?» – En effet, les Juifs n'ont pas de relations avec les Samaritains. – Jésus lui répondit: «Si tu connaissais ce que Dieu donne, et qui est celui qui te demande à boire, c'est toi qui lui aurais demandé de l'eau et il t'aurait donné de l'eau vive.» La femme répliqua: «Maître, tu n'as pas de seau et le puits est profond. Comment pourrais-tu avoir cette eau vive? Notre ancêtre Jacob nous a donné ce puits; il a bu lui-même de son eau, ses fils et ses troupeaux en ont bu aussi. Penses-tu être plus grand que Jacob?» Jésus lui répondit: «Quiconque boit de cette eau aura de nouveau soif; mais celui qui boira de l'eau que je lui donnerai n'aura plus jamais soif: l'eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d'où jaillira la vie éternelle.» La femme lui dit: «Maître, donne-moi cette eau, pour que je n'aie plus soif et que je n'aie plus besoin de venir puiser de l'eau ici.» Jésus lui dit: «Va chercher ton mari et reviens ici.» La femme lui répondit: «Je n'ai pas de mari.» Et Jésus lui déclara: «Tu as raison d'affirmer que tu n'as pas de mari; car tu as eu cinq maris, et l'homme avec lequel tu vis maintenant n'est pas ton mari. Tu as dit la vérité.» Alors la femme s'exclama: «Maître, je vois que tu es un prophète. Nos ancêtres samaritains ont adoré Dieu sur cette montagne, mais vous, les Juifs, vous dites que l'endroit où l'on doit adorer Dieu est à Jérusalem.» Jésus lui répondit: «Crois-moi, le moment vient où vous n'adorerez le Père ni sur cette montagne, ni à Jérusalem. Vous, les Samaritains, vous adorez Dieu sans le connaître; nous, les Juifs, nous l'adorons et le connaissons, car le salut vient des Juifs. Mais le moment vient, et il est même déjà là, où les vrais adorateurs adoreront le Père en étant guidés par son Esprit et selon sa vérité; car tels sont les adorateurs que veut le Père. Dieu est Esprit, et ceux qui l'adorent doivent l'adorer en étant guidés par son Esprit et selon sa vérité.» La femme lui dit: «Je sais que le Messie – c'est-à-dire le Christ – va venir. Quand il viendra, il nous expliquera tout.» Jésus lui répondit: «Je le suis, moi qui te parle.» A ce moment, les disciples de Jésus revinrent; et ils furent étonnés de le voir parler avec une femme. Mais aucun d'eux n'osa lui demander: «Que lui veux-tu?» ou: «Pourquoi parles-tu avec elle?» Alors la femme laissa là sa cruche d'eau et retourna à la ville, où elle dit aux gens: «Venez voir un homme qui m'a dit tout ce que j'ai fait. Serait-il peut-être le Messie?» Ils sortirent donc de la ville et vinrent trouver Jésus. Pendant ce temps, les disciples priaient Jésus de manger: «Maître, mange quelque chose!» disaient-ils. Mais il leur répondit: «J'ai à manger une nourriture que vous ne connaissez pas.» Les disciples se demandèrent alors les uns aux autres: «Quelqu'un lui a-t-il apporté à manger?» Jésus leur dit: «Ma nourriture, c'est d'obéir à la volonté de celui qui m'a envoyé et d'achever le travail qu'il m'a confié. Vous dites, vous: “Encore quatre mois et ce sera la moisson.” Mais moi je vous dis, regardez bien les champs: les grains sont mûrs et prêts pour la moisson! Celui qui moissonne reçoit déjà son salaire et il rassemble le grain pour la vie éternelle; ainsi, celui qui sème et celui qui moissonne se réjouissent ensemble. Car il est vrai le proverbe qui dit: “Un homme sème et un autre moissonne.” Je vous ai envoyés moissonner dans un champ où vous n'avez pas travaillé; d'autres y ont travaillé et vous profitez de leur travail.» Beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en Jésus parce que la femme leur avait déclaré: «Il m'a dit tout ce que j'ai fait.» C'est pourquoi, quand les Samaritains arrivèrent auprès de lui, ils le prièrent de rester avec eux; et Jésus resta là deux jours. Ils furent encore bien plus nombreux à croire, à cause de ce qu'il disait lui-même; et ils déclaraient à la femme: «Maintenant nous ne croyons plus seulement à cause de ce que tu as raconté, mais parce que nous l'avons entendu nous-mêmes, et nous savons qu'il est vraiment le Sauveur du monde.» Après avoir passé deux jours à cet endroit, Jésus partit et se rendit en Galilée. Il avait lui-même déclaré: «Un prophète n'est pas respecté dans son propre pays.» Cependant, quand il arriva en Galilée, les habitants de la région le reçurent bien, car ils étaient allés eux aussi à la fête de la Pâque à Jérusalem et avaient vu tout ce qu'il avait fait pendant cette fête. Jésus revint alors à Cana de Galilée, où il avait changé de l'eau en vin. Il y avait là un haut fonctionnaire du roi, qui avait un fils malade à Capernaüm. Quand il apprit que Jésus était arrivé de Judée en Galilée, il alla le trouver et le pria de se rendre à Capernaüm pour guérir son fils, qui était mourant. Jésus lui dit: «Vous serez toujours incapables de croire si vous ne voyez pas des signes miraculeux et des prodiges!» Le fonctionnaire lui répondit: «Maître, viens chez moi avant que mon enfant soit mort.» Jésus lui dit: «Retourne chez toi, ton fils a repris vie.» L'homme crut à ce que Jésus lui disait et partit. Il était sur le chemin du retour, quand ses serviteurs vinrent à sa rencontre et lui dirent: «Ton enfant a repris vie!» Il leur demanda à quelle heure son fils s'était senti mieux, et ils lui répondirent: «Il était une heure de l'après-midi, hier, quand la fièvre l'a quitté.» Le père se rendit compte que c'était l'heure même où Jésus lui avait dit: «Ton fils a repris vie». Alors lui et toute sa famille crurent en Jésus. Ce fut le second signe miraculeux que fit Jésus, après son retour de Judée en Galilée. Peu après, les Juifs célébrèrent une fête religieuse et Jésus se rendit alors à Jérusalem. Dans cette ville, il y a, près de la porte des Brebis, une piscine avec cinq galeries à colonnes; on l'appelle en hébreu Bethzatha. Dans ces galeries, une foule de malades étaient couchés: des aveugles, des boiteux, des paralysés. [Ils attendaient que l'eau fasse des remous; car un ange du Seigneur descendait à certains moments dans la piscine et agitait l'eau. Le premier malade qui descendait dans l'eau ainsi agitée, était guéri de sa maladie, quelle qu'elle fût.] Il y avait là un homme malade depuis trente-huit ans. Quand Jésus le vit étendu à terre et apprit qu'il était malade depuis longtemps déjà, il lui demanda: «Veux-tu être guéri?» Le malade lui répondit: «Maître, je n'ai personne pour me plonger dans la piscine quand l'eau est agitée; pendant que j'essaie d'y aller, un autre y descend avant moi.» Jésus lui dit: «Lève-toi, prends ta natte et marche.» Aussitôt, l'homme fut guéri; il prit sa natte et se mit à marcher. Or, cela se passait le jour du sabbat, et les chefs juifs dirent à l'homme qui avait été guéri: «C'est le sabbat, tu n'as donc pas le droit de porter ta natte.» Il leur répondit: «Celui qui m'a guéri m'a dit: “Prends ta natte et marche.” » Ils lui demandèrent alors: «Qui est celui qui t'a dit: “Prends ta natte et marche”?» Mais l'homme qui avait été guéri l'ignorait, car Jésus avait disparu dans la foule qui se trouvait à cet endroit. Plus tard, Jésus le rencontra dans le temple et lui dit: «Te voilà guéri maintenant. Ne pèche plus, pour qu'il ne t'arrive pas quelque chose de pire.» L'homme alla dire aux chefs juifs que c'était Jésus qui l'avait guéri. Ils s'en prirent alors à Jésus, parce qu'il avait fait cela le jour du sabbat. Mais Jésus leur répondit: «Mon Père est continuellement à l'œuvre et moi aussi je suis à l'œuvre.» A cause de cette parole, les autorités juives cherchaient encore plus à faire mourir Jésus; car il avait non seulement agi contre la loi du sabbat, mais il disait encore que Dieu était son propre Père et se faisait ainsi l'égal de Dieu. Jésus reprit la parole et leur dit: «Oui, je vous le déclare, c'est la vérité: le Fils ne peut rien faire par lui-même; il ne fait que ce qu'il voit faire au Père. Tout ce que le Père fait, le Fils le fait également. Car le Père aime le Fils et lui montre tout ce qu'il fait lui-même. Il lui montrera des œuvres à faire encore plus grandes que celles-ci et vous en serez étonnés. Car, de même que le Père relève les morts et leur donne la vie, de même le Fils donne la vie à qui il veut. Et le Père ne juge personne, mais il a donné au Fils tout le pouvoir de juger, afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père. Celui qui n'honore pas le Fils, n'honore pas le Père qui l'a envoyé. «Oui, je vous le déclare, c'est la vérité: quiconque écoute mes paroles, et croit en celui qui m'a envoyé, possède la vie éternelle. Il ne sera pas condamné, mais il est déjà passé de la mort à la vie. Oui, je vous le déclare, c'est la vérité: le moment vient, et il est même déjà là, où les morts entendront la voix du Fils de Dieu et ceux qui l'auront entendue vivront. Car, de même que le Père est la source de la vie, de même il a accordé au Fils d'être source de vie. Et il a accordé au Fils le pouvoir de juger, parce qu'il est le Fils de l'homme. Ne vous en étonnez pas, car le moment vient où tous les morts qui sont enterrés entendront sa voix et sortiront de leurs tombes. Ceux qui ont fait le bien ressusciteront pour recevoir la vie, mais ceux qui ont fait le mal ressusciteront pour être condamnés. Je ne peux rien faire par moi-même. Je juge d'après ce que Dieu me dit, et mon jugement est juste parce que je ne cherche pas à faire ce que je veux, mais ce que veut celui qui m'a envoyé.» «Si je témoignais en ma faveur, mon témoignage ne serait pas valable. Mais c'est un autre qui témoigne en ma faveur et je sais que ce témoignage à mon sujet est vrai. Vous avez envoyé des messagers à Jean et il a rendu témoignage à la vérité. Je n'ai pas besoin, moi, du témoignage d'un homme; mais je dis cela seulement pour que vous puissiez être sauvés. Jean était comme une lampe qu'on allume pour qu'elle éclaire et vous avez accepté de vous réjouir un moment à sa lumière. Mais j'ai pour moi un témoignage plus grand que celui de Jean: les œuvres que je fais, celles-là mêmes que le Père m'a donné à accomplir, parlent en ma faveur et montrent que le Père m'a envoyé. Et le Père qui m'a envoyé témoigne aussi en ma faveur. Seulement, vous n'avez jamais entendu sa voix et vous n'avez jamais vu son visage. Vous ne gardez pas ses paroles en vous, parce que vous ne croyez pas en celui qu'il a envoyé. Vous étudiez avec soin les Écritures parce que vous pensez trouver en elles la vie éternelle: ce sont justement elles qui témoignent de moi! Pourtant, vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vraie vie. «Je ne recherche pas les éloges qui viennent des hommes. D'ailleurs je vous connais: je sais que vous n'avez pas en vous d'amour pour Dieu. Je suis venu de la part de mon Père et vous refusez de me recevoir. Mais si quelqu'un d'autre vient de sa propre autorité, vous le recevrez! Vous aimez recevoir des éloges les uns des autres et vous ne recherchez pas l'éloge qui vient du seul Dieu; comment donc pourriez-vous me croire? Mais ne pensez pas que je vous accuserai devant mon Père. C'est Moïse qui vous accusera, lui en qui vous avez mis votre espérance. Si vous croyiez vraiment Moïse, vous me croiriez aussi, car il a écrit à mon sujet. Mais puisque vous ne croyez pas ce qu'il a écrit, comment pourriez-vous croire mes paroles?» Après cela, Jésus s'en alla de l'autre côté du lac de Galilée – appelé aussi lac de Tibériade. Une grande foule le suivait, parce que les gens voyaient les signes miraculeux qu'il faisait en guérissant les malades. Jésus monta sur une colline et s'assit là avec ses disciples. La Pâque, la fête des Juifs, était proche. Jésus regarda et vit qu'une grande foule venait à lui; il demanda donc à Philippe: «Où pourrions-nous acheter du pain pour leur donner à manger à tous?» – Il disait cela pour mettre Philippe à l'épreuve, car il savait déjà ce qu'il allait faire. – Philippe lui répondit: «Même avec deux cents pièces d'argent, nous n'aurions pas de quoi acheter assez de pain pour que chacun d'eux en reçoive un petit morceau.» Un autre de ses disciples, André, le frère de Simon Pierre, lui dit: «Il y a ici un garçon qui a cinq pains d'orge et deux poissons. Mais qu'est-ce que cela pour un si grand nombre de personnes?» Jésus dit alors: «Faites asseoir tout le monde.» Il y avait beaucoup d'herbe à cet endroit. Ils s'assirent donc; ils étaient environ cinq mille hommes. Jésus prit les pains et, après avoir remercié Dieu, il les distribua à ceux qui étaient là. Il leur donna de même du poisson, autant qu'ils en voulaient. Quand ils eurent tous mangé à leur faim, Jésus dit à ses disciples: «Ramassez les morceaux qui restent, afin que rien ne soit perdu.» Ils les ramassèrent et remplirent douze corbeilles avec les morceaux qui restaient des cinq pains d'orge dont on avait mangé. Les gens, voyant le signe miraculeux que Jésus avait fait, déclarèrent: «Cet homme est vraiment le Prophète qui devait venir dans le monde!» Jésus se rendit compte qu'ils allaient venir l'enlever de force pour le faire roi. Il se retira donc de nouveau sur la colline, tout seul. Quand vint le soir, les disciples de Jésus descendirent au bord du lac, ils montèrent dans une barque et se mirent à traverser le lac en direction de Capernaüm. Il faisait déjà nuit et Jésus ne les avait pas encore rejoints. L'eau du lac était agitée, car le vent soufflait avec force. Les disciples avaient ramé sur une distance de cinq à six kilomètres quand ils virent Jésus s'approcher de la barque en marchant sur l'eau; et ils furent saisis de peur. Mais Jésus leur dit: «C'est moi, n'ayez pas peur!» Les disciples voulaient le prendre dans la barque, mais aussitôt la barque toucha terre, à l'endroit où ils se rendaient. Le lendemain, la foule qui était restée de l'autre côté du lac se rendit compte qu'il n'y avait eu là qu'une seule barque; les gens savaient que Jésus n'était pas monté dans cette barque avec ses disciples, mais que ceux-ci étaient partis seuls. Cependant, d'autres barques, venant de la ville de Tibériade, étaient arrivées près de l'endroit où ils avaient mangé le pain après que le Seigneur eut remercié Dieu. Quand les gens virent que ni Jésus ni ses disciples n'étaient là, ils montèrent dans ces barques et se rendirent à Capernaüm pour le chercher. Ils trouvèrent Jésus de l'autre côté du lac et lui dirent: «Maître, quand es-tu arrivé ici?» Jésus leur répondit: «Oui, je vous le déclare, c'est la vérité: vous me cherchez parce que vous avez mangé du pain à votre faim, et non parce que vous avez saisi le sens de mes signes miraculeux. Travaillez non pas pour la nourriture qui se gâte, mais pour la nourriture qui dure et qui est source de vie éternelle. Cette nourriture, le Fils de l'homme vous la donnera, parce que Dieu, le Père, a mis sur lui la marque de son autorité.» Ils lui demandèrent alors: «Que devons-nous faire pour travailler aux œuvres voulues par Dieu?» Jésus leur répondit: «L'œuvre que Dieu attend de vous, c'est que vous croyiez en celui qu'il a envoyé.» Ils lui dirent: «Quel signe miraculeux peux-tu nous faire voir pour que nous te croyions? Quelle œuvre vas-tu accomplir? Nos ancêtres ont mangé la manne dans le désert, comme le dit l'Écriture: “Il leur a donné à manger du pain venu du ciel.” » Jésus leur répondit: «Oui, je vous le déclare, c'est la vérité: ce n'est pas Moïse qui vous a donné le pain du ciel, mais c'est mon Père qui vous donne le vrai pain du ciel. Car le pain que Dieu donne, c'est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde.» Ils lui dirent alors: «Maître, donne-nous toujours de ce pain-là.» Jésus leur déclara: «Je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n'aura jamais faim et celui qui croit en moi n'aura jamais soif. Mais je vous l'ai dit: vous m'avez vu et pourtant vous ne croyez pas. Chacun de ceux que le Père me donne viendra à moi et je ne rejetterai jamais celui qui vient à moi; car je suis descendu du ciel non pas pour faire ma volonté, mais pour faire la volonté de celui qui m'a envoyé. Et voici ce que veut celui qui m'a envoyé: c'est que je ne perde aucun de ceux qu'il m'a confiés, mais que je les relève de la mort au dernier jour. Oui, voici ce que veut mon Père: que tous ceux qui voient le Fils et croient en lui aient la vie éternelle et que je les relève de la mort au dernier jour.» Les Juifs critiquaient Jésus parce qu'il avait dit: «Je suis le pain descendu du ciel.» – «N'est-ce pas Jésus, disaient-ils, le fils de Joseph? Nous connaissons bien son père et sa mère. Comment peut-il dire maintenant qu'il est descendu du ciel?» Jésus leur répondit: «Cessez de critiquer entre vous. Personne ne peut venir à moi si le Père qui m'a envoyé ne l'y conduit, et moi, je le relèverai de la mort au dernier jour. Les prophètes ont écrit ceci: “Ils seront tous instruits par Dieu.” Quiconque écoute le Père et reçoit son enseignement vient à moi. Cela ne signifie pas que quelqu'un ait vu le Père; seul celui qui est venu de Dieu a vu le Père. Oui, je vous le déclare, c'est la vérité: celui qui croit possède la vie éternelle. Je suis le pain de vie. Vos ancêtres ont mangé la manne dans le désert et ils sont pourtant morts. Mais le pain qui descend du ciel est tel que celui qui en mange ne mourra pas. Je suis le pain vivant descendu du ciel. Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra pour toujours. Le pain que je donnerai, c'est ma chair; je la donne afin que le monde vive.» Là-dessus, les Juifs discutaient vivement entre eux: «Comment cet homme peut-il nous donner sa chair à manger?» demandaient-ils. Jésus leur dit: «Oui, je vous le déclare, c'est la vérité: si vous ne mangez pas la chair du Fils de l'homme et si vous ne buvez pas son sang, vous n'aurez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang possède la vie éternelle et je le relèverai de la mort au dernier jour. Car ma chair est une vraie nourriture et mon sang est une vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure uni à moi et moi à lui. Le Père qui m'a envoyé est vivant et je vis par lui; de même, celui qui me mange vivra par moi. Voici donc le pain qui est descendu du ciel. Il n'est pas comme celui qu'ont mangé vos ancêtres, qui sont morts. Mais celui qui mange ce pain vivra pour toujours.» Jésus prononça ces paroles alors qu'il enseignait dans la synagogue de Capernaüm. Après avoir entendu Jésus, beaucoup de ses disciples dirent: «Là, il exagère! Comment admettre un tel discours?» Jésus s'aperçut que ses disciples le critiquaient à ce sujet. C'est pourquoi il leur dit: «Cela vous choque-t-il? Qu'arrivera-t-il alors si vous voyez le Fils de l'homme monter là où il était auparavant? C'est l'Esprit de Dieu qui donne la vie; l'homme seul n'aboutit à rien. Les paroles que je vous ai dites sont Esprit et vie. Mais quelques-uns parmi vous ne croient pas.» En effet, Jésus savait depuis le commencement qui étaient ceux qui ne croyaient pas et il savait qui allait le trahir. Il ajouta: «Voilà pourquoi je vous ai dit que personne ne peut venir à moi si le Père ne lui en a pas donné la possibilité.» Dès lors, beaucoup de ses disciples se retirèrent et cessèrent d'aller avec lui. Jésus demanda alors aux douze disciples: «Voulez-vous partir, vous aussi?» Simon Pierre lui répondit: «Seigneur, à qui irions-nous? Tu as les paroles qui donnent la vie éternelle. Nous le croyons, nous le savons: tu es le Saint envoyé de Dieu.» Jésus leur répondit: «Ne vous ai-je pas choisis vous les douze? Et pourtant l'un de vous est un diable!» Il parlait de Judas, fils de Simon Iscariote. Car Judas, quoiqu'il fût un des douze disciples, allait le trahir. Après cela, Jésus parcourut la Galilée; il ne voulait pas aller et venir en Judée, car les autorités juives cherchaient à le faire mourir. La fête juive des Huttes était proche et les frères de Jésus lui dirent: «Pars d'ici et va en Judée, afin que tes disciples, eux aussi, voient les œuvres que tu fais. Personne n'agit en cachette s'il désire être connu. Puisque tu fais de telles œuvres, agis en sorte que tout le monde te voie.» En effet, ses frères eux-mêmes ne croyaient pas en lui. Jésus leur dit: «Le moment n'est pas encore venu pour moi. Pour vous, tout moment est bon. Le monde ne peut pas vous haïr, mais il a de la haine pour moi, parce que j'atteste que ses actions sont mauvaises. Allez à la fête, vous. Moi, je ne vais pas à cette fête, parce que le moment n'est pas encore arrivé pour moi.» Après avoir dit cela, il resta en Galilée. Quand ses frères se furent rendus à la fête, Jésus y alla aussi, mais sans se faire voir, presque en secret. Les autorités juives le cherchaient pendant cette fête et demandaient: «Où donc est-il?» On discutait beaucoup à son sujet, dans la foule. «C'est un homme de bien», disaient les uns. «Non, disaient les autres, il égare les gens.» Mais personne ne parlait librement de lui, parce que tous avaient peur des autorités juives. La fête était déjà à moitié passée, quand Jésus se rendit au temple et se mit à enseigner. Les Juifs s'étonnaient et disaient: «Comment cet homme en sait-il autant, lui qui n'a pas étudié?» Jésus leur répondit: «L'enseignement que je donne ne vient pas de moi, mais de Dieu qui m'a envoyé. Celui qui est disposé à faire ce que Dieu veut saura si mon enseignement vient de Dieu ou si je parle en mon propre nom. L'homme qui parle en son propre nom recherche la gloire pour lui-même. Mais celui qui travaille à la gloire de celui qui l'a envoyé dit la vérité et il n'y a rien de faux en lui. Moïse vous a donné la loi, n'est-ce pas? Mais aucun de vous ne la met en pratique. Pourquoi cherchez-vous à me faire mourir?» La foule lui répondit: «Tu es possédé d'un esprit mauvais! Qui cherche à te faire mourir?» Jésus leur répondit: «J'ai fait une seule œuvre et vous voilà tous étonnés! Parce que Moïse vous a donné l'ordre de circoncire les garçons – bien que ce ne soit pas Moïse qui ait commencé à le faire, mais déjà nos premiers ancêtres –, vous acceptez de circoncire quelqu'un même le jour du sabbat. Si vous pouvez circoncire un garçon le jour du sabbat pour que la loi de Moïse soit respectée, pourquoi êtes-vous irrités contre moi parce que j'ai guéri un homme tout entier le jour du sabbat? Cessez de juger d'après les apparences. Jugez de façon correcte.» Quelques habitants de Jérusalem disaient: «N'est-ce pas cet homme qu'on cherche à faire mourir? Voyez: il parle en public et on ne lui dit rien! Nos chefs auraient-ils vraiment reconnu qu'il est le Messie? Mais quand le Messie apparaîtra, personne ne saura d'où il vient, tandis que nous savons d'où vient cet homme.» Jésus enseignait alors dans le temple; il s'écria: «Savez-vous vraiment qui je suis et d'où je viens? Je ne suis pas venu de moi-même, mais celui qui m'a envoyé est digne de confiance. Vous ne le connaissez pas. Moi, je le connais parce que je viens d'auprès de lui et que c'est lui qui m'a envoyé.» Ils cherchèrent alors à l'arrêter, mais personne ne mit la main sur lui, car son heure n'était pas encore venue. Dans la foule, cependant, beaucoup crurent en lui. Ils disaient: «Quand le Messie viendra, fera-t-il plus de signes miraculeux que n'en a fait cet homme?» Les Pharisiens apprirent ce que l'on disait à voix basse dans la foule au sujet de Jésus. Les chefs des prêtres et les Pharisiens envoyèrent alors des gardes pour l'arrêter. Jésus déclara: «Je suis avec vous pour un peu de temps encore, puis je m'en irai auprès de celui qui m'a envoyé. Vous me chercherez, mais vous ne me trouverez pas, car vous ne pouvez pas aller là où je serai.» Les Juifs se demandèrent entre eux: «Où va-t-il se rendre pour que nous ne puissions pas le trouver? Va-t-il se rendre chez les Juifs dispersés parmi les Grecs et apporter son enseignement aux Grecs? Que signifient ces mots qu'il a dits: Vous me chercherez, mais vous ne me trouverez pas, car vous ne pouvez pas aller là où je serai?» Le dernier jour de la fête était le plus solennel. Ce jour-là, Jésus, debout, s'écria: «Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive. “Celui qui croit en moi, des fleuves d'eau vive jailliront de son cœur”, comme dit l'Écriture.» Jésus parlait de l'Esprit de Dieu que ceux qui croyaient en lui allaient recevoir. A ce moment-là, l'Esprit n'avait pas encore été donné, parce que Jésus n'avait pas encore été élevé à la gloire. Après avoir entendu ces paroles, certains, dans la foule, disaient: «Cet homme est vraiment le Prophète!» D'autres disaient: «C'est le Messie!» – «Mais, répliquaient d'autres, le Messie pourrait-il venir de Galilée? L'Écriture déclare que le Messie sera un descendant de David et qu'il viendra de Bethléem, le village où a vécu David.» La foule se divisa donc à cause de Jésus. Certains d'entre eux voulaient qu'on l'arrête, mais personne ne mit la main sur lui. Les gardes retournèrent auprès des chefs des prêtres et des Pharisiens qui leur demandèrent: «Pourquoi n'avez-vous pas amené Jésus?» Les gardes répondirent: «Jamais personne n'a parlé comme lui!» – «Vous êtes-vous laissé tromper, vous aussi? leur demandèrent les Pharisiens. Y a-t-il un seul membre des autorités ou un seul des Pharisiens qui ait cru en lui? Mais ces gens ne connaissent pas la loi de Moïse, ce sont des maudits!» Nicodème était l'un des Pharisiens présents: c'est lui qui était allé voir Jésus quelque temps auparavant. Il leur dit: «Selon notre loi, nous ne pouvons pas condamner un homme sans l'avoir d'abord entendu et sans savoir ce qu'il a fait.» Ils lui répondirent: «Es-tu de Galilée, toi aussi? Examine les Écritures et tu verras qu'aucun prophète n'est jamais venu de Galilée.» [ Ensuite, chacun s'en alla dans sa maison. Mais Jésus se rendit au mont des Oliviers. Tôt le lendemain matin, il retourna dans le temple et tous les gens s'approchèrent de lui. Il s'assit et se mit à leur donner son enseignement. Les maîtres de la loi et les Pharisiens lui amenèrent alors une femme qu'on avait surprise en train de commettre un adultère. Ils la placèrent devant tout le monde et dirent à Jésus: «Maître, cette femme a été surprise au moment même où elle commettait un adultère. Moïse nous a ordonné dans la loi de tuer de telles femmes à coups de pierres. Et toi, qu'en dis-tu?» Ils disaient cela pour lui tendre un piège, afin de pouvoir l'accuser. Mais Jésus se baissa et se mit à écrire avec le doigt sur le sol. Comme ils continuaient à le questionner, Jésus se redressa et leur dit: «Que celui d'entre vous qui n'a jamais péché lui jette la première pierre.» Puis il se baissa de nouveau et se remit à écrire sur le sol. Quand ils entendirent ces mots, ils partirent l'un après l'autre, les plus âgés d'abord. Jésus resta seul avec la femme, qui se tenait encore devant lui. Alors il se redressa et lui dit: «Eh bien, où sont-ils? Personne ne t'a condamnée?» – «Personne, Maître», répondit-elle. «Je ne te condamne pas non plus, dit Jésus. Tu peux t'en aller, mais désormais ne pèche plus.»] Jésus adressa de nouveau la parole à la foule et dit: «Je suis la lumière du monde. Celui qui me suit aura la lumière de la vie et ne marchera plus jamais dans l'obscurité.» Les Pharisiens lui dirent: «Tu te rends témoignage à toi-même; ton témoignage est sans valeur.» Jésus leur répondit: «Même si je me rends témoignage à moi-même, mon témoignage est valable, parce que je sais d'où je suis venu et où je vais. Mais vous, vous ne savez ni d'où je viens ni où je vais. Vous jugez à la manière des hommes; moi je ne juge personne. Cependant, s'il m'arrive de juger, mon jugement est valable, parce que je ne suis pas tout seul pour juger, mais le Père qui m'a envoyé est avec moi. Il est écrit dans votre loi que si deux personnes apportent le même témoignage, ce témoignage est valable. Je me rends témoignage à moi-même et le Père qui m'a envoyé témoigne aussi pour moi.» Ils lui demandèrent: «Où est ton Père?» Jésus répondit: «Vous ne connaissez ni moi ni mon Père. Si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père.» Jésus prononça ces paroles alors qu'il enseignait dans le temple, à l'endroit où se trouvent les troncs à offrandes. Personne ne l'arrêta, parce que son heure n'était pas encore venue. Jésus leur dit encore: «Je vais partir; vous me chercherez, mais vous mourrez dans votre péché. Vous ne pouvez pas aller là où je vais.» Les Juifs se disaient: «Va-t-il se suicider, puisqu'il dit: “Vous ne pouvez pas aller là où je vais”?» Jésus leur répondit: «Vous êtes d'en bas, mais moi je viens d'en haut. Vous appartenez à ce monde, mais moi je n'appartiens pas à ce monde. C'est pourquoi je vous ai dit que vous mourrez dans vos péchés. Car vous mourrez dans vos péchés si vous ne croyez pas que “je suis ”.» – «Qui es-tu?» lui demandèrent-ils. Jésus leur répondit: «Celui que je vous ai dit depuis le commencement. J'ai beaucoup à dire et à juger à votre sujet. Mais j'annonce au monde seulement ce que j'ai appris de celui qui m'a envoyé; et lui, il dit la vérité.» Ils ne comprirent pas qu'il leur parlait du Père. Jésus leur dit alors: «Quand vous aurez élevé le Fils de l'homme, vous reconnaîtrez que “je suis”; vous reconnaîtrez que je ne fais rien par moi-même: je dis seulement ce que le Père m'a enseigné. Celui qui m'a envoyé est avec moi; il ne m'a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui plaît.» Tandis que Jésus parlait ainsi, beaucoup crurent en lui. Jésus dit alors aux Juifs qui avaient cru en lui: «Si vous restez fidèles à mes paroles, vous êtes vraiment mes disciples; ainsi vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libres.» Ils lui répondirent: «Nous sommes les descendants d'Abraham et nous n'avons jamais été les esclaves de personne. Comment peux-tu nous dire: “Vous deviendrez libres”?» Jésus leur répondit: «Oui, je vous le déclare, c'est la vérité: tout homme qui pèche est un esclave du péché. Un esclave ne fait pas pour toujours partie de la famille, mais un fils en fait partie pour toujours. Si le Fils vous libère, vous serez alors vraiment libres. Je sais que vous êtes les descendants d'Abraham. Mais vous cherchez à me faire mourir, parce que vous refusez mes paroles. Moi, je parle de ce que mon Père m'a montré, mais vous, vous faites ce que votre père vous a dit.» Ils lui répliquèrent: «Notre père, c'est Abraham.» – «Si vous étiez vraiment les enfants d'Abraham, leur dit Jésus, vous feriez les actions qu'il a faites. Mais maintenant, bien que je vous aie dit la vérité que j'ai apprise de Dieu, vous cherchez à me faire mourir. Abraham n'a rien fait de semblable! Vous, vous faites les mêmes actions que votre père.» Ils lui répondirent: «Nous ne sommes pas des enfants illégitimes. Nous avons un seul Père, Dieu.» Jésus leur dit: «Si Dieu était vraiment votre Père, vous m'aimeriez, car je suis venu de Dieu et je suis ici de sa part. Je ne suis pas venu de moi-même, mais c'est lui qui m'a envoyé. Pourquoi ne comprenez-vous pas ce que je vous dis? Parce que vous êtes incapables d'écouter mes paroles. Vous avez pour père le diable et vous voulez faire ce que votre père désire. Il a été meurtrier dès le commencement. Il ne s'est jamais tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Quand il dit des mensonges, il parle de la manière qui lui est naturelle, parce qu'il est menteur et père du mensonge. Mais moi je dis la vérité et c'est pourquoi vous ne me croyez pas. Qui d'entre vous peut prouver que j'ai péché? Et si je dis la vérité, pourquoi ne me croyez-vous pas? Celui qui est de Dieu écoute les paroles de Dieu. Mais vous n'êtes pas de Dieu et c'est pourquoi vous n'écoutez pas.» Les Juifs répondirent à Jésus: «N'avons-nous pas raison de dire que tu es un Samaritain et que tu es possédé d'un esprit mauvais?» – «Je ne suis pas possédé, répondit Jésus, mais j'honore mon Père et vous, vous refusez de m'honorer. Je ne cherche pas la gloire pour moi-même. Il en est un qui la cherche pour moi et qui juge. Oui, je vous le déclare, c'est la vérité: celui qui obéit à mes paroles ne mourra jamais.» Les Juifs lui dirent: «Maintenant nous sommes sûrs que tu es possédé d'un esprit mauvais! Abraham est mort, les prophètes sont morts, et toi, tu dis: “Celui qui obéit à mes paroles ne mourra jamais.” Abraham, notre père, est mort: penses-tu être plus grand que lui? Les prophètes aussi sont morts. Pour qui te prends-tu?» Jésus répondit: «Si je me glorifiais moi-même, ma gloire ne vaudrait rien. Celui qui me glorifie, c'est mon Père. Vous dites de lui: “Il est notre Dieu”, alors que vous ne le connaissez pas. Moi je le connais. Si je disais que je ne le connais pas, je serais un menteur comme vous. Mais je le connais et j'obéis à ses paroles. Abraham, votre père, s'est réjoui à la pensée de voir mon jour; il l'a vu et en a été heureux.» Les Juifs lui dirent: «Tu n'as pas encore cinquante ans et tu as vu Abraham?» Jésus leur répondit: «Oui, je vous le déclare, c'est la vérité: avant qu'Abraham soit né, “je suis ”.» Ils ramassèrent alors des pierres pour les jeter contre lui. Mais Jésus se cacha et sortit du temple. En chemin, Jésus vit un homme qui était aveugle depuis sa naissance. Ses disciples lui demandèrent: «Maître, pourquoi cet homme est-il né aveugle: à cause de son propre péché ou à cause du péché de ses parents?» Jésus répondit: «Ce n'est ni à cause de son péché, ni à cause du péché de ses parents. Il est aveugle pour que l'œuvre de Dieu puisse se manifester en lui. Pendant qu'il fait jour, nous devons accomplir les œuvres de celui qui m'a envoyé. La nuit s'approche, où personne ne peut travailler. Pendant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde.» Après avoir dit ces mots, Jésus cracha par terre et fit un peu de boue avec sa salive; il frotta les yeux de l'aveugle avec cette boue et lui dit: «Va te laver la figure à la piscine de Siloé.» – Ce nom signifie «Envoyé». – L'aveugle y alla, se lava la figure et, quand il revint, il voyait! Ses voisins et ceux qui l'avaient vu mendier auparavant demandaient: «N'est-ce pas cet homme qui se tenait assis pour mendier?» Les uns disaient: «C'est lui.» D'autres disaient: «Non, ce n'est pas lui, mais il lui ressemble.» Et l'homme disait: «C'est bien moi.» Ils lui demandèrent: «Comment donc tes yeux ont-ils été guéris?» Il répondit: «L'homme appelé Jésus a fait un peu de boue, il en a frotté mes yeux et m'a dit: “Va à Siloé te laver la figure.” J'y suis allé et, après m'être lavé, je voyais!» Ils lui demandèrent: «Où est cet homme?» – «Je ne sais pas», répondit-il. On amena alors aux Pharisiens l'homme qui avait été aveugle. Or, Jésus avait fait de la boue et lui avait guéri les yeux un jour de sabbat. C'est pourquoi les Pharisiens, eux aussi, demandèrent à l'homme ce qui s'était passé pour qu'il voie maintenant. Il leur dit: «Il m'a mis un peu de boue sur les yeux, je me suis lavé la figure et maintenant je vois.» Quelques Pharisiens disaient: «Celui qui a fait cela ne peut pas venir de Dieu, car il n'obéit pas à la loi du sabbat.» Mais d'autres répliquaient: «Comment un pécheur pourrait-il faire de tels signes miraculeux?» Et ils étaient divisés entre eux. Les Pharisiens demandèrent encore à l'aveugle guéri: «Et toi, que dis-tu de celui qui a guéri tes yeux?» – «C'est un prophète », répondit-il. Cependant, les chefs juifs ne voulaient pas croire qu'il avait été aveugle et que maintenant il voyait. C'est pourquoi ils convoquèrent ses parents pour les interroger. Ils leur demandèrent: «Est-ce bien là votre fils? Affirmez-vous qu'il est né aveugle? Que s'est-il donc passé pour qu'il voie maintenant?» Les parents répondirent: «Nous savons que c'est notre fils et qu'il est né aveugle. Mais nous ne savons pas ce qui s'est passé pour qu'il voie maintenant et nous ne savons pas non plus qui a guéri ses yeux. Interrogez-le: il est d'âge à répondre lui-même!» Ils parlèrent ainsi parce qu'ils avaient peur des chefs juifs. En effet, ceux-ci s'étaient déjà mis d'accord pour exclure de la synagogue toute personne qui affirmerait que Jésus est le Messie. Voilà pourquoi les parents dirent: «Il est d'âge à répondre, interrogez-le!» Les Pharisiens appelèrent une seconde fois l'homme qui avait été aveugle et lui dirent: «Dis la vérité devant Dieu. Nous savons que cet homme est un pécheur.» Il répondit: «Je ne sais pas s'il est pécheur ou non. Mais je sais une chose: j'étais aveugle et maintenant je vois.» Ils lui demandèrent: «Que t'a-t-il fait? Comment a-t-il guéri tes yeux?» – «Je vous l'ai déjà dit, répondit-il, mais vous ne m'avez pas écouté. Pourquoi voulez-vous me l'entendre dire encore une fois? Peut-être désirez-vous, vous aussi, devenir ses disciples?» Ils l'injurièrent et dirent: «C'est toi qui es disciple de cet homme! Nous, nous sommes disciples de Moïse. Nous savons que Dieu a parlé à Moïse; mais lui, nous ne savons même pas d'où il vient!» L'homme leur répondit: «Voilà bien ce qui est étonnant: vous ne savez pas d'où il vient et pourtant il a guéri mes yeux! Nous savons que Dieu n'écoute pas les pécheurs, mais qu'il écoute tout être qui le respecte et obéit à sa volonté. On n'a jamais entendu dire que quelqu'un ait guéri les yeux d'une personne née aveugle. Si cet homme ne venait pas de Dieu, il ne pourrait rien faire.» Ils lui répondirent: «Tu es tout entier dans le péché depuis ta naissance et tu veux nous faire la leçon?» Et ils le chassèrent de la synagogue. Jésus apprit qu'ils l'avaient chassé. Il le rencontra et lui demanda: «Crois-tu au Fils de l'homme?» – «Dis-moi qui c'est, Maître, répondit l'homme, pour que je puisse croire en lui.» Jésus lui dit: «Eh bien, tu le vois; c'est lui qui te parle maintenant.» – «Je crois, Seigneur», dit l'homme. Et il se mit à genoux devant Jésus. Jésus dit alors: «Je suis venu dans ce monde pour qu'un jugement ait lieu: pour que les aveugles voient et que ceux qui voient deviennent aveugles.» Quelques Pharisiens, qui se trouvaient près de lui, entendirent ces paroles et lui demandèrent: «Sommes-nous des aveugles, nous aussi?» Jésus leur répondit: «Si vous étiez aveugles, vous ne seriez pas coupables; mais comme vous dites: “Nous voyons”, vous restez coupables.» Jésus dit: «Oui, je vous le déclare, c'est la vérité: celui qui n'entre pas par la porte dans l'enclos des brebis, mais qui passe par-dessus le mur à un autre endroit, celui-là est un voleur, un brigand. Mais celui qui entre par la porte est le berger des brebis. Le gardien lui ouvre la porte et les brebis écoutent sa voix. Il appelle ses brebis chacune par son nom et les mène dehors. Quand il les a toutes fait sortir, il marche devant elles et les brebis le suivent, parce qu'elles connaissent sa voix. Mais elles ne suivront pas un inconnu; au contraire, elles fuiront loin de lui, parce qu'elles ne connaissent pas sa voix.» Jésus leur raconta cette parabole, mais ses auditeurs ne comprirent pas ce qu'il voulait dire. Jésus dit encore: «Oui, je vous le déclare, c'est la vérité: je suis la porte de l'enclos des brebis. Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs, des brigands; mais les brebis ne les ont pas écoutés. Je suis la porte. Celui qui entre en passant par moi sera sauvé; il pourra entrer et sortir, et il trouvera sa nourriture. Le voleur vient uniquement pour voler, tuer et détruire. Moi, je suis venu pour que les humains aient la vie et l'aient en abondance. Je suis le bon berger. Le bon berger est prêt à donner sa vie pour ses brebis. L'homme qui ne travaille que pour de l'argent n'est pas vraiment le berger; les brebis ne lui appartiennent pas. Il les abandonne et s'enfuit quand il voit venir le loup. Alors le loup se jette sur les brebis et disperse le troupeau. Voilà ce qui arrive parce que cet homme ne travaille que pour de l'argent et ne se soucie pas des brebis. Je suis le bon berger. Je connais mes brebis et elles me connaissent, de même que le Père me connaît et que je connais le Père. Et je donne ma vie pour mes brebis. J'ai encore d'autres brebis qui ne sont pas dans cet enclos. Je dois aussi les conduire; elles écouteront ma voix, et elles deviendront un seul troupeau avec un seul berger. Le Père m'aime parce que je donne ma vie, pour ensuite l'obtenir à nouveau. Personne ne me prend la vie, mais je la donne volontairement. J'ai le pouvoir de la donner et j'ai le pouvoir de l'obtenir à nouveau. Cela correspond à l'ordre que mon Père m'a donné.» Les Juifs furent de nouveau divisés à cause de ces paroles. Beaucoup d'entre eux disaient: «Il est possédé d'un esprit mauvais! Il est fou! Pourquoi l'écoutez-vous?» D'autres disaient: «Un possédé ne parlerait pas ainsi. Un esprit mauvais peut-il rendre la vue aux aveugles?» C'était l'hiver et l'on célébrait à Jérusalem la fête de la Dédicace. Jésus allait et venait dans la galerie à colonnes de Salomon, au temple. Les Juifs se rassemblèrent alors autour de lui et lui dirent: «Jusqu'à quand vas-tu nous maintenir dans l'incertitude? Si tu es le Messie, dis-le-nous franchement.» Jésus leur répondit: «Je vous l'ai déjà dit, mais vous ne me croyez pas. Les œuvres que je fais au nom de mon Père témoignent en ma faveur. Mais vous ne croyez pas, parce que vous ne faites pas partie de mes brebis. Mes brebis écoutent ma voix; je les connais et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle, elles ne seront jamais perdues et personne ne les arrachera de ma main. Ce que mon Père m'a donné est plus grand que tout et personne ne peut rien arracher de la main du Père. Le Père et moi, nous sommes un.» Les Juifs ramassèrent de nouveau des pierres pour les jeter contre lui. Jésus leur dit alors: «Je vous ai fait voir beaucoup d'œuvres bonnes de la part du Père. Pour laquelle de ces œuvres voulez-vous me tuer à coups de pierres?» Les Juifs lui répondirent: «Nous ne voulons pas te tuer à coups de pierres pour une œuvre bonne, mais parce que tu fais insulte à Dieu: tu n'es qu'un homme et tu veux te faire Dieu!» Jésus répondit: «Il est écrit dans votre loi que Dieu a dit: “Vous êtes des dieux.” Nous savons qu'on ne peut pas supprimer ce qu'affirme l'Écriture. Or, Dieu a appelé dieux ceux auxquels s'adressait sa parole. Et moi, le Père m'a choisi et envoyé dans le monde. Comment donc pouvez-vous dire que je fais insulte à Dieu parce que j'ai déclaré que je suis le Fils de Dieu? Si je ne fais pas les œuvres de mon Père, ne me croyez pas. Mais si je les fais, quand même vous ne me croiriez pas, croyez au moins à ces œuvres afin que vous sachiez une fois pour toutes que le Père vit en moi et que je vis dans le Père.» Ils cherchèrent une fois de plus à l'arrêter, mais il leur échappa. Jésus s'en alla de nouveau de l'autre côté de la rivière, le Jourdain, à l'endroit où Jean avait baptisé précédemment, et il y resta. Beaucoup de gens vinrent à lui. Ils disaient: «Jean n'a fait aucun signe miraculeux, mais tout ce qu'il a dit de cet homme était vrai.» Et là, beaucoup crurent en Jésus. Un homme appelé Lazare tomba malade. Il habitait Béthanie, le village où vivaient Marie et sa sœur Marthe. – Marie était cette femme qui répandit du parfum sur les pieds du Seigneur et les essuya avec ses cheveux, et c'était son frère Lazare qui était malade. – Les deux sœurs envoyèrent quelqu'un dire à Jésus: «Seigneur, ton ami est malade.» Lorsque Jésus apprit cette nouvelle, il dit: «La maladie de Lazare ne le fera pas mourir; elle doit servir à montrer la puissance glorieuse de Dieu et à manifester ainsi la gloire du Fils de Dieu.» Jésus aimait Marthe et sa sœur, ainsi que Lazare. Or, quand il apprit que Lazare était malade, il resta encore deux jours à l'endroit où il se trouvait, puis il dit à ses disciples: «Retournons en Judée.» Les disciples lui répondirent: «Maître, il y a très peu de temps on cherchait à te tuer à coups de pierres là-bas et tu veux y retourner?» Jésus leur dit: «Il y a douze heures dans le jour, n'est-ce pas? Si quelqu'un marche pendant le jour, il ne trébuche pas, parce qu'il voit la lumière de ce monde. Mais si quelqu'un marche pendant la nuit, il trébuche, parce qu'il n'y a pas de lumière en lui.» Après avoir dit cela, Jésus ajouta: «Notre ami Lazare s'est endormi, mais je vais aller le réveiller.» Les disciples répondirent: «Seigneur, s'il s'est endormi, il guérira.» En fait, Jésus avait parlé de la mort de Lazare, mais les disciples pensaient qu'il parlait du sommeil ordinaire. Jésus leur dit alors clairement: «Lazare est mort. Je me réjouis pour vous de n'avoir pas été là-bas, parce qu'ainsi vous croirez en moi. Mais allons auprès de lui.» Alors Thomas – surnommé le Jumeau – dit aux autres disciples: «Allons-y, nous aussi, pour mourir avec notre Maître!» Quand Jésus arriva, il apprit que Lazare était dans la tombe depuis quatre jours déjà. Béthanie est proche de Jérusalem, à moins de trois kilomètres, et beaucoup de Juifs étaient venus chez Marthe et Marie pour les consoler de la mort de leur frère. Quand Marthe apprit que Jésus arrivait, elle partit à sa rencontre; mais Marie resta assise à la maison. Marthe dit à Jésus: «Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. Mais je sais que même maintenant Dieu te donnera tout ce que tu lui demanderas.» Jésus lui dit: «Ton frère se relèvera de la mort.» Marthe répondit: «Je sais qu'il se relèvera lors de la résurrection des morts, au dernier jour.» Jésus lui dit: «Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, même s'il meurt; et celui qui vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela?» – «Oui, Seigneur, répondit-elle, je crois que tu es le Messie, le Fils de Dieu, celui qui devait venir dans le monde.» Sur ces mots, Marthe s'en alla appeler sa sœur Marie et lui dit tout bas: «Le Maître est là et il te demande de venir.» Dès que Marie eut entendu cela, elle se leva et courut au-devant de Jésus. Or, Jésus n'était pas encore entré dans le village, mais il se trouvait toujours à l'endroit où Marthe l'avait rencontré. Quand les Juifs qui étaient dans la maison avec Marie pour la consoler la virent se lever et sortir en hâte, ils la suivirent. Ils pensaient qu'elle allait au tombeau pour y pleurer. Marie arriva là où se trouvait Jésus; dès qu'elle le vit, elle se jeta à ses pieds et lui dit: «Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort.» Jésus vit qu'elle pleurait, ainsi que ceux qui étaient venus avec elle. Il en fut profondément ému et troublé, et il leur demanda: «Où l'avez-vous mis?» Ils lui répondirent: «Seigneur, viens et tu verras.» Jésus pleura. Les Juifs dirent alors: «Voyez comme il l'aimait!» Mais quelques-uns d'entre eux dirent: «Lui qui a guéri les yeux de l'aveugle, ne pouvait-il pas aussi empêcher Lazare de mourir?» Jésus, de nouveau profondément ému, se rendit au tombeau. C'était une caverne, dont l'entrée était fermée par une grosse pierre. «Enlevez la pierre», dit Jésus. Marthe, la sœur du mort, lui dit: «Seigneur, il doit sentir mauvais, car il y a déjà quatre jours qu'il est ici.» Jésus lui répondit: «Ne te l'ai-je pas dit? Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu.» On enleva donc la pierre. Jésus leva les yeux vers le ciel et dit: «Père, je te remercie de m'avoir écouté. Je sais que tu m'écoutes toujours, mais je le dis à cause de ces gens qui m'entourent, afin qu'ils croient que tu m'as envoyé.» Cela dit, il cria très fort: «Lazare, sors de là!» Le mort sortit, les pieds et les mains entourés de bandes et le visage enveloppé d'un linge. Jésus dit alors: «Déliez-le et laissez-le aller.» Beaucoup de Juifs, parmi ceux qui étaient venus chez Marie et avaient vu ce que Jésus avait fait, crurent en lui. Mais quelques-uns d'entre eux allèrent trouver les Pharisiens et leur racontèrent ce que Jésus avait fait. Les chefs des prêtres et les Pharisiens réunirent alors le Conseil supérieur et dirent: «Qu'allons-nous faire? Car cet homme réalise beaucoup de signes miraculeux! Si nous le laissons agir ainsi, tous croiront en lui, puis les autorités romaines interviendront et détruiront notre temple et notre nation!» L'un d'entre eux, nommé Caïphe, qui était grand-prêtre cette année-là, leur dit: «Vous n'y comprenez rien! Ne saisissez-vous pas qu'il est de votre intérêt qu'un seul homme meure pour le peuple et qu'ainsi la nation entière ne soit pas détruite?» Or, ce n'est pas de lui-même qu'il disait cela; mais, comme il était grand-prêtre cette année-là, il prophétisait que Jésus devait mourir pour la nation juive, et non seulement pour cette nation, mais aussi pour rassembler en un seul corps tous les enfants de Dieu dispersés. Dès ce jour-là, les autorités juives décidèrent de faire mourir Jésus. C'est pourquoi Jésus cessa d'aller et venir en public parmi les Juifs. Il se rendit dans une région voisine du désert, dans une localité appelée Éfraïm, où il resta avec ses disciples. La fête juive de la Pâque était proche, et beaucoup de gens du pays se rendirent à Jérusalem pour se purifier avant cette fête. Ils cherchaient Jésus et, alors qu'ils se tenaient dans le temple, ils se demandaient les uns aux autres: «Qu'en pensez-vous? Viendra-t-il à la fête ou non?» Les chefs des prêtres et les Pharisiens avaient ordonné que si quelqu'un savait où était Jésus, il devait les avertir, afin qu'on puisse l'arrêter. Six jours avant la Pâque, Jésus se rendit à Béthanie, où vivait Lazare, l'homme qu'il avait ramené d'entre les morts. Là, on lui offrit un repas, servi par Marthe. Lazare était un de ceux qui se trouvaient à table avec Jésus. Marie prit alors un demi-litre d'un parfum très cher, fait de nard pur, et le répandit sur les pieds de Jésus, puis elle les essuya avec ses cheveux. Toute la maison se remplit de l'odeur du parfum. L'un des disciples de Jésus, Judas Iscariote – celui qui allait le trahir – dit alors: «Pourquoi n'a-t-on pas vendu ce parfum trois cents pièces d'argent pour les donner aux pauvres?» Il disait cela non parce qu'il se souciait des pauvres, mais parce qu'il était voleur: il tenait la bourse et prenait ce qu'on y mettait. Mais Jésus dit: «Laisse-la tranquille! Elle a fait cela en vue du jour où l'on me mettra dans la tombe. Vous aurez toujours des pauvres avec vous, mais moi, vous ne m'aurez pas toujours avec vous.» La foule nombreuse des Juifs apprit que Jésus était à Béthanie. Ils y allèrent non seulement à cause de Jésus, mais aussi pour voir Lazare que Jésus avait ramené d'entre les morts. Les chefs des prêtres décidèrent alors de faire mourir aussi Lazare, parce que beaucoup de Juifs les quittaient à cause de lui et croyaient en Jésus. Le lendemain, la foule nombreuse qui était venue pour la fête de la Pâque apprit que Jésus arrivait à Jérusalem. Tous prirent alors des branches de palmiers et sortirent de la ville pour aller à sa rencontre; ils criaient: «Gloire à Dieu! Que Dieu bénisse celui qui vient au nom du Seigneur! Que Dieu bénisse le roi d'Israël!» Jésus trouva un âne et s'assit dessus, comme le déclare l'Écriture: «N'aie pas peur, ville de Sion! Regarde, ton roi vient, assis sur le petit d'une ânesse.» Tout d'abord, ses disciples ne comprirent pas ces faits; mais lorsque Jésus eut été élevé à la gloire, ils se rappelèrent que l'Écriture avait annoncé cela à son sujet et qu'on avait accompli pour lui ce qu'elle disait. Tous ceux qui étaient avec Jésus quand il avait appelé Lazare hors du tombeau et l'avait ramené d'entre les morts, racontaient ce qu'ils avaient vu. C'est pourquoi la foule vint à sa rencontre: les gens avaient appris qu'il avait fait ce signe miraculeux. Les Pharisiens se dirent alors entre eux: «Vous voyez que vous n'y pouvez rien: tout le monde s'est mis à le suivre!» Quelques Grecs se trouvaient parmi ceux qui étaient venus à Jérusalem pour adorer Dieu pendant la fête. Ils s'approchèrent de Philippe, qui était de Bethsaïda en Galilée, et lui dirent: «Maître, nous désirons voir Jésus.» Philippe alla le dire à André, puis tous deux allèrent le dire à Jésus. Jésus leur répondit: «L'heure est maintenant venue où le Fils de l'homme va être élevé à la gloire. Oui, je vous le déclare, c'est la vérité: un grain de blé reste un seul grain s'il ne tombe pas en terre et ne meurt pas. Mais s'il meurt, il produit beaucoup de grains. Celui qui aime sa vie la perdra, mais celui qui refuse de s'y attacher dans ce monde la gardera pour la vie éternelle. Si quelqu'un veut me servir, il doit me suivre; ainsi, mon serviteur sera aussi là où je suis. Mon Père honorera celui qui me sert.» «Maintenant mon cœur est troublé. Et que dirai-je? Dirai-je: Père, délivre-moi de cette heure de souffrance? Mais c'est précisément pour cette heure que je suis venu. Père, donne gloire à ton nom!» Une voix se fit alors entendre du ciel: «Je l'ai déjà glorifié et je le glorifierai de nouveau.» La foule qui se trouvait là et avait entendu la voix disait: «C'était un coup de tonnerre!» D'autres disaient: «Un ange lui a parlé!» Mais Jésus leur déclara: «Ce n'est pas pour moi que cette voix s'est fait entendre, mais pour vous. C'est maintenant le moment où ce monde va être jugé; maintenant, le dominateur de ce monde va être chassé. Et moi, quand j'aurai été élevé de la terre, j'attirerai à moi tous les humains.» Par ces mots, Jésus indiquait de quel genre de mort il allait mourir. La foule lui répondit: «Nous avons appris dans les livres de notre loi que le Messie vivra toujours. Alors, comment peux-tu dire que le Fils de l'homme doit être élevé? Qui est ce Fils de l'homme?» Jésus leur dit: «La lumière est encore parmi vous, mais pour peu de temps. Marchez pendant que vous avez la lumière, pour que l'obscurité ne vous surprenne pas, car celui qui marche dans l'obscurité ne sait pas où il va. Croyez donc en la lumière pendant que vous l'avez, afin que vous deveniez des êtres de lumière.» Après avoir ainsi parlé, Jésus s'en alla et se cacha loin d'eux. Bien qu'il eût fait tant de signes miraculeux devant eux, ils ne croyaient pas en lui. Ainsi se réalisait ce qu'avait dit le prophète Ésaïe: «Seigneur, qui a cru notre message? A qui le Seigneur a-t-il révélé son intervention?» Ésaïe a dit aussi pourquoi ces gens ne pouvaient pas croire: «Dieu a rendu leurs yeux aveugles, il a fermé leur intelligence, afin que leurs yeux ne voient pas, que leur intelligence ne comprenne pas. Et voilà pourquoi, dit Dieu, ils ne se tournent pas vers moi pour que je les guérisse.» Ésaïe a dit cela parce qu'il avait vu la gloire de Jésus et qu'il parlait de lui. Cependant, parmi les chefs juifs eux-mêmes, beaucoup crurent en Jésus. Mais, à cause des Pharisiens, ils ne le déclaraient pas, pour ne pas être exclus de la synagogue. Ils préféraient l'approbation qui vient des hommes à celle qui vient de Dieu. Jésus s'écria: «Celui qui croit en moi, croit en réalité non pas en moi, mais en celui qui m'a envoyé. Celui qui me voit, voit celui qui m'a envoyé. Moi, je suis venu dans le monde comme lumière, afin que quiconque croit en moi ne reste pas dans l'obscurité. Si quelqu'un entend mes paroles et ne les met pas en pratique, ce n'est pas moi qui le condamne, car je suis venu pour sauver le monde et non pas pour le condamner. Celui qui me rejette et n'accepte pas mes paroles trouve là ce qui le condamne: c'est l'enseignement que j'ai donné qui le condamnera au dernier jour. En effet, je n'ai pas parlé de ma propre initiative, mais le Père qui m'a envoyé m'a ordonné lui-même ce que je devais dire et enseigner. Et je le sais: ce qu'il ordonne produit la vie éternelle. Ainsi, ce que je dis, je le dis comme mon Père me l'a ordonné.» C'était la veille de la fête de la Pâque. Jésus savait que l'heure était venue pour lui de quitter ce monde pour aller auprès du Père. Il avait toujours aimé les siens qui étaient dans le monde et il les aima jusqu'à la fin. Jésus et ses disciples prenaient le repas du soir. Le diable avait déjà persuadé Judas, fils de Simon Iscariote, de trahir Jésus. Jésus savait que lui-même était venu de Dieu et retournait à Dieu, et que le Père avait tout mis en son pouvoir. Il se leva de table, ôta son vêtement de dessus et prit un linge dont il s'entoura la taille. Ensuite, il versa de l'eau dans une cuvette et se mit à laver les pieds de ses disciples, puis à les essuyer avec le linge qu'il avait autour de la taille. Il arriva ainsi près de Simon Pierre, qui lui dit: «Seigneur, vas-tu me laver les pieds, toi?» Jésus lui répondit: «Tu ne saisis pas maintenant ce que je fais, mais tu comprendras plus tard.» Pierre lui dit: «Non, tu ne me laveras jamais les pieds!» Jésus lui répondit: «Si je ne te les lave pas, tu n'auras aucune part à ce que j'apporte.» Simon Pierre lui dit: «Alors, Seigneur, ne me lave pas seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête!» Jésus lui dit: «Celui qui a pris un bain n'a plus besoin de se laver, sinon les pieds, car il est entièrement propre. Vous êtes propres, vous, mais pas tous cependant.» Jésus savait bien qui allait le trahir; c'est pourquoi il dit: «Vous n'êtes pas tous propres.» Après leur avoir lavé les pieds, Jésus reprit son vêtement, se remit à table et leur dit: «Comprenez-vous ce que je vous ai fait? Vous m'appelez “Maître” et “Seigneur”, et vous avez raison, car je le suis. Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. Je vous ai donné un exemple pour que vous agissiez comme je l'ai fait pour vous. Oui, je vous le déclare, c'est la vérité: un serviteur n'est pas plus grand que son maître et un envoyé n'est pas plus grand que celui qui l'envoie. Maintenant vous savez cela; vous serez heureux si vous le mettez en pratique. Je ne parle pas de vous tous; je connais ceux que j'ai choisis. Mais il faut que cette parole de l'Écriture se réalise: “Celui avec qui je partageais mon pain s'est tourné contre moi.” Je vous le dis déjà maintenant, avant que la chose arrive, afin que lorsqu'elle arrivera vous croyiez que “je suis”. Oui, je vous le déclare, c'est la vérité: quiconque reçoit celui que j'envoie me reçoit aussi; et quiconque me reçoit, reçoit celui qui m'a envoyé.» Après ces mots, Jésus fut profondément troublé et dit solennellement: «Oui, je vous le déclare, c'est la vérité: l'un de vous me trahira.» Les disciples se regardaient les uns les autres, sans savoir du tout de qui il parlait. L'un des disciples, celui que Jésus aimait, était placé à côté de Jésus. Simon Pierre lui fit un signe pour qu'il demande à Jésus de qui il parlait. Le disciple se pencha alors vers Jésus et lui demanda: «Seigneur, qui est-ce?» Jésus répondit: «Je vais tremper un morceau de pain dans le plat: celui à qui je le donnerai, c'est lui.» Jésus prit alors un morceau de pain, le trempa et le donna à Judas, fils de Simon Iscariote. Dès que Judas eut pris le morceau, Satan entra en lui. Jésus lui dit: «Ce que tu as à faire, fais-le vite!» Aucun de ceux qui étaient à table ne comprit pourquoi il lui disait cela. Comme Judas tenait la bourse, plusieurs pensaient que Jésus lui demandait d'aller acheter ce qui leur était nécessaire pour la fête, ou d'aller faire un don aux pauvres. Judas prit donc le morceau de pain et sortit aussitôt. Il faisait nuit. Après que Judas fut sorti, Jésus dit: «Maintenant la gloire du Fils de l'homme est révélée et la gloire de Dieu se révèle en lui. [Et si la gloire de Dieu se révèle en lui,] Dieu aussi manifestera en lui-même la gloire du Fils et il le fera bientôt. Mes enfants, je ne suis avec vous que pour peu de temps encore. Vous me chercherez, mais je vous dis maintenant ce que j'ai dit aux autres Juifs: vous ne pouvez pas aller là où je vais. Je vous donne un commandement nouveau: aimez-vous les uns les autres. Il faut que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimés. Si vous vous aimez les uns les autres, alors tous sauront que vous êtes mes disciples.» Simon Pierre lui demanda: «Seigneur, où vas-tu?» Jésus lui répondit: «Tu ne peux pas me suivre maintenant là où je vais, mais tu me suivras plus tard.» Pierre lui dit: «Seigneur, pourquoi ne puis-je pas te suivre maintenant? Je suis prêt à donner ma vie pour toi!» Jésus répondit: «Es-tu vraiment prêt à donner ta vie pour moi? Eh bien, je te le déclare, c'est la vérité: avant que le coq chante, tu auras prétendu trois fois ne pas me connaître.» «Ne soyez pas si inquiets, leur dit Jésus. Ayez confiance en Dieu et ayez aussi confiance en moi. Il y a beaucoup de place dans la maison de mon Père; sinon vous aurais-je dit que j'allais vous préparer le lieu où vous serez? Et après être allé vous préparer une place, je reviendrai et je vous prendrai auprès de moi, afin que vous soyez, vous aussi, là où je suis. Vous connaissez le chemin qui conduit où je vais.» Thomas lui dit: «Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment pourrions-nous en connaître le chemin?» Jésus lui répondit: «Je suis le chemin, la vérité, la vie. Personne ne peut aller au Père autrement que par moi. Si vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. Et dès maintenant vous le connaissez, vous l'avez vu.» Philippe lui dit: «Seigneur, montre-nous le Père et nous serons satisfaits.» Jésus lui répondit: «Il y a si longtemps que je suis avec vous et tu ne me connais pas encore, Philippe? Celui qui m'a vu a vu le Père. Pourquoi donc dis-tu: “Montre-nous le Père”? Ne crois-tu pas que je vis dans le Père et que le Père vit en moi? Les paroles que je vous dis à tous ne viennent pas de moi. C'est le Père qui demeure en moi qui accomplit ses propres œuvres. Croyez-moi quand je dis: je vis dans le Père et le Père vit en moi. Ou, du moins, croyez à cause de ces œuvres. Oui, je vous le déclare, c'est la vérité: celui qui croit en moi fera aussi les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, parce que je vais auprès du Père. Et je ferai tout ce que vous demanderez en mon nom, afin que le Fils manifeste la gloire du Père. Si vous me demandez quelque chose en mon nom, je le ferai.» «Si vous m'aimez, vous obéirez à mes commandements. Je demanderai au Père de vous donner quelqu'un d'autre pour vous venir en aide, afin qu'il soit toujours avec vous: c'est l'Esprit de vérité. Le monde ne peut pas le recevoir, parce qu'il ne peut ni le voir ni le connaître. Mais vous, vous le connaissez, parce qu'il demeure avec vous et qu'il sera toujours en vous. Je ne vous laisserai pas seuls comme des orphelins; je reviendrai auprès de vous. Dans peu de temps le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez, parce que je vis et que vous vivrez aussi. Ce jour-là, vous comprendrez que je vis uni à mon Père et que vous êtes unis à moi et moi à vous. «Celui qui retient mes commandements et leur obéit, voilà celui qui m'aime. Mon Père aimera celui qui m'aime; je l'aimerai aussi et je me montrerai à lui.» Jude – non pas Judas Iscariote – lui dit: «Seigneur, comment se fait-il que tu doives te montrer à nous et non au monde?» Jésus lui répondit: «Celui qui m'aime obéira à ce que je dis. Mon Père l'aimera; nous viendrons à lui, mon Père et moi, et nous habiterons chez lui. Celui qui ne m'aime pas n'obéit pas à mes paroles. Ce que vous m'entendez dire ne vient pas de moi, mais de mon Père qui m'a envoyé. Je vous ai dit cela pendant que je suis encore avec vous. Celui qui doit vous venir en aide, le Saint-Esprit que le Père enverra en mon nom, vous enseignera tout et vous rappellera tout ce que je vous ai dit. «C'est la paix que je vous laisse, c'est ma paix que je vous donne. Je ne vous la donne pas à la manière du monde. Ne soyez pas inquiets, ne soyez pas effrayés. Vous m'avez entendu dire: “Je m'en vais, mais je reviendrai auprès de vous.” Si vous m'aimiez, vous vous réjouiriez de savoir que je vais auprès du Père, parce que le Père est plus grand que moi. Je vous l'ai dit maintenant, avant que ces choses arrivent, afin que lorsqu'elles arriveront vous croyiez. Je ne parlerai plus beaucoup avec vous, car le dominateur de ce monde vient. Il n'a aucun pouvoir sur moi, mais il faut que le monde sache que j'aime le Père et que j'agis comme le Père me l'a ordonné. Levez-vous, partons d'ici!» «Je suis la vraie vigne et mon Père est le vigneron. Il enlève tout rameau qui, uni à moi, ne porte pas de fruit, mais il taille, il purifie chaque rameau qui porte des fruits pour qu'il en porte encore plus. L'enseignement que je vous ai donné vous a déjà rendus purs. Demeurez unis à moi, comme je suis uni à vous. Un rameau ne peut pas porter de fruit par lui-même, sans être uni à la vigne; de même, vous ne pouvez pas porter de fruit si vous ne demeurez pas unis à moi. Je suis la vigne, vous êtes les rameaux. Celui qui demeure uni à moi, et à qui je suis uni, porte beaucoup de fruits, car vous ne pouvez rien faire sans moi. Celui qui ne demeure pas uni à moi est jeté dehors, comme un rameau, et il sèche; les rameaux secs, on les ramasse, on les jette au feu et ils brûlent. Si vous demeurez unis à moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voulez et vous le recevrez. Voici comment la gloire de mon Père se manifeste: quand vous portez beaucoup de fruits et que vous vous montrez ainsi mes disciples. Je vous aime comme le Père m'aime. Demeurez dans mon amour. Si vous obéissez à mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi j'ai obéi aux commandements de mon Père et que je demeure dans son amour. «Je vous ai dit cela afin que ma joie soit en vous et que votre joie soit complète. Voici mon commandement: aimez-vous les uns les autres comme je vous aime. Le plus grand amour que quelqu'un puisse montrer, c'est de donner sa vie pour ses amis. Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. Je ne vous appelle plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître. Je vous appelle amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j'ai appris de mon Père. Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, c'est moi qui vous ai choisis; je vous ai chargés d'aller, de porter des fruits et des fruits durables. Alors, le Père vous donnera tout ce que vous lui demanderez en mon nom. Ce que je vous commande, donc, c'est de vous aimer les uns les autres.» «Si le monde a de la haine pour vous, sachez qu'il m'a haï avant vous. Si vous apparteniez au monde, le monde vous aimerait parce que vous seriez à lui. Mais je vous ai choisis et pris hors du monde, et vous n'appartenez plus au monde: c'est pourquoi le monde vous hait. Rappelez-vous ce que je vous ai dit: “Un serviteur n'est pas plus grand que son maître.” Si les gens m'ont persécuté, ils vous persécuteront aussi; s'ils ont obéi à mon enseignement, ils obéiront aussi au vôtre. Mais ils vous feront tout cela à cause de moi, parce qu'ils ne connaissent pas celui qui m'a envoyé. Ils ne seraient pas coupables de péché si je n'étais pas venu et si je ne leur avais pas parlé. Mais maintenant, ils n'ont pas d'excuse pour leur péché. Celui qui a de la haine pour moi, en a aussi pour mon Père. Ils n'auraient pas été coupables de péché si je n'avais pas fait parmi eux des œuvres que personne d'autre n'a jamais faites. Or, maintenant, ils ont vu mes œuvres et ils me haïssent, ainsi que mon Père. Mais cela arrive pour que se réalise la parole écrite dans leur loi: “Ils m'ont haï sans raison.” «Celui qui doit vous venir en aide viendra: c'est l'Esprit de vérité qui vient du Père. Je vous l'enverrai de la part du Père et il me rendra témoignage. Et vous aussi, vous me rendrez témoignage, parce que vous avez été avec moi depuis le commencement. «Je vous ai dit cela pour que vous n'abandonniez pas la foi. On vous exclura des synagogues. Et même, le moment viendra où ceux qui vous tueront s'imagineront servir Dieu de cette façon. Ils agiront ainsi parce qu'ils n'ont connu ni le Père, ni moi. Mais je vous ai dit cela pour que, lorsque ce moment sera venu, vous vous rappeliez que je vous l'avais dit.» «Je ne vous ai pas dit cela dès le commencement, car j'étais avec vous. Maintenant, je m'en vais auprès de celui qui m'a envoyé et aucun d'entre vous ne me demande: “Où vas-tu?” Mais la tristesse a rempli votre cœur parce que je vous ai parlé ainsi. Cependant, je vous dis la vérité: il est préférable pour vous que je parte; en effet, si je ne pars pas, celui qui doit vous venir en aide ne viendra pas à vous. Mais si je pars, je vous l'enverrai. Et quand il viendra, il prouvera aux gens de ce monde leur erreur au sujet du péché, de la justice et du jugement de Dieu. Quant au péché, il réside en ceci: ils ne croient pas en moi; quant à la justice, elle se révèle en ceci: je vais auprès du Père et vous ne me verrez plus; quant au jugement, il consiste en ceci: le dominateur de ce monde est déjà jugé. «J'ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pourriez pas les supporter maintenant. Quand viendra l'Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité. Il ne parlera pas en son propre nom, mais il dira tout ce qu'il aura entendu et vous annoncera ce qui doit arriver. Il révélera ma gloire, car il recevra de ce qui est à moi et vous l'annoncera. Tout ce que le Père possède est aussi à moi. C'est pourquoi j'ai dit que l'Esprit recevra de ce qui est à moi et vous l'annoncera.» «D'ici peu vous ne me verrez plus, puis peu de temps après vous me reverrez.» Quelques-uns de ses disciples se dirent alors entre eux: «Qu'est-ce que cela signifie? Il nous déclare: “D'ici peu vous ne me verrez plus, puis peu de temps après vous me reverrez”, et aussi: “C'est parce que je m'en vais auprès du Père”. Que signifie ce “peu de temps” dont il parle? Nous ne comprenons pas ce qu'il veut dire.» Jésus se rendit compte qu'ils désiraient l'interroger. Il leur dit donc: «Je vous ai déclaré: “D'ici peu vous ne me verrez plus, puis peu de temps après vous me reverrez.” Est-ce à ce sujet que vous vous posez des questions entre vous? Oui, je vous le déclare, c'est la vérité: vous pleurerez et vous vous lamenterez, tandis que le monde se réjouira; vous serez dans la peine, mais votre peine se changera en joie. Quand une femme va mettre un enfant au monde, elle est en peine parce que le moment de souffrir est arrivé pour elle; mais quand le bébé est né, elle oublie ses souffrances tant elle a de joie qu'un être humain soit venu au monde. De même, vous êtes dans la peine, vous aussi, maintenant; mais je vous reverrai, alors votre cœur se réjouira, et votre joie, personne ne peut vous l'enlever. «Quand viendra ce jour, vous ne m'interrogerez plus sur rien. Oui, je vous le déclare, c'est la vérité: le Père vous donnera tout ce que vous lui demanderez en mon nom. Jusqu'à maintenant, vous n'avez rien demandé en mon nom. Demandez et vous recevrez, et ainsi votre joie sera complète.» «Je vous ai dit tout cela en utilisant des paraboles. Le moment viendra où je ne vous parlerai plus ainsi, mais où je vous annoncerai clairement ce qui se rapporte au Père. Ce jour-là, vous adresserez vos demandes au Père en mon nom; et je ne vous dis pas que je le prierai pour vous, car le Père lui-même vous aime. Il vous aime parce que vous m'aimez et que vous croyez que je suis venu de Dieu. Je suis venu du Père et je suis arrivé dans le monde. Maintenant je quitte le monde et je retourne auprès du Père.» Ses disciples lui dirent alors: «Voilà, maintenant tu parles clairement, sans utiliser de paraboles. Maintenant nous savons que tu connais tout et que tu n'as pas besoin d'attendre qu'on t'interroge. C'est pourquoi nous croyons que tu es venu de Dieu.» Jésus leur répondit: «Vous croyez maintenant? Eh bien, le moment vient, et il est déjà là, où vous serez tous dispersés, chacun retournera chez soi et vous me laisserez seul. Non, je ne suis pas vraiment seul, car le Père est avec moi. Je vous ai dit tout cela pour que vous ayez la paix en restant unis à moi. Vous aurez à souffrir dans le monde. Mais courage! J'ai vaincu le monde!» Après avoir ainsi parlé, Jésus leva les yeux vers le ciel et dit: «Père, l'heure est venue. Manifeste la gloire de ton Fils, afin que le Fils manifeste aussi ta gloire. Tu lui as donné le pouvoir sur tous les êtres humains, pour qu'il donne la vie éternelle à ceux que tu lui as confiés. La vie éternelle consiste à te connaître, toi le seul véritable Dieu, et à connaître Jésus-Christ, que tu as envoyé. J'ai manifesté ta gloire sur la terre; j'ai achevé l'œuvre que tu m'as donné à faire. Maintenant donc, Père, accorde-moi en ta présence la gloire que j'avais auprès de toi avant que le monde existe. Je t'ai fait connaître à ceux que tu as pris dans le monde pour me les confier. Ils t'appartenaient, tu me les as confiés, et ils ont obéi à ta parole. Ils savent maintenant que tout ce que tu m'as donné vient de toi, car je leur ai donné les paroles que tu m'as données, et ils les ont accueillies. Ils ont reconnu que je suis vraiment venu de toi et ils ont cru que tu m'as envoyé. «Je te prie pour eux. Je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m'as confiés, car ils t'appartiennent. Tout ce que j'ai est à toi et tout ce que tu as est à moi; et ma gloire se manifeste en eux. Je ne suis plus dans le monde, mais eux sont dans le monde; moi je vais à toi. Père saint, garde-les par ton divin pouvoir, celui que tu m'as accordé, afin qu'ils soient un comme toi et moi nous sommes un. Pendant que j'étais avec eux, je les gardais par ton divin pouvoir, celui que tu m'as accordé. Je les ai protégés et aucun d'eux ne s'est perdu, à part celui qui devait se perdre, pour que l'Écriture se réalise. Et maintenant je vais à toi. Je parle ainsi pendant que je suis encore dans le monde, afin qu'ils aient en eux-mêmes ma joie, une joie complète. Je leur ai donné ta parole, et le monde les a haïs parce qu'ils n'appartiennent pas au monde, comme moi je n'appartiens pas au monde. Je ne te prie pas de les retirer du monde, mais de les garder du Mauvais. Ils n'appartiennent pas au monde, comme moi je n'appartiens pas au monde. Fais qu'ils soient entièrement à toi, par le moyen de la vérité; ta parole est la vérité. Je les ai envoyés dans le monde comme tu m'as envoyé dans le monde. Je m'offre entièrement à toi pour eux, afin qu'eux aussi soient vraiment à toi. «Je ne prie pas seulement pour eux, mais aussi pour ceux qui croiront en moi grâce à leur message. Je prie pour que tous soient un. Père, qu'ils soient unis à nous, comme toi tu es uni à moi et moi à toi. Qu'ils soient un pour que le monde croie que tu m'as envoyé. Je leur ai donné la gloire que tu m'as donnée, pour qu'ils soient un comme toi et moi nous sommes un. Je vis en eux, tu vis en moi; c'est ainsi qu'ils pourront être parfaitement un, afin que le monde reconnaisse que tu m'as envoyé et que tu les aimes comme tu m'aimes. Père, tu me les as donnés, et je désire qu'ils soient avec moi là où je suis, afin qu'ils voient ma gloire, la gloire que tu m'as donnée, parce que tu m'as aimé avant la création du monde. Père juste, le monde ne t'a pas connu, mais moi je t'ai connu et ceux-ci ont reconnu que tu m'as envoyé. Je t'ai fait connaître à eux et te ferai encore connaître, afin que l'amour que tu as pour moi soit en eux et que je sois moi-même en eux.» Après ces mots, Jésus s'en alla avec ses disciples de l'autre côté du ruisseau du Cédron. Il y avait là un jardin dans lequel il entra avec ses disciples. Judas, celui qui le trahissait, connaissait aussi l'endroit, parce que Jésus et ses disciples y étaient souvent venus ensemble. Judas se rendit donc au jardin, emmenant avec lui une troupe de soldats et des gardes fournis par les chefs des prêtres et le parti des Pharisiens; ils étaient armés et portaient des lanternes et des flambeaux. Alors Jésus, qui savait tout ce qui devait lui arriver, s'avança vers eux et leur demanda: «Qui cherchez-vous?» Ils lui répondirent: «Jésus de Nazareth.» Jésus leur dit: «C'est moi.» Et Judas, celui qui le leur livrait, se tenait là avec eux. Lorsque Jésus leur dit: «C'est moi», ils reculèrent et tombèrent à terre. Jésus leur demanda de nouveau: «Qui cherchez-vous?» Ils dirent: «Jésus de Nazareth.» Jésus leur répondit: «Je vous l'ai déjà dit, c'est moi. Si donc c'est moi que vous cherchez, laissez partir les autres.» C'est ainsi que devait se réaliser la parole qu'il avait dite: «Je n'ai perdu aucun de ceux que toi, Père, tu m'as confiés.» Simon Pierre avait une épée; il la tira, frappa le serviteur du grand-prêtre et lui coupa l'oreille droite. Ce serviteur s'appelait Malchus. Mais Jésus dit à Pierre: «Remets ton épée dans son fourreau. Penses-tu que je ne boirai pas la coupe de douleur que le Père m'a donnée?» La troupe de soldats avec leur commandant et les gardes des autorités juives se saisirent alors de Jésus et le ligotèrent. Ils le conduisirent tout d'abord chez Hanne. Celui-ci était le beau-père de Caïphe qui était grand -prêtre cette année-là. Or, c'est Caïphe qui avait donné ce conseil aux autorités juives: «Il est de votre intérêt qu'un seul homme meure pour tout le peuple.» Simon Pierre et un autre disciple suivaient Jésus. Cet autre disciple était connu du grand -prêtre, si bien qu'il entra en même temps que Jésus dans la cour intérieure de la maison du grand-prêtre. Mais Pierre resta dehors, près de la porte. Alors l'autre disciple, celui qui était connu du grand-prêtre, sortit et parla à la femme qui gardait la porte, puis il fit entrer Pierre. La servante qui gardait la porte dit à Pierre: «N'es-tu pas, toi aussi, un des disciples de cet homme-là?» – «Non, je n'en suis pas», répondit-il. Il faisait froid; c'est pourquoi les serviteurs et les gardes avaient allumé un feu autour duquel ils se tenaient pour se réchauffer. Pierre aussi se tenait avec eux et se réchauffait. Le grand -prêtre interrogea alors Jésus sur ses disciples et sur l'enseignement qu'il donnait. Jésus lui répondit: «J'ai parlé ouvertement à tout le monde; j'ai toujours enseigné dans les synagogues et dans le temple, où se rassemblent tous les Juifs; je n'ai rien dit en cachette. Pourquoi m'interroges-tu? Demande à ceux qui m'ont entendu ce que je leur ai dit: ils savent bien, eux, de quoi je leur ai parlé.» A ces mots, un des gardes qui se trouvaient là donna une gifle à Jésus en disant: «Est-ce ainsi que tu réponds au grand-prêtre?» Jésus lui répondit: «Si j'ai dit quelque chose de mal, montre-nous en quoi; mais si ce que j'ai dit est juste, pourquoi me frappes-tu?» Hanne l'envoya alors, toujours ligoté, à Caïphe le grand-prêtre. Pendant ce temps, Simon Pierre, lui, restait là à se réchauffer. On lui demanda: «N'es-tu pas, toi aussi, un des disciples de cet homme?» Mais Pierre le nia en disant: «Non, je n'en suis pas.» L'un des serviteurs du grand -prêtre, qui était parent de l'homme à qui Pierre avait coupé l'oreille, lui dit: «Est-ce que je ne t'ai pas vu avec lui dans le jardin?» Mais Pierre le nia de nouveau. Et à ce moment même un coq chanta. Puis on emmena Jésus de chez Caïphe au palais du gouverneur romain. C'était tôt le matin. Mais les chefs juifs n'entrèrent pas dans le palais afin de ne pas se rendre impurs et de pouvoir manger le repas de la Pâque. C'est pourquoi le gouverneur Pilate vint les trouver au dehors. Il leur demanda: «De quoi accusez-vous cet homme?» Ils lui répondirent: «Si ce n'était pas un malfaiteur, nous ne serions pas venus te le livrer.» Pilate leur dit: «Prenez-le vous-mêmes et jugez-le selon votre loi.» – «Nous n'avons pas le droit de condamner quelqu'un à mort», répondirent-ils. C'est ainsi que devait se réaliser la parole que Jésus avait dite pour indiquer de quelle mort il allait mourir. Pilate rentra alors dans le palais; il fit venir Jésus et lui demanda: «Es-tu le roi des Juifs?» Jésus répondit: «Dis-tu cela parce que tu y as pensé toi-même ou parce que d'autres te l'ont dit de moi?» Pilate répondit: «Suis-je un Juif, moi? Ceux de ta nation et les chefs des prêtres t'ont livré à moi; qu'as-tu donc fait?» Jésus répondit: «Mon royaume n'appartient pas à ce monde; si mon royaume appartenait à ce monde, mes serviteurs auraient combattu pour empêcher qu'on me livre aux autorités juives. Mais non, mon royaume n'est pas d'ici-bas.» Pilate lui dit alors: «Tu es donc roi?» Jésus répondit: «Tu le dis: je suis roi. Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque appartient à la vérité écoute ce que je dis.» – «Qu'est-ce que la vérité?» lui demanda Pilate. Après ces mots, Pilate alla de nouveau trouver les Juifs au dehors. Il leur déclara: «Je ne trouve aucune raison de condamner cet homme. Mais selon la coutume que vous avez, je vous libère toujours un prisonnier à la fête de la Pâque. Voulez-vous que je vous libère le roi des Juifs?» Ils lui répondirent en criant: «Non, pas lui! C'est Barabbas que nous voulons!» Or, ce Barabbas était un brigand. Alors Pilate ordonna d'emmener Jésus et de le frapper à coups de fouet. Les soldats tressèrent une couronne avec des branches épineuses et la posèrent sur la tête de Jésus; ils le revêtirent aussi d'un manteau rouge. Ils s'approchaient de lui et lui disaient: «Salut, roi des Juifs!» Et ils lui donnaient des gifles. Pilate sortit une nouvelle fois et dit à la foule: «Eh bien, je vais vous l'amener ici, dehors, afin que vous compreniez que je ne trouve aucune raison de condamner cet homme.» Jésus sortit donc; il portait la couronne d'épines et le manteau rouge. Et Pilate leur dit: «Voilà l'homme!» Mais lorsque les chefs des prêtres et les gardes le virent, ils crièrent: «Cloue-le sur une croix! Cloue-le sur une croix!» Pilate leur dit: «Allez le clouer vous-mêmes sur une croix, car je ne trouve personnellement aucune raison de le condamner.» Les Juifs lui répondirent: «Nous avons une loi, et selon cette loi il doit mourir, car il a prétendu être le Fils de Dieu.» Quand Pilate entendit ces mots, il eut encore plus peur. Il rentra dans le palais et demanda à Jésus: «D'où es-tu?» Mais Jésus ne lui donna pas de réponse. Pilate lui dit alors: «Tu ne veux pas me répondre? Ne sais-tu pas que j'ai le pouvoir de te relâcher et aussi celui de te faire clouer sur une croix?» Jésus lui répondit: «Tu n'as aucun pouvoir sur moi à part celui que Dieu t'a accordé. C'est pourquoi, l'homme qui m'a livré à toi est plus coupable que toi.» Dès ce moment, Pilate cherchait un moyen de relâcher Jésus. Mais les Juifs se mirent à crier: «Si tu relâches cet homme, tu n'es pas un ami de l'empereur! Quiconque se prétend roi est un ennemi de l'empereur!» Quand Pilate entendit ces mots, il fit amener Jésus dehors; il s'assit sur le siège du juge à l'endroit appelé «Place pavée» – qu'on nomme «Gabbatha» en hébreu. C'était le jour qui précédait la fête de la Pâque, vers midi. Pilate dit aux Juifs: «Voilà votre roi!» Mais ils se mirent à crier: «A mort! A mort! Cloue-le sur une croix!» Pilate leur dit: «Faut-il que je cloue votre roi sur une croix?» Les chefs des prêtres répondirent: «Nous n'avons pas d'autre roi que l'empereur.» Alors Pilate leur livra Jésus, pour qu'on le cloue sur une croix. Ils emmenèrent donc Jésus. Celui-ci dut porter lui-même sa croix pour sortir de la ville et aller à un endroit appelé «le lieu du Crâne» – qu'on nomme «Golgotha» en hébreu. C'est là que les soldats clouèrent Jésus sur la croix. En même temps, ils mirent deux autres hommes en croix, de chaque côté de Jésus, qui se trouvait ainsi au milieu. Pilate ordonna aussi de faire un écriteau et de le mettre sur la croix; il portait cette inscription: «Jésus de Nazareth, le roi des Juifs.» Beaucoup de Juifs lurent cet écriteau, car l'endroit où l'on avait mis Jésus en croix était près de la ville et l'inscription était en hébreu, en latin et en grec. Alors les chefs des prêtres juifs dirent à Pilate: «Tu ne dois pas laisser cette inscription “le roi des Juifs” mais tu dois mettre: “Cet homme a dit: Je suis le roi des Juifs.”» Pilate répondit: «Ce que j'ai écrit reste écrit.» Quand les soldats eurent mis Jésus en croix, ils prirent ses vêtements et les divisèrent en quatre parts, une pour chaque soldat. Ils prirent aussi sa tunique, qui était sans couture, tissée en une seule pièce du haut en bas. Les soldats se dirent les uns aux autres: «Ne déchirons pas cette tunique, mais tirons au sort pour savoir à qui elle appartiendra.» C'est ainsi que devait se réaliser le passage de l'Écriture qui déclare: «Ils se sont partagé mes habits et ils ont tiré au sort mon vêtement.» Voilà ce que firent les soldats. Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère, la sœur de sa mère, Marie la femme de Clopas et Marie du village de Magdala. Jésus vit sa mère et, auprès d'elle, le disciple qu'il aimait. Il dit à sa mère: «Voici ton fils, mère.» Puis il dit au disciple: «Voici ta mère.» Et dès ce moment, le disciple la prit chez lui. Après cela, comme Jésus savait que, maintenant, tout était achevé, il dit pour accomplir le texte de l'Écriture: «J'ai soif.» Il y avait là un vase plein de vinaigre. Les soldats trempèrent donc une éponge dans le vinaigre, la fixèrent à une branche d'hysope et l'approchèrent de la bouche de Jésus. Jésus prit le vinaigre, puis il dit: «Tout est achevé!» Alors, il baissa la tête et mourut. C'était vendredi et les chefs juifs ne voulaient pas que les corps restent sur les croix durant le sabbat, d'autant plus que ce sabbat-là était spécialement important; ils demandèrent donc à Pilate de faire briser les jambes des crucifiés et de faire enlever les corps. Alors les soldats vinrent briser les jambes du premier condamné mis en croix en même temps que Jésus, puis du second. Quand ils arrivèrent à Jésus, ils virent qu'il était déjà mort; c'est pourquoi ils ne lui brisèrent pas les jambes. Mais un des soldats lui perça le côté avec sa lance, et du sang et de l'eau en sortirent aussitôt. L'homme qui témoigne de ces faits les a vus, et son témoignage est vrai; il sait, lui, qu'il dit la vérité. Il en témoigne afin que vous aussi vous croyiez. En effet, cela est arrivé pour que ce passage de l'Écriture se réalise: «On ne lui brisera aucun os.» Et un autre texte dit encore: «Ils regarderont à celui qu'ils ont transpercé.» Après cela, Joseph, qui était d'Arimathée, demanda à Pilate l'autorisation d'emporter le corps de Jésus. – Joseph était un disciple de Jésus, mais en secret parce qu'il avait peur des autorités juives. – Et Pilate le lui permit. Joseph alla donc emporter le corps de Jésus. Nicodème, cet homme qui était allé trouver une fois Jésus pendant la nuit, vint aussi et apporta environ trente kilos d'un mélange de myrrhe et d'aloès. Tous deux prirent le corps de Jésus et l'enveloppèrent de bandes de lin, en y mettant les huiles parfumées, comme les Juifs ont coutume de le faire quand ils enterrent leurs morts. A l'endroit où l'on avait mis Jésus en croix, il y avait un jardin, et dans ce jardin il y avait un tombeau neuf dans lequel on n'avait jamais déposé personne. Comme c'était la veille du sabbat des Juifs et que le tombeau était tout proche, ils y déposèrent Jésus. Tôt le dimanche matin, alors qu'il faisait encore nuit, Marie de Magdala se rendit au tombeau. Elle vit que la pierre avait été ôtée de l'entrée du tombeau. Elle courut alors trouver Simon Pierre et l'autre disciple, celui qu'aimait Jésus, et leur dit: «On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l'a mis.» Pierre et l'autre disciple partirent et se rendirent au tombeau. Ils couraient tous les deux; mais l'autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau. Il se baissa pour regarder et vit les bandes de lin posées à terre, mais il n'entra pas. Simon Pierre, qui le suivait, arriva à son tour et entra dans le tombeau. Il vit les bandes de lin posées à terre et aussi le linge qui avait recouvert la tête de Jésus; ce linge n'était pas avec les bandes de lin, mais il était enroulé à part, à une autre place. Alors, l'autre disciple, celui qui était arrivé le premier au tombeau, entra aussi. Il vit et il crut. En effet, jusqu'à ce moment les disciples n'avaient pas compris l'Écriture qui annonce que Jésus devait se relever d'entre les morts. Puis les deux disciples s'en retournèrent chez eux. Marie se tenait près du tombeau, dehors, et pleurait. Tandis qu'elle pleurait, elle se baissa pour regarder dans le tombeau; elle vit deux anges en vêtements blancs assis à l'endroit où avait reposé le corps de Jésus, l'un à la place de la tête et l'autre à la place des pieds. Les anges lui demandèrent: «Pourquoi pleures-tu?» Elle leur répondit: «On a enlevé mon Seigneur, et je ne sais pas où on l'a mis.» Cela dit, elle se retourna et vit Jésus qui se tenait là, mais sans se rendre compte que c'était lui. Jésus lui demanda: «Pourquoi pleures-tu? Qui cherches-tu?» Elle pensa que c'était le jardinier, c'est pourquoi elle lui dit: «Si c'est toi qui l'as emporté, dis-moi où tu l'as mis, et j'irai le reprendre.» Jésus lui dit: «Marie!» Elle se tourna vers lui et lui dit en hébreu: «Rabbouni!» – ce qui signifie «Maître». Jésus lui dit: «Ne me retiens pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. Mais va dire à mes frères que je monte vers mon Père qui est aussi votre Père, vers mon Dieu qui est aussi votre Dieu.» Alors, Marie de Magdala se rendit auprès des disciples et leur annonça: «J'ai vu le Seigneur!» Et elle leur raconta ce qu'il lui avait dit. Le soir de ce même dimanche, les disciples étaient réunis dans une maison. Ils en avaient fermé les portes à clé, car ils craignaient les autorités juives. Jésus vint et, debout au milieu d'eux, il leur dit: «La paix soit avec vous!» Cela dit, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. Jésus leur dit de nouveau: «La paix soit avec vous! Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie.» Après ces mots, il souffla sur eux et leur dit: «Recevez le Saint-Esprit! Ceux à qui vous pardonnerez leurs péchés obtiendront le pardon; ceux à qui vous refuserez le pardon ne l'obtiendront pas.» Or, l'un des douze disciples, Thomas – surnommé le Jumeau – n'était pas avec eux quand Jésus vint. Les autres disciples lui dirent: «Nous avons vu le Seigneur.» Mais Thomas leur répondit: «Si je ne vois pas la marque des clous dans ses mains, si je ne mets pas mon doigt à la place des clous et ma main dans son côté, je ne croirai pas.» Une semaine plus tard, les disciples de Jésus étaient de nouveau réunis dans la maison, et Thomas était avec eux. Les portes étaient fermées à clé, mais Jésus vint et, debout au milieu d'eux, il dit: «La paix soit avec vous!» Puis il dit à Thomas: «Mets ton doigt ici et regarde mes mains; avance ta main et mets-la dans mon côté. Cesse de douter et crois!» Thomas lui répondit: «Mon Seigneur et mon Dieu!» Jésus lui dit: «C'est parce que tu m'as vu que tu as cru? Heureux sont ceux qui croient sans m'avoir vu!» Jésus a fait encore, devant ses disciples, beaucoup d'autres signes miraculeux qui ne sont pas racontés dans ce livre. Mais ce qui s'y trouve a été écrit pour que vous croyiez que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu. Et si vous croyez en lui, vous aurez la vie par lui. Quelque temps après, Jésus se montra de nouveau à ses disciples, au bord du lac de Tibériade. Voici dans quelles circonstances il leur apparut: Simon Pierre, Thomas – surnommé le Jumeau –, Nathanaël – qui était de Cana en Galilée –, les fils de Zébédée, et deux autres disciples de Jésus, étaient ensemble. Simon Pierre leur dit: «Je vais à la pêche.» Ils lui dirent: «Nous aussi, nous allons avec toi.» Ils partirent donc et montèrent dans la barque. Mais ils ne prirent rien cette nuit-là. Quand il commença à faire jour, Jésus se tenait là, au bord de l'eau, mais les disciples ne savaient pas que c'était lui. Jésus leur dit alors: «Avez-vous pris du poisson, mes enfants?» – «Non», lui répondirent-ils. Il leur dit: «Jetez le filet du côté droit de la barque et vous en trouverez.» Ils jetèrent donc le filet, et ils n'arrivaient plus à le retirer de l'eau, tant il était plein de poissons. Le disciple que Jésus aimait dit à Pierre: «C'est le Seigneur!» Quand Simon Pierre entendit ces mots: «C'est le Seigneur», il remit son vêtement de dessus, car il l'avait enlevé pour pêcher, et il se jeta à l'eau. Les autres disciples revinrent en barque, en tirant le filet plein de poissons: ils n'étaient pas très loin du bord, à cent mètres environ. Lorsqu'ils furent descendus à terre, ils virent là un feu avec du poisson posé dessus, et du pain. Jésus leur dit: «Apportez quelques-uns des poissons que vous venez de prendre.» Simon Pierre monta dans la barque et tira à terre le filet plein de gros poissons: cent cinquante-trois en tout. Et quoiqu'il y en eût tant, le filet ne se déchira pas. Jésus leur dit: «Venez manger.» Aucun des disciples n'osait lui demander: «Qui es-tu?», car ils savaient que c'était le Seigneur. Jésus s'approcha, prit le pain et le leur partagea; il leur donna aussi du poisson. C'était la troisième fois que Jésus se montrait à ses disciples, depuis qu'il était revenu d'entre les morts. Après le repas, Jésus demanda à Simon Pierre: «Simon, fils de Jean, m'aimes-tu plus que ceux-ci?» – «Oui, Seigneur, répondit-il, tu sais que je t'aime.» Jésus lui dit: «Prends soin de mes agneaux.» Puis il lui demanda une deuxième fois: «Simon, fils de Jean, m'aimes-tu?» – «Oui, Seigneur, répondit-il, tu sais que je t'aime.» Jésus lui dit: «Prends soin de mes brebis.» Puis il lui demanda une troisième fois: «Simon, fils de Jean, m'aimes-tu?» Pierre fut attristé de ce que Jésus lui avait demandé pour la troisième fois: «M'aimes-tu?» et il lui répondit: «Seigneur, tu sais tout; tu sais que je t'aime!» Jésus lui dit: «Prends soin de mes brebis. Oui, je te le déclare, c'est la vérité: quand tu étais jeune, tu attachais toi-même ta ceinture et tu allais où tu voulais; mais quand tu seras vieux, tu étendras les bras, un autre attachera ta ceinture et te mènera où tu ne voudras pas aller.» Par ces mots, Jésus indiquait de quelle façon Pierre allait mourir et servir ainsi la gloire de Dieu. Puis Jésus lui dit: «Suis-moi!» Pierre se retourna et vit derrière eux le disciple que Jésus aimait – celui qui s'était penché vers Jésus pendant le repas et lui avait demandé: «Seigneur, qui est celui qui va te trahir?» – Pierre le vit donc et dit à Jésus: «Et lui, Seigneur, que lui arrivera-t-il?» Jésus lui répondit: «Si je désire qu'il vive jusqu'à ce que je revienne, que t'importe? Toi, suis-moi!» La nouvelle se répandit alors parmi les croyants que ce disciple ne mourrait pas. Pourtant Jésus n'avait pas dit à Pierre: «Il ne mourra pas», mais il avait dit: «Si je désire qu'il vive jusqu'à ce que je revienne, que t'importe?» C'est ce même disciple qui témoigne de ces faits et les a mis par écrit, et nous savons que son témoignage est vrai. Jésus a fait encore beaucoup d'autres choses. Si on les racontait par écrit l'une après l'autre, je pense que le monde entier ne pourrait pas contenir les livres qu'on écrirait. Cher Théophile, Dans mon premier livre j'ai raconté tout ce que Jésus a fait et enseigné dès le début jusqu'au jour où il fut enlevé au ciel. Avant d'y monter, il donna ses instructions, par la puissance du Saint-Esprit, à ceux qu'il avait choisis comme apôtres. En effet, après sa mort, c'est à eux qu'il se montra en leur prouvant de bien des manières qu'il était vivant: pendant quarante jours, il leur apparut et leur parla du Royaume de Dieu. Un jour qu'il prenait un repas avec eux, il leur donna cet ordre: «Ne vous éloignez pas de Jérusalem, mais attendez ce que le Père a promis, le don que je vous ai annoncé. Car Jean a baptisé avec de l'eau, mais vous, dans peu de jours, vous serez baptisés avec le Saint-Esprit.» Ceux qui étaient réunis auprès de Jésus lui demandèrent alors: «Seigneur, est-ce en ce temps-ci que tu rétabliras le royaume d'Israël?» Jésus leur répondit: «Il ne vous appartient pas de savoir quand viendront les temps et les moments, car le Père les a fixés de sa seule autorité. Mais vous recevrez une force quand le Saint-Esprit descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'au bout du monde.» Après ces mots, Jésus s'éleva vers le ciel pendant que tous le regardaient; puis un nuage le cacha à leurs yeux. Ils avaient encore les regards fixés vers le ciel où Jésus s'élevait, quand deux hommes habillés en blanc se trouvèrent tout à coup près d'eux et leur dirent: «Hommes de Galilée, pourquoi restez-vous là à regarder le ciel? Ce Jésus, qui vous a été enlevé pour aller au ciel, reviendra de la même manière que vous l'avez vu y partir.» Les apôtres retournèrent alors à Jérusalem depuis la colline qu'on appelle mont des Oliviers. Cette colline se trouve près de la ville, à environ une demi-heure de marche. Quand ils furent arrivés à Jérusalem, ils montèrent dans la chambre où ils se tenaient d'habitude, en haut d'une maison. Il y avait Pierre, Jean, Jacques et André, Philippe et Thomas, Barthélemy et Matthieu, Jacques le fils d'Alphée, Simon le nationaliste et Jude le fils de Jacques. Tous ensemble ils se réunissaient régulièrement pour prier, avec les femmes, avec Marie la mère de Jésus, et avec les frères de Jésus. Un de ces jours-là, les croyants réunis étaient au nombre d'environ cent vingt. Pierre se leva au milieu d'eux et leur dit: «Frères, il fallait que se réalise ce que le Saint-Esprit a annoncé dans l'Écriture: s'exprimant par l'intermédiaire de David, il y a parlé d'avance de Judas, devenu le guide de ceux qui arrêtèrent Jésus. Judas était l'un d'entre nous et il avait reçu sa part de notre mission. – Avec l'argent qu'on lui paya pour son crime, cet homme s'acheta un champ; il y tomba la tête la première, son corps éclata par le milieu et tous ses intestins se répandirent. Les habitants de Jérusalem ont appris ce fait, de sorte qu'ils ont appelé ce champ, dans leur langue, “Hakeldama”, c'est-à-dire “champ du sang ”. – Or, voici ce qui est écrit dans le livre des Psaumes: “Que sa maison soit abandonnée, et que personne n'y habite.” Et il est encore écrit: “Qu'un autre prenne ses fonctions.” On proposa alors deux hommes: Joseph, appelé Barsabbas, surnommé aussi Justus, et Matthias. Puis l'assemblée fit cette prière: «Seigneur, toi qui connais le cœur de tous, montre-nous lequel de ces deux tu as choisi pour occuper, dans cette fonction d'apôtre, la place que Judas a quittée pour aller à celle qui lui revient.» Ils tirèrent alors au sort et le sort désigna Matthias, qui fut donc associé aux onze apôtres. Quand le jour de la Pentecôte arriva, les croyants étaient réunis tous ensemble au même endroit. Tout à coup, un bruit vint du ciel, comme si un vent violent se mettait à souffler, et il remplit toute la maison où ils étaient assis. Ils virent alors apparaître des langues pareilles à des flammes de feu; elles se séparèrent et elles se posèrent une à une sur chacun d'eux. Ils furent tous remplis du Saint-Esprit et se mirent à parler en d'autres langues, selon ce que l'Esprit leur donnait d'exprimer. A Jérusalem vivaient des Juifs pieux, venus de tous les pays du monde. Quand ce bruit se fit entendre, ils s'assemblèrent en foule. Ils étaient tous profondément surpris, car chacun d'eux entendait les croyants parler dans sa propre langue. Ils étaient remplis d'étonnement et d'admiration, et disaient: «Ces gens qui parlent, ne sont-ils pas tous Galiléens? Comment se fait-il alors que chacun de nous les entende parler dans sa langue maternelle? Parmi nous, il y en a qui viennent du pays des Parthes, de Médie et d'Élam. Il y a des habitants de Mésopotamie, de Judée et de Cappadoce, du Pont et de la province d'Asie, de Phrygie et de Pamphylie, d'Égypte et de la région de Cyrène, en Libye; il y en a qui sont venus de Rome, de Crète et d'Arabie; certains sont nés Juifs, et d'autres se sont convertis à la religion juive. Et pourtant nous les entendons parler dans nos diverses langues des grandes œuvres de Dieu!» Ils étaient tous remplis d'étonnement et ne savaient plus que penser; ils se disaient les uns aux autres: «Qu'est-ce que cela signifie?» Mais d'autres se moquaient des croyants en disant: «Ils sont complètement ivres!» Pierre se leva alors avec les onze autres apôtres; d'une voix forte, il s'adressa à la foule: «Vous, Juifs, et vous tous qui vivez à Jérusalem, écoutez attentivement mes paroles et comprenez bien ce qui se passe. Ces gens ne sont pas ivres comme vous le supposez, car il est seulement neuf heures du matin. Mais maintenant se réalise ce que le prophète Joël a annoncé: “Voici ce qui arrivera dans les derniers jours, dit Dieu: Je répandrai de mon Esprit sur tout être humain; vos fils et vos filles deviendront prophètes, je parlerai par des visions à vos jeunes gens et par des rêves à vos vieillards. Oui, je répandrai de mon Esprit sur mes serviteurs et mes servantes en ces jours-là, et ils seront prophètes. Je susciterai des phénomènes extraordinaires en haut dans le ciel et des signes miraculeux en bas sur la terre: Il y aura du sang, du feu et des nuages de fumée, le soleil deviendra obscur et la lune rouge comme du sang, avant que vienne le jour du Seigneur, ce jour grand et glorieux. Alors, quiconque fera appel au Seigneur sera sauvé.” «Gens d'Israël, écoutez ce que je vais vous dire: Jésus de Nazareth était un homme dont Dieu vous a démontré l'autorité en accomplissant par lui toutes sortes de miracles et de signes prodigieux au milieu de vous, comme vous le savez vous-mêmes. Cet homme vous a été livré conformément à la décision que Dieu avait prise et au plan qu'il avait formé d'avance. Vous l'avez tué en le faisant clouer sur une croix par des infidèles. Mais Dieu l'a ressuscité, il l'a délivré des douleurs de la mort, car il n'était pas possible que la mort le retienne en son pouvoir. En effet, David a dit à son sujet: “Je voyais continuellement le Seigneur devant moi, il est à mes côtés pour que je ne tremble pas. C'est pourquoi mon cœur est rempli de bonheur et mes paroles sont pleines de joie; mon corps lui-même reposera dans l'espérance, car, Seigneur, tu ne m'abandonneras pas dans le monde des morts, tu ne permettras pas que moi, ton fidèle, je pourrisse dans la tombe. Tu m'as montré les chemins qui mènent à la vie, tu me rempliras de joie par ta présence.” «Frères, il m'est permis de vous parler très clairement au sujet du patriarche David: il est mort, il a été enterré et sa tombe se trouve encore aujourd'hui chez nous. Mais il était prophète et il savait que Dieu lui avait promis avec serment que l'un de ses descendants lui succéderait comme roi. David a vu d'avance ce qui allait arriver; il a donc parlé de la résurrection du Messie quand il a dit: “Il n'a pas été abandonné dans le monde des morts, et son corps n'a pas pourri dans la tombe.” Dieu a relevé de la mort ce Jésus dont je parle et nous en sommes tous témoins. Il a été élevé à la droite de Dieu et il a reçu du Père le Saint-Esprit qui avait été promis; il l'a répandu sur nous, et c'est ce que vous voyez et entendez maintenant. Car David n'est pas monté lui-même au ciel, mais il a dit: “Le Seigneur Dieu a dit à mon Seigneur: viens siéger à ma droite, je veux contraindre tes ennemis à te servir de marchepied.” Tout le peuple d'Israël doit donc le savoir avec certitude: ce Jésus que vous avez cloué sur la croix, c'est lui que Dieu a fait Seigneur et Messie!» Les auditeurs furent profondément bouleversés par ces paroles. Ils demandèrent à Pierre et aux autres apôtres: «Frères, que devons-nous faire?» Pierre leur répondit: «Changez de comportement et que chacun de vous se fasse baptiser au nom de Jésus-Christ, pour que vos péchés vous soient pardonnés. Vous recevrez alors le don de Dieu, le Saint-Esprit. Car la promesse de Dieu a été faite pour vous et vos enfants, ainsi que pour tous ceux qui vivent au loin, tous ceux que le Seigneur notre Dieu appellera.» Pierre leur adressait encore beaucoup d'autres paroles pour les convaincre et les encourager, et il disait: «Acceptez le salut pour n'avoir pas le sort de ces gens perdus!» Un grand nombre d'entre eux acceptèrent les paroles de Pierre et furent baptisés. Ce jour-là, environ trois mille personnes s'ajoutèrent au groupe des croyants. Tous s'appliquaient fidèlement à écouter l'enseignement que donnaient les apôtres, à vivre dans la communion fraternelle, à prendre part aux repas communs et à participer aux prières. Chacun ressentait de la crainte, car Dieu accomplissait beaucoup de prodiges et de miracles par l'intermédiaire des apôtres. Tous les croyants étaient unis et partageaient entre eux tout ce qu'ils possédaient. Ils vendaient leurs propriétés et leurs biens et répartissaient l'argent ainsi obtenu entre tous, en tenant compte des besoins de chacun. Chaque jour, régulièrement, ils se réunissaient dans le temple, ils prenaient leurs repas ensemble dans leurs maisons et mangeaient leur nourriture avec joie et simplicité de cœur. Ils louaient Dieu et ils étaient estimés par tout le monde. Et le Seigneur ajoutait chaque jour à leur groupe ceux qu'il amenait au salut. Un après-midi, Pierre et Jean montaient au temple pour la prière de trois heures. Près de la porte du temple, appelée «la Belle Porte», il y avait un homme qui était infirme depuis sa naissance. Chaque jour, on l'apportait et l'installait là, pour qu'il puisse mendier auprès de ceux qui entraient dans le temple. Il vit Pierre et Jean qui allaient y entrer et leur demanda de l'argent. Pierre et Jean fixèrent les yeux sur lui et Pierre lui dit: «Regarde-nous.» L'homme les regarda avec attention, car il s'attendait à recevoir d'eux quelque chose. Pierre lui dit alors: «Je n'ai ni argent ni or, mais ce que j'ai, je te le donne: au nom de Jésus-Christ de Nazareth, lève-toi et marche!» Puis il le prit par la main droite pour l'aider à se lever. Aussitôt, les pieds et les chevilles de l'infirme devinrent fermes; d'un bond, il fut sur ses pieds et se mit à marcher. Il entra avec les apôtres dans le temple, en marchant, sautant et louant Dieu. Toute la foule le vit marcher et louer Dieu. Quand ils reconnurent en lui l'homme qui se tenait assis à la Belle Porte du temple pour mendier, ils furent tous remplis de crainte et d'étonnement à cause de ce qui lui était arrivé. Comme l'homme ne quittait pas Pierre et Jean, tous, frappés d'étonnement, accoururent vers eux dans la galerie à colonnes qu'on appelait «Galerie de Salomon ». Quand Pierre vit cela, il s'adressa à la foule en ces termes: «Gens d'Israël, pourquoi vous étonnez-vous de cette guérison? Pourquoi nous regardez-vous comme si nous avions fait marcher cet homme par notre propre puissance ou grâce à notre attachement à Dieu? Le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, le Dieu de nos ancêtres, a manifesté la gloire de son serviteur Jésus. Vous-mêmes, vous l'avez livré aux autorités et vous l'avez rejeté devant Pilate, alors que celui-ci avait décidé de le relâcher. Vous avez rejeté celui qui était saint et juste et vous avez préféré demander qu'on vous accorde la libération d'un criminel. Ainsi, vous avez fait mourir le maître de la vie. Mais Dieu l'a ramené d'entre les morts et nous en sommes témoins. C'est la puissance du nom de Jésus qui, grâce à la foi en lui, a rendu la force à cet homme que vous voyez et connaissez. C'est la foi en Jésus qui lui a donné d'être complètement guéri comme vous pouvez tous le constater. «Cependant, frères, je sais bien que vous et vos chefs avez agi par ignorance à l'égard de Jésus. Mais Dieu a réalisé ainsi ce qu'il avait annoncé autrefois par tous les prophètes; il avait dit que son Messie devait souffrir. Changez donc de comportement et tournez-vous vers Dieu, pour qu'il efface vos péchés. Alors le Seigneur fera venir des temps de repos et vous enverra Jésus, le Messie qu'il avait choisi d'avance pour vous. Pour le moment, Jésus-Christ doit rester au ciel jusqu'à ce que vienne le temps où tout sera renouvelé, comme Dieu l'a annoncé par ses saints prophètes depuis longtemps déjà. Moïse a dit en effet: “Le Seigneur votre Dieu vous enverra un prophète comme moi, qui sera un membre de votre peuple. Vous écouterez tout ce qu'il vous dira. Tout homme qui n'écoutera pas ce prophète sera exclu du peuple de Dieu et mis à mort.” Et les prophètes qui ont parlé depuis Samuel ont tous, les uns après les autres, également annoncé ces jours-ci. La promesse que Dieu a faite par les prophètes est pour vous, et vous avez part à l'alliance que Dieu a conclue avec vos ancêtres quand il a dit à Abraham: “Je bénirai toutes les familles de la terre à travers tes descendants.” Ainsi, Dieu a fait apparaître son serviteur pour vous d'abord, il l'a envoyé pour vous bénir en détournant chacun d'entre vous de ses mauvaises actions.» Pierre et Jean parlaient encore au peuple, quand arrivèrent les prêtres, le chef des gardes du temple et les Sadducéens. Ils étaient très mécontents que les deux apôtres apportent leur enseignement au peuple et lui annoncent que Jésus était ressuscité, affirmant par là que les morts peuvent se relever. Ils les arrêtèrent et les mirent en prison pour la nuit, car il était déjà tard. Cependant, parmi ceux qui avaient entendu le message des apôtres, beaucoup crurent, et le nombre des croyants s'éleva à cinq mille personnes environ. Le lendemain, les chefs des Juifs, les anciens et les maîtres de la loi s'assemblèrent à Jérusalem. Il y avait en particulier Hanne le grand-prêtre, Caïphe, Jean, Alexandre et tous les membres de la famille du grand-prêtre. Ils firent amener les apôtres devant eux et leur demandèrent: «Par quel pouvoir ou au nom de qui avez-vous effectué cette guérison?» Alors Pierre, rempli du Saint-Esprit, leur dit: «Chefs du peuple et anciens: on nous interroge aujourd'hui à propos du bien fait à un infirme, on nous demande comment cet homme a été guéri. Eh bien, il faut que vous le sachiez, vous tous, ainsi que tout le peuple d'Israël: si cet homme se présente devant vous en bonne santé, c'est par le pouvoir du nom de Jésus-Christ de Nazareth, celui que vous avez cloué sur la croix et que Dieu a ramené d'entre les morts. Jésus est celui dont l'Écriture affirme: “La pierre que vous, les bâtisseurs, avez rejetée est devenue la pierre principale.” Le salut ne s'obtient qu'en lui, car, nulle part dans le monde entier, Dieu n'a donné aux êtres humains quelqu'un d'autre par qui nous pourrions être sauvés.» Les membres du Conseil étaient très étonnés, car ils voyaient l'assurance de Pierre et de Jean et se rendaient compte en même temps que c'étaient des hommes simples et sans instruction. Ils reconnaissaient en eux des compagnons de Jésus. Mais ils voyaient aussi l'homme guéri qui se tenait auprès d'eux et ils ne trouvaient rien à répondre. Ils leur ordonnèrent alors de sortir de la salle du Conseil et se mirent à discuter entre eux. Ils se disaient: «Que ferons-nous de ces gens? Car tous les habitants de Jérusalem savent clairement que ce miracle évident a été réalisé par eux et nous ne pouvons pas le nier. Mais il ne faut pas que la nouvelle de cette affaire se répande davantage parmi le peuple. Nous allons donc leur défendre avec des menaces de parler encore à qui que ce soit au nom de Jésus.» Ils les rappelèrent alors et leur interdirent catégoriquement de parler ou d'enseigner au nom de Jésus. Mais Pierre et Jean leur répondirent: «Jugez vous-mêmes s'il est juste devant Dieu de vous obéir à vous plutôt qu'à lui. Quant à nous, nous ne pouvons pas renoncer à parler de ce que nous avons vu et entendu.» Les membres du Conseil les menacèrent de nouveau puis les relâchèrent. Ils ne trouvaient aucun moyen de les punir, car tout le peuple louait Dieu de ce qui était arrivé. L'homme miraculeusement guéri était âgé de plus de quarante ans. Dès qu'ils furent relâchés, Pierre et Jean se rendirent auprès du groupe de leurs amis et leur racontèrent tout ce que les chefs des prêtres et les anciens avaient dit. Après avoir entendu ce récit, les croyants adressèrent d'un commun accord cette prière à Dieu: «Maître, c'est toi qui as créé le ciel, la terre, la mer et tout ce qui s'y trouve. C'est toi qui, par le Saint-Esprit, as fait dire à David notre ancêtre et ton serviteur: “Les nations se sont agitées, mais pourquoi? Les peuples ont comploté, mais c'est pour rien! Les rois de la terre se sont préparés au combat et les chefs se sont unis contre le Seigneur et contre le roi qu'il a consacré.” Car il est bien vrai qu'Hérode et Ponce -Pilate se sont unis, dans cette ville, avec les représentants des nations étrangères et du peuple d'Israël contre ton saint serviteur Jésus, celui que tu as consacré. Ils ont ainsi réalisé tout ce que, avec puissance, tu avais voulu et décidé d'avance. Et maintenant, Seigneur, sois attentif à leurs menaces et donne à tes serviteurs d'annoncer ta parole avec une pleine assurance. Démontre ta puissance afin que des guérisons, des miracles et des prodiges s'accomplissent par le nom de ton saint serviteur Jésus.» Quand ils eurent fini de prier, l'endroit où ils étaient réunis trembla. Ils furent tous remplis du Saint-Esprit et se mirent à annoncer la parole de Dieu avec assurance. Le groupe des croyants était parfaitement uni, de cœur et d'âme. Aucun d'eux ne disait que ses biens étaient à lui seul, mais, entre eux, tout ce qu'ils avaient était propriété commune. C'est avec une grande puissance que les apôtres rendaient témoignage à la résurrection du Seigneur Jésus et Dieu leur accordait à tous d'abondantes bénédictions. Personne parmi eux ne manquait du nécessaire. En effet, tous ceux qui possédaient des champs ou des maisons les vendaient, apportaient la somme produite par cette vente et la remettaient aux apôtres; on distribuait ensuite l'argent à chacun selon ses besoins. Par exemple, Joseph, un lévite né à Chypre, que les apôtres surnommaient Barnabas – ce qui signifie «l'homme qui encourage» –, vendit un champ qu'il possédait, apporta l'argent et le remit aux apôtres. Mais un homme appelé Ananias, dont la femme se nommait Saphira, vendit, d'accord avec elle, un terrain qui leur appartenait. Il garda une partie de l'argent pour lui et alla remettre le reste aux apôtres. Sa femme le savait. Alors Pierre lui dit: «Ananias, pourquoi Satan a-t-il pu s'emparer de ton cœur? Tu as menti au Saint-Esprit et tu as gardé une partie de l'argent rapporté par ce terrain. Avant que tu le vendes, il était à toi, et après que tu l'as vendu, l'argent t'appartenait, n'est-ce pas? Comment donc as-tu pu décider de commettre une telle action? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.» En entendant ces paroles, Ananias tomba et mourut. Et tous ceux qui l'apprirent furent saisis d'une grande crainte. Les jeunes gens vinrent envelopper le corps, puis ils l'emportèrent et l'enterrèrent. Environ trois heures plus tard, la femme d'Ananias entra sans savoir ce qui s'était passé. Pierre lui demanda: «Dis-moi, avez-vous vendu votre terrain pour telle somme?» Et elle répondit: «Oui, pour cette somme-là.» Alors Pierre lui dit: «Comment donc avez-vous pu décider ensemble de défier l'Esprit du Seigneur? Écoute, ceux qui ont enterré ton mari sont déjà à la porte et ils vont t'emporter toi aussi.» Au même instant, elle tomba aux pieds de l'apôtre et mourut. Les jeunes gens entrèrent et la trouvèrent morte; ils l'emportèrent et l'enterrèrent auprès de son mari. Toute l'Église et tous ceux qui apprirent ces faits furent saisis d'une grande crainte. De nombreux miracles et prodiges étaient accomplis par les apôtres parmi le peuple. Les croyants se tenaient tous ensemble dans la galerie à colonnes de Salomon. Personne d'autre n'osait se joindre à eux, et pourtant le peuple les estimait beaucoup. Une foule de plus en plus nombreuse d'hommes et de femmes croyaient au Seigneur et s'ajoutaient à leur groupe. Et l'on se mit à amener les malades dans les rues: on les déposait sur des civières ou des nattes afin qu'au moment où Pierre passerait, son ombre au moins puisse recouvrir l'un ou l'autre d'entre eux. Une foule de gens accouraient aussi des localités voisines de Jérusalem; ils apportaient des malades et des personnes tourmentées par des esprits mauvais, et tous étaient guéris. Alors le grand -prêtre et tous ceux qui étaient avec lui, c'est-à-dire les membres du parti des Sadducéens, furent remplis de jalousie à l'égard des apôtres; ils décidèrent d'agir. Ils les firent arrêter et jeter dans la prison publique. Mais pendant la nuit, un ange du Seigneur ouvrit les portes de la prison, fit sortir les apôtres et leur dit: «Allez dans le temple et annoncez au peuple tout ce qui concerne la vie nouvelle.» Les apôtres obéirent: tôt le matin, ils allèrent dans le temple et se mirent à proclamer leur enseignement. Le grand-prêtre et ceux qui étaient avec lui réunirent les anciens du peuple juif pour une séance du Conseil supérieur. Puis ils envoyèrent chercher les apôtres à la prison. Mais quand les gardes y arrivèrent, ils ne les trouvèrent pas dans leur cellule. Ils retournèrent au Conseil et firent le rapport suivant: «Nous avons trouvé la prison soigneusement fermée et les gardiens à leur poste devant les portes. Mais quand nous les avons ouvertes, nous n'avons trouvé personne à l'intérieur.» En apprenant cette nouvelle, le chef des gardes du temple et les chefs des prêtres ne surent que penser et ils se demandèrent ce qui était arrivé aux apôtres. Puis quelqu'un survint et leur dit: «Écoutez! Les hommes que vous avez jetés en prison se trouvent dans le temple où ils donnent leur enseignement au peuple.» Le chef des gardes partit alors avec ses hommes pour ramener les apôtres. Mais ils n'usèrent pas de violence, car ils avaient peur que le peuple leur lance des pierres. Après les avoir ramenés, ils les firent comparaître devant le Conseil et le grand-prêtre se mit à les accuser. Il leur dit: «Nous vous avions sévèrement défendu d'enseigner au nom de cet homme. Et qu'avez-vous fait? Vous avez répandu votre enseignement dans toute la ville de Jérusalem et vous voulez faire retomber sur nous les conséquences de sa mort!» Pierre et les autres apôtres répondirent: «Il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes. Le Dieu de nos ancêtres a rendu la vie à ce Jésus que vous aviez fait mourir en le clouant sur la croix. Dieu l'a élevé à sa droite et l'a établi comme chef et Sauveur pour donner l'occasion au peuple d'Israël de changer de comportement et de recevoir le pardon de ses péchés. Nous sommes témoins de ces événements, nous et le Saint-Esprit que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent.» Les membres du Conseil devinrent furieux en entendant ces paroles, et ils voulaient faire mourir les apôtres. Mais il y avait parmi eux un Pharisien nommé Gamaliel, un maître de la loi que tout le peuple respectait. Il se leva au milieu du Conseil et demanda de faire sortir un instant les apôtres. Puis il dit à l'assemblée: «Gens d'Israël, prenez garde à ce que vous allez faire à ces hommes. Il n'y a pas longtemps est apparu Theudas, qui prétendait être un personnage important; environ quatre cents hommes se sont joints à lui. Mais il fut tué, tous ceux qui l'avaient suivi se dispersèrent et il ne resta rien du mouvement. Après lui, à l'époque du recensement, est apparu Judas le Galiléen; il entraîna une foule de gens à sa suite. Mais il fut tué, lui aussi, et tous ceux qui l'avaient suivi furent dispersés. Maintenant donc, je vous le dis: ne vous occupez plus de ceux-ci et laissez-les aller. Car si leurs intentions et leur activité viennent des hommes, elles disparaîtront. Mais si elles viennent vraiment de Dieu, vous ne pourrez pas les détruire. Ne prenez pas le risque de combattre Dieu!» Les membres du Conseil acceptèrent l'avis de Gamaliel. Ils rappelèrent les apôtres, les firent battre et leur ordonnèrent de ne plus parler au nom de Jésus, puis ils les relâchèrent. Les apôtres quittèrent le Conseil, tout joyeux de ce que Dieu les ait jugés dignes d'être maltraités pour le nom de Jésus. Et chaque jour, dans le temple et dans les maisons, ils continuaient sans arrêt à donner leur enseignement en annonçant la Bonne Nouvelle de Jésus, le Messie. En ce temps-là, alors que le nombre des disciples augmentait, les croyants de langue grecque se plaignirent de ceux qui parlaient l'hébreu: ils disaient que les veuves de leur groupe étaient négligées au moment où, chaque jour, on distribuait la nourriture. Les douze apôtres réunirent alors l'ensemble des disciples et leur dirent: «Il ne serait pas juste que nous cessions de prêcher la parole de Dieu pour nous occuper des repas. C'est pourquoi, frères, choisissez parmi vous sept hommes de bonne réputation, remplis du Saint-Esprit et de sagesse, et nous les chargerons de ce travail. Nous pourrons ainsi continuer à donner tout notre temps à la prière et à la tâche de la prédication.» L'assemblée entière fut d'accord avec cette proposition. On choisit alors Étienne, homme rempli de foi et du Saint-Esprit, ainsi que Philippe, Procore, Nicanor, Timon, Parménas et Nicolas, d'Antioche, qui s'était autrefois converti à la religion juive. Puis on les présenta aux apôtres qui prièrent et posèrent les mains sur eux. La parole de Dieu se répandait de plus en plus. Le nombre des disciples augmentait beaucoup à Jérusalem et de très nombreux prêtres se soumettaient à la foi en Jésus. Étienne, plein de force par la grâce de Dieu, accomplissait des prodiges et de grands miracles parmi le peuple. Quelques hommes s'opposèrent alors à lui: c'étaient d'une part des membres de la synagogue dite des «Esclaves libérés », qui comprenait des Juifs de Cyrène et d'Alexandrie, et d'autre part des Juifs de Cilicie et de la province d'Asie. Ils se mirent à discuter avec Étienne. Mais ils ne pouvaient pas lui résister, car il parlait avec la sagesse que lui donnait l'Esprit Saint. Ils payèrent alors des gens pour qu'ils disent: «Nous l'avons entendu prononcer des paroles insultantes contre Moïse et contre Dieu!» Ils excitèrent ainsi le peuple, les anciens et les maîtres de la loi. Puis ils se jetèrent sur Étienne, le saisirent et le conduisirent devant le Conseil supérieur. Ils amenèrent aussi des faux témoins qui déclarèrent: «Cet homme ne cesse pas de parler contre notre saint temple et contre la loi de Moïse! Nous l'avons entendu dire que ce Jésus de Nazareth détruira le temple et changera les coutumes que nous avons reçues de Moïse.» Tous ceux qui étaient assis dans la salle du Conseil avaient les yeux fixés sur Étienne et ils virent que son visage était semblable à celui d'un ange. Le grand -prêtre lui demanda: «Ce que l'on dit de toi est-il vrai?» Étienne répondit: «Frères et pères, écoutez-moi. Le Dieu glorieux apparut à notre ancêtre Abraham lorsqu'il était en Mésopotamie, avant qu'il aille habiter Haran, et lui dit: “Quitte ton pays et ta famille, et va dans le pays que je te montrerai.” Abraham quitta alors le pays des Chaldéens et alla habiter Haran. Puis, après la mort de son père, Dieu le fit passer de Haran dans ce pays où vous vivez maintenant. Dieu ne lui donna là aucune propriété, pas même un terrain de la largeur du pied; mais il promit qu'il lui donnerait le pays et que ses descendants le posséderaient aussi après lui. Pourtant, à cette époque, Abraham n'avait pas d'enfant. Voici ce que Dieu lui déclara: “Tes descendants vivront dans un pays étranger, où ils deviendront esclaves et où on les maltraitera pendant quatre cents ans. Mais je jugerai la nation dont ils auront été les esclaves. Ensuite, ils s'en iront de là et me rendront un culte en ce lieu-ci.” Puis Dieu conclut avec Abraham l'alliance dont la circoncision est le signe. C'est ainsi qu'Abraham circoncit son fils Isaac le huitième jour après sa naissance; de même, Isaac circoncit Jacob, et Jacob circoncit les douze patriarches. «Les patriarches furent jaloux de Joseph et le vendirent pour être esclave en Égypte. Mais Dieu était avec lui; il le délivra de toutes ses peines. Il donna la sagesse à Joseph et le rendit agréable aux yeux du Pharaon, roi d'Égypte. Celui-ci établit Joseph comme gouverneur sur l'Égypte et sur toute la maison royale. La famine survint alors partout en Égypte et dans le pays de Canaan. La détresse était grande et nos ancêtres ne trouvaient plus rien à manger. Quand Jacob apprit qu'il y avait du blé en Égypte, il y envoya nos ancêtres une première fois. La seconde fois qu'ils y allèrent, Joseph se fit reconnaître par ses frères et le Pharaon apprit ainsi quelle était la famille de Joseph. Alors Joseph envoya chercher Jacob, son père, et toute la famille qui comprenait soixante-quinze personnes. Jacob se rendit donc en Égypte où il mourut, ainsi que nos autres ancêtres. On transporta leurs corps à Sichem et on les enterra dans la tombe qu'Abraham avait achetée pour une somme d'argent aux fils de Hamor, à Sichem. «Lorsque le temps approcha où Dieu devait accomplir la promesse qu'il avait faite à Abraham, notre peuple s'accrut et devint de plus en plus nombreux en Égypte. Puis un nouveau roi, qui n'avait pas connu Joseph, se mit à régner sur l'Égypte. Ce roi trompa notre peuple et maltraita nos ancêtres en les obligeant à abandonner leurs bébés pour qu'ils meurent. A cette époque naquit Moïse qui était un bel enfant, agréable à Dieu. Il fut nourri pendant trois mois dans la maison de son père. Lorsqu'il fut abandonné, la fille du Pharaon le recueillit et l'éleva comme son propre fils. Ainsi, Moïse fut instruit dans toutes les sciences des Égyptiens et devint un homme influent par ses paroles et ses actes. Quand il eut quarante ans, Moïse décida d'aller voir ses frères de race, les Israélites. Il vit un Égyptien maltraiter l'un d'eux; il prit la défense de l'homme malmené et, pour le venger, tua l'Égyptien. Il pensait que ses frères israélites comprendraient que Dieu allait leur accorder la délivrance en se servant de lui; mais ils ne le comprirent pas. Le lendemain, Moïse rencontra deux Israélites qui se battaient et il voulut rétablir la paix entre eux. “Mes amis, leur dit-il, vous êtes frères; pourquoi vous maltraitez-vous?” Mais celui qui maltraitait son compagnon repoussa Moïse en lui disant: “Qui t'a établi comme chef et juge sur nous? Veux-tu me tuer comme tu as tué hier l'Égyptien?” A ces mots, Moïse s'enfuit et alla vivre dans le pays de Madian. Là-bas, il eut deux fils. «Quarante ans plus tard, dans le désert proche du mont Sinaï, un ange apparut à Moïse dans les flammes d'un buisson en feu. Moïse fut étonné en voyant cette apparition. Mais au moment où il s'avançait pour regarder de plus près, il entendit la voix du Seigneur qui disait: “Je suis le Dieu de tes ancêtres, le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob.” Tremblant de peur, Moïse n'osait plus regarder. Alors le Seigneur lui dit: “Enlève tes sandales, car tu te trouves dans un endroit consacré. J'ai vu comment on maltraite mon peuple en Égypte, j'ai entendu ses gémissements et je suis venu pour le délivrer. Va maintenant, je veux t'envoyer en Égypte.” «Ce même Moïse que les Israélites avaient rejeté en lui disant: “Qui t'a établi comme chef et juge?”, Dieu l'a envoyé comme chef et libérateur, par l'intermédiaire de l'ange qui lui était apparu dans le buisson. C'est Moïse qui a fait sortir les Israélites d'Égypte, en accomplissant des prodiges et des miracles dans ce pays, à la mer Rouge et au désert pendant quarante ans. C'est Moïse encore qui dit aux Israélites: “Dieu vous enverra un prophète comme moi, qui sera un membre de votre peuple.” De plus, alors que le peuple d'Israël était assemblé dans le désert, c'est lui qui se tenait entre nos ancêtres et l'ange qui lui parlait sur le mont Sinaï; il reçut les paroles vivantes de Dieu, pour nous les transmettre. Mais nos ancêtres ne voulurent pas lui obéir; ils le repoussèrent et désirèrent retourner en Égypte. Ils dirent à Aaron: “Fais-nous des dieux qui marchent devant nous, car nous ne savons pas ce qui est arrivé à ce Moïse qui nous a fait sortir d'Égypte.” Ils fabriquèrent alors un veau et offrirent un sacrifice à cette idole, ils fêtèrent joyeusement ce qu'ils avaient eux-mêmes fabriqué. Mais Dieu se détourna d'eux et les laissa adorer les astres du ciel, comme il est écrit dans le livre des prophètes: “Peuple d'Israël, est-ce à moi que vous avez offert des animaux et d'autres sacrifices pendant quarante ans dans le désert? Non, mais vous avez porté la tente du dieu Molok et l'image de votre dieu-étoile Réphan, ces idoles que vous aviez faites pour les adorer. C'est pourquoi je vous déporterai au-delà de Babylone.” «Dans le désert, nos ancêtres avaient la tente qui renfermait le document de l'alliance. Elle était faite comme Dieu l'avait ordonné à Moïse: en effet, il avait dit à Moïse de reproduire le modèle qu'il avait vu. Cette tente fut transmise à nos ancêtres de la génération suivante; ils l'emportèrent avec eux lorsque, sous la conduite de Josué, ils conquirent le pays des nations que Dieu chassa devant eux. Elle y resta jusqu'à l'époque de David. Celui-ci obtint la faveur de Dieu et lui demanda la permission de donner une demeure sainte pour les descendants de Jacob. Toutefois, ce fut Salomon qui lui bâtit une maison. Mais le Dieu très-haut n'habite pas dans des maisons construites par les hommes. Comme le déclare le prophète: “Le ciel est mon trône, dit le Seigneur, et la terre un escabeau sous mes pieds. Quel genre de maison pourriez-vous me bâtir? En quel endroit pourrais-je m'installer? N'ai-je pas fait tout cela de mes mains?” «Vous, hommes rebelles, dont le cœur et les oreilles sont fermés aux appels de Dieu, vous résistez toujours au Saint-Esprit! Vous êtes comme vos ancêtres! Lequel des prophètes vos ancêtres n'ont-ils pas persécuté? Ils ont tué ceux qui ont annoncé la venue du seul juste; et maintenant, c'est lui que vous avez trahi et tué. Vous qui avez reçu la loi de Dieu par l'intermédiaire des anges, vous n'avez pas obéi à cette loi!» Les membres du Conseil devinrent furieux en entendant ces paroles et ils grinçaient des dents de colère contre Étienne. Mais lui, rempli du Saint-Esprit, regarda vers le ciel; il vit la gloire de Dieu et Jésus debout à la droite de Dieu. Il dit: «Écoutez, je vois les cieux ouverts et le Fils de l'homme debout à la droite de Dieu.» Ils poussèrent alors de grands cris et se bouchèrent les oreilles. Ils se précipitèrent tous ensemble sur lui, l'entraînèrent hors de la ville et se mirent à lui jeter des pierres pour le tuer. Les témoins laissèrent leurs vêtements à la garde d'un jeune homme appelé Saul. Tandis qu'on lui jetait des pierres, Étienne priait ainsi: «Seigneur Jésus, reçois mon esprit!» Puis il tomba à genoux et cria avec force: «Seigneur, ne les tiens pas pour coupables de ce péché!» Après avoir dit ces mots, il mourut. Et Saul approuvait le meurtre d'Étienne. Le même jour commença une grande persécution contre l'Église de Jérusalem. Tous les croyants, excepté les apôtres, se dispersèrent dans les régions de Judée et de Samarie. Des hommes pieux enterrèrent Étienne et pleurèrent abondamment sur sa mort. Saul, lui, s'efforçait de détruire l'Église; il allait de maison en maison, en arrachait les croyants, hommes et femmes, et les jetait en prison. Ceux qui avaient été dispersés parcouraient le pays en annonçant la Bonne Nouvelle. Philippe se rendit dans la principale ville de Samarie et se mit à annoncer le Messie à ses habitants. La population tout entière était très attentive aux paroles de Philippe quand elle l'entendait et voyait les miracles qu'il accomplissait. En effet, des esprits mauvais sortaient de beaucoup de malades en poussant un grand cri et de nombreux paralysés et boiteux étaient également guéris. Ainsi, la joie fut grande dans cette ville. Un homme appelé Simon se trouvait déjà auparavant dans cette même ville. Il pratiquait la magie et provoquait l'étonnement de la population de la Samarie. Il prétendait être quelqu'un d'important, et tous, des plus jeunes aux plus âgés, lui accordaient beaucoup d'attention. On disait: «Cet homme est la puissance de Dieu, celle qu'on appelle “la grande puissance”.» Ils lui accordaient donc beaucoup d'attention, car il y avait longtemps qu'il les étonnait par ses pratiques magiques. Mais quand ils crurent à la Bonne Nouvelle que Philippe annonçait au sujet du Royaume de Dieu et de la personne de Jésus-Christ, ils se firent baptiser, hommes et femmes. Simon lui-même crut et fut baptisé; il restait auprès de Philippe et il était rempli d'étonnement en voyant les grands miracles et prodiges qui s'accomplissaient. Les apôtres qui étaient à Jérusalem apprirent que les habitants de la Samarie avaient reçu la parole de Dieu; ils leur envoyèrent alors Pierre et Jean. Quand ceux-ci arrivèrent en Samarie, ils prièrent pour les croyants afin qu'ils reçoivent le Saint-Esprit. En effet, le Saint-Esprit n'était encore descendu sur aucun d'eux; ils avaient seulement été baptisés au nom du Seigneur Jésus. Alors Pierre et Jean posèrent les mains sur eux et ils reçurent le Saint-Esprit. Quand Simon vit que l'Esprit était donné aux croyants lorsque les apôtres posaient les mains sur eux, il offrit de l'argent à Pierre et Jean en disant: «Accordez-moi aussi ce pouvoir, afin que ceux sur qui je poserai les mains reçoivent le Saint-Esprit.» Mais Pierre lui répondit: «Que ton argent soit détruit avec toi, puisque tu as pensé que le don de Dieu peut s'acheter avec de l'argent! Tu n'as aucune part ni aucun droit en cette affaire, car ton cœur n'est pas honnête aux yeux de Dieu. Rejette donc ta mauvaise intention et prie le Seigneur pour que, si possible, il te pardonne d'avoir eu une telle pensée. Je vois, en effet, que tu es plein d'un mal amer et que tu es prisonnier du péché.» Simon dit alors à Pierre et Jean: «Priez vous-mêmes le Seigneur pour moi, afin qu'il ne m'arrive rien de ce que vous avez dit.» Après avoir rendu témoignage en prêchant la parole du Seigneur, les deux apôtres retournèrent à Jérusalem. En chemin, ils annoncèrent la Bonne Nouvelle dans de nombreux villages de Samarie. Un ange du Seigneur dit à Philippe: «Tu vas partir en direction du sud, sur la route qui descend de Jérusalem à Gaza. Cette route est déserte.» Philippe partit aussitôt. Et, sur son chemin, un homme se présenta: c'était un eunuque éthiopien, haut fonctionnaire chargé d'administrer les trésors de Candace, la reine d'Éthiopie; il était venu à Jérusalem pour adorer Dieu et il retournait chez lui. Assis sur son char, il lisait le livre du prophète Ésaïe. Le Saint-Esprit dit à Philippe: «Va rejoindre ce char.» Philippe s'en approcha en courant et entendit l'Éthiopien qui lisait le livre du prophète Ésaïe. Il lui demanda: «Comprends-tu ce que tu lis?» L'homme répondit: «Comment pourrais-je comprendre, si personne ne m'éclaire?» Et il invita Philippe à monter sur le char pour s'asseoir à côté de lui. Le passage de l'Écriture qu'il lisait était celui-ci: «Il a été comme une brebis qu'on mène à l'abattoir, comme un agneau qui reste muet devant celui qui le tond. Il n'a pas dit un mot. Il a été humilié et n'a pas obtenu justice. Qui pourra parler de ses descendants? Car on a mis fin à sa vie sur terre.» Le fonctionnaire demanda à Philippe: «Je t'en prie, dis-moi de qui le prophète parle-t-il ainsi? Est-ce de lui-même ou de quelqu'un d'autre?» Philippe prit alors la parole et, en partant de ce passage de l'Écriture, il lui annonça la Bonne Nouvelle de Jésus. Ils continuèrent leur chemin et arrivèrent à un endroit où il y avait de l'eau. Le fonctionnaire dit alors: «Voici de l'eau; qu'est-ce qui empêche que je sois baptisé?» [ Philippe lui dit: «Si tu crois de tout ton cœur, tu peux être baptisé.» Et l'homme répondit: «Je crois que Jésus-Christ est le Fils de Dieu.»] Puis il fit arrêter le char. Philippe descendit avec lui dans l'eau et il le baptisa. Quand ils furent sortis de l'eau, l'Esprit du Seigneur enleva Philippe. Le fonctionnaire ne le vit plus, mais il continua son chemin tout joyeux. Philippe se retrouva à Azot, puis il passa de ville en ville, en annonçant partout la Bonne Nouvelle, jusqu'au moment où il arriva à Césarée. Pendant ce temps, Saul ne cessait de menacer de mort les disciples du Seigneur. Il alla trouver le grand -prêtre et lui demanda des lettres d'introduction pour les synagogues de Damas, afin que, s'il y trouvait des personnes, hommes ou femmes, qui suivaient le chemin du Seigneur, il puisse les arrêter et les amener à Jérusalem. Il était en route pour Damas et approchait de cette ville, quand, tout à coup, une lumière qui venait du ciel brilla autour de lui. Il tomba à terre et entendit une voix qui lui disait: «Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu?» Il demanda: «Qui es-tu Seigneur?» Et la voix répondit: «Je suis Jésus que tu persécutes. Mais relève-toi, entre dans la ville, et là on te dira ce que tu dois faire.» Les compagnons de voyage de Saul s'étaient arrêtés sans pouvoir dire un mot; ils entendaient la voix, mais ne voyaient personne. Saul se releva de terre et ouvrit les yeux, mais il ne voyait plus rien. On le prit par la main pour le conduire à Damas. Pendant trois jours, il fut incapable de voir et il resta sans rien manger ni boire. Il y avait à Damas un disciple appelé Ananias. Le Seigneur lui apparut dans une vision et lui dit: «Ananias!» Il répondit: «Me voici, Seigneur.» Le Seigneur lui dit: «Tu vas te rendre tout de suite dans la rue Droite et, dans la maison de Judas, demande un homme de Tarse appelé Saul. Il prie en ce moment et, dans une vision, il a vu un homme appelé Ananias qui entrait et posait les mains sur lui afin qu'il puisse voir de nouveau.» Ananias répondit: «Seigneur, de nombreuses personnes m'ont parlé de cet homme et m'ont dit tout le mal qu'il a fait à tes fidèles à Jérusalem. Et il est venu ici avec le pouvoir que lui ont accordé les chefs des prêtres d'arrêter tous ceux qui font appel à ton nom.» Mais le Seigneur lui dit: «Va, car j'ai choisi cet homme et je l'utiliserai pour faire connaître mon nom aux autres nations et à leurs rois, ainsi qu'au peuple d'Israël. Je lui montrerai moi-même tout ce qu'il devra souffrir pour moi.» Alors Ananias partit. Il entra dans la maison, posa les mains sur Saul et lui dit: «Saul, mon frère, le Seigneur Jésus qui t'est apparu sur le chemin par lequel tu venais m'a envoyé pour que tu puisses voir de nouveau et que tu sois rempli du Saint-Esprit.» Aussitôt, des sortes d'écailles tombèrent des yeux de Saul et il put voir de nouveau. Il se leva et fut baptisé; puis il mangea et les forces lui revinrent. Saul resta quelques jours avec les disciples qui étaient à Damas. Il se mit immédiatement à prêcher dans les synagogues, en proclamant que Jésus est le Fils de Dieu. Tous ceux qui l'entendaient étaient étonnés et demandaient: «N'est-ce pas cet homme qui persécutait violemment à Jérusalem ceux qui font appel au nom de Jésus? Et n'est-il pas venu ici exprès pour les arrêter et les ramener aux chefs des prêtres?» Mais Saul se montrait toujours plus convaincant: les Juifs qui vivaient à Damas ne savaient plus que lui répondre quand il leur démontrait que Jésus est le Messie. Après un certain temps, les Juifs prirent ensemble la décision de faire mourir Saul, mais il fut averti de leur complot. On surveillait les portes de la ville jour et nuit, afin de le mettre à mort. Alors les disciples de Saul l'emmenèrent de nuit pour le faire passer de l'autre côté du mur de la ville, en le descendant dans une corbeille. Arrivé à Jérusalem, Saul essaya de se joindre aux disciples; mais tous en avaient peur, car ils ne croyaient pas qu'il fût vraiment un disciple. Barnabas le prit alors avec lui et le conduisit auprès des apôtres. Il leur raconta comment Saul avait vu le Seigneur en cours de route et comment le Seigneur lui avait parlé. Il leur dit aussi avec quelle assurance Saul avait prêché au nom de Jésus à Damas. A partir de ce moment, Saul se tint avec eux, il allait et venait dans Jérusalem et prêchait avec assurance au nom du Seigneur. Il s'adressait aussi aux Juifs de langue grecque et discutait avec eux; mais ceux-ci cherchaient à le faire mourir. Quand les frères l'apprirent, ils conduisirent Saul à Césarée, d'où ils le firent partir pour Tarse. L'Église était alors en paix dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie; elle se fortifiait et vivait dans la soumission au Seigneur, elle s'accroissait grâce à l'aide du Saint-Esprit. Pierre, qui parcourait tout le pays, se rendit un jour chez les croyants qui vivaient à Lydda. Il y trouva un homme appelé Énée qui était couché sur un lit depuis huit ans, parce qu'il était paralysé. Pierre lui dit: «Énée, Jésus-Christ te guérit! Lève-toi et fais ton lit.» Aussitôt Énée se leva. Tous les habitants de Lydda et de la plaine de Saron le virent et se convertirent au Seigneur. Il y avait à Jaffa une femme croyante appelée Tabitha. – Ce nom se traduit en grec par «Dorcas», ce qui signifie «gazelle». – Elle était continuellement occupée à faire du bien et à venir en aide aux pauvres. En ce temps-là, elle tomba malade et mourut. Après avoir lavé son corps, on le déposa dans une chambre, en haut de la maison. Les disciples de Jaffa avaient appris que Pierre se trouvait à Lydda, qui est proche de Jaffa. Ils lui envoyèrent deux hommes avec ce message: «Nous t'en prions, viens chez nous sans tarder.» Pierre partit tout de suite avec eux. Lorsqu'il fut arrivé, on le conduisit dans la chambre située en haut de la maison. Toutes les veuves s'approchèrent de lui en pleurant; elles lui montrèrent les chemises et les manteaux que Tabitha avait faits quand elle vivait encore. Pierre fit sortir tout le monde, se mit à genoux et pria. Puis il se tourna vers le corps et dit: «Tabitha, lève-toi!» Elle ouvrit les yeux et, quand elle vit Pierre, elle s'assit. Pierre lui prit la main et l'aida à se lever. Il appela ensuite les croyants et les veuves, et la leur présenta vivante. On le sut dans toute la ville de Jaffa et beaucoup crurent au Seigneur. Pierre resta assez longtemps à Jaffa chez un ouvrier sur cuir, appelé Simon. Il y avait à Césarée un homme appelé Corneille, qui était capitaine dans un bataillon romain dit «bataillon italien». Cet homme était pieux et, avec toute sa famille, il participait au culte rendu à Dieu. Il accordait une aide généreuse aux pauvres du peuple juif et priait Dieu régulièrement. Un après-midi, vers trois heures, il eut une vision: il vit distinctement un ange de Dieu entrer chez lui et lui dire: «Corneille!» Il regarda l'ange avec frayeur et lui dit: «Qu'y a-t-il, Seigneur?» L'ange lui répondit: «Dieu a prêté attention à tes prières et à l'aide que tu as apportée aux pauvres, et il ne t'oublie pas. Maintenant donc, envoie des hommes à Jaffa pour en faire venir un certain Simon, surnommé Pierre. Il loge chez un ouvrier sur cuir nommé Simon, dont la maison est au bord de la mer.» Quand l'ange qui venait de lui parler fut parti, Corneille appela deux de ses serviteurs et l'un des soldats attachés à son service, qui était un homme pieux. Il leur raconta tout ce qui s'était passé, puis les envoya à Jaffa. Le lendemain, tandis qu'ils étaient en route et approchaient de Jaffa, Pierre monta sur le toit en terrasse de la maison, vers midi, pour prier. Il eut faim et voulut manger. Pendant qu'on lui préparait un repas, il eut une vision. Il vit le ciel ouvert et quelque chose qui en descendait: une sorte de grande nappe, tenue aux quatre coins, qui s'abaissait à terre. Et dedans il y avait toutes sortes d'animaux quadrupèdes et de reptiles, et toutes sortes d'oiseaux. Une voix lui dit: «Debout, Pierre, tue et mange!» Mais Pierre répondit: «Oh non! Seigneur, car je n'ai jamais rien mangé d'interdit ni d'impur.» La voix se fit de nouveau entendre et lui dit: «Ne considère pas comme impur ce que Dieu a déclaré pur.» Cela arriva trois fois, et aussitôt après, l'objet fut remonté dans le ciel. Pierre se demandait quel pouvait être le sens de la vision qu'il avait eue. Or, pendant ce temps, les hommes envoyés par Corneille s'étaient renseignés pour savoir où était la maison de Simon et ils se trouvaient maintenant devant l'entrée. Ils appelèrent et demandèrent: «Est-ce ici que loge Simon, surnommé Pierre?» Pierre était encore en train de réfléchir au sujet de la vision quand l'Esprit lui dit: «Écoute, il y a ici trois hommes qui te cherchent. Debout, descends et pars avec eux sans hésiter, car c'est moi qui les ai envoyés.» Pierre descendit alors auprès de ces hommes et leur dit: «Je suis celui que vous cherchez. Pourquoi êtes-vous venus?» Ils répondirent: «Nous venons de la part du capitaine Corneille. C'est un homme droit, qui adore Dieu et que tous les Juifs estiment. Un ange de Dieu lui a recommandé de te faire venir chez lui pour écouter ce que tu as à lui dire.» Pierre les fit entrer et les logea pour la nuit. Le lendemain, il se mit en route avec eux. Quelques-uns des frères de Jaffa l'accompagnèrent. Le jour suivant, il arriva à Césarée. Corneille les y attendait avec des membres de sa parenté et des amis intimes qu'il avait invités. Au moment où Pierre allait entrer, Corneille vint à sa rencontre et se courba jusqu'à terre devant lui pour le saluer avec grand respect. Mais Pierre le releva en lui disant: «Lève-toi, car je ne suis qu'un homme, moi aussi.» Puis, tout en continuant à parler avec Corneille, il entra dans la maison où il trouva de nombreuses personnes réunies. Il leur dit: «Vous savez qu'un Juif n'est pas autorisé par sa religion à fréquenter un étranger ou à entrer dans sa maison. Mais Dieu m'a montré que je ne devais considérer personne comme impur ou indigne d'être fréquenté. C'est pourquoi, quand vous m'avez appelé, je suis venu sans faire d'objection. J'aimerais donc savoir pourquoi vous m'avez fait venir.» Corneille répondit: «Il y a trois jours, à la même heure, à trois heures de l'après-midi, je priais chez moi. Tout à coup, un homme aux vêtements resplendissants se trouva devant moi et me dit: “Corneille, Dieu a entendu ta prière et n'oublie pas l'aide que tu as apportée aux pauvres. Envoie donc des hommes à Jaffa pour en faire venir Simon, surnommé Pierre. Il loge dans la maison de Simon, un ouvrier sur cuir qui habite au bord de la mer.” J'ai immédiatement envoyé des gens te chercher et tu as bien voulu venir. Maintenant, nous sommes tous ici devant Dieu pour écouter tout ce que le Seigneur t'a chargé de dire.» Pierre prit alors la parole et dit: «Maintenant, je comprends vraiment que Dieu n'avantage personne: tout être humain, quelle que soit sa nationalité, qui le respecte et fait ce qui est juste, lui est agréable. Il a envoyé son message au peuple d'Israël, la Bonne Nouvelle de la paix par Jésus-Christ, qui est le Seigneur de tous les hommes. Vous savez ce qui est arrivé d'abord en Galilée, puis dans toute la Judée, après que Jean a prêché et baptisé. Vous savez comment Dieu a répandu la puissance du Saint-Esprit sur Jésus de Nazareth. Vous savez aussi comment Jésus a parcouru le pays en faisant le bien et en guérissant tous ceux qui étaient sous le pouvoir du diable, car Dieu était avec lui. Et nous, nous sommes témoins de tout ce qu'il a fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem. On l'a fait mourir en le clouant sur la croix. Mais Dieu lui a rendu la vie le troisième jour; il lui a donné d'apparaître, non à tout le peuple, mais à nous que Dieu a choisis d'avance comme témoins. Nous avons mangé et bu avec lui après que Dieu l'a relevé d'entre les morts. Il nous a commandé de prêcher au peuple et d'attester qu'il est celui que Dieu a établi pour juger les vivants et les morts. Tous les prophètes ont parlé de lui, en disant que quiconque croit en lui reçoit le pardon de ses péchés par le pouvoir de son nom.» Pendant que Pierre parlait encore, le Saint-Esprit descendit sur tous ceux qui écoutaient son discours. Les croyants d'origine juive qui étaient venus avec Pierre furent stupéfaits de constater que le Saint-Esprit donné par Dieu se répandait aussi sur des non-Juifs. En effet, ils les entendaient parler en des langues inconnues et louer la grandeur de Dieu. Pierre dit alors: «Pourrait-on empêcher ces gens d'être baptisés d'eau, maintenant qu'ils ont reçu le Saint-Esprit aussi bien que nous?» Et il ordonna de les baptiser au nom de Jésus-Christ. Ils lui demandèrent alors de rester quelques jours avec eux. Les apôtres et les frères qui étaient en Judée apprirent que les non-Juifs avaient aussi reçu la parole de Dieu. Quand Pierre revint à Jérusalem, les croyants d'origine juive le critiquèrent en disant: «Tu es entré chez des gens non circoncis et tu as mangé avec eux!» Alors Pierre leur raconta en détail tout ce qui s'était passé. Il leur dit: «J'étais dans la ville de Jaffa et je priais, lorsque j'eus une vision. Je vis quelque chose qui descendait vers moi: une sorte de grande nappe, tenue aux quatre coins, qui s'abaissait du ciel et qui vint tout près de moi. Je regardai attentivement à l'intérieur et vis des animaux quadrupèdes, des bêtes sauvages, des reptiles et des oiseaux. J'entendis alors une voix qui me disait: “Debout, Pierre, tue et mange!” Mais je répondis: “Oh non! Seigneur, car jamais rien d'interdit ou d'impur n'est entré dans ma bouche.” La voix se fit de nouveau entendre du ciel: “Ne considère pas comme impur ce que Dieu a déclaré pur.” Cela se produisit trois fois, puis tout fut remonté dans le ciel. Or, au même moment, trois hommes arrivèrent à la maison où nous étions: ils m'avaient été envoyés de Césarée. L'Esprit Saint me dit de partir avec eux sans hésiter. Les six frères que j'ai amenés ici m'ont accompagné à Césarée et nous sommes tous entrés dans la maison de Corneille. Celui-ci nous raconta comment il avait vu un ange qui se tenait dans sa maison et qui lui disait: “Envoie des hommes à Jaffa pour en faire venir Simon, surnommé Pierre. Il te dira des paroles qui t'apporteront le salut, à toi, ainsi qu'à toute ta famille.” Je commençais à parler, lorsque le Saint-Esprit descendit sur eux, tout comme il était descendu sur nous au début. Je me souvins alors de ce que le Seigneur avait dit: “Jean a baptisé avec de l'eau, mais vous, vous serez baptisés avec le Saint-Esprit.” Dieu leur a accordé ainsi le même don que celui qu'il nous a fait quand nous avons cru au Seigneur Jésus-Christ: qui étais-je donc pour m'opposer à Dieu?» Après avoir entendu ces mots, tous se calmèrent et louèrent Dieu en disant: «C'est donc vrai, Dieu a donné aussi à ceux qui ne sont pas juifs la possibilité de changer de comportement et de recevoir la vraie vie.» La persécution qui survint au moment où Étienne fut tué obligea les croyants à se disperser. Certains d'entre eux s'en allèrent jusqu'en Phénicie, à Chypre et à Antioche, mais ils ne prêchaient la parole de Dieu qu'aux Juifs. Cependant, quelques croyants, qui étaient de Chypre et de Cyrène, se rendirent à Antioche et s'adressèrent aussi à des non-Juifs en leur annonçant la Bonne Nouvelle du Seigneur Jésus. La puissance du Seigneur était avec eux, de sorte qu'un grand nombre de personnes crurent et se convertirent au Seigneur. Les membres de l'Église de Jérusalem apprirent cette nouvelle. Ils envoyèrent alors Barnabas à Antioche. Lorsqu'il fut arrivé et qu'il vit comment Dieu avait béni les croyants, il s'en réjouit et les encouragea tous à demeurer résolument fidèles au Seigneur. Barnabas était en effet un homme bon, rempli du Saint-Esprit et de foi. Un grand nombre de personnes furent gagnées au Seigneur. Barnabas partit ensuite pour Tarse afin d'y chercher Saul. Quand il l'eut trouvé, il l'amena à Antioche. Ils passèrent tous deux une année entière dans cette Église et instruisirent dans la foi un grand nombre de personnes. C'est à Antioche que, pour la première fois, les disciples furent appelés chrétiens. En ce temps-là, des prophètes se rendirent de Jérusalem à Antioche. L'un d'eux, nommé Agabus, guidé par l'Esprit Saint, se mit à annoncer qu'il y aurait bientôt une grande famine sur toute la terre. – Elle eut lieu, en effet, à l'époque où Claude était empereur. – Les disciples décidèrent alors que chacun d'eux donnerait ce qu'il pourrait pour envoyer de l'aide aux frères qui vivaient en Judée. C'est ce qu'ils firent et ils envoyèrent ces dons aux anciens de Judée par l'intermédiaire de Barnabas et Saul. En ce temps-là, le roi Hérode se mit à persécuter quelques-uns des membres de l'Église. Il fit mourir par l'épée Jacques, le frère de Jean. Puis, quand il vit que cela plaisait aux Juifs, il fit encore arrêter Pierre, au moment de la fête des pains sans levain. Hérode le fit donc saisir et jeter en prison, et il chargea quatre groupes de quatre soldats de le garder. Il pensait le faire juger en public après la Pâque. Pierre était donc gardé dans la prison, mais les membres de l'Église priaient Dieu pour lui avec ardeur. Durant la nuit, alors qu' Hérode était sur le point de le faire juger en public, Pierre dormait entre deux soldats. Il était ligoté avec deux chaînes et des gardiens étaient à leur poste devant la porte de la prison. Soudain, un ange du Seigneur apparut et la cellule resplendit de lumière. L'ange toucha Pierre au côté, le réveilla et lui dit: «Lève-toi vite!» Les chaînes tombèrent alors de ses mains. Puis l'ange lui dit: «Mets ta ceinture et attache tes sandales.» Pierre lui obéit et l'ange ajouta: «Mets ton manteau et suis-moi.» Pierre sortit de la prison en suivant l'ange. Il ne pensait pas que ce que l'ange faisait était réel: il croyait avoir une vision. Ils passèrent le premier poste de garde, puis le second et arrivèrent à la porte de fer qui donne sur la ville. Cette porte s'ouvrit d'elle-même devant eux et ils sortirent. Ils s'avancèrent dans une rue et, tout à coup, l'ange quitta Pierre. Alors Pierre se rendit compte de ce qui était arrivé et dit: «Maintenant, je vois bien que c'est vrai: le Seigneur a envoyé son ange, il m'a délivré du pouvoir d'Hérode et de tout le mal que le peuple juif me souhaitait.» Quand il eut compris la situation, il se rendit à la maison de Marie, la mère de Jean surnommé Marc. De nombreuses personnes s'y étaient réunies pour prier. Pierre frappa à la porte d'entrée et une servante, nommée Rhode, s'approcha pour ouvrir. Elle reconnut la voix de Pierre et en fut si joyeuse que, au lieu d'ouvrir la porte, elle courut à l'intérieur annoncer que Pierre se trouvait dehors. Ils lui dirent: «Tu es folle!» Mais elle assurait que c'était bien vrai. Ils dirent alors: «C'est son ange.» Cependant, Pierre continuait à frapper. Quand ils ouvrirent enfin la porte, ils le virent et furent stupéfaits. De la main, il leur fit signe de se taire et leur raconta comment le Seigneur l'avait conduit hors de la prison. Il dit encore: «Annoncez-le à Jacques et aux autres frères.» Puis il sortit et s'en alla ailleurs. Quand il fit jour, il y eut une grande agitation parmi les soldats: ils se demandaient ce que Pierre était devenu. Hérode le fit rechercher, mais on ne le trouva pas. Il fit interroger les gardes et donna l'ordre de les exécuter. Ensuite, il se rendit de Judée à Césarée où il resta un certain temps. Hérode était très irrité contre les habitants de Tyr et de Sidon. Ceux-ci se mirent d'accord pour se présenter devant lui. Ils gagnèrent à leur cause Blastus, l'officier de la chambre du roi; puis ils allèrent demander à Hérode de faire la paix, car leur pays s'approvisionnait dans celui du roi. Au jour fixé, Hérode mit son vêtement royal, s'assit sur son trône et leur adressa publiquement un discours. Le peuple s'écria: «C'est un dieu qui parle et non pas un homme!» Mais, au même moment, un ange du Seigneur frappa Hérode, parce qu'il s'était réservé l'honneur dû à Dieu: il fut rongé par les vers et mourut. Or, la parole de Dieu se répandait de plus en plus. Quant à Barnabas et Saul, après avoir achevé leur mission à Jérusalem, ils s'en retournèrent et emmenèrent avec eux Jean surnommé Marc. Dans l'Église d'Antioche, il y avait des prophètes et des enseignants: Barnabas, Siméon – surnommé le Noir –, Lucius – de Cyrène –, Manaën – compagnon d'enfance d' Hérode, qui régnait sur la Galilée –, et Saul. Un jour, pendant qu'ils célébraient le culte du Seigneur et qu'ils jeûnaient, le Saint-Esprit leur dit: «Mettez à part Barnabas et Saul pour l'œuvre à laquelle je les ai appelés.» Alors, après avoir jeûné et prié, ils posèrent les mains sur eux et les laissèrent partir. Barnabas et Saul, ainsi envoyés en mission par le Saint-Esprit, se rendirent à Séleucie d'où ils partirent en bateau pour l'île de Chypre. Quand ils furent arrivés à Salamine, ils se mirent à annoncer la parole de Dieu dans les synagogues juives. Ils avaient avec eux Jean-Marc pour les aider. Ils traversèrent toute l'île jusqu'à Paphos. Là, ils rencontrèrent un magicien appelé Bar-Jésus, un Juif qui se faisait passer pour prophète. Il vivait auprès du gouverneur de l'île, Sergius Paulus, qui était un homme intelligent. Celui-ci fit appeler Barnabas et Saul, car il désirait entendre la parole de Dieu. Mais le magicien Élymas – tel est son nom en grec – s'opposait à eux et cherchait à détourner de la foi le gouverneur. Alors Saul, appelé aussi Paul, rempli du Saint-Esprit, fixa son regard sur lui et dit: «Homme plein de ruse et de méchanceté, fils du diable, ennemi de tout ce qui est bien! Ne cesseras-tu jamais de vouloir fausser les plans du Seigneur? Maintenant, écoute: le Seigneur va te frapper, tu seras aveugle et tu ne verras plus la lumière du soleil pendant un certain temps.» Aussitôt, les yeux d'Élymas s'obscurcirent et il se trouva dans la nuit: il se tournait de tous côtés, cherchant quelqu'un pour le conduire par la main. Quand le gouverneur vit ce qui était arrivé, il devint croyant; il était vivement impressionné par l'enseignement du Seigneur. Paul et ses compagnons s'embarquèrent à Paphos d'où ils gagnèrent Perge, en Pamphylie. Jean-Marc les quitta à cet endroit et retourna à Jérusalem. Ils continuèrent leur route à partir de Perge et arrivèrent à Antioche de Pisidie. Le jour du sabbat, ils entrèrent dans la synagogue et s'assirent. Après qu'on eut fait la lecture dans les livres de la loi et des prophètes, les chefs de la synagogue leur firent dire: «Frères, si vous avez quelques mots à adresser à l'assemblée pour l'encourager, vous pouvez parler maintenant.» Paul se leva, fit un signe de la main et dit: «Gens d'Israël et vous qui participez au culte rendu à Dieu, écoutez-moi! Le Dieu du peuple d'Israël a choisi nos ancêtres. Il a fait grandir ce peuple pendant qu'il vivait à l'étranger, en Égypte, puis il l'a fait sortir de ce pays en agissant avec puissance. Il le supporta pendant environ quarante ans dans le désert. Ensuite, il extermina sept nations dans le pays de Canaan et remit leur territoire à son peuple comme propriété pour quatre cent cinquante ans environ. «Après cela, il donna des juges à nos ancêtres jusqu'à l'époque du prophète Samuel. Ensuite, ils demandèrent un roi et Dieu leur donna Saül, fils de Quich, de la tribu de Benjamin, qui régna pendant quarante ans. Après avoir rejeté Saül, Dieu leur accorda David comme roi. Il déclara à son sujet: “J'ai trouvé David, fils de Jessé: cet homme correspond à mon désir, il accomplira tout ce que je veux.” L'un des descendants de David fut Jésus que Dieu établit comme Sauveur pour le peuple d'Israël, ainsi qu'il l'avait promis. Avant la venue de Jésus, Jean avait prêché en appelant tout le peuple d'Israël à changer de comportement et à être baptisé. Au moment où Jean arrivait à la fin de son activité, il disait: “Qui pensez-vous que je suis? Je ne suis pas celui que vous attendez. Mais écoutez: il vient après moi et je ne suis pas même digne de détacher les sandales de ses pieds.” «Frères, vous les descendants d'Abraham et vous qui êtes ici pour participer au culte rendu à Dieu: c'est à nous que ce message de salut a été envoyé. En effet, les habitants de Jérusalem et leurs chefs n'ont pas reconnu qui est Jésus et n'ont pas compris les paroles des prophètes qu'on lit à chaque sabbat. Mais ils ont accompli ces paroles en condamnant Jésus; et, quoiqu'ils n'aient trouvé aucune raison de le condamner à mort, ils ont demandé à Pilate de le faire mourir. Après avoir accompli tout ce que les Écritures avaient annoncé à son sujet, ils le descendirent de la croix et le déposèrent dans un tombeau. Mais Dieu l'a ramené d'entre les morts. Pendant de nombreux jours, Jésus est apparu à ceux qui l'avaient accompagné de la Galilée à Jérusalem et qui sont maintenant ses témoins devant le peuple d'Israël. Nous-mêmes, nous vous apportons cette Bonne Nouvelle: ce que Dieu avait promis à nos ancêtres, il l'a accompli maintenant pour nous, leurs descendants, en relevant Jésus de la mort. Il est écrit en effet dans le Psaume deux: “C'est toi qui es mon Fils, à partir d'aujourd'hui, je suis ton Père.” Dieu avait annoncé qu'il le relèverait d'entre les morts pour qu'il ne retourne plus à la pourriture. Il en avait parlé ainsi: “Je vous donnerai les bénédictions saintes et sûres que j'ai promises à David.” C'est pourquoi il affirme encore dans un autre passage: “Tu ne permettras pas que ton fidèle pourrisse dans la tombe.” David, lui, a servi en son temps le plan de Dieu; puis il est mort, il a été enterré auprès de ses ancêtres et a connu la pourriture. Mais celui que Dieu a ramené à la vie n'a pas connu la pourriture. Prenez garde, donc, qu'il ne vous arrive ce que les prophètes ont écrit: “Regardez, gens pleins de mépris, soyez saisis d'étonnement et disparaissez! Car je vais accomplir de votre vivant une œuvre telle que vous n'y croiriez pas si quelqu'un vous la racontait!” » Quand Paul et Barnabas sortirent de la synagogue, on leur demanda de revenir au prochain jour du sabbat pour parler de ce même sujet. Après la réunion, beaucoup de Juifs et de gens convertis à la religion juive suivirent Paul et Barnabas. Ceux-ci leur parlaient et les encourageaient à demeurer fidèles à la grâce de Dieu. Le sabbat suivant, presque toute la population de la ville s'assembla pour entendre la parole du Seigneur. Quand les Juifs virent cette foule, ils furent remplis de jalousie; ils contredisaient Paul et l'insultaient. Paul et Barnabas leur dirent alors avec assurance: «Il fallait que la parole de Dieu vous soit annoncée à vous d'abord. Mais puisque vous la repoussez et que vous vous jugez ainsi indignes de la vie éternelle, eh bien, nous irons maintenant vers ceux qui ne sont pas juifs. Voici en effet ce que nous a commandé le Seigneur: “Je t'ai établi comme lumière des nations, afin que tu apportes le salut jusqu'au bout du monde!” » Quand les non-Juifs entendirent ces mots, ils se réjouirent et se mirent à louer la parole du Seigneur. Tous ceux qui étaient destinés à la vie éternelle devinrent croyants. La parole du Seigneur se répandait dans toute cette région. Mais les Juifs excitèrent les dames de la bonne société qui adoraient Dieu, ainsi que les notables de la ville; ils provoquèrent une persécution contre Paul et Barnabas et les chassèrent de leur territoire. Les deux hommes secouèrent contre eux la poussière de leurs pieds et se rendirent à Iconium. Quant aux disciples, à Antioche, ils étaient remplis de joie et du Saint-Esprit. A Iconium, Paul et Barnabas entrèrent aussi dans la synagogue des Juifs et parlèrent d'une façon telle qu'un grand nombre de Juifs et de non-Juifs devinrent croyants. Mais ceux des Juifs qui refusaient de croire provoquèrent chez les non-Juifs de mauvais sentiments à l'égard des frères. Cependant, Paul et Barnabas restèrent longtemps à Iconium. Ils parlaient avec assurance, pleins de confiance dans le Seigneur. Le Seigneur leur donnait le pouvoir d'accomplir des miracles et des prodiges et attestait ainsi la vérité de ce qu'ils prêchaient sur sa grâce. La population de la ville se divisa: les uns étaient pour les Juifs, les autres pour les apôtres. Les Juifs et les non-Juifs, avec leurs chefs, se préparaient à maltraiter Paul et Barnabas et à les tuer à coups de pierres. Dès que les deux hommes s'en aperçurent, ils s'enfuirent en direction de Lystre et Derbe, villes de la Lycaonie, et de leurs environs. Ils se mirent à y annoncer la Bonne Nouvelle. A Lystre, il y avait un homme qui se tenait assis, car ses pieds étaient paralysés; il était infirme depuis sa naissance et n'avait jamais pu marcher. Il écoutait ce que Paul disait. Paul fixa les yeux sur lui et vit qu'il avait la foi pour être guéri. Il lui dit alors d'une voix forte: «Lève-toi, tiens-toi droit sur tes pieds!» L'homme sauta sur ses pieds et se mit à marcher. Quand la foule vit ce que Paul avait fait, elle s'écria dans la langue du pays, le lycaonien: «Les dieux ont pris une forme humaine et sont descendus vers nous!» Ils appelaient Barnabas «Zeus» et Paul «Hermès», parce que Paul était le porte-parole. Le prêtre de Zeus, dont le temple était à l'entrée de la ville, amena des taureaux ornés de guirlandes de fleurs devant les portes de ce temple: il voulait, ainsi que la foule, offrir un sacrifice à Barnabas et Paul. Mais quand les deux apôtres l'apprirent, ils déchirèrent leurs vêtements et se précipitèrent dans la foule en criant: «Amis, pourquoi faites-vous cela? Nous ne sommes que des hommes, tout à fait semblables à vous. Nous vous apportons la Bonne Nouvelle, en vous appelant à abandonner ces idoles inutiles et à vous tourner vers le Dieu vivant qui a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qui s'y trouve. Dans les temps passés, il a laissé toutes les nations suivre leurs propres voies. Pourtant, il s'est toujours manifesté par le bien qu'il fait: du ciel, il vous donne les pluies et les récoltes en leurs saisons, il vous accorde la nourriture et remplit votre cœur de joie.» Même en parlant ainsi, les apôtres eurent de la peine à empêcher la foule de leur offrir un sacrifice. Des Juifs vinrent d'Antioche de Pisidie et d'Iconium, et ils gagnèrent la confiance de la foule. On jeta des pierres contre Paul pour le tuer, puis on le traîna hors de la ville, en pensant qu'il était mort. Mais quand les croyants s'assemblèrent autour de lui, il se releva et rentra dans la ville. Le lendemain, il partit avec Barnabas pour Derbe. Paul et Barnabas annoncèrent la Bonne Nouvelle dans la ville de Derbe où ils firent beaucoup de disciples. Puis ils retournèrent à Lystre, à Iconium et à Antioche de Pisidie. Ils fortifiaient le cœur des croyants, les encourageaient à demeurer fermes dans la foi et leur disaient: «Nous devons passer par beaucoup de souffrances pour entrer dans le Royaume de Dieu.» Dans chaque Église, ils leur désignèrent des anciens et, après avoir jeûné et prié, ils les recommandèrent au Seigneur en qui ils avaient cru. Ils traversèrent ensuite la Pisidie et arrivèrent en Pamphylie. Ils annoncèrent la parole de Dieu à Perge, puis se rendirent à Attalie. De là, ils partirent en bateau pour Antioche de Syrie, la ville où on les avait confiés à la grâce de Dieu pour l'œuvre qu'ils avaient maintenant accomplie. Arrivés à Antioche, ils réunirent les membres de l'Église et leur racontèrent tout ce que Dieu avait réalisé par eux, et comment il avait ouvert la porte de la foi aux non-Juifs, eux aussi. Paul et Barnabas restèrent assez longtemps avec les croyants d'Antioche. Quelques hommes vinrent de Judée à Antioche et se mirent à donner aux frères cet enseignement: «Vous ne pouvez pas être sauvés si vous ne vous faites pas circoncire comme la loi de Moïse l'ordonne.» Paul et Barnabas les désapprouvèrent et eurent une violente discussion avec eux à ce sujet. On décida alors que Paul, Barnabas et quelques autres personnes d'Antioche iraient à Jérusalem pour parler de cette affaire avec les apôtres et les anciens. L'Église leur accorda donc l'aide nécessaire pour ce voyage. Ils traversèrent la Phénicie et la Samarie, en racontant comment les non-Juifs s'étaient tournés vers le Seigneur: cette nouvelle causait une grande joie à tous les frères. Quand ils arrivèrent à Jérusalem, ils furent accueillis par l'Église, les apôtres et les anciens, et ils leur racontèrent tout ce que Dieu avait réalisé par eux. Mais quelques membres du parti des Pharisiens, qui étaient devenus croyants, intervinrent en disant: «Il faut circoncire les croyants non juifs et leur commander d'obéir à la loi de Moïse.» Les apôtres et les anciens se réunirent pour examiner cette question. Après une longue discussion, Pierre intervint et dit: «Frères, vous savez que Dieu m'a choisi parmi vous, il y a longtemps, pour que j'annonce la Bonne Nouvelle à ceux qui ne sont pas juifs, afin qu'ils l'entendent et qu'ils croient. Et Dieu, qui connaît le cœur des humains, a attesté qu'il les accueillait en leur donnant le Saint-Esprit aussi bien qu'à nous. Il n'a fait aucune différence entre eux et nous: il a purifié leur cœur parce qu'ils ont cru. Maintenant donc, pourquoi défiez-vous Dieu en voulant imposer aux croyants un fardeau que ni nos ancêtres ni nous-mêmes n'avons été capables de porter? Nous croyons au contraire que nous sommes sauvés par la grâce du Seigneur Jésus, de la même manière qu'eux.» Alors, toute l'assemblée garda le silence et l'on écouta Barnabas et Paul raconter tous les miracles et les prodiges que Dieu avait accomplis par eux chez les non-Juifs. Quand ils eurent fini de parler, Jacques prit la parole et dit: «Frères, écoutez-moi! Simon a raconté comment Dieu a pris soin dès le début de ceux qui ne sont pas juifs pour choisir parmi eux un peuple qui lui appartienne. Et les paroles des prophètes s'accordent avec ce fait, car l'Écriture déclare: “Après cela je reviendrai, dit le Seigneur, pour reconstruire la maison de David qui s'était écroulée, je relèverai ses ruines et je la redresserai. Alors tous les autres humains chercheront le Seigneur, oui, toutes les nations que j'ai appelées à être miennes. Voilà ce que déclare le Seigneur, qui a fait connaître ses projets depuis longtemps.” C'est pourquoi, ajouta Jacques, j'estime qu'on ne doit pas créer de difficultés à ceux, non juifs, qui se tournent vers Dieu. Mais écrivons-leur pour leur demander de ne pas manger de viandes impures provenant de sacrifices offerts aux idoles, de se garder de l'immoralité et de ne pas manger de la chair d'animaux étranglés ni de sang. Car, depuis les temps anciens, des hommes prêchent la loi de Moïse dans chaque ville et on la lit dans les synagogues à chaque sabbat.» Alors les apôtres et les anciens, avec toute l'Église, décidèrent de choisir quelques-uns d'entre eux et de les envoyer à Antioche avec Paul et Barnabas. Ils choisirent Jude, appelé aussi Barsabbas, et Silas, deux personnages qui avaient de l'autorité parmi les frères. Ils les chargèrent de porter la lettre suivante: «Les apôtres et les anciens, vos frères, adressent leurs salutations aux frères d'origine non juive qui vivent à Antioche, en Syrie et en Cilicie. Nous avons appris que des gens venus de chez nous vous ont troublés et inquiétés par leurs paroles. Nous ne leur avions donné aucun ordre à ce sujet. C'est pourquoi, nous avons décidé à l'unanimité de choisir des délégués et de vous les envoyer. Ils accompagneront nos chers amis Barnabas et Paul qui ont risqué leur vie au service de notre Seigneur Jésus-Christ. Nous vous envoyons donc Jude et Silas qui vous diront personnellement ce que nous écrivons ici. En effet, le Saint-Esprit et nous-mêmes avons décidé de ne vous imposer aucun fardeau en dehors des devoirs suivants qui sont indispensables: ne pas manger de viandes provenant de sacrifices offerts aux idoles; ne pas manger de sang, ni de la chair d'animaux étranglés; vous garder de l'immoralité. Vous agirez bien en évitant tout cela. Fraternellement à vous!» On prit alors congé des délégués et ils se rendirent à Antioche. Ils y réunirent l'assemblée des croyants et leur remirent la lettre. On en fit la lecture et tous se réjouirent de l'encouragement qu'elle apportait. Jude et Silas, qui étaient eux-mêmes prophètes, parlèrent longuement aux frères pour les encourager et les fortifier dans la foi. Ils passèrent quelque temps à cet endroit, puis les frères leur souhaitèrent un paisible voyage de retour vers ceux qui les avaient envoyés. [ Mais Silas décida de rester là.] Cependant, Paul et Barnabas restèrent à Antioche. Avec beaucoup d'autres, ils enseignaient et prêchaient la parole du Seigneur. Quelque temps après, Paul dit à Barnabas: «Retournons visiter les frères dans toutes les villes où nous avons annoncé la parole du Seigneur, pour voir comment ils vont.» Barnabas voulait emmener avec eux Jean surnommé Marc; mais Paul estimait qu'il ne fallait pas le faire, parce qu'il les avait quittés en Pamphylie et ne les avait plus accompagnés dans leur mission. Ils eurent une si vive discussion qu'ils se séparèrent. Barnabas prit Marc avec lui et s'embarqua pour Chypre, tandis que Paul choisit Silas et partit, après avoir été confié par les frères à la grâce du Seigneur. Il traversa la Syrie et la Cilicie, en fortifiant la foi des Églises. Paul arriva à Derbe, puis à Lystre. Il y avait là un croyant appelé Timothée; il était fils d'une Juive devenue chrétienne, mais son père était grec. Les frères qui vivaient à Lystre et à Iconium en disaient beaucoup de bien. Paul désira l'avoir comme compagnon de voyage et le prit donc avec lui. Il le circoncit, à cause des Juifs qui se trouvaient dans ces régions, car tous savaient que son père était grec. Dans les villes où ils passaient, ils communiquaient aux croyants les décisions prises par les apôtres et les anciens de Jérusalem et leur demandaient d'obéir à ces décisions. Les Églises se fortifiaient dans la foi et augmentaient en nombre de jour en jour. Le Saint-Esprit les empêcha d'annoncer la parole de Dieu dans la province d'Asie, de sorte qu'ils traversèrent la Phrygie et la Galatie. Quand ils arrivèrent près de la Mysie, ils eurent l'intention d'aller en Bithynie, mais l'Esprit de Jésus ne le leur permit pas. Ils traversèrent alors la Mysie et se rendirent au port de Troas. Pendant la nuit, Paul eut une vision: il vit un Macédonien, debout, qui lui adressait cette prière: «Passe en Macédoine et viens à notre secours!» Aussitôt après cette vision, nous avons cherché à partir pour la Macédoine, car nous étions certains que Dieu nous avait appelés à porter la Bonne Nouvelle aux habitants de cette contrée. Nous avons embarqué à Troas d'où nous avons gagné directement l'île de Samothrace, puis, le lendemain, Néapolis. De là, nous sommes allés à Philippes, ville du premier district de Macédoine et colonie romaine. Nous avons passé plusieurs jours dans cette ville. Le jour du sabbat, nous sommes sortis de la ville pour aller au bord de la rivière où nous pensions trouver un lieu de prière pour les Juifs. Nous nous sommes assis et avons parlé aux femmes qui s'y étaient assemblées. L'une de ces femmes s'appelait Lydie; elle venait de la ville de Thyatire, était marchande de précieuses étoffes rouges et adorait Dieu. Elle nous écoutait, et le Seigneur la rendit attentive et réceptive aux paroles de Paul. Elle fut baptisée, ainsi que sa famille. Puis elle nous invita en ces termes: «Si vous estimez que je crois vraiment au Seigneur, venez demeurer chez moi.» Et elle nous obligea à accepter. Un jour que nous nous rendions au lieu de prière, une servante vint à notre rencontre: il y avait en elle un esprit mauvais qui lui faisait prédire l'avenir, et elle rapportait beaucoup d'argent à ses maîtres par ses prédictions. Elle se mit à nous suivre, Paul et nous, en criant: «Ces hommes sont les serviteurs du Dieu très-haut! Ils vous annoncent le chemin qui conduit au salut!» Elle fit cela pendant bien des jours. A la fin, Paul en fut si irrité qu'il se retourna et dit à l'esprit: «Au nom de Jésus-Christ, je t'ordonne de sortir d'elle!» Et l'esprit sortit d'elle à l'instant même. Quand ses maîtres virent disparaître tout espoir de gagner de l'argent grâce à elle, ils saisirent Paul et Silas et les traînèrent sur la place publique devant les autorités. Ils les amenèrent aux magistrats romains et dirent: «Ces hommes créent du désordre dans notre ville. Ils sont Juifs et enseignent des coutumes qu'il ne nous est pas permis, à nous qui sommes Romains, d'accepter ou de pratiquer.» La foule se tourna aussi contre eux. Les magistrats firent arracher les vêtements de Paul et Silas et ordonnèrent de les battre à coups de fouet. Après les avoir frappés de nombreux coups, on les jeta en prison et l'on recommanda au gardien de bien les surveiller. Dès qu'il eut reçu cet ordre, le gardien les mit dans une cellule tout au fond de la prison et leur fixa les pieds dans des blocs de bois. Vers minuit, Paul et Silas priaient et chantaient pour louer Dieu; les autres prisonniers les écoutaient. Tout à coup, il y eut un violent tremblement de terre qui secoua les fondations de la prison. Toutes les portes s'ouvrirent aussitôt et les chaînes de tous les prisonniers se détachèrent. Le gardien se réveilla; lorsqu'il vit que les portes de la prison étaient ouvertes, il tira son épée pour se tuer, car il pensait que les prisonniers s'étaient enfuis. Mais Paul cria de toutes ses forces: «Ne te fais pas de mal! Nous sommes tous ici!» Alors le gardien demanda de la lumière, se précipita dans la cellule et, tout tremblant de peur, se jeta aux pieds de Paul et de Silas. Puis il les fit sortir et leur demanda: «Messieurs, que dois-je faire pour être sauvé?» Ils répondirent: «Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé, et ta famille avec toi.» Et ils annoncèrent la parole du Seigneur, à lui et à tous ceux qui étaient dans sa maison. Le gardien les emmena à cette heure même de la nuit pour laver leurs blessures. Il fut aussitôt baptisé, ainsi que tous les siens. Il fit monter Paul et Silas chez lui et leur offrit à manger. Cet homme, avec toute sa famille, fut rempli de joie d'avoir cru en Dieu. Quand il fit jour, les magistrats romains envoyèrent des agents dire au gardien: «Relâche ces gens.» Le gardien vint l'annoncer à Paul en disant: «Les magistrats ont envoyé l'ordre de vous relâcher. Vous pouvez donc sortir et vous en aller en paix.» Mais Paul dit aux agents: «Ils nous ont fait battre en public sans que nous ayons été jugés régulièrement, nous qui sommes citoyens romains! Puis ils nous ont jetés en prison. Et, maintenant, ils veulent nous faire sortir en cachette? Eh bien, non! Qu'ils viennent eux-mêmes nous libérer!» Les agents rapportèrent ces paroles aux magistrats romains. Ceux-ci furent effrayés en apprenant que Paul et Silas étaient citoyens romains. Ils vinrent donc leur présenter des excuses, puis ils les firent sortir de prison en les priant de quitter la ville. Une fois sortis de prison, Paul et Silas se rendirent chez Lydie. Après avoir vu les frères et les avoir encouragés, ils partirent. Ils passèrent par Amphipolis et Apollonie, et arrivèrent à Thessalonique où les Juifs avaient une synagogue. Selon son habitude, Paul s'y rendit. Trois sabbats de suite, il discuta des Écritures avec les gens qui se trouvaient là; il les leur expliquait et montrait que, d'après elles, le Messie devait souffrir et être relevé d'entre les morts. Il leur disait: «Ce Jésus que je vous annonce, c'est lui le Messie.» Quelques-uns des auditeurs furent convaincus et se joignirent à Paul et Silas. C'est ce que firent aussi un grand nombre de Grecs qui adoraient Dieu, et beaucoup de femmes influentes. Mais les Juifs furent remplis de jalousie. Ils réunirent quelques vauriens trouvés dans les rues, créèrent de l'agitation dans la foule et des troubles dans la ville. Ils survinrent dans la maison de Jason et y cherchaient Paul et Silas pour les amener devant le peuple. Comme ils ne les trouvèrent pas, ils traînèrent Jason et quelques autres frères devant les autorités de la ville et se mirent à crier: «Ces hommes ont troublé le monde entier, et maintenant, ils sont arrivés ici! Jason les a reçus chez lui! Tous ces gens agissent d'une façon contraire aux lois de l'empereur, car ils prétendent qu'il y a un autre roi, appelé Jésus.» Ces paroles inquiétèrent la foule et les autorités de la ville. Jason et les autres durent alors payer une caution aux autorités avant d'être relâchés. Dès que la nuit fut venue, les frères firent partir Paul et Silas pour Bérée. Quand ils y arrivèrent, ils se rendirent à la synagogue des Juifs. Ceux-ci avaient de meilleurs sentiments que les Juifs de Thessalonique; ils reçurent la parole de Dieu avec beaucoup de bonne volonté. Chaque jour, ils étudiaient les Écritures pour vérifier l'exactitude des propos de Paul. Un grand nombre d'entre eux devinrent croyants, et, parmi les Grecs, des femmes de la bonne société et des hommes en grand nombre crurent aussi. Mais quand les Juifs de Thessalonique apprirent que Paul annonçait la parole de Dieu à Bérée également, ils y vinrent et se mirent à agiter et exciter la foule. Les frères firent aussitôt partir Paul en direction de la mer; mais Silas et Timothée restèrent à Bérée. Ceux qui conduisaient Paul le menèrent jusqu'à Athènes. Puis ils retournèrent à Bérée avec les instructions de Paul pour Silas et Timothée; il leur demandait de le rejoindre le plus tôt possible. Pendant que Paul attendait Silas et Timothée à Athènes, il était profondément indigné de voir à quel point cette ville était pleine d'idoles. Il discutait dans la synagogue avec les Juifs et les non-Juifs qui adoraient Dieu, et sur la place publique, chaque jour, avec les gens qu'il pouvait y rencontrer. Quelques philosophes épicuriens et stoïciens se mirent aussi à parler avec lui. Les uns demandaient: «Que veut dire ce bavard?» – «Il semble annoncer des dieux étrangers», déclaraient d'autres en entendant Paul prêcher Jésus et la résurrection. Ils le prirent alors avec eux, le menèrent devant le conseil de l'Aréopage et lui dirent: «Pourrions-nous savoir quel est ce nouvel enseignement dont tu parles? Tu nous fais entendre des choses étranges et nous aimerions bien savoir ce qu'elles signifient.» – Tous les Athéniens, en effet, et les étrangers qui vivaient parmi eux passaient leur temps uniquement à dire ou écouter les dernières nouveautés. – Paul, debout au milieu de l'Aréopage, dit alors: «Athéniens, je constate que vous êtes des hommes très religieux à tous points de vue. En effet, tandis que je parcourais votre ville et regardais vos monuments sacrés, j'ai trouvé même un autel avec cette inscription: “A un dieu inconnu.” Eh bien, ce que vous adorez sans le connaître, je viens vous l'annoncer. Dieu, qui a fait le monde et tout ce qui s'y trouve, est le Seigneur du ciel et de la terre, et il n'habite pas dans des temples construits par les hommes. Il n'a pas besoin non plus que les humains s'occupent de lui fournir quoi que ce soit, car c'est lui qui donne à tous la vie, le souffle et tout le reste. A partir d'un seul homme, il a créé tous les peuples et les a établis sur la terre entière. Il a fixé pour eux le moment des saisons et les limites des régions qu'ils devaient habiter. Il a fait cela pour qu'ils le cherchent et qu'en essayant tant bien que mal, ils parviennent peut-être à le trouver. En réalité, Dieu n'est pas loin de chacun de nous, car: “C'est par lui que nous vivons, que nous bougeons et que nous sommes.” C'est bien ce que certains de vos poètes ont également affirmé: “Nous sommes aussi ses enfants.” Puisque nous sommes ses enfants, nous ne devons pas penser que Dieu soit semblable à une idole d'or, d'argent ou de pierre, produite par l'art et l'imagination de l'homme. Or Dieu ne tient plus compte des temps où les humains étaient ignorants, mais il les appelle maintenant tous, en tous lieux, à changer de comportement. Il a en effet fixé un jour où il jugera le monde entier avec justice, par un homme qu'il a désigné. Il en a donné la preuve à tous en relevant cet homme d'entre les morts!» Lorsqu'ils entendirent Paul parler d'une résurrection des morts, les uns se moquèrent de lui et les autres dirent: «Nous t'écouterons parler de ce sujet une autre fois.» C'est ainsi que Paul les quitta. Quelques-uns, pourtant, se joignirent à lui et crurent: parmi eux, il y avait Denys, membre du conseil de l'Aréopage, une femme nommée Damaris, et d'autres encore. Après cela, Paul partit d'Athènes et se rendit à Corinthe. Il y rencontra un Juif appelé Aquilas, né dans la province du Pont: il venait d'arriver d'Italie avec sa femme, Priscille, parce que l'empereur Claude avait ordonné à tous les Juifs de quitter Rome. Paul alla les trouver et, comme il avait le même métier qu'eux – ils fabriquaient des tentes –, il demeura chez eux pour y travailler. A chaque sabbat, Paul prenait la parole dans la synagogue et cherchait à convaincre aussi bien les Juifs que les Grecs. Quand Silas et Timothée furent arrivés de Macédoine, Paul put consacrer tout son temps à prêcher; il attestait devant les Juifs que Jésus est le Messie. Mais les Juifs s'opposaient à lui et l'insultaient; alors il secoua contre eux la poussière de ses vêtements et leur dit: «Si vous êtes perdus, ce sera par votre propre faute. Je n'en suis pas responsable. Dès maintenant, j'irai vers ceux qui ne sont pas juifs.» Il partit alors de là et se rendit chez un certain Titius Justus qui adorait Dieu et dont la maison était à côté de la synagogue. Crispus, le chef de la synagogue, crut au Seigneur, ainsi que toute sa famille. Beaucoup de Corinthiens, qui entendaient Paul, crurent aussi et furent baptisés. Une nuit, Paul eut une vision dans laquelle le Seigneur lui dit: «N'aie pas peur, mais continue à parler, ne te tais pas, car je suis avec toi. Personne ne pourra te maltraiter, parce que nombreux sont ceux qui m'appartiennent dans cette ville.» Paul demeura un an et demi à Corinthe; il y enseignait à tous la parole de Dieu. A l'époque où Gallion était le gouverneur romain de l'Achaïe, les Juifs s'unirent contre Paul. Ils l'amenèrent devant le tribunal et déclarèrent: «Cet homme cherche à persuader les gens d'adorer Dieu d'une façon contraire à la loi.» Paul allait prendre la parole, quand Gallion répondit aux Juifs: «S'il s'agissait d'un crime ou d'une faute grave, je prendrais naturellement le temps de vous écouter, vous les Juifs. Mais puisqu'il s'agit de discussions à propos de mots, de noms et de votre propre loi, cela ne regarde que vous. Je refuse d'être juge de telles affaires!» Et il les renvoya du tribunal. Alors, tous se saisirent de Sosthène, le chef de la synagogue, et se mirent à le battre devant le tribunal. Mais Gallion ne s'en souciait pas. Paul resta encore assez longtemps à Corinthe. Puis il quitta les frères et s'embarqua pour la Syrie avec Priscille et Aquilas. Auparavant, il s'était fait raser la tête à Cenchrées, car il avait fait un vœu. Ils arrivèrent à Éphèse où Paul laissa Priscille et Aquilas. Il se rendit à la synagogue et y discuta avec les Juifs. Ils lui demandèrent de rester plus longtemps, mais il ne le voulut pas. Il les quitta en disant: «Je reviendrai chez vous, si Dieu le veut.» Et il partit d'Éphèse en bateau. Après avoir débarqué à Césarée, il alla d'abord à Jérusalem pour y saluer l'Église, puis il se rendit à Antioche. Il y passa quelque temps et repartit. Il traversa successivement la Galatie et la Phrygie, en fortifiant la foi de tous les disciples. Un Juif nommé Apollos, né à Alexandrie, était arrivé à Éphèse. C'était un bon orateur, qui connaissait très bien les Écritures. Il avait été instruit quant au chemin du Seigneur et, plein d'enthousiasme, il annonçait et enseignait avec exactitude ce qui concerne Jésus. Mais il ne connaissait que le baptême de Jean. Il se mit à parler avec assurance dans la synagogue. Après l'avoir entendu, Priscille et Aquilas le prirent avec eux pour lui expliquer plus exactement le chemin de Dieu. Ensuite, Apollos désira se rendre en Achaïe. Les frères l'y encouragèrent et écrivirent une lettre aux croyants de cette région pour qu'ils lui fassent bon accueil. Une fois arrivé, il fut très utile à ceux qui étaient devenus croyants par la grâce de Dieu. En effet, avec des arguments solides, il réfutait publiquement les objections des Juifs: il leur prouvait par les Écritures que Jésus est le Messie. Pendant qu'Apollos était à Corinthe, Paul traversa la région montagneuse d'Asie Mineure et arriva à Éphèse. Il y trouva quelques disciples et leur demanda: «Avez-vous reçu le Saint-Esprit quand vous avez cru?» Ils lui répondirent: «Nous n'avons jamais entendu parler d'un Saint-Esprit.» Paul leur demanda alors: «Quel baptême avez-vous donc reçu?» Ils répondirent: «Le baptême de Jean.» Paul leur dit: «Jean baptisait ceux qui acceptaient de changer de comportement et il disait au peuple d'Israël de croire en celui qui allait venir après lui, c'est-à-dire en Jésus.» Après avoir entendu ces mots, ils se firent baptiser au nom du Seigneur Jésus. Paul posa les mains sur eux et le Saint-Esprit leur fut accordé; ils se mirent à parler en des langues inconnues et à donner des messages reçus de Dieu. Ces hommes étaient une douzaine en tout. Paul se rendit régulièrement à la synagogue et, pendant trois mois, il y prit la parole avec assurance. Il parlait du Royaume de Dieu et s'efforçait de convaincre ses auditeurs. Mais plusieurs s'entêtaient, refusaient de croire et se moquaient du chemin du Seigneur devant l'assemblée. Alors Paul finit par les quitter, il emmena les disciples avec lui et leur parla chaque jour dans l'école d'un certain Tyrannus. Cela dura deux ans, de sorte que tous ceux qui vivaient dans la province d'Asie, les Juifs et les non-Juifs, purent entendre la parole du Seigneur. Dieu accomplissait des miracles extraordinaires par l'intermédiaire de Paul. C'est ainsi qu'on apportait aux malades des linges ou des mouchoirs qui avaient touché son corps: ils étaient alors délivrés de leurs maladies et les esprits mauvais sortaient d'eux. Quelques Juifs qui allaient d'un endroit à l'autre pour chasser les esprits mauvais hors des malades essayèrent aussi d'utiliser le nom du Seigneur Jésus à cet effet. Ils disaient aux esprits mauvais: «Je vous ordonne de sortir au nom de ce Jésus que Paul prêche!» C'est ainsi qu'agissaient les sept fils d'un grand -prêtre juif, nommé Scéva. Mais un jour l'esprit mauvais leur répondit: «Je connais Jésus et je sais qui est Paul; mais vous, qui êtes-vous?» Et l'homme possédé de l'esprit mauvais se jeta sur eux et se montra plus fort qu'eux tous; il les maltraita avec une telle violence qu'ils s'enfuirent de sa maison nus et couverts de blessures. Les habitants d'Éphèse, Juifs et non-Juifs, apprirent ce fait; ils furent tous saisis de crainte et l'on éprouva un grand respect pour le nom du Seigneur Jésus. Beaucoup de ceux qui étaient devenus croyants venaient avouer à haute voix le mal qu'ils avaient fait. Un grand nombre de ceux qui avaient pratiqué la magie apportèrent leurs livres et les brûlèrent devant tout le monde. On calcula la valeur de ces livres et l'on trouva qu'il y en avait pour cinquante mille pièces d'argent. C'est ainsi que, par la puissance du Seigneur, la parole se répandait et se montrait pleine de force. A la suite de ces événements, Paul décida de traverser la Macédoine et la Grèce et de se rendre à Jérusalem. Il disait: «Après m'y être rendu, il faudra aussi que je voie Rome.» Il envoya alors en Macédoine deux de ses aides, Timothée et Éraste, mais resta lui-même quelque temps encore dans la province d'Asie. A cette époque de graves troubles éclatèrent à Éphèse à cause du chemin du Seigneur. Un bijoutier, nommé Démétrius, fabriquait de petites copies en argent du temple de la déesse Artémis et procurait ainsi des gains importants aux artisans. Il réunit ces derniers, ainsi que ceux qui avaient un métier semblable, et leur dit: «Messieurs, vous savez que notre prospérité est due à ce travail. Mais vous voyez ou entendez dire ce qui se passe: ce Paul déclare, en effet, que les dieux faits par les hommes ne sont pas des dieux et il a réussi à convaincre beaucoup de monde non seulement ici, à Éphèse, mais dans presque toute la province d'Asie. Cela risque de causer du tort à notre métier et, en outre, de faire perdre toute sa réputation au temple de la grande déesse Artémis; alors, elle sera privée de sa grandeur, cette déesse qu'on adore partout dans la province d'Asie et dans le monde!» A ces mots, les auditeurs furent remplis de colère et se mirent à crier: «Grande est l'Artémis des Éphésiens!» L'agitation se répandit dans la ville entière. Les gens entraînèrent avec eux Gaïus et Aristarque, deux Macédoniens qui étaient compagnons de voyage de Paul, et se précipitèrent en masse au théâtre. Paul voulait se présenter devant la foule, mais les croyants l'en empêchèrent. Quelques hauts fonctionnaires de la province d'Asie, qui étaient ses amis, lui envoyèrent même un message lui recommandant de ne pas se rendre au théâtre. Pendant ce temps l'assemblée était en pleine confusion: les uns criaient une chose, les autres une autre, et la plupart d'entre eux ne savaient même pas pourquoi on s'était réuni. Quelques personnes dans la foule expliquèrent l'affaire à un certain Alexandre, que les Juifs poussaient en avant. Alexandre fit alors un signe de la main: il voulait prendre la parole pour s'expliquer devant la foule. Mais quand les gens eurent reconnu qu'il était Juif, ils crièrent tous ensemble les mêmes mots, et cela pendant près de deux heures: «Grande est l'Artémis des Éphésiens!» Enfin, le secrétaire de la ville réussit à calmer la foule: «Éphésiens, dit-il, tout le monde sait que la ville d'Éphèse est la gardienne du temple de la grande Artémis et de sa statue tombée du ciel. Personne ne peut le nier. Par conséquent, vous devez vous calmer et ne rien faire d'irréfléchi. Vous avez amené ici ces hommes qui n'ont pourtant pas pillé de temples et n'ont pas fait insulte à notre déesse. Si Démétrius et ses collègues de travail ont une accusation à porter contre quelqu'un, il y a des tribunaux avec des juges: voilà où ils doivent porter plainte! Et si vous avez encore une réclamation à présenter, on la réglera dans l'assemblée légale. Nous risquons, en effet, d'être accusés de révolte pour ce qui s'est passé aujourd'hui. Il n'y a aucune raison qui justifie un tel rassemblement et nous serions incapables d'en donner une explication satisfaisante.» Cela dit, il renvoya l'assemblée. Lorsque les troubles eurent cessé, Paul réunit les croyants et leur adressa des encouragements; puis il leur fit ses adieux et partit pour la Macédoine. Il traversa cette région et y encouragea les fidèles par de nombreux entretiens avec eux. Il se rendit ensuite en Grèce où il resta trois mois. Il allait s'embarquer pour la Syrie quand il apprit que les Juifs complotaient contre lui. Alors, il décida de s'en retourner par la Macédoine. Sopater, fils de Pyrrhus, de la ville de Bérée, l'accompagnait, ainsi qu'Aristarque et Secundus, de Thessalonique, Gaïus, de Derbe, Timothée, et enfin Tychique et Trophime, de la province d'Asie. Ceux-ci partirent en avant et nous attendirent à Troas. Quant à nous, nous nous sommes embarqués à Philippes après la fête des pains sans levain et, cinq jours plus tard, nous les avons rejoints à Troas où nous avons passé une semaine. Le samedi soir, nous étions réunis pour prendre le repas de la communion et Paul parlait à l'assemblée. Comme il devait partir le lendemain, il prolongea son discours jusqu'à minuit. Il y avait beaucoup de lampes dans la chambre où nous étions réunis, en haut de la maison. Un jeune homme appelé Eutyche était assis sur le bord de la fenêtre. Il s'endormit profondément pendant le long discours de Paul; son sommeil était tel qu'il fut entraîné dans le vide et tomba du troisième étage. On le releva, mais il était mort. Paul descendit, se pencha sur lui, le prit dans ses bras et dit: «Soyez sans inquiétude: il est vivant!» Puis il remonta, rompit le pain et mangea. Après avoir parlé encore longtemps, jusqu'au lever du soleil, il partit. On emmena le jeune homme vivant et ce fut un grand réconfort pour tous. Nous sommes partis en avant pour embarquer sur un bateau qui nous transporta à Assos, où nous devions prendre Paul à bord. C'est ce qu'il avait décidé, car il voulait s'y rendre par la route. Quand il nous eut rejoints à Assos, nous l'avons pris à bord pour aller à Mitylène. De là, nous sommes repartis et sommes arrivés le lendemain devant Chio. Le jour suivant, nous parvenions à Samos, et le jour d'après nous abordions à Milet. Paul, en effet, avait décidé de passer devant Éphèse sans s'y arrêter, afin de ne pas perdre de temps dans la province d'Asie. Il se hâtait pour être à Jérusalem si possible le jour de la Pentecôte. Paul envoya un message de Milet à Éphèse pour en faire venir les anciens de l'Église. Quand ils furent arrivés auprès de lui, il leur dit: «Vous savez comment je me suis toujours comporté avec vous, depuis le premier jour de mon arrivée dans la province d'Asie. J'ai servi le Seigneur en toute humilité, avec les chagrins et les peines que j'ai connus à cause des complots des Juifs. Vous savez que je n'ai rien caché de ce qui devait vous être utile: je vous ai tout annoncé et enseigné, en public et dans vos maisons. J'ai appelé Juifs et non-Juifs à se convertir à Dieu et à croire en notre Seigneur Jésus. Et maintenant, je me rends à Jérusalem, comme le Saint-Esprit m'oblige à le faire, et j'ignore ce qui m'y arrivera. Je sais seulement que, dans chaque ville, le Saint-Esprit m'avertit que la prison et des souffrances m'attendent. Mais ma propre vie ne compte pas à mes yeux; ce qui m'importe, c'est d'aller jusqu'au bout de ma mission et d'achever la tâche que m'a confiée le Seigneur Jésus: proclamer la Bonne Nouvelle de la grâce de Dieu. «J'ai passé parmi vous tous en prêchant le Royaume de Dieu, mais je sais maintenant qu'aucun de vous ne me verra plus. C'est pourquoi, je vous l'atteste aujourd'hui: si l'un de vous se perd, je n'en suis pas responsable. Car je vous ai annoncé tout le plan de Dieu, sans rien vous en cacher. Veillez sur vous-mêmes et sur tout le troupeau que le Saint-Esprit a remis à votre garde. Prenez soin de l'Église que Dieu s'est acquise par la mort de son propre Fils. Je sais qu'après mon départ des hommes pareils à des loups redoutables s'introduiront parmi vous et n'épargneront pas le troupeau. Et même dans vos propres rangs, des hommes se mettront à dire des mensonges pour entraîner ainsi les croyants à leur suite. Veillez donc et souvenez-vous que, pendant trois ans, jour et nuit, je n'ai pas cessé d'avertir chacun de vous, même avec des larmes. «Et maintenant, je vous remets à Dieu et au message de sa grâce. Il a le pouvoir de vous faire progresser dans la foi et de vous accorder les biens qu'il réserve à tous ceux qui lui appartiennent. Je n'ai désiré ni l'argent, ni l'or, ni les vêtements de personne. Vous savez vous-mêmes que j'ai travaillé de mes propres mains pour gagner ce qui nous était nécessaire à mes compagnons et à moi. Je vous ai montré en tout qu'il faut travailler ainsi pour venir en aide aux pauvres, en nous souvenant des mots que le Seigneur Jésus lui-même a dits: “Il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir!” » Cela dit, Paul se mit à genoux avec eux et pria. Tous pleuraient et serraient Paul dans leurs bras pour lui donner le baiser d'adieu. Ils étaient surtout attristés parce que Paul avait dit qu'ils ne le reverraient plus. Puis ils l'accompagnèrent jusqu'au bateau. Après nous être séparés d'eux, nous sommes partis en bateau pour aller directement à Cos; le lendemain nous sommes arrivés à Rhodes, et de là nous nous sommes rendus à Patara. Nous y avons trouvé un bateau qui allait en Phénicie; nous nous sommes alors embarqués et sommes partis. Arrivés en vue de Chypre, nous avons passé au sud de cette île pour naviguer vers la Syrie. Nous avons abordé à Tyr où le bateau devait décharger sa cargaison. Nous y avons trouvé des croyants et sommes restés une semaine avec eux. Avertis par l'Esprit Saint, ils disaient à Paul de ne pas se rendre à Jérusalem. Mais une fois cette semaine achevée, nous nous sommes remis en route. Ils nous accompagnèrent tous, avec leurs femmes et leurs enfants, jusqu'en dehors de la ville. Nous nous sommes agenouillés au bord de la mer et avons prié. Puis, après nous être dit adieu les uns aux autres, nous sommes montés à bord du bateau, tandis qu'ils retournaient chez eux. Nous avons achevé notre voyage sur mer en allant de Tyr à Ptolémaïs. Après avoir salué les frères dans cette ville, nous sommes restés un jour avec eux. Le lendemain, nous sommes repartis et nous sommes arrivés à Césarée. Là, nous sommes entrés dans la maison de Philippe l'évangéliste et avons logé chez lui. C'était l'un des sept qu'on avait choisis à Jérusalem. Il avait quatre filles non mariées qui donnaient des messages reçus de Dieu. Nous étions là depuis plusieurs jours, lorsque arriva de Judée un prophète nommé Agabus. Il vint à nous, prit la ceinture de Paul, s'en servit pour se ligoter les pieds et les mains et dit: «Voici ce que déclare le Saint-Esprit: L'homme à qui appartient cette ceinture sera ligoté de cette façon par les Juifs à Jérusalem, puis ils le livreront aux étrangers.» Après avoir entendu ces mots, nous-mêmes et les frères de Césarée avons supplié Paul de ne pas se rendre à Jérusalem. Mais il répondit: «Pourquoi pleurez-vous et cherchez-vous à briser mon courage? Je suis prêt, moi, non seulement à être ligoté, mais encore à mourir à Jérusalem pour la cause du Seigneur Jésus.» Comme nous ne parvenions pas à le convaincre, nous n'avons pas insisté et nous avons dit: «Que la volonté du Seigneur se fasse!» Après quelques jours passés à cet endroit, nous nous sommes préparés et sommes partis pour Jérusalem. Des disciples de Césarée nous y accompagnèrent; ils nous conduisirent chez quelqu'un qui devait nous loger, un certain Mnason, de Chypre, qui était croyant depuis longtemps. A notre arrivée à Jérusalem, les frères nous reçurent avec joie. Le lendemain, Paul se rendit avec nous chez Jacques où tous les anciens de l'Église se réunirent. Paul les salua et leur raconta en détail tout ce que Dieu avait accompli par son activité chez les non-Juifs. Après l'avoir entendu, ils louèrent Dieu. Puis ils dirent à Paul: «Tu vois, frère, combien de milliers de Juifs sont devenus chrétiens: ils sont tous très attachés à la loi. Or, voici ce qu'on leur a déclaré: tu enseignerais à tous les Juifs qui vivent au milieu d'autres peuples la nécessité d'abandonner la loi de Moïse; tu leur dirais de ne plus circoncire leurs enfants et de ne plus suivre les coutumes juives. Que faire? Ils vont certainement apprendre que tu es arrivé. Eh bien, fais ce que nous allons te dire. Nous avons ici quatre hommes qui ont fait un vœu. Emmène-les, participe avec eux à la cérémonie de purification et paie leurs dépenses, pour qu'ils puissent se faire raser la tête. Ainsi, tout le monde saura qu'il n'y a rien de vrai dans ce qu'on a raconté à ton sujet, mais que, toi aussi, tu vis dans l'obéissance à la loi de Moïse. Quant aux non-Juifs qui sont devenus chrétiens, nous leur avons communiqué par écrit nos décisions: ils ne doivent manger ni viandes provenant de sacrifices offerts aux idoles, ni sang, ni chair d'animaux étranglés, et ils doivent se garder de l'immoralité.» Alors Paul emmena ces quatre hommes et, le lendemain, participa avec eux à la cérémonie de purification. Il se rendit ensuite dans le temple pour indiquer à quel moment les jours de la purification seraient achevés, c'est-à-dire à quel moment on pourrait offrir le sacrifice pour chacun d'eux. Les sept jours allaient s'achever, quand des Juifs de la province d'Asie virent Paul dans le temple. Ils excitèrent toute la foule et se saisirent de lui, en criant: «Israélites, au secours! Voici l'homme qui donne partout et à tous un enseignement dirigé contre le peuple d'Israël, la loi de Moïse et ce temple. Et maintenant, il a même introduit des non-Juifs dans le temple et ainsi rendu impur ce saint lieu!» En fait, ils avaient vu Trophime d'Éphèse avec Paul dans la ville et ils pensaient que Paul l'avait introduit dans le temple. L'agitation se répandit dans la ville entière et la population accourut de tous côtés. Les gens se saisirent de Paul et le traînèrent hors du temple dont ils fermèrent aussitôt les portes. Ils cherchaient à tuer Paul, quand on vint annoncer au commandant du bataillon romain que tout Jérusalem s'agitait. Immédiatement, il prit avec lui des officiers et des soldats et courut vers la foule. A la vue du commandant et des soldats, on cessa de frapper Paul. Alors le commandant s'approcha de celui-ci, le fit arrêter et ordonna de le ligoter avec deux chaînes; puis il demanda qui il était et ce qu'il avait fait. Mais, dans la foule, les uns criaient une chose, les autres une autre. Le commandant ne pouvait rien apprendre de précis au milieu de ce désordre; il ordonna donc de conduire Paul dans la forteresse. Quand Paul arriva sur les marches de l'escalier, les soldats durent le porter, à cause de la violence de la foule, car tous le suivaient en criant: «A mort!» Au moment où on allait faire entrer Paul dans la forteresse, il dit au commandant: «M'est-il permis de te dire quelque chose?» Le commandant lui demanda: «Tu sais le grec? Tu n'es donc pas cet Égyptien qui, récemment, a provoqué une révolte et emmené au désert quatre mille terroristes?» Paul répondit: «Je suis Juif, né à Tarse en Cilicie, citoyen d'une ville importante. Permets-moi, je t'en prie, de parler au peuple.» Le commandant le lui permit. Paul, debout sur les marches, fit au peuple un signe de la main pour obtenir le silence. Tous se turent et Paul leur adressa la parole en araméen: «Frères et pères, écoutez ce que j'ai maintenant à vous dire pour ma défense.» Lorsqu'ils entendirent qu'il leur parlait en araméen, ils se tinrent encore plus tranquilles. Alors Paul déclara: «Je suis Juif, né à Tarse en Cilicie; mais j'ai été élevé ici, à Jérusalem, et j'ai eu comme maître Gamaliel qui m'a appris à connaître exactement la loi de nos ancêtres. J'étais aussi plein de zèle pour Dieu que vous l'êtes tous aujourd'hui. J'ai persécuté jusqu'à la mort ceux qui suivaient le chemin du Seigneur. J'ai fait arrêter et jeter en prison des hommes et des femmes. Le grand -prêtre et l'assemblée des anciens peuvent témoigner que je dis la vérité. J'ai reçu d'eux des lettres pour les frères juifs de Damas et je me suis rendu dans cette ville: je voulais arrêter les croyants qui s'y trouvaient, afin de les amener à Jérusalem pour les faire punir.» «J'étais en route et j'approchais de Damas, quand, tout à coup, vers midi, une grande lumière qui venait du ciel brilla autour de moi. Je suis tombé à terre et j'ai entendu une voix qui me disait: “Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu?” J'ai demandé: “Qui es-tu, Seigneur?” La voix a répondu: “Je suis Jésus de Nazareth, que tu persécutes.” Mes compagnons ont vu la lumière, mais ils n'ont pas entendu la voix de celui qui me parlait. J'ai demandé alors: “Que dois-je faire, Seigneur?” Et le Seigneur m'a dit: “Relève-toi, va à Damas, et là on te dira tout ce que Dieu t'ordonne de faire.” Comme cette lumière éclatante m'avait aveuglé, mes compagnons m'ont pris par la main et m'ont conduit à Damas. «Il y avait là un certain Ananias, homme pieux et fidèle à notre loi et que tous les Juifs de Damas estimaient. Il est venu me trouver, s'est tenu près de moi et m'a dit: “Saul, mon frère, que la vue te soit rendue!” Au même moment, la vue m'a été rendue et je l'ai vu. Il a ajouté: “Le Dieu de nos ancêtres t'a choisi d'avance pour que tu connaisses sa volonté, que tu voies le seul juste et que tu entendes sa propre voix. Car tu dois être son témoin pour annoncer devant tous les humains ce que tu as vu et entendu. Et maintenant, pourquoi attendre encore? Lève-toi, sois baptisé et lavé de tes péchés en faisant appel à son nom.” » «Je suis retourné à Jérusalem et, alors que je priais dans le temple, j'ai eu une vision. J'ai vu le Seigneur et il m'a dit: “Vite, dépêche-toi de quitter Jérusalem, car ses habitants n'accepteront pas ton témoignage à mon sujet.” J'ai répondu: “Seigneur, ils savent bien que j'allais dans les synagogues pour jeter en prison et faire battre ceux qui croient en toi. Et lorsqu'on a mis à mort Étienne, ton témoin, j'étais là moi aussi. J'ai approuvé ceux qui le tuaient et j'ai gardé leurs vêtements.” Le Seigneur m'a dit alors: “Va, car je t'enverrai au loin, vers d'autres nations!” » La foule écouta Paul jusqu'à ces derniers mots; mais alors, tous se mirent à crier: «Faites disparaître cet homme! A mort! Il n'est pas digne de vivre sur cette terre!» Ils hurlaient, arrachaient leurs vêtements et lançaient de la poussière en l'air. Le commandant romain ordonna de faire entrer Paul dans la forteresse et de le battre à coups de fouet pour l'obliger à parler, afin de savoir pour quelle raison la foule criait ainsi contre lui. Mais quand on l'eut attaché pour le fouetter, Paul dit à l'officier qui était là: «Avez-vous le droit de fouetter un citoyen romain qui n'a même pas été jugé?» Dès qu'il eut entendu ces mots, l'officier alla avertir le commandant: «Qu'allais-tu faire? lui dit-il. Cet homme est citoyen romain!» Le commandant vint auprès de Paul et lui demanda: «Dis-moi, es-tu vraiment citoyen romain?» – «Oui», répondit Paul. Le commandant dit alors: «J'ai dû payer une grosse somme d'argent pour devenir citoyen romain.» – «Et moi, répondit Paul, je le suis de naissance.» Aussitôt, ceux qui allaient le battre pour le faire parler s'éloignèrent de lui; le commandant lui-même eut peur, quand il se rendit compte que Paul était citoyen romain et qu'il l'avait fait enchaîner. Le commandant voulait savoir de façon précise de quoi les Juifs accusaient Paul; c'est pourquoi, le lendemain, il le fit délier de ses chaînes et convoqua les chefs des prêtres et tout le Conseil supérieur. Puis il amena Paul et le fit comparaître devant eux. Paul fixa les yeux sur les membres du Conseil et dit: «Frères, c'est avec une conscience tout à fait tranquille que j'ai servi Dieu jusqu'à ce jour.» Le grand-prêtre Ananias ordonna à ceux qui étaient près de Paul de le frapper sur la bouche. Alors Paul lui dit: «C'est Dieu qui te frappera, espèce de mur blanchi! Tu sièges là pour me juger selon la loi et, contrairement à la loi, tu ordonnes de me frapper!» Ceux qui étaient près de Paul lui dirent: «Tu insultes le grand-prêtre de Dieu!» Paul répondit: «J'ignorais, frères, que c'était le grand-prêtre. En effet, l'Écriture déclare: “Tu ne diras pas de mal du chef de ton peuple!” » Paul savait que les membres du Conseil étaient en partie des Sadducéens et en partie des Pharisiens; c'est pourquoi il s'écria devant eux: «Frères, je suis Pharisien, fils de Pharisiens. C'est parce que j'espère en la résurrection des morts que je suis mis en jugement.» A peine eut-il dit cela que les Pharisiens et les Sadducéens se mirent à se disputer, et l'assemblée se divisa. Les Sadducéens affirment en effet qu'il n'y a pas de résurrection et qu'il n'y a ni anges, ni esprits, tandis que les Pharisiens croient en tout cela. On criait de plus en plus fort et quelques maîtres de la loi, membres du parti des Pharisiens, se levèrent et protestèrent vivement en disant: «Nous ne trouvons aucun mal en cet homme. Un esprit ou un ange lui a peut-être parlé!» La dispute devint si violente que le commandant eut peur qu'ils ne mettent Paul en pièces. C'est pourquoi il ordonna à ses soldats de descendre dans l'assemblée pour arracher Paul à leurs mains et le ramener dans la forteresse. La nuit suivante, le Seigneur apparut à Paul et lui dit: «Courage! Tu m'as rendu témoignage ici, à Jérusalem, et il faut aussi que tu le fasses à Rome.» Le lendemain matin, certains Juifs formèrent un complot: ils s'engagèrent avec serment à ne rien manger ni boire avant d'avoir tué Paul. Ceux qui avaient formé ce complot étaient plus de quarante. Ils allèrent trouver les chefs des prêtres et les anciens, et leur dirent: «Nous nous sommes engagés par un serment solennel à ne rien manger avant d'avoir tué Paul. Vous donc, en accord avec tout le Conseil supérieur, demandez maintenant au commandant qu'il vous amène Paul, en prétendant que vous désirez examiner son cas plus exactement. Quant à nous, nous nous tenons prêts à le faire mourir avant qu'il arrive ici.» Mais un neveu de Paul, le fils de sa sœur, entendit parler de ce complot. Il se rendit à la forteresse, y entra et avertit Paul. Alors Paul appela un des officiers et lui dit: «Conduis ce jeune homme au commandant, car il a quelque chose à lui communiquer.» L'officier l'emmena donc, le conduisit au commandant et dit: «Le prisonnier Paul m'a appelé et m'a demandé de t'amener ce jeune homme qui a quelque chose à te communiquer.» Le commandant prit le jeune homme par la main, se retira seul avec lui et lui demanda: «Qu'as-tu à me dire?» Il répondit: «Les Juifs ont convenu de te demander d'amener Paul demain devant le Conseil supérieur, en prétendant que le Conseil désire examiner son cas plus exactement. Mais ne les crois pas! Car plus de quarante d'entre eux vont lui tendre un piège. Ils se sont engagés par serment à ne rien manger ni boire avant de l'avoir supprimé. Ils sont prêts maintenant et n'attendent plus que ta décision.» Après avoir recommandé au jeune homme de ne dire à personne ce qu'il lui avait raconté, le commandant le renvoya. Ensuite le commandant appela deux de ses officiers et leur dit: «Rassemblez deux cents soldats, ainsi que soixante-dix cavaliers et deux cents hommes armés de lances, et soyez tous prêts à partir pour Césarée à neuf heures du soir. Préparez aussi des chevaux pour transporter Paul et le mener sain et sauf au gouverneur Félix.» Puis il écrivit la lettre suivante: «Claude Lysias adresse ses salutations à Son Excellence, le gouverneur Félix. Les Juifs s'étaient emparés de l'homme que je t'envoie et allaient le supprimer, quand j'ai appris qu'il était citoyen romain: je suis alors intervenu avec mes soldats et l'ai délivré. Comme je voulais savoir de quoi les Juifs l'accusaient, je l'ai amené devant leur Conseil supérieur. J'ai découvert qu'ils l'accusaient à propos de questions relatives à leur propre loi, mais qu'on ne pouvait lui reprocher aucune faute pour laquelle il aurait mérité la mort ou la prison. Puis j'ai été averti que les Juifs formaient un complot contre lui; j'ai aussitôt décidé de te l'envoyer et j'ai demandé à ses accusateurs de porter leur plainte contre lui devant toi.» Les soldats exécutèrent les ordres qu'ils avaient reçus: ils prirent Paul et le menèrent de nuit à Antipatris. Le lendemain, les soldats qui étaient à pied retournèrent à la forteresse et laissèrent les cavaliers continuer le voyage avec Paul. Dès leur arrivée à Césarée, les cavaliers remirent la lettre au gouverneur et lui présentèrent Paul. Le gouverneur lut la lettre et demanda à Paul de quelle province il était. Après avoir appris qu'il était de Cilicie, il lui dit: «Je t'interrogerai quand tes accusateurs seront arrivés.» Et il donna l'ordre de garder Paul dans le palais d'Hérode. Cinq jours après, le grand -prêtre Ananias arriva à Césarée avec quelques anciens et un avocat, un certain Tertullus. Ils se présentèrent devant le gouverneur Félix pour déposer leur plainte contre Paul. Celui-ci fut appelé et Tertullus se mit à l'accuser en ces termes: «Excellence, grâce à vous nous jouissons d'une paix complète et c'est à votre sage administration que nous devons les réformes effectuées pour le bien de cette nation. Pour tout ce que nous recevons ainsi en tout temps et partout, nous vous sommes très reconnaissants. Mais je ne veux pas abuser de votre temps, c'est pourquoi je vous prie d'avoir la bonté de nous écouter juste un instant. Nous nous sommes aperçus que cet homme est un personnage extrêmement nuisible: en tant que chef du parti des Nazaréens, il provoque du désordre chez tous les Juifs du monde. Il a même essayé de porter atteinte à la sainteté du temple et nous l'avons alors arrêté. [Nous avons voulu le juger selon notre loi, mais le commandant Lysias est intervenu et c'est avec une grande rudesse qu'il l'a pris de nos mains. Puis Lysias a ordonné à ses accusateurs de se présenter devant vous.] Si vous interrogez cet homme, vous pourrez vous-mêmes vous rendre compte de la vérité de tout ce dont nous l'accusons.» Les Juifs appuyèrent l'accusation et déclarèrent que c'était exact. Le gouverneur fit alors signe à Paul de parler et celui-ci déclara: «Je sais que tu exerces la justice sur notre nation depuis de nombreuses années; c'est donc avec confiance que je présente ma défense devant toi. Comme tu peux le vérifier toi-même, il n'y a pas plus de douze jours que je suis arrivé à Jérusalem pour y adorer Dieu. Personne ne m'a trouvé dans le temple en train de discuter avec qui que ce soit ou en train d'exciter la foule, et cela pas davantage dans les synagogues ou ailleurs dans la ville. Ces gens sont incapables de te prouver ce dont ils m'accusent maintenant. Cependant, je reconnais ceci devant toi: je suis engagé sur le chemin nouveau qu'ils disent être faux; mais je sers le Dieu de nos ancêtres et je crois à tout ce qui est écrit dans les livres de la Loi et des Prophètes. J'ai cette espérance en Dieu, espérance qu'ils ont eux-mêmes, que les êtres humains, les bons comme les mauvais, seront relevés de la mort. C'est pourquoi je m'efforce d'avoir toujours la conscience nette devant Dieu et devant les hommes. «Après une absence de plusieurs années, je suis revenu à Jérusalem pour apporter de l'aide à mon peuple et pour présenter des offrandes à Dieu. Voilà à quoi j'étais occupé quand ils m'ont trouvé dans le temple: j'avais alors participé à la cérémonie de purification, il n'y avait ni foule avec moi, ni désordre. Mais quelques Juifs de la province d'Asie étaient là et ce sont eux qui auraient dû se présenter devant toi pour m'accuser, s'ils ont quelque chose contre moi. Ou alors, que ces gens, ici, disent de quel crime ils m'ont reconnu coupable quand j'ai comparu devant le Conseil supérieur. Il s'agit tout au plus de cette seule déclaration que j'ai faite à voix forte, debout devant eux: “C'est parce que je crois en la résurrection des morts que je suis mis aujourd'hui en jugement devant vous!” » Félix, qui était bien renseigné au sujet du christianisme, renvoya à plus tard la suite du procès en disant aux accusateurs: «Quand le commandant Lysias viendra, je jugerai votre affaire.» Il ordonna à l'officier de garder Paul en prison, tout en lui laissant une certaine liberté et en permettant à ses amis de lui rendre des services. Quelques jours plus tard, Félix vint avec sa femme Drusille, qui était juive. Il envoya chercher Paul et écouta ce qu'il avait à dire au sujet de la foi en Jésus-Christ. Mais au moment où Paul se mit à parler de la manière juste de vivre, de la maîtrise de soi et du jugement à venir, Félix, mal à l'aise, lui dit: «Tu peux t'en aller maintenant. Quand j'aurai le temps, je te rappellerai.» Il espérait aussi que Paul lui donnerait de l'argent; c'est pourquoi il le faisait souvent venir pour causer avec lui. Deux années passèrent ainsi, puis Porcius Festus succéda à Félix. Ce dernier, qui voulait plaire aux Juifs, laissa Paul en prison. Trois jours après son arrivée dans la province, Festus se rendit de Césarée à Jérusalem. Les chefs des prêtres et les notables juifs vinrent lui présenter leur plainte contre Paul. Ils lui demandèrent de leur accorder la faveur de ramener Paul à Jérusalem; en effet, ils avaient formé un complot contre lui et voulaient le tuer en chemin. Mais Festus répondit que Paul était en prison à Césarée et que lui-même allait bientôt repartir. Et il ajouta: «Que vos chefs m'accompagnent à Césarée et qu'ils y accusent cet homme, s'il a fait quelque chose de mal.» Festus passa huit à dix jours seulement chez eux, puis il retourna à Césarée. Le lendemain, il prit place au tribunal et donna l'ordre d'amener Paul. Quand celui-ci fut arrivé, les Juifs qui étaient venus de Jérusalem l'entourèrent et portèrent contre lui de nombreuses et graves accusations qu'ils étaient incapables de justifier. Mais Paul se défendit en disant: «Je n'ai commis aucune faute, ni contre la loi des Juifs, ni contre le temple, ni contre l'empereur.» Festus qui voulait plaire aux Juifs, demanda alors à Paul: «Veux-tu te rendre à Jérusalem pour y être jugé devant moi au sujet de cette affaire?» Paul répondit: «Je me tiens devant le tribunal de l'empereur et c'est là que je dois être jugé. Je n'ai rien fait de mal contre les Juifs, comme tu le sais très bien toi-même. Si je suis coupable et si j'ai commis une action pour laquelle je mérite la mort, je ne refuse pas de mourir. Mais s'il n'y a rien de vrai dans les accusations que ces gens portent contre moi, personne n'a le droit de me livrer à eux. J'en appelle à l'empereur.» Alors Festus, après avoir parlé avec ses conseillers, répondit: «Tu en as appelé à l'empereur, tu iras donc devant l'empereur.» Quelques jours plus tard, le roi Agrippa et Bérénice, sa sœur, arrivèrent à Césarée pour saluer Festus. Comme ils passaient là plusieurs jours, Festus présenta au roi le cas de Paul: «Il y a ici, lui dit-il, un homme que Félix a laissé en prison. Lorsque je suis allé à Jérusalem, les chefs des prêtres et les anciens des Juifs ont porté plainte contre lui et m'ont demandé de le condamner. Je leur ai répondu que les Romains n'ont pas l'habitude de livrer un accusé à la justice avant qu'il ait eu l'occasion, face à ses adversaires, de se défendre contre leurs accusations. Ils sont alors venus ici avec moi. Sans perdre de temps, j'ai pris place au tribunal le lendemain même et j'ai donné l'ordre d'amener cet homme. Ses adversaires se sont présentés, mais ne l'ont accusé d'aucun des méfaits que je pensais. Ils avaient seulement avec lui des discussions au sujet de leur propre religion et d'un certain Jésus, qui est mort et que Paul affirmait être vivant. Quant à moi, je ne voyais pas comment procéder dans un tel cas, c'est pourquoi j'ai proposé à Paul d'aller à Jérusalem pour y être jugé au sujet de cette affaire. Mais Paul a fait appel: il a demandé que sa cause soit réservée à la décision de l'empereur. J'ai donc donné l'ordre de le garder en prison jusqu'à ce que je puisse l'envoyer à l'empereur.» Agrippa dit à Festus: «Je voudrais bien entendre moi-même cet homme.» – «Demain, tu l'entendras», répondit Festus. Le lendemain donc, Agrippa et Bérénice vinrent en cortège solennel et entrèrent dans la salle d'audience avec les chefs militaires et les notables de la ville. Sur un ordre de Festus, Paul fut amené. Puis Festus déclara: «Roi Agrippa et vous tous qui êtes présents avec nous, vous voyez cet homme: toute la population juive est venue se plaindre de lui auprès de moi, aussi bien à Jérusalem qu'ici, en criant qu'il n'était plus digne de vivre. Quant à moi, j'ai constaté qu'il n'a commis aucune action pour laquelle il mériterait la mort. Cependant, lui-même en a appelé à l'empereur; j'ai donc décidé de le lui envoyer. Toutefois, je n'ai rien de précis à écrire à l'empereur sur son cas; c'est pourquoi je l'ai fait comparaître devant vous, et surtout devant toi, roi Agrippa, afin que, après l'interrogatoire, j'aie quelque chose à écrire. Il me semble absurde, en effet, d'envoyer à Rome un prisonnier sans indiquer clairement les accusations portées contre lui.» Agrippa dit à Paul: «Il t'est permis de parler pour te défendre.» Alors Paul étendit la main et présenta sa défense en ces termes: «Roi Agrippa, je m'estime heureux d'avoir aujourd'hui à me défendre devant toi de tout ce dont les Juifs m'accusent, et cela en particulier parce que tu connais bien toutes les coutumes des Juifs et leurs sujets de discussion. Je te prie donc de m'écouter avec patience. «Tous les Juifs savent ce qu'a été ma vie, dès ma jeunesse; ils savent comment j'ai vécu depuis le début au milieu de mon peuple et à Jérusalem. Ils me connaissent depuis longtemps et peuvent donc témoigner, s'ils le veulent, que j'ai vécu en tant que membre du parti le plus strict de notre religion, celui des Pharisiens. Et maintenant, je suis mis en jugement parce que j'espère en la promesse que Dieu a faite à nos ancêtres. Les douze tribus de notre peuple espèrent voir l'accomplissement de cette promesse en servant Dieu avec ardeur jour et nuit. Et c'est à cause de cette espérance, roi Agrippa, que les Juifs m'accusent! Pourquoi estimez-vous incroyable, vous Juifs, que Dieu ramène les morts à la vie? Moi-même, j'avais pensé devoir combattre par tous les moyens Jésus de Nazareth. C'est ce que j'ai fait à Jérusalem. J'ai reçu un pouvoir spécial des chefs des prêtres et j'ai jeté en prison beaucoup de croyants; et, quand on les condamnait à mort, je donnais mon approbation. Souvent, en allant d'une synagogue à l'autre, je les faisais punir et je voulais les obliger à renier leur foi. Ma fureur contre eux était telle que j'allais les persécuter jusque dans les villes étrangères.» «C'est ainsi que je me suis rendu à Damas avec le pouvoir et la mission que m'avaient confiés les chefs des prêtres. J'étais en route, à midi, roi Agrippa, lorsque j'ai vu une lumière qui venait du ciel, plus éclatante que celle du soleil, et qui brillait autour de moi et de mes compagnons de voyage. Nous sommes tous tombés à terre et j'ai entendu une voix qui me disait en araméen: “Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu? C'est en vain que tu résistes, comme l'animal qui rue contre le bâton de son maître.” J'ai demandé: “Qui es-tu, Seigneur?” Et le Seigneur m'a répondu: “Je suis Jésus que tu persécutes. Mais relève-toi, tiens-toi debout. Je te suis apparu pour faire de toi mon serviteur; tu seras mon témoin pour annoncer comment tu m'as vu aujourd'hui et proclamer ce que je te révélerai encore. Je te protégerai face au peuple juif et aux autres peuples vers lesquels je vais t'envoyer. Je t'envoie pour que tu leur ouvres les yeux, pour que tu les ramènes de l'obscurité à la lumière et du pouvoir de Satan à Dieu. S'ils croient en moi, ils recevront le pardon de leurs péchés et une place parmi ceux qui appartiennent à Dieu.” » «Et ainsi, roi Agrippa, je n'ai pas désobéi à la vision qui m'est venue du ciel. Mais j'ai prêché d'abord aux habitants de Damas et de Jérusalem, puis à ceux de toute la Judée et aux membres des autres nations; je les ai appelés à changer de comportement, à se tourner vers Dieu et à montrer par des actes la réalité de ce changement. C'est pour cette raison que les Juifs m'ont saisi alors que j'étais dans le temple et ont essayé de me tuer. Mais Dieu m'a accordé sa protection jusqu'à ce jour et je suis encore là pour apporter mon témoignage à tous, aux petits comme aux grands. Je n'affirme rien d'autre que ce que les prophètes et Moïse ont déclaré devoir arriver: que le Messie aurait à souffrir, qu'il serait le premier à se relever d'entre les morts et qu'il annoncerait la lumière du salut à notre peuple et aux autres nations.» Alors que Paul présentait ainsi sa défense, Festus s'écria: «Tu es fou, Paul! Tu as tant étudié que tu en deviens fou!» Paul lui répondit: «Je ne suis pas fou, Excellence. Les paroles que je prononce sont vraies et raisonnables. Le roi Agrippa est renseigné sur ces faits et je peux donc en parler avec assurance devant lui. Je suis persuadé qu'il n'en ignore aucun, car cela ne s'est pas passé en cachette, dans un coin. Roi Agrippa, crois-tu à ce qu'ont annoncé les prophètes? Je sais que tu y crois!» Agrippa dit à Paul: «Penses-tu faire de moi un chrétien en si peu de temps?» Paul répondit: «Qu'il faille peu ou beaucoup de temps, je prie Dieu que non seulement toi, mais encore vous tous qui m'écoutez aujourd'hui, vous deveniez tels que je suis, à l'exception de ces chaînes!» Le roi, le gouverneur, Bérénice et tous ceux qui se trouvaient avec eux, se levèrent alors et, en se retirant, ils se dirent les uns aux autres: «Cet homme n'a commis aucune faute pour laquelle il mériterait la mort ou la prison.» Et Agrippa dit à Festus: «Cet homme aurait pu être relâché s'il n'en avait pas appelé à l'empereur.» Lorsqu'il fut décidé que nous partirions en bateau pour l'Italie, on remit Paul et quelques autres prisonniers à un officier appelé Julius, capitaine dans le bataillon romain dit «bataillon de l'empereur». Nous avons embarqué sur un bateau d'Adramytte, qui devait se diriger vers les ports de la province d'Asie, et nous sommes partis. Aristarque, un Macédonien de Thessalonique, était avec nous. Le lendemain, nous sommes arrivés à Sidon. Julius, qui traitait Paul avec bienveillance, lui permit d'aller voir ses amis pour recevoir ce dont il avait besoin. Après être repartis de là, nous avons passé le long de la côte abritée de l'île de Chypre, car les vents nous étaient contraires. Nous avons traversé la mer près de la Cilicie et de la Pamphylie, et nous sommes arrivés à Myra, en Lycie. Là, l'officier romain trouva un bateau d'Alexandrie qui se rendait en Italie et il nous y fit embarquer. Pendant plusieurs jours, nous avons navigué lentement et c'est avec beaucoup de peine que nous sommes parvenus devant la ville de Cnide. Comme le vent nous empêchait d'aller plus loin dans cette direction, nous avons passé par le cap Salmoné pour nous trouver du côté abrité de l'île de Crète. Nous avons avancé avec beaucoup de peine le long de la côte et sommes arrivés à un endroit appelé Bons-Ports, près de la ville de Lasée. Nous avions perdu beaucoup de temps et il devenait dangereux de continuer à naviguer, car le jour du jeûne d'automne était déjà passé. C'est pourquoi Paul donna cet avertissement aux marins: «Je vois, mes amis, que ce voyage sera dangereux: le bateau et sa cargaison vont subir de graves dommages et, de plus, nous risquons nous-mêmes d'y perdre la vie.» Mais l'officier romain avait plus confiance dans l'opinion du capitaine et du propriétaire du bateau que dans les paroles de Paul. En outre, le port ne convenait pas pour y passer l'hiver; c'est pourquoi, la plupart des hommes à bord décidèrent de partir de là: ils voulaient atteindre, si possible, Phénix, un port de Crète tourné vers le sud-ouest et le nord-ouest, pour y passer l'hiver. Un léger vent du sud se mit à souffler, et ils pensèrent qu'ils pouvaient réaliser leur projet. Ils levèrent l'ancre et avancèrent en se tenant très près de la côte de Crète. Mais bientôt, un vent violent appelé «vent du nord-est» descendit des montagnes de l'île. Le bateau fut entraîné: il était impossible de le maintenir contre le vent et nous avons dû nous laisser emporter. Nous avons passé au sud d'une petite île appelée Cauda, qui nous abritait un peu. Nous avons réussi alors, avec beaucoup de peine, à nous rendre maîtres du canot de sauvetage. Les marins l'ont remonté à bord, puis ils ont attaché des cordes de secours autour du bateau. Comme ils craignaient d'aller se jeter sur les bancs de sable des côtes de Libye, ils lâchèrent l'ancre flottante et se laissèrent ainsi entraîner par le vent. La tempête continuait à nous secouer violemment de sorte que, le lendemain, ils se mirent à jeter la cargaison à la mer et, le jour suivant, ils lancèrent de leurs propres mains l'équipement du bateau par-dessus bord. Pendant plusieurs jours, on ne put voir ni le soleil, ni les étoiles, et la tempête restait toujours aussi forte. Nous avons finalement perdu tout espoir d'être sauvés. Ceux qui étaient à bord n'avaient rien mangé depuis longtemps. Alors Paul, debout devant eux, leur dit: «Vous auriez dû m'écouter, mes amis, et ne pas quitter la Crète; nous aurions ainsi évité ces dommages et ces pertes. Mais maintenant, je vous invite à prendre courage, car aucun de vous ne perdra la vie; le bateau seul sera perdu. Cette nuit, en effet, un ange du Dieu à qui j'appartiens et que je sers s'est approché de moi et m'a dit: “N'aie pas peur, Paul! Il faut que tu comparaisses devant l'empereur, et Dieu, dans sa bonté pour toi, t'accorde la vie de tous ceux qui naviguent avec toi.” Courage donc, mes amis, car j'ai confiance en Dieu: il en sera comme il m'a dit. Mais nous devons échouer sur la côte d'une île.» C'était la quatorzième nuit que la tempête nous emportait sur la mer Méditerranée. Vers minuit, les marins eurent l'impression que nous approchions d'une terre. Ils lancèrent une sonde et trouvèrent que l'eau était profonde de trente-sept mètres; un peu plus loin, ils lancèrent de nouveau la sonde et trouvèrent vingt-huit mètres de profondeur. Ils craignaient que notre bateau ne heurte des rochers, c'est pourquoi ils jetèrent quatre ancres à l'arrière et attendirent avec impatience la venue du jour. Cependant, les marins cherchaient à s'échapper du navire; ils firent descendre à l'eau le canot de sauvetage et prétendirent qu'ils allaient fixer des ancres à l'avant du bateau. Paul dit à l'officier romain et aux soldats: «Si ces gens ne restent pas sur le bateau, vous ne pouvez pas être sauvés.» Alors les soldats coupèrent les cordes qui retenaient le canot et le laissèrent aller. Avant la venue du jour, Paul les invita tous à prendre de la nourriture, en disant: «Voici aujourd'hui quatorze jours que dure votre attente angoissée et que vous restez sans rien manger. Je vous invite donc à prendre de la nourriture, car vous en avez besoin pour être sauvés. Aucun de vous ne perdra même un cheveu de sa tête.» Sur ces mots, Paul prit du pain et remercia Dieu devant tous, puis il le rompit et se mit à manger. Tous reprirent alors courage et mangèrent aussi. Nous étions, sur le bateau, deux cent soixante-seize personnes en tout. Quand chacun eut mangé à sa faim, on jeta le blé à la mer pour alléger le bateau. Lorsque le jour parut, les marins ne reconnurent pas la terre, mais ils aperçurent une baie avec une plage et décidèrent d'y faire aborder le bateau, si possible. Ils détachèrent les ancres et les laissèrent partir dans la mer; ils délièrent en même temps les cordes des rames qui servaient de gouvernail. Puis ils hissèrent une voile à l'avant du bateau pour que le vent le pousse et ils se dirigèrent vers la plage. Mais ils arrivèrent contre un banc de sable entre deux courants où le bateau resta pris. La partie avant du bateau était enfoncée dans le sable et ne pouvait pas bouger, tandis que la partie arrière était brisée par la violence des vagues. Les soldats voulaient tuer les prisonniers, afin qu'aucun d'eux ne s'échappe à la nage. Mais l'officier romain, qui désirait sauver Paul, les empêcha d'exécuter leur projet. Il ordonna à ceux qui savaient nager de sauter à l'eau les premiers pour gagner la terre; les autres devaient les suivre en se tenant à des planches ou à des débris du bateau. Et c'est ainsi que tous parvinrent à terre sains et saufs. Une fois sauvés, nous avons appris que l'île s'appelait Malte. Ses habitants nous traitèrent avec une grande bienveillance: comme la pluie s'était mise à tomber et qu'il faisait froid, ils allumèrent un grand feu autour duquel ils nous accueillirent tous. Paul ramassa un tas de branches pour le jeter dans le feu, mais un serpent en sortit à cause de la chaleur et s'accrocha à sa main. Quand les habitants de l'île virent ce serpent suspendu à la main de Paul, ils se dirent les uns aux autres: «Cet homme est certainement un assassin, car la justice divine ne lui permet pas de vivre, bien qu'il ait échappé à la mer.» Mais Paul secoua le serpent dans le feu et ne ressentit aucun mal. Les autres s'attendaient à le voir enfler ou tomber mort subitement. Mais, après avoir attendu longtemps, ils constatèrent qu'il ne lui arrivait aucun mal; ils changèrent alors d'idée et dirent qu'il était un dieu. Près de cet endroit se trouvait la propriété du principal notable de l'île, un certain Publius. Celui-ci nous reçut aimablement et nous logea pendant trois jours. Le père de Publius était au lit; il avait de la fièvre et de la dysenterie. Paul alla le voir, pria, posa les mains sur lui et le guérit. Après cela, les autres malades de l'île vinrent aussi et ils furent guéris. Ils nous montrèrent toutes sortes de marques de respect et, au moment où nous embarquions, ils nous fournirent tout ce qui était nécessaire pour notre voyage. Au bout de trois mois, nous sommes partis sur un bateau d'Alexandrie, appelé «Les Dioscures », qui avait passé l'hiver dans un port de l'île. Nous sommes arrivés à Syracuse où nous sommes restés trois jours. De là, nous avons suivi la côte pour atteindre Reggio. Le lendemain, le vent du sud se mit à souffler et nous sommes parvenus en deux jours à Pouzzoles. Dans cette ville, nous avons trouvé des frères qui nous invitèrent à passer une semaine avec eux. C'est dans ces conditions que nous sommes allés à Rome. Les frères de Rome avaient reçu des nouvelles à notre sujet et vinrent à notre rencontre jusqu'au Marché d'Appius et à Trois-Auberges. Dès que Paul les vit, il remercia Dieu et se sentit encouragé. Après notre arrivée à Rome, on permit à Paul de demeurer à part, avec un soldat qui le gardait. Trois jours plus tard, Paul invita chez lui les chefs des Juifs de Rome. Quand ils furent réunis, il leur dit: «Frères, quoique je n'aie rien fait contre notre peuple ni contre les coutumes de nos ancêtres, j'ai été arrêté à Jérusalem et livré aux Romains. Après m'avoir interrogé, ceux-ci voulaient me relâcher, car ils n'avaient trouvé en moi aucune raison de me condamner à mort. Mais les Juifs s'y sont opposés et j'ai alors été obligé d'en appeler à l'empereur, sans pourtant avoir l'intention d'accuser ma nation. Voilà pourquoi j'ai demandé à vous voir et à vous parler. En effet, je porte ces chaînes à cause de celui qu'espère le peuple d'Israël.» Ils lui répondirent: «Nous n'avons reçu aucune lettre de Judée à ton sujet et aucun de nos frères n'est venu de là-bas pour nous faire un rapport ou nous dire du mal de toi. Mais nous voudrions bien t'entendre exprimer ce que tu penses, car nous savons que partout on s'oppose à ce parti auquel tu te rattaches.» Ils fixèrent un rendez-vous avec Paul, et, le jour prévu, ils vinrent en plus grand nombre le trouver à l'endroit où il logeait. Depuis le matin jusqu'au soir, Paul leur donna des explications: il leur annonçait le Royaume de Dieu et cherchait à les convaincre au sujet de Jésus en citant la loi de Moïse et les livres des Prophètes. Les uns furent convaincus par ce qu'il disait, mais les autres refusaient de croire. Alors qu'ils s'en allaient sans pouvoir se mettre d'accord entre eux, Paul leur dit simplement ceci: «Le Saint-Esprit avait bien raison lorsqu'il s'adressait à vos ancêtres par l'intermédiaire du prophète Ésaïe! Il déclarait en effet: “Va dire à ce peuple: Vous entendrez bien, mais vous ne comprendrez pas; vous regarderez bien, mais vous ne verrez pas. Car ce peuple est devenu insensible; ils se sont bouché les oreilles, ils ont fermé les yeux, afin d'empêcher leurs yeux de voir, leurs oreilles d'entendre, leur intelligence de comprendre et ainsi ils ne reviendront pas à moi pour que je les guérisse, dit Dieu.” Sachez-le donc, ajouta Paul, Dieu a envoyé le message du salut à ceux qui ne sont pas juifs: ils l'écouteront, eux!» [ A ces mots de Paul, les Juifs s'en allèrent en discutant vivement entre eux.] Paul demeura deux années entières dans le logement qu'il avait loué. Il y recevait tous ceux qui venaient le voir. Il prêchait le Royaume de Dieu et enseignait ce qui concerne le Seigneur Jésus-Christ, avec une pleine assurance et librement. De la part de Paul, serviteur de Jésus-Christ, appelé à être apôtre et choisi par Dieu pour annoncer sa Bonne Nouvelle. Dieu avait promis cette Bonne Nouvelle depuis longtemps dans les saintes Écritures, par l'intermédiaire de ses prophètes. Elle se rapporte à son Fils, notre Seigneur Jésus-Christ: en tant qu'homme, il était descendant du roi David; mais selon l'Esprit Saint, il a été manifesté Fils de Dieu avec puissance quand il a été ressuscité d'entre les morts. Par lui, Dieu m'a accordé la faveur d'être apôtre pour l'honneur du Christ, afin d'amener des gens de toutes les nations à croire en lui et à lui obéir. Vous en êtes aussi de ces gens-là, vous que Dieu a appelés pour que vous apparteniez à Jésus-Christ. Je vous écris, à vous qui êtes à Rome, vous tous que Dieu aime et qu'il a appelés à vivre pour lui. Que Dieu notre Père et le Seigneur Jésus-Christ vous accordent la grâce et la paix. Avant tout je remercie mon Dieu, par Jésus-Christ, au sujet de vous tous, parce qu'on parle de votre foi dans le monde entier. Dieu sait que je dis vrai, lui que je sers de tout mon cœur en annonçant la Bonne Nouvelle qui concerne son Fils. Il sait que je pense sans cesse à vous toutes les fois que je prie. Je demande à Dieu que si telle est sa volonté, il me soit enfin possible de me rendre chez vous. En effet, je désire beaucoup vous voir, afin de vous apporter un don de l'Esprit Saint pour que vous en soyez fortifiés. Plus encore, je désire être parmi vous pour que nous recevions ensemble un encouragement, moi par votre foi et vous par la mienne. Je veux que vous sachiez, frères, que j'ai souvent fait le projet de me rendre chez vous, mais j'en ai été empêché jusqu'à présent. Je souhaitais que mon travail porte du fruit chez vous aussi, comme il en a porté parmi les autres nations du monde. C'est mon devoir d'aller auprès de tous, les civilisés comme les non-civilisés, les gens instruits comme les ignorants. C'est pourquoi j'ai ce désir de vous apporter la Bonne Nouvelle, à vous aussi qui habitez Rome. C'est sans crainte que j'annonce la Bonne Nouvelle: elle est en effet la force dont Dieu se sert pour sauver tous ceux qui croient, les Juifs d'abord, mais aussi les non-Juifs. En effet, la Bonne Nouvelle révèle comment Dieu rend les humains justes devant lui: c'est par la foi seule, du commencement à la fin, comme l'affirme l'Écriture: «Celui qui est juste par la foi, vivra.» Du haut du ciel, Dieu manifeste sa colère contre tout péché et tout mal commis par les humains qui, par leurs mauvaises actions, étouffent la vérité. Et pourtant, ce que l'on peut connaître de Dieu est clair pour tous: Dieu lui-même le leur a montré clairement. En effet, depuis que Dieu a créé le monde, ses qualités invisibles, c'est-à-dire sa puissance éternelle et sa nature divine, se voient fort bien quand on considère ses œuvres. Les humains sont donc inexcusables. Ils connaissent Dieu, mais ils ne l'honorent pas et ne le remercient pas comme il convient de le faire à son égard. Au contraire, leurs pensées sont devenues stupides et leur esprit insensé a été plongé dans l'obscurité. Ils se prétendent sages mais ils sont fous: au lieu d'adorer la gloire du Dieu immortel, ils ont adoré des statues représentant l'homme mortel, des oiseaux, des quadrupèdes et des reptiles. C'est pourquoi Dieu les a abandonnés à des actions impures, selon les désirs de leur cœur, de sorte qu'ils se conduisent d'une façon honteuse les uns avec les autres. Ils échangent la vérité concernant Dieu contre le mensonge; ils adorent et servent ce que Dieu a créé au lieu du Créateur lui-même, qui doit être loué pour toujours! Amen. C'est pourquoi Dieu les a abandonnés à des passions honteuses. Leurs femmes elles-mêmes changent les relations naturelles en des relations contre nature. De même, les hommes abandonnent les relations naturelles avec la femme et brûlent de désir les uns pour les autres. Les hommes commettent des actions honteuses les uns avec les autres et reçoivent ainsi en eux-mêmes la punition que mérite leur égarement. Comme ils ont refusé de reconnaître Dieu, Dieu les a abandonnés à leur intelligence déréglée et, ainsi, ils font ce qu'ils ne devraient pas. Ils sont remplis de toute sorte d'injustice, de mal, d'envie, de méchanceté; ils sont pleins de jalousie, de meurtres, de querelles, de ruse, de malice. Ils lancent de fausses accusations et disent du mal les uns des autres; ils sont ennemis de Dieu, insolents, orgueilleux, vantards. Toujours prêts à imaginer de nouveaux méfaits, ils sont rebelles à leurs parents. Ils sont inconstants, ils ne tiennent pas leurs promesses; ils sont durs et sans pitié pour les autres. Ils connaissent bien le jugement de Dieu: ceux qui se conduisent de cette manière méritent la mort. Pourtant, ils continuent à commettre de telles actions et, de plus, ils approuvent ceux qui les commettent aussi. Toi, qui que tu sois, qui juges les autres, tu es donc inexcusable. Car, lorsque tu juges les autres et que tu agis comme eux, tu te condamnes toi-même. Nous savons que Dieu juge selon la vérité ceux qui commettent de telles actions. Penses-tu que tu échapperas au jugement de Dieu, toi qui juges les autres pour des actions que tu commets toi-même? Ou bien méprises-tu la grande bonté de Dieu, sa patience et sa générosité? Ne sais-tu pas que la bonté de Dieu doit t'amener à changer de comportement? Mais tu ne veux pas comprendre, tu n'es pas disposé à changer. C'est pourquoi, tu attires sur toi une punition encore plus grande pour le jour où Dieu manifestera sa colère et son juste jugement et où il traitera chacun selon ce qu'il aura fait. Il donnera la vie éternelle à ceux qui s'appliquent à faire le bien et recherchent ainsi la gloire, l'honneur et la vie immortelle. Mais il montrera sa colère et son indignation à ceux qui se révoltent contre lui, s'opposent à la vérité et se soumettent au mal. La détresse et l'angoisse frapperont tous ceux qui font le mal, les Juifs d'abord, mais aussi les non-Juifs. Par contre, Dieu accordera la gloire, l'honneur et la paix à tous ceux qui font le bien, aux Juifs d'abord, mais aussi aux non-Juifs, car Dieu n'avantage personne. Tous ceux qui pèchent sans connaître la loi de Moïse, périront sans subir cette loi; mais tous ceux qui pèchent en connaissant la loi seront jugés selon cette loi. Car les êtres agréables à Dieu ne sont pas ceux qui se contentent d'écouter la loi, mais ceux qui la mettent en pratique. Quand des étrangers, qui ne connaissent pas la loi de Dieu, la mettent d'eux-mêmes en pratique, c'est comme s'ils la portaient au-dedans d'eux, bien qu'ils ne l'aient pas. Ils prouvent ainsi que la pratique ordonnée par la loi est inscrite dans leur cœur. Leur conscience en témoigne également, ainsi que leurs pensées qui parfois les accusent et parfois les défendent. Voilà ce qui paraîtra au jour où Dieu jugera par Jésus-Christ tout ce qui est caché dans la vie des hommes, comme l'affirme la Bonne Nouvelle que j'annonce. Mais toi, tu portes le nom de Juif, tu t'appuies sur la loi et tu es fier de ton Dieu; tu connais sa volonté et la loi t'a enseigné à choisir ce qui est bien; tu crois être un guide pour les aveugles, une lumière pour ceux qui sont dans l'obscurité, un éducateur pour les ignorants et un maître pour les enfants, parce que tu es sûr d'avoir dans la loi l'expression parfaite de la connaissance et de la vérité. Eh bien, toi qui fais la leçon aux autres, pourquoi ne la fais-tu pas à toi-même? Toi qui prêches qu'on ne doit pas voler, pourquoi voles-tu? Toi qui interdis l'adultère, pourquoi en commets-tu? Toi qui détestes les idoles, pourquoi pilles-tu leurs temples? Tu es fier de la loi, mais tu déshonores Dieu en faisant le contraire de ce qu'ordonne sa loi! En effet, l'Écriture l'affirme: «A cause de vous, les autres peuples se moquent de Dieu.» Si tu obéis à la loi, la circoncision t'est utile; mais si tu désobéis à la loi, c'est comme si tu n'étais pas circoncis. Et si l'homme qui est incirconcis obéit aux commandements de la loi, Dieu ne le considérera-t-il pas comme s'il était circoncis? L'homme qui est incirconcis dans sa chair, mais qui obéit à la loi, te jugera, toi qui désobéis à la loi, bien que tu possèdes la loi écrite et que tu sois circoncis. En effet, le vrai Juif n'est pas celui qui l'est seulement en apparence et qui est circoncis seulement de façon visible, dans sa chair. Mais le vrai Juif est celui qui l'est intérieurement, qui est circoncis dans son cœur, d'une circoncision qui dépend de l'Esprit de Dieu et non de la loi écrite. Ce vrai Juif reçoit sa louange non des hommes, mais de Dieu. Y a-t-il alors un avantage à être Juif? La circoncision est-elle utile? L'avantage est grand, à tous égards. Et d'abord, c'est aux Juifs que Dieu a confié ses promesses. Il est vrai que certains d'entre eux ont été infidèles. Mais quoi, Dieu va-t-il renoncer à être fidèle parce qu'eux ne l'ont pas été? Certainement pas! Il doit être clair que Dieu agit selon la vérité, même si tout homme est menteur, comme le déclare l'Écriture: «Il faut que tu sois reconnu juste dans ce que tu dis, et que tu sois vainqueur si l'on te met en jugement.» Mais si le mal que nous commettons fait ressortir la justice de Dieu, qu'allons-nous dire? Dieu est-il injuste parce qu'il nous punit? (Je parle à la manière des hommes.) Pas du tout! Car s'il l'était, comment pourrait-il juger le monde? Mais si mon mensonge met d'autant plus en lumière la vérité de Dieu et sert donc à sa gloire, pourquoi devrais-je encore être condamné comme pécheur? Et alors, pourquoi ne pas dire: «Faisons le mal pour qu'il en résulte du bien»? Certains, en effet, pour me calomnier, soutiennent que ce sont mes paroles. Ces gens seront condamnés et ils le méritent bien! Mais quoi? Sommes-nous, nous les Juifs, supérieurs aux autres? Pas du tout! J'ai déjà démontré que tous, Juifs et non-Juifs, sont également sous la domination du péché. L'Écriture le déclare: «Il n'y a pas d'homme juste, pas même un seul, il n'y a personne qui comprenne, personne qui recherche Dieu. Tous ont quitté le bon chemin, ensemble ils se sont égarés. Il n'y a personne qui fasse le bien, pas même un seul. Leur gorge est comme une tombe ouverte, leur langue leur sert à tromper, c'est du venin de serpent qui sort de leurs lèvres, leur bouche est pleine de malédictions amères. Ils courent à toutes jambes pour assassiner, ils laissent la destruction et le malheur partout où ils passent, ils n'ont pas connu le chemin de la paix. Ils vivent sans aucune crainte de Dieu.» Nous savons que tout ce que dit la loi, elle le dit à ceux qui sont soumis à la loi, afin que nul ne puisse ouvrir la bouche pour se justifier et que le monde entier soit reconnu coupable devant Dieu. Car personne ne sera reconnu juste aux yeux de Dieu pour avoir obéi en tout à la loi; la loi permet seulement de prendre connaissance du péché. Mais maintenant, Dieu nous a montré comment il nous rend justes devant lui, et cela sans l'intervention de la loi. Les livres de la Loi et des Prophètes l'avaient déjà attesté: Dieu rend les hommes justes à ses yeux par leur foi en Jésus-Christ. Il le fait pour tous ceux qui croient au Christ, car il n'y a pas de différence entre eux: tous ont péché et sont privés de la présence glorieuse de Dieu. Mais Dieu, dans sa bonté, les rend justes à ses yeux, gratuitement, par Jésus-Christ qui les délivre du péché. Y a-t-il donc encore une raison de nous enorgueillir? Non, aucune! Pourquoi? Parce que ce qui compte, ce n'est plus d'obéir à la loi, mais c'est de croire. Nous estimons, en effet, qu'un être humain est rendu juste devant Dieu à cause de sa foi et non parce qu'il obéirait en tout à la loi. Ou alors, Dieu serait-il seulement le Dieu des Juifs? N'est-il pas aussi le Dieu des autres peuples? Bien sûr, il l'est aussi des autres peuples, puisqu'il n'y a qu'un seul Dieu. Il va rendre justes à ses yeux les Juifs par la foi et les non-Juifs également par la foi. Cela signifie-t-il que par la foi nous enlevons toute valeur à la loi? Bien au contraire, nous lui donnons sa vraie valeur. Que dirons-nous donc d'Abraham, notre ancêtre? Qu'a-t-il obtenu en tant qu'homme? Si Abraham avait été reconnu juste aux yeux de Dieu à cause des actions qu'il a accomplies, il pourrait s'en vanter. Mais il ne peut pas le faire devant Dieu. En effet, l'Écriture déclare: «Abraham eut confiance en Dieu, et Dieu le considéra comme juste en tenant compte de sa foi.» Celui qui travaille reçoit un salaire; ce salaire ne lui est pas compté comme un don gratuit: il lui est dû. Mais quand quelqu'un, sans accomplir de travail, croit simplement que Dieu accueille favorablement le pécheur, Dieu tient compte de sa foi pour le considérer comme juste. C'est ainsi que David parle du bonheur de l'homme que Dieu considère comme juste sans tenir compte de ses actions: «Heureux ceux dont Dieu a pardonné les fautes et dont il a effacé les péchés! Heureux l'homme à qui le Seigneur ne compte pas son péché!» Ce bonheur existe-t-il seulement pour les hommes circoncis ou aussi pour les non-circoncis? Eh bien, nous venons de dire que «Dieu considéra Abraham comme juste en tenant compte de sa foi». Quand cela s'est-il passé? Après qu'Abraham eut été circoncis ou avant? Non pas après, mais avant. Abraham reçut plus tard la circoncision comme un signe: c'était la marque indiquant que Dieu l'avait considéré comme juste à cause de sa foi, alors qu'il était encore incirconcis. Abraham est ainsi devenu le père de tous ceux qui croient en Dieu sans être circoncis et que Dieu considère eux aussi comme justes. Il est également le père de ceux qui sont circoncis, c'est-à-dire de ceux qui ne se contentent pas de l'être, mais suivent l'exemple de la foi qu'a eue notre père Abraham avant d'être circoncis. Dieu a promis à Abraham et à ses descendants qu'ils recevraient le monde. Cette promesse a été faite non parce qu'Abraham avait obéi à la loi, mais parce que Dieu l'a considéré comme juste à cause de sa foi. Si ceux qui obéissent à la loi étaient les seuls à recevoir les biens promis, alors la foi serait inutile et la promesse de Dieu n'aurait plus de sens. En effet, la loi provoque la colère de Dieu; mais là où il n'y a pas de loi, il n'y a pas non plus de désobéissance à la loi. Ainsi, la promesse a été faite à cause de la foi, afin que ce soit un don gratuit de Dieu et qu'elle soit valable pour tous les descendants d'Abraham, non pas seulement pour ceux qui obéissent à la loi mais aussi pour ceux qui croient comme Abraham a cru. Abraham est notre père à tous, comme le déclare l'Écriture: «J'ai fait de toi l'ancêtre d'une foule de nations.» Il est notre père devant Dieu en qui il a cru, le Dieu qui rend la vie aux morts et fait exister ce qui n'existait pas. Abraham a cru et espéré, alors que tout espoir semblait vain, et il devint ainsi «l'ancêtre d'une foule de nations», selon ce que Dieu lui avait dit: «Tel sera le nombre de tes descendants.» Il avait environ cent ans, mais sa foi ne faiblit pas quand il pensa à son corps presque mourant et à Sara, sa femme, qui était stérile. Il ne perdit pas confiance et ne douta pas de la promesse de Dieu; au contraire, sa foi le fortifia et il loua Dieu. Il était absolument certain que Dieu a le pouvoir d'accomplir ce qu'il a promis. Voilà pourquoi il est dit d'Abraham que, à cause de sa foi, «Dieu l'a considéré comme juste». Mais ces mots «Dieu l'a considéré comme juste» n'ont pas été écrits pour lui seul. Ils ont été écrits aussi pour nous qui devons être considérés comme justes, nous qui croyons en Dieu qui a ramené d'entre les morts Jésus notre Seigneur. Il a été livré à la mort à cause de nos péchés et Dieu l'a ramené à la vie pour nous rendre justes devant lui. Ainsi, nous avons été rendus justes devant Dieu à cause de notre foi et nous sommes maintenant en paix avec lui par notre Seigneur Jésus-Christ. Par Jésus nous avons pu, par la foi, avoir accès à la grâce de Dieu en laquelle nous demeurons fermement. Et ce qui nous réjouit c'est l'espoir d'avoir part à la gloire de Dieu. Bien plus, nous nous réjouissons même dans nos détresses, car nous savons que la détresse produit la patience, la patience produit la résistance à l'épreuve et la résistance l'espérance. Cette espérance ne nous déçoit pas, car Dieu a répandu son amour dans nos cœurs par le Saint-Esprit qu'il nous a donné. En effet, quand nous étions encore incapables de nous en sortir, le Christ est mort pour les pécheurs au moment fixé par Dieu. C'est difficilement qu'on accepterait de mourir pour un homme droit. Quelqu'un aurait peut-être le courage de mourir pour un homme de bien. Mais Dieu nous a prouvé à quel point il nous aime: le Christ est mort pour nous alors que nous étions encore pécheurs. Par son sacrifice, nous sommes maintenant rendus justes devant Dieu; à plus forte raison serons-nous sauvés par lui de la colère de Dieu. Nous étions les ennemis de Dieu, mais il nous a réconciliés avec lui par la mort de son Fils. A plus forte raison, maintenant que nous sommes réconciliés avec lui, serons-nous sauvés par la vie de son Fils. Il y a plus encore: nous nous réjouissons devant Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ, grâce auquel nous sommes maintenant réconciliés avec Dieu. Le péché est entré dans le monde à cause d'un seul homme, Adam, et le péché a amené la mort. Et ainsi, la mort a atteint tous les hommes parce que tous ont péché. Avant que Dieu ait révélé la loi à Moïse, le péché existait déjà dans le monde, mais, comme il n'y avait pas encore de loi, Dieu ne tenait pas compte du péché. Pourtant, depuis l'époque d'Adam jusqu'à celle de Moïse, la mort a manifesté son pouvoir même sur ceux qui n'avaient pas péché comme Adam, qui désobéit à l'ordre de Dieu. Adam était l'image de celui qui devait venir. Mais la faute d'Adam n'est pas comparable en importance au don gratuit de Dieu. Certes, beaucoup sont morts à cause de la faute de ce seul homme; mais la grâce de Dieu est bien plus grande et le don qu'il a accordé gratuitement à beaucoup par un seul homme, Jésus-Christ, est bien plus important. Et le don de Dieu a un tout autre effet que le péché d'un seul homme; le jugement provoqué par le péché d'un seul a eu pour résultat la condamnation, tandis que le don gratuit accordé après de nombreuses fautes a pour résultat l'acquittement. Certes, la mort a manifesté son pouvoir par la faute d'un seul, à cause de ce seul être; mais, par le seul Jésus-Christ, nous obtenons beaucoup plus: tous ceux qui reçoivent la grâce abondante de Dieu et le don de son œuvre salutaire vivront et régneront à cause du Christ. Ainsi, la faute d'un seul être, Adam, a entraîné la condamnation de tous les humains; de même, l'œuvre juste d'un seul, Jésus-Christ, libère tous les humains du jugement et les fait vivre. Par la désobéissance d'un seul une multitude de gens sont tombés dans le péché; de même, par l'obéissance d'un seul une multitude de gens sont rendus justes aux yeux de Dieu. La loi est intervenue et alors les fautes se sont multipliées; mais là où le péché s'est multiplié, la grâce de Dieu a été bien plus abondante encore. Ainsi, de même que le péché a manifesté son pouvoir de mort, de même la grâce de Dieu manifeste son pouvoir salutaire pour nous conduire à la vie éternelle par Jésus-Christ, notre Seigneur. Que faut-il en conclure? Devons-nous continuer à vivre dans le péché pour que la grâce de Dieu soit plus abondante? Certainement pas! Nous sommes morts au péché: comment pourrions-nous vivre encore dans le péché? Ne savez-vous pas que nous tous qui avons été baptisés pour être unis à Jésus-Christ, nous avons été baptisés en étant associés à sa mort? Par le baptême, donc, nous avons été mis au tombeau avec lui pour être associés à sa mort, afin que, tout comme le Christ a été ramené d'entre les morts par la puissance glorieuse du Père, nous aussi nous vivions d'une vie nouvelle. En effet, si nous avons été unis à lui par une mort semblable à la sienne, nous serons également unis à lui par une résurrection semblable à la sienne. Sachons bien ceci: l'être humain que nous étions auparavant a été mis à mort avec le Christ sur la croix, afin que notre nature pécheresse soit détruite et que nous ne soyons plus les esclaves du péché. Car celui qui est mort est libéré du péché. Si nous sommes morts avec le Christ, nous sommes convaincus que nous vivrons aussi avec lui. Nous savons en effet que le Christ, depuis qu'il a été ramené d'entre les morts, ne doit plus mourir: la mort n'a plus de pouvoir sur lui. En mourant, il est mort par rapport au péché une fois pour toutes; mais maintenant qu'il est vivant, il vit pour Dieu. De même, vous aussi, considérez-vous comme morts au péché et comme vivants pour Dieu dans l'union avec Jésus-Christ. Le péché ne doit donc plus régner sur votre corps mortel pour vous faire obéir aux désirs de ce corps. Ne mettez plus les diverses parties de votre corps au service du péché comme instruments du mal. Au contraire, offrez-vous à Dieu, comme des êtres revenus de la mort à la vie, et mettez-vous tout entiers à son service comme instruments de ce qui est juste. En effet, le péché n'aura plus de pouvoir sur vous, puisque vous n'êtes pas soumis à la loi mais à la grâce de Dieu. Mais quoi? Allons-nous pécher parce que nous ne sommes pas soumis à la loi mais à la grâce de Dieu? Certainement pas! Vous le savez bien: si vous vous mettez au service de quelqu'un pour lui obéir, vous devenez les esclaves du maître auquel vous obéissez; il s'agit soit du péché qui conduit à la mort, soit de l'obéissance à Dieu qui conduit à une vie juste. Mais Dieu soit loué: vous qui étiez auparavant esclaves du péché, vous avez maintenant obéi de tout votre cœur au modèle présenté par l'enseignement que vous avez reçu. Vous avez été libérés du péché et vous êtes entrés au service de ce qui est juste. J'emploie cette façon humaine de parler à cause de votre faiblesse naturelle. Auparavant, vous vous étiez mis tout entiers comme esclaves au service de l'impureté et du mal qui produisent la révolte contre Dieu; de même, maintenant, mettez-vous tout entiers comme esclaves au service de ce qui est juste pour mener une vie sainte. Quand vous étiez esclaves du péché, vous étiez libres par rapport à ce qui est juste. Qu'avez-vous gagné à commettre alors des actes dont vous avez honte maintenant? Ces actes mènent à la mort! Mais maintenant vous avez été libérés du péché et vous êtes au service de Dieu; vous y gagnez d'être dirigés dans une vie sainte et de recevoir, à la fin, la vie éternelle. Car le salaire que paie le péché, c'est la mort; mais le don que Dieu accorde gratuitement, c'est la vie éternelle dans l'union avec Jésus-Christ notre Seigneur. Frères, vous savez sûrement déjà ce que je vais vous dire, car vous connaissez la loi: la loi n'a autorité sur un homme qu'aussi longtemps qu'il vit. Par exemple, une femme mariée est liée par la loi à son mari tant qu'il vit; mais si le mari meurt, elle est libérée de la loi qui la liait à lui. Si donc elle devient la femme d'un autre homme du vivant de son mari, on la considère comme adultère; mais si son mari meurt, elle est libre par rapport à la loi, de sorte qu'elle peut devenir la femme d'un autre sans être adultère. Il en va de même pour vous, mes frères. Vous êtes morts à l'égard de la loi, en étant unis au corps du Christ. Ainsi vous appartenez maintenant à un autre, c'est-à-dire à celui qui a été ramené d'entre les morts afin que nous produisions ce qui est agréable à Dieu. En effet, quand nous vivions selon notre propre nature, les désirs mauvais excités par la loi agissaient dans notre être tout entier et nous produisions ce qui mène à la mort. Mais maintenant, nous sommes libérés de la loi, car nous sommes morts à ce qui nous retenait prisonniers. Nous pouvons donc servir Dieu d'une façon nouvelle, sous l'autorité de l'Esprit Saint, et non plus à la façon ancienne, sous l'autorité de la loi écrite. Que faut-il en conclure? La loi est-elle péché? Certainement pas! Mais la loi m'a fait connaître ce qu'est le péché. En effet, je n'aurais pas su ce qu'est la convoitise si la loi n'avait pas dit: «Tu ne convoiteras pas.» Le péché a saisi l'occasion offerte par le commandement pour produire en moi toutes sortes de convoitises. Car, sans la loi, le péché est chose morte. Autrefois, sans la loi, j'étais vivant; mais quand le commandement est intervenu, le péché a pris vie et moi je suis mort: le commandement qui devait conduire à la vie s'est trouvé, dans mon cas, conduire à la mort. Car le péché a saisi l'occasion, il m'a trompé au moyen du commandement et, par lui, il m'a fait mourir. Ainsi, la loi elle-même est sainte et le commandement est saint, juste et bon. Ce qui est bon est-il devenu alors une cause de mort pour moi? Certainement pas! C'est le péché qui en a été la cause. Il a fait apparaître ainsi sa véritable nature de péché: il a utilisé ce qui est bon pour causer ma mort. Et voilà comment le péché est devenu, au moyen du commandement, plus gravement péché que jamais. Nous savons que la loi est spirituelle; mais moi, je suis un être faible, vendu comme esclave au péché. Je ne comprends pas ce que je fais: car je ne fais pas ce que je voudrais faire, mais je fais ce que je déteste. Si je fais précisément ce que je ne veux pas, je reconnais par là que la loi est bonne. Ce n'est donc pas moi qui agis ainsi, mais c'est le péché qui habite en moi. Car je sais que le bien n'habite pas en moi, c'est-à-dire en l'être faible que je suis. Certes, le désir de faire le bien existe en moi, mais non la capacité de l'accomplir. En effet, je ne fais pas le bien que je veux et je fais le mal que je ne veux pas. Si je fais ce que je ne veux pas, alors ce n'est plus moi qui agis ainsi, mais le péché qui habite en moi. Je découvre donc ce principe: moi qui veux faire le bien, je suis seulement capable de faire le mal. Au fond de moi-même, je prends plaisir à la loi de Dieu. Mais je trouve dans mon être une autre loi qui combat contre celle qu'approuve mon intelligence. Elle me rend prisonnier de la loi du péché qui est en moi. Malheureux que je suis! Qui me délivrera de ce corps qui m'entraîne à la mort? Dieu soit loué, par Jésus-Christ notre Seigneur! Ainsi, je suis au service de la loi de Dieu par mon intelligence, mais dans ma faiblesse humaine, je suis asservi à la loi du péché. Maintenant donc, il n'y a plus de condamnation pour ceux qui sont unis à Jésus-Christ. Car la loi de l'Esprit Saint, qui donne la vie par Jésus-Christ, t'a libéré de la loi du péché et de la mort. Dieu a accompli ce qui était impossible pour la loi de Moïse, parce que la faiblesse humaine la rendait impuissante: pour enlever le péché, il l'a condamné dans la nature humaine en envoyant son propre Fils vivre dans une condition semblable à celle de l'homme pécheur. Dieu a accompli cela pour que les exigences de la loi soient réalisées en nous qui vivons non plus selon notre propre nature, mais selon l'Esprit Saint. En effet, ceux qui vivent selon leur propre nature se préoccupent de ses désirs; mais ceux qui vivent selon l'Esprit Saint se préoccupent des désirs de l'Esprit. Se préoccuper des désirs de sa propre nature mène à la mort; mais se préoccuper des désirs de l'Esprit Saint mène à la vie et à la paix. Ceux qui sont dominés par les préoccupations de leur propre nature sont ennemis de Dieu; ils ne se soumettent pas à la loi de Dieu, ils ne le peuvent même pas. Ceux qui dépendent de leur propre nature ne peuvent pas plaire à Dieu. Mais vous, vous ne vivez pas selon votre propre nature; vous vivez selon l'Esprit Saint, puisque l'Esprit de Dieu habite en vous. Celui qui n'a pas l'Esprit du Christ ne lui appartient pas. Si le Christ est en vous, votre corps reste tout de même destiné à la mort à cause du péché, mais l'Esprit est vie en vous parce que vous avez été rendus justes devant Dieu. Si l'Esprit de celui qui a ramené Jésus d'entre les morts habite en vous, alors Dieu qui a ramené le Christ d'entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous. Ainsi donc, frères, nous avons des obligations, mais non envers notre propre nature pour vivre selon ses désirs. Car si vous vivez selon votre propre nature, vous allez mourir. Mais si, par l'Esprit Saint, vous faites mourir le comportement de votre être égoïste, vous vivrez. Tous ceux qui sont conduits par l'Esprit de Dieu sont enfants de Dieu. Car l'Esprit que vous avez reçu n'est pas un esprit qui vous rende esclaves et vous remplisse encore de peur; mais c'est l'Esprit Saint qui fait de vous des enfants de Dieu et qui nous permet de crier à Dieu: «Abba, ô mon Père!» L'Esprit de Dieu atteste lui-même à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Nous sommes ses enfants, donc nous aurons aussi part aux biens que Dieu a promis à son peuple, nous y aurons part avec le Christ; car si nous souffrons avec lui, nous serons aussi avec lui dans sa gloire. J'estime que nos souffrances du temps présent ne sont pas comparables à la gloire que Dieu nous révélera. La création entière attend avec impatience le moment où Dieu révélera ses enfants. Car la création est tombée sous le pouvoir de forces qui ne mènent à rien, non parce qu'elle l'a voulu elle-même, mais parce que Dieu l'y a mise. Il y a toutefois une espérance: c'est que la création elle-même sera libérée un jour du pouvoir destructeur qui la tient en esclavage et qu'elle aura part à la glorieuse liberté des enfants de Dieu. Nous savons, en effet, que maintenant encore la création entière gémit et souffre comme une femme qui accouche. Mais pas seulement la création: nous qui avons déjà l'Esprit Saint comme première part des dons de Dieu, nous gémissons aussi intérieurement en attendant que Dieu fasse de nous ses enfants et nous accorde une délivrance totale. Car nous avons été sauvés, mais en espérance seulement. Si l'on voit ce que l'on espère, ce n'est plus de l'espérance: qui donc espérerait encore ce qu'il voit? Mais si nous espérons ce que nous ne voyons pas, nous l'attendons avec patience. De même, l'Esprit Saint aussi nous vient en aide, parce que nous sommes faibles. En effet, nous ne savons pas prier comme il faut; mais l'Esprit lui-même prie Dieu en notre faveur avec des supplications qu'aucune parole ne peut exprimer. Et Dieu qui voit dans les cœurs comprend ce que l'Esprit Saint veut demander, car l'Esprit prie en faveur des croyants, comme Dieu le désire. Nous savons que toutes choses contribuent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qu'il a appelés selon son plan. Car Dieu les a choisis d'avance; il a aussi décidé d'avance de les rendre semblables à son Fils, afin que celui-ci soit l'aîné d'un grand nombre de frères. Ceux pour qui Dieu a pris d'avance cette décision, il les a aussi appelés; ceux qu'il a appelés, il les a aussi rendus justes devant lui, ceux qu'il a rendus justes, il leur a aussi donné part à sa gloire. Que dirons-nous de plus? Si Dieu est pour nous, qui peut être contre nous? Il n'a pas épargné son propre Fils, mais il l'a livré pour nous tous: comment ne nous donnerait-il pas tout avec son Fils? Qui accusera ceux que Dieu a choisis? Personne, car c'est Dieu qui les déclare non coupables. Qui peut alors les condamner? Personne, car Jésus-Christ est celui qui est mort, bien plus il est ressuscité, il est à la droite de Dieu et il prie en notre faveur. Qui peut nous séparer de l'amour du Christ? La détresse le peut-elle ou bien l'angoisse, ou encore la persécution, la faim, les privations, le danger, la mort? Comme le déclare l'Écriture: «A cause de toi, nous sommes exposés à la mort tout le long du jour, on nous traite comme des moutons qu'on mène à la boucherie.» Mais en tout cela nous remportons la plus complète victoire par celui qui nous a aimés. Oui, j'ai la certitude que rien ne peut nous séparer de son amour: ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni d'autres autorités ou puissances célestes, ni le présent, ni l'avenir, ni les forces d'en haut, ni celles d'en bas, ni aucune autre chose créée, rien ne pourra jamais nous séparer de l'amour que Dieu nous a manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur. Ce que je vais dire est la vérité; je ne mens pas, car j'appartiens au Christ; ma conscience, guidée par le Saint-Esprit, témoigne que je dis vrai: mon cœur est plein d'une grande tristesse et d'une douleur continuelle. Je souhaiterais être moi-même maudit par Dieu et séparé du Christ pour le bien de mes frères, ceux de ma race. Ils sont les membres du peuple d'Israël: Dieu a fait d'eux ses enfants, il leur a accordé sa présence glorieuse, ses alliances, la loi, le culte, les promesses. Ils sont les descendants des patriarches et le Christ, en tant qu'être humain, appartient à leur peuple, lui qui est au-dessus de tout, Dieu loué pour toujours. Amen. Cela ne signifie pourtant pas que la promesse de Dieu a perdu sa valeur. En effet, les descendants d'Israël ne sont pas tous le vrai peuple d'Israël; et les descendants d'Abraham ne sont pas tous ses vrais enfants, car Dieu a dit à Abraham: «C'est par Isaac que tu auras les descendants que je t'ai promis.» C'est-à-dire: ce ne sont pas les enfants nés conformément à l'ordre naturel qui sont les enfants de Dieu; seuls les enfants nés conformément à la promesse de Dieu sont considérés comme les vrais descendants. Car Dieu a exprimé la promesse en ces termes: «A la même époque, je reviendrai et Sara aura un fils.» Et ce n'est pas tout. Pensons aussi à Rébecca: ses deux fils avaient le même père, notre ancêtre Isaac. Comme le déclare l'Écriture: «J'ai aimé Jacob, mais j'ai repoussé Ésaü.» Que faut-il en conclure? Dieu serait-il injuste? Certainement pas! En effet, il dit à Moïse: «J'aurai pitié de qui je veux avoir pitié et j'aurai compassion de qui je veux avoir compassion.» Cela ne dépend donc pas de la volonté de l'homme ni de ses efforts, mais uniquement de Dieu qui a pitié. Dans l'Écriture, Dieu déclare au roi d'Égypte: «Je t'ai établi roi précisément pour montrer en toi ma puissance et pour que ma renommée se répande sur toute la terre.» Ainsi, Dieu a pitié de qui il veut et il incite qui il veut à s'obstiner. On me dira peut-être: «Alors pourquoi Dieu nous ferait-il encore des reproches? Car qui pourrait résister à sa volonté?» Mais qui es-tu donc, toi, homme, pour contredire Dieu? Le vase d'argile demande-t-il à celui qui l'a façonné: «Pourquoi m'as-tu fait ainsi?» Le potier peut faire ce qu'il veut avec l'argile: à partir de la même pâte il peut fabriquer un vase précieux ou un vase ordinaire. Eh bien, Dieu a voulu montrer sa colère et faire connaître sa puissance. Pourtant il a supporté avec une grande patience ceux qui méritaient sa colère et étaient mûrs pour la ruine. Mais il a voulu aussi manifester combien sa gloire est riche pour les autres, ceux dont il a pitié, ceux qu'il a préparés d'avance à participer à sa gloire. Nous en sommes, nous qu'il a appelés, non seulement d'entre les Juifs mais aussi d'entre les autres peuples. C'est ce qu'il déclare dans le livre d'Osée: «Le peuple qui n'était pas le mien, je l'appellerai mon peuple, et la nation que je n'aimais pas, je l'appellerai ma bien-aimée. Et là où on leur avait dit: “Vous n'êtes pas mon peuple”, là même ils seront appelés fils du Dieu vivant.» De son côté, Ésaïe s'écrie au sujet du peuple d'Israël: «Même si les Israélites étaient aussi nombreux que les grains de sable au bord de la mer, c'est un reste d'entre eux seulement qui sera sauvé; car ce que le Seigneur a dit, il le réalisera complètement et rapidement sur la terre.» Et comme le même Ésaïe l'avait dit auparavant: «Si le Seigneur de l'univers ne nous avait pas laissé quelques descendants, nous serions devenus comme Sodome, nous aurions été semblables à Gomorrhe.» Que faut-il en conclure? Ceci: des gens d'autres nations, qui ne cherchaient pas à se rendre justes devant Dieu, ont été rendus justes à ses yeux par la foi; tandis que les membres du peuple d'Israël, qui cherchaient à se rendre justes aux yeux de Dieu grâce à la loi, n'ont pas atteint le but de la loi. Pourquoi? Parce qu'ils ne cherchaient pas à être agréables à Dieu par la foi, ils pensaient l'être par leurs actions. Ils se sont heurtés à la «pierre qui fait trébucher», dont parle l'Écriture: «Voyez, je pose en Sion une pierre qui fait trébucher, un rocher qui fait tomber. Mais celui qui croit en lui ne sera pas déçu.» Frères, ce que je désire de tout mon cœur et que je demande à Dieu pour les Juifs, c'est qu'ils soient sauvés. Certes, je peux témoigner en leur faveur qu'ils sont pleins de zèle pour Dieu, mais leur zèle n'est pas éclairé par la connaissance. En effet, ils n'ont pas compris comment Dieu rend les hommes justes devant lui et ils ont cherché à établir leur propre façon de l'être. Ainsi, ils ne se sont pas soumis à l'œuvre salutaire de Dieu. Car le Christ a conduit la loi de Moïse à son but, pour que tous ceux qui croient soient rendus justes aux yeux de Dieu. Voici ce que Moïse a écrit au sujet de la possibilité d'être rendu juste par la loi: «Celui qui met en pratique les commandements de la loi vivra par eux.» Mais voilà comment il est parlé de la possibilité d'être juste par la foi: «Ne dis pas en toi-même: Qui montera au ciel?» (c'est-à-dire: pour en faire descendre le Christ ). Ne dis pas non plus: «Qui descendra dans le monde d'en bas?» (c'est-à-dire: pour faire remonter le Christ d'entre les morts). Qu'est-il dit alors? Ceci: «La parole est près de toi, dans ta bouche et dans ton cœur.» Cette parole est le message de la foi que nous prêchons. Si, de ta bouche, tu affirmes devant tous que Jésus est le Seigneur et si tu crois de tout ton cœur que Dieu l'a ramené d'entre les morts, tu seras sauvé. C'est par le cœur, en effet, que l'on croit, et Dieu rend juste celui qui croit; c'est par la bouche qu'on affirme, et Dieu sauve qui fait ainsi. L'Écriture déclare en effet: «Quiconque croit en lui ne sera pas déçu.» Ainsi, il n'y a pas de différence entre les Juifs et les non-Juifs: ils ont tous le même Seigneur qui accorde ses biens à tous ceux qui font appel à lui. En effet, il est dit: «Quiconque fera appel au Seigneur sera sauvé.» Mais comment feront-ils appel à lui sans avoir cru en lui? Et comment croiront-ils en lui sans en avoir entendu parler? Et comment en entendront-ils parler si personne ne l'annonce? Et comment l'annoncera-t-on s'il n'y a pas des gens envoyés pour cela? Comme le déclare l'Écriture: «Qu'il est beau de voir venir des porteurs de bonnes nouvelles!» Mais tous n'ont pas accepté la Bonne Nouvelle. Ésaïe dit en effet: «Seigneur, qui a cru la nouvelle que nous proclamons?» Ainsi, la foi vient de ce qu'on écoute la nouvelle proclamée et cette nouvelle est l'annonce de la parole du Christ. Je demande alors: Les Juifs n'auraient-ils pas entendu cette nouvelle? Mais si, ils l'ont entendue! L'Écriture déclare: «Leur voix s'est fait entendre sur la terre entière, et leurs paroles ont atteint le bout du monde.» Je demande encore: Le peuple d'Israël n'aurait-il pas compris? Eh bien, voici d'abord la réponse que donne Moïse: «Je vous rendrai jaloux de ceux qui ne sont pas une vraie nation, dit Dieu, j'exciterai votre colère contre une nation sans intelligence.» Ésaïe ose même proclamer: «J'ai été trouvé par ceux qui ne me cherchaient pas, dit Dieu, je me suis montré à ceux qui ne me demandaient rien.» Mais au sujet d'Israël, il ajoute: «Tout le jour j'ai tendu les mains vers un peuple désobéissant et rebelle.» Je demande donc: Dieu aurait-il rejeté son peuple? Certainement pas! Car je suis moi-même Israélite, descendant d'Abraham, membre de la tribu de Benjamin. Dieu n'a pas rejeté son peuple, qu'il s'est choisi d'avance. Vous savez, n'est-ce pas, ce que dit l'Écriture dans le passage où Élie se plaint d'Israël devant Dieu: «Seigneur, ils ont tué tes prophètes et démoli tes autels: je suis resté moi seul et ils cherchent à me tuer.» Mais que lui répondit Dieu? «Je me suis réservé sept mille hommes qui ne se sont pas mis à genoux devant le dieu Baal.» De même, dans le temps présent, il reste un petit nombre de gens que Dieu a choisis par bonté. Il les a choisis par bonté et non pas à cause de leurs actions, sinon la bonté de Dieu ne serait pas vraiment de la bonté. Qu'en résulte-t-il? Le peuple d'Israël n'a pas obtenu ce qu'il recherchait; seuls ceux que Dieu a choisis l'ont obtenu. Quant aux autres, ils sont devenus incapables de comprendre, comme le déclare l'Écriture: «Dieu a rendu leur esprit insensible; il a empêché leurs yeux de voir et leurs oreilles d'entendre jusqu'à ce jour.» David dit aussi: «Que leurs banquets soient pour eux un piège, une trappe, une occasion de tomber et de recevoir ce qu'ils méritent. Que leurs yeux s'obscurcissent, qu'ils perdent la vue; fais-leur sans cesse courber le dos.» Je demande donc: quand les Juifs ont trébuché, sont-ils tombés définitivement? Certainement pas! Mais, grâce à leur faute, les autres peuples ont pu obtenir le salut, de manière à exciter la jalousie des Juifs. Or, si la faute des Juifs a enrichi spirituellement le monde, si leur abaissement a enrichi les autres peuples, combien plus grands encore seront les bienfaits liés à leur participation totale au salut! Je m'adresse maintenant à vous qui n'êtes pas juifs: je suis l'apôtre destiné aux peuples non juifs et, en tant que tel, je me réjouis de la tâche qui est la mienne. J'espère ainsi exciter la jalousie des gens de ma race pour en sauver quelques-uns. En effet, quand ils ont été mis à l'écart, le monde a été réconcilié avec Dieu. Qu'arrivera-t-il alors quand ils seront de nouveau accueillis? Ce sera un vrai retour de la mort à la vie! Si la première part du pain est présentée à Dieu, tout le reste du pain lui appartient aussi. Si les racines d'un arbre sont offertes à Dieu, les branches lui appartiennent aussi. Israël est comme un olivier auquel Dieu a coupé quelques branches; mais toi, non-Juif, il t'a greffé parmi les autres branches, comme une branche d'olivier sauvage: tu profites maintenant aussi de la sève montant de la racine de l'olivier. C'est pourquoi, tu n'as pas à mépriser les branches coupées. Comment pourrais-tu te vanter? Ce n'est pas toi qui portes la racine, mais c'est la racine qui te porte. Tu vas me dire: «Mais, ces branches ont été coupées pour que je sois greffé moi-même.» C'est juste. Elles ont été coupées parce qu'elles ont manqué de foi, et tu te tiens là en raison de ta foi. Mais ne t'enorgueillis pas! Fais bien attention plutôt. Car, si Dieu n'a pas épargné les Juifs, les branches naturelles, prends garde, de peur qu'il ne t'épargne pas non plus. Remarque comment Dieu montre à la fois sa bonté et sa sévérité: il est sévère envers ceux qui sont tombés et il est bon envers toi. Mais il faut que tu continues à compter sur sa bonté, sinon tu seras aussi coupé comme une branche. Et si les Juifs renoncent à leur incrédulité, ils seront greffés là où ils étaient auparavant. Car Dieu a le pouvoir de les greffer de nouveau. Toi, tu es la branche naturelle d'un olivier sauvage que Dieu a coupée et greffée, contrairement à l'usage naturel, sur un olivier cultivé. Quant aux Juifs, ils sont les branches naturelles de cet olivier cultivé: Dieu pourra donc d'autant mieux les greffer de nouveau sur l'arbre qui est le leur. Frères, je veux vous faire connaître le plan secret de Dieu, afin que vous ne vous preniez pas pour des sages: une partie du peuple d'Israël restera incapable de comprendre jusqu'à ce que l'ensemble des autres peuples soit parvenu au salut. Et c'est ainsi que tout Israël sera sauvé, comme le déclare l'Écriture: «Le libérateur viendra de Sion, il éliminera la révolte des descendants de Jacob. Voilà l'alliance que je ferai avec eux, quand j'enlèverai leurs péchés.» Si l'on considère leur refus de la Bonne Nouvelle, ils sont les ennemis de Dieu pour votre bien; mais si l'on considère le choix fait par Dieu, ils sont toujours aimés à cause de leurs ancêtres. Car Dieu ne reprend pas ce qu'il a donné et ne change pas d'idée à l'égard de ceux qu'il a appelés. Autrefois, vous avez désobéi à Dieu; mais maintenant, vous avez connu la compassion de Dieu, parce que les Juifs ont désobéi. De même, ils ont désobéi maintenant pour que la compassion de Dieu vous soit accordée, mais afin qu'eux aussi puissent connaître maintenant cette même compassion. Car Dieu a enfermé tous les humains dans la désobéissance afin de leur montrer à tous sa compassion. Que la richesse de Dieu est immense! Que sa sagesse et sa connaissance sont profondes! Qui pourrait expliquer ses décisions? Qui pourrait comprendre ses plans? Comme le déclare l'Écriture: «Qui connaît la pensée du Seigneur? Qui peut être son conseiller? Qui a pu le premier lui donner quelque chose, pour recevoir de lui un paiement en retour?» Car tout vient de lui, tout existe par lui et pour lui. A Dieu soit la gloire pour toujours! Amen. Frères, puisque Dieu a ainsi manifesté sa bonté pour nous, je vous exhorte à vous offrir vous-mêmes en sacrifice vivant, réservé à Dieu et qui lui est agréable. C'est là le véritable culte que vous lui devez. Ne vous conformez pas aux habitudes de ce monde, mais laissez Dieu vous transformer et vous donner une intelligence nouvelle. Vous pourrez alors discerner ce que Dieu veut: ce qui est bien, ce qui lui est agréable et ce qui est parfait. A cause du don que Dieu m'a accordé dans sa bonté, je le dis à vous tous: n'ayez pas une opinion de vous-mêmes plus haute qu'il ne faut. Ayez au contraire des pensées modestes, chacun selon la part de foi que Dieu lui a donnée. Nous avons un seul corps, mais avec plusieurs parties qui ont toutes des fonctions différentes. De même, bien que nous soyons nombreux, nous formons un seul corps dans l'union avec le Christ et nous sommes tous unis les uns aux autres comme les parties d'un même corps. Nous avons des dons différents à utiliser selon ce que Dieu a accordé gratuitement à chacun. Si l'un de nous a le don de transmettre des messages reçus de Dieu, il doit le faire selon la foi. Si un autre a le don de servir, qu'il serve. Celui qui a le don d'enseigner doit enseigner. Celui qui a le don d'encourager les autres doit les encourager. Que celui qui donne ses biens le fasse avec une entière générosité. Que celui qui dirige le fasse avec soin. Que celui qui aide les malheureux le fasse avec joie. L'amour doit être sincère. Détestez le mal, attachez-vous au bien. Ayez de l'affection les uns pour les autres comme des frères qui s'aiment; mettez du zèle à vous respecter les uns les autres. Soyez actifs et non paresseux. Servez le Seigneur avec un cœur plein d'ardeur. Soyez joyeux à cause de votre espérance; soyez patients dans la détresse; priez avec fidélité. Venez en aide à vos frères dans le besoin et pratiquez sans cesse l'hospitalité. Demandez la bénédiction de Dieu pour ceux qui vous persécutent; demandez-lui de les bénir et non de les maudire. Réjouissez-vous avec ceux qui sont dans la joie, pleurez avec ceux qui pleurent. Vivez en bon accord les uns avec les autres. N'ayez pas la folie des grandeurs, mais acceptez des tâches modestes. Ne vous prenez pas pour des sages. Ne rendez à personne le mal pour le mal. Efforcez-vous de faire le bien devant tous les hommes. S'il est possible, et dans la mesure où cela dépend de vous, vivez en paix avec tous les hommes. Mes chers amis, ne vous vengez pas vous-mêmes, mais laissez agir la colère de Dieu, car l'Écriture déclare: «C'est moi qui tirerai vengeance, c'est moi qui paierai de retour,» dit le Seigneur. Et aussi: «Si ton ennemi a faim, donne-lui à manger; s'il a soif, donne-lui à boire; car, en agissant ainsi, ce sera comme si tu amassais des charbons ardents sur sa tête.» Ne te laisse pas vaincre par le mal. Sois au contraire vainqueur du mal par le bien. Chacun doit se soumettre aux autorités qui exercent le pouvoir. Car toute autorité vient de Dieu; celles qui existent ont été établies par lui. Ainsi, celui qui s'oppose à l'autorité s'oppose à l'ordre voulu par Dieu. Ceux qui s'y opposent attireront le jugement sur eux-mêmes. En effet, les magistrats ne sont pas à craindre par ceux qui font le bien, mais par ceux qui font le mal. Désires-tu ne pas avoir à craindre l'autorité? Alors, fais le bien et tu recevras des éloges, car elle est au service de Dieu pour t'encourager à bien faire. Mais si tu fais le mal, crains-la! Car ce n'est pas pour rien qu'elle a le pouvoir de punir: elle est au service de Dieu pour montrer sa colère contre celui qui agit mal. C'est pourquoi il est nécessaire de se soumettre aux autorités, non seulement pour éviter la colère de Dieu, mais encore par devoir de conscience. C'est aussi pourquoi vous payez des impôts, car ceux qui les perçoivent sont au service de Dieu pour accomplir soigneusement cette tâche. Payez à chacun ce que vous lui devez: payez l'impôt à qui vous le devez et la taxe à qui vous la devez; montrez du respect à qui vous le devez et honorez celui à qui l'honneur est dû. N'ayez de dette envers personne, sinon l'amour que vous vous devez les uns aux autres. Celui qui aime les autres a obéi complètement à la loi. En effet, les commandements «Ne commets pas d'adultère, ne commets pas de meurtre, ne vole pas, ne convoite pas», ainsi que tous les autres, se résument dans ce seul commandement: «Tu dois aimer ton prochain comme toi-même.» Celui qui aime ne fait aucun mal à son prochain. En aimant, on obéit donc complètement à la loi. Prenez cela d'autant plus au sérieux que vous savez en quel temps nous sommes: le moment est venu de vous réveiller de votre sommeil. En effet, le salut est plus près de nous maintenant qu'au moment où nous avons commencé à croire. La nuit est avancée, le jour approche. Rejetons donc les actions qui se font dans l'obscurité et prenons sur nous les armes qu'on utilise en pleine lumière. Conduisons-nous honnêtement, comme il convient à la lumière du jour. Gardons-nous des orgies et de l'ivrognerie, de l'immoralité et des vices, des querelles et de la jalousie. Revêtez-vous de tout ce que nous offre Jésus-Christ le Seigneur et ne vous laissez plus entraîner par votre propre nature pour en satisfaire les désirs. Accueillez celui qui est faible dans la foi, sans critiquer ses opinions. Par exemple, l'un croit pouvoir manger de tout, tandis que l'autre, qui est faible dans la foi, ne mange que des légumes. Celui qui mange de tout ne doit pas mépriser celui qui ne mange pas de viande et celui qui ne mange pas de viande ne doit pas juger celui qui mange de tout, car Dieu l'a accueilli lui aussi. Qui es-tu pour juger le serviteur d'un autre? Qu'il demeure ferme dans son service ou qu'il tombe, cela regarde son maître. Et il demeurera ferme, car le Seigneur a le pouvoir de le soutenir. Pour l'un, certains jours ont plus d'importance que d'autres, tandis que pour l'autre ils sont tous pareils. Il faut que chacun soit bien convaincu de ce qu'il pense. Celui qui attribue de l'importance à un jour particulier le fait pour honorer le Seigneur; celui qui mange de tout le fait également pour honorer le Seigneur, car il remercie Dieu pour son repas. Celui qui ne mange pas de tout le fait pour honorer le Seigneur et lui aussi remercie Dieu. En effet, aucun de nous ne vit pour soi-même et aucun ne meurt pour soi-même. Si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur, et si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur. Ainsi, soit que nous vivions, soit que nous mourions, nous appartenons au Seigneur. Car le Christ est mort et revenu à la vie pour être le Seigneur des morts et des vivants. Mais toi, pourquoi juges-tu ton frère? Et toi, pourquoi méprises-tu ton frère? Nous aurons tous à nous présenter devant Dieu pour être jugés par lui. Car l'Écriture déclare: «Moi, le Seigneur vivant, je l'affirme: tous les humains se mettront à genoux devant moi, et tous célèbreront la gloire de Dieu.» Ainsi, chacun de nous devra rendre compte à Dieu pour soi-même. Cessons donc de nous juger les uns les autres. Appliquez-vous bien plutôt à ne rien faire qui amène votre frère à trébucher ou à tomber dans l'erreur. Par le Seigneur Jésus, je sais de façon tout à fait certaine que rien n'est impur en soi. Mais si quelqu'un pense qu'une chose est impure, elle le devient pour lui. Si tu fais de la peine à ton frère à cause de ce que tu manges, tu ne te conduis plus selon l'amour. Ne va pas entraîner la perte de celui pour qui le Christ est mort, simplement pour une question de nourriture! Ce qui est bien pour vous ne doit pas devenir pour d'autres une occasion de critiquer. En effet, le Royaume de Dieu n'est pas une affaire de nourriture et de boisson; il consiste en la justice, la paix et la joie que donne le Saint-Esprit. Celui qui sert le Christ de cette manière est agréable à Dieu et approuvé des hommes. Recherchons donc ce qui contribue à la paix et nous permet de progresser ensemble dans la foi. Ne détruis pas l'œuvre de Dieu pour une question de nourriture. Certes, tout aliment peut être mangé, mais il est mal de manger quelque chose si l'on fait ainsi tomber un frère dans l'erreur. Ce qui est bien, c'est de ne pas manger de viande, de ne pas boire de vin, de renoncer à tout ce qui peut faire tomber ton frère. Ta conviction personnelle à ce sujet, garde-la pour toi devant Dieu. Heureux celui qui ne se sent pas coupable dans ses choix! Mais celui qui a mauvaise conscience en consommant un aliment est condamné par Dieu, parce qu'il n'agit pas selon une conviction fondée sur la foi. Et tout acte qui n'est pas fondé sur la foi est péché. Nous qui sommes forts dans la foi, nous devons prendre à cœur les scrupules des faibles. Nous ne devons pas rechercher ce qui nous plaît. Il faut que chacun de nous cherche à plaire à son prochain pour son bien, pour le faire progresser dans la foi. En effet, le Christ n'a pas recherché ce qui lui plaisait. Au contraire, comme le déclare l'Écriture: «Les insultes que l'on te destinait sont retombées sur moi.» Tout ce que nous trouvons dans l'Écriture a été écrit dans le passé pour nous instruire, afin que, grâce à la patience et au réconfort qu'elle nous apporte, nous possédions l'espérance. Que Dieu, la source de la patience et du réconfort, vous rende capables de vivre en bon accord les uns avec les autres en suivant l'exemple de Jésus-Christ. Alors, tous ensemble et d'une seule voix, vous louerez Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ. Ainsi, accueillez-vous les uns les autres, comme le Christ vous a accueillis, pour la gloire de Dieu. En effet, je vous l'affirme, le Christ est devenu le serviteur des Juifs pour accomplir les promesses que Dieu a faites à leurs ancêtres et montrer ainsi que Dieu est fidèle. Il est venu aussi afin que les non-Juifs louent Dieu pour sa bonté, comme le déclare l'Écriture: «C'est pourquoi je te louerai parmi les nations, et je chanterai en ton honneur.» Elle déclare aussi: «Nations, réjouissez-vous avec le peuple du Seigneur!» Et encore: «Glorifiez le Seigneur, vous toutes les nations, chantez ses louanges, vous tous les peuples!» Ésaïe dit aussi: «Le descendant de Jessé viendra, il se lèvera pour gouverner les nations, et elles mettront leur espoir en lui.» Que Dieu, la source de l'espérance, vous remplisse d'une joie et d'une paix parfaites par votre foi en lui, afin que vous soyez riches d'espérance par la puissance du Saint-Esprit. Mes frères, je suis personnellement convaincu que vous êtes remplis de bonnes dispositions, pleinement au courant de tout ce qu'il faut connaître et capables de vous conseiller les uns les autres. Pourtant, je vous ai écrit avec une certaine audace dans plusieurs passages de ma lettre, pour vous rappeler ce que vous aviez déjà appris. J'ai écrit ainsi en raison de la faveur que Dieu m'a accordée d'être serviteur de Jésus-Christ pour les peuples non juifs. J'accomplis un service sacré en annonçant la Bonne Nouvelle de Dieu, afin que les peuples non juifs deviennent une offrande agréable à Dieu et rendue digne de lui par le Saint-Esprit. Dans l'union avec Jésus-Christ, je peux donc être fier de mon travail pour Dieu. En fait, si j'ose parler de quelque chose, c'est uniquement de ce que le Christ a réalisé par moi pour amener les non-Juifs à obéir à Dieu. Il l'a fait au moyen de paroles et d'actes, par la puissance de signes miraculeux et de prodiges, par la puissance de l'Esprit de Dieu. C'est ainsi que j'ai annoncé pleinement la Bonne Nouvelle du Christ, en allant de tous côtés depuis Jérusalem jusqu'à la province d'Illyrie. Mais j'ai tenu à annoncer la Bonne Nouvelle uniquement dans les endroits où l'on n'avait pas entendu parler du Christ, afin de ne pas bâtir sur les fondations posées par quelqu'un d'autre. Ainsi, j'ai agi selon la déclaration de l'Écriture: «Ceux à qui on ne l'avait pas annoncé le verront, et ceux qui n'en avaient pas entendu parler comprendront.» C'est là ce qui m'a empêché bien des fois d'aller chez vous. Mais maintenant, j'ai achevé mon travail dans ces régions-ci. Depuis de nombreuses années, je désire vous rendre visite et je voudrais le faire quand je me rendrai en Espagne. Car j'espère vous voir en passant et recevoir votre aide pour aller dans ce pays, après avoir profité de votre compagnie pendant quelque temps. Mais pour le moment, je vais à Jérusalem pour le service des croyants de là-bas. En effet, les chrétiens de Macédoine et d'Achaïe ont décidé de faire une collecte en faveur des pauvres de la communauté de Jérusalem. Ils l'ont décidé eux-mêmes, mais, en réalité, ils le leur devaient. Car les chrétiens juifs ont partagé leurs biens spirituels avec ceux qui ne sont pas juifs; les non-Juifs doivent donc aussi les servir en subvenant à leurs besoins matériels. Quand j'aurai terminé cette affaire et que je leur aurai remis le produit de cette collecte, je partirai pour l'Espagne et passerai chez vous. Et je sais que lorsque j'irai chez vous, j'arriverai avec la pleine bénédiction du Christ. Mais voici ce que je vous demande, frères, par notre Seigneur Jésus-Christ et par l'amour que donne l'Esprit Saint: combattez avec moi en adressant à Dieu des prières en ma faveur. Priez pour que j'échappe aux incroyants de Judée et pour que l'aide que j'apporte à Jérusalem y soit bien accueillie par les croyants. De cette façon, j'arriverai chez vous plein de joie, si Dieu le veut, et je prendrai quelque repos parmi vous. Que Dieu, source de la paix, soit avec vous tous. Amen. Je vous recommande notre sœur Phébé qui est au service de l'Église de Cenchrées. Recevez-la au nom du Seigneur, comme on doit le faire entre croyants, et apportez-lui votre aide en toute affaire où elle peut avoir besoin de vous. Elle a elle-même aidé beaucoup de gens et moi en particulier. Saluez Priscille et Aquilas, mes compagnons de travail au service de Jésus-Christ. Ils ont risqué leur propre vie pour sauver la mienne. Je ne suis pas seul à leur être reconnaissant, toutes les Églises du monde non juif le sont aussi. Saluez également l'Église qui se réunit chez eux. Saluez mon cher Épaïnète, qui fut le premier à croire au Christ dans la province d'Asie. Saluez Marie, qui a beaucoup travaillé pour vous. Saluez Andronicus et Junias, qui me sont apparentés et ont été en prison avec moi. Ils sont très estimés parmi les apôtres et ils sont même devenus chrétiens avant moi. Saluez Ampliatus, qui m'est très cher dans le Seigneur. Saluez Urbain, notre compagnon de travail au service du Christ, et mon cher Stachys. Saluez Apelles, qui a donné des preuves de sa foi au Christ. Saluez les gens de la maison d'Aristobule. Saluez Hérodion, mon parent. Saluez les gens de la maison de Narcisse qui croient au Seigneur. Saluez Tryphène et Tryphose, qui travaillent pour le Seigneur, et ma chère Perside, qui a beaucoup travaillé pour lui. Saluez Rufus, ce remarquable serviteur du Seigneur, et sa mère, qui est aussi une mère pour moi. Saluez Asyncrite, Phlégon, Hermès, Patrobas, Hermas, et les frères qui sont avec eux. Saluez Philologue et Julie, Nérée et sa sœur, Olympas, et tous les croyants qui sont avec eux. Saluez-vous les uns les autres d'un baiser fraternel. Toutes les Églises du Christ vous adressent leurs salutations. Je vous le demande, frères, prenez garde à ceux qui suscitent des divisions et égarent les croyants en s'opposant à l'enseignement que vous avez reçu. Éloignez-vous d'eux, car les gens de cette espèce ne servent pas le Christ notre Seigneur, mais leur propre ventre! Par leurs belles paroles et leurs discours flatteurs, ils trompent les gens simples. Tout le monde connaît votre obéissance au Seigneur. Je me réjouis donc à votre sujet, mais je désire que vous soyez sages pour faire le bien, et purs pour éviter le mal. Dieu, source de la paix, écrasera bientôt Satan sous vos pieds. Que la grâce de notre Seigneur Jésus soit avec vous! Timothée, mon compagnon de travail, vous salue, ainsi que Lucius, Jason et Sosipater, mes parents. Et moi, Tertius, qui ai écrit cette lettre, je vous envoie mes salutations dans le Seigneur qui nous unit. Gaïus, l'hôte qui me reçoit, vous salue. C'est chez lui que se réunit toute l'Église. Éraste, le trésorier de la ville, vous salue, ainsi que notre frère Quartus. [ Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec vous tous. Amen.] Louons Dieu! Il a le pouvoir de vous fortifier dans la foi, selon la Bonne Nouvelle que j'annonce, le message que je prêche au sujet de Jésus-Christ, et selon la connaissance que nous avons reçue du plan secret de Dieu. Ce plan a été tenu caché très longtemps dans le passé, mais maintenant, il a été mis en pleine lumière par les livres des Prophètes; conformément à l'ordre du Dieu éternel, il est porté à la connaissance de toutes les nations pour qu'elles croient en lui et lui obéissent. A Dieu seul sage soit la gloire, par Jésus-Christ, pour toujours! Amen. De la part de Paul, qui par la volonté de Dieu a été appelé à être apôtre de Jésus-Christ, et de la part de Sosthène, notre frère. A l'Église de Dieu qui est à Corinthe, à ceux qui, là-bas, sont appelés à vivre pour Dieu et qui lui appartiennent par la foi en Jésus-Christ, et à tous ceux qui, partout, font appel au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, leur Seigneur et le nôtre: Que Dieu notre Père et le Seigneur Jésus-Christ vous accordent la grâce et la paix. Je remercie sans cesse mon Dieu à votre sujet pour la grâce qu'il vous a accordée par Jésus-Christ. En effet, dans l'union avec le Christ, vous avez été enrichis de tous les dons, en particulier tous ceux de la parole et de la connaissance. Le témoignage rendu au Christ a été si fermement établi parmi vous qu'il ne vous manque aucun don de Dieu, à vous qui attendez le moment où notre Seigneur Jésus-Christ apparaîtra. C'est lui qui vous maintiendra fermes jusqu'au bout pour qu'on ne puisse vous accuser d'aucune faute au jour de sa venue. Dieu lui-même vous a appelés à vivre dans l'union avec son Fils Jésus-Christ notre Seigneur: il est fidèle à ses promesses. Frères, je vous en supplie au nom de notre Seigneur Jésus-Christ: mettez-vous d'accord, qu'il n'y ait pas de divisions parmi vous; soyez parfaitement unis, en ayant la même façon de penser, les mêmes convictions. En effet, mes frères, des personnes de la famille de Chloé m'ont informé qu'il y a des rivalités entre vous. Voici ce que je veux dire: parmi vous, l'un déclare: «Moi, j'appartiens à Paul»; l'autre: «Moi à Apollos»; un autre encore: «Moi à Pierre »; et un autre: «Et moi au Christ.» Pensez-vous qu'on puisse diviser le Christ? Est-ce Paul qui est mort sur la croix pour vous? Avez-vous été baptisés au nom de Paul? Dieu merci, je n'ai baptisé aucun de vous, à part Crispus et Gaïus. Ainsi, on ne pourra pas prétendre que vous avez été baptisés en mon nom. Ah! c'est vrai, j'ai aussi baptisé la famille de Stéphanas, mais je ne crois pas avoir baptisé qui que ce soit d'autre. Le Christ ne m'a pas envoyé baptiser: il m'a envoyé annoncer la Bonne Nouvelle, et cela sans utiliser le langage de la sagesse humaine, afin de ne pas priver de son pouvoir la mort du Christ sur la croix. En effet, prêcher la mort du Christ sur la croix est une folie pour ceux qui se perdent; mais nous qui sommes sur la voie du salut, nous y discernons la puissance de Dieu. Voici ce que l'Écriture déclare: «Je détruirai la sagesse des sages, je rejetterai le savoir des gens intelligents.» Alors, que peuvent encore dire les sages? ou les gens instruits? ou les discoureurs du temps présent? Dieu a démontré que la sagesse de ce monde est folie! En effet, les humains, avec toute leur sagesse, ont été incapables de reconnaître Dieu là où il manifestait sa sagesse. C'est pourquoi, Dieu a décidé de sauver ceux qui croient grâce à cette prédication apparemment folle de la croix. Les Juifs demandent comme preuves des miracles et les Grecs recherchent la sagesse. Quant à nous, nous prêchons le Christ crucifié: c'est un message scandaleux pour les Juifs et une folie pour les non-Juifs; mais pour ceux que Dieu a appelés, aussi bien Juifs que non-Juifs, le Christ est la puissance et la sagesse de Dieu. Car la folie apparente de Dieu est plus sage que la sagesse des hommes, et la faiblesse apparente de Dieu est plus forte que la force des hommes. Considérez, frères, qui vous êtes, vous que Dieu a appelés: il y a parmi vous, du point de vue humain, peu de sages, peu de puissants, peu de gens de noble origine. Au contraire, Dieu a choisi ce qui est folie aux yeux du monde pour couvrir de honte les sages; il a choisi ce qui est faiblesse aux yeux du monde pour couvrir de honte les forts; il a choisi ce qui est bas, méprisable ou ne vaut rien aux yeux du monde, pour détruire ce que celui-ci estime important. Ainsi, aucun être humain ne peut se vanter devant Dieu. Mais Dieu vous a unis à Jésus-Christ et il a fait du Christ notre sagesse: c'est le Christ qui nous rend justes devant Dieu, qui nous permet de vivre pour Dieu et qui nous délivre du péché. Par conséquent, comme le déclare l'Écriture: «Si quelqu'un veut se vanter, qu'il se vante de ce que le Seigneur a fait.» Quand je suis allé chez vous, frères, pour vous révéler le plan secret de Dieu, je n'ai pas usé d'un langage compliqué ou de connaissances impressionnantes. Car j'avais décidé de ne rien savoir d'autre, durant mon séjour parmi vous, que Jésus-Christ et, plus précisément, Jésus-Christ crucifié. C'est pourquoi, je me suis présenté à vous faible et tout tremblant de crainte; mon enseignement et ma prédication n'avaient rien des discours de la sagesse humaine, mais c'est la puissance de l'Esprit divin qui en faisait une démonstration convaincante. Ainsi, votre foi ne repose pas sur la sagesse des hommes, mais bien sur la puissance de Dieu. J'enseigne pourtant une sagesse aux chrétiens spirituellement adultes. Mais ce n'est pas la sagesse de ce monde, ni celle des puissances qui règnent sur ce monde et qui sont destinées à la destruction. Non, j'annonce la sagesse secrète de Dieu, cachée aux hommes. Dieu l'avait déjà choisie pour nous faire participer à sa gloire avant la création du monde. Aucune des puissances de ce monde n'a connu cette sagesse. Si elles l'avaient connue, elles n'auraient pas crucifié le Seigneur de la gloire. Mais, comme le déclare l'Écriture: «Ce que nul homme n'a jamais vu ni entendu, ce à quoi nul homme n'a jamais pensé, Dieu l'a préparé pour ceux qui l'aiment.» Or, c'est à nous que Dieu a révélé ce secret par le Saint-Esprit. En effet, l'Esprit peut tout examiner, même les plans de Dieu les plus profondément cachés. Dans le cas d'un homme, seul son propre esprit connaît les pensées qui sont en lui; de même, seul l'Esprit de Dieu connaît les pensées de Dieu. Nous n'avons pas reçu, nous, l'esprit de ce monde; mais nous avons reçu l'Esprit qui vient de Dieu, afin que nous connaissions les dons que Dieu nous a accordés. Et nous en parlons non pas avec le langage qu'enseigne la sagesse humaine, mais avec celui qu'enseigne l'Esprit de Dieu. C'est ainsi que nous expliquons des vérités spirituelles à ceux qui ont en eux cet Esprit. L'homme qui ne compte que sur ses facultés naturelles est incapable d'accueillir les vérités communiquées par l'Esprit de Dieu: elles sont une folie pour lui; il lui est impossible de les comprendre, car on ne peut en juger que par l'Esprit. L'homme qui a l'Esprit de Dieu peut juger de tout, mais personne ne peut le juger. Il est écrit, en effet: «Qui connaît la pensée du Seigneur? Qui peut lui donner des conseils?» Mais nous, nous avons la pensée du Christ. En réalité, frères, je n'ai pas pu vous parler comme à des gens qui ont l'Esprit de Dieu: j'ai dû vous parler comme à des gens de ce monde, comme à des enfants dans la foi chrétienne. C'est du lait que je vous ai donné, non de la nourriture solide, car vous ne l'auriez pas supportée. Et même à présent vous ne le pourriez pas, parce que vous vivez encore comme des gens de ce monde. Du moment qu'il y a de la jalousie et des rivalités entre vous, ne montrez-vous pas que vous êtes des gens de ce monde et que vous vous conduisez d'une façon toute humaine? Quand l'un de vous déclare: «J'appartiens à Paul» et un autre: «J'appartiens à Apollos », n'agissez-vous pas comme n'importe quel être humain? Au fond, qui est Apollos? et qui est Paul? Nous sommes simplement des serviteurs de Dieu, par lesquels vous avez été amenés à croire. Chacun de nous accomplit le devoir que le Seigneur lui a confié: j'ai mis la plante en terre, Apollos l'a arrosée, mais c'est Dieu qui l'a fait croître. Ainsi, celui qui plante et celui qui arrose sont sans importance: seul Dieu compte, lui qui fait croître la plante. Celui qui plante et celui qui arrose sont égaux; Dieu accordera à chacun sa récompense selon son propre travail. Car nous sommes des collaborateurs de Dieu et vous êtes le champ de Dieu. Vous êtes aussi l'édifice de Dieu. Selon le don que Dieu m'a accordé, j'ai travaillé comme un bon entrepreneur et posé les fondations. Maintenant, un autre bâtit dessus. Mais il faut que chacun prenne garde à la manière dont il bâtit. Car les fondations sont déjà en place dans la personne de Jésus-Christ, et nul ne peut en poser d'autres. Certains utiliseront de l'or, de l'argent ou des pierres précieuses pour bâtir sur ces fondations; d'autres utiliseront du bois, du foin ou de la paille. Mais la qualité de l'ouvrage de chacun sera clairement révélée au jour du Jugement. En effet, ce jour se manifestera par le feu, et le feu éprouvera l'ouvrage de chacun pour montrer ce qu'il vaut. Si quelqu'un a édifié un ouvrage qui résiste au feu, il recevra une récompense. Par contre, si l'ouvrage est brûlé, son auteur perdra la récompense; cependant lui-même sera sauvé, mais comme s'il avait passé à travers les flammes d'un incendie. Vous savez sûrement que vous êtes le temple de Dieu et que l'Esprit de Dieu habite en vous. Eh bien, si quelqu'un détruit le temple de Dieu, Dieu détruira le coupable. Car le temple de Dieu est saint, et c'est vous qui êtes son temple. Que personne ne se trompe lui-même: si l'un d'entre vous pense être sage du point de vue de ce monde, qu'il devienne fou afin d'être réellement sage. Car la sagesse à la manière de ce monde est une folie aux yeux de Dieu. En effet, l'Écriture déclare: «Dieu prend les sages au piège de leur propre ruse.» Elle déclare aussi: «Le Seigneur connaît les pensées des sages, il sait qu'elles ne valent rien.» Ainsi, personne ne doit fonder sa fierté sur des hommes. Car tout vous appartient: Paul, Apollos ou Pierre, le monde, la vie, la mort, le présent ou l'avenir, tout est à vous; mais vous, vous appartenez au Christ et le Christ appartient à Dieu. Vous devez donc nous considérer comme des serviteurs du Christ, chargés de gérer les vérités secrètes de Dieu. Tout ce que l'on demande à un gérant, c'est d'être fidèle. Pour ma part, peu importe que je sois jugé par vous ou par un tribunal humain. Je ne me juge pas non plus moi-même. Ma conscience, il est vrai, ne me reproche rien, mais je n'en suis pas justifié pour autant. Le Seigneur est celui qui me juge. C'est pourquoi, ne portez de jugement sur personne avant le moment fixé. Attendez que le Seigneur vienne: il mettra en lumière ce qui est caché dans l'obscurité et révélera les intentions secrètes du cœur des hommes. Alors chacun recevra de Dieu la louange qui lui revient. Frères, j'ai appliqué ce qui précède à Apollos et à moi-même pour votre instruction. J'ai voulu que, par notre exemple, vous appreniez le sens de ce principe: «Il convient de rester dans les limites fixées par ce qui est écrit.» Aucun de vous ne doit être prétentieux en prenant le parti d'un homme contre un autre. Car en quoi penses-tu être supérieur aux autres? Tout ce que tu as, ne l'as-tu pas reçu de Dieu? Puisqu'il en est ainsi, pourquoi te vanter de ce que tu as comme si tu ne l'avais pas reçu? Déjà vous avez tout ce que vous désirez! Déjà vous êtes riches! Vous êtes devenus rois alors que nous ne le sommes pas! Vraiment? J'aimerais bien que vous soyez réellement rois afin que nous aussi nous puissions régner avec vous. En fait, il me semble que Dieu nous a mis, nous les apôtres, à la dernière place: nous sommes comme des condamnés à mort jetés dans l'arène: nous sommes donnés en spectacle au monde entier, aux anges aussi bien qu'aux êtres humains. Nous sommes fous à cause du Christ, mais vous êtes sages dans l'union avec le Christ; nous sommes faibles, mais vous êtes forts; nous sommes méprisés, mais vous êtes honorés! A cette heure encore, nous souffrons de la faim et de la soif, nous manquons de vêtements, nous sommes battus, nous passons d'un endroit à l'autre; nous travaillons durement pour gagner notre pain. Quand on nous insulte, nous bénissons; quand on nous persécute, nous supportons; quand on dit du mal de nous, nous répondons avec bienveillance. On nous considère maintenant encore comme les balayures du monde, comme le déchet de l'humanité. Je vous écris ainsi non pas pour vous faire honte, mais pour vous instruire comme mes très chers enfants. Car même s'il vous arrivait d'avoir dix mille guides dans votre vie avec le Christ, vous ne pouvez avoir qu'un seul père: en effet, quand je vous ai apporté la Bonne Nouvelle, c'est moi qui suis devenu votre père pour votre vie avec Jésus-Christ. Alors, je vous en supplie, suivez mon exemple. A cet effet, je vous envoie Timothée, qui est mon fils aimé et fidèle dans la foi au Seigneur. Il vous rappellera les principes qui me dirigent dans la vie avec Jésus-Christ, tels que je les enseigne partout, dans toutes les Églises. Certains d'entre vous ont fait les prétentieux en pensant que je ne viendrais pas vous voir. Mais si le Seigneur le permet, j'irai bientôt chez vous. Alors je connaîtrai non pas seulement les paroles de ces prétentieux mais ce dont ils sont capables! Car le Royaume de Dieu n'est pas une affaire de paroles mais de puissance. Que préférez-vous? que je vienne à vous avec un bâton, ou avec un cœur plein d'amour et de douceur? On entend dire partout qu'il y a de l'immoralité parmi vous, une immoralité si grave que même les païens ne s'en rendraient pas coupables: on raconte, en effet, que l'un de vous vit avec la femme de son père! Et vous faites encore les prétentieux! Vous devriez au contraire en être affligés, et l'auteur d'une telle action devrait être chassé du milieu de vous. vous devrez alors livrer cet homme à Satan pour que son être pécheur soit détruit, mais qu'il puisse être spirituellement sauvé au jour du Seigneur. Il n'y a pas de quoi vous vanter! Vous le savez bien: «Un peu de levain fait lever toute la pâte.» Purifiez -vous donc! Éliminez ce vieux levain pour que vous deveniez semblables à une pâte nouvelle et sans levain. Vous l'êtes déjà en réalité depuis que le Christ, notre agneau pascal, a été sacrifié. Célébrons donc notre fête, non pas avec du pain fait avec le vieux levain du péché et de l'immoralité, mais avec le pain sans levain de la pureté et de la vérité. Dans ma précédente lettre, je vous ai écrit de ne pas avoir de contact avec ceux qui vivent dans l'immoralité. Je ne visais pas, d'une façon générale, tous ceux qui, dans ce monde, sont immoraux, envieux, voleurs, ou adorateurs d'idoles. Sinon, vous devriez sortir du monde! Je voulais vous dire de ne pas avoir de contact avec quelqu'un qui, tout en se donnant le nom de chrétien, serait immoral, envieux, adorateur d'idoles, calomniateur, ivrogne ou voleur. Vous ne devez pas même partager un repas avec un tel homme. Quand l'un de vous entre en conflit avec un frère, comment ose-t-il demander justice à des juges païens au lieu de s'adresser aux membres de la communauté? Ne savez-vous pas que le peuple de Dieu jugera le monde? Et si vous devez juger le monde, êtes-vous incapables de juger des affaires de peu d'importance? Ne savez-vous pas que nous jugerons les anges? A plus forte raison les affaires de cette vie! Or, quand vous avez des conflits pour des affaires de ce genre, vous allez prendre comme juges des gens qui ne comptent pour rien dans l'Église! Je le dis à votre honte. Il y a sûrement parmi vous au moins un homme sage qui soit capable de régler un conflit entre frères! Alors, faut-il vraiment qu'un frère soit en procès avec un autre et cela devant des juges incroyants? Certes, le fait d'avoir des procès entre vous est déjà la preuve de votre complet échec. Pourquoi ne supportez-vous pas plutôt l'injustice? Pourquoi ne vous laissez-vous pas plutôt dépouiller? Au contraire, c'est vous qui pratiquez l'injustice et qui dépouillez, et vous agissez ainsi envers des frères! Vous savez sûrement que ceux qui font le mal n'auront pas de place dans le Royaume de Dieu. Ne vous y trompez pas: les gens immoraux, adorateurs d'idoles, adultères, pédérastes, voleurs, envieux, ivrognes, calomniateurs ou malhonnêtes, n'auront pas de place dans le Royaume de Dieu. Voilà ce qu'étaient certains d'entre vous. Mais vous avez été purifiés, vous avez été mis à part pour Dieu, vous avez été rendus justes devant Dieu au nom du Seigneur Jésus-Christ et par l'Esprit de notre Dieu. Vous allez jusqu'à dire: «Tout m'est permis.» Oui, cependant tout ne vous est pas bon. Je pourrais dire: «Tout m'est permis», mais je ne vais pas me laisser asservir par quoi que ce soit. Vous dites aussi: «Les aliments sont pour le ventre et le ventre pour les aliments.» Oui, cependant Dieu détruira les uns comme l'autre. Mais le corps humain, lui, n'est pas fait pour l'immoralité: il est pour le Seigneur et le Seigneur est pour le corps. Dieu a ramené le Seigneur à la vie et il nous ramènera de la mort à la vie par sa puissance. Vous savez que vos corps sont des parties du corps du Christ. Vais-je donc prendre une partie du corps du Christ pour en faire une partie du corps d'une prostituée? Certainement pas! Ou bien ne savez-vous pas que l'homme qui s'unit à une prostituée devient avec elle un seul corps? Il est écrit, en effet: «Les deux deviendront un seul être.» Mais celui qui s'unit au Seigneur devient spirituellement un avec lui. Fuyez l'immoralité! Tout autre péché commis par l'homme reste extérieur à son corps; mais l'homme qui se livre à l'immoralité pèche contre son propre corps. Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit, cet Esprit qui est en vous et que Dieu vous a donné? Vous ne vous appartenez pas: Dieu vous a acquis, il a payé le prix pour cela. Mettez donc votre corps lui-même au service de la gloire de Dieu. Passons maintenant aux sujets dont vous m'avez parlé dans votre lettre. Il est bon pour un homme de ne pas se marier. Cependant, en raison de l'immoralité si répandue, il vaut mieux que chaque homme ait sa femme et que chaque femme ait son mari. Le mari doit remplir son devoir d'époux envers sa femme et la femme, de même, doit remplir son devoir d'épouse envers son mari. La femme ne peut pas faire ce qu'elle veut de son propre corps: son corps est à son mari; de même, le mari ne peut pas faire ce qu'il veut de son propre corps: son corps est à sa femme. Ne vous refusez pas l'un à l'autre, à moins que, d'un commun accord, vous n'agissiez ainsi momentanément pour vous consacrer à la prière; mais ensuite, reprenez une vie conjugale normale, sinon vous risqueriez de ne plus pouvoir vous maîtriser et de céder aux tentations de Satan. Ce que je vous dis là n'est pas un ordre, mais une concession. En réalité, je préférerais que tout le monde soit célibataire comme moi; mais chacun a le don particulier que Dieu lui a accordé, l'un ce don-ci, l'autre ce don-là. Voici ce que je déclare aux célibataires et aux veuves: il serait bon pour vous que vous continuiez à vivre seuls, comme moi. Mais si vous ne pouvez pas vous maîtriser, mariez-vous: il vaut mieux se marier que de brûler de désir. A ceux qui sont mariés, je donne cet ordre (qui ne vient pas de moi, mais du Seigneur): la femme ne doit pas se séparer de son mari, – au cas où elle en serait séparée, qu'elle ne se remarie pas, ou bien qu'elle se réconcilie avec son mari – et un mari ne doit pas renvoyer sa femme. Aux autres, voici ce que je dis (moi-même, et non le Seigneur): si un mari chrétien a une femme non croyante et qu'elle soit d'accord de continuer à vivre avec lui, il ne doit pas la renvoyer; de même, si une femme chrétienne a un mari non croyant et qu'il soit d'accord de continuer à vivre avec elle, elle ne doit pas le renvoyer. En effet, le mari non croyant est proche de Dieu à cause de son union avec sa femme; de même, la femme non croyante est proche de Dieu à cause de son union avec son mari chrétien. Autrement, vos enfants seraient considérés comme impurs, alors que, en réalité, ils sont proches de Dieu. Cependant, si celui qui n'est pas croyant veut se séparer de son conjoint chrétien, qu'on le laisse agir ainsi. Dans un tel cas le conjoint chrétien, que ce soit l'époux ou l'épouse, est libre, car Dieu vous a appelés à vivre en paix. Comment pourrais-tu être sûre, toi, femme chrétienne, que tu sauveras ton mari? Ou comment pourrais-tu être sûr, toi, mari chrétien, que tu sauveras ta femme? Ce cas excepté, il faut que chacun continue à vivre conformément au don que le Seigneur lui a accordé et conformément à ce qu'il était quand Dieu l'a appelé. Telle est la règle que j'établis dans toutes les Églises. Si un homme était circoncis lorsque Dieu l'a appelé, il ne doit pas chercher à dissimuler sa circoncision; si un autre était incirconcis lorsque Dieu l'a appelé, il ne doit pas se faire circoncire. Être circoncis ou ne pas l'être n'a pas d'importance: ce qui importe, c'est d'obéir aux commandements de Dieu. Il faut que chacun demeure dans la condition où il était lorsque Dieu l'a appelé. Étais-tu esclave quand Dieu t'a appelé? Ne t'en inquiète pas; mais si une occasion se présente pour toi de devenir libre, profites-en. Car l'esclave qui a été appelé par le Seigneur est un homme libéré qui dépend du Seigneur; de même, l'homme libre qui a été appelé par le Christ est son esclave. Dieu vous a acquis, il a payé le prix pour cela; ne devenez donc pas esclaves des hommes. Oui, frères, il faut que chacun demeure devant Dieu dans la condition où il était lorsqu'il a été appelé. En ce qui concerne les personnes non mariées, je n'ai pas d'ordre du Seigneur; mais je donne mon opinion en homme qui, grâce à la bonté du Seigneur, est digne de confiance. En raison de la détresse présente, voici ce que je pense: il est bon pour chacun de demeurer comme il est. As-tu une femme? Alors, ne cherche pas à t'en séparer. N'es-tu pas marié? Alors, ne cherche pas de femme. Cependant, si tu te maries, tu ne commets pas de péché; et si une jeune fille se marie, elle ne commet pas de péché. Mais ceux qui se marient auront des tracas dans leur vie quotidienne, et je voudrais vous les épargner. Voici ce que je veux dire, frères: il reste peu de temps; dès maintenant, il faut que les hommes mariés vivent comme s'ils n'étaient pas mariés, ceux qui pleurent comme s'ils n'étaient pas tristes, ceux qui rient comme s'ils n'étaient pas joyeux, ceux qui achètent comme s'ils ne possédaient pas ce qu'ils ont acheté, ceux qui usent des biens de ce monde comme s'ils n'en usaient pas. Car ce monde, tel qu'il est, ne durera plus très longtemps. J'aimerais que vous soyez libres de tout souci. Celui qui n'est pas marié se préoccupe des affaires du Seigneur, il cherche à plaire au Seigneur; mais celui qui est marié se préoccupe des affaires du monde, il cherche à plaire à sa femme, et il est ainsi partagé entre deux préoccupations. De même, une femme qui n'est pas mariée ou une jeune fille se préoccupe des affaires du Seigneur, car elle désire être à lui dans tout ce qu'elle fait et pense; mais celle qui est mariée se préoccupe des affaires du monde, elle cherche à plaire à son mari. Je dis cela pour votre bien et non pour vous imposer une contrainte; je désire que vous fassiez ce qui convient le mieux, en demeurant totalement attachés au service du Seigneur. Maintenant, si un jeune homme pense qu'il cause du tort à sa fiancée en ne l'épousant pas, s'il est dominé par le désir et estime qu'ils devraient se marier, eh bien, qu'ils se marient, comme il le veut; il ne commet pas de péché. Par contre, si le jeune homme, sans subir de contrainte, a pris intérieurement la ferme résolution de ne pas se marier, s'il est capable de dominer sa volonté et a décidé en lui-même de ne pas avoir de relations avec sa fiancée, il fait bien. Ainsi, celui qui épouse sa fiancée fait bien, mais celui qui y renonce fait mieux encore. Une femme est liée à son mari aussi longtemps qu'il vit; mais si son mari meurt, elle est libre d'épouser qui elle veut, à condition que ce soit un mariage chrétien. Pourtant, elle sera plus heureuse si elle demeure comme elle est. C'est là mon opinion et j'estime avoir, moi aussi, l'Esprit de Dieu. Examinons maintenant la question de la viande provenant de sacrifices offerts aux idoles: Il est vrai que «nous avons tous la connaissance», comme vous le dites. Mais cette connaissance rend l'homme prétentieux, tandis que l'amour renforce la communauté. Celui qui s'imagine connaître quelque chose ne connaît pas encore comme il devrait connaître. Mais celui qui aime Dieu est connu par lui. La question est donc la suivante: peut-on manger de la viande provenant de sacrifices offerts aux idoles? Nous savons bien qu'une idole ne représente rien de réel dans le monde et qu'il n'y a qu'un seul Dieu. Même s'il y a de prétendus dieux au ciel et sur la terre – et, en fait, il y a beaucoup de «dieux» et de «seigneurs » –, il n'en est pas moins vrai que pour nous il n'y a qu'un seul Dieu, le Père, qui a créé toutes choses et pour qui nous vivons; il n'y a également qu'un seul Seigneur, Jésus-Christ, par qui toutes choses existent et par qui nous vivons. Mais tous ne connaissent pas cette vérité. Certains ont été tellement habitués aux idoles que, maintenant encore, ils mangent la viande des sacrifices comme si elle appartenait à une idole; leur conscience est faible et ils se sentent souillés par cette viande. Ce n'est pourtant pas un aliment qui nous rapprochera de Dieu: nous ne perdrons rien si nous n'en mangeons pas, et nous ne gagnerons rien non plus si nous en mangeons. Cependant, prenez garde que la liberté avec laquelle vous agissez n'entraîne dans l'erreur ceux qui sont faibles dans la foi. En effet, si quelqu'un de faible te voit, toi qui as la «connaissance», en train de manger dans le temple d'une idole, ne se sentira-t-il pas encouragé dans sa conscience à manger de la viande offerte aux idoles? Et ainsi ce faible, ce frère pour qui le Christ est mort, va se perdre à cause de ta «connaissance»! En péchant de cette façon contre vos frères et en blessant leur conscience qui est faible, vous péchez contre le Christ lui-même. C'est pourquoi, si un aliment entraîne mon frère dans l'erreur, je ne mangerai plus jamais de viande afin de ne pas égarer mon frère. Ne suis-je pas libre? Ne suis-je pas apôtre? N'ai-je pas vu Jésus notre Seigneur? N'êtes-vous pas le résultat de mon activité au service du Seigneur? Même si d'autres refusent de me reconnaître comme apôtre, pour vous je le suis certainement. En effet, puisque vous êtes unis au Seigneur, vous êtes vous-mêmes la preuve que je suis apôtre. Voici comment je me défends contre ceux qui me critiquent: N'aurais-je pas le droit de recevoir nourriture et boisson pour mon travail? N'aurais-je pas le droit d'emmener avec moi une épouse chrétienne, comme le font les apôtres, les frères du Seigneur et Pierre? Ou bien serions-nous les seuls, Barnabas et moi, à devoir travailler pour gagner notre vie? Avez-vous jamais entendu dire qu'un soldat serve dans l'armée à ses propres frais? ou qu'un homme ne mange pas du raisin de la vigne qu'il a plantée? ou qu'un berger ne prenne pas de lait du troupeau dont il s'occupe? Mais je ne me fonde pas seulement sur des exemples tirés de la vie courante, car la loi de Moïse dit la même chose. Il est en effet écrit dans cette loi: «Vous ne mettrez pas une muselière à un bœuf qui foule le blé.» Dieu s'inquiète-t-il des bœufs? N'est-ce pas en réalité pour nous qu'il a parlé ainsi? Assurément, cette parole a été écrite pour nous. Il faut que celui qui laboure et celui qui bat le blé le fassent avec l'espoir d'obtenir leur part de la récolte. Nous avons semé en vous une semence spirituelle: serait-il alors excessif que nous récoltions une part de vos biens matériels? Si d'autres ont ce droit sur vous, ne l'avons-nous pas à plus forte raison? Cependant, nous n'avons pas usé de ce droit. Au contraire, nous avons tout supporté pour ne pas placer d'obstacle sur le chemin de la Bonne Nouvelle du Christ. Vous savez sûrement que ceux qui sont en fonction dans le temple reçoivent leur nourriture du temple, et que ceux qui présentent les sacrifices sur l'autel reçoivent leur part de ces sacrifices. De même, le Seigneur a ordonné que ceux qui annoncent la Bonne Nouvelle vivent de cette activité. Mais je n'ai usé d'aucun de ces droits, et je n'écris pas cela pour demander à en profiter. J'aimerais mieux mourir! Personne ne m'enlèvera ce sujet de fierté! Je n'ai pas à me vanter d'annoncer la Bonne Nouvelle. C'est en effet une obligation qui m'est imposée, et malheur à moi si je n'annonce pas la Bonne Nouvelle. Si j'avais choisi moi-même cette tâche, j'aurais droit à un salaire; mais puisqu'elle m'est imposée, je m'acquitte simplement de la charge qui m'est confiée. Quel est alors mon salaire? C'est la satisfaction d'annoncer la Bonne Nouvelle gratuitement, sans user des droits que me confère la prédication de cette Bonne Nouvelle. Je suis libre, je ne suis l'esclave de personne; cependant je me suis fait l'esclave de tous afin d'en gagner le plus grand nombre possible au Christ. Lorsque j'ai affaire aux Juifs, je vis comme un Juif, afin de les gagner; bien que je ne sois pas soumis à la loi de Moïse, je vis comme si je l'étais lorsque j'ai affaire à ceux qui sont soumis à cette loi, afin de les gagner. De même, lorsque je suis avec ceux qui ignorent la loi de Moïse, je vis comme eux, sans tenir compte de cette loi, afin de les gagner. Cela ne veut pas dire que je suis indifférent à la loi de Dieu, car je suis soumis à la loi du Christ. Avec ceux qui sont faibles dans la foi, je vis comme si j'étais faible moi-même, afin de les gagner. Ainsi, je me fais tout à tous afin d'en sauver de toute manière quelques-uns. Je fais tout cela pour la Bonne Nouvelle, afin d'avoir part aux biens qu'elle promet. Vous savez sûrement que les coureurs dans le stade courent tous, mais qu'un seul remporte le prix. Courez donc de manière à remporter le prix. Tous les athlètes à l'entraînement s'imposent une discipline sévère. Ils le font pour gagner une couronne qui se fane vite; mais nous, nous le faisons pour gagner une couronne qui ne se fanera jamais. C'est pourquoi je cours les yeux fixés sur le but; c'est pourquoi je suis semblable au boxeur qui ne frappe pas au hasard. Je traite durement mon corps et je le maîtrise sévèrement, afin de ne pas être moi-même disqualifié après avoir prêché aux autres. Je veux que vous vous rappeliez, frères, ce qui est arrivé à nos ancêtres du temps de Moïse. Ils ont tous été sous la protection du nuage et ils ont tous passé à travers la mer Rouge. Dans le nuage et dans la mer, ils ont tous été baptisés en communion avec Moïse. Ils ont tous mangé la même nourriture spirituelle et ils ont tous bu la même boisson spirituelle: ils buvaient en effet au rocher spirituel qui les accompagnait, et ce rocher était le Christ. Pourtant, la plupart d'entre eux ne furent pas agréables à Dieu et c'est pourquoi ils tombèrent morts dans le désert. Ces événements nous servent d'exemples, pour que nous n'ayons pas de mauvais désirs comme ils en ont eu. Ne vous mettez pas à adorer des idoles comme certains d'entre eux l'ont fait. Ainsi que le déclare l'Écriture: «Les gens s'assirent pour manger et boire, puis ils se levèrent pour se divertir.» Ne nous livrons pas non plus à la débauche, comme certains d'entre eux l'ont fait et vingt-trois mille personnes tombèrent mortes en un seul jour. Ne mettons pas le Christ à l'épreuve, comme certains d'entre eux l'ont fait et ils moururent de la morsure des serpents. Enfin, ne vous plaignez pas, comme certains d'entre eux l'ont fait et ils furent exterminés par l'ange de la mort. Ces malheurs leur arrivèrent pour servir d'exemple à d'autres; ils ont été mis par écrit pour nous avertir, car nous vivons en un temps proche de la fin. Par conséquent, que celui qui pense être debout prenne garde de ne pas tomber. Les tentations que vous avez connues ont toutes été de celles qui se présentent normalement aux hommes. Dieu est fidèle à ses promesses et il ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces; mais, au moment où surviendra la tentation, il vous donnera la force de la supporter et, ainsi, le moyen d'en sortir. C'est pourquoi, mes chers amis, gardez-vous du culte des idoles. Je vous parle comme à des personnes raisonnables; jugez vous-mêmes de ce que je dis. Pensez à la coupe de la Cène pour laquelle nous remercions Dieu: lorsque nous en buvons, ne nous met-elle pas en communion avec le sang du Christ? Et le pain que nous rompons: lorsque nous en mangeons, ne nous met-il pas en communion avec le corps du Christ? Il y a un seul pain; aussi, bien que nous soyons nombreux, nous formons un seul corps, car nous avons tous part au même pain. Voyez le peuple d'Israël: ceux qui mangent les victimes sacrifiées sont en communion avec Dieu auquel l'autel est consacré. Est-ce que je veux dire par là qu'une idole ou que la viande qui lui est offerte en sacrifice ont une valeur quelconque? Non, mais j'affirme que ce que les païens sacrifient est offert aux démons et non à Dieu. Or, je ne veux pas que vous soyez en communion avec des démons. Vous ne pouvez pas boire à la fois à la coupe du Seigneur et à la coupe des démons; vous ne pouvez pas manger à la fois à la table du Seigneur et à la table des démons. Ou bien voulons-nous susciter la jalousie du Seigneur? Pensez-vous que nous soyons plus forts que lui? «Tout est permis», dites-vous. Oui, cependant tout n'est pas bon. «Tout est permis», cependant tout n'est pas utile pour la communauté. Que personne ne cherche son propre intérêt, mais plutôt celui des autres. Vous êtes libres de manger tout ce qui se vend au marché de la viande sans avoir à poser des questions par motif de conscience; car, comme il est écrit, «c'est au Seigneur qu'appartient la terre avec tout ce qu'elle contient ». Si un non-croyant vous invite à un repas et que vous acceptiez d'y aller, mangez de tout ce qu'on vous servira, sans poser de question par motif de conscience. Mais si quelqu'un vous dit: «Cette viande provient d'un sacrifice offert aux idoles», alors n'en mangez pas, à cause de celui qui a fait cette remarque et par motif de conscience – je parle ici non pas de votre conscience, mais de celle de l'autre. «Mais pourquoi, demandera-t-on, ma liberté devrait-elle être limitée par la conscience de quelqu'un d'autre? Si je remercie Dieu pour ce que je mange, pourquoi me critiquerait-on au sujet de cette nourriture pour laquelle j'ai dit merci?» Ainsi, que vous mangiez, que vous buviez, ou que vous fassiez quoi que ce soit, faites tout pour la gloire de Dieu. Vivez de façon à ne scandaliser ni les Juifs, ni les non-Juifs, ni l'Église de Dieu. Comportez-vous comme moi: je m'efforce de plaire à tous en toutes choses; je ne cherche pas mon propre bien, mais le bien d'une multitude de gens, afin qu'ils soient sauvés. Suivez mon exemple, comme je suis l'exemple du Christ. Je vous félicite: vous vous souvenez de moi en toute occasion et vous suivez les instructions que je vous ai transmises. Cependant, je veux que vous compreniez ceci: le Christ est le chef de tout homme, le mari est le chef de sa femme, et Dieu est le chef du Christ. Si donc, pendant le culte, un homme a la tête couverte lorsqu'il prie ou donne des messages reçus de Dieu, il déshonore le Christ. Mais si une femme est tête nue lorsqu'elle prie ou donne des messages reçus de Dieu, elle déshonore son mari; elle est comme une femme aux cheveux tondus. Si une femme ne se couvre pas la tête, elle pourrait tout aussi bien se couper la chevelure! Mais puisqu'il est honteux pour une femme de se couper les cheveux ou de les tondre, il faut alors qu'elle se couvre la tête. L'homme n'a pas besoin de se couvrir la tête, parce qu'il reflète l'image et la gloire de Dieu. Mais la femme reflète la gloire de l'homme; en effet, l'homme n'a pas été créé à partir de la femme, mais c'est la femme qui a été créée à partir de l'homme. Et l'homme n'a pas été créé pour la femme, mais c'est la femme qui a été créée pour l'homme. C'est pourquoi, à cause des anges, la femme doit avoir sur la tête un signe marquant ses responsabilités. Cependant, dans notre vie avec le Seigneur, la femme n'est pas indépendante de l'homme et l'homme n'est pas indépendant de la femme. Car de même que la femme a été créée à partir de l'homme, de même l'homme naît de la femme, et tout vient de Dieu. Jugez-en vous-mêmes: est-il convenable qu'une femme soit tête nue lorsqu'elle prie Dieu pendant le culte? La nature elle-même vous enseigne qu'il est indécent pour l'homme de porter les cheveux longs, tandis que c'est un honneur pour la femme de les porter ainsi. En effet, les cheveux longs ont été donnés à la femme pour lui servir de voile. Mais si quelqu'un désire encore discuter à ce sujet, qu'il sache simplement ceci: ni les Églises de Dieu, ni nous-mêmes n'avons d'autre coutume dans le culte. En passant aux remarques qui suivent, je ne peux pas vous féliciter, car vos réunions vous font plus de mal que de bien. Tout d'abord, on m'a dit que lorsque vous tenez des assemblées, il y a parmi vous des groupes rivaux, – et je le crois en partie. Il faut bien qu'il y ait des divisions parmi vous pour qu'on puisse reconnaître ceux d'entre vous qui sont vraiment fidèles. – Quand vous vous réunissez, ce n'est pas le repas du Seigneur que vous prenez: en effet, dès que vous êtes à table, chacun se hâte de prendre son propre repas, de sorte que certains ont faim tandis que d'autres s'enivrent. N'avez-vous pas vos maisons pour y manger et y boire? Ou bien méprisez-vous l'Église de Dieu et voulez-vous humilier ceux qui n'ont rien? Qu'attendez-vous que je vous dise? Faut-il que je vous félicite? Non, je ne peux vraiment pas vous féliciter à ce sujet! En effet, voici l'enseignement que j'ai reçu du Seigneur et que je vous ai transmis: Le Seigneur Jésus, dans la nuit où il fut livré, prit du pain et, après avoir remercié Dieu, il le rompit et dit: «Ceci est mon corps, qui est pour vous. Faites ceci en mémoire de moi.» De même, il prit la coupe après le repas et dit: «Cette coupe est la nouvelle alliance de Dieu, garantie par mon sang. Toutes les fois que vous en boirez, faites-le en mémoire de moi.» En effet, jusqu'à ce que le Seigneur vienne, vous annoncez sa mort toutes les fois que vous mangez de ce pain et que vous buvez de cette coupe. C'est pourquoi, celui qui mange le pain du Seigneur ou boit de sa coupe de façon indigne, se rend coupable de péché envers le corps et le sang du Seigneur. Que chacun donc s'examine soi-même et qu'il mange alors de ce pain et boive de cette coupe; car si quelqu'un mange du pain et boit de la coupe sans reconnaître leur relation avec le corps du Seigneur, il attire ainsi le jugement sur lui-même. C'est pour cette raison que beaucoup d'entre vous sont malades et faibles, et que plusieurs sont morts. Si nous commencions par nous examiner nous-mêmes, nous éviterions de tomber sous le jugement de Dieu. Mais nous sommes jugés et corrigés par le Seigneur afin que nous ne soyons pas condamnés avec le monde. Ainsi, mes frères, lorsque vous vous réunissez pour prendre le repas du Seigneur, attendez-vous les uns les autres. Si quelqu'un a faim, qu'il mange chez lui, afin que vous n'attiriez pas le jugement de Dieu sur vous dans vos réunions. Quant aux autres questions, je les réglerai quand je serai arrivé chez vous. Parlons maintenant des dons du Saint-Esprit: Frères, je désire que vous connaissiez la vérité à propos de ces dons. Vous savez que lorsque vous étiez encore païens, vous étiez entraînés irrésistiblement vers les idoles muettes. C'est pourquoi je tiens à vous l'affirmer: aucun être guidé par l'Esprit de Dieu ne peut s'écrier: «Maudit soit Jésus!», et personne ne peut déclarer: «Jésus est le Seigneur!», s'il n'est pas guidé par le Saint-Esprit. Il y a diverses sortes de dons spirituels, mais c'est le même Esprit qui les accorde. Il y a diverses façons de servir, mais c'est le même Seigneur que l'on sert. Il y a diverses activités, mais c'est le même Dieu qui les produit toutes en tous. En chacun l'Esprit Saint se manifeste par un don pour le bien de tous. L'Esprit donne à l'un de parler selon la sagesse, et à un autre le même Esprit donne de parler selon la connaissance. Ce seul et même Esprit donne à l'un une foi exceptionnelle et à un autre le pouvoir de guérir les malades. L'Esprit accorde à l'un de pouvoir accomplir des miracles, à un autre le don de transmettre des messages reçus de Dieu, à un autre encore la capacité de distinguer les faux esprits du véritable Esprit. A l'un il donne la possibilité de parler en des langues inconnues et à un autre la possibilité d'interpréter ces langues. C'est le seul et même Esprit qui produit tout cela; il accorde à chacun un don différent, comme il le veut. Eh bien, le Christ est semblable à un corps qui se compose de plusieurs parties. Toutes ses parties, bien que nombreuses, forment un seul corps. Et nous tous, Juifs ou non-Juifs, esclaves ou hommes libres, nous avons été baptisés pour former un seul corps par le même Esprit Saint et nous avons tous eu à boire de ce seul Esprit. Le corps ne se compose pas d'une seule partie, mais de plusieurs. Si le pied disait: «Je ne suis pas une main, donc je n'appartiens pas au corps», il ne cesserait pas pour autant d'être une partie du corps. Et si l'oreille disait: «Je ne suis pas un œil, donc je n'appartiens pas au corps», elle ne cesserait pas pour autant d'être une partie du corps. Si tout le corps n'était qu'un œil, comment pourrait-il entendre? Et s'il n'était qu'une oreille, comment pourrait-il sentir les odeurs? En réalité, Dieu a disposé chacune des parties du corps comme il l'a voulu. Il n'y aurait pas de corps s'il ne se trouvait en tout qu'une seule partie! En fait, il y a plusieurs parties et un seul corps. L'œil ne peut donc pas dire à la main: «Je n'ai pas besoin de toi!» Et la tête ne peut pas dire non plus aux pieds: «Je n'ai pas besoin de vous!» Bien plus, les parties du corps qui paraissent les plus faibles sont indispensables; celles que nous estimons le moins, nous les entourons de plus de soin que les autres; celles dont il est indécent de parler sont traitées avec des égards particuliers qu'il n'est pas nécessaire d'accorder aux parties plus convenables de notre corps. Dieu a disposé le corps de manière à donner plus d'honneur aux parties qui en manquent: ainsi, il n'y a pas de division dans le corps, mais les différentes parties ont toutes un égal souci les unes des autres. Si une partie du corps souffre, toutes les autres souffrent avec elle; si une partie est honorée, toutes les autres s'en réjouissent avec elle. Or, vous êtes le corps du Christ, et chacun de vous est une partie de ce corps. C'est ainsi que, dans l'Église, Dieu a établi premièrement des apôtres, deuxièmement des prophètes et troisièmement des enseignants; ensuite, il y a ceux qui accomplissent des miracles, puis ceux qui peuvent guérir les malades, ceux qui ont le don d'aider ou de diriger les autres, ou encore de parler en des langues inconnues. Tous ne sont pas apôtres, ou prophètes, ou enseignants. Tous n'ont pas le don d'accomplir des miracles, ou de guérir les malades, ou de parler en des langues inconnues ou d'interpréter ces langues. Ainsi, désirez les dons les plus importants. Mais je vais vous montrer maintenant le chemin qui est supérieur à tout. Supposons que je parle les langues des hommes et même celles des anges: si je n'ai pas d'amour, je ne suis rien de plus qu'un métal qui résonne ou qu'une cymbale bruyante. Je pourrais transmettre des messages reçus de Dieu, posséder toute la connaissance et comprendre tous les mystères, je pourrais avoir la foi capable de déplacer des montagnes, si je n'ai pas d'amour, je ne suis rien. Je pourrais distribuer tous mes biens aux affamés et même livrer mon corps aux flammes, si je n'ai pas d'amour, cela ne me sert à rien. Qui aime est patient et bon, il n'est pas envieux, ne se vante pas et n'est pas prétentieux; qui aime ne fait rien de honteux, n'est pas égoïste, ne s'irrite pas et n'éprouve pas de rancune; qui aime ne se réjouit pas du mal, il se réjouit de la vérité. Qui aime supporte tout et garde en toute circonstance la foi, l'espérance et la patience. L'amour est éternel. Les messages divins cesseront un jour, le don de parler en des langues inconnues prendra fin, la connaissance disparaîtra. En effet, notre connaissance est incomplète et notre annonce des messages divins est limitée; mais quand viendra la perfection, ce qui est incomplet disparaîtra. Lorsque j'étais enfant, je parlais, pensais et raisonnais comme un enfant; mais une fois devenu adulte, j'ai abandonné tout ce qui est propre à l'enfant. A présent, nous ne voyons qu'une image confuse, pareille à celle d'un vieux miroir; mais alors, nous verrons face à face. A présent, je ne connais qu'incomplètement; mais alors, je connaîtrai Dieu complètement, comme lui-même me connaît. Maintenant, ces trois choses demeurent: la foi, l'espérance et l'amour; mais la plus grande des trois est l'amour. Cherchez donc avant tout à recevoir l'amour. Désirez aussi les dons spirituels, surtout celui de transmettre les messages reçus de Dieu. Celui qui parle en des langues inconnues ne parle pas aux hommes mais à Dieu, car personne ne le comprend. Par la puissance de l'Esprit, il exprime des vérités mystérieuses. Mais celui qui transmet des messages divins parle aux autres pour les faire progresser dans la foi, pour les encourager et pour les consoler. Celui qui parle en des langues inconnues est seul à en tirer profit, tandis que celui qui transmet des messages divins en fait profiter l'Église entière. Je veux bien que vous parliez tous en des langues inconnues, mais je désire encore plus que vous puissiez transmettre des messages divins. En effet, celui qui donne de tels messages est plus utile que celui qui parle en des langues inconnues, à moins que quelqu'un ne soit capable d'expliquer ce qu'il dit afin que l'Église entière en profite. Ainsi, frères, je vous le demande: quand je viendrai chez vous, si je vous parle en des langues inconnues, en quoi vous serai-je utile? A rien, à moins que je ne vous communique une révélation, une connaissance, un message divin, ou encore un enseignement. Prenons l'exemple d'instruments de musique comme la flûte ou la harpe: si les notes ne sont pas données distinctement, comment reconnaîtra-t-on la mélodie jouée sur l'un ou l'autre de ces instruments? Et si le joueur de trompette ne fait pas retentir un appel clair, qui se préparera au combat? De même, comment pourra-t-on comprendre de quoi vous parlez si le message que vous exprimez au moyen de langues inconnues n'est pas clair? Vous parlerez pour le vent! Il y a bien des langues différentes dans le monde, mais aucune d'entre elles n'est dépourvue de sens. Cependant, si je ne connais pas une langue, celui qui la parle sera un étranger pour moi et moi un étranger pour lui. Ainsi, puisque vous désirez avec ardeur les dons de l'Esprit, cherchez à être riches surtout de ceux qui font progresser l'Église. Par conséquent, celui qui parle en des langues inconnues doit demander à Dieu le don d'interpréter ces langues. Car si je prie dans de telles langues, mon esprit est bien en prière, mais mon intelligence demeure inactive. Que vais-je donc faire? Je prierai avec mon esprit, mais je prierai aussi avec mon intelligence; je chanterai avec mon esprit, mais je chanterai aussi avec mon intelligence. En effet, si tu remercies Dieu uniquement en esprit, comment celui qui est un simple auditeur dans l'assemblée pourra-t-il répondre « Amen » à ta prière de reconnaissance? Il ne sait vraiment pas ce que tu dis. Même si ta prière de reconnaissance est très belle, l'autre n'en tire aucun profit. Je remercie Dieu de ce que je parle en des langues inconnues plus que vous tous. Mais, devant l'Église assemblée, je préfère dire cinq mots compréhensibles, afin d'instruire les autres, plutôt que de prononcer des milliers de mots en langues inconnues. Frères, ne raisonnez pas comme des enfants; soyez des enfants par rapport au mal, mais soyez des adultes quant à la façon de raisonner. Voici ce que déclare l'Écriture: «C'est par des hommes de langue étrangère que je m'adresserai à ce peuple, dit le Seigneur, je leur parlerai par la bouche d'étrangers. Même alors ils ne voudront pas m'entendre.» Ainsi, le don de parler en langues inconnues est un signe pour les non-croyants, mais non pour les croyants; inversement, le don de transmettre des messages divins est un signe pour les croyants, mais non pour les non-croyants. Supposons donc que l'Église entière s'assemble et que tous se mettent à parler en des langues inconnues: si de simples auditeurs ou des non-croyants entrent là où vous vous trouvez, ne diront-ils pas que vous êtes fous? Mais si tous transmettent des messages divins et qu'il entre un non-croyant ou un simple auditeur, il sera convaincu de son péché à cause de ce qu'il entend. Il sera jugé par tout ce qu'il entend et ses pensées secrètes seront mises en pleine lumière. Alors, il se courbera le visage contre terre et adorera Dieu en déclarant: «Dieu est vraiment parmi vous!» Que faut-il en conclure, frères? Lorsque vous vous réunissez pour le culte, l'un de vous peut chanter un cantique, un autre apporter un enseignement, un autre une révélation, un autre un message en langues inconnues et un autre encore l'interprétation de ce message: tout cela doit aider l'Église à progresser. Si l'on se met à parler en des langues inconnues, il faut que deux ou trois au plus le fassent, chacun à son tour, et que quelqu'un interprète ce qu'ils disent. S'il ne se trouve personne pour les interpréter, que chacun d'eux renonce alors à s'exprimer à haute voix dans l'assemblée: qu'il parle seulement à lui-même et à Dieu. Quant à ceux qui reçoivent des messages divins, que deux ou trois prennent la parole et que les autres jugent de ce qu'ils disent. Mais si une autre personne présente reçoit une révélation de Dieu, il faut que celui qui parle s'interrompe. Vous pouvez tous donner, l'un après l'autre, des messages divins, afin que tous soient instruits et encouragés. Ceux qui transmettent de tels messages doivent rester maîtres du don qui leur est accordé, car Dieu n'est pas un Dieu qui suscite le désordre, mais qui crée la paix. Comme dans toutes les communautés chrétiennes, il faut que les femmes gardent le silence dans les assemblées: il ne leur est pas permis d'y parler. Comme le dit la loi de Dieu, elles doivent être soumises. Si elles désirent un renseignement, qu'elles interrogent leur mari à la maison. Il n'est pas convenable pour une femme de parler dans une assemblée. Ou bien serait-ce de chez vous que la Parole de Dieu est venue? ou serait-ce à vous seuls qu'elle est parvenue? Si quelqu'un pense être messager de Dieu ou pense avoir un don spirituel, il doit reconnaître dans ce que je vous écris un commandement du Seigneur. Mais s'il ne le reconnaît pas, qu'on ne tienne pas compte de lui. Ainsi, mes frères, cherchez avant tout à transmettre des messages divins, mais n'interdisez pas de parler en des langues inconnues. Seulement, que tout se fasse avec dignité et ordre. Frères, je désire vous rappeler maintenant la Bonne Nouvelle que je vous ai annoncée, que vous avez reçue et à laquelle vous êtes fermement attachés. C'est par elle que vous êtes sauvés, si vous la retenez telle que je vous l'ai annoncée; autrement, vous auriez cru inutilement. Je vous ai transmis avant tout cet enseignement que j'ai reçu moi-même: le Christ est mort pour nos péchés, comme l'avaient annoncé les Écritures; il a été mis au tombeau et il est revenu à la vie le troisième jour, comme l'avaient annoncé les Écritures; il est apparu à Pierre, puis aux douze apôtres. Ensuite, il est apparu à plus de cinq cents de ses disciples à la fois – la plupart d'entre eux sont encore vivants, mais quelques-uns sont morts. Ensuite, il est apparu à Jacques, puis à tous les apôtres. Enfin, après eux tous, il m'est aussi apparu à moi, bien que je sois pareil à un être né avant terme. Je suis en effet le moindre des apôtres – à vrai dire, je ne mérite même pas d'être appelé apôtre –, car j'ai persécuté l'Église de Dieu. Mais par la grâce de Dieu je suis ce que je suis, et la grâce qu'il m'a accordée n'a pas été inefficace: au contraire, j'ai travaillé plus que tous les autres apôtres – non pas moi, en réalité, mais la grâce de Dieu qui agit en moi. Ainsi, que ce soit moi, que ce soit eux, voilà ce que nous prêchons, voilà ce que vous avez cru. Nous prêchons donc que le Christ est revenu d'entre les morts: comment alors quelques-uns d'entre vous peuvent-ils dire que les morts ne se relèveront pas? Si tel est le cas, le Christ n'est pas non plus ressuscité; et si le Christ n'est pas ressuscité, nous n'avons rien à prêcher et vous n'avez rien à croire. De plus, il se trouve que nous sommes de faux témoins de Dieu puisque nous avons certifié qu'il a ressuscité le Christ; or, il ne l'a pas fait, s'il est vrai que les morts ne ressuscitent pas. Car si les morts ne ressuscitent pas, le Christ non plus n'est pas ressuscité. Et si le Christ n'est pas ressuscité, votre foi est une illusion et vous êtes encore en plein dans vos péchés. Il en résulte aussi que ceux qui sont morts en croyant au Christ sont perdus. Si nous avons mis notre espérance dans le Christ uniquement pour cette vie, alors nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes. Mais, en réalité, le Christ est revenu d'entre les morts, en donnant ainsi la garantie que ceux qui sont morts ressusciteront également. Car, de même que la mort est venue par un homme, de même la résurrection des morts vient par un homme. Tous les hommes meurent parce qu'ils sont liés à Adam, de même tous recevront la vie parce qu'ils sont liés au Christ, mais chacun à son propre rang: le Christ le premier de tous, puis ceux qui appartiennent au Christ, au moment où il viendra. Ensuite arrivera la fin: le Christ détruira toute autorité, tout pouvoir et toute puissance spirituels, et il remettra le Royaume à Dieu le Père. Car il faut que le Christ règne jusqu'à ce que Dieu ait contraint tous les ennemis à passer sous ses pieds. Le dernier ennemi qui sera détruit, c'est la mort. En effet, il est écrit: «Dieu lui a tout mis sous les pieds.» Mais il est clair que, dans cette phrase, le mot «tout» n'inclut pas Dieu, qui soumet toutes choses au Christ. Lorsque toutes choses auront été soumises au Christ, alors lui-même, le Fils, se soumettra à Dieu qui lui aura tout soumis; ainsi, Dieu régnera parfaitement sur tout. Pensez encore au cas de ceux qui se font baptiser pour les morts: qu'espèrent-ils obtenir? S'il est vrai que les morts ne ressuscitent pas, pourquoi se font-ils baptiser pour eux? Et nous-mêmes, pourquoi nous exposons-nous à tout moment au danger? Frères, chaque jour je risque la mort: c'est vrai, aussi vrai que je suis fier de vous dans la communion avec Jésus-Christ notre Seigneur. A quoi m'aurait-il servi de combattre contre des bêtes sauvages, à Éphèse, si c'était pour des motifs purement humains? Si les morts ne ressuscitent pas, alors, comme on le dit, «mangeons et buvons, car demain nous mourrons ». Ne vous y trompez pas: «Les mauvaises compagnies sont la ruine d'une bonne conduite.» Revenez à la raison, comme il convient, et cessez de pécher. Je le dis à votre honte: certains d'entre vous ne connaissent pas Dieu. «Mais, demandera-t-on, comment les morts ressuscitent -ils? Quelle sorte de corps auront-ils?» Insensé que tu es! Quand tu sèmes une graine, celle-ci ne peut donner vie à une plante que si elle meurt. Ce que tu sèmes est une simple graine, peut-être un grain de blé ou une autre semence, et non la plante elle-même qui va pousser. Ensuite, Dieu accorde à cette graine de donner corps à la plante qu'il veut; à chaque graine correspond la plante qui lui est propre. Les êtres vivants n'ont pas tous la même chair: celle des humains diffère de celle des animaux, autre est celle des oiseaux et autre encore celle des poissons. Il y a aussi des corps célestes et des corps terrestres; les corps célestes ont un éclat différent de celui des corps terrestres. Le soleil possède son propre éclat, la lune en a un autre et les étoiles un autre encore; même parmi les étoiles, l'éclat varie de l'une à l'autre. Il en sera ainsi lorsque les morts se relèveront. Quand le corps est mis en terre, il est mortel; quand il ressuscitera, il sera immortel. Quand il est mis en terre, il est misérable et faible; quand il ressuscitera, il sera glorieux et fort. Quand il est mis en terre, c'est un corps matériel; quand il ressuscitera, ce sera un corps animé par l'Esprit. Il y a un corps matériel, il y a donc aussi un corps animé par l'Esprit. En effet, l'Écriture déclare: «Le premier homme, Adam, devint un être vivant »; mais le dernier Adam est l'Esprit qui donne la vie. Ce n'est pas le spirituel qui vient le premier, mais le matériel: le spirituel vient ensuite. Le premier Adam a été fait de la poussière du sol; le deuxième Adam est venu du ciel. Les êtres terrestres sont pareils à celui qui a été fait de la poussière du sol, tandis que les êtres célestes sont pareils à celui qui est venu du ciel. Et de même que nous sommes à l'image de l'homme fait de poussière du sol, de même nous serons à l'image de celui qui est du ciel. Voici ce que je veux dire, frères: ce qui est fait de chair et de sang ne peut pas avoir part au Royaume de Dieu, et ce qui est mortel ne peut pas participer à l'immortalité. Je vais vous révéler un secret: nous ne mourrons pas tous, mais nous serons tous transformés en un instant, en un clin d'œil, au son de la dernière trompette. Car lorsqu'elle sonnera, les morts ressusciteront pour ne plus mourir, et nous serons tous transformés. En effet, ce qui est périssable doit se revêtir de ce qui est impérissable; ce qui meurt doit se revêtir de ce qui est immortel. Lorsque ce qui est périssable se sera revêtu de ce qui est impérissable, et que ce qui meurt se sera revêtu de ce qui est immortel, alors se réalisera cette parole de l'Écriture: «La mort est supprimée; la victoire est complète!» «Mort, où est ta victoire? Mort, où est ton pouvoir de tuer?» La mort tient du péché son pouvoir de tuer, et le péché tient son pouvoir de la loi. Mais loué soit Dieu qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ! Ainsi, mes chers frères, montrez-vous fermes et inébranlables. Soyez toujours plus actifs dans l'œuvre du Seigneur, puisque vous savez que la peine que vous vous donnez dans la communion avec le Seigneur n'est jamais perdue. Quelques mots encore à propos de la collecte en faveur des croyants de Jérusalem: Agissez conformément aux instructions que j'ai données aux Églises de Galatie. Chaque dimanche, chacun de vous doit mettre de côté chez lui ce qu'il aura économisé, selon ses possibilités, afin qu'on n'attende pas mon arrivée pour faire une collecte. Lorsque je serai arrivé, j'enverrai ceux que vous aurez choisis, avec des lettres d'introduction, porter votre don à Jérusalem. S'il vaut la peine que j'y aille aussi, ils feront le voyage avec moi. Je me rendrai chez vous après avoir traversé la Macédoine, car je vais y passer. Je resterai probablement quelque temps chez vous, peut-être même tout l'hiver; alors, vous pourrez m'aider à poursuivre mon voyage, quelle que soit ma destination. Car je ne veux pas vous voir juste en passant. J'espère demeurer un certain temps chez vous, si le Seigneur le permet. Cependant, je compte rester à Éphèse jusqu'au jour de la Pentecôte. Car une occasion favorable m'y est offerte de me livrer à une activité fructueuse, bien que les adversaires soient nombreux. Si Timothée arrive, faites en sorte que rien ne le décourage chez vous, car il travaille comme moi à l'œuvre du Seigneur. Que personne ne le méprise. Aidez-le plutôt à poursuivre son voyage en paix, pour qu'il puisse revenir auprès de moi, car je l'attends avec les frères. Quant à notre frère Apollos, je l'ai souvent encouragé à se rendre chez vous avec les autres frères, mais il ne désire pas du tout le faire maintenant. Cependant, il ira quand il en aura l'occasion. Veillez, demeurez fermes dans la foi, soyez courageux, soyez forts. Agissez en tout avec amour. Vous connaissez Stéphanas et sa famille: vous savez qu'en Achaïe ils ont été les premiers à se convertir et qu'ils se sont mis au service de la communauté. Je vous le demande donc, frères: laissez-vous diriger par de telles personnes et par tous ceux qui travaillent activement avec eux. Je suis heureux de la venue de Stéphanas, Fortunatus et Achaïcus; ils m'ont donné ce qui me manquait du fait de votre absence, et ils m'ont réconforté comme ils l'ont fait pour vous-mêmes. Sachez apprécier de tels hommes! Les Églises de la province d'Asie vous saluent. Aquilas et Priscille, avec l'Église qui se réunit chez eux, vous envoient leurs cordiales salutations dans la communion du Seigneur. Tous les frères présents ici vous saluent. Saluez-vous les uns les autres d'un baiser fraternel. C'est de ma propre main que j'écris ces mots: Salutations de Paul. Si quelqu'un n'aime pas le Seigneur, qu'il soit maudit! – Notre Seigneur, viens! – Que la grâce du Seigneur Jésus soit avec vous. Je vous aime tous dans la communion avec Jésus-Christ. De la part de Paul, qui par la volonté de Dieu est apôtre de Jésus-Christ, et de la part de Timothée, notre frère. A l'Église de Dieu qui est à Corinthe et à tous ceux qui appartiennent au peuple de Dieu dans l'Achaïe entière: Que Dieu notre Père et le Seigneur Jésus-Christ vous accordent la grâce et la paix. Louons Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père riche en bonté, le Dieu qui accorde le réconfort en toute occasion! Il nous réconforte dans toutes nos détresses, afin que nous puissions réconforter ceux qui passent par toutes sortes de détresses en leur apportant le réconfort que nous avons nous-mêmes reçu de lui. De même en effet que nous avons abondamment part aux souffrances du Christ, de même nous recevons aussi un grand réconfort par le Christ. Si nous sommes en difficulté, c'est pour que vous obteniez le réconfort et le salut; si nous sommes réconfortés, c'est pour que vous receviez le réconfort qui vous fera supporter avec patience les mêmes souffrances que nous subissons. Ainsi, nous avons un ferme espoir à votre sujet; car, nous le savons, comme vous avez part à nos souffrances, vous avez aussi part au réconfort qui nous est accordé. Nous voulons en effet que vous sachiez, frères, par quelles détresses nous avons passé dans la province d'Asie: le poids en a été si lourd pour nous, si insupportable, que nous désespérions de conserver la vie. Nous avions l'impression que la peine de mort avait été décidée contre nous. Cependant, il en fut ainsi pour que nous apprenions à ne pas placer notre confiance en nous-mêmes, mais uniquement en Dieu qui ramène les morts à la vie. C'est lui qui nous a délivrés d'une telle mort et qui nous en délivrera encore; oui, nous avons cette espérance en lui qu'il nous délivrera encore, et vous y contribuerez vous-mêmes en priant pour nous. Ainsi, Dieu répondra aux prières faites par beaucoup en notre faveur, il nous accordera ce bienfait et beaucoup le remercieront à notre sujet. Voici en quoi nous pouvons être fiers: comme notre conscience en témoigne, nous nous sommes conduits dans le monde, et particulièrement envers vous, avec la simplicité et la sincérité qui viennent de Dieu, en étant guidés par sa grâce et non par la sagesse humaine. En effet, dans nos lettres nous ne vous écrivons rien d'autre que ce que vous y lisez et comprenez. Et j'espère que vous parviendrez à comprendre parfaitement ceci – que vous comprenez maintenant en partie seulement –: au jour de la venue de Jésus, notre Seigneur, vous pourrez être fiers de nous comme nous le serons de vous. J'avais une telle confiance à cet égard que j'avais d'abord projeté d'aller chez vous afin qu'un double bienfait vous soit accordé. Je voulais, en effet, passer chez vous, puis me rendre en Macédoine et vous revoir à mon retour: vous m'auriez alors aidé à poursuivre mon voyage vers la Judée. En formant ce projet, ai-je donc fait preuve de légèreté? Les plans que j'établis sont-ils inspirés par des motifs purement humains, de sorte que je serais prêt à dire «oui» et «non» en même temps? Dieu m'en est témoin, ce que je vous ai dit n'était pas à la fois «oui» et «non». Car Jésus-Christ, le Fils de Dieu, que nous avons annoncé chez vous, Silas, Timothée et moi-même, n'est pas venu pour dire «oui» et «non». Au contraire, en lui il n'y a jamais eu que «oui»: en effet, il est le «oui» qui confirme toutes les promesses de Dieu. C'est donc par Jésus-Christ que nous disons notre « amen » pour rendre gloire à Dieu. Et c'est Dieu lui-même qui nous affermit avec vous dans la vie avec le Christ. Dieu lui-même nous a choisis, il nous a marqués à son nom et il a répandu dans nos cœurs le Saint-Esprit comme garantie des biens qu'il nous réserve. J'en prends Dieu à témoin – qu'il me fasse mourir si je mens –: c'est pour vous épargner que j'ai décidé de ne pas retourner à Corinthe. Nous ne cherchons pas à vous imposer ce que vous devez croire, car vous tenez bon dans la foi; mais nous désirons contribuer à votre bonheur. Ainsi, j'ai décidé de ne pas retourner chez vous, pour ne pas vous attrister de nouveau. Car si je vous attriste, qui me donnera encore de la joie? Celui que j'aurai attristé le pourrait-il? Voilà pourquoi je vous ai écrit comme je l'ai fait: je ne voulais pas, en arrivant chez vous, être attristé par les personnes mêmes qui devraient me donner de la joie. J'en suis en effet convaincu: lorsque j'éprouve de la joie, vous aussi vous en êtes tous heureux. Oui, je vous ai écrit en pleine angoisse, le cœur lourd et avec beaucoup de larmes, non pour vous attrister, mais pour que vous sachiez à quel point je vous aime. Si quelqu'un a été une cause de tristesse, ce n'est pas pour moi qu'il l'a été, mais pour vous tous, ou du moins, n'exagérons pas, pour une partie d'entre vous. Il suffit pour cet homme d'avoir été blâmé par la majorité d'entre vous; c'est pourquoi, maintenant, vous devez plutôt lui pardonner et l'encourager, pour éviter qu'une trop grande tristesse ne le conduise au désespoir. Par conséquent, je vous le demande, donnez-lui la preuve de votre amour à son égard. Voici en effet pourquoi je vous ai écrit: je désirais vous mettre à l'épreuve pour voir si vous êtes toujours prêts à obéir à mes instructions. Quand vous pardonnez à quelqu'un une faute, je lui pardonne aussi. Et si je pardonne – pour autant que j'aie à pardonner quelque chose – je le fais pour vous, devant le Christ, afin de ne pas laisser Satan prendre l'avantage sur nous; nous connaissons en effet fort bien ses intentions. Quand je suis arrivé à Troas pour y annoncer la Bonne Nouvelle du Christ, j'ai découvert que le Seigneur m'y offrait une occasion favorable de le faire. Cependant, j'étais profondément inquiet parce que je n'avais pas trouvé notre frère Tite. C'est pourquoi j'ai fait mes adieux aux gens de Troas et je suis parti pour la Macédoine. Mais loué soit Dieu, car il nous entraîne sans cesse dans le cortège de victoire du Christ. Par nous, il fait connaître le Christ en tout lieu, comme un parfum dont l'odeur se répand partout. Nous sommes en effet comme un parfum à l'odeur agréable offert par le Christ à Dieu; nous le sommes pour ceux qui sont sur la voie du salut et pour ceux qui se perdent. Pour les uns, c'est une odeur de mort qui mène à la mort; pour les autres, c'est une odeur de vie qui mène à la vie. Qui donc est qualifié pour une telle mission? Nous ne sommes pas comme tant d'autres qui se livrent au trafic de la parole de Dieu; au contraire, parce que c'est Dieu qui nous a envoyés, nous parlons avec sincérité en sa présence, en communion avec le Christ. Cherchons-nous encore à nous recommander nous-mêmes? Ou bien aurions-nous besoin, comme certains, de vous présenter des lettres de recommandation ou de vous en demander? C'est vous-mêmes qui êtes notre lettre, écrite dans nos cœurs et que tout le monde peut connaître et lire. Oui, il est clair que vous êtes une lettre écrite par le Christ et transmise par nous. Elle est écrite non pas avec de l'encre, mais avec l'Esprit du Dieu vivant; elle est gravée non pas sur des tablettes de pierre, mais dans des cœurs humains. Nous parlons ainsi en raison de la confiance que nous avons en Dieu par le Christ. En effet, nous ne saurions prétendre accomplir une telle tâche grâce à notre capacité personnelle. Ce que nous sommes capables de faire vient de Dieu; c'est lui qui nous a rendus capables d'être serviteurs de la nouvelle alliance, qui ne dépend pas d'une loi écrite mais de l'Esprit Saint. La loi écrite mène à la mort, mais l'Esprit mène à la vie. La loi a été gravée lettre par lettre sur des tablettes de pierre et la gloire de Dieu a resplendi à ce moment-là. Le visage de Moïse brillait d'un tel éclat que les Israélites ne pouvaient pas fixer leurs regards sur lui, et pourtant cet éclat était passager. Si la loi, dont la fonction avait pour effet de mener à la mort, est apparue avec une telle gloire, combien plus glorieuse doit être la fonction exercée par l'Esprit! La fonction qui entraînait la condamnation des hommes était glorieuse; combien plus glorieuse est la fonction qui a pour effet de rendre les hommes justes devant Dieu! Nous pouvons même dire que la gloire qui brilla dans le passé s'efface devant la gloire actuelle, tellement supérieure. En effet, si ce qui était passager a été glorieux, combien plus le sera ce qui demeure pour toujours! C'est parce que nous avons une telle espérance que nous sommes pleins d'assurance. Nous ne faisons pas comme Moïse qui se couvrait le visage d'un voile pour empêcher les Israélites d'en voir disparaître l'éclat passager. Mais leur intelligence s'était obscurcie; et jusqu'à ce jour, elle est recouverte du même voile quand ils lisent les livres de l'ancienne alliance. Ce voile ne disparaît qu'à la lumière du Christ. Aujourd'hui encore, chaque fois qu'ils lisent les livres de Moïse, un voile recouvre leur intelligence. Mais, comme il est écrit: «Lorsqu'on se tourne vers le Seigneur, le voile est enlevé.» Or, le mot Seigneur signifie ici l'Esprit; et là où l'Esprit du Seigneur est présent, là est la liberté. Nous tous, le visage découvert, nous reflétons la gloire du Seigneur; ainsi, nous sommes transformés pour être semblables au Seigneur et nous passons d'une gloire à une gloire plus grande encore. Voilà en effet ce que réalise le Seigneur, qui est l'Esprit. Dieu, dans sa bonté, nous a confié cette tâche, et c'est pourquoi nous ne perdons pas courage. Nous avons renoncé à toute action cachée ou honteuse; nous agissons sans ruse et nous ne falsifions pas la parole de Dieu. Au contraire, nous faisons connaître clairement la vérité et nous nous rendons ainsi recommandables au jugement de tout être humain devant Dieu. Cependant, si la Bonne Nouvelle que nous annonçons paraît obscure, elle ne l'est que pour ceux qui se perdent. Ils ne croient pas parce que Satan, le dieu de ce monde, a aveuglé leur intelligence. Ce dieu les empêche de voir la lumière diffusée par la Bonne Nouvelle de la gloire du Christ, lequel est l'image même de Dieu. En effet, dans notre prédication, ce n'est pas nous-mêmes que nous annonçons, mais Jésus-Christ comme Seigneur; quant à nous, nous déclarons être vos serviteurs à cause de Jésus. Dieu a dit autrefois: «Que la lumière brille du milieu de l'obscurité!» Eh bien, c'est lui aussi qui a fait briller sa lumière dans nos cœurs, pour nous donner la connaissance lumineuse de sa gloire divine qui resplendit sur le visage du Christ. Mais nous portons ce trésor spirituel en nous comme en des vases d'argile, pour qu'il soit clair que cette puissance extraordinaire vient de Dieu et non de nous. Nous sommes accablés de toutes sortes de souffrances, mais non écrasés; inquiets, mais non désespérés; persécutés, mais non abandonnés; jetés à terre, mais non anéantis. Nous portons sans cesse dans notre corps la mort de Jésus, afin que sa vie se manifeste aussi dans notre corps. Bien que vivants, nous sommes sans cesse exposés à la mort à cause de Jésus, afin que sa vie se manifeste aussi dans notre corps mortel. Ainsi, la mort agit en nous pour que la vie agisse en vous. L'Écriture déclare: «J'ai cru, c'est pourquoi j'ai parlé.» Nous aussi, dans le même esprit de foi, nous croyons et c'est pourquoi nous parlons. Nous savons en effet que Dieu, qui a ramené le Seigneur Jésus de la mort à la vie, nous ramènera aussi à la vie avec Jésus et nous fera paraître avec vous en sa présence. Tout ce que nous endurons, c'est pour vous; de cette façon, la grâce de Dieu atteint de plus en plus de personnes, en augmentant ainsi le nombre de prières de reconnaissance exprimées à la gloire de Dieu. C'est pourquoi nous ne perdons jamais courage. Même si notre être physique se détruit peu à peu, notre être spirituel se renouvelle de jour en jour. La détresse que nous éprouvons en ce moment est légère en comparaison de la gloire abondante et éternelle, tellement plus importante, qu'elle nous prépare. Car nous portons notre attention non pas sur ce qui est visible, mais sur ce qui est invisible. Ce qui est visible est provisoire, mais ce qui est invisible dure toujours. Nous savons, en effet, que si la tente dans laquelle nous vivons – c'est-à-dire notre corps terrestre – est détruite, Dieu nous réserve une habitation dans les cieux, une demeure non faite par les hommes, qui durera toujours. Et nous gémissons maintenant, car notre désir est grand d'être recouverts de notre habitation céleste; en effet, nous serons vêtus et non pas nus. Oui, aussi longtemps que nous vivons dans cette tente terrestre, nous gémissons comme sous un fardeau. Ce n'est pas que nous voudrions être débarrassés de notre corps terrestre, mais nous souhaitons être revêtus du corps céleste, afin que ce qui est mortel soit absorbé par la vie. C'est Dieu lui-même qui nous a destinés à cela, et il nous a accordé son Esprit comme garantie des biens qu'il nous réserve. Nous sommes donc toujours pleins de courage. Nous savons que tant que nous demeurons dans ce corps, nous sommes loin de la demeure du Seigneur – nous marchons en effet par la foi et non par la vue. Nous sommes pleins de courage et nous préférerions quitter ce corps pour aller demeurer auprès du Seigneur. Mais nous désirons avant tout lui plaire, que nous demeurions dans ce corps ou que nous le quittions. Car nous devons tous comparaître devant le Christ pour être jugés par lui; alors chacun recevra ce qui lui revient, selon ce qu'il aura fait en bien ou en mal durant sa vie terrestre. Nous savons ce que signifie respecter le Seigneur et nous cherchons donc à convaincre les hommes. Dieu nous connaît parfaitement et j'espère que, au fond de vous-mêmes, vous me connaissez aussi. Nous ne voulons pas de nouveau nous recommander nous-mêmes auprès de vous, mais nous désirons vous donner l'occasion d'être fiers de nous; ainsi, vous aurez de quoi répondre à ceux qui se vantent de détails extérieurs et non de ce qui est dans le cœur. S'il est vrai que nous sommes insensés, c'est pour Dieu que nous le sommes; mais si nous sommes dans notre bon sens, c'est pour vous. En effet, l'amour du Christ nous domine, nous qui avons la certitude qu'un seul est mort pour tous et, donc, que tous ont part à sa mort. Il est mort pour tous afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et revenu à la vie pour eux. Voilà pourquoi nous ne considérons plus personne d'une manière purement humaine. Même si, autrefois, nous avons considéré le Christ d'une manière humaine, maintenant nous ne le considérons plus ainsi. Dès que quelqu'un est uni au Christ, il est un être nouveau: ce qui est ancien a disparu, ce qui est nouveau est là. Tout cela vient de Dieu, qui nous a réconciliés avec lui par le Christ et qui nous a confié la tâche d'amener d'autres hommes à la réconciliation avec lui. Car, par le Christ, Dieu agissait pour réconcilier tous les humains avec lui, sans tenir compte de leurs fautes. Et il nous a chargés d'annoncer cette œuvre de réconciliation. Nous sommes donc des ambassadeurs envoyés par le Christ, et c'est comme si Dieu lui-même vous adressait un appel par nous: nous vous en supplions, au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu. Le Christ était sans péché, mais Dieu l'a chargé de notre péché, afin que, par lui, nous ayons part à l'œuvre salutaire de Dieu. Ainsi, puisque nous collaborons avec Dieu, nous vous en supplions: ne négligez pas la grâce que vous avez reçue de lui. Dieu déclare en effet: «Au moment où se manifestait ma faveur, je t'ai écouté, au jour du salut, je suis venu à ton secours.» Eh bien, voici maintenant le moment d'accepter la faveur de Dieu; voici le jour du salut. Il ne faut pas que l'on puisse critiquer notre fonction, c'est pourquoi nous ne voulons scandaliser personne en quoi que ce soit. Au contraire, nous cherchons en toutes circonstances à nous présenter comme de vrais serviteurs de Dieu: nous supportons avec beaucoup de patience les souffrances, les détresses et les angoisses. On nous a battus et mis en prison, on a soulevé le peuple contre nous; accablés de travail, nous avons été privés de sommeil et de nourriture. Nous nous montrons serviteurs de Dieu par notre pureté, notre connaissance, notre patience et notre bonté, par l'action du Saint-Esprit, par notre amour sincère, par notre prédication de la vérité et grâce à la puissance de Dieu. Nos armes offensives et défensives, c'est de faire ce qui est juste aux yeux de Dieu. On nous honore ou on nous couvre de mépris; on nous insulte ou on nous respecte. On nous regarde comme des menteurs alors que nous disons la vérité, comme des inconnus alors que nous sommes bien connus, comme des mourants alors que nous sommes bien vivants. On nous punit, sans pourtant nous exécuter; on nous attriste et pourtant nous sommes toujours joyeux; nous sommes pauvres, mais nous enrichissons beaucoup de gens; nous paraissons ne rien avoir, nous qui, en réalité, possédons tout. Nous vous avons parlé franchement, chers amis corinthiens, nous vous avons largement ouvert notre cœur. Nous ne vous avons pas refusé notre affection, mais c'est vous qui avez fermé votre cœur. Alors, je m'adresse à vous comme à mes enfants: répondez à notre affection, ouvrez-nous largement votre cœur! N'allez pas vous placer sous le même joug que les incroyants, d'une manière absurde. Comment, en effet, ce qui est juste pourrait-il s'associer à ce qui est mauvais? Comment la lumière pourrait-elle s'unir à l'obscurité? Comment le Christ pourrait-il s'entendre avec le diable? Ou bien, qu'est-ce qu'un croyant peut avoir en commun avec un incroyant? Quel accord peut-il y avoir entre le temple de Dieu et les idoles païennes? Car nous sommes, nous, le temple du Dieu vivant, comme Dieu lui-même l'a dit: «Je demeurerai et je marcherai avec eux, je serai leur Dieu et ils seront mon peuple.» C'est pourquoi «vous devez les quitter et vous séparer d'eux. Ne touchez à rien d'impur, et moi je vous accueillerai. Je serai un père pour vous et vous serez des fils et des filles pour moi, dit le Seigneur tout-puissant.» Toutes ces promesses sont valables pour nous, mes chers amis. C'est pourquoi, purifions-nous de tout ce qui salit le corps ou l'âme et efforçons-nous d'être parfaitement saints en vivant dans le respect de Dieu. Faites-nous une place dans votre cœur! Nous n'avons causé de tort à personne, nous n'avons ruiné personne, nous n'avons exploité personne. Je ne dis pas cela pour vous condamner. En effet, comme je l'ai déjà affirmé, vous nous êtes si chers que nous sommes unis pour la vie ou pour la mort. J'ai une grande confiance en vous, je suis très fier de vous. Dans toutes nos détresses, je demeure plein de courage et je déborde de joie. En fait, même à notre arrivée en Macédoine, nous n'avons connu aucun répit. Nous avons rencontré toutes sortes de difficultés: des conflits autour de nous, des craintes au-dedans de nous. Mais Dieu, qui relève le courage de ceux qui sont abattus, nous a réconfortés par l'arrivée de Tite. Et ce n'est pas seulement son arrivée qui a produit cet effet, mais encore son rapport sur la façon dont vous l'avez lui-même réconforté. Il nous a parlé de votre désir de me revoir, de votre tristesse, de votre zèle à me défendre. Et voilà pourquoi ma joie en est d'autant plus grande. En effet, même si la lettre que je vous ai écrite vous a attristés, je ne le regrette pas maintenant. J'ai pu le regretter quand j'ai constaté que cette lettre vous avait attristés momentanément. Mais maintenant je me réjouis, non pas de vous avoir attristés, mais de ce que votre tristesse vous a fait changer de comportement. Cette tristesse était telle que Dieu la voulait, si bien que nous ne vous avons causé aucun tort. Car la tristesse conforme au plan de Dieu produit un changement de comportement qui conduit au salut, sans qu'on ait à le regretter. Mais la tristesse causée par les soucis de ce monde produit la mort. Voyez maintenant les résultats de votre tristesse selon Dieu: quelle bonne volonté de votre part, quel empressement à présenter votre défense! Quelle indignation, quelle crainte, quel désir de me revoir, quel zèle, quelle ardeur à punir le mal! Vous avez prouvé de toutes les manières que vous étiez innocents dans cette affaire. Si donc je vous ai écrit, ce n'était ni à cause de celui qui a commis le mal, ni à cause de celui qui l'a subi. Mais c'était pour que vous vous rendiez clairement compte, devant Dieu, du dévouement que vous avez pour nous. C'est pourquoi votre réaction nous a réconfortés. Nous n'avons pas seulement reçu du réconfort; nous avons ressenti une joie bien plus grande encore en voyant combien Tite était heureux de la façon dont vous tous l'avez rassuré. Si je me suis un peu vanté à votre sujet auprès de lui, vous ne m'avez pas déçu. Mais, de même que nous vous avons toujours dit la vérité, de même l'éloge que nous avons fait de vous auprès de Tite s'est révélé justifié. Et ainsi, son affection pour vous est encore plus grande lorsqu'il se rappelle comment vous avez tous obéi et comment vous l'avez accueilli humblement, avec respect. Je me réjouis de pouvoir compter sur vous en tout. Frères, nous désirons que vous sachiez comment la grâce de Dieu s'est manifestée dans les Églises de Macédoine. Les fidèles y ont été éprouvés par de sérieuses détresses; mais leur joie était si grande qu'ils se sont montrés extrêmement généreux, bien que très pauvres. J'en suis témoin, ils ont donné selon leurs possibilités et même au-delà, et cela spontanément. Ils nous ont demandé avec beaucoup d'insistance la faveur de participer à l'envoi d'une aide aux croyants de Judée. Ils en ont fait plus que nous n'espérions: ils se sont d'abord donnés au Seigneur et ensuite, par la volonté de Dieu, également à nous. C'est pourquoi nous avons prié Tite de mener à bonne fin, chez vous, cette œuvre généreuse, comme il l'avait commencée. Vous êtes riches en tout: foi, don de la parole, connaissance, zèle sans limite et amour que nous avons éveillé en vous. Par conséquent nous désirons que vous vous montriez riches également dans cette œuvre généreuse. Ce n'est pas un ordre que je vous donne: mais en vous parlant du zèle des autres, je vous offre l'occasion de prouver la réalité de votre amour. Car vous connaissez la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ: lui qui était riche, il s'est fait pauvre en votre faveur, afin de vous enrichir par sa pauvreté. Ainsi, je vous donne mon opinion dans cette affaire: il est bon pour vous de persévérer, vous qui, l'année dernière, avez été les premiers non seulement à agir, mais encore à décider d'agir. Maintenant donc, achevez de réaliser cette œuvre. Mettez autant de bonne volonté à l'achever que vous en avez mis à la décider, et cela selon vos moyens. Car si l'on y met de la bonne volonté, Dieu accepte le don offert en tenant compte de ce que l'on a et non de ce que l'on n'a pas. Il ne s'agit pas de vous faire tomber dans le besoin pour soulager les autres, mais c'est une question d'égalité. En ce moment, vous êtes dans l'abondance et vous pouvez donc venir en aide à ceux qui sont dans le besoin. Puis, si vous êtes un jour dans le besoin et eux dans l'abondance, ils pourront vous venir en aide. C'est ainsi qu'il y aura égalité, conformément à ce que l'Écriture déclare: «Celui qui en avait beaucoup ramassé n'en avait pas trop, et celui qui en avait peu ramassé n'en manquait pas.» Loué soit Dieu qui a inspiré à Tite autant de zèle pour vous que nous en avons! Tite a accepté notre demande; bien plus, il était si plein de zèle qu'il a décidé spontanément de se rendre chez vous. Avec lui, nous envoyons le frère dont toutes les Églises font l'éloge pour son activité au service de la Bonne Nouvelle. En outre, il a été désigné par les Églises pour être notre compagnon de voyage dans cette entreprise généreuse dont nous sommes chargés pour la gloire du Seigneur lui-même et pour manifester notre bonne volonté. Nous tenons à éviter que l'on critique notre façon de nous occuper de cette somme importante. Nous cherchons à faire ce qui est bien non seulement aux yeux du Seigneur, mais aussi aux yeux des hommes. Nous envoyons avec eux notre frère; nous avons eu beaucoup d'occasions de le mettre à l'épreuve et il s'est toujours montré zélé. Mais maintenant, il l'est encore bien plus en raison de la grande confiance qu'il a en vous. En ce qui concerne Tite, il est mon compagnon, ainsi que mon collaborateur auprès de vous; quant aux autres frères qui l'accompagnent, ce sont les envoyés des Églises et ils agissent pour la gloire du Christ. Montrez-leur que vous les aimez réellement, afin que les Églises en aient la certitude et sachent que nous avons raison d'être fiers de vous. Il est vraiment inutile que je vous écrive au sujet de l'aide destinée aux croyants de Judée. Je connais en effet votre bonne volonté et j'ai exprimé ma fierté à votre sujet auprès des Macédoniens en disant: «Les frères d'Achaïe sont prêts à donner depuis l'année dernière.» Votre zèle a stimulé la plupart d'entre eux. Cependant, je vous envoie quelques frères afin que l'éloge que nous avons fait de vous à ce sujet ne se révèle pas immérité: je désire que vous soyez réellement prêts, comme je l'ai dit. Autrement, si des Macédoniens venaient avec moi et ne vous trouvaient pas prêts, nous serions couverts de honte de nous être sentis si sûrs de vous, pour ne rien dire de la honte qui serait la vôtre! J'ai donc estimé nécessaire de prier ces frères de me précéder chez vous pour s'occuper du don généreux que vous avez déjà promis. Ainsi, il sera prêt quand j'arriverai et prouvera que vous donnez généreusement et non à contre-cœur. Rappelez-vous ceci: celui qui sème peu récoltera peu; celui qui sème beaucoup récoltera beaucoup. Il faut donc que chacun donne comme il l'a décidé, non pas à regret ou par obligation; car Dieu aime celui qui donne avec joie. Et Dieu a le pouvoir de vous combler de toutes sortes de biens, afin que vous ayez toujours tout le nécessaire et, en plus, de quoi contribuer à toutes les œuvres bonnes. Comme l'Écriture le déclare: «Il donne largement aux pauvres, sa générosité dure pour toujours.» Dieu qui fournit la semence au semeur et le pain qui le nourrit, vous fournira toute la semence dont vous avez besoin et la fera croître, pour que votre générosité produise beaucoup de fruits. Il vous rendra suffisamment riches en tout temps pour que vous puissiez sans cesse vous montrer généreux; ainsi, beaucoup remercieront Dieu pour les dons que nous leur transmettrons de votre part. Car ce service que vous accomplissez ne pourvoit pas seulement aux besoins des croyants, mais il suscite encore de très nombreuses prières de reconnaissance envers Dieu. Impressionnés par la valeur de ce service, beaucoup rendront gloire à Dieu pour l'obéissance témoignant de votre fidélité à la Bonne Nouvelle du Christ; ils lui rendront gloire aussi pour votre générosité dans le partage de vos biens avec eux et avec tous les autres. Ils prieront pour vous, en vous manifestant leur affection, à cause de la grâce extraordinaire que Dieu vous a accordée. Loué soit Dieu pour son don incomparable! Moi, Paul, je vous adresse personnellement un appel – moi qui suis, à ce qu'on dit, si humble quand je suis avec vous, mais si énergique à votre égard quand je suis absent. Par la douceur et la bonté du Christ, je vous en supplie: ne m'obligez pas à intervenir énergiquement quand je serai chez vous; car je compte faire preuve de fermeté envers ceux qui prétendent que nous agissons selon des motifs purement humains. Certes, nous sommes des êtres humains, mais nous ne combattons pas d'une façon purement humaine. Dans notre combat, les armes que nous utilisons ne sont pas d'origine humaine: ce sont les armes puissantes de Dieu qui permettent de détruire des forteresses. Nous détruisons les faux raisonnements, nous renversons tout ce qui se dresse orgueilleusement contre la connaissance de Dieu, nous faisons prisonnière toute pensée pour l'amener à obéir au Christ. Et nous sommes prêts à punir toute désobéissance, dès que vous aurez manifesté une parfaite obéissance. Vous considérez les choses selon leur apparence. Eh bien, si quelqu'un est persuadé d'appartenir au Christ, qu'il réfléchisse encore à ceci: nous appartenons au Christ tout autant que lui. Car je n'ai pas à éprouver de honte même si je me suis un peu trop vanté de l'autorité que le Seigneur nous a donnée, autorité qui a pour but de faire progresser votre communauté et non de la détruire. Je ne veux pas avoir l'air de vous effrayer par mes lettres. En effet, voici ce que l'on dit: «Les lettres de Paul sont dures et sévères; mais quand il se trouve parmi nous en personne, il est faible et sa façon de parler est lamentable.» Que celui qui s'exprime ainsi le sache bien: ce que nous sommes en écrivant nos lettres de loin, nous le serons aussi dans nos actes une fois présents parmi vous. Certes, nous n'oserions pas nous égaler ou nous comparer à certains de ceux qui ont une si haute opinion d'eux-mêmes. Ils sont stupides: ils établissent leur propre mesure pour s'évaluer, ils se comparent à eux-mêmes. Quant à nous, nous n'allons pas nous vanter au-delà de toute mesure; nous le ferons dans les limites du champ de travail que Dieu nous a fixé en nous permettant de parvenir jusque chez vous. Nous ne dépassons pas nos limites, comme ce serait le cas si nous n'étions pas venus chez vous; car nous sommes bien arrivés les premiers jusqu'à vous en vous apportant la Bonne Nouvelle du Christ. Ainsi, nous ne nous vantons pas outre mesure en nous réclamant du travail effectué par d'autres. Au contraire, nous espérons que votre foi augmentera et que nous pourrons accomplir une œuvre beaucoup plus importante parmi vous, mais dans les limites qui nous ont été fixées. Nous pourrons ensuite apporter la Bonne Nouvelle dans des régions situées au-delà de chez vous, sans avoir à nous vanter des résultats obtenus par d'autres dans leur propre champ de travail. Cependant, il est écrit: «Si quelqu'un veut se vanter, qu'il se vante de ce que le Seigneur a fait.» En effet, ce n'est pas celui qui a une haute opinion de lui-même qui est approuvé, mais celui dont le Seigneur fait l'éloge. Ah! je souhaite que vous supportiez un peu de folie de ma part! Eh bien, oui, supportez-moi! Je suis jaloux à votre sujet, d'une jalousie qui vient de Dieu: je vous ai promis en mariage à un seul époux, le Christ, et je désire vous présenter à lui comme une vierge pure. Mais, tout comme Ève se laissa égarer par la ruse du serpent, je crains que votre intelligence ne se corrompe et ne vous entraîne loin de l'attachement fidèle et pur au Christ. En effet, vous supportez fort bien que quelqu'un vienne vous annoncer un Jésus différent de celui que nous vous avons annoncé; vous êtes également prêts à accepter un esprit et un message différents de l'Esprit et de la Bonne Nouvelle que vous avez reçus de nous. J'estime que je ne suis inférieur en rien à vos super- apôtres! Il est possible que je ne sois qu'un amateur quant à l'art de parler, mais certainement pas quant à la connaissance: nous vous l'avons clairement montré en toute occasion et à tous égards. Quand je vous ai annoncé la Bonne Nouvelle de Dieu, je l'ai fait gratuitement; je me suis abaissé afin de vous élever. Ai-je eu tort d'agir ainsi? J'ai accepté d'être payé par d'autres Églises, et de vivre à leurs dépens, pour vous servir. Et pendant que je me trouvais chez vous, je n'ai été à la charge de personne quand j'étais dans le besoin, car les frères venus de Macédoine m'ont apporté tout ce qui m'était nécessaire. Je me suis gardé d'être une charge pour vous en quoi que ce soit et je continuerai à m'en garder. Par la vérité du Christ qui est en moi, je le déclare: personne ne me privera de ce sujet de fierté dans toute la province d'Achaïe. Pourquoi ai-je dit cela? Serait-ce parce que je ne vous aime pas? Dieu sait bien que si! Je continuerai à me comporter comme maintenant, afin d'enlever tout prétexte à ceux qui en voudraient un pour se vanter d'être pleinement nos égaux. Ces gens-là ne sont que de faux apôtres, des tricheurs qui se déguisent en apôtres du Christ. Il n'y a là rien d'étonnant, car Satan lui-même se déguise en ange de lumière. Il n'est donc pas surprenant que ses serviteurs aussi se déguisent en serviteurs du Dieu juste. Mais ils auront la fin que méritent leurs actions. Je le répète: que personne ne me considère comme fou. Ou alors, si on le pense, acceptez que je sois fou pour que je puisse moi aussi me vanter un peu. Certes, en étant amené à me vanter, je ne parle pas comme le Seigneur le voudrait, mais comme si j'étais fou. Puisque tant d'autres se vantent pour des motifs purement humains, eh bien, je me vanterai moi aussi. Vous qui êtes des sages, vous supportez si volontiers les fous! Vous supportez qu'on vous traite comme des esclaves, qu'on vous exploite, qu'on vous dépouille, qu'on vous regarde de haut, qu'on vous frappe au visage. J'ai honte de le dire: nous avons été trop faibles à cet égard! Cependant, là où d'autres osent se vanter – je parle comme si j'étais fou – je le puis moi aussi. Ils sont Hébreux? Moi aussi. Israélites? Moi aussi. Descendants d'Abraham? Moi aussi. Ils sont serviteurs du Christ? Eh bien – je vais parler comme si j'avais complètement perdu la raison – je le suis plus qu'eux. J'ai peiné plus qu'eux, j'ai été en prison bien plus fréquemment, frappé beaucoup plus et en danger de mort plus souvent. Cinq fois j'ai reçu des Juifs la série de trente-neuf coups, trois fois j'ai été battu à coups de fouet par les Romains et une fois on m'a blessé en me jetant des pierres; trois fois j'ai fait naufrage et une fois je suis resté un jour et une nuit dans les flots. Dans mes nombreux voyages j'ai connu les dangers dus aux rivières qui débordent ou aux brigands, les dangers dus à mes compatriotes juifs ou à des non-Juifs, j'ai été en danger dans les villes ou dans les lieux déserts, en danger sur la mer et en danger parmi de faux frères. J'ai connu des travaux pénibles et de dures épreuves; souvent j'ai été privé de sommeil; j'ai eu faim et soif; souvent j'ai été obligé de jeûner; j'ai souffert du froid et du manque de vêtements. Et sans parler du reste, il y a ma préoccupation quotidienne: le souci que j'ai de toutes les Églises. Si quelqu'un est faible, je me sens faible aussi; si quelqu'un est détourné de la foi, j'en éprouve une vive douleur. S'il faut que je me vante, je me vanterai de ma faiblesse. Dieu, le Père du Seigneur Jésus – qu'il soit loué pour toujours! – sait que je ne mens pas. Quand j'étais à Damas, le gouverneur représentant le roi Arétas plaça des gardes aux portes de la ville pour m'arrêter. Mais, par une fenêtre de la muraille, on me descendit à l'extérieur dans une corbeille, et c'est ainsi que je lui échappai. Il faut donc que je me vante, bien que cela ne soit pas bon. Mais je vais parler maintenant des visions et révélations que le Seigneur m'a accordées. Je connais un chrétien qui, il y a quatorze ans, fut enlevé jusqu'au plus haut des cieux. (Je ne sais pas s'il fut réellement enlevé ou s'il eut une vision, Dieu seul le sait.) Je me vanterai au sujet de cet homme – mais, quant à moi, je ne me vanterai que de ma faiblesse. Si je voulais me vanter, je ne serais pas fou, car je dirais la vérité. Mais j'évite de me vanter, car je ne désire pas qu'on ait de moi une opinion qui dépasserait ce qu'on me voit faire ou m'entend dire. Cependant, afin que je ne sois pas enflé d'orgueil pour avoir reçu des révélations si extraordinaires, une dure souffrance m'a été infligée dans mon corps, comme un messager de Satan destiné à me frapper et à m'empêcher d'être enflé d'orgueil. Trois fois j'ai prié le Seigneur de me délivrer de cette souffrance. Il m'a répondu: «Ma grâce te suffit. Ma puissance se manifeste précisément quand tu es faible.» Je préfère donc bien plutôt me vanter de mes faiblesses, afin que la puissance du Christ étende sa protection sur moi. C'est pourquoi je me réjouis des faiblesses, des insultes, des détresses, des persécutions et des angoisses que j'endure pour le Christ; car lorsque je suis faible, c'est alors que je suis fort. Je parle comme si j'étais devenu fou, mais vous m'y avez obligé. C'est vous qui auriez dû prendre ma défense. Car même si je ne suis rien, je ne suis nullement inférieur à vos super- apôtres. Les actes qui prouvent que je suis apôtre ont été réalisés parmi vous avec une patience parfaite: ils ont consisté en toutes sortes de miracles et de prodiges. En quoi avez-vous été moins bien traités que les autres Églises, sinon en ce que je ne vous ai pas été à charge? Pardonnez-moi cette injustice! Me voici prêt à me rendre chez vous pour la troisième fois, et je ne vous serai pas à charge. C'est vous que je recherche et non votre argent. En effet, ce n'est pas aux enfants à amasser de l'argent pour leurs parents, mais aux parents pour leurs enfants. Quant à moi, je serai heureux de dépenser tout ce que j'ai et de me dépenser moi-même pour vous. M'aimerez-vous moins si je vous aime à un tel point? Vous admettrez donc que je n'ai pas été un fardeau pour vous. Mais on prétendra que, faux comme je suis, je vous ai pris au piège par ruse. Est-ce que je vous ai exploités par l'un de ceux que je vous ai envoyés? J'ai prié Tite d'aller chez vous et j'ai envoyé avec lui le frère que vous savez. Tite vous a-t-il exploités? N'avons-nous pas agi lui et moi avec les mêmes intentions, en suivant le même chemin? Peut-être pensez-vous depuis un bon moment que nous cherchons à nous justifier devant vous? Eh bien non! Nous parlons en communion avec le Christ, devant Dieu, et nous vous disons tout cela, chers amis, pour vous faire progresser dans la foi. Je crains qu'à mon arrivée chez vous je ne vous trouve pas tels que je voudrais et que vous ne me trouviez pas tel que vous voudriez. Je crains qu'il n'y ait des querelles et de la jalousie, de la colère et des rivalités, des insultes et des médisances, de l'orgueil et du désordre. Je crains qu'à ma prochaine visite mon Dieu ne m'humilie devant vous, et que je n'aie à pleurer sur beaucoup qui continuent à pécher comme autrefois et ne se sont pas détournés de l'impureté, de l'immoralité et du vice qu'ils ont pratiqués. C'est la troisième fois que je vais me rendre chez vous. Comme il est écrit: «Toute affaire doit être réglée sur le témoignage de deux ou trois personnes.» J'ai un avertissement à donner à ceux qui ont péché autrefois et à tous les autres; je l'ai déjà donné durant ma seconde visite chez vous, mais je le répète maintenant que je suis absent: la prochaine fois que j'irai vous voir, je ne serai indulgent pour personne. Vous désirez la preuve que le Christ parle par moi, et vous l'aurez. Le Christ n'est pas faible à votre égard, mais il manifeste sa puissance parmi vous. Certes, quand il a été cloué sur une croix, il était faible, mais maintenant il vit par la puissance de Dieu. Dans l'union avec lui, nous sommes faibles nous aussi; mais, nous vous le montrerons, nous vivons avec lui par la puissance de Dieu. Mettez-vous à l'épreuve, examinez vous-mêmes si vous vivez dans la foi. Vous reconnaissez que Jésus-Christ est parmi vous, n'est-ce pas? A moins que l'examen ne soit un échec pour vous. Cependant, je l'espère, vous reconnaîtrez que nous n'avons pas échoué, nous. Nous prions Dieu que vous ne fassiez aucun mal; nous désirons non pas démontrer par là notre réussite, mais vous voir pratiquer le bien, même si nous semblons échouer. Car nous ne pouvons rien faire contre la vérité de Dieu, nous ne pouvons qu'agir pour elle. Nous nous réjouissons quand nous sommes faibles tandis que vous êtes forts. Par conséquent, nous demandons aussi dans nos prières que vous deveniez parfaits. Voici pourquoi je vous écris tout cela en étant loin de vous: c'est pour ne pas avoir, une fois présent, à vous traiter durement avec l'autorité que le Seigneur m'a donnée, autorité qui a pour but de faire progresser votre communauté et non de la détruire. Et maintenant, frères, adieu! Tendez à la perfection, encouragez-vous les uns les autres, mettez-vous d'accord, vivez en paix, et le Dieu d'amour et de paix sera avec vous. Saluez-vous les uns les autres d'un baiser fraternel. Tous les croyants vous adressent leurs salutations. Que la grâce du Seigneur Jésus-Christ, l'amour de Dieu et la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous. De la part de Paul, chargé d'être apôtre non point par les hommes ou par l'intermédiaire d'un homme, mais par Jésus-Christ et par Dieu le Père qui l'a ramené d'entre les morts. Tous les frères qui sont ici se joignent à moi pour adresser cette lettre aux Églises de Galatie et leur dire: Que Dieu notre Père et le Seigneur Jésus-Christ vous accordent la grâce et la paix. Le Christ s'est livré lui-même pour nous sauver de nos péchés afin de nous arracher au pouvoir mauvais du monde présent, selon la volonté de Dieu, notre Père. A Dieu soit la gloire pour toujours! Amen. Je suis stupéfait de la rapidité avec laquelle vous vous détournez de Dieu: il vous a appelés par la grâce du Christ et vous, vous regardez à une autre Bonne Nouvelle. En réalité, il n'y en a pas d'autre; il y a seulement des gens qui vous troublent et qui veulent changer la Bonne Nouvelle du Christ. Eh bien, si quelqu'un – même si c'était nous ou un ange venu du ciel – vous annonçait une Bonne Nouvelle différente de celle que nous vous avons annoncée, qu'il soit maudit! Je vous l'ai déjà dit et je le répète maintenant: si quelqu'un vous annonce une Bonne Nouvelle différente de celle que vous avez reçue, qu'il soit maudit! Est-ce que par là je cherche à gagner l'approbation des hommes? Non, c'est celle de Dieu que je désire. Est-ce que je cherche à plaire aux hommes? Si je cherchais encore à leur plaire, je ne serais pas serviteur du Christ. Frères, je vous le déclare: la Bonne Nouvelle que j'annonce n'est pas une invention humaine. Ce n'est pas un homme qui me l'a transmise ou enseignée, mais c'est Jésus-Christ qui me l'a révélée. Vous avez entendu parler de la façon dont je me comportais quand j'étais encore attaché à la religion juive. Vous savez avec quelle violence je persécutais l'Église de Dieu et m'efforçais de la détruire. Je surpassais bien des frères juifs de mon âge dans la pratique de la religion juive; j'étais beaucoup plus zélé qu'eux pour les traditions de nos ancêtres. et je ne me suis pas non plus rendu à Jérusalem auprès de ceux qui furent apôtres avant moi; mais je suis parti aussitôt pour l'Arabie, puis je suis retourné à Damas. C'est trois ans plus tard que je me suis rendu à Jérusalem pour faire la connaissance de Pierre, et je suis resté deux semaines avec lui. Je n'ai vu aucun autre apôtre, mais seulement Jacques, le frère du Seigneur. Ce que je vous écris là est vrai; devant Dieu j'affirme que je ne mens pas. Ensuite, je suis allé dans les régions de Syrie et de Cilicie. Les Églises chrétiennes de Judée ne me connaissaient pas personnellement. Elles avaient seulement entendu dire: «Celui qui nous persécutait autrefois prêche maintenant la foi qu'il s'efforçait alors de détruire.» Et elles louaient Dieu à mon sujet. Quatorze ans plus tard, je suis retourné à Jérusalem avec Barnabas; j'ai également emmené Tite avec moi. J'y suis allé pour obéir à une révélation divine. Dans une réunion privée que j'ai eue avec les personnes les plus influentes, je leur ai expliqué la Bonne Nouvelle que je prêche aux non-Juifs. Je ne voulais pas que mon travail passé ou présent s'avère inutile. Eh bien, Tite mon compagnon, qui est grec, n'a pas même été obligé de se faire circoncire, malgré des faux frères qui s'étaient mêlés à nous et voulaient le circoncire. Ces gens s'étaient glissés dans notre groupe pour espionner la liberté qui nous vient de Jésus-Christ et nous ramener à l'esclavage de la loi. Pas un seul instant nous ne leur avons cédé, afin de maintenir pour vous la vérité de la Bonne Nouvelle. Mais les personnes considérées comme les plus influentes – en fait, ce qu'elles étaient ne m'importe pas, car Dieu ne juge pas sur les apparences –, ces personnes, donc, ne m'imposèrent pas de nouvelles prescriptions. Au contraire, elles virent que Dieu m'avait chargé d'annoncer la Bonne Nouvelle aux non-Juifs, tout comme il avait chargé Pierre de l'annoncer aux Juifs. Car Dieu a fait de moi l'apôtre destiné aux autres nations, tout comme il a fait de Pierre l'apôtre destiné aux Juifs. Jacques, Pierre et Jean, qui étaient considérés comme les colonnes de l'Église, reconnurent que Dieu m'avait confié cette tâche particulière; ils nous serrèrent alors la main, à Barnabas et à moi, en signe d'accord. Ainsi, nous avons convenu tous ensemble que, pour notre part, nous irions travailler parmi les non-Juifs et qu'ils iraient, eux, parmi les Juifs. Ils nous demandèrent seulement de nous souvenir des pauvres de leur Église, à Jérusalem, ce que j'ai pris grand soin de faire. Mais quand Pierre vint à Antioche, je me suis opposé à lui ouvertement, parce qu'il avait tort. En effet, avant l'arrivée de quelques personnes envoyées par Jacques, il mangeait avec les frères non juifs. Mais après leur arrivée, il prit ses distances et cessa de manger avec les non-Juifs par peur des partisans de la circoncision. Les autres frères juifs se comportèrent aussi lâchement que Pierre, et Barnabas lui-même se laissa entraîner par leur hypocrisie. Quand j'ai vu qu'ils ne se conduisaient pas d'une façon droite, conforme à la vérité de la Bonne Nouvelle, j'ai dit à Pierre devant tout le monde: «Toi qui es Juif, tu as vécu ici à la manière de ceux qui ne le sont pas, et non selon la loi juive. Comment peux-tu donc vouloir forcer les non-Juifs à vivre à la manière des Juifs?» Nous sommes, nous, juifs de naissance et non originaires d'autres nations qui ignorent la loi divine. Cependant, nous savons que l'homme est reconnu juste par Dieu uniquement à cause de sa foi en Jésus-Christ et non parce qu'il obéit en tout à la loi de Moïse. C'est pourquoi, nous aussi, nous avons cru en Jésus-Christ afin d'être reconnus justes à cause de notre foi au Christ et non pour avoir obéi à cette loi. Car personne ne sera reconnu juste par Dieu pour avoir obéi en tout à la loi. Mais si, alors que nous cherchons à être reconnus justes grâce au Christ, il se trouve que nous sommes pécheurs autant que les non-Juifs, cela signifie-t-il que le Christ sert la cause du péché? Certainement pas! En effet, si je reconstruis le système de la loi que j'ai détruit, je refais de moi un être qui désobéit à la loi. Or, en ce qui concerne la loi, je suis mort, d'une mort provoquée par la loi elle-même, afin que je puisse vivre pour Dieu. J'ai été mis à mort avec le Christ sur la croix, de sorte que ce n'est plus moi qui vis, mais c'est le Christ qui vit en moi. Car ma vie humaine, actuelle, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m'a aimé et a donné sa vie pour moi. Je refuse de rejeter la grâce de Dieu. En effet, si c'est au moyen de la loi que l'on peut être rendu juste aux yeux de Dieu, alors le Christ est mort pour rien. O Galates insensés! Qui vous a ensorcelés? Pourtant, c'est une claire vision de Jésus-Christ mort sur la croix qui vous a été présentée. Je désire que vous répondiez à cette seule question: avez-vous reçu l'Esprit de Dieu parce que vous avez obéi en tout à la loi ou parce que vous avez entendu et cru la Bonne Nouvelle? Comment pouvez-vous être aussi insensés? Ce que vous avez commencé par l'Esprit de Dieu, voulez-vous l'achever maintenant par vos propres forces? Avez-vous fait de telles expériences pour rien? Il n'est pas possible que ce soit pour rien. Quand Dieu vous accorde son Esprit et réalise des miracles parmi vous, le fait-il parce que vous obéissez à la loi ou parce que vous entendez et croyez la Bonne Nouvelle? C'est ainsi qu'il est dit au sujet d'Abraham: «Il eut confiance en Dieu, et Dieu le considéra comme juste en tenant compte de sa foi.» Vous devez donc le comprendre: ceux qui vivent selon la foi sont les vrais descendants d'Abraham. L'Écriture a prévu que Dieu rendrait les non-Juifs justes à ses yeux à cause de leur foi. C'est pourquoi elle a annoncé d'avance à Abraham cette bonne nouvelle: «Dieu bénira toutes les nations de la terre à travers toi.» Abraham a cru et il fut béni; ainsi, tous ceux qui croient sont bénis comme il l'a été. En revanche, ceux qui comptent sur l'obéissance à la loi sont frappés d'une malédiction. En effet, l'Écriture déclare: «Maudit soit celui qui ne met pas continuellement en pratique tout ce qui est écrit dans le livre de la loi.» Il est d'ailleurs clair que personne ne peut être rendu juste aux yeux de Dieu au moyen de la loi, car il est écrit: «Celui qui est juste par la foi, vivra.» Or, la loi n'a rien à voir avec la foi. Au contraire, comme il est également écrit: «Celui qui met en pratique les commandements de la loi vivra par eux.» Le Christ, en devenant objet de malédiction pour nous, nous a délivrés de la malédiction de la loi. L'Écriture déclare en effet: «Maudit soit quiconque est pendu à un arbre.» C'est ainsi que la bénédiction promise à Abraham est accordée aussi aux non-Juifs grâce à Jésus-Christ, et que nous recevons tous par la foi l'Esprit promis par Dieu. Frères, je vais prendre un exemple dans la vie courante: quand un homme a établi un testament en bonne et due forme, personne ne peut annuler ce testament ou lui ajouter quoi que ce soit. Eh bien, Dieu a fait ses promesses à Abraham et à son descendant. L'Écriture ne déclare pas: «et à ses descendants», comme s'il s'agissait de nombreuses personnes; elle déclare: «et à ton descendant », en indiquant par là une seule personne, qui est le Christ. Voici ce que je veux dire: Dieu avait établi un testament et avait promis de le maintenir. La loi, qui est survenue quatre cent trente ans plus tard, ne peut pas annuler ce testament et supprimer la promesse de Dieu. Mais si l'héritage que Dieu accorde s'obtient par la loi, alors ce n'est plus grâce à la promesse. Or, c'est par la promesse que Dieu a manifesté sa faveur à Abraham. Quel a donc été le rôle de la loi? Elle a été ajoutée pour faire connaître les actions contraires à la volonté de Dieu, et cela jusqu'à ce que vienne le descendant d'Abraham pour qui la promesse avait été faite. Cette loi a été promulguée par des anges qui se sont servis d'un intermédiaire. Mais un intermédiaire est inutile quand une seule personne est en cause, et Dieu seul est en cause. Cela signifie-t-il que la loi est contraire aux promesses de Dieu? Certainement pas! Si une loi avait été donnée qui puisse procurer la vraie vie aux hommes, alors l'homme pourrait être rendu juste aux yeux de Dieu par le moyen de la loi. Mais l'Écriture a déclaré que le monde entier est soumis à la puissance du péché, afin que le don promis par Dieu soit accordé aux croyants, en raison de leur foi en Jésus-Christ. Avant que vienne le temps de la foi, la loi nous gardait prisonniers, en attendant que cette foi soit révélée. Ainsi, la loi a été notre surveillant jusqu'à la venue du Christ, afin que nous soyons rendus justes aux yeux de Dieu par la foi. Maintenant que le temps de la foi est venu, nous ne dépendons plus de ce surveillant. Car vous êtes tous enfants de Dieu par la foi qui vous lie à Jésus-Christ. Vous tous, en effet, avez été unis au Christ dans le baptême et vous vous êtes ainsi revêtus de tout ce qu'il nous offre. Il n'importe donc plus que l'on soit juif ou non juif, esclave ou libre, homme ou femme; en effet, vous êtes tous un dans la communion avec Jésus-Christ. Si vous appartenez au Christ, vous êtes alors les descendants d'Abraham et vous recevrez l'héritage que Dieu a promis. En d'autres mots, voici ce que je veux dire: aussi longtemps qu'un héritier est mineur, sa situation ne diffère pas de celle d'un esclave, bien que théoriquement tout lui appartienne. En fait, il est soumis à des personnes qui prennent soin de lui et s'occupent de ses affaires jusqu'au moment fixé par son père. Nous, de même, nous étions précédemment comme des enfants, nous étions esclaves des forces spirituelles du monde. Mais quand le moment fixé est arrivé, Dieu a envoyé son Fils: il est né d'une femme et il a été soumis à la loi juive, afin de délivrer ceux qui étaient soumis à la loi, et de nous permettre ainsi de devenir enfants de Dieu. Pour prouver que vous êtes bien ses enfants, Dieu a envoyé dans nos cœurs l'Esprit de son Fils, l'Esprit qui crie: «Abba, ô mon Père!» Ainsi, tu n'es plus esclave, mais enfant; et puisque tu es son enfant, Dieu te donnera l'héritage qu'il réserve à ses enfants. Autrefois, vous ne connaissiez pas Dieu et vous étiez esclaves de dieux qui n'en sont pas en réalité. Mais maintenant que vous connaissez Dieu – ou, plutôt, maintenant que Dieu vous connaît –, comment est-il possible que vous retourniez à ces faibles et misérables forces spirituelles? Voulez-vous redevenir leurs esclaves? Vous attachez une telle importance à certains jours, certains mois, certaines saisons et certaines années! Vous m'inquiétez: toute la peine que je me suis donnée pour vous serait-elle inutile? Frères, je vous en supplie, devenez semblables à moi, puisque je me suis fait semblable à vous. Vous ne m'avez causé aucun tort. Vous vous rappelez pourquoi je vous ai annoncé la Bonne Nouvelle la première fois: c'est parce que j'étais malade. La vue de mon corps malade était éprouvante pour vous, et pourtant vous ne m'avez pas méprisé ou repoussé. Au contraire, vous m'avez accueilli comme un ange de Dieu, ou même comme Jésus-Christ. Vous étiez si heureux! Que vous est-il donc arrivé? Je peux vous rendre ce témoignage: s'il avait été possible, vous vous seriez arraché les yeux pour me les donner! Et maintenant, suis-je devenu votre ennemi parce que je vous dis la vérité? Il en est d'autres qui manifestent beaucoup d'intérêt pour vous, mais dont les intentions ne sont pas bonnes. Ce qu'ils veulent, c'est vous détacher de moi pour que vous leur portiez tout votre intérêt. Certes, il est bon d'être rempli d'intérêt, mais pour le bien, et cela en tout temps, non pas seulement quand je suis parmi vous. Mes enfants, je souffre de nouveau pour vous, comme une femme qui accouche, jusqu'à ce qu'il soit clair que le Christ est présent parmi vous. Combien j'aimerais me trouver auprès de vous en ce moment afin de pouvoir vous parler autrement. Je suis si perplexe à votre sujet! Dites-moi, vous qui voulez être soumis à la loi: n'entendez-vous pas ce que déclare cette loi? Il est écrit, en effet, qu'Abraham eut deux fils, l'un d'une esclave, Agar, et l'autre d'une femme née libre, Sara. Le fils qu'il eut de la première naquit conformément à l'ordre naturel, mais le fils qu'il eut de la seconde naquit conformément à la promesse de Dieu. Ce récit comporte un sens plus profond: les deux femmes représentent deux alliances. L'une de ces alliances, représentée par Agar, est celle du mont Sinaï; elle donne naissance à des esclaves. Agar, c'est le mont Sinaï en Arabie; elle correspond à l'actuelle ville de Jérusalem, qui est esclave avec tous les siens. Mais la Jérusalem céleste est libre et c'est elle notre mère. En effet, l'Écriture déclare: «Réjouis-toi, femme qui n'avais pas d'enfant! Pousse des cris de joie, toi qui n'as pas connu les douleurs de l'accouchement! Car la femme abandonnée aura plus d'enfants que la femme aimée par son mari.» Quant à vous, frères, vous êtes des enfants nés conformément à la promesse de Dieu, tout comme Isaac. Autrefois, le fils né conformément à l'ordre naturel persécutait celui qui était né selon l'Esprit de Dieu, et il en va de même maintenant. Mais que déclare l'Écriture? Ceci: «Chasse cette esclave et son fils; car le fils de l'esclave ne doit pas avoir part à l'héritage paternel avec le fils de la femme née libre.» Ainsi, frères, nous ne sommes pas enfants de celle qui est esclave, mais de celle qui est libre. Le Christ nous a libérés pour que nous soyons vraiment libres. Tenez bon, donc, ne vous laissez pas de nouveau réduire en esclavage. Écoutez! Moi, Paul, je vous l'affirme: si vous vous faites circoncire, alors le Christ ne vous servira plus à rien. Je l'affirme encore une fois à tout homme qui se fait circoncire: il a le devoir d'obéir à la loi tout entière. Vous qui cherchez à être reconnus justes aux yeux de Dieu par la loi, vous êtes séparés du Christ; vous êtes privés de la grâce de Dieu. Quant à nous, nous mettons notre espoir en Dieu, qui nous rendra justes à ses yeux; c'est ce que nous attendons, par la puissance du Saint-Esprit qui agit au travers de notre foi. Car, pour celui qui est uni à Jésus-Christ, être circoncis ou ne pas l'être n'a pas d'importance: ce qui importe, c'est la foi qui agit par l'amour. Vous aviez pris un si bon départ! Qui a brisé votre élan pour vous empêcher d'obéir à la vérité? Ce que l'on vous a dit pour vous convaincre ne venait pas de Dieu qui vous appelle. «Un peu de levain fait lever toute la pâte», comme on dit. Cependant, le Seigneur me donne confiance en ce qui vous concerne: je suis certain que vous ne penserez pas autrement que moi. Mais celui qui vous trouble, quel qu'il soit, subira la condamnation divine. Quant à moi, frères, s'il était vrai que je prêche encore la nécessité de se faire circoncire, pourquoi continuerait-on à me persécuter? Dans ce cas, annoncer le Christ crucifié ne serait plus scandaleux pour personne. Que ceux qui vous troublent aillent encore plus loin dans leurs pratiques: qu'ils se mutilent tout à fait! Mais vous, frères, vous avez été appelés à la liberté. Seulement ne faites pas de cette liberté un prétexte pour vivre selon les désirs de votre propre nature. Au contraire, laissez-vous guider par l'amour pour vous mettre au service les uns des autres. Car toute la loi se résume dans ce seul commandement: «Tu dois aimer ton prochain comme toi-même.» Mais si vous agissez comme des bêtes sauvages, en vous mordant et vous dévorant les uns les autres, alors prenez garde: vous finirez par vous détruire les uns les autres. Voici donc ce que j'ai à vous dire: laissez le Saint-Esprit diriger votre vie et vous n'obéirez plus aux désirs de votre propre nature. Car notre propre nature a des désirs contraires à ceux de l'Esprit, et l'Esprit a des désirs contraires à ceux de notre propre nature: ils sont complètement opposés l'un à l'autre, de sorte que vous ne pouvez pas faire ce que vous voudriez. Mais si l'Esprit vous conduit, alors vous n'êtes plus soumis à la loi. On sait bien comment se manifeste l'activité de notre propre nature: dans l'immoralité, l'impureté et le vice, le culte des idoles et la magie. Les gens se haïssent les uns les autres, se querellent et sont jaloux, ils sont dominés par la colère et les rivalités. Ils se divisent en partis et en groupes opposés; ils sont envieux, ils se livrent à l'ivrognerie et à des orgies, et commettent d'autres actions semblables. Je vous avertis maintenant comme je l'ai déjà fait: ceux qui agissent ainsi n'auront pas de place dans le Royaume de Dieu. Mais ce que l'Esprit Saint produit, c'est l'amour, la joie, la paix, la patience, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur et la maîtrise de soi. La loi n'est certes pas contre de telles choses! Ceux qui appartiennent à Jésus-Christ ont fait mourir sur la croix leur propre nature avec ses passions et ses désirs. L'Esprit nous a donné la vie; laissons-le donc aussi diriger notre conduite. Ne soyons pas vaniteux, renonçons à nous défier ou à nous envier les uns les autres. Frères, si quelqu'un vient à être pris en faute, vous qui avez l'Esprit de Dieu ramenez-le dans le droit chemin; mais faites preuve de douceur à son égard. Et prenez bien garde, chacun, de ne pas vous laisser tenter, vous aussi. Aidez-vous les uns les autres à porter vos fardeaux: vous obéirez ainsi à la loi du Christ. Si quelqu'un pense être important alors qu'il n'est rien, il se trompe lui-même. Que chacun examine sa propre conduite; s'il peut en être fier, il le sera alors par rapport à lui seul et non par comparaison avec autrui. Car chacun doit porter sa propre charge. Celui qui est instruit dans la foi chrétienne doit partager les biens qu'il possède avec celui qui lui donne cet enseignement. Ne vous y trompez pas: on ne se moque pas de Dieu. L'homme récoltera ce qu'il aura semé. S'il sème ce qui plaît à sa propre nature, la récolte qu'il en aura sera la mort; mais s'il sème ce qui plaît à l'Esprit Saint, la récolte qu'il en aura sera la vie éternelle. Ne nous lassons pas de faire le bien; car si nous ne nous décourageons pas, nous aurons notre récolte au moment voulu. Ainsi, tant que nous en avons l'occasion, faisons du bien à tous, et surtout à nos frères dans la foi. Je vous écris maintenant de ma propre main, comme vous le voyez à la grosseur des lettres. Ceux qui veulent vous obliger à vous faire circoncire sont des gens qui désirent se faire bien voir pour des motifs humains. Ils veulent uniquement ne pas être persécutés à cause de la croix du Christ. Ces gens qui pratiquent la circoncision n'obéissent pas eux-mêmes à la loi; ils veulent que vous soyez circoncis pour pouvoir se vanter de vous avoir imposé ce signe dans votre chair. Quant à moi, je ne veux me vanter que de la croix de notre Seigneur Jésus-Christ; en effet, grâce à elle le monde est mort pour moi et je suis mort pour le monde. C'est pourquoi être circoncis ou ne pas l'être n'a aucune importance: ce qui importe, c'est d'être une nouvelle créature. Pour tous ceux qui se conduisent selon cette règle, je dis: que la paix et la bonté de Dieu leur soient accordées, ainsi qu'à l'ensemble du peuple de Dieu. A l'avenir, que personne ne me cause plus de difficultés; car les cicatrices que je porte sur mon corps prouvent que j'appartiens à Jésus. Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec vous tous, frères. Amen. De la part de Paul, qui par la volonté de Dieu est apôtre de Jésus-Christ. A ceux qui appartiennent au peuple de Dieu à Éphèse et qui sont fidèles dans la communion avec Jésus-Christ: Que Dieu notre Père et le Seigneur Jésus-Christ vous accordent la grâce et la paix. Louons Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ! Il nous a bénis dans notre union avec le Christ, en nous accordant toute bénédiction spirituelle dans le monde céleste. Avant la création du monde, Dieu nous avait déjà choisis pour être siens par le Christ, afin que nous soyons saints et sans défaut à ses yeux. Dans son amour, Dieu avait décidé par avance qu'il ferait de nous ses enfants par Jésus-Christ; dans sa bienveillance, voilà ce qu'il a voulu. Louons donc Dieu pour le don magnifique qu'il nous a généreusement fait en son Fils bien-aimé. Car, par le sacrifice du Christ, nous sommes délivrés du mal et nos péchés sont pardonnés. Dieu nous a ainsi manifesté la richesse de sa grâce, qu'il nous a accordée avec abondance en nous procurant une pleine sagesse et une pleine intelligence: Il nous a fait connaître son plan secret que, dans sa bienveillance, il avait décidé par avance de réaliser par le Christ. Ce plan, que Dieu achèvera à la fin des temps, consiste à réunir tout ce qui est dans les cieux et sur la terre sous un seul chef, le Christ. Dans notre union avec le Christ, nous avons reçu la part qui nous était promise, car Dieu nous avait choisis par avance, selon son plan; et Dieu réalise toutes choses conformément à ce qu'il a décidé et voulu. Louons donc la grandeur de Dieu, nous qui avons été les premiers à mettre notre espoir dans le Christ! Vous aussi, quand vous avez écouté le message de la vérité, la Bonne Nouvelle qui vous a apporté le salut, vous avez cru au Christ; alors, Dieu a mis sa marque personnelle sur vous, en vous donnant le Saint-Esprit promis. Le Saint-Esprit nous garantit les biens que Dieu a réservés à son peuple; il nous assure que nous les posséderons quand notre délivrance sera complète. Louons donc la grandeur de Dieu! Voilà pourquoi, maintenant que j'ai entendu parler de votre foi dans le Seigneur Jésus et de votre amour pour tous les croyants, je ne cesse pas de remercier Dieu à votre sujet. Je pense à vous dans mes prières et je demande au Dieu de notre Seigneur Jésus-Christ, au Père glorieux, de vous donner l'Esprit de sagesse qui vous le révélera et vous le fera vraiment connaître. Qu'il ouvre vos yeux à sa lumière, afin que vous compreniez à quelle espérance il vous a appelés, quelle est la richesse et la splendeur des biens destinés à ceux qui lui appartiennent, et quelle est la puissance extraordinaire dont il dispose pour nous les croyants. Cette puissance est celle-là même que Dieu a manifestée avec tant de force quand il a ramené le Christ d'entre les morts et l'a fait siéger à sa droite dans le monde céleste. Le Christ y est placé au-dessus de toute autorité, de tout pouvoir, de toute puissance, de toute domination et de tout autre titre qui puisse être cité non seulement dans ce monde-ci mais aussi dans le monde à venir. Dieu a mis toutes choses sous les pieds du Christ et il l'a donné à l'Église comme chef suprême. L'Église est le corps du Christ; c'est en elle que le Christ est pleinement présent, lui qui remplit tout l'univers. Autrefois, vous étiez spirituellement morts à cause de vos fautes, à cause de vos péchés. Vous vous conformiez alors à la manière de vivre de ce monde; vous obéissiez au chef des puissances spirituelles de l'espace, cet esprit qui agit maintenant en ceux qui s'opposent à Dieu. Nous tous, nous étions aussi comme eux, nous vivions selon les désirs de notre propre nature, nous faisions ce que voulaient notre corps et notre esprit. Ainsi, à cause de notre nature, nous étions destinés à subir le jugement de Dieu comme les autres. Mais la compassion de Dieu est immense, son amour pour nous est tel que, lorsque nous étions spirituellement morts à cause de nos fautes, il nous a fait revivre avec le Christ. C'est par la grâce de Dieu que vous avez été sauvés. Dans notre union avec Jésus-Christ, Dieu nous a ramenés de la mort avec lui pour nous faire régner avec lui dans le monde céleste. Par la bonté qu'il nous a manifestée en Jésus-Christ, il a voulu démontrer pour tous les siècles à venir la richesse extraordinaire de sa grâce. Car c'est par la grâce de Dieu que vous avez été sauvés, au moyen de la foi. Ce salut ne vient pas de vous, il est un don de Dieu; il n'est pas le résultat de vos efforts, et ainsi personne ne peut se vanter. En effet, c'est Dieu qui nous a formés; il nous a créés, dans notre union avec Jésus-Christ, pour que nous menions une vie riche en actions bonnes, celles qu'il a préparées d'avance afin que nous les pratiquions. Rappelez-vous ce que vous étiez autrefois! Vous n'êtes pas juifs de naissance; les Juifs vous traitent d'incirconcis alors qu'ils s'appellent circoncis en raison d'une opération pratiquée dans leur chair. Eh bien, en ce temps-là, vous étiez loin du Christ; vous étiez étrangers, vous n'apparteniez pas au peuple de Dieu; vous étiez exclus des alliances fondées sur la promesse divine; vous viviez dans le monde sans espérance et sans Dieu. Mais maintenant, dans l'union avec Jésus-Christ, vous qui étiez alors bien loin, vous avez été rapprochés par son sacrifice. Car c'est le Christ lui-même qui nous a apporté la paix, en faisant des Juifs et des non-Juifs un seul peuple. En donnant son corps, il a abattu le mur qui les séparait et en faisait des ennemis. Il a annulé la loi juive avec ses commandements et ses règlements, pour former avec les uns et les autres un seul peuple nouveau dans l'union avec lui; c'est ainsi qu'il a établi la paix. Par sa mort sur la croix, le Christ les a tous réunis en un seul corps et les a réconciliés avec Dieu; par la croix, il a détruit la haine. Le Christ est donc venu annoncer la Bonne Nouvelle de la paix à vous les plus lointains comme aux plus proches. C'est en effet par le Christ que nous tous, Juifs et non-Juifs, nous pouvons nous présenter devant Dieu, le Père, grâce au même Saint-Esprit. Par conséquent, vous les non-Juifs, vous n'êtes plus des étrangers, des gens venus d'ailleurs; mais vous êtes maintenant concitoyens des membres du peuple de Dieu, vous appartenez à la famille de Dieu. Vous êtes intégrés dans la construction dont les fondations sont les apôtres et les prophètes, et la pierre d'angle Jésus-Christ lui-même. C'est lui qui assure la solidité de toute la construction et la fait s'élever pour former un temple saint consacré au Seigneur. Dans l'union avec lui, vous faites partie vous aussi de la construction pour devenir avec tous les autres la maison que Dieu habite par son Esprit. C'est pourquoi, moi Paul, j'adresse ma prière à Dieu. Je suis prisonnier au service de Jésus-Christ pour vous les non-Juifs. Vous avez certainement entendu parler de la mission dont Dieu, dans sa bonté, m'a chargé en votre faveur. Dieu m'a accordé une révélation pour me faire connaître son plan secret. J'ai écrit plus haut quelques mots à ce sujet et, en les lisant, vous pouvez comprendre à quel point je connais le secret qui concerne le Christ. Dans les temps passés, ce secret n'a pas été communiqué aux humains, mais Dieu l'a révélé maintenant par son Esprit à ses saints apôtres et prophètes. Voici ce secret: par le moyen de la Bonne Nouvelle, les non-Juifs sont destinés à recevoir avec les Juifs les biens que Dieu réserve à son peuple, ils sont membres du même corps et bénéficient eux aussi de la promesse que Dieu a faite en Jésus-Christ. Je suis devenu serviteur de la Bonne Nouvelle grâce à un don que Dieu, dans sa bonté, m'a accordé en agissant avec puissance. Je suis le moindre de tous les croyants; pourtant, Dieu m'a accordé cette faveur d'annoncer aux non-Juifs la richesse infinie du Christ. Je dois mettre en lumière, pour tous les humains, la façon dont Dieu réalise son plan secret. Lui qui est le créateur de toutes choses, il a tenu caché ce plan depuis toujours, afin que maintenant, grâce à l'Église, les autorités et les puissances du monde céleste puissent connaître la sagesse divine sous tous ses aspects. Tout cela est conforme au projet éternel de Dieu, qu'il a réalisé par Jésus-Christ notre Seigneur. Dans l'union avec le Christ et par notre foi en lui, nous avons la liberté de nous présenter devant Dieu avec une pleine confiance. Par conséquent, je vous le demande, ne vous laissez pas décourager par les souffrances que j'éprouve pour vous: elles vous assurent un avantage glorieux. C'est pourquoi je me mets à genoux devant Dieu, le Père, dont dépend toute famille dans les cieux et sur la terre. Je lui demande que, selon la richesse de sa gloire, il fortifie votre être intérieur par la puissance de son Esprit, et que le Christ habite dans vos cœurs par la foi. Je demande que vous soyez enracinés et solidement établis dans l'amour, pour être capables de comprendre, avec l'ensemble du peuple de Dieu, combien l'amour du Christ est large et long, haut et profond. Oui, puissiez-vous connaître son amour – bien qu'il surpasse toute connaissance – et être ainsi remplis de toute la richesse de Dieu. A Dieu qui a le pouvoir de faire infiniment plus que tout ce que nous demandons ou même imaginons, par la puissance qui agit en nous, à lui soit la gloire dans l'Église et par Jésus-Christ, dans tous les temps et pour toujours! Amen. Je vous en supplie, donc, moi qui suis prisonnier parce que je sers le Seigneur: vous que Dieu a appelés, conduisez-vous d'une façon digne de cet appel. Soyez toujours humbles, doux et patients. Supportez-vous les uns les autres avec amour. Efforcez-vous de maintenir l'unité que donne l'Esprit Saint par la paix qui vous lie les uns aux autres. Il y a un seul corps et un seul Saint-Esprit, de même qu'il y a une seule espérance à laquelle Dieu vous a appelés. Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême; il y a un seul Dieu, le Père de tous, qui règne sur tous, agit par tous et demeure en tous. Cependant, chacun de nous a reçu un don particulier, l'un de ceux que le Christ a généreusement accordés. Il est dit dans l'Écriture: «Quand il est monté vers les hauteurs, il a capturé des prisonniers; il a fait des dons aux hommes.» Or, que veut dire «il est monté»? Cela présuppose qu'il est aussi descendu dans les régions les plus profondes de la terre. Celui qui est descendu est aussi celui qui est monté au plus haut des cieux afin de remplir tout l'univers. C'est lui qui a fait des dons particuliers aux hommes: des uns il a fait des apôtres, d'autres des prophètes, d'autres encore des évangélistes, des pasteurs ou des enseignants. C'est ainsi qu'il a rendu le peuple de Dieu apte à accomplir son service, pour faire croître le corps du Christ. De cette façon, nous parviendrons tous ensemble à l'unité de la foi dans la connaissance du Fils de Dieu; nous deviendrons des adultes dont le développement atteindra à la stature parfaite du Christ. Alors, nous ne serons plus des enfants, emportés par les vagues ou le tourbillon de toutes sortes de doctrines, trompés par des hommes recourant à la ruse pour entraîner les autres dans l'erreur. Au contraire, en proclamant la vérité avec amour, nous grandirons en tout vers le Christ, qui est la tête. C'est grâce à lui que le corps forme un tout solide, bien uni par toutes les articulations dont il est pourvu. Ainsi, lorsque chaque partie fonctionne comme elle doit, le corps entier grandit et se développe par l'amour. Voici donc ce que je vous demande avec insistance au nom du Seigneur: ne vous conduisez plus comme les païens que leurs pensées mènent au néant. Ils refusent de comprendre; ils n'ont aucune part à la vie qui vient de Dieu, parce qu'ils sont complètement ignorants et profondément endurcis. Ils ont perdu tout sentiment de honte; ils se sont livrés au vice et commettent sans aucune retenue toutes sortes d'actions impures. Ce n'est pas là ce que vous avez appris au sujet du Christ! Vous avez certainement entendu tout ce qui le concerne, et on vous a enseigné, en tant que chrétiens, la vérité qui est en Jésus. Vous devez donc, en renonçant à votre conduite passée, vous débarrasser de votre vieille nature que ses désirs trompeurs mènent à la ruine. Il faut vous laisser complètement renouveler dans votre cœur et votre esprit. Revêtez-vous de la nouvelle nature, créée à la ressemblance de Dieu et qui se manifeste dans la vie juste et sainte qu'inspire la vérité. C'est pourquoi, rejetez le mensonge! Que chacun dise la vérité à son prochain, car nous sommes tous membres d'un même corps. Si vous vous mettez en colère, ne péchez pas; que votre colère s'apaise avant le coucher du soleil. Ne donnez pas au diable l'occasion de vous dominer. Que celui qui volait cesse de voler; qu'il se mette à travailler de ses propres mains pour gagner honnêtement sa vie et avoir ainsi de quoi aider les pauvres. Qu'aucune parole mauvaise ne sorte de votre bouche; dites seulement des paroles utiles, qui répondent à un besoin et encouragent autrui, pour faire ainsi du bien à ceux qui vous entendent. N'attristez pas le Saint-Esprit que Dieu vous a accordé; il est la garantie que le jour viendra où Dieu vous délivrera complètement du mal. Chassez loin de vous tout sentiment amer, toute irritation, toute colère, ainsi que les cris et les insultes. Abstenez-vous de toute forme de méchanceté. Soyez bons et pleins d'affection les uns pour les autres; pardonnez-vous réciproquement, comme Dieu vous a pardonné par le Christ. Puisque vous êtes les enfants que Dieu aime, efforcez-vous d'être comme lui. Que votre façon de vivre soit inspirée par l'amour, à l'exemple du Christ qui nous a aimés et a donné sa vie pour nous, comme une offrande et un sacrifice dont l'agréable odeur plaît à Dieu. Vous appartenez au peuple de Dieu, par conséquent il ne convient pas qu'une forme quelconque d'immoralité, d'impureté ou d'envie soit même mentionnée parmi vous. Il n'est pas convenable non plus que vous prononciez des paroles grossières, stupides ou sales. Adressez plutôt des prières de reconnaissance à Dieu. Sachez-le bien: aucun être immoral, impur ou avare (car l'avarice, c'est de l'idolâtrie) n'aura jamais part au Royaume du Christ et de Dieu. Que personne ne vous égare par des raisonnements trompeurs: ce sont de telles fautes qui attirent la colère de Dieu sur ceux qui s'opposent à lui. N'ayez donc rien de commun avec ces gens-là. Vous étiez autrefois dans l'obscurité; mais maintenant, par votre union avec le Seigneur, vous êtes dans la lumière. Par conséquent, conduisez-vous comme des êtres qui dépendent de la lumière, car la lumière produit toute sorte de bonté, de droiture et de vérité. Efforcez-vous de discerner ce qui plaît au Seigneur. N'ayez aucune part aux actions stériles que l'on pratique dans l'obscurité; dénoncez-les plutôt. On a honte même de parler de ce que certains font en cachette. Or, tout ce qui est dévoilé est mis en pleine lumière; de plus, tout ce qui est mis en pleine lumière devient à son tour lumière. C'est pourquoi il est dit: «Réveille-toi, toi qui dors, relève-toi d'entre les morts, et le Christ t'éclairera.» Ainsi prenez bien garde à votre manière de vivre. Ne vous conduisez pas comme des ignorants mais comme des sages. Faites un bon usage de toute occasion qui se présente à vous, car les jours que nous vivons sont mauvais. Ne soyez donc pas déraisonnables, mais efforcez-vous de comprendre ce que le Seigneur attend de vous. Ne vous enivrez pas: l'abus de vin ne peut que vous mener au désordre; mais soyez remplis de l'Esprit Saint. Encouragez-vous les uns les autres par des psaumes, des hymnes et de saints cantiques inspirés par l'Esprit; chantez des cantiques et des psaumes pour louer le Seigneur de tout votre cœur. Remerciez Dieu le Père en tout temps et pour tout, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ. Soumettez-vous les uns aux autres à cause du respect que vous avez pour le Christ. Femmes, soyez soumises à vos maris, comme vous l'êtes au Seigneur. Car le mari est le chef de sa femme, comme le Christ est le chef de l'Église. Le Christ est en effet le Sauveur de l'Église qui est son corps. Les femmes doivent donc se soumettre en tout à leurs maris, tout comme l'Église se soumet au Christ. Maris, aimez vos femmes tout comme le Christ a aimé l'Église jusqu'à donner sa vie pour elle. Il a voulu ainsi rendre l'Église digne d'être à Dieu, après l'avoir purifiée par l'eau et par la parole; il a voulu se présenter à lui-même l'Église dans toute sa beauté, pure et sans défaut, sans tache ni ride ni aucune autre imperfection. Les maris doivent donc aimer leurs femmes comme ils aiment leur propre corps. Celui qui aime sa femme s'aime lui-même. En effet, personne n'a jamais haï son propre corps; au contraire, on le nourrit et on en prend soin, comme le Christ le fait pour l'Église, son corps, dont nous faisons tous partie. Comme il est écrit: «C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère pour s'attacher à sa femme, et les deux deviendront un seul être.» Il y a une grande vérité cachée dans ce passage. Je dis, moi, qu'il se rapporte au Christ et à l'Église. Mais il s'applique aussi à vous: il faut que chaque mari aime sa femme comme lui-même, et que chaque femme respecte son mari. Enfants, c'est votre devoir devant le Seigneur d'obéir à vos parents, car cela est juste. «Respecte ton père et ta mère» est le premier commandement suivi d'une promesse: «afin que tu sois heureux et que tu jouisses d'une longue vie sur la terre.» Et vous, pères, n'allez pas irriter vos enfants par votre attitude. Mais élevez-les en leur donnant une éducation et une discipline inspirées par le Seigneur. Esclaves, obéissez à vos maîtres d'ici-bas humblement, avec respect, d'un cœur sincère, comme si vous serviez le Christ. Ne le faites pas seulement quand ils vous surveillent, pour leur plaire; mais accomplissez la volonté de Dieu de tout votre cœur, comme des esclaves du Christ. Servez-les avec bonne volonté, comme si vous serviez le Seigneur lui-même et non des hommes. Rappelez-vous que chacun, qu'il soit esclave ou libre, sera récompensé par le Seigneur, selon le bien qu'il aura fait. Et vous, maîtres, conduisez-vous d'une façon semblable à l'égard de vos esclaves; abstenez-vous de toute menace. Rappelez-vous que vous avez, vous et vos esclaves, le même Maître dans les cieux, qui n'avantage personne. Enfin, puisez votre force dans l'union avec le Seigneur, dans son immense puissance. Prenez sur vous toutes les armes que Dieu fournit, afin de pouvoir tenir bon contre les ruses du diable. Car nous n'avons pas à lutter contre des êtres humains, mais contre les puissances spirituelles mauvaises du monde céleste, les autorités, les pouvoirs et les maîtres de ce monde obscur. C'est pourquoi, saisissez maintenant toutes les armes de Dieu! Ainsi, quand viendra le jour mauvais, vous pourrez résister à l'adversaire et, après avoir combattu jusqu'à la fin, vous tiendrez encore fermement votre position. Tenez-vous donc prêts: ayez la vérité comme ceinture autour de la taille; portez la droiture comme cuirasse; mettez comme chaussures le zèle à annoncer la Bonne Nouvelle de la paix. Prenez toujours la foi comme bouclier: il vous permettra d'éteindre toutes les flèches enflammées du Mauvais. Acceptez le salut comme casque et la parole de Dieu comme épée donnée par l'Esprit Saint. Tout cela, demandez-le à Dieu dans la prière. Oui, priez en toute occasion, avec l'assistance de l'Esprit. A cet effet, soyez vigilants et continuellement fidèles. Priez pour l'ensemble du peuple de Dieu; priez aussi pour moi, afin que Dieu m'inspire les mots justes quand je m'exprime, et que je puisse révéler avec assurance le secret de la Bonne Nouvelle. Bien que je sois maintenant en prison, je suis l'ambassadeur de cette Bonne Nouvelle. Priez donc pour que j'en parle avec assurance, comme je le dois. Tychique, notre cher frère et collaborateur fidèle au service du Seigneur, vous donnera toutes les nouvelles qui me concernent, afin que vous sachiez ce que je deviens. Je vous l'envoie donc en particulier pour vous dire comment nous allons et pour vous réconforter. Que Dieu le Père et le Seigneur Jésus-Christ accordent à tous les frères la paix et l'amour, avec la foi. Que la grâce de Dieu soit avec tous ceux qui aiment notre Seigneur Jésus-Christ d'un amour inaltérable. De la part de Paul et Timothée, serviteurs de Jésus-Christ. A tous ceux qui, à Philippes, appartiennent au peuple de Dieu par Jésus-Christ, aux dirigeants de l'Église et aux diacres: Que Dieu notre Père et le Seigneur Jésus-Christ vous accordent la grâce et la paix. Je remercie mon Dieu chaque fois que je pense à vous. Toutes les fois que je prie pour vous tous, je le fais avec joie, en raison de l'aide que vous m'avez apportée dans la diffusion de la Bonne Nouvelle, depuis le premier jour jusqu'à maintenant. Je suis certain de ceci: Dieu, qui a commencé cette œuvre bonne parmi vous, la continuera jusqu'à son achèvement au jour de la venue de Jésus-Christ. Il est bien juste que j'aie de tels sentiments envers vous tous. Je vous porte en effet dans mon cœur, car vous avez tous part à la faveur que Dieu m'a accordée, aussi bien maintenant que je suis en prison que lorsque je suis appelé à défendre fermement la Bonne Nouvelle. Dieu m'en est témoin: je vous aime tous avec la profonde affection de Jésus-Christ. Voici ce que je demande à Dieu dans ma prière: que votre amour grandisse de plus en plus, qu'il soit enrichi de vraie connaissance et de compréhension parfaite, pour que vous soyez capables de discerner ce qui est bien. Ainsi, vous serez purs et irréprochables au jour de la venue du Christ. Vous serez riches des actions justes produites en vous par Jésus-Christ, à la gloire et à la louange de Dieu. Frères, je veux que vous le sachiez: ce qui m'est arrivé a contribué en réalité à la progression de la Bonne Nouvelle. C'est ainsi que tous, dans le palais du gouverneur ou ailleurs, savent que je suis en prison pour le service du Christ. En me voyant en prison, la plupart des frères ont gagné en confiance dans le Seigneur, de sorte que, de plus en plus, ils osent annoncer sans crainte la parole de Dieu. Il est vrai que certains d'entre eux annoncent le Christ par jalousie, avec des intentions polémiques à mon égard; mais d'autres l'annoncent avec de bonnes dispositions. Ceux-ci agissent par amour, car ils savent que ma mission ici est de défendre la Bonne Nouvelle. Les autres annoncent le Christ dans un esprit de rivalité, leurs motifs sont troubles; ils pensent augmenter ma détresse de prisonnier. Peu importe! Que leurs intentions soient inavouables ou sincères, le Christ est de toute façon annoncé, et je m'en réjouis. Je continuerai même à m'en réjouir, car je sais que tout cela tournera à mon salut, grâce à vos prières et à l'aide que m'apporte l'Esprit de Jésus-Christ. En effet, selon ce que j'attends et que j'espère vivement, je n'aurai aucune raison d'être honteux. Au contraire, maintenant comme toujours, avec une pleine assurance je manifesterai la grandeur du Christ par tout mon être, soit en vivant soit en mourant. Car pour moi, la vie c'est le Christ, et la mort est un gain. Mais si continuer à vivre me permet encore d'accomplir une œuvre utile, alors je ne sais pas que choisir. Je suis tiraillé par deux désirs contraires: j'aimerais quitter cette vie pour être avec le Christ, ce qui serait bien préférable; mais il est beaucoup plus important, à cause de vous, que je continue à vivre. Comme je suis certain de cela, je sais que je resterai, que je demeurerai avec vous tous pour vous aider à progresser et à être joyeux dans la foi. Ainsi, quand je me retrouverai auprès de vous, vous aurez grâce à moi d'autant plus sujet d'être fiers dans la communion avec Jésus-Christ. Seulement, conduisez-vous d'une manière conforme à la Bonne Nouvelle du Christ. Ainsi, que j'aille vous voir ou que je reste absent, je pourrai apprendre que vous demeurez fermement unis dans un même esprit, et que vous combattez ensemble d'un même cœur pour la foi fondée sur la Bonne Nouvelle. Ne vous laissez effrayer en rien par vos adversaires: ce sera pour eux le signe qu'ils vont à leur perte et que vous êtes sur la voie du salut; et cela vient de Dieu. Car Dieu vous a accordé la faveur de servir le Christ, non seulement en croyant en lui, mais encore en souffrant pour lui. Maintenant, vous participez au même combat que vous m'avez vu livrer autrefois et que je livre encore, comme vous le savez. Votre union avec le Christ vous donne-t-elle du courage? Son amour vous apporte-t-il du réconfort? Êtes-vous en communion avec le Saint-Esprit? Avez-vous de l'affection et de la bonté les uns pour les autres? Alors, rendez-moi parfaitement heureux en vous mettant d'accord, en ayant un même amour, en étant unis de cœur et d'intention. Ne faites rien par esprit de rivalité ou par désir inutile de briller, mais, avec humilité, considérez les autres comme supérieurs à vous-mêmes. Que personne ne recherche son propre intérêt, mais que chacun de vous pense à celui des autres. Comportez-vous entre vous comme on le fait quand on connaît Jésus-Christ: Il possédait depuis toujours la condition divine, mais il n'a pas voulu demeurer de force l'égal de Dieu. Au contraire, il a de lui-même renoncé à tout ce qu'il avait et il a pris la condition de serviteur. Il est devenu homme parmi les hommes, il a été reconnu comme homme; il a choisi de vivre dans l'humilité et s'est montré obéissant jusqu'à la mort, la mort sur une croix. C'est pourquoi Dieu l'a élevé à la plus haute place et lui a donné le nom supérieur à tout autre nom. Il a voulu que, pour honorer le nom de Jésus, tous les êtres, dans les cieux, sur la terre et sous la terre, se mettent à genoux, et que tous proclament, à la gloire de Dieu le Père: «Jésus-Christ est le Seigneur!». Ainsi, mes chers amis, vous m'avez toujours obéi quand je me trouvais auprès de vous. Eh bien, faites-le encore plus maintenant que je suis absent. Menez à bien votre salut humblement, avec respect, car Dieu agit parmi vous, il vous rend capables de vouloir et de réaliser ce qui est conforme à son propre plan. Faites tout sans plaintes ni contestations, afin que vous soyez irréprochables et purs, des enfants de Dieu sans défaut au milieu des gens faux et mauvais de ce monde. Vous devez briller parmi eux comme les étoiles dans le ciel, en leur présentant le message de vie. Ainsi, je pourrai être fier de vous au jour de la venue du Christ, car mon travail et ma peine n'auront pas été inutiles. Peut-être mon sang va-t-il être versé, comme une offrande ajoutée au sacrifice que votre foi présente à Dieu. Si tel doit être le cas, j'en suis heureux et vous associe tous à ma joie. De même, vous aussi vous devez être heureux et m'associer à votre joie. Avec confiance dans le Seigneur Jésus, j'ai bon espoir de vous envoyer bientôt Timothée, afin d'être réconforté moi-même par les nouvelles que j'aurai de vous. Il est le seul à prendre part à mes préoccupations et à se soucier réellement de vous. Tous les autres s'inquiètent seulement de leurs affaires personnelles et non de la cause de Jésus-Christ. Vous savez vous-mêmes comment Timothée a donné des preuves de sa fidélité: comme un fils avec son père, il s'est activé avec moi au service de la Bonne Nouvelle. J'espère vous l'envoyer dès que je serai au clair sur ma situation; et j'ai la certitude, fondée dans le Seigneur, que j'irai moi-même vous voir bientôt. J'ai estimé nécessaire de vous renvoyer notre frère Épaphrodite, mon compagnon de travail et de combat, lui que vous m'aviez envoyé pour m'apporter l'aide dont j'avais besoin. Il désire beaucoup vous revoir tous et il est préoccupé parce que vous avez appris sa maladie. Il a été malade, en effet, et bien près de mourir; mais Dieu a eu pitié de lui, et non seulement de lui, mais aussi de moi, pour que je n'éprouve pas une tristesse encore plus grande. Je me sens donc d'autant plus pressé de vous l'envoyer, afin que vous vous réjouissiez de le revoir et que ma propre tristesse disparaisse. Ainsi, accueillez-le avec une joie entière, comme un frère dans le Seigneur. Vous devez avoir de l'estime pour des hommes tels que lui, car il a été près de mourir pour l'œuvre du Christ: il a risqué sa vie pour m'apporter l'aide que vous ne pouviez pas m'apporter vous-mêmes. Et maintenant, mes frères, soyez joyeux d'être unis au Seigneur. Il ne m'est pas pénible de vous répéter ce que j'ai déjà écrit, et pour vous cela vaut mieux. Gardez-vous de ceux qui commettent le mal, ces chiens, ces partisans d'une fausse circoncision! En fait, c'est nous qui avons la vraie circoncision, car nous servons Dieu par son Esprit, nous sommes fiers d'être à Jésus-Christ et nous ne fondons pas notre assurance sur des privilèges humains. Pourtant, je pourrais aussi me réclamer de tels privilèges. J'aurais plus de raisons de le faire que qui que ce soit d'autre. J'ai été circoncis le huitième jour après ma naissance. Je suis Israélite de naissance, de la tribu de Benjamin, Hébreu descendant d'Hébreux. Je pratiquais la loi juive en bon Pharisien, et j'étais si fanatique que je persécutais l'Église. En ce qui concerne la vie juste prescrite par la loi, j'étais irréprochable. Mais ces qualités que je regardais comme un gain, je les considère maintenant comme une perte à cause du Christ. Et je considère même toute chose comme une perte en comparaison de ce bien suprême: connaître Jésus-Christ mon Seigneur, pour qui je me suis privé de tout avantage personnel; je considère tout cela comme des déchets, afin de gagner le Christ et d'être parfaitement uni à lui. Je n'ai plus la prétention d'être juste grâce à ma pratique de la loi. C'est par la foi au Christ que je le suis, grâce à cette possibilité d'être juste créée par Dieu et qu'il accorde en réponse à la foi. Tout ce que je désire, c'est de connaître le Christ et la puissance de sa résurrection, d'avoir part à ses souffrances et d'être rendu semblable à lui dans sa mort, avec l'espoir que je serai moi aussi relevé d'entre les morts. Je ne prétends pas avoir déjà atteint le but ou être déjà devenu parfait. Mais je poursuis ma course pour m'efforcer d'en saisir le prix, car j'ai été moi-même saisi par Jésus-Christ. Non, frères, je ne pense pas avoir déjà obtenu le prix; mais je fais une chose: j'oublie ce qui est derrière moi et m'efforce d'atteindre ce qui est devant moi. Ainsi, je cours vers le but afin de gagner le prix que Dieu, par Jésus-Christ, nous appelle à recevoir là-haut. Nous tous qui sommes spirituellement adultes, ayons cette même préoccupation. Cependant, si vous avez une autre opinion, Dieu vous éclairera à ce sujet. Quoi qu'il en soit, continuons à avancer dans la direction que nous avons suivie jusqu'à maintenant. Frères, imitez-moi tous. Nous avons donné l'exemple; alors fixez vos regards sur ceux qui se conduisent selon cet exemple. Je vous l'ai déjà dit souvent et je vous le répète maintenant en pleurant: il y en a beaucoup qui se conduisent en ennemis de la croix du Christ. Ils courent à leur perte, car leur dieu c'est leur ventre, ils sont fiers de ce qui devrait leur faire honte et ils n'ont en tête que les choses de ce monde. Quant à nous, nous sommes citoyens des cieux, d'où nous attendons que vienne notre Sauveur, le Seigneur Jésus-Christ. Il transformera notre misérable corps mortel pour le rendre semblable à son corps glorieux, grâce à la puissance qui lui permet de soumettre toutes choses à son autorité. Mes chers frères, je désire tellement vous revoir! Vous êtes ma joie et ma couronne de victoire! Eh bien, mes amis, voilà comment vous devez demeurer fermes dans votre vie avec le Seigneur. Évodie et Syntyche, je vous en prie, je vous en supplie, vivez en bon accord dans la communion avec le Seigneur. Et toi aussi, mon fidèle collègue, je te demande de les aider; elles ont en effet combattu avec moi pour répandre la Bonne Nouvelle, ainsi qu'avec Clément et tous mes autres collaborateurs, dont les noms se trouvent dans le livre de vie. Soyez toujours joyeux d'appartenir au Seigneur. Je le répète: Soyez joyeux! Que votre bonté soit évidente aux yeux de tous. Le Seigneur viendra bientôt. Ne vous inquiétez de rien, mais en toute circonstance demandez à Dieu dans la prière ce dont vous avez besoin, et faites-le avec un cœur reconnaissant. Et la paix de Dieu, qui dépasse tout ce que l'on peut imaginer, gardera vos cœurs et vos pensées en communion avec Jésus-Christ. Enfin, frères, portez votre attention sur tout ce qui est bon et digne de louange: sur tout ce qui est vrai, respectable, juste, pur, agréable et honorable. Mettez en pratique ce que vous avez appris et reçu de moi, ce que vous m'avez entendu dire et vu faire. Et le Dieu qui accorde la paix sera avec vous. J'ai éprouvé une grande joie dans ma vie avec le Seigneur: vous avez enfin pu manifester de nouveau votre intérêt pour moi. Cet intérêt vous l'aviez déjà, certes, mais vous n'aviez pas l'occasion de me le montrer. Et je ne parle pas ainsi parce que je suis dans le besoin. J'ai en effet appris à me contenter toujours de ce que j'ai. Je sais vivre dans la pauvreté aussi bien que dans l'abondance. J'ai appris à être satisfait partout et en toute circonstance, que j'aie de quoi me nourrir ou que j'aie faim, que je sois dans l'abondance ou dans le besoin. Je peux faire face à toutes les difficultés grâce au Christ qui m'en donne la force. Cependant, vous avez bien fait de prendre votre part de mes détresses. Vous le savez bien vous-mêmes, Philippiens: quand j'ai quitté la Macédoine, à l'époque où commençait la diffusion de la Bonne Nouvelle, vous avez été la seule Église à m'aider, vous seuls avez participé à mes profits et pertes. Déjà quand j'étais à Thessalonique, vous m'avez envoyé plus d'une fois ce dont j'avais besoin. Ce n'est pas que je cherche à recevoir des dons; mais je désire qu'un bénéfice soit ajouté à votre compte. Je certifie donc que j'ai reçu tout ce que vous m'avez envoyé; c'est plus que suffisant. Maintenant qu'Épaphrodite m'a apporté vos dons, je dispose de tout le nécessaire. Ces dons sont comme une offrande d'agréable odeur, un sacrifice que Dieu accepte et qui lui plaît. Mon Dieu pourvoira à tous vos besoins, selon sa magnifique richesse, par Jésus-Christ. A Dieu notre Père soit la gloire pour toujours. Amen. Saluez au nom de Jésus-Christ chacun des membres de votre communauté. Les frères qui sont avec moi vous adressent leurs salutations. Tous les croyants d'ici, et spécialement ceux qui sont au service de l'empereur, vous adressent leurs salutations. Que la grâce du Seigneur Jésus-Christ soit avec vous tous. De la part de Paul, qui par la volonté de Dieu est apôtre de Jésus-Christ, et de la part de Timothée, notre frère. A ceux qui appartiennent au peuple de Dieu à Colosses et qui sont nos fidèles frères dans la communion avec le Christ: Que Dieu notre Père vous accorde la grâce et la paix. Nous remercions toujours Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, quand nous prions pour vous. En effet, nous avons entendu parler de votre foi en Jésus-Christ et de l'amour que vous avez pour tous les croyants. Quand le message de la vérité, la Bonne Nouvelle, est parvenu pour la première fois chez vous, vous avez appris ce que Dieu vous réserve dans les cieux: votre foi et votre amour sont fondés sur cette espérance. La Bonne Nouvelle se répand et porte des fruits dans le monde entier, tout comme elle l'a fait parmi vous depuis le jour où, pour la première fois, vous avez entendu parler de la grâce de Dieu et avez découvert ce qu'elle est véritablement. C'est Épaphras, notre cher compagnon de service, qui vous a donné cet enseignement; il travaille pour vous comme un fidèle serviteur du Christ. Il nous a informés de l'amour que l'Esprit Saint vous a donné. C'est pourquoi nous ne cessons pas de prier pour vous, depuis le jour où nous avons entendu parler de vous. Nous demandons à Dieu de vous faire connaître pleinement sa volonté, grâce à toute la sagesse et l'intelligence que donne son Esprit. Ainsi, vous pourrez vous conduire d'une façon digne du Seigneur, en faisant toujours ce qui lui plaît. Vous produirez toutes sortes d'actions bonnes et progresserez dans la connaissance de Dieu. Nous lui demandons de vous fortifier à tous égards par sa puissance glorieuse, afin que vous puissiez tout supporter avec patience. Remerciez avec joie Dieu le Père: il vous a rendus capables d'avoir part aux biens qu'il réserve dans le royaume de lumière à ceux qui lui appartiennent. Il nous a en effet arrachés à la puissance de la nuit et nous a fait passer dans le royaume de son Fils bien-aimé. C'est par lui qu'il nous a délivrés du mal et que nos péchés sont pardonnés. Le Christ est l'image visible du Dieu invisible. Il est le Fils premier-né, supérieur à tout ce qui a été créé. Car c'est par lui que Dieu a tout créé dans les cieux et sur la terre, ce qui est visible et ce qui est invisible, puissances spirituelles, dominations, autorités et pouvoirs. Dieu a tout créé par lui et pour lui. Il existait avant toutes choses, et c'est par lui qu'elles sont toutes maintenues à leur place. Il est la tête du corps, qui est l'Église; c'est en lui que commence la vie nouvelle, il est le Fils premier-né, le premier à avoir été ramené d'entre les morts, afin d'avoir en tout le premier rang. Car Dieu a décidé d'être pleinement présent en son Fils et, par lui, il a voulu réconcilier l'univers entier avec lui. C'est par la mort de son Fils sur la croix qu'il a établi la paix pour tous, soit sur la terre soit dans les cieux. Vous aussi, vous étiez autrefois loin de Dieu, vous étiez ses ennemis à cause de tout le mal que vous pensiez et commettiez. Mais maintenant, par la mort que son Fils a subie dans son corps humain, Dieu vous a réconciliés avec lui, afin de vous faire paraître devant lui saints, sans défaut et irréprochables. Cependant, il faut que vous demeuriez dans la foi, fermement établis sur de solides fondations, sans vous laisser écarter de l'espérance qui est la vôtre depuis que vous avez entendu la Bonne Nouvelle. Cette Bonne Nouvelle a été annoncée à l'humanité entière, et c'est d'elle que moi, Paul, je suis devenu le serviteur. Maintenant, je me réjouis des souffrances que j'éprouve pour vous. Car, en ma personne, je complète ainsi ce qui manque encore aux souffrances du Christ pour son corps, qui est l'Église. Je suis devenu serviteur de l'Église, conformément à la mission que Dieu m'a confiée à votre égard: il m'a chargé d'annoncer pleinement son message, c'est-à-dire le plan secret qu'il a tenu caché depuis toujours à toute l'humanité, mais qu'il a révélé maintenant aux croyants. Car Dieu a voulu leur faire connaître ce plan secret, si riche et si magnifique, élaboré en faveur de tous les peuples. Et voici ce secret: le Christ est en vous et il vous donne l'assurance que vous aurez part à la gloire de Dieu. Ainsi, nous annonçons le Christ à tout être humain. Nous avertissons et instruisons chacun, avec toute la sagesse possible, afin de rendre chacun spirituellement adulte dans l'union avec le Christ. A cet effet, je travaille et lutte avec la force qui vient du Christ et qui agit en moi avec puissance. Je tiens à ce que vous sachiez combien dure est la lutte que je livre pour vous, pour ceux de Laodicée et pour bien d'autres qui ne me connaissent pas personnellement. Je désire que leur cœur soit rempli de courage, qu'ils soient unis dans l'amour et enrichis de toute la certitude que donne une vraie intelligence. Ils pourront connaître ainsi le secret de Dieu, c'est-à-dire le Christ lui-même: en lui se trouvent cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance divines. Je vous dis cela afin que personne ne puisse vous tromper par des raisonnements séduisants. Même si je suis absent de corps, je suis à vos côtés en esprit, et je suis heureux de vous voir tenir bon et rester solides dans votre foi au Christ. Ainsi, puisque vous avez accepté Jésus-Christ comme Seigneur, vivez dans l'union avec lui. Soyez enracinés en lui et construisez toute votre vie sur lui. Soyez toujours plus fermes dans la foi, conformément à l'enseignement que vous avez reçu, et soyez pleins de reconnaissance. Prenez garde que personne ne vous séduise par les arguments trompeurs et vides de la sagesse humaine: elle se fonde sur les traditions des hommes, sur les forces spirituelles du monde, et non sur le Christ. Car tout ce qui est en Dieu a pris corps dans le Christ et habite pleinement en lui; et c'est par lui que vous avez tout reçu pleinement, lui qui domine toute autorité et tout pouvoir spirituels. Dans l'union avec lui, vous avez été circoncis, non pas de la circoncision faite par les hommes, mais de la circoncision qui vient du Christ et qui nous délivre de notre être pécheur. En effet, quand vous avez été baptisés, vous avez été mis au tombeau avec le Christ, et vous êtes aussi ressuscités avec lui, parce que vous avez cru en la puissance de Dieu qui l'a ramené d'entre les morts. Autrefois, vous étiez spirituellement morts à cause de vos fautes et parce que vous étiez des incirconcis, des païens. Mais maintenant, Dieu vous a fait revivre avec le Christ. Il nous a pardonné toutes nos fautes. Il a annulé le document qui nous accusait et qui nous était contraire par ses dispositions: il l'a supprimé en le clouant à la croix. C'est ainsi que Dieu a désarmé les autorités et pouvoirs spirituels; il les a donnés publiquement en spectacle en les emmenant comme prisonniers dans le cortège triomphal de son Fils. Ainsi, ne laissez personne vous juger à propos de ce que vous mangez ou buvez, ou pour une question de fête, de nouvelle lune ou de sabbat. Tout cela n'est que l'ombre des biens à venir; mais la réalité, c'est le Christ. Ne vous laissez pas condamner par des gens qui prennent plaisir à des pratiques extérieures d'humilité et au culte des anges, et qui attachent beaucoup d'importance à leurs visions. De tels êtres sont enflés d'un vain orgueil par leur façon trop humaine de penser; ils ne restent pas attachés au Christ, qui est la tête. C'est pourtant grâce au Christ que le corps entier est nourri et bien uni par ses jointures et ses articulations, et qu'il grandit comme Dieu le veut. Vous êtes morts avec le Christ et avez été délivrés des forces spirituelles du monde. Alors, pourquoi vivez-vous comme si vous dépendiez de ce monde, en acceptant qu'on vous impose des règles de ce genre: «Ne prends pas ceci», «Ne goûte pas cela», «N'y touche pas»? Elles concernent des choses destinées à disparaître dès qu'on en fait usage. Il s'agit là de prescriptions et d'enseignements purement humains. Certes, ces règles ont une apparence de sagesse, car elles parlent de religion personnelle, d'humilité et d'obligation de traiter durement son corps; mais elles n'ont aucune valeur pour maîtriser les désirs de notre propre nature. Vous avez été ramenés de la mort à la vie avec le Christ. Alors, recherchez les choses qui sont au ciel, là où le Christ siège à la droite de Dieu. Préoccupez-vous de ce qui est là-haut et non de ce qui est sur la terre. Car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu. Votre véritable vie, c'est le Christ, et quand il paraîtra, alors vous paraîtrez aussi avec lui en participant à sa gloire. Faites donc mourir tout ce qui est terrestre en vous: l'immoralité, l'impureté, les passions, les mauvais désirs et l'avarice (car l'avarice, c'est de l'idolâtrie). Ce sont de telles fautes qui attirent la colère de Dieu sur ceux qui s'opposent à lui. Voilà comment vous vous conduisiez autrefois quand votre vie était dominée par ces péchés. Mais maintenant, rejetez tout cela: la colère, l'irritation et la méchanceté. Qu'aucune insulte ou parole grossière ne sorte de votre bouche. Ne vous mentez pas les uns aux autres, car vous avez abandonné votre vieille nature avec ses habitudes et vous vous êtes revêtus de la nouvelle nature: vous êtes des êtres nouveaux que Dieu, notre Créateur, renouvelle continuellement à son image, pour que vous le connaissiez parfaitement. Il n'importe donc plus que l'on soit non-Juif ou Juif, circoncis ou incirconcis, non civilisé, primitif, esclave ou homme libre; ce qui compte, c'est le Christ qui est tout et en tous. Vous faites partie du peuple de Dieu; Dieu vous a choisis et il vous aime. C'est pourquoi vous devez vous revêtir d'affectueuse bonté, de bienveillance, d'humilité, de douceur et de patience. Supportez-vous les uns les autres; et si l'un de vous a une raison de se plaindre d'un autre, pardonnez-vous réciproquement, tout comme le Seigneur vous a pardonné. Et par-dessus tout, mettez l'amour, ce lien qui vous permettra d'être parfaitement unis. Que la paix du Christ règne dans vos cœurs; c'est en effet à cette paix que Dieu vous a appelés, en tant que membres d'un seul corps. Soyez reconnaissants. Que la parole du Christ, avec toute sa richesse, habite en vous. Instruisez-vous et avertissez-vous les uns les autres avec une pleine sagesse. Chantez à Dieu, de tout votre cœur et avec reconnaissance, des psaumes, des hymnes et des cantiques inspirés par l'Esprit. Tout ce que vous faites, en paroles ou en actions, faites-le au nom du Seigneur Jésus, en remerciant par lui Dieu le Père. Femmes, soyez soumises à vos maris, comme il convient de le faire devant le Seigneur. Maris, aimez vos femmes et ne leur montrez point de mauvaise humeur. Enfants, obéissez en tout à vos parents, car voilà ce que le Seigneur approuve. Pères, n'irritez pas vos enfants, afin qu'ils ne se découragent pas. Esclaves, obéissez en tout à vos maîtres d'ici-bas. Ne le faites pas seulement quand ils vous surveillent, pour leur plaire; mais obéissez d'un cœur sincère, à cause du respect que vous avez pour le Seigneur. Quel que soit votre travail, faites-le de tout votre cœur, comme pour le Seigneur et non pour des hommes. Rappelez-vous que le Seigneur vous récompensera: vous recevrez les biens qu'il réserve aux siens. Car le véritable Maître que vous servez, c'est le Christ. Mais celui qui fait le mal en subira les conséquences, car Dieu n'avantage personne. Maîtres, traitez vos esclaves d'une façon droite et juste. Rappelez-vous que vous avez, vous aussi, un Maître dans le ciel. Priez avec fidélité, demeurez vigilants par la prière adressée à Dieu avec reconnaissance. En même temps, priez aussi pour nous, afin que Dieu nous accorde une occasion favorable de prêcher sa parole, d'annoncer le secret du Christ. En effet, c'est pour cela que je suis maintenant en prison. Priez donc pour que je puisse parler de ce secret et le faire clairement connaître, comme je le dois. Conduisez-vous avec sagesse envers les non-chrétiens, en profitant de toute occasion qui se présente à vous. Que vos paroles soient toujours agréables et pleines d'intérêt; sachez répondre à chacun de la bonne manière. Tychique, notre compagnon, ce cher frère et fidèle collaborateur au service du Seigneur, vous donnera toutes les nouvelles qui me concernent. Je vous l'envoie donc en particulier pour vous dire comment nous allons et pour vous réconforter. Il est accompagné par Onésime, le cher et fidèle frère, qui est l'un des vôtres. Ils vous informeront de tout ce qui se passe ici. Aristarque, qui est en prison avec moi, vous adresse ses salutations, ainsi que Marc, le cousin de Barnabas. Vous avez déjà reçu des instructions au sujet de Marc: s'il vient chez vous, accueillez-le bien. Jésus, surnommé Justus, vous salue aussi. Ces trois hommes sont les seuls chrétiens d'origine juive qui travaillent avec moi pour le Royaume de Dieu; ils ont été un grand réconfort pour moi. Épaphras, qui est aussi l'un des vôtres, vous salue; ce serviteur de Jésus-Christ ne cesse pas de prier avec ardeur pour vous, afin que vous demeuriez fermes, spirituellement adultes et bien décidés à faire en tout la volonté de Dieu. Je peux lui rendre ce témoignage: il se donne beaucoup de peine pour vous, pour ceux de Laodicée et pour ceux d'Hiérapolis. Luc, notre ami le médecin, et Démas vous saluent. Saluez les frères qui sont à Laodicée, ainsi que Nympha et l'Église qui se réunit dans sa maison. Quand vous aurez lu cette lettre, faites en sorte qu'on la lise aussi dans l'Église de Laodicée; lisez vous-mêmes celle qu'on vous transmettra de là-bas. Dites à Archippe: «Prends soin de bien accomplir la tâche dont tu as été chargé au service du Seigneur.» C'est de ma propre main que j'écris ces mots: Salutations de Paul. – N'oubliez pas que je suis en prison. – Que la grâce de Dieu soit avec vous. De la part de Paul, Silas et Timothée. A l'Église de Thessalonique, qui appartient à Dieu le Père et au Seigneur Jésus-Christ: Que la grâce et la paix vous soient accordées. Nous remercions toujours Dieu pour vous tous et nous pensons sans cesse à vous dans nos prières. En effet, nous nous rappelons devant Dieu notre Père votre foi si efficace, votre amour si actif et votre espérance si ferme en notre Seigneur Jésus-Christ. Nous savons, frères, que Dieu vous a aimés et vous a choisis pour être à lui. En effet, quand nous vous avons annoncé la Bonne Nouvelle, ce ne fut pas seulement en paroles, mais aussi avec la puissance et le secours du Saint-Esprit, et avec une entière conviction. Vous savez comment nous nous sommes comportés parmi vous, pour votre bien. Vous avez suivi notre exemple et celui du Seigneur; malgré la détresse qui était la vôtre, vous avez reçu la parole de Dieu avec la joie qui vient du Saint-Esprit. Ainsi, vous êtes devenus un modèle pour tous les croyants de Macédoine et d'Achaïe. En effet, non seulement la parole du Seigneur s'est propagée de chez vous en Macédoine et en Achaïe, mais encore c'est partout que la nouvelle de votre foi en Dieu s'est répandue. Nous n'avons donc pas besoin d'en parler. Tous racontent comment vous nous avez accueillis quand nous sommes allés chez vous et comment vous avez abandonné les idoles pour vous tourner vers Dieu, afin de le servir, lui, le Dieu vivant et vrai. Vous attendez que Jésus, son Fils, vienne des cieux. C'est lui que Dieu a ramené d'entre les morts; il nous délivre du jugement divin, qui est proche. Vous le savez bien vous-mêmes, frères: ce n'est pas inutilement que nous sommes allés chez vous. Vous savez aussi que, peu auparavant, nous avions été insultés et maltraités à Philippes. Mais Dieu nous a donné le courage de vous annoncer sa Bonne Nouvelle, malgré une forte opposition. En effet, l'appel que nous adressons à tous n'est pas fondé sur l'erreur ou sur des motifs impurs, et nous ne cherchons à tromper personne. Au contraire, nous parlons toujours comme Dieu le veut, car il nous a jugés dignes de confiance et nous a confié sa Bonne Nouvelle. Nous ne cherchons pas à plaire aux hommes, mais à Dieu qui évalue nos intentions profondes. Vous le savez bien, nous n'avons jamais usé d'un langage flatteur; nous n'avons pas non plus caché sous nos paroles des motifs intéressés, Dieu nous en est témoin. Nous n'avons recherché les éloges de personne, ni de vous ni des autres; pourtant nous aurions pu vous imposer notre autorité, en tant qu'apôtres du Christ. Au contraire, nous avons fait preuve de douceur parmi vous, comme une mère qui prend soin de ses enfants. Nous avions une telle affection pour vous, que nous étions prêts à vous donner non seulement la Bonne Nouvelle de Dieu, mais encore notre propre vie. Vous nous étiez devenus si chers! Vous vous rappelez certainement, frères, nos peines et nos fatigues: nous avons travaillé jour et nuit pour n'être à la charge d'aucun d'entre vous tandis que nous vous annoncions la Bonne Nouvelle de Dieu. Vous en êtes témoins à notre égard et Dieu l'est aussi: notre conduite envers vous, les croyants, a été pure, juste et irréprochable. Vous savez que nous avons agi avec chacun de vous comme un père avec ses enfants. Nous vous avons encouragés et réconfortés, nous vous avons demandé avec insistance de vous conduire d'une façon digne de Dieu, lui qui vous appelle à participer à son Royaume et à sa gloire. Nous remercions sans cesse Dieu pour une autre raison encore: Quand nous vous avons annoncé la parole de Dieu, vous l'avez écoutée et accueillie non comme une simple parole humaine, mais comme la parole de Dieu, ce qu'elle est réellement. Ainsi, elle agit en vous, les croyants. Frères, vous avez passé par la même expérience que les Églises de Judée, qui appartiennent à Dieu et croient en Jésus-Christ. Vous avez souffert de la part de vos compatriotes ce qu'elles ont souffert de la part des Juifs. Ceux-ci ont mis à mort le Seigneur Jésus et les prophètes, et ils nous ont persécutés. Ils déplaisent à Dieu et sont ennemis de tous les hommes! Ils veulent nous empêcher d'annoncer aux autres peuples le message qui peut les sauver. Ils complètent ainsi la série de péchés qu'ils ont commis dans tous les temps. Mais la colère de Dieu les a finalement atteints. Quant à nous, frères, nous avons dû nous séparer de vous pour quelque temps, de corps et non de cœur, bien sûr. Mais nous avions un tel désir de vous revoir que nous avons redoublé d'efforts pour y parvenir. Nous avons donc voulu retourner chez vous, et moi, Paul, j'ai essayé de le faire plus d'une fois. Mais Satan nous en a empêchés. C'est vous, en effet, vous et personne d'autre, qui êtes notre espérance, notre joie et le signe de victoire dont nous pourrons être fiers devant notre Seigneur Jésus quand il viendra. Oui, vous êtes notre sujet de gloire et de joie! Finalement, nous n'avons plus pu supporter cette attente. Nous avons alors décidé de rester seuls à Athènes et nous vous avons envoyé Timothée, notre frère; il est collaborateur de Dieu pour la diffusion de la Bonne Nouvelle du Christ. Il devait vous fortifier et vous encourager dans votre foi, afin qu'aucun de vous ne se laisse abattre par les persécutions que nous subissons. Vous le savez vous-mêmes, de telles persécutions font partie du plan de Dieu à notre égard. En effet, lorsque nous étions encore auprès de vous, nous vous avons prévenus que nous allions être persécutés; c'est ce qui est arrivé, vous le savez bien. C'est pourquoi, comme je ne pouvais plus supporter cette attente, j'ai envoyé Timothée s'informer de votre foi. Je craignais que le diable ne vous ait tentés et que toute notre peine soit devenue inutile. Mais maintenant, Timothée nous est revenu de chez vous, et il nous a donné de bonnes nouvelles de votre foi et de votre amour. Il nous a dit que vous pensez toujours à nous avec affection et que vous désirez nous revoir tout comme nous désirons vous revoir. Ainsi, au milieu de toutes nos détresses et de toutes nos souffrances, nous avons été réconfortés à votre sujet, frères, grâce à votre foi. Maintenant nous revivons puisque vous demeurez fermes dans l'union avec le Seigneur. Comment pourrions-nous assez remercier notre Dieu à votre sujet, à cause de toute la joie que vous nous donnez devant lui? Jour et nuit, nous lui demandons avec ardeur de nous permettre de vous revoir personnellement et de compléter ce qui manque encore à votre foi. Que Dieu lui-même, notre Père, et notre Seigneur Jésus nous ouvrent le chemin qui conduit chez vous! Que le Seigneur fasse croître de plus en plus l'amour que vous avez les uns pour les autres et envers tous les humains, à l'exemple de l'amour que nous avons pour vous. Qu'il fortifie vos cœurs, pour que vous soyez saints et irréprochables devant Dieu notre Père, quand notre Seigneur Jésus viendra avec tous ceux qui lui appartiennent. Amen. Enfin, frères, vous avez appris de nous comment vous devez vous conduire pour plaire à Dieu. Certes, vous vous conduisez déjà ainsi. Mais maintenant, nous vous le demandons et vous en supplions au nom du Seigneur Jésus: faites mieux encore. Vous connaissez en effet les instructions que nous vous avons données de la part du Seigneur Jésus. Voici quelle est la volonté de Dieu: c'est que vous soyez saints et que vous vous gardiez de l'immoralité. Que chacun de vous sache prendre femme d'une façon sainte et honorable, sans se laisser dominer par de mauvais désirs, comme les païens qui ne connaissent pas Dieu. Dans cette affaire, que personne ne cause du tort à son frère ou ne porte atteinte à ses droits. Nous vous l'avons déjà dit et vous en avons sérieusement avertis: le Seigneur punira ceux qui commettent de telles fautes. Dieu ne nous a pas appelés à vivre dans l'immoralité, mais dans la sainteté. C'est pourquoi, celui qui rejette ces prescriptions ne rejette pas un homme, mais Dieu qui vous donne son Saint-Esprit. Vous n'avez pas besoin qu'on vous écrive au sujet de l'amour fraternel; en effet, vous avez vous-mêmes appris de Dieu à vous aimer les uns les autres. C'est d'ailleurs cet amour que vous manifestez envers tous les frères de la Macédoine entière. Mais nous vous exhortons, frères, à faire mieux encore. Ayez pour ambition de vivre en paix, de vous occuper de vos propres affaires et de gagner votre vie de vos propres mains, comme nous vous l'avons déjà recommandé. Votre conduite suscitera ainsi le respect des non-chrétiens, et vous ne serez à la charge de personne. Frères, nous désirons que vous connaissiez la vérité au sujet de ceux qui sont morts, afin que vous ne soyez pas tristes comme les autres, ceux qui n'ont pas d'espérance. Nous croyons que Jésus est mort et qu'il s'est relevé de la mort; de même, nous croyons aussi que Dieu relèvera avec Jésus ceux qui seront morts en croyant en lui. Voici en effet ce que nous déclarons d'après un enseignement du Seigneur: ceux d'entre nous qui seront encore en vie quand le Seigneur viendra, ne seront pas avantagés par rapport à ceux qui seront morts. On entendra un cri de commandement, la voix de l'archange et le son de la trompette de Dieu, et le Seigneur lui-même descendra du ciel. Ceux qui seront morts en croyant au Christ se relèveront les premiers; ensuite, nous qui serons encore en vie à ce moment-là, nous serons enlevés avec eux au travers des nuages pour rencontrer le Seigneur dans les airs. Et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur. Réconfortez-vous donc les uns les autres par ces paroles. Vous n'avez pas besoin, frères, qu'on vous écrive au sujet des temps et des moments où tout cela arrivera. Car vous savez très bien vous-mêmes que le jour du Seigneur viendra de façon aussi imprévisible qu'un voleur pendant la nuit. Quand les gens diront: «Tout est en paix, en sécurité », c'est alors que, tout à coup, la ruine s'abattra sur eux, comme les douleurs de l'accouchement sur une femme enceinte. Personne ne pourra y échapper. Mais vous, frères, vous n'êtes pas en pleine obscurité pour que ce jour vous surprenne comme un voleur. Vous tous, en effet, vous dépendez de la lumière, vous appartenez au jour. Nous ne dépendons ni de la nuit ni de l'obscurité. Ainsi, ne dormons pas comme les autres; mais restons éveillés, sobres. Les dormeurs, c'est la nuit qu'ils dorment, et les buveurs, c'est la nuit qu'ils s'enivrent. Mais nous, qui appartenons au jour, nous devons être sobres. Prenons la foi et l'amour comme cuirasse, et l'espérance du salut comme casque. En effet, Dieu ne nous a pas destinés à subir sa colère, mais à posséder le salut par notre Seigneur Jésus-Christ. Le Christ est mort pour nous afin de nous faire vivre avec lui, que nous soyons vivants ou morts quand il viendra. Ainsi, encouragez-vous et fortifiez-vous dans la foi les uns les autres, comme vous le faites déjà. Frères, nous vous demandons de respecter ceux qui travaillent parmi vous, ceux qui, par ordre du Seigneur, vous dirigent et vous avertissent. Manifestez-leur beaucoup d'estime et d'amour, à cause de leur activité. Vivez en paix entre vous. Nous vous le recommandons, frères: avertissez les paresseux, encouragez les craintifs, venez en aide aux faibles, soyez patients envers tous. Prenez garde que personne ne rende le mal pour le mal, mais cherchez en tout temps à faire le bien entre vous et envers tout le monde. Soyez toujours joyeux, priez sans cesse, remerciez Dieu en toute circonstance. Voilà ce que Dieu demande de vous, dans votre vie avec Jésus-Christ. Ne faites pas obstacle à l'action du Saint-Esprit; ne méprisez pas les messages inspirés. Mais examinez toutes choses: retenez ce qui est bon, et gardez-vous de toute forme de mal. Que Dieu, source de paix, fasse que vous soyez totalement à lui; qu'il garde votre être entier, l'esprit, l'âme et le corps, irréprochable pour le jour où viendra notre Seigneur Jésus-Christ. Celui qui vous appelle accomplira cela, car il est fidèle. Frères, priez aussi pour nous. Saluez tous les frères d'un baiser fraternel. Je vous en supplie, au nom du Seigneur: lisez cette lettre à tous les frères. Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec vous. De la part de Paul, Silas et Timothée. A l'Église de Thessalonique, qui appartient à Dieu notre Père et au Seigneur Jésus-Christ: Que Dieu notre Père et le Seigneur Jésus-Christ vous accordent la grâce et la paix. Nous devons sans cesse remercier Dieu à votre sujet, frères. Il est juste que nous le fassions, car votre foi fait de grands progrès et l'amour que vous avez tous, les uns pour les autres, augmente constamment. C'est pourquoi nous parlons de vous avec fierté dans les Églises de Dieu, parce que vous tenez bon dans la foi malgré toutes les persécutions et les détresses que vous subissez. Il y a là une preuve du juste jugement de Dieu, car ce que vous supportez vous rendra dignes de son Royaume, pour lequel vous souffrez. En effet, Dieu est juste: il rendra détresse pour détresse à ceux qui vous font souffrir, et il vous donnera l'apaisement, à vous qui souffrez, ainsi qu'à nous. Cela se passera quand le Seigneur Jésus apparaîtra du ciel avec ses anges puissants; il viendra dans un feu flamboyant, pour punir ceux qui refusent de connaître Dieu et qui n'obéissent pas à la Bonne Nouvelle de notre Seigneur Jésus. Ils subiront comme châtiment une ruine éternelle, loin de la présence du Seigneur et loin de sa puissance glorieuse, lorsqu'il viendra en ce jour-là pour être honoré et admiré par tous ceux qui lui appartiennent et croient en lui. Vous serez vous-mêmes de leur nombre, car vous avez cru au message que nous vous avons annoncé. C'est pourquoi nous prions sans cesse pour vous. Nous demandons à notre Dieu de vous rendre dignes de la vie à laquelle il vous a appelés. Nous demandons que, par sa puissance, il vous aide à réaliser vos désirs de faire le bien et qu'il rende votre foi parfaitement active. Ainsi, le nom de notre Seigneur Jésus sera honoré par vous, et vous serez honorés par lui. Tel sera l'effet de la grâce de notre Dieu et du Seigneur Jésus-Christ. En ce qui concerne la venue de notre Seigneur Jésus-Christ et notre rassemblement auprès de lui, nous vous demandons une chose, frères: ne vous laissez pas trop facilement troubler l'esprit ni effrayer si quelqu'un affirme que le jour du Seigneur est arrivé. Ne le croyez pas, même si l'on se réclame d'une prophétie, d'une déclaration ou d'une lettre qui nous seraient attribuées. Ne vous laissez tromper par personne, d'aucune façon. Car ce jour ne viendra pas avant qu'ait lieu la révolte finale et qu'apparaisse la Méchanceté personnifiée, l'être destiné à la ruine. Celui-ci s'opposera à tout ce que les hommes adorent et considèrent comme divin. Il s'élèvera contre tout cela, et ira jusqu'à pénétrer dans le temple de Dieu pour s'y asseoir en se faisant passer lui-même pour Dieu. Ne vous rappelez-vous pas que je vous ai dit cela quand j'étais encore auprès de vous? Cependant, vous savez que quelque chose retient cet être méchant maintenant, de sorte qu'il n'apparaîtra qu'au moment prévu. La puissance secrète de la Méchanceté est déjà à l'œuvre; seulement, elle ne le sera pleinement que lorsque celui qui la retient encore lui laissera la voie libre. Alors, l'être méchant apparaîtra, et le Seigneur Jésus le fera mourir par le souffle de sa bouche, il le détruira par la splendeur de sa venue. L'être méchant viendra avec la puissance de Satan, il accomplira toutes sortes de miracles et de prodiges trompeurs; il usera du mal sous toutes ses formes pour séduire ceux qui vont à leur perte. Ils se perdront parce qu'ils n'auront pas accueilli et aimé la vérité qui les aurait sauvés. Voilà pourquoi Dieu leur envoie une puissance d'erreur qui les pousse à croire au mensonge. Ainsi, tous ceux qui n'auront pas cru à la vérité, mais qui auront pris plaisir au mal, seront condamnés. Quant à nous, nous devons sans cesse remercier Dieu à votre sujet, frères, vous que le Seigneur aime. Car Dieu vous a choisis, vous les premiers, pour que vous soyez sauvés grâce au Saint-Esprit qui vous fait mener une vie sainte et grâce à votre foi en la vérité. Dieu vous a appelés à cela par la Bonne Nouvelle que nous vous avons annoncée; il a voulu que vous ayez part à la gloire de notre Seigneur Jésus-Christ. Ainsi, frères, demeurez fermes et retenez les enseignements que nous vous avons transmis, soit oralement, soit par notre lettre. Que notre Seigneur Jésus-Christ lui-même et Dieu notre Père, qui nous a aimés et nous a donné par sa grâce un réconfort éternel et une bonne espérance, remplissent vos cœurs de courage et vous accordent la force de pratiquer toujours le bien, en actes et en paroles. Enfin, frères, priez pour nous, afin que la parole du Seigneur se répande rapidement et soit honorée, comme cela s'est passé parmi vous. Priez aussi Dieu de nous délivrer des hommes mauvais et méchants. Car ce n'est pas tout le monde qui accepte de croire. Mais le Seigneur est fidèle. Il vous fortifiera et vous gardera du Mauvais. Et le Seigneur nous donne confiance à votre sujet: nous sommes convaincus que vous faites et continuerez à faire ce que nous vous recommandons. Que le Seigneur dispose vos cœurs à l'amour pour Dieu et à la patience donnée par le Christ. Frères, nous vous le demandons au nom du Seigneur Jésus-Christ: tenez-vous à l'écart de tous les frères qui vivent en paresseux et ne se conforment pas à l'enseignement que nous leur avons transmis. Vous savez bien vous-mêmes comment vous devez suivre notre exemple. Car nous n'avons pas vécu en paresseux chez vous. Nous n'avons demandé à personne de nous nourrir gratuitement; au contraire, acceptant peines et fatigues, nous avons travaillé jour et nuit pour n'être à la charge d'aucun de vous. Nous l'avons fait non pas parce que nous n'aurions pas le droit de recevoir votre aide, mais parce que nous avons voulu vous donner un exemple à suivre. En effet, quand nous étions chez vous, nous vous avons avertis: «Celui qui ne veut pas travailler ne doit pas manger non plus.» Or nous apprenons que certains d'entre vous vivent en paresseux, sans rien faire que de se mêler des affaires des autres. A ces gens-là nous demandons, nous recommandons ceci au nom du Seigneur Jésus-Christ: qu'ils travaillent régulièrement pour gagner leur subsistance. Quant à vous, frères, ne vous lassez pas de faire le bien. Si quelqu'un n'obéit pas aux instructions que nous donnons dans cette lettre, notez-le et n'ayez aucun contact avec lui, afin qu'il en ait honte. Cependant, ne le traitez pas en ennemi, mais avertissez-le comme un frère. Que le Seigneur, source de paix, vous accorde lui-même la paix en tout temps et de toute manière. Que le Seigneur soit avec vous tous. C'est de ma propre main que j'écris ces mots: Salutations de Paul. – Voilà comment je signe toutes mes lettres; c'est ainsi que j'écris. – Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec vous tous. De la part de Paul, apôtre de Jésus-Christ par ordre de Dieu notre Sauveur et de Jésus-Christ notre espérance. A Timothée, mon vrai fils dans la foi: Que Dieu le Père et Jésus-Christ notre Seigneur t'accordent la grâce, le pardon et la paix. Comme je te l'ai recommandé en partant pour la Macédoine, reste à Éphèse. Il y a là des gens qui enseignent de fausses doctrines et il faut que tu leur ordonnes de cesser. Dis-leur de renoncer à ces légendes et à ces longues listes d'ancêtres; elles ne provoquent que des discussions, au lieu de servir le plan salutaire de Dieu, que l'on connaît par la foi. Cet ordre a pour but de susciter l'amour qui vient d'un cœur pur, d'une bonne conscience et d'une foi sincère. Certains se sont détournés de cette ligne de conduite et se sont égarés dans des discussions stupides. Ils prétendent être des maîtres en ce qui concerne la loi de Dieu, mais ils ne comprennent ni ce qu'ils disent ni les sujets dont ils parlent avec tant d'assurance. Nous savons que la loi est bonne, si l'on en fait bon usage. On se rappellera en particulier que la loi n'est pas établie pour ceux qui se conduisent bien, mais pour les malfaiteurs et les rebelles, pour les méchants et les pécheurs, pour les gens qui ne respectent ni Dieu ni ce qui est saint, pour ceux qui tuent père ou mère, pour les assassins, les gens immoraux, les pédérastes, les marchands d'esclaves, les menteurs et ceux qui prononcent de faux serments, ou pour ceux qui commettent toute autre action contraire au véritable enseignement. Cet enseignement se trouve dans la Bonne Nouvelle qui m'a été confiée et qui vient du Dieu glorieux, source du bonheur. Je remercie Jésus-Christ notre Seigneur qui m'a donné la force nécessaire pour ma tâche. Je le remercie de m'avoir estimé digne de confiance en me prenant à son service, bien que j'aie dit du mal de lui autrefois, que je l'aie persécuté et insulté. Mais Dieu a eu pitié de moi, parce que j'étais privé de la foi et ne savais donc pas ce que je faisais. Notre Seigneur a répandu avec abondance sa grâce sur moi, il m'a accordé la foi et l'amour qui viennent de la communion avec Jésus-Christ. Voici une parole certaine, digne d'être accueillie par tous: Jésus-Christ est venu dans le monde pour sauver les pécheurs. Je suis le pire d'entre eux, mais c'est pour cela que Dieu a eu pitié de moi: il a voulu que Jésus-Christ démontre en moi, le pire des pécheurs, toute sa patience comme exemple pour ceux qui, dans l'avenir, croiront en lui et recevront la vie éternelle. Au Roi éternel, immortel, invisible et seul Dieu, soient honneur et gloire pour toujours! Amen. Timothée, mon enfant, je te confie cette recommandation, conformément aux paroles prophétiques qui ont été prononcées autrefois à ton sujet. Que ces paroles soient ta force dans le bon combat que tu as à livrer; garde la foi et une bonne conscience. Quelques-uns ont refusé d'écouter leur conscience et ont causé ainsi le naufrage de leur foi. Parmi eux se trouvent Hyménée et Alexandre; je les ai livrés à Satan afin qu'ils apprennent à ne plus faire insulte à Dieu. En tout premier lieu, je recommande que l'on adresse à Dieu des demandes, des prières, des supplications et des remerciements pour tous les êtres humains. Il faut prier pour les rois et tous ceux qui détiennent l'autorité, afin que nous puissions mener une vie tranquille, paisible, respectable, dans un parfait attachement à Dieu. Voilà ce qui est bon et agréable à Dieu notre Sauveur, qui veut que tous les humains soient sauvés et parviennent à connaître la vérité. Car il y a un seul Dieu, et un seul intermédiaire entre Dieu et l'humanité, l'homme Jésus-Christ qui s'est donné lui-même comme rançon pour la libération de tous. Il a apporté ainsi, au temps fixé, la preuve que Dieu veut que tous les humains soient sauvés. C'est pour cela que j'ai été établi messager et apôtre, chargé d'enseigner aux non-Juifs la foi et la vérité. Je ne mens pas, je dis ce qui est vrai. Je veux donc qu'en tout lieu les hommes prient, en levant des mains pures vers le ciel, sans colère ni esprit de dispute. Je désire aussi que les femmes s'habillent d'une façon décente, avec modestie et simplicité; qu'elles ne s'ornent ni de coiffures compliquées, ni de bijoux d'or, ni de perles, ni de vêtements luxueux, mais d'actions bonnes, comme il convient à des femmes qui déclarent respecter Dieu. Il faut que les femmes reçoivent l'instruction en silence, avec une entière soumission. Je ne permets pas à la femme d'enseigner ou de prendre autorité sur l'homme; elle doit garder le silence. En effet, Adam a été créé le premier, et Ève ensuite. Et ce n'est pas Adam qui s'est laissé tromper, mais c'est la femme qui, cédant à la tromperie, a désobéi à l'ordre de Dieu. Cependant la femme sera sauvée en ayant des enfants, à condition qu'elle demeure dans la foi, l'amour et la sainteté, avec modestie. Voici une parole certaine: si quelqu'un souhaite la fonction de dirigeant dans l'Église, il désire une belle tâche. Il faut qu'un dirigeant d'Église soit irréprochable, mari d'une seule femme, sobre, raisonnable et convenable, hospitalier, capable d'enseigner; qu'il ne soit ni buveur ni violent, mais doux et pacifique; qu'il ne soit pas attaché à l'argent; qu'il soit capable de bien diriger sa propre famille et d'obtenir que ses enfants lui obéissent avec un entier respect. En effet, si quelqu'un ne sait pas diriger sa propre famille, comment pourrait-il prendre soin de l'Église de Dieu? Il ne doit pas être récemment converti; sinon, il risquerait de s'enfler d'orgueil et de finir par être condamné comme le diable. Il faut aussi qu'il mérite le respect des non-chrétiens, afin qu'il ne soit pas méprisé et qu'il ne tombe pas dans les pièges du diable. Les diacres aussi doivent être respectables et sincères; ils ne doivent pas abuser du vin ni rechercher des gains malhonnêtes; qu'ils restent attachés à la vérité révélée de la foi chrétienne, avec une conscience pure. Il faut d'abord qu'on les mette à l'épreuve; ensuite, si on n'a rien à leur reprocher, ils pourront travailler comme diacres. Leurs femmes aussi doivent être respectables et éviter les propos malveillants; qu'elles soient sobres et fidèles en tout. Il faut que le diacre soit le mari d'une seule femme et qu'il soit capable de bien diriger ses enfants, toute sa famille. Les diacres qui s'acquittent bien de leur tâche sont honorés par tous et peuvent parler avec une pleine assurance de la foi qui nous unit à Jésus-Christ. Je t'écris cette lettre, tout en espérant aller te voir bientôt. Cependant, si je tarde à te rejoindre, ces lignes te permettront de savoir comment te conduire dans la famille de Dieu, c'est-à-dire l'Église du Dieu vivant, qui est la colonne et le soutien de la vérité. Oui, incontestablement, il est grand le secret dévoilé dans notre foi! Le Christ, apparu comme un être humain, a été révélé juste par l'Esprit Saint et contemplé par les anges. Annoncé parmi les nations, cru par beaucoup dans le monde, il a été élevé à la gloire céleste. L'Esprit le dit clairement: dans les derniers temps, certains abandonneront la foi pour suivre des esprits trompeurs et des enseignements inspirés par les démons. Ils se laisseront égarer par des gens hypocrites et menteurs, à la conscience marquée au fer rouge. Ces gens-là enseignent qu'on ne doit pas se marier ni manger certains aliments. Mais Dieu a créé ces aliments pour que les croyants, qui connaissent la vérité, les prennent en priant pour le remercier. Tout ce que Dieu a créé est bon; rien n'est à rejeter, mais il faut tout accueillir en remerciant Dieu, car la parole de Dieu et la prière rendent chaque chose agréable à Dieu. Si tu donnes ces instructions aux frères, tu seras un bon serviteur de Jésus-Christ, tu montreras que tu es nourri des paroles de la foi et du véritable enseignement que tu as suivi. Mais rejette les légendes stupides et contraires à la foi. Exerce-toi à vivre dans l'attachement à Dieu. Les exercices physiques sont utiles, mais à peu de chose; l'attachement à Dieu, au contraire, est utile à tout, car il nous assure la vie présente et nous promet la vie future. C'est là une parole certaine, digne d'être accueillie par tous. En effet, si nous peinons et luttons, c'est parce que nous avons mis notre espérance dans le Dieu vivant qui est le Sauveur de tous les humains, et surtout de ceux qui croient. Recommande et enseigne tout cela. Que personne ne te méprise parce que tu es jeune; mais sois un exemple pour les croyants, dans tes paroles, ta conduite, ton amour, ta foi et ta pureté. En attendant que je vienne, applique-toi à lire publiquement l'Écriture, à exhorter et à enseigner. Ne néglige pas le don spirituel que tu possèdes, celui qui t'a été accordé lorsque les prophètes ont parlé et que les anciens ont posé les mains sur toi. Applique-toi à tout cela, donne-toi entièrement à ta tâche. Alors tous verront tes progrès. Prends garde à toi-même et à ton enseignement. Demeure ferme à cet égard. En effet, si tu agis ainsi, tu sauveras aussi bien toi-même que ceux qui t'écoutent. N'adresse pas des reproches avec dureté à un vieillard, mais exhorte-le comme s'il était ton père. Traite les jeunes gens comme des frères, les femmes âgées comme des mères, et les jeunes femmes comme des sœurs, avec une entière pureté. Occupe-toi avec respect des veuves qui sont réellement seules. Mais si une veuve a des enfants ou des petits-enfants, il faut que ceux-ci apprennent à mettre en pratique leur foi d'abord envers leur propre famille et à rendre ainsi à leurs parents ou grands-parents ce qu'ils leur doivent. Voilà ce qui est agréable à Dieu. La veuve qui est réellement seule, qui n'a personne pour prendre soin d'elle, a mis son espérance en Dieu; elle ne cesse pas de prier jour et nuit pour lui demander son aide. Mais la veuve qui ne pense qu'à se divertir est déjà morte, bien que vivante. Voilà ce que tu dois leur rappeler, afin qu'elles soient irréprochables. Si quelqu'un ne prend pas soin de sa parenté et surtout des membres de sa propre famille, il a trahi sa foi, il est pire qu'un incroyant. Pour être inscrite sur la liste des veuves, il faut qu'une femme soit âgée d'au moins soixante ans. En outre, il faut qu'elle n'ait été mariée qu'une fois et qu'elle soit connue pour ses belles actions: qu'elle ait bien élevé ses enfants, exercé l'hospitalité, lavé les pieds des croyants, secouru les malheureux et pratiqué toute espèce d'actions bonnes. Quant aux jeunes veuves, ne les mets pas sur la liste; car lorsque leurs désirs les incitent à se remarier, elles se détournent du Christ et se rendent ainsi coupables d'avoir rompu leur premier engagement à son égard. De plus, n'ayant rien à faire, elles prennent l'habitude d'aller d'une maison à l'autre; mais ce qui est pire encore, elles deviennent bavardes et indiscrètes, elles parlent de choses qui ne les regardent pas. C'est pourquoi, je désire que les jeunes veuves se remarient, qu'elles aient des enfants et prennent soin de leur maison, afin de ne donner à nos adversaires aucune occasion de dire du mal de nous. Car quelques veuves se sont déjà détournées du droit chemin pour suivre Satan. Mais si une croyante a des veuves dans sa parenté, elle doit s'en occuper et ne pas les laisser à la charge de l'Église, afin que l'Église puisse venir en aide aux veuves qui sont réellement seules. Les anciens qui dirigent bien l'Église méritent un double salaire, surtout ceux qui ont la lourde responsabilité de prêcher et d'enseigner. En effet, l'Écriture déclare: «Vous ne mettrez pas une muselière à un bœuf qui foule le blé», et: «L'ouvrier a droit à son salaire.» N'accepte pas d'accusation contre un ancien à moins qu'elle ne soit appuyée par deux ou trois témoins. Si quelqu'un se rend coupable d'une faute, adresse-lui des reproches en public, afin que les autres aussi éprouvent de la crainte. Je te le demande solennellement devant Dieu, devant Jésus-Christ et devant les saints anges: obéis à ces instructions avec impartialité, sans favoriser qui que ce soit par tes actes. Ne te hâte pas de poser les mains sur quelqu'un pour lui confier une charge dans l'Église. Ne participe pas aux péchés des autres; garde-toi pur. Cesse de boire uniquement de l'eau, mais prends un peu de vin pour faciliter ta digestion, puisque tu es souvent malade. Les péchés de certains se voient clairement avant même qu'on les juge; par contre, chez d'autres personnes, ils ne se découvrent qu'après coup. Les actions bonnes, elles aussi, se voient clairement, et même celles qui ne sont pas immédiatement visibles ne peuvent pas rester cachées. Ceux qui sont esclaves doivent tous considérer leurs maîtres comme dignes d'un entier respect, afin que personne ne fasse insulte au nom de Dieu et à notre enseignement. S'ils ont des maîtres croyants, ils ne doivent pas leur manquer de respect sous prétexte qu'ils sont leurs frères. Au contraire, ils doivent les servir encore mieux, puisque ceux qui bénéficient de leurs services sont des croyants aimés de Dieu. Voilà ce que tu dois enseigner et recommander. Si quelqu'un enseigne une autre doctrine, s'il s'écarte des véritables paroles de notre Seigneur Jésus-Christ et de l'enseignement conforme à notre foi, il est enflé d'orgueil et ignorant. Il a un désir maladif de discuter et de se quereller à propos de mots. De là viennent des jalousies, des disputes, des insultes, des soupçons malveillants, et des discussions sans fin entre des gens à l'esprit faussé ayant perdu toute notion de la vérité. Ils pensent que la foi en Dieu est un moyen de s'enrichir. Certes, la foi en Dieu est une grande richesse, si l'on se contente de ce que l'on a. En effet, nous n'avons rien apporté dans ce monde, et nous n'en pouvons rien emporter. Par conséquent, si nous avons la nourriture et les vêtements, cela doit nous suffire. Mais ceux qui veulent s'enrichir tombent dans la tentation, ils sont pris au piège par de nombreux désirs insensés et néfastes, qui plongent les hommes dans la ruine et provoquent leur perte. Car l'amour de l'argent est la racine de toutes sortes de maux. Certains ont eu une telle envie d'en posséder qu'ils se sont égarés loin de la foi et se sont infligé bien des tourments. Mais toi, homme de Dieu, évite tout cela. Recherche la droiture, l'attachement à Dieu, la foi, l'amour, la patience et la douceur. Combats le bon combat de la foi; saisis la vie éternelle, car Dieu t'a appelé à la connaître quand tu as prononcé ta belle déclaration de foi en présence de nombreux témoins. Devant Dieu, qui donne la vie à toutes choses, et devant Jésus-Christ, qui a rendu témoignage par sa belle déclaration de foi face à Ponce -Pilate, je te le recommande: obéis au commandement reçu, garde-le de façon pure et irréprochable jusqu'au jour où notre Seigneur Jésus-Christ apparaîtra. Cette apparition interviendra au moment fixé par Dieu, le Souverain unique, la source du bonheur, le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs. Lui seul est immortel; il habite une lumière dont personne ne peut s'approcher. Aucun être humain ne l'a jamais vu ni ne peut le voir. A lui soient l'honneur et la puissance éternelle! Amen. Recommande à ceux qui possèdent les richesses de ce monde de ne pas s'enorgueillir; dis-leur de ne pas mettre leur espérance dans ces richesses si incertaines, mais en Dieu qui nous accorde tout avec abondance pour que nous en jouissions. Recommande-leur de faire le bien, d'être riches en actions bonnes, d'être généreux et prêts à partager avec autrui. Qu'ils s'amassent ainsi un bon et solide trésor pour l'avenir afin d'obtenir la vie véritable. Cher Timothée, garde soigneusement ce qui t'a été confié. Évite les bavardages vides et contraires à la foi, les objections d'une soi-disant connaissance. Certains, en effet, ont prétendu posséder une telle connaissance, et ils se sont écartés de la foi. Que la grâce de Dieu soit avec vous. De la part de Paul, apôtre de Jésus-Christ par la volonté de Dieu, chargé d'annoncer la vie qui nous est promise grâce à Jésus-Christ. A Timothée, mon cher fils: Que Dieu le Père et Jésus-Christ notre Seigneur t'accordent la grâce, le pardon et la paix. Je remercie Dieu, que je sers avec une conscience pure comme mes ancêtres l'ont fait. Je le remercie lorsque, sans cesse, jour et nuit, je pense à toi dans mes prières. Je me rappelle tes larmes, et je désire beaucoup te revoir afin d'être rempli de joie. Je garde le souvenir de la foi sincère qui est la tienne, cette foi qui anima ta grand-mère Loïs et ta mère Eunice avant toi. Je suis persuadé qu'elle est présente en toi aussi. C'est pourquoi, je te le rappelle: maintiens en vie le don que Dieu t'a accordé quand j'ai posé les mains sur toi. Car l'Esprit que Dieu nous a donné ne nous rend pas timides; au contraire, cet Esprit nous remplit de force, d'amour et de maîtrise de soi. N'aie donc pas honte de rendre témoignage à notre Seigneur; n'aie pas honte non plus de moi, prisonnier pour lui. Au contraire, accepte de souffrir avec moi pour la Bonne Nouvelle, en comptant sur la force que Dieu donne. C'est lui qui nous a sauvés et nous a appelés à être son peuple, non à cause de nos bonnes actions, mais à cause de son propre plan et de sa grâce. Il nous a accordé cette grâce par Jésus-Christ avant tous les temps, mais il nous l'a manifestée maintenant par l'apparition de notre Sauveur Jésus-Christ. C'est lui qui a mis fin au pouvoir de la mort et qui, par la Bonne Nouvelle, a révélé la vie immortelle. Dieu m'a chargé de proclamer cette Bonne Nouvelle en tant qu'apôtre et enseignant, et c'est pour cela que je subis ces souffrances. Mais je suis sans crainte, car je sais en qui j'ai mis ma confiance et je suis convaincu qu'il a le pouvoir de garder jusqu'au jour du Jugement ce qu'il m'a confié. Prends comme modèle les paroles véritables que je t'ai communiquées, tiens bon dans la foi et l'amour que nous avons dans la communion avec Jésus-Christ. Garde les bonnes instructions qui t'ont été confiées, avec l'aide du Saint-Esprit qui habite en nous. Comme tu le sais, tous ceux de la province d'Asie m'ont abandonné, entre autres Phygèle et Hermogène. Que le Seigneur traite avec bonté la famille d'Onésiphore, car il m'a souvent réconforté. Il n'a pas eu honte de moi qui suis en prison; au contraire, dès son arrivée à Rome, il m'a cherché avec zèle jusqu'à ce qu'il m'ait trouvé. Que le Seigneur le fasse bénéficier de la bonté de Dieu au jour du Jugement. Tu connais très bien aussi tous les services qu'il m'a rendus à Éphèse. Toi donc, mon fils, puise ta force dans la grâce qui nous vient de Jésus-Christ. Ce que tu m'as entendu annoncer en présence de nombreux témoins, confie-le à des hommes de confiance, qui seront eux-mêmes capables de l'enseigner encore à d'autres. Prends ta part de souffrances, comme un fidèle soldat de Jésus-Christ. Un soldat en service actif ne s'embarrasse pas des affaires de la vie civile, s'il veut satisfaire son commandant. Un athlète qui participe à une compétition ne peut gagner le prix que s'il lutte selon les règles. Le cultivateur qui s'est chargé du travail pénible doit être le premier à recevoir sa part de la récolte. Réfléchis bien à ce que je dis. D'ailleurs le Seigneur te rendra capable de tout comprendre. Souviens-toi de Jésus-Christ, descendant de David et ramené d'entre les morts comme l'enseigne la Bonne Nouvelle que j'annonce. C'est pour cette Bonne Nouvelle que je souffre et que je suis même enchaîné comme un malfaiteur. Mais la parole de Dieu n'est pas enchaînée! C'est pourquoi je supporte tout pour le bien de ceux que Dieu a choisis, afin qu'eux aussi obtiennent le salut qui vient de Jésus-Christ, ainsi que la gloire éternelle. Les paroles que voici sont certaines: «Si nous sommes morts avec lui, nous vivrons aussi avec lui; si nous restons fermes, nous régnerons aussi avec lui; si nous le rejetons, lui aussi nous rejettera; si nous sommes infidèles, il demeure fidèle, car il ne peut pas se mettre en contradiction avec lui-même.» Rappelle cela à tous et demande-leur solennellement devant Dieu de ne pas se quereller à propos de mots. Ces querelles ne servent à rien, sinon à causer la ruine de ceux qui écoutent. Efforce-toi d'être digne d'approbation aux yeux de Dieu, comme un ouvrier qui n'a pas à rougir de son ouvrage, en annonçant correctement le message de la vérité. Évite les bavardages vides et contraires à la foi, car ceux qui s'y livrent s'éloigneront de plus en plus de Dieu. Leur enseignement est comme une plaie infectée qui ronge les chairs. Je pense en particulier à Hyménée et Philète: ils se sont écartés de la vérité et ils ébranlent la foi de plusieurs en prétendant que notre résurrection a déjà eu lieu. Cependant les solides fondations posées par Dieu tiennent bon. Les paroles suivantes y sont gravées: «Le Seigneur connaît les siens », et: «Quiconque déclare appartenir au Seigneur doit se détourner du mal.» Dans une grande maison, il n'y a pas seulement de la vaisselle en or et en argent, il y en a aussi en bois et en argile. La première est réservée à des occasions spéciales, l'autre est destinée à l'usage courant. Si quelqu'un se purifie de tout le mal que j'ai mentionné, il sera apte à remplir des tâches spéciales: il est entièrement à la disposition de son Maître, il lui est utile, il est prêt à faire toute action bonne. Fuis les passions de la jeunesse; recherche la droiture, la foi, l'amour, la paix, avec ceux qui, d'un cœur pur, font appel au Seigneur. Mais rejette les discussions folles et stupides: tu sais qu'elles suscitent des querelles. Or, un serviteur du Seigneur ne doit pas se quereller. Il doit être aimable envers tous, capable d'enseigner et de supporter les critiques, il doit instruire avec douceur ses contradicteurs: Dieu leur donnera peut-être l'occasion de changer de mentalité et de connaître la vérité. Ils retrouveront alors leur bon sens et se dégageront des pièges du diable, qui les a attrapés et soumis à sa volonté. Rappelle-toi bien ceci: dans les derniers temps, il y aura des jours difficiles. En effet, les hommes seront égoïstes, amis de l'argent, vantards et orgueilleux; ils feront insulte à Dieu et seront rebelles à leurs parents, ils seront ingrats et sans respect pour ce qui est saint; ils seront durs, sans pitié, calomniateurs, violents, cruels et ennemis du bien; ils seront traîtres, emportés et enflés d'orgueil; ils aimeront le plaisir plutôt que Dieu; ils garderont les formes extérieures de la foi, mais ils en rejetteront la puissance. Détourne-toi de ces gens-là! Certains d'entre eux s'introduisent dans les maisons et soumettent à leur influence de faibles femmes, chargées de péchés, entraînées par toutes sortes de désirs; elles cherchent toujours à apprendre mais sans jamais parvenir à connaître la vérité. De même que Jannès et Jambrès se sont opposés à Moïse, de même ces gens s'opposent à la vérité. Ce sont des hommes à l'esprit faussé et dont la foi ne vaut rien. Mais ils n'iront pas très loin, car tout le monde se rendra compte de leur stupidité, comme ce fut le cas pour Jannès et Jambrès. Mais toi, tu m'as suivi dans mon enseignement, ma conduite, mes intentions, ma foi, ma patience, mon amour, ma fermeté, mes persécutions et mes souffrances. Tu sais tout ce qui m'est arrivé à Antioche, à Iconium, à Lystre, et quelles persécutions j'ai subies. Cependant, le Seigneur m'a délivré de toutes. D'ailleurs, tous ceux qui veulent mener une vie fidèle à Dieu dans l'union avec Jésus-Christ seront persécutés. Mais les hommes méchants et imposteurs iront toujours plus loin dans le mal, ils tromperont les autres et seront eux-mêmes trompés. Quant à toi, demeure ferme dans ce que tu as appris et accueilli avec une entière conviction. Tu sais de quels maîtres tu l'as appris. Depuis ton enfance, en effet, tu connais les Saintes Écritures; elles peuvent te donner la sagesse qui conduit au salut par la foi en Jésus-Christ. Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner la vérité, réfuter l'erreur, corriger les fautes et former à une juste manière de vivre, afin que l'homme de Dieu soit parfaitement préparé et équipé pour faire toute action bonne. Je te le demande solennellement devant Dieu et devant Jésus-Christ, qui jugera les vivants et les morts, je te le demande au nom de la venue du Christ et de son Royaume: prêche la parole de Dieu avec insistance, que l'occasion soit favorable ou non; sois persuasif, adresse des reproches ou des encouragements, en enseignant avec une patience parfaite. Car le temps viendra où les gens ne voudront plus écouter le véritable enseignement, mais ils suivront leurs propres désirs et s'entoureront d'une foule de maîtres qui leur diront ce qu'ils aiment entendre. Ils fermeront leurs oreilles à la vérité pour se tourner vers des légendes. Mais toi, garde la tête froide en toute circonstance, supporte la souffrance, travaille activement à la diffusion de la Bonne Nouvelle et remplis ton devoir de serviteur de Dieu. Quant à moi, je suis déjà sur le point d'être offert en sacrifice; le moment de dire adieu à ce monde est arrivé. J'ai combattu le bon combat, je suis allé jusqu'au bout de la course, j'ai gardé la foi. Et maintenant, le prix de la victoire m'attend: c'est la couronne du salut que le Seigneur, le juste juge, me donnera au jour du Jugement – et pas seulement à moi, mais à tous ceux qui attendent avec amour le moment où il apparaîtra. Efforce-toi de venir me rejoindre bientôt. Car Démas m'a abandonné, parce qu'il est trop attaché au monde présent; il est parti pour Thessalonique. Crescens s'est rendu en Galatie et Tite en Dalmatie. Luc seul est avec moi. Emmène Marc avec toi, car il pourra me rendre service dans ma tâche. J'ai envoyé Tychique à Éphèse. Quand tu viendras, apporte-moi le manteau que j'ai laissé à Troas chez Carpus; apporte également les livres, et surtout ceux qui sont en parchemin. Alexandre le forgeron a très mal agi à mon égard; le Seigneur le traitera selon ce qu'il a fait. Prends garde à lui, toi aussi, car il s'est violemment opposé à notre enseignement. Personne ne m'a soutenu la première fois que j'ai présenté ma défense; tous m'ont abandonné. Que Dieu ne leur en tienne pas compte! Mais le Seigneur m'a secouru et m'a fortifié, de sorte que j'ai pu pleinement proclamer son message et le faire entendre à tous les païens. Et il m'a délivré de la gueule du lion. Le Seigneur me délivrera encore de tout mal et me fera entrer sain et sauf dans son Royaume céleste. A lui soit la gloire pour toujours! Amen. Salue Priscille et Aquilas, ainsi que la famille d'Onésiphore. Éraste est resté à Corinthe, et j'ai laissé Trophime à Milet, parce qu'il était malade. Efforce-toi de venir avant l'hiver. Eubulus, Pudens, Linus, Claudia et tous les autres frères t'adressent leurs salutations. Que le Seigneur soit avec toi. Que la grâce de Dieu soit avec vous. De la part de Paul, serviteur de Dieu et apôtre de Jésus-Christ. J'ai été chargé d'amener à la foi ceux que Dieu a choisis et de leur faire connaître la vérité conforme à la foi chrétienne pour qu'ils possèdent l'espérance de la vie éternelle. Dieu, qui ne ment pas, nous a promis cette vie avant tous les temps; au moment fixé, il l'a révélée par sa parole, dans le message qui m'a été confié et que je proclame par ordre de Dieu notre Sauveur. Je t'adresse cette lettre, Tite, mon vrai fils dans la foi qui nous est commune: Que Dieu le Père et Jésus-Christ notre Sauveur t'accordent la grâce et la paix. Je t'ai laissé en Crète afin que tu achèves d'organiser ce qui doit l'être encore et que tu établisses des anciens d'Église dans chaque ville. Rappelle-toi les instructions que je t'ai données: un ancien doit être irréprochable et mari d'une seule femme; il faut que ses enfants soient croyants et qu'on n'ait pas à les accuser de mauvaise conduite ou de désobéissance. En effet, un dirigeant d'Église étant chargé de s'occuper des affaires de Dieu, il doit être irréprochable: qu'il ne soit ni arrogant, colérique, buveur ou violent, qu'il ne recherche pas les gains malhonnêtes. Il doit être hospitalier et aimer ce qui est bien. Il faut qu'il soit raisonnable, juste, saint et maître de lui. Il doit être fermement attaché au message digne de foi, conforme à la doctrine reçue. Ainsi, il sera capable d'encourager les autres par le véritable enseignement et il pourra démontrer leur erreur à ceux qui le contredisent. En effet, il y en a beaucoup, surtout parmi les chrétiens d'origine juive, qui sont rebelles et qui trompent les autres en disant n'importe quoi. Il faut leur fermer la bouche, car ils bouleversent des familles entières en enseignant ce qu'il ne faut pas, et cela pour des gains malhonnêtes. C'est un de leurs compatriotes, un prophète, qui a dit: «Les Crétois ont toujours été des menteurs, de méchantes bêtes, des paresseux qui ne pensent qu'à manger.» Et ce qu'il dit là est la pure vérité. C'est pourquoi, adresse-leur de sévères reproches, afin qu'ils aient une foi juste et qu'ils ne s'attachent plus à des légendes juives et à des commandements d'hommes qui se sont détournés de la vérité. Tout est pur pour ceux qui sont purs; mais rien n'est pur pour ceux qui sont impurs et incroyants, car leur intelligence et leur conscience sont marquées par l'impureté. Ils affirment connaître Dieu, mais leurs actions prouvent le contraire. Ils sont détestables, rebelles et incapables de faire aucune action bonne. Mais toi, enseigne ce qui est conforme à la juste doctrine. Dis aux vieillards d'être sobres, respectables, raisonnables et fermes dans la foi véritable, l'amour et la patience. De même, dis aux femmes âgées de se conduire en personnes qui mènent une vie sainte. Elles doivent éviter les propos malveillants et ne pas être esclaves du vin. Qu'elles donnent de bons conseils; qu'elles apprennent aux jeunes femmes à aimer leur mari et leurs enfants, à être raisonnables et pures, à prendre soin de leur ménage, à être bonnes et soumises à leur mari, afin que personne ne fasse insulte à la parole de Dieu. De même, exhorte les jeunes gens à être raisonnables à tous égards. Toi-même, tu dois donner l'exemple d'actions bonnes. Que ton enseignement soit authentique et sérieux. Que tes paroles soient justes, indiscutables, afin que tes adversaires soient tout honteux de n'avoir aucun mal à dire de nous. Que les esclaves soient soumis à leurs maîtres en toutes choses, qu'ils leur soient agréables. Qu'ils évitent de les contredire ou de leur dérober quoi que ce soit. Qu'ils se montrent toujours parfaitement bons et fidèles, afin de faire honneur en tout à l'enseignement de Dieu notre Sauveur. Car Dieu a révélé sa grâce, source de salut pour tous les humains. Elle nous enseigne à renoncer à une mauvaise conduite et aux désirs terrestres, pour mener dans ce monde une vie raisonnable, juste et fidèle à Dieu. C'est ainsi que nous devons attendre le bonheur que nous espérons et le jour où apparaîtra la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ. Il s'est donné lui-même pour nous, pour nous délivrer de tout mal et faire de nous un peuple purifié qui lui appartienne en propre et qui soit zélé pour faire des actions bonnes. Voilà ce que tu dois enseigner, en usant de toute ton autorité pour encourager tes auditeurs ou leur adresser des reproches. Que personne ne te méprise. Rappelle aux fidèles qu'ils doivent se soumettre aux dirigeants et aux autorités, qu'ils doivent leur obéir, en étant prêts à faire toute action bonne. Qu'ils ne disent du mal de personne, qu'ils soient pacifiques et bienveillants, et qu'ils fassent continuellement preuve de douceur envers tous les autres. Car nous aussi, nous étions autrefois insensés, rebelles, dans l'erreur. Nous étions esclaves de toutes sortes de désirs et de plaisirs. Nous vivions dans la méchanceté et l'envie; nous nous rendions détestables et nous nous haïssions les uns les autres. Mais lorsque Dieu notre Sauveur a manifesté sa bonté et son amour pour les êtres humains, il nous a sauvés, non point parce que nous aurions accompli des actions justes, mais parce qu'il a eu pitié de nous. Il nous a sauvés et fait naître à une vie nouvelle au travers de l'eau du baptême et par le Saint-Esprit. Car Dieu a répandu avec abondance le Saint-Esprit sur nous par Jésus-Christ notre Sauveur; ainsi, par sa grâce, il nous rend justes à ses yeux et nous permet de recevoir la vie éternelle que nous espérons. C'est là une parole certaine. Je veux que tu insistes beaucoup sur ces points-là, afin que ceux qui croient en Dieu veillent à s'engager à fond dans les actions bonnes. Voilà qui est bon et utile à tous. Mais évite les folles discussions et spéculations sur les longues listes d'ancêtres, les querelles et polémiques au sujet de la loi: elles sont inutiles et sans valeur. Donne un premier avertissement, puis un second, à celui qui cause des divisions; ensuite, écarte-le. Tu sais, en effet, qu'un tel homme s'est détourné du droit chemin et qu'en persistant dans l'erreur, il se condamne lui-même. Dès que je t'aurai envoyé Artémas ou Tychique, efforce-toi de venir me rejoindre à Nicopolis, car j'ai décidé d'y passer l'hiver. Aie soin d'aider Zénas l'avocat et Apollos à poursuivre leur voyage, fais en sorte qu'ils ne manquent de rien. Il faut que les nôtres aussi apprennent à s'engager à fond dans des actions bonnes, afin de pourvoir aux besoins importants et de ne pas mener une vie inutile. Tous ceux qui sont avec moi t'adressent leurs salutations. Salue nos amis dans la foi. Que la grâce de Dieu soit avec vous tous. De la part de Paul, mis en prison pour avoir servi Jésus-Christ, et de la part de notre frère Timothée. A toi, Philémon, notre cher ami et compagnon de travail, et à l'Église qui se réunit dans ta maison, à notre sœur Appia et à Archippe notre compagnon de combat: Que Dieu notre Père et le Seigneur Jésus-Christ vous accordent la grâce et la paix. Toutes les fois que je prie, je pense à toi, Philémon, et je remercie mon Dieu; car j'entends parler de ton amour pour tous les croyants et de ta foi au Seigneur Jésus. Je demande à Dieu que la foi que tu as en commun avec nous soit efficace en toi pour faire mieux connaître tous les biens que nous avons dans notre vie avec le Christ. Ton amour, frère, m'a donné beaucoup de joie et d'encouragement, car tu as réconforté le cœur des croyants. Ainsi, bien que dans la communion avec le Christ j'aie toute liberté de t'ordonner ce que tu dois faire, je préfère t'adresser une demande au nom de l'amour. Tel que je suis, moi Paul, un vieillard, et de plus maintenant gardé en prison à cause de Jésus-Christ, je te demande une faveur pour Onésime. Il est devenu mon fils en Jésus-Christ ici, en prison. Autrefois, il t'a été inutile, mais maintenant il nous est utile à toi et à moi. Je te le renvoie, maintenant, lui qui est comme une partie de moi-même. J'aurais bien aimé le garder auprès de moi pendant que je suis en prison pour la Bonne Nouvelle, afin qu'il me rende service à ta place. Mais je n'ai rien voulu faire sans ton accord, afin que tu ne fasses pas le bien par obligation, mais de bon cœur. Peut-être Onésime a-t-il été séparé de toi pour quelque temps afin que tu le retrouves pour toujours. Car maintenant il n'est plus un simple esclave, mais il est beaucoup mieux qu'un esclave: un frère très cher. Il m'est particulièrement cher, mais il doit l'être encore beaucoup plus pour toi, aussi bien dans sa condition humaine que comme frère chrétien. Si donc tu me considères comme ton ami, reçois-le comme si c'était moi-même. S'il t'a causé du tort, ou s'il te doit quelque chose, mets cela sur mon compte. C'est de ma propre main que j'écris ces mots: Moi, Paul, je te le rembourserai. – Je n'ai certes pas à te rappeler que toi tu me dois ta propre vie. – Oui, frère, je t'en prie, accorde-moi cette faveur pour l'amour du Seigneur: réconforte mon cœur au nom de notre communion avec le Christ. Je suis convaincu, au moment où je t'écris, que tu feras ce que je te demande – je sais même que tu feras plus encore. En même temps, prépare-moi une chambre, car j'espère que, grâce à vos prières, je vous serai rendu. Épaphras, qui est en prison avec moi à cause de Jésus-Christ, t'adresse ses salutations, ainsi que Marc, Aristarque, Démas et Luc, mes compagnons de travail. Que la grâce du Seigneur Jésus-Christ soit avec vous. Autrefois Dieu a parlé à nos ancêtres à maintes reprises et de plusieurs manières par les prophètes, mais maintenant, à la fin des temps, il nous a parlé par son Fils. C'est par lui que Dieu a créé l'univers, et c'est à lui qu'il a destiné la propriété de toutes choses. Le Fils reflète la splendeur de la gloire divine, il est la représentation exacte de ce que Dieu est, il soutient l'univers par sa parole puissante. Après avoir purifié les êtres humains de leurs péchés, il s'est assis dans les cieux à la droite de Dieu, la puissance suprême. Le Fils est devenu d'autant supérieur aux anges que Dieu lui a accordé un titre qui surpasse le leur. En effet, Dieu n'a jamais dit à l'un de ses anges: «C'est toi qui es mon Fils, à partir d'aujourd'hui je suis ton Père.» Et il n'a jamais dit à propos d'un ange: «Je serai un Père pour lui et il sera un Fils pour moi.» Mais au moment où Dieu allait envoyer son Fils premier-né dans le monde, il a dit: «Tous les anges de Dieu doivent l'adorer.» Quant aux anges, il a dit: «Dieu fait de ses anges des vents et de ses serviteurs des flammes de feu.» Mais au sujet du Fils, il a déclaré: «Ton trône, ô Dieu, est établi pour toujours. C'est avec justice que tu gouvernes ton royaume. Tu aimes ce qui est juste, tu détestes le mal, c'est pourquoi Dieu, ton Dieu, t'a consacré, en versant sur ta tête l'huile de fête, et t'a choisi plutôt que tes compagnons.» Il a dit aussi: «C'est toi, Seigneur, qui au commencement as fondé la terre, le ciel est ton ouvrage. Tout cela disparaîtra, mais toi tu restes. Terre et ciel s'useront comme de vieux habits; tu les rouleras comme un manteau, et ils seront changés comme des vêtements. Mais toi tu demeures le même et ta vie n'a pas de fin.» Dieu n'a jamais dit à l'un de ses anges: «Viens siéger à ma droite, je veux contraindre tes ennemis à te servir de marchepied.» Les anges ne sont que des esprits au service de Dieu: il les envoie apporter de l'aide à ceux qui doivent recevoir le salut. C'est pourquoi nous devons nous attacher d'autant plus fermement à ce que nous avons entendu, afin de ne pas être entraînés à notre perte. Le message autrefois apporté par les anges a prouvé sa valeur, et quiconque n'en a pas tenu compte ou lui a désobéi a reçu la punition qu'il méritait. Alors, comment pourrons-nous échapper à la punition si nous négligeons un tel salut? Le Seigneur lui-même l'a annoncé le premier, puis ceux qui ont entendu le Seigneur nous en ont confirmé la valeur. En même temps, Dieu a appuyé leur témoignage par des prodiges extraordinaires et toutes sortes de miracles, ainsi que par les dons du Saint-Esprit répartis selon sa volonté. En effet, ce n'est pas à des anges que Dieu a soumis le monde à venir dont nous parlons. Au contraire, dans un passage de l'Écriture quelqu'un déclare: «Qu'est-ce que l'homme, ô Dieu, pour que tu penses à lui? Qu'est-ce que l'être humain, pour que tu t'occupes de lui? Tu l'as rendu pour un peu de temps inférieur aux anges, tu l'as couronné de gloire et d'honneur, tu as tout mis à ses pieds.» Si Dieu a tout mis sous l'autorité de l'homme, cela signifie qu'il n'a rien laissé qui ne lui soit pas soumis. Cependant, nous ne voyons pas que toutes choses soient actuellement sous l'autorité de l'homme. Mais nous constatons ceci: Jésus a été rendu pour un peu de temps inférieur aux anges, afin que, par la grâce de Dieu, il meure en faveur de tous les humains; et nous le voyons maintenant couronné de gloire et d'honneur à cause de la mort qu'il a soufferte. En effet, il convenait que Dieu, qui crée et maintient toutes choses, élève Jésus à la perfection au travers de la souffrance, afin d'amener beaucoup de fils à participer à sa gloire. Car Jésus est celui qui les conduit au salut. Or, Jésus qui purifie les êtres humains de leurs péchés et ceux qui sont purifiés ont tous le même Père. C'est pourquoi Jésus n'a pas honte de les appeler ses frères. Il déclare en effet: «O Dieu, je veux parler de toi à mes frères, je veux te glorifier devant toute l'assemblée.» Il dit aussi: «Je mettrai ma confiance en Dieu.» Et encore: «Me voici avec les enfants que Dieu m'a donnés.» Puisque ces enfants sont tous des êtres de chair et de sang, Jésus lui-même est devenu comme eux, il a participé à leur nature humaine. C'est ainsi que, par sa mort, il a pu écraser le diable, qui détient la puissance de la mort, et délivrer ceux que la peur de la mort rendait esclaves durant leur vie entière. En effet, ce n'est assurément pas aux anges qu'il vient en aide, mais c'est aux descendants d'Abraham. C'est pourquoi il devait devenir en tout semblable à ses frères, afin d'être leur grand -prêtre plein de bonté et fidèle au service de Dieu, pour assurer le pardon des péchés du peuple. Et maintenant, il peut secourir ceux qui sont tentés, parce qu'il a passé lui-même par la tentation et la souffrance. Frères, vous appartenez à Dieu qui vous a appelés. Alors, regardez à Jésus, l'envoyé de Dieu et le grand -prêtre de la foi que nous proclamons. En effet, Dieu l'avait désigné pour cette fonction, et il lui a été fidèle tout comme Moïse dont il est écrit: «Il fut fidèle dans toute la maison de Dieu.» Celui qui construit une maison est plus honoré que la maison elle-même. Ainsi, Jésus est digne d'une gloire supérieure à celle de Moïse. Toute maison, en effet, est construite par quelqu'un; or, celui qui a construit toutes choses, c'est Dieu. Moïse, pour sa part, a été fidèle dans toute la maison de Dieu, en tant que serviteur chargé de témoigner de ce que Dieu allait dire. Mais le Christ est fidèle en tant que Fils placé à la tête de la maison de Dieu. Et nous sommes sa maison, si nous gardons notre assurance et l'espérance dont nous sommes fiers. C'est pourquoi, comme le dit le Saint-Esprit: «Si vous entendez la voix de Dieu aujourd'hui, ne refusez pas de comprendre, comme lorsque vous vous êtes révoltés contre lui, le jour où vous l'avez mis à l'épreuve dans le désert. Là vos ancêtres m'ont défié et mis à l'épreuve, dit Dieu, même après avoir vu tout ce que j'avais fait pendant quarante ans. C'est pourquoi je me suis mis en colère contre ces gens et j'ai dit: “Leurs pensées s'égarent sans cesse, ils n'ont pas compris ce que j'attendais d'eux.” Dans ma colère j'ai fait ce serment: Ils n'entreront jamais dans le pays où je leur ai préparé le repos!» Frères, prenez garde que personne parmi vous n'ait un cœur mauvais, incrédule, qui le pousse à se détourner du Dieu vivant. Encouragez-vous donc les uns les autres chaque jour tant que dure «l'aujourd'hui» dont parle l'Écriture, afin qu'aucun de vous ne refuse de comprendre, en se laissant tromper par le péché. En effet, nous sommes les compagnons du Christ, si nous gardons fermement jusqu'à la fin la confiance que nous avons eue au commencement. Ainsi, il est dit: «Si vous entendez la voix de Dieu aujourd'hui, ne refusez pas de comprendre, comme lorsque vous vous êtes révoltés contre lui.» Or, quels sont ceux qui ont entendu la voix de Dieu et se sont révoltés contre lui? Ce sont tous ceux que Moïse a conduits hors d'Égypte. Contre qui Dieu a-t-il été en colère pendant quarante ans? Contre ceux qui avaient péché, et qui moururent dans le désert. Quand Dieu a fait ce serment: «Ils n'entreront jamais dans le pays où je leur ai préparé le repos», de qui parlait-il? Il parlait de ceux qui s'étaient révoltés. Nous voyons, en effet, qu'ils n'ont pas pu entrer dans ce lieu de repos parce qu'ils avaient refusé de croire. Dieu nous a laissé la promesse que nous pourrons entrer dans le repos qu'il nous a préparé. Prenons donc bien garde que personne parmi vous ne se trouve avoir manqué l'occasion d'y entrer. Car nous avons reçu la Parole de Dieu tout comme ceux qui étaient dans le désert. Or, ils ont entendu ce message sans aucun profit, car lorsqu'ils l'entendirent ils ne le reçurent pas avec foi. Nous qui croyons, nous allons entrer dans ce repos, dont Dieu a dit: «Dans ma colère j'ai fait ce serment: Ils n'entreront jamais dans le pays où je leur ai préparé le repos!» Il l'a dit alors que son œuvre avait été achevée dès la création du monde. En effet, quelque part dans l'Écriture il est dit ceci à propos du septième jour: «Dieu se reposa le septième jour de tout son travail.» Il est dit aussi dans le texte ci-dessus: «Ils n'entreront jamais dans le pays où je leur ai préparé le repos.» Ceux qui avaient été les premiers à entendre la Parole de Dieu ne sont pas entrés dans ce repos parce qu'ils ont refusé d'obéir. Par conséquent, il est encore possible pour d'autres d'y entrer. C'est pourquoi, Dieu fixe de nouveau un jour appelé «aujourd'hui». Il en a parlé beaucoup plus tard par l'intermédiaire de David, dans le passage déjà cité: «Si vous entendez la voix de Dieu aujourd'hui, ne refusez pas de comprendre.» En effet, si Josué avait conduit le peuple dans ce repos, Dieu n'aurait pas parlé plus tard d'un autre jour. Ainsi, un repos semblable à celui du septième jour reste offert au peuple de Dieu. Car celui qui entre dans le repos préparé par Dieu se repose de son travail comme Dieu s'est reposé du sien. Efforçons-nous donc d'entrer dans ce repos; faisons en sorte qu'aucun de nous ne tombe, en refusant d'obéir comme nos ancêtres. En effet, la parole de Dieu est vivante et efficace. Elle est plus tranchante qu'aucune épée à deux tranchants. Elle pénètre jusqu'au point où elle sépare âme et esprit, jointures et moelle. Elle juge les désirs et les pensées du cœur humain. Il n'est rien dans la création qui puisse être caché à Dieu. A ses yeux, tout est à nu, à découvert, et c'est à lui que nous devons tous rendre compte. Tenons donc fermement la foi que nous proclamons. Nous avons, en effet, un grand -prêtre souverain qui est parvenu jusqu'en la présence même de Dieu: c'est Jésus, le Fils de Dieu. Nous n'avons pas un grand-prêtre incapable de souffrir avec nous de nos faiblesses. Au contraire, notre grand-prêtre a été tenté en tout comme nous le sommes, mais sans commettre de péché. Approchons-nous donc avec confiance du trône de Dieu, où règne la grâce. Nous y obtiendrons le pardon et nous y trouverons la grâce, pour être secourus au bon moment. Tout grand-prêtre, choisi parmi les hommes, a pour fonction de servir Dieu en leur faveur; il offre des dons et des sacrifices pour les péchés. Il est lui-même exposé à bien des faiblesses; il peut donc montrer de la compréhension à l'égard des ignorants et de ceux qui commettent des erreurs. Et parce qu'il est faible lui-même, il doit offrir des sacrifices non seulement pour les péchés du peuple, mais aussi pour les siens. Personne ne peut s'attribuer l'honneur d'être grand-prêtre. On le devient seulement par appel de Dieu, comme ce fut le cas pour Aaron. Le Christ également ne s'est pas accordé lui-même l'honneur d'être grand-prêtre. Il l'a reçu de Dieu, qui lui a déclaré: «C'est toi qui es mon Fils, à partir d'aujourd'hui je suis ton Père.» Et ailleurs il a dit aussi: «Tu es prêtre pour toujours dans la tradition de Melkisédec.» Durant sa vie terrestre, Jésus adressa des prières et des supplications, accompagnées de grands cris et de larmes, à Dieu qui pouvait le sauver de la mort. Et Dieu l'exauça à cause de sa soumission. Bien qu'il fût le Fils de Dieu, il a appris l'obéissance par tout ce qu'il a souffert. Après avoir été élevé à la perfection, il est devenu la source d'un salut éternel pour tous ceux qui lui obéissent. En effet, Dieu l'a déclaré grand-prêtre dans la tradition de Melkisédec. Nous avons beaucoup à dire sur ce sujet, mais il est difficile de vous donner des explications, car vous êtes bien lents à comprendre. Il s'est passé suffisamment de temps pour que vous deveniez des maîtres, et pourtant vous avez encore besoin qu'on vous enseigne les premiers éléments du message de Dieu. Vous avez encore besoin de lait, au lieu de nourriture solide. Celui qui se contente de lait n'est qu'un enfant, il n'a aucune expérience au sujet de ce qui est juste. Par contre, la nourriture solide est destinée aux adultes qui, par la pratique, ont les sens habitués à distinguer le bien du mal. Ainsi, tournons-nous vers un enseignement d'adulte, en laissant derrière nous les premiers éléments du message chrétien. Nous n'allons pas poser de nouveau les bases de ce message: la nécessité de se détourner des actions néfastes et de croire en Dieu, l'enseignement au sujet des baptêmes et de l'imposition des mains, l'annonce de la résurrection des morts et du jugement éternel. Progressons! C'est là ce que nous allons faire, si Dieu le permet. Lorsqu'une terre absorbe la pluie qui tombe fréquemment sur elle, et produit des plantes utiles à ceux pour qui elle est cultivée, Dieu la bénit. Mais si elle produit des buissons d'épines et des chardons, elle ne vaut rien; elle sera bientôt maudite par Dieu et finira par être brûlée. Cependant, même si nous parlons ainsi, mes chers amis, nous sommes convaincus que vous êtes sur la bonne voie, celle du salut. Dieu n'est pas injuste. Il n'oubliera pas votre activité, ni l'amour que vous avez montré à son égard par les services que vous avez rendus et que vous rendez encore aux autres chrétiens. Mais nous désirons que chacun de vous fasse preuve du même zèle jusqu'à la fin, afin que votre espérance se réalise pleinement. Ne devenez donc pas paresseux, mais suivez l'exemple de ceux qui croient avec persévérance et qui reçoivent ainsi ce que Dieu a promis. Quand Dieu fit sa promesse à Abraham, il l'accompagna d'un serment formulé en son propre nom, car il n'y avait personne de plus grand que lui par qui le faire. Il déclara: «Je jure de te bénir abondamment et de t'accorder de très nombreux descendants.» Abraham attendit avec patience, et il obtint ce que Dieu avait promis. Quand les hommes prêtent serment, ils le font au nom de quelqu'un de plus grand qu'eux, et le serment est une garantie qui met fin à toute discussion. Or, Dieu a voulu montrer encore plus clairement à ceux qui devaient recevoir les biens promis que sa décision était irrévocable; c'est pourquoi il ajouta un serment à la promesse. Il y a donc deux actes irrévocables, dans lesquels il est impossible que Dieu mente. Ainsi, nous qui avons trouvé un refuge en lui, nous sommes grandement encouragés à saisir avec fermeté l'espérance qui nous est proposée. Cette espérance est pour nous comme l'ancre de notre vie. Elle est sûre et solide, et pénètre à travers le rideau du temple céleste jusque dans le sanctuaire intérieur. C'est là que Jésus est entré avant nous et pour nous, car il est devenu grand -prêtre pour toujours dans la tradition de Melkisédec. Ce Melkisédec était roi de Salem et prêtre du Dieu très-haut. Lorsque Abraham revenait de la bataille où il avait vaincu les rois, Melkisédec est allé à sa rencontre et l'a béni. Abraham lui a donné un dixième de tout ce qu'il avait pris. Le nom de Melkisédec, tout d'abord, signifie «roi de justice»; de plus, il était roi de Salem, ce qui veut dire «roi de paix ». On ne lui connaît ni père, ni mère, ni aucun ancêtre; on ne parle nulle part de sa naissance ou de sa mort. Il est semblable au Fils de Dieu: il demeure prêtre pour toujours. Remarquez comme il est grand! Abraham le patriarche lui a donné un dixième de son butin. Or, ceux des descendants de Lévi qui sont prêtres ont l'ordre, selon la loi, de demander un dixième de tout au peuple d'Israël, c'est-à-dire à leurs propres compatriotes, qui pourtant sont eux aussi des descendants d'Abraham. Melkisédec n'appartenait pas à la descendance de Lévi, mais il a obtenu d'Abraham le dixième de ce qu'il avait pris; de plus, il a béni celui qui avait reçu les promesses de Dieu. Or, sans aucun doute, celui qui bénit est supérieur à celui qui est béni. Les descendants de Lévi, qui reçoivent le dixième des biens, sont des hommes mortels; mais dans le cas de Melkisédec, une telle part est revenue à quelqu'un qui vit, comme l'atteste l'Écriture. Enfin, on peut dire ceci: quand Abraham a payé le dixième de ses biens, Lévi l'a payé aussi, lui dont les descendants reçoivent le dixième de tout. Car bien que Lévi ne fût pas encore né, il était en quelque sorte déjà présent dans son ancêtre Abraham quand Melkisédec vint à sa rencontre. La prêtrise lévitique était à la base de la loi donnée au peuple d'Israël. Or, si les prêtres lévitiques avaient réalisé une œuvre parfaite, il n'aurait pas été nécessaire qu'apparaisse un prêtre différent, dans la tradition de Melkisédec et non plus dans la tradition d'Aaron. Car lorsque la prêtrise est changée, on doit aussi changer la loi. Et notre Seigneur, auquel ces paroles se rapportent, appartient à une autre tribu, dont personne n'a jamais effectué le service de prêtre à l'autel. Il est bien connu qu'il se rattachait, de naissance, à la tribu de Juda, dont Moïse n'a rien dit quand il a parlé des prêtres. Voici un fait qui rend tout cela encore plus évident: l'autre prêtre qui est apparu est semblable à Melkisédec. Il n'est pas devenu prêtre d'après des règles relatives à la descendance humaine; il l'est devenu par la puissance d'une vie qui n'a pas de fin. En effet, l'Écriture l'atteste: «Tu seras prêtre pour toujours dans la tradition de Melkisédec.» Ainsi, l'ancienne règle a été abolie, parce qu'elle était faible et inutile. La loi de Moïse, en effet, n'a rien amené à la perfection. Mais une espérance meilleure nous a été accordée et, grâce à elle, nous pouvons nous approcher de Dieu. De plus, il y a eu le serment de Dieu. Les autres sont devenus prêtres sans un tel serment. Mais Jésus, lui, a été établi prêtre avec un serment, quand Dieu lui a déclaré: «Le Seigneur l'a juré, et il ne se dédira pas: “Tu es prêtre pour toujours.” » Par conséquent, Jésus est aussi celui qui nous garantit une alliance meilleure. Il existe une différence de plus: les autres prêtres ont été nombreux, parce que la mort les empêchait de poursuivre leur activité. Mais Jésus vit pour toujours et sa fonction de prêtre est perpétuelle. C'est pourquoi il peut sauver définitivement ceux qui s'approchent de Dieu par lui, car il est toujours vivant pour prier Dieu en leur faveur. Jésus est donc le grand-prêtre qu'il nous fallait. Il est saint, sans défaut, sans péché; il a été séparé des pécheurs et élevé très haut dans les cieux. Il n'est pas comme les autres grands-prêtres: il n'a pas besoin d'offrir chaque jour des sacrifices, d'abord pour ses propres péchés et ensuite pour ceux du peuple. Il a offert un sacrifice une fois pour toutes, quand il s'est offert lui-même. La loi de Moïse établit comme grands-prêtres des hommes imparfaits; mais la parole du serment de Dieu, formulé après la loi, établit comme grand-prêtre le Fils qui a été élevé à la perfection pour toujours. Voici le point le plus important de ce que nous avons à dire: c'est bien un tel grand -prêtre que nous avons, lui qui s'est assis dans les cieux à la droite du trône de Dieu, la puissance suprême. Il exerce ses fonctions dans le sanctuaire, c'est-à-dire dans la tente véritable dressée par le Seigneur et non par un homme. Tout grand-prêtre est établi pour offrir des dons et des sacrifices; il faut donc que le nôtre ait aussi quelque chose à offrir. S'il était sur la terre, il ne serait pas même prêtre, puisqu'il y en a déjà qui offrent les dons conformément à la loi juive. La fonction exercée par ces prêtres n'est qu'une copie, qu'une ombre des réalités célestes. Cela correspond à ce qui s'est passé pour Moïse: au moment où il allait construire la tente sacrée, Dieu lui a fait cette recommandation: «Tu veilleras à ce que ton travail soit conforme au modèle que je t'ai montré sur la montagne.» Mais maintenant, Jésus a été chargé d'un service bien supérieur, car il est l'intermédiaire d'une alliance bien meilleure, fondée sur de meilleures promesses. Si la première alliance avait été sans défaut, il n'aurait pas été nécessaire de la remplacer par une seconde. Mais c'est bien des fautes que Dieu reproche à son peuple, quand il dit: «Les jours viennent, déclare le Seigneur, où je conclurai une alliance nouvelle avec le peuple d'Israël et le peuple de Juda. Elle ne sera pas comme celle que j'ai conclue avec leurs ancêtres quand je les ai pris par la main pour les faire sortir d'Égypte. Ils n'ont pas été fidèles à cette alliance-là, par conséquent je ne me suis plus soucié d'eux, dit le Seigneur. Voici en quoi consistera l'alliance que je conclurai avec le peuple d'Israël après ces jours-là, déclare le Seigneur: J'inscrirai mes instructions dans leur intelligence, je les graverai dans leur cœur: je serai leur Dieu et ils seront mon peuple. Aucun d'eux n'aura plus besoin de s'adresser à son concitoyen ou à son frère pour lui enseigner à me connaître, car tous me connaîtront, tous, du plus petit jusqu'au plus grand. En effet, je pardonnerai leurs torts, je ne me souviendrai plus de leurs fautes.» En parlant d'une alliance nouvelle, Dieu a rendu ancienne la première; or, ce qui devient ancien et qui vieillit est près de disparaître. La première alliance avait des règles pour le culte et un temple terrestre. Une double tente avait été installée. Dans la première partie, appelée le lieu saint, il y avait le porte-lampes et la table avec les pains offerts à Dieu. Derrière le second rideau se trouvait l'autre partie, appelée le lieu très saint, avec l'autel en or où l'on brûlait l'encens, et le coffre de l'alliance entièrement recouvert d'or. Dans le coffre se trouvaient le vase d'or qui contenait la manne, le bâton d'Aaron qui avait fleuri et les tablettes de pierre avec les commandements de l'alliance. Au-dessus du coffre se tenaient les chérubins qui signalaient la présence divine; ils étendaient leurs ailes au-dessus de l'endroit où l'on offrait le sang pour le pardon des péchés. Mais ce n'est pas le moment de parler de tout cela en détail. L'ensemble étant ainsi disposé, les prêtres entrent jour après jour dans la première partie de la tente pour accomplir leur service. Mais seul le grand-prêtre entre dans la seconde partie, et il ne le fait qu'une fois par an. Il doit y apporter du sang d'animal qu'il offre à Dieu pour lui-même et pour les fautes que le peuple a commises involontairement. Le Saint-Esprit montre ainsi que le chemin du lieu très saint n'est pas encore ouvert aussi longtemps que subsiste la première tente. C'est là une image qui se rapporte au temps présent. Elle signifie que les dons et les sacrifices d'animaux offerts à Dieu ne peuvent pas rendre parfait le cœur de quiconque pratique ce culte. Il y est question seulement d'aliments, de boissons et de diverses cérémonies de purification. Il s'agissait de règles d'ordre matériel qui n'étaient valables que jusqu'au temps où Dieu réforma toutes choses. Mais le Christ est venu comme grand-prêtre des biens déjà présents. Il a pénétré dans une tente plus importante et plus parfaite, qui n'est pas construite par des hommes, autrement dit qui n'appartient pas à ce monde créé. Quand le Christ est entré une fois pour toutes dans le lieu très saint, il n'a pas offert du sang de boucs et de veaux; il a offert son propre sang et nous a ainsi délivrés définitivement de nos péchés. Le sang des boucs et des taureaux et les cendres de la vache brûlée, que l'on répand sur les personnes impures par rapport aux rites, les purifient de cette souillure extérieure. S'il en est bien ainsi, combien plus efficace encore doit être le sang du Christ! Par l'Esprit éternel, il s'est offert lui-même à Dieu comme sacrifice parfait. Son sang purifiera notre conscience des actions néfastes, pour que nous puissions servir le Dieu vivant. Voilà pourquoi le Christ est l'intermédiaire d'une alliance nouvelle, afin que ceux qui ont été appelés par Dieu puissent recevoir les biens éternels qu'il a promis aux siens. Ils le peuvent parce qu'une mort est intervenue, grâce à laquelle les humains sont délivrés des fautes commises sous la première alliance. Là où il y a un testament, il est nécessaire de prouver que celui qui l'a établi est mort. En effet, un testament n'a pas d'effet tant que son auteur est en vie; il est valide seulement après la mort de celui-ci. C'est pourquoi la première alliance elle-même n'est pas entrée en vigueur avant que du sang soit répandu. Moïse proclama d'abord devant l'ensemble du peuple tous les commandements, tels que la loi les présente. Puis il prit le sang des veaux et des boucs, avec de l'eau, et en répandit sur le livre de la loi et sur tout le peuple au moyen d'une branche d'hysope et d'un peu de laine rouge. Il déclara: «Ceci est le sang qui confirme l'alliance que Dieu vous a ordonné de respecter.» Moïse répandit également du sang sur la tente et sur tous les objets utilisés pour le culte. Selon la loi, on purifie presque tout avec du sang, et les péchés ne sont pardonnés que si du sang est répandu. Toutes les copies des réalités célestes devaient être purifiées de cette façon. Mais les réalités célestes elles-mêmes ont besoin de bien meilleurs sacrifices. Car le Christ n'est pas entré dans un sanctuaire construit par des hommes, qui ne serait qu'une copie du véritable. Il est entré dans le ciel même, où il se présente maintenant devant Dieu pour nous. Le grand -prêtre du peuple juif entre chaque année dans le sanctuaire avec du sang d'animal. Mais le Christ n'est pas entré pour s'offrir plusieurs fois lui-même. Autrement, il aurait dû souffrir plusieurs fois depuis la création du monde. En réalité, il est apparu une fois pour toutes maintenant, à la fin des temps, pour supprimer le péché en se donnant lui-même en sacrifice. Tout être humain est destiné à mourir une seule fois, puis à être jugé par Dieu. De même, le Christ aussi a été offert en sacrifice une seule fois pour enlever les péchés d'une multitude de gens. Il apparaîtra une seconde fois, non plus pour éliminer les péchés, mais pour accorder le salut à ceux qui attendent sa venue. La loi de Moïse n'est pas la représentation exacte des réalités; elle n'est que l'ombre des biens à venir. Elle est tout à fait incapable de rendre parfaits ceux qui s'approchent de Dieu: comment le pourrait-elle avec ces sacrifices, toujours les mêmes, que l'on offre année après année, indéfiniment? Si ceux qui rendent un tel culte à Dieu avaient été une bonne fois purifiés de leurs fautes, ils ne se sentiraient plus coupables d'aucun péché, et l'on cesserait d'offrir tout sacrifice. En réalité, par ces sacrifices, les gens sont amenés à se rappeler leurs péchés, année après année. Car le sang des taureaux et des boucs ne pourra jamais enlever les péchés. C'est pourquoi, au moment où il allait entrer dans le monde, le Christ dit à Dieu: «Tu n'as voulu ni sacrifice, ni offrande, mais tu m'as formé un corps. Tu n'as pris plaisir ni à des animaux brûlés sur l'autel, ni à des sacrifices pour le pardon des péchés. Alors j'ai dit: “Je viens moi-même à toi, ô Dieu, pour faire ta volonté, selon ce qui est écrit à mon sujet dans le saint livre.” » Il déclare tout d'abord: «Tu n'as voulu ni sacrifices, ni offrandes, ni animaux brûlés sur l'autel, ni sacrifices pour le pardon des péchés, et tu n'y as pas pris plaisir.» Pourtant, ces sacrifices sont offerts conformément à la loi. Puis il ajoute: «Je viens moi-même pour faire ta volonté.» Il supprime donc les anciens sacrifices et les remplace par le sien. Jésus-Christ a fait la volonté de Dieu; il s'est offert lui-même une fois pour toutes, et c'est ainsi que nous sommes purifiés du péché. Tout prêtre se tient chaque jour debout pour accomplir son service; il offre souvent les mêmes sacrifices, qui ne peuvent cependant jamais enlever les péchés. Le Christ, par contre, a offert un seul sacrifice pour les péchés, et cela pour toujours, puis il s'est assis à la droite de Dieu. Maintenant, c'est là qu'il attend que Dieu contraigne ses ennemis à lui servir de marchepied. Ainsi, par une seule offrande il a rendu parfaits pour toujours ceux qu'il purifie du péché. Le Saint-Esprit nous l'atteste également. En effet, il dit tout d'abord: «Voici en quoi consistera l'alliance que je conclurai avec eux après ces jours-là, déclare le Seigneur: J'inscrirai mes instructions dans leur cœur, je les graverai dans leur intelligence.» Puis il ajoute: «Je ne me souviendrai plus de leurs fautes et de leurs péchés.» Or, si les péchés sont pardonnés, il n'est plus nécessaire de présenter une offrande à cet effet. Ainsi, frères, nous avons la liberté d'entrer dans le lieu très saint grâce au sang du sacrifice de Jésus. Il nous a ouvert un chemin nouveau et vivant au travers du rideau, c'est-à-dire par son propre corps. Nous avons un grand -prêtre placé à la tête de la maison de Dieu. Approchons-nous donc de Dieu avec un cœur sincère et une entière confiance, le cœur purifié de tout ce qui donne mauvaise conscience et le corps lavé d'une eau pure. Gardons fermement l'espérance que nous proclamons, car Dieu reste fidèle à ses promesses. Veillons les uns sur les autres pour nous inciter à mieux aimer et à faire des actions bonnes. N'abandonnons pas nos assemblées comme certains ont pris l'habitude de le faire. Au contraire, encourageons-nous les uns les autres, et cela d'autant plus que vous voyez approcher le jour du Seigneur. Car si nous continuons volontairement à pécher après avoir appris à connaître la vérité, il n'y a plus de sacrifice qui puisse enlever les péchés. Il ne nous reste plus qu'à attendre avec terreur le Jugement de Dieu et le feu ardent qui dévorera ses ennemis. Quiconque désobéit à la loi de Moïse est mis à mort sans pitié, si sa faute est confirmée par le témoignage de deux ou trois personnes. Qu'en sera-t-il alors de celui qui méprise le Fils de Dieu, qui considère comme négligeable le sang de l'alliance par lequel il a été purifié, et qui insulte l'Esprit source de grâce? Vous pouvez deviner combien pire sera la peine qu'il méritera! Nous le connaissons, en effet, celui qui a déclaré: «C'est moi qui tirerai vengeance, c'est moi qui paierai de retour», et qui a dit aussi: «Le Seigneur jugera son peuple.» Il est terrible de tomber entre les mains du Dieu vivant! Rappelez-vous ce que vous avez vécu dans le passé. En ces jours-là, après avoir reçu la lumière de Dieu, vous avez eu beaucoup à souffrir, vous avez soutenu un dur combat. Certains d'entre vous étaient insultés et maltraités publiquement, tandis que les autres étaient prêts à soutenir ceux que l'on traitait ainsi. Vous avez pris part à la souffrance des prisonniers et, quand on a saisi vos biens, vous avez accepté avec joie de les perdre, en sachant que vous possédiez une richesse meilleure, qui dure toujours. Ne perdez donc pas votre assurance: une grande récompense lui est réservée. Vous avez besoin de persévérance pour accomplir la volonté de Dieu et obtenir ainsi ce qu'il promet. En effet, il est écrit: «Encore un peu de temps, très peu même, et celui qui doit venir viendra, il ne tardera pas. Cependant, celui qui est juste à mes yeux, dit Dieu, vivra par la foi, mais s'il retourne en arrière, je ne prendrai pas plaisir en lui.» Nous ne sommes pas de ceux qui retournent en arrière et vont à leur perte. Nous sommes de ceux qui croient et sont sur la voie du salut. Mettre sa foi en Dieu, c'est être sûr de ce que l'on espère, c'est être convaincu de la réalité de ce que l'on ne voit pas. C'est à cause de leur foi que les grands personnages du passé ont été approuvés par Dieu. Par la foi, nous comprenons que l'univers a été formé par la parole de Dieu, de sorte que ce qui est visible a été fait à partir de ce qui est invisible. Par la foi, Abel offrit à Dieu un sacrifice meilleur que celui de Caïn. Grâce à elle, il fut déclaré juste par Dieu, car Dieu lui-même approuva ses dons. Par sa foi, Abel parle encore, bien qu'il soit mort. Par la foi, Hénok fut emmené auprès de Dieu sans avoir connu la mort. Personne ne put le retrouver, parce que Dieu l'avait enlevé auprès de lui. L'Écriture déclare qu'avant d'être enlevé, Hénok avait plu à Dieu. Or, personne ne peut plaire à Dieu sans la foi. En effet, celui qui s'approche de Dieu doit croire que Dieu existe et qu'il récompense ceux qui le cherchent. Par la foi, Noé écouta les avertissements de Dieu au sujet de ce qui allait se passer et qu'on ne voyait pas encore. Il prit Dieu au sérieux et construisit une arche dans laquelle il fut sauvé avec toute sa famille. Ainsi, il condamna le monde et obtint, grâce à sa foi, que Dieu le considère comme juste. Par la foi, Abraham obéit quand Dieu l'appela: il partit pour un pays que Dieu allait lui donner en possession. Il partit sans savoir où il allait. Par la foi, il vécut comme un étranger dans le pays que Dieu lui avait promis. Il habita sous la tente, ainsi qu'Isaac et Jacob, qui reçurent la même promesse de Dieu. Car Abraham attendait la cité qui a de solides fondations, celle dont Dieu est l'architecte et le constructeur. Par la foi, Abraham fut rendu capable d'être père, alors qu'il avait passé l'âge de l'être et que Sara elle-même était stérile. Il eut la certitude que Dieu tiendrait sa promesse. C'est ainsi qu'à partir de ce seul homme, pourtant déjà marqué par la mort, naquirent des descendants nombreux comme les étoiles dans le ciel, innombrables comme les grains de sable au bord de la mer. C'est dans la foi que tous ces hommes sont morts. Ils n'ont pas reçu les biens que Dieu avait promis, mais ils les ont vus et salués de loin. Ils ont ouvertement reconnu qu'ils étaient des étrangers et des exilés sur la terre. Ceux qui parlent ainsi montrent clairement qu'ils recherchent une patrie. S'ils avaient pensé avec regret au pays qu'ils avaient quitté, ils auraient eu l'occasion d'y retourner. En réalité, ils désiraient une patrie meilleure, c'est-à-dire la patrie céleste. C'est pourquoi Dieu n'a pas honte d'être appelé leur Dieu; en effet, il leur a préparé une cité. Par la foi, Abraham offrit Isaac en sacrifice lorsque Dieu le mit à l'épreuve. Il se montra prêt à offrir son fils unique, alors qu'il avait reçu une promesse; Dieu lui avait dit: «C'est par Isaac que tu auras les descendants que je t'ai promis.» Mais Abraham estima que Dieu avait le pouvoir de ramener Isaac d'entre les morts; c'est pourquoi Dieu lui rendit son fils, et ce fait a une valeur symbolique. Par la foi, Isaac donna à Jacob et à Ésaü une bénédiction qui se rapportait à leur avenir. Par la foi, Jacob bénit chacun des fils de Joseph, peu avant de mourir; il s'appuya sur l'extrémité de son bâton et adora Dieu. Par la foi, Joseph, à la fin de sa vie, annonça que les Israélites sortiraient d'Égypte et indiqua ce que l'on devait faire de ses ossements. Par la foi, les parents de Moïse le tinrent caché pendant trois mois après sa naissance. Ils virent que c'était un bel enfant et n'eurent pas peur de désobéir à l'ordre du roi. Par la foi, Moïse, devenu grand, renonça au titre de fils de la fille du Pharaon. Il préféra être maltraité avec le peuple de Dieu plutôt que de jouir des plaisirs momentanés du péché. Il estima qu'être méprisé comme le Messie avait beaucoup plus de valeur que les trésors de l'Égypte, car il gardait les yeux fixés sur la récompense future. Par la foi, Moïse quitta l'Égypte, sans craindre la colère du roi; il demeura ferme, comme s'il voyait le Dieu invisible. Par la foi, il institua la Pâque et ordonna de répandre du sang sur les portes des maisons, afin que l'ange de la mort ne tue pas les fils premiers-nés des Israélites. Par la foi, les Israélites traversèrent la mer Rouge comme si c'était une terre sèche; mais lorsque les Égyptiens essayèrent d'en faire autant, ils furent noyés. Par la foi, les murailles de Jéricho tombèrent, après que les Israélites en eurent fait le tour pendant sept jours. Par la foi, Rahab, la prostituée, ne mourut pas avec ceux qui s'étaient opposés à Dieu, parce qu'elle avait accueilli les espions avec bienveillance. Que dirai-je encore? Le temps me manquerait pour parler de Gédéon, Barac, Samson, Jefté, David, Samuel, ainsi que des prophètes. Grâce à la foi, ils vainquirent des royaumes, pratiquèrent la justice et obtinrent ce que Dieu avait promis. Ils fermèrent la gueule des lions, éteignirent des feux violents, échappèrent à la mort par l'épée. Ils étaient faibles et devinrent forts; ils furent redoutables à la guerre et repoussèrent des armées étrangères. Par la foi, des femmes virent leurs morts se relever et leur être rendus. D'autres ont été torturés à mort; ils refusèrent la délivrance, afin d'être relevés de la mort et de parvenir à une vie meilleure. D'autres encore subirent les moqueries et le fouet, certains furent enchaînés et jetés en prison. Certains furent tués à coups de pierres, d'autres sciés en deux ou mis à mort par l'épée. Ou bien, ils allaient d'un endroit à l'autre vêtus de peaux de moutons ou de chèvres, pauvres, persécutés et maltraités. Le monde n'était pas digne de ces gens-là! Ils erraient dans les déserts et les montagnes, ils vivaient dans les cavernes et les trous de la terre. Ils ont tous été approuvés par Dieu à cause de leur foi; pourtant, ils n'ont pas obtenu ce que Dieu avait promis. En effet, Dieu avait prévu mieux encore pour nous et il n'a pas voulu qu'ils parviennent sans nous à la perfection. Quant à nous, nous sommes entourés de cette grande foule de témoins. Débarrassons-nous donc de tout ce qui alourdit notre marche, en particulier du péché qui s'accroche si facilement à nous, et courons résolument la course qui nous est proposée. Gardons les yeux fixés sur Jésus, dont notre foi dépend du commencement à la fin. Il a accepté de mourir sur la croix, sans tenir compte de la honte attachée à une telle mort, parce qu'il avait en vue la joie qui lui était réservée; et maintenant il siège à la droite du trône de Dieu. Pensez à lui, à la façon dont il a supporté une telle opposition de la part des pécheurs. Et ainsi, vous ne vous laisserez pas abattre, vous ne vous découragerez pas. Car, dans votre combat contre le péché, vous n'avez pas encore dû lutter jusqu'à la mort. Avez-vous oublié l'exhortation que Dieu vous adresse comme à ses fils? «Mon fils, ne crains pas d'être corrigé par le Seigneur, et ne te décourage pas quand il t'adresse des reproches. Car le Seigneur corrige celui qu'il aime, il frappe celui qu'il reconnaît comme son fils.» Supportez les souffrances par lesquelles Dieu vous corrige: il vous traite en effet comme ses fils. Existe-t-il un fils que son père ne corrige pas? Si vous n'êtes pas corrigés comme le sont tous ses fils, alors vous n'êtes pas de vrais fils mais des enfants illégitimes. Rappelons-nous nos pères terrestres: ils nous corrigeaient et nous les respections. Nous devons donc, à plus forte raison, nous soumettre à notre Père céleste pour en recevoir la vie. Nos pères nous corrigeaient pour peu de temps, comme ils le jugeaient bon. Mais Dieu nous corrige pour notre bien, afin que nous ayons part à sa sainteté. Quand nous sommes corrigés, il nous semble au moment même que c'est là une cause de tristesse et non de joie. Mais plus tard, ceux qui ont reçu une telle formation bénéficient de l'effet qu'elle produit: la paix associée à une vie juste. Redressez donc vos mains fatiguées, affermissez vos genoux chancelants! Engagez vos pas sur des sentiers bien droits, afin que le pied boiteux ne se démette pas, mais qu'il guérisse plutôt. Efforcez-vous d'être en paix avec tout le monde et de mener une vie sainte; car, sans cela, aucun de vous ne pourra voir le Seigneur. Prenez garde que personne ne se détourne de la grâce de Dieu. Que personne ne devienne comme une plante nuisible, vénéneuse, qui pousse et empoisonne beaucoup de gens. Qu'aucun de vous ne soit immoral, que personne ne méprise les choses sacrées, comme Ésaü qui, pour un seul repas, vendit son droit de fils aîné. Plus tard, vous le savez, il voulut recevoir la bénédiction de son père, mais il fut repoussé. Il ne trouva aucun moyen de changer la situation, bien qu'il l'ait cherché en pleurant. Vous ne vous êtes pas approchés de quelque chose qu'on pouvait toucher, le mont Sinaï, avec son feu ardent, l'obscurité et les ténèbres, l'orage, le bruit d'une trompette et le son d'une voix. Quand les Israélites entendirent cette voix, ils demandèrent qu'on ne leur adresse pas un mot de plus. En effet, ils ne pouvaient pas supporter cet ordre: «Tout être qui touchera la montagne, même s'il s'agit d'un animal, sera tué à coups de pierres.» Le spectacle était si terrifiant que Moïse dit: «Je tremble, tellement je suis effrayé!» Mais vous vous êtes approchés de la montagne de Sion et de la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste, avec ses milliers d'anges. Vous vous êtes approchés d'une assemblée en fête, celle des fils premiers-nés de Dieu, dont les noms sont écrits dans les cieux. Vous vous êtes approchés de Dieu, le juge de tous les humains, et des esprits des êtres justes, parvenus à la perfection. Vous vous êtes approchés de Jésus, l'intermédiaire de l'alliance nouvelle, et de son sang répandu qui parle d'une manière plus favorable que celui d'Abel. Prenez donc garde! Ne refusez pas d'écouter celui qui vous parle. Ceux qui ont refusé d'écouter celui qui les avertissait sur la terre, n'ont pas échappé au châtiment. A bien plus forte raison, nous ne pourrons pas y échapper si nous nous détournons de celui qui nous parle du haut des cieux. Autrefois, sa voix a ébranlé la terre; mais maintenant il nous a fait cette promesse: «J'ébranlerai encore une fois non seulement la terre, mais aussi le ciel.» Les mots «encore une fois» montrent que les choses créées seront ébranlées et disparaîtront, afin que seul demeure ce qui est inébranlable. Soyons donc reconnaissants, puisque nous recevons un royaume inébranlable. Manifestons cette reconnaissance en servant Dieu d'une manière qui lui soit agréable, avec respect et crainte. En effet, notre Dieu est un feu qui détruit. Continuez à vous aimer les uns les autres comme des frères. N'oubliez pas de pratiquer l'hospitalité. En effet, en la pratiquant certains ont accueilli des anges sans le savoir. Souvenez-vous de ceux qui sont en prison, comme si vous étiez prisonniers avec eux. Souvenez-vous de ceux qui sont maltraités, puisque vous avez, vous aussi, un corps exposé à la souffrance. Que le mariage soit respecté par tous, que les époux soient fidèles l'un à l'autre. Dieu jugera les gens immoraux et ceux qui commettent l'adultère. Votre conduite ne doit pas être déterminée par l'amour de l'argent; contentez-vous de ce que vous avez, car Dieu a dit: «Je ne te laisserai pas, je ne t'abandonnerai jamais.» C'est pourquoi nous pouvons affirmer avec confiance: «Le Seigneur est celui qui vient à mon aide, je n'aurai peur de rien. Que peuvent me faire les hommes?» Souvenez-vous de vos anciens dirigeants, qui vous ont annoncé la parole de Dieu. Pensez à la façon dont ils ont vécu et sont morts, et imitez leur foi. Jésus-Christ est le même hier, aujourd'hui et pour toujours. Ne vous laissez pas égarer par toutes sortes de doctrines étrangères. Il est bon d'être fortifié intérieurement par la grâce de Dieu, et non par des règles relatives à des aliments; ceux qui observent de telles règles n'en ont jamais tiré aucun profit. Les prêtres qui officient dans le sanctuaire juif n'ont pas le droit de manger de ce qui est offert sur notre autel. Le grand-prêtre juif apporte le sang des animaux dans le lieu très saint afin de l'offrir comme sacrifice pour le pardon des péchés; mais les corps de ces animaux sont brûlés en dehors du camp. C'est pourquoi Jésus aussi est mort en dehors de la ville, afin de purifier le peuple par son propre sang. Allons donc à lui en dehors du camp, en supportant le même mépris que lui. Car nous n'avons pas ici-bas de cité qui dure toujours; nous recherchons celle qui est à venir. Par Jésus, présentons sans cesse à Dieu notre louange comme sacrifice, c'est-à-dire l'offrande sortant de lèvres qui célèbrent son nom. N'oubliez pas de faire le bien et de vous entraider fraternellement, car ce sont de tels sacrifices qui plaisent à Dieu. Obéissez à vos dirigeants et soyez-leur soumis. En effet, ils veillent constamment sur vous, puisqu'ils devront rendre compte à Dieu. Faites en sorte qu'ils puissent accomplir leur tâche avec joie, et non en se plaignant, ce qui ne vous serait d'aucun profit. Priez pour nous. Nous sommes convaincus d'avoir une bonne conscience, car nous désirons bien nous conduire en toute occasion. Je vous demande très particulièrement de prier pour que Dieu me permette de retourner plus vite auprès de vous. Dieu, source de la paix, a ramené d'entre les morts notre Seigneur Jésus, devenu le grand berger des brebis grâce au sang de son sacrifice, qui garantit l'alliance éternelle. Que ce Dieu vous rende capables de pratiquer tout ce qui est bien pour que vous fassiez sa volonté; qu'il réalise en nous, ce qui lui est agréable, par Jésus-Christ, à qui soit la gloire pour toujours! Amen. Frères, je vous le recommande: écoutez avec patience ces paroles d'encouragement. D'ailleurs, ce que je vous ai écrit n'est pas très long. Je tiens à vous faire savoir que notre frère Timothée a été libéré. S'il arrive assez tôt, j'irai vous voir avec lui. Saluez tous vos dirigeants et tous ceux qui appartiennent au peuple de Dieu. Les frères d'Italie vous adressent leurs salutations. Que la grâce de Dieu soit avec vous tous. De la part de Jacques, serviteur de Dieu et du Seigneur Jésus-Christ. J'adresse mes salutations à l'ensemble du peuple de Dieu dispersé dans le monde entier. Mes frères, considérez-vous comme très heureux quand vous avez à passer par toutes sortes d'épreuves; car, vous le savez, si votre foi résiste à l'épreuve, celle-ci produit la persévérance. Mais veillez à ce que votre persévérance se manifeste pleinement, afin que vous soyez parfaits, sans défaut, qu'il ne vous manque rien. Cependant, si l'un de vous manque de sagesse, qu'il la demande à Dieu, qui la lui donnera; car Dieu donne à tous généreusement et avec bienveillance. Mais il faut qu'il demande avec foi, sans douter; car celui qui doute est semblable à une vague de la mer, que le vent soulève et pousse d'un côté ou de l'autre. Un tel homme ne doit pas s'imaginer qu'il recevra quelque chose du Seigneur, car il est indécis et incertain dans tout ce qu'il entreprend. Que le frère pauvre se réjouisse de ce que Dieu l'élève, et le frère riche de ce que Dieu l'abaisse. En effet, le riche passera comme la fleur d'une plante sauvage. Le soleil se lève, sa chaleur brûlante dessèche la plante; sa fleur tombe et sa beauté disparaît. De même, le riche disparaîtra au milieu de ses activités. Heureux est l'homme qui demeure ferme dans l'épreuve; car après avoir prouvé sa fermeté, il recevra la couronne de victoire, la vie éternelle que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. Si quelqu'un est tenté, qu'il ne dise pas: «C'est Dieu qui me tente.» Car Dieu ne peut pas être tenté de mal faire, et il ne tente lui-même personne. En réalité, tout être humain est tenté quand il se laisse entraîner et prendre au piège par ses propres désirs; ensuite, tout mauvais désir conçoit et donne naissance au péché; et quand le péché est pleinement développé, il engendre la mort. Ne vous y trompez pas, mes chers frères: tout don excellent et tout cadeau parfait descendent du ciel; ils viennent de Dieu, le créateur des lumières célestes. Et Dieu ne change pas, il ne produit pas d'ombre par des variations de position. Il a voulu lui-même nous donner la vie par sa Parole, qui est la vérité, afin que nous soyons au premier rang de toutes ses créatures. Rappelez-vous bien ceci, mes chers frères: chacun doit être prompt à écouter, mais lent à parler et lent à se mettre en colère; car un homme en colère n'accomplit pas ce qui est juste aux yeux de Dieu. C'est pourquoi, rejetez tout ce qui salit et tous les excès dus à la méchanceté. Accueillez avec humilité la parole que Dieu plante dans votre cœur, car elle a le pouvoir de vous sauver. Ne vous faites pas des illusions sur vous-mêmes en vous contentant d'écouter la parole de Dieu; mettez-la réellement en pratique. Car celui qui écoute la parole sans la mettre en pratique ressemble à un homme qui se regarde dans un miroir et se voit tel qu'il est. Après s'être regardé, il s'en va et oublie aussitôt comment il est. En revanche, il y a celui qui examine attentivement la loi parfaite qui nous procure la liberté, et il s'y attache fidèlement; il ne se contente pas de l'écouter pour l'oublier ensuite, mais il la met en pratique. Eh bien, celui-là sera béni dans tout ce qu'il fait. Si quelqu'un croit être religieux et ne sait pas maîtriser sa langue, il se trompe lui-même: sa religion ne vaut rien. Voici ce que Dieu, le Père, considère comme la religion pure et authentique: prendre soin des orphelins et des veuves dans leur détresse, et se garder de toute tache due à l'influence de ce monde. Mes frères, vous qui mettez votre foi en notre glorieux Seigneur Jésus-Christ, vous ne devez pas en même temps agir avec partialité à l'égard des autres. Supposez ceci: un homme riche portant un anneau d'or et des vêtements magnifiques entre dans votre assemblée; un homme pauvre, aux vêtements usés, y entre aussi. Vous manifestez alors un respect particulier pour l'homme magnifiquement vêtu et vous lui dites: «Veuillez vous asseoir ici, à cette place d'honneur»; mais vous dites au pauvre: «Toi, reste debout, ou assieds-toi là, par terre, à mes pieds.» Si tel est le cas, vous faites des distinctions entre vous et vous portez des jugements fondés sur de mauvaises raisons. Écoutez, mes chers frères: Dieu a choisi ceux qui sont pauvres aux yeux du monde pour qu'ils deviennent riches dans la foi et reçoivent le Royaume qu'il a promis à ceux qui l'aiment. Mais vous, vous méprisez le pauvre! Ceux qui vous oppriment et vous traînent devant les tribunaux, ce sont les riches, n'est-ce pas? Ce sont eux qui font insulte au beau nom qui vous a été donné. Certes, vous faites bien si vous accomplissez la loi du Royaume, telle que l'Écriture la présente: «Tu dois aimer ton prochain comme toi-même.» Mais si vous agissez avec partialité, vous commettez un péché et la loi vous condamne parce que vous lui désobéissez. Car si quelqu'un pèche contre un seul commandement de la loi, tout en observant les autres, il se rend coupable à l'égard de tous. En effet, celui-là même qui a dit: «Ne commets pas d'adultère», a dit aussi: «Ne commets pas de meurtre.» Par conséquent, si tu ne commets pas d'adultère, mais que tu commettes un meurtre, tu désobéis à la loi. Parlez et agissez donc en hommes destinés à être jugés par la loi qui procure la liberté. En effet, Dieu sera sans pitié quand il jugera celui qui n'aura pas eu pitié des autres; mais celui qui fait preuve de pitié n'a plus rien à craindre du jugement. Mes frères, à quoi cela sert-il à quelqu'un de dire: «J'ai la foi», s'il ne le prouve pas par ses actes? Cette foi peut-elle le sauver? Supposez qu'un frère ou une sœur n'aient pas de quoi se vêtir ni de quoi manger chaque jour. A quoi cela sert-il que vous leur disiez: «Au revoir, portez-vous bien; habillez-vous chaudement et mangez à votre faim!», si vous ne leur donnez pas ce qui est nécessaire pour vivre? Il en est ainsi de la foi: si elle ne se manifeste pas par des actes, elle n'est qu'une chose morte. Quelqu'un dira peut-être: «Il y en a qui ont la foi, d'autres les actes». Alors je lui répondrai: «Montre-moi comment ta foi peut exister sans actes! Quant à moi je te prouverai ma foi par mes actes.» Tu crois qu'il y a un seul Dieu? Très bien. Les démons le croient aussi et ils tremblent de peur. Insensé que tu es! Veux-tu avoir la preuve que la foi sans les actes est inutile? Comment Abraham, notre ancêtre, a-t-il été reconnu comme juste par Dieu? A cause de ses actes, parce qu'il a offert son fils Isaac sur l'autel. Tu le vois, sa foi et ses actes agissaient ensemble: sa foi est parvenue à la perfection en raison des actes qui l'accompagnaient. Ainsi s'est réalisé ce que dit l'Écriture: «Abraham eut confiance en Dieu, et Dieu le considéra comme juste en tenant compte de sa foi.» Et Dieu l'appela son ami. Vous le voyez donc, un être humain est reconnu comme juste par Dieu à cause de ses actes et non pas uniquement à cause de sa foi. Il en fut de même pour Rahab la prostituée. Elle fut reconnue comme juste par Dieu à cause de ses actes, car elle avait accueilli les messagers israélites et les avait fait partir par un autre chemin. En effet, de même que le corps sans le souffle de vie est mort, de même la foi sans les actes est morte. Mes frères, ne soyez pas nombreux à vouloir être des enseignants, car vous savez que nous qui enseignons, nous serons jugés plus sévèrement que les autres. Nous commettons tous des erreurs, de bien des manières. Si quelqu'un ne commet jamais d'erreur dans ce qu'il dit, c'est un homme parfait, capable de maîtriser tout son être. Nous mettons un mors dans la bouche des chevaux pour qu'ils nous obéissent, et nous pouvons ainsi diriger leur corps tout entier. Ou bien, pensez aux navires: même s'ils sont très grands et que des vents violents les poussent, on les dirige avec un très petit gouvernail, et ils vont là où le pilote le veut. De même, la langue est une très petite partie du corps, mais elle peut se vanter d'être la cause d'effets considérables. Pensez au petit feu qui suffit à mettre en flammes une grande forêt! Eh bien, la langue est pareille à un feu. C'est un monde de mal installé dans notre corps, elle infecte notre être entier. Elle enflamme tout le cours de notre existence d'un feu provenant de l'enfer même. L'être humain est capable de dompter toute espèce de bêtes sauvages, d'oiseaux, de reptiles et de poissons, et, en fait, il les a domptés. Mais personne n'a jamais pu dompter la langue: elle est mauvaise et sans cesse en mouvement, elle est pleine d'un poison mortel. Nous l'utilisons pour louer le Seigneur, notre Père, mais aussi pour maudire les êtres humains que Dieu a créés à sa ressemblance. Des paroles de louange ou de malédiction sortent de la même bouche. Mes frères, il ne faut pas qu'il en soit ainsi. Aucune source ne donne par la même ouverture de l'eau douce et de l'eau amère. Aucun figuier, mes frères, ne peut produire des olives, aucune vigne ne peut produire des figues; une source d'eau salée ne peut pas donner de l'eau douce. Quelqu'un parmi vous pense-t-il être sage et intelligent? Qu'il le prouve par sa bonne conduite, par des actes accomplis avec humilité et sagesse. Mais si vous avez le cœur plein d'une jalousie amère et d'esprit de rivalité, cessez de vous vanter d'être sages, en faussant ainsi la vérité. Une telle sagesse ne descend pas du ciel; elle est terrestre, trop humaine, diabolique même. Car là où règnent jalousie et esprit de rivalité, il y a aussi le désordre et toute espèce de mal. Mais la sagesse d'en haut est pure, tout d'abord; ensuite, elle est pacifique, douce et raisonnable; elle est riche en bonté et en actions bonnes; elle est sans parti pris et sans hypocrisie. Ceux qui créent la paix autour d'eux sèment dans la paix et la récolte qu'ils obtiennent, c'est une vie juste. D'où viennent les conflits et les querelles parmi vous? Ils viennent de vos passions qui combattent sans cesse au-dedans de vous. Vous désirez quelque chose, mais vous ne pouvez pas l'avoir, et alors vous êtes prêts à tuer; vous avez envie de quelque chose, mais vous ne pouvez pas l'obtenir, et alors vous vous lancez dans des querelles et des conflits. Vous n'avez pas ce que vous voulez, parce que vous ne savez pas le demander à Dieu. Et si vous demandez, vous ne recevez pas, parce que vos intentions sont mauvaises: vous voulez tout gaspiller pour vos plaisirs. Infidèles que vous êtes! Ne savez-vous pas qu'être ami du monde, c'est être ennemi de Dieu? Celui qui veut être ami du monde se rend donc ennemi de Dieu. Ne pensez pas que ce soit pour rien que l'Écriture déclare: «Dieu réclame avec ardeur l'Esprit qu'il a mis en nous.» Cependant, la grâce que Dieu nous accorde est supérieure, car il est dit aussi: «Dieu s'oppose aux orgueilleux, mais il traite les humbles avec bonté.» Soumettez-vous donc à Dieu; résistez au diable et il fuira loin de vous. Approchez-vous de Dieu et il s'approchera de vous. Nettoyez vos mains, pécheurs; purifiez vos cœurs, gens indécis! Soyez conscients de votre misère, pleurez et lamentez-vous; que votre rire se change en pleurs, et votre joie en tristesse. Abaissez-vous devant le Seigneur et il vous élèvera. Frères, ne dites pas de mal les uns des autres. Celui qui dit du mal de son frère ou qui le juge, dit du mal de la loi de Dieu et la juge. Dans ce cas, tu te fais le juge de la loi au lieu de la pratiquer. Or, c'est Dieu seul qui donne la loi et qui peut juger; lui seul peut à la fois sauver et faire périr. Pour qui te prends-tu donc, toi qui juges ton prochain? Écoutez-moi, maintenant, vous qui dites: «Aujourd'hui ou demain nous irons dans telle ville, nous y passerons une année, nous ferons du commerce et nous gagnerons de l'argent.» Eh bien, vous ne savez pas ce que votre vie sera demain! Vous êtes, en effet, comme un léger brouillard qui apparaît pour un instant et disparaît ensuite. Voici bien plutôt ce que vous devriez dire: «Si le Seigneur le veut, nous vivrons et nous ferons ceci ou cela.» Mais, en réalité, vous êtes orgueilleux et prétentieux. Tout orgueil de ce genre est mauvais. Si donc quelqu'un sait comment faire le bien et ne le fait pas, il se rend coupable de péché. Et maintenant écoutez-moi, vous les riches! Pleurez et gémissez à cause des malheurs qui vont s'abattre sur vous! Vos richesses sont pourries et vos vêtements sont rongés par les vers. Votre or et votre argent sont couverts de rouille, une rouille qui servira de témoignage contre vous; elle dévorera votre chair comme un feu. Vous avez amassé des trésors à la fin des temps. Vous avez refusé de payer le salaire des ouvriers qui travaillent dans vos champs. C'est une injustice criante! Les plaintes de ceux qui rentrent vos récoltes sont parvenues jusqu'aux oreilles de Dieu, le Seigneur de l'univers. Vous avez vécu sur la terre dans le luxe et les plaisirs. Vous vous êtes engraissés comme des bêtes pour le jour de la boucherie. Vous avez condamné et mis à mort des innocents; ils ne vous résistent pas. Prenez donc patience, frères, jusqu'à ce que le Seigneur vienne. Voyez comment le cultivateur prend patience en attendant que la terre produise de précieuses récoltes: il sait que les pluies d'automne et de printemps doivent d'abord tomber. Prenez patience, vous aussi; soyez pleins de courage, car la venue du Seigneur est proche. Ne vous plaignez pas les uns des autres, frères, sinon Dieu vous jugera. Le juge est proche, il est prêt à entrer! Frères, souvenez-vous des prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur: prenez-les comme modèles de patience fidèle dans la souffrance. Nous les déclarons heureux parce qu'ils ont tenu bon. Vous avez entendu parler de la longue patience de Job, et vous savez ce que le Seigneur lui a accordé à la fin. En effet, le Seigneur est plein de compassion et de bienveillance. Surtout, mes frères, ne faites pas de serment: n'en faites ni par le ciel, ni par la terre, ni d'aucune autre façon. Dites simplement «oui» si c'est oui, et «non» si c'est non, afin que vous ne tombiez pas sous le jugement de Dieu. Quelqu'un parmi vous est-il dans la souffrance? Qu'il prie. Quelqu'un est-il heureux? Qu'il chante des louanges. L'un de vous est-il malade? Qu'il appelle les anciens de l'Église; ceux-ci prieront pour lui et verseront quelques gouttes d'huile sur sa tête au nom du Seigneur. Une telle prière, faite avec foi, sauvera le malade: le Seigneur le remettra debout, et les péchés qu'il a commis lui seront pardonnés. Confessez donc vos péchés les uns aux autres, et priez les uns pour les autres, afin d'être guéris. La prière fervente d'une personne juste a une grande efficacité. Élie était un homme semblable à nous: il pria avec ardeur pour qu'il ne pleuve pas, et il ne tomba pas de pluie sur la terre pendant trois ans et demi. Puis il pria de nouveau; alors le ciel donna de la pluie et la terre produisit ses récoltes. Mes frères, si l'un de vous s'est éloigné de la vérité et qu'un autre l'y ramène, rappelez-vous ceci: celui qui ramène un pécheur du chemin où il s'égarait le sauvera de la mort et obtiendra le pardon d'un grand nombre de péchés. De la part de Pierre, apôtre de Jésus-Christ. A ceux que Dieu a choisis et qui vivent en exilés, dispersés dans les provinces du Pont, de la Galatie, de la Cappadoce, de l'Asie et de la Bithynie. Dieu, le Père, vous a choisis conformément au plan qu'il a établi d'avance; il vous a mis à part, grâce à l'Esprit Saint, pour que vous obéissiez à Jésus-Christ et que vous soyez purifiés par son sang. Que la grâce et la paix vous soient accordées avec abondance. Louons Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ! Dans sa grande bonté, il nous a fait naître à une vie nouvelle en relevant Jésus-Christ d'entre les morts. Nous avons ainsi une espérance vivante, en attendant les biens que Dieu réserve aux siens. Ce sont des biens qui ne peuvent ni disparaître, ni être salis, ni perdre leur éclat. Dieu vous les réserve dans les cieux, à vous que sa puissance garde par la foi en vue du salut, prêt à se manifester à la fin des temps. Vous vous en réjouissez, même s'il faut que, maintenant, vous soyez attristés pour un peu de temps par toutes sortes d'épreuves. L'or lui-même, qui est périssable, est pourtant éprouvé par le feu; de même votre foi, beaucoup plus précieuse que l'or, est mise à l'épreuve afin de prouver sa valeur. C'est ainsi que vous pourrez recevoir louange, gloire et honneur quand Jésus-Christ apparaîtra. Vous l'aimez, bien que vous ne l'ayez pas vu; vous croyez en lui, bien que vous ne le voyiez pas encore; c'est pourquoi vous vous réjouissez d'une joie glorieuse, inexprimable, car vous atteignez le but de votre foi: le salut de votre être. Les prophètes ont fait des recherches et des investigations au sujet de ce salut, et ils ont prophétisé à propos du don que Dieu vous destinait. Ils s'efforçaient de découvrir à quelle époque et à quelles circonstances se rapportaient les indications données par l'Esprit du Christ; car cet Esprit, présent en eux, annonçait d'avance les souffrances que le Christ devait subir et la gloire qui serait la sienne ensuite. Dieu révéla aux prophètes que le message dont ils étaient chargés n'était pas pour eux-mêmes, mais pour vous. Ce message vous a été communiqué maintenant par les prédicateurs de la Bonne Nouvelle, qui en ont parlé avec la puissance du Saint-Esprit envoyé du ciel. Et les anges eux-mêmes désirent le connaître. C'est pourquoi, tenez-vous prêts à agir, gardez votre esprit en éveil. Mettez toute votre espérance dans le don qui vous sera accordé quand Jésus-Christ apparaîtra. Obéissez à Dieu et ne vous conformez pas aux désirs que vous aviez autrefois, quand vous étiez encore ignorants. Mais soyez saints dans toute votre conduite, tout comme Dieu qui vous a appelés est saint. En effet, l'Écriture déclare: «Soyez saints, car je suis saint.» Dans vos prières, vous donnez le nom de Père à Dieu qui juge tous les hommes avec impartialité, selon ce que chacun a fait; c'est pourquoi, durant le temps qu'il vous reste à passer sur la terre, que votre conduite témoigne du respect que vous avez pour lui. Vous savez, en effet, à quel prix vous avez été délivrés de la manière de vivre insensée que vos ancêtres vous avaient transmise. Ce ne fut pas au moyen de choses périssables, comme l'argent ou l'or; non, vous avez été délivrés par le sang précieux du Christ, sacrifié comme un agneau sans défaut et sans tache. Dieu l'avait destiné à cela avant la création du monde, et il l'a manifesté pour votre bien dans ces temps qui sont les derniers. Par lui vous croyez en Dieu qui l'a ramené d'entre les morts et lui a donné la gloire; ainsi vous placez votre foi et votre espérance en Dieu. Vous vous êtes purifiés en obéissant à la vérité, pour vous aimer sincèrement comme des frères. Aimez-vous donc ardemment les uns les autres, d'un cœur pur. En effet, vous êtes nés de nouveau, non de pères mortels, mais grâce à une semence immortelle, grâce à la parole vivante et éternelle de Dieu. Car il est écrit: «Tous les humains sont comme l'herbe et toute leur gloire comme la fleur des champs; l'herbe sèche et la fleur tombe, mais la parole du Seigneur demeure pour toujours.» Or, cette parole est celle de la Bonne Nouvelle qui vous a été annoncée. Rejetez donc toute forme de méchanceté, tout mensonge, ainsi que l'hypocrisie, la jalousie et les médisances. Comme des enfants nouveau-nés, désirez le lait spirituel et pur, afin qu'en le buvant vous grandissiez et parveniez au salut. En effet, «vous avez constaté combien le Seigneur est bon.» Approchez-vous du Seigneur, la pierre vivante rejetée par les hommes, mais choisie et jugée précieuse par Dieu. Prenez place vous aussi, comme des pierres vivantes, dans la construction du temple spirituel. Vous y formerez un groupe de prêtres consacrés à Dieu, vous lui offrirez des sacrifices spirituels, qui lui seront agréables par Jésus-Christ. Car voici ce qui est dit dans l'Écriture: «J'ai choisi une précieuse pierre que je vais placer comme pierre d'angle en Sion; et celui qui lui fait confiance ne sera jamais déçu.» Cette pierre est d'une grande valeur pour vous les croyants; mais pour les incroyants «La pierre que les bâtisseurs avaient rejetée est devenue la pierre principale.» Et ailleurs, il est dit encore: «C'est une pierre qui fait trébucher, un rocher qui fait tomber.» Ces gens ont trébuché parce qu'ils ont refusé d'obéir à la parole de Dieu, et c'est à cela qu'ils étaient destinés. Mais vous, vous êtes la race choisie, les prêtres du Roi, la nation sainte, le peuple qui appartient à Dieu. Il vous a appelés à passer de l'obscurité à sa merveilleuse lumière, afin que vous proclamiez ses œuvres magnifiques. Autrefois, vous n'étiez pas le peuple de Dieu, mais maintenant vous êtes son peuple; autrefois, vous étiez privés de la compassion de Dieu, mais maintenant elle vous a été accordée. Je vous le demande, mes chers amis, vous qui êtes étrangers et exilés sur la terre: gardez-vous des passions humaines qui font la guerre à votre être. Ayez une bonne conduite parmi les païens; ainsi, même s'ils médisent de vous en vous traitant de malfaiteurs, ils seront obligés de reconnaître vos bonnes actions et de louer Dieu le jour où il viendra. Soyez soumis, à cause du Seigneur, à toute autorité humaine: à l'empereur, qui a le pouvoir suprême, et aux gouverneurs, envoyés par lui pour punir les malfaiteurs et féliciter ceux qui font le bien. En effet, ce que Dieu veut, c'est que vous pratiquiez le bien pour réduire au silence les hommes ignorants et déraisonnables. Conduisez-vous comme des gens libres; cependant, n'utilisez pas votre liberté comme un voile pour couvrir le mal, mais agissez en serviteurs de Dieu. Respectez tous les êtres humains, aimez vos frères en la foi, adorez Dieu, respectez l'empereur. Serviteurs, soyez soumis à vos maîtres avec un entier respect, non seulement à ceux qui sont bons et bien disposés, mais aussi à ceux qui sont pénibles. En effet, c'est un bien de supporter, par obéissance à Dieu, les peines que l'on souffre injustement. Car quel mérite y a-t-il à supporter les coups si vous les recevez pour avoir commis une faute? Mais si vous avez à souffrir après avoir bien agi et que vous le supportez, c'est un bien aux yeux de Dieu. C'est à cela qu'il vous a appelés, car le Christ lui-même a souffert pour vous; il vous a laissé un exemple afin que vous suiviez ses traces. Il n'a pas commis de péché; aucun mensonge n'est jamais sorti de sa bouche. Quand on l'a insulté, il n'a pas répondu par l'insulte; quand on l'a fait souffrir, il n'a pas formulé de menaces, mais il s'en est remis à Dieu qui juge avec justice. Dans son propre corps, il a porté nos péchés sur la croix, afin que nous mourions au péché et que nous vivions d'une vie juste. C'est par ses blessures que vous avez été guéris. Car vous étiez comme des moutons égarés, mais maintenant vous avez été ramenés à celui qui est votre berger et qui veille sur vous. Vous de même, femmes, soyez soumises à vos maris, afin que si quelques-uns d'entre eux ne croient pas à la parole de Dieu, ils soient gagnés à la foi par votre conduite. Des paroles ne seront même pas nécessaires: il leur suffira de voir combien votre conduite est pure et respectueuse. Ne cherchez pas à vous rendre belles par des moyens extérieurs, comme la façon d'arranger vos cheveux, les bijoux d'or ou les vêtements élégants. Recherchez plutôt la beauté de l'être intérieur, la parure impérissable d'un esprit doux et paisible, qui est d'une grande valeur aux yeux de Dieu. Telle était la parure des femmes pieuses d'autrefois, qui espéraient en Dieu. Elles étaient soumises à leurs maris, comme, par exemple, Sara qui obéissait à Abraham et l'appelait «Mon maître ». Vous êtes vraiment ses filles si vous faites le bien en ne vous laissant effrayer par rien. Vous de même, maris, vivez avec vos femmes en tenant compte de leur nature plus délicate; traitez-les avec respect, car elles doivent recevoir avec vous le don de la vraie vie de la part de Dieu. Agissez ainsi afin que rien ne fasse obstacle à vos prières. Enfin, ayez tous les mêmes dispositions et les mêmes sentiments; aimez-vous comme des frères, soyez bienveillants et humbles les uns à l'égard des autres. Ne rendez pas le mal pour le mal, ou l'insulte pour l'insulte. Au contraire, répondez par une bénédiction, car c'est une bénédiction que Dieu a promis de vous accorder quand il vous a appelés. En effet, voici ce qui est écrit: «Celui qui veut jouir d'une vie agréable et connaître des jours heureux doit se garder de médire et de mentir. Il doit se détourner du mal, pratiquer le bien et rechercher la paix avec persévérance. Car le Seigneur a les yeux fixés sur les fidèles, prêt à écouter leurs prières; mais le Seigneur s'oppose à ceux qui font le mal.» Qui vous fera du mal si vous êtes zélés pour pratiquer le bien? Même si vous avez à souffrir parce que vous faites ce qui est juste, vous êtes heureux. N'ayez aucune crainte des autres et ne vous laissez pas troubler. Mais honorez dans vos cœurs le Christ, comme votre Seigneur. Soyez toujours prêts à vous défendre face à tous ceux qui vous demandent de justifier l'espérance qui est en vous. Mais faites-le avec douceur et respect. Ayez une conscience pure afin que ceux qui médisent de votre bonne conduite de chrétiens aient à rougir de leurs calomnies. Car il vaut mieux souffrir en faisant le bien, si telle est la volonté de Dieu, plutôt qu'en faisant le mal. En effet, le Christ lui-même a souffert, une fois pour toutes, pour les péchés des humains; innocent, il est mort pour des coupables, afin de vous amener à Dieu. Il a été mis à mort dans son corps humain, mais il a été rendu à la vie par le Saint-Esprit. Par la puissance de cet Esprit, il est même allé prêcher aux esprits emprisonnés, c'est-à-dire à ceux qui, autrefois, se sont opposés à Dieu, quand il attendait avec patience à l'époque où Noé construisait l'arche. Un petit nombre de personnes, huit en tout, entrèrent dans l'arche et furent sauvées par l'eau. C'était là une image du baptême qui vous sauve maintenant; celui-ci ne consiste pas à laver les impuretés du corps, mais à demander à Dieu une conscience purifiée. Il vous sauve grâce à la résurrection de Jésus-Christ, qui est allé au ciel et se trouve à la droite de Dieu, où il règne sur les anges et les autres autorités et puissances célestes. Puisque le Christ a souffert dans son corps, vous aussi armez-vous de la même disposition d'esprit; car celui qui a souffert dans son corps en a fini avec le péché. Dès maintenant, vous devez donc vivre le reste de votre vie terrestre selon la volonté de Dieu et non selon les désirs humains. En effet, vous avez passé autrefois suffisamment de temps à faire ce qui plaît aux païens. Vous avez vécu dans le vice, les mauvais désirs, l'ivrognerie, les orgies, les beuveries et l'abominable culte des idoles. Et maintenant, les païens s'étonnent de ce que vous ne vous livriez plus avec eux aux excès d'une si mauvaise conduite et ils vous insultent. Mais ils auront à rendre compte de leurs actes à Dieu, qui est prêt à juger les vivants et les morts. Voilà pourquoi la Bonne Nouvelle a été annoncée même aux morts: ainsi, bien que jugés quant à leur existence terrestre, comme tous les humains, ils ont maintenant la possibilité, grâce à l'Esprit, de vivre la vie de Dieu. La fin de toutes choses est proche. Vivez donc d'une manière raisonnable et gardez l'esprit éveillé afin de pouvoir prier. Avant tout, aimez-vous ardemment les uns les autres, car l'amour obtient le pardon d'un grand nombre de péchés. Soyez hospitaliers les uns à l'égard des autres, sans mauvaise humeur. Que chacun de vous utilise pour le bien des autres le don particulier qu'il a reçu de Dieu. Vous serez ainsi de bons administrateurs des multiples dons divins. Que celui qui a le don de la parole transmette les paroles de Dieu; que celui qui a le don de servir l'utilise avec la force que Dieu lui accorde: il faut qu'en toutes choses gloire soit rendue à Dieu, par Jésus-Christ à qui appartiennent la gloire et la puissance pour toujours! Amen. Mes chers amis, ne vous étonnez pas d'être en plein feu de l'épreuve, comme s'il vous arrivait quelque chose d'anormal. Réjouissez-vous plutôt d'avoir part aux souffrances du Christ, afin que vous soyez également remplis d'une grande joie quand il révélera sa gloire à tous. Si l'on vous insulte parce que vous êtes disciples du Christ, heureux êtes-vous, car l'Esprit glorieux de Dieu repose sur vous. Qu'aucun d'entre vous n'ait à souffrir comme meurtrier, voleur ou malfaiteur, ou pour s'être mêlé des affaires d'autrui. Mais si quelqu'un souffre parce qu'il est chrétien, qu'il n'en ait pas honte; qu'il remercie plutôt Dieu de pouvoir porter ce nom. Le moment est arrivé où le Jugement commence, et c'est le peuple de Dieu qui est jugé d'abord. Or, si le Jugement débute par nous, comment sera-ce à la fin, lorsqu'il frappera ceux qui refusent de croire à la Bonne Nouvelle de Dieu? Comme l'Écriture le déclare: «Si le juste est sauvé difficilement, qu'en sera-t-il du méchant et du pécheur?» Ainsi, que ceux qui souffrent selon la volonté de Dieu continuent à pratiquer le bien et se remettent eux-mêmes entre les mains du Créateur, qui est fidèle à ses promesses. Je m'adresse maintenant à ceux qui, parmi vous, sont anciens d'Église. Je suis ancien moi aussi; je suis témoin des souffrances du Christ et j'aurai part à la gloire qui va être révélée. Voici ce que je leur demande: prenez soin comme des bergers du troupeau que Dieu vous a confié, veillez sur lui non par obligation, mais de bon cœur, comme Dieu le désire. Agissez non par désir de vous enrichir, mais par dévouement. Ne cherchez pas à dominer ceux qui ont été confiés à votre garde, mais soyez des modèles pour le troupeau. Et quand le Chef des bergers paraîtra, vous recevrez la couronne glorieuse qui ne perdra jamais son éclat. De même, jeunes gens, soyez soumis à ceux qui sont plus âgés que vous. Et vous tous, revêtez-vous d'humilité dans vos rapports les uns avec les autres, car l'Écriture déclare: «Dieu s'oppose aux orgueilleux, mais il traite les humbles avec bonté.» Courbez-vous donc humblement sous la main puissante de Dieu, afin qu'il vous élève au moment qu'il a fixé. Déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, car il prend soin de vous. Soyez bien éveillés, lucides! Car votre ennemi, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant quelqu'un à dévorer. Résistez-lui en demeurant fermes dans la foi. Rappelez-vous que vos frères, dans le monde entier, passent par les mêmes souffrances. Vous aurez à souffrir encore un peu de temps. Mais Dieu, source de toute grâce, vous a appelés à participer à sa gloire éternelle dans la communion avec Jésus-Christ; il vous perfectionnera lui-même, vous affermira, vous fortifiera et vous établira sur de solides fondations. A lui soit la puissance pour toujours! Amen. Je vous ai écrit cette courte lettre avec l'aide de Silas, que je considère comme un frère fidèle. Je l'ai fait pour vous encourager et vous attester que c'est à la véritable grâce de Dieu que vous êtes attachés. La communauté qui est ici, à Babylone, et que Dieu a choisie comme vous, vous adresse ses salutations, ainsi que Marc, mon fils. Saluez-vous les uns les autres d'un baiser affectueux, fraternel. Que la paix soit avec vous tous qui appartenez au Christ. De la part de Simon Pierre, serviteur et apôtre de Jésus-Christ. A ceux qui, par l'œuvre salutaire de notre Dieu et Sauveur Jésus-Christ, ont reçu une foi aussi précieuse que la nôtre: Que la grâce et la paix vous soient accordées avec abondance, par la vraie connaissance de Dieu et de Jésus notre Seigneur. Par sa divine puissance, le Seigneur nous a donné tout ce qui nous est nécessaire pour vivre dans l'attachement à Dieu; il nous a fait connaître celui qui nous a appelés à participer à sa propre gloire et à son œuvre merveilleuse. C'est ainsi qu'il nous a accordé les biens si précieux et si importants qu'il avait promis, afin qu'en les recevant vous puissiez échapper aux désirs destructeurs qui règnent dans le monde et participer à la nature divine. Pour cette raison même, faites tous vos efforts pour ajouter à votre foi la bonne conduite et à la bonne conduite la vraie connaissance de Dieu; à la connaissance ajoutez la maîtrise de soi, à la maîtrise de soi la persévérance et à la persévérance l'attachement à Dieu; enfin, à l'attachement à Dieu ajoutez l'affection fraternelle et à l'affection fraternelle l'amour. Si vous avez ces qualités et si vous les développez, elles vous rendront actifs et vous feront progresser dans la connaissance de notre Seigneur Jésus-Christ. Mais celui qui ne les possède pas a la vue si courte qu'il est comme aveugle; il oublie qu'il a été purifié de ses péchés d'autrefois. C'est pourquoi, frères, efforcez-vous encore plus de prendre au sérieux l'appel que Dieu vous a adressé et le choix qu'il a fait de vous; car, en faisant cela, vous ne tomberez jamais dans le mal. C'est ainsi que vous sera largement accordé le droit d'entrer dans le Royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. Voilà pourquoi je vous rappellerai toujours ces choses, bien que vous les connaissiez déjà et que vous restiez fermement attachés à la vérité que vous avez reçue. Mais j'estime juste de vous tenir en éveil par mes rappels, tant que je suis encore en vie. Car je sais que je vais bientôt quitter ce corps mortel, comme notre Seigneur Jésus-Christ me l'a révélé. Je ferai donc en sorte que, même après ma mort, vous puissiez toujours vous rappeler ces choses. En effet, nous ne nous sommes pas fondés sur des légendes habilement imaginées pour vous faire connaître la venue puissante de notre Seigneur Jésus-Christ: c'est de nos propres yeux que nous avons vu sa grandeur. En effet, il a reçu honneur et gloire de Dieu le Père; et Dieu, la Gloire suprême, lui fit alors entendre sa voix en disant: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui je mets toute ma joie.» Nous avons entendu nous-mêmes cette voix qui venait du ciel, lorsque nous étions avec lui sur la montagne sainte. Ainsi, nous nous fions encore plus au message des prophètes. Vous ferez bien d'y prêter attention: il est pareil à une lampe qui brille dans un lieu obscur, jusqu'à ce que le jour paraisse et que l'étoile du matin illumine vos cœurs. Avant tout, sachez bien ceci: personne ne peut interpréter de lui-même une prophétie de l'Écriture. Car aucune prophétie n'est jamais issue de la seule volonté humaine, mais c'est parce que le Saint-Esprit les poussait que des hommes ont parlé de la part de Dieu. De faux prophètes sont apparus autrefois dans le peuple d'Israël; de même, de faux enseignants apparaîtront parmi vous. Ils introduiront des doctrines fausses et désastreuses, et rejetteront le Maître qui les a sauvés; ils attireront ainsi sur eux une ruine subite. Beaucoup les suivront dans leur vie immorale et, à cause d'eux, on fera insulte au chemin de la vérité. Par amour du gain, ces faux enseignants vous exploiteront au moyen de raisonnements trompeurs. Mais depuis longtemps déjà, leur condamnation est prête et leur ruine ne se fera pas attendre! En effet, Dieu n'a pas épargné les anges coupables, mais il les a jetés dans l'enfer où ils sont gardés enchaînés dans l'obscurité pour le jour du Jugement. Il n'a pas non plus épargné le monde ancien, mais il a fait venir la grande inondation sur ce monde plein d'êtres mauvais; il n'a sauvé que Noé, qui proclamait ce qui est juste, ainsi que sept autres personnes. Dieu a condamné les villes de Sodome et Gomorrhe et les a détruites par le feu, en donnant par là un exemple de ce qui allait arriver à tous les pécheurs. En revanche, il a délivré Loth, homme juste, qui était affligé par la conduite immorale de ses contemporains sans scrupules. Car ce juste, qui vivait au milieu d'eux, voyait et entendait tout ce qu'ils faisaient jour après jour; leur vie scandaleuse tourmentait son cœur honnête. Ainsi, le Seigneur sait comment délivrer de l'épreuve ceux qui lui sont attachés, et comment tenir en réserve ceux qui font le mal pour les punir au jour du Jugement; il punira surtout ceux qui suivent les désirs impurs de leur propre nature et méprisent l'autorité de Dieu. Ces faux enseignants sont audacieux et arrogants, ils n'ont aucun respect pour les êtres glorieux du ciel mais ils les insultent. Même les anges, qui sont pourtant bien plus forts et puissants, ne portent pas d'accusation insultante contre eux devant le Seigneur. Mais ces gens agissent par instinct, comme des bêtes sauvages qui naissent pour être capturées et tuées; ils insultent ce qu'ils ne connaissent pas. Ils seront mis à mort comme des bêtes; ils seront ainsi payés en retour de tout le mal qu'ils auront fait. Ils trouvent leur plaisir à satisfaire leurs mauvais désirs en plein jour; leur présence est une honte et un scandale quand ils participent à vos repas en jouissant de leurs tromperies. Leurs yeux sont pleins du désir de commettre l'adultère; ils n'en ont jamais assez de pécher. Ils prennent au piège les personnes faibles. Leur cœur est enflammé par l'amour du gain. La malédiction de Dieu est sur eux! Ayant quitté le droit chemin, ils se sont égarés et ont suivi la même voie que Balaam, fils de Bosor. Celui-ci aima l'argent qu'on lui offrait pour faire le mal, mais il reçut des reproches pour sa désobéissance. En effet, une ânesse muette se mit à parler en prenant une voix humaine et arrêta l'action insensée du prophète. Ces gens sont comme des sources taries et comme des nuages poussés par la tempête; Dieu leur a réservé une place dans la nuit la plus noire. Ils font des discours à la fois enflés et vides de sens, ils se servent de leurs désirs les plus honteux pour prendre au piège ceux qui viennent à peine d'échapper à la compagnie des hommes qui vivent dans l'erreur. Ils leur promettent la liberté, alors qu'ils sont eux-mêmes esclaves d'habitudes destructrices – car chacun est esclave de ce qui le domine. En effet, il y a ceux qui ont échappé aux mauvaises influences du monde grâce à la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ; mais s'ils se laissent ensuite reprendre et vaincre par elles, ils se trouvent finalement dans une situation pire qu'auparavant. Il aurait mieux valu pour eux ne pas avoir connu le juste chemin, que de l'avoir connu et de se détourner ensuite du saint commandement qui leur avait été transmis. Il leur est arrivé ce que le proverbe dit précisément: «Le chien retourne à ce qu'il a vomi », ou: «Le cochon, à peine lavé, va de nouveau se rouler dans la boue.» Mes chers amis, voici déjà la seconde lettre que je vous écris. Dans l'une et l'autre, j'ai voulu éveiller en votre esprit des pensées saines par tout ce que je vous y rappelle. Je désire que vous vous souveniez des paroles prononcées autrefois par les saints prophètes et du commandement du Seigneur et Sauveur, transmis par vos apôtres. Sachez avant tout que, dans les derniers jours, apparaîtront des gens qui vivront selon leurs propres désirs. Ils se moqueront de vous et diront: «Il a promis de venir, n'est-ce pas? Eh bien, où est-il? Nos pères sont déjà morts, mais tout reste dans le même état que depuis la création du monde!» Ils oublient volontairement ceci: il y a longtemps, Dieu a créé le ciel et la terre par sa parole. La terre a été séparée de l'eau et formée par l'eau, et c'est également par l'eau, celle de la grande inondation, que le monde ancien a été détruit. Quant au ciel et à la terre actuels, la même parole de Dieu les tient en réserve pour le feu qui les détruira. Ils sont gardés pour le jour du jugement et de la ruine des pécheurs. Mais il est une chose que vous ne devez pas oublier, mes chers amis: c'est que, pour le Seigneur, un jour est comme mille ans et mille ans sont comme un jour. Le Seigneur ne tarde pas à réaliser sa promesse, comme certains le pensent. Mais il use de patience envers vous, car il ne veut pas que qui que ce soit aille à sa perte; au contraire, il veut que tous aient l'occasion de se détourner du mal. Cependant, le jour du Seigneur viendra comme un voleur. En ce jour-là, le ciel disparaîtra avec un fracas effrayant, les corps célestes seront détruits par le feu, la terre avec tout ce qu'elle contient cessera d'exister. Puisque tout va disparaître de cette façon, comprenez bien ce que vous devez faire! Il faut que votre conduite soit sainte et marquée par l'attachement à Dieu. Vous devez attendre le jour de Dieu en faisant tous vos efforts pour qu'il puisse venir bientôt. Ce sera le jour où le ciel sera détruit par le feu et où les corps célestes se fondront dans la chaleur des flammes. Mais Dieu a promis un nouveau ciel et une nouvelle terre, où la justice habitera, et voilà ce que nous attendons. C'est pourquoi, mes chers amis, en attendant ce jour, faites tous vos efforts pour être purs et irréprochables aux yeux de Dieu, et pour être en paix avec lui. Considérez que la patience de notre Seigneur vous offre l'occasion d'être sauvés, ainsi que notre cher frère Paul vous l'a écrit avec la sagesse que Dieu lui a donnée. C'est ce qu'il a écrit dans toutes les lettres où il parle de ce sujet. Il s'y trouve des passages difficiles à comprendre; des gens ignorants et instables en déforment le sens, comme ils le font d'ailleurs avec d'autres parties des Écritures. Ils causent ainsi leur propre ruine. Quant à vous, mes chers amis, vous êtes maintenant avertis. Prenez donc garde, ne vous laissez pas égarer par les erreurs de gens sans scrupules et n'allez pas perdre la position solide qui est la vôtre. Mais continuez à progresser dans la grâce et la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. A lui soit la gloire, maintenant et pour toujours! Amen. Ce qui existait dès le commencement, nous l'avons entendu, nous l'avons vu de nos propres yeux, nous l'avons regardé et nos mains l'ont touché: il s'agissait de la Parole qui donne la vie. Cette vie s'est manifestée et nous l'avons vue; nous lui rendons témoignage et c'est pourquoi nous vous annonçons la vie éternelle qui était auprès du Père et qui nous a été révélée. Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l'annonçons à vous aussi; ainsi vous serez unis à nous dans la communion que nous avons avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ. Et nous écrivons ceci nous-mêmes afin que notre joie soit complète. Voici le message que nous avons entendu de Jésus-Christ et que nous vous annonçons: Dieu est lumière et il n'y a aucune obscurité en lui. Si nous prétendons être en communion avec lui, alors que nous vivons dans l'obscurité, nous sommes menteurs, nous n'agissons pas selon la vérité. Mais si nous vivons dans la lumière, comme Dieu lui-même est dans la lumière, alors nous sommes en communion les uns avec les autres et le sang de Jésus, son Fils, nous purifie de tout péché. Si nous prétendons être sans péché, nous nous trompons nous-mêmes et la vérité n'est pas en nous. Mais si nous confessons nos péchés, nous pouvons avoir confiance en Dieu, car il est juste: il pardonnera nos péchés et nous purifiera de tout mal. Si nous disons que nous n'avons pas péché, nous faisons de Dieu un menteur et sa parole n'est pas en nous. Mes enfants, je vous écris ceci afin que vous ne commettiez pas de péché. Mais si quelqu'un en commet, nous avons un avocat auprès du Père: Jésus-Christ, le juste. Car Jésus-Christ s'est offert en sacrifice pour le pardon de nos péchés, et non seulement des nôtres, mais aussi de ceux du monde entier. Si nous obéissons aux commandements de Dieu, nous pouvons avoir la certitude que nous connaissons Dieu. Si quelqu'un affirme: «Je le connais», mais n'obéit pas à ses commandements, c'est un menteur et la vérité n'est pas en lui. Par contre, si quelqu'un obéit à sa parole, l'amour de Dieu est véritablement parfait en lui. Voilà comment nous pouvons avoir la certitude d'être unis à Dieu. Celui qui déclare demeurer uni à lui doit vivre comme Jésus a vécu. Mes chers amis, ce n'est pas un commandement nouveau que je vous écris; c'est le commandement ancien, que vous avez reçu dès le commencement. Ce commandement ancien est le message que vous avez déjà entendu. Pourtant, c'est un commandement nouveau que je vous écris, dont la vérité se manifeste en Christ et en vous aussi. En effet, l'obscurité s'en va et la véritable lumière resplendit déjà. Celui qui prétend vivre dans la lumière, tout en haïssant son frère, se trouve encore dans l'obscurité. Celui qui aime son frère demeure dans la lumière, et ainsi il n'y a rien en lui qui puisse l'entraîner dans l'erreur. Mais celui qui a de la haine pour son frère se trouve dans l'obscurité; il marche dans l'obscurité sans savoir où il va parce que l'obscurité l'a rendu aveugle. Je vous écris, mes enfants, parce que vos péchés sont pardonnés grâce au nom de Jésus-Christ. Je vous écris, pères, parce que vous connaissez celui qui a existé dès le commencement. Je vous écris, jeunes gens, parce que vous avez vaincu le Mauvais. Je vous écris, mes enfants, parce que vous connaissez le Père. Je vous écris, pères, parce que vous connaissez celui qui a existé dès le commencement. Je vous écris, jeunes gens, parce que vous êtes forts: la parole de Dieu demeure en vous et vous avez vaincu le Mauvais. N'aimez pas le monde, ni rien de ce qui appartient au monde. Si quelqu'un aime le monde, il ne lui est plus possible d'aimer le Père. En effet, voici ce qui appartient au monde: la volonté de satisfaire ses propres désirs ou de posséder ce que l'on voit, ainsi que l'orgueil fondé sur les biens terrestres. Eh bien, tout cela vient non pas du Père, mais du monde. Le monde est en train de passer, ainsi que tout ce que l'on y trouve à désirer; mais celui qui fait la volonté de Dieu vit pour toujours. Mes enfants, voici la dernière heure! Vous avez entendu dire que l'Adversaire du Christ va venir; or, maintenant, de nombreux adversaires du Christ sont apparus et nous savons ainsi que nous en sommes à la dernière heure. Ces gens nous ont quittés, mais ils n'étaient pas vraiment des nôtres; en effet, s'ils avaient été des nôtres, ils seraient restés avec nous. Mais ils nous ont quittés afin qu'il soit évident qu'aucun d'eux n'était vraiment des nôtres. Quant à vous, vous avez reçu le Saint-Esprit de la part du Christ, de sorte que vous connaissez tous la vérité. Donc, si je vous écris ce n'est pas parce que vous ne connaissez pas la vérité, mais c'est bien parce que vous la connaissez; vous savez aussi qu'aucun mensonge ne provient de la vérité. Qui est alors le menteur? C'est celui qui déclare que Jésus n'est pas le Christ. Celui-là est l'Adversaire du Christ: il rejette à la fois le Père et le Fils. En effet, celui qui rejette le Fils n'a pas non plus le Père; celui qui reconnaît le Fils a également le Père. C'est pourquoi, prenez soin de garder dans votre cœur le message que vous avez entendu dès le commencement. Si vous gardez en vous ce que vous avez entendu dès le commencement, vous demeurerez vous aussi unis au Fils et au Père. Et voici ce que le Christ nous a promis: la vie éternelle. Je tenais à vous écrire ceci au sujet de ceux qui cherchent à vous égarer. Quant à vous, l'Esprit que vous avez reçu du Christ demeure en vous; vous n'avez donc pas besoin qu'on vous instruise. En effet, l'Esprit vous instruit de tout: il enseigne la vérité et non le mensonge. C'est pourquoi, faites ce qu'il vous a enseigné: demeurez unis au Christ. Oui, mes enfants, demeurez unis au Christ, afin que nous soyons pleins d'assurance quand il paraîtra et que nous n'ayons pas à rougir de honte devant lui le jour de sa venue. Vous savez que le Christ est juste; par conséquent vous devez aussi savoir que quiconque fait ce qui est juste est enfant de Dieu. Voyez à quel point le Père nous a aimés! Son amour est tel que nous sommes appelés enfants de Dieu, et c'est ce que nous sommes réellement. Voici pourquoi le monde ne nous connaît pas: il n'a pas connu Dieu. Mes chers amis, nous sommes maintenant enfants de Dieu, mais ce que nous deviendrons n'est pas encore clairement révélé. Cependant, nous savons ceci: quand le Christ paraîtra, nous deviendrons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu'il est. Quiconque met une telle espérance en lui se rend pur, comme Jésus-Christ lui-même est pur. Quiconque pèche s'oppose à la loi de Dieu, car le péché est la révolte contre cette loi. Vous le savez, Jésus-Christ est apparu pour enlever les péchés et il n'y a pas de péché en lui. Ainsi, quiconque demeure uni à lui cesse de pécher; mais celui qui continue à pécher prouve par là qu'il ne l'a pas vu et ne l'a pas connu. Mes enfants, ne vous laissez égarer par personne! Celui qui fait ce qui est juste est lui-même juste, comme Jésus-Christ est juste. Celui qui continue à pécher appartient au diable, car le diable a péché dès le commencement. Le Fils de Dieu est apparu précisément pour détruire les œuvres du diable. Quiconque est devenu enfant de Dieu cesse de pécher, car la puissance de vie de Dieu agit en lui; puisque Dieu est son Père, il ne peut pas continuer à pécher. Voici ce qui distingue clairement les enfants de Dieu des enfants du diable: quiconque ne fait pas ce qui est juste, ou n'aime pas son frère, n'appartient pas à Dieu. En effet, voici le message que vous avez entendu dès le commencement: aimons-nous les uns les autres. Ne soyons pas comme Caïn: il appartenait au Mauvais et tua son frère. Et pourquoi le tua-t-il? Parce que les actions de Caïn étaient mauvaises, tandis que celles de son frère étaient justes. Ne vous étonnez pas, frères, si les gens de ce monde vous haïssent. Nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie; nous le savons parce que nous aimons nos frères. Celui qui n'aime pas est encore sous le pouvoir de la mort. Quiconque a de la haine pour son frère est un meurtrier. Or vous savez qu'aucun meurtrier n'a de place en lui pour la vie éternelle. Voici comment nous savons ce qu'est l'amour: Jésus-Christ a donné sa vie pour nous. Donc, nous aussi, nous devons être prêts à donner notre vie pour nos frères. Si quelqu'un, ayant largement de quoi vivre, voit son frère dans le besoin mais lui ferme son cœur, comment peut-il prétendre qu'il aime Dieu? Mes enfants, n'aimons pas seulement en paroles, avec de beaux discours; faisons preuve d'un véritable amour qui se manifeste par des actes. Voilà comment nous saurons que nous appartenons à la vérité. Voilà comment notre cœur pourra se sentir rassuré devant Dieu. En effet, même si notre cœur nous condamne, nous savons que Dieu est plus grand que notre cœur et qu'il connaît tout. Et si, mes chers amis, notre cœur ne nous condamne pas, nous pouvons regarder à Dieu avec assurance. Nous recevons de lui tout ce que nous demandons, parce que nous obéissons à ses commandements et faisons ce qui lui plaît. Voici ce qu'il nous commande: c'est que nous croyions au nom de son Fils Jésus-Christ et que nous nous aimions les uns les autres, comme le Christ nous l'a ordonné. Celui qui obéit aux commandements de Dieu demeure uni à Dieu et Dieu est présent en lui. Voici comment nous savons que Dieu demeure en nous: c'est grâce à l'Esprit Saint qu'il nous a donné. Mes chers amis, ne croyez pas tous ceux qui prétendent avoir l'Esprit, mais mettez-les à l'épreuve pour vérifier si l'esprit qu'ils ont vient de Dieu. En effet, de nombreux faux prophètes se sont répandus dans le monde. Voici comment vous pouvez savoir s'il s'agit de l'Esprit de Dieu: quiconque reconnaît que Jésus-Christ est réellement devenu homme a l'Esprit de Dieu. Mais quiconque refuse de reconnaître Jésus en tant que tel n'a pas l'Esprit de Dieu, mais celui de l'Adversaire du Christ: vous avez appris que celui-ci allait venir et, maintenant, il est déjà dans le monde. Mais vous, mes enfants, vous appartenez à Dieu et vous avez vaincu les faux prophètes; car l'Esprit qui agit en vous est plus puissant que l'esprit qui domine ceux qui appartiennent au monde. Ces gens appartiennent au monde. Ils parlent donc à la manière du monde et le monde les écoute. Mais nous, nous appartenons à Dieu. Celui qui connaît Dieu nous écoute; celui qui n'appartient pas à Dieu ne nous écoute pas. C'est ainsi que nous pouvons savoir où est l'Esprit de la vérité et où est l'esprit de l'erreur. Mes chers amis, aimons-nous les uns les autres, car l'amour vient de Dieu. Quiconque aime est enfant de Dieu et connaît Dieu. Celui qui n'aime pas ne connaît pas Dieu, car Dieu est amour. Voici comment Dieu a manifesté son amour pour nous: il a envoyé son Fils unique dans le monde, afin que nous ayons la vraie vie par lui. Et l'amour consiste en ceci: ce n'est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c'est lui qui nous a aimés; il a envoyé son Fils qui s'est offert en sacrifice pour le pardon de nos péchés. Mes chers amis, si c'est ainsi que Dieu nous a aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres. Personne n'a jamais vu Dieu. Or, si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous et son amour se manifeste parfaitement en nous. Voici comment nous savons que nous demeurons unis à Dieu et qu'il est présent en nous: il nous a donné son Esprit. Et nous avons vu et nous témoignons que le Père a envoyé son Fils pour être le Sauveur du monde. Si quelqu'un reconnaît que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui et il demeure uni à Dieu. Et nous, nous savons et nous croyons que Dieu nous aime. Dieu est amour; celui qui demeure dans l'amour demeure uni à Dieu et Dieu demeure en lui. Si l'amour est parfait en nous, alors nous serons pleins d'assurance au jour du Jugement; nous le serons parce que notre vie dans ce monde est semblable à celle de Jésus-Christ. Il n'y a pas de crainte dans l'amour; l'amour parfait exclut la crainte. La crainte est liée à l'attente d'un châtiment et, ainsi, celui qui craint ne connaît pas l'amour dans sa perfection. Quant à nous, nous aimons parce que Dieu nous a aimés le premier. Si quelqu'un dit: «J'aime Dieu», et qu'il haïsse son frère, c'est un menteur. En effet, s'il n'aime pas son frère qu'il voit, il ne peut pas aimer Dieu qu'il ne voit pas. Voici donc le commandement que le Christ nous a donné: celui qui aime Dieu doit aussi aimer son frère. Quiconque croit que Jésus est le Christ est enfant de Dieu; et quiconque aime un père aime aussi les enfants de celui-ci. Voici à quoi nous reconnaissons que nous aimons les enfants de Dieu: c'est en aimant Dieu et en mettant ses commandements en pratique. En effet, aimer Dieu implique que nous obéissions à ses commandements. Et ses commandements ne sont pas pénibles, car tout enfant de Dieu est vainqueur du monde. Et le moyen de remporter la victoire sur le monde, c'est notre foi. Qui donc est vainqueur du monde? Seul celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu. C'est Jésus-Christ qui est venu à nous avec l'eau de son baptême et avec le sang de sa mort. Il est venu non pas avec l'eau seulement, mais avec l'eau et le sang. Et l'Esprit Saint témoigne que cela est vrai, car l'Esprit est la vérité. Il y a donc trois témoins: l'Esprit Saint, l'eau et le sang, et tous les trois sont d'accord. Nous acceptons le témoignage des hommes; or, le témoignage de Dieu a bien plus de poids, et il s'agit du témoignage qu'il a rendu au sujet de son Fils. Ainsi, celui qui croit au Fils de Dieu possède en lui-même ce témoignage; mais celui qui ne croit pas en Dieu fait de lui un menteur, puisqu'il ne croit pas au témoignage que Dieu a rendu au sujet de son Fils. Voici ce témoignage: Dieu nous a donné la vie éternelle et cette vie nous est accordée en son Fils. Celui qui a le Fils a cette vie; celui qui n'a pas le Fils de Dieu n'a pas la vie. Je vous ai écrit cela afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, vous qui croyez au nom du Fils de Dieu. Nous pouvons regarder à Dieu avec assurance, car il nous écoute si nous demandons quelque chose de conforme à sa volonté. Sachant donc qu'il écoute nos prières, nous avons aussi la certitude d'obtenir ce que nous lui avons demandé. Si quelqu'un voit son frère commettre un péché qui ne mène pas à la mort, il faut qu'il prie et Dieu donnera la vie à ce frère. Ceci est valable pour ceux dont les péchés ne mènent pas à la mort. Mais il y a un péché qui mène à la mort, et ce n'est pas à propos d'un tel péché que je demande de prier. Toute mauvaise action est un péché, mais tout péché ne mène pas forcément à la mort. Nous savons qu'aucun enfant de Dieu ne continue à pécher, car le Fils de Dieu le garde et le Mauvais ne peut rien contre lui. Nous savons que nous appartenons à Dieu et que le monde entier est au pouvoir du Mauvais. Nous savons que le Fils de Dieu est venu et qu'il nous a donné l'intelligence nous permettant de reconnaître le Dieu véritable. Nous demeurons unis au Dieu véritable grâce à son Fils Jésus-Christ. C'est lui le Dieu véritable, c'est lui la vie éternelle. Mes enfants, gardez-vous des faux dieux! De la part de l'Ancien, à la Dame choisie par Dieu et à ses enfants que j'aime en toute vérité. Ce n'est pas moi seul qui vous aime, mais aussi tous ceux qui connaissent la vérité, parce que la vérité demeure en nous et sera avec nous pour toujours. Que Dieu le Père et Jésus-Christ, le Fils du Père, nous accordent la grâce, le pardon et la paix pour que nous en vivions dans la vérité et l'amour. J'ai été très heureux de constater que certains de tes enfants vivent dans la vérité, comme le Père nous l'a commandé. Et maintenant, voici ce que je te demande, chère Dame: aimons-nous les uns les autres. Ce n'est pas un commandement nouveau que je t'écris; c'est celui que nous avons reçu dès le commencement. L'amour consiste à vivre selon les commandements de Dieu. Et le commandement que vous avez appris dès le commencement, c'est que vous viviez dans l'amour. Beaucoup d'imposteurs se sont répandus dans le monde; ils refusent de reconnaître que Jésus-Christ est réellement devenu homme. C'est en cela que se révèle l'imposteur, l'Adversaire du Christ. Prenez donc garde à vous-mêmes, afin que vous ne perdiez pas le résultat de notre travail, mais que vous receviez pleinement votre récompense. Quiconque ne demeure pas dans l'enseignement du Christ, mais va au-delà, n'est pas en communion avec Dieu. Celui qui demeure dans cet enseignement est en communion avec le Père et le Fils. Si quelqu'un vient à vous et vous apporte un autre enseignement, ne le recevez pas chez vous et refusez même de le saluer; car celui qui le salue devient complice de ses mauvaises actions. J'aurai encore beaucoup de choses à vous dire, mais je préfère ne pas les mettre par écrit, avec papier et encre. J'espère me rendre chez vous et vous parler personnellement, afin que notre joie soit complète. Les enfants de ta Sœur, choisie par Dieu elle aussi, t'adressent leurs salutations. De la part de l'Ancien, à mon cher Gaïus que j'aime en toute vérité. Cher ami, je souhaite que tout aille bien pour toi et que tu sois en aussi bonne santé physiquement que tu l'es spirituellement. Des frères sont arrivés et m'ont déclaré combien tu es fidèle à la vérité, et comment tu vis selon la vérité. J'en ai été très heureux. Rien ne me rend plus heureux que d'apprendre que mes enfants vivent conformément à la vérité. Cher ami, tu te montres fidèle dans tout ce que tu fais pour les frères, même étrangers. Ils ont témoigné de ton amour devant notre Église. Aide-les, je t'en prie, à poursuivre leur voyage, d'une manière digne de Dieu. En effet, ils se sont mis en route au service du Christ sans rien accepter des païens. Nous avons donc le devoir de soutenir de tels hommes, afin de collaborer, nous aussi, à la diffusion de la vérité. J'ai écrit une courte lettre à votre Église; mais Diotrèphe, qui aime à tout diriger, ne tient aucun compte de ce que je dis. C'est pourquoi, quand je viendrai, je dénoncerai le mal qu'il commet, lui qui profère des propos malveillants et mensongers à notre sujet. Mais ce n'est pas tout: il refuse de recevoir les frères de passage, et ceux qui voudraient les recevoir, il les en empêche en les menaçant de les chasser de l'Église. Cher ami, n'imite pas ce qui est mal, mais ce qui est bien. Celui qui pratique le bien appartient à Dieu; celui qui commet le mal ne connaît pas Dieu. Tous disent du bien de Démétrius, et la vérité qui l'inspire témoigne en sa faveur. Nous aussi, nous lui rendons un bon témoignage, et tu sais que ce témoignage est vrai. J'aurai encore beaucoup de choses à te dire, mais je ne veux pas les mettre par écrit, avec plume et encre. J'espère te voir bientôt et nous parlerons alors personnellement. Que la paix soit avec toi. Tes amis t'adressent leurs salutations. Salue nos amis, chacun en particulier. De la part de Jude, serviteur de Jésus-Christ et frère de Jacques. A ceux qui ont été appelés par Dieu, qui sont aimés par lui, le Père, et qui sont gardés par Jésus-Christ: Que le pardon, la paix et l'amour vous soient accordés avec abondance. Mes chers amis, j'avais un vif désir de vous écrire au sujet du salut qui nous est commun. Or, je me suis vu dans l'obligation de vous adresser cette lettre afin de vous encourager à combattre pour la foi que Dieu a donnée aux siens une fois pour toutes. En effet, certains hommes malfaisants se sont introduits discrètement parmi vous; ils déforment le sens de la grâce de notre Dieu pour justifier leur vie immorale, et ils rejettent ainsi Jésus-Christ, notre seul Maître et Seigneur. Il y a longtemps que les Écritures ont annoncé la condamnation qui pèse sur eux. Bien que vous connaissiez déjà parfaitement tout cela, je tiens à vous rappeler comment le Seigneur a sauvé une fois le peuple d'Israël du pays d'Égypte, mais a fait mourir ensuite ceux qui n'eurent pas confiance en lui. Rappelez-vous les anges qui ne se sont pas contentés du pouvoir qui leur était accordé et qui ont abandonné leur propre demeure: Dieu les garde dans l'obscurité d'en bas, définitivement enchaînés, pour le grand jour du jugement. Rappelez-vous Sodome, Gomorrhe et les villes voisines: leurs habitants se sont conduits d'une manière aussi immorale que ces anges et ont recherché des relations contre nature; ils subissent la punition d'un feu éternel, et c'est là un sérieux avertissement donné à tout le monde. Eh bien, ces gens-là se comportent de la même manière: entraînés par leurs fantaisies, ils pèchent contre leur propre corps, ils méprisent l'autorité de Dieu, ils insultent les êtres glorieux du ciel. Même l'archange Michel n'a pas fait cela. Dans sa querelle avec le diable, lorsqu'il lui disputait le corps de Moïse, Michel n'osa pas porter une condamnation insultante contre lui; il lui dit seulement: «Que le Seigneur te punisse!» Mais ces gens-là insultent ce qu'ils ne connaissent pas; et ce qu'ils savent par instinct, comme des bêtes sauvages, cela même cause leur perte. Malheur à eux! Ils ont suivi le chemin de Caïn; ils se sont livrés à l'erreur pour de l'argent, comme Balaam; ils ont péri parce qu'ils se sont révoltés comme Coré. Leur présence est un scandale dans vos repas fraternels, où ils font la fête sans aucune honte, en ne s'occupant que d'eux-mêmes. Ils sont comme des nuages emportés par les vents et qui ne donnent pas de pluie. Ils sont pareils à des arbres qui ne produisent aucun fruit, même en automne, et qui, une fois déracinés, sont doublement morts. Ils sont semblables aux vagues furieuses de la mer, ils projettent devant eux l'écume de leurs actions honteuses. Ils sont comme des étoiles errantes et Dieu leur a réservé pour toujours une place dans la nuit la plus noire. C'est Hénok, septième descendant d'Adam en ligne directe, qui, il y a longtemps, a prophétisé à leur sujet en disant: «Écoutez: le Seigneur va venir avec ses saints anges par dizaines de milliers, afin d'exercer le jugement sur tous les humains. Il condamnera tous les pécheurs pour toutes les mauvaises actions dues à leur révolte contre Dieu et pour toutes les paroles offensantes que ces êtres sans respect ont prononcées contre lui.» Ces gens sont toujours mécontents et se plaignent de leur sort; ils suivent leurs propres désirs; ils tiennent des propos orgueilleux et flattent les gens par intérêt. Quant à vous, mes chers amis, souvenez-vous de ce que les apôtres de notre Seigneur Jésus-Christ vous ont annoncé autrefois. Ils vous ont dit, en effet: «A la fin des temps, il y aura des gens qui se moqueront de vous et vivront selon leurs mauvais désirs.» Les voilà, ceux qui causent des divisions! Ils sont dominés par leurs instincts et non par l'Esprit de Dieu. Mais vous, mes chers amis, continuez à fonder votre vie sur votre très sainte foi. Priez avec la puissance du Saint-Esprit. Maintenez-vous dans l'amour de Dieu, en attendant que notre Seigneur Jésus-Christ, dans sa bonté, vous accorde la vie éternelle. Ayez pitié de ceux qui hésitent. Il en est d'autres que vous pouvez sauver en les arrachant du feu. A d'autres encore montrez également de la pitié, une pitié mêlée de crainte: évitez tout contact même avec leurs vêtements tachés par leurs passions humaines. A celui qui peut vous garder de toute chute et vous faire paraître sans défaut et pleins de joie en sa glorieuse présence, au Dieu unique, notre Sauveur par Jésus-Christ notre Seigneur, sont la gloire, la grandeur, la puissance et l'autorité, depuis toujours, maintenant et pour toujours! Amen. Ce livre contient la révélation que Jésus-Christ a reçue. Dieu la lui a donnée pour qu'il montre à ses serviteurs ce qui doit arriver bientôt. Le Christ a envoyé son ange à son serviteur Jean pour lui faire connaître cela. Jean est témoin que tout ce qu'il a vu est parole de Dieu et vérité révélée par Jésus-Christ. Heureux celui qui lit ce livre, heureux ceux qui écoutent ce message prophétique et prennent au sérieux ce qui est écrit ici! Car le moment fixé pour tous ces événements est proche. De la part de Jean, aux sept Églises de la province d'Asie: Que la grâce et la paix vous soient accordées de la part de Dieu qui est, qui était et qui vient, de la part des sept esprits qui sont devant son trône, et de la part de Jésus-Christ, le témoin fidèle, le Fils premier-né, le premier à avoir été ramené d'entre les morts, et le souverain des rois de la terre. Le Christ nous aime et il nous a délivrés de nos péchés par son sacrifice, il a fait de nous un royaume de prêtres pour servir Dieu, son Père. A lui soient la gloire et la puissance pour toujours! Amen. Regardez, il vient parmi les nuages! Tous le verront, même ceux qui l'ont transpercé. Les peuples de la terre entière se lamenteront à son sujet. Oui, il en sera ainsi! Amen. «Je suis l'Alpha et l'Oméga », déclare le Seigneur Dieu tout-puissant, qui est, qui était et qui vient. Je suis Jean, votre frère; uni comme vous à Jésus, je suis votre compagnon dans la détresse, le Royaume et la persévérance. J'ai été exilé sur l'île de Patmos, à cause de ma fidélité à la parole de Dieu et à la vérité révélée par Jésus. Le jour du Seigneur, l'Esprit Saint se saisit de moi et j'entendis derrière moi une voix forte, qui résonnait comme une trompette; elle disait: «Écris dans un livre ce que tu vois, et envoie le livre aux sept Églises suivantes: à Éphèse, Smyrne, Pergame, Thyatire, Sardes, Philadelphie et Laodicée.» Je me retournai pour voir qui me parlait. Alors je vis sept lampes d'or. Au milieu d'elles se tenait un être semblable à un homme; il portait une robe qui lui descendait jusqu'aux pieds et une ceinture d'or autour de la taille. Ses cheveux étaient blancs comme de la laine, ou comme de la neige, et ses yeux flamboyaient comme du feu; ses pieds brillaient comme du bronze poli, purifié au four, et sa voix résonnait comme de grandes chutes d'eau. Il tenait sept étoiles dans sa main droite, et une épée aiguë à deux tranchants sortait de sa bouche. Son visage resplendissait comme le soleil à midi. Quand je le vis, je tombai à ses pieds comme mort. Il posa sa main droite sur moi et dit: «N'aie pas peur! Je suis le premier et le dernier. Je suis le vivant. J'étais mort, mais maintenant je suis vivant pour toujours. Je détiens le pouvoir sur la mort et le monde des morts. Écris donc ce que tu vois: aussi bien ce qui se passe maintenant que ce qui doit arriver ensuite. Voici quel est le sens caché des sept étoiles que tu vois dans ma main droite et des sept lampes d'or: les sept étoiles sont les anges des sept Églises, et les sept lampes sont les sept Églises.» «Écris à l'ange de l'Église d'Éphèse: «Voici ce que déclare celui qui tient les sept étoiles dans sa main droite et qui marche au milieu des sept lampes d'or: Je connais ton activité, la peine que tu t'es donnée et ta persévérance. Je sais que tu ne peux pas supporter les méchants; tu as mis à l'épreuve ceux qui se disent apôtres mais ne le sont pas et tu as démasqué leur imposture. Tu as de la persévérance, tu as souffert à cause de moi et tu ne t'es pas découragé. Mais j'ai un reproche à te faire: tu ne m'aimes plus comme au commencement. De quelle hauteur tu es tombé! Prends-en conscience, change d'attitude et agis comme tu l'as fait au commencement. Si tu refuses de changer, je viendrai à toi et j'enlèverai ta lampe de sa place. Cependant, tu as ceci en ta faveur: tout comme moi, tu détestes ce que font les Nicolaïtes. «Que chacun, s'il a des oreilles, écoute bien ce que l'Esprit dit aux Églises! «A ceux qui auront remporté la victoire je donnerai à manger les fruits de l'arbre de la vie qui se trouve dans le jardin de Dieu.» «Écris à l'ange de l'Église de Smyrne: «Voici ce que déclare celui qui est le premier et le dernier, celui qui était mort et qui est revenu à la vie: Je connais ta détresse et ta pauvreté – mais en réalité tu es riche! – Je sais le mal que disent de toi ceux qui se prétendent Juifs mais ne le sont pas: ils sont une assemblée de Satan! Ne crains pas ce que tu vas souffrir. Écoute: le diable va vous mettre à l'épreuve en jetant plusieurs d'entre vous en prison; on vous persécutera pendant dix jours. Sois fidèle jusqu'à la mort, et je te donnerai la couronne de victoire, la vie éternelle. «Que chacun, s'il a des oreilles, écoute bien ce que l'Esprit dit aux Églises! «Ceux qui auront remporté la victoire ne subiront pas la seconde mort.» «Écris à l'ange de l'Église de Pergame: «Voici ce que déclare celui qui possède l'épée aiguë à deux tranchants: Je sais où tu demeures: là où Satan a son trône. Tu es fermement attaché à moi et tu n'as pas renié la foi en moi, même à l'époque où Antipas, mon témoin fidèle, a été mis à mort chez vous, là où Satan demeure. Cependant, j'ai quelques reproches à te faire: tu as chez toi des gens attachés à la doctrine de Balaam. Celui-ci incitait Balac à tendre un piège aux Israélites en les poussant à manger de la viande provenant de sacrifices offerts aux idoles et à se livrer à l'immoralité. De même, tu as également chez toi des gens attachés à la doctrine des Nicolaïtes. Change donc d'attitude. Sinon, je viendrai à toi bientôt et je combattrai ces gens avec l'épée qui sort de ma bouche. «Que chacun, s'il a des oreilles, écoute bien ce que l'Esprit dit aux Églises! «A ceux qui auront remporté la victoire je donnerai de la manne cachée. Je donnerai aussi à chacun d'eux un caillou blanc sur lequel est inscrit un nom nouveau, que personne ne connaît à part celui qui le reçoit.» «Écris à l'ange de l'Église de Thyatire: «Voici ce que déclare le Fils de Dieu, celui dont les yeux flamboient comme du feu et dont les pieds brillent comme du bronze poli. Je connais ton activité, ton amour, ta fidélité, ton esprit de service et ta persévérance. Je sais que tu es encore plus actif maintenant qu'au commencement. Mais j'ai un reproche à te faire: tu tolères Jézabel, cette femme qui prétend parler de la part de Dieu. Elle égare mes serviteurs en les incitant à se livrer à l'immoralité et à manger de la viande provenant de sacrifices offerts aux idoles. Je lui ai laissé du temps pour changer de comportement, mais elle ne veut pas se détourner de son immoralité. C'est pourquoi, je vais la jeter sur un lit de douleur; j'infligerai également de grands tourments à ses compagnons d'adultère, à moins qu'ils ne renoncent aux mauvaises actions qu'elle leur inspire. De plus, je ferai mourir ses enfants. Ainsi toutes les Églises sauront que je suis celui qui discerne les pensées et les désirs des humains. Je traiterai chacun de vous selon ce qu'il aura fait. «Quant à vous qui, à Thyatire, ne vous êtes pas attachés à cette fausse doctrine et qui n'avez pas appris ce que ces gens appellent “les profonds secrets de Satan ”, voici ce que je déclare: je ne vous impose pas d'autre fardeau. Mais tenez fermement ce que vous avez jusqu'à ce que je vienne. «Que chacun, s'il a des oreilles, écoute bien ce que l'Esprit dit aux Églises!» «Écris à l'ange de l'Église de Sardes: «Voici ce que déclare celui qui a les sept esprits de Dieu et les sept étoiles: Je connais ton activité; je sais que tu as la réputation d'être vivant, alors que tu es mort. Réveille-toi, affermis ce que tu as encore, avant que cela ne vienne à mourir complètement. Car j'ai remarqué qu'aucune de tes actions n'est parfaite aux yeux de mon Dieu. Rappelle-toi donc l'enseignement que tu as reçu et la façon dont tu l'as entendu; sois-lui fidèle et change de comportement. Si tu ne te réveilles pas, je viendrai te surprendre comme un voleur, sans que tu saches à quelle heure ce sera. Cependant, quelques-uns des tiens, à Sardes même, n'ont pas souillé leurs vêtements. Ils m'accompagneront, vêtus de blanc, car ils en sont dignes. «Ceux qui auront remporté la victoire porteront ainsi des vêtements blancs; je n'effacerai pas leurs noms du livre de vie. Je reconnaîtrai devant mon Père et devant ses anges qu'ils sont à moi. «Que chacun, s'il a des oreilles, écoute bien ce que l'Esprit dit aux Églises!» «Écris à l'ange de l'Église de Philadelphie: «Voici ce que déclare celui qui est saint et véritable, celui qui a la clé du roi David, celui qui ouvre et personne ne peut fermer, qui ferme et personne ne peut ouvrir: Je connais ton activité; je sais que tu n'as que peu de force, et pourtant tu as été fidèle à ma parole et tu ne m'as pas renié. Eh bien, j'ai ouvert une porte devant toi, que personne ne peut fermer. Voici ce que je ferai des gens de l'assemblée de Satan, ces menteurs qui se prétendent Juifs mais ne le sont pas: je les forcerai à venir s'agenouiller devant toi pour t'honorer. Ils reconnaîtront que je t'aime. Puisque tu as gardé mon ordre d'être persévérant, moi aussi je te garderai de la période de malheur qui va venir sur le monde entier pour mettre à l'épreuve les habitants de la terre. Je viens bientôt. Tiens fermement ce que tu as, afin que personne ne te prenne ta couronne de victoire. «De celui qui aura remporté la victoire, je ferai une colonne dans le temple de mon Dieu et il n'en sortira plus jamais. J'inscrirai sur lui le nom de mon Dieu et le nom de la ville de mon Dieu, la nouvelle Jérusalem qui descend du ciel, envoyée par mon Dieu. J'inscrirai aussi sur lui mon nom nouveau. «Que chacun, s'il a des oreilles, écoute bien ce que l'Esprit dit aux Églises!» «Écris à l'ange de l'Église de Laodicée: «Voici ce que déclare l'Amen, le témoin fidèle et véritable, qui est à l'origine de tout ce que Dieu a créé: Je connais ton activité; je sais que tu n'es ni froid ni bouillant. Si seulement tu étais l'un ou l'autre! Mais tu n'es ni bouillant ni froid, tu es tiède, de sorte que je vais te vomir de ma bouche! Tu dis: “Je suis riche et j'ai fait de bonnes affaires, je ne manque de rien.” En fait, tu ne sais pas combien tu es malheureux et misérable! Tu es pauvre, nu et aveugle. C'est pourquoi je te conseille d'acheter chez moi de l'or purifié au feu, pour devenir réellement riche. Achète aussi des vêtements blancs pour t'en couvrir et n'avoir plus la honte de paraître nu, ainsi qu'un remède pour soigner tes yeux et leur rendre la vue. Je réprimande et corrige tous ceux que j'aime. Fais donc preuve de zèle et change de comportement. Écoute, je me tiens à la porte et je frappe; si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui, je prendrai un repas avec lui et lui avec moi. «A ceux qui auront remporté la victoire j'accorderai le droit de siéger avec moi sur mon trône, tout comme moi, après avoir remporté la victoire, je suis allé siéger avec mon Père sur son trône. «Que chacun, s'il a des oreilles, écoute bien ce que l'Esprit dit aux Églises!» Après cela, j'eus une autre vision: je vis une porte ouverte dans le ciel. La voix que j'avais entendue me parler auparavant, celle qui résonnait comme une trompette, me dit: «Monte ici, et je te montrerai ce qui doit arriver ensuite.» Aussitôt, l'Esprit se saisit de moi. Et là, dans le ciel, se trouvait un trône. Sur ce trône quelqu'un siégeait; il avait l'éclat resplendissant de pierres précieuses de jaspe et de sardoine. Le trône était entouré d'un arc-en-ciel qui brillait comme une pierre d'émeraude. Autour du trône, il y avait vingt-quatre autres trônes, sur lesquels siégeaient vingt-quatre anciens vêtus de blanc et portant des couronnes d'or. Du trône partaient des éclairs, des bruits de voix et des coups de tonnerre. Sept flambeaux ardents brûlaient devant le trône: ce sont les sept esprits de Dieu. Devant le trône, il y avait comme une mer de verre, aussi claire que du cristal. Au milieu, autour du trône, se trouvaient quatre êtres vivants, couverts d'yeux par-devant et par-derrière. Le premier être vivant ressemblait à un lion et le deuxième à un jeune taureau; le troisième avait un visage pareil à celui d'un homme; et le quatrième ressemblait à un aigle en plein vol. Chacun des quatre êtres vivants avait six ailes, couvertes d'yeux par-dessus et par-dessous. Ils ne cessent pas de chanter jour et nuit: «Saint, saint, saint est le Seigneur Dieu tout-puissant, qui était, qui est et qui vient.» Chaque fois que les quatre êtres vivants chantent pour glorifier, honorer et remercier celui qui siège sur le trône, celui qui vit pour toujours, les vingt-quatre anciens s'agenouillent devant celui qui siège sur le trône, ils adorent celui qui vit pour toujours. Ils jettent leurs couronnes devant le trône en disant: «Seigneur, notre Dieu, tu es digne de recevoir la gloire, l'honneur et la puissance. Car c'est toi qui as créé toutes choses, elles sont venues à l'existence parce que tu l'as voulu.» Je vis un livre en forme de rouleau dans la main droite de celui qui siégeait sur le trône; il était écrit des deux côtés et fermé par sept sceaux. Et je vis un ange puissant qui proclamait d'une voix forte: «Qui est digne de briser les sceaux et d'ouvrir le livre?» Mais il n'y avait personne, ni dans le ciel, ni sur la terre, ni sous la terre, qui pût ouvrir le livre et regarder à l'intérieur. Je pleurai beaucoup, parce qu'il ne s'était trouvé personne qui fût digne d'ouvrir le livre et de regarder à l'intérieur. Alors l'un des anciens me dit: «Ne pleure pas. Regarde: le lion de la tribu de Juda, le descendant du roi David, a remporté la victoire; il peut donc briser les sept sceaux et ouvrir le livre.» Et je vis un Agneau debout au milieu du trône, entouré par les quatre êtres vivants et les anciens. Il semblait avoir été égorgé. Il avait sept cornes, ainsi que sept yeux qui sont les sept esprits de Dieu envoyés par toute la terre. L'Agneau s'avança et prit le livre de la main droite de celui qui siégeait sur le trône. Aussitôt, les quatre êtres vivants et les vingt-quatre anciens s'agenouillèrent devant l'Agneau. Chacun d'eux avait une harpe et des coupes d'or pleines d'encens, qui sont les prières du peuple de Dieu. Ils chantaient un chant nouveau: «Tu es digne de prendre le livre et d'en briser les sceaux. Car tu as été mis à mort et, par ton sacrifice, tu as acquis pour Dieu des gens de toute tribu, de toute langue, de tout peuple et de toute nation. Tu as fait d'eux un royaume de prêtres pour servir notre Dieu, et ils régneront sur la terre.» Je regardai encore et j'entendis la voix d'une multitude d'anges: il y en avait des milliers, des dizaines de milliers. Ils se tenaient autour du trône, des êtres vivants et des anciens, et ils chantaient d'une voix forte: «L'Agneau qui a été mis à mort est digne de recevoir la puissance, la richesse, la sagesse et la force, l'honneur, la gloire et la louange!» J'entendis aussi toutes les créatures dans le ciel, sur la terre, sous la terre et dans la mer – les créatures de l'univers entier – qui chantaient: «A celui qui siège sur le trône et à l'Agneau soient la louange, l'honneur, la gloire et la puissance pour toujours!» Les quatre êtres vivants répondaient: « Amen!» Et les anciens s'agenouillèrent et adorèrent. Puis je vis l'Agneau briser le premier des sept sceaux, et j'entendis l'un des quatre êtres vivants dire d'une voix qui résonnait comme le tonnerre: «Viens!» Je regardai et je vis un cheval blanc. Celui qui le montait tenait un arc, et on lui donna une couronne. Il partit en vainqueur et pour vaincre encore. Quand l'Agneau brisa le deuxième sceau, j'entendis le deuxième être vivant qui disait: «Viens!» Alors un autre cheval s'avança, il était de couleur rouge. Celui qui le montait reçut le pouvoir d'écarter toute paix de la terre, pour que les hommes se massacrent les uns les autres. On lui remit une grande épée. Quand l'Agneau brisa le troisième sceau, j'entendis le troisième être vivant qui disait: «Viens!» Je regardai et je vis un cheval noir. Celui qui le montait tenait une balance à la main. J'entendis comme une voix qui venait du milieu des quatre êtres vivants et qui disait: «Un kilo de blé pour le salaire d'une journée, et trois kilos d'orge pour le salaire d'une journée. Mais ne cause aucun dommage à l'huile et au vin.» Quand l'Agneau brisa le quatrième sceau, j'entendis le quatrième être vivant qui disait: «Viens!» Je regardai et je vis un cheval de couleur verdâtre. Celui qui le montait se nomme la Mort, et le monde des morts le suivait. On leur donna le pouvoir sur le quart de la terre, pour faire mourir ses habitants par la guerre, la famine, les épidémies et les bêtes féroces. Quand l'Agneau brisa le cinquième sceau, je vis sous l'autel les âmes de ceux qui avaient été exécutés pour leur fidélité à la parole de Dieu et le témoignage qu'ils lui avaient rendu. Ils criaient avec force: «Maître saint et véritable, jusqu'à quand tarderas-tu à juger les habitants de la terre pour leur demander des comptes au sujet de notre mort?» On donna à chacun d'eux une robe blanche, et on leur demanda de patienter encore un peu de temps, jusqu'à ce que soit complété le nombre de leurs frères et compagnons de service qui devaient être mis à mort comme eux-mêmes. Puis je vis l'Agneau briser le sixième sceau. Il y eut alors un violent tremblement de terre; le soleil devint noir comme une étoffe de deuil et la lune tout entière devint rouge comme du sang; les étoiles tombèrent du ciel sur la terre, comme les fruits encore verts qui tombent d'un figuier secoué par un fort vent. Le ciel disparut comme un livre qu'on enroule sur lui-même; toutes les montagnes et les îles furent arrachées de leur place. Les rois de la terre, les dirigeants, les chefs militaires, les riches, les puissants, et tous les autres, esclaves ou libres, se cachèrent dans les cavernes et parmi les rochers des montagnes. Ils disaient aux montagnes et aux rochers: «Tombez sur nous et cachez-nous loin du regard de celui qui siège sur le trône et loin de la colère de l'Agneau. Car le grand jour de leur colère est arrivé et qui pourrait lui résister?» Après cela, je vis quatre anges. Debout aux quatre coins de la terre, ils retenaient les quatre vents, afin qu'aucun d'eux ne souffle sur la terre, ni sur la mer, ni sur les arbres. Et je vis un autre ange qui montait de l'est et qui tenait le sceau du Dieu vivant. Il cria avec force aux quatre anges qui avaient reçu le pouvoir de ravager la terre et la mer: «Ne ravagez ni la terre, ni la mer, ni les arbres avant que nous ayons marqué du sceau le front des serviteurs de notre Dieu.» On m'indiqua alors le nombre de ceux qui furent marqués au front du sceau de Dieu: ils étaient cent quarante-quatre mille, de toutes les tribus du peuple d'Israël: douze mille de la tribu de Juda; douze mille de la tribu de Ruben; douze mille de la tribu de Gad; douze mille de la tribu d'Asser; douze mille de la tribu de Neftali; douze mille de la tribu de Manassé; douze mille de la tribu de Siméon; douze mille de la tribu de Lévi; douze mille de la tribu d'Issakar; douze mille de la tribu de Zabulon; douze mille de la tribu de Joseph; douze mille de la tribu de Benjamin. Après cela, je regardai encore et je vis une foule immense de gens que personne ne pouvait compter. C'étaient des gens de toute nation, de toute tribu, de tout peuple et de toute langue. Ils se tenaient devant le trône et devant l'Agneau, vêtus de robes blanches et avec des palmes à la main. Ils criaient avec force: «Le salut vient de notre Dieu, qui siège sur le trône, et de l'Agneau!» Tous les anges se tenaient autour du trône, des anciens et des quatre êtres vivants. Ils se jetèrent le visage contre terre devant le trône, et ils adorèrent Dieu en disant: « Amen! Oui, la louange, la gloire, la sagesse, la reconnaissance, l'honneur, la puissance et la force sont à notre Dieu pour toujours! Amen.» L'un des anciens me demanda: «Qui sont ces gens vêtus de robes blanches et d'où viennent-ils?» Je lui répondis: «C'est toi qui le sais, mon seigneur.» Il me dit alors: «Ce sont ceux qui ont passé par la grande persécution. Ils ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l'Agneau. C'est pourquoi ils se tiennent devant le trône de Dieu et lui rendent un culte nuit et jour dans son temple. Celui qui siège sur le trône les protégera. Ils n'auront plus jamais faim ou soif; ni le soleil, ni aucune chaleur torride ne les brûleront plus. Car l'Agneau qui est au milieu du trône sera leur berger et les conduira aux sources d'eau vive. Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux.» Quand l'Agneau brisa le septième sceau, il y eut dans le ciel un silence d'environ une demi-heure. Puis je vis les sept anges qui se tiennent devant Dieu; on leur donna sept trompettes. Un autre ange vint se placer près de l'autel; il tenait un brûle-parfum en or. On lui remit beaucoup d'encens pour qu'il l'offre, avec les prières du peuple de Dieu, sur l'autel d'or situé devant le trône. La fumée de l'encens s'éleva de la main de l'ange, devant Dieu, avec les prières du peuple de Dieu. Puis l'ange prit le brûle-parfum, le remplit du feu de l'autel et le jeta sur la terre. Il y eut aussitôt des coups de tonnerre, des bruits de voix, des éclairs et un tremblement de terre. Les sept anges qui tenaient les sept trompettes se préparèrent alors à en sonner. Le premier ange sonna de la trompette. De la grêle et du feu, mêlés de sang, s'abattirent sur la terre. Le tiers de la terre et le tiers des arbres furent brûlés, ainsi que toute l'herbe verte. Puis le deuxième ange sonna de la trompette. Une masse semblable à une grande montagne enflammée fut précipitée dans la mer. Le tiers de la mer se changea en sang. Le tiers de toutes les créatures vivant dans la mer mourut et le tiers de tous les bateaux fut détruit. Puis le troisième ange sonna de la trompette. Une grande étoile, qui brûlait comme un flambeau, tomba du ciel. Elle tomba sur le tiers des fleuves et sur les sources d'eau. (Le nom de cette étoile est Amertume.) Le tiers des eaux devint amer et beaucoup de ceux qui en burent moururent, parce qu'elles étaient empoisonnées. Puis le quatrième ange sonna de la trompette. Le tiers du soleil fut frappé, ainsi que le tiers de la lune et le tiers des étoiles, de sorte qu'ils perdirent un tiers de leur clarté; un tiers du jour et un tiers de la nuit furent privés de lumière. Je regardai encore, et j'entendis un aigle qui volait très haut dans les airs proclamer d'une voix forte: «Malheur! Malheur! Malheur aux habitants de la terre quand les trois autres anges vont faire retentir le son de leurs trompettes!» Alors le cinquième ange sonna de la trompette. Je vis une étoile qui était tombée du ciel sur la terre; on lui remit la clé du puits de l'abîme. L'étoile ouvrit le puits et il en monta une fumée semblable à celle d'une grande fournaise. Le soleil et l'air furent obscurcis par cette fumée. Des sauterelles sortirent de la fumée et se répandirent sur la terre; on leur donna un pouvoir semblable à celui des scorpions. On leur ordonna de ne ravager ni l'herbe, ni les arbres, ni les autres plantes, mais de s'en prendre seulement aux hommes qui ne sont pas marqués au front du sceau de Dieu. Elles n'eurent pas la permission de tuer ces hommes, mais seulement de les tourmenter pendant cinq mois. La douleur qu'elles causent est semblable à celle qu'on éprouve quand on est piqué par un scorpion. Durant ces cinq mois, les hommes chercheront la mort, mais ils ne la trouveront pas; ils désireront mourir, mais la mort les fuira. Ces sauterelles ressemblaient à des chevaux prêts pour le combat; sur leurs têtes, il y avait comme des couronnes d'or, et leurs visages étaient semblables à des visages humains. Elles avaient des cheveux pareils à la chevelure des femmes, et leurs dents étaient comme celles des lions. Leur poitrine semblait couverte d'une cuirasse de fer, et le bruit produit par leurs ailes rappelait le bruit de chars à plusieurs chevaux se précipitant au combat. Elles avaient des queues avec des aiguillons comme en ont les scorpions, et c'est dans leurs queues qu'elles avaient le pouvoir de nuire aux hommes pendant cinq mois. A leur tête, elles ont un roi, l'ange de l'abîme. Il s'appelle en hébreu «Abaddon», et en grec «Apollyon», ce qui signifie «le Destructeur». Le premier malheur est passé; après cela, deux autres malheurs doivent encore venir. Puis le sixième ange sonna de la trompette. J'entendis une voix venir des quatre angles de l'autel d'or qui se trouve devant Dieu. La voix dit au sixième ange qui tenait la trompette: «Libère les quatre anges qui sont enchaînés, près du grand fleuve, l'Euphrate.» On libéra les quatre anges; c'est précisément pour cette heure, de ce jour, ce mois et cette année, qu'ils avaient été tenus prêts à faire mourir le tiers de l'humanité. On m'indiqua le nombre de leurs soldats à cheval: ils étaient deux cents millions. Et voici comment, dans ma vision, m'apparurent les chevaux et leurs cavaliers: ils avaient des cuirasses rouges comme le feu, bleues comme le saphir et jaunes comme le soufre. Les têtes des chevaux étaient comme des têtes de lions; de leurs bouches sortaient du feu, de la fumée et du soufre. Le tiers de l'humanité fut tué par ces trois fléaux: le feu, la fumée et le soufre qui sortaient de la bouche des chevaux. Car le pouvoir des chevaux se trouve dans leurs bouches, ainsi que dans leurs queues. En effet, leurs queues ressemblent à des serpents; elles ont des têtes, dont elles se servent pour nuire aux hommes. Le reste de l'humanité, tous ceux qui n'avaient pas été tués par ces fléaux, ne se détournèrent pas des idoles faites de leurs propres mains; ils ne cessèrent pas d'adorer les démons et les statues d'or, d'argent, de bronze, de pierre et de bois, qui ne peuvent ni voir, ni entendre, ni marcher. Ils ne renoncèrent pas non plus à leurs meurtres, leur magie, leur immoralité et leurs vols. Je vis ensuite un autre ange puissant descendre du ciel. Il était enveloppé d'un nuage et un arc-en-ciel couronnait sa tête; son visage était comme le soleil et ses jambes étaient pareilles à des colonnes de feu. Il tenait à la main un petit livre ouvert. Il posa le pied droit sur la mer et le pied gauche sur la terre. Il cria avec force, comme un lion qui rugit. A son cri répondit le grondement des sept tonnerres. J'allais mettre par écrit ce qu'ils avaient dit, mais j'entendis une voix du ciel me donner cet ordre: «Tiens secret le message des sept tonnerres; ne l'écris pas.» Alors l'ange que j'avais vu debout sur la mer et sur la terre leva la main droite vers le ciel et fit un serment au nom du Dieu qui vit pour toujours, qui a créé le ciel, la terre, la mer et tout ce qui s'y trouve. L'ange déclara: «Il n'y aura plus de délai! Mais au moment où le septième ange se mettra à sonner de la trompette, alors Dieu réalisera son plan secret, comme il l'avait annoncé à ses serviteurs les prophètes.» Puis la voix que j'avais entendue venir du ciel me parla de nouveau en ces termes: «Va prendre le petit livre ouvert dans la main de l'ange qui se tient debout sur la mer et sur la terre.» Je m'approchai de l'ange et lui demandai de me remettre le petit livre. Il me répondit: «Prends-le et mange-le: il sera amer pour ton estomac, mais dans ta bouche il sera doux comme du miel.» Je pris le petit livre de la main de l'ange et le mangeai. Dans ma bouche, il fut doux comme du miel; mais quand je l'eus avalé, il devint amer pour mon estomac. On me dit alors: «Il faut une fois encore que tu annonces ce que Dieu a prévu pour beaucoup de peuples, de nations, de langues et de rois.» On me donna ensuite un roseau, une sorte de baguette servant à mesurer, et l'on me dit: «Va mesurer le temple de Dieu ainsi que l'autel, et compte ceux qui adorent dans le temple. Mais laisse de côté la cour extérieure du temple; ne la mesure pas, car elle a été livrée aux païens, qui piétineront la ville sainte pendant quarante-deux mois. J'enverrai mes deux témoins, portant un vêtement de deuil, et ils transmettront le message reçu de Dieu pendant ces mille deux cent soixante jours.» Les deux témoins sont les deux oliviers et les deux lampes qui se tiennent devant le Seigneur de la terre. Si quelqu'un cherche à leur nuire, du feu sort de leur bouche et détruit leurs ennemis; c'est ainsi que mourra quiconque voudra leur nuire. Ils ont le pouvoir de fermer le ciel, pour empêcher la pluie de tomber aussi longtemps qu'ils transmettent le message reçu de Dieu. Ils ont également le pouvoir de changer l'eau en sang et de frapper la terre de toutes sortes de fléaux, aussi souvent qu'ils le veulent. Quand ils auront fini de proclamer leur message, la bête qui monte de l'abîme les attaquera. Elle les vaincra et les tuera. Leurs cadavres resteront sur la place de la grande ville, là où leur Seigneur a été cloué sur une croix. Cette ville est appelée symboliquement Sodome, ou Égypte. Des gens de tout peuple, de toute tribu, de toute langue et de toute nation regarderont leurs cadavres pendant trois jours et demi et ne permettront pas qu'on les enterre. Les habitants de la terre seront heureux de les voir morts; ils feront la fête joyeusement et échangeront des cadeaux, parce que ces deux prophètes auront causé bien des tourments aux êtres humains. Mais, après ces trois jours et demi, un souffle de vie venu de Dieu entra en eux; ils se relevèrent et tous ceux qui les virent furent saisis de terreur. Les deux prophètes entendirent alors une voix forte leur commander du ciel: «Montez ici!» Ils montèrent au ciel dans un nuage, sous les regards de leurs ennemis. Au même moment, il y eut un violent tremblement de terre; la dixième partie de la ville s'écroula et sept mille personnes périrent dans ce tremblement de terre. Les autres gens furent terrifiés et rendirent gloire au Dieu du ciel. Le deuxième malheur est passé. Mais attention! le troisième doit venir bientôt. Puis le septième ange sonna de la trompette. Des voix fortes se firent entendre dans le ciel; elles disaient: «Le règne sur le monde appartient maintenant à notre Seigneur et à son Messie, et ce règne durera toujours!» Les vingt-quatre anciens qui siègent sur leurs trônes devant Dieu se jetèrent le visage contre terre et adorèrent Dieu en disant: «Seigneur Dieu tout-puissant, toi qui es et qui étais, nous te louons de t'être servi de ta grande puissance pour établir ton règne. Les nations se sont soulevées avec fureur, mais maintenant c'est ta fureur qui se manifeste, le moment du jugement des morts est arrivé, le moment où tu vas récompenser tes serviteurs les prophètes et tous ceux qui t'appartiennent et te respectent, grands ou petits; c'est le moment de la destruction pour ceux qui détruisent la terre!» Le temple de Dieu, dans le ciel, s'ouvrit alors, et le coffre de l'alliance y apparut. Il y eut des éclairs, des bruits de voix, des coups de tonnerre, un tremblement de terre et une forte grêle. Un grand signe apparut dans le ciel: une femme revêtue du soleil, qui avait la lune sous les pieds et une couronne de douze étoiles sur la tête. Elle allait mettre au monde un enfant, et les peines de l'accouchement la faisaient crier de douleur. Un autre signe apparut dans le ciel: un énorme dragon rouge qui avait sept têtes et dix cornes, et une couronne sur chaque tête. Avec sa queue, il balaya le tiers des étoiles du ciel et les jeta sur la terre. Il se plaça devant la femme qui allait accoucher, afin de dévorer son enfant dès qu'il serait né. La femme mit au monde un fils, qui dirigera toutes les nations avec une autorité de fer. L'enfant fut aussitôt amené auprès de Dieu et de son trône. Quant à la femme, elle s'enfuit dans le désert, où Dieu lui avait préparé une place, pour qu'elle y soit nourrie pendant mille deux cent soixante jours. Alors une bataille s'engagea dans le ciel. Michel et ses anges combattirent le dragon, et celui-ci se battit contre eux avec ses anges. Mais le dragon fut vaincu, et ses anges et lui n'eurent plus la possibilité de rester dans le ciel. L'énorme dragon fut jeté dehors. C'est lui le serpent ancien, appelé le diable ou Satan, qui trompe le monde entier. Il fut jeté sur la terre, et ses anges avec lui. Puis j'entendis une voix forte dans le ciel, qui disait: «Maintenant le temps du salut est arrivé! Maintenant notre Dieu a manifesté sa puissance et son règne! Maintenant l'autorité est entre les mains de son Messie. Car il a été jeté hors du ciel l'accusateur de nos frères, celui qui les accusait jour et nuit devant notre Dieu. Nos frères ont remporté la victoire sur lui grâce au sang de l'Agneau et à la parole dont ils ont témoigné; ils n'ont pas épargné leur vie, ils étaient prêts à mourir. C'est pourquoi, réjouissez-vous, cieux, et vous qui les habitez! Mais quel malheur pour vous, terre et mer! Le diable est descendu vers vous, plein de fureur, car il sait qu'il lui reste très peu de temps.» Quand le dragon se rendit compte qu'il avait été jeté sur la terre, il se mit à poursuivre la femme qui avait mis au monde le fils. Mais la femme reçut les deux ailes d'un grand aigle pour voler jusqu'à la place préparée pour elle dans le désert, afin d'y être nourrie pendant trois ans et demi, à l'abri des attaques du serpent. Alors le serpent projeta de sa gueule des masses d'eau pareilles à un fleuve derrière la femme, pour que les flots l'emportent. Mais la terre vint au secours de la femme: la terre ouvrit sa bouche et engloutit les masses d'eau que le dragon avait projetées de sa gueule. Plein de fureur contre la femme, le dragon s'en alla combattre le reste de ses descendants, ceux qui obéissent aux commandements de Dieu et sont fidèles à la vérité révélée par Jésus. Le dragon se tint sur le bord de la mer. Puis je vis une bête sortir de la mer. Elle avait dix cornes et sept têtes; elle portait une couronne sur chacune de ses cornes, et des noms insultants pour Dieu étaient inscrits sur ses têtes. La bête que je vis ressemblait à un léopard, ses pattes étaient comme celles d'un ours et sa gueule comme celle d'un lion. Le dragon lui confia sa puissance, son trône et un grand pouvoir. L'une des têtes de la bête semblait blessée à mort, mais la blessure mortelle fut guérie. La terre entière fut remplie d'admiration et suivit la bête. Tout le monde se mit à adorer le dragon, parce qu'il avait donné le pouvoir à la bête. Tous adorèrent également la bête, en disant: «Qui est semblable à la bête? Qui peut la combattre?» La bête fut autorisée à prononcer des paroles arrogantes et insultantes pour Dieu; elle reçut le pouvoir d'agir pendant quarante-deux mois. Elle se mit à dire du mal de Dieu, à insulter son nom et le lieu où il réside, ainsi que tous ceux qui demeurent dans le ciel. Elle fut autorisée à combattre le peuple de Dieu et à le vaincre; elle reçut le pouvoir sur toute tribu, tout peuple, toute langue et toute nation. Tous les habitants de la terre l'adoreront, tous ceux dont le nom ne se trouve pas inscrit, depuis la création du monde, dans le livre de vie, qui est celui de l'Agneau mis à mort. «Écoutez bien, si vous avez des oreilles pour entendre! Celui qui est destiné à être prisonnier, eh bien, il ira en prison; celui qui est destiné à périr par l'épée, eh bien, il périra par l'épée. Voilà pourquoi le peuple de Dieu doit faire preuve de patience et de foi.» Puis je vis une autre bête; elle sortait de la terre. Elle avait deux cornes semblables à celles d'un agneau et elle parlait comme un dragon. Elle exerçait tout le pouvoir de la première bête en sa présence. Elle obligeait la terre et ses habitants à adorer la première bête, dont la blessure mortelle avait été guérie. Cette deuxième bête réalisait de grands miracles; elle faisait même descendre le feu du ciel sur la terre sous les yeux de tous les humains. Elle égarait les habitants de la terre par les miracles qu'elle pouvait réaliser en présence de la première bête. Elle les persuadait de faire une statue en l'honneur de la bête qui, blessée par l'épée, avait repris vie. La deuxième bête reçut le pouvoir d'animer la statue de la première bête, afin que cette statue puisse parler et faire exécuter tous ceux qui ne l'adoreraient pas. La bête obligeait tous les êtres, petits et grands, riches et pauvres, esclaves et libres, à recevoir une marque sur la main droite et sur le front. Personne ne pouvait acheter ou vendre s'il n'avait pas cette marque, c'est-à-dire le nom de la bête ou le chiffre qui correspond à ce nom. Ici, il faut de la sagesse. Celui qui est intelligent peut trouver le sens du chiffre de la bête, car ce chiffre correspond au nom d'un homme. Ce chiffre est six cent soixante-six. Je regardai encore: je vis l'Agneau qui se tenait sur le mont Sion et, avec lui, cent quarante-quatre mille personnes qui avaient son nom et le nom de son Père inscrits sur le front. J'entendis une voix qui venait du ciel et qui résonnait comme de grandes chutes d'eau, comme un fort coup de tonnerre. La voix que j'entendis était semblable au son produit par des harpistes, quand ils jouent de leur instrument. Ces milliers de gens chantaient un chant nouveau devant le trône, devant les quatre êtres vivants et les anciens. Personne ne pouvait apprendre ce chant sinon les cent quarante-quatre mille qui ont été rachetés de la terre. Ceux-là ne se sont pas souillés avec des femmes, ils se sont gardés purs. Ils suivent l'Agneau partout où il va; ils ont été rachetés d'entre les humains pour être offerts les premiers à Dieu et à l'Agneau. Dans leur bouche, il n'y a jamais eu place pour le mensonge; ils sont sans défaut. Puis je vis un autre ange qui volait très haut dans les airs; il avait une Bonne Nouvelle éternelle qu'il devait annoncer aux habitants de la terre, aux gens de toute nation, toute tribu, toute langue et tout peuple. Il disait d'une voix forte: «Soumettez-vous à Dieu et rendez-lui gloire! Car le moment est arrivé où il va juger l'humanité. Adorez celui qui a créé le ciel, la terre, la mer et les sources d'eau!» Un deuxième ange suivit le premier en disant: «Elle est tombée, elle est tombée la grande Babylone! Elle a fait boire à toutes les nations le vin de sa furieuse immoralité!» Un troisième ange suivit les deux premiers, en disant d'une voix forte: «Quiconque adore la bête et sa statue, et en reçoit la marque sur le front ou sur la main, boira lui-même le vin de la fureur de Dieu, versé pur dans la coupe de sa colère! De tels êtres seront tourmentés dans le soufre enflammé devant les saints anges et devant l'Agneau. La fumée du feu qui les tourmente s'élève pour toujours. Ils sont privés de repos, de jour comme de nuit, ceux qui adorent la bête et sa statue, et quiconque reçoit la marque de son nom.» Voilà pourquoi ils doivent faire preuve de patience ceux qui appartiennent à Dieu, qui obéissent à ses commandements et sont fidèles à Jésus. Puis j'entendis une voix me dire du ciel: «Écris ceci: “Heureux ceux qui dès maintenant meurent au service du Seigneur!” – “Oui, heureux sont-ils, déclare l'Esprit. Ils pourront se reposer de leurs durs efforts, car le bien qu'ils ont fait les accompagne!” » Je regardai encore, et je vis un nuage blanc, et sur ce nuage était assis un être semblable à un homme. Il avait sur la tête une couronne d'or et à la main une faucille tranchante. Un autre ange sortit du temple et cria avec force à celui qui était assis sur le nuage: «Prends ta faucille et moissonne, car le moment est arrivé pour cela: la terre est mûre pour la moisson!» Alors celui qui était assis sur le nuage fit passer sa faucille sur la terre et la terre fut moissonnée. Un autre ange sortit du temple céleste; il avait, lui aussi, une faucille tranchante. Un autre ange encore, qui a autorité sur le feu, vint de l'autel. Il cria avec force à celui qui avait la faucille tranchante: «Prends ta faucille et coupe les grappes de la vigne de la terre: leurs raisins sont mûrs.» L'ange fit alors passer sa faucille sur la terre, coupa les grappes de la vigne de la terre et les jeta dans le grand pressoir de la colère de Dieu. On écrasa les raisins dans le pressoir hors de la ville; du pressoir sortirent des flots de sang qui montèrent jusqu'à la bouche des chevaux et qui s'étendirent sur mille six cents unités de distance. Puis je vis dans le ciel un autre signe, grand et merveilleux: sept anges qui tenaient sept fléaux. Ce sont les derniers fléaux, car ils sont l'expression finale de la colère de Dieu. Puis je vis comme une mer de verre, mêlée de feu. Tous ceux qui avaient remporté la victoire sur la bête, sur sa statue et sur le chiffre qui correspond à son nom, se tenaient debout sur cette mer de verre. Ils avaient en main les harpes que Dieu leur avait données. Ils chantaient le cantique de Moïse, le serviteur de Dieu, et le cantique de l'Agneau: «Seigneur Dieu tout-puissant, que tes œuvres sont grandes et merveilleuses! Roi des nations, que tes plans sont justes et vrais! Qui oserait te manquer de respect, Seigneur? Qui refuserait de te rendre gloire? Car toi seul es saint, toutes les nations viendront t'adorer, car tes actions justes leur sont clairement révélées.» Après cela, je vis s'ouvrir dans le ciel le temple, avec la tente de l'alliance de Dieu. Les sept anges qui tenaient les sept fléaux sortirent du temple; ils étaient vêtus de lin d'une blancheur éclatante et portaient des ceintures d'or autour de la taille. L'un des quatre êtres vivants donna aux sept anges sept coupes d'or pleines de la colère du Dieu qui vit pour toujours. Le temple fut rempli de fumée, signe de la gloire et de la puissance de Dieu. Personne ne pouvait entrer dans le temple avant que soient achevés les sept fléaux apportés par les anges. Puis j'entendis une voix forte qui venait du temple et qui disait aux sept anges: «Allez verser sur la terre les sept coupes de la colère de Dieu!» Le premier ange partit et versa sa coupe sur la terre. Alors, des plaies mauvaises et douloureuses se formèrent sur les hommes qui avaient la marque de la bête et qui adoraient sa statue. Le deuxième ange versa sa coupe dans la mer. L'eau devint comme le sang d'un mort et tous les êtres vivants qui se trouvaient dans la mer moururent. Le troisième ange versa sa coupe dans les fleuves et les sources d'eau, qui se changèrent en sang. J'entendis alors l'ange qui a autorité sur les eaux dire: «Toi le Saint, qui es et qui étais, tu t'es montré un juste juge. Les gens ont en effet répandu le sang de ceux qui t'appartiennent et celui des prophètes, et maintenant tu leur as donné du sang à boire. Ils ont ce qu'ils méritent!» Puis j'entendis une voix qui venait de l'autel et disait: «Oui, Seigneur Dieu tout-puissant, tes jugements sont vrais et justes!» Le quatrième ange versa sa coupe sur le soleil, qui fut autorisé alors à brûler les hommes par son feu. Et les hommes furent brûlés par une chaleur terrible; ils insultèrent le nom du Dieu qui détient de tels fléaux en son pouvoir, mais ils refusèrent de changer de comportement pour lui rendre gloire. Le cinquième ange versa sa coupe sur le trône de la bête et son royaume fut plongé dans l'obscurité. Les hommes se mordaient la langue de douleur; ils insultèrent le Dieu du ciel à cause de leurs douleurs et de leurs plaies. Mais ils ne se détournèrent pas de leurs mauvaises actions. Le sixième ange versa sa coupe sur le grand fleuve, l'Euphrate. Le fleuve se dessécha pour livrer passage aux rois qui viennent de l'est. Puis je vis trois esprits mauvais, semblables à des grenouilles, qui sortaient de la gueule du dragon, de la gueule de la bête et de la bouche du faux prophète. Ce sont les esprits de démons qui font des miracles. Ils s'en vont auprès des rois de toute la terre, afin de les rassembler pour la bataille du grand jour du Dieu tout-puissant. «Écoute, dit le Seigneur, je viens comme un voleur! Heureux celui qui reste éveillé et garde ses vêtements, pour ne pas aller nu et n'avoir pas la honte d'être vu ainsi.» Les esprits rassemblèrent les rois dans le lieu appelé en hébreu Harmaguédon. Le septième ange versa sa coupe dans l'air. Une voix forte se fit entendre du temple; elle venait du trône et disait: «C'en est fait!» Il y eut alors des éclairs, des bruits de voix, des coups de tonnerre et un violent tremblement de terre. Celui-ci fut même si violent qu'il n'y en a jamais eu de pareil depuis l'apparition de l'homme sur la terre! La grande ville se brisa en trois parties et les villes de tous les pays s'écroulèrent. Dieu n'oublia pas la grande Babylone; il lui fit boire le vin de sa coupe, le vin de son ardente colère. Toutes les îles disparurent et l'on ne vit plus de montagnes. Des grêlons d'un poids énorme tombèrent du ciel sur les hommes. Et les hommes insultèrent Dieu à cause du fléau de la grêle, car c'était un fléau d'une violence terrible. Alors l'un des sept anges qui tenaient les sept coupes vint me dire: «Viens et je te montrerai la condamnation qui va frapper la grande prostituée, la grande ville bâtie au bord de nombreuses rivières. Les rois de la terre se sont livrés à l'immoralité avec elle et les habitants de la terre se sont enivrés du vin de son immoralité.» L'Esprit se saisit de moi et l'ange me transporta dans un désert. Je vis là une femme assise sur une bête rouge écarlate qui était couverte de noms insultants pour Dieu; cette bête avait sept têtes et dix cornes. La femme portait de luxueux vêtements rouge écarlate et elle était chargée de bijoux d'or, de pierres précieuses et de perles. Elle tenait à la main une coupe d'or pleine des abominables impuretés dues à son immoralité. Sur son front était écrit un nom au sens secret: «La grande Babylone, la mère des prostituées et des abominations du monde.» Je vis que cette femme était ivre du sang du peuple de Dieu, du sang de ceux qui ont été mis à mort à cause de leur fidélité à Jésus. En la voyant, je fus saisi d'un grand étonnement. L'ange me dit alors: «Pourquoi t'étonnes-tu? Je te révélerai le secret de la femme et de la bête qui la porte, celle qui a sept têtes et dix cornes. La bête que tu as vue était autrefois vivante mais ne l'est plus; elle doit sortir de l'abîme, mais pour aller à sa perte. Les habitants de la terre, dont le nom ne se trouve pas inscrit depuis la création du monde dans le livre de vie, s'étonneront en voyant la bête: en effet, elle était autrefois vivante, mais ne l'est plus, et elle reparaîtra. «Ici, il faut de l'intelligence et de la sagesse. Les sept têtes sont sept collines, sur lesquelles la femme est assise. Elles sont aussi sept rois: cinq d'entre eux sont tombés, l'un règne actuellement et le septième n'est pas encore venu; quand il sera venu, il ne restera que peu de temps. La bête, qui était autrefois vivante mais ne l'est plus, est elle-même un huitième roi; elle est en même temps l'un des sept et elle va à sa perte. «Les dix cornes que tu as vues sont dix rois qui n'ont pas encore commencé à régner; mais ils recevront le pouvoir de régner pendant une heure avec la bête. Ils ont tous les dix la même intention: mettre leur puissance et leur pouvoir au service de la bête. Ils combattront l'Agneau, mais l'Agneau les vaincra, parce qu'il est le Seigneur des seigneurs et le Roi des rois; il les vaincra avec ceux qu'il a appelés et choisis, ses fidèles.» L'ange me dit encore: «Les eaux que tu as vues, là où se tient la prostituée, ce sont des peuples, des foules, des nations et des langues. Les dix cornes que tu as vues et la bête haïront la prostituée: elles la dépouilleront de tout ce qu'elle a, elles la mettront à nu, elles mangeront sa chair et détruiront ses restes par le feu. Car Dieu a mis dans leur cœur la volonté d'exécuter son intention; elles agiront d'un commun accord pour mettre leur pouvoir royal au service de la bête, jusqu'à ce que les paroles de Dieu soient réalisées. «Enfin, la femme que tu as vue, c'est la grande ville qui domine les rois de la terre.» Après cela, je vis un autre ange descendre du ciel. Il avait un grand pouvoir, et sa splendeur illumina la terre entière. Il cria avec force: «Elle est tombée, elle est tombée la grande Babylone! Maintenant, c'est un lieu habité par des démons, un refuge pour toutes sortes d'esprits mauvais; c'est là que vivent toutes sortes d'oiseaux et d'animaux impurs et répugnants. Toutes les nations ont bu le vin de sa furieuse immoralité. Les rois de la terre se sont livrés à l'immoralité avec elle et les marchands de la terre se sont enrichis de son luxe démesuré.» Puis j'entendis une autre voix qui venait du ciel et disait: «Sortez du milieu d'elle, mon peuple, afin de ne pas être complices de ses péchés et de ne pas subir avec elle les fléaux qui vont la frapper. Car ses péchés se sont entassés jusqu'au ciel et Dieu n'a pas oublié ses ignobles actions. Traitez-la comme elle a traité les autres, payez-lui le double de ce qu'elle a fait. Remplissez sa coupe d'une boisson deux fois plus forte que celle qu'elle a fait boire aux autres. Infligez-lui autant de tourment et de malheur qu'elle s'est accordé de gloire et de luxe. Elle se dit en elle-même: “Je siège ici comme une reine, je ne suis pas veuve et je ne connaîtrai jamais le deuil.” Voilà pourquoi les fléaux qui lui sont réservés vont tous s'abattre sur elle en un seul jour: maladie mortelle, deuil et famine; elle sera détruite par le feu. Car il est puissant le Seigneur Dieu qui l'a jugée.» Les rois de la terre, qui se sont livrés avec elle à l'immoralité et au luxe, pleureront et se lamenteront à son sujet, quand ils verront la fumée de la ville incendiée. Ils se tiendront à bonne distance, par peur du châtiment qui est le sien, et ils diront: «Malheur! Quel malheur! O Babylone, ville grande et puissante! Une seule heure a suffi pour que la condamnation te frappe!» Les marchands de la terre pleurent aussi et se lamentent à son sujet, parce que personne n'achète plus leurs marchandises: or, argent, pierres précieuses et perles; fines toiles de lin, précieuses étoffes rouges et écarlates, soie; toute sorte de bois rares, toute espèce d'objets en ivoire, bois précieux, bronze, fer ou marbre; cannelle et autres épices, parfums, myrrhe et encens; vin, huile, farine et blé; bœufs et moutons, chevaux et chars, esclaves et même vies humaines. «Ah! dit-on, tous les produits que tu désirais ont disparu de chez toi, toutes tes richesses et ton luxe sont perdus pour toi, et on ne les retrouvera plus jamais!» Les marchands qui se sont enrichis en faisant du commerce dans cette ville, se tiendront à bonne distance par peur du châtiment qui est le sien. Ils pleureront et se lamenteront; ils diront: «Malheur! Quel malheur pour la grande ville! Elle était vêtue d'un fin tissu de lin, de précieuses étoffes rouges et écarlates, elle était chargée de bijoux d'or, de pierres précieuses et de perles. Et une seule heure a suffi pour que disparaisse toute cette richesse!» Tous les capitaines de navires et leurs passagers, les marins et tous ceux qui gagnent leur vie sur la mer, se tenaient à bonne distance et s'écriaient en voyant la fumée de la ville incendiée: «Il n'y a jamais eu de ville aussi grande que celle-ci!» Ils se jetaient de la poussière sur la tête, ils pleuraient, se lamentaient et criaient: «Malheur! Quel malheur pour la grande ville! C'est de sa richesse que s'enrichissaient tous ceux qui ont des navires sur la mer. Et une seule heure a suffi pour que tout cela disparaisse!» Réjouis-toi de sa destruction, ciel! Réjouissez-vous peuple de Dieu, apôtres et prophètes! Car Dieu l'a jugée pour le mal qu'elle vous a fait! Alors un ange puissant prit une pierre semblable à une grande meule à blé et la jeta dans la mer en disant: «C'est ainsi que la grande ville de Babylone sera précipitée avec violence, et on ne la reverra plus jamais. On n'entendra plus jamais chez toi la musique des harpistes et des chanteurs, des joueurs de flûte et de trompette. On n'y trouvera plus aucun artisan quelconque; on n'y entendra plus le bruit de la meule à blé. La lumière de la lampe ne brillera plus jamais chez toi; on n'y entendra plus la voix des jeunes mariés. Tes marchands étaient les plus importants du monde, et par tes pratiques de magie tu as égaré tous les peuples.» C'est à Babylone qu'a coulé le sang des prophètes et du peuple de Dieu, le sang de tous ceux qui ont été massacrés sur la terre. Après cela, j'entendis une voix forte dans le ciel, semblable à celle d'une foule nombreuse; elle disait: « Alléluia! Louez le Seigneur! Le salut, la gloire et la puissance sont à notre Dieu! Ses jugements sont vrais et justes! Car il a condamné la grande prostituée qui corrompait la terre par son immoralité. Il lui a fait rendre compte de la mort de ses serviteurs.» Et ils dirent encore: «Alléluia! Louez le Seigneur! La fumée de la grande ville incendiée s'élève pour toujours!» Les vingt-quatre anciens et les quatre êtres vivants s'agenouillèrent et adorèrent Dieu, qui siège sur le trône, et dirent: « Amen! Alléluia! Louez le Seigneur!» Une voix se fit entendre du trône; elle disait: «Louez notre Dieu, vous tous ses serviteurs, vous qui le respectez, les grands comme les petits!» Puis j'entendis une voix semblable à celle d'une foule nombreuse; elle résonnait comme de grandes chutes d'eau, comme de violents coups de tonnerre. Voici ce qui était dit: « Alléluia! Louez le Seigneur! Car le Seigneur, notre Dieu tout-puissant, a établi son règne! Réjouissons-nous et soyons heureux, rendons-lui gloire! Car le moment des noces de l'Agneau est arrivé, et son épouse s'est préparée. On lui a donné un vêtement fait d'un fin tissu de lin, brillant et pur.» (Le tissu de lin représente les actions justes du peuple de Dieu.) L'ange me dit: «Écris: Heureux ceux qui ont été invités au repas des noces de l'Agneau.» Et il ajouta: «Ce sont là les paroles véritables de Dieu.» Je me jetai à ses pieds pour l'adorer, mais il me dit: «Garde-toi de le faire! Je suis un serviteur, comme toi et comme tes frères qui sont fidèles à la vérité révélée par Jésus. C'est Dieu que tu dois adorer!» La vérité révélée par Jésus, voilà ce qui inspire les prophètes. Puis je vis le ciel ouvert, et un cheval blanc apparut. Celui qui le monte s'appelle Fidèle et Véritable; il juge et combat avec justice. Ses yeux flamboyaient comme du feu et il avait de nombreuses couronnes sur la tête. Il portait un nom inscrit qu'il est le seul à connaître. Il était vêtu d'un manteau couvert de sang. Il s'appelle «La parole de Dieu». Les armées du ciel le suivaient, montées sur des chevaux blancs et vêtues d'un fin tissu de lin, blanc et pur. De sa bouche sortait une épée aiguë destinée à frapper les nations. Il les dirigera avec une autorité de fer, et il écrasera le raisin dans le pressoir de l'ardente colère du Dieu tout-puissant. Sur son manteau et sur sa jambe le nom suivant était inscrit: «Roi des rois et Seigneur des seigneurs.» Ensuite je vis un ange debout dans le soleil. Il cria avec force à tous les oiseaux qui volaient très haut dans les airs: «Venez, rassemblez-vous pour le grand repas de Dieu! Venez manger la chair des rois, des généraux et des soldats, la chair des chevaux et de leurs cavaliers, la chair de tous les hommes, libres ou esclaves, petits ou grands.» Puis je vis la bête, les rois de la terre et leurs armées, rassemblés pour combattre contre celui qui monte le cheval et contre son armée. La bête fut capturée, ainsi que le faux prophète qui avait accompli des miracles en sa présence pour égarer ceux qui avaient reçu la marque de la bête et qui adoraient sa statue. La bête et le faux prophète furent jetés vivants dans le lac de soufre enflammé. Tous leurs soldats furent tués par l'épée qui sort de la bouche de celui qui monte le cheval, et tous les oiseaux se nourrirent de leur chair. Puis je vis un ange descendre du ciel; il tenait à la main la clé de l'abîme et une énorme chaîne. Il saisit le dragon, le serpent ancien, c'est-à-dire le diable ou Satan, et il l'enchaîna pour mille ans. L'ange le jeta dans l'abîme, qu'il ferma à clé et scella au-dessus de lui, afin que le dragon ne puisse plus égarer les nations jusqu'à ce que les mille ans soient passés. Après cela, il doit être relâché pour un peu de temps. Ensuite je vis des trônes: ceux qui siégeaient dessus reçurent le pouvoir de juger. Je vis aussi les âmes de ceux qui avaient été exécutés pour leur fidélité à la vérité révélée par Jésus et à la parole de Dieu. Ils n'avaient pas adoré la bête, ni sa statue, et ils n'avaient pas reçu la marque de la bête sur le front, ni sur la main. Ils revinrent à la vie et régnèrent avec le Christ pendant mille ans. Les autres morts ne revinrent pas à la vie avant que les mille ans soient passés. C'est la première résurrection. Heureux ceux qui ont part à cette première résurrection! Ils appartiennent à Dieu et la seconde mort n'a pas de pouvoir sur eux; ils seront prêtres de Dieu et du Christ, et ils régneront avec le Christ pendant les mille ans. Quand les mille ans seront passés, Satan sera relâché de sa prison, et il s'en ira tromper les nations répandues dans le monde entier, c'est-à-dire Gog et Magog. Il les rassemblera pour le combat, et ils seront aussi nombreux que les grains de sable au bord de la mer. Les voici qui s'avancent sur toute l'étendue de la terre, et ils encerclent le camp du peuple de Dieu, la ville aimée de Dieu. Mais le feu descend du ciel et les détruit. Alors le diable, qui les trompait, est jeté dans le lac de soufre enflammé, où se trouvent déjà la bête et le faux prophète. Ils y seront tourmentés jour et nuit pour toujours. Puis je vis un grand trône blanc et celui qui y siège. La terre et le ciel s'enfuirent loin de lui, et on ne les revit plus. Ensuite, je vis les morts, grands et petits, debout devant le trône. Des livres furent ouverts. Un autre livre encore fut ouvert, le livre de vie. Les morts furent jugés selon ce qu'ils avaient fait, d'après ce qui était écrit dans les livres. La mer rendit les morts qu'elle contenait. La mort et le monde des morts rendirent aussi leurs morts. Et tous furent jugés selon ce qu'ils avaient fait. La mort et le monde des morts furent jetés dans le lac enflammé. Ce lac est la seconde mort. Quiconque n'avait pas son nom inscrit dans le livre de vie fut jeté dans le lac enflammé. Alors je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre. Le premier ciel et la première terre avaient disparu, et il n'y avait plus de mer. Et je vis la ville sainte, la nouvelle Jérusalem, qui descendait du ciel, envoyée par Dieu, prête comme une épouse qui s'est faite belle pour aller à la rencontre de son mari. J'entendis une voix forte qui venait du trône et disait: «Maintenant la demeure de Dieu est parmi les hommes! Il demeurera avec eux et ils seront ses peuples. Dieu lui-même sera avec eux, il sera leur Dieu. Il essuiera toute larme de leurs yeux. Il n'y aura plus de mort, il n'y aura plus ni deuil, ni lamentations, ni douleur. En effet, les choses anciennes auront disparu.» Alors celui qui siège sur le trône déclara: «Maintenant, je fais toutes choses nouvelles.» Puis il me dit: «Écris ceci, car mes paroles sont vraies et dignes de confiance.» Et il ajouta: «C'en est fait! Je suis l'Alpha et l'Oméga, le commencement et la fin. Celui qui a soif, je lui donnerai à boire gratuitement à la source d'eau de la vie. Quiconque aura remporté la victoire recevra de moi ce don; je serai son Dieu, et il sera mon fils. Quant aux lâches, aux infidèles, aux êtres abominables, aux meurtriers, aux gens immoraux, à ceux qui pratiquent la magie, aux adorateurs d'idoles et à tous les menteurs, leur place sera dans le lac de soufre enflammé, qui est la seconde mort.» L'un des sept anges qui tenaient les sept coupes pleines des sept derniers fléaux vint me dire: «Viens et je te montrerai la mariée, l'épouse de l'Agneau.» L'Esprit se saisit de moi et l'ange me transporta au sommet d'une très haute montagne. Il me montra la ville sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel, envoyée par Dieu, resplendissante de la gloire de Dieu. La ville brillait d'un éclat semblable à celui d'une pierre précieuse, d'une pierre de jaspe transparente comme du cristal. Elle avait une très haute muraille, avec douze portes, et douze anges gardaient les portes. Sur les portes étaient inscrits les noms des douze tribus du peuple d'Israël. Il y avait trois portes de chaque côté: trois à l'est, trois au nord, trois au sud et trois à l'ouest. La muraille de la ville reposait sur douze pierres de fondation, sur lesquelles étaient inscrits les noms des douze apôtres de l'Agneau. L'ange qui me parlait tenait une mesure, un roseau d'or, pour mesurer la ville, ses portes et sa muraille. La ville était carrée, sa longueur était égale à sa largeur. L'ange mesura la ville avec son roseau: douze mille unités de distance, elle était aussi large et haute que longue. Il mesura aussi la muraille: cent quarante-quatre coudées de hauteur, selon la mesure ordinaire qu'il utilisait. La muraille était construite en jaspe, et la ville elle-même était d'or pur, aussi clair que du verre. Les fondations de la muraille de la ville étaient ornées de toutes sortes de pierres précieuses: la première fondation était de jaspe, la deuxième de saphir, la troisième d'agate, la quatrième d'émeraude, la cinquième d'onyx, la sixième de sardoine, la septième de chrysolithe, la huitième de béryl, la neuvième de topaze, la dixième de chrysoprase, la onzième de turquoise et la douzième d'améthyste. Les douze portes étaient douze perles; chaque porte était faite d'une seule perle. La place de la ville était d'or pur, transparent comme du verre. Je ne vis pas de temple dans cette ville, car elle a pour temple le Seigneur, le Dieu tout-puissant, ainsi que l'Agneau. La ville n'a besoin ni du soleil ni de la lune pour l'éclairer, car la gloire de Dieu l'illumine et l'Agneau est sa lampe. Les nations marcheront à sa lumière, et les rois de la terre y apporteront leurs richesses. Les portes de la ville resteront ouvertes pendant toute la journée; et même, elles ne seront jamais fermées, car là il n'y aura plus de nuit. On y apportera la splendeur et la richesse des nations. Mais rien d'impur n'entrera dans cette ville, ni personne qui se livre à des pratiques abominables et au mensonge. Seuls entreront ceux dont le nom est inscrit dans le livre de vie, qui est celui de l'Agneau. L'ange me montra aussi le fleuve d'eau de la vie, brillant comme du cristal, qui jaillissait du trône de Dieu et de l'Agneau, et coulait au milieu de la place de la ville. De chaque côté du fleuve se trouve l'arbre de la vie, qui donne des fruits douze fois par année, une fois chaque mois. Ses feuilles servent à la guérison des nations. Il ne s'y trouvera plus rien qui soit frappé par la malédiction de Dieu. Le trône de Dieu et de l'Agneau sera dans la ville, et les serviteurs de Dieu l'adoreront. Ils verront sa face, et son nom sera inscrit sur leurs fronts. Il n'y aura plus de nuit, et ils n'auront besoin ni de la lumière d'une lampe, ni de celle du soleil, parce que le Seigneur Dieu répandra sur eux sa lumière, et ils régneront pour toujours. Puis l'ange me dit: «Ces paroles sont vraies et dignes de confiance. Et le Seigneur Dieu, qui inspire les prophètes, a envoyé son ange pour montrer à ses serviteurs ce qui doit arriver bientôt.» «Écoute, dit Jésus, je viens bientôt! Heureux ceux qui prennent au sérieux les paroles prophétiques de ce livre!» Moi, Jean, j'ai entendu et vu ces choses. Et après les avoir entendues et vues, je me suis jeté aux pieds de l'ange qui me les avait montrées, pour l'adorer. Mais il me dit: «Garde-toi de le faire! Je suis un serviteur comme toi, comme tes frères les prophètes et comme tous ceux qui prennent au sérieux les paroles de ce livre. C'est Dieu que tu dois adorer!» Puis il ajouta: «Ne tiens pas cachées les paroles prophétiques de ce livre, car le moment fixé pour tous ces événements est proche. Que celui qui est mauvais continue à mal agir, et que celui qui est impur continue à être impur; que celui qui fait le bien continue à le faire, et que celui qui est saint progresse dans la sainteté.» «Écoute, dit Jésus, je viens bientôt! J'apporterai avec moi la récompense à donner à chacun selon ce qu'il aura fait. Je suis l'Alpha et l'Oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin.» Heureux ceux qui lavent leurs vêtements, et qui ont ainsi le droit de manger les fruits de l'arbre de la vie et d'entrer par les portes dans la ville. Mais hors de la ville, les êtres abominables, ceux qui pratiquent la magie, les gens immoraux, les meurtriers, les adorateurs d'idoles et tous ceux qui aiment et pratiquent le mensonge! «Moi, Jésus, j'ai envoyé mon ange pour vous révéler tout cela dans les Églises. Je suis le descendant de la famille de David, l'étoile brillante du matin.» L'Esprit et l'Épouse disent: «Viens!» Que celui qui entend cela dise aussi: «Viens!» Que celui qui a soif vienne; que celui qui veut de l'eau de la vie la reçoive gratuitement. Moi, Jean, j'adresse ce solennel avertissement à quiconque entend les paroles prophétiques de ce livre: si quelqu'un y ajoute quelque chose, Dieu ajoutera à son sort les fléaux décrits dans ce livre. Et si quelqu'un enlève quelque chose des paroles prophétiques de ce livre, Dieu lui enlèvera sa part des fruits de l'arbre de la vie et de la ville sainte décrits dans ce livre. Celui qui garantit la vérité de tout cela déclare: «Oui, je viens bientôt!» Amen! Qu'il en soit ainsi! Viens, Seigneur Jésus! Que la grâce du Seigneur Jésus soit avec tous.