Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. Or la terre était vide et vague, les ténèbres couvraient l'abîme, un vent de Dieu tournoyait sur les eaux. Dieu dit: "Que la lumière soit" et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne, et Dieu sépara la lumière et les ténèbres. Dieu appela la lumière "jour" et les ténèbres "nuit." Il y eut un soir et il y eut un matin: premier jour. Dieu dit: "Qu'il y ait un firmament au milieu des eaux et qu'il sépare les eaux d'avec les eaux" et il en fut ainsi. Dieu fit le firmament, qui sépara les eaux qui sont sous le firmament d'avec les eaux qui sont au-dessus du firmament, et Dieu appela le firmament "ciel." Il y eut un soir et il y eut un matin: deuxième jour. Dieu dit: "Que les eaux qui sont sous le ciel s'amassent en une seule masse et qu'apparaisse le continent" et il en fut ainsi. Dieu appela le continent "terre" et la masse des eaux "mers", et Dieu vit que cela était bon. Dieu dit: "Que la terre verdisse de verdure: des herbes portant semence et des arbres fruitiers donnant sur la terre selon leur espèce des fruits contenant leur semence" et il en fut ainsi. La terre produisit de la verdure: des herbes portant semence selon leur espèce, des arbres donnant selon leur espèce des fruits contenant leur semence, et Dieu vit que cela était bon. Il y eut un soir et il y eut un matin: troisième jour. Dieu dit: "Qu'il y ait des luminaires au firmament du ciel pour séparer le jour et la nuit; qu'ils servent de signes, tant pour les fêtes que pour les jours et les années; qu'ils soient des luminaires au firmament du ciel pour éclairer la terre" et il en fut ainsi. Dieu fit les deux luminaires majeurs: le grand luminaire comme puissance du jour et le petit luminaire comme puissance de la nuit, et les étoiles. Dieu les plaça au firmament du ciel pour éclairer la terre, pour commander au jour et à la nuit, pour séparer la lumière et les ténèbres, et Dieu vit que cela était bon. Il y eut un soir et il y eut un matin: quatrième jour. Dieu dit: "Que les eaux grouillent d'un grouillement d'êtres vivants et que des oiseaux volent au-dessus de la terre contre le firmament du ciel" et il en fut ainsi. Dieu créa les grands serpents de mer et tous les êtres vivants qui glissent et qui grouillent dans les eaux selon leur espèce, et toute la gent ailée selon son espèce, et Dieu vit que cela était bon. Dieu les bénit et dit: "Soyez féconds, multipliez, emplissez l’eau des mers, et que les oiseaux multiplient sur la terre." Il y eut un soir et il y eut un matin: cinquième jour. Dieu dit: "Que la terre produise des êtres vivants selon leur espèce: bestiaux, bestioles, bêtes sauvages selon leur espèce" et il en fut ainsi. Dieu fit les bêtes sauvages selon leur espèce, les bestiaux selon leur espèce et toutes les bestioles du sol selon leur espèce, et Dieu vit que cela était bon. Dieu dit: "Faisons l'homme à notre image, comme notre ressemblance, et qu'ils dominent sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, les bestiaux, toutes les bêtes sauvages et toutes les bestioles qui rampent sur la terre." Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa. Dieu les bénit et leur dit: "Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la; dominez sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et tous les animaux qui rampent sur la terre." Dieu dit: "Je vous donne toutes les herbes portant semence, qui sont sur toute la surface de la terre, et tous les arbres qui ont des fruits portant semence: ce sera votre nourriture. A toutes les bêtes sauvages, à tous les oiseaux du ciel, à tout ce qui rampe sur la terre et qui est animé de vie, je donne pour nourriture toute la verdure des plantes" et il en fut ainsi. Dieu vit tout ce qu'il avait fait: cela était très bon. Il y eut un soir et il y eut un matin: sixième jour. Ainsi furent achevés le ciel et la terre, avec toute leur armée. Dieu conclut au septième jour l'ouvrage qu'il avait fait et, au septième jour, il chôma, après tout l'ouvrage qu'il avait fait. Dieu bénit le septième jour et le sanctifia, car il avait chômé après tout son ouvrage de création. Telle fut l'histoire du ciel et de la terre, quand ils furent créés. Au temps où Yahvé Dieu fit la terre et le ciel, il n'y avait encore aucun arbuste des champs sur la terre et aucune herbe des champs n'avait encore poussé, car Yahvé Dieu n’avait pas fait pleuvoir sur la terre et il n'y avait pas d’homme pour cultiver le sol. Toutefois, un flot montait de terre et arrosait toute la surface du sol. Alors Yahvé Dieu modela l'homme avec la glaise du sol, il insuffla dans ses narines une haleine de vie et l'homme devint un être vivant. Yahvé Dieu planta un jardin en Eden, à l'orient, et il y mit l’homme qu'il avait modelé. Yahvé Dieu fit pousser du sol toute espèce d'arbres séduisants à voir et bons à manger, et l'arbre de vie au milieu du jardin, et l'arbre de la connaissance du bien et du mal. Un fleuve sortait d'Eden pour arroser le jardin et de là il se divisait pour former quatre bras. Le premier s'appelle le Pishôn: il contourne tout le pays de Havila, où il y a l'or; l'or de ce pays est pur et là se trouvent le bdellium et la pierre de cornaline. Le deuxième fleuve s'appelle le Gihôn: il contourne tout le pays de Kush. Le troisième fleuve s'appelle le Tigre: il coule à l'orient d'Assur. Le quatrième fleuve est l'Euphrate. Yahvé Dieu prit l'homme et l'établit dans le jardin d’Eden pour le cultiver et le garder. Et Yahvé Dieu fit à l'homme ce commandement: "Tu peux manger de tous les arbres du jardin. Mais de l'arbre de la connaissance du bien et du mal tu ne mangeras pas, car, le jour où tu en mangeras, tu deviendras passible de mort." Yahvé Dieu dit: "Il n'est pas bon que l'homme soit seul. Il faut que je lui fasse une aide qui lui soit assortie." Yahvé Dieu modela encore du sol toutes les bêtes sauvages et tous les oiseaux du ciel, et il les amena à l'homme pour voir comment celui-ci les appellerait: chacun devait porter le nom que l'homme lui aurait donné. L'homme donna des noms à tous les bestiaux, aux oiseaux du ciel et à toutes les bêtes sauvages, mais, pour un homme, il ne trouva pas l'aide qui lui fût assortie. Alors Yahvé Dieu fit tomber une torpeur sur l'homme, qui s'endormit. Il prit une de ses côtes et referma la chair à sa place. Puis, de la côte qu'il avait tirée de l'homme, Yahvé Dieu façonna une femme et l'amena à l'homme. Alors celui-ci s'écria: "Pour le coup, c'est l'os de mes os et la chair de ma chair! Celle-ci sera appelée "femme", car elle fut tirée de l'homme, celle-ci!" C’est pourquoi l'homme quitte son père et sa mère et s'attache à sa femme, et ils deviennent une seule chair. Or tous deux étaient nus, l'homme et sa femme, et ils n'avaient pas honte l'un devant l'autre. Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs que Yahvé Dieu avait faits. Il dit à la femme: "Alors, Dieu adit: Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin?" La femme répondit au serpent: "Nous pouvons manger du fruit des arbres du jardin. Mais du fruit de l'arbre qui est au milieu du jardin, Dieu adit: Vous n'en mangerez pas, vous n'y toucherez pas, sous peine de mort." Le serpent répliqua à la femme: "Pas du tout! Vous ne mourrez pas! Mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s'ouvriront et vous serez comme des dieux, qui connaissent le bien et le mal." La femme vit que l'arbre était bon à manger et séduisant à voir, et qu'il était, cet arbre, désirable pour acquérir le discernement. Elle prit de son fruit et mangea. Elle en donna aussi à son mari, qui était avec elle, et il mangea. Alors leurs yeux à tous deux s'ouvrirent et ils connurent qu'ils étaient nus; ils cousirent des feuilles de figuier et se firent des pagnes. Ils entendirent le pas de Yahvé Dieu qui se promenait dans le jardin à la brise du jour, et l'homme et sa femme se cachèrent devant Yahvé Dieu parmi les arbres du jardin. Yahvé Dieu appela l'homme: "Où es-tu?" Dit-il. "J'ai entendu ton pas dans le jardin, répondit l'homme; j'ai eu peur parce que je suis nu et je me suis caché." Il reprit: "Et qui t'a appris que tu étais nu? Tu as donc mangé de l'arbre dont je t'avais défendu de manger!" L'homme répondit: "C'est la femme que tu as mise auprès de moi qui m'a donné de l'arbre, et j'ai mangé!" Yahvé Dieu dit à la femme: "Qu'as-tu fait là?" Et la femme répondit: "C'est le serpent qui m'a séduite, et j'ai mangé." Alors Yahvé Dieu dit au serpent: "Parce que tu as fait cela, maudit sois-tu entre tous les bestiaux et toutes les bêtes sauvages. Tu marcheras sur ton ventre et tu mangeras de la terre tous les jours de ta vie. Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ton lignage et le sien. Il t'écrasera la tête et tu l'atteindras au talon." A la femme, il dit: "Je multiplierai les peines de tes grossesses, dans la peine tu enfanteras des fils. Ta convoitise te poussera vers ton mari et lui dominera sur toi." A l'homme, il dit: "Parce que tu as écouté la voix de ta femme et que tu as mangé de l'arbre dont je t'avais interdit de manger, maudit soit le sol à cause de toi! A force de peines tu en tireras subsistance tous les jours de ta vie. Il produira pour toi épines et chardons et tu mangeras l'herbe des champs. A la sueur de ton visage tu mangeras ton pain, jusqu'à ce que tu retournes au sol, puisque tu en fus tiré. Car tu es glaise et tu retourneras à la glaise." L'homme appela sa femme "Eve", parce qu'elle fut la mère de tous les vivants. Yahvé Dieu fit à l'homme et à sa femme des tuniques de peau et les en vêtit. Puis Yahvé Dieu dit: "Voilà que l'homme est devenu comme l'un de nous, pour connaître le bien et le mal! Qu'il n'étende pas maintenant la main, ne cueille aussi de l'arbre de vie, n'en mange et ne vive pour toujours!" Et Yahvé Dieu le renvoya du jardin d'Eden pour cultiver le sol d'où il avait été tiré. Il bannit l'homme et il posta devant le jardin d'Eden les chérubins et la flamme du glaive fulgurant pour garder le chemin de l'arbre de vie. L'homme connut Eve, sa femme; elle conçut et enfanta Caïn et elle dit: "J'ai acquis un homme de par Yahvé." Elle donna aussi le jour à Abel, frère de Caïn. Or Abel devint pasteur de petit bétail et Caïn cultivait le sol. Le temps passa et il advint que Caïn présenta des produits du sol en offrande à Yahvé, et qu'Abel, de son côté, offrit des premiers-nés de son troupeau, et même de leur graisse. Or Yahvé agréa Abel et son offrande. Mais il n'agréa pas Caïn et son offrande, et Caïn en fut très irrité et eut le visage abattu. Yahvé dit à Caïn: "Pourquoi es-tu irrité et pourquoi ton visage est-il abattu? Si tu es bien disposé, ne relèveras-tu pas la tête? Mais si tu n'es pas bien disposé, le péché n'est-il pas à la porte, une bête tapie qui te convoite? pourras-tu la dominer?" Cependant Caïn dit à son frère Abel: "Allons dehors", et, comme ils étaient en pleine campagne, Caïn se jeta sur son frère Abel et le tua. Yahvé dit à Caïn: "Où est ton frère Abel?" Il répondit: "Je ne sais pas. Suis-je le gardien de mon frère?" Yahvé reprit: "Qu'as-tu fait! Ecoute le sang de ton frère crier vers moi du sol! Maintenant, sois maudit et chassé du sol fertile qui a ouvert la bouche pour recevoir de ta main le sang de ton frère. Si tu cultives le sol, il ne te donnera plus son produit: tu seras un errant parcourant la terre." Alors Caïn dit à Yahvé: "Ma peine est trop lourde à porter. Vois! Tu me bannis aujourd'hui du sol fertile, je devrai me cacher loin de ta face et je serai un errant parcourant la terre: mais, le premier venu me tuera!" Yahvé lui répondit: "Aussi bien, si quelqu'un tue Caïn, on le vengera sept fois" et Yahvé mit un signe sur Caïn, afin que le premier venu ne le frappât point. Caïn se retira de la présence de Yahvé et séjourna au pays de Nod, à l'orient d'Eden. Caïn connut sa femme, qui conçut et enfanta Hénok. Il devint un constructeur de ville et il donna à la ville le nom de son fils, Hénok. A Hénok naquit Irad, et Irad engendra Mehuyaël, et Mehuyaël engendra Metushaël, et Metushaël engendra Lamek. Lamek prit deux femmes: le nom de la première était Ada et le nom de la seconde Cilla. Ada enfanta Yabal: il fut l'ancêtre de ceux qui vivent sous la tente et ont des troupeaux. Le nom de son frère était Yubal: il fut l'ancêtre de tous ceux qui jouent de la lyre et du chalumeau. De son côté, Cilla enfanta Tubal-Caïn: il fut l'ancêtre de tous les forgerons en cuivre et en fer; la sœur de Tubal-Caïn était Naama. Lamek dit à ses femmes: "Ada et Cilla, entendez ma voix, femmes de Lamek, écoutez ma parole: J'ai tué un homme pour une blessure, un enfant pour une meurtrissure. C'est que Caïn est vengé sept fois, mais Lamek,77 fois!" Adam connut sa femme; elle enfanta un fils et lui donna le nom de Seth "car, dit-elle, Dieu m'a accordé une autre descendanceà la place d'Abel, puisque Caïn l'a tué." Un fils naquit à Seth aussi, et il lui donna le nom d'Enosh. Celui-ci fut le premier à invoquer le nom de Yahvé. Voici le livret de la descendance d'Adam: Le jour où Dieu créa Adam, il le fit à la ressemblance de Dieu. Homme et femme il les créa, il les bénit et leur donna le nom d'"Homme", le jour où ils furent créés. Quand Adam eut 130 ans, il engendra un fils à sa ressemblance, comme son image, et il lui donna le nom de Seth. Le temps que vécut Adam après la naissance de Seth fut de 800 ans et il engendra des fils et des filles. Toute la durée de la vie d'Adam fut de 930 ans, puis il mourut. Quand Seth eut 10 5 ans, il engendra Enosh. Après la naissance d'Enosh, Seth vécut 807 ans et il engendra des fils et des filles. Toute la durée de la vie de Seth fut de 912 ans, puis il mourut. Quand Enosh eut 90 ans, il engendra Qénân. Après la naissance de Qénân, Enosh vécut 815 ans et il engendra des fils et des filles. Toute la durée de la vie d'Enosh fut de 905 ans, puis il mourut. Quand Qénân eut 70 ans, il engendra Mahalaléel. Après la naissance de Mahalaléel, Qénân vécut 840 ans et il engendra des fils et des filles. Toute la durée de la vie de Qénân fut de 910 ans, puis il mourut. Quand Mahalaléel eut 65 ans, il engendra Yéred. Après la naissance de Yéred, Mahalaléel vécut 830 ans et il engendra des fils et des filles. Toute la durée de la vie de Mahalaléel fut de 895 ans, puis il mourut. Quand Yéred eut 16 2 ans, il engendra Hénok. Après la naissance d'Hénok, Yéred vécut 800 ans et il engendra des fils et des filles. Toute la durée de la vie de Yéred fut de 962 ans, puis il mourut. Quand Hénok eut 65 ans, il engendra Mathusalem. Hénok marcha avec Dieu. Après la naissance de Mathusalem, Hénok vécut 300 ans et il engendra des fils et des filles. Toute la durée de la vie d'Hénok fut de 365 ans. Hénok marcha avec Dieu, puis il disparut, car Dieu l'enleva. Quand Mathusalem eut 187 ans, il engendra Lamek. Après la naissance de Lamek, Mathusalem vécut 782 ans et il engendra des fils et des filles. Toute la durée de la vie de Mathusalem fut de 969 ans, puis il mourut. Quand Lamek eut 182 ans, il engendra un fils. Il lui donna le nom de Noé, car, dit-il, "celui-ci nous apportera, dans notre travail et le labeur de nos mains, une consolation tirée du sol que Yahvé a maudit." Après la naissance de Noé, Lamek vécut 595 ans et il engendra des fils et des filles. Toute la durée de la vie de Lamek fut de 777 ans, puis il mourut. Quand Noé eut atteint 500 ans, il engendra Sem, Cham et Japhet. Lorsque les hommes commencèrent d'être nombreux sur la face de la terre et que des filles leur furent nées, les fils de Dieu trouvèrent que les filles des hommes leur convenaient et ils prirent pour femmes toutes celles qu'il leur plut. Yahvé dit: "Que mon esprit ne soit pas indéfiniment responsable de l'homme, puisqu'il est chair; sa vie ne sera que de 120 ans." Les Nephilim étaient sur la terre en ces jours-là (et aussi dans la suite) quand les fils de Dieu s'unissaient aux filles des hommes et qu'elles leur donnaient des enfants; ce sont les héros du temps jadis, ces hommes fameux. Yahvé vit que la méchanceté de l'homme était grande sur la terre et que son cœur ne formait que de mauvais desseins à longueur de journée. Yahvé se repentit d'avoir fait l'homme sur la terre et il s'affligea dans son cœur. Et Yahvé dit: "Je vais effacer de la surface du sol les hommes que j'ai créés -- et avec les hommes, les bestiaux, les bestioles et les oiseaux du ciel --, car je me repens de les avoir faits." Mais Noé avait trouvé grâce aux yeux de Yahvé. Voici l'histoire de Noé: Noé était un homme juste, intègre parmi ses contemporains, et il marchait avec Dieu. Noé engendra trois fils, Sem, Cham et Japhet. La terre se pervertit au regard de Dieu et elle se remplit de violence. Dieu vit la terre: elle était pervertie, car toute chair avait une conduite perverse sur la terre. Dieu dit à Noé: "La fin de toute chair est arrivée, je l'ai décidé, car la terre est pleine de violence à cause des hommes et je vais les faire disparaître de la terre. Fais-toi une arche en bois résineux, tu la feras en roseaux et tu l'enduiras de bitume en dedans et en dehors. Voici comment tu la feras: 300 coudées pour la longueur de l'arche,50 coudées pour sa largeur,30 coudées pour sa hauteur. Tu feras à l'arche un toit et tu l'achèveras une coudée plus haut, tu placeras l'entrée de l'arche sur le côté et tu feras un premier, un second et un troisième étages. "Pour moi, je vais amener le déluge, les eaux, sur la terre, pour exterminer de dessous le ciel toute chair ayant souffle de vie: tout ce qui est sur la terre doit périr. Mais j'établirai mon alliance avec toi et tu entreras dans l'arche, toi et tes fils, ta femme et les femmes de tes fils avec toi. De tout ce qui vit, de tout ce qui est chair, tu feras entrer dans l'arche deux de chaque espèce pour les garder en vie avec toi; qu'il y ait un mâle et une femelle. De chaque espèce d'oiseaux, de chaque espèce de bestiaux, de chaque espèce de toutes les bestioles du sol, un couple viendra avec toi pour que tu les gardes en vie. De ton côté, procure-toi de tout ce qui se mange et fais-en provision: cela servira de nourriture pour toi et pour eux." Noé agit ainsi; tout ce que Dieu lui avait commandé, il le fit. Yahvé dit à Noé: "Entre dans l'arche, toi et toute ta famille, car je t'ai vu seul juste à mes yeux parmi cette génération. De tous les animaux purs, tu prendras sept paires, le mâle et sa femelle; des animaux qui ne sont pas purs, tu prendras un couple, le mâle et sa femelle (et aussi des oiseaux du ciel, sept paires, le mâle et sa femelle), pour perpétuer la race sur toute la terre. Car encore sept jours et je ferai pleuvoir sur la terre pendant 40 jours et 40 nuits et j'effacerai de la surface du sol tous les êtres que j'ai faits." Noé fit tout ce que Yahvé lui avait commandé. Noé avait 600 ans quand arriva le déluge, les eaux sur la terre. Noé -- avec ses fils, sa femme et les femmes de ses fils -- entra dans l'arche pour échapper aux eaux du déluge. (Des animaux purs et des animaux qui ne sont pas purs, des oiseaux et de tout ce qui rampe sur le sol, un couple entra dans l'arche de Noé, un mâle et une femelle, comme Dieu avait ordonné à Noé.) Au bout de sept jours, les eaux du déluge vinrent sur la terre. En l'an 600 de la vie de Noé, le second mois, le dix-septième jour du mois, ce jour-là jaillirent toutes les sources du grand abîme et les écluses du ciel s'ouvrirent. La pluie tomba sur la terre pendant 40 jours et 40 nuits. Ce jour même, Noé et ses fils, Sem, Cham et Japhet, avec la femme de Noé et les trois femmes de ses fils, entrèrent dans l'arche, et avec eux les bêtes sauvages de toute espèce, les bestiaux de toute espèce, les bestioles de toute espèce qui rampent sur la terre, les volatiles de toute espèce, tous les oiseaux, tout ce qui a des ailes. Auprès de Noé, entra dans l'arche un couple de tout ce qui est chair, ayant souffle de vie, et ceux qui entrèrent étaient un mâle et une femelle de tout ce qui est chair, comme Dieu le lui avait commandé. Et Yahvé ferma la porte sur Noé. Il y eut le déluge pendant 40 jours sur la terre; les eaux grossirent et soulevèrent l'arche, qui fut élevée au-dessus de la terre. Les eaux montèrent et grossirent beaucoup sur la terre et l'arche s'en alla à la surface des eaux. Les eaux montèrent de plus en plus sur la terre et toutes les plus hautes montagnes qui sont sous tout le ciel furent couvertes. Les eaux montèrent quinze coudées plus haut, recouvrant les montagnes. Alors périt toute chair qui se meut sur la terre: oiseaux, bestiaux, bêtes sauvages, tout ce qui grouille sur la terre, et tous les hommes. Tout ce qui avait une haleine de vie dans les narines, c'est-à-dire tout ce qui était sur la terre ferme, mourut. Ainsi disparurent tous les êtres qui étaient à la surface du sol, depuis l'homme jusqu'aux bêtes, aux bestioles et aux oiseaux du ciel: ils furent effacés de la terre et il ne resta que Noé et ce qui était avec lui dans l'arche. La crue des eaux sur la terre dura 150 jours. Alors Dieu se souvint de Noé et de toutes les bêtes sauvages et de tous les bestiaux qui étaient avec lui dans l'arche;Dieu fit passer un vent sur la terre et les eaux désenflèrent. Les sources de l'abîme et les écluses du ciel furent fermées;-- la pluie fut retenue de tomber du ciel et les eaux se retirèrent petit à petit de la terre; -- les eaux baissèrent au bout de 15 0 jours et, au septième mois, au dix-septième jour du mois, l'arche s'arrêta sur les monts d'Ararat. Les eaux continuèrent de baisser jusqu'au dixième mois et, au premier du dixième mois, apparurent les sommets des montagnes. Au bout de 40 jours, Noé ouvrit la fenêtre qu'il avait faite à l'arche et il lâcha le corbeau, qui alla et vint en attendant que les eaux aient séché sur la terre. Alors il lâcha d'auprès de lui la colombe pour voir si les eaux avaient diminué à la surface du sol. La colombe, ne trouvant pas un endroit où poser ses pattes, revint vers lui dans l'arche, car il y avait de l'eau sur toute la surface de la terre; il étendit la main, la prit et la fit rentrer auprès de lui dans l'arche. Il attendit encore sept autres jours et lâcha de nouveau la colombe hors de l'arche. La colombe revint vers lui sur le soir et voici qu'elle avait dans le bec un rameau tout frais d'olivier! Ainsi Noé connut que les eaux avaient diminué à la surface de la terre. Il attendit encore sept autres jours et lâcha la colombe, quine revint plus vers lui. C'est en l'an 60 1 de la vie de Noé, au premier mois, le premier du mois, que les eaux séchèrent sur la terre. Noé enleva la couverture de l'arche; il regarda, et voici que la surface du sol était sèche! Au second mois, le vingt-septième jour du mois, la terre fut sèche. Alors Dieu parla ainsi à Noé: "Sors de l'arche, toi et ta femme, tes fils et les femmes de tes fils avec toi. Tous les animaux qui sont avec toi, tout ce qui est chair, oiseaux, bestiaux et tout ce qui rampe sur la terre, fais-les sortir avec toi: qu'ils pullulent sur la terre, qu'ils soient féconds et multiplient sur la terre." Noé sortit avec ses fils, sa femme et les femmes de ses fils; et toutes les bêtes sauvages, tous les bestiaux, tous les oiseaux, toutes les bestioles qui rampent sur la terre sortirent de l'arche, une espèce après l'autre. Noé construisit un autel à Yahvé, il prit de tous les animaux purs et de tous les oiseaux purs et offrit des holocaustes sur l'autel. Yahvé respira l'agréable odeur et il se dit en lui-même: "Je ne maudirai plus jamais la terre à cause de l'homme, parce que les desseins du cœur de l'homme sont mauvais dès son enfance, plus jamais je ne frapperai tous les vivants comme j’ai fait. Tant que durera la terre, semailles et moisson, froidure et chaleur, été et hiver, jour et nuit ne cesseront plus." Dieu bénit Noé et ses fils et il leur dit: "Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre. Soyez la crainte et l'effroi de tous les animaux de la terre et de tous les oiseaux du ciel, comme de tout ce dont la terre fourmille et de tous les poissons de la mer: ils sont livrés entre vos mains Tout ce qui se meut et possède la vie vous servira de nourriture, je vous donne tout cela au même titre que la verdure des plantes. Seulement, vous ne mangerez pas la chair avec son âme, c'est-à-dire le sang. Mais je demanderai compte du sang de chacun de vous. J'en demanderai compte à tous les animaux et à l'homme, aux hommes entre eux, je demanderai compte de l'âme de l'homme. "Qui verse le sang de l'homme, par l'homme aura son sang versé. Car à l'image de Dieu l'homme a été fait. Pour vous, soyez féconds, multipliez, pullulez sur la terre et la dominez." Dieu parla ainsi à Noé et à ses fils: "Voici que j'établis mon alliance avec vous et avec vos descendants après vous, et avec tous les êtres animés qui sont avec vous: oiseaux, bestiaux, toutes bêtes sauvages avec vous, bref tout ce qui est sorti de l'arche, tous les animaux de la terre. J'établis mon alliance avec vous: tout ce qui est ne sera plus détruit par les eaux du déluge, il n'y aura plus de déluge pour ravager la terre." Et Dieu dit: "Voici le signe de l'alliance que j'institue entre moi et vous et tous les êtres vivants qui sont avec vous, pour les générations à venir: je mets mon arc dans la nuée et il deviendra un signe d'alliance entre moi et la terre. Lorsque j'assemblerai les nuées sur la terre et que l'arc apparaîtra dans la nuée, je me souviendrai de l'alliance qu'il y a entre moi et vous et tous les êtres vivants, en somme toute chair, et les eaux ne deviendront plus un déluge pour détruire toute chair. Quand l'arc sera dans la nuée, je le verrai et me souviendrai de l'alliance éternelle qu'il y a entre Dieu et tous les êtres vivants, en somme toute chair qui est sur la terre." Dieu dit à Noé: "Tel est le signe de l'alliance que j'établis entre moi et toute chair qui est sur la terre." Les fils de Noé qui sortirent de l'arche étaient Sem, Cham et Japhet; Cham est le père de Canaan. Ces trois-là étaient les fils de Noé et à partir d'eux se fit le peuplement de toute la terre. Noé, le cultivateur, commença de planter la vigne. Ayant bu du vin, il fut enivré et se dénuda à l'intérieur de sa tente. Cham, père de Canaan, vit la nudité de son père et avertit ses deux frères au-dehors. Mais Sem et Japhet prirent le manteau, le mirent tous deux sur leur épaule et, marchant à reculons, couvrirent la nudité de leur père; leurs visages étaient tournés en arrière et ils ne virent pas la nudité de leur père. Lorsque Noé se réveilla de son ivresse, il apprit ce que lui avait fait son fils le plus jeune. Et il dit: "Maudit soit Canaan! Qu'il soit pour ses frères le dernier des esclaves!" Il dit aussi: "Béni soit Yahvé, le Dieu de Sem, et que Canaan soit son esclave! Que Dieu mette Japhet au large, qu'il habite dans les tentes de Sem, et que Canaan soit son esclave!" Après le déluge, Noé vécut 350 ans. Toute la durée de la vie de Noé fut de 950 ans, puis ilmourut. Voici la descendance des fils de Noé, Sem, Cham et Japhet, auxquels des fils naquirent après le déluge: Fils de Japhet: Gomer, Magog, les Mèdes, Yavân, Tubal, Moshek, Tiras. Fils de Gomer: Ashkenaz, Riphat, Togarma. Fils de Yavân: Elisha, Tarsis, les Kittim, les Dananéens. A partir d'eux se fit la dispersion dans les îles des nations. Tels furent les fils de Japhet, d'après leurs pays et chacun selon sa langue, selon leurs clans et d'après leurs nations. Fils de Cham: Kush, Miçrayim, Put, Canaan. Fils de Kush: Séba, Havila, Sabta, Rama, Sabteka. Fils deRama: Sheba, Dedân. Kush engendra Nemrod, qui fut le premier potentat sur la terre. C'était un vaillant chasseur devant Yahvé, et c'est pourquoi l'on dit: "Comme Nemrod, vaillant chasseur devant Yahvé." Les soutiens de son empire furent Babel, Erek et Akkad, villes qui sont toutes au pays de Shinéar. De ce pays sortit Ashshur, et il bâtit Ninive, Rehobot-Ir, Kalah, et Rèsèn entre Ninive et Kalah (c'est la grande ville). Miçrayim engendra les gens de Lud, de Anam, de Lehab, de Naphtuh, de Patros, de Kasluh et de Kaphtor, d'où sont sortis les Philistins. Canaan engendra Sidon, son premier-né, puis Hèt, et le Jébuséen, l'Amorite, le Girgashite, le Hivvite, l'Arqite, le Sinite, l'Arvadite, le Cemarite, le Hamatite; ensuite se dispersèrent les clans cananéens. La frontière des Cananéens allait de Sidon en direction de Gérar, jusqu'à Gaza, puis en direction de Sodome, Gomorrhe, Adma et Ceboyim, et jusqu'à Lésha. Tels furent les fils de Cham, selon leurs clans et leurs langues, d'après leurs pays et leurs nations. Une descendance naquit également à Sem, l'ancêtre de tous les fils de Eber et le frère aîné de Japhet. Fils de Sem: Elam, Ashshur, Arpakshad, Lud, Aram. Fils d'Aram: Uç, Hul, Géter et Mash. Arpakshad engendra Shélah et Shélah engendra Eber. A Eber naquirent deux fils: le premier s'appelait Péleg, carce fut en son temps que la terre fut divisée, et son frères'appelait Yoqtân. Yoqtân engendra Almodad, Shéleph, Haççarmavet, Yérah, Hadoram, Uzal, Diqla, Obal, Abimaël, Sheba, Ophir, Havila, Yobab; tous ceux-là sont fils de Yoqtân. Ils habitaient à partir de Mesha en direction de Sephar, la montagne de l'Orient. Tels furent les fils de Sem, selon leurs clans et leurs langues, d'après leurs pays et leurs nations. Tels furent les clans des descendants de Noé, selon leurs lignées et d'après leurs nations. Ce fut à partir d'eux que les peuples se dispersèrent sur la terre après le déluge. Tout le monde se servait d'une même langue et des mêmes mots. Comme les hommes se déplaçaient à l'orient, ils trouvèrent une vallée au pays de Shinéar et ils s'y établirent. Ils se dirent l'un à l'autre: "Allons! Faisons des briques et cuisons-les au feu!" La brique leur servit de pierre et le bitume leur servit de mortier. Ils dirent: "Allons! Bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet pénètre les cieux! Faisons-nous un nom et ne soyons pas dispersés sur toute la terre!" Or Yahvé descendit pour voir la ville et la tour que les hommes avaient bâties. Et Yahvé dit: "Voici que tous font un seul peuple et parlent une seule langue, et tel est le début de leurs entreprises!Maintenant, aucun dessein ne sera irréalisable pour eux. Allons! Descendons! Et là, confondons leur langage pour qu'ils ne s'entendent plus les uns les autres." Yahvé les dispersa de là sur toute la face de la terre et ils cessèrent de bâtir la ville. Aussi la nomma-t-on Babel, car c'est là que Yahvé confondit le langage de tous les habitants de la terre et c'est de là qu'illes dispersa sur toute la face de la terre. Voici la descendance de Sem: Quand Sem eut cent ans, il engendra Arpakshad, deux ans après le déluge. Après la naissance d'Arpakshad, Sem vécut 500 ans et il engendra des fils et des filles. Quand Arpakshad eut 35 ans, il engendra Shélah. Après la naissance de Shélah, Arpakshad vécut 403 ans et ilengendra des fils et des filles. Quand Shélah eut 30 ans, il engendra Eber. Après la naissance de Eber, Shélah vécut 403 ans et il engendra des fils et des filles. Quand Eber eut 34 ans, il engendra Péleg. Après la naissance de Péleg, Eber vécut 430 ans et il engendra des fils et des filles. Quand Péleg eut 30 ans, il engendra Réu. Après la naissance de Réu, Péleg vécut 209 ans et il engendra des fils et des filles. Quand Réu eut 32 ans, il engendra Serug. Après la naissance de Serug, Réu vécut 207 ans et il engendra des fils et des filles. Quand Serug eut 30 ans, il engendra Nahor. Après la naissance de Nahor, Serug vécut 200 ans et il engendra des fils et des filles. Quand Nahor eut 29 ans, il engendra Térah. Après la naissance de Térah, Nahor vécut 119 ans et ilengendra des fils et des filles. Quand Térah eut 70 ans, il engendra Abram, Nahor et Harân. Voici la descendance de Térah: Térah engendra Abram, Nahor et Harân. Harân engendra Lot. Harân mourut en présence de son père Térah dans son pays natal, Ur des Chaldéens. Abram et Nahor se marièrent: la femme d'Abram s'appelait Saraï; la femme de Nahor s'appelait Milka, fille de Harân, quiétait le père de Milka et de Yiska. Or Saraï était stérile: elle n'avait pas d'enfant. Térah prit son fils Abram, son petit-fils Lot, fils de Harân, et sa bru Saraï, femme d'Abram. Il les fit sortir d'Ur des Chaldéens pour aller au pays de Canaan, mais, arrivés à Harân, ils s'y établirent. La durée de la vie de Térah fut de 205 ans, puis il mourut à Harân. Yahvé dit à Abram: "Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, pour le pays que je t'indiquerai. Je ferai de toi un grand peuple, je te bénirai, je magnifierai ton nom; sois une bénédiction! Je bénirai ceux qui te béniront, je réprouverai ceux qui te maudiront. Par toi se béniront tous les clans de la terre." Abram partit, comme lui avait dit Yahvé, et Lot partit avec lui. Abram avait 75 ans lorsqu'il quitta Harân. Abram prit sa femme Saraï, son neveu Lot, tout l'avoir qu'ils avaient amassé et le personnel qu'ils avaient acquis à Harân; ils se mirent en route pour le pays de Canaan et ils y arrivèrent. Abram traversa le pays jusqu'au lieu saint de Sichem, au Chêne de Moré. Les Cananéens étaient alors dans le pays. Yahvé apparut à Abram et dit: "C'est à ta postérité que je donnerai ce pays." Et là, Abram bâtit un autel à Yahvé qui lui était apparu. Il passa de là dans la montagne, à l'orient de Béthel, et il dressa sa tente, ayant Béthel à l'ouest et Aï à l'est. Là, il bâtit un autel à Yahvé et il invoqua son nom. Puis, de campement en campement, Abram alla au Négeb. Il y eut une famine dans le pays et Abram descendit en Egypte pour y séjourner, car la famine pesait lourdement sur le pays. Lorsqu'il fut près d'entrer en Egypte, il dit à sa femme Saraï: "Vois-tu, je sais que tu es une femme de belle apparence. Quand les Egyptiens te verront, ils diront: "C'est sa femme", et ils me tueront et te laisseront en vie. Dis, je te prie, que tu es ma sœur, pour qu'on me traite bien à cause de toi et qu'on me laisse en vie par égard pour toi." De fait, quand Abram arriva en Egypte, les Egyptiens virent que la femme était très belle. Les officiers de Pharaon la virent et la vantèrent à Pharaon; et la femme fut emmenée au palais de Pharaon. Celui-ci traita bien Abram à cause d'elle: il eut du petit et du gros bétail, des ânes, des esclaves, des servantes, des ânesses, des chameaux. Mais Yahvé frappa Pharaon de grandes plaies, et aussi sa maison, à propos de Saraï, la femme d'Abram. Pharaon appela Abram et dit: "Qu'est-ce que tu m'as fait? Pourquoi ne m'as-tu pas déclaré qu'elle était ta femme? Pourquoi as-tu dit: Elle est ma sœur! en sorte que je l'ai prise pour femme. Maintenant, voilà ta femme: prends-la et va-t'en!" Pharaon le confia à des hommes qui le reconduisirent à la frontière, lui, sa femme et tout ce qu'il possédait. D'Egypte, Abram avec sa femme et tout ce qu'il possédait, et Lot avec lui, remonta au Négeb. Abram était très riche en troupeaux, en argent et en or. Ses campements le conduisirent du Négeb jusqu'à Béthel, à l'endroit où sa tente s'était dressée d'abord entre Béthel et Aï, à l'endroit de l'autel qu'il avait érigé précédemment, et là, Abram invoqua le nom de Yahvé. Lot, qui accompagnait Abram, avait également du petit et du gros bétail, ainsi que des tentes. Le pays ne suffisait pas à leur installation commune: ils avaient de trop grands biens pour pouvoir habiter ensemble. Il y eut une dispute entre les pâtres des troupeaux d'Abram et ceux des troupeaux de Lot (les Cananéens et les Perizzites habitaient alors le pays). Aussi Abram dit-il à Lot: "Qu'il n'y ait pas discorde entre moi et toi, entre mes pâtres et les tiens, car nous sommes des frères! Tout le pays n'est-il pas devant toi? Sépare-toi de moi. Si tu prends la gauche, j'irai à droite, si tu prends la droite, j'irai à gauche." Lot leva les yeux et vit toute la Plaine du Jourdain qui était partout irriguée -- c'était avant que Yahvé ne détruisît Sodome et Gomorrhe -- comme le jardin de Yahvé, comme le pays d'Egypte, jusque vers Coar. Lot choisit pour lui toute la Plaine du Jourdain et il émigra à l'orient; ainsi ils se séparèrent l'un de l'autre: Abram s'établit au pays de Canaan et Lot s'établit dans les villes de la Plaine; il dressa ses tentes jusqu'à Sodome. Les gens de Sodome étaient de grands scélérats et pécheurs contre Yahvé. Yahvé dit à Abram, après que Lot se fut séparé de lui: "Lève les yeux et regarde, de l'endroit où tu es, vers le nord et le midi, vers l'orient et l'occident. Tout le pays que tu vois, je le donnerai à toi et à ta postérité pour toujours. Je rendrai ta postérité comme la poussière de la terre: quand on pourra compter les grains de poussière de la terre, alors on comptera tes descendants! Debout! Parcours le pays en long et en large, car je te le donnerai." Avec ses tentes, Abram alla s'établir au Chêne de Mambré, quiest à Hébron, et là, il érigea un autel à Yahvé. Au temps d'Amraphel roi de Shinéar, d'Aryok roi d'Ellasar, de Kedor-Laomer roi d'Elam et de Tidéal roi des Goyim, ceux-ci firent la guerre contre Béra roi de Sodome, Birsha roi de Gomorrhe, Shinéab roi d'Adma, Shémeéber roi de Ceboyim etle roi de Béla (c'est Coar). Ces derniers se liguèrent dans la vallée de Siddim (c'est lamer du Sel). Douze ans ils avaient été soumis à Kedor-Laomer mais, la treizième année, ils se révoltèrent. En la quatorzième année, arrivèrent Kedor-Laomer et les rois qui étaient avec lui. Ils battirent les Rephaïm à Ashterot-Qarnayim, les Zuzim à Ham, les Emim dans la plaine de Qiryatayim, les Horites dans les montagnes de Séïr jusqu'à El-Parân, qui est à la limite du désert. Ils firent un mouvement tournant et vinrent à la Source du Jugement (c'est Cadès); ils battirent tout le territoire des Amalécites et aussi les Amorites qui habitaient Haçaçôn-Tamar. Alors le roi de Sodome, le roi de Gomorrhe, le roi d'Adma, le roi de Ceboyim et le roi de Béla (c'est Coar) s'ébranlèrent et se rangèrent en bataille contre eux dans la vallée de Siddim, contre Kedor-Laomer roi d'Elam, Tidéal roi des Goyim, Amraphel roi de Shinéar et Aryok roi d'Ellasar: quatre rois contre cinq! Or la vallée de Siddim était pleine de puits de bitume; dansleur fuite, le roi de Sodome et le roi de Gomorrhe y tombèrent, et le reste se réfugia dans la montagne. Les vainqueurs prirent tous les biens de Sodome et de Gomorrheet tous leurs vivres, et s'en allèrent. Ils prirent aussi Lot et ses biens (le neveu d'Abram), et s'enallèrent; il habitait Sodome. Un rescapé vint informer Abram l'Hébreu, qui demeurait auChêne de l'Amorite Mambré, frère d'Eshkol et d'Aner; ils étaient les alliés d'Abram. Quand Abram apprit que son parent était emmené captif, il leva ses partisans, ses familiers, au nombre de 318, et mena la poursuite jusqu'à Dan. Il les attaqua de nuit en ordre dispersé, lui et ses gens, il les battit et les poursuivit jusqu'à Hoba, au nord de Damas. Il reprit tous les biens, et aussi son parent Lot et ses biens, ainsi que les femmes et les gens. Quand Abram revint après avoir battu Kedor-Laomer et les rois qui étaient avec lui, le roi de Sodome alla à sa rencontre dans la vallée de Shavé (c'est la vallée du Roi). Melchisédech, roi de Shalem, apporta du pain et du vin; il était prêtre du Dieu Très-Haut. Il prononça cette bénédiction: "Béni soit Abram par le Dieu Très-Haut qui créa ciel et terre, et béni soit le Dieu Très-Haut qui a livré tes ennemis entre tes mains." Et Abram lui donna la dîme de tout. Le roi de Sodome dit à Abram: "Donne-moi les personnes et prends les biens pour toi." Mais Abram répondit au roi de Sodome: "Je lève la main devant le Dieu Très-Haut qui créa ciel et terre: ni un fil ni une courroie de sandale, je ne prendrai rien de ce qui est à toi, et tu ne pourras pas dire: J'ai enrichi Abram. Rien pour moi. Seulement ce que mes serviteurs ont mangé et la part des hommes qui sont venus avec moi, Aner, Eshkol et Mambré; eux prendront leur part." Après ces événements, la parole de Yahvé fut adressée à Abram, dans une vision: "Ne crains pas, Abram! Je suis ton bouclier, ta récompense sera très grande." Abram répondit: "Mon Seigneur Yahvé, que me donnerais-tu? Je m'en vais sans enfant..." Abram dit: "Voici que tu ne m'as pas donné de descendance et qu'un des gens de ma maison héritera de moi." Alors cette parole de Yahvé lui fut adressée: "Celui-là ne sera pas ton héritier, mais bien quelqu'un issu de ton sang." Il le conduisit dehors et dit: "Lève les yeux au ciel et dénombre les étoiles si tu peux les dénombrer" et il lui dit: "Telle sera ta postérité." Abram crut en Yahvé, qui le lui compta comme justice. Il lui dit: "Je suis Yahvé qui t'ai fait sortir d'Ur des Chaldéens, pour te donner ce pays en possession." Abram répondit: "Mon Seigneur Yahvé, à quoi saurai-je que je le posséderai?" Il lui dit: "Va me chercher une génisse de trois ans, une chèvre de trois ans, un bélier de trois ans, une tourterelle et un pigeonneau." Il lui amena tous ces animaux, les partagea par le milieu et plaça chaque moitié vis-à-vis de l'autre; cependant il ne partagea pas les oiseaux. Les rapaces s'abattirent sur les cadavres, mais Abram les chassa. Comme le soleil allait se coucher, une torpeur tomba sur Abram et voici qu'un grand effroi le saisit. Yahvé dit à Abram: "Sache bien que tes descendants seront des étrangers dans un pays qui ne sera pas le leur. Ils y seront esclaves, on les opprimera pendant 400 ans. Mais je jugerai aussi la nation à laquelle ils auront été asservis et ils sortiront ensuite avec de grands biens. Pour toi, tu t'en iras en paix avec tes pères, tu seras enseveli dans une vieillesse heureuse. C'est à la quatrième génération qu'ils reviendront ici, car jusque-là l'iniquité des Amorites n'aura pas atteint son comble." Quand le soleil fut couché et que les ténèbres s'étendirent, voici qu'un four fumant et un brandon de feu passèrent entre les animaux partagés. Ce jour-là Yahvé conclut une alliance avec Abram en ces termes: "A ta postérité je donne ce pays, du Fleuve d'Egypte jusqu'au Grand Fleuve, le fleuve d'Euphrate, les Qénites, les Qenizzites, les Qadmonites, les Hittites, les Perizzites, les Rephaïm, les Amorites, les Cananéens, les Girgashites et les Jébuséens." La femme d'Abram, Saraï, ne lui avait pas donné d'enfant. Mais elle avait une servante égyptienne, nommée Agar, et Saraï dit à Abram: "Vois, je te prie: Yahvé n'a pas permis que j'enfante. Va donc vers ma servante. Peut-être obtiendrai-je par elle des enfants." Et Abram écouta la voix de Saraï. Ainsi, au bout de dix ans qu'Abram résidait au pays de Canaan, sa femme Saraï prit Agar l'Egyptienne, sa servante, et la donna pour femme à son mari, Abram. Celui-ci alla vers Agar, qui devint enceinte. Lorsqu'elle se vit enceinte, sa maîtresse ne compta plus à ses yeux. Alors Saraï dit à Abram: "Tu es responsable de l'injure qui m'est faite! J'ai mis ma servante entre tes bras et, depuis qu'elle s'est vue enceinte, je ne compte plus à ses yeux. Que Yahvé juge entre moi et toi!" Abram dit à Saraï: "Eh bien, ta servante est entre tes mains, fais-lui comme il te semblera bon." Saraï la maltraita tellement que l'autre s'enfuit de devant elle. L'Ange de Yahvé la rencontra près d'une certaine source au désert, la source qui est sur le chemin de Shur. Il dit: "Agar, servante de Saraï, d'où viens-tu et où vas-tu?"Elle répondit: "Je fuis devant ma maîtresse Saraï." L'Ange de Yahvé lui dit: "Retourne chez ta maîtresse et sois-lui soumise." L'Ange de Yahvé lui dit: "Je multiplierai beaucoup ta descendance, tellement qu'on ne pourra pas la compter." L'Ange de Yahvé lui dit: "Tu es enceinte et tu enfanteras un fils, et tu lui donneras le nom d'Ismaël, car Yahvé a entendu ta détresse. Celui-là sera un onagre d'homme, sa main contre tous, la main de tous contre lui, il s'établira à la face de tous ses frères." A Yahvé qui lui avait parlé, Agar donna ce nom: "Tu es El-Roï", car, dit-elle, "Ai-je encore vu ici après celui qui me voit." C'est pourquoi on a appelé ce puits le puits de Lahaï-Roï; il se trouve entre Cadès et Bérèd. Agar enfanta un fils à Abram, et Abram donna au fils qu'enfanta Agar le nom d'Ismaël. Abram avait 86 ans quand Agar le fit père d'Ismaël. Lorsqu'Abram eut atteint 99 ans, Yahvé lui apparut et lui dit: "Je suis El Shaddaï, marche en ma présence et sois parfait. J'institue mon alliance entre moi et toi, et je t'accroîtrai extrêmement." Et Abram tomba la face contre terre. Dieu lui parla ainsi: "Moi, voici mon alliance avec toi: tu deviendras père d'une multitude de nations. Et l'on ne t'appellera plus Abram, mais ton nom sera Abraham, car je te fais père d'une multitude de nations. Je te rendrai extrêmement fécond, de toi je ferai des nations, et des rois sortiront de toi. J'établirai mon alliance entre moi et toi, et ta race après toi, de génération en génération, une alliance perpétuelle, pour être ton Dieu et celui de ta race après toi. A toi et à ta race après toi, je donnerai le pays où tu séjournes, tout le pays de Canaan, en possession à perpétuité, et je serai votre Dieu." Dieu dit à Abraham: "Et toi, tu observeras mon alliance, toi et ta race après toi, de génération en génération. Et voici mon alliance qui sera observée entre moi et vous, c'est-à-dire ta race après toi: que tous vos mâles soient circoncis. Vous ferez circoncire la chair de votre prépuce, et ce sera le signe de l'alliance entre moi et vous. Quand ils auront huit jours, tous vos mâles seront circoncis, de génération en génération. Qu'il soit né dans la maison ou acheté à prix d'argent à quelque étranger qui n'est pas de ta race, on devra circoncire celui qui est né dans la maison et celui qui est acheté à prix d'argent. Mon alliance sera marquée dans votre chair comme une alliance perpétuelle. L'incirconcis, le mâle dont on n'aura pas coupé la chair du prépuce, cette vie-là sera retranchée de sa parenté: il a violé mon alliance." Dieu dit à Abraham: "Ta femme Saraï, tu ne l'appelleras plus Saraï, mais son nom est Sara. Je la bénirai et même je te donnerai d'elle un fils; je la bénirai, elle deviendra des nations, et des rois de peuples viendront d'elle." Abraham tomba la face contre terre, et il se mit à rire car il se disait en lui-même: "Un fils naîtra-t-il à un homme de cent ans, et Sara qui a 90 ans va-t-elle enfanter?" Abraham dit à Dieu: "Oh! qu'Ismaël vive devant ta face!" Mais Dieu reprit: "Non, mais ta femme Sara te donnera un fils, tu l'appelleras Isaac, j'établirai mon alliance avec lui, comme une alliance perpétuelle, pour être son Dieu et celui de sa race après lui. En faveur d'Ismaël aussi, je t'ai entendu: je le bénis, je le rendrai fécond, je le ferai croître extrêmement, il engendrera douze princes et je ferai de lui une grande nation. Mais mon alliance, je l'établirai avec Isaac, que va t'enfanter Sara, l'an prochain à cette saison." Lorsqu'il eut fini de lui parler, Dieu remonta d'auprès d'Abraham. Alors Abraham prit son fils Ismaël, tous ceux qui étaient nés dans sa maison, tous ceux qu'il avait acquis de son argent, bref tous les mâles parmi les gens de la maison d'Abraham, et il circoncit la chair de leur prépuce, ce jour même, comme Dieu le lui avait dit. Abraham était âgé de 99 ans lorsqu'on circoncit la chair de son prépuce et Ismaël, son fils, était âgé de treize ans lorsqu'on circoncit la chair de son prépuce. Ce jour même furent circoncis Abraham et son fils Ismaël, et tous les hommes de sa maison, enfants de la maison ou acquis d'un étranger à prix d'argent, furent circoncis avec lui. Yahvé lui apparut au Chêne de Mambré, tandis qu'il était assis à l'entrée de la tente, au plus chaud du jour. Ayant levé les yeux, voilà qu'il vit trois hommes qui se tenaient debout près de lui; dès qu'il les vit, il courut de l'entrée de la Tente à leur rencontre et se prosterna à terre. Il dit: "Monseigneur, je t'en prie, si j'ai trouvé grâce à tes yeux, veuille ne pas passer près de ton serviteur sans t'arrêter. Qu'on apporte un peu d'eau, vous vous laverez les pieds et vous vous étendrez sous l'arbre. Que j'aille chercher un morceau de pain et vous vous réconforterez le cœur avant d'aller plus loin; c'est bien pour cela que vous êtes passés près de votre serviteur!" Ils répondirent: "Fais donc comme tu as dit." Abraham se hâta vers la tente auprès de Sara et dit: "Prends vite trois boisseaux de farine, de fleur de farine, pétris et fais des galettes." Puis Abraham courut au troupeau et prit un veau tendre et bon; il le donna au serviteur qui se hâta de le préparer. Il prit du caillé, du lait, le veau qu'il avait apprêté et plaça le tout devant eux; il se tenait debout près d'eux, sous l'arbre, et ils mangèrent. Ils lui demandèrent: "Où est Sara, ta femme?" Il répondit: "Elle est dans la tente." L'hôte dit: "Je reviendrai vers toi l'an prochain; alors, ta femme Sara aura un fils." Sara écoutait, à l'entrée de latente, qui se trouvait derrière lui. Or Abraham et Sara étaient vieux, avancés en âge, et Sara avait cessé d'avoir ce qu'ont les femmes. Donc, Sara rit en elle-même, se disant: "Maintenant que je suis usée, je connaîtrais le plaisir! Et mon mari qui est un vieillard!" Mais Yahvé dit à Abraham: "Pourquoi Sara a-t-elle ri, se disant: Vraiment, vais-je encore enfanter, alors que je suis devenue vieille? Y a-t-il rien de trop merveilleux pour Yahvé? A la même saison l'an prochain, je reviendrai chez toi et Sara aura un fils." Sara démentit: "Je n'ai pas ri", dit-elle, car elle avait peur, mais il répliqua: "Si, tu as ri." S'étant levés, les hommes partirent de là et arrivèrent en vue de Sodome. Abraham marchait avec eux pour les reconduire. Yahvé s'était dit: "Vais-je cacher à Abraham ce que je vais faire, alors qu'Abraham deviendra une nation grande et puissante et que par lui se béniront toutes les nations de la terre? Car je l'ai distingué, pour qu'il prescrive à ses fils et à sa maison après lui de garder la voie de Yahvé en accomplissant la justice et le droit; de la sorte, Yahvé réalisera pour Abraham ce qu'il lui a promis." Donc, Yahvé dit: "Le cri contre Sodome et Gomorrhe est bien grand! Leur péché est bien grave! Je veux descendre et voir s'ils ont fait ou non tout ce qu'indique le cri qui, contre eux, est monté vers moi; alors je saurai." Les hommes partirent de là et allèrent à Sodome. Yahvé se tenait encore devant Abraham. Celui-ci s'approcha et dit: "Vas-tu vraiment supprimer le juste avec le pécheur? Peut-être y a-t-il 50 justes dans la ville. Vas-tu vraiment les supprimer et ne pardonneras-tu pas à la cité pour les 50 justes qui sont dans son sein? Loin de toi de faire cette chose-là! de faire mourir le juste avec le pécheur, en sorte que le juste soit traité comme le pécheur. Loin de toi! Est-ce que le juge de toute la terre ne rendra pas justice?" Yahvé répondit: "Si je trouve à Sodome 50 justes dans la ville, je pardonnerai à toute la cité à cause d'eux." Abraham reprit: "Je suis bien hardi de parler à mon Seigneur, moi qui suis poussière et cendre. Mais peut-être, des 50 justes en manquera-t-il cinq: feras-tu, pour cinq, périr toute la ville?" Il répondit: "Non, si j'y trouve 45 justes." Abraham reprit encore la parole et dit: "Peut-être n'y en aura-t-il que 40 ", et il répondit: "Je ne le ferai pas, à cause des 40." Abraham dit: "Que mon Seigneur ne s'irrite pas et que je puisse parler: peut-être s'en trouvera-t-il 30 ", et il répondit: "Je ne le ferai pas, si j'en trouve 30." Il dit: "Je suis bien hardi de parler à mon Seigneur: peut-être s'en trouvera-t-il vingt", et il répondit: "Je ne détruirai pas, à cause des vingt." Il dit: "Que mon Seigneur ne s'irrite pas et je parlerai une dernière fois: peut-être s'en trouvera-t-il dix", et il répondit: "Je ne détruirai pas, à cause des dix." Yahvé, ayant achevé de parler à Abraham, s'en alla, et Abraham retourna chez lui. Quand les deux Anges arrivèrent à Sodome sur le soir, Lot était assis à la porte de la ville. Dès que Lot les vit, il se leva à leur rencontre et se prosterna, face contre terre. Il dit: "Je vous en prie, Messeigneurs! Veuillez descendre chez votre serviteur pour y passer la nuit et vous laver les pieds, puis au matin vous reprendrez votre route", mais ils répondirent: "Non, nous passerons la nuit sur la place." Il les pressa tant qu'ils allèrent chez lui et entrèrent dans sa maison. Il leur prépara un repas, fit cuire des pains sans levain, et ils mangèrent. Ils n'étaient pas encore couchés que la maison fut cernée parles hommes de la ville, les gens de Sodome, depuis les jeunes jusqu'aux vieux, tout le peuple sans exception. Ils appelèrent Lot et lui dirent: "Où sont les hommes qui sont venus chez toi cette nuit? Amène-les nous pour que nous en abusions." Lot sortit vers eux à l'entrée et, ayant fermé la porte derrière lui, il dit: "Je vous en supplie, mes frères, ne commettez pas le mal! Ecoutez: j'ai deux filles qui sont encore vierges, je vais vous les amener: faites-leur ce qui vous semble bon, mais, pour ces hommes, ne leur faites rien, puisqu'ils sont entrés sous l'ombre de mon toit." Mais ils répondirent: "Ote-toi de là! En voilà un qui est venu en étranger, et il fait le juge! Eh bien, nous te ferons plus de mal qu'à eux!" Ils le pressèrent fort, lui Lot, et s'approchèrent pour briser la porte. Mais les hommes sortirent le bras, firent rentrer Lot auprès d'eux dans la maison et refermèrent la porte. Quant aux hommes qui étaient à l'entrée de la maison, ils les frappèrent de berlue, du plus petit jusqu'au plus grand, et ils n'arrivaient pas à trouver l'ouverture. Les hommes dirent à Lot: "As-tu encore quelqu'un ici? Tes fils, tes filles, tous les tiens qui sont dans la ville, fais-les sortir de ce lieu. Nous allons en effet détruire ce lieu, car grand est le cri qui s'est élevé contre eux à la face de Yahvé, et Yahvé nous a envoyés pour les exterminer." Lot alla parler à ses futurs gendres, qui devaient épouser ses filles: "Debout, dit-il, quittez ce lieu, car Yahvé va détruire la ville." Mais ses futurs gendres crurent qu'il plaisantait. Lorsque pointa l'aurore, les Anges insistèrent auprès de Lot, en disant: "Debout! prends ta femme et tes deux filles qui se trouvent là, de peur d'être emporté par le châtiment de la ville." Et comme il hésitait, les hommes le prirent par la main, ainsi que sa femme et ses deux filles, pour la pitié que Yahvé avait de lui. Ils le firent sortir et le laissèrent en dehors de la ville. Comme ils le menaient dehors, il dit: "Sauve-toi, sur ta vie! Ne regarde pas derrière toi et ne t'arrête nulle part dans la Plaine, sauve-toi à la montagne, pour n'être pas emporté!" Lot leur répondit: "Non, je t'en prie, Monseigneur! Ton serviteur a trouvé grâce à tes yeux et tu as montré unegrande miséricorde à mon égard en m'assurant la vie. Mais moi, je ne puis pas me sauver à la montagne sans que m'atteigne le malheur et que je meure. Voilà cette ville, assez proche pour y fuir, et elle est peu de chose. Permets que je m'y sauve -- est-ce qu'elle n'est pas peu de chose? -- et que je vive!" Il lui répondit: "Je te fais encore cette grâce de ne pas renverser la ville dont tu parles. Vite, sauve-toi là-bas, car je ne puis rien faire avant que tu n'y sois arrivé." C'est pourquoi on a donné à la ville le nom de Coar. Au moment où le soleil se levait sur la terre et que Lot entrait à Coar, Yahvé fit pleuvoir sur Sodome et sur Gomorrhe du soufre et du feu venant de Yahvé, et il renversa ces villes et toute la Plaine, avec tous les habitants des villes et la végétation du sol. Or la femme de Lot regarda en arrière, et elle devint une colonne de sel. Levé de bon matin, Abraham vint à l'endroit où il s'était tenu devant Yahvé et il jeta son regard sur Sodome, sur Gomorrhe et sur toute la Plaine, et voici qu'il vit la fumée monter du pays comme la fumée d'une fournaise! Ainsi, lorsque Dieu détruisit les villes de la Plaine, il s'est souvenu d'Abraham et il a retiré Lot du milieu de la catastrophe, dans le renversement des villes où habitait Lot. Lot monta de Coar et s'établit dans la montagne avec ses deux filles, car il n'osa pas rester à Coar. Il s'installa dans une grotte, lui et ses deux filles. L'aînée dit à la cadette: "Notre père est âgé et il n'y a pas d'homme dans le pays pour s'unir à nous à la manière de tout le monde. Viens, faisons boire du vin à notre père et couchons avec lui; ainsi, de notre père, nous susciterons une descendance." Elles firent boire, cette nuit-là, du vin à leur père, et l'aînée vint s'étendre près de son père, qui n'eut conscience ni de son coucher ni de son lever. Le lendemain, l'aînée dit à la cadette: "La nuit dernière, j'ai couché avec mon père; faisons-lui boire du vin encore cette nuit et va coucher avec lui; ainsi, de notre père nous susciterons une descendance." Elles firent boire du vin à leur père encore cette nuit-là, et la cadette s'étendit auprès de lui, qui n'eut conscience ni de son coucher ni de son lever. Les deux filles de Lot devinrent enceintes de leur père. L'aînée donna naissance à un fils et elle l'appela Moab; c'est l'ancêtre des Moabites d'aujourd'hui. La cadette aussi donna naissance à un fils et elle l'appela Ben-Ammi; c'est l'ancêtre des Bené-Ammon d'aujourd'hui. Abraham partit de là pour le pays du Négeb et demeura entre Cadès et Shur. Il vint séjourner à Gérar. Abraham dit de sa femme Sara: "C'est ma sœur" et Abimélek, le roi de Gérar, fit enlever Sara. Mais Dieu visita Abimélek en songe, pendant la nuit, et lui dit: "Tu vas mourir à cause de la femme que tu as prise, car elle est une femme mariée." Abimélek, qui ne s'était pas approché d'elle, dit: "MonSeigneur, vas-tu aussi tuer quelqu'un d'innocent? N'est-ce pas lui qui m'a dit: C'est ma sœur, et elle, oui elle-même, a dit: C'est mon frère. C'est avec une bonne conscience et des mains pures que j'ai fait cela!" Dieu lui répondit dans le songe: "Moi aussi je sais que tu as fait cela en bonne conscience, et c'est encore moi qui t'ai retenu de pécher contre moi; aussi n'ai-je pas permis que tu la touches. Maintenant, rends la femme de cet homme: il est prophète et il intercédera pour toi afin que tu vives. Mais si tu ne la rends pas, sache que tu mourras sûrement, avec tous les tiens." Abimélek se leva tôt et appela tous ses serviteurs. Il leur raconta toute cette affaire et les hommes eurent grand-peur. Puis Abimélek appela Abraham et lui dit: "Que nous as-tu fait? Quelle offense ai-je commise contre toi pour que tu attires une si grande faute sur moi et sur mon royaume? Tu as agi à mon égard comme on ne doit pas agir." Et Abimélek dit à Abraham: "Qu'est-ce qui t'a pris d'agir ainsi?" Abraham répondit: "Je me suis dit: Pour sûr, il n'y a aucune crainte de Dieu dans cet endroit, et on va me tuer à cause dema femme. Et puis, elle est vraiment ma soeur, la fille de mon père maisnon la fille de ma mère, et elle est devenue ma femme. Alors, quand Dieu m'a fait errer loin de ma famille, je lui aidit: Voici la faveur que tu me feras: partout où nous arriverons, dis de moi que je suis ton frère." Abimélek prit du petit et du gros bétail, des serviteurs etdes servantes et les donna à Abraham, et il lui rendit sa femme Sara. Abimélek dit aussi: "Vois mon pays qui est ouvert devant toi.Etablis-toi où bon te semble." A Sara il dit: "Voici mille pièces d'argent que je donne à tonfrère. Ce sera pour toi comme un voile jeté sur les yeux detous ceux qui sont avec toi, et de tout cela tu es justifiée." Abraham intercéda auprès de Dieu et Dieu guérit Abimélek, safemme et ses servantes, pour qu'ils puissent avoir desenfants. Car Yahvé avait rendu stérile le sein de toutes les femmes dans la maison d'Abimélek, à cause de Sara, la femme d'Abraham. Yahvé visita Sara comme il avait dit et il fit pour elle comme il avait promis. Sara conçut et enfanta un fils à Abraham déjà vieux, au temps que Dieu avait marqué. Au fils qui lui naquit, enfanté par Sara, Abraham donna le nom d'Isaac. Abraham circoncit son fils Isaac, quand il eut huit jours, comme Dieu lui avait ordonné. Abraham avait cent ans lorsque lui naquit son fils Isaac. Et Sara dit: "Dieu m'a donné de quoi rire, tous ceux qui l'apprendront me souriront." Elle dit aussi: "Qui aurait dit à Abraham que Sara allaiterait des enfants! car j'ai donné un fils à sa vieillesse." L'enfant grandit et fut sevré, et Abraham fit un grand festin le jour où l'on sevra Isaac. Or Sara aperçut le fils né à Abraham de l'Egyptienne Agar, qui jouait avec son fils Isaac, et elle dit à Abraham: "Chasse cette servante et son fils, il ne faut pas que le fils de cette servante hérite avec mon fils Isaac." Cette parole déplut beaucoup à Abraham, à propos de son fils, mais Dieu lui dit: "Ne te chagrine pas à cause du petit et de ta servante, tout ce que Sara te demande, accorde-le, car c'est par Isaac qu'une descendance perpétuera ton nom, mais du fils de la servante je ferai aussi une grande nation car il est de ta race." Abraham se leva tôt, il prit du pain et une outre d'eau qu'il donna à Agar, et il mit l'enfant sur son épaule, puis il la renvoya. Elle s'en fut errer au désert de Bersabée. Quand l'eau de l'outre fut épuisée, elle jeta l'enfant sous un buisson et elle alla s'asseoir vis-à-vis, loin comme une portée d'arc. Elle se disait en effet: "Je ne veux pas voir mourir l'enfant!" Elle s'assit vis-à-vis et elle se mit à crier et à pleurer. Dieu entendit les cris du petit et l'Ange de Dieu appela du ciel Agar et lui dit: "Qu'as-tu, Agar? Ne crains pas, car Dieu a entendu les cris du petit, là où il était. Debout! soulève le petit et tiens-le ferme, car j'en ferai une grande nation." Dieu dessilla les yeux d'Agar et elle aperçut un puits. Elle alla remplir l'outre et fit boire le petit. Dieu fut avec lui, il grandit et demeura au désert, et il devint un tireur d'arc. Il demeura au désert de Parân et sa mère lui choisit une femme du pays d'Egypte. En ce temps-là, Abimélek vint avec Pikol, le chef de son armée, dire à Abraham: "Dieu est avec toi en tout ce que tu fais. Maintenant, jure-moi ici par Dieu que tu ne me tromperas pas, ni mon lignage et parentage, et que tu auras pour moi et pour ce pays où tu es venu en hôte la même amitié que j'ai eue pour toi." Abraham répondit: "Oui, je le jure!" Abraham fit reproche à Abimélek à propos du puits que les serviteurs d'Abimélek avaient usurpé. Et Abimélek répondit: "Je ne sais pas qui a pu faire cela: toi-même ne m'en as jamais informé et moi-même je n'en ai rienappris qu'aujourd'hui." Abraham prit du petit et du gros bétail et le donna à Abimélek, et tous les deux conclurent une alliance. Abraham mit à part sept brebis du troupeau, et Abimélek lui demanda: "Que font là ces sept brebis que tuas mises à part?" Il répondit: "C'est pour que tu acceptes de ma main ces sept brebis, afin qu'elles soient un témoignage que j'ai bien creusé ce puits." C'est ainsi qu'on appela ce lieu Bersabée, parce qu'ils y avaient tous deux prêté serment. Après qu'ils eurent conclu alliance à Bersabée, Abimélek se leva, avec Pikol, le chef de son armée, et ils retournèrent au pays des Philistins. Abraham planta un tamaris à Bersabée et il y invoqua le nom de Yahvé, Dieu d'Eternité. Abraham séjourna longtemps au pays des Philistins. Après ces événements, il arriva que Dieu éprouva Abraham et lui dit: "Abraham! Abraham!" Il répondit: "Me voici!" Dieu dit: "Prends ton fils, ton unique, que tu chéris, Isaac, et va-t'en au pays de Moriyya, et là tu l'offriras en holocauste sur une montagne que je t'indiquerai." Abraham se leva tôt, sella son âne et prit avec lui deux de ses serviteurs et son fils Isaac. Il fendit le bois de l'holocauste et se mit en route pour l'endroit que Dieu lui avait dit. Le troisième jour, Abraham, levant les yeux, vit l'endroit de loin. Abraham dit à ses serviteurs: "Demeurez ici avec l'âne. Moi et l'enfant nous irons jusque là-bas, nous adorerons et nous reviendrons vers vous." Abraham prit le bois de l'holocauste et le chargea sur son fils Isaac, lui-même prit en mains le feu et le couteau et ils s'en allèrent tous deux ensemble. Isaac s'adressa à son père Abraham et dit: "Mon père!" Il répondit: "Oui, mon fils" -- "Eh bien, reprit-il, voilà le feu et le bois, mais où est l'agneau pour l'holocauste?" Abraham répondit: "C'est Dieu qui pourvoira à l'agneau pour l'holocauste, mon fils", et ils s'en allèrent tous deux ensemble. Quand ils furent arrivés à l'endroit que Dieu lui avait indiqué, Abraham y éleva l'autel et disposa le bois, puis il lia son fils Isaac et le mit sur l'autel, par-dessus le bois. Abraham étendit la main et saisit le couteau pour immoler son fils. Mais l'Ange de Yahvé l'appela du ciel et dit: "Abraham! Abraham!" Il répondit: "Me voici!" L'Ange dit: "N'étends pas la main contre l'enfant! Ne lui fais aucun mal! Je sais maintenant que tu crains Dieu: tu ne m'as pas refusé ton fils, ton unique." Abraham leva les yeux et vit un bélier, qui s'était pris parles cornes dans un buisson, et Abraham alla prendre le bélier et l'offrit en holocauste à la place de son fils. A ce lieu, Abraham donna le nom de "Yahvé pourvoit", en sorte qu'on dit aujourd'hui: "Sur la montagne, Yahvé pourvoit." L'Ange de Yahvé appela une seconde fois Abraham du ciel et dit: "Je jure par moi-même, parole de Yahvé: parce que tuas fait cela, que tu ne m'as pas refusé ton fils, ton unique, je te comblerai de bénédictions, je rendrai ta postérité aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable qui est sur le bord de la mer, et ta postérité conquerra la porte de sesennemis. Par ta postérité se béniront toutes les nations de la terre, parce que tu m'as obéi." Abraham revint vers ses serviteurs et ils se mirent en route ensemble pour Bersabée. Abraham résida à Bersabée. Après ces événements, on annonça à Abraham que Milka elleaussi avait enfanté des fils à son frère Nahor: son premier-né Uç, Buz, le frère de celui-ci, Qemuel, père d'Aram, Késed, Hazo, Pildash, Yidlaph, Bétuel (et Bétuel engendra Rébecca). Ce sont les huit enfants que Milka donna à Nahor, le frère d'Abraham. Il avait une concubine, nommée Réuma, qui eut aussi des enfants: Tébah, Gaham, Tahash et Maaka. La durée de la vie de Sara fut de 12 7 ans, et elle mourut à Qiryat-Arba -- c'est Hébron -- au pays de Canaan. Abraham entra faire le deuil de Sara et la pleurer. Puis Abraham se leva de devant son mort et parla ainsi aux fils de Hèt: "Je suis chez vous un étranger et un résident. Accordez-moi chez vous une possession funéraire pour que j'enlève mon mort et l'enterre." Les fils de Hèt firent cette réponse à Abraham: "Monseigneur, écoute-nous plutôt! Tu es un prince de Dieu parmi nous: enterre ton mort dans la meilleure de nos tombes; personne ne te refusera sa tombe pour que tu puisses enterrer ton mort." Abraham se leva et s'inclina devant les gens du pays, les fils de Hèt, et il leur parla ainsi: "Si vous consentez que j'enlève mon mort et que je l'enterre, écoutez-moi et intercédez pour moi auprès d'Ephrôn, fils de Cohar, pour qu'il me cède la grotte de Makpéla, qui lui appartient et qui est à l'extrémité de son champ. Qu'il me la cède pour sapleine valeur, en votre présence, comme possession funéraire." Or Ephrôn était assis parmi les fils de Hèt, et Ephrôn le Hittite répondit à Abraham au su des fils de Hèt, de tous ceux qui franchissaient la porte de sa ville: "Non, Monseigneur, écoute-moi! Je te donne le champ et je te donne aussi la grotte qui y est, je te fais ce don au vu des fils de mon peuple. Enterre ton mort." Abraham s'inclina devant les gens du pays et il parla ainsi à Ephrôn, au su des gens du pays: "Si seulement tu voulais m'écouter! Je donne le prix du champ, accepte-le de moi, et j'enterrerai là mon mort." Ephrôn répondit à Abraham: "Monseigneur, écoute-moi plutôt: une terre de 400 sicles d'argent, entre moi et toi, qu'est-ce que cela? Enterre ton mort." Abraham donna son consentement à Ephrôn et Abraham pesa à Ephrôn l'argent dont il avait parlé au su des fils de Hèt, soit 400 sicles d'argent ayant cours chez le marchand. Ainsi le champ d'Ephrôn, qui est à Makpéla, vis-à-vis de Mambré, le champ et la grotte qui y est sise, et tous les arbres qui sont dans le champ, dans sa limite, passèrent en propriété à Abraham au vu des fils de Hèt, detous ceux qui franchissaient la porte de sa ville. Puis Abraham enterra Sara, sa femme, dans la grotte du champ de Makpéla, vis-à-vis de Mambré, (c'est Hébron) au pays de Canaan. C'est ainsi que le champ et la grotte qui y est sise furent acquis à Abraham des fils de Hèt comme possession funéraire. Abraham était alors un vieillard avancé en âge, et Yahvé avait béni Abraham en tout. Abraham dit au plus vieux serviteur de sa maison, le régisseur de tous ses biens: "Mets ta main sous ma cuisse. Je te fais jurer par Yahvé, le Dieu du ciel et de la terre, que tu ne prendras pas pour mon fils une femme parmi les filles des Cananéens au milieu desquels j'habite. Mais tu iras dans mon pays, dans ma parenté, et tu choisiras une femme pour mon fils Isaac." Le serviteur lui demanda: "Peut-être la femme ne voudra-t-elle pas me suivre dans ce pays-ci: faudra-t-il que je ramène ton fils dans le pays d'où tu es sorti?" Abraham lui répondit: "Garde-toi bien de ramener mon fils là-bas. Yahvé, le Dieu du ciel et le Dieu de la terre, qui m'a pris de ma maison paternelle et du pays de ma parenté, qui m'a dit et qui m'a juré qu'il donnerait ce pays-ci à ma descendance, Yahvé enverra son Ange devant toi, pour que tu prennes une femme de là-bas pour mon fils. Et si la femme ne veut pas te suivre, tu seras quitte du serment que je t'impose. En tout cas, ne ramène pas mon fils là-bas." Le serviteur mit sa main sous la cuisse de son maître Abraham et il lui prêta serment pour cette affaire. Le serviteur prit dix des chameaux de son maître et, emportant de tout ce que son maître avait de bon, il se mit en route pour l'Aram Naharayim, pour la ville de Nahor. Il fit agenouiller les chameaux en dehors de la ville, près du puits, à l'heure du soir, à l'heure où les femmes sortent pourpuiser. Et il dit: "Yahvé, Dieu de mon maître Abraham, sois-moi propice aujourd'hui et montre ta bienveillance pour mon maître Abraham! Je me tiens près de la source et les filles des gens de la ville sortent pour puiser de l'eau. "La jeune fille à qui je dirai: Incline donc ta cruche, que je boive et qui répondra: Bois et j'abreuverai aussi tes chameaux, ce sera celle que tu as destinée à ton serviteur Isaac, et je connaîtrai à cela que tu as montré ta bienveillance pour mon maître." Il n'avait pas fini de parler que sortait Rébecca, qui était fille de Bétuel, fils de Milka, la femme de Nahor, frère d'Abraham, et elle avait sa cruche sur l'épaule. La jeune fille était très belle, elle était vierge, aucun homme ne l'avait approchée. Elle descendit à la source, emplit sa cruche et remonta. Le serviteur courut au-devant d'elle et dit: "S'il te plaît, laisse-moi boire un peu d'eau de ta cruche." Elle répondit: "Bois, Monseigneur" et vite elle abaissa sa cruche sur son bras et le fit boire. Quand elle eut fini de lui donner à boire, elle dit: "Je vais puiser aussi pour tes chameaux, jusqu'à ce qu'ils soientdésaltérés." Vite elle vida sa cruche dans l'auge, courut encore au puits pour puiser et puisa pour tous les chameaux. L'homme la considérait en silence, se demandant si Yahvé l'avait ou non mené au but. Lorsque les chameaux eurent fini de boire, l'homme prit un anneau d'or pesant un demi-sicle, qu'il mit à ses narines, et, à ses bras, deux bracelets pesant dix sicles d'or, et il dit: "De qui es-tu la fille? Apprends-le moi, je te prie. Y a-t-il de la place chez ton père pour que nous passions la nuit?" Elle répondit: "Je suis la fille de Bétuel, le fils que Milkaa enfanté à Nahor" et elle continua: "Il y a, chez nous, de la paille et du fourrage en quantité, et de la place pour gîter." Alors l'homme se prosterna et adora Yahvé, et il dit: "Béni soit Yahvé, Dieu de mon maître Abraham, qui n'a pas ménagé sa bienveillance et sa bonté à mon maître. Yahvé a guidé mes pas chez le frère de mon maître!" La jeune fille courut annoncer chez sa mère ce qui était arrivé. Or Rébecca avait un frère qui s'appelait Laban, et Laban courut au-dehors vers l'homme, à la source. Dès qu'il eut vu l'anneau et les bracelets que portait sa sœur et qu'il eut entendu sa sœur Rébecca dire: "Voilà comment cet homme m'a parlé", il alla vers l'homme et le trouva encore debout près des chameaux, à la source. Il lui dit: "Viens, béni de Yahvé! Pourquoi restes-tu dehors, quand j'ai débarrassé la maison et fait de la place pour les chameaux?" L'homme vint à la maison et Laban débâta les chameaux, il donna de la paille et du fourrage aux chameaux et, pour lui et les hommes qui l'accompagnaient, de l'eau pour se laver les pieds. On lui présenta à manger, mais il dit: "Je ne mangerai pas avant d'avoir dit ce que j'ai à dire", et Laban répondit: "Parle." Il dit: "Je suis le serviteur d'Abraham. Yahvé a comblé mon maître de bénédictions et celui-ci est devenu très riche: il lui a donné du petit et du gros bétail, de l'argent et de l'or, des serviteurs et des servantes, des chameaux et des ânes. Sara, la femme de mon maître, lui a, quand il était déjà vieux, enfanté un fils, auquel il a transmis tous ses biens. Mon maître m'a fait prêter ce serment: Tu ne prendras pas pour mon fils une femme parmi les filles des Cananéens dont j'habite le pays. Malheur à toi si tu ne vas pas dans ma maison paternelle, dans ma famille, choisir une femme pour mon fils! J'ai dit à mon maître: Peut-être cette femme n'acceptera pas de me suivre, et il m'a répondu: Yahvé, en présence de qui j'ai marché, enverra son Ange avec toi, il te mènera au but et tu prendras pour mon fils une femme de ma famille, de ma maison paternelle. Tu seras alors quitte de ma malédiction: tu seras allé dans ma famille et, s'ils te refusent, tu seras quitte de ma malédiction. Je suis arrivé aujourd'hui à la source et j'ai dit: Yahvé, Dieu de mon maître Abraham, montre, je te prie, si tu es disposé à mener au but le chemin par où je vais: je me tiens près de la source; la jeune fille qui sortira pour puiser, à qui je dirai: S'il te plaît, donne-moi à boire un peu d'eau de ta cruche, et qui répondra: Bois toi-même et je puiserai aussi pour tes chameaux, ce sera la femme que Yahvé a destinée au fils de mon maître. Je n'avais pas fini de parler en moi-même que Rébecca sortait, sa cruche sur l'épaule. Elle descendit à la source et puisa. Je lui dis: Donne-moi à boire, s'il te plaît! Vite, elle se déchargea de sa cruche et dit: Bois, et j'abreuverai aussi tes chameaux. J'ai bu et elle a abreuvé aussi mes chameaux. Je lui ai demandé: De qui es-tu la fille? Et elle a répondu:Je suis la fille de Bétuel, le fils que Milka a donné à Nahor. Alors j'ai mis cet anneau à ses narines et ces bracelets à ses bras, et je me suis prosterné et j'ai adoré Yahvé, et j'ai béni Yahvé, Dieu de mon maître Abraham, qui m'avait conduit par un chemin de bonté prendre pour son fils la fille du frère de mon maître. Maintenant, si vous êtes disposés à montrer à mon maître bienveillance et bonté, déclarez-le-moi, si non, déclarez-le-moi, pour que je me tourne à droite ou à gauche." Laban et Bétuel prirent la parole et dirent: "La chose vient de Yahvé, nous ne pouvons te dire ni oui ni non. Rébecca est là devant toi: prends-la et pars, et qu'elle devienne la femme du fils de ton maître, comme a dit Yahvé." Lorsque le serviteur d'Abraham entendit ces paroles, il se prosterna à terre devant Yahvé. Il sortit des bijoux d'argent et d'or et des vêtements, qu'il donna à Rébecca; il fit aussi de riches cadeaux à son frère et à sa mère. Ils mangèrent et ils burent, lui et les hommes qui l'accompagnaient, et ils passèrent la nuit. Le matin, quand ils furent levés, il dit: "Laissez-moi aller chez mon maître." Alors le frère et la mère de Rébecca dirent: "Que la jeune fille reste avec nous une dizaine de jours, ensuite elle partira." Mais il leur répondit: "Ne me retardez pas, puisque c'est Yahvé qui m'a mené au but: laissez-moi partir, que j'aille chez mon maître." Ils dirent: "Appelons la jeune fille et demandons-lui son avis." Ils appelèrent Rébecca et lui dirent: "Veux-tu partir avec cet homme?" Et elle répondit: "Je veux bien." Alors ils laissèrent partir leur sœur Rébecca, avec sa nourrice, le serviteur d'Abraham et ses hommes. Ils bénirent Rébecca et lui dirent: "Notre sœur, ô toi, deviens des milliers de myriades! Que ta postérité conquière la porte de ses ennemis!" Rébecca et ses servantes se levèrent, montèrent sur les chameaux et suivirent l'homme. Le serviteur prit Rébecca et partit. Isaac était revenu du puits de Lahaï-Roï, et il habitait au pays du Négeb. Or Isaac sortit pour se promener dans la campagne, à la tombée du soir, et, levant les yeux, il vit que des chameaux arrivaient. Et Rébecca, levant les yeux, vit Isaac. Elle sauta à bas du chameau et dit au serviteur: "Quel est cet homme-là, qui vient dans la campagne à notre rencontre?" Le serviteur répondit: "C'est mon maître"; alors elle prit son voile et se couvrit. Le serviteur raconta à Isaac toute l'affaire qu'il avait faite. Et Isaac introduisit Rébecca dans sa tente: il la prit et elle devint sa femme et il l'aima. Et Isaac se consola de la perte de sa mère. Abraham prit encore une femme, qui s'appelait Qetura. Elle lui enfanta Zimrân, Yoqshân, Medân, Madiân, Yishbaq etShuah. -- Yoqshân engendra Sheba et Dedân, et les fils de Dedân furent les Ashshurites, les Letushim et les Léummim. -- Fils de Madiân: Epha, Epher, Hanok, Abida, Eldaa. Tous ceux-là sont fils de Qetura. Abraham donna tous ses biens à Isaac. Quant aux fils de ses concubines, Abraham leur fit des présents et les envoya, de son vivant, loin de son fils Isaac, à l'est, au pays d'Orient. Voici la durée de la vie d'Abraham: 175 ans. Puis Abraham expira, il mourut dans une vieillesse heureuse, âgé et rassasié de jours, et il fut réuni à sa parenté. Isaac et Ismaël, ses fils, l'enterrèrent dans la grotte de Makpéla, dans le champ d'Ephrôn fils de Cohar, le Hittite, qui est vis-à-vis de Mambré. C'est le champ qu'Abraham avait acheté aux fils de Hèt; là furent enterrés Abraham et sa femme Sara. Après la mort d'Abraham, Dieu bénit son fils Isaac, et Isaac habita près du puits de Lahaï-Roï. Voici la descendance d'Ismaël, le fils d'Abraham, que lui enfanta Agar, la servante égyptienne de Sara. Voici les noms des fils d'Ismaël, selon leurs noms et leur lignée: le premier-né d'Ismaël Nebayot, puis Qédar, Adbéel, Mibsam, Mishma, Duma, Massa, Hadad, Téma, Yetur, Naphish et Qédma. Ce sont là les fils d'Ismaël et tels sont leurs noms, d'après leurs douars et leurs camps, douze chefs d'autant de clans. Voici la durée de la vie d'Ismaël: 137 ans. Puis il expira; il mourut et il fut réuni à sa parenté. Il habita depuis Havila jusqu'à Shur, qui est à l'est de l'Egypte, en allant vers l'Assyrie. Il s'était établi à la face de tous ses frères. Voici l'histoire d'Isaac fils d'Abraham. Abraham engendra Isaac. Isaac avait 40 ans lorsqu'il épousa Rébecca, fille de Bétuel, l'Araméen de Paddân-Aram, et sœur de Laban l'Araméen. Isaac implora Yahvé pour sa femme, car elle était stérile: Yahvé l'exauça et sa femme Rébecca devint enceinte. Or les enfants se heurtaient en elle et elle dit: "S'il en est ainsi, à quoi bon vivre?" Elle alla donc consulter Yahvé, et Yahvé lui dit: "Il y a deux nations en ton sein, deux peuples, issus de toi, se sépareront, un peuple dominera un peuple, l'aîné servira le cadet." Quand vint le temps de ses couches, voici qu'elle portait des jumeaux. Le premier sortit: il était roux et tout entier comme un manteau de poils; on l'appela Esaü. Ensuite sortit son frère et sa main tenait le talon d'Esaü; on l'appela Jacob. Isaac avait 60 ans à leur naissance. Les garçons grandirent: Esaü devint un habile chasseur, courant la steppe, Jacob était un homme tranquille, demeurant sous les tentes. Isaac préférait Esaü car le gibier était à son goût, mais Rébecca préférait Jacob. Une fois, Jacob prépara un potage et Esaü revint de la campagne, épuisé. Esaü dit à Jacob: "Laisse-moi avaler ce roux, ce roux-là; je suis épuisé" -- C'est pourquoi on l'a appelé Edom. -- Jacob dit: "Vends-moi d'abord ton droit d'aînesse. Esaü répondit: "Voici que je vais mourir, à quoi me servira le droit d'aînesse?" Jacob reprit: "Prête-moi d'abord serment"; il lui prêta serment et vendit son droit d'aînesse à Jacob. Alors Jacob lui donna du pain et du potage de lentilles, il mangea et but, se leva et partit. C'est tout le cas qu'Esaü fit du droit d'aînesse. Il y eut une famine dans le pays -- en plus de la première famine qui eut lieu du temps d'Abraham -- et Isaac se rendit à Gérar chez Abimélek, roi des Philistins. Yahvé lui apparut et dit: "Ne descends pas en Egypte; demeure au pays que je te dirai. Séjourne dans ce pays-ci, je serai avec toi et te bénirai. Car c'est à toi et à ta race que je donnerai tous ces pays-ci et je tiendrai le serment que j'ai fait à ton père Abraham. Je rendrai ta postérité nombreuse comme les étoiles du ciel, je lui donnerai tous ces pays et par ta postérité se béniront toutes les nations de la terre, en retour de l'obéissance d'Abraham, qui a gardé mes observances, mes commandements, mes règles et mes lois." Ainsi Isaac demeura à Gérar. Les gens du lieu l'interrogèrent sur sa femme et il répondit: "C'est ma sœur." Il eut peur de dire: "Ma femme", pensant: "Les gens du lieu me feront mourir à cause de Rébecca, car elle est belle." Il était là depuis longtemps quand Abimélek, le roi des Philistins, regardant une fois par la fenêtre, vit Isaac qui caressait Rébecca, sa femme. Abimélek appela Isaac et dit: "Pour sûr, c'est ta femme!Comment as-tu pu dire: C'est ma sœur?" Isaac lui répondit:"Je me disais: je risque de mourir à cause d'elle." Abimélek reprit: "Qu'est-ce que tu nous as fait là? Un peu plus, quelqu'un du peuple couchait avec ta femme et tu nous chargeais d'une faute!" Alors Abimélek donna cet ordre à tout le peuple: "Quiconque touchera à cet homme et à sa femme sera mis à mort." Isaac fit des semailles dans ce pays et, cette année-là, il moissonna le centuple. Yahvé le bénit et l'homme s'enrichit, il s'enrichit de plus en plus, jusqu'à devenir extrêmement riche. Il avait des troupeaux de gros et de petit bétail et de nombreux serviteurs. Les Philistins en devinrent jaloux. Tous les puits que les serviteurs de son père avaient creusés, -- du temps de son père Abraham, -- les Philistins le savaient bouchés et comblés de terre. Abimélek dit à Isaac: "Pars de chez nous, car tu es devenu beaucoup plus puissant que nous." Isaac partit donc de là et campa dans la vallée de Gérar, où il s'établit. Isaac creusa de nouveau les puits qu'avaient creusés les serviteurs de son père Abraham et que les Philistins avaient bouchés après la mort d'Abraham, et il leur donna les mêmes noms que son père leur avait donnés. Les serviteurs d'Isaac creusèrent dans la vallée et ils trouvèrent là un puits d'eaux vives. Mais les bergers de Gérar entrèrent en dispute avec les bergers d'Isaac, disant: "L'eau est à nous!" Isaac nomma ce puits Eseq, parce qu'ils s'étaient querellés avec lui. Ils creusèrent un autre puits et il y eut encore une dispute à son propos; il le nomma Sitna. Alors il partit de là et creusa un autre puits, et il n'y eut pas de dispute à son propos; il le nomma Rehobot et dit:"Maintenant Yahvé nous a donné le champ libre pour que nous prospérions dans le pays." De là il monta à Bersabée. Yahvé lui apparut cette nuit-là et dit: "Je suis le Dieu de ton père Abraham. Ne crains rien, car je suis avec toi. Je te bénirai, je multiplierai ta postérité, en considération de mon serviteur Abraham." Il bâtit là un autel et invoqua le nom de Yahvé. Il dressa là sa tente. Les serviteurs d'Isaac forèrent un puits. Abimélek vint le voir de Gérar, avec Ahuzzat son familier et Pikol le chef de son armée. Isaac leur dit: "Pourquoi venez-vous à moi, puisque vous me haïssez et que vous m'avez renvoyé de chez vous?" Ils répondirent: "Nous avons eu l'évidence que Yahvé était avec toi et nous avons dit: Qu'il y ait un serment entre nous et toi et concluons une alliance avec toi: jure de ne nous faire aucun mal, puisque nous ne t'avons pas molesté, que nous ne t'avons fait que du bien et t'avons laissé partir en paix. Maintenant, tu es un béni de Yahvé." Il leur prépara un festin, et ils mangèrent et burent. Levés de bon matin, ils se firent un serment mutuel. Puis Isaac les congédia et ils le quittèrent en paix. Or ce fut ce jour-là que les serviteurs d'Isaac lui apportèrent des nouvelles du puits qu'ils creusaient et ils lui dirent: "Nous avons trouvé l'eau!" Il appela le puits Sabée, d'où le nom de la ville, Bersabée, jusqu'à maintenant. Quand Esaü eut 40 ans, il prit pour femmes Yehudit, fille de Bééri le Hittite, et Basmat, fille d'Elôn le Hittite. Elles furent un sujet d'amertume pour Isaac et pour Rébecca. Isaac était devenu vieux et ses yeux avaient faibli jusqu'à ne plus voir. Il appela son fils aîné Esaü: "Mon fils!" lui dit-il, et celui-ci répondit: "Oui!" Il reprit: "Tu vois, je suis vieux et je ne connais pas le jour de ma mort. Maintenant, prends tes armes, ton carquois et ton arc, sors dans la campagne et tue-moi du gibier. Apprête-moi un régal comme j'aime et apporte-le moi, que je mange, afin que mon âme te bénisse avant que je meure" -- Or Rébecca écoutait pendant qu'Isaac parlait à son fils Esaü.-- Esaü alla donc dans la campagne chasser du gibier pour sonpère. Rébecca dit à son fils Jacob: "Je viens d'entendre ton père dire à ton frère Esaü: Apporte-moi du gibier et apprête-moi un régal, je mangerai et je te bénirai devant Yahvé avant de mourir. Maintenant, fils, écoute-moi et fais comme je t'ordonne. Va au troupeau et apporte-moi de là deux beaux chevreaux, etj'en préparerai un régal pour ton père, comme il aime. Tu le présenteras à ton père et il mangera, afin qu'il te bénisse avant de mourir." Jacob dit à sa mère Rébecca: "Vois: mon frère Esaü est velu, et moi j'ai la peau bien lisse. Peut-être mon père va-t-il me tâter, il verra que je me suis moqué de lui et j'attirerai sur moi la malédiction au lieu de la bénédiction." Mais sa mère lui répondit: "Je prends sur moi ta malédiction, mon fils! Ecoute-moi seulement et va me chercher les chevreaux." Il alla les chercher et les apporta à sa mère qui apprêta un régal comme son père aimait. Rébecca prit les plus beaux habits d'Esaü, son fils aîné, qu'elle avait à la maison, et en revêtit Jacob, son fils cadet. Avec la peau des chevreaux elle lui couvrit les bras et la partie lisse du cou. Puis elle mit le régal et le pain qu'elle avait apprêtés entre les mains de son fils Jacob. Il alla auprès de son père et dit: "Mon père!" celui-ci répondit: "Oui! Qui es-tu, mon fils?" Jacob dit à son père: "Je suis Esaü, ton premier-né, j'ai fait ce que tu m'as commandé. Lève-toi, je te prie, assieds-toi et mange de ma chasse, afin que ton âme me bénisse." Isaac dit à Jacob: "Comme tu as trouvé vite, mon fils" -- "C'est, répondit-il, que Yahvé ton Dieu m'a été propice." Isaac dit à Jacob: "Approche-toi donc, que je te tâte, mon fils, pour savoir si, oui ou non, tu es mon fils Esaü." Jacob s'approcha de son père Isaac, qui le tâta et dit: "La voix est celle de Jacob, mais les bras sont ceux d'Esaü!" Il ne le reconnut pas car ses bras étaient velus comme ceux d'Esaü son frère, et il le bénit. Il dit: "Tu es bien mon fils Esaü?" Et l'autre répondit:"Oui." Isaac reprit: "Sers-moi et que je mange de la chasse de mon fils, afin que mon âme te bénisse." Il le servit et il mangea, il lui présenta du vin et il but. Son père Isaac lui dit: "Approche-toi et embrasse-moi, mon fils!" Il s'approcha et embrassa son père, qui respira l'odeur de ses vêtements. Il le bénit ainsi: "Oui, l'odeur de mon fils est comme l'odeur d'un champ fertile que Yahvé a béni. Que Dieu te donne la rosée du ciel et les gras terroirs, froment et vin en abondance! Que les peuples te servent, que des nations se prosternent devant toi! Sois un maître pour tes frères, que se prosternent devant toi les fils de ta mère! Maudit soit qui te maudira, Béni soit qui te bénira!" Isaac avait achevé de bénir Jacob et Jacob sortait tout juste de chez son père Isaac lorsque son frère Esaü rentra de la chasse. Lui aussi apprêta un régal et l'apporta à son père. Il lui dit: "Que mon père se lève et mange de la chasse de son fils, afin que ton âme me bénisse!" Son père Isaac lui demanda: "Qui es-tu" -- "Je suis, répondit-il, ton fils premier-né, Esaü." Alors Isaac fut secoué d'un très grand frisson et dit: "Que lest donc celui-là qui a chassé du gibier et me l'a apporté? De confiance j'ai mangé avant que tu ne viennes et je l'ai béni, et il restera béni!" Lorsque Esaü entendit les paroles de son père, il cria avec beaucoup de force et d'amertume et dit à son père: "Bénis-moi aussi, mon père!" Mais celui-ci répondit: "Ton frère est venu par ruse et a pris ta bénédiction." Esaü reprit: "Est-ce parce qu'il s'appelle Jacob qu'il m'a supplanté ces deux fois? Il avait pris mon droit d'aînesse et voilà maintenant qu'il a pris ma bénédiction! Mais, ajouta-t-il, ne m'as-tu pas réservé une bénédiction?" Isaac, prenant la parole, répondit à Esaü: "Je l'ai établi ton maître, je lui ai donné tous ses frères comme serviteurs, je l'ai pourvu de froment et de vin. Que pourrais-je faire pour toi, mon fils?" Esaü dit à son père: "Est-ce donc ta seule bénédiction, mon père? Bénis-moi aussi, mon père!" Isaac resta silencieux et Esaü se mit à pleurer. Alors son père Isaac prit la parole et dit: "Loin des gras terroirs sera ta demeure, loin de la rosée qui tombe du ciel. Tu vivras de ton épée, tu serviras ton frère. Mais, quand tu t'affranchiras, tu secoueras son joug de dessus ton cou." Esaü prit Jacob en haine à cause de la bénédiction que son père avait donnée à celui-ci et il se dit en lui-même: "Proche est le temps où l'on fera le deuil de mon père. Alors je tuerai mon frère Jacob." Lorsqu'on rapporta à Rébecca les paroles d'Esaü, son fils aîné, elle fit appeler Jacob, son fils cadet, et lui dit: "Ton frère Esaü veut se venger de toi en te tuant. Maintenant, mon fils, écoute-moi: pars, enfuis-toi chez mon frère Laban à Harân. Tu habiteras avec lui quelques temps, jusqu'à ce que se détourne la fureur de ton frère, jusqu'à ce que la colère de ton frère se détourne de toi et qu'il oublie ce que tu lui as fait; alors je t'enverrai chercher là-bas. Pourquoi vous perdrais-je tous les deux en un seul jour?" Rébecca dit à Isaac: "Je suis dégoûtée de la vie à cause des filles de Hèt. Si Jacob épouse une des filles de Hèt comme celles-là, une des filles du pays, que m'importe la vie?" Isaac appela Jacob, il le bénit et lui fit ce commandement: "Ne prends pas une femme parmi les filles de Canaan. Lève-toi! Va en Paddân-Aram chez Bétuel, le père de ta mère, et choisis-toi une femme de là-bas, parmi les filles de Laban, le frère de ta mère. Qu'El Shaddaï te bénisse, qu'il te fasse fructifier et multiplier pour que tu deviennes une assemblée de peuples. Qu'il t'accorde, ainsi qu'à ta descendance, la bénédiction d'Abraham, pour que tu possèdes le pays dans lequel tu séjournes et que Dieu a donné à Abraham." Isaac congédia Jacob et celui-ci partit en Paddân-Aram chez Laban, fils de Bétuel l'Araméen et frère de Rébecca, la mère de Jacob et d'Esaü. Esaü vit qu'Isaac avait béni Jacob et l'avait envoyé en Paddân-Aram pour y prendre femme, et qu'en le bénissant il lui avait fait ce commandement: "Ne prends pas une femme parmi les filles de Canaan." Et Jacob avait obéi à son père et à sa mère et était parti en Paddân-Aram. Esaü comprit que les filles de Canaan étaient mal vues de son père Isaac et il alla chez Ismaël et prit pour femme -- en plus de celles qu'il avait -- Mahalat, fille d'Ismaël, le fils d'Abraham, et sœur de Nebayot. Jacob quitta Bersabée et partit pour Harân. Il arriva d'aventure en un certain lieu et il y passa la nuit, car le soleil s'était couché. Il prit une des pierres du lieu, la mit sous sa tête et dormit en ce lieu. Il eut un songe: Voilà qu'une échelle était dressée sur la terre et que son sommet atteignait le ciel, et des anges de Dieu y montaient et descendaient! Voilà que Yahvé se tenait devant lui et dit: "Je suis Yahvé, le Dieu d'Abraham ton ancêtre et le Dieu d'Isaac. La terre sur laquelle tu es couché, je la donne à toi et à ta descendance. Ta descendance deviendra nombreuse comme la poussière du sol, tu déborderas à l'occident et à l'orient, au septentrion et au midi, et tous les clans de la terre se béniront par toi et par ta descendance. Je suis avec toi, je te garderai partout où tu iras et te ramènerai en ce pays, car je ne t'abandonnerai pas tant que je n'aie accompli ce que je t'ai promis." Jacob s'éveilla de son sommeil et dit: "En vérité, Yahvé est en ce lieu et je ne le savais pas!" Il eut peur et dit: "Que ce lieu est redoutable! Ce n'est rien de moins qu'une maison de Dieu et la porte du ciel!" Levé de bon matin, il prit la pierre qui lui avait servi de chevet, il la dressa comme une stèle et répandit de l'huile sur son sommet. A ce lieu, il donna le nom de Béthel, mais auparavant la ville s'appelait Luz. Jacob fit ce vœu: "Si Dieu est avec moi et me garde en la route où je vais, s'il me donne du pain à manger et des habits pour me vêtir, si je reviens sain et sauf chez mon père, alors Yahvé sera mon Dieu et cette pierre que j'ai dressée comme une stèle sera une maison de Dieu, et de tout ce que tu me donneras je te payeraifidèlement la dîme." Jacob se mit en marche et alla au pays des fils de l'Orient. Et voici qu'il vit un puits dans la campagne, près duquel étaient couchés trois troupeaux de petit bétail: c'était à ce puits qu'on abreuvait les troupeaux, mais la pierre qui enfermait l'ouverture était grande. Quand tous les troupeaux étaient rassemblés là, on roulait la pierre de sur la bouche du puits, on abreuvait le bétail, puis on remettait la pierre en place sur la bouche du puits. Jacob demanda aux bergers: "Mes frères, d'où êtes-vous?" Et ils répondirent: "Nous sommes de Harân." Il leur dit: "Connaissez-vous Laban, fils de Nahor" -- "Nous le connaissons", répondirent-ils. Il leur demanda: "Va-t-il bien?" Ils répondirent: "Il va bien, et voici justement sa fille Rachel qui vient avec le troupeau." Jacob dit: "Il fait encore grand jour, ce n'est pas le moment de rentrer le bétail. Abreuvez les bêtes et retournez au pâturage." Mais ils répondirent: "Nous ne pouvons le faire avant que soient rassemblés tous les troupeaux et qu'on roule la pierre de sur la bouche du puits; alors nous abreuverons les bêtes." Il conversait encore avec eux lorsque Rachel arriva avec le troupeau de son père, car elle était bergère. Dès que Jacob eut vu Rachel, la fille de son oncle Laban, et le troupeau de son oncle Laban, il s'approcha, roula la pierre de sur la bouche du puits et abreuva le bétail de son oncle Laban. Jacob donna un baiser à Rachel puis éclata en sanglots. Il apprit à Rachel qu'il était le parent de son père et le fils de Rébecca, et elle courut en informer son père. Dès qu'il entendit qu'il s'agissait de Jacob, le fils de sa sœur, Laban courut à sa rencontre, il le serra dans ses bras, le couvrit de baisers et le conduisit dans sa maison. Et Jacob lui raconta toute cette histoire. Alors Laban lui dit: "Oui, tu es de mes os et de ma chair!" et Jacob demeura chez lui un mois entier. Alors Laban dit à Jacob: "Parce que tu es mon parent, vas-tu me servir pour rien? Indique-moi quel doit être ton salaire." Or Laban avait deux filles: l'aînée s'appelait Léa, et la cadette, Rachel. Les yeux de Léa étaient doux, mais Rachel avait belle tournure et beau visage et Jacob aimait Rachel. Il répondit: "Je te servirai sept années pour Rachel, ta fille cadette." Laban dit: "Mieux vaut la donner à toi qu'à un étranger; reste chez moi." Donc Jacob servit pour Rachel, pendant sept années qui lui parurent comme quelques jours, tellement il l'aimait. Puis Jacob dit à Laban: "Accorde-moi ma femme car mon temps est accompli, et que j'aille vers elle!" Laban réunit tous les gens du lieu et donna un banquet. Mais voici qu'au soir il prit sa fille Léa et la conduisit à Jacob; et celui-ci s'unit à elle! -- Laban donna sa servante Zilpa comme servante à sa fille Léa.-- Le matin arriva, et voilà que c'était Léa! Jacob dit à Laban: "Que m'as-tu fait là? N'est-ce pas pour Rachel que j'ai servi chez toi? Pourquoi m'as-tu trompé?" Laban répondit: "Ce n'est pas l'usage dans notre contrée de marier la plus jeune avant l'aînée. Mais achève cette semaine de noces et je te donnerai aussi l'autre comme prix du service que tu feras chez moi pendant encore sept autres années." Jacob fit ainsi: il acheva cette semaine de noces et Laban lui donna sa fille Rachel pour femme. -- Laban donna sa servante Bilha comme servante à sa fille Rachel. -- Jacob s'unit aussi à Rachel et il aima Rachel plus que Léa; il servit chez son oncle encore sept autres années. Yahvé vit que Léa n'était pas aimée et il la rendit féconde, tandis que Rachel demeurait stérile. Léa conçut et elle enfanta un fils qu'elle appela Ruben, car, dit-elle, "Yahvé a vu ma détresse; maintenant mon mari m'aimera." Elle conçut encore et elle enfanta un fils; elle dit: "Yahvé a entendu que je n'étais pas aimée et il m'a aussi donné celui-ci"; et elle l'appela Siméon. Elle conçut encore et elle enfanta un fils; elle dit: "Cette fois, mon mari s'attachera à moi, car je lui ai donné trois fils", et elle l'appela Lévi. Elle conçut encore et elle enfanta un fils; elle dit: "Cette fois, je rendrai gloire à Yahvé"; c'est pourquoi elle l'appela Juda. Puis elle cessa d'avoir des enfants. Rachel, voyant qu'elle-même ne donnait pas d'enfants à Jacob, devint jalouse de sa sœur et elle dit à Jacob: "Fais-moi avoir aussi des enfants, ou je meurs!" Jacob s'emporta contre Rachel et dit: "Est-ce que je tiens la place de Dieu, qui t'a refusé la maternité?" Elle reprit: "Voici ma servante Bilha. Va vers elle et qu'elle enfante sur mes genoux: par elle j'aurai moi aussi des enfants!" Elle lui donna donc pour femme sa servante Bilha et Jacob s'unit à celle-ci. Bilha conçut et enfanta à Jacob un fils. Rachel dit: "Dieu m'a rendu justice, même il m'a exaucée et m'a donné un fils"; c'est pourquoi elle l'appela Dan. Bilha, la servante de Rachel, conçut encore et elle enfanta à Jacob un second fils. Rachel dit: "J'ai lutté contre ma sœur les luttes de Dieu et je l'ai emporté"; et elle l'appela Nephtali. Léa, voyant qu'elle avait cessé d'avoir des enfants, prit sa servante Zilpa et la donna pour femme à Jacob. Zilpa, la servante de Léa, enfanta à Jacob un fils. Léa dit: "Par bonne fortune!" et elle l'appela Gad. Zilpa, la servante de Léa, enfanta à Jacob un second fils. Léa dit: "Pour ma félicité! car les femmes me féliciteront"; et l'appela Asher. Etant sorti au temps de la moisson des blés, Ruben trouva dans les champs des pommes d'amour, qu'il apporta à sa mère, Léa. Rachel dit à Léa: "Donne-moi, s'il te plaît, des pommes d'amour de ton fils", mais Léa lui répondit: "N'est-ce donc pas assez que tu m'aies pris mon mari, pour que tu prennes aussi les pommes d'amour de mon fils?" Rachel reprit: "Eh bien, qu'il couche avec toi cette nuit, en échange des pommes d'amour de ton fils." Lorsque Jacob revint des champs le soir, Léa sortit à sa rencontre et lui dit: "Il faut que tu viennes vers moi, car je t'ai pris à gages pour les pommes d'amour de mon fils", et il coucha avec elle cette nuit-là. Dieu exauça Léa, elle conçut et elle enfanta à Jacob un cinquième fils; Léa dit: "Dieu m'a donné mon salaire, pour avoir donné ma servante à mon mari"; et elle l'appela Issachar. Léa conçut encore et elle enfanta à Jacob un sixième fils. Léa dit: "Dieu m'a fait un beau présent, cette fois mon mari m'honorera, car je lui ai donné six fils"; et elle l'appela Zabulon. Ensuite elle mit au monde une fille et elle l'appela Dina. Alors Dieu se souvint de Rachel, il l'exauça et la rendit féconde. Elle conçut et elle enfanta un fils; elle dit: "Dieu a enlevé ma honte"; et elle l'appela Joseph, disant: "Que Yahvé m'ajoute un autre fils!" Lorsque Rachel eut enfanté Joseph, Jacob dit à Laban: "Laisse-moi partir, que j'aille chez moi, dans mon pays. Donne-moi mes femmes, pour lesquelles je t'ai servi, et mes enfants, et que je m'en aille. Tu sais bien quel service j'ai accompli pour toi." Laban lui dit: "Si j'ai trouvé grâce à tes yeux... J'ai appris par les présages que Yahvé m'avait béni à cause de toi. Aussi, ajouta-t-il, fixe-moi ton salaire et je te payerai." Il lui répondit: "Tu sais bien de quelle façon je t'ai servi et ce que ton bien est devenu avec moi. Le peu que tu avais avant moi s'est accru énormément, et Yahvé t'a béni sur mes pas. Maintenant, quand travaillerai-je aussi pour ma maison?" Laban reprit: "Que faut-il te payer?" Jacob répondit: "Tu n'auras rien à me payer: si tu fais pour moi ce que je vais dire, je reprendrai la conduite de ton troupeau. "Je passerai aujourd'hui dans tout ton troupeau. Sépares-en tout animal noir parmi les moutons et ce qui est tacheté ou moucheté parmi les chèvres. Tel sera mon salaire, et mon honnêteté portera témoignage pour moi dans la suite: quand tu viendras vérifier mon salaire, tout ce qui ne sera pas moucheté ou tacheté parmi les chèvres, ou noir parmi les moutons, sera chez moi un vol." Laban dit: "C'est bien; qu'il en soit comme tu as dit." Ce jour-là, il mit à part les boucs rayés et tachetés, toutes les chèvres mouchetées et tachetées, tout ce qui avait du blanc, et tout ce qui était noir parmi les moutons. Il les confia à ses fils et il mit trois jours de chemin entre lui et Jacob. Et Jacob faisait paître le reste du bétail de Laban. Jacob prit des baguettes fraîches de peuplier, d'amandier et de platane et il les écorça de bandes blanches, mettant à nu l'aubier qui était sur les baguettes. Il mit les baguettes qu'il avait écorcées en face des bêtes dans les auges, dans les abreuvoirs où les bêtes venaient boire, et les bêtes s'accouplaient en venant boire. Elles s'accouplèrent donc devant les baguettes et elles mirent bas des petits rayés, mouchetés et tachetés. Quant aux moutons, Jacob les mit à part et il tourna les bêtes vers ce qui était rayé et tout ce qui était noir dans le troupeau de Laban. Ainsi il se constitua des troupeaux à lui, qu'il ne mit pas avec les troupeaux de Laban. De plus, chaque fois que s'accouplaient les bêtes robustes, Jacob mettait les baguettes devant les yeux des bêtes dans les auges, pour qu'elles s'accouplent devant les baguettes. Quand les bêtes étaient chétives, il ne les mettait pas, et ainsi ce qui était chétif fut pour Laban, ce qui était robuste fut pour Jacob. L'homme s'enrichit énormément et il eut du bétail en quantité, des servantes et des serviteurs, des chameaux et des ânes. Jacob apprit que les fils de Laban disaient: "Jacob a pris tout ce qui était à notre père et c'est aux dépens de notre père qu'il a constitué toute cette richesse." Jacob vit à la mine de Laban qu'il n'était plus avec lui comme auparavant. Yahvé dit à Jacob: "Retourne au pays de tes pères, dans ta patrie, et je serai avec toi." Jacob fit appeler Rachel et Léa aux champs où étaient ses troupeaux, et il leur dit: "Je vois à la mine de votre père qu'il n'est plus à mon égard comme auparavant, mais le Dieu de mon père a été avec moi. Vous savez vous-mêmes que j'ai servi votre père de toutes mes forces. Votre père s'est joué de moi, il a changé dix fois mon salaire, mais Dieu ne lui a pas permis de me faire du tort. Chaque fois qu'il disait: Ce qui est moucheté sera ton salaire, toutes les bêtes mettaient bas des petits mouchetés; chaque fois qu'il disait: Ce qui est rayé sera ton salaire, toutes les bêtes mettaient bas des petits rayés, et Dieu a enlevé son bétail à votre père et me l'a donné. Il arriva, au temps où les bêtes entrent en chaleur, que je levai les yeux et je vis en songe que les boucs en passe de saillir les bêtes étaient rayés, tachetés ou tavelés. L'Ange de Dieu me dit en songe: Jacob, et je répondis: Oui. Il dit: Lève les yeux et vois: tous les boucs qui saillissent les bêtes sont rayés, tachetés ou tavelés, car j'ai vu tout ce que Laban te fait. Je suis le Dieu qui t'est apparu à Béthel, où tu as oint une stèle et où tu m'as fait un vœu. Maintenant debout, sors de ce pays et retourne dans ta patrie." Rachel et Léa lui répondirent ainsi: "Avons-nous encore une part et un héritage dans la maison de notre père? Ne sommes-nous pas considérées par lui comme des étrangères, puisqu'il nous a vendues et qu'il a ensuite mangé notre argent? Oui, toute la richesse que Dieu a retirée à notre père est à nous et à nos enfants. Fais donc maintenant tout ce que Dieu t'a dit." Jacob se leva, fit monter ses enfants et ses femmes sur des chameaux, et poussa devant lui tout son bétail, -- avec tous les biens qu'il avait acquis, le bétail qui lui appartenait et qu'il avait acquis en Paddân-Aram, -- pour aller chez son père Isaac, au pays de Canaan. Laban était allé tondre son troupeau et Rachel déroba les idoles domestiques qui étaient à son père. Jacob abusa l'esprit de Laban l'Araméen en ne lui laissant pas soupçonner qu'il fuyait. Il s'enfuit avec tout ce qu'il avait, il partit, passa le Fleuve et se dirigea vers le mont Galaad. Le troisième jour, on apprit à Laban que Jacob s'était enfui. Il prit ses frères avec lui, le poursuivit sept jours de chemin et l'atteignit au mont Galaad. Dieu visita Laban l'Araméen dans une vision nocturne et lui dit: "Garde-toi de dire à Jacob quoi que ce soit." Laban rejoignit Jacob qui avait planté sa tente dans la montagne, et Laban planta sa tente au mont Galaad. Laban dit à Jacob: "Qu'as-tu fait d'abuser mon esprit et d'emmener mes filles comme des captives de guerre? Pourquoi as-tu fui en secret et m'as-tu abusé au lieu de m'avertir, pour que je te reconduise dans l'allégresse et les chants, avec tambourins et lyres? Tu ne m'as pas laissé embrasser mes fils et mes filles. Vraiment, tu as agi en insensé! Il serait en mon pouvoir de te faire du mal, mais le Dieu de ton père, la nuit passée, m'a dit ceci: Garde-toi de dire à Jacob quoi que ce soit. Maintenant, tu es donc parti, parce que tu languissais tellement après la maison de ton père! Mais pourquoi as-tu volé mes dieux?" Jacob répondit ainsi à Laban: "J'ai eu peur, je me suis dit que tu allais m'enlever tes filles. Mais celui chez qui tu trouveras tes dieux ne restera pas vivant: devant nos frères, reconnais ce qui est à toi chez moi, et prends-le." Jacob ignorait en effet que Rachel les avait dérobés. Laban alla chercher dans la tente de Jacob, puis dans la tente de Léa, puis dans la tente des deux servantes, et il ne trouva rien. Il sortit de la tente de Léa et entra dans celle de Rachel. Or Rachel avait pris les idoles domestiques, les avait mises dans le palanquin du chameau et s'était assise dessus; Laban fouilla toute la tente et ne trouva rien. Rachel dit à son père: "Que Monseigneur ne voie pas avec colère que je ne puisse me lever en ta présence, car j'ai ce qui est coutumier aux femmes." Laban chercha et ne trouva pas les idoles. Jacob se mit en colère et prit à partie Laban. Et Jacob adressa ainsi la parole à Laban: "Quel est mon crime, quelle est ma faute, que tu te sois acharné après moi? Tu as fouillé toutes mes affaires: as-tu rien trouvé de toutes les affaires de ta maison? Produis-le ici, devant mes frères et tes frères, et qu'ils jugent entre nous deux! Voici vingt ans que je suis chez toi, tes brebis et tes chèvres n'ont pas avorté et je n'ai pas mangé les béliers de ton troupeau. Les animaux déchirés par les fauves, je ne les rapportais pas, c'était moi qui compensais leur perte; tu me les réclamais, que j'aie été volé de jour ou que j'aie été volé de nuit. J'ai été dévoré par la chaleur pendant le jour, par le froid pendant la nuit, et le sommeil a fui mes yeux. Voici vingt ans que je suis dans ta maison: je t'ai servi quatorze ans pour tes deux filles et six ans pour ton troupeau, et tu as changé dix fois mon salaire. Si le Dieu de mon père, le Dieu d'Abraham, le Parent d'Isaac, n'avait pas été avec moi, tu m'aurais renvoyé les mains vides. Mais Dieu a vu mes fatigues et le labeur de mes bras et, la nuit passée, il a rendu son jugement." Laban répondit ainsi à Jacob: "Ces filles sont mes filles, ces enfants sont mes enfants, ce bétail est mon bétail, tout ce que tu vois est à moi. Mais que pourrais-je faire aujourd'hui à mes filles que voici et aux enfants qu'elles ont mis au monde? Allons, concluons un traité, moi et toi..., et que cela serve de témoin entre moi et toi." Alors Jacob prit une pierre et la dressa comme une stèle. Et Jacob dit à ses frères: "Ramassez des pierres." Ils ramassèrent des pierres et en firent un monceau et ils mangèrent là, sur le monceau. Laban le nomma Yegar Sahadûta et Jacob le nomma Galéed. Laban dit: "Que ce monceau soit aujourd'hui un témoin entre moi et toi." C'est pourquoi il le nomma Galéed, et Miçpa, parce qu'il dit: "Que Yahvé soit un guetteur entre moi et toi, quand nous ne serons plus en vue l'un de l'autre. Si tu maltraites mes filles ou si tu prends d'autres femmes en sus de mes filles, et que personne ne soit avec nous, vois:Dieu est témoin entre moi et toi." Et Laban dit à Jacob: "Voici ce monceau que j'ai entassé entre moi et toi, et voici la stèle. Ce monceau est témoin, la stèle est témoin, que moi je ne dois pas dépasser ce monceau vers toi et que toi tu ne dois pas dépasser ce monceau et cette stèle, vers moi, avec de mauvaises intentions. Que le Dieu d'Abraham et le Dieu de Nahor jugent entre nous."Et Jacob prêta serment par le Parent d'Isaac, son père. Jacob fit un sacrifice sur la montagne et invita ses frères au repas. Ils prirent le repas et passèrent la nuit sur la montagne. Levé de bon matin, Laban embrassa ses petits-enfants et ses filles et les bénit. Puis Laban partit et retourna chez lui. Comme Jacob poursuivait son chemin, des anges de Dieu l'affrontèrent. En les voyant, Jacob dit: "C'est le camp de Dieu!" et il donna à ce lieu le nom de Mahanayim. Jacob envoya au-devant de lui des messagers à son frère Esaü, au pays de Séïr, la steppe d'Edom. Il leur donna cet ordre: "Ainsi parlerez-vous à Monseigneur Esaü: Voici le message de ton serviteur Jacob: J'ai séjourné chez Laban et je m'y suis attardé jusqu'à maintenant. J'ai acquis bœufs et ânes, petit bétail, serviteurs et servantes. Je veux en faire porter la nouvelle à Monseigneur, pour trouver grâce à ses yeux." Les messagers revinrent auprès de Jacob en disant: "Nous sommes allés vers ton frère Esaü. Lui-même vient maintenant à ta rencontre et il a 400 hommes avec lui." Jacob eut grand peur et se sentit angoissé. Alors il divisa en deux camps les gens qui étaient avec lui, le petit et le gros bétail. Il se dit: "Si Esaü se dirige vers l'un des camps et l'attaque, le camp qui reste pourra se sauver." Jacob dit: "Dieu de mon père Abraham et Dieu de mon père Isaac, Yahvé, qui m'as commandé: Retourne dans ton pays et dans ta patrie et je te ferai du bien, je suis indigne de toutes les faveurs et de toute la bonté que tu as eues pour ton serviteur. Je n'avais que mon bâton pour passer le Jourdain que voici, et maintenant je puis former deux camps. Veuille me sauver de la main de mon frère Esaü, car j'ai peur de lui, qu'il ne vienne et ne nous frappe, la mère avec les enfants. Pourtant, c'est toi qui as dit: Je te comblerai de bienfaits et je rendrai ta descendance comme le sable de la mer, qu'on ne peut pas compter, tant il y en a." Et Jacob passa la nuit en cet endroit. De ce qu'il avait en mains, il prit de quoi faire un présent à son frère Esaü: deux chèvres et vingt boucs,200 brebis et vingt béliers, 30 chamelles qui allaitaient, avec leurs petits,40 vaches et dix taureaux, vingt ânesses et dix ânons. Il les confia à ses serviteurs, chaque troupeau à part, et il dit à ses serviteurs: "Passez devant moi et laissez du champ entre les troupeaux." Au premier il donna cet ordre: "Lorsque mon frère Esaü te rencontrera et te demandera: A qui es-tu? Où vas-tu? A qui appartient ce qui est devant toi? Tu répondras: C'est à ton serviteur Jacob, c'est un présent envoyé à Monseigneur Esaü, et lui-même arrive derrière nous." Il donna le même ordre au second et au troisième et à tous ceux qui marchaient derrière les troupeaux: "Voilà, leur dit-il, comment vous parlerez à Esaü quand vous le trouverez, et vous direz: Et même, ton serviteur Jacob arrive derrière nous." Il s'était dit en effet: "Je me le concilierai par un présent qui me précédera, ensuite je me présenterai à lui, peut-être me fera-t-il grâce." Le présent passa en avant et lui-même demeura cette nuit-là au camp. Cette même nuit, il se leva, prit ses deux femmes, ses deux servantes, ses onze enfants et passa le gué du Yabboq. Il les prit et leur fit passer le torrent, et il fit passer aussi tout ce qu'il possédait. Et Jacob resta seul. Et quelqu'un lutta avec lui jusqu'au lever de l'aurore. Voyant qu'il ne le maîtrisait pas, il le frappa à l'emboîture de la hanche, et la hanche de Jacob se démit pendant qu'il luttait avec lui. Il dit: "Lâche-moi, car l'aurore est levée", mais Jacob répondit: "Je ne te lâcherai pas, que tu ne m'aies béni." Il lui demanda: "Quel est ton nom" -- "Jacob", répondit-il. Il reprit: "On ne t'appellera plus Jacob, mais Israël, car tuas été fort contre Dieu et contre les hommes et tu l'as emporté." Jacob fit cette demande: "Révèle-moi ton nom, je te prie", mais il répondit: "Et pourquoi me demandes-tu mon nom?" Et, là même, il le bénit. Jacob donna à cet endroit le nom de Penuel, "car, dit-il j'ai vu Dieu face à face et j'ai eu la vie sauvé." Au lever du soleil, il avait passé Penuel et il boitait de la hanche. C'est pourquoi les Israélites ne mangent pas, jusqu'à ce jour, le nerf sciatique qui est à l'emboîture de la hanche, parce qu'il avait frappé Jacob à l'emboîture de la hanche, au nerf sciatique. Jacob levant les yeux, vit qu'Esaü arrivait accompagné de 400 hommes. Alors, il répartit les enfants entre Léa, Rachel et les deux servantes, il mit en tête les servantes et leurs enfants, plus loin Léa et ses enfants, plus loin Rachel et Joseph. Cependant, lui-même passa devant eux et se prosterna sept fois à terre avant d'aborder son frère. Mais Esaü, courant à sa rencontre, le prit dans ses bras, se jeta à son cou et l'embrassa en pleurant. Lorsqu'il leva les yeux et qu'il vit les femmes et les enfants, il demanda: "Qui sont ceux que tu as là?" Jacob répondit: "Ce sont les enfants dont Dieu a gratifié ton serviteur." Les servantes s'approchèrent, elles et leurs enfants, et se prosternèrent. Léa s'approcha elle aussi avec ses enfants et ils se prosternèrent; enfin Rachel et Joseph s'approchèrent et se prosternèrent. Esaü demanda: "Que veux-tu faire de tout ce camp que j'ai rencontré" -- "C'est, répondit-il, pour trouver grâce aux yeux de Monseigneur." Esaü reprit: "J'ai suffisamment, mon frère, garde ce qui est à toi." Mais Jacob dit: "Non, je t'en prie! Si j'ai trouvé grâce à tes yeux, reçois de ma main mon présent. En effet, j'ai affronté ta présence comme on affronte celle de Dieu, et tu m'as bien reçu. Accepte donc le présent qui t'est apporté, car Dieu m'a favorisé et j'ai tout ce qu'il me faut" et, sur ses instances, Esaü accepta. Celui-ci dit: "Levons le camp et partons, je marcherai entête." Mais Jacob lui répondit: "Monseigneur sait que les enfants sont délicats et que je dois penser aux brebis et aux vaches qui allaitent: si on les surmène un seul jour, tout le bétail va mourir. Que Monseigneur parte donc en avant de son serviteur; pour moi, je cheminerai doucement au pas du troupeau que j'ai devant moi et au pas des enfants, jusqu'à ce que j'arrive chez Monseigneur, en Séïr." Alors Esaü dit: "Je vais au moins laisser avec toi une partie des gens qui m'accompagnent!" Mais Jacob répondit: "Pourquoi cela? Que je trouve seulement grâce aux yeux de Monseigneur!" Esaü reprit ce jour-là sa route vers Séïr, mais Jacob partit pour Sukkot, il se bâtit une maison et fit des huttes pour son bétail; c'est pourquoi on a donné à l'endroit le nom de Sukkot. Puis Jacob arriva sain et sauf à la ville de Sichem, au pays de Canaan, lorsqu'il revint de Paddân-Aram, et il campa en face de la ville. Il acheta aux fils de Hamor, le père de Sichem, pour cent pièces d'argent, la parcelle de champ où il avait dressé sa tente et il y érigea un autel, qu'il nomma "El, Dieu d'Israël." Dina, la fille que Léa avait donnée à Jacob, sortit pour aller voir les filles du pays. Sichem, le fils de Hamor le Hivvite, prince du pays, la vit et, l'ayant enlevée, il coucha avec elle et lui fit violence. Mais son cœur s'attacha à Dina, fille de Jacob, il eut de l'amour pour la jeune fille et il parla à son cœur. Sichem parla ainsi à son père Hamor: "Prends-moi cette petite pour femme." Jacob avait appris qu'il avait déshonoré sa fille Dina, mais comme ses fils étaient aux champs avec son troupeau, Jacob garda le silence jusqu'à leur retour. Hamor, le père de Sichem, se rendit chez Jacob pour lui parler. Lorsque les fils de Jacob revinrent des champs et apprirent cela, ces hommes furent indignés et entrèrent en grand courroux de ce qu'il avait commis une infamie en Israël en couchant avec la fille de Jacob: cela ne doit pas se faire! Hamor leur parla ainsi: "Mon fils Sichem s'est épris de votre fille, veuillez la lui donner pour femme. Alliez-vous à nous: vous nous donnerez vos filles et vous prendrez les nôtres pour vous. Vous demeurerez avec nous et le pays vous sera ouvert: vous pourrez y habiter, y circuler, vous y établir." Sichem dit au père et aux frères de la jeune fille: "Que je trouve grâce à vos yeux et je donnerai ce que vous me demanderez! Imposez-moi une grosse somme, comme prix et comme présent, je payerai autant que vous me demanderez, mais donnez-moi la jeune fille pour femme!" Les fils de Jacob répondirent à Sichem et à son père Hamor et ils parlèrent avec ruse, parce qu'il avait déshonoré leur sœur Dina. Ils leur dirent: "Nous ne pouvons pas faire une chose pareille: donner notre sœur à un homme incirconcis, car c'est un déshonneur chez nous. Nous ne vous donnerons notre consentement qu'à cette condition: c'est que vous deveniez comme nous et fassiez circoncire tous vos mâles. Alors nous vous donnerons nos filles et nous prendrons les vôtres pour nous, nous demeurerons avec vous et formerons un seul peuple. Mais si vous ne nous écoutez pas, touchant la circoncision, nous prendrons notre fille et nous partirons." Leurs paroles plurent à Hamor et à Sichem, fils de Hamor. Le jeune homme n'hésita pas à faire la chose, car il était épris de la fille de Jacob; or il était le plus considéré de toute sa famille. Hamor et son fils Sichem allèrent à la porte de leur ville et parlèrent ainsi aux hommes de leur ville: "Ces gens-là sont bien intentionnés: qu'ils demeurent avec nous dans le pays, ils y circuleront, le pays sera ouvert pour eux dans toute son étendue, nous prendrons leurs filles pour femmes et nous leur donnerons nos filles. Mais ces gens ne consentiront à demeurer avec nous pour former un seul peuple qu'à cette condition: c'est que tous nos mâles soient circoncis comme ils le sont eux-mêmes. Leurs troupeaux, leurs biens, tout leur bétail ne seront-ils pas à nous? Donnons-leur seulement notre consentement, pour qu'ils demeurent avec nous." Hamor et son fils Sichem furent écoutés par tous ceux qui ranchissaient la porte de leur ville, et tous les mâles se firent circoncire. Or, le troisième jour, tandis qu'ils étaient souffrants, les deux fils de Jacob, Siméon et Lévi, les frères de Dina, prirent chacun son épée et marchèrent sans opposition contre la ville: ils tuèrent tous les mâles. Ils passèrent au fil de l'épée Hamor et son fils Sichem, enlevèrent Dina de la maison de Sichem et partirent. Les fils de Jacob assaillirent les blessés et pillèrent la ville, parce qu'on avait déshonoré leur sœur. Ils prirent leur petit et leur gros bétail et leurs ânes, ce qui était dans la ville et ce qui était aux champs. Ils ravirent tous leurs biens, tous leurs enfants et leurs femmes, et ils pillèrent tout ce qu'il y avait dans les maisons. Jacob dit à Siméon et Lévi: "Vous m'avez mis en mauvaise posture en me rendant odieux aux habitants du pays, les Cananéens et les Perizzites: j'ai peu d'hommes, ils se rassembleront contre moi, me vaincront et je serai anéanti avec ma maison." Mais ils répliquèrent: "Devait-on traiter notre sœur comme une prostituée?" Dieu dit à Jacob: "Debout! Monte à Béthel et fixe-toi là-bas. Tu y feras un autel au Dieu qui t'est apparu lorsque tu fuyais la présence de ton frère Esaü." Jacob dit à sa famille et à tous ceux qui étaient avec lui:"Otez les dieux étrangers qui sont au milieu de vous, purifiez-vous et changez vos vêtements. Partons et montons à Béthel! J'y ferai un autel au Dieu qui m'a exaucé lorsque j'étais dans l'angoisse et m'a assisté dans le voyage que j'ai fait." Ils donnèrent à Jacob tous les dieux étrangers qu'ils possédaient et les anneaux qu'ils portaient aux oreilles, et Jacob les enfouit sous le chêne qui est près de Sichem. Ils levèrent le camp et une terreur divine tomba sur les villes d'alentour: on ne poursuivit pas les fils de Jacob. Jacob arriva à Luz, au pays de Canaan, -- c'est Béthel, -- lui et tous les gens qu'il avait. Là, il construisit un autel et appela le lieu El-Béthel, car Dieu s'y était révélé à lui lorsqu'il fuyait la présence de son frère. Alors mourut Débora, la nourrice de Rébecca, et elle fut ensevelie au-dessous de Béthel, sous le chêne; aussi l'appela-t-on le Chêne-des-Pleurs. Dieu apparut encore à Jacob, à son retour de Paddân-Aram, et il le bénit. Dieu lui dit: "Ton nom est Jacob, mais on ne t'appellera plus Jacob, ton nom sera Israël." Aussi l'appela-t-on Israël. Dieu lui dit: "Je suis El Shaddaï. Sois fécond et multiplie. Une nation, une assemblée de nations naîtra de toi et des rois sortiront de tes reins. Le pays que j'ai donné à Abraham et à Isaac, je te le donne, et à ta postérité après toi je donnerai ce pays." Et Dieu remonta d'auprès de lui. Jacob dressa une stèle à l'endroit où il lui avait parlé, une stèle de pierre, sur laquelle il fit une libation et versa de l'huile. Et Jacob donna le nom de Béthel au lieu où Dieu lui avait parlé. Ils partirent de Béthel. Il restait un bout de chemin pour arriver à Ephrata quand Rachel accoucha. Ses couches furent pénibles et, comme elle accouchait difficilement, la sage-femme lui dit: "Rassure-toi, c'est encore un fils que tu as!" Au moment de rendre l'âme, car elle se mourait, elle le nomma Ben-Oni, mais son père l'appela Benjamin. Rachel mourut et fut enterrée sur le chemin d'Ephrata -- c'est Bethléem. Jacob dressa une stèle sur son tombeau; c'est la stèle du tombeau de Rachel, qui existe encore aujourd'hui. Israël partit et planta sa tente au-delà de Migdal-Edèr. Pendant qu'Israël habitait dans cette région, Ruben alla coucher avec Bilha, la concubine de son père, et Israël l'apprit. Les fils de Jacob furent au nombre de douze. Les fils de Léa: le premier-né de Jacob, Ruben, puis Siméon, Lévi, Juda, Issachar et Zabulon. Les fils de Rachel: Joseph et Benjamin. Les fils de Bilha, la servante de Rachel: Dan et Nephtali. Les fils de Zilpa, la servante de Léa: Gad et Asher. Tels sontles fils qui furent enfantés à Jacob en Paddân-Aram. Jacob arriva chez son père Isaac, à Mambré, à Qiryat-Arba, -- c'est Hébron, -- où séjournèrent Abraham et Isaac. La durée de la vie d'Isaac fut de 180 ans, et Isaac expira. Il mourut et il fut réuni à sa parenté, âgé et rassasié de jours; ses fils Esaü et Jacob l'ensevelirent. Voici la descendance d'Esaü, qui est Edom. Esaü prit ses femmes parmi les filles de Canaan: Ada, la fille d'Elôn le Hittite, Oholibama, la fille d'Ana, fils de Cibéôn le Horite, Basmat, la fille d'Ismaël et la sœur de Nebayot. Ada enfanta à Esaü Eliphaz, Basmat enfanta Réuel, Oholibama enfanta Yéush, Yalam et Qorah. Tels sont les fils d'Esaü qui lui naquirent au pays de Canaan. Esaü prit ses femmes, ses fils et ses filles, toutes les personnes de sa maison, son bétail et toutes ses bêtes de somme, bref tout le bien qu'il avait acquis au pays de Canaan, et il partit pour le pays de Séïr, loin de son frère Jacob. En effet, ils avaient de trop grands biens pour habiter ensemble et le pays où ils séjournaient ne pouvait pas leur suffire, en raison de leur avoir. Ainsi Esaü s'établit dans la montagne de Séïr. Esaü c'est Edom. Voici la descendance d'Esaü, père d'Edom, dans la montagne de Séïr. Voici les noms des fils d'Esaü: Eliphaz, le fils d'Ada, femme d'Esaü, et Réuel, le fils de Basmat, femme d'Esaü. Les fils d'Eliphaz furent: Témân, Omar, Cepho, Gatam, Qenaz. Eliphaz, fils d'Esaü, eut pour concubine Timna et elle lui enfanta Amaleq. Tels sont les fils d'Ada, la femme d'Esaü. Voici les fils de Réuel: Nahat, Zérah, Shamma, Mizza. Tels furent les fils de Basmat, la femme d'Esaü. Voici les fils d'Oholibama, fille d'Ana, fils de Cibéôn, la femme d'Esaü: elle lui enfanta Yéush, Yalam et Qorah. Voici les chefs des fils d'Esaü. Fils d'Eliphaz, premier-né d'Esaü: le chef Témân, le chef Omar, le chef Cepho, le chef Qenaz, le chef Gatam, le chef Amaleq. Tels sont les chefs d'Eliphazau pays d'Edom, tels sont les fils d'Ada. Et voici les fils de Réuel, le fils d'Esaü: le chef Nahat, lechef Zérah, le chef Shamma, le chef Mizza. Tels sont les chefs de Réuel au pays d'Edom, tels sont les fils de Basmat, femme d'Esaü. Et voici les fils d'Oholibama, la femme d'Esaü: le chef Yéush, le chef Yalam, le chef Qorah. Tels sont les chefs d'Oholibama, fille d'Ana, femme d'Esaü. Tels sont les fils d'Esaü et tels sont leurs chefs. C'est Edom. Voici les fils de Séïr le Horite, les indigènes du pays: Lotân, Shobal, Cibéôn, Ana, Dishôn, Eçer, Dishân, tels sont les chefs des Horites, les fils de Séïr au pays d'Edom. Les fils de Lotân furent Hori et Hémam, et la sœur de Lotân était Timna. Voici les fils de Shobal: Alvân, Manahat, Ebal, Shepho, Onam. Voici les fils de Cibéôn: Ayya, Ana -- c'est cet Ana qui trouva les eaux chaudes au désert en faisant paître les ânesde son père Cibéôn. Voici les enfants d'Ana: Dishôn, Oholibama, fille d'Ana. Voici les fils de Dishôn: Hemdân, Eshbân, Yitrân, Kerân. Voici les fils d'Eçer: Bilhân, Zaavân, Aqân. Voici les fils de Dishân: Uç et Arân. Voici les chefs des Horites: le chef Lotân, le chef Shobal, lechef Cibéôn, le chef Ana, le chef Dishôn, le chef Eçer, le chef Dishân. Tels sont les chefs des Horites, d'après leurs clans, au pays de Séïr. Voici les rois qui régnèrent au pays d'Edom avant que ne régnât un roi des Israélites. En Edom régna Béla, fils de Béor, et sa ville s'appelait Dinhaba. Béla mourut et à sa place régna Yobab, fils de Zérah, deBoçra. Yobab mourut et à sa place régna Husham du pays des Témanites. Husham mourut et à sa place régna Hadad, fils de Bedad, qui battit les Madianites dans la campagne de Moab, et sa ville s'appelait Avvit. Hadad mourut et à sa place régna Samla, de Masréqa. Samla mourut et à sa place régna Shaûl, de Rehobot-ha-Nahar. Shaûl mourut et à sa place régna Baal-Hanân, fils d'Akbor. Baal-Hanân, fils d'Akbor, mourut et à sa place régna Hadad; sa ville s'appelait Paü; sa femme s'appelait Mehétabéel, fille de Matred, de Mé-Zahab. Voici les noms des chefs d'Esaü, selon leurs clans et leurs lieux, d'après leurs noms: le chef Timna, le chef Alva, le chef Yetèt, le chef Oholibama, le chef Ela, le chef Pinôn, le chef Qenaz, le chef Témân, le chef Mibçar, le chef Magdiel, le chef Iram. Tels sont les chefs d'Edom, selon leurs résidences au pays qu'ils possédaient. C'est Esaü, père d'Edom. Mais Jacob demeura dans le pays où son père avait séjourné, dans le pays de Canaan. Voici l'histoire de Jacob. Joseph avait dix-sept ans. Il gardait le petit bétail avec ses frères, -- il était jeune, -- avec les fils de Bilha et les fils de Zilpa, femmes de son père, et Joseph rapporta à leur père le mal qu'on disait d'eux. Israël aimait Joseph plus que tous ses autres enfants, car il était le fils de sa vieillesse, et il lui fit faire une tunique ornée. Ses frères virent que son père l'aimait plus que tous ses autres fils et ils le prirent en haine, devenus incapables de lui parler amicalement. Or Joseph eut un songe et il en fit part à ses frères qui le haïrent encore plus. Il leur dit: "Ecoutez le rêve que j'ai fait: il me paraissait que nous étions à lier des gerbes dans les champs, et voici que ma gerbe se dressa et qu'elle se tintdebout, et vos gerbes l'entourèrent et elles se prosternèrent devant ma gerbe." Ses frères lui répondirent: "Voudrais-tu donc régner sur nous en roi ou bien dominer en maître?" Et ils le haïrent encoreplus, à cause de ses rêves et de ses propos. Il eut encore un autre songe, qu'il raconta à ses frères. Il dit: "J'ai encore fait un rêve: il me paraissait que lesoleil, la lune et onze étoiles se prosternaient devant moi." Il raconta cela à son père et à ses frères, mais son père le gronda et lui dit: "En voilà un rêve que tu as fait!Allons-nous donc, moi, ta mère et tes frères, venir nous prosterner à terre devant toi?" Ses frères furent jaloux de lui, mais son père gardait la chose dans sa mémoire. Ses frères allèrent paître le petit bétail de leur père à Sichem. Israël dit à Joseph: "Tes frères ne sont-ils pas au pâturage à Sichem? Viens, je vais t'envoyer vers eux" et il répondit: "Je suis prêt." Il lui dit: "Va donc voir comment se portent tes frères et le bétail, et rapporte-moi des nouvelles." Il l'envoya de la vallée d'Hébron et Joseph arriva à Sichem. Un homme le rencontra errant dans la campagne et cet homme lui demanda: "Que cherches-tu?" Il répondit: "Je cherche mes frères. Indique-moi, je te prie, où ils paissent leurs troupeaux." L'homme dit: "Ils ont décampé d'ici, je les ai entendus quidisaient: Allons à Dotân"; Joseph partit en quête de ses frères et il les trouva à Dotân. Ils l'aperçurent de loin et, avant qu'il n'arrivât près d'eux, ils complotèrent de le faire mourir. Ils se dirent entre eux: "Voilà l'homme aux songes qui arrive! Maintenant, venez, tuons-le et jetons-le dans n'importe quelle citerne; nous dirons qu'une bête féroce l'a dévoré. Nous allons voir ce qu'il adviendra de ses songes!" Mais Ruben entendit et il le sauva de leurs mains. Il dit: "N'attentons pas à sa vie!" Ruben leur dit: "Ne répandez pas le sang! Jetez-le dans cette citerne du désert, mais ne portez pas la main sur lui!"C'était pour le sauver de leurs mains et le ramener à son père. Donc, lorsque Joseph arriva près de ses frères, ils le dépouillèrent de sa tunique, la tunique ornée qu'il portait. Ils se saisirent de lui et le jetèrent dans la citerne; c'était une citerne vide, où il n'y avait pas d'eau. Puis ils s'assirent pour manger. Comme ils levaient les yeux, voici qu'ils aperçurent une caravane d'Ismaélites qui venait de Galaad. Leurs chameaux étaient chargés de gomme adragante, de baume et de ladanum, qu'ils allaient livrer en Egypte. Alors Juda dit à ses frères: "Quel profit y aurait-il à tuer notre frère et couvrir son sang? Venez, vendons-le aux Ismaélites, mais ne portons pas la main sur lui: il est notre frère, de la même chair que nous." Et ses frères l'écoutèrent. Or des gens passèrent, des marchands madianites, et ils retirèrent Joseph de la citerne. Ils vendirent Joseph aux Ismaélites pour vingt sicles d'argent et ceux-ci le conduisirent en Egypte. Lorsque Ruben retourna à la citerne, voilà que Joseph n'y était plus! Il déchira ses vêtements et, revenant vers ses frères, il dit: "L'enfant n'est plus là! Et moi, où vais-je aller?" Ils prirent la tunique de Joseph et, ayant égorgé un bouc, ils trempèrent la tunique dans le sang. Ils envoyèrent la tunique ornée, ils la firent porter à leur père avec ces mots: "Voilà ce que nous avons trouvé! Regarde si ce ne serait pas la tunique de ton fils." Celui-ci regarda et dit: "C'est la tunique de mon fils! Une bête féroce l'a dévoré. Joseph a été mis en pièces!" Jacob déchira son vêtement, il mit un sac sur ses reins et fit le deuil de son fils pendant longtemps. Tous ses fils et ses filles vinrent pour le consoler, mais il refusa toute consolation et dit: "Non, c'est en deuil que je veux descendre au shéol auprès de mon fils." Et son père le pleura. Cependant, les Madianites l'avaient vendu en Egypte à Potiphar, eunuque de Pharaon et commandant des gardes. Il arriva, vers ce temps-là, que Juda se sépara de ses frères et se rendit chez un homme d'Adullam qui se nommait Hira. Là, Juda vit la fille d'un Cananéen qui se nommait Shua, il la prit pour femme et s'unit à elle. Celle-ci conçut et enfanta un fils, qu'elle appela Er. De nouveau, elle conçut et enfanta un fils, qu'elle appela Onân. Encore une fois, elle enfanta un fils, qu'elle appela Shéla; elle se trouvait à Kezib quand elle lui donna naissance. Juda prit une femme pour son premier-né Er; elle se nommait Tamar. Mais Er, premier-né de Juda, déplut à Yahvé, qui le fit mourir. Alors Juda dit à Onân: "Va vers la femme de ton frère, remplis avec elle ton devoir de beau-frère et assure une postérité à ton frère." Cependant Onân savait que la postérité ne serait pas sienne et, chaque fois qu'il s'unissait à la femme de son frère, il laissait perdre à terre pour ne pas donner une postérité à son frère. Ce qu'il faisait déplut à Yahvé, qui le fit mourir lui aussi. Alors Juda dit à sa belle-fille Tamar: "Retourne comme veuve chez ton père, en attendant que grandisse mon fils Shéla." Il se disait: "Il ne faut pas que celui-là meure comme ses frères." Tamar s'en retourna donc chez son père. Bien des jours passèrent et la fille de Shua, la femme de Juda, mourut. Lorsque Juda fut consolé, il monta à Timna pour la tonte de ses brebis, lui et Hira, son ami d'Adullam. On avertit Tamar: "Voici, lui dit-on, que ton beau-père monte à Timna pour tondre ses brebis." Alors, elle quitta ses vêtements de veuve, elle se couvrit d'un voile, s'enveloppa et s'assit à l'entrée d'Enayim, qui est sur le chemin de Timna. Elle voyait bien que Shéla était devenu grand et qu'elle ne lui avait pas été donnée pour femme. Juda l'aperçut et la prit pour une prostituée, car elle s'était voilé le visage. Il se dirigea vers elle sur le chemin et dit: "Laisse, que j'aille avec toi!" Il ne savait pas que c'était sabelle-fille. Mais elle demanda: "Que me donneras-tu pour aller avec moi?" Il répondit: "Je t'enverrai un chevreau du troupeau." Mais elle reprit: "Oui, si tu me donnes un gage en attendant que tu l'envoies!" Il demanda: "Quel gage te donnerai-je?" Et elle répondit: "Ton sceau et ton cordon et la canne que tu as à la main." Il les lui donna et alla avec elle, qui devint enceinte de lui. Elle se leva, partit, enleva son voile et reprit ses vêtements de veuve. Juda envoya le chevreau par l'intermédiaire de son ami d'Adullam, pour reprendre les gages des mains de la femme, mais celui-ci ne la retrouva pas. Il demanda aux gens du lieu: "Où est cette prostituée qui était à Enayim, sur le chemin?" Mais ils répondirent: "Il n'y a jamais eu là de prostituée!" Il revint donc auprès de Juda et dit: "Je ne l'ai pas retrouvée. Et même, les gens du lieu m'ont dit qu'il n'y avait jamais eu là de prostituée." Juda reprit: "Qu'elle garde tout: il ne faut pas qu'on se moque de nous, mais j'ai bien envoyé le chevreau que voici, et toi, tu ne l'as pas retrouvée." Environ trois mois après, on avertit Juda: "Ta belle-fille Tamar, lui dit-on, s'est prostituée, elle est même enceinte par suite de son inconduite." Alors Juda ordonna: "Qu'elle soit amenée dehors et brûlée vive!" Mais, comme on l'amenait, elle envoya dire à son beau-père:"C'est de l'homme à qui appartient cela que je suis enceinte. Reconnais donc, dit-elle, à qui appartient ce sceau, ce cordon et cette canne." Juda les reconnut et dit: "Elle est plus juste que moi. C'est qu'en effet je ne lui avait pas donné mon fils Shéla." Et il n'eut plus de rapports avec elle. Lorsque vint le temps de ses couches, il apparut qu'elle avait dans son sein des jumeaux. Pendant l'accouchement, l'un d'eux tendit la main et la sage-femme la saisit et y attacha un fil écarlate, en disant:"C'est celui-là qui est sorti le premier." Mais il advint qu'il retira sa main et ce fut son frère quisortit. Alors elle dit: "Comme tu t'es ouvert une brèche!" Eton l'appela Pérèç. Ensuite sortit son frère, qui avait le fil écarlate à la main, et on l'appela Zérah. Joseph avait donc été emmené en Egypte. Potiphar, eunuque de Pharaon et commandant des gardes, un Egyptien, l'acheta aux Ismaélites qui l'avaient emmené là-bas. Or Yahvé assista Joseph, à qui tout réussit, et il resta dans la maison de son maître, l'Egyptien. Comme son maître voyait que Yahvé l'assistait et faisait réussir entre ses mains tout ce qu'il entreprenait, Joseph trouva grâce à ses yeux: il fut attaché au service du maître, qui l'institua son majordome et lui confia tout ce qui lui appartenait. Et, à partir du moment où il l'eut préposé à sa maison et à ce qui lui appartenait, Yahvé bénit la maison de l'Egyptien, en considération de Joseph: la bénédiction de Yahvé atteignit tout ce qu'il possédait à la maison et aux champs. Alors, il abandonna entre les mains de Joseph tout ce qu'il avait et, avec lui, il ne se préoccupa plus de rien, sauf de la nourriture qu'il prenait. Joseph avait une belle prestance et un beau visage. Il arriva, après ces événements, que la femme de son maître jeta les yeux sur Joseph et dit: "Couche avec moi!" Mais il refusa et dit à la femme de son maître: "Avec moi, mon maître ne se préoccupe pas de ce qui se passe à la maison et il m'a confié tout ce qui lui appartient. Lui-même n'est pas plus puissant que moi dans cette maison: il ne m'a rien interdit que toi, parce que tu es sa femme. Comment pourrais-je accomplir un aussi grand mal et pécher contre Dieu?" Bien qu'elle parlât à Joseph chaque jour, il ne consentit pas à coucher à son côté, à se donner à elle. Or, un certain jour, Joseph vint à la maison pour faire son service et il n'y avait là, dans la maison, aucun des domestiques. La femme le saisit par son vêtement en disant: "Couche avec moi!" mais il abandonna le vêtement entre ses mains, prit la fuite et sortit. Voyant qu'il avait laissé le vêtement entre ses mains et qu'il s'était enfui dehors, elle appela ses domestiques et leur dit: "Voyez cela! Il nous a amené un Hébreu pour badiner avec nous! Il m'a approchée pour coucher avec moi, mais j'ai poussé un grand cri, et en entendant que j'élevais la voix et que j'appelais il a laissé son vêtement près de moi, il a pris la fuite et il est sorti." Elle déposa le vêtement à côté d'elle en attendant que le maître vint à la maison. Alors, elle lui dit les mêmes paroles: "L'esclave hébreu que tu nous as amené m'a approchée pour badiner avec moi et, quand j'ai élevé la voix et appelé, il a laissé son vêtement près de moi et il s'est enfui dehors." Lorsque le mari entendit ce que lui disait sa femme: "Voilà de quelle manière ton esclave a agi envers moi", sa colère s'enflamma. Le maître de Joseph le fit saisir et mettre en geôle, là où étaient détenus les prisonniers du roi. Ainsi, il demeura en geôle. Mais Yahvé assista Joseph, il étendit sur lui sa bonté et lui fit trouver grâce aux yeux du geôlier chef. Le geôlier chef confia à Joseph tous les détenus qui étaient en geôle; tout ce qui s'y faisait se faisait par lui. Le geôlier chef ne s'occupait en rien de ce qui lui était confié, parce que Yahvé l'assistait et faisait réussir ce qu'il entreprenait. Il arriva, après ces événements, que l'échanson du roi d'Egypte et son panetier se rendirent coupables envers leur maître, le roi d'Egypte. Pharaon s'irrita contre ses deux eunuques, le grand échanson et le grand panetier, et il les mit aux arrêts chez le commandant des gardes, dans la geôle où Joseph était détenu. Le commandant des gardes leur adjoignit Joseph pour qu'il les servit et ils restèrent un certain temps aux arrêts. Or, une même nuit, tous deux eurent un songe ayant pour chacun sa signification, l'échanson et le panetier du roi d'Egypte, qui étaient détenus dans la geôle. Venant les trouver le matin, Joseph s'aperçut qu'ils étaient maussades et il demanda aux eunuques de Pharaon qui étaient avec lui aux arrêts chez son maître: "Pourquoi faites-vous mauvais visage aujourd'hui?" Ils lui répondirent: "Nous avons eu un songe et il n'y a personne pour l'interpréter", Joseph leur dit: "C'est Dieu qui donne l'interprétation; mais racontez-moi donc!" Le grand échanson raconta à Joseph le songe qu'il avait eu:"J'ai rêvé, dit-il, qu'il y avait devant moi un cep de vigne, et sur le cep trois sarments: dès qu'il bourgeonna, il monta en fleurs, ses grappes firent mûrir les raisins. J'avais en main la coupe de Pharaon, je pris les raisins, je les pressai sur la coupe de Pharaon et je mis la coupe dans la main de Pharaon." Joseph lui dit: "Voici ce que cela signifie: les trois sarments représentent trois jours. Encore trois jours et Pharaon t'élèvera la tête, et il te rendra ton emploi: tu mettras la coupe de Pharaon en sa main, comme tu avais coutume de faire autrefois où tu étais son échanson. Souviens-toi de moi, lorsqu'il te sera arrivé du bien, et sois assez bon pour parler de moi à Pharaon, qu'il me fasse sortir de cette maison. En effet, j'ai été enlevé du pays des Hébreux et ici même je n'ai rien fait pour qu'on me mette en prison." Le grand panetier vit que c'était une interprétation favorable et il dit à Joseph: "Moi aussi, j'ai rêvé: il y avait trois corbeilles de gâteaux sur ma tête. Dans la corbeille du dessus, il y avait toutes sortes de pâtisseries que mange Pharaon, mais les oiseaux les mangeaient dans la corbeille, sur ma tête." Joseph lui répondit ainsi: "Voici ce que cela signifie: les trois corbeilles représentent trois jours. Encore trois jours et Pharaon t'élèvera la tête, il te pendra au gibet et les oiseaux mangeront la chair de dessus de toi." Effectivement, le troisième jour, qui était l'anniversaire de Pharaon, celui-ci donna un banquet à tous ses officiers et il relâcha le grand échanson et le grand panetier au milieu de ses officiers. Il rétablit le grand échanson dans son échansonnerie et celui-ci mit la coupe dans la main de Pharaon; quant au grand panetier, il le pendit, comme Joseph lui avait expliqué. Mais le grand échanson ne se souvint pas de Joseph, il l'oublia. Deux ans après, il advint que Pharaon eut un songe: il se tenait près du Nil et il vit monter du Nil sept vaches de belle apparence et grasses de chair, qui pâturèrent dans les joncs. Mais voici que sept autres vaches montèrent du Nil derrière elles, laides d'apparence et maigres de chair, et elles se rangèrent à côté des premières, sur la rive du Nil. Et les vaches laides d'apparence et maigres de chair dévorèrent les sept vaches grasses et belles d'apparence. Alors Pharaon s'éveilla. Il se rendormit et eut un second songe: sept épis montaient d'une même tige, gros et beaux. Mais voici que sept épis grêles et brûlés par le vent d'est poussèrent après eux. Et les épis grêles engloutirent les sept épis gros et pleins. Alors Pharaon s'éveilla: voilà que c'était un songe! Au matin, l'esprit troublé, Pharaon fit appeler tous les magiciens et tous les sages d'Egypte et il leur raconta le songe qu'il avait eu, mais personne ne put l'expliquer à Pharaon. Alors, le grand échanson adressa la parole à Pharaon et dit: "Je dois confesser aujourd'hui mes fautes! Pharaon s'était irrité contre ses serviteurs et les avait mis aux arrêts chez le commandant des gardes, moi et le grand panetier. Nous eûmes un songe, la même nuit, lui et moi, mais la signification du songe était différente pour chacun. Il y avait là avec nous un jeune Hébreu, un esclave du commandant des gardes. Nous lui avons raconté nos songes et il nous les a interprétés: il a interprété le songe de chacun. Et juste comme il nous l'avait expliqué, ainsi arriva-t-il: je fus rétabli dans mon emploi et l'autre fut pendu." Alors Pharaon fit appeler Joseph, et on l'amena en hâte de la prison. Il se rasa, changea de vêtements et se présenta devant Pharaon. Pharaon dit à Joseph: "J'ai eu un songe et personne ne peut l'interpréter. Mais j'ai entendu dire de toi qu'il te suffit d'entendre un songe pour savoir l'interpréter." Joseph répondit à Pharaon: "Je ne compte pas! C'est Dieu qui donnera à Pharaon une réponse favorable." Alors Pharaon parla ainsi à Joseph: "Dans mon songe, il me semblait que je me tenais sur la rive du Nil. Voici que montèrent du Nil sept vaches grasses de chair et belles d'aspect, qui pâturèrent dans les joncs. Mais voici que sept autres vaches montèrent après elles, efflanquées, très laides d'aspect et maigres de chair, je n'en ai jamais vu d'aussi laides dans tout le pays d'Egypte. Les vaches maigres et laides dévorèrent les sept premières, les vaches grasses. Et lorsqu'elles les eurent avalées, on ne s'aperçut pas qu'elles les avaient avalées, car leur apparence était aussi laide qu'au début. Là-dessus, je m'éveillai. Puis j'ai vu en songe sept épis monter d'une même tige, pleins et beaux. Mais voici que sept épis desséchés, grêles et brûlés par le vent d'est poussèrent après eux. Et les épis grêles engloutirent les sept beaux épis. J'ai dit cela aux magiciens mais il n'y a personne qui me donne la réponse." Joseph dit à Pharaon: "Le Pharaon n'a fait qu'un seul songe: Dieu a annoncé à Pharaon ce qu'il va accomplir. Les sept belles vaches représentent sept années, et les sept beaux épis représentent sept années, c'est un seul et même songe. Les sept vaches maigres et laides qui montent ensuite représentent sept années et aussi les sept épis grêles et brûlés par le vent d'est: c'est qu'il y aura sept années de famine. C'est ce que j'ai dit à Pharaon; Dieu a montré à Pharaon ce qu'il va accomplir: voici que viennent sept années où il y aura grande abondance dans tout le pays d'Egypte, puis leur succéderont sept années de famine et on oubliera toute l'abondance dans le pays d'Egypte; la famine épuisera le pays et l'on ne saura plus ce qu'était l'abondance dans le pays, en face de cette famine qui suivra, car elle sera très dure. Et si le songe de Pharaon s'est renouvelé deux fois, c'est que la chose est bien décidée de la part de Dieu et que Dieu a hâte de l'accomplir. "Maintenant, que Pharaon discerne un homme intelligent et sage et qu'il l'établisse sur le pays d'Egypte. Que Pharaon agisse et qu'il institue des fonctionnaires sur le pays; il imposera au cinquième le pays d'Egypte pendant les sept années d'abondance, ils ramasseront tous les vivres de ces bonnes années qui viennent, ils emmagasineront le blé sous l'autorité de Pharaon, ils mettront les vivres dans les villes et les y garderont. Ces vivres serviront de réserve au pays pour les sept années de famine qui s'abattront sur le pays d'Egypte, et le pays ne sera pas exterminé par la famine." Le discours plut à Pharaon et à tous ses officiers et Pharaon dit à ses officiers: "Trouverons-nous un homme comme celui-ci, en qui soit l'esprit de Dieu?" Alors Pharaon dit à Joseph: "Après que Dieu t'a fait connaître tout cela, il n'y a personne d'intelligent et de sage comme toi. C'est toi qui seras mon maître du palais et tout mon peuple se conformera à tes ordres, je ne te dépasserai que par le trône." Pharaon dit à Joseph: "Vois: je t'établis sur tout le pays d'Egypte" et Pharaon ôta son anneau de sa main et le mit à la main de Joseph, il le revêtit d'habits de lin fin et lui passa au coule collier d'or. Il le fit monter sur le meilleur char qu'il avait après le sien et on criait devant lui "Abrek." Ainsi fut-il établi surtout le pays d'Egypte. Pharaon dit à Joseph: "Je suis Pharaon, mais sans ta permission personne ne lèvera la main ni le pied dans tout le pays d'Egypte." Et Pharaon imposa à Joseph le nom de Cophnat-Panéah et il lui donna pour femme Asnat, fille de Poti-Phéra, prêtre d'On. Et Joseph partit pour le pays d'Egypte. Joseph avait 30 ans lorsqu'il se présenta devant Pharaon, roi d'Egypte, et Joseph quitta la présence de Pharaon et parcourut tout le pays d'Egypte. Pendant les sept années d'abondance, la terre produisit à profusion et il ramassa tous les vivres des sept années où il y eut abondance au pays d'Egypte et déposa les vivres dans les villes, mettant dans chaque ville les vivres de la campagne environnante. Joseph emmagasina le blé comme le sable de la mer, en telle quantité qu'on renonça à en faire le compte, car cela dépassait toute mesure. Avant que vînt l'année de la famine, il naquit à Joseph deux fils que lui donna Asnat, fille de Poti-Phéra, prêtre d'On. Joseph donna à l'aîné le nom de Manassé, "car, dit-il, Dieu m'a fait oublier toute ma peine et toute la famille de mon père." Quant au second, il l'appela Ephraïm, "car, dit-il, Dieu m'a rendu fécond au pays de mon malheur." Alors prirent fin les sept années d'abondance qu'il y eut au pays d'Egypte et commencèrent à venir les sept années de famine, comme l'avait dit Joseph. Il y avait famine dans tous les pays, mais il y avait du pain dans tout le pays d'Egypte. Puis tout le pays d'Egypte souffrit de la faim et le peuple demanda à grands cris du pain à Pharaon, mais Pharaon dit à tous les Egyptiens: "Allez à Joseph et faites ce qu'il vous dira" -- La famine sévissait par toute la terre. -- Alors Joseph ouvrit tous les magasins à blé et vendit du grain aux Egyptiens. La famine s'aggrava encore au pays d'Egypte. De toute la terre on vint en Egypte pour acheter du grain à Joseph, car la famine s'aggravait par toute la terre. Jacob, voyant qu'il y avait du grain à vendre en Egypte, dit à ses fils: "Pourquoi restez-vous à vous regarder? J'ai appris, leur dit-il, qu'il y avait du grain à vendre en Egypte. Descendez-y et achetez-nous du grain là-bas, pour que nous restions en vie et ne mourions pas." Dix des frères de Joseph descendirent donc pour acheter du blé en Egypte. Quant à Benjamin, le frère de Joseph, Jacob ne l'envoya pas avec les autres: "Il ne faut pas, se disait-il, qu'il lui arrive malheur." Les fils d'Israël allèrent donc pour acheter du grain, mêlés aux autres arrivants, car la famine sévissait au pays de Canaan. Joseph -- il avait autorité sur le pays -- était celui qui vendait le grain à tout le peuple du pays. Les frères de Joseph arrivèrent et se prosternèrent devant lui, la face contre terre. Dès que Joseph vit ses frères il les reconnut, mais il feignit de leur être étranger et leur parla durement. Il leur demanda:"D'où venez-vous?" Et ils répondirent: "Du pays de Canaan pour acheter des vivres." Ainsi Joseph reconnut ses frères, mais eux ne le reconnurent pas. Joseph se souvint des songes qu'il avait eus à leur sujet et il leur dit: "Vous êtes des espions! C'est pour reconnaître les points faibles du pays que vous êtes venus." Ils protestèrent: "Non, Monseigneur! Tes serviteurs sont venus pour acheter des vivres. Nous sommes tous les fils d'un même homme, nous sommes sincères, tes serviteurs ne sont pas des espions." Mais il leur dit: "Non! Ce sont les points faibles du pays que vous êtes venus voir." Ils répondirent: "Tes serviteurs étaient douze frères, nous sommes fils d'un même homme, au pays de Canaan: le plus jeune est maintenant avec notre père et il y en a un qui n'est plus." Joseph reprit: "C'est comme je vous ai dit: vous êtes des espions! Voici l'épreuve que vous subirez: aussi vrai que Pharaon est vivant, vous ne partirez pas d'ici à moins que votre plus jeune frère n'y vienne! Envoyez l'un de vous chercher votre frère; pour vous, restez prisonniers. On éprouvera vos paroles et l'on verra si la vérité est avec vous ou non. Si non, aussi vrai que Pharaon est vivant, vous êtes des espions!" Et il les mit tous en prison pour trois jours. Le troisième jour, Joseph leur dit: "Voici ce que vous ferez pour avoir la vie sauve, car je crains Dieu: si vous êtes sincères, que l'un de vos frères reste détenu dans votre prison; pour vous, partez en emportant le grain dont vos familles ont besoin. Vous me ramènerez votre plus jeune frère: ainsi vos paroles seront vérifiées et vous ne mourrez pas" – Ainsi firent-ils. -- Ils se dirent l'un à l'autre: "En vérité, nous expions ce que nous avons fait à notre frère: nous avons vu la détresse de son âme, quand il nous demandait grâce, et nous n'avons pas écouté. C'est pourquoi cette détresse nous est venue." Ruben leur répondit: "Ne vous avais-je pas dit de ne pas commettre de faute contre l'enfant? Mais vous ne m'avez pas écouté et voici qu'il nous est demandé compte de son sang." Ils ne savaient pas que Joseph les comprenait car, entre lui et eux, il y avait l'interprète. Alors il s'écarta d'eux et pleura. Puis il revint vers eux et leur parla; il prit d'entre eux Siméon et le fit lier sous leurs yeux. Joseph donna l'ordre de remplir de blé leurs bagages, de remettre l'argent de chacun dans son sac et de leur donner des provisions de route. Et c'est ce qu'on leur fit. Ils chargèrent le grain sur leurs ânes et s'en allèrent. Mais lorsque l'un d'eux, au campement pour la nuit, ouvrit son sac à blé pour donner du fourrage à son âne, il vit son argent qui était à l'entrée de son sac à blé. Il dit à ses frères: "On a rendu mon argent, voici qu'il est dans mon sac à blé!" Alors le cœur leur manqua et ils se regardèrent en tremblant, se disant: "Qu'est-ce que Dieu nous a fait?" Revenus chez leur père Jacob, au pays de Canaan, ils lui racontèrent tout ce qui leur était arrivé. "L'homme qui est seigneur du pays, dirent-ils, nous a parlé durement et nous a pris pour des espions du pays. Nous lui avons dit: Nous sommes sincères, nous ne sommes pas des espions, nous étions douze frères, les fils d'un même père, l'un de nous n'est plus et le plus jeune est maintenant avec notre père au pays de Canaan. Mais cet homme qui est seigneur du pays nous a répondu: Voici comment je saurai si vous êtes sincères: laissez près de moi un de vos frères, prenez le grain dont vos familles ont besoin et partez, mais ramenez-moi votre plus jeune frère et je saurai que vous n'êtes pas des espions mais que vous êtes sincères. Alors je vous rendrai votre frère et vous pourrez circuler dans le pays." Comme ils vidaient leurs sacs, voici que chacun avait dans son sac sa bourse d'argent, et lorsqu'ils virent leurs bourses d'argent ils eurent peur, eux et leur père. Alors leur père Jacob leur dit: "Vous me privez de mes enfants: Joseph n'est plus, Siméon n'est plus, et vous voulez prendre Benjamin, c'est sur moi que tout cela retombe!" Mais Ruben dit à son père: "Tu mettras mes deux fils à mort si je ne te le ramène pas. Confie-le-moi et je te le rendrai!" Mais il reprit: "Mon fils ne descendra pas avec vous: son frère est mort et il reste seul. S'il lui arrivait malheur dans le voyage que vous allez entreprendre, vous feriez descendre dans l'affliction mes cheveux blancs au shéol." Mais la famine pesait sur le pays et lorsqu'ils eurent achevé de manger le grain qu'ils avaient apporté d'Egypte, leur père leur dit: "Retournez et achetez-nous un peu de vivres." Juda lui répondit: "Cet homme nous a expressément avertis:Vous ne serez pas admis en ma présence à moins que votre frère ne soit avec vous. Si tu es prêt à laisser notre frère avec nous, nous descendrons et t'achèterons des vivres, mais si tu ne le laisses pas partir, nous ne descendrons pas, car cet homme nous a dit: Vous ne serez pas admis en ma présence à moins que votre frère ne soit avec vous." Israël dit: "Pourquoi m'avez-vous fait ce mal de dire à cet homme que vous aviez encore un frère" "C'est, répondirent-ils, que l'homme s'est enquis de nous et de notre famille en demandant: Votre père est-il encore vivant, avez-vous un frère? Et nous l'avons informé en conséquence. Pouvions-nous savoir qu'il dirait: Amenez votre frère?" Alors Juda dit à son père Israël: "Laisse aller l'enfant avec moi. Allons, mettons-nous en route pour que nous conservions la vie et ne mourions pas, nous-mêmes avec toi et les personnes à notre charge. Je me porte garant pour lui et tu m'en demanderas compte: s'il m'arrive de ne pas te le ramener et de ne pas le remettre devant tes yeux, j'en porterai la faute pendant toute ma vie. Si nous n'avions pas tant tardé, nous serions déjà revenus pour la seconde fois!" Alors leur père Israël leur dit: "Puisqu'il le faut, faites donc ceci: dans vos bagages prenez des meilleurs produits du pays pour les apporter en présent à cet homme, un peu de baume et un peu de miel, de la gomme adragante et du ladanum, des pistaches et des amandes. Prenez avec vous une seconde somme d'argent et rapportez l'argent qui a été remis à l'entrée de vos sacs à blé: c'était peut-être une méprise. Prenez votre frère et partez, retournez auprès de cet homme. Qu'El Shaddaï vous fasse trouver miséricorde auprès de cet homme et qu'il vous laisse ramener votre autre frère et Benjamin. Pour moi, que je perde mes enfants si je dois les perdre!" Nos gens prirent donc ce présent, le double d'argent avec eux, et Benjamin; ils partirent et descendirent en Egypte et ils se présentèrent devant Joseph. Quand Joseph les vit avec Benjamin, il dit à son intendant:"Conduis ces gens à la maison, abats une bête et apprête-là, car ces gens mangeront avec moi à midi." L'homme fit comme Joseph avait commandé et conduisit nos gens à la maison de Joseph. Nos gens eurent peur parce qu'on les conduisait à la maison de Joseph et ils dirent: "C'est à cause de l'argent qui s'est retrouvé la première fois dans nos sacs à blé qu'on nous emmène: on va nous assaillir, tomber sur nous et nous prendre pour esclaves, avec nos ânes." Ils s'approchèrent de l'intendant de Joseph et lui parlèrent à l'entrée de la maison: "Pardon, Monseigneur! dirent-ils, nous sommes descendus une première fois pour acheter des vivres et, lorsque nous sommes arrivés au campement pour la nuit et que nous avons ouvert nos sacs à blé, voici que l'argent de chacun se trouvait à l'entrée de son sac, notre argent bien compté, et nous le rapportons avec nous. Nous avons apporté une autre somme pour acheter des vivres. Nous ne savons pas qui a mis notre argent dans nos sacs à blé." Mais il répondit: "Soyez en paix et n'ayez pas peur! C'est votre Dieu et le Dieu de votre père qui vous a mis un trésor dans vos sacs à blé; votre argent m'est bien parvenu" et il leur amena Siméon. L'homme introduisit nos gens dans la maison de Joseph, il leur apporta de l'eau pour qu'ils se lavent les pieds et il donna du fourrage à leurs ânes. Ils disposèrent le présent en attendant que Joseph vienne pour midi, car ils avaient appris qu'ils prendraient là leur repas. Quand Joseph rentra à la maison, ils lui offrirent le présent qu'ils avaient avec eux et se prosternèrent à terre. Mais il les salua amicalement et demanda: "Comment se porte votre vieux père dont vous m'avez parlé, est-il encore envie?" Ils répondirent: "Ton serviteur, notre père, se porte bien, il est encore en vie" et ils s'agenouillèrent et se prosternèrent. Levant les yeux, Joseph vit son frère Benjamin, le fils de sa mère, et demanda: "Est-ce là votre plus jeune frère, dont vous m'avez parlé?" Et s'adressant à lui: "Que Dieu te fasse grâce, mon fils." Et Joseph se hâta de sortir, car ses entrailles s'étaient émues pour son frère et les larmes lui venaient aux yeux: il entra dans sa chambre et là, il pleura. S'étant lavé le visage, il revint et, se contenant, il ordonna: "Servez le repas." On le servit à part, eux à part et à part aussi les Egyptiens qui mangeaient chez lui, car les Egyptiens ne peuvent pas prendre leurs repas avec les Hébreux: ils ont cela en horreur. Ils étaient placés en face de lui, chacun à son rang, de l'aîné au plus jeune, et nos gens se regardaient avec étonnement. Mais lui leur fit porter, de son plat, des portions d'honneur, et la portion de Benjamin surpassait cinq fois celle de tous les autres. Avec lui ils burent et s'enivrèrent. Puis Joseph dit à son intendant: "Remplis les sacs de ces gens avec autant de vivres qu'ils peuvent porter et mets l'argent de chacun à l'entrée de son sac. Ma coupe, celle d'argent, tu la mettras à l'entrée du sac du plus jeune, avec le prix de son grain." Et il fit comme Joseph avait dit. Lorsque le matin parut, on renvoya nos gens avec leurs ânes. Ils étaient à peine sortis de la ville et n'étaient pas bien loin que Joseph dit à son intendant: "Debout! Cours après ces hommes, rattrape-les et dis-leur: Pourquoi avez-vous rendu le mal pour le bien? N'est-ce pas ce qui sert à mon maître pour boire et aussi pour lire les présages? C'est mal ce que vous avez fait!" Il les attrapa donc et leur redit ces paroles. Mais ils répondirent: "Pourquoi Monseigneur parle-t-il ainsi?Loin de tes serviteurs de faire une chose pareille! Vois donc: l'argent que nous avions trouvé à l'entrée de nos sacs à blé, nous te l'avons rapporté du pays de Canaan, comment aurions-nous volé de la maison de ton maître argent ou or? Celui de tes serviteurs avec qui on trouvera l'objet sera mis à mort et nous-mêmes deviendrons esclaves de Monseigneur." Il reprit: "Eh bien! Qu'il en soit comme vous avez dit: celui avec qui on trouvera l'objet sera mon esclave, mais vous autres vous serez quittes." Vite, chacun descendit à terre son sac à blé et chacun l'ouvrit. Il les fouilla en commençant par l'aîné et en finissant par le plus jeune, et la coupe fut trouvée dans le sac de Benjamin! Alors, ils déchirèrent leurs vêtements, rechargèrent chacun son âne et revinrent à la ville. Lorsque Juda et ses frères entrèrent dans la maison de Joseph, celui-ci s'y trouvait encore, et ils tombèrent à terre devant lui. Joseph leur demanda: "Quelle est cette action que vous avez commise? Ne saviez-vous pas qu'un homme comme moi sait deviner?" Et Juda répondit: "Que dirons-nous à Monseigneur, comment parler et comment nous justifier? C'est Dieu qui a mis en évidence la faute de tes serviteurs. Nous voici donc les esclaves de Monseigneur, aussi bien nous autres que celui aux mains duquel on a trouvé la coupe." Mais il reprit: "Loin de moi d'agir ainsi! L'homme aux mains duquel la coupe a été trouvée sera mon esclave, mais vous, retournez en paix chez votre père." Alors Juda s'approcha de lui et dit: "S'il te plaît, Monseigneur, permets que ton serviteur fasse entendre un mot aux oreilles de Monseigneur, sans que ta colère s'enflamme contre ton serviteur, car tu es vraiment comme Pharaon! Monseigneur avait posé cette question à ses serviteurs:Avez-vous encore un père ou un frère? Et nous avons répondu à Monseigneur: Nous avons un vieux père et un cadet, qui lui est né dans sa vieillesse; le frère de celui-ci est mort, il reste le seul enfant de sa mère et notre père l'aime! Alors tu as dit à tes serviteurs: Amenez-le moi, que mon regard se pose sur lui. Nous avons répondu à Monseigneur: L'enfant ne peut pas quitter son père; s'il quitte son père, celui-ci en mourra. Mais tu as insisté auprès de tes serviteurs: Si votre plus jeune frère ne descend pas avec vous, vous ne serez plus admis en ma présence. Donc, lorsque nous sommes remontés chez ton serviteur, mon père, nous lui avons apporté les paroles de Monseigneur. Et lorsque notre père a dit: Retournez pour nous acheter un peu de vivres, nous avons répondu: Nous ne pouvons pas descendre. Nous ne descendrons que si notre jeune frère est avec nous, car il n'est pas possible que nous soyons admis en présence de cet homme sans que notre plus jeune frère soit avec nous. Alors ton serviteur, mon père, nous a dit: Vous savez bien que ma femme ne m'a donné que deux enfants: l'un m'a quitté et j'ai dit: il a été mis en pièces! et je ne l'ai plus revu jusqu'à présent. Que vous preniez encore celui-ci d'auprès de moi et qu'il lui arrive malheur et vous feriez descendre dans la peine mes cheveux blancs au shéol. Maintenant, si j'arrive chez ton serviteur, mon père, sans que soit avec nous l'enfant à l'âme duquel son âme est liée, dès qu'il verra que l'enfant n'est pas avec nous, il mourra, et tes serviteurs auront fait descendre dans l'affliction les cheveux blancs de ton serviteur, notre père, au shéol. Et ton serviteur s'est porté garant de l'enfant auprès de mon père, en ces termes: Si je ne te le ramène pas, j'en serai coupable envers mon père toute ma vie. Maintenant, que ton serviteur reste comme esclave de Monseigneur à la place de l'enfant et que celui-ci remonte avec ses frères. Comment, en effet, pourrais-je remonter chez mon père sans que l'enfant soit avec moi? Je ne veux pas voir le malheur qui frapperait mon père." Alors Joseph ne put se contenir devant tous les gens de sa suite et il s'écria: "Faites sortir tout le monde d'auprès de moi"; et personne ne resta auprès de lui pendant que Joseph se faisait connaître à ses frères, mais il pleura tout haut et tous les Egyptiens entendirent, et la nouvelle parvint au palais de Pharaon. Joseph dit à ses frères: "Je suis Joseph! Mon père vit-il encore?" Et ses frères ne purent lui répondre, car ils étaient bouleversés de le voir. Alors Joseph dit à ses frères: "Approchez-vous de moi!" et ils s'approchèrent. Il dit: "Je suis Joseph, votre frère, que vous avez vendu en Egypte. Mais maintenant ne soyez pas chagrins et ne vous fâchez pas de m'avoir vendu ici, car c'est pour préserver vos vies que Dieu m'a envoyé en avant de vous. Voici, en effet, deux ans que la famine est installée dans le pays et il y aura encore cinq années sans labour ni moisson. Dieu m'a envoyé en avant de vous pour assurer la permanence de votre race dans le pays et sauver vos vies pour une grande délivrance. Ainsi, ce n'est pas vous qui m'avez envoyé ici, c'est Dieu, et il m'a établi comme père pour Pharaon, comme maître sur toute sa maison, comme gouverneur dans tout le pays d'Egypte. "Remontez vite chez mon père et dites-lui: Ainsi parle ton fils Joseph: Dieu m'a établi maître sur toute l'Egypte. Descends auprès de moi sans tarder. Tu habiteras dans le pays de Goshèn et tu seras près de moi, toi-même, tes enfants, tes petits-enfants, ton petit et ton gros bétail, et tout ce qui t'appartient. Là, je pourvoirai à ton entretien, car la famine durera encore cinq années, pour que tu ne sois pas dans l'indigence, toi, ta famille et tout ce qui est à toi. Vous voyez de vos propres yeux et mon frère Benjamin voit que c'est ma bouche qui vous parle. Racontez à mon père toute la gloire que j'ai en Egypte et tout ce que vous avez vu, et hâtez-vous de faire descendre ici mon père." Alors il se jeta au cou de son frère Benjamin et pleura. Benjamin aussi pleura à son cou. Puis il couvrit tous ses frères de baisers et pleura en les embrassant. Après quoi, ses frères s'entretinrent avec lui. La nouvelle parvint au palais de Pharaon que les frères de Joseph étaient venus, et Pharaon comme ses officiers virent cela d'un bon oeil. Pharaon parla ainsi à Joseph: "Dis à tes frères: Faites ceci: chargez vos bêtes et allez-vous-en au pays de Canaan. Prenez votre père et vos familles et revenez vers moi; je vous donnerai le meilleur de la terre d'Egypte et vous vous nourrirez de la graisse du pays. Pour toi, donne-leur cet ordre: Agissez ainsi: emmenez du pays d'Egypte des chariots pour vos petits enfants et vos femmes, prenez votre père et venez. N'ayez pas un regard de regret pour ce que vous laisserez, car ce qu'il y a de meilleur dans toute l'Egypte sera pour vous." Ainsi firent les fils d'Israël. Joseph leur procura des chariots selon l'ordre de Pharaon, et les munit de provisions de route. A chacun d'eux il donna un habit de fête, mais à Benjamin il donna 300 sicles d'argent et cinq habits de fête. De la même manière, il envoya à son père dix ânes chargés des meilleurs produits d'Egypte et dix ânesses portant du blé, du pain et des vivres pour le voyage de son père. Puis il congédia ses frères qui partirent, non sans qu'il leur eût dit: "Ne vous excitez pas en chemin!" Ils remontèrent donc d'Egypte et arrivèrent au pays de Canaan, chez leur père Jacob. Ils lui annoncèrent: "Joseph est encore vivant, c'est même lui qui gouverne tout le pays d'Egypte!" Mais son cœur resta inerte, car il ne les crut pas. Cependant, quand ils lui eurent répété toutes les paroles que Joseph leur avait dites, quand il vit les chariots que Joseph avait envoyés pour le prendre, alors l'esprit de Jacob, leur père, se ranima. Et Israël dit: "Cela suffit! Joseph, mon fils, est encore vivant! Que j'aille le voir avant que je ne meure!" Israël partit avec tout ce qu'il possédait. Arrivé à Bersabée, il offrit des sacrifices au Dieu de son père Isaac et Dieu dit à Israël dans une vision nocturne: "Jacob! Jacob!" et il répondit: "Me voici." Dieu reprit: "Je suis El, le Dieu de ton père. N'aie pas peur de descendre en Egypte, car là-bas je ferai de toi une grande nation. C'est moi qui descendrai avec toi en Egypte, c'est moi aussi qui t'en ferai remonter, et Joseph te fermera les yeux." Jacob partit de Bersabée, et les fils d'Israël firent monter leur père Jacob, leurs petits enfants et leurs femmes sur les chariots que Pharaon avait envoyés pour le prendre. Ils emmenèrent leurs troupeaux et tout ce qu'ils avaient acquis au pays de Canaan et ils vinrent en Egypte, Jacob et tous ses descendants avec lui: ses fils et les fils de ses fils, ses filles et les filles de ses fils, bref tous ses descendants, il les emmena avec lui en Egypte. Voici les noms des fils d'Israël qui vinrent en Egypte, Jacob et ses fils. Ruben, l'aîné de Jacob, et les fils de Ruben: Hénok, Pallu, Heçrôn, Karmi. Les fils de Siméon: Yemuel, Yamîn, Ohad, Yakîn, Cohar et Shaûl, le fils de la Cananéenne. Les fils de Lévi: Gershôn, Qehat, Merari. Les fils de Juda: Er, Onân, Shéla, Pérèç et Zérah (mais Er et Onân étaient morts au pays de Canaan), et les fils de Pérèç, Heçrôn et Hamul. Les fils d'Issachar: Tola, Puvva, Yashub et Shimrôn. Les fils de Zabulon: Séred, Elôn, Yahléel. Tels sont les fils que Léa avait enfantés à Jacob en Paddân-Aram, en plus sa fille Dina, en tout, fils et filles,33 personnes. Les fils de Gad: Cephôn, Haggi, Shuni, Eçbôn, Eri, Arodi etAréli. Les fils d'Asher: Yimna, Yishva, Yishvi, Beria et leur sœur Sérah; les fils de Beria: Héber et Malkiel. Tels sont les fils de Zilpa, donnée par Laban à sa fille Léa;elle enfanta ceux-là à Jacob, seize personnes. Les fils de Rachel, femme de Jacob: Joseph et Benjamin. Joseph eut pour enfants en Egypte Manassé et Ephraïm, nésd'Asnat, fille de Poti-Phéra, prêtre d'On. Les fils de Benjamin: Béla, Béker, Ashbel, Géra, Naamân, Ehi, Rosh, Muppim, Huppim et Ard. Tels sont les fils que Rachel enfanta à Jacob, en tout quatorze personnes. Les fils de Dan: Hushim. Les fils de Nephtali: Yahçéel, Guni, Yéçer et Shillem. Tels sont les fils de Bilha, donnée par Laban à sa fille Rachel; elle enfanta ceux-là à Jacob, en tout sept personnes. Toutes les personnes de la famille de Jacob, issues de lui, qui vinrent en Egypte, sans compter les femmes des fils de Jacob, étaient en tout 66. Les fils de Joseph qui lui naquirent en Egypte étaient aunombre de deux. Total des personnes de la famille de Jacob qui vinrent en Egypte: 70. Israël envoya Juda en avant vers Joseph pour que celui-ci parût devant lui en Goshèn, et ils arrivèrent à la terre de Goshèn. Joseph fit atteler son char et monta à la rencontre de son père Israël en Goshèn. Dès qu'il parut devant lui, il se jeta à son cou et pleura longtemps en le tenant embrassé. Israël dit à Joseph: "Pour lors, je puis mourir, après que j'ai vu ton visage et que tu es encore vivant!" Alors Joseph dit à ses frères et à la famille de son père: "Je vais monter avertir Pharaon et lui dire: Mes frères et la famille de mon père, qui étaient au pays de Canaan, sont arrivés auprès de moi. Ces gens sont des bergers -- ils se sont occupés de troupeaux-- et ils ont amené leur petit et leur gros bétail et tout ce qui leur appartient. Aussi, lorsque Pharaon vous appellera et vous demandera: Que lest votre métier? Vous répondrez: Tes serviteurs se sont occupés de troupeaux depuis leur plus jeune âge jusqu'à maintenant, nous-mêmes comme déjà nos pères. Ainsi vous pourrez demeurer dans la terre de Goshèn." En effet, les Egyptiens ont tous les bergers en horreur. Donc Joseph alla avertir Pharaon: "Mon père et mes frères, dit-il, sont arrivés du pays de Canaan avec leur petit et leur gros bétail et tout ce qui leur appartient; les voici dans la terre de Goshèn." Il avait pris cinq de ses frères, qu'il présenta à Pharaon. Celui-ci demanda à ses frères: "Quel est votre métier", et ils répondirent: "Tes serviteurs sont des bergers, nous-mêmes comme déjà nos pères." Ils dirent aussi à Pharaon: "Nous sommes venus séjourner dans le pays, car il n'y a plus de pâture pour les troupeaux de tes serviteurs: la famine, en effet, accable le pays de Canaan. Permets maintenant que tes serviteurs demeurent dans la terre de Goshèn." Alors Pharaon dit à Joseph: Jacob et ses fils vinrent en Egypte auprès de Joseph. Pharaon, roi d'Egypte, l'apprit et il dit à Joseph: "Ton père et tes frères sont arrivés près de toi. Le pays d'Egypte est à ta disposition: établis ton père et tes frères dans la meilleure région." "Qu'ils habitent la terre de Goshèn et, si tu sais qu'il y a parmi eux des hommes capables, place-les comme régisseurs de mes propres troupeaux." Alors Joseph introduisit son père Jacob et le présenta à Pharaon, et Jacob salua Pharaon. Pharaon demanda à Jacob: "Combien comptes-tu d'années de vie?" Et Jacob répondit à Pharaon: "Les années de mon séjour sur terre ont été de 13 0 ans, mes années ont été brèves et malheureuses et n'ont pas atteint l'âge de mes pères, les années de leur séjour." Jacob salua Pharaon et prit congé de lui. Joseph établit son père et ses frères et il leur donna une propriété au pays d'Egypte, dans la meilleure région, la terre de Ramsès, comme l'avait ordonné Pharaon. Joseph procura du pain à son père, à ses frères et à toute la famille de son père, selon le nombre des personnes à leur charge. Il n'y avait pas de pain sur toute la terre, car la famine était devenue très dure et le pays d'Egypte et le pays de Canaan languissaient de faim. Joseph ramassa tout l'argent qui se trouvait au pays d'Egypte et au pays de Canaan en échange du grain qu'on achetait et il livra cet argent au palais de Pharaon. Lorsque fut épuisé l'argent du pays d'Egypte et du pays de Canaan, tous les Egyptiens vinrent à Joseph en disant:"Donne-nous du pain! Pourquoi devrions-nous mourir sous tesyeux? Car il n'y a plus d'argent." Alors Joseph leur dit: "Livrez vos troupeaux et je vous donnerai du pain en échange de vos troupeaux, s'il n'y a plus d'argent." Ils amenèrent leurs troupeaux à Joseph et celui-ci leur donna du pain pour prix des chevaux, du petit et du gros bétail et des ânes; il les nourrit de pain, cette année-là, en échange de leurs troupeaux. Lorsque fut écoulée cette année-là, ils revinrent vers lui l'année suivante et lui dirent: "Nous ne pouvons le cacher à Monseigneur: vraiment l'argent est épuisé et les bestiaux sont déjà à Monseigneur, il ne reste à la disposition de Monseigneur que notre corps et notre terroir. Pourquoi devrions-nous mourir sous tes yeux, nous et notre terroir? Acquiers donc nos personnes et notre terroir pour du pain, et nous serons, avec notre terroir, les serfs de Pharaon. Mais donne-nous de quoi semer pour que nous restions en vie et ne mourions pas et que notre terroir ne soit pas désolé." Ainsi Joseph acquit pour Pharaon tout le terroir d'Egypte, car les Egyptiens vendirent chacun son champ, tant les pressait la famine, et le pays passa aux mains de Pharaon. Quant aux gens, il les réduisit en servage, d'un bout à l'autre du territoire égyptien. Il n'y eut que le terroir des prêtres qu'il n'acquit pas, car les prêtres recevaient une rente de Pharaon et vivaient de la rente qu'ils recevaient de Pharaon. Aussi n'eurent-ils pas à vendre leur terroir. Puis Joseph dit au peuple: "Donc, je vous ai maintenant acquis pour Pharaon, avec votre terroir. Voici pour vous de la semence, pour ensemencer votre terroir. Mais, sur la récolte, vous devrez donner un cinquième à Pharaon, et les quatre autres parts seront à vous, pour la semence du champ, pour votre nourriture et celle de votre famille, pour la nourriture des personnes à votre charge." Ils répondirent: "Tu nous as sauvé la vie! Puissions-nous seulement trouver grâce aux yeux de Monseigneur, et nous serons les serfs de Pharaon." De cela, Joseph fit une règle, qui vaut encore aujourd'hui pour le terroir d'Egypte: on verse le cinquième à Pharaon. Seul le terroir des prêtres ne fut pas à Pharaon. Ainsi Israël s'établit au pays d'Egypte dans la terre de Goshèn. Ils y acquirent des propriétés, furent féconds et devinrent très nombreux. Jacob vécut dix-sept ans au pays d'Egypte et la durée de la vie de Jacob fut de 14 7 ans. Lorsqu'approcha pour Israël le temps de sa mort, il appela son fils Joseph et lui dit: "Si j'ai ton affection, mets ta main sous ma cuisse, montre-moi bienveillance et bonté: ne m'enterre pas en Egypte! Quand je serai couché avec mes pères, tu m'emporteras d'Egypte et tu m'enterreras dans leur tombeau." Il répondit: "Je ferai comme tu as dit." Mais son père insista: "Prête-moi serment", et il lui prêta serment, pendant qu'Israël se prosternait sur le chevet de son lit. Il arriva, après ces événements, qu'on dit à Joseph: "Voici que ton père est malade!" et il emmena avec lui ses deux fils, Manassé et Ephraïm. Lorsqu'on eut annoncé à Jacob: "Voici ton fils Joseph qui est venu auprès de toi", Israël rassembla ses forces et se mit assis sur le lit. Puis Jacob dit à Joseph: "El Shaddaï m'est apparu à Luz, au pays de Canaan, il m'a béni et m'a dit: Je te rendrai fécond et je te multiplierai, je te ferai devenir une assemblée de peuples et je donnerai ce pays en possession perpétuelle à tes descendants après toi. Maintenant, les deux fils qui te sont nés au pays d'Egypte avant que je ne vienne auprès de toi en Egypte, ils seront miens! Ephraïm et Manassé seront à moi au même titre que Ruben et Siméon. Quant aux enfants que tu as engendrés après eux, ils seront tiens; ils porteront le nom de leurs frères pour l'héritage. Lorsque je revenais de Paddân, ta mère Rachel est morte, pour mon malheur, au pays de Canaan, en route, encore un bout de chemin avant d'arriver à Ephrata, et je l'ai enterrée là, sur le chemin d'Ephrata -- c'est Bethléem." Israël vit les deux fils de Joseph et demanda: "Qui sont ceux-là" -- "Ce sont les fils que Dieu m'a donnés ici", répondit Joseph à son père, et celui-ci reprit: "Amène-les-moi, que je les bénisse." Or les yeux d'Israël étaient usés par la vieillesse, il n'y voyait plus, et Joseph les fit approcher de lui, qui les embrassa et les serra dans ses bras. Et Israël dit à Joseph: "Je ne pensais pas revoir ton visage et voici que Dieu m'a fait voir même tes descendants!" Alors Joseph les retira de son giron et se prosterna, la face contre terre. Joseph les prit tous deux, Ephraïm de sa main droite pour qu'il soit à la gauche d'Israël, Manassé de sa main gauche pour qu'il soit à la droite d'Israël, et il les fit approcher de celui-ci. Mais Israël étendit sa main droite et la posa sur la tête d'Ephraïm, qui était le cadet, et sa main gauche sur la tête de Manassé, en croisant ses mains -- en effet Manassé était l'aîné. Il bénit ainsi Joseph: "Que le Dieu devant qui ont marché mes pères Abraham et Isaac, que le Dieu qui fut mon pasteur depuis que je vis jusqu'à maintenant, que l'Ange qui m'a sauvé de tout mal bénisse ces enfants, que survivent en eux mon nom et le nom de mes ancêtres, Abraham et Isaac, qu'ils croissent et multiplient sur la terre!" Cependant Joseph vit que son père mettait sa main droite sur la tête d'Ephraïm et cela lui déplut. Il saisit la main de son père pour la détourner de la tête d'Ephraïm sur la tête de Manassé, et Joseph dit à son père: "Pas comme cela, père, car c'est celui-ci l'aîné: mets ta main droite sur sa tête." Mais son père refusa et dit: "Je sais, mon fils, je sais: lui aussi deviendra un peuple, lui aussi sera grand. Pourtant, son cadet sera plus grand que lui, sa descendance deviendra une multitude de nations." En ce jour-là, il les bénit ainsi: "Soyez en bénédiction dans Israël et qu'on dise: Que Dieu te rende semblable à Ephraïm et à Manassé!" mettant ainsi Ephraïm avant Manassé. Puis Israël dit à Joseph: "Voici que je vais mourir, mais Dieu sera avec vous et vous ramènera au pays de vos pères. Pour moi, je te donne un Sichem de plus qu'à tes frères, ce que j'ai conquis sur les Amorites par mon épée et par mon arc." Jacob appela ses fils et dit: "Réunissez-vous, que je vous annonce ce qui vous arrivera dans la suite des temps. "Rassemblez-vous, écoutez, fils de Jacob, écoutez Israël, votre père. Ruben, tu es mon premier-né, ma vigueur, les prémices de ma virilité, comble de fierté et comble de force, un débordement comme les eaux: tu ne seras pas comblé, car tu es monté sur le lit de ton père, alors tu as profané ma couche, contre moi! Siméon et Lévi sont frères, ils ont mené à bout la violence de leurs intrigues. Que mon âme n'entre pas en leur conseil, que mon cœur ne s'unisse pas à leur groupe, car dans leur colère ils ont tué des hommes, dans leur dérèglement, mutilé des taureaux. Maudite leur colère pour sa rigueur, maudite leur fureur pour sa dureté. Je les diviserai dans Jacob, je les disperserai dans Israël. Juda, toi, tes frères te loueront, ta main est sur la nuque de tes ennemis et les fils de ton père s'inclineront devant toi. Juda est un jeune lion; de la proie, mon fils, tu es remonté; il s'est accroupi, s'est couché comme un lion, comme une lionne: qui le ferait lever? Le sceptre ne s'éloignera pas de Juda, ni le bâton de chef d'entre ses pieds, jusqu'à ce que le tribut lui soit apporté et que les peuples lui obéissent. Il lie à la vigne son ânon, au cep le petit de son ânesse, il lave son vêtement dans le vin, son habit dans le sang des raisins, ses yeux sont troubles de vin, ses dents sont blanches de lait. Zabulon réside au bord de la mer, il est matelot sur les navires, il a Sidon à son côté. Issachar est un âne robuste, couché au milieu des enclos. Il a vu que le repos était bon, que le pays était agréable, il a tendu son échine au fardeau, il est devenu esclave à la corvée. Dan juge son peuple, comme chaque tribu d'Israël. Que Dan soit un serpent sur le chemin, un céraste sur le sentier, qui mord le cheval au jarret et son cavalier tombe à la renverse! En ton salut j'espère, ô Yahvé! Gad, des détrousseurs le détroussent et lui, détrousse et les talonne. Asher, son pain est gras, il fournit des mets de roi. Nephtali est une biche rapide, qui donne de beaux faons. Joseph est un plant fécond près de la source, dont les tiges franchissent le mur. Les archers l'ont exaspéré, ils ont tiré et l'ont pris à partie. Mais leur arc a été brisé par un puissant, les nerfs de leurs bras ont été rompus par les mains du Puissant de Jacob, par le Nom de la Pierre d'Israël, par le Dieu de ton père, qui te secourt, par El Shaddaï qui bénit: Bénédictions des cieux en haut, bénédictions de l'abîme couché en bas, bénédictions des mamelles et du sein, bénédictions des épis et des fleurs, bénédictions des montagnes antiques, attirance des collines éternelles, qu'elles viennent sur la tête de Joseph, sur le front du consacré d'entre ses frères! Benjamin est un loup rapace, le matin il dévore une proie, jusqu'au soir il partage le butin." Tous ceux-là forment les tribus d'Israël, au nombre de douze, et voilà ce que leur a dit leur père. Il les a bénis: à chacun il a donné une bénédiction qui lui convenait. Puis il leur donna cet ordre: "Je vais être réuni aux miens. Enterrez-moi près de mes pères, dans la grotte qui est dans le champ d'Ephrôn le Hittite, dans la grotte du champ de Makpéla, en face de Mambré, au pays de Canaan, qu'Abraham a achetée à Ephrôn le Hittite comme possession funéraire. Là furent ensevelis Abraham et sa femme Sara, là furent ensevelis Isaac et sa femme Rébecca, là j'ai enseveli Léa. C'est le champ et la grotte y comprise, qui furent acquis des fils de Hèt." Lorsque Jacob eut achevé de donner ses instructions à ses fils, il ramena ses pieds sur le lit, il expira et fut réuni aux siens. Alors Joseph se jeta sur le visage de son père, le couvrit de larmes et de baisers. Puis Joseph donna aux médecins qui étaient à son service l'ordre d'embaumer son père, et les médecins embaumèrent Israël. Cela dura 40 jours, car telle est la durée de l'embaumement. Les Egyptiens le pleurèrent 70 jours. Quand fut écoulé le temps des pleurs, Joseph parla ainsi au palais de Pharaon: "Si vous avez de l'amitié pour moi, veuillez rapporter ceci aux oreilles de Pharaon: mon père m'a fait prêter ce serment: Je vais mourir, m'a-t-il dit, j'ai un tombeau que je me suis creusé au pays de Canaan, c'est là que tu m'enterreras. Qu'on me laisse donc monter pour enterrer mon père, et je reviendrai." Pharaon répondit: "Monte et enterre ton père, comme il te l'a fait jurer." Joseph monta enterrer son père, et montèrent avec lui tous les officiers de Pharaon, les dignitaires de son palais et tous les dignitaires du pays d'Egypte, ainsi que toute la famille de Joseph, ses frères et la famille de son père. Ils ne laissèrent en terre de Goshèn que les invalides, le petit et le gros bétail. Avec lui montèrent aussi des chars et des charriers: c'était un cortège très imposant. Etant parvenus jusqu'à Gorèn-ha-Atad, --c'est au-delà du Jourdain,-- ils y firent une grande et solennelle lamentation, et Joseph célébra pour son père un deuil de sept jours. Les habitants du pays, les Cananéens, virent le deuil àGorèn-ha-Atad: "Voilà un grand deuil pour les Egyptiens"; et c'est pourquoi on a appelé ce lieu Abel-Miçrayim -- c'est au-delà du Jourdain. Ses fils agirent à son égard comme il leur avait ordonné et ils le transportèrent au pays de Canaan et l'ensevelirent dans la grotte du champ de Makpéla, qu'Abraham avait acquise d'Ephrôn le Hittite comme possession funéraire, en face de Mambré. Joseph revint alors en Egypte, ainsi que ses frères et tous ceux qui étaient montés avec lui pour enterrer son père. Voyant que leur père était mort, les frères de Joseph se dirent: "Si Joseph allait nous traiter en ennemis et nous rendre tout le mal que nous lui avons fait?" Aussi envoyèrent-ils dire à Joseph: "Avant de mourir, ton père a exprimé cette volonté: Vous parlerez ainsi à Joseph: Ah! pardonne à tes frères leur crime et leur péché, tout le mal qu'ils t'ont fait! Et maintenant, veuille pardonner le crime des serviteurs du Dieu de ton père!" Et Joseph pleura aux paroles qu'ils lui adressaient. Ses frères eux-mêmes vinrent et, se jetant à ses pieds, dirent: "Nous voici pour toi comme des esclaves!" Mais Joseph leur répondit: "Ne craignez point! Vais-je me substituer à Dieu? Le mal que vous aviez dessein de me faire, le dessein de Dieu l'a tourné en bien, afin d'accomplir ce qui se réalise aujourd'hui: sauver la vie à un peuple nombreux. Maintenant, ne craignez point: c'est moi qui vous entretiendrai, ainsi que les personnes à votre charge." Il les consola et leur parla affectueusement. Ainsi Joseph et la famille de son père demeurèrent en Egypte, et Joseph vécut 110 ans. Joseph vit les arrière-petits-enfants qu'il eut d'Ephraïm, de même les enfants de Makir, fils de Manassé, naquirent sur les genoux de Joseph. Enfin Joseph dit à ses frères: "Je vais mourir, mais Dieu vous visitera et vous fera remonter de ce pays dans le pays qu'il a promis par serment à Abraham, Isaac et Jacob." Et Joseph fit prêter ce serment aux fils d'Israël: "Quand Dieu vous visitera, vous emporterez d'ici mes ossements." Joseph mourut à l'âge de 110 ans, on l'embauma et on le mit dans un cercueil en Egypte. Voici les noms des Israélites qui entrèrent en Egypte avec Jacob; ils y vinrent chacun avec sa famille: Ruben, Siméon, Lévi et Juda, Issachar, Zabulon et Benjamin, Dan et Nephtali, Gad et Asher. Les descendants de Jacob étaient, en tout,70 personnes. Joseph, lui, était déjà en Egypte. Puis Joseph mourut, ainsi que tous ses frères et toute cette génération. Les Israélites furent féconds et se multiplièrent, ils devinrent de plus en plus nombreux et puissants, au point que le pays en fut rempli. Un nouveau roi vint au pouvoir en Egypte, qui n'avait pas connu Joseph. Il dit à son peuple: "Voici que le peuple des Israélites est devenu plus nombreux et plus puissant que nous. Allons, prenons de sages mesures pour l'empêcher de s'accroître, sinon, en cas de guerre, il grossirait le nombre de nos adversaires. Il combattrait contre nous pour, ensuite, sortir du pays." On imposa donc à Israël des chefs de corvée pour lui rendre la vie dure par les travaux qu'ils exigeraient. C'est ainsi qu'il bâtit pour Pharaon les villes-entrepôts de Pitom et de Ramsès. Mais plus on lui rendait la vie dure, plus il croissait en nombre et surabondait, ce qui fit redouter les Israélites. Les Egyptiens contraignirent les Israélites au travail et leur rendirent la vie amère par de durs travaux: préparation de l'argile, moulage des briques, divers travaux des champs, toutes sortes de travaux auxquels ils les contraignirent. Le roi d'Egypte dit aux accoucheuses des femmes des Hébreux, dont l'une s'appelait Shiphra et l'autre Pua: "Quand vous accoucherez les femmes des Hébreux, regardez les deux pierres. Si c'est un fils, faites-le mourir, si c'est une fille, laissez-la vivre." Mais les accoucheuses craignirent Dieu, elles ne firent pas ce que leur avait dit le roi d'Egypte et laissèrent vivre les garçons. Le roi d'Egypte les appela et leur dit: "Pourquoi avez-vous agi de la sorte et laissé vivre les garçons?" Elles répondirent à Pharaon: "Les femmes des Hébreux ne sont pas comme les Egyptiennes, elles sont vigoureuses. Avant que l'accoucheuse n'arrive auprès d'elles, elles se sont délivrées." Dieu favorisa les accoucheuses; quant au peuple, il devint très nombreux et très puissant. Comme les accoucheuses avaient craint Dieu, il leur accorda une postérité. Pharaon donna alors cet ordre à tout son peuple: "Tout fils qui naîtra, jetez-le au Fleuve, mais laissez vivre toute fille." Un homme de la maison de Lévi s'en alla prendre pour femme une fille de Lévi. Celle-ci conçut et enfanta un fils. Voyant combien il était beau, elle le dissimula pendant trois mois. Ne pouvant le dissimuler plus longtemps, elle prit pour lui une corbeille de papyrus qu'elle enduisit de bitume et de poix, y plaça l'enfant et la déposa dans les roseaux sur la rive du Fleuve. La soeur de l'enfant se posta à distance pour voir ce qui lui adviendrait. Or la fille de Pharaon descendit au Fleuve pour s'y baigner, tandis que ses servantes se promenaient sur la rive du Fleuve. Elle aperçut la corbeille parmi les roseaux et envoya sa servante la prendre. Elle l'ouvrit et vit l'enfant: c'était un garçon qui pleurait. Touchée de compassion pour lui, elle dit: "C'est un des petits Hébreux." La soeur de l'enfant dit alors à la fille de Pharaon: "Veux-tu que j'aille te chercher, parmi les femmes des Hébreux, une nourrice qui te nourrira cet enfant? -- Va", lui répondit la fille de Pharaon. La jeune fille alla donc chercher la mère de l'enfant. La fille de Pharaon lui dit: "Emmène cet enfant et nourris-le moi, je te donnerai moi-même ton salaire." Alors la femme emporta l'enfant et le nourrit. Quand l'enfant eut grandi, elle le ramena à la fille de Pharaon qui le traita comme un fils et lui donna le nom de Moïse, car, disait-elle, "je l'ai tiré des eaux." Il advint, en ces jours-là, que Moïse, qui avait grandi, alla voir ses frères. Il vit les corvées auxquelles ils étaient astreints; il vit aussi un Egyptien qui frappait un Hébreu, un de ses frères. Il se tourna de-ci de-là, et voyant qu'il n'y avait personne, il tua l'Egyptien et le cacha dans le sable. Le jour suivant, il revint alors que deux Hébreux se battaient. "Pourquoi frappes-tu ton compagnon?" Dit-il à l'agresseur. Celui-ci répondit: "Qui t'a constitué notre chef et notre juge? Veux-tu me tuer comme tu as tué l'Egyptien?" Moïse effrayé se dit: "Certainement l'affaire se sait." Pharaon entendit parler de cette affaire et chercha à tuer Moïse. Moïse s'enfuit loin de Pharaon; il se rendit au pays de Madiân et s'assit auprès d'un puits. Or un prêtre de Madiân avait sept filles. Elles vinrent puiser et remplir les auges pour abreuver le petit bétail de leur père. Des bergers survinrent et les chassèrent. Moïse se leva, vint à leur secours et abreuva le petit bétail. Elles revinrent auprès de Réuel, leur père, qui leur dit: "Pourquoi revenez-vous si tôt aujourd'hui?" Elles lui dirent: "Un Egyptien nous a tirées des mains des bergers; il a même puisé pour nous et abreuvé le petit bétail. -- Et où est-il? Demanda-t-il à ses filles. Pourquoi donc avez-vous abandonné cet homme? Invitez-le à manger." Moïse consentit à s'établir auprès de cet homme qui lui donna sa fille, Cippora. Elle mit au monde un fils qu'il nomma Gershom car, dit-il, "je suis un immigré en terre étrangère." Au cours de cette longue période, le roi d'Egypte mourut. Les Israélites, gémissant de leur servitude, crièrent, et leur appel à l'aide monta vers Dieu, du fond de leur servitude. Dieu entendit leur gémissement; Dieu se souvint de son alliance avec Abraham, Isaac et Jacob. Dieu vit les Israélites et Dieu connut... Moïse faisait paître le petit bétail de Jéthro, son beau-père, prêtre de Madiân; il l'emmena par-delà le désert et parvint à la montagne de Dieu, l'Horeb. L'Ange de Yahvé lui apparut, dans une flamme de feu, du milieu d'un buisson. Moïse regarda: le buisson était embrasé mais le buisson ne se consumait pas. Moïse dit: "Je vais faire un détour pour voir cet étrange spectacle, et pourquoi le buisson ne se consume pas." Yahvé vit qu'il faisait un détour pour voir, et Dieu l'appela du milieu du buisson. "Moïse, Moïse", dit-il, et il répondit: "Me voici." Il dit: "N'approche pas d'ici, retire tes sandales de tes pieds car le lieu où tu te tiens est une terre sainte." Et il dit: "Je suis le Dieu de tes pères, le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob." Alors Moïse se voila la face, car il craignait de fixer son regard sur Dieu. Yahvé dit: "J'ai vu, j'ai vu la misère de mon peuple qui est en Egypte. J'ai entendu son cri devant ses oppresseurs; oui, je connais ses angoisses. Je suis descendu pour le délivrer de la main des Egyptiens et le faire monter de cette terre vers une terre plantureuse et vaste, vers une terre qui ruisselle de lait et de miel, vers la demeure des Cananéens, des Hittites, des Amorites, des Perizzites, des Hivvites, et des Jébuséens. Maintenant, le cri des Israélites est venu jusqu'à moi, et j'ai vu l'oppression que font peser sur eux les Egyptiens. Maintenant va, je t'envoie auprès de Pharaon, fais sortir d'Egypte mon peuple, les Israélites." Moïse dit à Dieu: "Qui suis-je pour aller trouver Pharaon et faire sortir d'Egypte les Israélites?" Dieu dit: "Je serai avec toi, et voici le signe qui te montrera que c'est moi qui t'ai envoyé. Quand tu feras sortir le peuple d'Egypte, vous servirez Dieu sur cette montagne." Moïse dit à Dieu: "Voici, je vais trouver les Israélites et je leur dis: Le Dieu de vos pères m'a envoyé vers vous. Mais s'ils me disent: Quel est son nom?, que leur dirai-je?" Dieu dit à Moïse: "Je suis celui qui est." Et il dit: "Voici ce que tu diras aux Israélites: Je suis m'a envoyé vers vous." Dieu dit encore à Moïse: "Tu parleras ainsi aux Israélites: Yahvé, le Dieu de vos pères, le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob m'a envoyé vers vous. C'est mon nom pour toujours, c'est ainsi que l'on m'invoquera de génération en génération. "Va, réunis les anciens d'Israël et dis-leur: Yahvé, le Dieu de vos pères, m'est apparu -- le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob -- et il m'a dit: Je vous ai visités et j'ai vu ce qu'on vous fait en Egypte, alors j'ai dit: Je vous ferai monter de l'affliction d'Egypte vers la terre des Cananéens, des Hittites, des Amorites, des Perizzites, des Hivvites et des Jébuséens, vers une terre qui ruisselle de lait et de miel. Ils écouteront ta voix et vous irez, toi et les anciens d'Israël, trouver le roi d'Egypte et vous lui direz: Yahvé, le Dieu des Hébreux, est venu à notre rencontre. Toi, permets-nous d'aller à trois jours de marche dans le désert pour sacrifier à Yahvé notre Dieu. Je sais bien que le roi d'Egypte ne vous laissera aller que s'il y est contraint par une main forte. Aussi j'étendrai la main et je frapperai l'Egypte par les merveilles de toute sorte que j'accomplirai au milieu d'elle; après quoi, il vous laissera partir. "Je ferai gagner à ce peuple la faveur des Egyptiens, et quand vous partirez, vous ne partirez pas les mains vides. La femme demandera à sa voisine et à celle qui séjourne dans sa maison des objets d'argent, des objets d'or et des vêtements. Vous les ferez porter à vos fils et à vos filles et vous en dépouillerez les Egyptiens." Moïse reprit la parole et dit: "Et s'ils ne me croient pas et n'écoutent pas ma voix, mais me disent: Yahvé ne t'est pas apparu?" Yahvé lui dit: "Qu'as-tu en main? -- Un bâton, dit-il. -- Jette-le à terre", lui dit Yahvé. Moïse le jeta à terre, le bâton se changea en serpent et Moïse fuit devant lui. Yahvé dit à Moïse: "Avance la main et prends-le par la queue." Il avança la main, le prit, et dans sa main il redevint un bâton. "Afin qu'ils croient que Yahvé t'est apparu, le Dieu de leurs pères, le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob." Yahvé lui dit encore: "Mets ta main dans ton sein." Il mit la main dans son sein, puis la retira, et voici que sa main était lépreuse, blanche comme neige. Yahvé lui dit: "Remets ta main dans ton sein." Il remit la main dans son sein et la retira de son sein, et voici qu'elle était redevenue comme le reste de son corps. "Ainsi, s'ils ne te croient pas et ne sont pas convaincus par le premier signe, ils croiront à cause du second signe. Et s'ils ne croient pas, même avec ces deux signes, et qu'ils n'écoutent pas ta voix, tu prendras de l'eau du Fleuve et tu la répandras par terre, et l'eau que tu auras puisée au Fleuve se changera en sang sur la terre sèche." Moïse dit à Yahvé: "Excuse-moi, mon Seigneur, je ne suis pas doué pour la parole, ni d'hier ni d'avant-hier, ni même depuis que tu adresses la parole à ton serviteur, car ma bouche et ma langue sont pesantes." Yahvé lui dit: "Qui a doté l'homme d'une bouche? Qui rend muet ou sourd, clairvoyant ou aveugle? N'est-ce pas moi, Yahvé? Va maintenant, je serai avec ta bouche et je t'indiquerai ce que tu devras dire." Moïse dit encore: "Excuse-moi, mon Seigneur, envoie, je t'en prie, qui tu voudras." La colère de Yahvé s'enflamma contre Moïse et il dit: "N'y a-t-il pas Aaron, ton frère, le lévite? Je sais qu'il parle bien, lui; le voici qui vient à ta rencontre et à ta vue il se réjouira en son coeur. Tu lui parleras et tu mettras les paroles dans sa bouche. Moi, je serai avec ta bouche et avec sa bouche, et je vous indiquerai ce que vous devrez faire. C'est lui qui parlera pour toi au peuple; il te tiendra lieu de bouche et tu seras pour lui un dieu. Quant à ce bâton, prends-le dans ta main, c'est par lui que tu accompliras les signes." Moïse s'en alla et retourna vers Jéthro, son beau-père. Il lui dit: "Permets que je m'en aille et que je retourne vers mes frères qui sont en Egypte pour voir s'ils sont encore en vie." Jéthro lui répondit: "Va en paix." Yahvé dit à Moïse en Madiân: "Va, retourne en Egypte, car ils sont morts, tous ceux qui cherchaient à te faire périr." Moïse prit sa femme et son fils, les fit monter sur un âne et s'en retourna au pays d'Egypte. Moïse prit en main le bâton de Dieu. Yahvé dit à Moïse: "Tandis que tu retourneras en Egypte, vois les prodiges que j'ai mis en ton pouvoir: tu les accompliras devant Pharaon, mais moi, j'endurcirai son coeur et il ne laissera pas partir le peuple. Alors tu diras à Pharaon: Ainsi parle Yahvé: mon fils premier-né, c'est Israël. Je t'avais dit: Laisse aller mon fils, qu'il me serve. Puisque tu refuses de le laisser aller, eh bien, moi, je vais faire périr ton fils premier-né." Et ce fut en route, à la halte de la nuit, que Yahvé vint à sa rencontre et chercha à le faire mourir. Cippora prit un silex, coupa le prépuce de son fils et elle en toucha ses pieds. Et elle dit: "Tu es pour moi un époux de sang." Et il se retira de lui. Elle avait dit alors "Epoux de sang", ce qui s'applique aux circoncisions. Yahvé dit à Aaron: "Va à la rencontre de Moïse en direction du désert." Il partit, le rencontra à la montagne de Dieu et l'embrassa. Moïse informa Aaron de toutes les paroles de Yahvé, qui l'avait envoyé, et de tous les signes qu'il lui avait ordonné d'accomplir. Moïse partit avec Aaron et ils réunirent tous les anciens des Israélites. Aaron répéta toutes les paroles que Yahvé avait dites à Moïse; il accomplit les signes aux yeux du peuple. Le peuple crut et se réjouit de ce que Yahvé avait visité les Israélites et avait vu leur misère. Ils s'agenouillèrent et se prosternèrent. Après cela, Moïse et Aaron vinrent trouver Pharaon et lui dirent: "Ainsi parle Yahvé, le Dieu d'Israël: Laisse partir mon peuple, qu'il célèbre une fête pour moi dans le désert." Pharaon répondit: "Qui est Yahvé, pour que j'écoute sa voix et que je laisse partir Israël? Je ne connais pas Yahvé, et quant à Israël, je ne le laisserai pas partir." Ils dirent: "Le Dieu des Hébreux est venu à notre rencontre. Accorde-nous d'aller à trois jours de marche dans le désert pour sacrifier à Yahvé notre Dieu, sinon il nous frapperait de la peste ou de l'épée." Le roi d'Egypte leur dit: "Pourquoi, Moïse et Aaron, voulez-vous débaucher le peuple de ses travaux? Retournez à vos corvées." Pharaon dit: "Maintenant que le peuple est nombreux dans le pays, vous voudriez lui faire interrompre ses corvées?" Le jour même, Pharaon donna cet ordre aux surveillants du peuple et aux scribes: "Ne continuez plus à donner de la paille hachée au peuple pour mouler les briques, comme hier et avant-hier; qu'ils aillent eux-mêmes ramasser la paille qu'il leur faut. Mais vous leur imposerez la même quantité de briques qu'ils fabriquaient hier et avant-hier, sans rien en retrancher car ce sont des paresseux. C'est pour cela qu'ils crient: Allons sacrifier à notre Dieu. Qu'on alourdisse le travail de ces gens, qu'ils le fassent et ne prêtent plus attention à ces paroles trompeuses." Les surveillants du peuple et les scribes allèrent dire au peuple: "Ainsi parle Pharaon: Je ne vous donne plus de paille hachée. Allez vous-mêmes vous chercher de la paille hachée où vous pourrez en trouver, mais rien ne sera retranché de votre travail." Alors le peuple se dispersa dans tout le pays d'Egypte pour ramasser du chaume pour en faire de la paille hachée. Les surveillants les harcelaient: "Terminez votre travail quotidien comme lorsqu'il y avait de la paille hachée." On frappa les scribes des Israélites, ceux que les surveillants de Pharaon leur avaient imposés en disant: "Pourquoi n'avez-vous pas terminé la quantité de briques prescrite, aujourd'hui comme hier et avant-hier?" Les scribes des Israélites vinrent se plaindre auprès de Pharaon en disant: "Pourquoi traiter ainsi tes serviteurs? On ne donne plus de paille hachée à tes serviteurs et l'on nous dit: Faites des briques, et voici que l'on frappe tes serviteurs..." Il répondit: "Vous êtes des paresseux, des paresseux, voilà pourquoi vous dites: Nous voulons aller sacrifier à Yahvé. Maintenant allez travailler. On ne vous donnera pas de paille hachée mais vous livrerez la quantité de briques fixée." Les scribes des Israélites se virent dans un mauvais cas quand on leur dit: "Vous ne diminuerez rien de votre production quotidienne de briques." Ayant quitté Pharaon, ils se heurtèrent à Moïse et à Aaron qui se tenaient devant eux. Ils leur dirent: "Que Yahvé vous observe et qu'il juge! Vous nous avez rendus odieux aux yeux de Pharaon et de ses serviteurs et vous leur avez mis l'épée en main pour nous tuer." Moïse retourna vers Yahvé et lui dit: "Seigneur, pourquoi maltraites-tu ce peuple? Pourquoi m'as-tu envoyé? Depuis que je suis venu trouver Pharaon et que je lui ai parlé en ton nom, il maltraite ce peuple, et tu ne fais rien pour délivrer ton peuple." Yahvé dit alors à Moïse: "Maintenant, tu vas voir ce que je vais faire à Pharaon. Une main forte l'obligera à les laisser partir, une main forte l'obligera à les expulser de son pays." Dieu parla à Moïse et lui dit: "Je suis Yahvé. Je suis apparu à Abraham, à Isaac et à Jacob comme El Shaddaï, mais mon nom de Yahvé, je ne le leur ai pas fait connaître. J'ai aussi établi mon alliance avec eux pour leur donner le pays de Canaan, la terre où ils résidaient en étrangers. Et moi, j'ai entendu le gémissement des Israélites asservis par les Egyptiens et je me suis souvenu de mon alliance. C'est pourquoi tu diras aux Israélites: Je suis Yahvé et je vous soustrairai aux corvées des Egyptiens; je vous délivrerai de leur servitude et je vous rachèterai à bras étendu et par de grands jugements. Je vous prendrai pour mon peuple et je serai votre Dieu. Et vous saurez que je suis Yahvé, votre Dieu, qui vous aura soustraits aux corvées des Egyptiens. Puis je vous ferai entrer dans la terre que j'ai juré de donner à Abraham, à Isaac et à Jacob, et je vous la donnerai en patrimoine, moi Yahvé." Moïse parla ainsi aux Israélites mais ils n'écoutèrent pas Moïse car ils étaient à bout de souffle à cause de leur dure servitude. Yahvé parla à Moïse et lui dit: "Va dire à Pharaon, le roi d'Egypte, qu'il laisse partir les Israélites de son pays." Mais Moïse prit la parole en présence de Yahvé et dit: "Les Israélites ne m'ont pas écouté, comment Pharaon m'écouterait-il, moi qui n'ai pas la parole facile?" Yahvé parla à Moïse et Aaron et les envoya auprès de Pharaon, le roi d'Egypte, pour faire sortir les Israélites du pays d'Egypte. Voici leurs chefs de familles: Fils de Ruben, premier-né d'Israël: Hénok, Pallu, Heçrôn et Karmi; tels sont les clans de Ruben. Fils de Siméon: Yemuel, Yamîn, Ohad, Yakîn, Cohar et Shaûl, le fils de la Cananéenne; tels sont les clans de Siméon. Voici les noms des fils de Lévi avec leurs descendances: Gershôn, Qehat et Merari. Lévi vécut 137 ans. Fils de Gershôn: Libni et Shiméï avec leurs clans. Fils de Qehat: Amram, Yiçhar, Hébrôn et Uzziel. Qehat vécut 133 ans. Fils de Merari: Mahli et Mushi. Tels sont les clans de Lévi avec leurs descendances. Amram épousa Yokébed, sa tante, qui lui donna Aaron et Moïse. Amram vécut 137 ans. Les fils de Yiçhar furent: Coré, Népheg et Zikri, et les fils d'Uzziel: Mishaël, Elçaphân et Sitri. Aaron épousa Elishéba, fille d'Amminadab, soeur de Nahshôn, et elle lui donna Nadab, Abihu, Eléazar et Itamar. Fils de Coré: Assir, Elqana et Abiasaph; tels sont les clans des Coréites. Eléazar, fils d'Aaron, épousa l'une des filles de Putiel, qui lui enfanta Pinhas. Tels sont les chefs des familles des Lévites, selon leurs clans. Ce sont eux, Aaron et Moïse, à qui Yahvé avait dit: "Faites sortir les Israélites du pays d'Egypte, selon leurs armées." Ce sont eux qui parlèrent à Pharaon, le roi d'Egypte, pour faire sortir d'Egypte les Israélites, -- Moïse et Aaron. Or le jour où Yahvé parla à Moïse en terre d'Egypte, Yahvé dit à Moïse: "Je suis Yahvé. Dis à Pharaon, le roi d'Egypte, tout ce que moi je vais te dire." Moïse dit en présence de Yahvé: "Je n'ai pas la parole facile, comment Pharaon m'écouterait-il?" Yahvé dit à Moïse: "Vois, j'ai fait de toi un dieu pour Pharaon, et Aaron, ton frère, sera ton prophète. Toi, tu lui diras tout ce que je t'ordonnerai, et Aaron, ton frère, le répétera à Pharaon pour qu'il laisse les Israélites partir de son pays. Pour moi, j'endurcirai le coeur de Pharaon et je multiplierai mes signes et mes prodiges dans le pays d'Egypte. Pharaon ne vous écoutera pas, alors je porterai la main sur l'Egypte et je ferai sortir mes armées, mon peuple, les Israélites, du pays d'Egypte, avec de grands jugements. Ils sauront, les Egyptiens, que je suis Yahvé, quand j'étendrai ma main contre les Egyptiens et que je ferai sortir de chez eux les Israélites." Moïse et Aaron firent comme Yahvé leur avait ordonné. Moïse était âgé de 80 ans et Aaron de 83 ans lorsqu'ils parlèrent à Pharaon. Yahvé dit à Moïse et à Aaron: "Si Pharaon vous dit d'accomplir un prodige, tu diras à Aaron: Prends ton bâton, jette-le devant Pharaon, et qu'il se change en serpent." Moïse et Aaron allèrent trouver Pharaon et firent comme l'avait ordonné Yahvé. Aaron jeta son bâton devant Pharaon et ses serviteurs, et il se changea en serpent. Pharaon à son tour convoqua les sages et les enchanteurs, et, avec leurs sortilèges, les magiciens d'Egypte en firent autant. Ils jetèrent chacun son bâton qui se changea en serpent, mais le bâton d'Aaron engloutit leurs bâtons. Cependant le coeur de Pharaon s'endurcit et il ne les écouta pas, comme l'avait prédit Yahvé. Yahvé dit à Moïse: "Le coeur de Pharaon s'est appesanti et il a refusé de laisser partir le peuple. Va, demain matin, trouver Pharaon, à l'heure où il se rend au bord de l'eau et tiens-toi à l'attendre sur la rive du Fleuve. Tu prendras en main le bâton qui s'est changé en serpent. Tu lui diras: Yahvé, le Dieu des Hébreux, m'a envoyé vers toi pour te dire: Laisse partir mon peuple, qu'il me serve dans le désert. Jusqu'à présent tu n'as pas écouté. Ainsi parle Yahvé: En ceci tu sauras que je suis Yahvé. Du bâton que j'ai en main, je vais frapper les eaux du Fleuve et elles se changeront en sang. Les poissons du Fleuve crèveront, le Fleuve s'empuantira, et les Egyptiens ne pourront plus boire l'eau du Fleuve." Yahvé dit à Moïse: "Dis à Aaron: Prends ton bâton et étends la main sur les eaux d'Egypte -- sur ses fleuves et sur ses canaux, sur ses marais et sur tous ses réservoirs d'eau -- et elles se changeront en sang, et tout le pays d'Egypte sera plein de sang, même les arbres et les pierres." Moïse et Aaron firent comme l'avait ordonné Yahvé. Il leva son bâton et il frappa les eaux qui sont dans le Fleuve aux yeux de Pharaon et de ses serviteurs, et toutes les eaux qui sont dans le Fleuve se changèrent en sang. Les poissons du Fleuve crevèrent et le Fleuve s'empuantit; et les Egyptiens ne purent plus boire l'eau du Fleuve; il y eut du sang dans tout le pays d'Egypte. Mais les magiciens d'Egypte avec leurs sortilèges en firent autant; le coeur de Pharaon s'endurcit et il ne les écouta pas, comme l'avait prédit Yahvé. Pharaon s'en retourna et rentra dans sa maison sans même prêter attention à cela. Tous les Egyptiens firent des sondages aux abords du Fleuve en quête d'eau potable, car ils ne pouvaient boire l'eau du Fleuve. Sept jours s'écoulèrent après que Yahvé eut frappé le Fleuve. Yahvé dit à Moïse: "Va trouver Pharaon et dis-lui: Ainsi parle Yahvé: Laisse partir mon peuple, qu'il me serve. Si tu refuses, toi, de le laisser partir, moi je vais infester de grenouilles tout ton territoire. Le Fleuve grouillera de grenouilles, elles monteront et entreront dans ta maison, dans la chambre où tu couches, sur ton lit, dans les maisons de tes serviteurs et de ton peuple, dans tes fours et dans tes huches. Les grenouilles grimperont même sur toi, sur ton peuple et sur tous tes serviteurs." Yahvé dit à Moïse: "Dis à Aaron: Etends ta main avec ton bâton sur les fleuves, les canaux et les marais, et fais monter les grenouilles sur la terre d'Egypte." Aaron étendit la main sur les eaux d'Egypte, les grenouilles montèrent et recouvrirent la terre d'Egypte. Mais les magiciens avec leurs sortilèges en firent autant, et firent monter les grenouilles sur la terre d'Egypte. Pharaon appela Moïse et Aaron et dit: "Priez Yahvé de détourner les grenouilles de moi et de mon peuple, et je m'engage à laisser partir le peuple pour qu'il sacrifie à Yahvé." Moïse dit à Pharaon: "A toi l'avantage! Pour quand dois-je prier pour toi, pour tes serviteurs et pour ton peuple, afin que les grenouilles soient supprimées de chez toi et de vos maisons pour ne rester que dans le Fleuve?" Il dit: "Pour demain." Moïse reprit: "Il en sera selon ta parole afin que tu saches qu'il n'y a personne comme Yahvé notre Dieu. Les grenouilles s'éloigneront de toi, de tes maisons, de tes serviteurs, de ton peuple, et il n'en restera plus que dans le Fleuve." Moïse et Aaron sortirent de chez Pharaon, et Moïse cria vers Yahvé au sujet des grenouilles qu'il avait infligées à Pharaon. Yahvé fit ce que demandait Moïse, et les grenouilles crevèrent dans les maisons, dans les cours et dans les champs. On les amassa en tas et le pays en fut empuanti. Pharaon vit qu'il y avait un répit; il appesantit son coeur et il ne les écouta pas, comme l'avait prédit Yahvé. Yahvé dit à Moïse: "Dis à Aaron: Etends ton bâton et frappe la poussière du sol, et elle se changera en moustiques dans tout le pays d'Egypte." Aaron étendit la main avec son bâton et frappa la poussière du sol, et il y eut des moustiques sur les gens et les bêtes, toute la poussière du sol se changea en moustiques dans tout le pays d'Egypte. Les magiciens d'Egypte avec leurs sortilèges firent la même chose pour faire sortir les moustiques mais ils ne le purent, et il y eut des moustiques sur les gens et les bêtes. Les magiciens dirent à Pharaon: "C'est le doigt de Dieu", mais le coeur de Pharaon s'endurcit et il ne les écouta pas, comme l'avait prédit Yahvé. Yahvé dit à Moïse: "Lève-toi de bon matin et tiens-toi devant Pharaon quand il se rendra au bord de l'eau. Tu lui diras: Ainsi parle Yahvé: Laisse partir mon peuple, qu'il me serve. Si tu ne veux pas laisser partir mon peuple, je vais envoyer des taons sur toi, sur tes serviteurs, sur ton peuple et sur tes maisons. Les maisons des Egyptiens seront pleines de taons, et même le sol sur lequel ils se tiennent. Et ce jour-là, je mettrai à part la terre de Goshèn où réside mon peuple pour que là il n'y ait pas de taons, afin que tu saches que je suis Yahvé, au milieu du pays. Je discernerai mon peuple de ton peuple; c'est demain que se produira ce signe." Yahvé fit ainsi, et des taons en grand nombre entrèrent dans la maison de Pharaon, dans les maisons de ses serviteurs et dans tout le pays d'Egypte; le pays fut ruiné à cause des taons. Pharaon appela Moïse et Aaron et leur dit: "Allez sacrifier à votre Dieu dans le pays." Moïse répondit: "Il ne convient pas d'agir ainsi, car nos sacrifices à Yahvé notre Dieu sont une abomination pour les Egyptiens. Si nous offrons sous les yeux des Egyptiens des sacrifices qu'ils abominent, ne nous lapideront-ils pas? C'est à trois jours de marche dans le désert que nous irons sacrifier à Yahvé notre Dieu, comme il nous l'a dit." Pharaon dit: "Moi je vais vous laisser partir pour sacrifier à votre Dieu dans le désert, seulement vous n'irez pas très loin. Priez pour moi." Moïse dit: "Dès que je serai sorti de chez toi, je prierai Yahvé. Demain les taons s'éloigneront de Pharaon, de ses serviteurs et de son peuple. Que Pharaon, toutefois, cesse de se moquer de nous en ne laissant pas le peuple partir pour sacrifier à Yahvé." Moïse sortit de chez Pharaon et pria Yahvé. Yahvé fit ce que demandait Moïse et les taons s'éloignèrent de Pharaon, de ses serviteurs et de son peuple; il n'en resta plus un seul. Mais Pharaon appesantit son coeur, cette fois encore, et il ne laissa pas partir le peuple. Yahvé dit à Moïse: "Va trouver Pharaon et dis-lui: Ainsi parle Yahvé, le Dieu des Hébreux: Laisse partir mon peuple, qu'il me serve. Si tu refuses de le laisser partir et le retiens plus longtemps, voici que la main de Yahvé frappera tes troupeaux qui sont dans les champs, les chevaux, les ânes, les chameaux, les boeufs et le petit bétail, d'une peste très grave. Yahvé discernera les troupeaux d'Israël des troupeaux des Egyptiens, et rien ne mourra de ce qui appartient aux Israélites. Yahvé a fixé le temps en disant: Demain Yahvé fera cela dans le pays." Le lendemain, Yahvé fit cela, et tous les troupeaux des Egyptiens moururent, mais des troupeaux des Israélites, pas une bête ne mourut. Pharaon fit une enquête, et voici que des troupeaux d'Israël pas une seule bête n'était morte. Mais le coeur de Pharaon s'appesantit et il ne laissa pas partir le peuple. Yahvé dit à Moïse et à Aaron: "Prenez plein vos mains de suie de fourneau et que Moïse la lance en l'air, sous les yeux de Pharaon. Elle se changera en fine poussière sur tout le pays d'Egypte et provoquera, sur les gens et sur les bêtes, des ulcères bourgeonnant en pustules, dans toute l'Egypte." Ils prirent de la suie de fourneau et se tinrent devant Pharaon; Moïse la lança en l'air et gens et bêtes furent couverts d'ulcères bourgeonnant en pustules. Les magiciens ne purent se tenir devant Moïse à cause des ulcères, car les magiciens étaient couverts d'ulcères comme tous les Egyptiens. Yahvé endurcit le coeur de Pharaon et il ne les écouta pas, comme l'avait prédit Yahvé. Yahvé dit à Moïse: "Lève-toi de bon matin et tiens-toi devant Pharaon. Tu lui diras: Ainsi parle Yahvé, le Dieu des Hébreux: Laisse partir mon peuple, qu'il me serve. Car cette fois-ci, je vais envoyer tous mes fléaux contre toi-même, contre tes serviteurs et contre ton peuple, afin que tu apprennes qu'il n'y en a pas comme moi sur toute la terre. Si j'avais étendu la main et vous avais frappés de la peste, toi et ton peuple, tu aurais été effacé de la terre. Mais je t'ai laissé subsister afin que tu voies ma force et qu'on publie mon nom par toute la terre. Tu le prends de haut avec mon peuple en ne le laissant pas partir. Eh bien demain, à pareille heure, je ferai tomber une grêle très forte, comme il n'y en a jamais eu en Egypte depuis le jour de sa fondation jusqu'à maintenant. Et maintenant, envoie mettre tes troupeaux à l'abri, et tout ce qui, dans les champs, t'appartient. Tout ce qui, homme ou bête, se trouvera dans les champs et n'aura pas été ramené à la maison, la grêle tombera sur lui et il mourra." Celui des serviteurs de Pharaon qui craignit la parole de Yahvé fit rentrer en hâte ses esclaves et ses troupeaux dans les maisons. Mais celui qui ne prit pas à coeur la parole de Yahvé laissa aux champs ses esclaves et ses troupeaux. Yahvé dit à Moïse: "Etends ta main vers le ciel et qu'il grêle dans tout le pays d'Egypte, sur les hommes et sur les bêtes, sur toute l'herbe des champs au pays d'Egypte." Moïse étendit son bâton vers le ciel, et Yahvé tonna et fit tomber la grêle. La foudre frappa le sol, et Yahvé fit tomber la grêle sur le pays d'Egypte. Il y eut de la grêle et le feu jaillissait au milieu de la grêle, une grêle très forte, comme il n'y en avait jamais eu au pays des Egyptiens depuis qu'ils formaient une nation. La grêle frappa, dans tout le pays d'Egypte, tout ce qui était dans les champs, hommes et bêtes. La grêle frappa toutes les herbes des champs et brisa tous les arbres des champs. Ce n'est qu'au pays de Goshèn, où se trouvaient les Israélites, qu'il n'y eut pas de grêle. Pharaon fit appeler Moïse et Aaron et leur dit: "Cette fois, j'ai péché; c'est Yahvé qui est juste, moi et mon peuple, nous sommes coupables. Priez Yahvé. Il y a eu assez de tonnerre et de grêle. Je m'engage à vous laisser partir et vous ne resterez pas plus longtemps." Moïse lui dit: "Quand je sortirai de la ville, j'étendrai les mains vers Yahvé, le tonnerre cessera et il n'y aura plus de grêle, afin que tu saches que la terre est à Yahvé. Mais ni toi ni tes serviteurs, je le sais bien, vous ne craindrez encore Yahvé Dieu." Le lin et l'orge furent abattus, car l'orge était en épis et le lin en fleurs. Le froment et l'épeautre ne furent pas abattus car ils sont tardifs. Moïse sortit de chez Pharaon et de la ville; il étendit les mains vers Yahvé; le tonnerre et la grêle cessèrent, et la pluie ne se déversa plus sur la terre. Quand Pharaon vit que la pluie, la grêle et le tonnerre avaient cessé, il recommença à pécher, et lui et ses serviteurs appesantirent leur coeur. Le coeur de Pharaon s'endurcit et il ne laissa pas partir les Israélites, comme Yahvé l'avait prédit par Moïse. Yahvé dit à Moïse: "Va trouver Pharaon car c'est moi qui ai appesanti son coeur et le coeur de ses serviteurs afin d'opérer mes signes au milieu d'eux, pour que tu puisses raconter à ton fils et au fils de ton fils comment je me suis joué des Egyptiens et quels signes j'ai opérés parmi eux, et que vous sachiez que je suis Yahvé." Moïse et Aaron allèrent trouver Pharaon et lui dirent: "Ainsi parle Yahvé le Dieu des Hébreux: Jusqu'à quand refuseras-tu de t'humilier devant moi? Laisse partir mon peuple, qu'il me serve. Si tu refuses de laisser partir mon peuple, dès demain je ferai venir des sauterelles sur ton territoire. Elles couvriront la surface du sol et l'on ne pourra plus voir le sol. Elles dévoreront le reste de ce qui a échappé, ce que vous a laissé la grêle; elles dévoreront tous vos arbres qui croissent dans les champs. Elles rempliront tes maisons, les maisons de tous tes serviteurs et les maisons de tous les Egyptiens, ce que tes pères et les pères de tes pères n'ont jamais vu, depuis le jour où ils sont venus sur terre, jusqu'à ce jour." Puis il se retourna et sortit de chez Pharaon. Les serviteurs de Pharaon lui dirent: "Jusqu'à quand celui-ci nous sera-t-il un piège? Laisse partir ces gens, qu'ils servent Yahvé leur Dieu. Ne sais-tu pas encore que l'Egypte va à sa ruine?" On fit revenir Moïse et Aaron auprès de Pharaon qui leur dit: "Allez servir Yahvé votre Dieu, mais qui sont ceux qui vont s'en aller?" Moïse répondit: "Nous emmènerons nos jeunes gens et nos vieillards, nous emmènerons nos fils et nos filles, notre petit et notre gros bétail, car c'est pour nous une fête de Yahvé." Pharaon dit: "Que Yahvé soit avec vous comme je vais vous laisser partir, vous, vos femmes et vos enfants! Voyez comme vous avez de mauvais desseins! Non! Allez, vous, les hommes, servir Yahvé, puisque c'est là ce que vous demandez." Et on les expulsa de la présence de Pharaon. Yahvé dit à Moïse: "Etends ta main sur le pays d'Egypte pour que viennent les sauterelles; qu'elles montent sur le pays d'Egypte et qu'elles dévorent toute l'herbe du pays, tout ce qu'a épargné la grêle." Moïse étendit son bâton sur le pays d'Egypte, et Yahvé fit lever sur le pays un vent d'est qui souffla tout ce jour-là et toute la nuit. Le matin venu, le vent d'est avait apporté les sauterelles. Les sauterelles montèrent sur tout le pays d'Egypte, elles se posèrent sur tout le territoire de l'Egypte en très grand nombre. Auparavant il n'y avait jamais eu autant de sauterelles, et par la suite il ne devait jamais plus y en avoir autant. Elles couvrirent toute la surface du pays et le pays fut dévasté. Elles dévorèrent toute l'herbe du pays et tous les fruits des arbres qu'avait laissés la grêle; rien de vert ne resta sur les arbres ou sur l'herbe des champs, dans tout le pays d'Egypte. Pharaon se hâta d'appeler Moïse et Aaron et dit: "J'ai péché contre Yahvé votre Dieu et contre vous. Et maintenant pardonne-moi ma faute, je t'en prie, cette fois seulement, et priez Yahvé votre Dieu qu'il détourne de moi ce fléau meurtrier." Moïse sortit de chez Pharaon et pria Yahvé. Yahvé changea le vent en un vent d'ouest très fort qui emporta les sauterelles et les entraîna vers la mer des Roseaux. Il ne resta plus une seule sauterelle dans tout le territoire d'Egypte. Mais Yahvé endurcit le coeur de Pharaon et il ne laissa pas partir les Israélites. Yahvé dit à Moïse: "Etends ta main vers le ciel et que des ténèbres palpables recouvrent le pays d'Egypte." Moïse étendit la main vers le ciel et il y eut d'épaisses ténèbres sur tout le pays d'Egypte pendant trois jours. Les gens ne se voyaient plus l'un l'autre et personne ne se leva de sa place pendant trois jours, mais tous les Israélites avaient de la lumière là où ils habitaient. Pharaon appela Moïse et lui dit: "Allez servir Yahvé, mais votre petit et votre gros bétail devra rester ici. Même vos femmes et vos enfants pourront aller avec vous." Moïse dit: "Tu dois toi-même mettre à notre disposition des sacrifices et des holocaustes pour que nous les offrions à Yahvé notre Dieu. Même nos troupeaux viendront avec nous, pas une tête ne restera, car c'est d'eux que nous prendrons de quoi servir Yahvé notre Dieu; et nous-mêmes, jusqu'à notre arrivée là-bas, nous ne saurons comment servir Yahvé." Mais Yahvé endurcit le coeur de Pharaon et il ne voulut pas les laisser partir. Pharaon dit à Moïse: "Hors d'ici! Prends garde à toi! ne te présente plus devant moi, car le jour où tu te présenteras devant moi, tu mourras." Et Moïse dit: "Tu l'as dit, je ne reviendrai plus me présenter devant toi." Yahvé dit à Moïse: "Je vais encore envoyer une plaie à Pharaon et à l'Egypte, après quoi il vous renverra d'ici. Quand il vous renverra, ce sera fini, et même, il vous expulsera d'ici. Parle donc au peuple pour que chaque homme demande à son voisin, chaque femme à sa voisine, des objets d'argent et des objets d'or." Yahvé fit que le peuple trouvât grâce aux yeux des Egyptiens. Moïse lui-même était un très grand personnage au pays d'Egypte, aux yeux des serviteurs de Pharaon et aux yeux du peuple. Alors Moïse dit: "Ainsi parle Yahvé: Vers le milieu de la nuit je parcourrai l'Egypte, et tous les premiers-nés mourront dans le pays d'Egypte, aussi bien le premier-né de Pharaon qui doit s'asseoir sur son trône, que le premier-né de la servante qui est derrière la meule, ainsi que tous les premiers-nés du bétail. Ce sera alors, dans tout le pays d'Egypte, une grande clameur, telle qu'il n'y en eut jamais et qu'il n'y en aura jamais plus. Mais chez tous les Israélites, pas un chien ne jappera contre qui que ce soit, homme ou bête, afin que tu saches que Yahvé discerne Israël de l'Egypte. Alors tous tes serviteurs que voici viendront me trouver et se prosterneront devant moi en disant: Va-t'en, toi et tout le peuple qui marche à ta suite! Après quoi je partirai." Et, enflammé de colère, il sortit de chez Pharaon. Yahvé dit à Moïse: "Pharaon ne vous écoutera pas, afin que se multiplient mes prodiges au pays d'Egypte." Moïse et Aaron accomplirent tous ces prodiges devant Pharaon; mais Yahvé endurcit le coeur de Pharaon et il ne laissa pas les Israélites partir de son pays. Yahvé dit à Moïse et à Aaron au pays d'Egypte: "Ce mois sera pour vous en tête des autres mois, il sera pour vous le premier mois de l'année. Parlez à toute la communauté d'Israël et dites-lui: Le dix de ce mois, que chacun prenne une tête de petit bétail par famille, une tête de petit bétail par maison. Si la maison est trop peu nombreuse pour une tête de petit bétail, on s'associera avec son voisin le plus proche de la maison, selon le nombre des personnes. Vous choisirez la tête de petit bétail selon ce que chacun peut manger. La tête de petit bétail sera un mâle sans tare, âgé d'un an. Vous la choisirez parmi les moutons ou les chèvres. Vous la garderez jusqu'au quatorzième jour de ce mois, et toute l'assemblée de la communauté d'Israël l'égorgera au crépuscule. On prendra de son sang et on en mettra sur les deux montants et le linteau des maisons où on le mangera. Cette nuit-là, on mangera la chair rôtie au feu; on la mangera avec des azymes et des herbes amères. N'en mangez rien cru ni bouilli dans l'eau, mais rôti au feu, avec la tête, les pattes et les tripes. Vous n'en réserverez rien jusqu'au lendemain. Ce qui en resterait le lendemain, vous le brûlerez au feu. C'est ainsi que vous la mangerez: vos reins ceints, vos sandales aux pieds et votre bâton en main. Vous la mangerez en toute hâte, c'est une pâque pour Yahvé. Cette nuit-là je parcourrai l'Egypte et je frapperai tous les premiers-nés dans le pays d'Egypte, tant hommes que bêtes, et de tous les dieux d'Egypte, je ferai justice, moi Yahvé. Le sang sera pour vous un signe sur les maisons où vous vous tenez. En voyant ce signe, je passerai outre et vous échapperez au fléau destructeur lorsque je frapperai le pays d'Egypte. Ce jour-là, vous en ferez mémoire et vous le fêterez comme une fête pour Yahvé, dans vos générations vous la fêterez, c'est un décret perpétuel. "Pendant sept jours, vous mangerez des azymes. Dès le premier jour vous ferez disparaître le levain de vos maisons car quiconque, du premier au septième jour, mangera du pain levé, celui-là sera retranché d'Israël. Le premier jour vous aurez une sainte assemblée, et le septième jour, une sainte assemblée. On n'y fera aucun ouvrage, vous préparerez seulement ce que chacun doit manger. Vous observerez la fête des Azymes, car c'est en ce jour-là que j'ai fait sortir vos armées du pays d'Egypte. Vous observerez ce jour-là dans vos générations, c'est un décret perpétuel. Le premier mois, le soir du quatorzième jour, vous mangerez des azymes jusqu'au soir du vingt et unième jour. Pendant sept jours il ne se trouvera pas de levain dans vos maisons, car quiconque mangera du pain levé sera retranché de la communauté d'Israël, qu'il soit étranger ou né dans le pays. Vous ne mangerez pas de pain levé, en tout lieu où vous habiterez vous mangerez des azymes." Moïse convoqua tous les anciens d'Israël et leur dit: "Allez vous procurer du petit bétail pour vos familles et immolez la pâque. Puis vous prendrez un bouquet d'hysope, vous le tremperez dans le sang qui est dans le bassin et vous toucherez le linteau et les deux montants avec le sang qui est dans le bassin. Quant à vous, que personne ne franchisse la porte de sa maison jusqu'au matin. Lorsque Yahvé traversera l'Egypte pour la frapper, il verra le sang sur le linteau et sur les deux montants, il passera au-delà de cette porte et ne laissera pas l'Exterminateur pénétrer dans vos maisons pour frapper. Vous observerez cette disposition comme un décret pour toi et tes fils, à perpétuité. Quand vous serez entrés dans la terre que Yahvé vous donnera comme il l'a dit, vous observerez ce rite. Et quand vos fils vous diront: Que signifie pour vous ce rite? Vous leur direz: C'est le sacrifice de la Pâque pour Yahvé qui a passé au-delà des maisons des Israélites en Egypte, lorsqu'il frappait l'Egypte, mais épargnait nos maisons." Le peuple alors s'agenouilla et se prosterna. Les Israélites s'en allèrent et firent ce que Yahvé avait ordonné à Moïse et à Aaron. Au milieu de la nuit, Yahvé frappa tous les premiers-nés dans le pays d'Egypte, aussi bien le premier-né de Pharaon qui devait s'asseoir sur son trône, que le premier-né du captif dans la prison et tous les premiers-nés du bétail. Pharaon se leva pendant la nuit, ainsi que tous ses serviteurs et tous les Egyptiens, et ce fut en Egypte une grande clameur car il n'y avait pas de maison où il n'y eût un mort. Pharaon appela Moïse et Aaron pendant la nuit et leur dit: "Levez-vous et sortez du milieu de mon peuple, vous et les Israélites, et allez servir Yahvé comme vous l'avez demandé. Prenez aussi votre petit et votre gros bétail comme vous l'avez demandé, partez et bénissez-moi, moi aussi." Les Egyptiens pressèrent le peuple en se hâtant de le faire partir du pays car, disaient-ils: "Nous allons tous mourir." Le peuple emporta sa pâte avant qu'elle n'eût levé, ses huches serrées dans les manteaux, sur les épaules. Les Israélites firent ce qu'avait dit Moïse et demandèrent aux Egyptiens des objets d'argent, des objets d'or et des vêtements. Yahvé fit que le peuple trouvât grâce aux yeux des Egyptiens qui les leur prêtèrent. Ils dépouillèrent ainsi les Egyptiens. Les Israélites partirent de Ramsès en direction de Sukkot au nombre de près de 600.000 hommes de pied -- rien que les hommes, sans compter leur famille. Une foule mêlée monta avec eux, ainsi que du petit et du gros bétail, formant d'immenses troupeaux. Ils firent cuire la pâte qu'ils avaient emportée d'Egypte en galettes non levées, car la pâte n'était pas levée: chassés d'Egypte, ils n'avaient pu s'attarder ni se préparer des provisions de route. Le séjour des Israélites en Egypte avait duré 430 ans. Le jour même où prenait fin les 430 ans, toutes les armées de Yahvé sortirent du pays d'Egypte. Cette nuit durant laquelle Yahvé a veillé pour les faire sortir d'Egypte doit être pour tous les Israélites une veille pour Yahvé, pour leurs générations. Yahvé dit à Moïse et à Aaron: "Voici le rituel de la pâque: aucun étranger n'en mangera. Mais tout esclave acquis à prix d'argent, quand tu l'auras circoncis, pourra en manger. Le résident et le serviteur à gages n'en mangeront pas. On la mangera dans une seule maison et vous ne ferez sortir de cette maison aucun morceau de viande. Vous n'en briserez aucun os. Toute la communauté d'Israël la fera. Si un étranger en résidence chez toi veut faire la Pâque pour Yahvé, tous les mâles de sa maison devront être circoncis; il sera alors admis à la faire, il sera comme un citoyen du pays; mais aucun incirconcis ne pourra en manger. La loi sera la même pour le citoyen et pour l'étranger en résidence parmi vous." Tous les Israélites firent comme Yahvé l'avait ordonné à Moïse et à Aaron. Ce jour-là même, Yahvé fit sortir les Israélites du pays d'Egypte, selon leurs armées. Yahvé parla à Moïse et lui dit: "Consacre-moi tout premier-né, prémices du sein maternel, parmi les Israélites. Homme ou animal, il est à moi." Moïse dit au peuple: "Souvenez-vous de ce jour, celui où vous êtes sortis d'Egypte, de la maison de servitude, car c'est par la force de sa main que Yahvé vous en a fait sortir, et l'on ne mangera pas de pain levé. Aujourd'hui vous sortez dans le mois d'Abib. Quand Yahvé t'aura fait entrer dans la terre des Cananéens, des Hittites, des Amorites, des Hivvites et des Jébuséens, qu'il a juré à tes pères de te donner, terre qui ruisselle de lait et de miel, tu pratiqueras ce rite en ce même mois. Pendant sept jours tu mangeras des azymes et le septième jour il y aura une fête pour Yahvé. Ce sont des azymes que l'on mangera pendant les sept jours et l'on ne verra pas chez toi de pain levé, ni on ne verra chez toi de levain, dans tout ton territoire. Ce jour-là, tu parleras ainsi à ton fils: C'est à cause de ce que Yahvé a fait pour moi lors de ma sortie d'Egypte. Ce sera pour toi un signe sur ta main, un mémorial sur ton front, afin que la loi de Yahvé soit toujours dans ta bouche, car c'est à main forte que Yahvé t'a fait sortir d'Egypte. Tu observeras cette loi au temps prescrit, d'année en année. "Quand Yahvé t'aura fait entrer dans le pays des Cananéens, comme il te l'a juré ainsi qu'à tes pères, et qu'il te l'aura donné, tu céderas à Yahvé tout être sorti le premier du sein maternel et toute la première portée des bêtes qui t'appartiennent: les mâles sont à Yahvé. Les premiers ânons mis bas, tu les rachèteras par une tête de petit bétail. Si tu ne les rachètes pas, tu leur briseras la nuque, mais tous les premiers-nés de l'homme, parmi tes fils, tu les rachèteras. Lorsque ton fils te demandera demain: Que signifie ceci? Tu lui diras: C'est par la force de sa main que Yahvé nous a fait sortir d'Egypte, de la maison de servitude. Comme Pharaon s'entêtait à ne pas nous laisser partir, Yahvé fit périr tous les premiers-nés au pays d'Egypte, aussi bien les premiers-nés des hommes que les premiers-nés du bétail. C'est pourquoi je sacrifie à Yahvé tout mâle sorti le premier du sein maternel et je rachète tout premier-né de mes fils. Ce sera pour toi un signe sur ta main, un bandeau sur ton front, car c'est par la force de sa main que Yahvé nous a fait sortir d'Egypte." Lorsque Pharaon eut laissé partir le peuple, Dieu ne lui fit pas prendre la route du pays des Philistins, bien qu'elle fût plus proche, car Dieu s'était dit qu'à la vue des combats le peuple pourrait se repentir et retourner en Egypte. Dieu fit donc faire au peuple un détour par la route du désert de la mer des Roseaux. C'est bien armés que les Israélites montèrent du pays d'Egypte. Moïse emporta les ossements de Joseph avec lui, car celui-ci avait adjuré les Israélites en disant: "Oui, Dieu vous visitera, et alors vous emporterez d'ici mes ossements avec vous." Ils partirent de Sukkot et campèrent à Etam, en bordure du désert. Yahvé marchait avec eux, le jour dans une colonne de nuée pour leur indiquer la route, et la nuit dans une colonne de feu pour les éclairer, afin qu'ils puissent marcher de jour et de nuit. La colonne de nuée ne se retirait pas le jour devant le peuple, ni la colonne de feu la nuit. Yahvé parla à Moïse et lui dit: "Dis aux Israélites de rebrousser chemin et de camper devant Pi-Hahirot, entre Migdol et la mer, devant Baal-Cephôn; vous camperez face à ce lieu, au bord de la mer. Pharaon dira des Israélites: Les voilà qui errent dans le pays, le désert s'est refermé sur eux. J'endurcirai le coeur de Pharaon et il se lancera à leur poursuite. Je me glorifierai aux dépens de Pharaon et de toute son armée, et les Egyptiens sauront que je suis Yahvé." C'est ce qu'ils firent. Lorsqu'on annonça au roi d'Egypte que le peuple avait fui, le coeur de Pharaon et de ses serviteurs changea à l'égard du peuple. Ils dirent: "Qu'avons-nous fait là, de laisser Israël quitter notre service!" Pharaon fit atteler son char et emmena son armée. Il prit 600 des meilleurs chars et tous les chars d'Egypte, chacun d'eux monté par des officiers. Yahvé endurcit le coeur de Pharaon, le roi d'Egypte, qui se lança à la poursuite des Israélites sortant la main haute. Les Egyptiens se lancèrent à leur poursuite et les rejoignirent alors qu'ils campaient au bord de la mer -- tous les chevaux de Pharaon, ses chars, ses cavaliers et son armée -- près de Pi-Hahirot, devant Baal-Cephôn. Comme Pharaon approchait, les Israélites levèrent les yeux, et voici que les Egyptiens les poursuivaient. Les Israélites eurent grand-peur et crièrent vers Yahvé. Ils dirent à Moïse: "Manquait-il de tombeaux en Egypte, que tu nous aies menés mourir dans le désert? Que nous as-tu fait en nous faisant sortir d'Egypte? Ne te disions-nous pas en Egypte: Laisse-nous servir les Egyptiens, car mieux vaut pour nous servir les Egyptiens que de mourir dans le désert?" Moïse dit au peuple: "Ne craignez pas! Tenez ferme et vous verrez ce que Yahvé va faire pour vous sauver aujourd'hui, car les Egyptiens que vous voyez aujourd'hui, vous ne les reverrez plus jamais. Yahvé combattra pour vous; vous, vous n'aurez qu'à rester tranquilles." Yahvé dit à Moïse: "Pourquoi cries-tu vers moi? Dis aux Israélites de repartir. Toi, lève ton bâton, étends ta main sur la mer et fends-la, que les Israélites puissent pénétrer à pied sec au milieu de la mer. Moi, j'endurcirai le coeur des Egyptiens, ils pénétreront à leur suite et je me glorifierai aux dépens de Pharaon, de toute son armée, de ses chars et de ses cavaliers. Les Egyptiens sauront que je suis Yahvé quand je me serai glorifié aux dépens de Pharaon, de ses chars et de ses cavaliers." L'Ange de Dieu qui marchait en avant du camp d'Israël se déplaça et marcha derrière eux, et la colonne de nuée se déplaça de devant eux et se tint derrière eux. Elle vint entre le camp des Egyptiens et le camp d'Israël. La nuée était ténébreuse et la nuit s'écoula sans que l'un puisse s'approcher de l'autre de toute la nuit. Moïse étendit la main sur la mer, et Yahvé refoula la mer toute la nuit par un fort vent d'est; il la mit à sec et toutes les eaux se fendirent. Les Israélites pénétrèrent à pied sec au milieu de la mer, et les eaux leur formaient une muraille à droite et à gauche. Les Egyptiens les poursuivirent, et tous les chevaux de Pharaon, ses chars et ses cavaliers pénétrèrent à leur suite au milieu de la mer. A la veille du matin, Yahvé regarda de la colonne de feu et de nuée vers le camp des Egyptiens, et jeta la confusion dans le camp des Egyptiens. Il enraya les roues de leurs chars qui n'avançaient plus qu'à grand-peine. Les Egyptiens dirent: "Fuyons devant Israël car Yahvé combat avec eux contre les Egyptiens!" Yahvé dit à Moïse: "Etends ta main sur la mer, que les eaux refluent sur les Egyptiens, sur leurs chars et sur leurs cavaliers." Moïse étendit la main sur la mer et, au point du jour, la mer rentra dans son lit. Les Egyptiens en fuyant la rencontrèrent, et Yahvé culbuta les Egyptiens au milieu de la mer. Les eaux refluèrent et recouvrirent les chars et les cavaliers de toute l'armée de Pharaon, qui avaient pénétré derrière eux dans la mer. Il n'en resta pas un seul. Les Israélites, eux, marchèrent à pied sec au milieu de la mer, et les eaux leur formèrent une muraille à droite et à gauche. Ce jour-là, Yahvé sauva Israël des mains des Egyptiens, et Israël vit les Egyptiens morts au bord de la mer. Israël vit la prouesse accomplie par Yahvé contre les Egyptiens. Le peuple craignit Yahvé, il crut en Yahvé et en Moïse son serviteur. Alors Moïse et les Israélites chantèrent pour Yahvé le chant que voici: "Je chante pour Yahvé car il s'est couvert de gloire, il a jeté à la mer cheval et cavalier. Yah est ma force et mon chant, à lui je dois mon salut. Il est mon Dieu, je le célèbre, le Dieu de mon père et je l'exalte. Yahvé est un guerrier, son nom est Yahvé. Les chars de Pharaon et son armée, il les a jetés à la mer, l'élite de ses officiers, la mer des Roseaux l'a engloutie. Les abîmes les recouvrent, ils ont coulé au fond du gouffre comme une pierre. Ta droite, Yahvé, s'illustre par sa force, ta droite, Yahvé, taille en pièces l'ennemi. Par l'excès de ta majesté, tu renverses tes adversaires, tu déchaînes ta colère, elle les dévore comme du chaume. Au souffle de tes narines, les eaux s'amoncelèrent, les flots se dressèrent comme une digue, les abîmes se figèrent au coeur de la mer. L'ennemi s'était dit: Je poursuivrai, j'atteindrai, je partagerai le butin, mon âme s'en gorgera, je dégainerai mon épée, ma main les supprimera. Tu soufflas de ton haleine, la mer les recouvrit, ils s'enfoncèrent comme du plomb dans les eaux formidables. Qui est comme toi parmi les dieux, Yahvé? Qui est comme toi illustre en sainteté, redoutable en exploits, artisan de merveilles? Tu étendis ta droite, la terre les engloutit. Ta grâce a conduit ce peuple que tu as racheté, ta force l'a guidé vers ta sainte demeure. Les peuples ont entendu, ils frémissent, des douleurs poignent les habitants de Philistie. Alors sont bouleversés les chefs d'Edom, les princes de Moab, la terreur s'en empare, ils titubent, tous ceux qui habitent Canaan. Sur eux s'abattent terreur et crainte, la puissance de ton bras les laisse pétrifiés, tant que passe ton peuple, Yahvé, tant que passe ce peuple que tu t'es acheté. Tu les amèneras et tu les planteras sur la montagne de ton héritage, lieu dont tu fis, Yahvé, ta résidence, sanctuaire, Seigneur, qu'ont préparé tes mains. Yahvé régnera pour toujours et à jamais." Car lorsque la cavalerie de Pharaon avec ses chars et ses cavaliers était entrée dans la mer, Yahvé avait fait refluer sur eux les eaux de la mer, alors que les Israélites avaient marché à pied sec au milieu de la mer. Miryam, la prophétesse, soeur d'Aaron, prit en main un tambourin et toutes les femmes la suivirent avec des tambourins, formant des choeurs de danses. Et Miryam leur entonna: "Chantez pour Yahvé, car il s'est couvert de gloire, il a jeté à la mer cheval et cavalier." Moïse fit partir Israël de la mer des Roseaux. Ils se dirigèrent vers le désert de Shur et marchèrent trois jours dans le désert sans trouver d'eau. Mais quand ils arrivèrent à Mara ils ne purent boire l'eau de Mara, car elle était amère, c'est pourquoi on l'a appelé Mara. Le peuple murmura contre Moïse en disant: "Qu'allons-nous boire?" Moïse cria vers Yahvé, et Yahvé lui montra un morceau de bois. Moïse le jeta dans l'eau, et l'eau devint douce. C'est là qu'il leur fixa un statut et un droit; c'est là qu'il les mit à l'épreuve. Puis il dit: "Si tu écoutes bien la voix de Yahvé ton Dieu et fais ce qui est droit à ses yeux, si tu prêtes l'oreille à ses commandements et observes toutes ses lois, tous les maux que j'ai infligés à l'Egypte, je ne te les infligerai pas, car je suis Yahvé, celui qui te guérit." Ils arrivèrent ensuite à Elim où se trouvent douze sources et 70 palmiers, et ils y campèrent au bord de l'eau. Ils partirent d'Elim, et toute la communauté des Israélites arriva au désert de Sîn, situé entre Elim et le Sinaï, le quinzième jour du second mois qui suivit leur sortie d'Egypte. Toute la communauté des Israélites se mit à murmurer contre Moïse et Aaron dans le désert. Les Israélites leur dirent: "Que ne sommes-nous morts de la main de Yahvé au pays d'Egypte, quand nous étions assis auprès de la marmite de viande et mangions du pain à satiété! A coup sûr, vous nous avez amenés dans ce désert pour faire mourir de faim toute cette multitude." Yahvé dit à Moïse: "Je vais faire pleuvoir pour vous du pain du haut du ciel. Les gens sortiront et recueilleront chaque jour leur ration du jour; je veux ainsi les mettre à l'épreuve pour voir s'ils marcheront selon ma loi ou non. Et le sixième jour, quand ils prépareront ce qu'ils auront rapporté, il y en aura le double de ce qu'ils recueillent chaque jour." Moïse et Aaron dirent à toute la communauté des Israélites: "Ce soir vous saurez que c'est Yahvé qui vous a fait sortir du pays d'Egypte et au matin vous verrez la gloire de Yahvé. Car il a entendu vos murmures contre Yahvé. Et nous, que sommes-nous pour que vous murmuriez contre nous?" Moïse dit: "Yahvé vous donnera ce soir de la viande à manger et, au matin, du pain à satiété, car Yahvé a entendu vos murmures contre lui. Nous, que sommes-nous? Ce n'est pas contre nous que vont vos murmures, mais contre Yahvé." Moïse dit à Aaron: "Dis à toute la communauté des Israélites: Approchez-vous devant Yahvé, car il a entendu vos murmures." Comme Aaron parlait à toute la communauté des Israélites, ils se tournèrent vers le désert, et voici que la gloire de Yahvé apparut dans la nuée. Yahvé parla à Moïse et lui dit: "J'ai entendu les murmures des Israélites. Parle-leur et dis-leur: Au crépuscule vous mangerez de la viande et au matin vous serez rassasiés de pain. Vous saurez alors que je suis Yahvé votre Dieu." Le soir, des cailles montèrent et couvrirent le camp, et au matin, il y avait une couche de rosée tout autour du camp. Cette couche de rosée évaporée, apparut sur la surface du désert quelque chose de menu, de granuleux, de fin comme du givre sur le sol. Lorsque les Israélites virent cela, ils se dirent l'un à l'autre: "Qu'est-ce cela?" Car ils ne savaient pas ce que c'était. Moïse leur dit: "Cela, c'est le pain que Yahvé vous a donné à manger. Voici ce qu'a ordonné Yahvé: Recueillez-en chacun selon ce qu'il peut manger, un gomor par personne. Vous en prendrez chacun selon le nombre des personnes qu'il a dans sa tente." Les Israélites firent ainsi et en recueillirent les uns beaucoup, les autres peu. Quand ils mesurèrent au gomor, celui qui avait beaucoup recueilli n'en avait pas trop, et celui qui avait peu recueilli en avait assez: chacun avait recueilli ce qu'il pouvait manger. Moïse leur dit: "Que personne n'en mette en réserve jusqu'au lendemain." Certains n'écoutèrent pas Moïse et en mirent en réserve jusqu'au lendemain, mais les vers s'y mirent et cela devint infect. Moïse s'irrita contre eux. Ils en recueillirent chaque matin, chacun selon ce qu'il pouvait manger, et quand le soleil devenait chaud, cela fondait. Or le sixième jour, ils recueillirent le double de pain, deux gomors par personne, et tous les chefs de la communauté vinrent l'annoncer à Moïse. Il leur dit: "Voici ce qu'a dit Yahvé: Demain est un jour de repos complet, un saint sabbat pour Yahvé. Cuisez ce que vous voulez cuire, faites bouillir ce que vous voulez faire bouillir et tout le surplus, mettez-le en réserve jusqu'à demain." Ils le mirent en réserve jusqu'au lendemain, comme Moïse l'avait ordonné; ce ne fut pas infect et il n'y eut pas de vers dedans. Moïse dit: "Mangez-le aujourd'hui, car ce jour est un sabbat pour Yahvé; aujourd'hui vous n'en trouveriez pas dans les champs. Pendant six jours vous en recueillerez mais le septième jour, le sabbat, il n'y en aura pas." Le septième jour cependant, des gens sortirent pour en recueillir mais ils n'en trouvèrent pas. Yahvé dit à Moïse: "Jusqu'à quand refuserez-vous d'écouter mes commandements et mes lois? Voyez, Yahvé vous a donné le sabbat, c'est pourquoi le sixième jour il vous donne du pain pour deux jours. Restez chacun là où vous êtes, que personne ne sorte de chez soi le septième jour." Le peuple chôma donc le septième jour. La maison d'Israël donna à cela le nom de manne. On eût dit de la graine de coriandre, c'était blanc et cela avait un goût de galette au miel. Moïse dit: "Voici ce qu'a ordonné Yahvé: Remplissez-en un gomor et préservez-le pour vos descendants, afin qu'ils voient le pain dont je vous ai nourri dans le désert, quand je vous ai fait sortir du pays d'Egypte." Moïse dit à Aaron: "Prends un vase, mets-y un plein gomor de manne et place-le devant Yahvé afin de le préserver pour vos générations." Comme Yahvé l'avait ordonné à Moïse, Aaron le plaça devant le Témoignage, pour qu'il y soit préservé. Les Israélites mangèrent de la manne pendant 40 ans, jusqu'à ce qu'ils arrivent en pays habité; ils mangèrent la manne jusqu'à ce qu'ils arrivent aux confins du pays de Canaan. Le gomor, c'est un dixième de mesure. Toute la communauté des Israélites partit du désert de Sîn pour les étapes suivantes, sur l'ordre de Yahvé, et ils campèrent à Rephidim où il n'y avait pas d'eau à boire pour le peuple. Celui-ci s'en prit à Moïse; ils dirent: "Donne-nous de l'eau, que nous buvions!" Moïse leur dit: "Pourquoi vous en prenez-vous à moi? Pourquoi mettez-vous Yahvé à l'épreuve?" Le peuple y souffrit de la soif, le peuple murmura contre Moïse et dit: "Pourquoi nous as-tu fait monter d'Egypte? Est-ce pour me faire mourir de soif, moi, mes enfants et mes bêtes?" Moïse cria vers Yahvé en disant: "Que ferai-je pour ce peuple? Encore un peu et ils me lapideront." Yahvé dit à Moïse: "Passe en tête du peuple et prends avec toi quelques anciens d'Israël; prends en main ton bâton, celui dont tu as frappé le Fleuve et va. Voici que je vais me tenir devant toi, là sur le rocher (en Horeb), tu frapperas le rocher, l'eau en sortira et le peuple boira." C'est ce que fit Moïse, aux yeux des anciens d'Israël. Il donna à ce lieu le nom de Massa et Meriba, parce que les Israélites cherchèrent querelle et parce qu'ils mirent Yahvé à l'épreuve en disant: "Yahvé est-il au milieu de nous, ou non?" Les Amalécites survinrent et combattirent contre Israël à Rephidim. Moïse dit alors à Josué: "Choisis-toi des hommes et demain, sors combattre Amaleq; moi, je me tiendrai au sommet de la colline, le bâton de Dieu à la main." Josué fit ce que lui avait dit Moïse, il sortit pour combattre Amaleq, et Moïse, Aaron et Hur montèrent au sommet de la colline. Lorsque Moïse tenait ses mains levées, Israël l'emportait, et quand il les laissait retomber, Amaleq l'emportait. Comme les mains de Moïse s'alourdissaient, ils prirent une pierre et la mirent sous lui. Il s'assit dessus tandis qu'Aaron et Hur lui soutenaient les mains, l'un d'un côté, l'autre de l'autre. Ainsi ses mains restèrent-elles fermes jusqu'au coucher du soleil. Josué défit Amaleq et son peuple au fil de l'épée. Yahvé dit alors à Moïse: "Ecris cela dans un livre pour en garder le souvenir, et déclare à Josué que j'effacerai la mémoire d'Amaleq de dessous les cieux." Puis Moïse bâtit un autel qu'il nomma Yahvé-Nissi car, dit-il: "La bannière de Yahvé en main! Yahvé est en guerre contre Amaleq de génération en génération." Jéthro, prêtre de Madiân, beau-père de Moïse, entendit raconter tout ce que Dieu avait fait pour Moïse et pour Israël son peuple: comment Yahvé avait fait sortir Israël d'Egypte. Jéthro, le beau-père de Moïse, prit Cippora, la femme de Moïse, après qu'il l'eut renvoyée, ainsi que ses deux fils. L'un s'appelait Gershom car, avait-il dit, "Je suis un immigré en terre étrangère", l'autre s'appelait Eliézer car, "le Dieu de mon père est mon secours et m'a délivré de l'épée de Pharaon." Jéthro, le beau-père de Moïse, vint trouver Moïse avec ses fils et sa femme au désert où il campait, à la montagne de Dieu. L'on dit à Moïse: "Voici ton beau-père Jéthro qui vient vers toi, accompagné de ta femme et ses deux fils." Moïse sortit à la rencontre de son beau-père, se prosterna devant lui, l'embrassa et, s'étant mutuellement interrogés sur leur santé, ils se rendirent à la tente. Moïse raconta à son beau-père tout ce que Yahvé avait fait à Pharaon et aux Egyptiens à cause d'Israël, ainsi que toutes les tribulations qu'ils avaient rencontrées en chemin, et dont Yahvé les avait délivrés. Jéthro se réjouit de tout le bien que Yahvé avait fait à Israël, de ce qu'il l'avait délivré de la main des Egyptiens. Jéthro dit alors: "Béni soit Yahvé qui vous a délivrés de la main des Egyptiens et de la main de Pharaon, qui a délivré le peuple de la sujétion égyptienne. Maintenant je sais que Yahvé est plus grand que tous les dieux..." Jéthro, le beau-père de Moïse, offrit à Dieu un holocauste et des sacrifices. Aaron et tous les anciens d'Israël vinrent manger avec le beau-père de Moïse en présence de Dieu. Le lendemain, Moïse s'assit pour rendre la justice au peuple, tandis que le peuple demeurait debout auprès de lui du matin au soir. Le beau-père de Moïse, voyant tout ce qu'il faisait pour le peuple, lui dit: "Comment t'y prends-tu pour traiter seul les affaires du peuple? Pourquoi sièges-tu seul alors que tout le peuple se tient auprès de toi du matin au soir?" Moïse dit à son beau-père: "C'est que le peuple vient à moi pour consulter Dieu. Lorsqu'ils ont une affaire, ils viennent à moi. Je juge entre l'un et l'autre et je leur fais connaître les décrets de Dieu et ses lois." Le beau-père de Moïse lui dit: "Tu t'y prends mal! A coup sûr tu t'épuiseras, toi et le peuple qui est avec toi, car la tâche est trop lourde pour toi; tu ne pourras pas l'accomplir seul. Maintenant écoute le conseil que je vais te donner pour que Dieu soit avec toi. Tiens-toi à la place du peuple devant Dieu, et introduis toi-même leurs causes auprès de Dieu. Instruis-les des décrets et des lois, fais-leur connaître la voie à suivre et la conduite à tenir. Mais choisis-toi parmi tout le peuple des hommes capables, craignant Dieu, sûrs, incorruptibles, et établis-les sur eux comme chefs de milliers, chefs de centaines, chefs de cinquantaines et chefs de dizaines. Ils jugeront le peuple en tout temps. Toute affaire importante, ils te la déféreront et toute affaire mineure, ils la jugeront eux-mêmes. Allège ainsi ta charge et qu'ils la portent avec toi. Si tu fais cela et que Dieu te l'ordonne tu pourras tenir et tout ce peuple, de son côté, pourra rentrer en paix chez lui." Moïse suivit le conseil de son beau-père et fit tout ce qu'il lui avait dit. Moïse choisit dans tout Israël des hommes capables, et il les mit chefs du peuple: chefs de milliers, chefs de centaines, chefs de cinquantaines et chefs de dizaines. Et ils jugeaient le peuple en tout temps. Toute affaire importante, ils la déféraient à Moïse, et toute affaire mineure, ils la jugeaient eux-mêmes. Puis Moïse laissa repartir son beau-père qui reprit le chemin de son pays. Le troisième mois après leur sortie du pays d'Egypte, ce jour-là, les Israélites atteignirent le désert du Sinaï. Ils partirent de Rephidim et atteignirent le désert du Sinaï, et ils campèrent dans le désert; Israël campa là, en face de la montagne. Moïse alors monta vers Dieu. Yahvé l'appela de la montagne et lui dit: "Tu parleras ainsi à la maison de Jacob, tu déclareras aux Israélites: Vous avez vu vous-mêmes ce que j'ai fait aux Egyptiens, et comment je vous ai emportés sur des ailes d'aigles et amenés vers moi. Maintenant, si vous écoutez ma voix et gardez mon alliance, je vous tiendrai pour mon bien propre parmi tous les peuples, car toute la terre est à moi. Je vous tiendrai pour un royaume de prêtres, une nation sainte. Voilà les paroles que tu diras aux Israélites." Moïse alla et convoqua les anciens du peuple et leur exposa tout ce que Yahvé lui avait ordonné, et le peuple entier, d'un commun accord, répondit: "Tout ce que Yahvé a dit, nous le ferons." Moïse rapporta à Yahvé les paroles du peuple. Yahvé dit à Moïse: "Je vais venir à toi dans l'épaisseur de la nuée, afin que le peuple entende quand je parlerai avec toi et croie en toi pour toujours." Et Moïse rapporta à Yahvé les paroles du peuple. Yahvé dit à Moïse: "Va trouver le peuple et fais-le se sanctifier aujourd'hui et demain; qu'ils lavent leurs vêtements et se tiennent prêts pour après-demain, car après-demain Yahvé descendra aux yeux de tout le peuple sur la montagne du Sinaï. Puis délimite le pourtour de la montagne et dis: Gardez-vous de gravir la montagne et même d'en toucher le bord. Quiconque touchera la montagne sera mis à mort. Personne ne portera la main sur lui; il sera lapidé ou percé de flèches, homme ou bête, il ne vivra pas. Quand la corne de bélier mugira, eux graviront la montagne." Moïse descendit de la montagne et vint trouver le peuple qu'il fit se sanctifier, et ils lavèrent leurs vêtements. Puis il dit au peuple: "Tenez-vous prêts pour après-demain, ne vous approchez pas de la femme. Or le surlendemain, dès le matin, il y eut des coups de tonnerre, des éclairs et une épaisse nuée sur la montagne, ainsi qu'un très puissant son de trompe et, dans le camp, tout le peuple trembla. Moïse fit sortir le peuple du camp, à la rencontre de Dieu, et ils se tinrent au bas de la montagne. Or la montagne du Sinaï était toute fumante, parce que Yahvé y était descendu dans le feu; la fumée s'en élevait comme d'une fournaise et toute la montagne tremblait violemment. Le son de trompe allait en s'amplifiant; Moïse parlait et Dieu lui répondait dans le tonnerre. Yahvé descendit sur la montagne du Sinaï, au sommet de la montagne. Yahvé appela Moïse au sommet de la montagne et Moïse monta. Yahvé dit à Moïse: "Descends et avertis le peuple de ne pas franchir les limites pour venir voir Yahvé, car beaucoup d'entre eux périraient. Même les prêtres qui approchent Yahvé doivent se sanctifier de peur que Yahvé ne se déchaîne contre eux." Moïse dit à Yahvé: "Le peuple ne peut pas gravir la montagne du Sinaï puisque toi-même tu nous as avertis: délimite la montagne et déclare-la sacrée." Yahvé reprit: "Allons, descends et remontez, toi et Aaron. Mais que les prêtres et le peuple ne franchissent pas les limites pour monter vers Yahvé, de peur qu'il ne se déchaîne contre eux." Moïse descendit alors vers le peuple et lui dit... Dieu prononça toutes ces paroles, et dit: "Je suis Yahvé, ton Dieu, qui t'a fait sortir du pays d'Egypte, de la maison de servitude. Tu n'auras pas d'autres dieux devant moi. Tu ne te feras aucune image sculptée, rien qui ressemble à ce qui est dans les cieux, là-haut, ou sur la terre, ici-bas, ou dans les eaux, au-dessous de la terre. Tu ne te prosterneras pas devant ces dieux et tu ne les serviras pas, car moi Yahvé, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux qui punis la faute des pères sur les enfants, les petits-enfants et les arrière-petits-enfants pour ceux qui me haïssent, mais qui fais grâce à des milliers pour ceux qui m'aiment et gardent mes commandements. Tu ne prononceras pas le nom de Yahvé ton Dieu à faux, car Yahvé ne laisse pas impuni celui qui prononce son nom à faux. Tu te souviendras du jour du sabbat pour le sanctifier. Pendant six jours tu travailleras et tu feras tout ton ouvrage; mais le septième jour est un sabbat pour Yahvé ton Dieu. Tu ne feras aucun ouvrage, toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni tes bêtes, ni l'étranger qui est dans tes portes. Car en six jours Yahvé a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qu'ils contiennent, mais il s'est reposé le septième jour, c'est pourquoi Yahvé a béni le jour du sabbat et l'a consacré. Honore ton père et ta mère, afin que se prolongent tes jours sur la terre que te donne Yahvé ton Dieu. Tu ne tueras pas. Tu ne commettras pas d'adultère. Tu ne voleras pas. Tu ne porteras pas de témoignage mensonger contre ton prochain. Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain. Tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son boeuf, ni son âne, rien de ce qui est à ton prochain." Tout le peuple voyant ces coups de tonnerre, ces lueurs, ce son de trompe et la montagne fumante, eut peur et se tint à distance. Ils dirent à Moïse: "Parle-nous, toi, et nous t'écouterons; mais que Dieu ne nous parle pas, car alors c'est la mort." Moïse dit au peuple: "Ne craignez pas. C'est pour vous mettre à l'épreuve que Dieu est venu, pour que sa crainte vous demeure présente et que vous ne péchiez pas." Le peuple se tint à distance et Moïse s'approcha de la nuée obscure où était Dieu. Yahvé dit à Moïse: "Tu parleras ainsi aux Israélites: Vous avez vu vous-mêmes comment je vous ai parlé du haut du ciel. Vous ne ferez pas à côté de moi des dieux d'argent, et des dieux d'or vous ne vous en ferez pas. Tu me feras un autel de terre sur quoi immoler tes holocaustes et tes sacrifices de communion, ton petit et ton gros bétail. En tout lieu où je rappellerai mon nom, je viendrai à toi et je te bénirai. Si tu me fais un autel de pierres, ne le bâtis pas de pierres taillées, car, en le travaillant au ciseau, tu le profanerais. Et tu ne monteras pas à mon autel par des marches pour n'y pas laisser voir ta nudité." "Voici les lois que tu leur donneras. Lorsque tu acquerras un esclave hébreu, son service durera six ans, la septième année il s'en ira, libre, sans rien payer. S'il est venu seul, il s'en ira seul, et s'il était marié, sa femme s'en ira avec lui. Si son maître le marie et que sa femme lui donne des fils ou des filles, la femme et ses enfants resteront la propriété du maître et lui s'en ira seul. Mais si l'esclave dit: J'aime mon maître, ma femme et mes enfants, je ne veux pas être libéré, son maître le fera s'approcher de Dieu, il le fera s'approcher du vantail ou du montant de la porte; il lui percera l'oreille avec un poinçon et l'esclave sera pour toujours à son service. Si quelqu'un vend sa fille comme servante, elle ne s'en ira pas comme s'en vont les esclaves. Si elle déplaît à son maître qui se l'était destinée, il la fera racheter; il ne pourra la vendre à un peuple étranger, usant ainsi de fraude envers elle. S'il la destine à son fils, il la traitera selon la coutume en vigueur pour les filles. S'il prend pour lui-même une autre femme, il ne diminuera pas la nourriture, le vêtement ni les droits conjugaux de la première. S'il la frustre de ces trois choses, elle s'en ira sans rien payer, sans verser d'argent. "Quiconque frappe quelqu'un et cause sa mort sera mis à mort. S'il ne l'a pas traqué mais que Dieu l'a mis à portée de sa main, je te fixerai un lieu où il pourra se réfugier. Mais si un homme va jusqu'à en tuer un autre par ruse, tu l'arracheras même de mon autel pour qu'il soit mis à mort. Qui frappe son père ou sa mère sera mis à mort. Qui enlève un homme -- qu'il l'ait vendu ou qu'on le trouve en sa possession -- sera mis à mort. Qui maudit son père ou sa mère sera mis à mort. "Si des hommes se querellent et que l'un frappe l'autre avec une pierre ou avec le poing de telle sorte qu'il n'en meure pas mais doive garder le lit, s'il se relève et peut circuler dehors, fût-ce appuyé sur un bâton, celui qui a frappé sera quitte, mais il devra le dédommager pour son immobilisation et le soigner jusqu'à sa guérison. Si quelqu'un frappe son esclave ou sa servante avec un bâton et que celui-ci meure sous sa main, il subira la vengeance. Mais s'il survit un jour ou deux il ne sera pas vengé, car il a été acquis à prix d'argent. Si des hommes, en se battant, bousculent une femme enceinte et que celle-ci avorte mais sans autre accident, le coupable paiera l'indemnité imposée par le maître de la femme, il paiera selon la décision des arbitres. Mais s'il y a accident, tu donneras vie pour vie, oeil pour oeil, dent pour dent, pied pour pied, brûlure pour brûlure, meurtrissure pour meurtrissure, plaie pour plaie. Si un homme frappe l'oeil de son esclave ou l'oeil de sa servante et l'éborgne, il lui rendra la liberté en compensation de son oeil. Et s'il fait tomber une dent de son esclave ou une dent de sa servante, il lui rendra la liberté en compensation de sa dent. Si un boeuf encorne un homme ou une femme et cause sa mort, le boeuf sera lapidé et l'on n'en mangera pas la viande, mais le propriétaire du boeuf sera quitte. Mais si le boeuf donnait déjà de la corne auparavant, et que le propriétaire, averti de cela, ne l'a pas surveillé, s'il cause la mort d'un homme ou d'une femme, ce boeuf sera lapidé et son propriétaire sera mis à mort. Si on lui impose une rançon, il devra donner pour le rachat de sa vie tout ce qui lui est imposé. Si c'est un garçon ou une fille qu'il encorne, on le traitera selon cette coutume. Si c'est un esclave ou une servante que le boeuf encorne, son propriétaire versera le prix -- 30 sicles -- à leur maître, et le boeuf sera lapidé. Si quelqu'un laisse une citerne ouverte, ou si quelqu'un creuse une citerne sans la couvrir et qu'un boeuf ou un âne y tombe, le propriétaire de la citerne indemnisera, il dédommagera en argent son propriétaire, et la bête morte sera pour lui. Si le boeuf de quelqu'un frappe le boeuf d'autrui et cause sa mort, les propriétaires vendront le boeuf vivant et s'en partageront le prix, ils se partageront aussi la bête morte. Mais s'il est notoire que le boeuf donnait de la corne auparavant, et que son propriétaire ne l'a pas surveillé, il donnera un boeuf vivant en compensation du boeuf mort, et la bête morte sera pour lui. "Si quelqu'un vole un boeuf ou un agneau puis l'abat et le vend, il rendra cinq têtes de gros bétail pour le boeuf et quatre têtes de petit bétail pour l'agneau. Si le voleur surpris à percer un mur reçoit un coup mortel, son sang ne sera pas vengé. Mais si le soleil était déjà levé, son sang sera vengé. Il devra restituer, et s'il n'a pas de quoi, on le vendra pour rembourser ce qu'il a volé. Si l'animal volé, boeuf, âne ou tête de petit bétail, est retrouvé vivant en sa possession, il restituera au double. "Si quelqu'un fait brouter un champ ou une vigne et laisse brouter le champ d'autrui, il restituera la partie broutée de ce champ d'après ce qu'il rapporte. S'il a laissé brouter le champ entier, il restituera sur la base de la meilleure récolte du champ ou de la vigne. Si un feu prend et rencontre des buissons épineux et qu'il consume meules, moissons ou champs, l'auteur de l'incendie restituera ce qui a brûlé. Si quelqu'un donne en garde à un autre de l'argent ou des objets, et qu'on les vole chez celui-ci, le voleur, si on le découvre, devra restituer au double. Si on ne découvre pas le voleur, le maître de la maison s'approchera de Dieu pour attester qu'il n'a pas porté la main sur le bien de l'autre. Dans toute cause litigieuse relative à un boeuf, à un âne, à une tête de petit bétail, à un vêtement ou à n'importe quel objet perdu dont on dit: C'est bien lui, le différend sera porté devant Dieu. Celui que Dieu aura déclaré coupable restituera le double à l'autre. Si quelqu'un confie à la garde d'un autre un âne, un taureau, une tête de petit bétail ou tout autre animal, et que la bête crève, se brise un membre ou est enlevée sans témoins, un serment par Yahvé décidera entre les deux parties si le gardien a porté la main sur le bien de l'autre ou non. Le propriétaire prendra ce qui reste et le gardien n'aura pas à restituer. Mais si l'animal volé se trouvait auprès de lui, il le restituera à son propriétaire. Si l'animal est déchiqueté par une bête de proie, il apportera en témoignage l'animal déchiqueté et n'aura pas à restituer. Si quelqu'un emprunte une bête à un autre et qu'elle se brise un membre ou crève en l'absence de son propriétaire, il devra restituer. Mais si le propriétaire est auprès de l'animal, il n'aura pas à restituer. Si le propriétaire est un loueur, il touchera son prix de louage. "Si quelqu'un séduit une vierge non encore fiancée et couche avec elle, il versera le prix et la prendra pour femme. Si son père refuse de la lui donner, il versera une somme équivalente au prix fixé pour les vierges. "Tu ne laisseras pas en vie la magicienne. Quiconque s'accouple avec une bête sera mis à mort. Qui sacrifie à d'autres dieux sera voué à l'anathème. Tu ne molesteras pas l'étranger ni ne l'opprimeras car vous-mêmes avez été étrangers dans le pays d'Egypte. Vous ne maltraiterez pas une veuve ni un orphelin. Si tu le maltraites et qu'il crie vers moi, j'écouterai son cri; ma colère s'enflammera et je vous ferai périr par l'épée: vos femmes seront veuves et vos fils orphelins. Si tu prêtes de l'argent à un compatriote, à l'indigent qui est chez toi, tu ne te comporteras pas envers lui comme un prêteur à gages, vous ne lui imposerez pas d'intérêts. Si tu prends en gage le manteau de quelqu'un, tu le lui rendras au coucher du soleil. C'est sa seule couverture, c'est le manteau dont il enveloppe son corps, dans quoi se couchera-t-il? S'il crie vers moi je l'écouterai, car je suis compatissant, moi! Tu ne blasphémeras pas Dieu ni ne maudiras un chef de ton peuple. "Ne diffère pas d'offrir de ton abondance et de ton surplus. Le premier-né de tes fils, tu me le donneras. Tu feras de même pour ton gros et ton petit bétail: pendant sept jours il restera avec sa mère, le huitième jour tu me le donneras. Vous serez pour moi des hommes saints. Vous ne mangerez pas la viande d'une bête déchiquetée par un fauve dans la campagne, vous la jetterez aux chiens. "Tu ne colporteras pas de fausses rumeurs. Tu ne prêteras pas la main au méchant en témoignant injustement. Tu ne prendras pas le parti du plus grand nombre pour commettre le mal, ni ne témoigneras dans un procès en suivant le plus grand nombre pour faire dévier le droit, ni ne favoriseras le miséreux dans son procès. Si tu rencontres le boeuf ou l'âne de ton ennemi qui vague, tu dois le lui ramener. Si tu vois l'âne de celui qui te déteste tomber sous sa charge, cesse de te tenir à l'écart; avec lui tu lui viendras en aide. Tu ne feras pas dévier le droit de ton pauvre dans son procès. Tu te tiendras loin d'une cause mensongère. Ne fais pas périr l'innocent ni le juste et ne justifie pas le coupable. Tu n'accepteras pas de présents, car le présent aveugle les gens clairvoyants et ruine les causes des justes. Tu n'opprimeras pas l'étranger. Vous savez ce qu'éprouve l'étranger, car vous-mêmes avez été étrangers au pays d'Egypte. "Pendant six ans tu ensemenceras la terre et tu en engrangeras le produit. Mais la septième année, tu la laisseras en jachère et tu en abandonneras le produit; les pauvres de ton peuple le mangeront et les bêtes des champs mangeront ce qu'ils auront laissé. Tu feras de même pour ta vigne et pour ton olivier. Pendant six jours tu feras tes travaux, et le septième jour tu chômeras, afin que se repose ton boeuf et ton âne et que reprennent souffle le fils de ta servante ainsi que l'étranger. Vous prendrez garde à tout ce que je vous ai dit et vous ne ferez pas mention du nom d'autres dieux: qu'on ne l'entende pas sortir de ta bouche. "Tu me fêteras trois fois l'an. Tu observeras la fête des Azymes. Pendant sept jours tu mangeras des azymes, comme je te l'ai ordonné, au temps fixé du mois d'Abib, car c'est en ce mois que tu es sorti d'Egypte. On ne se présentera pas devant moi les mains vides. Tu observeras la fête de la Moisson, des prémices de tes travaux de semailles dans les champs, et la fête de la Récolte, en fin d'année, quand tu rentreras des champs le fruit de tes travaux. Trois fois l'an, toute ta population mâle se présentera devant le Seigneur Yahvé. Tu ne sacrifieras pas avec du pain levé le sang de ma victime, et la graisse de ma fête ne sera pas gardée jusqu'au lendemain. Tu apporteras à la maison de Yahvé ton Dieu le meilleur des prémices de ton terroir. Tu ne feras pas cuire un chevreau dans le lait de sa mère. "Voici que je vais envoyer un ange devant toi, pour qu'il veille sur toi en chemin et te mène au lieu que je t'ai fixé. Révère-le et écoute sa voix, ne lui sois pas rebelle, il ne pardonnerait pas vos transgressions car mon Nom est en lui. Mais si tu écoutes bien sa voix et fais ce que je dis, je serai l'ennemi de tes ennemis et l'adversaire de tes adversaires. Mon ange ira devant toi et te mènera chez les Amorites, les Hittites, les Perizzites, les Cananéens, les Hivvites, les Jébuséens, et je les exterminerai. Tu ne te prosterneras pas devant leurs dieux ni ne les serviras; tu ne feras pas ce qu'ils font, mais tu détruiras leurs dieux et tu briseras leurs stèles. Vous servirez Yahvé votre Dieu, alors je bénirai ton pain et ton eau et je détournerai de toi la maladie. Nulle femme dans ton pays n'avortera ou ne sera stérile et je laisserai s'achever le nombre de tes jours. Je sèmerai devant toi ma terreur, je jetterai la confusion chez tous les peuples où tu pénétreras, et je ferai détaler tous tes ennemis. J'enverrai devant toi des frelons qui chasseront les Hivvites, les Cananéens et les Hittites devant toi. Je ne les chasserai pas devant toi en une seule année, de peur que le pays ne devienne un désert où se multiplieraient à tes dépens les bêtes des champs. Je les chasserai devant toi peu à peu, jusqu'à ce que tu aies assez fructifié pour hériter du pays. Je fixerai tes frontières de la mer des Roseaux à la mer des Philistins, et du désert au Fleuve, car je livrerai entre vos mains les habitants du pays, et tu les chasseras devant toi. Tu ne feras pas alliance avec eux ni avec leurs dieux. Ils n'habiteront pas ton pays, de peur qu'ils ne te fassent pécher contre moi, car tu servirais leurs dieux et ce serait pour toi un piège." Il dit à Moïse: "Montez vers Yahvé, toi, Aaron, Nadab, Abihu et 70 des anciens d'Israël, et vous vous prosternerez à distance. Moïse s'approchera seul de Yahvé. Eux n'approcheront pas et le peuple ne montera pas avec lui." Moïse vint rapporter au peuple toutes les paroles de Yahvé et toutes les lois, et tout le peuple répondit d'une seule voix; ils dirent: "Toutes les paroles que Yahvé a prononcées, nous les mettrons en pratique." Moïse mit par écrit toutes les paroles de Yahvé puis, se levant de bon matin, il bâtit un autel au bas de la montagne, et douze stèles pour les douze tribus d'Israël. Puis il envoya de jeunes Israélites offrir des holocaustes et immoler à Yahvé de jeunes taureaux en sacrifice de communion. Moïse prit la moitié du sang et la mit dans des bassins, et l'autre moitié du sang, il la répandit sur l'autel. Il prit le livre de l'Alliance et il en fit la lecture au peuple qui déclara: "Tout ce que Yahvé a dit, nous le ferons et nous y obéirons." Moïse, ayant pris le sang, le répandit sur le peuple et dit: "Ceci est le sang de l'Alliance que Yahvé a conclue avec vous moyennant toutes ces clauses." Moïse monta, ainsi qu'Aaron, Nadab, Abihu et 70 des anciens d'Israël. Ils virent le Dieu d'Israël. Sous ses pieds il y avait comme un pavement de saphir, aussi pur que le ciel même. Il ne porta pas la main sur les notables des Israélites. Ils contemplèrent Dieu puis ils mangèrent et burent. Yahvé dit à Moïse: "Monte vers moi sur la montagne et demeure là, que je te donne les tables de pierre -- la loi et le commandement -- que j'ai écrites pour leur instruction." Moïse se leva, ainsi que Josué son serviteur, et ils montèrent à la montagne de Dieu. Il dit aux anciens: "Attendez-nous ici jusqu'à notre retour; vous avez avec vous Aaron et Hur, que celui qui a une affaire à régler s'adresse à eux." Puis Moïse monta sur la montagne. La nuée couvrit la montagne. La gloire de Yahvé s'établit sur le mont Sinaï, et la nuée le couvrit pendant six jours. Le septième jour, Yahvé appela Moïse du milieu de la nuée. L'aspect de la gloire de Yahvé était aux yeux des Israélites celui d'une flamme dévorante au sommet de la montagne. Moïse entra dans la nuée et monta sur la montagne. Et Moïse demeura sur la montagne 40 jours et 40 nuits. Yahvé parla à Moïse et lui dit: "Dis aux Israélites de prélever pour moi une contribution. Vous prendrez la contribution de tous ceux que leur coeur incite. Et voici la contribution que vous accepterez d'eux: de l'or, de l'argent et du bronze; de la pourpre violette et écarlate, du cramoisi, du lin fin et du poil de chèvre; des peaux de béliers teintes en rouge, du cuir fin et du bois d'acacia; de l'huile pour le luminaire, des aromates pour l'huile d'onction et l'encens aromatique; des pierres de cornaline et des pierres à enchâsser dans l'éphod et le pectoral. Fais-moi un sanctuaire, que je puisse résider parmi eux. Tu feras tout selon le modèle de la Demeure et le modèle de son mobilier que je vais te montrer. "Tu feras en bois d'acacia une arche longue de deux coudées et demie, large d'une coudée et demie et haute d'une coudée et demie. Tu la plaqueras d'or pur, au-dedans et au-dehors, et tu feras sur elle une moulure d'or, tout autour. Tu fondras pour elle quatre anneaux d'or, et tu les mettras à ses quatre pieds: deux anneaux d'un côté et deux anneaux de l'autre. Tu feras aussi des barres en bois d'acacia; tu les plaqueras d'or, et tu engageras dans les anneaux fixés sur les côtés de l'arche les barres qui serviront à la porter. Les barres resteront dans les anneaux de l'arche et n'en seront pas ôtées. Tu mettras dans l'arche le Témoignage que je te donnerai. Tu feras aussi un propitiatoire d'or pur, de deux coudées et demie de long et d'une coudée et demie de large. Tu feras deux chérubins d'or repoussé, tu les feras aux deux extrémités du propitiatoire. Fais l'un des chérubins à une extrémité et l'autre chérubin à l'autre extrémité: tu feras les chérubins faisant corps avec le propitiatoire, à ses deux extrémités. Les chérubins auront les ailes déployées vers le haut et protégeront le propitiatoire de leurs ailes en se faisant face. Les faces des chérubins seront tournées vers le propitiatoire. Tu mettras le propitiatoire sur le dessus de l'arche, et tu mettras dans l'arche le Témoignage que je te donnerai. C'est là que je te rencontrerai. C'est de sur le propitiatoire, d'entre les deux chérubins qui sont sur l'arche du Témoignage, que je te donnerai mes ordres pour les Israélites. "Tu feras une table en bois d'acacia, longue de deux coudées, large d'une coudée et haute d'une coudée et demie. Tu la plaqueras d'or pur, et tu lui feras tout autour une moulure d'or. Tout autour, tu lui feras des entretoises larges d'une palme, et tu feras autour des entretoises une moulure d'or. Tu lui feras quatre anneaux d'or, et tu mettras les anneaux aux quatre angles formés par les quatre pieds. Les anneaux seront placés près des entretoises pour loger les barres qui serviront à porter la table. Tu feras les barres en bois d'acacia et tu les plaqueras d'or; elles serviront à porter la table. Tu feras ses plats, ses coupes, ses aiguières ainsi que ses bols pour les libations; c'est d'or pur que tu les feras, et tu placeras toujours sur la table, devant moi, les pains d'oblation. Tu feras un candélabre d'or pur; le candélabre, sa base et son fût seront repoussés; ses calices, boutons et fleurs feront corps avec lui. Six branches s'en détacheront sur les côtés: trois branches du candélabre d'un côté, trois branches du candélabre de l'autre côté. La première branche portera trois calices en forme de fleur d'amandier, avec bouton et fleur; la deuxième branche portera aussi trois calices en forme de fleur d'amandier, avec bouton et fleur; il en sera ainsi pour les six branches partant du candélabre. Le candélabre lui-même portera quatre calices en forme de fleur d'amandier, avec bouton et fleur: un bouton sous les deux premières branches partant du candélabre, un bouton sous les deux branches suivantes et un bouton sous les deux dernières branches -- donc aux six branches se détachant du candélabre. Les boutons et les branches feront corps avec le candélabre et le tout sera fait d'un bloc d'or pur repoussé. Puis tu feras ses sept lampes. On montera les lampes de telle sorte qu'elles éclairent en avant de lui. Ses mouchettes et ses cendriers seront d'or pur. Tu le feras, avec tous ses accessoires, d'un talent d'or pur. Regarde et exécute selon le modèle qui t'est montré sur la montagne. "Quant à la demeure, tu la feras de dix bandes d'étoffe de fin lin retors, de pourpre violette et écarlate et de cramoisi. Tu les feras brodées de chérubins. La longueur d'une bande sera de 28 coudées, sa largeur de quatre coudées, et toutes les bandes auront la même dimension. Cinq des bandes seront assemblées l'une à l'autre, et les cinq autres bandes seront assemblées l'une à l'autre. Tu feras des brides de pourpre violette à la lisière de la première bande, à l'extrémité de l'assemblage, et tu feras de même à la lisière de la bande qui termine le second assemblage. Tu feras 50 brides à la première bande, et 50 brides à l'extrémité de la bande du second assemblage, les brides se correspondant l'une à l'autre. Tu feras aussi 50 agrafes d'or, et tu assembleras les bandes l'une à l'autre avec les agrafes. Ainsi la Demeure sera d'un seul tenant. Tu feras des bandes d'étoffe en poil de chèvre pour former une tente au-dessus de la Demeure. Tu en feras onze. La longueur d'une bande sera de 30 coudées et sa largeur de quatre coudées; les onze bandes auront mêmes dimensions. Tu assembleras cinq bandes d'une part et six bandes d'autre part, et tu rabattras la sixième sur le devant de la tente. Tu feras 50 brides à la lisière de la première bande, à l'extrémité du premier assemblage, et 50 brides à la lisière de la bande du second assemblage. Tu feras 50 agrafes de bronze, et tu introduiras les agrafes dans les brides pour assembler la tente qui sera ainsi d'un seul tenant. De ce qui retombera en surplus des bandes de la tente, la moitié de la bande en surplus retombera sur l'arrière de la Demeure. La coudée en surplus de part et d'autre, sur la longueur des bandes de la tente, retombera sur les côtés de la Demeure, de part et d'autre, pour la couvrir. Tu feras pour la tente une couverture en peaux de béliers teintes en rouge, et une couverture en cuir fin, par-dessus. "Tu feras pour la Demeure des cadres en bois d'acacia qui seront dressés debout. Chaque cadre sera long de dix coudées et large d'une coudée et demie. Chaque cadre aura deux tenons jumelés; tu feras de même pour tous les cadres de la Demeure. Tu feras les cadres pour constituer la Demeure: vingt cadres pour le côté sud, vers le midi. Tu feras 40 socles d'argent sous les vingt cadres: deux socles sous un cadre pour ses deux tenons, deux socles sous un autre cadre pour ses deux tenons. Du second côté de la Demeure, le côté nord, il y aura vingt cadres et 40 socles d'argent: deux socles sous un cadre, deux socles sous un autre cadre. Pour le fond de la Demeure, vers la mer, tu feras six cadres, et tu feras deux cadres pour les angles du fond de la Demeure. Les cadres seront jumelés à leur base et le resteront jusqu'à leur sommet, à la hauteur du premier anneau. Ainsi en sera-t-il pour les deux cadres destinés aux deux angles. Il y aura donc huit cadres avec leurs socles d'argent, soit seize socles: deux socles sous un premier cadre, deux socles sous un autre cadre. Tu feras des traverses en bois d'acacia: cinq pour les cadres du premier côté de la Demeure, cinq traverses pour les cadres du second côté de la Demeure, et cinq traverses pour les cadres qui forment le fond de la Demeure, vers l'ouest. La traverse médiane, placée à mi-hauteur, assemblera les cadres d'une extrémité à l'autre. Tu plaqueras d'or les cadres, tu leur feras des anneaux d'or où se logeront les traverses, et tu plaqueras les traverses d'or. Ainsi tu dresseras la Demeure, selon le modèle qui t'a été montré sur la montagne. "Tu feras un rideau de pourpre violette et écarlate, de cramoisi et de fin lin retors, brodé de chérubins. Tu le mettras sur quatre colonnes d'acacia plaquées d'or, munies de crochets d'or, posées sur quatre socles d'argent. Tu mettras le rideau sous les agrafes, tu introduiras là, derrière le rideau, l'arche du Témoignage, et le rideau marquera pour vous la séparation entre le Saint et le Saint des Saints. Tu mettras le propitiatoire sur l'arche du Témoignage, dans le Saint des Saints. Tu placeras la table à l'extérieur du rideau, et le candélabre en face d'elle, du côté sud de la Demeure, et tu mettras la table du côté nord. Tu feras pour l'entrée de la tente un voile broché de pourpre violette et écarlate, de cramoisi et de fin lin retors. Tu feras pour ce voile cinq colonnes d'acacia et tu les plaqueras d'or, leurs crochets seront en or, et tu couleras pour elles cinq socles de bronze. "Tu feras l'autel en bois d'acacia; de cinq coudées de long et de cinq coudées de large, l'autel sera carré; il aura trois coudées de haut. Tu feras à ses quatre angles des cornes faisant corps avec lui, et tu le plaqueras de bronze. Tu feras ses vases pour en ôter les cendres grasses, ses pelles, ses bols à aspersion, ses fourchettes et ses encensoirs. Tous les accessoires de l'autel, tu les feras de bronze. Tu lui feras un treillis de bronze en forme de filet, et tu feras aux quatre extrémités de ce filet quatre anneaux de bronze. Tu le mettras sous la corniche de l'autel, en bas, de telle sorte qu'il soit à mi-hauteur de l'autel. Tu feras des barres pour l'autel, des barres en bois d'acacia, et tu les plaqueras de bronze. On engagera les barres dans les anneaux, de telle sorte que les barres soient des deux côtés de l'autel lorsqu'on le transporte. Tu le feras creux, en planches; tu le feras comme on t'a montré sur la montagne. "Tu feras le parvis de la Demeure. Pour le côté sud, vers le midi, les courtines du parvis, de fin lin retors, auront une longueur de cent coudées (pour le premier côté). Ses vingt colonnes et ses vingt socles seront en bronze; les crochets des colonnes et leurs tringles en argent. De même pour le côté nord, tu feras des rideaux d'une longueur de cent coudées, ses vingt colonnes et leurs vingt socles seront en bronze; les crochets des colonnes et leurs tringles en argent. La largeur du parvis, du côté de la mer, comportera 50 coudées de courtines, avec leurs dix colonnes et leurs dix socles. La largeur du parvis sur le côté est, à l'orient, sera de 50 coudées. Quinze coudées de courtines pour un côté de l'entrée, avec leurs trois colonnes et leurs trois socles; pour le second côté de l'entrée, quinze coudées de courtines, avec leurs trois colonnes et leurs trois socles. A la porte du parvis il y aura vingt coudées de voile damassé, de pourpre violette et écarlate, de cramoisi et de fin lin retors, avec leurs quatre colonnes et leurs quatre socles. Toutes les colonnes autour du parvis seront réunies par des tringles d'argent; leurs crochets seront d'argent et leurs socles de bronze. La longueur du parvis sera de cent coudées, sa largeur de 50 coudées et sa hauteur de cinq coudées. Tous les rideaux seront de fin lin retors et leurs socles de bronze. Tous les accessoires pour le service général de la Demeure, tous ses piquets et ceux du parvis seront de bronze. "Quant à toi, tu ordonneras aux Israélites de te procurer de l'huile d'olives broyées pour le luminaire, afin qu'une lampe brûle en permanence. Aaron et ses fils disposeront cette lampe dans la Tente du Rendez-vous, à l'extérieur du rideau qui pend devant le Témoignage, pour qu'elle brûle du soir au matin devant Yahvé. C'est un décret perpétuel pour les générations des Israélites. "Quant à toi, fais approcher de toi Aaron ton frère et ses fils, d'entre les Israélites, pour qu'il exerce mon sacerdoce: Aaron, Nadab et Abihu, Eléazar et Itamar, fils d'Aaron. Tu feras pour Aaron ton frère des vêtements sacrés qui lui feront une glorieuse parure. Tu t'adresseras à tous les hommes habiles que j'ai comblés d'habileté et ils feront les vêtements d'Aaron, pour qu'il soit consacré à l'exercice de mon sacerdoce. Voici les vêtements qu'ils feront: un pectoral, un éphod, un manteau et une tunique brodée, un turban et une ceinture. Ils feront des vêtements sacrés pour ton frère Aaron et pour ses fils, afin qu'ils exercent mon sacerdoce. Ils prendront l'or, la pourpre violette et écarlate, le cramoisi et le fin lin. "Ils feront l'éphod brodé en or, en pourpre violette et écarlate, en cramoisi et en fin lin retors. Deux épaulettes y seront fixées: il y sera fixé par ses deux bords. L'écharpe qui est dessus pour l'attacher sera de même travail et fera corps avec lui, elle sera d'or, de pourpre violette et écarlate, de cramoisi et de fin lin retors. Tu prendras ensuite deux pierres de cornaline sur lesquelles tu graveras les noms des Israélites, six de leurs noms sur la première pierre, et les six noms restants sur la deuxième pierre, selon l'ordre de leur naissance. C'est selon l'art du lapidaire -- en gravure de sceau -- que tu graveras les deux pierres aux noms des Israélites, et tu les sertiras dans des chatons d'or. Tu placeras les deux pierres aux épaulettes de l'éphod, comme mémorial des Israélites. Ainsi Aaron portera leurs noms sur ses deux épaules en présence de Yahvé, pour en faire mémoire. Tu feras des rosettes d'or, et deux chaînettes d'or pur que tu feras comme des cordelettes, en forme de torsades, et tu mettras les chaînettes en torsades aux rosettes. "Tu feras le pectoral du jugement brodé comme l'éphod -- tu le feras d'or, de pourpre violette et écarlate, de cramoisi et de fin lin retors. Il sera carré et double, d'un empan de long et d'un empan de large. Tu le garniras de pierres serties disposées sur quatre rangs: une sardoine, une topaze, une émeraude pour la première rangée; pour la deuxième rangée, une escarboucle, un saphir et un diamant; pour la troisième rangée, une agate, une hyacinthe et une améthyste; pour la quatrième rangée, une chrysolithe, une cornaline et un jaspe; elles seront serties dans des chatons d'or. Les pierres seront aux noms des Israélites, elles seront douze selon leurs noms, gravées comme des sceaux, chacune sera au nom de l'une des douze tribus. Tu feras pour le pectoral des chaînettes d'or pur en forme de torsades. Tu feras pour le pectoral deux anneaux d'or, tu les mettras à ses deux extrémités, et tu mettras les deux torsades d'or aux deux anneaux fixés aux deux extrémités du pectoral. Les deux autres bords des deux torsades, tu les mettras aux deux rosettes, et tu les mettras sur les épaulettes de l'éphod, par-devant. Tu feras deux anneaux d'or et tu les placeras sur les deux extrémités du pectoral, sur la lisière intérieure de l'éphod. Tu feras deux anneaux d'or et tu les mettras sur les deux épaulettes de l'éphod, vers le bas, en avant, près de leur point d'attache au-dessus de l'écharpe de l'éphod. On liera le pectoral par ses anneaux aux anneaux de l'éphod avec un cordon de pourpre violette, afin qu'il soit sur l'écharpe, et que le pectoral ne puisse se séparer de l'éphod. Ainsi Aaron portera les noms des Israélites sur le pectoral du jugement, sur son coeur, quand il entrera dans le sanctuaire, comme mémorial devant Yahvé, toujours. Tu joindras au pectoral du jugement l'Urim et le Tummim, ils seront sur le coeur d'Aaron quand il pénétrera devant Yahvé, et Aaron portera sur son coeur le jugement des Israélites devant Yahvé, toujours. "Tu feras le manteau de l'éphod tout entier de pourpre violette; il aura en son milieu une ouverture pour la tête; son ouverture aura tout autour une lisière tissée comme l'ouverture d'un corselet de mailles, indéchirable. Sur son ourlet tu feras des grenades de pourpre violette et écarlate, de cramoisi et de fin lin retors, tout autour de l'ourlet, avec, tout autour, des clochettes d'or intercalées: une clochette d'or et une grenade, une clochette d'or et une grenade tout autour de l'ourlet de son manteau. Aaron le portera pour officier, on en entendra le bruit quand il entre dans le sanctuaire devant Yahvé, ou qu'il en sort, et il ne mourra pas. "Tu feras une fleur d'or pur et tu y graveras en intaille, comme un sceau: Consacré à Yahvé. Tu la placeras sur un cordon de pourpre violette, et elle sera sur le turban: c'est sur le devant du turban qu'elle sera. Elle sera sur le front d'Aaron, et Aaron se chargera ainsi des fautes concernant les choses saintes que consacreront les Israélites, pour toutes leurs saintes offrandes. Elle sera sur son front toujours pour leur attirer la faveur de Yahvé. Tu tisseras la tunique de lin fin, tu feras un turban de lin fin et une ceinture brochée. "Pour les fils d'Aaron, tu feras des tuniques et des ceintures. Tu leur feras aussi des calottes qui leur feront une glorieuse parure. Tu en revêtiras Aaron, ton frère, et ses fils, puis tu les oindras, tu les investiras et tu les consacreras à mon sacerdoce. Fais-leur, pour couvrir leur nudité, des caleçons de lin qui iront des reins jusqu'aux cuisses. Aaron et ses fils les porteront quand ils entreront dans la Tente du Rendez-vous, ou qu'ils s'approcheront de l'autel pour faire le service dans le sanctuaire, afin de ne pas se charger d'une faute qui entraînerait leur mort. C'est là un décret perpétuel pour Aaron et sa postérité après lui. "Voici ce que tu leur feras pour les consacrer à mon sacerdoce. Prends un jeune taureau et deux béliers sans défaut, puis des pains sans levain, des gâteaux sans levain pétris à l'huile, des galettes sans levain frottées d'huile que tu auras faites de fleur de farine de froment. Tu les mettras dans une même corbeille et tu les offriras, dans la corbeille, en même temps que le taureau et les deux béliers. "Tu feras approcher Aaron et ses fils de l'entrée de la Tente du Rendez-vous, et tu les laveras avec de l'eau. Tu prendras les vêtements et tu revêtiras Aaron de la tunique, du manteau de l'éphod, de l'éphod, du pectoral, et tu lui fixeras l'écharpe de l'éphod. Tu placeras le turban sur sa tête, et tu y mettras le signe de la sainte consécration. Tu prendras l'huile d'onction, tu en répandras sur sa tête et tu l'oindras. Tu feras alors approcher ses fils et tu les revêtiras de tuniques. Tu les ceindras d'une ceinture et tu assujettiras leur calotte. Le sacerdoce leur appartiendra alors par un décret perpétuel. Tu investiras Aaron et ses fils. "Tu amèneras le jeune taureau devant la Tente du Rendez-vous. Aaron et ses fils poseront leurs mains sur la tête du taureau puis tu abattras le taureau devant Yahvé, à l'entrée de la Tente du Rendez-vous. Tu prendras du sang du taureau et tu le mettras avec ton doigt sur les cornes de l'autel; tout le sang, tu le répandras à la base de l'autel. Tu prendras toute la graisse qui recouvre les entrailles, la masse graisseuse partant du foie, les deux rognons avec la graisse qui y adhère, et tu les feras fumer à l'autel. Mais la chair du jeune taureau, sa peau et sa fiente, tu les brûleras au feu hors du camp, car c'est un sacrifice pour le péché. Tu prendras ensuite l'un des béliers; Aaron et ses fils poseront leurs mains sur la tête du bélier, puis tu abattras le bélier et tu prendras son sang que tu répandras contre l'autel, tout autour. Tu couperas le bélier en quartiers, tu en laveras les entrailles et les pattes, et tu les mettras sur ses quartiers et sur sa tête. Puis tu feras fumer le bélier tout entier à l'autel. C'est là un holocauste pour Yahvé. C'est un parfum d'apaisement, un mets consumé pour Yahvé. Tu prendras ensuite le second bélier; Aaron et ses fils poseront leurs mains sur la tête du bélier; tu abattras le bélier. Tu prendras de son sang et tu le mettras sur le lobe de l'oreille droite d'Aaron, sur le lobe de l'oreille droite de ses fils, sur le pouce de leur main droite et sur le gros orteil de leur pied droit. Puis tu répandras le sang contre l'autel, tout autour. Tu prendras du sang qui est sur l'autel et de l'huile d'onction, et tu en aspergeras Aaron et ses vêtements, ainsi que ses fils et les vêtements de ses fils; ils seront ainsi consacrés, lui et ses vêtements, ainsi que ses fils et les vêtements de ses fils. "Du bélier, tu prendras la graisse, la queue, la graisse qui recouvre les entrailles et la masse graisseuse partant du foie, les rognons et la graisse qui y adhère, ainsi que la patte droite, car c'est un bélier d'investiture. Tu prendras aussi un pain rond, un gâteau à l'huile et une galette dans la corbeille d'azymes qui est devant Yahvé. Tu placeras le tout sur les paumes d'Aaron et les paumes de ses fils, et tu feras le geste de présentation devant Yahvé. Tu les prendras ensuite de leurs mains et tu les feras fumer à l'autel, par-dessus l'holocauste, en parfum d'apaisement devant Yahvé; c'est là un mets consumé pour Yahvé. Tu prendras la poitrine du bélier d'investiture d'Aaron, et tu feras avec elle le geste de présentation devant Yahvé; ce sera ta part. Tu consacreras la poitrine qui a été présentée, ainsi que la patte qui a été prélevée, qui ont été présentées et prélevées sur le bélier d'investiture d'Aaron et de ses fils. Ce sera, selon un décret perpétuel, ce qu'Aaron et ses fils recevront des Israélites, car c'est un prélèvement, le prélèvement de Yahvé, fait par les Israélites sur leurs sacrifices de communion; un prélèvement pour Yahvé. Les vêtements sacrés d'Aaron passeront après lui à ses fils qui les revêtiront lors de leur onction et de leur investiture. Pendant sept jours il les revêtira, celui des fils d'Aaron qui sera prêtre après lui et qui entrera dans la Tente du Rendez-vous pour servir dans le sanctuaire. "Tu prendras le bélier d'investiture et tu en feras cuire la viande dans un lieu saint. Aaron et ses fils mangeront la viande du bélier et le pain qui est dans la corbeille, à l'entrée de la Tente du Rendez-vous. Ils mangeront ce qui aura servi à faire l'expiation pour eux, lors de leur investiture et de leur consécration. Nul profane n'en mangera, car ce sont choses saintes. Si, au matin, il reste de la viande du sacrifice d'investiture et du pain, tu brûleras le reste au feu, on ne le mangera pas: c'est chose sainte. Tu feras ainsi pour Aaron et ses fils, conformément à tout ce que je t'ai ordonné: tu emploieras sept jours pour leur investiture. "Chaque jour tu offriras aussi un jeune taureau en sacrifice pour le péché -- en expiation. Tu offriras pour l'autel un sacrifice pour le péché, quand tu fais pour lui l'expiation, et tu l'oindras pour le consacrer. Pendant sept jours tu feras l'expiation pour l'autel et tu le consacreras; il sera alors éminemment saint et tout ce qui touchera l'autel sera saint. "Voici ce que tu offriras sur l'autel: deux agneaux mâles d'un an, chaque jour, à perpétuité. Tu offriras l'un de ces agneaux le matin et l'autre au crépuscule; avec le premier agneau, un dixième de mesure de leur fleur de farine pétrie avec un quart de setier d'huile d'olives broyées et une libation d'un quart de setier de vin. Le second agneau, tu l'offriras au crépuscule; tu l'offriras avec une oblation et une libation semblables à celles du matin: en parfum d'apaisement, en offrande consumée pour Yahvé. Ce sera un holocauste perpétuel pour toutes vos générations, à l'entrée de la Tente du Rendez-vous, en présence de Yahvé, où je te donnerai rendez-vous pour te parler. Je donnerai rendez-vous aux Israélites en ce lieu, et il sera consacré par ma gloire. Je consacrerai la Tente du Rendez-vous et l'autel. Je consacrerai aussi Aaron et ses fils pour qu'ils exercent mon sacerdoce. Je demeurerai au milieu des Israélites et je serai leur Dieu, et ils sauront que je suis Yahvé, leur Dieu, qui les ai fait sortir du pays d'Egypte pour demeurer parmi eux, moi Yahvé, leur Dieu. "Tu feras un autel où faire fumer l'encens, tu le fera en bois d'acacia. D'une coudée de long et d'une coudée de large, il sera carré, et il aura deux coudées et demie de haut; ses cornes feront corps avec lui. Tu plaqueras d'or pur sa partie supérieure, ses parois tout autour et ses cornes, et tu lui feras tout autour une moulure d'or. Tu lui feras deux anneaux d'or au-dessous de la moulure, sur ses deux côtés; tu les feras sur les deux faces pour y loger les barres servant à son transport. Tu feras ces barres en bois d'acacia, et tu les plaqueras d'or. Tu le mettras devant le rideau qui pend devant l'arche du Témoignage -- devant le propitiatoire qui est sur le Témoignage -- où je te donnerai rendez-vous. Aaron y fera fumer l'encens aromatique chaque matin, quand il mettra les lampes en ordre il le fera fumer. Et quand Aaron replacera les lampes, au crépuscule, il le fera encore fumer. C'est un encens perpétuel devant Yahvé, pour vos générations. Vous n'offrirez dessus ni encens profane ni holocauste ni oblation, et vous n'y verserez aucune libation. Une fois l'an, Aaron fera l'expiation sur les cornes de l'autel; avec le sang du sacrifice pour le péché, au jour de l'Expiation, une fois l'an, il fera l'expiation pour lui, pour vos générations; il est éminemment saint, pour Yahvé." Yahvé parla à Moïse et lui dit: "Quand tu dénombreras les Israélites par le recensement, chacun d'eux donnera à Yahvé la rançon de sa vie pour qu'aucun fléau n'éclate parmi eux à l'occasion du recensement. Quiconque est soumis au recensement donnera un demi-sicle sur la base du sicle du sanctuaire: vingt géras par sicle. Ce demi-sicle sera un prélèvement pour Yahvé. Quiconque est soumis au recensement, c'est-à-dire âgé de vingt ans et au-delà, donnera le prélèvement de Yahvé. Le riche ne donnera pas plus et le pauvre ne donnera pas moins d'un demi-sicle lorsqu'il donnera le prélèvement pour Yahvé, en rançon de vos vies. Tu prendras l'argent de la rançon des Israélites, et tu le donneras au service de la Tente du Rendez-vous; il sera pour les Israélites un mémorial devant Yahvé, pour la rançon de vos vies." Yahvé parla à Moïse et lui dit: "Tu feras pour les ablutions un bassin de bronze à socle de bronze; tu le mettras entre la Tente du Rendez-vous et l'autel, et tu y mettras de l'eau, avec quoi Aaron et ses fils laveront leurs mains et leurs pieds. Quand ils entreront dans la Tente du Rendez-vous, ils se laveront avec de l'eau afin de ne pas mourir; de même, quand ils s'approcheront de l'autel pour le service, pour faire fumer une offrande consumée pour Yahvé, ils laveront leurs mains et leurs pieds, afin de ne pas mourir: c'est là un décret perpétuel pour lui et sa descendance, pour leurs générations." Yahvé parla à Moïse et lui dit: "Pour toi, prends des parfums de choix: 500 sicles de myrrhe vierge, la moitié de cinnamome odoriférant: 250 sicles, et de roseau odoriférant 250 sicles. 500 sicles de casse -- selon le sicle du sanctuaire -- et un setier d'huile d'olives. Tu en feras une huile d'onction sainte, un mélange odoriférant comme en compose le parfumeur: ce sera une huile d'onction sainte. Tu en oindras la Tente du Rendez-vous et l'arche du Témoignage, la table et tous ses accessoires, les candélabres et ses accessoires, l'autel des parfums, l'autel des holocaustes et tous ses accessoires, le bassin et son socle. Tu les consacreras, ils seront alors éminemment saints, et tout ce qui les touchera sera saint. Tu oindras Aaron et ses fils, et tu les consacreras pour qu'ils exercent mon sacerdoce. Puis tu parleras aux Israélites et tu leur diras: ceci sera pour vous, pour vos générations, une huile d'onction sainte. On n'en versera pas sur le corps d'un homme quelconque et vous n'en ferez pas de semblable, de même composition. C'est une chose sainte, elle sera sainte pour vous. Quiconque fera le même parfum et en mettra sur un profane sera retranché de son peuple." Yahvé dit à Moïse: "Prends des aromates: storax, onyx, galbanum, aromates et pur encens, chacun en quantité égale et tu en feras un parfum à brûler comme en opère le parfumeur, salé, pur, saint. Tu en broieras finement une partie et tu en mettras devant le Témoignage, dans la Tente du Rendez-vous, là où je te donnerai rendez-vous. Il sera pour vous éminemment saint. Le parfum que tu fais là, vous n'en ferez pas pour vous-mêmes de même composition. Il sera saint pour toi, réservé à Yahvé. Quiconque fera le même pour en humer l'odeur, sera retranché de son peuple." Yahvé parla à Moïse et lui dit: "Vois, j'ai désigné nommément Beçaléel, fils de Uri, fils de Hur, de la tribu de Juda. Je l'ai comblé de l'esprit de Dieu en habileté, intelligence et savoir pour toutes sortes d'ouvrages; pour concevoir des projets et les exécuter en or, en argent et en bronze; pour tailler les pierres à enchâsser, pour tailler le bois et pour exécuter toute sorte d'ouvrage. Voici que je lui adjoins Oholiab, fils d'Ahisamak, de la tribu de Dan, et j'ai mis la sagesse dans le coeur de tous les hommes au coeur sage pour qu'ils fassent tout ce que je t'ai ordonné: la Tente du Rendez-vous, l'arche du Témoignage, le propitiatoire qui est sur elle et tout le mobilier de la Tente; la table et tous ses accessoires, le candélabre pur et tous ses accessoires, l'autel des parfums, l'autel des holocaustes et tous ses accessoires, le bassin et son socle; les vêtements d'apparat, les vêtements sacrés pour Aaron le prêtre, et les vêtements de ses fils, pour exercer le sacerdoce; l'huile d'onction et l'encens aromatique pour le sanctuaire. En tout, ils feront comme je te l'ai ordonné." Yahvé dit à Moïse: "Toi, parle aux Israélites et dis-leur: vous garderez bien mes sabbats, car c'est un signe entre moi et vous pour vos générations, afin qu'on sache que je suis Yahvé, celui qui vous sanctifie. Vous garderez le sabbat car il est saint pour vous. Qui le profanera sera mis à mort; quiconque fera ce jour-là quelque ouvrage sera retranché du milieu de son peuple. Pendant six jours on fera l'ouvrage à faire, mais le septième jour sera jour de repos complet, consacré à Yahvé. Quiconque travaillera le jour du sabbat sera mis à mort. Les Israélites garderont le sabbat, en observant le sabbat dans leurs générations, c'est une alliance éternelle. Entre moi et les Israélites c'est un signe à perpétuité, car en six jours Yahvé a fait les cieux et la terre, mais le septième jour il a chômé et repris haleine." Quand il eut fini de parler avec Moïse sur le mont Sinaï, Il lui remit les deux tables du Témoignage, tables de pierre écrites du doigt de Dieu. Quand le peuple vit que Moïse tardait à descendre de la montagne, le peuple s'assembla auprès d'Aaron et lui dit: "Allons, fais-nous un dieu qui aille devant nous, car ce Moïse, l'homme qui nous a fait monter du pays d'Egypte, nous ne savons pas ce qui lui est arrivé." Aaron leur répondit: "Otez les anneaux d'or qui sont aux oreilles de vos femmes, de vos fils et de vos filles et apportez-les-moi." Tout le peuple ôta les anneaux d'or qui étaient à leurs oreilles et ils les apportèrent à Aaron. Il reçut l'or de leurs mains, le fit fondre dans un moule et en fit une statue de veau; alors ils dirent: "Voici ton Dieu, Israël, celui qui t'a fait monter du pays d'Egypte." Voyant cela, Aaron bâtit un autel devant la statue et fit cette proclamation: "Demain, fête pour Yahvé." Le lendemain, ils se levèrent de bon matin, ils offrirent des holocaustes et apportèrent des sacrifices de communion. Le peuple s'assit pour manger et pour boire, puis ils se levèrent pour se divertir. Yahvé dit alors à Moïse: "Allons! descends, car ton peuple que tu as fait monter du pays d'Egypte s'est perverti. Ils n'ont pas tardé à s'écarter de la voie que je leur avais prescrite. Ils se sont fabriqué un veau en métal fondu, et se sont prosternés devant lui. Ils lui ont offert des sacrifices et ils ont dit: Voici ton Dieu, Israël, qui t'a fait monter du pays d'Egypte." Yahvé dit à Moïse: "J'ai vu ce peuple: c'est un peuple à la nuque raide. Maintenant laisse-moi, ma colère va s'enflammer contre eux et je les exterminerai; mais de toi je ferai une grande nation." Moïse s'efforça d'apaiser Yahvé son Dieu et dit: "Pourquoi, Yahvé, ta colère s'enflammerait-elle contre ton peuple que tu as fait sortir d'Egypte par ta grande force et ta main puissante? Pourquoi les Egyptiens diraient-ils: C'est par méchanceté qu'il les a fait sortir, pour les faire périr dans les montagnes et les exterminer de la face de la terre? Reviens de ta colère ardente et renonce au mal que tu voulais faire à ton peuple. Souviens-toi de tes serviteurs Abraham, Isaac et Israël, à qui tu as juré par toi-même et à qui tu as dit: Je multiplierai votre postérité comme les étoiles du ciel, et tout ce pays dont je vous ai parlé, je le donnerai à vos descendants et il sera leur héritage à jamais." Et Yahvé renonça à faire le mal dont il avait menacé son peuple. Moïse se retourna et descendit de la montagne avec, en main, les deux tables du Témoignage, tables écrites des deux côtés, écrites sur l'une et l'autre face. Les tables étaient l'oeuvre de Dieu et l'écriture était celle de Dieu, gravée sur les tables. Josué entendit le bruit du peuple qui poussait des cris et il dit à Moïse: "Il y a un bruit de bataille dans le camp!" Mais il dit: "Ce n'est pas le bruit de chants de victoire, ce n'est pas le bruit de chants de défaite, c'est le bruit de chants alternés que j'entends." Et voici qu'en approchant du camp il aperçut le veau et des choeurs de danse. Moïse s'enflamma de colère; il jeta de sa main les tables et les brisa au pied de la montagne. Il prit le veau qu'ils avaient fabriqué, le brûla au feu, le moulut en poudre fine, et en saupoudra la surface de l'eau qu'il fit boire aux Israélites. Moïse dit à Aaron: "Que t'a fait ce peuple pour l'avoir chargé d'un si grand péché?" Aaron répondit: "Que la colère de Monseigneur ne s'enflamme pas, tu sais toi-même que ce peuple est mauvais. Ils m'ont dit: Fais-nous un dieu qui aille devant nous, car ce Moïse, l'homme qui nous a fait monter du pays d'Egypte, nous ne savons pas ce qui lui est arrivé. Je leur ai dit: Quiconque a de l'or s'en dessaisisse. Ils me l'ont donné. Je l'ai jeté dans le feu et il en est sorti le veau que voici." Moïse vit que le peuple s'était déchaîné -- car Aaron les avait abandonnés à la honte parmi leurs adversaires -- et Moïse se tint à la porte du camp et dit: "Qui est pour Yahvé, à moi!" Tous les fils de Lévi se groupèrent autour de lui. Il leur dit: "Ainsi parle Yahvé, le Dieu d'Israël: ceignez chacun votre épée sur votre hanche, allez et venez dans le camp, de porte en porte, et tuez qui son frère, qui son ami, qui son proche." Les fils de Lévi firent ce que Moïse avait dit, et du peuple, il tomba ce jour-là environ 3.000 hommes. Moïse dit: "Vous vous êtes aujourd'hui conféré l'investiture pour Yahvé, qui au prix de son fils, qui au prix de son frère, de sorte qu'il vous donne aujourd'hui la bénédiction." Le lendemain, Moïse dit au peuple: "Vous avez commis, vous, un grand péché. Je m'en vais maintenant monter vers Yahvé. Peut-être pourrai-je expier votre péché!" Moïse retourna donc vers Yahvé et dit: "Hélas! ce peuple a commis un grand péché. Ils se sont fabriqué un dieu en or. Pourtant, s'il te plaisait de pardonner leur péché... Sinon, efface-moi, de grâce, du livre que tu as écrit!" Yahvé dit à Moïse: "Celui qui a péché contre moi, c'est lui que j'effacerai de mon livre. Va maintenant, conduis le peuple où je t'ai dit. Voici que mon ange ira devant toi, mais au jour de ma visite, je les punirai de leur péché." Et Yahvé frappa le peuple parce qu'ils avaient fabriqué le veau, celui qu'avait fabriqué Aaron. Yahvé dit à Moïse: "Va, monte d'ici, toi et le peuple que tu as fait monter du pays d'Egypte, vers la terre dont j'ai dit par serment à Abraham, Isaac et Jacob que je la donnerais à leur descendance. J'enverrai un ange devant toi et j'expulserai les Cananéens, les Amorites, les Hittites, les Perizzites, les Hivvites et les Jébuséens. Monte vers une terre qui ruisselle de lait et de miel, mais je ne monterai pas au milieu de toi, de peur que je ne t'extermine en chemin car tu es un peuple à la nuque raide." Lorsqu'il eut entendu cette parole sévère, le peuple prit le deuil et personne ne porta plus ses parures. Alors Yahvé dit à Moïse: "Dis aux Israélites: Vous êtes un peuple à la nuque raide, si je montais au milieu de toi, ne fût-ce qu'un moment, je t'exterminerais. Et maintenant, dépouille-toi de tes parures, que je sache comment te traiter." Alors les Israélites se débarrassèrent de leurs parures à partir du mont Horeb. Moïse prenait la Tente et la plantait pour lui hors du camp, loin du camp. Il la nomma Tente du Rendez-vous, et quiconque avait à consulter Yahvé sortait vers la Tente du Rendez-vous qui se trouvait hors du camp. Chaque fois que Moïse sortait vers la Tente, tout le peuple se levait, chacun se postait à l'entrée de sa tente, et suivait Moïse du regard jusqu'à ce qu'il entrât dans la Tente. Chaque fois que Moïse entrait dans la Tente, la colonne de nuée descendait, se tenait à l'entrée de la Tente et Il parlait avec Moïse. Tout le peuple voyait la colonne de nuée qui se tenait à l'entrée de la Tente, et tout le peuple se levait et se prosternait, chacun à l'entrée de sa tente. Yahvé parlait à Moïse face à face, comme un homme parle à son ami, puis il rentrait au camp, mais son serviteur Josué, fils de Nûn, un jeune homme, ne quittait pas l'intérieur de la Tente. Moïse dit à Yahvé: "Vois, tu me dis: Fais monter ce peuple, et tu ne me fais pas connaître qui tu enverras avec moi. Tu avais pourtant dit: Je te connais par ton nom et tu as trouvé grâce à mes yeux. Si donc j'ai trouvé grâce à tes yeux, daigne me faire connaître tes voies pour que je te connaisse et que je trouve grâce à tes yeux. Considère aussi que cette nation est ton peuple." Yahvé dit: "J'irai moi-même, et je te donnerai le repos." Et il dit: "Si tu ne viens pas toi-même, ne nous fais pas monter d'ici; comment saura-t-on alors que j'ai trouvé grâce à tes yeux, moi et ton peuple? N'est-ce pas à ce que tu iras avec nous? En sorte que nous soyons distincts, moi et ton peuple, de tous les peuples qui sont sur la face de la terre." Yahvé dit à Moïse: "Cette chose que tu as dite, je la ferai encore parce que tu as trouvé grâce à mes yeux et que je te connais par ton nom." Il lui dit: "Fais-moi de grâce voir ta gloire." Et il dit: "Je ferai passer devant toi toute ma beauté et je prononcerai devant toi le nom de Yahvé. Je fais grâce à qui je fais grâce et j'ai pitié de qui j'ai pitié." "Mais, dit-il, tu ne peux pas voir ma face, car l'homme ne peut me voir et vivre." Yahvé dit encore: "Voici une place près de moi; tu te tiendras sur le rocher. Quand passera ma gloire, je te mettrai dans la fente du rocher et je te couvrirai de ma main jusqu'à ce que je sois passé. Puis j'écarterai ma main et tu verras mon dos; mais ma face, on ne peut la voir." Yahvé dit à Moïse: "Taille deux tables de pierre semblables aux premières, monte vers moi sur la montagne, et j'écrirai sur les tables les paroles qui étaient sur les premières tables que tu as brisées. Sois prêt au matin, monte dès le matin sur le mont Sinaï et attends-moi là, au sommet de la montagne. Que personne ne monte avec toi; que personne même ne paraisse sur toute la montagne. Que même le bétail, petit et gros, ne paisse pas devant cette montagne." Il tailla donc deux tables de pierre, semblables aux premières, et, s'étant levé de bon matin, Moïse monta sur le mont Sinaï, comme Yahvé le lui avait ordonné, et il prit dans sa main les deux tables de pierre. Yahvé descendit dans une nuée et il se tint là avec lui. Il invoqua le nom de Yahvé. Yahvé passa devant lui et il cria: "Yahvé, Yahvé, Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, riche en grâce et en fidélité; qui garde sa grâce à des milliers, tolère faute, transgression et péché mais ne laisse rien impuni et châtie les fautes des pères sur les enfants et les petits-enfants, jusqu'à la troisième et la quatrième génération." Aussitôt Moïse tomba à genoux sur le sol et se prosterna, puis il dit: "Si vraiment, Seigneur, j'ai trouvé grâce à tes yeux, que mon Seigneur veuille bien aller au milieu de nous, bien que ce soit un peuple à la nuque raide, pardonne nos fautes et nos péchés et fais de nous ton héritage." Il dit: "Voici que je vais conclure une alliance: devant tout ton peuple je ferai des merveilles telles qu'il n'en a été accompli dans aucun pays ni aucune nation. Le peuple au milieu duquel tu te trouves verra l'oeuvre de Yahvé, car c'est chose redoutable, ce que je vais faire avec toi. Observe donc ce que je te commande aujourd'hui. Je vais chasser devant toi les Amorites, les Cananéens, les Hittites, les Perizzites, les Hivvites et les Jébuséens. Garde-toi de faire alliance avec les habitants du pays où tu vas entrer, de peur qu'ils ne constituent un piège au milieu de toi. Vous démolirez leurs autels, vous mettrez leurs stèles en pièces et vous couperez leurs pieux sacrés. Tu ne te prosterneras pas devant un autre dieu, car Yahvé a pour nom Jaloux: c'est un Dieu jaloux. Ne fais pas alliance avec les habitants du pays, car lorsqu'ils se prostituent à leurs dieux et leur offrent des sacrifices, ils t'inviteraient et tu mangerais de leur sacrifice, tu prendrais de leurs filles pour tes fils, leurs filles se prostitueraient à leurs dieux et feraient se prostituer tes fils à leurs dieux. Tu ne te feras pas de dieu de métal fondu. Tu observeras la fête des Azymes. Pendant sept jours tu mangeras des azymes, comme je te l'ai ordonné, au temps fixé du mois d'Abib, car c'est au mois d'Abib que tu es sorti d'Egypte. Tout être sorti le premier du sein maternel est à moi: tout mâle, tout premier-né de ton petit ou de ton gros bétail. Les premiers ânons mis bas tu les rachèteras par une tête de petit bétail et si tu ne les rachètes pas, tu leur briseras la nuque. Tous les premiers-nés de tes fils, tu les rachèteras, et l'on ne se présentera pas devant moi les mains vides. Pendant six jours tu travailleras, mais le septième jour, tu chômeras, que ce soient les labours ou la moisson, tu chômeras. Tu célébreras la fête des Semaines, prémices de la moisson des blés, et la fête de la récolte au retour de l'année. Trois fois l'an, toute ta population mâle se présentera devant le Seigneur Yahvé, Dieu d'Israël. Je déposséderai les nations devant toi et j'élargirai tes frontières, et nul ne convoitera ta terre quand tu monteras te présenter devant Yahvé ton Dieu, trois fois l'an. Tu n'offriras pas avec du pain levé le sang de ma victime, et la victime de la fête de Pâque ne sera pas gardée jusqu'au lendemain. Le meilleur des prémices de ton terroir, tu l'apporteras à la maison de Yahvé ton Dieu et tu ne feras pas cuire un chevreau dans le lait de sa mère." Yahvé dit à Moïse: "Mets par écrit ces paroles car selon ces clauses, j'ai conclu mon alliance avec toi et avec Israël." Moïse demeura là, avec Yahvé,40 jours et 40 nuits. Il ne mangea ni ne but, et il écrivit sur les tables les paroles de l'alliance, les dix paroles. Lorsque Moïse redescendit de la montagne du Sinaï, les deux tables du Témoignage étaient dans la main de Moïse quand il descendit de la montagne, et Moïse ne savait pas que la peau de son visage rayonnait parce qu'il avait parlé avec lui. Aaron et tous les Israélites virent Moïse, et voici que la peau de son visage rayonnait, et ils avaient peur de l'approcher. Moïse les appela; Aaron et tous les chefs de la communauté revinrent alors vers lui, et Moïse leur parla. Ensuite tous les Israélites s'approchèrent, et il leur ordonna tout ce dont Yahvé avait parlé sur le mont Sinaï. Quand Moïse eut fini de leur parler, il mit un voile sur son visage. Lorsque Moïse entrait devant Yahvé pour parler avec lui, il ôtait le voile jusqu'à sa sortie. En sortant, il disait aux Israélites ce qui lui avait été ordonné, et les Israélites voyaient le visage de Moïse rayonner. Puis Moïse remettait le voile sur son visage, jusqu'à ce qu'il entrât pour parler avec lui. Moïse assembla toute la communauté des Israélites et leur dit: "Voici ce que Yahvé a ordonné de faire: Pendant six jours on fera le travail, mais le septième jour sera pour vous un jour saint, un jour de repos complet consacré à Yahvé. Quiconque fera ce jour-là un travail quelconque sera mis à mort. Vous n'allumerez de feu, le jour du sabbat, dans aucune de vos demeures." Moïse dit à toute la communauté des Israélites: "Voici ce qu'a ordonné Yahvé: Prélevez sur vos biens une contribution pour Yahvé. Que tous ceux que leur coeur y incite apportent la contribution de Yahvé: de l'or, de l'argent et du bronze; de la pourpre violette et écarlate, du cramoisi, du lin fin et du poil de chèvre; des peaux de béliers teintes en rouge, du cuir fin et du bois d'acacia; de l'huile pour le luminaire, des aromates pour l'huile d'onction et l'encens aromatique; des pierres de cornaline et des pierreries à enchâsser pour l'éphod et le pectoral. Que ceux parmi vous qui sont habiles viennent faire tout ce qu'a ordonné Yahvé: la Demeure, sa tente et sa couverture, ses agrafes, ses cadres, ses traverses, ses colonnes et ses socles; l'arche et ses barres, le propitiatoire et le rideau du voile; la table, ses barres et tous ses accessoires ainsi que les pains d'oblation; le candélabre pour la lumière, ses accessoires, ses lampes ainsi que l'huile pour le luminaire; l'autel des parfums et ses barres, l'huile d'onction, l'encens aromatique et le voile de l'entrée, pour l'entrée de la Demeure; l'autel des holocaustes et son treillis de bronze, ses barres et tous ses accessoires, le bassin et son socle; les courtines du parvis, ses colonnes, ses socles et le rideau de l'entrée du parvis; les piquets de la Demeure et les piquets du parvis avec leurs cordes; les vêtements d'apparat pour officier dans le sanctuaire -- les vêtements sacrés pour le prêtre Aaron et les vêtements de ses fils pour l'exercice du sacerdoce." Alors toute la communauté des Israélites se retira de la présence de Moïse. Puis tous ceux que leur coeur y portait et tous ceux que leur âme y incitait apportèrent la contribution de Yahvé, pour le travail de la Tente du Rendez-vous, pour son service général et pour les vêtements sacrés. Les hommes et les femmes vinrent, tous ceux que leur coeur y incitait apportèrent des broches, des anneaux, des bagues, des colliers, toutes sortes d'objets d'or -- tous ceux qui avaient voué de l'or à Yahvé. Tous ceux qui se trouvaient avoir de la pourpre violette et écarlate, du cramoisi, du lin fin, du poil de chèvre, des peaux de béliers teintes en rouge et du cuir fin, l'apportèrent. Tous ceux qui offraient une contribution d'argent et de bronze apportèrent la contribution de Yahvé, et tous ceux qui se trouvaient avoir du bois d'acacia pour tous les travaux à exécuter l'apportèrent. Toutes les femmes habiles filèrent de leurs mains et apportèrent ce qu'elles avaient filé: pourpre violette et écarlate, cramoisi et lin fin. Toutes les femmes que leur coeur y portait en raison de leur habileté, filèrent le poil de chèvre. Les chefs apportèrent les pierres de cornaline et les pierres à enchâsser dans l'éphod et le pectoral, les aromates et l'huile pour le luminaire, pour l'huile d'onction et pour l'encens aromatique. Tous les Israélites, hommes et femmes, que leur coeur incitait à contribuer à l'ensemble de l'ouvrage que Yahvé, par l'intermédiaire de Moïse, avait ordonné d'exécuter, apportèrent une offrande à Yahvé. Moïse dit aux Israélites: "Voyez, Yahvé a désigné nommément Beçaléel, fils de Uri, fils de Hur, de la tribu de Juda. Il l'a comblé de l'esprit de Dieu, d'habileté, d'intelligence et de savoir, pour toute sorte d'ouvrages; pour concevoir les projets et les exécuter en or, en argent et en bronze, pour tailler les pierres à enchâsser, pour tailler le bois et pour exécuter toutes sortes d'oeuvres d'art. Il a mis en son coeur, à lui ainsi qu'à Oholiab, fils d'Ahisamak, de la tribu de Dan, le don d'enseigner. Il les a comblés d'habileté pour exécuter toute sorte d'ouvrages, tous les ouvrages du ciseleur, du brodeur, du brocheur de pourpre violette et écarlate, de cramoisi et de lin fin, et du tisserand, de tous ceux qui font toute sorte d'ouvrages et de ceux qui conçoivent des projets. Beçaléel, Oholiab et tous les hommes à qui Yahvé a donné l'habileté et l'intelligence pour qu'ils sachent faire tout le travail à accomplir au sanctuaire, feront tout comme Yahvé l'a ordonné." Moïse appela donc Beçaléel, Oholiab et tous les hommes habiles à qui Yahvé avait donné l'habileté, tous ceux que leur coeur portait à s'appliquer à l'ouvrage pour le faire. Ils reçurent de Moïse tout ce que les Israélites avaient apporté en contribution pour exécuter le travail d'édification du sanctuaire. Comme ils continuaient d'apporter, chaque matin, leurs offrandes, tous les hommes habiles faisant tout le travail du sanctuaire, vinrent, chacun quittant le travail qu'il était en train de faire, et dirent à Moïse: "Le peuple apporte plus qu'il n'en faut pour le travail que Yahvé a ordonné de faire." Moïse donna un ordre et l'on fit passer dans le camp une proclamation: "Que personne, homme ou femme, ne fasse plus quoi que ce soit pour la contribution du sanctuaire", et l'on empêcha le peuple de rien apporter. Les matériaux suffisaient pour faire tout le travail et il y en avait même en surplus. Tous les hommes habiles, parmi ceux qui faisaient le travail, firent la Demeure. Il la fit de dix bandes d'étoffe de fin lin retors, de pourpre violette et écarlate et de cramoisi, brodées de chérubins. La longueur d'une bande était de 28 coudées et sa largeur de quatre coudées. Toutes les bandes avaient les mêmes dimensions. Il assembla les bandes cinq d'un côté, cinq de l'autre. Il fit des brides de pourpre violette à la lisière de la première bande, à l'extrémité du premier assemblage, et fit de même à la lisière de la dernière bande du second assemblage. Il fit 50 brides à la première bande et 50 brides à l'extrémité de la bande du second assemblage, les brides se correspondant l'une à l'autre. Il fit 50 agrafes d'or et assembla les bandes l'une à l'autre avec les agrafes: la Demeure fut ainsi d'un seul tenant. Puis il fit des bandes d'étoffe de poil de chèvre pour la tente qui est sur la Demeure. Il en fit onze. La longueur d'une bande était de 30 coudées et sa largeur de quatre coudées: les onze bandes avaient mêmes dimensions. Il assembla cinq bandes d'une part et six bandes d'autre part. Il fit 50 brides à la lisière de la dernière bande du premier assemblage, et il fit 50 brides à la lisière de la bande du second assemblage. Il fit 50 agrafes de bronze pour assembler la tente afin qu'elle soit d'un seul tenant. Il fit pour la tente une couverture en peaux de béliers teintes en rouge, et une en cuir fin par-dessus. Il fit pour la Demeure des cadres en bois d'acacia dressés debout. Chaque cadre était long de dix coudées et large d'une coudée et demie; chaque cadre avait deux tenons jumelés. Il fit de même pour les cadres de la Demeure. Il fit les cadres pour la Demeure: vingt cadres pour le côté sud, vers le midi. Il fit 40 socles d'argent pour les vingt cadres: deux socles sous un cadre pour ses deux tenons, deux socles sous un autre cadre pour ses deux tenons. Il fit pour le second côté de la Demeure, vers le nord, vingt cadres et 40 socles d'argent: deux socles sous un cadre, deux socles sous un autre cadre. Pour le fond de la Demeure, vers l'ouest, il fit six cadres. Il fit aussi deux cadres pour les angles du fond de la Demeure. Ils étaient jumelés à leur partie inférieure et le demeuraient jusqu'au sommet, à la hauteur du premier anneau. Ainsi fit-il pour les deux cadres des deux angles. Il y avait huit cadres avec leurs seize socles d'argent, deux socles sous chaque cadre. Il fit des traverses en bois d'acacia, cinq pour les cadres du premier côté de la Demeure, cinq pour les cadres du second côté de la Demeure et cinq pour les cadres du fond de la Demeure, du côté de la mer. Il fit la traverse médiane pour assembler les cadres à mi-hauteur, d'une extrémité à l'autre. Il plaqua d'or les cadres et leur fit des anneaux d'or où s'engageraient les traverses, et il plaqua d'or leurs traverses. Il fit le rideau de pourpre violette et écarlate, de cramoisi et de fin lin retors, brodé de chérubins. Il lui fit quatre colonnes en acacia qu'il plaqua d'or, avec leurs crochets d'or, et il fondit pour elles quatre socles d'argent. Il fit pour l'entrée de la tente un voile broché de pourpre violette et écarlate, de cramoisi et de fin lin retors, ainsi que ses cinq colonnes avec leurs crochets; il plaqua d'or leurs chapiteaux et leurs tringles; leurs cinq socles étaient en bronze. Beçaléel fit l'arche en bois d'acacia. Elle était longue de deux coudées et demie, large d'une coudée et demie et haute d'une coudée et demie. Il la plaqua d'or pur au-dedans et au-dehors et fit une moulure d'or tout autour. Il fondit, pour l'arche, quatre anneaux d'or, à ses quatre pieds: deux anneaux sur un côté, et deux anneaux sur l'autre. Il fit des barres en bois d'acacia et les plaqua d'or. Puis il introduisit les barres dans les anneaux fixés sur les côtés de l'arche pour porter l'arche. Il fit un propitiatoire d'or pur, de deux coudées et demie de long et d'une coudée et demie de large. Il fit deux chérubins d'or repoussé, il les fit aux deux extrémités du propitiatoire: un chérubin à cette extrémité-ci, un chérubin à cette extrémité-là, il fit faire corps aux chérubins avec le propitiatoire à ses deux extrémités. Les chérubins avaient les ailes déployées vers le haut et protégeaient de leurs ailes le propitiatoire, en se faisant face; les faces des chérubins étaient tournées vers le propitiatoire. Il fit la table en bois d'acacia; elle avait deux coudées de long, une coudée de large et une coudée et demie de haut. Il la plaqua d'or pur et fit une moulure d'or tout autour. Il fit, tout autour, des entretoises larges d'une palme et fit une moulure d'or autour des entretoises. Il fondit pour elle quatre anneaux d'or et il mit les anneaux aux quatre angles formés par les quatre pieds. Les anneaux étaient placés près des entretoises et servaient de logement aux barres qui servaient pour porter la table. Il fit les barres en bois d'acacia et les plaqua d'or, pour porter la table. Il fit les accessoires qui devaient être sur la table: ses plats, ses coupes, ses bols et ses aiguières pour les libations, tous d'or pur. Il fit le candélabre d'or pur. D'or repoussé, il fit le candélabre, sa base et son fût. Ses calices, boutons et fleurs, faisaient corps avec lui. Six branches s'en détachaient sur les côtés: trois branches du candélabre d'un côté, trois branches du candélabre de l'autre côté. La première branche portait trois calices en forme de fleur d'amandier, avec bouton et fleur. La deuxième branche portait trois calices en forme de fleur d'amandier, avec bouton et fleur. Il en était ainsi pour les six branches partant du candélabre. Le candélabre lui-même portait quatre calices en forme de fleur d'amandier, avec bouton et fleur: un bouton sous les deux premières branches partant du candélabre, un bouton sous les deux branches suivantes, un bouton sous les deux dernières branches: donc aux six branches s'en détachant. Les boutons et les branches faisaient corps avec le candélabre, et le tout était fait d'un bloc d'or pur repoussé. Puis il fit ses sept lampes, avec leurs mouchettes et leurs cendriers d'or pur. D'un talent d'or pur, il fit le candélabre et tous ses accessoires. Il fit l'autel des parfums en bois d'acacia, de cinq coudées de long, de cinq coudées de large -- donc carré -- et de trois coudées de haut; ses cornes faisaient corps avec lui. Il le plaqua d'or pur, sa partie supérieure, ses parois tout autour et ses cornes, et fit une moulure d'or tout autour. Il lui fit deux anneaux d'or au-dessous de la moulure, sur les deux côtés, sur les deux faces pour loger les barres servant à son transport. Il fit les barres en bois d'acacia et les plaqua d'or. Il fit aussi l'huile d'onction sainte et l'encens aromatique -- comme un parfumeur. Il fit l'autel des holocaustes en bois d'acacia; de cinq coudées de long, de cinq coudées de large -- donc carré -- et de trois coudées de haut. Il fit à ses quatre angles des cornes qui faisaient corps avec lui, et il le plaqua de bronze. Il fit tous les accessoires de l'autel: les vases à cendres et les pelles, les bols à aspersion, les fourchettes et les encensoirs. Tous les accessoires de l'autel, il les fit de bronze. Il fit pour l'autel un treillis de bronze en forme de filet, sous la corniche, depuis le bas jusqu'à mi-hauteur. Il fondit quatre anneaux aux quatre angles du treillis de bronze pour recevoir les barres. Il fit les barres en bois d'acacia et les plaqua de bronze. Il engagea les barres dans les anneaux fixés sur les deux côtés de l'autel, pour le transporter grâce à elles; il le fit creux, en planches. Il fit le bassin en bronze et son socle en bronze avec les miroirs des femmes qui faisaient le service à l'entrée de la Tente du Rendez-vous. Il fit le parvis; du côté du sud, au midi, les rideaux du parvis, en fin lin retors, avaient cent coudées. Leurs vingt colonnes et leurs vingt socles étaient de bronze; les crochets des colonnes et leurs tringles étaient d'argent. Cent coudées aussi du côté du nord; leurs vingt colonnes et leurs vingt socles étaient de bronze; les crochets des colonnes et leurs tringles étaient d'argent. Du côté de l'ouest les rideaux avaient 50 coudées, avec leurs dix colonnes et leurs dix socles. Les crochets des colonnes et leurs tringles étaient d'argent. Et du côté de l'est, à l'orient,50 coudées. A l'un des côtés il y avait quinze coudées de rideaux avec leurs trois colonnes et leurs trois socles. Au second côté -- de part et d'autre de la porte du parvis -- il y avait quinze coudées de rideaux avec leurs trois colonnes et leurs trois socles. Tous les rideaux entourant l'enceinte du parvis étaient de fin lin retors. Les socles des colonnes étaient de bronze; les crochets des colonnes et leurs tringles étaient d'argent; le revêtement de leurs chapiteaux était d'argent, et toutes les colonnes du parvis étaient munies de tringles d'argent. Le voile de la porte du parvis était broché, fait de pourpre violette et écarlate, de cramoisi et de fin lin retors. Il avait vingt coudées de long et cinq coudées de haut (dans la largeur), comme les rideaux du parvis. Leurs quatre colonnes et leurs quatre socles étaient de bronze, leurs crochets étaient d'argent, le revêtement de leurs chapiteaux et leurs tringles étaient d'argent. Tous les piquets autour de la Demeure et du parvis étaient de bronze. Voici les comptes de la Demeure -- la Demeure du Témoignage -- établis sur l'ordre de Moïse, travail des Lévites, par l'intermédiaire d'Itamar, fils d'Aaron, le prêtre. Beçaléel, fils de Uri, fils de Hur, de la tribu de Juda, fit tout ce que Yahvé avait ordonné à Moïse, et avec lui Oholiab, fils de Ahisamak, de la tribu de Dan, ciseleur, brodeur, brocheur en pourpre violette et écarlate, en cramoisi et en lin fin. Total de l'or employé pour les travaux, pour l'ensemble des travaux du sanctuaire (c'était l'or consacré): 29 talents et 730 sicles, selon le sicle du sanctuaire. L'argent du recensement de la communauté: cent talents et 1.775 sicles, selon le sicle du sanctuaire: un beqa par tête, un demi-sicle, selon le sicle du sanctuaire, pour tous ceux qui furent recensés, âgés de vingt ans et plus, pour 603.550. Cent talents d'argent pour fondre les socles du sanctuaire et les socles du rideau: cent socles pour cent talents, un talent par socle. Avec les 1.775 sicles, il fit les crochets pour les colonnes, il plaqua leurs chapiteaux et fit leurs tringles. Le bronze consacré se montait à 70 talents et 2.400 sicles; il en fit les socles pour l'entrée de la Tente du Rendez-vous, l'autel de bronze, son treillis de bronze et tous les accessoires de l'autel; les socles du pourtour du parvis, les socles de la porte du parvis, tous les piquets de la Demeure et tous les piquets du pourtour du parvis. Avec la pourpre violette et écarlate et le cramoisi, ils firent les vêtements liturgiques pour officier dans le sanctuaire. Ils firent les vêtements sacrés destinés à Aaron, comme Yahvé l'avait ordonné à Moïse. Ils firent l'éphod d'or, de pourpre violette et écarlate, de cramoisi et de fin lin retors. Ils battirent les plaques d'or et les découpèrent en fils pour les entremêler à la pourpre violette et écarlate, au cramoisi et au lin fin, à la manière du brocheur. Ils lui firent deux épaulettes qui y furent fixées, il y fut fixé par ses deux bords. L'écharpe qui était dessus pour l'attacher faisait corps avec lui et était de même travail. Elle était d'or, de pourpre violette et écarlate, de cramoisi et de fin lin retors, comme Yahvé l'avait ordonné à Moïse. Ils travaillèrent les pierres de cornaline, serties dans des chatons d'or, où furent gravés en gravure de sceaux les noms des Israélites. Ils placèrent sur les épaulettes de l'éphod des pierres comme mémorial des Israélites, comme Yahvé l'avait ordonné à Moïse. Ils firent le pectoral, brodé comme l'éphod, d'or, de pourpre violette et écarlate, de cramoisi et de fin lin retors. Il était carré et double, d'un empan de long et d'un empan de large. Ils le garnirent de quatre rangées de pierres. Une sardoine, une topaze, une émeraude pour la première rangée; pour la deuxième rangée, une escarboucle, un saphir et un diamant; pour la troisième rangée, une agate, une hyacinthe et une améthyste; pour la quatrième rangée, une chrysolithe, une cornaline et un jaspe. Elles étaient serties dans des chatons d'or. Les pierres étaient aux noms des Israélites, elles étaient douze, selon leurs noms, gravées comme des sceaux, chacune au nom de l'une des douze tribus. Ils firent pour le pectoral des chaînettes d'or pur en forme de torsades. Ils firent deux rosettes d'or et deux anneaux d'or, et ils mirent les deux anneaux aux deux bords du pectoral. Ils mirent les deux torsades d'or aux deux anneaux, aux bords du pectoral, et les deux bords des torsades, ils les mirent aux deux rosettes: ils les mirent ainsi sur les épaulettes de l'éphod, par-devant. Ils firent aussi deux anneaux d'or et les mirent aux deux bords du pectoral, sur le bord intérieur, du côté de l'éphod. Ils firent encore deux anneaux d'or, et ils les mirent sur les épaulettes de l'éphod, vers le bas en avant, près de leur point d'attache, au-dessus de l'écharpe de l'éphod. Ils lièrent le pectoral par ses anneaux aux anneaux de l'éphod avec un cordon de pourpre violette, afin que le pectoral soit au-dessus de l'écharpe de l'éphod et ne puisse se séparer de l'éphod, comme Yahvé l'avait ordonné à Moïse. Puis ils firent le manteau de l'éphod, tissé tout entier de pourpre violette. L'ouverture au milieu du manteau était comme l'ouverture d'un corselet de mailles; l'ouverture avait tout autour une lisière indéchirable. Ils firent sur l'ourlet du manteau des grenades de pourpre violette et écarlate, de cramoisi et de fin lin retors. Ils firent aussi des clochettes d'or pur et placèrent les clochettes au milieu des grenades; une clochette une grenade, une clochette une grenade, tout autour de l'ourlet du manteau à porter pour officier, comme Yahvé l'avait ordonné à Moïse. Puis ils firent les tuniques de fin lin tissé, pour Aaron et pour ses fils; le turban de lin fin, les calottes de lin fin, les caleçons de fin lin retors, les ceintures brochées de fin lin retors, de pourpre violette et écarlate et de cramoisi, comme Yahvé l'avait ordonné à Moïse. Puis ils firent la fleur -- le signe de la sainte consécration, en or pur -- et ils y gravèrent en intaille, comme un sceau: "Consacré à Yahvé." Ils mirent dessus un cordon de pourpre violette, pour le mettre sur le turban, en haut, comme Yahvé l'avait ordonné à Moïse. Ainsi furent achevés tous les travaux de la Demeure, de la Tente du Rendez-vous; en tout ils avaient fait comme Yahvé l'avait ordonné à Moïse. Ils apportèrent à Moïse la Demeure, la Tente et tous ses accessoires, ses agrafes, ses cadres, ses traverses, ses colonnes et ses socles; la couverture en peaux de béliers teintes en rouge, la couverture en cuir fin et le rideau du voile; l'arche du Témoignage avec ses barres et le propitiatoire; la table, tous ses accessoires et les pains d'oblation; le candélabre d'or pur, ses lampes -- une rangée de lampes -- et tous ses accessoires, ainsi que l'huile pour le luminaire; l'autel d'or, l'huile d'onction, l'encens aromatique et le voile pour l'entrée de la Tente; l'autel de bronze et son treillis de bronze, ses barres et tous ses accessoires; le bassin et son socle; les courtines du parvis, ses colonnes, ses socles et le voile pour la porte du parvis, ses cordes, ses piquets ainsi que tous les accessoires du service de la Demeure, pour la Tente du Rendez-vous; les vêtements liturgiques pour officier dans le sanctuaire -- les vêtements sacrés pour Aaron, le prêtre, et les vêtements de ses fils pour exercer le sacerdoce. Les Israélites avaient fait tous les travaux comme Yahvé l'avait ordonné à Moïse. Moïse vit tout l'ouvrage: ils l'avaient fait comme Yahvé l'avait ordonné. Et Moïse les bénit. Yahvé parla à Moïse et lui dit: "Le premier jour du premier mois, tu dresseras la Demeure, la Tente du Rendez-vous, tu y placeras l'arche du Témoignage et tu voileras l'arche avec le rideau. Tu apporteras la table et tu disposeras sa garniture. Tu apporteras le candélabre et tu monteras ses lampes. Tu mettras l'autel d'or des parfums devant l'arche du Témoignage, et tu placeras le voile à l'entrée de la Demeure. Tu mettras l'autel des holocaustes devant l'entrée de la Demeure, de la Tente du Rendez-vous. Tu mettras le bassin entre la Tente du Rendez-vous et l'autel, et tu y mettras de l'eau. Tu placeras le parvis tout autour et tu mettras le voile à la porte du parvis. Tu prendras l'huile d'onction et tu oindras la Demeure et tout ce qui est dedans; tu la consacreras, elle et tous ses accessoires, et elle sera éminemment sainte. Tu oindras l'autel des holocaustes et tous ses accessoires, tu consacreras l'autel, et l'autel sera éminemment saint. Tu oindras le bassin et son socle et tu le consacreras. Puis tu feras approcher Aaron et ses fils de l'entrée de la Tente du Rendez-vous, tu les laveras avec de l'eau, et tu revêtiras Aaron de ses vêtements sacrés, tu l'oindras et tu le consacreras pour qu'il exerce mon sacerdoce. Ses fils, tu les feras approcher, tu les revêtiras de tuniques, et tu les oindras comme tu auras oint leur père, pour qu'ils exercent mon sacerdoce. Cela se fera pour que leur onction leur confère un sacerdoce éternel, dans leurs générations." Moïse le fit. Il fit tout comme Yahvé l'avait ordonné. Le premier jour du premier mois de la seconde année, on dressa la Demeure. Moïse dressa la Demeure; il mit ses socles, plaça ses cadres, mit ses traverses et dressa ses colonnes. Il étendit la tente pour la Demeure et plaça dessus la couverture de la tente, comme Yahvé l'avait ordonné à Moïse. Il prit le Témoignage, le mit dans l'arche, plaça les barres sur l'arche et mit le propitiatoire sur l'arche. Il introduisit l'arche dans la Demeure et plaça le rideau du voile; il voila ainsi l'arche du Témoignage, comme Yahvé l'avait ordonné à Moïse. Il mit la table dans la Tente du Rendez-vous, sur le côté de la Demeure, au nord, à l'extrémité du voile, et il disposa avec ordre le pain devant Yahvé, comme Yahvé l'avait ordonné à Moïse. Il plaça le candélabre dans la Tente du Rendez-vous, en face de la table, sur le côté de la Demeure, au sud, et monta les lampes devant Yahvé, comme Yahvé l'avait ordonné à Moïse. Il plaça l'autel d'or dans la Tente du Rendez-vous, devant le voile, et fit fumer dessus l'encens aromatique, comme Yahvé l'avait ordonné à Moïse. Puis il plaça le voile à l'entrée de la Demeure. L'autel des holocaustes, il le plaça à l'entrée de la Demeure, de la Tente du Rendez-vous, et offrit dessus l'holocauste et l'oblation, comme Yahvé l'avait ordonné à Moïse. Il plaça le bassin entre la Tente du Rendez-vous et l'autel et il y mit, pour les ablutions, de l'eau avec laquelle Moïse, Aaron et ses fils se lavaient les mains et les pieds. Quand ils entraient dans la Tente du Rendez-vous ou qu'ils s'approchaient de l'autel, ils se lavaient, comme Yahvé l'avait ordonné à Moïse. Il dressa le parvis autour de la Demeure et de l'autel, et il mit le voile à la porte du parvis. Ainsi Moïse termina les travaux. La nuée couvrit la Tente du Rendez-vous, et la gloire de Yahvé emplit la Demeure. Moïse ne put entrer dans la Tente du Rendez-vous, car la nuée demeurait sur elle, et la gloire de Yahvé emplissait la Demeure. A toutes leurs étapes, lorsque la nuée s'élevait au-dessus de la Demeure, les Israélites se mettaient en marche. Si la nuée ne s'élevait pas, ils ne se mettaient pas en marche jusqu'au jour où elle s'élevait. Car, le jour, la nuée de Yahvé était sur la Demeure et, la nuit, il y avait dedans un feu, aux yeux de toute la maison d'Israël, à toutes leurs étapes. Yahvé appela Moïse et, de la Tente du Rendez-vous, lui parla et lui dit: Parle aux Israélites; tu leur diras: Quand l'un de vous présentera une offrande à Yahvé, vous pourrez faire cette offrande en bétail, gros ou petit. Si son offrande consiste en un holocauste de gros bétail, il offrira un mâle sans défaut; il l'offrira à l'entrée de la Tente du Rendez-vous, pour qu'il soit agréé devant Yahvé. Il posera la main sur la tête de la victime et celle-ci sera agréée pour que l'on fasse sur lui le rite d'expiation. Puis il immolera le taureau devant Yahvé, et les fils d'Aaron, les prêtres, offriront le sang. Ils le feront couler sur le pourtour de l'autel qui se trouve à l'entrée de la Tente du Rendez-vous. Il écorchera ensuite la victime, la dépècera par quartiers, les fils d'Aaron, les prêtres, apporteront du feu sur l'autel et disposeront du bois sur ce feu. Puis les fils d'Aaron, les prêtres, disposeront quartiers, tête et graisse au-dessus du bois placé sur le feu de l'autel. L'homme lavera dans l'eau les entrailles et les pattes et le prêtre fera fumer le tout à l'autel. Cet holocauste sera un mets consumé en parfum d'apaisement pour Yahvé. Si son offrande consiste en petit bétail, agneau ou chevreau offert en holocauste, c'est un mâle sans défaut qu'il offrira. Il l'immolera sur le côté nord de l'autel, devant Yahvé, et les fils d'Aaron, les prêtres, feront couler le sang sur le pourtour de l'autel. Puis il le dépècera par quartiers et le prêtre disposera ceux-ci, ainsi que la tête et la graisse, au-dessus du bois placé sur le feu de l'autel. L'homme lavera dans l'eau les entrailles et les pattes et le prêtre offrira le tout qu'il fera fumer à l'autel. Cet holocauste sera un mets consumé en parfum d'apaisement pour Yahvé. Si son offrande à Yahvé consiste en un holocauste d'oiseau, il offrira une tourterelle ou un pigeon. Le prêtre l'offrira à l'autel, et, en pinçant le cou, il arrachera la tête qu'il fera fumer à l'autel; puis le sang en sera exprimé sur la paroi de l'autel. Il en détachera alors le jabot et le plumage; il les jettera du côté est de l'autel, à l'endroit où l'on dépose les cendres grasses. Il fendra l'animal en deux moitiés, une aile de part et d'autre, mais sans les séparer. Le prêtre fera alors fumer l'animal à l'autel, sur le bois placé sur le feu. Cet holocauste sera un mets consumé en parfum d'apaisement pour Yahvé. Si quelqu'un offre à Yahvé une oblation, son offrande consistera en fleur de farine sur laquelle il versera de l'huile et déposera de l'encens. Il l'apportera aux fils d'Aaron, les prêtres; il en prendra une pleine poignée de fleur de farine et d'huile, plus tout l'encens, ce que le prêtre fera fumer à l'autel à titre de mémorial, mets consumé en parfum d'apaisement pour Yahvé. Le reste de l'oblation reviendra à Aaron et à ses fils, part très sainte des mets de Yahvé. Lorsque tu offriras une oblation de pâte cuite au four, la fleur de farine sera préparée en gâteaux sans levain pétris à l'huile, ou en galettes sans levain frottées d'huile. Si ton offrande est une oblation cuite à la plaque, la fleur de farine pétrie à l'huile sera sans levain. Tu la rompras en morceaux et verseras de l'huile par-dessus. C'est une oblation. Si ton offrande est une oblation cuite au moule, la fleur de farine sera préparée dans l'huile. Tu apporteras à Yahvé l'oblation qui aura été ainsi préparée. On la présentera au prêtre, qui l'approchera de l'autel. De l'oblation le prêtre prélèvera le mémorial, qu'il fera fumer à l'autel à titre de mets consumé en parfum d'apaisement pour Yahvé. Le reste de l'oblation reviendra à Aaron et à ses fils, part très sainte des mets de Yahvé. Aucune des oblations que vous offrirez à Yahvé ne sera préparée avec un ferment, car vous ne ferez jamais fumer ni levain ni miel à titre de mets consumé pour Yahvé. Vous en offrirez à Yahvé comme offrande de prémices, mais à l'autel ils ne monteront point en parfum d'apaisement. Tu saleras toute oblation que tu offriras et tu ne manqueras pas de mettre sur ton oblation le sel de l'alliance de ton Dieu; à toute offrande tu joindras une offrande de sel à ton Dieu. Si tu offres à Yahvé une oblation de prémices, c'est sous forme d'épis grillés au feu ou de pain cuit avec du blé moulu que tu feras cette oblation de prémices. Tu y ajouteras de l'huile et y déposeras de l'encens, c'est une oblation; et le prêtre en fera fumer le mémorial avec une partie du pain et de l'huile (plus tout l'encens) à titre de mets consumé pour Yahvé. Si son sacrifice est un sacrifice de communion et s'il offre du gros bétail, mâle ou femelle, c'est une pièce sans défaut qu'il offrira devant Yahvé. Il posera la main sur la tête de la victime et l'immolera à l'entrée de la Tente du Rendez-vous. Puis les fils d'Aaron, les prêtres, feront couler le sang sur le pourtour de l'autel. Il offrira une part de ce sacrifice de communion à titre de mets consumé pour Yahvé: la graisse qui couvre les entrailles, toute la graisse qui est au-dessus des entrailles, les deux rognons, la graisse qui y adhère ainsi qu'aux lombes, la masse graisseuse qu'il détachera du foie et des rognons. Les fils d'Aaron feront fumer cette part à l'autel en plus de l'holocauste, sur le bois placé sur le feu. Ce sera un mets consumé en parfum d'apaisement pour Yahvé. Si c'est du petit bétail qu'il offre à titre de sacrifice de communion pour Yahvé, c'est un mâle ou une femelle sans défaut qu'il offrira. S'il offre un mouton, il l'offrira devant Yahvé, il posera la main sur la tête de la victime et l'immolera devant la Tente du Rendez-vous, puis les fils d'Aaron en répandront le sang sur le pourtour de l'autel. De ce sacrifice de communion il offrira la graisse en mets consumé pour Yahvé: la queue entière qu'il détachera près du sacrum, la graisse qui couvre les entrailles, toute la graisse qui est au-dessus des entrailles, les deux rognons, la graisse qui y adhère ainsi qu'aux lombes, la masse graisseuse qu'il détachera du foie et des rognons. Le prêtre fera fumer cette part à l'autel à titre de nourriture, de mets consumé pour Yahvé. Si son offrande consiste en une chèvre, il l'offrira devant Yahvé, il lui posera la main sur la tête et l'immolera devant la Tente du Rendez-vous, et les fils d'Aaron en répandront le sang sur le pourtour de l'autel. Voici ce qu'il en offrira ensuite à titre de mets consumé pour Yahvé: la graisse qui couvre les entrailles, toute la graisse qui est au-dessus des entrailles, les deux rognons, la graisse qui y adhère ainsi qu'aux lombes, la masse graisseuse qu'il détachera du foie et des rognons. Le prêtre fera fumer ces morceaux à l'autel à titre de nourriture, de mets consumé en parfum d'apaisement. Toute la graisse appartient à Yahvé. C'est pour tous vos descendants une loi perpétuelle, en quelque lieu que vous demeuriez: vous ne mangerez ni graisse ni sang. Yahvé parla à Moïse et dit: Parle aux Israélites, dis-leur: Si quelqu'un pèche par inadvertance contre l'un quelconque des commandements de Yahvé et commet une de ces actions défendues, si c'est le prêtre consacré par l'onction qui pèche et rend ainsi le peuple coupable, il offrira à Yahvé pour le péché qu'il a commis un taureau, pièce de gros bétail sans défaut, à titre de sacrifice pour le péché. Il amènera ce taureau devant Yahvé à l'entrée de la Tente du Rendez-vous, lui posera la main sur la tête et l'immolera devant Yahvé. Puis le prêtre consacré par l'onction prendra un peu du sang de ce taureau et le portera dans la Tente du Rendez-vous. Il trempera son doigt dans le sang et en fera sept aspersions devant le rideau du sanctuaire, devant Yahvé. Le prêtre déposera alors un peu de ce sang sur les cornes de l'autel des parfums qui fument devant Yahvé dans la Tente du Rendez-vous, et il versera tout le sang du taureau à la base de l'autel des holocaustes qui se trouve à l'entrée de la Tente du Rendez-vous. De toute la graisse de ce taureau offert en sacrifice pour le péché voici ce qu'il prélèvera: la graisse qui couvre les entrailles, toute la graisse qui est au-dessus des entrailles, les deux rognons, la graisse qui y adhère ainsi qu'aux lombes, la masse graisseuse qu'il détachera du foie et des rognons, -- tout comme la part prélevée sur le sacrifice de communion, -- et le prêtre fera fumer ces morceaux sur l'autel des holocaustes. La peau du taureau et toute sa chair, sa tête, ses pattes, ses entrailles et sa fiente, le taureau tout entier, il le fera porter hors du camp, dans un lieu pur, lieu de rebut des cendres grasses. Il le brûlera sur un feu de bois; c'est au lieu de rebut des cendres grasses que le taureau sera brûlé. Si c'est toute la communauté d'Israël qui a péché par inadvertance et commis l'une des choses défendues par les commandements de Yahvé sans que la communauté s'en soit aperçue, la communauté offrira en sacrifice pour le péché un taureau, pièce de gros bétail sans défaut, lorsque le péché dont elle est responsable sera reconnu. On l'amènera devant la Tente du Rendez-vous; devant Yahvé les anciens de la communauté poseront leurs mains sur la tête de ce taureau, et devant Yahvé on l'immolera. Puis le prêtre consacré par l'onction portera dans la Tente du Rendez-vous un peu du sang de ce taureau. Il trempera son doigt dans le sang et fera sept aspersions devant le voile, devant Yahvé. Il déposera alors un peu de ce sang sur les cornes de l'autel qui se trouve devant Yahvé dans la Tente du Rendez-vous, puis versera tout le sang à la base de l'autel des holocaustes qui est à l'entrée de la Tente du Rendez-vous. Il prélèvera alors de l'animal toute la graisse et la fera fumer à l'autel. Il traitera ce taureau comme il aurait traité le taureau du sacrifice pour le péché. Ainsi le traitera-t-on, et le prêtre ayant fait sur les membres de la communauté le rite d'expiation, il leur sera pardonné. Il fera porter le taureau hors du camp et il le brûlera comme il aurait brûlé le précédent taureau. C'est là le sacrifice pour le péché de la communauté. A supposer qu'un chef pèche et fasse par inadvertance quelqu'une des choses interdites par les commandements de Yahvé son Dieu et se rende ainsi coupable (ou si on l'avertit du péché commis sur ce point), il apportera comme offrande un bouc, un mâle sans défaut. Il posera la main sur la tête du bouc et l'immolera au lieu où l'on immole les holocaustes devant Yahvé. C'est un sacrifice pour le péché: le prêtre prendra à son doigt un peu du sang de la victime et le déposera sur les cornes de l'autel des holocaustes. Puis il en versera le sang à la base de l'autel des holocaustes et en fera fumer toute la graisse à l'autel, comme la graisse du sacrifice de communion. Le prêtre fera ainsi sur ce chef le rite d'expiation pour le délivrer de son péché, et il lui sera pardonné. Si c'est un homme du peuple du pays qui pèche par inadvertance et se rend coupable en faisant quelqu'une des choses interdites par les commandements de Yahvé (ou si on l'avertit du péché commis), il amènera comme offrande pour le péché qu'il a commis une chèvre, une femelle sans défaut. Il posera la main sur la tête de la victime et l'immolera au lieu où l'on immole les holocaustes. Le prêtre prendra à son doigt un peu de son sang et le déposera sur les cornes de l'autel des holocaustes. Puis il versera tout le sang à la base de l'autel. Il détachera ensuite toute la graisse comme on détache la graisse d'un sacrifice de communion et le prêtre la fera fumer à l'autel en parfum d'apaisement pour Yahvé. Le prêtre fera ainsi sur cet homme le rite d'expiation, et il lui sera pardonné. Si c'est un agneau qu'il veut amener comme offrande pour un tel sacrifice, c'est une femelle sans défaut qu'il amènera. Il posera la main sur la tête de la victime et l'immolera en sacrifice pour le péché au lieu où l'on immole les holocaustes. Le prêtre prendra à son doigt un peu du sang de ce sacrifice et le déposera sur les cornes de l'autel des holocaustes. Puis il en versera tout le sang à la base de l'autel. Il en détachera toute la graisse comme on détache celle du mouton d'un sacrifice de communion, et le prêtre fera fumer ces morceaux à l'autel en plus des mets consumés pour Yahvé. Le prêtre fera ainsi sur l'homme le rite d'expiation pour le péché qu'il a commis, et il lui sera pardonné. Si quelqu'un pèche en l'un de ces cas: Après avoir entendu la formule d'adjuration il aurait dû porter témoignage, car il avait vu ou il savait, mais il n'a rien déclaré et porte le poids de sa faute; ou bien quelqu'un touche à une chose impure, quelle qu'elle soit, cadavre de bête impure, d'animal domestique impur, de bestiole impure, et à son insu il devient impur et responsable; ou bien il touche à une souillure humaine, quelle qu'elle soit, dont le contact rend impur; il ne s'en aperçoit pas, puis, venant à l'apprendre, il en devient responsable; ou bien un individu laisse échapper un serment défavorable ou favorable, en toute matière où un homme peut jurer inconsidérément; il ne s'en aperçoit pas, puis, venant à l'apprendre, il en devient responsable; s'il est responsable en l'un de ces cas, il aura à confesser le péché commis, il amènera à Yahvé à titre de sacrifice de réparation pour le péché commis une femelle de petit bétail (brebis ou chèvre) en sacrifice pour le péché; et le prêtre fera sur lui le rite d'expiation qui le délivrera de son péché. S'il n'a pas les moyens de se procurer une tête de petit bétail, il amènera à Yahvé en sacrifice de réparation pour le péché qu'il a commis deux tourterelles ou deux pigeons, l'un en sacrifice pour le péché et l'autre en holocauste. Il les amènera au prêtre, qui offrira d'abord celui qui est destiné au sacrifice pour le péché. En pinçant le cou le prêtre lui rompra la nuque sans détacher la tête. Avec le sang de la victime il aspergera la paroi de l'autel, puis le reste du sang sera exprimé à la base de l'autel. C'est un sacrifice pour le péché. Quant à l'autre oiseau, il en fera un holocauste suivant la règle. Le prêtre fera ainsi sur l'homme le rite d'expiation pour le péché qu'il a commis, et il lui sera pardonné. S'il n'a pas les moyens de se procurer deux tourterelles ou deux pigeons, il amènera à titre d'offrande pour le péché commis un dixième de mesure de fleur de farine; il n'y mettra pas d'huile et n'y déposera pas d'encens, car c'est un sacrifice pour le péché. Il l'apportera au prêtre et celui-ci en prendra une pleine poignée en mémorial qu'il fera fumer à l'autel en plus des mets consumés pour Yahvé. C'est un sacrifice pour le péché. Le prêtre fera ainsi sur l'homme le rite d'expiation pour le péché qu'il a commis en l'un de ces cas, et il sera pardonné. Le prêtre a dans ce cas les mêmes droits que pour l'oblation. Yahvé parla à Moïse et dit: Si quelqu'un commet une fraude et pèche par inadvertance en retranchant sur les droits sacrés de Yahvé, il amènera à Yahvé en sacrifice de réparation un bélier sans défaut de son troupeau, à estimer en sicles d'argent au taux du sicle du sanctuaire. Il acquittera ce que son péché aura retranché au droit sacré, en en majorant la valeur d'un cinquième, et le remettra au prêtre. Celui-ci fera sur lui le rite d'expiation avec le bélier du sacrifice de réparation, et il lui sera pardonné. Si quelqu'un pèche et fait sans s'en apercevoir l'une des choses interdites par les commandements de Yahvé, il sera responsable et portera le poids de sa faute. Il amènera au prêtre à titre de sacrifice de réparation un bélier sans défaut de son troupeau, sujet à estimation. Le prêtre fera sur lui le rite d'expiation pour l'inadvertance commise sans le savoir, et il lui sera pardonné. C'est un sacrifice de réparation, cet homme était certainement responsable envers Yahvé. Yahvé parla à Moïse et dit: Si quelqu'un pèche et commet une fraude envers Yahvé en trompant son compatriote au sujet d'un dépôt, d'une garde ou d'un retrait d'objet, ou s'il exploite ce compatriote, ou s'il trouve un objet perdu et le nie, ou s'il prête un faux serment à propos de n'importe quel péché que peut commettre un homme, s'il pèche et devient ainsi responsable, il devra restituer ce qu'il a retiré ou exigé en trop: le dépôt qui lui fut confié, l'objet perdu qu'il a trouvé, ou tout objet au sujet duquel il a prêté un faux serment. En le majorant d'un cinquième, il versera ce capital au détenteur de l'objet au jour où lui-même est devenu responsable. Puis il amènera à Yahvé comme sacrifice de réparation un bélier sans défaut de son troupeau; on l'estimera à la valeur versée au prêtre pour un sacrifice de réparation. Celui-ci fera sur lui le rite d'expiation devant Yahvé, et il lui sera pardonné, quel que soit l'acte qui a entraîné sa culpabilité. Yahvé parla à Moïse et dit: Donne ces ordres à Aaron et à ses fils: Voici le rituel de l'holocauste. (C'est l'holocauste qui se trouve sur le brasier de l'autel toute la nuit jusqu'au matin et que le feu de l'autel consume.) Le prêtre revêtira sa tunique de lin et d'un caleçon de lin couvrira son corps. Puis il enlèvera la cendre grasse de l'holocauste consumé par le feu sur l'autel et la déposera à côté de l'autel. Il retirera alors ses vêtements; il en revêtira d'autres et transportera cette cendre grasse en un lieu pur hors du camp. Le feu qui sur l'autel consume l'holocauste ne s'éteindra pas. Chaque matin le prêtre l'alimentera de bois. Il y disposera l'holocauste et y fera fumer les graisses des sacrifices de communion. Un feu perpétuel brûlera sur l'autel sans s'éteindre. Voici le rituel de l'oblation: Après que l'un des fils d'Aaron l'aura apportée devant l'autel en présence de Yahvé, après qu'il en aura prélevé une poignée de fleur de farine (avec l'huile et tout l'encens qu'on y a joint), après qu'il en aura fait fumer à l'autel le mémorial en parfum d'apaisement pour Yahvé, Aaron et ses fils mangeront le reste sous forme de pains sans levain. Ils le mangeront dans un lieu pur sur le parvis de la Tente du Rendez-vous. On ne cuira pas avec du levain la part de mes mets que je leur donne. C'est une part très sainte comme le sacrifice pour le péché et le sacrifice de réparation. Tout mâle d'entre les fils d'Aaron pourra manger cette part des mets de Yahvé (c'est pour tous vos descendants une loi perpétuelle) et tout ce qui y touche se trouvera consacré. Yahvé parla à Moïse et lui dit: Voici l'offrande que feront à Yahvé Aaron et ses fils le jour de leur onction: un dixième de mesure de fleur de farine à titre d'oblation perpétuelle, moitié le matin et moitié le soir. Elle sera préparée sur la plaque, à l'huile, comme un mélange; tu apporteras la pâte sous forme d'oblation en plusieurs morceaux que tu offriras en parfum d'apaisement pour Yahvé. Le prêtre qui parmi ses fils recevra l'onction fera de même. C'est une loi perpétuelle. Pour Yahvé cette oblation passera tout entière en fumée. Toute oblation faite par un prêtre doit être un sacrifice total, on n'en mangera pas. Yahvé parla à Moïse et dit: Parle à Aaron et à ses fils, dis-leur: Voici le rituel du sacrifice pour le péché. La victime en sera immolée devant Yahvé, là où l'on immole l'holocauste. C'est une chose très sainte. Le prêtre qui aura offert ce sacrifice la mangera. Elle sera mangée dans un lieu sacré sur le parvis de la Tente du Rendez-vous. Tout ce qui en touchera la chair se trouvera consacré et, si du sang gicle sur les vêtements, la tache sera nettoyée dans un lieu sacré. Le vase d'argile où la viande aura cuit sera brisé et, si elle a cuit dans un vase de bronze, il sera frotté et rincé à grande eau. Tout mâle parmi les prêtres en pourra manger, c'est une chose très sainte; mais on ne mangera aucune des victimes offertes pour le péché, dont le sang aura été porté dans la Tente du Rendez-vous pour faire l'expiation dans le sanctuaire: elles seront livrées au feu. Voici le rituel du sacrifice de réparation: C'est une chose très sainte. On immolera la victime là où l'on immole les holocaustes et le prêtre en fera couler le sang sur le pourtour de l'autel. Puis il en offrira toute la graisse: la queue, la graisse qui couvre les entrailles, les deux rognons, la graisse qui y adhère ainsi qu'aux lombes, la masse graisseuse qu'il détachera du foie et des rognons. Le prêtre fera fumer ces morceaux à l'autel comme mets consumés pour Yahvé. C'est un sacrifice de réparation: tout mâle parmi les prêtres en pourra manger. On en mangera dans un lieu sacré, c'est une chose très sainte. Tel le sacrifice pour le péché, tel le sacrifice de réparation: il y a pour eux même rituel. Au prêtre reviendra l'offrande avec laquelle il a fait le rite d'expiation. La peau de la victime qu'un homme aura présentée à un prêtre pour être offerte en holocauste reviendra à ce prêtre. Toute oblation cuite au four, toute oblation préparée dans un moule ou sur la plaque reviendra au prêtre qui l'aura offerte. Toute oblation pétrie à l'huile ou sèche reviendra à tous les fils d'Aaron sans distinction. Voici le rituel du sacrifice de communion qu'on offrira à Yahvé: Si on le joint à un sacrifice avec louange, on ajoutera à celui-ci une offrande de gâteaux sans levain pétris à l'huile, de galettes sans levain frottées d'huile et de fleur de farine en mélange sous forme de gâteaux pétris à l'huile. On ajoutera donc cette offrande aux gâteaux de pain fermenté et au sacrifice de communion avec louange. On présentera l'un des gâteaux de cette offrande à titre de prélèvement pour Yahvé; il reviendra au prêtre qui aura fait couler le sang du sacrifice de communion. La chair de la victime sera mangée le jour même où sera faite l'offrande, sans en rien laisser jusqu'au lendemain matin. Si la victime est offerte à titre de sacrifice votif ou volontaire, elle sera mangée le jour où on l'offrira ainsi que le lendemain, mais on jettera au feu le troisième jour ce qui resterait de la chair de la victime. S'il arrive qu'au troisième jour on mange de la chair offerte en sacrifice de communion, celui qui l'aura offerte ne sera pas agréé. Il ne lui en sera pas tenu compte, c'est de la viande avariée et la personne qui en mangera portera le poids de sa faute. La chair qui aura touché quoi que ce soit d'impur ne pourra être mangée, on la jettera au feu. Quiconque est pur pourra manger de la chair, mais si quelqu'un se trouve en état d'impureté et mange de la chair d'un sacrifice de communion offert à Yahvé, celui-là sera retranché de sa race. Si quelqu'un touche à une impureté quelconque, d'homme, d'animal ou d'une chose immonde quelle qu'elle soit, et mange ensuite la chair d'un sacrifice de communion offert à Yahvé, celui-là sera retranché de sa race. Yahvé parla à Moïse et dit: Parle aux Israélites, dis-leur: Vous ne mangerez pas de graisse de taureau, de mouton ou de chèvre. La graisse d'une bête morte ou déchirée pourra servir à tout usage, mais vous n'en mangerez point. Quiconque en effet mange la graisse d'un animal dont on offre un mets à Yahvé, celui-là sera retranché de sa race. Où que vous habitiez, vous ne mangerez pas de sang, qu'il s'agisse d'oiseau ou d'animal. Quiconque mange du sang, quel qu'il soit, celui-là sera retranché de sa race. Yahvé parla à Moïse et dit: Parle aux Israélites, dis-leur: Celui qui offrira un sacrifice de communion à Yahvé lui apportera pour offrande une part de son sacrifice. Il apportera de ses propres mains le mets de Yahvé, c'est-à-dire la graisse qui adhère à la poitrine. Il l'apportera ainsi que la poitrine avec laquelle il doit faire le geste de présentation devant Yahvé. Le prêtre fera fumer la graisse à l'autel et la poitrine reviendra à Aaron et à ses fils. A titre de prélèvement sur vos sacrifices de communion, vous donnerez au prêtre la cuisse droite. Cette cuisse droite sera la part de celui des fils d'Aaron qui aura offert le sang et la graisse du sacrifice de communion. Je retiens en effet aux enfants d'Israël sur leurs sacrifices de communion la poitrine à offrir et la cuisse à prélever; je les donne à Aaron le prêtre, et à ses fils: c'est une loi perpétuelle pour les Israélites. Telle fut la part d'Aaron sur les mets consumés de Yahvé et celle de ses fils, le jour où il les présenta à Yahvé pour qu'ils soient ses prêtres. C'est ce que Yahvé ordonne aux Israélites de leur donner le jour de leur onction: loi perpétuelle pour tous leurs descendants. Tel est le rituel concernant l'holocauste, l'oblation, le sacrifice pour le péché, les sacrifices de réparation, d'investiture et de communion. C'est ce que Yahvé a ordonné à Moïse sur le mont Sinaï le jour où il ordonna aux Israélites de présenter leurs offrandes à Yahvé dans le désert du Sinaï. Yahvé parla à Moïse et dit: Prends Aaron, ses fils avec lui, les vêtements, l'huile d'onction, le taureau du sacrifice pour le péché, les deux béliers, la corbeille des azymes. Puis convoque toute la communauté à l'entrée de la Tente du Rendez-vous. Moïse suivit les ordres de Yahvé, la communauté se réunit à l'entrée de la Tente du Rendez-vous, et Moïse lui dit: "Voici ce que Yahvé a ordonné de faire." Il fit approcher Aaron et ses fils et les lava dans l'eau. Il lui mit la tunique, lui passa la ceinture, le revêtit du manteau et plaça sur lui l'éphod. Puis il le ceignit de l'écharpe de l'éphod et la fixa sur lui. Il lui imposa le pectoral, où il mit l'Urim et le Tummim. Sur la tête il lui mit le turban, et sur le devant du turban la fleur d'or; c'est le signe de sainte consécration tel que Yahvé le prescrivit à Moïse. Moïse prit alors l'huile d'onction, il oignit pour les consacrer la Demeure et tout ce qui s'y trouvait. Il fit sept aspersions sur l'autel et oignit pour les consacrer l'autel et ses accessoires, le bassin et son socle. Il versa de l'huile d'onction sur la tête d'Aaron, et l'oignit pour le consacrer. Moïse fit alors approcher les fils d'Aaron, qu'il revêtit de tuniques, auxquels il passa des ceintures et fixa des calottes, comme Yahvé l'avait ordonné à Moïse. Puis il fit approcher le taureau du sacrifice pour le péché. Aaron et ses fils posèrent leur main sur la tête de cette victime, et Moïse l'immola. Il prit alors le sang, avec son doigt il en déposa sur les cornes du pourtour de l'autel pour ôter le péché de celui-ci. Puis il versa le sang à la base de l'autel, qu'il consacra en faisant sur lui le rite d'expiation. Il prit ensuite toute la graisse qui enveloppe les entrailles, la masse de graisse qui part du foie, les deux rognons et leur graisse, et il les fit fumer à l'autel. Quant à la peau du taureau, sa chair et sa fiente, il les brûla hors du camp comme Yahvé l'avait ordonné à Moïse. Il fit alors approcher le bélier de l'holocauste. Aaron et ses fils posèrent leur main sur la tête de ce bélier, et Moïse l'immola. Il en fit couler le sang sur le pourtour de l'autel. Puis il dépeça le bélier en quartiers et fit fumer la tête, les quartiers et la graisse. Il lava dans l'eau les entrailles et les pattes et fit fumer à l'autel le bélier tout entier. C'était un holocauste en parfum d'apaisement, un mets consumé pour Yahvé, comme Yahvé l'avait ordonné à Moïse. Il fit alors approcher le second bélier, bélier du sacrifice d'investiture. Aaron et ses fils posèrent leur main sur la tête de ce bélier, et Moïse l'immola. Il en prit du sang qu'il déposa sur le lobe de l'oreille droite d'Aaron, sur le pouce de sa main droite et sur le gros orteil de son pied droit. Puis il fit approcher les fils d'Aaron et déposa de ce sang sur le lobe de leur oreille droite, sur le pouce de leur main droite et sur le gros orteil de leur pied droit. Moïse fit ensuite couler le sang sur le pourtour de l'autel; il prit aussi la graisse: la queue, toute la graisse qui adhère aux entrailles, la masse de graisse qui part du foie, les deux rognons et leur graisse, la cuisse droite. De la corbeille des azymes placée devant Yahvé il prit un gâteau d'azyme, un gâteau de pain à l'huile, et une galette qu'il joignit aux graisses et à la cuisse droite. Il mit le tout dans les mains d'Aaron et dans celles de ses fils et fit le geste de présentation devant Yahvé. Moïse les reprit alors de leurs mains et les fit fumer à l'autel en plus de l'holocauste. C'était le sacrifice d'investiture en parfum d'apaisement, un mets consumé pour Yahvé. Moïse prit aussi la poitrine et fit le geste de présentation devant Yahvé. Ce fut la part du bélier d'investiture qui revint à Moïse, comme Yahvé l'avait ordonné à Moïse. Moïse prit ensuite de l'huile d'onction et du sang qui était sur l'autel; il en aspergea Aaron et ses vêtements ainsi que ses fils et leurs vêtements. Il consacra par là Aaron et ses vêtements ainsi que ses fils et leurs vêtements. Moïse dit alors à Aaron et à ses fils: "Faites cuire la viande à l'entrée de la Tente du Rendez-vous; vous la mangerez là, ainsi que le pain déposé dans la corbeille du sacrifice d'investiture, comme je l'ai ordonné en disant: Aaron et ses fils le mangeront. Ce qui reste de la viande et du pain, vous le brûlerez. Sept jours durant vous ne quitterez pas l'entrée de la Tente du Rendez-vous jusqu'à ce que s'achève le temps de votre investiture, car il faudra sept jours pour votre investiture. Yahvé a commandé de procéder comme on a procédé aujourd'hui pour accomplir sur vous le rite d'expiation, et, pendant sept jours, jour et nuit, vous demeurerez à l'entrée de la Tente du Rendez-vous en observant le rituel de Yahvé; ainsi vous ne mourrez pas. C'est en effet l'ordre que j'ai reçu." Aaron et ses fils firent tout ce que Yahvé avait ordonné par l'intermédiaire de Moïse. Au huitième jour Moïse convoqua Aaron, ses fils et les anciens d'Israël; il dit à Aaron: "Prends un veau pour faire un sacrifice pour le péché et un bélier pour un holocauste, l'un et l'autre sans défaut, et amène-les devant Yahvé." Tu diras ensuite aux enfants d'Israël: "Prenez un bouc pour offrir un sacrifice pour le péché, un veau et un agneau d'un an (tous deux sans défaut) pour un holocauste, un taureau et un bélier pour des sacrifices de communion à immoler devant Yahvé, enfin une oblation pétrie à l'huile. Aujourd'hui en effet Yahvé vous apparaîtra." Ils amenèrent devant la Tente du Rendez-vous ce qu'avait commandé Moïse, puis toute la communauté s'approcha et se tint devant Yahvé. Moïse dit: "Voici ce que Yahvé vous a ordonné de faire pour que sa gloire vous apparaisse." Moïse alors s'adressa à Aaron: "Approche-toi de l'autel, offre ton sacrifice pour le péché et ton holocauste, et fais ainsi le rite d'expiation pour toi et pour ta maison. Présente alors l'offrande du peuple et fais pour lui le rite d'expiation comme l'a ordonné Yahvé." Aaron s'approcha de l'autel, immola le veau du sacrifice pour son propre péché. Puis les fils d'Aaron lui présentèrent le sang; il y trempa le doigt et en déposa sur les cornes de l'autel, puis il versa le sang à la base de l'autel. La graisse du sacrifice pour le péché, les rognons et la masse de graisse qui part du foie, il les fit fumer à l'autel comme Yahvé l'avait ordonné à Moïse; la chair et la peau, il les brûla hors du camp. Il immola ensuite l'holocauste, dont les fils d'Aaron lui remirent le sang; il le fit couler sur le pourtour de l'autel. Ils lui remirent aussi la victime dépecée en quartiers, ainsi que la tête, et il les fit fumer à l'autel. Il lava entrailles et pattes et les fit fumer à l'autel en plus de l'holocauste. Il présenta alors l'offrande du peuple: il prit le bouc du sacrifice pour le péché du peuple, il l'immola et en fit un sacrifice pour le péché de la même manière que pour le premier. Il fit alors approcher l'holocauste et procéda selon la règle. Puis, ayant fait approcher l'oblation, il en prit une pleine poignée qu'il fit fumer à l'autel en plus de l'holocauste du matin. Enfin il immola le taureau et le bélier en sacrifice de communion pour le peuple. Les fils d'Aaron lui en remirent le sang et il le fit couler sur le pourtour de l'autel. Les graisses de ce taureau et de ce bélier, la queue, la graisse enveloppante, les rognons, la masse de graisse qui part du foie, il les posa sur les poitrines et les fit fumer à l'autel. Avec les poitrines et la cuisse droite Aaron fit le geste de présentation devant Yahvé, comme Yahvé l'avait ordonné à Moïse. Aaron éleva les mains vers le peuple et le bénit. Ayant ainsi accompli le sacrifice pour le péché, l'holocauste et le sacrifice de communion, il descendit; avec Moïse il entra dans la Tente du Rendez-vous. Puis ils en sortirent tous deux pour bénir le peuple. La gloire de Yahvé apparut à tout le peuple, une flamme jaillit de devant Yahvé, qui dévora sur l'autel l'holocauste et les graisses. A cette vue le peuple entier poussa des cris de jubilation et tous tombèrent la face contre terre. Les fils d'Aaron, Nadab et Abihu, prirent chacun leur encensoir. Ils y mirent du feu sur lequel ils posèrent de l'encens, et ils présentèrent devant Yahvé un feu irrégulier qu'il ne leur avait pas prescrit. De devant Yahvé jaillit alors une flamme qui les dévora, et ils périrent en présence de Yahvé. Moïse dit alors à Aaron: "C'est là ce que Yahvé avait déclaré par ces mots: En mes proches je montre ma sainteté, et devant tout le peuple je montre ma gloire." Aaron resta muet. Moïse appela Mishaël et Elçaphân, fils d'Uzziel oncle d'Aaron, et leur dit: "Approchez et emportez vos frères loin du sanctuaire, hors du camp." Ils s'approchèrent et les emportèrent dans leurs propres tuniques, hors du camp, comme Moïse l'avait dit. Moïse dit à Aaron et à ses fils, Eléazar et Itamar: "Ne déliez point vos cheveux et ne déchirez point vos vêtements, vous ne mourrez pas. C'est contre la communauté tout entière qu'Il s'est irrité, c'est toute la maison d'Israël qui pleurera vos frères, ces victimes du feu de Yahvé. Ne quittez pas l'entrée de la Tente du Rendez-vous de peur que vous ne mouriez, vous avez eu en effet sur vous l'huile de l'onction de Yahvé." Ils se conformèrent aux paroles de Moïse. Yahvé parla à Aaron et dit: "Quand vous venez à la Tente du Rendez-vous, toi et tes fils avec toi, ne buvez ni vin ni autre boisson fermentée; alors vous ne mourrez pas. C'est pour tous vos descendants une loi perpétuelle. Qu'il en soit de même quand vous séparez le sacré et le profane, l'impur et le pur, et quand vous faites connaître aux Israélites n'importe lequel des décrets que Yahvé a édictés pour vous par l'intermédiaire de Moïse." Moïse dit à Aaron et à ses fils survivants, Eléazar et Itamar: "Prenez l'oblation qui reste des mets de Yahvé. Mangez-en les azymes à côté de l'autel, car c'est chose très sainte. Puis mangez-la dans un lieu sacré: c'est la part prescrite pour toi et tes fils sur les mets de Yahvé; ainsi en ai-je reçu l'ordre. "La poitrine de présentation et la cuisse de prélèvement, vous les mangerez dans un lieu pur, toi, tes fils et tes filles avec toi; c'est la part prescrite, pour toi et tes fils, celle que l'on te donne sur les sacrifices de communion des Israélites. La cuisse de prélèvement et la poitrine de présentation qui accompagnent les graisses consumées te reviennent, à toi et à tes fils avec toi, après qu'on les aura offertes en geste de présentation devant Yahvé; ceci en vertu d'une loi perpétuelle, comme Yahvé l'a ordonné." Moïse s'enquit alors du bouc offert en sacrifice pour le péché: voilà qu'on l'avait brûlé! Il s'irrita contre Eléazar et Itamar, les fils survivants d'Aaron: "Pourquoi, dit-il, n'avez-vous pas mangé cette victime dans le lieu sacré? Car c'est une chose très sainte qui vous a été donnée pour ôter la faute de la communauté en faisant sur elle le rite d'expiation devant Yahvé. Puisque le sang n'en a pas été porté à l'intérieur du sanctuaire, vous y deviez manger la chair comme je l'avais ordonné." Aaron dit à Moïse: "Voici qu'ils ont offert aujourd'hui leur sacrifice pour le péché et leur holocauste devant Yahvé! Qu'il se fût agi de moi, si j'avais mangé aujourd'hui de la victime pour le péché, cela eût-il paru bon à Yahvé?" Moïse entendit, et cela lui parut bon. Yahvé parla à Moïse et à Aaron, et leur dit: Parlez aux Israélites, dites-leur: Voici, entre tous les animaux terrestres, les bêtes que vous pourrez manger. Tout animal qui a le sabot fourchu, fendu en deux ongles, et qui rumine, vous pourrez le manger. Voici seulement, parmi ceux qui ruminent ou qui ont le sabot fourchu, les espèces que vous ne pourrez manger. Vous tiendrez pour impur le chameau parce que, bien que ruminant, il n'a pas le sabot fourchu; vous tiendrez pour impur le daman parce que, bien que ruminant, il n'a pas le sabot fourchu; vous tiendrez pour impur le lièvre parce que, bien que ruminant, il n'a pas le sabot fourchu; vous tiendrez pour impur le porc parce que tout en ayant le sabot fourchu, fendu en deux ongles, il ne rumine pas. Vous ne mangerez pas de leur chair ni ne toucherez à leur cadavre, vous les tiendrez pour impurs. Parmi tout ce qui vit dans l'eau, vous pourrez manger ceci. Tout ce qui a nageoires et écailles et vit dans l'eau, mers ou fleuves, vous en pourrez manger. Mais tout ce qui n'a point nageoires et écailles, dans les mers ou dans les fleuves, entre toutes les bestioles des eaux et tous les êtres vivants qui s'y trouvent, vous les tiendrez pour immondes. Vous les tiendrez pour immondes, vous n'en mangerez point la chair et vous aurez en dégoût leurs cadavres. Tout ce qui vit dans l'eau sans avoir nageoires et écailles, vous le tiendrez pour immonde. Voici, parmi les oiseaux, ceux que vous tiendrez pour immondes; on n'en mangera pas, c'est chose immonde: le vautour-griffon, le gypaète, l'orfraie, le milan noir, les différentes espèces de milan rouge, toutes les espèces de corbeau, l'autruche, le chat-huant, la mouette et les différentes espèces d'épervier, le hibou, le cormoran, la chouette, l'ibis, le pélican, le vautour blanc, la cigogne et les différentes espèces de héron, la huppe, la chauve-souris. Toutes les bestioles ailées qui marchent sur quatre pattes, vous les tiendrez pour immondes. De toutes ces bestioles ailées qui marchent sur quatre pattes vous ne pourrez manger que celles-ci: celles qui ont des pattes au-dessus de leurs pieds, pour sauter sur le sol. Voici celles dont vous pourrez manger: les différentes espèces de sauterelles migratrices, de sauterelles solham, de sauterelles hargol, de sauterelles hagab. Mais toutes les bestioles ailées à quatre pattes, vous les tiendrez pour immondes. Vous contracterez d'elles une impureté: quiconque touchera leur cadavre sera impur jusqu'au soir. Quiconque transportera leur cadavre devra nettoyer ses vêtements et sera impur jusqu'au soir. Quant aux animaux qui ont un sabot, mais non fendu, et qui ne ruminent pas, vous les tiendrez pour impurs, quiconque les touchera sera impur. Ceux des animaux à quatre pattes qui marchent sur la plante des pieds, vous les tiendrez pour impurs; quiconque touchera leur cadavre sera impur jusqu'au soir, et quiconque transportera leur cadavre devra nettoyer ses vêtements et sera impur jusqu'au soir. Vous les tiendrez pour impurs. Voici, parmi les bestioles qui rampent sur terre, celles que vous tiendrez pour impures: la taupe, le rat et les différentes espèces de lézards: gecko, koah, letaah, caméléon et tinchamète. Parmi toutes les bestioles ce sont ces animaux que vous tiendrez pour impurs. Quiconque les touchera quand ils sont morts sera impur jusqu'au soir. Tout objet sur lequel tombe l'un d'entre eux, une fois mort, en devient impur: tout ustensile de bois, vêtement, peau, sac, quelque ustensile que ce soit. On le passera dans l'eau et il restera impur jusqu'au soir; puis il sera pur. Tout vase d'argile dans lequel tombera l'un d'entre eux, vous le briserez; son contenu en est impur. Toute nourriture dont on mange sera impure, même humectée d'eau; tout breuvage dont on boit sera impur, quel qu'en soit le récipient. Tout ce sur quoi tombe l'un de leurs cadavres sera impur; four et fourneau seront détruits car impurs ils sont et impurs ils seront pour vous (toutefois sources, citernes, et étendues d'eau resteront pures); quiconque touche à l'un de leurs cadavres sera impur. Si l'un de leurs cadavres tombe sur une semence quelconque, elle restera pure, mais si la graine a été humectée d'eau et si un de leurs cadavres tombe dessus, vous la tiendrez pour impure. Si vient à périr un des animaux qui vous servent de nourriture, celui qui en touchera le cadavre sera impur jusqu'au soir, celui qui mangera de sa chair morte devra nettoyer ses vêtements et sera impur jusqu'au soir, celui qui transportera son cadavre devra nettoyer ses vêtements et sera impur jusqu'au soir. Toute bestiole qui grouille sur terre est immonde, on n'en mangera pas. Tout ce qui se traîne sur le ventre, tout ce qui marche sur quatre pattes ou plus, bref toutes les bestioles qui grouillent sur terre, vous n'en mangerez pas car elles sont immondes. Ne vous rendez pas vous-mêmes immondes avec toutes ces bestioles grouillantes, ne vous contaminez pas avec elles et ne soyez pas contaminés par elles. Car c'est moi, Yahvé, qui suis votre Dieu. Vous vous êtes sanctifiés et vous êtes devenus saints car je suis saint; ne vous rendez donc pas impurs avec toutes ces bestioles qui rampent sur terre. Oui, c'est moi Yahvé qui vous ai fait monter du pays d'Egypte pour être votre Dieu: vous serez donc saints parce que je suis saint. Telle est la loi concernant les animaux, les oiseaux, tout être vivant qui se meut dans l'eau et tout être qui rampe sur terre. Elle a pour but de séparer le pur et l'impur, les bêtes que l'on peut manger et celles que l'on ne doit pas manger. Yahvé parla à Moïse et dit: Parle aux Israélites, dis-leur: Si une femme est enceinte et enfante un garçon, elle sera impure pendant sept jours comme au temps de la souillure de ses règles. Au huitième jour on circoncira le prépuce de l'enfant et pendant 33 jours encore elle restera à purifier son sang. Elle ne touchera à rien de consacré et n'ira pas au sanctuaire jusqu'à ce que soit achevé le temps de sa purification. Si elle enfante une fille, elle sera impure pendant deux semaines, comme pendant ses règles, et restera de plus 66 jours à purifier son sang. Quand sera achevée la période de sa purification, que ce soit pour un garçon ou pour une fille, elle apportera au prêtre, à l'entrée de la Tente du Rendez-vous, un agneau d'un an pour un holocauste et un pigeon ou une tourterelle en sacrifice pour le péché. Le prêtre l'offrira devant Yahvé, accomplira sur elle le rite d'expiation et elle sera purifiée de son flux de sang. Telle est la loi concernant la femme qui enfante un garçon ou une fille. Si elle est incapable de trouver la somme nécessaire pour une tête de petit bétail, elle prendra deux tourterelles ou deux pigeons, l'un pour l'holocauste et l'autre en sacrifice pour le péché. Le prêtre fera sur elle le rite d'expiation et elle sera purifiée. Yahvé parla à Moïse et à Aaron, et dit: S'il se forme sur la peau d'un homme une tumeur, une dartre ou une tache, un cas de lèpre de la peau est à prévoir. On le conduira à Aaron, le prêtre, ou à l'un des prêtres ses fils. Le prêtre examinera le mal sur la peau. Si à l'endroit malade le poil a viré au blanc, si ce mal fait un creux dans l'épiderme, c'est bien un cas de lèpre; après observation le prêtre déclarera l'homme impur. Mais si sur la peau il y a une tache blanche, sans dépression visible de la peau et sans blanchissement du poil, le prêtre séquestrera le malade pendant sept jours. Il l'examinera le septième jour. S'il constate de ses propres yeux que le mal subsiste sans se développer sur la peau, il le séquestrera encore durant sept jours et l'examinera à nouveau le septième jour. S'il constate que le mal est devenu mat et ne s'est pas développé sur la peau, le prêtre déclarera pur cet homme: il s'agit d'une dartre. Après avoir nettoyé ses vêtements il sera pur. Mais si la dartre s'est développée sur la peau après que le malade a été examiné par le prêtre et déclaré pur, il se présentera à lui de nouveau. Après l'avoir examiné et après avoir constaté le développement de la dartre sur la peau, le prêtre le déclarera impur: il s'agit de lèpre. Lorsqu'apparaîtra sur un homme un mal du genre lèpre, on le conduira au prêtre. Le prêtre l'examinera, et s'il constate sur la peau une tumeur blanchâtre avec blanchissement du poil et production d'un ulcère, c'est une lèpre invétérée sur la peau. Le prêtre le déclarera impur. Il ne le séquestrera pas, sans aucun doute il est impur. Mais si la lèpre prolifère sur la peau, si la maladie la recouvre tout entière et s'étend de la tête aux pieds, où que regarde le prêtre, celui-ci examinera le malade et, constatant que la lèpre recouvre tout son corps, il déclarera pur le malade. Puisque tout a viré au blanc, il est pur. Toutefois, le jour où apparaîtra sur lui un ulcère, il sera impur. Après examen de l'ulcère, le prêtre le déclarera impur: l'ulcère est chose impure, c'est de la lèpre. Mais si l'ulcère redevient blanc, l'homme ira trouver le prêtre, celui-ci l'examinera et, s'il constate que le mal a viré au blanc, il déclarera pur le malade: il est pur. Lorsqu'il s'est produit sur la peau de quelqu'un un ulcère qui a guéri, s'il se forme à la place de l'ulcère une tumeur blanchâtre ou une tache d'un blanc rougeâtre, cet homme se montrera au prêtre. Celui-ci l'examinera; s'il constate un affaissement visible de la peau et un blanchissement du poil, le prêtre le déclarera impur: c'est un cas de lèpre qui prolifère dans un ulcère. Si, à l'examen, le prêtre ne constate ni poils blancs, ni affaissement de la peau, mais un ternissement du mal, il séquestrera sept jours le malade. Il le déclarera impur si le mal s'est développé sur la peau: c'est un cas de lèpre. Mais si la tache est restée stationnaire sans s'étendre, c'est la cicatrice de l'ulcère: le prêtre déclarera cet homme pur. Lorsqu'il s'est produit sur la peau de quelqu'un une brûlure, s'il se forme sur la brûlure un abcès, une tache blanc-rougeâtre ou blanchâtre, le prêtre l'examinera. S'il constate un blanchissement du poil ou un affaissement visible de la tache dans la peau, c'est la lèpre qui prolifère dans la brûlure. Le prêtre déclarera l'homme impur: c'est un cas de lèpre. Si au contraire le prêtre, à l'examen, ne constate point de poils blancs dans la tache ni d'affaissement de la peau mais un ternissement de cette tache, le prêtre le séquestrera sept jours. Il l'examinera le septième jour et, si le mal s'est étendu sur la peau, il le déclarera impur: c'est un cas de lèpre. Si la tache est restée stationnaire sans s'étendre sur la peau, si elle s'est au contraire ternie, ce n'est qu'une tumeur due à la brûlure. Le prêtre déclarera l'homme pur, ce n'est que la cicatrice de la brûlure. Si un homme ou une femme porte une plaie à la tête ou au menton, le prêtre examinera cette plaie et, s'il y constate une dépression visible de la peau avec poil jaunâtre et grêle, il déclarera le malade impur. C'est la teigne, c'est-à-dire la lèpre de la tête ou du menton. Si à l'examen de ce cas de teigne le prêtre constate qu'il n'y a point dépression visible de la peau ni poil jaunâtre, il séquestrera sept jours le teigneux. Il examinera le mal le septième jour et, s'il constate que la teigne ne s'est pas développée, que le poil n'y est point jaunâtre, qu'il n'y a point de dépression visible de la peau, le malade se rasera, en omettant toutefois la partie teigneuse, et le prêtre le séquestrera une seconde fois pendant sept jours. Il examinera le mal le septième jour, et, s'il constate qu'il ne s'est pas développé sur la peau, qu'il n'y a pas dépression visible de la peau, le prêtre déclarera pur ce malade. Après avoir nettoyé ses vêtements il sera pur. Si toutefois après cette purification la teigne s'est développée sur la peau, le prêtre l'examinera: s'il constate un développement de la teigne sur la peau, c'est que le malade est impur et l'on ne vérifiera pas si le poil est jaunâtre. Tandis que si la teigne apparaît stationnaire et s'il y pousse du poil noir, c'est que le malade est guéri. Il est pur et le prêtre le déclarera pur. S'il se produit des taches sur la peau d'un homme ou d'une femme et si ces taches sont blanches, le prêtre les examinera. S'il constate que ces taches sur la peau sont d'un blanc terne, il s'agit d'un exanthème qui a proliféré sur la peau: le malade est pur. Si un homme perd les cheveux de son crâne, c'est la calvitie du crâne, il est pur. Si c'est sur le devant de la tête qu'il perd ses cheveux, c'est une calvitie du front, il est pur. Mais s'il y a au crâne ou au front un mal blanc-rougeâtre, c'est qu'une lèpre prolifère sur le crâne ou le front de cet homme. Le prêtre l'examinera et, s'il constate au crâne ou au front une tumeur blanc-rougeâtre, de même aspect que la lèpre de la peau, c'est que l'homme est lépreux; il est impur. Le prêtre devra le déclarer impur, il est atteint de lèpre à la tête. Le lépreux atteint de ce mal portera ses vêtements déchirés et ses cheveux dénoués; il se couvrira la moustache et il criera: "Impur! Impur!" Tant que durera son mal, il sera impur et, étant impur, il demeurera à part: sa demeure sera hors du camp. Lorsqu'un vêtement est atteint de lèpre, que ce soit un vêtement de laine ou de lin, un tissu ou une couverture en laine ou en lin, du cuir ou un travail quelconque en cuir, si la tache de ce vêtement, de ce cuir, de ce tissu, de cette couverture ou de cet objet de cuir apparaît verdâtre ou rougeâtre c'est un cas de lèpre à montrer au prêtre. Le prêtre examinera le mal et séquestrera l'objet pendant sept jours. S'il observe au septième jour que le mal s'est étendu sur ce vêtement, ce tissu, cette couverture, ce cuir ou cet objet fait en cuir, quel qu'il soit, c'est un cas de lèpre contagieuse: l'objet atteint est impur. Il brûlera ce vêtement, ce tissu, cette couverture de laine ou de lin, cet objet de cuir quel qu'il soit, sur lequel s'est déclaré le mal, car c'est une lèpre contagieuse qui doit être consumée par le feu. Mais si, à l'examen, le prêtre constate que le mal ne s'est pas étendu sur ce vêtement, ce tissu, cette couverture, ou sur cet objet de cuir quel qu'il soit, il ordonnera de nettoyer l'objet attaqué et le séquestrera une seconde fois pendant sept jours. Après nettoiement il examinera le mal et, s'il constate qu'il n'a pas changé d'aspect, tout en ne s'étendant pas, l'objet est impur. Tu le consumeras par le feu: il y a corrosion à l'endroit et à l'envers. Mais si, à l'examen, le prêtre constate qu'après nettoiement le mal a terni, il l'arrachera du vêtement, du cuir, du tissu ou de la couverture. Toutefois, si le mal reparaît sur ce vêtement, ce tissu, cette couverture ou cet objet de cuir quel qu'il soit, c'est que le mal est actif et tu consumeras par le feu ce qui en est atteint. Quant au vêtement, au tissu, à la couverture et à l'objet quelconque en cuir dont le mal aura disparu après nettoiement, il sera pur après avoir été nettoyé une seconde fois. Telle est la loi pour le cas de lèpre d'un vêtement en laine ou en lin, d'un tissu, d'une couverture ou d'un objet en cuir quel qu'il soit, lorsqu'il s'agit de les déclarer purs ou impurs. Yahvé parla à Moïse et dit: Voici la loi à appliquer au lépreux le jour de sa purification. On le conduira au prêtre, et le prêtre sortira du camp. S'il constate, après examen, que le lépreux est guéri de sa lèpre, il ordonnera de prendre pour l'homme à purifier deux oiseaux vivants et purs, du bois de cèdre, du rouge de cochenille et de l'hysope. Il ordonnera ensuite d'immoler un oiseau sur un pot d'argile au-dessus d'une eau vive. Quant à l'oiseau encore vivant, il le prendra ainsi que le bois de cèdre, le rouge de cochenille, l'hysope, et il plongera le tout (y compris l'oiseau vivant) dans le sang de l'oiseau immolé au-dessus de l'eau courante. Il fera alors sept aspersions sur l'homme à purifier de la lèpre et, l'ayant déclaré pur, il lâchera l'oiseau vivant dans la campagne. Celui qui se purifie nettoiera ses vêtements, il se rasera tous les poils, il se lavera à l'eau et sera pur. Après quoi il rentrera au camp, mais il restera sept jours hors de sa tente. Le septième jour il se rasera tous les poils: cheveux, barbe, sourcils; il devra se raser tous les poils. Après avoir nettoyé ses vêtements et s'être lavé à l'eau, il sera pur. Le huitième jour il prendra deux agneaux sans défaut, une agnelle d'un an sans défaut, trois dixièmes de fleur de farine pétrie à l'huile, pour l'oblation, et une pinte d'huile. Le prêtre qui accomplit la purification placera l'homme à purifier, ainsi que ses offrandes, à l'entrée de la Tente du Rendez-vous, devant Yahvé. Puis il prendra l'un des agneaux. Il l'offrira en sacrifice de réparation ainsi que la pinte d'huile. Il fera avec eux le geste de présentation devant Yahvé. Il immolera l'agneau à l'endroit du lieu saint où l'on immole les victimes du sacrifice pour le péché et de l'holocauste. Cette victime de réparation reviendra au prêtre comme un sacrifice pour le péché, c'est une chose très sainte. Le prêtre prendra du sang de ce sacrifice. Il le mettra sur le lobe de l'oreille droite de celui qui se purifie, sur le pouce de sa main droite et sur le gros orteil de son pied droit. Il prendra ensuite la pinte d'huile et en versera un peu dans le creux de sa main gauche. Il trempera un doigt de sa main droite dans l'huile qui est au creux de sa main gauche et de cette huile il fera avec son doigt sept aspersions devant Yahvé. Puis il mettra un peu de l'huile qui lui reste dans le creux de la main sur le lobe de l'oreille droite de celui qui se purifie, sur le pouce de sa main droite et sur le gros orteil de son pied droit, en plus du sang du sacrifice de réparation. Le reste d'huile qu'il a dans le creux de la main, il le mettra sur la tête de celui qui se purifie. Il aura fait ainsi sur lui le rite d'expiation devant Yahvé. Le prêtre fera alors le sacrifice pour le péché et accomplira sur celui qui se purifie le rite d'expiation de son impureté. Après quoi il immolera l'holocauste, il fera monter à l'autel holocauste et oblation. Quand le prêtre aura ainsi accompli sur cet homme le rite d'expiation, il sera pur. S'il est pauvre et dépourvu des ressources suffisantes, il prendra un seul agneau, celui du sacrifice de réparation, et on l'offrira selon le geste de présentation pour accomplir sur cet homme le rite d'expiation. Il ne prendra aussi qu'un dixième de fleur de farine pétrie à l'huile, pour l'oblation, et la pinte d'huile, enfin deux tourterelles ou deux pigeons -- s'il est en mesure de se les procurer -- dont l'un sera destiné au sacrifice pour le péché et l'autre à l'holocauste. C'est le huitième jour qu'en vue de sa purification il les apportera au prêtre, à l'entrée de la Tente du Rendez-vous, devant Yahvé. Le prêtre prendra l'agneau du sacrifice de réparation et la pinte d'huile. Il les offrira en geste de présentation devant Yahvé. Puis, ayant immolé cet agneau du sacrifice de réparation, il en prendra du sang et le mettra sur le lobe de l'oreille droite de celui qui se purifie, sur le pouce de sa main droite et sur le gros orteil de son pied droit. Il versera de l'huile dans le creux de sa main gauche et, de cette huile qui est dans le creux de sa main gauche, il fera avec son doigt sept aspersions devant Yahvé. Il en mettra sur le lobe de l'oreille droite de celui qui se purifie, sur le pouce de sa main droite, sur le gros orteil de son pied droit, à l'endroit où a été posé le sang du sacrifice de réparation. Ce qui lui reste d'huile dans le creux de la main, il le mettra sur la tête de celui qui se purifie en faisant sur lui le rite d'expiation devant Yahvé. De l'une des deux tourterelles ou de l'un des deux pigeons -- de ce qu'il est en mesure de se procurer -- il fera un sacrifice pour le péché et, de l'autre, un holocauste accompagné d'oblation -- avec ce qu'il aura été en mesure de se procurer. Le prêtre aura fait ainsi le rite d'expiation devant Yahvé sur celui qui se purifie. Telle est la loi concernant celui qui est atteint de lèpre sans être à même de pourvoir à sa purification. Yahvé parla à Moïse et à Aaron et dit: Lorsque vous serez arrivés au pays de Canaan que je vous donne pour domaine, si je frappe de la lèpre une maison du pays que vous posséderez, son propriétaire viendra avertir le prêtre et dira: "J'ai vu comme de la lèpre dans la maison." Le prêtre ordonnera de vider la maison avant qu'il ne vienne examiner le mal; ainsi rien ne deviendra impur de ce qui s'y trouve. Après quoi le prêtre viendra observer la maison, et si, après examen, il constate sur les murs de la maison des cavités verdâtres ou rougeâtres qui font creux dans le mur, le prêtre sortira de la maison, à la porte, et il la fera fermer sept jours. Il reviendra le septième jour et si, après examen, il constate que le mal s'est développé sur les murs de la maison, il ordonnera que l'on retire les pierres attaquées par le mal et qu'on les jette hors de la ville en un lieu impur. Puis il fera gratter toutes les parois intérieures de la maison et l'on répandra le crépi ainsi détaché dans un lieu impur à l'extérieur de la ville. On prendra d'autres pierres pour remplacer les premières et un autre enduit pour recrépir la maison. Si le mal prolifère à nouveau après l'enlèvement des pierres, le décapage et le crépissage de la maison, le prêtre viendra l'examiner; s'il constate que le mal s'est développé, c'est une lèpre contagieuse dans la maison; celle-ci est impure. On la démolira, on portera dans un lieu impur, hors de la ville, ses pierres, ses charpentes et tout son crépi. Quiconque entrera dans la maison, pendant tout le temps qu'on la tient fermée, sera impur jusqu'au soir. Quiconque y couchera devra nettoyer ses vêtements. Quiconque y mangera devra nettoyer ses vêtements. Mais si le prêtre, lorsqu'il vient examiner le mal, constate qu'il ne s'est pas développé dans la maison après le crépissage, il déclarera pure la maison, car le mal est guéri. En vue d'un sacrifice pour le péché de la maison, il prendra deux oiseaux, du bois de cèdre, du rouge de cochenille et de l'hysope. Il immolera un des oiseaux sur un pot d'argile au-dessus d'une eau courante. Puis il prendra le bois de cèdre, l'hysope, le rouge de cochenille et l'oiseau encore vivant, pour les plonger dans le sang de l'oiseau immolé et dans l'eau courante. Il fera sept aspersions sur la maison et, après avoir fait le sacrifice pour le péché de la maison par le sang de l'oiseau, l'eau courante, l'oiseau vivant, le bois de cèdre, l'hysope et le rouge de cochenille, il lâchera l'oiseau vivant hors de la ville, dans la campagne. Le rite d'expiation ainsi fait sur la maison, elle sera pure. Telle est la loi concernant tous cas de lèpre et de teigne, la lèpre des vêtements et des maisons, les tumeurs, dartres et taches. Elle fixe les temps d'impureté et de pureté. Telle est la loi sur la lèpre. Yahvé parla à Moïse et à Aaron, et dit: Parlez aux Israélites, vous leur direz: Lorsqu'un homme a un écoulement sortant de son corps, cet écoulement est impur. Voici en quoi consistera son impureté tant qu'il a cet écoulement: Que sa chair laisse échapper l'écoulement ou qu'elle le retienne, il est impur. Tout lit où couchera cet homme sera impur et tout meuble où il s'assiéra sera impur. Celui qui touchera son lit devra nettoyer ses vêtements, se laver à l'eau, et il sera impur jusqu'au soir. Celui qui s'assiéra sur un meuble où cet homme se sera assis devra nettoyer ses vêtements, se laver à l'eau, et il sera impur jusqu'au soir. Celui qui touchera le corps de cet homme devra nettoyer ses vêtements, se laver à l'eau, et il sera impur jusqu'au soir. Si cet homme crache sur une personne pure, celle-ci devra nettoyer ses vêtements, se laver à l'eau, et elle sera impure jusqu'au soir. Tout siège sur lequel aura voyagé cet homme sera impur. Tous ceux qui toucheront à un objet quelconque qui se sera trouvé sous lui seront impurs jusqu'au soir. Celui qui transportera un tel objet devra nettoyer ses vêtements, se laver à l'eau, et il sera impur jusqu'au soir. Tous ceux que touchera cet homme sans s'être rincé les mains devront nettoyer leurs vêtements, se laver à l'eau, et ils seront impurs jusqu'au soir. Le vase d'argile que touchera cet homme sera brisé et tout ustensile en bois devra être rincé. Quand cet homme sera guéri, il comptera sept jours pour sa purification. Il devra nettoyer ses vêtements, laver son corps à l'eau courante, et il sera pur. Le huitième jour il prendra deux tourterelles ou deux pigeons et viendra devant Yahvé à l'entrée de la Tente du Rendez-vous pour les remettre au prêtre. De l'un celui-ci fera un sacrifice pour le péché et de l'autre un holocauste. Le prêtre fera ainsi sur lui devant Yahvé le rite d'expiation de son écoulement. Lorsqu'un homme aura un épanchement séminal, il devra se laver à l'eau tout le corps et il sera impur jusqu'au soir. Tout vêtement et tout cuir qu'aura atteint l'épanchement séminal devra être nettoyé à l'eau et sera impur jusqu'au soir. Quand une femme aura couché maritalement avec un homme, ils devront tous deux se laver à l'eau, et ils seront impurs jusqu'au soir. Lorsqu'une femme a un écoulement de sang et que du sang s'écoule de son corps, elle restera pendant sept jours dans la souillure de ses règles. Qui la touchera sera impur jusqu'au soir. Toute couche sur laquelle elle s'étendra ainsi souillée, sera impure; tout meuble sur lequel elle s'assiéra sera impur. Quiconque touchera son lit devra nettoyer ses vêtements, se laver à l'eau, et il sera impur jusqu'au soir. Quiconque touchera un meuble, quel qu'il soit, où elle se sera assise, devra nettoyer ses vêtements, se laver à l'eau, et il sera impur jusqu'au soir. Si quelque objet se trouve sur le lit ou sur le meuble sur lequel elle s'est assise, celui qui le touchera sera impur jusqu'au soir. Si un homme couche avec elle, la souillure de ses règles l'atteindra. Il sera impur pendant sept jours. Tout lit sur lequel il couchera sera impur. Lorsqu'une femme aura un écoulement de sang de plusieurs jours hors du temps de ses règles ou si ses règles se prolongent, elle sera pendant toute la durée de cet écoulement dans le même état d'impureté que pendant le temps de ses règles. Il en sera de tout lit sur lequel elle couchera pendant toute la durée de son écoulement comme du lit où elle couche lors de ses règles. Tout meuble sur lequel elle s'assiéra sera impur comme lors de ses règles. Quiconque les touchera sera impur, devra nettoyer ses vêtements, se laver à l'eau, et il sera impur jusqu'au soir. Lorsqu'elle sera guérie de son écoulement, elle comptera sept jours puis elle sera pure. Le huitième jour elle prendra deux tourterelles ou deux pigeons qu'elle apportera au prêtre à l'entrée de la Tente du Rendez-vous. De l'un le prêtre fera un sacrifice pour le péché et de l'autre un holocauste. Le prêtre fera ainsi sur elle, devant Yahvé, le rite d'expiation de son écoulement qui la rendait impure. Vous avertirez les Israélites de leurs impuretés, afin qu'à cause d'elles ils ne meurent pas en souillant ma Demeure qui se trouve au milieu d'eux. Telle est la loi concernant l'homme qui a un écoulement, celui que rend impur un épanchement séminal, la femme lors de la souillure de ses règles, l'homme ou la femme qui a un écoulement, l'homme qui couche avec une femme impure. Yahvé parla à Moïse après la mort des deux fils d'Aaron qui périrent en présentant devant Yahvé un feu irrégulier. Yahvé dit à Moïse: Parle à Aaron ton frère: qu'il n'entre pas à n'importe quel moment dans le sanctuaire derrière le voile, en face du propitiatoire qui se trouve sur l'arche. Il pourrait mourir, car j'apparais au-dessus du propitiatoire dans une nuée. Voici comment il pénétrera dans le sanctuaire: avec un taureau destiné à un sacrifice pour le péché et un bélier pour un holocauste. Il revêtira une tunique de lin consacrée, il portera à même le corps un caleçon de lin, il se ceindra d'une ceinture de lin, il s'enroulera sur la tête un turban de lin. Ce sont des vêtements sacrés qu'il revêtira après s'être lavé à l'eau. Il recevra de la communauté des enfants d'Israël deux boucs destinés à un sacrifice pour le péché et un bélier pour un holocauste. Après avoir offert le taureau du sacrifice pour son propre péché et fait le rite d'expiation pour lui et pour sa maison, Aaron prendra ces deux boucs et les placera devant Yahvé à l'entrée de la Tente du Rendez-vous. Il tirera les sorts pour les deux boucs, attribuant un sort à Yahvé et l'autre à Azazel. Aaron offrira le bouc sur lequel est tombé le sort "A Yahvé" et en fera un sacrifice pour le péché. Quant au bouc sur lequel est tombé le sort "A Azazel", on le placera vivant devant Yahvé pour faire sur lui le rite d'expiation, pour l'envoyer à Azazel dans le désert. Aaron offrira le taureau du sacrifice pour son propre péché, puis il fera le rite d'expiation pour lui et pour sa maison et immolera ce taureau. Il remplira alors un encensoir avec des charbons ardents pris sur l'autel, de devant Yahvé, et il prendra deux pleines poignées d'encens fin aromatique. Il portera le tout derrière le rideau, et déposera l'encens sur le feu devant Yahvé; il recouvrira d'un nuage d'encens le propitiatoire qui est sur le Témoignage, et ne mourra pas. Puis il prendra du sang du taureau et en aspergera avec le doigt le côté oriental du propitiatoire; devant le propitiatoire il fera de ce sang sept aspersions avec le doigt. Il immolera alors le bouc destiné au sacrifice pour le péché du peuple et il en portera le sang derrière le rideau. Il procédera avec ce sang comme avec celui du taureau, en faisant des aspersions sur le propitiatoire et devant celui-ci. Il fera ainsi le rite d'expiation sur le sanctuaire pour les impuretés des Israélites, pour leurs transgressions et pour tous leurs péchés. Ainsi procédera-t-il pour la Tente du Rendez-vous qui demeure avec eux au milieu de leurs impuretés. Que personne ne se trouve dans la Tente du Rendez-vous depuis l'instant où il entrera pour faire l'expiation dans le sanctuaire jusqu'à ce qu'il en sorte! Quand il aura fait l'expiation pour lui, pour sa maison et pour toute la communauté d'Israël, il sortira, ira à l'autel qui est devant Yahvé et fera sur l'autel le rite d'expiation. Il prendra du sang du taureau et du sang du bouc et il en mettra sur les cornes au pourtour de l'autel. De ce sang il fera sept aspersions sur l'autel avec son doigt. Ainsi le purifiera-t-il et le séparera-t-il des impuretés des enfants d'Israël. Une fois achevée l'expiation du sanctuaire, de la Tente de Rendez-vous et de l'autel, il fera approcher le bouc encore vivant. Aaron lui posera les deux mains sur la tête et confessera à sa charge toutes les fautes des Israélites, toutes leurs transgressions et tous leurs péchés. Après en avoir ainsi chargé la tête du bouc, il l'enverra au désert sous la conduite d'un homme qui se tiendra prêt, et le bouc emportera sur lui toutes leurs fautes en un lieu aride. Quand il aura envoyé le bouc au désert, Aaron rentrera dans la Tente du Rendez-vous, retirera les vêtements de lin qu'il avait mis pour entrer au sanctuaire. Il les déposera là, et se lavera le corps avec de l'eau dans un lieu consacré. Puis il reprendra ses vêtements et sortira pour offrir son holocauste et celui du peuple. Il fera le rite d'expiation pour lui et pour le peuple; la graisse du sacrifice pour le péché, il la fera fumer à l'autel. Celui qui aura conduit le bouc à Azazel devra nettoyer ses vêtements et se laver le corps avec de l'eau, après quoi il pourra rentrer au camp. Quant au taureau et au bouc offerts en sacrifice pour le péché et dont le sang a été porté dans le sanctuaire pour faire le rite d'expiation, on les emportera hors du camp et l'on brûlera dans un feu leur peau, leur chair et leur fiente. Celui qui les aura brûlés devra nettoyer ses vêtements, se laver le corps avec de l'eau, après quoi il pourra rentrer au camp. Cela sera pour vous une loi perpétuelle. Au septième mois, le dixième jour du mois, vous jeûnerez, et ne ferez aucun travail, pas plus le citoyen que l'étranger qui réside parmi vous. C'est en effet en ce jour que l'on fera sur vous le rite d'expiation pour vous purifier. Vous serez purs devant Yahvé de tous vos péchés. Ce sera pour vous un repos sabbatique et vous jeûnerez. C'est une loi perpétuelle. Le prêtre qui aura reçu l'onction et l'investiture pour officier à la place de son père fera le rite d'expiation. Il revêtira les vêtements de lin, vêtements sacrés; il fera l'expiation du sanctuaire consacré, de la Tente du Rendez-vous et de l'autel. Il fera ensuite le rite d'expiation sur les prêtres et sur tout le peuple de la communauté. Cela sera pour vous une loi perpétuelle; une fois par an se fera sur les enfants d'Israël le rite d'expiation pour tous leurs péchés. Et l'on fit comme Yahvé l'avait ordonné à Moïse. Yahvé parla à Moïse et dit: Parle à Aaron, à ses fils et à tous les Israélites. Tu leur diras: Voici l'ordre qu'a donné Yahvé: Tout homme de la maison d'Israël qui, dans le camp ou hors du camp, immolera taureau, agneau ou chèvre, sans l'amener à l'entrée de la Tente du Rendez-vous pour en faire offrande à Yahvé devant sa demeure, cet homme répondra du sang répandu, il sera retranché du milieu de son peuple. Ainsi les Israélites apporteront au prêtre pour Yahvé, à l'entrée de la Tente du Rendez-vous, les sacrifices qu'ils voudraient faire dans la campagne, et ils en feront pour Yahvé des sacrifices de communion. Le prêtre versera le sang sur l'autel de Yahvé qui se trouve à l'entrée de la Tente du Rendez-vous et il fera fumer la graisse en parfum d'apaisement pour Yahvé. Ils n'offriront plus leurs sacrifices à ces satyres à la suite desquels ils se prostituaient. C'est une loi perpétuelle que celle-ci, pour eux et leurs descendants. Tu leur diras encore: Tout homme de la maison d'Israël ou tout étranger résidant parmi vous qui offre un holocauste ou un sacrifice sans l'apporter à l'entrée de la Tente du Rendez-vous pour l'offrir à Yahvé, cet homme sera retranché de sa race. Tout homme de la maison d'Israël ou tout étranger résidant parmi vous qui mangera du sang, n'importe quel sang, je me tournerai contre celui-là qui aura mangé ce sang, et je le retrancherai du milieu de son peuple. Oui, la vie de la chair est dans le sang. Ce sang, je vous l'ai donné, moi, pour faire sur l'autel le rite d'expiation pour vos vies; car c'est le sang qui expie pour une vie. Voilà pourquoi j'ai dit aux enfants d'Israël: "Nul d'entre vous ne mangera de sang et l'étranger qui réside parmi vous ne mangera pas de sang." Quiconque, enfant d'Israël ou étranger résidant parmi vous, prendra à la chasse un gibier, bête ou oiseau qu'il est permis de manger, en devra répandre le sang et le recouvrir de terre. Car la vie de toute chair, c'est son sang, et j'ai dit aux Israélites: "Vous ne mangerez du sang d'aucune chair car la vie de toute chair, c'est son sang, et quiconque en mangera sera supprimé." Quiconque, citoyen ou étranger, mangera une bête morte ou déchirée, devra nettoyer ses vêtements et se laver avec de l'eau; il sera impur jusqu'au soir, puis il sera pur. Mais s'il ne les nettoie pas et ne se lave pas le corps, il portera le poids de sa faute. Yahvé parla à Moïse et dit: Parle aux Israélites; tu leur diras: Je suis Yahvé votre Dieu. Vous n'agirez point comme on fait au pays d'Egypte où vous avez habité; vous n'agirez point comme on fait au pays de Canaan où moi je vous mène. Vous ne suivrez point leurs lois, ce sont mes coutumes que vous appliquerez et mes lois que vous garderez, c'est d'après elles que vous vous conduirez. Je suis Yahvé votre Dieu. Vous garderez mes lois et mes coutumes: qui les accomplira y trouvera la vie. Je suis Yahvé. Aucun de vous ne s'approchera de sa proche parente pour en découvrir la nudité. Je suis Yahvé. Tu ne découvriras pas la nudité de ton père ni la nudité de ta mère. C'est ta mère, tu ne découvriras pas sa nudité. Tu ne découvriras pas la nudité de la femme de ton père, c'est la nudité même de ton père. Tu ne découvriras pas la nudité de ta soeur, qu'elle soit fille de ton père ou fille de ta mère. Qu'elle soit née à la maison, qu'elle soit née au-dehors, tu n'en découvriras pas la nudité. Tu ne découvriras pas la nudité de la fille de ton fils; ni celle de la fille de ta fille. Car leur nudité, c'est ta propre nudité. Tu ne découvriras pas la nudité de la fille de la femme de ton père, née de ton père. C'est ta soeur, tu ne dois pas en découvrir la nudité. Tu ne découvriras pas la nudité de la soeur de ton père, car c'est la chair de ton père. Tu ne découvriras pas la nudité de la soeur de ta mère, car c'est la chair même de ta mère. Tu ne découvriras pas la nudité du frère de ton père; tu ne t'approcheras donc pas de son épouse, car c'est la femme de ton oncle. Tu ne découvriras pas la nudité de ta belle-fille. C'est la femme de ton fils, tu n'en découvriras pas la nudité. Tu ne découvriras pas la nudité de la femme de ton frère, car c'est la nudité même de ton frère. Tu ne découvriras pas la nudité d'une femme et celle de sa fille; tu ne prendras pas la fille de son fils ni la fille de sa fille pour en découvrir la nudité. Elles sont ta propre chair, ce serait un inceste. Tu ne prendras pas pour ton harem une femme en même temps que sa soeur en découvrant la nudité de celle-ci du vivant de sa soeur. Tu ne t'approcheras pas, pour découvrir sa nudité, d'une femme souillée par ses règles. A la femme de ton compatriote tu ne donneras pas ton lit conjugal, tu en deviendrais impur. Tu ne livreras pas de tes enfants à faire passer à Molek, et tu ne profaneras pas ainsi le nom de ton Dieu. Je suis Yahvé. Tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche avec une femme. C'est une abomination. Tu ne donneras ta couche à aucune bête; tu en deviendrais impur. Une femme ne s'offrira pas à un animal pour s'accoupler à lui. Ce serait une souillure. Ne vous rendez impurs par aucune de ces pratiques: c'est par elles que se sont rendues impures les nations que je chasse devant vous. Le pays est devenu impur, j'ai sanctionné sa faute et le pays a dû vomir ses habitants. Mais vous, vous garderez mes lois et mes coutumes, vous ne commettrez aucune de ces abominations, pas plus le citoyen que l'étranger qui réside parmi vous. Car toutes ces abominations-là, les hommes qui ont habité ce pays avant vous les ont commises et le pays en a été rendu impur. Si vous le rendez impur, ne vous vomira-t-il pas comme il a vomi la nation qui vous a précédés? Oui, quiconque commet l'une de ces abominations, quelle qu'elle soit, tous les êtres qui les commettent, ceux-là seront retranchés de leur peuple. Gardez mes observances sans mettre en pratique ces lois abominables que l'on appliquait avant vous; ainsi ne vous rendront-elles pas impurs. Je suis Yahvé, votre Dieu. Yahvé parla à Moïse et dit: Parle à toute la communauté des Israélites. Tu leur diras: Soyez saints, car moi, Yahvé votre Dieu, je suis saint. Chacun de vous craindra sa mère et son père. Et vous garderez mes sabbats. Je suis Yahvé votre Dieu. Ne vous tournez pas vers les idoles et ne vous faites pas fondre des dieux de métal. Je suis Yahvé votre Dieu. Si vous faites pour Yahvé un sacrifice de communion, offrez-le de manière à être agréés. On en mangera le jour du sacrifice ou le lendemain; ce qui en restera le surlendemain sera brûlé au feu. Si on en mangeait le surlendemain ce serait un mets avarié qui ne serait point agréé. Celui qui en mangera portera le poids de sa faute, car il aura profané la sainteté de Yahvé: cet être sera retranché des siens. Lorsque vous récolterez la moisson de votre pays, vous ne moissonnerez pas jusqu'à l'extrême bout du champ. Tu ne glaneras pas ta moisson, tu ne grappilleras pas ta vigne et tu ne ramasseras pas les fruits tombés dans ton verger. Tu les abandonneras au pauvre et à l'étranger. Je suis Yahvé votre Dieu; Nul d'entre vous ne commettra vol, dissimulation ou fraude envers son compatriote. Vous ne commettrez point de fraude en jurant par mon nom; tu profanerais le nom de ton Dieu. Je suis Yahvé. Tu n'exploiteras pas ton prochain et ne le spolieras pas: le salaire de l'ouvrier ne demeurera pas avec toi jusqu'au lendemain matin. Tu ne maudiras pas un muet et tu ne mettras pas d'obstacle devant un aveugle, mais tu craindras ton Dieu. Je suis Yahvé. Vous ne commettrez point d'injustice en jugeant. Tu ne feras pas acception de personnes avec le pauvre ni ne te laisseras éblouir par le grand: c'est selon la justice que tu jugeras ton compatriote. Tu n'iras pas diffamer les tiens et tu ne mettras pas en cause le sang de ton prochain. Je suis Yahvé. Tu n'auras pas dans ton coeur de haine pour ton frère. Tu dois réprimander ton compatriote et ainsi tu n'auras pas la charge d'un péché. Tu ne te vengeras pas et tu ne garderas pas de rancune envers les enfants de ton peuple. Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Je suis Yahvé. Vous garderez mes lois. Tu n'accoupleras pas dans ton bétail deux bêtes d'espèce différente, tu ne sèmeras pas dans ton champ deux espèces différentes de graine, tu ne porteras pas sur toi un vêtement en deux espèces de tissu. Si un homme couche maritalement avec une femme, si celle-ci est la servante concubine d'un homme auquel elle n'a pas été rachetée et qui ne lui a pas donné sa liberté, le premier sera passible d'un droit mais ils ne mourront pas, car elle n'était pas libre. Il apportera pour Yahvé un sacrifice de réparation à l'entrée de la Tente du Rendez-vous. Ce sera un bélier de réparation. Avec ce bélier de réparation le prêtre fera sur l'homme le rite d'expiation devant Yahvé pour le péché commis; et le péché qu'il a commis lui sera pardonné. Lorsque vous serez entrés en ce pays et que vous aurez planté quelque arbre fruitier, vous considérerez ses fruits comme si c'était son prépuce. Pendant trois ans ils seront pour vous une chose incirconcise, on n'en mangera pas. La quatrième année tous les fruits en seront consacrés dans une fête de louange à Yahvé. C'est la cinquième année que vous en pourrez manger les fruits et récolter pour vous-mêmes les produits. Je suis Yahvé votre Dieu. Vous ne mangerez rien avec du sang; vous ne pratiquerez ni divination ni incantation. Vous n'arrondirez pas le bord de votre chevelure et tu ne couperas pas le bord de ta barbe. Vous ne vous ferez pas d'incisions dans le corps pour un mort et vous ne vous ferez pas de tatouage. Je suis Yahvé. Ne profane pas ta fille en la prostituant; ainsi le pays ne sera pas prostitué et rendu tout entier incestueux. Vous garderez mes sabbats et révérerez mon sanctuaire. Je suis Yahvé. Ne vous tournez pas vers les spectres et ne recherchez pas les devins, ils vous souilleraient. Je suis Yahvé votre Dieu. Tu te lèveras devant une tête chenue, tu honoreras la personne du vieillard et tu craindras ton Dieu. Je suis Yahvé. Si un étranger réside avec vous dans votre pays, vous ne le molesterez pas. L'étranger qui réside avec vous sera pour vous comme un compatriote et tu l'aimeras comme toi-même, car vous avez été étrangers au pays d'Egypte. Je suis Yahvé votre Dieu. Vous ne commettrez point d'injustice en jugeant, qu'il s'agisse de mesures de longueur, de poids ou de capacité. Vous aurez des balances justes, des poids justes, une mesure juste, un setier juste. Je suis Yahvé votre Dieu qui vous ai fait sortir du pays d'Egypte. Gardez toutes mes lois et toutes mes coutumes, mettez-les en pratique. Je suis Yahvé. Yahvé parla à Moïse et dit: Tu diras aux Israélites: Quiconque, Israélite ou étranger résidant en Israël, livre de ses fils à Molek devra mourir. Les gens du pays le lapideront, je me tournerai contre cet homme et le retrancherai du milieu de son peuple, car en ayant livré l'un de ses fils à Molek il aura souillé mon sanctuaire et profané mon saint nom. Si les gens du pays veulent fermer les yeux sur cet homme quand il livre l'un de ses fils à Molek et ne le mettent pas à mort, c'est moi qui m'opposerai à cet homme et à son clan. Je les retrancherai du milieu de leur peuple, lui et tous ceux qui après lui iront se prostituer à la suite de Molek. Celui qui s'adressera aux spectres et aux devins pour se prostituer à leur suite, je me tournerai contre cet homme-là et je le retrancherai du milieu de son peuple. Vous vous sanctifierez pour être saints, car je suis Yahvé votre Dieu. Vous garderez mes lois et vous les mettrez en pratique, car c'est moi Yahvé qui vous rends saints. Donc: Quiconque maudira son père ou sa mère devra mourir. Puisqu'il a maudit son père ou sa mère, son sang retombera sur lui-même. L'homme qui commet l'adultère avec la femme de son prochain devra mourir, lui et sa complice. L'homme qui couche avec la femme de son père a découvert la nudité de son père. Tous deux devront mourir, leur sang retombera sur eux. L'homme qui couche avec sa belle-fille: tous deux devront mourir. Ils se sont souillés, leur sang retombera sur eux. L'homme qui couche avec un homme comme on couche avec une femme: c'est une abomination qu'ils ont tous deux commise, ils devront mourir, leur sang retombera sur eux. L'homme qui prend pour épouses une femme et sa mère: c'est un inceste. On les brûlera, lui et elles, pour qu'il n'y ait point chez vous d'inceste. L'homme qui donne sa couche à une bête: il devra mourir et vous tuerez la bête. La femme qui s'approche d'un animal quelconque pour s'accoupler à lui: tu tueras la femme et l'animal. Ils devront mourir, leur sang retombera sur eux. L'homme qui prend pour épouse sa soeur, la fille de son père ou la fille de sa mère: s'il voit sa nudité et qu'elle voie la sienne, c'est une ignominie. Ils seront exterminés sous les yeux des membres de leur peuple, car il a découvert la nudité de sa soeur et il portera le poids de sa faute. L'homme qui couche avec une femme pendant ses règles et découvre sa nudité: il a mis à nu la source de son sang, elle-même a découvert la source de son sang, aussi tous deux seront retranchés du milieu de leur peuple. Tu ne découvriras pas la nudité de la soeur de ta mère ni celle de la soeur de ton père. Il a mis à nu sa propre chair, ils porteront le poids de leur faute. L'homme qui couche avec la femme de son oncle paternel: il a découvert la nudité de celui-ci, ils porteront le poids de leur péché et mourront sans enfant. L'homme qui prend pour épouse la femme de son frère: c'est une souillure, il a découvert la nudité de son frère, ils mourront sans enfant. Vous garderez toutes mes lois, toutes mes coutumes, et vous les mettrez en pratique; ainsi ne vous vomira pas le pays où je vous conduis pour y demeurer. Vous ne suivrez pas les lois des nations que je chasse devant vous car elles ont pratiqué toutes ces choses et je les ai prises en dégoût. Aussi vous ai-je dit: "Vous prendrez possession de leur sol, je vous en donnerai moi-même la possession, une terre qui ruisselle de lait et de miel." C'est moi Yahvé votre Dieu qui vous ai mis à part de ces peuples. Mettez donc la bête pure à part de l'impure, l'oiseau pur à part de l'impur. Ne vous rendez pas vous-mêmes immondes avec ces bêtes, ces oiseaux, avec tout ce qui rampe sur le sol: je vous les ai fait mettre à part comme impurs. Soyez-moi consacrés puisque moi, Yahvé, je suis saint, et je vous mettrai à part de tous ces peuples pour que vous soyez à moi. L'homme ou la femme qui parmi vous serait nécromant ou devin: ils seront mis à mort, on les lapidera, leur sang retombera sur eux. Yahvé dit à Moïse: Parle aux prêtres, enfants d'Aaron; tu leur diras: Aucun d'eux ne se rendra impur près du cadavre de l'un des siens, sinon pour sa parenté la plus proche: mère, père, fils, fille, frère. Pour sa soeur vierge qui reste sa proche parente puisqu'elle n'a pas appartenu à un homme, il pourra se rendre impur; pour une femme mariée parmi les siens, il ne se rendra pas impur: il se profanerait. Ils ne se feront pas de tonsure sur la tête, ils ne se raseront pas le bord de la barbe et ne se feront pas d'incisions sur le corps. Ils seront consacrés à leur Dieu et ne profaneront point le nom de leur Dieu: ce sont eux en effet qui apportent les mets de Yahvé, nourriture de leur Dieu, et ils doivent être en état de sainteté. Ils ne prendront pas pour épouse une femme prostituée et profanée, ni une femme que son mari a chassée, car le prêtre est consacré à son Dieu. Tu le traiteras comme un être saint car il offre la nourriture de ton Dieu. Il sera pour toi un être saint car je suis saint, moi Yahvé qui vous sanctifie. Si la fille d'un homme qui est prêtre se profane en se prostituant, elle profane son père et doit être brûlée au feu. Quant au prêtre qui a la prééminence sur ses frères, lui sur la tête duquel est versée l'huile d'onction et qui reçoit l'investiture en revêtant les habits sacrés, il ne déliera pas ses cheveux, il ne déchirera pas ses vêtements, il ne viendra près du cadavre d'aucun mort et ne se rendra impur ni pour son père ni pour sa mère. Il ne sortira pas du lieu saint, de manière à ne pas profaner le sanctuaire de son Dieu, car il porte sur lui-même la consécration de l'huile d'onction de son Dieu. Je suis Yahvé. Il prendra pour épouse une femme encore vierge. La veuve, la femme répudiée ou profanée par la prostitution, il ne les prendra pas pour épouses; c'est seulement une vierge d'entre les siens qu'il prendra pour épouse: il ne profanera point sa descendance, car c'est moi, Yahvé, qui l'ai sanctifiée. Yahvé parla à Moïse et dit: Parle à Aaron et dis-lui: Nul de tes descendants, à quelque génération que ce soit, ne s'approchera pour offrir l'aliment de son Dieu s'il a une infirmité. Car aucun homme ne doit s'approcher s'il a une infirmité, que ce soit un aveugle ou un boiteux, un homme défiguré ou déformé, un homme dont le pied ou le bras soit fracturé, un bossu, un rachitique, un homme atteint d'ophtalmie, de dartre ou de plaies purulentes, ou un eunuque. Nul des descendants d'Aaron, le prêtre, ne pourra s'approcher pour offrir les mets de Yahvé s'il a une infirmité; il a une infirmité, il ne s'approchera pas pour offrir la nourriture de son Dieu. Il pourra manger des aliments de son Dieu, choses très saintes et choses saintes, mais il ne viendra pas auprès du rideau et ne s'approchera pas de l'autel; il a une infirmité et ne doit pas profaner mes objets sacrés, car c'est moi, Yahvé, qui les ai sanctifiés. Et Moïse le dit à Aaron, à ses fils et à tous les Israélites. Yahvé parla à Moïse et dit: Parle à Aaron et à ses fils: qu'ils se consacrent par les saintes offrandes des Israélites sans profaner mon saint nom; à cause de moi ils doivent le sanctifier. Je suis Yahvé. Dis-leur: Tout homme de votre descendance, à quelque génération que ce soit, qui s'approchera en état d'impureté des saintes offrandes consacrées à Yahvé par les Israélites, cet homme-là sera retranché de ma présence. Je suis Yahvé. Tout homme de la descendance d'Aaron qui sera atteint de lèpre ou d'écoulement ne mangera pas des choses saintes avant d'être purifié. Celui qui aura touché tout ce qu'un cadavre aura rendu impur, celui qui aura émis du liquide séminal, celui qui aura touché n'importe quelle bestiole et se sera ainsi rendu impur, ou un homme qui l'aura contaminé de sa propre impureté, quelle qu'elle soit, bref quiconque aura eu de tels contacts sera impur jusqu'au soir et ne pourra manger des choses saintes qu'après s'être lavé le corps avec de l'eau. Au coucher du soleil il sera purifié et pourra manger ensuite des choses saintes, car c'est là sa nourriture. Il ne mangera pas de bête morte ou déchirée, il en contracterait l'impureté. Je suis Yahvé. Qu'ils gardent mes observances et ne se chargent pas d'un péché: ils mourraient en les profanant, c'est moi Yahvé qui les ai sanctifiées. Aucun laïc ne mangera d'une chose sainte: ni l'hôte d'un prêtre ni le serviteur à gages ne mangeront d'une chose sainte. Mais si un prêtre acquiert une personne à prix d'argent, celle-ci en pourra manger comme celui qui est né dans sa maison; ils mangent en effet sa propre nourriture. Si la fille d'un prêtre est devenue l'épouse d'un laïc, elle ne peut manger des prélèvements sacrés; mais si elle est devenue veuve ou a été répudiée et que, n'ayant pas d'enfant, elle ait dû retourner à la maison de son père comme au temps de sa jeunesse, elle mangera de la nourriture de son père. Nul laïc n'en mangera: si un homme mange par inadvertance une chose sainte, il la restituera au prêtre avec majoration d'un cinquième. Ils ne profaneront point les saintes offrandes qu'ont prélevées les Israélites pour Yahvé. En les mangeant ils chargeraient ceux-ci d'une faute qui obligerait à réparation, car c'est moi Yahvé qui ai sanctifié ces offrandes. Yahvé parla à Moïse et dit: Parle à Aaron, à ses fils, à tous les Israélites; tu leur diras: Tout homme de la maison d'Israël, ou tout étranger résidant en Israël, qui apporte son offrande à titre de voeu ou de don volontaire et en fait un holocauste pour Yahvé, devra pour être agréé offrir un mâle sans défaut, taureau, mouton ou chevreau. Vous n'en offrirez point qui ait une tare, car il ne vous ferait pas agréer. Si quelqu'un offre à Yahvé un sacrifice de communion pour s'acquitter d'un voeu ou pour faire un don volontaire, de gros ou de petit bétail, l'animal devra, pour être agréé, être sans défaut; il ne s'y trouvera aucune tare. Vous n'offrirez pas à Yahvé d'animal aveugle, estropié, mutilé, ulcéreux, dartreux ou purulent. Aucune partie de tels animaux ne sera déposée sur l'autel à titre de mets pour Yahvé. Tu pourras faire le don volontaire d'une pièce naine ou difforme en gros ou en petit bétail, mais pour l'acquittement d'un voeu elle ne sera point agréée. Vous n'offrirez pas à Yahvé un animal dont les testicules soient rentrés, écrasés, arrachés ou coupés. Vous ne ferez pas cela dans votre pays et vous n'accepterez rien de tel de la main d'un étranger pour l'offrir comme nourriture de votre Dieu. Leur difformité est en effet une tare et ces victimes ne vous feraient pas agréer. Yahvé parla à Moïse et dit: Une fois né, un veau, un agneau ou un chevreau restera sept jours auprès de sa mère. Dès le huitième il pourra être agréé comme mets offert à Yahvé. Veau ou agneau, vous n'immolerez pas le même jour un animal et son petit. Si vous faites à Yahvé un sacrifice avec louange, faites-le de manière à être agréés: on le mangera le jour même sans en rien laisser jusqu'au lendemain matin. Je suis Yahvé. Vous garderez mes commandements et les mettrez en pratique. Je suis Yahvé. Vous ne profanerez pas mon saint nom, afin que je sois sanctifié au milieu des Israélites, moi Yahvé qui vous sanctifie. Moi qui vous ai fait sortir du pays d'Egypte afin d'être votre Dieu, je suis Yahvé. Yahvé parla à Moïse et dit: Parle aux Israélites; tu leur diras: (Les solennités de Yahvé auxquelles vous les convoquerez, ce sont là mes saintes assemblées.) Voici mes solennités: Pendant six jours on travaillera, mais le septième jour sera jour de repos complet, jour de sainte convocation, où vous ne ferez aucun travail. Où que vous habitiez, c'est un sabbat pour Yahvé. Voici les solennités de Yahvé, les saintes assemblées où vous appellerez les Israélites à la date fixée: Le premier mois, le quatorzième jour du mois, au crépuscule, c'est Pâque pour Yahvé, et le quinzième jour de ce mois, c'est la fête des Azymes pour Yahvé. Pendant sept jours vous mangerez des pains sans levain. Le premier jour il y aura pour vous une sainte assemblée; vous ne ferez aucune oeuvre servile. Pendant sept jours vous offrirez un mets à Yahvé. Le septième jour, jour de sainte assemblée, vous ne ferez aucune oeuvre servile. Yahvé parla à Moïse et dit: Parle aux Israélites; tu leur diras: Quand vous serez entrés dans le pays que je vous donne et quand vous y ferez la moisson, vous apporterez au prêtre la première gerbe de votre moisson. Il l'offrira devant Yahvé en geste de présentation pour que vous soyez agréés. C'est le lendemain du sabbat que le prêtre fera cette présentation et, le jour où vous ferez cette présentation, vous offrirez à Yahvé l'holocauste d'un agneau d'un an, sans défaut. L'oblation en sera ce jour-là de deux dixièmes de fleur de farine pétrie à l'huile, mets consumé pour Yahvé en parfum d'apaisement; la libation de vin en sera d'un quart de setier. Vous ne mangerez pas de pain, épis grillés ou pain cuit, avant ce jour, avant d'avoir apporté l'offrande de votre Dieu. C'est une loi perpétuelle pour vos descendants, où que vous habitiez. A partir du lendemain du sabbat, du jour où vous aurez apporté la gerbe de présentation, vous compterez sept semaines complètes. Vous compterez 50 jours jusqu'au lendemain du septième sabbat et vous offrirez alors à Yahvé une nouvelle oblation. Vous apporterez de vos demeures du pain à offrir en geste de présentation, en deux parts de deux dixièmes de fleur de farine cuite avec du ferment, à titre de prémices pour Yahvé. Vous offrirez en plus du pain sept agneaux d'un an, sans défaut, un taureau et deux béliers à titre d'holocauste pour Yahvé, accompagnés d'une oblation et d'une libation, mets consumés en parfum d'apaisement pour Yahvé. Vous ferez aussi avec un bouc un sacrifice pour le péché et avec deux agneaux nés dans l'année un sacrifice de communion. Le prêtre les offrira en geste de présentation devant Yahvé, en plus du pain des prémices. En plus des deux agneaux, ce sont choses saintes pour Yahvé, qui reviendront au prêtre. Ce même jour vous ferez une convocation; ce sera pour vous une sainte assemblée, vous ne ferez aucune oeuvre servile. C'est une loi perpétuelle pour vos descendants, où que vous habitiez. Lorsque vous ferez la moisson dans votre pays, tu ne moissonneras pas jusqu'à l'extrême bord de ton champ et tu ne glaneras pas ta moisson. Tu abandonneras cela au pauvre et à l'étranger. Je suis Yahvé votre Dieu. Yahvé parla à Moïse et dit: Parle aux Israélites, dis-leur: Le septième mois, le premier jour du mois, il y aura pour vous jour de repos, appel en clameur, sainte assemblée. Vous ne ferez aucune oeuvre servile et vous offrirez un mets à Yahvé. Yahvé parla à Moïse et dit: D'autre part, le dixième jour de ce septième mois, c'est le jour des Expiations. Il y aura pour vous une sainte assemblée. Vous jeûnerez et vous offrirez un mets à Yahvé. Ce jour-là vous ne ferez aucun travail, car c'est le jour des Expiations où l'on accomplit sur vous le rite d'expiation devant Yahvé votre Dieu. Oui, quiconque ne jeûnera pas ce jour-là sera retranché des siens; quiconque fera un travail ce jour-là, je le supprimerai du milieu de son peuple. Vous ne ferez aucun travail, c'est une loi perpétuelle pour vos descendants, où que vous habitiez. Ce sera pour vous un jour de repos complet. Vous jeûnerez; le soir du neuvième jour du mois, depuis ce soir jusqu'au soir suivant, vous cesserez le travail. Yahvé parla à Moïse et dit: Parle aux Israélites, dis-leur: Le quinzième jour de ce septième mois il y aura pendant sept jours la fête des Tentes pour Yahvé. Le premier jour, jour de sainte assemblée, vous ne ferez aucune oeuvre servile. Pendant sept jours vous offrirez un mets à Yahvé. Le huitième jour il y aura pour vous une sainte assemblée, vous offrirez un mets à Yahvé. C'est jour de réunion, vous ne ferez aucune oeuvre servile. Telles sont les solennités de Yahvé où vous convoquerez les Israélites, saintes assemblées destinées à offrir des mets à Yahvé, holocaustes, oblations, sacrifices, libations, selon le rituel propre à chaque jour, outre les sabbats de Yahvé, les présents, dons votifs et volontaires que vous ferez à Yahvé. D'autre part, le quinzième jour du septième mois, lorsque vous aurez récolté les produits du pays, vous célébrerez la fête de Yahvé pendant sept jours. Le premier et le huitième jour il y aura jour de repos. Le premier jour vous prendrez de beaux fruits, des rameaux de palmier, des branches d'arbres touffus et de gattiliers, et vous vous réjouirez pendant sept jours en présence de Yahvé votre Dieu. Vous célébrerez ainsi une fête pour Yahvé sept jours par an. C'est une loi perpétuelle pour vos descendants. C'est au septième mois que vous ferez cette fête. Vous habiterez sept jours sous des huttes. Tous les citoyens d'Israël habiteront sous des huttes, afin que vos descendants sachent que j'ai fait habiter sous des huttes les Israélites quand je les ai fait sortir du pays d'Egypte. Je suis Yahvé votre Dieu. Et Moïse décrivit aux Israélites les solennités de Yahvé. Yahvé parla à Moïse et dit: Ordonne aux Israélites de t'apporter de l'huile d'olives broyées pour le candélabre, et d'y faire monter une flamme permanente. C'est devant le rideau du Témoignage, dans la Tente du Rendez-vous, qu'Aaron disposera cette flamme. Elle sera là devant Yahvé du soir au matin, en permanence. Ceci est un décret perpétuel pour vos descendants: Aaron disposera les lampes sur le candélabre pur, devant Yahvé, en permanence. Tu prendras de la fleur de farine et tu en feras cuire douze gâteaux, chacun de deux dixièmes. Puis tu les placeras en deux rangées de six sur la table pure qui est devant Yahvé. Sur chaque rangée tu déposeras de l'encens pur. Ce sera l'aliment offert en mémorial, un mets pour Yahvé. C'est chaque jour de sabbat qu'en permanence on les disposera devant Yahvé. Les Israélites les fourniront à titre d'alliance perpétuelle; ils appartiendront à Aaron et à ses fils, qui les mangeront en un lieu sacré, car c'est pour lui une part très sainte des mets de Yahvé. C'est une loi perpétuelle. Le fils d'une Israélite, mais dont le père était égyptien, sortit de sa maison et, se trouvant au milieu des Israélites, il se prit de querelle dans le camp avec un homme qui était israélite. Or le fils de l'Israélite blasphéma le Nom et le maudit. On le conduisit alors à Moïse (le nom de la mère était Shelomit, fille de Dibri, de la tribu de Dan). On le mit sous bonne garde pour n'en décider que sur l'ordre de Yahvé. Yahvé parla à Moïse et dit: Fais sortir du camp celui qui a prononcé la malédiction. Tous ceux qui l'ont entendu poseront leurs mains sur sa tête et toute la communauté le lapidera. Puis tu parleras ainsi aux Israélites: Tout homme qui maudit son Dieu portera le poids de son péché. Qui blasphème le nom de Yahvé devra mourir, toute la communauté le lapidera. Qu'il soit étranger ou citoyen, il mourra s'il blasphème le Nom. Si un homme frappe un être humain, quel qu'il soit, il devra mourir. Qui frappe un animal en doit donner la compensation: vie pour vie. Si un homme blesse un compatriote, comme il a fait on lui fera: fracture pour fracture, oeil pour oeil, dent pour dent. Tel le dommage que l'on inflige à un homme, tel celui que l'on subit: qui frappe un animal en doit donner compensation et qui frappe un homme doit mourir. La sentence sera chez vous la même, qu'il s'agisse d'un citoyen ou d'un étranger, car je suis Yahvé votre Dieu. Moïse ayant ainsi parlé aux Israélites, ils firent sortir du camp celui qui avait prononcé la malédiction et ils le lapidèrent. Ils accomplirent ainsi ce que Yahvé avait ordonné à Moïse. Yahvé parla à Moïse sur le mont Sinaï; il dit: Parle aux Israélites, tu leur diras: Lorsque vous entrerez au pays que je vous donne, la terre chômera un sabbat pour Yahvé. Pendant six ans tu ensemenceras ton champ, pendant six ans tu tailleras ta vigne et tu en récolteras les produits. Mais en la septième année la terre aura son repos sabbatique, un sabbat pour Yahvé: tu n'ensemenceras pas ton champ et tu ne tailleras pas ta vigne, tu ne moissonneras pas tes épis, qui ne seront pas mis en gerbe, et tu ne vendangeras pas tes raisins, qui ne seront pas émondés. Ce sera pour la terre une année de repos. Le sabbat même de la terre vous nourrira, toi, ton serviteur, ta servante, ton journalier, ton hôte, bref ceux qui résident chez toi. A ton bétail aussi et aux bêtes de ton pays tous ses produits serviront de nourriture. Tu compteras sept semaines d'années, sept fois sept ans, c'est-à-dire le temps de sept semaines d'années,49 ans. Le septième mois, le dixième jour du mois tu feras retentir l'appel de la trompe; le jour des Expiations vous sonnerez de la trompe dans tout le pays. Vous déclarerez sainte cette cinquantième année et proclamerez l'affranchissement de tous les habitants du pays. Ce sera pour vous un jubilé: chacun de vous rentrera dans son patrimoine, chacun de vous retournera dans son clan. Cette cinquantième année sera pour vous une année jubilaire: vous ne sèmerez pas, vous ne moissonnerez pas les épis qui n'auront pas été mis en gerbe, vous ne vendangerez pas les ceps qui auront poussé librement. Le jubilé sera pour vous chose sainte, vous mangerez des produits des champs. En cette année jubilaire vous rentrerez chacun dans votre patrimoine. Si tu vends ou si tu achètes à ton compatriote, que nul ne lèse son frère! C'est en fonction du nombre d'années écoulées depuis le jubilé que tu achèteras à ton compatriote; c'est en fonction du nombre d'années productives qu'il te fixera le prix de vente. Plus sera grand le nombre d'années, plus tu augmenteras le prix, moins il y aura d'années, plus tu le réduiras, car c'est un certain nombre de récoltes qu'il te vend. Que nul d'entre vous ne lèse son compatriote, mais aie la crainte de ton Dieu, car c'est moi Yahvé votre Dieu. Vous mettrez en pratique mes lois et mes coutumes, vous les garderez pour les mettre en pratique, et ainsi vous habiterez dans le pays en sécurité. La terre donnera son fruit, vous mangerez à satiété et vous habiterez en sécurité. Pour le cas où vous diriez: "Que mangerons-nous en cette septième année si nous n'ensemençons pas et ne récoltons pas nos produits" -- j'ai prescrit à ma bénédiction de vous être acquise la sixième année en sorte qu'elle assure des produits pour trois ans. Quand vous sèmerez la huitième année vous pourrez encore manger des produits anciens jusqu'à la neuvième année; jusqu'à ce que viennent les produits de cette année-là vous mangerez des anciens. La terre ne sera pas vendue avec perte de tout droit, car la terre m'appartient et vous n'êtes pour moi que des étrangers et des hôtes. Pour toute propriété foncière vous laisserez un droit de rachat sur le fonds. Si ton frère tombe dans la gêne et doit vendre de son patrimoine, son plus proche parent viendra chez lui exercer ses droits familiaux sur ce que vend son frère. Celui qui n'a personne pour exercer ce droit pourra, lorsqu'il aura trouvé de quoi faire le rachat, calculer les années que devrait durer l'aliénation, restituer à l'acheteur le montant pour le temps encore à courir, et rentrer dans son patrimoine. S'il ne trouve pas de quoi opérer cette restitution, le fonds vendu restera à l'acquéreur jusqu'à l'année jubilaire. C'est au jubilé que celui-ci en sortira pour rentrer dans son propre patrimoine. Si quelqu'un vend une maison d'habitation dans une ville enclose d'une muraille, il aura droit de rachat jusqu'à l'expiration de l'année qui suit la vente; son droit de rachat est limité à l'année et, si le rachat n'a pas été fait à l'expiration de l'année, cette maison en ville close sera la propriété de l'acquéreur et de ses descendants à l'exclusion de tout autre droit: il n'aura pas à en sortir au jubilé. Mais les maisons des villages non enclos de murailles seront considérées comme sises à la campagne, elles comporteront droit de rachat et l'acquéreur en devra sortir au jubilé. Quant aux villes des lévites, aux maisons des villes que ceux-ci possèdent, elles comportent à leur profit un droit de rachat perpétuel. Et si c'est un lévite qui subit l'effet du droit de rachat, il quittera au jubilé le bien vendu pour retourner à sa maison, à la ville où il a un titre de propriété. Les maisons des villes des lévites sont en effet leur propriété au milieu des Israélites, et les champs de culture dépendant de ces villes ne pourront pas être vendus, car c'est leur propriété pour toujours. Si ton frère qui vit avec toi tombe dans la gêne et s'avère défaillant dans ses rapports avec toi, tu le soutiendras à titre d'étranger ou d'hôte et il vivra avec toi. Ne lui prends ni travail ni intérêts, mais aie la crainte de ton Dieu et que ton frère vive avec toi. Tu ne lui donneras pas d'argent pour en tirer du profit ni de la nourriture pour en percevoir des intérêts: je suis Yahvé votre Dieu qui vous ai fait sortir du pays d'Egypte pour vous donner le pays de Canaan, pour être votre Dieu. Si ton frère tombe dans la gêne alors qu'il est en rapports avec toi et s'il se vend à toi, tu ne lui imposeras pas un travail d'esclave; il sera pour toi comme un salarié ou un hôte et travaillera avec toi jusqu'à l'année jubilaire. Alors il te quittera, lui et ses enfants, et il retournera dans son clan, il rentrera dans la propriété de ses pères. Ils sont en effet mes serviteurs, eux que j'ai fait sortir du pays d'Egypte, et ils ne doivent pas se vendre comme un esclave se vend. Tu n'exerceras pas sur lui un pouvoir de contrainte mais tu auras la crainte de ton Dieu. Les serviteurs et servantes que tu auras viendront des nations qui vous entourent; c'est d'elles que vous pourrez acquérir serviteurs et servantes. De plus vous en pourrez acquérir parmi les enfants des hôtes qui résident chez vous ainsi que de leurs familles qui vivent avec vous et qu'ils ont engendrées sur votre sol: ils seront votre propriété et vous les laisserez en héritage à vos fils après vous pour qu'ils les possèdent à titre de propriété perpétuelle. Vous les aurez pour esclaves, mais sur vos frères, les Israélites, nul n'exercera un pouvoir de contrainte. Si l'étranger ou celui qui est ton hôte atteint une certaine aisance alors que ton frère, dans ses rapports avec lui, tombe dans la gêne et se vend à cet étranger, à cet hôte, ou au descendant de la famille d'un résidant, il jouira d'un droit de rachat, vente faite, et l'un de ses frères pourra le racheter. Pourront le racheter son oncle paternel, le fils de son oncle ou l'un des membres de sa famille; ou, s'il en a les moyens, il pourra se racheter lui-même. En accord avec celui qui l'a acquis, il fera le compte des années comprises entre l'année de la vente et l'année jubilaire; le montant du prix de vente sera évalué en fonction des années, en comptant ses journées comme celles d'un salarié. S'il reste encore beaucoup d'années à courir, c'est en fonction de leur nombre qu'il remboursera comme valeur de son rachat une partie de son prix de vente. S'il ne reste que peu d'années à courir jusqu'au jubilé, c'est en fonction de leur nombre qu'il calculera ce qu'il remboursera pour son rachat, comme s'il était salarié à l'année. On ne le traitera pas arbitrairement sous tes yeux. S'il n'a été racheté d'aucune de ces manières, c'est en l'année jubilaire qu'il s'en ira, lui et ses enfants avec lui. Car c'est de moi que les Israélites sont les serviteurs; ce sont mes serviteurs que j'ai fait sortir du pays d'Egypte. Je suis Yahvé votre Dieu. Vous ne vous ferez pas d'idoles, vous ne vous dresserez ni statue ni stèle, vous ne mettrez pas dans votre pays des pierres peintes pour vous prosterner devant elles, car je suis Yahvé votre Dieu. Vous garderez mes sabbats et révérerez mon sanctuaire. Je suis Yahvé. Si vous vous conduisez selon mes lois, si vous gardez mes commandements et les mettez en pratique, je vous donnerai en leur saison les pluies qu'il vous faut, la terre donnera ses produits et l'arbre de la campagne ses fruits, vous battrez jusqu'aux vendanges et vous vendangerez jusqu'aux semailles. Vous mangerez votre pain à satiété et vous habiterez dans votre pays en sécurité. Je mettrai la paix dans le pays et vous dormirez sans que nul vous effraie. Je ferai disparaître du pays les bêtes néfastes. L'épée ne traversera pas votre pays. Vous poursuivrez vos ennemis qui succomberont devant votre épée. Cinq d'entre vous en poursuivront cent, cent en poursuivront 10.000, et vos ennemis succomberont devant votre épée. Je me tournerai vers vous, je vous ferai croître et multiplier, et je maintiendrai avec vous mon alliance. Après vous être nourris de la précédente récolte, vous aurez encore à mettre dehors du vieux grain pour faire place au nouveau. J'établirai ma demeure au milieu de vous et je ne vous rejetterai pas. Je vivrai au milieu de vous, je serai votre Dieu et vous serez mon peuple. C'est moi Yahvé votre Dieu qui vous ai fait sortir du pays d'Egypte pour que vous n'en fussiez plus les serviteurs; j'ai brisé les barres de votre joug et je vous ai fait marcher la tête haute. Mais si vous ne m'écoutez pas et ne mettez pas en pratique tous ces commandements, si vous rejetez mes lois, prenez mes coutumes en dégoût et rompez mon alliance en ne mettant pas en pratique tous mes commandements, j'agirai de même, moi aussi, envers vous. Je vous assujettirai au tremblement, ainsi qu'à la consomption et à la fièvre qui usent les yeux et épuisent le souffle. Vous ferez de vaines semailles dont se nourriront vos ennemis. Je me tournerai contre vous et vous serez battus par vos ennemis. Vos adversaires domineront sur vous et vous fuirez alors même que personne ne vous poursuivra. Et si malgré cela vous ne m'écoutez point, je continuerai à vous châtier au septuple pour vos péchés. Je briserai votre orgueilleuse puissance, je vous ferai un ciel de fer et une terre d'airain; votre force se consumera vainement, votre terre ne donnera plus ses produits et l'arbre de la campagne ne donnera plus ses fruits. Si vous vous opposez à moi et ne consentez pas à m'écouter, j'accumulerai sur vous ces plaies au septuple pour vos péchés. Je lâcherai contre vous les bêtes sauvages qui vous raviront vos enfants, anéantiront votre bétail et vous décimeront au point que vos chemins deviendront déserts. Et si cela ne vous corrige point, et si vous vous opposez toujours à moi, je m'opposerai, moi aussi, à vous, et de plus je vous frapperai, moi, au septuple pour vos péchés. Je ferai venir contre vous l'épée qui vengera l'Alliance. Vous vous grouperez alors dans vos villes, mais j'enverrai la peste au milieu de vous et vous serez livrés au pouvoir de l'ennemi. Quand je vous retirerai la baguette de pain, dix femmes pourront vous cuire ce pain dans un seul four, c'est à poids compté qu'elles vous rapporteront ce pain, et vous mangerez sans vous rassasier. Et si malgré cela vous ne m'écoutez point et que vous vous opposiez à moi, je m'opposerai à vous avec fureur, je vous châtierai, moi, au septuple pour vos péchés. Vous mangerez la chair de vos fils et vous mangerez la chair de vos filles. Je détruirai vos hauts lieux, j'anéantirai vos autels à encens, j'entasserai vos cadavres sur les cadavres de vos idoles et je vous rejetterai. Je ferai de vos villes une ruine, je dévasterai vos sanctuaires et ne respirerai plus vos parfums d'apaisement. C'est moi qui dévasterai le pays et ils en seront stupéfaits, vos ennemis venus l'habiter! Vous, je vous disperserai parmi les nations. Je dégainerai contre vous l'épée pour faire de votre pays un désert et de vos villes une ruine. C'est alors que le pays acquittera ses sabbats, pendant tous ces jours de désolation, alors que vous serez dans le pays de vos ennemis. C'est alors que le pays chômera et pourra acquitter ses sabbats. Il chômera durant tous les jours de la désolation, ce qu'il n'avait pas fait à vos jours de sabbat quand vous y habitiez. Chez ceux d'entre vous qui survivront, je ferai venir la peur dans leur coeur; quand ils se trouveront dans le pays de leurs ennemis, poursuivis par le bruit d'une feuille morte, ils fuiront comme on fuit devant l'épée et ils tomberont alors que nul ne les poursuivait. Ils trébucheront l'un sur l'autre comme devant une épée, et nul ne les poursuit! Vous ne pourrez tenir devant vos ennemis, vous périrez parmi les nations et le pays de vos ennemis vous dévorera. Ceux qui parmi vous survivront dépériront dans les pays de leurs ennemis à cause de leurs fautes; c'est aussi à cause des fautes de leurs pères, jointes aux leurs, qu'ils dépériront. Ils confesseront alors leurs fautes et celles de leurs pères, fautes commises par infidélité envers moi, mieux, par opposition contre moi. Moi aussi je m'opposerai à eux et je les mènerai au pays de leurs ennemis. Alors leur coeur incirconcis s'humiliera, alors ils expieront leurs fautes. Je me rappellerai mon alliance avec Jacob ainsi que mon alliance avec Isaac et mon alliance avec Abraham, je me souviendrai du pays. Abandonné d'eux, le pays acquittera ses sabbats lorsqu'il restera désolé, eux partis. Mais ils devront, eux, expier leur faute, puisqu'ils ont rejeté mes coutumes et pris mes lois en dégoût. Cependant ce ne sera pas tout: quand ils seront dans le pays de leurs ennemis, je ne les rejetterai pas et ne les prendrai pas en dégoût au point d'en finir avec eux et de rompre mon alliance avec eux, car je suis Yahvé leur Dieu. Je me souviendrai en leur faveur de l'alliance conclue avec les premières générations que j'ai fait sortir du pays d'Egypte, sous les yeux des nations, afin d'être leur Dieu, moi, Yahvé. Tels sont les décrets, les coutumes et les lois qu'établit Yahvé, entre lui et les Israélites, sur le mont Sinaï, par l'intermédiaire de Moïse. Yahvé parla à Moïse et dit: Parle aux Israélites, tu leur diras: Si quelqu'un veut s'acquitter envers Yahvé du voeu qu'il a fait de la valeur d'une personne, un homme entre vingt et 60 ans sera estimé à 50 sicles d'argent -- sicle du sanctuaire -- pour une femme l'estimation sera de 30 sicles; entre cinq et vingt ans, le garçon sera estimé à vingt sicles et la fille à dix sicles; entre un mois et cinq ans, le garçon sera estimé à cinq sicles d'argent et la fille à trois sicles d'argent; à 60 ans et au-dessus, l'homme sera estimé à quinze sicles et la femme à dix sicles. Si celui qui a voué est incapable de faire face à cette estimation, il présentera la personne au prêtre. Celui-ci fera l'estimation, mais il la fera selon les ressources de celui qui a voué. S'il s'agit d'animaux dont on peut faire offrande à Yahvé, tout animal que l'on donne à Yahvé sera chose consacrée. On ne pourra ni le changer ni le remplacer, mettre un bon pour un mauvais ou un mauvais pour un bon. Si l'on substitue un animal à un autre, l'un et l'autre seront choses consacrées. S'il s'agit d'un animal impur dont on ne peut faire offrande à Yahvé, quel qu'il soit, on le présentera au prêtre et celui-ci en fera l'estimation, le jugeant bon ou mauvais; on s'en tiendra à son estimation, mais si l'on veut le racheter, on majorera cette estimation d'un cinquième. Si un homme consacre sa maison à Yahvé, le prêtre en fera l'estimation, la jugeant de grande ou de faible valeur. On s'en tiendra à l'estimation du prêtre, mais si cet homme qui a voué la maison la veut racheter, il majorera cette estimation d'un cinquième et elle lui reviendra. Si un homme consacre à Yahvé l'un des champs de son patrimoine, l'estimation en sera faite en fonction de son produit à raison de 50 sicles d'argent pour un muid d'orge. S'il consacre le champ pendant l'année jubilaire, on s'en tiendra à cette estimation; mais s'il le consacre après le jubilé, le prêtre en calculera le prix en fonction des années restant à courir jusqu'à celle du jubilé et une déduction sera faite sur l'estimation. S'il veut racheter le champ, il majorera l'estimation d'un cinquième et le champ lui reviendra. S'il ne le rachète pas mais le vend à un autre, le droit de rachat s'éteint; quand à l'année jubilaire l'acquéreur devra l'abandonner, ce sera chose consacrée à Yahvé, tel un champ dévoué par anathème: la propriété de cet homme passe au prêtre. S'il consacre à Yahvé un champ qu'il a acquis mais qui ne fait pas partie de son patrimoine, le prêtre en calculera le prix d'estimation en fonction du temps à courir jusqu'à l'année jubilaire, et l'homme en versera le montant ce jour même à titre de chose consacrée à Yahvé. Lors de l'année jubilaire le champ reviendra au vendeur, à celui dont c'est la propriété dans le pays. Toute estimation sera faite en sicles du sanctuaire, vingt géras valant un sicle. Nul, toutefois, ne pourra de son bétail consacrer un premier-né qui de droit appartient à Yahvé; gros ou petit bétail, il appartient à Yahvé. Mais si c'est un animal impur on pourra le racheter au prix d'une estimation majorée d'un cinquième; s'il n'est pas racheté, l'animal sera vendu au prix de l'estimation. Cependant rien de ce qu'un homme dévoue par anathème à Yahvé ne peut être vendu ou racheté, rien de ce qu'il peut posséder en hommes, bêtes ou champs patrimoniaux. Tout anathème est chose très sainte qui appartient à Yahvé. Aucun être humain dévoué par anathème ne pourra être racheté, il sera mis à mort. Toute dîme du pays prélevée sur les produits de la terre ou sur les fruits des arbres appartient à Yahvé; c'est une chose consacrée à Yahvé. Si un homme veut racheter une partie de sa dîme, il en majorera la valeur d'un cinquième. En toute dîme de gros et de petit bétail, sera chose consacrée à Yahvé le dixième de tout ce qui passe sous la houlette. On ne triera pas le bon et le mauvais, on ne fera pas de substitution: si l'on en fait une, l'animal et son remplaçant seront choses consacrées sans possibilité de rachat. Tels sont les ordres que Yahvé donna à Moïse sur le mont Sinaï à l'intention des Israélites. Yahvé parla à Moïse, au désert du Sinaï, dans la Tente du Rendez-vous, le premier jour du second mois, la deuxième année après la sortie du pays d'Egypte. Il dit: "Faites le recensement de toute la communauté des Israélites, par clans et par familles, en comptant les noms de tous les mâles, tête par tête. Tous ceux d'Israël qui ont vingt ans et au-dessus, aptes à faire campagne, vous les enregistrerez, toi et Aaron, selon leurs formations au combat. Il vous sera adjoint un homme par tribu, un chef de famille. "Voici les noms de ceux qui vous assisteront: Pour Ruben, Eliçur, fils de Shedéur. Pour Siméon, Shelumiel, fils de Curishaddaï. Pour Juda, Nahshôn, fils d'Amminadab. Pour Issachar, Netanéel, fils de Cuar. Pour Zabulon, Eliab, fils de Hélôn. Pour les fils de Joseph: pour Ephraïm, Elishama, fils d'Ammihud; pour Manassé, Gamliel, fils de Pedahçur. Pour Benjamin, Abidân, fils de Gidéoni. Pour Dan, Ahiézer, fils d'Ammishaddaï. Pour Asher, Pagiel, fils d'Okrân. Pour Gad, Elyasaph, fils de Réuel. Pour Nephtali, Ahira, fils d'Enân." C'étaient des hommes considérés dans la communauté; ils étaient princes de la tribu de leur ancêtre; ils étaient à la tête des milliers d'Israël. Moïse et Aaron prirent ces hommes qui avaient été désignés par leur nom et rassemblèrent toute la communauté, le premier jour du second mois. Les Israélites déterminèrent leurs parentés, par clans et par familles, et l'on relevait les noms des hommes de vingt ans et au-dessus, tête par tête. Comme Yahvé le lui avait ordonné, Moïse les enregistra dans le désert du Sinaï. Quand on eut déterminé les parentés des fils de Ruben, premier-né d'Israël, par clans et par familles, on releva, tête par tête, les noms de tous les mâles de vingt ans et au-dessus, aptes à faire campagne. On en recensa 46.500 pour la tribu de Ruben. Quand on eut déterminé les parentés des fils de Siméon, par clans et par familles, on releva, tête par tête, les noms de tous les mâles de vingt ans et au-dessus, aptes à faire campagne. On en recensa 59.300 pour la tribu de Siméon. Quand on eut déterminé les parentés des fils de Gad, par clans et par familles, on releva, tête par tête, les noms de tous les mâles de vingt ans et au-dessus, aptes à faire campagne. On en recensa 45.650 pour la tribu de Gad. Quand on eut déterminé les parentés des fils de Juda, par clans et par familles, on releva, tête par tête, les noms de tous les mâles de vingt ans et au-dessus, aptes à faire campagne. On en recensa 74.600 pour la tribu de Juda. Quand on eut déterminé les parentés des fils d'Issachar, par clans et par familles, on releva, tête par tête, les noms de tous les mâles de vingt ans et au-dessus, aptes à faire campagne. On en recensa 54.400 pour la tribu d'Issachar. Quand on eut déterminé les parentés des fils de Zabulon, par clans et par familles, on releva, tête par tête, les noms de tous les mâles de vingt ans et au-dessus, aptes à faire campagne. On en recensa 57.400 pour la tribu de Zabulon. Fils de Joseph: Quand on eut déterminé les parentés des fils d'Ephraïm, par clans et par familles, on releva, tête par tête, les noms de tous les mâles de vingt ans et au-dessus, aptes à faire campagne. On en recensa 40.500 pour la tribu d'Ephraïm. Quand on eut déterminé les parentés des fils de Manassé, par clans et par familles, on releva, tête par tête, les noms de tous les mâles de vingt ans et au-dessus, aptes à faire campagne. On en recensa 32.200 pour la tribu de Manassé. Quand on eut déterminé les parentés des fils de Benjamin, par clans et par familles, on releva, tête par tête, les noms de tous les mâles de vingt ans et au-dessus, aptes à faire campagne. On en recensa 35.400 pour la tribu de Benjamin. Quand on eut déterminé les parentés des fils de Dan, par clans et par familles, on releva, tête par tête, les noms de tous les mâles de vingt ans et au-dessus, aptes à faire campagne. On en recensa 62.700 pour la tribu de Dan. Quand on eut déterminé les parentés des fils d'Asher, par clans et par familles, on releva, tête par tête, les noms de tous les mâles de vingt ans et au-dessus, aptes à faire campagne. On en recensa 41.500 pour la tribu d'Asher. Quand on eut déterminé les parentés des fils de Nephtali, par clans et par familles, on releva, tête par tête, les noms de tous les mâles de vingt ans et au-dessus, aptes à faire campagne. On en recensa 53.400 pour la tribu de Nephtali. Tels furent ceux que recensèrent Moïse, Aaron et les princes d'Israël, au nombre de douze, un pour chacune de leurs familles. Tous les Israélites de vingt ans et au-dessus, tous ceux d'Israël qui étaient aptes à faire campagne, furent recensés par familles. Le total des recensés fut de 603.550. Mais on ne recensa pas avec eux les Lévites, ni leur tribu patriarcale. Yahvé parla à Moïse et dit: "N'enregistre pas cependant la tribu de Lévi, et ne la recense pas au milieu des Israélites. Mais inscris toi-même les Lévites pour le service de la Demeure du Témoignage, de tout son mobilier et de tout ce qui lui appartient. Ce sont eux qui porteront la Demeure et tout son mobilier, ils en auront le ministère et camperont alentour. Lorsque la Demeure se déplacera, les Lévites la démonteront; lorsque la Demeure fera halte, les Lévites la dresseront. Tout profane qui s'en approchera sera mis à mort. Les Israélites camperont chacun dans son camp, chacun près de son étendard, selon leurs unités. Mais les Lévites camperont autour de la Demeure du Témoignage. Ainsi la Colère n'éclatera pas contre la communauté des Israélites. Et les Lévites assureront le service de la Demeure du Témoignage." Les Israélites se conformèrent en tout point à ce que Yahvé avait ordonné à Moïse. C'est ainsi qu'ils firent. Yahvé parla à Moïse et à Aaron et dit: "Les Israélites camperont chacun près de son étendard, sous les emblèmes de leurs familles. Ils camperont autour de la Tente du Rendez-vous, à une certaine distance. Ceux qui camperont à l'est: A l'orient, l'étendard du camp de Juda, selon leurs unités. Prince des fils de Juda: Nahshôn, fils d'Amminadab. Son contingent: 74.600 recensés. Campent près de lui: La tribu d'Issachar. Prince des fils d'Issachar: Netanéel, fils de Cuar. Son contingent: 54.400 recensés. La tribu de Zabulon. Prince des fils de Zabulon: Eliab, fils de Hélôn. Son contingent: 57.400 recensés. Les recensés du camp de Juda, selon leurs unités, sont en tout 186.400. Ils lèveront le camp les premiers. Au sud, l'étendard du camp de Ruben, selon leurs unités. Prince des fils de Ruben: Eliçur, fils de Shedéur. Son contingent: 46.500 recensés. Campent près de lui: La tribu de Siméon. Prince des fils de Siméon: Shelumiel, fils de Curishaddaï. Son contingent: 59.300 recensés. La tribu de Gad. Prince des fils de Gad: Elyasaph, fils de Réuel. Son contingent: 45.650 recensés. Les recensés du camp de Ruben, selon leurs unités, sont en tout 151.450. Ils lèveront le camp les seconds. C'est alors que la Tente du Rendez-vous partira, le camp des Lévites se trouvant au milieu des autres camps. On part dans l'ordre où l'on campe, chacun sous son étendard. A l'ouest, l'étendard du camp d'Ephraïm, selon leurs unités. Prince des fils d'Ephraïm: Elishama, fils d'Ammihud. Son contingent: 40.500 recensés. Près de lui: La tribu de Manassé. Prince des fils de Manassé: Gamliel, fils de Pedahçur. Son contingent: 32.200 recensés. La tribu de Benjamin. Prince des fils de Benjamin: Abidân, fils de Gidéoni. Son contingent: 35.400 recensés. Les recensés du camp d'Ephraïm, selon leurs unités, sont en tout 108.100. Ils lèveront le camp les troisièmes. Au nord, l'étendard du camp de Dan, selon leurs unités. Prince des fils de Dan: Ahiézer, fils d'Ammishaddaï. Son contingent: 62.700 recensés. Campent près de lui: La tribu d'Asher. Prince des fils d'Asher: Pagiel, fils d'Okrân. Son contingent: 41.500 recensés. La tribu de Nephtali. Prince des fils de Nephtali: Ahira, fils d'Enân. Son contingent: 53.400 recensés. Les recensés du camp de Dan sont en tout 157.600; ils lèveront le camp les derniers. Tous selon leurs étendards." Tels furent les Israélites dont on fit le recensement par famille. Les recensés de ces camps, selon leurs unités, sont en tout 603.550. Mais, comme Yahvé l'avait commandé à Moïse, les Lévites ne furent pas recensés avec les Israélites. Les Israélites se conformèrent en tout point à ce que Yahvé avait ordonné à Moïse. C'est ainsi qu'ils campèrent, répartis par étendards. C'est ainsi qu'ils levèrent le camp, chacun dans son clan, chacun avec sa famille. Voici la postérité d'Aaron et de Moïse, à l'époque où Yahvé parla à Moïse au mont Sinaï. Voici les noms des fils d'Aaron: Nadab, l'aîné, puis Abihu, Eléazar, Itamar. Tels sont les noms des fils d'Aaron, prêtres qui reçurent l'onction et que l'on investit pour exercer le sacerdoce. Nadab et Abihu moururent devant Yahvé, dans le désert du Sinaï, lorsqu'ils présentèrent devant lui un feu irrégulier. Ils n'avaient pas eu d'enfants, et c'est Eléazar et Itamar qui exercèrent le sacerdoce en présence d'Aaron leur père. Yahvé parla à Moïse et dit: "Fais avancer la tribu de Lévi et mets-la à la disposition d'Aaron le prêtre: ils seront à son service. Ils assumeront la charge qui lui incombe, ainsi qu'à toute la communauté, devant la Tente du Rendez-vous, en faisant le service de la Demeure. Ils auront soin de tout le mobilier de la Tente du Rendez-vous, et ils assumeront la charge qui incombe aux Israélites en faisant le service de la Demeure. Tu donneras à Aaron et à ses fils les Lévites, à titre de donnés; ils lui seront donnés par les Israélites. Tu enregistreras Aaron et ses fils, qui rempliront leur charge sacerdotale. Mais tout profane qui s'approchera sera mis à mort." Yahvé parla à Moïse et dit: "Vois. Moi, j'ai choisi les Lévites au milieu des Israélites, à la place de tous les premiers-nés, de ceux qui chez les Israélites ouvrent le sein maternel; ces Lévites sont donc à moi. Car tout premier-né m'appartient. Le jour où j'ai frappé tous les premiers-nés en terre d'Egypte, je me suis consacré tous les premiers-nés en Israël, aussi bien ceux des hommes que ceux du bétail. Ils sont à moi; je suis Yahvé." Yahvé parla à Moïse dans le désert du Sinaï, et dit: "Tu recenseras les fils de Lévi par familles et par clans; ce sont tous les mâles, depuis l'âge d'un mois et au-dessus, que tu recenseras." Sur l'ordre de Yahvé, Moïse les recensa, comme Yahvé le lui avait ordonné. Voici les noms des fils de Lévi: Gershôn, Qehat et Merari. Voici les noms des fils de Gershôn, par clans: Libni et Shiméï; les fils de Qehat, par clans: Amram, Yiçhar, Hébrôn et Uzziel; les fils de Merari, par clans: Mahli et Mushi. Tels sont les clans de Lévi, groupés en familles. De Gershôn relevaient le clan Libnite et le clan Shiméite. Ce sont les clans Gershonites; le nombre total des mâles recensés, depuis l'âge d'un mois et au-dessus, fut pour eux de 7.500. Les clans Gershonites campaient derrière la Demeure, à l'occident. Le prince de la maison de Gershôn était Elyasaph, fils de Laël. Les fils de Gershôn avaient, dans la Tente du Rendez-vous, la charge de la Demeure, de la Tente et de sa couverture, du voile d'entrée de la Tente du Rendez-vous, des rideaux du parvis, du voile d'entrée du parvis qui entoure la Demeure et l'autel, enfin des cordages nécessaires à tout ce service. De Qehat relevaient les clans Amramite, Yiçharite, Hébronite et Uzziélite. Ce sont les clans Qehatites; le nombre total des mâles recensés, depuis l'âge d'un mois et au-dessus, fut pour eux de 41.500. Ils étaient chargés du sanctuaire. Les clans Qehatites campaient sur le côté méridional de la Demeure. Le prince de la maison des clans Qehatites était Eliçaphân, fils d'Uzziel. Ils avaient la charge de l'arche, de la table du candélabre, des autels, des objets sacrés pour officier, du voile avec tout son appareil. Le prince des princes de Lévi était Eléazar, fils d'Aaron le prêtre. Il exerçait la surveillance sur ceux qui avaient la charge du sanctuaire. De Merari relevaient le clan Mahlite et le clan Mushite. Ce sont les clans Merarites; le nombre total des mâles recensés, depuis l'âge d'un mois et au-dessus, fut pour eux de 6.200. Le prince de la maison des clans Merarites était Curiel, fils d'Abihayil. Ils campaient sur le côté septentrional de la Demeure. Les fils de Merari avaient la charge des cadres de la Demeure, de ses traverses, de ses colonnes et de ses socles, de tous ses accessoires et de tout son appareil, ainsi que des colonnes qui entourent le parvis, de leurs socles, de leurs piquets et de leurs cordages. Enfin campaient à l'est devant la Demeure, devant la Tente du Rendez-vous à l'orient, Moïse, Aaron et ses fils, qui avaient la charge du sanctuaire au nom des Israélites. Tout profane qui s'approcherait devait être mis à mort. Le total des Lévites recensés, que Moïse dénombra par clans sur l'ordre de Yahvé, le nombre des mâles depuis l'âge d'un mois et au-dessus, fut de 22.000. Yahvé dit à Moïse: "Fais le recensement de tous les premiers-nés mâles des Israélites, depuis l'âge d'un mois et au-dessus; fais le compte de leurs noms. Puis, à la place des premiers-nés d'Israël, tu m'attribueras, à moi Yahvé, les Lévites, et de même leur bétail à la place des premiers-nés du bétail des Israélites." Comme Yahvé le lui avait ordonné, Moïse recensa tous les premiers-nés des Israélites. Le recensement des noms des premiers-nés, depuis l'âge d'un mois et au-dessus, donna le nombre total de 22.273. Alors Yahvé parla à Moïse et dit: "Prends les Lévites à la place de tous les premiers-nés des Israélites, et le bétail des Lévites à la place de leur bétail; les Lévites seront à moi, à moi Yahvé. Pour le rachat des 273 premiers-nés des Israélites qui excèdent le nombre des Lévites, tu prendras cinq sicles par tête; tu les prendras selon le sicle du sanctuaire, à vingt géras le sicle. Puis, tu donneras cet argent à Aaron et à ses fils pour le rachat de ceux qui sont en excédent." Moïse reçut cet argent pour le rachat de ceux que le nombre insuffisant des Lévites ne rachetait point. Il reçut l'argent des premiers-nés des Israélites,1.365 sicles, selon le sicle du sanctuaire. Moïse versa l'argent de cette rançon à Aaron et à ses fils, sur l'ordre de Yahvé, comme Yahvé l'avait commandé à Moïse. Yahvé parla à Moïse et à Aaron et dit: "Faites le recensement de ceux des Lévites qui sont fils de Qehat, par clans et par familles: tous les hommes de 30 à 50 ans, qui devraient faire campagne, et qui accompliront leur fonction dans la Tente du Rendez-vous. Voici quel sera le service des fils de Qehat dans la Tente du Rendez-vous: la charge des choses très saintes. Quand on lèvera le camp, Aaron et ses fils viendront déposer le rideau du voile. Ils en couvriront l'arche du Témoignage. Ils mettront par-dessus une housse en cuir fin, sur laquelle ils étendront une étoffe toute de pourpre violette. Puis ils ajusteront les barres de l'arche. Sur la table d'oblation, ils étendront une étoffe de pourpre, sur laquelle ils déposeront les plats, les coupes, les patères et les aiguières à libation; le pain de l'oblation perpétuelle y sera aussi. Ils étendront par-dessus une étoffe de cramoisi, qu'ils recouvriront d'une housse en cuir fin. Puis ils ajusteront les barres de la table. Ils prendront alors une étoffe de pourpre, dont ils couvriront le candélabre de lumière, ses lampes, ses mouchettes et ses cendriers, et tous les vases à huile employés pour son service. Ils le déposeront avec tous ses accessoires sur une housse en cuir fin et le placeront sur le brancard. Sur l'autel d'or, ils étendront une étoffe de pourpre, et le recouvriront d'une housse en cuir fin. Puis ils y ajusteront les barres. Ils prendront ensuite tous les objets employés pour le service du sanctuaire. Ils les déposeront sur une étoffe de pourpre, ils les recouvriront d'une housse en cuir fin, et mettront le tout sur le brancard. Après avoir retiré de l'autel ses cendres grasses, ils étendront dessus une étoffe d'écarlate, sur laquelle ils déposeront tous les objets que l'on emploie pour officier, les encensoirs, les fourchettes, les pelles, les coupes d'aspersion, tous les accessoires de l'autel. Ils étendront par-dessus une housse en cuir fin; puis ils ajusteront les barres. Lorsque Aaron et ses fils auront fini d'envelopper les choses sacrées et tous leurs accessoires, au moment de lever le camp, les fils de Qehat viendront les porter, mais sans toucher à ce qui est consacré: ils mourraient. Telle est la charge des fils de Qehat dans la Tente du Rendez-vous. Mais à Eléazar, fils d'Aaron le prêtre, il incombera de veiller à l'huile du luminaire, aux parfums d'herbes odorantes, à l'oblation perpétuelle, à l'huile d'onction; il devra veiller sur toute la Demeure, sur tout ce qui s'y trouve: les choses sacrées et leurs accessoires." Yahvé parla à Moïse et à Aaron. Il dit: "Ne retranchez pas du nombre des Lévites la tribu des clans Qehatites. Agissez donc ainsi pour eux, afin qu'ils vivent et n'encourent pas la mort en s'approchant des choses très saintes: Aaron et ses fils viendront placer chacun d'eux au lieu de son service et près de son fardeau. Ils éviteront ainsi d'entrer et de porter le regard, ne fût-ce qu'un instant, sur les choses sacrées: ils mourraient!" Yahvé parla à Moïse et dit: "Fais aussi le recensement des fils de Gershôn, par familles et par clans: Tu recenseras tous les hommes de 30 à 50 ans, aptes à faire campagne, et qui feront le service dans la Tente du Rendez-vous. Voici quel sera le service des clans Gershonites, leurs fonctions et leurs fardeaux. Ils porteront les tentures de la Demeure, la Tente du Rendez-vous avec sa bâche et la bâche en cuir fin qui la recouvre, la portière d'entrée de la Tente du Rendez-vous, les rideaux du parvis, le voile d'entrée de la porte du parvis qui entoure la Demeure et l'autel, les cordages et tous les accessoires du culte, tout le matériel nécessaire. Ils feront leur service. Tout ce service des fils de Gershôn -- fonctions et fardeaux -- se fera sous les ordres d'Aaron et de ses fils: vous aurez à les surveiller dans l'observance de leur charge. Tel sera le service des clans Gershonites dans la Tente du Rendez-vous. Leur ministère dépendra d'Itamar, fils d'Aaron le prêtre." "Tu feras le recensement des fils de Merari, par clans et par familles. Tu feras le recensement de tous les hommes de 30 à 50 ans aptes à faire campagne, et qui feront le service dans la Tente du Rendez-vous. Voici le fardeau qu'ils assumeront, et tout le service qui leur incombera dans la Tente du Rendez-vous: les cadres de la Demeure, ses traverses, ses colonnes et ses socles. Les colonnes qui entourent le parvis, leurs socles, leurs piquets, leurs cordages et tout leur appareil. Vous ferez le relevé de leurs noms avec les objets dont ils assumeront le fardeau. Tel sera le service des clans Merarites. Pour tout leur service dans la Tente du Rendez-vous, ils dépendront d'Itamar, fils d'Aaron le prêtre." Moïse, Aaron et les princes de la communauté firent le recensement des fils de Qehat, par clans et par familles; tous les hommes de 30 à 50 ans, aptes à faire campagne et chargés du service dans la Tente du Rendez-vous. On compta pour leurs clans 2.750 recensés. Tel fut le nombre des recensés des clans Qehatites, tous ceux qui devraient servir dans la Tente du Rendez-vous, et que recensèrent Moïse et Aaron, sur l'ordre de Yahvé transmis par Moïse. On fit le recensement des fils de Gershôn, par clans et par familles: tous les hommes de 30 à 50 ans, aptes à faire campagne et chargés du service dans la Tente du Rendez-vous. On compta 2.630 recensés, par clans et par familles. Tel fut le nombre des recensés des clans Gershonites, tous ceux qui devaient servir dans la Tente du Rendez-vous, et que recensèrent Moïse et Aaron, sur l'ordre de Yahvé. On fit le recensement des clans des fils de Merari par clans et par familles: tous les hommes de 30 à 50 ans, aptes à faire campagne et chargés du service dans la Tente du Rendez-vous. On compta pour leurs clans 3.200 recensés. Tel fut le nombre des recensés des clans Merarites, que recensèrent Moïse et Aaron, sur l'ordre de Yahvé transmis par Moïse. Le nombre total des Lévites que Moïse, Aaron et les princes d'Israël recensèrent par clans et par familles -- tous les hommes de 30 à 50 ans, aptes à servir dans le culte et à servir dans le service du transport de la Tente du Rendez-vous -- se monta à 8.580 recensés. Sur l'ordre de Yahvé transmis par Moïse, on fit leur recensement en attribuant à chacun son service et son fardeau; ils furent recensés comme Yahvé l'avait ordonné à Moïse. Yahvé parla à Moïse et dit: "Ordonne aux Israélites de renvoyer du camp tout lépreux, toute personne atteinte d'écoulement, ou qu'un cadavre aurait rendue impure. Homme ou femme, vous les renverrez, vous les expulserez du camp. Ainsi, les Israélites ne souilleront pas leur camp, où je demeure au milieu d'eux." Ainsi firent les Israélites: ils les renvoyèrent du camp. Les Israélites agirent comme Yahvé l'avait dit à Moïse. Yahvé parla à Moïse et dit: "Parle aux Israélites. Si un homme ou une femme commet quelqu'un de ces péchés par lesquels on frustre Yahvé, cette personne est en faute. Elle confessera le péché commis, et restituera la somme dont elle est redevable, majorée d'un cinquième. Elle la restituera à celui envers qui elle est en faute. Et si ce dernier n'a point de parent auquel on puisse restituer, la restitution due à Yahvé revient au prêtre, sans compter le bélier d'expiation au moyen duquel le prêtre fera sur le coupable le rite d'expiation. Car sur toute chose que les Israélites ont consacrée et apportée au prêtre, celui-ci a droit au prélèvement. A chacun reviennent les choses qu'il a consacrées; ce que chacun remet au prêtre revient à celui-ci." Yahvé parla à Moïse et dit: "Parle aux Israélites; tu leur diras: S'il est quelqu'un que sa femme a trompé, s'étant dévoyée, si un homme, à l'insu du mari, a couché maritalement avec cette femme et qu'elle s'est rendue impure dans le secret, sans qu'il y ait de témoins contre elle et sans qu'on l'ait prise sur le fait; si maintenant un esprit de jalousie, venant sur le mari, le rend jaloux de sa femme qui s'est déshonorée, ou encore si cet esprit de jalousie, venant sur lui, le rend jaloux de sa femme innocente: cet homme conduira sa femme devant le prêtre, et fera pour elle une offrande d'un dixième de mesure de farine d'orge. Il n'y versera pas d'huile et n'y mettra pas d'encens, car c'est une oblation de jalousie, une oblation commémorative, qui doit rappeler une faute. Le prêtre fera approcher la femme et la placera devant Yahvé. Puis il prendra de l'eau vive dans un vase d'argile et, ayant pris de la poussière sur le sol de la Demeure, il la répandra sur cette eau. Ayant placé la femme devant Yahvé, il lui dénouera la chevelure et lui mettra dans les mains l'oblation commémorative (c'est-à-dire l'oblation de jalousie). Mais dans la main du prêtre seront les eaux d'amertume et de malédiction. Ensuite, le prêtre déférera le serment à la femme. Il lui dira: S'il n'est pas vrai qu'un homme ait couché avec toi, que tu te sois dévoyée et rendue impure, alors que ton mari a pouvoir sur toi, que ces eaux d'amertume et de malédiction te soient inoffensives! Mais s'il est vrai que tu te sois dévoyée alors que ton mari a pouvoir sur toi, que tu te sois rendue impure et qu'un homme autre que ton mari t'ait fait partager sa couche... Le prêtre déférera ici à la femme un serment imprécatoire. Il lui dira:... Que Yahvé te fasse servir, dans ton peuple, aux imprécations et aux serments, en faisant flétrir ton sexe et enfler ton ventre! Que ces eaux de malédiction pénètrent en tes entrailles pour que s'enfle ton ventre et que se flétrisse ton sexe! La femme répondra: Amen! Amen! Puis le prêtre mettra par écrit ces imprécations et les effacera dans les eaux d'amertume. Il fera boire à la femme ces eaux d'amertume et de malédiction, et ces eaux de malédiction pénétreront en elle pour lui être amères. Prenant alors des mains de la femme l'oblation de jalousie, le prêtre tendra celle-ci en geste de présentation devant Yahvé et la portera sur l'autel. Il en prendra une poignée, en mémorial, qu'il fera fumer sur l'autel. Il fera boire ces eaux à la femme. Et lorsqu'il les lui aura fait boire, s'il est vrai qu'elle s'est rendue impure en trompant son mari, alors les eaux de malédiction, pénétrant en elle, lui seront amères: son ventre enflera, son sexe se flétrira, et pour son peuple elle servira d'exemple dans les malédictions. Si au contraire elle ne s'est pas rendue impure et si elle est pure, elle restera indemne et elle aura des enfants. Tel est le rituel pour le cas de jalousie, quand une femme s'est dévoyée et rendue impure, alors que son mari a pouvoir sur elle, ou quand un esprit de jalousie est venu sur un homme et l'a rendu jaloux de sa femme. Lorsque le mari aura conduit cette femme devant Yahvé, le prêtre lui appliquera intégralement ce rituel. Le mari sera exempt de faute; la femme, elle, portera la sienne." Yahvé parla à Moïse et dit: "Parle aux Israélites; tu leur diras: Si un homme ou une femme entend s'acquitter d'un voeu, le voeu de naziréat, par lequel il s'est voué à Yahvé, il s'abstiendra de vin et de boissons fermentées, il ne boira pas le vinaigre qu'on tire de l'un ou de l'autre, il ne boira d'aucun jus de raisin, il ne mangera ni raisins frais ni raisins secs. Durant tout le temps de sa consécration, il ne prendra d'aucun produit du cep de vigne, depuis le verjus jusqu'au marc. Aussi longtemps qu'il sera consacré par son voeu, le rasoir ne passera pas sur sa tête; jusqu'à ce que soit écoulé le temps pour lequel il s'est voué à Yahvé, il sera consacré et laissera croître librement sa chevelure. Durant tout le temps de sa consécration à Yahvé, il ne s'approchera pas d'un mort; ni pour son père, ni pour sa mère, ni pour son frère, ni pour sa soeur il ne se rendra impur s'ils viennent à mourir, car il porte sur sa tête la consécration de son Dieu. Durant tout le temps de son naziréat il est un consacré à Yahvé. Si près de lui quelqu'un meurt de mort subite, rendant impure sa chevelure consacrée, il se rasera la tête au jour de sa purification, il se rasera la tête le septième jour. Le huitième jour, il apportera deux tourterelles ou deux pigeons au prêtre, à l'entrée de la Tente du Rendez-vous. Le prêtre offrira l'un en sacrifice pour le péché, et l'autre en holocauste; il accomplira ensuite sur cet homme le rite d'expiation pour la souillure contractée près de ce mort. L'homme consacrera sa tête ce jour-là; il se consacrera à Yahvé pour le temps de son naziréat, et il amènera un agneau d'un an, à titre de sacrifice de réparation. Le temps déjà écoulé ne comptera pas, puisque sa chevelure a été rendue impure. Voici le rituel du nazir, pour le jour où le temps de sa consécration est révolu. Conduit à l'entrée de la Tente du Rendez-vous, il apportera à Yahvé son offrande: pour un holocauste, un agneau d'un an, sans défaut; pour un sacrifice pour le péché, une agnelle d'un an, sans défaut; pour un sacrifice de communion, un bélier sans défaut; une corbeille de gâteaux de fleur de farine sans levain, pétris à l'huile, des galettes sans levain frottées d'huile, avec les oblations et libations conjointes. Ayant apporté tout cela devant Yahvé, le prêtre fera le sacrifice pour le péché et l'holocauste du nazir. Celui-ci fera un sacrifice de communion avec le bélier et avec les azymes de la corbeille, et le prêtre offrira l'oblation et la libation conjointes. Puis le nazir rasera sa chevelure consacrée à l'entrée de la Tente du Rendez-vous et, prenant les cheveux de sa tête consacrée, il les mettra dans le feu du sacrifice de communion. Le prêtre prendra l'épaule du bélier, une fois cuite, un gâteau sans levain de la corbeille et une galette sans levain. Il les mettra dans la main du nazir quand celui-ci aura rasé sa chevelure. Il les tendra en geste de présentation devant Yahvé; c'est chose sainte qui revient au prêtre, outre la poitrine de présentation et la cuisse de prélèvement. Le nazir pourra dès lors boire du vin. Tel est le rituel concernant le nazir. Si, en plus de sa chevelure, il a fait voeu d'une offrande personnelle à Yahvé, il acquittera (sans compter ce que ses moyens lui permettront) ce voeu qu'il a fait, en plus de ce que prévoit le rituel pour sa chevelure." Yahvé parla à Moïse et dit: "Parle à Aaron et à ses fils et dis-leur: Voici comment vous bénirez les Israélites. Vous leur direz: Que Yahvé te bénisse et te garde! Que Yahvé fasse pour toi rayonner son visage et te fasse grâce! Que Yahvé te découvre sa face et t'apporte la paix! Qu'ils mettent ainsi mon nom sur les Israélites, et je les bénirai." Le jour où Moïse eut achevé d'ériger la Demeure, il l'oignit et la consacra avec tout son mobilier, ainsi que l'autel avec tous ses accessoires. Quand il eut oint et consacré tout cela, les princes d'Israël firent une offrande; c'étaient les chefs des familles, ceux qui étaient les princes des tribus et présidaient au recensement. Ils conduisirent leur offrande devant Yahvé: six chariots couverts et douze boeufs, un chariot pour deux princes, et un boeuf chacun. Ils les firent venir devant la Demeure. Yahvé parla à Moïse et dit: "Reçois-les d'eux, et qu'ils soient affectés au service de la Tente du Rendez-vous. Tu les donneras aux Lévites, à chacun en raison de sa fonction." Moïse prit les chariots et les boeufs, il les donna aux Lévites. Aux fils de Gershôn, il donna deux chariots et quatre boeufs, en raison de leur fonction. Aux fils de Merari, il donna quatre chariots et huit boeufs, en raison de la fonction qu'ils avaient à remplir sous la direction d'Itamar, fils d'Aaron le prêtre. Mais aux fils de Qehat, il n'en donna point, car eux devaient porter sur les épaules la charge sacrée qui leur incombait. Les princes firent alors une offrande pour la dédicace de l'autel, le jour de son onction. Ils apportèrent leur offrande devant l'autel, et Yahvé dit à Moïse: "Que chaque jour l'un des princes apporte son offrande pour la dédicace de l'autel." Celui qui apporta son offrande le premier jour fut Nahshôn, fils d'Amminadab, de la tribu de Juda. Son offrande comprenait: une coupe d'argent pesant 130 sicles, une coupe d'aspersion en argent de 70 sicles (en sicles du sanctuaire), toutes deux remplies, pour l'oblation, de fleur de farine pétrie à l'huile, une coupe d'or de dix sicles, pleine d'encens, un taureau, un bélier et un agneau d'un an pour l'holocauste, un bouc pour le sacrifice pour le péché, et pour le sacrifice de communion, deux boeufs, cinq béliers, cinq boucs, cinq agneaux d'un an. Telle fut l'offrande de Nahshôn, fils d'Amminadab. Celui qui apporta son offrande le second jour fut Netanéel, fils de Cuar, prince d'Issachar. Son offrande comprenait: une coupe d'argent pesant 130 sicles, une coupe d'aspersion en argent de 70 sicles (en sicles du sanctuaire), toutes deux remplies, pour l'oblation, de fleur de farine pétrie à l'huile, une coupe d'or de dix sicles, pleine d'encens, un taureau, un bélier et un agneau d'un an pour l'holocauste, un bouc pour le sacrifice pour le péché, et pour le sacrifice de communion, deux boeufs, cinq béliers, cinq boucs, cinq agneaux d'un an. Telle fut l'offrande de Netanéel, fils de Cuar. Celui qui apporta son offrande le troisième jour fut Eliab, fils de Hélôn, prince des fils de Zabulon. Son offrande comprenait: une coupe d'argent pesant 130 sicles, une coupe d'aspersion en argent de 70 sicles (en sicles du sanctuaire), toutes deux remplies, pour l'oblation, de fleur de farine pétrie à l'huile, une coupe d'or de dix sicles, pleine d'encens, un taureau, un bélier et un agneau d'un an pour l'holocauste, un bouc pour le sacrifice pour le péché, et pour le sacrifice de communion, deux boeufs, cinq béliers, cinq boucs, cinq agneaux d'un an. Telle fut l'offrande d'Eliab, fils de Hélôn. Celui qui apporta son offrande le quatrième jour fut Eliçur, fils de Shedéur, prince des fils de Ruben. Son offrande comprenait: une coupe d'argent pesant 130 sicles, une coupe d'aspersion en argent de 70 sicles (en sicles du sanctuaire), toutes deux remplies, pour l'oblation, de fleur de farine pétrie à l'huile, une coupe d'or de dix sicles, pleine d'encens, un taureau, un bélier et un agneau d'un an pour l'holocauste, un bouc pour le sacrifice pour le péché, et pour le sacrifice de communion, deux boeufs, cinq béliers, cinq boucs, cinq agneaux d'un an. Telle fut l'offrande d'Eliçur, fils de Shedéur. Celui qui apporta son offrande le cinquième jour fut Shelumiel, fils de Curishaddaï, prince des fils de Siméon. Son offrande comprenait: une coupe d'argent pesant 130 sicles, une coupe d'aspersion en argent de 70 sicles (en sicles du sanctuaire), toutes deux remplies, pour l'oblation, de fleur de farine pétrie à l'huile, une coupe d'or de dix sicles, pleine d'encens, un taureau, un bélier et un agneau d'un an pour l'holocauste, un bouc pour le sacrifice pour le péché, et pour le sacrifice de communion, deux boeufs, cinq béliers, cinq boucs, cinq agneaux d'un an. Telle fut l'offrande de Shelumiel, fils de Curishaddaï. Celui qui apporta son offrande le sixième jour fut Elyasaph, fils de Réuel, prince des fils de Gad. Son offrande comprenait: une coupe d'argent pesant 130 sicles, une coupe d'aspersion en argent de 70 sicles (en sicles du sanctuaire), toutes deux remplies, pour l'oblation, de fleur de farine pétrie à l'huile, une coupe d'or de dix sicles, pleine d'encens, un taureau, un bélier et un agneau d'un an pour l'holocauste, un bouc pour le sacrifice pour le péché, et pour le sacrifice de communion, deux boeufs, cinq béliers, cinq boucs, cinq agneaux d'un an. Telle fut l'offrande d'Elyasaph, fils de Réuel. Celui qui apporta son offrande le septième jour fut Elishama, fils d'Ammihud, prince des fils d'Ephraïm. Son offrande comprenait: une coupe d'argent pesant 130 sicles, une coupe d'aspersion en argent de 70 sicles (en sicles du sanctuaire), toutes deux remplies, pour l'oblation, de fleur de farine pétrie à l'huile, une coupe d'or de dix sicles, pleine d'encens, un taureau, un bélier et un agneau d'un an pour l'holocauste, un bouc pour le sacrifice pour le péché, et, pour le sacrifice de communion, deux boeufs, cinq béliers, cinq boucs, cinq agneaux d'un an. Telle fut l'offrande d'Elishama, fils d'Ammihud. Celui qui apporta son offrande le huitième jour fut Gamliel, fils de Pedahçur, prince des fils de Manassé. Son offrande comprenait: une coupe d'argent pesant 130 sicles, une coupe d'aspersion en argent de 70 sicles (en sicles du sanctuaire), toutes deux remplies, pour l'oblation, de fleur de farine pétrie à l'huile, une coupe d'or de dix sicles, pleine d'encens, un taureau, un bélier et un agneau d'un an pour l'holocauste, un bouc pour le sacrifice pour le péché, et pour le sacrifice de communion, deux boeufs, cinq béliers, cinq boucs, cinq agneaux d'un an. Telle fut l'offrande de Gamliel, fils de Pedahçur. Celui qui apporta son offrande le neuvième jour fut Abidân, fils de Gidéoni, prince des fils de Benjamin. Son offrande comprenait: une coupe d'argent pesant 130 sicles, une coupe d'aspersion en argent de 70 sicles (en sicles du sanctuaire), toutes deux remplies, pour l'oblation, de fleur de farine pétrie à l'huile, une coupe d'or de dix sicles, pleine d'encens, un taureau, un bélier et un agneau d'un an pour l'holocauste, un bouc pour le sacrifice pour le péché, et pour le sacrifice de communion, deux boeufs, cinq béliers, cinq boucs, cinq agneaux d'un an. Telle fut l'offrande d'Abidân, fils de Gidéoni. Celui qui apporta son offrande le dixième jour fut Ahiézer, fils d'Ammishaddaï, prince des fils de Dan. Son offrande comprenait: une coupe d'argent pesant 130 sicles, une coupe d'aspersion en argent de 70 sicles (en sicles du sanctuaire), toutes deux remplies, pour l'oblation, de fleur de farine pétrie à l'huile, une coupe d'or de dix sicles, pleine d'encens, un taureau, un bélier et un agneau d'un an pour l'holocauste, un bouc pour le sacrifice pour le péché, et pour le sacrifice de communion, deux boeufs, cinq béliers, cinq boucs, cinq agneaux d'un an. Telle fut l'offrande d'Ahiézer, fils d'Ammishaddaï. Celui qui apporta son offrande le onzième jour fut Pagiel, fils d'Okrân, prince des fils d'Asher. Son offrande comprenait: une coupe d'argent pesant 130 sicles, une coupe d'aspersion en argent de 70 sicles (en sicles du sanctuaire), toutes deux remplies, pour l'oblation, de fleur de farine pétrie à l'huile, une coupe d'or de dix sicles, pleine d'encens, un taureau, un bélier et un agneau d'un an pour l'holocauste, un bouc pour le sacrifice pour le péché, et pour le sacrifice de communion, deux boeufs, cinq béliers, cinq boucs, cinq agneaux d'un an. Telle fut l'offrande de Pagiel, fils d'Okrân. Celui qui apporta son offrande le douzième jour fut Ahira, fils d'Enân, prince des fils de Nephtali. Son offrande comprenait: une coupe d'argent pesant 130 sicles, une coupe d'aspersion en argent de 70 sicles (en sicles du sanctuaire), toutes deux remplies, pour l'oblation, de fleur de farine pétrie à l'huile, une coupe d'or de dix sicles, pleine d'encens, un taureau, un bélier et un agneau d'un an pour l'holocauste, un bouc pour le sacrifice pour le péché, et pour le sacrifice de communion, deux boeufs, cinq béliers, cinq boucs, cinq agneaux d'un an. Telle fut l'offrande d'Ahira, fils d'Enân. Telles furent les offrandes des princes d'Israël pour la dédicace de l'autel, le jour de son onction: douze coupes d'argent, douze coupes d'aspersion en argent, douze coupes d'or. Chaque coupe d'argent pesant 130 sicles, et chaque coupe d'aspersion 70, l'argent de ces objets pesait en tout 2.400 sicles du sanctuaire. Les douze coupes d'or remplies d'encens pesant chacune dix sicles, en sicles du sanctuaire, l'or de ces coupes pesait en tout 120 sicles. Total du bétail pour l'holocauste: douze taureaux, douze béliers, douze agneaux d'un an, avec les oblations conjointes. Pour le sacrifice pour le péché, douze boucs. Total du bétail pour le sacrifice de communion: 24 taureaux,60 béliers,60 boucs,60 agneaux d'un an. Telles furent les offrandes pour la dédicace de l'autel, après son onction. Quand Moïse pénétrait dans la Tente du Rendez-vous pour s'adresser à Lui, il entendait la voix qui lui parlait du haut du propitiatoire que portait l'arche du Témoignage, entre les deux chérubins. Alors il s'adressait à Lui. Yahvé parla à Moïse et dit: "Parle à Aaron; tu lui diras: Lorsque tu disposeras les lampes, c'est sur le devant du candélabre que les sept lampes donneront leur lumière." Ainsi fit Aaron. Il disposa les lampes sur le devant du candélabre, comme Yahvé l'avait ordonné Moïse. Ce candélabre était un ouvrage d'or repoussé, y compris la tige et la corolle qui étaient aussi en or repoussé. Ce candélabre avait été fait conformément à la vision que Yahvé en avait donnée à Moïse. Yahvé parla à Moïse et dit: "Prends les Lévites du milieu des Israélites et purifie-les. Ainsi feras-tu pour les purifier: tu feras sur eux une aspersion d'eau lustrale, ils se raseront tout le corps et laveront leurs vêtements, alors ils seront purs. Puis ils prendront un taureau, avec l'oblation conjointe de fleur de farine pétrie dans l'huile, et tu prendras un second taureau pour un sacrifice pour le péché. Tu feras alors avancer les Lévites devant la Tente du Rendez-vous, et tu rassembleras toute la communauté des Israélites. Lorsque tu auras fait avancer les Lévites devant Yahvé, les Israélites leur imposeront les mains. Puis Aaron offrira les Lévites, en faisant le geste de présentation devant Yahvé, de la part des Israélites. Ils seront alors affectés au service de Yahvé. Les Lévites poseront ensuite la main sur la tête des taureaux, et tu feras de l'une des bêtes un sacrifice pour le péché, de l'autre un holocauste à Yahvé, afin d'accomplir sur les Lévites le rite d'expiation. Ayant placé les Lévites devant Aaron et ses fils, tu les offriras à Yahvé avec le geste de présentation. C'est ainsi que tu mettras à part les Lévites, du milieu des Israélites, pour qu'ils m'appartiennent. Les Lévites commenceront alors à faire le service de la Tente du Rendez-vous. Tu les purifieras et tu les offriras avec le geste de présentation parce qu'ils me sont cédés, à titre de donnés, parmi les Israélites. Ils sont substitués à ceux qui ouvrent le sein maternel, aux premiers-nés de tous; parmi les Israélites, je me les suis attribués. Oui, c'est à moi que revient tout premier-né chez les Israélites, homme ou animal: le jour où j'ai frappé tous les premiers-nés en terre d'Egypte, je me les suis consacrés, et, à la place de tous les premiers-nés des Israélites, j'ai pris les Lévites. Du milieu des Israélites je donne les Lévites à Aaron et à ses fils, à titre de donnés; ils feront pour les Israélites le service cultuel dans la Tente du Rendez-vous et feront sur eux le rite d'expiation, en sorte qu'aucun des Israélites ne soit frappé pour s'être approché du sanctuaire." Moïse, Aaron et toute la communauté des Israélites agirent à l'égard des Lévites selon tout ce que Yahvé avait ordonné à Moïse à leur sujet; ainsi agirent les Israélites à leur égard. Les Lévites se purifièrent, lavèrent leurs vêtements, et Aaron les offrit avec le geste de présentation devant Yahvé. Puis il accomplit sur eux le rite d'expiation pour les purifier. Les Lévites furent admis à faire leur service dans la Tente du Rendez-vous en présence d'Aaron et de ses fils. Selon ce que Yahvé avait prescrit à Moïse au sujet des Lévites, ainsi agit-on à leur égard. Yahvé parla à Moïse et dit: "Voici pour les Lévites. A partir de l'âge de 25 ans, le Lévite devra servir, en s'acquittant d'une fonction dans la Tente du Rendez-vous. A partir de 50 ans, il ne sera plus astreint au service; il n'aura plus de fonction; il aidera pourtant ses frères à assurer l'observance dans la Tente du Rendez-vous, mais il n'aura plus de service. Ainsi feras-tu en ce qui concerne les observances des Lévites." Yahvé parla à Moïse, dans le désert du Sinaï, la seconde année après la sortie d'Egypte, au premier mois, et il dit: "Que les Israélites célèbrent la Pâque au temps fixé. C'est le quatorzième jour de ce mois, au crépuscule, que vous la célébrerez au temps fixé. Vous la célébrerez selon toutes les lois et coutumes qui la concernent." Moïse dit aux Israélites de célébrer la Pâque. Ils la célébrèrent, dans le désert du Sinaï, au premier mois, le quatorzième jour du mois, au crépuscule. Les Israélites firent tout ce que Yahvé avait ordonné à Moïse. Or, il se trouva des hommes qui avaient contracté une impureté du fait d'un mort; ils ne purent célébrer la Pâque ce jour-là. Ils vinrent le même jour trouver Moïse et Aaron et leur dirent: "Nous avons contracté une impureté du fait d'un mort. Pourquoi serions-nous exclus, et privés d'apporter l'offrande de Yahvé au temps fixé, au milieu des Israélites?" Moïse leur répondit: "Tenez-vous là, que j'entende ce que Yahvé ordonne pour vous." Yahvé parla à Moïse et dit: "Parle aux Israélites et dis-leur: Si quelqu'un, parmi vous ou vos descendants, se trouve impur, du fait d'un mort, ou est en voyage au loin, il célébrera une Pâque pour Yahvé. C'est au second mois, le quatorzième jour, au crépuscule, qu'ils la célébreront. Ils la mangeront avec des azymes et des herbes amères; rien n'en devra rester au matin, ils n'en briseront aucun os. C'est selon tout le rituel de la Pâque qu'ils la célébreront. Mais celui qui se trouve pur ou qui n'a pas eu à voyager, celui-là sera retranché de sa race s'il omet de célébrer la Pâque. Il n'a pas apporté l'offrande de Yahvé au temps fixé, il portera le poids de son péché. Si quelque étranger réside parmi vous et célèbre une Pâque pour Yahvé, c'est selon le rituel et les coutumes de la Pâque qu'il la célébrera. Il n'y aura chez vous qu'une loi, pour l'étranger comme pour le citoyen." Le jour où l'on avait dressé la Demeure, la Nuée avait couvert la Demeure, la Tente du Rendez-vous. Du soir au matin, elle reposait sur la Demeure sous l'aspect d'un feu. Ainsi la nuée la couvrait en permanence, prenant l'aspect d'un feu jusqu'au matin. Lorsque la Nuée s'élevait au-dessus de la Tente, alors les Israélites levaient le camp; au lieu où la Nuée s'arrêtait, là campaient les Israélites. Les Israélites partaient sur l'ordre de Yahvé et sur son ordre ils campaient. Ils campaient aussi longtemps que la Nuée reposait sur la Demeure. Si la Nuée restait de longs jours sur la Demeure, les Israélites rendaient leur culte à Yahvé et ne partaient pas. Mais s'il arrivait que la Nuée restât peu de jours sur la Demeure, alors ils campaient sur l'ordre de Yahvé et partaient sur l'ordre de Yahvé. S'il arrivait que la Nuée, après avoir reposé du soir au matin, s'élevât au matin, ils partaient alors. Ou bien, elle s'élevait après avoir séjourné un jour et une nuit, et ils partaient alors. Ou bien encore elle séjournait deux jours, un mois ou une année; aussi longtemps que la Nuée reposait sur la Demeure, les Israélites campaient sur place, mais lorsqu'elle s'élevait ils partaient. Sur l'ordre de Yahvé ils campaient, et sur l'ordre de Yahvé ils partaient. Ils rendaient leur culte à Yahvé, suivant les ordres de Yahvé transmis par Moïse. Yahvé parla à Moïse et dit: "Fais-toi deux trompettes; tu les feras d'argent repoussé. Elles te serviront à convoquer la communauté et à donner aux camps le signal du départ. Lorsqu'on en sonnera, toute la communauté se rassemblera auprès de toi, à l'entrée de la Tente du Rendez-vous. Mais si l'on ne sonne que d'une trompette, ce sont les princes, chefs des milliers d'Israël, qui se réuniront auprès de toi. Lorsque vous accompagnerez d'acclamations la sonnerie, les camps établis à l'orient partiront. A la seconde sonnerie accompagnée d'acclamations, les camps établis au midi partiront. Pour partir, on accompagnera la sonnerie d'acclamations, mais pour rassembler la communauté, on sonnera sans acclamations. Ce sont les fils d'Aaron, les prêtres, qui sonneront des trompettes; c'est pour vous et pour vos descendants un décret perpétuel. Lorsque, dans votre pays, vous devrez partir en guerre contre un ennemi qui vous opprime, vous sonnerez des trompettes en poussant des acclamations: votre souvenir sera évoqué devant Yahvé votre Dieu et vous serez délivrés de vos ennemis. En vos jours de fêtes, solennités ou néoménies, vous sonnerez des trompettes lors de vos holocaustes et sacrifices de communion, et elles vous rappelleront au souvenir de votre Dieu. Je suis Yahvé votre Dieu." La seconde année, au second mois, le vingtième jour du mois, la Nuée s'éleva au-dessus de la Demeure du Rendez-vous. Les Israélites partirent, en ordre de marche, du désert du Sinaï. C'est au désert de Parân que la Nuée s'arrêta. Voici ceux qui partirent en tête, sur l'ordre de Yahvé transmis par Moïse: partit en tête l'étendard du camp des fils de Juda selon leurs unités. A la tête du contingent de Juda était Nahshôn, fils d'Amminadab; à la tête du contingent de la tribu des fils d'Issachar selon leurs unités, était Netanéel, fils de Cuar; à la tête du contingent de la tribu des fils de Zabulon selon leurs unités, était Eliab, fils de Hélôn. Puis la Demeure fut démontée, alors partirent les fils de Gershôn et les fils de Merari, qui portaient la Demeure. Partit ensuite l'étendard du camp des fils de Ruben selon leurs unités. A la tête de son contingent était Eliçur, fils de Shedéur; à la tête du contingent de la tribu des fils de Siméon selon leurs unités, était Shelumiel, fils de Curishaddaï; à la tête du contingent de la tribu des fils de Gad selon leurs unités, était Elyasaph, fils de Réuel. Partirent alors les fils de Qehat, qui portaient le sanctuaire (on dressait la Demeure avant leur arrivée). Partit ensuite l'étendard du camp des fils d'Ephraïm selon leurs unités. A la tête de son contingent était Elishama, fils d'Ammihud; à la tête du contingent de la tribu des fils de Manassé selon leurs unités, était Gamliel, fils de Pedahçur; à la tête du contingent de la tribu des fils de Benjamin selon leurs unités, était Abidân, fils de Gidéoni. Partit enfin, à l'arrière-garde de tous les camps, l'étendard du camp des fils de Dan selon leurs unités. A la tête de son contingent était Ahiézer, fils d'Ammishaddaï; à la tête du contingent de la tribu des fils d'Asher selon leurs unités, était Pagiel, fils d'Okrân; à la tête du contingent des fils de Nephtali selon leurs unités, était Ahira, fils d'Enân. Tel fut l'ordre de marche des Israélites, selon leurs unités. Et ils partirent. Moïse dit à Hobab, fils de Réuel le Madianite, son beau-père: "Nous partons pour le pays dont Yahvé a dit: Je vous le donnerai. Viens avec nous, et nous te ferons du bien, car Yahvé a promis du bonheur à Israël" -- "Je ne viendrai pas, lui répondit-il, mais j'irai dans mon pays et dans ma parenté" -- "Ne nous abandonne pas, reprit Moïse. Car tu connais les lieux où nous devons camper dans le désert, et ainsi tu seras nos yeux. Si tu viens avec nous, ce bonheur que Yahvé nous donnera, nous te le donnerons." Ils partirent de la montagne de Yahvé pour faire trois journées de marche. L'arche de l'alliance de Yahvé devait les précéder durant ces trois journées de marche, leur cherchant un lieu d'étape. Pendant le jour, la Nuée de Yahvé fut au-dessus d'eux, lorsqu'ils furent partis du camp. Quand l'arche partait, Moïse disait: "Lève-toi, Yahvé, que tes ennemis se dispersent, que ceux qui te haïssent fuient devant toi!" Et à l'étape, il disait: "Reviens, Yahvé, vers les multitudes des milliers d'Israël." Or le peuple élevait une lamentation mauvaise aux oreilles de Yahvé, et Yahvé l'entendit. Sa colère s'enflamma et le feu de Yahvé s'alluma chez eux: il dévorait une extrémité du camp. Le peuple fit appel à Moïse, qui intercéda auprès de Yahvé, et le feu tomba. On appela donc ce lieu Tabeéra, parce que le feu de Yahvé s'était allumé chez eux. Le ramassis de gens qui s'était mêlé au peuple fut saisi de fringale. Les Israélites eux-mêmes recommencèrent à pleurer, en disant: "Qui nous donnera de la viande à manger? Ah! quel souvenir! le poisson que nous mangions pour rien en Egypte, les concombres, les melons, les laitues, les oignons et l'ail! Maintenant nous dépérissons, privés de tout; nos yeux ne voient plus que de la manne!" La manne ressemblait à de la graine de coriandre et avait l'aspect du bdellium. Le peuple s'égaillait pour la récolter; puis on la broyait à la meule ou on l'écrasait au pilon; enfin on la faisait cuire dans un pot pour en faire des galettes. Elle avait le goût d'un gâteau à l'huile. Quand la rosée tombait la nuit sur le camp, la manne y tombait aussi. Moïse entendit pleurer le peuple, chaque famille à l'entrée de sa tente. La colère de Yahvé s'enflamma d'une grande ardeur. Moïse en fut très affecté, et il dit à Yahvé: "Pourquoi fais-tu du mal à ton serviteur? Pourquoi n'ai-je pas trouvé grâce à tes yeux, que tu m'aies imposé la charge de tout ce peuple? Est-ce moi qui ai conçu tout ce peuple, est-ce moi qui l'ai enfanté, que tu me dises: Porte-le sur ton sein, comme la nourrice porte l'enfant à la mamelle, au pays que j'ai promis par serment à ses pères? Où trouverais-je de la viande à donner à tout ce peuple, quand ils m'obsèdent de leurs larmes en disant: Donne-nous de la viande à manger? Je ne puis, à moi seul, porter tout ce peuple: c'est trop lourd pour moi. Si tu veux me traiter ainsi, tue-moi plutôt! Ah! si j'avais trouvé grâce à tes yeux, que je ne voie plus mon malheur!" Yahvé dit à Moïse: "Rassemble-moi 70 des anciens d'Israël, que tu sais être des anciens et des scribes du peuple. Tu les amèneras à la Tente du Rendez-vous, où ils se tiendront avec toi. Je descendrai parler avec toi; mais je prendrai de l'Esprit qui est sur toi pour le mettre sur eux. Ainsi ils porteront avec toi la charge de ce peuple et tu ne seras plus seul à le porter. A ce peuple tu diras: Sanctifiez-vous pour demain, et vous mangerez de la viande, puisque vous avez pleuré aux oreilles de Yahvé, en disant: Qui nous donnera de la viande à manger? Nous étions heureux en Egypte! Eh bien! Yahvé vous donnera de la viande à manger. Vous n'en mangerez pas un jour seulement, ou deux ou cinq ou dix ou vingt, mais bien tout un mois, jusqu'à ce qu'elle vous sorte par les narines et vous soit en dégoût, puisque vous avez rejeté Yahvé qui est au milieu de vous et que vous avez pleuré devant lui en disant: Pourquoi donc être sortis d'Egypte?" Moïse dit: "Le peuple où je suis compte 600.000 hommes de pied, et tu dis: Je leur donnerai de la viande à manger pendant tout un mois! Si l'on égorgeait pour eux petit et gros bétail, en auraient-ils assez? Si l'on ramassait pour eux tous les poissons de la mer, en auraient-ils assez?" Yahvé répondit à Moïse: "Le bras de Yahvé serait-il si court? Tu vas voir si la parole que je t'ai dite s'accomplit ou non." Moïse sortit pour dire au peuple les paroles de Yahvé. Puis il réunit 70 anciens du peuple et les plaça autour de la Tente. Yahvé descendit dans la nuée. Il lui parla, et prit de l'Esprit qui reposait sur lui pour le mettre sur les 70 anciens. Quand l'Esprit reposa sur eux ils prophétisèrent, mais ils ne recommencèrent pas. Deux hommes étaient restés au camp; l'un s'appelait Eldad et l'autre Médad. L'Esprit reposa sur eux; bien que n'étant pas venus à la Tente, ils comptaient parmi les inscrits. Ils se mirent à prophétiser dans le camp. Un jeune homme courut l'annoncer à Moïse: "Voici Eldad et Médad, dit-il, qui prophétisent dans le camp." Josué, fils de Nûn, qui depuis sa jeunesse servait Moïse, prit la parole et dit: "Moïse, Monseigneur, empêche-les!" Moïse lui répondit: "Serais-tu jaloux pour moi? Ah! puisse tout le peuple de Yahvé être prophète, Yahvé leur donnant son Esprit!" Puis Moïse regagna le camp, et avec lui les anciens d'Israël. Envoyé par Yahvé, un vent se leva qui, venant de la mer, entraîna des cailles et les précipita sur le camp. Il y en avait aussi loin qu'un jour de marche, de part et d'autre du camp, et sur une épaisseur de deux coudées au-dessus du sol. Le peuple fut debout tout le jour, toute la nuit et le lendemain pour ramasser des cailles: celui qui en ramassa le moins en eut dix muids; puis ils les étalèrent autour du camp. La viande était encore entre leurs dents, elle n'était pas encore mâchée, que la colère de Yahvé s'enflamma contre le peuple. Yahvé le frappa d'une très grande plaie. On donna à ce lieu le nom de Qibrot-ha-Taava, car c'est là qu'on enterra les gens qui s'étaient abandonnés à leur fringale. De Qibrot-ha-Taava, le peuple partit pour Haçérot, et on campa à Haçérot. Miryam, ainsi qu'Aaron, parla contre Moïse à cause de la femme kushite qu'il avait prise. Car il avait épousé une femme kushite. Et ils dirent: "Yahvé ne parlerait-il donc qu'à Moïse? N'a-t-il pas parlé à nous aussi?" Yahvé entendit. Or Moïse était un homme très humble, l'homme le plus humble que la terre ait porté. Soudain, Yahvé dit à Moïse, à Aaron et à Miryam: "Venez-vous en tous les trois à la Tente du Rendez-vous." Ils allèrent tous trois, et Yahvé descendit dans une colonne de nuée et se tint à l'entrée de la Tente. Il appela Aaron et Miryam; tous deux s'avancèrent. Yahvé dit: "Ecoutez donc mes paroles: S'il y a parmi vous un prophète, c'est en vision que je me révèle à lui, c'est dans un songe que je lui parle. Il n'en est pas ainsi de mon serviteur Moïse, toute ma maison lui est confiée. Je lui parle face à face dans l'évidence, non en énigmes, et il voit la forme de Yahvé. Pourquoi avez-vous osé parler contre mon serviteur Moïse?" La colère de Yahvé s'enflamma contre eux. Il partit et la nuée quitta la Tente. Voilà que Miryam était devenue lépreuse, blanche comme neige. Aaron se tourna vers elle: elle était devenue lépreuse. Aaron dit à Moïse: "A moi, Monseigneur! Veuille ne pas nous infliger la peine du péché que nous avons eu la folie de commettre et dont nous sommes coupables. Je t'en prie, qu'elle ne soit pas comme l'avorton dont la chair est à demi rongée lorsqu'il sort du sein de sa mère!" Moïse implora Yahvé: "O Dieu, dit-il, daigne la guérir, je t'en prie!" Yahvé dit alors à Moïse: "Et si son père lui crachait au visage, ne serait-elle pas sept jours dans la honte? Qu'elle soit pendant sept jours séquestrée hors du camp, et qu'elle y soit admise ensuite à nouveau." Miryam fut séquestrée pendant sept jours hors du camp. Le peuple ne partit pas avant sa rentrée. Puis le peuple partit de Haçérot, et alla camper dans le désert de Parân. Yahvé parla à Moïse et dit: "Envoie des hommes, un par tribu, pour reconnaître le pays de Canaan, que je donne aux Israélites. Vous enverrez tous leurs princes." Sur l'ordre de Yahvé, Moïse les envoya du désert de Parân. Ces hommes étaient tous chefs des Israélites. En voici les noms: Pour la tribu de Ruben, Shammua, fils de Zakkur; pour la tribu de Siméon, Shaphat, fils de Hori; pour la tribu de Juda, Caleb, fils de Yephunné; pour la tribu d'Issachar, Yigéal, fils de Yoseph; pour la tribu d'Ephraïm, Hoshéa, fils de Nûn; pour la tribu de Benjamin, Palti, fils de Raphu; pour la tribu de Zabulon, Gaddiel, fils de Sodi; pour la tribu de Joseph, pour la tribu de Manassé, Gaddi, fils de Susi; pour la tribu de Dan, Ammiel, fils de Gemalli; pour la tribu d'Asher, Setur, fils de Mikaël; pour la tribu de Nephtali, Nahbi, fils de Vaphsi; pour la tribu de Gad, Géuel, fils de Maki. Tels sont les noms des hommes que Moïse envoya reconnaître le pays. Puis Moïse donna à Hoshéa, fils de Nûn, le nom de Josué. Moïse les envoya reconnaître le pays de Canaan: "Montez au Négeb, montez ensuite dans la montagne. Voyez ce qu'est le pays; ce qu'est le peuple qui l'habite, fort ou faible, clairsemé ou nombreux; ce qu'est le pays où il habite, bon ou mauvais; ce que sont les villes où il habite, camps ou villes fortifiées; ce qu'est le pays, fertile ou pauvre, boisé ou non. Ayez bon courage. Prenez des produits du pays." C'était l'époque des premiers raisins. Ils montèrent reconnaître le pays, depuis le désert de Cîn jusqu'à Rehob, l'Entrée de Hamat. Ils montèrent par le Négeb et parvinrent à Hébron, où se trouvaient Ahimân, Sheshaï et Talmaï, les Anaqim. (Hébron avait été fondée sept ans avant Tanis d'Egypte.) Ils parvinrent au val d'Eshkol; ils y coupèrent un sarment et une grappe de raisin qu'ils emportèrent à deux, sur une perche, ainsi que des grenades et des figues. On appela ce lieu val d'Eshkol, à cause de la grappe qu'y avaient coupée les Israélites. Au bout de 40 jours, ils revinrent de cette reconnaissance du pays. Ils allèrent trouver Moïse, Aaron, et toute la communauté d'Israël, dans le désert de Parân, à Cadès. Ils leur firent leur rapport, ainsi qu'à toute la communauté, et leur montrèrent les produits du pays. Ils leur firent ce récit: "Nous sommes allés dans le pays où tu nous as envoyés. En vérité, il ruisselle de lait et de miel; en voici les produits. Toutefois, le peuple qui l'habite est puissant; les villes sont fortifiées, très grandes; nous y avons même vu des descendants d'Anaq. Les Amalécites occupent la région du Négeb; les Hittites, les Amorites et les Jébuséens, la montagne; les Cananéens, le bord de la mer et les rives du Jourdain." Caleb harangua le peuple assemblé près de Moïse: "Il faut marcher, disait-il, et conquérir ce pays: nous en sommes capables." Mais les hommes qui l'avaient accompagné répondirent: "Nous ne pouvons pas marcher contre ce peuple, car il est plus fort que nous." Et ils se mirent à décrier devant les Israélites le pays qu'ils avaient été reconnaître: "Le pays que nous sommes allés reconnaître est un pays qui dévore ses habitants. Tous ceux que nous y avons vus sont des hommes de haute taille. Nous y avons aussi vu des géants (les fils d'Anaq, descendance des Géants). Nous, nous faisions l'effet de sauterelles, et c'est bien aussi l'effet que nous leur faisions." Alors toute la communauté éleva la voix; ils poussèrent des cris; et cette nuit-là le peuple pleura. Tous les Israélites murmurèrent contre Moïse et Aaron, et la communauté tout entière leur dit: "Que ne sommes-nous morts au pays d'Egypte! Que ne sommes-nous morts du moins en ce désert! Pourquoi Yahvé nous mène-t-il en ce pays pour nous faire tomber sous l'épée, pour livrer en butin nos femmes et nos enfants? Ne vaudrait-il pas mieux retourner en Egypte?" Et ils se disaient l'un à l'autre: "Donnons-nous un chef et retournons en Egypte." Devant toute la communauté assemblée des Israélites, Moïse et Aaron tombèrent la face contre terre. De ceux qui avaient exploré le pays, Josué, fils de Nûn, et Caleb, fils de Yephunné, déchirèrent leurs vêtements. Ils dirent à toute la communauté des Israélites: "Le pays que nous sommes allés reconnaître est un bon, un très bon pays. Si Yahvé nous est favorable, il nous fera entrer en ce pays et nous le donnera. C'est une terre qui ruisselle de lait et de miel. Mais ne regimbez pas contre Yahvé. Et n'ayez pas peur, vous, du peuple de ce pays, car nous n'en ferons qu'une bouchée. Leur ombre protectrice les a quittés, tandis que Yahvé est avec nous. N'en ayez donc pas peur." La communauté tout entière parlait de les lapider quand la gloire de Yahvé apparut, dans la Tente du Rendez-vous, à tous les Israélites. Et Yahvé dit à Moïse: "Jusques à quand ce peuple va-t-il me mépriser? Jusques à quand refusera-t-il de croire en moi, malgré les signes que j'ai produits chez lui? Je vais le frapper de la peste, je le déposséderai. Mais de toi, je ferai une nation, plus grande et plus puissante que lui." Moïse répondit à Yahvé: "Mais les Egyptiens ont appris que, par ta propre force, tu as fait sortir de chez eux ce peuple. Ils l'ont dit aux habitants de ce pays. Ils ont appris que toi, Yahvé, tu es au milieu de ce peuple, à qui tu te fais voir face à face; que c'est toi, Yahvé, dont la nuée se tient au-dessus d'eux; que tu marches devant eux le jour dans une colonne de nuée, la nuit dans une colonne de feu. Si tu fais périr ce peuple comme un seul homme, les nations qui ont entendu parler de toi s'en vont dire: Yahvé n'a pas pu faire entrer ce peuple dans le pays qu'il lui avait promis par serment, aussi l'a-t-il massacré au désert. Non, que maintenant ta force, mon Seigneur, se déploie! Selon ta parole: Yahvé est lent à la colère et riche en bonté, il tolère faute et transgression, mais il ne laisse rien impuni, lui qui châtie la faute des pères sur les enfants jusqu'à la troisième et la quatrième génération. Pardonne donc la faute de ce peuple selon la grandeur de ta bonté, tout comme tu l'as traité depuis l'Egypte jusqu'ici." Yahvé dit: "Je lui pardonne, comme tu l'as dit. Mais -- je suis vivant! et la gloire de Yahvé remplit toute la terre! -- tous ces hommes qui ont vu ma gloire et les signes que j'ai produits en Egypte et au désert, ces hommes qui m'ont déjà dix fois mis à l'épreuve sans obéir à ma voix, ne verront pas le pays que j'ai promis par serment à leurs pères. Aucun de ceux qui me méprisent ne le verra. Mais mon serviteur Caleb, puisqu'un autre esprit l'a animé et qu'il m'a parfaitement obéi, je le ferai entrer dans le pays où il est allé, et sa descendance le possédera. (Les Amalécites et les Cananéens habitent dans la plaine.) Demain, faites demi-tour et retournez au désert, dans la direction de la mer de Suph." Yahvé parla à Moïse et à Aaron. Il dit: "Jusques à quand cette communauté perverse qui murmure contre moi? J'ai entendu les plaintes que murmurent contre moi les Israélites. Dis-leur: Par ma vie -- oracle de Yahvé -- je vous traiterai selon les paroles mêmes que vous avez prononcées à mes oreilles. Vos cadavres tomberont dans ce désert, vous tous les recensés, vous tous qu'on a dénombrés depuis l'âge de vingt ans et au-dessus, vous qui avez murmuré contre moi. Je jure que vous n'entrerez pas dans ce pays où, levant la main, j'avais fait serment de vous établir. Mais c'est Caleb, fils de Yephunné, c'est Josué, fils de Nûn, ce sont vos petits enfants dont vous avez dit qu'ils seraient livrés en butin, ce sont eux que j'y ferai entrer et qui connaîtront le pays que vous avez dédaigné. Pour vous, vos cadavres tomberont dans ce désert, et vos fils seront nomades dans le désert pendant 40 ans, portant le poids de votre infidélité, jusqu'à ce que vos cadavres soient au complet dans le désert. Vous avez reconnu le pays pendant 40 jours. Chaque jour vaut une année: 40 ans vous porterez le poids de vos fautes, et vous saurez ce que c'est que m'abandonner. J'ai parlé, moi, Yahvé; c'est ainsi que je traiterai toute cette communauté perverse réunie contre moi. Dans ce désert même il n'en manquera pas un, c'est là qu'ils mourront." Ces hommes que Moïse avait envoyés reconnaître le pays et qui, à leur tour, avaient excité toute la communauté d'Israël à murmurer contre lui en décriant le pays, ces hommes qui décriaient malignement le pays furent frappés de mort devant Yahvé. Des hommes qui étaient allés reconnaître le pays, seuls Josué, fils de Nûn, et Caleb, fils de Yephunné, restèrent en vie. Moïse rapporta ces paroles à tous les Israélites et le peuple fit de grandes lamentations. Puis, s'étant levés de bon matin, ils montèrent vers le sommet de la montagne, en disant: "Nous voici qui montons vers ce lieu, à propos duquel Yahvé a dit que nous avions péché." Moïse répondit: "Pourquoi transgressez-vous l'ordre de Yahvé? Cela ne réussira pas. Ne montez point, car Yahvé n'est pas au milieu de vous; ne vous faites pas battre par vos ennemis. Oui, les Amalécites et les Cananéens sont là en face de vous, et vous tomberez sous l'épée, parce que vous vous êtes détournés de Yahvé et que Yahvé n'est pas avec vous." Ils montèrent pourtant, dans leur présomption, au sommet de la montagne. Ni l'arche de l'alliance de Yahvé ni Moïse ne quittèrent le camp. Les Amalécites et les Cananéens qui habitaient cette montagne descendirent, les battirent et les taillèrent en pièces jusqu'à Horma. Yahvé parla à Moïse et dit: "Parle aux Israélites, tu leur diras: Quand vous serez entrés dans le pays où vous demeurerez et que je vous donne, si vous consumez des viandes pour Yahvé en holocauste ou en sacrifice, soit pour accomplir un voeu, soit à titre d'offrande spontanée, soit à l'occasion de vos solennités, -- faisant ainsi de votre gros ou petit bétail un parfum d'apaisement pour Yahvé, -- l'offrant apportera, pour son offrande personnelle à Yahvé, une oblation d'un dixième de fleur de farine, pétrie avec un quart de setier d'huile. Tu feras une libation de vin d'un quart de setier par agneau, en plus de l'holocauste ou du sacrifice. Pour un bélier, tu feras une oblation de deux dixièmes de fleur de farine, pétrie avec un tiers de setier d'huile, et une libation de vin d'un tiers de setier, que tu offriras en parfum d'apaisement pour Yahvé. Si c'est un taureau que tu offres en holocauste ou en sacrifice, pour accomplir un voeu ou comme sacrifice de communion pour Yahvé, on offrira en plus de la bête une oblation de trois dixièmes de fleur de farine, pétrie avec un demi-setier d'huile, et tu offriras une libation de vin d'un demi-setier, comme mets consumé en parfum d'apaisement pour Yahvé. Ainsi fera-t-on pour chaque taureau, chaque bélier ou chaque tête de petit bétail, mouton ou chèvre. Selon le nombre des victimes que vous aurez à immoler, vous ferez de même pour chacune d'elles, autant qu'il y en aura. Ainsi fera tout homme de votre peuple, quand il offrira un mets consumé en parfum d'apaisement pour Yahvé. Et si quelque étranger réside avec vous, ou avec vos descendants, il offrira un mets consumé, en parfum d'apaisement pour Yahvé: comme vous faites, ainsi fera l'assemblée. Il n'y aura qu'une seule loi pour vous et pour l'étranger. C'est une loi perpétuelle pour vos descendants: devant Yahvé il en sera de vous comme de l'étranger. Il n'y aura qu'une loi et qu'un droit pour vous et pour l'étranger qui réside chez vous." Yahvé parla à Moïse et dit: "Parle aux Israélites, tu leur diras: Quand vous serez entrés dans le pays où je vous conduis, vous devrez faire un prélèvement pour Yahvé lorsque vous mangerez du pain de ce pays. Comme prémices de vos huches vous prélèverez un gâteau; vous ferez ce prélèvement comme celui que l'on fait sur l'aire. Vous donnerez à Yahvé un prélèvement sur le meilleur de vos huches. Ceci concerne vos descendants. "Si vous manquez par inadvertance à quelqu'un de ces commandements que Yahvé a énoncés à Moïse (tout ce que Yahvé vous a ordonné par l'intermédiaire de Moïse, depuis le jour où il a ordonné tout cela, et pour vos générations), il en sera ainsi: Si c'est à la communauté que l'inadvertance a échappé, la communauté tout entière fera l'holocauste d'un jeune taureau en parfum d'apaisement pour Yahvé, avec l'oblation et la libation conjointes selon la règle, et elle offrira un bouc en sacrifice pour le péché. Le prêtre fera le rite d'expiation sur toute la communauté des Israélites, et il leur sera pardonné, puisque c'est une inadvertance. Quand ils auront apporté leur offrande, en mets consumé pour Yahvé, et présenté devant Yahvé leur sacrifice pour le péché, pour réparer leur inadvertance, il sera pardonné à toute la communauté des Israélites, et aussi à l'étranger qui réside parmi eux, puisque le peuple entier a agi par inadvertance. Si c'est une seule personne qui a péché par inadvertance, elle offrira, en sacrifice pour le péché, un chevreau d'un an. Le prêtre fera devant Yahvé le rite d'expiation sur la personne qui s'est fourvoyée par ce péché d'inadvertance; en accomplissant sur elle le rite d'expiation, il lui sera pardonné, qu'il s'agisse d'un citoyen d'entre les Israélites ou d'un étranger en résidence parmi eux. Il n'y aura chez vous qu'une loi pour celui qui agit par inadvertance. Mais celui qui agit délibérément, qu'il soit citoyen ou étranger, c'est Yahvé qu'il outrage. Un tel individu sera retranché du milieu de son peuple: il a méprisé la parole de Yahvé et enfreint son commandement. Cet individu devra être supprimé, sa faute est en lui." Alors que les Israélites étaient dans le désert, on surprit un homme qui ramassait du bois le jour du sabbat. Ceux qui l'avaient surpris à ramasser du bois l'amenèrent à Moïse, à Aaron et à toute la communauté. On le mit sous bonne garde, car le traitement qu'il devait subir n'avait pas encore été fixé. Yahvé dit à Moïse: "Cet homme doit être mis à mort. Que toute la communauté le lapide hors du camp." Toute la communauté le fit sortir du camp et le lapida jusqu'à ce que mort s'ensuivît, comme Yahvé l'avait ordonné à Moïse. Yahvé parla à Moïse et dit: "Parle aux Israélites; tu leur diras, pour leurs générations, de se faire des houppes aux pans de leurs vêtements et de mettre un fil de pourpre violette à la houppe du pan. Vous aurez donc une houppe, et sa vue vous rappellera tous les commandements de Yahvé. Vous les mettrez alors en pratique, sans plus suivre les désirs de vos coeurs et de vos yeux, qui vous ont conduits à vous prostituer. Ainsi vous vous rappellerez tous mes commandements, vous les mettrez en pratique, et vous serez des consacrés pour votre Dieu. C'est moi Yahvé votre Dieu qui vous ai fait sortir du pays d'Egypte, afin d'être Dieu pour vous, moi Yahvé votre Dieu." Coré, fils de Yiçhar, fils de Qehat, fils de Lévi, Datân et Abiram, fils d'Eliab, et On, fils de Pélèt (Eliab et Pélèt étaient fils de Ruben) furent orgueilleux; ils se dressèrent contre Moïse, ainsi que 250 des Israélites, princes de la communauté, considérés dans les solennités, hommes de renom. Ils s'attroupèrent alors contre Moïse et Aaron en leur disant: "Vous passez la mesure! C'est toute la communauté, ce sont tous ses membres qui sont consacrés, et Yahvé est au milieu d'eux. Pourquoi vous élevez-vous au-dessus de la communauté de Yahvé?" Moïse, l'ayant entendu, tomba face contre terre. Puis il dit à Coré et à tout son groupe: "Demain matin, Yahvé fera connaître qui est à lui, qui est l'homme consacré qu'il laissera approcher de lui. Celui qu'il fera approcher de lui, c'est celui-là qu'il choisit. Voici ce que vous ferez: prenez les encensoirs de Coré et de tout son groupe, mettez-y du feu et, demain, déposez dessus de l'encens devant Yahvé. Celui que choisira Yahvé, c'est lui l'homme consacré. Vous passez la mesure, fils de Lévi!" Moïse dit à Coré: "Ecoutez donc, fils de Lévi! Est-ce trop peu pour vous que le Dieu d'Israël vous ait distingués de la communauté d'Israël, vous appelant auprès de lui pour faire le service de la Demeure de Yahvé, vous plaçant en face de cette communauté quand vous officiez pour elle? Il t'a appelé auprès de lui, toi et avec toi tous tes frères les Lévites, et vous voulez en plus être prêtres! C'est donc contre Yahvé que vous vous êtes ligués, toi et ton groupe: qu'est donc Aaron, pour que vous murmuriez contre lui?" Moïse envoya appeler Datân et Abiram, fils d'Eliab. Ils répondirent: "Nous ne viendrons pas. N'est-ce pas assez de nous avoir fait quitter une terre qui ruisselle de lait et de miel pour nous faire mourir en ce désert, que tu veuilles encore t'ériger en prince sur nous? Ah! ce n'est pas une terre qui ruisselle de lait et de miel où tu nous as conduits, et tu ne nous as pas donné en héritage champs et vergers! Penses-tu rendre ces gens aveugles? Nous ne viendrons pas." Moïse entra dans une violente colère, et il dit à Yahvé: "Ne prends pas garde à leur oblation. Je ne leur ai pas pris un âne, et je n'ai fait de tort à aucun d'eux." Moïse dit à Coré: "Toi et tout ton groupe, venez demain vous mettre en présence de Yahvé, toi et eux, ainsi qu'Aaron. Que chacun prenne son encensoir, y mette de l'encens, et que chacun apporte son encensoir devant Yahvé -- 250 encensoirs. Toi et Aaron aussi, apportez chacun votre encensoir." Chacun prit son encensoir, y mit du feu et déposa de l'encens par-dessus. Puis ils se tinrent à l'entrée de la Tente du Rendez-vous, ainsi que Moïse et Aaron. Coré rassembla en face de ces derniers toute la communauté à l'entrée de la Tente du Rendez-vous, et la gloire de Yahvé apparut à toute la communauté. Yahvé parla à Moïse et à Aaron. Il dit: "Séparez-vous de cette communauté, je vais la détruire en un instant." Ils tombèrent la face contre terre et s'écrièrent: "O Dieu, Dieu des esprits qui animent toute chair, vas-tu t'irriter contre toute la communauté quand un seul pèche?" Yahvé parla à Moïse et dit: Parle à cette communauté et dis: "Eloignez-vous de la demeure de Coré." Moïse se leva et s'en vint auprès de Datân et Abiram; les anciens d'Israël le suivirent. Il parla à la communauté et dit: "De grâce, écartez-vous des tentes de ces hommes pervers, et ne touchez à rien de ce qui leur appartient, de peur que tous leurs péchés ne vous emportent." Ils s'écartèrent des alentours de la maison de Coré. Datân et Abiram étaient sortis et se trouvaient à l'entrée de leurs tentes, avec leurs femmes, leurs fils et leurs jeunes enfants. Moïse dit: "A ceci vous saurez que c'est Yahvé qui m'a envoyé pour accomplir toutes ces oeuvres, et que je ne les fais pas de mon propre chef: si ces gens meurent de mort naturelle, atteints par la sentence commune à tous les hommes, c'est que Yahvé ne m'a pas envoyé. Mais si Yahvé fait quelque chose d'inouï, si la terre ouvre sa bouche et les engloutit, eux et tout ce qui leur appartient, et qu'ils descendent vivants au shéol, vous saurez que ces gens ont rejeté Yahvé." Comme il achevait de prononcer toutes ces paroles, le sol se fendit sous leurs pieds, la terre ouvrit sa bouche et les engloutit, eux et leurs familles, ainsi que tous les hommes de Coré et tous ses biens. Ils descendirent vivants au shéol, eux et tout ce qui leur appartenait. La terre les recouvrit et ils disparurent du milieu de l'assemblée. A leurs cris, tous les Israélites qui se trouvaient autour d'eux s'enfuirent. Car ils se disaient: "Que la terre ne nous engloutisse pas!" Un feu jaillit de Yahvé, qui consuma les 250 hommes porteurs d'encens. Yahvé parla à Moïse et dit: "Dis à Eléazar, fils d'Aaron, le prêtre, qu'il enlève les encensoirs du milieu des braises et disperse au loin ce feu, car ces encensoirs de péché sont sanctifiés, au prix de la vie de ces hommes. Puisqu'on les a apportés devant Yahvé et qu'ils sont consacrés, qu'on en batte le métal en plaques pour recouvrir l'autel. Ils serviront de signe aux Israélites." Eléazar, le prêtre, prit les encensoirs de bronze qu'avaient apportés les hommes que le feu avait détruits. On les battit en plaques pour recouvrir l'autel. Elles rappellent aux Israélites qu'aucun profane, étranger à la descendance d'Aaron, ne doit s'approcher pour faire fumer l'encens devant Yahvé, sous peine de subir le sort de Coré et de son groupe, selon ce qu'avait dit Yahvé par l'intermédiaire de Moïse. Le lendemain, toute la communauté des Israélites murmura contre Moïse et Aaron, en disant: "Vous avez fait périr le peuple de Yahvé." Or, comme la communauté s'attroupait contre Moïse et Aaron, ceux-ci se tournèrent vers la Tente du Rendez-vous. Voici que la Nuée la recouvrit et que la gloire de Yahvé apparut. Moïse et Aaron se rendirent alors devant la Tente du Rendez-vous. Yahvé parla à Moïse et dit: "Sortez du milieu de cette communauté; je vais la détruire en un instant." Ils tombèrent face contre terre. Puis Moïse dit à Aaron: "Prends l'encensoir, mets-y du feu pris sur l'autel, dépose dessus l'encens et hâte-toi d'aller près de la communauté pour faire sur elle le rite d'expiation. Car la Colère est sortie de devant Yahvé: la Plaie a commencé." Aaron le prit, comme avait dit Moïse, et courut au milieu de l'assemblée; mais la Plaie avait déjà commencé parmi le peuple. Il mit l'encens et fit le rite d'expiation sur le peuple. Puis il se tint entre les morts et les vivants; la Plaie s'arrêta. Il y eut 14.700 victimes de cette plaie, sans compter ceux qui étaient morts à cause de Coré. Puis Aaron revint auprès de Moïse à l'entrée de la Tente du Rendez-vous: la Plaie s'était arrêtée. Yahvé parla à Moïse et dit: "Parle aux Israélites. Qu'ils te remettent, pour chaque famille, un rameau; que tous leurs chefs, pour leurs familles, te remettent douze rameaux. Tu écriras le nom de chacun sur son rameau; et sur le rameau de Lévi tu écriras le nom d'Aaron, car il y aura un rameau pour le chef des familles de Lévi. Tu les déposeras ensuite dans la Tente du Rendez-vous, devant le Témoignage où je me rencontre avec toi. L'homme dont le rameau bourgeonnera sera celui que je choisis; ainsi je ne laisserai pas monter jusqu'à moi les murmures que les Israélites profèrent contre vous." Moïse parla aux Israélites, et tous leurs princes lui remirent chacun un rameau, douze rameaux pour l'ensemble de leurs familles patriarcales; parmi eux était le rameau d'Aaron. Moïse les déposa devant Yahvé dans la Tente du Témoignage. Le lendemain, quand Moïse vint à la Tente du Témoignage, le rameau d'Aaron, pour la maison de Lévi, avait bourgeonné: des bourgeons avaient éclos, des fleurs s'étaient épanouies et des amandes avaient mûri. Moïse reprit tous les rameaux de devant Yahvé et les apporta à tous les Israélites; ils constatèrent, et chacun reprit son rameau. Yahvé dit alors à Moïse: "Remets le rameau d'Aaron devant le Témoignage où il aura sa place rituelle, comme un signe pour ces rebelles. Il réduira à néant leurs murmures qui ne monteront plus jusqu'à moi, et eux ne mourront pas." Moïse fit comme Yahvé le lui avait ordonné. Il fit ainsi. Les Israélites dirent à Moïse: "Nous voici perdus! Nous périssons! Nous périssons tous! Quiconque s'approche de la Demeure de Yahvé pour une offrande meurt. Allons-nous à notre perte jusqu'au dernier?" Alors Yahvé dit à Aaron: "Toi, tes fils et la maison de ton père avec toi, vous porterez le poids des fautes commises envers le sanctuaire. Toi et tes fils avec toi vous porterez le poids des fautes de votre sacerdoce. Fais aussi, avec toi, approcher tes frères du rameau de Lévi, la tribu de ton père. Qu'ils te soient adjoints et qu'ils te servent, toi et tes fils, devant la Tente du Témoignage. Ils assureront ton service et celui de toute la Tente. A condition qu'ils ne s'approchent pas des objets sacrés ni de l'autel, ils ne mourront pas plus que vous. Ils te seront adjoints, ils assumeront la charge de la Tente du Rendez-vous, pour tout le service de la Tente, et aucun profane n'approchera de vous. Vous assumerez la charge du sanctuaire et la charge de l'autel, et la Colère ne sévira plus contre les Israélites. C'est moi qui ai pris vos frères les Lévites d'entre les Israélites pour vous en faire don. A titre de donnés, ils appartiennent à Yahvé, pour faire le service de la Tente du Rendez-vous. Toi et tes fils, vous assumerez les fonctions sacerdotales pour tout ce qui concerne l'autel et pour tout ce qui est derrière le rideau. Vous accomplirez le service cultuel dont j'accorde l'office à votre sacerdoce. Mais le profane qui s'approchera mourra." Yahvé dit à Aaron: "Moi, je t'ai donné la charge de ce qu'on prélève pour moi. Tout ce que consacrent les Israélites, je te le donne comme la part qui t'est assignée, ainsi qu'à tes fils, en vertu d'un décret perpétuel. Voici ce qui te reviendra sur les choses très saintes, sur les mets offerts: toutes les offrandes que me restituent les Israélites, à titre d'oblation, de sacrifice pour le péché, de sacrifice de réparation; c'est chose très sainte, qui te reviendra ainsi qu'à tes fils. Vous vous nourrirez des choses très saintes. Tout mâle en pourra manger. Tu les tiendras pour sacrées. Ceci encore te reviendra: ce qui est prélevé sur les offrandes des Israélites, sur tout ce qui est tendu en geste de présentation, je te le donne, ainsi qu'à tes fils et à tes filles, en vertu d'un décret perpétuel. Quiconque est pur dans ta maison en pourra manger. Tout le meilleur de l'huile, tout le meilleur du vin nouveau et du blé, ces prémices qu'ils offrent à Yahvé, je te les donne. Tous les premiers produits de leur pays, qu'ils apportent à Yahvé, te reviendront; quiconque est pur dans ta maison en pourra manger. Tout ce qui est frappé d'anathème en Israël te reviendra. Tout premier-né qu'on apporte à Yahvé te reviendra, issu de tout être de chair, homme ou animal; mais tu devras faire racheter le premier-né de l'homme, et tu feras racheter le premier-né d'un animal impur. Tu le feras racheter dans le mois de la naissance, en l'évaluant à cinq sicles d'argent, selon le sicle du sanctuaire qui est de vingt géras. Seuls les premiers-nés de la vache, de la brebis et de la chèvre ne seront pas rachetés. Ils sont chose sainte: tu en verseras le sang sur l'autel, tu en feras fumer la graisse, comme mets consumé en parfum d'apaisement pour Yahvé, et la viande t'en reviendra, ainsi que la poitrine de présentation et la cuisse droite. Tous les prélèvements que les Israélites font pour Yahvé sur les choses saintes, je te les donne, ainsi qu'à tes fils et à tes filles, en vertu d'un décret perpétuel. C'est là une alliance éternelle par le sel devant Yahvé, pour toi et pour ta descendance avec toi." Yahvé dit à Aaron: "Tu n'auras point d'héritage dans leur pays, il n'y aura pas de part pour toi au milieu d'eux. C'est moi qui serai ta part et ton héritage au milieu des Israélites. Voici: aux enfants de Lévi je donne pour héritage toute dîme perçue en Israël, en échange de leurs services, du service qu'ils font dans la Tente du Rendez-vous. Les Israélites n'approcheront plus de la Tente du Rendez-vous: ils se chargeraient d'un péché et mourraient. C'est Lévi qui fera le service de la Tente du Rendez-vous, et les Lévites porteront le poids de leurs fautes. C'est un décret perpétuel pour vos générations: les Lévites ne posséderont point d'héritage au milieu des Israélites, car c'est la dîme que les Israélites prélèvent pour Yahvé que je donne pour héritage aux Lévites. Voilà pourquoi je leur ai dit qu'ils ne posséderaient point d'héritage au milieu des Israélites." Yahvé parla à Moïse et dit: "Tu parleras aux Lévites et tu leur diras: Quand vous percevrez sur les Israélites la dîme que je vous donne en héritage de leur part, vous en retiendrez le prélèvement de Yahvé, la dîme de la dîme. Elle tiendra lieu du prélèvement à prendre sur vous, au même titre que le blé pris sur l'aire et le vin nouveau pris sur la cuve. Ainsi, vous aussi, vous retiendrez le prélèvement de Yahvé, sur toutes les dîmes que vous percevrez sur les Israélites. Vous donnerez ce que vous aurez prélevé pour Yahvé au prêtre Aaron. Sur tous les dons que vous recevrez vous retiendrez le prélèvement de Yahvé; c'est sur le meilleur de toutes choses que vous retiendrez la part sacrée. Tu leur diras: Lorsque vous en aurez prélevé le meilleur, tous ces dons tiendront lieu aux Lévites du produit de l'aire et du produit de la cuve. Vous pourrez les consommer, en tout lieu, vous et vos gens: c'est votre salaire pour votre service dans la Tente du Rendez-vous. Vous ne serez pour cela chargés d'aucun péché, du moment que vous en aurez prélevé le meilleur; vous ne profanerez pas les choses consacrées par les Israélites et vous ne mourrez pas." Yahvé parla à Moïse et à Aaron Il dit: "Voici un décret de la Loi que Yahvé a prescrite. Parle aux Israélites. Qu'ils t'amènent une vache rousse sans défaut ni tare, et qui n'ait pas porté le joug. Vous la donnerez à Eléazar, le prêtre. On la mènera hors du camp et on l'immolera devant lui. Puis Eléazar, le prêtre, prendra sur son doigt un peu du sang de la victime, et de ce sang il fera sept aspersions dans la direction de l'entrée de la Tente du Rendez-vous. On brûlera alors la vache sous ses yeux; on en brûlera la peau, la chair, le sang, ainsi que la fiente. Le prêtre prendra ensuite du bois de cèdre, de l'hysope et du rouge de cochenille, et les jettera dans le feu où se consume la vache. Puis il nettoiera ses vêtements, il se lavera le corps avec de l'eau; après quoi, il rentrera au camp, mais il sera impur jusqu'au soir. Celui qui aura brûlé la vache nettoiera ses vêtements, se lavera le corps avec de l'eau, et sera impur jusqu'au soir. C'est un homme en état de pureté qui recueillera les cendres de la vache et les déposera, hors du camp, en un lieu pur. Elles resteront à l'usage rituel de la communauté des Israélites pour faire l'eau lustrale; c'est un sacrifice pour le péché. Celui qui aura recueilli les cendres de la vache nettoiera ses vêtements et sera impur jusqu'au soir. Pour les Israélites comme pour l'étranger qui réside parmi eux, ce sera un décret perpétuel. "Celui qui touche un cadavre, quel que soit le mort sera impur sept jours. Il se purifiera avec ces eaux, le troisième et le septième jour, et il sera pur; mais s'il ne se purifie pas le troisième et le septième jour, il ne sera pas pur. Quiconque a touché un mort, le corps d'un homme qui meurt, et ne s'est pas purifié, souille la Demeure de Yahvé; cet homme sera retranché d'Israël, car les eaux lustrales n'ont pas coulé sur lui, il est impur, son impureté est en lui. Voici la loi pour le cas d'un homme qui meurt dans une tente. Quiconque entre dans la tente, et quiconque s'y trouve, sera impur sept jours. Est également impur tout récipient ouvert, qui n'a pas été fermé par un couvercle ou par un lien. Quiconque touche, dans la campagne, un homme assassiné, un mort, des ossements humains, ou un tombeau, sera impur sept jours. "On prendra, pour cet homme impur, de la cendre de la victime consumée en sacrifice pour le péché. On versera de l'eau vive par-dessus, dans un vase. Puis un homme en état de pureté prendra de l'hysope qu'il plongera dans l'eau. Il fera alors l'aspersion sur la tente, sur tous les vases et sur toutes les personnes qui s'y trouvent, et de même sur celui qui a touché des ossements, un homme assassiné, un mort ou un tombeau. L'homme pur fera l'aspersion sur l'impur, le troisième et le septième jour, et le septième jour il l'aura délivré de son péché. L'homme impur nettoiera alors ses vêtements, il se lavera avec de l'eau et le soir il sera pur. Mais un homme impur qui omettrait de se purifier ainsi sera retranché de la communauté, car il souillerait le sanctuaire de Yahvé. Les eaux lustrales n'ont pas coulé sur lui, c'est un impur. Ce sera pour eux un décret perpétuel. Celui qui fait l'aspersion d'eaux lustrales nettoiera ses vêtements et celui qui a touché à ces eaux sera impur jusqu'au soir. Tout ce que l'impur a touché sera impur, et la personne qui l'a touché sera impure jusqu'au soir. Les Israélites, toute la communauté, arrivèrent le premier mois au désert de Cîn. Le peuple s'établit à Cadès. C'est là que Miryam mourut et qu'elle fut enterrée. Il n'y avait pas d'eau pour la communauté; alors ils s'ameutèrent contre Moïse et Aaron. Le peuple s'en prit à Moïse: "Que n'avons-nous péri, disaient-ils, comme nos frères ont péri devant Yahvé! Pourquoi avez-vous conduit l'assemblée de Yahvé en ce désert, pour que nous y mourions, nous et nos bêtes? Pourquoi nous avoir fait monter d'Egypte pour nous conduire en ce sinistre lieu? C'est un lieu impropre aux semailles, sans figuiers, ni vignes, ni grenadiers, sans même d'eau à boire!" Quittant l'assemblée, Moïse et Aaron vinrent à l'entrée de la Tente du Rendez-vous. Ils tombèrent face contre terre, et la gloire de Yahvé leur apparut. Yahvé parla à Moïse et dit: "Prends le rameau et rassemble la communauté, toi et ton frère Aaron. Puis, sous leurs yeux, dites à ce rocher qu'il donne ses eaux. Tu feras jaillir pour eux de l'eau de ce rocher et tu feras boire la communauté et son bétail." Moïse prit le rameau de devant Yahvé, comme il le lui avait commandé. Moïse et Aaron convoquèrent l'assemblée devant le rocher, puis il leur dit: "Ecoutez donc, rebelles. Ferons-nous jaillir pour vous de l'eau de ce rocher?" Moïse leva la main et, avec le rameau, frappa le rocher par deux fois: l'eau jaillit en abondance, la communauté et son bétail purent boire. Yahvé dit alors à Moïse et à Aaron: "Puisque vous ne m'avez pas cru capable de me sanctifier aux yeux des Israélites, vous ne ferez pas entrer cette assemblée dans le pays que je lui donne." Ce sont là les eaux de Meriba, où les Israélites s'en prirent à Yahvé, et où il manifesta par elles sa sainteté. Moïse envoya de Cadès des messagers: "Au roi d'Edom. Ainsi parle ton frère Israël. Tu sais, toi, quelles tribulations nous avons rencontrées. Nos pères sont descendus en Egypte, où nous sommes restés bien des jours. Mais les Egyptiens nous ont maltraités, ainsi que nos pères. Nous en avons appelé à Yahvé. Il a entendu notre voix et il a envoyé l'ange qui nous a fait sortir d'Egypte. Nous voici maintenant à Cadès, ville qui est aux confins de ton territoire. Nous voulons, s'il t'agrée, traverser ton pays. Nous n'irons pas à travers les champs ni les vignes; nous ne boirons pas l'eau des puits; nous suivrons la route royale sans nous écarter à droite ou à gauche, jusqu'à ce que nous ayons traversé ton territoire." Edom lui répondit: "Tu ne passeras pas chez moi, sinon je marcherai en armes à ta rencontre." Les Israélites lui dirent: "Nous suivrons la grand-route; si nous buvons de ton eau, moi et mes troupeaux, j'en paierai le prix. Ce n'est pas une affaire que de me laisser passer à pied." Edom répondit: "Tu ne passeras pas", et Edom marcha à sa rencontre en grand nombre et en grande force. Edom ayant ainsi refusé à Israël le passage sur son territoire, Israël s'en écarta. Ils partirent de Cadès, et les Israélites, toute la communauté, arrivèrent à Hor-la-Montagne. Yahvé parla à Moïse et à Aaron, à Hor-la-Montagne, sur la frontière du pays d'Edom. Il dit: "Qu'Aaron soit réuni aux siens: car il ne doit pas entrer dans le pays que je donne aux Israélites, puisque vous avez été rebelles à ma voix, aux eaux de Meriba. Prends Aaron et Eléazar, son fils, et fais-les monter sur la montagne de Hor. Tu ôteras alors à Aaron ses vêtements, pour en revêtir Eléazar, son fils, et Aaron sera réuni aux siens: c'est là qu'il doit mourir." Moïse fit ce que Yahvé avait ordonné. Sous les yeux de toute la communauté, ils montèrent sur la montagne de Hor. Moïse ôta à Aaron ses vêtements pour en revêtir Eléazar, son fils; et Aaron mourut là, au sommet de la montagne. Puis Moïse et Eléazar redescendirent de la montagne. Toute la communauté vit qu'Aaron avait expiré, et toute la maison d'Israël pleura Aaron pendant 30 jours. Le roi d'Arad, le Cananéen habitant au Négeb, apprit qu'Israël venait par la route d'Atarim. Il attaqua Israël et lui fit des prisonniers. Israël fit alors ce voeu à Yahvé: "Si tu livres ce peuple en mon pouvoir, je vouerai ses villes à l'anathème." Yahvé écouta la voix d'Israël et livra les Cananéens en son pouvoir. Ils les vouèrent à l'anathème, eux et leurs villes. On donna à ce lieu le nom de Horma. Ils partirent de Hor-la-Montagne par la route de la mer de Suph, pour contourner le pays d'Edom. En chemin, le peuple perdit patience. Il parla contre Dieu et contre Moïse: "Pourquoi nous avez-vous fait monter d'Egypte pour mourir en ce désert? Car il n'y a ni pain ni eau; nous sommes excédés de cette nourriture de famine." Dieu envoya alors contre le peuple les serpents brûlants, dont la morsure fit périr beaucoup de monde en Israël. Le peuple vint dire à Moïse: "Nous avons péché en parlant contre Yahvé et contre toi. Intercède auprès de Yahvé pour qu'il éloigne de nous ces serpents." Moïse intercéda pour le peuple et Yahvé lui répondit: "Façonne-toi un Brûlant que tu placeras sur un étendard. Quiconque aura été mordu et le regardera restera en vie." Moïse façonna donc un serpent d'airain qu'il plaça sur l'étendard, et si un homme était mordu par quelque serpent, il regardait le serpent d'airain et restait en vie. Les Israélites partirent et campèrent à Obot. Puis ils partirent d'Obot et campèrent à Iyyé-ha-Abarim, dans le désert qui confine à Moab, du côté du soleil levant. Ils partirent de là et campèrent dans le torrent de Zéred. Ils partirent de là et campèrent au-delà de l'Arnon. Ce torrent sortait, dans le désert, du pays des Amorites. Car l'Arnon était à la frontière de Moab, entre les Moabites et les Amorites. Aussi est-il dit dans le livre des Guerres de Yahvé: Vaheb... près de Supha et le torrent d'Arnon et la pente du ravin qui s'incline vers le site d'Ar et s'appuie à la frontière de Moab. Et de là ils allèrent à Béer -- C'est au sujet de ce puits que Yahvé avait dit à Moïse: "Rassemble le peuple et je leur donnerai de l'eau." Alors Israël chanta ce cantique: Sur le Puits. Chantez-le, le Puits qu'ont creusé des princes, qu'ont foré les chefs du peuple, avec le sceptre, avec leurs bâtons. -- et du désert à Mattana, Malheur Mattana à Nahaliel, de Nahaliel à Bamot, et de Bamot à la vallée qui s'ouvre dans la campagne de Moab, vers les hauteurs du Pisga, qui fait face au désert et le domine. Israël envoya des messagers dire à Sihôn, roi des Amorites: "Je voudrais traverser ton pays. Nous ne nous écarterons pas à travers les champs ni les vignes; nous ne boirons pas l'eau des puits; nous suivrons la route royale, jusqu'à ce que nous ayons traversé ton territoire." Mais Sihôn ne laissa pas Israël traverser son pays. Il rassembla tout son peuple, marcha dans le désert à la rencontre d'Israël et atteignit Yahaç, où il livra bataille à Israël. Israël le frappa du tranchant de l'épée et conquit son pays, depuis l'Arnon jusqu'au Yabboq, jusqu'aux fils d'Ammon, car Yazèr se trouvait à la frontière ammonite. Israël s'empara de toutes ces villes. Il occupa toutes les villes des Amorites, Heshbôn et toutes ses dépendances. Heshbôn était en effet la capitale de Sihôn, roi des Amorites. C'est Sihôn qui avait fait la guerre au premier roi de Moab et lui avait enlevé tout son pays jusqu'à l'Arnon. C'est pourquoi les poètes disent: Venez à Heshbôn, qu'elle soit rebâtie, qu'elle soit bien fondée la ville de Sihôn! Un feu est sorti de Heshbôn, une flamme de la cité de Sihôn, elle a dévoré Ar-Moab, englouti les hauteurs de l'Arnon. Malheur à toi, Moab! Tu es perdu, peuple de Kemosh! Il fait de ses fils des fuyards et de ses filles des captives du roi des Amorites, de Sihôn. Mais leur postérité a été détruite depuis Heshbôn jusqu'à Dibôn, et nous avons mis le feu depuis Nophah et jusqu'à Médba. Israël s'établit dans le pays des Amorites. Moïse envoya espionner Yazèr, et Israël la prit ainsi que ses dépendances; il déposséda les Amorites qui y habitaient. Puis ils prirent la direction du Bashân et ils y montèrent. Le roi du Bashân, Og, marcha à leur rencontre avec tout son peuple pour livrer bataille à Edréï. Yahvé dit à Moïse: "Ne crains pas, car j'ai livré en ton pouvoir, lui, tout son peuple et son pays. Tu le traiteras comme tu as traité Sihôn, roi des Amorites, qui habitait à Heshbôn." Ils le battirent, lui, ses fils et son peuple, sans que personne en réchappât. Ils prirent possession de son pays. Puis les Israélites partirent, et s'en allèrent camper dans les Steppes de Moab, au-delà du Jourdain, vers Jéricho. Balaq, fils de Cippor, vit tout ce qu'Israël avait fait aux Amorites; Moab fut pris de panique devant ce peuple, car il était fort nombreux. Moab eut peur des Israélites; il dit aux anciens de Madiân: "Voilà cette multitude en train de tout brouter autour de nous comme un boeuf broute l'herbe des champs." Balaq, fils de Cippor, était roi de Moab en ce temps-là. Il envoya des messagers mander Balaam, fils de Béor, à Pétor, sur le Fleuve, au pays des fils d'Ammav. Il lui disait: "Voici que le peuple qui est sorti d'Egypte a couvert tout le pays; il s'est établi en face de moi. Viens donc, je te prie, et maudis-moi ce peuple, car il est plus puissant que moi. Ainsi pourrons-nous le battre et le chasser du pays. Car je le sais: celui que tu bénis est béni, celui que tu maudis est maudit." Les anciens de Moab et les anciens de Madiân partirent, le salaire de l'augure en main. Ils vinrent trouver Balaam et lui transmirent les paroles de Balaq. Il leur dit: "Passez ici la nuit, et je vous répondrai selon ce que m'aura dit Yahvé." Les princes de Moab restèrent chez Balaam. Dieu vint à Balaam et lui dit: "Quels sont ces hommes qui sont chez toi?" Balaam répondit à Dieu: "Balaq, fils de Cippor, roi de Moab, m'a fait dire ceci: Voici que le peuple qui est sorti d'Egypte a couvert tout le pays. Viens donc, maudis-le-moi; ainsi pourrai-je le combattre et le chasser." Dieu dit à Balaam: "Tu n'iras pas avec eux. Tu ne maudiras pas ce peuple, car il est béni." Au matin, Balaam se leva et dit aux princes envoyés par Balaq: "Partez pour votre pays, car Yahvé refuse de me laisser aller avec vous." Les princes de Moab se levèrent, se rendirent auprès de Balaq et lui dirent: "Balaam a refusé de venir avec nous." Balaq envoya de nouveau des princes, mais plus nombreux et plus considérés que les premiers. Ils se rendirent auprès de Balaam et lui dirent: "Ainsi a parlé Balaq, fils de Cippor: Ne refuse pas, je te prie, de venir jusqu'à moi. Car je t'accorderai les plus grands honneurs, et tout ce que tu me diras, je le ferai. Viens donc, et maudis-moi ce peuple." Balaam fit aux envoyés de Balaq cette réponse: "Quand Balaq me donnerait plein sa maison d'argent et d'or, je ne pourrais transgresser l'ordre de Yahvé mon Dieu en aucune chose, petite ou grande. Maintenant, passez ici la nuit vous aussi, et j'apprendrai ce que Yahvé pourra me dire encore." Dieu vint à Balaam pendant la nuit et lui dit: "Ces gens ne sont-ils pas venus t'appeler? Lève-toi, pars avec eux. Mais tu ne feras que ce que je te dirai." Au matin, Balaam se leva, sella son ânesse et partit avec les princes de Moab. Son départ excita la colère de Yahvé, et l'Ange de Yahvé se posta sur la route pour lui barrer le passage. Lui montait son ânesse, ses deux garçons l'accompagnaient. Or l'ânesse vit l'Ange de Yahvé posté sur la route, son épée nue à la main; elle s'écarta de la route à travers champs. Mais Balaam battit l'ânesse pour la ramener sur la route. L'Ange de Yahvé se tint alors dans un chemin creux, au milieu des vignes, avec un mur à droite et un mur à gauche. L'ânesse vit l'Ange de Yahvé et rasa le mur, y frottant le pied de Balaam. Il la battit encore une fois. L'Ange de Yahvé changea de place et se tint en un passage resserré, où il n'y avait pas d'espace pour passer ni à droite ni à gauche. Quand l'ânesse vit l'Ange de Yahvé, elle se coucha sous Balaam. Balaam se mit en colère et battit l'ânesse à coups de bâton. Alors Yahvé ouvrit la bouche de l'ânesse et elle dit à Balaam: "Que t'ai-je fait, pour que tu m'aies battue ainsi par trois fois?" Balaam répondit à l'ânesse: "C'est que tu t'es moquée de moi! Si j'avais eu à la main une épée, je t'aurais déjà tuée." L'ânesse dit à Balaam: "Ne suis-je pas ton ânesse, qui te sers de monture depuis toujours et jusqu'aujourd'hui? Ai-je l'habitude d'agir ainsi envers toi?" Il répondit: "Non." Alors Yahvé ouvrit les yeux de Balaam. Il vit l'Ange de Yahvé posté sur la route, son épée nue à la main. Il s'inclina et se prosterna face contre terre. Et l'Ange de Yahvé lui dit: "Pourquoi as-tu battu ainsi ton ânesse par trois fois? C'est moi qui étais venu te barrer le passage; car moi présent, la route n'aboutit pas. L'ânesse m'a vu et devant moi elle s'est détournée par trois fois. Bien t'en a pris qu'elle se soit détournée, car je t'aurais déjà tué. Elle, je l'aurais laissée en vie." Balaam répondit à l'Ange de Yahvé: "J'ai péché. C'est que j'ignorais que tu étais posté devant moi sur la route. Et maintenant, si cela te déplaît, je m'en retourne." L'Ange de Yahvé répondit à Balaam: "Va avec ces hommes. Seulement, ne dis rien de plus que ce que je te ferai dire." Balaam s'en alla avec les princes envoyés par Balaq. Balaq apprit donc que Balaam arrivait et partit à sa rencontre, dans la direction d'Ar-Moab, sur la frontière de l'Arnon, à l'extrémité du territoire. Balaq dit à Balaam: "Ne t'avais-je pas envoyé des messagers pour t'appeler? Pourquoi n'es-tu pas venu vers moi? Vraiment, n'étais-je pas en mesure de t'honorer?" Balaam répondit à Balaq: "Me voici arrivé près de toi. Pourrai-je maintenant dire quelque chose? La parole que Dieu me mettra dans la bouche, je la dirai." Balaam partit avec Balaq. Ils parvinrent à Qiryat-Huçot. Balaq immola du gros et du petit bétail, et il en présenta les morceaux à Balaam et aux princes qui l'accompagnaient. Puis, au matin, Balaq prit Balaam et le fit monter à Bamot-Baal d'où il put voir l'extrémité du camp. Balaam dit à Balaq: "Bâtis-moi ici sept autels, et fournis-moi ici sept taureaux et sept béliers." Balaq fit comme avait dit Balaam et offrit en holocauste un taureau et un bélier sur chaque autel. Balaam dit alors à Balaq: "Tiens-toi debout près de tes holocaustes tandis que j'irai. Peut-être Yahvé fera-t-il que je le rencontre? Ce qu'il me fera voir, je te le révélerai." Et il s'en alla sur une une colline dénudée. Or Dieu vint à la rencontre de Balaam, qui lui dit: "J'ai disposé les sept autels et j'ai offert en holocauste un taureau et un bélier sur chaque autel." Yahvé lui mit alors une parole dans la bouche, et lui dit: "Retourne auprès de Balaq et c'est ainsi que tu parleras." Balaam retourna donc auprès de lui; il le trouva toujours debout près de son holocauste, avec tous les princes de Moab. Il prononça son poème: "Balaq me fait venir d'Aram, le roi de Moab, des monts de Qédem: Viens, maudis-moi Jacob, viens, fulmine contre Israël. Comment maudirais-je quand Dieu ne maudit pas? Comment fulminerais-je quand Dieu ne fulmine pas? Oui, de la crête du rocher je le vois, du haut des collines je le regarde. Voici un peuple qui habite à part, il n'est pas rangé parmi les nations. Qui pourrait compter la poussière de Jacob? Qui pourrait dénombrer la nuée d'Israël? Puissé-je mourir de la mort des justes! Puisse ma fin être comme la leur!" Balaq dit à Balaam: "Que m'as-tu fait! Je t'avais pris pour maudire mes ennemis et tu prononces sur eux des bénédictions!" Balaam reprit: "Ne dois-je pas prendre soin de dire ce que Yahvé me met dans la bouche?" Balaq lui dit: "Viens donc ailleurs avec moi. Ce peuple que tu vois d'ici, tu n'en vois qu'une extrémité, tu ne le vois pas tout entier. Maudis-le-moi de là-bas." Il l'emmena au Champ des Guetteurs, vers le sommet du Pisga. Il y bâtit sept autels et offrit en holocauste un taureau et un bélier sur chaque autel. Balaam dit à Balaq: "Tiens-toi debout près de tes holocaustes, tandis que moi j'irai attendre." Dieu vint à la rencontre de Balaam, il lui mit une parole dans la bouche et lui dit: "Retourne auprès de Balaq, et c'est ainsi que tu parleras." Il retourna donc auprès de Balaq; il le trouva toujours debout près de ses holocaustes, avec tous les princes de Moab. "Qu'a dit Yahvé?" Lui demanda Balaq. Et Balaam prononça son poème: "Lève-toi, Balaq, et écoute, prête-moi l'oreille, fils de Cippor. Dieu n'est pas homme, pour qu'il mente, ni fils d'Adam, pour qu'il se rétracte. Est-ce lui qui dit et ne fait pas, qui parle et n'accomplit pas? J'ai reçu la charge d'une bénédiction, je bénirai et je ne me reprendrai pas. Je n'ai pas aperçu de mal en Jacob ni vu de souffrance en Israël. Yahvé son Dieu est avec lui; chez lui retentit l'acclamation royale. Dieu le fait sortir d'Egypte, Il est pour lui comme des cornes de buffle. Car il n'y a pas de présage contre Jacob ni d'augure contre Israël. Alors même que l'on dit à Jacob et à Israël: "Que fait donc Dieu?" Voici qu'un peuple se dresse comme une lionne, qu'il surgit comme un lion: il ne se couche pas, qu'il n'ait dévoré sa proie et bu le sang de ceux qu'il a tués." Balaq dit à Balaam: "Ne le maudis pas, soit! Du moins, ne le bénis pas!" Balaam répondit à Balaq: "Ne t'avais-je pas dit: Tout ce que Yahvé dira, je le ferai?" Balaq dit à Balaam: "Viens donc, que je t'emmène ailleurs. Et là, peut-être Dieu trouvera bon de le maudire." Balaq emmena Balaam au sommet du Péor, qui domine le désert. Balaam dit alors à Balaq: "Bâtis-moi ici sept autels et fournis-moi ici sept taureaux et sept béliers." Balaq fit comme avait dit Balaam et offrit en holocauste un taureau et un bélier sur chaque autel. Balaam vit alors que Yahvé trouvait bon de bénir Israël. Il n'alla pas comme les autres fois à la recherche de présages, mais il se tourna face au désert. Levant les yeux, Balaam vit Israël, établi par tribus; l'esprit de Dieu vint sur lui et il prononça son poème. Il dit: "Oracle de Balaam, fils de Béor, oracle de l'homme au regard pénétrant, oracle de celui qui écoute les paroles de Dieu. Il voit ce que Shaddaï fait voir, il obtient la réponse divine et ses yeux s'ouvrent. Que tes tentes sont belles, Jacob! et tes demeures, Israël! Comme des vallées qui s'étendent, comme des jardins au bord d'un fleuve, comme des aloès que Yahvé a plantés, comme des cèdres auprès des eaux! Un héros grandit dans sa descendance, il domine sur des peuples nombreux. Son roi est plus grand qu'Agag, sa royauté s'élève. Dieu le fait sortir d'Egypte, il est pour lui comme des cornes de buffle. Il dévore le cadavre de ses adversaires, il leur brise les os. Il s'est accroupi, il s'est couché, comme un lion, comme une lionne: qui le fera lever? Béni soit qui te bénit, et maudit qui te maudit!" Balaq se mit en colère contre Balaam. Il frappa des mains et dit à Balaam: "Je t'avais mandé pour maudire mes ennemis, et voilà que tu les bénis, et par trois fois! Et maintenant déguerpis et va-t'en chez toi. J'avais dit que je te comblerais d'honneurs. C'est Yahvé qui t'en a privé." Balaam répondit à Balaq: "N'avais-je pas dit déjà à tes messagers: Quand Balaq me donnerait plein sa maison d'argent et d'or, je ne pourrais transgresser l'ordre de Yahvé et faire de moi-même ni bien ni mal; ce que Yahvé dira, c'est ce que je dirai? Maintenant que je pars chez les miens, viens, je vais t'aviser de ce que ce peuple fera à ton peuple, dans l'avenir." Alors il prononça son poème. Il dit: "Oracle de Balaam, fils de Béor, oracle de l'homme au regard pénétrant, oracle de celui qui écoute les paroles de Dieu, de celui qui sait la science du Très-Haut. Il voit ce que Shaddaï fait voir, il obtient la réponse divine et ses yeux s'ouvrent. Je le vois -- mais non pour maintenant, je l'aperçois -- mais non de près: Un astre issu de Jacob devient chef, un sceptre se lève, issu d'Israël. Il frappe les tempes de Moab et le crâne de tous les fils de Seth. Edom devient un pays conquis; pays conquis, Séïr. Israël déploie sa puissance, Jacob domine sur ses ennemis et fait périr les rescapés d'Ar." Balaam vit Amaleq, il prononça son poème. Il dit: "Amaleq: prémices des nations! Mais sa postérité périra pour toujours." Puis il vit les Qénites, il prononça son poème. Il dit: "Ta demeure fut stable, Qayîn, et ton nid juché sur le rocher. Mais le nid appartient à Béor; jusques à quand seras-tu captif d'Assur?" Puis il prononça son poème. Il dit: "Des peuples de la Mer se rassemblent au nord, des vaisseaux du côté de Kittim. Ils oppriment Assur, ils oppriment Ebèr, lui aussi périra pour toujours." Puis Balaam se leva, partit et retourna chez lui. Balaq lui aussi passa son chemin. Israël s'établit à Shittim. Le peuple se livra à la prostitution avec les filles de Moab. Elles l'invitèrent aux sacrifices de leurs dieux; le peuple mangea et se prosterna devant leurs dieux; Israël s'étant ainsi commis avec le Baal de Péor, la colère de Yahvé s'enflamma contre lui. Yahvé dit à Moïse: "Prends tous les chefs du peuple. Empale-les à la face du soleil, pour Yahvé: alors l'ardente colère de Yahvé se détournera d'Israël." Moïse dit aux juges d'Israël: "Que chacun mette à mort ceux de ses hommes qui se sont commis avec le Baal de Péor." Survint un homme des Israélites, amenant auprès de ses frères cette Madianite, sous les yeux mêmes de Moïse et de toute la communauté des Israélites pleurant à l'entrée de la Tente du Rendez-vous. A cette vue, Pinhas, fils d'Eléazar, fils d'Aaron, le prêtre, se leva du milieu de la communauté, saisit une lance, suivit l'Israélite dans l'alcôve et là il les transperça tous les deux, l'Israélite et la femme, en plein ventre. Le fléau qui frappait les Israélites fut arrêté. 24.000 d'entre eux en étaient morts. Yahvé parla à Moïse et dit: "Pinhas, fils d'Eléazar, fils d'Aaron, le prêtre, a détourné mon courroux des Israélites, parce qu'il a été, parmi eux, possédé de la même jalousie que moi; c'est pourquoi je n'ai pas, dans ma jalousie, achevé les Israélites. C'est pourquoi je dis: Je lui accorde mon alliance de paix. Il y aura pour lui et pour sa descendance après lui une alliance, qui lui assurera le sacerdoce à perpétuité. En récompense de sa jalousie pour son Dieu, il pourra accomplir le rite d'expiation sur les Israélites." L'Israélite frappé (il avait été frappé avec la Madianite) se nommait Zimri, fils de Salu, prince d'une famille de Siméon. La femme, la Madianite qui avait été frappée, se nommait Kozbi, fille de Cur, qui était chef d'un clan, d'une famille, en Madiân. Yahvé parla à Moïse et dit: "Pressez les Madianites et frappez-les. Car ce sont eux qui vous ont pressés, par leurs artifices contre vous dans l'affaire de Péor, et dans l'affaire de Kozbi leur soeur, la fille d'un prince de Madiân, celle qui fut frappée le jour du fléau survenu à cause de l'affaire de Péor." Après ce fléau, Yahvé parla à Moïse et à Eléazar, fils d'Aaron, le prêtre. Il dit: "Faites le recensement de toute la communauté des Israélites, par familles: tous ceux qui ont vingt ans et au-dessus, aptes à faire campagne en Israël." Moïse et Eléazar le prêtre les recensèrent donc, dans les Steppes de Moab, près du Jourdain vers Jéricho. (Comme Yahvé l'a ordonné à Moïse et aux Israélites à leur sortie du pays d'Egypte.) Hommes de vingt ans et au-dessus: Ruben, premier-né d'Israël. Les fils de Ruben: pour Hénok, le clan Hénokite; pour Pallu, le clan Palluite; pour Hèçrôn, le clan Hèçronite; pour Karmi, le clan Karmite. Tels étaient les clans Rubénites. Ils comprenaient 30 recensés. Les fils de Pallu: Eliab. Les fils d'Eliab: Nemuel, Datân et Abiram. Ce sont Datân et Abiram, hommes considérés dans la communauté, qui se soulevèrent contre Moïse et Aaron; ils étaient de la bande de Coré quand elle se souleva contre Yahvé. La terre ouvrit sa bouche et les engloutit (ainsi que Coré, lorsque périt cette bande), lorsque le feu consuma les 250 hommes. Ils furent un signe. Les fils de Coré ne périrent pas. Les fils de Siméon, par clans: pour Nemuel, le clan Nemuélite; pour Yamîn, le clan Yaminite; pour Yakîn, le clan Yakinite; pour Zérah, le clan Zarhite; pour Shaûl, le clan Shaûlite. Tels étaient les clans Siméonites. Ils comprenaient 22.200 recensés. Les fils de Gad, par clans: pour Cephôn, le clan Céphonite; pour Haggi, le clan Haggite; pour Shuni, le clan Shunite; pour Ozni, le clan Oznite; pour Eri, le clan Erite; pour Arod, le clan Arodite; pour Aréli, le clan Arélite. Tels étaient les clans des fils de Gad. Ils comprenaient 40.500 recensés. Les fils de Juda: Er et Onân. Er et Onân moururent au pays de Canaan. Les fils de Juda devinrent des clans: pour Shéla, le clan Shélanite; pour Pérèç, le clan Parçite; pour Zérah, le clan Zarhite. Les fils de Pérèç furent: pour Hèçrôn, le clan Hèçronite; pour Hamul, le clan Hamulite. Tels étaient les clans de Juda. Ils comprenaient 76.500 recensés. Les fils d'Issachar, par clans: pour Tola, le clan Tolaïte; pour Puvva, le clan Puvvite; pour Yashub, le clan Yashubite; pour Shimrôn, le clan Shimronite. Tels étaient les clans d'Issachar. Ils comprenaient 64.300 recensés. Les fils de Zabulon, par clans: pour Séred, le clan Sardite; pour Elôn, le clan Elonite; pour Yahléel, le clan Yahléélite. Tels étaient les clans de Zabulon. Ils comprenaient 60.500 recensés. Les fils de Joseph, par clans: Manassé et Ephraïm. Les fils de Manassé: pour Makir, le clan Makirite; et Makir engendra Galaad: pour Galaad, le clan Galaadite. Voici les fils de Galaad; pour Iézer, le clan Iézrite; pour Héleq, le clan Helqite; Asriel, le clan Asriélite; Shékem, le clan Shékémite; Shemida, le clan Shemidaïte; Hépher, le clan Héphrite. Celophehad, fils de Hépher, n'eut pas de fils, mais des filles; voici les noms des filles de Celophehad: Mahla, Noa, Hogla, Milka et Tirça. Tels étaient les clans de Manassé. Ils comprenaient 52.700 recensés. Et voici les fils d'Ephraïm, par clans: pour Shutélah, le clan Shutalhite; pour Béker, le clan Bakrite; pour Tahân, le clan Tahanite. Voici les fils de Shutélah: pour Erân, le clan Eranite. Tels étaient les clans d'Ephraïm. Ils comprenaient 32.500 recensés. Tels étaient les fils de Joseph, par clans. Les fils de Benjamin, par clans: pour Béla, le clan Baléite; pour Ashbel, le clan Ashbélite; pour Ahiram, le clan Ahiramite; pour Shephupham, le clan Shephuphamite; pour Hupham, le clan Huphamite. Béla eut pour fils Ard et Naamân: pour Ard le clan Ardite; pour Naamân, le clan Naamite. Tels étaient les fils de Benjamin, par clans. Ils comprenaient 45.600 recensés. Voici les fils de Dan, par clans: pour Shuham, le clan Shuhamite. Tels étaient les fils de Dan, par clans. Tous les clans Shuhamites comprenaient 64.400 recensés. Les fils d'Asher, par clans: pour Yimna, le clan Yimnite; pour Yishvi, le clan Yishvite; pour Béria, le clan Bériite. Pour les fils de Béria: pour Héber, le clan Hébrite; pour Malkiel, le clan Malkiélite. La fille d'Asher se nommait Sarah. Tels étaient les clans des fils d'Asher. Ils comprenaient 53.400 recensés. Les fils de Nephtali, par clans: pour Yahçéel, le clan Yahçéélite; pour Guni, le clan Gunite; pour Yéçer, le clan Yiçrite; pour Shillem, le clan Shillémite. Tels étaient les clans de Nephtali, répartis par clans. Les fils de Nephtali comprenaient 45.400 recensés. Les Israélites étaient donc 601.730 recensés. Yahvé parla à Moïse et dit: "C'est à ceux-ci que le pays sera distribué en héritage, suivant le nombre des inscrits. A celui qui a un grand nombre, tu donneras un grand domaine, à celui qui a un petit nombre, un petit domaine; à chacun son héritage, en proportion du nombre de ses recensés. Toutefois, c'est le sort qui fera le partage du pays. Selon le nombre des noms dans les tribus patriarcales, on recevra son héritage; l'héritage de chaque tribu sera réparti par le sort en tenant compte du grand ou du petit nombre." Voici, par clans, les Lévites recensés: pour Gershôn, le clan Gershonite; pour Qehat, le clan Qehatite; pour Merari, le clan Merarite. Voici les clans Lévites: le clan Libnite, le clan Hébronite, le clan Mahlite, le clan Mushite, le clan Coréite. Qehat engendra Amram. La femme d'Amram se nommait Yokébed, fille de Lévi, qui lui était née en Egypte. Elle donna à Amram Aaron, Moïse et Miryam leur soeur. Aaron engendra Nadab et Abihu, Eléazar et Itamar. Nadab et Abihu moururent lorsqu'ils portèrent devant Yahvé un feu irrégulier. Il y eut en tout 23.000 mâles recensés, d'un mois et au-dessus. Car ils n'avaient pas été recensés avec les Israélites, n'ayant pas reçu d'héritage au milieu d'eux. Tels furent les hommes que recensèrent Moïse et Eléazar le prêtre, qui firent ce recensement des Israélites dans les Steppes de Moab, près du Jourdain vers Jéricho. Aucun d'eux n'était de ceux que Moïse et Aaron le prêtre avaient recensés, en dénombrant les Israélites dans le désert du Sinaï; car Yahvé le leur avait dit: ceux-ci mourraient dans le désert et il n'en resterait aucun, à l'exception de Caleb, fils de Yephunné, et de Josué, fils de Nûn. Alors s'approchèrent les filles de Celophehad. Celui-ci était fils de Hépher, fils de Galaad, fils de Makir, fils de Manassé; il était des clans de Manassé, fils de Joseph. Voici les noms de ses filles: Mahla, Noa, Hogla, Milka et Tirça. Elles se présentèrent devant Moïse, devant Eléazar le prêtre, devant les princes et toute la communauté, à l'entrée de la Tente du Rendez-vous et elles dirent: "Notre père est mort dans le désert. Il n'était pas du parti qui se forma contre Yahvé, du parti de Coré; c'est pour son propre péché qu'il est mort sans avoir eu de fils. Pourquoi le nom de notre père disparaîtrait-il de son clan? Puisqu'il n'a pas eu de fils, donne-nous un domaine au milieu des frères de notre père." Moïse porta leur cas devant Yahvé et Yahvé parla à Moïse. Il dit: "Les filles de Celophehad ont parlé juste. Tu leur donneras donc un domaine qui sera leur héritage au milieu des frères de leur père; tu leur transmettras l'héritage de leur père. Puis tu parleras ainsi aux Israélites: Si un homme meurt sans avoir eu de fils, vous transmettrez son héritage à sa fille. S'il n'a pas de fille, vous donnerez son héritage à ses frères. S'il n'a pas de frères, vous donnerez son héritage aux frères de son père. Si son père n'a pas de frères, vous donnerez son héritage à celui de son clan qui est son plus proche parent: il en prendra possession. Ce sera là pour les Israélites une règle de droit, comme Yahvé l'a ordonné à Moïse." Yahvé dit à Moïse: "Monte sur cette montagne de la chaîne des Abarim, et regarde le pays que j'ai donné aux Israélites. Lorsque tu l'auras regardé, tu seras réuni aux tiens, comme Aaron, ton frère. Car vous avez été rebelles dans le désert de Cîn, lorsque la communauté me chercha querelle, quand je vous commandai de manifester devant elle ma sainteté, par l'eau." (Ce sont les eaux de Meriba de Cadès, dans le désert de Cîn.) Moïse parla à Yahvé et dit: "Que Yahvé, Dieu des esprits qui animent toute chair, établisse sur cette communauté un homme qui sorte et rentre à leur tête, qui les fasse sortir et rentrer, pour que la communauté de Yahvé ne soit pas comme un troupeau sans pasteur." Yahvé répondit à Moïse: "Prends Josué, fils de Nûn, homme en qui demeure l'esprit. Tu lui imposeras la main. Puis tu le feras venir devant Eléazar, le prêtre, et toute la communauté, pour lui donner devant eux tes ordres et lui transmettre une part de ta dignité, afin que toute la communauté des Israélites lui obéisse. Il se tiendra devant Eléazar le prêtre, qui consultera pour lui selon le rite de l'Urim, devant Yahvé. C'est sur son ordre que sortiront et rentreront avec lui tous les Israélites, toute la communauté." Moïse fit comme Yahvé l'avait ordonné. Il prit Josué, le fit venir devant Eléazar, le prêtre, et toute la communauté, il lui imposa la main et lui donna ses ordres, comme Yahvé l'avait dit par l'intermédiaire de Moïse. Yahvé parla à Moïse et dit: "Ordonne ceci aux Israélites: Vous aurez soin de m'apporter au temps fixé mon offrande, ma nourriture, sous forme de mets consumés en parfum d'apaisement. Tu leur diras: Voici le mets que vous offrirez à Yahvé: "Chaque jour, deux agneaux d'un an, sans défaut, comme holocauste perpétuel. Tu feras du premier agneau l'holocauste du matin et du second l'holocauste du crépuscule, avec l'oblation d'un dixième de mesure de fleur de farine pétrie dans un quart de setier d'huile vierge. C'est l'holocauste perpétuel accompli jadis au mont Sinaï en parfum d'apaisement, un mets consumé pour Yahvé. La libation conjointe sera d'un quart de setier pour chaque agneau; c'est dans le sanctuaire que sera répandue la libation de boisson fermentée pour Yahvé. Pour le second agneau, tu en feras l'holocauste du crépuscule; tu le feras avec la même oblation et la même libation que le matin, comme mets consumé en parfum d'apaisement pour Yahvé. "Le jour du sabbat, vous offrirez deux agneaux d'un an, sans défaut, et deux dixièmes de fleur de farine, en oblation pétrie dans l'huile, ainsi que la libation conjointe. L'holocauste du sabbat s'ajoutera chaque sabbat à l'holocauste perpétuel et de même la libation conjointe. "Au commencement de vos mois, vous ferez un holocauste pour Yahvé: deux taureaux, un bélier, et sept agneaux d'un an, sans défaut; pour chaque taureau, trois dixièmes de fleur de farine, en oblation pétrie dans l'huile; pour chaque bélier, deux dixièmes de fleur de farine, en oblation pétrie dans l'huile; pour chaque agneau, un dixième de fleur de farine, en oblation pétrie dans l'huile. C'est un holocauste offert en parfum d'apaisement, un mets consumé pour Yahvé. Les libations conjointes seront d'un demi-setier de vin par taureau, d'un tiers de setier par bélier et d'un quart de setier par agneau. Tel sera mois après mois l'holocauste du mois, pour tous les mois de l'année. En plus de l'holocauste perpétuel, il sera offert à Yahvé un bouc, en sacrifice pour le péché, avec la libation conjointe. "Le premier mois, le quatorzième jour du mois, c'est la Pâque de Yahvé, et le quinzième jour de ce mois est un jour de fête. Pendant sept jours on mangera des azymes. Le premier jour, il y aura une sainte assemblée. Vous ne ferez aucune oeuvre servile. Vous offrirez à Yahvé des mets consumés en holocauste: deux taureaux, un bélier, sept agneaux d'un an, sans défaut. L'oblation conjointe, en fleur de farine pétrie dans l'huile, sera de trois dixièmes par taureau, de deux dixièmes par bélier, et d'un dixième pour chacun des sept agneaux. Et il y aura un bouc en sacrifice pour le péché, pour faire sur vous le rite d'expiation. Vous ferez cela en plus de l'holocauste du matin offert à titre d'holocauste perpétuel. Vous ferez ainsi chaque jour pendant sept jours. C'est une nourriture, un mets consumé en parfum d'apaisement pour Yahvé; il est offert en plus de l'holocauste perpétuel et de sa libation conjointe. Le septième jour vous aurez une sainte assemblée; vous ne ferez aucune oeuvre servile. "Le jour des prémices, quand vous offrirez à Yahvé une oblation de fruits nouveaux, à votre fête des Semaines, vous aurez une sainte assemblée; vous ne ferez aucune oeuvre servile. Vous ferez un holocauste, en parfum d'apaisement pour Yahvé: deux taureaux, un bélier, sept agneaux d'un an. L'oblation conjointe, en fleur de farine pétrie dans l'huile, sera de trois dixièmes pour chaque taureau, de deux dixièmes pour chaque bélier, d'un dixième pour chacun des sept agneaux. Et il y aura un bouc en sacrifice pour le péché, pour faire sur vous le rite d'expiation. Vous ferez cela en plus de l'holocauste perpétuel, de son oblation et des libations conjointes. "Le septième mois, le premier du mois, vous aurez une sainte assemblée; vous ne ferez aucune oeuvre servile. Ce sera pour vous le jour des Acclamations. Vous ferez un holocauste, en parfum d'apaisement pour Yahvé: un taureau, un bélier, sept agneaux d'un an, sans défaut. L'oblation conjointe, en fleur de farine pétrie dans l'huile, sera de trois dixièmes pour le taureau, de deux dixièmes pour le bélier, d'un dixième pour chacun des sept agneaux. Et il y aura un bouc en sacrifice pour le péché, pour faire sur vous le rite d'expiation. Cela en plus de l'holocauste mensuel et de son oblation, de l'holocauste perpétuel et de son oblation, de leurs libations conjointes selon la règle, -- en parfum d'apaisement, comme mets consumés pour Yahvé. "Le dixième jour de ce septième mois, vous aurez une sainte assemblée. Vous jeûnerez et vous ne ferez aucun travail. Vous ferez un holocauste à Yahvé, en parfum d'apaisement: un taureau, un bélier, sept agneaux d'un an, que vous choisirez sans défaut. L'oblation conjointe, en fleur de farine pétrie dans l'huile, sera de trois dixièmes pour le taureau, de deux dixièmes pour le bélier, d'un dixième pour chacun des sept agneaux. Un bouc sera offert en sacrifice pour le péché. Cela en plus de la victime pour le péché de la fête des Expiations, de l'holocauste perpétuel et de son oblation, et de leurs libations conjointes. "Le quinzième jour du septième mois, vous aurez une sainte assemblée, vous ne ferez aucune oeuvre servile et pendant sept jours vous célébrerez une fête pour Yahvé. Vous ferez un holocauste, mets consumé en parfum d'apaisement pour Yahvé: treize taureaux, deux béliers, quatorze agneaux d'un an, sans défaut. Les oblations conjointes, en fleur de farine pétrie dans l'huile, seront de trois dixièmes pour chacun des treize taureaux, de deux dixièmes pour chacun des deux béliers, d'un dixième pour chacun des quatorze agneaux. On ajoutera un bouc en sacrifice pour le péché. Cela en plus de l'holocauste perpétuel, de son oblation et de sa libation. Le second jour: douze taureaux, deux béliers, quatorze agneaux d'un an sans défaut; l'oblation et les libations conjointes, faites suivant la règle selon le nombre des taureaux, des béliers et des agneaux; un bouc pour le sacrifice pour le péché; en plus de l'holocauste perpétuel, de son oblation et de ses libations. Le troisième jour: onze taureaux, deux béliers, quatorze agneaux d'un an, sans défaut; l'oblation et les libations conjointes, faites suivant la règle, selon le nombre des taureaux, des béliers et des agneaux; un bouc pour le sacrifice pour le péché; en plus de l'holocauste perpétuel, de son oblation et de sa libation. Le quatrième jour: dix taureaux, deux béliers, quatorze agneaux d'un an, sans défaut; l'oblation et les libations conjointes, faites suivant la règle, selon le nombre des taureaux, des béliers et des agneaux; un bouc pour le sacrifice pour le péché; en plus de l'holocauste perpétuel, de son oblation et de sa libation. Le cinquième jour: neuf taureaux, deux béliers, quatorze agneaux d'un an, sans défaut; les oblations et libations conjointes, faites suivant la règle, selon le nombre des taureaux, des béliers et des agneaux; un bouc pour le sacrifice pour le péché; en plus de l'holocauste perpétuel, de son oblation et de sa libation. Le sixième jour: huit taureaux, deux béliers, quatorze agneaux d'un an, sans défaut; l'oblation et les libations conjointes, faites suivant la règle, selon le nombre des taureaux, des béliers et des agneaux; un bouc pour le sacrifice pour le péché; en plus de l'holocauste perpétuel, de son oblation et de ses libations. Le septième jour: sept taureaux, deux béliers, quatorze agneaux d'un an, sans défaut; les oblations et libations conjointes, faites suivant la règle, selon le nombre des taureaux, des béliers et des agneaux; un bouc pour le sacrifice pour le péché; en plus de l'holocauste perpétuel, de son oblation et de sa libation. Le huitième jour, vous aurez une réunion. Vous ne ferez aucune oeuvre servile. Vous offrirez un holocauste, mets consumé en parfum d'apaisement pour Yahvé: un taureau, un bélier, sept agneaux d'un an, sans défaut; l'oblation et les libations conjointes, faites suivant la règle, selon le nombre des taureaux, des béliers et des agneaux; un bouc pour le sacrifice pour le péché; en plus de l'holocauste perpétuel, de son oblation et de sa libation. C'est là ce que vous ferez pour Yahvé, lors de vos solennités, en plus de vos offrandes votives et de vos offrandes volontaires, de vos holocaustes, oblations et libations, et de vos sacrifices de communion." Moïse parla aux Israélites conformément à tout ce que Yahvé lui avait ordonné. Moïse parla aux chefs de tribu des Israélites. Il dit: "Voici ce que Yahvé a ordonné. Si un homme fait un voeu à Yahvé ou prend par serment un engagement formel, il ne violera pas sa parole: tout ce qui est sorti de sa bouche, il l'exécutera. Si une femme fait un voeu à Yahvé ou prend un engagement formel, alors que, jeune encore, elle habite la maison de son père, et si celui-ci, apprenant son voeu ou l'engagement qu'elle a pris, ne lui dit rien, son voeu, quel qu'il soit, sera valide, et l'engagement qu'elle a pris, quel qu'il soit, sera valide. Mais si son père, le jour où il l'apprend, y fait opposition, aucun de ses voeux et aucun des engagements qu'elle a pris ne seront valides. Yahvé ne lui en tiendra pas rigueur, puisque c'est son père qui y a fait opposition. Si, étant tenue par des voeux ou par un engagement sorti inconsidérément de sa bouche, elle se marie, et si son mari, l'apprenant, ne lui dit rien le jour où il en est informé, ses voeux seront valides et les engagements qu'elle a pris seront valides. Mais si, le jour où il l'apprend, son mari lui fait opposition, il annulera le voeu qui la tient ou l'engagement qui l'oblige, sorti inconsidérément de sa bouche. Yahvé ne lui en tiendra pas rigueur. Le voeu d'une femme veuve ou répudiée, et tous les engagements qu'elle a pris, seront valides pour elle. Si c'est dans la maison de son mari qu'elle a fait un voeu, ou pris un engagement par serment, et si, l'apprenant, son mari ne lui dit rien et ne lui fait pas opposition, son voeu, quel qu'il soit, sera valide et l'engagement qu'elle a pris, quel qu'il soit, sera valide. Mais si son mari, l'apprenant, les annule le jour où il en est informé, rien ne sera valide de ce qui est sorti de sa bouche, voeux ou engagements. Son mari les ayant annulés, Yahvé ne lui en tiendra pas rigueur. Tout voeu et tout serment qui engage la femme, son mari peut les valider ou les annuler. Si au lendemain son mari ne lui a rien dit, c'est qu'il valide son voeu, quel qu'il soit, ou son engagement, quel qu'il soit. Il les a validés s'il ne lui dit rien le jour où il en est informé. Mais si, informé, il les annule plus tard, c'est lui qui portera le poids de la faute qui incomberait à sa femme." Telles sont les lois que Yahvé prescrivit à Moïse, en ce qui concerne la relation entre un homme et sa femme, et entre un père et sa fille lorsque, jeune encore, elle habite la maison de son père. Yahvé parla à Moïse et dit: "Accomplis la vengeance des Israélites sur les Madianites. Ensuite tu seras réuni aux tiens." Moïse parla ainsi au peuple: "Que certains d'entre vous s'arment pour la campagne de Yahvé contre Madiân, pour payer à Madiân le salaire de la vengeance de Yahvé. Vous mettrez en campagne mille hommes pour chacune des tribus d'Israël." Les milliers d'Israël fournirent, à raison d'un millier par tribu,12.000 hommes armés pour la campagne. Moïse les mit en campagne, un millier par tribu, et leur joignit Pinhas, fils d'Eléazar le prêtre, porteur des objets sacrés et des trompettes pour les acclamations. Ils firent campagne contre Madiân, comme Yahvé l'avait ordonné à Moïse, et tuèrent tous les mâles. En outre, ils tuèrent les rois de Madiân, Evi, Réqem, Cur, Hur et Réba, cinq rois madianites; ils passèrent aussi au fil de l'épée Balaam, fils de Béor. Les Israélites emmenèrent captives les femmes des Madianites avec leurs petits enfants, ils razzièrent tout leur bétail, tous leurs troupeaux et tous leurs biens. Ils mirent le feu aux villes qu'ils habitaient ainsi qu'à tous leurs campements. Puis, prenant tout leur butin, tout ce qu'ils avaient capturé, bêtes et gens, ils amenèrent captifs, prises et butin à Moïse, à Eléazar le prêtre et à toute la communauté des Israélites, jusqu'au camp, aux Steppes de Moab qui se trouvent près du Jourdain vers Jéricho. Moïse, Eléazar le prêtre et tous les princes de la communauté sortirent du camp à leur rencontre. Moïse s'emporta contre les commandants des forces, chefs de milliers et chefs de centaines, qui revenaient de cette expédition guerrière. Il leur dit: "Pourquoi avez-vous laissé la vie à toutes les femmes? Ce sont elles qui, sur les conseils de Balaam, ont été pour les Israélites une cause d'infidélité à Yahvé dans l'affaire de Péor: d'où le fléau qui a sévi sur la communauté de Yahvé. Tuez donc tous les enfants mâles. Tuez aussi toutes les femmes qui ont connu un homme en partageant sa couche. Ne laissez la vie qu'aux petites filles qui n'ont pas partagé la couche d'un homme, et qu'elles soient à vous. Quant à vous, campez durant sept jours hors du camp, vous tous qui avez tué quelqu'un ou touché un cadavre. Purifiez-vous, vous et vos prisonniers, le troisième et le septième jour; purifiez aussi tous les vêtements, tous les objets en peau, tous les tissus en poil de chèvre, tous les objets en bois." Eléazar le prêtre dit aux combattants qui revenaient de cette campagne: "Voici un article de la Loi que Yahvé a prescrite à Moïse. Toutefois l'or, l'argent, le bronze, le fer, l'étain, le plomb, tout ce qui peut aller au feu, vous le ferez passer par le feu et cela sera pur; mais c'est par les eaux lustrales que cela sera purifié. Et tout ce qui ne peut aller au feu vous le ferez passer par l'eau." Vous laverez vos vêtements le septième jour et vous serez purs. Vous pourrez ensuite rentrer au camp. Yahvé parla à Moïse et dit: "Avec Eléazar le prêtre et les chefs de famille de la communauté, fais le compte des prises et des captifs, gens et bêtes. Puis tu partageras les prises, par moitié, entre les combattants qui ont fait la campagne et l'ensemble de la communauté. Comme redevance pour Yahvé, tu prélèveras, sur la part des combattants qui ont fait la campagne, un sur 500 des gens, du gros bétail, des ânes et du petit bétail. Tu prendras cela sur la moitié qui leur revient, et tu le donneras à Eléazar le prêtre, comme prélèvement pour Yahvé. Sur la moitié qui revient aux Israélites tu prendras un sur 50 des gens, du gros bétail, des ânes et du petit bétail, de toutes les bêtes, et tu le donneras aux Lévites qui assument la charge de la Demeure de Yahvé." Moïse et Eléazar le prêtre firent comme Yahvé l'avait commandé à Moïse. Or les prises, le reste du butin que la troupe partie en campagne avait razzié, se montaient à mille têtes de petit bétail, 72.000 têtes de gros bétail, 61.000 ânes, et, en fait de gens, de femmes n'ayant pas partagé la couche d'un homme, mille personnes en tout. La moitié en fut assignée à ceux qui avaient fait campagne, soit 337.500 têtes de petit bétail, dont 675 en redevance pour Yahvé, 36.000 têtes de gros bétail, dont 72 en redevance pour Yahvé, 30.500 ânes, dont 61 en redevance pour Yahvé, et 16.000 personnes, dont 32 en redevance pour Yahvé. Moïse donna à Eléazar le prêtre la redevance prélevée pour Yahvé, comme Yahvé l'avait ordonné à Moïse. Quant à la moitié qui revenait aux Israélites, et que Moïse avait séparée de celle des combattants, cette moitié, part de la communauté, se montait à 337.500 têtes de petit bétail, 36.000 têtes de gros bétail, 30.500 ânes et 16.000 personnes. Sur cette moitié, part des Israélites, Moïse prit un sur 50 des gens et des bêtes et il les donna aux Lévites qui assumaient la charge de la Demeure de Yahvé, comme Yahvé l'avait ordonné à Moïse. Les commandants des milliers qui avaient fait la campagne, chefs de milliers et chefs de centaines, vinrent trouver Moïse et lui dirent: "Tes serviteurs ont fait le compte des combattants dont ils disposaient: il n'en manque aucun. Aussi apportons-nous chacun en offrande à Yahvé ce que nous avons trouvé en fait d'objets d'or, bracelets de bras et de poignet, bagues, boucles d'oreille, pectoraux, qui serviront pour nous d'expiation devant Yahvé." Moïse et Eléazar le prêtre reçurent d'eux cet or, tous ces bijoux. Ce prélèvement d'or qu'ils firent pour Yahvé donna un total de 16.750 sicles, fourni par les chefs de milliers et chefs de centaines. Les combattants firent chacun leur butin. Mais Moïse et Eléazar le prêtre reçurent l'or des chefs de milliers et de centaines, et l'apportèrent à la Tente du Rendez-vous pour faire mémoire des Israélites devant Yahvé. Les fils de Ruben et les fils de Gad avaient de grands troupeaux, très importants. Or ils virent que le pays de Yazèr et le pays de Galaad étaient une région propice à l'élevage. Les fils de Gad et les fils de Ruben vinrent donc trouver Moïse, Eléazar le prêtre et les princes de la communauté, et leur dirent: "Atarot, Dibôn, Yazèr, Nimra, Heshbôn, Eléalé, Sebam, Nebo et Meôn, ce pays que Yahvé a conquis devant la communauté d'Israël, ce pays est propice à l'élevage, et tes serviteurs élèvent du bétail." Ils dirent: "Si nous avons trouvé grâce à tes yeux, que ce pays soit donné en propriété à tes serviteurs; ne nous fais pas passer le Jourdain." Moïse répondit aux fils de Gad et aux fils de Ruben: "Vos frères iraient au combat et vous resteriez ici? Pourquoi découragez-vous les Israélites de passer dans le pays que Yahvé leur a donné? Ainsi firent vos pères quand je les envoyai de Cadès-Barné voir le pays. Ils montèrent jusqu'au val d'Eshkol, ils virent le pays, puis ils découragèrent les Israélites, de sorte qu'ils n'allèrent pas au pays que Yahvé leur avait donné. Aussi la colère de Yahvé s'enflamma-t-elle ce jour-là, et il fit ce serment: Si jamais ces hommes, qui sont sortis d'Egypte et qui ont l'âge de vingt ans au moins, voient le pays que j'ai promis par serment à Abraham, à Isaac et à Jacob..., car ils ne m'ont pas suivi sans défaillance, sauf Caleb, fils de Yephunné le Qenizzite, et Josué, fils de Nûn: eux certes ont suivi Yahvé sans défaillance! La colère de Yahvé s'enflamma contre Israël et il les fit errer 40 ans dans le désert, jusqu'à ce que disparût tout entière cette génération qui avait fait ce qui déplaît à Yahvé. Et voici que vous vous levez à la place de vos pères comme le surgeon d'une souche de pécheurs, pour attiser encore l'ardeur de la colère de Yahvé contre Israël! Si vous vous détournez de lui, il fera durer encore le séjour au désert, et vous aurez causé la perte de tout ce peuple." Ils s'approchèrent de Moïse et lui dirent: "Nous voudrions construire ici des parcs à moutons pour nos troupeaux et des villes pour nos petits enfants. Mais nous-mêmes, nous prendrons les armes à la tête des Israélites, jusqu'à ce que nous ayons pu les conduire au lieu qui leur est destiné; ce sont nos petits enfants qui resteront dans les villes fortes, à l'abri des habitants du pays. Nous ne rentrerons pas chez nous avant que chacun des Israélites n'ait pris possession de son héritage. Car nous ne posséderons pas d'héritage avec eux sur l'autre rive du Jourdain ni plus loin, puisque notre héritage nous sera échu au-delà du Jourdain, à l'orient." Moïse leur dit: "Si vous mettez ces paroles en pratique, si vous êtes prêts au combat devant Yahvé et si tous ceux d'entre vous qui portent les armes passent le Jourdain devant Yahvé, jusqu'à ce qu'il ait chassé devant lui tous ses ennemis, alors, quand le pays aura été soumis à Yahvé, vous pourrez vous en retourner; vous serez quittes envers Yahvé et envers Israël, et ce pays-ci sera votre propriété devant Yahvé. Mais si vous n'agissez pas ainsi, vous pécherez contre Yahvé, et sachez que votre péché vous trouvera. Construisez donc des villes pour vos enfants et des parcs pour votre petit bétail; mais ce que vous avez promis, faites-le." Les fils de Gad et les fils de Ruben dirent à Moïse: "Tes serviteurs feront ce que Monseigneur a prescrit. Nos enfants, nos femmes, nos troupeaux, et tout notre bétail sont là, dans les villes de Galaad, mais tes serviteurs, tous ceux qui sont armés pour la campagne, passeront, devant Yahvé, pour combattre comme l'a dit Monseigneur." Alors Moïse donna des ordres à leur sujet à Eléazar le prêtre, à Josué, fils de Nûn, et aux chefs de familles des tribus d'Israël. Moïse leur dit: "Si les fils de Gad et les fils de Ruben, tous ceux qui portent les armes, passent avec vous le Jourdain pour combattre devant Yahvé, quand le pays vous aura été soumis vous leur donnerez en propriété le pays de Galaad. Mais s'ils ne passent pas en armes avec vous, c'est au pays de Canaan qu'ils recevront au milieu de vous leur propriété." Les fils de Gad et les fils de Ruben répondirent: "Ce que Yahvé a dit à tes serviteurs, nous le ferons. Nous, nous passerons en armes devant Yahvé en terre de Canaan; toi, mets-nous en possession de notre héritage au-delà du Jourdain." Moïse leur donna -- aux fils de Gad, aux fils de Ruben et à la demi-tribu de Manassé, fils de Joseph -- le royaume de Sihôn, roi des Amorites, le royaume d'Og, roi du Bashân, le pays avec les villes comprises dans son territoire, les villes-frontières du pays. Les fils de Gad construisirent Dibôn, Atarot et Aroër, Atrot-Shophân, Yazèr, Yogboha, Bet-Nimra, Bet-Harân, villes fortes, et des parcs pour le petit bétail. Les fils de Ruben construisirent Heshbôn, Eléalé, Qiryatayim, Nebo, Baal-Meôn (dont les noms furent changés), Sibma. Ils donnèrent des noms aux villes qu'ils avaient construites. Les fils de Makir, fils de Manassé, partirent en Galaad. Ils le conquirent et chassèrent les Amorites qui s'y trouvaient. Moïse donna Galaad à Makir, fils de Manassé, qui s'y établit. Yaïr, fils de Manassé, alla s'emparer de leurs douars et les appela Douars de Yaïr. Nobah alla s'emparer de Qenat et des villes de son ressort, et l'appela de son propre nom, Nobah. Voici les étapes que parcoururent les Israélites lorsqu'ils furent sortis du pays d'Egypte selon leurs unités, sous la conduite de Moïse et d'Aaron. Moïse consignait par écrit leurs points de départ quand ils partaient sur l'ordre de Yahvé. Voici leurs étapes par point de départ. Ils partirent de Ramsès le premier mois. C'est le quinzième jour du premier mois, lendemain de la Pâque, que les Israélites partirent la main haute, aux yeux de toute l'Egypte. Les Egyptiens ensevelissaient ceux des leurs que Yahvé avait frappés, tous les premiers-nés; Yahvé avait fait justice de leurs dieux. Les Israélites partirent de Ramsès et campèrent à Sukkot. Puis ils partirent de Sukkot et campèrent à Etam, qui est aux confins du désert. Ils partirent d'Etam, ils revinrent sur Pi-Hahirot, qui est en face de Baal-Cephôn, et campèrent devant Migdol. Ils partirent de Pi-Hahirot, ils gagnèrent le désert en passant à travers la mer, et après trois jours de marche dans le désert d'Etam ils campèrent à Mara. Ils partirent de Mara et arrivèrent à Elim. A Elim il y a douze sources d'eau et 70 palmiers; ils campèrent là. Ils partirent d'Elim et campèrent près de la mer des Roseaux. Ils partirent de la mer des Roseaux et campèrent dans le désert de Sîn. Ils partirent du désert de Sîn et campèrent à Dophka. Ils partirent de Dophka et campèrent à Alush. Ils partirent d'Alush et campèrent à Rephidim; le peuple n'y trouva point d'eau à boire. Ils partirent de Rephidim et campèrent dans le désert du Sinaï. Ils partirent du désert du Sinaï et campèrent à Qibrot-ha-Taava. Ils partirent de Qibrot-ha-Taava et campèrent à Haçérot. Ils partirent de Haçérot et campèrent à Ritma. Ils partirent de Ritma et campèrent à Rimmôn-Pérèç. Ils partirent de Rimmôn-Pérèç et campèrent à Libna. Ils partirent de Libna et campèrent à Rissa. Ils partirent de Rissa et campèrent à Qehélata. Ils partirent de Qehélata et campèrent au mont Shéphèr. Ils partirent du mont Shéphèr et campèrent à Harada. Ils partirent de Harada et campèrent à Maqhélot. Ils partirent de Maqhélot et campèrent à Tahat. Ils partirent de Tahat et campèrent à Térah. Ils partirent de Térah et campèrent à Mitqa. Ils partirent de Mitqa et campèrent à Hashmona. Ils partirent de Hashmona et campèrent à Mosérot. Ils partirent de Mosérot et campèrent à Bené-Yaaqân. Ils partirent de Bené-Yaaqân et campèrent à Hor-Gidgad. Ils partirent de Hor-Gidgad et campèrent à Yotbata. Ils partirent de Yotbata et campèrent à Abrona. Ils partirent de Abrona et campèrent à Eçyôn-Gébèr. Ils partirent de Eçyôn-Gébèr et campèrent dans le désert de Cîn; c'est Cadès. Ils partirent de Cadès et campèrent à Hor-la-Montagne, aux confins du pays d'Edom. Aaron, le prêtre, monta à Hor-la-Montagne sur l'ordre de Yahvé et c'est là qu'il mourut, dans la quarantième année de l'exode des Israélites hors du pays d'Egypte, au cinquième mois, le premier du mois. Aaron avait 123 ans lorsqu'il mourut à Hor-la-Montagne. Le roi d'Arad, un Cananéen qui habitait le Négeb au pays de Canaan, fut informé lors de l'arrivée des Israélites. Ils partirent de Hor-la-Montagne et campèrent à Calmona. Ils partirent de Calmona et campèrent à Punôn. Ils partirent de Punôn et campèrent à Obot. Ils partirent de Obot et campèrent sur le territoire de Moab à Iyyé-ha-Abarim. Ils partirent de Iyyim et campèrent à Dibôn-Gad. Ils partirent de Dibôn-Gad et campèrent à Almôn-Diblatayim. Ils partirent de Almôn-Diblatayim et campèrent aux monts Abarim en face de Nebo. Ils partirent des monts Abarim et campèrent aux Steppes de Moab, près du Jourdain vers Jéricho. Ils campèrent près du Jourdain entre Bet-ha-Yeshimot et Abel-ha-Shittim, dans les Steppes de Moab. Yahvé parla à Moïse, dans les Steppes de Moab, près du Jourdain vers Jéricho. Il dit: "Parle aux Israélites; tu leur diras: Quand vous aurez passé le Jourdain vers le pays de Canaan, vous chasserez devant vous tous les habitants du pays. Vous détruirez leurs images peintes, vous détruirez toutes leurs statues de métal fondu et vous saccagerez tous leurs hauts lieux. Vous posséderez ce pays et vous y demeurerez, car je vous ai donné ce pays pour domaine. Vous le partagerez au sort entre vos clans. A celui qui est nombreux vous ferez une plus grande part d'héritage, à celui qui est moins nombreux vous ferez une plus petite part d'héritage. Là où le sort tombera pour chacun, là sera son domaine. Vous ferez le partage dans vos tribus. Mais si vous ne chassez pas devant vous les habitants du pays, ceux d'entre eux que vous aurez laissés deviendront des épines dans vos yeux et des chardons dans vos flancs, ils vous presseront dans le pays que vous habiterez et je vous traiterai comme j'avais pensé les traiter." Yahvé parla à Moïse et dit: "Ordonne ceci aux Israélites, tu leur diras: Quand vous entrerez dans le pays (de Canaan), voici le pays qui deviendra votre héritage. C'est le pays de Canaan selon ses frontières. La région méridionale de votre domaine s'étendra à partir du désert de Cîn, qui confine à Edom. Votre frontière méridionale commencera du côté de l'orient à l'extrémité de la mer Salée. Puis elle obliquera au sud, vers la montée des Scorpions, passera par Cîn et aboutira au midi à Cadès-Barné. Puis elle ira vers Haçar-Addar et passera par Açmôn. D'Açmôn, la frontière obliquera ensuite vers le Torrent d'Egypte et aboutira à la Mer. Vous aurez pour frontière maritime la Grande Mer; cette limite vous servira de frontière à l'occident. Et voici votre frontière septentrionale. Vous tracerez une ligne depuis la Grande Mer jusqu'à Hor-la-Montagne, puis de Hor-la-Montagne vous tracerez une ligne jusqu'à l'Entrée de Hamat, et la frontière aboutira à Cedad. Elle ira vers Ziphrôn et aboutira à Haçar-Enân. Elle sera votre frontière septentrionale. Puis vous tracerez votre frontière orientale de Haçar-Enân à Shepham. La frontière descendra de Shepham vers Harbel, à l'orient de Ayîn. Descendant encore elle touchera la rive orientale de la mer de Kinnérèt. La frontière suivra alors le Jourdain pour aboutir à la mer Salée. Tel sera votre pays avec les frontières qui en font le tour." Moïse ordonna alors ceci aux Israélites: "Voici le pays que vous vous partagerez par le sort, et que Yahvé a prescrit de donner aux neuf tribus et à la demi-tribu. Car la tribu des fils de Ruben avec ses familles et la tribu des fils de Gad avec ses familles ont déjà reçu leur héritage; la demi-tribu de Manassé a aussi reçu son héritage. Ces deux tribus et la demi-tribu ont reçu leur héritage au-delà du Jourdain de Jéricho, à l'orient, au levant." Yahvé parla à Moïse et dit: "Voici les noms des hommes qui vous partageront le pays: Eléazar le prêtre et Josué fils de Nûn, et pour chaque tribu vous prendrez un prince pour le partage du pays. Voici les noms de ces hommes: Pour la tribu de Juda, Caleb, fils de Yephunné; pour la tribu des fils de Siméon, Shemuel, fils d'Ammihud; pour la tribu de Benjamin, Elidad, fils de Kislôn; pour la tribu des fils de Dan, le prince Buqqi, fils de Yogli; pour les fils de Joseph, pour la tribu des fils de Manassé, le prince Hanniel, fils d'Ephod; et pour la tribu des fils d'Ephraïm, le prince Qemuel, fils de Shiphtân; pour la tribu de Zabulon, le prince Eliçaphân, fils de Parnak; pour la tribu des fils d'Issachar, le prince Paltiel, fils d'Azzân; pour la tribu des fils d'Asher, le prince Ahiud, fils de Shelomi; pour la tribu des fils de Nephtali, le prince Pedahel, fils d'Ammihud." Tels sont ceux à qui Yahvé ordonna d'assigner aux Israélites leur part d'héritage en terre de Canaan. Yahvé parla à Moïse, dans les Steppes de Moab, près du Jourdain vers Jéricho. Il dit: "Ordonne aux Israélites de donner aux Lévites, sur l'héritage qu'ils possèdent, des villes pour qu'ils y demeurent et des pâturages autour de villes. Vous les donnerez aux Lévites. Les villes seront leur demeure et les pâturages attenants seront pour leur bétail, leurs biens et toutes leurs bêtes. Les pâturages attenant aux villes que vous donnerez aux Lévites s'étendront, à partir de la muraille de la ville, sur mille coudées alentour. Vous mesurerez, hors de la ville,2.000 coudées pour le côté oriental,2.000 coudées pour le côté méridional,2.000 coudées pour le côté occidental,2.000 coudées pour le côté septentrional, la ville étant au centre, ce seront les pâturages de ces villes. Les villes que vous donnerez aux Lévites seront les six villes de refuge, cédées par vous pour que le meurtrier puisse s'y enfuir; mais vous donnerez en plus 42 villes. Vous donnerez en tout aux Lévites 48 villes, les villes avec leurs pâturages. Ces villes que vous donnerez sur la possession des Israélites, vous les prendrez en plus grand nombre à celui qui a beaucoup, en plus petit nombre à celui qui a peu. Chacun donnera de ses villes aux Lévites en proportion de l'héritage qu'il aura reçu." Yahvé parla à Moïse et dit: "Parle ainsi aux Israélites. Quand vous aurez passé le Jourdain pour gagner la terre de Canaan, vous trouverez des villes dont vous ferez des villes de refuge, où puisse s'enfuir le meurtrier qui a frappé quelqu'un par inadvertance. Ces villes vous serviront de refuge contre le vengeur du sang, et le meurtrier ne devra pas mourir avant d'avoir comparu en jugement devant la communauté. Les villes que vous donnerez seront pour vous six villes de refuge: les trois que vous donnerez au-delà du Jourdain et les trois que vous donnerez dans le pays de Canaan seront des villes de refuge. Pour les Israélites comme pour l'étranger et pour l'hôte qui vivent chez vous, ces six villes serviront de refuge, où puisse s'enfuir quiconque a frappé quelqu'un involontairement. Mais s'il l'a frappé avec un objet de fer et qu'il ait ainsi causé sa mort, c'est un meurtrier. Le meurtrier sera mis à mort. S'il l'a frappé avec une pierre propre à tuer et s'il l'a tué, c'est un meurtrier. Le meurtrier sera mis à mort. Ou bien s'il l'a frappé avec un outil de bois propre à tuer et s'il l'a tué, c'est un meurtrier. Le meurtrier sera mis à mort. C'est le vengeur du sang qui mettra à mort le meurtrier. Quand il le rencontrera, il le mettra à mort. Si le meurtrier a bousculé la victime par haine, ou si pour l'atteindre il lui a lancé un projectile mortel, ou si par inimitié il lui a porté des coups de poing mortels, celui qui a frappé doit mourir; c'est un meurtrier que le vengeur du sang mettra à mort quand il le rencontrera. Mais s'il a bousculé la victime fortuitement, sans inimitié, ou s'il a lancé sur elle quelque projectile, sans chercher à l'atteindre, ou si sans la voir il a fait tomber sur elle une pierre propre à tuer et a ainsi causé sa mort, alors qu'il n'avait contre elle aucune haine et ne lui voulait aucun mal, la communauté jugera, selon ces règles, entre celui qui a frappé et le vengeur du sang, et sauvera le meurtrier de la main du vengeur du sang. Elle le fera retourner dans la ville de refuge où il s'était enfui, et il y demeurera jusqu'à la mort du grand prêtre qui a été oint de l'huile sainte. Si le meurtrier vient à sortir du territoire de la ville de refuge où il s'est enfui, et que le vengeur du sang le rencontre hors du territoire de sa ville de refuge, le vengeur du sang pourra le tuer sans crainte de représailles: car le meurtrier doit rester dans sa ville de refuge jusqu'à la mort du grand prêtre; c'est après la mort du grand prêtre qu'il pourra retourner au pays où il a son domaine. Ce sera règle de droit pour vous et pour vos générations, partout où vous habiterez. En toute affaire d'homicide, c'est sur la déposition de témoins que le meurtrier sera mis à mort; mais un témoin unique ne pourra porter une accusation capitale. Vous n'accepterez pas de rançon pour la vie d'un meurtrier passible de mort; car il doit mourir. Vous n'accepterez pas de rançon de quelqu'un qui, s'étant enfui dans sa ville de refuge, veut revenir habiter son pays avant la mort du grand prêtre. Vous ne profanerez pas le pays où vous êtes. C'est le sang qui profane le pays et il n'y a pour le pays d'autre expiation du sang versé que par le sang de celui qui l'a versé. Tu ne rendras pas impur le pays où vous habitez et au milieu duquel j'habite. Car moi, Yahvé, j'habite au milieu des Israélites." Les chefs de famille du clan des fils de Galaad, fils de Makir, fils de Manassé, l'un des clans des fils de Joseph, se présentèrent. Ils prirent la parole en présence de Moïse et des princes, chefs de famille des Israélites, et dirent: "Yahvé a ordonné à Monseigneur de donner le pays aux Israélites en le répartissant par le sort; et Monseigneur a reçu de Yahvé l'ordre de donner la part d'héritage de Celophehad, notre frère, à ses filles. Or, si elles épousent un membre d'une autre tribu israélite, leur part sera retranchée de la part de nos pères. La part de la tribu à laquelle elles vont appartenir sera augmentée, et la part que le sort nous a donnée sera réduite. Et quand viendra le jubilé pour les Israélites, la part de ces femmes sera ajoutée à la part de la tribu à laquelle elles vont appartenir, et elle sera retranchée de la part de notre tribu." Moïse, sur l'ordre de Yahvé, donna cet ordre aux Israélites. Il dit: "La tribu des fils de Joseph a parlé juste. Voici ce que Yahvé ordonne pour les filles de Celophehad: Elles épouseront qui bon leur semblera, pourvu qu'elles se marient dans un clan de la tribu de leur père. La part des Israélites ne passera pas de tribu à tribu; les Israélites resteront attachés chacun à la part de sa tribu. Toute fille qui possède une part dans l'une des tribus Israélites devra se marier dans un clan de sa tribu paternelle, de sorte que les Israélites conservent chacun la part de son père. Une part ne pourra être transférée d'une tribu à l'autre: chacune des tribus des Israélites restera attachée à sa part." Les filles de Celophehad firent comme Yahvé l'avait ordonné à Moïse. Mahla, Tirça, Hogla, Milka et Noa, filles de Celophehad, épousèrent les fils de leurs oncles paternels. Comme elles s'étaient mariées dans des clans des fils de Manassé, fils de Joseph, c'est à la tribu du clan de leur père que revint leur part. Tels sont les commandements et les lois que Yahvé prescrivit aux Israélites, par l'intermédiaire de Moïse, dans les Steppes de Moab, près du Jourdain, vers Jéricho. Voici les paroles que Moïse adressa à tout Israël au-delà du Jourdain, dans le désert, dans la Araba, en face de Suph, entre Parân et Tophel, Labân, Haçérot et Di-Zahab. -- Il y a onze jours de marche depuis l'Horeb, par le chemin de la montagne de Séïr, jusqu'à Cadès-Barné. -- Ce fut la quarantième année, le premier jour du onzième mois, que Moïse parla aux Israélites selon tout ce que Yahvé lui avait ordonné à leur sujet. Il avait battu Sihôn, roi des Amorites qui résidait à Heshbôn, et Og, roi du Bashân qui résidait à Ashtarot et à Edréï. C'est au-delà du Jourdain, au pays de Moab, que Moïse se décida à graver cette Loi. Il dit: Yahvé notre Dieu nous a parlé à l'Horeb: "Vous avez assez séjourné dans cette montagne. Allez-vous-en, partez, et allez à la montagne des Amorites, chez tous ceux qui habitent la Araba, la Montagne, le Bas-Pays, le Négeb et le bord de la mer, allez en terre de Canaan et au Liban jusqu'au grand fleuve, l'Euphrate. Voici le pays que je vous ai donné; allez donc prendre possession du pays que Yahvé a promis par serment à vos pères, Abraham, Isaac et Jacob, et à leur postérité après eux." Je vous ai dit alors: "Je ne puis à moi seul me charger de vous. Yahvé votre Dieu vous a multipliés et vous voici nombreux comme les étoiles du ciel. Yahvé le Dieu de vos pères vous multipliera mille fois autant et vous bénira comme il vous l'a dit! Comment donc porterais-je seul vos aigreurs, accusations et contestations? Prenez donc des hommes sages, perspicaces et d'expérience dans chacune de vos tribus, que j'en fasse vos chefs." Vous m'avez répondu: "Ce que tu proposes est bon." Je pris donc vos chefs de tribus, hommes sages et d'expérience, et je vous les donnai pour chefs: chefs de milliers, de centaines, de cinquantaines et de dizaines, et scribes pour vos tribus. En ce même temps je prescrivis à vos juges: "Vous entendrez vos frères et vous rendrez la justice entre un homme et son frère ou un étranger en résidence près de lui. Vous ne ferez pas acception de personne en jugeant, mais vous écouterez le petit comme le grand. Vous ne craindrez pas l'homme, car la sentence est à Dieu. Si un cas est trop difficile pour vous, vous me l'enverrez pour que je l'entende." Je vous prescrivis alors tout ce que vous aviez à faire. Nous partîmes de l'Horeb et entrâmes en ce désert grand et redoutable que vous avez vu sur le chemin de la montagne des Amorites, comme Yahvé notre Dieu nous l'avait ordonné, et nous arrivâmes à Cadès-Barné. Je vous dis alors: "Vous voici arrivés à cette montagne des Amorites que Yahvé notre Dieu nous a donnée. Vois: Yahvé ton Dieu t'a donné ce pays. Monte en prendre possession comme te l'a dit Yahvé le Dieu de tes pères; ne crains pas et ne sois pas effrayé." Vous vîntes tous me trouver pour me dire: "Envoyons devant nous des gens pour explorer le pays; ils nous feront rapport sur la route à suivre et sur les villes où nous pourrons aller" L'avis me parut bon et je pris parmi vous douze hommes, un par tribu. Ils prirent la direction de la montagne, y montèrent et atteignirent le val d'Eshkol qu'ils espionnèrent. Ils prirent avec eux des produits du pays, nous les apportèrent et nous dirent: "C'est un heureux pays que Yahvé notre Dieu nous a donné." Mais vous avez refusé d'y monter et vous avez été rebelles à la voix de Yahvé votre Dieu, et vous avez déblatéré dans vos tentes en disant: "C'est en haine de nous que Yahvé nous a fait sortir du pays d'Egypte, pour nous livrer au pouvoir des Amorites et pour nous détruire. Où nous fait-on monter? Nos frères nous ont découragés en disant: C'est un peuple plus grand et de plus haute stature que nous, les villes sont grandes et leurs remparts montent jusqu'au ciel. Et même nous y avons vu des Anaqim" Je vous dis: "Ne tremblez pas, n'ayez pas peur d'eux. Yahvé votre Dieu qui marche à votre tête combattra pour vous, tout comme vous l'avez vu faire en Egypte. Tu l'as vu aussi au désert: Yahvé ton Dieu te soutenait comme un homme soutient son fils, tout au long de la route que vous avez suivie jusqu'ici." Mais en cette circonstance aucun d'entre vous ne crut en Yahvé votre Dieu, lui qui vous précédait sur la route pour vous chercher un lieu de campement, dans le feu pendant la nuit pour éclairer votre route, et dans la nuée pendant le jour. Yahvé entendit le son de vos paroles et dans sa colère il fit ce serment: "Pas un seul de ces hommes, de cette génération perverse, ne verra cet heureux pays que j'ai juré de donner à vos pères, excepté Caleb, fils de Yephunné: lui le verra et à lui comme à ses fils je donnerai la terre qu'il a foulée, car il a parfaitement obéi à Yahvé." A cause de vous Yahvé s'irrita même contre moi et me dit: "Toi non plus, tu n'y entreras pas. C'est ton serviteur Josué, fils de Nûn, qui y entrera. Affermis-le, car c'est lui qui devra mettre Israël en possession du pays. Mais vos petits enfants dont vous avez prétendu qu'ils allaient être livrés en butin, vos fils qui ne savent pas encore discerner le bien et le mal, ce sont eux qui y entreront, c'est à eux que je le donnerai et ce sont eux qui le posséderont. Quant à vous, faites demi-tour et repartez au désert, dans la direction de la mer de Suph." Vous m'avez alors répondu: "Nous avons péché contre Yahvé notre Dieu. Nous allons monter et combattre, comme Yahvé notre Dieu nous l'a ordonné." Vous avez ceint chacun vos armes et vous vous êtes équipés pour gravir la montagne. Mais Yahvé me dit: "Dis-leur: Ne montez pas et ne combattez pas, car je ne suis pas au milieu de vous; ne vous faites pas battre par vos ennemis." J'eus beau vous parler, vous ne m'avez pas écouté et vous vous êtes rebellés contre la voix de Yahvé, vous êtes montés présomptueusement à la montagne. Les Amorites habitant cette montagne sont sortis à votre rencontre, vous ont poursuivis comme l'auraient fait des abeilles et vous ont battus en Séïr jusqu'à Horma. A votre retour vous avez pleuré devant Yahvé; il n'écouta pas votre voix et ne fit pas attention à vous. C'est pourquoi vous avez dû demeurer à Cadès aussi longtemps que vous y êtes demeurés. Puis nous avons fait demi-tour et nous sommes partis au désert, en direction de la mer de Suph, comme Yahvé me l'avait ordonné. Pendant de longs jours nous avons tourné autour de la montagne de Séïr. Yahvé me dit alors: "Vous avez assez tourné autour de la montagne: prenez la direction du nord. Et donne cet ordre au peuple: Vous allez passer par le territoire de vos frères, les fils d'Esaü, qui habitent Séïr. Ils vous craignent et vous serez bien gardés. N'allez pas les provoquer, car je ne vous donnerai rien de leur pays, pas même la longueur d'un pied: c'est à Esaü que j'ai donné la montagne de Séïr pour domaine. La nourriture que vous mangerez, achetez-la-leur à prix d'argent; achetez-leur à prix d'argent l'eau que vous boirez. Car Yahvé ton Dieu t'a béni en toutes tes actions; il a veillé sur ta marche à travers ce grand désert. Voici 40 ans que Yahvé ton Dieu est avec toi sans que tu manques de rien." Nous avons donc passé au-delà de nos frères, les fils d'Esaü qui habitent en Séïr, par la route de la Araba, d'Elat et d'Eçyôn-Gébèr; puis, changeant de direction, nous prîmes la route du désert de Moab. Yahvé me dit alors: "N'attaque pas Moab, ne le provoque pas au combat; car je ne te donnerai rien de son territoire: c'est aux fils de Lot que j'ai donné Ar pour domaine. (Auparavant y demeuraient les Emim, nation grande, nombreuse et de haute stature comme les Anaqim. On les considérait comme des Rephaïm, tout comme les Anaqim, mais les Moabites les appellent Emim. De même en Séïr demeuraient auparavant les Horites, que les fils d'Esaü dépossédèrent et exterminèrent pour s'établir à leur place, ainsi que l'a fait Israël pour sa terre, l'héritage reçu de Yahvé.) Debout maintenant! et passez le torrent de Zéred." Nous passâmes donc le torrent de Zéred. De Cadès-Barné au passage du torrent de Zéred notre errance avait duré 38 ans; ainsi avait été éliminée toute la génération des hommes en âge de porter les armes, comme Yahvé le leur avait juré. La main de Yahvé avait été contre eux pour les éliminer entièrement du camp. Lorsque la mort eut fait disparaître du milieu du peuple, jusqu'au dernier, les hommes en âge de porter les armes, Yahvé m'adressa ces paroles: "Tu es en train de traverser Ar, le pays de Moab, et tu vas te trouver devant les fils d'Ammon. Ne les attaque pas, ne les provoque pas; car je ne te donnerai rien du pays des fils d'Ammon: c'est aux fils de Lot que je l'ai donné pour domaine. (On le considérait aussi comme un pays de Rephaïm: des Rephaïm y habitaient auparavant, les Ammonites les appellent Zamzummim, peuple grand, nombreux et de haute stature comme les Anaqim. Yahvé les extermina devant les Ammonites, qui les dépossédèrent et s'établirent à leur place, comme il avait fait pour les fils d'Esaü, habitant en Séïr, en exterminant devant eux les Horites, qu'ils dépossédèrent pour s'établir à leur place jusqu'à ce jour. Ainsi encore des Avvites, qui habitaient des camps jusqu'à Gaza: les Kaphtorim, venus de Kaphtor, les exterminèrent et s'établirent à leur place.) Debout! levez le camp, et passez le torrent de l'Arnon. Vois, je livre en ton pouvoir Sihôn, roi de Heshbôn, l'Amorite, ainsi que son pays. Commence la conquête; provoque-le au combat. A partir d'aujourd'hui, je répands la terreur et la crainte de toi parmi les peuples qui sont sous tous les cieux: quiconque entendra le bruit de ton approche sera saisi de trouble et frémira d'angoisse." Du désert de Qedémot, j'envoyai des messagers porter à Sihôn, roi de Heshbôn, ces paroles de paix: "J'ai l'intention de traverser ton pays; j'irai mon chemin sans m'écarter ni à droite ni à gauche. Je mangerai la nourriture que tu m'auras vendue à prix d'argent, et je boirai l'eau que tu m'auras laissée à prix d'argent. Je veux seulement passer à pied, comme me l'ont accordé les fils d'Esaü qui habitent en Séïr et les Moabites qui habitent en Ar, jusqu'à ce que je passe le Jourdain pour aller au pays que Yahvé notre Dieu nous donne." Mais Sihôn, roi de Heshbôn, ne consentit pas à nous laisser passer chez lui; car Yahvé ton Dieu avait figé son esprit et endurci son coeur, afin de le livrer en ton pouvoir, comme il l'est encore aujourd'hui. Yahvé me dit: "Vois! j'ai commencé à te livrer Sihôn et son pays; commence la conquête en t'emparant de son pays." Sihôn marcha à notre rencontre avec tout son peuple, à Yahaç, pour nous combattre. Yahvé notre Dieu nous le livra et nous le battîmes, lui, ses fils et tout son peuple. Nous avons pris toutes ses villes, et nous avons dévoué par anathème toutes ces villes d'hommes mariés, les femmes et les enfants, sans rien laisser échapper, sauf le bétail, qui fut notre butin, avec les dépouilles des villes prises. Depuis Aroër qui est sur le bord de la vallée de l'Arnon, et la ville qui est dans la vallée, jusqu'à Galaad, il n'y eut pas pour nous de ville inaccessible; Yahvé notre Dieu nous les livra toutes. Toutefois du pays des Ammonites tu n'approchas point, ni de la région du torrent du Yabboq ni des villes de la montagne, ni de tout ce qu'avait interdit Yahvé notre Dieu. Nous prîmes alors le chemin du Bashân et nous y montâmes. Og, roi du Bashân, marcha à notre rencontre, lui et tout son peuple, pour nous combattre à Edréï. Yahvé me dit: "Ne le crains pas, car je l'ai livré en ton pouvoir, lui, tout son peuple et son pays. Tu le traiteras comme tu as traité Sihôn, le roi amorite, qui habite à Heshbôn." Yahvé notre Dieu livra aussi en notre pouvoir Og, roi du Bashân, et tout son peuple. Nous le battîmes si bien que pas un n'en réchappa. Puis en ce temps nous nous emparâmes de toutes ses villes; il n'y eut cité que nous ne leur ayons prise: 60 villes, toute la confédération d'Argob, royaume d'Og en Bashân, toutes places fortes fermées de hautes murailles, munies de portes et de barres; sans compter les villes des Perizzites, fort nombreuses. Nous les dévouâmes par anathème, comme nous avions fait pour Sihôn, roi de Heshbôn, dévouant à l'anathème toutes ces villes d'hommes mariés, les femmes et les enfants; mais tout le bétail et les dépouilles des villes furent notre butin. Ainsi, en ce temps-là, avons-nous pris le pays au deux rois amorites d'au-delà du Jourdain, depuis le torrent de l'Arnon jusqu'au mont Hermon (les Sidoniens appellent l'Hermon Siryôn, les Amorites le nomment Senir): toutes les villes du Haut-Plateau, tout le Galaad et tout le Bashân jusqu'à Salka et Edréï, capitales d'Og en Bashân. (Or Og, roi du Bashân, était le dernier survivant des Rephaïm: son lit est le lit de fer qu'on voit à Rabba des Ammonites, long de neuf coudées et large de quatre, en coudées d'hommes.) Nous avons alors pris possession de ce pays, à partir d'Aroër sur le torrent de l'Arnon. Je donnai aux Rubénites et aux Gadites la moitié de la montagne de Galaad, avec ses villes. A la demi-tribu de Manassé, je donnai le reste de Galaad et tout le Bashân, royaume d'Og. (Toute la confédération d'Argob, tout le Bashân, c'est ce qu'on appelle le pays des Rephaïm. Yaïr, fils de Manassé, s'était emparé de toute la confédération d'Argob jusqu'aux frontières des Geshurites et des Maakatites, qu'il appela -- ce Bashân -- de son nom "Douars de Yaïr" jusqu'à ce jour.) A Makir, je donnai le Galaad. Aux Rubénites et aux Gadites je donnai le Galaad jusqu'au torrent de l'Arnon, le milieu du torrent marquant la frontière, et jusqu'au Yabboq, le torrent marquant la frontière des Ammonites. La Araba et le Jourdain servaient de frontière, depuis Kinnérèt jusqu'à la mer de la Araba (la mer Salée), au pied des pentes du Pisga à l'orient. Je vous donnai alors cet ordre: "Yahvé votre Dieu vous a donné ce pays pour domaine. Armés, vous passerez devant vos frères, les Israélites, tous hommes de guerre; seuls vos femmes, vos enfants et vos troupeaux (car je sais vos troupeaux nombreux) resteront dans les villes que je vous ai données, jusqu'à ce que Yahvé ait donné le repos à vos frères comme à vous-mêmes, et qu'ils possèdent eux aussi les pays que Yahvé votre Dieu leur donne au-delà du Jourdain; alors vous retournerez chacun dans les domaines que je vous ai donnés." Je donnai alors cet ordre à Josué: "Tu vois de tes yeux tout ce que Yahvé notre Dieu a fait à ces deux rois; Yahvé traitera de même tous les royaumes où tu vas passer. Vous ne les craindrez point: c'est Yahvé votre Dieu qui combat pour vous." Je demandai alors une grâce à Yahvé: "Mon Seigneur Yahvé, toi qui as commencé à faire voir à ton serviteur ta grandeur et ta puissante main, qui... Quel dieu dans les cieux et sur la terre agit comme tu agis et avec même puissance? Ne pourrais-je passer là-bas, et voir cet heureux pays au-delà du Jourdain, cette heureuse montagne, et le Liban?" Mais, à cause de vous, Yahvé s'irrita contre moi et ne m'exauça point. Il me dit: "Assez! Ne continue plus à me parler de cette affaire! Monte au sommet du Pisga, porte tes regards à l'occident, au nord, au midi et à l'orient; regarde de tes yeux, car tu ne passeras pas le Jourdain que voici. Donne tes ordres à Josué, fortifie-le, confirme-le, car c'est lui qui passera, à la tête de ce peuple; à lui de les mettre en possession du pays que tu vas voir." Puis nous sommes restés dans la vallée, en face de Bet-Péor. Et maintenant, Israël, écoute les lois et les coutumes que je vous enseigne aujourd'hui pour que vous les mettiez en pratique: afin que vous viviez, et que vous entriez, pour en prendre possession, dans le pays que vous donne Yahvé le Dieu de vos pères. Vous n'ajouterez rien à ce que je vous ordonne et vous n'en retrancherez rien, mais vous garderez les commandements de Yahvé votre Dieu tels que je vous les prescris. Vous voyez de vos yeux ce qu'a fait Yahvé à Baal-Péor: quiconque a suivi le Baal de Péor, Yahvé ton Dieu l'a exterminé du milieu de toi; mais vous qui êtes restés attachés à Yahvé votre Dieu, vous êtes aujourd'hui tous vivants. Vois! comme Yahvé mon Dieu me l'a ordonné, je vous ai enseigné des lois et des coutumes, pour que vous les mettiez en pratique dans le pays dont vous allez prendre possession. Gardez-les et mettez-les en pratique, ainsi serez-vous sages et avisés aux yeux des peuples. Quand ceux-ci auront connaissance de toutes ces lois, ils s'écrieront: "Il n'y a qu'un peuple sage et avisé, c'est cette grande nation!" Quelle est en effet la grande nation dont les dieux se fassent aussi proches que Yahvé notre Dieu l'est pour nous chaque fois que nous l'invoquons? Et quelle est la grande nation dont les lois et coutumes soient aussi justes que toute cette Loi que je vous prescris aujourd'hui? Mais prends garde! Garde bien ta vie, ne va pas oublier ces choses que tes yeux ont vues, ni les laisser, en aucun jour de ta vie, sortir de ton coeur; enseigne-les au contraire à tes fils et aux fils de tes fils. Au jour où tu te tenais à L'Horeb en présence de Yahvé ton Dieu, Yahvé me dit: "Assemble-moi le peuple, que je leur fasse entendre mes paroles, afin qu'ils apprennent à me craindre tant qu'ils vivront sur la terre, et qu'ils l'enseignent à leurs fils." Et vous vous êtes alors approchés, pour vous tenir auprès de la montagne; la montagne était embrasée jusqu'en plein ciel -- ciel obscurci de nuages ténébreux et retentissants! Yahvé vous parla alors du milieu du feu; vous entendiez le son des paroles, mais vous n'aperceviez aucune forme, rien qu'une voix. Il vous révéla son alliance, qu'il vous ordonna de mettre en pratique, les dix paroles qu'il inscrivit sur deux tables de pierre. Quant à moi, Yahvé m'ordonna en ce même temps de vous enseigner les lois et les coutumes que vous auriez à mettre en pratique dans le pays où vous pénétrez pour en prendre possession. Prenez bien garde à vous-mêmes: puisque vous n'avez vu aucune forme, le jour où Yahvé, à l'Horeb, vous a parlé du milieu du feu, n'allez pas vous pervertir et vous faire une image sculptée représentant quoi que ce soit: figure d'homme ou de femme, figure de quelqu'une des bêtes de la terre, figure de quelqu'un des oiseaux qui volent dans le ciel, figure de quelqu'un des reptiles qui rampent sur le sol, figure de quelqu'un des poissons qui vivent dans les eaux au-dessous de la terre. Quand tu lèveras les yeux vers le ciel, quand tu verras le soleil, la lune, les étoiles et toute l'armée des cieux, ne va pas te laisser entraîner à te prosterner devant eux et à les servir. Yahvé ton Dieu les a donnés en partage à tous les peuples qui sont sous le ciel, mais vous, Yahvé vous a pris et vous a fait sortir de cette fournaise pour le fer, l'Egypte, pour que vous deveniez le peuple de son héritage, comme vous l'êtes encore aujourd'hui. A cause de vous, Yahvé s'est irrité contre moi; il a juré que je ne passerais pas le Jourdain et que je n'entrerais pas dans l'heureux pays qu'il te donne en héritage. Oui, je vais mourir en ce pays-ci et je ne passerai pas ce Jourdain. Mais vous, vous allez le passer et prendre possession de cet heureux pays. Gardez-vous d'oublier l'alliance que Yahvé votre Dieu a conclue avec vous et de vous fabriquer une image sculptée de quoi que ce soit, malgré la défense de Yahvé ton Dieu; car Yahvé ton Dieu est un feu dévorant, un Dieu jaloux. Lorsque tu auras engendré des enfants et des petits-enfants et que vous aurez vieilli dans le pays, quand vous vous serez pervertis, que vous aurez fabriqué quelque image sculptée, fait ce qui est mal aux yeux de Yahvé ton Dieu de manière à l'irriter, je prends aujourd'hui à témoin contre vous les cieux et la terre: vous devrez promptement disparaître de ce pays dont vous allez prendre possession en passant le Jourdain. Vous n'y prolongerez pas vos jours, car vous serez bel et bien anéantis. Yahvé vous dispersera parmi les peuples, et il ne restera de vous qu'un petit nombre, au milieu des nations où Yahvé vous aura conduits. Vous y servirez des dieux faits de main d'homme, du bois et de la pierre incapables de voir et d'entendre, de manger et de sentir. De là-bas, tu rechercheras Yahvé ton Dieu, et tu le trouveras si tu le cherches de tout ton coeur et de toute ton âme. Dans ta détresse, toutes ces paroles t'atteindront, mais à la fin des temps tu reviendras à Yahvé ton Dieu et tu écouteras sa voix; car Yahvé ton Dieu est un Dieu miséricordieux qui ne t'abandonnera ni ne te détruira, et qui n'oubliera pas l'alliance qu'il a conclue par serment avec tes pères. Interroge donc les anciens âges, qui t'ont précédé depuis le jour où Dieu créa l'homme sur la terre: d'un bout du ciel à l'autre y eut-il jamais si auguste parole? En entendit-on de semblable? Est-il un peuple qui ait entendu la voix du Dieu vivant parlant du milieu du feu, comme tu l'as entendue, et soit demeuré en vie? Est-il un dieu qui soit venu se chercher une nation au milieu d'une autre, par des épreuves, des signes, des prodiges et des combats, à main forte et à bras étendu, et par de grandes terreurs -- toutes choses que pour vous, sous tes yeux, Yahvé votre Dieu a faites en Egypte? C'est à toi qu'il a donné de voir tout cela, pour que tu saches que Yahvé est le vrai Dieu et qu'il n'y en a pas d'autre. Du ciel il t'a fait entendre sa voix pour t'instruire, et sur la terre il t'a fait voir son grand feu, et du milieu du feu tu as entendu ses paroles. Parce qu'il a aimé tes pères et qu'après eux il a élu leur postérité, il t'a fait sortir d'Egypte en manifestant sa présence et sa grande force, il a dépossédé devant toi des nations plus grandes et plus puissantes que toi, il t'a fait entrer dans leur pays et te l'a donné en héritage, comme il le reste encore aujourd'hui. Sache-le donc aujourd'hui et médite-le dans ton coeur: c'est Yahvé qui est Dieu, là-haut dans le ciel comme ici-bas sur la terre, lui et nul autre. Garde ses lois et ses commandements que je te prescris aujourd'hui, afin d'avoir, toi et tes fils après toi, bonheur et longue vie sur la terre que Yahvé ton Dieu te donne pour toujours. Moïse choisit alors trois villes au-delà du Jourdain, à l'orient, où pourrait s'enfuir le meurtrier qui aurait tué son prochain involontairement, sans avoir eu contre lui de haine invétérée: il pourrait, s'enfuyant dans une de ces villes, sauver sa vie. C'étaient, pour les Rubénites, Béçèr, dans le désert, sur le Haut-Plateau; pour les Gadites, Ramot en Galaad; pour les Manassites, Golân en Bashân. Voici la Loi que Moïse présenta aux Israélites. Voici les stipulations, les lois et les coutumes que Moïse donna aux Israélites à leur sortie d'Egypte, au-delà du Jourdain, dans la vallée proche de Bet-Péor, au pays de Sihôn, roi amorite résidant à Heshbôn. Moïse et les Israélites l'avaient battu à leur sortie d'Egypte et s'étaient emparés de son pays, ainsi que du pays d'Og, roi du Bashân, -- tous deux rois amorites au-delà du Jourdain à l'orient, depuis Aroër qui est sur le bord de la vallée de l'Arnon jusqu'au mont Siôn (c'est l'Hermon) -- et de toute la Araba au-delà du Jourdain à l'orient, jusqu'à la mer de la Araba, au pied des pentes du Pisga. Moïse convoqua tout Israël et leur dit: Ecoute, Israël, les lois et les coutumes que je prononce aujourd'hui à vos oreilles. Apprenez-les et gardez-les pour les mettre en pratique. Yahvé notre Dieu a conclu avec nous une alliance à l'Horeb. Ce n'est pas avec nos pères que Yahvé a conclu cette alliance mais avec nous, nous-mêmes qui sommes ici aujourd'hui tous vivants. Sur la montagne, au milieu du feu, Yahvé vous a parlé face à face, et moi je me tenais alors entre Yahvé et vous pour vous faire connaître la parole de Yahvé; car, craignant le feu, vous n'étiez pas montés sur la montagne. Il dit: "Je suis Yahvé ton Dieu, qui t'ai fait sortir du pays d'Egypte, de la maison de servitude. "Tu n'auras pas d'autres dieux devant moi. "Tu ne te feras aucune image sculptée de rien qui ressemble à ce qui est dans les cieux là-haut, ou sur la terre ici-bas, ou dans les eaux au-dessous de la terre. Tu ne te prosterneras pas devant ces dieux ni ne les serviras. Car moi, Yahvé, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punis la faute des pères sur les enfants, les petits-enfants et les arrière-petits-enfants, pour ceux qui me haïssent, mais qui fais grâce à des milliers, pour ceux qui m'aiment et gardent mes commandements. "Tu ne prononceras pas le nom de Yahvé ton Dieu à faux, car Yahvé ne laisse pas impuni celui qui prononce son nom à faux. "Observe le jour du sabbat pour le sanctifier, comme te l'a commandé Yahvé, ton Dieu. Pendant six jours tu travailleras et tu feras tout ton ouvrage, mais le septième jour est un sabbat pour Yahvé ton Dieu. Tu n'y feras aucun ouvrage, toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton boeuf, ni ton âne ni aucune de tes bêtes, ni l'étranger qui est dans tes portes. Ainsi, comme toi-même, ton serviteur et ta servante pourront se reposer. Tu te souviendras que tu as été en servitude au pays d'Egypte et que Yahvé ton Dieu t'en a fait sortir d'une main forte et d'un bras étendu; c'est pourquoi Yahvé ton Dieu t'a commandé de garder le jour du sabbat. "Honore ton père et ta mère, comme te l'a commandé Yahvé ton Dieu, afin que se prolongent tes jours et que tu sois heureux sur la terre que Yahvé ton Dieu te donne. "Tu ne tueras pas. "Tu ne commettras pas l'adultère. "Tu ne voleras pas. "Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain. "Tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, tu ne désireras ni sa maison, ni son champ, ni son serviteur ou sa servante, ni son boeuf ou son âne: rien de ce qui est à ton prochain." Telles sont les paroles que vous adressa Yahvé quand vous étiez tous assemblés sur la montagne. Il vous parla du milieu du feu, dans la nuée et les ténèbres, d'une voix forte. Il n'y ajouta rien et les écrivit sur deux tables de pierre qu'il me donna. Or, lorsque vous eûtes entendu cette voix sortir des ténèbres, tandis que la montagne était en feu, vous tous, chefs de tribus et anciens, vous vîntes à moi et vous me dîtes: "Voici que Yahvé notre Dieu nous a montré sa gloire et sa grandeur, et que nous avons entendu sa voix du milieu du feu. Nous avons vu aujourd'hui que Dieu peut parler à l'homme, et l'homme rester en vie. Et maintenant, pourquoi devrions-nous mourir? Car ce grand feu pourrait nous dévorer si nous continuons à écouter la voix de Yahvé notre Dieu, et nous pourrions mourir. Est-il en effet un être de chair qui puisse rester en vie, après avoir entendu comme nous la voix du Dieu vivant parlant du milieu du feu? Toi, approche pour entendre tout ce que dira Yahvé notre Dieu, puis tu nous répéteras ce que Yahvé notre Dieu t'aura dit; nous l'écouterons et le mettrons en pratique." Yahvé entendit ce que vous disiez et il me dit: "J'ai entendu les paroles de ce peuple. Tout ce qu'ils t'ont dit est bien. Ah! si leur coeur pouvait toujours être ainsi, pour me craindre et garder mes commandements en sorte qu'ils soient heureux à jamais, eux et leurs fils. Va leur dire: Retournez à vos tentes. Mais toi, tu te tiendras ici auprès de moi, je te dirai tous les commandements, les lois et les coutumes que tu leur enseigneras et qu'ils mettront en pratique dans le pays que je leur donne en possession." Gardez et mettez en pratique! Ainsi vous l'a ordonné Yahvé votre Dieu. Ne vous écartez ni à droite ni à gauche. Vous suivrez tout le chemin que Yahvé votre Dieu vous a tracé, alors vous vivrez, vous aurez bonheur et longue vie dans le pays dont vous allez prendre possession. Tels sont les commandements, les lois et les coutumes que Yahvé votre Dieu a ordonné de vous enseigner, afin que vous les mettiez en pratique dans le pays dont vous allez prendre possession. Ainsi, si tu crains Yahvé ton Dieu tous les jours de ta vie, si tu observes toutes ses lois et ses commandements que je t'ordonne aujourd'hui, tu auras longue vie, toi, ton fils et le fils de ton fils. Puisses-tu écouter, Israël, garder et pratiquer ce qui te rendra heureux et te multipliera, ainsi que te l'a dit Yahvé, le Dieu de tes pères, en te donnant une terre qui ruisselle de lait et de miel! Ecoute, Israël: Yahvé notre Dieu est le seul Yahvé. Tu aimeras Yahvé ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de tout ton pouvoir. Que ces paroles que je te dicte aujourd'hui restent dans ton coeur! Tu les répéteras à tes fils, tu les leur diras aussi bien assis dans ta maison que marchant sur la route, couché aussi bien que debout; tu les attacheras à ta main comme un signe, sur ton front comme un bandeau; tu les écriras sur les poteaux de ta maison et sur tes portes. Lorsque Yahvé ton Dieu t'aura conduit au pays qu'il a juré à tes pères, Abraham, Isaac et Jacob, de te donner, aux villes grandes et prospères que tu n'as pas bâties, aux maisons pleines de toutes sortes de biens, maisons que tu n'as pas remplies, aux puits que tu n'as pas creusés, aux vignes et aux oliviers que tu n'as pas plantés, lors donc que tu auras mangé et que tu te seras rassasié, garde-toi d'oublier Yahvé qui t'a fait sortir du pays d'Egypte, de la maison de servitude. C'est Yahvé ton Dieu que tu craindras, lui que tu serviras, c'est par son nom que tu jureras. Ne suivez pas d'autres dieux, d'entre les dieux des nations qui vous entourent, car c'est un Dieu jaloux que Yahvé ton Dieu qui est au milieu de toi. La colère de Yahvé ton Dieu s'enflammerait contre toi et il te ferait disparaître de la face de la terre. Vous ne mettrez pas Yahvé votre Dieu à l'épreuve, comme vous l'avez mis à l'épreuve à Massa. Vous garderez les commandements de Yahvé votre Dieu, ses instructions et ses lois qu'il t'a prescrites, et tu feras ce qui est juste et bon aux yeux de Yahvé afin d'être heureux, et de prendre possession de l'heureux pays dont Yahvé a juré à tes pères qu'il en chasserait tous tes ennemis devant toi; ainsi l'a dit Yahvé. Lorsque demain ton fils te demandera: "Qu'est-ce donc que ces instructions, ces lois et ces coutumes que Yahvé notre Dieu vous a prescrites?" Tu diras à ton fils: "Nous étions esclaves de Pharaon, en Egypte, et Yahvé nous a fait sortir d'Egypte par sa main puissante. Yahvé a accompli sous nos yeux des signes et des prodiges grands et terribles contre l'Egypte, Pharaon et toute sa maison. Mais nous, il nous a fait sortir de là pour nous conduire dans le pays qu'il avait promis par serment à nos pères, et pour nous le donner. Et Yahvé nous a ordonné de mettre en pratique toutes ces lois, afin de craindre Yahvé notre Dieu, d'être toujours heureux et de vivre, comme il nous l'a accordé jusqu'à présent. Telle sera notre justice: garder et mettre en pratique tous ces commandements devant Yahvé notre Dieu, comme il nous l'a ordonné." Lorsque Yahvé ton Dieu t'aura fait entrer dans le pays dont tu vas prendre possession, des nations nombreuses tomberont devant toi: les Hittites, les Girgashites, les Amorites, les Cananéens, les Perizzites, les Hivvites, et les Jébuséens, sept nations plus nombreuses et plus puissantes que toi. Yahvé ton Dieu te les livrera et tu les battras. Tu les dévoueras par anathème. Tu ne concluras pas d'alliance avec elles, tu ne leur feras pas grâce. Tu ne contracteras pas de mariage avec elles, tu ne donneras pas ta fille à leur fils, ni ne prendras leur fille pour ton fils. Car ton fils serait détourné de me suivre; il servirait d'autres dieux; et la colère de Yahvé s'enflammerait contre vous et il t'exterminerait promptement. Mais voici comment vous devrez agir à leur égard: vous démolirez leurs autels, vous briserez leurs stèles, vous couperez leurs pieux sacrés et vous brûlerez leurs idoles. Car tu es un peuple consacré à Yahvé ton Dieu; c'est toi que Yahvé ton Dieu a choisi pour son peuple à lui, parmi toutes les nations qui sont sur la terre. Si Yahvé s'est attaché à vous et vous a choisis, ce n'est pas que vous soyez le plus nombreux de tous les peuples: car vous êtes le moins nombreux d'entre tous les peuples. Mais c'est par amour pour vous et pour garder le serment juré à vos pères, que Yahvé vous a fait sortir à main forte et t'a délivré de la maison de servitude, du pouvoir de Pharaon, roi d'Egypte. Tu sauras donc que Yahvé ton Dieu est le vrai Dieu, le Dieu fidèle qui garde son alliance et son amour pour mille générations à ceux qui l'aiment et gardent ses commandements, mais qui punit en leur propre personne ceux qui le haïssent. Il fait périr sans délai celui qui le hait, et c'est en sa propre personne qu'il le punit. Tu garderas donc les commandements, lois et coutumes que je te prescris aujourd'hui de mettre en pratique. Pour avoir écouté ces coutumes, les avoir gardées et mises en pratique, Yahvé ton Dieu te gardera l'alliance et l'amour qu'il a jurés à tes pères. Il t'aimera, te bénira, te multipliera; il bénira le fruit de ton sein et le fruit de ton sol, ton blé, ton vin nouveau, ton huile, la portée de tes vaches et le croît de tes brebis, sur la terre qu'il a juré à tes pères de te donner. Tu recevras plus de bénédictions que tous les peuples. Nul chez toi, homme ou femme, ne sera stérile, nul mâle ou femelle de ton bétail. Yahvé détournera de toi toute maladie; il ne t'infligera pas ces méchants maux d'Egypte que tu as connus, mais il les enverra à tous ceux qui te haïssent. Tu dévoreras donc tous ces peuples que Yahvé ton Dieu te livre, ton oeil sera sans pitié et tu ne serviras pas leurs dieux: car tu y serais pris au piège. Peut-être vas-tu dire en ton coeur: "Ces nations sont plus nombreuses que moi, comment pourrais-je les déposséder?" Ne les crains pas: rappelle-toi donc ce que Yahvé ton Dieu a fait à Pharaon et à toute l'Egypte, les grandes épreuves que tes yeux ont vues, les signes et les prodiges, la main forte et le bras étendu par lesquels Yahvé ton Dieu t'a fait sortir. Ainsi fera Yahvé ton Dieu contre tous les peuples devant qui tu as peur. De plus, Yahvé ton Dieu enverra des frelons pour anéantir ceux qui seraient restés et se seraient cachés devant toi. Ne tremble donc pas devant eux, car au milieu de toi est Yahvé ton Dieu, Dieu grand et redoutable. C'est peu à peu que Yahvé ton Dieu détruira ces nations devant toi; tu ne pourras les exterminer sur-le-champ, de peur que les bêtes sauvages ne se multiplient à ton détriment, mais Yahvé ton Dieu te les livrera, et elles resteront en proie à de grands troubles jusqu'à ce qu'elles soient détruites. Il livrera leurs rois en ton pouvoir et tu effaceras leur nom de dessous les cieux: nul ne tiendra devant toi, jusqu'à ce que tu les aies exterminés. Vous brûlerez les images sculptées de leurs dieux, et tu n'iras pas convoiter l'or et l'argent qui les recouvrent. Si tu t'en emparais, tu serais pris au piège; car c'est là chose abominable à Yahvé ton Dieu. Tu n'introduiras pas dans ta maison une chose abominable, de peur de devenir anathème comme elle. Tu les tiendras pour immondes et abominables, car elles sont anathèmes. Vous garderez tous les commandements que je vous ordonne aujourd'hui de mettre en pratique, afin que vous viviez, que vous multipliiez et que vous entriez dans le pays que Yahvé a promis par serment à vos pères et le possédiez. Souviens-toi de tout le chemin que Yahvé ton Dieu t'a fait faire pendant 40 ans dans le désert, afin de t'humilier, de t'éprouver et de connaître le fond de ton coeur: allais-tu ou non garder ses commandements? Il t'a humilié, il t'a fait sentir la faim, il t'a donné à manger la manne que ni toi ni tes pères n'aviez connue, pour te montrer que l'homme ne vit pas seulement de pain, mais que l'homme vit de tout ce qui sort de la bouche de Yahvé. Le vêtement que tu portais ne s'est pas usé et ton pied n'a pas enflé, au cours de ces 40 ans! Comprends donc que Yahvé ton Dieu te corrigeait comme un père corrige son enfant, et garde les commandements de Yahvé ton Dieu pour marcher dans ses voies et pour le craindre. Mais Yahvé ton Dieu te conduit vers un heureux pays, pays de cours d'eau, de sources qui sourdent de l'abîme dans les vallées comme dans les montagnes, pays de froment et d'orge, de vigne, de figuiers et de grenadiers, pays d'oliviers, d'huile et de miel, pays où le pain ne te sera pas mesuré et où tu ne manqueras de rien, pays où il y a des pierres de fer et d'où tu extrairas, dans la montagne, le bronze. Tu mangeras, tu te rassasieras et tu béniras Yahvé ton Dieu en cet heureux pays qu'il t'a donné. Garde-toi d'oublier Yahvé ton Dieu en négligeant ses commandements, ses coutumes et ses lois que je te prescris aujourd'hui. Quand tu auras mangé et te seras rassasié, quand tu auras bâti de belles maisons et les habiteras, quand tu auras vu multiplier ton gros et ton petit bétail, abonder ton argent et ton or, s'accroître tous tes biens, que tout cela n'élève pas ton coeur! N'oublie pas alors Yahvé ton Dieu qui t'a fait sortir du pays d'Egypte, de la maison de servitude: lui qui t'a fait passer à travers ce désert grand et redoutable, pays des serpents brûlants, des scorpions et de la soif; lui qui dans un lieu sans eau a fait pour toi jaillir l'eau de la roche la plus dure; lui qui dans le désert t'a donné à manger la manne, inconnue de tes pères, afin de t'humilier et de t'éprouver pour que ton avenir soit heureux! Garde-toi de dire en ton coeur: "C'est ma force, c'est la vigueur de ma main qui m'ont fait agir avec cette puissance." Souviens-toi de Yahvé ton Dieu: c'est lui qui t'a donné cette force, pour agir avec puissance, gardant ainsi, comme aujourd'hui, l'alliance jurée à tes pères. Certes, si tu oublies Yahvé ton Dieu, si tu suis d'autres dieux, si tu les sers et te prosternes devant eux, j'en témoigne aujourd'hui contre vous, vous périrez. Comme les nations que Yahvé aura fait périr devant vous, ainsi vous-même périrez, pour n'avoir pas écouté la voix de Yahvé votre Dieu. Ecoute, Israël. Te voilà aujourd'hui sur le point de passer le Jourdain, pour aller déposséder des nations plus grandes et plus puissantes que toi et prendre de grandes villes dont les fortifications montent jusqu'au ciel. C'est un peuple grand et de haute stature que les Anaqim. Tu le connais, tu as entendu dire: "Qui peut tenir tête aux fils d'Anaq?" Sache aujourd'hui que c'est Yahvé ton Dieu qui va passer devant toi, comme un feu dévorant qui les détruira, et c'est lui qui va te les soumettre; alors tu les déposséderas et tu les feras périr promptement, comme te l'a dit Yahvé. Ne dis pas en ton coeur, lorsque Yahvé ton Dieu les chassera devant toi: "C'est à cause de ma juste conduite que Yahvé m'a fait entrer en possession de ce pays", alors que c'est en raison de leur perversité que Yahvé dépossède ces nations à ton profit. Ce n'est pas en raison de ta juste conduite ni de la droiture de ton coeur que tu entres en possession de leur pays, mais c'est en raison de leur perversité que Yahvé ton Dieu dépossède ces nations à ton profit; et c'est aussi pour tenir la parole qu'il a jurée à tes pères, Abraham, Isaac et Jacob. Sache aujourd'hui que ce n'est pas ta juste conduite qui te vaut de recevoir de Yahvé ton Dieu cet heureux pays pour domaine: car tu es un peuple à la nuque raide. Souviens-toi. N'oublie pas que tu as irrité Yahvé ton Dieu dans le désert. Depuis le jour de ta sortie du pays d'Egypte jusqu'à votre arrivée en ce lieu, vous avez été rebelles à Yahvé. A l'Horeb vous avez irrité Yahvé, et Yahvé se mit en colère contre vous au point de vous détruire. J'étais monté sur la montagne pour prendre les tables de pierre, les tables de l'alliance que Yahvé concluait avec vous. J'étais demeuré sur la montagne 40 jours et 40 nuits sans manger de pain ni boire d'eau. Yahvé m'avait donné les deux tables de pierre écrites du doigt de Dieu, conformes en tout point aux paroles qu'il vous avait dites du milieu du feu, sur la montagne, au jour de l'Assemblée. Au bout de 40 jours et 40 nuits, m'ayant donné les deux tables de pierre, tables de l'alliance, Yahvé me dit: "Lève-toi d'ici, descends en toute hâte, car ton peuple s'est perverti, lui que tu as fait sortir d'Egypte. Ils n'ont pas tardé à s'écarter de la voie que je leur avais prescrite: ils se sont fait une idole de métal fondu." Puis Yahvé me dit: "J'ai vu ce peuple: c'est un peuple à la nuque raide. Laisse-moi, que je les détruise et que j'efface leur nom de dessous les cieux; et que je fasse de toi une nation plus puissante et plus nombreuse que lui!" Je redescendis de la montagne, qui était tout embrasée; j'avais les deux tables de l'alliance dans mes deux mains. Et je vis que vous veniez de pécher contre Yahvé votre Dieu. Vous vous étiez fait un veau de métal fondu: vous n'aviez pas tardé à vous écarter de la voie que Yahvé vous avait prescrite. Je saisis les deux tables, des deux mains je les jetai et je les brisai sous vos yeux. Puis je me jetai à terre devant Yahvé; comme la première fois je fus 40 jours et 40 nuits sans manger de pain ni boire d'eau, à cause de tous les péchés que vous aviez commis, en faisant ce qui est mal aux yeux de Yahvé au point de l'irriter. Car j'avais peur de cette colère, de cette fureur qui transportait Yahvé contre vous au point de vous détruire. Et cette fois encore, Yahvé m'exauça. Contre Aaron aussi, Yahvé était violemment en colère, au point de le faire périr. J'intercédai aussi en faveur d'Aaron. Cette oeuvre de péché que vous aviez fabriquée, ce veau, je le pris, je le brûlai au feu, je le broyai, je le réduisis en fine poussière, et j'en jetai la poussière au torrent qui descend de la montagne. Et à Tabeéra, et à Massa, et à Qibrot-ha-Taava, vous avez irrité Yahvé. Et lorsque Yahvé voulut vous faire quitter Cadès-Barné en disant: "Montez prendre possession du pays que je vous ai donné", vous vous êtes rebellés contre l'ordre de Yahvé votre Dieu, vous n'avez pas cru en lui ni écouté sa voix. Vous avez été rebelles à Yahvé depuis le jour où il vous a connus. Je me jetai donc à terre devant Yahvé et je restai prosterné ces 40 jours et ces 40 nuits, car Yahvé avait parlé de vous détruire. J'intercédai près de Yahvé et je lui dis: "Mon Seigneur Yahvé, ne détruis pas ton peuple et ton héritage, lui que tu as délivré par ta grandeur et que tu as fait sortir d'Egypte à main forte. Souviens-toi de tes serviteurs, Abraham, Isaac et Jacob, et ne fais pas attention à l'indocilité de ce peuple, à sa perversité et à son péché, de crainte que l'on ne dise au pays d'où tu nous as fait sortir: Yahvé n'a pas pu les conduire au pays dont il leur avait parlé, et c'est en haine d'eux qu'il les a fait sortir, pour les faire mourir dans le désert. Mais ils sont ton peuple, ton héritage, ceux que tu as fait sortir par ta grande force et ton bras étendu." Yahvé me dit alors: "Taille deux tables de pierre comme les premières, monte vers moi sur la montagne et fais-toi une arche de bois. J'écrirai sur les tables les paroles qui étaient sur les premières tables que tu as brisées, puis tu les déposeras dans l'arche." Je fis une arche en bois d'acacia, je taillai les deux tables de pierre semblables aux premières, et je montai sur la montagne, les deux tables à la main. Il écrivit sur les tables, comme la première fois, les dix Paroles que Yahvé vous avait dites sur la montagne, du milieu du feu, au jour de l'Assemblée. Puis Yahvé me les donna. Je redescendis de la montagne, je mis les tables dans l'arche que j'avais faite et elles y restèrent, comme Yahvé me l'avait ordonné. Les Israélites quittèrent les puits des Bené-Yaaqân pour Moséra, c'est là que mourut Aaron; il fut enterré là, et c'est Eléazar son fils qui lui succéda comme prêtre. Ils partirent de là pour Gudgoda, et de Gudgoda pour Yotbata, terre riche en cours d'eau. Yahvé mit alors à part la tribu de Lévi, pour porter l'arche de l'alliance de Yahvé, se tenir en présence de Yahvé, le servir et bénir en son nom jusqu'à ce jour. Aussi n'y eut-il pas pour Lévi de part ni d'héritage avec ses frères: c'est Yahvé qui est son héritage comme Yahvé ton Dieu le lui a dit. Pour moi, je me tins sur la montagne, comme la première fois,40 jours et 40 nuits. Cette fois encore Yahvé m'exauça, et Yahvé renonça à te détruire. Mais Yahvé me dit: "Debout! Pars et va-t-en à la tête de ce peuple, afin qu'ils aillent prendre possession du pays que j'ai juré à leurs pères de leur donner." Et maintenant, Israël, que te demande Yahvé ton Dieu, sinon de craindre Yahvé ton Dieu, de suivre toutes ses voies, de l'aimer, de servir Yahvé ton Dieu de tout ton coeur et de toute ton âme, de garder les commandements de Yahvé et ses lois que je te prescris aujourd'hui pour ton bonheur? C'est bien à Yahvé ton Dieu qu'appartiennent les cieux et les cieux des cieux, la terre et tout ce qui s'y trouve. Yahvé pourtant ne s'est attaché qu'à tes pères, par amour pour eux, et après eux il a élu entre toutes les nations leur descendance, vous-mêmes, jusqu'aujourd'hui. Circoncisez votre coeur et ne raidissez plus votre nuque, car Yahvé votre Dieu est le Dieu des dieux et le Seigneur des seigneurs, le Dieu grand, vaillant et redoutable, qui ne fait pas acception de personnes et ne reçoit pas de présents. C'est lui qui fait droit à l'orphelin et à la veuve, et il aime l'étranger, auquel il donne pain et vêtement. (Aimez l'étranger car au pays d'Egypte vous fûtes des étrangers.) C'est Yahvé ton Dieu que tu craindras et serviras, t'attachant à lui et jurant par son nom. C'est lui que tu dois louer et c'est lui ton Dieu: il a accompli pour toi ces choses grandes et redoutables que tes yeux ont vues; et, alors que tes pères n'étaient que 70 quand ils sont descendus en Egypte, Yahvé ton Dieu t'a rendu aussi nombreux à présent que les étoiles des cieux. Tu aimeras Yahvé ton Dieu et tu garderas toujours ses observances, ses lois, coutumes et commandements. C'est vous qui avez fait l'expérience et non vos fils. Eux n'ont pas eu l'expérience et n'ont pas perçu les leçons de Yahvé votre Dieu, sa grandeur, sa main forte et son bras étendu, les signes et les oeuvres qu'il a accomplis au coeur de l'Egypte, contre Pharaon, roi d'Egypte, et tout son pays, ce qu'il a fait aux armées de l'Egypte, à ses chevaux et à ses chars, en ramenant sur eux les eaux de la mer des Roseaux lorsqu'ils vous poursuivaient et comme il les a anéantis jusqu'aujourd'hui; ce qu'il a fait pour vous dans le désert jusqu'à ce que vous arriviez ici; ce qu'il a fait à Datân et à Abiram, les fils d'Eliab le Rubénite, quand la terre ouvrit sa bouche et les engloutit au milieu de tout Israël, avec leurs familles, leurs tentes et tous les gens qui les suivaient. Ce sont vos yeux à vous qui ont vu cette grande oeuvre de Yahvé. Vous garderez tous les commandements que je vous prescris aujourd'hui, afin d'être forts pour conquérir le pays où vous allez passer pour en prendre possession, afin de demeurer de longs jours sur la terre que Yahvé a promise par serment à vos pères et à leur descendance, terre qui ruisselle de lait et de miel. Car le pays où tu entres pour en prendre possession n'est pas comme le pays d'Egypte d'où vous êtes sortis, où après avoir semé, il fallait arroser avec le pied, comme on arrose un jardin potager. Mais le pays où vous allez passer pour en prendre possession est un pays de montagnes et de vallées arrosées de la pluie du ciel. De ce pays Yahvé ton Dieu prend soin, sur lui les yeux de Yahvé ton Dieu restent toujours fixés, depuis le début de l'année jusqu'à sa fin. Assurément, si vous obéissez vraiment à mes commandements que je vous prescris aujourd'hui, aimant Yahvé votre Dieu et le servant de tout votre coeur et de toute votre âme, je donnerai à votre pays la pluie en son temps, pluie d'automne et pluie de printemps, et tu pourras récolter ton froment, ton vin nouveau et ton huile, je donnerai à ton bétail de l'herbe dans la campagne, et tu mangeras et te rassasieras. Gardez-vous de laisser séduire votre coeur: vous vous fourvoieriez, vous serviriez d'autres dieux et vous prosterneriez devant eux; et la colère de Yahvé s'enflammerait contre vous, il fermerait les cieux, il n'y aurait plus de pluie, la terre ne donnerait plus son fruit et vous péririez bientôt en cet heureux pays que Yahvé vous donne. Ces paroles que je vous dis, mettez-les dans votre coeur et dans votre âme, attachez-les à votre main comme un signe, à votre front comme un bandeau. Enseignez-les à vos fils, et répétez-les-leur, aussi bien assis dans ta maison que marchant sur la route, couché aussi bien que debout. Tu les écriras sur les poteaux de ta maison et sur tes portes, afin d'avoir de nombreux jours, vous et vos fils, sur la terre que Yahvé a juré à vos pères de leur donner, aussi longtemps que les cieux demeureront au-dessus de la terre. Car, si vraiment vous gardez et pratiquez tous ces commandements que je vous prescris, aimant Yahvé votre Dieu, marchant dans toutes ses voies et vous attachant à lui, Yahvé dépossédera à votre profit toutes ces nations, et vous déposséderez des nations plus grandes et plus puissantes que vous. Tout lieu que foulera la plante de vos pieds sera vôtre; depuis le désert, depuis le Liban, depuis le Fleuve, le fleuve Euphrate, jusqu'à la mer Occidentale s'étendra votre territoire. Personne ne tiendra devant vous, Yahvé votre Dieu vous fera craindre et redouter sur toute l'étendue du pays que vous foulerez, ainsi qu'il vous l'a dit. Vois! Je vous offre aujourd'hui bénédiction et malédiction. Bénédiction si vous obéissez aux commandements de Yahvé votre Dieu que je vous prescris aujourd'hui, malédiction si vous désobéissez aux commandements de Yahvé votre Dieu, si vous vous écartez de la voie que je vous prescris aujourd'hui en suivant d'autres dieux que vous n'avez pas connus. Lorsque Yahvé ton Dieu t'aura conduit dans le pays où tu vas entrer pour en prendre possession, tu placeras la bénédiction sur le mont Garizim et la malédiction sur le mont Ebal. (Ces monts, on le sait, se trouvent au-delà du Jourdain, sur la route du couchant, dans le pays des Cananéens qui habitent la Araba, vis-à-vis de Gilgal, auprès du Chêne de Moré.) Car vous allez passer le Jourdain, pour venir prendre possession du pays que Yahvé votre Dieu vous donne. Vous le posséderez, vous y demeurerez, et vous garderez et pratiquerez toutes les lois et coutumes que j'énonce aujourd'hui devant vous. Et voici les lois et coutumes que vous garderez et pratiquerez, dans le pays que Yahvé le Dieu de tes pères t'a donné pour domaine, tous les jours que vous vivrez sur ce sol. Vous abolirez tous les lieux où les peuples que vous dépossédez auront servi leurs dieux, sur les hautes montagnes, sur les collines, sous tout arbre verdoyant. Vous démolirez leurs autels, briserez leurs stèles; leurs pieux sacrés, vous les brûlerez, les images sculptées de leurs dieux, vous les abattrez, et vous abolirez leur nom en ce lieu. A l'égard de Yahvé votre Dieu vous agirez autrement. C'est seulement au lieu choisi par Yahvé votre Dieu, entre toutes vos tribus, pour y placer son nom et l'y faire habiter, que vous viendrez pour le chercher Vous apporterez là vos holocaustes et vos sacrifices, vos dîmes et les présents de vos mains, vos offrandes votives et vos offrandes volontaires, les premiers-nés de votre gros et de votre petit bétail, vous y mangerez en présence de Yahvé votre Dieu et vous vous réjouirez de tous vos travaux, vous et vos maisons, parce que Yahvé ton Dieu t'a béni. Vous n'agirez pas comme nous agissons ici aujourd'hui: chacun fait ce qui lui paraît bon, puisque vous n'êtes pas encore entrés dans l'établissement et l'héritage que Yahvé ton Dieu te donne. Vous allez passer le Jourdain et demeurer dans le pays que Yahvé votre Dieu vous donne en héritage; il vous établira à l'abri de tous vos ennemis alentour, et vous aurez une sûre demeure. C'est au lieu choisi par Yahvé votre Dieu pour y faire habiter son nom que vous apporterez tout ce que je vous prescris, vos holocaustes et vos sacrifices, vos dîmes, les présents de vos mains et toutes les choses excellentes que vous aurez promises par voeu à Yahvé; vous vous réjouirez alors en présence de Yahvé votre Dieu, vous, vos fils et vos filles, vos serviteurs et vos servantes, et le lévite qui demeure chez vous, puisqu'il n'a ni part ni héritage avec vous. Garde-toi d'offrir tes holocaustes en tous les lieux sacrés que tu verras, c'est seulement au lieu choisi par Yahvé dans l'une de tes tribus que tu pourras offrir tes holocaustes et mettre en pratique tout ce que je t'ai ordonné. Tu pourras pourtant, chaque fois que tu le désireras, immoler et manger, en chacune de tes villes, de la chair pour autant que t'en aura donné la bénédiction de Yahvé ton Dieu. Que l'on soit pur ou impur, on en pourra manger, tout comme si c'était de la gazelle ou du cerf. Cependant vous ne mangerez pas le sang, mais tu le répandras à terre comme de l'eau. Tu ne pourras pas manger dans tes villes la dîme de ton froment, de ton vin nouveau ou de ton huile, ni les premiers-nés de ton gros ou de ton petit bétail, ni aucune de tes offrandes votives ou de tes offrandes volontaires, ni ce que tu auras présenté de tes mains à Yahvé. Mais tu les mangeras en présence de Yahvé ton Dieu, au lieu choisi par Yahvé ton Dieu et là seulement, toi, ton fils et ta fille, ton serviteur et ta servante, et le lévite qui est chez toi. Tu te réjouiras en présence de Yahvé ton Dieu de tous tes travaux. Sur ton sol, garde-toi de négliger le lévite au long de tes jours. Lorsque Yahvé ton Dieu aura agrandi ton territoire, comme il te l'a dit, et que tu t'écrieras: "Je voudrais manger de la viande", si tu désires manger de la viande, tu pourras le faire autant que tu voudras. Si le lieu choisi par Yahvé ton Dieu pour y placer son nom est trop loin de toi, tu pourras immoler du gros et du petit bétail que t'aura donné Yahvé, comme je te l'ai ordonné; tu en mangeras dans tes villes autant que tu le désireras, mais tu en mangeras comme on mange de la gazelle ou du cerf: le pur et l'impur en mangeront ensemble. Garde-toi seulement de manger le sang, car le sang, c'est l'âme, et tu ne dois pas manger l'âme avec la chair. Tu ne le mangeras pas, tu le répandras à terre comme de l'eau. Tu ne le mangeras pas, afin d'être heureux, toi et ton fils après toi, en pratiquant ce qui est juste aux yeux de Yahvé. Mais les choses saintes qui seraient à toi, et celles que tu aurais vouées, tu iras les porter à ce lieu choisi par Yahvé. Tu feras l'holocauste de la chair et du sang sur l'autel de Yahvé ton Dieu; quant à tes sacrifices, le sang en sera répandu sur l'autel de Yahvé ton Dieu, et tu mangeras la chair. Garde docilement et mets en pratique tous ces ordres que je te donne, en sorte d'être heureux pour toujours, toi et ton fils après toi, en accomplissant ce qui est bon et juste aux yeux de Yahvé ton Dieu. Lorsque Yahvé ton Dieu aura fait table rase des nations chez qui tu te rends pour les déposséder devant toi, lorsque tu les auras dépossédées et que tu habiteras dans leur pays, garde-toi de te laisser prendre au piège à leur suite, après qu'elles auront été anéanties devant toi, et ne recherche pas leurs dieux en disant: "Comment ces nations servaient-elles leurs dieux? Ainsi ferai-je, moi aussi." Tu ne feras pas ainsi envers Yahvé ton Dieu. Car Yahvé a tout cela en abomination, et il déteste ce qu'elles ont fait pour leurs dieux: elles vont même jusqu'à brûler au feu leurs fils et leurs filles pour leurs dieux! Tout ce que je vous ordonne, vous le garderez et le pratiquerez, sans y ajouter ni en retrancher. Si quelque prophète ou faiseur de songes surgit au milieu de toi, s'il te propose un signe ou un prodige et qu'ensuite ce signe ou ce prodige annoncé arrive, s'il te dit alors: "Allons à la suite d'autres dieux (que tu n'as pas connus) et servons-les", tu n'écouteras pas les paroles de ce prophète ni les songes de ce songeur. C'est Yahvé votre Dieu qui vous éprouve pour savoir si vraiment vous aimez Yahvé votre Dieu de tout votre coeur et de toute votre âme. C'est Yahvé votre Dieu que vous suivrez et c'est lui que vous craindrez, ce sont ses commandements que vous garderez, c'est à sa voix que vous obéirez, c'est lui que vous servirez, c'est à lui que vous vous attacherez. Ce prophète ou ce faiseur de songes devra mourir, car il a prêché l'apostasie envers Yahvé ton Dieu, qui vous a fait sortir du pays d'Egypte et t'a racheté de la maison de servitude, et il t'aurait égaré loin de la voie où Yahvé ton Dieu t'a ordonné de marcher. Tu feras disparaître le mal du milieu de toi. Si ton frère, fils de ton père ou fils de ta mère, ton fils, ta fille, l'épouse qui repose sur ton sein ou le compagnon qui est un autre toi-même, cherche dans le secret à te séduire en disant: "Allons servir d'autres dieux", que tes pères ni toi n'avez connus, parmi les dieux des peuples proches ou lointains qui vous entourent, d'une extrémité de la terre à l'autre, tu ne l'approuveras pas, tu ne l'écouteras pas, ton oeil sera sans pitié, tu ne l'épargneras pas et tu ne cacheras pas sa faute. Oui, tu devras le tuer, ta main sera la première contre lui pour le mettre à mort, et la main de tout le peuple continuera l'exécution. Tu le lapideras jusqu'à ce que mort s'ensuive, car il a cherché à t'égarer loin de Yahvé ton Dieu, qui t'a fait sortir du pays d'Egypte, de la maison de servitude. Tout Israël en l'apprenant sera saisi de crainte, et cessera de pratiquer ce mal au milieu de toi. Si tu entends dire que dans l'une des villes que Yahvé ton Dieu t'a données pour y habiter, des hommes, des vauriens, issus de ta race, ont égaré leurs concitoyens en disant: "Allons servir d'autres dieux", que vous n'avez pas connus, tu examineras l'affaire, tu feras une enquête, tu interrogeras avec soin. S'il est bien avéré et s'il est bien établi qu'une telle abomination a été commise au milieu de toi, tu devras passer au fil de l'épée les habitants de cette ville, tu la voueras à l'anathème, elle et tout ce qu'elle contient, tu en rassembleras toutes les dépouilles au milieu de la place publique et tu brûleras la ville avec toutes ses dépouilles, l'offrant tout entière à Yahvé ton Dieu. Elle deviendra pour toujours une ruine, qui ne sera plus rebâtie. De cet anathème tu ne garderas rien, afin que Yahvé revienne de l'ardeur de sa colère, qu'il te fasse miséricorde, qu'il ait pitié de toi et qu'il te multiplie comme il l'a juré à tes pères, à condition que tu écoutes la voix de Yahvé ton Dieu en gardant tous ses commandements que je te prescris aujourd'hui et en pratiquant ce qui est juste aux yeux de Yahvé ton Dieu. Vous êtes des fils pour Yahvé votre Dieu. Vous ne vous ferez pas d'incision ni de tonsure sur le front pour un mort. Car tu es un peuple consacré à Yahvé ton Dieu et Yahvé t'a choisi pour être son peuple à lui parmi tous les peuples qui sont sur la terre. Tu ne mangeras rien de ce qui est abominable. Voici les animaux que vous pourrez manger: le boeuf, le mouton, la chèvre, le cerf, la gazelle, le daim, le bouquetin, l'antilope, l'oryx, le mouflon. Vous pourrez manger de tout animal qui a le sabot fourchu, fendu en deux ongles, et qui rumine. Toutefois, parmi les ruminants et parmi les animaux à sabot fourchu et fendu, vous ne pourrez manger ceux-ci: le chameau, le lièvre et le daman, qui ruminent mais n'ont pas le sabot fourchu; vous les tiendrez pour impurs. Ni le porc, qui a bien le sabot fourchu et fendu mais qui ne rumine pas; vous le tiendrez pour impur. Vous ne mangerez pas de leur chair et ne toucherez pas à leurs cadavres. Parmi tout ce qui vit dans l'eau, vous pourrez manger ceci: tout ce qui a nageoires et écailles, vous en pourrez manger. Mais vous ne mangerez point de ce qui n'a pas nageoires et écailles: vous le tiendrez pour impur. Vous pourrez manger de tout oiseau pur, mais voici ceux des oiseaux dont vous ne pourrez manger: le vautour-griffon, le gypaète, l'orfraie, le milan noir, les différentes espèces de milan rouge, toutes les espèces de corbeau, l'autruche, le chat-huant, la mouette et les différentes espèces d'épervier, le hibou, la chouette, l'ibis, le pélican, le vautour blanc, le cormoran, la cigogne et les différentes espèces de héron, la huppe, la chauve-souris. Vous tiendrez toutes les bestioles ailées pour impures, vous n'en mangerez pas. Vous pourrez manger de tout volatile pur. Vous ne pourrez manger aucune bête crevée. Tu la donneras à l'étranger qui réside chez toi pour qu'il la mange, ou bien vends-la à un étranger du dehors. Tu es en effet un peuple consacré à Yahvé ton Dieu. Tu ne feras pas cuire un chevreau dans le lait de sa mère. Chaque année, tu devras prendre la dîme de tout ce que tes semailles auront rapporté dans tes champs et, en présence de Yahvé ton Dieu, au lieu qu'il aura choisi pour y faire habiter son nom, tu mangeras la dîme de ton froment, de ton vin nouveau et de ton huile, les premiers-nés de ton gros et de ton petit bétail; ainsi tu apprendras à toujours craindre Yahvé ton Dieu. Si le chemin est trop long pour toi, si tu ne peux pas apporter la dîme parce que le lieu choisi par Yahvé pour y faire habiter son nom est trop loin de chez toi, quand Yahvé ton Dieu t'aura béni tu la convertiras en argent, tu serreras l'argent dans ta main et tu iras au lieu choisi par Yahvé ton Dieu; là tu échangeras cet argent contre tout ce que tu désireras, gros ou petit bétail, vin ou boisson fermentée, tout ce dont tu auras envie. Tu mangeras là en présence de Yahvé ton Dieu et tu te réjouiras, toi et ta maison. Tu ne négligeras pas le lévite qui est dans tes portes, puisqu'il n'a ni part ni héritage avec toi. Au bout de trois ans, tu prélèveras toutes les dîmes de tes récoltes de cette année-là et tu les déposeras à tes portes. Viendront alors manger le lévite (puisqu'il n'a ni part ni héritage avec toi), l'étranger, l'orphelin et la veuve de ta ville, et ils s'en rassasieront. Ainsi Yahvé ton Dieu te bénira dans tous les travaux que tes mains pourront entreprendre. Au bout de sept ans tu feras remise. Voici en quoi consiste la remise. Tout détenteur d'un gage personnel qu'il aura obtenu de son prochain, lui en fera remise; il n'exploitera pas son prochain ni son frère, quand celui-ci en aura appelé à Yahvé pour remise. Tu pourras exploiter l'étranger, mais tu libéreras ton frère de ton droit sur lui. Qu'il n'y ait donc pas de pauvre chez toi. Car Yahvé ne t'accordera sa bénédiction dans le pays que Yahvé ton Dieu te donne en héritage pour le posséder, que si tu écoutes vraiment la voix de Yahvé ton Dieu, en gardant et pratiquant tous ces commandements que je te prescris aujourd'hui. Si Yahvé ton Dieu te bénit comme il l'a dit, tu prêteras à des nations nombreuses, sans avoir besoin de leur emprunter, et tu domineras des nations nombreuses, sans qu'elles te dominent. Se trouve-t-il chez toi un pauvre, d'entre tes frères, dans l'une des villes de ton pays que Yahvé ton Dieu t'a donné? Tu n'endurciras pas ton coeur ni ne fermeras ta main à ton frère pauvre, mais tu lui ouvriras ta main et tu lui prêteras ce qui lui manque. Ne va pas tenir en ton coeur ces mauvais propos: "Voici bientôt la septième année, l'année de remise", en regardant méchamment ton frère pauvre sans rien lui donner; il en appellerait à Yahvé contre toi et tu serais chargé d'un péché! Quand tu lui donnes, tu dois lui donner de bon coeur, car pour cela Yahvé ton Dieu te bénira dans toutes tes actions et dans tous tes travaux. Certes, les pauvres ne disparaîtront point de ce pays; aussi je te donne ce commandement: Tu dois ouvrir ta main à ton frère, à celui qui est humilié et pauvre dans ton pays. Si ton frère hébreu, homme ou femme, se vend à toi, il te servira six ans. La septième année tu le renverras libre et, le renvoyant libre, tu ne le renverras pas les mains vides. Tu chargeras sur ses épaules, à titre de cadeau, quelque produit de ton petit bétail, de ton aire et de ton pressoir; selon ce dont t'aura béni Yahvé ton Dieu, tu lui donneras. Tu te souviendras que tu as été en servitude au pays d'Egypte et que Yahvé ton Dieu t'a racheté: voilà pourquoi je te donne aujourd'hui cet ordre. Mais s'il te dit: "Je ne veux pas te quitter", s'il t'aime, toi et ta maison, s'il est heureux avec toi, tu prendras un poinçon, tu lui en perceras l'oreille contre la porte et il sera ton serviteur pour toujours. Envers ta servante tu feras de même. Qu'il ne te semble pas trop pénible de le renvoyer en liberté: il vaut deux fois le salaire d'un mercenaire, celui qui t'aura servi six ans. Et Yahvé ton Dieu te bénira en tout ce que tu feras. Tout premier-né mâle de ta vache ou de ta brebis, tu le consacreras à Yahvé ton Dieu. Tu ne feras pas travailler le premier-né de ta vache, ni ne tondras le premier-né de ta brebis. Tu le mangeras, toi et ta maison, chaque année, en présence de Yahvé ton Dieu au lieu choisi par Yahvé. S'il a quelque tare, s'il est boiteux ou aveugle, n'importe quelle tare grave, tu ne l'immoleras pas à Yahvé ton Dieu; tu le mangeras chez toi, purs et impurs réunis, comme tu mangerais de la gazelle ou du cerf; seulement, tu n'en mangeras pas le sang, tu le répandras à terre comme de l'eau. Observe le mois d'Abib et célèbre une Pâque pour Yahvé ton Dieu, car c'est au mois d'Abib que Yahvé ton Dieu, la nuit, t'a fait sortir d'Egypte. Tu immoleras pour Yahvé ton Dieu une pâque de gros et de petit bétail, au lieu choisi par Yahvé ton Dieu pour y faire habiter son nom. Tu ne mangeras pas, avec la victime, de pain fermenté; pendant sept jours tu mangeras avec elle des azymes -- un pain de misère -- car c'est en toute hâte que tu as quitté le pays d'Egypte: ainsi tu te souviendras, tous les jours de ta vie, du jour où tu sortis du pays d'Egypte. Pendant sept jours on ne verra pas chez toi de levain, sur tout ton territoire, et de la chair que tu auras sacrifiée le soir du premier jour rien ne devra être gardé jusqu'au lendemain. Tu ne pourras pas immoler la pâque dans l'une des villes que Yahvé ton Dieu t'aura données, mais c'est au lieu choisi par Yahvé ton Dieu pour y faire habiter son nom que tu immoleras la pâque, le soir au coucher du soleil, à l'heure de ta sortie d'Egypte. Tu la feras cuire et tu la mangeras au lieu choisi par Yahvé ton Dieu, puis, au matin, tu t'en retourneras et tu iras à tes tentes. Pendant six jours tu mangeras des azymes; au septième jour une réunion aura lieu pour Yahvé ton Dieu; et tu ne feras aucun travail. Tu compteras sept semaines. Quand la faucille aura commencé à couper les épis, alors tu commenceras à compter ces sept semaines. Puis tu célébreras pour Yahvé ton Dieu la fête des Semaines, avec l'offrande volontaire que fera ta main, selon ce dont Yahvé ton Dieu te bénit. En présence de Yahvé ton Dieu tu te réjouiras, au lieu choisi par Yahvé ton Dieu pour y faire habiter son nom: toi, ton fils et ta fille, ton serviteur et ta servante, le lévite qui est dans tes portes, l'étranger, l'orphelin et la veuve qui vivent au milieu de toi. Tu te souviendras que tu as été en servitude au pays d'Egypte, et tu garderas ces lois pour les mettre en pratique. Tu célébreras la fête des Tentes pendant sept jours, au moment où tu rentreras le produit de ton aire et de ton pressoir. Tu te réjouiras à ta fête, toi, ton fils et ta fille, ton serviteur et ta servante, le lévite et l'étranger, l'orphelin et la veuve qui sont dans tes portes. Pendant sept jours tu feras fête à Yahvé ton Dieu au lieu choisi par Yahvé; car Yahvé ton Dieu te bénira dans toutes tes récoltes et dans tous tes travaux, pour que tu sois pleinement joyeux. Trois fois par an, on verra tous les mâles de chez toi, devant Yahvé ton Dieu, au lieu qu'il aura choisi: à la fête des Azymes, à la fête des Semaines, à la fête des Tentes. Aucun ne se présentera les mains vides devant Yahvé; mais chacun donnera, à la mesure de la bénédiction que Yahvé ton Dieu t'aura donnée. Tu établiras des juges et des scribes, en chacune des villes que Yahvé ton Dieu te donne, pour toutes tes tribus; ils jugeront le peuple en des jugements justes. Tu ne feras pas dévier le droit, tu n'auras pas égard aux personnes et tu n'accepteras pas de présent, car le présent aveugle les yeux des sages et ruine les causes des justes. C'est la stricte justice que tu rechercheras, afin de vivre et de posséder le pays que Yahvé ton Dieu te donne. Tu ne planteras pas de pieu sacré, de quelque bois que ce soit, à côté de l'autel de Yahvé ton Dieu que tu te seras bâti, et tu ne dresseras pas de stèle, qui serait odieuse à Yahvé ton Dieu. Tu n'immoleras pas à Yahvé ton Dieu une pièce de gros ou de petit bétail qui ait une tare ou un défaut quelconque, car Yahvé ton Dieu a cela en abomination. S'il se trouve au milieu de toi, dans l'une des villes que Yahvé ton Dieu t'aura données, un homme ou une femme qui fasse ce qui est mal aux yeux de Yahvé ton Dieu, en transgressant son alliance, qui aille servir d'autres dieux et se prosterner devant eux, et devant le soleil, la lune ou quelque autre de l'armée des cieux, ce que je n'ai pas commandé, et qu'on te le dénonce; si, après l'avoir entendu et fait une bonne enquête, le fait est avéré et s'il est bien établi que cette chose abominable a été commise en Israël, tu feras sortir aux portes de ta ville cet homme ou cette femme coupable de cette mauvaise action, et tu lapideras cet homme ou cette femme jusqu'à ce que mort s'ensuive. On ne pourra être condamné à mort qu'au dire de deux ou trois témoins, on ne sera pas mis à mort au dire d'un seul témoin. Les témoins mettront les premiers la main à l'exécution du condamné, puis tout le peuple y mettra la main. Tu feras disparaître le mal du milieu de toi. Si tu as à juger un cas qui te dépasse, affaire de meurtre, contestation ou voie de fait, un litige quelconque dans ta ville, tu partiras et tu monteras au lieu choisi par Yahvé ton Dieu, tu iras trouver les prêtres lévites et le juge alors en fonction. Ils feront une enquête, et ils te feront connaître la sentence. Tu te conformeras à la parole qu'ils t'auront fait connaître en ce lieu choisi par Yahvé, et tu prendras garde d'agir selon toutes leurs instructions. Tu te conformeras à la décision qu'ils t'auront fait connaître et à la sentence qu'ils auront prononcée, sans t'écarter ni à droite ni à gauche de la parole qu'ils t'auront fait connaître. Si quelqu'un agit présomptueusement, n'obéissant ni au prêtre qui se tient là pour le service de Yahvé ton Dieu, ni au juge, cet homme mourra. Tu feras disparaître d'Israël le mal. Le peuple l'apprendra, craindra, et cessera d'agir avec présomption. Lorsque tu seras arrivé en ce pays que Yahvé ton Dieu te donne, que tu en auras pris possession et que tu y habiteras, si tu te dis: "Je veux établir sur moi un roi, comme toutes les nations d'alentour", c'est un roi choisi par Yahvé ton Dieu que tu devras établir sur toi, c'est quelqu'un d'entre tes frères que tu établiras sur toi comme roi, tu ne pourras pas te donner un roi étranger qui ne soit pas ton frère. Mais qu'il n'aille pas multiplier ses chevaux, et qu'il ne ramène pas le peuple en Egypte pour accroître sa cavalerie, car Yahvé vous a dit: "Vous ne retournerez jamais par ce chemin." Qu'il ne multiplie pas le nombre de ses femmes, ce qui pourrait égarer son coeur. Qu'il ne multiplie pas à l'excès son argent et son or. Lorsqu'il montera sur le trône royal, il devra écrire sur un rouleau, pour son usage, une copie de cette Loi, sous la dictée des prêtres lévites. Elle ne le quittera pas; il la lira tous les jours de sa vie, pour apprendre à craindre Yahvé son Dieu en gardant toutes les paroles de cette Loi, ainsi que ces règles pour les mettre en pratique. Il évitera ainsi de s'enorgueillir au-dessus de ses frères, et il ne s'écartera de ces commandements ni à droite ni à gauche. A cette condition, il aura lui et ses fils, de longs jours sur le trône en Israël. Les prêtres lévites, toute la tribu de Lévi, n'auront point de part ni d'héritage avec Israël: ils vivront des mets offerts à Yahvé et de son patrimoine. Cette tribu n'aura pas d'héritage au milieu de ses frères; c'est Yahvé qui sera son héritage, ainsi qu'il le lui a dit. Voici les droits des prêtres sur le peuple, sur ceux qui offrent un sacrifice de gros ou de petit bétail: on donnera au prêtre l'épaule, les mâchoires et l'estomac. Tu lui donneras les prémices de ton froment, de ton vin nouveau et de ton huile, ainsi que les prémices de la tonte de ton petit bétail. Car c'est lui que Yahvé ton Dieu a choisi entre toutes tes tribus pour se tenir devant Yahvé ton Dieu, pour faire le service divin et donner la bénédiction au nom de Yahvé, lui et ses fils pour toujours. Si le lévite séjournant en l'une de tes villes, où que ce soit en Israël, vient, selon son désir, au lieu choisi par Yahvé, il y officiera au nom de Yahvé son Dieu comme tous ses frères lévites qui se tiennent là en présence de Yahvé, mangeant une part égale à la leur -- sans compter ce qui lui vient par la vente de son patrimoine. Lorsque tu seras entré dans le pays que Yahvé ton Dieu te donne, tu n'apprendras pas à commettre les mêmes abominations que ces nations-là. On ne trouvera chez toi personne qui fasse passer au feu son fils ou sa fille, qui pratique divination, incantation, mantique ou magie, personne qui use de charmes, qui interroge les spectres et devins, qui invoque les morts. Car quiconque fait ces choses est en abomination à Yahvé ton Dieu, et c'est à cause de ces abominations que Yahvé ton Dieu chasse ces nations devant toi. Tu seras sans tache vis-à-vis de Yahvé ton Dieu. Car ces nations que tu dépossèdes écoutaient enchanteurs et devins, mais tel n'a pas été pour toi le don de Yahvé ton Dieu. Yahvé ton Dieu suscitera pour toi, du milieu de toi, parmi tes frères, un prophète comme moi, que vous écouterez. C'est cela même que tu as demandé à Yahvé ton Dieu, à l'Horeb, au jour de l'Assemblée: "Pour ne pas mourir, je n'écouterai plus la voix de Yahvé mon Dieu et je ne regarderai plus ce grand feu", et Yahvé me dit: "Ils ont bien parlé. Je leur susciterai, du milieu de leurs frères, un prophète semblable à toi, je mettrai mes paroles dans sa bouche et il leur dira tout ce que je lui ordonnerai. Si un homme n'écoute pas mes paroles, que ce prophète aura prononcées en mon nom, alors c'est moi-même qui en demanderai compte à cet homme. Mais si un prophète a l'audace de dire en mon nom une parole que je n'ai pas ordonné de dire, et s'il parle au nom d'autres dieux, ce prophète mourra." Peut-être vas-tu dire en ton coeur: "Comment saurons-nous que cette parole, Yahvé ne l'a pas dite?" Si ce prophète a parlé au nom de Yahvé, et que sa parole reste sans effet et ne s'accomplit pas, alors Yahvé n'a pas dit cette parole-là. Le prophète a parlé avec présomption. Tu n'as pas à le craindre. Lorsque Yahvé ton Dieu aura fait table rase des nations dont Yahvé ton Dieu te donne le pays, que tu les auras dépossédées et que tu habiteras leurs villes et leurs maisons, tu mettras à part trois villes au milieu du pays que Yahvé ton Dieu te donne pour domaine. Tu tiendras leurs accès en bon état, et tu diviseras en trois le territoire du pays que Yahvé ton Dieu te donne en héritage: cela afin que tout meurtrier puisse fuir en ces villes. Voici le cas de celui qui peut sauver sa vie en y fuyant. Quelqu'un a-t-il frappé son prochain involontairement, sans avoir contre lui de haine invétérée (ainsi il va à la forêt avec son prochain pour couper du bois, sa main brandit la hache pour abattre un arbre, le fer s'échappe du manche et s'en va frapper mortellement son compagnon): celui-là peut fuir en l'une de ces villes et conserver la vie. Il ne faudrait pas que le vengeur du sang, dans l'ardeur de sa colère, poursuivît le meurtrier, que la longueur du chemin lui permît de le rejoindre et de le frapper mortellement -- cet homme qui n'est pas passible de mort, puisqu'il n'avait pas de haine invétérée contre sa victime. Je te donne donc cet ordre: "Tu mettras à part trois villes", et si Yahvé ton Dieu agrandit ton territoire comme il l'a juré à tes pères et te donne tout le pays qu'il a promis de donner à tes pères, -- à la condition que tu gardes et pratiques tous les commandements que je te prescris aujourd'hui, aimant Yahvé ton Dieu et suivant toujours ses voies, -- à ces trois-là tu ajouteras encore trois villes. Ainsi le sang innocent ne sera pas répandu au milieu du pays que Yahvé ton Dieu te donne en héritage: autrement il y aurait du sang sur toi. Mais s'il arrive qu'un homme haïssant son prochain lui dresse une embûche, se jette sur lui et le frappe mortellement, et qu'il s'enfuie ensuite dans l'une de ces villes, les anciens de sa cité l'y enverront prendre et le feront livrer au vengeur du sang, pour qu'il meure. Ton oeil sera sans pitié. Tu feras disparaître d'Israël toute effusion de sang innocent, et tu seras heureux. Tu ne déplaceras pas les bornes de ton prochain, posées par les ancêtres, dans l'héritage reçu au pays que Yahvé ton Dieu te donne pour domaine. Un seul témoin ne peut suffire pour convaincre un homme de quelque faute ou délit que ce soit; quel que soit le délit, c'est au dire de deux ou trois témoins que la cause sera établie. Si un témoin injuste se lève contre un homme pour l'accuser de rébellion, les deux hommes qui ont ainsi procès devant Yahvé comparaîtront devant les prêtres et les juges alors en fonctions. Les juges feront une bonne enquête, et, s'il appert que c'est un témoin mensonger, qui a accusé son frère en mentant, vous le traiterez comme il méditait de traiter son frère. Tu feras disparaître le mal du milieu de toi. Les autres, en l'apprenant, seront saisis de crainte, et cesseront de commettre un tel mal au milieu de toi. Ton oeil sera sans pitié. Vie pour vie, oeil pour oeil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied. Lorsque tu partiras en guerre contre tes ennemis et que tu verras des chevaux, des chars et un peuple plus nombreux que toi, tu n'en auras pas peur; car Yahvé ton Dieu est avec toi, lui qui t'a fait monter du pays d'Egypte. Quand vous serez sur le point d'engager le combat, le prêtre s'avancera et parlera au peuple. Il leur dira: "Ecoute, Israël, vous qui êtes aujourd'hui sur le point d'engager le combat contre vos ennemis, que votre coeur ne faiblisse pas! N'ayez ni crainte ni angoisse, et ne tremblez pas devant eux. Car Yahvé votre Dieu marche avec vous, pour combattre pour vous, contre vos ennemis, et vous sauver." Puis les scribes parleront au peuple et diront: "Qui a bâti une maison neuve et ne l'a pas encore dédiée? Qu'il s'en aille et retourne chez lui, de peur qu'il ne périsse au combat et qu'un autre ne la dédie! "Qui a planté une vigne et n'en a pas encore cueilli les premiers fruits? Qu'il s'en aille et retourne chez lui, de peur qu'il ne périsse au combat et qu'un autre n'en cueille les premiers fruits! "Qui s'est fiancé à une femme et ne l'a pas encore épousée? Qu'il s'en aille et retourne chez lui, de peur qu'il ne périsse au combat et qu'un autre ne l'épouse!" Les scribes diront encore ceci au peuple: "Qui a peur et sent mollir son courage? Qu'il s'en aille et retourne chez lui, afin de ne pas faire fondre comme le sien le coeur de ses frères!" Puis, les scribes ayant achevé de parler au peuple, on placera à sa tête des chefs de troupe. Lorsque tu t'approcheras d'une ville pour la combattre, tu lui proposeras la paix. Si elle l'accepte et t'ouvre ses portes, tout le peuple qui s'y trouve te devra la corvée et le travail. Mais si elle refuse la paix et te livre combat, tu l'assiégeras. Yahvé ton Dieu la livrera en ton pouvoir, et tu en passeras tous les mâles au fil de l'épée. Toutefois les femmes, les enfants, le bétail, tout ce qui se trouve dans la ville, toutes ses dépouilles, tu les prendras comme butin. Tu mangeras les dépouilles de tes ennemis que Yahvé ton Dieu t'aura livrés. C'est ainsi que tu traiteras les villes très éloignées de toi, qui n'appartiennent pas à ces nations-ci. Quant aux villes de ces peuples que Yahvé ton Dieu te donne en héritage, tu n'en laisseras rien subsister de vivant. Oui, tu les dévoueras à l'anathème, ces Hittites, ces Amorites, ces Cananéens, ces Perizzites, ces Hivvites, ces Jébuséens, ainsi que te l'a commandé Yahvé ton Dieu, afin qu'ils ne vous apprennent pas à pratiquer toutes ces abominations qu'ils pratiquent envers leurs dieux: vous pécheriez contre Yahvé votre Dieu! Si, en attaquant une ville, tu dois l'assiéger longtemps pour la prendre, tu ne mutileras pas ses arbres en y portant la hache; tu t'en nourriras sans les abattre. Est-il homme, l'arbre des champs, pour que tu le traites en assiégé? Cependant, les arbres que tu sais n'être pas des arbres fruitiers, tu pourras les mutiler, les abattre, et en faire des ouvrages de siège contre cette ville en guerre contre toi, jusqu'à ce qu'elle succombe. Si l'on découvre, sur la terre que Yahvé ton Dieu te donne pour domaine, un homme assassiné gisant dans la campagne, sans qu'on sache qui l'a frappé, tes anciens et tes scribes iront mesurer la distance entre la victime et les villes d'alentour, et détermineront quelle est la ville la plus proche de la victime. Puis les anciens de cette ville prendront une génisse qu'on n'ait pas encore fait travailler ni tirer sous le joug. Les anciens de cette ville feront descendre la génisse à un cours d'eau qui ne tarit pas, en un lieu qui n'a été ni travaillé ni ensemencé, et là, sur le cours d'eau, ils briseront la nuque de la génisse. Les prêtres fils de Lévi s'approcheront; car ce sont eux que Yahvé ton Dieu a choisis pour son service et pour donner la bénédiction au nom de Yahvé, et il leur revient de prononcer sur toute querelle et sur toute voie de fait. Alors, tous les anciens de la ville la plus proche de l'homme tué se laveront les mains dans le cours d'eau, sur la génisse abattue. Ils prononceront ces paroles: "Nos mains n'ont pas versé ce sang et nos yeux n'ont rien vu. Pardonne à Israël ton peuple, toi Yahvé qui l'as racheté, et ne laisse pas verser un sang innocent au milieu d'Israël ton peuple. Et ce sang leur sera pardonné." Mais toi, tu feras disparaître du milieu de toi toute effusion de sang innocent, si tu veux faire ce qui est juste aux yeux de Yahvé. Lorsque tu partiras en guerre contre tes ennemis, que Yahvé ton Dieu les aura livrés en ton pouvoir et que tu leur auras fait des prisonniers, si tu vois parmi eux une femme bien faite et que tu t'en éprennes, tu pourras la prendre pour femme et l'amener en ta maison. Elle se rasera la tête, se coupera les ongles et quittera son vêtement de captive; elle demeurera dans ta maison et pleurera tout un mois son père et sa mère. Ensuite tu pourras t'approcher d'elle, agir en mari, et elle sera ta femme. S'il arrive qu'elle cesse de te plaire, tu la laisseras partir à son gré, sans la vendre à prix d'argent: tu ne dois pas en tirer profit, puisque tu as usé d'elle. Si un homme a deux femmes, l'une qu'il aime et l'autre qu'il n'aime pas, et que la femme aimée et l'autre lui donnent des fils, s'il arrive que l'aîné soit de la femme qu'il n'aime pas, cet homme ne pourra pas le jour où il attribuera ses biens à ses fils, traiter en aîné le fils de la femme qu'il aime, au détriment du fils de la femme qu'il n'aime pas, l'aîné véritable. Mais il reconnaîtra l'aîné dans le fils de celle-ci, en lui donnant double part de tout ce qu'il possède: car ce fils, prémices de sa vigueur, détient le droit d'aînesse. Si un homme a un fils dévoyé et indocile, qui ne veut écouter ni la voix de son père ni la voix de sa mère, et qui, châtié par eux, ne les écoute pas davantage, son père et sa mère se saisiront de lui et l'amèneront dehors aux anciens de la ville, à la porte du lieu. Ils diront aux anciens de sa ville: "Notre fils que voici se dévoie, il est indocile et ne nous écoute pas, il est débauché et buveur." Alors tous ses citoyens le lapideront jusqu'à ce que mort s'ensuive. Tu feras disparaître le mal du milieu de toi, tout Israël l'entendra dire et craindra. Si un homme, coupable d'un crime capital, a été mis à mort et que tu l'aies pendu à un arbre, son cadavre ne pourra être laissé la nuit sur l'arbre; tu l'enterreras le jour même, car un pendu est une malédiction de Dieu, et tu ne rendras pas impur le sol que Yahvé ton Dieu te donne en héritage. Si tu vois vagabonder le boeuf de ton frère ou quelque pièce de son petit bétail, tu ne te déroberas pas, mais tu les ramèneras à ton frère. Si ton frère n'est pas de ton voisinage ou si tu ne le connais pas, tu les recueilleras chez toi et tu les garderas avec toi jusqu'à ce que ton frère vienne les chercher; alors tu les lui rendras. Ainsi feras-tu pour son âne, ainsi feras-tu pour son manteau, ainsi feras-tu pour tout objet perdu par ton frère et que tu trouveras; tu n'as pas le droit de te dérober. Si tu vois tomber en chemin l'âne ou le boeuf de ton frère, tu ne te déroberas pas mais tu aideras ton frère à le relever. Une femme ne portera pas un costume masculin, et un homme ne mettra pas un vêtement de femme: quiconque agit ainsi est en abomination à Yahvé ton Dieu. Si tu rencontres en chemin un nid d'oiseau avec des oisillons ou des oeufs, sur un arbre ou à terre, et que la mère soit posée sur les oisillons ou les oeufs, tu ne prendras pas la mère sur les petits. Laisse partir la mère; ce sont les petits que tu prendras pour toi. Ainsi auras-tu prospérité et longue vie. Quand tu bâtiras une maison neuve, tu feras au toit un parapet; ainsi ta maison n'encourra pas la vengeance du sang au cas où quelqu'un viendrait à tomber. Tu ne sèmeras pas autre chose dans ta vigne, de peur que le tout ne soit consacré: et le produit de ta semence, et le fruit de ta vigne. Tu ne laboureras pas avec un boeuf et un âne ensemble. Tu ne porteras pas de vêtement tissé mi-laine mi-lin. Tu feras des glands aux quatre bords de l'habit dont tu te couvriras. Si un homme épouse une femme, s'unit à elle et ensuite la prend en aversion, et qu'il lui impute alors des fautes et la diffame publiquement en disant: "Cette femme que j'ai épousée et dont je me suis approché, je ne lui ai pas trouvé les signes de la virginité", le père de la jeune femme et sa mère prendront les signes de sa virginité et les produiront devant les anciens de la ville, à la porte. Le père de la jeune femme dira alors aux anciens: "Ma fille que j'ai donnée pour femme à cet homme, il l'a prise en aversion, et voici qu'il lui impute des fautes en disant: Je n'ai pas trouvé à ta fille les signes de la virginité. Or, voici les signes de la virginité de ma fille." Et ils déploieront le linge devant les anciens de la cité. Les anciens de cette cité se saisiront de l'homme, le châtieront et lui infligeront une amende de cent pièces d'argent, qu'ils donneront au père de la jeune femme, pour avoir diffamé publiquement une vierge d'Israël. Il l'aura pour femme et ne pourra jamais la répudier. Mais si la chose est avérée, et qu'on n'ait pas trouvé à la jeune femme les signes de la virginité, on la fera sortir à la porte de la maison de son père et ses concitoyens la lapideront jusqu'à ce que mort s'ensuive, pour avoir commis une infamie en Israël en déshonorant la maison de son père. Tu feras disparaître le mal du milieu de toi. Si l'on prend sur le fait un homme couchant avec une femme mariée, tous deux mourront: l'homme qui a couché avec la femme et la femme elle-même. Tu feras disparaître d'Israël le mal. Si une jeune fille vierge est fiancée à un homme, qu'un autre homme la rencontre dans la ville et couche avec elle, vous les conduirez tous deux à la porte de cette ville et vous les lapiderez jusqu'à ce que mort s'ensuive: la jeune fille parce qu'elle n'a pas appelé au secours dans la ville, et l'homme parce qu'il a usé de la femme de son prochain. Tu feras disparaître le mal du milieu de toi. Mais si c'est dans la campagne que l'homme a rencontré la jeune fille fiancée, qu'il l'a violentée et a couché avec elle, l'homme qui a couché avec elle mourra seul; tu ne feras rien à la jeune fille, il n'y a pas en elle de péché qui mérite la mort. Le cas est semblable à celui d'un homme qui se jette sur son prochain pour le tuer: car c'est à la campagne qu'il l'a rencontrée, et la jeune fille fiancée a pu crier sans que personne vienne à son secours. Si un homme rencontre une jeune fille vierge qui n'est pas fiancée, la saisit et couche avec elle, pris sur le fait, l'homme qui a couché avec elle donnera au père de la jeune fille 50 pièces d'argent; elle sera sa femme, puisqu'il a usé d'elle, et il ne pourra jamais la répudier. Un homme ne prendra pas l'épouse de son père, et il ne retirera pas d'elle le pan du manteau de son père. L'homme aux testicules écrasés, ou à la verge coupée ne sera pas admis à l'assemblée de Yahvé. Le bâtard ne sera pas admis à l'assemblée de Yahvé; même ses descendants à la dixième génération ne seront pas admis à l'assemblée de Yahvé. L'Ammonite et le Moabite ne seront pas admis à l'assemblée de Yahvé; même leurs descendants à la dixième génération ne seront pas admis à l'assemblée de Yahvé, et cela pour toujours; parce qu'ils ne sont pas venus à votre rencontre avec le pain et l'eau quand vous étiez en route à la sortie d'Egypte, et parce qu'il a soudoyé Balaam fils de Béor pour te maudire, de Pétor en Aram Naharayim. Mais Yahvé ton Dieu ne consentit pas à écouter Balaam, et Yahvé ton Dieu changea pour toi la malédiction en bénédiction, car Yahvé ton Dieu t'aimait. Jamais, tant que tu vivras, tu ne rechercheras leur prospérité et leur bonheur. Tu ne tiendras pas l'Edomite pour abominable, car c'est ton frère. Tu ne tiendras pas l'Egyptien pour abominable, car tu as été un étranger dans son pays. A la troisième génération, leurs descendants seront admis à l'assemblée de Yahvé. Quand tu iras camper contre tes ennemis, tu te garderas de tout mal. S'il se trouve parmi les tiens un homme qui ne soit pas en état de pureté, par suite d'une pollution nocturne, il sortira du camp et n'y rentrera pas. Vers le soir, il se lavera, et au coucher du soleil il pourra rentrer au camp. Tu auras un endroit hors du camp et c'est là que tu iras, au-dehors. Tu auras une pioche dans ton équipement, et quand tu iras t'accroupir au-dehors, tu donneras un coup de pioche et tu recouvriras tes ordures. Car Yahvé ton Dieu parcourt l'intérieur du camp pour te protéger et te livrer tes ennemis. Aussi ton camp doit-il être une chose sainte, Yahvé ne doit rien voir chez toi de dégoûtant; il se détournerait de toi! Tu ne laisseras pas enfermer par son maître un esclave qui se sera enfui de chez son maître auprès de toi. Il demeurera avec toi, parmi les tiens, au lieu qu'il aura choisi dans l'une de tes villes où il se trouvera bien; tu ne le molesteras pas. Il n'y aura pas de prostituée sacrée parmi les filles d'Israël, ni de prostitué sacré parmi les fils d'Israël. Tu n'apporteras pas à la maison de Yahvé ton Dieu le salaire d'une prostituée ni le paiement d'un chien, quel que soit le voeu que tu aies fait: car tous deux sont en abomination à Yahvé ton Dieu. Tu ne prêteras pas à intérêt à ton frère, qu'il s'agisse d'un prêt d'argent, ou de vivres, ou de quoi que ce soit dont on exige intérêt. A l'étranger tu pourras prêter à intérêt, mais tu prêteras sans intérêt à ton frère, afin que Yahvé ton Dieu te bénisse en tous tes travaux, au pays où tu vas entrer pour en prendre possession. Si tu fais un voeu à Yahvé ton Dieu, tu ne tarderas pas à l'acquitter: nul doute que Yahvé ton Dieu te le réclame, et tu te chargerais d'un péché. Mais si tu t'abstiens de voeu, tu ne te chargeras pas d'un péché. Ce qui sort de ta bouche, tiens-le, et exécute le voeu que tu as fait volontairement à Yahvé ton Dieu, de ta propre bouche. Si tu passes dans la vigne de ton prochain, tu pourras manger du raisin à ton gré, jusqu'à satiété, mais tu n'en mettras pas dans ton panier. Si tu traverses les moissons de ton prochain, tu pourras arracher des épis avec la main, mais tu ne porteras pas la faucille sur la moisson de ton prochain. Soit un homme qui a pris une femme et consommé son mariage; mais cette femme n'a pas trouvé grâce à ses yeux, et il a découvert une tare à lui imputer; il a donc rédigé pour elle un acte de répudiation et le lui a remis, puis il l'a renvoyée de chez lui; elle a quitté sa maison, s'en est allée et a appartenu à un autre homme. Si alors cet autre homme la prend en aversion, rédige pour elle un acte de répudiation, le lui remet et la renvoie de chez lui (ou si vient à mourir cet autre homme qui l'a prise pour femme), son premier mari qui l'a répudiée ne pourra la reprendre pour femme, après qu'elle s'est ainsi rendue impure. Car il y a là une abomination aux yeux de Yahvé, et tu ne dois pas faire pécher le pays que Yahvé ton Dieu te donne en héritage. Si un homme vient de prendre femme, il n'ira pas à l'armée et on ne viendra pas chez lui l'importuner, il restera un an chez lui, quitte de toute affaire, pour la joie de la femme qu'il a prise. On ne prendra pas en gage le moulin ni la meule: ce serait prendre la vie même en gage. Si on trouve un homme qui enlève l'un de ses frères, parmi les Israélites, -- qu'il l'exploite lui-même ou qu'il le vende, -- ce voleur mourra. Tu feras disparaître le mal du milieu de toi. En cas de lèpre, prends garde d'observer soigneusement et de suivre intégralement tout ce que vous enseigneront les prêtres lévites. Vous observerez et mettrez en pratique ce que je leur aurai ordonné. Rappelle-toi ce que Yahvé ton Dieu a fait à Miryam, quand vous étiez en chemin au sortir d'Egypte. Si tu prêtes sur gages à ton prochain, tu n'entreras pas dans sa maison pour saisir le gage, quel qu'il soit. Tu te tiendras dehors et l'homme auquel tu prêtes t'apportera le gage dehors. Et si c'est un homme d'humble condition, tu n'iras pas te coucher en gardant son gage, tu lui rendras au coucher du soleil, il se couchera dans son manteau, il te bénira et ce sera une bonne action aux yeux de Yahvé ton Dieu. Tu n'exploiteras pas le salarié humble et pauvre, qu'il soit d'entre tes frères ou étranger en résidence chez toi. Chaque jour tu lui donneras son salaire, sans laisser le soleil se coucher sur cette dette; car il est pauvre et il attend impatiemment ce salaire. Ainsi n'en appellera-t-il pas à Yahvé contre toi. Autrement tu serais en faute. Les pères ne seront pas mis à mort pour les fils, ni les fils pour les pères. Chacun sera mis à mort pour son propre crime. Tu ne porteras pas atteinte au droit de l'étranger et de l'orphelin, et tu ne prendras pas en gage le vêtement de la veuve. Souviens-toi que tu as été en servitude au pays d'Egypte et que Yahvé ton Dieu t'en a racheté; aussi je t'ordonne de mettre cette parole en pratique. Lorsque tu feras la moisson dans ton champ, si tu oublies une gerbe au champ, ne reviens pas la chercher. Elle sera pour l'étranger, l'orphelin et la veuve, afin que Yahvé ton Dieu te bénisse dans toutes tes oeuvres. Lorsque tu gauleras ton olivier, tu n'iras rien y rechercher ensuite. Ce qui restera sera pour l'étranger, l'orphelin et la veuve. Lorsque tu vendangeras ta vigne, tu n'iras rien y grappiller ensuite. Ce qui restera sera pour l'étranger, l'orphelin et la veuve. Et tu te souviendras que tu as été en servitude au pays d'Egypte; aussi je t'ordonne de mettre cette parole en pratique. Lorsque des hommes auront une contestation, ils iront en justice pour qu'on prononce entre eux: on donnera raison à qui a raison et tort à qui a tort. Si celui qui a tort mérite des coups, le juge le fera étendre à terre en sa présence, et frapper d'un nombre de coups proportionnel à ses torts. Il pourra lui infliger 40 coups, mais pas davantage, de peur qu'en frappant davantage la meurtrissure ne soit grave et que ton frère ne soit avili à tes yeux. Tu ne muselleras pas le boeuf quand il foule le grain. Si des frères demeurent ensemble et que l'un d'eux vienne à mourir sans enfant, la femme du défunt ne se mariera pas au-dehors avec un homme d'une famille étrangère. Son "lévir" viendra à elle, il exercera son lévirat en la prenant pour épouse et le premier-né qu'elle enfantera relèvera le nom de son frère défunt; ainsi son nom ne sera pas effacé d'Israël. Mais si cet homme refuse de prendre celle dont il doit être lévir, elle ira trouver les anciens à la porte et dira: "Je n'ai pas de lévir qui veuille relever le nom de son frère en Israël, il ne consent pas à exercer en ma faveur son lévirat." Les anciens de sa cité convoqueront cet homme et lui parleront. Ayant comparu, il dira: "Je refuse de la prendre." Celle à qui il doit le lévirat s'approchera de lui en présence des anciens, lui ôtera sa sandale du pied, lui crachera au visage et prononcera ces paroles: "Ainsi fait-on à l'homme qui ne relève pas la maison de son frère", et sa maison sera ainsi appelée en Israël: "Maison du déchaussé. Lorsque des hommes se battent ensemble, un homme et son frère, si la femme de l'un d'eux s'approche et, pour dégager son mari des coups de l'autre, avance la main et saisit celui-ci par les parties honteuses, tu lui couperas la main sans un regard de pitié. Tu n'auras pas dans ton sac poids et poids, l'un lourd et l'autre léger. Il n'y aura pas dans ta maison mesure et mesure, l'une grande et l'autre petite. Tu auras un poids intact et exact, et tu auras une mesure entière et exacte, afin d'avoir longue vie sur la terre que Yahvé ton Dieu te donne Car Yahvé ton Dieu a en abomination quiconque pratique ces choses, quiconque exerce la fraude. Rappelle-toi ce que t'a fait Amaleq quand vous étiez en chemin à votre sortie d'Egypte. Il vint à ta rencontre sur le chemin et, par derrière, après ton passage, il attaqua les éclopés; quand tu étais las et exténué, il n'eut pas crainte de Dieu. Lorsque Yahvé ton Dieu t'aura établi à l'abri de tous tes ennemis alentour, au pays que Yahvé ton Dieu te donne en héritage pour le posséder, tu effaceras le souvenir d'Amaleq de dessous les cieux. N'oublie pas! Lorsque tu parviendras au pays que Yahvé ton Dieu te donne en héritage, lorsque tu le posséderas et l'habiteras, tu prélèveras les prémices de tous les produits du sol que tu auras fait pousser au pays que te donne Yahvé ton Dieu. Tu les mettras dans une hotte, et tu te rendras au lieu choisi par Yahvé ton Dieu pour y faire habiter son nom. Tu iras trouver le prêtre alors en charge, et tu lui diras: "Je déclare aujourd'hui à Yahvé mon Dieu que je suis arrivé au pays que Yahvé avait juré à nos pères de nous donner." Le prêtre prendra de ta main la hotte et la déposera devant l'autel de Yahvé ton Dieu. Tu prononceras ces paroles devant Yahvé ton Dieu: "Mon père était un Araméen errant qui descendit en Egypte, et c'est en petit nombre qu'il y séjourna, avant d'y devenir une nation grande, puissante et nombreuse. Les Egyptiens nous maltraitèrent, nous brimèrent et nous imposèrent une dure servitude. Nous avons fait appel à Yahvé le Dieu de nos pères. Yahvé entendit notre voix, il vit notre misère, notre peine et notre oppression, et Yahvé nous fit sortir d'Egypte à main forte et à bras étendu, par une grande terreur, des signes et des prodiges. Il nous a conduits ici et nous a donné cette terre, terre qui ruisselle de lait et de miel. Voici que j'apporte maintenant les prémices des produits du sol que tu m'as donné, Yahvé." Tu les déposeras devant Yahvé ton Dieu et tu te prosterneras devant Yahvé ton Dieu. Puis tu te réjouiras de toutes les bonnes choses dont Yahvé ton Dieu t'a gratifié, toi et ta maison, -- toi ainsi que le lévite et l'étranger qui est chez toi. La troisième année, année de la dîme, lorsque tu auras achevé de prendre la dîme de tous tes revenus et que tu l'auras donnée au lévite, à l'étranger, à la veuve et à l'orphelin, et que, l'ayant consommée dans tes villes, ils s'en seront rassasiés, tu diras en présence de Yahvé ton Dieu: "J'ai retiré de ma maison ce qui était consacré. Oui, je l'ai donné au lévite, à l'étranger, à l'orphelin et à la veuve, selon tous les commandements que tu m'as faits, sans outrepasser tes commandements ni les oublier. Je n'en ai rien mangé quand j'étais en deuil, je n'en ai rien retiré quand j'étais impur, je n'ai rien donné pour un mort. J'ai obéi à la voix de Yahvé mon Dieu et j'ai agi selon tout ce que tu m'avais ordonné. De la demeure de ta sainteté, des cieux, regarde et bénis Israël ton peuple, ainsi que la terre que tu nous as donnée comme tu l'avais juré à nos pères, terre qui ruisselle de lait et de miel." Yahvé ton Dieu t'ordonne aujourd'hui de pratiquer ces lois et coutumes; tu les garderas et tu les pratiqueras de tout ton coeur et de toute ton âme. Tu as obtenu de Yahvé aujourd'hui cette déclaration, qu'il serait ton Dieu -- mais à la condition que tu marches dans ses voies, que tu gardes ses lois, ses commandements et ses coutumes et que tu écoutes sa voix. Et Yahvé a obtenu de toi aujourd'hui cette déclaration, que tu serais son peuple à lui, comme il te l'a dit -- mais à la condition de garder tous ses commandements; il t'élèverait alors au-dessus de toutes les nations qu'il a faites, en honneur, en renom et en gloire, et tu serais un peuple consacré à Yahvé ton Dieu, ainsi qu'il te l'a dit. Moïse et les anciens d'Israël donnèrent cet ordre au peuple: "Gardez tous les commandements que je vous prescris aujourd'hui. Lorsque vous passerez le Jourdain pour vous rendre au pays que Yahvé ton Dieu te donne, tu dresseras de grandes pierres, tu les enduiras de chaux et tu écriras toutes les paroles de cette Loi, au moment où tu passeras pour entrer dans la terre que Yahvé ton Dieu te donne, terre qui ruisselle de lait et de miel, comme te l'a dit Yahvé le Dieu de tes pères. Et lorsque vous aurez passé le Jourdain, vous dresserez ces pierres sur le mont Ebal, comme je vous l'ordonne aujourd'hui, et vous les enduirez de chaux. Tu y édifieras pour Yahvé ton Dieu un autel, avec des pierres que le fer n'aura pas travaillées. C'est de pierres brutes que tu édifieras l'autel de Yahvé ton Dieu, et c'est sur cet autel que tu offriras des holocaustes pour Yahvé ton Dieu, que tu immoleras des sacrifices de communion, que tu mangeras sur place, et tu te réjouiras en présence de Yahvé ton Dieu. Tu écriras sur ces pierres toutes les paroles de cette Loi: grave-les bien." Puis Moïse et les prêtres lévites dirent à tout Israël: "Fais silence et écoute, Israël. Aujourd'hui tu es devenu un peuple pour Yahvé ton Dieu. Tu écouteras la voix de Yahvé ton Dieu, et tu mettras en pratique les commandements et les lois que je te prescris aujourd'hui." Et Moïse, en ce jour, donna alors cet ordre au peuple: "Lorsque vous aurez passé le Jourdain, voici ceux qui se tiendront sur le mont Garizim pour bénir le peuple: Siméon et Lévi, Juda et Issachar, Joseph et Benjamin. Et voici ceux qui se tiendront sur le mont Ebal pour la malédiction: Ruben, Gad et Asher, Zabulon, Dan et Nephtali. Les lévites prendront la parole et diront à voix haute à tous les Israélites: Maudit soit l'homme qui fait une idole sculptée ou fondue, abomination pour Yahvé, oeuvre de mains d'artisan, et la place en un lieu caché. -- Et tout le peuple répondra et dira: Amen. Maudit soit celui qui traite indignement son père et sa mère. -- Et tout le peuple dira: Amen. Maudit soit celui qui déplace la borne de son prochain. -- Et tout le peuple dira: Amen. Maudit soit celui qui égare un aveugle en chemin. -- Et tout le peuple dira: Amen. Maudit soit celui qui fait dévier le droit de l'étranger, de l'orphelin et de la veuve. -- Et tout le peuple dira: Amen. Maudit soit celui qui couche avec la femme de son père, car il retire d'elle le pan du manteau de son père. -- Et tout le peuple dira: Amen. Maudit soit celui qui couche avec quelque bête que ce soit. -- Et tout le peuple dira: Amen. Maudit soit celui qui couche avec sa soeur, fille de son père ou fille de sa mère. -- Et tout le peuple dira: Amen. Maudit soit celui qui couche avec sa belle-mère. -- Et tout le peuple dira: Amen. Maudit soit celui qui frappe en secret son prochain. -- Et tout le peuple dira: Amen. Maudit soit celui qui accepte un présent pour frapper mortellement une vie innocente. -- Et tout le peuple dira: Amen. Maudit soit celui qui ne maintient pas en vigueur les paroles de cette Loi pour les mettre en pratique. -- Et tout le peuple dira: Amen." Or donc, si tu obéis vraiment à la voix de Yahvé ton Dieu, en gardant et pratiquant tous ces commandements que je te prescris aujourd'hui, Yahvé ton Dieu t'élèvera au-dessus de toutes les nations de la terre. Toutes les bénédictions que voici t'adviendront et t'atteindront; car tu auras obéi à la voix de Yahvé ton Dieu. Béni seras-tu à la ville et béni seras-tu à la campagne. Bénis seront le fruit de tes entrailles, le produit de ton sol, le fruit de ton bétail, la portée de tes vaches et le croît de tes brebis. Bénies seront ta hotte et ta huche. Bénies seront tes entrées et bénies seront tes sorties. Des ennemis qui se dresseraient contre toi, Yahvé fera tes vaincus: sortis par un chemin à ta rencontre, par sept chemins ils fuiront devant toi. Yahvé commandera à la bénédiction d'être avec toi, en tes greniers comme en tes travaux, et il te bénira dans le pays que te donne Yahvé ton Dieu. Yahvé fera de toi le peuple qui lui est consacré, ainsi qu'il te l'a juré, si tu gardes les commandements de Yahvé ton Dieu et si tu marches dans ses voies. Tous les peuples de la terre verront que tu portes le nom de Yahvé et ils te craindront. Yahvé te fera surabonder de biens: fruit de tes entrailles, fruit de ton bétail et fruit de ton sol, sur cette terre qu'il a juré à tes pères de te donner. Yahvé ouvrira pour toi les cieux, son trésor excellent, pour donner en son temps la pluie à ton pays, et pour bénir toutes tes oeuvres. Tu annexeras des nations nombreuses et toi, tu ne seras pas annexé. Yahvé te mettra à la tête et non à la queue, tu ne seras jamais qu'au-dessus et non point au-dessous, si tu écoutes les commandements de Yahvé ton Dieu, que je te prescris aujourd'hui, pour les garder et les mettre en pratique, sans dévier à droite ni à gauche d'aucune de ces paroles que je vous prescris aujourd'hui, en allant suivre d'autres dieux et les servir. Mais si tu n'obéis pas à la voix de Yahvé ton Dieu, ne gardant pas ses commandements et ses lois que je te prescris aujourd'hui, toutes les malédictions que voici t'adviendront et t'atteindront. Maudit seras-tu à la ville et maudit seras-tu à la campagne. Maudites seront ta hotte et ta huche. Maudits seront le fruit de tes entrailles et le fruit de ton sol, la portée de tes vaches et le croît de tes brebis. Maudites seront tes entrées et maudites tes sorties. Yahvé enverra contre toi la malédiction, le maléfice et l'imprécation dans tous tes travaux, de sorte que tu sois détruit et que tu périsses rapidement, pour la perversité de tes actions, pour m'avoir abandonné. Yahvé attachera à toi la peste, jusqu'à ce qu'elle t'ait consumé sur cette terre où tu vas entrer pour en prendre possession. Yahvé te frappera de consomption, de fièvre, d'inflammation, de fièvre chaude, de sécheresse, de rouille et de nielle, qui te poursuivront jusqu'à ta perte. Les cieux au-dessus de toi seront d'airain et la terre sous toi sera de fer. La pluie de ton pays, Yahvé en fera de la poussière et du sable; il en tombera du ciel sur toi jusqu'à ta destruction. Yahvé fera de toi un vaincu en face de tes ennemis: sorti à leur rencontre par un chemin, par sept chemins tu fuiras devant eux, et tu deviendras un objet d'épouvante pour tous les royaumes de la terre. Ton cadavre sera la pâture de tous les oiseaux du ciel et de toutes les bêtes de la terre, sans que personne leur fasse peur. Yahvé te frappera d'ulcères d'Egypte, de bubons, de croûtes, de plaques rouges dont tu ne pourras guérir. Yahvé te frappera de délire, d'aveuglement et d'égarement des sens, au point que tu iras à tâtons en plein midi comme l'aveugle va à tâtons dans les ténèbres, et tes démarches n'aboutiront pas. Tu ne seras jamais qu'exploité et spolié, sans personne pour te sauver. Tu prendras une femme comme fiancée, mais un autre homme la possédera; tu bâtiras une maison, mais tu ne pourras l'habiter; tu planteras une vigne, mais tu n'en pourras cueillir les premiers fruits. Ton boeuf sera égorgé sous tes yeux, et tu n'en pourras manger; ton âne te sera enlevé en ta présence, et il ne te reviendra pas; tes brebis seront livrées à tes ennemis, et personne ne prendra ta défense. Tes fils et tes filles seront livrés à un autre peuple; chaque jour tes yeux se consumeront à regarder vers eux, et tes mains n'y pourront rien. Le fruit de ton sol et le fruit de ta peine, un peuple que tu ne connais pas les mangera. Tu ne seras jamais qu'exploité et écrasé. Ce que verront tes yeux te rendra fou. Yahvé te frappera de mauvais ulcères aux genoux et aux jambes et tu n'en pourras guérir, de la plante des pieds au sommet de la tête. Toi et le roi que tu auras mis à ta tête, Yahvé vous mènera en une nation que tes pères ni toi n'avez connue, et tu y serviras d'autres dieux, de bois et de pierre. Tu seras la stupéfaction, la fable et la risée de tous les peuples où Yahvé te conduira. Tu jetteras aux champs beaucoup de semence pour récolter peu, car la sauterelle la pillera. Tu planteras et travailleras ta vigne pour ne pas boire de vin ni rien recueillir, car le ver la dévorera. Tu auras des oliviers sur tout ton territoire, pour ne pas t'oindre d'huile, car tes oliviers seront abattus. Tu engendreras des fils et des filles, mais ils ne t'appartiendront pas, car ils iront en captivité. De tous tes arbres et de tous les fruits de ton sol l'insecte fera sa proie. L'étranger qui est chez toi s'élèvera à tes dépens de plus en plus haut, et toi tu descendras de plus en plus bas. C'est lui qui t'annexera, et tu ne pourras l'annexer; c'est lui qui sera à la tête, et toi à la queue. Toutes ces malédictions t'adviendront, te poursuivront et t'atteindront jusqu'à te détruire, quand tu n'auras pas obéi à la voix de Yahvé ton Dieu en gardant ses commandements et ses lois qu'il t'a prescrits. Elles seront un signe et un prodige sur toi et sur ta postérité à jamais. Puisque tu n'auras pas servi Yahvé ton Dieu dans la joie et le bonheur que donne l'abondance de toutes choses, tu serviras l'ennemi que Yahvé enverra contre toi, dans la faim, la soif, la nudité, la privation totale. Il imposera à ta nuque un joug de fer, jusqu'à ce qu'il t'ait détruit. Yahvé suscitera contre toi une nation lointaine, des extrémités de la terre; comme l'aigle qui prend son essor. Ce sera une nation dont la langue te sera inconnue, une nation au visage dur, sans égard pour la vieillesse et sans pitié pour la jeunesse. Elle mangera le fruit de ton bétail et le fruit de ton sol, jusqu'à te détruire, sans te laisser ni froment, ni vin, ni huile, ni portée de vache ou croît de brebis, jusqu'à ce qu'elle t'ait fait périr. Elle t'assiégera dans toutes tes villes, jusqu'à ce que soient tombées tes murailles les plus hautes et les mieux fortifiées, toutes celles où tu chercheras la sécurité dans ton pays. Elle t'assiégera dans toutes les villes, dans tout le pays que t'aura donné Yahvé ton Dieu. Tu mangeras le fruit de tes entrailles, la chair de tes fils et de tes filles que t'aura donnés Yahvé ton Dieu, pendant ce siège et dans cette détresse où ton ennemi te réduira. Le plus délicat et le plus amolli d'entre les tiens jettera des regards malveillants sur son frère, et même sur la femme qu'il étreint et ceux de ses enfants qui lui resteront, ne voulant partager avec aucun d'eux la chair de ses fils qu'il mange: car il ne lui restera rien, à cause du siège et de la détresse où ton ennemi te réduira dans toutes tes villes. La plus délicate et la plus amollie des femmes de ton peuple, si délicate et amollie qu'elle n'aurait pas essayé de poser à terre la plante de son pied, celle-là jettera des regards malveillants sur l'homme qu'elle étreint, et même sur son fils ou sa fille, sur l'arrière-faix sorti de ses flancs et sur l'enfant qu'elle met au monde, et elle se cachera pour les manger, dans la privation de tout, à cause du siège et de la détresse où ton ennemi te réduira dans toutes tes villes. Si tu ne gardes pas pour les mettre en pratique toutes les paroles de cette Loi écrites en ce livre, dans la crainte de ce nom glorieux et redoutable: Yahvé ton Dieu, Yahvé te frappera de ces fléaux étonnants, toi et ta descendance: fléaux grands et persistants, maladies pernicieuses et tenaces. Il fera revenir chez toi ces maux d'Egypte qui furent ta terreur, et ils s'attacheront à toi. Bien plus, tous les fléaux et maladies que ne mentionne pas le livre de cette Loi, Yahvé les suscitera contre toi, jusqu'à te détruire. Vous ne resterez que peu d'hommes, vous qui étiez aussi nombreux que les étoiles du ciel. Parce que tu n'auras pas obéi à la voix de Yahvé ton Dieu, autant Yahvé avait pris plaisir à vous rendre heureux et à vous multiplier, autant il prendra plaisir à vous perdre et à vous détruire. Vous serez arrachés à la terre où tu vas entrer pour en prendre possession. Yahvé te dispersera parmi tous les peuples, d'un bout du monde à l'autre; là tu serviras d'autres dieux, que tes pères ni toi n'avez connus, du bois et de la pierre. Parmi ces nations, tu n'auras pas de tranquillité et il n'y aura pas de repos pour la plante de tes pieds, mais là Yahvé te donnera un coeur tremblant, des yeux éteints, un souffle court. D'avance la vie te sera une fatigue, tu seras dans l'effroi jour et nuit, sans pouvoir croire en ta vie. Le matin tu diras: "Qui me donnerait d'être au soir?" Et le soir tu diras: "Qui me donnerait d'être au matin?" A cause de l'effroi qui étreindra ton coeur et du spectacle que verront tes yeux! Yahvé te renverra en Egypte dans des vaisseaux ou par un chemin dont je t'avais dit: "Tu ne le verras plus!" Et là vous irez vous vendre à tes ennemis comme serviteurs et servantes, sans trouver d'acheteur. Voici les paroles de l'alliance que Yahvé ordonna à Moïse de conclure avec les Israélites au pays de Moab, outre l'alliance qu'il avait conclue avec eux à l'Horeb. Moïse convoqua tout Israël et leur dit: Vous avez vu tout ce que Yahvé a fait sous vos yeux au pays d'Egypte, tant à Pharaon et à tous ses serviteurs qu'à tout son pays: ces grandes épreuves que tu as vues toi-même, ces signes et ces prodiges grandioses. Mais, jusqu'aujourd'hui, Yahvé ne vous avait pas donné un coeur pour connaître, des yeux pour voir, des oreilles pour entendre. Je vous ai fait aller 40 ans dans le désert, sans que soient usés vos vêtements sur vous, ni tes sandales à tes pieds. Vous n'avez pas eu de pain à manger, ni de vin ou de boisson fermentée à boire, afin que vous sachiez d'expérience que moi, Yahvé, je suis votre Dieu. Puis vous êtes venus en ce lieu. Sihôn, roi d'Heshbôn, et Og, roi du Bashân, sont sortis à notre rencontre pour nous combattre, mais nous les avons battus. Nous avons conquis leur pays, et nous l'avons donné en héritage à Ruben, à Gad et à la demi-tribu de Manassé. Gardez les paroles de cette alliance et mettez-les en pratique afin de réussir dans toutes vos entreprises. Vous voici aujourd'hui debout devant Yahvé votre Dieu: vos chefs de tribus, vos anciens, vos scribes, tous les hommes d'Israël, avec vos enfants et vos femmes (et aussi l'étranger qui est dans ton camp, aussi bien celui qui coupe ton bois que celui qui puise ton eau), et tu vas passer dans l'alliance de Yahvé ton Dieu, jurée avec imprécation, alliance qu'il a conclue aujourd'hui avec toi pour faire aujourd'hui de toi un peuple tandis que lui-même sera pour toi un Dieu, comme il te l'a dit et comme il l'a juré à tes pères Abraham, Isaac et Jacob. Ce n'est pas avec vous seulement que je conclus aujourd'hui cette alliance et que je profère cette imprécation, mais aussi bien avec celui qui se tient ici avec nous en présence de Yahvé notre Dieu, qu'avec celui qui n'est pas ici avec nous aujourd'hui. Oui, vous savez avec qui nous demeurions en Egypte, au milieu de qui nous avons passé, ces nations que vous avez traversées. Vous avez vu leurs horreurs et leurs idoles, le bois, la pierre, l'or et l'argent qui sont chez elles. Qu'il n'y ait pas parmi vous homme ni femme, clan ni tribu dont le coeur se détourne aujourd'hui de Yahvé notre Dieu en allant servir les dieux de ces nations! Qu'il n'y ait pas parmi vous de racine d'où lèvent le pavot et l'absinthe! Si, après avoir entendu cette imprécation, quelqu'un se bénit lui-même en son coeur en disant: "A marcher selon l'assurance de mon propre coeur, je ne manquerai de rien, si bien que l'abondance d'eau fera disparaître la soif", Yahvé ne consentira pas à lui pardonner. Car la colère et la jalousie de Yahvé s'enflammeront contre cet homme, toute l'imprécation inscrite dans ce livre fondra sur lui, et Yahvé effacera son nom de dessous les cieux. Yahvé le mettra à part de toutes les tribus d'Israël, pour son malheur, selon toutes les imprécations de l'alliance inscrite au livre de cette Loi. La génération future, celle de vos fils qui se lèveront après vous, et aussi l'étranger venu d'un pays lointain, verront les fléaux qui frapperont ce pays et les maladies que Yahvé y fera sévir, et s'écrieront: "Soufre, sel, toute sa terre est brûlée; on n'y sèmera plus, rien n'y germera plus, aucune herbe n'y croîtra plus. Ainsi ont été changées Sodome et Gomorrhe, Adma et Ceboyim que Yahvé dévasta dans sa colère et sa fureur!" Et toutes les nations s'écrieront: "Pourquoi Yahvé a-t-il ainsi traité ce pays? Pourquoi l'ardeur de cette grande colère?" Et l'on dira: "Parce qu'ils ont abandonné l'alliance de Yahvé, Dieu de leurs pères, qu'il avait conclue avec eux en les faisant sortir du pays d'Egypte; parce qu'ils sont allés servir d'autres dieux et les ont adorés, dieux qu'ils n'avaient pas connus ni reçus de lui en partage, la colère de Yahvé s'est enflammée contre ce pays, faisant venir sur lui toute la malédiction inscrite dans ce livre. Yahvé les a arrachés de leur terre avec colère, fureur et grande indignation, et les a jetés en un autre pays, comme aujourd'hui." Les choses cachées sont à Yahvé notre Dieu, mais les choses révélées sont à nous et à nos fils pour toujours, afin que nous mettions en pratique toutes les paroles de cette Loi. Lorsque toutes ces paroles se seront réalisées pour toi, cette bénédiction et cette malédiction que je t'ai proposées, si tu les médites en ton coeur, parmi toutes les nations où Yahvé ton Dieu t'aura fait errer, si tu reviens à Yahvé ton Dieu, si tu écoutes sa voix en tout ce que je t'ordonne aujourd'hui, de tout ton coeur et de toute ton âme, toi et tes fils, Yahvé ton Dieu ramènera tes captifs, il aura pitié de toi, il te rassemblera à nouveau du milieu de tous les peuples où Yahvé ton Dieu t'a dispersé. Serais-tu banni à l'extrémité des cieux, de là même Yahvé ton Dieu te rassemblerait et il viendrait t'y prendre, pour te ramener au pays que tes pères ont possédé, afin que tu le possèdes à ton tour, que tu y sois heureux et que tu y multiplies plus que tes pères. Yahvé ton Dieu circoncira ton coeur et le coeur de ta postérité pour que tu aimes Yahvé ton Dieu de tout ton coeur et de toute ton âme, afin que tu vives. Yahvé ton Dieu fera retomber toutes ces imprécations sur tes ennemis et sur tes adversaires qui t'ont persécuté. Toi, tu obéiras de nouveau à la voix de Yahvé ton Dieu et tu mettras en pratique tous ses commandements que je te prescris aujourd'hui. Yahvé ton Dieu te rendra prospère en toutes tes entreprises, dans le fruit de tes entrailles, dans le fruit de ton bétail et dans le fruit de ton sol. Car de nouveau Yahvé prendra plaisir à ton bonheur, comme il avait pris plaisir au bonheur de tes pères, si tu obéis à la voix de Yahvé ton Dieu en gardant ses commandements et ses décrets, inscrits dans le livre de cette Loi, si tu reviens à Yahvé ton Dieu de tout ton coeur et de toute ton âme. Car cette Loi que je te prescris aujourd'hui n'est pas au-delà de tes moyens ni hors de ton atteinte. Elle n'est pas dans les cieux, qu'il te faille dire: "Qui montera pour nous aux cieux nous la chercher, que nous l'entendions pour la mettre en pratique?" Elle n'est pas au-delà des mers, qu'il te faille dire: "Qui ira pour nous au-delà des mers nous la chercher, que nous l'entendions pour la mettre en pratique?" Car la parole est tout près de toi, elle est dans ta bouche et dans ton coeur pour que tu la mettes en pratique. Vois, je te propose aujourd'hui vie et bonheur, mort et malheur. Si tu écoutes les commandements de Yahvé ton Dieu que je te prescris aujourd'hui, et que tu aimes Yahvé ton Dieu, que tu marches dans ses voies, que tu gardes ses commandements, ses lois et ses coutumes, tu vivras et tu multiplieras, Yahvé ton Dieu te bénira dans le pays où tu entres pour en prendre possession. Mais si ton coeur se détourne, si tu n'écoutes point et si tu te laisses entraîner à te prosterner devant d'autres dieux et à les servir, je vous déclare aujourd'hui que vous périrez certainement et que vous ne vivrez pas de longs jours sur la terre où vous pénétrerez pour en prendre possession en passant le Jourdain. Je prends aujourd'hui à témoin contre vous le ciel et la terre: je te propose la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie, pour que toi et ta postérité vous viviez, aimant Yahvé ton Dieu, écoutant sa voix, t'attachant à lui; car là est ta vie, ainsi que la longue durée de ton séjour sur la terre que Yahvé a juré à tes pères, Abraham, Isaac et Jacob, de leur donner. Moïse vint adresser ces paroles à tout Israël: "J'ai aujourd'hui 120 ans. Je ne puis plus agir en chef, et Yahvé m'a dit: Tu ne passeras pas ce Jourdain. C'est Yahvé ton Dieu qui passera devant toi, c'est lui qui détruira ces nations devant toi pour les déposséder. C'est Josué qui passera devant toi, ainsi que l'a dit Yahvé. Yahvé les traitera comme il a traité Sihôn et Og, rois amorites, et leur pays: il les a détruits. Yahvé vous les livrera et vous les traiterez en tout point selon les commandements que je vous ai prescrits. Soyez forts et tenez bon, ne craignez pas et ne tremblez pas devant eux, car c'est Yahvé ton Dieu qui marche avec toi: il ne te délaissera pas et ne t'abandonnera pas." Puis Moïse appela Josué et il lui dit aux yeux de tout Israël: "Sois fort et tiens bon: tu entreras avec ce peuple au pays que Yahvé a juré à leurs pères de leur donner, et c'est toi qui les en mettras en possession. C'est Yahvé qui marche devant toi, c'est lui qui sera avec toi; il ne te délaissera pas et ne t'abandonnera pas. Ne crains pas, ne sois pas effrayé." Moïse mit cette Loi par écrit et la donna aux prêtres, fils de Lévi, qui portaient l'arche de l'alliance de Yahvé, ainsi qu'à tous les anciens d'Israël. Moïse leur donna cet ordre: "Tous les sept ans, temps fixé pour l'année de Remise, lors de la fête des Tentes, au moment où tout Israël se rend, pour voir la face de Yahvé ton Dieu, au lieu qu'il aura choisi, tu prononceras cette Loi aux oreilles de tout Israël. Assemble le peuple, hommes, femmes, enfants, l'étranger qui est dans tes portes, pour qu'ils entendent, qu'ils apprennent à craindre Yahvé votre Dieu et qu'ils gardent, pour les mettre en pratique, toutes les paroles de cette Loi. Leurs fils, qui ne le savent pas encore, entendront, et apprendront à craindre Yahvé votre Dieu, tous les jours que vous vivrez sur la terre dont vous allez prendre possession en passant le Jourdain." Yahvé dit à Moïse: "Voici venir les jours de ta mort, appelle Josué. Tenez-vous à la Tente du Rendez-vous, pour que je lui donne mes ordres." Moïse et Josué vinrent se tenir à la Tente du Rendez-vous. Yahvé se fit voir, dans la Tente, dans une colonne de nuée; la colonne de nuée se tenait à l'entrée de la Tente. Yahvé dit à Moïse: "Voici que tu vas te coucher avec tes pères, et ce peuple est sur le point de se prostituer en suivant des dieux du pays étranger où il va pénétrer. Il m'abandonnera et rompra l'alliance que j'ai conclue avec lui. Ce jour-là même ma colère s'enflammera contre lui, je les abandonnerai et je leur cacherai ma face. Pour les dévorer, une foule de maux et d'adversités l'atteindront, de sorte qu'il dira en ce jour-là: Si ces maux m'ont atteint, n'est-ce pas parce que mon Dieu n'est pas au milieu de moi? Et moi, oui, je cacherai ma face en ce jour, à cause de tout le mal qu'il aura fait, en se tournant vers d'autres dieux. "Ecrivez maintenant pour votre usage le cantique que voici; enseigne-le aux Israélites, mets-le dans leur bouche, afin qu'il me serve de témoin contre les Israélites. Lui que je conduis en cette terre que j'ai promise par serment à ses pères, et qui ruisselle de lait et de miel, il mangera, il se rassasiera, il s'engraissera, puis il se tournera vers d'autres dieux, ils les serviront, ils me mépriseront, et il rompra mon alliance. Mais lorsque des maux et adversités sans nombre l'auront atteint, ce cantique portera témoignage contre lui; car sa postérité ne l'aura pas oublié. Oui, je sais les desseins qu'il forme aujourd'hui, avant même que je l'ai conduit au pays que j'ai juré." Et Moïse écrivit en ce jour ce cantique et il l'enseigna aux Israélites. Il donna cet ordre à Josué fils de Nûn: "Sois fort et tiens bon, car c'est toi qui conduiras les Israélites au pays que je leur ai promis par serment, et moi, je serai avec toi." Lorsqu'il eut achevé d'écrire sur un livre les paroles de cette Loi jusqu'à la fin, Moïse donna cet ordre aux lévites qui portaient l'arche de l'alliance de Yahvé: "Prenez le livre de cette Loi. Placez-le à côté de l'arche de l'alliance de Yahvé votre Dieu. Qu'il y serve de témoin contre toi. Car je connais ton esprit rebelle et la raideur de ta nuque. Si aujourd'hui, alors que je suis encore vivant avec vous, vous êtes rebelles à Yahvé, combien plus le serez-vous après ma mort. "Faites assembler auprès de moi tous les anciens de vos tribus et vos scribes, que je leur fasse entendre ces paroles, en prenant à témoin contre eux le ciel et la terre. Car je sais qu'après ma mort vous ne manquerez pas de vous corrompre, vous vous écarterez de la voie que je vous ai prescrite; le malheur vous adviendra dans l'avenir, pour avoir fait ce qui est mal aux yeux de Yahvé en l'irritant par les oeuvres de vos mains." Puis, aux oreilles de toute l'assemblée d'Israël, Moïse prononça jusqu'à la dernière les paroles de ce cantique: Cieux, prêtez l'oreille, et je parlerai; terre, écoute ce que je vais dire! Que ma doctrine ruisselle comme la pluie, que ma parole tombe comme la rosée, comme les ondées sur l'herbe verdoyante, comme les averses sur le gazon! Car je vais invoquer le nom de Yahvé; vous, magnifiez notre Dieu. Il est le Rocher, son oeuvre est parfaite, car toutes ses voies sont le Droit. C'est un Dieu fidèle et sans iniquité, il est Justice et Rectitude. Ils se sont corrompus, eux qu'il avait engendrés sans tare, génération fourbe et tortueuse. Est-ce là ce que vous rendez à Yahvé? Peuple insensé, dénué de sagesse! N'est-ce pas lui ton père, qui t'a procréé, lui qui t'a fait et par qui tu subsistes? Rappelle-toi les jours d'autrefois, considère les années, d'âge en âge. Interroge ton père, qu'il te l'apprenne; tes anciens, qu'ils te le disent. Quand le Très-Haut donna aux nations leur héritage, quand il répartit les fils d'homme, il fixa les limites des peuples suivant le nombre des fils de Dieu; mais le lot de Yahvé, ce fut son peuple, Jacob fut sa part d'héritage. Au pays du désert, il le trouve, dans la solitude lugubre de la steppe. Il l'entoure, il l'élève, il le garde comme la prunelle de son oeil. Tel un aigle qui veille sur son nid, plane au-dessus de ses petits; il déploie ses ailes et le prend, il le soutient sur son pennage. Yahvé est seul pour le conduire; point de dieu étranger avec lui. Il lui fait chevaucher les hauteurs de la terre, il le nourrit des produits des montagnes, il lui fait goûter le miel du rocher et l'huile de la pierre dure; le lait caillé des vaches et le lait des brebis avec la graisse des pâturages, les béliers, race du Bashân, et les boucs avec la graisse des grains du froment, et pour boisson le sang de la grappe qui fermente. Jacob a mangé, il s'est rassasié, Yeshurûn s'est engraissé et il a regimbé. (Tu as engraissé, épaissi, élargi.) Il a repoussé le Dieu qui l'avait fait et déshonoré le Rocher, son salut. Ils l'ont rendu jaloux avec des étrangers, ils l'ont irrité par des abominations. Ils sacrifiaient à des démons qui ne sont pas Dieu, à des dieux qu'ils ne connaissaient pas, à des nouveaux venus d'hier que leurs pères n'avaient pas redoutés. (Tu oublies le Rocher qui t'a mis au monde, tu ne te souviens plus du Dieu qui t'a engendré!) Yahvé l'a vu, et dans sa colère il a rejeté ses fils et ses filles. Il a dit: Je vais leur cacher ma face et je verrai ce qu'il adviendra d'eux. Car c'est une génération pervertie, des fils sans fidélité. Ils m'ont rendu jaloux avec un néant de dieu, ils m'ont irrité par leurs êtres de rien; eh bien! moi, je les rendrai jaloux avec un néant de peuple, je les irriterai au moyen d'une nation stupide! Oui, un feu a jailli de ma colère, il brûlera jusqu'aux profondeurs du shéol; il dévorera la terre et ce qu'elle produit, il embrasera la base des montagnes. Je lancerai sur eux les calamités, j'épuiserai contre eux mes flèches. Ils seront affaiblis par la faim, dévorés par la peste et par un amer fléau. J'enverrai contre eux la dent des bêtes avec le venin des reptiles. Au-dehors l'épée emportera les fils, au-dedans régnera l'épouvante. Périront ensemble jeune homme et jeune fille, enfant à la mamelle et vieillard chenu. J'ai dit: Je les réduirais bien en poussière, j'abolirais leur souvenir parmi les hommes, si je ne craignais l'arrogance de l'ennemi. Que leurs adversaires ne s'y trompent pas! Qu'ils ne disent pas: "Notre main l'emporte, et Yahvé n'y est pour rien." Car c'est une nation aux vues courtes, privée de discernement. S'ils étaient sages, certes ils aboutiraient, ils sauraient discerner leur avenir. Comment donc un seul homme en met-il mille en fuite, et comment deux en poursuivent-ils 10.000, sinon parce que leur Rocher les a vendus et que Yahvé les a livrés? Mais leur rocher n'est pas comme notre Rocher; ce n'est pas à nos ennemis d'intercéder pour nous. Car leur vigne vient de la vigne de Sodome et des plantations de Gomorrhe: leurs raisins sont raisins vénéneux, leurs grappes sont amères; leur vin est un venin de serpent, un violent poison de vipère. Mais lui, n'est-il pas à l'abri près de moi, scellé dans mes trésors? A moi la vengeance et la rétribution, pour le temps où leur pied trébuchera. Car il est proche, le jour de leur ruine; leur destin se précipite! (Car Yahvé va faire droit à son peuple, il va prendre en pitié ses serviteurs.) Car il va voir que leur vigueur s'épuise, qu'il ne reste plus ni libre, ni serf. Alors il dira: Où sont leurs dieux, rocher où ils cherchaient refuge, ceux qui mangeaient la graisse de leurs sacrifices, buvaient le vin de leurs libations? Qu'ils se lèvent et vous secourent, qu'ils soient au-dessus de vous votre abri! Voyez maintenant que moi, moi je Le suis et que nul autre avec moi n'est Dieu! C'est moi qui fais mourir et qui fais vivre; quand j'ai frappé, c'est moi qui guéris (et personne ne délivre de ma main). Oui, je lève ma main vers le ciel et je dis: Aussi vrai que je vis pour toujours, quand j'aurai aiguisé mon épée fulgurante. Ma main saisira le Droit. Je rendrai la pareille à mes adversaires, je paierai de retour ceux qui me haïssent. J'enivrerai de sang mes flèches et mon épée se repaîtra de chair: sang des blessés et des captifs, têtes échevelées de l'ennemi. Cieux, exultez avec lui, et que les fils de Dieu l'adorent! Nations, exultez avec son peuple, et que tous les envoyés de Dieu affirment sa force! Car il vengera le sang de ses serviteurs, il rendra la pareille à ses adversaires, il paiera de retour ceux qui le haïssent et purifiera la terre de son peuple. Moïse vint avec Josué fils de Nûn, et prononça aux oreilles du peuple toutes les paroles de ce cantique. Quand Moïse eut achevé de prononcer ces paroles à l'adresse de tout Israël, il leur dit: "Soyez bien attentifs à toutes ces paroles; je les prends à témoin aujourd'hui contre vous, et vous prescrirez à vos fils de les garder, en mettant en pratique toutes les paroles de cette Loi. Ce n'est pas pour vous une vaine parole car elle est votre vie, et c'est par elle que vous vivrez de longs jours sur la terre dont vous allez prendre possession en passant le Jourdain." Yahvé parla à Moïse, ce même jour, et lui dit: "Monte sur cette montagne des Abarim, sur le mont Nebo, au pays de Moab, face à Jéricho, et regarde le pays de Canaan que je donne en propriété aux Israélites. Meurs sur la montagne où tu seras monté, et tu seras réuni aux tiens, comme Aaron ton frère, mort sur la montagne de Hor, fut réuni aux siens. Parce que vous m'avez été infidèles au milieu des Israélites aux eaux de Meriba-Cadès, dans le désert de Cîn, parce que vous n'avez pas manifesté ma sainteté au milieu des Israélites, c'est du dehors seulement que tu verras le pays, mais tu n'y pourras entrer, en ce pays que je donne aux Israélites." Voici la bénédiction que Moïse, homme de Dieu, prononça sur les Israélites avant de mourir. Il dit: Yahvé est venu du Sinaï. Pour eux, depuis Séïr, il s'est levé à l'horizon, il a resplendi depuis le mont Parân. Pour eux, il est venu depuis les rassemblements de Cadès, depuis son midi jusqu'aux Pentes. Toi qui aimes les ancêtres, tous les saints sont dans ta main. Ils étaient prostrés à tes pieds, et ils ont couru sous ta conduite. (Moïse nous a prescrit une loi.) L'assemblée de Jacob entre dans son héritage; il y eut un roi en Yeshurûn, quand se rassemblèrent les chefs du peuple, quand se réunirent les tribus d'Israël. Que vive Ruben et qu'il ne meure pas, et que vive le petit nombre de ses hommes. Voici ce qu'il dit sur Juda: Ecoute, Yahvé, la voix de Juda et ramène-le vers son peuple. Que ses mains défendent son droit, viens-lui en aide contre ses ennemis. Il dit sur Lévi: Donne à Lévi tes Urim et tes Tummim à l'homme à qui tu fis grâce, après l'avoir mis à l'épreuve à Massa, s'en être pris à lui aux eaux de Meriba. Il dit de son père et de sa mère: "Je ne l'ai pas vu." Ses frères, il ne les connaît plus, ses fils, il les ignore. Oui, ils ont gardé ta parole et ils retiennent ton alliance. Ils enseignent tes coutumes à Jacob et ta Loi à Israël. Ils font monter l'encens à tes narines et mettent l'holocauste sur ton autel. Bénis, Yahvé, sa valeur et agrée l'oeuvre de ses mains. Brise les reins de ses adversaires et de ceux qui le haïssent pour qu'ils ne tiennent pas! Il dit sur Benjamin: Bien-aimé de Yahvé, il repose en sécurité près de lui. Le Très-Haut le protège tous les jours et demeure entre ses coteaux. Il dit sur Joseph: Son pays est béni de Yahvé. A lui le meilleur de la rosée des cieux et de l'abîme souterrain, le meilleur de ce que fait croître le soleil, de ce qui pousse à chaque lunaison, les prémices des montagnes antiques, le meilleur des collines d'autrefois, le meilleur de la terre et de ce qu'elle produit, la faveur de celui qui habite le Buisson. Que la chevelure abonde sur la tête de Joseph, sur le crâne du consacré parmi ses frères! Premier-né du taureau, à lui la gloire. Ses cornes sont cornes de buffle dont il frappe les peuples jusqu'aux extrémités de la terre. Telles sont les myriades d'Ephraïm, tels sont les milliers de Manassé. Il dit sur Zabulon: Sois heureux, Zabulon, en tes expéditions. Et toi, Issachar, dans tes tentes! Sur la montagne où les peuples viennent invoquer ils offrent des sacrifices de succès, car ils aspirent à eux l'abondance des mers et les trésors cachés dans les sables. Il dit sur Gad: Béni soit celui qui met Gad au large! Il repose comme une lionne; il a déchiré bras, visage et tête. Puis il s'est attribué les prémices, là, il a vu qu'une part de chef lui était réservée. Il est venu comme chef du peuple, ayant accompli la justice de Yahvé et ses sentences sur Israël. Il dit sur Dan: Dan est un jeune lion qui s'élance du Bashân. Il dit sur Nephtali: Nephtali, rassasié de faveurs, comblé des bénédictions de Yahvé: Il prend possession de l'ouest et du midi. Il dit sur Asher: Béni soit Asher entre tous les fils! Qu'il soit privilégié parmi ses frères et qu'il baigne son pied dans l'huile! Que tes verrous soient de fer et d'airain et que ta sécurité dure autant que tes jours! Nul n'est pareil au Dieu de Yeshurûn: il chevauche les cieux pour te secourir, et les nuées, dans sa majesté! Le Dieu d'autrefois, c'est ton refuge. Ici-bas, c'est lui le bras antique qui chasse devant toi l'ennemi; c'est lui qui dit: Détruis! Israël demeure en sécurité. La source de Jacob est mise à part pour un pays de froment et de vin; le ciel même y distille la rosée. Heureux es-tu, ô Israël! Qui est comme toi, peuple vainqueur? En Yahvé est le bouclier qui te secourt, l'épée qui te mène au triomphe. Tes ennemis voudront te corrompre, mais toi, tu fouleras leurs dos. Alors, partant des Steppes de Moab, Moïse gravit le mont Nebo, sommet du Pisga en face de Jéricho, et Yahvé lui fit voir tout le pays: le Galaad jusqu'à Dan, tout Nephtali, le pays d'Ephraïm et de Manassé, tout le pays de Juda jusqu'à la mer Occidentale, le Négeb, le district de la vallée de Jéricho, ville de palmiers, jusqu'à Coar. Yahvé lui dit: "Voici le pays que j'ai promis par serment à Abraham, Isaac et Jacob, en ces termes: Je le donnerai à ta postérité. Je te l'ai fait voir de tes yeux, mais tu n'y passeras pas." C'est là que mourut Moïse, serviteur de Yahvé, en terre de Moab, selon l'ordre de Yahvé; il l'enterra dans la vallée, au pays de Moab, vis-à-vis de Bet-Péor. Jusqu'à ce jour nul n'a connu son tombeau. Moïse avait 120 ans quand il mourut; son oeil n'était pas éteint, ni sa vigueur épuisée. Les Israélites pleurèrent Moïse 30 jours dans les Steppes de Moab. Les jours de pleurs pour le deuil de Moïse s'achevèrent. Josué, fils de Nûn, était rempli de l'esprit de sagesse, car Moïse lui avait imposé les mains. C'est à lui qu'obéirent les Israélites agissant selon l'ordre que Yahvé avait donné à Moïse. Il ne s'est plus levé en Israël de prophète pareil à Moïse, lui que Yahvé connaissait face à face. Que de signes et de prodiges Yahvé lui fit accomplir au pays d'Egypte, contre Pharaon, tous ses serviteurs et tout son pays! Quelle main puissante et quelle grande terreur Moïse avait mises en oeuvre aux yeux de tout Israël! Après la mort de Moïse, serviteur de Yahvé, Yahvé parla à Josué, fils de Nûn, l'auxiliaire de Moïse, et lui dit: "Moïse, mon serviteur, est mort; maintenant, debout! Passe le Jourdain que voici, toi et tout ce peuple, vers le pays que je leur donne (aux Israélites). Tout lieu que foulera la plante de vos pieds, je vous le donne, comme je l'ai dit à Moïse. Depuis le désert et le Liban jusqu'au grand Fleuve, l'Euphrate (tout le pays des Hittites), et jusqu'à la Grande mer, vers le soleil couchant, tel sera votre territoire. Personne, tout le temps de ta vie, ne pourra tenir devant toi: je serai avec toi comme j'ai été avec Moïse, je ne t'abandonnerai point ni ne te délaisserai. "Sois fort et tiens bon, car c'est toi qui vas mettre ce peuple en possession du pays que j'ai juré à ses pères de lui donner. Seulement, sois fort et tiens très bon pour veiller à agir selon toute la Loi que mon serviteur Moïse t'a prescrite. Ne t'en écarte ni à droite ni à gauche, afin de réussir dans toutes tes démarches. Que le livre de cette Loi soit toujours sur tes lèvres: médite-le jour et nuit afin de veiller à agir selon tout ce qui y est écrit. C'est alors que tu seras heureux dans tes entreprises et réussiras. Ne t'ai-je pas donné cet ordre: Sois fort et tiens bon! Sois sans crainte ni frayeur, car Yahvé ton Dieu est avec toi dans toutes tes démarches." Josué donna ensuite cet ordre aux scribes du peuple: "Parcourez le camp, donnez cet ordre au peuple: Faites des provisions, car dans trois jours, vous passerez ce Jourdain pour aller prendre possession du pays dont Yahvé votre Dieu vous donne la possession." Puis aux Rubénites, aux Gadites et à la demi-tribu de Manassé, Josué parla ainsi: "Rappelez-vous ce que vous a ordonné Moïse, serviteur de Yahvé: Yahvé votre Dieu, en vous accordant le repos, vous a donné ce pays-ci. Vos femmes, vos petits enfants et vos troupeaux peuvent rester dans le pays que vous a donné Moïse au-delà du Jourdain. Quant à vous, tous les hommes de guerre, vous passerez en formation de combat en tête de vos frères, et vous leur viendrez en aide, jusqu'à ce que Yahvé accorde le repos à vos frères comme à vous, et qu'ils prennent possession, eux aussi, du pays que Yahvé votre Dieu leur donne. Vous pourrez alors retourner au pays qui vous appartient, et vous en prendrez possession, celui que vous a donné Moïse, serviteur de Yahvé, au-delà du Jourdain, vers le soleil levant." Ils répondirent alors à Josué: "Tout ce que tu nous as ordonné, nous le ferons, et partout où tu nous enverras, nous irons. De même que nous avons obéi en toute chose à Moïse, de même nous t'obéirons. Puisse seulement Yahvé ton Dieu être avec toi comme il fut avec Moïse! Quiconque sera rebelle à tes ordres et n'écoutera pas tes paroles, quoi que tu lui ordonnes, qu'il soit mis à mort! Pour toi, sois fort et tiens bon." Josué, fils de Nûn, envoya secrètement de Shittim deux hommes pour espionner, en disant: "Allez, examinez le pays et Jéricho." Ils y allèrent, se rendirent à la maison d'une prostituée nommée Rahab et ils y couchèrent. On dit au roi de Jéricho: "Voici que des hommes sont venus ici cette nuit, des Israélites, pour explorer le pays." Alors le roi de Jéricho envoya dire à Rahab: "Fais sortir les hommes venus chez toi -- qui sont descendus dans ta maison -- car c'est pour explorer tout le pays qu'ils sont venus." Mais la femme prit les deux hommes et les cacha. "C'est vrai, dit-elle, ces hommes sont venus chez moi, mais je ne savais pas d'où ils étaient. Lorsqu'à la nuit tombante on allait fermer la porte de la ville, ces hommes sont sortis et je ne sais pas où ils sont allés. Mettez-vous vite à leur poursuite et vous les rejoindrez." Or elle les avait fait monter sur la terrasse et les avait cachés sous des tiges de lin qu'elle y avait déposées. Les gens les poursuivirent dans la direction du Jourdain, vers les gués, et l'on ferma la porte dès que furent sortis ceux qui étaient à leur poursuite. Quant à eux, ils n'étaient pas encore couchés que Rahab monta vers eux sur la terrasse. Elle leur dit: "Je sais que Yahvé vous a donné ce pays, que vous faites notre terreur, et que tous les habitants du pays ont été pris de panique à votre approche. Car nous avons appris que Yahvé avait mis à sec devant vous les eaux de la mer des Roseaux, à votre sortie d'Egypte, et ce que vous avez fait aux deux rois amorites, de l'autre côté du Jourdain, à Sihôn et à Og que vous avez voués à l'anathème. En l'apprenant, le coeur nous a manqué et personne n'a gardé courage devant vous, parce que Yahvé, votre Dieu, est Dieu, aussi bien là-haut dans les cieux qu'ici-bas sur la terre. Jurez-moi donc maintenant par Yahvé, puisque je vous ai traités avec bonté, qu'à votre tour vous traiterez avec bonté la maison de mon père et m'en donnerez un signe loyal; que vous laisserez la vie sauve à mon père et à ma mère, à mes frères, à mes soeurs et à tous ceux qui leur appartiennent, et que vous nous préserverez de la mort." Alors les hommes lui dirent: "Nous mourrons plutôt nous-mêmes, à moins que vous ne révéliez notre affaire. Quand Yahvé nous aura livré le pays, nous agirons envers toi avec bonté et loyauté." Alors elle les fit descendre par la fenêtre au moyen d'une corde, car sa maison était contre le rempart, elle-même logeait dans le rempart. "Allez vers la montagne, leur dit-elle, de peur que ceux qui vous poursuivent ne vous retrouvent. Cachez-vous là pendant trois jours, jusqu'au retour de ceux qui vous poursuivent, et puis, allez votre chemin." Les hommes lui dirent: "Voici comment nous nous acquitterons de ce serment que tu nous as fait prêter: à notre arrivée dans le pays, tu attacheras ce cordon de fil écarlate à la fenêtre par laquelle tu nous as fait descendre, et tu rassembleras auprès de toi dans la maison ton père, ta mère, tes frères et toute la famille. Quiconque franchira les portes de ta maison pour sortir, son sang retombera sur sa tête et nous en serons quittes; mais le sang de quiconque restera avec toi dans la maison retombera sur nos têtes si l'on porte la main sur lui. Mais s'il t'arrive de révéler notre affaire, nous serons quittes de ce serment que tu nous as fait prêter." Elle répondit: "Qu'il en soit ainsi!" Elle les fit partir et ils s'en allèrent. Alors elle attacha le cordon écarlate à la fenêtre. Ils partirent et allèrent vers la montagne. Ils y restèrent trois jours, jusqu'à ce que fussent rentrés ceux qui les poursuivaient. Ceux-ci avaient battu tout le chemin sans les trouver. Alors les deux hommes redescendirent de la montagne, traversèrent et se rendirent auprès de Josué, fils de Nûn, à qui ils racontèrent tout ce qui leur était arrivé. Ils dirent à Josué: "Yahvé a livré tout ce pays entre nos mains et déjà tous ses habitants sont pris de panique devant nous." Josué se leva de bon matin et partit de Shittim avec tous les Israélites. Ils allèrent jusqu'au Jourdain et là, ils passèrent la nuit, avant de traverser. Au bout de trois jours, les scribes parcoururent le camp et donnèrent au peuple cet ordre: "Quand vous verrez l'arche de l'alliance de Yahvé votre Dieu et les prêtres lévites qui la portent, vous quitterez le lieu où vous vous trouvez et vous la suivrez, afin de savoir quel chemin prendre, car vous n'êtes jamais passés par ce chemin. Toutefois, qu'il y ait entre vous et l'arche un espace d'environ 2.000 coudées: n'en approchez pas." Josué dit au peuple: "Sanctifiez-vous, car demain Yahvé accomplira des merveilles au milieu de vous"; puis Josué dit aux prêtres: "Prenez l'arche d'alliance et passez en tête du peuple." Ceux-ci prirent l'arche d'alliance et s'avancèrent à la tête du peuple. Yahvé dit à Josué: "Aujourd'hui même, je vais commencer à te grandir aux yeux de tout Israël, afin qu'il sache que, comme j'ai été avec Moïse, je serai avec toi. Pour toi, tu donneras cet ordre aux prêtres portant l'arche d'alliance: Lorsque vous aurez atteint le bord des eaux du Jourdain, c'est dans le Jourdain que vous vous tiendrez." Josué dit ensuite aux Israélites: "Approchez et écoutez les paroles de Yahvé votre Dieu." Et Josué dit: "A ceci vous reconnaîtrez que le Dieu vivant est au milieu de vous et qu'il chassera certainement de votre présence les Cananéens, les Hittites, les Hivvites, les Perizzites, les Girgashites, les Amorites et les Jébuséens. Voici: l'arche de l'alliance du Seigneur de toute la terre va passer devant vous dans le Jourdain. Dès maintenant, choisissez douze hommes parmi les tribus d'Israël, un homme par tribu. Aussitôt que les prêtres portant l'arche de Yahvé, Seigneur de toute la terre, auront posé la plante de leurs pieds dans les eaux du Jourdain, les eaux du Jourdain seront coupées, celles qui descendent d'amont, et elles s'arrêteront comme en une seule masse." Or quand le peuple quitta ses tentes pour traverser le Jourdain, les prêtres portaient l'arche de l'alliance en tête du peuple. Dès que les porteurs de l'arche furent arrivés au Jourdain, et que les pieds des prêtres porteurs de l'arche touchèrent les eaux -- or le Jourdain coule à pleins bords pendant toute la durée de la moisson --, les eaux d'amont s'arrêtèrent et formèrent une seule masse à une très grande distance, à Adam, la ville qui est à côté de Cartân, tandis que les eaux descendant vers la mer de la Araba, la mer Salée, étaient complètement séparées. Le peuple traversa vis-à-vis de Jéricho. Les prêtres qui portaient l'arche de l'alliance de Yahvé se tinrent au sec, immobiles au milieu du Jourdain, tandis que tout Israël traversait à sec, jusqu'à ce que la totalité de la nation eût achevé de traverser le Jourdain. Lorsque toute la nation eût achevé de traverser le Jourdain, Yahvé parla à Josué et lui dit: "Choisissez-vous douze hommes parmi le peuple, un homme par tribu, et donnez-leur cet ordre: Enlevez d'ici, du milieu du Jourdain, là où se sont posés les pieds des prêtres, douze pierres que vous emporterez avec vous et déposerez au bivouac où vous passerez la nuit." Josué appela les douze hommes qu'il avait désignés parmi les Israélites, un homme par tribu, et Josué leur dit: "Passez devant l'arche de Yahvé votre Dieu, jusqu'au milieu du Jourdain, et que chacun de vous prenne sur son épaule une pierre, selon le nombre des tribus israélites, pour en faire un signe au milieu de vous; et quand, demain, vos fils vous demanderont: Ces pierres, que sont-elles pour vous? Alors vous leur direz: C'est que les eaux du Jourdain se sont séparées devant l'arche de l'alliance de Yahvé: lorsqu'elle traversa le Jourdain, les eaux du Jourdain se sont séparées. Ces pierres sont un mémorial pour les Israélites, pour toujours!" Les Israélites exécutèrent les ordres de Josué: ayant enlevé douze pierres du milieu du Jourdain, selon le nombre des tribus israélites, comme l'avait dit Yahvé à Josué, ils les transportèrent au bivouac et les y déposèrent. Puis Josué érigea douze pierres au milieu du Jourdain, à l'endroit où s'étaient posés les pieds des prêtres porteurs de l'arche d'alliance, et elles y sont encore aujourd'hui. Les prêtres porteurs de l'arche d'alliance se tenaient debout au milieu du Jourdain jusqu'à l'accomplissement de tout ce que Yahvé avait ordonné à Josué de dire au peuple (selon tout ce que Moïse avait ordonné à Josué); et le peuple se hâta de traverser. Lorsque le peuple eut achevé de traverser, l'arche de Yahvé passa, avec les prêtres, à la tête du peuple. Les fils de Ruben, les fils de Gad et la demi-tribu de Manassé passèrent en formation de combat à la tête des Israélites, comme Moïse le leur avait dit. Au nombre d'environ 40.000 guerriers en armes, ils passèrent prêts au combat, devant Yahvé, vers la plaine de Jéricho. En ce jour-là, Yahvé grandit Josué aux yeux de tout Israël qui le craignit comme il avait craint Moïse sa vie durant. Yahvé dit à Josué: "Donne aux prêtres qui portent l'arche du témoignage l'ordre de remonter du Jourdain." Et Josué ordonna aux prêtres: "Remontez du Jourdain!" Or, lorsque les prêtres portant l'arche de l'alliance de Yahvé remontèrent du milieu du Jourdain, et que la plante de leurs pieds eut touché la terre ferme, les eaux du Jourdain revinrent dans leur lit et se mirent comme avant à couler à pleins bords. Ce fut le dix du premier mois que le peuple remonta du Jourdain et campa à Gilgal, à la limite est de Jéricho. Quant à ces douze pierres qu'on avait prises dans le Jourdain, Josué les érigea à Gilgal. Il dit ensuite aux Israélites: "Quand vos fils demanderont, demain, à leurs pères: Que sont ces pierres? Vous expliquerez alors à vos fils: C'est à pied sec qu'Israël a traversé le Jourdain que voilà, parce que Yahvé votre Dieu assécha devant vous les eaux du Jourdain jusqu'à ce que vous eussiez traversé, comme Yahvé votre Dieu l'avait fait pour la mer des Roseaux qu'il assécha devant nous jusqu'à ce que nous l'eussions traversée, afin que tous les peuples de la terre sachent comme est puissante la main de Yahvé, et afin qu'ils craignent Yahvé votre Dieu, toujours." Lorsque tous les rois des Amorites qui habitaient au-delà du Jourdain, vers l'ouest, et tous les rois des Cananéens qui habitaient face à la mer apprirent que Yahvé avait asséché les eaux du Jourdain devant les Israélites, jusqu'à ce qu'ils soient passés, le coeur leur manqua et ils perdirent courage devant les Israélites. En ce temps-là, Yahvé dit à Josué: "Fais-toi des couteaux de silex, et circoncis de nouveau les Israélites (une seconde fois"). Josué se fit des couteaux de silex et circoncit les Israélites sur le Tertre des Prépuces. Voici la raison pour laquelle Josué fit cette circoncision: toute la population mâle, sortie d'Egypte en âge de porter les armes, était morte dans le désert, en chemin, après leur sortie d'Egypte. Or, tout ce peuple émigré avait été circoncis; mais tout le peuple né dans le désert, en chemin, après leur sortie d'Egypte, on ne l'avait pas circoncis; car pendant 40 ans les Israélites marchèrent dans le désert, jusqu'à ce que toute la nation eût péri, à savoir les hommes sortis d'Egypte en âge de porter les armes; ils n'avaient pas obéi à la voix de Yahvé, et Yahvé leur avait juré de ne pas leur laisser voir la terre qu'il avait juré à leurs pères de nous donner, terre qui ruisselle de lait et de miel. Quant à leurs fils, il les établit à leur place, et ce sont eux que Josué circoncit: ils étaient incirconcis, car on ne les avait pas circoncis en chemin. Lorsqu'on eut achevé de circoncire toute la nation, ils restèrent sur place dans le camp jusqu'à leur guérison. Alors Yahvé dit à Josué: "Aujourd'hui j'ai ôté de dessus vous le déshonneur de l'Egypte." Aussi a-t-on appelé ce lieu du nom de Gilgal jusqu'aujourd'hui. Les Israélites campèrent à Gilgal et y firent la Pâque, le quatorzième jour du mois, le soir, dans la plaine de Jéricho. Le lendemain de la Pâque, ils mangèrent du produit du pays: pains sans levain et épis grillés, en ce même jour. Il n'y eut plus de manne le lendemain, où ils mangeaient du produit du pays. Les Israélites n'ayant plus de manne se nourrirent dès cette année des produits de la terre de Canaan. Or Josué, se trouvant près de Jéricho, leva les yeux et vit un homme qui se tenait debout devant lui, une épée nue à la main. Josué s'avança vers lui et lui dit: "Es-tu des nôtres ou de nos ennemis?" Il répondit: "Non! Mais je suis le chef de l'armée de Yahvé, et maintenant je suis venu." Josué, tombant la face contre terre, l'adora et dit: "Que dit mon Seigneur à son serviteur?" Le chef de l'armée de Yahvé répondit à Josué: "Ote tes sandales de tes pieds, car le lieu sur lequel tu te trouves est saint." Et Josué fit ainsi. Or Jéricho s'était enfermée et barricadée (contre les Israélites): personne n'en sortait et personne n'y entrait. Yahvé dit alors à Josué: "Vois! Je livre entre tes mains Jéricho et son roi, gens d'élite. Vous tous les combattants, vous contournerez la ville (pour en faire une fois le tour, et pendant six jours tu feras de même. Sept prêtres porteront en avant de l'arche sept trompes en corne de bélier. Le septième jour, vous ferez sept fois le tour de la ville et les prêtres sonneront de la trompe). Lorsque la corne de bélier retentira (quand vous entendrez le son de la trompe), tout le peuple poussera un grand cri de guerre et le rempart de la ville s'écroulera sur place; alors le peuple montera à l'assaut, chacun droit devant soi." Josué, fils de Nûn, appela les prêtres et leur dit: "Prenez l'arche d'alliance, et que sept prêtres portent sept trompes en corne de bélier en avant de l'arche de Yahvé." Puis il dit au peuple: "Passez et faites le tour de la ville, et que l'avant-garde passe devant l'arche de Yahvé." (Il fut fait comme Josué l'avait dit au peuple). Sept prêtres portant les sept trompes en corne de bélier devant Yahvé passèrent et sonnèrent de la trompe; l'arche de l'alliance de Yahvé venait après eux, l'avant-garde précédait les prêtres qui sonnaient de la trompe et l'arrière-garde venait après l'arche: on allait et l'on sonnait de la trompe. Au peuple, Josué avait donné l'ordre suivant: "Ne criez pas et ne faites pas entendre votre voix (qu'il ne sorte pas un mot de votre bouche), jusqu'au jour où je vous dirai: Poussez le cri de guerre! Alors vous pousserez le cri de guerre." Il fit faire à l'arche de Yahvé le tour de la ville (en la contournant une fois), puis on rentra au camp où l'on passa la nuit. Josué se leva de bon matin et les prêtres prirent l'arche de Yahvé. Munis des sept trompes en corne de bélier, les sept prêtres marchant devant l'arche de Yahvé sonnaient de leur trompe pendant la marche, tandis que l'avant-garde allait devant eux, l'arrière-garde à la suite de l'arche de Yahvé, et que l'on défilait au son de la trompe. On fit le tour de la ville (le second jour) une fois, et l'on rentra au camp; c'est ainsi que l'on fit pendant six jours. Le septième jour, s'étant levés dès l'aurore, ils firent le tour de la ville (selon le même rite) sept fois. (C'est seulement ce jour-là qu'on fit sept fois le tour de la ville.) La septième fois, les prêtres sonnèrent de la trompe et Josué dit au peuple: "Poussez le cri de guerre, car Yahvé vous a livré la ville!" "La ville sera dévouée par anathème à Yahvé, avec tout ce qui s'y trouve. Seule Rahab, la prostituée, aura la vie sauve ainsi que tous ceux qui sont avec elle dans sa maison, parce qu'elle a caché les émissaires que nous avions envoyés. Mais vous, prenez bien garde à l'anathème, de peur que, poussés par la convoitise, vous ne preniez quelque chose de ce qui est anathème, car ce serait rendre anathème le camp d'Israël et lui porter malheur. Tout l'argent et tout l'or, tous les objets de bronze et de fer seront consacrés à Yahvé, ils entreront dans son trésor." Le peuple poussa le cri de guerre et l'on sonna de la trompe. Quand il entendit le son de la trompe, le peuple poussa un grand cri de guerre, et le rempart s'écroula sur place. Aussitôt le peuple monta vers la ville, chacun devant soi, et ils s'emparèrent de la ville. Ils dévouèrent à l'anathème tout ce qui se trouvait dans la ville, hommes et femmes, jeunes et vieux, jusqu'aux taureaux, aux moutons et aux ânes, les passant au fil de l'épée. Josué dit aux deux hommes qui avaient espionné le pays: "Entrez dans la maison de la prostituée et faites-en sortir cette femme avec tous ceux qui lui appartiennent, ainsi que vous le lui avez juré." Ces jeunes gens, les espions, s'y rendirent et en firent sortir Rahab, son père, sa mère, ses frères et tous ceux qui lui appartenaient. Ils en firent sortir aussi tout son clan et les mirent en lieu sûr, en dehors du camp d'Israël. On brûla la ville et tout ce qu'elle contenait, sauf l'argent, l'or et les objets de bronze et de fer qu'on livra au trésor de la Maison de Yahvé. Mais Rahab, la prostituée, ainsi que la maison de son père et tous ceux qui lui appartenaient, Josué leur laissa la vie sauve. Elle est demeurée au milieu d'Israël jusqu'aujourd'hui, pour avoir caché les émissaires que Josué avait envoyés espionner Jéricho. En ce temps-là, Josué fit prononcer ce serment: "Maudit soit, devant Yahvé, l'homme qui se lèvera pour rebâtir cette ville (Jéricho)! Il la fondera sur son aîné, et en posera les portes sur son cadet!" Et Yahvé fut avec Josué, dont la renommée se répandit dans tout le pays. Mais les Israélites se rendirent coupables d'une violation de l'anathème: Akân, fils de Karmi, fils de Zabdi, fils de Zérah, de la tribu de Juda, prit de ce qui tombait sous l'anathème, et la colère de Yahvé s'enflamma contre les Israélites. Or Josué envoya des hommes de Jéricho vers Aï (qui est près de Bet-Avèn), à l'orient de Béthel, et il leur dit: "Montez espionner le pays." Ils montèrent espionner Aï. De retour auprès de Josué, il lui dirent: "Que tout le peuple n'y monte pas, mais que 2.000 ou 3.000 hommes environ montent attaquer Aï. N'y fatigue pas tout le peuple car ces gens-là ne sont pas nombreux." Il n'y monta du peuple qu'environ 3.000 hommes, mais ils lâchèrent pied devant les habitants de Aï. Les habitants de Aï leur tuèrent à peu près 36 hommes, puis les poursuivirent en avant de la porte, jusqu'à Shebarim, et à la descente, ils les écrasèrent. Alors le peuple perdit coeur et son courage fondit. Alors Josué déchira ses vêtements, se prosterna face contre terre devant l'arche de Yahvé jusqu'au soir, ainsi que les anciens d'Israël, et tous répandirent de la poussière sur leur tête. Josué dit: "Hélas, Seigneur Yahvé, pourquoi as-tu tenu à faire passer le Jourdain à ce peuple si c'est pour nous livrer à la main de l'Amorite et nous faire périr? Ah! si nous avions pu nous établir au-delà du Jourdain! Excuse-moi, Seigneur! Que dirai-je maintenant qu'Israël a tourné le dos devant ses ennemis? Les Cananéens vont l'apprendre, ainsi que tous les habitants du pays, ils se coaliseront contre nous pour retrancher notre nom de la terre. Que feras-tu alors pour ton grand nom?" Yahvé dit à Josué: "Relève-toi! Pourquoi rester ainsi prosterné? Israël a péché, il a violé l'alliance que je lui avais imposée: Oui! on a pris de ce qui était anathème, et même on l'a dérobé, et même on l'a dissimulé, et même on l'a mis dans ses bagages. Eh bien, les Israélites ne pourront pas tenir devant leurs ennemis, ils tourneront le dos devant leurs ennemis parce qu'ils sont devenus anathèmes. Si vous ne faites pas disparaître du milieu de vous l'objet de l'anathème, je ne serai plus avec vous. Lève-toi, sanctifie le peuple et tu diras: Sanctifiez-vous pour demain, car ainsi parle Yahvé, le Dieu d'Israël: L'anathème est au milieu de toi, Israël; tu ne pourras pas tenir devant tes ennemis jusqu'à ce que vous ayez écarté l'anathème du milieu de vous. Vous vous présenterez donc demain matin, par tribus, et la tribu que Yahvé aura désignée par le sort se présentera par clans, et le clan que Yahvé aura désigné par le sort se présentera par familles, et la famille que Yahvé aura désignée par le sort se présentera homme par homme. Enfin celui qui sera désigné par le sort en ce qui concerne l'anathème sera livré au feu, lui et tout ce qui lui appartient, pour avoir transgressé l'alliance avec Yahvé et avoir commis une infamie en Israël." Josué se leva de bon matin; il fit avancer Israël par tribus, et c'est la tribu de Juda qui fut désignée par le sort. Il fit approcher les clans de Juda, et le clan de Zérah fut désigné par le sort. Il fit approcher le clan de Zérah par familles, et Zabdi fut désigné par le sort. Josué fit avancer la famille de Zabdi homme par homme, et ce fut Akân, fils de Karmi, fils de Zabdi, fils de Zérah, de la tribu de Juda, qui fut désigné par le sort. Josué dit alors à Akân: "Mon fils, rends gloire à Yahvé, Dieu d'Israël, et fais-lui hommage; déclare-moi ce que tu as fait et ne me cache rien." Akân répondit à Josué: "En vérité, c'est moi qui ai péché contre Yahvé, Dieu d'Israël, et voici ce que j'ai fait. J'ai vu dans le butin un beau manteau de Shinéar et 200 sicles d'argent ainsi qu'un lingot d'or pesant 50 sicles, je les ai convoités et je les ai pris. Ils sont cachés dans la terre au milieu de ma tente, l'argent par-dessous." Josué envoya des messagers qui coururent vers la tente, et en effet le manteau était caché dans la tente et l'argent par-dessous. Ils prirent le tout du milieu de la tente, l'apportèrent à Josué et à tous les Israélites et le déposèrent devant Yahvé. Alors Josué prit Akân, fils de Zérah, et le fit monter à la vallée d'Akor avec l'argent, le manteau et le lingot d'or, avec ses fils, ses filles, son taureau, son âne, son petit bétail, sa tente et tout ce qui lui appartenait. Tout Israël l'accompagnait. Josué dit: "Pourquoi nous as-tu porté malheur? Que Yahvé, en ce jour, t'apporte le malheur!" et tout Israël le lapida (et on les livra au feu et on leur jeta des pierres). Ils élevèrent sur lui un grand monceau de pierres qui existe encore aujourd'hui. Yahvé revint alors de son ardente colère. C'est pour cela qu'on a donné à ce lieu le nom de vallée d'Akor, jusqu'aujourd'hui. Yahvé dit alors à Josué: "Sois sans crainte ni frayeur! Prends avec toi tous les gens de guerre. Debout! monte contre Aï. Vois: je livre entre tes mains le roi de Aï, son peuple, sa ville et sa terre. Tu traiteras Aï et son roi comme tu as traité Jéricho et son roi. Vous ne prendrez comme butin que les dépouilles et le bétail. Aie soin d'établir une embuscade contre la ville, par-derrière." Josué se leva, avec tous les gens de guerre, pour monter contre Aï. Josué choisit 30.000 hommes d'élite et les fit partir de nuit en leur donnant cet ordre: "Attention! vous dresserez une embuscade contre la ville, par-derrière, sans vous éloigner beaucoup de la ville, et soyez tous sur le qui-vive. Moi et tous les gens qui m'accompagnent, nous nous approcherons de la ville, et lorsque les gens de Aï sortiront à notre rencontre comme la première fois, nous prendrons la fuite devant eux. Ils nous suivront alors et nous les attirerons loin de la ville, car ils se diront: Ils fuient devant nous comme la première fois. Alors vous surgirez de l'embuscade pour prendre possession de la ville: Yahvé votre Dieu la livrera entre vos mains. Une fois la ville prise, vous la livrerez au feu, agissant selon la parole de Yahvé. Voyez, je vous ai donné un ordre." Josué les ayant renvoyés, ils allèrent au lieu de l'embuscade et se postèrent entre Béthel et Aï, à l'ouest de Aï. Josué passa la nuit au milieu du peuple, puis le lendemain, s'étant levé de bon matin, il passa le peuple en revue et, avec les anciens d'Israël, monta vers Aï en tête du peuple. Tous les gens de guerre qui étaient avec lui montèrent, s'approchèrent jusqu'en face de la ville et campèrent au nord de Aï, la vallée se trouvant entre eux et la ville. Josué prit environ 5.000 hommes et les mit en embuscade entre Béthel et Aï, à l'ouest de la ville. Le peuple dressa l'ensemble du camp qui était au nord de la ville, et son embuscade à l'ouest de la ville. Josué alla cette nuit-là au milieu de la plaine. Dès que le roi de Aï eut vu cela, les gens de la ville se hâtèrent de se lever et de sortir pour que lui et tout son peuple aillent à la rencontre d'Israël pour le combattre, sur la descente qui est face à la Araba; mais il ne savait pas qu'il y avait une embuscade dressée contre lui derrière la ville. Josué et tout Israël se firent battre par eux et prirent la fuite sur le chemin du désert. Tout le peuple qui se trouvait dans la ville se mit à leur poursuite à grands cris. En poursuivant Josué, ils s'écartèrent de la ville. Il ne resta pas un homme dans Aï (ni dans Béthel) qui ne poursuivît Israël: ils laissèrent la ville ouverte et poursuivirent Israël. Yahvé dit alors à Josué: "Tends vers Aï le sabre que tu as en main, car c'est en ta main que je vais la livrer." Alors Josué tendit vers la ville le sabre qu'il avait en main. Et dès qu'il eut étendu la main, ceux de l'embuscade, surgissant en hâte de leur poste, prirent leur course, pénétrèrent dans la ville, s'en emparèrent et se hâtèrent de la livrer au feu. Les gens de Aï se retournèrent et virent: voici que la fumée de la ville montait vers le ciel. Aucun d'entre eux ne se sentit le courage de fuir ici ou là, tandis que le peuple en fuite vers le désert se retournait contre ceux qui le poursuivaient. Voyant que ceux de l'embuscade avaient pris la ville et que la fumée montait de la ville, Josué et tout Israël firent volte-face et attaquèrent les gens de Aï. Les autres sortirent de la ville à leur rencontre, de sorte que les gens de Aï se trouvèrent au milieu des Israélites, ayant les uns d'un côté et les autres de l'autre. Ceux-ci les battirent jusqu'à ce qu'il ne leur restât plus un survivant ni un rescapé. Mais on prit vivant le roi de Aï et on l'amena à Josué. Quand Israël eut fini de tuer tous les habitants de Aï, dans la campagne et dans le désert où ils les avaient poursuivis, et que tous jusqu'au dernier furent tombés au fil de l'épée, tout Israël revint à Aï et en passa la population au fil de l'épée. Le total de tous ceux qui tombèrent ce jour-là, tant hommes que femmes, fut de 12.000, tous gens de Aï. Josué ne ramena pas la main qu'il avait étendue avec le sabre, jusqu'à ce qu'il eût dévoué à l'anathème tous les habitants de Aï. Israël ne prit pour butin que le bétail et les dépouilles de cette ville, selon l'ordre que Yahvé avait donné à Josué. Josué incendia Aï et il en fit pour toujours une ruine, un lieu désolé jusqu'aujourd'hui. Quant au roi de Aï, il le pendit à un arbre jusqu'au soir; mais au coucher du soleil, Josué ordonna qu'on descendît de l'arbre son cadavre. On le jeta ensuite à l'entrée de la porte de la ville, et on amoncela sur lui un grand tas de pierres, qui existe jusqu'aujourd'hui. Alors Josué édifia un autel à Yahvé, Dieu d'Israël, sur le mont Ebal, comme Moïse, serviteur de Yahvé, l'avait ordonné aux Israélites, selon qu'il est écrit dans la Loi de Moïse: un autel de pierres brutes que le fer n'aura pas travaillées. Ils y offrirent des holocaustes à Yahvé et immolèrent des sacrifices de communion. Là, Josué écrivit sur les pierres une copie de la Loi de Moïse, que celui-ci avait écrite devant les Israélites. Tout Israël, avec ses anciens, ses scribes et ses juges, se tenait de part et d'autre de l'arche, en face des prêtres lévites qui portaient l'arche d'alliance de Yahvé, les étrangers comme les citoyens, moitié sur le front du mont Garizim et moitié sur le front du mont Ebal, comme Moïse, serviteur de Yahvé, l'avait ordonné pour donner en premier lieu la bénédiction au peuple d'Israël. Puis Josué lut toutes les paroles de la Loi -- la bénédiction et la malédiction -- suivant tout ce qui est écrit dans le livre de la Loi. Il n'y eut pas un mot de tout ce que Moïse avait ordonné qui ne fût lu par Josué en présence de toute l'assemblée d'Israël, y compris les femmes, les enfants et les étrangers qui marchaient au milieu d'eux. Quand ils apprirent cela, tous les rois qui étaient de ce côté du Jourdain, dans la Montagne, dans le Bas-Pays et sur toute la côte de la Grande mer vers le Liban, Hittites, Amorites, Cananéens, Perizzites, Hivvites et Jébuséens, se coalisèrent pour combattre d'un commun accord Josué et Israël. Les habitants de Gabaôn apprirent la manière dont Josué avait traité Jéricho et Aï, et eurent, eux aussi, recours à la ruse. Ils allèrent se munir de provisions, et chargèrent leurs ânes de vieux sacs et de vieilles outres à vin crevées et recousues. Ils avaient à leurs pieds de vieilles sandales rapiécées, et sur eux de vieux habits. Tout le pain qu'ils emportaient pour leur nourriture était durci et réduit en miettes. Ils arrivèrent au camp de Gilgal, auprès de Josué, et lui dirent ainsi qu'aux hommes d'Israël: "Nous venons d'un pays lointain, faites donc alliance avec nous." Les hommes d'Israël répondirent à ces Hivvites: "Qui sait si vous n'habitez pas au milieu de nous? Alors comment pourrions-nous faire alliance avec vous?" Ils répondirent à Josué: "Nous sommes tes serviteurs" -- "Mais qui êtes-vous, leur demanda Josué, et d'où venez-vous?" Ils répondirent: "C'est d'un pays très éloigné que viennent tes serviteurs, à cause du renom de Yahvé ton Dieu, car nous avons entendu parler de lui, de tout ce qu'il a fait en Egypte et de tout ce qu'il a fait aux deux rois des Amorites qui vivaient au-delà du Jourdain, Sihôn, roi de Heshbôn, et Og, roi du Bashân, qui vivait à Ashtarot. Alors nos anciens et tous les habitants de notre pays nous ont dit: Prenez avec vous des provisions pour le voyage, allez au-devant d'eux et dites-leur: Nous sommes vos serviteurs, faites donc alliance avec nous! Voici notre pain: il était tout chaud quand nous en avons fait provision dans nos maisons, le jour où nous sommes partis pour aller chez vous, et maintenant le voilà durci et réduit en miettes. Ces outres à vin que nous avions remplies toutes neuves, les voilà crevées. Nos sandales et nos vêtements, les voilà usés par une très longue marche." Les notables acceptèrent de leurs provisions et ne consultèrent pas l'oracle de Yahvé. Josué leur accorda la paix et fit alliance avec eux pour qu'ils aient la vie sauve, et les notables de la communauté leur en firent serment. Or il arriva que, trois jours après qu'ils aient fait alliance, on apprit qu'ils étaient un peuple voisin, vivant au milieu d'Israël. Les Israélites partirent du camp et arrivèrent dans leurs villes, le troisième jour. Leurs villes étaient Gabaôn, Kephira, Béérot et Qiryat-Yéarim. Les Israélites ne les attaquèrent pas, puisque les notables de la communauté leur avaient fait serment par Yahvé, Dieu d'Israël, mais toute la communauté murmura contre les notables. Alors tous les notables dirent à toute l'assemblée: "Nous leur avons fait serment par Yahvé, Dieu d'Israël, nous ne pouvons donc plus les toucher. Voici ce que nous leur ferons: Laisse-leur la vie sauve, pour ne pas attirer sur nous la Colère à cause du serment que nous leur avons fait." Et les notables leur dirent: "Qu'ils vivent, mais qu'ils soient fendeurs de bois et porteurs d'eau au service de toute la communauté." Ainsi leur parlèrent les notables. Josué convoqua les Gabaonites et leur dit: "Pourquoi nous avez-vous trompés en disant: Nous sommes très éloignés de vous, quand vous habitez au milieu de nous? Désormais vous êtes maudits et vous ne cesserez jamais d'être en servitude, comme fendeurs de bois et porteurs d'eau dans la Maison de mon Dieu." Ils répondirent à Josué: "C'est que l'on avait bien dit à tes serviteurs l'ordre donné par Yahvé ton Dieu à Moïse, son serviteur, de vous livrer tout ce pays et d'exterminer devant vous tous ses habitants. Aussi avons-nous été saisis à votre approche d'une grande crainte pour nos vies. Voilà pourquoi nous avons agi ainsi. Et maintenant, nous voici entre tes mains, ce qu'il te semble bon et juste de nous faire, fais-le." Il fit ainsi à leur égard; il les délivra de la main des Israélites qui ne les tuèrent pas. En ce jour-là, Josué les mit comme fendeurs de bois et porteurs d'eau au service de la communauté et de l'autel de Yahvé, jusqu'aujourd'hui, au lieu qu'il choisirait. Or, il advint qu'Adoni-Cédeq, roi de Jérusalem, apprit que Josué s'était emparé de Aï et l'avait vouée à l'anathème, traitant Aï et son roi comme il avait traité Jéricho et son roi, et que les habitants de Gabaôn avaient fait la paix avec Israël et demeuraient au milieu de lui. On en fut terrifié, car Gabaôn était une ville aussi grande que l'une des villes royales (elle était plus grande que Aï), et tous ses citoyens étaient des guerriers. Alors Adoni-Cédeq, roi de Jérusalem, envoya dire à Hoham, roi d'Hébron, à Piréam, roi de Yarmut, à Yaphia, roi de Lakish, et à Debir, roi d'Eglôn: "Montez donc vers moi pour m'aider à battre Gabaôn, parce qu'elle a fait la paix avec Josué et les Israélites." Ayant opéré leur jonction, les cinq rois montèrent, à savoir le roi de Jérusalem, le roi d'Hébron, le roi de Yarmut, le roi de Lakish et le roi d'Eglôn, eux et toutes leurs troupes; ils assiégèrent Gabaôn et l'attaquèrent. Les gens de Gabaôn envoyèrent dire à Josué, au camp de Gilgal: "Ne délaisse pas tes serviteurs, hâte-toi de monter jusqu'à nous pour nous sauver et nous secourir, car tous les rois amorites qui habitent la montagne se sont coalisés contre nous." Josué monta de Gilgal, lui, tous les gens de guerre et toute l'élite de l'armée. Yahvé dit à Josué: "Ne les crains pas, je les ai livrés entre tes mains, nul d'entre eux ne te résistera." Josué arriva sur eux à l'improviste, après avoir marché toute la nuit depuis Gilgal. Yahvé les mit en déroute, en présence d'Israël, et leur infligea à Gabaôn une rude défaite; il les poursuivit même sur le chemin de la pente de Bet-Horôn et les battit jusqu'à Azéqa (et jusqu'à Maqqéda). Or, tandis qu'ils fuyaient devant Israël à la descente de Bet-Horôn, Yahvé lança du ciel sur eux, jusqu'à Azéqa, d'énormes grêlons, et ils moururent. Il en mourut plus sous les grêlons que sous le tranchant de l'épée des Israélites. C'est alors que Josué s'adressa à Yahvé, en ce jour où Yahvé livra les Amorites aux Israélites. Josué dit en présence d'Israël: "Soleil, arrête-toi sur Gabaôn, et toi, lune, sur la vallée d'Ayyalôn!" Et le soleil s'arrêta, et la lune se tint immobile jusqu'à ce que le peuple se fût vengé de ses ennemis. Cela n'est-il pas écrit dans le livre du Juste? Le soleil se tint immobile au milieu du ciel et près d'un jour entier retarda son coucher. Il n'y a pas eu de journée pareille, ni avant ni depuis, où Yahvé ait obéi à la voix d'un homme. C'est que Yahvé combattait pour Israël. Josué, et avec lui tout Israël, regagna le camp de Gilgal. Quant à ces cinq rois, ils s'étaient enfuis et s'étaient cachés dans la caverne de Maqqéda. On vint en informer Josué: "Les cinq rois, lui dit-on, viennent d'être découverts cachés dans la caverne de Maqqéda." Josué dit: "Roulez de grosses pierres à l'entrée de la caverne et postez contre elle des hommes pour y veiller. Et vous, ne restez pas immobiles, poursuivez vos ennemis, coupez-leur la retraite et ne les laissez pas entrer dans leurs villes, car Yahvé votre Dieu les a livrés entre vos mains." Quand Josué et les Israélites eurent achevé de leur infliger une très grande défaite jusqu'à les exterminer, tous ceux qui avaient réchappé vivants entrèrent dans les places fortes. Tout le peuple revint au camp sain et sauf, auprès de Josué à Maqqéda, et personne n'osa rien faire contre les Israélites. Josué dit alors: "Dégagez l'entrée de la caverne et faites-en sortir ces cinq rois pour me les amener." On fit ainsi et l'on fit sortir les cinq rois de la caverne pour les lui amener: le roi de Jérusalem, le roi d'Hébron, le roi de Yarmut, le roi de Lakish et le roi d'Eglôn. Lorsqu'on eut fait sortir ces rois, Josué appela tous les hommes d'Israël et dit aux officiers des gens de guerre qui l'avaient accompagné: "Approchez et mettez le pied sur la nuque de ces rois." Ils s'avancèrent et leur mirent le pied sur la nuque. "Soyez sans crainte et sans frayeur, leur dit Josué, mais soyez forts et tenez bon, car c'est ainsi que Yahvé traitera tous les ennemis que vous aurez à combattre." Après quoi, Josué les frappa à mort et les fit pendre à cinq arbres auxquels ils restèrent suspendus jusqu'au soir. A l'heure du coucher du soleil, sur un ordre de Josué, on les dépendit des arbres et on les jeta dans la caverne où ils s'étaient cachés. De grandes pierres furent dressées contre l'entrée de la caverne, elles y sont restées jusqu'à ce jour même. Le même jour, Josué se rendit maître de Maqqéda et la fit passer, ainsi que son roi, au fil de l'épée: il les voua à l'anathème avec tout ce qui se trouvait là de vivant, sans laisser échapper personne, et traita le roi de Maqqéda comme il avait traité le roi de Jéricho. Josué, avec tout Israël, passa de Maqqéda à Libna, qu'il attaqua. Yahvé la livra aussi, avec son roi, entre les mains d'Israël qui la fit passer au fil de l'épée avec tout ce qui se trouvait de vivant; il n'y laissa pas un survivant. Il traita son roi comme il avait traité le roi de Jéricho. Josué, avec tout Israël, passa de Libna à Lakish, qu'il assiégea et attaqua. Yahvé livra Lakish entre les mains d'Israël qui s'en empara le second jour et la fit passer au fil de l'épée avec tout ce qui s'y trouvait de vivant, tout comme il avait agi pour Libna. C'est alors que le roi de Gézer, Horam, monta pour secourir Lakish, mais Josué le battit, ainsi que son peuple, jusqu'à ce qu'il ne lui laissât pas un survivant. Josué, avec tout Israël, passa de Lakish à Eglôn. Ils l'assiégèrent et l'attaquèrent. Ils s'en emparèrent le jour même et la firent passer au fil de l'épée. Il voua à l'anathème, en ce jour-là, tout ce qui s'y trouvait de vivant, tout comme il avait agi pour Lakish. Josué, avec tout Israël, monta d'Eglôn à Hébron, et ils l'attaquèrent. Ils s'en emparèrent et la firent passer au fil de l'épée, ainsi que son roi, toutes les localités qui en dépendaient et tout ce qui s'y trouvait de vivant. Il ne laissa pas un survivant, tout comme il avait agi pour Eglôn. Il la voua à l'anathème, ainsi que tout ce qui s'y trouvait de vivant. Alors Josué, avec tout Israël, retourna vers Debir et l'attaqua. Il s'en empara avec son roi et avec toutes les localités qui en dépendaient; ils les firent passer au fil de l'épée et vouèrent à l'anathème tout ce qui s'y trouvait de vivant; il ne laissa pas un survivant. Comme il avait traité Hébron, Josué traita Debir et son roi, tout comme il avait traité Libna et son roi. Ainsi Josué soumit tout ce pays, à savoir: la Montagne, le Négeb, le Bas-Pays et les pentes arrosées, avec tous leurs rois. Il ne laissa pas un survivant et voua tout être vivant à l'anathème, comme Yahvé, le Dieu d'Israël, l'avait ordonné; Josué les battit depuis Cadès-Barné jusqu'à Gaza, et toute la région de Goshèn jusqu'à Gabaôn. Tous ces rois avec leur territoire, Josué s'en empara en une seule fois, parce que Yahvé, le Dieu d'Israël, combattait pour Israël. Puis Josué, avec tout Israël, revint au camp de Gilgal. Lorsque Yabîn, roi de Haçor, eut appris cela, il fit informer Yobab, roi de Mérom, le roi de Shimrôn, le roi d'Akshaph et les rois habitant la Montagne au nord, la plaine au sud de Kinnerot, le Bas-Pays, et les coteaux de Dor à l'ouest. Les Cananéens se trouvaient à l'orient et à l'occident, les Amorites, les Hittites, les Perizzites, et les Jébuséens dans la montagne, les Hivvites au pied de l'Hermon, au pays de Miçpa. Ils partirent ayant avec eux toutes leurs troupes, un peuple nombreux comme le sable au bord de la mer, avec une énorme quantité de chevaux et de chars. Tous ces rois, s'étant donné rendez-vous, arrivèrent et campèrent ensemble aux eaux de Mérom pour combattre Israël. Yahvé dit alors à Josué: "Sois sans crainte devant eux car demain, à la même heure, je les livrerai tous, percés de coups, à Israël; tu couperas les jarrets de leurs chevaux et tu brûleras leurs chars." Josué, avec tous ses gens de guerre, les atteignit à l'improviste près des eaux de Mérom et tomba sur eux. Yahvé les livra aux mains d'Israël qui les battit et les poursuivit jusqu'à Sidon-la-Grande-et jusqu'à Misrephot à l'occident et jusqu'à la vallée de Miçpa au levant. Il les battit jusqu'à ne pas leur laisser un survivant. Josué les traita comme Yahvé lui avait dit: il coupa les jarrets de leurs chevaux et livra leurs chars au feu. En ce temps-là, Josué revint et s'empara de Haçor dont il tua le roi d'un coup d'épée. Haçor était jadis la capitale de tous ces royaumes. On passa aussi au fil de l'épée tout ce qui s'y trouvait de vivant, en vertu de l'anathème. On n'y laissa pas âme qui vive et Haçor fut livrée au feu. Toutes les villes de ces rois, ainsi que tous leurs rois, Josué s'en empara et les passa au fil de l'épée en vertu de l'anathème, comme l'avait ordonné Moïse, serviteur de Yahvé. Pourtant toutes les villes qui se dressaient sur leurs collines de ruines, Israël ne les incendia pas, sauf Haçor que Josué incendia. Et toutes les dépouilles de ces villes, y compris le bétail, les Israélites les prirent comme butin. Mais tous les êtres humains, il les passèrent au fil de l'épée, jusqu'à les exterminer. Ils n'y laissèrent pas âme qui vive. Ce que Yahvé avait ordonné à son serviteur Moïse, Moïse l'avait ordonné à Josué, et Josué l'exécuta sans omettre un seul mot de ce que Yahvé avait ordonné à Moïse. C'est ainsi que Josué s'empara de tout ce pays: la Montagne, tout le Négeb et tout le pays de Goshèn, le Bas-Pays, la Araba, la montagne d'Israël et son Bas-Pays. Depuis le mont Pelé, qui s'élève vers Séïr, jusqu'à Baal-Gad, dans la vallée du Liban, au pied du mont Hermon, il s'empara de tous leurs rois qu'il fit frapper à mort. Pendant de longs jours, Josué avait fait la guerre à tous ces rois; nulle cité n'avait fait la paix avec les Israélites, sauf les Hivvites qui habitaient Gabaôn: c'est en combattant qu'ils s'emparèrent de toutes les autres. Car Yahvé avait décidé d'endurcir le coeur de ces gens pour combattre Israël, afin qu'ils soient anathèmes et qu'il n'y ait pas pour eux de rémission, mais qu'ils soient extirpés, comme Yahvé l'avait ordonné à Moïse. En ce temps-là, Josué vint exterminer les Anaqim de la Montagne, d'Hébron, de Debir, de Anab, de toute la montagne de Juda et de toute la montagne d'Israël: il les voua à l'anathème avec leurs villes. Il ne resta plus d'Anaqim dans le pays des Israélites, sauf à Gaza, à Gat et à Ashdod. Josué s'empara de tout le pays, exactement comme Yahvé l'avait dit à Moïse, et il le donna en héritage à Israël, selon sa répartition en tribus. Et le pays se reposa de la guerre. Voici les rois du pays que les Israélites battirent et dont ils prirent le territoire, au-delà du Jourdain à l'orient, depuis le torrent de l'Arnon jusqu'à la montagne de l'Hermon, avec toute la Araba à l'orient: Sihôn, roi des Amorites, qui habitait Heshbôn, avait pour domaine depuis Aroër qui est sur le bord de la vallée de l'Arnon y compris le fond de la vallée, la moitié de Galaad et jusqu'au Yabboq, le torrent qui est la frontière des Ammonites; la Araba jusqu'à la mer de Kinnerot à l'orient, et jusqu'à la mer de la Araba, ou mer Salée, à l'orient, en direction de Bet-ha-Yeshimot, et, au sud, la base des pentes arrosées du Pisga. Og, roi du Bashân, un des derniers Rephaïm, qui habitait à Ashtarot et à Edréï, avait pour domaine le mont Hermon et Salka, tout le Bashân jusqu'à la frontière des Geshurites et des Maakatites, et la moitié de Galaad jusqu'aux frontières de Sihôn, roi de Heshbôn. Moïse, serviteur de Yahvé, et les Israélites les avaient vaincus, et Moïse, serviteur de Yahvé, en avait donné la possession aux Rubénites, aux Gadites et à la demi-tribu de Manassé. Voici les rois du pays que Josué et les Israélites battirent en deçà du Jourdain à l'occident, depuis Baal-Gad, dans la vallée du Liban, jusqu'au mont Pelé qui s'élève vers Séïr, et dont Josué distribua l'héritage aux tribus d'Israël suivant leur répartition: dans la montagne et le Bas-Pays, dans la Araba et sur les pentes arrosées, au Désert et au Négeb, chez les Hittites, les Amorites, les Cananéens, les Perizzites, les Hivvites et les Jébuséens: Le roi de Jéricho, un; le roi de Aï, près de Béthel, un; le roi de Jérusalem, un; le roi d'Hébron, un; le roi de Yarmut, un; le roi de Lakish, un; le roi d'Eglôn, un; le roi de Gézer, un; le roi de Debir, un; le roi de Gédèr, un; le roi de Horma, un; le roi d'Arad, un; Le roi de Libna, un; le roi d'Adullam, un; le roi de Maqqéda, un; le roi de Béthel, un; le roi de Tappuah, un; le roi de Hépher, un; le roi d'Aphèq, un; le roi en Sarôn, un; le roi de Mérom, un; le roi de Haçor, un; le roi de Shimrôn Merôn, un; le roi d'Akshaph, un; le roi de Tanak, un; le roi de Megiddo, un; le roi de Qédesh, un; le roi de Yoqnéam au Carmel, un; Le roi de Dor, aux coteaux de Dor, un; le roi des nations en Galilée, un; le roi de Tirça, un; nombre de tous ces rois: 31. Or Josué était devenu vieux et avancé en âge. Yahvé lui dit: "Te voilà vieux, avancé en âge, et pourtant il reste à prendre possession d'un très grand pays. Voici tout le pays qui reste: "Tous les districts des Philistins et tout le pays des Geshurites; depuis le Shihor qui fait face à l'Egypte jusqu'à la frontière d'Eqrôn au nord, c'est compté comme cananéen. Les cinq princes des Philistins sont celui de Gaza, celui d'Ashdod, celui d'Ashqelôn, celui de Gat et celui d'Eqrôn; les Avvites sont au midi. Tout le pays des Cananéens, et Mearah qui est aux Sidoniens, jusqu'à Aphéqa et jusqu'à la frontière des Amorites; puis le pays du Giblite avec tout le Liban à l'orient, depuis Baal-Gad au pied du mont Hermon jusqu'à l'Entrée de Hamat. "Tous les habitants de la montagne depuis le Liban jusqu'à Misrephot à l'occident, tous les Sidoniens, c'est moi qui les déposséderai devant les Israélites. Tu n'as qu'à distribuer le pays en héritage aux Israélites comme je te l'ai ordonné. Le moment est venu de partager ce pays en héritage entre les neuf tribus et la demi-tribu de Manassé: depuis le Jourdain jusqu'à la Grande mer à l'occident, tu le leur donneras; la Grande mer sera leur limite. Quant à l'autre demi-tribu de Manassé, elle avait, avec les Rubénites et les Gadites, déjà reçu son héritage, celui que Moïse leur avait donné au-delà du Jourdain, à l'orient, comme Moïse, serviteur de Yahvé, le leur avait alors donné: à partir d'Aroër qui est sur le bord de la vallée de l'Arnon, avec la ville qui est au fond de la vallée et tout le plateau depuis Médba jusqu'à Dibôn; toutes les villes de Sihôn, roi des Amorites, qui avait régné à Heshbôn, jusqu'à la frontière des Ammonites. Puis le Galaad et le territoire des Geshurites et des Maakatites, avec tout le massif de l'Hermon et le Bashân en entier, jusqu'à Salka; et dans le Bashân, tout le royaume de Og qui avait régné à Ashtarot et à Edréï, et fut le dernier survivant des Rephaïm. Moïse avait vaincu et dépossédé ces deux rois. Mais les Israélites ne dépossédèrent pas les Geshurites ni les Maakatites, aussi Geshur et Maaka sont-ils encore aujourd'hui au milieu d'Israël. La tribu de Lévi fut la seule à laquelle on ne donna pas d'héritage: Yahvé, Dieu d'Israël, fut son héritage, comme il le lui avait dit. Moïse avait donné à la tribu des fils de Ruben une part selon leurs clans. Ils eurent donc pour territoire depuis Aroër qui est sur le bord de la vallée, avec la ville qui est au fond de la vallée, tout le plateau jusqu'à Médba, Heshbôn avec toutes les villes qui sont sur le plateau: Dibôn, Bamot-Baal, Bet-Baal-Meôn, Yahaç, Qedémot, Méphaat, Qiryatayim, Sibma et, dans la montagne de la Araba, Cérèt-ha-Shahar; Bet-Péor, les pentes arrosées du Pisga, Bet-ha-Yeshimot, toutes les villes du plateau et tout le royaume de Sihôn, roi des Amorites, qui régna à Heshbôn; il avait été battu par Moïse ainsi que les princes de Madiân, Evi, Réqem, Cur, Hur, Réba, vassaux de Sihôn qui habitaient le pays. Quant à Balaam, fils de Béor, le devin, les Israélites l'avaient passé au fil de l'épée, avec ceux qu'ils avaient tués. Ainsi la frontière des Rubénites était le Jourdain et son territoire. Tel fut l'héritage des fils de Ruben selon leurs clans, avec les villes et leurs villages. Moïse avait donné à la tribu de Gad, aux fils de Gad, une part selon leurs clans. Ils eurent pour territoire Yazèr, toutes les villes de Galaad, la moitié du pays des Ammonites jusqu'à Aroër qui est en face de Rabba, et depuis Heshbôn jusqu'à Ramat-ha-Miçpé et Betonim; à partir de Mahanayim jusqu'au territoire de Lo-Debar, et dans la vallée: Bet-Haram, Bet-Nimra, Sukkot, Caphôn -- le reste du royaume de Sihôn, roi d'Heshbôn --, le Jourdain et le territoire allant jusqu'à l'extrémité de la mer de Kinnérèt, au-delà du Jourdain, à l'orient. Tel fut l'héritage des fils de Gad, selon leurs clans, avec leurs villes et leurs villages. Moïse avait donné à la demi-tribu de Manassé une part selon leurs clans. Ils eurent pour territoire à partir de Mahanayim tout le Bashân, tout le royaume de Og, roi du Bashân, tous les Douars de Yaïr en Bashân, soit 60 villes. La moitié de Galaad ainsi qu'Ashtarot et Edréï, villes royales de Og en Bashân, passèrent aux fils de Makir, fils de Manassé, à la moitié des fils de Makir selon leurs clans. Voici ce que Moïse avait donné en héritage dans les Steppes de Moab, au-delà du Jourdain, en face de Jéricho à l'orient. Mais à la tribu de Lévi, Moïse n'avait pas donné d'héritage: c'est Yahvé, le Dieu d'Israël, qui est son héritage, comme il le lui a dit. Voici ce que reçurent en héritage les Israélites au pays de Canaan, ce que leur donnèrent en héritage le prêtre Eléazar et Josué, fils de Nûn, avec les chefs de famille des tribus d'Israël. C'est par le sort qu'ils reçurent leur héritage, comme Yahvé l'avait ordonné par l'intermédiaire de Moïse pour les neuf tribus et demie. Car Moïse avait donné leur héritage aux deux tribus et demie de l'autre côté du Jourdain, mais aux Lévites, il n'avait pas donné d'héritage parmi elles. Car les fils de Joseph formaient deux tribus, Manassé et Ephraïm, et l'on ne donna dans le pays aucune part aux Lévites, si ce n'est des villes pour y habiter, avec les pâturages attenants pour leurs bestiaux et leurs biens. Les Israélites firent comme Yahvé l'avait ordonné à Moïse, et ils partagèrent le pays. Des fils de Juda vinrent trouver Josué à Gilgal, et Caleb, fils de Yephunné, le Qenizzite, lui dit: "Tu sais bien ce que Yahvé a dit à Moïse, l'homme de Dieu, à mon sujet et au tien à Cadès-Barné. J'avais 40 ans lorsque Moïse, serviteur de Yahvé, m'envoya de Cadès-Barné pour espionner ce pays, et je lui fis un rapport sincère. Mais les frères qui étaient montés avec moi découragèrent le peuple, tandis que moi, j'obéissais parfaitement à Yahvé mon Dieu. Ce jour-là, Moïse fit ce serment: Sois-en sûr, le pays qu'a foulé ton pied t'appartiendra en héritage, à toi et à tes descendants pour toujours, parce que tu as obéi parfaitement à Yahvé mon Dieu. Depuis lors, Yahvé m'a gardé en vie selon sa promesse. Il y a 45 ans que Yahvé a fait cette déclaration à Moïse, Israël allait alors par le désert, et voici qu'à présent je compte 85 ans. Je suis aussi robuste aujourd'hui que le jour où Moïse me confia cette mission, ma force d'aujourd'hui vaut ma force d'alors pour combattre et pour aller et venir. Il est temps de me donner cette montagne dont Yahvé m'a parlé ce jour-là. Tu as appris en ce jour-là qu'il y avait là des Anaqim et de grandes villes fortifiées; mais si Yahvé est avec moi, je les déposséderai comme Yahvé l'a dit." Josué bénit Caleb, fils de Yephunné, et lui donna Hébron pour héritage. Aussi Hébron est-il resté jusqu'à ce jour l'héritage de Caleb, fils de Yephunné le Qenizzite, parce qu'il avait suivi sans défaillance Yahvé, Dieu d'Israël. Autrefois le nom d'Hébron était Qiryat-Arba. Arba était l'homme le plus grand des Anaqim. Et le pays se reposa de la guerre. Le lot de la tribu des fils de Juda selon leurs clans se trouva vers la frontière d'Edom, depuis le désert de Cîn vers le midi jusqu'à Cadès au sud. Leur frontière méridionale partait de l'extrémité de la mer Salée, depuis la baie qui regarde vers le midi, elle se dirigeait vers le sud de la montée des Scorpions, traversait Cîn et montait au sud de Cadès-Barné; passant par Hèçrôn, elle montait à Addar et tournait vers Qarqa; puis la frontière passait par Açmôn et débouchait au Torrent d'Egypte pour aboutir à la mer. Telle sera votre frontière méridionale. A l'orient, la frontière était la mer Salée jusqu'à l'embouchure du Jourdain. La frontière du côté nord partait de la baie, à l'embouchure du Jourdain. La frontière montait à Bet-Hogla, passait au nord de Bet-ha-Araba et montait à la Pierre de Bohân, fils de Ruben. Puis la frontière montait à Debir, depuis la vallée d'Akor, et tournait au nord vers le cercle de pierres qui est en face de la montée d'Adummim, laquelle est au sud du Torrent. La frontière passait aux eaux de En-Shémesh et aboutissait à En-Rogel. Elle remontait ensuite le ravin de Ben-Hinnom venant du sud au flanc du Jébuséen -- c'est Jérusalem -- elle montait au sommet de la montagne qui barre le ravin de Hinnom du côté de l'ouest, à l'extrémité septentrionale de la plaine des Rephaïm. Du sommet de la montagne, la frontière s'infléchissait vers la source des eaux de Nephtoah et se dirigeait vers les villes du mont Ephrôn pour tourner dans la direction de Baala -- c'est Qiryat-Yéarim. De Baala, la frontière inclinait à l'ouest vers la montagne de Séïr et, longeant le flanc du mont Yéarim vers le nord -- c'est Kesalôn -- elle descendait à Bet-Shémesh, traversait Timna, aboutissait sur le flanc d'Eqrôn vers le nord, tournait vers Shikkarôn et passait par la montagne de Baala pour aboutir à Yabnéel. La mer était l'aboutissement de la frontière. La frontière occidentale était formée par la Grande mer. Cette frontière était, dans son pourtour, celle des fils de Juda selon leurs clans. A Caleb, fils de Yephunné, on donna une part au milieu des fils de Juda, selon l'ordre de Yahvé à Josué: Qiryat-Arba, la ville du père d'Anaq -- c'est Hébron. Caleb en déposséda les trois fils d'Anaq: Shéshaï, Ahimân et Talmaï, descendants d'Anaq. De là, il marcha contre les habitants de Debir; Debir s'appelait autrefois Qiryat-Séphèr. Caleb dit alors: "Celui qui battra Qiryat-Séphèr et s'en emparera, je lui donnerai pour femme ma fille Aksa." Celui qui s'en empara fut Otniel, fils de Qenaz, frère de Caleb, qui lui donna pour femme sa fille Aksa. Lorsqu'elle fut arrivée près de son mari, celui-ci lui suggéra de demander à son père un champ. Alors elle sauta à bas de son âne et Caleb lui demanda: "Que veux-tu?" Elle répondit: "Accorde-moi une faveur. Puisque tu m'as reléguée au pays du Négeb, donne-moi donc des sources d'eau." Et il lui donna les sources d'en haut et les sources d'en bas. Tel fut l'héritage de la tribu des fils de Juda, selon leurs clans. Villes à l'extrémité de la tribu des fils de Juda, vers la frontière d'Edom au Négeb: Qabçéel, Arad, Yagur, Qina, Dimôn, Aroër, Qédesh, Haçor-Yitnân, Ziph, Télem, Bealot, Haçor-Hadatta, Qeriyyot-Héçrôn -- c'est Haçor -- Amam, Shema, Molada, Haçar-Gadda, Heshmôn, Bet-Pélèt, Haçar-Shual, Bersabée et ses dépendances, Baala, Iyyim, Eçem, Eltolad, Kesil, Horma, Ciqlag, Madmanna, Sânsanna, Lebaot, Shilhim; Ayîn et Rimmôn: en tout,29 villes avec leurs villages. Dans le Bas-Pays: Eshtaol, Coréa, Ashna, Zanoah, En-Gannim, Tappuah, Enam, Yarmut, Adullam, Soko, Azéqa, Shaarayim, Aditayim, Ha-Gedéra, et Gedérotaïm: quatorze villes avec leurs villages. Cenân, Hadasha, Migdal-Gad, Diléân, Ha-Miçpé, Yoqtéel, Lakish, Boçqat, Eglôn, Kabbôn, Lahmas, Kitlish, Gedérot, Bet-Dagôn, Naama et Maqqéda: seize villes avec leurs villages. Libna, Etèr, Ashân, Yiphtah, Ashna, Neçib, Qéïla, Akzib et Maresha: neuf villes avec leurs villages. Eqrôn avec ses dépendances et ses villages. D'Eqrôn jusqu'à la mer, tout ce qui se trouve du côté d'Ashdod avec ses villages. Ashdod avec ses dépendances et ses villages, Gaza avec ses dépendances et ses villages jusqu'au Torrent d'Egypte, la Grande mer formant la frontière. Dans la Montagne: Shamir, Yattir, Soko, Danna, Qiryat-Séphèr, aujourd'hui Debir, Anab, Eshtemoa, Anim, Goshèn, Holôn et Gilo: onze villes avec leurs villages. Arab, Duma, Eshéân, Yanum, Bet-Tappuah, Aphéqa, Humta, Qiryat-Arba, aujourd'hui Hébron, et Cior: neuf villes avec leurs villages. Maôn, Karmel, Ziph, Yutta, Yizréel, Yorqéam, Zanoah, Haq-Qayîn, Gibéa et Timna: dix villes avec leurs villages. Halhul, Bet-Cur, Gedor, Maarat, Bet-Anôt et Elteqôn: six villes avec leurs villages. Teqoa, Ephrata, aujourd'hui Bethléem, Péor, Etam, Qulôn, Tatam, Sorès, Karem, Gallim, Bétèr et Manah: onze villes avec leurs villages. Qiryat-Baal -- c'est Qiryat-Yéarim -- et Ha-Rabba: deux villes avec leurs villages. Dans le Désert: Bet-ha-Araba, Middîn, Sekaka, Nibshân, la Ville du Sel et Engaddi: six villes avec leurs villages. Mais les Jébuséens qui habitaient Jérusalem, les fils de Juda ne purent les déposséder, aussi les Jébuséens habitent-ils encore aujourd'hui Jérusalem, à côté des fils de Juda. Le lot des fils de Joseph partait à l'est du Jourdain de Jéricho -- les eaux de Jéricho --, c'est le désert qui monte de Jéricho dans la montagne de Béthel; puis il partait de Béthel vers Luz et passait vers la frontière des Arkites à Atarot; il descendait ensuite à l'ouest vers la frontière des Yaphlétites jusqu'à la frontière de Bet-Horôn-le-Bas et jusqu'à Gézer, d'où il aboutissait à la mer. Tel fut l'héritage des fils de Joseph, Manassé et Ephraïm. Quant au territoire des fils d'Ephraïm selon leurs clans, la frontière de leur héritage était Atrot-Arak jusqu'à Bet-Horôn-le-Haut, puis la frontière aboutissait à la mer... le Mikmetat au nord, et la frontière tournait à l'orient vers Taanat-Silo qu'elle traversait à l'est en direction de Yanoah; elle descendait de Yanoah à Atarot et à Naara, et touchait Jéricho pour aboutir au Jourdain. De Tappuah, la frontière allait vers l'occident, au torrent de Qana, et aboutissait à la mer. Tel fut l'héritage de la tribu des fils d'Ephraïm, selon leurs clans, outre les villes réservées aux fils d'Ephraïm au milieu de l'héritage des fils de Manassé, toutes ces villes et leurs villages. Les Cananéens habitant Gézer ne furent point dépossédés, et ils demeurèrent au milieu d'Ephraïm jusqu'aujourd'hui, soumis à la corvée. Le lot de la tribu de Manassé -- il était en effet le premier-né de Joseph -- fut d'abord pour Makir, premier-né de Manassé, père de Galaad, parce qu'il était un homme de guerre; il eut le Galaad et le Bashân. Puis ce fut pour les autres fils de Manassé selon leurs clans: aux fils d'Abiézer, aux fils de Hélèq, aux fils d'Asriel, aux fils de Shékem, aux fils de Hépher et aux fils de Shemida: c'étaient les enfants mâles de Manassé, fils de Joseph, selon leurs clans. Celophehad, fils de Hépher, fils de Galaad, fils de Makir, fils de Manassé, n'avait pas de fils mais seulement des filles, dont voici les noms: Mahla, Noa, Hogla, Milka et Tirça. Elles se présentèrent devant le prêtre Eléazar, devant Josué, fils de Nûn, et devant les notables en disant: "Yahvé a ordonné à Moïse de nous donner un héritage au milieu de nos frères." On leur donna donc, selon l'ordre de Yahvé, un héritage parmi les frères de leur père. Il échut donc à Manassé dix parts outre le pays de Galaad et de Bashân situé au-delà du Jourdain, puisque les filles de Manassé obtinrent un héritage parmi ses fils. Quant au pays de Galaad, il appartenait aux autres fils de Manassé. La frontière de Manassé fut, du côté d'Asher, le Mikmetat qui est en face de Sichem, et de là, à droite, vers Yashib qui est sur la source de Tappuah. Manassé possédait la région de Tappuah, mais Tappuah, sur la frontière de Manassé, était aux fils d'Ephraïm. La frontière descendait au torrent de Qana; au sud du torrent étaient les villes d'Ephraïm, outre celles qu'avait Ephraïm au milieu des villes de Manassé; la frontière de Manassé était au nord du torrent et son aboutissement était la mer. Le midi était à Ephraïm et le nord à Manassé, avec la mer pour limite; ils touchaient Asher au nord, et Issachar à l'est. Manassé eut, avec Issachar et avec Asher, Bet-Shéân et les villes qui en dépendent, Yibleam et les villes qui en dépendent, les habitants de Dor et des villes qui en dépendent, les habitants de Tanak et de Megiddo et des villes qui en dépendent: les trois du Coteau. Mais comme les fils de Manassé ne purent prendre possession de ces villes, les Cananéens réussirent à demeurer dans ce pays. Cependant lorsque les Israélites furent devenus plus forts, ils assujettirent les Cananéens à la corvée, mais ne les dépossédèrent point. Les fils de Joseph s'adressèrent à Josué en ces termes: "Pourquoi ne m'as-tu donné pour héritage qu'un seul lot, une seule part, alors que je suis un peuple nombreux, tant Yahvé m'a béni?" Josué leur dit: "Si tu formes un peuple nombreux, monte à la région boisée et défriche pour ton compte la forêt de la région des Perizzites et des Rephaïm, puisque la montagne d'Ephraïm est trop étroite pour toi." Les fils de Joseph dirent: "La montagne ne nous suffit pas, et en plus, tous les Cananéens qui habitent la terre de la plaine ont des chars de fer, aussi bien ceux de Bet-Shéân et des villes qui en dépendent que ceux de la plaine de Yizréel." Josué dit à la maison de Joseph, à Ephraïm et à Manassé: "Tu es un peuple nombreux et ta force est grande, tu n'auras pas un lot seulement, mais tu auras une montagne; il est vrai que c'est une forêt, mais tu la défricheras et ses limites seront à toi. Et même, tu déposséderas les Cananéens, bien qu'ils aient des chars de fer et bien qu'ils soient forts." Toute la communauté des Israélites s'assembla à Silo où l'on dressa la Tente du Rendez-vous; tout le pays était soumis devant eux. Mais il restait parmi les Israélites sept tribus qui n'avaient pas reçu leur héritage. Josué dit alors aux Israélites: "Jusqu'à quand négligerez-vous d'aller prendre possession du pays que vous a donné Yahvé, le Dieu de vos pères? Choisissez-vous trois hommes par tribu pour que je les envoie, ils iront parcourir le pays et en feront la description en vue de l'héritage, après quoi, ils reviendront vers moi. Ils répartiront le pays en sept parts. Juda restera sur son territoire au sud, et ceux de la maison de Joseph resteront sur leur territoire au nord. Vous ferez donc une description du pays en sept parts, et vous me l'apporterez ici, que je puisse tirer au sort pour vous, ici, devant Yahvé notre Dieu. Mais pour ce qui est des Lévites, ils n'auront point de part au milieu de vous: le sacerdoce de Yahvé sera leur héritage. Quant à Gad, à Ruben et à la demi-tribu de Manassé, ils ont reçu leur héritage au-delà du Jourdain, à l'orient, celui que leur a donné Moïse, serviteur de Yahvé. Ces hommes se levèrent et s'en allèrent. A ceux qui allaient faire la description du pays, Josué donna cet ordre: "Allez, parcourez le pays et décrivez-le, puis venez me retrouver et je jetterai pour vous le sort ici, devant Yahvé, à Silo." Ces hommes partirent, traversèrent le pays et le décrivirent par villes, en sept parts, sur un livre, puis ils retournèrent trouver Josué au camp, à Silo. Josué jeta pour eux le sort à Silo, devant Yahvé, et c'est là que Josué partagea le pays entre les Israélites, selon leurs parts. Un lot revint d'abord à la tribu des fils de Benjamin, selon leurs clans: le territoire de leur lot était compris entre les fils de Juda et les fils de Joseph. Leur frontière du côté nord partait du Jourdain, montait au flanc de Jéricho, au nord, gravissait la montagne vers l'occident et aboutissait au désert de Bet-Avèn. De là, la frontière passait à Luz, sur le flanc de Luz au midi, aujourd'hui Béthel; elle descendait à Atrot-Arak sur la montagne qui est au sud de Bet-Horôn-le-Bas. La frontière s'infléchissait et tournait, face à l'ouest, vers le midi, depuis la montagne qui est en face de Bet-Horôn au midi, pour aboutir vers Qiryat-Baal, aujourd'hui Qiryat-Yéarim, ville des fils de Juda. Tel était le côté ouest. Voici le côté sud: depuis l'extrémité de Qiryat-Yéarim, la frontière allait vers Gasîn et aboutissait près de la source des eaux de Nephtoah, puis elle descendait à l'extrémité de la montagne qui fait face à la vallée de Ben-Hinnom, dans la plaine des Rephaïm au nord; elle descendait dans la vallée de Hinnom vers le flanc du Jébuséen au sud, et descendait à En-Rogel. Elle s'infléchissait ensuite vers le nord pour aboutir à En-Shémesh, et aboutissait au cercle de pierres qui est en face de la montée d'Adummim, puis descendait à la Pierre de Bohân, fils de Ruben. Elle passait ensuite à Kéteph sur le flanc de Bet-ha-Araba vers le nord, et descendait vers la Araba; puis la frontière passait au flanc de Bet-Hogla au nord, et le point d'arrivée de la frontière était la baie de la mer du Sel, au nord, à l'extrémité méridionale du Jourdain. Telle était la frontière sud. Le Jourdain formait la frontière du côté de l'orient. Tel fut l'héritage des fils de Benjamin selon le pourtour de leur frontière, selon leurs clans. Les villes de la tribu des fils de Benjamin, selon leurs clans, étaient: Jéricho, Bet-Hogla, Emèq-Qeçiç, Bet-ha-Araba, Cemarayim, Béthel, Avvim, Para, Ophra, Kephar-ha-Ammoni, Ophni, Gaba: douze villes et leurs villages. Gabaôn, Rama, Béérot, Miçpé, Kephira, Moça, Réqem, Yirpéel, Taréala, Céla-ha-Eleph, le Jébuséen -- c'est Jérusalem --, Gibéa et Qiryat: quatorze villes avec leurs villages. Tel fut l'héritage des fils de Benjamin selon leurs clans. Le deuxième lot sortit pour Siméon, pour la tribu des fils de Siméon selon leurs clans: leur héritage se trouva au milieu de l'héritage des fils de Juda. Ils reçurent en héritage Bersabée, Shema, Molada, Haçar-Shual, Bala, Eçem, Eltolad, Betul, Horma, Ciqlag, Bet-ha-Markabot, Haçar-Susa, Bet-Lebaôt et Sharuhén: treize villes et leurs villages; Ayîn, Rimmôn, Etèr, Ashân: quatre villes et leurs villages, avec tous les villages situés aux environs de ces villes jusqu'à Baalat-Béèr et Rama du Négeb. Tel fut l'héritage de la tribu des fils de Siméon selon leurs clans. L'héritage des fils de Siméon fut pris sur le lot des fils de Juda, parce que la part des fils de Juda était trop grande pour eux; les fils de Siméon reçurent donc leur héritage au milieu de l'héritage des fils de Juda. Le troisième lot revint aux fils de Zabulon selon leurs clans: le territoire de leur héritage s'étendait jusqu'à Sadud; leur frontière montait à l'occident vers Maraala, elle touchait Dabbeshèt ainsi que le torrent qui est en face de Yoqnéam. La frontière tournait de Sadud vers l'est, là où le soleil se lève, jusqu'à la frontière de Kislot-Tabor, elle aboutissait vers Daberat et montait à Yaphia. De là elle passait vers l'est, au levant, vers Gat-Hépher et Itta-Qaçîn, aboutissait à Rimmôn et tournait vers Néa. La frontière nord se tournait vers Hannatôn, et son point d'arrivée était à la vallée de Yiphtah-El; avec Qattat, Nahalal, Shimrôn, Yiréala et Bethléem: douze villes avec leurs villages. Tel fut l'héritage des fils de Zabulon selon leurs clans: ces villes avec leurs villages. Le quatrième lot sortit pour Issachar, pour les fils d'Issachar selon leurs clans. Leur territoire s'étendait vers Yizréel et comprenait Kesullot, Shunem, Hapharayim, Shiôn, Anaharat, Daberat, Qishyôn, Ebeç, Rémèt, En-Gannim, En-Hadda, et Bet-Paççèç. La frontière touchait Tabor, Shahaçima et Bet-Shémesh, et le point d'arrivée de la frontière était le Jourdain: seize villes avec leurs villages. Tel fut l'héritage de la tribu des fils d'Issachar selon leurs clans: les villes et leurs villages. Le cinquième lot sortit pour la tribu des fils d'Asher selon leurs clans. Leur territoire comprenait: Helqat, Hali, Bétèn, Akshaph, Alammélek, Améad et Mishéal; il touchait le Carmel à l'ouest et le cours du Libnat. Du côté où le soleil se lève, il allait jusqu'à Bet-Dagôn, touchait Zabulon, la vallée de Yiphtah-El au nord, Bet-ha-Emeq et Néïel, aboutissant vers Kabul à gauche, avec Abdôn, Rehob, Hammôn, et Qana jusqu'à Sidon-la-Grande. Puis la frontière allait vers Rama et jusqu'à la ville de la place forte de Tyr; la frontière allait ensuite à Hosa et son point d'arrivée était, à la mer, Mahaleb et Akzib, avec Akko, Aphèq et Rehob: 22 villes avec leurs villages. Tel fut l'héritage de la tribu des fils d'Asher selon leurs clans: ces villes et leurs villages. Pour les fils de Nephtali sortit le sixième lot, pour les fils de Nephtali selon leurs clans. Leur frontière allait à Héleph et du Chêne de Caanannim, avec Adami-ha-Néqèb et Yabnéel, jusqu'à Laqqum, et son point d'arrivée était le Jourdain. A l'ouest la frontière passait à Aznot-Tabor, elle aboutissait de là à Huqoq et touchait Zabulon au sud, Asher à l'ouest et le Jourdain à l'est. Les villes fortes étaient: Ciddim, Cer, Hammat, Raqqat, Kinnérèt, Adama, Rama, Haçor, Qédesh, Edréï, En-Haçor, Yiréôn, Migdal-El, Horem, Bet-Anat, et Bet-Shémesh: dix-neuf villes et leurs villages. Tel fut l'héritage des fils de Nephtali selon leurs clans: les villes et leurs villages. Pour la tribu des fils de Dan selon leurs clans sortit le septième lot. Le territoire de leur héritage comprenait: Coréa, Eshtaol, Ir-Shémesh, Shaalbim, Ayyalôn, Silata, Elôn, Timna, Eqrôn, Elteqé, Gibbetôn, Baalat, Azor, Bené-Beraq et Gat-Rimmôn; et vers la mer Yeraqôn avec le territoire qui est en face de Joppé. Mais le territoire des fils de Dan leur échappa, aussi les fils de Dan montèrent-ils pour combattre Léshem dont ils s'emparèrent et qu'ils passèrent au fil de l'épée. En ayant pris possession, ils s'y établirent et appelèrent Léshem, Dan, du nom de leur ancêtre Dan. Tel fut l'héritage de la tribu des fils de Dan selon leurs clans: ces villes et leurs villages. Ayant achevé la répartition du pays selon ses frontières, les Israélites donnèrent à Josué, fils de Nûn, un héritage au milieu d'eux; sur l'ordre de Yahvé, ils lui donnèrent la ville qu'il avait demandée, Timnat-Sérah, dans la montagne d'Ephraïm; il rebâtit la ville et s'y établit. Telles sont les parts d'héritage que le prêtre Eléazar, Josué fils de Nûn et les chefs de famille répartirent par le sort entre les tribus d'Israël à Silo, en présence de Yahvé, à l'entrée de la Tente du Rendez-vous. Ainsi fut terminé le partage du pays. Yahvé dit à Josué: "Parle aux Israélites et dis-leur: Donnez-vous les villes de refuge dont je vous ai parlé par l'intermédiaire de Moïse, où pourra s'enfuir le meurtrier qui a frappé quelqu'un par inadvertance (involontairement), et qui vous serviront de refuge contre le vengeur du sang. (C'est donc vers une de ces villes que le meurtrier devra s'enfuir. Il se tiendra à l'entrée de la porte de la ville et exposera son cas aux anciens de la ville. Ceux-ci l'admettront dans leur ville et lui assigneront un lieu où il habitera parmi eux. Si le vengeur du sang le poursuit, ils ne livreront pas le meurtrier entre ses mains, car c'est involontairement qu'il a frappé son prochain, sans avoir eu contre lui de haine invétérée. Il devra rester dans cette ville) jusqu'à ce qu'il comparaisse en jugement devant la communauté (jusqu'à la mort du grand prêtre en fonction à cette époque. Alors seulement le meurtrier pourra retourner dans sa ville et sa maison, dans la ville d'où il s'est enfui.)" On consacra donc Qédesh en Galilée, dans la montagne de Nephtali, Sichem dans la montagne d'Ephraïm, et Qiryat-Arba -- c'est Hébron -- dans la montagne de Juda. De l'autre côté du Jourdain de Jéricho à l'orient, on désigna dans le désert, sur le plateau, Béçer de la tribu de Ruben, Ramot en Galaad, de la tribu de Gad et Golân en Bashân, de la tribu de Manassé. Telles furent les villes désignées pour tous les Israélites et pour les étrangers qui résident parmi eux, pour qu'y pût fuir quiconque aurait frappé quelqu'un par inadvertance, et qu'il échappât à la main du vengeur du sang, jusqu'à sa comparution devant la communauté. Alors les chefs de famille des Lévites s'en vinrent trouver le prêtre Eléazar, Josué, fils de Nûn, et les chefs de famille des tribus d'Israël, alors qu'on se trouvait à Silo, au pays de Canaan, et leur dirent: "Yahvé, par l'intermédiaire de Moïse, a ordonné qu'on nous donne des villes pour y demeurer, et leurs pâturages pour notre bétail." Les Israélites donnèrent donc aux Lévites, sur leur héritage, selon l'ordre de Yahvé, les villes en question avec leurs pâturages. On tira au sort pour les clans des Qehatites: aux fils du prêtre Aaron, d'entre les Lévites, échurent treize villes des tribus de Juda, de Siméon et de Benjamin; aux autres fils de Qehat selon leurs clans, échurent dix villes des tribus d'Ephraïm, de Dan et de la demi-tribu de Manassé. Aux fils de Gershôn, selon leurs clans, échurent treize villes des tribus d'Issachar, d'Asher, de Nephtali et de la demi-tribu de Manassé en Bashân. Aux fils de Merari selon leurs clans, échurent douze villes des tribus de Ruben, de Gad et de Zabulon. Les Israélites assignèrent par le sort ces villes et leurs pâturages aux Lévites, comme l'avait ordonné Yahvé par l'intermédiaire de Moïse. Ils donnèrent de la tribu des fils de Juda et de la tribu des fils de Siméon les villes que voici dont les noms furent donnés. Ce fut d'abord la part des fils d'Aaron, appartenant au clan des Qehatites, aux fils de Lévi, car le premier lot était pour eux. Ils leur donnèrent Qiryat-Arba la ville du père d'Anaq -- c'est Hébron -- dans la montagne de Juda, avec les pâturages environnants. Mais la campagne de cette ville avec ses villages, ils les donnèrent en propriété à Caleb, fils de Yephunné. Aux fils du prêtre Aaron, ils donnèrent Hébron, ville de refuge pour le meurtrier, avec ses pâturages, ainsi que Libna et ses pâturages, Yattir et ses pâturages, Eshtemoa et ses pâturages, Holôn et ses pâturages, Debir et ses pâturages, Ashân et ses pâturages, Yutta et ses pâturages, et Bet-Shémesh et ses pâturages: neuf villes prises sur ces deux tribus. De la tribu de Benjamin, Gabaôn et ses pâturages, Géba et ses pâturages, Anatot et ses pâturages, et Almôn et ses pâturages: quatre villes. Total des villes des prêtres fils d'Aaron: treize villes et leurs pâturages. Quant aux clans des fils de Qehat, aux Lévites qui restaient parmi les fils de Qehat, les villes de leur lot furent prises sur la tribu d'Ephraïm. On leur donna Sichem, ville de refuge pour le meurtrier, avec ses pâturages, dans la montagne d'Ephraïm, ainsi que Gézer et ses pâturages, Qibçayim et ses pâturages, et Bet-Horôn et ses pâturages: quatre villes. De la tribu de Dan, Elteqé et ses pâturages, Gibbetôn et ses pâturages, Ayyalôn et ses pâturages, et Gat-Rimmôn et ses pâturages: quatre villes. De la demi-tribu de Manassé, Tanak et ses pâturages, et Yibleam et ses pâturages: deux villes. Total: dix villes avec leurs pâturages pour les clans qui restaient parmi les fils de Qehat. Aux fils de Gershôn, de clans lévitiques, on donna, de la demi-tribu de Manassé, Golân en Bashân, ville de refuge pour le meurtrier, et Ashtarot, avec leurs pâturages: deux villes. De la tribu d'Issachar, Qishyôn et ses pâturages, Daberat et ses pâturages, Yarmut et ses pâturages, et En-Gannim et ses pâturages: quatre villes. De la tribu d'Asher, Mishéal et ses pâturages, Abdôn et ses pâturages, Helqat et ses pâturages, et Rehob et ses pâturages: quatre villes. De la tribu de Nephtali, Qédesh en Galilée, ville de refuge pour le meurtrier, avec ses pâturages, Hammot-Dor et ses pâturages, et Qartân et ses pâturages: trois villes. Total des villes des Gershonites, selon leurs clans: treize villes et leurs pâturages. Au clan des fils de Merari, au reste des Lévites, échurent de la tribu de Zabulon Yoqnéam et ses pâturages, Qarta et ses pâturages, Rimmôn et ses pâturages, et Nahalal et ses pâturages: quatre villes. De l'autre côté du Jourdain de Jéricho, de la tribu de Ruben, Béçèr dans le désert, sur le plateau, ville de refuge pour le meurtrier, avec ses pâturages, Yahaç et ses pâturages, Qedémot et ses pâturages, et Méphaat et ses pâturages: quatre villes. De la tribu de Gad, Ramot en Galaad, ville de refuge pour le meurtrier, avec ses pâturages, Mahanayim et ses pâturages, Heshbôn et ses pâturages, et Yazèr et ses pâturages: quatre villes. Total des villes qui furent le lot des fils de Merari selon leurs clans, du reste des clans lévitiques: douze villes. Le nombre total des villes des Lévites au milieu du domaine des Israélites était de 48 villes avec leurs pâturages. Ces villes comprenaient chacune la ville et ses pâturages alentour. Il en allait ainsi pour toutes les villes. C'est ainsi que Yahvé donna aux Israélites tout le pays qu'il avait juré de donner à leurs pères. Ils en prirent possession et s'y établirent. Yahvé leur procura la tranquillité sur toutes leurs frontières, tout comme il l'avait juré à leurs pères et, de tous leurs ennemis, aucun ne réussit à tenir devant eux. Tous leurs ennemis, Yahvé les livra entre leurs mains. De toutes les promesses que Yahvé avait faites à la maison d'Israël, aucune ne manqua son effet: tout se réalisa. Josué convoqua les Rubénites, les Gadites et la demi-tribu de Manassé et leur dit: "Vous avez observé tout ce que Moïse, serviteur de Yahvé, vous a ordonné, et vous avez écouté ma voix chaque fois que je vous ai donné un ordre. Vous n'avez pas abandonné vos frères, depuis longtemps jusqu'aujourd'hui, gardant l'observance du commandement de Yahvé votre Dieu. Maintenant Yahvé votre Dieu a procuré à vos frères le repos qu'il leur avait promis. Retournez donc à vos tentes, au pays où vous vous êtes fixés et que Moïse, serviteur de Yahvé, vous a donné au-delà du Jourdain. Seulement, prenez bien soin de mettre en pratique le commandement et la Loi que Moïse, serviteur de Yahvé, vous a prescrits: d'aimer Yahvé votre Dieu, de suivre toujours ses voies, d'observer ses commandements, de vous attacher à lui et de le servir de tout votre coeur et de toute votre âme." Josué les bénit et les renvoya; et ils s'en allèrent à leurs tentes. Moïse avait donné à une moitié de la tribu de Manassé un territoire en Bashân; à la seconde moitié, Josué en donna un autre au milieu de ses frères, sur la rive occidentale du Jourdain. Comme il les renvoyait à leurs tentes, Josué les bénit et leur dit: "Vous retournerez à vos tentes avec de grandes richesses, du bétail à foison, de l'argent, de l'or, du bronze, du fer et des vêtements en très grande quantité; partagez avec vos frères les dépouilles de vos ennemis." Les fils de Ruben et les fils de Gad s'en retournèrent avec la demi-tribu de Manassé et quittèrent les Israélites à Silo, dans le pays de Canaan, pour s'en aller au pays de Galaad où ils s'étaient fixés, suivant l'ordre de Yahvé transmis par Moïse. Lorsqu'ils furent arrivés aux cercles de pierres du Jourdain, qui sont au pays de Canaan, les fils de Ruben, les fils de Gad et la demi-tribu de Manassé bâtirent là un autel sur le bord du Jourdain, un autel de grande apparence. Le fait parvint aux oreilles des Israélites. Voici, disait-on, que les fils de Ruben, les fils de Gad et la demi-tribu de Manassé ont construit cet autel, du côté du pays de Canaan, vers les cercles de pierres du Jourdain, sur la rive des Israélites. A cette nouvelle toute la communauté des Israélites se réunit à Silo pour marcher contre eux et leur faire la guerre. Les Israélites envoyèrent auprès des fils de Ruben, des fils de Gad et de la demi-tribu de Manassé, au pays de Galaad, le prêtre Pinhas, fils d'Eléazar, et avec lui dix notables, un notable par famille pour chaque tribu d'Israël, chacun d'eux étant chef de sa famille parmi les clans d'Israël. Parvenus chez les fils de Ruben, chez les fils de Gad et dans la demi-tribu de Manassé au pays de Galaad, ils leur dirent: "Ainsi parle toute la communauté de Yahvé: Que signifie cette infidélité que vous avez commise envers le Dieu d'Israël, vous détournant aujourd'hui de Yahvé et vous bâtissant un autel, ce qui est aujourd'hui une rébellion contre Yahvé? "N'était-ce donc pas assez pour nous du crime de Péor, dont nous n'avons pas encore réussi à nous purifier jusqu'à présent, en dépit du fléau qui a sévi contre toute la communauté de Yahvé? Or vous vous détournez aujourd'hui de Yahvé, et puisqu'aujourd'hui vous vous révoltez contre Yahvé, demain sa colère va s'enflammer contre toute la communauté d'Israël. "Le pays où vous vous êtes fixés est-il impur? Passez dans le pays où s'est fixé Yahvé, là où s'est installée sa demeure, et fixez-vous parmi nous. Mais ne vous révoltez pas contre Yahvé et ne nous entraînez pas dans votre rébellion en vous bâtissant un autel rival de l'autel de Yahvé notre Dieu. Lorsque Akân, fils de Zérah, fut infidèle dans l'affaire de l'anathème, la Colère n'atteignit-elle pas la communauté d'Israël entière, quoiqu'il ne fût qu'un seul individu? Ne dut-il pas mourir pour son crime?" Les fils de Ruben, les fils de Gad et la demi-tribu de Manassé, prenant la parole, répondirent aux chefs des clans d'Israël: "Le Dieu des dieux, Yahvé, le Dieu des dieux, Yahvé le sait bien, et Israël doit le savoir: s'il y a eu de notre part rébellion ou infidélité à l'égard de Yahvé, qu'il refuse de nous sauver aujourd'hui, et si nous avons bâti un autel pour nous détourner de Yahvé et pour y offrir l'holocauste et l'oblation, ou pour y faire des sacrifices de communion, que Yahvé en demande compte! En vérité, c'est par un souci motivé que nous avons agi ainsi: Demain, vos fils pourraient dire aux nôtres: Qu'y a-t-il de commun entre vous et Yahvé, le Dieu d'Israël? Yahvé n'a-t-il pas mis entre nous et vous, fils de Ruben et fils de Gad, une frontière qui est le Jourdain? Vous n'avez aucune part sur Yahvé. Ainsi vos fils seraient cause que les nôtres cesseraient de craindre Yahvé. "Aussi nous sommes-nous dit: Bâtissons-nous cet autel destiné non à des holocaustes ni à d'autres sacrifices, mais à servir de témoin entre nous et vous et entre nos descendants après nous, attestant qu'on célèbre le culte de Yahvé avec nos holocaustes, nos victimes et nos sacrifices de communion en sa présence. Vos fils ne pourront donc pas dire demain aux nôtres: Vous n'avez aucune part sur Yahvé! Et nous nous sommes dit: S'il leur arrivait toutefois de dire cela soit à nous-mêmes, soit demain à nos descendants, nous répondrions: Regardez la bâtisse de l'autel de Yahvé que nos pères ont fait, non en vue d'holocaustes ou d'autres sacrifices, mais comme un témoin entre nous et vous. Loin de nous de nous révolter contre Yahvé et de nous détourner aujourd'hui de derrière Yahvé en bâtissant, pour y offrir holocaustes, oblations ou sacrifices, un autel rival de l'autel de Yahvé notre Dieu, érigé devant sa demeure." Quand le prêtre Pinhas, les notables de la communauté et les chefs des clans d'Israël qui l'accompagnaient eurent entendu les paroles prononcées par les fils de Gad, les fils de Ruben et les fils de Manassé, ils les approuvèrent. Alors le prêtre Pinhas, fils d'Eléazar, dit aux fils de Ruben, aux fils de Gad et aux fils de Manassé: "Nous savons aujourd'hui que Yahvé est au milieu de nous, puisque vous n'avez pas commis une telle infidélité à son égard; dès lors, vous avez préservé les Israélites du châtiment de Yahvé." Le prêtre Pinhas, fils d'Eléazar, et les notables, ayant quitté les fils de Ruben et les fils de Gad, revinrent du pays de Galaad dans le pays de Canaan, auprès des Israélites auxquels ils rapportèrent la réponse. La chose plut aux Israélites; les Israélites rendirent grâces à Dieu et ne parlèrent plus de monter contre eux pour leur faire la guerre et ravager le pays habité par les fils de Ruben et les fils de Gad. Les fils de Ruben et les fils de Gad appelèrent l'autel..., "car, disaient-ils, il sera un témoin entre nous que c'est Yahvé qui est Dieu." Or, longtemps après que Yahvé eut procuré le repos à Israël, au milieu de tous les ennemis qui l'entouraient -- Josué était devenu vieux, il était avancé en âge --, Josué convoqua tout Israël, ses anciens, ses chefs, ses juges et ses scribes, et leur dit: "Pour moi, je suis vieux et avancé en âge; pour vous, vous avez vu tout ce que Yahvé a fait à cause de vous à toutes ces populations; c'est Yahvé votre Dieu qui a combattu pour vous. Voyez, j'ai tiré au sort pour vous, comme héritage pour vos tribus, ces populations qui restent, et toutes les populations que j'ai exterminées depuis le Jourdain jusqu'à la Grande mer à l'occident. Yahvé votre Dieu les chassera lui-même devant vous, il les dépossédera devant vous et vous prendrez possession de leur pays, comme vous l'a dit Yahvé votre Dieu. "Montrez-vous donc très forts pour garder et accomplir tout ce qui est écrit dans le livre de la Loi de Moïse sans vous en écarter ni à droite ni à gauche, sans vous mêler à ces populations qui subsistent encore à côté de vous. Vous ne prononcerez pas le nom de leurs dieux, vous ne les invoquerez pas dans vos serments, vous ne les servirez pas et vous ne vous prosternerez pas devant eux. Au contraire, vous vous attacherez à Yahvé votre Dieu, comme vous l'avez fait jusqu'à ce jour. Yahvé a dépossédé devant vous des populations grandes et fortes, et personne n'a pu, jusqu'à présent, vous tenir tête. Un seul d'entre vous pouvait en poursuivre mille, car Yahvé votre Dieu combattait lui-même pour vous, comme il vous l'avait dit. Vous prendrez bien soin, car il y va de votre vie, d'aimer Yahvé votre Dieu. "Mais s'il vous arrive de vous détourner et de vous lier au restant de ces populations qui subsistent encore à côté de vous, de contracter mariage avec elles, de vous mêler à elles et elles à vous, alors sachez bien que Yahvé votre Dieu cessera de déposséder devant vous ces populations: elles seront pour vous un filet, un piège, des épines dans vos flancs et des chardons dans vos yeux, jusqu'à ce que vous ayez disparu de ce bon sol que vous avait donné Yahvé votre Dieu. "Voici que je m'en vais aujourd'hui par le chemin de tout le monde. Reconnaissez de tout votre coeur et de toute votre âme que, de toutes les promesses que Yahvé votre Dieu avait faites en votre faveur, pas une n'a manqué son effet: tout s'est réalisé pour vous, pas une n'a manqué son effet. "Eh bien! de même que toute promesse faite par Yahvé votre Dieu en votre faveur s'est réalisée pour vous, de même Yahvé réalisera contre vous toutes ses menaces, jusqu'à vous chasser de ce bon sol que Yahvé votre Dieu vous a donné. "Si en effet vous transgressez l'alliance que Yahvé votre Dieu vous a imposée, si vous allez servir d'autres dieux, si vous vous prosternez devant eux, alors la colère de Yahvé s'enflammera contre vous et vous disparaîtrez rapidement du bon pays qu'il vous a donné." Josué réunit toutes les tribus d'Israël à Sichem; puis il convoqua tous les anciens d'Israël, ses chefs, ses juges, ses scribes qui se rangèrent en présence de Dieu. Josué dit alors à tout le peuple: "Ainsi parle Yahvé, le Dieu d'Israël: Au-delà du Fleuve habitaient jadis vos pères, Térah, père d'Abraham et de Nahor, et ils servaient d'autres dieux. Alors je pris votre père Abraham d'au-delà du Fleuve et je lui fis parcourir toute la terre de Canaan, je multipliai sa descendance et je lui donnai Isaac. A Isaac, je donnai Jacob et Esaü. A Esaü, je donnai en possession la montagne de Séïr. Jacob et ses fils descendirent en Egypte. J'envoyai ensuite Moïse et Aaron et frappai l'Egypte par les prodiges que j'opérai au milieu d'elle; ensuite je vous en fis sortir. Je fis donc sortir vos pères de l'Egypte et vous arrivâtes à la mer; les Egyptiens poursuivirent vos pères avec des chars et des cavaliers, à la mer des Roseaux. Ils crièrent alors vers Yahvé qui étendit un brouillard épais entre vous et les Egyptiens, et fit revenir sur eux la mer qui les recouvrit. Vous avez vu de vos propres yeux ce que j'ai fait en Egypte, puis vous avez séjourné de longs jours dans le désert. Je vous fis entrer ensuite dans le pays des Amorites qui habitaient au-delà du Jourdain. Ils vous firent la guerre et je les livrai entre vos mains, aussi avez-vous pris possession de leur pays, car je les anéantis devant vous. Puis se leva Balaq, fils de Cippor, roi de Moab, pour faire la guerre à Israël, et il envoya chercher Balaam, fils de Béor, pour vous maudire. Mais je ne voulus pas écouter Balaam: il dut même vous bénir et je vous ai sauvé de sa main. Vous avez ensuite passé le Jourdain pour atteindre Jéricho, mais les habitants de Jéricho vous firent la guerre, les Amorites, les Perizzites, les Cananéens, les Hittites, les Girgashites, les Hivvites et les Jébuséens, et je les livrai entre vos mains. J'envoyai devant vous les frelons qui chassèrent devant vous les deux rois amorites, ce que tu ne dois ni à ton épée ni à ton arc. Je vous ai donné une terre qui ne vous a demandé aucune fatigue, des villes que vous n'avez pas bâties et dans lesquelles vous vous êtes installés, des vignes et des olivettes que vous n'avez pas plantées et qui sont votre nourriture. "Et maintenant, craignez Yahvé et servez-le dans la perfection en toute sincérité; éloignez les dieux que servirent vos pères au-delà du Fleuve et en Egypte, et servez Yahvé. S'il ne vous paraît pas bon de servir Yahvé, choisissez aujourd'hui qui vous voulez servir, soit les dieux que servaient vos pères au-delà du Fleuve, soit les dieux des Amorites dont vous habitez maintenant le pays. Quant à moi et ma famille, nous servirons Yahvé." Le peuple répondit: "Loin de nous d'abandonner Yahvé pour servir d'autres dieux! Yahvé notre Dieu est celui qui nous a fait monter, nous et nos pères, du pays d'Egypte, de la maison de servitude, qui devant nos yeux a opéré ces grands signes et nous a gardés tout le long du chemin que nous avons parcouru et parmi toutes les populations à travers lesquelles nous avons passé. Et Yahvé a chassé devant nous toutes les populations ainsi que les Amorites qui habitaient le pays. Nous aussi, nous servirons Yahvé, car c'est lui notre Dieu." Alors Josué dit au peuple: "Vous ne pouvez pas servir Yahvé car il est un Dieu saint, il est un Dieu jaloux, qui ne tolérera pas vos transgressions ni vos péchés. Si vous abandonnez Yahvé pour servir les dieux de l'étranger, il vous maltraitera à nouveau et vous anéantira après vous avoir fait du bien." Le peuple répondit à Josué: "Non! C'est Yahvé que nous servirons." Alors Josué dit au peuple: "Vous êtes témoins contre vous-mêmes que vous avez fait choix de Yahvé pour le servir." Ils répondirent: "Nous sommes témoins" -- "Alors, écartez les dieux de l'étranger qui sont au milieu de vous et inclinez votre coeur vers Yahvé, Dieu d'Israël." Le peuple dit à Josué: "C'est Yahvé notre Dieu que nous servirons, c'est à sa voix que nous obéirons." Ce jour-là, Josué conclut une alliance pour le peuple; il lui fixa un statut et un droit à Sichem. Josué écrivit ces paroles dans le livre de la Loi de Dieu. Il prit ensuite une grosse pierre et la dressa là, sous le chêne qui est dans le sanctuaire de Yahvé. Josué dit alors à tout le peuple: "Voici, cette pierre sera un témoin contre nous parce qu'elle a entendu toutes les paroles que Yahvé nous a adressées; elle sera un témoin contre vous pour vous empêcher de renier votre Dieu." Puis Josué renvoya le peuple, chacun dans son héritage. Après ces événements, Josué, fils de Nûn, serviteur de Yahvé, mourut, âgé de 110 ans. On l'ensevelit dans le domaine qu'il avait reçu en héritage, à Timnat-Sérah, qui est situé dans la montagne d'Ephraïm au nord du mont Gaash. Israël servit Yahvé pendant toute la vie de Josué et toute la vie des anciens qui survécurent à Josué et qui avaient connu toute l'oeuvre que Yahvé avait accomplie en faveur d'Israël. Quant aux ossements de Joseph que les Israélites avaient apportés d'Egypte, on les ensevelit à Sichem, dans la parcelle de champ que Jacob avait achetée aux fils de Hamor, père de Sichem, pour cent pièces d'argent, et qui était devenue héritage des fils de Joseph. Puis Eléazar, le fils d'Aaron, mourut et on l'ensevelit à Gibéa, ville de son fils Pinhas, qui lui avait été donnée dans la montagne d'Ephraïm. Or, après la mort de Josué, les Israélites consultèrent Yahvé en disant: "Qui de nous montera d'abord contre les Cananéens pour les combattre?" Et Yahvé répondit: "C'est Juda qui montera le premier; voici que je livre le pays entre ses mains." Alors Juda dit à Siméon son frère: "Monte avec moi dans le territoire que le sort m'a assigné, nous attaquerons les Cananéens et, à mon tour, je monterai avec toi dans ton territoire." Et Siméon marcha avec lui. Juda monta donc et Yahvé livra en leurs mains les Cananéens et les Perizzites, et, à Bézeq, ils défirent 10.000 hommes. Ayant rencontré à Bézeq Adoni-Bézeq, ils lui livrèrent bataille et défirent les Cananéens et les Perizzites. Adoni-Bézeq s'enfuit, mais ils le poursuivirent, le saisirent et lui coupèrent les pouces des mains et des pieds. Adoni-Bézeq dit alors: "70 rois, avec les pouces des mains et des pieds coupés, ramassaient les miettes sous ma table. Comme j'ai fait, Dieu me rend." On l'emmena à Jérusalem et c'est là qu'il mourut. (Les fils de Juda attaquèrent Jérusalem, ils la prirent, la passèrent au fil de l'épée et mirent le feu à la ville.) Après quoi, les fils de Juda descendirent pour combattre les Cananéens, qui habitaient la Montagne, le Négeb et le Bas-Pays. Puis Juda marcha contre les Cananéens qui habitaient Hébron -- le nom d'Hébron était autrefois Qiryat-Arba -- et il battit Shéshaï, Ahimân et Talmaï. De là, il marcha contre les habitants de Debir -- le nom de Debir était autrefois Qiryat-Séphèr. Et Caleb dit: "Celui qui vaincra Qiryat-Séphèr et la prendra, je lui donnerai ma fille Aksa pour femme." Celui qui la prit fut Otniel, fils de Qenaz, le frère cadet de Caleb, et celui-ci lui donna sa fille Aksa pour femme. Lorsqu'elle arriva, il lui suggéra de demander à son père un champ. Alors elle sauta à bas de son âne, et Caleb lui demanda: "Que veux-tu?" Elle lui répondit: "Accorde-moi une faveur. Puisque tu m'as reléguée au pays du Négeb, donne-moi donc des sources d'eau." Et Caleb lui donna les sources d'en haut et les sources d'en bas. Les fils de Hobab, le Qénite, beau-père de Moïse, montèrent de la ville des Palmiers avec les fils de Juda jusqu'au désert de Juda qui est dans le Négeb d'Arad, et ils vinrent habiter avec le peuple. Puis Juda s'en alla avec Siméon son frère. Ils battirent les Cananéens qui habitaient Cephat et la vouèrent à l'anathème. C'est pourquoi on donna à la ville le nom de Horma. Puis Juda s'empara de Gaza et de son territoire, d'Ascalon et de son territoire, d'Eqrôn et de son territoire. Et Yahvé fut avec Juda qui se rendit maître de la Montagne, mais il ne put déposséder les habitants de la plaine, parce qu'ils avaient des chars de fer. Comme Moïse l'avait recommandé, on donna Hébron à Caleb, lequel en chassa les trois fils d'Anaq. Quant aux Jébuséens qui habitaient Jérusalem, les fils de Benjamin ne les dépossédèrent pas, et jusqu'aujourd'hui les Jébuséens ont habité Jérusalem avec les fils de Benjamin. La maison de Joseph, elle aussi, monta à Béthel et Yahvé fut avec elle. La maison de Joseph fit faire une reconnaissance contre Béthel. (Le nom de la ville était autrefois Luz.) Ceux qui étaient en observation virent un homme qui sortait de la ville. Ils lui dirent: "Indique-nous par où l'on peut y entrer et nous te ferons grâce." Il leur indiqua par où entrer dans la ville. Ils passèrent la ville au fil de l'épée, mais laissèrent aller l'homme avec tout son clan. Cet homme s'en alla au pays des Hittites et il bâtit une ville à laquelle il donna le nom de Luz. C'est le nom qu'elle porte encore aujourd'hui. Manassé ne déposséda pas Bet-Shéân et ses dépendances, ni Tanak et ses dépendances, ni les habitants de Dor et de ses dépendances, ni les habitants de Yibleam et de ses dépendances, ni les habitants de Megiddo et de ses dépendances; les Cananéens persistèrent dans ce pays. Cependant, quand Israël fut devenu plus fort, il soumit les Cananéens à la corvée, mais il ne les déposséda pas. Ephraïm non plus ne déposséda pas les Cananéens qui habitaient Gézèr, de telle sorte que les Cananéens continuèrent d'y habiter avec lui. Zabulon ne déposséda pas les habitants de Qitrôn, ni ceux de Nahalol. Les Cananéens demeurèrent au milieu de Zabulon, mais ils furent astreints à la corvée. Asher ne déposséda pas les habitants d'Akko, ni ceux de Sidon, de Mahaleb, d'Akzib, d'Helbah, d'Aphiq ni de Rehob. Les Ashérites demeurèrent donc au milieu des Cananéens qui habitaient le pays, car ils ne les dépossédèrent pas. Nephtali ne déposséda pas les habitants de Bet-Shémesh, ni ceux de Bet-Anat, et il habita au milieu des Cananéens qui habitaient le pays, mais les habitants de Bet-Shémesh et de Bet-Anat furent astreints par lui à la corvée. Les Amorites refoulèrent dans la montagne les fils de Dan et ils ne les laissèrent pas descendre dans la plaine. Les Amorites se maintinrent à Har-Hérès, à Ayyalôn et à Shaalbim, mais lorsque la main de la maison de Joseph se fit plus lourde, ils furent soumis à la corvée. (Le territoire des Edomites s'étend à partir de la montée des Scorpions, à la Roche, et va ensuite en montant.) L'Ange de Yahvé monta de Gilgal à Béthel et il dit: "Je vous ai fait monter d'Egypte et je vous ai amenés dans ce pays que j'avais promis par serment à vos pères. J'avais dit: Je ne romprai jamais mon alliance avec vous. De votre côté, vous ne conclurez point d'alliance avec les habitants de ce pays; mais vous renverserez leurs autels. Or vous n'avez pas écouté ma voix. Qu'avez-vous fait là? Eh bien, je le dis: je ne chasserai point ces peuples devant vous. Ils seront pour vous des oppresseurs et leurs dieux seront pour vous un piège." Lorsque l'Ange de Yahvé eut adressé ces paroles à tous les Israélites, le peuple se mit à crier et à pleurer. Ils donnèrent à ce lieu le nom de Bokim et ils offrirent là des sacrifices à Yahvé. Alors Josué congédia le peuple et les Israélites se rendirent chacun dans son héritage pour occuper le pays. Le peuple servit Yahvé pendant toute la vie de Josué et toute la vie des anciens qui survécurent à Josué et qui avaient connu toutes les grandes oeuvres que Yahvé avait opérées en faveur d'Israël. Josué, fils de Nûn, serviteur de Yahvé, mourut à l'âge de 110 ans. On l'ensevelit dans le domaine qu'il avait reçu en héritage à Timnat-Hérès, dans la montagne d'Ephraïm, au nord du mont Gaash. Et quand cette génération à son tour fut réunie à ses pères, une autre génération lui succéda qui ne connaissait point Yahvé ni ce qu'il avait fait pour Israël. Alors les enfants d'Israël firent ce qui est mal aux yeux de Yahvé et ils servirent les Baals. Ils délaissèrent Yahvé, le Dieu de leurs pères, qui les avait fait sortir du pays d'Egypte, et ils suivirent d'autres dieux parmi ceux des peuples d'alentour. Ils se prosternèrent devant eux, ils irritèrent Yahvé, ils délaissèrent Yahvé pour servir le Baal et les Astartés. Alors la colère de Yahvé s'enflamma contre Israël. Il les abandonna à des pillards qui les dépouillèrent, il les livra aux ennemis qui les entouraient et ils ne purent plus tenir devant leurs ennemis. Dans toutes leurs expéditions la main de Yahvé intervenait contre eux pour leur faire du mal, comme Yahvé le leur avait dit et comme Yahvé le leur avait juré. Leur détresse était extrême. Alors Yahvé leur suscita des juges qui les sauvèrent de la main de ceux qui les pillaient. Mais même leurs juges, ils ne les écoutaient pas, ils se prostituèrent à d'autres dieux, et ils se prosternèrent devant eux. Bien vite ils se sont détournés du chemin qu'avaient suivi leurs pères, dociles aux commandements de Yahvé; ils ne les ont point imités. Lorsque Yahvé leur suscitait des juges, Yahvé était avec le juge et il les sauvait de la main de leurs ennemis tant que vivait le juge, car Yahvé se laissait émouvoir par leurs gémissements devant leurs persécuteurs et leurs oppresseurs. Mais le juge mort, ils recommençaient à se pervertir encore plus que leurs pères. Ils suivaient d'autres dieux, les servaient et se prosternaient devant eux, ne renonçant en rien aux pratiques et à la conduite endurcie de leurs pères. La colère de Yahvé s'enflamma alors contre Israël et il dit: "Puisque ce peuple a transgressé l'alliance que j'avais prescrite à ses pères et qu'il n'a pas écouté ma voix, désormais je ne chasserai plus devant lui aucune des nations que Josué a laissé subsister quand il est mort", afin de mettre par elles Israël à l'épreuve, pour voir s'il suivra ou non les chemins de Yahvé comme les ont suivi ses pères. C'est pourquoi Yahvé a laissé subsister ces nations, il ne s'est point hâté de les chasser et ne les a pas livrées aux mains de Josué. Voici les nations que Yahvé a laissé subsister afin de mettre par elles à l'épreuve tous les Israélites qui n'avaient connu aucune des guerres de Canaan (ce fut uniquement pour l'enseignement des descendants des Israélites, pour leur apprendre l'art de la guerre; à ceux du moins qui ne l'avaient pas connu autrefois): les cinq princes des Philistins et tous les Cananéens, les Sidoniens et les Hittites qui habitaient la chaîne du Liban, depuis la montagne de Baal-Hermôn jusqu'à l'Entrée de Hamat. Ils servirent à éprouver Israël, pour savoir s'ils garderaient les commandements que Yahvé avait donnés à leurs pères par l'intermédiaire de Moïse. Et les Israélites habitèrent au milieu des Cananéens, des Hittites, des Amorites, des Perizzites, des Hivvites et des Jébuséens; ils épousèrent leurs filles, ils donnèrent leurs propres fils à leurs filles et ils servirent leurs dieux. Les Israélites firent ce qui est mal aux yeux de Yahvé. Ils oublièrent Yahvé leur Dieu pour servir les Baals et les Ashéras. Alors la colère de Yahvé s'enflamma contre Israël, il les livra aux mains de Kushân-Risheatayim, roi d'Edom, et les Israélites furent asservis à Kushân-Risheatayim pendant huit ans. Alors les Israélites crièrent vers Yahvé et Yahvé suscita aux Israélites un sauveur qui les libéra, Otniel fils de Qenaz, frère cadet de Caleb. L'esprit de Yahvé fut sur lui; il devint juge d'Israël et se mit en campagne. Yahvé livra entre ses mains Kushân-Risheatayim, roi d'Edom, et il triompha de Kushân-Risheatayim. Le pays fut alors en repos pendant 40 ans. Puis Otniel, fils de Qenaz, mourut. Les Israélites recommencèrent à faire ce qui est mal aux yeux de Yahvé et Yahvé fortifia Eglôn, roi de Moab, contre Israël, parce qu'ils faisaient ce qui est mal aux yeux de Yahvé. Eglôn s'adjoignit les fils d'Ammon et Amaleq, marcha contre Israël, le battit et s'empara de la ville des Palmiers. Les Israélites furent asservis à Eglôn, roi de Moab, pendant dix-huit ans. Alors les Israélites crièrent vers Yahvé et Yahvé leur suscita un sauveur, Ehud, fils de Géra, Benjaminite, qui était gaucher. Les Israélites le chargèrent de porter le tribut à Eglôn, roi de Moab. Ehud se fit un poignard à double tranchant, long d'un gomed, et il le ceignit sous son vêtement, sur sa hanche droite. Il offrit donc le tribut à Eglôn, roi de Moab. Cet Eglôn était très gros. Une fois le tribut offert, Ehud renvoya les gens qui l'avaient apporté. Mais lui-même, arrivé aux Idoles qui sont près de Gilgal, revint et dit: "J'ai un message secret pour toi, ô Roi!" Le roi répondit: "Silence!" et tous ceux qui se trouvaient auprès de lui sortirent. Ehud vint vers lui; il était assis dans la chambre haute où l'on prend le frais, qui lui était réservée. Ehud lui dit: "C'est une parole de Dieu que j'ai pour toi, ô Roi!" Et celui-ci se leva aussitôt de son siège. Alors Ehud étendit la main gauche, prit le poignard de dessus sa hanche droite et l'enfonça dans le ventre du roi. La poignée même entra avec la lame et la graisse se referma sur la lame, car Ehud n'avait pas retiré le poignard de son ventre. Ehud sortit par les cabinets, il avait fermé derrière lui les portes de la chambre haute et poussé le verrou. Quand il fut sorti, les serviteurs revinrent et ils regardèrent: les portes de la chambre haute étaient fermées au verrou. Ils se dirent: "Sans doute il se couvre les pieds dans le réduit de la chambre fraîche." Ils attendirent indéfiniment, car il n'ouvrait toujours pas les portes de la chambre haute. Ils prirent enfin la clef et ouvrirent: leur maître gisait à terre, mort. Pendant qu'ils attendaient, Ehud s'était enfui. Il dépassa les Idoles et se mit en sûreté à Ha-Séïra. Sitôt arrivé, il sonna du cor dans la montagne d'Ephraïm et les Israélites descendirent avec lui de la montagne, lui à leur tête. Et il leur dit: "Suivez-moi, car Yahvé a livré votre ennemi, Moab, entre vos mains." Ils le suivirent donc, coupèrent à Moab le passage des gués du Jourdain et ne laissèrent passer personne. Ils battirent les gens de Moab en ce temps-là, au nombre d'environ 10.000 hommes, tous robustes et vaillants, et pas un n'échappa. En ce jour-là Moab fut abaissé sous la main d'Israël et le pays fut en repos 80 ans. Après lui il y eut Shamgar, fils d'Anat. Il défit les Philistins au nombre de 600 hommes avec un aiguillon à boeufs, et lui aussi sauva Israël. Après la mort d'Ehud les Israélites recommencèrent à faire ce qui est mal aux yeux de Yahvé, et Yahvé les livra à Yabîn, roi de Canaan, qui régnait à Haçor. Le chef de son armée était Sisera, qui habitait à Haroshèt-ha-Goyim. Alors les Israélites poussèrent des gémissements vers Yahvé. Car Yabîn avait 900 chars de fer et il avait opprimé durement les Israélites pendant vingt ans. En ce temps-là Débora, une prophétesse, femme de Lappidot, jugeait Israël. Elle siégeait sous le palmier de Débora entre Rama et Béthel, dans la montagne d'Ephraïm, et les Israélites allaient vers elle pour obtenir justice. Elle envoya chercher Baraq, fils d'Abinoam de Qédesh en Nephtali et lui dit: "Yahvé, Dieu d'Israël, n'a-t-il pas ordonné: Va, marche vers le mont Tabor et prends avec toi 10.000 hommes des fils de Nephtali et des fils de Zabulon. J'attirerai vers toi au torrent du Qishôn Sisera, le chef de l'armée de Yabîn, avec ses chars et ses troupes, et je le livrerai entre tes mains?" Baraq lui répondit: "Si tu viens avec moi, j'irai, mais si tu ne viens pas avec moi, je n'irai pas, car je ne sais pas en quel jour l'Ange de Yahvé me donnera le succès" -- "J'irai donc avec toi, lui dit-elle; seulement, dans la voie où tu marches, l'honneur ne sera pas pour toi, car c'est entre les mains d'une femme que Yahvé livrera Sisera." Alors Débora se leva et, avec Baraq, elle se rendit à Qédesh. Baraq convoqua Zabulon et Nephtali. 10.000 hommes le suivirent et Débora monta avec lui. Héber, le Qénite, s'était séparé de la tribu de Qayîn et du clan des fils de Hobab, beau-père de Moïse; il avait planté sa tente près du chêne de Caanannim, non loin de Qédesh. On annonça à Sisera que Baraq, fils d'Abinoam, était monté sur le mont Tabor. Sisera convoqua tous ses chars,900 chars de fer, et toutes les troupes qu'il avait, de Haroshèt-ha-Goyim au torrent du Qishôn. Débora dit à Baraq: "Lève-toi, car voici le jour où Yahvé a livré Sisera entre tes mains. Oui! Yahvé ne marche-t-il pas devant toi?" Et Baraq descendit du mont Tabor avec 10.000 hommes derrière lui. Yahvé frappa de panique Sisera, tous ses chars et toute son armée devant Baraq. Sisera, descendant de son char, s'enfuit à pied. Baraq poursuivit les chars et l'armée jusqu'à Haroshèt-ha-Goyim. Toute l'armée de Sisera tomba sous le tranchant de l'épée et pas un homme n'échappa. Sisera cependant s'enfuyait à pied dans la direction de la tente de Yaël, femme de Héber le Qénite, car la paix régnait entre Yabîn, roi de Haçor, et la maison de Héber le Qénite. Yaël, sortant au-devant de Sisera, lui dit: "Arrête-toi, Monseigneur, arrête-toi chez moi. Ne crains rien!" Il s'arrêta chez elle sous la tente et elle le recouvrit d'un tapis. Il lui dit: "Donne-moi à boire un peu d'eau, je te prie, car j'ai soif." Elle ouvrit l'outre où était le lait, le fit boire et le recouvrit de nouveau. Il lui dit: "Tiens-toi à l'entrée de la tente, et si quelqu'un vient, t'interroge et dit: Y a-t-il un homme ici? Tu répondras: Non." Mais Yaël, femme de Héber, prit un piquet de la tente, saisit un marteau dans sa main et, s'approchant de lui doucement, elle lui enfonça dans la tempe le piquet, qui se planta en terre. Il dormait profondément, épuisé de fatigue, c'est ainsi qu'il mourut. Et voici que Baraq survint, poursuivant Sisera. Yaël sortit au-devant de lui: "Viens, lui dit-elle, et je te ferai voir l'homme que tu cherches." Il entra chez elle: Sisera gisait mort, le piquet dans la tempe. Dieu humilia donc en ce jour Yabîn, roi de Canaan, devant les Israélites. La main des Israélites s'appesantit de plus en plus durement sur Yabîn, roi de Canaan, jusqu'à ce qu'ils aient supprimé Yabîn, roi de Canaan. En ce jour-là, Débora et Baraq, fils d'Abinoam, chantèrent, disant: Puisqu'en Israël des guerriers ont dénoué leur chevelure, puisque le peuple s'est offert librement, bénissez Yahvé! Ecoutez, rois! Prêtez l'oreille, princes! Moi, pour Yahvé, moi je chanterai. Je célébrerai Yahvé, Dieu d'Israël. Yahvé, quand tu sortis de Séïr, quand tu t'avanças des campagnes d'Edom, la terre trembla, les cieux se déversèrent, les nuées fondirent en eau. Les montagnes ruisselèrent devant Yahvé, celui du Sinaï, devant Yahvé, le Dieu d'Israël. Aux jours de Shamgar fils d'Anat, aux jours de Yaël, il n'y avait plus de caravanes; ceux qui s'en allaient par les chemins prenaient des sentiers détournés. Les villages étaient morts en Israël, ils étaient morts, jusqu'à ton lever, ô Débora, jusqu'à ton lever, mère en Israël! On choisissait des dieux nouveaux, alors la guerre était aux portes; on ne voyait ni bouclier ni lance pour 40 milliers en Israël! Mon coeur va aux chefs d'Israël, avec les libres engagés du peuple! Bénissez Yahvé! Vous qui montez des ânesses blanches, assis sur des tapis, et vous qui allez par les chemins, chantez, aux acclamations des pâtres, près des abreuvoirs. Là on célèbre les bienfaits de Yahvé, ses bienfaits pour ses villages d'Israël! (Alors le peuple de Yahvé est descendu aux portes.) Eveille-toi, éveille-toi, Débora! Eveille-toi, éveille-toi, clame un chant! Courage! Debout, Baraq! et prends ceux qui t'ont pris, fils d'Abinoam! Alors Israël est descendu aux portes, le peuple de Yahvé est descendu pour sa cause, en héros. Les princes d'Ephraïm sont dans la vallée. Derrière toi Benjamin est parmi les tiens. De Makir sont descendus des chefs, de Zabulon, ceux qui portent le bâton de commandement. Les princes d'Issachar sont avec Débora, et Nephtali, avec Baraq, dans la vallée s'est lancé sur ses traces. Dans les clans de Ruben, on s'est concerté longuement. Pourquoi es-tu resté dans les enclos à l'écoute des sifflements, près des troupeaux? (Dans les clans de Ruben, on s'est concerté longuement.) Galaad est resté au-delà du Jourdain, et Dan, pourquoi vit-il sur des vaisseaux? Asher est demeuré au bord de la mer, il habite tranquille dans ses ports. Zabulon est un peuple qui a bravé la mort, ainsi que Nephtali, sur les hauteurs du pays. Les rois sont venus, ils ont combattu, alors ils ont combattu, les rois de Canaan, à Tanak, aux eaux de Megiddo, mais ils n'ont pas ramassé d'argent en butin. Du haut des cieux les étoiles ont combattu, de leurs chemins, elles ont combattu Sisera. Le torrent du Qishôn les a balayés, le torrent des temps anciens, le torrent du Qishôn! Marche hardiment, ô mon âme! Alors les sabots des chevaux ont martelé le sol: ils galopent, ils galopent, ses coursiers! Maudissez Méroz, dit l'Ange de Yahvé, maudissez, maudissez ses habitants: car ils ne sont pas venus à l'aide de Yahvé, à l'aide de Yahvé parmi les héros. Bénie entre les femmes soit Yaël (la femme de Héber le Qénite), entre les femmes qui habitent les tentes, bénie soit-elle! Il demandait de l'eau, elle a donné du lait, dans la coupe des nobles elle a offert de la crème. Elle a tendu la main pour saisir le piquet, la droite pour saisir le marteau des travailleurs. Elle a frappé Sisera, elle lui a brisé la tête, elle lui a percé et fracassé la tempe. Entre ses pieds il s'est écroulé, il est tombé, il s'est couché, à ses pieds il s'est écroulé, il est tombé. Où il s'est écroulé, là il est tombé, anéanti. Par la fenêtre elle se penche, elle guette, la mère de Sisera, à travers le grillage: "Pourquoi son char tarde-t-il à venir? Pourquoi sont-ils si lents, ses attelages?" La plus avisée de ses princesses lui répond, et elle se répète à elle-même: "Sans doute ils recueillent, ils partagent le butin: une jeune fille, deux jeunes filles par guerrier! un butin d'étoffes de couleur brodées pour Sisera, une broderie, deux broderies pour mon cou!" Ainsi périssent tous tes ennemis, Yahvé! et ceux qui t'aiment, qu'ils soient comme le soleil quand il se lève dans sa force! Et le pays fut en repos pendant 40 ans. Les Israélites firent ce qui est mal aux yeux de Yahvé; Yahvé les livra pendant sept ans aux mains de Madiân, et la main de Madiân se fit lourde sur Israël. C'est pour échapper à Madiân que les Israélites utilisèrent les crevasses des montagnes, les cavernes et les refuges. Chaque fois qu'Israël avait semé, alors Madiân montait, ainsi qu'Amaleq et les fils de l'Orient, ils montaient contre Israël et, campés sur sa terre, ils dévastaient les produits du sol jusqu'aux abords de Gaza. Ils ne laissaient à Israël aucun moyen de subsistance, ni une tête de petit bétail, ni un boeuf, ni un âne, car ils arrivaient, eux, leurs troupeaux et leurs tentes, aussi nombreux que les sauterelles; eux et leurs chameaux étaient innombrables et ils envahissaient le pays pour le ravager. Ainsi Madiân réduisit Israël à une grande misère et les Israélites crièrent vers Yahvé. Lorsque les Israélites eurent crié vers Yahvé à cause de Madiân, Yahvé envoya aux Israélites un prophète qui leur dit: "Ainsi parle Yahvé, Dieu d'Israël. C'est moi qui vous ai fait monter d'Egypte, et qui vous ai fait sortir d'une maison de servitude. Je vous ai délivrés de la main des Egyptiens et de la main de tous ceux qui vous opprimaient. Je les ai chassés devant vous, je vous ai donné leur pays, et je vous ai dit: Je suis Yahvé votre Dieu. Vous ne craindrez pas les dieux des Amorites dont vous habitez le pays Mais vous n'avez pas écouté ma voix." L'Ange de Yahvé vint et s'assit sous le térébinthe d'Ophra, qui appartenait à Yoash d'Abiézer. Gédéon, son fils, battait le blé dans le pressoir pour le soustraire à Madiân, et l'Ange de Yahvé lui apparut: "Yahvé avec toi, lui dit-il, vaillant guerrier!" Gédéon lui répondit: "Je t'en prie, mon Seigneur! Si Yahvé est avec nous, d'où vient tout ce qui nous arrive? Où sont tous ces prodiges que nous racontent nos pères quand ils disent: Yahvé ne nous a-t-il pas fait monter d'Egypte? Et maintenant Yahvé nous a abandonnés, ils nous a livrés au pouvoir de Madiân..." Alors Yahvé se tourna vers lui et lui dit: "Va avec la force qui t'anime et tu sauveras Israël de la main de Madiân. N'est-ce pas moi qui t'envoie?" "Pardon --, mon Seigneur! lui répondit Gédéon, comment sauverais-je Israël? Mon clan est le plus pauvre en Manassé et moi, je suis le dernier dans la maison de mon père." Yahvé lui répondit: "Je serai avec toi et tu battras Madiân comme si c'était un seul homme." Gédéon lui dit: "Si j'ai trouvé grâce à tes yeux, donne-moi un signe que c'est toi qui me parles. Ne t'éloigne pas d'ici, je te prie, jusqu'à ce que je revienne vers toi. Je t'apporterai mon offrande et je la déposerai devant toi." Et il répondit: "Je resterai jusqu'à ton retour." Gédéon s'en alla, il prépara un chevreau, et avec une mesure de farine il fit des pains sans levain. Il mit la viande dans une corbeille et le jus dans un pot, puis il lui apporta le tout sous le térébinthe. Comme il s'approchait, l'Ange de Yahvé lui dit: "Prends la viande et les pains sans levain, pose-les sur ce rocher et répands le jus." Et Gédéon fit ainsi. Alors l'Ange de Yahvé étendit l'extrémité du bâton qu'il tenait à la main et il toucha la viande et les pains sans levain. Le feu jaillit du roc, il dévora la viande et les pains sans levain, et l'Ange de Yahvé disparut à ses yeux. Alors Gédéon vit que c'était l'Ange de Yahvé et il dit: "Hélas! mon Seigneur Yahvé! C'est donc que j'ai vu l'Ange de Yahvé face à face?" Yahvé lui répondit: "Que la paix soit avec toi! Ne crains rien: tu ne mourras pas." Gédéon éleva en cet endroit un autel à Yahvé et il le nomma Yahvé-Paix. Cet autel est encore aujourd'hui à Ophra d'Abiézer. Il arriva que pendant cette nuit-là, Yahvé dit à Gédéon: "Prends le taureau de ton père, le taureau de sept ans, et tu démoliras l'autel de Baal qui appartient à ton père et tu couperas le pieu sacré qui est à côté. Puis tu construiras à Yahvé ton Dieu, au sommet de ce lieu fort, un autel bien disposé. Tu prendras alors le taureau et tu le brûleras en holocauste sur le bois du pieu sacré que tu auras coupé." Gédéon prit alors dix hommes parmi ses serviteurs et il fit comme Yahvé le lui avait ordonné. Seulement, comme il craignait trop sa famille et les gens de la ville pour le faire en plein jour, il le fit de nuit. Le lendemain matin les gens de la ville se levèrent; l'autel de Baal avait été détruit, le pieu sacré qui se dressait à côté avait été coupé, et le taureau avait été offert en holocauste sur l'autel qu'on venait de bâtir. Ils se dirent alors les uns aux autres: "Qui a fait cela?" Ils cherchèrent, s'informèrent et ils dirent: "C'est Gédéon fils de Yoash qui a fait cela." Les gens de la ville dirent alors à Yoash: "Fais sortir ton fils et qu'il meure, car il a détruit l'autel de Baal et coupé le pieu sacré qui se dressait à côté." Yoash répondit à tous ceux qui se tenaient près de lui: "Est-ce à vous de défendre Baal? Est-ce à vous de lui venir en aide? (Quiconque défend Baal doit être mis à mort avant qu'il ne fasse jour.) S'il est dieu, qu'il se défende lui-même, puisque Gédéon a détruit son autel." Ce jour-là on donna à Gédéon le nom de Yerubbaal, car, disait-on: "Que Baal s'en prenne à lui, puisqu'il a détruit son autel!" Tout Madiân, Amaleq et les fils de l'Orient se réunirent et, ayant passé le Jourdain, ils vinrent camper dans la plaine de Yizréel. L'esprit de Yahvé revêtit Gédéon, il sonna du cor et Abiézer se groupa derrière lui. Il envoya des messagers dans tout Manassé, qui se groupa aussi derrière lui, et il envoya des messagers dans Asher, dans Zabulon et dans Nephtali; et ils montèrent à sa rencontre. Gédéon dit à Dieu: "Si vraiment tu veux délivrer Israël par ma main, comme tu l'as dit, voici que j'étends sur l'aire une toison de laine: s'il y a de la rosée seulement sur la toison et que le sol reste sec, alors je saurai que tu délivreras Israël par ma main, comme tu l'as dit." Et il en fut ainsi. Gédéon se leva le lendemain de bon matin, il pressa la toison et, de la toison, il exprima la rosée, une pleine coupe d'eau. Gédéon dit encore à Dieu: "Ne t'irrite pas contre moi si je parle encore une fois. Permets que je fasse une dernière fois l'épreuve de la toison: qu'il n'y ait de sec que la seule toison et qu'il y ait de la rosée sur tout le sol!" Et Dieu fit ainsi en cette nuit-là. La toison seule resta sèche et il y eut de la rosée sur tout le sol. Yerubbaal (c'est-à-dire Gédéon) se leva de grand matin ainsi que tout le peuple qui était avec lui, et il vint camper à En-Harod; le camp de Madiân se trouvait au nord du sien, au pied de la colline du Moré dans la vallée. Alors Yahvé dit à Gédéon: "Le peuple qui est avec toi est trop nombreux pour que je livre Madiân entre ses mains; Israël pourrait en tirer gloire à mes dépens, et dire: C'est ma propre main qui m'a délivré! Et maintenant, proclame donc ceci aux oreilles du peuple: Que celui qui a peur et qui tremble, s'en retourne et qu'il observe du mont Gelboé." 22.000 hommes parmi le peuple s'en retournèrent et il en resta 10.000. Yahvé dit à Gédéon: "Ce peuple est encore trop nombreux. Fais-les descendre au bord de l'eau et là, pour toi, je les éprouverai. Celui dont je te dirai: Qu'il aille avec toi, celui-là ira avec toi. Et tout homme dont je te dirai: Qu'il n'aille pas avec toi, celui-là n'ira pas." Gédéon fit alors descendre le peuple au bord de l'eau et Yahvé lui dit: "Tous ceux qui laperont l'eau avec la langue comme lape le chien, tu les mettras d'un côté. Et tous ceux qui s'agenouilleront pour boire, tu les mettras de l'autre." Le nombre de ceux qui lapèrent l'eau avec leurs mains à leur bouche fut de 300. Tout le reste du peuple s'était agenouillé pour boire. Alors Yahvé dit à Gédéon: "C'est avec les 300 hommes qui ont lapé l'eau que je vous sauverai et que je livrerai Madiân entre tes mains. Que tout le peuple s'en retourne chacun chez soi." Ils prirent les provisions du peuple et leurs cors, puis Gédéon renvoya tous les Israélites chacun sous sa tente, ne gardant que les 300. Le camp de Madiân se trouvait au-dessous du sien dans la vallée. Or il arriva que pendant cette nuit-là Yahvé lui dit: "Lève-toi, descends au camp, car je le livre entre tes mains. Cependant, si tu as peur de descendre, descends au camp avec Pura ton serviteur; écoute ce qu'ils disent; tu en seras réconforté, et tu descendras contre le camp." Il descendit donc avec son serviteur Pura jusqu'à l'extrémité des avant-postes du camp. Madiân, Amaleq et tous les fils de l'Orient étaient déployés dans la vallée, aussi nombreux que des sauterelles; leurs chameaux étaient sans nombre, comme le sable sur le bord de la mer. Gédéon vint donc et voici qu'un homme racontait un rêve à son camarade; il disait: "Voici le rêve que j'ai fait: une galette de pain d'orge roulait dans le camp de Madiân, elle atteignit la tente, elle la heurta et la renversa sens dessus dessous." Son camarade lui répondit: "Ce ne peut être que l'épée de Gédéon, fils de Yoash, l'Israélite. Dieu a livré entre ses mains Madiân et tout le camp." Quand il eut entendu le récit du songe et son explication, Gédéon se prosterna, puis il revint au camp d'Israël et dit: "Debout! car Yahvé a livré entre vos mains le camp de Madiân!" Gédéon divisa alors ses 300 hommes en trois groupes. A tous il remit des cors et des cruches vides, avec des torches dans les cruches: "Regardez-moi, leur dit-il, et faites comme moi! Quand je serai arrivé à l'extrémité du camp, ce que je ferai, vous le ferez aussi! Je sonnerai du cor, moi et tous ceux qui sont avec moi; alors, vous aussi, vous sonnerez du cor tout autour du camp et vous crierez: Pour Yahvé et pour Gédéon!" Gédéon et les cent hommes qui l'accompagnaient arrivèrent à l'extrémité du camp au début de la veille de la mi-nuit, comme on venait de placer les sentinelles; ils sonnèrent du cor et brisèrent les cruches qu'ils avaient à la main. Alors les trois groupes sonnèrent du cor et brisèrent leurs cruches; de la main gauche ils saisirent les torches, de la droite les cors pour en sonner, et ils crièrent: "Epée pour Yahvé et pour Gédéon!" Et ils se tinrent immobiles chacun à sa place autour du camp. Tout le camp alors s'agita et, poussant des cris, les Madianites prirent la fuite. Pendant que les 300 sonnaient du cor, Yahvé fit que dans tout le camp chacun tournait l'épée contre son camarade. Tous s'enfuirent jusqu'à Bet-ha-Shitta, vers Cartân, jusqu'à la rive d'Abel-Mehola vis-à-vis de Tabbat. Les gens d'Israël se rassemblèrent, de Nephtali, d'Asher et de tout Manassé, et ils poursuivirent Madiân. Gédéon envoya dans toute la montagne d'Ephraïm des messagers dire: "Descendez à la rencontre de Madiân et occupez avant eux les points d'eau jusqu'à Bet-Bara et le Jourdain." Tous les gens d'Ephraïm se rassemblèrent et ils occupèrent les points d'eau jusqu'à Bet-Bara et le Jourdain. Ils firent prisonniers les deux chefs de Madiân, Oreb et Zéeb, ils tuèrent Oreb au Rocher d'Oreb et Zéeb au Pressoir de Zéeb. Ils poursuivirent Madiân et ils apportèrent à Gédéon au-delà du Jourdain les têtes d'Oreb et de Zéeb. Or les gens d'Ephraïm dirent à Gédéon: "Quelle est donc cette manière d'agir envers nous: tu ne nous as pas convoqués lorsque tu es allé combattre Madiân?" Et ils le prirent violemment à partie. Il leur répondit: "Qu'ai-je donc fait en comparaison de vous? Le grappillage d'Ephraïm, n'est-ce pas plus que la vendange d'Abiézer? C'est entre vos mains que Dieu a livré les chefs de Madiân, Oreb et Zéeb. Qu'ai-je pu faire en comparaison de vous?" Sur ces paroles, leur emportement contre lui se calma. Gédéon arriva au Jourdain et le traversa, mais lui et les 300 hommes qu'il avait avec lui étaient harassés par la poursuite. Il dit donc aux gens de Sukkot: "Donnez, je vous prie, des galettes de pain à la troupe qui me suit, car elle est harassée, et je suis à la poursuite de Zébah et de Calmunna, rois de Madiân." Mais les chefs de Sukkot répondirent: "Les mains de Zébah et de Calmunna sont-elles déjà dans ton poing pour que nous donnions du pain à ton armée" -- "Eh bien! répliqua Gédéon, lorsque Yahvé aura livré en mes mains Zébah et Calmunna, je vous déchirerai les chairs sur les épines du désert et les chardons." De là, il monta à Penuel et il parla de la même manière aux gens de Penuel, qui répondirent comme l'avaient fait les gens de Sukkot. Il répliqua également aux gens de Penuel: "Quand je reviendrai vainqueur, je détruirai cette tour." Zébah et Calmunna se trouvaient dans le Qarqor avec leur armée, environ 15.000 hommes, tous ceux qui étaient restés de l'armée des fils de l'Orient. Ceux qui étaient tombés étaient au nombre de 120.000 hommes tirant l'épée. Gédéon monta par la route de ceux qui habitent sous la tente, à l'est de Nobah et de Yogbéha, et il défit l'armée, alors qu'elle se croyait en sûreté. Zébah et Calmunna s'enfuirent. Il les poursuivit et il fit prisonniers les deux rois de Madiân, Zébah et Calmunna. Quant à l'armée, il la mit en déroute. Après la bataille, Gédéon fils de Yoash s'en revint par la montée de Harès. Ayant arrêté un jeune homme des gens de Sukkot, il le questionna et celui-ci lui donna par écrit les noms des chefs de Sukkot et des anciens,77 hommes. Gédéon se rendit alors auprès des gens de Sukkot et dit: "Voici Zébah et Calmunna, au sujet desquels vous m'avez raillé, disant: Les mains de Zébah et de Calmunna sont-elles déjà dans ton poing pour que nous donnions du pain à tes gens harassés?" Il saisit alors les anciens de la ville et, prenant des épines du désert et des chardons, il déchira les gens de Sukkot. Il détruisit la tour de Penuel et massacra les habitants de la ville. Puis il dit à Zébah et Calmunna: "Comment donc étaient ces hommes que vous avez tués au Tabor" -- "Ils te ressemblaient, répondirent-ils. Chacun d'eux avait l'air d'un fils de roi" -- "C'étaient mes frères, fils de ma mère, reprit Gédéon. Par la vie de Yahvé! si vous les aviez laissés vivre, je ne vous tuerais pas." Alors il commanda à Yéter, son fils aîné: "Debout! Tue-les." Mais l'enfant ne tira pas son épée, il n'osait pas, car il était encore jeune. Zébah et Calmunna dirent alors: "Debout! toi, et frappe-nous, car tel est l'homme, telle est sa force." Alors Gédéon se leva, il tua Zébah et Calmunna et il prit les croissants qui étaient au cou de leurs chameaux. Les gens d'Israël dirent à Gédéon: "Règne sur nous, toi, ton fils et ton petit-fils, puisque tu nous a sauvés de la main de Madiân." Mais Gédéon leur répondit: "Ce n'est pas moi qui régnerai sur vous, ni mon fils non plus, car c'est Yahvé qui régnera sur vous." "Laissez-moi, ajouta Gédéon, vous faire une requête. Que chacun de vous me donne un anneau de son butin." Les vaincus avaient en effet des anneaux d'or, car c'étaient des Ismaélites. "Nous les donnerons volontiers" répondirent-ils. Il étendit donc son manteau et ils y jetèrent chacun un anneau de son butin. Le poids des anneaux d'or qu'il avait demandés s'éleva à 1.700 sicles d'or, sans compter les croissants, les pendants d'oreilles et les vêtements de pourpre que portaient les rois de Madiân, sans compter non plus les colliers qui étaient au cou de leurs chameaux. Gédéon en fit un éphod qu'il plaça dans sa ville, à Ophra. Tout Israël s'y prostitua après lui et ce fut un piège pour Gédéon et sa maison. Ainsi Madiân fut abaissé devant les Israélites. Il ne releva plus la tête et le pays fut en repos pendant 40 ans, aussi longtemps que vécut Gédéon. Yerubbaal, fils de Yoash, s'en alla donc et demeura dans sa maison. Gédéon eut 70 fils, issus de lui, car il avait beaucoup de femmes. Sa concubine qui résidait à Sichem lui enfanta, elle aussi, un fils, auquel il donna le nom d'Abimélek. Gédéon, fils de Yoash, mourut après une heureuse vieillesse et on l'ensevelit dans le tombeau de Yoash, son père, à Ophra d'Abiézer. Après la mort de Gédéon, les Israélites recommencèrent à se prostituer aux Baals et ils prirent pour dieu Baal-Berit. Les Israélites ne se souvinrent plus de Yahvé, leur Dieu, qui les avait délivrés de la main de tous les ennemis d'alentour. Et à la maison de Yerubbaal-Gédéon, ils ne montrèrent pas la gratitude méritée par tout le bien qu'elle avait fait à Israël. Abimélek, fils de Yerubbaal, s'en vint à Sichem auprès des frères de sa mère et il leur adressa ces paroles, ainsi qu'à tout le clan de la maison paternelle de sa mère: "Faites donc entendre ceci, je vous prie, aux notables de Sichem: Que vaut-il mieux pour vous? Avoir pour maîtres 70 personnes, tous les fils de Yerubbaal, ou n'en avoir qu'un seul? Souvenez-vous d'ailleurs que je suis, moi, de vos os et de votre chair!" Les frères de sa mère parlèrent de lui à tous les notables de Sichem dans les mêmes termes, et leur coeur pencha pour Abimélek, car ils se disaient: "C'est notre frère!" Ils lui donnèrent donc 70 sicles d'argent du temple de Baal-Berit et Abimélek s'en servit pour soudoyer des gens de rien, des aventuriers, qui s'attachèrent à lui. Il se rendit alors à la maison de son père à Ophra et il massacra ses frères, les fils de Yerubbaal,70 hommes, sur une même pierre. Yotam cependant, le plus jeune fils de Yerubbaal, échappa, car il s'était caché. Puis tous les notables de Sichem et tout Bet-Millo se réunirent et ils proclamèrent roi Abimélek près du chêne de la stèle qui est à Sichem. On l'annonça à Yotam. Il vint se poster sur le sommet du mont Garizim et il leur cria à haute voix: "Ecoutez-moi, notables de Sichem, pour que Dieu vous écoute! Un jour les arbres se mirent en chemin pour oindre un roi qui régnerait sur eux. Ils dirent à l'olivier: Sois notre roi! L'olivier leur répondit: Faudra-t-il que je renonce à mon huile, qui rend honneur aux dieux et aux hommes, pour aller me balancer au-dessus des arbres? Alors les arbres dirent au figuier: Viens, toi, sois notre roi! Le figuier leur répondit: Faudra-t-il que je renonce à ma douceur et à mon excellent fruit, pour aller me balancer au-dessus des arbres? Les arbres dirent alors à la vigne: Viens, toi, sois notre roi! La vigne leur répondit: Faudra-t-il que je renonce à mon vin, qui réjouit les dieux et les hommes, pour aller me balancer au-dessus des arbres? Tous les arbres dirent alors au buisson d'épines: Viens, toi, sois notre roi! Et le buisson d'épines répondit aux arbres: Si c'est de bonne foi que vous m'oignez pour régner sur vous, "Ainsi donc, si c'est de bonne foi et en toute loyauté que vous avez agi et que vous avez fait roi Abimélek, si vous vous êtes bien conduits envers Yerubbaal et sa maison, si vous l'avez traité selon le mérite de ses action, alors que mon père a combattu pour vous, qu'il a exposé sa vie, qu'il vous a délivrés de la main de Madiân, vous, aujourd'hui, vous vous êtes levés contre la maison de mon père, vous avez massacré ses fils,70 hommes sur une même pierre, et vous avez établi roi sur les notables de Sichem Abimélek, le fils de son esclave, parce qu'il est votre frère! -- si donc c'est de bonne foi et en toute loyauté qu'aujourd'hui vous avez agi envers Yerubbaal et envers sa maison, alors qu'Abimélek fasse votre joie et vous la sienne! Sinon, qu'un feu sorte d'Abimélek et qu'il dévore les notables de Sichem et de Bet-Millo, et qu'un feu sorte des notables de Sichem et Bet-Millo pour dévorer Abimélek!" Puis Yotam prit la fuite, il se sauva et se rendit à Béer, où il s'établit pour échapper à son frère Abimélek. Abimélek exerça le pouvoir pendant trois ans sur Israël. Puis Dieu envoya un esprit de discorde entre Abimélek et les notables de Sichem, et les notables de Sichem trahirent Abimélek. C'était afin que le crime commis contre les 70 fils de Yerubbaal fût vengé et que leur sang retombât sur Abimélek leur frère, qui les avait massacrés, ainsi que sur les notables de Sichem qui l'avaient aidé à massacrer ses frères. Les notables de Sichem placèrent donc contre lui des embuscades au sommet des montagnes et ils dévalisaient quiconque passait près d'eux par le chemin. On le fit savoir à Abimélek. Gaal, fils d'Obed, accompagné de ses frères, vint à passer par Sichem et il gagna la confiance des notables de Sichem. Ceux-ci sortirent dans la campagne pour vendanger leurs vignes, ils foulèrent le raisin, organisèrent des réjouissances et entrèrent dans le temple de leur dieu. Ils y mangèrent et burent et maudirent Abimélek. Alors Gaal, fils d'Obed, s'écria: "Qui est Abimélek, et qu'est-ce que Sichem, pour que nous lui soyons asservis? Ne serait-ce pas au fils de Yerubbaal et à Zebul, son lieutenant, de servir les gens de Hamor, père de Sichem? Pourquoi lui serions-nous asservis, nous? Qui me mettra ce peuple dans la main, afin que je chasse Abimélek, et je lui dirais: Renforce ton armée et sors!" Zebul, gouverneur de la ville, apprit les propos de Gaal, fils d'Obed, et il en fut irrité. Il envoya en secret des messagers vers Abimélek, pour dire: "Voici que Gaal, fils d'Obed, avec ses frères, est arrivé à Sichem, et ils excitent la ville contre toi. En conséquence, lève-toi de nuit, toi et les gens que tu as avec toi, et mets-toi en embuscade dans la campagne, puis, le matin, au lever du soleil, tu surgiras et tu t'élanceras contre la ville. Quand Gaal et les gens qui sont avec lui sortiront à ta rencontre, tu les traiteras comme tu pourras." Abimélek se mit donc en route de nuit avec tous les gens qui étaient avec lui et ils s'embusquèrent en face de Sichem, en quatre groupes. Comme Gaal, fils d'Obed, sortait et faisait halte à l'entrée de la porte de la ville, Abimélek et les gens qui étaient avec lui surgirent de leur embuscade. Gaal vit cette troupe et il dit à Zebul: "Voici des gens qui descendent du sommet des montagnes" -- "C'est l'ombre des monts, lui répondit Zebul, et tu la prends pour des hommes." Gaal reprit encore: "Voici des gens qui descendent du côté du Nombril de la Terre, tandis qu'un autre groupe arrive par le chemin du Chêne des Devins." Zebul lui dit alors: "Qu'as-tu fait de ta langue? Toi qui disais: Qui est Abimélek pour que nous lui soyons asservis? Ne sont-ce pas là les gens que tu méprisais? Sors donc maintenant et livre-lui combat." Et Gaal sortit à la tête des notables de Sichem et il livra combat à Abimélek. Abimélek poursuivit Gaal, qui se sauva devant lui, et beaucoup de gens de celui-ci tombèrent morts avant d'atteindre la porte. Abimélek demeura alors à Aruma, et Zebul, chassant Gaal et ses frères, les empêcha d'habiter à Sichem. Le lendemain, le peuple sortit dans la campagne et Abimélek en fut informé. Il prit ses gens, les partagea en trois groupes et se mit en embuscade dans les champs. Lorsqu'il vit les gens sortir de la ville, il surgit contre eux et les tailla en pièces. Tandis qu'Abimélek et le groupe qui était avec lui s'élançaient et prenaient position à l'entrée de la porte de la ville, les deux autres groupes se jetèrent contre tous ceux qui étaient dans la campagne et les massacrèrent. Toute la journée Abimélek donna l'assaut à la ville. L'ayant prise, il en massacra la population, détruisit la ville et y sema du sel. A cette nouvelle, les notables de Migdal-Sichem se rendirent tous dans la crypte du temple d'El-Berit. Dès qu'Abimélek eut appris que tous les notables de Migdal-Sichem s'y étaient rassemblés, il monta sur le mont Calmôn, lui et toute sa troupe. Prenant en mains une hache, il coupa une branche d'arbre, qu'il souleva et chargea sur son épaule, en disant aux gens qui l'accompagnaient: "Ce que vous m'avez vu faire, vite, faites-le comme moi." Tous ses gens se mirent donc à couper chacun une branche, puis ils suivirent Abimélek et, entassant les branches sur la crypte, ils la brûlèrent sur ceux qui s'y trouvaient. Tous les habitants de Migdal-Sichem périrent aussi, environ mille hommes et femmes. Puis Abimélek marcha sur Tébèç, il l'assiégea et la prit. Il y avait là, au milieu de la ville, une tour fortifiée où se réfugièrent tous les hommes et femmes et tous les notables de la ville. Après avoir fermé la porte derrière eux, ils montèrent sur la terrasse de la tour. Abimélek parvint jusqu'à la tour et il l'attaqua. Comme il s'approchait de la porte de la tour pour y mettre le feu, une femme lui lança une meule de moulin sur la tête et lui brisa le crâne. Il appela aussitôt le jeune homme qui portait ses armes et lui dit: "Tire ton épée et tue-moi, pour qu'on ne dise pas de moi: C'est une femme qui l'a tué." Son écuyer le transperça et il mourut. Quand les gens d'Israël virent qu'Abimélek était mort, ils s'en retournèrent chacun chez soi. Ainsi Dieu fit retomber sur Abimélek le mal qu'il avait fait à son père en égorgeant ses 70 frères. Et Dieu fit aussi retomber sur la tête des gens de Sichem toute leur méchanceté. Ainsi s'accomplit sur eux la malédiction de Yotam, fils de Yerubbaal. Après Abimélek, se leva pour sauver Israël Tola, fils de Pua, fils de Dodo. Il était d'Issachar et il habitait Shamir dans la montagne d'Ephraïm. Il fut juge en Israël pendant 23 ans, puis il mourut et fut enseveli à Shamir. Après lui se leva Yaïr de Galaad, qui jugea Israël pendant 22 ans. Il avait 30 fils qui montaient 30 ânons et ils possédaient 30 villes, qu'on appelle encore aujourd'hui les Douars de Yaïr au pays de Galaad. Puis Yaïr mourut et il fut enseveli à Qamôn. Les Israélites recommencèrent à faire ce qui est mal aux yeux de Yahvé. Ils servirent les Baals et les Astartés, ainsi que les dieux d'Aram et de Sidon, les dieux de Moab, ceux des Ammonites et des Philistins. Ils abandonnèrent Yahvé et ne le servirent plus. Alors la colère de Yahvé s'alluma contre Israël et il le livra aux mains des Philistins et aux mains des Ammonites. Ceux-ci écrasèrent et opprimèrent les Israélites à partir de cette année-là pendant dix-huit ans, tous les Israélites qui habitaient au-delà du Jourdain, dans le pays amorite en Galaad. Les Ammonites passèrent le Jourdain pour combattre aussi Juda, Benjamin et la maison d'Ephraïm et la détresse d'Israël devint extrême. Alors les Israélites crièrent vers Yahvé, disant: "Nous avons péché contre toi, car nous avons abandonné Yahvé notre Dieu pour servir les Baals." Et Yahvé dit aux Israélites: "Quand des Egyptiens et des Amorites, des Ammonites et des Philistins, quand les Sidoniens, Amaleq et Madiân vous opprimaient et que vous avez crié vers moi, ne vous ai-je pas sauvés de leurs mains? Mais vous, vous m'avez abandonné et vous avez servi d'autres dieux. C'est pourquoi je ne vous sauverai plus. Allez! Criez vers les dieux que vous avez choisis! Qu'ils vous sauvent, eux, au temps de votre détresse!" Les Israélites répondirent à Yahvé: "Nous avons péché! Agis envers nous comme il te semblera bon, seulement, aujourd'hui délivre-nous!" Ils firent disparaître de chez eux les dieux étrangers qu'ils avaient et ils servirent Yahvé. Alors Yahvé ne supporta pas plus longtemps la souffrance d'Israël. Les Ammonites se réunirent et campèrent à Galaad. Les Israélites se rassemblèrent et campèrent à Miçpa. Alors le peuple, les chefs de Galaad, se dirent les uns aux autres: "Quel est l'homme qui entreprendra d'attaquer les fils d'Ammon? Celui-là sera le chef de tous les habitants de Galaad." Jephté, le Galaadite, était un vaillant guerrier. Il était fils d'une prostituée. Et c'est Galaad qui avait engendré Jephté. Mais la femme de Galaad lui enfanta aussi des fils, et les fils de cette femme, ayant grandi, chassèrent Jephté en lui disant: "Tu n'auras pas de part à l'héritage de notre père, car tu es le fils d'une femme étrangère." Jephté s'enfuit loin de ses frères et s'établit dans le pays de Tob. Il se forma autour de lui une bande de gens de rien qui faisaient campagne avec lui. Or, à quelque temps de là, les Ammonites s'en vinrent combattre Israël. Et lorsque les Ammonites eurent attaqué Israël, les anciens de Galaad allèrent chercher Jephté au pays de Tob. "Viens, lui dirent-ils, sois notre commandant, afin que nous combattions les Ammonites." Mais Jephté répondit aux anciens de Galaad: "N'est-ce pas vous qui m'avez pris en haine et chassé de la maison de mon père? Pourquoi venez-vous à moi, maintenant que vous êtes dans la détresse?" Les anciens de Galaad répliquèrent à Jephté: "C'est pour cela que maintenant nous sommes revenus à toi. Viens avec nous, tu combattras les Ammonites et tu seras notre chef, celui de tous les habitants de Galaad." Jephté répondit aux anciens de Galaad: "Si vous me faites revenir pour combattre les Ammonites et que Yahvé les livre à ma merci, alors je serai votre chef" -- "Que Yahvé soit témoin entre nous, répondirent à Jephté les anciens de Galaad, si nous ne faisons pas comme tu l'as dit!" Jephté partit donc avec les anciens de Galaad. Le peuple le mit à sa tête comme chef et commandant; et Jephté répéta toutes ses conditions à Miçpa, en présence de Yahvé. Jephté envoya des messagers au roi des Ammonites pour lui dire: "Qu'y a-t-il donc entre toi et moi pour que tu sois venu faire la guerre à mon pays?" Le roi des Ammonites répondit aux messagers de Jephté: "C'est parce qu'Israël, au temps où il montait d'Egypte, s'est emparé de mon pays, depuis l'Arnon jusqu'au Yabboq et au Jourdain. Rends-le maintenant de bon gré!" Jephté envoya de nouveau des messagers au roi des Ammonites, et il lui dit: "Ainsi parle Jephté. Israël ne s'est emparé ni du pays de Moab, ni de celui des Ammonites. Quand il est monté d'Egypte, Israël a marché dans le désert jusqu'à la mer des Roseaux et il est parvenu à Cadès. Alors Israël a envoyé des messagers au roi d'Edom pour lui dire: Laisse-moi, je te prie, traverser ton pays! mais le roi d'Edom ne voulut rien entendre. Il en envoya aussi au roi de Moab, qui refusa, et Israël demeura à Cadès, puis, s'avançant dans le désert, il contourna le pays d'Edom et celui de Moab et parvint à l'orient du pays de Moab. Le peuple campa au-delà de l'Arnon, et il n'entra pas dans le territoire de Moab, car l'Arnon est la frontière de Moab. Israël envoya ensuite des messagers à Sihôn, roi des Amorites, qui régnait à Heshbôn, et Israël lui fit dire: Laisse-moi, je te prie, traverser ton pays jusqu'à ma destination. Mais Sihôn refusa à Israël le passage sur son territoire, il rassembla toute son armée, qui campa à Yahaç, et il engagea le combat contre Israël. Yahvé, Dieu d'Israël, livra Sihôn et toute son armée aux mains d'Israël qui les défit, et Israël prit possession de tout le pays des Amorites qui habitaient cette contrée. Il fut ainsi en possession de tout le pays des Amorites, depuis l'Arnon jusqu'au Yabboq et depuis le désert jusqu'au Jourdain. Et maintenant que Yahvé, Dieu d'Israël, a dépossédé les Amorites devant son peuple Israël, toi, tu nous déposséderais? Est-ce que tu ne possèdes pas tout ce que Kemosh, ton dieu, a mis en ta possession? De même tout ce que Yahvé, notre Dieu, a enlevé à ses possesseurs, nous le possédons! Vaudrais-tu donc mieux que Balaq, fils de Cippor, roi de Moab? Est-il entré en contestation avec Israël? Lui a-t-il fait la guerre? Quand Israël s'est établi à Heshbôn et dans ses dépendances, à Aroër et dans ses dépendances, ainsi que dans toutes les villes qui sont sur les rives de l'Arnon (300 ans), pourquoi ne les avez-vous pas reprises à ce moment-là? Pour moi, je n'ai pas péché contre toi, mais toi, tu agis mal envers moi en me faisant la guerre. Que Yahvé, le Juge, juge aujourd'hui entre les enfants d'Israël et le roi des Ammonites." Mais le roi des Ammonites n'écouta pas les paroles que Jephté lui avait fait transmettre. L'esprit de Yahvé fut sur Jephté, qui parcourut Galaad et Manassé, passa par Miçpé de Galaad et, de Miçpé de Galaad, passa chez les Ammonites. Et Jephté fit un voeu à Yahvé: "Si tu livres entre mes mains les Ammonites, celui qui sortira le premier des portes de ma maison pour venir à ma rencontre quand je reviendrai vainqueur du combat contre les Ammonites, celui-là appartiendra à Yahvé, et je l'offrirai en holocauste." Jephté passa chez les Ammonites pour les attaquer et Yahvé les livra entre ses mains. Il les battit depuis Aroër jusque vers Minnit (vingt villes), et jusqu'à Abel-Keramim. Ce fut une très grande défaite; et les Ammonites furent abaissés devant les Israélites. Lorsque Jephté revint à Miçpé, à sa maison, voici que sa fille sortit à sa rencontre en dansant au son des tambourins. C'était son unique enfant. En dehors d'elle il n'avait ni fils, ni fille. Dès qu'il l'eut aperçue, il déchira ses vêtements et s'écria: "Ah! ma fille, vraiment tu m'accables! Tu es de ceux qui font mon malheur! Je me suis engagé, moi, devant Yahvé, et ne puis revenir en arrière." Elle lui répondit: "Mon père, tu t'es engagé envers Yahvé, traite-moi selon l'engagement que tu as pris, puisque Yahvé t'a accordé de te venger de tes ennemis, les Ammonites." Puis elle dit à son père: "Que ceci me soit accordé! Laisse-moi libre pendant deux mois. Je m'en irai errer sur les montagnes et, avec mes compagnes, je pleurerai sur ma virginité" -- "Va", lui dit-il, et il la laissa partir pour deux mois. Elle s'en alla donc, elle et ses compagnes, et elle pleura sa virginité sur les montagnes. Les deux mois écoulés, elle revint vers son père et il accomplit sur elle le voeu qu'il avait prononcé. Elle n'avait pas connu d'homme. Et de là vient cette coutume en Israël: d'année en année les filles d'Israël s'en vont se lamenter quatre jours par an sur la fille de Jephté le Galaadite. Les gens d'Ephraïm se rassemblèrent, ils passèrent le Jourdain dans la direction de Caphôn et ils dirent à Jephté: "Pourquoi es-tu allé combattre les Ammonites sans nous avoir invités à marcher avec toi? Nous brûlerons ta maison sur toi!" Jephté leur répondit: "Nous étions en grave conflit, mon peuple et moi, avec les Ammonites. Je vous ai appelés à l'aide et vous ne m'avez pas délivré de leurs mains. Quand j'ai vu que personne ne venait à mon secours, j'ai risqué ma vie, j'ai marché contre les Ammonites et Yahvé les a livrés entre mes mains. Pourquoi donc aujourd'hui êtes-vous montés contre moi pour me faire la guerre?" Alors Jephté rassembla tous les hommes de Galaad, il livra bataille à Ephraïm et les gens de Galaad défirent Ephraïm, car ceux-ci disaient: "Vous n'êtes que des fuyards d'Ephraïm, vous, Galaadites, au milieu d'Ephraïm, au milieu de Manassé!" Puis Galaad coupa à Ephraïm les gués du Jourdain, et quand les fuyards d'Ephraïm disaient: "Laissez-moi passer", les gens de Galaad demandaient: "Es-tu Ephraïmite?" S'il répondait: "Non", alors ils lui disaient: "Eh bien, dis Shibbolet!" Il disait: "Sibbolet" car il n'arrivait pas à prononcer ainsi. Alors on le saisissait et on l'égorgeait près des gués du Jourdain. Il tomba en ce temps-là 42.000 hommes d'Ephraïm. Jephté jugea Israël pendant six ans, puis Jephté le Galaadite mourut et il fut enseveli dans sa ville, en Galaad. Après lui Ibçân de Bethléem fut juge en Israël. Il avait 30 fils et 30 filles. Il maria celles-ci au-dehors et il fit venir du dehors 30 brus pour ses fils. Il fut juge en Israël pendant sept ans. Puis Ibçân mourut et il fut enseveli à Bethléem. Après lui Elôn de Zabulon fut juge en Israël. Il jugea Israël pendant dix ans. Puis Elôn de Zabulon mourut et fut enseveli à Ayyalôn au pays de Zabulon. Après lui Abdôn, fils de Hillel de Piréatôn, fut juge en Israël. Il avait 40 fils et 30 petits-fils qui montaient 70 ânons. Il jugea Israël pendant huit ans. Puis Abdôn, fils de Hillel de Piréatôn, mourut et il fut enseveli à Piréatôn, au pays d'Ephraïm, dans la montagne des Amalécites. Les Israélites recommencèrent à faire ce qui est mal aux yeux de Yahvé, et Yahvé les livra aux mains des Philistins pendant 40 ans. Il y avait un homme de Coréa, du clan de Dan, nommé Manoah. Sa femme était stérile et n'avait pas eu d'enfant. L'Ange de Yahvé apparut à cette femme et lui dit: "Tu es stérile et tu n'as pas eu d'enfant mais tu vas concevoir et tu enfanteras un fils. Désormais, prends bien garde! Ne bois ni vin, ni boisson fermentée, et ne mange rien d'impur. Car tu vas concevoir et tu enfanteras un fils. Le rasoir ne passera pas sur sa tête, car l'enfant sera nazir de Dieu dès le sein de sa mère. C'est lui qui commencera à sauver Israël de la main des Philistins." La femme rentra et dit à son mari: "Un homme de Dieu m'a abordée qui avait l'apparence de l'Ange de Dieu, tant il était majestueux. Je ne lui ai pas demandé d'où il venait et il ne m'a pas fait connaître son nom. Mais il m'a dit: Tu vas concevoir et tu enfanteras un fils. Désormais ne bois ni vin, ni boisson fermentée, et ne mange rien d'impur, car l'enfant sera nazir de Dieu depuis le sein de sa mère jusqu'au jour de sa mort!" Alors Manoah implora Yahvé et dit: "Je t'en prie, Seigneur! Que l'homme de Dieu que tu as envoyé vienne encore une fois vers nous, et qu'il nous apprenne ce que nous aurons à faire à l'enfant lorsqu'il sera né!" Dieu exauça Manoah et l'Ange de Dieu vint de nouveau trouver la femme, alors qu'elle était assise dans la campagne, et que Manoah, son mari, n'était pas avec elle. Vite, la femme courut informer son mari et lui dit: "Voici que m'est apparu l'homme qui est venu vers moi l'autre jour." Manoah se leva, suivit sa femme, vint vers l'homme et lui dit: "Es-tu l'homme qui a parlé à cette femme?" Et il répondit: "C'est moi" -- "Quand ta parole s'accomplira, lui dit Manoah, quelle sera la règle pour l'enfant et que devra-t-il faire?" L'Ange de Yahvé répondit à Manoah: "Tout ce que j'ai interdit à cette femme, qu'elle s'en abstienne. Qu'elle n'absorbe rien de ce qui provient de la vigne, qu'elle ne boive ni vin, ni boisson fermentée, qu'elle ne mange rien d'impur, et qu'elle observe tout ce que je lui ai prescrit." Manoah dit alors à l'Ange de Yahvé: "Permets que nous te retenions et que nous t'apprêtions un chevreau." Car Manoah ne savait pas que c'était l'Ange de Yahvé. Et l'Ange de Yahvé dit à Manoah: "Quand bien même tu me retiendrais, je ne mangerais pas de ta nourriture, mais si tu désires préparer un holocauste, offre-le à Yahvé." Manoah dit alors à l'Ange de Yahvé: "Quel est ton nom, afin que, lorsque ta parole sera accomplie, nous puissions t'honorer?" L'Ange de Yahvé lui répondit: "Pourquoi t'informer de mon nom? Il est merveilleux." Alors Manoah prit le chevreau ainsi que l'oblation et il l'offrit en holocauste, sur le rocher, à Yahvé qui opère des choses merveilleuses. Manoah et sa femme regardaient. Or comme la flamme montait de l'autel vers le ciel, l'Ange de Yahvé monta dans cette flamme sous les yeux de Manoah et de sa femme, et ils tombèrent la face contre terre. L'Ange de Yahvé ne se montra plus désormais à Manoah ni à sa femme, et Manoah comprit alors que c'était l'Ange de Yahvé. "Nous allons certainement mourir, dit Manoah à sa femme, car nous avons vu Dieu" -- "Si Yahvé avait eu l'intention de nous faire mourir, lui répondit sa femme, il n'aurait accepté de notre main ni holocauste ni oblation, il ne nous aurait pas fait voir tout cela et, à l'instant même, fait entendre pareille chose." La femme mit au monde un fils et elle le nomma Samson. L'enfant grandit, Yahvé le bénit, et l'esprit de Yahvé commença à l'agiter au camp de Dan, entre Coréa et Eshtaol. Samson descendit à Timna et remarqua, à Timna, une femme parmi les filles des Philistins. Il remonta et l'apprit à son père et à sa mère: "J'ai remarqué à Timna, dit-il, parmi les filles des Philistins, une femme. Prends-la-moi donc pour épouse." Son père lui dit, ainsi que sa mère: "N'y a-t-il pas de femme parmi les filles de tes frères et dans tout mon peuple, pour que tu ailles prendre femme parmi ces Philistins incirconcis?" Mais Samson répondit à son père: "Prends-la-moi, celle-là, car c'est celle-là qui me plaît." Son père et sa mère ne savaient pas que cela venait de Yahvé qui cherchait un sujet de querelle avec les Philistins, car, en ce temps-là, les Philistins dominaient sur Israël. Samson descendit à Timna et, comme il arrivait aux vignes de Timna, il vit un jeune lion qui venait à sa rencontre en rugissant. L'esprit de Yahvé fondit sur lui et, sans rien avoir en main, Samson déchira le lion comme on déchire un chevreau; mais il ne raconta pas à son père ni à sa mère ce qu'il avait fait. Il descendit, s'entretint avec la femme et elle lui plut. A quelque temps de là, Samson revint pour l'épouser. Il fit un détour pour voir le cadavre du lion, et voici qu'il y avait dans la carcasse du lion un essaim d'abeilles et du miel. Il en recueillit dans sa main et, chemin faisant, il en mangea. Lorsqu'il fut revenu près de son père et de sa mère, il leur en donna, ils en mangèrent, mais il ne leur dit pas qu'il l'avait recueilli dans la carcasse du lion. Son père descendit ensuite chez la femme et Samson fit là un festin, car c'est ainsi qu'agissent les jeunes gens. Quand on le vit, on choisit 30 compagnons pour rester auprès de lui. Alors Samson leur dit: "Laissez-moi vous proposer une énigme. Si vous m'en donnez la solution au cours des sept jours de festin, je vous donnerai 30 pièces de toile fine et 30 vêtements d'honneur. Mais si vous ne pouvez pas me donner la solution, c'est vous qui me donnerez 30 pièces de toile fine et 30 vêtements d'honneur" -- "Propose ton énigme, lui répondirent-ils, nous écoutons." Il leur dit donc: "De celui qui mange est sorti ce qui se mange, et du fort est sorti le doux." Mais de trois jours ils ne réussirent pas à résoudre l'énigme. Au quatrième jour ils dirent à la femme de Samson: "Enjôle ton mari pour qu'il nous explique l'énigme, autrement nous te brûlerons, toi et la maison de ton père. Est-ce pour nous dépouiller que vous nous avez invités ici?" Alors la femme de Samson pleura à son cou: "Tu n'as pour moi que de la haine, disait-elle, tu ne m'aimes pas. Tu as proposé une énigme aux fils de mon peuple, et à moi, tu ne l'as pas expliquée." Il lui répondit: "Je ne l'ai même pas expliquée à mon père et à ma mère, et à toi je l'expliquerais!" Elle pleura à son cou pendant les sept jours que dura leur festin. Le septième jour, il lui donna la solution, car elle l'avait obsédé, mais elle, elle donna le mot de l'énigme aux fils de son peuple. Le septième jour, avant qu'il n'entrât dans la chambre à coucher, les gens de la ville dirent donc à Samson: "Qu'y-a-t-il de plus doux que le miel, et quoi de plus fort que le lion?" Il leur répliqua: "Si vous n'aviez pas labouré avec ma génisse, vous n'auriez pas deviné mon énigme." Alors l'esprit de Yahvé fondit sur lui, il descendit à Ashqelôn, y tua 30 hommes, prit leurs dépouilles et remit les vêtements d'honneur à ceux qui avaient expliqué l'énigme, puis, enflammé de colère, il remonta à la maison de son père. La femme de Samson fut alors donnée au compagnon qui lui avait servi de garçon d'honneur. A quelque temps de là, à l'époque de la moisson des blés, Samson s'en vint revoir sa femme avec un chevreau, et il déclara: "Je veux entrer auprès de ma femme, dans sa chambre." Mais le beau-père ne le lui permit pas. "Je me suis dit, lui objecta-t-il, que tu l'avais prise en aversion et je l'ai donnée à ton compagnon. Mais sa soeur cadette ne vaut-elle pas mieux qu'elle? Qu'elle soit tienne à la place de l'autre!" Samson leur répliqua: "Cette fois-ci, je ne serai quitte envers les Philistins qu'en leur faisant du mal." Samson s'en alla donc, il captura 300 renards, prit des torches et, tournant les bêtes queue contre queue, il plaça une torche entre les deux queues, au milieu. Il mit le feu aux torches, puis lâchant les renards dans les moissons des Philistins, il incendia aussi bien les gerbes que le blé sur pied et même les vignes et les oliviers. Les Philistins demandèrent: "Qui a fait cela?" Et l'on répondit: "C'est Samson, le gendre du Timnite, car celui-ci lui a repris sa femme et l'a donnée à son compagnon." Alors les Philistins montèrent et ils firent périr dans les flammes cette femme et la maison de son père. "Puisque c'est ainsi que vous agissez, leur dit Samson, eh bien! je ne cesserai qu'après m'être vengé de vous." Il les battit à plate couture et ce fut une défaite considérable. Après quoi il descendit à la grotte du rocher d'Etam et y demeura. Les Philistins montèrent camper en Juda et ils firent une incursion à Lehi. "Pourquoi êtes-vous montés contre nous?" Leur dirent alors les gens de Juda. "C'est pour lier Samson que nous sommes montés, répondirent-ils, pour le traiter comme il nous a traités." 3.000 hommes de Juda descendirent à la grotte du rocher d'Etam et dirent à Samson: "Ne sais-tu pas que les Philistins sont nos maîtres? Qu'est-ce que tu nous as fait là?" Il leur répondit: "Comme ils m'ont traité, c'est ainsi que je les ai traités." Ils lui dirent alors: "Nous sommes descendus pour te lier, afin de te livrer aux mains des Philistins" -- "Jurez-moi, leur dit-il, que vous ne me tuerez pas vous-mêmes" -- "Non! lui répondirent-ils, nous voulons seulement te lier et te livrer entre leurs mains, mais nous ne voulons certes pas te faire mourir." Alors ils le lièrent avec deux cordes neuves et ils le hissèrent du rocher. Comme il arrivait à Lehi et que les Philistins accouraient à sa rencontre avec des cris de triomphe, l'esprit de Yahvé fondit sur Samson, les cordes qu'il avait sur les bras furent comme des fils de lin brûlés au feu et les liens se dénouèrent de ses mains. Trouvant une mâchoire d'âne encore fraîche, il étendit la main, la ramassa et avec elle il abattit mille hommes. Samson dit alors: "Avec une mâchoire d'âne, je les ai mis en tas. Avec une mâchoire d'âne, j'ai battu mille hommes." Quand il eut fini de parler, il jeta loin de lui la mâchoire: c'est pourquoi on a donné à cet endroit le nom de Ramat-Lehi. Comme il souffrait d'une soif ardente, il invoqua Yahvé en disant: "C'est toi qui as opéré cette grande victoire par la main de ton serviteur, et maintenant, faudra-t-il que je meure de soif et que je tombe aux mains des incirconcis?" Alors Dieu fendit le bassin qui est à Lehi et il en sortit de l'eau. Samson but, ses esprits lui revinrent et il se ranima. C'est pourquoi on a donné le nom de En-ha-Qoré à cette source, qui existe encore à Lehi. Samson fut juge en Israël à l'époque des Philistins, pendant vingt ans. Puis Samson se rendit à Gaza; il y vit une prostituée et il entra chez elle. On fit savoir aux gens de Gaza: "Samson est venu ici." Ils firent des rondes et le guettèrent toute la nuit à la porte de la ville. Toute la nuit ils se tinrent tranquilles. "Attendons, disaient-ils, jusqu'au point du jour, et nous le tuerons." Mais Samson resta couché jusqu'au milieu de la nuit et, au milieu de la nuit, se levant, il saisit les battants de la porte de la ville, ainsi que les deux montants, il les arracha avec la barre et, les chargeant sur ses épaules, il les porta jusqu'au sommet de la montagne qui est en face d'Hébron. Après cela il s'éprit d'une femme de la vallée de Soreq qui se nommait Dalila. Les princes des Philistins allèrent la trouver et lui dirent: "Séduis-le et sache d'où vient sa grande force, par quel moyen nous pourrions nous rendre maîtres de lui et le lier pour le maîtriser. Quant à nous, nous te donnerons chacun 1.100 sicles d'argent." Dalila dit à Samson: "Apprends-moi, je te prie, d'où vient ta grande force et avec quoi il faudrait te lier pour te maîtriser." Samson lui répondit: "Si on me liait avec sept cordes d'arc fraîches et qu'on n'aurait pas encore fait sécher, je perdrais ma vigueur et je deviendrais comme un homme ordinaire." Les princes des Philistins apportèrent à Dalila sept cordes d'arc fraîches qu'on n'avait pas encore fait sécher et elle s'en servit pour le lier. Elle avait des gens embusqués dans sa chambre et elle lui cria: "Les Philistins sur toi, Samson!" Il rompit les cordes d'arc comme se rompt un cordon d'étoupe lorsqu'il sent le feu. Ainsi le secret de sa force demeura inconnu. Alors Dalila dit à Samson: "Tu t'es joué de moi et tu m'as dit des mensonges. Mais maintenant fais-moi connaître, je te prie, avec quoi il faudrait te lier." Il lui répondit: "Si on me liait fortement avec des cordes neuves qui n'ont jamais servi, je perdrais ma vigueur et je deviendrais comme un homme ordinaire." Alors Dalila prit des cordes neuves, elle s'en servit pour le lier puis lui cria: "Les Philistins sur toi, Samson!" et elle avait des gens embusqués dans sa chambre. Mais il rompit comme un fil les cordes qu'il avait aux bras. Alors Dalila dit à Samson: "Jusqu'à présent tu t'es joué de moi et tu m'as dit des mensonges. Apprends-moi avec quoi il faudrait te lier." Il lui répondit: "Si tu tissais les sept tresses de ma chevelure avec la chaîne d'un tissu, et si tu les resserrais en frappant avec la batte, je perdrais ma force et deviendrais comme un homme ordinaire." Elle l'endormit, puis elle tissa les sept tresses de sa chevelure avec la chaîne, elle les resserra en frappant avec la batte et lui cria: "Les Philistins sur toi, Samson!" Il s'éveilla de son sommeil et arracha la batte avec la chaîne. Dalila lui dit: "Comment peux-tu dire que tu m'aimes, alors que ton coeur n'est pas avec moi? Voilà trois fois que tu te joues de moi et tu ne m'as pas fait connaître d'où vient ta grande force." Comme tous les jours elle le poussait à bout par ses paroles et qu'elle le harcelait, il fut excédé à en mourir. Il lui ouvrit tout son coeur: "Le rasoir n'a jamais passé sur ma tête, lui dit-il, car je suis nazir de Dieu depuis le sein de ma mère. Si on me rasait, alors ma force se retirerait de moi, je perdrais ma vigueur et je deviendrais comme tous les hommes." Dalila comprit alors qu'il lui avait ouvert tout son coeur, elle fit appeler les princes des Philistins et leur dit: "Venez cette fois, car il m'a ouvert tout son coeur." Et les princes des Philistins vinrent chez elle, l'argent en main. Elle endormit Samson sur ses genoux, appela un homme et lui fit raser les sept tresses des cheveux de sa tête. Ainsi elle commença à le dominer et sa force se retira de lui. Elle cria: "Les Philistins sur toi, Samson!" S'éveillant de son sommeil il se dit: "J'en sortirai comme les autres fois et je me dégagerai." Mais il ne savait pas que Yahvé s'était retiré de lui. Les Philistins se saisirent de lui, ils lui crevèrent les yeux et le firent descendre à Gaza. Ils l'enchaînèrent avec une double chaîne d'airain et il tournait la meule dans la prison. Cependant, après qu'elle eut été rasée, la chevelure se mit à repousser. Les princes des Philistins se réunirent pour offrir un grand sacrifice à Dagôn, leur dieu, et se livrer à des réjouissances. Ils disaient: "Notre dieu a livré entre nos mains Samson, notre ennemi." Dès que le peuple vit son dieu, il poussa une acclamation en son honneur et dit: "Notre dieu a livré entre nos mains Samson, notre ennemi, celui qui dévastait notre pays et qui multipliait nos morts." Et comme leur coeur était en joie, ils s'écrièrent: "Faites venir Samson pour qu'il nous amuse!" On fit donc venir Samson de la prison et il fit des jeux devant eux, puis on le plaça debout entre les colonnes. Samson dit alors au jeune garçon qui le menait par la main: "Conduis-moi et fais-moi toucher les colonnes sur lesquelles repose l'édifice, que je m'y appuie." Or l'édifice était rempli d'hommes et de femmes. Il y avait là tous les princes des Philistins et, sur la terrasse, environ 3.000 hommes et femmes qui regardaient les jeux de Samson. Samson invoqua Yahvé et il s'écria: "Seigneur Yahvé, je t'en prie, souviens-toi de moi, donne-moi des forces encore cette fois ô Dieu, et que, d'un seul coup, je me venge des Philistins pour mes deux yeux." Et Samson tâta les deux colonnes du milieu sur lesquelles reposait l'édifice, il s'arc-bouta contre elles, contre l'une avec son bras droit, contre l'autre avec son bras gauche, et il s'écria: "Que je meure avec les Philistins!" Il poussa de toutes ses forces et l'édifice s'écroula sur les princes et sur tout le peuple qui se trouvait là. Ceux qu'il fit mourir en mourant furent plus nombreux que ceux qu'il avait fait mourir pendant sa vie. Ses frères et toute la maison de son père descendirent et l'emportèrent. Ils remontèrent et l'ensevelirent entre Coréa et Eshtaol dans le tombeau de Manoah son père. Il avait jugé Israël pendant vingt ans. Il y avait un homme de la montagne d'Ephraïm appelé Mikayehu. Il dit à sa mère: "Les 1.100 sicles d'argent qu'on t'avait pris, et au sujet desquels tu avais prononcé une malédiction -- et même tu m'avais dit... eh bien, cet argent, le voici, c'est moi qui l'avais pris." Sa mère dit: "Que mon fils soit béni de Yahvé!" Il rendit les 1.100 sicles à sa mère, qui dit: "J'avais bien voué cet argent à Yahvé, de ma propre main, pour mon fils, pour faire une image taillée et une idole de métal fondu, mais maintenant je veux te le rendre." Mais il rendit l'argent à sa mère. Alors sa mère prit 200 sicles d'argent et les remit au fondeur. Celui-ci en fit une image taillée (et une idole de métal fondu) qui fut placée dans la maison de Mikayehu. Cet homme, Mika, avait une maison de Dieu; il fit un éphod et des téraphim, et il donna l'investiture à l'un de ses fils qui devint son prêtre. En ce temps-là il n'y avait pas de roi en Israël et chacun faisait ce qui lui plaisait. Il y avait un jeune homme de Bethléem en Juda, du clan de Juda, qui était lévite et résidait là comme étranger. Cet homme quitta la ville de Bethléem en Juda, pour aller s'établir là où il pourrait. Au cours de son voyage, il arriva dans la montagne d'Ephraïm à la maison de Mika. Mika lui demanda: "D'où viens-tu" -- "Je suis lévite de Bethléem en Juda, lui répondit l'autre. Je voyage afin de m'établir là où je pourrai" -- "Fixe-toi chez moi, lui dit Mika, sois pour moi un père et un prêtre et je te donnerai dix sicles d'argent par an, l'habillement et la nourriture." Le lévite consentit à se fixer chez cet homme et le jeune homme fut pour lui comme l'un de ses fils. Mika donna l'investiture au lévite; le jeune homme devint son prêtre et il demeura dans la maison de Mika. "Et maintenant, dit Mika, je sais que Yahvé me fera du bien, puisque j'ai ce lévite pour prêtre." En ce temps-là, il n'y avait pas de roi en Israël. Or, en ce temps-là, la tribu de Dan cherchait un territoire pour y habiter, car, jusqu'à ce jour, il ne lui était pas échu de territoire parmi les tribus d'Israël. Les Danites envoyèrent de leur clan cinq hommes vaillants de Coréa et d'Eshtaol pour reconnaître le pays et l'explorer. Il leur dirent: "Allez explorer le pays." Les cinq hommes arrivèrent dans la montagne d'Ephraïm jusqu'à la maison de Mika et ils y passèrent la nuit. Comme ils étaient près de la maison de Mika, ils reconnurent la voix du jeune lévite et, s'approchant de là, ils lui dirent: "Qui t'a fait venir ici? Qu'y fais-tu? Et qu'est-ce que tu as ici?" Il leur répondit: "Mika a fait pour moi telle et telle chose. Il m'a pris à gages et je lui sers de prêtre" -- "Consulte donc Dieu, lui répliquèrent-ils, afin que nous sachions si le chemin par lequel nous allons nous mènera à la réussite" -- "Allez en paix, leur répondit le prêtre, votre chemin est sous le regard de Yahvé." Les cinq hommes partirent donc et ils arrivèrent à Laïsh. Ils virent que les gens qui l'habitaient vivaient en sécurité, à la manière des Sidoniens, tranquilles et confiants, qu'il n'y avait ni insuffisance ni restriction d'aucune sorte dans le pays, qu'ils étaient éloignés des Sidoniens et sans relations avec les Araméens. Ils s'en revinrent alors vers leurs frères, à Coréa et à Eshtaol, et ceux-ci leur demandèrent: "Que nous rapportez-vous?" Ils dirent: "Debout! montons contre eux, car nous avons vu le pays, il est excellent. Mais vous demeurez sans rien dire! N'hésitez pas à partir pour aller prendre possession du pays. En arrivant, vous trouverez un peuple confiant. Le pays est étendu, et Dieu l'a mis entre vos mains; c'est un lieu où rien ne manque de ce qu'on peut avoir sur la terre." Ils partirent donc de là, du clan des Danites, de Coréa et d'Eshtaol,600 hommes équipés pour la guerre. Ils montèrent camper à Qiryat-Yéarim en Juda. C'est pourquoi, encore aujourd'hui, on nomme cet endroit le Camp de Dan. Il se trouve à l'ouest de Qiryat-Yéarim. De là, ils s'engagèrent dans la montagne d'Ephraïm et ils parvinrent à la maison de Mika. Or les cinq hommes qui étaient allés reconnaître le pays prirent la parole et dirent à leurs frères: "Savez-vous qu'il y a ici dans ces maisons un éphod, des téraphim, une image taillée et une idole de métal fondu? Et maintenant, voyez ce que vous avez à faire." Faisant un détour par là, ils allèrent à la maison du jeune lévite, à la maison de Mika, et ils le saluèrent. Pendant que les 600 hommes des Danites, équipés pour la guerre, se tenaient sur le seuil de la porte, les cinq hommes qui étaient allés reconnaître le pays vinrent, et, étant entrés, ils prirent l'image taillée, l'éphod, les téraphim et l'idole de métal fondu, tandis que le prêtre se tenait sur le seuil de la porte avec les 400 hommes équipés pour la guerre. Ceux-là donc, étant entrés dans la maison de Mika, prirent l'image taillée, l'éphod, les téraphim et l'idole de métal fondu. Mais le prêtre leur dit: "Que faites-vous là" -- "Tais-toi! lui répondirent-ils. Mets ta main sur ta bouche et viens avec nous. Tu seras pour nous un père et un prêtre. Vaut-il mieux pour toi être le prêtre de la maison d'un seul homme que d'être le prêtre d'une tribu et d'un clan d'Israël?" Le prêtre en fut réjoui, il prit l'éphod, les téraphim ainsi que l'image taillée et s'en alla au milieu de la troupe. Reprenant alors leur direction, ils partirent, ayant placé en tête les femmes et les enfants, les troupeaux et les bagages. Ils étaient déjà loin de la demeure de Mika quand les gens qui habitaient les maisons voisines de celle de Mika donnèrent l'alarme et se mirent à la poursuite des Danites. Comme ils criaient après les Danites, ceux-ci, se retournant, dirent à Mika: "Qu'as-tu à crier ainsi" -- "Vous m'avez pris mon dieu que je m'étais fabriqué, leur répondit-il, ainsi que le prêtre. Vous partez, et que me reste-t-il? Comment pouvez-vous me dire: Qu'as-tu?" Les Danites lui répliquèrent: "Ne nous fais plus entendre ta voix! Sinon des hommes exaspérés pourraient bien tomber sur vous. Tu risques de causer ta perte et celle de ta maison!" Les Danites poursuivirent leur chemin, et Mika, voyant qu'ils étaient les plus forts, s'en retourna et revint chez lui. Ainsi, après avoir pris le dieu qu'avait fabriqué Mika, et le prêtre qu'il avait à lui, les Danites marchèrent contre Laïsh, contre un peuple tranquille et confiant. Ils le passèrent au fil de l'épée et ils livrèrent la ville aux flammes. Il n'y eut personne pour la secourir, car elle était loin de Sidon et elle n'avait pas de relations avec les Araméens. Elle se situait dans la vallée qui s'étend vers Bet-Rehob. Ils rebâtirent la ville, s'y établirent, et ils l'appelèrent Dan, du nom de Dan leur père qui était né d'Israël. A l'origine pourtant la ville s'appelait Laïsh. Les Danites dressèrent pour eux l'image taillée. Yehonatân, fils de Gershom, fils de Moïse, et ensuite ses fils, ont été prêtres de la tribu de Dan jusqu'au jour où la population du pays fut emmenée en exil. Ils installèrent pour leur usage l'image taillée que Mika avait faite, et elle demeura là aussi longtemps que subsista la maison de Dieu à Silo. En ce temps-là -- il n'y avait pas alors de roi en Israël -- il y avait un homme, un lévite, qui résidait au fond de la montagne d'Ephraïm. Il prit pour concubine une femme de Bethléem de Juda. Dans un moment de colère sa concubine le quitta pour rentrer dans la maison de son père à Bethléem de Juda, et elle y demeura un certain temps, quatre mois. Son mari partit et alla la trouver pour parler à son coeur et la ramener chez lui; il avait avec lui son serviteur et deux ânes. Comme il arrivait à la maison du père de la jeune femme, celui-ci l'aperçut et s'en vint tout joyeux au-devant de lui. Son beau-père, le père de la jeune femme, le retint et il demeura trois jours chez lui, ils y mangèrent et burent et ils y passèrent la nuit. Le quatrième jour, ils s'éveillèrent de bon matin et le lévite se disposait à partir, quand le père de la jeune femme dit à son gendre: "Restaure-toi en mangeant un morceau de pain, vous partirez après." S'étant assis, ils se mirent à manger et à boire tous les deux ensemble, puis le père de la jeune femme dit à cet homme: "Consens, je te prie, à passer la nuit, et que ton coeur se réjouisse." Comme l'homme se levait pour partir, le beau-père insista auprès de lui, et il y passa encore la nuit. Le cinquième jour, le lévite se leva de bon matin pour partir, mais le père de la jeune femme lui dit: "Restaure-toi d'abord, je t'en prie!" Ils s'attardèrent ainsi jusqu'au déclin du jour et ils mangèrent tous deux ensemble. Le mari se levait pour partir avec sa concubine et son serviteur, quand son beau-père, le père de la jeune femme, lui fit: "Voici que le jour baisse vers le soir, passez donc la nuit. Voici le déclin du jour, passez la nuit ici, et que ton coeur se réjouisse. Demain de bon matin, vous partirez et tu regagneras ta tente." Mais l'homme, refusant de passer la nuit, se leva, partit et il arriva en vue de Jébus -- c'est-à-dire de Jérusalem. Il avait avec lui deux ânes bâtés, ainsi que sa concubine et son serviteur. Lorsqu'ils furent près de Jébus, le jour avait beaucoup baissé. Le serviteur dit à son maître: "Viens donc, je te prie, faisons un détour vers cette ville des Jébuséens et nous y passerons la nuit." Son maître lui répondit: "Nous ne ferons pas de détour vers une ville d'étrangers qui ne sont pas, ceux-là, des Israélites, mais nous pousserons jusqu'à Gibéa." Et il ajouta à son serviteur: "Allons, et tâchons d'atteindre l'une de ces localités pour y passer la nuit, Gibéa ou Rama." Ils poussèrent donc plus loin et continuèrent leur marche. A leur arrivée en face de Gibéa de Benjamin, le soleil se couchait. Ils se tournèrent alors de ce côté pour passer la nuit à Gibéa. Le lévite, étant entré, s'assit sur la place de la ville, mais personne ne leur offrit dans sa maison l'hospitalité pour la nuit. Survint un vieillard qui, le soir venu, rentrait de son travail des champs. C'était un homme de la montagne d'Ephraïm, qui résidait à Gibéa, tandis que les gens de l'endroit étaient des Benjaminites. Levant les yeux, il remarqua le voyageur, sur la place de la ville: "Où vas-tu, lui dit le vieillard, et d'où viens-tu?" Et l'autre lui répondit: "Nous faisons route de Bethléem de Juda vers le fond de la montagne d'Ephraïm. C'est de là que je suis. J'étais allé à Bethléem de Juda et je retourne chez moi, mais personne ne m'a offert l'hospitalité dans sa maison. Nous avons pourtant de la paille et du fourrage pour nos ânes, j'ai aussi du pain et du vin pour moi, pour ta servante et pour le jeune homme qui accompagne ton serviteur. Nous ne manquons de rien." "Sois le bienvenu, repartit le vieillard, laisse-moi pourvoir à tous tes besoins, mais ne passe pas la nuit sur la place." Il le fit donc entrer dans sa maison et il donna du fourrage aux ânes. Les voyageurs se lavèrent les pieds, puis mangèrent et burent. Pendant qu'ils se réconfortaient, voici que des gens de la ville, des vauriens, s'attroupèrent autour de la maison et, frappant à la porte à coups redoublés, ils dirent au vieillard, maître de la maison: "Fais sortir l'homme qui est venu chez toi, que nous le connaissions." Alors le maître de la maison sortit vers eux et leur dit: "Non, mes frères, je vous en prie, ne soyez pas des criminels. Après que cet homme est entré dans ma maison, ne commettez pas cette infamie. Voici ma fille qui est vierge. Je vous la livrerai. Abusez d'elle et faites ce que bon vous semble, mais ne commettez pas à l'égard de cet homme une pareille infamie." Ces gens ne voulurent pas l'écouter. Alors l'homme prit sa concubine et la leur amena dehors. Ils la connurent, ils abusèrent d'elle toute la nuit jusqu'au matin et, au lever de l'aurore, ils la lâchèrent. Vers le matin la femme s'en vint tomber à l'entrée de la maison de l'homme chez qui était son mari et elle resta là jusqu'au jour. Au matin son mari se leva et, ayant ouvert la porte de la maison, il sortait pour continuer sa route, quand il vit que la femme, sa concubine, gisait à l'entrée de la maison, les mains sur le seuil. "Lève-toi, lui dit-il, et partons!" Pas de réponse. Alors il la chargea sur son âne et il se mit en route pour rentrer chez lui. Arrivé à la maison, il prit un couteau et, saisissant sa concubine, il la découpa, membre par membre, en douze morceaux, puis il l'envoya dans tout le territoire d'Israël. Il donna des ordres à ses émissaires, disant: "Voici ce que vous direz à tous les Israélites: A-t-on jamais vu pareille chose depuis le jour où les Israélites sont montés du pays d'Egypte jusqu'aujourd'hui? Réfléchissez-y, consultez-vous et prononcez." Et tous ceux qui voyaient, disaient: "Jamais chose pareille n'est arrivée et ne s'est vue depuis que les Israélites sont montés du pays d'Egypte jusqu'aujourd'hui." Tous les Israélites sortirent donc, et, comme un seul homme, toute la communauté se réunit depuis Dan jusqu'à Bersabée et le pays de Galaad, auprès de Yahvé à Miçpa. Les chefs de tout le peuple, toutes les tribus d'Israël assistèrent à l'assemblée du peuple de Dieu,400.000 hommes de pied, sachant tirer l'épée. Les Benjaminites apprirent que les Israélites étaient montés à Miçpa... Les Israélites dirent alors: "Racontez-nous comment ce crime a été commis!" Le lévite, le mari de la femme qui avait été tuée, prit la parole et dit: "J'étais venu avec ma concubine à Gibéa de Benjamin pour y passer la nuit. Les habitants de Gibéa se sont soulevés contre moi et, pendant la nuit, ils ont entouré la maison où j'étais; moi, ils voulaient me tuer et, quant à ma concubine, ils lui ont fait violence au point qu'elle en est morte. J'ai pris alors ma concubine, je l'ai coupée en morceaux et je l'ai envoyée dans toute l'étendue de l'héritage d'Israël, car ils ont commis une chose honteuse et une infamie en Israël. Vous voici tous ici, Israélites. Consultez-vous et ici même prenez une décision." Tout le peuple se leva comme un seul homme en disant: "Personne d'entre nous ne regagnera sa tente, personne d'entre nous ne retournera dans sa maison! Maintenant, voici ce que nous allons faire contre Gibéa. Nous tirerons au sort, et nous prendrons dans toutes les tribus d'Israël dix hommes sur cent, cent sur mille et mille sur 10.000, ils chercheront des vivres pour le peuple, pour que dès leur arrivée, celui-ci traite Gibéa de Benjamin selon l'infamie qu'elle a commise en Israël." Ainsi s'assemblèrent contre la ville tous les gens d'Israël, unis comme un seul homme. Les tribus d'Israël envoyèrent des émissaires dans toute la tribu de Benjamin pour dire: "Quel est ce crime qui a été commis parmi vous? Maintenant, livrez ces hommes, ces vauriens, qui sont à Gibéa, pour que nous les mettions à mort et que nous fassions disparaître le mal du milieu d'Israël." Mais les Benjaminites ne voulurent pas écouter leurs frères les Israélites. Les Benjaminites, quittant leurs villes, s'assemblèrent à Gibéa pour combattre les Israélites. En ce jour-là, on dénombra les Benjaminites venus des diverses villes, ils étaient 26.000 hommes sachant tirer l'épée; c'est à part des habitants de Gibéa qu'ils furent dénombrés. Dans toute cette armée, il y avait 700 hommes d'élite gauchers. Tous ceux-ci, avec la pierre de leur fronde, étaient capables de viser un cheveu sans le manquer. Les gens d'Israël furent également dénombrés, sans compter Benjamin; ils étaient 400.000, sachant tirer l'épée, tous gens de guerre. Ils se mirent en marche pour monter à Béthel, pour consulter Dieu: "Qui de nous montera le premier au combat contre les Benjaminites?" Demandèrent les Israélites. Et Yahvé répondit: "C'est Juda qui montera le premier." Au matin les Israélites se mirent en marche et ils dressèrent leur camp en face de Gibéa. Les gens d'Israël s'avancèrent au combat contre Benjamin, ils se rangèrent en bataille en face de Gibéa. Mais les Benjaminites sortirent de Gibéa et, ce jour-là, ils massacrèrent 22.000 hommes d'Israël. Alors l'armée des gens d'Israël reprit courage et de nouveau se rangea en bataille au même endroit que le premier jour. Les Israélites vinrent pleurer devant Yahvé jusqu'au soir, puis ils consultèrent Yahvé en disant: "Dois-je encore engager le combat contre les fils de Benjamin mon frère?" Et Yahvé répondit: "Marchez contre lui!" Le second jour les Israélites s'approchèrent donc des Benjaminites, mais, en cette seconde journée, Benjamin sortit de Gibéa à leur rencontre et il massacra encore 18.000 hommes des Israélites; c'étaient tous des guerriers sachant tirer l'épée. Alors tous les Israélites et tout le peuple s'en vinrent à Béthel, ils pleurèrent, ils s'assirent là devant Yahvé, ils jeûnèrent toute la journée jusqu'au soir et ils offrirent des holocaustes et des sacrifices de communion devant Yahvé; puis les Israélites consultèrent Yahvé. -- L'arche de l'alliance de Dieu se trouvait alors en cet endroit et Pinhas, fils d'Eléazar, fils d'Aaron, en ce temps-là, la desservait. -- Ils dirent: "Dois-je sortir encore pour combattre les fils de Benjamin mon frère, ou bien dois-je cesser?" Et Yahvé répondit: "Marchez, car demain, je le livrerai entre vos mains." Alors Israël plaça des troupes en embuscade tout autour de Gibéa. Le troisième jour, les Israélites marchèrent contre les Benjaminites, et comme les autres fois, ils se rangèrent en bataille en face de Gibéa. Les Benjaminites sortirent à la rencontre du peuple et se laissèrent attirer loin de la ville. Ils commencèrent comme les autres fois à tuer du monde parmi le peuple, sur les chemins qui montent, l'un à Béthel et l'autre à Gibéa par la campagne: une trentaine d'hommes d'Israël. Les Benjaminites se dirent: "Les voilà battus devant nous comme la première fois", mais les Israélites s'étaient dit: "Nous allons fuir et nous les attirerons loin de la ville sur les chemins." Alors tous les hommes d'Israël quittèrent leur position et se rangèrent à Baal-Tamar, tandis que l'embuscade d'Israël surgit de sa position, à l'ouest de Géba. 10.000 hommes d'élite, choisis dans tout Israël, parvinrent en face de Gibéa; le combat était acharné et les autres ne se doutaient pas du malheur qui les frappait. Yahvé battit Benjamin devant Israël et, en ce jour, les Israélites tuèrent à Benjamin 25.100 hommes, tous sachant tirer l'épée. Les Benjaminites virent qu'ils étaient battus -- Les gens d'Israël cédèrent du terrain à Benjamin parce qu'ils comptaient sur l'embuscade qu'ils avaient placée contre Gibéa. Ceux de l'embuscade se hâtèrent de s'élancer contre Gibéa; ils se déployèrent et passèrent toute la ville au fil de l'épée. Or il y avait cette convention entre les gens d'Israël et ceux de l'embuscade: ceux-ci devaient, en guise de signal, faire monter de la ville une fumée; alors les gens d'Israël engagés dans le combat feraient volte-face. Benjamin commença par tuer du monde aux Israélites, une trentaine d'hommes. "Certainement les voilà encore battus devant nous, se disait-il, comme dans le premier combat." Mais le signal, une colonne de fumée, commença à s'élever de la ville, et Benjamin, se retournant, aperçut que la ville tout entière montait en feu vers le ciel. Les gens d'Israël firent alors volte-face et les Benjaminites furent dans l'épouvante, car ils voyaient que le malheur les avait frappés. Ils s'enfuirent devant les gens d'Israël en direction du désert, mais les combattants les serraient de près et ceux qui venaient de la ville les massacrèrent en les prenant à revers. Ils cernèrent Benjamin, le poursuivirent sans répit et l'écrasèrent en face de Gibéa, du côté du soleil levant. De Benjamin,18.000 hommes tombèrent, tous hommes vaillants. -- Alors ils tournèrent le dos et s'enfuirent au désert, vers le Rocher de Rimmôn. Sur les chemins, on ramassa 5.000 hommes, puis on serra Benjamin de près jusqu'à Gideôm, et on lui tua 2.000 hommes. Le nombre total des Benjaminites qui tombèrent ce jour-là fut de 25.000 hommes sachant tirer l'épée, et c'étaient tous des hommes vaillants. Six hommes tournèrent le dos et s'enfuirent au désert, vers le Rocher de Rimmôn. Ils y restèrent quatre mois. Les gens d'Israël revinrent vers les Benjaminites, ils passèrent au fil de l'épée la population mâle de la ville, et même le bétail et tout ce qu'ils trouvaient. Ils mirent aussi le feu à toutes les villes qu'ils rencontrèrent. Les gens d'Israël avaient prononcé ce serment à Miçpa: "Personne d'entre nous ne donnera sa fille en mariage à Benjamin." Le peuple se rendit à Béthel, il resta là assis devant Dieu jusqu'au soir, poussant des gémissements et pleurant à gros sanglots: "Yahvé, Dieu d'Israël, disaient-ils, pourquoi faut-il qu'en Israël manque aujourd'hui une tribu d'Israël?" Le lendemain, le peuple se leva de bon matin et construisit là un autel; il offrit des holocaustes et des sacrifices de communion. Puis les Israélites dirent: "Qui d'entre toutes les tribus d'Israël n'est pas venu à l'assemblée auprès de Yahvé?" Car en un serment solennel on avait déclaré que quiconque ne monterait pas à Miçpa auprès de Yahvé mourrait certainement. Or les Israélites furent pris de pitié pour Benjamin leur frère: "Aujourd'hui, disaient-ils, une tribu a été retranchée d'Israël. Que ferons-nous pour procurer des femmes à ceux qui restent, puisque nous avons juré par Yahvé de ne pas leur donner de nos filles en mariage?" Ils s'informèrent alors: "Quel est celui d'entre les tribus d'Israël, qui n'est pas monté auprès de Yahvé à Miçpa?" Et il se trouva que personne de Yabesh en Galaad n'était venu au camp, à l'assemblée. Le peuple s'était en effet compté et il n'y avait là personne d'entre les habitants de Yabesh en Galaad. Alors la communauté y envoya 12.000 hommes d'entre les vaillants avec cet ordre: "Allez, et vous passerez au fil de l'épée les habitants de Yabesh en Galaad, ainsi que les femmes et les enfants. Voici ce que vous ferez: vous vouerez à l'anathème tous les mâles et toutes les femmes qui ont connu la couche d'un homme, mais vous laisserez la vie aux vierges." Et c'est ce qu'ils firent. Parmi les habitants de Yabesh de Galaad ils trouvèrent 400 jeunes filles vierges, qui n'avaient pas partagé la couche d'un homme, et ils les emmenèrent au camp (à Silo qui est au pays de Canaan). Toute la communauté envoya alors des émissaires aux Benjaminites qui se trouvaient au Rocher de Rimmôn pour leur proposer la paix. Benjamin revint alors. On leur donna parmi les femmes de Yabesh en Galaad celles qu'on avait laissé vivre, mais il n'y en eut pas assez pour tous. Le peuple fut pris de pitié pour Benjamin, parce que Yahvé avait fait une brèche parmi les tribus d'Israël. "Que ferons-nous pour procurer des femmes à ceux qui restent, disaient les anciens de la communauté, puisque les femmes de Benjamin ont été exterminées?" Ils ajoutaient: "Comment conserver un reste à Benjamin pour qu'une tribu ne soit pas effacée d'Israël? Car, pour nous, nous ne pouvons plus leur donner nos filles en mariage." Les Israélites avaient en effet prononcé ce serment: "Maudit soit celui qui donnera une femme à Benjamin!" "Mais il y a, dirent-ils, la fête de Yahvé qui se célèbre chaque année à Silo." (La ville se trouve au nord de Béthel, à l'orient de la route qui monte de Béthel à Sichem et au sud de Lebona.) Ils recommandèrent donc aux Benjaminites: "Allez vous mettre en embuscade dans les vignes. Vous guetterez et, lorsque les filles de Silo sortiront pour danser en choeurs, vous sortirez des vignes, vous enlèverez pour vous chacun une femme parmi les filles de Silo et vous vous en irez au pays de Benjamin. Si leurs pères ou leurs frères viennent nous chercher querelle, nous leur dirons: Accordez-les nous, car nous n'avons pas pu prendre de femme pour chacun dans le combat; et vous ne pouviez pas les leur donner, car alors vous auriez été coupables. Ainsi firent les Benjaminites, et, parmi les danseuses qu'ils avaient enlevées, ils prirent un nombre de femmes égal au leur, puis ils partirent, revinrent dans leur héritage, rebâtirent les villes et s'y établirent. Les Israélites se dispersèrent alors pour regagner chacun sa tribu et son clan, et s'en retournèrent de là chacun dans son héritage. En ce temps-là il n'y avait pas de roi en Israël et chacun faisait ce qui lui semblait bon. Au temps où gouvernaient les Juges, une famine survint dans le pays et un homme de Bethléem de Juda s'en alla avec sa femme et ses deux fils pour séjourner dans les Champs de Moab. Cet homme s'appelait Elimélek, sa femme Noémi, et ses deux fils Mahlôn et Kilyôn; ils étaient Ephratéens, de Bethléem de Juda. Arrivés dans les champs de Moab, ils s'y établirent. Elimélek, le mari de Noémi, mourut, et elle lui survécut avec ses deux fils. Ils prirent pour femmes des Moabites, l'une se nommait Orpa et l'autre Ruth. Ils demeurèrent là une dizaine d'années. Puis Mahlôn et Kilyôn moururent, tous deux aussi, et Noémi resta seule, privée de ses deux fils et de son mari. Alors, avec ses brus, elle se disposa à revenir des Champs de Moab, car elle avait appris dans les Champs de Moab que Dieu avait visité son peuple pour lui donner du pain. Elle quitta donc avec ses brus le lieu où elle avait demeuré et elles se mirent en chemin pour retourner au pays de Juda. Noémi dit à ses deux brus: "Partez donc et retournez chacune à la maison de votre mère. Que Yahvé use de bienveillance envers vous comme vous en avez usé envers ceux qui sont morts et envers moi-même! Que Yahvé accorde à chacune de vous de trouver une vie paisible dans la maison d'un mari!" Elle les embrassa, mais elles se mirent à crier et à pleurer, et elles dirent: "Non! Nous reviendrons avec toi vers ton peuple." Retournez, mes filles, répondit Noémi, pourquoi viendriez-vous avec moi? Ai-je encore dans mon sein des fils qui puissent devenir vos maris? Retournez, mes filles, allez-vous en, car je suis bien trop vieille pour me marier! Et quand bien même je dirais: Il y a encore pour moi de l'espoir, cette nuit même je vais appartenir à mon mari et j'aurai des fils, attendriez-vous qu'ils soient devenus grands? Renonceriez-vous à vous marier? Non mes filles! Je suis pleine d'amertume à votre sujet, car la main de Yahvé s'est levée contre moi." Elles recommencèrent à crier et à pleurer, puis Orpa embrassa sa belle-mère et retourna vers son peuple, mais Ruth lui resta attachée. Noémi dit alors: "Vois, ta belle-soeur s'en est retournée vers son peuple et vers son dieu; retourne toi aussi, et suis-la." Ruth répondit: "Ne me presse pas de t'abandonner et de m'éloigner de toi, car où tu iras, j'irai, où tu demeureras, je demeurerai; ton peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu. Là où tu mourras, je mourrai et là je serai ensevelie. Que Yahvé me fasse ce mal et qu'il y ajoute encore cet autre, si ce n'est pas la mort qui nous sépare!" Voyant que Ruth s'obstinait à l'accompagner, Noémi cessa d'insister auprès d'elle. Elles s'en allèrent donc toutes deux et arrivèrent à Bethléem. Leur arrivée à Bethléem mit toute la ville en émoi: "Est-ce bien là Noémi?" S'écriaient les femmes. "Ne m'appelez plus Noémi, leur répondit-elle, appelez-moi Mara, car Shaddaï m'a remplie d'amertume. Comblée j'étais partie, vide Yahvé me ramène! Pourquoi m'appelleriez-vous encore Noémi, alors que Yahvé a témoigné contre moi et que Shaddaï m'a rendue malheureuse?" C'est ainsi que Noémi revint, ayant avec elle sa belle-fille Ruth, la Moabite, celle qui était revenue des Champs de Moab. Elles arrivèrent à Bethléem au début de la moisson des orges. Noémi avait, du côté de son mari, un parent. C'était un homme de condition qui appartenait au même clan qu'Elimélek, il s'appelait Booz. Ruth la Moabite dit à Noémi: "Permets-moi d'aller dans les champs glaner des épis derrière celui aux yeux duquel je trouverai grâce." Elle lui répondit: "Va, ma fille." Ruth partit donc et s'en vint glaner dans les champs derrière les moissonneurs. Sa chance la conduisit dans une pièce de terre appartenant à Booz, du clan d'Elimélek. Or voici que Booz arrivait de Bethléem: "Que Yahvé soit avec vous!" dit-il aux moissonneurs, et eux répondirent: "Que Yahvé te bénisse!" Booz demanda alors à celui de ses serviteurs qui commandait aux moissonneurs: "A qui est cette jeune femme?" Et le serviteur qui commandait aux moissonneurs répondit: "Cette jeune femme est la Moabite, celle qui est revenue des Champs de Moab avec Noémi. Elle a dit: Permets-moi de glaner et de ramasser ce qui tombe des gerbes derrière les moissonneurs. Elle est donc venue et elle est restée; depuis le matin jusqu'à présent elle s'est à peine reposée." Booz dit à Ruth: "Tu entends, n'est-ce pas ma fille? Ne va pas glaner dans un autre champ, ne t'éloigne pas d'ici mais attache-toi à mes servantes. Regarde la pièce de terre qu'on moissonne et suis-les. Sache que j'ai interdit aux serviteurs de te frapper. Si tu as soif, va aux cruches et bois de ce qu'ils auront puisé." Alors Ruth, tombant la face contre terre, se prosterna et lui dit: "Comment ai-je trouvé grâce à tes yeux pour que tu t'intéresses à moi qui ne suis qu'une étrangère" -- "C'est qu'on m'a bien rapporté, lui dit Booz, tout ce que tu as fait pour ta belle-mère après la mort de ton mari; comment tu as quitté ton père, ta mère et ton pays natal pour te rendre chez un peuple que tu n'avais jamais connu, ni d'hier ni d'avant-hier. Que Yahvé te rende ce que tu as fait et que tu obtiennes pleine récompense de la part de Yahvé, le Dieu d'Israël, sous les ailes de qui tu es venue t'abriter!" Elle dit: "Puissé-je toujours trouver grâce à tes yeux, mon Seigneur! Tu m'as consolée et tu as parlé au coeur de ta servante, alors que je ne suis même pas l'égale d'une de tes servantes." Au moment du repas, Booz dit à Ruth: "Approche-toi, mange de ce pain et trempe ton morceau dans le vinaigre." Elle s'assit donc à côté des moissonneurs et Booz lui fit aussi un tas de grains rôtis. Après qu'elle eut mangé à satiété, elle en eut de reste. Lorsqu'elle se fut levée pour glaner, Booz donna cet ordre à ses serviteurs: "Laissez-la glaner entre les gerbes, et vous, ne la molestez pas. Et même, ayez soin de tirer vous-mêmes quelques épis de vos javelles, vous les laisserez tomber, elle pourra les ramasser et vous ne crierez pas après elle." Ruth glana dans le champ jusqu'au soir, et lorsqu'elle eut battu ce qu'elle avait ramassé, il y avait environ une mesure d'orge. Elle l'emporta, rentra à la ville et sa belle-mère vit ce qu'elle avait glané; elle tira ce qu'elle avait mis en réserve après avoir mangé à sa faim et le lui donna. "Où as-tu glané aujourd'hui, lui dit sa belle-mère, où as-tu travaillé? Béni soit celui qui s'est intéressé à toi!" Ruth fit connaître à sa belle-mère chez qui elle avait travaillé; elle dit: "L'homme chez qui j'ai travaillé aujourd'hui s'appelle Booz." Noémi dit à sa bru: "Qu'il soit béni de Yahvé qui ne cesse d'exercer sa bienveillance envers les vivants et les morts!" Et Noémi ajouta: "Cet homme est notre proche parent, il est de ceux qui ont sur nous droit de rachat." Ruth la Moabite dit à sa belle-mère: "Il m'a dit aussi: Reste avec mes serviteurs jusqu'à ce qu'ils aient achevé toute la moisson." Noémi dit à Ruth, sa bru: "Il est bon, ma fille, que tu ailles avec ses servantes, ainsi on ne te maltraitera pas dans un autre champ." Et elle resta parmi les servantes de Booz pour glaner jusqu'à la fin de la moisson des orges et de la moisson des blés, et elle habitait avec sa belle-mère. Noémi, sa belle-mère, lui dit: "Ma fille, ne dois-je pas chercher à t'établir pour que tu sois heureuse? Eh bien! Booz n'est-il pas notre parent, lui dont tu as suivi les servantes? Cette nuit, il doit vanner l'orge sur l'aire. Lave-toi donc et parfume-toi, mets ton manteau et descends à l'aire, mais ne te laisse pas reconnaître par lui avant qu'il ait fini de manger et de boire. Quand il sera couché, observe l'endroit où il repose, alors tu iras, tu dégageras une place à ses pieds et tu te coucheras. Il te fera savoir lui-même ce que tu devras faire." Et Ruth lui répondit: "Tout ce que tu me dis, je le ferai." Elle descendit donc à l'aire et fit tout ce que sa belle-mère lui avait commandé. Booz mangea et but, puis, le coeur joyeux, s'en alla dormir auprès du tas d'orge. Alors Ruth s'en alla tout doucement, dégagea une place à ses pieds et se coucha. Au milieu de la nuit, l'homme eut un frisson; il se retourna et vit une femme couchée à ses pieds. "Qui es-tu?" Dit-il. -- Je suis Ruth, ta servante, lui dit-elle. Etends sur ta servante le pan de ton manteau, car tu as droit de rachat" -- "Bénie sois-tu de Yahvé, ma fille, lui dit-il, ce second acte de piété que tu accomplis l'emporte sur le premier, car tu n'as pas recherché des jeunes gens, pauvres ou riches. Et maintenant, ma fille, sois sans crainte, tout ce que tu me diras, je le ferai pour toi, car tout le peuple à la porte de ma ville sait que tu es une femme parfaite. Toutefois, s'il est vrai que j'ai droit de rachat, il y a un parent plus proche que moi. Passe la nuit ici et au matin, s'il veut exercer son droit à ton égard, c'est bien, qu'il te rachète; mais s'il ne veut pas te racheter, alors, par Yahvé vivant, c'est moi qui te rachèterai. Reste couchée jusqu'au matin." Elle resta donc couchée à ses pieds jusqu'au matin, puis elle se leva avant l'heure où un homme peut en reconnaître un autre; il se disait: "Il ne faut pas qu'on sache que cette femme est venue à l'aire." Il dit alors: "Présente le manteau que tu as sur toi et tiens-le." Elle le tint et il mesura six parts d'orge qu'il chargea sur elle, puis elle retourna à la ville. Lorsque Ruth rentra chez sa belle-mère, celle-ci lui dit: "Qu'en est-il de toi, ma fille?" Ruth lui raconta tout ce que cet homme avait fait pour elle. Elle dit: "Ces six parts d'orge, il me les a données en disant: Tu ne reviendras pas les mains vides chez ta belle-mère" -- "Ma fille, reste en repos, lui dit Noémi, jusqu'à ce que tu saches comment finira cette affaire; assurément, cet homme n'aura de cesse qu'il ne l'ait terminée aujourd'hui même." Or Booz était monté à la porte et s'y était assis, et voici que le parent dont Booz avait parlé vint à passer. "Toi, dit Booz, approche et assieds-toi ici." L'homme s'approcha et vint s'asseoir. Booz prit dix hommes parmi les anciens de la ville: "Asseyez-vous ici", dit-il, et ils s'assirent. Alors il dit à celui qui avait droit de rachat: "La pièce de terre qui appartenait à notre frère Elimélek, Noémi qui est revenue des Champs de Moab la met en vente. Je me suis dit que j'allais t'en informer en disant: Acquiers-la en présence de ceux qui sont assis là et des anciens de mon peuple. Si tu veux exercer ton droit de rachat, rachète, mais si tu ne le veux pas, déclare-le moi pour que je le sache. Tu es le premier à avoir le droit de rachat, moi je ne viens qu'après toi." L'autre répondit: "Oui! je veux racheter." Mais Booz dit: "Le jour où, de la main de Noémi, tu acquerras ce champ, tu acquiers aussi Ruth la Moabite, la femme de celui qui est mort, pour perpétuer le nom du mort sur son patrimoine." Celui qui avait droit de rachat répondit alors: "Je ne puis exercer mon droit, car je craindrais de nuire à mon patrimoine. Exerce pour toi-même mon droit de rachat, car moi je ne puis l'exercer." Or c'était autrefois la coutume en Israël, en cas de rachat ou d'héritage, pour valider toute affaire: l'un ôtait sa sandale et la donnait à l'autre. Telle était en Israël la manière de témoigner. Celui qui avait droit de rachat dit donc à Booz: "Fais l'acquisition pour toi-même", et il retira sa sandale. Booz dit aux anciens et à tout le peuple: "Vous êtes témoins aujourd'hui que j'acquiers de la main de Noémi tout ce qui appartenait à Elimélek et tout ce qui appartenait à Mahlôn et à Kilyôn, et que j'acquiers en même temps pour femme Ruth la Moabite, veuve de Mahlôn, pour perpétuer le nom du mort sur son héritage et pour que le nom du mort ne soit pas retranché d'entre ses frères ni de la porte de sa ville. Vous en êtes aujourd'hui les témoins." Tout le peuple qui se trouvait à la porte répondit: "Nous en sommes témoins", et les anciens répondirent: "Que Yahvé rende la femme qui va entrer dans ta maison semblable à Rachel et à Léa qui, à elles deux, ont édifié la maison d'Israël. Deviens puissant en Ephrata et fais-toi un nom dans Bethléem. Que grâce à la postérité que Yahvé t'accordera de cette jeune femme, ta maison soit semblable à celle de Pérèç, que Tamar enfanta à Juda." Booz prit Ruth et elle devint sa femme. Il alla vers elle, Yahvé donna à Ruth de concevoir et elle enfanta un fils. Les femmes dirent alors à Noémi: "Béni soit Yahvé qui ne t'a pas laissé manquer aujourd'hui de quelqu'un pour te racheter. Que son nom soit proclamé en Israël! Il sera pour toi un consolateur et le soutien de ta vieillesse, car il a pour mère ta bru qui t'aime, elle qui vaut mieux pour toi que sept fils." Et Noémi, prenant l'enfant, le mit sur son sein, et ce fut elle qui prit soin de lui. Les voisines lui donnèrent un nom, elles dirent: "Il est né un fils à Noémi" et elles le nommèrent Obed. C'est le père de Jessé, père de David. Voici la postérité de Pérèç: Pérèç engendra Heçrôn. Heçrôn engendra Ram et Ram engendra Amminadab. Amminadab engendra Nahshôn et Nahshôn engendra Salmôn. Salmôn engendra Booz et Booz engendra Obed. Et Obed engendra Jessé et Jessé engendra David. Il y avait un homme de Ramatayim, un Cuphite de la montagne d'Ephraïm, qui s'appelait Elqana, fils de Yeroham, fils d'Elihu, fils de Tohu, fils de Cuph, un Ephraïmite. Il avait deux femmes: l'une s'appelait Anne, l'autre Peninna; mais alors que Peninna avait des enfants, Anne n'en avait point. Chaque année, cet homme montait de sa ville pour adorer et pour sacrifier à Yahvé Sabaot à Silo (là se trouvaient les deux fils d'Eli, Hophni et Pinhas, comme prêtres de Yahvé). Un jour Elqana offrit un sacrifice. -- Il avait coutume de donner des portions à sa femme Peninna et à tous ses fils et filles, et il n'en donnait qu'une à Anne bien qu'il préférât Anne, mais Yahvé l'avait rendue stérile. Sa rivale lui faisait aussi des affronts pour la mettre en colère, parce que Yahvé avait rendu son sein stérile. C'est ce qui arrivait annuellement, chaque fois qu'ils montaient au temple de Yahvé: elle lui faisait des affronts. -- Or donc, Anne pleura et resta sans manger. Alors son mari Elqana lui dit: "Anne, pourquoi pleures-tu et ne manges-tu pas? Pourquoi es-tu malheureuse? Est-ce que je ne vaux pas pour toi mieux que dix fils?" Anne se leva après qu'ils eurent mangé dans la chambre et elle se tint devant Yahvé -- le prêtre Eli était assis sur son siège, contre le montant de la porte, au sanctuaire de Yahvé. Dans l'amertume de son âme, elle pria Yahvé et elle pleura beaucoup. Elle fit ce voeu: "O Yahvé Sabaot! Si tu voulais considérer la misère de ta servante, te souvenir de moi, ne pas oublier ta servante et lui donner un petit d'homme, alors je le donnerai à Yahvé pour toute sa vie et le rasoir ne passera pas sur sa tête." Comme elle prolongeait sa prière devant Yahvé, Eli observait sa bouche. Anne parlait tout bas: ses lèvres remuaient mais on n'entendait pas sa voix, et Eli pensa qu'elle était ivre. Alors Eli lui dit: "Jusques à quand seras-tu dans l'ivresse? Fais passer ton vin!" Mais Anne répondit ainsi: "Non, Monseigneur, je ne suis qu'une femme affligée, je n'ai bu ni vin ni boisson fermentée, j'épanche mon âme devant Yahvé. Ne juge pas ta servante comme une vaurienne: c'est par excès de peine et de dépit que j'ai parlé jusqu'à maintenant." Alors Eli lui répondit: "Va en paix et que le Dieu d'Israël t'accorde ce que tu lui as demandé." Elle dit: "Puisse ta servante trouver grâce à tes yeux", et la femme alla son chemin; elle mangea et son visage ne fut plus le même. Ils se levèrent de bon matin et, après s'être prosternés devant Yahvé, ils s'en retournèrent et arrivèrent chez eux, à Rama. Elqana s'unit à sa femme Anne, et Yahvé se souvint d'elle. Anne conçut et, au temps révolu, elle mit au monde un fils, qu'elle nomma Samuel, "car, dit-elle, je l'ai demandé à Yahvé." Le mari Elqana monta, avec toute sa famille, pour offrir à Yahvé le sacrifice annuel et accomplir son voeu. Mais Anne ne monta pas, car elle dit à son mari: "Pas avant que l'enfant ne soit sevré! Alors je le conduirai; il sera présenté devant Yahvé et il restera là pour toujours." Elqana, son mari, lui répondit: "Fais comme il te plaît et attends de l'avoir sevré. Que seulement Yahvé réalise sa parole!" La femme resta donc et allaita l'enfant jusqu'à son sevrage. Lorsqu'elle l'eut sevré, elle l'emmena avec elle, en même temps qu'un taureau de trois ans, une mesure de farine et une outre de vin, et elle le fit entrer dans le temple de Yahvé à Silo; l'enfant était tout jeune. Ils immolèrent le taureau et ils conduisirent l'enfant à Eli. Elle dit: "S'il te plaît, Monseigneur! Aussi vrai que tu vis, Monseigneur, je suis la femme qui se tenait près de toi ici, priant Yahvé. C'est pour cet enfant que je priais et Yahvé m'a accordé la demande que je lui ai faite. A mon tour, je le cède à Yahvé tous les jours de sa vie: il est cédé à Yahvé." Et, là, ils se prosternèrent devant Yahvé. Alors Anne fit cette prière: "Mon coeur exulte en Yahvé, ma corne s'élève en mon Dieu, ma bouche est large ouverte contre mes ennemis, car je me réjouis en ton secours. Point de Saint comme Yahvé (car il n'y a personne excepté toi), point de Rocher comme notre Dieu. Ne multipliez pas les paroles hautaines, que l'arrogance ne sorte pas de votre bouche. Un Dieu plein de savoir, voilà Yahvé, à lui de peser les actions. L'arc des puissants est brisé, mais les défaillants sont ceinturés de force. Les rassasiés s'embauchent pour du pain, mais les affamés cessent de travailler. La femme stérile enfante sept fois, mais la mère de nombreux enfants se flétrit. C'est Yahvé qui fait mourir et vivre, qui fait descendre au shéol et en remonter. C'est Yahvé qui appauvrit et qui enrichit, qui abaisse et aussi qui élève. Il retire de la poussière le faible, du fumier il relève le pauvre, pour les faire asseoir avec les nobles et leur assigner un siège d'honneur; car à Yahvé sont les piliers de la terre, sur eux il a posé le monde. Il garde les pas de ses fidèles, mais les méchants disparaissent dans les ténèbres (car ce n'est pas par la force que l'homme triomphe). Yahvé, ses ennemis sont brisés, le Très-Haut tonne dans les cieux. Yahvé juge les confins de la terre, il donne la force à son Roi, il exalte la vigueur de son Oint." Elqana partit pour Rama dans sa maison mais l'enfant restait à servir Yahvé, en présence du prêtre Eli. Or les fils d'Eli étaient des vauriens, qui ne se souciaient pas de Yahvé ni du droit des prêtres vis-à-vis du peuple: si quelqu'un offrait un sacrifice, le serviteur du prêtre venait pendant qu'on cuisait la viande, tenant une fourchette à trois dents, il piquait dans le chaudron ou dans la marmite ou dans la terrine ou dans le pot, et le prêtre s'attribuait tout ce que ramenait la fourchette; on agissait ainsi avec tous les Israélites qui venaient là, à Silo. Et même, on n'avait pas encore fait fumer la graisse que le serviteur du prêtre venait et disait à celui qui sacrifiait: "Donne de la viande à rôtir pour le prêtre, il n'acceptera pas de toi de la viande bouillie, seulement de la viande crue." Et si cet homme lui disait: "Qu'on fasse d'abord fumer la graisse, puis prends pour toi à ta guise", il répondait: "Non, tu vas me donner tout de suite, sinon je prends de force." Le péché des jeunes gens était très grand devant Yahvé, car ils traitaient avec mépris l'offrande faite à Yahvé. Samuel était au service de Yahvé, un enfant vêtu du pagne de lin. Sa mère lui faisait un petit manteau qu'elle lui apportait chaque année, lorsqu'elle montait avec son mari pour offrir le sacrifice annuel. Eli bénissait Elqana et sa femme et disait: "Que Yahvé te rende une progéniture de cette femme, en échange du prêt qu'elle a cédé à Yahvé", et ils s'en allaient chez eux. Yahvé visita Anne, elle conçut et elle mit au monde trois fils et deux filles; le jeune Samuel grandissait auprès de Yahvé. Bien qu'Eli fût très âgé, il était informé de tout ce que ses fils faisaient à tout Israël. Il leur dit: "Pourquoi agissez-vous de la manière que j'entends dire par tout le peuple? Non, mes fils, elle n'est pas belle la rumeur que j'entends le peuple de Yahvé colporter. Si un homme pèche contre un autre homme, Dieu sera l'arbitre, mais si c'est contre Yahvé que pèche un homme, qui intercédera pour lui?" Cependant ils n'écoutèrent pas la voix de leur père. C'est qu'il avait plu à Yahvé de les faire mourir. Quant au jeune Samuel, il continuait de croître en taille et en grâce tant auprès de Yahvé qu'auprès des hommes. Un homme de Dieu vint chez Eli et lui dit: "Ainsi parle Yahvé. Voilà donc que je me suis révélé à la maison de ton père quand ils étaient en Egypte, esclaves de la maison de Pharaon. Je l'ai distinguée de toutes les tribus d'Israël pour exercer mon sacerdoce, pour monter à mon autel, pour faire fumer l'offrande, pour porter l'éphod en ma présence, et j'ai concédé à la maison de ton père toutes les viandes offertes par les Israélites. Pourquoi piétinez-vous l'offrande et le sacrifice que j'ai ordonnés pour ma Demeure, et honores-tu tes fils plus que moi, en vous engraissant du meilleur de toutes les offrandes d'Israël, mon peuple? C'est pourquoi -- oracle de Yahvé, Dieu d'Israël -- j'avais bien dit que ta maison et la maison de ton père marcheraient en ma présence pour toujours, mais maintenant -- oracle de Yahvé -- je m'en garderai! Car j'honore ceux qui m'honorent et ceux qui me méprisent sont traités comme rien. Voici que des jours viennent où j'abattrai ton bras et le bras de la maison de ton père, en sorte qu'il n'y ait pas de vieillard dans ta maison. Tu regarderas, à côté de la Demeure, tout le bien que je ferai à Israël, et il n'y aura pas de vieillard dans ta maison, à jamais. Je maintiendrai quelqu'un des tiens près de mon autel, pour que ses yeux se consument et que son âme s'étiole, mais tout l'ensemble de ta maison périra par l'épée des hommes. Le présage sera pour toi ce qui va arriver à tes deux fils, Hophni et Pinhas: le même jour, ils mourront tous deux. Je me susciterai un prêtre fidèle, qui agira selon mon coeur et mon désir, je lui assurerai une maison qui dure et il marchera toujours en présence de mon oint. Quiconque subsistera de ta famille viendra se prosterner devant lui pour avoir une piécette d'argent et une galette de pain, et dira: Je t'en prie, attache-moi à n'importe quelle fonction sacerdotale, pour que j'aie un morceau de pain à manger." Le jeune Samuel servait donc Yahvé en présence d'Eli; en ce temps-là, il était rare que Yahvé parlât, les visions n'étaient pas fréquentes. Or, un jour, Eli était couché dans sa chambre -- ses yeux commençaient de faiblir et il ne pouvait plus voir -- la lampe de Dieu n'était pas encore éteinte et Samuel était couché dans le sanctuaire de Yahvé, là où se trouvait l'arche de Dieu. Yahvé appela: "Samuel, Samuel!" Il répondit: "Me voici!" et il courut près d'Eli et dit: "Me voici, puisque tu m'as appelé" -- "Je ne t'ai pas appelé, dit Eli; retourne te coucher." Il alla se coucher. Yahvé recommença d'appeler: "Samuel, Samuel!" Il se leva et alla près d'Eli et dit: "Me voici, puisque tu m'as appelé" -- "Je ne t'ai pas appelé, mon fils, dit Eli; retourne te coucher." Samuel ne connaissait pas encore Yahvé et la parole de Yahvé ne lui avait pas encore été révélée. Yahvé recommença d'appeler Samuel pour la troisième fois. Il se leva et alla près d'Eli et dit: "Me voici, puisque tu m'as appelé." Alors Eli comprit que c'était Yahvé qui appelait l'enfant et il dit à Samuel: "Va te coucher et, si on t'appelle, tu diras: Parle, Yahvé, car ton serviteur écoute", et Samuel alla se coucher à sa place. Yahvé vint et se tint présent. Il appela comme les autres fois: "Samuel, Samuel", et Samuel répondit: "Parle, car ton serviteur écoute." Yahvé dit à Samuel: "Je m'en vais faire en Israël une chose telle que les deux oreilles en tinteront à quiconque l'apprendra. En ce jour-là, j'accomplirai contre Eli tout ce que j'ai dit sur sa maison, du commencement à la fin. Tu lui annonceras que je condamne sa maison pour toujours; parce qu'il a su que ses fils maudissaient Dieu et qu'il ne les a pas corrigés. C'est pourquoi -- je le jure à la maison d'Eli -- ni sacrifice ni offrande n'effaceront jamais la faute de la maison d'Eli." Samuel reposa jusqu'au matin, puis il ouvrit les portes du temple de Yahvé. Samuel craignait de raconter la vision à Eli, mais Eli l'appela en disant: "Samuel, mon fils", et il répondit: "Me voici!" Il demanda: "Quelle est la parole qu'il t'a dite? Ne me cache rien! Que Dieu te fasse ce mal et qu'il ajoute encore cet autre si tu me caches un mot de ce qu'il t'a dit." Alors Samuel lui rapporta tout, il ne lui cacha rien. Eli dit: "Il est Yahvé; qu'il fasse ce qui lui semble bon!" Samuel grandit. Yahvé était avec lui et ne laissa rien tomber à terre de tout ce qu'il lui avait dit. Tout Israël sut, depuis Dan jusqu'à Bersabée, que Samuel était accrédité comme prophète de Yahvé. Yahvé continua de se manifester à Silo, car il se révélait à Samuel, à Silo, et la parole de Samuel fut pour tout Israël comme la parole de Yahvé. Eli était très âgé et ses fils persévéraient dans leur mauvaise conduite à l'égard de Yahvé. Il advint en ce temps-là que les Philistins se rassemblèrent pour combattre Israël, et les Israélites sortirent à leur rencontre pour le combat. Ils campèrent près d'Eben-ha-Ezèr, tandis que les Philistins étaient campés à Apheq. Les Philistins s'étant mis en ligne contre Israël, il y eut un rude combat et Israël fut battu devant les Philistins: environ 4.000 hommes furent tués dans les lignes, en rase campagne. L'armée revint au camp et les anciens d'Israël dirent: "Pourquoi Yahvé nous a-t-il fait battre aujourd'hui par les Philistins? Allons chercher à Silo l'arche de notre Dieu, qu'elle vienne au milieu de nous et qu'elle nous sauve de l'emprise de nos ennemis." L'armée envoya à Silo et on enleva de là l'arche de Yahvé Sabaot, qui siège sur les chérubins, les deux fils d'Eli, Hophni et Pinhas, accompagnaient l'arche. Quand l'arche de Yahvé arriva au camp, tous les Israélites poussèrent une grande acclamation, qui fit résonner la terre. Les Philistins entendirent le bruit de l'acclamation et dirent: "Que signifie cette grande acclamation au camp des Hébreux", et ils connurent que l'arche de Yahvé était arrivée au camp. Alors les Philistins eurent peur, car ils se disaient: "Dieu est venu au camp!" Ils dirent: "Malheur à nous! Car une chose pareille n'est pas arrivée auparavant. Malheur à nous! Qui nous délivrera de la main de ce Dieu puissant? C'est lui qui a frappé l'Egypte de toutes sortes de plaies au désert. Prenez courage et soyez virils, Philistins, pour n'être pas asservis aux Hébreux comme ils vous ont été asservis; soyez virils et combattez!" Les Philistins livrèrent bataille, les Israélites furent battus et chacun s'enfuit à ses tentes; ce fut un très grand massacre et 30.000 hommes de pied tombèrent du côté d'Israël. L'arche de Dieu fut prise et les deux fils d'Eli moururent, Hophni et Pinhas. Un homme de Benjamin courut hors des lignes et atteignit Silo le même jour, les vêtements déchirés et la tête couverte de poussière. Lorsqu'il arriva, Eli était assis sur son siège, à côté de la porte, surveillant la route, car son coeur tremblait pour l'arche de Dieu. Cet homme donc vint apporter la nouvelle à la ville, et ce furent des cris dans toute la ville. Eli entendit les cris et demanda: "Quelle est cette grande rumeur?" L'homme se hâta et vint avertir Eli. -- Celui-ci avait 98 ans, il avait le regard fixe et ne pouvait plus voir. -- L'homme dit à Eli: "J'arrive du camp, je me suis enfui des lignes aujourd'hui", et celui-ci demanda: "Que s'est-il passé, mon fils?" Le messager répondit: "Israël a fui devant les Philistins, ce fut même une grande défaite pour l'armée, et encore tes deux fils sont morts, et l'arche de Dieu a été prise!" A cette mention de l'arche de Dieu, Eli tomba de son siège à la renverse, en travers de la porte, sa nuque se brisa et il mourut, car l'homme était âgé et pesant. Il avait jugé Israël pendant 40 ans. Or sa bru, la femme de Pinhas, était enceinte et sur le point d'accoucher. Dès qu'elle eut appris la nouvelle relative à la prise de l'arche de Dieu et à la mort de son beau-père et de son mari, elle s'accroupit et elle accoucha, car ses douleurs l'avaient assaillie. Comme elle était à la mort, celles qui l'assistaient lui dirent: "Aie confiance, c'est un fils que tu as enfanté", mais elle ne répondit pas et n'y fit pas attention. Elle appela l'enfant Ikabod, disant: "La gloire a été bannie d'Israël", par allusion à la prise de l'arche de Dieu, et à son beau-père et son mari. Elle dit: "La gloire a été bannie d'Israël, parce que l'arche de Dieu a été prise." Lorsque les Philistins se furent emparés de l'arche de Dieu, ils la conduisirent d'Eben-ha-Ezèr à Ashdod. Les Philistins prirent l'arche de Dieu, l'introduisirent dans le temple de Dagôn et la déposèrent à côté de Dagôn. Quand les Ashdodites se levèrent le lendemain matin et vinrent au temple de Dagôn, voilà que Dagôn était tombé sur sa face, par terre, devant l'arche de Yahvé. Ils relevèrent Dagôn et le remirent à sa place. Mais, quand ils se levèrent le lendemain de bon matin, voilà que Dagôn était tombé sur sa face, par terre, devant l'arche de Yahvé, et la tête de Dagôn et ses deux mains gisaient coupées sur le seuil: il ne restait à sa place que le tronc de Dagôn. C'est pourquoi les prêtres de Dagôn et tous ceux qui entrent dans le temple de Dagôn ne foulent pas du pied le seuil de Dagôn à Ashdod, encore aujourd'hui. La main de Yahvé s'appesantit sur les Ashdodites: il les ravagea et les affligea de tumeurs, Ashdod et son territoire. Quand les gens d'Ashdod virent ce qui arrivait, ils dirent: "Que l'arche du Dieu d'Israël ne reste pas chez nous, car sa main s'est raidie contre nous et contre notre dieu Dagôn." Ils firent donc convoquer tous les princes des Philistins auprès d'eux et dirent: "Que devons-nous faire de l'arche du Dieu d'Israël?" Ils décidèrent: "C'est à Gat que s'en ira l'arche du Dieu d'Israël", et on emmena l'arche du Dieu d'Israël. Mais après qu'ils l'eurent amenée, la main de Yahvé fut sur la ville et il y eut une très grande panique: les gens de la ville furent frappés, du plus petit au plus grand, et il leur sortit des tumeurs. Ils envoyèrent alors l'arche de Dieu à Eqrôn, mais lorsque l'arche de Dieu arriva à Eqrôn, les Eqrônites s'écrièrent: "Ils m'ont amené l'arche du Dieu d'Israël pour me faire périr moi et mon peuple!" Ils firent convoquer tous les princes des Philistins et dirent: "Renvoyez l'arche du Dieu d'Israël, et qu'elle retourne à son lieu et ne me fasse pas mourir, moi et mon peuple." Il y avait en effet une panique mortelle dans toute la ville, tant s'y était appesantie la main de Dieu. Les gens qui ne mouraient pas étaient affligés de tumeurs et le cri de détresse de la ville montait jusqu'au ciel. L'arche de Yahvé fut sept mois dans le territoire des Philistins. Les Philistins en appelèrent aux prêtres et aux devins et demandèrent: "Que devons-nous faire de l'arche de Yahvé? Indiquez-nous comment nous la renverrons en son lieu." Ils répondirent: "Si vous voulez renvoyer l'arche du Dieu d'Israël, ne la renvoyez pas sans rien, mais payez-lui une réparation. Alors vous guérirez et vous saurez pourquoi sa main ne s'était pas détournée de vous." Ils demandèrent: "Quelle doit être la réparation que nous lui paierons?" Ils répondirent: "D'après le nombre des princes des Philistins, cinq tumeurs d'or et cinq rats d'or, car ce fut la même plaie pour vous et pour vos princes. Faites des images de vos tumeurs et des images de vos rats, qui ravagent le pays, et rendez gloire au Dieu d'Israël. Peut-être sa main se fera-t-elle plus légère sur vous, vos dieux et votre pays. Pourquoi endurciriez-vous votre coeur comme l'ont endurci les Egyptiens et Pharaon? Lorsque Dieu les eut malmenés, ne les ont-ils pas laissés partir? Maintenant, prenez et préparez un chariot neuf et deux vaches qui allaitent et n'ont pas porté le joug: vous attellerez les vaches au chariot et vous ramènerez leurs petits en arrière à l'étable. Vous prendrez l'arche de Yahvé et vous la placerez sur le chariot. Quant aux objets d'or que vous lui payez comme réparation, vous les mettrez dans un coffre, à côté d'elle, et vous la laisserez partir. Puis regardez: s'il prend le chemin de son territoire, vers Bet-Shémesh, c'est lui qui nous a causé ce grand mal, sinon nous saurons que ce n'est pas sa main qui nous a frappés et que cela nous est arrivé par accident. Ainsi firent les gens: ils prirent deux vaches qui allaitaient et ils les attelèrent au chariot, mais il retinrent les petits à l'étable. Ils placèrent l'arche de Yahvé sur le chariot, ainsi que le coffre avec les rats d'or et les images de leurs tumeurs. Les vaches prirent tout droit la route de Bet-Shémesh et gardèrent le même chemin, elles meuglaient en marchant, sans dévier ni à droite ni à gauche. Les princes des Philistins les suivirent jusqu'aux confins de Bet-Shémesh. Les gens de Bet-Shémesh faisaient la moisson des blés dans la plaine. Levant les yeux, ils virent l'arche et ils allèrent avec joie à sa rencontre. Lorsque le chariot fut arrivé au champ de Josué de Bet-Shémesh, il s'y arrêta. Il y avait là une grande pierre. On fendit le bois du chariot et on offrit les vaches en holocauste à Yahvé. Les lévites avaient descendu l'arche de Yahvé et le coffre qui était près d'elle et qui contenait les objets d'or, et ils avaient déposé le tout sur la grande pierre. Les gens de Bet-Shémesh offrirent ce jour-là des holocaustes et firent des sacrifices à Yahvé. Quand les cinq princes des Philistins eurent vu cela, ils revinrent à Eqrôn, le même jour. Voici les tumeurs d'or que les Philistins payèrent en réparation à Yahvé: pour Ashdod une, pour Gaza une, pour Ashqelôn une, pour Gat une, pour Eqrôn une. Et des rats d'or, autant que toutes les villes des Philistins, celles des cinq princes, depuis les villes fortes jusqu'aux villages ouverts. Témoin la grande pierre sur laquelle on déposa l'arche de Yahvé, et qui est encore aujourd'hui dans le champ de Josué de Bet-Shémesh. Les fils de Yekonya, parmi les gens de Bet-Shémesh, ne s'étaient pas réjouis lorsqu'ils avaient vu l'arche de Yahvé, et Yahvé frappa 70 hommes d'entre eux. Et le peuple fut en deuil, parce que Yahvé l'avait durement frappé. Alors les gens de Bet-Shémesh dirent: "Qui pourrait tenir en face de Yahvé, le Dieu Saint? Chez qui montera-t-il loin de nous?" Ils envoyèrent des messagers aux habitants de Qiryat-Yéarim, avec ces mots: "Les Philistins ont rendu l'arche de Yahvé. Descendez et faites-la monter chez vous." Les gens de Qiryat-Yéarim vinrent et firent monter l'arche de Yahvé. Ils la conduisirent dans la maison d'Abinadab, sur la hauteur, et ils consacrèrent son fils Eléazar pour garder l'arche de Yahvé. Depuis le jour où l'arche fut installée à Qiryat-Yéarim un long temps s'écoula -- vingt ans -- et toute la maison d'Israël soupira après Yahvé. Alors Samuel parla ainsi à toute la maison d'Israël: "Si c'est de tout votre coeur que vous revenez à Yahvé, écartez les dieux étrangers du milieu de vous, et les Astartés, fixez votre coeur en Yahvé et ne servez que lui: alors il vous délivrera de la main des Philistins." Les Israélites écartèrent donc les Baals et les Astartés et ne servirent que Yahvé. Samuel dit: "Rassemblez tout Israël à Miçpa et je supplierai Yahvé pour vous." Ils se rassemblèrent donc à Miçpa, ils puisèrent de l'eau qu'ils répandirent devant Yahvé, ils jeûnèrent ce jour-là et ils dirent: "Nous avons péché contre Yahvé." Et Samuel jugea les Israélites à Miçpa. Lorsque les Philistins surent que les Israélites s'étaient rassemblés à Miçpa, les princes des Philistins montèrent à l'attaque d'Israël. Les Israélites l'apprirent et ils eurent peur des Philistins. Ils dirent à Samuel: "Ne cesse pas d'invoquer Yahvé notre Dieu, pour qu'il nous délivre de la main des Philistins." Samuel prit un agneau de lait et l'offrit en holocauste complet à Yahvé, il invoqua Yahvé pour Israël et Yahvé l'exauça. Pendant que Samuel offrait l'holocauste, les Philistins engagèrent le combat contre Israël, mais Yahvé ce jour-là tonna à grand fracas sur les Philistins, il les frappa de panique et ils furent battus devant Israël. Les gens d'Israël sortirent de Miçpa et poursuivirent les Philistins, et ils les battirent jusqu'en dessous de Bet-Kar. Alors Samuel prit une pierre et la dressa entre Miçpa et La Dent, et il lui donna le nom d'Eben-ha-Ezèr, en disant: "C'est jusqu'ici que Yahvé nous a secourus." Les Philistins furent abaissés. Ils ne revinrent plus sur le territoire d'Israël et la main de Yahvé pesa sur les Philistins pendant toute la vie de Samuel. Les villes que les Philistins avaient prises à Israël lui firent retour depuis Eqrôn jusqu'à Gat, et Israël délivra leur territoire de la main des Philistins. Il y eut paix entre Israël et les Amorites. Samuel jugea Israël pendant toute sa vie. Il allait chaque année faire une tournée par Béthel, Gilgal, Miçpa, et il jugeait Israël en tous ces endroits. Puis il revenait à Rama, car c'est là qu'il avait sa maison et qu'il jugeait Israël. Il y construisit un autel à Yahvé. Lorsque Samuel fut devenu vieux, il établit ses fils comme juges en Israël. Son fils aîné s'appelait Yoël et son cadet Abiyya; ils étaient juges à Bersabée. Mais ses fils ne suivirent pas son exemple: ils furent attirés par le gain, acceptèrent des présents et firent fléchir le droit. Tous les anciens d'Israël se réunirent et vinrent trouver Samuel à Rama. Ils lui dirent: "Tu es devenu vieux et tes fils ne suivent pas ton exemple. Eh bien! établis-nous un roi pour qu'il nous juge, comme toutes les nations." Cela déplut à Samuel qu'ils aient dit: "Donne-nous un roi, pour qu'il nous juge", et il invoqua Yahvé. Mais Yahvé dit à Samuel: "Satisfais à tout ce que te dit le peuple, car ce n'est pas toi qu'ils ont rejeté, c'est moi qu'ils ont rejeté, ne voulant plus que je règne sur eux. Tout ce qu'ils m'ont fait depuis le jour où je les ai fait monter d'Egypte jusqu'à maintenant -- ils m'ont abandonné et ont servi des dieux étrangers -- ils te le font aussi. Eh bien, satisfais à leur demande. Seulement, tu les avertiras solennellement et tu leur apprendras le droit du roi qui va régner sur eux." Samuel répéta toutes les paroles de Yahvé au peuple qui lui demandait un roi. Il dit: "Voici le droit du roi qui va régner sur vous. Il prendra vos fils et les affectera à sa charrerie et à ses chevaux et ils courront devant son char. Il les emploiera comme chefs de mille et comme chefs de 50; il leur fera labourer son labour, moissonner sa moisson, fabriquer ses armes de guerre et les harnais de ses chars. Il prendra vos filles comme parfumeuses, cuisinières et boulangères. Il prendra vos champs, vos vignes et vos oliveraies les meilleures et les donnera à ses officiers. Sur vos cultures et vos vignes, il prélèvera la dîme et la donnera à ses eunuques et à ses officiers. Les meilleurs de vos serviteurs, de vos servantes et de vos boeufs, et vos ânes, il les prendra et les fera travailler pour lui. Il prélèvera la dîme sur vos troupeaux et vous-mêmes deviendrez ses esclaves. Ce jour-là, vous pousserez des cris à cause du roi que vous vous serez choisi, mais Yahvé ne vous répondra pas, ce jour-là!" Le peuple refusa d'écouter Samuel et dit: "Non! Nous aurons un roi et nous serons, nous aussi, comme toutes les nations: notre roi nous jugera, il sortira à notre tête et combattra nos combats." Samuel entendit toutes les paroles du peuple et les redit à l'oreille de Yahvé. Mais Yahvé lui dit: "Satisfais à leur demande et intronise-leur un roi." Alors Samuel dit aux hommes d'Israël: "Retournez chacun dans sa ville." Il y avait, parmi les Benjaminites, un homme qui s'appelait Qish, fils d'Abiel, fils de Ceror, fils de Bekorat, fils d'Aphiah; c'était un Benjaminite, homme de condition. Il avait un fils nommé Saül, qui était dans la fleur de l'âge et beau. Nul parmi les Israélites n'était plus beau que lui: de l'épaule et au-dessus, il dépassait tout le monde. Les ânesses appartenant à Qish, père de Saül, s'étant égarées, Qish dit à son fils Saül: "Prends avec toi l'un des serviteurs et va, pars à la recherche des ânesses." Ils traversèrent la montagne d'Ephraïm, ils traversèrent le pays de Shalisha sans rien trouver; ils traversèrent le pays de Shaalim: elles n'y étaient pas; ils traversèrent le pays de Benjamin sans rien trouver. Lorsqu'ils furent arrivés au pays de Cuph, Saül dit au serviteur qui l'accompagnait: "Allons! Retournons, de peur que mon père ne laisse les ânesses pour s'inquiéter de nous." Mais celui-ci lui répondit: "Voici qu'un homme de Dieu habite cette ville-là. C'est un homme réputé: tout ce qu'il dit arrive sûrement. Allons-y donc, peut-être nous éclairera-t-il sur le voyage que nous avons entrepris." Saül dit à son serviteur: "A supposer que nous y allions, qu'offrirons-nous à l'homme? Le pain a disparu de nos sacs et nous n'avons pas de rétribution à offrir à l'homme de Dieu. Qu'avons-nous d'autre?" Le serviteur reprit la parole et dit à Saül: "Il se trouve que j'ai en main un quart de sicle d'argent, je le donnerai à l'homme de Dieu et il nous éclairera sur notre voyage." Autrefois en Israël, voici ce qu'on disait en allant consulter Dieu: "Allons donc chez le voyant", car au lieu de "prophète" comme aujourd'hui on disait autrefois "voyant." Saül dit à son serviteur: "Tu as bien parlé, allons donc!" Et ils allèrent à la ville où se trouvait l'homme de Dieu. Comme ils gravissaient la montée de la ville, ils rencontrèrent des jeunes filles qui sortaient pour puiser l'eau et ils leur demandèrent: "Le voyant est-il là?" Elles leur répondirent en ces termes: "Il est là, il t'a juste précédé. Hâte-toi maintenant: il est venu aujourd'hui en ville, car il y a aujourd'hui un sacrifice pour le peuple sur le haut lieu. Dès que vous entrerez en ville, vous le trouverez avant qu'il ne monte au haut lieu pour le repas. Le peuple ne mangera pas avant son arrivée, car c'est lui qui doit bénir le sacrifice; après quoi, les invités mangeront. Maintenant, montez: vous le trouverez sur l'heure." Ils montèrent donc à la ville. Comme ils entraient dans la porte, Samuel sortait à leur rencontre pour monter au haut lieu. Or, un jour avant que Saül ne vînt, Yahvé avait fait cette révélation à Samuel: "Demain à pareille heure, avait-il dit, je t'enverrai un homme du pays de Benjamin, tu lui donneras l'onction comme chef de mon peuple Israël, et il délivrera mon peuple de la main des Philistins, car j'ai vu la misère de mon peuple et son cri est venu jusqu'à moi." Et quand Samuel aperçut Saül, Yahvé lui signifia: "Voilà l'homme dont je t'ai dit: C'est lui qui jugera mon peuple." Saül aborda Samuel au milieu de la porte et dit: "Indique-moi, je te prie, où est la maison du voyant." Samuel répondit à Saül: "Je suis le voyant. Monte devant moi au haut lieu. Vous mangerez aujourd'hui avec moi. Je te dirai adieu demain matin et je t'expliquerai tout ce qui occupe ton coeur. Quant aux ânesses que tu as perdues il y a trois jours, ne t'en inquiète pas: elles sont retrouvées. D'ailleurs, à qui revient toute la richesse d'Israël? N'est-ce pas à toi et à toute la maison de ton père?" Saül répondit ainsi: "Ne suis-je pas un Benjaminite, la plus petite des tribus d'Israël, et ma famille n'est-elle pas la moindre de toutes celles de la tribu de Benjamin? Pourquoi me dire de telles paroles?" Samuel emmena Saül et son serviteur. Il les introduisit dans la salle et leur donna une place en tête des invités, qui étaient une trentaine. Puis Samuel dit au cuisinier: "Sers la part que je t'ai donnée en te disant de la mettre de côté." Le cuisinier préleva le gigot et la queue, qu'il mit devant Saül, et il dit: "Voilà posé devant toi ce qu'on a laissé. Mange!..." Ce jour-là, Saül mangea avec Samuel. Ils descendirent du haut lieu à la ville. On prépara un lit sur la terrasse pour Saül et il se coucha. Dès que parut l'aurore, Samuel appela Saül sur la terrasse: "Lève-toi, dit-il, je vais te dire adieu." Saül se leva, et Samuel et lui sortirent tous deux au-dehors. Ils étaient descendus à la limite de la ville quand Samuel dit à Saül: "Ordonne au serviteur qu'il passe devant nous, mais toi, reste maintenant, que je te fasse entendre la parole de Dieu." Samuel prit la fiole d'huile et la répandit sur la tête de Saül, puis il l'embrassa et dit: "N'est-ce pas Yahvé qui t'a oint comme chef de son peuple Israël? C'est toi qui jugeras le peuple de Yahvé et le délivreras de la main de ses ennemis d'alentour. Et voici pour toi le signe que Yahvé t'a oint comme chef sur son héritage. Quand tu m'auras quitté aujourd'hui, tu rencontreras deux hommes près du tombeau de Rachel, sur la frontière de Benjamin... et ils te diront: Les ânesses que tu étais parti chercher sont retrouvées. Voici que ton père a oublié l'affaire des ânesses et s'inquiète de vous, se disant: Que faut-il faire pour mon fils? Passant outre, tu arriveras au Chêne de Tabor et tu y rencontreras trois hommes montant vers Dieu à Béthel, l'un portant trois chevreaux, l'autre portant trois miches de pain, le dernier portant une outre de vin. Ils te salueront et te donneront deux pains, que tu accepteras de leur main. Ensuite, tu arriveras à Gibéa de Dieu (où se trouve le préfet des Philistins) et, à l'entrée de la ville, tu te heurteras à une troupe de prophètes descendant du haut lieu, précédés de la harpe, du tambourin, de la flûte et de la cithare, et ils seront en délire. Alors l'esprit de Yahvé fondra sur toi, tu entreras en délire avec eux et tu seras changé en un autre homme. Lorsque ces signes se seront réalisés pour toi, agis comme l'occasion se présentera, car Dieu est avec toi. Tu descendras avant moi à Gilgal et je t'y rejoindrai pour offrir des holocaustes et immoler des sacrifices de communion. Tu attendras sept jours que je vienne vers toi et je t'apprendrai ce que tu dois faire." Dès qu'il eut tourné le dos pour quitter Samuel, Dieu lui changea le coeur et tous ces signes s'accomplirent le jour même. De là ils arrivèrent à Gibéa et voici qu'une troupe de prophètes venait à sa rencontre; l'esprit de Dieu fondit sur lui et il entra en délire au milieu d'eux. Lorsque ceux qui le connaissaient de longue date virent qu'il prophétisait avec les prophètes, les gens se dirent l'un à l'autre: "Qu'est-il arrivé au fils de Qish? Saül est-il aussi parmi les prophètes?" Un homme du groupe reprit: "Et qui est leur père?" C'est pourquoi il est passé en proverbe de dire: "Saül est-il aussi parmi les prophètes?" Lorsqu'il fut sorti de transe, il rentra à Gibéa. L'oncle de Saül lui demanda ainsi qu'à son serviteur: "Où êtes-vous allés" -- "A la recherche des ânesses, répondit-il. Nous n'avons rien vu et nous sommes allés chez Samuel." L'oncle de Saül lui dit: "Raconte-moi donc ce que Samuel vous a dit." Saül répondit à son oncle: "Il nous a seulement annoncé que les ânesses étaient retrouvées", mais il ne lui raconta pas l'affaire de la royauté, que Samuel avait dite. Samuel convoqua le peuple auprès de Yahvé à Miçpa et il dit aux Israélites: "Ainsi parle Yahvé, le Dieu d'Israël: Moi, j'ai fait monter Israël d'Egypte et vous ai délivrés de l'emprise de l'Egypte et de tous les royaumes qui vous opprimaient. Mais vous, aujourd'hui, vous avez rejeté votre Dieu, celui qui vous sauvait de tous vos maux et de toutes vos angoisses, et vous avez dit: Non, mais établis sur nous un roi!" Maintenant, comparaissez devant Yahvé par tribus et par clans." Samuel fit approcher toutes les tribus d'Israël et la tribu de Benjamin fut désignée par le sort. Il fit approcher la tribu de Benjamin par clans, et le clan de Matri fut désigné. Il fit approcher le clan de Matri homme par homme, et Saül, fils de Qish, fut désigné; on le chercha, mais on ne le trouva pas. On consulta encore Yahvé: "L'homme est-il venu ici?" Et Yahvé répondit: "Le voilà caché parmi les bagages." On courut l'y prendre et il se présenta au milieu du peuple: de l'épaule et au-dessus, il dépassait tout le monde. Samuel dit à tout le peuple: "Avez-vous vu celui qu'a choisi Yahvé? Il n'a pas son pareil dans tout le peuple." Et tous poussèrent des acclamations et crièrent: "Vive le roi!" Samuel exposa au peuple le droit du roi et il l'écrivit dans un livre qu'il déposa devant Yahvé. Puis Samuel renvoya le peuple chacun chez soi. Saül aussi rentra chez lui à Gibéa, et partirent avec lui les vaillants dont Dieu avait touché le coeur. Mais des vauriens dirent: "Comment celui-là nous sauverait-il?" Ils le méprisèrent et ne lui offrirent pas de présent. Environ un mois après, Nahash l'Ammonite vint dresser son camp contre Yabesh de Galaad. Tous les gens de Yabesh dirent à Nahash: "Fais un traité avec nous et nous te servirons." Mais Nahash l'Ammonite leur répondit: "Voici à quel prix je traiterai avec vous: je vous crèverai à tous l'oeil droit, j'en ferai un défi à tout Israël." Les anciens de Yabesh lui dirent: "Accorde-nous une trêve de sept jours. Nous enverrons des messagers dans tout le territoire d'Israël et, si personne ne vient à notre secours, nous nous rendrons à toi." Les messagers arrivèrent à Gibéa de Saül et exposèrent les choses aux oreilles du peuple, et tout le peuple se mit à crier et à pleurer. Or, voici que Saül revenait des champs derrière ses boeufs et il demanda: "Qu'a donc le peuple à pleurer ainsi?" On lui raconta les propos des hommes de Yabesh, et quand Saül entendit ces choses l'esprit de Yahvé fondit sur lui et il entra dans une grande colère. Il prit une paire de boeufs et la dépeça en morceaux qu'il envoya par messagers dans tout le territoire d'Israël, avec ces mots: "Quiconque ne marchera pas à la suite de Saül, ainsi sera-t-il fait de ses boeufs." Une terreur de Yahvé s'abattit sur le peuple et ils marchèrent comme un seul homme. Il les passa en revue à Bézeq: il y avait 300.000 Israélites et 30.000 hommes de Juda. Il dit aux messagers qui étaient venus: "Dites aux hommes de Yabesh de Galaad: Demain, quand le soleil sera ardent, le secours vous arrivera." Une fois rentrés, les messagers donnèrent la nouvelle aux hommes de Yabesh, qui se réjouirent. Ceux-ci dirent à Nahash: "Demain, nous sortirons vers vous et vous nous ferez tout ce qu'il vous plaira." Le lendemain, Saül disposa l'armée en trois corps, qui envahirent le camp à la veille du matin, et ils battirent les Ammonites jusqu'au plus chaud du jour. Les survivants se dispersèrent, il n'en resta pas deux ensemble. Alors le peuple dit à Samuel: "Qui donc disait: Saül régnera-t-il sur nous? Livrez ces gens, que nous les mettions à mort." Mais Saül dit: "On ne mettra personne à mort en ce jour, car aujourd'hui Yahvé a opéré un salut en Israël." Puis Samuel dit au peuple: "Venez et allons à Gilgal et nous y renouvellerons la royauté." Tout le peuple se rendit à Gilgal et Saül y fut proclamé roi devant Yahvé, à Gilgal. Là, on immola devant Yahvé des sacrifices de communion et Saül et tous les hommes d'Israël se livrèrent à de grandes réjouissances. Samuel dit à tout Israël: "J'ai satisfait à tout ce que vous m'avez demandé et j'ai fait régner un roi sur vous. Désormais, c'est le roi qui marchera devant vous. Pour moi, je suis devenu vieux, j'ai blanchi et mes fils sont parmi vous. J'ai marché devant vous depuis ma jeunesse jusqu'à ce jour. Me voici! Témoignez contre moi devant Yahvé et devant son oint: de qui ai-je pris le boeuf et de qui ai-je pris l'âne? Qui ai-je frustré et qui ai-je opprimé? De qui ai-je reçu une compensation pour que je ferme les yeux? Je vous restituerai." Ils répondirent: "Tu ne nous as ni frustrés ni opprimés, tu n'as rien reçu de personne." Il leur dit: "Yahvé est témoin contre vous, et son oint est témoin aujourd'hui, que vous n'avez rien trouvé entre mes mains." Et ils répondirent: "Il est témoin." Alors Samuel dit au peuple: "Il est témoin, Yahvé qui a suscité Moïse et Aaron et qui a fait monter vos pères du pays d'Egypte. Comparaissez maintenant; que je plaide avec vous devant Yahvé et que je vous rappelle tous les bienfaits que Yahvé a accomplis à votre égard et à l'égard de vos pères: Quand Jacob fut venu en Egypte, les Egyptiens les opprimèrent et vos pères crièrent vers Yahvé. Celui-ci envoya Moïse et Aaron qui firent sortir vos pères d'Egypte, et il les installa en ce lieu. Mais ils oublièrent Yahvé leur Dieu et celui-ci les livra aux mains de Sisera, chef de l'armée de Haçor, aux mains des Philistins et du roi de Moab qui leur firent la guerre. Ils crièrent vers Yahvé: Nous avons péché, dirent-ils, car nous avons abandonné Yahvé et servi les Baals et les Astartés. Maintenant, délivre-nous de la main de nos ennemis et nous te servirons! Alors Yahvé envoya Yerubbaal, Baraq, Jephté, Samuel, il vous a délivrés de vos ennemis d'alentour et vous êtes demeurés en sécurité. "Cependant, lorsque vous avez vu Nahash, le roi des Ammonites, marcher contre vous, vous m'avez dit: Non! Il faut qu'un roi règne sur nous. Pourtant, Yahvé votre Dieu, c'est lui votre roi! Voici maintenant le roi que vous avez choisi, Yahvé a établi sur vous un roi. Si vous craignez Yahvé et le servez, si vous lui obéissez et ne vous révoltez pas contre ses ordres, si vous-mêmes et le roi qui règne sur vous, vous suivez Yahvé votre Dieu, c'est bien! Mais si vous n'obéissez pas à Yahvé, si vous vous révoltez contre ses ordres, alors la main de Yahvé pèsera sur vous et sur votre roi. "Encore une fois comparaissez et voyez le grand prodige que Yahvé accomplit sous vos yeux. N'est-ce pas maintenant la moisson des blés? Eh bien, je vais invoquer Yahvé et il fera tonner et pleuvoir. Reconnaissez clairement combien grave est le mal que vous avez commis au regard de Yahvé en demandant pour vous un roi." Samuel invoqua Yahvé et celui-ci fit tonner et pleuvoir le jour même, et tout le peuple eut une grande crainte de Yahvé et de Samuel. Tous dirent à Samuel: "Prie Yahvé ton Dieu en faveur de tes serviteurs, afin que nous ne mourions pas; nous avons mis le comble à tous nos péchés en demandant pour nous un roi." Mais Samuel dit au peuple: "Ne craignez pas. Oui, vous avez commis tout ce mal. Seulement, ne vous écartez pas de Yahvé et servez-le de tout votre coeur. Ne vous écartez pas à la suite des idoles de néant qui ne servent de rien, qui ne sont d'aucun secours, car elles ne sont que néant. En effet, Yahvé ne réprouvera pas son peuple, pour l'honneur de son grand nom, car Yahvé a daigné faire de vous son peuple. Pour ma part, que je me garde de pécher contre Yahvé en cessant de prier pour vous et de vous enseigner le bon et droit chemin. Craignez seulement Yahvé et servez-le sincèrement de tout votre coeur, car voyez le grand prodige qu'il a accompli parmi vous. Mais si vous commettez le mal, vous périrez, vous et votre roi. Saül était âgé de... ans lorsqu'il devint roi, et il régna... ans sur Israël. Saül se choisit 3.000 hommes d'Israël: il y en eut 2.000 avec Saül à Mikmas et dans la montagne de Béthel, il y en eut mille avec Jonathan à Géba de Benjamin, et Saül renvoya le reste du peuple chacun à sa tente. Jonathan tua le préfet des Philistins qui se trouvait à Gibéa et les Philistins apprirent que les Hébreux s'étaient révoltés. Saül fit sonner du cor dans tout le pays et tout Israël reçut la nouvelle: "Saül a tué le préfet des Philistins, Israël s'est même rendu odieux aux Philistins!" et le peuple se groupa derrière Saül à Gilgal. Les Philistins se rassemblèrent pour combattre Israël,3.000 chars,6.000 chevaux et une troupe aussi nombreuse que le sable du bord de la mer, et ils vinrent camper à Mikmas, à l'orient de Bet-Avèn. Lorsque les Israélites se virent en détresse, car on les serrait de près, les gens se cachèrent dans les grottes, les trous, les failles de rocher, les souterrains et les citernes. Ils passèrent aussi par les gués du Jourdain au pays de Gad et de Galaad. Saül était encore à Gilgal et le peuple tremblait derrière lui. Il attendit sept jours, selon le terme que Samuel avait fixé, mais Samuel ne vint pas à Gilgal et l'armée, quittant Saül, se débanda. Alors celui-ci dit: "Amenez-moi l'holocauste et les sacrifices de communion", et il offrit l'holocauste. Or il achevait d'offrir l'holocauste lorsque Samuel arriva, et Saül sortit à sa rencontre pour le saluer. Samuel dit: "Qu'as-tu fait", et Saül répondit: "J'ai vu que l'armée me quittait et se débandait, que d'autre part tu n'étais pas venu au jour fixé et que les Philistins étaient rassemblés à Mikmas. Je me suis dit: Maintenant les Philistins vont descendre sur moi à Gilgal et je n'aurai pas apaisé Yahvé! Alors je me suis contraint et j'ai offert l'holocauste." Samuel dit à Saül: "Tu as agi en insensé! Tu n'as pas observé l'ordre que Yahvé ton Dieu t'a donné. Autrement Yahvé aurait affermi pour toujours ta royauté sur Israël, mais maintenant, ta royauté ne tiendra pas: Yahvé s'est cherché un homme selon son coeur et il l'a désigné comme chef sur son peuple, parce que tu n'as pas observé ce que Yahvé t'avait commandé." Samuel se leva et partit de Gilgal pour suivre son chemin. Ce qui restait du peuple monta derrière Saül à la rencontre des hommes de guerre et vint de Gilgal à Géba de Benjamin. Saül passa en revue la troupe qui se trouvait avec lui: il y avait environ 600 hommes. Saül et son fils Jonathan et la troupe qui était avec eux résidaient à Géba de Benjamin et les Philistins campaient à Mikmas. Le corps de destruction sortit du camp philistin en trois bandes: une bande prit la direction d'Ophra, au pays de Shual, une bande prit la direction de Bet-Horôn et une bande prit la direction de la hauteur qui surplombe la Vallée des Hyènes, vers le désert. Il n'y avait pas de forgeron dans tout le pays d'Israël, car les Philistins s'étaient dit: "Il faut éviter que les Hébreux ne fabriquent des épées ou des lances." Aussi tous les Israélites descendaient chez les Philistins pour reforger chacun son soc, sa hache, son herminette ou sa faucille. Le prix était de deux tiers de sicle pour les socs et les haches, d'un tiers de sicle pour aiguiser les herminettes et redresser les aiguillons. Aussi arriva-t-il qu'au jour de la bataille, dans l'armée qui était avec Saül et Jonathan, personne n'avait en main ni épée ni lance. Il y en avait cependant pour Saül et pour son fils Jonathan. Un poste de Philistins partit pour la passe de Mikmas. Un jour le fils de Saül, Jonathan, dit à son écuyer: "Viens, traversons jusqu'au poste des Philistins qui sont de l'autre côté", mais il n'avertit pas son père. Saül était assis à la limite de Géba, sous le grenadier qui est près de l'aire, et la troupe qui était avec lui était d'environ 600 hommes. Ahiyya, fils d'Ahitub, frère d'Ikabod, fils de Pinhas, fils d'Eli, le prêtre de Yahvé à Silo, portait l'éphod. La troupe ne remarqua pas que Jonathan était parti. Dans le défilé que Jonathan cherchait à franchir pour atteindre le poste philistin, il y a une dent de rocher d'un côté et une dent de rocher de l'autre côté. L'une est appelée Boçèç, et l'autre Senné; la première dent est au nord, face à Mikmas, la seconde est au sud, face à Géba. Jonathan dit à son écuyer: "Viens, traversons jusqu'au poste de ces incirconcis. Peut-être Yahvé fera-t-il quelque chose pour nous, car rien n'empêche Yahvé de donner la victoire, qu'on soit beaucoup ou peu." Son écuyer lui répondit: "Fais tout ce vers quoi penche ton coeur. Je suis avec toi, mon coeur est comme ton coeur." Jonathan dit: "Voici que nous allons passer vers ces gens et nous découvrir à eux. S'ils nous disent: Ne bougez pas jusqu'à ce que nous vous rejoignions, nous resterons sur place et nous ne monterons pas vers eux. Mais s'ils nous disent: Montez vers nous, nous monterons, car Yahvé les aura livrés entre nos mains: cela nous servira de signe." Lorsqu'ils se découvrirent tous les deux au poste des Philistins, ceux-ci dirent: "Voilà des Hébreux qui sortent des trous où ils se cachaient", et les gens du poste, s'adressant à Jonathan et à son écuyer, dirent: "Montez vers nous, que nous vous apprenions quelque chose." Alors Jonathan dit à son écuyer: "Monte derrière moi, car Yahvé les a livrés aux mains d'Israël." Jonathan monta en s'aidant des mains et des pieds, et son écuyer le suivit; ils tombaient devant Jonathan et son écuyer les achevait derrière lui. Ce premier massacre que firent Jonathan et son écuyer fut d'une vingtaine d'hommes... La terreur se répandit dans le camp, dans la campagne et dans tout le peuple; le poste et le corps de destruction furent saisis d'effroi eux aussi, la terre trembla et ce fut une panique de Dieu. Les guetteurs de Saül, qui étaient à Géba de Benjamin, virent que le camp s'agitait en tout sens, et Saül dit à la troupe qui était avec lui: "Faites l'appel et voyez qui d'entre nous est parti." On fit l'appel et voilà que Jonathan et son écuyer étaient absents! Alors Saül dit à Ahiyya: "Apporte l'éphod", car c'était lui qui portait l'éphod en présence d'Israël. Mais pendant que Saül parlait au prêtre, le tumulte au camp philistin allait croissant et Saül dit au prêtre: "Retire ta main." Saül et toute la troupe qui était avec lui se réunirent et arrivèrent au lieu du combat: voilà qu'ils tiraient l'épée les uns contre les autres, une énorme panique! Les Hébreux qui s'étaient mis auparavant au service des Philistins et qui étaient montés avec eux au camp firent défection eux aussi, pour se joindre aux Israélites qui étaient avec Saül et Jonathan. Tous les Israélites qui s'étaient cachés dans la montagne d'Ephraïm, apprenant que les Philistins étaient en fuite, les talonnèrent aussi, en combattant. Ce jour-là Yahvé donna la victoire à Israël. Le combat s'étendit au-delà de Bet-Horôn. Comme les gens d'Israël étaient serrés de près ce jour-là, Saül prononça sur le peuple cette imprécation: "Maudit soit l'homme qui mangera quelque chose avant le soir, avant que j'aie tiré vengeance de mes ennemis!" Et personne du peuple ne goûta d'aucune nourriture. Or il y avait un rayon de miel en plein champ. Le peuple arriva au rayon de miel et le miel coulait, mais personne ne porta la main à sa bouche, car le peuple redoutait le serment juré. Cependant Jonathan n'avait pas entendu son père imposer le serment au peuple. Il avança le bout du bâton qu'il avait à la main et le plongea dans le rayon de miel, puis il ramena la main à sa bouche; alors ses yeux s'éclaircirent. Mais quelqu'un de la troupe prit la parole et dit: "Ton père a imposé ce serment au peuple: Maudit soit l'homme, a-t-il dit, qui mangera quelque chose aujourd'hui." Jonathan répondit: "Mon père a fait le malheur du pays! Voyez donc comme j'ai les yeux plus clairs pour avoir goûté ce peu de miel. A plus forte raison, si le peuple avait mangé aujourd'hui du butin qu'il a trouvé chez l'ennemi, est-ce qu'alors la défaite des Philistins n'aurait pas été plus grande?" Ce jour-là, on battit les Philistins depuis Mikmas jusqu'à Ayyalôn et le peuple était à bout de force. Alors le peuple se rua sur le butin, il prit du petit bétail, des boeufs, des veaux, les immola à même la terre et il se mit à manger avec le sang. On avertit ainsi Saül: "Le peuple est en train de pécher contre Yahvé en mangeant avec le sang!" Alors il dit: "Vous avez été infidèles! Roulez-moi ici une grande pierre!" Puis Saül dit: "Répandez-vous dans le peuple et dites: Que chacun m'amène son boeuf ou son mouton; vous les immolerez ici et vous mangerez, sans pécher contre Yahvé en mangeant avec le sang." Les hommes amenèrent chacun ce qu'il avait cette nuit-là et ils firent l'immolation en cet endroit. Saül construisit un autel à Yahvé; ce fut le premier autel qu'il lui construisit. Saül dit: "Descendons de nuit à la poursuite des Philistins et pillons-les jusqu'au lever du jour; nous ne leur laisserons pas un homme." On lui répondit: "Fais tout ce qui te semble bon." Mais le prêtre dit: "Approchons-nous ici de Dieu." Saül consulta Dieu: "Descendrai-je à la poursuite des Philistins? Les livreras-tu entre les mains d'Israël?" Mais il ne lui répondit pas ce jour-là. Alors, Saül dit: "Approchez ici, vous tous, chefs du peuple! Examinez bien en quoi a consisté la faute d'aujourd'hui. Aussi vrai que vit Yahvé qui donne la victoire à Israël, même s'il s'agit de mon fils Jonathan, il mourra sûrement!" Personne dans tout le peuple n'osa lui répondre. Il dit à tout Israël: "Mettez-vous d'un côté et moi avec mon fils Jonathan nous nous mettrons de l'autre", et le peuple répondit à Saül: "Fais ce qui te semble bon." Saül dit alors: "Yahvé, Dieu d'Israël, pourquoi n'as-tu pas répondu aujourd'hui à ton serviteur? Si la faute est sur moi ou sur mon fils Jonathan, Yahvé, Dieu d'Israël, donne urim; si la faute est sur ton peuple Israël, donne tummim." Saül et Jonathan furent désignés et le peuple échappa. Saül dit: "Jetez le sort entre moi et mon fils Jonathan", et Jonathan fut désigné. Alors Saül dit à Jonathan: "Avoue-moi ce que tu as fait." Jonathan répondit: "J'ai seulement goûté un peu de miel avec le bout du bâton que j'avais à la main. Je suis prêt à mourir." Saül reprit: "Que Dieu me fasse ce mal et qu'il ajoute cet autre si tu ne meurs pas, Jonathan!" Mais le peuple dit à Saül: "Est-ce que Jonathan va mourir, lui qui a opéré cette grande victoire en Israël? Gardons-nous en! Aussi vrai que Yahvé est vivant, il ne tombera pas à terre un cheveu de sa tête, car c'est avec Dieu qu'il a agi aujourd'hui!" Ainsi le peuple racheta Jonathan et il ne mourut pas. Saül renonça à poursuivre les Philistins et les Philistins gagnèrent leur pays. Saül s'assura la royauté sur Israël et fit la guerre de tous côtés contre tous ses ennemis, contre Moab, les Ammonites, Edom, le roi de Coba et les Philistins; où qu'il se tournât, il était victorieux. Il fit des prouesses de vaillance, battit les Amalécites et délivra Israël des mains de ceux qui le pillaient. Saül eut pour fils Jonathan, Ishyo et Malki-Shua. Les noms de ses deux filles étaient Mérab pour l'aînée et Mikal pour la cadette. La femme de Saül se nommait Ahinoam, fille d'Ahimaaç. Le chef de son armée se nommait Abner, fils de Ner, l'oncle de Saül: Qish, le père de Saül, et Ner, le père d'Abner, étaient les fils d'Abiel. Il y eut une guerre acharnée contre les Philistins tant que vécut Saül. Tous les braves et tous les vaillants que voyait Saül, il se les attachait. Samuel dit à Saül: "C'est moi que Yahvé a envoyé pour te sacrer roi sur son peuple Israël. Ecoute donc les paroles de Yahvé: Ainsi parle Yahvé Sabaot: J'ai résolu de punir ce qu'Amaleq a fait à Israël, en lui coupant la route quand il montait d'Egypte. Maintenant, va, frappe Amaleq, voue-le à l'anathème avec tout ce qu'il possède, sois sans pitié pour lui, tue hommes et femmes, enfants et nourrissons, boeufs et brebis, chameaux et ânes." Saül convoqua le peuple et le passa en revue à Télam: 200.000 fantassins (et 10.000 hommes de Juda). Saül s'avança jusqu'à la ville d'Amaleq et se mit en embuscade dans le ravin. Saül dit aux Qénites: "Partez, séparez-vous des Amalécites, de peur que je ne vous fasse disparaître avec eux, car vous avez été bienveillants à tous les Israélites quand ils montaient d'Egypte." Et les Qénites se séparèrent des Amalécites. Saül battit les Amalécites à partir de Havila en direction de Shur, qui est à l'orient de l'Egypte. Il prit vivant Agag, roi des Amalécites, et il passa tout le peuple au fil de l'épée, en exécution de l'anathème. Mais Saül et l'armée épargnèrent Agag et le meilleur du petit et du gros bétail, les bêtes grasses et les agneaux, bref tout ce qu'il y avait de bon; ils ne voulurent pas le vouer à l'anathème. Mais tout le troupeau vil et sans valeur, ils le vouèrent à l'anathème. La parole de Yahvé fut adressée à Samuel en ces termes: "Je me repens d'avoir donné la royauté à Saül, car il s'est détourné de moi et n'a pas exécuté mes ordres." Samuel s'enflamma et cria vers Yahvé pendant toute la nuit. Le matin, Samuel partit à la rencontre de Saül. On lui donna cette information: "Saül est allé à Karmel pour s'y dresser un trophée, puis il est reparti plus loin et il est descendu à Gilgal." Samuel arriva auprès de Saül et Saül lui dit: "Béni sois-tu de Yahvé! J'ai exécuté l'ordre de Yahvé." Mais Samuel demanda: "Et qu'est-ce que c'est que ces bêlements qui viennent à mes oreilles et ces meuglements que j'entends" -- "On les a amenés d'Amaleq, répondit Saül, car le peuple a épargné le meilleur du petit et du gros bétail en vue de l'offrir en sacrifice à Yahvé ton Dieu. Quant au reste, nous l'avons voué à l'anathème." Mais Samuel dit à Saül: "Cesse donc, et laisse-moi t'annoncer ce que Yahvé m'a révélé cette nuit." Il lui dit: "Parle." Alors Samuel dit: "Si petit que tu sois à tes propres yeux, n'es-tu pas le chef des tribus d'Israël? Yahvé t'a sacré roi sur Israël. Il t'a envoyé en expédition et il t'a dit: Pars, voue à l'anathème ces pécheurs, les Amalécites, fais-leur la guerre jusqu'à l'extermination. Pourquoi n'as-tu pas obéi à Yahvé? Pourquoi t'es-tu rué sur le butin et as-tu fait ce qui déplaît à Yahvé?" Saül répondit à Samuel: "J'ai obéi à Yahvé! J'ai fait l'expédition où il m'envoyait, j'ai ramené Agag, roi d'Amaleq, et j'ai voué Amaleq à l'anathème. Dans le butin, le peuple a pris, en petit et en gros bétail, le meilleur de ce que frappait l'anathème pour le sacrifier à Yahvé ton Dieu à Gilgal." Mais Samuel dit: "Yahvé se plaît-il aux holocaustes et aux sacrifices comme dans l'obéissance à la parole de Yahvé? Oui, l'obéissance vaut mieux que le sacrifice, la docilité, plus que la graisse des béliers. Un péché de sorcellerie, voilà la rébellion, un crime de téraphim, voilà la présomption! Parce que tu as rejeté la parole de Yahvé, il t'a rejeté pour que tu ne sois plus roi!" Saül dit à Samuel: "J'ai péché en transgressant l'ordre de Yahvé et tes commandements, parce que j'ai eu peur du peuple et je lui ai obéi. Maintenant, je t'en prie, pardonne ma faute, reviens avec moi, que j'adore Yahvé." Mais Samuel répondit à Saül: "Je ne reviendrai pas avec toi: puisque tu as rejeté la parole de Yahvé, Yahvé t'a rejeté pour que tu ne sois plus roi sur Israël." Comme Samuel se détournait pour partir, Saül saisit le pan de son manteau, qui fut arraché, et Samuel lui dit: "Aujourd'hui, Yahvé t'a arraché la royauté sur Israël et l'a donnée à ton voisin, qui est meilleur que toi." (Pourtant, la Gloire d'Israël ne ment pas et ne se repent pas, car il n'est pas un homme pour se repentir.) Saül dit: "J'ai péché, cependant, je t'en prie, honore-moi devant les anciens de mon peuple et devant Israël, et reviens avec moi pour que j'adore Yahvé ton Dieu." Samuel revint en compagnie de Saül et celui-ci adora Yahvé. Puis Samuel dit: "Amenez-moi Agag, le roi des Amalécites", et Agag vint vers lui en chancelant et dit: "Vraiment, la mort est amère!" Samuel dit: "Comme ton épée a privé des femmes de leurs enfants, entre les femmes, ta mère sera privée de son enfant!" Et Samuel égorgea Agag devant Yahvé à Gilgal. Samuel partit pour Rama et Saül remonta chez lui à Gibéa de Saül. Samuel ne revit plus Saül jusqu'à sa mort. En effet Samuel pleurait Saül, mais Yahvé s'était repenti de l'avoir fait roi sur Israël. Yahvé dit à Samuel: "Jusques à quand resteras-tu à pleurer Saül, alors que moi je l'ai rejeté pour qu'il ne règne plus sur Israël? Emplis d'huile ta corne et va! Je t'envoie chez Jessé le Bethléemite, car je me suis choisi un roi parmi ses fils." Samuel dit: "Comment pourrais-je y aller? Saül l'apprendra et il me tuera!" Mais Yahvé reprit: "Tu prendras avec toi une génisse et tu diras: C'est pour sacrifier à Yahvé que je suis venu. Tu inviteras Jessé au sacrifice et je t'indiquerai moi-même ce que tu auras à faire: tu oindras pour moi celui que je te dirai." Samuel fit ce que Yahvé avait ordonné. Quand il arriva à Bethléem, les anciens de la ville vinrent en tremblant à sa rencontre et demandèrent: "Ta venue est-elle de bon augure, voyant" -- "Oui, répondit Samuel, je suis venu offrir un sacrifice à Yahvé. Purifiez-vous et venez avec moi au sacrifice." Il purifia Jessé et ses fils et les invita au sacrifice. Lorsqu'ils arrivèrent et que Samuel aperçut Eliab, il se dit: "Sûrement, Yahvé a son oint devant lui!" Mais Yahvé dit à Samuel: "Ne considère pas son apparence ni la hauteur de sa taille, car je l'ai écarté. Les vues de Dieu ne sont pas comme les vues de l'homme, car l'homme regarde à l'apparence, mais Yahvé regarde au coeur." Jessé appela Abinadab et le fit passer devant Samuel, qui dit: "Ce n'est pas lui non plus que Yahvé a choisi." Jessé fit passer Shamma, mais Samuel dit: "Ce n'est pas lui non plus que Yahvé a choisi." Jessé fit ainsi passer ses sept fils devant Samuel, mais Samuel dit à Jessé: "Yahvé n'a choisi aucun de ceux-là." Il demanda à Jessé: "En est-ce fini avec tes garçons", et celui-ci répondit: "Il reste encore le plus jeune, il est à garder le troupeau." Alors Samuel dit à Jessé: "Envoie-le chercher, car nous ne nous mettrons pas à table avant qu'il ne soit venu ici." Jessé l'envoya chercher: il était roux, avec un beau regard et une belle tournure. Et Yahvé dit: "Va, donne-lui l'onction: c'est lui!" Samuel prit la corne d'huile et l'oignit au milieu de ses frères. L'esprit de Yahvé fondit sur David à partir de ce jour-là et dans la suite. Quant à Samuel, il se mit en route et partit pour Rama. L'esprit de Yahvé s'était retiré de Saül et un mauvais esprit, venant de Yahvé, lui causait des terreurs. Alors les serviteurs de Saül lui dirent: "Voici qu'un mauvais esprit de Dieu te cause des terreurs. Que notre seigneur en donne l'ordre et les serviteurs qui t'assistent chercheront un homme qui sache jouer de la cithare: quand un mauvais esprit de Dieu t'assaillira, il en jouera et tu iras mieux." Saül dit à ses serviteurs: "Trouvez-moi donc un homme qui joue bien et amenez-le-moi." L'un des serviteurs prit la parole et dit: "J'ai vu un fils de Jessé, le Bethléemite: il sait jouer, et c'est un vaillant, un homme de guerre, il parle bien, il est beau et Yahvé est avec lui." Saül dépêcha donc des messagers à Jessé, avec cet ordre: "Envoie-moi ton fils David (qui est avec le troupeau"). Jessé prit cinq pains, une outre de vin, un chevreau et fit tout porter à Saül par son fils David. David arriva auprès de Saül et se mit à son service. Saül se prit d'une grande affection pour lui et David devint son écuyer. Saül envoya dire à Jessé: "Que David reste donc à mon service, car il a gagné ma bienveillance." Ainsi, chaque fois que l'esprit de Dieu assaillait Saül, David prenait la cithare et il en jouait; alors Saül se calmait, il allait mieux et le mauvais esprit s'écartait de lui. Les Philistins rassemblèrent leurs troupes pour la guerre, ils se concentrèrent à Soko de Juda, et campèrent entre Soko et Azéqa, à Ephès-Dammim. Saül et les Israélites se concentrèrent et campèrent dans la vallée du Térébinthe et ils se rangèrent en bataille face aux Philistins. Les Philistins occupaient la montagne d'un côté, les Israélites occupaient la montagne de l'autre côté et la vallée était entre eux. Un champion sortit des rangs philistins. Il s'appelait Goliath, de Gat, et sa taille était de six coudées et un empan. Il avait sur la tête un casque de bronze et il était revêtu d'une cuirasse à écailles; la cuirasse pesait 5.000 sicles de bronze. Il avait aux jambes des jambières de bronze, et un cimeterre de bronze en bandoulière. Le bois de sa lance était comme un liais de tisserand et la pointe de sa lance pesait 600 sicles de fer. Le porte-bouclier marchait devant lui. Il se campa devant les lignes israélites et leur cria: "Pourquoi êtes-vous sortis pour vous ranger en bataille? Ne suis-je pas, moi, le Philistin, et vous, n'êtes-vous pas les serviteurs de Saül? Choisissez-vous un homme et qu'il descende vers moi. S'il l'emporte en luttant avec moi et s'il m'abat, alors nous serons vos serviteurs; si je l'emporte sur lui et si je l'abats, alors vous deviendrez nos serviteurs, vous nous serez asservis." Le Philistin dit aussi: "Moi, j'ai lancé aujourd'hui un défi aux lignes d'Israël. Donnez-moi un homme, et que nous nous mesurions en combat singulier!" Quand Saül et tout Israël entendirent ces paroles du Philistin, ils furent consternés et ils eurent très peur. David était le fils d'un Ephratéen de Bethléem de Juda, qui s'appelait Jessé et qui avait huit fils. Cet homme, au temps de Saül, était vieux et chargé d'années. Les trois fils aînés de Jessé partirent en guerre derrière Saül. Ses trois fils qui partirent en guerre s'appelaient l'aîné Eliab, le second Abinadab et le troisième Shamma. David était le plus jeune et les trois aînés partirent derrière Saül. (David allait et venait du service de Saül au soin du troupeau de son père à Bethléem. Le Philistin s'approchait matin et soir et il se présenta ainsi pendant 40 jours.) Jessé dit à son fils David: "Emporte donc à tes frères cette mesure de grain grillé et ces dix pains, va vite au camp vers tes frères. Quant à ces dix morceaux de fromage, tu les offriras au chef de mille. Tu t'informeras de la santé de tes frères et tu rapporteras d'eux un gage. Ils sont avec Saül et tous les hommes d'Israël dans la vallée du Térébinthe, faisant la guerre aux Philistins." David se leva de bon matin, il laissa le troupeau à un gardien, prit sa charge et partit comme lui avait ordonné Jessé. Il arriva au campement au moment où l'armée sortait pour prendre ses positions et poussait le cri de guerre. Israël et les Philistins se rangèrent ligne contre ligne. David laissa son chargement aux mains du gardien des bagages, il courut aux lignes et demanda à ses frères comment ils allaient. Pendant qu'il parlait, le champion (il s'appelait Goliath, le Philistin de Gat) montait des lignes philistines. Il dit les mêmes paroles que ci-dessus et David les entendit. Dès qu'ils aperçurent l'homme, tous les Israélites s'enfuirent loin de lui et eurent très peur. Les gens d'Israël dirent: "Avez-vous vu cet homme qui monte? C'est pour lancer un défi à Israël qu'il monte. Celui qui l'abattra, le roi le comblera de richesses, il lui donnera sa fille et exemptera sa maison paternelle en Israël." David demanda aux hommes qui se tenaient près de lui: "Qu'est-ce qu'on fera à celui qui abattra ce Philistin et qui écartera la honte d'Israël? Qu'est-ce que ce Philistin incirconcis pour qu'il ait lancé un défi aux troupes du Dieu vivant?" Le peuple lui répondit comme ci-dessus: "Voilà ce qu'on fera à celui qui l'abattra." Son frère aîné Eliab l'entendit qui parlait aux gens et Eliab se mit en colère contre David et dit: "Pourquoi donc es-tu descendu? A qui as-tu laissé ces quelques brebis dans le désert? Je connais ton insolence et la malice de ton coeur: c'est pour voir la bataille que tu es venu!" David répondit: "Qu'est-ce que j'ai fait? Est-ce qu'on ne peut plus parler?" Il se détourna de lui et s'adressa à un autre. Il posa la même question et on lui répondit comme la première fois. On entendit les paroles de David et on les rapporta à Saül qui le fit venir. David dit à Saül: "Que personne ne perde courage à cause de lui. Ton serviteur ira se battre contre ce Philistin." Mais Saül répondit à David: "Tu ne peux pas marcher contre ce Philistin pour lutter avec lui, car tu n'es qu'un enfant, et lui, il est un homme de guerre depuis sa jeunesse." Mais David dit à Saül: "Quand ton serviteur faisait paître les brebis de son père et que venait un lion ou un ours qui enlevait une brebis du troupeau, je le poursuivais, je le frappais et j'arrachais celle-ci de sa gueule. Et s'il se dressait contre moi, je le saisissais par les poils du menton et je le frappais à mort. Ton serviteur a battu le lion et l'ours, il en sera de ce Philistin incirconcis comme de l'un d'eux, puisqu'il a défié les troupes du Dieu vivant." David dit encore: "Yahvé qui m'a sauvé de la griffe du lion et de l'ours me sauvera des mains de ce Philistin." Alors Saül dit à David: "Va et que Yahvé soit avec toi!" Saül revêtit David de sa tenue militaire, lui mit sur la tête un casque de bronze et lui fit endosser une cuirasse. Il ceignit David de son épée, par-dessus sa tenue. David essaya de marcher, car il n'était pas entraîné, et il dit à Saül: "Je ne puis pas marcher avec cela, car je ne suis pas entraîné." On l'en débarrassa donc. David prit son bâton en main, il se choisit dans le torrent cinq pierres bien lisses et les mit dans son sac de berger, sa giberne, puis, la fronde à la main, il marcha vers le Philistin. Le Philistin s'approcha de plus en plus près de David, précédé du porte-bouclier. Le Philistin tourna les yeux vers David et, lorsqu'il le vit, il le méprisa car il était jeune -- il était roux, avec une belle apparence. Le Philistin dit à David: "Suis-je un chien pour que tu viennes contre moi avec des bâtons?" Et le Philistin maudit David par ses dieux. Le Philistin dit à David: "Viens vers moi, que je donne ta chair aux oiseaux du ciel et aux bêtes des champs!" Mais David répondit au Philistin: "Tu marches contre moi avec épée, lance et cimeterre, mais moi, je marche contre toi au nom de Yahvé Sabaot, le Dieu des troupes d'Israël que tu as défiées. Aujourd'hui, Yahvé te livrera en ma main, je t'abattrai, je te couperai la tête, je donnerai aujourd'hui même ton cadavre et les cadavres de l'armée philistine aux oiseaux du ciel et aux bêtes sauvages. Toute la terre saura qu'il y a un Dieu en Israël, et toute cette assemblée saura que ce n'est pas par l'épée ni par la lance que Yahvé donne la victoire, car Yahvé est maître du combat et il vous livre entre nos mains." Dès que le Philistin s'avança et marcha au-devant de David, celui-ci sortit des lignes et courut à la rencontre du Philistin. Il mit la main dans son sac et en prit une pierre qu'il tira avec la fronde. Il atteignit le Philistin au front; la pierre s'enfonça dans son front et il tomba la face contre terre. Ainsi David triompha du Philistin avec la fronde et la pierre: il abattit le Philistin et le fit mourir; il n'y avait pas d'épée entre les mains de David. David courut et se tint debout sur le Philistin; saisissant l'épée de celui-ci, il la tira du fourreau, il acheva le Philistin et, avec elle, il lui trancha la tête. Les Philistins voyant que leur champion était mort, s'enfuirent. Les hommes d'Israël et de Juda se mirent en mouvement, poussèrent le cri de guerre et poursuivirent les Philistins jusqu'aux approches de Gat et jusqu'aux portes d'Eqrôn. Des morts philistins jonchèrent le chemin depuis Shaarayim jusqu'à Gat et Eqrôn. Les Israélites revinrent de cette poursuite acharnée et pillèrent le camp philistin. David prit la tête du Philistin et l'apporta à Jérusalem; quant à ses armes, il les mit dans sa propre tente. En voyant David partir à la rencontre du Philistin, Saül avait demandé à Abner, le chef de l'armée: "De qui ce jeune homme est-il le fils, Abner?" Et Abner répondit: "Aussi vrai que tu es vivant, ô roi, je n'en sais rien." Le roi dit: "Informe-toi de qui ce garçon est le fils." Lorsque David revint d'avoir tué le Philistin, Abner le prit et le conduisit devant Saül, tenant dans sa main la tête du Philistin. Saül lui demanda: "De qui es-tu le fils, jeune homme?" David répondit: "De ton serviteur Jessé le Bethléemite." Lorsqu'il eut fini de parler à Saül, l'âme de Jonathan s'attacha à l'âme de David et Jonathan se mit à l'aimer comme lui-même. Saül le retint ce jour même et ne lui permit pas de retourner chez son père. Jonathan conclut un pacte avec David, car il l'aimait comme lui-même: Jonathan se dépouilla du manteau qu'il avait sur lui et il le donna à David, ainsi que sa tenue, jusqu'à son épée, son arc et son ceinturon. Dans ses sorties, partout où l'envoyait Saül, David remportait des succès et Saül le mit à la tête des hommes de guerre; il était bien vu de tout le peuple, et même des officiers de Saül. A leur retour, quand David revint d'avoir tué le Philistin, les femmes sortirent de toutes les villes d'Israël au-devant du roi Saül pour chanter en dansant, au son des tambourins, des cris d'allégresse et des sistres. Les femmes qui dansaient chantaient ceci: "Saül a tué ses milliers, et David ses myriades." Saül fut très irrité et cette affaire lui déplut. Il dit: "On a donné les myriades à David et à moi les milliers, il ne lui manque plus que la royauté!" Et, à partir de ce jour, Saül regarda David d'un oeil jaloux. Le lendemain, un mauvais esprit de Dieu assaillit Saül qui entra en délire au milieu de la maison. David jouait de la cithare comme les autres jours et Saül avait sa lance à la main. Saül brandit sa lance et dit: "Je vais clouer David au mur", mais David l'évita par deux fois. Saül eut peur de David car Yahvé était avec celui-ci et s'était détourné de Saül. Alors Saül l'écarta d'auprès de lui et l'institua chef de mille: il sortait et rentrait à la tête du peuple. Dans toutes ses expéditions, David réussissait et Yahvé était avec lui. Voyant qu'il réussissait très bien, Saül le craignait, mais tous en Israël et en Juda aimaient David, car il sortait et rentrait à leur tête. Saül dit à David: "Voici ma fille aînée Mérab, je vais te la donner pour femme; sers-moi seulement en brave et combats les guerres de Yahvé." Saül s'était dit: "Qu'il ne tombe pas sous ma main, mais sous celle des Philistins!" David répondit à Saül: "Qui suis-je et quel est mon lignage, la famille de mon père, en Israël, pour que je devienne le gendre du roi?" Mais, lorsque vint le moment de donner à David la fille de Saül, Mérab, on la donna à Adriel de Mehola. Or Mikal, la fille de Saül, s'éprit de David et on l'annonça à Saül, qui trouva cela bien. Il se dit: "Je la lui donnerai, mais elle sera un piège pour lui et la main des Philistins sera sur lui." (Saül dit deux fois à David: "Tu seras aujourd'hui mon gendre.)" Alors Saül donna cet ordre à ses serviteurs: "Parlez en secret à David et dites: Tu plais au roi et tous ses serviteurs t'aiment, deviens donc le gendre du roi." Les serviteurs de Saül répétèrent ces paroles aux oreilles de David, mais David répliqua: "Est-ce une petite chose à vos yeux de devenir le gendre du roi? Moi, je ne suis qu'un homme pauvre et de basse condition." Les serviteurs de Saül en référèrent à celui-ci: "Voilà les paroles que David a dites." Saül répondit: "Vous direz ceci à David: Le roi ne désire pas un paiement, mais cent prépuces de Philistins, pour tirer vengeance des ennemis du roi." Saül comptait faire tomber David aux mains des Philistins. Les serviteurs de Saül rapportèrent ces paroles à David et celui-ci trouva que l'affaire était bonne, pour devenir le gendre du roi. Le temps n'était pas écoulé que David se mit en campagne et partit avec ses hommes. Il tua aux Philistins 200 hommes, il rapporta leurs prépuces et les compta au roi, pour devenir son gendre. Alors Saül lui donna pour femme sa fille Mikal. Saül dut reconnaître que Yahvé était avec David et que toute la maison d'Israël l'aimait. Alors Saül eut encore plus peur de David et il conçut contre lui une hostilité de tous les jours. Les princes des Philistins firent campagne, mais chaque fois qu'ils faisaient campagne, David remportait plus de succès que tous les officiers de Saül, et il acquit un très grand renom. Saül communiqua à son fils Jonathan et à tous ses officiers son dessein de faire mourir David. Or Jonathan, fils de Saül, avait beaucoup d'affection pour David et il avertit ainsi David: "Mon père Saül cherche à te faire mourir. Sois donc sur tes gardes demain matin, reste à l'abri et dissimule-toi. Moi, je sortirai et je me tiendrai à côté de mon père dans le champ où tu seras, je parlerai de toi à mon père, je verrai ce qu'il y a et je t'en informerai." Jonathan dit du bien de David à son père Saül et il lui parla ainsi: "Que le roi ne pèche pas contre son serviteur David, car celui-ci n'a commis aucune faute contre toi; bien plutôt, ce qu'il a fait a été d'un grand profit pour toi. Il a risqué sa vie, il a abattu le Philistin et Yahvé a procuré une grande victoire à tout Israël: tu as vu et tu t'es réjoui. Pourquoi pécherais-tu par le sang d'un innocent en faisant mourir David sans raison?" Saül céda aux paroles de Jonathan et il fit ce serment: "Aussi vrai que Yahvé est vivant, il ne mourra pas!" Alors Jonathan appela David et il lui rapporta toutes ces choses. Puis il le conduisit à Saül et David reprit son service comme auparavant. Comme la guerre avait repris, David se mit en campagne et combattit les Philistins; il leur infligea une grande défaite et ils s'enfuirent devant lui. Or un mauvais esprit de Yahvé prit possession de Saül: comme il était assis dans sa maison, sa lance à la main, et que David jouait de la cithare, Saül essaya de clouer David au mur avec sa lance, mais celui-ci esquiva le coup de Saül, qui planta sa lance dans le mur. David prit la fuite et se sauva. Cette même nuit, Saül envoya des émissaires surveiller la maison de David, voulant le mettre à mort dès le matin. Mais la femme de David, Mikal, lui donna cet avertissement: "Si tu ne t'échappes pas cette nuit, demain tu es un homme mort!" Mikal fit descendre David par la fenêtre. Il partit, prit la fuite et se sauva. Mikal prit le téraphim, elle le plaça sur le lit, mit à son chevet une tresse en poils de chèvre et le couvrit d'un vêtement. Lorsque Saül envoya des messagers pour s'emparer de David, elle dit: "Il est malade." Mais Saül renvoya les messagers voir David et leur dit: "Portez-le moi dans son lit pour que je le mette à mort!" Les messagers entrèrent, et voilà que c'était le téraphim dans le lit, avec la tresse en poils de chèvre à son chevet! Saül dit à Mikal: "Pourquoi m'as-tu ainsi trahi et as-tu laissé partir mon ennemi pour qu'il s'échappe?" Mikal répondit à Saül: "C'est lui qui m'a dit: Laisse-moi partir, ou je te tue!" David avait donc pris la fuite et s'était échappé. Il se rendit chez Samuel à Rama et lui rapporta tout ce que Saül lui avait fait. Lui et Samuel allèrent habiter aux cellules. On informa ainsi Saül: "Voici que David est aux cellules à Rama." Saül envoya des messagers pour se saisir de David et ceux-ci virent la communauté des prophètes en train de prophétiser, Samuel se tenant à leur tête. Alors l'esprit de Dieu s'empara des messagers de Saül et ils furent pris de délire eux aussi. On avertit Saül, qui envoya d'autres messagers, et ils furent pris de délire eux aussi. Saül envoya un troisième groupe de messagers, et ils furent pris de délire eux aussi. Alors il partit lui-même pour Rama et arriva à la grande citerne qui est à Sékû. Il demanda où étaient Samuel et David et on répondit: "Ils sont aux cellules à Rama." De là il se rendit donc aux cellules à Rama. Mais l'esprit de Dieu s'empara aussi de lui et il marcha en délirant jusqu'à son arrivée aux cellules à Rama. Lui aussi il se dépouilla de ses vêtements, lui aussi il fut pris de délire devant Samuel, puis il s'écroula nu et resta ainsi tout ce jour et toute la nuit. D'où le dicton: "Saül est-il aussi parmi les prophètes?" S'étant enfui des cellules qui sont à Rama, David vint dire en face à Jonathan: "Qu'ai-je donc fait, quelle a été ma faute, quel a été mon crime envers ton père pour qu'il en veuille à ma vie?" Il lui répondit: "Loin de toi cette pensée! Tu ne mourras pas. Mon père n'entreprend aucune chose, importante ou non, sans m'en faire la confidence. Pourquoi mon père m'aurait-il caché cette affaire? C'est impossible!" David fit ce serment: "Ton père sait très bien que j'ai ta faveur et il s'est dit: Que Jonathan ne sache rien, de peur qu'il n'en soit peiné. Mais, aussi vrai que vit Yahvé et que tu vis toi-même, il n'y a qu'un pas entre moi et la mort." Jonathan dit à David: "Que veux-tu que je fasse pour toi?" David répondit à Jonathan: "C'est demain la nouvelle lune et je devrais m'asseoir avec le roi pour manger, mais tu me laisseras partir et je me cacherai dans la campagne jusqu'au soir. Si ton père remarque mon absence, tu diras: David m'a demandé avec instance la permission de faire une course à Bethléem, sa ville, car on y célèbre le sacrifice annuel pour tout le clan. S'il dit: C'est bien, ton serviteur est sauf, mais s'il se met en colère, sache que le malheur est décidé de sa part. Montre ta bonté envers ton serviteur, puisque tu l'as uni à toi dans un pacte au nom de Yahvé, et, si je suis en faute, fais-moi mourir toi-même; pourquoi m'amener jusqu'à ton père?" Jonathan reprit: "Loin de toi cette pensée! Si je savais vraiment que mon père est décidé à faire venir sur toi un malheur, est-ce que je ne t'avertirais pas?" David demanda à Jonathan: "Qui m'avertira si ton père te répond durement?" Jonathan dit à David: "Viens, sortons dans la campagne", et ils sortirent tous deux dans la campagne. Jonathan dit à David: "Par Yahvé, Dieu d'Israël! je sonderai mon père demain à la même heure: s'il en va bien pour David et si je n'envoie pas t'en faire confidence, que Yahvé fasse à Jonathan ce mal et qu'il ajoute encore cet autre! S'il paraît bon à mon père d'amener le malheur sur toi, je t'en ferai confidence et je te laisserai aller; tu partiras sain et sauf, et que Yahvé soit avec toi comme il fut avec mon père! Si je suis encore vivant, puisses-tu me témoigner une bonté de Yahvé; si je meurs, ne retire jamais ta bonté à ma maison. Quand Yahvé supprimera de la face de la terre les ennemis de David, que le nom de Jonathan ne sois pas supprimé avec la maison de Saül, sinon Yahvé en demandera compte à David" Jonathan prêta de nouveau serment à David, parce qu'il l'aimait de toute son âme. Jonathan lui dit: "C'est demain la nouvelle lune et on remarquera ton absence, car ta place sera vide. Après-demain, on remarquera beaucoup ton absence, tu iras à l'endroit où tu t'étais caché le jour de l'affaire, tu t'assiéras à côté de ce tertre que tu sais. Pour moi, après-demain, je lancerai des flèches de ce côté-là comme pour tirer à la cible. J'enverrai le servant: Va! Trouve la flèche. Si je dis au servant: La flèche est en deçà de toi, prends-la, viens, c'est que cela va bien pour toi et qu'il n'y a rien, aussi vrai que Yahvé est vivant. Mais si je dis au garçon: La flèche est au-delà de toi, pars, car c'est Yahvé qui te renvoie. Quant à la parole que nous avons échangée, moi et toi, Yahvé est témoin pour toujours entre nous deux." Donc David se cacha dans la campagne. La nouvelle lune arriva et le roi se mit à table pour manger. Le roi s'assit à sa place habituelle, la place contre le mur, Jonathan se mit en face, Abner s'assit à côté de Saül et la place de David resta inoccupée. Cependant, Saül ne dit rien ce jour-là; il pensa: "C'est un accident, il n'est pas pur." Le lendemain de la nouvelle lune, le second jour, la place de David resta inoccupée et Saül dit à son fils Jonathan: "Pourquoi le fils de Jessé n'est-il venu au repas ni hier ni aujourd'hui?" Jonathan répondit à Saül: "David m'a demandé avec instance la permission d'aller à Bethléem. Il m'a dit: Laisse-moi partir, je te prie, car nous avons un sacrifice de clan à la ville et mes frères m'ont réclamé; maintenant, si j'ai acquis ta faveur, laisse-moi m'échapper, que j'aille voir mes frères. Voilà pourquoi il n'est pas venu à la table du roi." Saül s'enflamma de colère contre Jonathan et il lui dit: "Fils d'une dévoyée! Ne sais-je pas que tu prends parti pour le fils de Jessé, à ta honte et à la honte de la nudité de ta mère? Aussi longtemps que le fils de Jessé vivra sur la terre, tu ne seras pas en sécurité ni ta royauté. Maintenant, fais-le chercher et amène-le-moi, car il est passible de mort." Jonathan répliqua à son père et lui dit: "Pourquoi mourrait-il. Qu'a-t-il fait?" Alors Saül brandit sa lance contre lui pour le frapper, et Jonathan comprit que la mort de David était chose décidée de la part de son père. Jonathan se leva de table échauffé de colère, et il ne mangea rien ce second jour du mois parce qu'il était peiné au sujet de David, parce que son père l'avait insulté. Le lendemain matin, Jonathan sortit dans la campagne pour le rendez-vous avec David; il était accompagné d'un jeune servant. Il dit à son servant: "Cours et trouve les flèches que je vais tirer." Le servant courut et Jonathan tira la flèche de manière à le dépasser. Quand le servant arriva vers l'endroit de la flèche qu'il avait tirée, Jonathan lui cria: "Est-ce que la flèche n'est pas au-delà de toi?" Jonathan cria encore au servant: "Vite! Dépêche-toi, ne t'arrête pas." Le servant de Jonathan ramassa la flèche et l'apporta à son maître. Le servant ne se doutait de rien, seuls Jonathan et David savaient de quoi il s'agissait. Jonathan remit les armes à son servant et lui dit: "Va et porte cela à la ville." Tandis que le servant rentrait, David se leva d'à côté du tertre, il tomba la face contre terre et se prosterna trois fois, puis ils s'embrassèrent l'un l'autre et ils pleurèrent ensemble abondamment. Jonathan dit à David: "Va en paix. Quant au serment que nous avons juré tous les deux par le nom de Yahvé, que Yahvé soit témoin pour toujours entre moi et toi, entre ma descendance et la tienne." David" se leva et partit, et Jonathan rentra en ville. David arriva à Nob chez le prêtre Ahimélek. Celui-ci vint en tremblant au-devant de David et lui demanda: "Pourquoi es-tu seul et n'y a-t-il personne avec toi?" David répondit au prêtre Ahimélek: "Le roi m'a donné un ordre et m'a dit: Que personne ne sache la mission dont je te charge et l'ordre que je te donne! Quant à mes hommes, je leur ai donné rendez-vous à tel endroit. Maintenant, si tu as sous la main cinq pains, donne-les-moi, ou ce qui se trouvera." Le prêtre répondit: "Je n'ai pas de pain ordinaire sous la main, il n'y a que du pain consacré -- pourvu que tes hommes se soient gardés de rapports avec les femmes." David répondit au prêtre: "Bien sûr, les femmes nous ont été interdites, comme toujours quand je pars en campagne, et les choses des hommes sont en état de pureté. C'est un voyage profane, mais vraiment aujourd'hui ils sont en état de pureté quant à la chose." Alors le prêtre lui donna ce qui avait été consacré, car il n'y avait pas d'autre pain que le pain d'oblation, celui qu'on retire de devant Yahvé pour le remplacer par du pain chaud, quand on le prend. Or, ce jour même, se trouvait là un des serviteurs de Saül, retenu devant Yahvé; il se nommait Doëg l'Edomite et était le plus robuste des bergers de Saül. David dit à Ahimélek: "Et n'y a-t-il pas ici sous ta main une lance ou une épée? Je n'ai pris avec moi ni mon épée ni mes armes, tant l'affaire du roi était urgente." Le prêtre répondit: "L'épée de Goliath le Philistin, que tu as abattu dans la vallée du Térébinthe, est là, enveloppée dans un manteau derrière l'éphod. Si tu veux, prends-la, il n'y en a pas d'autre ici. David répondit: "Elle n'a pas sa pareille, donne-la-moi." David se leva et s'enfuit ce jour-là loin de Saül et il arriva chez Akish, roi de Gat. Mais les serviteurs d'Akish dirent à celui-ci: "Est-ce que ce n'est pas David, le roi du pays? N'est-ce pas pour celui-là qu'on chantait dans les danses: "Saül a tué ses milliers, et David ses myriades." David réfléchit sur ces paroles et il eut très peur d'Akish, roi de Gat. Alors, il fit l'insensé sous leurs yeux et il simula la démence entre leurs mains: il tambourinait sur les battants de la porte et laissait sa salive couler sur sa barbe. Akish dit à ses serviteurs: "Vous voyez bien que c'est un fou! Pourquoi me l'amenez-vous? Est-ce que je manque de fous, que vous m'ameniez celui-ci pour m'ennuyer avec ses folies? Va-t-il entrer dans ma maison?" David partit de là et se réfugia dans la grotte d'Adullam. Ses frères et toute sa famille l'apprirent et descendirent l'y rejoindre. Tous les gens en détresse, tous ceux qui avaient des créanciers, tous les mécontents se rassemblèrent autour de lui et il devint leur chef. Il y avait avec lui environ 400 hommes. De là, David se rendit à Miçpé de Moab et dit au roi de Moab: "Permets que mon père et ma mère restent avec vous jusqu'à ce que je sache ce que Dieu fera pour moi." Il les laissa chez le roi de Moab et ils restèrent avec celui-ci tout le temps que David fut dans le refuge. Le prophète Gad dit à David: "Ne reste pas dans le refuge, va-t'en et enfonce-toi dans le pays de Juda." David partit et se rendit dans la forêt de Hérèt. Saül apprit qu'on avait découvert David et les hommes qui l'accompagnaient. Saül était à Gibéa, assis sous le tamaris du haut lieu, sa lance à la main, et tous ses officiers se tenaient debout près de lui. Et Saül dit aux officiers qui se tenaient près de lui: "Ecoutez donc, Benjaminites! Le fils de Jessé aussi vous donnera-t-il à tous des champs et des vignes et vous nommera-t-il tous chefs de mille et chefs de cent, que vous conspiriez tous contre moi? Personne ne m'avertit quand mon fils pactise avec le fils de Jessé, personne de vous n'a pitié de moi et ne me révèle que mon fils a dressé mon serviteur en ennemi contre moi, comme il apparaît aujourd'hui." Doëg l'Edomite, qui se tenait près des officiers de Saül, prit la parole et dit: "J'ai vu le fils de Jessé qui venait à Nob chez Ahimélek, fils d'Ahitub. Celui-ci a consulté Yahvé pour lui, il lui a donné des vivres, il lui a remis aussi l'épée de Goliath le Philistin." Alors Saül fit appeler le prêtre Ahimélek fils d'Ahitub et toute sa famille, les prêtres de Nob, et ils vinrent tous chez le roi. Saül dit: "Ecoute donc, fils d'Ahitub!" et il répondit: "Me voici, Monseigneur." Saül lui dit: "Pourquoi avez-vous conspiré contre moi, le fils de Jessé et toi? Tu lui as donné du pain et une épée et tu as consulté Dieu pour lui, afin qu'il se dresse en ennemi contre moi, comme il arrive aujourd'hui." Ahimélek répondit au roi: "Et qui donc, parmi tous tes serviteurs, est comparable à David, le fidèle, le gendre du roi, le chef de ta garde personnelle, celui qu'on honore dans ta maison? Est-ce aujourd'hui que j'ai commencé de consulter Dieu pour lui? Loin de moi toute autre pensée! Que le roi n'impute à son serviteur et à toute sa famille aucune charge, car ton serviteur ne savait rien de tout cela, ni peu ni prou." Le roi reprit: "Tu mourras, Ahimélek, toi et toute ta famille." Le roi ordonna aux coureurs qui se tenaient près de lui: "Approchez et mettez à mort les prêtres de Yahvé, car ils ont eux aussi prêté la main à David, ils ont su qu'il fuyait et ils ne m'ont pas averti." Mais les gardes du roi ne voulurent pas porter la main sur les prêtres de Yahvé et les frapper. Alors, le roi dit à Doëg: "Toi, approche et frappe les prêtres." Doëg l'Edomite s'approcha et frappa lui-même les prêtres: il mit à mort ce jour-là 85 hommes qui portaient le pagne de lin. Quant à Nob, la ville des prêtres, Saül la passa au fil de l'épée, hommes et femmes, enfants et nourrissons, boeufs, ânes, brebis. Il n'échappa qu'un fils d'Ahimélek, fils d'Ahitub. Il se nommait Ebyatar et il s'enfuit auprès de David. Ebyatar annonça à David que Saül avait massacré les prêtres de Yahvé, et David lui dit: "Je savais ce jour-là que Doëg l'Edomite, étant présent, avertirait sûrement Saül! C'est moi qui suis responsable de la vie de tous tes parents. Demeure avec moi, sois sans crainte: c'est le même qui en voudra à ma vie et qui en voudra à la tienne, car tu es sous ma bonne garde." On apporta cette nouvelle à David: "Les Philistins assiègent Qéïla et pillent les aires." David consulta Yahvé: "Dois-je partir et battrai-je les Philistins? Yahvé répondit: "Va, tu battras les Philistins et tu délivreras Qéïla." Cependant les hommes de David lui dirent: "Ici, en Juda, nous avons déjà à craindre; combien plus si nous allons à Qéïla contre les troupes philistines!" David consulta encore une fois Yahvé, et Yahvé répondit: "Pars! Descends à Qéïla, car je livre les Philistins entre tes mains." David alla donc à Qéïla avec ses hommes, il attaqua les Philistins, enleva leurs troupeaux et leur infligea une grande défaite. Ainsi David délivra les habitants de Qéïla. -- Lorsqu'Ebyatar, fils d'Ahimélek, se réfugia auprès de David, il descendit à Qéïla, ayant en main l'éphod. Quand on rapporta à Saül que David était entré à Qéïla, il dit: "Dieu l'a livré en mon pouvoir, car il s'est pris au piège en entrant dans une ville à portes et à verrous!" Saül appela tout le peuple aux armes pour descendre à Qéïla et bloquer David et ses hommes. Quand David sut que c'était contre lui que Saül forgeait de mauvais desseins, il dit au prêtre Ebyatar: "Apporte l'éphod." David dit: "Yahvé, Dieu d'Israël, ton serviteur a entendu dire que Saül se préparait à venir à Qéïla pour détruire la ville à cause de moi. Saül descendra-t-il, comme ton serviteur l'a appris? Yahvé, Dieu d'Israël, veuille informer ton serviteur!" Yahvé répondit: "Il descendra." David demanda: "Les notables de Qéïla me livreront-ils, moi et mes hommes, entre les mains de Saül?" Yahvé répondit: "Ils vous livreront." Alors David partit avec ses hommes, au nombre d'environ 600, ils sortirent de Qéïla et errèrent à l'aventure. On rapporta à Saül que David s'était échappé de Qéïla et il abandonna l'expédition. David demeura au désert dans les refuges; il demeura dans la montagne au désert de Ziph et Saül fut continuellement à sa recherche, mais Dieu ne le livra pas entre ses mains. David se rendit compte que Saül était entré en campagne pour attenter à sa vie. David était alors dans le désert de Ziph, à Horsha. S'étant mis en route, Jonathan, fils de Saül, vint auprès de David à Horsha et le réconforta au nom de Dieu. Il lui dit: "Sois sans crainte, car la main de mon père Saül ne t'atteindra pas. C'est toi qui régneras sur Israël et moi je serai ton second; mon père Saül lui-même le sait bien." Ils conclurent tous les deux un pacte devant Yahvé. David demeura à Horsha et Jonathan s'en alla chez lui. Des gens de Ziph montèrent à Gibéa auprès de Saül pour lui dire: "David ne se cache-t-il pas parmi nous dans les refuges, à Horsha, sur la colline de Hakila, au sud de la steppe? Maintenant, quand tu désireras descendre, ô roi, descends: c'est à nous de le livrer entre les mains du roi." Saül répondit: "Soyez bénis de Yahvé pour avoir eu pitié de moi. Allez donc, informez-vous encore, rendez-vous bien compte de l'endroit où se hâteront ses pas, on m'a dit qu'il était très rusé. Rendez-vous compte de toutes les cachettes où il se terre et revenez me voir quand vous serez sûrs. Alors, j'irai avec vous et, s'il est dans le pays, je le traquerai dans tous les clans de Juda." Se mettant en route, ils partirent pour Ziph, en avant de Saül. David et ses hommes étaient au désert de Maôn, dans la plaine au sud de la steppe. Saül et ses hommes partirent à sa recherche. On l'annonça à David et celui-ci descendit à la gorge qui se trouve dans le désert de Maôn. Saül et ses hommes suivaient un des versants de la montagne, David et ses hommes suivaient l'autre versant. David fuyait éperdument devant Saül et Saül et ses hommes cherchaient à passer du côté de David et de ses hommes pour s'emparer d'eux, quand un messager vint dire à Saül: "Viens vite, les Philistins ont envahi le pays!" Saül cessa donc de poursuivre David et marcha à la rencontre des Philistins. C'est pourquoi on a appelé cet endroit la Gorge des Séparations. David monta de là et s'établit dans les refuges d'Engaddi. Quand Saül revint de la poursuite des Philistins, on lui rapporta ceci: "David est au désert d'Engaddi." Alors Saül prit 3.000 hommes choisis dans tout Israël et partit à la recherche de David et de ses gens, à l'est des Rocs des Bouquetins. Il arriva aux parcs à brebis qui sont près du chemin; il y a là une grotte où Saül entra pour se couvrir les pieds. Or David et ses gens étaient assis au fond de la grotte, et les gens de David lui dirent: "Voici le jour où Yahvé te dit: C'est moi qui livre ton ennemi entre tes mains, traite-le comme il te plaît." David se leva et coupa furtivement le pan du manteau de Saül. Après quoi, le coeur lui battit, d'avoir coupé le pan du manteau de Saül. Il dit à ses hommes: "Yahvé me garde d'agir ainsi à l'égard de mon seigneur, de porter la main sur lui, car il est l'oint de Yahvé." David coupa la parole à ses hommes et ne leur permit pas de se jeter sur Saül. Celui-ci quitta la grotte et alla son chemin. David se leva ensuite, sortit de la grotte et lui cria: "Monseigneur le roi!" Saül regarda derrière lui et David s'inclina jusqu'à terre et se prosterna. Puis David dit à Saül: "Pourquoi écoutes-tu les gens qui disent: Voici que David cherche ton malheur? En ce jour même, tes yeux ont vu comment Yahvé t'avait livré aujourd'hui entre mes mains dans la grotte, mais j'ai refusé de te tuer, je t'ai épargné et j'ai dit: Je ne porterai pas la main sur mon seigneur, car il est l'oint de Yahvé. O mon père, vois, vois donc le pan de ton manteau dans ma main: puisque j'ai pu couper le pan de ton manteau et que je ne t'ai pas tué, reconnais clairement qu'il n'y a chez moi ni méchanceté ni crime. Je n'ai pas péché contre toi alors que, toi, tu tends des embûches à ma vie pour me l'enlever. Que Yahvé soit juge entre moi et toi, que Yahvé me venge de toi, mais ma main ne te touchera pas! (Comme dit l'ancien proverbe: Des méchants sort la méchanceté et ma main ne te touchera pas. Après qui le roi d'Israël s'est-il mis en campagne, après qui cours-tu? Après un chien crevé, après une simple puce! Que Yahvé soit l'arbitre, qu'il juge entre moi et toi, qu'il examine et défende ma cause et qu'il me rende justice en me délivrant de ta main!" Lorsque David eut achevé de parler ainsi à Saül, celui-ci dit: "Est-ce bien ta voix, mon fils David?" Et Saül se mit à crier et à pleurer. Puis il dit à David: "Tu es plus juste que moi, car tu m'as fait du bien et moi je t'ai fait du mal. Aujourd'hui, tu as révélé ta bonté pour moi, puisque Yahvé m'avait livré entre tes mains et que tu ne m'as pas tué. Quand un homme rencontre son ennemi, le laisse-t-il aller bonnement son chemin? Que Yahvé te récompense pour le bien que tu m'as fait aujourd'hui. Maintenant, je sais que tu régneras sûrement et que la royauté sur Israël sera ferme en tes mains. Jure-moi donc par Yahvé que tu ne feras pas disparaître mon nom de ma famille." David prêta serment à Saül. Celui-ci s'en alla chez lui, tandis que David et ses gens remontaient au refuge. Samuel mourut. Tout Israël s'assembla et fit son deuil; on l'ensevelit chez lui à Rama. David partit et descendit au désert de Maôn. Il y avait à Maôn un homme, qui avait ses affaires à Karmel; c'était un homme très riche, il avait mille moutons et mille chèvres, et il était alors à Karmel pour la tonte de son troupeau. L'homme se nommait Nabal et sa femme, Abigayil; mais alors que la femme était pleine de bon sens et belle à voir, l'homme était brutal et malfaisant; il était Calébite. David, ayant appris au désert que Nabal tondait son troupeau, envoya dix garçons auxquels il dit: "Montez à Karmel, rendez-vous chez Nabal et saluez-le de ma part. Vous parlerez ainsi à mon frère: Salut à toi, salut à ta maison, salut à tout ce qui t'appartient! Maintenant, j'apprends que tu as les tondeurs. Or tes bergers ont été avec nous, nous ne les avons pas molestés et rien de ce qui leur appartenait n'a disparu, tout le temps qu'ils furent à Karmel. Interroge tes serviteurs et ils te renseigneront. Puissent les garçons trouver bon accueil auprès de toi, car nous sommes venus un jour de fête. Donne, je te prie, ce que tu as sous la main à tes serviteurs et à ton fils David." Les garçons de David, étant arrivés, redirent toutes ces paroles à Nabal de la part de David et attendirent. Mais Nabal, s'adressant aux serviteurs de David, leur dit: "Qui est David, qui est le fils de Jessé? Il y a aujourd'hui trop de serviteurs qui se sauvent de chez leurs maîtres. Je vais peut-être prendre mon pain, mon vin, ma viande que j'ai abattue pour mes tondeurs et en faire cadeau à des gens qui viennent je ne sais d'où!" Les garçons de David rebroussèrent chemin et s'en retournèrent. A leur arrivée, ils répétèrent toutes ces paroles à David. Alors David dit à ses hommes: "Que chacun ceigne son épée!" Ils ceignirent chacun son épée, David aussi ceignit la sienne, et 400 hommes environ partirent à la suite de David, tandis que 200 restaient près des bagages. Or Abigayil, la femme de Nabal, avait été avertie par l'un des serviteurs, qui lui dit: "David a envoyé, du désert, des messagers pour saluer notre maître, mais celui-ci s'est jeté sur eux. Pourtant ces gens ont été très bons pour nous, ils ne nous ont pas molestés et nous n'avons rien perdu, tout le temps que nous avons circulé près d'eux, quand nous étions dans la campagne. Nuit et jour, ils ont été comme un rempart autour de nous, tout le temps que nous fûmes avec eux à paître le troupeau. Reconnais maintenant et vois ce que tu dois faire, car la perte de notre maître et de toute sa maison est une affaire réglée, et c'est un vaurien à qui on ne peut rien dire." Vite Abigayil prit 200 pains, deux outres de vin, cinq moutons apprêtés, cinq boisseaux de grain rôti, cent grappes de raisin sec,200 gâteaux de figues, qu'elle chargea sur des ânes. Elle dit à ses serviteurs: "Passez devant, et moi je vous suis", mais elle ne prévint pas Nabal, son mari. Tandis que, montée sur un âne, elle descendait derrière un repli de la montagne, David et ses hommes descendaient vis-à-vis d'elle et elle les rencontra. Or David s'était dit: "C'est donc en vain que j'ai protégé dans le désert tout ce qui était à ce bonhomme et que rien de ce qui lui appartenait n'a disparu! Il me rend le mal pour le bien! Que Dieu fasse à David ce mal et qu'il ajoute cet autre si, d'ici à demain matin, je laisse de tous les siens subsister un seul mâle." Dès qu'Abigayil aperçut David, elle se hâta de descendre de l'âne et, tombant sur la face devant David, elle se prosterna jusqu'à terre. Se jetant à ses pieds, elle dit: "Que la faute soit sur moi, Monseigneur! Puisse ta servante parler à tes oreilles et daigne écouter les paroles de ta servante! Que Monseigneur ne fasse pas attention à ce vaurien, à ce Nabal, car il porte bien son nom: il s'appelle La Brute et vraiment il est abruti. Mais moi, ta servante, je n'avais pas vu les garçons que Monseigneur avait envoyés. Maintenant, Monseigneur, par la vie de Yahvé et ta propre vie, par Yahvé qui t'a empêché d'en venir au sang et de te faire justice de ta propre main, que deviennent comme Nabal tes ennemis et ceux qui cherchent du mal à Monseigneur! Quant à ce présent que ta servante apporte à Monseigneur, qu'il soit remis aux garçons qui marchent sur les pas de Monseigneur. Pardonne, je t'en prie, l'offense de ta servante! Aussi bien, Yahvé assurera à Monseigneur une maison durable, car Monseigneur combat les guerres de Yahvé et, au long de ta vie, on ne trouve pas de mal en toi. Et si un homme se lève pour te poursuivre et attenter à ta vie, l'âme de Monseigneur sera ensachée dans le sachet de vie auprès de Yahvé ton Dieu, tandis que l'âme de tes ennemis, il la lancera au creux de la fronde. Lors donc que Yahvé aura accompli pour Monseigneur tout le bien qu'il a dit à ton propos et lorsqu'il t'aura établi chef sur Israël, que ce ne soit pas pour toi un trouble et un remords pour Monseigneur d'avoir versé en vain le sang et de s'être fait justice de sa main. Quand Yahvé aura fait du bien à Monseigneur, souviens-toi de ta servante." David répondit à Abigayil: "Béni soit Yahvé, Dieu d'Israël, qui t'a envoyée aujourd'hui à ma rencontre. Bénie soit ta sagesse et bénie sois-tu, pour m'avoir retenu aujourd'hui d'en venir au sang et de me faire justice de ma propre main! Mais, par la vie de Yahvé, Dieu d'Israël, qui m'a empêché de te faire du mal, si tu n'étais pas venue aussi vite au-devant de moi, je jure que, d'ici au lever du matin, il ne serait pas resté à Nabal un seul mâle." David reçut ce qu'elle lui avait apporté et il lui dit: "Remonte en paix chez toi. Vois: je t'ai exaucée et je t'ai fait grâce." Quand Abigayil arriva chez Nabal, il festoyait dans sa maison. Un festin de roi: Nabal était en joie et complètement ivre; aussi, jusqu'au lever du jour, elle ne lui révéla rien. Le matin, quand Nabal eut cuvé son vin, sa femme lui raconta cette affaire: alors son coeur mourut dans sa poitrine et il devint comme une pierre. Une dizaine de jours plus tard, Yahvé frappa Nabal et il mourut. Ayant appris que Nabal était mort, David dit: "Béni soit Yahvé qui m'a rendu justice pour l'injure que j'avais reçue de Nabal et qui a retenu son serviteur de commettre le mal. Yahvé a fait retomber la méchanceté de Nabal sur sa propre tête." David envoya demander Abigayil en mariage. Les serviteurs de David vinrent donc trouver Abigayil à Karmel et lui dirent: "David nous a envoyés vers toi pour te prendre comme sa femme." D'un mouvement, elle se prosterna la face contre terre et dit: "Ta servante est comme une esclave, pour laver les pieds des serviteurs de Monseigneur." Vite, Abigayil se releva et monta sur un âne; suivie par cinq de ses servantes, elle partit derrière les messagers de David et elle devint sa femme. David avait aussi épousé Ahinoam de Yizréel, et il les eut toutes deux pour femmes. Saül avait donné sa fille Mikal, femme de David, à Palti, fils de Layish, de Gallim. Les gens de Ziph vinrent à Gibéa et dirent à Saül: "Est-ce que David ne se cache pas sur la colline de Hakila, à l'orée de la steppe?" S'étant mis en route, Saül descendit au désert de Ziph, accompagné de 3.000 hommes, l'élite d'Israël, pour traquer David dans le désert de Ziph. Saül campa à la colline de Hakila, qui est à l'orée de la steppe, près de la route. David séjournait au désert et il vit que Saül était venu derrière lui au désert. David envoya des espions et il sut que Saül était effectivement arrivé. Alors David se mit en route et arriva au lieu où Saül campait. Il vit l'endroit où étaient couchés Saül et Abner, fils de Ner, le chef de son armée: Saül était couché dans le campement et la troupe bivouaquait autour de lui. David, s'adressant à Ahimélek le Hittite et à Abishaï, fils de Ceruya et frère de Joab, leur dit: "Qui veut descendre avec moi au camp, jusqu'à Saül?" Abishaï répondit: "C'est moi qui descendrai avec toi." Donc David et Abishaï se dirigèrent de nuit vers la troupe: ils trouvèrent Saül étendu et dormant dans le campement, sa lance plantée en terre à son chevet, et Abner et l'armée étaient couchés autour de lui. Alors Abishaï dit à David: "Aujourd'hui Dieu a livré ton ennemi en ta main. Eh bien, laisse-moi le clouer à terre avec sa propre lance, d'un seul coup et je n'aurai pas à lui en donner un second!" Mais David dit à Abishaï: "Ne le tue pas! Qui pourrait porter la main sur l'oint de Yahvé et rester impuni?" David ajouta: "Aussi vrai que Yahvé est vivant, c'est Yahvé qui le frappera, soit que son jour arrive et qu'il meure, soit qu'il descende au combat et qu'il y périsse. Mais que Yahvé me garde de porter la main sur l'oint de Yahvé! Maintenant, prends donc la lance qui est à son chevet et la gourde d'eau, et allons-nous en." David prit du chevet de Saül la lance et la gourde d'eau et ils s'en allèrent: personne n'en vit rien, personne ne le sut, personne ne s'éveilla, ils dormaient tous, car une torpeur venant de Yahvé s'était abattue sur eux. David passa de l'autre côté et se tint sur le sommet de la montagne au loin; il y avait un grand espace entre eux. Alors David appela l'armée et Abner, fils de Ner: "Ne vas-tu pas répondre, Abner", dit-il. Et Abner répondit: "Qui es-tu, toi qui appelles?" David dit à Abner: "N'es-tu pas un homme? Et qui est ton pareil en Israël? Pourquoi donc n'as-tu pas veillé sur le roi ton maître? Car quelqu'un du peuple est venu pour tuer le roi ton maître. Ce n'est pas bien ce que tu as fait. Aussi vrai que Yahvé est vivant, vous êtes dignes de mort pour n'avoir pas veillé sur votre maître, l'oint de Yahvé. Maintenant, regarde donc où est la lance du roi et où est la gourde d'eau qui était à son chevet!" Or Saül reconnut la voix de David, et il demanda: "Est-ce bien ta voix, mon fils David" -- "Oui, Monseigneur le roi", répondit David. Et il continua: "Pourquoi donc Monseigneur poursuit-il son serviteur? Qu'ai-je fait et de quoi suis-je coupable? Maintenant, que Monseigneur le roi veuille écouter les paroles de son serviteur: si c'est Yahvé qui t'excite contre moi, qu'il soit apaisé par une offrande, mais si ce sont des humains, qu'ils soient maudits devant Yahvé, car ils m'ont banni aujourd'hui, en sorte que je ne participe plus à l'héritage de Yahvé, comme s'ils disaient: Va servir des dieux étrangers! Maintenant, que mon sang ne soit pas répandu à terre loin de la présence de Yahvé! En effet, le roi d'Israël est sorti à la quête de ma vie, comme on pourchasse la perdrix dans les montagnes." Saül dit: "J'ai péché! Reviens, mon fils David, je ne te ferai plus de mal, puisque ma vie a eu aujourd'hui tant de prix à tes yeux. Oui, j'ai agi en insensé et je me suis très lourdement trompé." David répondit: "Voici la lance du roi. Que l'un des garçons traverse et vienne la prendre. Yahvé rendra à chacun selon sa justice et sa fidélité: aujourd'hui Yahvé t'avait livré entre mes mains et je n'ai pas voulu porter la main contre l'oint de Yahvé. De même que ta vie a compté beaucoup à mes yeux en ce jour, ainsi ma vie comptera beaucoup au regard de Yahvé et il me délivrera de toute angoisse." Saül dit à David: "Béni sois-tu, mon fils David. Certainement tu entreprendras et tu réussiras." David alla son chemin et Saül retourna chez lui. David se dit en lui-même: "Un de ces jours, je vais périr par la main de Saül, je n'ai rien de mieux à faire que de me sauver au pays des Philistins. Saül renoncera à me traquer encore dans tout le territoire d'Israël et j'échapperai à sa main." Donc David se mit en route et passa, avec les 600 hommes qu'il avait, chez Akish, fils de Maok, le roi de Gat. David s'établit auprès d'Akish à Gat, lui et ses hommes, chacun avec sa famille, David avec ses deux femmes, Ahinoam de Yizréel et Abigayil, la femme de Nabal de Karmel. On informa Saül que David s'était enfui à Gat et il cessa de le chercher. David dit à Akish: "Je t'en prie, si j'ai trouvé faveur à tes yeux, qu'on me donne une place dans l'une des villes de l'extérieur, où je puisse résider. Pourquoi ton serviteur demeurerait-il à côté de toi dans la ville royale?" Ce même jour, Akish lui donna Ciqlag. C'est pourquoi Ciqlag a appartenu jusqu'à maintenant aux rois de Juda. La durée du séjour que David fit en territoire philistin fut d'un an et quatre mois. David et ses gens partirent en razzia contre les Geshurites, les Girzites et les Amalécites, car telles sont les tribus habitant la région qui va de Télam en direction de Shur et jusqu'à la terre d'Egypte. David dévastait le pays et ne laissait en vie ni homme ni femme, il enlevait le petit et le gros bétail, les ânes, les chameaux et les vêtements, puis il revenait et rentrait chez Akish. Quand Akish demandait: "Où avez-vous fait la razzia aujourd'hui", David répondait que c'était contre le Négeb de Juda ou le Négeb de Yerahméel ou le Négeb des Qénites. David ne laissait en vie ni homme ni femme à ramener à Gat, "de peur, se disait-il, qu'ils ne fassent des rapports contre nous en disant: Voilà ce que David a fait." Telle fut sa manière d'agir tout le temps qu'il séjourna en territoire philistin. Akish avait confiance en David; il se disait: "Il s'est sûrement rendu odieux à Israël son peuple et il sera pour toujours mon serviteur." *** Les Philistins concentrèrent toutes leurs troupes à Apheq, tandis que les Israélites campaient à la source qui est en Yizréel. Les princes des Philistins défilaient par centuries et par milliers, et David et ses hommes défilaient les derniers avec Akish. Les princes des Philistins demandèrent: "Qu'est-ce que ces Hébreux", et Akish répondit aux princes des Philistins: "Mais c'est David, le serviteur de Saül; roi d'Israël! Voici un an ou deux qu'il est avec moi et je n'ai trouvé aucun reproche à lui faire depuis le jour qu'il s'est rendu à moi jusqu'à maintenant." Les princes des Philistins s'emportèrent contre lui et ils lui dirent: "Renvoie cet homme et qu'il retourne au lieu que tu lui as assigné. Qu'il ne vienne pas en guerre avec nous et ne se retourne pas contre nous dans le combat! Comment celui-là achèterait-il la faveur de son maître, sinon avec la tête des hommes que voici? N'est-il pas ce David, duquel on chantait dans les choeurs: "Saül à tué ses milliers et David ses myriades?" Akish appela donc David et lui dit: "Aussi vrai que Yahvé est vivant, tu es loyal et il me plairait que tu sortes et rentres avec moi dans le camp, car je n'ai rien trouvé de mauvais en toi depuis le jour que tu es venu chez moi jusqu'à maintenant. Mais tu n'es pas bien vu des princes. Donc retourne et va-t'en en paix, pour ne pas indisposer les princes des Philistins." David dit à Akish: "Qu'ai-je donc fait et qu'as-tu à reprocher à ton serviteur depuis le jour où je suis entré à ton service jusqu'à maintenant, pour que je ne puisse pas venir et combattre les ennemis de Monseigneur le roi?" Akish répondit à David: "C'est vrai que tu m'es aussi agréable qu'un ange de Dieu, seulement les princes des Philistins ont dit: Il ne faut pas qu'il aille au combat avec nous. Donc lève-toi de bon matin avec les serviteurs de ton maître qui sont venus avec toi, et allez à l'endroit que je vous ai assigné. Ne garde en ton coeur aucun ressentiment, car tu m'es agréable. Vous vous lèverez de grand matin et, dès qu'il fera jour, vous partirez." David et ses hommes se levèrent de bonne heure pour partir dès le matin et retourner au pays philistin. Quant aux Philistins, ils montèrent en Yizréel. David et ses hommes arrivèrent à Ciqlag le surlendemain. Or les Amalécites avaient fait une razzia au Négeb et contre Ciqlag; ils avaient dévasté Ciqlag et l'avaient livrée au feu. Ils avaient fait captifs les femmes et tous ceux qui y étaient, petits et grands. Ils n'avaient tué personne, mais ils les avaient emmenés et avaient continué leur chemin. Lors donc que David et ses hommes arrivèrent à la ville, ils virent qu'elle était brûlée et que leurs femmes, leurs fils et leurs filles avaient été enlevés. Alors David et toute la troupe qui l'accompagnait se mirent à crier et à pleurer jusqu'à ce qu'ils n'en eussent plus la force. Les deux femmes de David avaient été emmenées captives, Ahinoam de Yizréel et Abigayil, la femme de Nabal de Karmel. David était en grande détresse, car les gens parlaient de le lapider; tous avaient en effet l'âme pleine d'amertume, chacun à cause de ses fils et de ses filles. Mais David retrouva courage en Yahvé son Dieu. David dit au prêtre Ebyatar, fils d'Ahimélek: "Je t'en prie, apporte-moi l'éphod", et Ebyatar apporta l'éphod à David. Alors David consulta Yahvé et demanda: "Poursuivrai-je ce rezzou et l'atteindrai-je" La réponse fut: "Poursuis, car sûrement tu l'atteindras et tu libéreras les captifs." David partit avec les 600 hommes qui l'accompagnaient et ils arrivèrent au torrent de Besor. David continua la poursuite avec 400 hommes, mais 200 restèrent, qui étaient trop fatigués pour franchir le torrent de Besor. On trouva un Egyptien dans la campagne et on l'amena à David. On lui donna du pain, qu'il mangea, et on lui fit boire de l'eau. On lui donna aussi une masse de figues et deux grappes de raisins secs. Il mangea et ses esprits lui revinrent; en effet, il n'avait rien mangé ni rien bu depuis trois jours et trois nuits. David lui demanda: "A qui appartiens-tu et d'où es-tu?" Il répondit: "Je suis un jeune Egyptien, esclave d'un Amalécite. Mon maître m'a abandonné parce que j'étais malade, voici aujourd'hui trois jours. Nous avons fait la razzia contre le Négeb des Kerétiens et celui de Juda et contre le Négeb de Caleb, et nous avons incendié Ciqlag." David lui demanda: "Veux-tu me guider vers ce rezzou?" Il répondit: "Jure-moi par Dieu que tu ne me feras pas mourir et que tu ne me livreras pas à mon maître, et je te guiderai vers ce rezzou." Il l'y conduisit donc, et voici qu'ils étaient disséminés par toute la contrée, mangeant, buvant et faisant la fête, à cause de tout le grand butin qu'ils avaient rapporté du pays des Philistins et du pays de Juda. David les massacra, depuis l'aube jusqu'au soir du lendemain. Personne n'en réchappa, sauf 400 jeunes hommes, qui montèrent sur les chameaux et s'enfuirent. David délivra tout ce que les Amalécites avaient pris -- David délivra aussi ses deux femmes. Rien ne fut perdu pour eux, depuis les petites choses jusqu'aux grandes, depuis le butin jusqu'aux fils et aux filles, tout ce qui leur avait été enlevé: David ramena tout. Ils prirent tout le petit et le gros bétail et le poussèrent devant lui en disant: "Voilà le butin de David!" David arriva auprès des 200 hommes qui avaient été trop fatigués pour le suivre et qu'il avait laissés au torrent de Besor. Ils vinrent au-devant de David et de la troupe qui l'accompagnait; David s'approcha avec la troupe et leur souhaita le bonjour. Mais tous les méchants et les vauriens parmi les gens qui étaient allés avec David prirent la parole et dirent: "Puisqu'ils ne sont pas venus avec nous, qu'on ne leur donne rien du butin que nous avons sauvé, sauf à chacun sa femme et ses enfants: qu'ils les emmènent et s'en aillent!" Mais David dit: "N'agissez pas ainsi, mes frères, avec ce que Yahvé nous a accordé: il nous a protégés et il a livré entre nos mains le rezzou qui était venu contre nous. Qui serait de votre avis dans cette affaire? Car: Telle la part de celui qui descend au combat, telle la part de celui qui reste près des bagages. Ils partageront ensemble." Et, à partir de ce jour-là, il fit de cela pour Israël une règle et une coutume qui persistent encore aujourd'hui. Arrivé à Ciqlag, David envoya des parts de butin aux anciens de Juda, selon leurs villes, avec ce message: "Voici pour vous un présent pris sur le butin des ennemis de Yahvé", à ceux de Betul, à ceux de Rama du Négeb, à ceux de Yattir, à ceux d'Aroër, à ceux de Siphmot, à ceux d'Eshtemoa, à ceux de Karmel, à ceux des villes de Yerahméel, à ceux des villes des Qénites, à ceux de Horma, à ceux de Bor-Ashân, à ceux de Etèr, à ceux d'Hébron et à tous les endroits que David avait fréquentés avec ses hommes. Les Philistins livrèrent bataille à Israël et les Israélites s'enfuirent devant les Philistins et tombèrent, frappés à mort, sur le mont Gelboé. Les Philistins serrèrent de près Saül et ses fils et ils tuèrent Jonathan, Abinadab et Malki-Shua, les fils de Saül. Le poids du combat se porta sur Saül. Les tireurs d'arc le surprirent et il fut blessé gravement par les tireurs. Alors Saül dit à son écuyer: "Tire ton épée et transperce-moi, de peur que ces incirconcis ne viennent et ne se jouent de moi." Mais son écuyer ne voulut pas, car il était rempli d'effroi. Alors Saül prit son épée et se jeta sur elle. Voyant que Saül était mort, l'écuyer se jeta lui aussi sur son épée et mourut avec lui. Ainsi moururent ensemble ce jour-là Saül, ses trois fils et son écuyer. Lorsque les Israélites qui étaient de l'autre côté de la vallée et ceux qui étaient de l'autre côté du Jourdain virent que les hommes d'Israël étaient en déroute et que Saül et ses fils avaient péri, ils abandonnèrent leurs villes et prirent la fuite. Les Philistins vinrent s'y établir. Le lendemain, les Philistins, venus pour détrousser les morts, trouvèrent Saül et ses trois fils gisant sur le mont Gelboé. Ils lui tranchèrent la tête et le dépouillèrent de ses armes, et ils les firent porter à la ronde dans le pays philistin, pour annoncer la bonne nouvelle à leurs idoles et à leur peuple. Ils déposèrent ses armes dans le temple d'Astarté; quant à son corps, ils l'attachèrent au rempart de Bet-Shân. Lorsque les habitants de Yabesh de Galaad apprirent ce que les Philistins avaient fait à Saül, tous les braves se mirent en route et, après avoir marché toute la nuit, ils enlevèrent du rempart de Bet-Shân le corps de Saül et de ses fils et, les ayant apportés à Yabesh, ils les y brûlèrent. Puis ils prirent leurs ossements, les ensevelirent sous le tamaris de Yabesh et jeûnèrent pendant sept jours. Après la mort de Saül, David, revenant de battre les Amalécites, demeura deux jours à Ciqlag. Le troisième jour, un homme arriva du camp, d'auprès de Saül. Il avait les vêtements déchirés et la tête couverte de poussière. En arrivant près de David, il se jeta à terre et se prosterna. David lui dit: "D'où viens-tu?" Il répondit: "Je me suis sauvé du camp d'Israël." David demanda: "Que s'est-il passé? Informe-moi donc!" L'autre dit: "C'est que le peuple s'est enfui de la bataille, et parmi le peuple beaucoup sont tombés et sont morts. Même, Saül et son fils Jonathan sont morts!" David demanda au jeune porteur de nouvelles: "Comment sais-tu que Saül et son fils Jonathan sont morts?" Le jeune porteur de nouvelles répondit: "Je me trouvais par hasard sur le mont Gelboé et je vis Saül s'appuyant sur sa lance et serré de près par les chars et les cavaliers. S'étant retourné, il m'aperçut et m'appela. Je répondis: Me voici! Il me demanda: Qui es-tu? Et je lui dis: Je suis un Amalécite. Il me dit alors: Approche-toi de moi et tue-moi, car je suis saisi de vertige, bien que ma vie soit tout entière en moi. Je m'approchai donc et lui donnai la mort, car je savais qu'il ne survivrait pas, une fois tombé. Puis j'ai pris le diadème qu'il avait sur la tête et le bracelet qu'il avait au bras et je les ai apportés ici à Monseigneur." Alors David saisit ses vêtements et les déchira, et tous les hommes qui étaient avec lui firent de même. Ils se lamentèrent, pleurèrent et jeûnèrent jusqu'au soir à cause de Saül, de son fils Jonathan, du peuple de Yahvé et de la maison d'Israël, parce qu'ils étaient tombés par l'épée. David demanda au jeune porteur de nouvelles: "D'où es-tu?" Et il répondit: "Je suis le fils d'un étranger en résidence, d'un Amalécite." David lui dit: "Comment n'as-tu pas craint d'étendre la main pour faire périr l'oint de Yahvé?" David appela l'un des garçons et dit: "Approche et frappe-le!" Celui-ci l'abattit et il mourut. David lui dit: "Que ton sang retombe sur ta tête, car ta bouche a témoigné contre toi, quand tu as dit: C'est moi qui ai donné la mort à l'oint de Yahvé" David entonna cette complainte sur Saül et sur son fils Jonathan. Il dit (c'est pour apprendre l'arc aux fils de Juda; c'est écrit au Livre du Juste: "La splendeur d'Israël, sur tes hauteurs, a-t-elle péri? Comment sont tombés les héros? Ne le publiez pas dans Gat, ne l'annoncez pas dans les rues d'Ashqelôn, que ne se réjouissent les filles des Philistins, que n'exultent les filles des incirconcis! Montagnes de Gelboé, ni rosée ni pluie sur vous, campagnes traîtresses, puisqu'y fut déshonoré le bouclier des héros! Le bouclier de Saül n'était pas oint d'huile, mais du sang des blessés, de la graisse des guerriers; l'arc de Jonathan jamais ne recula, ni l'épée de Saül ne revint inutile. Saül et Jonathan, aimés et charmants, dans la vie et dans la mort ne furent pas séparés. Plus que les aigles ils étaient rapides, plus que les lions ils étaient forts. Filles d'Israël, pleurez sur Saül, qui vous revêtait d'écarlate et de lin fin, qui accrochait des joyaux d'or à vos vêtements. Comment sont tombés les héros au milieu du combat? Jonathan, par ta mort je suis navré, j'ai le coeur serré à cause de toi, mon frère Jonathan. Tu m'étais délicieusement cher, ton amitié m'était plus merveilleuse que l'amour des femmes. Comment sont tombés les héros, ont péri les armes de guerre?" Après cela, David consulta Yahvé en ces termes: "Monterai-je dans l'une des villes de Juda", et Yahvé lui répondit: "Monte!" David demanda: "Où monterai-je", et la réponse fut: "A Hébron." David y monta et aussi ses deux femmes, Ahinoam de Yizréel et Abigayil, la femme de Nabal de Karmel. Quant aux hommes qui étaient avec lui, David les fit monter chacun avec sa famille et ils s'établirent dans les villes d'Hébron. Les hommes de Juda vinrent et là, ils oignirent David comme roi sur la maison de Juda. On apprit à David que les habitants de Yabesh de Galaad avaient donné la sépulture à Saül. Alors David envoya des messagers aux gens de Yabesh et leur fit dire: "Soyez bénis de Yahvé pour avoir accompli cette oeuvre de miséricorde envers Saül votre seigneur et pour l'avoir enseveli. Que Yahvé vous témoigne miséricorde et bonté, moi aussi je vous ferai du bien parce que vous avez agi ainsi. Et maintenant prenez courage et soyez braves, car Saül votre seigneur est mort. Quant à moi, la maison de Juda m'a oint pour être son roi." Abner, fils de Ner, le chef d'armée de Saül, avait emmené Ishbaal, fils de Saül, et l'avait fait passer à Mahanayim. Il l'avait établi roi sur Galaad, sur les Ashérites, sur Yizréel, Ephraïm, Benjamin, et sur tout Israël. Ishbaal, fils de Saül, avait 40 ans lorsqu'il devint roi d'Israël et il régna deux ans. Seule la maison de Juda se rallia à David. Le temps que David régna à Hébron sur la maison de Juda fut de sept ans et six mois. Abner, fils de Ner, et la garde d'Ishbaal, fils de Saül, firent une campagne de Mahanayim vers Gabaôn. Joab, fils de Ceruya, et la garde de David se mirent aussi en marche et ils se rencontrèrent près de l'étang de Gabaôn. Ils firent halte, ceux-ci d'un côté de l'étang, ceux-là de l'autre côté. Abner dit à Joab: "Que les cadets se lèvent et luttent devant nous!" Joab répondit: "Qu'ils se lèvent!" Ils se levèrent et furent dénombrés: douze de Benjamin, pour Ishbaal, fils de Saül, et douze de la garde de David. Chacun saisit son adversaire par la tête et lui enfonça son épée dans le flanc, en sorte qu'ils tombèrent tous ensemble. C'est pourquoi on a appelé cet endroit le Champ des Flancs; il se trouve à Gabaôn. Alors il y eut en ce jour une très dure bataille et Abner et les gens d'Israël furent battus devant la garde de David. Il y avait là les trois fils de Ceruya, Joab, Abishaï et Asahel. Or Asahel était agile à la course comme une gazelle sauvage. Il se lança à la poursuite d'Abner, sans dévier de sa trace à droite ni à gauche. Abner se retourna et dit: "Est-ce toi, Asahel?" Et celui-ci répondit: "Oui." Alors Abner dit: "Détourne-toi à droite ou à gauche, attrape l'un des cadets et empare-toi de ses dépouilles." Mais Asahel ne voulut pas s'écarter de lui. Abner redit encore à Asahel: "Ecarte-toi de moi, que je ne t'abatte pas à terre. Comment pourrais-je regarder en face ton frère Joab?" Mais, comme il refusait de s'écarter, Abner le frappa au ventre avec le talon de sa lance et la lance lui sortit par le dos: il tomba là et mourut sur place. En arrivant à l'endroit où Asahel était tombé et était mort, tous s'arrêtaient. Joab et Abishaï se mirent à la poursuite d'Abner et, au coucher du soleil, ils arrivèrent à la colline d'Amma, qui est à l'est de Giah sur le chemin du désert de Gabaôn. Les Benjaminites se groupèrent derrière Abner en formation serrée et firent halte au sommet d'une certaine colline. Abner appela Joab et dit: "L'épée dévorera-t-elle toujours? Ne sais-tu pas que cela finira dans l'amertume? Qu'attends-tu pour ordonner à ces gens d'abandonner la poursuite de leurs frères?" Joab répondit: "Aussi vrai que Yahvé est vivant, si tu n'avais pas parlé, ce n'est qu'au matin que ces gens auraient renoncé à poursuivre chacun son frère." Joab fit sonner du cor et toute l'armée fit halte: on ne poursuivit plus Israël et on cessa le combat. Abner et ses hommes cheminèrent par la Araba pendant toute cette nuit-là, ils passèrent le Jourdain et, après avoir marché toute la matinée, ils arrivèrent à Mahanayim. Joab, ayant cessé de poursuivre Abner, rassembla toute la troupe: la garde de David avait perdu dix-neuf hommes, plus Asahel, mais la garde de David avait tué à Benjamin, aux gens d'Abner,360 hommes. On emporta Asahel et on l'ensevelit dans le tombeau de son père, qui est à Bethléem. Joab et ses gens marchèrent toute la nuit et le jour se leva quand ils arrivaient à Hébron. La guerre se prolongea entre la maison de Saül et celle de David, mais David allait se fortifiant, tandis que s'affaiblissait la maison de Saül. Des fils naquirent à David, à Hébron; ce furent: son aîné Amnon, né d'Ahinoam de Yizréel; son cadet Kiléab, né d'Abigayil, la femme de Nabal de Karmel; le troisième Absalom, fils de Maaka, la fille de Talmaï roi de Geshur, le quatrième Adonias, fils de Haggit; le cinquième Shephatya, fils d'Abital; le sixième Yitréam, né d'Egla, femme de David. Ceux-là naquirent à David, à Hébron. Voici ce qui arriva pendant la guerre entre la maison de Saül et celle de David: Abner s'arrogeait tout pouvoir dans la maison de Saül. Il y avait une concubine de Saül qui se nommait Riçpa, fille d'Ayya, et Abner la prit. Ishbaal dit à Abner: "Pourquoi t'es-tu approché de la concubine de mon père?" Aux paroles d'Ishbaal, Abner entra dans une grande colère et dit: "Suis-je donc une tête de chien? Je suis plein de bienveillance pour la maison de Saül, ton père, pour ses frères et ses amis, je ne t'abandonne pas entre les mains de David, et maintenant tu me fais des reproches pour une histoire de femme! Que Dieu inflige tel mal à Abner et qu'il y ajoute tel autre si je n'accomplis pas ce que Yahvé a promis par serment à David, d'enlever la royauté à la maison de Saül et d'établir le trône de David sur Israël et sur Juda depuis Dan jusqu'à Bersabée." Ishbaal n'osa pas répondre un mot à Abner parce qu'il avait peur de lui. Abner envoya des messagers dire à David... "Fais alliance avec moi et je te soutiendrai pour rallier autour de toi tout Israël." David répondit: "Bien! Je ferai alliance avec toi. Il n'y a qu'une chose que j'exige de toi: tu ne seras pas admis en ma présence à moins que tu n'amènes Mikal, fille de Saül, quand tu viendras me voir." Et David envoya des messagers dire à Ishbaal, fils de Saül: "Rends-moi ma femme Mikal, que je me suis acquise pour cent prépuces de Philistins." Ishbaal l'envoya prendre chez son mari Paltiel, fils de Layish. Son mari partit avec elle et la suivit en pleurant jusqu'à Bahurim. Alors Abner lui dit: "Retourne!" et il s'en retourna. Abner avait eu des pourparlers avec les anciens d'Israël et leur avait dit: "Voici longtemps que vous désirez avoir David pour votre roi. Agissez donc maintenant, puisque Yahvé a dit ceci à propos de David: C'est par l'entremise de mon serviteur David que je délivrerai mon peuple Israël de la main des Philistins et de tous ses ennemis." Abner parla aussi à Benjamin, puis il alla à Hébron pour exposer à David tout ce qu'avaient approuvé les Israélites et toute la maison de Benjamin. Abner, accompagné de vingt hommes, arriva chez David à Hébron et David offrit un festin à Abner et aux hommes qui étaient avec lui. Abner dit ensuite à David: "Allons! Je vais rassembler tout Israël auprès de Monseigneur le roi: Ils concluront un pacte avec toi et tu régneras sur tout ce que tu souhaites." David congédia Abner, qui partit en paix. Il se trouva que la garde de David et Joab revenaient alors de la razzia, ramenant un énorme butin, et Abner n'était plus auprès de David à Hébron, puisque David l'avait congédié et qu'il était partit en paix. Lorsqu'arrivèrent Joab et toute la troupe qui le suivait, on prévint Joab qu'Abner, fils de Ner, était venu chez le roi et que celui-ci l'avait laissé repartir en paix. Alors Joab entra chez le roi et dit: "Qu'as-tu fait? Abner est venu chez toi, pourquoi donc l'as-tu laissé partir? Tu connais Abner, fils de Ner. C'est pour te tromper qu'il est venu, pour connaître tes allées et venues, pour savoir tout ce que tu fais!" Joab sortit de chez David et envoya derrière Abner des messagers qui le firent revenir depuis la citerne de Sira, à l'insu de David. Quand Abner arriva à Hébron, Joab le prit à l'écart à l'intérieur de la porte, sous prétexte de parler tranquillement avec lui, et là il le frappa mortellement au ventre, à cause du sang d'Asahel son frère. Lorsque David apprit ensuite la chose, il dit: "Moi et mon royaume, nous sommes pour toujours innocents devant Yahvé du sang d'Abner, fils de Ner: qu'il retombe sur la tête de Joab et sur toute sa famille! Qu'il ne cesse d'y avoir dans la maison de Joab des gens atteints d'écoulement ou de lèpre, des hommes bons à tenir le fuseau ou qui tombent sous l'épée, ou qui manquent de pain!" (Joab et son frère Abishaï avaient assassiné Abner parce qu'il avait fait mourir leur frère Asahel au combat de Gabaôn.) David dit à Joab et à toute la troupe qui l'accompagnait: "Déchirez vos vêtements, mettez des sacs et faites le deuil devant Abner", et le roi David marchait derrière la civière. On ensevelit Abner à Hébron; le roi éclata en sanglots sur la tombe et tout le peuple pleura aussi. Le roi chanta cette complainte sur Abner: "Abner devait-il mourir comme meurt l'insensé? Tes mains n'étaient pas liées, tes pieds n'étaient pas mis aux fers, tu es tombé comme on tombe devant des malfaiteurs!" et les larmes de tout le peuple redoublèrent. Tout le peuple vint inviter David à prendre de la nourriture alors qu'il faisait encore jour, mais David fit ce serment: "Que Dieu me fasse tel mal et qu'il y ajoute tel autre si je goûte à du pain ou à quoi que ce soit avant le coucher du soleil." Tout le peuple remarqua cela et le trouva bien, car tout ce que faisait le roi était approuvé par le peuple. Ce jour-là, tout le peuple et tout Israël comprirent que le roi n'était pour rien dans la mort d'Abner, fils de Ner. Le roi dit à ses officiers: "Ne savez-vous pas qu'un prince et un grand homme est tombé aujourd'hui en Israël? Pour moi, je suis faible maintenant, tout roi que je sois par l'onction, et ces hommes, les fils de Ceruya, sont plus violents que moi. Que Yahvé rende au méchant selon sa méchanceté!" Lorsque le fils de Saül apprit qu'Abner était mort à Hébron, les mains lui tombèrent et tout Israël fut consterné. Or le fils de Saül avait deux chefs de bandes, qui s'appelaient l'un Baana et le second Rékab. Ils étaient les fils de Rimmôn de Béérot et Benjaminites, car Béérot aussi est attribuée à Benjamin. Les gens de Béérot s'étaient réfugiés à Gittayim, où ils sont demeurés jusqu'à ce jour comme résidents étrangers. Il y avait un fils de Jonathan, fils de Saül, qui était perclus des deux pieds. Il avait cinq ans lorsqu'arriva de Yizréel la nouvelle concernant Saül et Jonathan. Sa nourrice l'emporta et s'enfuit, mais dans la précipitation de la fuite, l'enfant tomba et s'estropia. Il s'appelait Meribbaal. Les fils de Rimmôn de Béérot, Rékab et Baana, s'étant mis en route, arrivèrent à l'heure la plus chaude du jour à la maison d'Ishbaal, quand celui-ci faisait la sieste. La portière, qui mondait du blé, s'était assoupie et dormait. Rékab et son frère Baana se faufilèrent et entrèrent dans la maison, où il était étendu sur le lit dans sa chambre à coucher. Ils le frappèrent à mort et le décapitèrent, puis, emportant sa tête, ils marchèrent toute la nuit par la route de la Araba. Ils apportèrent la tête d'Ishbaal à David, à Hébron, et dirent au roi: "Voici la tête d'Ishbaal, fils de Saül, ton ennemi qui en voulait à ta vie. Yahvé a accordé aujourd'hui à Monseigneur le roi une vengeance sur Saül et sur sa race." Mais David, s'adressant à Rékab et à son frère Baana, les fils de Rimmôn de Béérot, leur dit: "Par la vie de Yahvé, qui m'a délivré de toute détresse! Celui qui m'a annoncé la mort de Saül croyait être porteur d'une bonne nouvelle, et je l'ai saisi et exécuté à Ciqlag, pour le payer de sa bonne nouvelle! A plus forte raison lorsque des bandits ont tué un homme honnête dans sa maison, sur son lit! Ne dois-je pas vous demander compte de son sang et vous faire disparaître de la terre?" Alors David donna un ordre aux cadets et ceux-ci les mirent à mort. On leur coupa les mains et les pieds et on les suspendit près de l'étang d'Hébron. Quant à la tête d'Ishbaal, on la prit et on l'ensevelit dans le tombeau d'Abner à Hébron. Alors toutes les tribus d'Israël vinrent auprès de David à Hébron et dirent: "Vois! Nous sommes de tes os et de ta chair. Autrefois déjà, quand Saül régnait sur nous, c'était toi qui sortais et rentrais avec Israël, et Yahvé t'a dit: C'est toi qui paîtras mon peuple Israël et c'est toi qui deviendras chef d'Israël." Tous les anciens d'Israël vinrent donc auprès du roi à Hébron, le roi David conclut un pacte avec eux à Hébron, en présence de Yahvé, et ils oignirent David comme roi sur Israël. David avait 30 ans à son avènement et il régna pendant 40 ans. A Hébron, il régna sept ans et six mois sur Juda; à Jérusalem, il régna 33 ans sur tout Israël et sur Juda. David avec ses gens marcha sur Jérusalem contre les Jébuséens qui habitaient le pays, et ceux-ci dirent à David: "Tu n'entreras pas ici! Les aveugles et les boiteux t'en écarteront" (c'est-à-dire: David n'entrera pas ici). Mais David s'empara de la forteresse de Sion; c'est la Cité de David. Ce jour-là, David dit: "Quiconque frappera les Jébuséens et montera par le canal..." Quant aux boiteux et aux aveugles, David les hait en son âme (C'est pourquoi on dit: Aveugle et boiteux n'entreront pas au Temple.) David s'installa dans la forteresse et l'appela Cité de David. Puis David construisit un mur sur son pourtour, depuis le Millo vers l'intérieur. David allait grandissant et Yahvé, Dieu Sabaot, était avec lui. Hiram, roi de Tyr, envoya une ambassade à David, avec du bois de cèdre, des charpentiers et des tailleurs de pierres, qui construisirent une maison pour David. Alors David sut que Yahvé l'avait confirmé comme roi sur Israël et qu'il exaltait sa royauté à cause d'Israël son peuple. Après son arrivée d'Hébron, David prit encore des concubines et des femmes à Jérusalem, et il lui naquit des fils et des filles. Voici les noms des enfants qu'il eut à Jérusalem: Shammua, Shobab, Natân, Salomon, Yibhar, Elishua, Népheg, Yaphia, Elishama, Baalyada, Eliphélèt. Lorsque les Philistins eurent appris qu'on avait oint David comme roi sur Israël, ils montèrent tous pour s'emparer de lui. A cette nouvelle, David descendit au refuge. Les Philistins arrivèrent et se déployèrent dans le val des Rephaïm. Alors David consulta Yahvé: "Dois-je attaquer les Philistins? Demanda-t-il. Les livreras-tu entre mes mains?" Yahvé répondit à David: "Attaque! Je livrerai sûrement les Philistins entre tes mains." Donc David se rendit à Baal-Peraçim et là David les battit. Et il dit: "Yahvé m'a ouvert une brèche dans mes ennemis comme une brèche faite par les eaux." C'est pourquoi on appela cet endroit Baal-Peraçim. Ils avaient abandonné sur place leurs dieux; David et ses gens les enlevèrent. Les Philistins montèrent de nouveau et se déployèrent dans le val des Rephaïm. David consulta Yahvé, et celui-ci répondit: "Ne les attaque pas en face, tourne-les par derrière et aborde-les vis-à-vis des micocouliers. Quand tu entendras un bruit de pas à la cime des micocouliers, alors dépêche-toi: c'est que Yahvé sort devant toi pour battre l'armée philistine." David fit comme Yahvé lui avait ordonné et il battit les Philistins depuis Gabaôn jusqu'à l'entrée de Gézer. David rassembla encore toute l'élite d'Israël,30.000 hommes. S'étant mis en route, David et toute l'armée qui l'accompagnait partirent pour Baala de Juda, afin de faire monter de là l'arche de Dieu, qui porte le nom de Yahvé Sabaot, siégeant sur les chérubins. On chargea l'arche de Dieu sur un chariot neuf et on l'emporta de la maison d'Abinadab, qui est sur la colline. Uzza et Ahyo, les fils d'Abinadab, conduisaient le chariot. Uzza marchait à côté de l'arche de Dieu et Ahyo marchait devant elle. David et toute la maison d'Israël dansaient devant Yahvé de toutes leurs forces, en chantant au son des cithares, des harpes, des tambourins, des sistres et des cymbales. Comme on arrivait à l'aire de Nakôn, Uzza étendit la main vers l'arche de Dieu et la retint, car les boeufs la faisaient verser. Alors la colère de Yahvé s'enflamma contre Uzza: sur place, Dieu le frappa pour cette faute, et il mourut, là, à côté de l'arche de Dieu. David fut fâché de ce que Yahvé eût foncé sur Uzza et on donna à ce lieu le nom de Pérèç-Uzza, qu'il a gardé jusqu'à maintenant. Ce jour-là, David eut peur de Yahvé et dit: "Comment l'arche de Yahvé entrerait-elle chez moi?" Ainsi David ne voulut pas conserver l'arche de Yahvé chez lui, dans la Cité de David, et la conduisit chez Obed-Edom de Gat. L'arche de Yahvé demeura trois mois chez Obed-Edom de Gat, et Yahvé bénit Obed-Edom et toute sa famille. On rapporta au roi David que Yahvé avait béni la famille d'Obed-Edom et tout ce qui lui appartenait à cause de l'arche de Dieu. Alors David partit et fit monter l'arche de Dieu de la maison d'Obed-Edom à la Cité de David en grande liesse. Quand les porteurs de l'arche de Yahvé eurent fait six pas, il sacrifia un boeuf et un veau gras. David dansait en tournoyant de toutes ses forces devant Yahvé, il avait ceint un pagne de lin. David et toute la maison d'Israël faisaient monter l'arche de Yahvé en poussant des acclamations et en sonnant du cor. Or, comme l'arche de Yahvé entrait dans la Cité de David, la fille de Saül, Mikal, regardait par la fenêtre, et elle vit le roi David qui sautait et tournoyait devant Yahvé, et, dans son coeur, elle le méprisa. On introduisit l'arche de Yahvé et on la déposa à sa place, sous la tente que David avait fait dresser pour elle, et David offrit des holocaustes en présence de Yahvé, ainsi que des sacrifices de communion. Lorsque David eut achevé d'offrir des holocaustes et des sacrifices de communion, il bénit le peuple au nom de Yahvé Sabaot. Puis il fit une distribution à tout le peuple, à la foule entière des Israélites, hommes et femmes, pour chacun une couronne de pain, une masse de dattes et un gâteau de raisins secs, puis tout le monde s'en alla chacun chez soi. Comme David s'en retournait pour bénir sa maisonnée, Mikal, fille de Saül, sortit à sa rencontre et dit: "Comme il s'est fait honneur aujourd'hui, le roi d'Israël, qui s'est découvert aujourd'hui au regard des servantes de ses serviteurs comme se découvrirait un homme de rien!" Mais David répondit à Mikal: "C'est devant Yahvé que je danse! Par la vie de Yahvé, qui m'a préféré à ton père et à toute sa maison pour m'instituer chef d'Israël, le peuple de Yahvé, je danserai devant Yahvé et je m'abaisserai encore davantage. Je serai vil à tes yeux, mais auprès des servantes dont tu parles, auprès d'elles je serai en honneur." Et Mikal, fille de Saül, n'eut pas d'enfant jusqu'au jour de sa mort. Quand le roi habita sa maison et que Yahvé l'eut débarrassé de tous les ennemis qui l'entouraient, le roi dit au prophète Natân: "Vois donc! J'habite une maison de cèdre et l'arche de Dieu habite sous la tente!" Natân répondit au roi: "Va et fais tout ce qui te tient à coeur, car Yahvé est avec toi." Mais, cette même nuit, la parole de Yahvé fut adressée à Natân en ces termes: "Va dire à mon serviteur David: Ainsi parle Yahvé. Est-ce toi qui me construiras une maison pour que j'y habite? Je n'ai jamais habité de maison depuis le jour où j'ai fait monter d'Egypte les Israélites jusqu'aujourd'hui, mais j'étais en camp volant sous une tente et un abri. Pendant tout le temps où j'ai voyagé avec tous les Israélites, ai-je dit à un seul des juges d'Israël, que j'avais institués comme pasteurs de mon peuple Israël: Pourquoi ne me bâtissez-vous pas une maison de cèdre? Voici maintenant ce que tu diras à mon serviteur David: Ainsi parle Yahvé Sabaot. C'est moi qui t'ai pris au pâturage, derrière les brebis, pour être chef de mon peuple Israël. J'ai été avec toi partout où tu allais; j'ai supprimé devant toi tous tes ennemis. Je te donnerai un grand nom comme le nom des plus grands de la terre. Je fixerai un lieu à mon peuple Israël, je l'y planterai, il demeurera en cette place, il ne sera plus ballotté et les méchants ne continueront pas à l'opprimer comme auparavant, depuis le temps où j'instituais des juges sur mon peuple Israël; je te débarrasserai de tous tes ennemis. Yahvé t'annonce qu'il te fera une maison. Et quand tes jours seront accomplis et que tu seras couché avec tes pères, je maintiendrai après toi le lignage issu de tes entrailles (et j'affermirai sa royauté. C'est lui qui construira une maison pour mon Nom) et j'affermirai pour toujours son trône royal. Je serai pour lui un père et il sera pour moi un fils: s'il commet le mal, je le châtierai avec une verge d'homme et par les coups que donnent les humains. Mais ma faveur ne lui sera pas retirée comme je l'ai retirée à Saül, que j'ai écarté de devant toi. Ta maison et ta royauté subsisteront à jamais devant moi, ton trône sera affermi à jamais." Natân communiqua à David toutes ces paroles et toute cette révélation. Alors le roi David entra et s'assit devant Yahvé, et il dit: "Qui suis-je, Seigneur Yahvé, et quelle est ma maison, pour que tu m'aies mené jusque là? Mais cela est encore trop peu à tes yeux, Seigneur Yahvé, et tu étends aussi tes promesses à la maison de ton serviteur pour un lointain avenir. Voilà le destin de l'homme, Seigneur Yahvé. Que David pourrait-il te dire de plus, alors que tu as toi-même distingué ton serviteur, Seigneur Yahvé! A cause de ta parole et selon ton coeur, tu as eu cette magnificence d'instruire ton serviteur. C'est pourquoi tu es grand, Seigneur Yahvé: il n'y a personne comme toi et il n'y a pas d'autre Dieu que toi seul, comme l'ont appris nos oreilles. Y a-t-il, comme ton peuple Israël, un autre peuple sur la terre qu'un dieu soit allé racheter pour en faire son peuple, pour le rendre fameux et opérer en sa faveur de grandes et terribles choses en chassant devant son peuple des nations et des dieux? Tu as établi ton peuple Israël pour qu'il soit à jamais ton peuple, et toi, Yahvé, tu es devenu son Dieu. Maintenant, Yahvé Dieu, garde toujours la promesse que tu as faite à ton serviteur et à sa maison et agis comme tu l'as dit. Ton nom sera exalté à jamais et l'on dira: Yahvé Sabaot est Dieu sur Israël. La maison de ton serviteur David subsistera en ta présence. Car c'est toi, Yahvé Sabaot, Dieu d'Israël, qui as fait cette révélation à ton serviteur: Je te bâtirai une maison. Aussi ton serviteur a-t-il trouvé le courage de te faire cette prière. Oui, Seigneur Yahvé, c'est toi qui es Dieu, tes paroles sont vérité et tu fais cette belle promesse à ton serviteur. Consens donc à bénir la maison de ton serviteur, pour qu'elle demeure toujours en ta présence. Car c'est toi, Seigneur Yahvé, qui as parlé, et par ta bénédiction la maison de ton serviteur sera bénie à jamais." Il advint après cela que David battit les Philistins et les abaissa. David prit des mains des Philistins... Il battit aussi les Moabites et les mesura au cordeau en les faisant coucher à terre: il en mesura deux cordeaux à mettre à mort et un plein cordeau à laisser en vie, et les Moabites devinrent sujets de David et lui payèrent tribut. David battit Hadadézer, fils de Rehob, roi de Coba, lorsque celui-ci alla pour étendre son pouvoir sur le Fleuve. David lui prit 1.700 charriers et 20.000 hommes de pied, et David coupa les jarrets de tous les attelages, il n'en garda que cent. Les Araméens de Damas vinrent au secours de Hadadézer, roi de Coba, mais David tua aux Araméens 22.000 hommes. Puis David établit des gouverneurs dans l'Aram de Damas, et les Araméens devinrent sujets de David et lui payèrent tribut. Partout où David allait, Yahvé lui donna la victoire. David prit les rondaches d'or que portait la garde de Hadadézer et les emporta à Jérusalem. De Tébah et de Bérotaï, villes de Hadadézer, le roi David enleva une énorme quantité de bronze. Lorsque Tôou, roi de Hamat, apprit que David avait défait toute l'armée de Hadadézer, il dépêcha son fils Hadoram au roi David pour le saluer et le féliciter d'avoir fait la guerre à Hadadézer et de l'avoir vaincu, car Hadadézer était en guerre avec Tôou. Hadoram apportait des objets d'argent, d'or et de bronze. Le roi David les consacra aussi à Yahvé, avec l'argent et l'or qu'il avait consacrés, provenant de toutes les nations qu'il avait subjuguées, Aram, Moab, les Ammonites, les Philistins, Amaleq, provenant aussi du butin pris à Hadadézer, fils de Rehob, roi de Coba. David acquit du renom lorsqu'il revint de battre les Edomites dans la vallée du Sel, au nombre de 18.000. Il établit des gouverneurs en Edom et tous les Edomites devinrent sujets de David. Partout où David allait, Yahvé lui donna la victoire. David régna sur tout Israël, faisant droit et justice à tout son peuple. Joab, fils de Ceruya, commandait l'armée; Yehoshaphat, fils d'Ahilud, était héraut; Sadoq et Ebyatar, fils d'Ahimélek, fils d'Ahitub, étaient prêtres; Seraya était secrétaire; Benayahu, fils de Yehoyada, commandait les Kerétiens et les Pelétiens; les fils de David étaient prêtres. David demanda: "Est-ce qu'il y a encore un survivant de la famille de Saül, pour que je le traite avec bonté par égard pour Jonathan?" Or la famille de Saül avait un serviteur, qui se nommait Ciba. On l'appela auprès de David et le roi lui dit: "Tu es Ciba?" Il répondit: "Pour te servir." Le roi lui demanda: "Ne reste-t-il pas quelqu'un de la famille de Saül, pour que je le traite avec une bonté comme celle de Dieu?" Ciba répondit au roi: "Il y a encore un fils de Jonathan qui est perclus des deux pieds" -- "Où est-il", demanda le roi, et Ciba répondit au roi: "Il est dans la maison de Makir, fils d'Ammiel, à Lo-Debar." Le roi l'envoya donc chercher à la maison de Makir, fils d'Ammiel, de Lo-Debar. En arrivant auprès de David, Meribbaal, fils de Jonathan fils de Saül, tomba sur sa face et se prosterna. David dit: Meribbaal!" Et il répondit: "C'est moi, pour te servir." David lui dit: "N'aie pas peur, car je veux te traiter avec bonté par égard pour ton père Jonathan. Je te restituerai toutes les terres de Saül ton aïeul et tu mangeras toujours à ma table." Meribbaal se prosterna et dit: "Qui est ton serviteur pour que tu fasses grâce à un chien crevé tel que moi?" Puis le roi appela Ciba, le serviteur de Saül, et lui dit: "Tout ce qui appartient à Saül et à sa famille, je le donne au fils de ton maître. Tu travailleras pour lui la terre, toi avec tes fils et tes esclaves, tu en récolteras le produit qui assurera à la famille de ton maître le pain qu'elle mangera; quant à Meribbaal, le fils de ton maître, il prendra toujours ses repas à ma table." Or Ciba avait quinze fils et vingt esclaves. Ciba répondit au roi: "Ton serviteur fera tout ce que Monseigneur le roi a ordonné à son serviteur." Donc Meribbaal mangeait à la table de David, comme l'un des fils du roi. Meribbaal avait un petit garçon qui se nommait Mika. Tous ceux qui habitaient chez Ciba étaient au service de Meribbaal. Mais Meribbaal résidait à Jérusalem, puisqu'il mangeait toujours à la table du roi. Il était perclus des deux pieds. Après cela, il advint que le roi des Ammonites mourut et que son fils Hanûn régna à sa place. David se dit: "J'aurai pour Hanûn, fils de Nahash, les mêmes bontés que son père a eues pour moi", et David envoya ses serviteurs lui présenter des condoléances au sujet de son père. Mais lorsque les serviteurs de David arrivèrent au pays des Ammonites, les princes des Ammonites dirent à Hanûn leur maître: "T'imagines-tu que David veuille honorer ton père, parce qu'il t'a envoyé des porteurs de condoléances? N'est-ce pas plutôt afin d'explorer la ville, pour en connaître les défenses et la renverser, que David t'a envoyé ses serviteurs?" Alors Hanûn se saisit des serviteurs de David, il leur fit raser la moitié de la barbe, et couper les vêtements à mi-hauteur jusqu'aux fesses, puis il les congédia. Lorsque David en fut informé, il envoya quelqu'un à leur rencontre, car ces gens étaient couverts de honte, et le roi leur fit dire: "Restez à Jéricho jusqu'à ce que votre barbe ait repoussé, et vous reviendrez." Les Ammonites virent bien qu'ils s'étaient rendus odieux à David et ils envoyèrent des messagers pour prendre à leur solde les Araméens de Bet-Rehob et les Araméens de Coba,20.000 hommes de pied, le roi de Maaka, mille hommes, et le prince de Tob,12.000 hommes. L'ayant appris, David envoya Joab avec toute l'armée, les preux. Les Ammonites sortirent et se rangèrent en bataille à l'entrée de la porte, tandis que les Araméens de Coba et de Rehob et les gens de Tob et de Maaka étaient à part en rase campagne. Voyant qu'il avait un front de combat à la fois devant et derrière lui, Joab fit choix de toute l'élite d'Israël et la mit en ligne face au Araméens. Il confia à son frère Abishaï le reste de l'armée et le mit en ligne face aux Ammonites. Il dit: "Si les Araméens l'emportent sur moi, tu viendras à mon secours; si les Ammonites l'emportent sur toi, j'irai te secourir. Aie bon courage et montrons-nous forts pour notre peuple et pour les villes de notre Dieu. Que Yahvé fasse ce qui lui semblera bon!" Joab et la troupe qui était avec lui engagèrent le combat contre les Araméens et ceux-ci s'enfuirent devant eux. Quand les Ammonites virent que les Araméens avaient fui, ils lâchèrent pied devant Abishaï et rentrèrent dans la ville. Alors Joab revint de la guerre contre les Ammonites et rentra à Jérusalem. Voyant qu'ils avaient été battus devant Israël, les Araméens concentrèrent leurs forces. Hadadézer envoya des messagers et mobilisa les Araméens qui sont de l'autre côté du Fleuve. Ceux-ci arrivèrent à Hélam, ayant à leur tête Shobak, le chef de l'armée de Hadadézer. Cela fut rapporté à David, qui rassembla tout Israël, passa le Jourdain et arriva à Hélam. Les Araméens se rangèrent en face de David et lui livrèrent bataille. Mais les Araméens lâchèrent pied devant Israël et David leur tua 700 attelages et 40.000 hommes, il abattit aussi Shobak, leur général, qui mourut sur les lieux. Lorsque tous les rois vassaux de Hadadézer virent qu'ils avaient été battus devant Israël, ils firent la paix avec les Israélites et leur furent assujettis. Les Araméens craignirent de porter encore secours aux Ammonites. Au retour de l'année, au temps où les rois se mettent en campagne, David envoya Joab et avec lui sa garde et tout Israël: ils massacrèrent les Ammonites et mirent le siège devant Rabba. Cependant David restait à Jérusalem. Il arriva que, vers le soir, David, s'étant levé de sa couche et se promenant sur la terrasse du palais, aperçut, de la terrasse, une femme qui se baignait. Cette femme était très belle. David fit prendre des informations sur cette femme, et on répondit: "Mais c'est Bethsabée, fille d'Eliam et femme d'Urie le Hittite!" Alors David envoya des émissaires et la fit chercher. Elle vint chez lui et il coucha avec elle, alors qu'elle venait de se purifier de ses règles. Puis elle retourna dans sa maison. La femme conçut et elle envoya dire à David: "Je suis enceinte!" Alors David expédia un message à Joab: "Envoie-moi Urie le Hittite", et Joab envoya Urie à David. Lorsqu'Urie fut arrivé auprès de lui, David demanda comment allaient Joab et l'armée et la guerre. Puis David dit à Urie: "Descends à ta maison et lave-toi les pieds." Urie sortit du palais, suivi d'un présent de la table royale. Mais Urie coucha à la porte du palais avec tous les gardes de son maître et ne descendit pas à sa maison. On en informa David: "Urie, lui dit-on, n'est pas descendu à sa maison." David demanda à Urie: "N'arrives-tu pas de voyage? Pourquoi n'es-tu pas descendu à ta maison?" Urie répondit à David: "L'arche, Israël et Juda logent sous les huttes, mon maître Joab et la garde de Monseigneur campent en rase campagne, et moi j'irais à ma maison pour manger et boire et coucher avec ma femme! Aussi vrai que Yahvé est vivant et que tu vis toi-même, je ne ferai pas une chose pareille!" Alors David dit à Urie: "Reste encore aujourd'hui ici, et demain je te donnerai congé." Urie resta donc à Jérusalem ce jour-là. Le lendemain, David l'invita à manger et à boire en sa présence et il l'enivra. Le soir Urie sortit et s'étendit sur sa couche avec les gardes de son maître, mais il ne descendit pas à sa maison. Le matin suivant, David écrivit une lettre à Joab et la fit porter par Urie. Il écrivait dans la lettre: "Mettez Urie au plus fort de la mêlée et reculez derrière lui: qu'il soit frappé et qu'il meure." Joab, qui bloquait la ville, plaça Urie à l'endroit où il savait que se trouvaient de vaillants guerriers. Les gens de la ville firent une sortie et attaquèrent Joab. Il y eut des tués dans l'armée, parmi les gardes de David, et Urie le Hittite mourut aussi. Joab envoya à David un compte-rendu de tous les détails du combat. Il donna cet ordre au messager: "Quand tu auras fini de raconter au roi tous les détails du combat, si la colère du roi s'élève et qu'il te dise: Pourquoi vous êtes-vous approchés de la ville pour livrer bataille? Ne saviez-vous pas qu'on tire du haut des remparts? Qui a tué Abimélek, le fils de Yerubbaal? N'est-ce pas une femme, qui a lancé une meule sur lui, du haut du rempart, et il est mort à Tébèç? Pourquoi vous êtes-vous approchés du rempart?, tu diras: Ton serviteur Urie le Hittite est mort lui aussi." Le messager partit et, à son arrivée, il rapporta à David tout le message dont Joab l'avait chargé. David s'emporta contre Joab et dit au messager: "Pourquoi vous êtes-vous approchés du rempart de la ville pour livrer bataille? Ne saviez-vous pas qu'on tire du haut des remparts? Qui a tué Abimélek, le fils de Yerubbaal? N'est-ce pas une femme qui a jeté une meule sur lui du haut du rempart, et il est mort à Tébèç? Pourquoi vous êtes-vous approchés du rempart?" Le messager répondit à David: "C'est que ces gens l'avaient emporté sur nous et étaient sortis vers nous en rase campagne, nous les avons refoulés jusqu'à l'entrée de la porte mais les archers ont tiré sur tes gardes du haut des remparts, certains des gardes du roi ont péri et ton serviteur Urie le Hittite est mort lui aussi." Alors David dit au messager: "Voici ce que tu diras à Joab: Que cette affaire ne t'affecte pas: l'épée dévore tantôt celui-ci et tantôt celui-là. Force ton attaque contre la ville et détruis-là. Ainsi tu lui rendras courage." Lorsque la femme d'Urie apprit que son époux, Urie, était mort, elle fit le deuil pour son mari. Quand le deuil fut achevé, David l'envoya chercher et la recueillit chez lui, et elle devint sa femme. Elle lui enfanta un fils. Mais l'action que David avait commise avait déplut à Yahvé. Yahvé envoya le prophète Natân vers David. Il entra chez lui et lui dit: "Il y avait deux hommes dans la même ville, l'un riche et l'autre pauvre. Le riche avait petit et gros bétail en très grande abondance. Le pauvre n'avait rien du tout qu'une brebis, une seule petite qu'il avait achetée. Il la nourrissait et elle grandissait avec lui et avec ses enfants, mangeant son pain, buvant dans sa coupe, dormant dans son sein: c'était comme sa fille. Un hôte se présenta chez l'homme riche qui épargna de prendre sur son petit ou gros bétail de quoi servir au voyageur arrivé chez lui. Il vola la brebis de l'homme pauvre et l'apprêta pour son visiteur." David entra en grande colère contre cette homme et dit à Natân: "Aussi vrai que Yahvé est vivant, l'homme qui a fait cela est passible de mort! Il remboursera la brebis au quadruple, pour avoir commis cette action et n'avoir pas eu de pitié." Natân dit alors à David: "Cet homme, c'est toi! Ainsi parle Yahvé, Dieu d'Israël: Je t'ai oint comme roi d'Israël, je t'ai sauvé de la main de Saül, je t'ai livré la maison de ton maître, j'ai mis dans tes bras les femmes de ton maître, je t'ai donné la maison d'Israël et de Juda et, si ce n'est pas assez, j'ajouterai pour toi n'importe quoi. Pourquoi as-tu méprisé Yahvé et fait ce qui lui déplaît? Tu as frappé par l'épée Urie le Hittite, sa femme tu l'as prise pour ta femme, lui tu l'as fait périr par l'épée des Ammonites. Maintenant l'épée ne se détournera plus jamais de ta maison, parce que tu m'as méprisé et que tu as pris la femme d'Urie le Hittite pour qu'elle devienne ta femme. "Ainsi parle Yahvé: Je vais, de ta propre maison, faire surgir contre toi le malheur. Je prendrai tes femmes sous tes yeux et je les livrerai à ton prochain, qui couchera avec tes femmes à la vue de ce soleil. Toi, tu as agi dans le secret, mais moi j'accomplirai cela à la face de tout Israël et à la face du soleil!" David dit à Natân: "J'ai péché contre Yahvé!" Alors Natân dit à David: "De son côté, Yahvé pardonne ta faute, tu ne mourras pas. Seulement, parce que tu as outragé Yahvé en cette affaire, l'enfant qui t'est né mourra." Et Natân s'en alla chez lui. Yahvé frappa l'enfant que la femme d'Urie avait donné à David, et il tomba gravement malade. David implora Dieu pour l'enfant: il jeûnait strictement, rentrait chez lui et passait la nuit couché sur la terre nue. Les dignitaires de sa maison se tenaient debout autour de lui pour le relever de terre, mais il refusa et ne prit avec eux aucune nourriture. Le septième jour, l'enfant mourut. Les officiers de David avaient peur de lui apprendre que l'enfant était mort. Ils se disaient en effet: "Quand l'enfant était vivant, nous lui avons parlé et il ne nous a pas écoutés. Comment pourrons-nous lui dire que l'enfant est mort? Il fera un malheur!" David s'aperçut que les officiers chuchotaient entre eux, et il comprit que l'enfant était mort. David demanda à ses officiers: "L'enfant est-il mort", et ils répondirent: "Oui." Alors David se leva de terre, se baigna, se parfuma et changea de vêtements. Puis il entra dans le sanctuaire de Yahvé et se prosterna. Rentré chez lui, il demanda qu'on lui servît de la nourriture et il mangea. Ses officiers lui dirent: "Que fais-tu là? Tant que l'enfant était vivant, tu as jeûné et pleuré, et maintenant que l'enfant est mort, tu te relèves et tu prends de la nourriture!" Il répondit: "Tant que l'enfant était vivant, j'ai jeûné et j'ai pleuré, car je me disais: Qui sait? Yahvé aura peut-être pitié de moi et l'enfant vivra. Maintenant qu'il est mort, pourquoi jeûnerais-je? Pourrais-je le faire revenir? C'est moi qui m'en vais le rejoindre, mais lui ne reviendra pas vers moi." David consola Bethsabée, sa femme. Il alla vers elle et coucha avec elle. Elle conçut et mit au monde un fils auquel elle donna le nom de Salomon. Yahvé l'aima et le fit savoir par le prophète Natân. Celui-ci le nomma Yedidya, suivant la parole de Yahvé. Joab donna l'assaut à Rabba des Ammonites et il s'empara de la ville royale. Joab envoya alors des messagers à David pour dire: "J'ai attaqué Rabba, je me suis emparé de la ville des eaux. Maintenant, rassemble le reste de l'armée, dresse ton camp contre la ville, pour que ce ne soit pas moi qui conquière la ville et lui donne mon nom." David rassembla toute l'armée et alla à Rabba, il donna l'assaut à la ville et s'en empara. Il enleva de la tête de Milkom la couronne qui pesait un talent d'or; elle enchâssait une pierre précieuse qui devint l'ornement de la tête de David. Il emporta le butin de la ville en énorme quantité. Quant à sa population, il la fit sortir, la mit à manier la scie, les pics ou les haches de fer et l'employa au travail des briques; il agissait de même pour toutes les villes des Ammonites. David et toute l'armée revinrent à Jérusalem. Voici ce qui arriva ensuite. Absalom, fils de David, avait une soeur qui était belle et qui se nommait Tamar, et Amnon, fils de David, s'éprit d'elle. Amnon était tourmenté au point de se rendre malade à cause de sa soeur Tamar, car elle était vierge et Amnon ne voyait pas la possibilité de lui rien faire. Mais Amnon avait un ami nommé Yonadab, fils de Shiméa, frère de David, et Yonadab était un homme très avisé. Il lui dit: "D'où vient, fils du roi, que tu sois si languissant chaque matin? Ne m'expliqueras-tu pas?" Amnon lui répondit: "C'est que j'aime Tamar, la soeur de mon frère Absalom." Alors Yonadab lui dit: "Mets-toi au lit, fais le malade et quand ton père viendra te voir, tu lui diras: Permets que ma soeur Tamar vienne me donner à manger; elle apprêtera le plat sous mes yeux pour que je le voie et je mangerai de sa main." Donc, Amnon se coucha et fit le malade. Le roi vint le voir et Amnon dit au roi: "Permets que ma soeur Tamar vienne et que, sous mes yeux, elle prépare une paire de beignets, et je me restaurerai de sa main." David envoya dire à Tamar au palais: "Va donc chez ton frère Amnon et prépare-lui un plat." Tamar se rendit à la maison de son frère Amnon. Il était couché. Elle prit de la pâte, la pétrit, façonna des beignets sous ses yeux et fit cuire les beignets. Puis elle prit la poêle et la vida devant lui, mais il refusa de manger. Amnon dit: "Faites sortir tout le monde d'auprès de moi." Et tout le monde sortit d'auprès de lui. Alors Amnon dit à Tamar: "Apporte le plat dans l'alcôve, que je me restaure de ta main." Et Tamar prit les beignets qu'elle avait faits et les apporta à son frère Amnon dans l'alcôve. Comme elle lui présentait à manger, il la saisit et lui dit: "Viens, couche avec moi, ma soeur!" Mais elle lui répondit: "Non, mon frère! Ne me violente pas, car on n'agit pas ainsi en Israël, ne commets pas cette infamie. Moi, où irais-je porter ma honte? Et toi, tu serais comme un infâme en Israël! Maintenant parle donc au roi: il ne refusera pas de me donner à toi." Mais il ne voulut pas l'entendre, il la maîtrisa et, lui faisant violence, il coucha avec elle. Alors Amnon se prit à la haïr très fort -- la haine qu'il lui voua surpassait l'amour dont il l'avait aimée -- et Amnon lui dit: "Lève-toi! Va-t-en!" Elle lui dit: "Non, mon frère, me chasser serait pire que l'autre mal que tu m'as fait." Mais il ne voulut pas l'écouter. Il appela le garçon qui le servait et lui dit: "Débarrasse-moi de cette fille, jette-la dehors et verrouille la porte derrière elle!" (Elle portait une tunique de luxe qui était autrefois le vêtement des filles qui n'étaient pas mariées.) Le serviteur la mit dehors et verrouilla la porte derrière elle. Tamar, prenant de la poussière, la jeta sur sa tête, elle déchira la tunique de luxe qu'elle portait, mit la main sur sa tête et s'en alla, poussant des cris en marchant. Son frère Absalom lui dit: "Serait-ce que ton frère Amnon a été avec toi? Maintenant, ma soeur, tais-toi; c'est ton frère: ne prends pas cette affaire à coeur." Tamar demeura abandonnée, dans la maison de son frère Absalom. Lorsque le roi David apprit toute cette histoire, il en fut très irrité, mais il ne voulut pas faire de peine à son fils Amnon, qu'il aimait parce que c'était son premier-né. Quant à Absalom, il n'adressa plus la parole à Amnon, car Absalom s'était pris de haine pour Amnon à cause de la violence qu'il avait faite à sa soeur Tamar. Deux ans plus tard, comme Absalom avait les tondeurs à Baal-Haçor, qui est près d'Ephraïm, il invita tous les fils du roi. Absalom se rendit auprès du roi et dit: "Voici que ton serviteur a les tondeurs. Que le roi et ses officiers daignent venir avec ton serviteur." Le roi répondit à Absalom: "Non, mon fils, il ne faut pas que nous allions tous et te soyons à charge." Absalom insista, mais il ne voulut pas venir et lui donna congé. Absalom reprit: "Permets-tu du moins que mon frère Amnon vienne avec nous." Et le roi dit: "Pourquoi irait-il avec toi?" Mais Absalom insista et il laissa partir avec lui Amnon et tous les fils du roi. Absalom prépara un festin de roi et il donna cet ordre aux serviteurs: "Faites attention! Lorsque le coeur d'Amnon sera mis en gaîté par le vin et que je vous dirai: Frappez Amnon!, vous le mettrez à mort. N'ayez pas peur; n'est-ce pas moi qui vous l'ai ordonné? Prenez courage et montrez-vous vaillants." Les serviteurs d'Absalom agirent à l'égard d'Amnon comme Absalom l'avait ordonné. Alors tous les fils du roi se levèrent, enfourchèrent chacun son mulet et s'enfuirent. Comme ils étaient en chemin, cette rumeur parvint à David: "Absalom a tué tous les fils du roi, il n'en reste pas un seul!" Le roi se leva, déchira ses vêtements et se coucha par terre; tous ses officiers se tenaient debout, les vêtements déchirés. Mais Yonadab, le fils de Shiméa, frère de David, prit ainsi la parole: "Que Monseigneur ne dise pas qu'on a fait périr tous les jeunes gens, les fils du roi, car seul Amnon est mort: Absalom s'était promis cela depuis le jour où Amnon avait outragé sa soeur Tamar. Que maintenant Monseigneur le roi ne se mette pas dans l'idée que tous les fils du roi ont péri. Non, Amnon seul est mort et Absalom s'est enfui." Le cadet qui était en sentinelle, levant les yeux, aperçut une troupe nombreuse qui s'avançait sur le chemin de Bahurim. La sentinelle vint annoncer au roi: "J'ai vu des hommes descendant par le chemin de Bahurim au flanc de la montagne." Alors Yonadab dit au roi: "Ce sont les fils du roi qui arrivent: il en a été comme ton serviteur l'avait dit." Il achevait à peine de parler que les fils du roi entrèrent, et ils se mirent à crier et à pleurer; le roi aussi et tous ses officiers pleurèrent très fort. Absalom s'était enfui et s'était rendu chez Talmaï, fils d'Ammihud, roi de Geshur; le roi garda tout le temps le deuil de son fils. Absalom s'était enfui et s'était rendu à Geshur; il y resta trois ans. L'esprit du roi cessa de s'emporter contre Absalom, car il s'était consolé de la mort d'Amnon. Joab, fils de Ceruya, reconnut que le coeur du roi se tournait vers Absalom. Alors Joab envoya chercher à Teqoa une femme avisée et lui dit: "Je t'en prie, feins d'être en deuil, mets des habits de deuil, ne te parfume pas, sois comme une femme qui, depuis bien des jours, porte le deuil d'un mort. Tu iras chez le roi et tu lui tiendras ce discours." Joab lui mit dans la bouche les paroles qu'il fallait. La femme de Teqoa alla donc chez le roi, elle tomba la face contre terre et se prosterna, puis elle dit: "Au secours, ô roi!" Le roi lui demanda: "Qu'as-tu?" Elle répondit: "Hélas! je suis veuve. Mon mari est mort et ta servante avait deux fils. Il se sont querellés ensemble dans la campagne, il n'y avait personne pour les séparer, l'un a frappé l'autre et l'a tué. Voilà que tout le clan s'est dressé contre ta servante et dit: Livre le fratricide: nous le mettrons à mort pour prix de la vie de son frère qu'il a tué, et nous détruirons en même temps l'héritier. Ils vont ainsi éteindre la braise qui me reste, pour ne plus laisser à mon mari ni nom ni survivant sur la face de la terre." Le roi dit à la femme: "Va à ta maison, je donnerai moi-même des ordres à ton sujet." La femme de Teqoa dit au roi: "Monseigneur le roi! Que la faute retombe sur moi et sur ma famille; le roi et son trône en sont innocents." Le roi reprit: "Celui qui t'a menacée, amène-le moi et il ne reviendra plus te faire du mal." Elle dit: "Que le roi daigne prononcer le nom de Yahvé ton Dieu, afin que le vengeur du sang n'augmente pas la ruine et ne fasse pas périr mon fils!" Il dit alors: "Aussi vrai que Yahvé est vivant, il ne tombera pas à terre un seul cheveu de ton fils!" La femme reprit: "Qu'il soit permis à ta servante de dire un mot à Monseigneur le roi", et il répondit: "Parle." La femme dit: "Et alors, pourquoi le roi -- en prononçant cette sentence, il se reconnaît coupable -- a-t-il eu contre le peuple de Dieu cette pensée de ne pas faire revenir celui qu'il a banni? Nous sommes mortels et comme les eaux qui s'écoulent à terre et qu'on ne peut recueillir, et Dieu ne relève pas un cadavre: que le roi fasse donc des plans pour que le banni ne reste pas exilé loin de lui. "Maintenant, si je suis venue parler de cette affaire à Monseigneur le roi, c'est que les gens m'ont fait peur et ta servante s'est dit: Je parlerai au roi et peut-être le roi exécutera-t-il la parole de sa servante. Car le roi consentira à délivrer sa servante des mains de l'homme qui cherche à nous retrancher, moi et mon fils ensemble, de l'héritage de Dieu. Ta servante a dit: Puisse la parole de Monseigneur le roi donner l'apaisement. Car Monseigneur le roi est comme l'Ange de Dieu pour saisir le bien et le mal. Que Yahvé ton Dieu soit avec toi!" Alors le roi, prenant la parole, dit à la femme: "Je t'en prie, ne te dérobe pas à la question que je vais te poser." La femme répondit: "Que Monseigneur le roi parle!" Le roi demanda: "La main de Joab n'est-elle pas avec toi en tout cela?" La femme répliqua: "Aussi vrai que tu es vivant, Monseigneur le roi, on ne peut pas aller à droite ni à gauche de tout ce qu'a dit Monseigneur le roi: oui, c'est ton serviteur Joab qui m'a donné l'ordre, c'est lui qui a mis toutes ces paroles dans la bouche de ta servante. C'est pour déguiser l'affaire que ton serviteur Joab a agi ainsi, mais Monseigneur a la sagesse de l'Ange de Dieu, il sait tout ce qui se passe sur la terre." Le roi dit alors à Joab: "Eh bien, je fais la chose: Va, ramène le jeune homme Absalom." Joab tomba la face contre terre, il se prosterna et bénit le roi. Puis Joab dit: "Ton serviteur sait aujourd'hui qu'il a trouvé grâce à tes yeux, Monseigneur le roi, puisque le roi a exécuté la parole de son serviteur." Joab se mit en route, il alla à Geshur et ramena Absalom à Jérusalem. Cependant le roi dit: "Qu'il se retire dans sa maison, il ne sera pas reçu par moi." Absalom se retira dans sa maison et ne fut pas reçu par le roi. Dans tout Israël, il n'y avait personne d'aussi beau qu'Absalom, à qui on pût faire tant d'éloges: de la plante des pieds au sommet de la tête, il était sans défaut. Lorsqu'il se rasait la tête -- il se rasait chaque année parce que c'était trop lourd, alors il se rasait --, il pesait sa chevelure: soit 200 sicles, poids du roi. Il naquit à Absalom trois fils et une fille, qui se nommait Tamar; c'était une belle femme. Absalom demeura deux ans à Jérusalem, sans être reçu par le roi. Absalom convoqua Joab pour l'envoyer chez le roi, mais Joab ne consentit pas à venir chez lui, il le convoqua encore une seconde fois, mais il ne consentit pas à venir. Absalom dit à ses serviteurs: "Voyez le champ de Joab qui est à côté du mien et où il y a de l'orge, allez-y mettre le feu." Les serviteurs d'Absalom mirent le feu au champ. Joab vint trouver Absalom dans sa maison et lui dit: "Pourquoi tes serviteurs ont-il mis le feu au champ qui m'appartient?" Absalom répondit à Joab: "Voilà ce que je t'avais fait dire: Viens ici, je veux t'envoyer auprès du roi avec ce message: Pourquoi suis-je revenu de Geshur? Il vaudrait mieux pour moi y être encore. Je veux maintenant être reçu par le roi et, si je suis coupable, qu'il me mettre à mort!" Joab se rendit près du roi et lui rapporta ces paroles. Puis il appela Absalom. Celui-ci alla chez le roi, se prosterna devant lui et se jeta la face contre terre devant le roi. Et le roi embrassa Absalom. Il arriva après cela qu'Absalom se procura un char et des chevaux, et 50 hommes couraient devant lui. Levé de bonne heure, Absalom se tenait au bord du chemin qui mène à la porte, et chaque fois qu'un homme, ayant un procès, devait venir au tribunal du roi, Absalom l'interpellait et lui demandait: "De quelle ville es-tu?" Il répondait: "Ton serviteur est de l'une des tribus d'Israël" Alors Absalom lui disait: "Vois! Ta cause est bonne et juste, mais tu n'auras personne qui t'écoute de la part du roi." Absalom continuait: "Ah! qui m'établira juge dans le pays? Tous ceux qui ont un procès et un jugement viendraient à moi et je leur rendrais justice!" Et lorsque quelqu'un s'approchait pour se prosterner devant lui, il tendait la main, l'attirait à lui et l'embrassait. Absalom agissait de la sorte envers tous les Israélites qui en appelaient au tribunal du roi et Absalom séduisait le coeur des gens d'Israël. Au bout de quatre ans, Absalom dit au roi: "Permets que j'aille à Hébron accomplir le voeu que j'ai fait à Yahvé. Car, lorsque j'étais à Geshur en Aram, ton serviteur a fait ce voeu: Si Yahvé me ramène à Jérusalem, je rendrai un culte à Yahvé à Hébron." Le roi lui dit: "Va en paix." Il se mit donc en route et alla à Hébron. Absalom dépêcha des émissaires à toutes les tribus d'Israël pour dire: "Quand vous entendrez le son du cor, vous direz: Absalom est devenu roi à Hébron." Avec Absalom étaient partis 200 hommes de Jérusalem; c'étaient des invités qui étaient venus en toute innocence, n'étant au courant de rien. Absalom envoya chercher, de sa ville de Gilo, Ahitophel le Gilonite, conseiller de David, et l'eut avec lui en offrant les sacrifices. La conjuration était puissante et la foule des partisans d'Absalom allait en augmentant. Quelqu'un vint informer David: "Le coeur des gens d'Israël, dit-il, est passé à Absalom." Alors David dit à tous ses officiers qui étaient avec lui à Jérusalem: "En route, et fuyons! Autrement nous n'échapperons pas à Absalom. Hâtez-vous de partir, de crainte qu'il ne se presse et ne nous attaque, qu'il ne nous inflige le malheur et ne passe la ville au fil de l'épée." Les officiers du roi lui répondirent: "Quelque choix que fasse Monseigneur le roi, nous sommes à ton service." Le roi sortit à pied avec toute sa famille; cependant le roi laissa dix concubines pour garder le palais. Le roi sortit à pied avec tout le peuple et ils s'arrêtèrent à la dernière maison. Tous ses officiers se tenaient à ses côtés. Tous les Kerétiens, tous les Pelétiens, Ittaï et tous les Gittites qui étaient venus de Gat à sa suite,600 hommes, défilaient devant le roi. Celui-ci dit à Ittaï le Gittite: "Pourquoi viens-tu aussi avec nous? Retourne et demeure avec le roi, car tu es un étranger, tu es même exilé de ton pays. Tu es arrivé d'hier, et aujourd'hui je te ferais errer avec nous, quand je m'en vais à l'aventure! Retourne et remmène tes frères avec toi, et que Yahvé te témoigne miséricorde et bonté." Mais Ittaï répondit au roi: "Par la vie de Yahvé et par la vie de Monseigneur le roi, partout où sera Monseigneur le roi, pour la mort et pour la vie, là aussi sera ton serviteur." David dit alors à Ittaï: "Va et passe." Et Ittaï de Gat passa avec tous ses hommes et toute sa smala. Tout le monde pleurait à grands sanglots. Le roi se tenait dans le torrent du Cédron et tout le peuple défilait devant lui en direction du désert. On vit aussi Sadoq et tous les lévites portant l'arche de Dieu. On déposa l'arche de Dieu auprès d'Ebyatar jusqu'à ce que tout le peuple eût fini de défiler hors de la ville. Le roi dit à Sadoq: "Rapporte en ville l'arche de Dieu. Si je trouve grâce aux yeux de Yahvé, il me ramènera et me permettra de le revoir ainsi que sa demeure, et s'il dit: Tu me déplais, me voici: qu'il me fasse comme bon lui semble." Le roi dit au prêtre Sadoq: "Voyez, toi et Ebyatar, retournez en paix à la ville, et vos deux fils avec vous, Ahimaaç ton fils et Yehonatân le fils d'Ebyatar. Voyez, moi je m'attarderai dans les passes du désert jusqu'à ce que vienne un mot de vous qui m'apporte des nouvelles." Sadoq et Ebyatar ramenèrent donc l'arche de Dieu à Jérusalem et ils y demeurèrent. David gravissait en pleurant la Montée des Oliviers, la tête voilée et les pieds nus, et tout le peuple qui l'accompagnait avait la tête voilée et montait en pleurant. On avertit alors David qu'Ahitophel était parmi les conjurés avec Absalom, et David dit: "Rends fous, Yahvé, les conseils d'Ahitophel!" Comme David arrivait au sommet, là où l'on adore Dieu, il vit venir à sa rencontre Hushaï l'Arkite, le familier de David, avec la tunique déchirée et de la terre sur la tête. David lui dit: "Si tu pars avec moi, tu me seras à charge. Mais si tu retournes en ville et si tu dis à Absalom: Je serai ton serviteur, Monseigneur le roi; auparavant je servais ton père, maintenant je te servirai, alors tu déjoueras à mon profit les conseils d'Ahitophel. Sadoq et Ebyatar, les prêtres, ne seront-ils pas avec toi? Tout ce que tu entendras du palais, tu le rapporteras aux prêtres Sadoq et Ebyatar. Il y a avec eux leurs deux fils, Ahimaaç pour Sadoq, et Yehonatân pour Ebyatar: vous me communiquerez par leur intermédiaire tout ce que vous aurez appris." Hushaï, le familier de David, rentra en ville au moment où Absalom arrivait à Jérusalem. Lorsque David eut un peu dépassé le sommet, Ciba, le serviteur de Meribbaal, vint à sa rencontre avec une paire d'ânes bâtés qui portaient 200 pains, cent grappes de raisins secs, cent fruits de saison et une outre de vin. Le roi demanda à Ciba: "Que veux-tu faire de cela?" Et Ciba répondit: "Les ânes serviront de monture à la famille du roi, le pain et les fruits de nourriture pour les cadets, et le vin servira de breuvage pour qui sera fatigué dans le désert." Le roi demanda: "Où donc est le fils de ton maître?" Et Ciba dit au roi: "Voici qu'il est resté à Jérusalem, car il s'est dit: Aujourd'hui la maison d'Israël me restituera le royaume de mon père." Le roi dit alors à Ciba: "Tout ce que possède Meribbaal est à toi." Ciba dit: "Je me prosterne! Puissé-je être digne de faveur à tes yeux, Monseigneur le roi!" Comme David atteignit Bahurim, il en sortit un homme du même clan que la famille de Saül. Il s'appelait Shiméï, fils de Géra, et il sortait en proférant des malédictions. Il lançait des pierres à David et à tous les officiers du roi David, et pourtant toute l'armée et tous les preux encadraient le roi à droite et à gauche. Voici ce que Shiméï disait en le maudissant: "Va-t'en, va-t'en, homme de sang, vaurien! Yahvé a fait retomber sur toi tout le sang de la maison de Saül, dont tu as usurpé la royauté; aussi Yahvé a-t-il remis la royauté entre les mains de ton fils Absalom. Te voilà livré à ton malheur, parce que tu es un homme de sang." Abishaï, fils de Ceruya, dit au roi: "Faut-il que ce chien crevé maudisse Monseigneur le roi? Laisse-moi traverser et lui trancher la tête." Mais le roi répondit: "Qu'ai-je à faire avec vous, fils de Ceruya? S'il maudit et si Yahvé lui a ordonné: Maudis David, qui donc pourrait lui dire: Pourquoi as-tu agi ainsi?" David dit à Abishaï et à tous ses officiers: "Voyez: le fils qui est sorti de mes entrailles en veut à ma vie. A plus forte raison maintenant ce Benjaminite! Laissez-le maudire, si Yahvé le lui a commandé. Peut-être Yahvé considérera-t-il ma misère et me rendra-t-il le bien au lieu de sa malédiction d'aujourd'hui." David et ses hommes continuèrent leur route. Quant à Shiméï, il s'avançait au flanc de la montagne, parallèlement à lui, et tout en marchant il proférait des malédictions, lançait des pierres et jetait de la terre. Le roi et tout le peuple qui l'accompagnait arrivèrent exténués à... et là, on reprit haleine. Absalom entra à Jérusalem avec tous les hommes d'Israël et Ahitophel se trouvait avec lui. Lorsque Hushaï l'Arkite, familier de David, arriva auprès d'Absalom, Hushaï dit à Absalom: "Vive le roi! Vive le roi!" Et Absalom dit à Hushaï: "C'est toute l'affection que tu as pour ton ami? Pourquoi n'es-tu pas parti avec ton ami?" Hushaï répondit à Absalom: "Non, celui que Yahvé et ce peuple et tous les gens d'Israël ont choisi, c'est à lui que je veux être et avec lui que je demeurerai! En second lieu, qui vais-je servir? N'est-ce pas son fils? Comme j'ai servi ton père, ainsi je te servirai." Absalom dit à Ahitophel: "Consultez-vous: qu'allons-nous faire?" Ahitophel répondit à Absalom: "Approche-toi des concubines de ton père, qu'il a laissées pour garder le palais: tout Israël apprendra que tu t'es rendu odieux à ton père et le courage de tous tes partisans en sera affermi." On dressa donc pour Absalom une tente sur la terrasse et Absalom s'approcha des concubines de son père aux yeux de tout Israël. Le conseil que donnait Ahitophel en ce temps-là était comme un oracle qu'on aurait obtenu de Dieu; tel était, tant pour David que pour Absalom, tout conseil d'Ahitophel. Ahitophel dit à Absalom: "Laisse-moi choisir 12.000 hommes et me lancer, cette nuit même, à la poursuite de David. Je tomberai sur lui quand il sera fatigué et sans courage, je l'épouvanterai et tout le peuple qui est avec lui prendra la fuite. Alors je frapperai le roi seul et je ramènerai à toi tout le peuple, comme la fiancée revient à son époux: tu n'en veux qu'à la vie d'un seul homme et tout le peuple sera sauf." La proposition plut à Absalom et à tous les anciens d'Israël. Cependant Absalom dit: "Appelez encore Hushaï l'Arkite, que nous entendions ce qu'il a à dire lui aussi." Hushaï arriva auprès d'Absalom, et Absalom lui dit: "Ahitophel a parlé de telle manière. Devons-nous faire ce qu'il a dit? Sinon, parle toi-même." Hushaï répondit à Absalom: "Pour cette fois le conseil qu'a donné Ahitophel n'est pas bon." Et Hushaï poursuivit: "Tu sais que ton père et ses gens sont des preux et qu'ils sont exaspérés, comme une ourse sauvage à qui on a ravi ses petits. Ton père est un homme de guerre, il ne laissera pas l'armée se reposer la nuit. Il se cache maintenant dans quelque creux ou dans quelque place. Si, dès l'abord, il y a des victimes dans notre troupe, la rumeur se répandra d'un désastre dans l'armée qui suit Absalom. Alors même le brave qui a un coeur semblable à celui du lion perdra courage, car tout Israël sait que ton père est un preux et que ceux qui l'accompagnent sont braves. Pour moi, je donne le conseil suivant: que tout Israël, depuis Dan jusqu'à Bersabée, se rassemble autour de toi, aussi nombreux que les grains de sable au bord de la mer, et tu marcheras en personne au milieu d'eux. Nous l'atteindrons en quelque lieu qu'il se trouve, nous nous abattrons sur lui comme la rosée tombe sur le sol et nous ne laisserons subsister ni lui ni personne de tous les hommes qui l'accompagnent. Que s'il se retire dans une ville, tout Israël apportera des cordes à cette ville et nous la traînerons au torrent, jusqu'à ce qu'on n'en trouve plus un caillou." Absalom et tous les gens d'Israël dirent: "Le conseil de Hushaï l'Arkite est meilleur que celui d'Ahitophel." Yahvé avait décidé de faire échouer le plan habile d'Ahitophel, afin d'amener le malheur sur Absalom. Hushaï dit alors aux prêtres Sadoq et Ebyatar: "Ahitophel a donné tel et tel conseil à Absalom et aux anciens d'Israël, mais c'est telle et telle chose que moi, j'ai conseillée. Maintenant, envoyez vite avertir David et dites-lui: Ne bivouaque pas cette nuit dans les passes du désert, mais traverse d'urgence de l'autre côté, de crainte que ne soient anéantis le roi et toute l'armée qui l'accompagne." Yehonatân et Ahimaaç étaient postés à la source du Foulon: une servante viendrait les avertir et eux-mêmes iraient avertir le roi David, car ils ne pouvaient pas se découvrir en entrant dans la ville. Mais un jeune homme les aperçut et porta la nouvelle à Absalom. Alors ils partirent tous deux en hâte et arrivèrent à la maison d'un homme de Bahurim. Il y avait dans sa cour une citerne où ils descendirent. La femme prit une bâche, elle l'étendit sur la bouche de la citerne et étala dessus du grain concassé, de sorte qu'on ne remarquait rien. Les serviteurs d'Absalom entrèrent chez cette femme dans la maison et demandèrent: "Où sont Ahimaaç et Yehonatân", et la femme leur répondit: "Ils ont passé outre allant d'ici vers l'eau." Ils cherchèrent et, ne trouvant rien, revinrent à Jérusalem. Après leur départ, Ahimaaç et Yehonatân remontèrent de la citerne et allèrent avertir le roi David: "Mettez-vous en route et hâtez-vous de passer l'eau, car voilà le conseil qu'Ahitophel a donné à votre propos." David et toute l'armée qui l'accompagnait se mirent donc en route et passèrent le Jourdain; à l'aube, il ne manquait personne qui n'eût passé le Jourdain. Quant à Ahitophel, lorsqu'il vit que son conseil n'était pas suivi, il sella son âne et se mit en route pour aller chez lui dans sa ville. Il mit ordre à sa maison, puis il s'étrangla et mourut. On l'ensevelit dans le tombeau de son père. David était arrivé à Mahanayim lorsqu'Absalom franchit le Jourdain avec tous les hommes d'Israël. Absalom avait mis Amasa à la tête de l'armée à la place de Joab. Or Amasa était le fils d'un homme qui s'appelait Yitra l'Ismaélite et qui s'était uni à Abigayil, fille de Jessé et soeur de Ceruya, la mère de Joab. Israël et Absalom dressèrent leur camp au pays de Galaad. Lorsque David arriva à Mahanayim, Shobi, fils de Nahash, de Rabba des Ammonites, Makir, fils d'Ammiel, de Lo-Debar, et Barzillaï le Galaadite, de Roglim, apportèrent des matelas de lit, des tapis, des coupes et de la vaisselle. Il y avait du froment, de l'orge, de la farine, du grain grillé, des fèves, des lentilles, du miel, du lait caillé et des fromages de vache et de brebis, qu'ils offrirent à David et au peuple qui l'accompagnait pour qu'ils s'en nourrissent. En effet, ils s'étaient dit: "L'armée a souffert de la faim, de la fatigue et de la soif dans le désert." David passa en revue les troupes qui étaient avec lui et il mit à leur tête des chefs de mille et des chefs de cent. David divisa l'armée en trois corps: un tiers aux mains de Joab, un tiers aux mains d'Abishaï, fils de Ceruya et frère de Joab, un tiers aux mains d'Ittaï de Gat. Puis David dit aux troupes: "Je partirai en guerre avec vous moi aussi." Mais les troupes répondirent: "Tu ne dois pas partir. Car, si nous prenions la fuite, on n'y ferait pas attention, et si la moitié d'entre nous mourait, on n'y ferait pas attention, tandis que toi tu es comme 10.000 d'entre nous. Et puis, il vaut mieux que tu nous sois un secours prêt à venir de la ville." David leur dit: "Je ferai ce qui vous semble bon." Le roi se tint à côté de la porte, tandis que l'armée sortait par unités de cent et de mille. Le roi fit un commandement à Joab, à Abishaï et à Ittaï: "Par égard pour moi, ménagez le jeune Absalom!" et toute l'armée entendit que le roi donnait à tous les chefs cet ordre concernant Absalom. L'armée sortit en pleine campagne à la rencontre d'Israël et la bataille eut lieu dans la forêt d'Ephraïm. L'armée d'Israël y fut battue devant la garde de David, et ce fut ce jour-là une grande défaite, qui frappa 20.000 hommes. Le combat s'éparpilla dans toute la région et, ce jour-là, la forêt fit dans l'armée plus de victimes que l'épée. Absalom se heurta par hasard à des gardes de David. Absalom montait un mulet et le mulet s'engagea sous la ramure d'un grand chêne. La tête d'Absalom se prit dans le chêne et il resta suspendu entre ciel et terre tandis que continuait le mulet qui était sous lui. Quelqu'un l'aperçut et prévint Joab: "Je viens de voir, dit-il, Absalom suspendu à un chêne." Joab répondit à l'homme qui portait cette nouvelle: "Puisque tu l'as vu, pourquoi ne l'as-tu pas abattu sur place? J'aurais pris sur moi de te donner dix sicles d'argent et une ceinture!" Mais l'homme répondit à Joab: "Quand même je soupèserais dans mes paumes mille sicles d'argent, je ne porterais pas la main sur le fils du roi! C'est à nos oreilles que le roi t'a donné cet ordre ainsi qu'à Abishaï et à Ittaï: Par égard pour moi, épargnez le jeune Absalom. Que si je m'étais menti à moi-même, rien ne reste caché au roi, et toi, tu te serais tenu à distance." Alors Joab dit: "Je ne vais pas ainsi perdre mon temps avec toi." Il prit en mains trois javelots et les planta dans le coeur d'Absalom encore vivant au milieu du chêne. Puis s'approchèrent dix cadets, les écuyers de Joab, qui frappèrent Absalom et l'achevèrent. Joab fit alors sonner du cor et l'armée cessa de poursuivre Israël, car Joab retint l'armée. On prit Absalom, on le jeta dans une grande fosse en pleine forêt et on dressa sur lui un énorme monceau de pierres. Tous les Israélites s'étaient enfuis, chacun à ses tentes. De son vivant, Absalom avait entrepris de s'ériger la stèle qui est dans la vallée du Roi, car il s'était dit: "Je n'ai pas de fils pour commémorer mon nom", et il avait donné son nom à la stèle. On l'appelle encore aujourd'hui le monument d'Absalom. Ahimaaç, fils de Sadoq, dit: "Je vais courir et annoncer au roi cette bonne nouvelle, que Yahvé lui a rendu justice en le délivrant de ses ennemis." Mais Joab lui dit: "Tu ne serais pas un porteur d'heureux message aujourd'hui; tu le seras un autre jour, mais aujourd'hui tu ne porterais pas une bonne nouvelle, puisque le fils du roi est mort." Et Joab dit au Kushite: "Va rapporter au roi tout ce que tu as vu." Le Kushite se prosterna devant Joab et partit en courant. Ahimaaç, fils de Sadoq, insista encore et dit à Joab: "Advienne que pourra, je veux courir moi aussi derrière le Kushite." Joab dit: "Pourquoi courrais-tu, mon fils, tu n'en tireras aucune récompense." Il reprit: "Advienne que pourra, je courrai!" Joab lui dit: "Cours donc." Et Ahimaaç partit en courant par le chemin de la Plaine et il dépassa le Kushite. David était assis entre les deux portes. Le guetteur étant monté à la terrasse de la porte, sur le rempart, leva les yeux et aperçut un homme qui courait seul. Le guetteur cria et avertit le roi, et le roi dit: "S'il est seul, c'est qu'il a une bonne nouvelle sur les lèvres." Comme celui-là continuait d'approcher, le guetteur vit un autre homme qui courait, et le guetteur qui était sur la porte cria: "Voici un autre homme, qui court seul." Et David dit: "Celui-ci est encore un messager de bon augure." Le guetteur dit: "Je reconnais la façon de courir du premier, c'est la façon de courir d'Ahimaaç, fils de Sadoq." Le roi dit: "C'est un homme de bien, il vient pour une bonne nouvelle." Ahimaaç s'approcha du roi et dit: "Salut!" Il se prosterna face contre terre devant le roi et poursuivit: "Béni soit Yahvé ton Dieu qui a livré les hommes qui avaient levé la main contre Monseigneur le roi!" Le roi demanda: "En va-t-il bien pour le jeune Absalom?" Et Ahimaaç répondit: "J'ai vu un grand tumulte au moment où Joab, serviteur du roi, envoyait ton serviteur, mais je ne sais pas ce que c'était." Le roi dit: "Range-toi et tiens-toi là." Il se rangea et attendit. Alors arriva le Kushite et il dit: "Que Monseigneur le roi apprenne la bonne nouvelle. Yahvé t'a rendu justice aujourd'hui en te délivrant de tous ceux qui s'étaient dressés contre toi." Le roi demanda au Kushite: "En va-t-il bien pour le jeune Absalom?" Et le Kushite répondit: "Qu'ils aient le sort de ce jeune homme, les ennemis de Monseigneur le roi et tous ceux qui se sont dressés contre toi pour le mal!" Alors le roi frémit. Il monta dans la chambre supérieure de la porte et se mit à pleurer; il disait en sanglotant: "Mon fils Absalom! mon fils! mon fils Absalom! que ne suis-je mort à ta place! Absalom mon fils! mon fils!" On prévint Joab: "Voici que le roi pleure et se lamente sur Absalom." La victoire, ce jour-là, se changea en deuil pour toute l'armée, car l'armée apprit ce jour-là que le roi était dans l'affliction à cause de son fils. Et ce jour-là, l'armée rentra furtivement dans la ville, comme se dérobe une armée qui s'est couverte de honte en fuyant durant la bataille. Le roi s'était voilé le visage et poussait de grands cris: "Mon fils Absalom! Absalom mon fils! mon fils!" Joab se rendit auprès du roi à l'intérieur et dit: "Tu couvres aujourd'hui de honte le visage de tous tes serviteurs qui ont sauvé aujourd'hui ta vie, celle de tes fils et de tes filles, celle de tes femmes et celle de tes concubines, parce que tu aimes ceux qui te haïssent et que tu hais ceux qui t'aiment. En effet, tu as manifesté aujourd'hui que chefs et soldats n'étaient rien pour toi, car je sais maintenant que, si Absalom vivait et si nous étions tous morts aujourd'hui, tu trouverais cela très bien. Allons, je t'en prie, sors et rassure tes soldats, car, je le jure par Yahvé, si tu ne sors pas, il n'y aura personne qui passe cette nuit avec toi, et ce sera pour toi un malheur plus grand que tous les malheurs qui te sont advenus depuis ta jeunesse jusqu'à présent." Le roi se leva et vint s'asseoir à la porte. On l'annonça à toute l'armée: "Voici, dit-on, que le roi est assis à la porte", et toute l'armée se rendit devant le roi. Israël s'était enfui chacun à ses tentes. Dans toutes les tribus d'Israël, tout le monde se querellait. On disait: "C'est le roi qui nous a délivrés de la main de nos ennemis, c'est lui qui nous a sauvés de la main des Philistins et maintenant il a dû s'enfuir du pays, loin d'Absalom. Quant à Absalom que nous avions oint pour qu'il régnât sur nous, il est mort dans la bataille. Alors pourquoi ne faites-vous rien pour ramener le roi?" Ce qui se disait dans tout Israël arriva jusqu'au roi. Alors le roi David envoya dire aux prêtres Sadoq et Ebyatar: "Parlez ainsi aux anciens de Juda: Pourquoi seriez-vous les derniers à ramener le roi chez lui? Vous êtes mes frères, vous êtes de ma chair et de mes os, pourquoi seriez-vous les derniers à ramener le roi?" Et vous direz à Amasa: N'es-tu pas de mes os et de ma chair? Que Dieu me fasse ce mal et qu'il ajoute cet autre si tu n'es pas pour toujours à mon service comme chef de l'armée à la place de Joab." Il rallia ainsi le coeur de tous les hommes de Juda comme d'un seul homme et ils envoyèrent dire au roi: "Reviens, toi et tous tes serviteurs." Le roi revint donc et atteignit le Jourdain. Juda était arrivé à Gilgal, venant à la rencontre du roi, pour aider le roi à passer le Jourdain. En hâte, Shiméï, fils de Géra, le Benjaminite de Bahurim, descendit avec les gens de Juda au-devant du roi David. Il avait avec lui mille hommes de Benjamin. Ciba, le serviteur de la maison de Saül, ses quinze fils et ses vingt serviteurs avec lui devancèrent le roi au Jourdain et ils mirent tout en oeuvre pour faire traverser la famille du roi et satisfaire son bon plaisir. Shiméï fils de Géra se jeta aux pieds du roi quand il traversait le Jourdain, et il dit au roi: "Que Monseigneur ne m'impute pas de faute! Ne te souviens pas du mal que ton serviteur a commis le jour où Monseigneur le roi est sorti de Jérusalem. Que le roi ne le prenne pas à coeur! Car ton serviteur reconnaît qu'il a péché, et voici que je suis venu aujourd'hui le premier de toute la maison de Joseph pour descendre au-devant de Monseigneur le roi." Abishaï fils de Ceruya prit alors la parole et dit: "Shiméï ne mérite-t-il pas la mort pour avoir maudit l'oint de Yahvé?" Mais David dit: "Qu'ai-je à faire avec vous, fils de Ceruya, pour que vous deveniez aujourd'hui mes adversaires? Quelqu'un pourrait-il aujourd'hui être mis à mort en Israël? N'ai-je pas l'assurance qu'aujourd'hui je suis roi sur Israël?" Le roi dit à Shiméï: "Tu ne mourras pas", et le roi le lui jura. Meribbaal, le fils de Saül, était descendu aussi au-devant du roi. Il n'avait soigné ni ses pieds ni ses mains, il n'avait pas taillé sa moustache, il n'avait pas lavé ses vêtements depuis le jour où le roi était parti jusqu'au jour où il revint en paix. Lorsqu'il arriva de Jérusalem au-devant du roi, celui-ci lui demanda: "Pourquoi n'es-tu pas venu avec moi, Meribbaal?" Il répondit: "Monseigneur le roi, mon serviteur m'a trompé. Ton serviteur lui avait dit: Selle-moi l'ânesse, je la monterai et j'irai avec le roi, car ton serviteur est infirme. Il a calomnié ton serviteur auprès de Monseigneur le roi. Mais Monseigneur le roi est comme l'Ange de Dieu: agis comme il te semble bon. Car toute la famille de mon père méritait seulement la mort de la part de Monseigneur le roi, et pourtant tu as admis ton serviteur parmi ceux qui mangent à ta table. Quel droit puis-je avoir d'implorer encore le roi?" Le roi dit: "Pourquoi continuer de parler? Je décide que toi et Ciba vous partagerez les terres." Meribbaal dit au roi: "Qu'il prenne donc tout puisque Monseigneur le roi est rentré en paix chez lui!" Barzillaï le Galaadite était descendu de Roglim et avait continué avec le roi vers le Jourdain pour prendre congé de lui au Jourdain. Barzillaï était très âgé, il avait 80 ans. Il avait pourvu à l'entretien du roi pendant son séjour à Mahanayim, car c'était un homme très riche. Le roi dit à Barzillaï: "Continue avec moi et je pourvoirai à tes besoins auprès de moi à Jérusalem." Mais Barzillaï répondit au roi: "Combien d'années me reste-t-il à vivre, pour que je monte avec le roi à Jérusalem? J'ai maintenant 80 ans: puis-je distinguer ce qui est bon et ce qui est mauvais? Ton serviteur a-t-il le goût de ce qu'il mange et de ce qu'il boit? Puis-je entendre encore la voix des chanteurs et des chanteuses? Pourquoi ton serviteur serait-il encore à charge à Monseigneur le roi? Ton serviteur passera tout juste le Jourdain avec le roi, mais pourquoi le roi m'accorderait-il une telle récompense? Permets à ton serviteur de s'en retourner: je mourrai dans ma ville près du tombeau de mon père et de ma mère. Mais voici ton serviteur Kimhân, qu'il continue avec Monseigneur le roi, et agis comme bon te semble à son égard." Le roi dit: "Que Kimhân continue donc avec moi, je ferai pour lui ce qui te plaira et tout ce que tu solliciteras de moi, je le ferai pour toi." Tout le peuple passa le Jourdain, le roi passa, il embrassa Barzillaï et le bénit, et celui-ci s'en retourna chez lui. Le roi continua vers Gilgal et Kimhân continua avec lui. Tout le peuple de Juda accompagnait le roi, et aussi la moitié du peuple d'Israël. Et voici que tous les hommes d'Israël vinrent auprès du roi et lui dirent: "Pourquoi nos frères, les hommes de Juda, t'ont-ils enlevé et ont-ils fait passer le Jourdain au roi et à sa famille, et à tous les hommes de David avec lui?" Tous les hommes de Juda répondirent aux hommes d'Israël: "C'est que le roi m'est plus apparenté! Pourquoi t'irriter à ce propos? Avons-nous mangé aux dépens du roi ou nous a-t-il apporté quelque portion?" Les hommes d'Israël répliquèrent aux hommes de Juda et dirent: "J'ai dix parts sur le roi et de plus je suis ton aîné, pourquoi m'as-tu méprisé? N'ai-je pas parlé le premier de faire revenir mon roi?" Mais les propos des hommes de Juda furent plus violents que ceux des hommes d'Israël. Or, il se trouvait là un vaurien, qui s'appelait Shéba, fils de Bikri, un Benjaminite. Il sonna du cor et dit: "Nous n'avons pas de part avec David, nous n'avons pas d'héritage sur les fils de Jessé! Chacun à ses tentes, Israël!" Tous les hommes d'Israël abandonnèrent David et suivirent Shéba fils de Bikri, mais les hommes de Juda s'attachèrent aux pas de leur roi, depuis le Jourdain jusqu'à Jérusalem. David rentra dans son palais à Jérusalem. Le roi prit les dix concubines qu'il avait laissées pour garder le palais et les mit sous surveillance. Il pourvut à leur entretien mais il n'approcha plus d'elles et elles furent séquestrées jusqu'à leur mort, comme les veuves d'un vivant. Le roi dit à Amasa: "Convoque-moi les hommes de Juda, je te donne trois jours pour te présenter ici." Amasa partit pour convoquer Juda, mais il tarda au-delà du terme que David lui avait fixé. Alors David dit à Abishaï: "Shéba fils de Bikri est désormais plus dangereux pour nous qu'Absalom. Toi, prends les gardes de ton maître et pourchasse-le de peur qu'il n'atteigne des villes fortes et ne nous échappe." Derrière Abishaï partirent en campagne Joab, les Kerétiens, les Pelétiens et tous les preux; ils quittèrent Jérusalem à la poursuite de Shéba fils de Bikri. Ils étaient près de la grande pierre qui se trouve à Gabaôn, quand Amasa arriva en face d'eux. Or Joab était vêtu de sa tenue militaire sur laquelle il avait ceint une épée attachée à ses reins dans son fourreau; celle-ci sortit et tomba. Joab demanda à Amasa: "Tu vas bien, mon frère?" Et, de la main droite, il saisit la barbe d'Amasa pour l'embrasser. Amasa ne prit pas garde à l'épée que Joab avait en main, et celui-ci l'en frappa au ventre et répandit ses entrailles à terre. Il n'eut pas à lui donner un second coup et Amasa mourut, tandis que Joab et son frère Abishaï se lançaient à la poursuite de Shéba fils de Bikri. L'un des cadets de Joab resta en faction près d'Amasa et il disait: "Quiconque aime Joab et est pour David, qu'il suive Joab!" Cependant Amasa s'était roulé dans son sang au milieu du chemin. Voyant que tout le monde s'arrêtait, cet homme tira Amasa du chemin dans le champ et jeta un vêtement sur lui, parce qu'il voyait s'arrêter tous ceux qui arrivaient près de lui. Lorsqu'Amasa eut été écarté du chemin, tous les hommes passèrent outre, suivant Joab à la poursuite de Shéba fils de Bikri. Celui-ci parcourut toutes les tribus d'Israël jusqu'à Abel-Bet-Maaka et tous les Bikrites... Ils se rassemblèrent et entrèrent aussi derrière lui. On vint l'assiéger dans Abel-Bet-Maaka et on entassa contre la ville un remblai qui s'adossait à l'avant-mur, et toute l'armée qui accompagnait Joab creusait des sapes pour faire tomber le rempart. Une femme avisée cria de la ville: "Ecoutez! Ecoutez! Dites à Joab: Approche ici, que je te parle." Il s'approcha et la femme demanda: "Est-ce toi Joab?" Il répondit: "Oui." Elle lui dit: "Ecoute la parole de ta servante." Il répondit: "J'écoute." Elle parla ainsi: "Jadis, on avait coutume de dire: Que l'on demande à Abel et à Dan s'il en est fini de ce qu'ont établi les fidèles d'Israël. Et toi tu cherches à ruiner une ville et une métropole en Israël. Pourquoi veux-tu anéantir l'héritage de Yahvé?" Joab répondit: "Loin, loin de moi! Je ne veux ni anéantir ni ruiner. Il ne s'agit pas de cela, mais un homme de la montagne d'Ephraïm, du nom de Shéba fils de Bikri, s'est insurgé contre le roi, contre David. Livrez-le tout seul et je lèverai le siège de la ville." La femme dit à Joab: "Eh bien, on va te jeter sa tête par-dessus la muraille." La femme alla parler à tout le peuple comme lui dictait sa sagesse: on trancha la tête de Shéba fils de Bikri et on la jeta à Joab. Celui-ci fit sonner du cor et on s'éloigna de la ville, chacun vers ses tentes. Quant à Joab, il revint à Jérusalem auprès du roi. Joab commandait à toute l'armée, Benayahu fils de Yehoyada commandait les Kerétiens et les Pelétiens; Adoram était chef de la corvée; Yehoshaphat fils d'Ahilud était héraut; Shiya était secrétaire; Sadoq et Ebyatar étaient prêtres. De plus, Ira le Yaïrite était prêtre de David. Au temps de David, il y eut une famine pendant trois ans de suite. David s'enquit auprès de Yahvé, et Yahvé dit: "Il y a du sang sur Saül et sur sa famille, parce qu'il a mis à mort les Gabaonites." Le roi convoqua les Gabaonites et leur dit. -- Ces Gabaonites n'étaient pas des Israélites, ils étaient un reste des Amorites, envers qui les Israélites s'étaient engagés par serment. Mais Saül avait cherché à les abattre dans son zèle pour les Israélites et pour Juda. -- Donc David dit aux Gabaonites: "Que faut-il vous faire et comment réparer, pour que vous bénissiez l'héritage de Yahvé?" Les Gabaonites lui répondirent: "Il ne s'agit pas pour nous d'une affaire d'argent ou d'or avec Saül et sa famille, et il ne s'agit pas pour nous d'un homme à tuer en Israël." David dit: "Ce que vous direz, je le ferai pour vous." Ils dirent alors au roi: "L'homme qui nous a exterminés et qui avait projeté de nous anéantir, pour que nous ne subsistions plus dans tout le territoire d'Israël, qu'on nous livre sept de ses fils et nous les démembrerons devant Yahvé à Gabaôn, sur la montagne de Yahvé." Et le roi dit: "Je les livrerai." Le roi épargna Meribbaal fils de Jonathan fils de Saül, à cause du serment par Yahvé qui les liait, David et Jonathan fils de Saül. Le roi prit les deux fils que Riçpa, fille d'Ayya, avait donnés à Saül, Armoni et Meribbaal, et les cinq fils que Mérab fille de Saül avait donnés à Adriel fils de Barzillaï, de Mehola. Il les livra aux mains des Gabaonites et ceux-ci les démembrèrent sur la montagne, devant Yahvé. Les sept succombèrent ensemble; ils furent mis à mort aux premiers jours de la moisson, au début de la moisson des orges. Riçpa, fille d'Ayya, prit le sac et l'étendit pour elle sur le rocher, depuis le début de la moisson des orges jusqu'à ce que l'eau tombât du ciel sur eux, et elle ne laissa pas s'abattre sur eux les oiseaux du ciel pendant le jour ni les bêtes sauvages pendant la nuit. On informa David de ce qu'avait fait Riçpa, fille d'Ayya, la concubine de Saül. Alors David alla réclamer les ossements de Saül et ceux de son fils Jonathan aux notables de Yabesh de Galaad. Ceux-ci les avaient enlevés de l'esplanade de Bet-Shân, où les Philistins les avaient suspendus, quand les Philistins avaient vaincu Saül à Gelboé. David emporta de là les ossements de Saül et ceux de son fils Jonathan et les réunit aux ossements des suppliciés. On ensevelit les ossements de Saül, ceux de son fils Jonathan et ceux des suppliciés au pays de Benjamin, à Céla, dans le tombeau de Qish, père de Saül. On fit tout ce que le roi avait ordonné et, après cela, Dieu eut pitié du pays. Il y eut encore une guerre des Philistins contre Israël. David descendit avec sa garde. Ils combattirent les Philistins, et David était fatigué. Il y avait un champion d'entre les descendants de Rapha. Le poids de sa lance était de 300 sicles de bronze, il était ceint d'une épée neuve et il se vantait de tuer David. Mais Abishaï fils de Ceruya vint au secours de celui-ci, frappa le Philistin et le mit à mort. C'est alors que les hommes de David le conjurèrent et dirent: "Tu n'iras plus avec nous au combat, pour que tu n'éteignes pas la lampe d'Israël!" Après cela, la guerre reprit à Gob avec les Philistins. C'est alors que Sibbekaï de Husha tua Saph, un descendant de Rapha. La guerre reprit encore à Gob avec les Philistins, et Elhanân, fils de Yaïr, de Bethléem, tua Goliath de Gat; le bois de sa lance était comme un liais de tisserand. Il y eut encore un combat à Gat et il se trouva là un homme de grande taille, qui avait six doigts à chaque main et à chaque pied,24 doigts au total. Il était, lui aussi, un descendant de Rapha. Comme il défiait Israël, Yehonatân, fils de Shiméa, frère de David, l'abattit. Ces quatre-là étaient descendants de Rapha à Gat et ils succombèrent sous la main de David et de ses gardes. David adressa à Yahvé les paroles de ce cantique, quand Yahvé l'eut délivré de tous ses ennemis et de la main de Saül. Il dit: Yahvé est mon roc et ma forteresse, et mon libérateur, c'est mon Dieu. Je m'abrite en lui, mon rocher, mon bouclier et ma corne de salut, ma citadelle et mon refuge. Mon sauveur, tu m'as sauvé de la violence. Il est digne de louanges, j'invoque Yahvé et je suis sauvé de mes ennemis. Les flots de la Mort m'enveloppaient, les torrents de Bélial m'épouvantaient; les filets du shéol me cernaient, les pièges de la mort m'attendaient. Dans mon angoisse j'invoquai Yahvé et vers mon Dieu je lançai mon cri; il entendit de son temple ma voix et mon cri parvint à ses oreilles. Et la terre s'ébranla et chancela, les assises des cieux frémirent (sous sa colère elles furent ébranlées); une fumée monta à ses narines, et de sa bouche un feu dévorait (des braises s'y enflammèrent). Il inclina les cieux et descendit, une sombre nuée sous ses pieds; il chevaucha un chérubin et vola, il plana sur les ailes du vent. Il fit des ténèbres son entourage, sa tente, ténèbre d'eau, nuée sur nuée; un éclat devant lui enflammait grêle et braises de feu. Yahvé tonna des cieux, le Très-Haut donna de la voix; il décocha des flèches et les dispersa il fit briller l'éclair et les chassa. Et le lit des mers apparut, les assises du monde se découvrirent, au grondement de la menace de Yahvé, au vent du souffle de ses narines. Il envoie d'en haut et me prend, il me retire des grandes eaux, il me délivre d'un puissant ennemi, d'adversaires plus forts que moi. Ils m'attendaient au jour de mon malheur, mais Yahvé fut pour moi un appui; il m'a dégagé, mis au large, il m'a sauvé, car il m'aime. Yahvé me rend selon ma justice, selon la pureté de mes mains il me rétribue, car j'ai gardé les voies de Yahvé sans faillir loin de mon Dieu. Ses jugements sont tous devant moi, ses décrets, je ne les ai pas écartés; mais je suis irréprochable avec lui, je me garde contre le péché. Et Yahvé me rétribue selon ma justice, ma pureté qu'il voit de ses yeux. Tu es fidèle avec le fidèle, sans reproche avec l'irréprochable, pur avec qui est pur mais rusant avec le fourbe, toi qui sauves le peuple des humbles et rabaisses les yeux hautains. C'est toi, Yahvé, ma lampe, mon Dieu éclaire ma ténèbre; avec toi je force l'enceinte, avec mon Dieu je saute la muraille. Dieu, sa voie est sans reproche, et la parole de Yahvé sans alliage. Il est, lui, le bouclier de quiconque s'abrite en lui. Qui donc est Dieu, hors Yahvé, qui est Rocher, sinon notre Dieu? Ce Dieu qui me ceint de force et rend ma voie irréprochable, qui égale mes pieds à ceux des biches et me tient debout sur les hauteurs, qui instruit mes mains au combat, mes bras à bander l'arc d'airain. Tu me donnes ton bouclier de salut et tu ne cesses de m'exaucer, tu élargis mes pas sous moi et mes chevilles n'ont point fléchi. Je poursuis mes ennemis et les extermine et je ne reviens pas qu'ils ne soient achevés; je les frappe, ils ne peuvent se relever, ils tombent, ils sont sous mes pieds. Tu m'as ceint de force pour le combat, tu fais ployer sous moi mes agresseurs; mes ennemis, tu me fais voir leur dos, et ceux qui me haïssent, je les extermine. Ils crient, et pas de sauveur, vers Yahvé, mais pas de réponse; je les broie comme la poussière des places, je les foule comme la boue des ruelles. Tu me délivres des querelles des peuples, tu me mets à la tête des nations; le peuple que j'ignorais m'est asservi, les fils d'étrangers me font leur cour, ils sont tout oreille et m'obéissent, les fils d'étrangers faiblissent, ils quittent en tremblant leurs réduits. Vive Yahvé, et béni soit mon Rocher, exalté, le Dieu de mon salut, le Dieu qui me donne les vengeances et broie les peuples sous moi, qui me soustrait à mes ennemis. Tu m'exaltes par-dessus mes agresseurs, tu me libères de l'homme de violence. Aussi je te louerai, Yahvé, chez les païens, et je veux jouer pour ton nom. Il multiplie pour son roi les délivrances et montre de l'amour pour son oint, pour David et sa descendance à jamais. Voici les dernières paroles de David: Oracle de David, fils de Jessé, oracle de l'homme haut placé, de l'oint du Dieu de Jacob, du chantre des cantiques d'Israël. L'esprit de Yahvé s'est exprimé par moi, sa parole est sur ma langue. Le Dieu de Jacob a parlé, le Rocher d'Israël m'a dit: Qui gouverne les hommes avec justice et qui gouverne dans la crainte de Dieu est comme la lumière du matin au lever du soleil, (un matin sans nuages) faisant étinceler après la pluie le gazon de la terre. Oui, ma maison est stable auprès de Dieu: il a fait avec moi une alliance éternelle, réglée en tout et bien assurée; ne fait-il pas germer tout mon salut et tout mon plaisir? Mais les gens de Bélial sont tous comme l'épine qu'on rejette, car on ne les prend pas avec la main: personne ne les touche, sinon avec un fer ou le bois d'une lance, et ils sont brûlés au feu. Voici les noms des preux de David: Ishbaal le Hakmonite, chef des Trois, c'est lui qui brandit sa lance sur 800 victimes en une seule fois. Après lui, Eléazar fils de Dodo, l'Ahohite, l'un des trois preux. Il était avec David à Pas-Dammim quand les Philistins s'y rassemblèrent pour le combat et que les hommes d'Israël se retirèrent devant eux. Mais lui tint bon et frappa les Philistins, jusqu'à ce que sa main engourdie se crispât sur l'épée. Yahvé opéra une grande victoire, ce jour-là, et l'armée revint derrière lui, mais seulement pour détrousser. Après lui Shamma fils d'Ela, le Hararite. Les Philistins étaient rassemblés à Léhi. Il y avait là un champ tout en lentilles; l'armée prit la fuite devant les Philistins, mais lui se posta au milieu du champ, le préserva et battit les Philistins. Yahvé opéra une grande victoire. Trois d'entre les Trente descendirent et vinrent, au début de la moisson, vers David à la grotte d'Adullam, tandis qu'une compagnie de Philistins campait dans le val des Rephaïm. David était alors dans le refuge et un poste de Philistins se trouvait à Bethléem. David exprima ce désir: "Qui me fera boire l'eau du puits qui est à la porte de Bethléem!" Les trois preux, s'ouvrant un passage au travers du camp philistin, tirèrent de l'eau au puits qui est à la porte de Bethléem; ils l'emportèrent et l'offrirent à David, mais il ne voulut pas en boire et il la répandit en libation à Yahvé. Il dit: "Que Yahvé me garde de faire cela! C'est le sang des hommes qui sont allés risquer leur vie!" Il ne voulut donc pas boire. Voilà ce qu'ont fait ces trois preux. Abishaï, frère de Joab et fils de Ceruya, était chef des Trente. C'est lui qui brandit sa lance sur 300 victimes et se fit un nom parmi les Trente. Il fut plus illustre que les Trente et devint leur capitaine, mais il ne fut pas compté parmi les Trois. Benayahu fils de Yehoyada, un brave, prodigue en exploits, originaire de Qabçéel, c'est lui qui abattit les deux héros de Moab, et c'est lui qui descendit et abattit le lion dans la citerne, un jour de neige. C'est lui aussi qui abattit un Egyptien de grande taille. L'Egyptien avait en main une lance, mais il descendit contre lui avec un bâton, arracha la lance de la main de l'Egyptien et tua celui-ci avec sa propre lance. Voilà ce qu'accomplit Benayahu fils de Yehoyada, et il se fit un nom parmi les 30 preux. Il fut plus illustre que les Trente, mais il ne fut pas compté parmi les Trois; David le mit à la tête de sa garde personnelle. Asahel, frère de Joab, faisait partie des Trente. Elhanân fils de Dodo, de Bethléem. Shamma, de Harod. Eliqa, de Harod. Héleç, de Bet-Pélèt. Ira fils d'Iqqèsh, de Teqoa. Abiézer, d'Anatot. Sibbekaï, de Husha. Calmôn, d'Ahoh. Mahraï, de Netopha. Héled fils de Baana, de Netopha. Ittaï fils de Ribaï, de Gibéa de Benjamin. Benayahu, de Piréatôn. Hiddaï, des torrents de Gaash. Abibaal, de Bet-ha-Araba. Azmavèt, de Bahurim. Elyahba, de Shaalbôn. Yashèn, de Gimzo. Yehonatân fils de Shamma, de Harar. Ahiam fils de Sharar, de Harar. Eliphélèt fils d'Ahasbaï, de Bet-Maaka. Eliam fils d'Ahitophel, de Gilo. Hèçraï, de Karmel. Paaraï, d'Arab. Yigéal fils de Natân, de Coba. Bani, le Gadite. Céleq, l'Ammonite. Nahraï, de Béérot, écuyer de Joab fils de Ceruya. Ira, de Yattir. Gareb, de Yattir. Urie, le Hittite. En tout 37. La colère de Yahvé s'enflamma encore contre les Israélites et il excita David contre eux: "Va, dit-il, fais le dénombrement d'Israël et de Juda." Le roi dit à Joab et aux chefs de l'armée qui étaient avec lui: "Parcourez donc toutes les tribus d'Israël, de Dan à Bersabée, et faites le recensement du peuple afin que je sache le chiffre de la population." Joab répondit au roi: "Que Yahvé ton Dieu accroisse le peuple de cent fois autant, pendant que Monseigneur le roi peut le voir de ses yeux, mais pourquoi Monseigneur le roi aurait-il ce désir?" Cependant l'ordre du roi s'imposa à Joab et aux chefs de l'armée, et Joab et les chefs de l'armée quittèrent la présence du roi pour recenser le peuple d'Israël. Ils passèrent le Jourdain et commencèrent par Aroër et la ville qui est au milieu de la vallée, allèrent chez les Gadites et vers Yazèr. Puis ils allèrent en Galaad et au pays des Hivvites, à Qadesh, ils se rendirent à Dan et de Dan ils obliquèrent vers Sidon. Puis ils atteignirent la forteresse de Tyr et toutes les villes des Hittites et des Cananéens et aboutirent au Négeb de Juda, à Bersabée. Ayant parcouru tout le pays, ils rentrèrent à Jérusalem au bout de neuf mois et vingt jours. Joab donna au roi le chiffre obtenu pour le recensement du peuple: Israël comptait 800.000 hommes d'armes tirant l'épée, et Juda 500.000 hommes. Après cela le coeur de David lui battit d'avoir recensé le peuple et David dit à Yahvé: "C'est un grand péché que j'ai commis! Maintenant, Yahvé, veuille pardonner cette faute à ton serviteur, car j'ai commis une grande folie." Quand David se leva le lendemain matin -- cette parole de Yahvé avait été adressée au prophète Gad, le voyant de David: "Va dire à David: Ainsi parle Yahvé. Je te propose trois choses, choisis-en une et je l'exécuterai pour toi" -- Donc Gad se rendit chez David et lui notifia ceci: "Faut-il que t'adviennent trois années de famine dans ton pays, ou que tu fuies pendant trois mois devant ton ennemi qui te poursuivra, ou qu'il y ait pendant trois jours la peste dans ton pays? Maintenant réfléchis et vois ce que je dois répondre à celui qui m'envoie!" David dit à Gad: "Je suis dans une grande anxiété... Ah! tombons entre les mains de Yahvé car sa miséricorde est grande, mais que je ne tombe pas entre les mains des hommes!" David choisit donc la peste. C'était le temps de la moisson des blés. Yahvé envoya la peste en Israël depuis le matin jusqu'au temps fixé, le fléau frappa le peuple et 70.000 hommes du peuple moururent depuis Dan jusqu'à Bersabée. L'ange étendit sa main vers Jérusalem pour l'exterminer, mais Yahvé se repentit de ce mal et il dit à l'ange qui exterminait le peuple: "Assez! retire à présent ta main." L'ange de Yahvé se trouvait près de l'aire d'Arauna le Jébuséen. Quand David vit l'ange qui frappait le peuple, il dit à Yahvé: "C'est moi qui ai péché, c'est moi qui ai commis le mal, mais ceux-là, c'est le troupeau, qu'ont-ils fait? Que ta main s'appesantisse donc sur moi et sur ma famille!" Ce jour-là, Gad se rendit auprès de David et lui dit: "Monte et élève un autel à Yahvé sur l'aire d'Arauna le Jébuséen." David monta donc, suivant la parole de Gad, comme Yahvé l'avait ordonné. Arauna regarda et vit le roi et ses officiers qui s'avançaient vers lui. -- Arauna était en train de battre le froment. -- Il sortit et se prosterna devant le roi, la face contre terre. Arauna dit: "Pourquoi Monseigneur le roi est-il venu chez son serviteur?" Et David répondit: "Pour acquérir de toi cette aire, afin de construire un autel à Yahvé. Ainsi le fléau s'écartera du peuple." Arauna dit alors au roi: "Que Monseigneur le roi la prenne et qu'il offre ce qui lui semble bon! Voici les boeufs pour l'holocauste, le traîneau et le joug des boeufs pour le bois. Le serviteur de Monseigneur le roi donne tout au roi!" Et Arauna dit au roi: "Que Yahvé ton Dieu agrée ton offrande!" Mais le roi dit à Arauna: "Non pas! Je veux te l'acheter en payant, je ne veux pas offrir à Yahvé mon Dieu des holocaustes qui ne me coûtent rien." Et David acheta l'aire et les boeufs pour de l'argent,50 sicles. David construisit là un autel à Yahvé et il offrit des holocaustes et des sacrifices de communion. Alors Yahvé eut pitié du pays et le fléau s'écarta d'Israël. Le roi David était un vieillard avancé en âge; on lui mit des couvertures sans qu'il pût se réchauffer. Alors ses serviteurs lui dirent: "Qu'on cherche pour Monseigneur le roi une jeune fille qui assiste le roi et qui le soigne: elle couchera sur ton sein et cela tiendra chaud à Monseigneur le roi." Ayant donc cherché une belle jeune fille dans tout le territoire d'Israël, on trouva Abishag de Shunem et on l'amena au roi. Cette jeune fille était extrêmement belle; elle soigna le roi et le servit, mais il ne la connut pas. Or Adonias, le fils de Haggit, jouait au prince en disant: "C'est moi qui régnerai!" il s'était procuré char et attelage et 50 gardes qui couraient devant lui. De sa vie, son père ne l'avait contrarié en disant: "Pourquoi agis-tu ainsi?" Il avait lui aussi très belle apparence et sa mère l'avait enfanté après Absalom. Il s'aboucha avec Joab fils de Ceruya et avec le prêtre Ebyatar, qui se rallièrent à la cause d'Adonias; mais ni le prêtre Sadoq, ni Benayahu fils de Yehoyada, ni le prophète Natân, ni Shiméï et Reï, ni les preux de David, n'étaient avec Adonias. Un jour qu'Adonias immolait des moutons, des boeufs et des veaux gras à la Pierre-qui-glisse, qui est près de la source du Foulon, il invita tous ses frères, les princes royaux, et tous les Judéens au service du roi, mais il n'invita pas le prophète Natân, ni Benayahu, ni les preux, ni son frère Salomon. Alors Natân dit à Bethsabée, la mère de Salomon: "N'as-tu pas appris qu'Adonias fils de Haggit est devenu roi à l'insu de notre seigneur David? Eh bien! laisse-moi te donner maintenant un conseil, pour que tu sauves ta vie et celle de ton fils Salomon. Va, entre chez le roi David, et dis-lui: N'est-ce pas toi, Monseigneur le roi, qui as fait ce serment à ta servante; Ton fils Salomon régnera après moi et c'est lui qui s'assiéra sur mon trône? Comment donc Adonias est-il devenu roi? Et pendant que tu seras là, conversant encore avec le roi, j'entrerai après toi et j'appuierai tes paroles." Bethsabée se rendit chez le roi dans sa chambre (il était très vieux et Abishag de Shunem le servait). Elle s'agenouilla et se prosterna devant le roi, et le roi dit: "Que désires-tu?" Elle lui répondit: "Monseigneur, tu as juré à ta servante par Yahvé ton Dieu: Ton fils Salomon régnera après moi, et c'est lui qui s'assiéra sur mon trône. Voici maintenant qu'Adonias est devenu roi, et toi, Monseigneur le roi, tu n'en saurais rien! Car il a immolé quantité de boeufs, de veaux gras et de moutons, et il a invité tous les princes royaux, le prêtre Ebyatar, le général Joab, mais ton serviteur Salomon, il ne l'a pas invité! Pourtant c'est vers toi, Monseigneur le roi, que tout Israël regarde pour que tu lui désignes le successeur de Monseigneur le roi. Et quand Monseigneur le roi sera couché avec ses pères, moi et mon fils Salomon, nous expierons cela!" Elle parlait encore que le prophète Natân arriva. On annonça au roi: "Le prophète Natân est là." Il entra chez le roi et se prosterna devant lui, la face contre terre. Natân dit: "Monseigneur le roi, tu as donc décrété: Adonias régnera après moi et s'assiéra sur mon trône! Car il est descendu aujourd'hui, il a immolé quantité de boeufs, de veaux gras et de moutons et il a invité tous les princes royaux, les officiers de l'armée et le prêtre Ebyatar; les voilà qui mangent et boivent en sa présence et qui crient: Vive le roi Adonias! Mais moi ton serviteur, le prêtre Sadoq, Benayahu fils de Yehoyada et ton serviteur Salomon, il ne nous a pas invités. Se peut-il que la chose vienne de Monseigneur le roi et que tu n'aies pas fait savoir à tes fidèles qui succéderait sur le trône à Monseigneur le roi?" Le roi David prit la parole et dit: "Appelez-moi Bethsabée." Elle entra chez le roi et se tint devant lui. Alors le roi lui fit ce serment: "Par Yahvé vivant, qui m'a délivré de toutes les angoisses, comme je t'ai juré par Yahvé, Dieu d'Israël, que ton fils Salomon régnerait après moi et s'assiérait à ma place sur le trône, ainsi ferai-je aujourd'hui même." Bethsabée s'agenouilla, la face contre terre, se prosterna devant le roi et dit: "Vive à jamais Monseigneur le roi David!" Puis le roi David dit: "Appelez-moi le prêtre Sadoq, le prophète Natân et Benayahu fils de Yehoyada." Ils entrèrent chez le roi et celui-ci leur dit: "Prenez avec vous la garde royale, faites monter mon fils Salomon sur ma propre mule et faites-le descendre à Gihôn. Là, le prêtre Sadoq et le prophète Natân lui donneront l'onction comme roi d'Israël, vous sonnerez du cor et vous crierez: Vive le roi Salomon! Vous remonterez à sa suite, il entrera s'asseoir sur mon trône et régnera à ma place, car c'est lui que j'ai institué chef sur Israël et sur Juda." Benayahu fils de Yehoyada répondit au roi: "Amen! Que parle ainsi Yahvé, le Dieu de Monseigneur le roi! Comme Yahvé a été avec Monseigneur le roi, qu'il soit avec Salomon et qu'il magnifie son trône encore plus que le trône de Monseigneur le roi David!" Le prêtre Sadoq, le prophète Natân, Benayahu fils de Yehoyada, les Kerétiens et les Pelétiens descendirent; ils mirent Salomon sur la mule du roi et ils le menèrent à Gihôn. Le prêtre Sadoq prit dans la Tente la corne d'huile et oignit Salomon, on sonna du cor et tout le peuple cria: "Vive le roi Salomon!" Puis tout le peuple monta à sa suite, et le peuple jouait de la flûte et manifestait une grande joie, avec des clameurs à fendre la terre. Adonias et tous ses convives entendirent le bruit; ils avaient alors fini de manger. Joab aussi entendit le son du cor et demanda: "Pourquoi cette rumeur de la ville en émoi?" Comme il parlait encore, voici qu'arriva Yonatân, le fils du prêtre Ebyatar, et Adonias dit: "Viens! car tu es un honnête homme et tu dois apporter une bonne nouvelle." Yonatân répondit: "Ah oui! notre seigneur le roi David a fait roi Salomon! Le roi a envoyé avec lui le prêtre Sadoq, le prophète Natân, Benayahu fils de Yehoyada, les Kerétiens et les Pelétiens, ils l'ont mis sur la mule du roi, le prêtre Sadoq et le prophète Natân l'ont sacré roi à Gihôn, ils sont remontés de là en poussant des cris de joie et la ville est en émoi; voilà le bruit que vous avez entendu. Plus que cela: Salomon s'est assis sur le trône royal, et les officiers du roi sont venus féliciter notre seigneur le roi David en disant: Que ton Dieu glorifie le nom de Salomon plus encore que ton nom et qu'il exalte son trône plus que le tien! et le roi s'est prosterné sur son lit, et puis il a parlé ainsi: Béni soit Yahvé, Dieu d'Israël, qui a permis que mes yeux voient aujourd'hui l'un de mes descendants assis sur mon trône." Alors tous les invités d'Adonias furent pris de panique, ils se levèrent et partirent chacun de son côté. Pour Adonias, il eut peur de Salomon, il se leva et s'en alla saisir les cornes de l'autel. On en informa ainsi Salomon: "Voici qu'Adonias a eu peur du roi Salomon et qu'il a saisi les cornes de l'autel en disant: Que le roi Salomon me jure d'abord qu'il ne fera pas mourir son serviteur par l'épée." Salomon dit: "S'il se conduit en honnête homme, pas un de ses cheveux ne tombera à terre, mais si on le trouve en défaut, alors il mourra." Et Salomon ordonna qu'on le fit descendre de l'autel; il vint se prosterner devant Salomon qui lui dit: "Va dans ta maison." Comme la vie de David approchait de sa fin, il fit ces recommandations à son fils Salomon: "Je m'en vais par le chemin de tout le monde. Sois fort et montre-toi un homme! Tu suivras les observances de Yahvé ton Dieu, en marchant selon ses voies, en gardant ses lois, ses commandements, ses ordonnances et ses instructions, selon qu'il est écrit dans la loi de Moïse, afin de réussir en toutes tes oeuvres et tous tes projets, pour que Yahvé accomplisse cette promesse qu'il m'a faite: Si tes fils surveillent leur conduite en marchant loyalement devant moi, de tout leur coeur et de toute leur âme, tu ne manqueras jamais de quelqu'un sur le trône d'Israël. Tu sais aussi ce que m'a fait Joab fils de Ceruya, ce qu'il a fait aux chefs de l'armée d'Israël, Abner fils de Ner et Amasa fils de Yéter, comment il les a tués, comment il a vengé pendant la paix le sang de la guerre et taché d'un sang innocent le ceinturon de mes reins et la sandale de mes pieds: tu agiras sagement en ne laissant pas ses cheveux blancs descendre en paix au shéol. Quant aux fils de Barzillaï le Galaadite, tu les traiteras avec bonté et ils seront parmi ceux qui mangent à ta table, car ils m'ont ainsi secouru quand je fuyais devant ton frère Absalom. Tu as près de toi Shiméï fils de Géra, le Benjaminite de Bahurim, qui m'a maudit atrocement au jour de mon départ pour Mahanayim, mais il est descendu à ma rencontre au Jourdain et je lui ai juré par Yahvé que je ne le tuerais pas par l'épée. Pour toi, tu ne le laisseras pas impuni et, en homme avisé que tu es, tu sauras quoi lui faire pour conduire dans le sang ses cheveux blancs au shéol." Et David se coucha avec ses pères et on l'ensevelit dans la Cité de David. Le règne de David sur Israël a duré 40 ans: à Hébron il a régné sept ans, à Jérusalem il a régné 33 ans. Salomon s'assit sur le trône de David son père et son pouvoir devint très ferme. Adonias fils de Haggit se rendit chez Bethsabée, mère de Salomon. Elle demanda: "Est-ce la paix que tu apportes?" Il répondit: "Oui." Il dit: "J'ai à te parler." Elle dit: "Parle." Il reprit: "Tu sais bien que la royauté me revenait et que tout Israël s'attendait à ce que je règne, mais la royauté m'a échappé et est échue à mon frère, car elle lui est venue de Yahvé. Maintenant, j'ai une seule demande à te faire, ne me rebute pas." Elle lui dit: "Parle." Il reprit: "Dis, je te prie, au roi Salomon -- car il ne te rebutera pas -- qu'il me donne Abishag de Shunem pour femme." Elle répondit: "C'est bien, je parlerai de toi au roi." Bethsabée se rendit donc chez le roi Salomon pour lui parler d'Adonias, et le roi se leva à sa rencontre et se prosterna devant elle, puis il s'assit sur son trône, on mit un siège pour la mère du roi et elle s'assit à sa droite. Elle dit: "Je n'ai qu'une petite demande à te faire, ne me rebute pas." Le roi lui répondit: "Demande, ô ma mère, car je ne te rebuterai pas." Elle continua: "Qu'on donne Abishag de Shunem pour femme à ton frère Adonias." Le roi Salomon reprit et dit à sa mère: "Et pourquoi demandes-tu pour Adonias Abishag de Shunem? Demande donc pour lui la royauté! Car il est mon frère aîné et il a pour lui le prêtre Ebyatar et Joab fils de Ceruya!" Et le roi Salomon jura ainsi par Yahvé: "Que Dieu me fasse tel mal et y ajoute encore tel autre, si ce n'est pas au prix de sa vie qu'Adonias a prononcé cette parole! Eh bien, par Yahvé vivant, qui m'a confirmé et fait asseoir sur le trône de mon père David et qui lui a donné une maison comme il avait promis, aujourd'hui même Adonias sera mis à mort." Et le roi Salomon en chargea Benayahu fils de Yehoyada, qui le frappa, et il mourut. Quant au prêtre Ebyatar, le roi lui dit: "Va à Anatot dans ton domaine, car tu mérites la mort, mais je ne te ferai pas mourir aujourd'hui, car tu as porté l'arche de Yahvé en présence de mon père David et partagé toutes les épreuves de mon père." Et Salomon exclut Ebyatar du sacerdoce de Yahvé, accomplissant ainsi la parole que Yahvé avait prononcée contre la maison d'Eli à Silo. Lorsque la nouvelle parvint à Joab -- car Joab avait pris parti pour Adonias bien qu'il n'eût pas pris parti pour Absalom --, il s'enfuit à la Tente de Yahvé et saisit les cornes de l'autel. On avertit le roi Salomon: "Joab s'est réfugié à la Tente de Yahvé et voici qu'il est à côté de l'autel." Alors Salomon envoya dire à Joab: "Qu'est-ce qui t'a pris de fuir à l'"autel? Joab répondit: "J'ai eu peur de toi et je me suis réfugié près de Yahvé." Alors Salomon envoya Benayahu fils de Yehoyada en disant: "Va et frappe-le!" Benayahu alla à la Tente de Yahvé et lui dit: "Par ordre du roi, sors!" Il répondit: "Non, je mourrai ici." Benayahu rapporta la chose au roi: "Voilà ce que Joab a dit et ce qu'il m'a répondu." Le roi lui dit: "Fais comme il a dit; frappe-le, puis enterre-le. Ainsi tu ôteras aujourd'hui de sur moi et de sur ma famille le sang innocent qu'a versé Joab. Yahvé fera retomber son sang sur sa tête parce qu'il a frappé deux hommes plus justes et meilleurs que lui et les a tués par l'épée à l'insu de mon père David: Abner fils de Ner, chef de l'armée d'Israël, et Amasa fils de Yéter, chef de l'armée de Juda. Que leur sang retombe sur la tête de Joab et de sa postérité à jamais, mais que David et sa postérité et sa dynastie et son trône aient toujours la paix par Yahvé!" Benayahu fils de Yehoyada partit, il frappa Joab et le mit à mort, et on l'enterra chez lui au désert. Le roi mit Benayahu fils de Yehoyada à sa place à la tête de l'armée; et le roi mit le prêtre Sadoq à la place d'Ebyatar. Salomon fit appeler Shiméï et lui dit: "Construis-toi une maison, à Jérusalem: tu y habiteras, mais ne t'en écarte pas où que ce soit. Le jour où tu sortiras et franchiras le ravin du Cédron, sache bien que tu mourras certainement. Ton sang sera sur ta tête." Shiméï répondit au roi: "C'est bien. Comme Monseigneur le roi a ordonné, ainsi fera ton serviteur", et Shiméï demeura longtemps à Jérusalem. Mais, au bout de trois ans, il arriva que deux esclaves de Shiméï s'enfuirent chez Akish fils de Maaka, le roi de Gat, et on avertit Shiméï: "Tes esclaves sont à Gat." Alors Shiméï se leva, sella son âne et partit pour Gat chez Akish chercher ses esclaves; Shiméï alla et ramena ses esclaves de Gat. On apprit à Salomon que Shiméï était allé de Jérusalem à Gat et qu'il était revenu. Le roi fit appeler Shiméï et lui dit: "Ne t'avais-je pas fait jurer par Yahvé et ne t'avais-je pas averti: Le jour où tu sortiras pour aller où que ce soit, sache bien que tu mourras certainement? Et tu m'as dit: Bonne est la parole que j'ai entendue. Pourquoi n'as-tu pas observé le serment de Yahvé et l'ordre que je t'avais intimé?" Puis le roi dit à Shiméï: "Tu connais par coeur tout le mal que tu as fait à mon père David; Yahvé va faire retomber ta méchanceté sur ta propre tête. Mais béni soit le roi Salomon, et que le trône de David subsiste devant Yahvé pour toujours!" Le roi fit commandement à Benayahu fils de Yehoyada; il sortit et frappa Shiméï qui mourut. La royauté fut alors affermie dans la main de Salomon. Salomon devint le gendre de Pharaon, le roi d'Egypte; il prit pour femme la fille de Pharaon et l'introduisit dans la Cité de David, en attendant d'avoir achevé de construire son palais, le Temple de Yahvé et le rempart de Jérusalem. Le peuple sacrifiait sur les hauts lieux, car on n'avait pas encore bâti en ce temps-là une maison pour le Nom de Yahvé. Salomon aima Yahvé: il se conduisait selon les préceptes de son père David; seulement il offrait des sacrifices et de l'encens sur les hauts lieux. Le roi alla à Gabaôn pour y sacrifier, car le plus grand haut lieu se trouvait là -- Salomon a offert mille holocaustes sur cet autel. A Gabaôn, Yahvé apparut la nuit en songe à Salomon. Dieu dit: "Demande ce que je dois te donner." Salomon répondit: "Tu as témoigné une grande bienveillance à ton serviteur David, mon père, et celui-ci a marché devant toi dans la fidélité, la justice et la droiture du coeur; tu lui as gardé cette grande bienveillance et tu as permis qu'un de ses fils soit aujourd'hui assis sur son trône. Maintenant, Yahvé mon Dieu, tu as établi roi ton serviteur à la place de mon père David, et moi, je suis un tout jeune homme, je ne sais pas agir en chef. Ton serviteur est au milieu du peuple que tu as élu, un peuple nombreux, si nombreux qu'on ne peut le compter ni le recenser. Donne à ton serviteur un coeur plein de jugement pour gouverner ton peuple, pour discerner entre le bien et le mal, car qui pourrait gouverner ton peuple, qui est si grand?" Il plut au regard du Seigneur que Salomon ait fait cette demande; et Dieu lui dit: "Parce que tu as demandé cela, que tu n'as pas demandé pour toi de longs jours, ni la richesse, ni la vie de tes ennemis, mais que tu as demandé pour toi le discernement du jugement, voici que je fais ce que tu as dit: je te donne un coeur sage et intelligent comme personne ne l'a eu avant toi et comme personne ne l'aura après toi. Et même ce que tu n'as pas demandé, je te le donne aussi: une richesse et une gloire comme à personne parmi les rois. Et si tu suis mes voies, gardant mes lois et mes commandements comme a fait ton père David, je t'accorderai une longue vie." Salomon s'éveilla et voilà que c'était un songe. Il rentra à Jérusalem et se tint devant l'arche de l'alliance du Seigneur; il offrit des holocaustes et des sacrifices de communion et donna un banquet à tous ses serviteurs. Alors deux prostituées vinrent vers le roi et se tinrent devant lui. L'une des femmes dit: "S'il te plaît, Monseigneur! Moi et cette femme nous habitons la même maison, et j'ai eu un enfant, alors qu'elle était dans la maison. Il est arrivé que, le troisième jour après ma délivrance, cette femme aussi a eu un enfant; nous étions ensemble, il n'y avait pas d'étranger avec nous, rien que nous deux dans la maison. Or le fils de cette femme est mort une nuit parce qu'elle s'était couchée sur lui. Elle se leva au milieu de la nuit, prit mon fils d'à côté de moi pendant que ta servante dormait; elle le mit sur son sein et son fils mort elle le mit sur mon sein. Je me levai pour allaiter mon fils, et voici qu'il était mort! Mais, au matin, je l'examinai, et voici que ce n'était pas mon fils que j'avais enfanté!" Alors l'autre femme dit: "Ce n'est pas vrai! Mon fils est celui qui est vivant, et ton fils est celui qui est mort!" et celle-là reprenait: "Ce n'est pas vrai! Ton fils est celui qui est mort et mon fils est celui qui est vivant!" Elles se disputaient ainsi devant le roi qui prononça: "Celle-ci dit: Voici mon fils qui est vivant et c'est ton fils qui est mort! et celle-là dit: Ce n'est pas vrai! Ton fils est celui qui est mort et mon fils est celui qui est vivant! Apportez-moi une épée", ordonna le roi; et on apporta l'épée devant le roi, qui dit: "Partagez l'enfant vivant en deux et donnez la moitié à l'une et la moitié à l'autre." Alors la femme dont le fils était vivant s'adressa au roi, car sa pitié s'était enflammée pour son fils, et elle dit: "S'il te plaît, Monseigneur! Qu'on lui donne l'enfant vivant, qu'on ne le tue pas!" mais celle-là disait: "Il ne sera ni à moi ni à toi, partagez!" Alors le roi prit la parole et dit: "Donnez l'enfant vivant à la première, ne le tuez pas. C'est elle la mère." Tout Israël apprit le jugement qu'avait rendu le roi, et ils révérèrent le roi car ils virent qu'il y avait en lui une sagesse divine pour rendre la justice. Le roi Salomon fut roi sur tout Israël, et voici quels étaient ses grands officiers: Azaryahu fils de Sadoq, prêtre. Elihaph et Ahiyya, fils de Shisha, secrétaires. Yehoshaphat fils d'Ahilud, héraut. (Benayahu, fils de Yehoyada, chef de l'armée. Sadoq et Ebyatar, prêtres.) Azaryahu fils de Natân, chef des préfets. Zabud fils de Natân, familier du roi. Ahishar, maître du palais. Eliab fils de Joab, chef de l'armée. Adoram fils d'Abda, chef de la corvée. Salomon avait douze préfets sur tout Israël, qui approvisionnaient le roi et sa maison; il revenait à chacun d'y pourvoir un mois par an. Voici leurs noms: Fils de Hur, dans la montagne d'Ephraïm. Fils de Déqer, à Mahaç, Shaalbim, Bet-Shémesh, Ayyalôn, Bet-Hanân. Fils de Hésed, à Arubbot; il avait Soko et tout le pays de Héphèr. Fils d'Abinadab: tous les coteaux de Dor. Tabaat, fille de Salomon, fut sa femme. Baana fils d'Ahilud, à Tanak et Megiddo jusqu'au-delà de Yoqméam, et tout Bet-Shéân au-dessous de Yizréel, depuis Bet-Shéân jusqu'à Abel-Mehola, qui est vers Cartân. Fils de Géber, à Ramot de Galaad; il avait les Douars de Yaïr, fils de Manassé, qui sont en Galaad; il avait le territoire d'Argob qui est en Bashân,60 villes fortes, emmurées et verrouillées de bronze. Ahinadab fils d'Iddo, à Mahanayim. Ahimaaç, en Nephtali; lui aussi épousa une fille de Salomon, Basmat. Baana fils de Hushaï, dans Asher et aux falaises. Yehoshaphat fils de Paruah, en Issachar. Shiméï fils d'Ela, en Benjamin. Géber fils d'Uri, au pays de Gad, le pays de Sihôn roi des Amorites et d'Og roi du Bashân. En plus, il y avait un préfet qui était dans le pays. Juda et Israël étaient nombreux, aussi nombreux que le sable qui est au bord de la mer; ils mangeaient et buvaient et vivaient heureux. Salomon étendit son pouvoir sur tous les royaumes depuis le Fleuve jusqu'au pays des Philistins et jusqu'à la frontière d'Egypte. Ils apportèrent leur tribut et servirent Salomon toute sa vie. Salomon recevait chaque jour comme vivres: 30 muids de fleur de farine et 60 muids de farine, dix boeufs d'engrais, vingt boeufs de pâture, cent moutons, sans compter les cerfs, gazelles, antilopes et coucous engraissés. Car il dominait sur toute la Transeuphratène -- depuis Thapsaque jusqu'à Gaza sur tous les rois de Transeuphratène -- et il avait la paix sur toutes ses frontières alentour. Juda et Israël habitèrent en sécurité chacun sous sa vigne et sous son figuier, depuis Dan jusqu'à Bersabée, pendant toute la vie de Salomon. Salomon avait pour le service de ses chars 4.000 stalles et 12.000 chevaux. Ces préfets pourvoyaient à l'entretien de Salomon et de tous ceux qui avaient accès à la table du roi, chacun pendant un mois; ils ne le laissaient manquer de rien. Ils fournissaient aussi l'orge et la paille pour les chevaux et les bêtes de trait, à l'endroit où il fallait, chacun selon la consigne qu'il avait reçue. Dieu donna à Salomon une sagesse et une intelligence extrêmement grandes et un coeur aussi vaste que le sable qui est au bord de la mer. La sagesse de Salomon fut plus grande que la sagesse de tous les fils de l'Orient et que toute la sagesse de l'Egypte. Il fut sage plus que n'importe qui, plus que l'Ezrahite Etân, que les fils de Mahôl, Hémân, Kalkol et Darda; sa renommée s'étendait à toutes les nations d'alentour. Il prononça 3.000 sentences et ses cantiques étaient au nombre de 1.005. Il parla des plantes, depuis le cèdre qui est au Liban jusqu'à l'hysope qui croît sur les murs; il parla aussi des quadrupèdes, des oiseaux, des reptiles et des poissons. On vint de tous les peuples pour entendre la sagesse de Salomon et il reçut un tribut de tous les rois de la terre, qui avaient ouï parler de sa sagesse. Le roi de Tyr, Hiram, envoya ses serviteurs en ambassade auprès de Salomon, car il avait appris qu'on l'avait sacré roi à la place de son père et Hiram avait toujours été l'ami de David. Et Salomon envoya ce message à Hiram: "Tu sais bien que mon père David n'a pu construire un Temple pour le Nom de Yahvé, son Dieu, à cause de la guerre que les ennemis lui ont faite de tous côtés, jusqu'à ce que Yahvé les eût mis sous la plante de ses pieds. Maintenant, Yahvé mon Dieu m'a donné la tranquillité alentour: je n'ai ni adversaire ni contrariété du sort. Je pense donc à construire un Temple au Nom de Yahvé mon Dieu, selon ce que Yahvé a dit à mon père David: Ton fils que je mettrai à ta place sur ton trône, c'est lui qui construira le Temple pour mon Nom. Maintenant, ordonne que l'on me coupe des arbres du Liban; mes serviteurs seront avec tes serviteurs et je te payerai la location de tes serviteurs selon tout ce que tu me fixeras. Tu sais en effet qu'il n'y a personne chez nous qui soit habile à abattre les arbres comme les Sidoniens." Lorsque Hiram entendit les paroles de Salomon, il éprouva une grande joie et dit: "Béni soit aujourd'hui Yahvé qui a donné à David un fils sage qui commande à ce grand peuple!" Et Hiram manda ceci à Salomon: "J'ai reçu ton message. Pour moi, je satisferai tout ton désir en bois de cèdre et en bois de genévrier. Mes serviteurs les descendront du Liban à la mer, je les ferai remorquer jusqu'à l'endroit que tu me manderas, je les délierai là et toi, tu les prendras. De ton côté, tu assureras selon mon désir l'approvisionnement de ma maison." Hiram procura à Salomon des bois de cèdre et des bois de genévrier autant qu'il en voulut, et Salomon donna à Hiram 20.000 muids de froment, comme nourriture de sa maison, et 20.000 mesures d'huile vierge. Voilà ce que Salomon donnait à Hiram chaque année. Yahvé accorda la sagesse à Salomon, comme il le lui avait promis; la bonne entente régna entre Hiram et Salomon et tous les deux conclurent un accord. Le roi Salomon leva des hommes de corvée dans tout Israël; il y eut 30.000 hommes de corvée. Il les envoya au Liban,10.000 par mois, à tour de rôle: ils étaient un mois au Liban et deux mois à la maison; Adoram était chef de la corvée. Salomon eut aussi 70.000 porteurs et 80.000 carriers dans la montagne, sans compter les officiers des préfets qui dirigeaient ses travaux; ceux-ci étaient 3.300 et commandaient au peuple employé aux travaux. Le roi ordonna d'extraire de grands blocs, des pierres de choix, pour établir les fondations du Temple, des pierres de taille. Les ouvriers de Salomon et ceux de Hiram et les Giblites taillèrent et mirent en place le bois et la pierre pour la construction du Temple. En la 480ième année après la sortie des Israélites du pays d'Egypte, en la quatrième année du règne de Salomon sur Israël, au mois de Ziv qui est le second mois, il bâtit le Temple de Yahvé. Le Temple que le roi Salomon bâtit pour Yahvé avait 60 coudées de long, vingt de large et 25 de haut. Le Ulam devant le Hékal du Temple avait vingt coudées de long dans le sens de la largeur du Temple et dix coudées de large dans le sens de la longueur du Temple. Il fit au Temple des fenêtres à cadres et à grilles. Il adossa au mur du Temple une annexe autour du Hékal et du Debir, et il fit des étages latéraux autour. L'étage inférieur avait cinq coudées de large, l'intermédiaire six coudées, et le troisième sept coudées, car il avait disposé des retraits autour du Temple à l'extérieur, en sorte que cela n'était pas lié aux murs du Temple. (La construction du Temple se fit en pierres de carrière; on n'entendit ni marteaux, ni pics, ni aucun outil de fer dans le Temple pendant sa construction.) L'entrée de l'étage inférieur était à l'angle droit du Temple, et par des trappes on montait à l'étage intermédiaire, et de l'intermédiaire au troisième. Il construisit le Temple et l'acheva, et il couvrit le Temple d'un plafond à caissons de cèdre. Il construisit l'annexe à tout le Temple; elle avait cinq coudées de hauteur et elle était liée au Temple par des poutres de cèdre. La parole de Yahvé fut adressée à Salomon: "Quant à cette maison que tu es en train de construire, si tu marches selon mes lois, si tu accomplis mes ordonnances et si tu suis fidèlement mes commandements, alors j'accomplirai ma parole sur toi, celle que j'ai dite à ton père David, et j'habiterai au milieu des Israélites et je n'abandonnerai pas mon peuple Israël." Salomon construisit le Temple et il l'acheva. Il garnit de planches de cèdre la face interne des murs du Temple -- depuis le sol du Temple jusqu'aux poutres du plafond, il mit un revêtement de bois à l'intérieur -- et il couvrit de planches de genévrier le sol du Temple. Il construisit les vingt coudées à partir du fond du Temple avec des planches de cèdre depuis le sol jusqu'aux poutres, et elles furent mises à part du Temple pour le Debir, le Saint des Saints. Le Temple avait 40 coudées -- c'est le Hékal -- devant le Debir. Il y avait du cèdre à l'intérieur du Temple, sculpté d'un décor de coloquintes et de rosaces; tout était en cèdre, aucune pierre ne paraissait. Il aménagea un Debir dans le Temple, à l'intérieur, pour y placer l'arche de l'alliance de Yahvé. Le Debir avait vingt coudées de long, vingt coudées de large et vingt coudées de haut, et il les revêtit d'or fin; il fit un autel de cèdre devant le Debir et il le revêtit d'or. Tout le Temple, il le revêtit d'or, absolument tout le Temple. Dans le Debir, il fit deux chérubins en bois d'olivier sauvage... Il avait dix coudées de haut. Une aile du chérubin avait cinq coudées et la seconde aile du chérubin avait cinq coudées, soit dix coudées d'une extrémité à l'autre de ses ailes. Le second chérubin avait aussi dix coudées: même dimension et même facture pour les deux chérubins. La hauteur d'un chérubin était de dix coudées, et de même l'autre. Il plaça les chérubins au milieu de la chambre intérieure; ils déployaient leurs ailes, en sorte que l'aile de l'un touchait au mur, que l'aile de l'autre touchait à l'autre mur et que leurs ailes se touchaient au milieu de la chambre, aile contre aile. Et il revêtit d'or les chérubins. Sur tous les murs du Temple, à l'entour, il sculpta des figures de chérubins, de palmiers et de rosaces, à l'intérieur et à l'extérieur. Il couvrit d'or le plancher du Temple, à l'intérieur et à l'extérieur. Il fit la porte du Debir à montants en bois d'olivier sauvage, le jambage à cinq retraits, deux vantaux en bois d'olivier sauvage. Il sculpta des figures de chérubins, des palmiers et des rosaces, qu'il revêtit d'or; il étendit l'or en pellicule sur les chérubins et les palmiers. De même, il fit à la porte du Hékal des montants en bois d'olivier sauvage, le jambage à quatre retraits, deux vantaux en bois de genévrier: un vantail avait deux bandes qui le cerclaient et l'autre vantail avait deux bandes qui le cerclaient. Il sculpta des chérubins, des palmiers et des rosaces, qu'il revêtit d'or ajusté sur la sculpture. Il construisit le mur de la cour intérieure par trois assises de pierres de taille et une assise de madriers de cèdre. En la quatrième année, au mois de Ziv, les fondations du Temple furent posées; en la onzième année, au mois de Bûl -- c'est le huitième mois --, le Temple fut achevé selon tout son plan et toute son ordonnance. Salomon le construisit en sept ans. Quant à son palais, Salomon y travailla treize ans jusqu'à son complet achèvement. Il construisit la Maison de la Forêt du Liban, cent coudées de long,50 coudées de large et 30 coudées de haut, sur quatre rangées de colonnes de cèdre, et il y avait des madriers de cèdre sur les colonnes. Elle était lambrissée de cèdre à la partie supérieure jusqu'aux planches qui étaient sur les colonnes. Il y avait trois rangées d'architraves,45 en tout, soit quinze par rangée, se faisant vis-à-vis trois fois. Toutes les portes et les montants étaient à cadre rectangulaire, se faisant vis-à-vis de face, trois fois. Il fit le vestibule des colonnes,50 coudées de long et 30 coudées de large... avec un porche par-devant. Il fit le vestibule du trône, où il rendait la justice, c'est le vestibule du jugement; il était lambrissé de cèdre depuis le sol jusqu'aux poutres. Son habitation privée, dans l'autre cour et à l'intérieur par rapport au vestibule, avait la même façon; il y avait aussi une maison, semblable à ce vestibule, pour la fille de Pharaon, qu'il avait épousée. Tous ces bâtiments étaient en pierres de choix, à la mesure des pierres de taille, parées à la scie au-dedans et au-dehors, depuis le fondement jusqu'aux bois de chaînage -- ils avaient pour fondations des pierres de choix, de grandes pierres de dix et huit coudées, et, au-dessus, des pierres de choix, à la mesure des pierres de taille, et du cèdre --, et à l'extérieur, la grande cour avait, à l'entour, trois assises de pierres de taille et une assise de madriers de cèdre, de même pour la cour intérieure du Temple de Yahvé et pour le vestibule du Temple. Salomon envoya chercher Hiram de Tyr; c'était le fils d'une veuve de la tribu de Nephtali, mais son père était Tyrien, ouvrier en bronze. Il était plein d'habileté, d'adresse et de savoir pour exécuter tout travail de bronze. Il vint auprès du roi Salomon et il exécuta tous ses travaux. Il coula les deux colonnes de bronze; la hauteur d'une colonne était de dix-huit coudées et un fil de douze coudées en mesurait le tour; de même la seconde colonne. Il fit deux chapiteaux coulés en bronze destinés au sommet des colonnes; la hauteur d'un chapiteau était de cinq coudées et la hauteur de l'autre chapiteau était de cinq coudées. Il fit deux treillis pour couvrir les deux tores des chapiteaux qui étaient au sommet des colonnes, un treillis pour un chapiteau et un treillis pour l'autre chapiteau. Il fit les grenades: il y en avait deux rangées autour de chaque treillis, et de même l'autre chapiteau. Les chapiteaux qui étaient au sommet des colonnes étaient en forme de fleurs. En tout 400, appliquées contre le noyau qui était derrière le treillis; il y avait 200 grenades autour d'un chapiteau, Il dressa les colonnes devant le vestibule du sanctuaire; il dressa la colonne de droite et lui donna pour nom: Yakîn; il dressa la colonne de gauche et lui donna pour nom: Boaz. Ainsi fut achevée l'oeuvre des colonnes. Il fit la Mer en métal fondu, de dix coudées de bord à bord, à pourtour circulaire, de cinq coudées de hauteur; un fil de 30 coudées en mesurait le tour. Il y avait des coloquintes au-dessous de son bord, l'encerclant tout autour: sur 30 coudées elles tournaient autour de la Mer; les coloquintes étaient en deux rangées, coulées avec la masse. Elle reposait sur douze boeufs: trois regardaient le nord, trois regardaient l'ouest, trois regardaient le sud et trois regardaient l'est; la Mer s'élevait au-dessus d'eux, et tous leurs arrière-trains étaient tournés vers l'intérieur. Son épaisseur était d'un palme et son bord avait la même forme que le bord d'une coupe, comme une fleur. Elle contenait 2.000 mesures. Il fit les dix bases en bronze; chaque base avait quatre coudées de long, quatre coudées de large et trois coudées de haut. Voici comment elles étaient faites: elles avaient un châssis et des traverses au châssis. Sur les traverses du châssis, il y avait des lions, des taureaux et des chérubins, et au-dessus du châssis, il y avait un support; en dessous des lions et des taureaux, il y avait des volutes en façon de... Chaque base avait quatre roues de bronze et des axes de bronze; ses quatre pieds avaient des épaulements, en dessous du bassin, et les épaulements étaient coulés... Son embouchure, à partir de la croisée des épaulements jusqu'en haut, avait une coudée et demie; son embouchure était ronde en forme de support de vase et sur l'embouchure aussi il y avait des sculptures; mais les traverses étaient quadrangulaires et non rondes. Les quatre roues étaient sous les traverses. Les tourillons des roues étaient dans la base; la hauteur des roues était d'une coudée et demie. La forme des roues était celle d'une roue de char: leurs tourillons, leurs jantes, leurs rais et leurs moyeux, tout était coulé. Il y avait quatre épaulements, aux quatre angles de chaque base: la base et ses épaulements faisaient corps. Au sommet de la base, il y avait un support d'une demi-coudée de hauteur, à pourtour circulaire; sur le sommet de la base, il y avait des tenons; les traverses faisaient corps avec elle. Il grava sur les bandes des chérubins, des lions et des palmettes... et des volutes autour. Il fit ainsi les dix bases: même fonte et même mesure pour toutes. Il fit dix bassins de bronze, chaque bassin contenait 40 mesures et chaque bassin avait quatre coudées, un bassin sur chaque base pour les dix bases. Il plaça les bases, cinq près du côté droit du Temple et cinq près du côté gauche du Temple; quant à la Mer, il l'avait placée à distance du côté droit du Temple au sud-est. Hiram fit les vases à cendres, les pelles, les bols à aspersion. Il acheva tout l'ouvrage dont l'avait chargé le roi Salomon pour le Temple de Yahvé: deux colonnes; les deux tores des chapiteaux qui étaient au sommet des colonnes; les deux treillis pour couvrir les deux tores des chapiteaux qui étaient au sommet des colonnes; les 400 grenades pour les deux treillis: les grenades de chaque treillis étaient en deux rangées. Les dix bases et les dix bassins sur les bases; la Mer unique et les douze taureaux sous la Mer; les vases à cendres, les pelles, les bols à aspersion. Tous ces objets que Hiram fit au roi Salomon pour le Temple de Yahvé étaient en bronze poli. C'est dans la plaine du Jourdain qu'il les coula en pleine terre, entre Sukkot et Cartân; à cause de leur énorme quantité, on ne calcula pas le poids du bronze. Salomon déposa tous les objets qu'il avait faits dans le Temple de Yahvé, l'autel d'or et la table sur laquelle étaient les pains d'oblation, en or; les chandeliers, cinq à droite et cinq à gauche devant le Debir, en or fin; les fleurons, les lampes, les mouchettes, en or; les bassins, les couteaux, les bols à aspersion, les coupes et les encensoirs, en or fin; les pivots pour les portes de la chambre intérieure -- c'est le Saint des Saints -- et du Hékal, en or. Alors fut achevé tout le travail que fit le roi Salomon pour le Temple de Yahvé, et Salomon apporta ce que son père David avait consacré, l'argent, l'or et les vases, qu'il mit dans le trésor du Temple de Yahvé. Alors Salomon convoqua les anciens d'Israël à Jérusalem pour faire monter de la Cité de David, qui est Sion, l'arche de l'alliance de Yahvé. Tous les hommes d'Israël se rassemblèrent auprès du roi Salomon, au mois d'Etanim, pendant la fête (c'est le septième mois), et les prêtres portèrent l'arche et la Tente du Rendez-vous avec tous les objets sacrés qui y étaient. Le roi Salomon et tout Israël avec lui sacrifièrent devant l'arche moutons et boeufs en quantité innombrable et incalculable. Les prêtres apportèrent l'arche de l'alliance de Yahvé à sa place, au Debir du Temple, c'est-à-dire au Saint des Saints, sous les ailes des chérubins. En effet, les chérubins étendaient leurs ailes au-dessus de l'emplacement de l'arche et faisaient un abri au-dessus de l'arche et de ses barres. Celles-ci étaient assez longues pour qu'on vît leur extrémité depuis le Saint devant le Debir, mais pas en dehors de là. Elles y sont restées jusqu'à ce jour. Il n'y avait rien dans l'arche, sauf les deux tables de pierre que Moïse y déposa à l'Horeb, les tables de l'alliance que Yahvé avait conclue avec les Israélites à leur sortie de la terre d'Egypte; Or quand les prêtres sortirent du sanctuaire, la nuée remplit le Temple de Yahvé et les prêtres ne purent pas continuer leur fonction, à cause de la nuée: la gloire de Yahvé remplissait le Temple de Yahvé! Alors Salomon dit: "Yahvé a décidé d'habiter la nuée obscure. Oui, je t'ai construit une demeure princière, une résidence où tu habites à jamais." Puis le roi se retourna et bénit toute l'assemblée d'Israël, et toute l'assemblée d'Israël se tenait debout. Il dit: "Béni soit Yahvé, Dieu d'Israël, qui a accompli de sa main ce qu'il avait promis de sa bouche à mon père David en ces termes: Depuis le jour où j'ai fait sortir d'Egypte mon peuple Israël, je n'ai pas choisi de ville, dans toutes les tribus d'Israël, pour qu'on y bâtît une maison où serait mon Nom, mais j'ai choisi David pour qu'il commandât à mon peuple Israël. Mon père David eut dans l'esprit de bâtir une maison pour le Nom de Yahvé, Dieu d'Israël, mais Yahvé dit à mon père David: Tu as eu dans l'esprit de bâtir une maison pour mon Nom, et tu as bien fait. Seulement, ce n'est pas toi qui bâtiras cette maison, c'est ton fils, issu de tes reins, qui bâtira la maison pour mon Nom. Yahvé a réalisé la parole qu'il avait dite: j'ai succédé à mon père David et je me suis assis sur le trône d'Israël comme avait dit Yahvé, j'ai construit la maison pour le Nom de Yahvé, Dieu d'Israël, et j'y ai fixé un emplacement pour l'arche, où est l'alliance que Yahvé a conclue avec nos pères lorsqu'il les fit sortir du pays d'Egypte." Puis Salomon se tint devant l'autel de Yahvé, en présence de toute l'assemblée d'Israël; il étendit les mains vers le ciel et dit: "Yahvé, Dieu d'Israël! il n'y a aucun Dieu pareil à toi là-haut dans les cieux ni ici-bas sur la terre, toi qui es fidèle à l'alliance et gardes la bienveillance à l'égard de tes serviteurs, quand ils marchent de tout leur coeur devant toi. Tu as tenu à ton serviteur David, mon père, la promesse que tu lui avais faite, et ce que tu avais dit de ta bouche, tu l'as accompli aujourd'hui de ta main. Et maintenant, Yahvé, Dieu d'Israël, tiens à ton serviteur David, mon père, la promesse que tu lui as faite, quand tu as dit: Tu ne seras jamais dépourvu d'un descendant qui soit devant moi, assis sur le trône d'Israël, à condition que tes fils veillent à leur conduite et marchent devant moi comme tu as marché toi-même devant moi. Maintenant donc, Dieu d'Israël, que se vérifie la parole que tu as dite à ton serviteur David, mon père! Mais Dieu habiterait-il vraiment avec les hommes sur la terre? Voici que les cieux et les cieux des cieux ne le peuvent contenir, moins encore cette maison que j'ai construite! Sois attentif à la prière et à la supplication de ton serviteur, Yahvé, mon Dieu, écoute l'appel et la prière que ton serviteur fait aujourd'hui devant toi! Que tes yeux soient ouverts jour et nuit sur cette maison, sur ce lieu dont tu as dit: Mon Nom sera là, écoute la prière que ton serviteur fera en ce lieu. "Ecoute la supplication de ton serviteur et de ton peuple Israël lorsqu'ils prieront en ce lieu. Toi, écoute du lieu où tu résides, au ciel, écoute et pardonne. "Supposé qu'un homme pèche contre son prochain et que celui-ci prononce sur lui un serment imprécatoire et le fasse jurer devant ton autel dans ce Temple, toi, écoute au ciel et agis; juge entre tes serviteurs: déclare coupable le méchant en faisant retomber sa conduite sur sa tête, et justifie l'innocent en lui rendant selon sa justice. "Quand ton peuple Israël sera battu devant l'ennemi, parce qu'il aura péché contre toi, s'il revient à toi, loue ton Nom, prie et supplie vers toi dans ce Temple, toi, écoute au ciel, pardonne le péché de ton peuple Israël et ramène-le dans le pays que tu as donné à ses pères. "Quand le ciel sera fermé et qu'il n'y aura pas de pluie parce qu'ils auront péché contre toi, s'ils prient en ce lieu, louent ton Nom et se repentent de leur péché, parce que tu les auras humiliés, toi, écoute au ciel, pardonne le péché de ton serviteur et de ton peuple Israël -- tu leur indiqueras la bonne voie qu'ils doivent suivre -- et arrose de pluie ta terre, que tu as donnée en héritage à ton peuple. "Quand le pays subira la famine, la peste, la rouille ou la nielle, quand surviendront les sauterelles ou les criquets, quand l'ennemi de ce peuple assiégera l'une de ses portes, quand il y aura n'importe quel fléau ou épidémie, quelle que soit la prière ou la supplication de quiconque, éprouve le remords de sa propre conscience, s'il étend les mains vers ce Temple, toi, écoute au ciel, où tu résides, pardonne et agis; rends à chaque homme selon sa conduite, puisque tu connais son coeur -- tu es le seul à connaître le coeur de tous --, en sorte qu'ils te craignent tous les jours qu'ils vivront sur la terre que tu as donnée à nos pères. "Même l'étranger qui n'est pas d'Israël ton peuple, s'il vient d'un pays lointain à cause de ton Nom -- car on entendra parler de ton grand Nom, de ta main forte et de ton bras étendu --, s'il vient et prie en ce Temple, toi, écoute-le au ciel, où tu résides, exauce toutes les demandes de l'étranger afin que tous les peuples de la terre reconnaissent ton Nom et te craignent comme fait ton peuple Israël, et qu'ils sachent que ce Temple que j'ai bâti porte ton nom. "Si ton peuple part en guerre contre ses ennemis par le chemin où tu l'auras envoyé et s'il prie Yahvé, tourné vers la ville que tu as choisie et vers le Temple que j'ai construit pour ton Nom, écoute au ciel sa prière et sa supplication et fais-lui justice. "Quand ils pécheront contre toi -- car il n'y a aucun homme qui ne pèche --, quand tu seras irrité contre eux, que tu les livreras à l'ennemi et que leurs conquérants les emmèneront captifs dans un pays ennemi, lointain ou proche, s'ils rentrent en eux-mêmes dans le pays où ils auront été déportés, s'ils se repentent et te supplient dans le pays de leurs conquérants en disant: Nous avons péché, nous avons mal agi, nous nous sommes pervertis, s'ils reviennent à toi de tout leur coeur et de toute leur âme dans le pays des ennemis qui les auront déportés, et s'ils te prient tournés vers le pays que tu as donné à leurs pères, vers la ville que tu as choisie et le Temple que j'ai bâti pour ton Nom, écoute au ciel où tu résides, pardonne à ton peuple les péchés qu'il a commis envers toi et toutes les rébellions dont ils furent coupables, fais-leur trouver grâce devant leurs conquérants, que ceux-ci aient pitié d'eux; car ils sont ton peuple et ton héritage, ceux que tu as fait sortir d'Egypte, cette fournaise pour le fer. "Que tes yeux soient ouverts sur la supplication de ton serviteur et de ton peuple Israël, pour écouter tous les appels qu'ils lanceront vers toi. Car c'est toi qui les as mis à part comme ton héritage, parmi tous les peuples de la terre, ainsi que tu l'as déclaré par le ministère de ton serviteur Moïse, quand tu as fait sortir nos pères d'Egypte, Seigneur Yahvé!" Quand Salomon eut achevé d'adresser à Yahvé toute cette prière et cette supplication, il se releva de l'endroit où il était agenouillé, les mains étendues vers le ciel, devant l'autel de Yahvé, et se tint debout. Il bénit à haute voix toute l'assemblée d'Israël: "Béni soit Yahvé, dit-il, qui a accordé le repos à son peuple Israël, selon toutes ses promesses; de toutes les bonnes paroles qu'il a dites par le ministère de son serviteur Moïse, aucune n'a failli. Que Yahvé notre Dieu soit avec nous, comme il fut avec nos pères, qu'il ne nous abandonne pas et ne nous rejette pas! Qu'il incline nos coeurs vers lui, pour que nous suivions toutes ses voies et gardions les commandements, les lois et les ordonnances qu'il a donnés à nos pères. Puissent ces paroles que j'ai dites en suppliant devant Yahvé rester présentes jour et nuit à Yahvé notre Dieu, pour qu'il rende justice à son serviteur et justice à son peuple Israël, selon les besoins de chaque jour; tous les peuples de la terre sauront alors que Yahvé seul est Dieu, qu'il n'y en a point d'autre, et votre coeur sera tout entier à Yahvé, notre Dieu, observant ses lois et gardant ses commandements comme maintenant." Le roi et tout Israël avec lui sacrifièrent devant Yahvé. Comme sacrifices de communion qu'il présenta à Yahvé, Salomon offrit 22.000 boeufs et 120.000 moutons, et le roi et tous les Israélites dédièrent le Temple de Yahvé. En ce jour, le roi consacra le milieu de la cour qui est devant le Temple de Yahvé; c'est là qu'il offrit l'holocauste, l'oblation et les graisses des sacrifices de communion, parce que l'autel de bronze qui était devant Yahvé était trop petit pour contenir l'holocauste, l'oblation et les graisses des sacrifices de communion. En ce temps-là, Salomon célébra la fête, et tous les Israélites avec lui, un grand rassemblement depuis l'Entrée de Hamat jusqu'au Torrent d'Egypte, devant Yahvé notre Dieu, pendant sept jours. Puis, le huitième jour, il congédia les gens; ils bénirent le roi et s'en allèrent chacun chez soi, joyeux et le coeur content de tout le bien que Yahvé avait fait à son serviteur David et à son peuple Israël. Après que Salomon eut achevé de construire le Temple de Yahvé, le palais royal et tout ce qu'il plut à Salomon de réaliser, Yahvé apparut une seconde fois à Salomon comme il lui était apparu à Gabaôn. Yahvé lui dit: "J'exauce la prière et la supplication que tu m'as présentées. Je consacre cette maison que tu as bâtie, en y plaçant mon Nom à jamais; mes yeux et mon coeur y seront toujours. Pour toi, si tu marches devant moi comme a fait ton père David, dans l'innocence du coeur et la droiture, si tu agis selon tout ce que je te commande et si tu observes mes lois et mes ordonnances, je maintiendrai pour toujours ton trône royal sur Israël, comme je l'ai promis à ton père David quand j'ai dit: Il ne te manquera jamais un descendant sur le trône d'Israël; mais si vous m'abandonnez, vous et vos fils, si vous n'observez pas les commandements et les lois que je vous ai proposés, si vous allez servir d'autres dieux et leur rendez hommage, alors je retrancherai Israël du pays que je lui ai donné; ce Temple que j'ai consacré à mon Nom, je le rejetterai de ma présence, et Israël sera la fable et la risée de tous les peuples. Ce Temple sublime, tous ceux qui le longeront seront stupéfaits; ils siffleront et diront: Pourquoi Yahvé a-t-il fait cela à ce pays et à ce Temple? Et l'on répondra: Parce qu'ils ont abandonné Yahvé leur Dieu qui avait fait sortir leurs pères du pays d'Egypte, qu'ils se sont attachés à d'autres dieux et qu'ils leur ont rendu hommage et culte, voilà pourquoi Yahvé leur a envoyé tous ces maux." Au bout des vingt années pendant lesquelles Salomon construisit les deux édifices, le Temple de Yahvé et le palais royal (Hiram, roi de Tyr, lui avait fourni du bois de cèdre et de genévrier, et de l'or, tant qu'il en avait voulu), alors le roi Salomon donna à Hiram vingt villes dans le pays de Galilée. Hiram vint de Tyr pour voir les villes que Salomon lui avait données, et elles ne lui plurent pas; il dit: "Qu'est-ce que ces villes que tu m'as données, mon frère", et, jusqu'à ce jour, on les appelle "le pays de Kabul." Hiram envoya au roi 120 talents d'or. Voici ce qui concerne la corvée que le roi Salomon leva pour construire le Temple de Yahvé, son propre palais, le Millo et le mur de Jérusalem, Haçor, Megiddo, Gézèr, (Pharaon, le roi d'Egypte, fit une expédition, prit Gézèr, l'incendia et massacra les Cananéens qui y habitaient, puis il donna la ville en cadeau de noces à sa fille, la femme de Salomon, et Salomon reconstruisit Gézèr), Bet-Horôn-le-Bas, Baalat, Tamar au désert, dans le pays, toutes les villes-entrepôts qu'avait Salomon, les villes de chars et de chevaux, et ce qu'il plut à Salomon de construire à Jérusalem, au Liban et dans tous les pays qui lui étaient soumis. Tout ce qui restait des Amorites, des Hittites, des Perizzites, des Hivvites et des Jébuséens, qui n'étaient pas des Israélites, leurs descendants restés après eux dans le pays, ceux que les Israélites n'avaient pas pu vouer à l'anathème, Salomon les leva comme hommes de corvée servile; ils le sont encore. Mais il n'imposa pas la corvée servile aux Israélites, plutôt ceux-ci servaient comme soldats: ils étaient ses gardes, ses officiers et ses écuyers, les officiers de sa charrerie et de sa cavalerie. Voici les officiers des préfets qui dirigeaient les travaux de Salomon: 550, qui commandaient au peuple occupé aux travaux. Dès que la fille de Pharaon fut montée de la Cité de David à sa maison qu'il lui avait construite, alors il bâtit le Millo. Salomon offrait trois fois par an des holocaustes et des sacrifices de communion sur l'autel qu'il avait dressé à Yahvé et il faisait fumer devant Yahvé ses offrandes brûlées. Il maintenait le Temple en bon état. Le roi Salomon arma une flotte à Eçyôn-Gébèr, qui est près d'Elat, sur le bord de la mer Rouge, au pays d'Edom. Hiram envoya sur les vaisseaux ses serviteurs, des matelots qui connaissaient la mer, avec les serviteurs de Salomon. Ils allèrent à Ophir et en rapportèrent 420 talents d'or, qu'ils remirent au roi Salomon. La reine de Saba apprit la renommée de Salomon et vint éprouver celui-ci par des énigmes. Elle arriva à Jérusalem avec une très grande suite, des chameaux chargés d'aromates, d'or en énorme quantité et de pierres précieuses. Quand elle fut arrivée auprès de Salomon, elle lui proposa tout ce qu'elle avait médité, mais Salomon l'éclaira sur toutes ses questions et aucune ne fut pour le roi un secret qu'il ne pût élucider. Lorsque la reine de Saba vit toute la sagesse de Salomon, le palais qu'il s'était construit, le menu de sa table, le placement de ses officiers, le service de ses gens et leur livrée, son service à boire, les holocaustes qu'il offrait au Temple de Yahvé, le coeur lui manqua et elle dit au roi: "Ce que j'ai entendu dire sur toi et ta sagesse dans mon pays était donc vrai! Je n'ai pas voulu croire ce qu'on disait avant de venir et de voir de mes yeux, mais vraiment on ne m'en avait pas appris la moitié: tu surpasses en sagesse et en prospérité la renommée dont j'ai eu l'écho. Bienheureuses tes femmes, bienheureux tes serviteurs que voici, qui se tiennent continuellement devant toi et qui entendent ta sagesse! Béni soit Yahvé ton Dieu qui t'a montré sa faveur en te plaçant sur le trône d'Israël; c'est parce que Yahvé aime Israël pour toujours qu'il t'a établi roi, pour exercer le droit et la justice." Elle donna au roi 120 talents d'or, une grande quantité d'aromates et des pierres précieuses; la reine de Saba avait apporté au roi Salomon une abondance d'aromates telle qu'il n'en vint plus jamais de pareille. De même, la flotte d'Hiram, qui apporta l'or d'Ophir, en rapporta du bois d'almuggim en grande quantité et des pierres précieuses. Le roi fit avec le bois d'almuggim des supports pour le Temple de Yahvé et pour le palais royal, des lyres et des harpes pour les musiciens; il ne vint plus de ce bois d'almuggim et on n'en a plus vu jusqu'à maintenant. Quant au roi Salomon, il offrit à la reine de Saba tout ce dont elle manifesta l'envie, en plus des cadeaux qu'il lui fit avec une munificence digne du roi Salomon. Puis elle s'en retourna et alla dans son pays, elle et ses serviteurs. Le poids de l'or qui arriva à Salomon en une année fut de 666 talents d'or, sans compter ce qui venait des redevances des marchands, du gain des commerçants et de tous les rois des Arabes et des gouverneurs du pays. Le roi Salomon fit 200 grands boucliers d'or battu, sur chacun desquels il appliqua 600 sicles d'or, et 300 petits boucliers d'or battu, sur chacun desquels il appliqua trois mines d'or, et il les déposa dans la Maison de la Forêt du Liban. Le roi fit aussi un grand trône d'ivoire et le plaqua d'or raffiné. Ce trône avait six degrés, un dossier à sommet arrondi, et des bras de part et d'autre du siège; deux lions étaient debout près des bras et douze lions se tenaient de part et d'autre des six degrés. On n'a rien fait de semblable dans aucun royaume. Tous les vases à boire du roi Salomon étaient en or et tout le mobilier de la Maison de la Forêt du Liban était en or fin; car on faisait fi de l'argent au temps de Salomon. En effet, le roi avait en mer une flotte de Tarsis avec la flotte d'Hiram et tous les trois ans la flotte de Tarsis revenait chargée d'or, d'argent, d'ivoire, de singes et de guenons. Le roi Salomon surpassa en richesse et en sagesse tous les rois de la terre. Tout le monde voulait être reçu par Salomon pour profiter de la sagesse que Dieu lui avait mise au coeur et chacun apportait son présent: vases d'argent et vases d'or, vêtements, armes, aromates, chevaux et mulets, et ainsi d'année en année. Salomon rassembla des chars et des chevaux; il eut 1.400 chars et 12.000 chevaux et il les cantonna dans les villes des chars et près du roi à Jérusalem. Le roi fit que l'argent était aussi commun à Jérusalem que les cailloux, et les cèdres aussi nombreux que les sycomores du Bas-Pays. Les chevaux de Salomon venaient de Muçur et de Cilicie; les courtiers du roi les importaient de Cilicie à prix d'argent. Un char était livré d'Egypte pour 600 sicles d'argent; un cheval en valait 150. Il en était de même pour les rois des Hittites et les rois d'Aram qui les importaient par leur entremise. Le roi Salomon aima beaucoup de femmes étrangères -- outre la fille de Pharaon --: des Moabites, des Ammonites, des Edomites, des Sidoniennes, des Hittites, de ces peuples dont Yahvé avait dit aux Israélites: "Vous n'irez pas chez eux et ils ne viendront pas chez vous; sûrement ils détourneraient vos coeurs vers leurs dieux." Mais Salomon s'attacha à elles par amour; il eut 700 épouses de rang princier et 300 concubines. Quand Salomon fut vieux, ses femmes détournèrent son coeur vers d'autres dieux et son coeur ne fut plus tout entier à Yahvé son Dieu comme avait été celui de son père David. Salomon suivit Astarté, la divinité des Sidoniens, et Milkom, l'abomination des Ammonites. Il fit ce qui déplaît à Yahvé et il ne lui obéit pas parfaitement comme son père David. C'est alors que Salomon construisit un sanctuaire à Kemosh, l'abomination de Moab, sur la montagne à l'orient de Jérusalem, et à Milkom, l'abomination des Ammonites. Il en fit autant pour toutes ses femmes étrangères, qui offraient de l'encens et des sacrifices à leurs dieux. Yahvé s'irrita contre Salomon parce que son coeur s'était détourné de Yahvé, Dieu d'Israël, qui lui était apparu deux fois et qui lui avait défendu à cette occasion de suivre d'autres dieux, mais il n'observa pas cet ordre. Alors Yahvé dit à Salomon: "Parce que tu t'es comporté ainsi et que tu n'as pas observé mon alliance et les prescriptions que je t'avais faites, je vais sûrement t'arracher le royaume et le donner à l'un de tes serviteurs. Seulement je ne ferai pas cela durant ta vie, en considération de ton père David; c'est de la main de ton fils que je l'arracherai. Encore ne lui arracherai-je pas tout le royaume: je laisserai une tribu à ton fils, en considération de mon serviteur David et de Jérusalem que j'ai choisie. Yahvé suscita un adversaire à Salomon: l'Edomite Hadad, de la race royale d'Edom. Après que David eut battu Edom, quand Joab, chef de l'armée, était allé enterrer les morts, il avait frappé tous les mâles d'Edom (Joab et tout Israël étaient demeurés là six mois jusqu'à l'anéantissement de tous les mâles d'Edom), Hadad s'était enfui en Egypte avec des Edomites au service de son père. Hadad était alors un jeune garçon. Ils partirent de Madiân et arrivèrent à Parân; ils prirent avec eux des hommes de Parân et allèrent en Egypte auprès de Pharaon, roi d'Egypte, qui lui donna une maison, assura son entretien et lui assigna une terre. Hadad jouit d'une grande faveur auprès de Pharaon, qui lui fit épouser la soeur de sa femme, la soeur de Tahpnès la Grande Dame. La soeur de Tahpnès lui enfanta son fils Genubat, que Tahpnès éleva dans le palais de Pharaon, et Genubat vécut dans le palais de Pharaon, parmi les enfants de Pharaon. Quand Hadad apprit, en Egypte, que David s'était couché avec ses pères et que Joab, chef de l'armée, était mort, il dit à Pharaon: "Laisse-moi partir, que j'aille dans mon pays." Pharaon lui dit: "Que te manque-t-il chez moi pour que tu cherches à aller dans ton pays?" Il répondit: "Rien, mais laisse-moi partir." A Salomon Dieu suscita aussi comme adversaire Rezôn, fils d'Elyada. Il avait fui de chez son maître Hadadézer, roi de Coba; des gens s'étaient joints à lui et il était devenu chef de bande (c'est alors que David les massacra). Rezôn prit Damas, s'y installa et régna sur Damas. Il fut un adversaire d'Israël pendant toute la vie de Salomon. Voici le mal que fit Hadad: il eut Israël en aversion et il régna sur Edom. Jéroboam était fils de l'Ephraïmite Nebat, de Cerêda, et sa mère était une veuve nommée Cerua; il était au service de Salomon et se révolta contre le roi. Voici l'histoire de sa révolte. Salomon construisait le Millo, il fermait la brèche de la Cité de David, son père. Ce Jéroboam était homme de condition; Salomon remarqua comment ce jeune homme accomplissait sa tâche et il le préposa à toute la corvée de la maison de Joseph. Il arriva que Jéroboam, étant sorti de Jérusalem, fut abordé en chemin par le prophète Ahiyya, de Silo; celui-ci était vêtu d'un manteau neuf et ils étaient seuls tous les deux dans la campagne. Ahiyya prit le manteau neuf qu'il avait sur lui et le déchira en douze morceaux. Puis il dit à Jéroboam: "Prends pour toi dix morceaux, car ainsi parle Yahvé, Dieu d'Israël: Voici que je vais arracher le royaume de la main de Salomon et je te donnerai les dix tribus. Il aura une tribu, en considération de mon serviteur David et de Jérusalem, la ville que j'ai élue de toutes les tribus d'Israël. C'est qu'il m'a délaissé, qu'il s'est prosterné devant Astarté, la déesse des Sidoniens, Kemosh, le dieu de Moab, Milkom, le dieu des Ammonites, et qu'il n'a pas suivi mes voies, en faisant ce qui est juste à mes yeux, ni mes lois et mes ordonnances, comme son père David. Mais ce n'est pas de sa main que je prendrai le royaume, car je l'ai établi prince pour tout le temps de sa vie, en considération de mon serviteur David, que j'ai élu et qui a observé mes commandements et mes lois; c'est de la main de son fils que j'enlèverai le royaume et je te le donnerai, c'est-à-dire les dix tribus. Pourtant je laisserai à son fils une tribu, pour que mon serviteur David ait toujours une lampe devant moi à Jérusalem, la ville que j'ai choisie pour y placer mon Nom. Pour toi, je te prendrai pour que tu règnes sur tout ce que tu voudras et tu seras roi sur Israël. Si tu obéis à tout ce que je t'ordonnerai, si tu suis mes voies et fais ce qui est juste à mes yeux, en observant mes lois et mes commandements comme a fait mon serviteur David, alors je serai avec toi et je te construirai une maison stable comme j'ai construit pour David. Je te donnerai Israël et j'humilierai la descendance de David à cause de cela; cependant pas pour toujours." Salomon chercha à faire mourir Jéroboam; celui-ci partit et s'enfuit en Egypte auprès de Sheshonq, roi d'Egypte, et il demeura en Egypte jusqu'à la mort de Salomon. Le reste de l'histoire de Salomon, tout ce qu'il a fait, et sa sagesse, n'est-ce pas écrit dans le livre de l'Histoire de Salomon? La durée du règne de Salomon à Jérusalem sur tout Israël fut de 40 ans. Puis Salomon se coucha avec ses pères et on l'enterra dans la Cité de David, son père, et son fils Roboam régna à sa place. Roboam se rendit à Sichem, car c'est à Sichem que tout Israël était venu pour le proclamer roi. (Dès que Jéroboam, fils de Nebat, fut informé -- il était encore en Egypte, où il avait fui le roi Salomon --, il revint d'Egypte. On fit appeler Jéroboam et il vint, lui et toute l'assemblée d'Israël.) Ils parlèrent ainsi à Roboam: "Ton père a rendu pénible notre joug, allège maintenant le dur servage de ton père, la lourdeur du joug qu'il nous imposa, et nous te servirons!" Il leur dit: "Retirez-vous pour trois jours, puis revenez vers moi", et le peuple s'en alla. Le roi Roboam prit conseil des anciens, qui avaient assisté son père Salomon pendant qu'il vivait, et demanda: "Quelle réponse conseillez-vous de faire à ce peuple?" Ils lui répondirent: "Si tu te fais aujourd'hui serviteur de ces gens, si tu te soumets et leur donnes de bonnes paroles, alors ils seront toujours tes serviteurs." Mais il repoussa le conseil que les anciens avaient donné et consulta des jeunes gens qui l'assistaient, ses compagnons d'enfance. Il leur demanda: "Que conseillez-vous que nous répondions à ce peuple qui m'a parlé ainsi: Allège le joug que ton père nous a imposé?" Les jeunes gens, ses compagnons d'enfance, lui répondirent: "Voici ce que tu diras à ce peuple qui t'a dit: Ton père a rendu pesant notre joug, mais toi allège notre charge, voici ce que tu leur répondras: Mon petit doigt est plus gros que les reins de mon père! Ainsi, mon père vous a fait porter un joug pesant, moi j'ajouterai encore à votre joug; mon père vous a châtiés avec des lanières, moi je vous châtierai avec des fouets à pointes de fer!" Jéroboam avec tout le peuple vint à Roboam le troisième jour, selon cet ordre qu'il avait donné: "Revenez vers moi le troisième jour." Le roi fit au peuple une dure réponse, il rejeta le conseil que les anciens avaient donné et, suivant le conseil des jeunes, il leur parla ainsi: "Mon père a rendu pesant votre joug, moi j'ajouterai encore à votre joug; mon père vous a châtiés avec des lanières, moi je vous châtierai avec des fouets à pointes de fer." Le roi n'écouta donc pas le peuple: c'était une intervention de Yahvé, pour accomplir la parole qu'il avait dite à Jéroboam fils de Nebat par le ministère d'Ahiyya de Silo. Quand les Israélites virent que le roi ne les écoutait pas, ils lui répliquèrent: "Quelle part avons-nous sur David? Nous n'avons pas d'héritage sur le fils de Jessé. A tes tentes, Israël! Et maintenant, pourvois à ta maison, David." Et Israël s'en fut à ses tentes. Quant aux Israélites qui habitaient les villes de Juda, Roboam régna sur eux. Le roi Roboam dépêcha Adoram, le chef de la corvée, mais tout Israël le lapida et il mourut; alors le roi Roboam se vit contraint de monter sur son char pour fuir vers Jérusalem. Et Israël fut séparé de la maison de David, jusqu'à ce jour. Lorsque tout Israël apprit que Jéroboam était revenu, ils l'appelèrent à l'assemblée et ils le firent roi sur tout Israël; il n'y eut pour se rallier à la maison de David que la seule tribu de Juda. Roboam se rendit à Jérusalem; il convoqua toute la maison de Juda et la tribu de Benjamin, soit 180.000 guerriers d'élite, pour combattre la maison d'Israël et rendre le royaume à Roboam fils de Salomon. Mais la parole de Dieu fut adressée à Shemaya l'homme de Dieu en ces termes: "Dis ceci à Roboam fils de Salomon, roi de Juda, à toute la maison de Juda, à Benjamin et au reste du peuple: Ainsi parle Yahvé. N'allez pas vous battre contre vos frères, les enfants d'Israël; que chacun retourne chez soi, car cet événement vient de moi." Ils écoutèrent la parole de Yahvé et prirent le chemin du retour comme avait dit Yahvé. Jéroboam fortifia Sichem dans la montagne d'Ephraïm et y séjourna. Puis il sortit de là et fortifia Penuel. Jéroboam se dit en lui-même: "Comme sont les choses, le royaume va retourner à la maison de David. Si ce peuple continue de monter au Temple de Yahvé à Jérusalem pour offrir des sacrifices, le coeur du peuple reviendra à son seigneur, Roboam, roi de Juda, et on me tuera." Après avoir délibéré, il fit deux veaux d'or et dit au peuple: "Assez longtemps vous êtes montés à Jérusalem! Israël, voici ton Dieu qui t'a fait monter du pays d'Egypte." Il dressa l'un à Béthel, et le peuple alla en procession devant l'autre jusqu'à Dan. Il établit le temple des hauts lieux et il institua des prêtres pris du commun, qui n'étaient pas fils de Lévi. Jéroboam célébra une fête le huitième mois, le quinzième jour du mois, comme la fête qu'on célébrait en Juda, et il monta à l'autel. Voilà comme il a agi à Béthel, sacrifiant aux veaux qu'il avait faits, et il établit à Béthel les prêtres des hauts lieux, qu'il avait institués. Il monta à l'autel qu'il avait fait, le quinzième jour du huitième mois, le mois qu'il avait arbitrairement choisi; il institua une fête pour les Israélites et il monta à l'autel pour offrir le sacrifice. Sur l'ordre de Yahvé, un homme de Dieu arriva de Juda à Béthel, au moment où Jéroboam se tenait près de l'autel pour offrir le sacrifice, et, par ordre de Yahvé, il lança contre l'autel cette proclamation: "Autel, autel! ainsi parle Yahvé: Voici qu'il naîtra à la maison de David un fils nommé Josias, il immolera sur toi les prêtres des hauts lieux qui ont offert sur toi des sacrifices, et il brûlera sur toi des ossements humains." Il donna en même temps un signe: "Tel est le signe que Yahvé a parlé: Voici que l'autel va se fendre et que se répandra la cendre qui est sur lui." Quand le roi entendit ce que l'homme de Dieu disait contre l'autel de Béthel, il étendit la main hors de l'autel, en disant: "Saisissez-le!" mais la main qu'il avait tendue contre l'homme sécha, en sorte qu'il ne pouvait plus la ramener à lui, l'autel se fendit et les cendres coulèrent de l'autel, selon le signe qu'avait donné l'homme de Dieu, par ordre de Yahvé. Le roi reprit et dit à l'homme de Dieu: "Apaise, je t'en supplie, Yahvé ton Dieu, afin que ma main puisse revenir à moi." L'homme de Dieu apaisa Yahvé, la main du roi revint à lui et fut comme auparavant. Le roi dit à l'homme de Dieu: "Viens avec moi à la maison pour te réconforter, et je te ferai un cadeau." Mais l'homme de Dieu dit au roi: "Quand tu me donnerais la moitié de ta maison, je n'irais pas avec toi. Je ne mangerai ni ne boirai rien en ce lieu, car j'ai reçu ce commandement de Yahvé: Tu ne mangeras ni ne boiras rien et tu ne reviendras pas par le même chemin." Et il s'en alla par un autre chemin, sans reprendre le chemin par où il était venu à Béthel. Or habitait à Béthel un vieux prophète, et ses fils vinrent lui raconter tout ce qu'avait fait, ce jour-là, l'homme de Dieu à Béthel; les paroles qu'il avait dites au roi, ils les racontèrent aussi à leur père. Celui-ci leur demanda: "Quel chemin a-t-il pris?" Et ses fils lui montrèrent le chemin qu'avait pris l'homme de Dieu qui était venu de Juda. Il dit à ses fils: "Sellez-moi l'âne"; ils lui sellèrent l'âne et il l'enfourcha. Il poursuivit l'homme de Dieu et le trouva assis sous le térébinthe; il lui demanda: "Es-tu l'homme de Dieu venu de Juda?" Et il répondit: "Oui." Le prophète lui dit: "Viens avec moi à la maison pour manger quelque chose." Mais il répondit: "Je ne dois pas revenir avec toi, ni rien manger ou rien boire ici, car j'ai reçu cet ordre de Yahvé: Tu ne mangeras ni ne boiras rien là-bas, et tu ne retourneras pas par le chemin où tu seras allé." Alors l'autre lui dit: "Moi aussi je suis un prophète comme toi, et un ange m'a dit ceci, par ordre de Yahvé: Ramène-le avec toi à la maison pour qu'il mange et qu'il boive"; il lui mentait. L'homme de Dieu revint donc avec lui, il mangea dans sa maison et il but. Or, comme ils étaient assis à table, une parole de Yahvé arriva au prophète qui l'avait ramené et celui-ci interpella l'homme de Dieu venu de Juda: "Ainsi parle Yahvé. Parce que tu as été rebelle à l'ordre de Yahvé et n'as pas observé le commandement que t'avait fait Yahvé ton Dieu, que tu es revenu, que tu as mangé et bu au lieu où il t'avait dit de ne pas manger ni boire, ton cadavre n'entrera pas dans le sépulcre de tes pères." Après qu'il eut mangé et bu, le prophète lui sella l'âne, il s'en retourna et partit. Un lion le trouva sur le chemin et le tua; son cadavre resta étendu sur le chemin, l'âne se tenait près de lui, le lion aussi se tenait près du cadavre. Des gens passèrent, qui virent le cadavre étendu sur le chemin et le lion se tenant près du cadavre, et ils vinrent le dire à la ville où habitait le vieux prophète. Quand le prophète qui lui avait fait rebrousser chemin apprit cela, il dit: "C'est l'homme de Dieu qui a été rebelle à l'ordre de Yahvé! Et Yahvé l'a livré au lion, qui l'a abattu et tué, selon la parole que Yahvé lui avait dite!" Il dit à ses fils: "Sellez-moi l'âne", et ils le sellèrent. Il partit et trouva son cadavre étendu sur le chemin, l'âne et le lion se tenant à côté du cadavre; le lion n'avait pas dévoré le cadavre ni brisé l'échine de l'âne. Il releva le cadavre de l'homme de Dieu et le mit sur l'âne, et il le ramena à la ville où il habitait pour faire le deuil et l'ensevelir. Il déposa le cadavre dans son propre sépulcre et on fit le deuil sur lui: "Hélas, mon frère!" Après qu'il l'eut enseveli, il parla ainsi à ses fils: "Après ma mort, vous m'ensevelirez dans le même sépulcre que l'homme de Dieu; déposez mes os à côté des siens. Car elle s'accomplira vraiment la parole qu'il a prononcée par ordre de Yahvé contre l'autel de Béthel, et contre tous les sanctuaires des hauts lieux qui sont dans les villes de Samarie." Après cet événement, Jéroboam ne se convertit pas de sa mauvaise conduite, mais il continua d'instituer prêtres des hauts lieux des gens pris du commun: à qui le voulait il donnait l'investiture pour devenir prêtre des hauts lieux. Cette conduite fit tomber dans le péché la maison de Jéroboam et motiva sa ruine et son extermination de la face de la terre. En ce temps-là, le fils de Jéroboam, Abiyya, tomba malade, et Jéroboam dit à sa femme: "Lève-toi, je te prie, déguise-toi pour qu'on ne reconnaisse pas que tu es la femme de Jéroboam et va à Silo. Il y a là le prophète Ahiyya: c'est lui qui a prédit que je régnerais sur ce peuple. Prends avec toi dix pains, des friandises et un pot de miel, et va vers lui: il t'apprendra ce qui doit arriver à l'enfant." Ainsi fit la femme de Jéroboam: elle se leva, alla à Silo et entra chez Ahiyya. Or celui-ci ne pouvait pas voir, ayant le regard fixe à cause de son grand âge, mais Yahvé lui avait dit: "Voici que la femme de Jéroboam vient solliciter de toi un oracle pour son fils, car il est malade; tu lui parleras de telle et telle manière. Elle viendra en se donnant pour une autre." Dès qu'Ahiyya entendit le bruit de ses pas à la porte, il dit: "Entre, femme de Jéroboam. Pourquoi donc te donner pour une autre, quand j'ai un dur message pour toi? Va dire à Jéroboam: Ainsi parle Yahvé, Dieu d'Israël: Je t'ai tiré du milieu du peuple et t'ai établi comme chef sur mon peuple Israël, j'ai arraché le royaume à la maison de David et je te l'ai donné. Mais tu n'as pas été comme mon serviteur David qui a observé mes commandements et qui m'a suivi de tout son coeur, ne faisant que ce qui me plaît; tu as agi plus mal que tous tes prédécesseurs, tu es allé te fabriquer d'autres dieux, des idoles fondues, pour mon irritation, et tu m'as jeté derrière ton dos. C'est pourquoi je vais faire venir le malheur sur la maison de Jéroboam, j'exterminerai tous les mâles de la famille de Jéroboam, liés ou libres en Israël, je balayerai la maison de Jéroboam comme on balaye complètement l'ordure. Ceux de la famille de Jéroboam qui mourront dans la ville seront mangés par les chiens, et ceux qui mourront dans la campagne seront mangés par les oiseaux du ciel, car Yahvé a parlé. Pour toi, lève-toi et va chez toi: au moment où tes pieds entreront dans la ville, l'enfant mourra. Tout Israël fera son deuil et on l'ensevelira. En effet ce sera le seul de la famille de Jéroboam qui sera mis dans un sépulcre, car en lui seul se sera trouvé quelque chose d'agréable à Yahvé, Dieu d'Israël, dans la maison de Jéroboam. Yahvé établira un roi sur Israël qui exterminera la maison de Jéroboam. Yahvé fera vaciller Israël comme dans l'eau vacille le roseau, il arrachera Israël de ce bon pays qu'il a donné à ses pères et le dispersera de l'autre côté du Fleuve, parce qu'ils ont fait leurs pieux sacrés pour l'irritation de Yahvé. Il abandonnera Israël à cause des péchés que Jéroboam a commis et qu'il a fait commettre à Israël." La femme de Jéroboam se leva et partit. Elle arriva à Tirça et, lorsqu'elle franchit le seuil de la maison, l'enfant était déjà mort. On l'ensevelit et tout Israël fit son deuil, comme avait dit Yahvé, par le ministère de son serviteur le prophète Ahiyya. Le reste de l'histoire de Jéroboam, comment il guerroya et régna, cela est écrit au livre des Annales des rois d'Israël. La durée du règne de Jéroboam fut de 22 années, puis il se coucha avec ses pères et son fils Nadab régna à sa place. Roboam fils de Salomon devint roi sur Juda; il avait 41 ans à son avènement et régna dix-sept ans à Jérusalem, la ville que, dans toutes les tribus d'Israël, Yahvé avait choisie pour y placer son Nom. Sa mère s'appelait Naama, l'Ammonite. Il fit ce qui déplaît à Yahvé: il irrita sa jalousie plus que n'avaient fait ses pères avec tous les péchés qu'ils avaient commis, eux qui s'étaient construit des hauts lieux, avaient dressé des stèles et des pieux sacrés sur toute colline élevée et sous tout arbre verdoyant. Même il y eut des prostitués sacrés dans le pays. Il imita les ignominies des nations que Yahvé avait chassées devant les enfants d'Israël. La cinquième année du roi Roboam, le roi d'Egypte, Sheshonq, marcha contre Jérusalem. Il se fit livrer les trésors du Temple de Yahvé et ceux du palais royal, absolument tout, jusqu'à tous les boucliers d'or qu'avait faits Salomon. A leur place, le roi Roboam fit des boucliers de bronze et les confia aux chefs des gardes, qui veillaient à la porte du palais royal. Chaque fois que le roi allait au Temple de Yahvé, les gardes les prenaient puis il les rapportaient à la salle des gardes. Le reste de l'histoire de Roboam, tout ce qu'il a fait, cela n'est-il pas écrit au livre des Annales des rois de Juda? Il y eut tout le temps guerre entre Roboam et Jéroboam. Roboam se coucha avec ses pères et on l'enterra dans la Cité de David. Son fils Abiyyam régna à sa place. La dix-huitième année du roi Jéroboam fils de Nebat, Abiyyam devint roi de Juda et régna trois ans à Jérusalem; sa mère s'appelait Maaka, fille d'Absalom. Il imita les péchés que son père avait commis avant lui et son coeur ne fut pas tout entier à Yahvé son Dieu comme le coeur de son ancêtre David. Pourtant, en considération de David, Yahvé son Dieu lui donna une lampe à Jérusalem, en maintenant son fils après lui et en épargnant Jérusalem. En effet David avait fait ce qui est juste aux yeux de Yahvé et il ne s'était dérobé à rien de ce qu'il lui avait ordonné durant toute sa vie (sauf dans l'histoire d'Urie le Hittite). *** Le reste de l'histoire d'Abiyyam, tout ce qu'il a fait, cela n'est-il pas écrit au livre des Annales des rois de Juda? Il y eut guerre entre Abiyyam et Jéroboam. Puis Abiyyam se coucha avec ses pères et on l'enterra dans la Cité de David; son fils Asa régna à sa place. La vingtième année de Jéroboam, roi d'Israël, Asa devint roi de Juda et régna 41 ans à Jérusalem; sa grand-mère s'appelait Maaka, fille d'Absalom. Asa fit ce qui est juste aux yeux de Yahvé, comme son ancêtre David. Il expulsa du pays les prostitués sacrés et supprima toutes les idoles que ses pères avaient faites. Même il enleva à sa grand-mère la dignité de Grande Dame, parce qu'elle avait fait une horreur pour Ashéra; Asa abattit son horreur et la brûla dans la vallée du Cédron. Les hauts lieux ne disparurent pas; pourtant le coeur d'Asa fut tout entier à Yahvé pendant toute sa vie. Il déposa dans le Temple de Yahvé les offrandes consacrées par son père et ses propres offrandes, de l'argent, de l'or et du mobilier. Il y eut guerre entre Asa et Basha, roi d'Israël, tant qu'ils vécurent. Basha, roi d'Israël, marcha contre Juda et il fortifia Rama pour bloquer les communications d'Asa, roi de Juda. Alors Asa prit l'argent et l'or qui restaient dans les trésors du Temple de Yahvé et ceux du palais royal. Il les remit à ses serviteurs et envoya ceux-ci vers Ben-Hadad fils de Tabrimmôn fils de Hèzyôn, le roi d'Aram qui résidait à Damas, avec ce message: "Alliance entre moi et toi, entre mon père et ton père! Je t'envoie un présent d'argent et d'or: va, romps ton alliance avec Basha, roi d'Israël, pour qu'il s'éloigne de moi!" Ben-Hadad exauça le roi Asa et envoya ses chefs d'armée contre les villes d'Israël; il conquit Iyyôn, Dan, Abel-Bet-Maaka, tout Kinnerot et même tout le pays de Nephtali. Quand Basha l'apprit, il arrêta les travaux à Rama et retourna à Tirça. Le roi Asa convoqua tout Juda, sans exemption pour personne; on enleva les pierres et le bois avec lesquels Basha fortifiait Rama et le roi en fortifia Géba de Benjamin et Miçpa. Le reste de l'histoire d'Asa, toute sa vaillance et tout ce qu'il a fait, cela n'est-il pas écrit au livre des Annales des rois de Juda? Seulement, au temps de sa vieillesse, il eut les pieds malades. Asa se coucha avec ses pères et on l'enterra dans la Cité de David, son ancêtre. Son fils Josaphat régna à sa place. Nadab, fils de Jéroboam, devint roi d'Israël, en la deuxième année d'Asa, roi de Juda, et régna deux ans sur Israël. Il fit ce qui déplaît à Yahvé: il imita la conduite de son père et le péché où celui-ci avait entraîné Israël. Basha fils d'Ahiyya, de la maison d'Issachar, conspira contre lui et l'assassina à Gibbetôn, ville philistine qu'assiégeaient Nadab et tout Israël. Basha le fit périr dans la troisième année d'Asa, roi de Juda, et régna à sa place. Devenu roi, il massacra toute la maison de Jéroboam sans épargner personne, jusqu'à l'extermination, selon la parole que Yahvé avait dite par le ministère de son serviteur Ahiyya de Silo, pour les péchés qu'il avait commis et où il avait entraîné Israël et pour l'irritation qu'il avait causée à Yahvé Dieu d'Israël. Le reste de l'histoire de Nadab, et tout ce qu'il a fait, cela n'est-il pas écrit au livre des Annales des rois d'Israël? *** La troisième année d'Asa, roi de Juda, Basha, fils d'Ahiyya, devint roi sur Israël à Tirça, pour 24 ans. Il fit ce qui déplaît à Yahvé, et il imita la conduite de Jéroboam et le péché où il avait entraîné Israël. La parole de Yahvé fut adressée à Jéhu, fils de Hanani, contre Basha, en ces termes: "Je t'ai tiré de la poussière et je t'ai établi chef sur mon peuple Israël, mais tu as imité la conduite de Jéroboam et tu as fait commettre à mon peuple Israël des péchés qui m'irritent. Aussi vais-je balayer Basha et sa maison: je rendrai ta maison pareille à celle de Jéroboam fils de Nebat. Celui de la famille de Basha qui mourra dans la ville, les chiens le mangeront, et celui qui mourra dans la campagne, les oiseaux du ciel le mangeront." Le reste de l'histoire de Basha, ce qu'il a fait et ses exploits, cela n'est-il pas écrit au livre des Annales des rois d'Israël? Basha se coucha avec ses pères et on l'enterra à Tirça. Son fils Ela régna à sa place. De plus, par le ministère du prophète Jéhu fils de Hanani, la parole de Yahvé fut transmise à Basha et à sa maison, d'une part à cause de tout le mal qu'il fit au regard de Yahvé, en l'irritant par ses oeuvres, pour devenir comme la maison de Jéroboam, d'autre part, parce qu'il extermina celle-ci. La vingt-sixième année d'Asa, roi de Juda, Ela fils de Basha devint roi sur Israël à Tirça, pour deux ans. Son officier Zimri, chef de la moitié des chars, conspira contre lui. Comme il était dans Tirça, buvant à s'enivrer dans la maison d'Arça, maître du palais à Tirça, Zimri entra, le frappa et le tua, en la vingt-septième année d'Asa roi de Juda, puis il régna à sa place. A son avènement, dès qu'il fut assis sur le trône, il massacra toute la famille de Basha, sans lui laisser aucun mâle, et aussi ses parents et son familier. Zimri extermina toute la maison de Basha, selon la parole que Yahvé avait prononcée contre Basha, par le ministère du prophète Jéhu, pour tous les péchés de Basha et ceux d'Ela, son fils, où ils avaient entraîné Israël, irritant Yahvé, Dieu d'Israël, par leurs vaines idoles. Le reste de l'histoire d'Ela, et tout ce qu'il a fait, cela n'est-il pas écrit au livre des Annales des rois d'Israël? La vingt-septième année d'Asa, roi de Juda, Zimri devint roi, pour sept jours, à Tirça. Le peuple campait alors devant Gibbetôn qui appartient aux Philistins. Lorsque le bivouac reçut cette nouvelle: "Zimri a conspiré, il a même tué le roi!" tout Israël, le jour même, dans le camp, proclama roi sur Israël Omri, le chef de l'armée. Omri et tout Israël avec lui levèrent le siège de Gibbetôn et vinrent bloquer Tirça. Quand Zimri vit que la ville était prise, il entra dans le donjon du palais royal, brûla sur lui le palais et périt. Ce fut pour le péché qu'il commit en faisant ce qui déplaît à Yahvé, en imitant la conduite de Jéroboam et le péché où il avait entraîné Israël. Le reste de l'histoire de Zimri et la conspiration qu'il ourdit, cela n'est-il pas écrit au livre des Annales des rois d'Israël? Alors le peuple d'Israël se divisa: une moitié se rallia à Tibni fils de Ginat, pour le faire roi, l'autre moitié à Omri. Mais le parti d'Omri l'emporta sur celui de Tibni fils de Ginat; Tibni mourut et Omri devint roi. La trente et unième année d'Asa, roi de Juda, Omri devint roi sur Israël, pour douze ans. Il régna six années à Tirça. Puis il acquit de Shémer le mont Samarie pour deux talents d'argent; il y construisit une ville que, d'après le nom de Shémer, possesseur de la montagne, il nomma Samarie. Omri fit ce qui déplaît à Yahvé et fut pire que tous ses devanciers. Il imita en tout la conduite de Jéroboam fils de Nebat et les péchés où il avait entraîné Israël, irritant Yahvé, Dieu d'Israël, par leurs vaines idoles. Le reste de l'histoire d'Omri, ce qu'il a fait et ses exploits, cela n'est-il pas écrit au livre des Annales des rois d'Israël? Omri se coucha avec ses pères et on l'enterra à Samarie. Son fils Achab régna à sa place. Achab fils d'Omri devint roi sur Israël en la trente-huitième année d'Asa, roi de Juda, et il régna 22 ans sur Israël à Samarie. Achab fils d'Omri fit ce qui déplaît à Yahvé et fut pire que tous ses devanciers. La moindre chose fut qu'il imita les péchés de Jéroboam fils de Nebat: il prit pour femme Jézabel, fille d'Ittobaal, roi des Sidoniens, et se mit à servir Baal et à se prosterner devant lui; il lui dressa un autel dans le temple de Baal qu'il construisit à Samarie. Achab installa aussi le pieu sacré et fit encore d'autres offenses, irritant Yahvé, Dieu d'Israël, plus que tous les rois d'Israël qui avaient été avant lui. De son temps, Hiel de Béthel rebâtit Jéricho; au prix de son premier-né Abiram il en établit le fondement et au prix de son dernier-né Segub il en posa les portes, selon la parole que Yahvé avait dite par le ministère de Josué, fils de Nûn. Elie le Tishbite, de Tishbé en Galaad, dit à Achab: "Par Yahvé vivant, le Dieu d'Israël que je sers, il n'y aura ces années-ci ni rosée ni pluie sauf à mon commandement." La parole de Yahvé lui fut adressée en ces termes: "Va-t'en d'ici, dirige-toi vers l'orient et cache-toi au torrent de Kerit, qui est à l'est du Jourdain. Tu boiras au torrent et j'ordonne aux corbeaux de te donner à manger là-bas." Il partit donc et il fit comme Yahvé avait dit et alla s'établir au torrent de Kerit, à l'est du Jourdain. Les corbeaux lui apportaient du pain le matin et de la viande le soir, et il buvait au torrent. Mais il arriva au bout d'un certain temps que le torrent sécha, car il n'y avait pas eu de pluie dans le pays. Alors la parole de Yahvé lui fut adressée en ces termes: "Lève-toi et va à Sarepta, qui appartient à Sidon, et tu y demeureras. Voici que j'ordonne là-bas à une veuve de te donner à manger." Il se leva et alla à Sarepta. Comme il arrivait à l'entrée de la ville, il y avait là une veuve qui ramassait du bois; il l'interpella et lui dit: "Apporte-moi donc un peu d'eau dans la cruche, que je boive!" Comme elle allait la chercher, il lui cria: "Apporte-moi donc un morceau de pain dans ta main!" Elle répondit: "Par Yahvé vivant, ton Dieu! je n'ai pas de pain cuit; je n'ai qu'une poignée de farine dans une jarre et un peu d'huile dans une cruche, je suis à ramasser deux bouts de bois, je vais préparer cela pour moi et mon fils, nous mangerons et nous mourrons." Mais Elie lui dit: "Ne crains rien, va faire comme tu dis; seulement, prépare-m'en d'abord une petite galette, que tu m'apporteras: tu en feras ensuite pour toi et ton fils. Car ainsi parle Yahvé, Dieu d'Israël: Jarre de farine ne s'épuisera, cruche d'huile ne se videra, jusqu'au jour où Yahvé enverra la pluie sur la face de la terre." Elle alla et fit comme avait dit Elie, et ils mangèrent, elle, lui et son fils. La jarre de farine ne s'épuisa pas et la cruche d'huile ne se vida pas, selon la parole que Yahvé avait dite par le ministère d'Elie. Après ces événements, il arriva que le fils de la maîtresse de maison tomba malade, et sa maladie fut si violente qu'enfin il expira. Alors elle dit à Elie: "Qu'ai-je à faire avec toi, homme de Dieu? Tu es donc venu chez moi pour rappeler mes fautes et faire mourir mon fils!" Il lui dit: "Donne-moi ton fils"; il l'enleva de son sein, le monta dans la chambre haute où il habitait et le coucha sur son lit. Puis il invoqua Yahvé et dit: "Yahvé, mon Dieu, veux-tu donc aussi du mal à la veuve qui m'héberge, pour que tu fasses mourir son fils?" Il s'étendit trois fois sur l'enfant et il invoqua Yahvé: "Yahvé, mon Dieu, je t'en prie, fais revenir en lui l'âme de cet enfant!" Yahvé exauça l'appel d'Elie, l'âme de l'enfant revint en lui et il reprit vie. Elie le prit, le descendit de la chambre haute dans la maison et le remit à sa mère; et Elie dit: "Voici, ton fils est vivant." La femme lui répondit: "Maintenant je sais que tu es un homme de Dieu et que la parole de Yahvé dans ta bouche est vérité!" Il se passa longtemps et la parole de Yahvé fut adressée à Elie, la troisième année, en ces termes: "Va te montrer à Achab, je vais envoyer la pluie sur la face de la terre." Et Elie partit pour se montrer à Achab. Comme la famine s'était aggravée à Samarie, Achab fit appeler Obadyahu, le maître du palais -- cet Obadyahu craignait beaucoup Yahvé: Lorsque Jézabel massacra les prophètes de Yahvé, il prit cent prophètes et les cacha 50 à la fois dans une grotte, où il les ravitaillait de pain et d'eau -- et Achab dit à Obadyahu: "Viens! Nous allons parcourir le pays, vers toutes les sources et tous les torrents; peut-être trouverons-nous de l'herbe pour maintenir en vie chevaux et mulets et ne pas abattre de bétail." Ils se partagèrent le pays pour le parcourir: Achab partit seul par un chemin et Obadyahu partit seul par un autre chemin. Comme celui-ci était en route, voici qu'il rencontra Elie; il le reconnut et se prosterna face contre terre en disant: "Te voilà donc, Monseigneur Elie!" Il lui répondit: "Me voilà! Va dire à ton maître: Voici Elie." Mais l'autre dit: "Quel péché ai-je commis, que tu livres ton serviteur aux mains d'Achab, pour me faire mourir? Par Yahvé vivant, ton Dieu! il n'y a pas de nation ni de royaume où mon maître n'ait envoyé te chercher, et quand on eut répondu: Il n'est pas là, il a fait jurer le royaume et la nation qu'on ne t'avait pas trouvé. Et maintenant tu ordonnes: Va dire à ton maître: voici Elie, mais quand je t'aurai quitté, l'Esprit de Yahvé t'emportera je ne sais où, je viendrai informer Achab, il ne te trouvera pas et il me tuera! Pourtant ton serviteur craint Yahvé depuis sa jeunesse. N'a-t-on pas appris à Monseigneur ce que j'ai fait quand Jézabel a massacré les prophètes de Yahvé? J'ai caché cent des prophètes de Yahvé,50 à la fois, dans une grotte, et je les ai ravitaillés de pain et d'eau. Et maintenant, tu ordonnes: Va dire à ton maître: voici Elie. Mais il me tuera!" Elie lui répondit: "Aussi vrai que vit Yahvé Sabaot que je sers, aujourd'hui même je me montrerai à lui." Obadyahu partit à la rencontre d'Achab et lui annonça la chose; et Achab alla au-devant d'Elie. Dès qu'il vit Elie, Achab lui dit: "Te voilà, toi, le fléau d'Israël!" Elie répondit: "Ce n'est pas moi qui suis le fléau d'Israël, mais c'est toi et ta famille, parce que vous avez abandonné Yahvé et que tu as suivi les Baals. Maintenant, envoie rassembler tout Israël près de moi sur le mont Carmel, avec les 450 prophètes de Baal, qui mangent à la table de Jézabel." Achab convoqua tout Israël et rassembla les prophètes sur le mont Carmel. Elie s'approcha de tout le peuple et dit: "Jusqu'à quand clocherez-vous des deux jarrets? Si Yahvé est Dieu, suivez-le; si c'est Baal, suivez-le." Et le peuple ne put rien lui répondre. Elie poursuivit: "Moi, je reste seul comme prophète de Yahvé, et les prophètes de Baal sont 450. Donnez-nous deux jeunes taureaux; qu'ils en choisissent un pour eux, qu'ils le dépècent et le placent sur le bois, mais qu'ils n'y mettent pas le feu. Moi, je préparerai l'autre taureau et je n'y mettrai pas le feu. Vous invoquerez le nom de votre dieu et moi, j'invoquerai le nom de Yahvé: le dieu qui répondra par le feu, c'est lui qui est Dieu." Tout le peuple répondit: "C'est bien." Elie dit alors aux prophètes de Baal: "Choisissez-vous un taureau et commencez, car vous êtes les plus nombreux. Invoquez le nom de votre dieu, mais ne mettez pas le feu." Ils prirent le taureau et le préparèrent, et ils invoquèrent le nom de Baal, depuis le matin jusqu'à midi, en disant: "O Baal, réponds-nous!" Mais il n'y eut ni voix ni réponse; et ils dansaient en pliant le genou devant l'autel qu'ils avaient fait. A midi, Elie se moqua d'eux et dit: "Criez plus fort, car c'est un dieu: il a des soucis ou des affaires, ou bien il est en voyage; peut-être il dort et il se réveillera!" Ils crièrent plus fort et ils se tailladèrent, selon leur coutume, avec des épées et des lances jusqu'à l'effusion du sang. Quand midi fut passé, ils se mirent à vaticiner jusqu'à l'heure de la présentation de l'offrande, mais il n'y eut aucune voix, ni réponse, ni signe d'attention. Alors Elie dit à tout le peuple: "Approchez-vous de moi"; et tout le peuple s'approcha de lui. Il répara l'autel de Yahvé qui avait été démoli. Elie prit douze pierres, selon le nombre des tribus des fils de Jacob, à qui Dieu s'était adressé en disant: "Ton nom sera Israël", et il construisit un autel au nom de Yahvé. Il fit un canal d'une contenance de deux boisseaux de semence autour de l'autel. Il disposa le bois, dépeça le taureau et le plaça sur le bois. Puis il dit: "Emplissez quatre jarres d'eau et versez-les sur l'holocauste et sur le bois", et il firent ainsi; il dit: "Doublez", et ils doublèrent; il dit: "Triplez", et ils triplèrent. L'eau se répandit autour de l'autel et même le canal fut rempli d'eau. A l'heure où l'on présente l'offrande, Elie le prophète s'approcha et dit: "Yahvé, Dieu d'Abraham, d'Isaac et d'Israël, qu'on sache aujourd'hui que tu es Dieu en Israël, que je suis ton serviteur et que c'est par ton ordre que j'ai accompli toutes ces choses. Réponds-moi, Yahvé, réponds-moi, pour que ce peuple sache que c'est toi, Yahvé, qui es Dieu et qui convertis leur coeur!" Et le feu de Yahvé tomba et dévora l'holocauste et le bois, et il absorba l'eau qui était dans le canal. Tout le peuple le vit; les gens tombèrent la face contre terre et dirent: "C'est Yahvé qui est Dieu! C'est Yahvé qui est Dieu!" Elie leur dit: "Saisissez les prophètes de Baal, que pas un d'eux n'échappe", et ils les saisirent. Elie les fit descendre près du torrent du Qishôn, et là il les égorgea. Elie dit à Achab: "Monte, mange et bois, car j'entends le grondement de la pluie." Pendant qu'Achab montait pour manger et boire, Elie monta vers le sommet du Carmel, il se courba vers la terre et mit son visage entre ses genoux. Il dit à son serviteur: "Monte donc, et regarde du côté de la mer." Il monta, regarda et dit: "Il n'y a rien du tout." Elie reprit: "Retourne sept fois." A la septième fois, le serviteur dit: "Voici un nuage, petit comme une main d'homme, qui monte de la mer." Alors Elie dit: "Monte dire à Achab: Attelle et descends, pour que la pluie ne t'arrête pas." Sur le coup, le ciel s'obscurcit de nuages et de tempête et il y eut une grosse pluie. Achab monta en char et partit pour Yizréel. La main de Yahvé fut sur Elie, il ceignit ses reins et courut devant Achab jusqu'à l'arrivée à Yizréel. Achab apprit à Jézabel tout ce qu'Elie avait fait et comment il avait massacré tous les prophètes par l'épée. Alors Jézabel envoya un messager à Elie avec ces paroles: "Que les dieux me fassent tel mal et y ajoutent tel autre, si demain à cette heure je ne fais pas de ta vie comme de la vie de l'un d'entre eux!" Il eut peur; il se leva et partit pour sauver sa vie. Il arriva à Bersabée qui est à Juda, et il laissa là son serviteur. Pour lui, il marcha dans le désert un jour de chemin et il alla s'asseoir sous un genêt. Il souhaita de mourir et dit: "C'en est assez maintenant, Yahvé! Prends ma vie, car je suis pas meilleur que mes pères." Il se coucha et s'endormit. Mais voici qu'un ange le toucha et lui dit: "Lève-toi et mange." Il regarda et voici qu'il y avait à son chevet une galette cuite sur les pierres chauffées et une gourde d'eau. Il mangea et but, puis il se recoucha. Mais l'ange de Yahvé revint une seconde fois, le toucha et dit: "Lève-toi et mange, autrement le chemin sera trop long pour toi." Il se leva, mangea et but, puis soutenu par cette nourriture il marcha 40 jours et 40 nuits jusqu'à la montagne de Dieu, l'Horeb. Là, il entra dans la grotte et il y resta pour la nuit. Voici que la parole de Yahvé lui fut adressée, lui disant: "Que fais-tu ici, Elie?" Il répondit: "Je suis rempli d'un zèle jaloux pour Yahvé Sabaot, parce que les Israélites ont abandonné ton alliance, qu'ils ont abattu tes autels et tué tes prophètes par l'épée. Je suis resté moi seul et ils cherchent à m'enlever la vie." Il lui fut dit: "Sors et tiens-toi dans la montagne devant Yahvé." Et voici que Yahvé passa. Il y eut un grand ouragan, si fort qu'il fendait les montagnes et brisait les rochers, en avant de Yahvé, mais Yahvé n'était pas dans l'ouragan; et après l'ouragan un tremblement de terre, mais Yahvé n'était pas dans le tremblement de terre; et après le tremblement de terre un feu, mais Yahvé n'était pas dans le feu; et après le feu, le bruit d'une brise légère. Dès qu'Elie l'entendit, il se voila le visage avec son manteau, il sortit et se tint à l'entrée de la grotte. Alors une voix lui parvint, qui dit: "Que fais-tu ici, Elie?" Il répondit: "Je suis rempli d'un zèle jaloux pour Yahvé Sabaot, parce que les Israélites ont abandonné ton alliance, qu'ils ont abattu tes autels et tué tes prophètes par l'épée. Je suis resté moi seul, et ils cherchent à m'enlever la vie." Yahvé lui dit: "Va, retourne par le même chemin, vers le désert de Damas. Tu iras oindre Hazaël comme roi d'Aram. Tu oindras Jéhu fils de Nimshi comme roi d'Israël, et tu oindras Elisée fils de Shaphat, d'Abel-Mehola, comme prophète à ta place. Celui qui échappera à l'épée de Hazaël, Jéhu le fera mourir, et celui qui échappera à l'épée de Jéhu, Elisée le fera mourir. Mais j'épargnerai en Israël sept milliers, tous les genoux qui n'ont pas plié devant Baal et toutes les bouches qui ne l'ont pas baisé." Il partit de là et il trouva Elisée fils de Shaphat, tandis qu'il labourait avec douze paires de boeufs, lui-même étant à la douzième. Elie passa près de lui et jeta sur lui son manteau. Elisée abandonna ses boeufs, courut derrière Elie et dit: "Laisse-moi embrasser mon père et ma mère, puis j'irai à ta suite." Elie lui répondit: "Va, retourne, que t'ai-je donc fait?" Elisée le quitta, prit la paire de boeufs et l'immola. Il se servit du harnais des boeufs pour les faire cuire, et donna à ses gens, qui mangèrent. Puis il se leva et suivit Elie comme son serviteur. Ben-Hadad, roi d'Aram, rassembla toute son armée -- il y avait avec lui 32 rois, des chevaux et des chars -- et il vint investir Samarie et lui donner l'assaut. Il envoya en ville des messagers à Achab, roi d'Israël, et lui fit dire: "Ainsi parle Ben-Hadad. Ton argent et ton or sont à moi, tes femmes et tes enfants restent à toi." Le roi d'Israël donna cette réponse: "A tes ordres, Monseigneur le roi! Je suis à toi avec tout ce qui m'appartient." Mais les messagers revinrent et dirent: "Ainsi parle Ben-Hadad. Je t'ai mandé: Donne-moi ton argent et ton or, tes femmes et tes enfants. Sois sûr que demain à pareille heure, je t'enverrai mes serviteurs, ils fouilleront ta maison et les maisons de tes serviteurs, ils mettront la main sur tout ce qui leur plaira et ils l'emporteront." Le roi d'Israël convoqua tous les anciens du pays et dit: "Reconnaissez clairement que celui-là nous veut du mal! Il me réclame mes femmes et mes enfants, pourtant je ne lui ai pas refusé mon argent et mon or." Tous les anciens et tout le peuple lui dirent: "N'obéis pas! ne consens pas!" Il donna donc cette réponse aux messagers de Ben-Hadad: "Dites à Monseigneur le roi: Tout ce que tu as demandé à ton serviteur la première fois, je le ferai; mais cette autre exigence, je ne puis la satisfaire." Et les messagers partirent, emportant la réponse. Alors Ben-Hadad lui envoya ce message: "Que les dieux me fassent tel mal et qu'ils y ajoutent encore tel autre, s'il y a assez de poignées de décombres à Samarie pour tout le peuple qui me suit!" Mais le roi d'Israël fit cette réponse: "Dites: Que celui qui boucle son ceinturon ne se glorifie pas comme celui qui le défait!" Lorsque Ben-Hadad apprit cela -- il était à boire avec les rois sous les tentes --, il commanda à ses serviteurs: "A vos postes!" et ils prirent leurs positions contre la ville. Alors un prophète vint trouver Achab, roi d'Israël, et dit: "Ainsi parle Yahvé. As-tu vu cette grande foule? Voici que je la livre aujourd'hui en ta main et tu reconnaîtras que je suis Yahvé." Achab dit: "Par qui?" Le prophète reprit: "Ainsi parle Yahvé: Par les cadets des chefs des districts." Achab demanda: "Qui engagera le combat?" Le prophète répondit: "Toi." Achab passa en revue les cadets des chefs des districts. Ils étaient 232. Après eux, il passa en revue toute l'armée, tous les Israélites, ils étaient 7.000. Ils firent une sortie à midi, alors que Ben-Hadad était à s'enivrer sous les tentes, lui et ces 32 rois, ses alliés. Les cadets des chefs des districts sortirent d'abord. On envoya dire à Ben-Hadad: "Des hommes sont sortis de Samarie." Il dit: "S'ils sont sortis pour la paix, prenez-les vivants, et s'ils sont sortis pour le combat, prenez-les vivants aussi!" Donc ceux-ci sortirent de la ville, les cadets des chefs des districts, puis l'armée derrière eux, et ils frappèrent chacun son homme. Aram s'enfuit et Israël le poursuivit; Ben-Hadad, roi d'Aram, se sauva sur un cheval d'attelage. Alors le roi d'Israël sortit; il prit les chevaux et les chars et infligea à Aram une grande défaite. Le prophète s'approcha du roi d'Israël et lui dit: "Allons! Prends courage et considère bien ce que tu dois faire, car au retour de l'année le roi d'Aram marchera contre toi." Les serviteurs du roi d'Aram lui dirent: "Leur Dieu est un Dieu des montagnes, c'est pourquoi ils l'ont emporté sur nous. Mais combattons-les dans le plat pays et sûrement nous l'emporterons sur eux. Fais donc ceci: destitue ces rois et mets des préfets à leur place. Pour toi, recrute une armée aussi grande que celle qui t'a abandonné, avec autant de chevaux et autant de chars; puis combattons-les dans le plat pays et sûrement nous l'emporterons sur eux." Il écouta leur avis et fit ainsi. Au retour de l'année, Ben-Hadad mobilisa les Araméens et monta à Apheq pour livrer bataille à Israël. Les Israélites furent mobilisés et ravitaillés, et ils marchèrent à leur rencontre. Campés en face d'eux, les Israélites étaient comme deux troupeaux de chèvres, tandis que les Araméens couvraient le pays. L'homme de Dieu aborda le roi d'Israël et dit: "Ainsi parle Yahvé. Parce qu'Aram a dit que Yahvé était un Dieu des montagnes et non un Dieu des plaines, je livrerai en ta main toute cette grande foule et tu sauras que je suis Yahvé." Ils campèrent sept jours les uns en face des autres. Le septième jour, le combat s'engagea et les Israélites massacrèrent les Araméens,100.000 hommes de pied en un seul jour. Le reste s'enfuit à Apheq, dans la ville, mais le rempart s'écroula sur les 27.000 hommes qui restaient. Or Ben-Hadad avait pris la fuite et s'était réfugié en ville dans une chambre retirée. Ses serviteurs lui dirent: "Vois! Nous avons entendu dire que les rois d'Israël étaient des rois miséricordieux. Nous allons mettre des sacs sur nos reins et des cordes autour de nos têtes et nous nous rendrons au roi d'Israël; peut-être te laissera-t-il la vie sauve." Ils ceignirent de sacs leurs reins et de cordes leurs têtes, allèrent auprès du roi d'Israël et dirent: "Ton serviteur Ben-Hadad parle ainsi: Puissé-je vivre!" Il répondit: "Il est donc encore vivant? Il est mon frère!" Les hommes en augurèrent bien et ils se hâtèrent de le prendre au mot en disant: "Ben-Hadad est ton frère." Achab reprit: "Allez le chercher." Ben-Hadad se rendit à lui et celui-ci le fit monter sur son char. Ben-Hadad lui dit: "Je restituerai les villes que mon père a prises à ton père; tu établiras pour toi des bazars à Damas, comme mon père en avait à Samarie" -- "Pour moi, dit Achab, je te laisserai libre moyennant un traité." Achab conclut un traité avec lui et le laissa libre. Un des frères prophètes dit à son compagnon, par ordre de Yahvé: "Frappe-moi!" mais l'homme refusa de le frapper. Alors il lui dit: "Parce que tu n'as pas obéi à la voix de Yahvé, dès que tu m'auras quitté, le lion te tuera"; comme il s'éloignait, il rencontra le lion, qui le tua. Le prophète alla trouver un autre homme et dit: "Frappe-moi!" L'homme le frappa et le blessa. Le prophète s'en alla et attendit le roi sur le chemin -- il s'était rendu méconnaissable avec un bandeau au-dessus des yeux. Comme le roi passait, il lui cria: "Ton serviteur marchait au combat quand quelqu'un a quitté les rangs et m'a amené un homme en disant: Garde cet homme! S'il vient à manquer, ta vie sera pour sa vie ou tu paieras un talent d'argent. Or, pendant que ton serviteur était occupé ici et là, l'autre a disparu." Le roi d'Israël lui dit: "Voilà ton jugement! Tu l'as toi-même prononcé." Aussitôt celui-ci enleva le bandeau qu'il avait au-dessus des yeux, et le roi d'Israël reconnut qu'il était l'un des prophètes. Il dit au roi: "Ainsi parle Yahvé. Parce que tu as laissé échapper l'homme qui m'était voué par anathème, ta vie répondra pour sa vie, et ton peuple pour son peuple." Et le roi d'Israël s'en alla sombre et irrité, et il rentra à Samarie. Voici ce qui arriva après ces événements: Nabot de Yizréel possédait une vigne à côté du palais d'Achab, roi de Samarie, et Achab parla ainsi à Nabot: "Cède-moi ta vigne pour qu'elle me serve de jardin potager, car elle est tout près de ma maison; je te donnerai en échange une vigne meilleure, ou, si tu préfères, je te donnerai l'argent qu'elle vaut." Mais Nabot, dit à Achab: "Yahvé me garde de te céder l'héritage de mes pères!" Achab s'en alla chez lui sombre et irrité à cause de cette parole que Nabot de Yizréel lui avait dite: "Je ne te céderai pas l'héritage de mes pères." Il se coucha sur son lit, détourna son visage et ne voulut pas manger. Sa femme Jézabel vint à lui et lui dit: "Pourquoi ton esprit est-il chagrin et ne manges-tu pas?" Il lui répondit: "J'ai parlé à Nabot de Yizréel et je lui ai dit: Cède-moi ta vigne pour de l'argent, ou, si tu aimes mieux, je te donnerai une autre vigne en échange. Mais il a dit: Je ne te céderai pas ma vigne." Alors sa femme Jézabel lui dit: "Vraiment, tu fais un joli roi sur Israël! Lève-toi et mange, et que ton coeur soit content, moi je vais te donner la vigne de Nabot de Yizréel." Elle écrivit au nom d'Achab des lettres qu'elle scella du sceau royal, et elle adressa les lettres aux anciens et aux notables qui habitaient avec Nabot. Elle avait écrit dans ces lettres: "Proclamez un jeûne et faites asseoir Nabot en tête du peuple. Faites asseoir en face de lui deux vauriens qui l'accuseront ainsi: Tu as maudit Dieu et le roi! Conduisez-le dehors, lapidez-le et qu'il meure!" Les hommes de la ville de Nabot, les anciens et les notables qui habitaient sa ville, firent comme Jézabel leur avait mandé, comme il était écrit dans les lettres qu'elle leur avait envoyées. Ils proclamèrent un jeûne et mirent Nabot en tête du peuple. Alors arrivèrent les deux vauriens, qui s'assirent en face de lui, et les vauriens témoignèrent contre Nabot devant le peuple en disant: "Nabot a maudit Dieu et le roi." On le fit sortir hors de la ville, on le lapida et il mourut. Puis on envoya dire à Jézabel: "Nabot a été lapidé et il est mort." Lorsque Jézabel eut appris que Nabot avait été lapidé et qu'il était mort, elle dit à Achab: "Lève-toi et prends possession de la vigne de Nabot de Yizréel, qu'il n'a pas voulu te céder pour de l'argent, car Nabot n'est plus en vie, il est mort." Quand Achab apprit que Nabot était mort, il se leva pour descendre à la vigne de Nabot de Yizréel et en prendre possession. Alors la parole de Yahvé fut adressée à Elie le Tishbite en ces termes: "Lève-toi et descends à la rencontre d'Achab, roi d'Israël à Samarie. Le voici qui est dans la vigne de Nabot, où il est descendu pour se l'approprier. Tu lui diras ceci: Ainsi parle Yahvé: Tu as assassiné, et de plus tu usurpes! C'est pourquoi, ainsi parle Yahvé: A l'endroit même où les chiens ont lapé le sang de Nabot, les chiens laperont ton sang à toi aussi." Achab dit à Elie: "Tu m'as donc rattrapé, ô mon ennemi!" Elie répondit: "Oui, je t'ai rattrapé. Parce que tu as agi en fourbe, faisant ce qui déplaît à Yahvé, voici que je vais faire venir sur toi le malheur: je balayerai ta race, j'exterminerai les mâles de la famille d'Achab, liés ou libres en Israël. Je ferai de ta maison comme de celles de Jéroboam fils de Nebat et de Basha fils d'Ahiyya, car tu as provoqué ma colère et fait pécher Israël. (Contre Jézabel aussi Yahvé a prononcé une parole: Les chiens dévoreront Jézabel dans le champ de Yizréel. Celui de la famille d'Achab qui mourra dans la ville, les chiens le mangeront, et celui qui mourra dans la campagne, les oiseaux du ciel le mangeront." Il n'y eut vraiment personne comme Achab pour agir en fourbe, faisant ce qui déplaît à Yahvé, parce que sa femme Jézabel l'avait séduit. Il a agi d'une manière tout à fait abominable, s'attachant aux idoles, comme avaient fait les Amorites que Yahvé chassa devant les Israélites. Quand Achab entendit ces paroles, il déchira ses vêtements, mit un sac à même sa chair, jeûna, coucha avec le sac et marcha à pas lents. Alors la parole de Yahvé fut adressée à Elie le Tishbite en ces termes: "As-tu vu comme Achab s'est humilié devant moi? Parce qu'il s'est humilié devant moi, je ne ferai pas venir le malheur pendant son temps; c'est au temps de son fils que je ferai venir le malheur sur sa maison." On fut tranquille pendant trois ans, sans combat entre Aram et Israël. La troisième année, Josaphat, roi de Juda, vint visiter le roi d'Israël. Le roi d'Israël dit à ses officiers: "Vous savez bien que Ramot de Galaad est à nous, et nous ne faisons rien pour l'arracher des mains du roi d'Aram." Il dit à Josaphat: "Viendras-tu avec moi combattre à Ramot de Galaad?" Josaphat répondit au roi d'Israël: "Il en sera pour moi comme pour toi, pour mes gens comme pour tes gens, pour mes chevaux comme pour tes chevaux." Cependant Josaphat dit au roi d'Israël: "Je te prie, consulte d'abord la parole de Yahvé." Le roi d'Israël rassembla les prophètes au nombre d'environ 400, et leur demanda: "Dois-je aller attaquer Ramot de Galaad, ou dois-je y renoncer?" Ils répondirent: "Monte, Yahvé la livrera aux mains du roi." Mais Josaphat dit: "N'y a-t-il donc ici aucun autre prophète de Yahvé, par qui nous puissions le consulter?" Le roi d'Israël répondit à Josaphat: "Il y a encore un homme par qui on peut consulter Yahvé, mais je le hais, car il ne prophétise jamais le bien à mon sujet, rien que le mal, c'est Michée fils de Yimla." Josaphat dit: "Que le roi ne parle pas ainsi!" Le roi d'Israël appela un eunuque et dit: "Fais vite venir Michée fils de Yimla." Le roi d'Israël et Josaphat, roi de Juda, étaient assis chacun sur son siège, en grand costume, sur l'aire devant la porte de Samarie, et tous les prophètes se livraient à leurs transports devant eux. Sédécias fils de Kenaana se fit des cornes de fer et dit: "Ainsi parle Yahvé. Avec cela tu encorneras les Araméens jusqu'au dernier." Et tous les prophètes faisaient la même prédiction, disant: "Monte à Ramot de Galaad! Tu réussiras, Yahvé la livrera aux mains du roi." Le messager qui était allé chercher Michée lui dit: Voici que les prophètes n'ont qu'une seule bouche pour parler en faveur du roi. Tâche de parler comme l'un d'eux et prédis le succès." Mais Michée répondit: "Par Yahvé vivant! Ce que Yahvé me dira, c'est cela que j'énoncerai!" Il arriva près du roi, et le roi lui demanda: "Michée, devons-nous aller à Ramot de Galaad pour combattre, ou devons-nous y renoncer?" Il lui répondit: "Monte! Tu réussiras. Yahvé la livrera aux mains du roi." Mais le roi lui dit: "Combien de fois me faudra-t-il t'adjurer de ne me dire que la vérité au nom de Yahvé?" Alors il prononça: "J'ai vu tout Israël dispersé sur les montagnes comme un troupeau sans pasteur. Et Yahvé a dit: Ils n'ont plus de maître, que chacun retourne en paix chez soi!" Le roi d'Israël dit alors à Josaphat: "Ne t'avais-je pas dit qu'il prophétisait pour moi non le bien mais le mal!" Michée reprit: "Ecoute plutôt la parole de Yahvé. J'ai vu Yahvé assis sur son trône; toute l'armée du ciel se tenait en sa présence, à sa droite et à sa gauche. Yahvé demanda: Qui trompera Achab pour qu'il marche contre Ramot de Galaad et qu'il y succombe? Ils répondirent celui-ci d'une manière, celui-là d'une autre. Alors l'Esprit s'avança et se tint devant Yahvé: C'est moi, dit-il, qui le tromperai. Yahvé lui demanda: Comment? Il répondit: J'irai et je me ferai esprit de mensonge dans la bouche de tous ses prophètes. Yahvé dit: Tu le tromperas, tu réussiras. Va et fais ainsi. Voici donc que Yahvé a mis un esprit de mensonge dans la bouche de tous tes prophètes qui sont là, mais Yahvé a prononcé contre toi le malheur." Alors Sédécias fils de Kenaana s'approcha et frappa Michée à la mâchoire, en disant: "Par où l'esprit de Yahvé m'a-t-il quitté pour te parler?" Michée repartit: "C'est ce que tu verras, le jour où tu fuiras dans une chambre retirée pour te cacher." Le roi d'Israël ordonna: "Saisis Michée et remets-le à Amôn, gouverneur de la ville, et au fils du roi, Yoash. Tu leur diras: Ainsi parle le roi. Mettez cet homme en prison et nourrissez-le strictement de pain et d'eau jusqu'à ce que je revienne sain et sauf." Michée dit: "Si tu reviens sain et sauf, c'est que Yahvé n'a pas parlé par ma bouche." Le roi d'Israël et Josaphat, roi de Juda, montèrent contre Ramot de Galaad. Le roi d'Israël dit à Josaphat: "Je me déguiserai pour marcher au combat, mais toi, revêts ton costume!" Le roi d'Israël se déguisa et marcha au combat. Le roi d'Aram avait donné cet ordre à ses commandants de chars: "Vous n'attaquerez ni petit ni grand, mais seulement le roi d'Israël." Lorsque les commandants de chars virent Josaphat, ils dirent: "C'est sûrement le roi d'Israël", et ils dirigèrent le combat de son côté; mais Josaphat poussa son cri de guerre et, lorsque les commandants de chars virent que ce n'était pas le roi d'Israël, ils s'éloignèrent de lui. Or un homme banda son arc sans savoir qui il visait et atteignit le roi d'Israël entre le corselet et les appliques de la cuirasse. Celui-ci dit à son charrier: "Tourne bride et fais-moi sortir de la mêlée, car je me sens mal." Mais le combat devint plus violent ce jour-là, on soutint le roi debout sur son char en face des Araméens, et le soir il mourut; le sang de sa blessure coulait dans le fond du char. Au coucher du soleil, un cri se répandit dans le camp: "Chacun à sa ville et chacun à son pays! Le roi est mort." On alla à Samarie et on enterra le roi à Samarie. On lava à grande eau son char à l'étang de Samarie, les chiens lapèrent le sang et les prostituées s'y baignèrent, selon la parole que Yahvé avait dite. Le reste de l'histoire d'Achab, tout ce qu'il a fait, la maison d'ivoire qu'il construisit, toutes les villes qu'il bâtit, cela n'est-il pas écrit au livre des Annales des rois d'Israël? Achab se coucha avec ses pères et son fils Ochozias régna à sa place. Josaphat fils d'Asa devint roi sur Juda en la quatrième année d'Achab, roi d'Israël. Josaphat avait 35 ans à son avènement et il régna 25 ans à Jérusalem; sa mère s'appelait Azuba, fille de Shilhi. Il suivit entièrement la conduite de son père Asa, sans dévier, faisant ce qui est juste au regard de Yahvé. Seulement, les hauts lieux ne disparurent pas; le peuple continua d'offrir des sacrifices et de l'encens sur les hauts lieux. Josaphat fut en paix avec le roi d'Israël. Le reste de l'histoire de Josaphat, la vaillance qu'il déploya et les guerres qu'il livra, cela n'est-il pas écrit au livre des Annales des rois de Juda? Le reste des prostitués sacrés qui avaient subsisté au temps de son père Asa, il les fit disparaître du pays. Il n'y avait pas de roi établi sur Edom, et le roi Josaphat construisit des vaisseaux de Tarsis pour aller chercher l'or à Ophir, mais il ne put y aller, car les vaisseaux se brisèrent à Eçyôn-Gébèr. Alors Ochozias fils d'Achab dit à Josaphat: "Mes serviteurs iront avec tes serviteurs sur les vaisseaux"; mais Josaphat n'accepta pas. Josaphat se coucha avec ses pères et on l'enterra dans la Cité de David, son ancêtre; son fils Joram régna à sa place. Ochozias, fils d'Achab, devint roi sur Israël à Samarie en la dix-septième année de Josaphat, roi de Juda, et régna deux ans sur Israël. Il fit ce qui déplaît à Yahvé et suivit la voie de son père et celle de sa mère, et celle de Jéroboam fils de Nebat qui avait entraîné Israël au péché. Il rendit un culte à Baal et se prosterna devant lui, et il irrita Yahvé, Dieu d'Israël, tout comme avait fait son père. Après la mort d'Achab, Moab se révolta contre Israël. Comme Ochozias était tombé du balcon de son appartement à Samarie et qu'il allait mal, il envoya des messagers à qui il dit: "Allez consulter Baal-Zebub, dieu d'Eqrôn, pour savoir si je guérirai de mon mal présent." Mais l'Ange de Yahvé dit à Elie le Tishbite: "Debout! monte à la rencontre des messagers du roi de Samarie et dis-leur: N'y a-t-il donc pas de Dieu en Israël, que vous alliez consulter Baal-Zebub, dieu d'Eqrôn? C'est pourquoi ainsi parle Yahvé: Le lit où tu es monté, tu n'en descendras pas, tu mourras certainement." Et Elie s'en alla. Les messagers revinrent vers Ochozias, qui leur dit: "Pourquoi donc revenez-vous?" Ils lui répondirent: "Un homme nous a abordés et nous a dit: Allez, retournez auprès du roi qui vous a envoyés, et dites-lui: Ainsi parle Yahvé. N'y a-t-il donc pas de Dieu en Israël, que tu envoies consulter Baal-Zebub, dieu d'Eqrôn? C'est pourquoi le lit où tu es monté, tu n'en descendras pas, tu mourras certainement." Il leur demanda: "De quel genre était l'homme qui vous a abordés et vous a dit ces paroles?" Et ils lui répondirent: "C'était un homme avec une toison et un pagne de peau autour des reins." Il dit: "C'est Elie le Tishbite!" Il lui envoya un cinquantenier avec sa cinquantaine, qui monta vers lui -- il était assis au sommet de la montagne -- et lui dit: "Homme de Dieu! Le roi a ordonné: Descends!" Elie répondit et dit au cinquantenier: "Si je suis un homme de Dieu, qu'un feu descende du ciel et te dévore, toi et ta cinquantaine", et un feu descendit du ciel et le dévora, lui et sa cinquantaine. Le roi lui envoya de nouveau un autre cinquantenier avec sa cinquantaine, qui monta et lui dit: "Homme de Dieu! Le roi a donné cet ordre: Dépêche-toi de descendre!" Elie répondit et lui dit: "Si je suis un homme de Dieu, qu'un feu descende du ciel et te dévore, toi et ta cinquantaine", et un feu descendit du ciel et le dévora, lui et sa cinquantaine. Le roi envoya encore un troisième cinquantenier et sa cinquantaine. Le troisième cinquantenier arriva, plia les genoux devant Elie et le supplia ainsi: "Homme de Dieu! Que ma vie et celle de tes 50 serviteurs que voici aient quelque prix à tes yeux! Un feu est descendu du ciel et a dévoré les deux premiers cinquanteniers et leur cinquantaine; mais maintenant, que ma vie ait quelque prix à tes yeux!" L'ange de Yahvé dit à Elie: "Descends avec lui, n'aie pas peur de lui." Il se leva et descendit avec lui vers le roi, à qui il dit: "Ainsi parle Yahvé. Puisque tu as envoyé des messagers consulter Baal-Zebub, dieu d'Eqrôn, eh bien! tu ne descendras pas du lit où tu es monté, tu mourras certainement." Il mourut, selon la parole de Yahvé qu'Elie avait prononcée. Joram, son frère, devint roi à sa place -- en la deuxième année de Joram fils de Josaphat, roi de Juda, en effet il n'avait pas de fils. Le reste de l'histoire d'Ochozias, ce qu'il a fait, cela n'est-il pas écrit au livre des Annales des rois d'Israël? Voici ce qui arriva lorsque Yahvé enleva Elie au ciel dans le tourbillon: Elie et Elisée partirent de Gilgal, et Elie dit à Elisée: "Reste donc ici, car Yahvé ne m'envoie qu'à Béthel"; mais Elisée répondit: "Aussi vrai que Yahvé est vivant et que tu vis toi-même, je ne te quitterai pas!" et ils descendirent à Béthel. Les frères prophètes, qui résident à Béthel, sortirent à la rencontre d'Elisée et lui dirent: "Sais-tu qu'aujourd'hui Yahvé va emporter ton maître par-dessus ta tête?" Il dit: "Moi aussi je sais; silence!" Elie lui dit: "Elisée! Reste donc ici, car Yahvé ne m'envoie qu'à Jéricho"; mais il répondit: "Aussi vrai que Yahvé est vivant et que tu vis toi-même, je ne te quitterai pas!" et ils allèrent à Jéricho. Les frères prophètes qui résident à Jéricho s'approchèrent d'Elisée et lui dirent: "Sais-tu qu'aujourd'hui Yahvé va emporter ton maître par-dessus ta tête?" Il dit: "Moi aussi je sais; silence!" Elie lui dit: "Reste donc ici, car Yahvé ne m'envoie qu'au Jourdain"; mais il répondit: "Aussi vrai que Yahvé est vivant et que tu vis toi-même, je ne te quitterai pas!" et ils s'en allèrent tous deux. 50 frères prophètes vinrent et s'arrêtèrent à distance, au loin, pendant que tous deux se tenaient au bord du Jourdain. Alors Elie prit son manteau, le roula et frappa les eaux, qui se divisèrent d'un côté et de l'autre, et tous deux traversèrent à pied sec. Dès qu'ils eurent passé, Elie dit à Elisée: "Demande: Que puis-je faire pour toi avant d'être enlevé d'auprès de toi?" Et Elisée répondit: "Que me revienne une double part de ton esprit!" Elie reprit: "Tu demandes une chose difficile: si tu me vois pendant que je serai enlevé d'auprès de toi, cela t'arrivera; sinon, cela n'arrivera pas." Or, comme ils marchaient en conversant, voici qu'un char de feu et des chevaux de feu se mirent entre eux deux, et Elie monta au ciel dans le tourbillon. Elisée voyait et il criait: "Mon père! Mon père! Char d'Israël et son attelage!" puis il ne le vit plus et, saisissant ses vêtements, il les déchira en deux. Il ramassa le manteau d'Elie, qui avait glissé, et revint se tenir sur la rive du Jourdain. Il prit le manteau d'Elie et il frappa les eaux en disant: "Où est Yahvé, le Dieu d'Elie?" Il frappa les eaux, qui se divisèrent d'un côté et de l'autre, et Elisée traversa. Les frères prophètes le virent à distance et dirent: "L'esprit d'Elie s'est reposé sur Elisée!;" ils vinrent à sa rencontre et se prosternèrent à terre devant lui. Ils lui dirent: "Il y a ici avec tes serviteurs 50 braves. Permets qu'ils aillent à la recherche de ton maître; peut-être l'Esprit de Yahvé l'a-t-il enlevé et jeté sur quelque montagne ou dans quelque vallée", mais il répondit: "N'envoyez personne." Cependant, comme ils l'importunaient de leurs instances, il dit: "Envoyez!" Ils envoyèrent donc 50 hommes, qui cherchèrent pendant trois jours sans le trouver. Ils revinrent vers Elisée qui était resté à Jéricho, et il leur dit: "Ne vous avais-je pas prévenus de ne pas aller?" Les hommes de la ville dirent à Elisée: "La ville est un séjour agréable, comme Monseigneur peut voir, mais les eaux sont malsaines et le pays souffre d'avortements." Il dit: "Apportez-moi une écuelle neuve où vous aurez mis du sel", et ils la lui apportèrent. Il alla où jaillissaient les eaux, il y jeta du sel et dit: "Ainsi parle Yahvé: J'assainis ces eaux, il ne viendra plus de là ni mort ni avortement." Et les eaux furent assainies jusqu'à ce jour, selon la parole qu'Elisée avait dite. Il monta de là à Béthel, et, comme il montait par le chemin, de jeunes garçons sortirent de la ville et se moquèrent de lui, en disant: "Monte, tondu! Monte, tondu!" Il se retourna, les vit et les maudit au nom de Yahvé. Alors deux ourses sortirent du bois et déchirèrent 42 des enfants. Il alla de là au mont Carmel, puis il revint à Samarie. Joram fils d'Achab devint roi sur Israël à Samarie en la dix-huitième année de Josaphat roi de Juda, et il régna douze ans. Il fit ce qui déplaît à Yahvé; non pas pourtant comme son père et sa mère, car il supprima la stèle de Baal que son père avait faite. Seulement, il resta attaché aux péchés où Jéroboam fils de Nebat entraîna Israël et ne s'en détourna pas. Mésha, roi de Moab, était éleveur de troupeaux et il livrait en tribut au roi d'Israël 100.000 agneaux et 100.000 béliers avec leur laine; mais, à la mort d'Achab, le roi de Moab se révolta contre le roi d'Israël. En ce temps-là, le roi Joram sortit de Samarie et passa en revue tout Israël. Ensuite, il envoya ce message au roi de Juda: "Le roi de Moab s'est révolté contre moi. Viendras-tu faire la guerre avec moi en Moab?" Le roi de Juda répondit: "Je viendrai! Il en sera pour moi comme pour toi; pour mon peuple comme pour ton peuple, pour mes chevaux comme pour tes chevaux!" Il ajouta: "Par quel chemin monterons-nous?" Et l'autre répondit: "Par le chemin du désert d'Edom." Le roi d'Israël, le roi de Juda et le roi d'Edom partirent. Ils firent un détour de sept jours de marche et l'eau manqua pour la troupe et pour les bêtes de somme qui suivaient. Le roi d'Israël s'écria: "Malheur! c'est que Yahvé a appelé les trois rois que nous sommes pour les livrer aux mains de Moab!" Mais le roi de Juda dit: "N'y a-t-il pas ici un prophète de Yahvé, que nous consultions Yahvé par lui?" Alors un des serviteurs du roi d'Israël répondit: "Il y a Elisée fils de Shaphat, qui versait l'eau sur les mains d'Elie." Le roi de Juda dit: "Il a la parole de Yahvé." Le roi d'Israël, le roi de Juda et le roi d'Edom descendirent donc vers lui. Mais Elisée dit au roi d'Israël: "Qu'ai-je à faire avec toi? Va trouver les prophètes de ton père et les prophètes de ta mère!" Le roi d'Israël lui répondit: "Mais non! c'est que Yahvé a appelé les trois rois que nous sommes pour les livrer aux mains de Moab!" Elisée reprit: "Par la vie de Yahvé Sabaot, que je sers, si je n'avais égard au roi de Juda, je ne ferais pas attention à toi, je ne te regarderais même pas. Maintenant, amenez-moi un joueur de lyre." Or, comme le musicien jouait, la main de Yahvé fut sur lui et il dit: "Ainsi parle Yahvé: Creusez dans cette vallée des fosses et des fosses, car ainsi parle Yahvé: Vous ne verrez pas de vent, vous ne verrez pas de pluie, et cette vallée se remplira d'eau, et vous boirez, vous, vos troupes et vos bêtes de somme. Encore cela est-il peu aux yeux de Yahvé, car il livrera Moab entre vos mains. Vous frapperez toutes les villes fortes, vous abattrez tous les arbres de rapport, vous boucherez toutes les sources et vous désolerez tous les meilleurs champs en y jetant des pierres." Or, le matin à l'heure de la présentation de l'offrande, voici que l'eau venait de la direction d'Edom et la contrée en fut remplie. Les Moabites ayant appris que les rois étaient montés pour les combattre, tous ceux qui étaient en âge de porter les armes furent convoqués, et ils se tenaient sur la frontière. Quand ils se levèrent le matin et que le soleil brilla sur les eaux, les Moabites virent de loin les eaux rouges comme du sang. Ils dirent: "C'est du sang! Sûrement les rois se sont entre-tués, ils se sont mutuellement frappés. Et maintenant, au pillage, Moab!" Mais quand ils arrivèrent au camp des Israélites, ceux-ci se dressèrent et battirent les Moabites, qui s'enfuirent devant eux; et ils allèrent de l'avant, les taillant en pièces. Ils détruisaient les villes, ils jetaient chacun sa pierre dans tous les meilleurs champs pour les remplir, ils bouchaient toutes les sources et abattaient tous les arbres de rapport. Finalement, il ne resta plus que Qir-Hérès: les frondeurs l'encerclèrent et la battirent de leurs coups. Quand le roi de Moab vit qu'il ne pouvait pas soutenir le combat, il prit avec lui 400 hommes armés de l'épée pour faire une trouée et aller vers le roi d'Aram, mais ils n'y réussirent pas. Alors il prit son fils aîné, qui devait régner à sa place, et il l'offrit en holocauste sur le rempart. Il y eut une grande colère sur les Israélites, qui décampèrent loin de lui et rentrèrent au pays. La femme d'un des frères prophètes implora Elisée en ces termes: "Ton serviteur, mon mari, est mort, et tu sais que ton serviteur craignait Yahvé. Or le prêteur sur gages est venu pour prendre mes deux enfants et en faire ses esclaves." Elisée lui dit: "Que puis-je faire pour toi? Dis-moi, qu'as-tu à la maison?" Elle répondit: "Ta servante n'a rien du tout à la maison, sauf un flacon d'huile." Alors, il dit: "Va emprunter dehors des vases à tous tes voisins, des vases vides et pas trop peu! Puis tu rentreras, tu fermeras la porte sur toi et sur tes fils et tu verseras l'huile dans tous ces vases, en les mettant de côté à mesure qu'ils seront pleins." Elle le quitta et ferma la porte sur elle et sur ses fils; ceux-ci lui tendaient les vases et elle ne cessait de verser. Or, quand les vases furent pleins, elle dit à son fils: "Tends-moi encore un vase", mais il répondit: "Il n'y a plus de vase"; alors l'huile cessa de couler. Elle alla rendre compte à l'homme de Dieu, qui dit: "Va vendre cette huile, tu rachèteras ton gage et tu vivras du reste, toi et tes fils!" Un jour qu'Elisée passait à Shunem, une femme de qualité qui y vivait l'invita à table. Depuis, chaque fois qu'il passait, il se rendait là pour manger. Elle dit à son mari: "Vois! Je suis sûre que c'est un saint homme de Dieu qui passe toujours par chez nous. Construisons-lui donc une petite chambre haute avec des murs, et nous y mettrons pour lui un lit, une table, un siège et une lampe: quand il viendra chez nous, il se retirera là." Un jour qu'il vint là, il se retira dans la chambre haute et s'y coucha. Il dit à Géhazi son serviteur: "Appelle cette bonne Shunamite" -- Il l'appela et elle se tint devant lui. -- Elisée reprit: "Dis-lui: Tu t'es donné tout ce souci pour nous. Que peut-on faire pour toi? Y a-t-il un mot à dire pour toi au roi ou au chef de l'armée?" Mais elle répondit: "Je séjourne au milieu des miens." Il continua: "Alors, que peut-on faire pour elle?" Géhazi répondit: "Eh bien! Elle n'a pas de fils et son mari est âgé." Elisée dit: "Appelle-la" -- Le serviteur l'appela et elle se tint à l'entrée. "A cette saison, l'an prochain, dit-il, tu tiendras un fils dans tes bras." Mais elle dit: "Non, Monseigneur, ne trompe pas ta servante!" Or la femme conçut et elle enfanta un fils à la saison que lui avait dite Elisée. L'enfant grandit. Un jour il alla trouver son père auprès des moissonneurs et il dit à son père: "Oh! ma tête! ma tête!" et le père ordonna à un serviteur de le porter à sa mère. Celui-ci le prit et le conduisit à sa mère; il resta sur ses genoux jusqu'à midi et il mourut. Elle monta l'étendre sur le lit de l'homme de Dieu, ferma la porte et sortit. Elle appela son mari et dit: "Envoie-moi l'un des serviteurs avec une ânesse, je cours chez l'homme de Dieu et je reviens." Il demanda: "Pourquoi vas-tu chez lui aujourd'hui? Ce n'est pas la néoménie ni le sabbat", mais elle répondit: "Reste en paix." Elle fit seller l'ânesse et dit à son serviteur: "Mène-moi, va! Ne m'arrête pas en route sans que je te l'ordonne"; elle partit et alla vers l'homme de Dieu, au mont Carmel. Lorsque l'homme de Dieu la vit de loin, il dit à son serviteur Géhazi: "Voici cette bonne Shunamite. Maintenant, cours à sa rencontre et demande-lui: Vas-tu bien? Ton mari va-t-il bien? Ton enfant va-t-il bien?" Elle répondit: "Bien." Quand elle rejoignit l'homme de Dieu sur la montagne, elle saisit ses pieds. Géhazi s'approcha pour la repousser, mais l'homme de Dieu dit: "Laisse-la, car son âme est dans l'amertume; Yahvé me l'a caché, il ne m'a rien annoncé." Elle dit: "Avais-je demandé un fils à Monseigneur? Ne t'avais-je pas dit de ne pas me leurrer?" Elisée dit à Géhazi: "Ceins tes reins, prends mon bâton en main et va! Si tu rencontres quelqu'un, tu ne le salueras pas, et si quelqu'un te salue, tu ne lui répondras pas. Tu étendras mon bâton au-dessus de l'enfant." Mais la mère de l'enfant dit: "Aussi vrai que Yahvé est vivant et que tu vis toi-même, je ne te quitterai pas!" Alors il se leva et la suivit. Géhazi les avait précédés et il avait étendu le bâton au-dessus de l'enfant, mais il n'y eut ni voix ni réaction. Il revint au-devant d'Elisée et lui rapporta ceci: "L'enfant ne s'est pas réveillé." Elisée arriva à la maison; là était l'enfant, mort et couché sur son propre lit. Il entra, ferma la porte sur eux deux et pria Yahvé. Puis il monta sur le lit, s'étendit sur l'enfant, mit sa bouche contre sa bouche, ses yeux contre ses yeux, ses mains contre ses mains, il se replia sur lui et la chair de l'enfant se réchauffa. Il se remit à marcher de long en large dans la maison, puis remonta et se replia sur lui, jusqu'à sept fois: alors l'enfant éternua et ouvrit les yeux. Il appela Géhazi et lui dit: "Fais venir cette bonne Shunamite." Il l'appela. Lorsqu'elle arriva près de lui, il dit: "Prends ton fils." Elle entra, tomba à ses pieds et se prosterna à terre, puis elle prit son fils et sortit. Elisée revint à Gilgal pendant que la famine était dans le pays. Comme les frères prophètes étaient assis devant lui, il dit à son serviteur: "Mets la grande marmite sur le feu et cuis une soupe pour les frères prophètes." L'un d'eux sortit dans la campagne pour ramasser des herbes, trouva des sarments sauvages, sur lesquels il cueillit des coloquintes, plein son vêtement. Il revint et les coupa en morceaux dans la marmite de soupe, car on ne savait pas ce que c'était. On versa à manger aux hommes. Mais à peine eurent-ils goûté le potage qu'ils poussèrent un cri: "Homme de Dieu! Il y a la mort dans la marmite!" et ils ne purent pas manger. Alors Elisée dit: "Eh bien! apportez de la farine." Il la jeta dans la marmite et dit: "Verse aux gens et qu'ils mangent" -- Il n'y avait plus rien de mauvais dans la marmite. Un homme vint de Baal-Shalisha et apporta à l'homme de Dieu du pain de prémices, vingt pains d'orge et du grain frais dans son épi. Celui-ci ordonna: "Offre aux gens et qu'ils mangent", mais son serviteur répondit: "Comment servirai-je cela à cent personnes?" Il reprit: "Offre aux gens et qu'ils mangent, car ainsi a parlé Yahvé: On mangera et on en aura de reste." Il leur servit, ils mangèrent et en eurent de reste, selon la parole de Yahvé. Naamân, chef de l'armée du roi d'Aram, était un homme en grande considération et faveur auprès de son maître, car c'était par lui que Yahvé avait accordé la victoire aux Araméens, mais cet homme était lépreux. Or les Araméens, sortis en razzia, avaient enlevé du territoire d'Israël une petite fille qui était entrée au service de la femme de Naamân. Elle dit à sa maîtresse: "Ah! si seulement mon maître s'adressait au prophète de Samarie! Il le délivrerait de sa lèpre." Naamân alla informer son seigneur: "Voilà, dit-il, de quelle et quelle manière a parlé la jeune fille qui vient du pays d'Israël." Le roi d'Aram répondit: "Pars donc, je vais envoyer une lettre au roi d'Israël." Naamân partit, prenant avec lui dix talents d'argent,6.000 sicles d'or et dix habits de fête. Il présenta au roi d'Israël la lettre, ainsi conçue: "En même temps que te parvient cette lettre, je t'envoie mon serviteur Naamân, pour que tu le délivres de sa lèpre." A la lecture de la lettre, le roi d'Israël déchira ses vêtements et dit: "Suis-je un dieu qui puisse donner la mort et la vie, pour que celui-là me mande de délivrer quelqu'un de sa lèpre? Pour sûr, rendez-vous bien compte qu'il me cherche querelle!" Mais quand Elisée apprit que le roi d'Israël avait déchiré ses vêtements, il fit dire au roi: "Pourquoi as-tu déchiré tes vêtements? Qu'il vienne donc vers moi, et il saura qu'il y a un prophète en Israël." Naamân arriva avec son attelage et son char et s'arrêta à la porte de la maison d'Elisée, et Elisée envoya un messager lui dire: "Va te baigner sept fois dans le Jourdain, ta chair redeviendra nette." Naamân, irrité, s'en alla en disant: "Je m'étais dit: Sûrement il sortira et se présentera lui-même, puis il invoquera le nom de Yahvé son Dieu, il agitera la main sur l'endroit malade et délivrera la partie lépreuse. Est-ce que les fleuves de Damas, l'Abana et le Parpar, ne valent pas mieux que toutes les eaux d'Israël? Ne pourrais-je pas m'y baigner pour être purifié?" Il tourna bride et partit en colère. Mais ses serviteurs s'approchèrent et s'adressèrent à lui en ces termes: "Mon père! Si le prophète t'avait prescrit quelque chose de difficile, ne l'aurais-tu pas fait? Combien plus, lorsqu'il te dit: "Baigne-toi et tu seras purifié." Il descendit donc et se plongea sept fois dans le Jourdain, selon la parole d'Elisée: sa chair redevint nette comme la chair d'un petit enfant. Il revint chez Elisée avec toute son escorte, il entra, se présenta devant lui et dit: "Oui, je sais désormais qu'il n'y a pas de Dieu par toute la terre sauf en Israël! Maintenant, accepte, je te prie, un présent de ton serviteur." Mais Elisée répondit: "Aussi vrai qu'est vivant Yahvé que je sers, je n'accepterai rien." Naamân le pressa d'accepter, mais il refusa. Alors Naamân dit: "Puisque c'est non, permets qu'on donne à ton serviteur de quoi charger de terre deux mulets, car ton serviteur n'offrira plus ni holocauste ni sacrifice à d'autres dieux qu'à Yahvé. Seulement, que Yahvé pardonne ceci à ton serviteur: quand mon maître va au temple de Rimmôn pour y adorer, il s'appuie sur mon bras et je me prosterne dans le temple de Rimmôn en même temps qu'il le fait; veuille Yahvé pardonner cette action à son serviteur!" Elisée lui répondit: "Va en paix", et Naamân s'éloigna un bout de chemin. Géhazi, le serviteur d'Elisée, se dit: "Mon maître a ménagé Naamân, cet Araméen, en n'acceptant pas de lui ce qu'il avait offert. Aussi vrai que Yahvé est vivant, je cours après lui et j'en obtiendrai quelque chose." Et Géhazi se lança à la poursuite de Naamân. Lorsque Naamân le vit courir derrière lui, il sauta de son char à sa rencontre et demanda: "Cela va-t-il bien?" Il répondit: "Bien. Mon maître m'a envoyé te dire: A l'instant m'arrivent deux jeunes gens de la montagne d'Ephraïm, des frères prophètes. Donne pour eux, je te prie, un talent d'argent et deux habits de fête." Naamân dit: "Veuille accepter deux talents", et il insista; il lia les deux talents d'argent dans deux sacs, avec les deux habits de fête, et les remit à deux de ses serviteurs qui les portèrent devant Géhazi. Quand il arriva à l'Ophel, il les prit de leurs mains et les déposa dans la maison; puis il congédia les hommes, qui s'en allèrent. Quant à lui, il vint se tenir près de son maître. Elisée lui demanda: "D'où viens-tu, Géhazi?" Il répondit: "Ton serviteur n'est allé nulle part." Mais Elisée lui dit: "Mon coeur n'était-il pas présent lorsque quelqu'un a quitté son char à ta rencontre? Maintenant tu as reçu l'argent, et tu peux acheter avec cela jardins, oliviers et vignes, petit et gros bétail, serviteurs et servantes. Mais la lèpre de Naamân s'attachera à toi et à ta postérité pour toujours." Et Géhazi s'éloigna de lui blanc de lèpre comme la neige. Les frères prophètes dirent à Elisée: "Voici que l'endroit où nous habitons près de toi est trop étroit pour nous. Allons donc jusqu'au Jourdain; nous y prendrons chacun une poutre et nous nous ferons là une demeure." Il répondit: "Allez." L'un d'eux dit: "Consens à accompagner tes serviteurs", et il répondit: "J'irai"; il partit avec eux. Arrivés au Jourdain, ils coupèrent le bois. Or, comme l'un deux abattait sa poutre, la lame de fer tomba dans l'eau, et il s'écria: "Hélas, Monseigneur! Et encore elle était empruntée!" Mais l'homme de Dieu lui demanda: "Où est-elle tombée?" Et l'autre lui montra la place. Alors il cassa un bout de bois, le jeta à cet endroit et fit flotter le fer. Il dit: "Retire-le", et l'homme étendit la main et le prit. Le roi d'Aram était en guerre avec Israël. Il tint conseil avec ses officiers et dit: "Vous ferez une descente contre telle place." Elisée envoya dire au roi d'Israël: "Sois sur tes gardes pour cette place, car les Araméens y descendent", et le roi d'Israël envoya des hommes à la place qu'Elisée lui avait dite. Il l'avertissait et le roi se tenait sur ses gardes, et cela pas rien qu'une ou deux fois. Le coeur du roi d'Aram fut troublé par cette affaire, il convoqua ses officiers et leur demanda: "Ne m'apprendrez-vous pas qui nous trahit auprès du roi d'Israël?" L'un de ses officiers répondit: "Non, Monseigneur le roi; c'est Elisée, le prophète d'Israël, qui révèle au roi d'Israël les paroles que tu prononces dans ta chambre à coucher." Il dit: "Allez, voyez où il est, et j'enverrai le saisir." On lui fit ce rapport: "Voici qu'il est à Dotân." Alors le roi envoya là-bas des chevaux, des chars et une forte troupe, qui arrivèrent de nuit et cernèrent la ville. Le lendemain, Elisée se leva de bon matin et sortit. Et voilà qu'une troupe entourait la ville avec des chevaux et des chars! Son serviteur lui dit: "Ah! Monseigneur, comment allons-nous faire?" Mais il répondit: "N'aie pas peur, car il y en a plus avec nous qu'avec eux." Et Elisée fit cette prière: "Yahvé, daigne ouvrir ses yeux pour qu'il voie!" Yahvé ouvrit les yeux du serviteur et il vit: voilà que la montagne était couverte de chevaux et de chars de feu autour d'Elisée! Comme les Araméens descendaient vers lui, Elisée pria ainsi Yahvé: "Daigne frapper ces gens de berlue", et il les frappa de berlue, selon la parole d'Elisée. Alors Elisée leur dit: "Ce n'est pas le chemin, et ce n'est pas la ville. Suivez-moi, je vous conduirai vers l'homme que vous cherchez." Mais il les conduisit à Samarie. A leur entrée dans Samarie, Elisée dit: "Yahvé ouvre les yeux de ces gens et qu'ils voient." Yahvé ouvrit leurs yeux et ils virent: voilà qu'ils étaient au milieu de Samarie! Le roi d'Israël, en les voyant, dit à Elisée: "Faut-il les tuer, mon père?" Mais il répondit: "Ne les tue pas. Ceux même que ton épée et ton arc ont fait captifs, les mets-tu à mort? Offre-leur du pain et de l'eau pour qu'ils mangent et qu'ils boivent, et qu'ils aillent chez leur maître." Le roi leur servit un grand festin; après qu'ils eurent mangé et bu, il les congédia et ils partirent chez leur maître. Les bandes araméennes ne revinrent plus sur le territoire d'Israël. Il advint, après cela, que Ben-Hadad, roi d'Aram, rassembla toute son armée et vint mettre le siège devant Samarie. Il y eut une grande famine à Samarie et le siège fut si dur que la tête d'âne valait 80 sicles d'argent et le quarteron d'oignons sauvages cinq sicles d'argent. Comme le roi passait sur le rempart, une femme lui cria: "Au secours, Monseigneur le roi!" Il répondit: "Si Yahvé ne te secourt pas, d'où pourrais-je te secourir? Serait-ce de l'aire ou du pressoir?" Puis le roi lui dit: "Qu'as-tu?" Elle reprit: "Cette femme m'a dit: Donne ton fils, que nous le mangions aujourd'hui, et nous mangerons mon fils demain. Nous avons fait cuire mon fils et nous l'avons mangé; le jour d'après, je lui ai dit: Donne ton fils, que nous le mangions, mais elle a caché son fils." Quand le roi entendit les paroles de cette femme, il déchira ses vêtements; le roi passait sur le rempart, et le peuple vit qu'en dessous, il portait le sac à même le corps. Il dit: "Que Dieu me fasse tel mal et y ajoute tel autre, si la tête d'Elisée fils de Shaphat lui reste aujourd'hui sur les épaules!" Elisée était assis dans sa maison et les anciens étaient assis avec lui, et le roi se fit précéder par un messager. Mais avant que celui-ci n'arrivât jusqu'à lui, Elisée dit aux anciens: "Avez-vous vu que ce fils d'assassin a donné l'ordre qu'on m'ôte la tête! Voyez: quand arrivera le messager, fermez la porte et repoussez-le avec la porte. Est-ce que le bruit des pas de son maître ne le suit point?" Il leur parlait encore que le roi descendit chez lui et dit: "Voici que tout ce mal vient de Yahvé! Pourquoi garderais-je confiance en Yahvé?" Elisée dit: "Ecoute la parole de Yahvé! Ainsi parle Yahvé: Demain à pareille heure, on aura un boisseau de gruau pour un sicle et deux boisseaux d'orge pour un sicle à la porte de Samarie." L'écuyer sur le bras de qui s'appuyait le roi répondit à Elisée: "A supposer même que Yahvé fasse des fenêtres dans le ciel, cette parole se réaliserait-elle?" Elisée dit: "Tu le verras de tes yeux, mais tu n'en mangeras pas." Or quatre hommes se trouvaient -- car ils étaient lépreux -- à l'entrée de la porte et ils se disaient entre eux: "Pourquoi restons-nous ici à attendre la mort? Si nous décidons d'entrer en ville, il y a la famine dans la ville et nous y mourrons; si nous restons ici, nous mourrons de même. Venez! Désertons et passons au camp des Araméens: s'ils nous laissent la vie, nous vivrons, et s'ils nous tuent, eh bien! nous mourrons!" Au crépuscule, ils se levèrent pour aller au camp des Araméens; ils arrivèrent à la limite du camp, et voilà qu'il n'y avait personne! Car Yahvé avait fait entendre dans le camp des Araméens un bruit de chars et de chevaux, le bruit d'une grande armée, et ils s'étaient dit entre eux: "Le roi d'Israël a pris à solde contre nous les rois des Hittites et les rois d'Egypte, pour qu'ils marchent contre nous." Ils se levèrent et s'enfuirent au crépuscule: abandonnant leurs tentes, leurs chevaux et leurs ânes, bref le camp comme il était, ils s'enfuirent pour sauver leur vie. Ces lépreux donc arrivèrent à la limite du camp et pénétrèrent dans une tente; ayant mangé et bu, ils emportèrent de là argent, or et vêtements qu'ils allèrent cacher. Puis ils revinrent, pénétrèrent dans une autre tente et en emportèrent du butin qu'ils allèrent cacher. Alors ils se dirent entre eux: "Nous faisons là quelque chose d'injuste. Ce jour-ci est un jour de bonne nouvelle, et nous nous taisons! Si nous attendons que le matin se lève, un châtiment nous frappera. Maintenant, venez! Allons porter la nouvelle au palais." Ils vinrent, appelèrent les gardes à la porte de la ville et leur annoncèrent: "Nous sommes allés au camp des Araméens. Il n'y a là personne, aucun bruit humain, seulement les chevaux à l'entrave, les ânes à l'entrave, et leurs tentes telles quelles." Les gardes de la porte crièrent, et on porta la nouvelle à l'intérieur du palais. Le roi se leva de nuit et dit à ses officiers: "Je vais vous expliquer ce que les Araméens nous ont fait. Comme ils savent que nous sommes affamés, ils ont quitté le camp pour se cacher dans la campagne en se disant: ils sortiront de la ville, nous les prendrons vivants et nous entrerons dans la ville." L'un de ses officiers répondit: "Qu'on prenne donc cinq des chevaux survivants, qui restent ici -- il leur arrivera comme à l'ensemble qui a péri --, nous les enverrons et nous verrons." On prit deux attelages, que le roi envoya derrière les Araméens en disant: "Allez et voyez." Ils les suivirent jusqu'au Jourdain; la route était jonchée de vêtements et de matériel que les Araméens avaient abandonnés dans leur panique; les messagers revinrent et informèrent le roi. Le peuple sortit et pilla le camp des Araméens: le boisseau de gruau fut à un sicle et les deux boisseaux d'orge à un sicle, selon la parole de Yahvé. Le roi avait mis de surveillance à la porte l'écuyer sur le bras duquel il s'appuyait; le peuple le foula aux pieds, à la porte, et il mourut, selon ce qu'avait dit l'homme de Dieu (ce qu'il avait dit lorsque le roi était descendu chez lui. Il arriva ce que l'homme de Dieu avait dit au roi: "On aura deux boisseaux d'orge pour un sicle et un boisseau de gruau pour un sicle, demain à pareille heure, à la porte de Samarie." L'écuyer répondit à l'homme de Dieu: "A supposer même que Yahvé fasse des fenêtres dans le ciel, cette parole se réaliserait-elle?" Elisée dit: "Tu le verras de tes yeux, mais tu n'en mangeras pas." C'est ce qui lui arriva: le peuple le foula aux pieds à la porte, et il mourut). Elisée avait dit à la femme dont il avait ressuscité le fils: "Lève-toi, va-t'en avec ta famille et séjourne où tu pourras à l'étranger, car Yahvé a appelé la famine, déjà elle vient sur le pays, pour sept ans." La femme se leva et fit ce qu'avait dit l'homme de Dieu: elle partit, elle et sa famille, et séjourna sept ans au pays des Philistins. Au bout de sept années, cette femme revint du pays des Philistins et elle alla faire appel au roi pour sa maison et pour son champ. Or le roi s'entretenait avec Géhazi, le serviteur de l'homme de Dieu: "Raconte-moi, disait-il, toutes les grandes choses qu'Elisée a faites." Il racontait justement au roi la résurrection de l'enfant mort quand la femme dont Elisée avait ressuscité le fils en appela au roi pour sa maison et pour son champ, et Géhazi dit: "Monseigneur le roi, voici cette femme, et voici son fils qu'Elisée a ressuscité." Le roi interrogea la femme et elle lui fit le récit. Alors le roi lui donna un eunuque, auquel il commanda: "Qu'on lui restitue tout ce qui est à elle et tous les revenus du champ depuis le jour où elle a quitté le pays jusqu'à maintenant." Elisée vint à Damas. Le roi d'Aram, Ben-Hadad, était malade et on lui annonça: "L'homme de Dieu est venu jusque chez nous." Alors le roi dit à Hazaël: "Prends avec toi un présent, va au-devant de l'homme de Dieu et consulte par lui Yahvé pour savoir si je guérirai de ce mal que j'ai." Hazaël alla au-devant d'Elisée et emporta en présent tout ce qu'il y avait de meilleur à Damas, la charge de 40 chameaux. Il vint et, se tenant devant lui: "Ton fils Ben-Hadad roi d'Aram, dit-il, m'a envoyé te demander: Guérirai-je de mon mal présent?" Elisée lui répondit: "Va lui dire: Tu peux guérir, mais Yahvé m'a fait voir que sûrement il mourra." Puis ses traits se figèrent, son regard devint fixe à l'extrême, et l'homme de Dieu pleura. Hazaël dit: "Pourquoi Monseigneur pleure-t-il?" Elisée répondit: "C'est que je sais le mal que tu feras aux Israélites: tu mettras le feu à leurs places fortes, tu tueras par l'épée l'élite de leurs guerriers, tu écraseras leurs petits enfants, tu éventreras leurs femmes enceintes." Hazaël dit: "Mais qu'est ton serviteur? Comment ce chien pourrait-il accomplir cette grande chose?" Elisée répondit: "Dans une vision de Yahvé, je t'ai vu roi d'Aram." Hazaël quitta Elisée et alla chez son maître, qui lui demanda: "Que t'a dit Elisée?" Il répondit: "Il m'a dit que tu pourrais guérir." Le lendemain, il prit une couverture, qu'il trempa dans l'eau et étendit sur sa figure. Ben-Hadad mourut et Hazaël régna à sa place. La cinquième année de Joram fils d'Achab, roi d'Israël, Joram fils de Josaphat devint roi de Juda. Il avait 32 ans à son avènement et régna huit ans à Jérusalem. Il imita la conduite des rois d'Israël, comme avait fait la maison d'Achab, car c'était de la maison d'Achab qu'il avait pris une épouse, et il fit ce qui déplaît à Yahvé. Cependant Yahvé ne voulut pas détruire Juda, à cause de son serviteur David, selon la promesse qu'il lui avait faite de lui laisser toujours une lampe en sa présence. De son temps, Edom s'affranchit de la domination de Juda et se donna un roi. Joram passa à Caïr, et avec lui tous les chars... Il se leva de nuit et força la ligne des Edomites qui l'encerclaient, et les commandants de chars avec lui; le peuple s'enfuit à ses tentes. Ainsi Edom s'affranchit de la domination de Juda, jusqu'à ce jour; Libna aussi se révolta. Dans ce temps-là... Le reste de l'histoire de Joram, tout ce qu'il a fait, cela n'est-il pas écrit au livre des Annales des rois de Juda? Joram se coucha avec ses pères et on l'enterra avec ses pères dans la Cité de David. Son fils Ochozias régna à sa place. La douzième année de Joram fils d'Achab, roi d'Israël, Ochozias fils de Joram devint roi de Juda. Ochozias avait 22 ans à son avènement et il régna un an à Jérusalem. Le nom de sa mère était Athalie, fille d'Omri, roi d'Israël. Il imita la conduite de la famille d'Achab et fit ce qui déplaît à Yahvé, comme la famille d'Achab, car il lui était allié. Il alla avec Joram fils d'Achab pour combattre Hazaël, roi d'Aram, à Ramot de Galaad. Mais les Araméens blessèrent Joram. Le roi Joram revint à Yizréel pour faire soigner les blessures reçues à Ramot lorsqu'il combattait Hazaël roi d'Aram, et Ochozias fils de Joram, roi de Juda, descendit à Yizréel pour visiter Joram fils d'Achab parce qu'il était souffrant. Le prophète Elisée appela l'un des frères prophètes et lui dit: "Ceins tes reins, prends avec toi cette fiole d'huile et va à Ramot de Galaad. Arrivé là, cherche à voir Jéhu fils de Yehoshaphat fils de Nimshi. L'ayant trouvé, fais qu'il se lève d'entre ses compagnons et conduis-le dans une chambre retirée. Tu prendras la fiole d'huile et tu la répandras sur sa tête en disant: Ainsi parle Yahvé. Je t'ai oint comme roi d'Israël, puis ouvre la porte et sauve-toi sans tarder." Le jeune homme partit pour Ramot de Galaad. Lorsqu'il arriva, les chefs de l'armée étaient assis ensemble; il dit: "J'ai un mot à te dire, chef." Jéhu demanda: "Auquel d'entre nous?" Il répondit: "A toi, chef." Alors Jéhu se leva et entra dans la maison. Le jeune homme lui versa l'huile sur la tête et lui dit: "Ainsi parle Yahvé, Dieu d'Israël. Je t'ai oint comme roi sur le peuple de Yahvé, sur Israël. Tu frapperas la famille d'Achab, ton maître, et je vengerai le sang de mes serviteurs les prophètes et de tous les serviteurs de Yahvé sur Jézabel et sur toute la famille d'Achab. J'exterminerai les mâles de la famille d'Achab, liés ou libres en Israël. Je traiterai la famille d'Achab comme celle de Jéroboam fils de Nebat et celle de Basha fils d'Ahiyya. Quant à Jézabel, les chiens la dévoreront dans le champ de Yizréel; personne ne l'enterrera." Puis il ouvrit la porte et s'enfuit. Jéhu sortit pour rejoindre les officiers de son maître. Ils lui demandèrent: "Tout va-t-il bien? Pourquoi ce fou est-il venu à toi?" Il répondit: "Vous connaissez l'homme et sa chanson!" Mais ils dirent: "C'est faux! Explique-nous donc!" Il dit: "Il m'a parlé de telle et telle façon et a dit: Ainsi parle Yahvé: Je t'ai oint comme roi d'Israël." Aussitôt, tous prirent leurs manteaux et les étendirent sous lui, à même les degrés; ils sonnèrent du cor et crièrent: "Jéhu est roi!" Jéhu fils de Yehoshaphat fils de Nimshi forma une conspiration contre Joram. -- Joram, avec tout Israël, gardait alors Ramot de Galaad contre une attaque de Hazaël, roi d'Aram. Mais le roi Joram était revenu à Yizréel pour faire soigner les blessures que les Araméens lui avaient infligées dans les combats qu'il soutenait contre Hazaël, roi d'Aram. -- Jéhu dit: "Si c'est votre sentiment, que personne ne s'échappe de la ville et n'aille porter la nouvelle à Yizréel!" Jéhu monta en char et partit pour Yizréel; Joram y était alité et Ochozias, roi de Juda, était descendu le visiter. Le guetteur, posté sur la tour de Yizréel, vit la troupe de Jéhu qui arrivait et annonça: "Je vois une troupe." Joram ordonna: "Qu'on prenne un cavalier, qu'on l'envoie au-devant de ces gens et qu'il demande: Cela va-t-il bien?" Le cavalier alla au-devant de Jéhu et demanda: "Ainsi parle le roi: Cela va-t-il bien" -- "Que t'importe si cela va bien? Répondit Jéhu. Passe derrière moi." Le guetteur annonça: "Le messager les a rejoints et ne revient pas." Le roi envoya un second cavalier; celui-ci les rejoignit et demanda: "Ainsi parle le roi: Cela va-t-il bien" -- "Que t'importe si cela va bien? Répondit Jéhu. Passe derrière moi." Le guetteur annonça: "Il les a rejoints et ne revient pas. La manière de conduire est celle de Jéhu fils de Nimshi: il conduit comme un fou!" Joram dit: "Qu'on attelle!" et on attela son char. Joram, roi d'Israël, et Ochozias, roi de Juda, partirent, chacun sur son char, au-devant de Jéhu. Ils le rejoignirent dans le champ de Nabot de Yizréel. Dès que Joram vit Jéhu, il demanda: "Cela va-t-il bien, Jéhu?" Celui-ci répondit: "Quelle question, tant que durent les prostitutions de ta mère Jézabel et ses nombreux sortilèges!" Joram tourna bride et s'enfuit, en disant à Ochozias: "Trahison, Ochozias!" Jéhu avait bandé son arc, il atteignit Joram entre les épaules et la flèche traversa le coeur du roi, qui s'affaissa sur son char. Jéhu dit à Bidqar son écuyer: "Enlève-le et jette-le dans le champ de Nabot de Yizréel. Souviens-toi: lorsque moi et toi nous étions tous deux en char derrière son père Achab, Yahvé a prononcé contre lui cette sentence: Je l'assure! J'ai vu hier le sang de Nabot et le sang de ses fils, oracle de Yahvé. Je te rendrai la pareille dans ce champ même, oracle de Yahvé. Enlève-le donc et jette-le dans le champ, selon la parole de Yahvé." Quand Ochozias, roi de Juda, eut vu cela, il prit la fuite sur la route de Bet-ha-Gân, mais Jéhu le poursuivit et ordonna: "Lui aussi, frappez-le!" On le blessa sur son char, à la montée de Gur, qui est près de Yibleam, et il se réfugia à Megiddo où il mourut. Ses serviteurs le portèrent en char à Jérusalem et l'ensevelirent dans son tombeau, dans la Cité de David. C'était en la onzième année de Joram fils d'Achab qu'Ochozias était devenu roi de Juda. Jéhu rentra à Yizréel et Jézabel l'apprit. Elle se farda les yeux, s'orna la tête, se mit à la fenêtre et, lorsque Jéhu franchit la porte, elle dit: "Cela va-t-il bien, Zimri, assassin de son maître?" Jéhu leva la tête vers la fenêtre et dit: "Qui est avec moi, qui?" Et deux ou trois eunuques se penchèrent vers lui. Il dit: "Jetez-la en bas." Ils la jetèrent en bas, son sang éclaboussa le mur et les chevaux, et Jéhu lui passa sur le corps. Il entra, mangea et but, puis il ordonna: "Occupez-vous de cette maudite et donnez-lui la sépulture, car elle est fille de roi." On alla pour l'ensevelir, mais on ne trouva d'elle que le crâne, les pieds et les mains. On revint en informer Jéhu, qui dit: "C'est la parole de Yahvé, qu'il a prononcée par le ministère de son serviteur Elie le Tishbite: Dans le champ de Yizréel, les chiens dévoreront la chair de Jézabel, le cadavre de Jézabel sera comme du fumier épandu dans la campagne, en sorte qu'on ne pourra pas dire: C'est Jézabel." Il y avait à Samarie 70 fils d'Achab. Jéhu écrivit des lettres qu'il envoya à Samarie aux commandants de la ville, aux anciens et aux tuteurs des enfants d'Achab. Il disait: "Maintenant -- quand cette lettre vous parviendra, -- vous avez avec vous les fils de votre maître, vous avez les chars et les chevaux, une ville forte et des armes. Voyez quel est, parmi les fils de votre maître, le meilleur et le plus digne, mettez-le sur le trône de son père, et combattez pour la maison de votre maître." Ils eurent une très grande peur et dirent: "Voilà que les deux rois n'ont pas tenu devant lui, comment pourrions-nous tenir nous-mêmes?" Le maître du palais, le commandant de la ville, les anciens et les tuteurs envoyèrent ce message à Jéhu: "Nous sommes tes serviteurs, nous ferons tout ce que tu ordonneras, nous ne proclamerons pas de roi, fais ce qui te paraît bon." Jéhu leur écrivit une seconde lettre, où il disait: "Si donc vous êtes pour moi et si vous voulez m'écouter, prenez les chefs des hommes de la maison de votre maître et venez me trouver demain à cette heure à Yizréel." (Il y avait 70 fils du roi chez les grands de la ville, qui les élevaient.) Dès que cette lettre leur parvint, ils prirent les fils du roi, les égorgèrent tous les 70, mirent leur tête dans des corbeilles et les lui envoyèrent à Yizréel. Le messager vint annoncer à Jéhu: "On a apporté les têtes des fils du roi." Il dit: "Mettez-les en deux tas à l'entrée de la porte, jusqu'au matin." Le matin, il sortit et, se tenant debout, il dit à tout le peuple: "Soyez sans reproche! Moi, j'ai conspiré contre mon maître et je l'ai assassiné, mais tous ceux-là, qui les a tués? Sachez donc que rien ne tombera à terre de l'oracle que Yahvé a prononcé contre la famille d'Achab: Yahvé a fait ce qu'il avait dit par le ministère de son serviteur Elie." Et Jéhu frappa tous ceux qui restaient de la maison d'Achab à Yizréel, tous ses grands, ses familiers, ses prêtres; il n'en laissa échapper aucun. Jéhu partit et alla à Samarie. Comme il était en route, à Bet-Eqèd-des-Pasteurs, il y trouva les frères d'Ochozias, roi de Juda, et demanda: "Qui êtes-vous?" Ils répondirent: "Nous sommes les frères d'Ochozias et nous descendons saluer les fils du roi et les fils de la reine mère." Il ordonna: "Prenez-les vivants." On les prit vivants et les égorgea à la citerne de Bet-Eqèd, au nombre de 42; il n'en épargna pas un seul. Parti de là, il trouva Yonadab fils de Rékab, qui venait à sa rencontre; il le salua et lui dit: "Ton coeur est-il loyalement avec le mien, comme mon coeur est avec le tien?" Yonadab répondit: "Oui" -- "Si c'est oui, donne-moi la main." Yonadab lui donna la main et Jéhu le fit monter près de lui sur le char. Il lui dit: "Viens avec moi, tu admireras mon zèle pour Yahvé", et il l'emmena sur son char. Il entra dans Samarie et frappa tous les survivants de la famille d'Achab à Samarie, il l'extermina, selon la parole que Yahvé avait dite à Elie. Jéhu rassembla tout le peuple et lui dit: "Achab a vénéré Baal un peu, Jéhu va le vénérer beaucoup. Maintenant, appelez-moi tous les prophètes de Baal et tous ses prêtres, qu'il n'en manque pas un, car j'ai à offrir un grand sacrifice à Baal. Quiconque s'abstiendra perdra la vie" -- Jéhu agissait par ruse, pour anéantir les fidèles de Baal. -- Il ordonna: "Convoquez une assemblée sainte pour Baal"; et ils la convoquèrent. Jéhu envoya des messagers dans tout Israël et tous les fidèles de Baal arrivèrent, il n'en resta pas un qui ne vînt. Ils se rendirent au temple de Baal, qui fut rempli d'un mur à l'autre. Jéhu dit au gardien du vestiaire: "Sors des vêtements pour tous les fidèles de Baal", et il sortit pour eux les vêtements. Jéhu vint au temple de Baal avec Yonadab fils de Rékab et dit aux fidèles de Baal: "Assurez-vous bien qu'il n'y a pas de serviteurs de Yahvé ici avec vous, mais rien que des fidèles de Baal", et il s'avança pour offrir des sacrifices et des holocaustes. Or Jéhu avait posté au-dehors 80 de ses gens et avait dit: "Si l'un de vous laisse échapper un des hommes que je vais vous livrer, sa vie paiera pour la vie de l'autre." Lorsque Jéhu eut achevé d'offrir l'holocauste, il ordonna aux gardes et aux écuyers: "Entrez, frappez-les! Que pas un ne sorte!" Les gardes et les écuyers entrèrent, les passèrent au fil de l'épée et arrivèrent jusqu'au sanctuaire du temple de Baal. Ils enlevèrent le pieu sacré du temple de Baal et le brûlèrent. Ils démolirent la stèle de Baal, ils démolirent aussi le temple de Baal et en firent un cloaque, ce qu'il est resté jusqu'à maintenant. Ainsi Jéhu fit que Baal disparut d'Israël. Cependant Jéhu ne se détourna pas des péchés de Jéroboam fils de Nebat, où il avait entraîné Israël, les veaux d'or de Béthel et de Dan. Yahvé dit à Jéhu: "Parce que tu as bien exécuté ce qui m'était agréable et que tu as accompli tout ce que j'avais dans le coeur contre la maison d'Achab, tes fils jusqu'à la quatrième génération s'assiéront sur le trône d'Israël. Mais Jéhu ne suivit pas fidèlement et de tout son coeur la loi de Yahvé, Dieu d'Israël: il ne se détourna pas des péchés de Jéroboam, où il avait entraîné Israël. En ce temps-là, Yahvé commença à tailler dans Israël et Hazaël battit les Israélites dans tout le territoire à partir du Jourdain vers le soleil levant, tout le pays de Galaad, le pays des Gadites, des Rubénites, des Manassites, depuis Aroër qui est sur le torrent d'Arnon, Galaad et Bashân. Le reste de l'histoire de Jéhu, tout ce qu'il a fait, tous ses exploits, cela n'est-il pas écrit au livre des Annales des rois d'Israël? Il se coucha avec ses pères et on l'enterra à Samarie; son fils Joachaz devint roi à sa place. Jéhu avait régné sur Israël pendant 28 ans à Samarie. Lorsque la mère d'Ochozias, Athalie, eut appris que son fils était mort, elle entreprit d'exterminer toute la descendance royale. Mais Yehoshéba fille du roi Joram et soeur d'Ochozias, retira furtivement Joas, son neveu, du groupe des fils du roi qu'on massacrait et elle le mit, avec sa nourrice, dans la chambre des lits; elle le déroba ainsi à Athalie et il ne fut pas mis à mort. Il resta six ans avec elle, caché dans le Temple de Yahvé, pendant qu'Athalie régnait sur le pays. La septième année, Yehoyada envoya chercher les centeniers des Cariens et des gardes, et les fit venir auprès de lui, dans le Temple de Yahvé. Il conclut un pacte avec eux, leur fit prêter serment et leur montra le fils du roi. Il leur donna cet ordre: "Voici ce que vous allez faire: le tiers d'entre vous, la garde descendante du jour du sabbat, qui prend la faction au palais royal, *** et vos deux autres sections, toute la garde montante du jour du sabbat, qui prend la faction au Temple de Yahvé, vous ferez un cercle autour du roi; chacun aura ses armes à la main et quiconque voudra forcer vos rangs sera mis à mort. Vous accompagnerez le roi dans ses allées et venues." Les centeniers firent tout ce que leur avait ordonné le prêtre Yehoyada. Ils prirent chacun leurs hommes, la garde descendante du jour du sabbat en même temps que la garde montante du jour du sabbat, et vinrent auprès du prêtre Yehoyada. Le prêtre donna aux centeniers les lances et les boucliers du roi David, qui étaient dans le Temple de Yahvé. Les gardes se rangèrent, leurs armes à la main, depuis l'angle sud jusqu'à l'angle nord du Temple, entourant l'autel et le Temple. Alors Yehoyada fit sortir le fils du roi, il lui imposa le diadème et lui remit le document de l'alliance; on le fit roi et on lui donna l'onction. On battit des mains et on cria: "Vive le roi!" Entendant la clameur populaire, Athalie se rendit vers le peuple au Temple de Yahvé. Quand elle vit le roi debout sur l'estrade, selon l'usage, les chefs et les trompettes près du roi, tout le peuple du pays exultant de joie et sonnant de la trompette, Athalie déchira ses vêtements et cria: "Trahison! Trahison!" Alors le prêtre Yehoyada donna un ordre aux commandants de la troupe: "Faites-la sortir entre les rangs, leur dit-il, et si quelqu'un la suit, qu'on le passe au fil de l'épée"; car le prêtre s'était dit: "Il ne faut pas qu'elle soit tuée dans le Temple de Yahvé." Ils mirent la main sur elle et, quand elle arriva au palais royal par l'Entrée des Chevaux, là elle fut mise à mort. Yehoyada conclut entre Yahvé, le roi et le peuple l'alliance par laquelle celui-ci s'obligeait à être le peuple de Yahvé; de même entre le roi et le peuple. Tout le peuple du pays se rendit ensuite au temple de Baal et le démolit; on brisa de belle façon ses autels et ses images et on tua Mattân, prêtre de Baal, devant les autels. Le prêtre établit des postes de surveillance pour le Temple de Yahvé, puis il prit des centeniers, les Cariens et les gardes, et tout le peuple du pays. Ils firent descendre le roi du Temple de Yahvé et entrèrent au palais par la porte des Gardes. Joas s'assit sur le trône des rois. Tout le peuple du pays était en liesse mais la ville ne bougea pas. Quant à Athalie, on la fit périr par l'épée dans le palais royal. *** Joas avait sept ans à son avènement. En la septième année de Jéhu, Joas devint roi et il régna 40 ans à Jérusalem; sa mère s'appelait Cibya et était de Bersabée. Joas fit ce qui est agréable à Yahvé, pendant toute sa vie, car le prêtre Yehoyada l'avait instruit. Seulement, les hauts lieux ne disparurent pas et le peuple continuait d'offrir sacrifices et encens sur les hauts lieux. Joas dit aux prêtres: "Tout l'argent des redevances sacrées qu'on apporte au Temple de Yahvé, l'argent des taxes personnelles et tout l'argent offert volontairement au Temple, les prêtres le recevront chacun des gens de sa connaissance et ils feront au Temple toutes les réparations qu'il y a à faire." Or, en la vingt-troisième année du roi Joas, les prêtres n'avaient pas réparé le Temple; alors le roi Joas appela le prêtre Yehoyada et les prêtres et il leur dit: "Pourquoi ne réparez-vous pas le Temple? Il ne faut plus que vous receviez l'argent des gens de votre connaissance, vous le donnerez pour le dommage du Temple." Les prêtres consentirent à ne pas accepter d'argent du peuple et à n'être plus chargés de réparer le Temple. Le prêtre Yehoyada prit un coffre, perça un trou dans son couvercle et le plaça à côté de la stèle, à droite quand on entre dans le Temple de Yahvé, et les prêtres gardiens du seuil y déposaient tout l'argent livré au Temple de Yahvé. Quand ils voyaient qu'il y avait beaucoup d'argent dans le coffre, le secrétaire royal montait, on fondait et on comptait l'argent qui se trouvait dans le Temple de Yahvé. Une fois l'argent éprouvé, on le remettait aux maîtres d'oeuvres attachés au Temple de Yahvé et ceux-ci le dépensaient pour les charpentiers et les ouvriers du bâtiment qui travaillaient au Temple de Yahvé, pour les maçons et les tailleurs de pierres, et pour acheter le bois et les pierres de taille, destinés à la réparation du Temple de Yahvé, bref pour tous les frais de réparation du Temple. Mais on ne faisait dans le Temple de Yahvé ni bassins d'argent, ni couteaux, ni bols à aspersion, ni trompettes, ni aucun objet d'or ou d'argent avec l'argent qui y était livré, on le donnait aux maîtres d'oeuvres qui l'employaient à réparer le Temple de Yahvé. On ne tenait pas de comptes avec les gens aux mains desquels on remettait l'argent pour le donner aux artisans, car ils agissaient avec probité. Quant à l'argent versé pour la satisfaction d'un délit ou d'un péché, il n'était pas livré au Temple de Yahvé, il était pour les prêtres. Alors Hazaël, roi d'Aram, partit en guerre contre Gat et la prit, puis il se disposa à monter contre Jérusalem. Joas, roi de Juda, prit tout ce qu'avaient consacré les rois de Juda, ses pères, Josaphat, Joram et Ochozias, ce qu'il avait consacré lui-même et tout l'or qu'on trouva dans les trésors du Temple de Yahvé et du palais royal; il envoya le tout à Hazaël, roi d'Aram, et celui-ci s'éloigna de Jérusalem. Le reste de l'histoire de Joas et tout ce qu'il a fait, cela n'est-il pas écrit au livre des Annales des rois de Juda? Ses officiers se soulevèrent et ourdirent un complot; ils frappèrent Joas au Bet-Millo... Ce furent Yozakar fils de Shiméat et Yehozabad fils de Shomer qui le frappèrent, et il mourut. On l'enterra avec ses pères dans la Cité de David et son fils Amasias régna à sa place. En la vingt-troisième année de Joas fils d'Ochozias, roi de Juda, Joachaz fils de Jéhu devint roi sur Israël à Samarie. Il régna dix-sept ans. Il fit ce qui déplaît à Yahvé et imita le péché de Jéroboam fils de Nebat, où celui-ci avait entraîné Israël; il ne s'en détourna pas. Alors la colère de Yahvé s'enflamma contre les Israélites et il les livra à Hazaël, roi d'Aram, et à Ben-Hadad, fils de Hazaël, tout le temps. Mais Joachaz chercha à apaiser Yahvé, et Yahvé l'exauça, car il avait vu l'oppression que le roi d'Aram faisait subir à Israël. Yahvé donna à Israël un libérateur qui l'affranchit de l'emprise d'Aram, et les Israélites habitèrent leurs tentes comme auparavant. Seulement, ils ne se détournèrent pas du péché de Jéroboam, où celui-ci avait entraîné Israël: ils y persistèrent, et même le pieu sacré resta dressé à Samarie. Yahvé ne laissa comme troupes à Joachaz que 50 cavaliers, dix chars et 10.000 hommes de pied; le roi d'Aram les avait exterminés et rendus comme poussière qu'on foule aux pieds. Le reste de l'histoire de Joachaz, tout ce qu'il a fait et ses exploits, cela n'est-il pas écrit au livre des Annales des rois d'Israël? Joachaz se coucha avec ses pères, on l'enterra à Samarie et son fils Joas régna à sa place. En la trente-septième année de Joas, roi de Juda, Joas fils de Joachaz devint roi sur Israël à Samarie; il régna seize ans. Il fit ce qui déplaît à Yahvé, il ne se détourna pas du péché de Jéroboam fils de Nebat, où celui-ci avait entraîné Israël, il y persista. Le reste de l'histoire de Joas, tout ce qu'il a fait et ses exploits, comment il fit la guerre à Amasias, roi de Juda, cela n'est-il pas écrit au livre des Annales des rois d'Israël? Joas se coucha avec ses pères et Jéroboam monta sur son trône. Joas fut enterré à Samarie avec les rois d'Israël. Quand Elisée fut frappé de la maladie dont il devait mourir, Joas, le roi d'Israël, descendit vers lui, pleura sur son visage et dit: "Mon père! Mon père! Char d'Israël et son attelage!" Elisée lui dit: "Va chercher un arc et des flèches", et il alla chercher un arc et des flèches. Elisée dit au roi: "Bande l'arc", et il le banda. Elisée mit ses mains sur les mains du roi, puis il dit: "Ouvre la fenêtre vers l'orient", et il l'ouvrit. Alors Elisée dit: "Tire!" et il tira. Elisée dit: "Flèche de victoire pour Yahvé! Flèche de victoire contre Aram! Tu battras Aram à Apheq, complètement." Elisée dit: "Prends les flèches"; et il les prit. Elisée dit au roi: "Frappe contre terre", il frappa trois coups et il s'arrêta. Alors l'homme de Dieu s'irrita contre lui: "Il fallait frapper cinq ou six coups! Alors tu aurais battu Aram complètement; maintenant, tu ne le battras que trois fois!" Elisée mourut et on l'enterra. Des bandes de Moabites faisaient incursion dans le pays chaque année. Il arriva que des gens qui portaient un homme en terre virent la bande; ils jetèrent l'homme dans la tombe d'Elisée et partirent. L'homme toucha les ossements d'Elisée: il reprit vie et se dressa sur ses pieds. Hazaël, roi d'Aram, avait opprimé les Israélites pendant toute la vie de Joachaz. Mais Yahvé leur fit grâce et les prit en pitié. Il se tourna vers eux à cause de l'alliance qu'il avait conclue avec Abraham, Isaac et Jacob; il ne voulut pas les anéantir et ne les rejeta pas loin de sa face. Hazaël, roi d'Aram, mourut et son fils Ben-Hadad régna à sa place. Alors Joas, fils de Joachaz, reprit des mains de Ben-Hadad, fils de Hazaël, les villes que Hazaël avait enlevées par les armes à son père Joachaz. Joas le battit trois fois et recouvra les villes d'Israël. En la deuxième année de Joas fils de Joachaz, roi d'Israël, Amasias fils de Joas devint roi de Juda. Il avait 25 ans à son avènement et régna 29 ans à Jérusalem; sa mère s'appelait Yehoaddân et était de Jérusalem. Il fit ce qui est agréable à Yahvé, non pas pourtant comme son ancêtre David; il imita en tout Joas, son père. Seulement, les hauts lieux ne disparurent pas et le peuple continuait d'offrir sacrifices et encens sur les hauts lieux. Lorsque le pouvoir royal fut affermi entre ses mains, il tua ceux de ses officiers qui avaient tué le roi son père. Mais il ne mit pas à mort les fils des meurtriers, selon ce qui est écrit dans le livre de la Loi de Moïse, où Yahvé a ordonné: Les pères ne seront pas mis à mort pour les fils, ni les fils pour les pères, mais chacun sera mis à mort pour son propre crime. C'est lui qui battit les Edomites dans la vallée du Sel, au nombre de 10.000 hommes, et qui prit de haute lutte la Roche, il lui donna le nom de Yoqtéel, qu'elle porte jusqu'à ce jour. Alors Amasias envoya des messagers à Joas fils de Joachaz fils de Jéhu, roi d'Israël, pour lui dire: "Viens et mesurons-nous!" Joas, roi d'Israël, retourna ce message à Amasias, roi de Juda: "Le chardon du Liban manda ceci au cèdre du Liban: Donne ta fille pour femme à mon fils, mais les bêtes sauvages du Liban passèrent et foulèrent le chardon. Tu as remporté une victoire sur Edom et tu te montes la tête! Sois glorieux et reste chez toi. Pourquoi provoquer le malheur et amener ta chute et celle de Juda avec toi?" Mais Amasias n'écouta pas, et Joas, roi d'Israël, se mit en campagne. Ils se mesurèrent, lui et Amasias, roi de Juda, à Bet-Shémesh qui appartient à Juda. Juda fut battu devant Israël et chacun s'enfuit à sa tente. Quant au roi de Juda, Amasias fils de Joas fils d'Ochozias, le roi d'Israël Joas le fit prisonnier à Bet-Shémesh et l'emmena à Jérusalem. Il fit une brèche au rempart de Jérusalem, depuis la porte d'Ephraïm jusqu'à la porte de l'Angle, sur 400 coudées. Il prit tout l'or et l'argent et tout le mobilier qui se trouvaient dans le Temple de Yahvé et dans le trésor du palais royal, en plus des otages, et retourna à Samarie. Le reste de l'histoire de Joas, tout ce qu'il a fait et ses exploits, et comment il fit la guerre à Amasias, roi de Juda, cela n'est-il pas écrit au livre des Annales des rois d'Israël? Joas se coucha avec ses pères et on l'enterra à Samarie auprès des rois d'Israël: Jéroboam, son fils, régna à sa place. Amasias, fils de Joas, roi de Juda, vécut encore quinze ans après la mort de Joas, fils de Joachaz, roi d'Israël. Le reste de l'histoire d'Amasias, cela n'est-il pas écrit au livre des Annales des rois de Juda? On trama un complot contre lui à Jérusalem, il s'enfuit vers Lakish, mais on le fit suivre à Lakish et mettre à mort là-bas. On le transporta avec des chevaux et on l'enterra à Jérusalem auprès de ses pères, dans la Cité de David. Tout le peuple de Juda choisit Ozias, qui avait seize ans, et le fit roi à la place de son père Amasias. C'est lui qui rebâtit Elat et la rendit à Juda, après que le roi se fut couché avec ses pères. En la quinzième année d'Amasias fils de Joas, roi de Juda, Jéroboam fils de Joas devint roi d'Israël à Samarie; il régna 41 ans. Il fit ce qui déplaît à Yahvé, il ne se détourna pas de tous les péchés de Jéroboam fils de Nebat, où celui-ci avait entraîné Israël. C'est lui qui recouvra le territoire d'Israël, depuis l'Entrée de Hamat jusqu'à la mer de la Araba, selon ce que Yahvé, Dieu d'Israël, avait dit par le ministère de son serviteur, le prophète Jonas fils d'Amittaï, qui était de Gat-Hépher. Car Yahvé avait vu la très amère détresse d'Israël, plus de liés ni de libres et personne pour secourir Israël. Yahvé n'avait pas décidé d'effacer le nom d'Israël de dessous le ciel et il le sauva par les mains de Jéroboam fils de Joas. Le reste de l'histoire de Jéroboam, tout ce qu'il a fait et ses exploits, comment il guerroya et comment il fit revenir Damas et Hamat à Juda et à Israël, cela n'est-il pas écrit au livre des Annales des rois d'Israël? Jéroboam se coucha avec ses pères. On l'enterra à Samarie auprès des rois d'Israël et son fils Zacharie régna à sa place. En la vingt-septième année de Jéroboam, roi d'Israël, Ozias fils d'Amasias devint roi de Juda. Il avait seize ans à son avènement et régna 52 ans à Jérusalem; sa mère s'appelait Yekolyahu et était de Jérusalem. Il fit ce qui est agréable à Yahvé, comme tout ce qu'avait fait son père Amasias. Seulement, les hauts lieux ne disparurent pas et le peuple continuait d'offrir sacrifices et encens sur les hauts lieux. Mais Yahvé frappa le roi et il fut affligé de la lèpre jusqu'au jour de sa mort. Il demeura confiné à la chambre, Yotam, son fils, était maître du palais et administrait le peuple. Le reste de l'histoire d'Ozias, et tout ce qu'il a fait, cela n'est-il pas écrit au livre des Annales des rois de Juda? Ozias se coucha avec ses pères, on l'enterra dans la Cité de David et son fils Yotam devint roi à sa place. En la trente-huitième année d'Ozias, roi de Juda, Zacharie fils de Jéroboam devint roi sur Israël à Samarie, pour six mois. Il fit ce qui déplaît à Yahvé, comme avaient fait ses pères, il ne se détourna pas des péchés de Jéroboam fils de Nebat, où celui-ci avait entraîné Israël. Shallum fils de Yabesh fit une conspiration contre lui, il le frappa à mort à Yibleam et devint roi à sa place. Le reste de l'histoire de Zacharie est écrit au livre des Annales des rois d'Israël. C'était ce que Yahvé avait dit à Jéhu: "Tes fils jusqu'à la quatrième génération s'assiéront sur le trône d'Israël"; et il en fut ainsi. Shallum fils de Yabesh devint roi en la trente-neuvième année d'Ozias, roi de Juda, et régna un mois à Samarie. Menahem fils de Gadi monta de Tirça, entra à Samarie, y frappa à mort Shallum fils de Yabesh et devint roi à sa place. Le reste de l'histoire de Shallum et le complot qu'il trama, cela est écrit au livre des Annales des rois d'Israël. C'est alors que Menahem châtia Tappuah -- tuant tous ceux qui y étaient -- et son territoire en partant de Tirça, parce qu'on ne lui avait pas ouvert les portes; il châtia la ville et éventra toutes les femmes enceintes. En la trente-neuvième année d'Ozias, roi de Juda, Menahem fils de Gadi devint roi sur Israël; il régna dix ans à Samarie. Il fit ce qui déplaît à Yahvé, il ne se détourna pas des péchés de Jéroboam fils de Nebat, où celui-ci avait entraîné Israël. De son temps, Pul, roi d'Assyrie, envahit le pays. Menahem donna à Pul mille talents d'argent pour qu'il le soutînt et qu'il affermît le pouvoir royal entre ses mains. Menahem préleva cette somme sur Israël, sur tous les notables, pour la donner au roi d'Assyrie, à raison de 50 sicles d'argent par tête. Alors le roi d'Assyrie s'en retourna et ne resta pas là, dans le pays. Le reste de l'histoire de Menahem, et tout ce qu'il a fait, cela n'est-il pas écrit au livre des Annales des rois d'Israël? Menahem se coucha avec ses pères et Peqahya, son fils, devint roi à sa place. En la cinquantième année d'Ozias, roi de Juda, Peqahya fils de Menahem devint roi sur Israël à Samarie, pour deux ans. Il fit ce qui déplaît à Yahvé, il ne se détourna pas des péchés de Jéroboam fils de Nebat, où celui-ci avait entraîné Israël. Son écuyer Péqah fils de Remalyahu complota contre lui et le frappa à Samarie, dans le donjon du palais royal... Il y avait avec lui 50 hommes de Galaad. Il fit mourir le roi et régna à sa place. Le reste de l'histoire de Peqahya, et tout ce qu'il a fait, cela est écrit au livre des Annales des rois d'Israël. En la cinquante-deuxième année d'Ozias, roi de Juda, Péqah fils de Remalyahu devint roi sur Israël à Samarie; il régna vingt ans. Il fit ce qui déplaît à Yahvé, il ne se détourna pas des péchés de Jéroboam fils de Nebat, où celui-ci avait entraîné Israël. Au temps de Péqah, roi d'Israël, Téglat-Phalasar, roi d'Assyrie, vint s'emparer de Iyyôn, d'Abel-Bet-Maaka, de Yanoah, de Qédesh, de Haçor, de Galaad, de la Galilée, tout le pays de Nephtali, et il déporta les habitants en Assyrie. Osée fils d'Ela ourdit un complot contre Péqah fils de Remalyahu, il le frappa à mort et devint roi à sa place. Le reste de l'histoire de Péqah, et tout ce qu'il a fait, cela est écrit au livre des Annales des rois d'Israël. En la deuxième année de Péqah fils de Remalyahu, roi d'Israël, Yotam fils d'Ozias devint roi de Juda. Il avait 25 ans à son avènement et il régna seize ans à Jérusalem; sa mère s'appelait Yerusha, fille de Sadoq. Il fit ce qui est agréable à Yahvé, imitant en tout la conduite de son père Ozias. Seulement, les hauts lieux ne disparurent pas, le peuple continuait d'offrir sacrifices et encens sur les hauts lieux. C'est lui qui construisit la Porte Supérieure du Temple de Yahvé. Le reste de l'histoire de Yotam, et tout ce qu'il a fait, cela n'est-il pas écrit au livre des Annales des rois de Juda? En ces jours-là, Yahvé commença d'envoyer contre Juda Raçôn, roi d'Aram, et Péqah, fils de Remalyahu. Yotam se coucha avec ses pères, on l'enterra dans la Cité de David, son ancêtre, et son fils Achaz devint roi à sa place. En la dix-septième année de Péqah fils de Remalyahu, Achaz fils de Yotam devint roi de Juda. Achaz avait vingt ans à son avènement et il régna seize ans à Jérusalem. Il ne fit pas ce qui est agréable à Yahvé, son Dieu, comme avait fait David son ancêtre. Il imita la conduite des rois d'Israël, et même il fit passer son fils par le feu, selon les coutumes abominables des nations que Yahvé avait chassées devant les Israélites. Il offrit des sacrifices et de l'encens sur les hauts lieux, sur les collines et sous tout arbre verdoyant. C'est alors que Raçôn, roi d'Aram, et Péqah fils de Remalyahu, roi d'Israël, partirent en guerre contre Jérusalem, ils l'assiégèrent mais ils ne purent pas la réduire. (En ce temps-là, le roi d'Edom recouvra Elat pour Edom; il expulsa les Judéens d'Elat, les Edomites y entrèrent et ils y sont restés jusqu'à ce jour.) Alors Achaz envoya des messagers à Téglat-Phalasar, roi d'Assyrie, pour lui dire: "Je suis ton serviteur et ton fils! Viens me délivrer des mains du roi d'Aram et du roi d'Israël, qui se sont levés contre moi." Achaz prit l'argent et l'or qu'on trouva dans le Temple de Yahvé et dans les trésors du palais royal et envoya le tout en présent au roi d'Assyrie. Le roi d'Assyrie l'exauça, il monta contre Damas et s'en empara; il déporta les habitants à Qir et fit mourir Raçôn. Le roi Achaz alla à Damas pour rencontrer Téglat-Phalasar, roi d'Assyrie, et il vit l'autel qui était à Damas. Alors le roi Achaz envoya au prêtre Uriyya l'image de l'autel et son modèle, avec le détail de sa structure. Le prêtre Uriyya construisit l'autel; toutes les instructions que le roi Achaz avait envoyées de Damas, le prêtre Uriyya les exécuta avant que le roi Achaz revînt de Damas. Lorsque le roi Achaz arriva de Damas, il vit l'autel, il s'en approcha et il y monta. Il fit fumer sur l'autel son holocauste et ses oblations, versa sa libation et répandit le sang de ses sacrifices de communion. Quant à l'autel qui était devant Yahvé, il le déplaça de devant le Temple, où il était entre le nouvel autel et le Temple de Yahvé, et le mit à côté du nouvel autel, vers le nord. Le roi Achaz fit ce commandement au prêtre Uriyya: "C'est sur le grand autel que tu feras fumer l'holocauste du matin et l'oblation du soir, l'holocauste du roi et son oblation, l'holocauste, l'oblation et les libations de tout le peuple; tu répandras sur lui tout le sang des holocaustes et des sacrifices. Pour ce qui concerne l'autel de bronze, je vais m'en occuper." Le prêtre Uriyya fit tout ce que lui avait ordonné le roi Achaz. Le roi Achaz mit en pièces les bases roulantes, il en détacha les traverses et les bassins, il descendit la Mer de bronze de dessus les boeufs qui la supportaient et la posa sur le pavé de pierres. En considération du roi d'Assyrie, il supprima du Temple de Yahvé l'estrade du trône, qu'on y avait construite, et l'entrée extérieure du roi. Le reste de l'histoire d'Achaz, et tout ce qu'il a fait, cela n'est-il pas écrit au livre des Annales des rois de Juda? Achaz se coucha avec ses pères, on l'enterra dans la Cité de David et son fils Ezéchias régna à sa place. En la douzième année d'Achaz, roi de Juda, Osée fils d'Ela devint roi sur Israël à Samarie; il régna neuf ans. Il fit ce qui déplaît à Yahvé, non pas pourtant comme les rois d'Israël ses prédécesseurs. Salmanasar, roi d'Assyrie, monta contre Osée, qui se soumit à lui et lui paya tribut. Mais le roi d'Assyrie découvrit qu'Osée le trahissait: celui-ci avait envoyé des messagers à Saïs, vers le roi d'Egypte, et il n'avait pas livré le tribut au roi d'Assyrie, comme chaque année. Alors le roi d'Assyrie le fit mettre en prison, chargé de chaînes. Le roi d'Assyrie envahit tout le pays et vint assiéger Samarie, pendant trois ans. En la neuvième année d'Osée, le roi d'Assyrie prit Samarie et déporta les Israélites en Assyrie. Il les établit à Halah et sur le Habor, fleuve de Gozân, et dans les villes des Mèdes. Cela arriva parce que les Israélites avaient péché contre Yahvé leur Dieu, qui les avait fait monter du pays d'Egypte, les soustrayant à l'emprise de Pharaon, roi d'Egypte. Ils adorèrent d'autres dieux, ils suivirent les coutumes des nations que Yahvé avait chassées devant eux. Les Israélites proférèrent des paroles inconvenantes contre Yahvé leur Dieu, ils se construisirent des hauts lieux partout où ils habitaient, depuis les tours de garde jusqu'aux villes fortes. Ils se dressèrent des stèles et des pieux sacrés sur toute colline élevée et sous tout arbre verdoyant. Ils sacrifièrent sur tous les hauts lieux à la manière des nations que Yahvé avait expulsées devant eux et ils y commirent de mauvaises actions, provoquant la colère de Yahvé. Ils rendirent un culte aux idoles, alors que Yahvé leur avait dit: "Vous ne ferez pas cette chose-là." Pourtant, Yahvé avait fait cette injonction à Israël et à Juda, par le ministère de tous les prophètes et de tous les voyants: "Convertissez-vous de votre mauvaise conduite, avait-il dit, et observez mes commandements et mes lois, selon toute la Loi que j'ai prescrite à vos pères et que je leur ai communiquée par le ministère de mes serviteurs les prophètes." Mais ils n'obéirent pas et raidirent leur nuque plus que n'avaient fait leurs pères, qui n'avaient pas cru en Yahvé leur Dieu. Ils méprisèrent ses lois, ainsi que l'alliance qu'il avait conclue avec leurs pères et les ordres formels qu'il leur avait intimés. A la poursuite de la Vanité, ils sont devenus vanité, à l'imitation des nations d'alentour, bien que Yahvé leur eût commandé de ne pas faire comme elles. Ils rejetèrent tous les commandements de Yahvé leur Dieu, et se firent des idoles fondues, les deux veaux, ils se firent un pieu sacré, ils se prosternèrent devant toute l'armée du ciel et rendirent un culte à Baal. Ils firent passer leurs fils et leurs filles par le feu, ils pratiquèrent la divination et la sorcellerie, ils se vendirent pour faire le mal au regard de Yahvé, provoquant sa colère. Alors Yahvé fut profondément irrité contre Israël et l'écarta de devant sa face. Il ne resta que la seule tribu de Juda. Juda non plus n'observa pas les commandements de Yahvé son Dieu, et suivit les coutumes qu'Israël avait établies. Et Yahvé repoussa toute la race d'Israël, il l'humilia et la livra aux pillards, tant qu'enfin il la rejeta loin de sa face. Il avait, en effet, détaché Israël de la maison de David, et Israël avait proclamé roi Jéroboam fils de Nebat; Jéroboam avait détourné Israël de Yahvé et l'avait entraîné dans un grand péché. Les Israélites imitèrent le péché que Jéroboam avait commis, ils ne s'en détournèrent pas, tant qu'enfin Yahvé écarta Israël de sa face, comme il l'avait annoncé par le ministère de ses serviteurs, les prophètes; il déporta les Israélites loin de leur pays en Assyrie, où ils sont encore aujourd'hui. Le roi d'Assyrie fit venir des gens de Babylone, de Kuta, de Avva, de Hamat et de Sepharvayim et les établit dans les villes de la Samarie à la place des Israélites; ils prirent possession de la Samarie et demeurèrent dans ses villes. Au début de leur installation dans le pays, ils ne révéraient pas Yahvé et celui-ci envoya contre eux des lions, qui en firent un massacre. Ils dirent au roi d'Assyrie: "Les nations que tu as déportées pour les établir dans les villes de la Samarie ne connaissent pas le rite du dieu du pays, et il a envoyé contre elles des lions. Ceux-ci les font mourir parce qu'elles ne connaissent pas le rite du dieu du pays." Alors le roi d'Assyrie donna cet ordre: "Qu'on fasse partir là-bas l'un des prêtres que j'en ai déportés, qu'il aille s'y établir et qu'il leur enseigne le rite du dieu du pays." Alors vint l'un des prêtres qu'on avait déportés de Samarie et il s'installa à Béthel; il leur enseignait comment ils devaient révérer Yahvé. Chaque nation se fit ses dieux et les mit dans les temples des hauts lieux, qu'avaient faits les Samaritains; chaque nation agit ainsi dans les villes qu'elle habitait. Les gens de Babylone avaient fait un Sukkot-Benot, les gens de Kuta un Nergal, les gens de Hamat un Ashima, les Avvites un Nibhaz et un Tartaq, et les gens de Sepharvayim brûlaient leurs enfants au feu en l'honneur d'Adrammélek et d'Anammélek, dieux de Sepharvayim. Ils révéraient aussi Yahvé et ils se firent, en les prenant parmi eux, des prêtres des hauts lieux, qui officiaient pour eux dans les temples des hauts lieux. Ils révéraient Yahvé et ils servaient leurs dieux, selon le rite des nations d'où ils avaient été déportés. Encore aujourd'hui, ils suivent leurs anciens rites. Ils ne révéraient pas Yahvé et ils ne se conformaient pas à ses règles et à ses rites, à la loi et aux commandements que Yahvé avait prescrits aux enfants de Jacob, à qui il avait imposé le nom d'Israël. Yahvé avait conclu avec eux une alliance et il leur avait fait cette prescription: "Vous ne révérerez pas les dieux étrangers, vous ne vous prosternerez pas devant eux, vous ne leur rendrez pas de culte et vous ne leur offrirez pas de sacrifices. C'est seulement à Yahvé, qui vous a fait monter du pays d'Egypte par la grande puissance de son bras étendu, qu'iront votre révérence, votre adoration et vos sacrifices. Vous observerez les règles et les rites, la loi et les commandements qu'il vous a donnés par écrit pour vous y conformer toujours, et vous ne révérerez pas de dieux étrangers. N'oubliez pas l'alliance que j'ai conclue avec vous et ne révérez pas de dieux étrangers, révérez seulement Yahvé, votre Dieu, et il vous délivrera de la main de tous vos ennemis." Mais ils n'obéirent pas, et ils continuent de suivre leur ancien rite. Donc ces nations révéraient Yahvé et rendaient un culte à leurs idoles; leurs enfants et les enfants de leurs enfants continuent de faire aujourd'hui comme avaient fait leurs pères. En la troisième année d'Osée fils d'Ela, roi d'Israël, Ezéchias fils d'Achaz devint roi de Juda. Il avait 25 ans à son avènement et il régna 29 ans à Jérusalem; sa mère s'appelait Abiyya, fille de Zekarya. Il fit ce qui est agréable à Yahvé, imitant tout ce qu'avait fait David, son ancêtre. C'est lui qui supprima les hauts lieux, brisa les stèles, coupa les pieux sacrés et mit en pièces le serpent d'airain que Moïse avait fabriqué. Jusqu'à ce temps-là, en effet, les Israélites lui offraient des sacrifices; on l'appelait Nehushtân. C'est en Yahvé, Dieu d'Israël, qu'il mit sa confiance. Après lui, aucun roi de Juda ne lui fut comparable; et pas plus avant lui. Il resta attaché à Yahvé, sans jamais se détourner de lui, et il observa les commandements que Yahvé avait prescrits à Moïse. Aussi Yahvé fut-il avec lui et il réussit dans toutes ses entreprises. Il se révolta contre le roi d'Assyrie et ne lui fut plus soumis. C'est lui qui battit les Philistins jusqu'à Gaza, dévastant leur territoire, depuis les tours de garde jusqu'aux villes fortes. En la quatrième année d'Ezéchias, qui était la septième année d'Osée fils d'Ela, roi d'Israël, Salmanasar, roi d'Assyrie, attaqua Samarie et y mit le siège. On la prit au bout de trois ans. Ce fut en la sixième année d'Ezéchias, qui était la neuvième année d'Osée, roi d'Israël, que Samarie tomba. Le roi d'Assyrie déporta les Israélites en Assyrie et les installa à Halah et sur le Habor, fleuve de Gozân, et dans les villes des Mèdes. C'était parce qu'ils n'avaient pas obéi à la parole de Yahvé, leur Dieu, et qu'ils avaient transgressé son alliance, tout ce qu'avait prescrit Moïse, le serviteur de Yahvé. Ils n'avaient rien écouté ni rien pratiqué. En la quatorzième année du roi Ezéchias, Sennachérib, roi d'Assyrie, monta contre toutes les villes fortes de Juda et s'en empara. Alors Ezéchias, roi de Juda, envoya ce message au roi d'Assyrie, à Lakish: "J'ai mal agi! Détourne de moi tes coups. Je me plierai à ce que tu m'imposeras." Le roi d'Assyrie exigea d'Ezéchias, roi de Juda,300 talents d'argent et 30 talents d'or, et Ezéchias livra tout l'argent qui se trouvait dans le Temple de Yahvé et dans les trésors du palais royal. C'est alors qu'Ezéchias fit sauter le revêtement des battants et des montants des portes du sanctuaire de Yahvé, que..., roi de Juda, avait plaqués de métal, et le livra au roi d'Assyrie. De Lakish, le roi d'Assyrie envoya vers le roi Ezéchias à Jérusalem le grand échanson avec un important corps de troupes. Il monta donc à Jérusalem et, étant arrivé, il se posta près du canal de la piscine supérieure, qui est sur le chemin du champ du Foulon. Il appela le roi. Le maître du palais Elyaqim fils de Hilqiyyahu, le secrétaire Shebna et le héraut Yoah fils d'Asaph sortirent à sa rencontre. Le grand échanson leur dit: "Dites à Ezéchias: Ainsi parle le grand roi, le roi d'Assyrie. Quelle est cette confiance sur laquelle tu te reposes? Tu t'imagines que paroles en l'air valent conseil et vaillance pour faire la guerre. En qui donc mets-tu ta confiance, pour t'être révolté contre moi? Voici que tu te fies au soutien de ce roseau brisé, l'Egypte, qui pénètre et perce la main de qui s'appuie sur lui. Tel est Pharaon, roi d'Egypte, pour tous ceux qui se fient en lui. Vous me direz peut-être: C'est en Yahvé, notre Dieu, que nous avons confiance, mais n'est-ce pas lui dont Ezéchias a supprimé les hauts lieux et les autels en disant aux gens de Juda et de Jérusalem: C'est devant cet autel, à Jérusalem, que vous vous prosternerez? Eh bien! fais un pari avec Monseigneur le roi d'Assyrie: je te donnerai 2.000 chevaux si tu peux trouver des cavaliers pour les monter! Comment ferais-tu reculer un seul des moindres serviteurs de mon maître? Mais tu t'es fié à l'Egypte pour avoir chars et cavaliers! Et puis, est-ce sans la volonté de Yahvé que je suis monté contre ce lieu pour le dévaster? C'est Yahvé qui m'a dit: Monte contre ce pays et dévaste-le!" Elyaqim, Shebna et Yoah dirent au grand échanson: "Je t'en prie, parle à tes serviteurs en araméen, car nous l'entendons, ne nous parle pas en judéen à portée des oreilles du peuple qui est sur le rempart." Mais le grand échanson leur dit: "Est-ce à ton maître ou à toi que Monseigneur m'a envoyé dire ces choses, n'est-ce pas plutôt aux gens assis sur le rempart et condamnés à manger leurs excréments et à boire leur urine avec vous?" Alors le grand échanson se tint debout, il cria d'une voix forte, en langue judéenne, et prononça ces mots: "Ecoutez la parole du grand roi, le roi d'Assyrie. Ainsi parle le roi: Qu'Ezéchias ne vous abuse pas, car il ne pourra pas vous délivrer de ma main. Qu'Ezéchias n'entretienne pas votre confiance en Yahvé en disant: Sûrement Yahvé nous délivrera, cette ville ne tombera pas entre les mains du roi d'Assyrie. N'écoutez pas Ezéchias, car ainsi parle le roi d'Assyrie: Faites la paix avec moi, rendez-vous à moi et chacun de vous mangera le fruit de sa vigne et de son figuier, chacun boira l'eau de sa citerne, jusqu'à ce que je vienne et que je vous emmène vers un pays comme le vôtre, un pays de froment et de moût, un pays de pain et de vignobles, un pays d'huile et de miel, pour que vous viviez et ne mouriez pas. Mais n'écoutez pas Ezéchias, car il vous abuse en disant: Yahvé nous délivrera! Les dieux des nations ont-ils vraiment délivré chacun leur pays des mains du roi d'Assyrie? Où sont les dieux de Hamat et d'Arpad, où sont les dieux de Sepharvayim, de Héna et de Ivva, où sont les dieux du pays de Samarie? Ont-ils délivré Samarie de ma main? Parmi tous les dieux des pays, lesquels ont délivré leur pays de ma main, pour que Yahvé délivre Jérusalem?" Ils gardèrent le silence et ne lui répondirent pas un mot, car tel était l'ordre du roi: "Vous ne lui répondrez pas." Le maître du palais Elyaqim fils de Hilqiyya, le secrétaire Shebna et le héraut Yoah fils d'Asaph vinrent auprès d'Ezéchias, les vêtements déchirés, et ils lui rapportèrent les paroles du grand échanson. A ce récit, le roi Ezéchias déchira ses vêtements, se couvrit d'un sac et se rendit au Temple de Yahvé. Il envoya le maître du palais Elyaqim, le secrétaire Shebna et les anciens des prêtres, couverts de sacs, auprès du prophète Isaïe fils d'Amoç. Ceux-ci lui dirent: "Ainsi parle Ezéchias: Ce jour-ci est un jour d'angoisse, de châtiment et d'opprobre. Les enfants sont à terme et la force manque pour enfanter. Puisse Yahvé, ton Dieu, entendre les paroles du grand échanson, que le roi d'Assyrie, son maître, a envoyé insulter le Dieu vivant, et puisse Yahvé, ton Dieu, punir les paroles qu'il a entendues! Adresse une prière en faveur du reste qui subsiste encore." Lorsque les ministres du roi Ezéchias furent arrivés auprès d'Isaïe, celui-ci leur dit: "Vous direz à votre maître: Ainsi parle Yahvé. N'aie pas peur des paroles que tu as entendues, des blasphèmes que les valets du roi d'Assyrie ont lancés contre moi. Voici que je vais mettre en lui un esprit et, sur une nouvelle qu'il entendra, il retournera dans son pays et, dans son pays, je le ferai tomber sous l'épée." Le grand échanson s'en retourna et retrouva le roi d'Assyrie en train de combattre contre Libna. Le grand échanson avait appris en effet que le roi avait décampé de Lakish, car il avait reçu cette nouvelle au sujet de Tirhaqa, roi de Kush: "Voici qu'il est parti en guerre contre toi." De nouveau, Sennachérib envoya des messagers à Ezéchias pour lui dire: "Vous parlerez ainsi à Ezéchias, roi de Juda: Que ton Dieu en qui tu te confies, ne t'abuse pas en disant: Jérusalem ne sera pas livrée aux mains du roi d'Assyrie! Tu as appris ce que les rois d'Assyrie ont fait à tous les pays, les vouant à l'anathème, et toi, tu serais délivré! Les ont-ils délivrées les dieux des nations que mes pères ont dévastées, Gozân, Harân, Réçeph, et les Edénites qui étaient à Tell Basar? Où sont le roi de Hamat, le roi d'Arpad, le roi de Laïr, de Sepharvayim, de Héna et de Ivva?" Ezéchias prit la lettre des mains des messagers et la lut. Puis il monta au Temple de Yahvé et la déplia devant Yahvé. Et Ezéchias fit cette prière en présence de Yahvé: "Yahvé, Dieu d'Israël, qui sièges sur les chérubins, c'est toi qui es seul Dieu de tous les royaumes de la terre, c'est toi qui as fait le ciel et la terre. Prête l'oreille, Yahvé, et entends, ouvre les yeux, Yahvé, et vois! Entends les paroles de Sennachérib, qui a envoyé dire des insultes au Dieu vivant. Il est vrai, Yahvé, les rois d'Assyrie ont exterminé les nations, ils ont jeté au feu leurs dieux, car ce n'étaient pas des dieux, mais l'ouvrage de mains d'hommes, du bois et de la pierre, alors ils les ont anéantis. Mais maintenant, Yahvé, notre Dieu, sauve-nous de sa main, je t'en supplie, et que tous les royaumes de la terre sachent que toi seul es Dieu, Yahvé!" Alors Isaïe, fils d'Amoç, envoya dire à Ezéchias: "Ainsi parle Yahvé, Dieu d'Israël. J'ai entendu la prière que tu m'as adressée au sujet de Sennachérib, roi d'Assyrie. Voici l'oracle que Yahvé a prononcé contre lui: Elle te méprise, elle te raille, la vierge, fille de Sion. Elle hoche la tête après toi, la fille de Jérusalem. Qui donc as-tu insulté, blasphémé? Contre qui as-tu parlé haut et levé ton regard altier? Contre le Saint d'Israël! Par tes messagers, tu as insulté le Seigneur. Tu as dit: Avec mes nombreux chars, j'ai gravi le sommet des monts, les dernières cimes du Liban. J'ai coupé sa haute futaie de cèdres et ses plus beaux cyprès. J'ai atteint son ultime retraite, son parc forestier. Moi, j'ai creusé et j'ai bu des eaux étrangères, j'ai asséché sous la plante de mes pieds tous les fleuves d'Egypte. Entends-tu bien? De longue date, j'ai préparé cela, aux jours antiques j'en fis le dessein, maintenant je le réalise. Ton destin fut de réduire en tas de ruines des villes fortifiées. Leurs habitants, les mains débiles, épouvantés et confondus, furent comme plantes des champs, verdure du gazon, herbes des toits et guérets sous le vent d'orient. Quand tu te lèves et quand tu t'assieds, quand tu sors ou tu entres, je le sais. Parce que tu t'es emporté contre moi, que ton insolence est montée à mes oreilles, je passerai mon anneau à ta narine et mon mors à tes lèvres, je te ramènerai sur la route par laquelle tu es venu. Ceci te servira de signe; On mangera cette année du grain tombé, et l'an prochain du grain de jachère, mais, le troisième an, semez et moissonnez, plantez des vignes et mangez de leur fruit. Le reste survivant de la maison de Juda produira de nouvelles racines en bas et des fruits en haut. Car de Jérusalem sortira un reste, et des réchappés, du mont Sion. L'amour jaloux de Yahvé Sabaot fera cela! Voici donc ce que dit Yahvé sur le roi d'Assyrie: Il n'entrera pas dans cette ville, il n'y lancera pas de flèche, il ne tendra pas de bouclier contre elle, il n'y entassera pas de remblai. Par la route qui l'amena, il s'en retournera, il n'entrera pas dans cette ville, oracle de Yahvé. Je protégerai cette ville et la sauverai à cause de moi et de mon serviteur David." Cette même nuit, l'Ange de Yahvé sortit et frappa dans le camp assyrien 185.000 hommes. Le matin, au réveil, ce n'étaient plus que des cadavres. Sennachérib roi d'Assyrie leva le camp et partit. Il s'en retourna et resta à Ninive. Un jour qu'il était prosterné dans le temple de Nisrok, son dieu, ses fils Adrammélek et Saréçer le frappèrent avec l'épée et se sauvèrent au pays d'Ararat. Asarhaddon, son fils, devint roi à sa place. En ces jours-là, Ezéchias fut atteint d'une maladie mortelle. Le prophète Isaïe, fils d'Amoç, vint lui dire: "Ainsi parle Yahvé. Mets ordre à ta maison, car tu vas mourir, tu ne vivras pas." Ezéchias se tourna vers le mur et fit cette prière à Yahvé: "Ah! Yahvé, souviens-toi, de grâce, que je me suis conduit fidèlement et en toute probité de coeur devant toi, et que j'ai fait ce qui était bien à tes yeux." Et Ezéchias versa d'abondantes larmes. Isaïe n'était pas encore sorti de la cour centrale que lui parvint la parole de Yahvé: "Retourne dire à Ezéchias, chef de mon peuple: Ainsi parle Yahvé, Dieu de ton ancêtre David. J'ai entendu ta prière, j'ai vu tes larmes. Je vais te guérir: dans trois jours, tu monteras au Temple de Yahvé. J'ajouterai quinze années à ta vie, je te délivrerai, toi et cette ville, de la main du roi d'Assyrie, je protégerai cette ville à cause de moi et de mon serviteur David." Isaïe dit: "Prenez un pain de figues"; on en prit un, on l'appliqua sur l'ulcère et le roi guérit. Ezéchias dit à Isaïe: "A quel signe connaîtrai-je que Yahvé va me guérir et que, dans trois jours, je monterai au Temple de Yahvé?" Isaïe répondit: "Voici, de la part de Yahvé, le signe qu'il fera ce qu'il a dit: Veux-tu que l'ombre avance de dix degrés, ou qu'elle recule de dix degrés?" Ezéchias dit: "C'est peu de chose pour l'ombre de gagner dix degrés! Non! Que plutôt l'ombre recule de dix degrés!" Le prophète Isaïe invoqua Yahvé et celui-ci fit reculer l'ombre sur les degrés que le soleil avait descendus, les degrés de la chambre haute d'Achaz -- dix degrés en arrière. En ce temps-là, Mérodak-Baladan, fils de Baladan, roi de Babylone, envoya des lettres et un présent à Ezéchias, car il avait appris sa maladie et son rétablissement. Ezéchias s'en réjouit et montra aux messagers sa chambre du trésor, l'argent, l'or, les aromates, l'huile précieuse, ainsi que son arsenal et tout ce qui se trouvait dans ses magasins. Il n'y eut rien qu'Ezéchias ne leur montrât dans son palais et dans tout son domaine. Alors le prophète Isaïe vint chez le roi Ezéchias et lui demanda: "Qu'ont dit ces gens-là et d'où sont-ils venus chez toi?" Ezéchias répondit: "Ils sont venus d'un pays lointain, de Babylone." Isaïe reprit: "Qu'ont-ils vu dans ton palais?" Ezéchias répondit: "Ils ont vu tout ce qu'il y a dans mon palais; il n'y a, dans mes magasins, rien que je ne leur aie montré." Alors Isaïe dit à Ezéchias: "Ecoute la parole de Yahvé: Des jours viennent où tout ce qui est dans ton palais, tout ce qu'ont amassé tes pères jusqu'à ce jour, sera emporté à Babylone, rien ne sera laissé, dit Yahvé. Parmi les fils issus de toi, de ceux que tu as engendrés, on en prendra pour être eunuques dans le palais du roi de Babylone." Ezéchias dit à Isaïe: "C'est une parole favorable de Yahvé que tu annonces." Il pensait en effet: "Pourquoi pas? S'il y a paix et sûreté pendant ma vie!" Le reste de l'histoire d'Ezéchias, tous ses exploits, et comment il a construit la piscine et le canal pour amener l'eau dans la ville, cela n'est-il pas écrit au livre des Annales des rois de Juda? Ezéchias se coucha avec ses pères et son fils Manassé régna à sa place. Manassé avait douze ans à son avènement et il régna 55 ans à Jérusalem; sa mère s'appelait Hephçiba. Il fit ce qui déplaît à Yahvé, imitant les abominations des nations que Yahvé avait chassées devant les Israélites. Il rebâtit les hauts lieux qu'avait détruits Ezéchias, son père, il éleva des autels à Baal et fabriqua un pieu sacré, comme avait fait Achab, roi d'Israël, il se prosterna devant toute l'armée du ciel et lui rendit un culte. Il construisit des autels dans le Temple de Yahvé, au sujet duquel Yahvé avait dit: "C'est à Jérusalem que je placerai mon Nom." Il construisit des autels à toute l'armée du ciel dans les deux cours du Temple de Yahvé. Il fit passer son fils par le feu. Il pratiqua les incantations et la divination, installa des nécromants et des devins, il multiplia les actions que Yahvé regarde comme mauvaises, provoquant ainsi sa colère. Il plaça l'idole d'Ashéra, qu'il avait faite, dans le Temple au sujet duquel Yahvé avait dit à David et à son fils Salomon: "Dans ce Temple et dans Jérusalem, la ville que j'ai choisie dans toutes les tribus d'Israël, je placerai mon Nom à jamais. Je ne ferai plus errer les pas des Israélites loin de la terre que j'ai donnée à leurs pères, pourvu qu'ils veillent à pratiquer tout ce que je leur ai commandé, selon toute la Loi qu'a prescrit pour eux mon serviteur Moïse." Mais ils n'obéirent pas, Manassé les égara, au point qu'ils agirent plus mal que les nations que Yahvé avait exterminées devant les Israélites. Alors Yahvé parla ainsi, par le ministère de ses serviteurs les prophètes: "Parce que Manassé, roi de Juda, a commis ces abominations, qu'il a agi plus mal que tout ce qu'avaient fait avant lui les Amorites et qu'il a entraîné Juda lui aussi à pécher avec ses idoles, ainsi parle Yahvé, Dieu d'Israël: Voici que je fais venir sur Jérusalem et sur Juda un malheur tel que les deux oreilles en tinteront à quiconque l'apprendra. Je passerai sur Jérusalem le même cordeau que sur Samarie, le même niveau que pour la maison d'Achab, j'écurerai Jérusalem comme on écure un plat, qu'on retourne à l'envers après l'avoir écuré. Je rejetterai les restants de mon héritage, je les livrerai entre les mains de leurs ennemis, ils serviront de proie et de butin à tous leurs ennemis, parce qu'ils ont fait ce qui me déplaît et qu'ils ont provoqué ma colère, depuis le jour où leurs pères sont sortis d'Egypte jusqu'à ce jour-ci." Manassé répandit aussi le sang innocent en si grande quantité qu'il inonda Jérusalem d'un bout à l'autre, en plus des péchés qu'il avait fait commettre à Juda en agissant mal au regard de Yahvé. Le reste de l'histoire de Manassé et tout ce qu'il a fait, les péchés qu'il a commis, cela n'est-il pas écrit au livre des Annales des rois de Juda? Manassé se coucha avec ses pères et on l'enterra dans le jardin de son palais, le jardin d'Uzza; son fils Amon régna à sa place. Amon avait 22 ans à son avènement et il régna deux ans à Jérusalem; sa mère s'appelait Meshullémèt, fille de Haruç, et était de Yotba. Il fit ce qui déplaît à Yahvé, comme avait fait son père Manassé. Il suivit en tout la conduite de son père, rendit un culte aux idoles qu'il avait servies et se prosterna devant elles. Il abandonna Yahvé, Dieu de ses ancêtres, et ne suivit pas la voie de Yahvé. Les serviteurs d'Amon complotèrent contre lui et ils tuèrent le roi dans son palais. Mais le peuple du pays frappa tous ceux qui avaient conspiré contre le roi Amon et proclama roi à sa place son fils Josias. Le reste de l'histoire d'Amon et tout ce qu'il a fait, cela n'est-il pas écrit au livre des Annales des rois de Juda? On l'enterra dans le sépulcre de son père, dans le jardin d'Uzza, et son fils Josias régna à sa place. Josias avait huit ans à son avènement et il régna 31 ans à Jérusalem; sa mère s'appelait Yedida, fille de Adaya, et était de Boçqat. Il fit ce qui est agréable à Yahvé et imita en tout la conduite de son ancêtre David, sans en dévier ni à droite ni à gauche. En la dix-huitième année du roi Josias, le roi envoya le secrétaire Shaphân, fils d'Açalyahu fils de Meshullam, au Temple de Yahvé: "Monte, lui dit-il, chez le grand prêtre Hilqiyyahu pour qu'il fonde l'argent qui a été apporté au Temple de Yahvé et que les gardiens du seuil ont recueilli du peuple. Qu'il le remette aux maîtres d'oeuvre attachés au Temple de Yahvé et que ceux-ci le dépensent pour les ouvriers qui travaillent aux réparations dans le Temple de Yahvé, pour les charpentiers, les ouvriers du bâtiment et les maçons, pour acheter le bois et les pierres de taille destinés à la réparation du Temple. Mais qu'on ne leur demande pas compte de l'argent qui leur est remis, car ils agissent avec probité." Le grand prêtre Hilqiyyahu dit au secrétaire Shaphân: "J'ai trouvé le livre de la Loi dans le Temple de Yahvé." Et Hilqiyyahu donna le livre à Shaphân, qui le lut. Le secrétaire Shaphân vint chez le roi et lui rapporta ceci: "Tes serviteurs, dit-il, ont fondu l'argent qui se trouvait dans le Temple et l'ont remis aux maîtres d'oeuvres attachés au Temple de Yahvé." Puis le secrétaire Shaphân annonça au roi: "Le prêtre Hilqiyyahu m'a donné un livre" et Shaphân le lut devant le roi. En entendant les paroles contenues dans le livre de la Loi, le roi déchira ses vêtements. Il donna cet ordre au prêtre Hilqiyyahu, à Ahiqam fils de Shaphân, à Akbor fils de Mikaya, au secrétaire Shaphân, et à Asaya, ministre du roi: "Allez consulter Yahvé pour moi et pour le peuple, à propos des paroles de ce livre qui vient d'être trouvé. Grande doit être la colère de Yahvé, qui s'est enflammée contre nous parce que nos pères n'ont pas obéi aux paroles de ce livre, en pratiquant tout ce qui y est écrit." Le prêtre Hilqiyyahu, Ahiqam, Akbor, Shaphân et Asaya se rendirent auprès de la prophétesse Hulda, femme de Shallum fils de Tiqva fils de Harhas, le gardien des vêtements; elle habitait à Jérusalem dans la ville neuve. Ils lui exposèrent la chose et elle leur répondit: "Ainsi parle Yahvé, Dieu d'Israël. Dites à l'homme qui vous a envoyés vers moi: Ainsi parle Yahvé. Je vais amener le malheur sur ce lieu et sur ses habitants, tout ce que dit le livre qu'a lu le roi de Juda, parce qu'ils m'ont abandonné et qu'ils ont sacrifié à d'autres dieux, pour m'irriter par leurs actions. Ma colère s'est enflammée contre ce lieu, elle ne s'éteindra pas. Et vous direz au roi de Juda qui vous a envoyés pour consulter Yahvé: Ainsi parle Yahvé, Dieu d'Israël: Les paroles que tu as entendues... Mais parce que ton coeur a été touché et que tu t'es humilié devant Yahvé en entendant ce que j'ai prononcé contre ce lieu et ses habitants qui deviendront un objet d'épouvante et de malédiction, et parce que tu as déchiré tes vêtements et pleuré devant moi, moi aussi, j'ai entendu, oracle de Yahvé. C'est pourquoi je te réunirai à tes pères, tu seras recueilli en paix dans ton sépulcre, tes yeux ne verront pas tous les malheurs que je fais venir sur ce lieu." Ils portèrent la réponse au roi. Alors le roi fit convoquer auprès de lui tous les anciens de Juda et de Jérusalem, et le roi monta au Temple de Yahvé avec tous les hommes de Juda et tous les habitants de Jérusalem, les prêtres et les prophètes et tout le peuple du plus petit au plus grand. Il lut devant eux tout le contenu du livre de l'alliance trouvé dans le Temple de Yahvé. Le roi était debout sur l'estrade et il conclut devant Yahvé l'alliance qui l'obligeait à suivre Yahvé et à garder ses commandements, ses instructions et ses lois, de tout son coeur et de toute son âme, pour rendre effectives les clauses de l'alliance écrite dans ce livre. Tout le peuple adhéra à l'alliance. Le roi ordonna à Hilqiyyahu, au prêtre en second et aux gardiens du seuil de retirer du sanctuaire de Yahvé tous les objets de culte qui avaient été faits pour Baal, pour Ashéra et pour toute l'armée du ciel; il les brûla en dehors de Jérusalem, dans les champs du Cédron, et porta leur cendre à Béthel. Il supprima les faux prêtres que les rois de Juda avaient installés et qui sacrifiaient dans les hauts lieux, dans les villes de Juda et les environs de Jérusalem, et ceux qui sacrifiaient à Baal, au soleil, à la lune, aux constellations et à toute l'armée du ciel. Il transporta du Temple de Yahvé en dehors de Jérusalem, à la vallée du Cédron, le pieu sacré et le brûla dans la vallée du Cédron; il le réduisit en cendres et jeta ses cendres à la fosse commune. Il démolit la demeure des prostitués sacrés, qui était dans le Temple de Yahvé et où les femmes tissaient des voiles pour Ashéra. Il fit venir des villes de Juda tous les prêtres et il profana les hauts lieux où ces prêtres avaient sacrifié, depuis Géba jusqu'à Bersabée. Il démolit le haut lieu des portes, qui était à la porte de Josué, gouverneur de la ville, à gauche quand on franchit la porte de la ville. Toutefois les prêtres des hauts lieux ne pouvaient pas monter à l'autel de Yahvé à Jérusalem, mais ils mangeaient des pains sans levain au milieu de leurs frères. Il profana le Tophèt de la vallée de Ben-Hinnom, pour que personne ne fît plus passer son fils ou sa fille par le feu en l'honneur de Molek. Il fit disparaître les chevaux que les rois de Juda avaient dédiés au soleil à l'entrée du Temple de Yahvé, près de la chambre de l'eunuque Netân-Mélek, dans les dépendances, et il brûla au feu le char du soleil. Les autels qui étaient sur la terrasse et qu'avaient bâtis les rois de Juda, et ceux qu'avait bâtis Manassé dans les deux cours du Temple de Yahvé, le roi les démolit, les brisa là et jeta leur poussière dans la vallée du Cédron. Les hauts lieux qui étaient en face de Jérusalem, au sud du mont des Oliviers, et que Salomon roi d'Israël avait bâtis pour Astarté, l'horreur des Sidoniens, pour Kemosh, l'horreur des Moabites, et pour Milkom, l'abomination des Ammonites, le roi les profana. Il brisa aussi les stèles, coupa les pieux sacrés et combla leur emplacement avec des ossements humains. De même pour l'autel qui était à Béthel, le haut lieu bâti par Jéroboam fils de Nebat qui avait entraîné Israël dans le péché, il démolit aussi cet autel et ce haut lieu, il en brisa les pierres et les réduisit en poussière; il brûla le pieu sacré. Josias se retourna et vit les tombeaux qui étaient là, dans la montagne; il envoya prendre les ossements de ces tombeaux et les brûla sur l'autel. Ainsi il le profana, accomplissant la parole de Yahvé qu'avait annoncée l'homme de Dieu lorsque Jéroboam se tenait à l'autel pendant la fête. En se retournant, Josias leva les yeux sur le tombeau de l'homme de Dieu qui avait annoncé ces choses et il demanda: "Quel est le monument que je vois?" Les hommes de la ville lui répondirent: "C'est le tombeau de l'homme de Dieu qui est venu de Juda et qui a annoncé ces choses que tu as accomplies contre l'autel" -- "Laissez-le en paix, dit le roi, et que personne ne dérange ses ossements." On laissa donc ses ossements intacts avec les ossements du prophète qui était de Samarie. Josias fit également disparaître tous les temples des hauts lieux qui étaient dans les villes de la Samarie, et que les rois d'Israël avaient bâtis pour l'irritation de Yahvé et il agit à leur endroit exactement comme il avait agi à Béthel. Tous les prêtres des hauts lieux qui étaient là furent immolés par lui sur les autels et il y brûla des ossements humains. Puis il revint à Jérusalem. Le roi donna cet ordre à tout le peuple: "Célébrez une Pâque en l'honneur de Yahvé votre Dieu, de la manière qui est écrite dans ce livre de l'alliance." On n'avait pas célébré une Pâque comme celle-là depuis les jours des Juges qui avaient régi Israël et pendant tout le temps des rois d'Israël et des rois de Juda. C'est seulement en la dix-huitième année du roi Josias qu'une telle Pâque fut célébrée en l'honneur de Yahvé à Jérusalem. De plus, les nécromants et les devins, les dieux domestiques et les idoles, et toutes les horreurs qu'on pouvait voir dans le pays de Juda et à Jérusalem, Josias les fit disparaître, en exécution des paroles de la Loi inscrites au livre qu'avait trouvé le prêtre Hilqiyyahu dans le Temple de Yahvé. Il n'y eut avant lui aucun roi qui se fût, comme lui, tourné vers Yahvé de tout son coeur, de toute son âme et de toute sa force, en toute fidélité à la Loi de Moïse, et après lui il ne s'en leva pas qui lui fût comparable. Pourtant, Yahvé ne revint pas de l'ardeur de sa grande colère, qui s'était enflammée contre Juda pour les déplaisirs que Manassé lui avait causés. Yahvé décida: "J'écarterai Juda aussi de devant moi, comme j'ai écarté Israël, je rejetterai cette ville que j'avais élue, Jérusalem, et le Temple dont j'avais dit: Là sera mon Nom." Le reste de l'histoire de Josias, et tout ce qu'il a fait, cela n'est-il pas écrit au livre des Annales des rois de Juda? De son temps, le Pharaon Neko, roi d'Egypte, monta vers le roi d'Assyrie, sur le fleuve de l'Euphrate. Le roi Josias se porta au-devant de lui mais Neko le fit périr à Megiddo, à la première rencontre. Ses serviteurs transportèrent son corps en char depuis Megiddo, ils le ramenèrent à Jérusalem et l'ensevelirent dans son tombeau. Le peuple du pays prit Joachaz fils de Josias; on lui donna l'onction et on le proclama roi à la place de son père. Joachaz avait 23 ans à son avènement et il régna trois mois à Jérusalem; sa mère s'appelait Hamital, fille de Yirmeyahu, et était de Libna. Il fit ce qui déplaît à Yahvé, tout comme avaient fait ses pères. Le Pharaon Neko le mit aux chaînes à Ribla, dans le territoire de Hamat, pour qu'il ne règne plus à Jérusalem, et il imposa au pays une contribution de cent talents d'argent et de talents d'or. Le Pharaon Neko établit comme roi Elyaqim, fils de Josias, à la place de son père Josias, et il changea son nom en celui de Joiaqim. Quant à Joachaz, il le prit et l'emmena en Egypte, où il mourut. Joiaqim livra à Pharaon l'argent et l'or mais il dut imposer le pays pour livrer la somme exigée par Pharaon: il leva sur chacun, selon sa fortune, l'argent et l'or qu'il fallait donner au Pharaon Neko. Joiaqim avait 25 ans à son avènement et il régna onze ans à Jérusalem; sa mère s'appelait Zebida, fille de Pedaya, et était de Ruma. Il fit ce qui déplaît à Yahvé, tout comme avaient fait ses pères. De son temps, Nabuchodonosor, roi de Babylone, fit campagne, et Joiaqim lui fut soumis pendant trois ans puis se révolta de nouveau contre lui. Celui-ci envoya sur lui les bandes des Chaldéens, celles des Araméens, celles des Moabites, celles des Ammonites, il les envoya sur Juda pour le détruire, conformément à la parole que Yahvé avait prononcée par le ministère de ses serviteurs les prophètes. Cela arriva à Juda uniquement à cause de la colère de Yahvé, qui voulait l'écarter de devant sa face, pour les péchés de Manassé, pour tout ce qu'avait fait celui-ci et aussi pour le sang innocent qu'il avait répandu, inondant Jérusalem de sang innocent. Yahvé ne voulut pas pardonner. Le reste de l'histoire de Joiaqim et tout ce qu'il a fait, cela n'est-il pas écrit au livre des Annales des rois de Juda? Joiaqim se coucha avec ses pères et Joiakîn son fils régna à sa place. Le roi d'Egypte ne sortit plus de son pays, car le roi de Babylone avait conquis, depuis le Torrent d'Egypte jusqu'au fleuve de l'Euphrate, tout ce qui appartenait au roi d'Egypte. Joiakîn avait dix-huit ans à son avènement et il régna trois mois à Jérusalem; sa mère s'appelait Nehushta, fille d'Elnatân, et était de Jérusalem. Il fit ce qui déplaît à Yahvé, tout comme avait fait son père. En ce temps-là, les officiers de Nabuchodonosor, roi de Babylone, marchèrent contre Jérusalem et la ville fut investie. Nabuchodonosor, roi de Babylone, vint lui-même attaquer la ville, pendant que ses officiers l'assiégeaient. Alors Joiakîn, roi de Juda, se rendit au roi de Babylone, lui, sa mère, ses officiers, ses dignitaires et ses eunuques, et le roi de Babylone les fit prisonniers; c'était en la huitième année de son règne. Celui-ci emporta tous les trésors du Temple de Yahvé et les trésors du palais royal et il brisa tous les objets d'or que Salomon, roi d'Israël, avait fabriqués pour le sanctuaire de Yahvé, comme l'avait annoncé Yahvé. Il emmena en exil tout Jérusalem, tous les dignitaires et tous les notables, soit 10.000 exilés, et tous les forgerons et serruriers; seule fut laissée la plus pauvre population du pays. Il déporta Joiakîn à Babylone; de même la mère du roi, les femmes du roi, ses eunuques, les nobles du pays, il les fit partir en exil de Jérusalem à Babylone. Tous les gens de condition, au nombre de 7.000, les forgerons et les serruriers, au nombre de mille, tous les hommes en état de porter les armes, furent conduits en exil à Babylone par le roi de Babylone. Le roi de Babylone établit roi à la place de Joiakîn son oncle Mattanya, dont il changea le nom en celui de Sédécias. Sédécias avait vingt ans à son avènement et il régna onze ans à Jérusalem; sa mère s'appelait Hamital, fille de Yirmeyahu, et était de Libna. Il fit ce qui déplaît à Yahvé, tout comme avait fait Joiaqim. Cela arriva à Jérusalem et à Juda à cause de la colère de Yahvé, tant qu'enfin il les rejeta de devant sa face. Sédécias se révolta contre le roi de Babylone. En la neuvième année de son règne, au dixième mois, le dix du mois, Nabuchodonosor, roi de Babylone, vint attaquer Jérusalem avec toute son armée, il campa devant la ville et la cerna d'un retranchement. La ville fut investie jusqu'à la onzième année de Sédécias. Au quatrième mois, le neuf du mois, alors que la famine sévissait dans la ville et que la population n'avait plus rien à manger, une brèche fut faite au rempart de la ville. Alors le roi s'échappa de nuit avec tous les hommes de guerre par la porte entre les deux murs, qui est près du jardin du roi -- les Chaldéens cernaient la ville -- et il prit le chemin de la Araba. Les troupes chaldéennes poursuivirent le roi et l'atteignirent dans les plaines de Jéricho, où tous ses soldats se dispersèrent loin de lui. Les Chaldéens s'emparèrent du roi et le menèrent à Ribla auprès du roi de Babylone, qui le fit passer en jugement. Il fit égorger les fils de Sédécias sous ses yeux, puis il creva les yeux de Sédécias, le mit aux fers et l'emmena à Babylone. Au cinquième mois, le sept du mois -- c'était en la dix-neuvième année de Nabuchodonosor, roi de Babylone --, Nebuzaradân, commandant de la garde, officier du roi de Babylone, fit son entrée à Jérusalem. Il incendia le Temple de Yahvé, le palais royal et toutes les maisons de Jérusalem. Les troupes chaldéennes qui étaient avec le commandant de la garde abattirent les remparts qui entouraient Jérusalem. Nebuzaradân, commandant de la garde, déporta le reste de la population laissée dans la ville, les transfuges qui avaient passé au roi de Babylone et le reste de la foule. Du petit peuple du pays, le commandant de la garde laissa une partie, comme vignerons et comme laboureurs. Les Chaldéens brisèrent les colonnes de bronze du Temple de Yahvé, les bases roulantes et la Mer de bronze qui étaient dans le Temple de Yahvé, et ils en emportèrent le bronze à Babylone. Ils prirent aussi les vases à cendres, les pelles, les couteaux, les navettes et tous les ustensiles de bronze qui servaient au culte. Le commandant de la garde prit les encensoirs et les coupes d'aspersion, tout ce qui était en or et tout ce qui était en argent. Quant aux deux colonnes, à la Mer unique et aux bases roulantes, que Salomon avait fabriquées pour le Temple de Yahvé, on ne pouvait évaluer ce que pesait le bronze de tous ces objets. La hauteur d'une colonne était de dix-huit coudées, elle avait un chapiteau de bronze et la hauteur du chapiteau était de cinq coudées; il y avait un treillis et des grenades autour du chapiteau, le tout en bronze. De même pour la seconde colonne. Le commandant de la garde fit prisonnier Seraya, le prêtre en chef, Cephanyahu, le prêtre en second, et les trois gardiens du seuil. De la ville, il fit prisonniers un eunuque, préposé aux hommes de guerre, cinq des familiers du roi, qui furent trouvés dans la ville, le secrétaire du chef de l'armée, chargé de la conscription, et 60 hommes du pays, qui furent trouvés dans la ville. Nebuzaradân, commandant de la garde, les prit et les mena auprès du roi de Babylone à Ribla, et le roi de Babylone les fit mettre à mort à Ribla, au pays de Hamat. Ainsi Juda fut déporté loin de sa terre. Quant à la population qui était restée dans le pays de Juda et qu'avait laissée Nabuchodonosor, roi de Babylone, celui-ci lui préposa Godolias fils d'Ahiqam fils de Shaphân. Tous les officiers des troupes et leurs hommes apprirent que le roi de Babylone avait institué Godolias gouverneur et ils vinrent auprès de lui à Miçpa: Yishmaël fils de Netanya, Yohanân fils de Qaréah, Seraya fils de Tanhumèt, le Netophatite, Yaazanyahu, le Maakatite, eux et leurs hommes. Godolias leur fit un serment, à eux et à leurs hommes, et leur dit: "Ne craignez rien des Chaldéens, demeurez dans le pays, servez le roi de Babylone et vous vous en trouverez bien." Mais, au septième mois, Yishmaël fils de Netanya fils d'Elishama, qui était de race royale, et dix hommes avec lui, vinrent frapper à mort Godolias, ainsi que les Judéens et les Chaldéens qui étaient avec lui à Miçpa. Alors tout le peuple, du plus petit au plus grand, et les chefs des troupes partirent et allèrent en Egypte, parce qu'ils eurent peur des Chaldéens. En la trente-septième année de la déportation de Joiakîn, roi de Juda, au douzième mois, le 27 du mois, Evil-Mérodak, roi de Babylone, en l'année de son avènement, fit grâce à Joiakîn, roi de Juda, et le tira de prison. Il lui parla avec faveur et lui accorda un siège supérieur à ceux des autres rois qui étaient avec lui à Babylone. Joiakîn quitta ses vêtements de captif et mangea toujours à la table du roi, sa vie durant. Son entretien fut assuré constamment par le roi, jour après jour, sa vie durant. Adam, Seth, Enosh, Qénân, Mahalaléel, Yéred, Hénok, Mathusalem, Lamek, Noé, Sem, Cham et Japhet. Fils de Japhet: Gomer, Magog, les Mèdes, Yavân, Tubal, Méshek, Tiras. Fils de Gomer: Ashkenaz, Riphat, Togarma. Fils de Yavân: Elisha, Tarshish, les Kittim, les Dananéens. Fils de Cham: Kush, Miçrayim, Put, Canaan. Fils de Kush: Séba, Havila, Sabta, Rama, Sabteka. Fils de Rama: Sheba, Dedân. Kush engendra Nemrod, qui fut le premier potentat sur la terre. Miçrayim engendra les gens de Lud, de Anam, de Lehab, de Naphtuh, de Patros, de Kasluh et de Kaphtor d'où sont sortis les Philistins. Canaan engendra Sidon, son premier-né, puis Hèt, et le Jébuséen, l'Amorite, le Girgashite, le Hivvite, l'Arqite, le Sinite, l'Arvadite, le Cemarite, le Hamatite. Fils de Sem: Elam, Ashshur, Arpakshad, Lud et Aram. Fils d'Aram: Uç, Hul, Géter et Méshek. Arpakshad engendra Shélah et Shélah engendra Eber. A Eber naquirent deux fils: le premier s'appelait Péleg, car ce fut en son temps que la terre fut divisée, et son frère s'appelait Yoqtân. Yoqtân engendra Almodad, Shéleph, Haççarmavet, Yérah, Hadoram, Uzal, Diqla, Ebal, Abimaël, Shéba, Ophir, Havila, Yobab; tous ceux-là sont fils de Yoqtân. Arpakshad, Shélah, Eber, Péleg, Réu, Serug, Nahor, Térah, Abram -- c'est Abraham. Fils d'Abraham: Isaac et Ismaël. Voici leur postérité: Le premier-né d'Ismaël, Nebayot, puis Qédar, Adbéel, Mibsam, Mishma, Duma, Massa, Hadad, Téma, Yetur, Naphish et Qédma. Tels sont les fils d'Ismaël. Fils de Qetura, concubine d'Abraham. Elle enfanta Zimrân, Yoqshân, Medân, Madiân, Yishbaq et Shuah. Fils de Yoqshân: Sheba et Dedân. Fils de Madiân: Epha, Epher, Hanok, Abida, Eldaa. Tous ceux-là sont fils de Qetura. Abraham engendra Isaac. Fils d'Isaac: Esaü et Israël. Fils d'Esaü: Eliphaz, Réuel, Yéush, Yalam et Qorah. Fils d'Eliphaz: Témân, Omar, Cephi, Gatam, Qenaz, Timna, Amaleq. Fils de Réuel: Nahat, Zérah, Shamma, Mizza. Fils de Séïr: Lotân, Shobal, Cibéôn, Ana, Dishôn, Eçer, Dishân. Fils de Lotân: Hori et Homam. Soeur de Lotân: Timna. Fils de Shobal: Alyân, Manahat, Ebal, Shephi, Onam. Fils de Cibéôn: Ayya et Ana. Fils de Ana: Dishôn. Fils de Dishôn: Hamrân, Eshbân, Yitrân, Kerân. Fils d'Eçer: Bilhân, Zaavân, Yaaqân. Fils de Dishân: Uç et Arân. Voici les rois qui régnèrent au pays d'Edom avant que ne régnât un roi des Israélites: Béla fils de Béor, et sa ville s'appelait Dinhaba. Béla mourut et à sa place régna Yobab, fils de Zérah, de Boçra. Yobab mourut et à sa place régna Husham, du pays des Témanites. Husham mourut et à sa place régna Hadad, fils de Bedad, qui battit les Madianites dans les champs de Moab; sa ville s'appelait Avvit. Hadad mourut et à sa place régna Samla de Masréqa. Samla mourut et à sa place régna Shaûl de Rehobot-ha-Nahar. Shaûl mourut et à sa place régna Baal-Hanân fils d'Akbor. Baal-Hanân mourut et à sa place régna Hadad. Sa ville s'appelait Paï; sa femme s'appelait Mehétabéel, fille de Matred de Mé-Zahab. Hadad mourut et il y eut alors des chefs en Edom: le chef Timna, le chef Alya, le chef Yetèt, le chef Oholibama, le chef Ela, le chef Pinôn, le chef Qenaz, le chef Témân, le chef Mibçar, le chef Magdiel, le chef Iram. Tels sont les chefs d'Edom.4,1 Fils de Juda: Pérèç, Heçrôn, Karmi, Hur, Shobal. Voici les fils d'Israël: Ruben, Siméon, Lévi, Juda, Issachar et Zabulon, Dan, Joseph et Benjamin, Nephtali, Gad et Asher. Fils de Juda: Er, Onân et Shéla. Tous trois lui naquirent de Bat-Shua, la Cananéenne. Er, premier-né de Juda, déplut à Yahvé; il le fit mourir. Tamar, la belle-fille de Juda, lui enfanta Pérèç et Zérah. Il y eut en tout cinq fils de Juda. Fils de Pérèç: Heçrôn et Hamul. Fils de Zérah: Zimri, Etân, Hémân, Kalkol et Darda, cinq en tout. Fils de Karmi: Akar, qui fit le malheur d'Israël pour avoir violé l'anathème. Fils d'Etân: Azarya. Fils de Heçrôn: lui naquirent: Yerahméel, Ram, Kelubaï. Ram engendra Amminadab, Amminadab engendra Nahshôn, prince des fils de Juda, Nahshôn engendra Salma et Salma engendra Booz. Booz engendra Obed, et Obed engendra Jessé. Jessé engendra Eliab son premier-né, Abinadab le second, Shiméa le troisième, Netanéel le quatrième, Raddaï le cinquième, Oçem le sixième, David le septième. Ils eurent pour soeurs Ceruya et Abigayil. Fils de Ceruya: Abishaï, Joab et Asahel: trois. Abigayil enfanta Amasa; le père d'Amasa fut Yéter l'Ismaélite. Caleb, fils d'Heçrôn, engendra Yeriot d'Azuba sa femme; en voici les fils: Yésher, Shobab et Ardôn. Azuba mourut et Caleb épousa Ephrata, qui lui enfanta Hur. Hur engendra Uri et Uri engendra Beçaléel. Puis Heçrôn s'unit à la fille de Makir, père de Galaad. Il l'épousa alors qu'il avait 60 ans et elle lui enfanta Segub. Segub engendra Yaïr qui détint 23 villes dans le pays de Galaad. Puis Aram et Geshur leur prirent les Douars de Yaïr, Qenat et ses dépendances,60 villes. Tout cela appartenait aux fils de Makir père de Galaad. Après la mort de Heçrôn, Caleb s'unit à Ephrata, femme de son père Heçrôn, qui lui enfanta Ashehur, père de Teqoa. Yerahméel, fils aîné de Heçrôn, eut des fils: Ram son premier-né, Buna, Orèn, Oçem, Ahiyya. Yerahméel eut une autre femme du nom de Atara; elle fut la mère d'Onam. Les fils de Ram, premier-né de Yerahméel, furent Maaç, Yamîn et Eqer. Les fils d'Onam furent Shammaï et Yada. Fils de Shammaï: Nadab et Abishur. La femme d'Abishur s'appelait Abihayil; elle lui enfanta Ahbân et Molid. Fils de Nadab: Séled et Ephraïm. Séled mourut sans fils. Fils d'Ephraïm: Yishéï; fils de Yishéï: Shéshân; fils de Shéshân: Ahlaï. Fils de Yada, frère de Shammaï: Yéter et Yonatân. Yéter mourut sans fils. Fils de Yonatân: Pélèt et Zaza. Tels furent les fils de Yerahméel. Shéshân n'eut pas de fils, mais des filles. Il avait un serviteur égyptien dénommé Yarha, auquel Shéshân donna sa fille pour épouse. Elle lui enfanta Attaï. Attaï engendra Natân, Natân engendra Zabad, Zabad engendra Ephlal, Ephlal engendra Obed, Obed engendra Yéhu, Yéhu engendra Azarya, Azarya engendra Héleç, Héleç engendra Eléasa, Eléasa engendra Sismaï, Sismaï engendra Shallum, Shallum engendra Yeqamya, Yeqamya engendra Elishama. Fils de Caleb, frère de Yerahméel: Mésha, son premier-né; c'est le père de Ziph. Son fils, Maresha, père de Hébrôn. Fils de Hébrôn: Qorah, Tappuah, Réqem et Shéma. Shéma engendra Raham, père de Yorqéam. Réqem engendra Shammaï. Le fils de Shammaï fut Maôn et Maôn fut le père de Bet-Cur. Epha, concubine de Caleb, enfanta Harân, Moça et Gazèz. Harân engendra Gazèz. Fils de Yahdaï: Régem, Yotam, Geshân, Pélèt, Epha et Shaaph. Maaka, concubine de Caleb, enfanta Shéber et Tirhana. Elle enfanta Shaaph, père de Madmanna, et Sheva, père de Makbena et père de Gibéa. La fille de Caleb était Aksa. Tels furent les descendants de Caleb. Fils de Hur, premier-né d'Ephrata: Shobal, père de Qiryat-Yéarim, Salma, père de Bethléem, Harèph, père de Bet-Gader. Shobal, père de Qiryat-Yéarim, eut des fils: Haroé, soit la moitié des Manahatites, et les clans de Qiryat-Yéarim, Yitrites, Putites, Shumatites et Mishraïtes. Les gens de Coréa et d'Eshtaol en sont issus. Fils de Salma: Bethléem, les Netophatites, Atrot-Bet-Yoab, la moitié des Manahatites, les Coréatites, les clans Sophrites habitant Yabèç, les Tiréatites, les Shiméatites, les Sukatites. Ce sont les Qénites qui viennent de Hammat, père de la maison de Rékab. Voici les fils de David qui lui naquirent à Hébron: Amnon l'aîné, d'Ahinoam de Yizréel; Daniyyel le deuxième, d'Abigayil de Karmel; Absalom le troisième, fils de Maaka, fille de Talmaï, roi de Geshur; Adonias le quatrième, fils de Haggit; Shephatya le cinquième, d'Abital; Yitréam, le sixième, de Egla sa femme. Il y en eut donc six qui lui naquirent à Hébron, où il régna sept ans et six mois. Il régna 33 ans à Jérusalem. Voici les fils qui lui naquirent à Jérusalem: Shiméa, Shobab, Natân, Salomon, tous quatre enfants de Bat-Shua, fille de Ammiel; Yibhar, Elishama, Eliphélèt, Nogah, Népheg, Yaphia, Elishama, Elyada, Eliphélèt: neuf. Ce sont là tous les fils de David, sans compter les fils des concubines. Tamar était leur soeur. Fils de Salomon: Roboam; Abiyya son fils, Asa son fils, Josaphat son fils, Joram son fils, Ochozias son fils, Joas son fils, Amasias son fils, Azarias son fils, Yotam son fils, Achaz son fils, Ezéchias son fils, Manassé son fils, Amon son fils, Josias son fils. Fils de Josias: Yohanân l'aîné, Joiaqim le deuxième, Sédécias le troisième, Shallum le quatrième. Fils de Joiaqim: Jékonias son fils, Sédécias son fils. Fils de Jékonias le captif: Shéaltiel son fils, puis Malkiram, Pedaya, Shéneaççar, Yeqamya, Hoshama, Nedabya. Fils de Pedaya: Zorobabel et Shiméï. Fils de Zorobabel: Meshullam et Hananya; Shelomit était leur soeur. Fils de Meshullam: Hashuba, Ohel, Bérékya, Hasadya, Yushab-Hésed: cinq. Fils de Hananya: Pelatya; Yeshaya son fils, Rephaya son fils, Arnân son fils, Obadya son fils, Shekanya son fils. Fils de Shekanya: Shemaya, Hattush, Yigéal, Bariah, Néarya, Shaphat: six. Fils de Néarya: Elyoénaï, Hizqiyya, Azriqam: trois. Fils d'Elyoénaï: Hodaïvahu, Elyashib, Pelaya, Aqqub, Yohanân, Delaya, Anani: sept. *** Reaya, fils de Shobal, engendra Yahat, et Yahat engendra Ahumaï et Lahad. Ce sont les clans Coréatites. Voici Abi-Etam, Yizréel, Yishma et Yidbash, dont la soeur s'appelait Haçlelponi. Penuel était père de Gedor, Ezer père de Husha. Tels sont les fils de Hur, premier-né d'Ephrata, père de Bethléem. Ashehur, père de Teqoa, eut deux femmes: Héléa et Naara. Naara lui enfanta Ahuzam, Hépher, les Timnites et les Ahashtarites. Tels sont les fils de Naara. Fils de Héléa: Céret, Cohar, Etnân. Qoç engendra Anub, Haççobéba et les clans d'Aharhel, fils de Harum. Yabeç l'emporta sur ses frères. Sa mère lui donna le nom de Yabeç en disant: "J'ai enfanté dans la détresse." Yabeç invoqua le Dieu d'Israël: "Si vraiment tu me bénis, dit-il, tu accroîtras mon territoire, ta main sera avec moi, tu feras s'éloigner le malheur et ma détresse prendra fin." Dieu lui accorda ce qu'il avait demandé. Kelub, frère de Shuha, engendra Mehir; c'est le père d'Eshtôn. Eshtôn engendra Bet-Rapha, Paséah, Tehinna, père de Ir-Nahash. Tels sont les hommes de Rékab. Fils de Qenaz: Otniel et Seraya. Fils de Otniel: Hatat et Meonotaï; Meonotaï engendra Ophra. Seraya engendra Yoab père de Gé-Harashim. Ils étaient en effet artisans. Fils de Caleb fils de Yephunné: Ir, Ela et Naam. Fils d'Ela: Qenaz. Fils de Yehalléléel: Ziph, Zipha, Tirya, Asaréel. Fils de Ezra: Yéter, Méred, Epher, Yalôn. Puis elle conçut Miryam, Shammaï et Yishba père d'Eshtemoa, dont la femme judéenne enfanta Yéred père de Gedor, Héber père de Soko et Yequtiel père de Zanoah. Tels sont les fils de Bitya, la fille du Pharaon qu'avait épousée Méred. Fils de la femme de Hodiyya, soeur de Naham père de Qéïla le Garmite et d'Eshtemoa le Maakatite. Fils de Shimôn: Amnôn, Rinna, Ben-Hanân, Tilôn. Fils de Yishéï: Zohet et Ben-Zohet. Fils de Shéla, fils de Juda: Er père de Léka, Lada père de Maresha et les clans des producteurs de byssus à Bet-Ashbéa, Yoqim, les hommes de Kozéba, Yoash et Saraph qui allèrent se marier en Moab avant de revenir à Bethléem. (Ces événements sont anciens.) Ce sont eux qui étaient potiers et habitaient Netayim et Gedéra. Ils demeuraient là avec le roi, attachés à son atelier. Fils de Siméon: Nemuel, Yamîn, Yarib, Zérah, Shaûl. Son fils Shallum, son fils Mibsam, son fils Mishma. Fils de Mishma: Hammuel son fils, Zakkur son fils, Shiméï son fils. Shiméï eut seize fils et six filles, mais ses frères n'eurent pas beaucoup d'enfants et l'ensemble de leurs clans ne se développa pas autant que les fils de Juda. Ils habitèrent Bersabée, Molada et Haçar-Shual, Bilha, Eçém et Tolad, Bétuel, Horma et Ciqlag, Bet-Markabot, Haçar-Susim, Bet-Biréï, Shaarayim. Telles furent leurs villes jusqu'au règne de David. Ils eurent pour villages: Etam, Ayîn, Rimmôn, Tokèn et Ashân, cinq villes, et tous les villages qui entouraient ces villes jusqu'à Baalat. C'est là qu'ils demeurèrent et qu'ils furent enregistrés: Meshobab, Yamlek, Yosha fils d'Amaçya, Yoël, Yéhu fils de Yoshibya, fils de Seraya, fils d'Asiel, Elyoénaï, Yaaqoba, Yeshohaya, Asaya, Adiel, Yesimiel, Benaya, Ziza, Ben-Shiphéï, Ben-Allôn, Ben-Yedaya, Ben-Shimri, Ben-Shemaya. Ces hommes, recensés nominativement, étaient princes dans leurs clans et leurs familles s'accrurent énormément. Ils allèrent du col de Gérar jusqu'à l'orient de la vallée, cherchant pâture pour leur petit bétail. Ils trouvèrent de bons et gras pâturages, le pays était vaste, tranquille et pacifié. Des Chamites en effet y habitaient auparavant. Les Siméonites, inscrits nominativement, arrivèrent au temps d'Ezéchias, roi de Juda; ils conquirent leurs tentes et les abris qui se trouvaient là. Ils les vouèrent à un anathème qui dure encore de nos jours et ils s'établirent à leur place, car il y avait là des pâturages pour leur petit bétail. Certains d'entre eux, appartenant aux fils de Siméon, gagnèrent la montagne de Séïr: cinq hommes ayant à leur tête Pelatya, Nearya, Rephaya, Uzziel, les fils de Yishéï. Ils battirent le reste des réchappés d'Amaleq et demeurèrent là jusqu'à nos jours. Fils de Ruben, premier-né d'Israël. Il était en effet le premier-né; mais quand il eut violé la couche de son père, son droit d'aînesse fut donné aux fils de Joseph, fils d'Israël, et il ne fut plus compté comme aîné. Juda prévalut sur ses frères et obtint un prince issu de lui, mais le droit d'aînesse appartenait à Joseph. Fils de Ruben premier-né d'Israël: Hénok, Pallu, Heçrôn, Karmi. Fils de Yoël: Shemaya son fils, Gog son fils, Shiméï son fils, Mika son fils, Reaya son fils, Baal son fils, Bééra son fils que Téglat-Phalasar, roi d'Assyrie, emmena en captivité. Il fut prince des Rubénites. Ses frères, par clans, groupés selon leur parenté: Yeïel en tête, Zekaryahu, Béla fils de Azaz, fils de Shéma, fils de Yoël. C'est Ruben qui, établi à Aroër, s'étendait jusqu'à Nebo et Baal-Meôn. A l'orient, son habitat atteignait le seuil du désert que limite l'Euphrate, car il avait de nombreux troupeaux au pays de Galaad. Au temps de Saül, ils firent la guerre aux Hagrites, ils tombèrent entre leurs mains et les Hagrites s'établirent dans leurs tentes sur toute la zone orientale de Galaad. A leur côté, les fils de Gad habitaient le pays du Bashân jusqu'à Salka: Yoël en tête, Shapham le second, puis Yanaï et Shaphat en Bashân. Leurs frères, par familles: Mikaël, Meshullam, Sheba, Yoraï, Yakân, Zia, Eber: sept. Voici les fils d'Abihayil: Ben-Huri, Ben-Yaroah, Ben-Giléad, Ben-Mikaël, Ben-Yeshishaï, Ben-Yahdo, Ben-Buz. Ahi, fils de Abdiel, fils de Guni, était le chef de leur famille. Ils étaient établis en Galaad, en Bashân et ses dépendances, ainsi que dans tous les pâturages du Sharon jusqu'à leurs extrêmes limites. C'est à l'époque de Yotam, roi de Juda, et de Jéroboam, roi d'Israël, qu'ils furent tous enregistrés. Les fils de Ruben, les fils de Gad, la demi-tribu de Manassé, certains de leurs guerriers, hommes armés du bouclier, de l'épée, tirant de l'arc et exercés au combat, au nombre de 44.760 aptes à faire campagne, firent la guerre aux Hagrites, à Yetur, à Naphish et à Nodad. Dieu leur vint en aide contre eux, et les Hagrites, ainsi que tous leurs alliés, tombèrent en leur pouvoir, car ils avaient fait appel à Dieu dans le combat, et ils furent exaucés pour avoir mis en lui leur confiance. Ils razzièrent les troupeaux des Hagrites,50.000 chameaux,250.000 têtes de petit bétail,2.000 ânes, et 100.000 personnes, car, Dieu ayant mené le combat, la plupart avaient été tués. Et ils s'installèrent à leur place jusqu'à l'exil. Les fils de la demi-tribu de Manassé s'établirent dans le pays entre Bashân et Baal-Hermôn, le Senir et le mont Hermon. Ils étaient nombreux. Voici les chefs de leurs familles: Epher, Yishéï, Eliel, Azriel, Yirmeya, Hodavya, Yahdiel. C'étaient des preux valeureux, des hommes renommés, chefs de leurs familles. Mais ils furent infidèles envers le Dieu de leurs pères, et se prostituèrent aux dieux des peuples du pays que Dieu avait anéantis devant eux. Le Dieu d'Israël excita l'animosité de Pul, roi d'Assyrie, et celle de Téglat-Phalasar, roi d'Assyrie. Il déporta Ruben, Gad et la demi-tribu de Manassé, et les emmena à Halah et sur le Habor, à Hara et au fleuve de Gozân. Ils y sont encore aujourd'hui. Fils de Lévi: Gershôn, Qehat et Merari. Fils de Qehat: Amram, Yiçhar, Hébrôn, Uzziel. Fils d'Amram: Aaron, Moïse et Miryam. Fils d'Aaron: Nadab et Abihu, Eléazar et Itamar. Eléazar engendra Pinhas, Pinhas engendra Abishua, Abishua engendra Buqqi, Buqqi engendra Uzzi, Uzzi engendra Zerahya, Zerahya engendra Merayot, Merayot engendra Amarya, Amarya engendra Ahitub, Ahitub engendra Sadoq, Sadoq engendra Ahimaaç, Ahimaaç engendra Azarya, Azarya engendra Yohanân, Yohanân engendra Azarya. C'est lui qui exerça le sacerdoce dans le Temple qu'avait bâti Salomon à Jérusalem. Azarya engendra Amarya, Amarya engendra Ahitub, Ahitub engendra Sadoq, Sadoq engendra Shallum, Shallum engendra Hilqiyya, Hilqiyya engendra Azarya, Azarya engendra Seraya, Seraya engendra Yehoçadaq et Yehoçadaq dut partir quand Yahvé, par la main de Nabuchodonosor, exila Juda et Jérusalem. Fils de Lévi: Gershom, Qehat et Merari. Voici les noms des fils de Gershom: Libni et Shiméï. Fils de Qehat: Amram, Yiçhar, Hébrôn, Uzziel. Fils de Merari: Mahli et Mushi. Tels sont les clans de Lévi groupés selon leurs pères. Pour Gershom: Libni son fils, Yahat son fils, Zimma son fils, Yoah son fils, Iddo son fils, Zérah son fils, Yéatraï son fils. Fils de Qehat: Amminadab son fils, Coré son fils, Assir son fils, Elqana son fils, Ebyasaph son fils, Assir son fils, Tahat son fils, Uriel son fils, Uzziya son fils, Shaûl son fils. Fils d'Elqana: Amasaï et Ahimot. Elqana son fils, Côphaï son fils, Nahat son fils, Eliab son fils, Yeroham son fils, Elqana son fils. Fils d'Elqana: Samuel l'aîné et Abiyya le second. Fils de Merari: Mahli, Libni son fils, Shiméï son fils, Uzza son fils, Shiméa son fils, Haggiyya son fils, Asaya son fils. Voici ceux que David chargea de diriger le chant dans le Temple de Yahvé, lorsque l'arche y eut trouvé le repos. Ils furent au service du chant devant la demeure de la Tente du Rendez-vous jusqu'à ce que Salomon eût construit à Jérusalem le Temple de Yahvé, et ils remplissaient leur fonction en se conformant à leur règle. Voici ceux qui étaient en fonction et leurs fils: Parmi les fils de Qehat: Hémân le chantre, fils de Yoël, fils de Samuel, fils d'Elqana, fils de Yeroham, fils d'Eliel, fils de Toah, fils de Cuph, fils d'Elqana, fils de Mahat, fils de Amasaï, fils d'Elqana, fils de Yoël, fils de Azarya, fils de Cephanya, fils de Tahat, fils d'Assir, fils d'Ebyasaph, fils de Coré, fils de Yiçhar, fils de Qehat, fils de Lévi, fils d'Israël. Son frère Asaph se tenait à sa droite: Asaph, fils de Bérékyahu, fils de Shiméa, fils de Mikaël, fils de Baaséya, fils de Malkiyya, fils d'Etni, fils de Zérah, fils d'Adaya, fils d'Etân, fils de Zimma, fils de Shiméï, fils de Yahat, fils de Gershom, fils de Lévi. A gauche, leurs frères, fils de Merari: Etân, fils de Qishi, fils d'Abdi, fils de Malluk, fils de Hashabya, fils d'Amaçya, fils de Hilqiyya, fils d'Amçi, fils de Bani, fils de Shémer, fils de Mahli, fils de Mushi, fils de Merari, fils de Lévi. Leurs frères les lévites étaient entièrement adonnés au service de la Demeure du Temple de Dieu. Aaron et ses fils faisaient fumer les offrandes sur l'autel des holocaustes et sur l'autel des parfums; ils s'occupaient exclusivement des choses très saintes et du rite d'expiation sur Israël; ils se conformaient à tout ce qu'avait ordonné Moïse, serviteur de Dieu. Voici les fils d'Aaron: Eléazar son fils, Pinhas son fils, Abishua son fils, Buqqi son fils, Uzzi son fils, Zerahya son fils, Merayot son fils, Amarya son fils, Ahitub son fils, Sadoq son fils, Ahimaaç son fils. Voici leurs lieux d'habitation, selon les limites de leurs campements: Aux fils d'Aaron, du clan de Qehat (car c'est sur eux que tomba le sort), on donna Hébron, dans le pays de Juda, avec les pâturages environnants. On donna la campagne et ses villages à Caleb, fils de Yephunné, mais on donna aux fils d'Aaron les villes de refuge: Hébron, Libna et ses pâturages, Yattir, Eshtemoa et ses pâturages, Hilaz et ses pâturages, Debir et ses pâturages, Ashân et ses pâturages, Bet-Shémesh et ses pâturages. Sur la tribu de Benjamin on leur donna Géba et ses pâturages, Alémèt et ses pâturages, Anatot et ses pâturages. Leurs clans comprenaient en tout treize villes. Les autres fils de Qehat obtinrent au sort dix villes prises aux clans de la tribu, de la demi-tribu, moitié de Manassé. Les fils de Gershom et leurs clans obtinrent treize villes prises sur la tribu d'Issachar, la tribu d'Asher, la tribu de Nephtali et la tribu de Manassé en Bashân. Les fils de Merari et leurs clans obtinrent au sort douze villes prises sur la tribu de Ruben, la tribu de Gad et la tribu de Zabulon. Les enfants d'Israël attribuèrent aux lévites ces villes avec leurs pâturages. Sur les tribus des fils de Juda, des fils de Siméon et des fils de Benjamin, ils attribuèrent aussi par tirage au sort les villes auxquelles ils donnèrent leurs noms. C'est sur la tribu d'Ephraïm que furent prises les villes du territoire de quelques clans des fils de Qehat. On leur donna les villes de refuge suivantes: Sichem et ses pâturages dans la montagne d'Ephraïm, Gézer et ses pâturages, Yoqméam et ses pâturages, Bet-Horôn et ses pâturages, Ayyalôn et ses pâturages, Gat-Rimmôn et ses pâturages, ainsi que sur la demi-tribu de Manassé: Aner et ses pâturages, Bileam et ses pâturages. Ceci pour le clan des autres fils de Qehat. Pour les fils de Gershom, on prit, sur les clans de la demi-tribu de Manassé, Golân en Bashân et ses pâturages, Ashtarot et ses pâturages, -- sur la tribu d'Issachar, Qédesh et ses pâturages, Daberat et ses pâturages, Ramot et ses pâturages, Anem et ses pâturages, -- sur la tribu d'Asher, Mashal et ses pâturages, Abdôn et ses pâturages, Huqoq et ses pâturages, Rehob et ses pâturages, -- sur la tribu de Nephtali, Qédesh en Galilée et ses pâturages, Hammôn et ses pâturages, Qiryatayim et ses pâturages. Pour les autres fils de Merari: sur la tribu de Zabulon: Rimmôn et ses pâturages, Tabor et ses pâturages, -- au-delà du Jourdain vers Jéricho, à l'orient du Jourdain, sur la tribu de Ruben: Béçer dans le désert et ses pâturages, Yahça et ses pâturages, Qedémot et ses pâturages, Méphaat et ses pâturages, -- sur la tribu de Gad: Ramot en Galaad et ses pâturages, Mahanayim et ses pâturages, Heshbôn et ses pâturages, Yazèr et ses pâturages. Pour les fils d'Issachar: Tola, Pua, Yashub, Shimrôn: quatre. Fils de Tola: Uzzi, Rephaya, Yeriel, Yahmaï, Yibsam, Shemuel, chefs des familles de Tola. Celles-ci comptaient, au temps de David,22.600 preux valeureux, groupés selon leur parenté. Fils de Uzzi: Yizrahya. Fils de Yizrahya: Mikaël, Obadya, Yoël, Yishshiyya. En tout cinq chefs responsables des troupes de combat, comptant 36.000 hommes, répartis selon leur parenté et leurs familles; il y avait en effet beaucoup de femmes et d'enfants. Ils avaient des frères appartenant à tous les clans d'Issachar, vaillants preux au nombre de 87.000 hommes, ils appartenaient tous à un groupement. Benjamin: Béla, Béker, Yediael: trois. Fils de Béla: Eçbôn, Uzzi, Uzziel, Yerimot et Iri: cinq, chefs de famille, preux valeureux, groupant 22.034 hommes. Fils de Béker: Zemira, Yoash, Eliézer, Elyoénaï, Omri, Yerémot, Abiyya, Anatot, Alémèt, tous ceux-là étaient les fils de Béker; les chefs de leurs familles, vaillants preux, groupèrent selon leur parenté 20.200 hommes. Fils de Yediael: Bilhân. Fils de Bilhân: Yéush, Benjamin, Ehud, Kenaana, Zetân, Tarshish, Ahishahar. Tous ces fils de Yediael devinrent des chefs de famille, preux valeureux, au nombre de 17.200 hommes aptes à faire campagne et à combattre. Shuppim et Huppim. Fils de Ir: Hushim; son fils: Aher. Fils de Nephtali: Yahaçiel, Guni, Yéçer, Shallum. Ils étaient fils de Bilha. Fils de Manassé: Asriel qu'enfanta sa concubine araméenne. Elle enfanta Makir, père de Galaad. Makir prit une femme pour Huppim et Shuppim. Le nom de sa soeur était Maaka. Le nom du second était Celophehad. Celophehad eut des filles. Maaka, femme de Makir, enfanta un fils qu'elle appela Péresh. Son frère s'appelait Shéresh et ses fils Ulam et Réqem. Le fils de Ulam: Bedân. Tels furent les fils de Galaad, fils de Makir, fils de Manassé. Il avait pour soeur Hammolékèt. Elle enfanta Ishehod, Abiézer et Mahla. Shemida eut des fils: Ahyân, Sichem, Liqhi et Aniam. Fils d'Ephraïm: Shutélah. Béred son fils, Tahat son fils, Eléada son fils, Tahat son fils, Zabad son fils, Shutélah son fils, Ezer et Eléad. Des gens de Gat natifs du pays les tuèrent, car ils étaient descendus razzier leurs troupeaux. Leur père Ephraïm s'en lamenta longtemps et ses frères vinrent le consoler. Il s'en fut alors trouver sa femme; elle conçut et enfanta un fils qu'il nomma Béria car "sa maison était dans le malheur." Il eut pour fille Shééra qui bâtit Bet-Horôn, le bas et le haut, et Uzzèn-Shééra. Réphah son fils, Shutélah son fils, Tahân son fils, Ladân son fils, Ammihud son fils, Elishama son fils, Nôn son fils, Josué son fils. Ils possédaient des domaines et habitaient à Béthel et dans ses dépendances, à Naarân à l'est, à Gézer et dans ses dépendances à l'ouest, à Sichem et dans ses dépendances, et même à Ayya et ses dépendances. Bet-Shéân avec ses dépendances, Tanak avec ses dépendances, Megiddo avec ses dépendances, Dor avec ses dépendances étaient aux mains des fils de Manassé. C'est là que demeuraient les fils de Joseph, fils d'Israël. Fils d'Asher: Yimna, Yishva, Yishvi, Béria; Sérah leur soeur. Fils de Béria: Héber et Malkiel. C'est le père de Birzayit. Héber engendra Yaphlet, Shémer, Hotam et Shua leur soeur. Fils de Yaphlet: Pasak, Bimhal et Ashvat. Tels sont les fils de Yaphlet. Fils de Shémer son frère: Rohga, Hubba et Aram. Fils de Hélem son frère: Cophah, Yimna, Shélesh et Amal. Fils de Cophah: Suah, Harnépher, Shual, Béri et Yimra, Béçer, Hod, Shamma, Shilsha, Yitrân et Bééra. Fils de Yitrân: Yephunné, Pispa, Ara. Fils d'Ulla: Arah, Hanniel, Riçya. Tous ceux-là étaient fils d'Asher, chefs des familles, hommes d'élite, vaillants preux, premiers des princes, ils se groupèrent en troupes de combat comptant 26.000 hommes. Benjamin engendra Béla son premier-né, Ashbel le second, Ahiram le troisième, Noha le quatrième, Rapha le cinquième. Béla eut des fils: Addar, Géra père d'Ehud, Abishua, Naamân et Ahoah, Géra, Shephupham et Huram. Voici les fils d'Ehud. Ce sont eux qui furent les chefs de famille des habitants de Géba et les emmenèrent en captivité à Manahat: Naamân, Ahiyya et Géra. C'est lui qui les emmena en captivité; il engendra Uzza et Ahihud. Il engendra Shaharayim dans les Champs de Moab après qu'il eut répudié ses femmes, Hushim et Baara. De sa nouvelle femme il eut pour fils Yobab, Cibya, Mésha, Malkom. Yéuç, Sakya, Mirma. Tels furent ses fils, chefs de famille. De Hushim il eut pour fils Abitud et Elpaal. Fils d'Elpaal: Eber, Mishéam et Shémed: c'est lui qui bâtit Ono, et Lod avec ses dépendances. Béria et Shéma. Ils étaient chefs de famille des habitants d'Ayyalôn et mirent en fuite les habitants de Gat. Son frère: Shéshaq. Yerémot, Zebadya, Arad, Eder, Mikaël, Yishpa et Yoha étaient fils de Béria. Zebadya, Meshullam, Hizqi, Haber, Yishmeraï, Yizlia, Yobab étaient fils d'Elpaal. Yaqim, Zikri, Zabdi, Elyoénaï, Cilletaï, Eliel, Adaya, Beraya, Shimrat étaient fils de Shiméï. Yishpân, Eber, Eliel, Abdôn, Zikri, Hanân, Hananya, Elam, Antotiyya, Yiphdéya, Penuel étaient fils de Shéshaq. Shamsheraï, Sheharya, Atalya, Yaaréshya, Eliyya, Zikri étaient fils de Yeroham. Tels étaient les chefs des familles groupées selon leur parenté. Ils habitèrent Jérusalem. A Gabaôn habitaient Yeïel, le père de Gabaôn, dont la femme s'appelait Maaka, son fils premier-né Abdôn, ainsi que Cur, Qish, Baal, Ner, Nadab, Gedor, Ahyo, Zaker et Miqlot. Miqlot engendra Shiméa; mais eux, contrairement à leurs frères, habitaient Jérusalem avec leurs frères. Ner engendra Qish, Qish engendra Saül, Saül engendra Jonathan, Malki-Shua, Abinadab et Eshbaal. Fils de Jonathan: Meribbaal. Meribbaal engendra Mika Fils de Mika: Pitôn, Mélek, Taréa, Ahaz. Ahaz engendra Yehoadda, Yehoadda engendra Alémèt, Azmavèt et Zimri. Zimri engendra Moça, Moça engendra Binéa. Rapha son fils, Eléasa son fils, Açel son fils. Açel eut six fils dont voici les noms: Azriqam son premier-né, puis Yishmaël, Shéarya, Obadya, Hanân. Ils étaient tous fils d'Açel. Fils d'Esheq son frère: Ulam son premier-né, Yéush le second, Eliphélèt le troisième. Ulam eut des fils, hommes preux et valeureux, tirant de l'arc. Ils eurent beaucoup de fils et de petits-fils,150. Tous ceux-là étaient fils de Benjamin. Tous les Israélites furent répartis par groupes et se trouvaient inscrits sur le livre des rois d'Israël et de Juda quand ils furent déportés à Babylone à cause de leurs prévarications. Les premiers à habiter dans leurs villes et leur patrimoine furent les Israélites, les prêtres, les lévites et les "donnés"; à Jérusalem habitèrent des Judéens, des Benjaminites, des Ephraïmites et des Manassites. Utaï, fils d'Ammihud, fils de Omri, fils d'Imri, fils de Bani, l'un des fils de Pérèç fils de Juda. Des Shélanites, Asaya, l'aîné, et ses fils. Des fils de Zérah, Yéuel. Plus leurs frères: 690 hommes. Parmi les fils de Benjamin: Sallu fils de Meshullam, fils de Hodavya, fils de Hassenua; Yibneya fils de Yeroham; Ela fils de Uzzi, fils de Mikri; Meshullam fils de Shephatya, fils de Réuel, fils de Yibniyya. Ils avaient 956 frères groupés selon leur parenté. Tous ces hommes étaient chefs chacun de leur famille. Parmi les prêtres: Yedaya, Yehoyarib, Yakîn, Azarya fils de Hilqiyya, fils de Meshullam, fils de Sadoq, fils de Merayot, fils d'Ahitub, chef du Temple de Dieu. Adaya, fils de Yeroham, fils de Pashehur, fils de Malkiyya, Maasaï fils de Adiel, fils de Yahzéra, fils de Meshullam, fils de Meshillémit, fils d'Immer. Ils avaient des frères, chefs de famille,1.760 vaillants preux qui étaient affectés au service du Temple de Dieu. Parmi les lévites: Shemaya fils de Hashshub, fils d'Azriqam, fils de Hashabya des fils de Merari, Baqbaqar, Héresh, Galal. Mattanya, fils de Mika, fils de Zikri, fils d'Asaph, Obadya, fils de Shemaya, fils de Galal, fils de Yedutûn, Bérékya, fils d'Asa, fils d'Elqana, qui demeurait dans les villages des Netophatites. Les portiers: Shallum, Aqqub, Talmôn, Ahimân et leurs frères. Shallum, le chef, se tient encore maintenant à la porte royale, à l'orient. C'étaient eux les portiers des camps des lévites: Shallum, fils de Qoré, fils d'Ebyasaph, fils de Coré, et ses frères les Coréites, de la même famille, vaquaient au service liturgique; ils gardaient les seuils de la Tente, et leurs pères, responsables du camp de Yahvé, en avaient gardé l'accès. Pinhas, fils d'Eléazar, en avait été autrefois le chef responsable (que Yahvé soit avec lui). Zacharie, fils de Meshélémya, était portier à l'entrée de la Tente du Rendez-vous. Les portiers des seuils appartenaient tous à l'élite; il y en avait 212. Ils étaient groupés dans leurs villages. Ce sont eux qu'établirent David et Samuel le voyant, à cause de leur fidélité. Ils avaient avec leurs fils la responsabilité des portes du Temple de Yahvé, de la maison de la Tente. Aux quatre points cardinaux se tenaient des portiers, à l'est, à l'ouest, au nord et au sud. Leurs frères, qui habitaient leurs villages, venaient se joindre à eux de temps en temps pour une semaine; car les quatre chefs des portiers, eux, y demeuraient en permanence. C'étaient les lévites qui étaient responsables des chambres et des réserves de la maison de Dieu. Ils passaient la nuit aux alentours de la maison de Dieu car ils en avaient la garde et devaient l'ouvrir chaque matin. Certains d'entre eux avaient la charge des objets du culte; ils les comptaient quand ils les rentraient et les sortaient. Certains autres étaient responsables du mobilier, de tout le mobilier sacré, de la fleur de farine, du vin, de l'huile, de l'encens et des parfums, tandis que ceux qui préparaient le mélange aromatique destiné aux parfums étaient des prêtres. L'un des lévites, Mattitya -- c'était le premier-né de Shallum le Coréite --, fut, à cause de sa fidélité, chargé de la confection des offrandes cuites à la plaque. Parmi leurs frères, quelques Qehatites étaient chargés des pains à disposer en rangées, chaque sabbat. Voici les chantres, chefs de familles lévitiques. Ils avaient été détachés dans les pièces du Temple, car ils étaient chargés d'officier jour et nuit. Tels étaient les chefs des familles lévitiques groupés selon leur parenté. Ces chefs habitaient Jérusalem. A Gabaôn habitaient le père de Gabaôn, Yeïel, dont la femme s'appelait Maaka, et son fils premier-né Abdôn, ainsi que Cur, Qish, Baal, Ner, Nadab, Gedor, Ahyo, Zekarya et Miqlot. Miqlot engendra Shiméam. Mais eux, contrairement à leurs frères, habitaient Jérusalem avec leurs frères. Ner engendra Qish, Qish engendra Saül, Saül engendra Jonathan, Malki-Shua, Abinadab, Eshbaal. Fils de Jonathan: Meribbaal. Meribbaal engendra Mika. Fils de Mika: Pitôn, Mélek, Tahréa. Ahaz engendra Yara, Yara engendra Alémèt, Azmavèt et Zimri; Zimri engendra Moça. Moça engendra Binéa. Rephaya son fils, Eléasa son fils, Açel son fils. Açel eut six fils dont voici les noms: Azriqam, son premier-né, Yishmaël, Shéarya, Obadya, Hanân; tels sont les fils de Açel. Les Philistins livrèrent bataille à Israël. Les Israélites s'enfuirent devant eux et tombèrent, frappés à mort, sur le mont Gelboé. Les Philistins serrèrent de près Saül et ses fils et ils tuèrent Jonathan, Abinadab et Malki-Shua, les fils de Saül. Le poids du combat se porta sur Saül. Les tireurs d'arc le surprirent et il fut blessé par les tireurs. Alors Saül dit à son écuyer: "Tire ton épée et transperce-moi, de peur que ces incirconcis ne viennent et ne se jouent de moi." Mais son écuyer ne voulut pas, car il était rempli d'effroi. Alors Saül prit son épée et se jeta sur elle. Voyant que Saül était mort, l'écuyer se jeta lui aussi sur son épée et mourut avec lui. Ainsi moururent ensemble Saül, ses trois fils et toute sa maison. Lorsque tous les Israélites qui étaient dans la vallée virent que les hommes d'Israël étaient en déroute et que Saül et ses fils avaient péri, ils abandonnèrent leurs villes et prirent la fuite. Les Philistins vinrent s'y établir. Le lendemain, les Philistins, venus pour détrousser les morts, trouvèrent Saül et ses fils gisant sur le mont Gelboé. Ils le dépouillèrent, enlevèrent sa tête et ses armes, et les firent porter à la ronde dans le pays philistin, pour annoncer la bonne nouvelle à leurs idoles et à leur peuple. Ils déposèrent ses armes dans la maison de leur dieu; quant à son crâne, ils le clouèrent dans le temple de Dagôn. Lorsque tous les habitants de Yabesh de Galaad eurent appris tout ce que les Philistins avaient fait à Saül, tous les braves se mirent en route. Ils enlevèrent les corps de Saül et de ses fils, les apportèrent à Yabesh, ensevelirent leurs ossements sous le tamaris de Yabesh et jeûnèrent pendant sept jours. Saül mourut pour s'être montré infidèle envers Yahvé: il n'avait pas observé la parole de Yahvé et de plus avait interrogé et consulté une nécromancienne. Il n'avait pas consulté Yahvé, qui le fit mourir et transféra la royauté à David, fils de Jessé. Alors tous les Israélites se rassemblèrent autour de David, à Hébron, et dirent: "Vois! Nous sommes de tes os et de ta chair. Autrefois déjà, même quand Saül régnait sur nous, c'était toi qui rentrais et sortais avec Israël, et Yahvé ton Dieu t'a dit: C'est toi qui paîtras mon peuple Israël et c'est toi qui seras chef de mon peuple Israël." Tous les anciens d'Israël vinrent donc auprès du roi à Hébron. David conclut un pacte avec eux à Hébron, en présence de Yahvé, et ils oignirent David comme roi d'Israël selon la parole de Yahvé transmise par Samuel. David, avec tout Israël, marcha sur Jérusalem (c'est-à-dire Jébus); les habitants du pays étaient les Jébuséens. Les habitants de Jébus dirent à David: "Tu n'entreras pas ici." Mais David s'empara de la forteresse de Sion; c'est la Cité de David. Et David dit: "Quiconque frappera le premier un Jébuséen deviendra chef et prince." Joab, fils de Ceruya, monta le premier et devint chef. David s'établit dans la forteresse, aussi l'a-t-on appelée Cité de David. Puis il restaura le pourtour de la ville, aussi bien le Millo que le pourtour, et c'est Joab qui restaura le reste de la ville. David allait grandissant et Yahvé Sabaot était avec lui. Voici les chefs des preux de David, ceux qui devinrent puissants avec lui sous son règne et qui, avec tout Israël, l'avaient fait roi selon la parole de Yahvé sur Israël. Voici la liste des preux de David: Yashobéam, fils de Hakmoni, le chef des Trois: c'est lui qui brandit sa lance sur 300 victimes à la fois. Après lui Eléazar fils de Dodo, l'Ahohite. C'était l'un des trois preux. Il était avec David à Pas-Dammim quand les Philistins s'y rassemblèrent pour le combat. Il y avait un champ entièrement planté d'orge; l'armée prit la fuite devant les Philistins, mais il se postèrent au milieu du champ, le préservèrent et battirent les Philistins. Yahvé opéra là une grande victoire. Trois d'entre les Trente descendirent vers David, au rocher proche de la grotte d'Adullam, tandis qu'une compagnie de Philistins campait dans le val des Rephaïm. David était alors dans le repaire tandis qu'il y avait encore un préfet philistin à Bethléem. David exprima ce désir: "Qui me fera boire l'eau du puits qui est à la porte de Bethléem?" Les Trois, s'ouvrant un passage au travers du camp philistin, tirèrent de l'eau du puits qui est à la porte de Bethléem; ils l'emportèrent et l'offrirent à David, mais il ne voulut pas en boire et il la répandit en libation à Yahvé. Il dit: "Dieu me garde de faire cela! Boirais-je le sang de ces hommes au prix de leur vie? Car c'est en risquant leur vie qu'ils l'ont apportée!" Il ne voulut donc pas boire. Voilà ce qu'ont fait ces trois preux. Abishaï, frère de Joab, fut lui, le chef des Trente. C'est lui qui brandit sa lance sur 300 victimes et se fit un nom parmi les Trente. Il fut plus illustre que les Trente et devint leur capitaine, mais il ne fut pas compté parmi les Trois. Benaya, fils de Yehoyada, un brave prodigue en exploits, originaire de Qabçéel. C'est lui qui abattit les deux héros de Moab, et c'est lui qui descendit et tua le lion dans la citerne, un jour de neige. C'est lui aussi qui tua l'Egyptien, le colosse de cinq coudées qui avait en main une lance semblable à un liais de tisserand; il descendit contre lui avec un bâton, arracha la lance de la main de l'Egyptien et tua celui-ci avec sa propre lance. Voilà ce qu'accomplit Benaya fils de Yehoyada et il se fit un nom parmi les 30 preux. Il fut plus illustre que les Trente, mais ne fut pas compté parmi les Trois; David le mit à la tête de sa garde personnelle. Preux vaillants: Asahel, frère de Joab, Elhanân fils de Dodo, de Bethléem, Shammot le Harorite, Hèleç le Pelonite, Ira fils d'Iqqesh, de Teqoa, Abiézer d'Anatot, Sibbekaï de Husha, Ilaï d'Ahoh, Mahraï de Netopha, Héled fils de Baana, de Netopha, Itaï fils de Ribaï, de Gibéa des fils de Benjamin, Benaya de Piréatôn, Huraï, des Torrents de Gaash, Abiel de Bet-ha-Araba, Azmavèt de Bahurim, Elyahba de Shaalbôn, Bené-Hashem de Gizôn, Yonatân fils de Shagé, de Harar, Ahiam fils de Sakar, de Harar, Eliphélèt fils d'Ur, Hépher, de Mekéra, Ahiyya le Pelonite, Hèçro de Karmel, Naaraï fils d'Ezbaï, Yoël frère de Natân, Mibhar fils de Hagri, Céleq l'Ammonite, Nahraï de Béérot, écuyer de Joab fils de Ceruya, Ira de Yattir, Gareb de Yattir, Urie le Hittite, Zabad fils d'Ahlaï, Adina fils de Shiza le Rubénite, chef des Rubénites et responsable des Trente, Hanân fils de Maaka, Yoshaphat le Mitnite, Uziyya d'Ashtarot, Shama et Yéuel fils de Hotam d'Aroër, Yediael fils de Shimri et Yoha son frère le Tiçite, Eliel le Mahavite, Yeribaï et Yoshavya, fils d'Elnaam, Yitma le Moabite, Eliel, Obed et Yaasiel, de Coba. Voici ceux qui rejoignirent David à Ciqlag alors qu'il était encore retenu loin de Saül fils de Qish; c'étaient des preux, des combattants à la guerre, qui pouvaient tirer à l'arc de la main droite et de la gauche, en utilisant pierres et flèches. Des frères de Saül le Benjaminite: Ahiézer le chef, et Yoash, fils de Hashshemaa de Gibéa, Yeziel et Pélèt, fils d'Azmavèt, Beraka et Yéhu d'Anatot, Yishmaya de Gabaôn, un preux parmi les Trente et à la tête des Trente; Yirmeya, Yahaziel, Yohanân et Yozabad de Gedérot, Eléuzaï, Yerimot, Béalya, Shemaryahu, Shephatyahu de Hariph, Elqana, Yishiyyahu, Azaréel, Yoézer, Yashobéam, Coréites, Yoéla, Zebadya, fils de Yeroham de Gedor. Des Gadites firent sécession pour rejoindre David dans son refuge du désert. C'étaient des preux vaillants, des hommes de guerre prêts à combattre, sachant manier le bouclier et la lance. Ils faisaient figure de lions; par l'agilité, ils ressemblaient aux gazelles sur les montagnes. Ezer était le chef, Obadya le second, Eliab le troisième, Mashmanna le quatrième, Yirmeya le cinquième, Attaï le sixième, Eliel le septième, Yohanân le huitième, Elzabad le neuvième, Yirmeyahu le dixième, Makbannaï le onzième. Tels étaient les fils de Gad, chefs de corps; un commandait à cent s'il était petit, à mille s'il était grand. Ce sont eux qui passèrent le Jourdain, au premier mois, tandis qu'il coule partout à pleins bords, et qui mirent en fuite les riverains tant à l'orient qu'à l'occident. Quelques Benjaminites et Judéens s'en vinrent aussi trouver David en son refuge. David s'avança au-devant d'eux, prit la parole et leur dit: "Si c'est en amis que vous venez à moi pour me prêter main-forte, je suis disposé à m'unir à vous, mais si c'est pour me tromper au profit de mes ennemis alors que mes mains n'ont fait aucun tort, que le Dieu de nos pères le voie et fasse justice!" L'Esprit revêtit alors Amasaï, chef des Trente: "Va, David! La paix soit avec toi, fils de Jessé, paix à toi, paix à qui t'aide, car ton aide, c'est ton Dieu." David les accueillit et les mit parmi les chefs de troupe. Quelques Manassites se rendirent à David alors qu'il venait lutter avec les Philistins contre Saül. Mais ils ne leur prêtèrent pas main-forte car, s'étant consultés, les princes des Philistins renvoyèrent David en disant: "Il irait se rendre à son seigneur Saül au prix de nos têtes!" Il partait donc pour Ciqlag quand quelques Manassites se rendirent à lui: Adnah, Yozabad, Yediaël, Mikaël, Yozabad, Elihu, Cilletaï, chefs des milliers de Manassé. Ce fut un renfort pour David et sa troupe, car ils étaient tous de vaillants preux et devinrent officiers dans l'armée. Jour après jour, en effet, David recevait des renforts, si bien que son camp devint un camp gigantesque. Voici le nombre des guerriers équipés pour la guerre qui rejoignirent David à Hébron pour lui transférer la royauté de Saül selon l'ordre de Yahvé: Fils de Juda portant le bouclier et la lance: 6.800 guerriers équipés pour la guerre; des fils de Siméon,7.100 preux vaillants à la guerre; des fils de Lévi,4.600, ainsi que Yehoyada, commandant les Aaronides avec 3.700 de ces derniers, Sadoq, jeune preux vaillant, et 22 officiers de sa famille; des fils de Benjamin,3.000 frères de Saül, la majorité d'entre eux demeurant jusqu'alors au service de la maison de Saül; des fils d'Ephraïm,20.800 preux vaillants, hommes illustres de leur famille; de la demi-tribu de Manassé,18.000 hommes nominativement désignés pour aller proclamer David roi; des fils d'Issachar, sachant discerner les moments où Israël devait agir et la manière de le faire,200 chefs et tous leurs frères à leurs ordres; de Zabulon,50.000 hommes aptes au service militaire, en ordre de combat, avec toutes sortes d'armes, et prêts à prêter main-forte d'un coeur résolu; de Nephtali, mille officiers et avec eux 37.000 hommes munis du bouclier et de la lance; des Danites,28.600 hommes en ordre de combat; d'Asher,40.000 hommes partant en guerre en ordre de combat; de Transjordanie,120.000 hommes de Ruben, de Gad, de la demi-tribu de Manassé, avec toutes sortes d'armes de guerre. Tous ces hommes de guerre, venus en renfort en bon ordre, se rendirent à Hébron de plein coeur pour proclamer David roi sur tout Israël; tous les autres Israélites étaient d'ailleurs unanimes pour conférer la royauté à David. Trois jours durant, ils demeurèrent là à manger et à boire avec David. Leurs frères avaient tout apprêté pour eux; de plus, des environs et jusque d'Issachar, Zabulon et Nephtali, on leur faisait parvenir des vivres, par ânes, chameaux, mulets et boeufs: farine, figues et gâteaux de raisin, vin et huile, gros et petit bétail en masse, car c'était liesse en Israël. David tint conseil avec les officiers de milliers et de centaines et avec tous les commandants. Il dit à toute l'assemblée d'Israël: "Si cela vous convient et si Yahvé notre Dieu en décide ainsi, nous enverrons des messagers à nos autres frères de toutes les terres d'Israël, ainsi qu'aux prêtres et aux lévites dans leurs villes et champs attenants, afin qu'ils s'unissent à nous. Nous ramènerons alors auprès de nous l'arche de notre Dieu; nous ne nous en sommes pas souciés en effet au temps de Saül." Toute l'assemblée décida d'agir ainsi, car c'était chose juste aux yeux de tout le peuple. David rassembla tout Israël, depuis le Shihor d'Egypte jusqu'à l'Entrée de Hamat, pour ramener de Qiryat-Yéarim l'arche de Dieu. Puis David et tout Israël allèrent à Baala, vers Qiryat-Yéarim en Juda, afin de faire monter de là l'arche de Dieu qui porte le nom de Yahvé siégeant sur les chérubins. C'est à la maison d'Abinadab qu'on chargea l'arche de Dieu sur un chariot neuf. Uzza et Ahyo conduisaient le chariot. David et tout Israël dansaient devant Dieu de toutes leurs forces en chantant au son des cithares, des harpes, des tambourins, des cymbales et des trompettes. Comme on arrivait à l'aire du Javelot, Uzza étendit la main pour retenir l'arche, car les boeufs la faisaient verser. Alors la colère de Dieu s'enflamma contre Uzza et il le frappa pour avoir porté la main sur l'arche; Uzza mourut là, devant Dieu. David fut fâché de ce que Yahvé eût foncé sur Uzza et il donna à ce lieu le nom de Pérèç-Uzza, qu'il a gardé jusqu'à maintenant. Ce jour-là, David eut peur de Dieu et dit: "Comment ferais-je entrer chez moi l'arche de Dieu?" Et David ne mena pas l'arche chez lui, dans la Cité de David, mais il la fit conduire vers la maison d'Obed-Edom de Gat. L'arche de Dieu resta trois mois chez Obed-Edom, dans sa maison; Yahvé bénit la maison d'Obed-Edom et tout ce qui lui appartenait. Hiram, roi de Tyr, envoya une ambassade à David, avec du bois de cèdre, des maçons et des charpentiers, pour lui construire une maison. Alors David sut que Yahvé l'avait confirmé comme roi d'Israël et que sa royauté était hautement exaltée à cause d'Israël son peuple. A Jérusalem, David prit encore des femmes et il engendra encore des fils et des filles. Voici les noms des enfants qui lui naquirent à Jérusalem: Shammua, Shobab, Natân, Salomon, Yibhar, Elishua, Elpalèt, Nogah, Népheg, Yaphia, Elishama, Baalyada, Eliphélèt. Lorsque les Philistins eurent appris qu'on avait oint David comme roi de tout Israël, ils montèrent tous pour s'emparer de lui. A cette nouvelle, David partit au-devant d'eux. Les Philistins arrivèrent et se déployèrent dans le val des Rephaïm. Alors David consulta Dieu: "Dois-je attaquer les Philistins? Demanda-t-il, et les livreras-tu entre mes mains?" Yahvé lui répondit: "Attaque! et je les livrerai entre tes mains." Ils montèrent à Baal-Peraçim, et là, David les battit. Et David dit: "Par ma main Dieu a ouvert une brèche dans mes ennemis comme une brèche faite par les eaux." C'est pourquoi on appela cet endroit Baal-Peraçim. Ils avaient abandonné sur place leurs dieux: "Qu'ils brûlent au feu!" dit David. Les Philistins recommencèrent à se déployer dans le val. David consulta de nouveau Dieu et Dieu lui répondit: "Ne les attaque pas. Va derrière eux, à quelque distance, tourne-les, et aborde-les vis-à-vis des micocouliers. Et quand tu entendras un bruit de pas à la cime des micocouliers, alors tu engageras le combat: c'est que Dieu sort devant toi pour battre l'armée philistine." David fit comme Dieu lui avait ordonné: il défit l'armée philistine depuis Gabaôn jusqu'à Gézer. La renommée de David s'étendit dans toutes les régions et Yahvé le fit redouter de toutes les nations. Il se bâtit des édifices dans la Cité de David, il prépara un lieu pour l'arche de Dieu, il dressa pour elle une tente, puis il dit: "L'arche de Dieu ne peut pas être transportée, sinon par les lévites; car Yahvé les a choisis pour porter l'arche de Yahvé et en assurer à jamais le service." Alors David rassembla tout Israël à Jérusalem pour faire monter l'arche de Yahvé au lieu qu'il lui avait préparé. Il réunit les fils d'Aaron et les fils de Lévi: pour les fils de Qehat, Uriel l'officier et ses 120 frères, pour les fils de Merari, Asaya l'officier et ses 220 frères, pour les fils de Gershom, Yoël l'officier et ses 130 frères, pour les fils d'Eliçaphân, Shemaya l'officier et ses 200 frères, pour les fils d'Hébrôn, Eliel l'officier et ses 80 frères, pour les fils d'Uzziel, Amminadab l'officier et ses 112 frères. David convoqua les prêtres Sadoq et Ebyatar, les lévites Uriel, Asaya, Yoël, Shemaya, Eliel et Amminadab, il leur dit: "Vous êtes les chefs des familles lévitiques; sanctifiez-vous, vous et vos frères, et faites monter l'arche de Yahvé, le Dieu d'Israël, au lieu que je lui ai préparé. Parce que vous n'étiez pas là la première fois, Yahvé avait foncé sur nous: nous ne nous étions pas adressés à lui suivant la règle." Prêtres et lévites se sanctifièrent pour faire monter l'arche de Yahvé, le Dieu d'Israël, et les lévites transportèrent l'arche de Dieu, les barres sur leurs épaules, comme l'avait prescrit Moïse, selon la parole de Yahvé. David dit alors aux officiers des lévites de placer leurs frères les chantres, avec tous les instruments d'accompagnement, cithares, lyres et cymbales; on les entendait retentir d'une musique qui remplissait de liesse. Les lévites placèrent Hémân fils de Yoël, Asaph l'un de ses frères, fils de Bérékyahu, Etân fils de Qushayahu, l'un des Merarites leurs frères. Ils avaient avec eux leurs frères du second ordre: Zekaryahu, Uzziel, Shemiramot, Yehiel, Unni, Eliab, Benaya, Maaséyahu, Mattityahu, Eliphléhu, Miqnéyahu, Obed-Edom, Yeïel, les portiers; Hémân, Asaph et Etân, les chantres, jouaient avec éclat de la cymbale de bronze. Zekarya, Uzziel, Shemiramot, Yehiel, Unni, Eliab, Maaséyahu, Benaya jouaient de la lyre à noeuds. Mattityahu, Eliphléhu, Miqnéyahu, Obed-Edom, Yeïel et Azazyahu, donnant le rythme, jouaient de la cithare à l'octave. Kenanyahu, officier des lévites chargés du transport, commandait le transport, car il s'y entendait. Bérékya et Elqana faisaient fonction de portiers près de l'arche. Les prêtres Shebanyahu, Yoshaphat, Netanéel, Amasaï, Zekaryahu, Benayahu et Eliézer sonnaient de la trompette devant l'arche de Dieu. Obed-Edom et Yehiyya étaient portiers près de l'arche. David donc, les anciens d'Israël et les officiers de milliers faisaient en grande liesse monter l'arche de l'alliance de Yahvé depuis la maison d'Obed-Edom. Et tandis que Dieu assistait les lévites qui portaient l'arche de l'alliance de Yahvé, on immola sept taureaux et sept béliers. David, revêtu d'un manteau de byssus, dansait en tournoyant ainsi que tous les lévites porteurs de l'arche, les chantres et Kenanya l'officier chargé du transport. David était aussi couvert de l'éphod de lin. Tout Israël fit monter l'arche de l'alliance de Yahvé en poussant des acclamations, au son du cor, des trompettes et des cymbales, en faisant retentir lyres et cithares. Or, comme l'arche de l'alliance de Yahvé atteignait la Cité de David, la fille de Saül, Mikal, regarda par la fenêtre et vit le roi David danser et exulter; dans son coeur elle le méprisa. On introduisit l'arche de Dieu et on la déposa au centre de la tente que David avait fait dresser pour elle. On offrit devant Dieu des holocaustes et des sacrifices de communion. Lorsque David eut achevé d'offrir ces holocaustes et ces sacrifices de communion, il bénit le peuple au nom de Yahvé. Puis il fit une distribution à tous les Israélites, hommes et femmes; pour chacun, une couronne de pain, une masse de dattes et un gâteau de raisins secs. David mit des lévites en service devant l'arche de Yahvé pour célébrer, glorifier et louer Yahvé, le Dieu d'Israël, Asaph le premier, Zekarya en second, puis Uzziel, Shemiramot, Yehiel, Mattitya, Eliab, Benayahu, Obed-Edom et Yeïel. Ils jouaient de la lyre et de la cithare, tandis qu'Asaph faisait retentir les cymbales. Les prêtres Benayahu et Yahaziel ne cessaient pas de jouer de la trompette devant l'arche de l'alliance de Dieu. Ce jour-là David, louant le premier Yahvé, confia cette louange à Asaph et à ses frères: Rendez grâce à Yahvé, criez son nom, annoncez parmi les peuples ses hauts faits! Chantez-le, jouez pour lui, répétez toutes ses merveilles! Tirez gloire de son nom de sainteté, joie pour les coeurs qui cherchent Yahvé! Recherchez Yahvé et sa force, sans relâche poursuivez sa face! rappelez-vous quelles merveilles il a faites, ses miracles et les jugements de sa bouche! Lignée d'Israël son serviteur, enfants de Jacob, ses élus, c'est lui Yahvé notre Dieu; sur toute la terre ses jugements! Rappelez-vous à jamais son alliance, parole promulguée pour mille générations, pacte conclu avec Abraham, serment qu'il fit à Isaac. Il l'érigea en loi pour Jacob, pour Israël en alliance à jamais, disant: "Je te donne une terre, Canaan, votre part d'héritage, là où l'on a pu vous compter, peu nombreux, étrangers au pays." Ils allaient de nation en nation, d'un royaume à un peuple différent; il ne laissa personne les opprimer, à cause d'eux il châtia des rois: "Ne touchez pas à qui m'est consacré, à mes prophètes ne faites pas de mal!" Chantez à Yahvé, toute la terre! Proclamez jour après jour son salut, racontez aux nations sa gloire, à tous les peuples ses merveilles! Très grand Yahvé, et louable hautement, redoutable, lui, par-dessus tous les dieux. Néant, tous les dieux des nations. C'est Yahvé qui fit les cieux. Devant lui, splendeur et majesté, dans son sanctuaire puissance et allégresse. Rapportez à Yahvé, familles des peuples, rapportez à Yahvé gloire et puissance, rapportez à Yahvé la gloire de son nom. Présentez l'oblation, portez-la devant lui, adorez Yahvé dans son parvis de sainteté! Tremblez devant lui, toute la terre! Il fixa l'univers, inébranlable. Joie au ciel! exulte la terre! Dites chez les païens: "C'est Yahvé qui règne!" Que gronde la mer et sa plénitude! Que jubile la campagne, et tout son fruit! Que tous les arbres des forêts crient de joie! à la face de Yahvé, car il vient pour juger la terre. Rendez grâces à Yahvé, car il est bon, car éternel est son amour! Dites: Sauve-nous, Dieu de notre salut, rassemble-nous, retire-nous du milieu des païens, que nous rendions grâces à ton saint nom, et nous félicitions en ta louange. Béni soit Yahvé le Dieu d'Israël depuis toujours jusqu'à toujours! Et que tout le peuple dise Amen! Alleluia! David laissa là, devant l'arche de l'alliance de Yahvé, Asaph et ses frères, pour assurer un service permanent devant l'arche suivant le rituel quotidien, ainsi qu'Obed-Edom et ses 68 frères. Obed-Edom, fils de Yedutûn, et Hosa étaient portiers. Quant au prêtre Sadoq et aux prêtres ses frères, il les laissa devant la Demeure de Yahvé, sur le haut lieu de Gabaôn, pour offrir en permanence des holocaustes à Yahvé sur l'autel des holocaustes, matin et soir, et faire tout ce qui est écrit dans la Loi de Yahvé prescrite à Israël. Il y avait avec eux Hémân, Yedutûn, et le restant de l'élite que l'on avait nominativement désignée pour rendre grâce à Dieu, "car éternel est son amour." Ils avaient avec eux Hémân et Yedutûn, chargés de faire retentir les trompettes, les cymbales et les instruments accompagnant les cantiques divins. Les fils de Yedutûn étaient préposés à la porte. Tout le peuple s'en alla, chacun chez soi, et David s'en retourna bénir sa maisonnée. Quand David habita sa maison, il dit au prophète Natân: "Voici que j'habite une maison de cèdre, et l'arche de l'alliance de Yahvé est sous les tentures!" Natân répondit à David: "Tout ce qui te tient à coeur, fais-le, car Dieu est avec toi." Mais, cette même nuit, la parole de Dieu fut adressée à Natân en ces termes: "Va dire à David mon serviteur: Ainsi parle Yahvé. Ce n'est pas toi qui me bâtiras une maison pour que j'y habite. Oui, je n'ai jamais habité de maison depuis le jour où j'ai fait monter Israël jusqu'aujourd'hui, mais j'allais de tente en tente et d'abri en abri. Pendant tout le temps où j'ai voyagé avec tout Israël, ai-je dit à un seul des Juges d'Israël que j'avais institués comme pasteurs de mon peuple: Pourquoi ne me bâtissez-vous pas une maison de cèdre? Voici maintenant ce que tu diras à mon serviteur David: Ainsi parle Yahvé Sabaot. C'est moi qui t'ai pris au pâturage, derrière les brebis, pour être chef de mon peuple Israël. J'ai été avec toi partout où tu allais, j'ai supprimé devant toi tous tes ennemis. Je te donnerai un renom égal à celui des plus grands sur la terre. Je fixerai un lieu à mon peuple Israël, je l'y planterai et il demeurera en cette place, il ne sera plus ballotté et les méchants ne continueront pas à le ruiner comme auparavant, depuis le temps où j'instituais des Juges sur mon peuple Israël. Je soumettrai tous tes ennemis. Yahvé t'annonce qu'il te fera une maison, et quand il sera pleinement temps de rejoindre tes pères je maintiendrai après toi ton lignage; ce sera l'un de tes fils dont j'affermirai le règne. C'est lui qui me bâtira une maison et j'affermirai pour toujours son trône. Je serai pour lui un père et il sera pour moi un fils; je ne lui retirerai pas ma faveur comme je l'ai retirée à celui qui t'a précédé. Je le maintiendrai à jamais dans ma maison et dans mon royaume, et son trône sera à jamais affermi." Natân communiqua à David toutes ces paroles et toute cette révélation. Alors le roi David entra, s'assit devant Yahvé et dit: "Qui suis-je, Yahvé Dieu, et quelle est ma maison, pour que tu m'aies mené jusque-là? Mais cela est trop peu à tes yeux, ô Dieu, et tu étends tes promesses à la maison de ton serviteur pour un lointain avenir. Tu me fais voir comme un groupe d'hommes, celui qui l'élève c'est Yahvé Dieu. Qu'est-ce que David pourrait faire de plus pour toi, vu la gloire que tu as donnée à ton serviteur? Toi-même, tu as distingué ton serviteur. Yahvé, à cause de ton serviteur, et selon ton coeur, tu as eu cette magnificence de révéler toutes ces grandeurs. Yahvé, il n'y a personne comme toi et il n'y a pas d'autre Dieu que toi seul, comme l'ont appris nos oreilles. Y a-t-il, comme ton peuple Israël, un autre peuple sur la terre qu'un Dieu soit allé racheter pour en faire son peuple, pour le rendre fameux et opérer en sa faveur de grandes et terribles choses, en chassant des nations devant ton peuple que tu as racheté d'Egypte? Tu t'es donné à jamais pour peuple Israël ton peuple, et toi, Yahvé, tu es devenu son Dieu. Et maintenant, que subsiste à jamais, Yahvé, la promesse que tu as faite à ton serviteur et à sa maison, et agis comme tu l'as dit. Que cette promesse subsiste et que ton Nom soit exalté à jamais! Que l'on dise: Yahvé Sabaot est le Dieu d'Israël, il est Dieu pour Israël. La maison de David ton serviteur sera affermie devant toi, car c'est toi, mon Dieu, qui as fait cette révélation à ton serviteur: lui bâtir une maison. C'est pourquoi ton serviteur se trouve devant toi à te prier. Oui, Yahvé, c'est toi qui es Dieu, et tu as fait cette belle promesse à ton serviteur. Tu as alors consenti à bénir la maison de ton serviteur pour qu'elle demeure toujours en ta présence. Car c'est toi, Yahvé, qui as béni: elle est bénie à jamais." Il advint après cela que David battit les Philistins et les abaissa. Il prit des mains des Philistins Gat et ses dépendances. Puis il battit Moab, les Moabites furent asservis à David et payèrent tribut. David battit Hadadézer, roi de Coba, à Hamat, alors qu'il allait établir son pouvoir sur le fleuve de l'Euphrate. David lui prit mille chars,7.000 charriers et 20.000 hommes de pied, et David coupa les jarrets de tous les attelages, il n'en garda que cent. Les Araméens de Damas vinrent au secours de Hadadézer, roi de Coba, mais David tua aux Araméens 22.000 hommes. Puis David établit des gouverneurs dans l'Aram de Damas, les Araméens furent asservis à David et payèrent tribut. Partout où allait David, Dieu lui donnait la victoire. David prit les rondaches d'or que portait la garde de Hadadézer et les emporta à Jérusalem. De Tibhat et de Kûn, villes de Hadadézer, David enleva une énorme quantité de bronze dont Salomon fit la Mer de bronze, les colonnes et les ustensiles de bronze. Lorsque Tôou, roi de Hamat, apprit que David avait défait toute l'armée de Hadadézer, roi de Coba, il dépêcha son fils Hadoram au roi David pour le saluer et le féliciter d'avoir fait la guerre à Hadadézer et de l'avoir vaincu, car Hadadézer était en guerre avec Tôou. Il envoya toutes sortes d'objets d'or, d'argent et de bronze; le roi David les consacra aussi à Yahvé, avec l'argent et l'or qu'il avait prélevés sur toutes les nations, Edom, Moab, Ammonites, Philistins, Amaleq. Abishaï, fils de Ceruya, battit les Edomites dans la vallée du Sel, au nombre de 18.000. Il établit des gouverneurs en Edom et tous les Edomites devinrent sujets de David. Partout où David allait, Dieu lui donna la victoire. David régna sur tout Israël, faisant droit et justice à tout son peuple. Joab, fils de Ceruya, commandait l'armée; Yehoshaphat, fils d'Ahilud, était héraut; Sadoq, fils d'Ahitub, et Ahimélek, fils d'Ebyatar, étaient prêtres; Shavsha était secrétaire; Benayahu, fils de Yehoyada, commandait les Kerétiens et les Pelétiens. Les fils de David étaient les premiers aux côtés du roi. Après cela, il advint que Nahash, roi des Ammonites, mourut et que son fils régna à sa place. David se dit: "J'agirai avec bonté envers Hanûn, fils de Nahash, parce que son père a agi avec bonté envers moi." Et David envoya des messagers lui présenter des condoléances au sujet de son père. Mais lorsque les serviteurs de David arrivèrent au pays des Ammonites, auprès de Hanûn, à l'occasion de ces condoléances, les princes des Ammonites dirent à Hanûn: "T'imagines-tu que David veuille honorer ton père parce qu'il t'a envoyé des porteurs de condoléances? N'est-ce pas plutôt pour explorer, renverser et espionner le pays que ses serviteurs sont venus à toi?" Alors Hanûn se saisit des serviteurs de David, il les rasa et coupa leurs vêtements à mi-hauteur jusqu'aux fesses, puis les congédia. On alla informer David de ce qui était arrivé à ces hommes: il envoya quelqu'un à leur rencontre, car ces gens étaient couverts de honte, et le roi leur fit dire: "Restez à Jéricho jusqu'à ce que votre barbe ait repoussé, puis vous reviendrez." Les Ammonites virent bien qu'ils s'étaient rendus odieux à David; Hanûn et les Ammonites envoyèrent mille talents d'argent pour prendre à leur solde des Araméens de Mésopotamie, des Araméens de Maaka et des gens de Coba, chars et charriers. Ils prirent à leur solde le roi de Maaka, ses troupes, et 32.000 chars; ils vinrent camper devant Médba tandis que les Ammonites, après avoir quitté leurs villes et s'être rassemblés, arrivaient pour la bataille. A cette nouvelle, David envoya Joab avec toute l'armée, les preux. Les Ammonites sortirent et se rangèrent en bataille à l'entrée de la ville, mais les rois qui étaient venus étaient à part en rase campagne. Voyant qu'il avait un front de combat à la fois devant et derrière lui, Joab fit choix de toute l'élite d'Israël et la mit en ligne face aux Araméens. Il confia à son frère Abishaï le reste de l'armée et le mit en ligne face aux Ammonites. Il dit: "Si les Araméens l'emportent sur moi, tu viendras à mon secours; si les Ammonites l'emportent sur toi, je te secourrai. Aie bon courage et montrons-nous forts pour notre peuple et pour les villes de notre Dieu! et que Yahvé fasse ce qui lui semblera bon!" Joab et la troupe qui était avec lui engagèrent le combat contre les Araméens, qui lâchèrent pied devant eux. Quand les Ammonites virent que les Araméens avaient fui, ils lâchèrent pied à leur tour devant Abishaï, le frère de Joab, et rentrèrent dans la ville. Alors Joab retourna à Jérusalem. Voyant qu'ils avaient été battus devant Israël, les Araméens envoyèrent des messagers et mobilisèrent les Araméens qui sont de l'autre côté du Fleuve; Shophak, général de Hadadézer, était à leur tête. Cela fut rapporté à David qui rassembla tout Israël, passa le Jourdain, les atteignit et prit position près d'eux. Puis David se rangea en ordre de combat en face des Araméens, qui lui livrèrent bataille. Mais les Araméens lâchèrent pied devant Israël et David leur tua 7.000 attelages et 40.000 hommes de pied; il fit aussi périr Shophak le général. Quand les vassaux de Hadadézer se virent battus devant Israël, ils firent la paix avec David et lui furent assujettis. Les Araméens ne voulurent plus porter secours aux Ammonites. Au retour de l'année, au temps où les rois se mettent en campagne, Joab emmena les troupes et ravagea le pays des Ammonites. Puis il vint mettre le siège devant Rabba, tandis que David restait à Jérusalem. Joab abattit Rabba et la démantela. David ôta de la tête de Milkom la couronne qui s'y trouvait. Il constata qu'elle pesait un talent d'or et qu'elle enchâssait une pierre précieuse. David la mit sur sa tête. Il emporta le butin de la ville en énorme quantité. Quant à sa population, il la fit sortir, la mit à manier la scie, les pics de fer ou les haches. Ainsi agit-il envers toutes les villes des Ammonites. Puis David et toute l'armée revinrent à Jérusalem. Après cela, la guerre se poursuivit avec les Philistins à Gézer. C'est alors que Sibbekaï de Husha tua Sippaï, un descendant des Rephaïm. Les Philistins furent abaissés. La bataille reprit encore avec les Philistins. Elhanân, fils de Yaïr, tua Lahmi, frère de Goliath de Gat; le bois de sa lance était comme un liais de tisserand. Il y eut encore un combat à Gat et il se trouva là un homme de grande taille qui avait 24 doigts, six à chaque extrémité. Il était, lui aussi, descendant du Rephaïte. Comme il défiait Israël, Yehonatân, fils de Shiméa frère de David, le tua. Ces hommes étaient issus de Rapha à Gat et ils succombèrent sous la main de David et de ses gardes. Satan se dressa contre Israël et il incita David à dénombrer les Israélites. David dit à Joab et aux chefs du peuple: "Allez compter Israël, de Bersabée à Dan, puis revenez m'en faire connaître le chiffre." Joab répondit: "Que Yahvé accroisse son peuple de cent fois autant! Monseigneur le roi, ne sont-ils pas tous les serviteurs de Monseigneur? Pourquoi Monseigneur fait-il cette enquête? Pourquoi Israël deviendrait-il coupable?" Cependant l'ordre du roi s'imposa à Joab. Joab partit, il parcourut tout Israël, puis rentra à Jérusalem. Joab fournit à David le chiffre obtenu pour le recensement du peuple; tout Israël comptait 1.100.000 hommes tirant l'épée, et Juda 470.000 hommes tirant l'épée. L'ordre du roi avait tant répugné à Joab qu'il n'avait recensé ni Lévi ni Benjamin. Dieu vit avec déplaisir cette affaire et il frappa Israël. David dit alors à Dieu: "C'est un grand péché que j'ai commis en cette affaire! Maintenant, veuille pardonner cette faute à ton serviteur, car j'ai commis une grande folie." Yahvé dit alors à Gad, le voyant de David: "Va dire à David: Ainsi parle Yahvé. Je te propose trois choses: choisis-en une et je l'exécuterai pour toi." Donc Gad se rendit chez David et lui dit: "Ainsi parle Yahvé. Il te faut accepter soit trois années de famine, soit un désastre de trois mois devant tes ennemis, l'épée de tes adversaires dans les reins, soit l'épée de Yahvé et trois jours de peste dans le pays, l'ange de Yahvé ravageant tout le territoire d'Israël! Vois maintenant ce que je dois répondre à celui qui m'envoie." David répondit à Gad: "Je suis dans une grande anxiété... Ah! que je tombe entre les mains de Yahvé, car sa miséricorde est immense, mais que je ne tombe pas entre les mains des hommes!" Yahvé envoya donc la peste en Israël et, parmi les Israélites,70.000 hommes tombèrent. Puis Dieu envoya l'ange vers Jérusalem pour l'exterminer; mais au moment de l'exterminer, Yahvé regarda et se repentit de ce mal; et il dit à l'ange exterminateur: "Assez! Retire ta main." L'ange de Yahvé se tenait alors près de l'aire d'Ornân le Jébuséen. Levant les yeux, David vit l'ange de Yahvé qui se tenait entre terre et ciel, l'épée dégainée à la main, tendue vers Jérusalem. Revêtus de sacs, David et les anciens tombèrent alors face contre terre, et David dit à Dieu: "N'est-ce pas moi qui ai ordonné de recenser le peuple? N'est-ce pas moi qui ai péché et qui ai commis le mal? Mais ceux-là, c'est le troupeau, qu'ont-ils fait? Yahvé, mon Dieu, que ta main s'appesantisse donc sur moi et sur ma famille, mais que ton peuple échappe au fléau!" L'ange de Yahvé dit alors à Gad: "Que David monte et élève un autel à Yahvé sur l'aire d'Ornân le Jébuséen." David monta donc selon la parole que Gad lui avait dite au nom de Yahvé. Or, en se retournant, Ornân avait vu l'ange et il se cachait avec ses quatre fils. Ornân était en train de battre le froment lorsque David se rendit auprès de lui. Ornân regarda, vit David, sortit de l'aire, et se prosterna devant David, la face contre terre. David dit alors à Ornân: "Cède-moi l'emplacement de cette aire afin que j'y construise un autel pour Yahvé. Cède-le-moi pour sa pleine valeur en argent. Ainsi le fléau s'écartera du peuple." Ornân dit alors à David: "Prends, et que Monseigneur le roi fasse ce qui lui semble bon! Vois: je donne les boeufs pour les holocaustes, le traîneau pour le bois et le grain pour l'oblation. Je donne le tout." Le roi David répondit à Ornân: "Non pas! je veux l'acheter pour sa pleine valeur en argent; car je ne veux pas prendre pour Yahvé ce qui t'appartient et offrir ainsi des holocaustes qui ne me coûtent rien." David donna à Ornân pour ce lieu le poids de 600 sicles d'or. David construisit là un autel pour Yahvé, et il offrit des holocaustes et des sacrifices de communion. Il invoqua Yahvé; Yahvé lui répondit en faisant tomber du ciel le feu sur l'autel des holocaustes et il ordonna à l'ange de remettre l'épée au fourreau. A cette époque, voyant que Yahvé lui avait répondu sur l'aire d'Ornân le Jébuséen, David y fit un sacrifice. La Demeure que Moïse avait faite dans le désert et l'autel des holocaustes se trouvaient à cette époque sur le haut lieu de Gabaôn, mais David n'avait pu y aller devant Dieu pour s'adresser à lui, tant l'épée de l'ange de Yahvé lui avait fait peur. Puis David dit: "C'est ici la maison de Yahvé Dieu et ce sera l'autel pour les holocaustes d'Israël." David ordonna de rassembler les étrangers qui se trouvaient dans le pays d'Israël, puis il préposa des carriers à la taille des pierres pour la construction de la maison de Dieu. David d'autre part entreposa beaucoup de fer pour les clous des battants de porte et pour les crampons, ainsi que du bronze en quantité impossible à peser, et des troncs de cèdre en nombre incalculable, car Sidoniens et Tyriens avaient apporté à David des troncs de cèdre en abondance. Puis David dit: "Mon fils Salomon est jeune et faible; et cette maison qu'il doit bâtir pour Yahvé doit être magnifique, elle doit avoir renom et gloire dans tous les pays. J'en ferai pour lui les préparatifs." Aussi David, avant de mourir, fit-il de grands préparatifs; puis il appela son fils Salomon et lui ordonna de bâtir une maison pour Yahvé, le Dieu d'Israël. David dit à Salomon: "Mon fils, j'ai désiré bâtir une maison pour le nom de Yahvé mon Dieu. Mais la parole de Yahvé me fut adressée: Tu as versé beaucoup de sang et livré de grandes batailles, tu ne bâtiras pas de maison à mon nom car en ma présence tu as répandu beaucoup de sang à terre. Voici qu'un fils t'est né; lui sera un homme de paix et je le mettrai en paix avec tous ses ennemis alentour, car Salomon sera son nom, et c'est en ses jours que je donnerai à Israël paix et tranquillité. Il bâtira une maison à mon nom, il sera pour moi un fils et je serai pour lui un père, j'affermirai le trône de sa royauté sur Israël pour toujours. Que Yahvé, ô mon fils, soit maintenant avec toi, et te fasse achever avec succès la construction de la maison de Yahvé ton Dieu, comme il l'a dit de toi. Qu'il te donne cependant perspicacité et discernement, qu'il te donne ses ordres sur Israël pour que tu observes la Loi de Yahvé ton Dieu! Tu ne réussiras que si tu observes et mets en pratique les lois et les coutumes que Yahvé a prescrites à Moïse pour Israël. Sois fort et tiens bon! Ne crains pas, ne tremble pas! Voici que jusque dans ma pauvreté j'ai pu mettre de côté pour la maison de Yahvé 100.000 talents d'or,1.000.000 de talents d'argent, tant de bronze et de fer qu'on ne peut les peser. J'ai aussi entreposé du bois et des pierres et tu en ajouteras d'autres. Il y aura avec toi maints artisans, carriers, sculpteurs et charpentiers, toutes sortes d'experts en tous arts. Quant à l'or, à l'argent, au bronze et au fer, on ne saurait les compter. Va! agis, et que Yahvé soit avec toi." David ordonna alors à tous les officiers d'Israël de prêter main-forte à Salomon, son fils: "Yahvé, votre Dieu, n'est-il pas avec vous? Car il vous a donné partout le repos, puisqu'il a livré entre mes mains les habitants du pays et que le pays a été soumis à Yahvé et à son peuple. Donnez maintenant votre coeur et votre âme à la recherche de Yahvé, votre Dieu. Allez, bâtissez le sanctuaire de Yahvé votre Dieu, pour amener à cette maison construite au nom de Yahvé l'arche de l'alliance de Yahvé et les objets sacrés de Dieu. Devenu vieux et rassasié de jours, David donna à son fils Salomon la royauté sur Israël. Il réunit tous les officiers d'Israël, les prêtres et les lévites. On recensa les lévites de 30 ans et plus. En les comptant tête par tête, on trouva 38.000 hommes; 24.000 d'entre eux présidaient aux offices de la maison de Yahvé,6.000 étaient scribes et juges, 4.000 portiers, et 4.000 louaient Yahvé, avec les instruments que David avait faits à cette intention. Puis David répartit les lévites en classes: Gershôn, Qehat et Merari. Pour les Gershonites: Ladân et Shiméï. Fils de Ladân: Yehiel, le premier, Zétam, Yoël, trois en tout. Fils de Shiméï: Shelomit, Haziel, Harân, trois en tout. Ce sont les chefs de famille de Ladân. Fils de Shiméï: Yahat, Zina, Yéush, Béria; ce furent là les fils de Shiméï, quatre en tout. Yahat était l'aîné, Ziza le second, puis Yéush et Béria qui n'eurent pas beaucoup d'enfants et furent enregistrés en une seule famille. Fils de Qehat: Amram, Yiçhar, Hébrôn, Uzziel, quatre en tout. Fils de Amram: Aaron et Moïse. Aaron fut mis à part pour consacrer les choses très saintes, lui et ses fils à jamais, faire fumer l'encens devant Yahvé, le servir et bénir en son nom à jamais. Moïse fut un homme de Dieu dont les fils reçurent le nom de la tribu de Lévi. Fils de Moïse: Gershom et Eliézer. Fils de Gershom: Shebuel, le premier. Il y eut des fils d'Eliézer: Rehabya, le premier. Eliézer n'eut pas d'autres fils, mais les fils de Rehabya furent extrêmement nombreux. Fils de Yiçhar: Shelomit le premier. Fils de Hébrôn: Yeriyyahu le premier, Amarya le second, Yahaziel le troisième, Yeqaméam le quatrième. Fils d'Uzziel: Mika le premier, Yishshiyya le second. Fils de Merari: Mahli et Mushi. Fils de Mahli: Eléazar et Qish. Eléazar mourut sans avoir de fils, mais des filles qu'enlevèrent les fils de Qish leurs frères. Fils de Mushi: Mahli, Eder, Yerémot, trois en tout. Tels étaient les fils de Lévi par familles, les chefs de maison et ceux qu'on recensait nominativement, tête par tête; quiconque était âgé de vingt ans et plus était affecté au service de la maison de Yahvé. Car David avait dit: "Yahvé, Dieu d'Israël, a donné le repos à son peuple et il demeure pour toujours à Jérusalem. Les lévites n'auront plus à transporter la Demeure et les objets destinés à son service." En effet, selon les dernières paroles de David, les lévites qui furent comptés étaient âgés de vingt ans et plus. Ils sont chargés de se tenir sous les ordres des fils d'Aaron pour le service du Temple de Yahvé dans les parvis et les salles, pour la purification de chaque chose consacrée; ils font le service du Temple de Dieu. Ils sont aussi chargés du pain à disposer en rangées, de la fleur de farine destinée à l'oblation, des galettes sans levain, de celles qui étaient préparées à la plaque ou sous forme de mélange, et de toutes les mesures de capacité et de longueur. Ils ont à s'y tenir chaque matin pour célébrer et pour louer Yahvé, et de même le soir, ainsi que pour toute offrande d'holocaustes à Yahvé lors des sabbats, des néoménies et des solennités, selon le nombre fixé par la règle. Cette charge leur incombe en permanence devant Yahvé. Ils observent, au service du Temple de Yahvé, le rituel de la Tente du Rendez-vous, le rituel du sanctuaire et le rituel des fils d'Aaron, leurs frères. Classes des fils d'Aaron: fils d'Aaron: Nadab, Abihu, Eléazar et Itamar. Nadab et Abihu moururent en présence de leur père sans laisser de fils, et c'est Eléazar et Itamar qui devinrent prêtres. David les répartit en classes, ainsi que Sadoq, l'un des fils d'Eléazar, et Ahimélek, l'un des fils d'Itamar, et les recensa selon leurs services. Les fils d'Eléazar se trouvèrent avoir plus de chefs de preux que les fils d'Itamar; on forma seize classes avec les chefs de famille des fils d'Eléazar et huit avec les chefs de famille des fils d'Itamar. On les répartit au sort, les uns comme les autres; il y eut des officiers consacrés, des officiers de Dieu, parmi les fils d'Eléazar comme parmi les fils d'Itamar. L'un des lévites, le scribe Shemaya, fils de Netanéel, les inscrivit en présence du roi, des officiers, du prêtre Sadoq, d'Ahimélek fils d'Ebyatar, des chefs de familles sacerdotales et lévitiques; on tirait une fois au sort pour chaque famille des fils d'Eléazar, toutes les deux fois pour les fils d'Itamar. Yehoyarib fut le premier sur qui tomba le sort, Yedaya le second, Harim le troisième, Séorim le quatrième, Malkiyya le cinquième, Miyyamîn le sixième, Haqqoç le septième, Abiyya le huitième, Yéshua le neuvième, Shekanyahu le dixième, Elyashib le onzième, Yaqim le douzième, Huppa le treizième, Ishbaal le quatorzième, Bilga le quinzième, Immer le seizième, Hézir le dix-septième, Happiçèç le dix-huitième, Petahya le dix-neuvième, Yehèzqel le vingtième, Yakîn le vingt et unième, Gamul le vingt-deuxième, Delayahu le vingt-troisième, Maazyahu le vingt-quatrième. Tels sont ceux qui furent recensés selon leur service, pour entrer dans le Temple de Yahvé, conformément à leur règle, règle transmise par Aaron, leur père, comme le lui avait prescrit Yahvé, Dieu d'Israël. Quant aux autres fils de Lévi: Pour les fils de Amram: Shubaël. Pour les fils de Shubaël, Yèhdeyahu. Pour Rehabyahu, pour les fils de Rehabyahu, l'aîné Yishshiyya. Pour les Yiçharites, Shelomot; pour les fils de Shelomot, Yahat. Fils de Hébrôn: Yeriyya le premier, Amaryahu le second, Yahaziel le troisième, Yeqaméam le quatrième. Fils de Uzziel: Mika; pour les fils de Mika, Shamir; frère de Mika, Yishshiyya; pour les fils de Yishshiyya, Zekaryahu. Fils de Merari: Mahli et Mushi. Fils de Yaaziyyahu, son fils; fils de Merari: pour Yaaziyyahu son fils: Shoham, Zakkur et Ibri; pour Mahli, Eléazar qui n'eut pas de fils; pour Qish: fils de Qish, Yerahméel. Fils de Mushi: Mahli, Eder, Yerimot. Tels furent les fils de Lévi, répartis par familles. Comme les fils d'Aaron, leurs frères, ils tirèrent au sort en présence du roi David, de Sadoq, d'Ahimélek, et des chefs de familles sacerdotales et lévitiques, les premières familles comme les plus petites. Pour le service, David et les officiers mirent à part les fils d'Asaph, de Hémân et de Yedutûn, les prophètes qui s'accompagnaient de lyres, de cithares et de cymbales, et l'on compta les hommes affectés à ce service. Pour les fils d'Asaph: Zakkur, Yoseph, Netanya, Asarééla; les fils d'Asaph dépendaient de leur père qui prophétisait sous la direction du roi. Pour Yedutûn: fils de Yedutûn: Gedalyahu, Ceri, Yeshayahu, Hashabyahu, Mattityahu; ils étaient six sous la direction de leur père Yedutûn qui prophétisait au son des lyres en l'honneur et à la louange de Yahvé. Pour Hémân: fils de Hémân: Buqqiyyahu, Mattanyahu, Uzziel, Shebuel, Yerimot, Hananya, Hanani, Eliata, Giddalti, Româmti-Ezer, Yoshbeqasha, Malloti, Hotir, Mahaziot. Tous ceux-là étaient fils de Hémân, le voyant du roi; aux paroles de Dieu, ils sonnaient de la trompe. Dieu donna à Hémân quatorze fils et trois filles; ils chantaient tous sous la direction de leur père dans le Temple de Yahvé, au son des cymbales, des cithares et des lyres, au service du Temple de Dieu, sous les ordres du roi. Asaph, Yedutûn, Hémân, ceux qui avaient appris à chanter pour Yahvé, furent comptés avec leurs frères; ils étaient en tout 288 à s'y entendre. Ils tirèrent au sort l'ordre à observer, pour le petit comme pour le grand, pour le maître comme pour l'élève. Le premier sur qui tomba le sort fut l'Asaphite Yoseph. Le second fut Gedalyahu; avec ses fils et ses frères ils étaient douze. Le troisième fut Zakkur; avec ses fils et ses frères ils étaient douze. Le quatrième fut Yiçri; avec ses fils et ses frères ils étaient douze. Le cinquième fut Netanyahu; avec ses fils et ses frères ils étaient douze. Le sixième fut Buqqiyyahu; avec ses fils et ses frères ils étaient douze. Le septième fut Yesarééla; avec ses fils et ses frères ils étaient douze. Le huitième fut Yeshayahu; avec ses fils et ses frères ils étaient douze. Le neuvième fut Mattanyahu; avec ses fils et ses frères ils étaient douze. Le dixième fut Shiméï; avec ses fils et ses frères ils étaient douze. Le onzième fut Azaréel; avec ses fils et ses frères ils étaient douze. Le douzième fut Hashabyahu; avec ses fils et ses frères ils étaient douze. Le treizième fut Shubaël; avec ses fils et ses frères ils étaient douze. Le quatorzième fut Mattityahu; avec ses fils et ses frères ils étaient douze. Le quinzième fut Yerémot; avec ses fils et ses frères ils étaient douze. Le seizième fut Hananyahu; avec ses fils et ses frères ils étaient douze. Le dix-septième fut Yoshbeqasha; avec ses fils et ses frères ils étaient douze. Le dix-huitième fut Hanani; avec ses fils et ses frères ils étaient douze. Le dix-neuvième fut Malloti; avec ses fils et ses frères ils étaient douze. Le vingtième fut Elyata; avec ses fils et ses frères ils étaient douze. Le vingt et unième fut Hotir; avec ses fils et ses frères ils étaient douze. Le vingt-deuxième fut Giddalti; avec ses fils et ses frères ils étaient douze. Le vingt-troisième fut Mahaziot; avec ses fils et ses frères ils étaient douze. Le vingt-quatrième fut Româmti-Ezer; avec ses fils et ses frères ils étaient douze. Quant aux classes de portiers: Pour les Coréites: Meshélémyahu, fils de Qoré, l'un des fils d'Ebyasaph. Meshélémyahu eut des fils: Zekaryahu le premier, Yediael le second, Zebadyahu le troisième, Yatniel le quatrième, Elam le cinquième, Yehohanân le sixième, Elyehoénaï le septième. Obed-Edom eut des fils: Shemaya l'aîné, Yehozabad le second, Yoah le troisième, Sakar le quatrième, Netanéel le cinquième, Ammiel le sixième, Issachar le septième, Péulletaï le huitième; Dieu en effet l'avait béni. A son fils Shemaya naquirent des fils qui eurent autorité sur leurs familles, car ce furent des preux valeureux. Fils de Shemaya: Otni, Rephaël, Obed, Elzabad, et ses frères les vaillants Elihu et Semakyahu. Tous ceux-là étaient fils d'Obed-Edom. Eux, leurs fils et leurs frères eurent dans leur service une haute valeur. Pour Obed-Edom,62. Meshélémyahu eut des fils et des frères: dix-huit hommes vaillants. Hosa, l'un des fils de Merari, eut des fils. Shimri était le premier, car, sans qu'il fût l'aîné, son père l'avait mis en tête. Hilqiyya était le second, Tebalyahu le troisième, Zekaryahu le quatrième. Treize en tout, fils et frères de Hosa. Ceux-ci eurent leurs classes de portiers. Les chefs de ces preux avaient des charges correspondant à celles de leurs frères au service du Temple de Yahvé. Pour chaque porte, on tira au sort par famille, qu'elle soit petite ou grande. Pour l'est, le sort tomba sur Shélèmyahu, dont le fils Zekaryahu donnait des conseils avisés. On tira les sorts et le nord échut à ce dernier. Obed-Edom eut le sud et ses fils les magasins. Shuppim et Hosa eurent l'ouest avec la porte du Tronc abattu sur la chaussée supérieure. Règles correspondant aux charges: six par jour à l'est, quatre par jour au nord, quatre par jour au sud, deux par deux aux magasins; pour le Parbar à l'ouest: quatre pour la chaussée, deux pour le Parbar. Telles étaient les classes de portiers chez les Coréites et les Merarites. Les lévites, leurs frères, étaient responsables des trésors du Temple de Dieu, et affectés aux trésors des offrandes consacrées. Les fils de Ladân, fils de Gershôn par Ladân, avaient les Yéhiélites pour chefs des familles de Ladân le Gershonite. Les Yéhiélites, Zétam et Yoël son frère, furent responsables des trésors du Temple de Yahvé. Quant aux Amramites, Yiçharites, Hébronites et Uzziélites: Shebuel, fils de Gershom, fils de Moïse, était chef responsable des trésors. Ses frères par Eliézer: Rehabyahu son fils, Yeshayahu son fils, Yoram son fils, Zikri son fils et Shelomit son fils. Ce Shelomit et ses frères furent responsables de tous les trésors des offrandes consacrées par le roi David et par les chefs de familles, à titre d'officiers de milliers, de centaines et de corps (ils les avaient consacrées sur le butin de guerre pour enrichir le Temple de Yahvé), ainsi que de tout ce qu'avait consacré Samuel le voyant, Saül fils de Qish, Abner fils de Ner et Joab fils de Ceruya. Tout ce que l'on consacrait fut sous la responsabilité de Shelomit et de ses frères. Pour les Yiçharites: Kenanyahu et ses fils, affectés aux affaires profanes en Israël à titre de scribes et de juges. Pour les Hébronites: Hashabyahu et ses frères,1.700 guerriers responsables de la surveillance d'Israël à l'ouest du Jourdain, pour toutes les affaires de Yahvé et le service du roi. Pour les Hébronites: Yeriyya le chef. En l'an 40 du règne de David, on fit des recherches sur les parentés des familles Hébronites, et l'on trouva parmi eux de vaillants preux à Yazèr, en Galaad. Quant aux frères de Yeriyya,1.700 guerriers chefs de familles, le roi David les nomma inspecteurs des Rubénites, des Gadites et de la demi-tribu de Manassé, en toute affaire divine et royale. Les Israélites d'après leur nombre: Chefs de familles, officiers de milliers et de centaines et leurs scribes au service du roi, pour tout ce qui concernait les classes en activité pour un mois, tous les mois de l'année. Chaque classe était de 24.000 hommes. Le responsable de la première classe, affecté au premier mois, était Yashobéam, fils de Zabdiel. Il était responsable d'une classe de 24.000 hommes. C'était l'un des fils de Pérèç, chef de tous les officiers du corps affecté au premier mois. Le responsable de la classe du second mois était Dodaï l'Ahohite; il était responsable d'une classe de 24.000 hommes. L'officier du troisième corps affecté au troisième mois était Benayahu, fils de Yehoyada, le prêtre en chef. Il était responsable d'une classe de 24.000 hommes. C'est ce Benayahu qui fut le héros des Trente, et eut la responsabilité des Trente et de sa classe. Il eut pour fils Ammizabad. Le quatrième, affecté au quatrième mois, était Asahel, frère de Joab; son fils Zebadya lui succéda. Il était responsable d'une classe de 24.000 hommes. Le cinquième, affecté au cinquième mois, était l'officier Shamehut, le Zarhite. Il était responsable d'une classe de 24.000 hommes. Le sixième, affecté au sixième mois, était Ira, fils d'Iqqesh, de Teqoa; il était responsable d'une classe de 24.000 hommes. Le septième, affecté au septième mois, était Héleç, le Pelonite, l'un des fils d'Ephraïm; il était responsable d'une classe de 24.000 hommes. Le huitième, affecté au huitième mois, était Sibbekaï, de Husha, un Zarhite; il était responsable d'une classe de 24.000 hommes. Le neuvième, affecté au neuvième mois, était Abiézer d'Anatot, un Benjaminite; il était responsable d'une classe de 24.000 hommes. Le dixième, affecté au dixième mois, était Mahraï de Netopha, un Zarhite; il était responsable d'une classe de 24.000 hommes. Le onzième, affecté au onzième mois, était Benaya, de Piréatôn, un fils d'Ephraïm; il était responsable d'une classe de 24.000 hommes. Le douzième, affecté au douzième mois, était Heldaï, de Netopha, d'Otniel; il était responsable d'une classe de 24.000 hommes. Responsables des tribus d'Israël: Eliézer, fils de Zikri, commandait les Rubénites, Shephatyahu fils de Maaka les Siméonites, Hashabya fils de Qemuel les lévites, Sadoq les Aaronides, Elihu, l'un des frères de David, les Judéens, Omri fils de Mikaël les Issacharites, Yishmayahu fils d'Obadyahu les Zabulonites, Yerimot fils d'Azriel les Nephtalites, Hoshéa fils d'Azazyahu les Ephraïmites, Yoël fils de Pedayahu la demi-tribu de Manassé, Yiddo fils de Zekaryahu la demi-tribu de Manassé en Galaad, Yaasiel fils d'Abner les Benjaminites, Azaréel fils de Yeroham les Danites. Tels furent les officiers des tribus d'Israël. David ne fit pas le dénombrement de ceux qui avaient vingt ans et au-dessous, parce que Dieu avait dit qu'il multiplierait les Israélites comme les étoiles des cieux. Joab, fils de Ceruya, commença à faire le compte, mais ne l'acheva pas. C'est pourquoi la Colère éclata contre Israël, et le chiffre n'atteignit pas celui qu'on trouve dans les Annales du roi David. Responsable des provisions du roi: Azmavèt, fils d'Adiel. Responsable des provisions dans les villes, bourgs et forteresses de la province: Yehonatân, fils de Uzziyyahu. Responsable des ouvriers agricoles employés à la culture du sol: Ezri, fils de Kelub. Responsable des vignobles: Shiméï, de Rama. Responsable de ceux qui, dans les vignobles, étaient affectés aux réserves de vin: Zabdi, de Shepham. Responsable des oliviers et des sycomores dans le Bas-Pays: Baal-Hanân, de Géder. Responsable des réserves d'huile: Yoash. Responsable du gros bétail pâturant en Sarôn: Shitraï, de Sarôn. Responsable du gros bétail dans les vallées: Shaphat, fils de Adlaï. Responsable des chameaux: Obil, l'Ismaélite. Responsable des ânesses: Yèhdeyahu, de Méronot. Responsable du petit bétail: Yaziz, le Hagrite. Tous ceux-là furent les responsables des biens appartenant au roi David. Yehonatân, oncle de David, conseiller, homme avisé, et scribe, s'occupait des enfants du roi avec Yehiel, fils d'Hakmoni. Ahitophel était conseiller du roi. Hushaï l'Arkite était ami du roi. Yehoyada, fils de Benayahu, et Ebyatar succédèrent à Ahitophel. Joab était le général des armées du roi. David réunit à Jérusalem tous les officiers d'Israël, officiers des tribus et officiers des classes au service du roi, officiers de milliers et de centaines, officiers chargés de tous les biens et des troupeaux du roi et de ses fils, ainsi que les eunuques et les preux, tous les preux vaillants. Le roi David se leva et, debout, déclara: "Ecoutez-moi, mes frères et mon peuple. J'ai désiré, moi, édifier une demeure stable pour l'arche de l'alliance de Yahvé, pour le piédestal de notre Dieu. J'ai fait les préparatifs de construction mais Dieu m'a dit: Ne bâtis pas de maison à mon nom, car tu as été un homme de guerre et tu as versé le sang. De toute la maison de mon père, c'est moi que Yahvé, le Dieu d'Israël, a choisi pour être à jamais roi sur Israël. C'est en effet Juda qu'il a choisi pour guide, c'est ma famille qu'il a choisie dans la maison de Juda, et parmi les fils de mon père, c'est en moi qu'il s'est complu à donner un roi à tout Israël. De tous mes fils -- car Yahvé m'en a donné beaucoup -- c'est mon fils Salomon qu'il a choisi pour siéger sur le trône de la royauté de Yahvé sur Israël: C'est ton fils Salomon, m'a-t-il dit, qui bâtira ma Maison et mes parvis, car c'est lui que j'ai choisi pour fils et je serai pour lui un père. Je lui ai préparé une royauté éternelle s'il pratique avec courage, comme aujourd'hui, mes commandements et mes lois." Et maintenant, devant tout Israël qui nous voit, devant l'assemblée de Yahvé, devant notre Dieu qui nous entend, gardez, scrutez les commandements de Yahvé votre Dieu, afin de posséder ce bon pays et de le transmettre après vous pour toujours en héritage à vos fils. Toi, Salomon mon fils, connais le Dieu de ton père, sers-le d'un coeur sans partage, d'une âme bien disposée, car Yahvé sonde tous les coeurs et pénètre tous les desseins qu'ils forgent. Si tu le recherches, il se fera trouver de toi, si tu le délaisses, il te rejettera pour toujours. Considère maintenant que Yahvé t'a choisi pour lui bâtir une maison pour sanctuaire. Sois ferme et agis!" David donna à son fils Salomon le modèle du vestibule, des bâtiments, des magasins, des chambres hautes, des pièces de fond à l'intérieur, de la salle du propitiatoire; il lui donna aussi la description de tout ce qu'il concevait concernant les parvis du Temple de Yahvé, les pièces du pourtour, les trésors du Temple de Dieu et les saintes réserves, les classes de prêtres et de lévites, toutes les charges du service du Temple de Yahvé, tout le mobilier pour le service du Temple de Yahvé, l'or en lingots, l'or destiné à chacun des objets de tel ou tel service, l'argent en lingots destiné à tous les objets d'argent, pour chacun des objets de tel ou tel service, les lingots destinés aux chandeliers d'or et à leurs lampes, l'or en lingots destiné à chaque chandelier et à ses lampes, les lingots destinés aux chandeliers d'argent, pour le chandelier et ses lampes suivant l'usage de chaque chandelier, l'or en lingots destiné aux tables des rangées de pain, pour chacune des tables, l'argent destiné aux tables d'argent, les fourchettes, les coupes d'aspersion, les aiguières en or pur, les lingots d'or pour les coupes, pour chacune des coupes, les lingots d'argent pour les coupes, pour chacune des coupes, les lingots d'or épuré destinés à l'autel des parfums. Il lui donna le modèle du char divin, des chérubins d'or aux ailes déployées couvrant l'arche de l'alliance de Yahvé, l'ensemble selon ce que Yahvé avait écrit de sa main pour faire comprendre tout le travail dont il donnait le modèle. David dit alors à son fils Salomon: "Sois ferme et courageux, agis sans crainte ni tremblement, car Yahvé Dieu, mon Dieu, est avec toi. Il ne te laissera pas sans force et sans soutien avant que tu n'aies achevé tout le travail à accomplir pour la Maison de Yahvé. Voici les classes des prêtres et des lévites pour tout le service de la maison de Dieu, chaque volontaire habile en n'importe quel travail te secondera dans toute cette oeuvre; les officiers et tout le peuple sont à tes ordres." Le roi David dit alors à toute l'assemblée: "Mon fils Salomon, celui qu'a choisi Dieu, est jeune et faible alors que l'oeuvre est grande, car ce palais n'est pas destiné à un homme mais à Yahvé Dieu. De toutes mes forces, j'ai préparé la Maison de mon Dieu: l'or pour ce qui doit être en or, l'argent pour ce qui doit être en argent, le bronze pour ce qui doit être en bronze, le fer pour ce qui doit être en fer, le bois pour ce qui doit être en bois, des cornalines, des pierreries à enchâsser, des escarboucles et des pierres multicolores, toutes sortes de pierres précieuses et quantité d'albâtre. Plus encore, ce que je possède personnellement en or et en argent, je le donne à la Maison de mon Dieu, par amour pour la Maison de mon Dieu en plus de ce que j'ai préparé pour le Temple saint: 3.000 talents d'or, en or d'Ophir,7.000 talents d'argent épuré pour en plaquer les parois des salles. Qu'il s'agisse d'or pour ce qui doit être en or, d'argent pour ce qui doit être en argent, ou d'oeuvre de main d'orfèvre, qui d'entre vous aujourd'hui est volontaire pour le consacrer à Yahvé?" Les officiers chefs de familles, les officiers des tribus d'Israël, les officiers de milliers et de centaines et les officiers chargés des travaux royaux furent volontaires. Ils donnèrent pour le service de la Maison de Dieu 5.000 talents d'or,10.000 dariques,10.000 talents d'argent,18.000 talents de bronze et 100.000 talents de fer. Y ajoutant ce qui se trouva comme pierres, ils remirent tout cela au trésor de la Maison de Yahvé, à la disposition de Yehiel le Gershonite. Le peuple se réjouit de ce qu'ils avaient fait, car c'était d'un coeur sans partage qu'ils avaient ainsi fait des offrandes volontaires pour Yahvé; le roi David lui-même en conçut une grande joie. Il bénit alors Yahvé sous les yeux de toute l'assemblée. David dit: "Béni sois-tu, Yahvé, Dieu d'Israël notre père, depuis toujours et à jamais! A toi, Yahvé, la grandeur, la force, la splendeur, la durée et la gloire, car tout ce qui est au ciel et sur la terre est à toi. A toi, Yahvé, la royauté: tu es souverainement élevé au-dessus de tout. La richesse et la gloire te précèdent, tu es maître de tout, dans ta main sont la force et la puissance; à ta main d'élever et d'affermir qui que ce soit. A cette heure, ô notre Dieu, nous te célébrons, nous louons ton éclatant renom; car qui suis-je et qu'est-ce que mon peuple pour être en mesure de faire de telles offrandes volontaires? Car tout vient de toi et c'est de ta main même que nous t'avons donné. Car nous ne sommes devant toi que des étrangers et des hôtes comme tous nos pères; nos jours sur terre passent comme l'ombre et il n'est point d'espoir. Yahvé, notre Dieu, tout ce que nous avons amoncelé pour la construction d'une Maison à ton saint nom provient de ta main, et tout est à toi. Je sais, ô mon Dieu, que tu sondes les coeurs et que tu te plais à la droiture, c'est d'un coeur droit que je t'ai fait toutes ces offrandes et, à cette heure, j'ai vu avec joie ton peuple, ici présent, te faire ces offrandes volontaires. Yahvé, Dieu d'Abraham, d'Isaac et d'Israël, nos pères, garde à jamais cela, formes-en les dispositions de coeur de ton peuple, et fixe en toi leurs coeurs. A mon fils Salomon donne un coeur intègre pour qu'il garde tes commandements, tes témoignages et tes lois, qu'il les mette tous en pratique et bâtisse ce palais que je t'ai préparé." Puis David dit à toute l'assemblée: "Bénissez donc Yahvé votre Dieu!" Et toute l'assemblée bénit Yahvé, Dieu de ses pères, et s'agenouilla pour se prosterner devant Dieu et devant le roi. Puis les Israélites, le lendemain de ce jour, offrirent des sacrifices et des holocaustes à Yahvé: mille taureaux, mille béliers, mille agneaux avec les libations conjointes, ainsi que de multiples sacrifices pour tout Israël. Ils mangèrent et burent en ce jour devant Yahvé, dans une grande liesse. Puis, ayant fait Salomon, fils de David, roi pour la seconde fois, ils l'oignirent au nom de Yahvé comme chef, et oignirent Sadoq comme prêtre. Salomon s'assit sur le trône de Yahvé pour régner à la place de David son père. Il prospéra et tout Israël lui obéit. Tous les officiers, tous les preux et même tous les fils du roi David se soumirent au roi Salomon. Sous les yeux de tout Israël, Yahvé porta à son faîte la grandeur de Salomon et lui donna un règne d'une splendeur que n'avait jamais connue aucun de ceux qui avaient régné avant lui sur Israël. David, fils de Jessé, avait régné sur tout Israël. Son règne sur Israël avait duré 40 ans; à Hébron il avait régné sept ans et à Jérusalem il avait régné 33 ans. Il mourut dans une heureuse vieillesse, rassasié de jours, de richesses et d'honneur. Puis Salomon son fils régna à sa place. L'histoire du roi David, du début à la fin, n'est-ce pas écrit dans l'histoire de Samuel le voyant, l'histoire de Natân le prophète, l'histoire de Gad le voyant, avec son règne entier, ses prouesses, et les heurs et malheurs qu'il dut traverser ainsi qu'Israël et tous les royaumes des pays. Salomon, fils de David, s'affermit sur son trône. Yahvé son Dieu était avec lui et porta au faîte sa grandeur. Salomon parla alors à tout Israël, aux officiers de milliers et de centaines, aux juges et à tous les princes de tout Israël, chefs de famille. Puis, avec toute l'assemblée, Salomon se rendit au haut lieu de Gabaôn où se trouvait en effet la Tente du Rendez-vous de Dieu, faite dans le désert par Moïse, serviteur de Yahvé; mais David avait fait monter l'arche de Dieu de Qiryat-Yéarim jusqu'à l'endroit qu'il avait préparé pour elle: il lui avait en effet dressé une tente à Jérusalem. L'autel de bronze qu'avait fait Beçaléel, fils de Uri, fils de Hur, était là devant la Demeure de Yahvé où Salomon et l'assemblée venaient le consulter. C'est là que Salomon, en présence de Dieu, monta à l'autel de bronze qui était attenant à la Tente du Rendez-vous et il y offrit mille holocaustes. La nuit même, Dieu se montra à Salomon et lui dit: "Demande ce que je dois te donner." Salomon répondit à Dieu: "Tu as témoigné une grande bienveillance à David mon père et tu m'as établi roi à sa place. Yahvé Dieu, la promesse que tu as faite à mon père David s'accomplit maintenant puisque tu m'as établi roi sur un peuple aussi nombreux que la poussière de la terre. Donne-moi donc à présent sagesse et savoir pour agir en chef à la tête de ce peuple, car qui pourrait gouverner un peuple aussi grand que le tien?" Dieu dit à Salomon: "Puisque tel est ton désir, puisque tu n'as demandé ni richesse, ni trésors, ni gloire, ni la vie de tes ennemis, puisque tu n'as pas même demandé de longs jours, mais sagesse et savoir pour gouverner mon peuple dont je t'ai établi roi, la sagesse et le savoir te sont donnés. Je te donne aussi richesse, trésors et gloire comme n'en eut aucun des rois qui t'ont précédé et comme n'en auront point ceux qui viendront après toi." Salomon quitta le haut lieu de Gabaôn pour Jérusalem, loin de la Tente du Rendez-vous; il régna sur Israël. Il rassembla des chars et des chevaux; il eut 1.400 chars et 1.200 chevaux, et il les cantonna dans les villes des chars et près du roi à Jérusalem. Le roi fit que l'argent et l'or étaient aussi communs à Jérusalem que les cailloux, et les cèdres aussi nombreux que les sycomores du Bas-Pays. Les chevaux de Salomon étaient importés de Muçur et de Cilicie; les courtiers du roi en prenaient livraison en Cilicie à prix d'argent. Ils s'en allaient aussi importer d'Egypte des chars à 600 sicles l'unité; un cheval en valait 150; il en était de même pour tous les rois des Hittites et les rois d'Aram qui les importaient par leur entremise. Salomon ordonna de bâtir une maison au nom de Yahvé et une autre pour y régner lui-même. Il enrôla 70.000 hommes pour le transport,80.000 pour extraire les pierres de la montagne et 3.600 contremaîtres. Puis Salomon envoya ce message à Huram, roi de Tyr: "Agis comme tu l'as fait envers mon père David en lui envoyant des cèdres pour se bâtir une maison où il résiderait. Or voici que je bâtis une maison au nom de Yahvé mon Dieu pour reconnaître sa sainteté, brûler devant lui de l'encens parfumé, avoir en permanence des pains rangés, offrir des holocaustes le matin, le soir, aux sabbats, aux néoménies et aux solennités de Yahvé notre Dieu; et cela pour toujours en Israël. La maison que je bâtis sera grande, car notre Dieu est plus grand que tous les dieux. Qui serait en mesure de lui bâtir une maison quand les cieux et les cieux des cieux ne le peuvent contenir? Et moi, qui suis-je pour lui bâtir une maison, si ce n'est pour que les fumées montent devant lui? Envoie-moi maintenant un homme habile à travailler l'or, l'argent, le bronze, le fer, l'écarlate, le cramoisi et la pourpre violette, et connaissant l'art de la gravure; il travaillera avec les artisans qui sont près de moi dans Juda et à Jérusalem, eux que mon père David a mis à ma disposition. Envoie-moi du Liban des troncs de cèdre, de genévrier et d'algummim, car je sais que tes serviteurs savent abattre les arbres du Liban. Mes serviteurs travailleront avec les tiens. Ils me prépareront du bois en quantité, car la maison que je veux bâtir sera d'une grandeur étonnante. Je livre pour les bûcherons qui abattront les arbres 20.000 muids de froment,20.000 muids d'orge,20.000 mesures de vin et 20.000 mesures d'huile, ceci pour l'entretien de tes serviteurs." Huram, roi de Tyr, répondit par une lettre qu'il envoya à Salomon: "C'est parce qu'il aime son peuple que Yahvé t'en a fait le roi." Puis il ajouta: "Béni soit Yahvé le Dieu d'Israël! Il a fait les cieux et la terre, il a donné au roi David un fils sage, sensé et intelligent, qui va bâtir une maison pour Yahvé et une autre pour y régner lui-même. J'envoie aussitôt un homme habile et intelligent, Huram-Abi, fils d'une Danite, et de père tyrien. Il sait travailler l'or, l'argent, le bronze, le fer, la pierre, le bois, l'écarlate, la pourpre violette, le byssus, le cramoisi, graver n'importe quoi et concevoir des projets. C'est lui qu'on fera travailler avec tes artisans et ceux de Monseigneur David, ton père. Que soient alors envoyés à ses serviteurs le froment, l'orge, l'huile et le vin dont a parlé Monseigneur. Quant à nous, nous abattrons au Liban tout le bois dont tu auras besoin, nous l'amènerons à Joppé en radeaux par mer, et c'est toi qui le feras monter à Jérusalem." Salomon fit le compte de tous les étrangers en résidence en terre d'Israël, d'après le recensement qu'en avait fait David son père, et on en trouva 153.600. Il en affecta 70.000 aux transports,80.000 aux carrières de la montagne,3.600 à la direction du travail de ces gens. Salomon commença alors la construction de la maison de Yahvé. C'était à Jérusalem, sur le mont Moriyya, là où son père David avait eu une vision. C'était le lieu préparé par David, l'aire d'Ornân le Jébuséen. Salomon commença les constructions au second mois de la quatrième année de son règne. Voici que l'édifice de la maison de Dieu, fondée par Salomon, eut une longueur de 60 coudées -- coudée d'ancienne mesure -- et une largeur de vingt. Le vestibule qui se trouvait par devant avait une longueur de vingt coudées couvrant la largeur de la maison et une hauteur de 120 coudées. Salomon en revêtit d'or pur l'intérieur. Quant à la grande salle, il la plaqua en bois de genévrier qu'il recouvrit d'un bel or et y dressa des palmes et des guirlandes. Il sertit alors la salle de pierres précieuses, éclatantes; l'or était de l'or de Parvayim, il en recouvrit la salle, les poutres, les seuils, les parois et les portes, et grava ensuite des chérubins sur les parois. Puis il bâtit la salle du Saint des Saints dont la longueur de vingt coudées couvrait la largeur de la grande salle, et dont la largeur était de vingt coudées. Il la plaqua pour 600 talents d'un bel or; les clous d'or pesaient 50 sicles. Il plaqua d'or les chambres hautes. Dans la salle du Saint des Saints il fit deux chérubins, ouvrage en métal forgé qu'il plaqua d'or. Les ailes des chérubins avaient vingt coudées de long, chacune d'elles ayant cinq coudées et touchant l'une à la paroi de la salle, l'autre à celle de l'autre chérubin. L'une des ailes de cinq coudées d'un chérubin touchait à la paroi de la salle; la seconde, de cinq coudées, touchait à l'aile de l'autre chérubin. Déployées, les ailes de ces chérubins mesuraient vingt coudées. Eux-mêmes se tenaient debout, face à la Salle. Il fit le Rideau de pourpre violette et écarlate, de cramoisi et de byssus; il y appliqua des chérubins. Devant la salle, il fit deux colonnes longues de 35 coudées que surmontait un chapiteau de cinq coudées. Dans le Debir, il fit des guirlandes qu'il disposa au haut des colonnes et fit cent grenades qu'il mit dans les guirlandes. Il dressa les colonnes devant le Hékal, l'une à droite et l'autre à gauche, et il appela Yakîn celle de droite, Boaz celle de gauche. Il fit un autel de bronze, long de vingt coudées, large de vingt et haut de dix. Puis il coula la Mer en métal fondu, de dix coudées de bord à bord, à pourtour circulaire, de cinq coudées de hauteur; un fil de 30 coudées en mesurait le tour. Il y avait, sous le pourtour, des animaux ressemblant à des boeufs, l'encerclant tout autour. Incurvées sur dix coudées du pourtour de la Mer, deux rangées de boeufs avaient été coulées avec la masse. La Mer reposait sur douze boeufs, trois regardaient vers le nord, trois regardaient vers l'ouest, trois regardaient vers le sud, trois regardaient vers l'est: la Mer s'élevait au-dessus d'eux et tous leurs arrière-trains étaient tournés vers l'intérieur. Son épaisseur était d'un palme et son bord avait la même forme que le bord d'une coupe, comme une fleur. Elle contenait 3.000 mesures. Il fit dix bassins et en plaça cinq à droite et cinq à gauche pour y laver la victime de l'holocauste que l'on y purifiait, mais c'est dans la Mer que les prêtres se lavaient. Il fit les dix chandeliers d'or du modèle prescrit et les mit dans le Hékal, cinq à droite et cinq à gauche. Il fit dix tables qu'il installa dans le Hékal, cinq à droite et cinq à gauche. Il fit cent coupes d'aspersion en or. Il fit le parvis des prêtres, la grande cour et ses portes qu'il revêtit de bronze. Quant à la Mer, il l'avait placée à distance du côté droit, au sud-est. Huram fit les vases à cendres, les pelles, les bols à aspersion. Il acheva tout l'ouvrage dont l'avait chargé le roi Salomon pour le Temple de Dieu: Deux colonnes; les tores des chapiteaux qui étaient au sommet des colonnes; les deux treillis pour couvrir les deux tores des chapiteaux qui étaient au sommet des colonnes; les quatre grenades pour les deux treillis: les grenades pour chaque treillis étaient en deux rangées; les dix bases et les dix bassins sur les bases; la Mer unique et les douze boeufs sous la Mer; les vases à cendres, les pelles, les fourchettes, et tous leurs accessoires que fit en bronze poli Huram-Abi pour le roi Salomon, pour le Temple de Yahvé. C'est dans le district du Jourdain que le roi les coula en pleine terre, entre Sukkot et Ceréda. Salomon fit tous ces objets en grand nombre, car on ne calculait pas le poids du bronze. Salomon fit tous les objets destinés au Temple de Dieu: l'autel d'or et les tables sur lesquelles étaient les pains d'oblation; les chandeliers et leurs lampes qui devaient, selon la règle, briller devant le Debir, en or fin; les fleurons, les lampes et les mouchettes, en or (et c'était de l'or pur); les couteaux, les coupes d'aspersion, les coupes et les encensoirs, en or fin; l'entrée du Temple, les portes intérieures (pour le Saint des Saints) et les portes du Temple (pour le Hékal), en or. Alors fut achevé tout le travail que fit Salomon pour le Temple de Yahvé; et Salomon apporta ce que son père David avait consacré, l'argent, l'or et tous les vases, qu'il mit dans le trésor du Temple de Dieu. Alors Salomon convoqua à Jérusalem les anciens d'Israël, tous les chefs des tribus et les princes des familles israélites, pour faire monter de la Cité de David, qui est Sion, l'arche de l'alliance de Yahvé. Tous les hommes d'Israël se rassemblèrent auprès du roi, au septième mois, pendant la fête. Tous les anciens d'Israël vinrent, et ce furent les lévites, qui portèrent l'arche. Ils portèrent l'arche et la Tente du Rendez-vous avec tous les objets sacrés qui y étaient; ce sont les prêtres lévites qui les transportèrent. Puis le roi Salomon et toute la communauté d'Israël, réunie près de lui devant l'arche, sacrifièrent moutons et boeufs en quantité innombrable et incalculable. Les prêtres apportèrent l'arche de l'alliance de Yahvé à sa place, au Debir du Temple, c'est-à-dire au Saint des Saints, sous les ailes des chérubins. Les chérubins étendaient leurs ailes au-dessus de l'emplacement de l'arche et abritaient l'arche et ses barres. Celles-ci étaient assez longues pour qu'on vît leur extrémité depuis le Saint, devant le Debir, mais pas en dehors de là; elles y sont restées jusqu'à ce jour. Il n'y avait rien dans l'arche, sauf les deux tables que Moïse y déposa à l'Horeb, lorsque Yahvé avait conclu une alliance avec les Israélites à leur sortie d'Egypte. Or, quand les prêtres sortirent du sanctuaire, -- en effet, tous les prêtres qui se trouvaient là s'étaient sanctifiés sans garder l'ordre des classes; les chantres lévites au complet: Asaph, Hémân et Yedutûn avec leurs fils et leurs frères s'étaient revêtus de byssus et jouaient des cymbales, de la lyre et de la cithare en se tenant à l'orient de l'autel, et 120 prêtres les accompagnaient en sonnant des trompettes. Chacun de ceux qui jouaient de la trompette ou qui chantaient, louaient et célébraient Yahvé d'une seule voix; élevant la voix au son des trompettes, des cymbales et des instruments d'accompagnement, ils louaient Yahvé "car il est bon, car éternel est son amour" -- le sanctuaire fut rempli par la nuée de la gloire de Yahvé. Les prêtres ne purent pas continuer leur fonction à cause de la nuée, car la gloire de Yahvé remplissait le Temple de Dieu. Alors Salomon dit: "Yahvé a décidé d'habiter la nuée obscure. Moi, je t'ai construit une demeure princière, une résidence où tu habites à jamais." Puis le roi se retourna et bénit toute l'assemblée d'Israël. Toute l'assemblée d'Israël se tenait debout; il dit: "Béni soit Yahvé, Dieu d'Israël, qui a accompli de sa main ce qu'il avait promis de sa bouche à mon père David en ces termes: Depuis le jour où j'ai fait sortir mon peuple du pays d'Egypte, je n'ai pas choisi de ville, dans toutes les tribus d'Israël, pour qu'on y bâtît une maison où serait mon Nom, ni choisi d'homme pour qu'il fût chef de mon peuple Israël. Mais j'ai choisi Jérusalem pour qu'y fût mon Nom et j'ai choisi David pour qu'il commandât à mon peuple Israël. Mon père David eut dans l'esprit de bâtir une maison pour le Nom de Yahvé, Dieu d'Israël, mais Yahvé dit à mon père David: Tu as eu dans l'esprit de bâtir une maison pour mon Nom, et tu as bien fait. Seulement, ce n'est pas toi qui bâtiras cette maison, c'est ton fils, issu de tes reins, qui bâtira la maison pour mon Nom. Yahvé a réalisé la parole qu'il avait dite: j'ai succédé à mon père David et je me suis assis sur le trône d'Israël comme avait dit Yahvé, j'ai construit la maison pour le Nom de Yahvé, Dieu d'Israël, et j'y ai placé l'arche où est l'alliance que Yahvé a conclue avec les enfants d'Israël." Puis il se tint devant l'autel de Yahvé, en présence de toute l'assemblée d'Israël et il étendit les mains. Or Salomon avait fait un socle de bronze qu'il avait mis au milieu de la cour; il avait cinq coudées de long, cinq de large et trois de haut. Salomon y monta, s'y tint et s'y agenouilla en présence de toute l'assemblée d'Israël. Il étendit les mains vers le ciel et dit: "Yahvé, Dieu d'Israël! Il n'y a aucun Dieu pareil à toi dans les cieux ni sur la terre, toi qui es fidèle à l'alliance et gardes la bienveillance à l'égard de tes serviteurs, quand ils marchent de tout leur coeur devant toi. Tu as tenu à ton serviteur David, mon père, la promesse que tu lui avais faite, et ce que tu avais dit de ta bouche, tu l'as accompli aujourd'hui de ta main. Et maintenant, Yahvé, Dieu d'Israël, tiens à ton serviteur David, mon père, la promesse que tu lui as faite, quand tu as dit: Tu ne seras jamais dépourvu d'un descendant qui soit devant moi, assis sur le trône d'Israël, à condition que tes fils veillent à leur conduite et suivent ma loi comme toi-même tu as marché devant moi. Maintenant donc, Yahvé, Dieu d'Israël, que se vérifie la parole que tu as dite à ton serviteur David! Mais Dieu habiterait-il vraiment avec les hommes sur la terre? Voici que les cieux et les cieux des cieux ne le peuvent contenir, moins encore cette maison que j'ai construite! Sois attentif à la prière et à la supplication de ton serviteur, Yahvé, mon Dieu, écoute l'appel et la prière que ton serviteur fait devant toi! Que tes yeux soient ouverts jour et nuit sur cette maison, sur ce lieu où tu as dit mettre ton Nom. Ecoute la prière que ton serviteur fera en ce lieu. "Ecoute les supplications de ton serviteur et de ton peuple Israël, lorsqu'ils prieront en ce lieu. Toi, écoute du lieu où tu résides, du ciel, écoute et pardonne. Si un homme pèche contre son prochain, et que celui-ci prononce sur lui un serment imprécatoire et le fasse jurer devant ton autel dans ce Temple, toi, écoute du ciel et agis; juge entre tes serviteurs: rends au méchant son dû en faisant retomber sa conduite sur sa tête, et justifie l'innocent en lui rendant selon sa justice. Si ton peuple Israël est battu devant l'ennemi parce qu'il aura péché contre toi, s'il se convertit, loue ton Nom, prie et supplie devant toi dans ce Temple, toi, écoute du ciel, pardonne le péché de ton peuple Israël, et ramène-le dans le pays que tu lui as donné comme à ses pères. Quand le ciel sera fermé et qu'il n'y aura pas de pluie parce qu'ils auront péché contre toi, s'ils prient en ce lieu, louent ton Nom, se repentent de leur péché, parce que tu les auras humiliés, toi, écoute du ciel, pardonne le péché de tes serviteurs et de ton peuple Israël -- tu leur indiqueras la bonne voie qu'ils doivent suivre --, et arrose de pluie ta terre, que tu as donnée en héritage à ton peuple. Quand le pays subira la famine, la peste, la rouille ou la nielle, quand surviendront les sauterelles ou les criquets, quand l'ennemi de ce peuple assiégera l'une de ses portes, quand il y aura n'importe quel fléau ou quelle épidémie, quelle que soit la prière ou la supplication, qu'elle soit d'un homme quelconque ou de tout Israël ton peuple, si l'on éprouve peine ou douleur et si l'on tend les mains vers ce Temple, toi, écoute du ciel où tu résides, pardonne et rends à chaque homme selon sa conduite, puisque tu connais son coeur -- tu es le seul à connaître le coeur des hommes --, en sorte qu'ils te craindront et suivront tes voies tous les jours qu'ils vivront sur la terre que tu as donnée à nos pères. Même l'étranger qui n'est pas d'Israël ton peuple, s'il vient d'un pays lointain à cause de la grandeur de ton Nom, de ta main forte et de ton bras étendu, s'il vient et prie dans ce Temple, toi, écoute du ciel où tu résides, exauce toutes les demandes de l'étranger afin que tous les peuples de la terre reconnaissent ton Nom et te craignent comme le fait ton peuple Israël, et qu'ils sachent que ce Temple que j'ai bâti porte ton Nom. Si ton peuple part en guerre contre ses ennemis par le chemin où tu l'auras envoyé, s'il te prie, tourné vers la ville que tu as choisie et vers le Temple que j'ai construit pour ton Nom, écoute du ciel sa prière et sa supplication et fais-lui justice. Quand ils pécheront contre toi -- car il n'y a aucun homme qui ne pèche --, quand tu seras irrité contre eux, quand tu les livreras à l'ennemi et que leurs conquérants les emmèneront captifs dans un pays lointain ou proche, s'ils rentrent en eux-mêmes, dans le pays où ils auront été déportés, s'ils se repentent et te supplient dans le pays de leur captivité en disant: Nous avons péché, nous avons mal agi, nous nous sommes pervertis, s'ils reviennent à toi de tout leur coeur et de toute leur âme dans le pays de leur captivité où ils ont été déportés et s'ils prient tournés vers le pays que tu as donné à leurs pères, vers la ville que tu as choisie et le Temple que j'ai bâti pour ton Nom, écoute du ciel où tu résides, écoute leur prière et leur supplication, fais-leur justice et pardonne à ton peuple les péchés commis envers toi. "Maintenant, ô mon Dieu, que tes yeux soient ouverts et tes oreilles attentives aux prières faites en ce lieu! Et maintenant Dresse-toi, Yahvé Dieu, fixe-toi, toi et l'arche de ta force! Que tes prêtres, Yahvé Dieu, se revêtent de salut et que tes fidèles jubilent dans le bonheur! Yahvé Dieu, n'écarte pas la face de ton oint, souviens-toi des grâces faites à David ton serviteur!" Quand Salomon eut fini de prier, le feu descendit du ciel, consuma l'holocauste et les sacrifices, et la gloire de Yahvé remplit le Temple. Les prêtres ne purent entrer dans la maison de Yahvé, car la gloire de Yahvé remplissait la maison de Yahvé. Tous les Israélites, voyant le feu descendre et la gloire de Yahvé reposer sur le Temple, se prosternèrent face contre terre sur le pavé; ils adorèrent et célébrèrent Yahvé "car il est bon, car éternel est son amour." Le roi et tout le peuple sacrifièrent devant Yahvé. Le roi Salomon immola en sacrifice 22.000 boeufs et 120.000 moutons, et le roi et tout le peuple dédièrent le Temple de Dieu. Les prêtres se tenaient à leur poste et les lévites célébraient Yahvé avec les instruments qu'avait faits le roi David pour accompagner les cantiques de Yahvé "car éternel est son amour." C'étaient eux qui exécutaient les louanges composées par David. A leurs côtés, les prêtres sonnaient de la trompette et tout Israël se tenait debout. Salomon consacra le milieu de la cour qui était devant le Temple de Yahvé, car c'est là qu'il offrit les holocaustes et les graisses des sacrifices de communion. L'autel de bronze qu'avait fait Salomon ne pouvait en effet contenir l'holocauste, l'oblation et les graisses. En ce temps-là, Salomon célébra la fête pendant sept jours et tous les Israélites avec lui, un très grand rassemblement depuis l'Entrée de Hamat jusqu'au Torrent d'Egypte. Le huitième jour eut lieu une réunion solennelle, car on avait célébré la dédicace de l'autel pendant sept jours et célébré la fête pendant sept jours. Le vingt-troisième jour du septième mois, Salomon renvoya le peuple chacun chez soi, joyeux et le coeur content du bien que Yahvé avait fait à David, à Salomon et à son peuple Israël. Salomon acheva le Temple de Yahvé et le palais royal et il mena à bien tout ce qu'il désirait faire dans la maison de Yahvé et la sienne. Yahvé apparut alors de nuit à Salomon et lui dit: "J'ai entendu ta prière et je me suis choisi ce lieu pour qu'il soit la maison des sacrifices. Quand je fermerai le ciel et que la pluie fera défaut, quand j'ordonnerai aux sauterelles de dévorer le pays, quand j'enverrai la peste sur mon peuple, si mon peuple sur qui est invoqué mon Nom s'humilie, prie, recherche ma présence et se repent de sa mauvaise conduite, moi, du ciel, j'écouterai, je pardonnerai ses péchés et je restaurerai son pays. Désormais mes yeux sont ouverts, et mes oreilles attentives à la prière faite en ce lieu. J'ai désormais choisi et consacré cette maison afin que mon Nom y soit à jamais; mes yeux et mon coeur y seront toujours. Pour toi, si tu marches devant moi comme a fait ton père David, si tu agis selon tout ce que je te commande et si tu observes mes lois et mes ordonnances, je maintiendrai ton trône royal comme je m'y suis engagé envers ton père David quand j'ai dit: Il ne te manquera jamais un descendant qui règne en Israël. Mais si vous m'abandonnez, si vous délaissez les lois et les commandements que je vous ai proposés, si vous allez servir d'autres dieux et leur rendez hommage, j'arracherai les Israélites de ma terre que je leur avais donnée; ce Temple que j'ai consacré à mon Nom, je le rejetterai de ma présence et j'en ferai la fable et la risée de tous les peuples. Ce Temple qui aura été sublime, tous ceux qui le longeront seront stupéfaits et diront: Pourquoi Yahvé a-t-il fait cela à ce pays et à ce Temple? Et l'on répondra: Parce qu'ils ont abandonné Yahvé, le Dieu de leurs pères, qui les avait fait sortir du pays d'Egypte, qu'ils se sont attachés à d'autres dieux et qu'ils leur ont rendu hommage et culte, voilà pourquoi il leur a envoyé tous ces maux." Au bout des vingt années pendant lesquelles Salomon construisit le Temple de Yahvé et son propre palais, il restaura les villes que lui avait données Huram et y établit les Israélites: Puis il alla à Hamat de Coba, dont il se rendit maître; il restaura Tadmor dans le désert et toutes les villes-entrepôts qu'il avait édifiées dans le pays de Hamat. Il restaura Bet-Horôn-le-Haut et Bet-Horôn-le-Bas, villes fortifiées, munies de murs, de portes et de barres, ainsi que Baalat, toutes les villes-entrepôts qu'avait Salomon, toutes les villes de chars et les villes de chevaux, et ce qu'il plut à Salomon de construire à Jérusalem, au Liban et dans tous les pays qui lui étaient soumis. Tout ce qui restait des Hittites, des Amorites, des Perizzites, des Hivvites et des Jébuséens, qui n'étaient pas des Israélites et dont les descendants étaient restés après eux dans le pays sans être exterminés par les Israélites, Salomon les leva comme hommes de corvée; ils le sont encore. Mais Salomon ne fit point des Israélites des esclaves travaillant pour lui, car ils servaient comme soldats: ils étaient les officiers de ses écuyers, les officiers de sa charrerie et de sa cavalerie. Voici les officiers des préfets dont disposait le roi Salomon: 250 qui commandaient au peuple. Salomon fit monter de la Cité de David la fille de Pharaon jusqu'à la maison qu'il lui avait construite. Il disait en effet: "Une femme ne saurait demeurer à cause de moi dans le palais de David, roi d'Israël; ce sont des lieux sacrés où vint l'arche de Yahvé." Salomon offrit alors des holocaustes à Yahvé sur l'autel de Yahvé qu'il avait bâti devant le Vestibule. Selon le rituel quotidien des holocaustes, conformément à l'ordre de Moïse sur les sabbats, les néoménies et les trois solennités annuelles: la fête des Azymes, la fête des Semaines et la fête des Tentes, il établit, selon la règle de David son père, les classes des prêtres dans leur service, les lévites dans leur fonction pour louer et officier près des prêtres selon le rituel quotidien, et les portiers, selon leur classe respective, à chaque porte, car tels avaient été les ordres de David, homme de Dieu. Sur aucun autre point, même au sujet des réserves, ils ne s'écartèrent des ordres du roi relatifs aux prêtres et aux lévites. Et toute l'oeuvre de Salomon, qui n'avait été que préparée jusqu'au jour de la fondation du Temple de Yahvé, fut parfaite lorsqu'il eut achevé le Temple de Yahvé. Alors Salomon gagna Eçyôn-Géber et Elat, au bord de la mer, au pays d'Edom. Huram lui envoya des navires montés par ses serviteurs ainsi que des serviteurs qui connaissaient la mer. Avec les serviteurs de Salomon ils allèrent à Ophir et en rapportèrent 540 talents d'or qu'ils remirent au roi Salomon. La reine de Saba apprit la renommée de Salomon et vint à Jérusalem éprouver Salomon par des énigmes. Elle arriva avec de très grandes richesses, des chameaux chargés d'aromates, quantité d'or et de pierres précieuses. Quand elle se fut rendue auprès de Salomon, elle s'entretint avec lui de tout ce qu'elle avait médité. Salomon l'éclaira sur toutes ses questions et aucune ne fut pour lui un secret qu'il ne pût élucider. Lorsque la reine de Saba vit la sagesse de Salomon, le palais qu'il s'était construit, le menu de sa table, le placement de ses officiers, le service de ses gens et leur livrée, ses échansons et leur livrée, les holocaustes qu'il offrait au Temple de Yahvé, le coeur lui manqua et elle dit au roi: "Ce que j'ai entendu dire dans mon pays sur toi et sur ta sagesse était donc vrai! Je n'ai pas voulu croire ce qu'on disait avant de venir et de voir de mes yeux, mais vraiment on ne m'avait pas appris la moitié de l'étendue de ta sagesse: tu surpasses la renommée dont j'avais eu l'écho. Bienheureux tes gens, bienheureux tes serviteurs que voici, qui se tiennent continuellement devant toi et qui entendent ta sagesse! Béni soit Yahvé, ton Dieu, qui t'a montré sa faveur en te plaçant sur son trône comme roi au nom de Yahvé ton Dieu; c'est parce que ton Dieu aime Israël et veut le maintenir à jamais qu'il t'en a donné la royauté pour exercer le droit et la justice." Elle donna au roi 120 talents d'or, une grande quantité d'aromates et des pierres précieuses. Les aromates que la reine de Saba apporta au roi Salomon étaient incomparables. De même les serviteurs de Huram et les serviteurs de Salomon qui rapportèrent l'or d'Ophir, rapportèrent du bois d'algummim et des pierres précieuses. Le roi fit avec le bois d'algummim des planchers pour le Temple de Yahvé et pour le palais royal, des lyres et des harpes pour les musiciens; on n'avait encore jamais rien vu de pareil dans le pays de Juda. Quant au roi Salomon, il offrit à la reine de Saba tout ce dont elle manifesta l'envie, sans compter ce qu'elle avait apporté au roi. Puis elle s'en retourna et alla dans son pays, elle et ses serviteurs. Le poids de l'or qui arriva à Salomon en une année fut de 666 talents d'or, sans compter ce qui venait des redevances des marchands et des courtiers importateurs; tous les rois d'Arabie, tous les gouverneurs du pays apportaient également de l'or et de l'argent à Salomon. Le roi Salomon fit 200 grands boucliers d'or battu, sur chacun desquels il appliqua 600 sicles d'or battu, et 300 petits boucliers d'or battu, sur chacun desquels il appliqua 300 sicles d'or, et il les déposa dans la Galerie de la Forêt du Liban. Le roi fit aussi un grand trône d'ivoire et le plaqua d'or raffiné. Ce trône avait six degrés et un marchepied d'or qui lui étaient attachés, des bras de part et d'autre du siège et deux lions debout près des bras. Douze lions se tenaient de part et d'autre des six degrés. On n'a rien fait de semblable dans aucun royaume. Tous les vases à boire du roi Salomon étaient en or et tout le mobilier de la Galerie de la Forêt du Liban était en or fin; car on faisait fi de l'argent au temps du roi Salomon. En effet le roi avait des navires allant à Tarsis avec les serviteurs de Huram et tous les trois ans les navires revenaient de Tarsis chargés d'or, d'argent, d'ivoire, de singes et de guenons. Le roi Salomon surpassa en richesse et en sagesse tous les rois de la terre. Tous les rois de la terre voulaient être reçus par Salomon pour profiter de la sagesse que Dieu lui avait mise au coeur et chacun apportait son présent: vases d'argent et vases d'or, vêtements, armes et aromates, chevaux et mulets, et ainsi d'année en année. Salomon eut 4.000 stalles pour ses chevaux et ses chars, et 12.000 chevaux qu'il cantonna dans les villes de chars et près du roi à Jérusalem. Il étendit son pouvoir sur tous les rois depuis le Fleuve jusqu'au pays des Philistins et jusqu'à la frontière d'Egypte. Il rendit l'argent aussi commun à Jérusalem que les cailloux, et les cèdres aussi nombreux que les sycomores du Bas-Pays. On importait pour Salomon des chevaux de Muçur et de tous les pays. Le reste de l'histoire de Salomon, du début à la fin, n'est-ce pas écrit dans l'histoire de Natân le prophète, dans la prophétie d'Ahiyya de Silo, et dans la vision de Yéddo le voyant concernant Jéroboam fils de Nebat? Salomon régna 40 ans à Jérusalem sur tout Israël. Puis il se coucha avec ses pères et on l'enterra dans la Cité de David, son père, et son fils Roboam régna à sa place. Roboam se rendit à Sichem, car c'est à Sichem que tout Israël était venu pour le proclamer roi. Dès que Jéroboam fils de Nebat en fut informé -- il était en Egypte, où il avait fui le roi Salomon -- il revint d'Egypte. On le fit appeler et il vint avec tout Israël. Ils parlèrent ainsi à Roboam: "Ton père a rendu pénible notre joug, allège maintenant le dur servage de ton père, la lourdeur du joug qu'il nous imposa, et nous te servirons." Il leur répondit: "Attendez trois jours, puis revenez vers moi." Et le peuple s'en alla. Le roi Roboam prit conseil des anciens, qui avaient servi son père Salomon de son vivant, et demanda: "Que conseillez-vous de répondre à ce peuple?" Ils lui répondirent: "Si tu te montres bon envers ces gens, si tu leur es bienveillant et leur donnes de bonnes paroles, alors ils resteront toujours tes serviteurs." Mais il repoussa le conseil que les anciens lui avaient donné et consulta des jeunes gens qui l'assistaient, ses compagnons d'enfance. Il leur demanda: "Que conseillez-vous que nous répondions à ce peuple, qui m'a parlé ainsi: Allège le joug que ton père nous a imposé?" Les jeunes gens, ses compagnons d'enfance, lui répondirent: "Voici ce que tu diras au peuple qui t'a dit: Ton père a rendu pesant notre joug, mais toi allège notre charge, voici ce que tu leur répondras: Mon petit doigt est plus gros que les reins de mon père! Ainsi mon père vous a fait porter un joug pesant, moi, j'ajouterai encore à votre joug; mon père vous a châtiés avec des lanières, je le ferai, moi, avec des fouets à pointes de fer!" Jéroboam, avec tout le peuple, vint à Roboam le troisième jour, selon cet ordre qu'il avait donné: "Revenez vers moi le troisième jour." Le roi leur répondit durement. Le roi Roboam rejeta le conseil des anciens et, suivant le conseil des jeunes, il leur parla ainsi: "Mon père a rendu pesant votre joug, moi j'y ajouterai encore; mon père vous a châtiés avec des lanières, je le ferai, moi, avec des fouets à pointes de fer." Le roi n'écouta donc pas le peuple: c'était une intervention de Dieu, pour accomplir la parole que Yahvé avait dite à Jéroboam, fils de Nebat, par le ministère d'Ahiyya de Silo, et à tous les Israélites, à savoir: que le roi ne les écouterait pas. Ils répliquèrent alors au roi: "Quelle part avons-nous sur David? Nous n'avons pas d'héritage sur le fils de Jessé. Chacun à ses tentes, Israël! Et maintenant, pourvois à ta maison, David." Quant aux Israélites qui habitaient les villes de Juda, Roboam régna sur eux. Le roi Roboam dépêcha Adoram, le chef de la corvée, mais les Israélites le lapidèrent et il mourut; alors le roi Roboam se vit contraint de monter sur son char pour fuir à Jérusalem. Et Israël fut séparé de la maison de David, jusqu'à ce jour. Roboam se rendit à Jérusalem; il convoqua la maison de Juda et de Benjamin, soit 180.000 guerriers d'élite, pour combattre Israël et rendre le royaume à Roboam. Mais la parole de Yahvé fut adressée à Shemaya, l'homme de Dieu, en ces termes: "Dis ceci à Roboam, fils de Salomon, roi de Juda, et à tous les Israélites qui sont en Juda et en Benjamin: Ainsi parle Yahvé. N'allez pas vous battre contre vos frères; que chacun retourne chez soi, car cet événement vient de moi." Ils écoutèrent les paroles de Yahvé et firent demi-tour au lieu de marcher contre Jéroboam. Roboam habita Jérusalem et construisit des villes fortifiées en Juda. Il restaura Bethléem, Etam et Teqoa, Bet-Cur, Soko, Adullam, Gat, Maresha, Ziph, Adorayim, Lakish, Azéqa, Coréa, Ayyalôn, Hébron; c'étaient des villes fortifiées en Juda et en Benjamin. Il les fortifia puissamment et y mit des commandants, ainsi que des réserves de vivres, huile et de vin. Dans chacune de ces villes il y avait des boucliers et des lances. Il les rendit extrêmement fortes et fut maître de Juda et de Benjamin. Les prêtres et les lévites qui se trouvaient dans tout Israël quittèrent leur territoire pour s'établir près de lui. Les lévites, en effet, abandonnèrent leurs pâturages et leurs patrimoines et vinrent en Juda et à Jérusalem, Jéroboam et ses fils les ayant exclus du sacerdoce de Yahvé. Jéroboam avait établi des prêtres pour les hauts lieux, pour les satyres et pour les veaux qu'il avait fabriqués. Des membres de toutes les tribus d'Israël qui avaient à coeur de rechercher Yahvé, Dieu d'Israël, les suivirent et vinrent à Jérusalem afin de sacrifier à Yahvé, Dieu de leurs pères. Ils renforcèrent le royaume de Juda et, pendant trois ans, soutinrent Roboam, fils de Salomon, car c'est pendant trois ans qu'il suivit la voie de David et de Salomon. Roboam prit pour femme Mahalat, fille de Yerimot, fils de David, et d'Abihayil, fille d'Eliab, fils de Jessé. Elle lui donna des fils: Yéush, Shemarya et Zaham. Il épousa après elle Maaka, fille d'Absalom, qui lui enfanta Abiyya, Attaï, Ziza et Shelomit. Roboam aima Maaka, fille d'Absalom, plus que toutes ses autres femmes et concubines. Il avait en effet pris dix-huit femmes et 60 concubines, et engendré 28 fils et 60 filles. Roboam fit d'Abiyya, fils de Maaka, le chef de famille, prince parmi ses frères, afin de le faire roi. Roboam fut avisé et il répartit certains de ses fils dans toutes les régions de Juda et de Benjamin et dans toutes les villes fortifiées; il les pourvut de vivres en abondance et leur trouva des femmes. Alors que sa royauté s'était établie et affermie, Roboam abandonna la Loi de Yahvé, et tout Israël avec lui. La cinquième année du règne de Roboam, le roi d'Egypte, Sheshonq, marcha contre Jérusalem, car elle avait été infidèle à Yahvé. Avec 1.200 chars,60.000 chevaux et une innombrable armée de Libyens, de Sukkiens et de Kushites, qui vint avec lui d'Egypte, il prit les villes fortifiées de Juda et atteignit Jérusalem. Shemaya, le prophète, vint trouver Roboam et les officiers judéens qui, devant Sheshonq, s'étaient regroupés près de Jérusalem, et il leur dit: "Ainsi parle Yahvé. Vous m'avez abandonné, aussi vous ai-je abandonnés moi-même aux mains de Sheshonq." Alors les officiers israélites et le roi s'humilièrent et dirent: "Yahvé est juste." Quant Yahvé vit qu'ils s'humiliaient, la parole de Yahvé fut adressée à Shemaya en ces termes: "Ils se sont humiliés, je ne les exterminerai pas; sous peu je leur permettrai d'échapper et ce n'est pas par les mains de Sheshonq que ma colère s'abattra sur Jérusalem. Mais ils deviendront ses esclaves et ils apprécieront ce que c'est que de me servir et de servir les royaumes des pays!" Le roi d'Egypte Sheshonq marcha contre Jérusalem. Il se fit livrer les trésors du Temple de Yahvé et ceux du palais royal, absolument tout, jusqu'aux boucliers d'or qu'avait faits Salomon; à leur place le roi Roboam fit des boucliers de bronze et les confia aux chefs des gardes qui veillaient à la porte du palais royal: chaque fois que le roi allait au Temple de Yahvé, les gardes venaient les prendre, puis ils les rapportaient à la salle des gardes. Mais parce qu'il s'était humilié, la colère de Yahvé se détourna de lui et ne l'anéantit pas complètement. Qui plus est, d'heureux événements survinrent en Juda, le roi Roboam put s'affermir dans Jérusalem et régner. Il avait en effet 41 ans à son avènement et il régna dix-sept ans à Jérusalem, la ville que Yahvé avait choisie entre toutes les tribus d'Israël pour y placer son Nom. Sa mère s'appelait Naama, l'Ammonite. Il fit le mal, parce qu'il n'avait pas disposé son coeur à rechercher Yahvé. L'histoire de Roboam, du début à la fin, cela n'est-il pas écrit dans l'histoire du prophète Shemaya et du voyant Iddo? Il y eut tout le temps des combats entre Roboam et Jéroboam. Roboam se coucha avec ses pères et fut enterré dans la Cité de David; son fils Abiyya régna à sa place. La dix-huitième année du règne de Jéroboam, Abiyya devint roi de Juda et régna trois ans à Jérusalem. Sa mère s'appelait Mikayahu, fille d'Uriel, de Gibéa. Il y eut guerre entre Abiyya et Jéroboam. Abiyya engagea le combat avec une armée de guerriers vaillants -- 400.000 hommes d'élite -- et Jéroboam se rangea en bataille contre lui avec 800.000 homme d'élite, preux vaillants. Abiyya se posta sur le mont Cemarayim, situé dans la montagne d'Ephraïm, et s'écria: "Jéroboam et vous tous, Israélites, écoutez-moi! Ne savez-vous pas que Yahvé, le Dieu d'Israël, a donné pour toujours à David la royauté sur Israël? C'est une alliance infrangible pour lui et pour ses fils. Jéroboam, fils de Nebat, serviteur de Salomon, fils de David, s'est dressé et révolté contre son seigneur; des gens de rien, des vauriens, se sont unis à lui et se sont imposés à Roboam, fils de Salomon; Roboam n'était encore qu'un jeune homme, timide de caractère, et n'a pas pu leur résister. Or vous parlez maintenant de tenir tête à la royauté de Yahvé qu'exercent les fils de David, et vous voilà en foule immense, accompagnés des veaux d'or que vous a faits pour dieux Jéroboam! N'avez-vous pas expulsé les prêtres de Yahvé, fils d'Aaron, et les lévites, pour vous faire des prêtres comme s'en font les peuples des pays: quiconque vient avec un taureau et sept béliers pour se faire donner l'investiture, peut devenir prêtre de ce qui n'est point Dieu! Notre Dieu à nous, c'est Yahvé, et nous ne l'avons pas abandonné: les fils d'Aaron sont prêtres au service de Yahvé et les lévites officient. Chaque matin et chaque soir nous faisons fumer les holocaustes pour Yahvé, nous avons l'encens aromatique, les pains rangés sur la table pure, le candélabre d'or avec ses lampes qui brûlent chaque soir. Car nous gardons les ordonnances de Yahvé notre Dieu que vous, vous avez abandonnées. Voici que Dieu est en tête avec nous, voici ses prêtres et les trompettes dont ils vont sonner pour que l'on pousse le cri de guerre contre vous! Israélites, ne luttez pas avec Yahvé, le Dieu de vos pères, car vous n'aboutirez à rien." Jéroboam fit faire un mouvement tournant à l'embuscade qui atteignit leurs arrières; l'armée était face à Juda, et l'embuscade par-derrière. Faisant volte-face, les Judéens se virent combattus de front et de dos. Ils firent appel à Yahvé, les prêtres sonnèrent de la trompette, les hommes de Juda poussèrent le cri de guerre, et, tandis qu'ils poussaient ce cri, Dieu frappa Jéroboam et tout Israël devant Abiyya et Juda. Les Israélites s'enfuirent devant Juda et Dieu les livra aux mains des Judéens. Abiyya et son armée leur infligèrent une cuisante défaite: 500.000 hommes d'élite tombèrent morts parmi les Israélites. En ce temps-là, les Israélites furent humiliés, les enfants de Juda raffermis pour s'être appuyés sur Yahvé, Dieu de leurs pères. Abiyya poursuivit Jéroboam et lui conquit des villes: Béthel et ses dépendances, Yeshana et ses dépendances, Ephrôn et ses dépendances. Jéroboam perdit alors sa puissance durant la vie d'Abiyyahu; Yahvé le frappa et il mourut. Abiyyahu s'affermit; il épousa quatorze femmes et engendra 22 fils et seize filles. Le reste de l'histoire d'Abiyya, sa conduite et ses actions sont écrits dans le Midrash du prophète Iddo. Puis Abiyya se coucha avec ses pères et on l'enterra dans la Cité de David; son fils Asa régna à sa place. Le pays, de son temps, fut tranquille pendant dix ans. Asa fit ce qui est bien et juste aux yeux de Yahvé, son Dieu. Il supprima les autels de l'étranger et les hauts lieux, il brisa les stèles, mit en pièces les ashéras et dit aux Judéens de rechercher Yahvé, le Dieu de leurs pères, et de pratiquer loi et commandement. Il supprima de toutes les villes de Juda les hauts lieux et les autels à encens. Aussi le royaume fut-il calme sous son règne; il restaura les villes fortifiées de Juda, car le pays était calme et ne participa à aucune guerre en ces années-là, Yahvé lui ayant donné la tranquillité. "Restaurons ces villes, dit-il à Juda, entourons-les d'un mur, de tours, de portes et de barres; le pays est encore à notre disposition car nous avons cherché Yahvé, notre Dieu; aussi nous a-t-il recherchés et nous a-t-il donné la tranquillité sur toutes nos frontières." Ils restaurèrent et prospérèrent. Asa disposa d'une armée de 300.000 Judéens, portant le bouclier et la lance, et de 280.000 Benjaminites portant la rondache et tirant de l'arc, tous preux valeureux. Zérah le Kushite fit une incursion avec une armée de mille milliers et de 300 chars, et il atteignit Maresha. Asa sortit à sa rencontre et se rangea en bataille dans la vallée de Cephata, à Maresha. Asa invoqua Yahvé son Dieu et dit: "Il n'en est point comme toi, Yahvé, pour secourir le puissant aussi bien que celui qui est sans force. Porte-nous secours, Yahvé notre Dieu! C'est sur toi que nous nous appuyons et c'est en ton nom que nous nous heurtons à cette foule. Yahvé, tu es notre Dieu. Que le mortel ne te résiste pas!" Yahvé battit les Kushites devant Asa et les Judéens: les Kushites s'enfuirent et Asa les poursuivit avec son armée jusqu'à Gérar. Il tomba tant de Kushites qu'ils ne purent subsister, car ils s'étaient brisés devant Yahvé et son camp. On ramassa une grande quantité de butin, on conquit toutes les villes aux alentours de Gérar, car la Terreur de Yahvé s'était appesantie sur elles, et on les pilla toutes, car il s'y trouvait beaucoup de butin. On s'en prit même aux tentes des troupeaux et l'on razzia nombre de moutons et de chameaux, puis l'on revint à Jérusalem. L'esprit de Dieu vint sur Azaryahu, fils d'Oded, qui sortit au-devant d'Asa. Il lui dit: "Asa, et vous tous, de Juda et de Benjamin, écoutez-moi! Yahvé est avec vous quand vous êtes avec lui. Quand vous le recherchez il se laisse trouver par vous, quand vous l'abandonnez il vous abandonne. Israël passera bien des jours sans Dieu fidèle, sans prêtre pour l'enseigner, et sans loi; mais dans sa détresse il reviendra à Yahvé, Dieu d'Israël, il le recherchera et Yahvé se laissera trouver par lui. En ce temps-là, aucun adulte ne connaîtra la paix, mais des tribulations multiples pèseront sur tous les habitants du pays. Les nations s'écraseront l'une contre l'autre, les villes l'une contre l'autre, car Dieu les frappera par toutes sortes de détresses. Mais vous, soyez fermes et que vos mains ne faiblissent point, car vos actions auront leur récompense." Quand Asa entendit ces paroles et cette prophétie, il se décida à faire disparaître les horribles idoles de tout le pays de Juda et de Benjamin et des villes qu'il avait conquises dans la montagne d'Ephraïm, puis il remit en état l'autel de Yahvé qui se trouvait devant le Vestibule de Yahvé. Il réunit tout Juda et Benjamin, ainsi que les Ephraïmites, les Manassites et les Siméonites qui séjournaient avec eux, car beaucoup d'Israélites s'étaient ralliés à Asa en voyant que Yahvé, son Dieu, était avec lui. Le troisième mois de la quinzième année du règne d'Asa, ils se réunirent à Jérusalem. Ils offrirent en sacrifice à Yahvé, ce jour-là, une part du butin qu'ils rapportaient,700 boeufs et 7.000 moutons. Ils s'engagèrent par une alliance à chercher Yahvé, le Dieu de leurs pères, de tout leur coeur et de toute leur âme; quiconque ne chercherait pas Yahvé, Dieu d'Israël, serait mis à mort, grand ou petit, homme ou femme. Ils prêtèrent serment à Yahvé à voix haute et par acclamation, au son des trompettes et des cors; tous les Judéens furent joyeux de ce serment qu'ils avaient prêté de tout leur coeur. C'est de plein gré qu'ils cherchèrent Yahvé. Aussi se laissa-t-il trouver par eux et leur donna-t-il la tranquillité sur toutes leurs frontières. Même Maaka, grand-mère du roi Asa, se vit retirer par lui la dignité de Grande Dame, parce qu'elle avait fait une horreur pour Ashéra; Asa abattit son horreur, la réduisit en poudre et la brûla dans la vallée du Cédron. Les hauts lieux ne disparurent pas d'Israël; pourtant le coeur d'Asa resta intègre toute sa vie. Il déposa dans le Temple de Dieu les saintes offrandes de son père et ses propres offrandes, de l'argent, de l'or et du mobilier. Il n'y eut point de guerre jusqu'à la trente-cinquième année du règne d'Asa. La trente-sixième année du règne d'Asa, Basha, roi d'Israël, marcha contre Juda; il fortifia Rama pour bloquer les communications d'Asa, roi de Juda. Alors Asa puisa de l'or et de l'argent dans les trésors du Temple de Yahvé et du palais royal pour en faire l'envoi à Ben-Hadad, le roi d'Aram, qui résidait à Damas, avec ce message: "Alliance entre moi et toi, entre mon père et ton père! Je t'envoie de l'argent et de l'or; va, romps ton alliance avec Basha, roi d'Israël, pour qu'il s'éloigne de moi!" Ben-Hadad exauça le roi Asa et envoya ses chefs d'armée contre les villes d'Israël; il conquit Iyyôn, Dan, Abel-Mayim et tous les entrepôts des villes de Nephtali. Quand Basha l'apprit, il arrêta les travaux de Rama et fit cesser l'ouvrage. Alors le roi Asa amena tout Juda; on enleva les pierres et le bois avec lesquels Basha fortifiait Rama, et on s'en servit pour fortifier Géba et Miçpa. C'est alors que Hanani le voyant vint trouver Asa, roi de Juda. Il lui dit: "Parce que tu t'es appuyé sur le roi d'Aram et non sur Yahvé ton Dieu, les forces du roi d'Aram échapperont à tes mains. Kushites et Libyens ne formaient-ils pas une armée nombreuse avec une grande multitude de chars et de chevaux? Or n'ont-ils pas été livrés entre tes mains parce que tu t'étais appuyé sur Yahvé? Puisque Yahvé parcourt des yeux toute la terre pour affermir ceux dont le coeur est tout entier tourné vers lui, tu as cette fois-ci agi en insensé et tu auras désormais la guerre." S'emportant contre le voyant, Asa le mit aux ceps en prison, car cela l'avait irrité; il prit en ce temps-là de dures mesures contre une partie du peuple. L'histoire d'Asa, du début à la fin, est écrite au livre des Rois de Juda et d'Israël. Asa eut les pieds malades, d'une maladie très grave dans la trente-neuvième année de son règne; même alors, il n'eut pas recours dans sa maladie à Yahvé mais aux médecins. Asa se coucha avec ses pères et mourut dans la quarante et unième année de son règne. On l'enterra dans le tombeau qu'il s'était fait creuser dans la Cité de David. On l'étendit sur un lit tout rempli d'aromates, d'essences et d'onguents préparés; l'on fit pour lui un feu tout à fait grandiose. Son fils Josaphat régna à sa place et affermit son pouvoir sur Israël. Il mit des troupes dans toutes les villes fortifiées de Juda et établit des préfets dans le pays de Juda et dans les villes d'Ephraïm qu'avait conquises Asa, son père. Yahvé fut avec Josaphat, car sa conduite fut celle qu'avait d'abord suivie son père et il ne rechercha pas les Baals. C'est bien le Dieu de son père qu'il rechercha, et il marcha selon ses commandements sans imiter les actions d'Israël. Yahvé maintint le royaume entre ses mains; tous les Judéens payaient tribut à Josaphat, si bien qu'il eut beaucoup de richesses et d'honneur. Son coeur progressa dans les voies de Yahvé et il supprima de nouveau en Juda les hauts lieux et les ashéras. La troisième année de son règne, il envoya ses officiers: Ben-Hayil, Obadya, Zekarya, Netanéel, Mikayahu, instruire les cités judéennes. Des lévites les accompagnaient: Shemayahu, Netanyahu, Zebadyahu, Asahel, Shemiramot, Yehonatân, Adoniyyahu, Tobiyyahu, lévites, ainsi que les prêtres Elishama et Yehoram. Ils se mirent à enseigner en Juda, munis du livre de la Loi de Yahvé, et firent le tour des cités judéennes, en instruisant le peuple. La Terreur de Yahvé s'étendit sur tous les royaumes des pays qui entouraient Juda; ils ne firent pas la guerre à Josaphat. Des Philistins lui apportèrent en tribut des présents et de l'argent; les Arabes eux-mêmes lui amenèrent du petit bétail: 7.700 béliers et 7.700 boucs. Josaphat grandissant allait au plus haut; il édifia en Juda des citadelles et des villes-entrepôts. Il eut d'importants services dans les cités judéennes et des guerriers, des vaillants preux, à Jérusalem. En voici la répartition par familles: Pour Juda: officiers de milliers: Adna l'officier, avec 300 milliers de vaillants preux; à ses ordres, Yehohanân l'officier, avec 280 milliers; à ses ordres, Amasya, fils de Zikri, engagé volontaire au service de Yahvé, avec 200 milliers de vaillants preux. De Benjamin: le vaillant preux Elyada avec 200 milliers armés de l'arc et de la rondache; à ses ordres, Yehozabad, avec 180 milliers équipés pour la guerre. Tels étaient ceux qui servaient le roi, sans compter les hommes qu'il avait mis dans les places fortes de tout Juda. Josaphat eut donc beaucoup de richesses et d'honneur et il s'allia par mariage avec Achab. Au bout de quelques années, il vint visiter Achab à Samarie. Achab immola quantité de moutons et de boeufs pour lui et sa suite afin de l'inciter à attaquer Ramot de Galaad. Achab, roi d'Israël, dit à Josaphat, roi de Juda: "Viendras-tu avec moi à Ramot de Galaad?" Il lui répondit: "Il en sera de la bataille pour moi comme pour toi, pour mes gens comme pour tes gens." Cependant Josaphat dit au roi d'Israël: "Je te prie, consulte d'abord la parole de Yahvé." Le roi d'Israël rassembla les prophètes, au nombre de 400, et leur demanda: "Devons-nous aller attaquer Ramot de Galaad, ou dois-je y renoncer?" Ils répondirent: "Monte, Dieu la livrera aux mains du roi." Mais Josaphat dit: "N'y a-t-il donc ici aucun prophète de Yahvé, par qui nous puissions le consulter?" Le roi d'Israël répondit à Josaphat: "Il y a encore un homme par qui on peut consulter Yahvé, mais je le hais, car il ne prophétise jamais le bien à mon sujet, mais toujours du mal: c'est Michée, fils de Yimla." Josaphat dit: "Que le roi ne parle pas ainsi!" Le roi d'Israël appela un eunuque et dit: "Fais vite venir Michée, fils de Yimla." Le roi d'Israël et Josaphat, roi de Juda, étaient assis, chacun sur son trône, en grand costume; ils siégeaient sur l'aire devant la porte de Samarie et tous les prophètes se livraient à leurs transports devant eux. Sédécias, fils de Kenaana, se fit des cornes de fer et dit: "Ainsi parle Yahvé. Avec cela tu encorneras les Araméens jusqu'au dernier." Et tous les prophètes faisaient la même prédiction, disant: "Monte à Ramot de Galaad! Tu réussiras, Yahvé la livrera aux mains du roi." Le messager qui était allé chercher Michée lui dit: "Voici que les prophètes n'ont qu'une seule bouche pour parler en faveur du roi. Tâche de parler comme l'un d'eux et prédis le succès." Mais Michée répondit: "Par Yahvé vivant! Ce que mon Dieu dira, c'est cela que j'énoncerai." Il arriva près du roi, et le roi lui demanda: "Michée, devons-nous aller combattre à Ramot de Galaad, ou dois-je y renoncer?" Il répondit: "Montez! Vous réussirez, ses habitants seront livrés entre vos mains." Mais le roi lui dit: "Combien de fois me faudra-t-il t'adjurer de ne me dire que la vérité au nom de Yahvé?" Alors il prononça: "J'ai vu tout Israël dispersé sur les montagnes comme un troupeau sans pasteur. Et Yahvé a dit: ils n'ont plus de maître, que chacun retourne en paix chez soi!" Le roi d'Israël dit alors à Josaphat: "Ne t'avais-je pas dit qu'il prophétisait pour moi non le bien mais le mal?" Michée reprit: "Ecoutez plutôt la parole de Yahvé: j'ai vu Yahvé assis sur son trône; toute l'armée du ciel se tenait à sa droite et à sa gauche. Yahvé demanda: Qui trompera Achab, le roi d'Israël, pour qu'il marche contre Ramot de Galaad et qu'il y succombe? Ils répondirent celui-ci d'une manière et celui-là d'une autre. Alors l'Esprit s'avança et se tint devant Yahvé: C'est moi, dit-il, qui le tromperai. Yahvé lui demanda: Comment? Il répondit: J'irai et je me ferai esprit de mensonge dans la bouche de tous ses prophètes. Yahvé dit: Tu le tromperas, tu réussiras. Va et fais ainsi. Voici donc que Yahvé a mis un esprit de mensonge dans la bouche de tes prophètes qui sont là, mais Yahvé a prononcé contre toi le malheur." Alors Sédécias, fils de Kenaana, s'approcha et frappa Michée à la mâchoire, en disant: "Par quelle voie l'esprit de Yahvé m'a-t-il quitté pour te parler?" Michée repartit: "C'est ce que tu verras le jour où tu fuiras dans une chambre retirée pour te cacher." Le roi d'Israël ordonna: "Saisissez Michée, et remettez-le à Amon, gouverneur de la ville, et au fils du roi, Yoash. Vous leur direz: Ainsi parle le roi. Mettez cet homme en prison et nourrissez-le strictement de pain et d'eau jusqu'à ce que je revienne sain et sauf." Michée dit: "Si tu reviens sain et sauf, c'est que Yahvé n'a pas parlé par ma bouche." Le roi d'Israël et Josaphat, roi de Juda, marchèrent contre Ramot de Galaad. Le roi d'Israël dit à Josaphat: "Je me déguiserai pour marcher au combat, mais toi, revêts ton costume!" Le roi d'Israël se déguisa et ils marchèrent au combat. Le roi d'Aram avait donné cet ordre à ses commandants de chars: "Vous n'attaquerez ni petit ni grand, mais seulement le roi d'Israël." Lorsque les commandants de chars virent Josaphat, ils dirent: "C'est le roi d'Israël", et ils concentrèrent sur lui le combat; mais Josaphat poussa son cri de guerre, Yahvé lui vint en aide et Dieu les entraîna loin de lui. Lorsque les commandants de chars virent que ce n'était pas le roi d'Israël, ils s'éloignèrent de lui. Or un homme banda son arc sans savoir qui il visait et atteignit le roi d'Israël entre le corselet et les appliques de la cuirasse. Celui-ci dit au charrier: "Tourne bride et fais-moi sortir de la mêlée, car je me sens mal." Mais le combat se fit plus violent ce jour-là; le roi d'Israël, jusqu'au soir, resta debout sur son char en face des Araméens et, au coucher du soleil, il mourut. Josaphat retourna sain et sauf chez lui, à Jérusalem. Jéhu, fils de Hanani le voyant, sortit à sa rencontre et dit au roi Josaphat: "Porte-t-on secours au méchant? Aimerais-tu ceux qui haïssent Yahvé, pour attirer ainsi sur toi sa colère? Néanmoins, on a trouvé en toi quelque chose de bon, car tu as extirpé du pays les ashéras et tu as disposé ton coeur à la recherche de Dieu." Josaphat, roi de Juda, après un séjour à Jérusalem, repartit à travers son peuple depuis Bersabée jusqu'à la montagne d'Ephraïm, afin de le ramener à Yahvé, le Dieu de ses pères. Il établit des juges dans le pays pour toutes les villes fortifiées de Juda, dans chaque ville. Il dit à ces juges: "Soyez attentifs à ce que vous faites, car vous ne jugez pas au nom des hommes mais de Yahvé, lui qui est avec vous quand vous prononcez une sentence. Que la crainte de Yahvé pèse maintenant sur vous! Prenez garde à ce que vous faites, car Yahvé notre Dieu ne consent ni aux fraudes, ni aux privilèges, ni aux cadeaux acceptés." En outre, Josaphat établit à Jérusalem des prêtres, des lévites et des chefs de famille israélites, pour promulguer les sentences de Yahvé et juger les procès. Ils habitaient Jérusalem et Josaphat leur donna ainsi ses prescriptions: "Vous remplirez de telles fonctions dans la crainte de Yahvé, dans la fidélité et l'intégrité du coeur. Quel que soit le procès qu'introduiront devant vous vos frères établis dans leurs villes: affaire de meurtre, de contestation sur la Loi, sur un commandement, sur des décrets ou des coutumes, vous les éclairerez pour qu'ils ne se rendent point coupables devant Yahvé et que sa colère n'éclate pas contre vous et vos frères; en agissant ainsi vous ne serez point coupables. Voici qu'Amaryahu, le premier prêtre, vous contrôlera pour toute affaire de Yahvé et Zebadyahu, fils de Yishmaël, chef de la maison de Juda, pour toute affaire royale. Les lévites vous serviront de scribes. Soyez fermes, mettez cela en pratique, et Yahvé sera là avec le bonheur." Après cela les Moabites et les Ammonites, accompagnés de Méûnites, s'en vinrent combattre Josaphat. On vint en informer Josaphat en ces termes: "Une foule immense s'avance contre toi d'au-delà de la mer, d'Edom; la voici à Haçaçôn-Tamar, c'est-à-dire En-Gaddi." Josaphat prit peur et se tourna vers Yahvé. Il s'adressa à lui et proclama un jeûne pour tout Juda. Les Judéens se rassemblèrent pour chercher secours auprès de Yahvé; ce sont même toutes les cités judéennes qui vinrent chercher secours auprès de Yahvé. Lors de cette Assemblée des Judéens et des Hiérosolymites dans le Temple de Yahvé, Josaphat se tint debout devant le nouveau parvis et s'écria: "Yahvé, Dieu de nos pères, n'est-ce pas toi le Dieu qui est dans les cieux? N'est-ce pas toi qui domines sur tous les royaumes des nations? Dans ta main sont la force et la puissance, et nul ne peut tenir contre toi. N'est-ce pas toi qui es notre Dieu, toi qui, devant Israël ton peuple, as dépossédé les habitants de ce pays? Ne l'as-tu pas donné à la race d'Abraham que tu aimeras éternellement? Ils s'y sont établis et y ont construit un sanctuaire à ton Nom en disant: Si le malheur s'abat sur nous, guerre, punition, peste, ou famine, nous nous tiendrons devant ce Temple et devant toi, car ton Nom est dans ce Temple. Du fond de notre détresse nous crierons vers toi, tu nous entendras et tu nous sauveras. Vois à cette heure les Ammonites, Moab et les montagnards de Séïr; tu n'as pas laissé Israël les envahir lorsqu'il venait du pays d'Egypte, il s'est au contraire écarté d'eux sans les détruire; Or voici qu'ils nous récompensent en venant nous chasser des possessions que tu nous as léguées. O notre Dieu, n'en feras-tu pas justice, car nous sommes sans force devant cette foule immense qui nous attaque. Nous, nous ne savons que faire, aussi est-ce sur toi que se portent nos regards." Tous les Judéens se tenaient debout en présence de Yahvé, et même leurs familles, leurs femmes et leurs fils. Au milieu de l'Assemblée, l'Esprit de Yahvé fut sur Yahaziel, fils de Zekaryahu, fils de Benaya, fils de Yeïel, fils de Mattanya le lévite, l'un des fils d'Asaph. Il s'écria: "Prêtez l'oreille, vous tous Judéens et habitants de Jérusalem, et toi, roi Josaphat! Ainsi vous parle Yahvé: Ne craignez pas, ne vous effrayez pas devant cette foule immense; ce combat n'est pas le vôtre mais celui de Dieu. Descendez demain contre eux: voici qu'ils empruntent la montée de Ciç et vous les rencontrerez à l'extrémité de la vallée, près du désert de Yeruel. Vous n'aurez pas à y combattre. Tenez-vous là, prenez position, vous verrez le salut que Yahvé vous réserve. Juda et Jérusalem, ne craignez pas, ne vous effrayez pas, partez demain à leur rencontre et Yahvé sera avec vous." Josaphat s'inclina, la face contre terre, tous les Judéens et les habitants de Jérusalem se prosternèrent devant Yahvé pour l'adorer. Les lévites -- des Qehatites et des Coréites -- se mirent alors à louer Yahvé, Dieu d'Israël, à pleine voix. De grand matin, ils se levèrent et partirent pour le désert de Teqoa. A leur départ, Josaphat, debout, s'écria: "Ecoutez-moi, Judéens et habitants de Jérusalem! Croyez en Yahvé votre Dieu et vous vous maintiendrez, croyez en ses prophètes et vous réussirez." Puis, après avoir tenu conseil avec le peuple, il plaça au départ, devant les guerriers, les chantres de Yahvé qui le louaient, vêtus d'ornements sacrés, en disant: "Louez Yahvé, car éternel est son amour." Au moment où ils entonnaient l'exaltation et la louange, Yahvé tendit une embuscade contre les Ammonites, Moab et les montagnards de Séïr qui attaquaient Juda, et qui se virent alors battus. Les Ammonites et les Moabites se dressèrent contre les habitants de la montagne de Séïr pour les vouer à l'anathème et les anéantir, mais en exterminant les habitants de Séïr ils ne s'entraidaient que pour leur propre perte. Les Judéens atteignaient le point d'où l'on a vue sur le désert et allaient faire face à la foule, quand il n'y avait déjà plus que cadavres à terre et aucun rescapé. Josaphat vint avec son armée razzier du butin; l'on y trouva en abondance du bétail, des biens, des vêtements et des objets précieux; ils en ramassèrent plus qu'ils n'en pouvaient porter et ils passèrent trois jours à razzier ce butin tant il était abondant. Le quatrième jour, ils se rassemblèrent dans la vallée de Beraka; ils y bénirent en effet Yahvé, d'où le nom de vallée de Beraka donné à ce lieu jusqu'à nos jours. Puis tous les hommes de Juda et de Jérusalem revinrent tout joyeux à Jérusalem, avec Josaphat à leur tête, car Yahvé les avait réjouis aux dépens de leurs ennemis. Ils entrèrent à Jérusalem, dans le Temple de Yahvé, au son des lyres, des cithares et des trompettes, et la terreur de Dieu s'abattit sur tous les royaumes des pays quand ils apprirent que Yahvé avait combattu les ennemis d'Israël. Le règne de Josaphat fut calme et Dieu lui donna la tranquillité sur toutes ses frontières. Josaphat régna sur Juda; il avait 35 ans à son avènement et il régna 25 ans à Jérusalem; sa mère s'appelait Azuba, fille de Shilhi. Il suivit la conduite de son père Asa sans dévier, faisant ce qui est juste au regard de Yahvé. Cependant les hauts lieux ne disparurent pas et le peuple continua à ne pas fixer son coeur dans le Dieu de ses pères. Le reste de l'histoire de Josaphat, du début à la fin, se trouve écrit dans les Actes de Jéhu, fils de Hanani, qui ont été portés sur le livre des Rois d'Israël. Après quoi, Josaphat, roi de Juda, se lia à Ochozias, roi d'Israël. C'est celui-ci qui le poussa à mal faire. Il s'associa avec lui pour construire des navires à destination de Tarsis; c'est à Eçyôn-Géber qu'ils les construisirent. Eliézer, fils de Dodavahu de Maresha, prophétisa alors contre Josaphat: "Parce que tu t'es associé à Ochozias, dit-il, Yahvé a fait une brèche dans tes oeuvres." Les navires se brisèrent et ne furent pas en mesure de partir pour Tarsis. Josaphat se coucha avec ses pères et on l'enterra avec eux dans la Cité de David; son fils Joram régna à sa place. Joram avait des frères, fils de Josaphat: Azarya, Yehiel, Zekaryahu, Azaryahu, Mikaël et Shephatyahu; ce sont là tous les fils de Josaphat, roi d'Israël. Leur père leur avait fait de multiples dons en argent, en or, en joyaux et en villes fortifiées de Juda, mais il avait laissé la royauté à Joram, car c'était l'aîné. Joram put s'établir à la tête du royaume de son père, puis, s'étant affermi, il fit passer au fil de l'épée tous ses frères, plus quelques officiers d'Israël. Joram avait 32 ans à son avènement et il régna huit ans à Jérusalem. Il imita la conduite des rois d'Israël, comme avait fait la maison d'Achab, car il avait épousé une fille d'Achab; et il fit ce qui déplaît à Yahvé. Cependant Yahvé ne voulut pas détruire la maison de David à cause de l'alliance qu'il avait conclue avec lui et selon la promesse qu'il lui avait faite de lui laisser toujours une lampe ainsi qu'à ses fils. De son temps, Edom s'affranchit de la domination de Juda et se donna un roi. Joram passa la frontière, et avec lui ses officiers et tous ses chars. Il se leva de nuit, et força la ligne des Edomites qui l'encerclaient, et les commandants de chars avec lui. Ainsi Edom s'affranchit de la domination de Juda, jusqu'à ce jour. C'est aussi l'époque où Libna s'affranchit de sa domination. Il avait en effet abandonné Yahvé, le Dieu de ses pères. C'est aussi lui qui institua des hauts lieux sur les montagnes de Juda, qui fit se prostituer les habitants de Jérusalem et s'égarer les Judéens. Un écrit du prophète Elie lui parvint alors, qui disait: "Ainsi parle Yahvé, le Dieu de ton père David. Parce que tu n'as pas suivi la conduite de Josaphat ton père, ni celle d'Asa, roi de Juda, mais parce que tu as suivi la conduite des rois d'Israël et que tu es cause de la prostitution des Judéens et des habitants de Jérusalem, comme l'a été la maison d'Achab, et parce que tu as en outre assassiné tes frères, ta famille, qui étaient meilleurs que toi, Yahvé va frapper d'un grand désastre ton peuple et tes fils, tes femmes et tous tes biens. Toi-même tu seras frappé de graves maladies, d'un mal d'entrailles tel que par cette maladie, jour après jour, tu te videras de tes entrailles." Yahvé excita contre Joram l'animosité des Philistins et des Arabes voisins des Kushites. Ils attaquèrent Juda, y pénétrèrent, et razzièrent tous les biens qui se trouvaient appartenir à la maison du roi, et même ses fils et ses femmes, et il ne lui resta plus d'autre fils qu'Ochozias, le plus petit d'entre eux. Après tout cela, Yahvé le frappa d'une maladie d'entrailles incurable; cela arriva jour après jour, et vers la fin de la deuxième année, il se vida de ses entrailles et mourut dans de cruelles souffrances. Le peuple ne lui fit pas de feux comme il en avait fait pour ses pères. Il avait 32 ans à son avènement et régna huit ans à Jérusalem. Il s'en alla sans laisser de regrets et on l'enterra dans la Cité de David, mais non dans les sépultures royales. Les habitants de Jérusalem firent roi à sa place Ochozias, son plus jeune fils, car la troupe qui, avec les Arabes, avait fait incursion dans le camp, avait assassiné les aînés. Ainsi Ochozias, fils de Joram, devint roi de Juda. Il avait 42 ans à son avènement et il régna un an à Jérusalem. Le nom de sa mère était Athalie, fille de Omri. Lui aussi imita la conduite de la maison d'Achab, car sa mère lui donnait de mauvais conseils. Il fit ce qui déplaît à Yahvé, comme la famille d'Achab, car ce sont ces gens qui, pour sa perte, devinrent ses conseillers après la mort de son père. Il suivit en outre leur politique et alla avec Joram, fils d'Achab, roi d'Israël, pour combattre Hazaël, roi d'Aram, à Ramot de Galaad. Mais les Araméens blessèrent Joram; il revint à Yizréel pour faire soigner les blessures reçues à Ramot en combattant Hazaël, roi d'Aram. Ochozias, fils de Joram, roi de Juda, descendit à Yizréel, pour visiter Joram, fils d'Achab, parce qu'il était souffrant. Dieu fit de cette visite à Joram la perte d'Ochozias. A son arrivée, il sortit avec Joram à la rencontre de Jéhu, fils de Nimshi, oint par Yahvé pour en finir avec la maison d'Achab. Alors qu'il s'employait à faire justice de la maison d'Achab, Jéhu rencontra les officiers de Juda et les neveux d'Ochozias, ses serviteurs; il les tua, puis se mit à la recherche d'Ochozias. On se saisit de lui tandis qu'il essayait de se cacher dans Samarie et on l'amena à Jéhu, qui l'exécuta. Mais on l'ensevelit parce qu'on disait: "C'est le fils de Josaphat qui recherchait Yahvé de tout son coeur." Il n'y avait personne dans la maison d'Ochozias qui fût en mesure de régner. Lorsque la mère d'Ochozias, Athalie, eut appris que son fils était mort, elle entreprit d'exterminer toute la descendance royale de la maison de Juda. Mais Yehoshéba, fille du roi, retira furtivement Joas, fils d'Ochozias, du groupe des fils du roi qu'on massacrait et elle le mit, avec sa nourrice, dans la chambre des lits. Ainsi Yehoshéba, fille du roi Joram et femme du prêtre Yehoyada (et elle était soeur d'Ochozias), put le soustraire à Athalie et éviter qu'elle ne le tuât. Il resta six ans avec eux, caché dans le Temple de Dieu, pendant qu'Athalie régnait sur le pays. La septième année, Yehoyada se décida. Il envoya chercher les officiers de centaines, Azarya fils de Yeroham, Yishmaël fils de Yehohanân, Azaryahu fils d'Obed, Maaséyahu fils d'Adayahu, Elishaphat fils de Zikri, qui étaient liés à lui par un pacte. Ils parcoururent Juda, rassemblèrent les lévites de toutes les cités judéennes et les chefs de famille israélites. Ils vinrent à Jérusalem et toute cette Assemblée conclut un pacte avec le roi dans le Temple de Dieu. "Voici le fils du roi, leur dit Yehoyada. Qu'il règne, comme l'a déclaré Yahvé des fils de David! Voici ce que vous allez faire: tandis que le tiers d'entre vous, prêtres, lévites et portiers des seuils, entrera pour le sabbat, un tiers se trouvera au palais royal, un tiers à la porte du Fondement et tout le peuple dans les parvis du Temple de Yahvé. Que personne n'entre dans le Temple de Yahvé, sinon les prêtres et les lévites de service, car ils sont consacrés. Tout le peuple observera les ordonnances de Yahvé. Les lévites feront cercle autour du roi, chacun ses armes à la main, et ils accompagneront le roi partout où il ira; mais quiconque entrera dans le Temple sera mis à mort." Les lévites et tous les Judéens exécutèrent tout ce que leur avait ordonné le prêtre Yehoyada. Ils prirent chacun leurs hommes, ceux qui commençaient la semaine et ceux qui la terminaient, le prêtre Yehoyada n'ayant exempté aucune des classes. Puis le prêtre donna aux centeniers les lances, les rondaches et les boucliers du roi David, qui étaient dans le Temple de Dieu. Il rangea tout le peuple, chacun son arme à la main, depuis l'angle sud jusqu'à l'angle nord du Temple, entourant l'autel et le Temple pour faire cercle autour du roi. On fit alors sortir le fils du roi, on lui imposa le diadème et on lui donna le document d'alliance. Puis Yehoyada et ses fils lui donnèrent l'onction royale et s'écrièrent: "Vive le roi!" Entendant les cris du peuple qui se précipitait vers le roi et l'acclamait, Athalie se rendit auprès du peuple au Temple de Yahvé. Quand elle vit le roi debout sur l'estrade, à l'entrée, les chefs et les trompettes auprès du roi, tout le peuple du pays exultant de joie et sonnant de la trompette, les chantres avec les instruments de musique dirigeant le chant des hymnes, Athalie déchira ses vêtements et s'écria: "Trahison! Trahison!" Mais Yehoyada fit sortir les officiers de centaines, qui commandaient la troupe, et leur dit: "Faites-la sortir entre les rangs, et si quelqu'un la suit, qu'on le passe au fil de l'épée"; car le prêtre avait dit: "Ne la tuez pas dans le Temple de Yahvé." Ils mirent la main sur elle et, quand elle arriva au palais royal, à l'entrée de la porte des Chevaux, là ils la mirent à mort. Yehoyada conclut entre tout le peuple et le roi une alliance par laquelle le peuple s'obligeait à être le peuple de Yahvé. Tout le peuple se rendit ensuite au temple de Baal et le démolit; on brisa ses autels et ses images et on tua Mattân, prêtre de Baal, devant les autels. Yehoyada établit des postes de surveillance du Temple de Yahvé, confiés aux prêtres lévites. C'est à eux que David avait donné pour part le Temple de Yahvé afin d'offrir les holocaustes de Yahvé comme il est écrit dans la Loi de Moïse, dans la joie et avec des chants, selon les ordres de David. Il installa des portiers aux entrées du Temple de Yahvé pour qu'en aucun cas un homme impur n'y pénétrât. Puis il prit les centeniers, les notables, ceux qui avaient une autorité publique et tout le peuple du pays; et il fit descendre le roi du Temple de Yahvé. Ils entrèrent au palais royal par la voûte centrale de la Porte Supérieure, et ils firent asseoir le roi sur le trône royal. Tout le peuple du pays était en joie, mais la ville ne bougea pas. Quant à Athalie, on la fit périr par l'épée. Joas avait sept ans à son avènement et il régna 40 ans à Jérusalem; sa mère s'appelait Cibya, elle était de Bersabée. Joas fit ce qui est agréable à Yahvé tout le temps que vécut le prêtre Yehoyada, qui lui avait fait épouser deux femmes dont il eut des fils et des filles. Après quoi Joas désira restaurer le Temple de Yahvé. Il réunit les prêtres et les lévites et leur dit: "Partez dans les cités judéennes et recueillez auprès de tous les Israélites de l'argent pour réparer le Temple de votre Dieu, autant qu'il en faudra chaque année. Hâtez cette affaire." Mais les lévites ne se pressèrent pas. Alors le roi appela Yehoyada, le premier d'entre eux, et lui dit: "Pourquoi n'as-tu pas exigé des lévites qu'ils fassent rentrer de Juda et de Jérusalem le tribut de Moïse, serviteur de Yahvé et de l'assemblée d'Israël, pour la Tente du Témoignage? Athalie et ses fils qu'elle a pervertis ont endommagé le Temple de Dieu et ont même attribué aux Baals tous les revenus sacrés du Temple de Yahvé." Et le roi ordonna de faire un coffre, qu'ils mirent devant la porte du Temple de Yahvé. On proclama en Juda et à Jérusalem qu'il fallait apporter à Yahvé le tribut que Moïse, le serviteur de Dieu, avait imposé à Israël dans le désert. Tous les officiers et tout le peuple vinrent avec joie jeter leur dû dans le coffre jusqu'à paiement complet. Or, au moment d'apporter le coffre à l'administration royale qui était aux mains des lévites, ceux-ci virent qu'il y avait beaucoup d'argent; le secrétaire royal vint avec le préposé du premier prêtre; ils soulevèrent le coffre, l'emportèrent, puis le remirent en place. Ils firent ainsi chaque jour et recueillirent beaucoup d'argent. Le roi et Yehoyada le donnèrent au maître d'oeuvre attaché au service du Temple de Yahvé. Les salariés, maçons et charpentiers, se mirent à restaurer le Temple de Yahvé; des forgerons et des bronziers travaillèrent aussi à le réparer. Les maîtres d'oeuvre s'étant donc mis au travail, les réparations progressèrent entre leurs mains, ils réédifièrent le Temple de Dieu dans ses dimensions propres et le consolidèrent. Quand ils eurent terminé, ils apportèrent au roi et à Yehoyada le reste de l'argent; on en fabriqua du mobilier pour le Temple de Yahvé, vases pour le service et les holocaustes, coupes et objets d'or et d'argent. On put ainsi offrir l'holocauste perpétuel dans le Temple de Yahvé tout le temps que vécut Yehoyada. Puis Yehoyada vieillit et mourut rassasié de jours. Il avait 130 ans à sa mort et on l'ensevelit avec les rois dans la Cité de David, car il avait bien agi en Israël envers Dieu et son Temple. Après la mort de Yehoyada, les officiers de Juda vinrent se prosterner devant le roi, et cette fois le roi les écouta. Les Judéens abandonnèrent le Temple de Yahvé, Dieu de leurs pères, pour rendre un culte aux pieux sacrés et aux idoles. A cause de cette faute, la colère de Dieu s'abattit sur Juda et sur Jérusalem. Des prophètes leur furent envoyés pour les ramener à Yahvé; mais ils témoignèrent contre eux sans qu'ils prêtent l'oreille. L'Esprit de Dieu revêtit Zacharie, le fils du prêtre Yehoyada, qui se tint debout devant le peuple et lui dit: "Ainsi parle Dieu. Pourquoi transgressez-vous les commandements de Yahvé sans aboutir à rien? Parce que vous avez abandonné Yahvé, il vous abandonne." Ils se liguèrent alors contre lui et sur l'ordre du roi le lapidèrent sur le parvis du Temple de Yahvé. Le roi Joas, oubliant la générosité que lui avait témoignée Yehoyada, père de Zacharie, tua Zacharie son fils, qui en mourant s'écria: "Yahvé verra et demandera compte!" Or, au retour de l'année, l'armée araméenne partit en guerre contre Joas. Elle atteignit Juda et Jérusalem, extermina parmi la population tous les officiers et envoya toutes leurs dépouilles au roi de Damas. Certes, l'armée araméenne n'était venue qu'avec peu d'hommes, mais c'est une armée considérable que Yahvé livra entre ses mains pour l'avoir abandonné, lui, le Dieu de leurs pères. Les Araméens firent justice de Joas, et quand ils le quittèrent, le laissant gravement malade, ses serviteurs se conjurèrent contre lui pour venger le fils du prêtre Yehoyada et le tuèrent sur son lit. Il mourut et on l'ensevelit dans la Cité de David, mais non pas dans les sépultures royales. Voici les conjurés: Zabad fils de Shiméat l'Ammonite, Yehozabad fils de Shimrit la Moabite. Quant à ses fils, l'importance du tribut qui lui fut imposé et la restauration du Temple de Dieu, on trouvera cela consigné dans le Midrash du livre des Rois. Amasias, son fils, régna à sa place. Amasias devint roi à l'âge de 25 ans et régna 29 ans à Jérusalem. Sa mère s'appelait Yehoaddân, et était de Jérusalem. Il fit ce qui est agréable à Yahvé, non pas pourtant d'un coeur sans défaillance. Lorsque le royaume se fut affermi sous son gouvernement, il mit à mort ceux de ses officiers qui avaient tué le roi son père. Mais il ne fit pas mourir leurs fils, car il est écrit dans la Loi, dans le livre de Moïse, que Yahvé a prescrit: Les pères ne seront pas mis à mort pour les fils et les fils ne seront pas mis à mort pour les pères, mais chacun sera mis à mort pour son propre crime. Amasias réunit les Judéens et les constitua en familles avec officiers de milliers et de centaines pour tout Juda et Benjamin. Il recensa ceux qui avaient vingt ans et plus et il en trouva 300.000, hommes d'élite aptes à faire campagne, la lance et le bouclier au poing. Il enrôla ensuite comme mercenaires, pour cent talents d'argent,100.000 preux vaillants d'Israël. Un homme de Dieu vint alors le trouver et lui dit: "O Roi, il ne faut pas que les troupes d'Israël viennent se joindre à toi, car Yahvé n'est ni avec Israël ni avec aucun des Ephraïmites. Car s'ils viennent, tu auras beau agir et combattre vaillamment, Dieu ne t'en fera pas moins trébucher devant tes ennemis, car c'est en Dieu qu'est le pouvoir de soutenir et d'abattre." Amasias répondit à l'homme de Dieu: "Quoi! Et les cent talents que j'ai donnés à la troupe d'Israélites" -- "Yahvé a de quoi te donner beaucoup plus que cela", dit l'homme de Dieu. Amasias détacha alors de la sienne la troupe qui lui était venue d'Ephraïm et la renvoya chez elle; ces gens furent très excités contre Juda et retournèrent chez eux fort en colère. Amasias se décida à partir à la tête de ses troupes, il gagna la vallée du Sel et battit 10.000 fils de Séïr. Les Judéens emmenèrent vivants 10.000 captifs qu'ils conduisirent au sommet de la Roche, d'où ils les précipitèrent; tous s'écrasèrent. Quant à la troupe qu'avait congédiée Amasias au lieu de l'emmener combattre avec lui, elle envahit les villes de Juda, de Samarie à Bet-Horôn, battit une troupe de trois milliers et fit un grand pillage. Une fois rentré de sa campagne victorieuse contre les Edomites, Amasias introduisit les dieux des fils de Séïr, en fit ses dieux, se prosterna devant eux et les encensa. La colère de Yahvé s'enflamma contre Amasias, il lui envoya un prophète qui lui dit: "Pourquoi recherches-tu les dieux de ce peuple, qui n'ont pu le sauver de ta main?" Il lui parlait encore qu'Amasias l'interrompit: "T'avons-nous nommé conseiller du roi? Arrête-toi, si tu ne veux pas qu'on te frappe." Le prophète s'arrêta, puis il dit: "Je sais que Dieu a tenu conseil pour ta perte, puisque tu as agi ainsi et que tu n'as pas écouté mon conseil." Après avoir tenu conseil, Amasias, roi de Juda, envoya dire à Joas, fils de Joachaz, fils de Jéhu, roi d'Israël: "Viens et mesurons-nous!" Joas, roi d'Israël, retourna ce message à Amasias, roi de Juda: "Le chardon du Liban manda ceci au cèdre du Liban: Donne ta fille pour femme à mon fils, mais les bêtes sauvages du Liban passèrent et foulèrent le chardon. Me voici vainqueur d'Edom, as-tu dit, et tu te montes la tête! Sois glorieux et reste maintenant chez toi. Pourquoi provoquer le malheur et amener ta chute et celle de Juda avec toi?" Mais Amasias n'écouta pas; c'était le fait de Dieu qui voulait livrer ces gens-là pour avoir recherché les dieux d'Edom. Joas, roi d'Israël, se mit en campagne. Ils se mesurèrent, lui et Amasias, roi de Juda, à Bet-Shémesh qui appartient à Juda. Juda fut battu devant Israël et chacun s'enfuit à sa tente. Quant au roi de Juda, Amasias, fils de Joas, fils d'Ochozias, le roi d'Israël Joas le fit prisonnier à Bet-Shémesh et l'emmena à Jérusalem. Il fit une brèche au rempart de Jérusalem, depuis la porte d'Ephraïm jusqu'à la porte de l'Angle, sur 400 coudées. Il prit tout l'or et l'argent, tout le mobilier qui se trouvait dans le Temple de Dieu chez Obed-Edom, les trésors du palais royal, des otages, et retourna à Samarie. Amasias, fils de Joas, roi de Juda, vécut encore quinze ans après la mort de Joas, fils de Joachaz, roi d'Israël. Le reste de l'histoire d'Amasias, du début à la fin, n'est-il pas écrit au livre des Rois de Juda et d'Israël? Après l'époque où Amasias se détourna de Yahvé, on trama contre lui un complot à Jérusalem; il s'enfuit vers Lakish, mais on le fit poursuivre à Lakish et mettre à mort là-bas. On le transporta avec des chevaux et on l'enterra auprès de ses pères dans la Cité de David. Tout le peuple de Juda choisit Ozias, qui avait seize ans, et le fit roi à la place de son père Amasias. C'est lui qui rebâtit Elat et la rendit à Juda, après que le roi se fut couché avec ses pères. Ozias avait seize ans à son avènement et il régna 52 ans à Jérusalem; sa mère s'appelait Yekolyahu et était de Jérusalem. Il fit ce qui est agréable à Yahvé, comme tout ce qu'avait fait son père Amasias; il s'appliqua à rechercher Dieu tant que vécut Zekaryahu, celui qui l'instruisait dans la crainte de Dieu. Tant qu'il chercha Yahvé, celui-ci le fit réussir. Il partit combattre les Philistins, démantela les murailles de Gat, celles de Yabné et d'Ashdod, puis restaura des villes dans la région d'Ashdod et chez les Philistins. Dieu l'aida contre les Philistins, les Arabes, les habitants de Gur-Baal et les Méûnites. Les Ammonites payèrent tribut à Ozias. Sa renommée s'étendit jusqu'au seuil de l'Egypte, car il était devenu extrêmement puissant. Ozias construisit des tours à Jérusalem, à la porte de l'Angle, à la porte de la Vallée, à l'Encoignure, et il les fortifia. Il construisit aussi des tours dans le désert et creusa de nombreuses citernes, car il disposait d'un cheptel abondant dans le Bas-Pays et sur le Plateau, de laboureurs et de vignerons dans les montagnes et les vergers; il avait en effet le goût de l'agriculture. Ozias eut une armée entraînée, prête à entrer en campagne, répartie en groupes recensés sous la surveillance du scribe Yeïel et du greffier Maaséyahu; elle était sous les ordres de Hananyahu, l'un des officiers royaux. Le nombre total des chefs de famille de ces preux vaillants était de 2.600. Ils avaient sous leurs ordres l'armée de campagne, soit 307.500 guerriers, d'une grande valeur militaire pour prêter main-forte au roi contre l'ennemi. A chaque campagne Ozias leur distribuait boucliers, lances, casques, cuirasses, arcs et pierres de fronde. Il fit faire à Jérusalem des engins inventés par les ingénieurs, à placer sur les tours et les saillants pour lancer des flèches et de grosses pierres. Son renom s'étendit au loin, et il dut sa puissance à un secours vraiment miraculeux. Quand il fut devenu puissant, son coeur s'enorgueillit jusqu'à le perdre: il prévariqua envers Yahvé son Dieu. Il vint dans la grande salle du Temple de Yahvé pour faire l'encensement sur l'autel des parfums. Le prêtre Azaryahu, ainsi que 80 vertueux prêtres de Yahvé, vinrent s'opposer au roi Ozias et lui dirent: "Ce n'est pas à toi, Ozias, d'encenser Yahvé, mais aux prêtres descendants d'Aaron consacrés à cet effet. Quitte le sanctuaire, car tu as prévariqué et tu n'as plus droit à la gloire qui vient de Yahvé Dieu." Ozias, tenant dans ses mains l'encensoir à parfum, s'emporta. Mais alors qu'il s'emportait contre les prêtres, la lèpre bourgeonna sur son front, en présence des prêtres, dans le Temple de Yahvé, près de l'autel des parfums! Azaryahu, premier prêtre, et tous les prêtres se tournèrent vers lui et lui virent la lèpre au front. Ils l'expulsèrent en hâte et il se hâta lui-même de sortir, car Yahvé l'avait frappé. Le roi Ozias fut affligé de la lèpre jusqu'au jour de sa mort. Il demeura confiné à la chambre, lépreux, vraiment exclu du Temple de Yahvé. Son fils Yotam était maître du palais et administrait le peuple du pays. Le reste de l'histoire d'Ozias, du début à la fin, a été écrit par le prophète Isaïe, fils d'Amoç. Puis Ozias se coucha avec ses pères et on l'enterra avec eux dans le terrain des sépultures royales, car on disait: "C'est un lépreux." Son fils Yotam devint roi à sa place. Yotam avait 25 ans à son avènement et il régna seize ans à Jérusalem; sa mère s'appelait Yerusha, fille de Sadoq. Il fit ce qui est agréable à Yahvé, imitant en tout la conduite de son père Ozias. Seulement il n'entra pas dans le sanctuaire de Yahvé. Mais le peuple continua à se perdre. C'est lui qui construisit la Porte Supérieure du Temple de Yahvé, et fit de nombreux travaux au mur de l'Ophel. Il construisit des villes dans la montagne de Juda ainsi que des citadelles et des tours dans les terres labourables. Il combattit le roi des Ammonites. Il l'emporta sur eux et les Ammonites lui livrèrent cette année-là cent talents d'argent,10.000 muids de froment et 10.000 d'orge. C'est cela que les Ammonites durent lui rendre; il en fut de même la seconde et la troisième année. Yotam devint puissant, car il se conduisait avec fermeté en présence de Yahvé son Dieu. Le reste de l'histoire de Yotam, toutes ses guerres et sa politique, est écrit dans le livre des rois d'Israël et de Juda. Il avait 25 ans à son avènement et il régna seize ans à Jérusalem. Puis Yotam se coucha avec ses pères, on l'enterra dans la Cité de David, et son fils Achaz devint roi à sa place. Achaz avait vingt ans à son avènement et il régna seize ans à Jérusalem. Il ne fit pas ce qui est agréable à Yahvé comme avait fait David son ancêtre. Il imita la conduite des rois d'Israël et même il fit fondre des idoles pour les Baals, il fit fumer des offrandes dans le val des fils de Hinnom et fit passer ses fils par le feu, selon les coutumes abominables des nations que Yahvé avait chassées devant les Israélites. Il offrit des sacrifices et de l'encens sur les hauts lieux, sur les collines et sous tout arbre verdoyant. Yahvé son Dieu le livra aux mains du roi des Araméens. Ceux-ci le battirent et lui enlevèrent de nombreux captifs qu'ils emmenèrent à Damas. Il fut livré aussi aux mains du roi d'Israël, qui lui infligea une lourde défaite. Péqah, fils de Remalyahu, tua en un seul jour 120.000 hommes en Juda, tous vaillants, pour avoir abandonné Yahvé, le Dieu de leurs pères. Zikri, héros éphraïmite, tua Maaséyahu, fils du roi, Azriqam, chef du palais, et Elqana, le lieutenant du roi. Les Israélites firent à leurs frères 200.000 prisonniers, femmes, fils et filles; ils razzièrent de plus un important butin et emmenèrent le tout à Samarie. Il y avait là un prophète de Yahvé nommé Oded. Il sortit au-devant des troupes qui arrivaient à Samarie et leur dit: "Voici que Yahvé, le Dieu de vos pères, a livré les Judéens entre vos mains parce qu'il était irrité contre eux, mais vous les avez massacrés avec une telle fureur que le ciel en est atteint. Et vous parlez maintenant de réduire les enfants de Juda et de Jérusalem à devenir vos serviteurs et vos servantes! Mais vous-mêmes, n'êtes-vous pas coupables envers Yahvé votre Dieu? Ecoutez-moi maintenant, rendez les prisonniers faits à vos frères, car l'ardente colère de Yahvé vous menace." Certains des chefs éphraïmites, Azaryahu fils de Yehohanân, Bérékyahu fils de Meshillemot, Yehizqiyyahu fils de Shallum, Amasa fils de Hadlaï, s'élevèrent alors contre ceux qui revenaient de l'expédition. Ils leur dirent: "Vous ne ferez pas entrer ici ces prisonniers, car c'est de nous rendre coupables envers Yahvé que vous parlez, c'est d'ajouter à nos péchés et à nos fautes, alors que notre culpabilité est énorme et qu'une ardente colère menace Israël." L'armée abandonna alors les prisonniers et le butin en présence des officiers et de toute l'assemblée. Des hommes, qui avaient été nominativement désignés, se mirent à réconforter les prisonniers. Prélevant sur le butin, ils habillèrent tous ceux qui étaient nus; ils les vêtirent, les chaussèrent, les nourrirent, les désaltérèrent et les abritèrent. Puis il les reconduisirent, les éclopés montés sur des ânes, et les amenèrent auprès de leurs frères à Jéricho, la ville des palmiers. Puis ils rentrèrent à Samarie. C'est alors que le roi Achaz envoya demander au roi d'Assyrie de lui porter secours. Les Edomites envahirent de nouveau Juda, le battirent et emmenèrent des prisonniers. Les Philistins se répandirent dans les villes du Bas-Pays et du Négeb de Juda. Ils prirent Bet-Shémesh, Ayyalôn, Gedérot, Soko et ses dépendances, Timna et ses dépendances, Gimzo et ses dépendances, et s'y établirent. Yahvé abaissa en effet Juda à cause d'Achaz, roi d'Israël, qui laissait aller Juda et était infidèle à Yahvé. Téglat-Phalasar, roi d'Assyrie, l'attaqua et l'assiégea sans pouvoir l'emporter; mais Achaz dut prélever une part des biens du Temple de Yahvé et des maisons royale et princières, pour les envoyer au roi d'Assyrie, sans recevoir secours de lui. Tandis qu'il était assiégé, il accrut son infidélité envers Yahvé, lui, le roi Achaz, en offrant des sacrifices aux dieux de Damas dont il était la victime: "Puisque les dieux des rois d'Aram leur prêtent main-forte, disait-il, je leur sacrifierai pour qu'ils m'aident." Mais ce furent eux qui causèrent sa chute, et celle de tout Israël. Achaz rassembla le mobilier du Temple de Dieu, il le mit en pièces, ferma les portes du Temple de Yahvé et se fit des autels à tous les coins de rue de Jérusalem; il institua des hauts lieux dans toutes les cités judéennes pour y encenser d'autres dieux, et provoqua l'irritation de Yahvé, le Dieu de ses pères. Le reste de son histoire et de toute sa politique, du début à la fin, est écrit dans le livre des Rois de Juda et d'Israël. Achaz se coucha avec ses pères, on l'enterra dans la Cité, à Jérusalem, sans le transporter dans les tombeaux des rois d'Israël. Son fils Ezéchias régna à sa place. Ezéchias devint roi à l'âge de 25 ans et il régna 29 ans à Jérusalem; sa mère s'appelait Abiyya, fille de Zekaryahu. Il fit ce qui est agréable à Yahvé, imitant tout ce qu'avait fait David son ancêtre. C'est lui qui ouvrit les portes du Temple de Yahvé, le premier mois de la première année de son règne, et qui les restaura. Puis il fit venir les prêtres et les lévites, les réunit sur la place orientale et leur dit: "Ecoutez-moi, lévites! Sanctifiez-vous maintenant, consacrez le Temple de Yahvé, Dieu de nos pères, et éliminez du sanctuaire la souillure. Nos pères ont prévarique et fait ce qui déplaît à Yahvé notre Dieu. Ils l'ont abandonné; ils ont détourné leurs faces de la Demeure de Yahvé, et lui ont tourné le dos. Ils ont même fermé les portes du Vestibule, ils ont éteint les lampes et n'ont plus fait fumer d'encens, ils n'ont plus offert d'holocaustes au Dieu d'Israël dans le sanctuaire. La colère de Yahvé s'est appesantie sur Juda et sur Jérusalem; il en a fait un objet d'épouvante, de stupeur et de dérision, comme vous le voyez de vos propres yeux. Aussi nos pères sont-ils tombés sous l'épée, nos fils, nos filles et nos femmes sont-ils partis prisonniers. Je veux maintenant conclure une alliance avec Yahvé, Dieu d'Israël, pour qu'il détourne de nous l'ardeur de sa colère. O mes fils, ne soyez plus négligents, car c'est vous que Yahvé a choisis pour vous tenir en sa présence, pour le servir, pour vaquer à son culte et à ses encensements." Les lévites se levèrent: Mahat fils de Amasaï; Yoël fils de Azaryahu, des fils de Qehat; des Merarites: Qish fils d'Abdi et Azaryahu fils de Yehalléléel; des Gershonites: Yoah fils de Zimma et Eden fils de Yoah; des fils d'Eliçaphân: Shimri et Yeïel; des fils d'Asaph: Zekaryahu et Mattanyahu; des fils de Hémân: Yehiel et Shiméï; des fils de Yedutûn: Shemaya et Uzziel. Ils réunirent leurs frères, se sanctifièrent et, conformément à l'ordre du roi, selon les paroles de Yahvé, vinrent purifier le Temple de Yahvé. Les prêtres entrèrent dans le Temple de Yahvé pour le purifier. Ils emportèrent sur le parvis du Temple de Yahvé toutes les choses impures qu'ils trouvèrent dans le sanctuaire de Yahvé, et les lévites en firent des tas qu'ils allèrent déposer à l'extérieur, dans la vallée du Cédron. Ayant commencé cette consécration le premier jour du premier mois, ils purent entrer dans le Vestibule de Yahvé le huit du mois; ils mirent huit jours à consacrer le Temple de Yahvé et terminèrent le seizième jour du premier mois. Ils se rendirent alors dans les appartements du roi Ezéchias et lui dirent: "Nous avons entièrement purifié le Temple de Yahvé, l'autel des holocaustes et tous ses accessoires, la table des rangées de pains et tous ses accessoires. Tous les objets qu'avait rejetés le roi Achaz durant son règne impie, nous les avons réinstallés et consacrés; les voici devant l'autel de Yahvé." Le roi Ezéchias se leva aussitôt, il réunit les officiers de la ville et monta au Temple de Yahvé. On fit venir sept taureaux, sept béliers et sept agneaux, plus sept boucs en vue du sacrifice pour le péché, à l'intention de la monarchie, du sanctuaire et de Juda. Le roi dit alors aux prêtres, fils d'Aaron, d'offrir les holocaustes sur l'autel de Yahvé. Ils immolèrent les taureaux; les prêtres recueillirent le sang qu'ils versèrent sur l'autel. Puis ils immolèrent les béliers, dont ils versèrent le sang sur l'autel, et les agneaux, dont ils versèrent le sang sur l'autel. Ils firent alors approcher les boucs, destinés au sacrifice pour le péché, devant le roi et l'Assemblée qui leur imposèrent les mains. Les prêtres les immolèrent et de leur sang versé sur l'autel firent un sacrifice pour le péché afin d'accomplir le rite d'expiation sur tout Israël; c'était en effet pour tout Israël que le roi avait ordonné les holocaustes et le sacrifice pour le péché. Il plaça ensuite les lévites dans le Temple de Yahvé avec des cymbales, des lyres et des cithares selon les prescriptions de David, de Gad le voyant du roi, et de Natân le prophète; l'ordre venait en effet de Dieu par l'intermédiaire de ses prophètes. Quand on eut placé les lévites avec les instruments de David et les prêtres avec les trompettes, Ezéchias ordonna d'offrir les holocaustes sur l'autel; l'holocauste commençait quand on entonna les chants de Yahvé et quand les trompettes sonnèrent, accompagnées des instruments de David, roi d'Israël. Toute l'Assemblée se prosterna, chacun chantant les hymnes ou faisant retentir les trompettes jusqu'à l'achèvement de l'holocauste. Quand l'holocauste fut terminé, le roi et tous ceux qui l'accompagnaient à ce moment fléchirent le genou et se prosternèrent. Puis le roi Ezéchias et les officiers dirent aux lévites de louer Yahvé avec les paroles de David et d'Asaph le voyant; ils le firent jusqu'à exaltation, puis tombèrent et se prosternèrent. Ezéchias prit alors la parole et dit: "Vous voici maintenant consacrés à Yahvé. Approchez-vous, apportez dans le Temple de Yahvé les victimes et les sacrifices de louange." L'Assemblée apporta les victimes et les sacrifices de louange et toutes sortes d'holocaustes en dons votifs. Le nombre des victimes de ces holocaustes fut de 70 boeufs, cent béliers,200 agneaux, tous en holocaustes pour Yahvé; six boeufs et 3.000 moutons furent consacrés. Les prêtres furent toutefois trop peu nombreux pour pouvoir dépecer tous ces holocaustes, et leurs frères les lévites leur prêtèrent main-forte jusqu'à ce que cette opération fût terminée et les prêtres sanctifiés; les lévites avaient été en effet mieux disposés que les prêtres à se sanctifier. Il y eut de plus un abondant holocauste des graisses des sacrifices de communion, et des libations conjointes à l'holocauste. Ainsi fut rétabli le culte dans le Temple de Yahvé. Ezéchias et tout le peuple se réjouirent de ce que Dieu eût disposé le peuple à agir sur-le-champ. Ezéchias envoya des messagers à tout Israël et Juda, et écrivit même des lettres à Ephraïm et à Manassé, pour que l'on vienne au Temple de Yahvé à Jérusalem célébrer une Pâque pour Yahvé, le Dieu d'Israël. Le roi, ses officiers et toute l'Assemblée de Jérusalem furent d'avis de la célébrer le second mois puisqu'on ne pouvait plus la faire au moment même, les prêtres ne s'étant pas sanctifiés en nombre suffisant et le peuple ne s'étant pas rassemblé à Jérusalem. La chose parut juste au roi et à toute l'Assemblée. On décida de faire passer à travers tout Israël, de Bersabée à Dan, un appel à venir célébrer à Jérusalem une Pâque pour Yahvé, Dieu d'Israël; peu, en effet s'étaient conformés à l'Ecriture. Des courriers partirent, avec des lettres de la main du roi et des officiers, dans tout Israël et Juda. Ils devaient dire, selon l'ordre du roi: "Israélites, revenez à Yahvé, le Dieu d'Abraham, d'Isaac et d'Israël, et il reviendra à ceux d'entre vous qui restent après avoir échappé à la poigne des rois d'Assyrie. Ne soyez pas comme vos pères et vos frères qui ont prévariqué envers Yahvé, le Dieu de leurs pères, et ont été livrés par lui à la ruine comme vous le voyez. Ne raidissez plus vos nuques comme l'ont fait vos pères. Soumettez-vous à Yahvé, venez à son sanctuaire qu'il a consacré pour toujours, servez Yahvé votre Dieu et il détournera de vous son ardente colère. Si vous revenez vraiment à Yahvé, vos frères et vos fils trouveront grâce devant leurs conquérants, ils reviendront en ce pays, car Yahvé votre Dieu est plein de pitié et de tendresse. Si vous revenez à lui, il ne détournera pas de vous sa face." Les courriers parcoururent, de ville en ville, le pays d'Ephraïm et de Manassé, et même de Zabulon, mais on se moqua d'eux et on les tourna en dérision. Toutefois, quelques hommes d'Asher, de Manassé et de Zabulon s'humilièrent et vinrent à Jérusalem. C'est plutôt en Juda que la main de Dieu agit pour donner à tous un seul coeur, afin d'exécuter les prescriptions du roi et des officiers contenues dans la Parole de Yahvé. Un peuple nombreux se rassembla à Jérusalem pour célébrer au deuxième mois la fête des Azymes. Une assemblée extrêmement nombreuse se mit à enlever les autels qui étaient dans Jérusalem et tous les brûle-parfums, pour les jeter dans la vallée du Cédron. On immola la Pâque le quatorze du second mois. Pleins de confusion, les prêtres et les lévites se sanctifièrent et purent porter les holocaustes au Temple de Yahvé. Puis ils se tinrent à leur poste, conformément à leurs statuts selon la loi de Moïse, homme de Dieu. Les prêtres versaient le sang qu'ils prenaient de la main des lévites, car il y avait beaucoup de gens dans l'Assemblée qui ne s'étaient pas sanctifiés et les lévites étaient chargés d'immoler les victimes pascales au profit de ceux qui n'avaient pas la pureté requise pour les consacrer à Yahvé. En effet, la majorité du peuple, beaucoup d'Ephraïmites, de Manassites, de fils d'Issachar et de Zabulon ne s'étaient pas purifiés; ils avaient mangé la Pâque sans se conformer à l'Ecriture. Mais Ezéchias pria pour eux; il dit: "Que Yahvé dans sa bonté couvre la faute de quiconque s'est disposé de coeur à chercher Dieu, Yahvé le Dieu de leurs pères, même s'il n'a pas la pureté requise pour les choses saintes!" Yahvé exauça Ezéchias et laissa le peuple sain et sauf. Les Israélites qui se trouvaient à Jérusalem célébrèrent pendant sept jours, et en grande joie, la fête des Azymes, tandis que les lévites et les prêtres louaient chaque jour Yahvé de toutes leurs forces. Ezéchias encouragea les lévites qui avaient tous l'intelligence des choses de Yahvé, et pendant sept jours ils prirent part au festin de la solennité, célébrant les sacrifices de communion et louant Yahvé, le Dieu de leurs pères. Puis toute l'Assemblée fut d'avis de célébrer sept autres jours de fête et ils en firent sept jours de joie. Car Ezéchias, roi de Juda, avait fait un prélèvement de mille taureaux et de 7.000 moutons pour l'Assemblée, et les officiers un autre de mille taureaux et de 10.000 moutons. Les prêtres se sanctifièrent en masse, et toute l'Assemblée des Judéens se réjouit, ainsi que les prêtres, les lévites, toute l'Assemblée venue d'Israël; les réfugiés venus du pays d'Israël aussi bien que ceux qui habitaient en Juda. Il y eut grande joie à Jérusalem, car depuis les jours de Salomon, fils de David, roi d'Israël, rien de semblable ne s'était produit à Jérusalem. Les prêtres lévites se mirent à bénir le peuple. Leur voix fut entendue et leur prière reçue en Sa demeure sainte des cieux. Quand tout cela fut terminé, tous les Israélites qui se trouvaient là allèrent dans les villes de Juda briser les stèles, couper les pieux sacrés, saccager les hauts lieux et les autels pour en débarrasser entièrement tout Juda, Benjamin, Ephraïm et Manassé. Puis tous les Israélites retournèrent dans leurs villes, chacun dans son patrimoine. Ezéchias rétablit les classes sacerdotales et lévitiques, chacun dans sa classe, selon son service, qu'il fût prêtre ou lévite, qu'il s'agît d'holocaustes, de sacrifices de communion, de service liturgique, d'action de grâces ou d'hymne, -- dans les portes du camp de Yahvé. Le roi prit une part sur ses biens pour les holocaustes, holocaustes du matin et du soir, holocaustes des sabbats, des néoménies et des solennités, comme il est écrit dans la Loi de Yahvé. Puis il dit au peuple, aux habitants de Jérusalem, de livrer la part des prêtres et des lévites afin qu'ils puissent observer la Loi de Yahvé. Dès qu'on eut répandu cette parole, les Israélites accumulèrent les prémices du froment, du vin, de l'huile, du miel et de tous les produits agricoles, et ils apportèrent une large dîme de tout. Les Israélites et les Judéens, qui habitaient les cités judéennes, apportèrent eux aussi la dîme du gros et du petit bétail et la dîme des choses saintes consacrées à Yahvé; ils les apportèrent, tas après tas. C'est au troisième mois qu'ils commencèrent à faire ces tas et ils les achevèrent le septième. Ezéchias et les officiers vinrent voir les tas et bénirent Yahvé et Israël, son peuple. Ezéchias interrogea à ce sujet les prêtres et les lévites. C'est Azaryahu, de la maison de Sadoq, et premier prêtre, qui lui répondit: "Dès les premiers prélèvements apportés au Temple de Yahvé, dit-il, on a pu manger, se rassasier, et avoir même de larges excédents, car Yahvé a béni son peuple; ce qui reste, c'est cette masse-ci." Ezéchias ordonna de mettre en état des pièces dans le Temple de Yahvé. On le fit et l'on apporta fidèlement les prélèvements, les dîmes et les choses consacrées. Le lévite Konanyahu en fut le chef responsable avec son frère Shiméï pour second. Yehiel, Azazyahu, Nahat, Asahel, Yerimot, Yozabad, Eliel, Yismakyahu, Mahat et Benayahu en étaient les surveillants sous les ordres de Konanyahu et de son frère Shiméï, sous le gouvernement du roi Ezéchias et d'Azaryahu, chef du Temple de Dieu. Qoré, fils de Yimna le lévite, gardien de la porte orientale, avait la charge des offrandes volontaires faites à Dieu; il fournissait le prélèvement de Yahvé et les choses très saintes. Eden, Minyamîn, Yéshua, Shemayahu, Amaryahu et Shekanyahu l'assistaient fidèlement dans les villes sacerdotales pour faire les distributions à leurs frères répartis en classes, autant au grand qu'au petit, et, sans tenir compte de leur enregistrement, aux hommes âgés de 30 ans et plus, à tous ceux qui allaient au Temple de Yahvé, selon le rituel quotidien, assurer le service de leurs fonctions, selon leurs classes. Les prêtres furent enregistrés par familles et les lévites, âgés de vingt ans et plus, selon leurs fonctions et leurs classes. Ils furent enregistrés avec toutes les personnes à leur charge, femmes, fils et filles, toute l'Assemblée, car ils devaient se sanctifier avec fidélité. Pour les prêtres, fils d'Aaron, qui se trouvaient dans les terrains de pâturage de leurs villes et dans chaque ville, il y eut des hommes inscrits nominativement pour faire les répartitions à tout mâle parmi les prêtres et à tous ceux qui étaient enregistrés parmi les lévites. C'est ainsi qu'agit Ezéchias en tout Juda. Il fit ce qui était bon, juste et loyal devant Yahvé, son Dieu. Tout ce qu'il entreprit au service du Temple de Dieu, au sujet de la Loi et des commandements, il le fit en cherchant Dieu de tout son coeur, et il réussit. Après ces actes de loyauté eut lieu l'invasion de Sennachérib, roi d'Assyrie. Il envahit Juda, campa devant les villes fortes et ordonna de lui en forcer les murs. Ezéchias, observant que Sennachérib, en arrivant, se proposait d'attaquer Jérusalem, décida avec ses officiers et ses preux d'obstruer les eaux des sources qui se trouvaient à l'extérieur de la ville. Ceux-ci lui prêtèrent leur concours et beaucoup de gens se groupèrent pour obstruer toutes les sources ainsi que le cours d'eau qui coulait dans les terres: "Pourquoi, disaient-ils, les rois d'Assyrie trouveraient-ils à leur arrivée des eaux abondantes?" Ezéchias se fortifia: il fit maçonner toutes les brèches de la muraille qu'il surmonta de tours et pourvut d'un second mur à l'extérieur, répara le Millo de la Cité de David, et fabriqua quantité d'armes de jet et de boucliers. Puis il mit des généraux à la tête du peuple, les réunit près de lui sur la place de la porte de la cité et les encouragea en ces termes: "Soyez fermes et tenez bon; ne craignez pas, ne tremblez pas devant le roi d'Assur et devant toute la foule qui l'accompagne, car Ce qui est avec nous est plus puissant que ce qui est avec lui. Avec lui il n'y a qu'un bras de chair, mais avec nous il y a Yahvé, notre Dieu, qui nous secourt et combat nos combats." Le peuple fut réconforté par les paroles d'Ezéchias, roi de Juda. Après cela Sennachérib, roi d'Assyrie, tandis qu'il se trouvait lui-même devant Lakish avec toutes ses forces, envoya ses serviteurs à Jérusalem, à Ezéchias, roi de Juda, et à tous les Judéens qui se trouvaient à Jérusalem. Ils dirent: "Ainsi parle Sennachérib, roi d'Assyrie: Sur quoi repose votre confiance pour demeurer ainsi dans Jérusalem assiégée? Ezéchias ne vous abuse-t-il pas, ne vous livre-t-il pas à la mort, par la faim et par la soif, quand il dit: Yahvé notre Dieu nous délivrera de la main du roi d'Assyrie? N'est-ce pas cet Ezéchias qui a supprimé ses hauts lieux et ses autels et qui a déclaré à Juda et à Jérusalem: C'est devant un seul autel que vous vous prosternerez et sur lui que vous ferez monter l'encens? Ne savez-vous pas ce que moi-même et mes pères nous avons fait à tous les peuples des pays? Les dieux des nations de ces pays ont-ils pu les délivrer de ma main? Parmi tous les dieux des nations que mes pères ont vouées à l'anathème, quel est celui qui a pu délivrer son peuple de ma main? Votre dieu pourrait-il alors vous délivrer de ma main? Et maintenant, qu'Ezéchias ne vous leurre pas! Qu'il ne vous abuse pas ainsi! Ne le croyez pas, car aucun dieu d'aucune nation ni d'aucun royaume ne peut délivrer son peuple de ma main pas plus que de celle de mes pères; votre dieu ne vous délivrera pas davantage de ma main." Ses serviteurs parlaient encore contre Yahvé Dieu et son serviteur Ezéchias, quand Sennachérib écrivit une lettre pour insulter Yahvé, Dieu d'Israël; il en parlait ainsi: "Pas plus que les dieux des nations des pays n'ont délivré leurs peuples de ma main, le dieu d'Ezéchias n'en délivrera son peuple." Ils s'adressaient en criant, en judéen, au peuple de Jérusalem qui se trouvait sur les murs, pour l'effrayer et le bouleverser et par suite capturer la ville; ils parlaient du Dieu de Jérusalem comme de l'un des dieux des peuples de la terre, oeuvre de mains humaines. Dans cette situation, le roi Ezéchias et le prophète Isaïe, fils d'Amoç, prièrent et implorèrent le ciel. Yahvé envoya un ange qui extermina tous les vaillants preux, les capitaines et les officiers, dans le camp du roi d'Assyrie; celui-ci s'en retourna, le visage couvert de honte, dans son pays; puis il entra dans le temple de son dieu où quelques-uns de ses enfants le frappèrent de l'épée. Ainsi Yahvé sauva Ezéchias et les habitants de Jérusalem de la main de Sennachérib, roi d'Assyrie, et de la main de tous les autres. Il leur donna la tranquillité sur toutes leurs frontières. Beaucoup apportèrent à Jérusalem une oblation à Yahvé et des présents à Ezéchias roi de Juda qui, à la suite de ces événements, acquit du prestige aux yeux de toutes les nations. En ces jours-là, Ezéchias tomba malade et fut sur le point de mourir. Il pria Dieu qui l'exauça et lui accorda un miracle. Mais Ezéchias ne répondit pas au bienfait reçu, son coeur s'enorgueillit et la Colère s'appesantit sur lui, sur Juda et sur Jérusalem. Toutefois Ezéchias s'humilia de l'orgueil de son coeur, ainsi que les habitants de Jérusalem: la colère de Yahvé cessa de s'appesantir sur eux du vivant d'Ezéchias. Ezéchias eut pléthore de richesses et de gloire. Il se constitua des trésors en or, argent, pierres précieuses, onguents, joyaux et toutes sortes d'objets précieux. Il eut des entrepôts pour ses rentrées de blé, de vin et d'huile, des étables pour les différentes espèces de son bétail, et des parcs pour ses troupeaux. Il se procura des ânes et un cheptel abondant en gros et en petit bétail. Dieu lui avait vraiment donné pléthore de biens. C'est Ezéchias qui obstrua l'issue supérieure des eaux du Gihôn et les dirigea vers le bas de la Cité de David, à l'ouest. Ezéchias réussit dans toutes ses entreprises. Et même avec les interprètes des officiers babyloniens envoyés près de lui pour enquêter sur le miracle qui avait eu lieu dans le pays, c'est pour l'éprouver que Dieu l'abandonna, et pour connaître le fond de son coeur. Le reste de l'histoire d'Ezéchias, les témoignages de sa piété et de ses travaux, se trouvent écrits dans la vision du prophète Isaïe, fils d'Amoç, au livre des rois de Juda et d'Israël. Ezéchias se coucha avec ses pères et on l'enterra sur la montée des tombeaux des fils de David. A sa mort, tous les Judéens et les habitants de Jérusalem lui rendirent honneur. Son fils Manassé régna à sa place. Manassé avait douze ans à son avènement et il régna 55 ans à Jérusalem. Il fit ce qui déplaît à Yahvé, imitant les abominations des nations que Yahvé avait chassées devant les Israélites. Il rebâtit les hauts lieux qu'avaient détruits Ezéchias son père, il éleva des autels aux Baals et fabriqua des pieux sacrés, il se prosterna devant toute l'armée du ciel et lui rendit un culte. Il construisit des autels dans le Temple de Yahvé, dont Yahvé avait dit: "C'est à Jérusalem que mon Nom sera à jamais." Il construisit des autels à toute l'armée du ciel dans les deux cours du Temple de Yahvé. C'est lui qui fit passer ses enfants par le feu dans la vallée des fils de Hinnom. Il pratiqua les incantations, la divination et la magie, installa des nécromants et des devins, et multiplia les actions que Yahvé regarde comme mauvaises, provoquant ainsi sa colère. Il plaça l'idole, qu'il avait fait sculpter, dans le Temple de Dieu, dont Dieu avait dit à David et à son fils Salomon: "Dans ce Temple et dans Jérusalem, la ville que j'ai choisie entre toutes les tribus d'Israël, je placerai mon Nom à jamais. Je ne détournerai plus les pas des Israélites de la terre où j'ai établi vos pères, pourvu qu'ils veillent à pratiquer tout ce que je leur ai commandé selon toute la Loi, les prescriptions et les coutumes transmises par Moïse." Mais Manassé égara les Judéens et les habitants de Jérusalem, au point qu'ils agirent encore plus mal que les nations que Yahvé avait exterminées devant les Israélites. Yahvé parla à Manassé et à son peuple, mais ils ne prêtèrent pas l'oreille. Alors Yahvé fit venir contre eux les généraux du roi d'Assyrie qui capturèrent Manassé avec des crocs, le mirent aux fers et l'emmenèrent à Babylone. A l'occasion de cette épreuve, il chercha à apaiser Yahvé, son Dieu, il s'humilia profondément devant le Dieu de ses pères; il le pria et lui se laissa fléchir. Il entendit sa supplication et le réintégra dans sa royauté, à Jérusalem. Manassé reconnut que c'est Yahvé qui est Dieu. Après quoi, il restaura la muraille extérieure de la Cité de David, à l'ouest du Gihôn situé dans le ravin, jusqu'à la porte des Poissons; elle entoura l'Ophel et il la suréleva beaucoup. Il mit des généraux dans toutes les villes fortifiées de Juda. Il écarta alors du Temple de Yahvé les dieux de l'étranger et la statue, ainsi que tous les autels qu'il avait construits sur la montagne du Temple et dans Jérusalem; il les jeta hors de la ville. Il rétablit l'autel de Yahvé, y offrit des sacrifices de communion et de louange et ordonna aux Judéens de servir Yahvé, Dieu d'Israël; mais le peuple continuait de sacrifier sur les hauts lieux, bien qu'à Yahvé son Dieu. Le reste de l'histoire de Manassé, la prière qu'il fit à son Dieu et les paroles des voyants qui s'adressèrent à lui au nom de Yahvé, Dieu d'Israël, se trouvent dans les Actes des rois d'Israël. Sa prière et son exaucement, tous ses péchés et son impiété, les endroits où il avait construit des hauts lieux et dressé des pieux sacrés et des idoles avant de s'être humilié, sont consignés dans l'histoire de Hozaï. Manassé se coucha avec ses pères et on l'enterra dans le jardin de son palais. Son fils Amon régna à sa place. Amon avait 22 ans à son avènement et il régna deux ans à Jérusalem. Il fit ce qui déplaît à Yahvé, comme avait fait son père Manassé. Amon sacrifia et rendit un culte à toutes les idoles qu'avait faites son père Manassé. Il ne s'humilia pas devant Yahvé comme s'était humilié son père Manassé; au contraire, lui, Amon, se rendit gravement coupable. Ses serviteurs complotèrent contre lui et il le tuèrent dans son palais; mais le peuple du pays frappa tous ceux qui avaient conspiré contre Amon et proclama roi à sa place son fils Josias. Josias avait huit ans à son avènement et il régna 31 ans à Jérusalem. Il fit ce qui est agréable à Yahvé et suivit la conduite de son ancêtre David sans en dévier ni à droite ni à gauche. La huitième année de son règne, n'étant encore qu'un jeune homme, il commença à rechercher le Dieu de David son ancêtre. La douzième année de son règne, il commença à purifier Juda et Jérusalem des hauts lieux, des pieux sacrés, des idoles sculptées et fondues. On démolit devant lui les autels des Baals, il arracha les autels à encens qui étaient placés sur eux, il brisa les pieux sacrés, les idoles sculptées et fondues, et les réduisit en une poussière qu'il répandit sur les tombeaux de ceux qui leur avaient offert des sacrifices. Il brûla les ossements des prêtres sur leurs autels et purifia ainsi Juda et Jérusalem. Dans les villes de Manassé, d'Ephraïm, de Siméon, et même de Nephtali, et dans les territoires saccagés qui les entouraient, il démolit les autels, les pieux sacrés, brisa et pulvérisa les idoles, il abattit les autels à encens dans tout le pays d'Israël, puis il revint à Jérusalem. La dix-huitième année de son règne, dans le but de purifier le pays et le Temple, il envoya Shaphân, fils d'Açalyahu, Maaséyahu, gouverneur de la ville, et Yoah, fils de Yoahaz le héraut, pour réparer le Temple de Yahvé son Dieu. Ils allèrent remettre à Hilqiyyahu, le grand prêtre, l'argent qui avait été apporté au Temple de Dieu et que les lévites gardiens du seuil avaient recueilli: l'argent provenait de Manassé, d'Ephraïm, de tout le reste d'Israël, ainsi que de tous les Judéens et Benjaminites qui habitaient Jérusalem. Ils le remirent aux maîtres d'oeuvre attachés au Temple de Yahvé et ceux-ci l'utilisèrent pour les travaux de restauration et de réparation du Temple. Ils le donnèrent aux charpentiers et aux ouvriers du bâtiment pour acheter les pierres de taille et le bois nécessaire au chaînage et aux charpentes des bâtiments qu'avaient endommagés les rois de Juda. Ces hommes travaillèrent avec fidélité à cette oeuvre; ils étaient sous la surveillance de Yahat et de Obadyahu, lévites des fils de Merari, de Zekarya et de Meshullam, Qehatites contremaîtres, des lévites experts dans les instruments d'accompagnement du chant, de ceux qui étaient à la tête des transporteurs et de ceux qui dirigeaient tous les maîtres d'oeuvre de chaque service, et enfin de quelques lévites, scribes, greffiers et portiers. Quand on retira l'argent déposé au Temple de Yahvé, le prêtre Hilqiyyahu trouva le livre de la Loi de Yahvé transmise par Moïse. Hilqiyyahu prit la parole et dit au secrétaire Shaphân: "J'ai trouvé le livre de la Loi dans le Temple de Yahvé." Et Hilqiyyahu donna le livre à Shaphân. Shaphân remit le livre au roi et lui rapporta encore ceci: "Tout ce qui a été confié à tes serviteurs, ils l'exécutent, ils ont fondu l'argent qui se trouvait dans le Temple de Yahvé et l'ont remis aux mains des subordonnés et des maîtres d'oeuvre." Puis le secrétaire Shaphân annonça au roi: "Le prêtre Hilqiyyahu m'a donné un livre"; et Shaphân y fit une lecture devant le roi. En entendant les paroles de la Loi, le roi déchira ses vêtements. Il donna cet ordre à Hilqiyyahu, à Ahiqam fils de Shaphân, à Abdôn fils de Mika, au secrétaire Shaphân et à Asaya, ministre du roi: "Allez consulter Yahvé pour moi et pour ce qui reste d'Israël et de Juda, à propos des paroles du livre qui vient d'être trouvé. Grande doit être la colère de Yahvé qui s'est répandue sur nous parce que nos pères n'ont pas observé la parole de Yahvé en pratiquant tout ce qui est écrit dans ce livre." Hilqiyyahu et les gens du roi se rendirent auprès de la prophétesse Hulda, femme de Shallum, fils de Toqhat, fils de Hasra, le gardien des vêtements; elle habitait à Jérusalem dans la ville neuve. Ils lui parlèrent en ce sens et elle répondit: "Ainsi parle Yahvé, Dieu d'Israël. Dites à l'homme qui vous a envoyés vers moi: Ainsi parle Yahvé. Je vais amener le malheur sur ce lieu et sur ses habitants, toutes les malédictions écrites dans le livre qu'on a lu devant le roi de Juda, parce qu'ils m'ont abandonné et qu'ils ont sacrifié à d'autres dieux pour m'irriter par toutes leurs actions. Ma colère s'est enflammée contre ce lieu, elle ne s'éteindra pas. Et vous direz au roi de Juda qui vous a envoyés pour consulter Yahvé: Ainsi parle Yahvé, Dieu d'Israël: les paroles que tu as entendues... Mais parce que ton coeur a été touché et que tu t'es humilié devant Dieu en entendant les paroles qu'il a prononcées contre ce lieu et ses habitants, parce que tu t'es humilié, que tu as déchiré tes vêtements et que tu as pleuré devant moi, moi aussi je t'ai entendu, oracle de Yahvé. Voici que je te réunirai à tes pères, tu seras recueilli en paix dans ton sépulcre, tes yeux ne verront pas tous les malheurs que je fais venir sur ce lieu et sur ses habitants." Ils portèrent la réponse au roi. Alors le roi fit convoquer tous les anciens de Juda et de Jérusalem, et le roi monta au Temple de Yahvé avec tous les hommes de Juda, les habitants de Jérusalem, les prêtres, les lévites et tout le peuple, du plus grand au plus petit. Il lut devant eux tout le contenu du livre de l'alliance trouvé dans le Temple de Yahvé. Le roi était debout sur l'estrade, et il conclut devant Yahvé l'alliance qui l'obligeait à suivre Yahvé, à garder ses commandements, ses instructions et ses lois, de tout son coeur et de toute son âme, et à mettre en pratique les clauses de l'alliance écrites dans ce livre. Il y fit adhérer quiconque se trouvait à Jérusalem ou dans Benjamin, et les habitants de Jérusalem se conformèrent à l'alliance de Dieu, le Dieu de leurs pères. Josias enleva toute chose abominable de tous les territoires appartenant aux Israélites. Pendant toute sa vie, il mit au service de Yahvé leur Dieu quiconque se trouvait en Israël. Ils ne s'écartèrent pas de Yahvé, le Dieu de leurs pères. Josias célébra alors à Jérusalem une Pâque pour Yahvé et on immola la Pâque le quatorzième jour du premier mois. Josias rétablit les prêtres dans leurs offices et les mit en mesure de vaquer au service du Temple de Yahvé. Puis il dit aux lévites, eux qui avaient l'intelligence pour tout Israël et qui étaient consacrés à Yahvé: "Déposez l'arche sainte dans le Temple qu'a bâti Salomon, fils de David, roi d'Israël. Ce n'est plus un fardeau pour vos épaules. Servez maintenant Yahvé votre Dieu et Israël son peuple. Disposez-vous par familles selon vos classes, comme l'a fixé par écrit David, roi d'Israël, et libellé son fils Salomon. Tenez-vous dans le sanctuaire, à la disposition des fractions des familles, à la disposition de vos frères laïcs; les lévites auront une part dans la famille. Immolez la Pâque, sanctifiez-vous, et soyez à la disposition de vos frères en agissant selon la parole de Yahvé transmise par Moïse." Josias préleva alors pour les laïcs du petit bétail, des agneaux et des chevreaux, au nombre de 30.000, toutes victimes pascales pour tous ceux qui se trouvaient là, plus 3.000 boeufs. Ce bétail était pris sur les biens du roi. Ses officiers firent aussi un prélèvement en offrande volontaire pour le peuple, pour les prêtres et les lévites. Hilqiyyahu, Zekaryahu et Yehiel, chefs du Temple de Dieu, donnèrent aux prêtres, en victimes pascales,2.600 têtes de petit bétail et 300 boeufs. Les officiers des lévites Konanyahu, Shemayahu et Netanéel son frère, Hashabyahu, Yeïel et Yozabad prélevèrent pour les lévites, comme victimes pascales,5.000 têtes de petit bétail et 500 boeufs. L'ordre de la liturgie fut fixé, les prêtres à leur place et les lévites selon leurs classes, conformément aux prescriptions royales. Ils immolèrent la Pâque; les prêtres répandirent le sang qu'ils recevaient des mains des lévites, et les lévites dépecèrent les victimes. Ils mirent à part l'holocauste pour le donner aux fractions des familles du peuple qui devaient faire une offrande à Yahvé, comme il est écrit dans le livre de Moïse; il en fut de même pour le gros bétail. Ils cuirent au feu la Pâque selon la règle, et cuirent les mets sacrés dans des terrines, des marmites et des plats creux qu'ils portèrent en hâte à tout le peuple. Après quoi ils préparèrent la Pâque pour eux-mêmes et pour les prêtres -- les prêtres, fils d'Aaron, ayant été occupés jusqu'à la nuit à offrir l'holocauste et les graisses; c'est pourquoi les lévites préparèrent la Pâque pour eux-mêmes et pour les prêtres, fils d'Aaron. Les chantres, fils d'Asaph, étaient à leur poste, selon les prescriptions de David; ni Asaph, ni Hémân, ni Yedutûn le voyant du roi, ni les portiers à chaque porte, n'eurent à quitter leur service, car leurs frères lévites leur préparèrent tout. C'est ainsi que toute la liturgie de Yahvé fut, ce jour-là, organisée de manière à célébrer la Pâque et à offrir des holocaustes sur l'autel de Yahvé selon les prescriptions du roi Josias. C'est à ce moment que les Israélites présents célébrèrent la Pâque et pendant sept jours la fête des Azymes. On n'avait pas célébré une Pâque comme celle-là en Israël depuis l'époque de Samuel le prophète; aucun roi d'Israël n'avait célébré une Pâque semblable à celle que célébra Josias avec les prêtres, les lévites, tous les Judéens et Israélites présents, et les habitants de Jérusalem. C'est la dix-huitième année du règne de Josias que cette Pâque fut célébrée. Après tout ce que fit Josias pour remettre en ordre le Temple, Neko, roi d'Egypte, monta combattre à Karkémish sur l'Euphrate. Josias s'étant porté à sa rencontre, il lui envoya des messagers pour lui dire: "Qu'ai-je à faire avec toi, roi de Juda? Ce n'est pas toi que je viens attaquer aujourd'hui, mais c'est une autre maison que j'ai à combattre, et Dieu m'a dit de me hâter. Laisse donc faire Dieu qui est avec moi, de peur qu'il ne cause ta perte." Mais Josias ne renonça pas à l'affronter, car il était fermement décidé à le combattre et n'écouta pas ce que lui disait Neko au nom de Dieu. Il livra bataille dans la trouée de Megiddo; les archers tirèrent sur le roi Josias et le roi dit à ses serviteurs: "Emportez-moi, car je me sens très mal." Ses serviteurs le tirèrent hors de son char, le firent monter sur un autre de ses chars et le ramenèrent à Jérusalem où il mourut. On l'enterra dans les sépultures de ses pères. Tout Juda et Jérusalem firent un deuil pour Josias; Jérémie composa une lamentation sur Josias, que tous les chanteurs et chanteuses récitent encore aujourd'hui dans leurs lamentations sur Josias; on en fait une règle en Israël, et on trouve ces chants consignés dans les Lamentations. Le reste de l'histoire de Josias, les témoignages de sa piété, conformes à tout ce qui est écrit dans la loi de Yahvé, son histoire, du début à la fin, tout cela est écrit dans le livre des Rois d'Israël et de Juda. Le peuple du pays prit Joachaz, fils de Josias, et on le fit roi à la place de son père à Jérusalem. Joachaz avait 23 ans à son avènement et il régna trois mois à Jérusalem. Le roi d'Egypte l'enleva de Jérusalem et imposa au pays une contribution de cent talents d'argent et d'un talent d'or. Puis le roi d'Egypte établit son frère Elyaqim comme roi sur Juda et Jérusalem, et il changea son nom en celui de Joiaqim. Quant à Joachaz, son frère, Neko le prit et l'emmena en Egypte. Joiaqim avait 25 ans à son avènement et il régna onze ans à Jérusalem; il fit ce qui déplaît à Yahvé, son Dieu. Nabuchodonosor, roi de Babylone, fit campagne contre lui et le mit aux fers pour l'emmener à Babylone. Nabuchodonosor emporta aussi à Babylone une partie du mobilier du Temple de Yahvé et le déposa dans son palais de Babylone. Le reste de l'histoire de Joiaqim, les abominations qu'il commit et ce qui a été relevé contre lui, cela est écrit dans le livre des Rois d'Israël et de Juda. Joiakîn son fils régna à sa place. Joiakîn avait dix-huit ans à son avènement et il régna trois mois et dix jours à Jérusalem; il fit ce qui déplaît à Yahvé. Au retour de l'année, le roi Nabuchodonosor l'envoya chercher et le fit conduire à Babylone avec le mobilier précieux du Temple de Yahvé, et il établit Sédécias son frère comme roi sur Juda et Jérusalem. Sédécias avait 21 ans à son avènement et il régna onze ans à Jérusalem. Il fit ce qui déplaît à Yahvé, son Dieu. Il ne s'humilia pas devant le prophète Jérémie venu sur l'ordre de Yahvé. Il se révolta en outre contre le roi Nabuchodonosor auquel il avait prêté serment par Dieu. Il raidit sa nuque et endurcit son coeur au lieu de revenir à Yahvé, le Dieu d'Israël. De plus, tous les chefs des prêtres et le peuple multiplièrent les infidélités, imitant toutes les abominations des nations, et souillèrent le Temple que Yahvé s'était consacré à Jérusalem. Yahvé, le Dieu de leurs pères, leur envoya sans se lasser des messagers, car il voulait épargner son peuple et sa Demeure. Mais ils tournaient en dérision les envoyés de Dieu, ils méprisaient ses paroles, ils se moquaient de ses prophètes, tant qu'enfin la colère de Yahvé contre son peuple fut telle qu'il n'y eut plus de remède. Il fit monter contre eux le roi des Chaldéens qui passa au fil de l'épée leurs jeunes guerriers dans leur sanctuaire et n'épargna ni le jeune homme, ni la jeune fille, ni le vieillard, ni l'homme à la tête chenue. Dieu les livra tous entre ses mains. Tous les objets du Temple de Dieu, grands et petits, les trésors du Temple de Yahvé, les trésors du roi et de ses officiers, il emporta le tout à Babylone. On brûla le Temple de Dieu, on abattit les murailles de Jérusalem, on incendia tous ses palais et l'on détruisit tous ses objets précieux. Puis Nabuchodonosor déporta à Babylone le reste échappé à l'épée; ils durent le servir ainsi que ses fils jusqu'à l'établissement du royaume perse, accomplissant ainsi ce que Yahvé avait dit par la bouche de Jérémie: "Jusqu'à ce que le pays ait acquitté ses sabbats, il chômera durant tous les jours de la désolation, jusqu'à ce que 70 ans soient révolus." Et la première année de Cyrus, roi de Perse, pour accomplir la parole de Yahvé prononcée par Jérémie, Yahvé éveilla l'esprit de Cyrus, roi de Perse, qui fit proclamer -- et même afficher -- dans tout son royaume: "Ainsi parle Cyrus, roi de Perse: Yahvé, le Dieu du ciel, m'a remis tous les royaumes de la terre; c'est lui qui m'a chargé de lui bâtir un Temple à Jérusalem, en Juda. Quiconque, parmi vous, fait partie de tout son peuple, que son Dieu soit avec lui et qu'il monte!" Or la première année de Cyrus, roi de Perse, pour accomplir la parole de Yahvé prononcée par Jérémie, Yahvé éveilla l'esprit de Cyrus, roi de Perse, qui fit proclamer -- et même afficher -- dans tout son royaume: "Ainsi parle Cyrus, roi de Perse: Yahvé, le Dieu du ciel, m'a remis tous les royaumes de la terre, c'est lui qui m'a chargé de lui bâtir un Temple à Jérusalem, en Juda. Quiconque, parmi vous, fait partie de tout son peuple, que son Dieu soit avec lui! Qu'il monte à Jérusalem, en Juda, et bâtisse le Temple de Yahvé, le Dieu d'Israël -- c'est le Dieu qui est à Jérusalem. Qu'à tous les rescapés, partout, la population des lieux où ils résident apporte une aide en argent, en or, en équipement et en montures, en même temps que des offrandes de dévotion pour le Temple de Dieu qui est à Jérusalem." Alors les chefs de famille de Juda et de Benjamin, les prêtres et les lévites, bref tous ceux dont Dieu avait éveillé l'esprit, se levèrent pour aller bâtir le Temple de Yahvé, à Jérusalem; et tous leurs voisins leur apportèrent toute sorte d'aide: argent, or, équipement, montures et cadeaux précieux,, sans compter toutes les offrandes de dévotion. Le roi Cyrus fit prendre les ustensiles du Temple de Yahvé que Nabuchodonosor avait apportés de Jérusalem et offerts au temple de son dieu. Cyrus, roi de Perse, les remit aux mains de Mithridate, le trésorier, qui les dénombra pour Sheshbaççar, le prince de Juda. Voici leur inventaire: bassins d'or: 30; bassins d'argent: mille, réparés: 29; coupes d'or: 30; coupes d'argent: mille, abîmées: 410; autres ustensiles: mille. Total des ustensiles d'or et d'argent: 5.400. Tout cela, Sheshbaççar le rapporta, quand on fit remonter les exilés de Babylone à Jérusalem. Voici les gens de la province qui revinrent de la captivité et de l'exil, ceux que Nabuchodonosor, roi de Babylone, avait déportés à Babylone; ils retournèrent à Jérusalem et en Juda, chacun dans sa ville. Ils arrivèrent avec Zorobabel, Josué, Néhémie, Seraya, Réélaya, Nahamani, Mordokaï, Bilshân, Mispar, Bigvaï, Rehum, Baana. Liste des hommes du peuple d'Israël: les fils de Paréosh: 2.172; les fils de Shephatya: 372; les fils d'Arah: 775; les fils de Pahat-Moab, c'est-à-dire les fils de Josué et de Yoab: 2.812; les fils de Elam: 1.254; les fils de Zattu: 945; les fils de Zakkaï: 760; les fils de Bani: 642; les fils de Bébaï: 623; les fils de Azgad: 1.222; les fils d'Adoniqam: 666; les fils de Bigvaï: 2.056; les fils de Adîn: 454; les fils d'Ater, c'est-à-dire de Yehizqiyya: 98; les fils de Béçaï: 323; les fils de Yora: 112; les fils de Hashum: 223; les fils de Gibbar: 95; les fils de Bethléem: 123; les hommes de Netopha: 56; les hommes d'Anatot: 128; les fils de Azmavèt: 42; les fils de Qiryat-Yéarim, Kephira et Béérot: 743; les fils de Rama et Géba: 621; les hommes de Mikmas: 122; les hommes de Béthel et de Aï: 223; les fils de Nebo: 52; les fils de Magbish: 156; les fils d'un autre Elam: 1.254; les fils de Harim: 320; les fils de Lod, Hadid et Ono: 725; les fils de Jéricho: 345; les fils de Senaa: 3.630. Les prêtres: les fils de Yedaya, c'est-à-dire la maison de Josué: 973; les fils d'Immer: 1.052; les fils de Pashehur: 1.247; les fils de Harim: 1.017. Les lévites: les fils de Josué, et Qadmiel, des fils de Hodavya: 74. Les chantres: les fils d'Asaph: 128. Les fils des portiers: les fils de Shallum, les fils d'Ater, les fils de Talmôn, les fils de Aqqub, les fils de Hatita, les fils de Shobaï: en tout 139. Les "donnés": les fils de Ciha, les fils de Hasupha, les fils de Tabbaot, les fils de Qéros, les fils de Sia, les fils de Padôn, les fils de Lebana, les fils de Hagaba, les fils de Aqqub, les fils de Hagab, les fils de Shamlaï, les fils de Hanân, les fils de Giddel, les fils de Gahar, les fils de Reaya, les fils de Reçîn, les fils de Neqoda, les fils de Gazzam, les fils de Uzza, les fils de Paséah, les fils de Bésaï, les fils d'Asna, les fils des Méûnites, les fils des Nephusites, les fils de Baqbuq, les fils de Haqupha, les fils de Harhur, les fils de Baçlut, les fils de Mehida, les fils de Harsha, les fils de Barqos, les fils de Sisra, les fils de Témah, les fils de Neçiah, les fils de Hatipha. Les fils des esclaves de Salomon: les fils de Sotaï, les fils de Has-Sophérèt, les fils de Peruda, les fils de Yaala, les fils de Darqôn, les fils de Giddel, les fils de Shephatya, les fils de Hattil, les fils de Pokérèt-ha-Cebayim, les fils de Ami. Total des "donnés" et des fils des esclaves de Salomon: 392. Quant aux suivants, qui venaient de Tel-Mélah, Tel-Harsha, Kerub, Addân et Immer, ils ne purent faire connaître si leur famille et leur race étaient d'origine israélite: les fils de Delaya, les fils de Tobiyya, les fils de Neqoda: 652. Et parmi les fils des prêtres: les fils de Hobayya, les fils d'Haqqoç, les fils de Barzillaï -- celui-ci avait pris pour femme l'une des filles de Barzillaï, le Galaadite, dont il adopta le nom. Ceux-là recherchèrent leurs registres généalogiques mais ne les trouvèrent pas: on les écarta donc du sacerdoce comme impurs et Son Excellence leur interdit de manger des aliments sacrés jusqu'à ce qu'un prêtre se levât pour l'Urim et le Tummim. L'assemblée tout entière se montait à 42.360 individus, sans compter leurs esclaves et leurs servantes au nombre de 7.337. Ils avaient aussi 200 chanteurs et chanteuses. Leurs chevaux étaient au nombre de 736, leurs mulets au nombre de 245, leurs chameaux au nombre de 435 et leurs ânes au nombre de 6.720. Un certain nombre de chefs de famille, en arrivant au Temple de Yahvé qui est à Jérusalem, firent des offrandes de dévotion pour le Temple de Dieu, afin qu'on le rétablît en son site. Selon leurs possibilités, ils versèrent au trésor du culte 61.000 drachmes d'or,5.000 mines d'argent et cent tuniques sacerdotales. Prêtres, lévites et une partie du peuple s'installèrent à Jérusalem; chantres, portiers et "donnés" dans leurs villes, et tous les autres Israélites dans leurs villes. Quand arriva le septième mois -- les Israélites étant ainsi dans leurs villes -- tout le peuple se rassembla comme un seul homme à Jérusalem. Josué, fils de Yoçadaq, avec ses frères les prêtres, et Zorobabel, fils de Shéaltiel, avec ses frères, se mirent à rebâtir l'autel du Dieu d'Israël, pour y offrir des holocaustes, comme il est écrit dans la Loi de Moïse, l'homme de Dieu. On rétablit l'autel en son site -- malgré la crainte où l'on était des peuples des pays -- et l'on y offrit des holocaustes à Yahvé, holocaustes du matin et du soir; on célébra la fête des Tentes, comme il est écrit, avec autant d'holocaustes quotidiens qu'il est fixé pour chaque jour; puis, outre l'holocauste perpétuel, on offrit ceux prévus pour les sabbats, néoménies et toutes solennités consacrées à Yahvé, plus ceux que chacun voulait offrir par dévotion à Yahvé. Dès le premier jour du septième mois, on commença à offrir des holocaustes à Yahvé, bien que les fondations du sanctuaire de Yahvé ne fussent pas encore posées. Puis on donna de l'argent aux tailleurs de pierre et aux charpentiers; aux Sidoniens et aux Tyriens on remit vivres, boissons et huile, pour qu'ils acheminent par mer jusqu'à Jaffa du bois de cèdre en provenance du Liban, selon l'autorisation accordée par Cyrus, roi de Perse. C'est la seconde année de leur arrivée au Temple de Dieu à Jérusalem, le deuxième mois, que Zorobabel, fils de Shéaltiel, et Josué, fils de Yoçadaq, avec le reste de leurs frères, les prêtres, les lévites et tous les gens rentrés de captivité à Jérusalem, commencèrent l'ouvrage, et ils confièrent aux lévites de vingt ans et au-dessus la direction des travaux du Temple de Yahvé. Josué, ses fils et ses frères, Qadmiel et ses fils, les fils de Hodavya, se mirent donc d'un seul coeur à diriger les travailleurs du chantier, au Temple de Dieu. Quand les bâtisseurs eurent posé les fondations du sanctuaire de Yahvé, les prêtres en costume, avec des trompettes, ainsi que les lévites, fils d'Asaph, avec des cymbales, se présentèrent pour louer Yahvé, selon les prescriptions de David, roi d'Israël; ils chantèrent à Yahvé louange et action de grâces: "Car il est bon, car éternel est son amour" pour Israël. Et le peuple tout entier poussait de grandes clameurs en louant Yahvé, parce que le Temple de Yahvé avait ses fondations. Cependant, maints prêtres, maints lévites et chefs de famille, déjà âgés et qui avaient vu le premier Temple, pleuraient très fort tandis qu'on posait les fondations sous leurs yeux, mais beaucoup d'autres élevaient la voix en joyeuses clameurs. Et nul ne pouvait distinguer le bruit des clameurs joyeuses du bruit des lamentations du peuple; car le peuple poussait d'immenses clameurs dont l'éclat se faisait entendre très loin. Mais lorsque les ennemis de Juda et de Benjamin apprirent que les exilés construisaient un sanctuaire à Yahvé, le Dieu d'Israël, ils s'en vinrent trouver Zorobabel, Josué et les chefs de famille et leur dirent: "Nous voulons bâtir avec vous, car, comme vous, nous cherchons votre Dieu et lui sacrifions depuis le temps d'Asarhaddon, roi d'Assur, qui nous amena ici." Zorobabel, Josué et les autres chefs de familles israélites leur répondirent: "Il ne convient point que nous bâtissions, vous et nous, un Temple à notre Dieu: C'est à nous seuls de bâtir pour Yahvé le Dieu d'Israël, comme nous l'a prescrit Cyrus, roi de Perse." Alors le peuple du pays se mit à décourager les gens de Juda et à les effrayer pour qu'ils ne bâtissent plus; on soudoya contre eux des conseillers pour faire échouer leur plan, pendant tout le temps de Cyrus, roi de Perse, jusqu'au règne de Darius, roi de Perse. Sous le règne de Xerxès, au début de son règne, ils rédigèrent une plainte contre les habitants de Juda et de Jérusalem. Au temps d'Artaxerxès, Mithridate, Tabéel et leurs autres collègues écrivirent contre Jérusalem à Artaxerxès, roi de Perse. Le texte du document était d'écriture araméenne et de langue araméenne. Puis Rehum, gouverneur, et Shimshaï, secrétaire, écrivirent au roi Artaxerxès, contre Jérusalem, la lettre qui suit -- Rehum, le gouverneur, Shimshaï, le secrétaire et leurs autres collègues; les juges et les légats, fonctionnaires perses; les gens d'Uruk, de Babylone et de Suse -- c'est-à-dire les Elamites -- et les autres peuples que le grand et illustre Assurbanipal a déportés et établis dans les villes de Samarie et dans le reste de la Transeuphratène. Voici la copie de la lettre qu'ils lui envoyèrent: "Au roi Artaxerxès, tes serviteurs, les gens de Transeuphratène: Maintenant donc le roi doit être informé que les Juifs, montés de chez toi vers nous, et venus à Jérusalem, sont en train de rebâtir la ville rebelle et perverse; ils commencent à restaurer les remparts et ils creusent les fondations. Maintenant le roi doit être informé que si cette ville est rebâtie et les remparts restaurés, on ne paiera plus impôts, contributions ni droits de passage, et qu'en fin de compte mon roi sera lésé. Maintenant, mangeant le sel du palais, il ne nous paraît pas décent de voir cet affront fait au roi; aussi envoyons-nous au roi ces informations pour qu'on fasse des recherches dans les Mémoriaux de tes pères: dans ces Mémoriaux, tu trouveras et constateras que cette ville est une ville rebelle, néfaste aux rois et aux provinces, et qu'on y a fomenté des séditions depuis les temps anciens. C'est pourquoi cette ville fut détruite. Nous informons le roi que si cette ville est rebâtie et ses remparts relevés, tu n'auras bientôt plus de territoires en Transeuphratène!" Le roi envoya cette réponse: "A Rehum, gouverneur, à Shimshaï, secrétaire, et à leurs autres collègues, résidant à Samarie et ailleurs, en Transeuphratène, paix! Maintenant donc le document que vous nous avez envoyé a été, devant moi, lu dans sa traduction. Sur mon ordre, on a fait des recherches et l'on a trouvé que cette ville s'est soulevée contre les rois depuis les temps anciens et que des révoltes et des séditions s'y produisirent. Des rois puissants ont régné à Jérusalem, qui dominèrent toute la Transeuphratène: on leur payait impôt, contributions et droits de passage. Donnez donc l'ordre qu'on interrompe l'entreprise de ces hommes: cette ville ne doit pas être rebâtie tant que je n'aurai rien décidé. Gardez-vous d'agir avec négligence en cette affaire, de peur que le mal n'empire au préjudice des rois." Dès que la copie du document du roi Artaxerxès eut été lue devant Rehum, le gouverneur, Shimshaï, le secrétaire, et leurs collègues, ils partirent en toute hâte pour Jérusalem chez les Juifs et, par la force des armes, arrêtèrent leurs travaux. C'est ainsi qu'avaient été arrêtés les travaux pour le Temple de Dieu à Jérusalem: ils demeurèrent interrompus jusqu'à la deuxième année du règne de Darius, roi de Perse. Alors les prophètes Aggée et Zacharie, fils d'Iddo, se mirent à prophétiser pour les Juifs de Juda et de Jérusalem, au nom du Dieu d'Israël qui était sur eux. Sur ce, Zorobabel, fils de Shéaltiel, et Josué, fils de Yoçadaq, se levèrent et commencèrent à bâtir le Temple de Dieu à Jérusalem: les prophètes de Dieu étaient avec eux, leur donnant de l'aide. En ce temps-là, Tattenaï, gouverneur de Transeuphratène, Shetar-Boznaï et leurs collègues vinrent les trouver et leur demandèrent: "Qui vous a donné un permis pour rebâtir ce Temple et restaurer cette charpente? Comment s'appellent les hommes qui construisent cet édifice?" Mais les yeux de leur Dieu étaient sur les anciens des Juifs: on ne les força pas à s'arrêter en attendant qu'un rapport parvînt à Darius et que fît retour un acte officiel à propos de cette affaire. Copie de la lettre que Tattenaï, gouverneur de Transeuphratène, Shetar-Boznaï et ses collègues, les autorités en Transeuphratène, expédièrent au roi Darius. Ils lui adressèrent un rapport dont voici la teneur: "Au roi Darius, paix entière! Le roi doit être informé que nous nous sommes rendus dans le district de Juda, au Temple du grand Dieu: il se rebâtit en blocs de pierre et des poutres sont mises dans les murs; le travail est activement exécuté et progresse entre leurs mains. Interrogeant alors ces anciens, nous leur avons dit: Qui vous a donné un permis pour rebâtir ce Temple et restaurer cette charpente? Nous leur avons encore demandé leurs noms pour t'en informer; nous avons ainsi pu transcrire le nom des hommes qui commandent à ces gens. Or ils nous firent cette réponse: Nous sommes les serviteurs du Dieu du ciel et de la terre; nous rebâtissons un Temple qui resta debout, jadis, durant bien des années, et qu'un grand roi d'Israël construisit et acheva. Mais nos pères ayant irrité le Dieu du ciel, il les livra aux mains de Nabuchodonosor le Chaldéen, roi de Babylone, qui détruisit ce Temple et déporta le peuple à Babylone. Cependant, la première année de Cyrus, roi de Babylone, le roi Cyrus donna l'ordre de rebâtir ce Temple de Dieu; en outre, les ustensiles d'or et d'argent du Temple de Dieu, dont Nabuchodonosor avait dépouillé le sanctuaire de Jérusalem et qu'il avait transférés en celui de Babylone, le roi Cyrus les fit enlever du sanctuaire de Babylone et remettre à un nommé Sheshbaççar, qu'il institua gouverneur; il lui dit: Prends ces ustensiles, va les rapporter au sanctuaire de Jérusalem, et que le Temple de Dieu soit rebâti sur son ancien site; ce Sheshbaççar vint donc, posa les fondations du Temple de Dieu à Jérusalem; et depuis lors jusqu'à présent, on le construit, sans qu'il soit encore terminé. Maintenant donc, s'il plaît au roi, qu'on recherche dans les trésors du roi, à Babylone, s'il est vrai qu'ordre a été donné par le roi Cyrus de reconstruire ce Temple de Dieu à Jérusalem. Et la décision du roi sur cette affaire, qu'on nous l'envoie!" Alors, sur l'ordre du roi Darius, on fit des recherches dans les trésors où étaient déposées les archives à Babylone, et l'on trouva à Ecbatane, la forteresse sise dans la province des Mèdes, un rouleau dont voici la teneur: "Mémorandum. La première année du roi Cyrus, le roi Cyrus a ordonné: Temple de Dieu à Jérusalem. Le Temple sera rebâti comme lieu où l'on offre des sacrifices et ses fondations seront préservées. Sa hauteur sera de 60 coudées, sa largeur de 60 coudées. Il y aura trois assises de blocs de pierres et une assise de bois. La dépense sera couverte par la maison du roi. En sus, les ustensiles d'or et d'argent du Temple de Dieu que Nabuchodonosor enleva au sanctuaire de Jérusalem et emporta à Babylone, on les restituera, pour que tout reprenne sa place au sanctuaire de Jérusalem et soit déposé dans le Temple de Dieu." "Maintenant donc, Tattenaï, gouverneur de Transeuphratène, Shetar-Boznaï, et vous leurs collègues, les autorités en Transeuphratène, écartez-vous de là; laissez travailler à ce Temple de Dieu le gouverneur de Juda et les anciens des Juifs: ils peuvent rebâtir ce Temple de Dieu sur son emplacement. Voici mes ordres concernant votre ligne de conduite vis-à-vis de ces anciens des Juifs pour la reconstruction de ce Temple de Dieu: c'est sur les fonds royaux -- c'est-à-dire sur l'impôt de Transeuphratène -- que les dépenses de ces gens leur seront exactement, et sans interruption, remboursées. Ce qu'il leur faut pour les holocaustes du Dieu du ciel: jeunes taureaux, béliers et agneaux, et aussi blé, sel, vin et huile, leur sera, sans négligence, quotidiennement fourni suivant les indications des prêtres de Jérusalem, pour qu'on offre au Dieu du ciel des sacrifices d'agréable odeur et qu'on prie pour la vie du roi et de ses fils. J'ordonne encore ceci: quiconque transgressera cet édit, on arrachera de sa maison une poutre: elle sera dressée et il y sera empalé; quant à sa maison, on en fera, pour ce forfait, un bourbier. Que le Dieu qui fait résider là son Nom renverse tout roi ou peuple qui entreprendraient de passer outre en détruisant ce Temple de Dieu à Jérusalem! Moi Darius, j'ai donné cet ordre. Qu'il soit ponctuellement exécuté!" Alors Tattenaï, gouverneur de Transeuphratène, Shetar-Boznaï et leurs collègues exécutèrent ponctuellement les instructions envoyées par le roi Darius. Quant aux anciens des Juifs, ils continuèrent à bâtir, avec succès, sous l'inspiration d'Aggée le prophète et de Zacharie, fils d'Iddo. Ils achevèrent la construction conformément à l'ordre du Dieu d'Israël et à l'ordre de Cyrus et de Darius. Ce Temple fut terminé le vingt-troisième jour du mois d'Adar: c'était la sixième année du règne du roi Darius. Les Israélites -- les prêtres, les lévites et le reste des exilés -- firent avec joie la dédicace de ce Temple de Dieu; ils offrirent, pour la dédicace de ce Temple de Dieu, cent taureaux,200 béliers,400 agneaux et, en sacrifice pour le péché de tout Israël, douze boucs suivant le nombre des tribus d'Israël. Puis ils installèrent les prêtres selon leurs catégories et les lévites selon leurs classes au service du Temple de Dieu, à Jérusalem, comme il est écrit dans le livre de Moïse. Les exilés célébrèrent la Pâque le quatorze du premier mois. Les lévites, comme un seul homme, s'étaient purifiés: tous étaient purs; ils immolèrent donc la pâque; pour tous les exilés, pour leurs frères les prêtres et pour eux-mêmes. Mangèrent la pâque: les Israélites qui étaient revenus d'exil et tous ceux qui, ayant rompu avec l'impureté des nations du pays, s'étaient joints à eux pour chercher Yahvé, le Dieu d'Israël. Ils célébrèrent avec joie pendant sept jours la fête des Azymes, car Yahvé les avait remplis de joie, ayant incliné vers eux le coeur du roi d'Assur, pour qu'il fortifiât leurs mains dans les travaux du Temple de Dieu, le Dieu d'Israël. Après ces événements, sous le règne d'Artaxerxès, roi de Perse, Esdras, fils de Seraya, fils de Azarya, fils de Hilqiyya, fils de Shallum, fils de Sadoq, fils d'Ahitub, fils d'Amarya, fils de Azarya, fils de Merayot, fils de Zerahya, fils de Uzzi, fils de Buqqi, fils d'Abishua, fils de Pinhas, fils d'Eléazar, fils du grand prêtre Aaron, cet Esdras monta de Babylone. C'était un scribe versé dans la Loi de Moïse, qu'avait donnée Yahvé, le Dieu d'Israël. Comme la main de Yahvé, son Dieu, était sur lui, le roi lui accorda tout ce qu'il demandait. Un certain nombre d'Israélites, de prêtres, de lévites, de chantres, de portiers et de "donnés" montèrent à Jérusalem la septième année du roi Artaxerxès. Il arriva à Jérusalem le cinquième mois: c'était la septième année du roi. Il avait en effet fixé au premier jour du premier mois son départ de Babylone et c'est le premier jour du cinquième mois qu'il parvint à Jérusalem: la main bienveillante de son Dieu était sur lui! Car Esdras avait appliqué son coeur à scruter la Loi de Yahvé, à la pratiquer et à enseigner, en Israël, les lois et les coutumes. Voici la copie du document que le roi Artaxerxès remit à Esdras, le prêtre-scribe, savant interprète des commandements de Yahvé et de ses lois concernant Israël. "Artaxerxès, le roi des rois, au prêtre Esdras, Secrétaire de la Loi du Dieu du ciel, paix parfaite. Maintenant donc, j'ai donné l'ordre que quiconque en mon royaume fait partie du peuple d'Israël, de ses prêtres ou de ses lévites et est volontaire pour aller à Jérusalem, peut partir avec toi, puisque tu es envoyé par le roi et ses sept conseillers pour inspecter Juda et Jérusalem d'après la Loi de ton Dieu, que tu as en mains, et pour porter l'argent et l'or que le roi et ses conseillers ont offerts par dévotion au Dieu d'Israël qui réside à Jérusalem, ainsi que tout l'argent et l'or que tu auras reçus dans toute la province de Babylone, avec les offrandes de dévotion que le peuple et les prêtres auront faites pour le Temple de leur Dieu à Jérusalem. Donc, avec cet argent tu auras soin d'acheter taureaux, béliers, agneaux, ainsi que les oblations et libations qui les accompagnent: tu en feras offrande sur l'autel du Temple de votre Dieu à Jérusalem; quant à l'argent et l'or qui resteront, vous les emploierez comme il vous semblera bon, à toi et à tes frères, en vous conformant à la volonté de votre Dieu. Les ustensiles qu'on t'a remis pour le service du Temple de ton Dieu, dépose-les devant ton Dieu, à Jérusalem. Ce qui serait encore nécessaire au Temple de ton Dieu et qu'il t'incomberait de lui procurer, tu le procureras du trésor royal. C'est moi-même, le roi Artaxerxès, qui donne cet ordre à tous les trésoriers de Transeuphratène: Tout ce que vous demandera le prêtre Esdras, Secrétaire de la Loi du Dieu du ciel, qu'on y fasse ponctuellement droit jusqu'à concurrence de cent talents d'argent, cent muids de blé, cent mesures de vin, cent mesures d'huile; le sel sera fourni à volonté. Tout ce qu'ordonne le Dieu du ciel doit être exécuté avec zèle pour le Temple du Dieu du ciel, de peur que la Colère ne se lève sur le royaume du roi et de ses fils. On vous informe encore qu'il est interdit de percevoir impôt, contribution, ou droit de passage sur tous les prêtres, lévites, chantres, portiers, "donnés", bref sur les servants de cette maison de Dieu. Quant à toi, Esdras, en vertu de la sagesse de ton Dieu, que tu as en mains, établis des scribes et des juges qui exercent la justice pour tout le peuple de Transeuphratène, c'est-à-dire tous ceux qui connaissent la Loi de ton Dieu. Qui ne la connaît pas, vous devrez l'en instruire. Quiconque n'observerait pas la Loi de ton Dieu -- qui est la Loi du roi --, qu'une rigoureuse justice lui soit appliquée: mort, bannissement, amende ou emprisonnement. Béni soit Yahvé, le Dieu de nos pères, qui inspira ainsi au coeur du roi de glorifier le Temple de Yahvé à Jérusalem, et qui tourna vers moi la faveur du roi, de ses conseillers et de tous les fonctionnaires royaux les plus puissants. Quant à moi, je pris courage, car la main de Yahvé mon Dieu était sur moi, et je rassemblai des chefs d'Israël, pour qu'ils partent avec moi. Voici, avec leur généalogie, les chefs de famille qui partirent avec moi de Babylone sous le règne du roi Artaxerxès. Des fils de Pinhas: Gershom; des fils d'Itamar: Daniyyel; des fils de David: Hattush, fils de Shekanya; des fils de Paréosh: Zekarya, avec qui furent enregistrés 150 mâles; des fils de Pahat-Moab: Elyehoénaï, fils de Zerahya, et avec lui 200 mâles; des fils de Zattu: Shekanya, fils de Yahaziel, et avec lui 300 mâles; des fils de Adîn: Ebed, fils de Yonatân, et avec lui 50 mâles; des fils de Elam: Yeshaya, fils d'Atalya, et avec lui 70 mâles; des fils de Shephatya: Zebadya, fils de Mikaël, et avec lui 80 mâles; des fils de Yoab: Obadya, fils de Yehiel, et avec lui 218 mâles; des fils de Bani: Shelomit, fils de Yosiphya, et avec lui 160 mâles; des fils de Bébaï: Zekarya, fils de Bébaï, et avec lui 28 mâles; des fils de Azgad: Yohanân, fils de Haqqatân, et avec lui 110 mâles; des fils d'Adoniqam: les cadets dont voici les noms: Eliphélèt, Yeïel et Shemaya, et avec eux 60 mâles; et des fils de Bigvaï: Utaï, fils de Zabud, et avec lui 70 mâles. Je les rassemblai près de la rivière qui coule vers Ahava. Nous campâmes là trois jours. J'y remarquai des laïcs et des prêtres, mais n'y trouvai aucun lévite. Alors je dépêchai Eliézer, Ariel, Shemaya, Elnatân, Yarib, Elnatân, Natân, Zekarya et Meshullam, hommes judicieux, et les mandatai auprès d'Iddo, chef en la localité de Kasiphya; je mis en leur bouche les paroles qu'ils devaient adresser à Iddo et à ses frères, fixés dans la localité de Kasiphya: nous fournir des servants pour le Temple de notre Dieu. Or, grâce à la main bienveillante de notre Dieu, qui était sur nous, ils nous fournirent un homme avisé, des fils de Mahli, fils de Lévi, fils d'Israël, Shérébya, avec ses fils et frères: dix-huit hommes; plus Hashabya et avec lui son frère Yeshaya, des fils de Merari, ainsi que leurs fils: vingt hommes. Et parmi les "donnés" que David et les chefs avaient procurés aux lévites pour les servir: 220 "donnés." Tous furent enregistrés nommément. Je proclamai là, près de la rivière d'Ahava, un jeûne: il s'agissait de nous humilier devant notre Dieu et de lui demander un heureux voyage pour nous, les personnes à notre charge et tous nos biens. Car j'aurais eu honte de réclamer au roi une troupe et des cavaliers pour nous protéger de l'ennemi pendant la route; nous avions au contraire déclaré au roi: "La main de notre Dieu s'étend favorablement sur tous ceux qui le cherchent; mais sa puissance et sa colère sont sur tous ceux qui l'abandonnent." Nous jeûnâmes donc, invoquant notre Dieu à cette intention, et il nous exauça. Je choisis douze des chefs des prêtres, en plus de Shérébya et Hashabya et avec eux dix de leurs frères; je leur pesai l'argent, l'or et les ustensiles, les offrandes que le roi, ses conseillers, ses grands et tous les Israélites se trouvant là avaient faites pour le Temple de notre Dieu. Je pesai donc et remis en leurs mains 650 talents d'argent, cent ustensiles d'argent de deux talents, cent talents d'or, vingt coupes d'or de mille dariques et deux vases d'un beau cuivre brillant, qui étaient précieux comme de l'or. Je leur déclarai: "Vous êtes consacrés à Yahvé; ces ustensiles sont sacrés; cet argent et cet or sont voués à Yahvé, le Dieu de vos pères. Veillez-y et gardez-les jusqu'à ce que vous puissiez les peser devant les chefs des prêtres et des lévites et les chefs de familles d'Israël, à Jérusalem, dans les salles du Temple de Yahvé." Prêtres et lévites prirent alors en charge l'argent, l'or et les ustensiles ainsi pesés pour les transporter à Jérusalem, au Temple de notre Dieu. Le douze du premier mois, nous quittâmes la rivière d'Ahava pour aller à Jérusalem: la main de notre Dieu était sur nous, et, sur la route, il nous protégea des attaques des ennemis et des pillards. Nous arrivâmes à Jérusalem et y restâmes trois jours au repos. Le quatrième jour, l'argent, l'or et les ustensiles furent pesés dans le Temple de notre Dieu et remis entre les mains du prêtre Merémot, fils d'Uriyya, avec qui était Eléazar, fils de Pinhas; auprès d'eux se tenaient les lévites Yozabad, fils de Josué, et Noadya, fils de Binnuï. Nombre et poids, tout y était. On enregistra le poids total. En ce temps-là, ceux qui revenaient de captivité, les exilés, offrirent des holocaustes au Dieu d'Israël: douze taureaux pour tout Israël,96 béliers,72 agneaux, douze boucs pour le péché: le tout en holocauste à Yahvé. Et l'on remit les ordonnances du roi aux satrapes royaux et aux gouverneurs de Transeuphratène, lesquels vinrent en aide au peuple et au Temple de Dieu. Cela réglé, les chefs m'abordèrent en disant: "Le peuple d'Israël, les prêtres et les lévites n'ont point rompu avec les peuples des pays plongés dans leurs abominations -- Cananéens, Hittites, Perizzites, Jébuséens, Ammonites, Moabites, Egyptiens et Amorites! -- mais, pour eux et pour leurs fils, ils ont pris femmes parmi leurs filles: la race sainte s'est mêlée aux peuples des pays: chefs et magistrats, les premiers, ont participé à cette infidélité!" A cette nouvelle, je déchirai mon vêtement et mon manteau, m'arrachai les cheveux et les poils de barbe et m'assis accablé. Tous ceux qui tremblaient aux paroles du Dieu d'Israël se rassemblèrent autour de moi, devant cette infidélité des exilés. Quant à moi, je restai assis, accablé, jusqu'à l'oblation du soir. A l'oblation du soir, je sortis de ma prostration; vêtement et manteau déchirés, je tombai à genoux, étendis les mains vers Yahvé, mon Dieu, et dis: "Mon Dieu, j'ai honte et je rougis de lever mon visage vers toi, mon Dieu. Car nos iniquités se sont multipliées jusqu'à dépasser nos têtes, et nos fautes se sont amoncelées jusqu'au ciel. Depuis les jours de nos pères jusqu'à ce jour, nous sommes grandement coupables: pour nos iniquités nous fûmes livrés, nous, nos rois et nos prêtres, aux mains des rois des pays, à l'épée, à la captivité, au pillage et à la honte, comme c'est le cas aujourd'hui. Mais à présent, pour un bref moment, Yahvé notre Dieu nous a fait une grâce en nous conservant des rescapés et en nous accordant de nous fixer dans son lieu saint: ainsi notre Dieu a-t-il illuminé nos yeux et nous a-t-il donné quelque répit en notre servitude. Car nous sommes esclaves; mais dans notre servitude notre Dieu ne nous a point abandonnés: il nous a concilié la faveur des rois de Perse, nous accordant un répit pour que nous puissions relever le Temple de notre Dieu et restaurer ses ruines, et nous procurant un abri sûr en Juda et à Jérusalem. Mais maintenant, notre Dieu, que pourrons-nous dire, après cela? Car nous avons abandonné tes commandements, que, par tes serviteurs les prophètes, tu avais prescrits en ces termes: Le pays où vous entrez pour en prendre possession est un pays souillé par la souillure des peuples des pays, par les abominations dont ils l'ont infesté d'un bout à l'autre avec leurs impuretés. Eh bien! ne donnez pas vos filles à leurs fils et ne prenez pas leurs filles pour vos fils; ne vous souciez jamais de leur paix ni de leur bonheur, afin que vous deveniez forts, que vous mangiez les meilleurs fruits du pays et le laissiez en patrimoine à vos fils pour toujours. Or après tout ce qui nous est advenu par nos actions mauvaises et notre grande faute -- bien que, ô notre Dieu, tu aies réduit le poids de nos iniquités et nous aies laissé les rescapés que voici! -- pourrions-nous encore violer tes commandements et nous allier à ces gens abominables? Ne t'irriterais-tu pas jusqu'à nous détruire, sans que subsiste un reste et des rescapés? Yahvé, Dieu d'Israël, tu es juste car nous sommes restés un groupe de rescapés, comme c'est le cas aujourd'hui. Nous voici devant toi avec notre faute! Oui, il est impossible à cause de cela de subsister en ta présence!" Comme Esdras, pleurant et prosterné devant le Temple de Dieu, faisait cette prière et cette confession, une immense assemblée d'Israël, hommes, femmes et enfants, s'était réunie autour de lui, et le peuple pleurait abondamment. Alors Shekanya, fils de Yehiel, l'un des fils d'Elam, prenant la parole, dit à Esdras: "Nous avons trahi notre Dieu en épousant des femmes étrangères, prises parmi les peuples du pays. Eh bien! malgré cela, il y a encore un espoir pour Israël. Nous allons prendre devant notre Dieu l'engagement solennel de renvoyer toutes nos femmes étrangères et les enfants qui en sont nés, nous conformant au conseil de Monseigneur et de ceux qui tremblent au commandement de notre Dieu. Que l'on agisse selon la Loi! Lève-toi! cette affaire te regarde, mais nous serons à tes côtés. Courage et à l'oeuvre!" Alors Esdras se leva et fit jurer aux chefs des prêtres et des lévites et à tout Israël qu'ils agiraient comme il avait été dit. On jura. Esdras quitta le devant du Temple de Dieu et se rendit à la salle de Yohanân, fils d'Elyashib, où il passa la nuit sans manger de pain ni boire d'eau, car il était dans le deuil à cause de l'infidélité des exilés. On fit publier en Juda et à Jérusalem, à l'adresse de tous les exilés, qu'ils eussent à se réunir à Jérusalem: quiconque n'y viendrait pas dans les trois jours -- tel fut l'avis des chefs et des anciens -- verrait tout son bien voué à l'anathème et serait lui-même exclu de la communauté des exilés. Tous les hommes de Juda et de Benjamin s'assemblèrent donc à Jérusalem dans les trois jours: ce fut le neuvième mois, au vingtième jour du mois; tout le peuple s'installa sur la place du Temple de Dieu, tremblant à cause de cette affaire et parce qu'il pleuvait à verse. Alors le prêtre Esdras se leva et leur déclara: "Vous avez commis une infidélité en épousant des femmes étrangères: ainsi avez-vous ajouté à la faute d'Israël! Mais à présent rendez grâce à Yahvé, le Dieu de vos pères, et accomplissez sa volonté en vous séparant des peuples du pays et des femmes étrangères." Toute l'assemblée répondit à forte voix: "Oui, notre devoir est d'agir suivant tes consignes! Mais le peuple est nombreux et c'est la saison des pluies: il n'y a pas moyen de rester dehors; de plus ce n'est pas une entreprise d'un jour ou deux, car nous sommes nombreux à avoir été rebelles en cette matière. Que nos chefs représentent l'assemblée entière: tous ceux qui dans nos villes ont épousé des femmes étrangères viendront aux dates assignées, accompagnés des anciens et des juges de chaque ville, jusqu'à ce que nous ayons détourné la fureur de notre Dieu, motivée par cette affaire." Seuls Yonatân, fils d'Asahel, et Yahzeya, fils de Tiqva, firent opposition à cette procédure, soutenus par Meshullam et le lévite Shabtaï. Les exilés agirent comme on l'avait proposé. Le prêtre Esdras se choisit des chefs de famille, selon leurs maisons, tous nommément désignés. Ils commencèrent à siéger le premier jour du dixième mois pour examiner les cas. Et le premier jour du premier mois, ils en eurent fini avec tous les hommes qui avaient épousé des femmes étrangères. Parmi les prêtres, voici ceux que l'on trouva avoir épousé des femmes étrangères: parmi les fils de Josué, fils de Yoçadaq, et parmi ses frères: Maaséya, Eliézer, Yarib et Gedalya; ils s'engagèrent par serment à renvoyer leurs femmes et, pour leur faute, ils offrirent un bélier en sacrifice de réparation. Parmi les fils d'Immer: Hanani et Zebadya; parmi les fils de Harim: Maaséya, Eliyya, Shemaya, Yehiel et Uziyya; parmi les fils de Pashehur: Elyoénaï, Maaséya, Yishmaël, Netanéel, Yozabad et Eléasa. Parmi les lévites: Yozabad, Shiméï, Qélaya -- le même que Qelita --, Petahya, Yehuda et Eliézer. Parmi les chantres: Elyashib et Zakkur. Parmi les portiers: Shallum, Télem et Uri. Et parmi les Israélites: des fils de Paréosh: Ramya, Yizziyya, Malkiyya, Miyyamîn, Eléazar, Malkiyya et Benaya; des fils d'Elam: Mattanya, Zekarya, Yehiel, Abdi, Yerémot et Eliyya; des fils de Zattu: Elyoénaï, Elyashib, Mattanya, Yerémot, Zabad et Aziza; des fils de Bébaï: Yohanân, Hananya Zabbaï, Atlaï; des fils de Bigvaï: Meshullam, Malluk, Yedaya, Yashub, Yishal, Yerémot; des fils de Pahat-Moab: Adna, Kelal, Benaya, Maaséya, Mattanya, Beçaléel, Binnuï et Menassé; des fils de Harim: Eliézer, Yishshiyya, Malkiyya, Shemaya, Shiméôn, Binyamîn, Malluk, Shemarya; des fils de Hashum: Mattenaï, Mattatta, Zabad, Eliphélèt, Yerémaï, Menassé, Shiméï; des fils de Bani: Maadaï, Amram, Yoël, Benaya, Bédya, Kelaya, Vanya, Merémot, Elyashib, Mattanya, Mattenaï et Yaasaï; des fils de Binnuï: Shiméï, Shélémya, Natân et Adaya; des fils de Zakkaï: Shashaï, Sharaï, Azaréel, Shélémya, Shemarya, Shallum, Amarya, Yoseph; des fils de Nebo: Yeïel, Mattitya, Zabad, Zebina, Yaddaï, Yoël, Benaya. Ceux-là avaient tous pris des femmes étrangères: ils les renvoyèrent, femmes et enfants. Paroles de Néhémie, fils de Hakalya. Au mois de Kisleu, la vingtième année, comme je me trouvais dans la citadelle de Suse, Hanani, l'un de mes frères, arriva avec des gens de Juda. Je les interrogeai sur les Juifs - les rescapés restés de la captivité - et sur Jérusalem. Ils me répondirent: "Ceux qui sont restés de la captivité, là-bas dans la province, sont en grande détresse et dans la confusion, il y a des brèches dans le rempart de Jérusalem et ses portes ont été incendiées." A ces mots, je m'assis et pleurai; je fus plusieurs jours dans le deuil, jeûnant et priant devant le Dieu du ciel. Et je dis: "Ah! Yahvé, Dieu du ciel, toi, le Dieu grand et redoutable qui garde l'alliance et la grâce à ceux qui t'aiment et observent ses commandements, que ton oreille soit attentive, et tes yeux ouverts, pour écouter la prière de ton serviteur. Je te l'adresse maintenant, jour et nuit, pour les Israélites, tes serviteurs, et je confesse les péchés des Israélites que nous avons commis contre toi: moi-même et la maison de mon père, nous avons péché! Nous avons très mal agi envers toi, n'observant pas les commandements, lois et coutumes que tu avais prescrits à Moïse, ton serviteur. Souviens-toi cependant de la parole que tu prescrivis à Moïse ton serviteur: Si vous êtes infidèles, je vous disperserai parmi les peuples; mais si, revenant à moi, vous observez mes commandements et les pratiquez, vos bannis seraient-ils à l'extrémité des cieux, je les en rassemblerais et les ramènerais au Lieu que j'ai choisi pour y faire habiter mon Nom. Ils sont tes serviteurs et ton peuple que tu as rachetés par ta grande puissance et à la force de ton bras! Ah! Seigneur, que ton oreille soit attentive à la prière de ton serviteur, à la prière de tes serviteurs, qui se plaisent à craindre ton Nom. Je t'en supplie, accorde maintenant le succès à ton serviteur et obtiens-lui bon accueil devant cet homme." J'étais alors échanson du roi. Au mois de Nisan, la vingtième année du roi Artaxerxès, comme j'étais chargé du vin, je pris le vin et l'offris au roi. Je n'avais, auparavant, jamais été triste. Aussi le roi me dit-il: "Pourquoi ce triste visage? Tu n'es pourtant pas malade? Non, c'est assurément une affliction du coeur!" Je fus pris d'une vive appréhension et dis au roi: "Que le roi vive à jamais! Comment mon visage ne serait-il pas triste quand la ville où sont les tombeaux de mes pères est en ruines et ses portes dévorées par le feu?" Et le roi de me dire: "Quelle est donc ta requête?" J'invoquai le Dieu du ciel et répondis au roi: "S'il plaît au roi et que tu sois satisfait de ton serviteur, laisse-moi aller en Juda, dans la ville des tombeaux de mes pères, que je la reconstruise." Le roi me demanda - la reine était alors assise à ses côtés -: "Jusques à quand durera ton voyage? Quand reviendras-tu?" Je lui fixai une date, qui convint au roi, et il m'autorisa à partir. Je dis encore au roi: "S'il plaît au roi, qu'on me donne des lettres pour les gouverneurs de Transeuphratène, afin qu'ils me laissent passer jusqu'à ce que j'arrive en Juda; et aussi une lettre pour Asaph, l'inspecteur du parc royal, afin qu'il me fournisse du bois de construction pour les portes de la citadelle du Temple, le rempart de la ville et la maison où j'habiterai." Le roi me l'accorda, car la main bienveillante de mon Dieu était sur moi. Je me rendis donc chez les gouverneurs de Transeuphratène et leur remis les lettres du roi. Le roi m'avait fait escorter par des officiers de l'armée et des cavaliers. Quand Sânballat, le Horonite, et Tobiyya, le fonctionnaire ammonite, furent informés, ils se montrèrent fort contrariés qu'un homme fût venu travailler au bien des Israélites. Arrivé à Jérusalem, j'y restai trois jours. Puis je me levai, de nuit, accompagné de quelques hommes, sans avoir confié à personne ce que mon Dieu m'avait inspiré d'accomplir pour Jérusalem, et sans avoir avec moi d'autre animal que ma propre monture. La nuit donc, sortant par la porte de la Vallée, je me rendis devant la fontaine du Dragon, puis à la porte du Fumier: je fis l'inspection du rempart de Jérusalem, où il y avait des brèches et dont les portes avaient été incendiées. Je poursuivis mon chemin vers la porte de la Fontaine et l'étang du Roi, et ne trouvai plus de passage pour la bête que je chevauchais. Je remontai donc de nuit par le ravin, inspectant toujours le rempart, et rentrai par la porte de la Vallée. Je m'en revins ainsi, sans que les conseillers sachent où j'étais allé ni ce que je faisais. Jusqu'ici je n'avais rien communiqué aux Juifs: ni aux prêtres, ni aux grands, ni aux magistrats, ni aux autres responsables; je leur dis alors: "Vous voyez la détresse où nous sommes: Jérusalem est en ruines, ses portes sont incendiées. Venez! reconstruisons le rempart de Jérusalem, et nous ne serons plus insultés!" Et je leur exposai comment la main bienveillante de mon Dieu avait été sur moi, leur rapportant aussi les paroles que le roi m'avait dites. "Levons-nous! s'écrièrent-ils, et construisons!" et ils affermirent leurs mains pour ce bel ouvrage. A ces nouvelles, Sânballat, le Horonite, Tobiyya, le fonctionnaire ammonite, et Géshem, l'Arabe, se moquèrent de nous et nous regardèrent avec mépris en disant: "Que faites-vous là? Allez-vous vous révolter contre le roi?" Mais je leur répliquai en ces termes: "C'est le Dieu du ciel qui nous fera réussir. Nous, ses serviteurs, nous allons nous mettre à construire. Quant à vous, vous n'avez ni part, ni droit, ni souvenir dans Jérusalem." Elyashib, le grand prêtre, et ses frères les prêtres se levèrent et construisirent la porte des Brebis; ils en firent la charpente, fixèrent ses battants, verrous et barres, et continuèrent jusqu'à la tour des Cent et jusqu'à la tour de Hananéel. A leur suite, construisirent les gens de Jéricho; à leur suite, construisit Zakkur, fils d'Imri. Les fils de Ha-Senaa construisirent la porte des Poissons; ils en firent la charpente, fixèrent ses battants, verrous et barres. A leur suite répara Merémot, fils d'Uriyya, fils d'Haqqoç; à sa suite répara Meshullam, fils de Bérékya, fils de Meshèzabéel; à sa suite répara Sadoq, fils de Baana. A sa suite réparèrent les gens de Teqoa, mais leurs notables refusèrent de mettre leur nuque au service de leurs seigneurs. Quant à la porte du Quartier neuf, Yoyada, fils de Paséah, et Meshullam, fils de Besodya, la réparèrent; ils en firent la charpente, fixèrent ses battants, verrous et barres. A leur suite, réparèrent Melatya de Gabaôn et Yadôn de Méronot, ainsi que les gens de Gabaôn et de Miçpa, pour le compte du gouverneur de Transeuphratène. A leur suite répara Uzziel, membre de la corporation des orfèvres, et à sa suite répara Hananya, de la corporation des parfumeurs: ils renforcèrent Jérusalem jusqu'à la muraille large. A leur suite répara Rephaya, fils de Hur, chef de la moitié du district de Jérusalem. A leur suite répara Yedaya, fils de Harumaph, devant sa maison; à sa suite répara Hattush, fils de Hashabnéya. Malkiyya, fils de Harim, et Hashshub, fils de Pahat-Moab, réparèrent le secteur suivant jusqu'à la tour des Fours. A leur suite répara Shallum, fils de Hallohesh, chef de la moitié du district de Jérusalem, lui et ses fils. Quant à la porte de la Vallée, Hanûn et les habitants de Zanoah la réparèrent: ils la construisirent, fixèrent ses battants, verrous et barres et firent mille coudées de mur, jusqu'à la porte du Fumier. Quant à la porte du Fumier, Malkiyya, fils de Rékab, chef du district de Bet-ha-Kérem, la répara, lui et ses fils: il fixa ses battants, verrous et barres. Quant à la porte de la Fontaine, Shallum, fils de Kol-Hozé, chef du district de Miçpa, la répara: il la construisit, la couvrit, fixa ses battants, verrous et barres. Il refit aussi le mur de la citerne de Siloé, jouxtant le jardin du roi, jusqu'aux escaliers qui descendent de la Cité de David. Après lui Néhèmya, fils d'Azbuq, chef de la moitié du district de Bet-Cur, répara jusqu'en face des tombeaux de David, jusqu'à la citerne construite et jusqu'à la Maison des Preux. Après lui, les lévites réparèrent: Rehum, fils de Bani; à sa suite répara Hashabya, chef de la moitié du district de Qéïla, pour son district; à sa suite réparèrent leurs frères: Binnuï, fils de Hénadad, chef de la moitié du district de Qéïla; à sa suite Ezer, fils de Yéshua, chef de Miçpa, répara un autre secteur, en face de la montée de l'Arsenal, à l'Encoignure. Après lui Baruk, fils de Zabbaï, répara un autre secteur, depuis l'Encoignure jusqu'à la porte de la maison d'Elyashib, le grand prêtre. Après lui Merémot, fils d'Uriyya, fils d'Haqqoç, répara un autre secteur, depuis l'entrée de la maison d'Elyashib jusqu'à son extrémité. Après lui les prêtres qui habitaient le district travaillèrent aux réparations. Après eux Binyamîn et Hashshub réparèrent en face de leurs maisons. Après eux Azarya, fils de Maaséya, fils d'Ananya, répara à côté de sa maison. Après lui Binnuï, fils de Hénadad, répara un autre secteur, depuis la maison d'Azarya jusqu'à l'Encoignure et à l'Angle. Après lui Palal, fils d'Uzaï, répara vis-à-vis de l'Encoignure et de la tour qui fait saillie sur le Palais royal supérieur et est située dans la cour de la prison. Après lui Pedaya, fils de Paréosh, répara jusque devant la porte des Eaux, vers l'orient et jusqu'à la tour saillante. Après lui les gens de Teqoa réparèrent un autre secteur, vis-à-vis de la grande tour en saillie jusqu'au mur de l'Ophel. A partir de la porte des Chevaux, les prêtres travaillèrent aux réparations, chacun en face de sa maison. Après eux Sadoq, fils d'Immer, répara en face de sa maison. Après lui répara Shemaya, fils de Shekanya, gardien de la porte de l'Orient. Après lui Hananya, fils de Shélémya, et Hanûn, sixième fils de Calaph, réparèrent un autre secteur. Après lui Meshullam, fils de Bérékya, répara vis-à-vis de son habitation. Après lui Malkiyya, de la corporation des orfèvres, répara jusqu'à la demeure des "donnés" et des commerçants, en face de la porte de la Surveillance, jusqu'à la salle haute de l'Angle. Et entre la salle haute de l'Angle et la porte des Brebis, les orfèvres et les commerçants réparèrent. Lorsque Sânballat apprit que nous reconstruisions le rempart, il se mit en colère et se montra fort irrité. Il se moqua des Juifs, et s'écria devant ses frères et devant l'aristocratie de Samarie: "Qu'entreprennent là ces misérables Juifs?... Vont-ils y renoncer? Ou sacrifier? Ou en finir en un jour? Feront-ils revivre ces pierres, tirées de monceaux de décombres et même calcinées?" Tobiyya l'Ammonite se tenait à ses côtés; il dit: "Pour ce qu'ils construisent, si un chacal y montait, il démolirait leur muraille de pierres!" Ecoute, ô notre Dieu, comme nous voilà méprisés! Fais retomber leurs insultes sur leur tête. Livre-les au mépris en un pays de captivité! Ne pardonne point leur iniquité et que leur péché ne soit pas effacé devant toi: car ils ont offensé les bâtisseurs! Or nous rebâtissions le rempart qui fut réparé tout entier jusqu'à mi-hauteur. Le peuple avait le coeur à l'ouvrage. Lorsque Sânballat, Tobiyya, les Arabes, les Ammonites et les Ashdodites apprirent que les réparations du rempart de Jérusalem avançaient - que les brèches commençaient à être comblées -, ils se mirent fort en colère; ils se jurèrent tous mutuellement de venir attaquer Jérusalem et de me confondre. Nous invoquâmes alors notre Dieu et, pour protéger la ville, nous établîmes contre eux une garde de jour et de nuit. Juda disait néanmoins: "Les forces des porteurs fléchissent, il y a trop de décombres: nous n'arriverons jamais à relever le rempart!" Et nos ennemis déclaraient "Avant qu'ils ne sachent et ne voient rien, nous surgirons au milieu d'eux: alors nous les massacrerons et mettrons fin à l'entreprise!" Or il arrivait des Juifs qui habitaient près d'eux et qui dix fois nous avertirent: "Ils montent contre nous de toutes les localités qu'ils habitent!" On se posta donc en contrebas, dans l'espace derrière le rempart, aux endroits découverts; je disposai le peuple par familles, avec ses épées, ses lances et ses arcs. Voyant leur peur, je me levai et fis aux grands, aux magistrats et au reste du peuple cette déclaration: "Ne craignez pas ces gens! Pensez au Seigneur, grand et redoutable, et combattez pour vos frères, vos fils, vos filles, vos femmes et vos maisons! Quand nos ennemis apprirent que nous étions renseignés et que Dieu avait déjoué plan, ils se retirèrent et nous retournâmes tous au rempart, chacun à son travail. Mais, à partir de ce jour, la moitié seulement de mes hommes participaient au travail, les autres, munis de lances, de boucliers, d'arcs et de cuirasses, se tenaient derrière toute la maison de Juda qui bâtissait le rempart. Les porteurs aussi étaient armés: d'une main chacun assurait son travail, l'autre main serrant un javelot. Chacun des bâtisseurs, tandis qu'il travaillait, portait son épée attachée aux reins. Un sonneur de cor se tenait à mon côté. Je dis aux grands, aux magistrats et au reste du peuple: "Le chantier est important et étendu et nous sommes dispersés sur le rempart, loin les uns des autres: rassemblez-vous autour de nous à l'endroit d'où vous entendrez le son du cor, et notre Dieu combattra pour nous." Ainsi menions-nous le travail depuis le lever de l'aurore jusqu'à l'apparition des étoiles. En ce temps-là, je dis encore au peuple: "Chacun, avec son serviteur, devra passer la nuit à Jérusalem: de la sorte, nous utiliserons la nuit pour la surveillance et le jour pour le travail." Mais ni moi, ni mes frères, ni mes gens, ni les hommes de garde qui me suivaient ne quittions nos vêtements; chacun gardait son javelot à sa droite. Une grande plainte s'éleva parmi les gens du peuple et leurs femmes contre leurs frères juifs. Les uns disaient: "Nous devons donner en gage nos fils et nos filles pour recevoir du blé, manger et vivre." D'autres disaient: "Nous devons engager nos champs, nos vignes et nos maisons pour recevoir du blé pendant la famine." D'autres encore disaient: "Pour acquitter l'impôt roi, nous avons dû emprunter de l'argent sur nos champs et nos vignes; et alors que nous avons la même chair que nos frères, que nos enfants valent les leurs, nous devons livrer en esclavage nos fils et nos filles; il en est, parmi nos filles, qui sont asservies! Nous n'y pouvons rien, puisque nos champs et nos vignes sont déjà à d'autres." Je me mis fort en colère quand j'entendis leur plainte et ces paroles. Ayant délibéré en moi-même, je tançai les grands et les magistrats en ces termes: "Quel fardeau chacun de vous impose à son frère!" Et convoquant contre eux une grande assemblée, je leur dis: "Nous avons, dans la mesure de nos moyens, racheté nos frères juifs qui s'étaient vendus aux nations. Et c'est vous maintenant qui vendez vos frères pour que nous les rachetions!" Ils gardèrent le silence et ne trouvèrent rien à répliquer. Je poursuivis: "Ce que vous faites là n'est pas bien. Ne voulez-vous pas marcher dans la crainte de notre Dieu, pour éviter les insultes des nations, nos ennemies? Moi aussi, mes frères et mes gens, nous leur avons prêté de l'argent et du blé. Eh bien! faisons abandon de cette dette. Restituez-leur sans délai leurs champs, leurs vignes, leurs oliviers et leurs maisons, et remettez-leur la dette de l'argent, du blé, du vin et de l'huile que vous leur avez prêtés." Ils répondirent: "Nous restituerons; nous n'exigerons plus rien d'eux; nous agirons comme tu l'as dit." Puis je secouai le pli de mon vêtement en disant: "Que Dieu secoue de la sorte, hors de sa maison et de son bien, tout homme qui ne tiendra pas cette parole: qu'il soit ainsi secoué et vidé!" Et toute l'assemblée répondit: "Amen!" et loua Yahvé. Et le peuple agit suivant cet engagement. Bien plus, depuis le jour où le roi m'institua gouverneur au pays de Juda, de la vingtième à la trente-deuxième année du roi Artaxerxès, pendant douze ans, moi et mes frères n'avons jamais mangé la provende du gouverneur. Or les anciens gouverneurs, qui m'ont précédé, pressuraient le peuple: ils lui prenaient chaque jour, pour la provende,40 sicles d'argent; leurs serviteurs aussi opprimaient le peuple. Moi au contraire je n'ai jamais agi de la sorte, par crainte de Dieu. Je me suis également appliqué au travail de ce rempart, bien que je ne fusse propriétaire d'aucun champ! Tous mes gens étaient là, réunis à la tâche. A ma table mangeaient les grands et les magistrats, au nombre de 150, sans compter ceux qui nous venaient des nations environnantes. Quotidiennement on apprêtait à mes frais un boeuf, six moutons de choix et des volailles; tous les dix jours, on apportait quantité d'outres de vin. Malgré cela, je n'ai jamais réclamé la provende du gouverneur, car sur ce peuple pesait un lourd service. Souviens-toi, mon Dieu, en ma faveur, de tout ce que j'ai fait pour ce peuple! Quand Sânballat, Tobiyya, Géshem l'Arabe et nos autres ennemis eurent appris que j'avais reconstruit le rempart et qu'il n'y restait plus une brèche - à cette date toutefois je n'avais pas encore fixé les battants aux portes -, Sânballat et Géshem m'expédièrent ce message: "Viens, rencontrons-nous à Ha-Kephirim, dans la vallée d'Ono." Mais ils méditaient de me faire du mal. Je leur envoyai donc des messagers avec cette réponse: "Je suis occupé à un grand travail et ne puis descendre: pourquoi le travail s'arrêterait-il, quand je le quitterais pour descendre vers vous?" Quatre fois ils m'adressèrent la même invitation et je leur retournai la même réponse. Alors, une cinquième fois, Sânballat m'envoya son serviteur, porteur d'une lettre ouverte où il était écrit: "On entend dire parmi les nations - et Gashmu confirme - que toi et les Juifs songeriez à un soulèvement; c'est pourquoi tu construirais le rempart; et c'est toi qui deviendrais leur roi; tu aurais même mis en place des prophètes pour proclamer à ton profit dans Jérusalem: Il y a un roi en Juda! Maintenant ces bruits-là vont parvenir aux oreilles du roi: aussi, viens, que nous tenions conseil ensemble." Mais je lui fis répondre: "Rien n'est arrivé de semblable à ce que tu affirmes et ce n'est qu'une invention de ton coeur!" Car ils voulaient tous nous effrayer, se disant: "Leurs mains se lasseront de l'entreprise et elle ne sera jamais exécutée." Or, au contraire je fortifiais mes mains! Un jour j'étais allé chez Shemaya, fils de Delaya, fils de Mehétabéel, qui se trouvait empêché. Il prononça: "Rendons-nous au Temple de Dieu, à l'intérieur du sanctuaire: fermons bien les portes du sanctuaire, car on va venir pour te tuer, oui, cette nuit, on viendra te tuer!" Mais je répondis: "Un homme comme moi, prendre la fuite? Et quel est l'homme de mon état qui pénétrerait dans le sanctuaire pour sauver sa vie? Non, je n'irai pas!" Je reconnus que ce n'était pas Dieu qui l'avait envoyé, mais il avait prononcé sur moi cet oracle parce que Tobiyya l'avait acheté, pour que, pris de frayeur, j'agisse de la sorte et en vienne à pécher; cela leur servirait à me faire une mauvaise réputation et ils pourraient m'outrager! Souviens-toi, mon Dieu, de Tobiyya, pour ce qu'il a commis; et aussi de Noadya, la prophétesse, et des autres prophètes qui voulurent m'effrayer. Le rempart fut achevé le 25 Elul, en 52 jours. Quand tous nos ennemis l'apprirent et que toutes les nations autour de nous l'eurent vu, ce fut une grande merveille à leurs yeux et ils reconnurent que ce travail avait été accompli grâce à notre Dieu. A cette même époque, les grands de Juda multipliaient leurs lettres à l'adresse de Tobiyya et celles de Tobiyya leur parvenaient; car il avait en Juda beaucoup d'alliés, étant le gendre de Shekanya, fils d'Ara, et son fils Yohanân ayant pris pour femme la fille de Meshullam, fils de Bérékya. Ils vantaient même, en ma présence, ses bonnes actions et lui rapportaient mes paroles. Et Tobiyya envoyait des lettres pour m'effrayer. Quand le rempart fut reconstruit et que j'eus fixé les battants, les portiers (les chantres et les lévites) furent installés. Je confiai l'administration de Jérusalem à Hanani, mon frère, et à Hananya, commandant de la citadelle, car c'était un homme de confiance et qui craignait Dieu plus que beaucoup d'autres; je leur dis: "Les portes de Jérusalem ne seront ouvertes que lorsque le soleil commencera à chauffer; et il sera encore haut quand on devra clore et verrouiller les battants; on établira des piquets de garde pris parmi les habitants de Jérusalem, chacun à son poste, et chacun devant sa maison." La ville était spacieuse et grande, mais ne comptait qu'une faible population et il n'y avait pas de familles constituées. Aussi mon Dieu m'inspira-t-il de rassembler les grands, les magistrats et le peuple pour en faire le recensement généalogique. Je mis la main sur le registre généalogique de ceux qui étaient revenus au début, et j'y trouvai consigné: Voici les gens de la province qui revinrent de la captivité et de l'exil. Après avoir été déportés par Nabuchodonosor, roi de Babylone, ils retournèrent à Jérusalem et en Juda, chacun dans sa ville. Ils arrivèrent avec Zorobabel, Josué, Néhémie, Azarya, Raamya, Nahamani, Mordokaï, Bilshân, Mispérèt, Bigvaï, Nehum, Baana. Nombre des hommes du peuple d'Israël: les fils de Paréosh: 2.172; les fils de Shephatya: 372; les fils d'Arah: 652; les fils de Pahat-Moab, c'est-à-dire les fils de Josué et de Yoab: 2.818; les fils de Elam: 1.254; les fils de Zattu: 845; les fils de Zakkaï: 760; les fils de Binnuï: 648; les fils de Bébaï: 628; les fils de Azgad: 2.322; les fils d'Adoniqam: 667; les fils de Bigvaï: 2.067; les fils de Adîn: 655; les fils d'Ater, c'est-à-dire de Hizqiyya: 98; les fils de Hashum: 328; les fils de Béçaï: 324; les fils de Hariph: 112; les fils de Gabaôn: 95; les hommes de Bethléem et de Netopha: 188; les hommes d'Anatot: 128; les hommes de Bet-Azmavèt: 42; les hommes de Qiryat-Yéarim, Kephira et Béérot: 743; les hommes de Rama et Géba: 621; les hommes de Mikmas: 122; les hommes de Béthel et de Aï: 123; les hommes de l'autre Nebo: 52; les fils de l'autre Elam: 1.254; les fils de Harim: 320; les fils de Jéricho: 345; les fils de Lod, Hadid et Ono: 721; les fils de Senaa: 3.930. Les prêtres: les fils de Yedaya, c'est-à-dire la maison de Josué: 973; les fils d'Immer: 1.052; les fils de Pashehur: 1.247; les fils de Harim: 1.017. Les lévites: les fils de Josué, c'est-à-dire Qadmiel, les fils de Hodva: 74. Les chantres: les fils d'Asaph: 148. Les portiers: les fils de Shallum, les fils d'Ater, les fils de Talmôn, les fils de Aqqub, les fils de Hatita, les fils de Shobaï: 138. Les "donnés": les fils de Ciha, les fils de Hasupha, les fils de Tabbaot, les fils de Qéros, les fils de Sia, les fils de Padôn, les fils de Lebana, les fils de Hagaba, les fils de Shalmaï, les fils de Hanân, les fils de Giddel, les fils de Gahar, les fils de Reaya, les fils de Reçîn, les fils de Neqoda, les fils de Gazzam, les fils d'Uzza, les fils de Paséah, les fils de Bésaï, les fils des Méûnites, les fils des Nephusites, les fils de Baqbuq, les fils de Haqupha, les fils de Harhur, les fils de Baçlit, les fils de Mehida, les fils de Harsha, les fils de Barqos, les fils de Sisra, les fils de Témah, les fils de Neçiah, les fils de Hatipha. Les fils des esclaves de Salomon: les fils de Sotaï, les fils de Sophérèt, les fils de Perida, les fils de Yaala, les fils de Darqôn, les fils de Giddel, les fils de Shephatya, les fils de Hattil, les fils de Pokérèt-ha-Cebayim, les fils d'Amôn. Total des "donnés" et des fils des esclaves de Salomon: 392. Les gens suivants, qui venaient de Tel-Mélah, Tel-Harsha, Kerub, Addôn et Immer, ne purent faire connaître si leur famille et leur race étaient d'origine israélite: les fils de Delaya, les fils de Tobiyya, les fils de Neqoda: 642. Et parmi les prêtres, les fils de Hobayya, les fils d'Haqqoç, les fils de Barzillaï - celui-ci avait pris pour femme l'une des filles de Barzillaï, le Galaadite, dont il adopta le nom. Ceux-là recherchèrent leur registre généalogique mais on ne le trouva pas: on les écarta donc du sacerdoce comme impurs, et Son Excellence leur interdit de manger des aliments sacrés jusqu'à ce qu'un prêtre se levât pour l'Urim et le Tummim. L'assemblée tout entière se montait à 42.360 individus, sans compter leurs esclaves et servantes au nombre de 7.337. Ils avaient aussi 245 chanteurs et chanteuses. On comptait 435 chameaux et 6.720 ânes. Un certain nombre de chefs de famille firent des dons pour les travaux. Son Excellence versa au trésor mille drachmes d'or,50 coupes et 30 tuniques sacerdotales. Des chefs de famille versèrent au trésor des travaux 20.000 drachmes d'or et 2.200 mines d'argent. Quant aux dons faits par le reste du peuple, ils se montèrent à 20.000 drachmes d'or,2.000 mines d'argent et 67 tuniques sacerdotales. Prêtres, lévites et une partie du peuple s'installèrent à Jérusalem; portiers, chantres, "donnés" dans leurs villes, et tous les autres Israélites dans leurs villes. Or quand arriva le septième mois - les enfants d'Israël étant ainsi dans leurs villes. Tout le peuple se rassembla comme un seul homme sur la place située devant la porte des Eaux. Ils dirent au scribe Esdras d'apporter le livre de la Loi de Moïse, que Yahvé avait prescrite à Israël. Alors le prêtre Esdras apporta la Loi devant l'assemblée, qui se composait des hommes, des femmes et de tous ceux qui avaient l'âge de raison. C'était le premier jour du septième mois. Sur la place située devant la porte des Eaux, il lut dans le livre, depuis l'aube jusqu'à midi, en présence des hommes, des femmes et de ceux qui avaient l'âge de raison: tout le peuple tendait l'oreille au livre de la Loi. Le scribe Esdras se tenait sur une estrade de bois, construite pour la circonstance; près de lui se tenaient: à sa droite, Mattitya, Shéma, Anaya, Uriyya, Hilqiyya et Maaséya, et, à sa gauche, Pedaya, Mishaël, Malkiyya, Hashum, Hashbaddana, Zekarya et Meshullam. Esdras ouvrit le livre au regard de tout le peuple - car il dominait tout le peuple - et, quand il l'ouvrit, tout le peuple se mit debout. Alors Esdras bénit Yahvé, le grand Dieu; tout le peuple, mains levées, répondit: "Amen! Amen", puis ils s'inclinèrent et se prosternèrent devant Yahvé, le visage contre terre. (Josué, Bani, Shérébya, Yamîn, Aqqub, Shabtaï, Hodiyya, Maaséya, Qelita, Azarya, Yozabad, Hanân, Pelaya, qui étaient lévites, expliquaient la Loi au peuple, pendant que le peuple demeurait debout.) Et Esdras lut dans le livre de la Loi de Dieu, traduisant et donnant le sens: ainsi l'on comprenait la lecture. Alors (Son Excellence Néhémie et) Esdras, le prêtre-scribe (et les lévites qui instruisaient le peuple) dit à tout le peuple: "Ce jour est saint pour Yahvé, votre Dieu! Ne soyez pas tristes, ne pleurez pas!" Car tout le peuple pleurait en entendant les paroles de la Loi. Il leur dit encore: "Allez, mangez des viandes grasses, buvez des boissons douces et faites porter sa part à qui n'a rien de prêt. Car ce jour est saint pour notre Seigneur! Ne vous affligez point: la joie de Yahvé est votre forteresse!" Et les lévites calmaient tout le peuple en disant: "Taisez-vous: ce jour est saint. Ne vous affligez point!" Et tout le peuple s'en fut manger, boire, distribuer des parts et se livrer à grande liesse: car ils avaient compris les paroles qu'on leur avait communiquées. Le deuxième jour, les chefs de famille de tout le peuple, les prêtres et les lévites se réunirent autour du scribe Esdras, pour scruter les paroles de la Loi. Ils trouvèrent écrit, dans la Loi que Yahvé avait prescrite par le ministère de Moïse, que les Israélites habiteront sous des huttes durant la fête du septième mois et qu'ils annonceront et feront publier dans toutes leurs villes et à Jérusalem: "Allez dans la montagne et rapportez des rameaux d'olivier, de pin, de myrte de palmier et d'autres arbres feuillus, pour faire des huttes, comme il est écrit." Le peuple partit: ils rapportèrent des rameaux et se firent des huttes, chacun sur son toit, dans leurs cours, dans les parvis du Temple de Dieu, sur la place de la porte des Eaux et sur celle de la porte d'Ephraïm. Toute l'assemblée, ceux qui étaient revenus de la captivité, construisit ainsi des huttes et y habita - les Israélites n'avaient rien fait de tel depuis les jours de Josué, fils de Nûn, jusqu'à ce jour. Et il y eut très grande liesse. Esdras lut dans le livre de la Loi de Dieu chaque jour, du premier au dernier. Sept jours durant, on célébra la fête; le huitième, il y eut, comme prescrit, une réunion solennelle. Le vingt-quatrième jour de ce mois, les Israélites, revêtus de sacs et la tête couverte de poussière, se rassemblèrent pour un jeûne. La race d'Israël se sépara de tous les gens de souche étrangère: debout, ils confessèrent leurs péchés et les iniquités de leurs pères. Debout, et chacun à sa place, ils lurent dans le livre de la Loi de Yahvé leur Dieu, durant un quart de la journée; pendant un autre quart, ils confessaient leurs péchés et se prosternaient devant Yahvé leur Dieu. Prenant place sur l'estrade des lévites, Josué, Binnuï, Qadmiel, Shebanya, Bunni, Shérébya, Bani, Kenani crièrent à voix forte vers Yahvé leur Dieu, et les lévites Josué, Qadmiel, Bani, Hashabnéya, Shérébya, Hodiyya, Shebanya, Petahya dirent: "Levez-vous, bénissez Yahvé votre Dieu!" Bénis sois-tu, Yahvé notre Dieu, d'éternité en éternité! Et qu'on bénisse ton Nom de gloire qui surpasse toute bénédiction et louange! C'est toi, Yahvé, qui es l'Unique! Tu fis les cieux, les cieux des cieux et toute leur armée, la terre et tout ce qu'elle porte, les mers et tout ce qu'elles renferment. Tout cela, c'est toi qui l'animes et l'armée des cieux devant toi se prosterne. Tu es Yahvé, Dieu, qui fis choix d'Abram, le tiras d'Ur des Chaldéens et lui donnas le nom d'Abraham. Trouvant son coeur fidèle devant toi, tu fis alliance avec lui, pour lui donner le pays du Cananéen, du Hittite et de l'Amorite, du Perizzite, du Jébuséen et du Girgashite, à lui et à sa postérité. Et tu as tenu tes promesses, car tu es juste. Tu vis la détresse de nos pères en Egypte, tu entendis leur cri près la mer des Roseaux. Tu opéras signes et prodiges contre Pharaon, tous ses valets et tout le peuple de son pays; car tu savais quelle fut envers eux leur arrogance. Tu t'acquis un renom qui dure encore. La mer, tu l'ouvris devant eux: ils passèrent au milieu de la mer à pied sec. Dans les abîmes tu précipitas leurs poursuivants, telle une pierre dans des eaux impétueuses. Par une colonne de nuée, tu les guidas le jour, la nuit, par une colonne de feu, pour illuminer devant eux la voie où ils chemineraient. Tu es descendu sur le mont Sinaï, et du ciel leur as parlé; et tu leur as donné des ordonnances justes, des lois sûres, des préceptes et des commandements excellents; tu leur fis connaître ton saint sabbat; tu leur prescrivis commandements, préceptes et Loi par le ministère de Moïse, ton serviteur. Du ciel tu leur fournis le pain pour leur faim, du roc tu fis jaillir l'eau pour leur soif. Tu leur commandas d'aller prendre possession du pays que tu avais fait serment de leur donner. Mais nos pères s'enorgueillirent, ils raidirent la nuque, ils n'obéirent point à tes ordres. Ils refusèrent d'obéir, oublieux des merveilles que tu avais accomplies pour eux; ils raidirent la nuque, ils se mirent en tête de retourner en Egypte, à leur esclavage. Mais tu es le Dieu des pardons, plein de pitié et de tendresse, lent à la colère et riche en bonté: tu ne les as pas abandonnés! Même quand ils se fabriquèrent un veau de métal fondu, déclarèrent: "C'est là ton Dieu qui t'a fait monter d'Egypte!" et commirent de grands blasphèmes, toi, dans ton immense tendresse, tu ne les as pas abandonnés au désert: la colonne de nuée ne s'écarta point d'eux pour les guider de jour sur la route, ni la colonne de feu la nuit, pour illuminer devant eux la route où ils chemineraient. Tu leur as donné ton bon esprit pour les rendre sages, tu n'as pas retenu ta manne loin de leur bouche et tu leur as fourni l'eau pour leur soif. 40 ans tu en pris soin au désert: ils ne manquèrent de rien, ni leurs habits ne s'usèrent, ni leurs pieds n'enflèrent. Et tu leur livras des royaumes et des peuples et les leur attribuas en cantons frontaliers: ils ont pris possession du pays de Sihôn, roi de Heshbôn, et du pays d'Og, roi du Bashân. Et tu multiplias leurs fils comme étoiles du ciel et tu les introduisis dans le pays où tu avais dit à leurs pères d'entrer pour en prendre possession. Les fils envahirent et conquirent ce pays et tu abaissas devant eux les habitants du pays, les Cananéens, que tu livras entre leurs mains, leurs rois et les peuples du pays pour les traiter à leur gré; ils s'emparèrent de villes fortifiées et d'une terre grasse; ils héritèrent de maisons regorgeant de tous biens, de citernes déjà creusées, de vignes, d'oliviers, d'arbres fruitiers à profusion: ils mangèrent, ils se rassasièrent, ils engraissèrent, ils firent leurs délices de tes immenses biens. Mais voici qu'indociles, révoltés contre toi, ils jetèrent ta Loi derrière leur dos, ils tuèrent les prophètes qui les avertissaient pour te les ramener et commirent de grands blasphèmes. Tu les livras alors aux mains de leurs oppresseurs, qui les opprimèrent. Au temps de leur oppression, ils criaient vers toi, et toi, du ciel, tu les entendais et dans ton immense tendresse tu leur accordais des sauveurs qui les délivraient des mains de leurs oppresseurs. Mais, sitôt en paix, voilà qu'ils refaisaient le mal devant toi, et tu les abandonnais aux mains de leurs ennemis, qui les tyrannisaient. Eux, de nouveau, criaient vers toi, et toi, du ciel, tu les entendais: que de fois dans ta tendresse ne les délivras-tu pas! Tu les avertis pour les ramener à ta Loi: mais ils s'enorgueillirent, ils n'obéirent pas à tes commandements, ils péchèrent contre tes ordonnances, celles-là mêmes où trouve vie l'homme qui les observe, ils présentèrent une épaule rebelle, raidirent leur nuque et n'obéirent point. Tu fus patient avec eux bien des années; tu les avertis par ton Esprit, par le ministère de tes prophètes; mais ils n'écoutèrent pas. Alors tu les livras aux mains des peuples des pays. Dans ton immense tendresse, tu ne les as pas exterminés, tu ne les as pas abandonnés, car tu es un Dieu plein de pitié et de tendresse. Et maintenant, ô notre Dieu, toi le Dieu grand, puissant et redoutable, qui maintiens l'alliance et la bonté, ne compte pas pour rien tout cet accablement qui est tombé sur nous, sur nos rois, nos chefs, nos prêtres, nos prophètes et tout ton peuple, depuis le temps des rois d'Assur jusqu'à ce jour. Tu as été juste en tout ce qui nous est advenu, car tu as montré ta fidélité, alors que nous agissions mal. Oui, nos rois, nos chefs, nos prêtres et nos pères n'ont pas suivi ta Loi, inattentifs à tes commandements et aux obligations que tu leur imposais. Tant qu'ils furent en leur royaume, parmi les grands biens que tu leur accordais, et dans le vaste et fertile pays que tu avais mis devant eux, ils ne t'ont point servi et ne se sont pas détournés de leurs actions mauvaises. Voici que nous sommes aujourd'hui asservis, et le pays que tu avais donné à nos pères pour jouir de ses fruits et de ses biens, voici que nous y sommes en servitude. Ses produits profitent aux rois, que tu nous imposas, pour nos péchés, et qui disposent à leur gré de nos personnes et de notre bétail. Nous sommes en grande détresse. A cause de tout cela, nous prenons un ferme engagement, et par écrit. Sur le document scellé figurent nos chefs, nos lévites et nos prêtres... Sur le document scellé figuraient: Néhémie fils de Hakalya et Cidqiyya, Seraya, Azarya, Yirmeya, Pashehur, Amarya, Malkiyya, Hattush, Shebanya, Malluk, Harim, Merémot, Obadya, Daniyyel, Ginnetôn, Baruk, Meshullam, Abiyya, Miyyamîn, Maazya, Bilgaï, Shemaya: ce sont les prêtres. Puis les lévites: Josué, fils d'Azanya, Binnuï, des fils de Hénadad, Qadmiel, et leurs frères Shekanya, Hodavya, Qelita, Pelaya, Hanân, Mika, Rehob, Hashabya, Zakkur, Shérébya, Shebanya, Hodiyya, Bani, Kenani. Les chefs du peuple: Paréosh, Pahat-Moab, Elam, Zattu, Bani, Bunni, Azgad, Bébaï, Adoniyya, Bigvaï, Adîn, Ater, Hizqiyya, Azzur, Hodiyya, Hashum, Béçaï, Hariph, Anatot, Nobaï, Magpiash, Meshullam, Hézir, Meshézabéel, Sadoq, Yaddua, Pelatya, Hanân, Anaya, Hoshéa, Hananya, Hashshub, Hallohesh, Pilha, Shobèq, Rehum, Hashabna, Maaséya, Ahiyya, Hanân, Anân, Malluk, Harim, Baana... et le reste du peuple, les prêtres, les lévites, les portiers, les chantres, les "donnés", bref, tous ceux qui se sont séparés des peuples des pays pour adhérer à la Loi de Dieu, et aussi leurs femmes, leurs fils et filles, tous ceux qui ont l'âge de raison, se joignent à leurs frères et chefs et s'engagent, par imprécation et serment, à marcher selon la Loi de Dieu, donnée par le ministère de Moïse, le serviteur de Dieu, à garder et observer tous les commandements de Yahvé notre Dieu, ses coutumes et ses lois. En particulier: nous ne donnerons plus nos filles aux peuples du pays et ne prendrons plus leurs filles pour nos fils. Si les peuples du pays apportent pour les vendre, le jour du sabbat, des marchandises ou quelque denrée que ce soit, nous ne leur achèterons rien un jour de sabbat ni un jour sacré. Nous ferons abandon des produits du sol, la septième année, et de toute créance. Nous nous sommes imposé comme obligations: de donner un tiers de sicle par an pour le culte du Temple de notre Dieu: pour le pain d'oblation, pour l'oblation perpétuelle et l'holocauste perpétuel, pour les sacrifices des sabbats, des néoménies, des solennités, et pour les mets sacrés, pour les sacrifices pour le péché qui assurent l'expiation en faveur d'Israël, bref pour tout le service du Temple de notre Dieu; Nous avons aussi réglé par le sort, prêtres, lévites et peuple, la question des livraisons de bois qu'on doit faire au Temple de notre Dieu, chaque famille à son tour, à dates fixes, chaque année, pour le brûler sur l'autel de Yahvé notre Dieu, comme il est écrit dans la Loi. Et d'apporter chaque année au Temple de Yahvé les prémices de notre sol et les prémices de tous les fruits de tous les arbres, ainsi que les premiers-nés de nos fils et de notre bétail, comme il est écrit dans la Loi - les premiers-nés de notre gros et menu bétail, apportés au Temple de notre Dieu, étant destinés aux prêtres en fonction dans le Temple de notre Dieu. De plus, la meilleure part de nos moutures, des fruits de tout arbre, du vin nouveau et de l'huile, nous l'apporterons aux prêtres, dans les salles du Temple de notre Dieu; et la dîme de notre sol, aux lévites - ce sont les lévites eux-mêmes qui lèveront la dîme dans toutes les villes de notre culte; un prêtre, fils d'Aaron, accompagnera les lévites quand ils lèveront la dîme; les lévites achemineront la dîme de la dîme vers le Temple de notre Dieu, vers les salles du Trésor; car c'est dans ces salles que les Israélites et les lévites apportent les redevances de blé, de vin et d'huile; là se trouve aussi le matériel du sanctuaire, des prêtres en service, des portiers et des chantres. Nous ne négligerons plus le Temple de notre Dieu. Alors les chefs du peuple s'établirent à Jérusalem. Le reste du peuple tira au sort pour qu'un homme sur dix vînt résider à Jérusalem, la Ville sainte, tandis que les neuf autres resteraient dans les villes. Et le peuple bénit tous les hommes qui furent volontaires pour résider à Jérusalem. Voici les chefs de la province qui étaient établis à Jérusalem et dans les villes de Juda. Israélites, prêtres, lévites, "donnés" et fils des esclaves de Salomon demeuraient dans leurs villes, chacun en sa propriété. A Jérusalem demeuraient des fils de Juda et des fils de Benjamin: Parmi les fils de Juda: Ataya, fils de Uzziyya, fils de Zekarya, fils d'Amarya, fils de Shephatya, fils de Mahalaléel, des descendants de Pérèç; Maaséya, fils de Baruk, fils de Kol-Hozé, fils de Hazaya, fils de Adaya, fils de Yoyarib, fils de Zekarya, descendant de Shéla. Le total des descendants de Pérèç fixés à Jérusalem était de 468, hommes de condition. Voici les fils de Benjamin: Sallu, fils de Meshullam, fils de Yoëd, fils de Pedaya, fils de Qolaya, fils de Maaséya, fils d'Itiel, fils de Yeshaya, et ses frères, Gabbaï, Sallaï: 928. Yoël, fils de Zikri, les commandait, et Yehuda, fils de Hassenua, commandait en second la ville. Parmi les prêtres: Yedaya, fils de Yoyaqim, fils de Seraya, fils d'Hilqiyya, fils de Meshullam, fils de Sadoq, fils de Merayot, fils d'Ahitub, chef du Temple de Dieu, et ses frères qui vaquaient au service du Temple: 822; Adaya, fils de Yeroham, fils de Pelalya, fils d'Amçi, fils de Zekarya, fils de Pashehur, fils de Malkiyya, et ses frères, chefs de famille: 242; et Amasaï, fils d'Azaréel, fils d'Ahzaï, fils de Meshillémot, fils d'Immer, et ses frères, hommes de condition: 128. Zabdiel, fils de Haggadol, les commandait. Parmi les lévites: Shemaya, fils de Hashshub, fils d'Azriqam, fils de Hashabya, fils de Bunni; Shabtaï et Yozabad, ceux des chefs lévitiques responsables des affaires extérieures du Temple de Dieu; Mattanya, fils de Mika, fils de Zabdi, fils d'Asaph, qui dirigeait les hymnes, entonnait l'action de grâces pour la prière; Baqbuqya, le second parmi ses frères; Obadya, fils de Shammua, fils de Galal, fils de Yedutûn. Total des lévites dans la Ville sainte: 284. Les portiers: Aqqub, Talmôn et leurs frères, qui montaient la garde aux portes: 172. Quant au reste des Israélites, des prêtres, et des lévites, ils demeuraient dans toutes les villes de Juda, chacun dans son domaine, Les "donnés" habitaient l'Ophel; Ciha et Gishpa étaient à la tête des "donnés" - Le chef des lévites de Jérusalem était Uzzi, fils de Bani, fils de Hashabya, fils de Mattanya, fils de Mika; il faisait partie des fils d'Asaph, les chantres chargés du service du Temple de Dieu; car ils faisaient l'objet d'une instruction royale et un règlement fixait aux chantres leur rôle jour par jour. - Petahya, fils de Meshézabéel, qui appartenait aux fils de Zérah, fils de Juda, était à la disposition du roi pour toutes les affaires du peuple. Et dans les villages situés dans leurs champs. Des fils de Juda demeuraient à Qiryat-ha-Arba et dans ses dépendances, à Dibôn et dans ses dépendances, à Yeqqabçéel et dans les villages de son ressort, à Yéshua, à Molada, à Bet-Pélèt, à Haçar-Shual, à Bersabée et dans ses dépendances, à Ciqlag, à Mekona et dans ses dépendances, à En-Rimmôn, à Coréa, à Yarmut, Zanoah, Adullam et les villages de leur ressort, Lakish et sa campagne, Azéqa et ses dépendances: ils s'établirent donc de Bersabée jusqu'au val d'Hinnom. Des fils de Benjamin habitaient Géba, Mikmas, Ayya et Béthel ainsi que ses dépendances, Anatot, Nob, Ananya, Haçor, Rama, Gittayim, Hadid, Ceboyim, Neballat, Lod et Ono, et le val des Artisans. Des groupes de lévites se trouvaient tant en Juda qu'en Benjamin. Voici les prêtres et les lévites qui revinrent avec Zorobabel, fils de Shéaltiel, et Josué: Seraya, Yirmeya, Esdras, Amarya, Malluk, Hattush, Shekanya, Rehum, Merémot, Iddo, Ginnetôn, Abiyya, Miyyamîn, Maadya, Bilga, Shemaya; plus: Yoyarib, Yedaya, Sallu, Amoq, Hilqiyya, Yedaya. Tels étaient les chefs des prêtres, et leurs frères, au temps de Josué, c'est-à-dire les lévites, étaient: Josué, Binnuï, Qadmiel, Shérébya, Yehuda, Mattanya - ce dernier, avec ses frères, dirigeait les hymnes d'action de grâces, tandis que Baqbuqya, Unni et leurs frères leur faisaient vis-à-vis, selon leurs classes respectives. Josué engendra Yoyaqim; Yoyaqim engendra Elyashib; Elyashib Yoyada; Yoyada engendra Yohanân; et Yohanân engendra Yaddua. Au temps de Yoyaqim, les familles sacerdotales avaient pour chefs: famille de Seraya: Meraya; famille de Yirmeya: Hananya; famille d'Esdras: Meshullam; famille d'Amarya: Yehohanân; famille de Malluk: Yonatân; famille de Shebanya: Yoseph; famille de Harim: Adna; famille de Merayot: Helqaï; famille d'Iddo: Zekarya; famille de Ginnetôn: Meshullam; famille d'Abiyya: Zikri; famille de Minyamîn; famille de Moadya: Piltaï; famille de Bilga: Shammua; famille de Shemaya: Yehonatân; plus: famille de Yoyarib: Mattenaï; famille de Yedaya: Uzzi; famille de Sallaï: Qallaï; famille d'Amoq: Eber; famille de Hilqiyya: Hashabya; famille de Yedaya: Netanéel. Au temps d'Elyashib, de Yoyada, de Yohanân et de Yaddua, les chefs des familles des prêtres furent enregistrés sur le livre des Chroniques jusqu'au règne de Darius le Perse. Les fils de Lévi. Les chefs des familles furent enregistrés sur le livre des Chroniques, mais seulement jusqu'au temps de Yohanân, petit-fils d'Elyashib. Les chefs des lévites étaient: Hashabya, Shérébya, Josué, Binnuï, Qadmiel; et leurs frères, qui leur faisaient face pour exécuter les hymnes de louange et d'action de grâces selon les instructions de David, homme de Dieu, une classe correspondante à l'autre, étaient: Mattanya, Baqbuqya et Obadya. Quant à Meshullam, Talmôn et Aqqub, portiers, ils montaient la garde aux magasins près des portes. Ceux-ci vivaient au temps de Yoyaqim, fils de Josué, fils de Yoçadaq, et au temps de Néhémie le gouverneur et d'Esdras le prêtre-scribe. Lors de la dédicace du rempart de Jérusalem, on alla chercher les lévites partout où ils résidaient pour les amener à Jérusalem: il s'agissait de célébrer la dédicace dans la liesse avec chants d'action de grâces et musique de cymbales, de luths et de cithares. Les chantres, fils de Lévi, se rassemblèrent donc, du district qui entoure Jérusalem, des villages des Netophatites, de Bet-ha-Gilgal, des champs de Géba et d'Azmavèt: car les chantres s'étaient construit des villages tout autour de Jérusalem. Prêtres et lévites se purifièrent eux-mêmes, puis ils purifièrent le peuple, les portes et le rempart. Je fis alors monter les chefs de Juda sur le rempart et organisai deux grands choeurs. Le premier chemina par la crête du rempart, vers la droite, en direction de la porte du Fumier; derrière lui marchaient Hoshaya et une moitié des chefs de Juda - ainsi qu'Azarya, Esdras, Meshullam, Yehuda, Benjamin, Shemaya et Yirmeya, choisis parmi les prêtres et munis de trompettes; puis Zekarya, fils de Yonatân, fils de Shemaya, fils de Mattanya, fils de Mika, fils de Zakkur, fils d'Asaph, avec ses frères Shemaya, Azaréel, Milalaï, Gilalaï, Maaï, Netanéel, Yehuda, Hanani, munis des instruments de musique de David, l'homme de Dieu. Et Esdras, le scribe, marchait à leur tête. - A la porte de la Fontaine, ils montèrent droit devant eux, près des escaliers de la Cité de David, par la crête du rempart, et par la montée du Palais de David, jusqu'à la porte des Eaux, à l'orient. Quant au second choeur, il chemina vers la gauche: je le suivis, avec la moitié des chefs du peuple, par la crête du rempart, par-dessus la tour des Fours et jusqu'à la muraille large, puis par-dessus la porte d'Ephraïm, la porte des Poissons, la tour de Hananéel et la tour des Cent, jusqu'à la porte des Brebis; on fit halte à la porte de la Garde. Les deux choeurs prirent ensuite place dans le Temple de Dieu. - J'avais avec moi une moitié des magistrats ainsi que les prêtres Elyaqim, Maaséya, Minyamîn, Mika, Elyoénaï, Zekarya, Hananya, munis de trompettes, plus Maaséya, Shemaya, Eléazar, Uzzi, Yehohanân, Malkiyya, Elam et Ezer. - Les chantres se firent entendre sous la direction de Yizrahya. On offrit ce jour-là d'importants sacrifices et les gens se livrèrent à la joie: c'est que Dieu leur avait accordé grand sujet de joie; les femmes aussi et les enfants se réjouirent. Et la joie de Jérusalem s'entendit de loin. En ce temps-là, on préposa aux salles prévues pour les provisions, prélèvements, prémices et dîmes, des hommes qui y rassembleraient, du territoire des villes, les parts que la Loi alloue aux prêtres et aux lévites. Car Juda mettait sa joie dans les prêtres et les lévites en fonction. Ce sont eux qui assuraient le service de leur Dieu et le service des purifications - ainsi que les chantres et les portiers -, suivant les prescriptions de David et de Salomon son fils. Car dès les jours de David et d'Asaph, depuis bien longtemps, il existait un chef des chantres et des cantiques de louange et d'action de grâces à Dieu. Donc tout Israël, au temps de Zorobabel et au temps de Néhémie, versait aux chantres et aux portiers les parts qui leur revenaient, d'après leurs besoins quotidiens. On remettait aux lévites les redevances sacrées et les lévites les remettaient aux fils d'Aaron. En ce temps-là, on lut au peuple dans le livre de Moïse et l'on y trouva écrit: "L'Ammonite et le Moabite ne seront pas admis à l'assemblée de Dieu, et cela pour toujours, car ils ne sont pas venus à la rencontre des Israélites avec le pain et l'eau. Ils soudoyèrent contre eux Balaam, pour les maudire, mais notre Dieu changea la malédiction en bénédiction." Dès qu'on eut entendu la Loi, on exclut d'Israël tout élément étranger. Mais auparavant, le prêtre Elyashib avait été préposé aux salles du Temple de notre Dieu. Lié à Tobiyya, il lui avait aménagé une salle spacieuse, où l'on plaçait précédemment les offrandes, l'encens, les ustensiles, la dîme du blé, du vin et de l'huile, c'est-à-dire les parts des lévites, des chantres et des portiers et ce qu'on prélevait pour les prêtres. J'étais, durant tout cela, absent de Jérusalem, car dans la trente-deuxième année d'Artaxerxès, roi de Babylone, j'étais parti auprès du roi; mais, au bout d'un certain temps, je demandai au roi un congé et revins à Jérusalem. J'appris alors la mauvaise action qu'avait faite Elyashib en faveur de Tobiyya, en lui aménageant une salle dans le parvis du Temple de Dieu. Cela me déplut fort: je jetai donc à la rue, hors de la salle, tout le mobilier de Tobiyya, et j'ordonnai qu'on purifiât les salles; puis j'y fis réintégrer les ustensiles du Temple de Dieu, les offrandes et l'encens. J'appris également que les parts des lévites ne rentraient plus et que les lévites et les chantres chargés du service s'étaient enfuis chacun vers son champ. Aussi tançai-je les magistrats en ces termes: "Pourquoi le Temple de Dieu est-il à l'abandon?" Je les rassemblai donc et les rétablis dans leur fonction. Alors tout Juda apporta aux magasins la dîme du blé, du vin et de l'huile. Je préposai aux magasins le prêtre Shélémya, le scribe Sadoq, Pedaya, l'un des lévites, et, pour les assister, Hanân, fils de Zakkur, fils de Mattanya, car ils passaient pour intègres; leur office fut de faire les distributions à leurs frères. Pour cela, souviens-toi de moi, mon Dieu: n'efface pas les actes de piété que j'ai accomplis pour le Temple de mon Dieu et ses observances. En ces jours-là, je vis en Juda des gens qui foulaient au pressoir, le jour du sabbat; d'autres apportaient des gerbes de blé, les chargeaient sur des ânes, avec du vin, des raisins, des figues et toutes sortes de fardeaux, qu'ils voulaient introduire à Jérusalem le jour du sabbat: je les avertis de ne point vendre de denrées. A Jérusalem même, des Tyriens, qui habitaient là, apportaient du poisson et des marchandises de tout genre pour les vendre aux Judéens le jour du sabbat. Aussi tançai-je les grands de Juda, leur déclarant: "Quelle chose exécrable vous faites là, en profanant le jour du sabbat! N'est-ce pas ainsi qu'ont agi vos pères? Alors notre Dieu fit venir tout ce malheur sur nous et sur cette ville. Et vous, vous accroissez la Colère contre Israël en profanant le sabbat." Aussi, dès que l'ombre eut gagné les portes de Jérusalem, juste avant le sabbat, j'ordonnai la fermeture des battants et je dis qu'on ne les rouvre qu'après le sabbat. Je postai quelques-uns de mes gens aux portes pour qu'aucun fardeau n'entrât le jour du sabbat. Une fois ou deux, des marchands, des trafiquants en tous genres de marchandises passèrent la nuit hors de Jérusalem, mais je les avertis, leur déclarant: "Pourquoi passer la nuit aux abords du mur? Si vous recommencez, je mettrai la main sur vous!" Depuis ce moment, ils ne sont plus venus le jour du sabbat. J'ordonnai aux lévites de se purifier et de venir surveiller les portes, pour qu'on observât saintement le jour du sabbat. Pour cela aussi souviens-toi de moi, mon Dieu, et prends-moi en pitié, selon ta grande miséricorde! En ces jours-là encore, je vis des Juifs qui avaient épousé des femmes Ashdodites, ammonites ou moabites. Quant à leurs enfants, la moitié parlait l'Ashdodien ou la langue de tel ou tel peuple, mais ne savait plus parler le juif. Je les tançai et les maudis, en frappai plusieurs, leur arrachai les cheveux et les adjurai de par Dieu: "Vous ne devez pas donner vos filles à leurs fils, ni prendre pour femmes aucune de leurs filles, pour vos fils ou pour vous-mêmes! N'est-ce pas en cela qu'a péché Salomon, roi d'Israël? Parmi tant de nations, aucun roi ne lui fut semblable; il était aimé de son Dieu; Dieu l'avait fait roi sur tout Israël. Même lui, les femmes étrangères l'entraînèrent à pécher! Faudra-t-il entendre dire que vous commettez aussi ce grand crime: trahir notre Dieu en vous mariant avec des femmes étrangères?" L'un des fils de Yoyada, fils d'Elyashib, le grand prêtre, était le gendre de Sânballat, le Horonite. Je le chassai loin de moi. Souviens-toi de ces gens, mon Dieu, pour l'avilissement causé au sacerdoce et à l'alliance des prêtres et lévites. Je les purifiai donc de tout élément étranger. J'établis, pour les prêtres et les lévites, les règlements qui délimitaient à chacun sa tâche. J'en établis également pour les livraisons du bois à dates fixées, et pour les prémices. Souviens-toi de moi, mon Dieu, pour mon bonheur! -r Mais Aman, fils de Hamdata, l'Agagite, avait la faveur du roi, et, pour cette affaire des deux eunuques royaux, il médita de nuire à Mardochée. C'était au temps d'Assuérus, cet Assuérus dont l'empire s'étendait de l'Inde à l'Ethiopie, soit sur 127 provinces. En ce temps-là, comme il siégeait sur son trône royal, à la citadelle de Suse, la troisième année de son règne, il donna un banquet, présidé par lui, à tous ses grands officiers et serviteurs chefs de l'armée des Perses et des Mèdes, nobles et gouverneurs de provinces. Il voulait étaler à leurs yeux la richesse et la magnificence de son royaume ainsi que l'éclat splendide de sa grandeur, pendant une longue suite de jours, exactement 180. Ce temps écoulé, ce fut alors toute la population de la citadelle de Suse, du plus grand au plus petit, qui se vit offrir par le roi un banquet de sept jours, sur l'esplanade du jardin du palais royal. Ce n'étaient que tentures de toile blanche et de pourpre violette attachées par des cordons de byssus et de pourpre rouge, eux-mêmes suspendus à des anneaux d'argent fixés sur des colonnes de marbre blanc, lits d'or et d'argent posés sur un dallage de pierres rares, de marbre blanc, de nacre et de mosaïques! Pour boire, des coupes d'or, toutes différentes, et abondance de vin offert par le roi avec une libéralité royale. Le décret royal toutefois ne contraignait pas à boire, le roi ayant prescrit à tous les officiers de sa maison que chacun fût traité comme il l'entendait. La reine Vasthi, de son côté, avait offert aux femmes un festin dans le palais royal d'Assuérus. Le septième jour, mis en gaîté par le vin, le roi ordonna à Mehumân, à Bizzeta, à Harbona, à Bigta, à Abgata, à Zétar et à Karkas, les sept eunuques attachés au service personnel du roi Assuérus, de lui amener la reine Vasthi coiffée du diadème royal, en vue de faire montre de sa beauté au peuple et aux grands officiers. Le fait est qu'elle était très belle. Mais la reine Vasthi refusa de venir selon l'ordre du roi que les eunuques lui avaient transmis. L'irritation du roi fut extrême et sa colère s'enflamma. Il s'adressa aux sages versés dans la science des lois -- car c'est ainsi que les affaires du roi étaient traitées, en présence de tous ceux qui étaient versés dans la science de la loi et du droit. Il fit venir près de lui Karshena, Shétar, Admata, Tarshish, Mérès, Marsena et Memukân, sept grands officiers perses et mèdes admis à voir la face du roi et siégeant aux premières places du royaume. "Selon la loi, dit-il, que faut-il faire à la reine Vasthi pour n'avoir pas obtempéré à l'ordre du roi Assuérus que les eunuques lui transmettaient?" Et en présence du roi et des grands officiers Memukân répondit: "Ce n'est pas seulement contre le roi que la reine Vasthi a mal agi, c'est aussi contre tous les grands officiers et contre toutes les populations répandues à travers les provinces du roi Assuérus. La façon d'agir de la reine ne manquera pas de venir à la connaissance de toutes les femmes, qui regarderont leur mari avec mépris. Le roi Assuérus lui-même, pourront-elles dire, avait donné l'ordre de lui amener la reine Vasthi, et elle n'est pas venue! Aujourd'hui même les femmes des grands officiers perses et mèdes vont parler à tous les grands officiers du roi de ce qu'elles ont appris de la façon d'agir de la reine, et ce sera grand mépris et grande colère. Si tel est le bon plaisir du roi, qu'un édit émané de lui s'inscrive, irrévocable, parmi les lois des Perses et des Mèdes, pour interdire à Vasthi de paraître en présence du roi Assuérus, et que le roi confère sa qualité de reine à une autre qui vaille mieux qu'elle. Puis l'ordonnance portée par le roi sera promulguée dans tout son royaume, qui est grand, et lors les femmes rendront honneur à leur mari, du plus grand jusqu'au plus humble." Ce discours plut au roi et aux grands officiers, et le roi suivit l'avis de Memukân. Il envoya des lettres à toutes les provinces de l'empire, à chaque province selon son écriture et à chaque peuple selon sa langue, afin que tout mari fût maître chez lui. Quelque temps après, sa fureur calmée, le roi Assuérus se souvint de Vasthi, il se rappela la conduite qu'elle avait eue, les décisions prises à son sujet. Les courtisans de service auprès du roi lui dirent: "Que l'on recherche pour le roi des jeunes filles, vierges et belles. Que le roi constitue des commissaires dans toutes les provinces de son royaume afin de rassembler tout ce qu'il y a de jeunes filles vierges et belles à la citadelle de Suse, dans le harem, sous l'autorité de Hégé, eunuque du roi, gardien des femmes. Celui-ci leur donnera tout ce qu'il faut pour leurs soins de beauté et la jeune fille qui aura plu au roi succédera comme reine à Vasthi." L'avis convint au roi, et c'est ce qu'il fit. Or, à la citadelle de Suse vivait un Juif nommé Mardochée, fils de Yaïr, fils de Shiméï, fils de Qish, de la tribu de Benjamin, qui avait été exilé de Jérusalem parmi les déportés emmenés avec le roi de Juda, Jékonias, par le roi de Babylone, Nabuchodonosor, et élevait alors une certaine Hadassa, autrement dit Esther, fille de son oncle, car orpheline de père et de mère. Elle avait belle prestance et agréable aspect, et, à la mort de ses parents, Mardochée l'avait prise avec lui comme si elle eût été sa fille. L'ordre royal et le décret proclamés, une foule de jeunes filles furent donc rassemblées à la citadelle de Suse et confiées à Hégé. Esther fut prise et amenée au palais royal. Or, confiée comme les autres à l'autorité de Hégé, gardien des femmes, la jeune fille lui plut et gagna sa faveur. Il prit à coeur de lui donner au plus vite ce qui lui revenait pour sa parure et pour sa subsistance et, de plus, lui attribua sept suivantes choisies de la maison du roi, puis la transféra, avec ses suivantes, dans un meilleur appartement du harem. Esther n'avait révélé ni son peuple ni sa parenté, car Mardochée le lui avait défendu. Chaque jour celui-ci se promenait devant le vestibule du harem pour avoir des nouvelles de la santé d'Esther et de tout ce qui lui advenait. Chaque jeune fille devait se présenter à son tour au roi Assuérus au terme du délai fixé par le statut des femmes, soit douze mois. L'emploi de ce temps de préparation était tel: pendant six mois les jeunes filles usaient de l'huile de myrrhe, et pendant six autres mois du baume et des onguents employés pour les soins de beauté féminine. Quand elle se présentait au roi, chaque jeune fille obtenait tout ce qu'elle demandait pour le prendre avec elle en passant du harem au palais royal. Elle s'y rendait au soir et, le lendemain matin, regagnait un autre harem, confié à Shaashgaz, l'eunuque royal préposé à la garde des concubines. Elle ne retournait pas vers le roi à moins que le roi ne s'en fût épris et la rappelât nommément. Mais Esther, fille d'Abihayil, lui-même oncle de Mardochée qui l'avait adoptée pour fille, son tour venu de se rendre chez le roi, ne demanda rien d'autre que ce qui lui fut indiqué par l'eunuque royal Hégé, commis à la garde des femmes. Et voici qu'Esther trouva grâce devant tous ceux qui la virent. Elle fut conduite au roi Assuérus, au palais royal, le dixième mois, qui est Tébèt, en la septième année de son règne, et le roi la préféra à toutes les autres femmes, elle trouva devant lui faveur et grâce plus qu'aucune autre jeune fille. Il posa donc le diadème royal sur sa tête et la choisit pour reine à la place de Vasthi. Après cela le roi donna un grand festin, le festin d'Esther, à tous les grands officiers et serviteurs, accorda un jour de repos à toutes les provinces et prodigua des présents avec une libéralité royale. En passant, comme les jeunes filles, dans le second harem, Esther n'avait révélé ni sa parenté ni son peuple, ainsi que le lui avait prescrit Mardochée dont elle continuait à observer les instructions comme au temps où elle était sous sa tutelle. Mardochée était alors attaché à la Royale Porte. Mécontents, deux eunuques royaux, Bigtân et Téresh, du corps des gardes du seuil, complotèrent de porter la main sur le roi Assuérus. Mardochée en eut vent, informa la reine Esther et celle-ci, à son tour, en parla au roi au nom de Mardochée. Après enquête, le fait se révéla exact. Ces deux-là furent envoyés au gibet et, en présence du roi, une relation de l'histoire fut consignée dans le livre des Chroniques. Quelque temps après, le roi Assuérus distingua Aman, fils de Hamdata, du pays d'Agag. Il l'éleva en dignité, lui accorda prééminence sur tous les grands officiers, ses collègues, et tous les serviteurs du roi, préposés au service de sa Porte, s'agenouillaient et se prosternaient devant lui, car tel était l'ordre du roi. Mardochée refusa de fléchir le genou et de se prosterner. "Pourquoi transgresses-tu l'ordre royal?" Dirent à Mardochée les serviteurs du roi préposés à la Royale Porte. Mais ils avaient beau le lui répéter tous les jours, il ne les écoutait pas. Ils dénoncèrent alors le fait à Aman, pour voir si Mardochée persisterait dans son attitude (car il leur avait dit qu'il était Juif). Aman put en effet constater que Mardochée ne fléchissait pas le genou devant lui ni ne se prosternait: il en prit un accès de fureur. Comme on l'avait instruit du peuple de Mardochée, il lui parut que ce serait peu de ne frapper que lui et il prémédita de faire disparaître, avec Mardochée, tous les Juifs établis dans tout le royaume d'Assuérus. L'an douze d'Assuérus, le premier mois, qui est Nisan, on tira, sous les yeux d'Aman, le "Pûr" (c'est-à-dire les sorts), par jour et par mois. Le sort étant tombé sur le douzième mois, qui est Adar, Aman dit au roi Assuérus: "Au milieu des populations, dans toutes les provinces de ton royaume, est dispersé un peuple à part. Ses lois ne ressemblent à celles d'aucun autre et les lois royales sont pour lui lettre morte. Les intérêts du roi ne permettent pas de le laisser tranquille. Que sa perte soit donc signée, si le roi le trouve bon, et je verserai à ses fonctionnaires, au compte du Trésor royal,10.000 talents d'argent." Le roi ôta alors son anneau de sa main et le donna à Aman, fils de Hamdata, l'Agagite le persécuteur des Juifs. "Garde ton argent, lui répondit-il. Quant à ce peuple, je te le livre, fais-en ce que tu voudras!" Une convocation fut donc adressée aux scribes royaux pour le treize du premier mois et l'on mit par écrit tout ce qu'Aman avait ordonné aux satrapes du roi, aux gouverneurs de chaque province et aux grands officiers de chaque peuple, selon l'écriture de chaque province et la langue de chaque peuple. Le rescrit fut signé du nom d'Assuérus, scellé de son anneau, -g afin que, ces opposants d'aujourd'hui comme d'hier étant précipités de force dans l'Hadès en un jour, stabilité et tranquillité plénières soient désormais assurées à l'Etat." La copie de cet édit, destiné à être promulgué comme loi dans chaque province, fut publiée parmi toutes les populations afin que chacun se tînt prêt au jour dit. Sur l'ordre du roi, les courriers partirent dans les plus brefs délais. L'édit fut promulgué d'abord à la citadelle de Suse. Et tandis que le roi et Aman se prodiguaient en festins et beuveries, dans la ville de Suse régnait la consternation. Sitôt instruit de ce qui venait d'arriver, Mardochée déchira ses vêtements et prit le sac et la cendre. Puis il parcourut toute la ville en l'emplissant de ses cris de douleur, et il alla jusqu'en face de la Porte Royale que nul ne pouvait franchir revêtu d'un sac. Dans les provinces, partout où parvinrent l'ordre et le décret royal, ce ne fut plus, parmi les Juifs, que deuil, jeûne, larmes et lamentations. Le sac et la cendre devinrent la couche de beaucoup. Les servantes et eunuques d'Esther vinrent l'avertir. La reine fut saisie d'angoisse. Elle fit envoyer des vêtements à Mardochée pour qu'il les mît et abandonnât son sac. Mais il les refusa. Mandant alors Hataq, l'un des eunuques mis par le roi à son service, Esther le dépêcha à Mardochée avec mission de s'enquérir de ce qui se passait et de lui demander les motifs de sa conduite. Hataq sortit et s'en vint vers Mardochée, sur la place, devant la Porte Royale. Mardochée le mit au courant des événements et, notamment, de la somme qu'Aman avait offert de verser au Trésor du roi pour l'extermination des Juifs. -b Prie le Seigneur, parle pour nous au roi, arrache-nous à la mort!" Hataq revint et rapporta ce message à Esther. Celle-ci répondit, avec ordre de répéter ses paroles à Mardochée: "Serviteurs du roi et habitants des provinces, tous savent que pour quiconque, homme ou femme, pénètre sans convocation chez le roi jusque dans le vestibule intérieur, il n'y a qu'une loi: il doit mourir, à moins qu'en lui tendant son sceptre d'or le roi ne lui fasse grâce de la vie. Et il y a 30 jours que je n'ai pas été invitée à approcher le roi!" Ces paroles d'Esther furent transmises à Mardochée, qui répondit à son tour: "Ne va pas t'imaginer que, parce que tu es dans le palais, seule d'entre les Juifs tu pourras être sauvée. Ce sera tout le contraire. Si tu t'obstines à te taire quand les choses en sont là, salut et délivrance viendront aux Juifs d'un autre lieu, et toi et la maison de ton père vous périrez. Qui sait? Peut-être est-ce en prévision d'une circonstance comme celle-ci que tu as accédé à la royauté?" Esther lui fit dire: "Va rassembler tous les Juifs de Suse. Jeûnez à mon intention. Ne mangez ni ne buvez de trois jours et de trois nuits. De mon côté, avec mes servantes, j'observerai le même jeûne. Ainsi préparée, j'entrerai chez le roi malgré la loi et, s'il faut périr, je périrai." -z O Dieu, dont la force l'emporte sur tous, écoute la voix des désespérés, tire-nous de la main des méchants et libère-moi de ma peur!" -f "Qu'y a-t-il, Esther? Je suis ton frère! Rassure-toi! Tu ne mourras pas. Notre ordonnance ne vaut que pour le commun des gens. Approche-toi." -b Tandis qu'elle parlait, elle défaillit. Le roi se troubla et tout son entourage cherchait à la ranimer. "Qu'y a-t-il, reine Esther? Lui dit le roi. Dis-moi ce que tu désires, et, serait-ce la moitié du royaume, c'est accordé d'avance" -- "Plairait-il au roi, répondit Esther, de venir aujourd'hui avec Aman au banquet que je lui ai préparé" -- "Qu'on prévienne aussitôt Aman pour combler le souhait d'Esther", dit alors le roi. Le roi et Aman vinrent ainsi au banquet préparé par Esther et, pendant le banquet, le roi redit à Esther: "Dis-moi ce que tu demandes, c'est accordé d'avance! Dis-moi ce que tu désires, serait-ce la moitié du royaume, c'est chose faite" -- "Ce que je demande, ce que je désire? Répondit Esther. Si vraiment j'ai trouvé grâce aux yeux du roi, s'il lui plaît d'exaucer ma demande et de combler mon désir, que demain encore le roi vienne avec Aman au banquet que je leur donnerai et j'y exécuterai l'ordre du roi." Ce jour-là Aman sortit joyeux et le coeur en fête, mais quand, à la Porte Royale, il vit Mardochée ne point se lever devant lui ni bouger de sa place, il fut prit de colère contre lui. Néanmoins il se contint. Revenu chez lui, il convoqua ses amis et sa femme Zéresh et, longuement, devant eux, parla de son éblouissante richesse, du nombre de ses enfants, de tout ce dont le roi l'avait comblé pour l'élever et l'exalter au-dessus de tous ses grands officiers et serviteurs. "Ce n'est pas tout, ajouta-t-il, la reine Esther vient de m'inviter avec le roi, et moi seul, à un banquet qu'elle lui offrait, et bien plus, je suis encore invité par elle avec le roi demain. Mais que me fait tout cela aussi longtemps que je verrai Mardochée, le Juif, siéger à la Porte Royale" -- "Fais seulement dresser une potence de 50 coudées, lui répondirent sa femme, Zéresh, et ses amis; demain matin tu demanderas au roi qu'on y pende Mardochée! Tu pourras alors, tout joyeux, aller rejoindre le roi au banquet!" Ravi du conseil, Aman fit préparer la potence. Or, cette nuit-là, comme le sommeil le fuyait, le roi réclama le livre des Mémoires ou Chroniques pour s'en faire donner lecture. Il s'y trouvait la dénonciation par Mardochée de Bigtân et Téresh, les deux eunuques gardes du seuil, coupables d'avoir projeté d'attenter à la vie d'Assuérus. "Et quelle distinction, quelle dignité, s'enquit le roi, furent pour cela conférées à ce Mardochée" -- "Rien n'a été fait pour lui", répondirent les courtisans de service. Le roi leur demanda alors: "Qui est dans le vestibule?" C'était juste le moment où Aman arrivait dans le vestibule extérieur du palais royal pour demander au roi de faire pendre Mardochée à la potence dressée pour lui par ses soins, si bien que les courtisans répondirent: "C'est Aman qui se tient dans le vestibule" -- "Qu'il entre!" ordonna le roi, et, sitôt entré: "Comment faut-il traiter un homme que le roi veut honorer" -- "Quel autre que moi le roi voudrait-il honorer", se dit Aman. "Le roi veut honorer quelqu'un? Répondit-il donc, qu'on prenne des vêtements princiers, de ceux que porte le roi; qu'on amène un cheval, de ceux que monte le roi et sur la tête duquel on aura mis un diadème royal. Puis vêtements et cheval seront confiés à l'un des plus nobles des grands officiers royaux. Celui-ci revêtira alors de ce costume l'homme que le roi veut honorer et le conduira à cheval sur la grand-place en criant devant lui: Voyez comment l'on traite l'homme que le roi veut honorer" -- "Ne perds pas un instant, répondit le roi à Aman, prends vêtements et cheval, et tout ce que tu viens de dire, fais-le à Mardochée, le Juif, l'attaché de la Royale Porte. Surtout, n'omets rien de ce que tu as dit!" Prenant donc vêtements et cheval, Aman habilla Mardochée, puis le promena à cheval sur la grand-place en criant devant lui: "Voyez comment l'on traite l'homme que le roi veut honorer!" Après quoi Mardochée s'en revint à la Porte Royale tandis qu'Aman, de son côté, rentrait précipitamment chez lui, consterné et le visage voilé. Il raconta à sa femme Zéresh et à tous ses amis ce qui venait d'arriver. Sa femme Zéresh et ses amis lui dirent: "Tu viens de commencer à déchoir devant Mardochée: s'il est de la race des Juifs, tu ne pourras plus reprendre le dessus. Au contraire tu tomberas sans cesse plus bas devant lui." La conversation n'était pas achevée qu'arrivèrent les eunuques du roi, venus chercher Aman pour le conduire en hâte au banquet offert par Esther. Le roi et Aman allèrent banqueter chez la reine Esther, et ce deuxième jour, pendant le banquet, le roi dit encore à Esther: "Dis-moi ce que tu demandes, reine Esther, c'est accordé d'avance! Dis-moi ce que tu désires; serait-ce la moitié du royaume, c'est chose faite" -- "Si vraiment j'ai trouvé grâce à tes yeux, ô roi, lui répondit la reine Esther, et si tel est ton bon plaisir, accorde-moi la vie, voilà ma demande, et la vie de mon peuple, voilà mon désir. Car nous sommes livrés, mon peuple et moi, à l'extermination, à la tuerie et à l'anéantissement. Si encore nous avions seulement été livrés comme esclaves ou servantes, je me serais tue. Mais en l'occurrence le persécuteur sera hors d'état de compenser le dommage qui va en résulter pour le roi." Mais Assuérus prit la parole et dit à la reine Esther: "Qui est-ce? Où est l'homme qui a pensé agir ainsi?" Alors Esther: "Le persécuteur, l'ennemi, c'est Aman, c'est ce misérable!" A la vue du roi et de la reine, Aman fut glacé de terreur. Furieux, le roi se leva et quitta le banquet pour gagner le jardin du palais, cependant qu'Aman demeurait près de la reine Esther pour implorer la grâce de la vie, sentant trop bien que le roi avait décidé sa perte. Quand le roi revint du jardin dans la salle du banquet, il trouva Aman effondré sur le divan où Esther était étendue. "Va-t-il après cela faire violence à la reine chez moi, dans le palais?" S'écria-t-il. A peine le mot était-il sorti de sa bouche qu'un voile fut jeté sur la face d'Aman. Harbona, un des eunuques, dit en présence du roi: "Justement il y a une potence de 50 coudées qu'Aman a fait préparer pour ce Mardochée qui a parlé pour le bien du roi; elle est toute dressée dans sa maison" -- "Qu'on l'y pende", ordonna le roi. Aman fut donc pendu à la potence dressée par lui pour Mardochée et la colère du roi s'apaisa. Ce jour même le roi Assuérus donna à la reine Esther la maison d'Aman, le persécuteur des Juifs, et Mardochée fut présenté au roi, à qui Esther avait révélé ce qu'il était pour elle. Le roi avait repris son anneau à Aman; il l'ôta de son doigt pour le donner à Mardochée, à qui, de son côté, Esther confia la gestion de la maison d'Aman. Esther alla une seconde fois parler au roi. Elle se jeta à ses pieds, elle pleura, elle se le rendit favorable en vue de faire échouer la méchanceté d'Aman l'Agagite et le dessein qu'il avait conçu contre les Juifs. Le roi lui tendit son sceptre d'or. Esther se releva donc et se tint debout en face de lui. "Si tel est le bon plaisir du roi, lui dit-elle, et si vraiment j'ai trouvé grâce devant lui, si ma demande lui paraît juste et si je suis moi-même agréable à ses yeux, qu'il veuille révoquer expressément les lettres qu'Aman, fils de Hamdata, l'Agagite, a fait écrire pour perdre les Juifs de toutes les provinces royales. Comment pourrais-je voir mon peuple dans le malheur qui va l'atteindre? Comment pourrais-je être témoin de l'extermination de ma parenté?" Le roi Assuérus répondit à la reine Esther et au Juif Mardochée: "En ce qui me concerne, j'ai donné à Esther la maison d'Aman après l'avoir fait pendre pour avoir voulu perdre les Juifs. Pour vous, écrivez au sujet des Juifs ce que vous jugerez bon, au nom du roi. Scellez ensuite de l'anneau royal. Car tout édit rédigé au nom du roi et scellé de son sceau est irrévocable." Les scribes royaux furent convoqués aussitôt -- c'était le troisième mois, qui est Sivân, le vingt-troisième jour -- et, sur l'ordre de Mardochée, ils écrivirent aux Juifs, aux satrapes, aux gouverneurs, aux grands officiers des provinces échelonnées de l'Inde à l'Ethiopie, soit 127 provinces, à chaque province selon son écriture, à chaque peuple selon sa langue et aux Juifs selon leur écriture et leur langue. Ces lettres, rédigées au nom du roi Assuérus et scellées de son sceau, furent portées par des courriers montés sur des chevaux des haras du roi. Le roi y octroyait aux Juifs, en quelque ville qu'ils fussent, le droit de se rassembler pour mettre leur vie en sûreté, avec permission d'exterminer, égorger et détruire tous gens armés des peuples ou des provinces qui voudraient les attaquer, avec leurs femmes et leurs enfants, comme aussi de piller leurs biens. -x Toute ville, et, plus généralement, toute contrée qui ne suivra pas ces instructions sera impitoyablement dévastée par le fer et le feu, rendue impraticable aux hommes et pour toujours odieuse aux bêtes sauvages et aux oiseaux eux-mêmes." La copie de cet édit, destiné à être promulgué comme loi dans chaque province, fut publiée parmi toutes les populations afin que les Juifs se tinssent prêts au jour dit à tirer vengeance de leurs ennemis. Les coursiers, montant des chevaux royaux, partirent en grande hâte et diligence sur l'ordre du roi. Le décret fut aussi publié dans la citadelle de Suse. Mardochée sortit de chez le roi revêtu d'un habit princier de pourpre violette et de lin blanc, couronné d'un grand diadème d'or et portant un manteau de byssus et de pourpre rouge. La ville de Suse tout entière retentit d'allégresse. Ce fut, pour les Juifs, un jour de lumière, de liesse, d'exultation et de triomphe. Dans toutes les provinces, dans toutes les villes, partout enfin où parvinrent les ordres du décret royal, ce ne fut pour les Juifs, qu'allégresse, liesse, banquets et fêtes. Parmi la population du pays bien des gens se firent Juifs, car la crainte des Juifs s'appesantit sur eux. Les ordres du décret royal entrant en vigueur le douzième mois, Adar, au treizième jour, ce jour où les ennemis des Juifs s'étaient flattés de les écraser vit la situation retournée: ce furent les Juifs qui écrasèrent leurs ennemis. Dans toutes les provinces du roi Assuérus ils se rassemblèrent dans les villes qu'ils habitaient afin de frapper ceux qui avaient comploté leur perte. Personne ne leur résista, car la peur des Juifs pesait sur toutes les populations. Grands officiers des provinces, satrapes, gouverneurs, fonctionnaires royaux, tous soutinrent les Juifs par crainte de Mardochée. Mardochée était en effet un personnage éminent au palais, sa renommée se répandait dans toutes les provinces: Mardochée était en train de devenir un grand homme. Les Juifs frappèrent donc tous leurs ennemis à coups d'épée. Ce fut un massacre, une extermination, et ils firent ce qu'ils voulurent de leurs adversaires. A la seule citadelle de Suse les Juifs mirent à mort et exterminèrent 500 hommes, notamment Parshândata, Dalphôn, Aspata, Porata, Adalya, Aridata, Parmashta, Arisaï, Aridaï et Yezata les dix fils d'Aman, fils de Hamdata, le persécuteur des Juifs. Mais ils ne se livrèrent pas au pillage. Le dénombrement des victimes égorgées à la citadelle de Suse parvint au roi le jour même. Le roi dit à la reine Esther: "Dans la seule citadelle de Suse, les Juifs ont mis à mort et exterminé 500 hommes, ainsi que les dix fils d'Aman. Que n'auront-ils pas fait dans le reste des provinces royales! Et maintenant, dis-moi ce que tu as à demander, c'est accordé d'avance! Dis-moi ce que tu désires de plus, c'est chose faite" -- "Si tel est le bon plaisir du roi, répondit Esther, les Juifs de Suse ne pourraient-ils pas appliquer encore demain le décret porté pour aujourd'hui? Quant aux dix fils d'Aman, qu'on suspende leurs cadavres au gibet!" Sur quoi, le roi en ayant donné l'ordre, le décret fut proclamé à Suse et les dix fils d'Aman pendus. Ainsi, les Juifs de Suse se réunirent aussi le quatorzième jour d'Adar et ils égorgèrent 300 hommes dans Suse, mais ils ne se livrèrent pas au pillage. De leur côté, les Juifs des provinces royales se réunirent aussi pour mettre leur vie en sûreté. Ils se débarrassèrent de leurs ennemis en égorgeant 75.000 de leurs adversaires, sans se livrer au pillage. C'était le treizième jour du mois d'Adar. Le quatorzième ils se reposèrent et de ce jour ils firent un jour de festins et de liesse. Pour les Juifs de Suse qui s'étaient réunis le treizième et le quatorzième jour, c'est le quinzième qu'ils se reposèrent, faisant pareillement de ce jour un jour de festins et de liesse. -a tandis que pour ceux des villes, le jour heureux qu'ils passent dans la joie en envoyant des portions à leurs voisins est le quinzième jour d'Adar. Mardochée consigna par écrit ces événements. Puis il envoya des lettres à tous les Juifs qui se trouvaient dans les provinces du roi Assuérus, proches ou lointaines. Il les y engageait à célébrer chaque année le quatorzième et le quinzième jour d'Adar, parce que ces jours sont ceux où les Juifs se sont débarrassés de leurs ennemis, et ce mois celui où, pour eux, l'affliction fit place à l'allégresse et le deuil aux festivités. Il les conviait donc à faire de ces journées des jours de festins et de liesse, à y échanger mutuellement des portions et à y faire des largesses aux pauvres. Les Juifs adoptèrent ces pratiques qu'ils avaient commencé d'observer et au sujet desquelles Mardochée leur avait écrit: Aman, fils de Hamdata, l'Agagite, le persécuteur de tous les Juifs, avait machiné leur perte et il avait tiré le "Pûr", c'est-à-dire les sorts, pour leur confusion et leur ruine. Mais quand il fut rentré chez le roi pour lui demander de faire pendre Mardochée, le mauvais dessein qu'il avait conçu contre les Juifs se retourna contre lui, et il fut pendu, ainsi que ses fils, à la potence. C'est la raison pour laquelle ces jours furent appelés les Purim, du mot "Pûr." C'est aussi pourquoi, d'après les termes de cette lettre de Mardochée, d'après ce qu'ils avaient eux-mêmes constaté ou d'après ce qui était parvenu jusqu'à eux, les Juifs s'engagèrent de plein gré, eux, leur postérité, et tous ceux qui s'adjoindraient à eux, à célébrer sans faute ces deux jours-là, d'après ce texte et à cette date, d'année en année. Ainsi commémorés et célébrés de génération en génération, dans chaque famille, dans chaque province, chaque ville, ces jours des Purim ne disparaîtront pas de chez les Juifs, leur souvenir ne périra pas au sein de leur race. La reine Esther, fille d'Abihayil, écrivit avec toute autorité pour donner force de loi à cette seconde lettre, et fit envoyer des lettres à tous les Juifs des 127 provinces du royaume d'Assuérus, comme paroles de paix et consignes de fidélité, pour leur enjoindre d'observer ces jours des Purim à leur date, comme le leur avait commandé le Juif Mardochée et de la façon dont on les y avait obligés, eux-mêmes et leur race, en y joignant des ordonnances de jeûne et de lamentations. Ainsi l'ordonnance d'Esther fixa la loi des Purim et elle fut écrite dans un livre. Le roi Assuérus leva tribut sur le continent et sur les îles de la mer. Tous les exploits de sa vigueur et de sa vaillance, ainsi que la relation de l'élévation de Mardochée qu'il avait exalté, tout cela est écrit dans le livre des Chroniques des rois des Mèdes et des Perses. -l La quatrième année du règne de Ptolémée et de Cléopâtre, Dosithée qui se disait prêtre et lévite, ainsi que son fils Ptolémée, apportèrent la présente lettre concernant les Purim. Ils la donnaient comme authentique et traduite par Lysimaque, fils de Ptolémée, de la communauté de Jérusalem. Il y avait jadis, au pays de Uç, un homme appelé Job: un homme intègre et droit qui craignait Dieu et se gardait du mal. Sept fils et trois filles lui étaient nés. Il possédait aussi 7.000 brebis,3.000 chameaux,500 paires de boeufs et 500 ânesses, avec de très nombreux serviteurs. Cet homme était le plus fortuné de tous les fils de l'Orient. Ses fils avaient coutume d'aller festoyer chez l'un d'entre eux, à tour de rôle, et d'envoyer chercher leurs trois soeurs pour manger et boire avec eux. Or, une fois terminé le cycle de ces festins, Job les faisait venir pour les purifier et, le lendemain, à l'aube, il offrait un holocauste pour chacun d'eux. Car il se disait: "Peut-être mes fils ont-ils péché et maudit Dieu dans leur coeur!" Ainsi faisait Job, chaque fois. Le jour où les Fils de Dieu venaient se présenter devant Yahvé, le Satan aussi s'avançait parmi eux. Yahvé dit alors au Satan: "D'où viens-tu" -- "De rôder sur la terre, répondit-il, et d'y flâner." Et Yahvé reprit: "As-tu remarqué mon serviteur Job? Il n'a point son pareil sur la terre: un homme intègre et droit, qui craint Dieu et se garde du mal!" Et le Satan de répliquer: "Est-ce pour rien que Job craint Dieu? Ne l'as-tu pas entouré d'une haie, ainsi que sa maison et son domaine alentour? Tu as béni toutes ses entreprises, ses troupeaux pullulent dans le pays. Mais étends la main et touche à ses biens; je te jure qu'il te maudira en face" -- "Soit! dit Yahvé au Satan, tous ses biens sont en ton pouvoir. Evite seulement de porter la main sur lui." Et le Satan sortit de l'audience de Yahvé. Le jour où les fils et les filles de Job étaient en train de manger et de boire chez leur frère aîné, un messager vint dire à Job: "Tes boeufs labouraient et les ânesses paissaient à leurs côtés quand les Sabéens ont fondu sur eux et les ont enlevés, après avoir passé les serviteurs au fil de l'épée. Moi, le seul rescapé, je me suis sauvé pour te l'annoncer." Il parlait encore quand un autre survint et dit: "Le feu de Dieu est tombé du ciel; il a brûlé les brebis et les pâtres jusqu'à les consumer. Moi, le seul rescapé, je me suis sauvé pour te l'annoncer." Il parlait encore quand un autre survint et dit: "Les Chaldéens, divisés en trois bandes, ont fait un raid contre les chameaux et ils les ont enlevés, après avoir passé les serviteurs au fil de l'épée. Moi, le seul rescapé, je me suis sauvé pour te l'annoncer." Il parlait encore quand un autre survint et dit: "Tes fils et tes filles étaient en train de manger et de boire du vin dans la maison de leur frère aîné. Et voilà qu'un vent violent a soufflé du désert. Il a heurté les quatre coins de la maison et celle-ci est tombée sur les jeunes gens, qui ont péri. Moi, le seul rescapé, je me suis sauvé pour te l'annoncer." Alors Job se leva, déchira son vêtement, se rasa la tête. Puis, tombant sur le sol, il se prosterna et dit: "Nu, je suis sorti du sein maternel, nu, j'y retournerai. Yahvé avait donné, Yahvé a repris: que le nom de Yahvé soit béni!" En toute cette infortune, Job ne pécha point et il n'adressa pas à Dieu de sots reproches. Un autre jour où les Fils de Dieu venaient se présenter devant Yahvé, le Satan aussi s'avançait parmi eux. Yahvé dit alors au Satan: "D'où viens-tu" -- "De rôder sur la terre, répondit-il, et d'y flâner." Et Yahvé reprit: "As-tu remarqué mon serviteur Job? Il n'a point son pareil sur la terre: un homme intègre et droit, qui craint Dieu et se garde du mal! Il persévère dans son intégrité et c'est en vain que tu m'as excité contre lui pour le perdre." Et le Satan de répliquer: "Peau après peau. Tout ce que l'homme possède, il l'abandonne pour sauver sa vie! Mais étends la main, touche à ses os et à sa chair; je te jure qu'il te maudira en face" -- "Soit! dit Yahvé au Satan, dispose de lui, mais respecte pourtant sa vie." Et le Satan sortit de l'audience de Yahvé. Il affligea Job d'un ulcère malin, depuis la plante des pieds jusqu'au sommet de la tête. Job prit un tesson pour se gratter et il s'installa parmi les cendres. Alors sa femme lui dit: "Pourquoi persévérer dans ton intégrité? Maudis donc Dieu et meurs!" Job lui répondit: "Tu parles comme une folle. Si nous accueillons le bonheur comme un don de Dieu, comment ne pas accepter de même le malheur!" En toute cette infortune, Job ne pécha point en paroles. La nouvelle de tous les maux qui avaient frappé Job parvint à ses trois amis. Ils partirent chacun de son pays, Eliphaz de Témân, Bildad de Shuah, Cophar de Naamat. Ensemble, ils décidèrent d'aller le plaindre et le consoler. De loin, fixant les yeux sur lui, ils ne le reconnurent pas. Alors ils éclatèrent en sanglots. Chacun déchira son vêtement et jeta de la poussière sur sa tête. Puis, s'asseyant à terre près de lui, ils restèrent ainsi durant sept jours et sept nuits. Aucun ne lui adressa la parole, au spectacle d'une si grande douleur. Enfin Job ouvrit la bouche et maudit le jour de sa naissance. Il prit la parole et dit: Périsse le jour qui me vit naître et la nuit qui annonça: "Un garçon vient d'être conçu." Ce jour-là, qu'il soit ténèbres, que Dieu, de là-haut, ne le réclame pas, que la lumière ne brille pas sur lui! Que le revendiquent ténèbre et ombre épaisse, qu'une nuée s'installe sur lui, qu'une éclipse en fasse sa proie! Oui, que l'obscurité le possède, qu'il ne s'ajoute pas aux jours de l'année, n'entre point dans le compte des mois! Cette nuit-là, qu'elle soit stérile, qu'elle ignore les cris de joie! Que la maudissent ceux qui maudissent les jours et sont prêts à réveiller Léviathan! Que se voilent les étoiles de son aube, qu'elle attende en vain la lumière et ne voie point s'ouvrir les paupières de l'aurore! Car elle n'a pas fermé sur moi la porte du ventre, pour cacher à mes yeux la souffrance. Pourquoi ne suis-je pas mort au sortir du sein, n'ai-je péri aussitôt enfanté? Pourquoi s'est-il trouvé deux genoux pour m'accueillir, deux mamelles pour m'allaiter? Maintenant je serais couché en paix, je dormirais d'un sommeil reposant, avec les rois et les grands ministres de la terre, qui ont bâti leurs demeures dans des lieux désolés, ou avec les princes qui ont de l'or en abondance et de l'argent plein leurs tombes. Ou bien, tel l'avorton caché, je n'aurais pas existé, comme les petits qui ne voient pas le jour. Là prend fin l'agitation des méchants, là se reposent les épuisés. Les captifs de même sont laissés tranquilles et n'entendent plus les cris du surveillant. Là petits et grands se confondent et l'esclave recouvre sa liberté. Pourquoi donner à un malheureux la lumière, la vie à ceux qui ont l'amertume au coeur, qui aspirent après la mort sans qu'elle vienne, fouillent à sa recherche plus que pour un trésor? Ils se réjouiraient en face du tertre funèbre, exulteraient s'ils atteignaient la tombe. Pourquoi ce don à l'homme qui ne voit plus sa route et que Dieu enclôt sur lui-même? Pour nourriture, j'ai mes soupirs, comme l'eau s'épanchent mes rugissements. Toutes mes craintes se réalisent et ce que je redoute m'arrive. Ni tranquillité ni paix pour moi, et mes tourments chassent le repos. Eliphaz de Témân prit la parole et dit: Si on t'adresse la parole, le supporteras-tu? Mais qui pourrait garder le silence! Vois, tu faisais la leçon à beaucoup d'autres, tu rendais vigueur aux mains débiles; tes propos redressaient l'homme qui chancelle, fortifiaient les genoux qui ploient. Et maintenant, ton tour venu, tu perds patience, atteint toi-même, te voilà tout bouleversé! Ta piété ne t'inspire-t-elle pas confiance, ta vie intègre n'est-elle pas ton assurance? Souviens-toi: quel est l'innocent qui a péri? Où donc a-t-on vu des justes exterminés? Je parle d'expérience: ceux qui labourent l'iniquité et sèment le malheur, les moissonnent. Sous l'haleine de Dieu ils périssent, au souffle de sa colère ils sont anéantis. Les rugissements du lion, les cris du fauve, comme les crocs des lionceaux sont brisés. Le lion périt faute de proie, et les petits de la lionne se dispersent. J'ai eu aussi une révélation furtive, mon oreille en a perçu le murmure. A l'heure où les rêves agitent confusément l'esprit, quand une torpeur envahit les humains, un frisson d'épouvante me saisit et remplit tous mes os d'effroi. Un souffle glissa sur ma face, hérissa le poil de ma chair. Quelqu'un se dressa... je ne reconnus pas son visage, mais l'image restait devant mes yeux. Un silence... puis une voix se fit entendre: "Un mortel est-il juste devant Dieu, en face de son Auteur, un homme serait-il pur? A ses serviteurs mêmes, Dieu ne fait pas confiance, et il convainc ses anges d'égarement. Que dire des hôtes de ces maisons d'argile, posées elles-mêmes sur la poussière? On les écrase comme une mite; un jour suffit à les pulvériser. A jamais ils disparaissent, car nul ne les ramène, Leur piquet de tente est arraché, et ils meurent dénués de sagesse." Appelle maintenant! Est-ce qu'on te répondra? Auquel des saints t'adresseras-tu? En vérité, le dépit tue l'insensé et l'emportement fait mourir le sot. J'ai vu ceci, moi: l'un d'eux prenait racine, quand sa demeure fut soudain maudite. Ses fils sont privés de tout appui, accablés à la Porte sans défenseur; leur moisson nourrit des affamés, car Dieu la leur ôte de la bouche, et des hommes altérés convoitent leurs biens. Non, la misère ne sourd pas de terre, la peine ne germe pas du sol. C'est l'homme qui engendre la peine comme le vol des aigles recherche l'altitude. Pour moi, j'aurais recours à Dieu, à lui j'exposerais ma cause. Il est l'auteur d'oeuvres grandioses et insondables, de merveilles qu'on ne peut compter. Il répand la pluie sur la terre, envoie les eaux sur les campagnes. S'il veut relever les humiliés, pousser les affligés au comble du bonheur, il déjoue les desseins des astucieux, incapables de mener à bien leurs intrigues. Il prend les sages au piège de leurs astuces, rend stupides les conseillers retors. En plein jour ils se heurtent aux ténèbres, ils tâtonnent à midi comme dans la nuit. Il arrache de leur gueule l'homme ruiné et le pauvre des mains du puissant. Alors le faible renaît à l'espoir et l'injustice doit fermer la bouche. Oui, heureux l'homme que Dieu corrige! Aussi, ne méprise pas la leçon de Shaddaï. Lui, qui blesse, puis panse la plaie, qui meurtrit, puis guérit de sa main, six fois de l'angoisse il te délivrera, et une septième le mal t'épargnera. Dans une famine, il te sauvera de la mort; à la guerre, des atteintes de l'épée. Tu seras à l'abri du fouet de la langue, sans crainte à l'approche du pillard. Tu riras de la sécheresse et du gel et tu ne craindras pas les bêtes de la terre. Tu auras un pacte avec les pierres des champs, les bêtes sauvages seront en paix avec toi. Tu trouveras ta tente prospère, ton bercail au complet quand tu le visiteras. Tu verras ta postérité s'accroître, tes rejetons pousser comme l'herbe des champs. Tu entreras dans la tombe bien mûr, comme on entasse la meule en son temps. Tout cela, nous l'avons observé: c'est la vérité! A toi d'écouter et d'en faire ton profit. Job prit la parole et dit: Oh! Si l'on pouvait peser mon affliction, mettre sur une balance tous mes maux ensemble! Mais c'est plus lourd que le sable des mers: aussi mes propos sont-ils irréfléchis. Les flèches de Shaddaï en moi sont plantées, mon humeur boit leur venin et les terreurs de Dieu sont en ligne contre moi. Voit-on braire l'onagre auprès de l'herbe tendre, le boeuf mugir à portée du fourrage? Un aliment fade se mange-t-il sans sel, le blanc de l'oeuf a-t-il quelque saveur? Or ce que mon appétit se refuse à toucher, c'est là ma nourriture de malade. Oh! que se réalise donc ma prière, que Dieu réponde à mon attente! Que Lui consente à m'écraser, qu'il dégage sa main et me supprime! J'aurai du moins cette consolation, ce sursaut de joie en de cruelles souffrances, de n'avoir pas renié les décrets du Saint. Ai-je donc assez de force pour attendre? Voué à une telle fin, à quoi bon patienter? Ma force est-elle celle du roc, ma chair est-elle de bronze? Aurai-je pour appui le néant et tout secours n'a-t-il pas fui loin de moi? Refuser la pitié à son prochain, c'est rejeter la crainte de Shaddaï. Mes frères ont été décevants comme un torrent, comme le cours des torrents passagers. La glace assombrit leurs eaux, au-dessus d'eux fond la neige, mais, dès la saison brûlante, ils tarissent, ils s'évanouissent sous l'ardeur du soleil. Pour eux, les caravanes quittent les pistes, s'enfoncent dans le désert et s'y perdent. Les caravanes de Téma les fixent des yeux, en eux espèrent les convois de Saba. Leur confiance se voit déçue; arrivés près d'eux, ils restent confondus. Tels vous êtes pour moi à cette heure: à ma vue, saisis d'effroi, vous prenez peur. Vous ai-je donc dit: "Faites-moi tel don, offrez tel présent pour moi sur vos biens; arrachez-moi à l'étreinte d'un oppresseur, délivrez-moi des mains d'un violent?" Instruisez-moi, alors je me tairai; montrez-moi en quoi j'ai pu errer. On supporte sans peine des discours équitables, mais vos critiques, que visent-elles? Prétendez-vous censurer des paroles, propos de désespoir qu'emporte le vent? Vous iriez jusqu'à tirer au sort un orphelin, à faire bon marché de votre ami! Allons, je vous en prie, regardez-moi! En face, je ne mentirai point. Revenez, pas d'injustice; revenez, car je reste dans mon droit. Y a-t-il du mal sur mes lèvres? Mon palais ne sait-il plus discerner l'infortune? N'est-ce pas un temps de service qu'accomplit l'homme sur terre, n'y mène-t-il pas la vie d'un mercenaire? Tel l'esclave soupirant après l'ombre ou l'ouvrier tendu vers son salaire, j'ai en partage des mois de déception, à mon compte des nuits de souffrance. Etendu sur ma couche, je me dis: "A quand le jour?" Sitôt levé: "Quand serai-je au soir?" Et des pensées folles m'obsèdent jusqu'au crépuscule. Vermine et croûtes terreuses couvrent ma chair, ma peau gerce et suppure. Mes jours ont couru plus vite que la navette et disparu sans espoir. Souviens-toi que ma vie n'est qu'un souffle, que mes yeux ne reverront plus le bonheur! Désormais je serai invisible à tout regard, tes yeux seront sur moi et j'aurai disparu. Comme la nuée se dissipe et passe, qui descend au shéol n'en remonte pas. Il ne revient pas habiter sa maison et sa demeure ne le connaît plus. Et c'est pourquoi je ne puis me taire, je parlerai dans l'angoisse de mon esprit, je me plaindrai dans l'amertume de mon âme. Suis-je la Mer, moi, ou le monstre marin, pour poster une garde contre moi? Si je dis: "Mon lit me soulagera, ma couche atténuera ma plainte", alors tu m'effraies par des songes, tu m'épouvantes par des visions. Ah! je voudrais être étranglé: la mort plutôt que mes douleurs. Je me consume, je ne vivrai pas toujours; aussi, laisse-moi, mes jours ne sont qu'un souffle! Qu'est-ce donc que l'homme pour en faire si grand cas, pour fixer sur lui ton attention, pour l'inspecter chaque matin, pour le scruter à tout instant? Cesseras-tu enfin de me regarder, pour me laisser le temps d'avaler ma salive? Si j'ai péché, que t'ai-je fait, à toi, l'observateur attentif de l'homme? Pourquoi m'as-tu pris pour cible, pourquoi te suis-je à charge? Ne peux-tu tolérer mon offense, passer sur ma faute? Car bientôt je serai couché dans la poussière, tu me chercheras, et je ne serai plus. Bildad de Shuah prit la parole et dit: Jusqu'à quand parleras-tu de la sorte et tiendras-tu des propos semblables à un grand vent? Dieu peut-il fléchir le droit, Shaddaï fausser la justice? Si tes fils ont péché contre lui, il les a punis pour leurs fautes. Recherche Dieu, implore Shaddaï. Pour toi, si tu es irréprochable et droit, Dès maintenant, sa lumière brillera sur toi et il restaurera la maison d'un juste. Ta condition ancienne te paraîtra comme rien, si grand sera ton avenir. Interroge la génération passée, médite sur l'expérience acquise par ses pères. Nous, nés d'hier, nous ne savons rien, notre vie sur terre passe comme une ombre. Mais eux, ils t'instruiront, te parleront, et leur pensée livrera ces sentences: "Le papyrus pousse-t-il hors des marais? Privé d'eau, le jonc peut-il croître? Quand il est encore dans sa fraîcheur et non cueilli, avant toute autre herbe il se dessèche. Tel est le sort de ceux qui oublient Dieu, ainsi périt l'espoir de l'impie. Sa confiance n'est que filandre, sa sécurité, une maison d'araignée. S'appuie-t-il sur sa demeure, elle cède; s'y cramponne-t-il, elle s'écroule. Plein de sève au soleil, au-dessus du jardin il lançait ses jeunes pousses. Ses racines entrelacées sur un tertre pierreux, il puisait sa vie au milieu des rochers. On l'arrache de son lieu; son lieu le renie: Je ne t'ai jamais vu! Et le voilà pourrissant sur le chemin, tandis que du sol, d'autres germent. Non, Dieu ne rejette pas l'homme intègre, il ne prête pas main-forte aux méchants. Le rire peut de nouveau remplir ta bouche, la joie éclater sur tes lèvres. Tes ennemis seront couverts de honte, et la tente des méchants disparaîtra." Job prit la parole et dit: En vérité, je sais bien qu'il en est ainsi: l'homme pourrait-il se justifier devant Dieu? A celui qui se plaît à discuter avec lui, il ne répond même pas une fois sur mille. Parmi les plus sages et les plus robustes qui donc lui tiendrait tête impunément? Il déplace les montagnes à leur insu et les renverse dans sa colère. Il ébranle la terre de son site et fait vaciller ses colonnes. A sa défense, le soleil ne se lève pas, il met un sceau sur les étoiles. Lui seul a déployé les Cieux et foulé le dos de la Mer. Il a fait l'Ourse et Orion, les Pléiades et les Chambres du Sud. Il est l'auteur d'oeuvres grandioses et insondables, de merveilles qu'on ne peut compter. S'il passe sur moi, je ne le vois pas et il glisse imperceptible. S'il ravit une proie, qui l'en empêchera et qui osera lui dire: "Que fais-tu?" Dieu ne renonce pas à sa colère: sous lui restent prostrés les satellites de Rahab. Et moi, je voudrais me défendre, je choisirais mes arguments contre lui? Même si je suis dans mon droit, à quoi bon lui répondre? C'est mon juge qu'il faudrait supplier. Et si, sur mon appel, il daignait comparaître, je ne puis croire qu'il écouterait ma voix, lui, qui m'écrase pour un cheveu, qui multiplie sans raison mes blessures et ne me laisse même pas reprendre mon souffle, tant il me rassasie d'amertume! Recourir à la force? Il l'emporte en vigueur! Au tribunal? Mais qui donc l'assignera? Si je me justifie, sa bouche peut me condamner; si je m'estime parfait, me déclarer pervers. Mais suis-je parfait? Je ne le sais plus moi-même, et je fais fi de l'existence! Car c'est tout un, et j'ose dire: il fait périr de même l'homme intègre et le méchant. Quand un fléau mortel s'abat soudain, il se rit de la détresse des innocents. Dans un pays livré au pouvoir d'un méchant, il met un voile sur la face des juges. Si ce n'est pas lui, qui donc alors? Mes jours passent, plus rapides qu'un coureur, ils s'enfuient sans voir le bonheur. Ils glissent comme des nacelles de jonc, comme un aigle fond sur sa proie. Si je décide de refouler ma plainte, de changer de mine pour faire gai visage, l'effroi me saisit en face de tous mes maux, car, je le sais, tu ne me tiens pas pour innocent. Et si j'ai commis le mal, à quoi bon me fatiguer en vain? Que je me lave avec de la saponaire, que je purifie mes mains à la soude? Tu me plonges alors dans l'ordure, et mes vêtements mêmes me prennent en horreur! Car lui n'est pas, comme moi, un homme: impossible de lui répondre, de comparaître ensemble en justice. Pas d'arbitre entre nous pour poser la main sur nous deux, pour écarter de moi ses rigueurs, chasser l'épouvante de sa terreur! Je parlerai pourtant, sans le craindre, car je ne suis pas tel à mes yeux! Puisque la vie m'est en dégoût, je veux donner libre cours à ma plainte, épancher l'amertume de mon âme. Je dirai à Dieu: Ne me condamne pas, indique-moi pourquoi tu me prends à partie. Est-ce bien, pour toi, de me faire violence, d'avilir l'oeuvre de tes mains et de favoriser les desseins des méchants? Aurais-tu des yeux de chair et ta manière de voir serait-elle celle des hommes? Ton existence est-elle celle des mortels, tes années passent-elles comme les jours de l'homme? Toi, qui recherches ma faute et fais une enquête sur mon péché, tu sais bien que je suis innocent et que nul ne peut me soustraire à tes mains! Tes mains m'ont façonné, créé; puis, te ravisant, tu voudrais me détruire! Souviens-toi: tu m'as fait comme on pétrit l'argile et tu me renverras à la poussière. Ne m'as-tu pas coulé comme du lait et fait cailler comme du laitage, vêtu de peau et de chair, tissé en os et en nerfs? Puis tu m'as gratifié de la vie, et tu veillais avec sollicitude sur mon souffle. Mais tu gardais une arrière-pensée; je sais que tu te réservais de me surveiller si je pèche et de ne pas m'innocenter de mes fautes. Suis-je coupable, malheur à moi! suis-je dans mon droit, je n'ose lever la tête, moi, saturé d'outrages, ivre de peines! Fier comme un lion, tu me prends en chasse, tu multiplies tes exploits à mon propos, tu renouvelles tes attaques, ta fureur sur moi redouble, tes troupes fraîches se succèdent contre moi. Oh! Pourquoi m'as-tu fait sortir du sein? J'aurais péri alors: nul oeil ne m'aurait vu, je serais comme n'ayant pas été, du ventre on m'aurait porté à la tombe. Et ils durent si peu, les jours de mon existence! Cesse donc de me fixer, pour me permettre un peu de joie, avant que je m'en aille sans retour au pays des ténèbres et de l'ombre épaisse, où règnent l'obscurité et le désordre, où la clarté même ressemble à la nuit sombre. Cophar de Naamat prit la parole et dit: Le bavard restera-t-il sans réponse? Suffit-il d'être loquace pour avoir raison? Ton verbiage rendra-t-il muets les autres, te moqueras-tu sans qu'on te confonde? Tu as dit: "Ma conduite est pure, je suis irréprochable à tes yeux." Mais si Dieu voulait parler, ouvrir les lèvres pour te répondre, s'il te dévoilait les secrets de la Sagesse, qui déconcertent toute sagacité, tu saurais que Dieu te demande compte de ta faute. Prétends-tu sonder la profondeur de Dieu, atteindre la limite de Shaddaï? Elle est plus haute que les cieux: que feras-tu? Plus profonde que le shéol: que sauras-tu? Elle serait plus longue que la terre à mesurer et plus large que la mer. S'il intervient pour enfermer et convoquer l'assemblée, qui l'en empêchera? Car lui connaît la fausseté chez l'homme; il voit le crime et y prête attention. Aussi l'écervelé doit-il s'assagir, et l'homme aux moeurs d'onagre se laisser domestiquer. Allons, redresse tes pensées, tends tes paumes vers lui! Si tu répudies le mal dont tu serais responsable et ne laisses pas l'injustice habiter sous tes tentes, tu lèveras un front pur, tu seras ferme et sans crainte. Ton malheur, tu n'y songeras plus, il laissera le souvenir des eaux qui passent. Alors débutera une existence plus radieuse que le midi et l'obscurité même sera comme le matin. Confiant car il y a de l'espoir, même après la confusion, tu te coucheras en sécurité. Lorsque tu reposeras, nul ne te troublera, et bien des gens rechercheront ta faveur. Les méchants, eux, tournent des yeux éteints, tout refuge leur fait défaut; leur espoir, c'est le dernier soupir. Job prit la parole et dit: Vraiment, vous êtes la voix du peuple, avec vous mourra la Sagesse. Moi aussi, j'ai de l'intelligence, tout comme vous, je ne vous cède en rien, et qui donc ne sait tout cela? Mais un homme devient la risée de son ami, quand il crie vers Dieu pour avoir une réponse. On se moque du juste intègre. "A l'infortune, le mépris! opinent les gens heureux, un coup de plus à qui chancelle!" Cependant, les tentes des pillards sont en paix: pleine sécurité pour ceux qui provoquent Dieu et pour celui qui met Dieu dans son poing! Interroge pourtant le bétail pour t'instruire, les oiseaux du ciel pour t'informer. Les reptiles du sol te donneront des leçons, ils te renseigneront, les poissons des mers. Car lequel ignore, parmi eux tous, que la main de Dieu a fait tout cela! Il tient en son pouvoir l'âme de tout vivant et le souffle de toute chair d'homme. L'oreille n'apprécie-t-elle pas les discours, comme le palais goûte les mets? La sagesse est l'affaire des vieillards, le discernement le fait du grand âge. Mais en Lui résident sagesse et puissance, à lui le conseil et le discernement. S'il détruit, nul ne peut rebâtir, s'il emprisonne quelqu'un, nul n'ouvrira. S'il retient les eaux, c'est la sécheresse; s'il les relâche, elles bouleversent la terre. En lui vigueur et sagacité, à lui appartiennent l'égaré et celui qui l'égare. Il rend stupides les conseillers du pays et frappe les juges de démence. Il délie la ceinture des rois et passe une corde à leurs reins. Il fait marcher nu-pieds les prêtres et renverse les puissances établies. Il ôte la parole aux plus assurés, ravit le discernement aux vieillards. Il déverse le mépris sur les nobles, dénoue le ceinturon des forts. Il dévoile les profondeurs des ténèbres, amène à la lumière l'ombre épaisse. Il agrandit des nations, puis les ruine: il fait s'étendre des peuples, puis les supprime. Il ôte l'esprit aux chefs d'un pays, les fait errer dans un désert sans routes, tâtonner dans les ténèbres, sans lumière, et tituber comme sous l'ivresse. Tout cela, je l'ai vu de mes yeux, entendu de mes oreilles, et compris. J'en sais, moi, autant que vous, je ne vous cède en rien. Mais j'ai à parler à Shaddaï, je veux faire à Dieu des remontrances. Vous, vous n'êtes que des charlatans, des médecins de fantaisie! Qui donc vous apprendra le silence, la seule sagesse qui vous convienne! Ecoutez, je vous prie, mes griefs, soyez attentifs au plaidoyer de mes lèvres. Pensez-vous défendre Dieu par un langage inique et par des propos mensongers? Prendre ainsi son parti, vous faire ses avocats? Serait-il bon qu'il vous scrutât? Se moque-t-on de lui comme on se joue d'un homme? Il vous infligerait une sévère réprimande pour votre partialité secrète. Est-ce que sa majesté ne vous effraie pas? Sa terreur ne fond-elle pas sur vous? Vos leçons apprises sont des sentences de cendre, vos défenses, des défenses d'argile. Faites silence! C'est moi qui vais parler, quoi qu'il m'advienne. Je prends ma chair entre mes dents, je place ma vie dans mes mains, il peut me tuer: je n'ai d'autre espoir que de défendre devant lui ma conduite. Et cela même me sauvera, car un impie n'oserait comparaître en sa présence. Ecoutez, écoutez mes paroles, prêtez l'oreille à mes déclarations. Voici: je vais procéder en justice, conscient d'être dans mon droit. Qui veut plaider contre moi? D'avance, j'accepte d'être réduit au silence et de périr! Fais-moi seulement deux concessions, alors je ne me cacherai pas loin de ta face: Ecarte ta main qui pèse sur moi et ne m'épouvante plus par ta terreur. Puis engage le débat et je répondrai; ou plutôt je parlerai et tu me répliqueras. Combien de fautes et de péchés ai-je commis? Dis-moi quelle a été ma transgression, mon péché? Pourquoi caches-tu ta face et me considères-tu comme ton ennemi? Veux-tu effrayer une feuille chassée par le vent, poursuivre une paille sèche? Toi qui rédiges contre moi d'amères sentences et m'imputes mes fautes de jeunesse, qui as mis mes pieds dans les ceps, observes tous mes sentiers et prends l'empreinte de mes pas! Et lui s'effrite comme un bois vermoulu, ou comme un vêtement dévoré par la teigne, l'homme, né de la femme, qui a la vie courte, mais des tourments à satiété. Pareil à la fleur, il éclôt puis se fane, il fuit comme l'ombre sans arrêt. Et sur cet être tu gardes les yeux ouverts, tu l'amènes en jugement devant toi! Mais qui donc extraira le pur de l'impur? Personne! Puisque ses jours sont comptés, que le nombre de ses mois dépend de toi, que tu lui fixes un terme infranchissable, détourne de lui tes yeux et laisse-le, tel un mercenaire, finir sa journée. L'arbre conserve un espoir, une fois coupé, il peut renaître encore et ses rejetons continuent de pousser. Même avec des racines qui ont vieilli en terre et une souche qui périt dans le sol, dès qu'il flaire l'eau, il bourgeonne et se fait une ramure comme un jeune plant. Mais l'homme, s'il meurt, reste inerte; quand un humain expire, où donc est-il? Les eaux de la mer pourront disparaître, les fleuves tarir et se dessécher: l'homme une fois couché ne se relèvera pas, les cieux s'useront avant qu'il ne s'éveille, ou ne soit réveillé de son sommeil. Oh! Si tu m'abritais dans le shéol, si tu m'y cachais, tant que dure ta colère, si tu me fixais un délai, pour te souvenir ensuite de moi: car, une fois mort, peut-on revivre? -- tous les jours de mon service j'attendrais, jusqu'à ce que vienne ma relève. Tu appellerais et je te répondrais; tu voudrais revoir l'oeuvre de tes mains. Tandis que maintenant tu comptes tous mes pas, tu n'épierais plus mon péché, tu scellerais ma transgression dans un sachet et tu couvrirais ma faute. Hélas! Comme une montagne finit par s'écrouler, le rocher par changer de place, l'eau par user les pierres, l'averse par emporter les terres, ainsi, l'espoir de l'homme, tu l'anéantis. Tu le terrasses pour toujours et il s'en va; tu le défigures, puis tu le congédies. Ses fils sont-ils honorés, il n'en sait rien; sont-ils méprisés, il ne s'en rend pas compte. Il n'a de souffrance que pour son corps, il ne se lamente que sur lui-même. Eliphaz de Témân prit la parole et dit: Un sage répond-il par des raisons en l'air et se repaît-il d'un vent d'est? Se défend-il avec des mots inutiles et des discours sans profit? Tu fais plus: tu supprimes la crainte, tu discrédites les pieux entretiens devant Dieu. Ta faute te dicte de telles paroles et tu adoptes le langage des astucieux. Ta propre bouche te condamne, et non pas moi, tes lèvres mêmes témoignent contre toi. Es-tu né le premier des hommes? Est-ce qu'on t'enfanta avant les collines? As-tu écouté au conseil de Dieu et accaparé la sagesse? Que sais-tu que nous ne sachions, que comprends-tu qui nous dépasse? Il y a même parmi nous une tête chenue, un vieillard, chargé d'ans plus que ton père. Fais-tu peu de cas de ces consolations divines et du ton modéré de nos paroles? Comme la passion t'emporte! Et quels yeux tu roules, quand tu tournes contre Dieu ta colère en proférant tes discours! Comment l'homme serait-il pur, resterait-il juste, l'enfant de la femme? A ses saints mêmes Dieu ne fait pas confiance, et les Cieux ne sont pas purs à ses yeux. Combien moins cet être abominable et corrompu, l'homme, qui boit l'iniquité comme l'eau! Je veux t'instruire, écoute-moi, te faire part de mon expérience et de la tradition des Sages, restés fidèles à leurs Pères, à qui seuls fut donné le pays, sans qu'aucun étranger se fût mêlé à eux. "La vie du méchant est un tourment continuel, les années réservées au tyran sont comptées. Le cri d'alarme résonne à ses oreilles, en pleine paix le dévastateur fond sur lui. Il ne compte plus échapper aux ténèbres et se voit désigné pour l'épée, assigné en pâture au vautour. Il sait que sa ruine est imminente. L'heure des ténèbres l'épouvante, la détresse et l'angoisse l'envahissent, comme lorsqu'un roi décide l'assaut. Il levait la main contre Dieu, il osait braver Shaddaï! Il fonçait sur lui la tête baissée, avec un bouclier aux bosses massives. Son visage s'était couvert de graisse, le lard s'était accumulé sur ses reins. Il avait occupé des villes détruites, des maisons inhabitées et prêtes à tomber en ruines; mais il ne s'enrichira pas, sa fortune ne tiendra pas, il ne couvrira plus le pays de son ombre, (il n'échappera pas aux ténèbres), la flamme desséchera ses jeunes pousses, sa fleur sera emportée par le vent. Qu'il ne se fie pas à sa taille élevée, car il se ferait illusion. Avant le temps se flétriront ses palmes et ses rameaux ne reverdiront plus. Comme une vigne il secouera ses fruits verts, il rejettera, tel l'olivier, sa floraison. Oui, l'engeance de l'impie est stérile, un feu dévore la tente de l'homme vénal. Qui conçoit la peine engendre le malheur et porte en soi un fruit de déception." Job prit la parole et dit: Que de fois ai-je entendu de tels propos, et quels pénibles consolateurs vous faites! "Y aura-t-il une fin à ces paroles en l'air?" Ou encore: "Quel mal te pousse à te défendre?" Oh! moi aussi, je saurais parler comme vous, si vous étiez à ma place; je pourrais vous accabler de discours en hochant la tête sur vous, vous réconforter en paroles, puis cesser d'agiter les lèvres. Mais quand je parle, ma souffrance ne cesse pas, si je me tais, en quoi disparaît-elle? Et maintenant elle me pousse à bout; tu as frappé d'horreur tout mon entourage et il me presse, mon calomniateur s'est fait mon témoin, il se dresse contre moi, il m'accuse en face; sa colère déchire et me poursuit, en montrant des dents grinçantes. Mes adversaires aiguisent sur moi leurs regards, ouvrent une bouche menaçante. Leurs railleries m'atteignent comme des soufflets; ensemble ils s'ameutent contre moi. Oui, Dieu m'a livré à des injustes, entre les mains des méchants, il m'a jeté. Je vivais tranquille quand il m'a fait chanceler, saisi par la nuque pour me briser. Il a fait de moi sa cible: il me cerne de ses traits, transperce mes reins sans pitié et répand à terre mon fiel. Il ouvre en moi brèche sur brèche, fonce sur moi tel un guerrier. J'ai cousu un sac sur ma peau, jeté mon front dans la poussière. Mon visage est rougi par les larmes et l'ombre couvre mes paupières. Pourtant, point de violence dans mes mains, et ma prière est pure. O terre, ne couvre point mon sang, et que mon cri monte sans arrêt. Dès maintenant, j'ai dans les cieux un témoin, là-haut se tient mon défenseur. Interprète de mes pensées auprès de Dieu, devant qui coulent mes larmes, qu'il plaide la cause d'un homme aux prises avec Dieu, comme un mortel défend son semblable. Car mes années de vie sont comptées, et je m'en vais par le chemin sans retour. Mon souffle en moi s'épuise et les fossoyeurs pour moi s'assemblent. Je n'ai pour compagnons que des railleurs, dont la dureté obsède mes veilles. Place donc toi-même ma caution près de toi, car lequel voudrait toper dans ma main? Tu as fermé leur coeur à la raison, aussi aucune main ne se lève. Tel celui qui invite des amis à un partage, quand les yeux de ses fils languissent, je suis devenu la fable des gens, quelqu'un à qui l'on crache au visage. Mes yeux s'éteignent de chagrin, mes membres s'évanouissent comme l'ombre. A cette vue, les hommes droits restent stupéfaits, l'innocent s'indigne contre l'impie; le juste s'affermit dans ses voies, l'homme aux mains pures redouble d'énergie. Allons, vous tous, revenez à la charge, et je ne trouverai pas un sage parmi vous! Mes jours ont fui, avec mes projets, et les fibres de mon coeur sont rompues. On veut faire de la nuit le jour; elle serait proche la lumière qui chasse les ténèbres. Or mon espoir, c'est d'habiter le shéol, d'étendre ma couche dans les ténèbres. Je crie au sépulcre: "Tu es mon père!" à la vermine: "C'est toi ma mère et ma soeur!" Où donc est-elle, mon espérance? Et mon bonheur, qui l'aperçoit? Vont-ils descendre à mes côtés au shéol, sombrer de même dans la poussière? Bildad de Shuah prit la parole et dit: Jusqu'à quand mettrez-vous des entraves aux discours? Réfléchissez, puis nous parlerons. Pourquoi nous considères-tu comme des bêtes, passons-nous pour des brutes à tes yeux? O toi qui te déchires dans ta fureur, la terre à cause de toi sera-t-elle abandonnée et les rochers quitteront-ils leur place? La lumière du méchant doit s'éteindre, sa flamme ardente ne plus briller. La lumière s'assombrit sous sa tente, la lampe qui l'éclairait s'éteint. Ses pas vigoureux se rétrécissent, il trébuche dans ses propres desseins. Car ses pieds le jettent dans un filet et il avance parmi les rets. Un lacet le saisit au talon et le piège se referme sur lui. Le noeud pour le prendre est caché en terre, une trappe l'attend sur le sentier. De toutes parts des terreurs l'épouvantent et elles le suivent pas à pas. La faim devient sa compagne, le malheur se tient à ses côtés. Le mal dévore sa peau, le Premier-né de la Mort ronge ses membres. On l'arrache à l'abri de sa tente, et tu le traîneras vers le Roi des frayeurs. Tu peux habiter la tente qui n'est plus la sienne, et l'on répand du soufre sur son bercail. En bas ses racines se dessèchent, en haut se flétrit sa ramure. Son souvenir disparaît du pays, son nom s'efface dans la contrée. Poussé de la lumière aux ténèbres, il se voit banni de la terre. Il n'a ni lignée ni postérité parmi son peuple, aucun survivant en ses lieux de séjour. Sa fin frappe de stupeur l'Occident et l'Orient est saisi d'effroi. Point d'autre sort pour les demeures de l'injustice. Voilà ce que devient le lieu de quiconque méconnaît Dieu. Job prit la parole et dit: Jusqu'à quand allez-vous me tourmenter et m'écraser par vos discours? Voilà dix fois que vous m'insultez et me malmenez sans vergogne. Même si je m'étais égaré, mon égarement resterait en moi seul. Mais, en vérité, quand vous pensez triompher de moi et m'imputer mon opprobre, sachez que Dieu lui-même m'a fait du tort et enveloppé de son filet. Si je crie à la violence, pas de réponse; si j'en appelle, point de jugement. Il a dressé sur ma route un mur infranchissable, mis des ténèbres sur mes sentiers. Il m'a dépouillé de ma gloire, ôté la couronne de ma tête. Il me sape de toutes parts pour me faire disparaître; il déracine comme un arbre mon espérance. Enflammé de colère contre moi, il me considère comme son adversaire. Ensemble ses troupes sont arrivées; elles ont frayé vers moi leur chemin d'approche, campé autour de ma tente. Mes frères, il les a écartés de moi, mes relations s'appliquent à m'éviter. Mes proches et mes familiers ont disparu, les hôtes de ma maison m'ont oublié. Mes servantes me tiennent pour un intrus, je suis un étranger à leurs yeux. Si j'appelle mon serviteur, il ne répond pas, et je dois moi-même le supplier. Mon haleine répugne à ma femme, ma puanteur à mes propres frères. Même les gamins me témoignent du mépris: si je me lève, ils se mettent à dauber sur moi. Tous mes intimes m'ont en horreur, mes préférés se sont retournés contre moi. Sous ma peau, ma chair tombe en pourriture et mes os se dénudent comme des dents. Pitié, pitié pour moi, ô vous mes amis! car c'est la main de Dieu qui m'a frappé. Pourquoi vous acharner sur moi comme Dieu lui-même, sans vous rassasier de ma chair? Oh! je voudrais qu'on écrive mes paroles, qu'elles soient gravées en une inscription, avec le ciseau de fer et le stylet, sculptées dans le roc pour toujours! Je sais, moi, que mon Défenseur est vivant, que lui, le dernier, se lèvera sur la poussière. Après mon éveil, il me dressera près de lui et, de ma chair, je verrai Dieu. Celui que je verrai sera pour moi, celui que mes yeux regarderont ne sera pas un étranger. Et mes reins en moi se consument. Lorsque vous dites: "Comment l'accabler, quel prétexte trouverons-nous en lui?" Craignez pour vous-mêmes l'épée, car la colère s'enflammera contre les fautes, et vous saurez qu'il y a un jugement. Cophar de Naamat prit la parole et dit: Aussi mes pensées s'agitent pour répondre, de là cette impatience qui me possède. J'ai subi une leçon qui m'outrage, mais mon esprit me souffle la réponse. Ne sais-tu pas que, de tout temps, depuis que l'homme fut mis sur terre, l'allégresse du méchant est brève et la joie de l'impie ne dure qu'un instant. Même si sa taille s'élevait jusqu'aux cieux, si sa tête touchait la nue, comme un fantôme il disparaît à jamais, et ceux qui le voyaient disent: "Où est-il?" Il s'envole comme un songe insaisissable, il s'enfuit comme une vision nocturne. L'oeil habitué à sa vue ne l'aperçoit plus, à sa demeure il devient invisible. Ses fils devront indemniser les pauvres, ses enfants restituer ses richesses. Ses os étaient pleins d'une vigueur juvénile: la voilà étendue avec lui dans la poussière. Le mal était doux à sa bouche: il l'abritait sous sa langue, il le gardait soigneusement, le retenait au milieu du palais. Cet aliment dans ses entrailles se corrompt, devient au-dedans du fiel d'aspic. Il doit vomir les richesses englouties, et Dieu lui fait rendre gorge. Il suçait du venin d'aspic: la langue de la vipère le tue. Il ne connaîtra plus les ruisseaux d'huile, les torrents de miel et de laitage. Il perdra sa mine réjouie en restituant ses gains, cet air satisfait du temps où les affaires prospéraient. Parce qu'il a détruit les cabanes des pauvres, volé des maisons au lieu d'en bâtir, parce que son appétit s'est montré insatiable, ses trésors ne le sauveront pas, parce que nul n'échappait à sa voracité, sa prospérité ne durera pas. En pleine abondance, l'angoisse le saisira, la misère, de toute sa force, fondra sur lui, Dieu lâche sur lui l'ardeur de sa colère, lance contre sa chair une pluie de traits. S'il fuit devant l'arme de fer, l'arc de bronze le transperce. Une flèche sort de son dos, une pointe étincelante de son foie. Les terreurs s'avancent contre lui, toutes les ténèbres cachées sont là pour l'enlever. Un feu qu'on n'allume pas le dévore et consume ce qui reste sous sa tente. Les cieux dévoilent son iniquité, et la terre se dresse contre lui. Le revenu de sa maison s'écoule, comme des torrents, au jour de la colère. Tel est le sort que Dieu réserve au méchant, l'héritage qu'il assigne au maudit. Job prit la parole et dit: Ecoutez, écoutez mes paroles, accordez-moi cette consolation. Souffrez que je parle à mon tour; quand j'aurai fini, libre à vous de railler. Est-ce que moi je m'en prends à un homme? Est-ce sans raison que je perds patience? Prêtez-moi attention: vous serez stupéfaits, et vous mettrez la main sur votre bouche. Moi-même, quand j'y songe, je suis épouvanté, ma chair est saisie d'un frisson. Pourquoi les méchants restent-ils en vie, vieillissent-ils et accroissent-ils leur puissance? Leur postérité devant eux s'affermit et leurs rejetons sous leurs yeux subsistent. La paix de leurs maisons n'a rien à craindre, les rigueurs de Dieu les épargnent. Leur taureau féconde à coup sûr, leur vache met bas sans avorter. Ils laissent courir leurs gamins comme des brebis, leurs enfants bondir comme des cerfs. Ils chantent avec tambourins et cithares, se réjouissent au son de la flûte. Leur vie s'achève dans le bonheur, ils descendent en paix au shéol. Eux, pourtant, disent à Dieu: "Ecarte-toi de nous, connaître tes voies ne nous plaît pas! Qu'est-ce que Shaddaï pour que nous le servions, quel profit pour nous à l'invoquer?" Ne tiennent-ils pas leur bonheur en main, et Dieu n'est-il pas écarté du conseil des méchants? Voit-on souvent la lampe du méchant s'éteindre, le malheur fondre sur lui, la colère divine détruire ses biens, le vent le chasser comme une paille, un tourbillon l'emporter comme la bale? Dieu se réserverait de le punir dans ses enfants? Mais qu'il soit donc châtié lui-même et qu'il le sache! Que, de ses yeux, il assiste à sa ruine, qu'il s'abreuve à la fureur de Shaddaï! Que peut lui faire, après lui, le sort de sa maison, quand la série de ses mois sera tranchée? Mais enseigne-t-on à Dieu la science, à Celui qui juge les êtres d'en haut? Tel encore meurt en pleine vigueur, au comble du bonheur et de la paix, les flancs chargés de graisse et la moelle de ses os tout humide. Et tel autre périt l'amertume dans l'âme, sans avoir goûté au bonheur. Ensemble, dans la poussière, ils se couchent, et la vermine les recouvre. Oh! je sais bien quelles sont vos pensées, vos réflexions méchantes sur mon compte. "Qu'est devenue, dites-vous, la maison du grand seigneur, où est la tente qu'habitaient des méchants?" N'interrogez-vous pas les voyageurs, méconnaissez-vous leurs témoignages? Au jour du désastre, le méchant est épargné, au jour de la fureur, il est mis à l'abri. Et qui donc lui reproche en face sa conduite, et lui rend ce qu'il a fait? Il est emporté au cimetière, où il veille sur son tertre. Les mottes du ravin lui sont douces, et, derrière lui, toute la population défile. Que signifient donc vos vaines consolations? Et quelle tromperie que vos réponses! Eliphaz de Témân prit la parole et dit: Un homme peut-il être utile à Dieu, quand un être sensé n'est utile qu'à soi? Shaddaï est-il intéressé par ta justice, tire-t-il profit de ta conduite intègre? Serait-ce à cause de ta piété qu'il te corrige et qu'il entre en jugement avec toi? N'est-ce pas plutôt pour ta grande méchanceté, pour tes fautes illimitées? Tu as exigé de tes frères des gages injustifiés, dépouillé de leurs vêtements ceux qui sont nus; omis de désaltérer l'homme assoiffé et refusé le pain à l'affamé; livré la terre à un homme de main, pour que s'y installe le favori; renvoyé les veuves les mains vides et broyé le bras des orphelins. Voilà pourquoi des filets t'enveloppent et des frayeurs soudaines t'épouvantent. La lumière s'est assombrie, tu n'y vois plus et la masse des eaux te submerge. Dieu n'est-il pas au plus haut des cieux, ne voit-il pas la tête des étoiles? Et parce qu'il est là-haut tu as dit: "Que connaît Dieu? Peut-il juger à travers la nuée sombre? Les nuages sont pour lui un voile opaque et il circule au pourtour des cieux." Veux-tu donc suivre la route antique que foulèrent les hommes pervers? Ils furent enlevés avant le temps et un fleuve noya leurs fondations. Car ils disaient à Dieu: "Eloigne-toi de nous! Que peut nous faire Shaddaï?" Et lui comblait de biens leurs maisons, tout en étant tenu à l'écart du conseil des méchants! A ce spectacle, les justes se sont réjouis et l'homme intègre s'est moqué d'eux: "Comme ils ont été supprimés, nos adversaires! et quel feu a dévoré leur abondance!" Allons! Réconcilie-toi avec lui et fais la paix: ainsi ton bonheur te sera rendu. Recueille de sa bouche la doctrine et place ses paroles dans ton coeur. Si tu reviens à Shaddaï en humilié, si tu éloignes de ta tente l'injustice, si tu déposes ton or sur la poussière, l'Ophir parmi les cailloux du torrent, Shaddaï sera pour toi des lingots d'or et de l'argent en monceaux. Alors tu feras de Shaddaï tes délices et tu lèveras vers Dieu ta face. Tes prières, il les exaucera et tu pourras acquitter tes voeux. Toutes tes entreprises réussiront et sur ta route brillera la lumière. Car il abaisse l'orgueil des superbes, mais il sauve l'homme aux yeux baissés. Il délivre l'homme innocent; aie les mains pures, et tu seras sauvé. Job prit la parole et dit: C'est toujours une révolte que ma plainte; sa main reste pesante, malgré mon gémissement. Oh! Si je savais comment l'atteindre, parvenir jusqu'à sa demeure, j'ouvrirais un procès devant lui, ma bouche serait pleine de griefs. Je connaîtrais les termes de sa réponse, attentif à ce qu'il me dirait. Jetterait-il toute sa force dans ce débat avec moi? Non, il lui suffirait de me prêter attention. Il reconnaîtrait dans son adversaire un homme droit, et je ferais triompher ma cause à jamais. Si je vais vers l'orient, il est absent; vers l'occident, je ne l'aperçois pas. Quand je le cherche au nord, il n'est pas discernable, il reste invisible, si je me tourne au midi. Et pourtant, toutes mes démarches, il les connaît! Qu'il me passe au creuset: or pur j'en sortirai! Mon pied s'est attaché à ses pas, j'ai suivi sa route sans dévier; je n'ai pas négligé le commandement de ses lèvres, j'ai abrité dans mon sein les paroles de sa bouche. Mais lui décide, qui le fera changer? Ce qu'il a projeté, il l'accomplit. Il exécutera donc ma sentence, comme tant d'autres de ses décrets! C'est pourquoi, devant lui, je suis terrifié; plus j'y songe, plus il me fait peur. Dieu a brisé mon courage, Shaddaï me remplit d'effroi. Car je n'ai pas été anéanti devant les ténèbres, mais il a recouvert ma face d'obscurité. Pourquoi Shaddaï n'a-t-il pas des temps en réserve, et ses fidèles ne voient-ils pas ses jours? Les méchants déplacent les bornes, ils enlèvent troupeau et berger. On emmène l'âne des orphelins, on prend en gage le boeuf de la veuve. Les indigents s'écartent du chemin, les pauvres du pays se cachent tous de même. Tels les onagres du désert, ils sortent à leur travail, cherchant dès l'aube une proie, et le soir, du pain pour leurs petits. Ils moissonnent dans le champ d'un vaurien, ils pillent la vigne d'un méchant. Ils passent la nuit nus, sans vêtements, sans couverture contre le froid. L'averse des montagnes les transperce; faute d'abri, ils étreignent le rocher. On arrache l'orphelin à la mamelle, on prend en gage le nourrisson du pauvre. Ils s'en vont nus, sans vêtements; affamés, ils portent les gerbes. En plein midi ils restent entre deux murettes, altérés, ils foulent les cuves. De la ville on entend gémir les mourants, les blessés, dans un souffle, crier à l'aide. Et Dieu reste sourd à la prière! D'autres sont de ceux qui repoussent la lumière: ils en méconnaissent les chemins, n'en fréquentent pas les sentiers. Il fait noir quand l'assassin se lève, pour tuer le pauvre et l'indigent. Durant la nuit rôde le voleur, L'oeil de l'adultère épie le crépuscule: "Personne ne me verra", dit-il, et il met un voile sur son visage. Dans les ténèbres, il perfore les maisons. Pendant le jour, ils se cachent, ceux qui ne veulent pas connaître la lumière. Pour eux tous, le matin devient ténèbres, car ils en éprouvent alors les terreurs. Ce n'est plus qu'un fétu à la surface des eaux, son domaine est maudit dans le pays, nul ne prend le chemin de sa vigne. Comme une chaleur sèche fait disparaître la neige. Ainsi le shéol celui qui a péché. Le sein qui l'a formé l'oublie et son nom n'est plus mentionné. Ainsi est foudroyée comme un arbre l'iniquité. Il a maltraité la femme stérile, privée d'enfants, il s'est montré dur pour la veuve. Mais Celui qui se saisit des tyrans avec force surgit et lui ôte l'assurance de la vie. Il le laissait s'appuyer sur une sécurité trompeuse, mais, des yeux, il surveillait ses démarches. Elevé pour un temps, il disparaît, il s'affaisse comme l'arroche qu'on cueille, il se fane comme la tête des épis. N'en est-il pas ainsi? Qui me convaincra de mensonge et réduira mes paroles à néant? Bildad de Shuah prit la parole et dit: C'est un souverain redoutable, Celui qui fait régner la paix dans ses hauteurs. Peut-on dénombrer ses troupes? Contre qui ne surgit pas son éclair? Et l'homme se croirait juste devant Dieu, il serait pur, l'enfant de la femme? La lune même est sans éclat, les étoiles se sont pas pures à ses yeux. Combien moins l'homme, cette vermine, un fils d'homme, ce vermisseau? Job prit la parole et dit: Comme tu sais bien soutenir le faible, secourir le bras sans vigueur! Quels bons conseils tu donnes à l'ignorant, comme ton savoir est fertile en ressources! Mais ces discours, à qui s'adressent-ils, et d'où provient l'esprit qui sort de toi? Les Ombres tremblent sous terre, les eaux et leurs habitants sont dans l'effroi. Devant lui, le Shéol est à nu, la Perdition à découvert. C'est lui qui a étendu le Septentrion sur le vide, suspendu la terre sans appui. Il enferme les eaux dans ses nuages. Sans que la nuée crève sous leur poids. Il couvre la face de la pleine lune et déploie sur elle sa nuée. Il a tracé un cercle à la surface des eaux, aux confins de la lumière et des ténèbres. Les colonnes des cieux sont ébranlées, frappées de stupeur quand il menace. Par sa force, il a brassé la Mer, par son habileté, écrasé Rahab. Son souffle a clarifié les Cieux, sa main transpercé le Serpent Fuyard. Tout cela, c'est l'extérieur de ses oeuvres, et nous n'en saisissons qu'un faible écho. Mais le tonnerre de sa puissance, qui le comprendra? Et Job continua de s'exprimer en sentences et dit: Par le Dieu vivant qui me refuse justice, par Shaddaï qui m'emplit d'amertume, tant qu'un reste de vie m'animera, que le souffle de Dieu passera dans mes narines, mes lèvres ne diront rien de mal, ma langue n'exprimera aucun mensonge. Bien loin de vous donner raison, jusqu'à mon dernier souffle, je maintiendrai mon innocence. Je tiens à ma justice et ne lâche pas; en conscience, je n'ai pas à rougir de mes jours. Que mon ennemi ait le sort du méchant, mon adversaire celui de l'injuste! Quel espoir, en effet, reste à l'impie quand il supplie et qu'il élève vers Dieu son âme? Est-ce que Dieu entend ses cris, quand fond sur lui la détresse? Faisait-il ses délices de Shaddaï, invoquait-il Dieu à tout instant? Mais je vous instruis sur la maîtrise de Dieu, sans rien vous cacher des pensées de Shaddaï. Et si vous tous aviez su l'observer, à quoi bon vos vains discours dans le vide? Voici le lot que Dieu assigne au méchant, l'héritage que le violent reçoit de Shaddaï. Si ses fils se multiplient, c'est pour l'épée, et ses descendants n'apaiseront pas leur faim. Les survivants seront ensevelis par la Peste, sans que ses veuves puissent les pleurer. S'il accumule l'argent comme la poussière, s'il entasse des vêtements comme de la glaise, qu'il les entasse! un juste les revêtira, un innocent recevra l'argent en partage. Il s'est bâti une maison d'araignée, il s'est construit une hutte de gardien: riche il se couche, mais c'est la dernière fois; quand il ouvre les yeux, plus rien. Les terreurs l'assaillent en plein jour, la nuit, un tourbillon l'enlève. Un vent d'est le soulève et l'entraîne, l'arrache à son lieu de séjour. Sans pitié, on le prend pour cible, il doit fuir des mains menaçantes. On applaudit à sa ruine, on le siffle partout où il va. Il existe, pour l'argent, des mines, pour l'or, un lieu où on l'épure. Le fer est tiré du sol, la pierre fondue livre du cuivre. On met fin aux ténèbres, on fouille jusqu'à l'extrême limite la pierre obscure et sombre. Des étrangers percent les ravins en des lieux non fréquentés, et ils oscillent, suspendus, loin des humains. La terre d'où sort le pain est ravagée en dessous par le feu. Là, les pierres sont le gisement du saphir, et aussi des parcelles d'or. L'oiseau de proie en ignore le sentier, l'oeil du vautour ne l'aperçoit pas. Il n'est point foulé par les fauves altiers, le lion ne l'a jamais frayé. L'homme s'attaque au silex, il bouleverse les montagnes dans leurs racines. Dans les roches il perce des canaux, l'oeil ouvert sur tout objet précieux. Il explore les sources des fleuves, amène au jour ce qui restait caché. Mais la Sagesse, d'où provient-elle? Où se trouve-t-elle, l'Intelligence? L'homme en ignore le chemin, on ne la découvre pas sur la terre des vivants. L'Abîme déclare: "Je ne la contiens pas!" et la Mer: "Elle n'est point chez moi!" On ne peut l'acquérir avec l'or massif, la payer au poids de l'argent, l'évaluer avec l'or d'Ophir, l'agate précieuse ou le saphir. On ne lui compare pas l'or ou le verre, on ne l'échange point contre un vase d'or fin. Coraux et cristal ne méritent pas mention, mieux vaudrait pêcher la Sagesse que les perles. Auprès d'elle, la topaze de Kush est sans valeur et l'or pur perd son poids d'échange. Mais la Sagesse, d'où provient-elle? Où se trouve-t-elle, l'Intelligence? Elle se dérobe aux yeux de tout vivant, elle se cache aux oiseaux du ciel. La Perdition et la Mort déclarent: "La rumeur de sa renommée est parvenue à nos oreilles." Dieu seul en a discerné le chemin et connu, lui, où elle se trouve. (Car il voit jusqu'aux extrémités de la terre, il aperçoit tout ce qui est sous les cieux.) Lorsqu'il voulut donner du poids au vent, jauger les eaux avec une mesure; quand il imposa une loi à la pluie, une route aux roulements du tonnerre, alors il la vit et l'évalua, il la pénétra et même la scruta. Puis il dit à l'homme: "La crainte du Seigneur, voilà la sagesse; fuir le mal, voilà l'intelligence." Job continua de s'exprimer en sentences et dit: Qui me fera revivre les mois d'antan, ces jours où Dieu veillait sur moi, où sa lampe brillait sur ma tête et sa lumière me guidait dans les ténèbres! Puissé-je revoir les jours de mon automne, quand Dieu protégeait ma tente, que Shaddaï demeurait avec moi et que mes garçons m'entouraient; quand mes pieds baignaient dans le laitage, et du rocher coulaient des ruisseaux d'huile! Si je sortais vers la porte de la ville, si j'installais mon siège sur la place, à ma vue, les jeunes gens se retiraient, les vieillards se mettaient debout. Les notables arrêtaient leurs discours et mettaient la main sur leur bouche. La voix des chefs s'étouffait et leur langue se collait au palais. A m'entendre, on me félicitait, à me voir, on me rendait témoignage. Car je délivrais le pauvre en détresse et l'orphelin privé d'appui. La bénédiction du mourant se posait sur moi et je rendais la joie au coeur de la veuve. J'avais revêtu la justice comme un vêtement, j'avais le droit pour manteau et turban. J'étais les yeux de l'aveugle, les pieds du boiteux. C'était moi le père des pauvres; la cause d'un inconnu, je l'examinais. Je brisais les crocs de l'homme inique, d'entre ses dents j'arrachais sa proie. Et je disais: "Je mourrai dans ma fierté, après des jours nombreux comme le sable. Mes racines ont accès à l'eau, la rosée se dépose la nuit sur mon feuillage. Ma gloire sera toujours nouvelle et dans ma main mon arc reprendra force. Ils m'écoutaient, dans l'attente, silencieux pour entendre mon avis. Quand j'avais parlé, nul ne répliquait, et sur eux, goutte à goutte, tombaient mes paroles. Ils m'attendaient comme la pluie, leur bouche s'ouvrait comme pour l'ondée tardive. Si je leur souriais, ils n'osaient y croire, ils recueillaient sur mon visage tout signe de faveur. Je leur indiquais la route en siégeant à leur tête, tel un roi installé parmi ses troupes, et je les menais partout à mon gré. Et" maintenant, je suis la risée de gens qui sont plus jeunes que moi, et dont les pères étaient trop vils à mes yeux pour les mêler aux chiens de mon troupeau. Aussi bien, la force de leurs mains m'eût été inutile: ils avaient perdu toute vigueur, épuisée par la disette et la famine, car ils rongeaient les racines de la steppe, ce sombre lieu de ruine et de désolation; ils cueillaient l'arroche sur le buisson faisaient leur pain des racines de genêt. Bannis de la société des hommes, qui les hue comme des voleurs, ils logent au flanc des ravins, dans les grottes ou les crevasses du rocher. Des buissons, on les entend braire, ils s'entassent sous les chardons. Fils de vauriens, bien plus, d'hommes sans nom, ils sont rejetés par le pays. Et maintenant, voilà qu'ils me chansonnent. Qu'ils font de moi leur fable! Saisis d'horreur, ils se tiennent à distance, devant moi, ils crachent sans retenue. Et parce qu'il a détendu mon arc et m'a terrassé, ils rejettent la bride en ma présence. Leur engeance surgit à ma droite, épie si je suis tranquille et fraie vers moi ses chemins sinistres. Ils me ferment toute issue, en profitent pour me perdre et nul ne les arrête, ils pénètrent comme par une large brèche et je suis roulé sous les décombres. Les terreurs se tournent contre moi, mon assurance est chassée comme par le vent, mon espoir de salut disparaît comme un nuage. Et maintenant, la vie en moi s'écoule, les jours de peine m'ont saisi. La nuit, le mal perce mes os et mes rongeurs ne dorment pas. Avec violence il m'a pris par le vêtement, serré au col de ma tunique. Il m'a jeté dans la boue, je suis comme poussière et cendre. Je crie vers Toi et tu ne réponds pas; je me présente sans que tu me remarques. Tu es devenu cruel à mon égard, ta main vigoureuse sur moi s'acharne. Tu m'emportes à cheval sur le vent et tu me dissous dans une tempête. Oui, je sais que tu me fais retourner vers la mort, vers le rendez-vous de tout vivant. Pourtant, ai-je porté la main sur le pauvre, quand, dans sa détresse, il réclamait justice? N'ai-je pas pleuré sur celui dont la vie est pénible, éprouvé de la pitié pour l'indigent? J'espérais le bonheur, et le malheur est venu; j'attendais la lumière: voici l'obscurité. Mes entrailles bouillonnent sans relâche, les jours de souffrance m'ont atteint. Si je m'avance l'air sombre, nul ne me console, si je me dresse dans l'assemblée, c'est pour crier. Je suis devenu le frère des chacals et le compagnon des autruches. Ma peau sur moi s'est noircie, mes os sont brûlés par la fièvre. Ma harpe est accordée aux chants de deuil, ma flûte à la voix des pleureurs. J'avais fait un pacte avec mes yeux, au point de ne fixer aucune vierge. Or, quel partage Dieu fait-il donc de là-haut, quel lot Shaddaï assigne-t-il de son ciel? N'est-ce pas le malheur qu'il réserve à l'injuste et l'adversité aux hommes malfaisants? Ne voit-il pas ma conduite, ne compte-t-il point tous mes pas? Ai-je fait route avec le mensonge, pressé le pas vers la fausseté? Qu'il me pèse sur une balance exacte: lui, Dieu, reconnaîtra mon intégrité! Si mes pas ont dévié du droit chemin, si mon coeur fut entraîné par mes yeux et si une souillure adhère à mes mains, qu'un autre mange ce que j'ai semé et que soient arrachées mes jeunes pousses! Si mon coeur fut séduit par une femme, si j'ai épié à la porte de mon prochain, que ma femme se mette à moudre pour autrui, que d'autres aient commerce avec elle! J'aurais commis là une impudicité, un crime passible de justice, ce serait un feu qui dévore jusqu'à la Perdition et consumerait tout mon revenu. Si j'ai méconnu les droits de mon serviteur, de ma servante, dans leurs litiges avec moi, que ferai-je quand Dieu surgira? Lorsqu'il fera l'enquête, que répondrai-je? Ne les a-t-il pas créés comme moi dans le ventre? Un même Dieu nous forma dans le sein. Ai-je été insensible aux besoins des faibles, laissé languir les yeux de la veuve? Ai-je mangé seul mon morceau de pain, sans le partager avec l'orphelin? Alors que Dieu, dès mon enfance, m'a élevé comme un père, guidé depuis le sein maternel! Ai-je vu un miséreux sans vêtements, un pauvre sans couverture, sans que leurs reins m'aient béni, que la toison de mes agneaux les ait réchauffés? Ai-je agité la main contre un orphelin, me sachant soutenu à la Porte? Qu'alors mon épaule se détache de ma nuque et que mon bras se rompe au coude! Car la terreur de Dieu fondrait sur moi, je ne tiendrais pas devant sa majesté. Ai-je placé dans l'or ma confiance et dit à l'or fin: "O ma sécurité?" Me suis-je réjoui de mes biens nombreux, des richesses acquises par mes mains? A la vue du soleil dans son éclat, de la lune radieuse dans sa course, mon coeur, en secret, s'est-il laissé séduire, pour leur envoyer de la main un baiser? Ce serait encore une faute criminelle, car j'aurais renié le Dieu suprême. Me suis-je réjoui de l'infortune de mon ennemi, ai-je exulté quand le malheur l'atteignait, moi, qui ne permettais pas à ma langue de pécher, de réclamer sa vie dans une malédiction? Et ne disaient-ils pas, les gens de ma tente: "Trouve-t-on quelqu'un qu'il n'ait pas rassasié de viande?" Jamais étranger ne coucha dehors, au voyageur ma porte restait ouverte. Ai-je dissimulé aux hommes mes transgressions, caché ma faute dans mon sein? Ai-je eu peur de la rumeur publique, ai-je redouté le mépris des familles, et me suis-je tenu coi, n'osant franchir ma porte? Ah! qui fera donc que l'on m'écoute? J'ai dit mon dernier mot: à Shaddaï de me répondre! Le libelle qu'aura rédigé mon adversaire, je veux le porter sur mon épaule, le ceindre comme un diadème. Je lui rendrai compte de tous mes pas et je m'avancerai vers lui comme un prince. Si ma terre crie vengeance contre moi et que ses sillons pleurent avec elle, si j'ai mangé de ses produits sans payer, fait expirer ses propriétaires, qu'au lieu de froment y poussent les ronces, à la place de l'orge, l'herbe fétide. Fin des paroles de Job. Ces trois hommes cessèrent de répondre à Job parce qu'il s'estimait juste. Mais voici que se mit en colère Elihu, fils de Barakéel le Buzite, du clan de Ram. Sa colère s'enflamma contre Job parce qu'il prétendait avoir raison contre Dieu; elle s'enflamma également contre ses trois amis, qui n'avaient plus rien trouvé à répliquer et ainsi avaient laissé les torts à Dieu. Tandis qu'ils parlaient avec Job, Elihu avait attendu, car ils étaient ses anciens; mais quand il vit que ces trois hommes n'avaient plus de réponse à la bouche, sa colère éclata. Et il prit la parole, lui, Elihu, fils de Barakéel le Buzite, et il dit: Je suis tout jeune encore, et vous êtes des anciens; aussi je craignais, intimidé, de vous manifester mon savoir. Je me disais: "L'âge parlera, les années nombreuses feront connaître la sagesse." A la vérité, c'est un esprit dans l'homme, c'est le souffle de Shaddaï qui rend intelligent. Le grand âge ne donne pas la sagesse, ni la vieillesse le sens du juste. Aussi, je vous invite à m'écouter, car je vais manifester, à mon tour, mon savoir. Jusqu'ici, j'attendais vos paroles, j'ouvrais l'oreille à vos raisonnements, tandis que chacun cherchait ses mots. Sur vous se fixait mon attention. Et je vois qu'aucun n'a confondu Job, nul d'entre vous n'a réfuté ses dires. Ne dites donc pas: "Nous avons trouvé la sagesse; notre doctrine est divine, non humaine." Ce n'est pas ainsi que je discuterai, je répliquerai à Job en d'autres termes. Ils sont restés interdits, sans réponse; les mots leur ont manqué. Et j'attendais! Puisqu'ils ne parlent plus, qu'ils ont cessé de se répondre, je prendrai la parole à mon tour, je montrerai moi aussi mon savoir. Car je suis plein de mots, oppressé par un souffle intérieur. En mon sein, c'est comme un vin nouveau cherchant issue et qui fait éclater des outres neuves. Parler me soulagera, j'ouvrirai les lèvres et je répondrai. Je ne prendrai le parti de personne, à aucun je ne dirai des mots flatteurs. Je ne sais point flatter, car mon Créateur me supprimerait sous peu. Mais veuille, Job, écouter mes dires, tends l'oreille à toutes mes paroles. Voici que j'ouvre la bouche et ma langue articule des mots sur mon palais. Mon coeur délivrera des paroles de science, mes lèvres s'exprimeront avec sincérité. C'est l'esprit de Dieu qui m'a fait, le souffle de Shaddaï qui m'anima. Si tu le peux, réponds-moi! Tiens-toi prêt devant moi, prend position! Vois, je suis ton égal, non un dieu, comme toi, d'argile je suis pétri. Aussi ma terreur ne t'effraiera point, ma main ne pèsera pas sur toi. Comment as-tu pu dire à mes oreilles car -- j'ai entendu le son de tes paroles: "Je suis pur, sans transgression; je suis intact, sans faute. Mais il invente des prétextes contre moi et il me considère comme son ennemi. Il met mes pieds dans les ceps et surveille tous mes sentiers?" Or, en cela, je t'en réponds, tu as eu tort, car Dieu dépasse l'homme. Pourquoi lui chercher querelle parce qu'il ne te répond pas mot pour mot? Dieu parle d'une façon et puis d'une autre, sans qu'on prête attention. Par des songes, par des visions nocturnes, quand une torpeur s'abat sur les humains et qu'ils sont endormis sur leur couche, alors il parle à leurs oreilles, il les épouvante par des apparitions, pour détourner l'homme de ses oeuvres et mettre fin à son orgueil. Il préserve ainsi son âme de la fosse, sa vie du passage par le Canal. Il le corrige aussi sur son grabat par la souffrance, quand ses os tremblent sans arrêt, quand sa vie prend en dégoût la nourriture et son appétit les friandises; quand sa chair se consume à vue d'oeil et que se dénudent les os qui étaient cachés; quand son âme approche de la fosse et sa vie du séjour des morts. Alors s'il se trouve près de lui un Ange, un Médiateur pris entre mille, qui rappelle à l'homme son devoir, le prenne en pitié et déclare: "Exempte-le de descendre dans la fosse: j'ai trouvé la rançon pour sa vie", sa chair retrouve une fraîcheur juvénile, il revient aux jours de son adolescence. Il prie Dieu qui lui rend sa faveur, il vient le voir dans l'allégresse. Il annonce à autrui sa justification et fait entendre devant les hommes ce cantique: "J'avais péché et perverti le droit: Dieu ne m'a pas traité selon ma faute. Il a exempté mon âme de passer par la fosse et fait jouir ma vie de la lumière." Voilà tout ce que fait Dieu, deux fois, trois fois pour l'homme, afin d'arracher son âme à la fosse et de faire briller sur lui la lumière des vivants. Sois attentif, Job, écoute-moi bien: tais-toi, j'ai encore à parler. Si tu as quelque chose à dire, réplique-moi, parle, car je veux te donner raison. Sinon, écoute-moi: fais silence, et je t'enseignerai la sagesse. Elihu reprit son discours et dit: Et vous, les sages, écoutez mes paroles, vous, les savants, prêtez-moi l'oreille. Car l'oreille apprécie les discours comme le palais goûte les mets. Examinons ensemble ce qui est juste, voyons entre nous ce qui est bien. Job a dit: "Je suis juste et Dieu écarte mon droit. Mon juge envers moi se montre cruel; ma plaie est incurable sans crime de ma part." Où trouver un homme tel que Job, qui boive le sarcasme comme l'eau, fasse route avec les malfaiteurs, marche du même pas que les méchants? N'a-t-il pas dit: "L'homme ne tire aucun profit à se plaire dans la société de Dieu?" Aussi écoutez-moi, en hommes de sens. Qu'on écarte de Dieu le mal, de Shaddaï, l'injustice! Car il rend à l'homme selon ses oeuvres, traite chacun d'après sa conduite. En vérité, Dieu n'agit jamais mal, Shaddaï ne pervertit pas le droit. Autrement qui donc aurait confié la terre à ses soins, l'aurait chargé de l'univers entier? S'il ramenait à lui son esprit, s'il concentrait en lui son souffle, toute chair expirerait à la fois et l'homme retournerait à la poussière. Si tu sais comprendre, écoute ceci, prête l'oreille au son de mes paroles. Un ennemi du droit saurait-il gouverner? Oserais-tu condamner le Juste tout-puissant? Lui, qui dit à un roi: "Vaurien!" traite les nobles de méchants, n'a pas égard aux princes et ne distingue pas du faible l'homme important. Car tous sont l'oeuvre de ses mains. Ils meurent soudain en pleine nuit, les grands périssent et disparaissent, et il écarte un tyran sans effort. Car ses yeux surveillent les voies de l'homme et il observe tous ses pas. Pas de ténèbres ou d'ombre épaisse où puissent se cacher les malfaiteurs. Il n'envoie pas d'assignation à l'homme, pour qu'il se présente devant Dieu en justice. Il brise les grands sans enquête et en met d'autres à leur place. C'est qu'il connaît leurs oeuvres! Il les renverse de nuit et on les piétine. Comme des criminels, il les soufflette, en public il les enchaîné, car ils se sont détournés de lui, n'ont rien compris à ses voies, jusqu'à faire monter vers lui le cri du faible, lui faire entendre l'appel des humbles. Mais s'il reste immobile sans que nul ne l'ébranle, s'il voile sa face sans se laisser apercevoir, c'est qu'il prend en pitié nations et individus, délivre un impie des filets de l'affliction, quand celui-ci dit à Dieu: "Je fus séduit, je ne ferai plus le mal; si j'ai péché, instruis-moi, si j'ai commis l'injustice, je ne recommencerai plus." Est-ce que, d'après toi, il devrait punir, puisque tu rejettes ses décisions? Comme c'est toi qui choisis et non pas moi, fais-nous part de ta science. Mais les gens sensés me diront, ainsi que tout sage qui m'écoute: "Job ne parle pas avec science, ses propos manquent d'intelligence. Veuille donc l'examiner à fond, pour ses réponses dignes de celles des méchants. Car il ajoute à son péché la rébellion, met fin au droit parmi nous et multiplie contre Dieu ses paroles." Elihu reprit son discours et dit: Crois-tu assurer ton droit, affirmer ta justice devant Dieu, d'oser lui dire: "Que t'importe à toi, ou quel avantage pour moi, si j'ai péché ou non?" Eh bien! moi, je te répondrai, et à tes amis en même temps. Considère les cieux et regarde, vois comme les nuages sont plus élevés que toi! Si tu pèches, en quoi l'atteins-tu? Si tu multiplies tes offenses, lui fais-tu quelque mal? Si tu es juste, que lui donnes-tu, ou que reçoit-il de ta main? Ce sont tes semblables qu'affecte ta méchanceté, des mortels que concerne ta justice. Ils gémissent sous le poids de l'oppression, ils crient au secours sous la tyrannie des grands, mais nul ne pense à dire: "Où est Dieu, mon auteur, lui qui fait éclater dans la nuit les chants d'allégresse, qui nous rend plus avisés que les bêtes sauvages, plus sages que les oiseaux du ciel?" Alors on crie, sans qu'il réponde, sous le coup de l'orgueil des méchants. Assurément Dieu n'écoute pas la vanité, Shaddaï n'y prête pas attention. Et encore moins quand tu dis: "Je ne le vois pas, mon procès est ouvert devant lui et je l'attends." Ou bien: "Sa colère ne châtie pas, et il semble ignorer la révolte de l'homme." Job, alors, ouvre la bouche pour parler dans le vide, par ignorance, il multiplie les mots. Elihu continua et dit: Patiente un peu et laisse-moi t'instruire, car je n'ai pas tout dit en faveur de Dieu. Je veux tirer mon savoir de très loin, pour justifier mon Créateur. En vérité, mes paroles ignorent le mensonge, et un homme d'une science accomplie est près de toi. Dieu ne rejette pas l'homme au coeur pur, il ne laisse pas vivre le méchant en pleine force. Il rend justice aux pauvres, fait prévaloir les droits du juste. Lorsqu'il élève des rois au trône et que s'exaltent ceux qui siègent pour toujours, alors il les lie avec des chaînes, ils sont pris dans les liens de l'affliction. Il les éclaire sur leurs actes, sur les fautes d'orgueil qu'ils ont commises. A leurs oreilles il fait entendre un avertissement, leur ordonne de se détourner du mal. S'ils écoutent et se montrent dociles, leurs jours s'achèvent dans le bonheur et leurs années dans les délices. Sinon, ils passent par le Canal et ils périssent en insensés. Oui, les endurcis, qui gardent leur colère et ne crient pas à l'aide quand il les enchaîne, meurent en pleine jeunesse et leur vie est méprisée. Mais il sauve le pauvre par sa pauvreté, il l'avertit dans sa misère. Toi aussi, il veut t'arracher à l'angoisse. Tandis que tu jouissais d'une abondance sans restriction et que la graisse débordait sur ta table, tu n'instruisais pas le procès des méchants, et ne faisais pas droit à l'orphelin. Prends garde d'être séduit par l'abondance, corrompu par de riches présents. Fais comparaître le grand comme l'homme sans or, l'homme au bras puissant comme le faible. N'écrase pas ceux qui te sont étrangers pour mettre à leur place ta parenté. Garde-toi de te porter vers l'injustice, car c'est pour cela que l'affliction t'éprouve. Vois, Dieu est sublime par sa force et quel maître lui comparer? Qui lui a indiqué la voie à suivre, qui oserait lui dire: "Tu as commis l'injustice?" Songe plutôt à magnifier son oeuvre, que l'homme a célébrée par des cantiques. C'est un spectacle offert à tous, à distance l'homme la regarde. Oui, Dieu est si grand qu'il dépasse notre science, et le nombre de ses ans reste incalculable. C'est lui qui réduit les gouttes d'eau, pulvérise la pluie en brouillard. Et les nuages déversent celle-ci, la font ruisseler sur la foule humaine. Qui comprendra encore les déploiements de sa nuée, le grondement menaçant de sa tente? Il répand un brouillard devant lui, couvre les sommets des montagnes. Par eux il sustente les peuples, leur donne la nourriture en abondance. A pleines mains, il soulève l'éclair et lui fixe le but à atteindre. Son fracas en annonce la venue, la colère s'enflamme contre l'iniquité. Mon coeur lui-même en tremble et bondit hors de sa place. Ecoutez, écoutez le fracas de sa voix, le grondement qui sort de sa bouche! Son éclair est lâché sous l'étendue des cieux, il atteint les extrémités de la terre. Derrière lui mugit une voix, car Dieu tonne de sa voix superbe. Et il ne retient pas ses foudres tant que sa voix retentit. Oui, Dieu nous fait voir des merveilles, il accomplit des oeuvres grandioses qui nous dépassent. Quand il dit à la neige: "Tombe sur la terre!" aux averses: "Pleuvez dru!" alors il suspend l'activité des hommes, pour que chacun reconnaisse là son oeuvre. Les animaux regagnent leurs repaires et s'abritent dans leurs tanières. De la Chambre australe sort l'ouragan et les vents du nord amènent le froid. Au souffle de Dieu se forme la glace et la surface des eaux se durcit. Il charge d'humidité les nuages et les nuées d'orage diffusent son éclair. Et lui les fait circuler et préside à leur alternance. Ils exécutent en tout ses ordres, sur la face de son monde terrestre. Soit pour châtier les peuples de la terre, soit pour une oeuvre de bonté, il les envoie. Ecoute ceci, Job, sans broncher, et réfléchis aux merveilles de Dieu. Sais-tu comment Dieu leur commande, et comment sa nuée fait luire l'éclair? Sais-tu comment il suspend les nuages en équilibre, prodige d'une science consommée? Toi, quand tes vêtements sont brûlants et que la terre se tient immobile sous le vent du sud, peux-tu étendre comme lui la nue, durcie comme un miroir de métal fondu? Apprends-moi ce qu'il faut lui dire: mieux vaut ne plus discuter à cause de nos ténèbres. Mes paroles comptent-elles pour lui, est-il informé des ordres d'un homme? Un temps la lumière devient invisible, lorsque les nuages l'obscurcissent; puis le vent passe et les balaie, et du nord arrive la clarté. Dieu s'entoure d'une splendeur redoutable; lui, Shaddaï, nous ne pouvons l'atteindre. Suprême par la force et l'équité, maître en justice sans opprimer, il s'impose à la crainte des hommes; à lui la vénération de tous les esprits sensés! Yahvé répondit à Job du sein de la tempête et dit: Quel est celui-là qui obscurcit mes plans par des propos dénués de sens? Ceins tes reins comme un brave: je vais t'interroger et tu m'instruiras. Où étais-tu quand je fondai la terre? Parle, si ton savoir est éclairé. Qui en fixa les mesures, le saurais-tu, ou qui tendit sur elle le cordeau? Sur quel appui s'enfoncent ses socles? Qui posa sa pierre angulaire, parmi le concert joyeux des étoiles du matin et les acclamations unanimes des Fils de Dieu? Qui enferma la mer à deux battants, quand elle sortit du sein, bondissante; quand je mis sur elle une nuée pour vêtement et fis des nuages sombres ses langes; quand je découpai pour elle sa limite et plaçai portes et verrou? "Tu n'iras pas plus loin, lui dis-je, ici se brisera l'orgueil de tes flots!" As-tu, une fois dans ta vie, commandé au matin? Assigné l'aurore à son poste, pour qu'elle saisisse la terre par les bords et en secoue les méchants? Alors elle la change en argile de sceau et la teint comme un vêtement; elle ôte aux méchants leur lumière, brise le bras qui se levait. As-tu pénétré jusqu'aux sources marines, circulé au fond de l'Abîme? Les portes de la Mort te furent-elles montrées, as-tu vu les portiers du pays de l'Ombre? As-tu quelque idée des étendues terrestres? Raconte, si tu sais tout cela. De quel côté habite la lumière, et les ténèbres, où résident-elles, pour que tu puisses les conduire dans leur domaine, les acheminer vers leur demeure? Si tu le sais, c'est qu'alors tu étais né, et tu comptes des jours bien nombreux! Es-tu parvenu jusqu'aux dépôts de neige? As-tu vu les réserves de grêle, que je ménage pour les temps de détresse, pour les jours de bataille et de guerre? De quel côté se divise l'éclair, où se répand sur terre le vent d'est? Qui perce un canal pour l'averse, fraie la route aux roulements du tonnerre, pour faire pleuvoir sur une terre sans hommes, sur un désert que nul n'habite, pour abreuver les solitudes désolées, faire germer l'herbe sur la steppe? La pluie a-t-elle un père, ou qui engendre les gouttes de rosée? De quel ventre sort la glace, et le givre des cieux, qui l'enfante, quand les eaux se durcissent comme pierre et que devient compacte la surface de l'abîme? Peux-tu nouer les liens des Pléiades, desserrer les cordes d'Orion, amener la Couronne en son temps, conduire l'Ourse avec ses petits? Connais-tu les lois des Cieux, appliques-tu leur charte sur terre? Ta voix s'élève-t-elle jusqu'aux nuées et la masse des eaux t'obéit-elle? Sur ton ordre, les éclairs partent-ils, en te disant: "Nous voici?" Qui a mis dans l'ibis la sagesse, donné au coq l'intelligence? Qui dénombre les nuages avec compétence et incline les outres des cieux, tandis que la poussière s'agglomère et que collent ensemble les glèbes? Chasses-tu pour la lionne une proie, apaises-tu l'appétit des lionceaux, quand ils sont tapis dans leurs tanières, aux aguets dans le fourré? Qui prépare au corbeau sa provende, lorsque ses petits crient vers Dieu et se dressent sans nourriture? Sais-tu quand les bouquetins font leurs petits? As-tu observé des biches en travail? Combien de mois dure leur gestation, quelle est l'époque de leur délivrance? Alors elles s'accroupissent pour mettre bas, elles se débarrassent de leurs portées. Et quand leurs petits ont pris des forces et grandi, ils partent dans le désert et ne reviennent plus près d'elles. Qui a lâché l'onagre en liberté, délié la corde de l'âne sauvage? A lui, j'ai donné la steppe pour demeure, la plaine salée pour habitat. Il se rit du tumulte des villes et n'entend pas l'ânier vociférer. Il explore les montagnes, son pâturage, à la recherche de toute verdure. Le boeuf sauvage voudra-t-il te servir, passer la nuit chez toi devant la crèche? Attacheras-tu une corde à son cou, hersera-t-il les sillons derrière toi? Peux-tu compter sur sa force très grande et lui laisser la peine de tes travaux? Seras-tu assuré de son retour, pour amasser ton grain sur ton aire? L'aile de l'autruche peut-elle se comparer au pennage de la cigogne et du faucon? Elle abandonne à terre ses oeufs, les confie à la chaleur du sol. Elle oublie qu'un pied peut les fouler, une bête sauvage les écraser. Dure pour ses petits comme pour des étrangers, d'une peine inutile elle ne s'inquiète pas. C'est que Dieu l'a privée de sagesse, ne lui a point départi l'intelligence. Mais sitôt qu'elle se dresse et se soulève, elle défie le cheval et son cavalier. Donnes-tu au cheval la bravoure, revêts-tu son cou d'une crinière? Le fais-tu bondir comme la sauterelle? Son hennissement altier répand la terreur. Il piaffe de joie dans le vallon, avec vigueur il s'élance au-devant des armes. Il se moque de la peur et ne craint rien, il ne recule pas devant l'épée. Sur lui résonnent le carquois, la lance étincelante et le javelot. Frémissant d'impatience, il dévore l'espace; il ne se tient plus quand sonne la trompette: à chaque coup de trompette, il crie: Héah! Il flaire de loin la bataille, la voix tonnante des chefs et les cris. Est-ce avec ton discernement que le faucon prend son vol, qu'il déploie ses ailes vers le sud? Sur ton ordre que l'aigle s'élève et place son nid dans les hauteurs? Il fait du rocher son habitat nocturne, d'un pic rocheux sa forteresse. Il guette de là sa proie et ses yeux de loin l'aperçoivent. Ses petits lapent le sang, où il y a des tués, il est là. Alors Yahvé s'adressant à Job lui dit: L'adversaire de Shaddaï cédera-t-il? Le censeur de Dieu va-t-il répondre? Et Job répondit à Yahvé: J'ai parlé à la légère: que te répliquerai-je? Je mettrai plutôt ma main sur ma bouche. J'ai parlé une fois, je ne répéterai pas; deux fois, je n'ajouterai rien. Yahvé répondit à Job du sein de la tempête et dit: Ceins tes reins comme un brave: je vais t'interroger et tu m'instruiras. Veux-tu vraiment casser mon jugement, me condamner pour assurer ton droit? Ton bras a-t-il une vigueur divine, ta voix peut-elle tonner pareillement? Allons, pare-toi de majesté et de grandeur, revêts-toi de splendeur et de gloire. Fais éclater les fureurs de ta colère, d'un regard, courbe l'arrogant. D'un regard, ravale l'homme superbe, écrase sur place les méchants. Enfouis-les ensemble dans le sol, emprisonne-les chacun dans le cachot. Et moi-même je te rendrai hommage, car tu peux assurer ton salut par ta droite. Mais regarde donc Béhémoth, ma créature, tout comme toi! Il se nourrit d'herbe, comme le boeuf. Vois, sa force réside dans ses reins, sa vigueur dans les muscles de son ventre. Il raidit sa queue comme un cèdre, les nerfs de ses cuisses s'entrelacent. Ses os sont des tubes d'airain, sa carcasse, comme du fer forgé. C'est lui la première des oeuvres de Dieu. Son Auteur le menaça de l'épée, lui interdit la région des montagnes et toutes les bêtes sauvages qui s'y ébattent. Sous les lotus, il est couché, il se cache dans les roseaux des marécages. Le couvert des lotus lui sert d'ombrage et les saules du torrent le protègent. Si le fleuve déborde il ne s'émeut pas; un Jourdain lui jaillirait jusqu'à la gueule sans qu'il bronche. Qui donc le saisira par les yeux, lui percera le nez avec des pieux? Et Léviathan, le pêches-tu à l'hameçon, avec une corde comprimes-tu sa langue? Fais-tu passer un jonc dans ses naseaux, avec un croc perces-tu sa mâchoire? Est-ce lui qui te suppliera longuement, te parlera d'un ton timide? S'engagera-t-il par contrat envers toi, pour devenir ton serviteur à vie? T'amusera-t-il comme un passereau, l'attacheras-tu pour la joie de tes filles? Sera-t-il mis en vente par des associés, puis débité entre marchands? Cribleras-tu sa peau de dards, le harponneras-tu à la tête comme un poisson? Pose seulement la main sur lui: au souvenir de la lutte, tu ne recommenceras plus! Ton espérance serait illusoire, car sa vue seule suffit à terrasser. Il devient féroce quand on l'éveille, qui peut lui résister en face? Qui donc l'a affronté sans en pâtir? Personne sous tous les cieux! Je parlerai aussi de ses membres, je dirai sa force incomparable. Qui a découvert par devant sa tunique, pénétré dans sa double cuirasse? Qui a ouvert les battants de sa gueule? La terreur règne autour de ses dents! Son dos, ce sont des rangées de boucliers, que ferme un sceau de pierre. Ils se touchent de si près qu'un souffle ne peut s'y infiltrer. Ils adhèrent l'un à l'autre et font un bloc sans fissure. Son éternuement projette de la lumière, ses yeux ressemblent aux paupières de l'aurore. De sa gueule jaillissent des torches, il s'en échappe des étincelles de feu. Ses naseaux crachent de la fumée, comme un chaudron qui bout sur le feu. Son souffle allumerait des charbons, une flamme sort de sa gueule. Sur son cou est campée la force, et devant lui bondit la violence. Les fanons de sa chair sont soudés ensemble: ils adhèrent à elle, inébranlables. Son coeur est dur comme le roc, résistant comme la meule de dessous. Quand il se dresse, les flots prennent peur et les vagues de la mer se retirent. L'épée l'atteint sans se fixer, de même lance, javeline ou dard. Pour lui, le fer n'est que paille, et l'airain, du bois pourri. Les traits de l'arc ne le font pas fuir: il reçoit comme un fétu les pierres de fronde. La massue lui semble un fétu, il se rit du javelot qui vibre. Il a sous lui des tessons aigus, comme une herse il passe sur la vase. Il fait bouillonner le gouffre comme une chaudière, il change la mer en brûle-parfums. Il laisse derrière lui un sillage lumineux, l'abîme semble couvert d'une toison blanche. Sur terre, il n'a point son pareil, il a été fait intrépide. Il regarde en face les plus hautains, il est roi sur tous les fils de l'orgueil. Et Job fit cette réponse à Yahvé: Je sais que tu es tout-puissant: ce que tu conçois, tu peux le réaliser. J'étais celui qui voile tes plans, par des propos dénués de sens. Aussi as-tu raconté des oeuvres grandioses que je ne comprends pas, des merveilles qui me dépassent et que j'ignore. (Ecoute, laisse-moi parler: je vais t'interroger et tu m'instruiras.) Je ne te connaissais que par ouï-dire, mais maintenant mes yeux t'ont vu. Aussi je me rétracte et m'afflige sur la poussière et sur la cendre. Après qu'il eut ainsi parlé à Job, Yahvé s'adressa à Eliphaz de Témân: "Ma colère s'est enflammée contre toi et tes deux amis, car vous n'avez pas parlé de moi avec droiture comme l'a fait mon serviteur Job. Et maintenant, procurez-vous sept taureaux et sept béliers, puis allez vers mon serviteur Job. Vous offrirez pour vous un holocauste, tandis que mon serviteur Job priera pour vous. J'aurai égard à lui et ne vous infligerai pas ma disgrâce pour n'avoir pas, comme mon serviteur Job, parlé avec droiture de moi." Eliphaz de Témân, Bildad de Shuah, Cophar de Naamat s'en furent exécuter l'ordre de Yahvé. Et Yahvé eut égard à Job. Et Yahvé restaura la situation de Job, tandis qu'il intercédait pour ses amis; et même Yahvé accrut au double tous les biens de Job. Celui-ci vit venir vers lui tous ses frères et toutes ses soeurs ainsi que tous ceux qui le fréquentaient autrefois. Partageant le pain avec lui dans sa maison, ils s'apitoyaient sur lui et le consolaient de tous les maux que Yahvé lui avait infligés. Chacun lui fit cadeau d'une pièce d'argent, chacun lui laissa un anneau d'or. Yahvé bénit la condition dernière de Job plus encore que l'ancienne. Il posséda 14.000 brebis,6.000 chameaux, mille paires de boeufs et mille ânesses. Il eut sept fils et trois filles. La première, il la nomma "Tourterelle", la seconde "Cinnamome" et la troisième "Corne à fard." Dans tout le pays on ne trouvait pas d'aussi belles femmes que les filles de Job. Et leur père leur donna une part d'héritage en compagnie de leurs frères. Après cela Job vécut encore 140 ans, et il vit ses fils et les fils de ses fils jusqu'à la quatrième génération. Puis Job mourut chargé d'ans et rassasié de jours. Heureux l'homme qui ne suit pas le conseil des impies, ni dans la voie des égarés ne s'arrête, ni au siège des rieurs ne s'assied, mais se plaît dans la loi de Yahvé, mais murmure sa loi jour et nuit! Il est comme un arbre planté auprès des cours d'eau; celui-là portera fruit en son temps et jamais son feuillage ne sèche; tout ce qu'il fait réussit: rien de tel pour les impies, rien de tel! Mais ils sont comme la bale qu'emporte le vent. Ainsi, les impies ne tiendront pas au Jugement, ni les égarés, à l'assemblée des justes. Car Yahvé connaît la voie des justes, mais la voie des impies se perd. Pourquoi ces nations qui remuent, ces peuples qui murmurent en vain? Des rois de la terre s'insurgent, des princes conspirent contre Yahvé et contre son Messie: "Faisons sauter leurs entraves, débarrassons-nous de leurs liens! " Celui qui siège dans les cieux s'en amuse, Yahvé les tourne en dérision. Puis dans sa colère il leur parle, dans sa fureur il les épouvante: "C'est moi qui ai sacré mon roi sur Sion, ma montagne sainte." J'énoncerai le décret de Yahvé: Il m'a dit: "Tu es mon fils, moi, aujourd'hui, je t'ai engendré. Demande, et je te donne les nations pour héritage, pour domaine les extrémités de la terre; tu les briseras avec un sceptre de fer, comme vases de potier tu les casseras." Et maintenant, rois, comprenez, corrigez-vous, juges de la terre! Servez Yahvé avec crainte, baisez ses pieds avec tremblement; qu'il se fâche, vous vous perdez en chemin: d'un coup flambe sa colère. Heureux qui s'abrite en lui! Psaume de David. Quand il fuyait devant son fils Absalom. Yahvé, qu'ils sont nombreux mes oppresseurs, nombreux ceux qui se lèvent contre moi, nombreux ceux qui disent de mon âme: "Point de salut pour elle en son Dieu! " Mais toi, Yahvé, bouclier qui m'entoures, ma gloire! tu me redresses la tête. A pleine voix je crie vers Yahvé, il me répond de sa montagne sainte. Et moi, je me couche et m'endors, je m'éveille: Yahvé est mon soutien. Je ne crains pas ces gens par milliers qui forment un cercle contre moi. Lève-toi, Yahvé! Sauve-moi, mon Dieu! Tu frappes à la joue tous mes adversaires, les dents des impies, tu les brises. De Yahvé, le salut! Sur ton peuple, ta bénédiction! Du maître de chant. Avec instruments à cordes. Psaume de David. Quand je crie, réponds-moi, Dieu de ma justice, dans l'angoisse tu m'as mis au large: pitié pour moi, écoute ma prière! Fils d'homme, jusqu'où s'alourdiront vos coeurs, pourquoi ce goût du rien, cette course à l'illusion? Sachez-le, pour son ami Yahvé fait merveille, Yahvé écoute quand je crie vers lui. Frémissez et ne péchez plus, parlez en votre coeur, sur votre couche faites silence. Offrez des sacrifices de justice et soyez sûrs de Yahvé. Beaucoup disent: "Qui nous fera voir le bonheur?" Fais lever sur nous la lumière de ta face. Yahvé, tu as mis en mon coeur plus de joie qu'aux jours ou leur froment, leur vin nouveau débordent. En paix, tout aussitôt, je me couche et je dors: c'est toi, Yahvé, qui m'établis à part, en sûreté. Du maître de chant. Sur les flûtes. Psaume de David. Ma parole, entends-la, Yahvé, discerne ma plainte, attentif à la voix de mon appel, ô mon Roi et mon Dieu! C'est toi que je prie, Yahvé! Au matin tu écoutes ma voix; au matin je fais pour toi les apprêts et je reste aux aguets. Tu n'es pas un Dieu agréant l'impiété, le méchant n'est pas ton hôte; non, les arrogants ne tiennent pas devant ton regard. Tu hais tous les malfaisants, tu fais périr les imposteurs; l'homme de sang et de fraude, Yahvé le hait. Et moi, par la grandeur de ton amour, j'accède à ta maison; vers ton Temple sacré je me prosterne, pénétré de ta crainte. Yahvé, guide-moi dans ta justice à cause de ceux qui me guettent, redresse devant moi ton chemin. Non, rien n'est sûr dans leur bouche, et leur fond n'est que ruine, leur gosier est un sépulcre béant, mielleuse se fait leur langue. Traite-les en coupables, ô Dieu, qu'ils échouent dans leurs intrigues; pour leurs crimes sans nombre, repousse-les, pour leur révolte contre toi. Joie pour tous ceux que tu abrites, réjouissance à jamais; tu les protèges, en toi exultent les amants de ton nom. Toi, tu bénis le juste, Yahvé, comme un bouclier, ta faveur le couronne. Du maître de chant. Sur les instruments à cordes. Sur l'octacorde. Psaume de David. Yahvé, ne me châtie point dans ta colère, ne me reprends point dans ta fureur. Pitié pour moi, Yahvé, je suis à bout de force, guéris-moi, Yahvé, mes os sont bouleversés, mon âme est toute bouleversée. Mais toi, Yahvé, jusques à quand? Reviens, Yahvé, délivre mon âme, sauve-moi, en raison de ton amour. Car, dans la mort, nul souvenir de toi: dans le shéol, qui te louerait? Je me suis épuisé en gémissements, chaque nuit, je baigne ma couche; de mes larmes j'arrose mon lit, mon oeil est rongé de pleurs. Insolence chez tous mes oppresseurs; loin de moi, tous les malfaisants! Car Yahvé entend la voix de mes sanglots; Yahvé entend ma supplication, Yahvé accueillera ma prière. Tous mes ennemis, confondus, bouleversés, qu'ils reculent, soudain confondus! Lamentation. De David. Qu'il chanta à Yahvé à propos de Kush le Benjaminite. Yahvé mon Dieu, en toi j'ai mon abri, sauve-moi de tous mes poursuivants, délivre-moi; qu'il n'emporte comme un lion mon âme, lui qui déchire, et personne qui délivre! Yahvé mon Dieu, si j'ai fait cela, laissé la fraude sur mes mains, si j'ai rendu le mal à mon bienfaiteur, épargné un injuste oppresseur, que l'ennemi poursuive mon âme et l'atteigne! Qu'il écrase ma vie contre terre et relègue mes entrailles dans la poussière! Lève-toi, Yahvé, dans ta colère, dresse-toi contre les excès de mes oppresseurs, réveille-toi, mon Dieu. Tu ordonnes le jugement. Que l'assemblée des nations t'environne, reviens au-dessus d'elle. (Yahvé est l'arbitre des peuples.) Juge-moi, Yahvé, selon ma justice et selon mon intégrité. Mets fin à la malice des impies, confirme le juste, toi qui sondes les coeurs et les reins, ô Dieu le juste! Le bouclier qui me couvre, c'est Dieu, le sauveur des coeurs droits, Dieu le juste juge, lent à la colère, mais Dieu en tout temps menaçant pour qui ne revient. Que l'ennemi affûte son épée, qu'il bande son arc et l'apprête, c'est pour lui qu'il apprête les engins de mort et fait de ses flèches des brandons; le voici en travail de malice, il a conçu la peine, il enfante le mécompte. Il ouvre une fosse et la creuse, il tombera dans le trou qu'il a fait; sa peine reviendra sur sa tête, sa violence lui retombera sur le crâne. Je rends grâce à Yahvé pour sa justice, je joue pour le Nom du Très-Haut. Du maître de chant. Sur la... de Gat. Psaume de David. Yahvé, notre Seigneur, qu'il est puissant ton nom par toute la terre! Lui qui redit ta majesté plus haute que les cieux par la bouche des enfants, des tout petits, tu l'établis, lieu fort, à cause de tes adversaires pour réduire l'ennemi et le rebelle. A voir ton ciel, ouvrage de tes doigts, la lune et les étoiles, que tu fixas, qu'est donc le mortel, que tu t'en souviennes, le fils d'Adam, que tu le veuilles visiter? A peine le fis-tu moindre qu'un dieu; tu le couronnes de gloire et de beauté, pour qu'il domine sur l'oeuvre de tes mains; tout fut mis par toi sous ses pieds, brebis et boeufs, tous ensemble, et même les bêtes des champs, l'oiseau du ciel et les poissons de la mer, quand il va par les sentiers des mers. Yahvé, notre Seigneur, qu'il est puissant ton nom par toute la terre! Du maître de chant. Sur hautbois et harpe. Psaume de David. Je te rends grâce, Yahvé, de tout mon coeur, j'énonce toutes tes merveilles, j'exulte et me réjouis en toi, je joue pour ton nom, Très-Haut. Mes ennemis retournent en arrière, ils fléchissent, ils périssent devant ta face, quand tu m'as rendu sentence et jugement, siégeant sur le trône en juste juge. Tu as maté les païens, fait périr l'impie, effacé leur nom pour toujours et à jamais; l'ennemi est achevé, ruines sans fin, tu as renversé des villes, et leur souvenir a péri. Voici, Yahvé siège pour toujours, il affermit pour le jugement son trône; lui, il jugera le monde avec justice, prononcera sur les nations avec droiture. Que Yahvé soit un lieu fort pour l'opprimé, un lieu fort aux temps de détresse! En toi se confient ceux qui connaissent ton nom, tu n'abandonnes point ceux qui te cherchent, Yahvé. Jouez pour Yahvé, l'habitant de Sion, racontez parmi les peuples ses hauts faits! Lui qui s'enquiert du sang se souvient d'eux, il n'oublie pas le cri des malheureux. Pitié pour moi, Yahvé, vois mon malheur, tu me fais remonter des portes de la mort, que j'énonce toute ta louange aux portes de la fille de Sion, joyeux de ton salut. Les païens ont croulé dans la fosse qu'ils ont faite, au filet qu'ils ont tendu, leur pied s'est pris. Yahvé s'est fait connaître, il a rendu le jugement, il a lié l'impie dans l'ouvrage de ses mains. Que les impies retournent au shéol, tous ces païens qui oublient Dieu! Car le pauvre n'est pas oublié jusqu'à la fin, l'espoir des malheureux ne périt pas à jamais. Dresse-toi, Yahvé, que l'homme ne triomphe, qu'ils soient jugés, les païens, devant ta face! Jette, Yahvé, sur eux l'épouvante, qu'ils connaissent, les païens, qu'ils sont hommes! Pourquoi, Yahvé, restes-tu loin, te caches-tu aux temps de détresse? Sous l'orgueil de l'impie le malheureux est pourchassé, il est pris aux ruses que l'autre a combinées. L'impie se loue des désirs de son âme, l'homme avide qui bénit méprise Yahvé, l'impie, arrogant, ne cherche point: "Pas de Dieu! " voilà toute sa pensée. A chaque instant ses démarches aboutissent, tes jugements sont trop hauts pour lui, tous ses rivaux, il souffle sur eux. Il dit en son coeur: "Je tiendrai bon d'âge en âge." Lui qui n'est pas dans le malheur, il maudit. Fraude et violence lui emplissent la bouche, sous sa langue peine et méfait; il est assis à l'affût dans les roseaux, sous les couverts il massacre l'innocent. Des yeux il épie le misérable, à l'affût, bien couvert, comme un lion dans son fourré, à l'affût pour ravir le malheureux, il ravit le malheureux en le traînant dans son filet. Il épie, s'accroupit, se tapit, le misérable tombe en son pouvoir; il dit en son coeur: "Dieu oublie, il se couvre la face pour ne pas voir jusqu'à la fin." Dresse-toi, Yahvé! O Dieu, lève ta main, n'oublie pas les malheureux! Pourquoi l'impie blasphème-t-il Dieu, dit-il en son coeur: "Tu ne chercheras point?" Tu as vu, toi, la peine et les pleurs, tu regardes pour les prendre en ta main: à toi le misérable s'abandonne, l'orphelin, toi, tu le secours. Brise le bras de l'impie, du méchant, tu chercheras son impiété, tu ne la trouveras plus. Yahvé est roi pour toujours et à jamais, les païens ont disparu de sa terre. Le désir des humbles, tu l'écoutes, Yahvé, tu affermis leur coeur, tu tends l'oreille, pour juger l'orphelin et l'opprimé: qu'il cesse de faire peur, l'homme né de la terre! Du maître de chant. De David. En Yahvé j'ai mon abri. Comment dites-vous à mon âme: "Fuis à ta montagne, passereau. "Vois les impies bander leur arc, ils ajustent leur flèche à la corde pour viser dans l'ombre les coeurs droits; si les fondations sont ruinées, que peut le juste?" Yahvé dans son palais de sainteté, Yahvé, dans les cieux est son trône; ses yeux contemplent le monde, ses paupières éprouvent les fils d'Adam. Yahvé éprouve le juste et l'impie. Qui aime la violence, son âme le hait. Il fera pleuvoir sur les impies charbons de feu et soufre et dans leur coupe un vent de flamme pour leur part. Yahvé est juste, il aime la justice, les coeurs droits contempleront sa face. Du maître de chant. Sur l'octacorde. Psaume de David. Sauve, Yahvé! c'en est fait de tes amis, les fidèles ont disparu d'entre les fils d'Adam. On ne fait que mentir, chacun à son prochain, lèvres trompeuses, langage d'un coeur double. Que Yahvé retranche toute lèvre trompeuse, la langue qui fait de grandes phrases, ceux qui disent: "La langue est notre fort, nos lèvres sont pour nous, qui serait notre maître?" A cause du malheureux qu'on dépouille, du pauvre qui gémit, maintenant je me lève, déclare Yahvé: j'assurerai le salut à ceux qui en ont soif. Les paroles de Yahvé sont des paroles sincères, argent natif qui sort de terre, sept fois épuré; toi, Yahvé, tu y veilleras. Tu le protégeras d'une telle engeance à jamais; de toutes parts les impies s'en iront, comble d'abjection chez les fils d'Adam. Du maître de chant. Psaume de David. Jusques à quand, Yahvé, m'oublieras-tu? Jusqu'à la fin? Jusques à quand me vas-tu cacher ta face? Jusques à quand mettrai-je en mon âme la révolte, en mon coeur le chagrin, de jour et de nuit? Jusques à quand mon adversaire aura-t-il le dessus? Regarde, réponds-moi, Yahvé mon Dieu! Illumine mes yeux, que dans la mort je ne m'endorme. Que l'adversaire ne dise: "Je l'emporte sur lui", que mes oppresseurs n'exultent à me voir chanceler! Pour moi, en ton amour je me confie; que mon coeur exulte, admis en ton salut, que je chante à Yahvé pour le bien qu'il m'a fait, que je joue pour le nom de Yahvé le Très-Haut! Du maître de chant. De David. L'insensé a dit en son coeur: "Non, plus de Dieu! " Corrompues, abominables leurs actions; non, plus d'honnête homme. Des cieux Yahvé se penche vers les fils d'Adam, pour voir s'il en est un de sensé, un qui cherche Dieu. Tous ils sont dévoyés, ensemble pervertis. Non, il n'est plus d'honnête homme, non, plus un seul. Ne savent-ils, tous les malfaisants? Ils mangent mon peuple, voilà le pain qu'ils mangent, ils n'invoquent pas Yahvé. Là, ils seront frappés d'effroi sans cause d'effroi, car Dieu est pour la race du juste: vous bafouez la révolte du pauvre, mais Yahvé est son abri. Qui donnera de Sion le salut d'Israël? Lorsque Yahvé ramènera son peuple, allégresse à Jacob et joie pour Israël! Psaume de David. Yahvé, qui logera sous ta tente, habitera sur ta sainte montagne? Celui qui marche en parfait, celui qui agit en juste et dit la vérité de son coeur, sans laisser courir sa langue; qui ne lèse en rien son frère, ne jette pas d'opprobre à son prochain, méprise du regard le réprouvé, mais honore les craignants de Yahvé; qui jure à ses dépens sans se dédire, ne prête pas son argent à intérêt, n'accepte rien pour nuire à l'innocent. Qui fait ainsi jamais ne bronchera. A mi-voix. De David. Garde-moi, ô Dieu, mon refuge est en toi. J'ai dit à Yahvé: C'est toi mon Seigneur, mon bonheur n'est en aucun de ces démons de la terre. Ceux-là en imposent à tous ceux qui les aiment, leurs idoles foisonnent, on court à leur suite. Verser leurs libations de sang? Jamais! Faire monter leurs noms sur mes lèvres? Jamais! Yahvé, ma part d'héritage et ma coupe, c'est toi qui garantis mon lot; le cordeau me marque un enclos de délices, et l'héritage est pour moi magnifique. Je bénis Yahvé qui s'est fait mon conseil, et même la nuit, mon coeur m'instruit. J'ai mis Yahvé devant moi sans relâche; puisqu'il est à ma droite, je ne bronche pas. Aussi, mon coeur exulte, mes entrailles jubilent, et ma chair reposera en sûreté; car tu ne peux abandonner mon âme au shéol, tu ne peux laisser ton ami voir la fosse. Tu m'apprendras le chemin de vie, devant ta face, plénitude de joie, en ta droite, délices éternelles. Prière. De David. Ecoute, Yahvé, la justice, sois attentif à mes cris; prête l'oreille à ma prière, point de fraude sur mes lèvres. De ta face sortira mon jugement, tes yeux regardent la droiture. Tu sondes mon coeur, tu me visites la nuit, tu m'éprouves sans rien trouver, aucun murmure en moi: ma bouche n'a point péché à la façon des hommes. La parole de tes lèvres, moi je l'ai gardée, aux sentiers prescrits attachant mes pas, à tes traces, que mes pieds ne trébuchent. Je suis là, je t'appelle, car tu réponds, ô Dieu! Tends l'oreille vers moi, écoute mes paroles, signale tes grâces, toi qui sauves ceux qui recourent à ta droite contre les assaillants. Garde-moi comme la prunelle de l'oeil, à l'ombre de tes ailes cache-moi aux regards de ces impies qui me ravagent; ennemis au fond de l'âme, ils me cernent. Ils sont enfermés dans leur graisse, ils parlent, l'arrogance à la bouche. Ils marchent contre moi, maintenant ils m'encerclent, ils ont l'oeil sur moi pour me terrasser. Leur apparence est d'un lion impatient d'arracher et d'un lionceau tapi dans sa cachette. Lève-toi, Yahvé, affronte-le, renverse-le, par ton épée délivre mon âme de l'impie, des mortels, par ta main, Yahvé, des mortels qui, dans la vie, ont leur part de ce monde! Avec tes réserves tu leur rempliras le ventre, leurs fils seront rassasiés et ils laisseront le surplus à leurs enfants. Moi, dans la justice, je contemplerai ta face, au réveil je me rassasierai de ton image. Du maître de chant. Du serviteur de Yahvé, David, qui adressa à Yahvé les paroles de ce cantique, quand Yahvé l'eut délivré de tous ses ennemis et de la main de Saül. Il dit: Je t'aime, Yahvé, ma force (mon sauveur, tu m'as sauvé de la violence). Yahvé est mon roc et ma forteresse, mon libérateur, c'est mon Dieu. Je m'abrite en lui, mon rocher, mon bouclier et ma force de salut, ma citadelle et mon refuge. J'invoque Yahvé, digne de louange et je suis sauvé de mes ennemis. Les flots de la Mort m'enveloppaient, les torrents de Bélial m'épouvantaient; les filets du Shéol me cernaient, les pièges de la Mort m'attendaient. Dans mon angoisse j'invoquai Yahvé, vers mon Dieu je lançai mon cri; il entendit de son temple ma voix et mon cri parvint à ses oreilles. Et la terre s'ébranla et chancela, les assises des montagnes frémirent, (sous sa colère elles furent ébranlées); une fumée monta à ses narines et de sa bouche un feu dévorait (des braises s'y enflammèrent). Il inclina les cieux et descendit, une sombre nuée sous ses pieds; il chevaucha un chérubin et vola, il plana sur les ailes du vent. Il fit des ténèbres son voile, sa tente, ténèbre d'eau, nuée sur nuée; un éclat devant lui enflammait grêle et braises de feu. Yahvé tonna des cieux, le Très-Haut donna de la voix; il décocha ses flèches et les dispersa, il lança les éclairs et les chassa. Et le lit de la mer apparut, les assises du monde se découvrirent, au grondement de ta menace, Yahvé, au vent du souffle de tes narines. Il envoie d'en haut et me prend, il me retire des grandes eaux, il me délivre d'un puissant ennemi, d'adversaires plus forts que moi. Ils m'attendaient au jour de mon malheur, mais Yahvé fut pour moi un appui; il m'a dégagé, mis au large, il m'a sauvé, car il m'aime. Yahvé me rend selon ma justice, selon la pureté de mes mains me rétribue, car j'ai gardé les voies de Yahvé sans faillir loin de mon Dieu. Ses jugements sont tous devant moi, ses décrets, je ne les ai pas écartés, mais je suis irréprochable avec lui, je me garde contre le péché. Et Yahvé me rétribue selon ma justice, ma pureté qu'il voit de ses yeux. Tu es fidèle avec le fidèle, sans reproche avec l'irréprochable, pur avec qui est pur mais rusant avec le fourbe, toi qui sauves le peuple des humbles, et rabaisses les yeux hautains. C'est toi, Yahvé, ma lampe, mon Dieu éclaire ma ténèbre; avec toi je force l'enceinte, avec mon Dieu je saute la muraille. Dieu, sa voie est sans reproche et la parole de Yahvé sans alliage. Il est, lui, le bouclier de quiconque s'abrite en lui. Qui donc est Dieu, hors Yahvé? Qui est Rocher, sinon notre Dieu? Ce Dieu qui me ceint de force et rend ma voie irréprochable, qui égale mes pieds à ceux des biches et me tient debout sur les hauteurs, qui instruit mes mains au combat, mes bras à bander l'arc d'airain. Tu me donnes ton bouclier de salut (ta droite me soutient), tu ne cesses de m'exaucer, tu élargis mes pas sous moi et mes chevilles n'ont point fléchi. Je poursuis mes ennemis et les atteins, je ne reviens pas qu'ils ne soient achevés; je les frappe, ils ne peuvent se relever, ils tombent, ils sont sous mes pieds. Tu m'as ceint de force pour le combat, tu fais ployer sous moi mes agresseurs; mes ennemis, tu me fais voir leur dos, ceux qui me haïssent, je les extermine. Ils crient, et pas de sauveur, vers Yahvé, mais pas de réponse; je les broie comme poussière au vent, je les foule comme la boue des ruelles. Tu me délivres des querelles de mon peuple, tu me mets à la tête des nations; le peuple que j'ignorais m'est asservi, les fils d'étrangers me font leur cour, ils sont tout oreille et m'obéissent; les fils d'étrangers faiblissent, ils quittent en tremblant leurs réduits. Vive Yahvé, et béni soit mon rocher, exalté, le Dieu de mon salut, le Dieu qui me donne les vengeances et prosterne les peuples sous moi! Me délivrant d'ennemis furieux, tu m'exaltes par-dessus mes agresseurs, tu me libères de l'homme de violence. Aussi je te louerai, Yahvé, chez les païens, et je veux jouer pour ton nom: "Il multiplie pour son roi les délivrances et montre de l'amour pour son oint, pour David et sa descendance à jamais." Du maître de chant. Psaume de David. Les cieux racontent la gloire de Dieu, et l'oeuvre de ses mains, le firmament l'annonce; le jour au jour en publie le récit et la nuit à la nuit transmet la connaissance. Non point récit, non point langage, nulle voix qu'on puisse entendre, mais pour toute la terre en ressortent les lignes et les mots jusqu'aux limites du monde. Là-haut, pour le soleil il dressa une tente, et lui, comme un époux qui sort de son pavillon, se réjouit, vaillant, de courir sa carrière. A la limite des cieux il a son lever et sa course atteint à l'autre limite, à sa chaleur rien n'est caché. La loi de Yahvé est parfaite, réconfort pour l'âme; le témoignage de Yahvé est véridique, sagesse du simple. Les préceptes de Yahvé sont droits, joie pour le coeur; le commandement de Yahvé est limpide, lumière des yeux. La crainte de Yahvé est pure, immuable à jamais; les jugements de Yahvé sont vérité, équitables toujours, désirables plus que l'or, que l'or le plus fin; ses paroles sont douces plus que le miel, que le suc des rayons. Aussi ton serviteur s'en pénètre, les observer est grand profit. Mais qui s'avise de ses faux pas? Purifie-moi du mal caché. Préserve aussi ton serviteur de l'orgueil, qu'il n'ait sur moi nul empire! Alors je serai irréprochable et pur du grand péché. Agrée les paroles de ma bouche et le murmure de mon coeur, sans trêve devant toi, Yahvé, mon rocher, mon rédempteur! Du maître de chant. Psaume de David. Qu'il te réponde, Yahvé, au jour d'angoisse, qu'il te protège, le nom du Dieu de Jacob! Qu'il t'envoie du sanctuaire un secours et de Sion qu'il te soutienne! Qu'il se rappelle toutes tes offrandes, ton holocauste, qu'il le trouve savoureux! Qu'il te donne selon ton coeur et tous tes desseins, qu'il les seconde! Que nous criions de joie en ton salut, qu'au nom de notre Dieu nous pavoisions! Que Yahvé accomplisse toutes tes requêtes! Maintenant je connais que Yahvé donne le salut à son messie, des cieux de sainteté il lui répondra par les gestes sauveurs de sa droite. Aux uns les chars, aux autres les chevaux, à nous d'invoquer le nom de Yahvé notre Dieu. Eux, ils plient, ils tombent, nous, debout, nous tenons. Yahvé, sauve le roi, réponds-nous au jour de notre appel. Du maître de chant. Psaume de David. En ta force, Yahvé, le roi se réjouit; combien ton salut le comble d'allégresse! Tu lui as accordé le désir de son coeur, tu n'as point refusé le souhait de ses lèvres. Car tu l'as prévenu de bénédictions de choix, tu as mis sur sa tête une couronne d'or fin; tu lui as accordé la vie qu'il demandait, longueur de jours, encore et à jamais. Grande gloire lui fait ton salut, tu as mis sur lui le faste et l'éclat; oui, tu l'établis en bénédiction pour toujours, tu le réjouis de bonheur près de ta face; oui, le roi se confie en Yahvé, la grâce du Très-Haut le garde du faux pas. Ta main trouvera tous tes adversaires, ta droite trouvera tes ennemis; tu feras d'eux une fournaise au jour de ta face, Yahvé les engloutira dans sa colère, le feu les avalera; leur fruit, tu l'ôteras de la terre, leur semence, d'entre les fils d'Adam. Ils ont poussé sur toi le malheur, mûri un plan: ils ne pourront rien. Oui, tu leur feras tourner le dos, sur eux tu ajusteras ton arc. Lève-toi, Yahvé, dans ta force! Nous chanterons, nous jouerons pour ta vaillance. Du maître de chant. Sur "la biche de l'aurore." Psaume de David. Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné? Loin de me sauver, les paroles que je rugis! Mon Dieu, le jour j'appelle et tu ne réponds pas, la nuit, point de silence pour moi. Et toi, le Saint, qui habites les louanges d'Israël! en toi nos pères avaient confiance, confiance, et tu les délivrais, vers toi ils criaient, et ils échappaient, en toi leur confiance, et ils n'avaient pas honte. Et moi, ver et non pas homme, risée des gens, mépris du peuple, tous ceux qui me voient me bafouent, leur bouche ricane, ils hochent la tête: "Il s'est remis à Yahvé, qu'il le délivre! qu'il le libère, puisqu'il est son ami! " C'est toi qui m'as tiré du ventre, ma confiance près des mamelles de ma mère; sur toi je fus jeté au sortir des entrailles; dès le ventre de ma mère, mon Dieu c'est toi. Ne sois pas loin: proche est l'angoisse, point de secours! Des taureaux nombreux me cernent, de fortes bêtes de Bashân m'encerclent; contre moi bâille leur gueule, lions lacérant et rugissant. Comme l'eau je m'écoule et tous mes os se disloquent; mon coeur est pareil à la cire, il fond au milieu de mes viscères; mon palais est sec comme un tesson, et ma langue collée à ma mâchoire. Tu me couches dans la poussière de la mort. Des chiens nombreux me cernent, une bande de vauriens m'entoure; comme pour déchiqueter mes mains et mes pieds. Je peux compter tous mes os, les gens me voient, ils me regardent; ils partagent entre eux mes habits et tirent au sort mon vêtement. Mais toi, Yahvé, ne sois pas loin, ô ma force, vite à mon aide; délivre de l'épée mon âme, de la patte du chien, mon unique; sauve-moi de la gueule du lion, de la corne du taureau, ma pauvre âme. J'annoncerai ton nom à mes frères, en pleine assemblée je te louerai: "Vous qui craignez Yahvé, louez-le, toute la race de Jacob, glorifiez-le, redoutez-le, toute la race d'Israël." Car il n'a point méprisé, ni dédaigné la pauvreté du pauvre, ni caché de lui sa face, mais, invoqué par lui, il écouta. De toi vient ma louange dans la grande assemblée, j'accomplirai mes voeux devant ceux qui le craignent. Les pauvres mangeront et seront rassasiés. Ils loueront Yahvé, ceux qui le cherchent: "que vive votre coeur à jamais! " Tous les lointains de la terre se souviendront et reviendront vers Yahvé; toutes les familles des nations se prosterneront devant lui. A Yahvé la royauté, au maître des nations! Oui, devant lui seul se prosterneront tous les puissants de la terre, devant lui se courberont tous ceux qui descendent à la poussière: et pour celui qui ne vit plus, sa lignée le servira, elle annoncera le Seigneur aux âges à venir, elle racontera aux peuples à naître sa justice: il l'a faite! Psaume de David. Yahvé est mon berger, rien ne me manque. Sur des prés d'herbe fraîche il me parque. Vers les eaux du repos il me mène, il y refait mon âme; il me guide aux sentiers de justice à cause de son nom. Passerais-je un ravin de ténèbre, je ne crains aucun mal car tu es près de moi; ton bâton, ta houlette sont là qui me consolent. Devant moi tu apprêtes une table face à mes adversaires; d'une onction tu me parfumes la tête, ma coupe déborde. Oui, grâce et bonheur me pressent tous les jours de ma vie; ma demeure est la maison de Yahvé en la longueur des jours. Psaume de David. A Yahvé la terre et sa plénitude, le monde et tout son peuplement; c'est lui qui l'a fondée sur les mers, et sur les fleuves l'a fixée. Qui montera sur la montagne de Yahvé? Et qui se tiendra dans son lieu saint? L'homme aux mains nettes, au coeur pur: son âme ne se porte pas vers des riens, il ne jure pas pour tromper. Il emportera la bénédiction de Yahvé et la justice du Dieu de son salut. C'est la race de ceux qui Le cherchent, qui recherchent ta face, Dieu de Jacob. Portes, levez vos frontons, élevez-vous, portails antiques, qu'il entre, le roi de gloire! Qui est-il, ce roi de gloire? C'est Yahvé, le fort, le vaillant, Yahvé, le vaillant des combats. Portes, levez vos frontons, élevez-vous, portails antiques, qu'il entre, le roi de gloire! Qui est-il, ce roi de gloire? Yahvé Sabaot, c'est lui, le roi de gloire. De David. Vers toi, Yahvé, j'élève mon âme, ô mon Dieu. En toi je me confie, que je n'aie point honte, que mes ennemis ne se rient de moi! Pour qui espère en toi, point de honte, mais honte à qui trahit sans raison. Fais-moi connaître, Yahvé, tes voies, enseigne-moi tes sentiers. Dirige-moi dans ta vérité, enseigne-moi, c'est toi le Dieu de mon salut. En toi tout le jour j'espère à cause de ta bonté, Yahvé. Souviens-toi de ta tendresse, Yahvé, de ton amour, car ils sont de toujours. Ne te souviens pas des égarements de ma jeunesse, mais de moi, selon ton amour souviens-toi! Droiture et bonté que Yahvé, lui qui remet dans la voie les égarés, qui dirige les humbles dans la justice, qui enseigne aux malheureux sa voie. Tous les sentiers de Yahvé sont amour et vérité pour qui garde son alliance et ses préceptes. A cause de ton nom, Yahvé, pardonne mes torts, car ils sont grands. Est-il un homme qui craigne Yahvé, il le remet dans la voie qu'il faut prendre; son âme habitera le bonheur, sa lignée possédera la terre. Le secret de Yahvé est pour ceux qui le craignent, son alliance, pour qu'ils aient la connaissance. Mes yeux sont fixés sur Yahvé, car il tire mes pieds du filet. Tourne-toi vers moi, pitié pour moi, solitaire et malheureux que je suis. Desserre l'angoisse de mon coeur, hors de mes tourments tire-moi. Vois mon malheur et ma peine, efface tous mes égarements. Vois mes ennemis qui foisonnent, de quelle haine violente ils me haïssent. Garde mon âme, délivre-moi, point de honte pour moi: tu es mon abri. Qu'intégrité et droiture me protègent, j'espère en toi, Yahvé. Rachète Israël, ô Dieu, de toutes ses angoisses. De David. Justice pour moi, Yahvé, moi j'ai marché en mon intégrité, je m'appuie sur Yahvé et ne dévie pas. Scrute-moi, Yahvé, éprouve-moi, passe au feu mes reins et mon coeur: j'ai devant les yeux ton amour et je marche en ta vérité. Je n'ai pas été m'asseoir avec le fourbe, chez l'hypocrite je ne veux entrer; j'ai détesté le parti des méchants, avec l'impie je ne veux m'asseoir. Je lave mes mains en l'innocence et tourne autour de ton autel, Yahvé, faisant retentir l'action de grâces, énonçant toutes tes merveilles; Yahvé, j'aime la beauté de ta maison et le lieu du séjour de ta gloire. Ne joins pas mon âme aux égarés ni ma vie aux hommes de sang; ils ont dans les mains l'infamie, leur droite est pleine de profits. Pour moi je veux marcher en mon intégrité, rachète-moi, pitié pour moi; mon pied se tient en droit chemin, je te bénis, Yahvé, dans les assemblées. De David. Yahvé est ma lumière et mon salut, de qui aurais-je crainte? Yahvé est le rempart de ma vie, devant qui tremblerais-je? Quand s'avancent contre moi les méchants pour dévorer ma chair, ce sont eux, mes ennemis, mes adversaires, qui chancellent et succombent. Qu'une armée vienne camper contre moi, mon coeur est sans crainte; qu'une guerre éclate contre moi, j'ai là ma confiance. Une chose qu'à Yahvé je demande, la chose que je cherche, c'est d'habiter la maison de Yahvé tous les jours de ma vie, de savourer la douceur de Yahvé, de rechercher son palais. Car il me réserve en sa hutte un abri au jour de malheur; il me cache au secret de sa tente, il m'élève sur le roc. Maintenant ma tête s'élève sur mes rivaux qui m'entourent, et je viens sacrifier en sa tente des sacrifices d'acclamation. Je veux chanter, je veux jouer pour Yahvé. Ecoute, Yahvé, mon cri d'appel, pitié, réponds-moi! De toi mon coeur a dit: "Cherche sa face." C'est ta face, Yahvé, que je cherche, ne me cache point ta face. N'écarte pas ton serviteur avec colère; c'est toi mon secours. Ne me laisse pas, ne m'abandonne pas, Dieu de mon salut. Si mon père et ma mère m'abandonnent, Yahvé m'accueillera. Enseigne-moi, Yahvé, ta voie, conduis-moi sur un chemin de droiture à cause de ceux qui me guettent; ne me livre pas à l'appétit de mes adversaires: contre moi se sont levés de faux témoins qui soufflent la violence. Je le crois, je verrai la bonté de Yahvé sur la terre des vivants. Espère en Yahvé, prends coeur et prends courage, espère en Yahvé. De David. Vers toi, Yahvé, j'appelle, mon rocher, ne sois pas sourd! que je ne sois, devant ton silence, comme ceux qui descendent à la fosse! Ecoute la voix de ma prière quand je crie vers toi, quand j'élève les mains, Yahvé, vers ton Saint des Saints. Ne me traîne pas avec les impies, avec les malfaisants, qui parlent de paix à leur prochain, et le mal est dans leur coeur. Donne-leur, Yahvé, selon leurs oeuvres et la malice de leurs actes, selon l'ouvrage de leurs mains donne-leur, paie-les de leur salaire. Ils méconnaissent les oeuvres de Yahvé, l'ouvrage de tes mains: qu'il les abatte et ne les rebâtisse! Béni soit Yahvé, car il écoute la voix de ma prière! Yahvé ma force et mon bouclier, en lui mon coeur a foi; j'ai reçu aide, ma chair a refleuri, de tout coeur je rends grâce. Yahvé, force pour son peuple, forteresse de salut pour son messie. Sauve ton peuple, bénis ton héritage, conduis-les, porte-les à jamais! Psaume de David. Rapportez à Yahvé, fils de Dieu, rapportez à Yahvé gloire et puissance, rapportez à Yahvé la gloire de son nom, adorez Yahvé dans son éclat de sainteté. Voix de Yahvé sur les eaux le Dieu de gloire tonne; Yahvé sur les eaux innombrables, voix de Yahvé dans la force, voix de Yahvé dans l'éclat; voix de Yahvé, elle fracasse les cèdres, Yahvé fracasse les cèdres du Liban, il fait bondir comme un veau le Liban, et le Siryôn comme un bouvillon. Voix de Yahvé, elle taille des éclairs de feu; voix de Yahvé, elle secoue le désert, Yahvé secoue le désert de Cadès. Voix de Yahvé, elle secoue les térébinthes, elle dépouille les futaies. Dans son palais tout crie: Gloire! Yahvé a siégé pour le déluge, il a siégé, Yahvé, en roi éternel. Yahvé donne la puissance à son peuple, Yahvé bénit son peuple dans la paix. Psaume. Cantique pour la dédicace de la Maison de David. Je t'exalte, Yahvé, qui m'as relevé, tu n'as pas fait rire de moi mes ennemis. Yahvé mon Dieu, vers toi j'ai crié, tu m'as guéri. Yahvé, tu as tiré mon âme du shéol, me ranimant d'entre ceux qui descendent à la fosse. Jouez pour Yahvé, ceux qui l'aiment, louez sa mémoire de sainteté. Sa colère est d'un instant, sa faveur pour la vie; au soir la visite des larmes, au matin les cris de joie. Moi, j'ai dit dans mon bonheur: "Rien à jamais ne m'ébranlera! " Yahvé, ta faveur m'a fixé sur de fortes montagnes; tu caches ta face, je suis bouleversé. Vers toi, Yahvé, j'appelle, à mon Dieu je demande pitié: Que gagnes-tu à mon sang, à ma descente en la tombe? Te loue-t-elle, la poussière, annonce-t-elle ta vérité? Ecoute, Yahvé, pitié pour moi! Yahvé, sois mon secours! Pour moi tu as changé le deuil en une danse, tu dénouas mon sac et me ceignis d'allégresse; aussi mon coeur te chantera sans plus se taire, Yahvé mon Dieu, je te louerai à jamais. Du maître de chant. Psaume de David. En toi, Yahvé, j'ai mon abri, Sur moi pas de honte à jamais! En ta justice affranchis-moi, délivre-moi, tends l'oreille vers moi, hâte-toi! Sois pour moi un roc de force, une maison fortifiée qui me sauve; car mon rocher, mon rempart, c'est toi, pour ton nom, guide-moi, conduis-moi! Tire-moi du filet qu'on m'a tendu, car c'est toi ma force; en tes mains je remets mon esprit, c'est toi qui me rachètes, Yahvé. Dieu de vérité, tu détestes les servants de vaines idoles; pour moi, je suis sûr de Yahvé: que j'exulte et jubile en ton amour! Toi qui as vu ma misère, connu l'oppression de mon âme, tu ne m'as point livré aux mains de l'ennemi, tu as mis au large mes pas. Pitié pour moi, Yahvé, l'oppression est sur moi! Les pleurs me rongent les yeux, la gorge et les entrailles. Car ma vie se consume en affliction et mes années en soupirs; ma vigueur succombe à la misère et mes os se rongent. Tout ce que j'ai d'oppresseurs fait de moi un scandale; pour mes voisins je ne suis que dégoût, un effroi pour mes amis. Ceux qui me voient dans la rue s'enfuient loin de moi, comme un mort oublié des coeurs, comme un objet de rebut. J'entends les calomnies des gens, terreur de tous côtés! ils se groupent à l'envi contre moi, complotant de m'ôter la vie. Et moi, je m'assure en toi, Yahvé, je dis: C'est toi mon Dieu! Mes temps sont dans ta main, délivre-moi, des mains hostiles qui s'acharnent; fais luire ta face sur ton serviteur, sauve-moi par ton amour. Yahvé, pas de honte sur moi qui t'invoque, mais honte sur les impies! Qu'ils aillent muets au shéol; silence aux lèvres de mensonge qui parlent du juste insolemment avec superbe et mépris! Qu'elle est grande, Yahvé, ta bonté! Tu la réserves pour qui te craint, tu la dispenses à qui te prend pour abri face aux fils d'Adam. Tu les caches au secret de ta face, loin des intrigues des hommes; tu les mets à couvert sous la tente, loin de la guerre des langues. Béni Yahvé qui fit pour moi des merveilles d'amour (en une ville de rempart)! Et moi je disais en mon trouble: "Je suis ôté loin de tes yeux! " Et pourtant tu écoutas la voix de ma prière quand je criai vers toi. Aimez Yahvé, tous les siens: il garde les fidèles, mais Yahvé rétribue avec usure celui qui fait l'orgueilleux. Courage, reprenez coeur, vous tous qui espérez Yahvé! De David. Poème. Heureux qui est absous de son péché, acquitté de sa faute! Heureux l'homme à qui Yahvé ne compte pas son tort, et dont l'esprit est sans fraude! Je me taisais, et mes os se consumaient à rugir tout le jour; la nuit, le jour, ta main pesait sur moi; mon coeur était changé en un chaume au plein feu de l'été. Ma faute, je te l'ai fait connaître, je n'ai point caché mon tort; j'ai dit: J'irai à Yahvé. Confesser mon péché. Et toi, tu as absous mon tort, pardonné ma faute. Aussi chacun des tiens te prie à l'heure de l'angoisse. Que viennent à déborder les grandes eaux, elles ne peuvent l'atteindre. Tu es pour moi un refuge, de l'angoisse tu me gardes, de chants de délivrance tu m'entoures. Je t'instruirai, je t'apprendrai la route à suivre, les yeux sur toi, je serai ton conseil. Ne sois pas comme le cheval ou le mulet qui ne comprend ni la rêne ni le frein: qu'on s'avance pour le dompter, rien à faire pour qu'il s'approche de toi! Nombreux sont les tourments pour l'impie; qui se fie en Yahvé, la grâce l'entoure. Réjouissez-vous en Yahvé, exultez, les justes, jubilez, tous les coeurs droits. Criez de joie, les justes, pour Yahvé, aux coeurs droits convient la louange. Rendez grâce à Yahvé sur la harpe, jouez-lui sur la lyre à dix cordes; chantez-lui un cantique nouveau, de tout votre art accompagnez l'acclamation! Droite est la parole de Yahvé, et toute son oeuvre est vérité; il chérit la justice et le droit, de l'amour de Yahvé la terre est pleine. Par la parole de Yahvé les cieux ont été faits, par le souffle de sa bouche, toute leur armée; il rassemble l'eau des mers comme une digue, il met en réserve les abîmes. Qu'elle tremble devant Yahvé, toute la terre, qu'il soit craint de tous les habitants du monde! Il parle et cela est, il commande et cela existe. Yahvé déjoue le plan des nations, il empêche les pensées des peuples; mais le plan de Yahvé subsiste à jamais, les pensées de son coeur, d'âge en âge. Heureux le peuple dont Yahvé est le Dieu, la nation qu'il s'est choisie en héritage! Du haut des cieux Yahvé regarde, il voit tous les fils d'Adam; du lieu de sa demeure il observe tous les habitants de la terre; lui seul forme le coeur, il discerne tous leurs actes. Le roi n'est pas sauvé par une grande force, le brave préservé par sa grande vigueur. Mensonge qu'un cheval pour sauver, avec sa grande force, pas d'issue. Voici, l'oeil de Yahvé est sur ceux qui le craignent, sur ceux qui espèrent son amour, pour préserver leur âme de la mort et les faire vivre au temps de la famine. Notre âme attend Yahvé, notre secours et bouclier, c'est lui; en lui, la joie de notre coeur, en son nom de sainteté notre foi. Sur nous soit ton amour, Yahvé, comme notre espoir est en toi. De David. Quand, déguisant sa raison devant Abimélek, il se fit chasser par lui et s'en alla. Je bénirai Yahvé en tout temps, sa louange sans cesse en ma bouche; en Yahvé mon âme se loue, qu'ils écoutent, les humbles, qu'ils jubilent! Magnifiez avec moi Yahvé, exaltons ensemble son nom. Je cherche Yahvé, il me répond et de toutes mes frayeurs me délivre. Qui regarde vers lui resplendira et sur son visage point de honte. Un pauvre a crié, Yahvé écoute, et de toutes ses angoisses il le sauve. Il campe, l'ange de Yahvé, autour de ses fidèles, et il les dégage. Goûtez et voyez comme Yahvé est bon; heureux qui s'abrite en lui! Craignez Yahvé, vous les saints: qui le craint ne manque de rien. Les jeunes fauves sont dénués, affamés; qui cherche Yahvé ne manque d'aucun bien. Venez, fils, écoutez-moi, la crainte de Yahvé, je vous l'enseigne. Où est l'homme qui désire la vie, épris de jours où voir le bonheur? Garde ta langue du mal, tes lèvres des paroles trompeuses; Evite le mal, fais le bien, recherche la paix et poursuis-la. Pour les justes, les yeux de Yahvé, et pour leurs clameurs, ses oreilles; contre les malfaisants, la face de Yahvé, pour ôter de la terre leur mémoire. Ils crient, Yahvé écoute, de toutes leurs angoisses il les délivre; proche est Yahvé des coeurs brisés, il sauve les esprits abattus. Malheur sur malheur pour le juste, mais de tous Yahvé le délivre; Yahvé garde tous ses os, pas un ne sera brisé. Le mal tuera l'impie, qui déteste le juste expiera. Yahvé rachète l'âme de ses serviteurs, qui s'abrite en lui n'expiera point. De David. Accuse, Yahvé, mes accusateurs, assaille mes assaillants; prends armure et bouclier et te lève à mon aide; brandis la lance et la pique contre mes poursuivants. Dis à mon âme: "C'est moi ton salut." Honte et déshonneur sur ceux-là qui cherchent mon âme! Arrière! qu'ils reculent confondus, ceux qui ruminent mon malheur! Qu'ils soient de la bale au vent, l'ange de Yahvé les poussant, que leur chemin soit ténèbre et glissade, l'ange de Yahvé les poursuivant! Sans raison ils m'ont tendu leur filet, creusé pour moi une fosse, la ruine vient sur eux sans qu'ils le sachent; le filet qu'ils ont tendu les prendra, dans la fosse ils tomberont. Et mon âme exultera en Yahvé, jubilera en son salut. Tous mes os diront: Yahvé, qui est comme toi pour délivrer le petit du plus fort, le pauvre du spoliateur? Des témoins de mensonge se lèvent, que je ne connais pas. On me questionne, on me rend le mal pour le bien, ma vie devient stérile. Et moi, pendant leurs maladies, vêtu d'un sac, je m'humiliais par le jeûne, ma prière revenant dans mon sein, comme pour un ami, pour un frère, j'allais çà et là; comme en deuil d'une mère, assombri je me courbais. Ils se rient de ma chute, ils s'attroupent, ils s'attroupent contre moi; des étrangers, sans que je le sache, déchirent sans répit; si je tombe, ils m'encerclent, ils grincent des dents contre moi. Seigneur, combien de temps verras-tu cela? Soustrais mon âme à leurs ravages, aux lionceaux mon unique. Je rendrai grâce dans la grande assemblée, dans un peuple nombreux je te louerai. Que ne puissent rire de moi ceux qui m'en veulent à tort, ni se faire des clins d'oeil ceux qui me haïssent sans cause! Ce n'est point de la paix qu'ils parlent aux paisibles de la terre; ils ruminent de perfides paroles, la bouche large ouverte contre moi; ils disent: Ha! ha! notre oeil a vu! Tu as vu, Yahvé, ne te tais plus, Seigneur, ne sois pas loin de moi; éveille-toi, lève-toi, pour mon droit, Seigneur mon Dieu, pour ma cause; juge-moi selon ta justice, Yahvé mon Dieu, qu'ils ne se rient de moi! Qu'ils ne disent en leur coeur: Ha! ma foi! qu'ils ne disent: Nous l'avons englouti! Honte et déshonneur ensemble sur ceux qui rient de mon malheur; que honte et confusion les couvrent, ceux qui se grandissent à mes dépens! Rires et cris de joie pour ceux-là que réjouit ma justice, ceux-là, qu'ils disent constamment: "Grand est Yahvé que réjouit la paix de son serviteur! " Et ma langue redira ta justice, tout le jour, ta louange. Du maître de chant. Du serviteur de Yahvé. De David. C'est un oracle pour l'impie que le péché au fond de son coeur; point de crainte de Dieu devant ses yeux. Il se voit d'un oeil trop flatteur pour découvrir et détester son tort; les paroles de sa bouche: fraude et méfait! c'est fini d'être un sage. En fait de bien il rumine le méfait jusque sur sa couche; ils s'obstine dans la voie qui n'est pas bonne, la mauvaise, il n'en démord pas. Yahvé, dans les cieux ton amour, jusqu'aux nues, ta vérité; ta justice, comme les montagnes de Dieu, tes jugements, le grand abîme. L'homme et le bétail, tu les secours, Yahvé, qu'il est précieux, ton amour, ô Dieu! Ainsi, les fils d'Adam: à l'ombre de tes ailes ils ont abri. Ils s'enivrent de la graisse de ta maison, au torrent de tes délices tu les abreuves; en toi est la source de vie, par ta lumière nous voyons la lumière. Garde ton amour à ceux qui te connaissent, et ta justice aux coeurs droits. Que le pied des superbes ne m'atteigne, que la main des impies ne me chasse! Les voilà tombés, les malfaisants, abattus sans pouvoir se relever. De David. Ne t'échauffe pas contre les méchants, ne jalouse pas les artisans de fausseté: vite comme l'herbe ils sont fanés, flétris comme le vert des prés. Compte sur Yahvé et agis bien, habite la terre et vis tranquille, mets en Yahvé ta réjouissance: il t'accordera plus que les désirs de ton coeur. Remets ton sort à Yahvé, compte sur lui, il agira; il produira ta justice comme le jour, comme le midi ton droit. Sois calme devant Yahvé et attends-le, ne t'échauffe pas contre le parvenu, l'homme qui use d'intrigues. Trêve à la colère, renonce au courroux, ne t'échauffe pas, ce n'est que mal; car les méchants seront extirpés, qui espère Yahvé possédera la terre. Encore un peu, et plus d'impie, tu t'enquiers de sa place, il n'est plus; mais les humbles posséderont la terre, réjouis d'une grande paix. L'impie complote contre le juste et grince des dents contre lui; le Seigneur se moque de lui, car il voit venir son jour. Les impies tirent l'épée, ils tendent l'arc, pour égorger l'homme droit, pour renverser le pauvre et le petit; l'épée leur entrera au coeur et leurs arcs seront brisés. Mieux vaut un peu pour le juste que tant de fortune pour l'impie; car les bras de l'impie seront brisés, mais Yahvé soutient les justes. Yahvé connaît les jours des parfaits, éternel sera leur héritage; pas de honte pour eux aux mauvais jours, dans la famine ils seront rassasiés. Cependant les impies périront, eux, les ennemis de Yahvé; ils s'en iront comme la parure des prés, en fumée ils s'en iront. L'impie emprunte et ne rend pas, le juste a pitié, il donne; ceux qu'il bénit posséderont la terre, ceux qu'il maudit seront extirpés. Yahvé mène les pas de l'homme, ils sont fermes et sa marche lui plaît; quand il tombe, il ne reste pas terrassé, car Yahvé le soutient par la main. J'étais jeune, et puis j'ai vieilli, je n'ai pas vu le juste abandonné, ni sa lignée cherchant du pain. Tout le jour il a pitié, il prête, sa lignée sera en bénédiction! Evite le mal, agis bien, tu auras une habitation pour toujours; car Yahvé aime le droit, il n'abandonne pas ses amis. Les malfaisants seront détruits à jamais et la lignée des impies extirpée; les justes posséderont la terre, là ils habiteront pour toujours. La bouche du juste murmure la sagesse et sa langue dit le droit; la loi de son Dieu dans son coeur, ses pas ne chancellent point. L'impie guette le juste et cherche à le faire mourir; à sa main Yahvé ne l'abandonne, ne le laisse en justice condamner. Espère Yahvé et observe sa voie, il t'exaltera pour que tu possèdes la terre: tu verras les impies extirpés. J'ai vu l'impie forcené s'élever comme un cèdre du Liban; je suis passé, voici qu'il n'était plus, je l'ai cherché, on ne l'a pas trouvé. Regarde le parfait, vois l'homme droit: il y a pour le pacifique une postérité; mais les pécheurs seront tous anéantis, la postérité des impies extirpée. Le salut des justes vient de Yahvé, leur lieu fort au temps de l'angoisse; Yahvé les aide et les délivre, il les délivrera des impies, il les sauvera quand ils s'abritent en lui. Psaume de David. Pour commémorer. Yahvé, ne me châtie pas dans ton courroux, ne me reprends pas dans ta fureur. En moi tes flèches ont pénétré, sur moi ta main s'est abattue, rien d'intact en ma chair sous ta colère, rien de sain dans mes os après ma faute. Mes offenses me dépassent la tête, comme un poids trop pesant pour moi; mes plaies sont puanteur et pourriture à cause de ma folie; ravagé, prostré, à bout, tout le jour, en deuil, je m'agite. Mes reins sont pleins de fièvre, plus rien d'intact en ma chair; brisé, écrasé, à bout, je rugis, tant gronde mon coeur. Seigneur, tout mon désir est devant toi, pour toi mon soupir n'est point caché; le coeur me bat, ma force m'abandonne, et la lumière même de mes yeux. Amis et compagnons s'écartent de ma plaie, mes plus proches se tiennent à distance; ils posent des pièges, ceux qui traquent mon âme, ils parlent de crime, ceux qui cherchent mon malheur, tout le jour ils ruminent des trahisons. Et moi, comme un sourd, je n'entends pas, comme un muet qui n'ouvre pas la bouche, comme un homme qui n'a rien entendu et n'a pas de réplique à la bouche. C'est toi, Yahvé, que j'espère, c'est toi qui répondras, Seigneur mon Dieu. J'ai dit: "Qu'ils ne se gaussent de moi, qu'ils ne gagnent sur moi quand mon pied chancelle! " Or, je suis voué à la chute, mon tourment est devant moi sans relâche. Mon offense, oui, je la confesse, je suis anxieux de ma faute. Ceux qui m'en veulent sans cause foisonnent, ils sont légion à me haïr à tort, à me rendre le mal pour le bien, à m'accuser quand je cherche le bien. Ne m'abandonne pas, Yahvé, mon Dieu, ne sois pas loin de moi; vite, viens à mon aide, Seigneur, mon salut! Du maître de chant. De Yedutûn. Psaume de David. J'ai dit: "Je garderai ma route, sans laisser ma langue s'égarer, je garderai à la bouche un bâillon, tant que devant moi sera l'impie." Je me suis tu, silence et calme; à voir sa chance, mon tourment s'exaspéra. Mon coeur brûlait en moi, à force d'y songer le feu flamba et ma langue vint à parler: "Fais-moi savoir, Yahvé, ma fin et quelle est la mesure de mes jours, que je sache combien je suis fragile. Vois, d'un empan tu fis mes jours, ma durée est comme rien devant toi; rien qu'un souffle, tout homme qui se dresse, rien qu'une ombre, l'humain qui va; rien qu'un souffle, les richesses qu'il entasse, et il ne sait qui les ramassera." Et maintenant, que puis-je attendre, Seigneur? Mon espérance, elle est en toi. De tous mes péchés délivre-moi, ne me fais point la risée de l'insensé. Je me tais, je n'ouvre pas la bouche, car c'est toi qui es à l'oeuvre. Eloigne de moi tes coups, sous les assauts de ta main je me consume. Reprenant les torts, tu corriges l'homme, comme la teigne, tu ronges ses désirs. Rien qu'un souffle, tous les humains. Ecoute ma prière, Yahvé, prête l'oreille à mon cri, ne reste pas sourd à mes pleurs. Car je suis l'étranger chez toi, un passant comme tous mes pères. Détourne ton regard, que je respire, avant que je m'en aille et ne sois plus. Du maître de chant. De David. J'espérais Yahvé d'un grand espoir, il s'est penché vers moi, il écouta mon cri. Il me tira du gouffre tumultueux, de la vase du bourbier; il dressa mes pieds sur le roc, affermissant mes pas. En ma bouche il mit un chant nouveau, louange à notre Dieu; beaucoup verront et craindront, ils auront foi en Yahvé. Heureux est l'homme, celui-là qui met en Yahvé sa foi, ne tourne pas du côté des rebelles égarés dans le mensonge! Que de choses tu as faites, toi, Yahvé mon Dieu, tes merveilles, tes projets pour nous: rien ne se mesure à toi! Je veux le publier, le redire: il en est trop pour les dénombrer. Tu ne voulais sacrifice ni oblation, tu m'as ouvert l'oreille, tu n'exigeais holocauste ni victime, alors j'ai dit: Voici, je viens. Au rouleau du livre il m'est prescrit de faire tes volontés; mon Dieu, j'ai voulu ta loi au profond de mes entrailles. J'ai annoncé la justice de Yahvé dans la grande assemblée; vois, je ne ferme pas mes lèvres, toi, tu le sais. Je n'ai pas celé ta justice au profond de mon coeur, j'ai dit ta fidélité, ton salut, je n'ai pas caché ton amour et ta vérité à la grande assemblée. Toi, Yahvé, tu ne fermes pas pour moi tes tendresses! ton amour et ta vérité sans cesse me garderont. Car les malheurs m'assiègent, à ne pouvoir les dénombrer; mes torts retombent sur moi, je n'y peux plus voir; ils foisonnent plus que les cheveux de ma tête et le coeur me manque. Daigne, Yahvé, me secourir! Yahvé, vite à mon aide! Honte et déshonneur sur tous ceux-là qui cherchent mon âme pour la perdre! Arrière! honnis soient-ils, ceux que flatte mon malheur! qu'ils soient stupéfiés de honte, ceux qui me disent: Ha! ha! Joie en toi et réjouissance à tous ceux qui te cherchent! qu'ils redisent toujours: "Dieu est grand! " ceux qui aiment ton salut! Et moi, pauvre et malheureux, le Seigneur pense à moi. Toi, mon secours et sauveur, mon Dieu, ne tarde pas. Du maître de chant. Psaume de David. Heureux qui pense au pauvre et au faible: au jour de malheur, Yahvé le délivre; Yahvé le garde, il lui rend vie et bonheur sur terre: oh! ne le livre pas à l'appétit de ses ennemis! Yahvé le soutient sur son lit de douleur; tu refais tout entière la couche où il languit. Moi, j'ai dit: "Pitié pour moi, Yahvé! guéris mon âme, car j'ai péché contre toi! " Parlant de moi, mes ennemis me malmènent: "Quand va-t-il mourir et son nom périr?" Vient-on me voir, on dit des paroles en l'air, le coeur plein de malice, on déblatère au-dehors. Tous à l'envi, mes haïsseurs chuchotent contre moi, ils supputent contre moi le malheur qui est sur moi: "C'est une plaie d'enfer qui gagne en lui, maintenant qu'il s'est couché, il n'aura plus de lever." Même le confident sur qui je faisais fond et qui mangeait mon pain, se hausse à mes dépens. Mais toi, Yahvé, pitié pour moi, fais-moi lever, je les paierai de leur dû, ces gens: par là, je connaîtrai que tu es mon ami, si l'ennemi ne lance plus contre moi son cri; et moi, que tu soutiens, je resterai indemne, tu m'auras à jamais établi devant ta face. Béni soit Yahvé, le Dieu d'Israël, depuis toujours jusqu'à toujours. Amen! Amen! Du maître de chant. Poème. Des fils de Coré. Comme languit une biche après les eaux vives, ainsi languit mon âme vers toi, mon Dieu. Mon âme a soif de Dieu, du Dieu vivant; quand irai-je et verrai-je la face de Dieu? Mes larmes, c'est là mon pain, le jour, la nuit, moi qui tout le jour entends dire: Où est-il, ton Dieu? Oui, je me souviens, et mon âme sur moi s'épanche, je m'avançais sous le toit du Très-Grand, vers la maison de Dieu, parmi les cris de joie, l'action de grâces, la rumeur de la fête. Qu'as-tu, mon âme, à défaillir et à gémir sur moi? Espère en Dieu: à nouveau je lui rendrai grâce, le salut de ma face et mon Dieu! Mon âme est sur moi défaillante, alors je me souviens de toi: depuis la terre du Jourdain et des Hermons, de toi, humble montagne. L'abîme appelant l'abîme au bruit de tes écluses, la masse de tes flots et de tes vagues a passé sur moi. Le jour, Yahvé mande sa grâce et même pendant la nuit le chant qu'elle m'inspire est une prière à mon Dieu vivant. Je dirai à Dieu mon Rocher: pourquoi m'oublies-tu? Pourquoi m'en aller en deuil, accablé par l'ennemi? Touché à mort dans mes os, mes adversaires m'insultent en me redisant tout le jour: Où est-il, ton Dieu? Qu'as-tu, mon âme, à défaillir et à gémir sur moi? Espère en Dieu: à nouveau je lui rendrai grâce, le salut de ma face et mon Dieu! Juge-moi, Dieu, défends ma cause contre des gens sans amour; de l'homme perfide et pervers, délivre-moi. C'est toi le Dieu de ma force: pourquoi me rejeter? Pourquoi m'en aller en deuil, accablé par l'ennemi? Envoie ta lumière et ta vérité: elles me guideront, me mèneront à ta montagne sainte, jusqu'en tes Demeures. Et j'irai vers l'autel de Dieu, jusqu'au Dieu de ma joie. J'exulterai, je te rendrai grâce sur la harpe, Dieu, mon Dieu. Qu'as-tu, mon âme, à défaillir et à gémir sur moi? Espère en Dieu: à nouveau je lui rendrai grâce, le salut de ma face et mon Dieu! Du maître de chant. Des fils de Coré. Poème. O Dieu, nous avons ouï de nos oreilles, nos pères nous ont raconté l'oeuvre que tu fis de leurs jours, aux jours d'autrefois, et par ta main. Pour les planter, tu expulsas des nations, pour les étendre, tu malmenas des peuples; ni leur épée ne conquit le pays, ni leur bras n'en fit des vainqueurs, mais ce furent ta droite et ton bras et la lumière de ta face, car tu les aimais. C'est toi, mon Roi, mon Dieu, qui décidais les victoires de Jacob; par toi, nous enfoncions nos adversaires, par ton nom, nous piétinions nos agresseurs. Ni dans mon arc n'était ma confiance, ni mon épée ne me fit vainqueur; par toi nous vainquions nos adversaires, tu couvrais nos ennemis de honte; en Dieu nous jubilions tout le jour, célébrant sans cesse ton nom. Et pourtant, tu nous as rejetés et bafoués, tu ne sors plus avec nos armées; tu nous fais reculer devant l'adversaire, nos ennemis ont pillé à coeur joie. Comme animaux de boucherie tu nous livres et parmi les nations tu nous as dispersés; tu vends ton peuple à vil prix sans t'enrichir à ce marché. Tu fais de nous l'insulte de nos voisins, fable et risée de notre entourage; tu fais de nous le proverbe des nations, hochement de tête parmi les peuples. Tout le jour, mon déshonneur est devant moi et la honte couvre mon visage, sous les clameurs d'insulte et de blasphème, au spectacle de la haine et de la vengeance. Tout cela nous advint sans t'avoir oublié, sans avoir trahi ton alliance, sans que nos coeurs soient revenus en arrière, sans que nos pas aient quitté ton sentier: tu nous broyas au séjour des chacals, nous couvrant de l'ombre de la mort. Si nous avions oublié le nom de notre Dieu, tendu les mains vers un dieu étranger, est-ce que Dieu ne l'eût pas aperçu, lui qui sait les secrets du coeur? C'est pour toi qu'on nous massacre tout le jour, qu'on nous traite en moutons d'abattoir. Lève-toi, pourquoi dors-tu, Seigneur? Réveille-toi, ne rejette pas jusqu'à la fin! Pourquoi caches-tu ta face, oublies-tu notre oppression, notre misère? Car notre âme est effondrée en la poussière, notre ventre est collé à la terre. Debout, viens à notre aide, rachète-nous en raison de ton amour! Du maître de chant. Sur l'air: Des lys... Des fils de Coré. Poème. Chant d'amour. Mon coeur a frémi de paroles belles: je dis mon oeuvre pour un roi, ma langue est le roseau d'un scribe agile. Tu es beau, le plus beau des enfants des hommes, la grâce est répandue sur tes lèvres. Aussi tu es béni de Dieu à jamais. Ceins ton épée sur ta cuisse, vaillant, dans le faste et l'éclat va, chevauche, pour la cause de la vérité, de la piété, de la justice. Tends la corde sur l'arc, il rend terrible ta droite! Tes flèches sont aiguës, voici les peuples sous toi, ils perdent coeur, les ennemis du roi. Ton trône est de Dieu pour toujours et à jamais! Sceptre de droiture, le sceptre de ton règne! Tu aimes la justice, tu hais l'impiété. C'est pourquoi Dieu, ton Dieu, t'a donné l'onction d'une huile d'allégresse comme à nul de tes rivaux; ton vêtement n'est plus que myrrhe et aloès. Des palais d'ivoire, les harpes te ravissent. Parmi tes bien-aimées sont des filles de roi; à ta droite une dame, sous les ors d'Ophir. Ecoute, ma fille, regarde et tends l'oreille, oublie ton peuple et la maison de ton père, alors le roi désirera ta beauté: il est ton Seigneur, prosterne-toi devant lui! La fille de Tyr, par des présents, déridera ton visage, et les peuples les plus riches, par maint joyau serti d'or. Vêtue de brocarts, la fille de roi est amenée au-dedans vers le roi, des vierges à sa suite. On amène les compagnes qui lui sont destinées; parmi joie et liesse, elles entrent au palais. A la place de tes pères te viendront des fils; tu en feras des princes par toute la terre. Que je fasse durer ton nom d'âge en âge, que les peuples te louent dans les siècles des siècles. Du maître de chant. Des fils de Coré. Sur le hautbois. Cantique. Dieu est pour nous refuge et force, secours dans l'angoisse toujours offert. Aussi ne craindrons-nous si la terre est changée, si les montagnes chancellent au coeur des mers, lorsque mugissent et bouillonnent leurs eaux et que tremblent les monts à leur soulèvement. (Avec nous, Yahvé Sabaot, citadelle pour nous, le Dieu de Jacob! ) Un fleuve! Ses bras réjouissent la cité de Dieu, il sanctifie les demeures du Très-Haut. Dieu est en elle; elle ne peut chanceler, Dieu la secourt au tournant du matin; des peuples mugissaient, des royaumes chancelaient, il a élevé la voix, la terre se dissout. Avec nous, Yahvé Sabaot, citadelle pour nous, le Dieu de Jacob! Allez, contemplez les hauts faits de Yahvé, lui qui remplit la terre de stupeurs. Il met fin aux guerres jusqu'au bout de la terre; l'arc, il l'a rompu, la lance, il l'a brisée, il a brûlé les boucliers au feu. "Arrêtez, connaissez que moi je suis Dieu, exalté sur les peuples, exalté sur la terre! " Avec nous, Yahvé Sabaot, citadelle pour nous, le Dieu de Jacob! Du maître de chant. Des fils de Coré. Tous les peuples, battez des mains, acclamez Dieu en éclats de joie! C'est Yahvé, le Très-Haut, le redoutable, le grand Roi sur toute la terre. Il tient des peuples sous notre joug et des nations sous nos pieds. Il a choisi pour nous notre héritage, l'orgueil de Jacob, qu'il aime. Dieu monte parmi l'acclamation, Yahvé, aux éclats du cor. Sonnez pour notre Dieu, sonnez, sonnez pour notre Roi, sonnez! C'est le roi de toute la terre: sonnez pour Dieu, qu'on l'apprenne! Dieu, il règne sur les païens, Dieu siège sur son trône de sainteté. Les princes des peuples s'unissent: c'est le peuple du Dieu d'Abraham. A Dieu sont les pavois de la terre, au plus haut il est monté. Cantique. Psaume. Des fils de Coré. Grand, Yahvé, et louable hautement dans la ville de notre Dieu, le mont sacré, superbe d'élan, joie de toute la terre; le mont Sion, coeur de l'Aquilon, cité du grand roi: Dieu, du milieu de ses palais, s'est révélé citadelle. Voici, des rois s'étaient ligués, avançant à la fois; ils virent, et du coup stupéfaits, pris de panique, ils décampèrent. Là, un tremblement les saisit, un frisson d'accouchée, ce fut le vent d'est qui brise les vaisseaux de Tarsis. Comme on nous l'avait dit, nous l'avons vu dans la ville de notre Dieu, dans la ville de Yahvé Sabaot; Dieu l'affermit à jamais. Nous méditons, Dieu, ton amour au milieu de ton Temple! Comme ton nom, Dieu, ta louange, jusqu'au bout de la terre! Ta droite est remplie de justice, le mont Sion jubile; les filles de Juda exultent devant tes jugements. Longez Sion, parcourez-la, dénombrez ses tours; que vos coeurs s'attachent à ses murs, détaillez ses palais; pour raconter aux âges futurs que lui est Dieu, notre Dieu aux siècles des siècles, lui, il nous conduit! Du maître de chant. Des fils de Coré. Ecoutez ceci, tous les peuples, prêtez l'oreille, tous les habitants du monde, gens du commun et gens de condition, riches et pauvres ensemble! Ma bouche énonce la sagesse, et le murmure de mon coeur, l'intelligence; je tends l'oreille à quelque proverbe, je résous sur la lyre mon énigme. Pourquoi craindre aux jours de malheur? La malice me talonne et me cerne: eux se fient à leur fortune, se prévalent du surcroît de leur richesse. Mais l'homme ne peut acheter son rachat ni payer à Dieu sa rançon: il est coûteux, le rachat de son âme, et il manquera toujours pour que l'homme survive et jamais ne voie la fosse. Or, il verra mourir les sages, périr aussi le fou et l'insensé, qui laissent à d'autres leur fortune. Leurs tombeaux sont à jamais leurs maisons, et leurs demeures d'âge en âge; et ils avaient mis leur nom sur leurs terres! L'homme dans son luxe ne comprend pas, il ressemble au bétail muet. Ainsi vont-ils, sûrs d'eux-mêmes, et finissent-ils, contents de leur sort. Troupeau que l'on parque au shéol, la Mort les mène paître, les hommes droits domineront sur eux. Au matin s'évanouit leur image, le shéol, voilà leur résidence! Mais Dieu rachètera mon âme des griffes du shéol, et me prendra. Ne crains pas quand l'homme s'enrichit, quand s'accroît la gloire de sa maison. A sa mort, il n'en peut rien emporter, avec lui ne descends pas sa gloire. Son âme qu'en sa vie il bénissait -- et l'on te loue d'avoir pris soin de toi -- ira rejoindre la lignée de ses pères qui plus jamais ne verront la lumière. L'homme dans son luxe ne comprend pas, il ressemble au bétail muet. D'Asaph. Le Dieu des dieux, Yahvé, accuse, il appelle la terre du levant au couchant. Depuis Sion, beauté parfaite, Dieu resplendit; il vient, notre Dieu, il ne se taira point. Devant lui, un feu dévore, autour de lui, bourrasque violente; il appelle les cieux d'en haut et la terre pour juger son peuple. "Assemblez devant moi les miens, qui scellèrent mon alliance en sacrifiant." Les cieux annoncent sa justice: "Dieu, c'est lui le juge! " "Ecoute, mon peuple, j'accuse, Israël, et je t'adjure, moi, Dieu, ton Dieu. Ce n'est pas tes sacrifices que j'accuse, tes holocaustes constamment devant moi; je ne prendrai pas de ta maison un taureau, ni de tes bergeries des boucs. Car tout fauve des forêts est à moi, des animaux sur les montagnes par milliers; je connais tous les oiseaux des cieux, toute bête des champs est pour moi. Si j'ai faim, je n'irai pas te le dire, car le monde est à moi et son contenu. Vais-je manger la chair des taureaux, le sang des boucs, vais-je le boire? Offre à Dieu un sacrifice d'action de grâces, accomplis tes voeux pour le Très-Haut; appelle-moi au jour de l'angoisse, je t'affranchirai et tu me rendras gloire." Mais l'impie, Dieu lui déclare: "Que viens-tu réciter mes commandements, qu'as-tu mon alliance à la bouche, toi qui détestes la règle et rejettes mes paroles derrière toi? Si tu vois un voleur, tu fraternises, tu es chez toi parmi les adultères; tu livres ta bouche au mal et ta langue trame la tromperie. Tu t'assieds, tu accuses ton frère, tu déshonores le fils de ta mère. Voilà ce que tu fais, et je me tairais? Penses-tu que je suis comme toi? Je te dénonce et m'explique devant toi. Prenez bien garde, vous qui oubliez Dieu, que je n'emporte, et personne pour délivrer! Qui offre l'action de grâces me rend gloire, à l'homme droit, je ferai voir le salut de Dieu." Du maître de chant. Psaume de David. Quand Natân le prophète vint à lui parce qu'il était allé vers Bethsabée. Pitié pour moi, Dieu, en ta bonté, en ta grande tendresse efface mon péché, lave-moi tout entier de mon mal et de ma faute purifie-moi. Car mon péché, moi, je le connais, ma faute est devant moi sans relâche; contre toi, toi seul, j'ai péché, ce qui est coupable à tes yeux, je l'ai fait. Pour que tu montres ta justice quand tu parles et que paraisse ta victoire quand tu juges. Vois: mauvais je suis né, pécheur ma mère m'a conçu. Mais tu aimes la vérité au fond de l'être, dans le secret tu m'enseignes la sagesse. Ote mes taches avec l'hysope, je serai pur; lave-moi, je serai blanc plus que neige. Rends-moi le son de la joie et de la fête: qu'ils dansent, les os que tu broyas! Détourne ta face de mes fautes, et tout mon mal, efface-le. Dieu, crée pour moi un coeur pur, restaure en ma poitrine un esprit ferme; ne me repousse pas loin de ta face, ne m'enlève pas ton esprit de sainteté. Rends-moi la joie de ton salut, assure en moi un esprit magnanime. Aux pécheurs j'enseignerai tes voies, à toi se rendront les égarés. Affranchis-moi du sang, Dieu, Dieu de mon salut, et ma langue acclamera ta justice; Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche publiera ta louange. Car tu ne prends aucun plaisir au sacrifice; un holocauste, tu n'en veux pas. Du maître de chant. Poème. De David. Quand Doëg l'Edomite vint avertir Saül en lui disant: "David est entré dans la maison d'Ahimélek." Pourquoi te prévaloir du mal, héros d'infamie, tout le jour ruminer le crime? Ta langue est un rasoir effilé, artisan d'imposture. Tu aimes mieux le mal que le bien, le mensonge que la justice; tu aimes toute parole qui dévore, langue d'imposture. C'est pourquoi Dieu t'écrasera, te détruira jusqu'à la fin, t'arrachera de la tente, t'extirpera de la terre des vivants. Ils verront, les justes, ils craindront, ils se riront de lui: "Le voilà, l'homme qui n'a pas mis en Dieu sa forteresse, mais se fiait au nombre de ses biens, se faisait fort de son crime! " Et moi, comme un olivier verdoyant dans la maison de Dieu, je compte sur l'amour de Dieu toujours et à jamais. Je veux te rendre grâce à jamais, car tu as agi, et j'espère ton nom, car il est bon, devant ceux qui t'aiment. Du maître de chant. Pour la maladie. Poème. De David. L'insensé a dit en son coeur: "Non, plus de Dieu! " Ils sont faux, corrompus, abominables; non, il n'est plus d'honnête homme. Des cieux Dieu se penche vers les fils d'Adam, pour voir s'il en est un de sensé, un qui cherche Dieu? Tous ils ont dévié, ensemble pervertis. Non, il n'est plus d'honnête homme, non, plus un seul. Le savent-ils, les malfaisants? Ils mangent mon peuple, voilà le pain qu'ils mangent, ils n'invoquent pas Dieu. Là ils seront frappés d'effroi sans cause d'effroi. Car Dieu disperse les ossements de ton assiégeant, on les bafoue, car Dieu les rejette. Qui donnera de Sion le salut d'Israël? Lorsque Dieu ramènera son peuple, allégresse à Jacob et joie pour Israël! Du maître de chant. Sur les instruments à cordes. Poème. De David. Lorsque les Ziphéens vinrent dire à Saül: "David n'est-il pas caché parmi nous?" O Dieu, par ton nom sauve-moi, par ton pouvoir fais-moi raison; ô Dieu, entends ma prière, écoute les paroles de ma bouche! Contre moi ont surgi des orgueilleux, des forcenés pourchassent mon âme, point de place pour Dieu devant eux. Mais voici Dieu qui vient à mon secours, le Seigneur avec ceux qui soutiennent mon âme. Que retombe le mal sur ceux qui me guettent, Yahvé, par ta vérité détruis-les! De grand coeur je t'offrirai le sacrifice, je rendrai grâce à ton nom, car il est bon, car il m'a délivré de toute angoisse, mes ennemis me sont donnés en spectacle. Du maître de chant. Sur les instruments à cordes. Poème. De David. Entends, ô Dieu, ma prière, ne te dérobe pas à ma supplique, donne-moi audience, réponds-moi, je divague en ma plainte. Je frémis sous les cris de l'ennemi, sous les huées de l'impie; ils me chargent de crimes, avec rage ils m'accusent. Mon coeur se tord en moi, les affres de la mort tombent sur moi; crainte et tremblement me pénètrent, un frisson m'étreint. Et je dis: Qui me donnera des ailes comme à la colombe, que je m'envole et me pose? Voici, je m'enfuirais au loin, je gîterais au désert. J'aurais bientôt un asile contre le vent de calomnie, et l'ouragan qui dévore, Seigneur, et le flux de leur langue. Je vois en effet la violence et la discorde en la ville; de jour et de nuit elles tournent en haut de ses remparts. Crime et peine sont au-dedans la ruine est au-dedans; jamais de sa grand-place ne s'éloignent fraude et tyrannie. Si encore un ennemi m'insultait, je pourrais le supporter; si contre moi s'élevait mon rival, je pourrais me dérober. Mais toi, un homme de mon rang, mon ami, mon intime, à qui m'unissait une douce intimité dans la maison de Dieu! Qu'ils s'en aillent dans le tumulte, que sur eux fonde la Mort, qu'ils descendent vivants au shéol, car le mal est chez eux, dans leur logis. Pour moi, vers Dieu j'appelle et Yahvé me sauve; le soir et le matin et à midi je me plains et frémis. Il entend mon cri, il rachète dans la paix mon âme de la guerre qu'on me fait: ils sont en procès avec moi. Or Dieu entendra, il les humiliera, lui qui trône dès l'origine; pour eux, point d'amendement: ils ne craignent pas Dieu. Il étend les mains contre ses alliés, il a violé son pacte; plus onctueuse que la crème est sa bouche et son coeur fait la guerre; ses discours sont plus doux que l'huile et ce sont des épées nues. Décharge sur Yahvé ton fardeau et lui te subviendra, il ne peut laisser à jamais chanceler le juste. Et toi, ô Dieu, tu les pousses dans le puits du gouffre, les hommes de sang et de fraude, avant la moitié de leurs jours. Et moi je compte sur toi. Du maître de chant. Sur "l'oppression des princes lointains." De David. A mi-voix. Quand les Philistins s'emparèrent de lui à Gat. Pitié pour moi, ô Dieu, on me harcèle, tout le jour des assaillants me pressent. Ceux qui me guettent me harcèlent tout le jour: ils sont nombreux ceux qui m'assaillent là-haut. Le jour où je crains, moi je compte sur toi. Sur Dieu dont je loue la parole, sur Dieu je compte et ne crains plus, que me fait à moi la chair? Tout le jour ils s'en prennent à mes paroles, contre moi tous leurs pensers vont à mal; ils s'ameutent, se cachent, épient mes traces, comme pour surprendre mon âme. A cause du forfait, rejette-les, dans ta colère, ô Dieu, abats les peuples! Tu as compté, toi, mes déboires, recueille mes larmes dans ton outre! Alors mes ennemis reculeront le jour où j'appelle. Je le sais, Dieu est pour moi. Sur Dieu dont je loue la parole, sur Yahvé dont je loue la parole, sur Dieu je compte et ne crains plus, que me fait à moi un homme? A ma charge, ô Dieu, les voeux que je t'ai faits, j'acquitte envers toi les actions de grâces; car tu sauvas mon âme de la mort pour que je marche à la face de Dieu dans la lumière des vivants. Du maître de chant. "Ne détruis pas." De David. A mi-voix. Quand il s'enfuit de devant Saül dans la caverne. Pitié pour moi, ô Dieu, pitié pour moi, en toi s'abrite mon âme, à l'ombre de tes ailes je m'abrite, tant que soit passé le fléau. J'appelle vers Dieu le Très-Haut, le Dieu qui a tout fait pour moi; que des cieux il envoie et me sauve, qu'il confonde celui qui me harcèle, Mon âme est couchée parmi les lions, qui dévorent les fils d'Adam; leurs dents, une lance et des flèches, leur langue, une épée acérée. O Dieu, élève-toi sur les cieux! Sur toute la terre, ta gloire! Ils tendaient un filet sous mes pas, mon âme était courbée; ils creusaient devant moi une trappe, ils sont tombés dedans. Mon coeur est prêt, ô Dieu, mon coeur est prêt; je veux chanter, je veux jouer pour toi! éveille-toi, ma gloire; éveille-toi, harpe, cithare, que j'éveille l'aurore! Je veux te louer chez les peuples, Seigneur, jouer pour toi dans les pays; grand jusqu'aux cieux ton amour, jusqu'aux nues, ta vérité. O Dieu, élève-toi sur les cieux. Sur toute la terre, ta gloire! Du maître de chant. "Ne détruis pas." De David. A mi-voix. Est-il vrai, êtres divins, que vous disiez la justice, que vous jugiez selon le droit les fils d'Adam? Mais non! de coeur vous fabriquez le faux, de vos mains, sur terre, vous pesez l'arbitraire. Ils sont dévoyés dès le sein, les impies, égarés dès le ventre, ceux qui disent l'erreur; ils ont du venin comme un venin de serpent, sourds comme l'aspic qui se bouche l'oreille de peur d'entendre la voix des enchanteurs, du charmeur expert en charmes. O Dieu, brise en leur bouche leurs dents, arrache les crocs des lionceaux, Yahvé. Qu'ils s'écoulent comme les eaux qui s'en vont, comme l'herbe qu'on piétine, qu'ils se fanent! Comme la limace qui s'en va fondant ou l'avorton de la femme qui ne voit pas le soleil! Avant qu'ils ne poussent en épines comme la ronce: verte ou brûlée, que la Colère en tempête l'emporte! Joie pour le juste de voir la vengeance: il lavera ses pieds dans le sang de l'impie. Et l'on dira: oui, il est un fruit pour le juste; oui, il est un Dieu qui juge sur terre. Du maître de chant. "Ne détruis pas." De David. A mi-voix. Quand Saül envoya surveiller sa maison pour le mettre à mort. Délivre-moi de mes ennemis, mon Dieu, contre mes agresseurs protège-moi, délivre-moi des ouvriers de mal, des hommes de sang sauve-moi. Voici qu'ils guettent mon âme, des puissants s'en prennent à moi; sans péché ni faute en moi, Yahvé, sans aucun tort, ils accourent et se préparent. Réveille-toi, sois devant moi et regarde, et toi, Yahvé, Dieu Sabaot, Dieu d'Israël, lève-toi pour visiter tous ces païens, sans pitié pour tous ces traîtres malfaisants! Ils reviennent au soir, ils grognent comme un chien, ils rôdent par la ville. Voici qu'ils déblatèrent à pleine bouche, sur leurs lèvres sont des épées: "Y a-t-il quelqu'un qui entende?" Toi, Yahvé, tu t'en amuses, tu te ris de tous les païens; ô ma force, vers toi je regarde. Oui, c'est Dieu ma citadelle, le Dieu de mon amour vient à moi, Dieu me fera voir ceux qui me guettent. Ne les massacre pas, que mon peuple n'oublie, fais-en par ta puissance des errants, des pourchassés, ô notre bouclier, Seigneur! Péché sur leur bouche, la parole de leurs lèvres: qu'ils soient donc pris à leur orgueil, pour le blasphème, pour le mensonge qu'ils débitent. Détruis en ta colère, détruis, qu'ils ne soient plus! Et qu'on sache que c'est Dieu le Maître en Jacob, jusqu'aux bouts de la terre! Ils reviennent au soir, ils grognent comme un chien, ils rôdent par la ville; les voici en chasse pour manger, tant qu'ils n'ont pas leur soûl, ils grondent. Et moi, je chanterai ta force, j'acclamerai ton amour au matin; tu as été pour moi une citadelle, un refuge au jour de mon angoisse. O ma force, pour toi je jouerai; oui, c'est Dieu ma citadelle, le Dieu de mon amour. Du maître de chant. Sur "Un lys est le précepte." A mi-voix. De David. Pour apprendre. Quand il lutta avec Aram Naharayim et Aram de Coba, et que Joab revint pour battre Edom dans la vallée du Sel,12.000 hommes. Dieu, tu nous as rejetés, rompus, tu étais irrité, reviens à nous! Tu as fait trembler la terre, tu l'as fendue; guéris ses brèches, car elle chancelle! Tu en fis voir de dures à ton peuple, tu nous fis boire du vin de vertige; tu donnas à tes fidèles le signal de leur débâcle sous le tir de l'arc. Pour que soient délivrés tes bien-aimés, sauve par ta droite, et réponds-nous. Dieu a parlé dans son sanctuaire: "J'exulte, je partage Sichem, j'arpente la vallée de Sukkot. "A moi Galaad, à moi Manassé, Ephraïm, l'armure de ma tête, Juda, mon bâton de commandement, "Moab, le bassin où je me lave! sur Edom, je jette ma sandale. Crie donc victoire contre moi, Philistie! " Qui me mènera dans une ville forte, qui me conduira jusqu'en Edom, sinon toi, Dieu, qui nous as rejetés, Dieu qui ne sors plus avec nos armées? Porte-nous secours dans l'oppression: néant, le salut de l'homme! Avec Dieu, nous ferons des prouesses, et lui piétinera nos oppresseurs. Du maître de chant. Sur les instruments à cordes. De David. Ecoute, ô Dieu, mes cris, sois attentif à ma prière. Du bout de la terre vers toi j'appelle, le coeur me manque. Au rocher qui s'élève loin de moi, conduis-moi. Car tu es pour moi un abri, une tour forte devant l'ennemi. Qu'à jamais je loge sous ta tente et m'abrite au couvert de tes ailes! Car toi, ô Dieu, tu écoutes mes voeux: tu accordes le domaine de ceux qui craignent ton nom. Aux jours du roi ajoute les jours; ses années: génération sur génération. Qu'il trône à jamais devant la face de Dieu! Assigne Amour et Fidélité pour le garder. Alors je jouerai sans fin pour ton nom, accomplissant mes voeux jour après jour. Du maître de chant... Yedutûn. Psaume de David. En Dieu seul le repos pour mon âme, de lui mon salut; lui seul mon rocher, mon salut, ma citadelle, je ne bronche pas. Jusques à quand vous ruer sur un homme et l'abattre, vous tous, comme une muraille qui penche, une clôture qui croule? Duperie seulement, leurs projets, leur plaisir est de séduire; le mensonge à la bouche, ils bénissent, au-dedans ils maudissent. En Dieu seul repose-toi, mon âme, de lui vient mon espoir; lui seul mon rocher, mon salut, ma citadelle, je ne bronche pas; en Dieu mon salut et ma gloire, le rocher de ma force. En Dieu mon abri, fiez-vous à lui, peuple, en tout temps, devant lui épanchez votre coeur, Dieu nous est un abri! Un souffle seulement, les fils d'Adam, un mensonge, les fils d'homme; sur la balance s'ils montaient ensemble, ils seraient moins qu'un souffle. N'allez pas vous fier à la violence, vous essoufflant en rapines; aux richesses quand elles s'accroissent n'attachez pas votre coeur! Une fois Dieu a parlé, deux fois, j'ai entendu. Ceci: que la force est à Dieu, à toi, Seigneur, l'amour; et cela: toi, tu paies l'homme selon ses oeuvres. Psaume de David. Quand il était dans le désert de Juda. Dieu, c'est toi mon Dieu, je te cherche, mon âme a soif de toi, après toi languit ma chair, terre sèche, altérée, sans eau. Oui, au sanctuaire je t'ai contemplé, voyant ta puissance et ta gloire. Meilleur que la vie, ton amour; mes lèvres diront ton éloge. Oui, je veux te bénir en ma vie, à ton nom, élever les mains; comme de graisse et de moelle se rassasie mon âme, lèvres jubilantes, louange en ma bouche. Quand je songe à toi sur ma couche, au long des veilles je médite sur toi, toi qui fus mon secours, et je jubile à l'ombre de tes ailes; mon âme se presse contre toi, ta droite me sert de soutien. Mais ceux qui poussent mon âme à sa perte, qu'ils descendent au profond de la terre! Qu'on les livre au tranchant de l'épée, qu'ils deviennent la part des chacals! Et le roi se réjouira en Dieu; qui jure par lui en tirera louange quand les menteurs auront la bouche fermée. Du maître de chant. Psaume de David. Ecoute, ô Dieu, la voix de ma plainte, contre la peur de l'ennemi garde ma vie; à la bande des méchants cache-moi, à la meute des ouvriers de mal! Eux qui aiguisent leur langue comme une épée, ils ajustent leur flèche, parole amère, pour tirer en cachette sur l'innocent, ils tirent soudain et ne craignent rien. Ils s'encouragent dans leur méchante besogne, ils calculent pour tendre des pièges, ils disent: "Qui les verra et scrutera nos secrets?" Il les scrute, celui qui scrute le fond de l'homme et le coeur profond. Dieu a tiré une flèche, soudaines ont été leurs blessures; il les fit choir à cause de leur langue, tous ceux qui les voient hochent la tête. Tout homme alors craindra, il publiera l'oeuvre de Dieu, et son action, il la comprendra. Le juste aura sa joie en Yahvé et son refuge en lui; ils s'en loueront, tous les coeurs droits. Du maître de chant. Psaume de David. Cantique. A toi la louange est due, ô Dieu, dans Sion; que pour toi le voeu soit acquitté: tu écoutes la prière. Jusqu'à toi vient toute chair avec ses oeuvres de péché; nos fautes sont plus fortes que nous, mais toi, tu les effaces. Heureux ton élu, ton familier, il demeure en tes parvis. Rassasions-nous des biens de ta maison, des choses saintes de ton Temple. Tu nous réponds en prodiges de justice, Dieu de notre salut, espoir des extrémités de la terre et des îles lointaines; toi qui maintiens les montagnes par ta force, qui te ceins de puissance, qui apaises le fracas des mers, le fracas de leurs flots. Les peuples sont en rumeur, pris d'effroi, les habitants des bouts du monde; tes signes font jubiler les portes du matin et du soir. Tu visites la terre et la fais regorger, tu la combles de richesses. Le ruisseau de Dieu est rempli d'eau, tu prépares les épis. Ainsi tu la prépares: arrosant ses sillons, aplanissant ses mottes, tu la détrempes d'averses, tu bénis son germe. Tu couronnes l'année de tes bontés, sur tes ornières la graisse ruisselle; ils ruissellent, les pacages du désert, les collines sont bordées d'allégresse; les prairies se revêtent de troupeaux, les vallées se drapent de froment, les cris de joie, ô les chansons! Du maître de chant. Cantique. Psaume. Acclamez Dieu, toute la terre, chantez à la gloire de son nom, rendez-lui sa louange de gloire, dites à Dieu: Que tu es redoutable! A la mesure de ta force, tes oeuvres. Tes ennemis se font tes flatteurs; toute la terre se prosterne devant toi, elle te chante, elle chante pour ton nom. Venez, voyez les gestes de Dieu, redoutable en hauts faits pour les fils d'Adam: il changea la mer en terre ferme, on passa le fleuve à pied sec. Là, notre joie en lui, souverain de puissance éternelle! Les yeux sur les nations, il veille, sur les rebelles pour qu'ils ne se relèvent. Peuples, bénissez notre Dieu, donnez une voix à sa louange, lui qui rend notre âme à la vie, et préserve nos pieds du faux pas. Tu nous as éprouvés, ô Dieu, épurés comme on épure l'argent; tu nous as fait tomber dans le filet, tu as mis sur nos reins une étreinte; tu fis chevaucher à notre tête un mortel; nous passions par le feu et par l'eau, puis tu nous as fait reprendre haleine. Je viens en ta maison avec des holocaustes, j'acquitte envers toi mes voeux, ceux qui m'ouvrirent les lèvres, que prononçait ma bouche en mon angoisse. Je t'offrirai de gras holocaustes avec la fumée des béliers, je le ferai avec des taureaux et des boucs. Venez, écoutez, que je raconte, vous tous les craignant-dieu, ce qu'il a fait pour mon âme. Vers lui ma bouche a crié, l'éloge déjà sur ma langue. Si j'avais vu de la malice en mon coeur, le Seigneur ne m'eût point écouté. Et pourtant Dieu m'a écouté, attentif à la voix de ma prière. Béni soit Dieu qui n'a pas écarté ma prière ni son amour loin de moi. Du maître de chant. Sur les instruments à cordes. Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse, faisant luire sur nous sa face! Sur la terre on connaîtra tes voies, parmi toutes les nations, ton salut. Que les peuples te rendent grâce, ô Dieu, que les peuples te rendent grâce tous! Que les nations jubilent et chantent, car tu juges le monde avec justice, tu juges les peuples en droiture, sur la terre tu gouvernes les nations. Que les peuples te rendent grâce, ô Dieu, que les peuples te rendent grâce tous! La terre a donné son produit, Dieu, notre Dieu, nous bénit. Que Dieu nous bénisse et qu'il soit craint de tous les lointains de la terre! Du maître de chant. De David. Que Dieu se lève, et ses ennemis se dispersent, et ses adversaires fuient devant sa face. Comme se dissipe la fumée, tu les dissipes; comme fond la cire en face du feu, ils périssent, les impies, en face de Dieu. Mais les justes jubilent devant la face de Dieu, ils exultent et dansent de joie. Chantez à Dieu, jouez pour son nom, frayez la route au Chevaucheur des nuées, jubilez en Yahvé, dansez devant sa face. Père des orphelins, justicier des veuves, c'est Dieu dans son lieu de sainteté; Dieu donne à l'isolé le séjour d'une maison, il ouvre aux captifs la porte du bonheur, mais les rebelles demeurent sur un sol aride. O Dieu, quand tu sortis à la face de ton peuple, quand tu foulas le désert, la terre trembla, les cieux mêmes fondirent en face de Dieu, en face de Dieu, le Dieu d'Israël. Tu répandis, ô Dieu, une pluie de largesses, ton héritage exténué, toi, tu l'affermis; ta famille trouva un séjour, celui-là qu'en ta bonté, ô Dieu, tu préparais au pauvre. Le Seigneur a donné un ordre, c'est l'annonce d'une armée innombrable. Et les chefs d'armée détalaient, détalaient, la belle du foyer partage le butin. Alors que vous reposez entre les deux murets, les ailes de la Colombe se couvrent d'argent, et ses plumes d'un reflet d'or vert; quand Shaddaï disperse les rois, c'est par elle qu'il neige sur le Mont-sombre. Montagne de Dieu, la montagne de Bashân! Montagne sourcilleuse, la montagne de Bashân! Pourquoi jalouser, montagnes sourcilleuses, la montagne que Dieu a désirée pour séjour? Oui, Yahvé y demeurera jusqu'à la fin. Les équipages de Dieu sont des milliers de myriades; le Seigneur est venu du Sinaï au sanctuaire. Tu as gravi la hauteur, capturé des captifs, reçu des hommes en tribut, même les rebelles, pour que Yahvé Dieu ait une demeure. Béni soit le Seigneur de jour en jour! Il prend charge de nous, le Dieu de notre salut. Le Dieu que nous avons est un Dieu de délivrances, au Seigneur Yahvé sont les issues de la mort; mais Dieu défonce la tête de ses ennemis, le crâne chevelu du criminel qui rôde. Le Seigneur a dit: "De Bashân je fais revenir, je fais revenir des abîmes de la mer, afin que tu enfonces ton pied dans le sang, que la langue de tes chiens ait sa part d'ennemis." On a vu tes processions, ô Dieu, les processions de mon Dieu, de mon roi, au sanctuaire: les chantres marchaient devant, les musiciens derrière, les jeunes filles au milieu, battant du tambourin. En choeurs, ils bénissaient Dieu: c'est Yahvé, dès l'origine d'Israël. Benjamin était là, le cadet ouvrant la marche; les princes de Juda en robes multicolores, les princes de Zabulon, les princes de Nephtali. Commande, ô mon Dieu, selon ta puissance, la puissance, ô Dieu, que tu as mise en oeuvre pour nous, depuis ton Temple au-dessus de Jérusalem. Vers toi viendront les rois, apportant des présents. Menace la bête des roseaux, la bande de taureaux avec les peuples de veaux, qui s'humilie, avec des lingots d'argent! Disperse les peuples qui aiment la guerre. Depuis l'Egypte, des grands viendront, l'Ethiopie tendra les mains vers Dieu. Royaumes de la terre, chantez à Dieu, jouez pour le Chevaucheur des cieux, des cieux antiques. Reconnaissez la puissance de Dieu. Sur Israël sa splendeur, dans les nues sa puissance: redoutable est Dieu depuis son sanctuaire. C'est lui, le Dieu d'Israël, qui donne au peuple force et puissance. Béni soit Dieu! Du maître de chant. Sur l'air: Des lys... De David. Sauve-moi, ô Dieu, car les eaux me sont entrées jusqu'à l'âme. J'enfonce dans la bourbe du gouffre, et rien qui tienne; je suis entré dans l'abîme des eaux et le flot me submerge. Je m'épuise à crier, ma gorge brûle, mes yeux sont consumés d'attendre mon Dieu. Plus nombreux que les cheveux de la tête, ceux qui me haïssent sans cause; ils sont puissants ceux qui me détruisent, ceux qui m'en veulent à tort. (Ce que je n'ai pas pris, devrai-je le rendre?) O Dieu, tu sais ma folie, mes offenses sont à nu devant toi. Qu'ils ne rougissent pas de moi, ceux qui t'espèrent, Yahvé Sabaot! Qu'ils n'aient pas honte de moi, ceux qui te cherchent, Dieu d'Israël! C'est pour toi que je souffre l'insulte, que la honte me couvre le visage, que je suis un étranger pour mes frères, un inconnu pour les fils de ma mère; car le zèle de ta maison me dévore, l'insulte de tes insulteurs tombe sur moi. Que j'afflige mon âme par le jeûne et l'on m'en fait un sujet d'insulte; que je prenne un sac pour vêtement et pour eux je deviens une fable, le conte des gens assis à la porte et la chanson des buveurs de boissons fortes. Et moi, t'adressant ma prière, Yahvé, au temps favorable, en ton grand amour, Dieu, réponds-moi en la vérité de ton salut. Tire-moi du bourbier, que je n'enfonce, que j'échappe à mes adversaires, à l'abîme des eaux! Que le flux des eaux ne me submerge, que le gouffre ne me dévore, que la bouche de la fosse ne me happe! Réponds-moi, Yahvé: car ton amour est bonté; en ta grande tendresse regarde vers moi; à ton serviteur ne cache point ta face, l'oppression est sur moi, vite, réponds-moi; approche de mon âme, venge-la, à cause de mes ennemis, rachète-moi. Toi, tu connais mon insulte, ma honte et mon affront. Devant toi tous mes oppresseurs. L'insulte m'a brisé le coeur, jusqu'à défaillir. J'espérais la compassion, mais en vain, des consolateurs, et je n'en ai pas trouvé. Pour nourriture ils m'ont donné du poison, dans ma soif ils m'abreuvaient de vinaigre. Que devant eux leur table soit un piège et leur abondance un traquenard; que leurs yeux s'enténèbrent pour ne plus voir, fais qu'à tout instant les reins leur manquent! Déverse sur eux ton courroux, que le feu de ta colère les atteigne; que leur enclos devienne un désert, que leurs tentes soient sans habitants: ils s'acharnent sur celui que tu frappes, ils rajoutent aux blessures de ta victime. Charge-les, tort sur tort, qu'ils n'aient plus d'accès à ta justice; qu'ils soient rayés du livre de vie, retranchés du compte des justes. Et moi, courbé, blessé, que ton salut, Dieu, me redresse! Je louerai le nom de Dieu par un cantique, je le magnifierai par l'action de grâces; cela plaît à Yahvé plus qu'un taureau, une forte bête avec corne et sabot. Ils ont vu, les humbles, ils jubilent; chercheurs de Dieu, que vive votre coeur! Car Yahvé exauce les pauvres, il n'a pas méprisé ses captifs. Que l'acclament le ciel et la terre, la mer et tout ce qui s'y remue! Car Dieu sauvera Sion, il rebâtira les villes de Juda, là, on habitera, on possédera; la lignée de ses serviteurs en hérite et les amants de son nom y demeurent. Du maître de chant. De David. Pour commémorer. O Dieu, vite à mon secours, Yahvé, à mon aide! Honte et déshonneur sur ceux-là qui cherchent mon âme! Arrière! honnis soient-ils, ceux que flatte mon malheur; qu'ils reculent couverts de honte, ceux qui disent: Ha! Ha! Joie en toi et réjouissance à tous ceux qui te cherchent: qu'ils redisent toujours: "Dieu est grand! " ceux qui aiment ton salut! Et moi, pauvre et malheureux! ô Dieu, viens vite! Toi, mon secours et mon sauveur, Yahvé, ne tarde pas! En toi, Yahvé, j'ai mon abri, sur moi pas de honte à jamais! En ta justice défends-moi, délivre-moi, tends vers moi l'oreille et sauve-moi. Sois pour moi un roc hospitalier, toujours accessible; tu as décidé de me sauver, car mon rocher, mon rempart, c'est toi. Mon Dieu, délivre-moi de la main de l'impie, de la poigne du fourbe et du violent. Car c'est toi mon espoir, Seigneur, Yahvé, ma foi dès ma jeunesse. Sur toi j'ai mon appui dès le sein, toi ma part dès les entrailles de ma mère, en toi ma louange sans relâche. Pour beaucoup je tenais du prodige, mais toi, tu es mon sûr abri. Ma bouche est remplie de ta louange, tout le jour, de ta splendeur. Ne me rejette pas au temps de ma vieillesse, quand décline ma vigueur, ne m'abandonne pas. Car mes ennemis parlent de moi, ceux qui guettent mon âme se concertent: "Dieu l'a abandonné, pourchassez-le, empoignez-le, il n'a personne pour le défendre." Dieu, ne sois pas loin de moi, mon Dieu, vite à mon aide. Honte et ruine sur ceux-là qui attaquent mon âme; que l'insulte et l'infamie les couvrent, ceux qui cherchent mon malheur! Et moi, sans relâche espérant, j'ajouterai à ta louange; ma bouche racontera ta justice, tout le jour, ton salut. Je viendrai dans la puissance de Yahvé, pour rappeler ta justice, la seule. O Dieu, tu m'as instruit dès ma jeunesse, et jusqu'ici j'annonce tes merveilles. Or, vieilli, chargé d'années, ô Dieu, ne m'abandonne pas, que j'annonce ton bras aux âges à venir, ta puissance et ta justice, ô Dieu, jusqu'aux nues! Toi qui as fait de grandes choses, ô Dieu, qui est comme toi? Toi qui m'as fait tant voir de maux et de détresses, tu reviendras me faire vivre. Tu reviendras me tirer des abîmes de la terre, tu nourriras mon grand âge, tu viendras me consoler. Or moi, je te rendrai grâce sur la lyre, en ta vérité, mon Dieu, je jouerai pour toi sur la harpe, Saint d'Israël. Que jubilent mes lèvres, quand je jouerai pour toi, et mon âme que tu as rachetée! Or ma langue tout le jour murmure ta justice: honte et déshonneur sur ceux-là qui cherchent mon malheur! De Salomon. O Dieu, donne au roi ton jugement, au fils de roi ta justice, qu'il rende à ton peuple sentence juste et jugement à tes petits. Montagnes, apportez, et vous collines, la paix au peuple. Avec justice il jugera le petit peuple, il sauvera les fils de pauvres, il écrasera leurs bourreaux. Il durera sous le soleil et la lune siècle après siècle; il descendra comme la pluie sur le regain, comme la bruine mouillant la terre. En ses jours justice fleurira et grande paix jusqu'à la fin des lunes; il dominera de la mer à la mer, du Fleuve jusqu'aux bouts de la terre. Devant lui se courbera la Bête, ses ennemis lécheront la poussière; les rois de Tarsis et des îles rendront tribut. Les rois de Saba et de Seba feront offrande; tous les rois se prosterneront devant lui, tous les païens le serviront. Car il délivre le pauvre qui appelle et le petit qui est sans aide; compatissant au faible et au pauvre, il sauve l'âme des pauvres. De l'oppression, de la violence, il rachète leur âme, leur sang est précieux à ses yeux. (Qu'il vive et que lui soit donné l'or de Saba! ) On priera pour lui sans relâche, tout le jour, on le bénira. Foisonne le froment sur la terre, qu'il ondule au sommet des montagnes, comme le Liban quand il éveille ses fruits et ses fleurs, comme l'herbe de la terre! Soit béni son nom à jamais, qu'il dure sous le soleil! Bénies seront en lui toutes les races de la terre, que tous les païens le disent bienheureux! Béni soit Yahvé, le Dieu d'Israël, qui seul a fait des merveilles; béni soit à jamais son nom de gloire, toute la terre soit remplie de sa gloire! Amen! Amen! Fin des prières de David, fils de Jessé. D'Asaph. Mais enfin, Dieu est bon pour Israël, le Seigneur pour les hommes au coeur pur. Un peu plus, mon pied bronchait, un rien, et mes pas glissaient, envieux que j'étais des arrogants en voyant le bien-être des impies. Pour eux, point de tourments, rien n'entame leur riche prestance; de la peine des hommes ils sont absents, avec Adam ils ne sont point frappés. C'est pourquoi l'orgueil est leur collier, la violence, le vêtement qui les couvre; la malice leur sort de la graisse, l'artifice leur déborde du coeur. Ils ricanent, ils prônent le mal, hautement ils prônent la force; leur bouche s'arroge le ciel et leur langue va bon train sur la terre. C'est pourquoi mon peuple va vers eux: des eaux d'abondance leur adviennent. Ils disent: "Comment Dieu saurait-il? Chez le Très-Haut y a-t-il connaissance?" Voyez-le: ce sont des impies, et, tranquilles toujours, ils entassent! Mais enfin pourquoi aurais-je gardé un coeur pur, lavant mes mains en l'innocence? Quand j'étais frappé tout le jour, et j'avais mon châtiment chaque matin, si j'avais dit: "Je vais parler comme eux", j'aurais trahi la race de tes fils. Alors j'ai réfléchi pour comprendre: quelle peine c'était à mes yeux! jusqu'au jour où j'entrai aux sanctuaires divins, où je pénétrai leur destin. Mais enfin, tu en as fait des choses trompeuses, tu les fais tomber dans le chaos. Ah! que soudain ils font horreur, disparus, achevés par l'épouvante! Comme un songe au réveil, Seigneur, en t'éveillant, tu méprises leur image. Alors que s'aigrissait mon coeur et que j'avais les reins percés, moi, stupide, je ne comprenais pas, j'étais une brute près de toi. Et moi, qui restais près de toi, tu m'as saisi par ma main droite; par ton conseil tu me conduiras, et derrière la gloire tu m'attireras. Qui donc aurais-je dans le ciel? Avec toi, je suis sans désir sur la terre. Et ma chair et mon coeur sont consumés: roc de mon coeur, ma part, Dieu à jamais! Voici: qui s'éloigne de toi périra, tu extirpes ceux qui te sont adultères. Pour moi, approcher Dieu est mon bien, j'ai placé dans le Seigneur mon refuge, afin de raconter toutes tes oeuvres. Poème. D'Asaph. Pourquoi, ô Dieu, rejeter jusqu'à la fin, fumer de colère contre le troupeau de ton bercail? Rappelle-toi ton assemblée que tu as acquise dès l'origine, que tu rachetas, tribu de ton héritage, et ce mont Sion où tu fis ta demeure. Elève tes pas vers ce chaos sans fin: il a tout saccagé, l'ennemi, au sanctuaire; dans le lieu de tes assemblées ont rugi tes adversaires, ils ont mis leurs insignes au fronton de l'entrée, des insignes qu'on ne connaissait pas. Leurs cognées en plein bois, abattant les vantaux, et par la hache et par la masse ils martelaient; ils ont livré au feu ton sanctuaire, profané jusqu'à terre la demeure de ton nom. Ils ont dit en leur coeur: "Ecrasons-les d'un coup! " Ils ont brûlé dans le pays tout lieu d'assemblée sainte. Nos signes ont cessé, il n'est plus de prophètes, et nul parmi nous ne sait jusques à quand. Jusques à quand, ô Dieu, blasphémera l'oppresseur? L'ennemi va-t-il outrager ton nom jusqu'à la fin? Pourquoi retires-tu ta main, tiens-tu ta droite cachée en ton sein? Pourtant, ô Dieu, mon roi dès l'origine, l'auteur des délivrances au milieu du pays, toi qui fendis la mer par ta puissance, qui brisas les têtes des monstres sur les eaux; toi qui fracassas les têtes de Léviathan pour en faire la pâture des bêtes sauvages, toi qui ouvris la source et le torrent, toi qui desséchas des fleuves intarissables; à toi le jour, et à toi la nuit, toi qui agenças la lumière et le soleil, toi qui posas toutes les limites de la terre, l'été et l'hiver, c'est toi qui les formas. Rappelle-toi, Yahvé, l'ennemi blasphème, un peuple insensé outrage ton nom. Ne livre pas à la bête l'âme de ta tourterelle, la vie de tes malheureux, ne l'oublie pas jusqu'à la fin. Regarde vers l'alliance. Ils sont pleins, les antres du pays, repaires de violence. Que l'opprimé ne rentre pas couvert de honte, que le pauvre et le malheureux louent ton nom! Lève-toi, ô Dieu, plaide ta cause, rappelle-toi l'insensé qui te blasphème tout le jour! N'oublie pas le vacarme de tes adversaires, la clameur de tes ennemis, qui va toujours montant! Du maître de chant. "Ne détruis pas." Psaume. D'Asaph. Cantique. A toi nous rendons grâce, ô Dieu, nous rendons grâce, en invoquant ton nom, en racontant tes merveilles. "Au moment que j'aurai décidé, je ferai, moi, droite justice; la terre s'effondre et tous ses habitants; j'ai fixé, moi, ses colonnes. "J'ai dit aux arrogants: Pas d'arrogance! aux impies: Ne levez pas le front, ne levez pas si haut votre front, ne parlez pas en raidissant l'échine." Car ce n'est plus du levant au couchant, ce n'est plus au désert des montagnes qu'en vérité, Dieu le juge, abaisse l'un ou élève l'autre: Yahvé a en main une coupe, et c'est de vin fermenté qu'est rempli le breuvage; il en versera, ils en suceront la lie, ils boiront, tous les impies de la terre. Et moi, j'annoncerai à jamais, je jouerai pour le Dieu de Jacob; je briserai la vigueur des impies; et la vigueur du juste se dressera. Du maître de chant. Sur les instruments à cordes. Psaume. D'Asaph. Cantique. En Juda Dieu est connu, en Israël grand est son nom; sa tente s'est fixée en Salem et sa demeure en Sion; là, il a brisé les éclairs de l'arc, le bouclier, l'épée et la guerre. Lumineux que tu es, et célèbre pour les monceaux de butin qu'on leur a pris; les braves ont dormi leur sommeil, tous ces guerriers, les bras leur ont manqué; sous ta menace, Dieu de Jacob, char et cheval se sont figés. Toi, toi le terrible! Qui tiendra devant ta face, sous le coup de ta fureur? Des cieux tu fais entendre la sentence, la terre a peur et se tait quand Dieu se lève pour le jugement, pour sauver tous les humbles de la terre. La colère de l'homme te rend gloire, des réchappés de la Colère, tu te ceindras; faites des voeux, acquittez-les à Yahvé votre Dieu, ceux qui l'entourent, faites offrande au Terrible; il coupe le souffle des princes, terrible aux rois de la terre. Du maître de chant... Yedutûn. D'Asaph. Vers Dieu ma voix: je crie, vers Dieu ma voix: il m'entend. Au jour d'angoisse j'ai cherché le Seigneur; la nuit, j'ai tendu la main sans relâche, mon âme a refusé d'être consolée. Je me souviens de Dieu et je gémis, je médite et le souffle me manque. Tu as retenu les paupières de mes yeux, je suis troublé, je ne puis parler; j'ai pensé aux jours d'autrefois, d'années séculaires je me souviens; je murmure dans la nuit en mon coeur, je médite et mon esprit interroge: Est-ce pour les siècles que le Seigneur rejette, qu'il cesse de se montrer favorable? Son amour est-il épuisé jusqu'à la fin, achevée pour les âges des âges la Parole? Est-ce que Dieu oublie d'avoir pitié, ou de colère ferme-t-il ses entrailles? Et je dis: "Voilà ce qui me blesse: elle est changée, la droite du Très-Haut." Je me souviens des hauts faits de Yahvé, oui, je me souviens d'autrefois, de tes merveilles, je me murmure toute ton oeuvre, et sur tes hauts faits je médite: O Dieu, saintes sont tes voies! quel dieu est grand comme Dieu? Toi, le Dieu qui fait merveille, tu fis savoir parmi les peuples ta force; par ton bras tu rachetas ton peuple, les enfants de Jacob et de Joseph. Les eaux te virent, ô Dieu, les eaux te virent et furent bouleversées, les abîmes aussi s'agitaient. Les nuées déversèrent les eaux, les nuages donnèrent de la voix, tes flèches aussi filaient. Voix de ton tonnerre en son roulement. Tes éclairs illuminaient le monde, la terre s'agitait et tremblait. Sur la mer fut ton chemin, ton sentier sur les eaux innombrables. Et tes traces, nul ne les connut. Tu guidas comme un troupeau ton peuple par la main de Moïse et d'Aaron. Poème. D'Asaph. Ecoute, ô mon peuple, ma loi; tends l'oreille aux paroles de ma bouche; j'ouvre la bouche en paraboles, j'évoque du passé les mystères. Nous l'avons entendu et connu, nos pères nous l'ont raconté; nous ne le tairons pas à leurs enfants, nous le raconterons à la génération qui vient: les titres de Yahvé et sa puissance, ses merveilles telles qu'il les fit; il établit un témoignage en Jacob, il mit une loi en Israël; il avait commandé à nos pères de le faire connaître à leurs enfants, que la génération qui vient le connaisse, les enfants qui viendront à naître. Qu'ils se lèvent, qu'ils racontent à leurs enfants, qu'ils mettent en Dieu leur espoir, qu'ils n'oublient pas les hauts faits de Dieu, et ses commandements, qu'ils les observent; qu'ils ne soient pas, à l'exemple de leurs pères, une génération de révolte et de bravade, génération qui n'a point le coeur sûr et dont l'esprit n'est point fidèle à Dieu. Les fils d'Ephraïm, tireurs d'arc, se retournèrent, le jour du combat; ils ne gardaient pas l'alliance de Dieu, ils refusaient de marcher dans sa loi; ils avaient oublié ses hauts faits, ses merveilles qu'il leur donna de voir: devant leurs pères il fit merveille en terre d'Egypte, aux champs de Tanis. Il fendit la mer et les transporta, il dressa les eaux comme une digue; il les guida de jour par la nuée, par la lueur d'un feu toute la nuit; il fendit les rochers au désert, il les abreuva à la mesure du grand abîme; du roc il fit sortir des ruisseaux et descendre les eaux en torrents. Mais de plus belle ils péchaient contre lui et bravaient le Très-Haut dans le lieu sec; ils tentèrent Dieu dans leur coeur, demandant à manger à leur faim. Or ils parlèrent contre Dieu; ils dirent: "Est-il capable, Dieu, de dresser une table au désert? "Voici qu'il frappe le rocher, les eaux coulent, les torrents s'échappent: mais du pain, est-il capable d'en donner, ou de fournir de la viande à son peuple?" Alors Yahvé entendit, il s'emporta; un feu flamba contre Jacob, et puis la Colère monta contre Israël, car ils étaient sans foi en Dieu, ils étaient sans confiance en son salut. Aux nuées d'en haut il commanda, il ouvrit les battants des cieux; pour les nourrir il fit pleuvoir la manne, il leur donna le froment des cieux; du pain des Forts l'homme se nourrit, il leur envoya des vivres à satiété. Il fit lever dans les cieux le vent d'est, il fit venir par sa puissance le vent du sud, il fit pleuvoir sur eux la viande comme poussière, la volaille comme sable des mers, il en fit tomber au milieu de son camp, tout autour de sa demeure. Ils mangèrent et furent bien rassasiés, il leur servit ce qu'ils désiraient; eux n'étaient pas revenus de leur désir, leur manger encore en la bouche, que la colère de Dieu monta contre eux: il massacrait parmi les robustes, abattait les cadets d'Israël. Malgré tout, ils péchèrent encore, ils n'eurent pas foi en ses merveilles. Il consuma en un souffle leurs jours, leurs années en une panique. Quand il les massacrait, ils le cherchaient, ils revenaient, s'empressaient près de lui. Ils se souvenaient: Dieu leur rocher, Dieu le Très-Haut, leur rédempteur! Mais ils le flattaient de leur bouche, mais de leur langue ils lui mentaient, leur coeur n'était pas sûr envers lui, ils étaient sans foi en son alliance. Lui alors, dans sa tendresse, effaçait les torts au lieu de dévaster; sans se lasser, il revenait de sa colère au lieu de réveiller tout son courroux. Il se souvenait: eux, cette chair, souffle qui s'en va et ne revient pas. Que de fois ils le bravèrent au désert, l'offensèrent parmi les solitudes! Ils revenaient tenter Dieu, affliger le Saint d'Israël, sans nul souvenir de sa main, ni du jour qu'il les sauva de l'adversaire. Lui qui en Egypte mit ses signes, ses miracles aux champs de Tanis, fit tourner en sang leurs fleuves, leurs ruisseaux pour les priver de boire. Il leur envoya des taons qui dévoraient, des grenouilles qui les infestaient; il livra au criquet leurs récoltes et leur labeur à la sauterelle; il massacra par la grêle leur vigne et leurs sycomores par la gelée; il remit à la grêle leur bétail et leurs troupeaux aux éclairs. Il lâcha sur eux le feu de sa colère, emportement et fureur et détresse, un envoi d'anges de malheur; il fraya un sentier à sa colère. Il n'exempta pas leur âme de la mort, à la peste il remit leur vie; il frappa tout premier-né en Egypte, la fleur de la race aux tentes de Cham. Il poussa comme des brebis son peuple, les mena comme un troupeau dans le désert; il les guida sûrement, ils furent sans crainte, leurs ennemis, la mer les recouvrit. Il les amena vers son saint territoire, la montagne que sa droite a conquise; il chassa devant eux les païens, il leur marqua au cordeau un héritage; il installa sous leurs tentes les tribus d'Israël. Ils tentaient, ils bravaient Dieu le Très-Haut, se refusaient à garder ses témoignages; ils déviaient, ils trahissaient comme leurs pères, se retournaient comme un arc infidèle; ils l'indignaient avec leurs hauts lieux, par leurs idoles ils le rendaient jaloux. Dieu entendit et s'emporta, il rejeta tout à fait Israël; il délaissa la demeure de Silo, la tente où il demeurait chez les hommes. Il livra sa force à la captivité, aux mains de l'ennemi sa splendeur; il remit son peuple à l'épée, contre son héritage il s'emporta. Ses cadets, le feu les dévora, ses vierges n'eurent pas de chant de noces; ses prêtres tombèrent sous l'épée, ses veuves ne firent pas de lamentations. Il s'éveilla comme un dormeur, le Seigneur, comme un vaillant terrassé par le vin, il frappa ses ennemis au dos, les livra pour toujours à la honte. Il rejeta la tente de Joseph, il n'élut pas la tribu d'Ephraïm; il élut la tribu de Juda, la montagne de Sion qu'il aime. Il bâtit comme les hauteurs son sanctuaire, comme la terre qu'il fonda pour toujours. Il élut David son serviteur, il le tira des parcs à moutons, de derrière les brebis mères il l'appela pour paître Jacob son peuple et Israël son héritage; il les paissait d'un coeur parfait, et d'une main sage les guidait. D'Asaph. Dieu, ils sont venus, les païens, dans ton héritage, ils ont souillé ton Temple sacré; ils ont fait de Jérusalem un tas de ruines, ils ont livré le cadavre de tes serviteurs en pâture à l'oiseau des cieux, la chair des tiens aux bêtes de la terre. Ils ont versé le sang comme de l'eau alentour de Jérusalem, et pas un fossoyeur. Nous voici l'insulte de nos voisins, fable et risée de notre entourage. Jusques à quand, Yahvé, ta colère? Jusqu'à la fin? Ta jalousie brûlera-t-elle comme un feu? Déverse ta fureur sur les païens, eux qui ne te connaissent pas, et sur les royaumes, ceux-là qui n'invoquent pas ton nom. Car ils ont dévoré Jacob et dévasté sa demeure. Ne retiens pas contre nous les fautes des ancêtres, hâte-toi, préviens-nous par ta tendresse, nous sommes à bout de force; aide-nous, Dieu de notre salut, par égard pour la gloire de ton nom; efface, Yahvé, nos péchés, délivre-nous, à cause de ton nom. Pourquoi les païens diraient-ils: "Où est leur Dieu?" Que sous nos yeux les païens connaissent la vengeance du sang de tes serviteurs, qui fut versé! Que vienne devant toi la plainte du captif, par ton bras puissant, épargne les clients de la mort! Fais retomber sept fois sur nos voisins, à pleine mesure, leur insulte, l'insulte qu'ils t'ont faite, Seigneur. Et nous, ton peuple, le troupeau de ton bercail, nous te rendrons grâce à jamais et d'âge en âge publierons ta louange. Du maître de chant. Sur l'air: Des lys sont les préceptes. D'Asaph. Pasteur d'Israël, écoute, toi qui mènes Joseph comme un troupeau; toi qui sièges sur les Chérubins, resplendis devant Ephraïm, Benjamin et Manassé, réveille ta vaillance et viens à notre secours. Dieu, fais-nous revenir, fais luire ta face et nous serons sauvés. Jusques à quand, Yahvé Dieu Sabaot, prendras-tu feu contre la prière de ton peuple? Tu l'as nourri d'un pain de larmes, abreuvé de larmes à triple mesure; tu fais de nous une question pour nos voisins et nos ennemis se moquent de nous. Dieu Sabaot, fais-nous revenir, fais luire ta face et nous serons sauvés. Il était une vigne: tu l'arraches d'Egypte, tu chasses des nations pour la planter; devant elle tu fais place nette, elle prend racine et remplit le pays. Les montagnes étaient couvertes de son ombre, et de ses pampres les cèdres de Dieu; elle étendait ses sarments jusqu'à la mer et du côté du Fleuve ses rejetons. Pourquoi as-tu rompu ses clôtures, et tout passant du chemin la grappille, le sanglier des forêts la ravage et la bête des champs la dévore? Dieu Sabaot, reviens enfin, observe des cieux et vois, visite cette vigne: protège-la, celle que ta droite a plantée. Ils l'ont brûlée par le feu comme une ordure, au reproche de ta face ils périront. Ta main soit sur l'homme de ta droite, le fils d'Adam que tu as confirmé! Jamais plus nous n'irons loin de toi; rends-nous la vie, qu'on invoque ton nom. Yahvé Dieu Sabaot, fais-nous revenir, fais luire ta face et nous serons sauvés. Du maître de chant. Sur la... de Gat. D'Asaph. Criez de joie pour Dieu notre force, acclamez le Dieu de Jacob. Ouvrez le concert, frappez le tambourin, la douce harpe ainsi que la lyre; sonnez du cor au mois nouveau, à la pleine lune, au jour de notre fête. Car Israël a une loi, un jugement du Dieu de Jacob, un témoignage qu'il mit en Joseph quand il sortit contre la terre d'Egypte. Un langage inconnu se fait entendre: "Du fardeau j'ai déchargé son épaule, ses mains ont lâché le couffin; dans la détresse tu as crié, je t'ai sauvé. Je te répondis caché dans l'orage, je t'éprouvai aux eaux de Meriba. Ecoute, mon peuple, je t'adjure, ô Israël, si tu pouvais m'écouter! Qu'il n'y ait point chez toi un dieu d'emprunt, n'adore pas un dieu étranger; c'est moi, Yahvé, ton Dieu, qui t'ai fait monter de la terre d'Egypte, ouvre large ta bouche, et je l'emplirai. Mon peuple n'a pas écouté ma voix, Israël ne s'est pas rendu à moi; je les laissai à leur coeur endurci, ils marchaient ne suivant que leur conseil. Ah! si mon peuple m'écoutait, si dans mes voies marchait Israël, en un instant j'abattrais ses adversaires et contre ses oppresseurs tournerais ma main. Les ennemis de Yahvé l'aduleraient, et leur temps serait à jamais révolu. Je l'aurais nourri de la fleur du froment, je t'aurais rassasié avec le miel du rocher." D'Asaph. Dieu se dresse au conseil divin, au milieu des dieux il juge: "Jusques à quand jugerez-vous faussement, soutiendrez-vous les prestiges des impies? Jugez pour le faible et l'orphelin, au malheureux, à l'indigent rendez justice; libérez le faible et le pauvre, de la main des impies délivrez-les. Sans savoir, sans comprendre, ils vont par la ténèbre, toute l'assise de la terre s'ébranle. Moi, j'ai dit: Vous, des dieux, des fils du Très-Haut, vous tous? Mais non! comme l'homme vous mourrez, comme un seul, ô princes, vous tomberez." Lève-toi, ô Dieu, juge la terre, car tu domines sur toutes les nations. Cantique. D'Asaph. O Dieu, ne reste pas muet, plus de repos, plus de silence, ô Dieu! Voici, tes adversaires grondent, tes ennemis lèvent la tête. Contre ton peuple ils trament un complot, conspirent contre tes protégés et disent: "Venez, retranchons-les des nations, qu'on n'ait plus souvenir du nom d'Israël! " Ils conspirent tous d'un seul coeur, contre toi ils scellent une alliance: les tentes d'Edom et les Ismaélites, Moab et les Hagrites, Gébal, Ammon, Amaleq, la Philistie avec les gens de Tyr; même Assur s'est joint à eux, il prête main-forte aux fils de Lot. Fais d'eux comme de Madiân et de Sisera, comme de Yabîn au torrent de Qishôn; ils furent détruits à En-Dor, ils ont servi de fumier à la glèbe. Traite leurs princes comme Oreb et Zéeb, comme Zébah et Calmunna, tous leurs chefs, eux qui disaient: A nous l'empire sur les demeures de Dieu! Mon Dieu, traite-les comme une roue d'acanthe, comme un fétu en proie au vent. Comme un feu dévore une forêt, comme la flamme embrase les montagnes, ainsi poursuis-les de ta bourrasque, par ton ouragan remplis-les d'épouvante. Couvre leur face de honte, qu'ils cherchent ton nom, Yahvé! Sur eux la honte et l'épouvante pour toujours, la confusion et la perdition, et qu'ils le sachent: toi seul as nom Yahvé, Très-Haut sur toute la terre. Du maître de choeur. Sur la... de Gat. Des fils de Coré. Que tes demeures sont désirables, Yahvé Sabaot! Mon âme soupire et languit après les parvis de Yahvé, mon coeur et ma chair crient de joie vers le Dieu vivant. Le passereau même a trouvé une maison, et l'hirondelle un nid pour elle, où elle pose ses petits: tes autels, Yahvé Sabaot, mon Roi et mon Dieu. Heureux les habitants de ta maison, ils te louent sans cesse. Heureux les hommes dont la force est en toi, qui gardent au coeur les montées. Quand ils passent au val du Baumier, où l'on ménage une fontaine, surcroît de bénédiction, la pluie d'automne les enveloppe. Ils marchent de hauteur en hauteur, Dieu leur apparaît dans Sion. Yahvé Dieu Sabaot, écoute ma prière, prête l'oreille, Dieu de Jacob; ô Dieu notre bouclier, vois, regarde la face de ton messie. Mieux vaut un jour en tes parvis que mille à ma guise, rester au seuil dans la maison de mon Dieu qu'habiter la tente de l'impie. Car Yahvé Dieu est rempart et bouclier, il donne grâce et gloire; Yahvé ne refuse pas le bonheur à ceux qui marchent en parfaits. Yahvé Sabaot, heureux qui se fie en toi! Du maître de chant. Des fils de Coré. Ta complaisance, Yahvé, est pour ta terre, tu fais revenir les captifs de Jacob; tu lèves les torts de ton peuple, tu couvres toute sa faute; tu retires tout ton emportement, tu reviens de l'ardeur de ta colère. Fais-nous revenir, Dieu de notre salut, apaise ton ressentiment contre nous! Seras-tu pour toujours irrité contre nous, garderas-tu ta colère d'âge en âge? Ne reviendras-tu pas nous vivifier, et ton peuple en toi se réjouira? Fais-nous voir, Yahvé, ton amour, que nous soit donné ton salut! J'écoute. Que dit Dieu? Ce que dit Yahvé, c'est la paix pour son peuple et ses amis, pourvu qu'ils ne reviennent à leur folie. Proche est son salut pour qui le craint, et la Gloire habitera notre terre. Amour et Vérité se rencontrent, Justice et Paix s'embrassent; Vérité germera de la terre, et des cieux se penchera la Justice; Yahvé lui-même donnera le bonheur et notre terre donnera son fruit; Justice marchera devant lui et de ses pas tracera un chemin. Prière. De David. Tends l'oreille, Yahvé, réponds-moi, pauvre et malheureux que je suis; garde mon âme, car je suis ton ami, sauve ton serviteur qui se fie en toi. Tu es mon Dieu, pitié pour moi, Seigneur, c'est toi que j'appelle tout le jour; réjouis l'âme de ton serviteur, quand j'élève mon âme vers toi, Seigneur. Seigneur, tu es pardon et bonté, plein d'amour pour tous ceux qui t'appellent; Yahvé, entends ma prière, attentif à la voix de ma plainte. Au jour de l'angoisse, je t'appelle, car tu me réponds, Seigneur; entre les dieux, pas un comme toi, rien qui ressemble à tes oeuvres. Tous les païens viendront t'adorer, Seigneur, et rendre gloire à ton nom; car tu es grand et tu fais des merveilles, toi, Dieu, et toi seul. Enseigne-moi, Yahvé, tes voies, afin que je marche en ta vérité, rassemble mon coeur pour craindre ton nom. Je te rends grâce de tout mon coeur, Seigneur mon Dieu, à jamais je rendrai gloire à ton nom, car ton amour est grand envers moi, tu as tiré mon âme du tréfonds du shéol. O Dieu, des orgueilleux ont surgi contre moi, une bande de forcenés pourchasse mon âme, point de place pour toi devant eux. Mais toi, Seigneur, Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, plein d'amour et de vérité, tourne-toi vers moi, pitié pour moi! Donne à ton serviteur ta force et ton salut au fils de ta servante, fais pour moi un signe de bonté. Ils verront, mes ennemis, et rougiront, car toi, Yahvé, tu m'aides et me consoles. Des fils de Coré. Psaume. Cantique. Sa fondation sur les montagnes saintes, Yahvé la chérit, préférant les portes de Sion à toute demeure de Jacob. Il parle de toi pour ta gloire, cité de Dieu: "Je compte Rahab et Babylone parmi ceux qui me connaissent, voyez Tyr, la Philistie ou l'Ethiopie, un tel y est né." Mais de Sion l'on dira: "Tout homme y est né" et celui qui l'affermit, c'est le Très-Haut. Yahvé inscrit au registre les peuples: "Un tel y est né", et les princes, comme les enfants. Tous font en toi leur demeure. Cantique. Psaume. Des fils de Coré. Du maître de chant. Pour la maladie. Pour l'affliction. Poème. De Hémân l'indigène. Yahvé, Dieu de mon salut, lorsque je crie la nuit devant toi, que jusqu'à toi vienne ma prière, prête l'oreille à mes sanglots. Car mon âme est rassasiée de maux et ma vie est au bord du shéol; déjà compté comme descendu dans la fosse, je suis un homme fini: congédié chez les morts, pareil aux tués qui gisent dans la tombe, eux dont tu n'as plus souvenir et qui sont retranchés de ta main. Tu m'as mis au tréfonds de la fosse, dans les ténèbres, dans les abîmes; sur moi pèse ta colère, tu déverses toutes tes vagues. Tu as éloigné de moi mes compagnons, tu as fait de moi une horreur pour eux; je suis enfermé et ne puis sortir, mon oeil est usé par le malheur. Je t'appelle, Yahvé, tout le jour, je tends les mains vers toi: "Pour les morts fais-tu des merveilles, les ombres se lèvent-elles pour te louer? Parle-t-on de ton amour dans la tombe, de ta vérité au lieu de perdition? Connaît-on dans la ténèbre tes merveilles et ta justice au pays de l'oubli...?" Et moi, je crie vers toi, Yahvé, le matin, ma prière te prévient; pourquoi, Yahvé, repousses-tu mon âme, caches-tu loin de moi ta face? Malheureux et mourant dès mon enfance, j'ai enduré tes effrois, je suis à bout; sur moi ont passé tes colères, tes épouvantes m'ont réduit à rien. Elles me cernent comme l'eau tout le jour, se referment sur moi toutes ensemble. Tu éloignes de moi amis et proches; ma compagnie, c'est la ténèbre. Poème. D'Etân l'indigène. L'amour de Yahvé à jamais je le chante, d'âge en âge ma parole annonce ta vérité. Car tu as dit: l'amour est bâti à jamais, les cieux, tu fondes en eux ta vérité. "J'ai fait une alliance avec mon élu, j'ai juré à David mon serviteur: A tout jamais j'ai fondé ta lignée, je te bâtis d'âge en âge un trône." Les cieux rendent grâce pour ta merveille, Yahvé, pour ta vérité, dans l'assemblée des saints. Qui donc en les nues se compare à Yahvé, s'égale à Yahvé parmi les fils des dieux? Dieu redoutable au conseil des saints, grand et terrible à tout son entourage, Yahvé, Dieu Sabaot, qui est comme toi? Yahvé puissant, que ta vérité entoure! C'est toi qui maîtrises l'orgueil de la mer, quand ses flots se soulèvent, c'est toi qui les apaises; c'est toi qui fendis Rahab comme un cadavre, dispersas tes adversaires par ton bras de puissance. A toi le ciel, à toi aussi la terre, le monde et son contenu, c'est toi qui les fondas; le nord et le midi, c'est toi qui les créas, le Tabor et l'Hermon à ton nom crient de joie. A toi ce bras et sa prouesse, puissante est ta main, sublime est ta droite; Justice et Droit sont l'appui de ton trône, Amour et Vérité marchent devant ta face. Heureux le peuple qui sait l'acclamation! Yahvé, à la clarté de ta face ils iront; en ton nom ils jubilent tout le jour, en ta justice ils s'exaltent. L'éclat de leur puissance, c'est toi, dans ta faveur tu exaltes notre vigueur; car à Yahvé est notre bouclier; à lui, Saint d'Israël, est notre roi. Jadis, en vision, tu as parlé et tu as dit à tes amis: "J'ai prêté assistance à un preux, j'ai exalté un cadet de mon peuple. J'ai trouvé David mon serviteur, je l'ai oint de mon huile sainte; pour lui ma main sera ferme, mon bras aussi le rendra fort. L'adversaire ne pourra le tromper, le pervers ne pourra l'accabler; j'écraserai devant lui ses agresseurs, ses ennemis, je les frapperai. Ma vérité et mon amour avec lui, par mon nom s'exaltera sa vigueur; j'établirai sa main sur la mer et sur les fleuves sa droite. Il m'appellera: Toi, mon père, mon Dieu et le rocher de mon salut! si bien que j'en ferai l'aîné, le très-haut sur les rois de la terre. A jamais je lui garde mon amour, mon alliance est pour lui véridique; j'ai pour toujours établi sa lignée, et son trône comme les jours des cieux. Si ses fils abandonnent ma loi, ne marchent pas selon mes jugements, s'ils profanent mes préceptes et ne gardent pas mes commandements, je visiterai avec des verges leur péché, avec des coups leur méfait, mais sans retirer de lui mon amour, sans faillir dans ma vérité. Point ne profanerai mon alliance, ne dédirai le souffle de mes lèvres; une fois j'ai juré par ma sainteté: mentir à David, jamais! Sa lignée à jamais sera, et son trône comme le soleil devant moi, comme est fondée la lune à jamais, témoin véridique dans la nue." Mais toi, tu as rejeté et répudié, tu t'es emporté contre ton oint; tu as renié l'alliance de ton serviteur, tu as profané jusqu'à terre son diadème. Tu as fait brèche à toutes ses clôtures, tu as mis en ruines ses lieux forts; tous les passants du chemin l'ont pillé, ses voisins en ont fait une insulte. Tu as donné la haute main à ses agresseurs, tu as mis en joie tous ses adversaires; tu as brisé son épée contre le roc, tu ne l'as pas épaulé dans le combat. Tu as ôté son sceptre de splendeur, renversé son trône jusqu'à terre; tu as écourté les jours de sa jeunesse, étalé sur lui la honte. Jusques à quand, Yahvé, seras-tu caché? Jusqu'à la fin? Brûlera-t-elle comme un feu, ta colère? Souviens-toi de moi: quelle est ma durée? Pour quel néant as-tu créé les fils d'Adam? Qui donc vivra sans voir la mort, soustraira son âme à la griffe du shéol? Où sont les prémices de ton amour, Seigneur? Tu as juré à David sur ta vérité. Souviens-toi, Seigneur, de l'insulte à ton serviteur: je reçois en mon sein tous les traits des peuples; ainsi tes adversaires, Yahvé, ont insulté, ainsi insulté les traces de ton oint! Béni soit Yahvé à jamais! Amen! Amen! Prière. De Moïse, homme de Dieu. Seigneur, tu as été pour nous un refuge d'âge en âge. Avant que les montagnes fussent nées, enfantés la terre et le monde, de toujours à toujours tu es Dieu. Tu fais revenir le mortel à la poussière en disant: "Revenez, fils d'Adam! " Car mille ans sont à tes yeux comme le jour d'hier qui passe, comme une veille dans la nuit. Tu les submerges de sommeil, ils seront le matin comme l'herbe qui pousse; le matin, elle fleurit et pousse, le soir, elle se flétrit et sèche. Par ta colère, nous sommes consumés, par ta fureur, épouvantés. Tu as mis nos torts devant toi, nos secrets sous l'éclat de ta face. Sous ton courroux tous nos jours déclinent, nous consommons nos années comme un soupir. Le temps de nos années, quelque 70 ans, si la vigueur y est; mais leur grand nombre n'est que peine et mécompte, car elles passent vite, et nous nous envolons. Qui sait la force de ta colère et, te craignant, connaît ton courroux? Fais-nous savoir comment compter nos jours, que nous venions de coeur à la sagesse! Reviens, Yahvé! Jusques à quand? Prends en pitié tes serviteurs. Rassasie-nous de ton amour au matin, nous serons dans la joie et le chant tous les jours. Rends-nous en joies tes jours de châtiment et les années où nous connûmes le malheur. Paraisse ton oeuvre pour tes serviteurs, ta splendeur soit sur leurs enfants! La douceur du Seigneur soit sur nous! Confirme l'ouvrage de nos mains! Qui habite le secret d'Elyôn passe la nuit à l'ombre de Shaddaï, disant à Yahvé: Mon abri, ma forteresse, mon Dieu sur qui je compte! C'est lui qui t'arrache au filet de l'oiseleur qui s'affaire à détruire; il te couvre de ses ailes, tu as sous son pennage un abri. Armure et bouclier, sa vérité. Tu ne craindras ni les terreurs de la nuit, ni la flèche qui vole de jour, ni la peste qui marche en la ténèbre, ni le fléau qui dévaste à midi. Qu'il en tombe mille à tes côtés et 10.000 à ta droite, toi, tu restes hors d'atteinte. Il suffit que tes yeux regardent, tu verras le salaire des impies, toi qui dis: Yahvé mon abri! et qui fais d'Elyôn ton refuge. Le malheur ne peut fondre sur toi, ni la plaie approcher de ta tente: il a pour toi donné ordre à ses anges de te garder en toutes tes voies. Sur leurs mains ils te porteront pour qu'à la pierre ton pied ne heurte; sur le fauve et la vipère tu marcheras, tu fouleras le lionceau et le dragon. Puisqu'il s'attache à moi, je l'affranchis, je l'exalte puisqu'il connaît mon nom. Il m'appelle et je lui réponds: "Je suis près de lui dans la détresse, je le délivre et je le glorifie, de longs jours je veux le rassasier et je ferai qu'il voie mon salut. Cantique. Pour le jour du sabbat. Il est bon de rendre grâce à Yahvé, de jouer pour ton nom, Très-Haut, de publier au matin ton amour, ta fidélité au long des nuits, sur la lyre à dix cordes et la cithare, avec un murmure de harpe. Tu m'as réjoui, Yahvé, par tes oeuvres, devant l'ouvrage de tes mains je m'écrie: "Que tes oeuvres sont grandes, Yahvé, combien profonds tes pensers! " L'homme stupide ne sait pas, cela, l'insensé n'y comprends rien. S'ils poussent comme l'herbe, les impies, s'ils fleurissent, tous les malfaisants, c'est pour être abattus à jamais, mais toi, tu es élevé pour toujours, Yahvé. Voici: tes ennemis périssent, tous les malfaisants se dispersent; tu me donnes la vigueur du taureau, tu répands sur moi l'huile fraîche; mon oeil a vu ceux qui m'épiaient, mes oreilles ont entendu les méchants. Le juste poussera comme un palmier, il grandira comme un cèdre du Liban. Plantés dans la maison de Yahvé, ils pousseront dans les parvis de notre Dieu. Dans la vieillesse encore ils portent fruit, ils restent frais et florissants, pour publier que Yahvé est droit: mon Rocher, en lui rien de faux. Yahvé règne, il est vêtu de majesté, il est vêtu, enveloppé de puissance. Oui, le monde est stable; point ne bronchera. Ton trône est établi dès l'origine, depuis toujours, tu es. Les fleuves déchaînent, ô Yahvé, les fleuves déchaînent leur voix, les fleuves déchaînent leur fracas; plus que la voix des eaux innombrables, plus superbe que le ressac de la mer; superbe est Yahvé dans les hauteurs. Ton témoignage est véridique entièrement; la sainteté est l'ornement de ta maison, Yahvé, en la longueur des jours. Dieu des vengeances, Yahvé, Dieu des vengeances, parais! Lève-toi, juge de la terre, retourne aux orgueilleux leur salaire! Jusques à quand les impies, Yahvé, jusques à quand les impies triomphant? Ils déblatèrent, ils ont le verbe haut, ils se rengorgent, tous les malfaisants. Et ton peuple, Yahvé, qu'ils écrasent, et ton héritage qu'ils oppriment, la veuve et l'étranger, ils les égorgent, et l'orphelin, ils l'assassinent! Et ils disent: "Yahvé ne voit pas, le Dieu de Jacob ne prend pas garde." Prenez garde, stupides entre tous! insensés, quand aurez-vous l'intelligence? Lui qui planta l'oreille n'entendrait pas? S'il a façonné l'oeil, il ne verrait pas? Lui qui reprend les peuples ne punirait pas? Lui qui enseigne à l'homme le savoir, Yahvé sait les pensées de l'homme et qu'elles sont du vent. Heureux l'homme que tu reprends, Yahvé, et que tu enseignes par ta loi, pour lui donner le repos aux mauvais jours, tant que se creuse une fosse pour l'impie. Car Yahvé ne délaisse point son peuple, son héritage, point ne l'abandonne; le jugement revient vers la justice, tous les coeurs droits lui font cortège. Qui se lève pour moi contre les méchants, qui siège pour moi contre les malfaisants? Si Yahvé ne me venait en aide, bientôt mon âme habiterait le silence. Quand je dis: "Mon pied chancelle", ton amour, Yahvé, me soutient; dans l'excès des soucis qui m'envahissent, tes consolations délectent mon âme. Es-tu l'allié d'un tribunal de perdition, érigeant en loi le désordre? On s'attaque à la vie du juste, et le sang innocent, on le condamne. Mais Yahvé est pour moi une citadelle, et mon Dieu, le rocher de mon refuge; il retourne contre eux leur méfait et pour leur malice il les fait taire, il les fait taire, Yahvé notre Dieu! Venez, crions de joie pour Yahvé, acclamons le Rocher de notre salut; approchons de sa face en rendant grâce, au son des musiques acclamons-le. Car c'est un Dieu grand que Yahvé, un Roi grand par-dessus tous les dieux; en sa main sont les creux de la terre et les hauts des montagnes sont à lui; à lui la mer, c'est lui qui l'a faite, la terre ferme, ses mains l'ont façonnée. Entrez, courbons-nous, prosternons-nous; à genoux devant Yahvé qui nous a faits! Car c'est lui notre Dieu, et nous le peuple de son bercail, le troupeau de sa main. Aujourd'hui si vous écoutiez sa voix! "N'endurcissez pas vos coeurs comme à Meriba, comme au jour de Massa dans le désert, où vos pères m'éprouvaient, me tentaient, alors qu'ils me voyaient agir! 40 ans cette génération m'a dégoûté et je dis: Toujours ces coeurs errants, ces gens-là n'ont pas connu mes voies. Alors j'ai juré en ma colère: jamais ils ne parviendront à mon repos." Chantez à Yahvé un chant nouveau! Chantez à Yahvé, toute la terre! Chantez à Yahvé, bénissez son nom! Proclamez jour après jour son salut, racontez aux païens sa gloire, à tous les peuples ses merveilles! Grand, Yahvé, et louable hautement, redoutable, lui, par-dessus tous les dieux! Néant, tous les dieux des nations. C'est Yahvé qui fit les cieux; devant lui, splendeur et majesté, dans son sanctuaire, puissance et beauté. Rapportez à Yahvé, familles des peuples, rapportez à Yahvé gloire et puissance, rapportez à Yahvé la gloire de son nom. Présentez l'oblation, entrez en ses parvis, adorez Yahvé dans son éclat de sainteté. Tremblez devant lui, toute la terre. Dites chez les païens: "Yahvé règne." Le monde est stable, point ne bronchera. Sur les peuples il prononce avec droiture. Joie au ciel! exulte la terre! Que gronde la mer, et sa plénitude! Que jubile la campagne, et tout son fruit, que tous les arbres des forêts crient de joie, à la face de Yahvé, car il vient, car il vient pour juger la terre; il jugera le monde en justice et les peuples en sa vérité. Yahvé règne! Exulte la terre, que jubilent les îles nombreuses! Ténèbre et Nuée l'entourent, Justice et Droit sont l'appui de son trône. Un feu devant lui s'avance et dévore à l'entour ses rivaux; ses éclairs illuminent le monde, la terre voit et chavire. Les montagnes fondent comme la cire devant le Maître de toute la terre; les cieux proclament sa justice et tous les peuples voient sa gloire. Honte aux servants des idoles, eux qui se vantent de vanités; prosternez-vous devant lui, tous les dieux. Sion entend et jubile, les filles de Juda exultent à cause de tes jugements, Yahvé. Car toi, tu es Yahvé, Très-Haut sur toute la terre, surpassant de beaucoup tous les dieux. Yahvé aime qui déteste le mal, il garde les âmes des siens et de la main des impies les délivre. La lumière se lève pour le juste, et pour l'homme au coeur droit, la joie. Justes, jubilez en Yahvé, louez sa mémoire de sainteté. Chantez à Yahvé un chant nouveau, car il a fait des merveilles; le salut lui vint de sa droite, de son bras de sainteté. Yahvé a fait connaître son salut, aux yeux des païens révélé sa justice, se rappelant son amour et sa fidélité pour la maison d'Israël. Tous les lointains de la terre ont vu le salut de notre Dieu. Acclamez Yahvé, toute la terre, éclatez en cris de joie! Jouez pour Yahvé sur la harpe, au son des instruments; au son de la trompette et du cor acclamez à la face du roi Yahvé. Gronde la mer et sa plénitude, le monde et son peuplement; que tous les fleuves battent des mains et les montagnes crient de joie, à la face de Yahvé, car il vient pour juger la terre, il jugera le monde en justice et les peuples en droiture. Yahvé règne, les peuples tremblent; il siège sur les Chérubins, la terre chancelle; dans Sion Yahvé est grand. Il s'exalte, lui, par-dessus tous les peuples; qu'ils célèbrent ton nom grand et redoutable: il est saint, lui, et puissant. Le roi qui aime le jugement, c'est toi; tu as fondé droiture, jugement et justice, en Jacob c'est toi qui agis. Exaltez Yahvé notre Dieu, prosternez-vous vers son marchepied: lui, il est saint. Moïse, Aaron parmi ses prêtres, et Samuel, appelant son nom, en appelaient à Yahvé: et lui, il leur répondait. Dans la colonne de nuée, il parlait avec eux; eux gardaient ses témoignages, la Loi qu'il leur donna. Yahvé notre Dieu, toi, tu leur répondais, Dieu de pardon que tu étais pour eux, mais te vengeant de leurs méfaits. Exaltez Yahvé notre Dieu, prosternez-vous vers sa sainte montagne: saint est Yahvé notre Dieu. Pour l'action de grâces. Acclamez Yahvé, toute la terre, servez Yahvé dans l'allégresse, venez à lui avec des chants de joie! Sachez-le, c'est Yahvé qui est Dieu, il nous a faits et nous sommes à lui, son peuple et le troupeau de son bercail. Venez à ses portiques en rendant grâce, à ses parvis en chantant louange, rendez-lui grâce, bénissez son nom! Il est bon, Yahvé, éternel est son amour, et d'âge en âge, sa vérité. De David. Psaume. Je chanterai amour et jugement, pour toi, Yahvé, je jouerai; j'avancerai dans la voie des parfaits: quand viendras-tu vers moi? Je suivrai la perfection de mon coeur dans ma maison; point de place devant mes yeux pour rien de vil. Je hais les façons des dévoyés, elles n'ont sur moi nulle prise; loin de moi le coeur tortueux, le méchant, je l'ignore. Qui dénigre en secret son prochain, celui-là, je le fais taire; l'oeil hautain, le coeur enflé, je ne puis les souffrir. J'ai les yeux sur les fidèles du pays, qu'ils demeurent avec moi; celui qui marche dans la voie des parfaits sera mon servant. Point de demeure en ma maison pour le faiseur de tromperie; le diseur de mensonges ne tient pas devant mes yeux. Au matin, je les fais taire, tous les impies du pays, pour retrancher de la ville de Yahvé tous les malfaisants. Prière pour un malheureux qui dans son accablement répand sa plainte devant Yahvé. Yahvé, entends ma prière, que mon cri vienne jusqu'à toi; ne cache pas loin de moi ta face au jour où l'angoisse me tient; incline vers moi ton oreille, au jour où je t'appelle, vite, réponds-moi! Car mes jours s'en vont en fumée, mes os brûlent comme un brasier; battu comme l'herbe, mon coeur sèche et j'oublie de manger mon pain; à force de crier ma plainte, ma peau s'est collée à mes os. Je ressemble au hibou du désert, je suis pareil à la hulotte des ruines; je veille et je gémis, comme l'oiseau solitaire sur le toit; tout le jour mes ennemis m'outragent, ceux qui me louaient maudissent par moi. La cendre est le pain que je mange, je mêle à ma boisson mes larmes, devant ta colère et ta fureur, car tu m'as soulevé puis rejeté; mes jours sont comme l'ombre qui décline, et moi comme l'herbe je sèche. Mais toi, Yahvé, tu trônes à jamais; d'âge en âge, mémoire de toi! Toi, tu te lèveras, attendri pour Sion, car il est temps de la prendre en pitié, car l'heure est venue; car tes serviteurs en chérissent les pierres, pris de pitié pour sa poussière. Et les païens craindront le nom de Yahvé, et tous les rois de la terre, ta gloire; quand Yahvé rebâtira Sion, il sera vu dans sa gloire; il se tournera vers la prière du spolié, il n'aura pas méprisé sa prière. On écrira ceci pour l'âge à venir et un peuple nouveau louera Dieu: il s'est penché du haut de son sanctuaire, Yahvé, et des cieux a regardé sur terre, afin d'écouter le soupir du captif, de libérer les clients de la mort, pour répandre dans Sion le nom de Yahvé, sa louange dans Jérusalem, quand se joindront peuples et royaumes pour rendre un culte à Yahvé. En chemin ma force a fléchi; le petit nombre de mes jours, fais-le-moi savoir, ne me prends pas à la moitié de mes jours, d'âge en âge vont tes années. Depuis longtemps tu as fondé la terre, et les cieux sont l'ouvrage de tes mains; eux périssent, toi tu restes, tous comme un vêtement ils s'usent, comme un habit qu'on change, tu les changes; mais toi, le même, sans fin sont tes années. Les fils de tes serviteurs auront une demeure et leur lignée subsistera devant toi. *** Bénis Yahvé, mon âme. Yahvé, mon Dieu, tu es si grand! Vêtu de faste et d'éclat, drapé de lumière comme d'un manteau, tu déploies les cieux comme une tente, tu bâtis sur les eaux tes chambres hautes; faisant des nuées ton char, tu t'avances sur les ailes du vent; tu prends les vents pour messagers, pour serviteurs un feu de flammes. Tu poses la terre sur ses bases, inébranlable pour les siècles des siècles. De l'abîme tu la couvres comme d'un vêtement, sur les montagnes se tenaient les eaux. A ta menace, elles prennent la fuite, à la voix de ton tonnerre, elles s'échappent; elles sautent les montagnes, elles descendent les vallées vers le lieu que tu leur as assigné; tu mets une limite à ne pas franchir, qu'elles ne reviennent couvrir la terre. Dans les ravins tu fais jaillir les sources, elles cheminent au milieu des montagnes; elles abreuvent toutes les bêtes des champs, les onagres y calment leur soif; l'oiseau des cieux séjourne près d'elles, sous la feuillée il élève la voix. De tes chambres hautes, tu abreuves les montagnes; la terre se rassasie du fruit de tes oeuvres; tu fais croître l'herbe pour le bétail et les plantes à l'usage des humains, pour qu'ils tirent le pain de la terre et le vin qui réjouit le coeur de l'homme, pour que l'huile fasse luire les visages et que le pain fortifie le coeur de l'homme. Les arbres de Yahvé se rassasient, les cèdres du Liban qu'il a plantés; c'est là que nichent les passereaux, sur leur cime la cigogne a son gîte; aux chamois, les hautes montagnes, aux damans, l'abri des rochers. Il fit la lune pour marquer les temps, le soleil connaît son coucher. Tu poses la ténèbre, c'est la nuit, toutes les bêtes des forêts s'y remuent. Les lionceaux rugissent après la proie et réclament à Dieu leur manger. Quand se lève le soleil, ils se retirent et vont à leurs repaires se coucher; l'homme sort pour son ouvrage, faire son travail jusqu'au soir. Que tes oeuvres sont nombreuses, Yahvé! toutes avec sagesse tu les fis, la terre est remplie de ta richesse. Voici la grande mer aux vastes bras, et là le remuement sans nombre des animaux petits et grands, là des navires se promènent et Léviathan que tu formas pour t'en rire. Tous ils espèrent de toi que tu donnes en son temps leur manger; tu leur donnes, eux, ils ramassent, tu ouvres la main, ils se rassasient. Tu caches ta face, ils s'épouvantent, tu retires leur souffle, ils expirent, à leur poussière ils retournent. Tu envoies ton souffle, ils sont créés, tu renouvelles la face de la terre. A jamais soit la gloire de Yahvé, que Yahvé se réjouisse en ses oeuvres! Il regarde la terre, elle tremble, il touche les montagnes, elles fument! Je veux chanter à Yahvé tant que je vis, je veux jouer pour mon Dieu tant que je dure. Puisse mon langage lui plaire, moi, j'ai ma joie en Yahvé! Que les pécheurs disparaissent de la terre, les impies, qu'il n'en soit jamais plus! Bénis Yahvé, mon âme. Alleluia! Rendez grâce à Yahvé, criez son nom, annoncez parmi les peuples ses hauts faits; chantez-le, jouez pour lui, récitez toutes ses merveilles; tirez gloire de son nom de sainteté, joie pour les coeurs qui cherchent Yahvé! Recherchez Yahvé et sa force, sans relâche poursuivez sa face; rappelez-vous quelles merveilles il a faites, ses miracles et les jugements de sa bouche. Lignée d'Abraham son serviteur, enfants de Jacob son élu, c'est lui Yahvé notre Dieu: sur toute la terre ses jugements. Il se rappelle à jamais son alliance, parole promulguée pour mille générations, pacte conclu avec Abraham, serment qu'il fit à Isaac. Il l'érigea en loi pour Jacob, pour Israël en alliance à jamais, disant: "Je te donne une terre, Canaan, votre part d'héritage." Tant qu'on put les compter, peu nombreux, étrangers au pays, tant qu'ils allaient de nation en nation, d'un royaume à un peuple différent, il ne laissa personne les opprimer, à cause d'eux il châtia des rois: "Ne touchez pas à qui m'est consacré; à mes prophètes ne faites pas de mal." Il appela sur le pays la famine, il brisa leur bâton, le pain; il envoya devant eux un homme, Joseph vendu comme esclave. On affligea ses pieds d'entraves, on lui passa les fers au cou; le temps passa, son oracle s'accomplit, la parole de Yahvé le justifia. Le roi envoya l'élargir, le maître des peuples, lui ouvrir; il l'établit seigneur sur sa maison, maître de toute sa richesse, pour instruire à son gré ses princes; de ses anciens il fit des sages. Israël passa en Egypte, Jacob séjourna au pays de Cham. Il fit croître son peuple abondamment, le fortifia plus que ses adversaires; changeant leur coeur, il les fit haïr son peuple et ruser avec ses serviteurs. Il envoya son serviteur Moïse, Aaron qu'il s'était choisi; ils firent chez eux les signes qu'il avait dits, des miracles au pays de Cham. Il envoya la ténèbre et enténébra, mais ils bravèrent ses ordres. Il changea leurs eaux en sang et fit périr leurs poissons. Leur pays grouilla de grenouilles jusque dans les chambres des rois; il dit, et les insectes passèrent, les moustiques sur toute la contrée. Il leur donna pour pluie la grêle, flammes de feu sur leur pays; il frappa leur vigne et leur figuier, il brisa les arbres de leur contrée. Il dit, et les sauterelles passèrent, les criquets, et ils étaient sans nombre, et ils mangèrent toute herbe en leur pays et ils mangèrent le fruit de leur terroir. Il frappa tout premier-né dans leur pays, toute la fleur de leur race; il les fit sortir avec or et argent, et pas un dans leurs tribus ne trébuchait. L'Egypte se réjouit de leur sortie, elle en était saisie de terreur; il déploya une nuée pour les couvrir, un feu pour éclairer de nuit. Ils demandèrent, il fit passer les cailles, du pain des cieux il les rassasia; il ouvrit le rocher, les eaux jaillirent, dans le lieu sec elles coulaient comme un fleuve. Se rappelant sa parole sacrée envers Abraham son serviteur, il fit sortir son peuple dans l'allégresse, parmi les cris de joie, ses élus. Il leur donna les terres des païens, du labeur des nations ils héritèrent, en sorte qu'ils gardent ses décrets et qu'ils observent ses lois. Alleluia! Rendez grâce à Yahvé, car il est bon, car éternel est son amour! Qui dira les prouesses de Yahvé, fera retentir toute sa louange? Heureux qui observe le droit, qui pratique en tout temps la justice! Souviens-toi de moi, Yahvé, par amour de ton peuple, visite-moi par ton salut, que je voie le bonheur de tes élus, joyeux de la joie de ton peuple, glorieux avec ton héritage! Nous avons failli avec nos pères, nous avons dévié, renié; nos pères en Egypte n'ont pas compris tes merveilles. Ils n'eurent pas souvenir de ton grand amour, ils bravèrent le Très-Haut à la mer des Joncs. Il les sauva à cause de son nom, pour faire connaître sa prouesse. Il menaça la mer des Joncs, elle sécha, il les mena sur l'abîme comme au désert, les sauva de la main de l'ennemi, les racheta de la main de l'adversaire. Et les eaux recouvrirent leurs oppresseurs, pas un d'entre eux n'échappa. Alors ils eurent foi en ses paroles, ils chantèrent sa louange. Ils coururent oublier ses actions, ils n'attendirent pas même son projet; ils brûlaient de désir dans le désert, ils tentaient Dieu parmi les solitudes. Il leur accorda leur demande: il envoya la fièvre dans leur âme; ils jalousèrent Moïse dans le camp, Aaron le saint de Yahvé. La terre s'ouvre, elle avale Datân et recouvre la bande d'Abiram; un feu s'allume contre leur bande, une flamme embrase les renégats. Ils fabriquèrent un veau en Horeb, se prosternèrent devant une fonte; ils échangèrent leur gloire pour l'image du boeuf mangeur d'herbe. Ils oubliaient Dieu qui les sauvait, l'auteur de grandes choses en Egypte, de merveilles en terre de Cham, d'épouvantes sur la mer des Joncs. Il parlait de les supprimer, si ce n'est que Moïse son élu se tint sur la brèche devant lui pour détourner son courroux de détruire. Ils refusèrent une terre de délices, ils n'eurent pas foi en sa parole; ils murmurèrent sous leurs tentes, ils n'écoutèrent pas la voix de Yahvé. Il leva la main sur eux, pour les abattre au désert, pour abattre leur lignée chez les païens, pour les parsemer dans les pays. Ils se mirent au joug de Baal-Péor et mangèrent les sacrifices des morts. Ils l'indignèrent par leurs pratiques, un fléau éclata contre eux. Alors se lève Pinhas, il tranche, alors s'arrête le fléau; justice lui en est rendue d'âge en âge et pour toujours. Ils le fâchèrent aux eaux de Meriba; mal en prit à Moïse par leur faute, car ils aigrirent son esprit et ses lèvres parlèrent trop vite. Ils ne supprimèrent pas les peuples, ceux que Yahvé leur avait dits, et ils se mêlaient aux païens, ils apprenaient leurs manières d'agir. Ils en servaient les idoles, elles devenaient pour eux un piège! Ils avaient sacrifié leurs fils et leurs filles aux démons. Ils versaient le sang innocent, le sang de leurs fils et de leurs filles qu'ils sacrifiaient aux idoles de Canaan, et le pays fut profané de sang. Ils se souillaient par leurs actions, ils se prostituaient par leurs pratiques; Yahvé prit feu contre son peuple, il eut en horreur son héritage. Il les livra aux mains des païens, leurs ennemis devinrent leurs maîtres; leurs adversaires furent leurs tyrans, ils furent courbés sous leur main. Mainte et mainte fois il les délivra, mais eux par bravade se révoltaient et s'enfonçaient dans leur tort; il eut un regard pour leur détresse alors qu'il entendait leur cri. Il se souvint pour eux de son alliance, il s'émut selon son grand amour; il leur donna d'apitoyer tous ceux qui les tenaient captifs. Sauve-nous, Yahvé notre Dieu, rassemble-nous du milieu des païens afin de rendre grâce à ton saint nom, de nous féliciter en ta louange. Béni soit Yahvé le Dieu d'Israël depuis toujours jusqu'à toujours! Et tout le peuple dira: Amen! Alleluia Rendez grâce à Yahvé, car il est bon, car éternel est son amour! Ils le diront, les rachetés de Yahvé, qu'il racheta de la main de l'oppresseur, qu'il rassembla du milieu des pays, orient et occident, nord et midi. Ils erraient au désert, dans les solitudes, sans trouver le chemin d'une ville habitée; ils avaient faim, surtout ils avaient soif, leur âme en eux défaillait. Et ils criaient vers Yahvé dans la détresse, de leur angoisse il les a délivrés, acheminés par un droit chemin pour aller vers la ville habitée. Qu'ils rendent grâce à Yahvé de son amour, de ses merveilles pour les fils d'Adam! Il rassasia l'âme avide, l'âme affamée, il la combla de biens. Habitants d'ombre et de ténèbre, captifs de la misère et des fers, pour avoir bravé l'ordre de Dieu et méprisé le projet du Très-Haut, il ploya leur coeur sous la peine, ils succombaient, et pas un pour les aider. Et ils criaient vers Yahvé dans la détresse, de leur angoisse il les a délivrés, il les tira de l'ombre et la ténèbre et il rompit leurs entraves. Qu'ils rendent grâce à Yahvé de son amour, de ses merveilles pour les fils d'Adam! Car il brisa les portes d'airain, les barres de fer, il les fracassa. Insensés, sur les chemins du péché, misérables à cause de leurs fautes, tout aliment les dégoûtait, ils touchaient aux portes de la mort. Et ils criaient vers Yahvé dans la détresse, de leur angoisse il les a délivrés. Il envoya sa parole, il les guérit, à la fosse il arracha leur vie. Qu'ils rendent grâce à Yahvé de son amour, de ses merveilles pour les fils d'Adam! Qu'ils sacrifient des sacrifices d'action de grâces, qu'ils répètent ses oeuvres en chants de joie! Descendus en mer sur des navires, ils faisaient négoce parmi les grandes eaux; ceux-là ont vu les oeuvres de Yahvé, ses merveilles parmi les abîmes. Il dit et fit lever un vent de bourrasque qui souleva les flots; montant aux cieux, descendant aux gouffres, sous le mal leur âme fondait; tournoyant, titubant comme un ivrogne, leur sagesse était toute engloutie. Et ils criaient vers Yahvé dans la détresse, de leur angoisse il les a délivrés. Il ramena la bourrasque au silence et les flots se turent. Ils se réjouirent de les voir s'apaiser, il les mena jusqu'au port de leur désir. Qu'ils rendent grâce à Yahvé de son amour, de ses merveilles pour les fils d'Adam! Qu'ils l'exaltent dans l'assemblée du peuple, au conseil des anciens qu'ils le louent! Il changeait les fleuves en désert, et les sources d'eau en soif, un pays de fruits en saline, à cause de la malice des habitants. Mais il changea le désert en nappe d'eau, une terre sèche en source d'eau; là il fit habiter les affamés, et ils fondèrent une ville habitée. Ils ensemencent des champs, plantent des vignes, et font du fruit à récolter. Il les bénit et ils croissent beaucoup, il ne laisse pas diminuer leur bétail. Ils étaient diminués, défaillants, sous l'étreinte des maux et des peines; déversant le mépris sur les princes, il les perdait en un chaos sans chemin. Mais il relève le pauvre de sa misère, il multiplie comme un troupeau les familles; les coeurs droits voient et se réjouissent, tout ce qui ment a la bouche fermée. Est-il un sage? Qu'il observe ces choses et comprenne l'amour de Yahvé! Cantique. Psaume de David. Mon coeur est prêt, ô Dieu, -- je veux chanter, je veux jouer! -- allons, ma gloire, éveille-toi, harpe, cithare, que j'éveille l'aurore! Je veux te louer chez les peuples, Yahvé, jouer pour toi dans les pays; grand par-dessus les cieux ton amour, jusqu'aux nues, ta vérité. O Dieu, élève-toi sur les cieux. Sur toute la terre, ta gloire! Pour que soient délivrés tes bien-aimés, sauve par ta droite et réponds-nous. Dieu a parlé en son sanctuaire: "J'exulte, je partage Sichem, j'arpente la vallée du Sukkot. "A moi Galaad, à moi Manassé, Ephraïm, l'armure de ma tête, Juda, mon bâton de commandement, "Moab, le bassin où je me lave! sur Edom, je jette ma sandale, contre la Philistie je crie victoire." Qui me mènera dans une ville forte, qui me conduira jusqu'en Edom, sinon Dieu, toi qui nous as rejetés, Dieu qui ne sors plus avec nos armées. Porte-nous secours dans l'oppression: néant, le salut de l'homme! Avec Dieu nous ferons des prouesses, et lui piétinera nos oppresseurs. Du maître de chant. De David. Psaume. Dieu de ma louange, ne te tais plus! Bouche méchante et bouche d'imposture s'ouvrent contre moi. On me parle une langue de mensonge, de paroles de haine on m'entoure, on m'attaque sans raison. Pour prix de mon amitié, on m'accuse, et je ne suis que prière; on amène sur moi le malheur pour prix du bienfait, la haine pour prix de mon amitié. "Suscite contre lui le méchant, que se dresse à sa droite l'accusateur; du jugement qu'il sorte coupable, que sa prière soit tenue pour péché! Que les jours lui soient écourtés, qu'un autre prenne sa charge; que ses enfants deviennent orphelins et sa femme, une veuve! Ses fils, qu'ils errent et qu'ils errent, qu'ils mendient et qu'on les chasse de leurs ruines; que l'usurier rafle tout son bien, que l'étranger pille son revenu! Que pas un ne lui reste charitable, que pas un n'ait pitié de ses orphelins, que soit retranchée sa descendance, qu'en une génération soit effacé leur nom! Que Yahvé se souvienne du tort de ses pères, que le péché de sa mère ne soit pas effacé; qu'ils soient devant Yahvé constamment, pour qu'il retranche de la terre leur souvenir! " Lui ne s'est pas souvenu d'être charitable: il pourchassait le pauvre et le malheureux, jusqu'à la mort, l'homme au coeur brisé. Il aimait la malédiction: elle vient à lui! Il ne goûtait pas la bénédiction: elle le quitte! Il revêtait la malédiction comme un manteau: elle entre au fond de lui comme de l'eau, et comme de l'huile dans ses os. Qu'elle lui soit un vêtement qui l'enveloppe, une ceinture qui l'enserre constamment! Tel soit, de par Yahvé, le salaire de mes accusateurs qui profèrent le mal sur mon âme! Mais toi, Yahvé, agis pour moi selon ton nom, délivre-moi, car ton amour est bonté. Pauvre et malheureux que je suis, mon coeur est blessé au fond de moi; comme l'ombre qui décline je m'en vais, on m'a secoué comme la sauterelle. A tant jeûner mes genoux fléchissent, ma chair est amaigrie faute d'huile; on a fait de moi une insulte, ceux qui me voient hochent la tête. Aide-moi, Yahvé mon Dieu, sauve-moi selon ton amour: qu'ils le sachent, c'est là ta main, toi, Yahvé, voilà ton oeuvre! Eux maudissent, et toi tu béniras, ils attaquent, honte sur eux, et joie pour ton serviteur! Qu'ils soient vêtus d'infamie, ceux qui m'accusent, enveloppés de leur honte comme d'un manteau! Grandes grâces à Yahvé sur mes lèvres, louange à lui parmi la multitude; car il se tient à la droite du pauvre pour sauver de ses juges son âme. De David. Psaume. Oracle de Yahvé à mon Seigneur: "Siège à ma droite, tant que j'aie fait de tes ennemis l'escabeau de tes pieds." Ton sceptre de puissance, Yahvé l'étendra: depuis Sion, domine jusqu'au coeur de l'ennemi. A toi le principat au jour de ta naissance, les honneurs sacrés dès le sein, dès l'aurore de ta jeunesse. Yahvé l'a juré, il ne s'en dédira point: "Tu es prêtre à jamais selon l'ordre de Melchisédech." A ta droite, Seigneur, il abat les rois au jour de sa colère; il fait justice des nations, entassant des cadavres, il abat les têtes sur l'immensité de la terre. Au torrent il s'abreuve en chemin, c'est pourquoi il redresse la tête. Alleluia! Je rends grâce à Yahvé de tout coeur dans le cercle des justes et l'assemblée. Grandes sont les oeuvres de Yahvé, dignes d'étude pour qui les aime. Faste et splendeur, son ouvrage; sa justice demeure à jamais. Il laisse un mémorial de ses merveilles. Yahvé est tendresse et pitié. Il donne à qui le craint la nourriture, il se souvient de son alliance pour toujours. Il fait voir à son peuple la vertu de ses oeuvres, en lui donnant l'héritage des nations. Justice et vérité, les oeuvres de ses mains, fidélité, toutes ses lois, établies pour toujours et à jamais, accomplies avec droiture et vérité. Il envoie la délivrance à son peuple, il déclare pour toujours son alliance; saint et redoutable est son nom. Principe du savoir: la crainte de Yahvé; bien avisés tous ceux qui s'y tiennent. Sa louange demeure à jamais. Alleluia! Heureux l'homme qui craint Yahvé, et se plaît fort à ses préceptes! Sa lignée sera puissante sur la terre, et bénie la race des hommes droits. Opulence et bien-être en sa maison; sa justice demeure à jamais. Il se lève en la ténèbre, lumière des coeurs droits, pitié, tendresse et justice. Bienheureux l'homme qui prend pitié et prête, qui règle ses affaires avec droiture. Non, jamais il ne chancelle, en mémoire éternelle sera le juste. Il ne craint pas d'annonces de malheur, ferme est son coeur, confiant en Yahvé; son coeur est assuré, il ne craint pas: à la fin il toisera ses oppresseurs. Il fait largesse, il donne aux pauvres; sa justice demeure à jamais, sa vigueur rehausse son prestige. L'impie le voit et s'irrite, il grince des dents et dépérit. Le désir des impies va se perdre. Alleluia! Louez, serviteurs de Yahvé, louez le nom de Yahvé! Béni soit le nom de Yahvé, dès maintenant et à jamais! Du lever du soleil à son coucher, loué soit le nom de Yahvé! Plus haut que tous les peuples, Yahvé! plus haut que tous les cieux, sa gloire! Qui est comme Yahvé notre Dieu, lui qui s'élève pour siéger et s'abaisse pour voir cieux et terre? De la poussière il relève le faible, du fumier il retire le pauvre, pour l'asseoir au rang des princes, au rang des princes de son peuple. Il assied la stérile en sa maison, mère en ses fils heureuse. Alleluia! Quand Israël sortit d'Egypte, la maison de Jacob, de chez un peuple barbare, Juda lui devint un sanctuaire, et Israël, son domaine. La mer voit et s'enfuit, le Jourdain retourne en arrière; les montagnes sautent comme des béliers et les collines comme des agneaux. Qu'as-tu, mer, à t'enfuir, Jourdain, à retourner en arrière, et vous, montagnes, à sauter comme des béliers, collines, comme des agneaux? Tremble, terre, devant la face du Maître, devant la face du Dieu de Jacob, qui change le rocher en étang et le caillou en source. Non pas à nous, Yahvé, non pas à nous, mais à ton nom rapporte la gloire, pour ton amour et pour ta vérité! Que les païens ne disent: "Où est leur Dieu?" Notre Dieu, il est dans les cieux, tout ce qui lui plaît, il le fait. Leurs idoles, or et argent, une oeuvre de main d'homme! Elles ont une bouche et ne parlent pas, elles ont des yeux et ne voient pas, elles ont des oreilles et n'entendent pas, elles ont un nez et ne sentent pas. Leurs mains, mais elles ne touchent point, leurs pieds, mais ils ne marchent point, de leur gosier, pas un murmure! Comme elles, seront ceux qui les firent, quiconque met en elles sa foi. Maison d'Israël, mets ta foi en Yahvé, lui, leur secours et bouclier! Maison d'Aaron, mets ta foi en Yahvé, lui, leur secours et bouclier! Ceux qui craignent Yahvé, ayez foi en Yahvé, lui, leur secours et bouclier! Yahvé se souvient de nous, il bénira, il bénira la maison d'Israël, il bénira la maison d'Aaron, il bénira ceux qui craignent Yahvé, les petits avec les grands. Que Yahvé vous fasse croître, vous et vos enfants! Bénis soyez-vous de Yahvé qui a fait le ciel et la terre! Le ciel, c'est le ciel de Yahvé, la terre, il l'a donnée aux fils d'Adam. Non, les morts ne louent point Yahvé, ni tous ceux qui descendent au Silence; mais nous, les vivants, nous bénissons Yahvé dès maintenant et à jamais. Alleluia! J'aime, lorsque Yahvé entend le cri de ma prière, lorsqu'il tend l'oreille vers moi, le jour où j'appelle. Les lacets de la mort m'enserraient, les filets du shéol; l'angoisse et l'affliction me tenaient, j'appelai le nom de Yahvé. De grâce, Yahvé, délivre mon âme! Yahvé a pitié, il est juste, notre Dieu est tendresse; Yahvé protège les simples, je faiblissais, il m'a sauvé. Retourne, mon âme, à ton repos, car Yahvé t'a fait du bien. Il a gardé mon âme de la mort, mes yeux des larmes et mes pieds du faux pas: je marcherai à la face de Yahvé sur la terre des vivants. Je crois lors même que je dis: "Je suis trop malheureux", moi qui ai dit dans mon trouble: "Tout homme n'est que mensonge." Comment rendrai-je à Yahvé tout le bien qu'il m'a fait? J'élèverai la coupe du salut, j'appellerai le nom de Yahvé. J'accomplirai mes voeux envers Yahvé, oui, devant tout son peuple! Elle coûte aux yeux de Yahvé, la mort de ses amis. De grâce, Yahvé, je suis ton serviteur, je suis ton serviteur fils de ta servante, tu as défait mes liens. Je t'offrirai le sacrifice d'action de grâces, j'appellerai le nom de Yahvé. J'accomplirai mes voeux envers Yahvé, oui, devant tout son peuple, dans les parvis de la maison de Yahvé, au milieu de toi, Jérusalem! Alleluia! Louez Yahvé, tous les peuples, fêtez-le, tous les pays! Fort est son amour pour nous, pour toujours sa vérité. Alleluia! Rendez grâce à Yahvé, car il est bon, car éternel est son amour! Qu'elle le dise, la maison d'Israël: éternel est son amour! Qu'elle le dise, la maison d'Aaron: éternel est son amour! Qu'ils le disent, ceux qui craignent Yahvé: éternel est son amour! De mon angoisse, j'ai crié vers Yahvé, il m'exauça, me mit au large. Yahvé est pour moi, plus de crainte, que me fait l'homme, à moi? Yahvé est pour moi, mon aide entre tous, j'ai toisé mes ennemis. Mieux vaut s'abriter en Yahvé que se fier en l'homme; mieux vaut s'abriter en Yahvé que se fier aux puissants. Les païens m'ont tous entouré, au nom de Yahvé je les sabre; ils m'ont entouré, enserré, au nom de Yahvé je les sabre; ils m'ont entouré comme des guêpes, ils ont flambé comme feu de ronces, au nom de Yahvé je les sabre. On m'a poussé, poussé pour m'abattre, mais Yahvé me vient en aide; ma force et mon chant, c'est Yahvé, il fut pour moi le salut. Clameurs de joie et de salut sous les tentes des justes: "La droite de Yahvé a fait prouesse, la droite de Yahvé a le dessus, la droite de Yahvé a fait prouesse! " Non, je ne mourrai pas, je vivrai et publierai les oeuvres de Yahvé; il m'a châtié et châtié, Yahvé, à la mort il ne m'a pas livré. Ouvrez-moi les portes de justice, j'entrerai, je rendrai grâce à Yahvé! C'est ici la porte de Yahvé, les justes entreront. Je te rends grâce, car tu m'as exaucé, tu fus pour moi le salut. La pierre qu'ont rejetée les bâtisseurs est devenue la tête de l'angle; c'est là l'oeuvre de Yahvé, ce fut merveille à nos yeux. Voici le jour que fit Yahvé, pour nous allégresse et joie. De grâce, Yahvé, donne le salut! De grâce, Yahvé, donne la victoire! Béni soit au nom de Yahvé celui qui vient! Nous vous bénissons de la maison de Yahvé. Yahvé est Dieu, il nous illumine. Serrez vos cortèges, rameaux en main, jusqu'aux cornes de l'autel. C'est toi mon Dieu, je te rends grâce, mon Dieu, je t'exalte; je te rends grâce, car tu m'as exaucé, tu fus pour moi le salut. Rendez grâce à Yahvé, car il est bon, car éternel est son amour! Cantique des montées. Vers Yahvé, quand l'angoisse me prend, je crie, il me répond. Yahvé, délivre-moi des lèvres fausses, de la langue perfide! Que va-t-il te donner, et quoi encore, langue perfide? Les flèches du batailleur, qu'on aiguise à la braise des genêts. Malheur à moi de vivre en Méshek, d'habiter les tentes de Qédar! Mon âme a trop vécu parmi des gens qui haïssent la paix. Moi, si je parle de paix, eux sont pour la guerre. Cantique pour les montées. Je lève les yeux vers les monts: d'où viendra mon secours? Le secours me vient de Yahvé qui a fait le ciel et la terre. Qu'il ne laisse broncher ton pied! qu'il ne dorme, ton gardien! Vois, il ne dort ni ne sommeille, le gardien d'Israël. Yahvé est ton gardien, ton ombrage, Yahvé, à ta droite. De jour, le soleil ne te frappe, ni la lune en la nuit. Yahvé te garde de tout mal, il garde ton âme. Yahvé te garde au départ, au retour, dès lors et à jamais. Cantique des montées. De David. J'étais joyeux que l'on me dise: Allons à la maison de Yahvé! Enfin nos pieds s'arrêtent dans tes portes, Jérusalem! Jérusalem, bâtie comme une ville où tout ensemble fait corps, Là où montent les tribus, les tribus de Yahvé, est pour Israël une raison de rendre grâce au nom de Yahvé. Car ils sont là, les sièges du jugement, les sièges de la maison de David. Appelez la paix sur Jérusalem: que reposent tes tentes! Advienne la paix dans tes murs: repos en tes palais! Pour l'amour de mes frères, de mes amis, laisse-moi dire: paix sur toi! Pour l'amour de la maison de Yahvé notre Dieu, je prie pour ton bonheur! Cantique des montées. Vers toi j'ai les yeux levés, qui te tiens au ciel; les voici comme les yeux des serviteurs vers la main de leur maître. Comme les yeux de la servante vers la main de sa maîtresse, ainsi nos yeux vers Yahvé notre Dieu, tant qu'il nous prenne en pitié. Pitié pour nous, Yahvé, pitié pour nous, trop de mépris nous rassasie; notre âme est par trop rassasiée des sarcasmes des satisfaits! (Le mépris est pour les orgueilleux! ) Heureux, impeccables en leur voie, ceux qui marchent dans la loi de Yahvé! Heureux, gardant son témoignage, ceux qui le cherchent de tout coeur, et qui sans commettre de mal, marchent dans ses voies! Toi, tu promulgues tes préceptes, à observer entièrement. Puissent mes voies se fixer à observer tes volontés. Alors je n'aurai nulle honte en revoyant tous tes commandements. Je te rendrai grâce en droiture de coeur, instruit de tes justes jugements. Tes volontés, je les veux observer, ne me délaisse pas entièrement. Comment, jeune, garder pur son chemin? A observer ta parole. De tout mon coeur c'est toi que je cherche, ne m'écarte pas de tes commandements. Dans mon coeur j'ai conservé tes promesses pour ne point faillir envers toi. Béni que tu es Yahvé, apprends-moi tes volontés! De mes lèvres je les ai tous énumérés, les jugements de ta bouche. Dans la voie de ton témoignage j'ai ma joie plus qu'en toute richesse. Sur tes préceptes je veux méditer et regarder à tes chemins. Je trouve en tes volontés mes délices, je n'oublie pas ta parole. Sois bon pour ton serviteur et je vivrai, j'observerai ta parole. Ouvre mes yeux: je regarderai aux merveilles de ta loi. Etranger que je suis sur la terre, ne me cache pas tes commandements. Mon âme se consume à désirer en tout temps tes jugements. Tu t'en prends aux superbes, aux maudits, qui sortent de tes commandements. Décharge-moi de l'insulte et du mépris, car je garde ton témoignage. Que des princes tiennent séance et parlent contre moi, ton serviteur médite tes volontés. Ton témoignage, voilà mes délices, tes volontés, mes conseillers. Mon âme est collée à la poussière, vivifie-moi selon ta parole. J'énumère mes voies, tu me réponds, apprends-moi tes volontés. Fais-moi comprendre la voie de tes préceptes, je méditerai sur tes merveilles. Mon âme se fond de chagrin, relève-moi selon ta parole. Détourne-moi de la voie de mensonge, fais-moi la grâce de ta loi. J'ai choisi la voie de vérité, je me conforme à tes jugements. J'adhère à ton témoignage, Yahvé, ne me déçois pas. Je cours sur la voie de tes commandements, car tu as mis mon coeur au large. Enseigne-moi, Yahvé, la voie de tes volontés, je la veux garder en récompense. Fais-moi comprendre et que je garde ta loi, que je l'observe de tout coeur. Guide-moi au chemin de tes commandements, car j'ai là mon plaisir. Infléchis mon coeur vers ton témoignage, et non point vers le gain. Libère mes yeux des images de rien, vivifie-moi par ta parole. Tiens ta promesse à ton serviteur, afin qu'on te craigne. Libère-moi de l'insulte qui m'épouvante, tes jugements sont les bienvenus. Voici, j'ai désiré tes préceptes, vivifie-moi par ta justice. Que me vienne ton amour, Yahvé, ton salut selon ta promesse! Que je riposte à l'insulte par la parole, car je compte sur ta parole. N'ôte pas de ma bouche la parole de vérité, car j'espère en tes jugements. J'observerai ta loi sans relâche pour toujours et à jamais. Je serai au large en ma démarche, car je cherche tes préceptes. Devant les rois je parlerai de ton témoignage, et n'aurai nulle honte. Tes commandements ont fait mes délices, je les ai beaucoup aimés. Je tends les mains vers tes commandements que j'aime, tes volontés, je les médite. Rappelle-toi ta parole à ton serviteur, dont tu fis mon espoir. Voici ma consolation dans ma misère: ta promesse me vivifie. Les superbes m'ont bafoué à plaisir, sur ta loi je n'ai pas fléchi. Je me rappelle tes jugements d'autrefois, Yahvé, et je me console. La fureur me prend devant les impies, qui délaissent ta loi. Cantiques pour moi, que tes volontés, en ma demeure d'étranger. Je me rappelle dans la nuit ton nom, Yahvé, et j'observe ta loi. Voici qui est pour moi: garder tes préceptes. Ma part, ai-je dit, Yahvé, c'est d'observer tes paroles. De tout coeur, je veux attendrir ta face, pitié pour moi selon ta promesse! Je fais réflexion sur mes voies et je reviens à ton témoignage. Je me hâte et je ne retarde d'observer tes commandements. Les filets des impies m'environnent, je n'oublie pas ta loi. Je me lève à minuit, te rendant grâce pour tes justes jugements, allié que je suis de tous ceux qui te craignent et observent tes préceptes. De ton amour, Yahvé, la terre est pleine, apprends-moi tes volontés. Tu as fait du bien à ton serviteur, Yahvé, selon ta parole. Apprends-moi le bon sens et le savoir, car j'ai foi dans tes commandements. Avant d'être affligé je m'égarais, maintenant j'observe ta promesse. Toi, le bon, le bienfaisant, apprends-moi tes volontés. Les superbes m'engluent de mensonge, moi de tout coeur je garde tes préceptes. Leur coeur est épais comme la graisse, moi, ta loi fait mes délices. Un bien pour moi, que d'être affligé afin d'apprendre tes volontés. Un bien pour moi, que la loi de ta bouche, plus que millions d'or et d'argent. Tes mains m'ont fait et fixé, fais-moi comprendre, j'apprendrai tes commandements. Qui te craint me voit avec joie, car j'espère en ta parole. Je sais, Yahvé, qu'ils sont justes, tes jugements, que tu m'affliges avec vérité. Que ton amour me soit consolation, selon ta promesse à ton serviteur! Que m'advienne ta tendresse et je vivrai, car ta loi fait mes délices. Honte aux superbes qui m'accablent de mensonge! moi, je médite tes préceptes. Que se tournent vers moi ceux qui te craignent et qui savent ton témoignage! Que mon coeur soit impeccable en tes volontés: pas de honte alors pour moi. Jusqu'au bout mon âme ira pour ton salut, j'espère en ta parole. Jusqu'au bout mes yeux pour ta promesse, quand m'auras-tu consolé? Rendu pareil à une outre qu'on enfume, je n'oublie pas tes volontés. Combien seront les jours de ton serviteur, quand jugeras-tu mes persécuteurs? Des superbes me creusent des fosses à l'encontre de ta loi. Vérité, tous tes commandements: aide-moi, quand le mensonge me persécute. On viendrait à bout de moi sur terre, sans que je laisse tes préceptes. Selon ton amour vivifie-moi, je garderai le témoignage de ta bouche. A jamais, Yahvé, ta parole, immuable aux cieux; d'âge en âge, ta vérité; tu fixas la terre, elle subsiste; par tes jugements tout subsiste à ce jour, car toute chose est ta servante. Si ta loi n'eût fait mes délices, je périssais dans la misère. Jamais je n'oublierai tes préceptes, par eux tu me vivifies. Je suis tien, sauve-moi, je cherche tes préceptes. Que les impies me guettent pour ma perte, je comprends ton témoignage. De toute perfection j'ai vu le bout: combien large, ton commandement! Que j'aime ta loi! tout le jour, je la médite. Plus que mes ennemis tu me rends sage par ton commandement, toujours mien. Plus que tous mes maîtres j'ai la finesse, ton témoignage, je le médite. Plus que les anciens j'ai l'intelligence, tous tes préceptes, je les garde. A tout chemin de mal je soustrais mes pas, pour observer ta parole. De tes jugements je ne me détourne point, car c'est toi qui m'enseignes. Qu'elle est douce à mon palais ta promesse, plus que le miel à ma bouche! Par tes préceptes j'ai l'intelligence et je hais tout chemin de mensonge. Une lampe sur mes pas, ta parole, une lumière sur ma route. J'ai juré d'observer, et je tiendrai, tes justes jugements. Je suis au fond de la misère, Yahvé, vivifie-moi selon ta parole. Agrée l'offrande de ma bouche, Yahvé, apprends-moi tes jugements. Mon âme à tout moment entre mes mains, je n'oublie pas ta loi. Que les impies me tendent un piège, je ne dévie pas de tes préceptes. Ton témoignage est à jamais mon héritage, il est la joie de mon coeur. J'infléchis mon coeur à faire tes volontés, récompense pour toujours. Je hais les coeurs partagés et j'aime ta loi. Toi mon abri, mon bouclier, j'espère en ta parole. Détournez-vous de moi, méchants, je veux garder les commandements de mon Dieu. Sois mon soutien selon ta promesse et je vivrai, ne fais pas honte à mon attente. Sois mon appui et je serai sauvé, mes yeux sur tes volontés sans relâche. Tu renverses tous ceux qui sortent de tes volontés, mensonge est leur calcul. Tu considères comme une rouille tous les impies de la terre, aussi j'aime ton témoignage. De ton effroi tremble ma chair, sous tes jugements je crains. Mon action fut jugement et justice, ne me livre pas à mes bourreaux. A ton serviteur sois allié pour le bien, que les superbes ne me torturent. Jusqu'au bout vont mes yeux pour ton salut, pour ta promesse de justice. Agis avec ton serviteur selon ton amour, apprends-moi tes volontés. Je suis ton serviteur, fais-moi comprendre, et je saurai ton témoignage. Il est temps d'agir, Yahvé: on a violé ta loi. Aussi j'aime tes commandements, plus que l'or et que l'or fin. Aussi je me règle sur tous tes préceptes et je hais tout chemin de mensonge. Merveille que ton témoignage; aussi mon âme le garde. Ta parole en se découvrant illumine, et les simples comprennent. J'ouvre large ma bouche et j'aspire, avide de tes commandements. Regarde vers moi, pitié pour moi, c'est justice pour les amants de ton nom. Fixe mes pas dans ta promesse, que ne triomphe de moi le mal. Rachète-moi de la torture de l'homme, j'observerai tes préceptes. Pour ton serviteur illumine ta face, apprends-moi tes volontés. Mes yeux ruissellent de larmes, car on n'observe pas ta loi. O juste que tu es, Yahvé! Droiture que tes jugements. Tu imposes comme justice ton témoignage, comme entière vérité. Mon zèle me consume, car mes oppresseurs oublient ta parole. Ta promesse est éprouvée entièrement, ton serviteur la chérit. Chétif que je suis et méprisé, je n'oublie pas tes préceptes. Justice éternelle que ta justice, vérité que ta loi. Angoisse, oppression m'ont saisi, tes commandements font mes délices. Justice éternelle que ton témoignage, fais-moi comprendre et je vivrai. J'appelle de tout coeur, réponds-moi, Yahvé, je garderai tes volontés. Je t'appelle, sauve-moi, j'observerai ton témoignage. Je devance l'aurore et j'implore, j'espère en ta parole. Mes yeux devancent les veilles pour méditer sur ta promesse. En ton amour écoute ma voix, Yahvé, en tes jugements vivifie-moi. Ils s'approchent de l'infamie, mes persécuteurs, ils s'éloignent de ta loi. Tu es proche, toi, Yahvé, vérité que tous tes commandements. Dès longtemps, j'ai su de ton témoignage qu'à jamais tu l'as fondé. Vois ma misère, délivre-moi, car je n'oublie pas ta loi. Plaide ma cause, défends-moi, en ta promesse vivifie-moi. Il est loin des impies, le salut, ils ne recherchent pas tes volontés. Nombreuses tes tendresses, Yahvé, en tes jugements vivifie-moi. Nombreux mes persécuteurs, mes oppresseurs, je n'ai pas fléchi sur ton témoignage. J'ai vu les renégats, ils m'écoeurent, ils n'observent pas ta promesse. Vois si j'aime tes préceptes, Yahvé, en ton amour vivifie-moi. Vérité, le principe de ta parole! pour l'éternité, tes justes jugements. Des princes me persécutent sans raison, mon coeur redoute ta parole. Joie pour moi dans ta promesse, comme à trouver grand butin. Le mensonge, je le hais, je l'exècre, ta loi, je l'aime. Sept fois le jour, je te loue pour tes justes jugements. Grande paix pour les amants de ta loi, pour eux rien n'est scandale. J'attends ton salut, Yahvé, tes commandements, je les suis. Mon âme observe ton témoignage, je l'aime entièrement. J'observe tes préceptes, ton témoignage, toutes mes voies sont devant toi. Que mon cri soit proche de ta face, Yahvé, par ta parole fais-moi comprendre. Que ma prière arrive devant ta face, par ta promesse délivre-moi. Que mes lèvres publient ta louange, car tu m'apprends tes volontés. Que ma langue redise ta promesse, car tous tes commandements sont justice. Que ta main me soit en aide, car j'ai choisi tes préceptes. J'ai désir de ton salut, Yahvé, ta loi fait mes délices. Que vive mon âme à te louer, tes jugements me soient en aide! Je m'égare, brebis perdue: viens chercher ton serviteur. Non, je n'ai pas oublié tes commandements. Cantique des montées. De David. Sans Yahvé qui était pour nous -- à Israël de le dire -- sans Yahvé qui était pour nous quand on sauta sur nous, alors ils nous avalaient tout vifs dans le feu de leur colère. Alors les eaux nous submergeaient, le torrent passait sur nous, alors il passait sur notre âme en eaux écumantes. Béni Yahvé qui n'a point fait de nous la proie de leurs dents! Notre âme comme un oiseau s'est échappée du filet de l'oiseleur. Le filet s'est rompu et nous avons échappé; notre secours est dans le nom de Yahvé qui a fait le ciel et la terre. Cantique des montées. Qui s'appuie sur Yahvé ressemble au mont Sion: rien ne l'ébranle, il est stable pour toujours. Jérusalem! les montagnes l'entourent, ainsi Yahvé entoure son peuple dès maintenant et pour toujours. Jamais un sceptre impie ne tombera sur la part des justes, de peur que ne tende au crime la main des justes. Fais du bien, Yahvé, aux gens de bien, qui ont au coeur la droiture. Mais les tortueux, les dévoyés, qu'il les repousse, Yahvé, avec les malfaisants! Paix sur Israël! Cantique des montées. Quand Yahvé ramena les captifs de Sion, nous étions comme en rêve; alors notre bouche s'emplit de rire et nos lèvres de chansons. Alors on disait chez les païens: Merveilles que fit pour eux Yahvé! Merveilles que fit pour nous Yahvé, nous étions dans la joie. Ramène, Yahvé, nos captifs comme torrents au Négeb! Ceux qui sèment dans les larmes moissonnent en chantant. Il s'en va, il s'en va en pleurant, il porte la semence; il s'en vient, il s'en vient en chantant, il rapporte ses gerbes. Cantique des montées. De Salomon. Si Yahvé ne bâtit la maison, en vain peinent les bâtisseurs; si Yahvé ne garde la ville, en vain la garde veille. Vanité de vous lever matin, de retarder votre coucher, mangeant le pain des douleurs, quand Lui comble son bien-aimé qui dort. C'est l'héritage de Yahvé que des fils, récompense, que le fruit des entrailles; comme flèches en la main du héros, ainsi les fils de la jeunesse. Heureux l'homme, celui-là qui en a rempli son carquois; point de honte pour eux, quand ils débattent à la porte, avec leurs ennemis. Cantique des montées. Heureux tous ceux qui craignent Yahvé et marchent dans ses voies! Du labeur de tes mains tu te nourriras, heur et bonheur pour toi! Ton épouse: une vigne fructueuse au fort de ta maison. Tes fils: des plants d'olivier à l'entour de la table. Voilà de quels biens sera béni l'homme qui craint Yahvé. Que Yahvé te bénisse de Sion! Puisses-tu voir Jérusalem dans le bonheur tous les jours de ta vie, et voir les fils de tes fils! Paix sur Israël! Cantique des montées. Tant ils m'ont traqué dès ma jeunesse, -- à Israël de le dire -- tant ils m'ont traqué dès ma jeunesse, ils n'ont pas eu le dessus. Sur mon dos ont labouré les laboureurs, allongeant leurs sillons; Yahvé le juste a brisé les liens des impies. Qu'ils soient tous confondus, repoussés, les ennemis de Sion; qu'ils soient comme l'herbe des toits qui sèche avant qu'on l'arrache! Le moissonneur n'en remplit pas sa main, ni le lieur, son giron; et point ne diront les passants: Bénédiction de Yahvé sur vous! Nous vous bénissons au nom de Yahvé. Cantique des montées. Des profondeurs je crie vers toi, Yahvé: Seigneur, écoute mon appel. Que ton oreille se fasse attentive à l'appel de ma prière! Si tu retiens les fautes, Yahvé, Seigneur, qui subsistera? Mais le pardon est près de toi, pour que demeure ta crainte. J'espère, Yahvé, elle espère, mon âme, en ta parole; mon âme attend le Seigneur plus que les veilleurs l'aurore; plus que les veilleurs l'aurore, qu'Israël attende Yahvé! Car près de Yahvé est la grâce, près de lui, l'abondance du rachat; c'est lui qui rachètera Israël de toutes ses fautes. Cantique des montées. De David. Yahvé, je n'ai pas le coeur fier, ni le regard hautain. Je n'ai pas pris un chemin de grandeurs ni de prodiges qui me dépassent. Non, je tiens mon âme en paix et silence; comme un petit enfant contre sa mère, comme un petit enfant, telle est mon âme en moi. Mets ton espoir, Israël, en Yahvé, dès maintenant et à jamais! Cantique des montées. Garde mémoire à David, Yahvé, de tout son labeur, du serment qu'il fit à Yahvé, de son voeu au Puissant de Jacob: "Point n'entrerai sous la tente, ma maison, point ne monterai sur le lit de mon repos, point ne donnerai de sommeil à mes yeux et point de répit à mes paupières, que je ne trouve un lieu pour Yahvé, un séjour au Puissant de Jacob! " Voici: on parle d'Elle en Ephrata, nous l'avons découverte aux Champs-du-Bois! Entrons au lieu où Il séjourne, prosternons-nous devant son marchepied. Lève-toi, Yahvé, vers ton repos, toi et l'arche de ta force. Tes prêtres se vêtent de justice, tes fidèles crient de joie. A cause de David ton serviteur, n'écarte pas la face de ton messie. Yahvé l'a juré à David, vérité dont jamais il ne s'écarte: "C'est le fruit sorti de tes entrailles que je mettrai sur le trône fait pour toi. Si tes fils gardent mon alliance, mon témoignage que je leur ai enseigné, leurs fils eux-mêmes à tout jamais siégeront sur le trône fait pour toi." Car Yahvé a fait choix de Sion, il a désiré ce siège pour lui: "C'est ici mon repos à tout jamais, là je siégerai, car je l'ai désiré. Sa nourriture, je la bénirai de bénédiction ses pauvres, je les rassasierai de pain, ses prêtres, je les vêtirai de salut et ses fidèles jubileront de joie. Là, je susciterai une lignée à David, j'apprêterai une lampe pour mon messie; ses ennemis, je les vêtirai de honte, mais sur lui fleurira son diadème." Cantique des montées. De David. Voyez! Qu'il est bon, qu'il est doux d'habiter en frères tous ensemble! C'est une huile excellente sur la tête, qui descend sur la barbe, qui descend sur la barbe d'Aaron, sur le col de ses tuniques. C'est la rosée de l'Hermon, qui descend sur les hauteurs de Sion; là, Yahvé a voulu la bénédiction, la vie à jamais. Cantique des montées. Allons! bénissez Yahvé, tous les serviteurs de Yahvé, officiant dans la maison de Yahvé, dans les parvis de la maison de notre Dieu. Dans les nuits levez vos mains vers le sanctuaire, et bénissez Yahvé. Que Yahvé te bénisse de Sion, lui qui fit le ciel et la terre! Alleluia! Louez le nom de Yahvé, louez, serviteurs de Yahvé, officiant dans la maison de Yahvé, dans les parvis de la maison de notre Dieu. Louez Yahvé, car il est bon, Yahvé, jouez pour son nom, car il est doux. C'est Jacob que Yahvé s'est choisi, Israël dont il fit son apanage. Moi je sais qu'il est grand, Yahvé, que notre Seigneur surpasse tous les dieux. Tout ce qui plaît à Yahvé, il le fait, au ciel et sur terre, dans les mers et tous les abîmes. Faisant monter les nuages du bout de la terre, il produit avec les éclairs la pluie, il tire le vent de ses trésors. Il frappa les premiers-nés d'Egypte depuis l'homme jusqu'au bétail; il envoya signes et prodiges au milieu de toi, Egypte, sur Pharaon et tous ses serviteurs. Il frappa des païens en grand nombre, fit périr des rois valeureux, Sihôn, roi des Amorites, et Og, roi du Bashân, et tous les royaumes de Canaan; et il donna leur terre en héritage, en héritage à Israël son peuple. Yahvé, ton nom à jamais! Yahvé, ton souvenir d'âge en âge! Car Yahvé prononce pour son peuple, il s'émeut pour ses serviteurs. Les idoles des païens, or et argent, une oeuvre de main d'homme! elles ont une bouche et ne parlent pas, elles ont des yeux et ne voient pas. Elles ont des oreilles et n'entendent pas, pas le moindre souffle en leur bouche. Comme elles, seront ceux qui les firent, quiconque met en elles sa foi. Maison d'Israël, bénissez Yahvé, maison d'Aaron, bénissez Yahvé, maison de Lévi, bénissez Yahvé, ceux qui craignent Yahvé, bénissez Yahvé. Béni soit Yahvé depuis Sion, lui qui habite Jérusalem! Alleluia! Rendez grâce à Yahvé, car il est bon, car éternel est son amour! Rendez grâce au Dieu des dieux, car éternel est son amour! Rendez grâce au Seigneur des seigneurs, car éternel est son amour! Lui seul a fait des merveilles, car éternel est son amour! Il fit les cieux avec sagesse car éternel est son amour! Il affermit la terre sur les eaux, car éternel est son amour! Il a fait les grands luminaires, car éternel est son amour! Le soleil pour gouverner sur le jour, car éternel est son amour! La lune et les étoiles pour gouverner sur la nuit, car éternel est son amour! Il frappa l'Egypte en ses premiers-nés, car éternel est son amour! Et de là fit sortir Israël, car éternel est son amour! A main forte et à bras étendu, car éternel est son amour! Il sépara en deux parts la mer des Joncs, car éternel est son amour! Et fit passer Israël en son milieu, car éternel est son amour! Y culbutant Pharaon et son armée, car éternel est son amour! Il mena son peuple au désert, car éternel est son amour! Il frappa des rois puissants, car éternel est son amour! Fit périr des rois redoutables, car éternel est son amour! Sihôn, roi des Amorites, car éternel est son amour! Et Og, roi du Bashân, car éternel est son amour! Il donna leur terre en héritage, car éternel est son amour! En héritage à Israël son serviteur, car éternel est son amour! Il se souvint de nous dans notre abaissement, car éternel est son amour! Il nous sauva de la main des oppresseurs, car éternel est son amour! A toute chair il donne le pain, car éternel est son amour! Rendez grâce au Dieu du ciel, car éternel est son amour! Au bord des fleuves de Babylone nous étions assis et nous pleurions, nous souvenant de Sion; aux peupliers d'alentour nous avions pendu nos harpes. Et c'est là qu'ils nous demandèrent, nos geôliers, des cantiques, nos ravisseurs, de la joie: "Chantez-nous, disaient-ils, un cantique de Sion." Comment chanterions-nous un cantique de Yahvé sur une terre étrangère? Si je t'oublie, Jérusalem, que ma droite se dessèche! Que ma langue s'attache à mon palais si je perds ton souvenir, si je ne mets Jérusalem au plus haut de ma joie! Souviens-toi, Yahvé, contre les fils d'Edom, du Jour de Jérusalem, quand ils disaient: "A bas! Rasez jusqu'aux assises! " Fille de Babel, qui dois périr, heureux qui te revaudra les maux que tu nous valus, heureux qui saisira et brisera tes petits contre le roc! De David. Je te rends grâce, Yahvé, de tout mon coeur, tu as entendu les paroles de ma bouche. Je te chante en présence des anges, je me prosterne vers ton temple sacré. Je rends grâce à ton nom pour ton amour et ta vérité; ta promesse a même surpassé ton renom. Le jour où j'ai crié, tu m'exauças, tu as accru la force en mon âme. Tous les rois de la terre te rendent grâce, Yahvé, car ils entendent les promesses de ta bouche; ils célèbrent les voies de Yahvé: "Grande est la gloire de Yahvé! Sublime, Yahvé! et il voit les humbles et de loin connaît les superbes." Si je marche au milieu des angoisses, tu me fais vivre, à la fureur de mes ennemis; tu étends la main et ta droite me sauve. Yahvé aura tout fait pour moi; Yahvé, éternel est ton amour, ne délaisse pas l'oeuvre de tes mains. Du maître de chant. De David. Psaume. Yahvé, tu me sondes et me connais; que je me lève ou m'assoie, tu le sais, tu perces de loin mes pensées; que je marche ou me couche, tu le sens, mes chemins te sont tous familiers. La parole n'est pas encore sur ma langue, et voici, Yahvé, tu la sais tout entière; derrière et devant tu m'enserres, tu as mis sur moi ta main. Merveille de science qui me dépasse, hauteur où je ne puis atteindre. Où irai-je loin de ton esprit, où fuirai-je loin de ta face? Si j'escalade les cieux, tu es là, qu'au shéol je me couche, te voici. Je prends les ailes de l'aurore, je me loge au plus loin de la mer, même là, ta main me conduit, ta droite me saisit. Je dirai: "Que me presse la ténèbre, que la nuit soit pour moi une ceinture"; même la ténèbre n'est point ténèbre devant toi et la nuit comme le jour illumine. C'est toi qui m'as formé les reins, qui m'as tissé au ventre de ma mère; je te rends grâce pour tant de prodiges: merveille que je suis, merveille que tes oeuvres. Mon âme, tu la connaissais bien, mes os n'étaient point cachés de toi, quand je fus façonné dans le secret, brodé au profond de la terre. Mon embryon, tes yeux le voyaient; sur ton livre, ils sont tous inscrits les jours qui ont été fixés, et chacun d'eux y figure. Mais pour moi, que tes pensées sont difficiles, ô Dieu, que la somme en est imposante! Je les compte, il en est plus que sable; ai-je fini, je suis encore avec toi. Si tu voulais, ô Dieu, tuer l'impie! Hommes de sang, allez-vous-en de moi! Eux qui parlent de toi sournoisement, qui tiennent pour rien tes pensées. Yahvé, n'ai-je pas en haine qui te hait, en dégoût, ceux qui se dressent contre toi? Je les hais d'une haine parfaite, ce sont pour moi des ennemis. Sonde-moi, ô Dieu, connais mon coeur, scrute-moi, connais mon souci; vois que mon chemin ne soit fatal, conduis-moi sur le chemin d'éternité. Du maître de chant. Psaume de David. Délivre-moi, Yahvé, des mauvaises gens, contre l'homme de violence défends-moi, ceux dont le coeur médite le mal, qui tout le jour hébergent la guerre, qui aiguisent leur langue ainsi qu'un serpent, un venin de vipère sous la lèvre. Garde-moi, Yahvé, des mains de l'impie, contre l'homme de violence défends-moi, ceux qui méditent de me faire trébucher, qui tendent un filet sous mes pieds, insolents qui m'ont caché une trappe et des lacets, m'ont posé des pièges au passage. J'ai dit à Yahvé: C'est toi mon Dieu, entends, Yahvé, le cri de ma prière. Yahvé mon Seigneur, force de mon salut, tu me couvres la tête au jour du combat. Ne consens pas, Yahvé, aux désirs des impies, ne fais pas réussir leurs complots. Que sur moi les assiégeants ne dressent leur tête, que la malice de leurs lèvres les accable; qu'il pleuve sur eux des charbons de feu, que jetés à l'abîme ils ne se lèvent plus: que le calomniateur ne tienne plus sur la terre, que le mal pourchasse à mort le violent! Je sais que Yahvé fera droit aux malheureux, fera justice aux pauvres. Oui, les justes rendront grâce à ton nom, les saints vivront avec ta face. Psaume de David. Yahvé, je t'appelle, accours vers moi, écoute ma voix qui t'appelle; que monte ma prière, en encens devant ta face, les mains que j'élève, en offrande du soir! Etablis, Yahvé, une garde à ma bouche, veille sur la porte de mes lèvres. Retiens mon coeur de parler mal, de commettre l'impiété en compagnie des malfaisants. Non, je ne goûterai pas à leurs plaisirs! Que le juste me frappe en ami et me corrige, que l'huile de l'impie jamais n'orne ma tête, car je me compromettrais encore dans leurs méfaits. Ils sont livrés à l'empire du Rocher, leur juge, eux qui avaient pris plaisir à m'entendre dire: "Comme une meule éclatée par terre, nos os sont dispersés à la bouche du shéol." Vers toi, Yahvé, mes yeux, en toi je m'abrite, ne répands pas mon âme; garde-moi d'être pris au piège qu'on me tend, au traquenard des malfaisants. Qu'ils tombent, les impies, chacun dans son filet, tandis que moi, je passe. Poème. De David. Quand il était dans la caverne. Prière. A Yahvé mon cri! J'implore. A Yahvé mon cri! Je supplie. Je déverse devant lui ma plainte, ma détresse, je la mets devant lui, alors que le souffle me manque; mais toi, tu connais mon sentier. Sur le chemin où je vais ils m'ont caché un piège. Regarde à droite et vois, pas un qui me reconnaisse. Le refuge se dérobe à moi, pas un qui ait soin de mon âme. Je m'écrie vers toi, Yahvé, je dis: Toi, mon abri, ma part dans la terre des vivants! Sois attentif à ma clameur, je suis à bout de force. Délivre-moi de mes persécuteurs, eux sont plus forts que moi! Fais sortir de prison mon âme, que je rende grâce à ton nom! Autour de moi les justes feront cercle, à cause du bien que tu m'as fait. Psaume de David. Yahvé, écoute ma prière, prête l'oreille à mes supplications, en ta fidélité réponds-moi, en ta justice; n'entre pas en jugement avec ton serviteur, nul vivant n'est justifié devant toi. L'ennemi pourchasse mon âme, contre terre il écrase ma vie; il me fait habiter dans les ténèbres comme ceux qui sont morts à jamais; le souffle en moi s'éteint, mon coeur au fond de moi s'épouvante. Je me souviens des jours d'autrefois, je me redis toutes tes oeuvres, sur l'ouvrage de tes mains je médite; je tends les mains vers toi, mon âme est une terre assoiffée de toi. Viens vite, réponds-moi, Yahvé, je suis à bout de souffle; ne cache pas loin de moi ta face, je serais de ceux qui descendent à la fosse. Fais que j'entende au matin ton amour, car je compte sur toi; fais que je sache la route à suivre, car vers toi j'élève mon âme. Délivre-moi de mes ennemis, Yahvé, près de toi je suis à couvert, enseigne-moi à faire tes volontés, car c'est toi mon Dieu; que ton souffle bon me conduise par une terre unie. A cause de ton nom, Yahvé, fais que je vive en ta justice; tire mon âme de l'angoisse, en ton amour anéantis mes ennemis; détruis tous les oppresseurs de mon âme, car moi je suis ton serviteur. De David. Béni soit Yahvé mon rocher, qui instruit mes mains au combat et mes doigts pour la bataille, mon amour et ma forteresse, ma citadelle et mon libérateur, mon bouclier, en lui je m'abrite, il range les peuples sous moi. Yahvé, qu'est donc l'homme, que tu le connaisses, l'être humain, que tu penses à lui? L'homme est semblable à un souffle, ses jours sont comme l'ombre qui passe. Yahvé, incline tes cieux et descends, touche les montagnes et qu'elles fument; fais éclater l'éclair, et les disloque, décoche tes flèches, et les ébranle. D'en haut tends la main, sauve-moi, tire-moi des grandes eaux, de la main des fils d'étrangers dont la bouche parle de riens, et la droite est une droite de parjure. O Dieu, je te chante un chant nouveau, sur la lyre à dix cordes je joue pour toi, toi qui donnes aux rois la victoire, qui sauves David ton serviteur. De l'épée de malheur sauve-moi, tire-moi de la main des étrangers dont la bouche parle de riens, et la droite est une droite de parjure. Voici nos fils comme des plants grandis dès le jeune âge, nos filles, des figures d'angle, image de palais. Nos greniers remplis, débordants, de fruits de toute espèce, nos brebis, des milliers, des myriades, parmi nos campagnes, nos bestiaux bien pesants, point de brèche ni de fuite, et point de gémissement sur nos places. Heureux le peuple où c'est ainsi, heureux le peuple dont Yahvé est le Dieu! Louange. De David. Je t'exalte, ô Roi mon Dieu, je bénis ton nom toujours et à jamais; je veux te bénir chaque jour, je louerai ton nom toujours et à jamais; grand est Yahvé et louable hautement, à sa grandeur point de mesure. Un âge à l'autre vantera tes oeuvres, fera connaître tes prouesses. Splendeur de gloire, ton renom! Je me répète le récit de tes merveilles. On dira ta puissance de terreurs, et moi je raconterai ta grandeur; on fera mémoire de ton immense bonté, on acclamera ta justice. Yahvé est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d'amour; il est bon, Yahvé, envers tous, et ses tendresses pour toutes ses oeuvres. Que toutes tes oeuvres te rendent grâce, Yahvé, que tes amis te bénissent; qu'ils disent la gloire de ton règne, qu'ils parlent de ta prouesse, pour faire savoir aux fils d'Adam tes prouesses, la splendeur de gloire de ton règne! Ton règne, un règne pour tous les siècles, ton empire, pour les âges des âges! Yahvé est vérité en toutes ses paroles, amour en toutes ses oeuvres; Yahvé retient tous ceux qui tombent, redresse tous ceux qui sont courbés. Tous ont les yeux sur toi, ils espèrent; tu leur donnes la nourriture en son temps; toi, tu ouvres la main et rassasies tout vivant à plaisir. Yahvé est justice en toutes ses voies, amour en toutes ses oeuvres; proche est Yahvé de ceux qui l'invoquent, de tous ceux qui l'invoquent en vérité. Le désir de ceux qui le craignent, il le fait, il entend leur cri et les sauve; Yahvé garde tous ceux qui l'aiment, tous les impies, il les détruira. Que ma bouche dise la louange de Yahvé, que toute chair bénisse son saint nom, toujours et à jamais! Alleluia! Loue Yahvé, mon âme! Je veux louer Yahvé tant que je vis, je veux jouer pour mon Dieu tant que je dure. Ne mettez point votre foi dans les princes, dans un fils de la glaise, il ne peut sauver! Il rend le souffle, il retourne à sa glaise, en ce jour-là périssent ses pensées. Heureux qui a l'appui du Dieu de Jacob et son espoir en Yahvé son Dieu, lui qui a fait le ciel et la terre, la mer, et tout ce qu'ils renferment! Il garde à jamais la vérité, il rend justice aux opprimés, il donne aux affamés du pain, Yahvé délie les enchaînés. Yahvé rend la vue aux aveugles, Yahvé redresse les courbés, Yahvé aime les justes, Yahvé protège l'étranger, il soutient l'orphelin et la veuve. Mais détourne la voie des impies, Yahvé règne pour les siècles, ton Dieu, ô Sion, d'âge en âge. Alleluia! Louez Yahvé -- il est bon de chanter, notre Dieu -- douce est la louange. Bâtisseur de Jérusalem, Yahvé! il rassemble les déportés d'Israël, lui qui guérit les coeurs brisés et qui bande leurs blessures; qui compte le nombre des étoiles, et il appelle chacune par son nom. Il est grand, notre Seigneur, tout-puissant, à son intelligence point de mesure. Yahvé soutient les humbles, jusqu'à terre il abaisse les impies. Entonnez pour Yahvé l'action de grâces, jouez pour notre Dieu sur la harpe: lui qui drape les cieux de nuées, qui prépare la pluie à la terre, qui fait germer l'herbe sur les monts et les plantes au service de l'homme, qui dispense au bétail sa pâture, aux petits du corbeau qui crient. Ni la vigueur du cheval ne lui agrée, ni le jarret de l'homme ne lui plaît; Yahvé se plaît en ceux qui le craignent, en ceux qui espèrent son amour. Fête Yahvé, Jérusalem, loue ton Dieu, ô Sion! Il renforça les barres de tes portes, il a chez toi béni tes enfants; il assure ton sol dans la paix, de la graisse du froment te rassasie. Il envoie son verbe sur terre, rapide court sa parole; il dispense la neige comme laine, répand le givre comme cendre. Il jette sa glace par morceaux: à sa froidure, qui peut tenir? Il envoie sa parole et fait fondre, il souffle son vent, les eaux coulent. Il révèle à Jacob sa parole, ses lois et jugements à Israël; pas un peuple qu'il ait ainsi traité, pas un qui ait connu ses jugements. Alleluia! Louez Yahvé depuis les cieux, louez-le dans les hauteurs, louez-le, tous ses anges, louez-le, toutes ses armées! Louez-le, soleil et lune, louez-le, tous les astres de lumière, louez-le, cieux des cieux, et les eaux de dessus les cieux! Qu'ils louent le nom de Yahvé: lui commanda, eux furent créés; il les posa pour toujours et à jamais, sous une loi qui jamais ne passera. Louez Yahvé depuis la terre, monstres marins, tous les abîmes, feu et grêle, neige et brume, vent d'ouragan, l'ouvrier de sa parole, montagnes, toutes les collines, arbre à fruit, tous les cèdres, bête sauvage, tout le bétail, reptile, et l'oiseau qui vole, rois de la terre, tous les peuples, princes, tous les juges de la terre, jeunes hommes, aussi les vierges, les vieillards avec les enfants! Qu'ils louent le nom de Yahvé: sublime est son nom, lui seul, sa majesté par-dessus terre et ciel! Il rehausse la vigueur de son peuple, fierté pour tous ses amis, pour les enfants d'Israël, le peuple de ses proches. Alleluia! Chantez à Yahvé un chant nouveau: sa louange dans l'assemblée des siens! Joie pour Israël en son auteur, pour les fils de Sion, allégresse en leur roi, louange à son nom par la danse, pour lui, jeu de harpe et de tambour! Car Yahvé se complaît en son peuple, de salut il pare les humbles, les siens jubilent de gloire, ils acclament depuis leur place: les éloges de Dieu à pleine gorge, à pleines mains l'épée à deux tranchants; pour exercer sur les peuples vengeance, sur les nations le châtiment, pour lier de chaînes leurs rois, d'entraves de fer leurs notables, pour leur appliquer la sentence écrite: gloire en soit à tous les siens! Alleluia! Louez Dieu en son sanctuaire, louez-le au firmament de sa puissance, louez-le en ses oeuvres de vaillance, louez-le en toute sa grandeur! Louez-le par l'éclat du cor, louez-le par la harpe et la cithare, louez-le par la danse et le tambour, louez-le par les cordes et les flûtes, louez-le par les cymbales sonores, louez-le par les cymbales triomphantes! Que tout ce qui respire loue Yahvé! Proverbes de Salomon, fils de David, roi d'Israël: pour connaître sagesse et discipline, pour pénétrer les discours profonds, pour acquérir une discipline avisée -- justice, équité, droiture -- pour procurer aux simples le savoir-faire, au jeune homme le savoir et la réflexion, que le sage écoute, il augmentera son acquis, et l'homme entendu acquerra l'art de diriger. Pour pénétrer proverbes et sentences obscures, les dits des sages et leurs énigmes. La crainte de Yahvé, principe de savoir: les fous dédaignent sagesse et discipline. Ecoute, mon fils, l'instruction de ton père, ne méprise pas l'enseignement de ta mère: c'est une couronne de grâce pour ta tête, des colliers pour ton cou. Mon fils, si des pécheurs veulent te séduire, n'y va pas! S'ils disent: "Viens avec nous, embusquons-nous pour répandre le sang, sans raison, prenons l'affût contre l'innocent; comme le shéol, avalons-les tout vifs, tout entiers, tels ceux qui descendent dans la fosse! Nous trouverons mainte chose précieuse, nous emplirons de butin nos maisons; avec nous tu tireras ta part au sort, nous ferons tous bourse commune!" Mon fils, ne les suis pas dans leur voie, éloigne tes pas de leur sentier, car leurs pieds courent au mal ils ont hâte de répandre le sang; car c'est en vain qu'on étend le filet sous les yeux de tout volatile. C'est pour répandre leur propre sang qu'ils s'embusquent, contre eux-mêmes, ils sont à l'affût! Tels sont les sentiers de tout homme avide de rapine: elle ôte la vie à ceux qu'elle habite. La Sagesse crie par les rues, sur les places elle élève la voix; à l'angle des carrefours, elle appelle, près des portes, dans la ville, elle prononce son discours: "Jusques à quand, ô niais, aimerez-vous la niaiserie? Et les railleurs se plairont-ils à la raillerie? Et les sots haïront-ils le savoir? Convertissez-vous à mon exhortation, pour vous je vais épancher mon coeur et vous faire connaître mes paroles. Puisque j'ai appelé et que vous avez refusé, puisque j'ai étendu la main sans que nul y prenne garde, puisque vous avez négligé tous mes conseils et que vous n'avez pas voulu de mon exhortation, à mon tour, je me rirai de votre détresse, je me moquerai quand viendra sur vous l'épouvante, quand l'épouvante viendra sur vous comme l'orage, quand votre détresse arrivera comme un tourbillon, quand l'épreuve et l'angoisse fondront sur vous. Alors ils m'appelleront, mais je ne répondrai pas; ils me chercheront et ne me trouveront pas. Ils ont détesté le savoir, ils n'ont pas choisi la crainte de Yahvé, ils n'ont pas voulu de mon conseil, ils ont méprisé toutes mes exhortations: ils mangeront donc du fruit de leurs errements, ils se rassasieront de leurs propres conseils! Car l'égarement des niais les tue, l'insouciance des sots les mène à leur perte; mais qui m'écoute demeure en sécurité, il sera tranquille, sans craindre le malheur." Mon fils, si tu accueilles mes paroles, si tu conserves à part toi mes préceptes, rendant tes oreilles attentives à la sagesse, inclinant ton coeur vers l'intelligence, oui, si tu fais appel à l'entendement, si tu réclames l'intelligence, si tu la recherches comme l'argent, si tu la creuses comme un chercheur de trésor, alors tu comprendras la crainte de Yahvé, tu trouveras la connaissance de Dieu. Car c'est Yahvé qui donne la sagesse, de sa bouche sortent le savoir et l'intelligence. Il réserve aux hommes droits son conseil, il est le bouclier de ceux qui pratiquent l'honnêteté; il monte la garde aux chemins de l'équité, il veille sur la voie de ses fidèles. Alors tu comprendras justice, équité et droiture, toutes les pistes du bonheur. Quand la sagesse entrera dans ton coeur, que le savoir fera les délices de ton âme, la prudence veillera sur toi, l'intelligence te gardera pour t'éloigner de la voie mauvaise, de l'homme aux propos pervers, de ceux qui délaissent les droits sentiers et vont courir par des voies ténébreuses; ils trouvent leur joie à faire le mal, ils se complaisent dans la perversité; leurs sentiers sont tortueux, leurs pistes sont obliques. Pour te garder aussi de la femme étrangère, de l'inconnue aux paroles enjôleuses; elle a abandonné l'ami de sa jeunesse, elle a oublié l'alliance de son Dieu; sa maison penche vers la mort, ses pistes conduisent vers les ombres. De ceux qui vont à elle, pas un ne revient, ils ne rejoignent plus les sentiers de la vie. Ainsi chemineras-tu dans la voie des gens de bien, garderas-tu le sentier des justes. Car les hommes droits habiteront le pays, les gens honnêtes y demeureront, mais les méchants seront retranchés du pays, les traîtres en seront arrachés. Mon fils, n'oublie pas mon enseignement, et que ton coeur garde mes préceptes, car ils augmenteront la durée de tes jours, tes années de vie et ton bien-être. Que piété et fidélité ne te quittent! Fixe-les à ton cou, inscris-les sur la tablette de ton coeur. Tu trouveras ainsi faveur et réussite aux regards de Dieu et des hommes. Repose-toi sur Yahvé de tout ton coeur, ne t'appuie pas sur ton propre entendement; en toutes tes démarches, reconnais-le et il aplanira tes sentiers. Ne te figure pas être sage, crains Yahvé et te détourne du mal: cela sera salutaire à ton corps et rafraîchissant pour tes os. Honore Yahvé de tes biens et des prémices de tout ton revenu; alors tes greniers regorgeront de blé et tes cuves déborderont de vin nouveau. Ne méprise pas, mon fils, la correction de Yahvé, et ne prends pas mal sa réprimande, car Yahvé reprend celui qu'il aime, comme un père le fils qu'il chérit. Heureux l'homme qui a trouvé la sagesse, l'homme qui acquiert l'intelligence! Car mieux vaut la gagner que gagner de l'argent, son revenu vaut mieux que de l'or. Elle est précieuse plus que les perles, rien de ce que tu désires ne l'égale. Dans sa droite: longueur des jours! Dans sa gauche: richesse et honneur! Ses chemins sont chemins de délices, tous ses sentiers, de bonheur. C'est un arbre de vie pour qui la saisit, et qui la tient devient heureux. Yahvé, par la sagesse, a fondé la terre, il a établi les cieux par l'intelligence. Par sa science furent creusés les abîmes, et les nues distillent la rosée. Mon fils, sans les quitter des yeux, observe le conseil et la prudence; ils seront vie pour ton âme et grâce pour ton cou. Tu iras ton chemin en sécurité, ton pied n'achoppera pas. Si tu te couches, tu seras sans frayeur, une fois couché, ton sommeil sera doux. Ne redoute ni terreur soudaine ni attaque qui vienne des méchants, car Yahvé sera ton assurance, il préservera tes pas du piège. Ne refuse pas un bienfait à qui y a droit quand il est en ton pouvoir de le faire. Ne dis pas à ton prochain: "Va-t'en! repasse! demain je te donnerai!" quand la chose est en ton pouvoir. Ne machine pas le mal contre ton prochain, alors qu'il demeure en confiance avec toi. Ne te querelle pas sans motif avec un homme, s'il ne t'a fait aucun mal. N'envie pas l'homme violent, ne choisis jamais ses chemins, car les pervers sont l'abomination de Yahvé, lui qui fait des hommes droits ses familiers. Malédiction de Yahvé sur la maison du méchant! mais il bénit la demeure des justes. Il raille les railleurs, mais aux pauvres il donne sa faveur. La gloire est la part des sages, mais les sots héritent le mépris. Ecoutez, mes fils, l'instruction d'un père, soyez attentifs à connaître l'intelligence. Car c'est une bonne doctrine que je vous livre: n'abandonnez pas mon enseignement. Je fus un fils pour mon père, tendre et unique aux yeux de ma mère. Or il m'enseignait en ces termes: "Que ton coeur retienne mes paroles, observe mes préceptes et tu vivras; acquiers la sagesse, acquiers l'intelligence, ne l'oublie pas et ne t'écarte pas des paroles de ma bouche. Ne l'abandonne pas, elle te gardera, aime-la, elle veillera sur toi. Commencement de la sagesse: acquiers la sagesse; au prix de tout ce que tu possèdes, acquiers l'intelligence! Etreins-la et elle t'élèvera, elle feras ta gloire si tu l'embrasses; sur ta tête elle posera un diadème de grâce, elle t'offrira une couronne d'honneur." Ecoute, mon fils, accueille mes paroles, et les années de ta vie se multiplieront. Dans la voie de la sagesse je t'ai enseigné, je t'ai fait cheminer sur la piste de la droiture. Dans ta marche tes pas seront sans contrainte, si tu cours, tu ne trébucheras pas. Saisis la discipline, ne la lâche pas, garde-la, c'est ta vie. Ne suis pas le sentier des méchants, ne t'avance pas sur le chemin des mauvais. Evite-le, n'y passe pas, détourne-toi, passe outre. Car ils ne s'endorment pas, qu'ils n'aient fait le mal, le sommeil leur manque s'ils n'ont fait trébucher quelqu'un; car ils mangent un pain de méchanceté et boivent le vin des violents. La route des justes est comme la lumière de l'aube, dont l'éclat grandit jusqu'au plein jour; le chemin des méchants est comme l'obscurité: ils ne savent sur quoi ils trébuchent. Mon fils, sois attentif à mes paroles, à mes discours prête l'oreille! Qu'ils n'échappent pas à tes regards, au fond du coeur garde-les! Car pour qui les trouve ils sont vie et santé pour toute chair. Plus que sur toute chose, veille sur ton coeur, c'est de lui que jaillit la vie. Ecarte loin de toi la bouche perverse, et les lèvres trompeuses, éloigne-les. Que tes yeux regardent en face, que tes regards se dirigent droit devant toi. Aplanis la piste sous tes pas et que tous tes chemins soient bien affermis. Ne dévie ni à droite ni à gauche, écarte ton pied du mal. Mon fils, sois attentif à ma sagesse, prête l'oreille à mon intelligence, pour suivre la prudence et que tes lèvres gardent le savoir. Ne prête pas attention à la femme perverse, car les lèvres de l'étrangère distillent le miel et plus onctueux que l'huile est son palais; mais à la fin elle est amère comme l'absinthe, aiguisée comme une épée à deux tranchants. Ses pieds descendent à la mort, ses démarches gagnent le shéol; loin de prendre les sentiers de la vie, sa marche est incertaine et elle ne le sait pas. Et maintenant, fils, écoutez-moi, ne vous écartez pas des paroles de ma bouche: loin d'elle, passe ton chemin, n'approche pas de l'entrée de sa maison, de peur qu'elle ne livre ton honneur à autrui, tes années à un homme impitoyable, que ton bien n'engraisse des étrangers, que le fruit de ton labeur n'aille à des inconnus, et que sur ta fin, ton corps et ta chair consumés, tu ne rugisses et ne t'écries: "Hélas, j'ai haï la discipline, mon coeur a dédaigné la remontrance; je n'ai pas écouté la voix de mes maîtres, je n'ai pas prêté l'oreille à ceux qui m'instruisaient! Peu s'en faut que je sois au comble du malheur, au milieu de l'assemblée et de la communauté!" Bois l'eau de ta propre citerne, l'eau jaillissante de ton puits! Tes fontaines s'écouleraient au-dehors, tes ruisseaux sur les places publiques: qu'ils restent pour toi seul, et non pour des étrangers avec toi! Bénie soit ta source! Trouve la joie dans la femme de ta jeunesse: biche aimable, gracieuse gazelle! En tout temps que ses seins t'enivrent, sois toujours épris de son amour! Pourquoi, mon fils, te laisser égarer par une étrangère et embrasser le sein d'une inconnue? Car les yeux de Yahvé observent les chemins de l'homme et surveillent tous ses sentiers. Le méchant est pris à ses propres méfaits, dans les liens de son péché il est capturé. Il mourra faute de discipline, par l'excès de sa folie il s'égarera. Mon fils, si tu t'es porté garant envers ton prochain, si tu as topé dans la main en faveur d'un étranger, si tu t'es lié par les paroles de ta bouche, si tu es pris aux paroles de ta bouche, fais donc ceci, mon fils, pour te tirer d'affaire, puisque tu es tombé aux mains de ton prochain: va, prosterne-toi, importune ton prochain, n'accorde ni sommeil à tes yeux ni repos à tes paupières, dégage-toi, comme du filet la gazelle, ou comme l'oiseau de la main de l'oiseleur. Va voir la fourmi, paresseux! Observe ses moeurs et deviens sage: elle qui n'a ni magistrat, ni surveillant ni chef, durant l'été elle assure sa provende et amasse, au temps de la moisson, sa nourriture. Jusques à quand, paresseux, resteras-tu couché? Quand te lèveras-tu de ton sommeil? Un peu dormir, un peu s'assoupir, un peu croiser les bras en s'allongeant, et, tel un rôdeur, viendra l'indigence, et la disette comme un mendiant. Un vaurien, un homme inique, il va, la bouche torse, clignant de l'oeil, traînant les pieds, faisant signe des doigts. La fourberie au coeur, méditant le mal en toute saison, il suscite des querelles. Aussi, soudain viendra sa ruine, à l'instant il sera brisé, sans remède. Il y a six choses que hait Yahvé, sept qui lui sont en abomination: des yeux hautains, une langue menteuse, des mains qui répandent le sang innocent, un coeur qui médite des projets coupables, des pieds empressés à courir au mal, un faux témoin qui profère des mensonges, le semeur de querelles entre frères. Garde, mon fils, le précepte de ton père, ne rejette pas l'enseignement de ta mère. Fixe-les constamment dans ton coeur, noue-les à ton cou. Dans tes démarches ils te guideront, dans ton repos ils te garderont, à ton réveil ils s'entretiendront avec toi. Car le précepte est une lampe, l'enseignement une lumière; les exhortations de la discipline sont le chemin de la vie, pour te préserver de la femme mauvaise, de la langue doucereuse d'une étrangère. Ne convoite pas dans ton coeur sa beauté, ne te laisse pas prendre à ses oeillades, car à la prostituée suffit un quignon de pain, mais la femme mariée en veut à une vie précieuse. Peut-on porter du feu dans son sein sans enflammer ses vêtements? Peut-on marcher sur des charbons ardents sans se brûler les pieds? Ainsi celui qui court après la femme de son prochain: qui s'y essaie ne s'en tirera pas indemne. On ne méprise pas le voleur qui vole pour s'emplir l'estomac quand il a faim; pourtant, s'il est pris, il rendra au septuple, il donnera toutes les ressources de sa maison. Mais l'adultère est privé de sens, qui veut sa propre perte agit ainsi! Il récolte coups et mépris, jamais ne s'effacera son opprobre. Car la jalousie excite la rage du mari, au jour de la vengeance il sera sans pitié, il n'aura égard à aucune compensation, il ne consentira à rien, même si tu multiplies les présents. Mon fils, garde mes paroles, conserve chez toi mes préceptes. Garde mes préceptes et tu vivras, que mon enseignement soit comme la pupille de tes yeux. Fixe-les à tes doigts, inscris-les sur la tablette de ton coeur. Dis à la sagesse: "Tu es ma soeur!" Donne le nom de parente à l'intelligence, pour te garder de la femme étrangère, de l'inconnue aux paroles doucereuses. Comme j'étais à la fenêtre de ma demeure, j'ai regardé par le treillis et j'ai vu, parmi de jeunes niais, j'ai remarqué parmi des enfants un garçon privé de sens. Passant par la venelle, près du coin où elle est, il gagne le chemin de sa maison, à la brune, au tomber du jour, au coeur de la nuit et de l'ombre. Et voici qu'une femme vient à sa rencontre, vêtue comme une prostituée, la fausseté au coeur. Elle est hardie et insolente; ses pieds ne peuvent tenir à la maison. Tantôt dans la rue, tantôt sur les places, à tous les coins elle se tient aux aguets. Elle le saisit et l'embrasse et d'un air effronté lui dit: "J'avais à offrir un sacrifice de communion, j'ai accompli mes voeux aujourd'hui, voilà pourquoi je suis sortie à ta rencontre pour te chercher, et je t'ai trouvé. J'ai recouvert mon divan de couvertures, de tissus brodés, d'étoffe d'Egypte, j'ai aspergé ma couche de myrrhe, d'aloès et de cinnamome. Viens! Enivrons-nous d'amour jusqu'au matin! Jouissons dans la volupté! Car il n'y a point de mari à la maison: il est parti pour un lointain voyage, il a emporté le sac aux écus, à la pleine lune il reviendra chez lui. A force de persuasion elle le séduit, par le charme doucereux de ses lèvres elle l'entraîne. Aussitôt il la suit, tel un boeuf qui va à l'abattoir, tel un fou marchant au supplice des entraves, jusqu'à ce qu'un trait lui perce le foie, tel l'oiseau qui se précipite dans le filet sans savoir qu'il y va de sa vie. A présent, fils, écoutez-moi, prêtez attention aux paroles de ma bouche: que ton coeur ne dévie pas vers ses chemins, ne t'égare pas dans ses sentiers, car nombreux sont ceux qu'elle a frappés à mort et les plus robustes furent tous ses victimes. Sa demeure est le chemin du shéol, la pente vers le parvis des morts. La Sagesse n'appelle-t-elle pas? L'Intelligence n'élève-t-elle pas la voix? Au sommet des hauteurs qui dominent la route, au croisement des chemins, elle se poste; près des portes, à l'entrée de la cité, sur les voies d'accès, elle s'écrie: "Humains! C'est vous que j'appelle, ma voix s'adresse aux enfants des hommes. Simples! apprenez le savoir-faire, sots, devenez raisonnables. Ecoutez, j'ai à vous dire des choses importantes, j'ouvre mes lèvres pour dire des paroles droites. C'est la vérité que mon palais proclame, car le mal est abominable à mes lèvres. Toutes les paroles de ma bouche sont justes, en elles rien de faux ni de tortueux. Toutes sont franches pour qui les comprend, droites pour qui a trouvé le savoir. Prenez ma discipline et non de l'argent, le savoir plutôt que l'or pur. Car la sagesse vaut mieux que les perles, et rien de ce que l'on désire ne l'égale." "Moi, la Sagesse, j'habite avec le savoir-faire, je possède la science de la réflexion. (La crainte de Yahvé est la haine du mal). Je hais l'orgueil et l'arrogance, la mauvaise conduite et la bouche torse. A moi appartiennent le conseil et la prudence, je suis l'entendement, à moi la puissance! Par moi règnent les rois et les nobles décrètent le droit; par moi gouvernent les princes et les grands, les juges légitimes. J'aime ceux qui m'aiment, qui me cherche avec empressement me trouve. Chez moi sont la richesse et la gloire, les biens stables et la justice. Mon fruit est meilleur que l'or, que l'or fin, mes produits meilleurs que le pur argent. Je marche dans le chemin de la justice, dans le sentier du droit, pour procurer des biens à ceux qui m'aiment, et remplir leurs trésors. Yahvé m'a créée, prémices de son oeuvre, avant ses oeuvres les plus anciennes. Dès l'éternité je fus établie, dès le principe, avant l'origine de la terre. Quand les abîmes n'étaient pas, je fus enfantée, quand n'étaient pas les sources aux eaux abondantes. Avant que fussent implantées les montagnes, avant les collines, je fus enfantée; avant qu'il eût fait la terre et la campagne et les premiers éléments du monde. Quand il affermit les cieux, j'étais là, quand il traça un cercle à la surface de l'abîme, quand il condensa les nuées d'en haut, quand se gonflèrent les sources de l'abîme, quand il assigna son terme à la mer, -- et les eaux n'en franchiront pas le bord -- quand il traça les fondements de la terre, j'étais à ses côtés comme le maître d'oeuvre, je faisais ses délices, jour après jour, m'ébattant tout le temps en sa présence, m'ébattant sur la surface de sa terre et trouvant mes délices parmi les enfants des hommes. "Et maintenant, mes fils, écoutez-moi: heureux ceux qui gardent mes voies! Ecoutez l'instruction et devenez sages, ne la méprisez pas. Heureux l'homme qui m'écoute, qui veille jour après jour à mes portes pour en garder les montants! Car qui me trouve trouve la vie, il obtient la faveur de Yahvé; mais qui pèche contre moi blesse son âme, quiconque me hait chérit la mort." La Sagesse a bâti sa maison, elle a taillé ses sept colonnes, elle a abattu ses bêtes, préparé son vin, elle a aussi dressé sa table. Elle a dépêché ses servantes et proclamé sur les buttes, en haut de la cité: "Qui est simple? Qu'il passe par ici!" A l'homme insensé elle dit: "Venez, mangez de mon pain, buvez du vin que j'ai préparé! Quittez la niaiserie et vous vivrez, marchez droit dans la voie de l'intelligence." Qui corrige un railleur s'attire le mépris, qui reprend un méchant, le déshonneur. Ne reprends pas le railleur, il te haïrait, reprends le sage, il t'aimera. Donne au sage: il deviendra plus sage encore; instruis le juste, il accroîtra son acquis. Principe de la sagesse: la crainte de Yahvé! la science des saints, voilà l'intelligence. Car par moi tes jours se multiplient et pour toi s'accroissent les années de vie. Si tu es sage, tu l'es pour toi-même, si tu es railleur, toi seul en porteras la peine. Dame Folie est impulsive, niaise et ne connaissant rien! Elle s'assied à la porte de sa maison, sur un trône, en haut de la cité, pour appeler les passants, ceux qui vont droit leur chemin. "Qui est simple? Qu'il fasse un détour par ici!" A l'homme insensé elle dit: "Les eaux dérobées sont douces, et savoureux le pain du mystère!" Or il ignore qu'il y a là des Ombres et que ses invités sont aux vallées du shéol. Proverbes de Salomon. Le fils sage réjouit son père, le fils sot chagrine sa mère. Trésors mal acquis ne profitent pas, mais la justice délivre de la mort. Yahvé ne laisse pas le juste affamé, mais il réprime la convoitise des méchants. Main nonchalante appauvrit, la main des diligents enrichit. Amasser en été est d'un homme avisé, dormir à la moisson est d'un homme indigne. Bénédictions sur la tête du juste, mais la bouche des impies recouvre la violence. La mémoire du juste est en bénédiction, le nom des méchants tombe en pourriture. L'homme au coeur sage accepte les ordres, l'homme aux lèvres folles court à sa perte. Qui va honnêtement va en sécurité, qui suit une voie tortueuse est démasqué. Qui cligne de l'oeil donne du tourment, qui réprimande en face procure l'apaisement. Source de vie: la bouche du juste, mais la bouche des impies recouvre la violence. La haine allume des querelles, l'amour couvre toutes les offenses. Sur les lèvres de l'homme intelligent se trouve la sagesse, sur le dos de l'insensé, le bâton. Les sages thésaurisent le savoir, mais la bouche du fou est un danger menaçant. La fortune du riche, voilà sa place forte; le mal des faibles, c'est leur indigence. Le salaire du juste procure la vie, le revenu du méchant, le péché. Il marche vers la vie, celui qui garde la discipline; qui délaisse la réprimande se fourvoie. Les lèvres du menteur couvrent la haine; qui profère une calomnie est un sot. Abondance de paroles ne va pas sans offense; qui retient ses lèvres est avisé. La langue du juste est pur argent, le coeur des méchants est de peu de prix. Les lèvres du juste repaissent une multitude, mais les fous meurent faute de sens. C'est la bénédiction de Yahvé qui enrichit, sans que l'effort y ajoute rien. C'est un jeu pour le sot de s'adonner au crime, et pour l'homme intelligent de cultiver la sagesse. Ce que redoute le méchant lui échoit, ce que souhaite le juste lui est donné. Quand la tourmente a passé, plus de méchant! mais à jamais, le juste est établi. Vinaigre aux dents, fumée aux yeux, tel est le paresseux pour qui l'envoie. La crainte de Yahvé prolonge les jours, les années du méchant seront abrégées. L'espoir des justes est joie, l'espérance des méchants périra. La voie de Yahvé est un rempart pour l'homme honnête, pour les malfaisants, une ruine. Jamais le juste ne sera ébranlé, mais les méchants n'habiteront pas le pays. La bouche du juste exprime la sagesse, la langue perverse sera coupée. Les lèvres du juste connaissent la bienveillance, la bouche des méchants la perversité. La balance fausse est une abomination pour Yahvé, mais le poids juste a sa faveur. Vienne l'insolence, viendra le mépris, mais chez les humbles se trouve la sagesse. Leur honnêteté conduit les hommes droits, leur perversité mène les traîtres à la ruine. Au jour de la fureur, la richesse sera inutile, mais la justice délivre de la mort. La justice de l'homme honnête rend droit son chemin, le méchant succombe dans sa méchanceté. Leur justice sauve les hommes droits, dans leur convoitise les traîtres sont pris. L'espérance du méchant périt à sa mort, l'espoir mis dans les richesses est anéanti. Le juste échappe à l'angoisse, le méchant y vient à sa place. Par sa bouche l'impie ruine son prochain, par le savoir les justes se tirent d'affaire. Au bonheur des justes, la cité exulte, à la perte des méchants, c'est un cri de joie. Par la bénédiction des hommes droits s'élève une ville, par la bouche des méchants, elle est démolie. Qui méprise son prochain est privé de sens; l'homme intelligent se tait. C'est un colporteur de médisance, celui qui révèle les secrets, c'est un esprit sûr, celui qui cache l'affaire. Faute de direction un peuple succombe, le succès tient au grand nombre de conseillers. Celui qui cautionne l'étranger se fait du tort, qui répugne à toper est en sécurité. Une femme gracieuse acquiert de l'honneur, les violents acquièrent la richesse. L'homme miséricordieux fait du bien à soi-même, mais un homme intraitable afflige sa propre chair. Le méchant accomplit un travail décevant, à qui sème la justice, la récompense est assurée. Qui établit la justice va à la vie, qui poursuit le mal, à la mort. Abomination pour Yahvé: les coeurs tortueux; il aime ceux dont la conduite est honnête. A coup sûr, le méchant ne restera pas impuni, mais la race des justes sera sauve. Un anneau d'or au groin d'un pourceau: une femme belle mais dépourvue de sens. Le souhait des justes, ce n'est que le bien, l'espoir des méchants, c'est la colère. Tel est prodigue et sa richesse s'accroît, tel amasse sans mesure et ne fait que s'appauvrir. L'âme qui bénit prospérera, et qui abreuve sera abreuvé. Le peuple maudit l'accapareur de blé, bénédiction sur la tête de celui qui le vend. Qui vise le bien obtient la faveur, qui poursuit le mal, celui-ci l'atteindra. Qui se fie en la richesse tombera, mais les justes pousseront comme le feuillage. Qui laisse sa maison en désordre hérite le vent, et le fou devient esclave du sage. Le fruit du juste est un arbre de vie; le sage captive les âmes. Si le juste ici-bas reçoit son salaire, combien plus le méchant et le pécheur. Qui aime la discipline aime le savoir, qui hait la réprimande est stupide. L'homme de bien attire la faveur de Yahvé, mais l'homme malintentionné, celui-ci le condamne. On ne s'affermit pas par la méchanceté, mais rien n'ébranle la racine des justes. Une maîtresse femme est la couronne de son mari, mais une femme indigne est comme une carie dans ses os. Les desseins du juste sont équité, les machinations du méchant, tromperie. Les paroles des méchants sont des pièges de sang, mais la bouche des hommes droits les délivre. Jetés bas, les méchants ne sont plus, la maison des justes subsiste. On fait l'éloge d'un homme selon son bon sens, le coeur tortueux est en butte aux affronts. Mieux vaut un homme du commun qui a un serviteur qu'un homme qui se glorifie et manque de pain. Le juste connaît les besoins de ses bêtes, mais les entrailles du méchant sont cruelles. Qui cultive sa terre sera rassasié de pain, qui poursuit des chimères est dépourvu de sens. L'impie se plaît au filet des méchants, mais la racine des justes rapporte. Dans le forfait des lèvres, il y a un piège funeste, mais le juste se tire de la détresse. Par le fruit de sa bouche l'homme se rassasie de ce qui est bon, on reçoit la récompense de ses oeuvres. Le chemin du fou est droit à ses propres yeux, mais le sage écoute le conseil. Le fou manifeste son dépit sur l'heure, mais l'homme habile dissimule le mépris. Celui qui révèle la vérité proclame la justice, le faux témoin n'est que tromperie. Tel qui parle étourdiment blesse comme une épée, la langue des sages guérit. La lèvre sincère est affermie pour jamais, mais pour un instant la langue trompeuse. Au coeur qui médite le mal: la fraude; aux conseillers pacifiques: la joie. Au juste n'échoit nul mécompte, mais les méchants sont comblés de malheur. Abomination pour Yahvé: des lèvres menteuses; il aime ceux qui pratiquent la vérité. L'homme avisé cèle son savoir, le coeur des sots publie sa folie. A la main diligente le commandement, la main nonchalante aura la corvée. Une peine au coeur de l'homme le déprime, mais une bonne parole le réjouit. Un juste montre la voie à son compagnon, la voie des méchants les égare. L'indolence ne rôtit pas son gibier, mais la diligence est une précieuse ressource de l'homme. Sur le sentier de la justice: la vie; le chemin des pervers mène à la mort. Le fils sage écoute la discipline de son père, le railleur n'entend pas le reproche. Par le fruit de sa bouche l'homme se nourrit de ce qui est bon, mais l'âme des traîtres se repaît de violence. Qui veille sur sa bouche garde sa vie, qui ouvre grand ses lèvres se perd. Le paresseux attend, mais rien pour sa faim; la faim des diligents est apaisée. Le juste hait la parole mensongère, mais le méchant déshonore et diffame. La justice garde celui dont la voie est honnête, le péché cause la ruine du méchant. Tel joue au riche qui n'a rien, tel fait le pauvre qui a de grands biens. Rançon d'une vie d'homme: sa richesse; mais le pauvre n'entend pas le reproche. La lumière des justes est joyeuse, la lampe des méchants s'éteint. Insolence n'engendre que chicane; chez qui accepte les conseils se trouve la sagesse. Fortune hâtive va diminuant, qui amasse peu à peu s'enrichit. Espoir différé rend le coeur malade; c'est un arbre de vie que le désir satisfait. Qui méprise la parole se perdra, qui respecte le commandement sera sauf. L'enseignement du sage est source de vie pour éviter les pièges de la mort. Un grand bon sens procure la faveur, la voie des traîtres est dure. Tout homme avisé agit à bon escient, le sot étale sa folie. Messager malfaisant tombe dans le malheur, messager fidèle apporte la guérison. Misère et mépris à qui abandonne la discipline, honneur à qui observe la réprimande. Désir satisfait, douceur pour l'âme. Abomination pour les sots: se détourner du mal. Qui chemine avec les sages devient sage, qui hante les sots devient mauvais. Aux trousses du pécheur, le malheur; le bonheur récompense les justes. Aux enfants de ses enfants l'homme de bien laisse un héritage, au juste est réservée la fortune des pécheurs. Riche en nourriture, la culture des pauvres; il en est qui périssent faute d'équité. Qui épargne la baguette hait son fils, qui l'aime prodigue la correction. Le juste mange et se rassasie, le ventre des méchants crie famine. La Sagesse bâtit sa maison, de sa main, la Folie la renverse. Qui marche dans sa droiture craint Yahvé, qui dévie de ses chemins le méprise. Dans la bouche du fou il y a un surgeon d'orgueil, les lèvres des sages les gardent. Point de boeufs, mangeoire vide; taureau vigoureux, revenus abondants. Le témoin véridique ne ment pas, mais le faux témoin exhale le mensonge. Le railleur poursuit la sagesse, mais en vain, à l'homme intelligent le savoir est chose aisée. Ecarte-toi du sot, tu ignorerais les lèvres savantes. Pour l'homme avisé, la sagesse est de surveiller sa conduite, mais la folie des sots n'est que tromperie. Les fous raillent le sacrifice pour le péché, mais parmi les hommes droits se trouve la faveur. Le coeur connaît son propre chagrin et nul étranger ne partage sa joie. La maison des méchants sera détruite, la tente des hommes droits prospérera. Tel chemin paraît droit à quelqu'un, mais en fin de compte c'est le chemin de la mort. Dans le rire même, le coeur trouve la peine, et la joie s'achève en chagrin. Le coeur dévoyé se rassasie de ses démarches, et l'homme de bien de ses oeuvres. Le niais croit tout ce qu'on dit, l'homme avisé surveille ses pas. Le sage craint le mal et se détourne, le sot est insolent et sûr de lui. L'homme prompt à la colère fait des sottises, l'homme malintentionné est odieux. La part des niais, c'est la folie, les gens avisés se font du savoir une couronne. Devant les bons, les méchants se prosternent, et aux portes des justes, les impies. Même à son voisin, le pauvre est odieux, mais nombreux sont ceux qui aiment le riche. Il pèche, celui qui méprise son prochain; heureux qui a pitié des pauvres. N'est-ce pas s'égarer que machiner le mal? Miséricorde et fidélité pour qui s'applique au bien. Tout labeur donne du profit, le bavardage ne produit que disette. Couronne des sages: leur richesse; la folie des sots est folie. Un témoin véridique sauve des vies, qui profère des mensonges est un imposteur. Dans la crainte de Yahvé, puissante sécurité; pour ses enfants il est un refuge. La crainte de Yahvé est source de vie pour éviter les pièges de la mort. Peuple nombreux, gloire du roi; baisse de population, ruine du prince. L'homme lent à la colère est plein d'intelligence, qui a l'humeur prompte exalte la folie. Vie du corps: un coeur paisible; mais l'envie est carie des os. Opprimer le faible, c'est outrager son Créateur; c'est l'honorer que d'être bon pour les malheureux. Par sa propre malice le méchant est terrassé, le juste trouve un refuge dans son intégrité. En un coeur intelligent demeure la sagesse; on ne la reconnaît pas au coeur des sots. La justice grandit une nation, le péché est la honte des peuples. La faveur du roi va au serviteur intelligent et sa colère à celui qui fait honte. Une aimable réponse apaise la fureur, une parole blessante fait monter la colère. La langue des sages rend le savoir agréable, la bouche des sots éructe la folie. En tout lieu sont les yeux de Yahvé, ils observent méchants et bons. Langue apaisante est un arbre de vie, langue perverse brise le coeur. Le fou méprise la correction paternelle, qui observe la réprimande est avisé. Biens abondants dans la maison du juste, mais les revenus du méchant sont source d'inquiétude. Les lèvres des sages répandent le savoir, mais non le coeur des sots. Le sacrifice des méchants est une abomination pour Yahvé, mais la prière des hommes droits fait ses délices. Abomination pour Yahvé: la mauvaise conduite; mais il chérit qui poursuit la justice. Sévère correction pour qui s'écarte du sentier; qui hait la réprimande mourra. Shéol et Perdition sont devant Yahvé: combien plus le coeur des enfants des hommes! Le railleur n'aime pas qu'on le reprenne, avec les sages il ne va guère. Coeur joyeux fait bon visage, coeur chagrin a l'esprit abattu. Coeur intelligent recherche le savoir, la bouche des sots se repaît de folie. Pour le pauvre tous les jours sont mauvais, pour le coeur joyeux, c'est un banquet perpétuel. Mieux vaut peu avec la crainte de Yahvé qu'un riche trésor avec l'inquiétude. Mieux vaut une portion de légumes avec l'affection qu'un boeuf gras avec la haine. L'homme emporté engage la querelle, l'homme lent à la colère apaise la dispute. Le chemin du paresseux est comme une haie d'épines, le sentier des hommes droits est une grand-route. Le fils sage réjouit son père, l'homme sot méprise sa mère. La folie fait la joie de l'homme privé de sens, l'homme intelligent va droit son chemin. Faute de réflexion les projets échouent, grâce à de nombreux conseillers, ils prennent corps. Joie pour l'homme qu'une réplique de sa bouche, que c'est bon, une réponse opportune! A l'homme de bon sens, le sentier de la vie, qui mène en haut, afin d'éviter le shéol, en bas. Yahvé renverse la maison des superbes, mais il relève la borne de la veuve. Abomination pour Yahvé: les mauvais desseins; mais les paroles bienveillantes sont pures. Qui est avide de rapines trouble sa maison, qui hait les présents vivra. Le coeur du juste médite pour répondre, la bouche des méchants éructe la méchanceté. Yahvé s'éloigne des méchants, mais il entend la prière des justes. Un regard bienveillant réjouit le coeur, une bonne nouvelle ranime les forces. L'oreille attentive à la réprimande salutaire a sa demeure parmi les sages. Qui rejette la correction se méprise lui-même, qui écoute la réprimande acquiert du sens. La crainte de Yahvé est discipline de sagesse, avant la gloire, il y a l'humilité. A l'homme les projets du coeur, de Yahvé vient la réponse. Toutes les voies de l'homme sont pures à ses yeux, mais Yahvé pèse les esprits. Recommande à Yahvé tes oeuvres, et tes projets se réaliseront. Yahvé fit toute chose en vue d'une fin, et même le méchant pour le jour du malheur. Abomination pour Yahvé: tout coeur altier; à coup sûr, il ne restera pas impuni. Par la piété et la fidélité on expie la faute, par la crainte de Yahvé on s'écarte du mal. Que Yahvé se plaise à la conduite d'un homme, il lui réconcilie même ses ennemis. Mieux vaut peu avec la justice que d'abondants revenus sans le bon droit. Le coeur de l'homme délibère sur sa voie, mais c'est Yahvé qui affermit ses pas. L'oracle est sur les lèvres du roi, dans un jugement, sa bouche est sans défaillance. La balance et les plateaux justes sont à Yahvé, tous les poids du sac sont son oeuvre. Abomination pour les rois: commettre le mal, car sur la justice le trône est établi. Les lèvres justes gagnent la faveur du roi, il aime qui parle avec droiture. La fureur du roi est messagère de mort, mais l'homme sage l'apaise. Dans la lumière du visage royal est la vie; telle une pluie printanière est sa bienveillance. Combien il vaut mieux acquérir la sagesse que l'or! L'acquisition de l'intelligence est préférable à l'argent. Le chemin des gens droits, c'est d'éviter le mal; il garde sa vie, celui qui veille sur ses démarches. L'arrogance précède la ruine et l'esprit altier la chute. Mieux vaut être humble avec les pauvres qu'avec les superbes partager le butin. Qui est attentif à la parole trouve le bonheur, qui se fie en Yahvé est bienheureux. Un coeur sage est proclamé intelligent, la douceur des lèvres augmente le savoir. Le bon sens est source de vie pour qui le possède, la folie des fous est leur châtiment. Le coeur du sage rend sa bouche avisée et ses lèvres riches de savoir. Les paroles aimables sont un rayon de miel: doux au palais, salutaire au corps. Tel chemin paraît droit à quelqu'un, mais en fin de compte, c'est le chemin de la mort. L'appétit du travailleur travaille pour lui, car sa bouche le presse. L'homme de rien produit le malheur, c'est comme un feu brûlant sur ses lèvres. L'homme fourbe sème la querelle, le diffamateur divise les intimes. L'homme violent séduit son prochain et le mène dans une voie qui n'est pas bonne. Qui ferme les yeux pour méditer des fourberies, qui pince les lèvres a commis le mal. C'est une couronne d'honneur que des cheveux blancs, sur les chemins de la justice on la trouve. Mieux vaut un homme lent à la colère qu'un héros, un homme maître de soi qu'un preneur de villes. Dans le pli du vêtement on jette le sort, de Yahvé dépend le jugement. Mieux vaut une bouchée de pain sec et la tranquillité qu'une maison pleine de sacrifices de discorde. Un serviteur avisé l'emporte sur le fils indigne, avec les frères il aura sa part d'héritage. La fournaise pour l'argent, le fourneau pour l'or, pour éprouver les coeurs: Yahvé. Le méchant est attentif aux lèvres pernicieuses, le menteur prête l'oreille à la langue perverse. Qui nargue le pauvre outrage son Créateur, qui rit d'un malheureux ne restera pas impuni. Couronne des vieillards: les enfants de leurs enfants; fierté des enfants: leur père. Une langue distinguée ne sied pas à l'insensé, moins encore, au prince, une langue menteuse. Un présent est un talisman pour qui en dispose: de quelque côté qu'il se tourne, il réussit. Qui jette le voile sur une offense cultive l'amitié, qui répète la chose divise les intimes. Un reproche fait plus d'impression sur l'homme intelligent que cent coups sur le sot. Le méchant ne cherche que rébellion, mais un messager cruel sera envoyé contre lui. Plutôt rencontrer une ourse privée de ses petits qu'un insensé en son délire. Qui rend le mal pour le bien, le malheur ne s'éloignera pas de sa maison. C'est libérer les eaux qu'entamer une querelle; avant que n'éclate le procès, désiste-toi. Acquitter le coupable et condamner le juste: deux choses également en horreur à Yahvé. A quoi bon de l'argent dans la main d'un sot? A acheter la sagesse? Il n'y a pas le coeur! Un ami aime en tout temps, un frère est engendré en vue de l'adversité. Est court de sens qui tope dans la main et pour son prochain se porte garant. C'est aimer l'offense qu'aimer la chicane, qui se montre orgueilleux cultive la ruine. Qui a le coeur tortueux ne trouve pas le bonheur, qui a la langue perverse tombe dans le malheur. Qui engendre un sot, c'est pour son chagrin; il n'a guère de joie, le père de l'insensé! Coeur joyeux améliore la santé, esprit déprimé dessèche les os. Le méchant accepte un présent sous le manteau, pour faire une entorse au droit. L'homme intelligent a devant lui la sagesse, mais les regards du sot se portent au bout du monde. Chagrin pour son père qu'un fils insensé, et amertume pour celle qui l'a enfanté. Il n'est pas bon de mettre le juste à l'amende; frapper les nobles est contraire au droit. Qui retient ses paroles connaît le savoir, un esprit froid est un homme d'intelligence. Même le fou, s'il se tait, passe pour sage, pour intelligent, celui qui clôt ses lèvres. Qui vit à l'écart suit son bon plaisir, contre tout conseil il s'emporte. Le sot ne prend pas plaisir à être intelligent, mais à étaler son sentiment. Quand vient la méchanceté, vient aussi l'affront, avec le mépris, l'opprobre. Des eaux profondes, voilà les paroles de l'homme: un torrent débordant, une source de sagesse. Il n'est pas bon de favoriser le méchant, pour débouter le juste dans un jugement. Les lèvres du sot vont au procès et sa bouche appelle les coups. La bouche du sot est sa ruine et ses lèvres un piège pour sa vie. Les dires du calomniateur sont de friands morceaux qui descendent jusqu'au fond des entrailles. Quiconque est paresseux à l'ouvrage, celui-là est frère du destructeur. Une tour forte: le nom de Yahvé! le juste y accourt et il est hors d'atteinte. La fortune du riche, voilà sa place forte: c'est une haute muraille, pense-t-il. Avant la ruine, le coeur humain s'élève, avant la gloire, il y a l'humilité. Qui riposte avant d'écouter, c'est pour lui folie et confusion. L'esprit de l'homme peut endurer la maladie, mais l'esprit abattu, qui le relèvera? Coeur intelligent acquiert la science, l'oreille des sages recherche le savoir. Le don que fait un homme lui ouvre la voie et le met en présence des grands. On donne raison au premier qui plaide, que survienne un adversaire, il le démasque. Le sort met fin aux querelles et décide entre les puissants. Un frère offensé est pire qu'une ville fortifiée et les querelles sont comme les verrous d'un donjon. Du fruit de sa bouche l'homme rassasie son estomac, du produit de ses lèvres il se rassasie. Mort et vie sont au pouvoir de la langue, ceux qui la chérissent mangeront de son fruit. Trouver une femme, c'est trouver le bonheur, c'est obtenir une faveur de Yahvé. Le pauvre parle en suppliant, le riche répond durement. Il y a des amis qui mènent à la ruine, il y en a qui sont plus chers qu'un frère. Mieux vaut le pauvre qui se conduit honnêtement que l'homme aux lèvres tortueuses et qui n'est qu'un sot. Où manque le savoir, le zèle n'est pas bon, qui presse le pas se fourvoie. La folie de l'homme pervertit sa conduite et c'est contre Yahvé que son coeur s'emporte. La richesse multiplie les amis, mais de son ami le pauvre est privé. Le faux témoin ne restera pas impuni, qui profère des mensonges n'échappera point. Beaucoup flattent en face l'homme généreux, tout le monde est ami de celui qui donne. Tous les frères du pauvre le haïssent, à plus forte raison, ses amis s'éloignent-ils de lui. Il se met en quête de paroles, mais point! Qui acquiert du sens se chérit lui-même, qui garde l'intelligence trouve le bonheur. Le faux témoin ne restera pas impuni, qui profère des mensonges périra. Il ne sied pas au sot de vivre dans le luxe, moins encore à l'esclave de dominer les princes. Le bon sens rend l'homme lent à la colère, sa fierté, c'est de passer sur une offense. Comme le rugissement du lion, la fureur du roi, mais comme la rosée sur l'herbe, sa faveur. C'est une calamité pour son père qu'un fils insensé, une gargouille qui ne cesse de couler que les querelles d'une femme. Une maison et du bien sont l'héritage paternel, mais c'est Yahvé qui donne une femme de sens. La paresse fait choir dans la torpeur, l'âme nonchalante aura faim. A garder le commandement on se garde soi-même, mais qui méprise ses voies mourra. Qui fait la charité au pauvre prête à Yahvé qui paiera le bienfait de retour. Tant qu'il y a de l'espoir, châtie ton fils, mais ne t'emporte pas jusqu'à le faire mourir. L'homme violent s'expose à l'amende; si tu l'épargnes, tu augmentes son mal. Entends le conseil, accepte la discipline, pour être sage à la fin. Nombreux sont les projets au coeur de l'homme, mais le dessein de Yahvé, lui, reste ferme. Ce qu'on souhaite, chez l'homme, c'est la miséricorde; on aime mieux un pauvre qu'un menteur. La crainte de Yahvé mène à la vie, on a vivre et couvert sans craindre le malheur. Le paresseux plonge la main dans le plat, mais ne peut même pas la ramener à sa bouche. Frappe le railleur, et le niais deviendra avisé; reprends un homme intelligent, il comprendra le savoir. Qui maltraite son père et chasse sa mère est un fils indigne et infâme. Cesse, mon fils, d'écouter l'instruction pour t'écarter des paroles de science! Un témoin indigne se moque du droit; la bouche des méchants avale l'iniquité. Les châtiments sont faits pour les railleurs, les coups pour l'échine des sots. Raillerie dans le vin! Insolence dans la boisson! Qui s'y égare n'est pas sage. Tel le rugissement du lion, la colère du roi! Qui l'excite pèche contre lui-même. C'est un honneur pour l'homme d'éviter les procès, mais quiconque est fou se déchaîne. A l'automne, le paresseux ne laboure pas, à la moisson il cherche, et rien! C'est une eau profonde que le conseil au coeur de l'homme, l'homme intelligent n'a qu'à puiser. Beaucoup de gens se proclament hommes de bien, mais un homme fidèle, qui le trouvera? Le juste qui se conduit honnêtement, heureux ses enfants après lui! Un roi siégeant au tribunal dissipe tout mal par son regard. Qui peut dire: "J'ai purifié mon coeur, de mon péché je suis net?" Poids et poids, mesure et mesure: deux choses en horreur à Yahvé. Même par ses actes un jeune homme se fait connaître, si son action est pure et si elle est droite. L'oreille qui entend, l'oeil qui voit, l'un et l'autre, Yahvé les a faits. N'aime pas à somnoler, tu deviendrais pauvre; tiens les yeux ouverts, tu auras ton content de pain! "Mauvais! mauvais!" dit l'acheteur, mais en partant il se félicite. Il y a l'or et toutes sortes de perles, mais la chose la plus précieuse, ce sont les lèvres instruites. Prends-lui son vêtement, car il a cautionné un étranger, au profit d'inconnus, prends-lui un gage! Doux est à l'homme le pain de la fraude, mais ensuite la bouche est remplie de gravier. Dans le conseil s'affermissent les projets: par de sages calculs conduis la guerre. Il révèle les secrets, le colporteur de médisance; avec qui a toujours la bouche ouverte, ne te lie pas! Qui maudit son père et sa mère verra s'éteindre sa lampe au coeur des ténèbres. Le bien vite acquis au début ne sera pas béni à la fin. Ne dis point: "Je rendrai le mal!" fie-toi à Yahvé qui te sauvera. Abomination pour Yahvé: poids et poids; une balance fausse, ce n'est pas bien. Yahvé dirige les pas de l'homme: comment l'homme comprendrait-il son chemin? C'est un piège pour l'homme de crier: "Ceci est sacré!" et, après les voeux, de réfléchir. Un roi sage vanne les méchants et fait passer sur eux la roue. La lampe de Yahvé, c'est l'esprit de l'homme qui pénètre jusqu'au tréfonds de son être. Piété et fidélité montent la garde près du roi; sur la piété est fondé le trône. La fierté des jeunes gens, c'est leur vigueur, la parure des vieillards, c'est leur tête chenue. Les blessures sanglantes sont un remède à la méchanceté, les coups vont jusqu'au fond de l'être. Comme l'eau courante, le coeur du roi est aux mains de Yahvé qui l'incline partout à son gré. Toutes les voies de l'homme sont droites à ses yeux, mais Yahvé pèse les coeurs. Pratiquer la justice et le droit vaut, pour Yahvé, mieux que le sacrifice. Regards altiers, coeur dilaté, flambeau des méchants, ce n'est que péché. Les projets de l'homme diligent ne sont que profit; pour qui se presse, rien que la disette! Amasser des trésors par une langue menteuse: vanité fugitive de qui cherche la mort. La violence des méchants les emporte, car ils refusent de pratiquer le droit. Tortueuse est la voie de l'homme criminel, mais de l'innocent l'action est droite. Mieux vaut habiter à l'angle d'un toit que faire maison commune avec une femme querelleuse. L'âme du méchant souhaite le mal, à ses yeux le prochain ne trouve pas grâce. Quand on châtie le railleur, le niais s'assagit; quand on instruit le sage, il accueille le savoir. Le Juste considère la maison du méchant: il précipite les méchants dans le malheur. Qui ferme l'oreille à l'appel du faible criera, lui aussi, sans qu'on lui réponde. Un don secret apaise la colère, un présent sous le manteau, la fureur violente. C'est une joie pour le juste de pratiquer le droit, mais c'est l'épouvante pour les malfaisants. Qui s'égare loin du chemin de la prudence dans l'assemblée des Ombres reposera. Restera indigent qui aime le plaisir, point ne s'enrichira qui aime vin et bonne chère. Le méchant est la rançon du juste; à la place des hommes droits: le traître. Mieux vaut habiter en un pays désert qu'avec une femme querelleuse et chagrine. Il y a un trésor précieux et de l'huile dans la demeure du sage, mais le sot les engloutit. Qui poursuit la justice et la miséricorde trouvera vie, justice et honneur. Le sage escalade la ville des guerriers, il abat le rempart dans lequel elle se confiait. A garder sa bouche et sa langue, on se garde soi-même de l'angoisse. Insolent, hautain, son nom est "railleur!" il agit dans l'excès de son insolence. Le désir du paresseux cause sa mort, car ses mains refusent le travail. Tout le jour l'impie est en proie au désir, le juste donne sans jamais refuser. Le sacrifice des méchants est une abomination, surtout s'ils l'offrent avec malice. Le faux témoin périra, mais qui sait écouter parlera à jamais. Le méchant se donne un air assuré, l'homme droit affermit sa propre conduite. Il n'y a ni sagesse, ni intelligence, ni conseil devant Yahvé. On équipe le cheval pour le jour du combat, mais c'est à Yahvé qu'appartient la victoire. Le renom l'emporte sur de grandes richesses, la faveur, sur l'or et l'argent. Riche et pauvre se rencontrent, Yahvé les a faits tous les deux. L'homme avisé voit le malheur et se cache, les niais passent outre, à leurs dépens. Le fruit de l'humilité, c'est la crainte de Yahvé, la richesse, l'honneur et la vie. Epines et pièges sur le chemin du pervers, qui tient à la vie s'en éloigne. Instruis le jeune homme selon ses dispositions, devenu vieux, il ne s'en détournera pas. Le riche domine les pauvres, du créancier l'emprunteur est esclave. Qui sème l'injustice récolte le malheur et le bâton de sa colère disparaîtra. L'homme bienveillant sera béni, car il donne de son pain au pauvre. Chasse le railleur et la querelle cessera, procès et mépris s'apaiseront. Celui qui aime les coeurs purs, qui a la grâce sur les lèvres, a le roi pour ami. Les yeux de Yahvé protègent le savoir, mais il confond les discours du traître. Le paresseux dit: "Il y a un lion dehors! dans la rue je vais être tué!" Fosse profonde, la bouche des étrangères: celui que Yahvé réprouve y tombe. La folie est ancrée au coeur du jeune homme, le fouet de l'instruction l'en délivre. Opprimer un pauvre, c'est l'enrichir, donner au riche, c'est l'appauvrir. Prête l'oreille, entends les paroles des sages, à mon savoir applique ton coeur, car il y aura plaisir à les garder au-dedans de toi, à les avoir toutes assurées sur tes lèvres. Pour qu'en Yahvé soit ta confiance, je veux t'instruire aujourd'hui, toi aussi. N'ai-je pas écrit pour toi 30 chapitres de conseils et de science, pour te faire connaître la certitude des paroles vraies et que tu rapportes des paroles sûres à qui t'enverra? Ne dépouille pas le faible, car il est faible, et n'opprime pas à la porte le pauvre, car Yahvé épouse leur querelle et ravit à leurs ravisseurs la vie. Ne te lie pas avec un homme emporté, ne va pas avec un homme irascible, de peur que tu n'apprennes ses manières et n'y trouves un piège pour ta vie. Ne sois pas de ceux qui topent dans la main, qui se portent garants pour dettes; si tu n'as pas de quoi t'acquitter, on prendra ton lit de dessous toi. Ne déplace pas la borne antique que posèrent tes pères. Vois-tu un homme preste à sa besogne? Au service des rois il se tiendra, il ne se tiendra pas au service des gens obscurs. Si tu t'assieds à la table d'un grand, prends bien garde à ce qui est devant toi; mets un couteau sur ta gorge si tu es gourmand. Ne convoite pas ses mets, car c'est une nourriture décevante. Ne te fatigue pas à acquérir la richesse, cesse d'y appliquer ton intelligence. Lèves-tu les yeux vers elle, elle n'est plus là, car elle sait se faire des ailes comme l'aigle qui vole vers le ciel. Ne mange pas le pain de l'homme aux regards envieux, ne convoite pas ses mets. Car le calcul qu'il fait en lui-même, c'est lui: "Mange et bois!" te dit-il, mais son coeur n'est pas avec toi. La bouchée à peine avalée, tu la vomiras et tu en seras pour tes paroles flatteuses. Aux oreilles du sot ne parle pas, il mépriserait la finesse de tes propos. Ne déplace pas la borne antique, dans le champ des orphelins n'entre pas, car leur vengeur est puissant, c'est lui qui épousera, contre toi, leur querelle. Applique ton coeur à la discipline, tes oreilles aux paroles de science. Ne ménage pas à l'enfant la correction, si tu le frappes de la baguette, il n'en mourra pas! Si tu le frappes de la baguette, c'est son âme que tu délivreras du shéol. Mon fils, si ton coeur est sage, mon coeur, à moi, se réjouira, et mes reins exulteront quand tes lèvres exprimeront des choses justes. Que ton coeur n'envie pas les pécheurs, mais dans la crainte de Yahvé qu'il reste tout le jour, car il existe un avenir et ton espérance ne sera pas anéantie. Ecoute, mon fils, deviens sage, et dirige ton coeur dans le chemin. Ne sois pas de ceux qui s'enivrent de vin, ni de ceux qui se gavent de viande, car buveur et glouton s'appauvrissent, et la torpeur fait porter des haillons. Ecoute ton père qui t'a engendré, ne méprise pas ta mère devenue vieille. Acquiers la vérité, ne la vends pas: sagesse, discipline et intelligence. Il est au comble de l'allégresse, le père du juste; celui qui a donné le jour au sage s'en réjouit. Ton père et ta mère seront dans la joie, et dans l'allégresse, celle qui t'a enfanté. Mon fils, prête-moi attention, que tes yeux se complaisent dans ma voie: c'est une fosse profonde que la prostituée, un puits étroit que l'étrangère. Elle aussi, comme un brigand, est en embuscade, parmi les hommes elle multiplie les traîtres. Pour qui les "Malheur?" Pour qui les "Hélas?" Pour qui les querelles? Pour qui les plaintes? Pour qui les coups à tort et à travers? Pour qui les yeux troubles? Pour ceux qui s'attardent au vin, qui vont en quête de boissons mêlées. Ne regarde pas le vin, comme il est vermeil! comme il brille dans la coupe! comme il coule tout droit! Il finit par mordre comme un serpent, par piquer comme une vipère. Tes yeux verront d'étranges choses, ton coeur s'exprimera de travers. Tu seras comme un homme couché en haute mer, ou couché à la pointe d'un mât. "On m'a battu, je n'ai point de mal! On m'a rossé, je n'ai rien senti! Quand m'éveillerai-je? J'en demanderai encore!" Ne porte pas envie aux méchants, ne souhaite pas leur compagnie, car leur coeur ne songe qu'à la violence, leurs lèvres n'expriment que malheur. C'est par la sagesse qu'on bâtit une maison, par l'intelligence qu'on l'affermit; par le savoir on emplit ses greniers de tous les biens précieux et désirables. Un homme sage est plein de force, l'homme de science affermit sa vigueur; car c'est par des calculs que tu feras la guerre, et le succès tient au grand nombre des conseillers. Pour le fou, la sagesse est une forteresse inaccessible: à la porte de la ville, il n'ouvre pas la bouche. Qui songe à mal faire, on l'appelle un maître en astuce. La folie ne rêve que péché, le railleur est honni des hommes. Si tu te laisses abattre au jour mauvais, ta vigueur est peu de chose. Délivre ceux qu'on envoie à la mort, ceux qu'on traîne au supplice, puisses-tu les sauver! Diras-tu: "Voilà! nous ne savions pas?" Celui qui pèse les coeurs ne comprend-il pas? Alors qu'il sait, lui qui a façonné ton âme; c'est lui qui rendra à l'homme selon son oeuvre. Mange du miel, mon fils, car c'est bon, un rayon de miel est doux à ton palais. Ainsi sera, sache-le, la sagesse pour ton âme. Si tu la trouves, il y aura un avenir et ton espérance ne sera pas anéantie. Ne t'embusque pas, méchant, près de la demeure du juste, ne dévaste pas son habitation. Car le juste tombe sept fois et se relève, mais les méchants trébuchent dans l'adversité. Si ton ennemi tombe, ne te réjouis pas, que ton coeur n'exulte pas de ce qu'il trébuche, de peur que, voyant cela, Yahvé ne soit mécontent et qu'il ne détourne de lui sa colère. Ne t'échauffe pas au sujet des méchants, ne jalouse pas les impies. Car pour le méchant, il n'est pas d'avenir: la lampe des impies s'éteint. Crains Yahvé, mon fils, et le roi; ne te lie pas avec les novateurs: car tout soudain surgira leur malheur, et la ruine de l'un et de l'autre, qui la connaît? Ceci est encore des sages: avoir égard aux personnes dans les jugements n'est pas bien. Quiconque dit au méchant: "Tu es juste", les peuples le maudissent, les nations le honnissent; mais ceux qui punissent s'en trouvent bien, sur eux viendra une heureuse bénédiction. Il met un baiser sur les lèvres, celui qui répond franchement. Organise au-dehors ta besogne et prépare-la aux champs; ensuite, tu bâtiras ta maison. Ne témoigne pas à la légère contre ton prochain, ne trompe pas par tes lèvres. Ne dis pas: "Comme il m'a fait, je lui ferai! à chacun je rendrai selon son oeuvre!" Près du champ du paresseux j'ai passé, près de la vigne de l'homme court de sens. Or voici: tout était monté en orties, le chardon en couvrait la surface, le mur de pierres était écroulé. Ayant vu, je réfléchis, ayant regardé, je tirai cette leçon: "Un peu dormir, un peu s'assoupir, un peu croiser les bras en s'allongeant, et, tel un rôdeur, viendra l'indigence et la disette, comme un mendiant!" Voici encore des proverbes de Salomon, que transcrivirent les gens d'Ezéchias, roi de Juda. C'est la gloire de Dieu de celer une chose, c'est la gloire des rois de la scruter. Les cieux, par leur hauteur, la terre, par sa profondeur, et le coeur des rois sont insondables. Ote de l'argent les scories, il en sortira totalement purifié; ôte le méchant de la présence du roi, et sur la justice s'affermira son trône. En face du roi, ne prends pas de grands airs, ne te mets à la place des grands; car mieux vaut qu'on te dise: "Monte ici!" que d'être abaissé en présence du prince. Ce que tes yeux ont vu, ne le produis pas trop vite au procès, car que feras-tu à la fin si ton prochain te confond? Avec ton prochain vide ta querelle, mais sans révéler le secret d'autrui, de crainte que celui qui entend ne te bafoue et que ta diffamation soit sans retour. Des pommes d'or avec des ciselures d'argent, telle est une parole dite à propos. Un anneau d'or, un joyau d'or fin, telle une sage réprimande à l'oreille attentive. La fraîcheur de la neige au jour de la moisson, tel est un messager fidèle: il réconforte l'âme de son maître. Nuages et vent, mais point de pluie! tel est l'homme qui promet royalement, mais ne tient pas. Par la patience un juge se laisse fléchir, la langue douce broie les os. As-tu trouvé du miel? Manges-en à ta faim; garde-toi de t'en gorger, tu le vomirais. Dans la maison du prochain, fais-toi rare, de crainte que, fatigué de toi, il ne te prenne en grippe. Une massue, une épée, une flèche aiguë: tel est l'homme qui porte un faux témoignage contre son prochain. Dent gâtée, pied boiteux: le traître en qui l'on se confie au jour du malheur, autant ôter son manteau par un temps glacial. C'est mettre du vinaigre sur du nitre que de chanter des chansons à un coeur affligé. Si ton ennemi a faim, donne-lui à manger, s'il a soif, donne-lui à boire, c'est amasser des charbons sur sa tête et Yahvé te le revaudra. L'aquilon engendre la pluie, la langue dissimulatrice un visage irrité. Mieux vaut habiter à l'angle d'un toit que faire maison commune avec une femme querelleuse. De l'eau fraîche pour une gorge altérée: telle est une bonne nouvelle venant d'un pays lointain. Fontaine piétinée, source souillée: tel est un juste tremblant devant un méchant. Il n'est pas bon de manger trop de miel, ni de rechercher gloire sur gloire. Ville ouverte, sans remparts: tel un homme qui ne se possède pas. Pas plus que la neige à l'été ou la pluie à la moisson, les honneurs ne conviennent au sot. Le passereau s'échappe, l'hirondelle s'envole, ainsi la malédiction gratuite n'atteint pas son but. Le fouet pour le cheval, la bride pour l'âne, pour l'échine des sots, le bâton. Ne répond pas à l'insensé selon sa folie, de peur de lui devenir semblable, toi aussi. Réponds à l'insensé selon sa folie, de peur qu'il ne soit sage à ses propres yeux. Il se mutile, il s'abreuve de violence, celui qui envoie un message par l'entremise d'un sot. Mal assurées, les jambes du boiteux; ainsi un proverbe dans la bouche des sots. C'est attacher la pierre à la fronde que de rendre honneur à un sot. Une ronce pousse dans la main d'un ivrogne comme un proverbe dans la bouche d'un sot. Un archer blessant tout le monde: tel est celui qui embauche le sot et l'ivrogne qui passent. Comme le chien revient à son vomissement, le sot retourne à sa folie. Tu vois un homme sage à ses propres yeux? Il y a plus à espérer d'un insensé. Le paresseux dit: "Un fauve sur le chemin! un lion par les rues!" La porte tourne sur ses gonds, et sur son lit le paresseux. Le paresseux plonge la main dans le plat: la ramener à sa bouche le fatigue! Le paresseux est plus sage à ses propres yeux que sept personnes répondant avec tact. Il prend par les oreilles un chien qui passe, celui qui s'immisce dans une querelle étrangère. Un homme pris de folie qui lance des traits enflammés, des flèches et la mort: tel est l'homme qui ment à son compagnon, puis dit: "N'était-ce pas pour plaisanter?" Faute de bois, le feu s'éteint, faute de calomniateur, la querelle s'apaise. Du charbon sur les braises, du bois sur le feu, tel est l'homme querelleur pour attiser les disputes. Les dires du calomniateur sont de friands morceaux qui descendent jusqu'au fond des entrailles. De l'argent non purifié appliqué sur de l'argile: tels sont lèvres brûlantes et coeur mauvais. Celui qui hait donne le change par ses propos, mais en son sein gît la tromperie; s'il prend un ton cauteleux, ne t'y fie pas, car en son coeur il y a sept abominations. La haine peut s'envelopper de ruse, elle révélera sa méchanceté dans l'assemblée. Qui creuse une fosse y tombe, qui roule une roche, elle revient sur lui. La langue menteuse hait ses victimes, la bouche enjôleuse provoque la chute. Ne te félicite pas du lendemain, car tu ignores ce qu'aujourd'hui enfantera. Qu'autrui fasse ton éloge, mais non ta propre bouche, un étranger, mais non tes lèvres! Lourde est la pierre, pesant le sable, mais plus lourd qu'eux, le dépit du fou. Cruelle est la fureur, impétueuse la colère, mais contre la jalousie, qui tiendra? Mieux vaut réprimande ouverte qu'amour dissimulé. Fidèles sont les coups d'un ami, mensongers les baisers d'un ennemi. Gorge rassasiée méprise le miel, gorge affamée trouve douce toute amertume. Comme l'oiseau qui erre loin de son nid, ainsi l'homme qui erre loin de son pays. L'huile et le parfum mettent le coeur en joie, et la douceur de l'amitié, plus que la complaisance en soi-même. N'abandonne pas ton ami ni l'ami de ton père; à la maison de ton frère, ne va pas au jour de ton affliction. Mieux vaut un voisin proche qu'un frère éloigné. Deviens sage, mon fils, et réjouis mon coeur, que je puisse répondre à qui m'outrage. L'homme avisé voit le malheur et se cache, les niais passent outre, à leurs dépens. Prends-lui son vêtement, car il a cautionné un étranger, à cause d'inconnus, prends-lui un gage. Si quelqu'un bénit son prochain à haute voix dès l'aube, cela lui est compté pour une malédiction. Gargouille qui ne cesse de couler un jour de pluie et femme querelleuse sont pareilles! Qui veut la saisir, saisit le vent et sa droite rencontre de l'huile. Le fer s'aiguise par le fer, l'homme s'affine en face de son prochain. Le gardien du figuier mange de son fruit, qui veille sur son maître sera honoré. Comme l'eau donne le reflet du visage, ainsi le coeur de l'homme pour l'homme. Insatiables sont le Shéol et la Perdition, ainsi les yeux de l'homme sont-ils insatiables. Il y a la fournaise pour l'argent, le fourneau pour l'or: l'homme vaut ce que vaut sa réputation. Quand tu pilerais le fou au mortier (parmi les grains, avec un pilon), sa folie ne se séparerait pas de lui. Connais bien l'état de ton bétail, à ton troupeau donne tes soins; car la richesse n'est pas éternelle, et une couronne ne se transmet pas d'âge en âge. Une fois l'herbe enlevée, le regain apparu, ramassé le foin des montagnes, aie des agneaux pour te vêtir, des boucs pour acheter un champ, le lait des chèvres en abondance pour te sustenter, pour nourrir ta maison et faire vivre tes servantes. Le méchant s'enfuit quand nul ne le poursuit, d'un lionceau les justes ont l'assurance. Quand un pays se révolte, nombreux sont les princes, avec l'homme intelligent et instruit, c'est la stabilité. Un homme méchant qui opprime des faibles, c'est une pluie dévastatrice et plus de pain. Ceux qui délaissent la loi font l'éloge du méchant, ceux qui observent la loi s'irritent contre eux. Les méchants ne comprennent pas le droit, ceux qui cherchent Yahvé comprennent tout. Mieux vaut le pauvre qui se conduit honnêtement que l'homme aux voies tortueuses, fût-il riche. Qui garde la loi est un fils intelligent, qui hante les débauchés est la honte de son père. Qui accroît son bien par usure et par intérêt, c'est pour qui en gratifiera les pauvres qu'il amasse. Qui se bouche les oreilles pour ne pas entendre la loi, sa prière même est une abomination. Qui fourvoie les gens droits dans le mauvais chemin, en sa propre fosse tombera. Les hommes honnêtes posséderont le bonheur. Le riche est sage à ses propres yeux, mais un pauvre intelligent le démasque. Quand les justes exultent, c'est une grande fierté, quand se lèvent les méchants, on se dérobe. Qui masque ses forfaits point ne réussira; qui les avoue et y renonce obtiendra merci. Heureux l'homme toujours en alarme; qui s'endurcit le coeur tombera dans le malheur. Un lion rugissant, un ours qui bondit, tel est le chef méchant sur un peuple faible. Un prince sans intelligence est riche en extorsions, qui hait la cupidité prolongera ses jours. Un homme coupable de meurtre fuira jusqu'à la tombe: qu'on ne l'arrête pas! Qui se conduit honnêtement sera sauf; qui, tortueux, suit deux voies, tombera dans l'une d'elles. Qui cultive sa terre sera rassasié de pain, qui poursuit des chimères sera rassasié d'indigence. L'homme loyal sera comblé de bénédictions, qui se hâte de faire fortune ne restera pas impuni. C'est mal de faire acception de personnes, mais pour une bouchée de pain, l'homme commet un forfait. Il court après la fortune, l'homme au regard cupide, ignorant que c'est la disette qui lui adviendra. Qui reprend autrui aura faveur à la fin, plus que le flatteur. Qui dérobe à son père et à sa mère en disant: "Point d'offense!" du brigand est l'associé. L'homme envieux engage la querelle, qui se confie en Yahvé prospérera. Qui se fie à son propre sens est un sot, qui chemine avec sagesse sera sauf. Pour qui donne aux pauvres, pas de disette, mais pour qui ferme les yeux, abondante malédiction. Quand se lèvent les méchants, chacun se cache; qu'ils viennent à périr, les justes se multiplient. Celui qui, sous les reproches, raidit la nuque sera brisé soudain et sans remède. Quand les justes se multiplient, le peuple est en liesse; quand les méchants dominent, le peuple gémit. Qui aime la sagesse réjouit son père, qui hante les prostituées dissipe son bien. Par l'équité, un roi fait prospérer le pays, mais l'exacteur le mène à la ruine. L'homme qui flatte son prochain tend un filet sous ses pas. Dans l'offense du méchant il y a un piège, mais le juste exulte et se réjouit. Le juste connaît la cause des faibles, le méchant n'a pas l'intelligence de la connaître. Les railleurs mettent la cité en effervescence, mais les sages apaisent la colère. Un sage est-il en procès avec un sot, qu'il se fâche ou plaisante, il n'aura pas de repos. Les hommes sanguinaires haïssent l'homme honnête, mais les hommes droits recherchent sa personne. Le sot donne libre cours à tous ses emportements, mais le sage, en les réprimant, les calme. Quand un chef accueille des rapports mensongers, tous ses serviteurs sont mauvais. Le pauvre et l'oppresseur se rencontrent: tous deux reçoivent de Yahvé la lumière. Le roi qui juge les faibles avec équité voit son trône affermi pour toujours. Baguette et réprimande procurent la sagesse, le jeune homme laissé à lui-même est la honte de sa mère. Quand se multiplient les méchants, le forfait se multiplie, mais les justes seront témoins de leur chute. Corrige ton fils, il te laissera en repos et fera les délices de ton âme. Faute de vision, le peuple vit sans frein; heureux qui observe la loi. On ne corrige pas un esclave avec des mots: même s'il comprend, il n'obéit pas. Tu vois un homme prompt au discours? Il y a plus à espérer d'un sot. Si dès l'enfance on gâte son esclave, il deviendra finalement ingrat. L'homme coléreux engage la querelle, l'homme emporté multiplie les offenses. L'orgueil de l'homme l'humiliera, qui est humble d'esprit obtiendra de l'honneur. C'est partager avec le voleur et se haïr soi-même, que d'entendre l'adjuration sans dénoncer. Trembler devant les hommes est un piège, qui se confie en Yahvé est en sûreté. Beaucoup recherchent la faveur du chef, mais de Yahvé vient le droit de chacun. Abomination pour les justes: l'homme inique; abomination pour le méchant: celui dont la voie est droite. Paroles d'Agur, fils de Yaqé, de Massa. Oracle de cet homme pour Itéel, pour Itéel et pour Ukal. Oui, je suis le plus stupide des hommes, sans aucune intelligence humaine, je n'ai pas appris la sagesse et j'ignore la science des saints. Qui est monté au ciel et puis en est descendu? Qui dans ses poings a recueilli le vent? Qui dans son manteau a serré les eaux? Qui a affermi toutes les extrémités de la terre? Quel est son nom? Quel est le nom de son fils, si tu le sais? Toute parole de Dieu est éprouvée, il est un bouclier pour qui s'abrite en lui. A ses discours n'ajoute rien, de crainte qu'il ne te reprenne et ne te tienne pour un menteur. J'implore de toi deux choses, ne les refuse pas avant que je meure: éloigne de moi fausseté et paroles mensongères, ne me donne ni pauvreté ni richesse, laisse-moi goûter ma part de pain, de crainte que, comblé, je ne me détourne et ne dise: "Qui est Yahvé?" Ou encore, qu'indigent, je ne vole et ne profane le nom de mon Dieu. Ne dénigre pas un esclave près de son maître, de crainte qu'il ne te maudisse et que tu n'en portes la peine. Engeance qui maudit son père et ne bénit pas sa mère, engeance pure à ses propres yeux, mais dont la souillure n'est pas effacée, engeance aux regards altiers et aux paupières hautaines, engeance dont les dents sont des épées, les mâchoires, des couteaux, pour dévorer les pauvres et les retrancher du pays, et les malheureux, d'entre les hommes. La sangsue a deux filles: "Apporte! Apporte!" Il y a trois choses insatiables et quatre qui jamais ne disent: "Assez!:" le shéol, le sein stérile, la terre que l'eau ne peut rassasier, le feu qui jamais ne dit: "Assez!" L'oeil qui nargue un père et méprise l'obéissance due à une mère, les corbeaux du torrent le crèveront, les aigles le dévoreront. Il est trois choses qui me dépassent et quatre que je ne connais pas: le chemin de l'aigle dans les cieux, le chemin du serpent sur le rocher, le chemin du vaisseau en haute mer, le chemin de l'homme chez la jeune femme. Telle est la conduite de la femme adultère: elle mange, puis s'essuie la bouche en disant: "Je n'ai rien fait de mal!" Sous trois choses tremble la terre et il en est quatre qu'elle ne peut porter: un esclave qui devient roi, une brute gorgée de nourriture, une fille odieuse qui vient à se marier, une servante qui hérite de sa maîtresse. Il est quatre êtres minuscules sur la terre, mais sages entre les sages: les fourmis, peuple chétif, mais qui, en été, assure sa provende; les damans, peuple sans vigueur, mais qui gîtent dans les rochers; chez les sauterelles, point de roi! mais elles marchent toutes en bon ordre; le lézard que l'on capture à la main, mais qui hante les palais du roi. Trois choses ont une belle allure et quatre une belle démarche: le lion, le plus brave des animaux, qui ne recule devant rien; le coq bien râblé, ou le bouc, et le roi, quand il harangue le peuple. Si tu fus assez sot pour t'emporter et si tu as réfléchi, mets la main sur ta bouche! Car en pressant le lait, on obtient le beurre, en pressant le nez, on obtient le sang, en pressant la colère, on obtient la querelle. Paroles de Lemuel, roi de Massa, que sa mère lui apprit. Quoi, mon fils! quoi, fils de mes entrailles! quoi, fils de mes voeux! Ne livre pas ta vigueur aux femmes, ni tes voies à celles qui perdent les rois. Il ne convient pas aux rois, Lemuel, il ne convient pas aux rois de boire du vin, ni aux princes d'aimer la boisson, de crainte qu'en buvant ils n'oublient ce qui est décrété et qu'ils ne faussent la cause de tous les pauvres. Procure des boissons fortes à qui va mourir, du vin à qui est rempli d'amertume: qu'il boive, qu'il oublie sa misère, qu'il ne se souvienne plus de son malheur! Ouvre la bouche en faveur du muet, pour la cause de tous les abandonnés; ouvre la bouche, juge avec justice, défends la cause du pauvre et du malheureux. Une maîtresse femme, qui la trouvera? Elle a bien plus de prix que les perles! En elle se confie le coeur de son mari, il ne manque pas d'en tirer profit. Elle fait son bonheur et non son malheur, tous les jours de sa vie. Elle cherche laine et lin et travaille d'une main allègre. Elle est pareille à des vaisseaux marchands: de loin, elle amène ses vivres. Il fait encore nuit qu'elle se lève, distribuant à sa maisonnée la pitance, et des ordres à ses servantes. A-t-elle en vue un champ, elle l'acquiert; du produit de ses mains, elle plante une vigne. Elle ceint vigoureusement ses reins et déploie la force de ses bras. Elle sait que ses affaires vont bien, de la nuit, sa lampe ne s'éteint. Elle met la main à la quenouille, ses doigts prennent le fuseau. Elle étend les mains vers le pauvre, elle tend les bras aux malheureux. Elle ne redoute pas la neige pour sa maison, car toute sa maisonnée porte double vêtement. Elle se fait des couvertures, de lin et de pourpre est son vêtement. Aux portes de la ville, son mari est connu, il siège parmi les anciens du pays. Elle tisse des étoffes et les vend, au marchand elle livre une ceinture. Force et dignité forment son vêtement, elle rit au jour à venir. Avec sagesse elle ouvre la bouche, sur sa langue: une doctrine de piété. De sa maisonnée, elle surveille le va-et-vient, elle ne mange pas le pain de l'oisiveté. Ses fils se lèvent pour la proclamer bienheureuse, son mari, pour faire son éloge: "Nombre de femmes ont accompli des exploits, mais toi, tu les surpasses toutes!" Tromperie que la grâce! Vanité, la beauté! La femme qui craint Yahvé, voilà celle qu'il faut féliciter! Accordez-lui une part du produit de ses mains, et qu'aux portes ses oeuvres fassent son éloge! Paroles de Qohélet, fils de David, roi à Jérusalem. Vanité des vanités, dit Qohélet; vanité des vanités, tout est vanité. Quel profit trouve l'homme à toute la peine qu'il prend sous le soleil? Un âge va, un âge vient, mais la terre tient toujours. Le soleil se lève, le soleil se couche, il se hâte vers son lieu et c'est là qu'il se lève. Le vent part au midi, tourne au nord, il tourne, tourne et va, et sur son parcours retourne le vent. Tous les fleuves coulent vers la mer et la mer n'est pas remplie. Vers l'endroit où coulent les fleuves, c'est par là qu'ils continueront de couler. Toute parole est lassante! Personne ne peut dire que l'oeil n'est pas rassasié de voir, et l'oreille saturée par ce qu'elle a entendu. Ce qui fut, cela sera, ce qui s'est fait se refera, et il n'y a rien de nouveau sous le soleil! Qu'il y ait quelque chose dont on dise: "Tiens, voilà du nouveau", cela fut dans les siècles qui nous ont précédés. Il n'y a pas de souvenir d'autrefois, et même pour ceux des temps futurs: il n'y aura d'eux aucun souvenir auprès de ceux qui les suivront. Moi, Qohélet, j'ai été roi d'Israël à Jérusalem. J'ai mis tout mon coeur à rechercher et à explorer par la sagesse tout ce qui se fait sous le ciel. C'est une mauvaise besogne que Dieu a donnée aux enfants des hommes pour qu'ils s'y emploient. J'ai regardé toutes les oeuvres qui se font sous le soleil: Eh bien, tout est vanité et poursuite de vent! Ce qui est courbé ne peut être redressé, ce qui manque ne peut être compté. Je me suis dit à moi-même: Voici que j'ai amassé et accumulé la sagesse plus que quiconque avant moi à Jérusalem, et, en moi-même, j'ai pénétré toute sorte de sagesse et de savoir. J'ai mis tout mon coeur à comprendre la sagesse et le savoir, la sottise et la folie, et j'ai compris que tout cela aussi est recherche de vent. Beaucoup de sagesse, beaucoup de chagrin; plus de savoir, plus de douleur. Je me suis dit en moi-même: Viens donc que je te fasse éprouver la joie, fais connaissance du bonheur! Eh bien, cela aussi est vanité. Du rire j'ai dit: "sottise", et de la joie: "à quoi sert-elle?" J'ai décidé en moi-même de livrer mon corps à la boisson tout en menant mon coeur dans la sagesse, de m'attacher à la folie pour voir ce qu'il convient aux hommes de faire sous le ciel, tous les jours de leur vie. J'ai fait grand. Je me suis bâti des palais, je me suis planté des vignes, je me suis fait des jardins et des vergers et j'y ai planté tous les arbres fruitiers. Je me suis fait des citernes pour arroser de leur eau les jeunes arbres de mes plantations. J'ai acquis des esclaves et des servantes, j'ai eu des domestiques et des troupeaux, du gros et du petit bétail en abondance, plus que quiconque avant moi à Jérusalem. Je me suis amassé aussi de l'argent et de l'or, le trésor des rois et des provinces. Je me suis procuré chanteurs et chanteuses et tout le luxe des enfants des hommes, coffret par coffret. Je me suis élevé et j'ai surpassé quiconque était avant moi à Jérusalem, et ma sagesse m'est restée. Je n'ai rien refusé à mes yeux de ce qu'ils désiraient, je n'ai privé mon coeur d'aucune joie, car je me réjouissais de tout mon travail et cela fut mon sort dans tout mon travail. Alors je réfléchis à toutes les oeuvres de mes mains et à toute la peine que j'y avais prise: eh bien, tout est vanité et poursuite de vent, il n'y a pas de profit sous le soleil! Puis je me mis à réfléchir sur la sagesse, la sottise et la folie: Voyons, que fera le successeur du roi? Ce qu'on a déjà fait. J'ai vu qu'il y avait avantage de la sagesse sur la folie comme du jour sur l'obscurité. Le sage a les yeux ouverts, mais l'insensé marche dans les ténèbres. Et je sais, moi aussi, qu'ils auront tous deux le même sort. Alors je me dis en moi-même: "Le sort de l'insensé sera aussi le mien, pourquoi donc avoir été sage?" Je me dis que cela aussi est vanité. Il n'y a pas de souvenir durable du sage ni de l'insensé, et dans les jours suivants, tous deux sont oubliés: le sage meurt bel et bien avec l'insensé. Je déteste la vie, car ce qui se fait sous le soleil me déplaît: tout est vanité et poursuite de vent. Je déteste le travail pour lequel j'ai pris de la peine sous le soleil, et que je laisse à mon successeur: qui sait s'il sera sage ou fou? Pourtant il sera maître de tout mon travail pour lequel j'ai pris de la peine et me suis comporté avec sagesse sous le soleil; cela aussi est vanité. Mon coeur en est venu à se décourager pour toute la peine que j'ai prise sous le soleil. Car voici un homme qui a travaillé avec sagesse, savoir et succès, et il donne sa part à celui qui n'a pas travaillé: cela aussi est vanité, et c'est un tort grave. Car que reste-t-il à l'homme de toute sa peine et de tout l'effort pour lequel son coeur a peiné sous le soleil? Oui, tous ses jours sont douloureux et sa tâche est pénible; même la nuit il ne peut se reposer, cela aussi est vanité! Il n'y a de bonheur pour l'homme que dans le manger et le boire et dans le bonheur qu'il trouve dans son travail, et je vois que cela aussi vient de la main de Dieu, car qui mangera et qui boira si cela ne vient de lui? A qui lui plaît, il donne sagesse, savoir et joie, et au pécheur il donne comme tâche de recueillir et d'amasser pour celui qui plaît à Dieu. Cela aussi est vanité et poursuite de vent. Il y a un moment pour tout et un temps pour toute chose sous le ciel. Un temps pour enfanter, et un temps pour mourir; un temps pour planter, et un temps pour arracher le plant. Un temps pour tuer, et un temps pour guérir; un temps pour détruire, et un temps pour bâtir. Un temps pour pleurer, et un temps pour rire; un temps pour gémir, et un temps pour danser. Un temps pour lancer des pierres, et un temps pour en ramasser; un temps pour embrasser, et un temps pour s'abstenir d'embrassements. Un temps pour chercher, et un temps pour perdre; un temps pour garder, et un temps pour jeter. Un temps pour déchirer, et un temps pour coudre; un temps pour se taire, et un temps pour parler. Un temps pour aimer, et un temps pour haïr; un temps pour la guerre, et un temps pour la paix. Quel profit celui qui travaille trouve-t-il à la peine qu'il prend? Je regarde la tâche que Dieu donne aux enfants des hommes: tout ce qu'il fait convient en son temps. Il a mis dans leur coeur l'ensemble du temps, mais sans que l'homme puisse saisir ce que Dieu fait, du commencement à la fin. Et je sais qu'il n'y a pas de bonheur pour l'homme, sinon dans le plaisir et le bien-être durant sa vie. Et si un homme mange, boit et trouve le bonheur dans son travail, cela est un don de Dieu. Je sais que tout ce que Dieu fait sera pour toujours. A cela il n'y a rien à ajouter, de cela il n'y a rien à retrancher, et Dieu fait en sorte qu'on le craigne. Ce qui est fut déjà; ce qui sera est déjà. Or Dieu recherche le persécuté. Je regarde encore sous le soleil: à la place du droit, là se trouve le crime, à la place du juste se trouve le criminel; et je me dis en moi-même: le juste et le criminel, Dieu les jugera, car il y a un temps pour toutes choses et pour toute action ici. Je me dis en moi-même, en ce qui concerne les enfants des hommes: c'est pour que Dieu les éprouve et leur montre qu'ils sont des bêtes. Car le sort de l'homme et le sort de la bête sont un sort identique: comme meurt l'un, ainsi meurt l'autre, et c'est un même souffle qu'ils ont tous les deux. La supériorité de l'homme sur la bête est nulle, car tout est vanité. Tout s'en va vers un même lieu: tout vient de la poussière, tout s'en retourne à la poussière. Qui sait si le souffle de l'homme monte vers le haut et si le souffle de la bête descend en bas, vers la terre? Je vois qu'il n'y a de bonheur pour l'homme qu'à se réjouir de ses oeuvres, car c'est là sa part. Qui donc l'emmènera voir ce qui sera après lui? Je regarde encore toute l'oppression qui se commet sous le soleil: Voici les larmes des opprimés, et ils n'ont pas de consolateur; et la force du côté des oppresseurs, et ils n'ont pas de consolateur. Alors je félicite les morts qui sont déjà morts plutôt que les vivants qui sont encore vivants. Et plus heureux que tous les deux est celui qui ne vit pas encore et ne voit pas l'iniquité qui se commet sous le soleil. Et je vois que tout travail et toute réussite n'est que jalousie de l'un pour l'autre: cela est vanité et poursuite de vent! L'insensé se croise les bras et se dévore lui-même. Mieux vaut une poignée de repos que deux poignées de travail à poursuivre le vent. Je vois encore une autre vanité sous le soleil: soit quelqu'un de seul qui n'a pas de second, pas de fils ni de frère; il n'y a pas de limite à toute sa besogne, et ses yeux ne sont pas rassasiés de richesses: "Pour qui donc est-ce que je travaille et me prive de bonheur?" Cela aussi est vanité, et c'est une mauvaise besogne. Mieux vaut être deux que seul, car ainsi le travail donne bon profit. En cas de chute, l'un relève l'autre; mais qu'en est-il de celui qui tombe sans personne pour le relever? Et si l'on couche à deux, on se réchauffe, mais seul, comment avoir chaud? Là où un homme seul est renversé, deux résistent, et le fil triple ne rompt pas facilement. Mieux vaut un enfant pauvre et sage qu'un roi vieux et insensé qui ne sait plus prendre conseil. Même s'il est sorti de prison pour régner, et même s'il est né mendiant dans le royaume, je vois tous les vivants qui vont sous le soleil être avec l'enfant, le second, l'usurpateur, et c'est d'une foule sans fin qu'il se trouve à la tête. Mais ceux qui viennent après ne s'en réjouiront pas, car cela aussi est vanité et recherche de vent. Prends garde à tes pas quand tu vas à la Maison de Dieu: approcher pour écouter vaut mieux que le sacrifice offert par les insensés, mais ils ne savent pas qu'ils font le mal. Ne hâte pas tes lèvres, que ton coeur ne se presse pas de proférer une parole devant Dieu, car Dieu est au ciel et toi sur la terre; aussi, que tes paroles soient peu nombreuses. Car du nombre des tracas vient le songe, du nombre des paroles, le ton de l'insensé. Si tu fais un voeu à Dieu, ne tarde pas à l'accomplir, car Dieu n'aime pas les insensés. Ton voeu, accomplis-le. Et mieux vaut ne pas faire de voeu que d'en faire un sans l'accomplir. Ne laisse pas ta bouche faire de toi un pécheur. Et ne va pas dire au Messager que c'était par inadvertance: pourquoi donner à Dieu l'occasion de s'irriter contre toi et de ruiner l'oeuvre de tes mains? Car du nombre des songes viennent les vanités et les paroles multipliées. Ainsi crains Dieu. Si tu vois dans une province le pauvre opprimé, la justice et le droit bafoués, n'en sois pas surpris; car au-dessus d'une autorité veille une plus haute autorité, et de plus hautes au-dessus d'elles. Mais le profit qu'on tire d'une terre est à tous, un roi est servi par les champs. Qui aime l'argent ne se rassasie pas d'argent, qui aime l'abondance n'a pas de revenu, cela aussi est vanité. Où abonde le bien, abondent ceux qui le mangent, quel avantage pour le propriétaire, sinon un spectacle pour les yeux? Le sommeil du travailleur est doux, qu'il ait mangé peu ou beaucoup; mais la satiété du riche ne le laisse pas dormir. Il est un tort criant que je vois sous le soleil: la richesse gardée par son possesseur à son propre détriment. Il perd cette richesse dans une mauvaise affaire, il met au monde un fils, il n'a plus rien en main. Comme il était sorti du sein de sa mère, tout nu, il s'en retournera, comme il était venu. De son travail il n'a rien retiré qui lui reste en main. Cela aussi est un tort criant qu'il s'en aille comme il était venu: Quel profit retire-t-il d'avoir travaillé pour le vent? Et puis tous ses jours se passent dans l'obscurité, le deuil, les chagrins nombreux, la maladie et l'irritation. Voici ce que j'ai vu: le bonheur qui convient à l'homme, c'est de manger et de boire, et de trouver le bonheur dans tout le travail qu'il accomplit sous le soleil, tout au long des jours de la vie que Dieu lui donne, car c'est là sa part. Et tout homme à qui Dieu donne richesses et ressources, qu'il laisse maître de s'en nourrir, d'en recevoir sa part et de jouir de son travail, cela est un don de Dieu. Car il ne se souvient guère des jours de sa vie tant que Dieu occupe son coeur à la joie. Il y a un autre mal que je vois sous le soleil et qui est grand pour l'homme: soit un homme à qui Dieu donne richesses, ressources et gloire, et à qui rien ne manque de tout ce qu'il peut désirer; mais Dieu ne le laisse pas maître de s'en nourrir et c'est un étranger qui s'en nourrit: cela est vanité et cruelle souffrance. Soit un homme qui a eu cent enfants et a vécu de nombreuses années, et alors que ses années ont été nombreuses, il ne s'est pas rassasié de bonheur et il n'a même pas de tombeau: je vois que l'avorton est plus heureux que lui. Il est venu dans la vanité, il s'en va dans les ténèbres, et dans les ténèbres son nom est enseveli. Il n'a même pas vu le soleil et ne l'a pas connu: il y a plus de repos pour lui que pour l'autre. Et même s'il avait vécu deux fois mille ans, il n'aurait pas vu le bonheur; n'est-ce pas vers un même lieu que tous s'en vont? Toute la peine que prend l'homme est pour sa bouche, et pourtant son appétit n'est jamais satisfait. Quel avantage a le sage sur l'insensé? Et qu'en est-il de l'indigent qui sait se conduire devant les vivants? Mieux vaut ce que voient les yeux que le mouvement du désir, cela aussi est vanité et poursuite de vent! Ce qui fut a déjà été nommé et l'on sait ce qu'est un homme: il ne peut faire procès à celui qui est plus fort que lui. Plus il y a de paroles, plus il y a de vanité, quel avantage pour l'homme? Et qui sait ce qui convient à l'homme pendant sa vie, tout au long des jours de la vie de vanité qu'il passe comme une ombre? Qui annoncera à l'homme ce qui doit venir après lui sous le soleil? Mieux vaut un nom que l'huile fine, et le jour de la mort que le jour de la naissance. Mieux vaut aller à la maison du deuil qu'à la maison du banquet, puisque c'est la fin de tout homme; ainsi le vivant y réfléchira. Mieux vaut le chagrin que le rire, car avec un triste visage on peut avoir le coeur joyeux. Le coeur du sage est dans la maison du deuil, le coeur des insensés, dans la maison de la joie. Mieux vaut écouter la semonce du sage qu'écouter le chant de l'insensé; car tel le bruit des épines sous le chaudron, tel est le rire de l'insensé, et cela aussi est vanité. Mais l'oppression rend fou le sage et un présent perd le coeur. Mieux vaut la fin d'une chose que son début, mieux vaut la patience que la prétention. Ne te hâte pas de t'irriter, car l'irritation habite au coeur des insensés. Ne dis pas: "Comment se fait-il que le passé fut meilleur que le présent?" Car ce n'est pas la sagesse qui te fait poser cette question. La sagesse est bonne comme un héritage, elle profite à ceux qui voient le soleil. Car l'abri de la sagesse vaut l'abri de l'argent, et l'avantage du savoir, c'est que la sagesse fait vivre ceux qui la possèdent. Regarde l'oeuvre de Dieu: qui pourra donc redresser ce qu'il a courbé? Au jour du bonheur, sois heureux, et au jour du malheur, regarde: Dieu a bel et bien fait l'un et l'autre, afin que l'homme ne trouve rien derrière soi. J'ai tout vu, en ma vie de vanité: le juste périr dans sa justice et l'impie survivre dans son impiété. Ne sois pas juste à l'excès et ne te fais pas trop sage, pourquoi te détruirais-tu? Ne te fais pas méchant à l'excès et ne sois pas insensé, pourquoi mourir avant ton temps? Il est bon de tenir à ceci sans laisser ta main lâcher cela, puisque celui qui craint Dieu trouvera l'un et l'autre. La sagesse rend le sage plus fort que dix gouverneurs dans une ville. Il n'est pas d'homme assez juste sur la terre pour faire le bien sans jamais pécher. D'ailleurs ne prête pas attention à toutes les paroles qu'on prononce, ainsi tu n'entendras pas ton serviteur te maudire. Car bien des fois ton coeur a su que toi aussi avais maudit les autres. Tout cela, j'en ai fait l'épreuve par la sagesse; j'ai dit: "Je serai sage", mais c'est hors de ma portée! Hors de portée ce qui fut; profond! profond! Qui le découvrira? J'en suis venu, en mon coeur, à connaître, à explorer et à m'enquérir de la sagesse et de la réflexion, à reconnaître le mal pour une chose insensée et la folie pour une sottise. Et je trouve plus amère que la mort, la femme, car elle est un piège, son coeur un filet, et ses bras des chaînes. Qui plaît à Dieu lui échappe, mais le pécheur s'y fait prendre. Voici ce que je trouve, dit Qohélet, en regardant une chose après l'autre pour en tirer une réflexion que je cherche encore sans la trouver: un homme sur mille, je le trouve, mais une femme sur toutes, je ne la trouve pas. Seulement voici ce que je trouve: Dieu a fait l'homme tout droit, et lui, cherche bien des calculs. Qui est comme le sage? Qui sait expliquer quelque chose? La sagesse de l'homme fait luire son visage et son air austère est changé. Ecoute l'ordre du roi, et à cause du serment divin, ne te presse pas de t'en écarter; ne t'entête pas dans un mauvais cas, parce qu'il fait ce qui lui plaît. Parce que la parole du roi est souveraine, qui lui dira: "Que fais-tu?" Celui qui garde le commandement ne connaît aucun malheur; le coeur du sage connaît le temps et le jugement, car il y a un temps et un jugement pour toute chose. Mais le malheur de l'homme est grave pour lui, car il ne sait pas ce qui arrivera: qui pourrait lui annoncer comment ce sera? Aucun homme n'est maître du vent pour retenir le vent, personne n'est maître du jour de la mort. Il n'y a pas de sursis à la guerre, et la méchanceté ne sauve pas celui qui la commet. Tout cela je l'ai vu, en mettant tout mon coeur à tout ce qui se fait sous le soleil, au temps où l'homme est maître de l'homme, pour son malheur. Et ainsi j'ai vu des méchants emmenés à leur tombeau, et l'on s'en va du lieu saint, et l'on oublie dans la ville comment ils ont agi, cela aussi est vanité! Parce que la sentence contre celui qui fait le mal n'est pas vite exécutée, le coeur des enfants des hommes est plein de l'envie de mal faire. Que le pécheur fasse cent fois le mal, il survit. Mais moi je sais aussi qu'il arrive du bien à ceux qui craignent Dieu parce qu'ils le craignent, mais qu'il n'arrive pas de bien au méchant et que, comme l'ombre, il ne prolongera pas ses jours, parce qu'il ne craint pas Dieu. Il y a une vanité qui se fait sur la terre: il y a des justes qui sont traités selon la conduite des méchants et des méchants qui sont traités selon la conduite des justes. Je dis que cela aussi est vanité. Et je fais l'éloge de la joie, car il n'y a de bonheur pour l'homme que dans le manger, le boire et le plaisir qu'il prend; c'est cela qui accompagne son travail aux jours de la vie que Dieu lui donne sous le soleil. Après avoir mis tout mon coeur à connaître la sagesse et à observer la tâche qu'on exerce sur la terre -- car ni jour ni nuit on ne voit de ses yeux le repos -- j'ai observé toute l'oeuvre de Dieu: l'homme ne peut découvrir toute l'oeuvre qui se fait sous le soleil; quoique l'homme se fatigue à chercher, il ne trouve pas. Et même si un sage dit qu'il sait, il ne peut trouver. Oui! A tout cela j'ai mis tout mon coeur et j'ai éprouvé tout cela: à savoir que les justes et les sages avec leurs oeuvres sont dans la main de Dieu. L'homme ne connaît ni l'amour ni la haine, tous deux sont devant lui vanité. Ainsi, tous ont un même sort, le juste et le méchant, Le bon et le mauvais, le pur et l'impur, celui qui sacrifie et celui qui ne sacrifie pas; le bon est comme le pécheur, celui qui prête serment comme celui qui craint de prêter serment. C'est un mal, parmi tout ce qui se fait sous le soleil, qu'il y ait un même sort pour tous. Et le coeur des hommes est plein de méchanceté, la sottise est dans leur coeur durant leur vie et leur fin est chez les morts. Mais il y a de l'espoir pour celui qui est lié à tous les vivants, et un chien vivant vaut mieux qu'un lion mort. Les vivants savent au moins qu'ils mourront, mais les morts ne savent rien du tout. Il n'y a plus pour eux de salaire, puisque leur souvenir est oublié. Leur amour, leur haine, leur jalousie ont déjà péri, et ils n'auront plus jamais part à tout ce qui se fait sous le soleil. Va, mange avec joie ton pain et bois de bon coeur ton vin, car Dieu a déjà apprécié tes oeuvres. En tout temps porte des habits blancs et que le parfum ne manque pas sur ta tête. Prends la vie avec la femme que tu aimes, tous les jours de la vie de vanité que Dieu te donne sous le soleil, tous tes jours de vanité, car c'est ton lot dans la vie et dans la peine que tu prends sous le soleil. Tout ce que ta main trouve à faire, fais-le tant que tu en as la force, car il n'y a ni oeuvre, ni réflexion, ni savoir, ni sagesse dans le Shéol où tu t'en vas. J'ai vu encore sous le soleil que la course ne revient pas aux plus rapides, ni le combat aux héros, qu'il n'y a pas de pain pour les sages, pas de richesse pour les intelligents, pas de faveur pour les savants: temps et contretemps leur arrivent à tous. Mais l'homme ne connaît pas son heure. Comme les poissons pris au filet perfide, comme les oiseaux pris au piège, ainsi sont surpris les enfants des hommes au temps du malheur, quand il fond sur eux à l'improviste. Voici encore quelle sorte de sagesse j'ai vue sous le soleil, et elle me paraît importante: Il y avait une ville, petite, avec peu d'habitants. Un grand roi vint contre elle; il l'assiégea et bâtit contre elle de grands ouvrages. Mais il trouva devant lui un homme pauvre et sage qui sauva la ville par sa sagesse. Or personne n'a gardé le souvenir de cet homme pauvre. Alors je dis: La sagesse vaut mieux que la force, mais la sagesse du pauvre est méconnue et ses paroles, personne ne les écoute. On écoute les paroles calmes des sages plus que les cris de celui qui commande aux insensés. Mieux vaut la sagesse que les armes, mais un seul péché annule beaucoup de bien. Une mouche morte gâte l'huile du parfumeur, un peu de sottise compte plus que sagesse et gloire. Le sage se dirige bien, l'insensé va de travers. Qu'il avance sur la route, celui qui est insensé, l'esprit lui manque, et tous disent: "C'est un insensé!" Si l'humeur de celui qui commande se monte contre toi, ne quitte pas ta place, car le calme évite de grands péchés. Il y a un mal que je vois sous le soleil, c'est comme une méprise de la part du souverain: la folie placée au plus haut et des riches qui restent dans l'abaissement. Je vois des esclaves aller à cheval et des princes à pied comme des esclaves. Qui creuse une fosse tombe dedans, qui sape un mur, un serpent le mord; qui extrait des pierres se blesse avec, qui fend du bois prend un risque. Si le fer est émoussé et qu'on n'en aiguise pas la lame, il faut redoubler de forces; mais il y a profit à faire aboutir la sagesse. Si, faute d'être charmé, le serpent mord, il n'y a pas de profit pour le charmeur. Les paroles du sage plaisent, les lèvres de l'insensé le perdront: le début de ses paroles est folie et la fin de son propos perfide sottise. Le fou multiplie les paroles, mais l'homme ne sait pas ce qui sera: ce qui arrivera après lui, qui le lui annoncera? Le travail de l'insensé le fatigue, lui qui ne sait même pas aller à la ville. Malheur à toi, pays dont le roi est un gamin, et dont les princes mangent dès le matin! Heureux le pays dont le roi est né noble, dont les princes mangent au temps voulu pour prendre des forces et non pour banqueter! Pour des mains paresseuses, la poutre cède, pour des mains négligentes, il pleut dans la maison. Pour se divertir on fait un repas, le vin réjouit les vivants et l'argent a réponse à tout. Ne maudis pas le roi, fût-ce en pensée, ne maudis pas le riche, fût-ce dans ta chambre, car un oiseau du ciel emporterait le bruit, celui qui a des ailes redirait ta parole. Lance ton pain sur l'eau, à la longue tu le retrouveras. Donne une part à sept ou à huit, car tu ne sais pas quel malheur peut venir sur la terre. Si les nuages sont pleins de pluie, ils la déversent sur la terre; et si un arbre tombe, au sud ou bien au nord, l'arbre reste où il est tombé. Qui observe le vent ne sème pas, qui regarde les nuages ne moissonne pas. De même que tu ne connais pas le chemin que suit le vent, ou celui de l'embryon dans le sein de la femme, de même tu ne connais pas l'oeuvre de Dieu qui fait tout. Le matin, sème ton grain, et le soir ne laisse pas ta main inactive, car de deux choses tu ne sais pas celle qui réussira, ou si elles sont aussi bonnes l'une que l'autre. Douce est la lumière et il plaît aux yeux de voir le soleil; si l'homme vit de longues années, qu'il profite de toutes, mais qu'il se rappelle que les jours de ténèbres seront nombreux: tout ce qui vient est vanité. Réjouis-toi, jeune homme, dans ta jeunesse, sois heureux aux jours de ton adolescence, suis les voies de ton coeur et les désirs de tes yeux, mais sache que sur tout cela Dieu te fera venir en jugement. Eloigne de ton coeur le chagrin, écarte de ta chair la souffrance, mais la jeunesse et l'âge des cheveux noirs sont vanité. Et souviens-toi de ton Créateur aux jours de ton adolescence, avant que viennent les jours mauvais et qu'arrivent les années dont tu diras: "je ne les aime pas"; avant que s'obscurcissent le soleil et la lumière, la lune et les étoiles, et que reviennent les nuages après la pluie; au jour où tremblent les gardiens de la maison, où se courbent les hommes vigoureux, où les femmes, l'une après l'autre, cessent de moudre, où l'obscurité gagne celles qui regardent par la fenêtre. Quand la porte est fermée sur la rue, quand tombe la voix du moulin, quand on se lève à la voix de l'oiseau, quand se taisent toutes les chansons. Quand on redoute la montée et qu'on a des frayeurs en chemin. Et l'amandier est en fleur, et la sauterelle est pesante, et le câpre perd son goût. Tandis que l'homme s'en va vers sa maison d'éternité et les pleureurs tournent déjà dans la rue. Avant que lâche le fil d'argent, que la coupe d'or se brise, que la jarre se casse à la fontaine, que la poulie se rompe au puits et que la poussière retourne à la terre comme elle en est venue, et le souffle à Dieu qui l'a donné. Vanité des vanités, dit Qohélet, tout est vanité. Sans compter que Qohélet fut un sage, il a encore enseigné au peuple le savoir; il a pesé, examiné et corrigé beaucoup de proverbes; Qohélet s'est efforcé de trouver beaucoup de paroles plaisantes et d'écrire des paroles de vérité. Les paroles du sage sont comme des aiguillons et comme des piquets plantés par les maîtres de troupeaux; ils sont mis par le même pasteur. En plus de cela, mon fils, sois averti que faire des livres est un travail sans fin et que beaucoup d'étude fatigue le corps. Fin du discours. Tout est entendu. Crains Dieu et observe ses commandements, car c'est là le devoir de tout homme. Car Dieu amènera en jugement toutes les actions de l'homme, tout ce qui est caché, que ce soit bien ou mal. Cantique des Cantiques, de Salomon. Qu'il me baise des baisers de sa bouche. Tes amours sont plus délicieuses que le vin; l'arôme de tes parfums est exquis; ton nom est une huile qui s'épanche, c'est pourquoi les jeunes filles t'aiment. Entraîne-moi sur tes pas, courons! Le roi m'a introduite en ses appartements; tu seras notre joie et notre allégresse. Nous célébrerons tes amours plus que le vin; comme on a raison de t'aimer! Je suis noire et pourtant belle, filles de Jérusalem, comme les tentes de Qédar, comme les pavillons de Salma. Ne prenez pas garde à mon teint basané: c'est le soleil qui m'a brûlée. Les fils de ma mère se sont emportés contre moi, ils m'ont mise à garder les vignes. Ma vigne à moi, je ne l'avais pas gardée! Dis-moi donc, toi que mon coeur aime: Où mèneras-tu paître le troupeau, où le mettras-tu au repos, à l'heure de midi? Pour que je n'erre plus en vagabonde, près des troupeaux de tes compagnons. Si tu l'ignores, ô la plus belle des femmes, suis les traces du troupeau, et mène paître tes chevreaux près de la demeure des bergers. A ma cavale, attelée au char de Pharaon, je te compare, ma bien-aimée. Tes joues restent belles, entre les pendeloques, et ton cou dans les colliers. Nous te ferons des pendants d'or et des globules d'argent. -- Tandis que le roi est en son enclos, mon nard donne son parfum. Mon bien-aimé est un sachet de myrrhe, qui repose entre mes seins. Mon bien-aimé est une grappe de cypre, dans les vignes d'En-Gaddi. -- Que tu es belle, ma bien-aimée, que tu es belle! Tes yeux sont des colombes. -- Que tu es beau, mon bien-aimé, combien délicieux! Notre lit n'est que verdure. -- Les poutres de notre maison sont de cèdre, nos lambris de cyprès. -- Je suis le narcisse de Saron, le lis des vallées. -- Comme le lis entre les chardons, telle ma bien-aimée entre les jeunes femmes. -- Comme le pommier parmi les arbres d'un verger, ainsi mon bien-aimé parmi les jeunes hommes. A son ombre désirée je me suis assise, et son fruit est doux à mon palais. Il m'a menée au cellier, et la bannière qu'il dresse sur moi, c'est l'amour. Soutenez-moi avec des gâteaux de raisin, ranimez-moi avec des pommes, car je suis malade d'amour. Son bras gauche est sous ma tête et sa droite m'étreint. -- Je vous en conjure, filles de Jérusalem, par les gazelles, par les biches des champs, n'éveillez pas, ne réveillez pas mon amour, avant l'heure de son bon plaisir. J'entends mon bien-aimé. Voici qu'il arrive, sautant sur les montagnes, bondissant sur les collines. Mon bien-aimé est semblable à une gazelle, à un jeune faon. Voilà qu'il se tient derrière notre mur. Il guette par la fenêtre, il épie par le treillis. Mon bien-aimé élève la voix, il me dit: "Lève-toi, ma bien-aimée, ma belle, viens. Car voilà l'hiver passé, c'en est fini des pluies, elles ont disparu. Sur notre terre les fleurs se montrent. La saison vient des gais refrains, le roucoulement de la tourterelle se fait entendre sur notre terre. Le figuier forme ses premiers fruits et les vignes en fleur exhalent leur parfum. Lève-toi, ma bien-aimée, ma belle, viens! Ma colombe, cachée au creux des rochers, en des retraites escarpées, montre-moi ton visage, fais-moi entendre ta voix; car ta voix est douce et charmant ton visage." Attrapez-nous les renards, les petits renards ravageurs de vignes, car nos vignes sont en fleur. Mon bien-aimé est à moi, et moi à lui. Il paît son troupeau parmi les lis. Avant que souffle la brise du jour et que s'enfuient les ombres, reviens! Sois semblable, mon bien-aimé, à une gazelle, à un jeune faon, sur les montagnes de Bétèr. Sur ma couche, la nuit, j'ai cherché celui que mon coeur aime. Je l'ai cherché, mais ne l'ai point trouvé! Je me lèverai donc, et parcourrai la ville. Dans les rues et sur les places, je chercherai celui que mon coeur aime. Je l'ai cherché, mais ne l'ai point trouvé! Les gardes m'ont rencontrée, ceux qui font la ronde dans la ville: "Avez-vous vu celui que mon coeur aime?" A peine les avais-je dépassés, j'ai trouvé celui que mon coeur aime. Je l'ai saisi et ne le lâcherai point que je ne l'aie fait entrer dans la maison de ma mère, dans la chambre de celle qui m'a conçue. Je vous en conjure, filles de Jérusalem, par les gazelles, par les biches des champs, n'éveillez pas, ne réveillez pas mon amour, avant l'heure de son bon plaisir. Qu'est-ce là qui monte du désert, comme une colonne de fumée, vapeur de myrrhe et d'encens et de tous parfums exotiques? Voici la litière de Salomon. 60 preux l'entourent, élite des preux d'Israël: tous experts à manier l'épée, vétérans des combats. Chacun a la glaive au côté, craignant les surprises de la nuit. Le roi Salomon s'est fait un palanquin en bois du Liban. Il en a fait les colonnes d'argent, le baldaquin d'or, le siège de pourpre. Le fond est une marqueterie d'ébène. Venez contempler, filles de Sion, le roi Salomon, avec le diadème dont sa mère l'a couronné au jour de ses épousailles, au jour de la joie de son coeur. Que tu es belle, ma bien-aimée, que tu es belle! Tes yeux sont des colombes, derrière ton voile, tes cheveux comme un troupeau de chèvres, ondulant sur les pentes du mont Galaad. Tes dents, un troupeau de brebis à tondre qui remontent du bain. Chacune a sa jumelle et nulle n'en est privée. Tes lèvres, un fil d'écarlate, et tes discours sont ravissants. Tes joues, des moitiés de grenades, derrière ton voile. Ton cou, la tour de David, bâtie par assises. Mille rondaches y sont suspendues, tous les boucliers des preux. Tes deux seins, deux faons, jumeaux d'une gazelle, qui paissent parmi les lis. Avant que souffle la brise du jour et que s'enfuient les ombres, j'irai à la montagne de la myrrhe, à la colline de l'encens. Tu es toute belle, ma bien-aimée, et sans tache aucune! Viens du Liban, ô fiancée, viens du Liban, fais ton entrée. Abaisse tes regards, des cimes de l'Amana, des cimes du Sanir et de l'Hermon, repaire des lions, montagnes des léopards. Tu me fais perdre le sens, ma soeur, ô fiancée, tu me fais perdre le sens par un seul de tes regards, par un anneau de ton collier! Que ton amour a de charmes, ma soeur, ô fiancée. Que ton amour est délicieux, plus que le vin! Et l'arôme de tes parfums, plus que tous les baumes! Tes lèvres, ô fiancée, distillent le miel vierge. Le miel et le lait sont sous ta langue; et le parfum de tes vêtements est comme le parfum du Liban. Elle est un jardin bien clos, ma soeur, ô fiancée; un jardin bien clos, une source scellée. Tes jets font un verger de grenadiers, avec les fruits les plus exquis: le nard et le safran, le roseau odorant et le cinnamome, avec tous les arbres à encens; la myrrhe et l'aloès, avec les plus fins arômes. Source des jardins, puits d'eaux vives, ruissellement du Liban! Lève-toi, aquilon, accours, autan! Soufflez sur mon jardin, qu'il distille ses aromates! Que mon bien-aimé entre dans son jardin, et qu'il en goûte les fruits délicieux! J'entre dans mon jardin, ma soeur, ô fiancée, je récolte ma myrrhe et mon baume, je mange mon miel et mon rayon, je bois mon vin et mon lait. Mangez, amis, buvez, enivrez-vous, mes bien-aimés! Je dors, mais mon coeur veille. J'entends mon bien-aimé qui frappe. "Ouvre-moi, ma soeur, mon amie, ma colombe, ma parfaite! Car ma tête est couverte de rosée, mes boucles, des gouttes de la nuit" -- "J'ai ôté ma tunique, comment la remettrais-je? J'ai lavé mes pieds, comment les salirais-je?" Mon bien-aimé a passé la main par la fente, et pour lui mes entrailles ont frémi. Je me suis levée pour ouvrir à mon bien-aimé, et de mes mains a dégoutté la myrrhe, de mes doigts la myrrhe vierge, sur la poignée du verrou. J'ai ouvert à mon bien-aimé, mais tournant le dos, il avait disparu! Sa fuite m'a fait rendre l'âme. Je l'ai cherché, mais ne l'ai point trouvé, je l'ai appelé, mais il n'a pas répondu! Les gardes m'ont rencontrée, ceux qui font la ronde dans la ville. Ils m'ont frappée, ils m'ont blessée, ils m'ont enlevé mon manteau, ceux qui gardent les remparts. Je vous en conjure, filles de Jérusalem, si vous trouvez mon bien-aimé, que lui déclarerez-vous? Que je suis malade d'amour. Qu'a donc ton bien-aimé de plus que les autres, ô la plus belle des femmes? Qu'a donc ton bien-aimé de plus que les autres, pour que tu nous conjures de la sorte? Mon bien-aimé est frais et vermeil. Il se reconnaît entre 10.000. Sa tête est d'or, et d'un or pur; ses boucles sont des palmes, noires comme le corbeau. Ses yeux sont des colombes, au bord des cours d'eau se baignant dans le lait, posées au bord d'une vasque. Ses joues sont comme des parterres d'aromates, des massifs parfumés. Ses lèvres sont des lis; elles distillent la myrrhe vierge. Ses mains sont des globes d'or, garnis de pierres de Tarsis. Son ventre est une masse d'ivoire, couverte de saphirs. Ses jambes sont des colonnes d'albâtre, posées sur des bases d'or pur. Son aspect est celui du Liban, sans rival comme les cèdres. Ses discours sont la suavité même, et tout en lui n'est que charme. Tel est mon bien-aimé, tel est mon époux, filles de Jérusalem. Où est parti ton bien-aimé, ô la plus belle des femmes? Où s'est tourné ton bien-aimé, que nous le cherchions avec toi? Mon bien-aimé est descendu à son jardin, aux parterres embaumés, pour paître son troupeau dans les jardins, et pour cueillir des lis. Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi! Il paît son troupeau parmi les lis. Tu es belle, mon amie, comme Tirça, charmante comme Jérusalem, redoutable comme des bataillons. Détourne de moi tes regards, car ils m'assaillent! Tes cheveux sont un troupeau de chèvres, ondulant sur les pentes du Galaad. Tes dents sont un troupeau de brebis, qui remontent du bain. Chacune a sa jumelle et nulle n'en est privée. Tes joues sont des moitiés de grenade derrière ton voile. Il y a 60 reines et 80 concubines! (et des jeunes filles sans nombre.) Unique est ma colombe, ma parfaite. Elle est l'unique de sa mère, la préférée de celle qui l'enfanta. Les jeunes femmes l'ont vue et glorifiée, reines et concubines l'ont célébrée: "Qui est celle-ci qui surgit comme l'aurore, belle comme la lune, resplendissante comme le soleil, redoutable comme des bataillons?" Au jardin des noyers je suis descendu, pour voir les jeunes pousses de la vallée, pour voir si la vigne bourgeonne, si les grenadiers fleurissent. Je ne sais, mais mon désir m'a jeté sur les chars d'Amminadîb! Reviens, reviens, Sulamite; reviens, reviens, que nous te regardions! Pourquoi regardez-vous la Sulamite, dansant comme en un double choeur? Que tes pieds sont beaux dans tes sandales, fille de prince! La courbe de tes flancs est comme un collier, oeuvre des mains d'un artiste. Ton nombril forme une coupe, que les vins n'y manquent pas! Ton ventre, un monceau de froment, de lis environné. Tes deux seins ressemblent à deux faons, jumeaux d'une gazelle. Ton cou, une tour d'ivoire. Tes yeux, les piscines de Heshbôn, près de la porte de Bat-Rabbim. Ton nez, la tour du Liban, sentinelle tournée vers Damas. Ton chef se dresse, semblable au Carmel, et ses nattes sont comme la pourpre; un roi est pris à tes boucles. Que tu es belle, que tu es charmante, ô amour, ô délices! Dans ton élan tu ressembles au palmier, tes seins en sont les grappes. J'ai dit: Je monterai au palmier, j'en saisirai les régimes. Tes seins, qu'ils soient des grappes de raisin, le parfum de ton souffle, celui des pommes; tes discours, un vin exquis! Il va droit à mon bien-aimé, comme il coule sur les lèvres de ceux qui sommeillent. Je suis à mon bien-aimé, et vers moi se porte son désir. Viens, mon bien-aimé, allons aux champs! Nous passerons la nuit dans les villages, dès le matin nous irons aux vignobles. Nous verrons si la vigne bourgeonne, si ses pampres fleurissent, si les grenadiers sont en fleur. Alors je te ferai le don de mes amours. Les mandragores exhalent leur parfum, à nos portes sont tous les meilleurs fruits. Les nouveaux comme les anciens, je les ai réservés pour toi, mon bien-aimé. Ah! que ne m'es-tu un frère, allaité au sein de ma mère! Te rencontrant dehors, je pourrais t'embrasser, sans que les gens me méprisent. Je te conduirais, je t'introduirais dans la maison de ma mère, tu m'enseignerais! Je te ferais boire un vin parfumé, ma liqueur de grenades. Son bras gauche est sous ma tête, et sa droite m'étreint. Je vous en conjure, filles de Jérusalem, n'éveillez pas, ne réveillez pas mon amour, avant l'heure de son bon plaisir. Qui est celle-ci qui monte du désert, appuyée sur son bien-aimé? Sous le pommier je t'ai réveillée, là même où ta mère te conçut, là où conçut celle qui t'a enfantée. Pose-moi comme un sceau sur ton coeur, comme un sceau sur ton bras. Car l'amour est fort comme la Mort, la passion inflexible comme le Shéol. Ses traits sont des traits de feu, une flamme de Yahvé. Les grandes eaux ne pourront éteindre l'amour, ni les fleuves le submerger. Qui offrirait toutes les richesses de ma maison pour acheter l'amour, ne recueillerait que mépris. Notre soeur est petite: elle n'a pas encore les seins formés. Que ferons-nous à notre soeur, le jour où il sera question d'elle? -- Si elle est un rempart, nous élèverons au faîte un couronnement d'argent; si elle est une porte, nous dresserons contre elle des ais de cèdre. -- Je suis un mur, et mes seins en figurent les tours. Aussi ai-je à leurs yeux trouvé la paix. Salomon avait une vigne à Baal-Hamôn. Il la confia à des gardiens, et chacun devait lui remettre le prix de son fruit: mille sicles d'argent. Ma vigne à moi, je l'ai sous mes yeux: à toi Salomon les mille sicles, et 200 aux gardiens de son fruit. Toi qui habites les jardins, mes compagnons prêtent l'oreille à ta voix: daigne me la faire entendre! Fuis, mon bien-aimé, Sois semblable à une gazelle, à un jeune faon, sur les montagnes embaumées! Vision d'Isaïe, fils d'Amoç, qu'il reçut au sujet de Juda et de Jérusalem, au temps d'Ozias, de Yotam, d'Achaz et d'Ezéchias, rois de Juda. Cieux écoutez, terre, prête l'oreille, car Yahvé parle. J'ai élevé des enfants, je les ai fait grandir, mais ils se sont révoltés contre moi. Le boeuf connaît son possesseur, et l'âne la crèche de son maître, Israël ne connaît pas, mon peuple ne comprend pas. Malheur! nation pécheresse! peuple coupable! race de malfaiteurs, fils pervertis! Ils ont abandonné Yahvé, ils ont méprisé le Saint d'Israël, ils se sont détournés de lui. Où frapper encore, si vous persévérez dans la trahison? Toute la tête est mal-en-point, tout le coeur est malade, de la plante des pieds à la tête, il ne reste rien de sain. Ce n'est que blessures, contusions, plaies ouvertes, qui ne sont pas pansées ni bandées, ni soignées avec de l'huile. Votre pays est une désolation, vos villes sont la proie du feu, votre sol, sous vos yeux des étrangers le ravagent, c'est la désolation comme une dévastation d'étrangers. Elle est restée, la fille de Sion, comme une hutte dans une vigne, comme un abri dans un champ de concombres, comme une ville assiégée. Si Yahvé Sabaot ne nous avait laissé quelques rares survivants, nous serions comme Sodome, nous ressemblerions à Gomorrhe. Ecoutez la parole de Yahvé, chefs de Sodome, prêtez l'oreille à l'enseignement de notre Dieu, peuple de Gomorrhe! Que m'importent vos innombrables sacrifices, dit Yahvé. Je suis rassasié des holocaustes de béliers et de la graisse des veaux; au sang des taureaux, des agneaux et des boucs, je ne prends pas plaisir. Quand vous venez vous présenter devant moi, qui vous a demandé de fouler mes parvis? N'apportez plus d'oblation vaine: c'est pour moi une fumée insupportable! Néoménie, sabbat, assemblée, je ne supporte pas fausseté et solennité. Vos néoménies, vos réunions, mon âme les hait; elles me sont un fardeau que je suis las de porter. Quand vous étendez les mains, je détourne les yeux; vous avez beau multiplier les prières, moi je n'écoute pas. Vos mains sont pleines de sang: lavez-vous, purifiez-vous! Otez de ma vue vos actions perverses! Cessez de faire le mal, apprenez à faire le bien! Recherchez le droit, redressez le violent! Faites droit à l'orphelin, plaidez pour la veuve! Allons! Discutons! dit Yahvé. Quand vos péchés seraient comme l'écarlate, comme neige ils blanchiront; quand ils seraient rouges comme la pourpre, comme laine ils deviendront. Si vous voulez bien obéir, vous mangerez les produits du terroir. Mais si vous refusez et vous rebellez, c'est l'épée qui vous mangera! Car la bouche de Yahvé a parlé. Comment est-elle devenue une prostituée, la cité fidèle? Sion, pleine de droiture, où la justice habitait, et maintenant des assassins! Ton argent est changé en scories, ta boisson est coupée d'eau. Tes princes sont des rebelles, complices de brigands, tous avides de présents, courant après les pots-de-vin. Ils ne font pas droit à l'orphelin, la cause de la veuve ne leur parvient pas. C'est pourquoi, oracle du Seigneur Yahvé Sabaot, le Puissant d'Israël: Malheur! j'aurai raison de mes adversaires, je me vengerai de mes ennemis. Je tournerai la main contre toi, j'épurerai comme à la potasse tes scories, j'ôterai tous tes déchets. Je rendrai tes juges tels que jadis, tes conseillers tels qu'autrefois. Après quoi on t'appellera Ville-de-Justice, Cité fidèle. Sion sera rachetée par la droiture, et ceux qui reviendront, par la justice. C'est la destruction des criminels et des pécheurs, tous ensemble! Ceux qui abandonnent Yahvé périront. Oui, on aura honte des térébinthes qui font vos délices, vous rougirez des jardins que vous avez choisis. Car vous serez comme un térébinthe au feuillage flétri, et comme un jardin qui n'a plus d'eau. Le colosse deviendra comme de l'étoupe, et son oeuvre sera l'étincelle: ils flamberont tous deux ensemble, et personne pour éteindre. Vision d'Isaïe, fils d'Amoç, au sujet de Juda et de Jérusalem. Il arrivera dans la suite des temps que la montagne de la maison de Yahvé sera établie en tête des montagnes et s'élèvera au-dessus des collines. Alors toutes les nations afflueront vers elle, alors viendront des peuples nombreux qui diront: "Venez, montons à la montagne de Yahvé, à la maison du Dieu de Jacob, qu'il nous enseigne ses voies et que nous suivions ses sentiers." Car de Sion vient la Loi et de Jérusalem la parole de Yahvé. Il jugera entre les nations, il sera l'arbitre de peuples nombreux. Ils briseront leurs épées pour en faire des socs et leurs lances pour en faire des serpes. On ne lèvera plus l'épée nation contre nation, on n'apprendra plus à faire la guerre. Maison de Jacob, allons, marchons à la lumière de Yahvé. Oui, tu as rejeté ton peuple, la maison de Jacob, car il regorge depuis longtemps de magiciens, comme les Philistins, il surabonde d'enfants d'étrangers. Le pays s'est rempli d'argent et d'or, ses trésors sont sans limites; le pays s'est rempli de chevaux, ses chars sont sans nombre; le pays s'est rempli de faux dieux, eux se prosternent devant l'oeuvre de leurs mains, devant ce qu'ont fabriqué leurs doigts. Le mortel s'est humilié, l'homme s'est abaissé: ne les relève pas! Va dans le rocher, terre-toi dans la poussière devant la Terreur de Yahvé, devant l'éclat de sa majesté, quand il se lèvera pour faire trembler la terre. L'orgueil humain baissera les yeux, l'arrogance des hommes sera humiliée, Yahvé sera exalté, lui seul, en ce jour-là. Oui, ce sera un jour de Yahvé Sabaot sur tout ce qui est orgueilleux et hautain, sur tout ce qui est élevé, pour qu'il soit abaissé; sur tous les cèdres du Liban, hautains et élevés, et sur tous les chênes de Bashân; sur toutes les montagnes hautaines et sur toutes les collines élevées; sur toute tour altière et sur tout rempart escarpé; sur tous les vaisseaux de Tarsis et sur tout ce qui paraît précieux. L'orgueil humain sera humilié, l'arrogance de l'homme sera abaissée, et Yahvé sera exalté, lui seul, en ce jour-là. Les faux dieux, en masse, disparaîtront. Pour eux, ils iront dans les cavernes des rochers et dans les fissures du sol, devant la Terreur de Yahvé, devant l'éclat de sa majesté, quand il se lèvera pour faire trembler la terre. En ce jour-là, l'homme jettera aux taupes et aux chauves-souris ses faux dieux d'argent et ses faux dieux d'or, ceux qu'on lui a fabriqués pour qu'il les adore, il s'en ira dans les crevasses des rochers et dans les fentes des falaises, devant la Terreur de Yahvé, devant l'éclat de sa majesté, quand il se lèvera pour faire trembler la terre. Tenez-vous à l'écart de l'homme, qui n'a qu'un souffle dans les narines! A combien l'estimer? Oui, voici que le Seigneur Yahvé Sabaot va ôter de Jérusalem et de Juda ressource et provision -- toute réserve de pain et toute réserve d'eau --, héros et homme de guerre, juge et prophète, devin et vieillard, capitaine et dignitaire, conseiller, architecte et enchanteur. Je leur donnerai comme princes des adolescents, et des gamins feront la loi chez eux. Les gens se molesteront l'un l'autre, et entre voisins; le jeune garçon s'en prendra au vieillard, l'homme de peu au notable. Oui, un homme saisira son frère dans la maison paternelle: "Tu as un manteau, tu seras notre chef, et cette chose branlante, qu'elle te soit confiée!" Et l'autre, en ce jour-là, s'écriera: "Je ne suis pas un guérisseur; chez moi, il n'y a ni pain ni manteau, ne me faites pas chef du peuple!" Car Jérusalem a trébuché et Juda est tombé, oui, leurs paroles et leurs actes s'adressent à Yahvé, pour insulter ses regards glorieux. Leur complaisance témoigne contre eux, ils étalent leur péché comme Sodome. Ils n'ont pas dissimulé, malheur à eux! car ils ont préparé leur propre ruine. Dites: le juste, qu'il est heureux! car il se nourrira du fruit de ses actes. Malheur au méchant, malfaisant! car il sera traité selon ses oeuvres. O mon peuple, ses oppresseurs le mettent au pillage, et des exacteurs font la loi chez lui. O mon peuple, tes guides t'égarent, ils ont effacé les chemins que tu suis. Yahvé s'est levé pour accuser, il est debout pour juger les peuples. Yahvé entre en jugement, avec les anciens et les princes de son peuple: "C'est vous qui avez dévasté la vigne, la dépouille du malheureux est dans vos maisons. De quel droit écraser mon peuple et broyer le visage des malheureux?" Oracle du Seigneur Yahvé Sabaot. Yahvé dit: Parce qu'elles font les fières, les filles de Sion, qu'elles vont le cou tendu et les yeux provocants, qu'elles vont à pas menus, en faisant sonner les anneaux de leurs pieds, le Seigneur rendra galeux le crâne des filles de Sion, Yahvé dénudera leur front. Ce jour-là le Seigneur ôtera l'ornement de chaînettes, les médaillons et les croissants, les pendentifs, les bracelets, les breloques, les diadèmes et les chaînettes de chevilles, les parures, les boîtes à parfums et les amulettes, les bagues et les anneaux de narines, les vêtements de fête et les manteaux, les écharpes et les bourses, les miroirs, les linges fins, les turbans et les mantilles. Alors, au lieu de baume, ce sera la pourriture, au lieu de ceinture, une corde, au lieu de coiffure, la tête rase, au lieu d'une robe d'apparat, un pagne de grosse toile, et la marque au fer rouge au lieu de beauté. Tes hommes tomberont sous l'épée, et tes braves dans le combat. Ses portes gémiront et seront dans le deuil; désertée, elle s'assiéra par terre. Et sept femmes s'arracheront un homme, en ce jour-là, en disant: "Nous mangerons notre pain, nous mettrons notre propre manteau, laisse-nous seulement porter ton nom. Ote notre déshonneur." Ce jour-là, le germe de Yahvé deviendra parure et gloire, le fruit de la terre deviendra fierté et ornement pour les survivants d'Israël. Le reste laissé à Sion, ce qui survit à Jérusalem, sera appelé saint, tout ce qui est inscrit pour la vie à Jérusalem. Lorsque le Seigneur aura lavé la saleté des filles de Sion et purifié Jérusalem du sang répandu, au souffle du jugement et au souffle de l'incendie, Yahvé créera partout sur la montagne de Sion et sur ceux qui s'y assemblent une nuée le jour, et une fumée avec l'éclat d'un feu flamboyant, la nuit. Car sur toute gloire il y aura un dais et une hutte pour faire ombre le jour contre la chaleur, et servir de refuge et d'abri contre l'averse et la pluie. Que je chante à mon bien-aimé le chant de mon ami pour sa vigne. Mon bien-aimé avait une vigne, sur un coteau fertile. Il la bêcha, il l'épierra, il y planta du raisin vermeil. Au milieu il bâtit une tour, il y creusa même un pressoir. Il attendait de beaux raisins: elle donna des raisins sauvages. Et maintenant, habitants de Jérusalem et gens de Juda, soyez juges entre moi et ma vigne. Que pouvais-je encore faire pour ma vigne que je n'aie fait? Pourquoi espérais-je avoir de beaux raisins, et a-t-elle donné des raisins sauvages? Et maintenant, que je vous apprenne ce que je vais faire à ma vigne! en ôter la haie pour qu'on vienne la brouter, en briser la clôture pour qu'on la piétine; j'en ferai un maquis: elle ne sera ni taillée ni sarclée, ronces et épines y croîtront, j'interdirai aux nuages d'y faire tomber la pluie. Eh bien! la vigne de Yahvé Sabaot, c'est la maison d'Israël, et l'homme de Juda, c'est son plant de choix. Il attendait le droit et voici l'iniquité, la justice et voici les cris. Malheur à ceux qui ajoutent maison à maison, qui joignent champ à champ jusqu'à ne plus laisser de place et rester seuls habitants au milieu du pays. A mes oreilles, Yahvé Sabaot l'a juré: Oui, nombre de maisons seront réduites en ruine, grandes et belles, elles seront inhabitées. Car dix arpents de vigne ne donneront qu'un tonnelet, et un muid de semence ne produira qu'une mesure. Malheur à ceux qui se lèvent tôt le matin pour courir à la boisson, qui s'attardent le soir, ivres de vin. Ce ne sont que harpes et cithares, tambourins et flûtes, et du vin pour leurs beuveries. Mais pour l'oeuvre de Yahvé, pas un regard, l'action de ses mains, ils ne la voient pas. C'est pourquoi mon peuple est exilé, faute de connaissance; sa noblesse: des gens affamés! ses foules séchant de soif! C'est pourquoi le shéol dilate sa gorge et bée d'une gueule démesurée. Ils y descendent, ses nobles, ses foules et ses criards, et ils y exultent. Le mortel a été humilié, l'homme a été abaissé et les yeux des orgueilleux sont baissés. Yahvé Sabaot fut exalté dans son jugement et le Dieu saint a révélé sa sainteté dans la justice. Les agneaux paîtront comme dans leurs pâtures, les pacages dévastés des bêtes grasses seront la nourriture des chevreaux. Malheur à qui tire la faute avec les liens de la tromperie, et le péché comme avec un trait de chariot; à ceux qui disent: "Qu'il fasse vite, qu'il hâte son oeuvre, pour que nous la voyions; que s'approche et se réalise le projet du Saint d'Israël, que nous le reconnaissions." Malheur à ceux qui appellent le mal bien et le bien mal, qui font des ténèbres la lumière et de la lumière les ténèbres, qui font de l'amer le doux et du doux l'amer. Malheur à ceux qui sont sages à leurs propres yeux et s'estiment intelligents. Malheur à ceux qui sont des héros pour boire du vin et des champions pour mélanger la boisson, qui acquittent le coupable pour un pot-de-vin, et refusent au juste la justice. Oui, comme la flamme dévore la paille, comme le foin s'enflamme et disparaît, leur racine ressemblera à de la pourriture, leur bourgeon sera emporté comme la poussière. Car ils ont rejeté la loi de Yahvé Sabaot, ils ont méprisé la parole du Saint d'Israël. C'est pourquoi la colère de Yahvé s'est enflammée contre son peuple; il a levé la main contre lui pour le frapper, les montagnes ont tremblé, et les cadavres sont comme des ordures au milieu des rues. Avec tout cela la colère de Yahvé ne s'est pas calmée, sa main reste levée. Il dresse un signal pour le peuple lointain, il le siffle des extrémités de la terre, et voici qu'aussitôt il accourt, léger. Chez lui nul n'est fatigué, nul ne trébuche, nul ne dort ni ne sommeille, nul ne dénoue la ceinture de ses reins, nul n'a la courroie de ses sandales rompue. Ses flèches sont aiguisées et tous ses arcs tendus, les sabots de ses chevaux, on dirait du rocher, et ses roues, un tourbillon. Son rugissement est celui d'une lionne, il rugit comme les lionceaux, il gronde et saisit sa proie, il l'emporte et nul ne le fait lâcher; il gronde contre lui, en ce jour-là, comme gronde la mer. Il regarde le pays: et voici les ténèbres, l'angoisse, et la lumière est obscurcie par les nuages. L'année de la mort du roi Ozias, je vis le Seigneur assis sur un trône grandiose et surélevé. Sa traîne emplissait le sanctuaire. Des séraphins se tenaient au-dessus de lui, ayant chacun six ailes, deux pour se couvrir la face, deux pour se couvrir les pieds, deux pour voler. Ils se criaient l'un à l'autre ces paroles: "Saint, saint, saint est Yahvé Sabaot, sa gloire emplit toute la terre." Les montants des portes vibrèrent au bruit de ces cris et le Temple était plein de fumée. Alors je dis: "Malheur à moi, je suis perdu! car je suis un homme aux lèvres impures, j'habite au sein d'un peuple aux lèvres impures, et mes yeux ont vu le Roi, Yahvé Sabaot." L'un des séraphins vola vers moi, tenant dans sa main une braise qu'il avait prise avec des pinces sur l'autel. Il m'en toucha la bouche et dit: "Voici, ceci a touché tes lèvres, ta faute est effacée, ton péché est pardonné." Alors j'entendis la voix du Seigneur qui disait: "Qui enverrai-je? Qui ira pour nous?" Et je dis: "Me voici, envoie-moi." Il me dit: "Va, et tu diras à ce peuple: Ecoutez, écoutez, et ne comprenez pas; regardez, regardez, et ne discernez pas. Appesantis le coeur de ce peuple, rends-le dur d'oreille, englue-lui les yeux, de peur que ses yeux ne voient, que ses oreilles n'entendent, que son coeur ne comprenne, qu'il ne se convertisse et ne soit guéri." Et je dis: "Jusques à quand, Seigneur?" Il me répondit: "Jusqu'à ce que les villes soient détruites et dépeuplées, les maisons inhabitées; que le sol soit dévasté, désolé; que Yahvé en chasse les gens, et qu'une grande détresse règne au milieu du pays. Et s'il en reste un dixième, de nouveau il sera dépouillé, comme le térébinthe et comme le chêne qui une fois émondés n'ont plus qu'un tronc; leur tronc est une semence sainte." Au temps d'Achaz, fils de Yotam, fils d'Ozias, roi de Juda, Raçôn, roi d'Aram, monta avec Péqah, fils de Remalyahu, roi d'Israël, vers Jérusalem pour porter l'attaque contre elle, mais il ne put l'attaquer. On annonça à la maison de David: "Aram a fait halte sur le territoire d'Ephraïm." Alors son coeur et le coeur de son peuple se mirent à chanceler comme chancellent les arbres de la forêt sous le vent. Et Yahvé dit à Isaïe: Sors au-devant d'Achaz, toi et Shéar-Yashub ton fils, vers l'extrémité du canal de la piscine supérieure, vers le chemin du champ du Foulon. Tu lui diras: Prends garde et calme-toi. Ne crains pas et que ton coeur ne défaille pas devant ces deux bouts de tisons fumants, à cause de l'ardente colère de Raçôn, d'Aram et du fils de Remalyahu, parce qu'Aram, Ephraïm et le fils de Remalyahu ont tramé contre toi un mauvais coup en disant: "Montons contre Juda, détruisons-le, brisons-le pour le ramener vers nous, et nous y établirons comme roi le fils de Tabeel." Ainsi parle le Seigneur Yahvé: Cela ne tiendra pas, cela ne sera pas; car la tête d'Aram c'est Damas, et la tête de Damas c'est Raçôn; encore 65 ans, et Ephraïm cessera d'être un peuple. La tête d'Ephraïm c'est Samarie, et la tête de Samarie c'est le fils de Remalyahu. Si vous ne croyez pas, vous ne vous maintiendrez pas. Yahvé parla encore à Achaz en disant: Demande un signe à Yahvé ton Dieu, au fond, dans le shéol, ou vers les hauteurs, au-dessus. Et Achaz dit: Je ne demanderai rien, je ne tenterai pas Yahvé. Il dit alors: Ecoutez donc, maison de David! est-ce trop peu pour vous de lasser les hommes, que vous lassiez aussi mon Dieu? C'est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe: Voici, la jeune femme est enceinte, elle va enfanter un fils et elle lui donnera le nom d'Emmanuel. Il mangera du lait caillé et du miel jusqu'à ce qu'il sache rejeter le mal et choisir le bien. Car avant que l'enfant sache rejeter le mal et choisir le bien, elle sera abandonnée, la terre dont les deux rois te jettent dans l'épouvante. Yahvé fera venir sur toi, sur ton peuple et sur la maison de ton père des jours tels qu'il n'en est pas venu depuis la séparation d'Ephraïm et de Juda (le roi d'Assur). Il arrivera, en ce jour-là, que Yahvé sifflera les mouches qui sont à l'extrémité des fleuves d'Egypte et les abeilles qui sont au pays d'Assur. Elles viendront et se poseront toutes dans les torrents des ravins et dans les fentes des rochers, sur tous les buissons et à tous les points d'eau. En ce jour-là, le Seigneur rasera avec un rasoir loué au-delà du fleuve, (avec le roi d'Assur) la tête et le poil des jambes, et même la barbe, il l'enlèvera. Il arrivera, en ce jour-là, que chacun élèvera une génisse et deux têtes de petit bétail. Et il arrivera qu'en raison de l'abondante production du lait, (il mangera du lait caillé) tout survivant au milieu du pays mangera du lait caillé et du miel. Il arrivera, en ce jour-là, que tout lieu où il y a mille pieds de vigne valant mille pièces d'argent deviendra ronces et épines. Avec flèches et arc on y pénétrera, car tout le pays sera ronces et épines. Sur toutes les montagnes qui sont cultivées à la houe, tu n'iras plus par crainte des ronces et des épines, et ce sera pacage de boeufs et terre piétinée par les moutons. Yahvé me dit: Prends une grande tablette et écris dessus avec un stylet ordinaire: Maher-Shalal-Hash-Baz. Et prends des témoins dignes de foi, le prêtre Uriyya et Zekaryahu fils de Yebèrèkyahu. Puis je m'approchai de la prophétesse, elle conçut et enfanta un fils. Et Yahvé me dit: Donne-lui le nom de Maher-Shalal-Hash-Baz, car avant que le garçon ne sache dire "papa" et "maman", on enlèvera la richesse de Damas et le butin de Samarie, en présence du roi d'Assur. Yahvé me parla encore en disant: Puisque ce peuple a méprisé les eaux de Siloé qui coulent doucement, et a tremblé devant Raçôn et le fils de Remalyahu, eh bien! voici que le Seigneur fait monter contre lui les eaux du Fleuve, puissantes et abondantes (le roi d'Assur et toute sa gloire); il grossira dans toutes ses vallées et franchira toutes ses rives; il passera en Juda, inondera et traversera; il atteindra jusqu'au cou, et le déploiement de ses ailes couvrira toute l'étendue de ton pays, Emmanuel. Sachez, peuples, et soyez épouvantés; prêtez l'oreille, tous les pays lointains. Ceignez-vous et soyez épouvantés. Ceignez-vous et soyez épouvantés. Faites un projet: il sera anéanti, prononcez une parole: elle ne tiendra pas, car "Dieu est avec nous." Oui, ainsi m'a parlé Yahvé lorsque sa main m'a saisi et qu'il m'a appris à ne pas suivre le chemin de ce peuple, en disant: "Vous n'appellerez pas complot tout ce que ce peuple appelle complot, vous ne partagerez pas ses craintes et vous n'en serez pas terrifiés. C'est Yahvé Sabaot que vous proclamerez saint, c'est lui qui sera l'objet de votre crainte et de votre terreur. Il sera un sanctuaire, un rocher qui fait tomber, une pierre d'achoppement pour les deux maisons d'Israël, un filet et un piège pour les habitants de Jérusalem. Beaucoup y achopperont, tomberont et se briseront, ils seront pris au piège et capturés. Enferme un témoignage, scelle une instruction au coeur de mes disciples." J'espère en Yahvé qui cache sa face à la maison de Jacob, et je mets mon attente en lui. Voici que moi et les enfants que Yahvé m'a donnés nous devenons signes et présages en Israël, de la part de Yahvé Sabaot qui habite sur la montagne de Sion. Et si on vous dit: "Allez consulter les spectres et les devins qui murmurent et qui marmonnent", n'est-il pas vrai qu'un peuple consulte ses dieux, et les morts pour les vivants? Pour l'instruction et le témoignage, sûrement on s'exprimera selon cette parole d'après laquelle il n'y a pas d'aurore. Et il passera dans le pays, opprimé et affamé; il arrivera que lorsqu'il sera affamé, il s'irritera, il maudira son roi et son Dieu, et se tournera vers le ciel. Puis il regardera vers la terre; et voici: angoisse, obscurité, nuit de détresse, ténèbres dissolvantes. Car n'est-ce pas la nuit pour le pays qui est dans la détresse? Comme le passé a humilié le pays de Zabulon et le pays de Nephtali, l'avenir glorifiera le chemin de la mer, au-delà du Jourdain, le district des nations. Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière, sur les habitants du sombre pays, une lumière a resplendi. Tu as multiplié la nation, tu as fait croître sa joie; ils se réjouissent devant toi comme on se réjouit à la moisson, comme on exulte au partage du butin. Car le joug qui pesait sur elle, la barre posée sur ses épaules, le bâton de son oppresseur, tu les as brisés comme au jour de Madiân. Car toute chaussure qui résonne sur le sol, tout manteau roulé dans le sang, seront mis à brûler, dévorés par le feu. Car un enfant nous est né, un fils nous a été donné, il a reçu le pouvoir sur ses épaules et on lui a donné ce nom: Conseiller-merveilleux, Dieu-fort, Père-éternel, Prince-de-paix, pour que s'étende le pouvoir dans une paix sans fin sur le trône de David et sur son royaume, pour l'établir et pour l'affermir dans le droit et la justice. Dès maintenant et à jamais, l'amour jaloux de Yahvé Sabaot fera cela. Le Seigneur a jeté une parole en Jacob, elle est tombée en Israël. Tout le peuple l'a su, Ephraïm et l'habitant de Samarie qui disent dans l'orgueil de leur coeur altier: "Les briques sont tombées, nous construirons en pierre de taille, les sycomores ont été abattus, nous les remplacerons par des cèdres." Mais Yahvé a soutenu contre ce peuple son adversaire Raçôn, il a excité ses ennemis, Aram à l'orient, les Philistins à l'occident: ils ont dévoré Israël à belles dents. Avec tout cela sa colère ne s'est pas détournée, sa main reste levée. Mais le peuple n'est pas revenu à celui qui le frappait, il n'a pas cherché Yahvé Sabaot. Aussi Yahvé a retranché d'Israël tête et queue, palme et jonc, en un jour. (L'ancien et le dignitaire, c'est la tête, le prophète qui enseigne le mensonge, c'est la queue.) Les guides de ce peuple l'ont égaré, et ceux qu'ils guident se sont fourvoyés. C'est pourquoi en ses jeunes gens le Seigneur ne trouvera plus sa joie, de ses orphelins et de ses veuves il n'aura plus pitié, car tous sont impies et malfaisants, toute bouche profère l'insanité. Avec tout cela sa colère ne s'est pas détournée, sa main reste levée. Oui, la méchanceté a brûlé comme le feu, elle dévore ronces et épines, elle a incendié les halliers de la forêt, ils se sont élevés en tourbillons de fumée. Par l'emportement de Yahvé Sabaot la terre a été brûlée et le peuple est comme la proie du feu. Nul n'a pitié de son frère, on a coupé à droite et on a eu faim, on a mangé à gauche et on n'a pas été rassasié. Chacun dévore la chair de son bras, Manassé dévore Ephraïm, et Ephraïm Manassé, ensemble ils s'attaquent à Juda. Avec tout cela sa colère ne s'est pas détournée, sa main reste levée. Malheur à ceux qui décrètent des décrets d'iniquité, qui écrivent des rescrits d'oppression pour priver les faibles de justice et frustrer de leur droit les humbles de mon peuple, pour faire des veuves leur butin et dépouiller les orphelins. Que ferez-vous au jour du châtiment, quand le malheur viendra de loin? Vers qui fuirez-vous pour demander secours et où laisserez-vous vos richesses, pour ne pas ramper parmi les prisonniers, tomber parmi les tués? Avec tout cela sa colère ne s'est pas détournée, sa main reste levée. Malheur à Assur, férule de ma colère; c'est un bâton dans leurs mains que ma fureur. Contre une nation impie je l'envoyais, contre le peuple objet de mon emportement je le mandais, pour se livrer au pillage et rafler le butin, pour les piétiner comme la boue des rues. Mais lui ne jugeait pas ainsi, et son coeur n'avait pas cette pensée, car il rêvait d'exterminer, d'extirper des nations sans nombre. Car il disait: "N'est-ce pas que tous mes chefs sont des rois? N'est-ce pas que Kalno vaut bien Karkémish, que Hamat vaut bien Arpad, et Samarie Damas? Comme ma main a atteint les royaumes des faux dieux, où il y a plus d'idoles qu'à Jérusalem et à Samarie, comme j'ai agi envers Samarie et ses faux dieux, ne puis-je pas agir aussi envers Jérusalem et ses statues?" Mais lorsque le Seigneur achèvera toute son oeuvre sur la montagne de Sion et à Jérusalem, il châtiera le fruit du coeur orgueilleux du roi d'Assur et la morgue de ses regards arrogants. Car il a dit: "C'est par ma main puissante que j'ai fait cela, par ma sagesse, car j'ai agi avec intelligence. Je supprimais les frontières des peuples; j'ai saccagé leurs trésors; comme un puissant je soumettais les habitants. Ma main a cueilli, comme au nid, les richesses des peuples, et comme on ramasse des oeufs abandonnés, j'ai ramassé toute la terre; pas un n'a battu des ailes, ni ouvert le bec pour pépier." Fanfaronne-t-elle, la hache, contre celui qui la brandit? Se glorifie-t-elle, la scie, aux dépens de celui qui la manie? Comme si le bâton faisait mouvoir ceux qui le lèvent, comme si le gourdin levait ce qui n'est pas de bois! C'est pourquoi le Seigneur Yahvé Sabaot enverra contre ses hommes gras la maigreur, et sous sa gloire un brasier s'embrasera, comme s'embrase le feu. La lumière d'Israël deviendra un feu et son Saint une flamme, elle brûlera et consumera ses épines et ses ronces en un jour. La luxuriance de sa forêt et de son verger, il l'anéantira corps et âme, et ce sera comme un malade qui s'éteint. Le reste des arbres de sa forêt sera un petit nombre, un enfant l'écrirait. Ce jour-là, le reste d'Israël et les survivants de la maison de Jacob cesseront de s'appuyer sur qui les frappe; ils s'appuieront en vérité sur Yahvé, le Saint d'Israël. Un reste reviendra, le reste de Jacob, vers le Dieu fort. Mais ton peuple serait-il comme le sable de la mer, ô Israël, ce n'est qu'un reste qui en reviendra: destruction décidée, débordement de justice! Car c'est une destruction bien décidée que le Seigneur Yahvé Sabaot exécute au milieu de tout le pays. C'est pourquoi, ainsi parle le Seigneur Yahvé Sabaot: O mon peuple qui habites en Sion, n'aie pas peur d'Assur! Il te frappe du bâton, il lève le gourdin contre toi (sur le chemin d'Egypte); mais encore quelques instants et la fureur prendra fin, et ma colère causera leur perte. Yahvé Sabaot va brandir contre lui un fouet, comme il frappa Madiân au Rocher d'Oreb; il va brandir son bâton contre la mer, comme il l'a levé sur le chemin d'Egypte. Ce jour-là, son fardeau glissera de ton épaule et son joug de ta nuque, et le joug sera détruit. Il est arrivé sur Ayyat, il a passé à Migrôn, à Mikmas il a laissé ses bagages. Ils ont passé par le défilé, Géba est pour nous une étape, Rama a frémi, Gibéa de Saül a fui. Fais retentir ta voix, Bat-Gallim, sois attentive, Laïsha! Réponds-lui, Anatot! Madména s'est enfuie; les habitants de Gébîm se sont mis à l'abri. Aujourd'hui même, à Nob, lors d'une halte, il agitera la main vers la montagne de la fille de Sion, la colline de Jérusalem. Voici que le Seigneur Yahvé Sabaot émonde la frondaison avec violence, les plus hautes cimes sont coupées, les plus fières sont abaissées. Ils seront coupés par le fer, les halliers de la forêt et sous les coups d'un Puissant, le Liban tombera. Un rejeton sortira de la souche de Jessé, un surgeon poussera de ses racines. Sur lui reposera l'Esprit de Yahvé, esprit de sagesse et d'intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte de Yahvé: son inspiration est dans la crainte de Yahvé. Il jugera mais non sur l'apparence. Il se prononcera mais non sur le ouï-dire. Il jugera les faibles avec justice, il rendra une sentence équitable pour les humbles du pays. Il frappera le pays de la férule de sa bouche, et du souffle de ses lèvres fera mourir le méchant. La justice sera la ceinture de ses reins, et la fidélité la ceinture de ses hanches. Le loup habitera avec l'agneau, la panthère se couchera avec le chevreau. Le veau, le lionceau et la bête grasse iront ensemble, conduits par un petit garçon. La vache et l'ourse paîtront, ensemble se coucheront leurs petits. Le lion comme le boeuf mangera de la paille. Le nourrisson jouera sur le repaire de l'aspic, sur le trou de la vipère le jeune enfant mettra la main. On ne fera plus de mal ni de violence sur toute ma montagne sainte, car le pays sera rempli de la connaissance de Yahvé, comme les eaux couvrent le fond de la mer. Ce jour-là, la racine de Jessé, qui se dresse comme un signal pour les peuples, sera recherchée par les nations, et sa demeure sera glorieuse. Ce jour-là, le Seigneur étendra la main une seconde fois, pour racheter le reste de son peuple, ce qui restera à Assur et en Egypte, à Patros, à Kush et en Elam, à Shinéar, à Hamat et dans les îles de la mer. Il dressera un signal pour les nations et rassemblera les bannis d'Israël. Il regroupera les dispersés de Juda des quatre coins de la terre. Alors cessera la jalousie d'Ephraïm, et les ennemis de Juda seront retranchés. Ephraïm ne jalousera plus Juda et Juda ne sera plus hostile à Ephraïm. Ils fondront sur le dos des Philistins à l'Occident, ensemble ils pilleront les fils de l'Orient. Edom et Moab seront soumis à leur main et les fils d'Ammon leur obéiront. Yahvé asséchera la baie de la mer d'Egypte, il agitera la main contre le Fleuve, dans la violence de son souffle. Il le frappera pour en faire sept bras, on y marchera en sandales. Et il y aura un chemin pour le reste de son peuple, ce qui restera d'Assur, comme il y en eut pour Israël, quand il monta du pays d'Egypte. Et tu diras, en ce jour-là: Je te loue, Yahvé, car tu as été en colère contre moi. Puisse ta colère se détourner, puisses-tu me consoler. Voici le Dieu de mon salut: j'aurai confiance et je ne tremblerai plus, car ma force et mon chant c'est Yahvé, il a été mon salut. Dans l'allégresse vous puiserez de l'eau aux sources du salut. Et vous direz, en ce jour-là: Louez Yahvé, invoquez son nom, annoncez aux peuples ses hauts faits, rappelez que son nom est sublime. Chantez Yahvé car il a fait de grandes choses, qu'on le proclame sur toute la terre. Pousse des cris de joie, des clameurs, habitante de Sion, car il est grand, au milieu de toi, le Saint d'Israël. Oracle sur Babylone, vu par Isaïe, fils d'Amoç. Sur un mont chauve, levez un signal, forcez la voix pour eux, agitez la main pour qu'ils viennent aux portes des Nobles. Moi, j'ai donné des ordres à mes saints guerriers, j'ai même appelé mes héros pour servir ma colère, mes fiers triomphateurs. Bruit de foule sur les montagnes, comme un peuple immense, bruit d'un vacarme de royaumes, de nations rassemblées: c'est Yahvé Sabaot qui passe en revue l'armée pour le combat. Ils viennent d'un pays lointain, des extrémités du ciel, Yahvé et les instruments de sa colère, pour ravager tout le pays. Hurlez car il est proche, le jour de Yahvé, il arrive comme une dévastation de Shaddaï. C'est pourquoi toutes les mains sont débiles, tous les hommes perdent coeur; ils sont bouleversés, pris de convulsions et de douleurs; ils se tordent comme la femme qui accouche, ils se regardent avec stupeur, le visage en feu. Voici que vient le jour de Yahvé, implacable, l'emportement et l'ardente colère, pour réduire le pays en ruines, et en exterminer les pécheurs. Car au ciel, les étoiles et Orion ne diffuseront plus leur lumière. Le soleil s'est obscurci dès son lever, la lune ne fait plus rayonner sa lumière. Je vais châtier l'univers de sa méchanceté et les méchants de leur faute; mettre fin à l'arrogance des superbes, humilier l'orgueil des tyrans. Je rendrai les hommes plus rares que l'or fin, les mortels plus rares que l'or d'Ophir. C'est pourquoi je ferai frémir les cieux, et la terre tremblera sur ses bases, sous l'emportement de Yahvé Sabaot, le jour où s'allumera sa colère. Alors comme une gazelle pourchassée, comme des moutons que personne ne rassemble, chacun s'en retournera vers son peuple, chacun s'enfuira dans son pays. Tous ceux qu'on trouvera seront transpercés, tous ceux qu'on prendra tomberont par l'épée. Leurs jeunes enfants seront écrasés sous leurs yeux, leurs maisons saccagées, leurs femmes violées. Voici que je suscite contre eux les Mèdes qui ne font point cas de l'argent, et qui n'apprécient pas l'or. Les arcs anéantiront leurs jeunes gens, on n'aura pas pitié du fruit de leur sein, leur oeil sera sans compassion pour les enfants. Et Babylone, la perle des royaumes, le superbe joyau des Chaldéens, sera comme Sodome et Gomorrhe, dévastées par Dieu. Elle ne sera plus jamais habitée ni peuplée, de génération en génération. L'Arabe n'y campera plus, et les bergers n'y parqueront plus les troupeaux. Ce sera le repaire des bêtes du désert, les hiboux empliront leurs maisons, les autruches y habiteront, les boucs y danseront. Les hyènes hurleront dans ses tours, les chacals dans ses palais d'agrément, car son temps est proche et ses jours ne tarderont pas. Oui, Yahvé aura pitié de Jacob, il choisira de nouveau Israël. Il les réinstallera sur leur sol. L'étranger se joindra à eux pour s'associer à la maison de Jacob. Des peuples les prendront et les ramèneront chez eux. La maison d'Israël les assujettira sur le sol de Yahvé, pour en faire des esclaves et des servantes. Ils asserviront ceux qui les avaient asservis, ils maîtriseront leurs oppresseurs. Et il arrivera qu'au jour où Yahvé te soulagera de ta souffrance, de tes tourments et de la dure servitude à laquelle tu étais asservi, tu entonneras cette satire sur le roi de Babylone, et tu diras: Comment a fini le tyran, a fini son arrogance? Yahvé a brisé le bâton des méchants, le sceptre des souverains, lui qui rouait de coups les peuples, avec emportement et sans relâche, qui maîtrisait avec colère les nations, les pourchassant sans répit. Toute la terre repose dans le calme, on pousse des cris de joie. Les cyprès même se réjouissent à ton sujet, et les cèdres du Liban: "Depuis que tu t'es couché, on ne monte plus pour nous abattre!" En bas, le shéol a tressailli à ton sujet pour venir à ta rencontre, il a réveillé pour toi les ombres, tous les potentats de la terre, il a fait lever de leur trône tous les rois des nations. Tous prennent la parole pour te dire: "Toi aussi, tu es déchu comme nous, devenu semblable à nous. Ton faste a été précipité au shéol, avec la musique de tes cithares. Sous toi s'est formé un matelas de vermine, les larves te recouvrent. Comment es-tu tombé du ciel, étoile du matin, fils de l'aurore? As-tu été jeté à terre, vainqueur des nations? Toi qui avais dit dans ton coeur: J'escaladerai les cieux, au-dessus des étoiles de Dieu j'élèverai mon trône, je siégerai sur la montagne de l'Assemblée, aux confins du septentrion. Je monterai au sommet des nuages, je m'égalerai au Très-Haut. Mais tu as été précipité au shéol, dans les profondeurs de l'abîme." Ceux qui t'aperçoivent te considèrent, ils fixent leur regard sur toi. "Est-ce bien l'homme qui faisait trembler la terre, qui ébranlait les royaumes? Il a réduit le monde en désert, rasé les villes, il ne renvoyait pas chez eux les prisonniers. Tous les rois des nations, tous, reposent avec honneur, chacun chez soi. Toi, on t'a jeté hors de ton sépulcre, comme un rameau dégoûtant, au milieu de gens massacrés, transpercés par l'épée, jetés sur les pierres de la fosse, comme une charogne foulée aux pieds. Tu ne leur seras pas uni dans la tombe, car tu as ruiné ton pays, fait périr ton peuple. Plus jamais on ne prononcera le nom de la race des méchants. Préparez le massacre de ses fils pour la faute de leur père. Qu'ils ne se lèvent plus pour conquérir la terre et couvrir de villes la face du monde." Je me lèverai contre eux, oracle de Yahvé Sabaot, et je retrancherai de Babylone le nom et le reste, descendance et postérité, oracle de Yahvé. J'en ferai un repaire de hérissons, un marécage. Je la balaierai avec le balai de la destruction. Oracle de Yahvé Sabaot. Yahvé Sabaot l'a juré: Oui! Comme j'ai projeté, cela se fera, comme j'ai décidé, cela se réalisera: Je briserai Assur dans mon pays, je le piétinerai sur mes montagnes. Et son joug glissera de sur eux, son fardeau glissera de son épaule. Telle est la décision prise contre toute la terre, telle est la main étendue sur toutes les nations. Quand Yahvé Sabaot a décidé, qui l'arrêtera, et sa main levée, qui la fera revenir? L'année de la mort d'Achaz, cet oracle fut prononcé: Ne te réjouis pas, Philistie tout entière, de ce qu'est brisé le bâton qui te frappait. Car de la souche du serpent sortira une vipère, et son fruit sera un dragon volant. Car les premiers-nés des pauvres auront leur pâture, et les malheureux reposeront en sécurité, tandis que je ferai mourir de faim ta souche, et que je tuerai ce qui reste de toi. Hurle, porte! Crie, ville! Chancelle, Philistie tout entière! Car du nord vient une fumée, et personne ne déserte ses bataillons. Que répondra-t-on aux messagers de cette nation? Que Yahvé a fondé Sion, et que là se réfugieront les pauvres de son peuple. Oracle sur Moab. Parce qu'une nuit elle a été dévastée, Ar-Moab s'est tue; parce qu'une nuit elle a été dévastée, Qir-Moab s'est tue. Elle est montée, la fille de Dibôn, sur les hauts lieux pour pleurer. Sur le Nebo et à Médba, Moab se lamente, toutes les têtes sont rasées, toute barbe coupée. Dans ses rues on ceint le sac; sur ses toits et sur ses places, tout le monde se lamente et fond en larmes. Heshbôn et Eléalé ont crié, jusqu'à Yahaç leur voix s'est fait entendre. C'est pourquoi les guerriers de Moab frémissent, son âme frémit en l'entendant. Son coeur crie en faveur de Moab: car ses fuyards sont déjà à Coar, vers Eglat-Shelishiyya. Sur la montée de Luhit, on monte en pleurant, sur le chemin d'Horonayim, on pousse des cris déchirants. Les eaux de Nimrim sont un lieu désolé: l'herbe est desséchée, le gazon a péri, plus de verdure. C'est pourquoi, ce qu'ils ont pu sauver et leurs réserves, ils les portent au-delà du torrent des Saules. Car ce cri a fait le tour du territoire de Moab, jusqu'à Eglaïm on entend son hurlement, jusqu'à Beer-Elim on entend son hurlement. Car les eaux de Dimôn sont pleines de sang, et j'ajouterai sur Dimôn un surcroît de malheur: un lion pour les survivants de Moab, pour ceux qui restent sur son sol. Envoyez l'agneau du maître du pays, de Séla, située vers le désert, à la montagne de la fille de Sion. Elles seront semblables à l'oiseau qui s'enfuit, à une nichée dispersée, les filles de Moab, aux gués de l'Arnon. "Tenez un conseil, prenez une décision. En plein midi, étends ton ombre comme celle de la nuit, cache les dispersés, ne trahis pas le fugitif; qu'ils demeurent chez toi, les dispersés de Moab, sois pour eux un asile contre le dévastateur. Quand l'oppression aura cessé, que la dévastation aura pris fin, que seront partis ceux qui foulent le pays, le trône sera affermi dans la piété, et sur ce trône, dans la fidélité, sous la tente de David, siégera un juge, soucieux du droit et zélé pour la justice." Nous avons entendu parler de l'orgueil de Moab, le très orgueilleux, de son arrogance, de son orgueil et de sa rage, de ses bavardages ineptes. C'est pourquoi Moab se lamente sur Moab, tout entier il se lamente. Au sujet des gâteaux de raisin de Qir-Harésèt, vous gémissez, tout consternés. Car les vignobles de Heshbôn dépérissent, la vigne de Sibma, dont les raisins vermeils terrassaient les maîtres des nations. Elle atteignait jusqu'à Yazèr et s'infiltrait au désert, ses rejetons se multipliaient, ils franchissaient la mer. Aussi je pleure, comme pleure Yazèr, la vigne de Sibma; je t'arrose de mes larmes, Heshbôn et toi, Eléalé, parce que sur ta récolte et sur ta moisson le cri s'est éteint. La joie et l'allégresse ont disparu des vergers, dans les vignes, plus de liesse ni de cri joyeux; le fouleur ne foule plus le vin dans les pressoirs, le cri a cessé. C'est pourquoi mes entrailles, pour Moab, frémissent comme une cithare, et mon coeur pour Qir-Hérès. On verra Moab se fatiguer sur le haut lieu et entrer dans son sanctuaire pour supplier, mais il ne pourra rien. Telle est la parole qu'a adressée Yahvé à Moab jadis. Et maintenant Yahvé a parlé en ces termes: Dans trois ans, comme des années de mercenaire, la gloire de Moab sera humiliée, malgré sa grande multitude. Elle sera réduite à rien, un reste insignifiant. Oracle sur Damas. Voici Damas qui cesse d'être une ville, elle va devenir un tas de décombres; abandonnées pour toujours, ses villes appartiendront aux troupeaux, ils s'y coucheront sans qu'on les effraie. Plus de place forte en Ephraïm, plus de royauté à Damas, et le reste d'Aram sera traité comme la gloire des enfants d'Israël. Oracle de Yahvé Sabaot. Il arrivera, ce jour-là, que la gloire de Jacob faiblira, et que son embonpoint deviendra maigreur; ce sera comme lorsque le moissonneur récolte le blé, que son bras moissonne les épis; ce sera comme lorsqu'on glane les épis au val des Rephaïm; il ne restera que des grappillons, comme au gaulage de l'olivier: deux, trois baies en haut de la cime, quatre, cinq aux branches de l'arbre. Oracle de Yahvé, Dieu d'Israël. Ce jour-là, l'homme regardera vers son créateur, et ses yeux se tourneront vers le Saint d'Israël. Il ne regardera plus vers les autels, oeuvres de ses mains, et ce qu'ont fait ses doigts, il ne le verra plus, ni les pieux sacrés ni les brûle-parfums. Ce jour-là, ses villes de refuge seront abandonnées, comme le furent les bois et les maquis devant les enfants d'Israël, et ce sera la désolation. Tu as oublié le Dieu de ton salut, tu ne t'es pas souvenu du Rocher, ton refuge, c'est pourquoi tu plantes des plantations d'agréments, tu sèmes des semences étrangères; le jour où tu les plantes, tu les vois pousser, et dès le matin, tes semences fleurissent; mais la récolte échappe au jour de la maladie, du mal incurable. Malheur! Rumeur de peuples immenses, rumeur comme la rumeur des mers! grondement de peuples, qui grondent comme grondent les eaux puissantes! (Des peuples qui grondent comme grondent les grandes eaux.) Il les menace, et elles s'enfuient au loin, chassées comme la bale des montagnes par le vent, comme un tourbillon par l'ouragan. Quand vient le soir c'est l'effroi, au matin tout a disparu. Tel est le partage de ceux qui nous pillent, le sort de nos dévastateurs. Malheur! pays du grillon ailé, au-delà des fleuves de Kush, toi qui envoies par mer des messagers, dans des nacelles de jonc, sur les eaux. Allez, messagers rapides, vers une nation élancée et bronzée, vers un peuple redouté ici comme au loin, une nation puissante et dominatrice, au pays sillonné de fleuves. Vous tous, habitants du monde, vous qui peuplez la terre, quand on lèvera un signal sur les montagnes, vous verrez, quand on sonnera du cor, vous entendrez. Car ainsi m'a parlé Yahvé: Je veux rester ici impassible et regarder, comme la chaleur brûlante en pleine lumière, comme un nuage de rosée au plus chaud de la moisson. Car avant la moisson, quand prend fin la floraison, quand la fleur devient grappe mûrissante, on taille les pampres à la serpe, on ôte les sarments, on élague. Tout est abandonné aux rapaces des montagnes et aux bêtes du pays; les rapaces s'y vautreront pendant l'été, toutes les bêtes du pays pendant l'automne. Alors, on apportera une offrande à Yahvé Sabaot de la part d'un peuple élancé et bronzé, de la part d'un peuple redouté ici comme au loin, d'une nation puissante et dominatrice, d'un pays sillonné de fleuves; on l'apportera au lieu où réside le nom de Yahvé, au mont Sion. Oracle sur l'Egypte. Voici que Yahvé, monté sur un nuage léger, vient en Egypte. Les faux dieux d'Egypte chancellent devant lui et le coeur de l'Egypte défaille en elle. J'exciterai l'Egypte contre l'Egypte, ils se battront, chacun contre son frère, chacun contre son prochain, ville contre ville, royaume contre royaume. L'esprit de l'Egypte s'évanouira en elle, et je confondrai son conseil. On consultera les faux dieux et les enchanteurs, les spectres et les devins. Je livrerai l'Egypte aux mains d'un maître impitoyable, un roi cruel les dominera. Oracle du Seigneur Yahvé Sabaot. Les eaux disparaîtront de la mer, le fleuve tarira et se desséchera; les rivières deviendront infectes, les fleuves d'Egypte baisseront et tariront, le roseau et le jonc noirciront. Les herbes du Nil sur les bords du Nil, toute la verdure du Nil, sera desséchée, dispersée, anéantie. Les pêcheurs gémiront, ce sera le deuil pour tous ceux qui lancent l'hameçon dans le Nil, ceux qui jettent le filet sur les eaux seront désolés. Ils seront déçus, ceux qui travaillent le lin cardé et ceux qui tissent des étoffes blanches; ses tisserands seront consternés, tous les salariés seront attristés. Oui, insensés sont les princes de Coân, les plus sages conseillers du Pharaon forment un conseil stupide. Comment osez-vous dire à Pharaon: "Je suis fils des sages, fils des rois de jadis?" Où sont-ils donc, tes sages? Qu'ils t'annoncent et que l'on sache ce qu'a décidé Yahvé Sabaot contre l'Egypte! Ils déraisonnent, les princes de Coân, ils s'abusent, les princes de Noph, et l'élite de ses nomes a fait divaguer l'Egypte. Yahvé a répandu au milieu d'eux un esprit de vertige; ils ont fait divaguer l'Egypte dans toutes ses entreprises, comme divague un ivrogne en vomissant. On ne fait plus rien pour l'Egypte de ce que faisaient tête et queue, palme et jonc. Ce jour-là, l'Egypte sera comme les femmes, tremblante et terrorisée devant la menace de la main de Yahvé Sabaot, lorsqu'il la lèvera contre elle. Le territoire de Juda deviendra la honte de l'Egypte: chaque fois qu'on le lui rappellera, elle sera terrorisée à cause du dessein que Yahvé Sabaot a formé contre elle. Ce jour-là, il y aura cinq villes au pays d'Egypte qui parleront la langue de Canaan et prêteront serment à Yahvé Sabaot; l'une d'elles sera dite "ville du soleil." Ce jour-là, il y aura un autel dédié à Yahvé au milieu du pays d'Egypte, et près de la frontière une stèle dédiée à Yahvé. Ce sera un signe et un témoin de Yahvé Sabaot au pays d'Egypte. Quand ils crieront vers Yahvé par crainte des oppresseurs, il leur enverra un sauveur et un défenseur qui les délivrera. Yahvé se fera connaître des Egyptiens, et les Egyptiens connaîtront Yahvé, en ce jour-là. Ils offriront sacrifices et oblations, ils feront des voeux à Yahvé et les accompliront. Et si Yahvé frappe les Egyptiens, il frappera et guérira, ils se convertiront à Yahvé qui accueillera leurs demandes et les guérira. Ce jour-là, il y aura un chemin allant d'Egypte à Assur. Assur viendra en Egypte et l'Egypte en Assur. L'Egypte servira avec Assur. Ce jour-là, Israël viendra en troisième avec l'Egypte et Assur, bénédiction au milieu de la terre, bénédiction que prononcera Yahvé Sabaot: "Béni mon peuple l'Egypte, et Assur l'oeuvre de mes mains, et Israël mon héritage." L'année où le général en chef envoyé par Sargon, roi d'Assur, vint à Ashdod pour l'attaquer et s'en emparer, en ce temps-là, Yahvé parla par le ministère d'Isaïe fils d'Amoç; il dit: "Va, dénoue le sac que tu as sur les reins, et ôte les sandales de tes pieds." Et il fit ainsi, allant nu et déchaussé. Et Yahvé dit: "De même que mon serviteur Isaïe a marché nu et déchaussé pendant trois ans, pour être un signe et un présage contre l'Egypte et contre Kush, de même le roi d'Assur emmènera les captifs d'Egypte et les déportés de Kush, les jeunes et les vieux, nus, déchaussés et fesses découvertes, à la honte de l'Egypte. Ils seront pris d'épouvante et de honte à cause de Kush leur espérance et de l'Egypte leur fierté. Et l'habitant de ce rivage dira en ce jour-là: "Voici ce qu'est devenue notre espérance, ceux vers qui nous avons fui pour chercher un secours, pour échapper au roi d'Assur. Et nous, comment nous sauverons-nous?" Oracle sur le désert de la mer. Comme des ouragans qui passent dans le Négeb, il vient du désert, d'un pays redoutable. Une vision sinistre m'a été révélée: "Le traître trahit et le dévastateur dévaste. Monte, Elam, assiège, Mède!" J'ai fait cesser tous les gémissements. C'est pourquoi mes reins sont remplis d'angoisse, des convulsions m'ont saisi comme les convulsions de la femme qui enfante; je suis trop bouleversé pour entendre, trop troublé pour voir. Mon coeur s'égare, un frisson me terrifie; le crépuscule auquel j'aspirais devient ma terreur. On dresse la table, on met la nappe; on mange, on boit. Debout, chefs! Graissez le bouclier! Car ainsi m'a parlé le Seigneur: "Va, place un guetteur! Qu'il annonce ce qu'il voit! Il verra de la cavalerie, des cavaliers deux par deux, des hommes montés sur des ânes, des hommes montés sur des chameaux; qu'il observe avec attention, avec grande attention." Et le guetteur a crié: "Sur la tour de guet, Seigneur, je me tiens tout le long du jour, à mon poste de garde, je suis debout toute la nuit. Et voici que vient la cavalerie, des cavaliers deux par deux." Il a repris la parole et dit: "Elle est tombée, Babylone, elle est tombée, et toutes les images de ses dieux, il les a brisées à terre." Toi que j'ai foulé, grain de mon aire, ce que j'ai appris de Yahvé Sabaot, Dieu d'Israël, je te l'annonce. Oracle sur Duma. Vers moi on crie depuis Séïr: "Veilleur, où en est la nuit? Veilleur, où en est la nuit?" Le veilleur répond: "Le matin vient, puis encore la nuit. Si vous voulez interroger, interrogez! Revenez! Venez!" Oracle dans la steppe. Dans les taillis, dans la steppe, vous passez la nuit, caravanes de Dédanites. A la rencontre de l'assoiffé, apportez de l'eau! Les habitants du pays de Téma sont allés avec du pain au-devant du fugitif. Car ils ont fui devant des épées, devant l'épée nue et devant l'arc tendu, devant l'acharnement du combat. Car ainsi m'a parlé le Seigneur: Encore une année comme des années de mercenaire, et c'en est fait de toute la gloire de Qédar. Et du nombre des vaillants archers, des fils de Qédar, il ne restera presque rien, car Yahvé, Dieu d'Israël, a parlé. Oracle sur la vallée de la Vision. Qu'as-tu donc à monter tout entière aux terrasses, pleine de tumulte, ville bruyante, cité joyeuse? Tes tués ne sont pas victimes de l'épée, ni morts à la guerre. Tous tes chefs ensemble ont pris la fuite, sans arc, ils ont été capturés, tous ceux qu'on a trouvés ont été capturés ensemble, ils s'étaient enfuis au loin. C'est pourquoi j'ai dit: "Détournez-vous de moi, que je pleure amèrement; n'essayez pas de me consoler de la ruine de la fille de mon peuple." Car c'est un jour de déroute, de panique et de confusion, oeuvre du Seigneur Yahvé Sabaot, dans la vallée de la Vision. On sape la muraille, on lance des appels vers la montagne. Elam a pris le carquois, avec chars montés et cavaliers, et Qir a sorti son bouclier. Dès lors, tes plus belles vallées sont remplies de chars, et les cavaliers ont pris position aux portes: c'est ainsi qu'est tombée la protection de Juda. Tu as tourné les yeux, ce jour-là, vers les armes de la Maison de la Forêt; et les brèches de la cité de David, vous avez vu comme elles sont nombreuses! Vous avez collecté les eaux de la piscine inférieure; vous avez compté les maisons de Jérusalem, vous avez démoli les maisons pour fortifier le rempart. Vous avez fait un réservoir entre les deux murs, pour les eaux de l'ancienne piscine. Mais vous n'avez pas eu un regard pour l'auteur de ces choses, celui qui en fit le dessein depuis longtemps, vous ne l'avez pas vu. Et le Seigneur Yahvé Sabaot vous a appelés, en ce jour-là, à pleurer et à vous lamenter, à vous tondre et à ceindre le sac. Mais voici la joie et l'allégresse, on tue les boeufs et on égorge les moutons, on mange de la viande et on boit du vin: "Mangeons et buvons, car demain nous mourrons!" Alors Yahvé Sabaot s'est révélé à mes oreilles: "Jamais cette faute ne sera pardonnée, jusqu'à votre mort", dit le Seigneur Yahvé Sabaot. Ainsi parle le Seigneur Yahvé Sabaot: Va trouver cet intendant, Shebna, le maître du palais: "Que possèdes-tu ici, de qui te réclames-tu pour t'y tailler un sépulcre?" Il se taille un sépulcre surélevé, il se creuse une chambre dans le roc. Voici que Yahvé va te rejeter, homme! t'empoigner avec poigne. Il te roulera comme une boule, une balle vers un vaste espace. C'est là que tu mourras, avec tes chars splendides, déshonneur de la maison de ton maître. Je vais te chasser de ton poste, je vais t'arracher de ta place. Et le même jour, j'appellerai mon serviteur Elyaqim fils d'Hilqiyyahu. Je le revêtirai de ta tunique, je le ceindrai de ton écharpe, je lui remettrai tes pouvoirs, il sera un père pour l'habitant de Jérusalem et pour la maison de Juda. Je mettrai la clé de la maison de David sur son épaule, s'il ouvre, personne ne fermera, s'il ferme, personne n'ouvrira. Et je l'enfoncerai comme un clou en un lieu solide; il deviendra un trône de gloire pour la maison de son père. On y suspendra toute la gloire de la maison paternelle, les descendants et les rejetons, et tous les objets de petite taille, depuis les coupes jusqu'aux jarres. Ce jour-là, oracle de Yahvé Sabaot, il cédera, le clou enfoncé dans un lieu solide, il s'arrachera et tombera; alors se détachera la charge qui pesait sur lui. Car Yahvé a parlé. Oracle sur Tyr. Hurlez, vaisseaux de Tarsis, car tout a été détruit: plus de maison et plus d'entrée. Du pays de Kittim, la nouvelle leur est parvenue. Soyez stupéfaits, habitants de la côte, marchands de Sidon, toi dont les messagers passent les mers, aux eaux immenses. Le grain du Canal, la moisson du Nil, était sa richesse. Elle était le marché des nations. Rougis de honte, Sidon (la citadelle des mers), car la mer a parlé en ces termes: "Je n'ai pas souffert et je n'ai pas enfanté, ni élevé de garçons, ni fait grandir de filles." Quand la nouvelle parviendra en Egypte, on tremblera en apprenant le sort de Tyr. Passez à Tarsis et hurlez, habitants de la côte. Est-ce là votre fière cité dont l'origine remontait au lointain passé, elle que ses pas conduisaient au loin pour s'y établir? Qui a décidé cela contre Tyr qui distribuait des couronnes, dont les marchands étaient des princes, et les trafiquants des grands de la terre? C'est Yahvé Sabaot qui l'a décidé, pour flétrir l'orgueil de toute beauté, pour abaisser tous les grands de la terre. Cultive ton pays comme le Nil, fille de Tarsis, car il n'y a plus de chantier maritime. Il a tendu la main contre la mer, il a fait trembler les royaumes; Yahvé a décrété pour Canaan de ruiner ses forteresses. Il a dit: Cesse de faire la fière, toi, la maltraitée, vierge fille de Sidon! Lève-toi, passe à Kittim, là non plus, pas de repos pour toi. Voici le pays des Chaldéens, ce peuple qui n'existait pas; Assur l'a constitué pour les bêtes du désert; ils y ont dressé leurs tours, ils ont démoli ses bastions, ils l'ont réduit en ruine. Hurlez, navires de Tarsis, car votre forteresse est détruite. Et il arrivera, en ce jour-là, que Tyr sera oubliée,70 ans, le temps de vie d'un roi. Mais au bout de 70 ans, il en sera de Tyr comme dans la chanson de la prostituée: "Prends une cithare, parcours la ville, prostituée délaissée! Joue de ton mieux, répète ta chanson, qu'on se souvienne de toi!" Et il arrivera, au bout de 70 ans, que Yahvé visitera Tyr. Elle recevra de nouveau son salaire, et se prostituera avec tous les royaumes du monde, sur la face de la terre. Mais son gain et son salaire seront consacrés à Yahvé. Ils ne seront ni amassés ni thésaurisés; mais c'est à ceux qui habitent devant Yahvé qu'ira son gain, pour qu'ils aient nourriture à satiété et vêtement magnifique. Voici que Yahvé dévaste la terre et la ravage, il en bouleverse la face et en disperse les habitants. Il en sera du prêtre comme du peuple, du maître comme de l'esclave, de la maîtresse comme de la servante, du vendeur comme de l'acheteur, du prêteur comme de l'emprunteur, du débiteur comme du créancier. Dévastée, dévastée sera la terre, elle sera pillée, pillée, car Yahvé a prononcé cette parole. La terre est en deuil, elle dépérit, le monde s'étiole, il dépérit, l'élite du peuple de la terre s'étiole. La terre est profanée sous les pieds de ses habitants, car ils ont transgressé les lois, violé le décret, rompu l'alliance éternelle. C'est pourquoi la malédiction a dévoré la terre, et ses habitants en subissent la peine; c'est pourquoi les habitants de la terre ont été consumés, il ne reste que peu d'hommes. Le vin nouveau est en deuil, la vigne s'étiole, ils gémissent, ceux qui avaient le coeur en fête. Le son allègre des tambourins s'est tu, les fêtes bruyantes ont pris fin, le son allègre du kinnor s'est tu. On ne boit plus de vin en chantant, la boisson est amère à ceux qui la boivent. Elle est en ruines, la cité du néant, toute maison est fermée, on ne peut entrer. On crie dans les rues pour avoir du vin, toute joie a disparu: l'allégresse du pays a été bannie. Dans la ville, ce n'est que décombres, la porte s'est effondrée en ruines. Car il en est au milieu de la terre, parmi les peuples, comme au gaulage de l'olivier, comme pour les grappillons quand est finie la vendange. Mais ceux-ci élèvent la voix, ils crient de joie, en l'honneur de Yahvé ils clament depuis l'occident. "Oui, à l'orient, glorifiez Yahvé, dans les îles de la mer, le nom de Yahvé, le Dieu d'Israël." Des confins de la terre nous avons entendu des Isaïe Psaumes, "gloire au Juste." Mais j'ai dit: "Quelle épreuve pour moi! quelle épreuve pour moi! malheur à moi!" Les traîtres ont trahi, les traîtres ont tramé la trahison! Frayeur, fosse, filet pour toi, habitant de la terre. Et celui qui fuira devant le cri de frayeur tombera dans la fosse, et celui qui remontera de la fosse sera pris dans le filet. Oui, les vannes d'en haut se sont ouvertes, les fondements de la terre ont tremblé. Un brisement, la terre s'est brisée, un sursaut, la terre a sursauté, un vacillement, la terre a vacillé. La terre va chanceler, chanceler comme l'ivrogne, elle sera ébranlée comme une hutte, son crime pèsera sur elle, elle tombera et ne se relèvera plus. Et il arrivera, en ce jour-là, que Yahvé visitera l'armée d'en haut, en haut, et les rois de la terre, sur la terre. Ils seront rassemblés, troupe de prisonniers conduits à la fosse, ils seront enfermés dans la prison; après de nombreux jours, ils seront visités. La lune sera confuse, le soleil aura honte, car Yahvé Sabaot est roi sur la montagne de Sion et à Jérusalem, et la Gloire resplendit devant les anciens. Yahvé, tu es mon Dieu, je t'exalterai, je louerai ton nom, car tu as accompli des merveilles, les desseins de jadis, fidèlement, fermement. Car tu as fait de la ville un tas de pierres, la cité fortifiée est une ruine, la citadelle des étrangers n'est plus une ville, jamais elle ne sera reconstruite. C'est pourquoi un peuple fort te glorifie, la cité des nations redoutables te craint. Car tu as été un refuge pour le faible, un refuge pour le malheureux plongé dans la détresse, un abri contre la pluie, un ombrage contre la chaleur, car le souffle des violents est comme la pluie d'hiver. Comme la chaleur sur une terre aride, tu apaises le tumulte des étrangers: la chaleur tiédit à l'ombre d'un nuage, le chant des violents se tait. Yahvé Sabaot prépare pour tous les peuples, sur cette montagne, un festin de viandes grasses, un festin de bons vins, de viandes moelleuses, de vins dépouillés. Il a détruit sur cette montagne le voile qui voilait tous les peuples et le tissu tendu sur toutes les nations; il a fait disparaître la mort à jamais. Le Seigneur Yahvé a essuyé les pleurs sur tous les visages, il ôtera l'opprobre de son peuple sur toute la terre, car Yahvé a parlé. Et on dira, en ce jour-là: Voyez, c'est notre Dieu, en lui nous espérions pour qu'il nous sauve; c'est Yahvé, nous espérions en lui. Exultons, réjouissons-nous du salut qu'il nous a donné. Car la main de Yahvé reposera sur cette montagne et Moab sera foulé sur place, comme on foule la paille dans la fosse à fumier. Il étend les mains, au milieu de la montagne, comme le nageur les étend pour nager. Mais il rabaissera son orgueil, malgré les efforts de ses mains. Et la place forte inaccessible de tes remparts, il l'a abattue, abaissée, renversée à terre, dans la poussière. En ce jour-là, on chantera ce chant au pays de Juda: Nous avons une ville forte; pour nous protéger, il a mis mur et avant-mur. Ouvrez les portes! Qu'elle entre, la nation juste qui observe la fidélité. C'est un dessein arrêté: tu assureras la paix, la paix qui t'est confiée. Confiez-vous en Yahvé à jamais! Car Yahvé est un rocher, éternellement. C'est lui qui a précipité les habitants des hauteurs, la cité élevée; il l'abaisse, il l'abaisse jusqu'à terre, il lui fait mordre la poussière. Elle sera foulée aux pieds, par les pieds du malheureux, par les pas du faible. Le sentier du juste, c'est la droiture, tu aplanis la droite trace du juste. Oui, dans le sentier de tes jugements, nous t'attendions, Yahvé, à ton nom et à ta mémoire va le désir de l'âme. Mon âme t'a désiré pendant la nuit, oui, au plus profond de moi, mon esprit te cherche, car lorsque tu rends tes jugements pour la terre, les habitants du monde apprennent la justice. Si l'on fait grâce au méchant sans qu'il apprenne la justice, au pays de la droiture il fait le mal, sans voir la majesté de Yahvé. Yahvé, ta main est levée et ils ne voient pas! Ils verront, pleins de confusion, ton amour jaloux pour ce peuple, oui, le feu préparé pour tes ennemis les dévorera. Yahvé, tu nous assures la paix, et même toutes nos oeuvres, tu les accomplis pour nous. Yahvé notre Dieu, d'autres maîtres que toi ont dominé sur nous, mais, attachés à toi seul, nous invoquons ton nom. Les morts ne revivront pas, les ombres ne se relèveront pas, car tu les as visités, exterminés, tu as détruit jusqu'à leur souvenir. Tu as fait de nous une nation, Yahvé, tu as fait de nous une nation et tu as été glorifié. Tu as fait reculer les limites du pays. Yahvé, dans la détresse ils t'ont cherché, ils se répandirent en prière car ton châtiment était sur eux. Comme la femme enceinte à l'heure de l'enfantement souffre et crie dans ses douleurs, ainsi étions-nous devant ta face, Yahvé. Nous avons conçu, nous avons souffert, mais c'était pour enfanter du vent: nous n'avons pas donné le salut à la terre, il ne naît pas d'habitants au monde. Tes morts revivront, tes cadavres ressusciteront. Réveillez-vous et chantez, vous qui habitez la poussière, car ta rosée est une rosée lumineuse, et le pays va enfanter des ombres. Va, mon peuple, entre dans tes chambres, ferme tes portes sur toi; cache-toi un tout petit instant, jusqu'à ce qu'ait passé la fureur. Car voici Yahvé qui sort de sa demeure pour châtier la faute des habitants de la terre; et la terre dévoilera son sang, elle cessera de recouvrir ses cadavres. Ce jour-là, Yahvé châtiera avec son épée dure, grande et forte, Léviathan, le serpent fuyard, Léviathan, le serpent tortueux; il tuera le dragon qui habite la mer. Ce jour-là, la vigne magnifique chantez-la! Moi, Yahvé, j'en suis le gardien, de temps en temps, je l'irrigue; pour qu'on ne lui fasse pas de mal, nuit et jour je la garde. -- Je n'ai plus de muraille. Qui va me réduire en ronces et en épines? -- Dans la guerre, je la foulerai, je la brûlerai en même temps. Ou bien que l'on fasse appel à ma protection, que l'on fasse la paix avec moi, la paix, qu'on la fasse avec moi. A l'avenir Jacob s'enracinera, Israël bourgeonnera et fleurira, la face du monde se couvrira de récolte. L'a-t-il frappé comme avaient frappé ceux qui le frappaient? A-t-il assassiné comme avaient assassiné ses assassins? En la chassant, en l'excluant, tu as exercé un jugement, il l'a chassée de son souffle violent, tel le vent d'orient. Car ainsi sera pardonnée la faute de Jacob, tel sera le fruit qu'il recueillera en renonçant à son péché quand toutes les pierres de l'autel seront mises en pièces comme des pierres à chaux, quand les Ashéras et les brûle-parfums ne seront plus debout. Car la ville fortifiée est devenue une solitude, abandonnée, délaissée comme un désert, où les veaux paissent, où ils se couchent en détruisant les branchages. Quand sèchent les branches on les brise, des femmes viennent et y mettent le feu. Or ce peuple n'est pas intelligent, aussi son créateur n'aura pas pitié de lui, celui qui l'a modelé ne lui fera pas grâce. Et il arrivera qu'en ce jour-là, Yahvé fera le battage, depuis le cours du Fleuve jusqu'au torrent d'Egypte, et vous, vous serez glanés un à un, enfants d'Israël. Et il arrivera qu'en ce jour-là, on sonnera du grand cor, alors viendront ceux qui se meurent au pays d'Assur, et ceux qui sont bannis au pays d'Egypte, ils adoreront Yahvé sur la montagne sainte, à Jérusalem. Malheur à l'orgueilleuse couronne des ivrognes d'Ephraïm, à la fleur fanée de sa superbe splendeur sise au sommet de la grasse vallée, à ceux que terrasse le vin. Voici un homme fort et puissant au service du Seigneur, comme une tornade de grêle, une tempête dévastatrice, comme d'énormes trombes d'eau qui se déversent, de sa main il les jette à terre. Elles seront foulées aux pieds, l'orgueilleuse couronne des ivrognes d'Ephraïm et la fleur fanée de sa superbe splendeur sise au sommet de la grasse vallée. C'est comme une figue mûre avant l'été: qui l'aperçoit aussitôt la saisit et l'avale. Ce jour-là, c'est Yahvé Sabaot qui deviendra une couronne de splendeur et un superbe diadème pour le reste de son peuple, un esprit de justice pour qui doit rendre la justice, et la force de ceux qui repoussent l'assaut aux portes. Eux aussi, ils ont été troublés par le vin, ils ont divagué sous l'effet de la boisson. Prêtre et prophète, ils ont été troublés par la boisson, ils ont été pris de vin, ils ont divagué sous l'effet de la boisson, ils ont été troublés dans leurs visions, ils ont divagué dans leurs sentences. Oui, toutes les tables sont couvertes de vomissements abjects, pas une place nette! A qui enseigne-t-il la leçon? A qui explique-t-il la doctrine? A des enfants à peine sevrés, à peine éloignés de la mamelle, quand il dit: çav laçav, çav laçav; qav laqav, qav laqav ze'êr sham, ze'êr sham. Oui, c'est par des lèvres bégayantes et dans une langue étrangère qu'il parlera à ce peuple. Il leur avait dit: "Voici le repos! Donnez le repos à l'accablé: ceci est un endroit tranquille." Mais ils n'ont pas voulu écouter. Aussi Yahvé va leur parler ainsi: çav laçav, çav laçav; qav laqav, qav laqav; ze'êr sham, ze'êr sham afin qu'en marchant ils tombent à la renverse, qu'ils soient brisés, pris au piège, emprisonnés. C'est pourquoi, écoutez la parole de Yahvé, hommes insolents, gouverneurs de ce peuple qui est à Jérusalem. Vous avez dit: "Nous avons conclu une alliance avec la mort, avec le shéol nous avons fait un pacte. Quant au fléau menaçant, il passera sans nous atteindre, car nous avons fait du mensonge notre refuge, et dans la fausseté nous nous sommes cachés." C'est pourquoi, ainsi parle le Seigneur Yahvé: Voici que je vais poser en Sion une pierre, une pierre de granit, pierre angulaire, précieuse, pierre de fondation bien assise: celui qui s'y fie ne sera pas ébranlé. Et je prendrai le droit comme mesure et la justice comme niveau. Mais la grêle balaiera le refuge de mensonge et les eaux inonderont la cachette; votre alliance avec la mort sera rompue, votre pacte avec le shéol ne tiendra pas. Quant au fléau destructeur, lorsqu'il passera, vous serez piétinés par lui. Chaque fois qu'il passera, il vous saisira, car chaque matin il passera, et le jour et la nuit, et seule la terreur fera comprendre la révélation. Car la couche sera trop courte pour s'y étendre, et la couverture trop étroite pour s'en envelopper. Oui, comme au mont de Peraçim, Yahvé se lèvera, comme au val de Gabaôn, il frémira, pour opérer son oeuvre, son oeuvre étrange, pour accomplir sa tâche, sa tâche mystérieuse. Et maintenant, cessez de vous moquer, de peur que ne se resserrent vos liens, car je l'ai entendu: c'est irrévocablement décidé par le Seigneur Yahvé Sabaot, contre tout le pays. Prêtez l'oreille et entendez ma voix; soyez attentifs, entendez ma parole. Le laboureur passe-t-il tout son temps à labourer pour semer, à défoncer et herser son coin de terre? Après avoir aplani la surface, ne jette-t-il pas la nigelle, ne répand-il pas le cumin? Puis il met le blé, le millet, l'orge... et l'épeautre en bordure. Son Dieu lui a enseigné cette règle et l'a instruit. On n'écrase pas la nigelle avec le traîneau, on ne fait pas passer sur le cumin les roues du chariot. C'est avec un bâton qu'on bat la nigelle, et le cumin se bat au fléau. Lorsqu'on foule le froment, on ne s'attarde pas à l'écraser; on met en marche la roue du chariot et son attelage, on ne le broie pas. Tout cela est un don de Yahvé Sabaot, merveilleux conseil qui fait de grandes choses. Malheur, Ariel, Ariel, cité où campa David! ajoutez année sur année, que les fêtes accomplissent leur cycle, j'opprimerai Ariel; ce sera gémissements et sanglots, et elle sera pour moi comme Ariel. Je camperai en cercle contre toi, j'entreprendrai contre toi un siège et je dresserai contre toi des retranchements. Tu seras abaissée, ta voix s'élèvera de la terre, de la poussière elle s'élèvera comme un murmure; ta voix comme celle d'un esprit viendra de la terre, comme venant de la poussière elle murmurera. La horde de tes ennemis sera comme des grains de poussière, la horde des guerriers, comme la bale qui s'envole. Et soudain, en un instant, tu seras visitée de Yahvé Sabaot dans le fracas, le tremblement, le vacarme, ouragan et tempête, flamme de feu dévorant. Ce sera comme un rêve, une vision nocturne: la horde de toutes les nations en guerre contre Ariel, tous ceux qui le combattent, l'assiègent et l'oppriment. Et ce sera comme le rêve de l'affamé: le voici qui mange, puis il s'éveille, l'estomac creux; ou comme le rêve de l'assoiffé: le voici qui boit, puis il s'éveille épuisé, la gorge sèche. Ainsi en sera-t-il de la horde de toutes les nations en guerre contre la montagne de Sion. Soyez stupides et stupéfaits, devenez aveugles et sans vue; soyez ivres, mais non de vin, titubants, mais non de boisson, car Yahvé a répandu sur vous un esprit de torpeur, il a fermé vos yeux (les prophètes), il a voilé vos têtes (les voyants). Et toutes les visions sont devenues pour vous comme les mots d'un livre scellé que l'on remet à quelqu'un qui sait lire en disant: "Lis donc cela." Mais il répond: "Je ne puis, car il est scellé." Et on remet le livre à quelqu'un qui ne sait pas lire en disant: "Lis donc cela." Mais il répond: "Je ne sais pas lire." Le Seigneur a dit: Parce que ce peuple est près de moi en paroles et me glorifie de ses lèvres, mais que son coeur est loin de moi et que sa crainte n'est qu'un commandement humain, une leçon apprise, eh bien! voici que je vais continuer à étonner ce peuple par des prodiges et des merveilles; la sagesse des sages se perdra et l'intelligence des intelligents s'envolera. Malheur à ceux qui se terrent pour dissimuler à Yahvé leurs desseins, qui trament dans les ténèbres leurs actions et disent: "Qui nous voit? Qui nous connaît?" Quelle perversité! Le potier ressemble-t-il à l'argile pour qu'une oeuvre ose dire à celui qui l'a faite: "Il ne m'a pas faite", et un pot à son potier: "Il ne sait pas travailler?" N'est-il pas vrai que dans peu de temps le Liban redeviendra un verger, et le verger fera penser à une forêt? En ce jour-là, les sourds entendront les paroles du livre et, délivrés de l'ombre et des ténèbres, les yeux des aveugles verront. Les malheureux trouveront toujours plus de joie en Yahvé, les plus pauvres des hommes exulteront à cause du Saint d'Israël. Car le tyran ne sera plus, le moqueur aura disparu, tous les veilleurs infâmes auront été retranchés: ceux dont la parole porte condamnation, ceux qui tendent un piège à celui qui juge à la porte, et sans raison font débouter le juste. C'est pourquoi, ainsi parle Yahvé, Dieu de la maison de Jacob, lui qui a racheté Abraham: Désormais Jacob ne sera plus déçu, désormais son visage ne blêmira plus, car lorsqu'il verra ses enfants, l'oeuvre de mes mains, chez lui, il sanctifiera mon nom, il sanctifiera le Saint de Jacob, il redoutera le Dieu d'Israël. Les esprits égarés apprendront l'intelligence, et ceux qui murmurent recevront l'instruction. Malheur aux fils rebelles! oracle de Yahvé. Ils font des projets qui ne viennent pas de moi, ils trament des alliances que mon esprit n'inspire pas, accumulant péché sur péché. Ils partent pour descendre en Egypte, sans m'avoir consulté, pour se mettre sous la protection du Pharaon et s'abriter à l'ombre de l'Egypte. Mais la protection du Pharaon tournera à votre honte, l'abri de l'ombre de l'Egypte à votre confusion. Car ses princes ont été à Coân et ses messagers ont atteint Hanès. Tout le monde est déçu par un peuple qui ne peut secourir, qui n'apporte ni aide ni profit, mais déception et confusion. Oracle sur les bêtes du Négeb. Au pays d'angoisse et de détresse, de la lionne et du lion rugissant, de la vipère et du dragon volant, ils apportent sur l'échine des ânes leurs richesses, sur la bosse des chameaux leurs trésors, vers un peuple qui ne peut secourir: l'Egypte dont l'aide est vanité et néant; c'est pourquoi je lui ai donné ce nom: Rahab la déchue. Maintenant va, écris-le sur une tablette, grave-le sur un document, que ce soit pour un jour à venir, pour toujours et à jamais. Car c'est un peuple révolté, des fils menteurs, des fils qui refusent d'écouter la Loi de Yahvé, qui ont dit aux voyants: "Vous ne verrez pas", et aux prophètes: "Vous ne percevrez pour nous rien de clair. Dites-nous des choses flatteuses, ayez des visions trompeuses. Eloignez-vous du chemin, écartez-vous du sentier, ôtez de devant nous le Saint d'Israël." C'est pourquoi, ainsi parle le Saint d'Israël: Parce que vous avez rejeté cette parole et que vous vous êtes fiés à la fraude et à la déloyauté pour vous y appuyer, à cause de cela, cette faute sera pour vous comme une brèche qui se produit, une saillie en haut d'un rempart qui soudain, d'un seul coup, vient à s'écrouler. Il va le briser comme on brise une jarre de potier, mise en pièces sans pitié, et l'on ne trouvera pas dans ses débris un tesson pour racler le feu du foyer ou pour puiser l'eau d'un bassin. Car ainsi parle le Seigneur Yahvé, le Saint d'Israël: Dans la conversion et le calme était votre salut, dans la sérénité et la confiance était votre force, mais vous n'avez pas voulu! Vous avez dit: "Non, car nous fuirons à cheval!" Eh bien! oui, vous fuirez. Et encore: "Nous aurons des montures rapides!" Eh bien! vos poursuivants seront rapides. Mille trembleront devant la menace d'un seul, devant la menace de cinq vous vous enfuirez, jusqu'à ce qu'il reste de vous comme un mât en haut de la montagne, comme un signal sur la colline. C'est pourquoi Yahvé attend l'heure de vous faire grâce, c'est pourquoi il se lèvera pour vous prendre en pitié, car Yahvé est un Dieu de justice; bienheureux tous ceux qui espèrent en lui. Oui, peuple de Sion, qui habites Jérusalem, tu n'auras plus à pleurer, car il va te faire grâce à cause du cri que tu pousses, dès qu'il l'entendra il te répondra. Le Seigneur vous donnera le pain de l'angoisse et l'eau rationnée, celui qui t'instruit ne se cachera plus, et tes yeux verront celui qui t'instruit. Tes oreilles entendront une parole prononcée derrière toi: "Telle est la voie, suivez-la, que vous alliez à droite ou à gauche." Tu jugeras impur le placage de tes idoles d'argent et le revêtement de tes statues d'or; tu les rejetteras comme un objet immonde: "Hors d'ici!" diras-tu. Et il donnera la pluie pour la semence que tu sèmeras en terre, et le pain, produit du sol, sera riche et nourrissant. Ton bétail paîtra, ce jour-là, sur de vastes pâtures. Les boeufs et les ânes, qui travaillent le sol, mangeront comme fourrage de l'oseille sauvage que l'on étend à la pelle et à la fourche. Sur toute haute montagne et sur toute colline élevée, il y aura des ruisseaux et des cours d'eau au jour du grand carnage, quand s'écrouleront les forteresses. Alors la lumière de la lune sera comme la lumière du soleil, et la lumière du soleil sera sept fois plus forte, comme la lumière de sept jours, au jour où Yahvé pansera la blessure de son peuple et guérira la trace des coups reçus. Voici que le nom de Yahvé vient de loin, ardente est sa colère, pesante sa menace. Ses lèvres débordent de fureur, sa langue est comme un feu dévorant. Son souffle est comme un torrent débordant qui monte jusqu'au cou, pour secouer les nations d'une secousse fatale, mettre un mors d'égarement aux mâchoires des peuples. Le chant sera sur vos lèvres comme en une nuit de fête, et la joie sera dans vos coeurs comme lorsqu'on marche au son de la flûte pour aller à la montagne de Yahvé, le rocher d'Israël. Yahvé fera entendre la majesté de sa voix, il fera sentir le poids de son bras, dans l'ardeur de sa colère accompagnée d'un feu dévorant, de la foudre, d'averses et de grêlons. Car à la voix de Yahvé, Assur sera terrorisé, il le frappera de sa baguette; chaque fois qu'il passera, ce sera la férule du châtiment que Yahvé lui infligera, au son des tambourins et des kinnors, et dans les combats qu'il livrera, la main levée, contre lui. Car depuis longtemps est préparé Tophèt, -- il sera aussi pour le roi -- profond et large son bûcher, feu et bois y abondent; le souffle de Yahvé, comme un torrent de soufre, va y mettre le feu. Malheur à ceux qui descendent en Egypte pour y chercher du secours. Ils comptent sur les chevaux, ils mettent leur confiance dans les chars, car ils sont nombreux, et dans les cavaliers, car ils sont très forts. Ils ne se sont pas tournés vers le Saint d'Israël, ils n'ont pas consulté Yahvé. Pourtant il est sage, lui aussi, et peut faire venir le malheur, il n'a jamais manqué à sa parole. Il se lèvera contre l'engeance des méchants, contre la protection des malfaisants. L'Egyptien est un homme et non un dieu, ses chevaux sont chair et non esprit; Yahvé étendra la main: le protecteur trébuchera, le protégé tombera, tous ensemble ils périront. Car ainsi m'a parlé Yahvé: Comme gronde le lion, le lionceau après sa proie, quand on fait appel contre lui à l'ensemble des bergers, sans qu'il se laisse terroriser par leurs cris ni troubler par leur fracas, ainsi descendra Yahvé Sabaot pour guerroyer sur le mont Sion, sur sa colline. Comme des oiseaux qui volent, ainsi Yahvé Sabaot protégera Jérusalem; par sa protection il la sauvera, par son soutien il la délivrera. Revenez à celui qu'ont si profondément trahi les enfants d'Israël. Car en ce jour-là, chacun rejettera ses faux dieux d'argent et ses faux dieux d'or, qu'ont fabriqué pour vous vos mains pécheresses. Assur tombera par l'épée, non celle d'un homme, il sera dévoré par l'épée, non celle d'un mortel. Il s'enfuira devant l'épée, et ses jeunes gens seront asservis. Dans sa terreur il abandonnera son rocher, et ses chefs apeurés déserteront l'étendard. Oracle de Yahvé dont le feu est à Sion et la fournaise à Jérusalem. Voici qu'un roi régnera avec justice et des princes gouverneront selon le droit. Chacun sera comme un abri contre le vent, un refuge contre l'averse, comme des ruisseaux sur une terre aride, comme l'ombre d'une roche solide dans un pays désolé. Les yeux des voyants ne seront plus englués, les oreilles des auditeurs seront attentives. Le coeur des inconstants s'appliquera à comprendre, et la langue des bègues dira sans hésiter des paroles claires. On ne donnera plus à l'insensé le titre de noble, ni au fourbe celui de grand. Car l'insensé dit des insanités et son coeur s'adonne au mal, en pratiquant l'impiété, en tenant sur Yahvé des propos aberrants, en laissant l'affamé sans nourriture; il refuse la boisson à celui qui a soif. Quant au fourbe, ses fourberies sont perverses, il a ourdi des machinations pour perdre le pauvre par des paroles mensongères, alors que le malheureux a le droit pour lui. Le noble, lui, n'a eu que de nobles desseins, il se lève pour agir avec noblesse. Femmes altières, levez-vous, écoutez ma voix, filles pleines de superbe, prêtez l'oreille à ma parole. Dans un an et quelques jours, vous tremblerez, présomptueuses, car c'en est fait de la vendange, il n'y a plus de récolte. Frémissez, vous qui êtes altières, tremblez, vous qui êtes pleines de superbe; dépouillez-vous, dénudez-vous, ceignez-vous les reins. Frappez-vous les seins sur le sort des campagnes riantes, des vignes chargées de fruits; sur le terroir de mon peuple croîtra le buisson de ronces, comme sur toute maison joyeuse de la cité délirante. Car la citadelle est abandonnée, la ville tapageuse est désertée, Ophel et Donjon seront dénudés à jamais, délices des ânes sauvages, pacage de troupeaux. Jusqu'à ce que se répande sur nous l'Esprit d'en haut, et que le désert devienne un verger, un verger qui fait penser à une forêt. Dans le désert s'établira le droit et la justice habitera le verger. Le fruit de la justice sera la paix, et l'effet de la justice repos et sécurité à jamais. Mon peuple habitera dans un séjour de paix, des demeures superbes, des résidences altières. Et si la forêt est totalement détruite, si la ville est gravement humiliée, heureux serez-vous de semer partout où il y a de l'eau, de laisser en liberté le boeuf et l'âne. Malheur à toi qui détruis et n'es pas détruit, qui es traître alors qu'on ne te trahit pas; quand tu auras fini de détruire, tu seras détruit, quand tu auras terminé tes trahisons, on te trahira. Yahvé, fais-nous grâce, en toi nous espérons. Sois notre bras chaque matin, et aussi notre salut au temps de la détresse. Au bruit du tumulte les peuples s'enfuient, lorsque tu te lèves les nations se dispersent. On amasse chez vous le butin comme amasse le criquet, on se rue sur lui comme une ruée de sauterelles. Yahvé est exalté car il trône là-haut, il comble Sion de droit et de justice. Et ce sera la sécurité pour tes jours: sagesse et connaissance sont les richesses qui sauvent, la crainte de Yahvé, tel est son trésor. Voici qu'Ariel pousse des cris dans les rues, les messagers de paix pleurent amèrement. Les routes sont désolées, plus de passants sur les chemins, on a rompu l'alliance, méprisé les témoins, on n'a tenu compte de personne. Endeuillée, la terre languit. Couvert de honte, le Liban se dessèche, Saron est devenue comme la steppe, Bashân et le Carmel frémissent. Maintenant je me lève, dit Yahvé, maintenant je me dresse, maintenant je m'élève. Vous concevez du foin, vous enfantez de la paille, mon souffle, comme un feu, vous dévorera. Les peuples seront consumés comme par la chaux, épines coupées, ils seront brûlés au feu. Ecoutez, vous qui êtes loin, ce que j'ai fait, sachez, vous qui êtes proches, quelle est ma puissance. Les pécheurs ont été terrifiés à Sion, un tremblement a saisi les impies. Qui de nous tiendra devant un feu dévorant? Qui de nous tiendra devant des brasiers éternels? Celui qui se conduit avec justice et parle loyalement, qui refuse un gain extorqué et repousse de la main le pot-de-vin, qui se bouche les oreilles pour ne pas entendre les propos sanguinaires, et ferme les yeux pour ne pas voir le mal, celui-là habitera dans les hauteurs, les roches escarpées seront son refuge, on lui donnera du pain, l'eau ne lui manquera pas. Tes yeux contempleront le roi dans sa beauté, ils verront un pays qui s'étend au loin. Ton coeur méditera ses frayeurs: "Où est celui qui comptait? Où est celui qui pesait? Où est celui qui comptait les tours?" Tu ne verras plus le peuple insolent, le peuple au langage incompréhensible, à la langue barbare et dénuée de sens. Contemple Sion, cité de nos fêtes, que tes yeux voient Jérusalem, résidence sûre, tente qu'on ne déplacera pas, dont on n'arrachera jamais les piquets, dont les cordes ne seront jamais rompues. Mais c'est là que Yahvé nous montre sa puissance, comme un lieu de fleuves et de canaux très larges où ne vogueront pas les bateaux à rame, que ne traverseront pas les grands vaisseaux. (Car Yahvé nous juge et Yahvé nous régente, Yahvé est notre roi, c'est lui notre sauveur.) Tes cordages ont lâché, ils ne maintiennent plus le mât, ils ne hissent plus le signal. Alors on s'est partagé un énorme butin, les boiteux se sont livrés au pillage. Aucun habitant ne dira plus: "Je suis malade", le peuple qui y demeure verra sa faute remise. Approchez, nations, pour écouter, peuples, soyez attentifs, que la terre écoute, et ce qui l'emplit, le monde et tout son peuplement. Car c'est une colère de Yahvé contre toutes les nations, une fureur contre toute leur armée. Il les a vouées à l'anathème, livrées au carnage. Leurs victimes sont jetées dehors, la puanteur de leurs cadavres se répand, les montagnes ruissellent de sang, toute l'armée des cieux se disloque. Les cieux s'enroulent comme un livre, toute leur armée se flétrit, comme se flétrissent les feuilles qui tombent de la vigne, comme se flétrissent celles qui tombent du figuier. Car mon épée s'est abreuvée dans les cieux: Voici qu'elle s'abat sur Edom, sur le peuple voué à l'anathème, pour le punir. L'épée de Yahvé est pleine de sang, gluante de graisse, du sang des agneaux et des boucs, de la graisse des rognons de béliers; car il y a pour Yahvé un sacrifice à Boçra, un grand carnage au pays d'Edom. Les buffles tombent avec eux, les veaux avec les boeufs gras, leur terre est abreuvée de sang, leur poussière engluée de graisse. Car c'est un jour de vengeance pour Yahvé, l'année de la rétribution, dans le procès de Sion. Ses torrents se changent en poix, sa poussière en soufre, son pays devient de la poix brûlante. Nuit et jour il ne s'éteint pas, éternellement s'élève sa fumée, d'âge en âge il sera desséché, toujours et à jamais, personne n'y passera. Ce sera le domaine du pélican et du hérisson, la chouette et le corbeau l'habiteront; Yahvé y tendra le cordeau du chaos et le niveau du vide. De nobles, il n'y en a plus pour proclamer la royauté, c'en est fini de tous ses princes. Dans ses bastions croîtront les ronces, dans ses forteresses, l'ortie et l'épine; ce sera une tanière de chacals, un enclos pour les autruches. Les chats sauvages rencontreront les hyènes, le satyre appellera le satyre, là encore se tapira Lilith, elle trouvera le repos. Là nichera le serpent, il pondra, fera éclore ses oeufs, groupera ses petits à l'ombre. Là encore se rassembleront les vautours, les uns vers les autres. Cherchez dans le livre de Yahvé et lisez: il n'en manque pas un, pas un n'est privé de son compagnon. C'est ainsi que sa bouche l'a ordonné, son esprit, lui, les rassemble. Et c'est lui qui pour eux a jeté le sort, sa main a fixé leur part au cordeau, pour toujours ils la posséderont, d'âge en âge ils y habiteront. Que soient pleins d'allégresse désert et terre aride, que la steppe exulte et fleurisse; comme l'asphodèle qu'elle se couvre de fleurs, qu'elle exulte de joie et pousse des cris, la gloire du Liban lui a été donnée, la splendeur du Carmel et de Saron. C'est eux qui verront la gloire de Yahvé, la splendeur de notre Dieu. Fortifiez les mains affaiblies, affermissez les genoux qui chancellent. Dites aux coeurs défaillants: "Soyez forts, ne craignez pas; voici votre Dieu. C'est la vengeance qui vient, la rétribution divine. C'est lui qui vient vous sauver." Alors se dessilleront les yeux des aveugles, et les oreilles des sourds s'ouvriront. Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la langue du muet criera sa joie. Parce qu'auront jailli les eaux dans le désert et les torrents dans la steppe. La terre brûlée deviendra un marécage, et le pays de la soif, des eaux jaillissantes; dans les repaires où gîtaient les chacals on verra des enclos de roseaux et de papyrus. Il y aura là une chaussée et un chemin, on l'appellera la voie sacrée; l'impur n'y passera pas; c'est Lui qui pour eux ira par ce chemin, et les insensés ne s'y égareront pas. Il n'y aura pas de lion et la plus féroce des bêtes n'y montera pas, on ne l'y rencontrera pas, mais les rachetés y marcheront. Ceux qu'a libérés Yahvé reviendront, ils arriveront à Sion criant de joie, portant avec eux une joie éternelle. La joie et l'allégresse les accompagneront, la douleur et les plaintes cesseront. Il arriva qu'en la quatorzième année du roi Ezéchias, Sennachérib, roi d'Assyrie, monta contre toutes les villes fortes de Juda et s'en empara. De Lakish, le roi d'Assyrie envoya vers le roi Ezéchias, à Jérusalem, le grand échanson avec un important corps de troupes. Le grand échanson se posta près du canal de la piscine supérieure, sur le chemin du champ du Foulon. Le maître du palais Elyaqim, fils de Hilqiyyahu, le secrétaire Shebna et le héraut Yoah, fils d'Asaph, sortirent à sa rencontre. Le grand échanson leur dit: "Dites à Ezéchias: Ainsi parle le grand roi, le roi d'Assyrie: Quelle est cette confiance sur laquelle tu te reposes? Tu t'imagines que paroles en l'air valent conseil et vaillance pour faire la guerre. En quoi donc mets-tu ta confiance pour t'être révolté contre moi? Voici que tu te fies au soutien de ce roseau brisé, l'Egypte, qui pénètre et perce la main de qui s'appuie sur lui. Tel est Pharaon, roi d'Egypte, pour tous ceux qui se fient à lui. Vous me direz peut-être: c'est en Yahvé notre Dieu que nous avons confiance, mais n'est-ce pas lui dont Ezéchias a supprimé les hauts lieux et les autels en disant aux gens de Juda et de Jérusalem: C'est devant cet autel que vous vous prosternerez? Eh bien! fais un pari avec Monseigneur le roi d'Assyrie: je te donnerai 2.000 chevaux si tu peux trouver des cavaliers pour les monter. Comment ferais-tu reculer un seul des moindres serviteurs de mon maître? Mais tu t'es fié à l'Egypte pour avoir chars et cavaliers! Et puis, est-ce sans la volonté de Yahvé que je suis monté contre ce pays pour le dévaster? C'est Yahvé qui m'a dit: Monte contre ce pays et dévaste-le!" Elyaqim, Shebna et Yoah dirent au grand échanson: "Je t'en prie, parle à tes serviteurs en araméen, car nous l'entendons, ne nous parle pas en judéen à portée des oreilles du peuple qui est sur les remparts." Mais le grand échanson dit: "Est-ce à toi ou à ton maître que Monseigneur m'a envoyé dire ces choses? N'est-ce pas plutôt aux gens assis sur le rempart et condamnés à manger leurs excréments et à boire leur urine avec vous?" Alors le grand échanson se tint debout, il cria d'une voix forte, en langue judéenne, et dit: "Ecoutez les paroles du grand roi, le roi d'Assyrie! Ainsi parle le roi: Qu'Ezéchias ne vous abuse pas! Il ne pourra vous délivrer. Qu'Ezéchias n'entretienne pas votre confiance en Yahvé en disant: Sûrement Yahvé nous délivrera, cette ville ne tombera pas entre les mains du roi d'Assyrie. N'écoutez pas Ezéchias, car ainsi parle le roi d'Assyrie: Faites la paix avec moi, rendez-vous à moi, et chacun de vous mangera le fruit de sa vigne et de son figuier, chacun boira l'eau de sa citerne, jusqu'à ce que je vienne et que je vous emmène vers un pays comme le vôtre, un pays de froment et de moût, un pays de pain et de vignobles. Qu'Ezéchias ne vous abuse pas en vous disant: Yahvé nous délivrera. Les dieux des nations ont-ils vraiment délivré chacun son pays des mains du roi d'Assyrie? Où sont les dieux de Hamat et d'Arpad, où sont les dieux de Sepharvayim, où sont les dieux du pays de Samarie? Ont-ils délivré Samarie de ma main? Parmi tous les dieux de ces pays, lesquels ont délivré leur pays de ma main, pour que Yahvé délivre Jérusalem?" Ils gardèrent le silence et ne lui répondirent pas un mot, car tel était l'ordre du roi: "Vous ne lui répondrez pas." Le maître du palais Elyaqim, fils de Hilqiyyahu, le secrétaire Shebna et le héraut Yoah, fils d'Asaph, vinrent auprès d'Ezéchias, les vêtements déchirés, et ils lui rapportèrent les paroles du grand échanson. A ce récit, le roi Ezéchias déchira ses vêtements, se couvrit d'un sac et se rendit au Temple de Yahvé. Il envoya le maître du palais Elyaqim, le secrétaire Shebna et les anciens des prêtres, couverts de sacs, auprès du prophète Isaïe, fils d'Amoç. Ceux-ci lui dirent: "Ainsi parle Ezéchias: Ce jour-ci est un jour d'angoisse, de châtiment et d'opprobre. Les enfants sont à terme et la force manque pour les enfanter. Puisse Yahvé ton Dieu entendre les paroles du grand échanson que le roi d'Assyrie, son maître, a envoyé insulter le Dieu vivant, et puisse Yahvé ton Dieu punir les paroles qu'il a entendues! Adresse une prière en faveur du reste qui subsiste encore." Lorsque les ministres du roi Ezéchias furent arrivés auprès d'Isaïe, celui-ci leur dit: "Vous direz à votre maître: Ainsi parle Yahvé. N'aie pas peur des paroles que tu as entendues, des blasphèmes que les valets du roi d'Assyrie ont lancés contre moi. Voici que je vais mettre en lui un esprit et, sur une nouvelle qu'il entendra, il retournera dans son pays et, dans son pays, je le ferai tomber sous l'épée." Le grand échanson s'en retourna et retrouva le roi d'Assyrie en train de combattre contre Libna. Le grand échanson avait appris en effet que le roi avait décampé de Lakish, car il avait reçu cette nouvelle au sujet de Tirhaqa, roi de Kush: "Il est parti en guerre contre toi." De nouveau Sennachérib envoya des messagers à Ezéchias pour lui dire: "Vous parlerez ainsi à Ezéchias roi de Juda: Que ton Dieu en qui tu te confies ne t'abuse pas en disant: Jérusalem ne sera pas livrée aux mains du roi d'Assyrie. Tu as appris ce que les rois d'Assyrie ont fait à tous les pays, les vouant à l'anathème, et toi, tu serais délivré! Les ont-ils délivrées, les dieux des nations que mes pères ont dévastées, Gozân, Harân, Réçeph, et les Edénites qui étaient à Tell Basar? Où sont le roi de Hamat, le roi d'Arpad, le roi de Laïr, de Sepharvayim, de Héna, de Ivva?" Ezéchias prit la lettre de la main des messagers et la lut. Puis il monta au Temple de Yahvé et la déplia devant Yahvé. Et Ezéchias fit cette prière en présence de Yahvé: "Yahvé Sabaot, Dieu d'Israël, qui sièges sur les chérubins, c'est toi qui es seul Dieu de tous les royaumes de la terre, c'est toi qui as fait le ciel et la terre. Prête l'oreille, Yahvé, et entends, ouvre les yeux, Yahvé, et vois. Entends les paroles de Sennachérib qui a envoyé dire des insultes au Dieu vivant. Il est vrai, Yahvé, les rois d'Assyrie ont exterminé toutes les nations (et leur pays). Ils ont jeté au feu leurs dieux, car ce n'étaient pas des dieux mais l'ouvrage de mains d'hommes, du bois et de la pierre, alors ils les ont anéantis. Mais maintenant, Yahvé notre Dieu, sauve-nous de sa main, je t'en supplie, et que tous les royaumes de la terre sachent que toi seul es Dieu, Yahvé." Alors Isaïe fils d'Amoç envoya dire à Ezéchias: "Ainsi parle Yahvé, Dieu d'Israël, à propos de la prière que tu m'as adressée au sujet de Sennachérib, roi d'Assyrie. Voici l'oracle que Yahvé a prononcé contre lui: Elle te méprise, elle te raille, la vierge, fille de Sion; elle hoche la tête après toi, la fille de Jérusalem. Qui donc as-tu insulté, blasphémé? Contre qui as-tu parlé haut et levé ton regard altier? Vers le Saint d'Israël! Par tes valets tu as insulté le Seigneur, tu as dit: Avec mes nombreux chars j'ai gravi les sommets des monts, les dernières cimes du Liban. J'ai coupé sa haute futaie de cèdres et ses plus beaux cyprès. J'ai atteint son ultime sommet, son parc forestier. Moi, j'ai creusé et j'ai bu des eaux étrangères; j'ai asséché sous la plante de mes pieds tous les fleuves de l'Egypte. Entends-tu bien? De longue date j'ai préparé cela, aux jours anciens j'en fis le dessein, maintenant je le réalise. Ton destin fut de réduire en tas de ruines des villes fortifiées. Leurs habitants, les mains débiles, épouvantés et confondus, furent comme plantes des champs, verdure de gazon, herbe des toits et guérets, sous le vent d'orient. Quand tu te lèves et quand tu t'assieds, quand tu sors ou tu entres, je le sais (et que tu t'emportes contre moi). Parce que tu t'es emporté contre moi, que ton insolence est montée à mes oreilles, je passerai mon anneau à ta narine et mon mors à tes lèvres, je te ramènerai sur le chemin par lequel tu es venu. Ceci te servira de signe: On mangera cette année du grain tombé et l'an prochain du grain de jachère, mais, le troisième an, semez et moissonnez, plantez des vignes et mangez de leur fruit. Le reste survivant de la maison de Juda produira de nouvelles racines en bas et des fruits en haut. Car de Jérusalem sortira un reste et des survivants du mont Sion. L'amour jaloux de Yahvé Sabaot fera cela. Voici donc ce que dit Yahvé sur le roi d'Assyrie: Il n'entrera pas dans cette ville, il n'y lancera pas une flèche, il ne tendra pas de bouclier contre elle, il n'y entassera pas de remblai. Par la route qui l'amena, il s'en retournera, il n'entrera pas dans cette ville, oracle de Yahvé. Je protégerai cette ville et la sauverai à cause de moi et de mon serviteur David." Cette même nuit, l'Ange de Yahvé sortit et frappa dans le camp assyrien 185.000 hommes. Le matin, au réveil, ce n'étaient plus que des cadavres. Sennachérib leva le camp et partit. Il s'en retourna et resta à Ninive. Un jour qu'il était prosterné dans le temple de Nisrok, son dieu, ses fils Adrammélek et Saréçer le frappèrent de l'épée et se sauvèrent au pays d'Ararat. Asarhaddon, son fils, devint roi à sa place. En ces jours-là, Ezéchias fut atteint d'une maladie mortelle. Le prophète Isaïe, fils d'Amoç, vint lui dire: "Ainsi parle Yahvé. Mets ordre à ta maison, car tu vas mourir, tu ne vivras pas." Ezéchias se tourna vers le mur et fit cette prière à Yahvé: "Ah! Yahvé, souviens-toi, de grâce, que je me suis conduit fidèlement et en toute probité de coeur devant toi, et que j'ai fait ce qui était bien à tes yeux." Et Ezéchias versa d'abondantes larmes. Alors la parole de Yahvé se fit entendre à Isaïe: "Va dire à Ezéchias: Ainsi parle Yahvé, Dieu de ton ancêtre David. J'ai entendu ta prière, j'ai vu tes larmes. Je vais te guérir; dans trois jours, tu monteras au Temple de Yahvé. J'ajouterai quinze années à ta vie. Je te délivrerai, toi et cette ville, de la main du roi d'Assyrie, et je protégerai cette ville." Isaïe répondit: "Voici, de la part de Yahvé, le signe qu'il fera ce qu'il a dit. Voici que je vais faire reculer l'ombre des degrés que le soleil a descendus sur les degrés de la chambre haute d'Achaz -- dix degrés en arrière." Et le soleil recula de dix degrés, sur les degrés qu'il avait descendus. Cantique d'Ezéchias, roi de Juda, lors de la maladie dont il fut guéri: Je disais: Au midi de mes jours, je m'en vais, aux portes du shéol je serai gardé pour le reste de mes ans. Je disais: Je ne verrai pas Yahvé sur la terre des vivants, je n'aurai plus un regard pour personne parmi les habitants du monde. Ma demeure est arrachée, jetée loin de moi, comme une tente de bergers; comme un tisserand j'ai enroulé ma vie, il m'a séparé de la chaîne. Du point du jour jusqu'à la nuit tu m'as achevé; j'ai crié jusqu'au matin; comme un lion, c'est ainsi qu'il broie tous mes os, du point du jour jusqu'à la nuit tu m'as achevé. Comme l'hirondelle, je pépie, je gémis comme la colombe, mes yeux faiblissent à regarder en haut. Seigneur je suis accablé, viens à mon aide. Comment parlerai-je et que lui dirai-je? Car c'est lui qui agit. Je m'avancerai toutes mes années durant dans l'amertume de mon âme. Le Seigneur est sur eux, ils vivent et tout ce qui est en eux est vie de son esprit. Tu me guériras, fais-moi vivre. Voici que mon amertume se change en bien-être. C'est toi qui as préservé mon âme de la fosse du néant, tu as jeté derrière toi tous mes péchés. Ce n'est pas le shéol qui te loue, ni la mort qui te célèbre. Ils n'espèrent plus en ta fidélité, ceux qui descendent dans la fosse. Le vivant, le vivant lui seul te loue, comme moi aujourd'hui. Le père à ses fils fait connaître ta fidélité. Yahvé, viens à mon aide, et nous ferons résonner nos harpes tous les jours de notre vie dans le Temple de Yahvé. Isaïe dit: "Qu'on apporte un pain de figues, qu'on l'applique sur l'ulcère, et il vivra." Ezéchias dit: "A quel signe connaîtrai-je que je monterai au Temple de Yahvé?" En ce temps-là, Mérodak-Baladan, fils de Baladan, roi de Babylone, envoya des lettres et un présent à Ezéchias, car il avait appris sa maladie et son rétablissement. Ezéchias s'en réjouit et il montra aux messagers sa chambre du trésor, l'argent, l'or, les aromates, l'huile précieuse ainsi que son arsenal et tout ce qui se trouvait dans ses magasins. Il n'y eut rien qu'Ezéchias ne leur montrât dans son palais et dans tout son domaine. Alors le prophète Isaïe vint trouver le roi Ezéchias et lui demanda: "Qu'ont dit ces gens-là, et d'où sont-ils venus chez toi?" Ezéchias répondit: "Ils sont venus d'un pays lointain, de Babylone." Isaïe reprit: "Qu'ont-ils vu dans ton palais?" Ezéchias répondit: "Ils ont vu tout ce qu'il y a dans mon palais: il n'y a dans mes magasins rien que je ne leur aie montré." Alors Isaïe dit à Ezéchias: "Ecoute la parole de Yahvé Sabaot! Des jours viennent où tout ce qui est dans ton palais, tout ce qu'ont amassé tes pères jusqu'à ce jour, sera emporté à Babylone. Rien ne sera laissé, dit Yahvé. Parmi les fils issus de toi, ceux que tu as engendrés, on en prendra pour être eunuques dans le palais du roi de Babylone." Ezéchias dit à Isaïe: "C'est une parole favorable de Yahvé que tu annonces." Il pensait en effet: "Il y aura paix et sûreté ma vie durant." "Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu, parlez au coeur de Jérusalem et criez-lui que son service est accompli, que sa faute est expiée, qu'elle a reçu de la main de Yahvé double punition pour tous ses péchés." Une voix crie: "Dans le désert, frayez le chemin de Yahvé; dans la steppe, aplanissez une route pour notre Dieu. Que toute vallée soit comblée, toute montagne et toute colline abaissées, que les lieux accidentés se changent en plaine et les escarpements en large vallée; alors la gloire de Yahvé se révélera et toute chair, d'un coup, la verra, car la bouche de Yahvé a parlé." Une voix dit: "Crie", et je dis: "Que crierai-je" -- "Toute chair est de l'herbe et toute sa grâce est comme la fleur des champs. L'herbe se dessèche, la fleur se fane, quand le souffle de Yahvé passe sur elles; (oui, le peuple, c'est de l'herbe) l'herbe se dessèche, la fleur se fane, mais la parole de notre Dieu subsiste à jamais." Monte sur une haute montagne, messagère de Sion; élève et force la voix, messagère de Jérusalem; élève la voix, ne crains pas, dis aux villes de Juda: "Voici votre Dieu!" Voici le Seigneur Yahvé qui vient avec puissance, son bras assure son autorité; voici qu'il porte avec lui sa récompense, et son salaire devant lui. Tel un berger il fait paître son troupeau, de son bras il rassemble les agneaux, il les porte sur son sein, il conduit doucement les brebis mères. Qui a mesuré dans le creux de sa main l'eau de la mer, évalué à l'empan les dimensions du ciel, jaugé au boisseau la poussière de la terre, pesé les montagnes à la balance et les collines sur des plateaux? Qui a dirigé l'esprit de Yahvé, et, homme de conseil, a su l'instruire? Qui a-t-il consulté qui lui fasse comprendre, qui l'instruise dans les sentiers du jugement, qui lui enseigne la connaissance et lui fasse connaître la voie de l'intelligence? Voici! les nations sont comme une goutte d'eau au bord d'un seau, on en tient compte comme d'une miette sur une balance. Voici! les îles pèsent comme un grain de poussière. Le Liban ne suffirait pas à entretenir le feu, et sa faune ne suffirait pas pour l'holocauste. Toutes les nations sont comme rien devant lui, il les tient pour néant et vide. A qui comparer Dieu, et quelle image pourriez-vous en fournir? Un artisan coule l'idole, un orfèvre la recouvre d'or, il fond des chaînes d'argent. Celui qui fait une offrande de pauvre choisit un bois qui ne pourrit pas, se met en quête d'un habile artisan pour ériger une idole qui ne vacille pas. Ne le saviez-vous pas? Ne l'entendiez-vous pas dire? Ne vous l'avait-on pas annoncé dès l'origine? N'avez-vous pas compris la fondation de la terre? Il trône au-dessus du cercle de la terre dont les habitants sont comme des sauterelles, il tend les cieux comme une toile, les déploie comme une tente où l'on habite. Il réduit à rien les princes, il fait les juges de la terre semblables au néant. A peine ont-ils été plantés, à peine semés, à peine leur tige s'est-elle enracinée en terre, qu'il souffle sur eux, et ils se dessèchent, la tempête les emporte comme la bale. A qui me comparerez-vous, dont je sois l'égal? Dit le Saint. Levez les yeux là-haut et voyez: Qui a créé ces astres? Il déploie leur armée en bon ordre, il les appelle tous par leur nom. Sa vigueur est si grande et telle est sa force que pas un ne manque. Pourquoi dis-tu, Jacob, et répètes-tu, Israël: "Ma voie est cachée à Yahvé, et mon droit échappe à mon Dieu?" Ne le sais-tu pas? Ne l'as-tu pas entendu dire? Yahvé est un Dieu éternel, créateur des extrémités de la terre. Il ne se fatigue ni ne se lasse, insondable est son intelligence. Il donne la force à celui qui est fatigué, à celui qui est sans vigueur il prodigue le réconfort. Les adolescents se fatiguent et s'épuisent, les jeunes ne font que chanceler, mais ceux qui espèrent en Yahvé renouvellent leur force, ils déploient leurs ailes comme des aigles, ils courent sans s'épuiser, ils marchent sans se fatiguer. Iles, faites silence pour m'écouter, que les peuples renouvellent leurs forces, qu'ils s'avancent et qu'ils parlent, ensemble comparaissons au jugement. Qui a suscité de l'Orient celui que la justice appelle à sa suite, auquel Il livre les nations, et assujettit les rois? Son épée les réduit en poussière et son arc en fait une paille qui s'envole. Il les chasse et passe en sécurité par un chemin que ses pieds ne font qu'effleurer. Qui a agi et accompli? Celui qui dès le commencement appelle les générations; moi, Yahvé, je suis le premier, et avec les derniers je serai encore. Les îles ont vu et prennent peur, les extrémités de la terre frémissent, ils sont tout près, ils arrivent. Chacun aide son compagnon, il dit à l'autre: "Courage!" L'artisan donne courage à l'orfèvre, et celui qui polit au marteau à celui qui bat l'enclume: il dit de la soudure: "Elle est bonne", il la renforce avec des clous pour qu'elle ne vacille pas. Et toi, Israël, mon serviteur, Jacob, que j'ai choisi, race d'Abraham, mon ami, toi que j'ai saisi aux extrémités de la terre, que j'ai appelé des contrées lointaines, je t'ai dit: "Tu es mon serviteur, je t'ai choisi, je ne t'ai pas rejeté." Ne crains pas car je suis avec toi, ne te laisse pas émouvoir car je suis ton Dieu; je t'ai fortifié et je t'ai aidé, je t'ai soutenu de ma droite justicière. Voici qu'ils seront honteux et humiliés, tous ceux qui s'enflammaient contre toi. Ils seront réduits à rien et périront, ceux qui te cherchaient querelle. Tu les chercheras et tu ne les trouveras pas, ceux qui te combattaient; ils seront réduits à rien, anéantis, ceux qui te faisaient la guerre. Car moi, Yahvé, ton Dieu, je te saisis la main droite, je te dis: "Ne crains pas, c'est moi qui te viens en aide." Ne crains pas, vermisseau de Jacob, et vous, pauvres gens d'Israël. C'est moi qui te viens en aide, oracle de Yahvé, celui qui te rachète, c'est le Saint d'Israël. Voici que j'ai fait de toi un traîneau à battre, tout neuf, à doubles dents. Tu écraseras les montagnes, tu les pulvériseras, les collines, tu en feras de la paille. Tu les vanneras, le vent les emportera et l'ouragan les dispersera; pour toi, tu te réjouiras en Yahvé, tu te glorifieras dans le Saint d'Israël. Les miséreux et les pauvres cherchent de l'eau, et rien! Leur langue est desséchée par la soif. Moi, Yahvé, je les exaucerai, Dieu d'Israël, je ne les abandonnerai pas. Sur les monts chauves je ferai jaillir des fleuves, et des sources au milieu des vallées. Je ferai du désert un marécage et de la terre aride des eaux jaillissantes. Je mettrai dans le désert le cèdre, l'acacia, le myrte et l'olivier, je placerai dans la steppe pêle-mêle le cyprès, le platane et le buis, afin que l'on voie et que l'on sache, que l'on fasse attention et que l'on comprenne que la main de Yahvé a fait cela, que le Saint d'Israël l'a créé. Présentez votre querelle, dit Yahvé, produisez vos arguments, dit le roi de Jacob. Qu'ils produisent et qu'ils nous montrent les choses qui doivent arriver. Les choses passées, que furent-elles? Montrez-le, que nous y réfléchissions et que nous en connaissions la suite. Ou bien faites-nous entendre les choses à venir, annoncez ce qui doit venir ensuite, et nous saurons que vous êtes des dieux. Au moins, faites bien ou faites mal, que nous éprouvions de l'émoi et de la crainte. Voici, vous êtes moins que rien, et votre oeuvre, c'est moins que néant, vous choisir est abominable. Je l'ai suscité du Nord et il est venu, depuis le Levant il est appelé par son nom. Il piétine les gouverneurs comme de la boue, comme le potier pétrit l'argile. Qui l'a annoncé dès le principe, pour que nous sachions, et dans le passé, pour que nous disions: C'est juste? Mais nul n'a annoncé, nul n'a fait entendre, nul n'a entendu vos paroles. Prémices de Sion, voici, les voici, à Jérusalem j'envoie un messager, et je regarde: personne! Parmi eux, pas un qui donne un avis, que je puisse interroger et qui réponde! Voici, tous ensemble ils ne sont rien, néant que leurs oeuvres, du vent et du vide leurs statues! Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu en qui mon âme se complaît. J'ai mis sur lui mon esprit, il présentera aux nations le droit. Il ne crie pas, il n'élève pas le ton, il ne fait pas entendre sa voix dans la rue; il ne brise pas le roseau froissé, il n'éteint pas la mèche qui faiblit, fidèlement, il présente le droit; il ne faiblira ni ne cédera jusqu'à ce qu'il établisse le droit sur la terre, et les îles attendent son enseignement. Ainsi parle Dieu, Yahvé, qui a créé les cieux et les a déployés, qui a affermi la terre et ce qu'elle produit, qui a donné le souffle au peuple qui l'habite, et l'esprit à ceux qui la parcourent. "Moi, Yahvé, je t'ai appelé dans la justice, je t'ai saisi par la main, et je t'ai modelé, j'ai fait de toi l'alliance du peuple, la lumière des nations, pour ouvrir les yeux des aveugles, pour extraire du cachot le prisonnier, et de la prison ceux qui habitent les ténèbres." Je suis Yahvé, tel est mon nom! Ma gloire, je ne la donnerai pas à un autre, ni mon honneur aux idoles. Les premières choses, voici qu'elles sont arrivées, et je vous en annonce de nouvelles, avant qu'elles ne paraissent, je vais vous les faire connaître. Chantez à Yahvé un chant nouveau, que chantent sa louange, des extrémités de la terre, ceux qui vont sur la mer, et tout ce qui la peuple, les îles et ceux qui les habitent. Que se fassent entendre le désert et ses villes, les campements où habite Qédar, qu'ils crient de joie les habitants de la Roche, au sommet des montagnes, qu'ils poussent des clameurs. Qu'on rende gloire à Yahvé, qu'on proclame sa louange dans les îles. Yahvé, comme un héros, s'avance, comme un guerrier, il éveille son ardeur, il pousse le cri de guerre, il vocifère, contre ses ennemis il agit en héros. "Longtemps j'ai gardé le silence, je me taisais, je me contenais. Comme la femme qui enfante, je gémissais, je soupirais tout en haletant. Je vais ravager montagnes et collines, en flétrir toute la verdure; je vais changer les torrents en terre ferme et dessécher les marécages. Je conduirai les aveugles par un chemin qu'ils ne connaissent pas, par des sentiers qu'ils ne connaissent pas je les ferai cheminer, devant eux je changerai l'obscurité en lumière et les fondrières en surface unie. Cela, je le ferai, je n'y manquerai pas. Ils reculeront, ils rougiront de honte, ceux qui se fient aux idoles, qui disent à des statues: Vous êtes nos dieux." Sourds, entendez! Aveugles, regardez et voyez! Qui est aveugle si ce n'est mon serviteur? Qui est sourd comme le messager que j'envoie? (Qui est aveugle comme celui dont j'avais fait mon ami et sourd comme le serviteur de Yahvé?) Tu as vu bien des choses, sans y faire attention. Ouvrant les oreilles, tu n'entendais pas. Yahvé a voulu, à cause de sa justice, rendre la Loi grande et magnifique, et voici un peuple pillé et dépouillé, on les a tous enfermés dans des basses-fosses, emprisonnés dans des cachots. On les a mis au pillage, et personne pour les secourir, on les a dépouillés, et personne pour demander réparation. Qui, parmi vous, prête l'oreille à cela? Qui fait attention et désormais écoute? Qui donc a livré Jacob au spoliateur et Israël aux pillards? N'est-ce pas Yahvé contre qui nous avions péché, dont on n'avait pas voulu suivre les voies, ni écouter la Loi? Il a répandu sur lui l'ardeur de sa colère et la fureur guerrière; tout autour elle porta l'incendie, et lui n'a pas compris, elle l'a brûlé, et il n'y a pas pris garde. Et maintenant, ainsi parle Yahvé, celui qui t'a créé, Jacob, qui t'a modelé, Israël. Ne crains pas, car je t'ai racheté, je t'ai appelé par ton nom: tu es à moi. Si tu traverses les eaux je serai avec toi, et les rivières, elles ne te submergeront pas. Si tu passes par le feu, tu ne souffriras pas, et la flamme ne te brûlera pas. Car je suis Yahvé, ton Dieu, le Saint d'Israël, ton sauveur. Pour ta rançon, j'ai donné l'Egypte, Kush et Séba à ta place. Car tu comptes beaucoup à mes yeux, tu as du prix et je t'aime. Aussi je livre des hommes à ta place et des peuples en rançon de ta vie. Ne crains pas, car je suis avec toi, du levant je vais faire revenir ta race, et du couchant je te rassemblerai. Je dirai au Nord: Donne! et au Midi: Ne retiens pas! Ramène mes fils de loin et mes filles du bout de la terre, quiconque se réclame de mon nom, ceux que j'ai créés pour ma gloire, que j'ai formés et que j'ai faits. Fais sortir un peuple aveugle qui a des yeux, et des sourds qui ont des oreilles. Que toutes les nations se rassemblent, que tous les peuples s'unissent! Qui parmi eux a proclamé cela et nous a fait connaître les choses anciennes? Qu'ils produisent leurs témoins et qu'ils se justifient, qu'on les entende et qu'on dise: C'est la vérité! C'est vous qui êtes mes témoins, oracle de Yahvé, vous êtes le serviteur que je me suis choisi, afin que vous le sachiez, que vous croyiez en moi et que vous compreniez que c'est moi: avant moi aucun dieu n'a été formé et après moi il n'y en aura pas. Moi, c'est moi Yahvé, et en dehors de moi il n'y a pas de sauveur. C'est moi qui ai révélé, sauvé et fait entendre, ce n'est pas un étranger qui est parmi vous, vous, vous êtes mes témoins, oracle de Yahvé, et moi, je suis Dieu, de toute éternité je le suis; nul ne peut délivrer de ma main, si j'agis, qui pourrait me faire renoncer? Ainsi parle Yahvé, votre rédempteur, le Saint d'Israël. A cause de vous, j'ai envoyé quelqu'un à Babylone, je vais faire tomber tous les verrous, et les Chaldéens changeront leurs cris en lamentations. Je suis Yahvé, votre Saint, le créateur d'Israël, votre roi. Ainsi parle Yahvé, celui qui traça dans la mer un chemin, un sentier dans les eaux déchaînées, qui fit sortir char et cheval, armée et troupe d'élite ensemble; ils se sont couchés pour ne plus se relever, ils se sont éteints, comme une mèche ils se sont consumés. Ne vous souvenez plus des événements anciens, ne pensez plus aux choses passées, voici que je vais faire une chose nouvelle, déjà elle pointe, ne la reconnaissez-vous pas? Oui, je vais mettre dans le désert un chemin, et dans la steppe, des fleuves. Les bêtes sauvages m'honoreront, les chacals et les autruches, car j'ai mis dans le désert de l'eau et des fleuves dans la steppe, pour abreuver mon peuple, mon élu. Le peuple que je me suis formé publiera mes louanges. Tu ne m'as pas invoqué, Jacob, oui, tu t'es lassé de moi, Israël. Tu ne m'as pas apporté d'agneaux en holocauste, et tu ne m'as pas honoré par tes sacrifices. Je ne t'ai pas asservi à des oblations, je ne t'ai pas lassé en exigeant de l'encens. Pour moi, tu n'as pas acquis de roseau à prix d'argent, et tu ne m'as pas rassasié de la graisse de tes sacrifices. Mais par tes péchés, tu as fait de moi un esclave, tu m'as lassé par tes fautes. C'est moi, moi, qui efface tes crimes par égard pour moi, et je ne me souviendrai plus de tes fautes. Fais-moi me souvenir, et nous jugerons ensemble, fais toi-même le compte afin d'être justifié. Ton premier père a péché, tes interprètes se sont révoltés contre moi. Alors j'ai destitué les chefs du sanctuaire, j'ai livré Jacob à l'anathème et Israël aux outrages. Et maintenant, écoute, Jacob mon serviteur, Israël que j'ai choisi. Ainsi parle Yahvé, qui t'a fait, qui t'a modelé dès le sein maternel, qui te soutient. Sois sans crainte, Jacob mon serviteur, Yeshurûn que j'ai choisi. Car je vais répandre de l'eau sur le sol assoiffé et des ruisseaux sur la terre desséchée; je répandrai mon esprit sur ta race et ma bénédiction sur tes descendants. Ils germeront comme parmi les herbages, comme les saules au bord de l'eau. Celui-ci dira: Je suis à Yahvé, et cet autre se réclamera du nom de Jacob. Celui-là écrira sur sa main: "à Yahvé", et on lui donnera le nom d'Israël. Ainsi parle Yahvé, roi d'Israël, Yahvé Sabaot, son rédempteur: Je suis le premier et je suis le dernier, à part moi, il n'y a pas de dieu. Qui est comme moi? Qu'il crie, qu'il le proclame et me l'expose; depuis que j'ai constitué un peuple éternel, ce qui se passe, qu'il le dise, et ce qui doit arriver, qu'il le leur annonce. Ne vous effrayez pas, soyez sans crainte, dès longtemps ne vous l'ai-je pas annoncé et révélé? Vous êtes mes témoins. Y aurait-il un dieu à part moi? Il n'y a pas de Rocher, je n'en connais pas! Néant, tous ceux qui modèlent des idoles, leurs meilleures oeuvres ne servent à rien! Elles sont leurs témoins, qui ne voient ni ne savent rien, en sorte qu'ils seront couverts de honte. Qui a façonné un dieu et fondu une idole qui ne peuvent servir à rien? Voici que tous ses fidèles seront couverts de honte, ainsi que ses artisans qui ne sont que des hommes. Qu'ils se rassemblent tous, qu'ils comparaissent; qu'ils soient remplis à la fois d'épouvante et de honte! Le forgeron fabrique une hache sur des braises, il la façonne au marteau, il la travaille à la force de son bras. Et puis il a faim et perd sa force, n'ayant pas bu d'eau il est épuisé. Le sculpteur sur bois tend le cordeau, trace l'image à la craie, l'exécute au ciseau et la dessine au compas, il l'exécute à l'image de l'homme, selon la beauté humaine, pour qu'elle habite une maison. Il a coupé des cèdres, il a choisi un chêne et un térébinthe qu'il a laissés croître pour lui parmi les arbres de la forêt. Il a planté un pin que la pluie a fait grandir. Les hommes le destinent au feu: il en a pris pour se chauffer, il l'a allumé et a cuit du pain. Mais aussi il a fait un dieu pour l'adorer, il a fabriqué une idole pour se prosterner devant elle. Il en avait brûlé la moitié au feu, sur cette moitié il fait rôtir de la viande, la mange et se rassasie; en même temps il se chauffe et dit: "Ah! je me suis bien chauffé et j'ai vu la flamme." Avec le reste il fait un dieu, son idole, et il se prosterne devant lui, l'adore et le prie et dit: "Sauve-moi, car tu es mon dieu." Ils ne savent pas, ils ne comprennent pas, car leurs yeux sont incapables de voir, et leur coeur de réfléchir. Pas un ne rentre en lui-même, pas un n'a la connaissance et l'intelligence de se dire: "J'en ai brûlé la moitié au feu et j'ai cuit du pain sur ses braises, je rôtis de la viande et je la mange; avec le reste je ferais une chose abominable, me prosterner devant un bout de bois!" Il est attaché à de la cendre, son coeur abusé l'a égaré, il ne sauvera pas sa vie, il ne dira pas: "Ce que j'ai dans la main, n'est-ce pas un leurre?" Souviens-toi de cela, Jacob, et toi Israël, car tu es mon serviteur. Je t'ai modelé, tu es pour moi un serviteur, Israël, je ne t'oublierai pas. J'ai dissipé tes crimes comme un nuage et tes péchés comme une nuée; reviens à moi, car je t'ai racheté. Criez de joie, cieux, car Yahvé a agi, hurlez, profondeurs de la terre, poussez, montagnes, des cris de joie, forêt, et tous les arbres qu'elle contient! car Yahvé a racheté Jacob, il s'est glorifié en Israël. Ainsi parle Yahvé, ton rédempteur, celui qui t'a modelé dès le sein maternel, c'est moi, Yahvé, qui ai fait toutes choses, qui seul ai déployé les cieux, affermi la terre, sans personne avec moi; qui réduis à néant les signes des augures et fais délirer les devins, qui fais reculer les sages et tourne leur science en folie; qui confirme la parole de mon serviteur et fais réussir les desseins de mes envoyés; qui dis à Jérusalem: "Tu seras habitée", et aux villes de Juda: "Vous serez rebâties et je relèverai les ruines de Jérusalem"; qui dis à l'abîme: "Dessèche-toi, je vais tarir tes fleuves"; qui dis à Cyrus: "Mon berger." Il accomplira toute ma volonté, en disant à Jérusalem: "Tu seras reconstruite", et au Temple: "Tu seras rétabli." Ainsi parle Yahvé à son oint, à Cyrus dont j'ai saisi la main droite, pour faire plier devant lui les nations et désarmer les rois, pour ouvrir devant lui les vantaux, pour que les portes ne soient plus fermées. C'est moi qui vais marcher devant toi, j'aplanirai les hauteurs, je briserai les vantaux de bronze, je ferai céder les verrous de fer et je te donnerai des trésors secrets, des richesses cachées, afin que tu saches que je suis Yahvé, celui qui t'appelle par ton nom, le Dieu d'Israël. C'est à cause de mon serviteur Jacob et d'Israël mon élu que je t'ai appelé par ton nom, je te donne un titre, sans que tu me connaisses. Je suis Yahvé, il n'y en a pas d'autre, moi excepté, il n'y a pas de Dieu. Je te ceins, sans que tu me connaisses, afin que l'on sache du levant au couchant qu'il n'y a personne sauf moi: je suis Yahvé, il n'y en a pas d'autre. Je façonne la lumière et je crée les ténèbres, je fais le bonheur et je crée le malheur, c'est moi, Yahvé, qui fais tout cela. Cieux, épanchez-vous là-haut, et que les nuages déversent la justice, que la terre s'ouvre et produise le salut, qu'elle fasse germer en même temps la justice. C'est moi, Yahvé, qui ai créé cela. Malheur à qui discute avec celui qui l'a modelé, vase parmi les vases de terre! L'argile dit-elle à son potier: "Que fais-tu? Ton oeuvre n'a pas de mains!" Malheur à qui dit à un père: "Pourquoi engendres-tu?" Et à une femme: "Pourquoi mets-tu au monde?" Ainsi parle Yahvé, le Saint d'Israël, son créateur: On me demande des signes au sujet de mes enfants, au sujet de l'oeuvre de mes mains, on me donne des ordres. C'est moi qui ai fait la terre et créé l'homme qui l'habite, c'est moi qui de mes mains ai déployé les cieux, et qui ai donné des ordres à toute leur armée. C'est moi qui l'ai suscité dans la justice, et qui vais aplanir toutes ses voies. C'est lui qui reconstruira ma ville, qui rapatriera mes déportés, sans rançon ni indemnité, dit Yahvé Sabaot. Ainsi parle Yahvé: Les productions de l'Egypte, le commerce de Kush et les Sébaïtes, ces gens de haute taille, passeront chez toi et t'appartiendront. Ils marcheront derrière toi, ils iront chargés de chaînes, ils se prosterneront devant toi, ils te prieront: "Il n'y a de Dieu que chez toi! il n'y en a pas d'autres, pas d'autre dieu." En vérité tu es un dieu qui se cache, Dieu d'Israël, sauveur. Ils sont honteux et humiliés, tous ensemble, ils marchent dans l'humiliation, les fabricants d'idoles... Israël sera sauvé par Yahvé, sauvé pour toujours, vous ne serez ni honteux ni humiliés, pour toujours et à jamais. Car ainsi parle Yahvé, le créateur des cieux: C'est lui qui est Dieu, qui a modelé la terre et l'a faite, c'est lui qui l'a fondée; il ne l'a pas créée vide, il l'a modelée pour être habitée. Je suis Yahvé, il n'y en a pas d'autre. Je n'ai pas parlé en secret, en quelque coin d'un obscur pays, je n'ai pas dit à la race de Jacob: Cherchez-moi dans le chaos! je suis Yahvé qui proclame la justice, qui annonce des choses vraies. Rassemblez-vous et venez! Approchez tous ensemble, survivants des nations! Ils sont inconscients ceux qui transportent leurs idoles de bois, qui prient un dieu qui ne sauve pas. Annoncez, produisez vos preuves, que même ils se concertent! Qui avait proclamé cela dans le passé, qui l'avait annoncé jadis, n'est-ce pas moi, Yahvé? Il n'y a pas d'autre dieu que moi. Un dieu juste et sauveur, il n'y en a pas excepté moi. Tournez-vous vers moi et vous serez sauvés, tous les confins de la terre, car je suis Dieu, il n'y en a pas d'autre. Je le jure par moi-même, ce qui sort de ma bouche est la vérité, c'est une parole irrévocable: Oui, devant moi tout genou fléchira, par moi jurera toute langue en disant: En Yahvé seul sont la justice et la force. Jusqu'à lui viendront, couverts de honte, tous ceux qui s'enflammaient contre lui. C'est en Yahvé qu'elle obtiendra le triomphe et la gloire, toute la race d'Israël. Bel s'est courbé, Nebo s'effondre. Leurs idoles sont confiées aux animaux et aux bêtes de somme, ces charges que vous souleviez, c'est un fardeau pour la bête fourbue. Elles se sont effondrées, courbées toutes ensemble, on ne peut sauver ce fardeau, elles sont allées elles-mêmes en captivité. Ecoutez-moi, maison de Jacob, tout ce qui reste de la maison d'Israël, vous que j'ai portés dès votre naissance, soulevés depuis le berceau. Jusqu'à la vieillesse je reste le même, jusqu'aux cheveux blancs je vous porterai: moi, je l'ai déjà fait, moi je vous soulèverai, moi, je vous porterai et je vous sauverai. A qui voulez-vous m'assimiler et m'identifier, à qui me comparer, à qui suis-je semblable? Certains déversent l'or de leur bourse, et pèsent l'argent à la balance, ils embauchent un orfèvre pour faire un dieu, ils s'inclinent et ils adorent. Ils le mettent sur l'épaule et l'emportent, ils le déposent à sa place pour qu'il s'y tienne, pour qu'il n'en bouge pas. On a beau l'invoquer, il ne répond pas, de la détresse il ne sauve pas. Souvenez-vous-en et soyez des hommes, révoltés, rentrez en vous-mêmes. Souvenez-vous des choses passées depuis longtemps, car je suis Dieu, il n'y en a pas d'autre, Dieu, et personne n'est semblable à moi. J'annonce dès l'origine ce qui doit arriver, d'avance, ce qui n'est pas encore accompli, je dis: Mon projet se réalisera, j'accomplirai ce qui me plaît; j'appelle depuis l'Orient un rapace, d'un pays lointain l'homme que j'ai prédestiné. Ce que j'ai dit, je l'exécute, mon dessein, je l'accomplis. Ecoutez-moi, hommes au coeur dur, vous qui êtes loin de la justice, j'ai fait venir ma justice, elle n'est pas loin, mon salut ne tardera pas. Je mettrai en Sion le salut, je donnerai à Israël ma gloire. Descends, assieds-toi dans la poussière, Vierge, fille de Babylone, assieds-toi à terre, sans trône, fille des Chaldéens, car jamais plus on ne t'appellera douce et exquise. Prends la meule et broie la farine; dénoue ton voile, relève ta robe, découvre tes jambes, traverse les rivières. Que paraisse ta nudité et que ta honte soit visible; j'exécute ma vengeance et personne ne s'y opposera. Notre rédempteur, Yahvé Sabaot est son nom, le Saint d'Israël, a dit: Assieds-toi en silence, enfonce-toi dans l'ombre, fille des Chaldéens, car jamais plus on ne t'appellera souveraine des royaumes. J'étais irrité contre mon peuple, j'avais rejeté mon héritage, je l'avais livré entre tes mains. Tu les as traités sans pitié, sur le vieillard tu as fait durement peser ton joug. Tu as dit: "A jamais je serai souveraine éternelle", tu n'as pas réfléchi à cela dans ton coeur, tu n'as pas songé à l'avenir. Maintenant écoute ceci, voluptueuse! toi qui es assise en sécurité et qui dis dans ton coeur: "Moi, sans égale, je ne resterai pas veuve, je ne connaîtrai pas la privation d'enfants!" Eh bien, ces deux malheurs fondront sur toi, soudainement, en un jour, privation d'enfants et veuvage, tout à coup ils fondront sur toi, en dépit de tous tes sortilèges, de la puissance de tes incantations. Tu as eu confiance dans ta méchanceté, tu as dit: "Personne ne me voit." C'est ta sagesse et ta science qui t'ont pervertie, et tu as dit dans ton coeur: "Moi, sans égale." Un malheur fondra sur toi, tu ne sauras comment le conjurer; un désastre fondra sur toi, tu ne pourras t'en préserver; soudain fondra sur toi une calamité que tu ne connaîtras pas. Reste donc avec tes incantations et tous tes sortilèges dans lesquels tu t'es fatiguée depuis ta jeunesse. Peut-être pourras-tu en tirer profit, peut-être sauras-tu faire trembler. Tu t'es épuisée à force de consultations, qu'ils se présentent donc et te sauvent ceux qui détaillent le ciel, qui observent les étoiles, qui annoncent chaque mois ce qui va fondre sur toi. Voici qu'ils sont comme fétus de paille, le feu les brûlera, ils ne sauveront pas leur vie de l'étreinte de la flamme; et ce ne sera pas une braise pour se chauffer, un foyer pour s'y asseoir! Ainsi auront été pour toi tes devins, pour lesquels tu t'es fatiguée depuis ta jeunesse: ils ont erré, chacun devant soi, et pas un ne t'a sauvée. Ecoutez ceci, maison de Jacob, vous que l'on appelle du nom d'Israël, vous qui êtes issus des eaux de Juda, qui jurez par le nom de Yahvé et qui invoquez le Dieu d'Israël, sans loyauté ni justice. Car ils tirent leur nom de la ville sainte, ils s'appuient sur le Dieu d'Israël, Yahvé Sabaot est son nom. Les choses anciennes, depuis longtemps je les avais annoncées, elles étaient sorties de ma bouche, je les avais proclamées; et soudain j'ai agi, elles sont arrivées. Car je savais que tu es obstiné, de fer est le muscle de ton cou, et ton front est d'airain. Aussi te l'ai-je annoncé depuis longtemps, avant que cela n'arrive je l'avais proclamé, de peur que tu ne dises: "Mon image a tout fait, mon idole et ma statue ont tout ordonné." Tu as entendu et vu tout cela, et vous, ne l'annoncerez-vous pas? Je t'ai fait entendre dès maintenant des choses nouvelles, secrètes et inconnues de toi. C'est maintenant qu'elles sont créées, et non depuis longtemps, et jusqu'à ce jour tu n'en avais pas entendu parler, de peur que tu ne dises: "Oui, je les connaissais." Eh bien non, tu n'entendais rien, tu ne savais rien, depuis longtemps ton oreille n'était pas attentive, car je savais combien tu es perfide, et que dès le berceau on t'appelle révolté. A cause de mon nom, je vais différer ma colère, pour mon honneur, je vais patienter avec toi, pour ne pas t'exterminer. Voici que je t'ai acheté mais non pour de l'argent, je t'ai choisi au creuset du malheur. C'est à cause de moi, de moi seul que je vais agir, comment mon nom serait-il profané? Je ne donnerai pas ma gloire à un autre. Ecoute-moi, Jacob, Israël que j'ai appelé, c'est moi, moi qui suis le premier et c'est moi aussi le dernier. Ma main a fondé la terre, ma droite a tendu les cieux, moi, je les appelle et tous ensemble ils se présentent. Assemblez-vous, vous tous, et écoutez, qui parmi eux a annoncé cela? Yahvé l'aime; il accomplira son bon plaisir sur Babylone et la race des Chaldéens: c'est moi, c'est moi qui ai parlé et qui l'ai appelé, je l'ai fait venir et son entreprise réussira. Approchez-vous de moi et écoutez ceci: dès le début je n'ai pas parlé en cachette, lorsque c'est arrivé, j'étais là, et maintenant le Seigneur Yahvé m'a envoyé avec son esprit. Ainsi parle Yahvé ton rédempteur, le Saint d'Israël: Je suis Yahvé ton Dieu, je t'instruis pour ton bien, je te conduis par le chemin où tu marches. Si seulement tu avais été attentif à mes commandements! Ton bonheur serait comme un fleuve et ta justice comme les flots de la mer. Ta race serait comme le sable, et comme le grain, ceux qui sont issus de toi! Ton nom ne serait pas retranché ni effacé devant moi. Sortez de Babylone, fuyez de chez les Chaldéens, avec des cris de joie, annoncez, proclamez ceci, répandez-le jusqu'aux extrémités de la terre, dites: Yahvé a racheté son serviteur Jacob. Ils n'ont pas eu soif quand il les menait dans les déserts, il a fait couler pour eux l'eau du rocher, il a fendu le rocher et l'eau a jailli. Point de bonheur, dit Yahvé, pour les méchants. Iles, écoutez-moi, soyez attentifs, peuples lointains! Yahvé m'a appelé dès le sein maternel, dès les entrailles de ma mère il a prononcé mon nom. Il a fait de ma bouche une épée tranchante, il m'a abrité à l'ombre de sa main; il a fait de moi une flèche acérée, il m'a caché dans son carquois. Il m'a dit: "Tu es mon serviteur, Israël, toi en qui je me glorifierai." Et moi, j'ai dit: "C'est en vain que j'ai peiné, pour rien, pour du vent j'ai usé mes forces." Et pourtant mon droit était avec Yahvé et mon salaire avec mon Dieu. Et maintenant Yahvé a parlé, lui qui m'a modelé dès le sein de ma mère pour être son serviteur, pour ramener vers lui Jacob, et qu'Israël lui soit réuni; -- je serai glorifié aux yeux de Yahvé, et mon Dieu a été ma force; -- il a dit: C'est trop peu que tu sois pour moi un serviteur pour relever les tribus de Jacob et ramener les survivants d'Israël. Je fais de toi la lumière des nations pour que mon salut atteigne aux extrémités de la terre. Ainsi parle Yahvé, le rédempteur, le Saint d'Israël, à celui dont l'âme est méprisée, honnie de la nation, à l'esclave des tyrans: des rois verront et se lèveront, des princes verront et se prosterneront, à cause de Yahvé qui est fidèle, du Saint d'Israël qui t'a élu. Ainsi parle Yahvé: Au temps de la faveur je t'ai exaucé, au jour du salut je t'ai secouru. Je t'ai façonné et j'ai fait de toi l'alliance d'un peuple pour relever le pays, pour restituer les héritages dévastés, pour dire aux captifs: "Sortez", à ceux qui sont dans les ténèbres: "Montrez-vous." Ils paîtront le long des chemins, sur tous les monts chauves ils auront un pâturage. Ils n'auront plus faim ni soif, ils ne souffriront pas du vent brûlant ni du soleil, car celui qui les prend en pitié les conduira, il les mènera vers les eaux jaillissantes. De toutes mes montagnes je ferai un chemin et mes routes seront relevées. Les voici, ils viennent de loin, ceux-ci du Nord et de l'Occident, et ceux-là du pays de Sînîm. Cieux, criez de joie, terre exulte, que les montagnes poussent des cris, car Yahvé a consolé son peuple, il prend en pitié ses affligés. Sion avait dit: "Yahvé m'a abandonnée; le Seigneur m'a oubliée." Une femme oublie-t-elle son petit enfant, est-elle sans pitié pour le fils de ses entrailles? Même si les femmes oubliaient, moi, je ne t'oublierai pas. Vois, je t'ai gravée sur les paumes de mes mains, tes remparts sont devant moi sans cesse. Tes bâtisseurs se hâtent, ceux qui te détruisent et te ravagent vont s'en aller. Lève les yeux aux alentours et regarde: tous sont rassemblés, ils viennent à toi. Par ma vie, oracle de Yahvé, ils sont tous comme une parure dont tu te couvriras, comme fait une fiancée, tu te les attacheras. Car tes ruines, tes décombres, ton pays désolé sont désormais trop étroits pour tes habitants, et ceux qui te dévoraient s'éloigneront. Ils diront de nouveau à tes oreilles, les fils dont tu étais privée: "L'endroit est trop étroit pour moi, fais-moi une place pour que je m'installe." Et tu diras dans ton coeur: "Qui m'a enfanté ceux-ci? J'étais privée d'enfants et stérile, exilée et rejetée, et ceux-ci, qui les a élevés? Pendant que moi j'étais laissée seule, ceux-ci, où étaient-ils?" Ainsi parle le Seigneur Yahvé: Voici que je lève la main vers les nations, que je dresse un signal pour les peuples: ils t'amèneront tes fils dans leurs bras, et tes filles seront portées sur l'épaule. Des rois seront tes pères adoptifs, et leurs princesses, tes nourrices. Face contre terre, ils se prosterneront devant toi, ils lécheront la poussière de tes pieds. Et tu sauras que je suis Yahvé, ceux qui espèrent en moi ne seront pas déçus. Au guerrier arrache-t-on sa prise? Le prisonnier d'un tyran sera-t-il libéré? Mais ainsi parle Yahvé: Eh bien, le prisonnier du guerrier lui sera arraché, et la prise du tyran sera libérée. Je vais moi-même chercher querelle à qui te cherche querelle, tes enfants, c'est moi qui les sauverai. A tes oppresseurs je ferai manger leur propre chair, comme de vin nouveau ils s'enivreront de leur sang. Et toute chair saura que moi, Yahvé, je suis ton sauveur, que ton rédempteur, c'est le Puissant de Jacob. Ainsi parle Yahvé: Où est la lettre de divorce de votre mère par laquelle je l'ai répudiée? Ou encore: Auquel de mes créanciers vous ai-je vendus? Oui, c'est pour vos fautes que vous avez été vendus, c'est pour vos crimes que j'ai répudié votre mère. Pourquoi suis-je venu sans qu'il y ait personne? Pourquoi ai-je appelé sans que nul ne réponde? Serait-ce que ma main est trop courte pour racheter, que je n'ai pas la force de délivrer? Voici: par ma menace je dessèche la mer, je change les fleuves en désert. Les poissons s'y corrompent faute d'eau, ils meurent de soif. Je revêts les cieux de noirceur, je leur mets un sac comme vêtement. Le Seigneur Yahvé m'a donné une langue de disciple pour que je sache apporter à l'épuisé une parole de réconfort. Il éveille chaque matin, il éveille mon oreille pour que j'écoute comme un disciple. Le Seigneur Yahvé m'a ouvert l'oreille, et moi je n'ai pas résisté, je ne me suis pas dérobé. J'ai tendu le dos à ceux qui me frappaient, et les joues à ceux qui m'arrachaient la barbe; je n'ai pas soustrait ma face aux outrages et aux crachats. Le Seigneur Yahvé va me venir en aide, c'est pourquoi je ne me suis pas laissé abattre, c'est pourquoi j'ai rendu mon visage dur comme la pierre, et je sais que je ne serai pas confondu. Il est proche, celui qui me justifie. Qui va plaider contre moi? Comparaissons ensemble! Qui est mon adversaire? Qu'il s'approche de moi! Voici que le Seigneur Yahvé va me venir en aide, quel est celui qui me condamnerait? Les voici tous qui s'effritent comme un vêtement, rongés par la teigne. Quiconque parmi vous craint Yahvé et écoute la voix de son serviteur, quiconque a marché dans les ténèbres sans voir aucune lueur, qu'il se confie dans le nom de Yahvé, qu'il s'appuie sur son Dieu. Mais vous tous qui allumez un feu, qui vous armez de flèches incendiaires, allez aux flammes de votre feu, aux flèches que vous enflammez. C'est ma main qui vous a fait cela: Vous vous coucherez dans les tourments. Ecoutez-moi, vous qui êtes en quête de justice, vous qui cherchez Yahvé. Regardez le rocher d'où l'on vous a taillés et la fosse d'où l'on vous a tirés. Regardez Abraham votre père et Sara qui vous a enfantés. Il était seul quand je l'ai appelé, mais je l'ai béni et multiplié. Oui, Yahvé a pitié de Sion, il a pitié de toutes ses ruines; il va faire de son désert un Eden et de sa steppe un jardin de Yahvé; on y trouvera la joie et l'allégresse, l'action de grâces et le son de la musique. Ecoute-moi bien, mon peuple, ô ma nation, tends l'oreille vers moi. Car une loi va sortir de moi, et je ferai de mon droit la lumière des peuples. Soudain ma justice approche, mon salut paraît, mon bras va punir les peuples. Les îles mettront en moi leur espoir et compteront sur mon bras. Levez les yeux vers le ciel, regardez en bas vers la terre; oui, les cieux se dissiperont comme la fumée, la terre s'usera comme un vêtement et ses habitants mourront comme de la vermine. Mais mon salut sera éternel et ma justice demeurera intacte. Ecoutez-moi, vous qui connaissez la justice, peuple qui mets ma loi dans ton coeur. Ne craignez pas les injures des hommes, ne vous laissez pas effrayer par leurs outrages. Car la teigne les rongera comme un vêtement, et les mites les dévoreront comme de la laine. Mais ma justice subsistera éternellement et mon salut de génération en génération. Eveille-toi, éveille-toi! revêts-toi de force, bras de Yahvé. Eveille-toi comme aux jours d'autrefois, des générations de jadis. N'est-ce pas toi qui as fendu Rahab, transpercé le Dragon? N'est-ce pas toi qui as desséché la mer, les eaux du Grand Abîme? Qui as fait du fond de la mer un chemin, pour que passent les rachetés? Ceux que Yahvé a libérés reviendront, ils arriveront à Sion criant de joie, portant avec eux une joie éternelle; la joie et l'allégresse les accompagneront, la douleur et les plaintes cesseront. C'est moi, je suis celui qui vous console; qui es-tu pour craindre l'homme mortel, le fils d'homme voué au sort de l'herbe? Tu oublies Yahvé, ton créateur, qui a tendu les cieux et fondé la terre, et tu ne cesses de trembler tout le jour devant la fureur de l'oppresseur, lorsqu'il se met à détruire. Où donc est la fureur de l'oppresseur? Le désespéré va bientôt être libéré, il ne mourra pas dans la basse-fosse, il ne manquera plus de pain. Je suis Yahvé ton Dieu, qui brasse la mer pour faire mugir ses flots, dont le nom est Yahvé Sabaot. J'ai mis mes paroles en ta bouche, à l'ombre de ma main je t'ai caché, pour tendre les cieux et pour fonder la terre, pour dire à Sion: "Tu es mon peuple." Réveille-toi, réveille-toi, debout! Jérusalem. Toi qui as bu de la main de Yahvé la coupe de sa colère. C'est un calice, une coupe de vertige que tu as bue, que tu as vidée. Personne ne la guide, aucun des fils qu'elle a enfantés; personne ne lui prend la main, aucun des fils qu'elle a élevés. Ce double malheur qui t'est arrivé, qui t'en plaindra? Le pillage et la ruine, la famine et l'épée, qui t'en consolera? Tes fils gisent sans force au coin de toutes les rues, comme l'antilope prise au filet, ivres de la fureur de Yahvé, de la menace de ton Dieu. C'est pourquoi, écoute ceci, malheureuse, ivre, mais non de vin: Ainsi parle ton Seigneur Yahvé, ton Dieu, défenseur de ton peuple: Voici que je te retire de la main la coupe de vertige, le calice, la coupe de ma fureur. Tu n'y boiras plus jamais. Je la mettrai dans la main de tes tortionnaires, de ceux qui te disaient: A terre! que nous passions! et tu faisais de ton dos un passage, un chemin pour qu'ils y passent. Eveille-toi, éveille-toi, revêts ta force, Sion! revêts tes habits les plus magnifiques, Jérusalem, ville sainte, car ils ne viendront plus jamais chez toi, l'incirconcis et l'impur. Secoue ta poussière, lève-toi, Jérusalem captive! les chaînes sont tombées de ton cou, fille de Sion captive! Car ainsi parle Yahvé: Vous avez été vendus pour rien, vous serez rachetés sans argent. Car ainsi parle le Seigneur Yahvé: C'est en Egypte qu'autrefois mon peuple est descendu pour y séjourner, c'est Assur qui à la fin l'a opprimé. Mais maintenant, qu'ai-je à faire ici? -- oracle de Yahvé -- car mon peuple a été enlevé pour rien, ses maîtres poussent des cris de triomphe -- oracle de Yahvé -- sans cesse, tout le jour, mon nom est bafoué. C'est pourquoi mon peuple connaîtra mon nom, c'est pourquoi il saura, en ce jour-là, que c'est moi qui dis: "Me voici." Qu'ils sont beaux, sur les montagnes, les pieds du messager qui annonce la paix, du messager de bonnes nouvelles qui annonce le salut, qui dit à Sion: "Ton Dieu règne." C'est la voix de tes guetteurs: ils élèvent la voix, ensemble ils poussent des cris de joie, car ils ont vu de leurs propres yeux Yahvé qui revient à Sion. Ensemble poussez des cris, des cris de joie, ruines de Jérusalem! car Yahvé a consolé son peuple, il a racheté Jérusalem. Yahvé a découvert son bras de sainteté aux yeux de toutes les nations, et tous les confins de la terre ont vu le salut de notre Dieu. Allez-vous-en, allez-vous-en, sortez d'ici, ne touchez à rien d'impur, sortez du milieu d'elle, purifiez-vous, vous qui portez les objets de Yahvé. Car vous ne sortirez pas à la hâte, vous ne vous en irez pas en fuyards, c'est Yahvé, en effet, qui marche à votre tête, et votre arrière-garde, c'est le Dieu d'Israël. Voici que mon serviteur prospérera, il grandira, s'élèvera, sera placé très haut. De même que des multitudes avaient été saisies d'épouvante à sa vue, -- car il n'avait plus figure humaine, et son apparence n'était plus celle d'un homme -- de même des multitudes de nations seront dans la stupéfaction, devant lui des rois resteront bouche close, pour avoir vu ce qui ne leur avait pas été raconté, pour avoir appris ce qu'ils n'avaient pas entendu dire. Qui a cru ce que nous entendions dire, et le bras de Yahvé, à qui s'est-il révélé? Comme un surgeon il a grandi devant lui, comme une racine en terre aride; sans beauté ni éclat pour attirer nos regards, et sans apparence qui nous eût séduits; objet de mépris, abandonné des hommes, homme de douleur, familier de la souffrance, comme quelqu'un devant qui on se voile la face, méprisé, nous n'en faisions aucun cas. Or ce sont nos souffrances qu'il portait et nos douleurs dont il était chargé. Et nous, nous le considérions comme puni, frappé par Dieu et humilié. Mais lui, il a été transpercé à cause de nos crimes, écrasé à cause de nos fautes. Le châtiment qui nous rend la paix est sur lui, et dans ses blessures nous trouvons la guérison. Tous, comme des moutons, nous étions errants, chacun suivant son propre chemin, et Yahvé a fait retomber sur lui nos fautes à tous. Maltraité, il s'humiliait, il n'ouvrait pas la bouche, comme l'agneau qui se laisse mener à l'abattoir, comme devant les tondeurs une brebis muette, il n'ouvrait pas la bouche. Par contrainte et jugement il a été saisi. Parmi ses contemporains, qui s'est inquiété qu'il ait été retranché de la terre des vivants, qu'il ait été frappé pour le crime de son peuple? On lui a donné un sépulcre avec les impies et sa tombe est avec le riche, bien qu'il n'ait pas commis de violence et qu'il n'y ait pas eu de tromperie dans sa bouche. Yahvé a voulu l'écraser par la souffrance; s'il offre sa vie en sacrifice expiatoire, il verra une postérité, il prolongera ses jours, et par lui la volonté de Yahvé s'accomplira. A la suite de l'épreuve endurée par son âme, il verra la lumière et sera comblé. Par sa connaissance, le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes en s'accablant lui-même de leurs fautes. C'est pourquoi il aura sa part parmi les multitudes, et avec les puissants il partagera le butin, parce qu'il s'est livré lui-même à la mort et qu'il a été compté parmi les criminels, alors qu'il portait le péché des multitudes et qu'il intercédait pour les criminels. Crie de joie, stérile, toi qui n'as pas enfanté; pousse des cris de joie, des clameurs, toi qui n'as pas mis au monde, car plus nombreux sont les fils de la délaissée que les fils de l'épouse, dit Yahvé. Elargis l'espace de ta tente, déploie sans lésiner les toiles qui t'abritent, allonge tes cordages, renforce tes piquets, car à droite et à gauche tu vas éclater, ta race va déposséder des nations et repeupler les villes abandonnées. N'aie pas peur, tu n'éprouveras plus de honte, ne sois pas confondue, tu n'auras plus à rougir; car tu vas oublier la honte de ta jeunesse, tu ne te souviendras plus de l'infamie de ton veuvage. Ton créateur est ton époux, Yahvé Sabaot est son nom, le Saint d'Israël est ton rédempteur, on l'appelle le Dieu de toute la terre. Oui, comme une femme délaissée et accablée, Yahvé t'a appelée, comme la femme de sa jeunesse qui aurait été répudiée, dit ton Dieu. Un court instant je t'avais délaissée, ému d'une immense pitié, je vais t'unir à moi. Débordant de fureur, un instant, je t'avais caché ma face. Dans un amour éternel, j'ai eu pitié de toi, dit Yahvé, ton rédempteur. Ce sera pour moi comme au temps de Noé, quand j'ai juré que les eaux de Noé ne se répandraient plus sur la terre. Je jure de même de ne plus m'irriter contre toi, de ne plus te menacer. Car les montagnes peuvent s'écarter et les collines chanceler, mon amour ne s'écartera pas de toi, mon alliance de paix ne chancellera pas, dit Yahvé qui te console. Malheureuse, battue par les vents, inconsolée, voici que je vais poser tes pierres sur des escarboucles, et tes fondations sur des saphirs; je ferai tes créneaux de rubis, tes portes d'escarboucle et toute ton enceinte de pierres précieuses. Tous tes enfants seront disciples de Yahvé, et grand sera le bonheur de tes enfants. Tu seras fondée dans la justice, libre de l'oppression: tu n'auras rien à craindre, libre de la frayeur: elle n'aura plus prise sur toi. Voici: s'il se produit une attaque, ce ne sera pas de mon fait; quiconque t'aura attaquée tombera à cause de toi. Voici: c'est moi qui ai créé le forgeron qui souffle sur les braises et tire un outil à son usage; c'est moi aussi qui ai créé le destructeur pour anéantir. Aucune arme forgée contre toi ne saurait être efficace. Toute langue qui t'accuserait en justice, tu la confondras. Tel est le lot des serviteurs de Yahvé, la victoire que je leur assure. Oracle de Yahvé. Ah! vous tous qui avez soif, venez vers l'eau, même si vous n'avez pas d'argent, venez, achetez et mangez; venez, achetez sans argent, sans payer, du vin et du lait. Pourquoi dépenser de l'argent pour autre chose que du pain, et ce que vous avez gagné, pour ce qui ne rassasie pas? Ecoutez, écoutez-moi et mangez ce qui est bon; vous vous délecterez de mets succulents. Prêtez l'oreille et venez vers moi, écoutez et vous vivrez. Je conclurai avec vous une alliance éternelle, réalisant les faveurs promises à David. Voici que j'ai fait de lui un témoin pour des peuples, un chef et un législateur de peuples. Voici que tu appelleras une nation que tu ne connais pas, une nation qui ne te connaît pas viendra vers toi, à cause de Yahvé, ton Dieu, et pour le Saint d'Israël, car il t'a glorifié. Cherchez Yahvé pendant qu'il se laisse trouver, invoquez-le pendant qu'il est proche. Que le méchant abandonne sa voie et l'homme criminel ses pensées, qu'il revienne à Yahvé qui aura pitié de lui, à notre Dieu car il est riche en pardon. Car vos pensées ne sont pas mes pensées, et mes voies ne sont pas vos voies, oracle de Yahvé. Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant sont élevées mes voies au-dessus de vos voies, et mes pensées au-dessus de vos pensées. De même que la pluie et la neige descendent des cieux et n'y retournent pas sans avoir arrosé la terre, sans l'avoir fécondée et l'avoir fait germer pour fournir la semence au semeur et le pain à manger, ainsi en est-il de la parole qui sort de ma bouche, elle ne revient pas vers moi sans effet, sans avoir accompli ce que j'ai voulu et réalisé l'objet de sa mission. Oui, vous partirez dans la joie et vous serez ramenés dans la paix. Les montagnes et les collines pousseront devant vous des cris de joie, et tous les arbres de la campagne battront des mains. Au lieu de l'épine croîtra le cyprès, au lieu de l'ortie croîtra le myrte, ce sera pour Yahvé un renom, un signe éternel qui ne périra pas. Ainsi parle Yahvé: Observez le droit, pratiquez la justice, car mon salut est près d'arriver et ma justice de se révéler. Heureux l'homme qui agit ainsi, le fils d'homme qui s'y tient fermement, qui observe le sabbat sans le profaner et s'abstient de toute action mauvaise. Que le fils de l'étranger, qui s'est attaché à Yahvé, ne dise pas: "Sûrement Yahvé va m'exclure de son peuple." Que l'eunuque ne dise pas: "Voici, je suis un arbre sec." Car ainsi parle Yahvé aux eunuques qui observent mes sabbats et choisissent de faire ce qui m'est agréable, fermement attachés à mon alliance: Je leur donnerai dans ma maison et dans mes remparts un monument et un nom meilleurs que des fils et des filles; je leur donnerai un nom éternel qui jamais ne sera effacé. Quant aux fils d'étrangers, attachés à Yahvé pour le servir, pour aimer le nom de Yahvé, devenir ses serviteurs, tous ceux qui observent le sabbat sans le profaner, fermement attachés à mon alliance, je les mènerai à ma sainte montagne, je les comblerai de joie dans ma maison de prière. Leurs holocaustes et leurs sacrifices seront agréés sur mon autel, car ma maison sera appelée maison de prière pour tous les peuples. Oracle du Seigneur Yahvé qui rassemble les déportés d'Israël: J'en rassemblerai encore d'autres avec ceux qui sont déjà rassemblés. Bêtes des champs, venez toutes vous repaître, ainsi que vous, toutes les bêtes de la forêt. Ses guetteurs sont tous des aveugles, ils ne savent rien; ce sont tous des chiens muets, incapables d'aboyer. Ils rêvent, restent couchés, aiment dormir. Les chiens sont voraces, insatiables, ce sont eux, les bergers incapables de comprendre. Ils suivent tous leur propre chemin, chacun, jusqu'au dernier, cherchant son intérêt: "Venez, je vais chercher du vin, enivrons-nous de boisson, demain sera comme aujourd'hui, un grand, un très grand jour!" Le juste périt et personne ne s'en inquiète, les hommes pieux sont moissonnés et nul n'y prend garde; oui, à cause de la perversité le juste a été moissonné; il entrera dans la paix, et ceux qui suivent le droit chemin trouveront le repos sur leur couche. Quant à vous, approchez ici, fils de la magicienne, race adultère qui t'es prostituée. De qui vous moquez-vous? A qui faites-vous des grimaces et tirez-vous la langue? N'êtes-vous pas une engeance de révolte, une race de mensonge? Vous qui vous excitez près des térébinthes, sous tout arbre verdoyant, qui immolez des enfants dans les torrents, sous les fissures des rochers. Les pierres polies du torrent, voilà ton partage, ce sont elles, elles qui sont ton lot. C'est pour elles que tu as répandu des libations, que tu as présenté ton offrande. Puis-je y trouver l'apaisement? Sur une grande et haute montagne tu as installé ta couche. C'est là aussi que tu es montée pour offrir le sacrifice. Derrière la porte et le montant tu as fixé ton mémorial. Oui, loin de moi tu t'es découverte, tu es montée sur ta couche, tu en as profité largement. Tu as pactisé à ton profit avec ceux dont tu aimes la couche, tout en contemplant le monument. Tu t'es approchée de Mèlek avec des présents d'huile, tu as prodigué les parfums; tu as envoyé au loin tes messagers, tu les as fait descendre jusqu'au shéol. A faire tant de chemin tu t'es fatiguée, mais tu n'as pas dit: "C'est décourageant!" Tu as retrouvé la vigueur de ta main, c'est pourquoi tu n'as pas faibli. Qui as-tu craint et redouté, pour mentir et ne plus te souvenir de moi, pour ne plus te soucier de moi? N'étais-je pas silencieux et depuis longtemps? Aussi tu ne me craignais pas. Mais je vais annoncer ta justice et tes oeuvres, dont tu ne tirais aucun profit. Tu vas crier, qu'ils te délivrent, ceux qui se serrent autour de toi! Eux tous, le vent va les enlever, un souffle les emporter, mais quiconque se confie en moi héritera du pays, il possédera ma montagne sainte. Et l'on dira: Nivelez, nivelez, frayez un chemin, ôtez l'obstacle du chemin de mon peuple, car ainsi parle celui qui est haut et élevé, dont la demeure est éternelle et dont le nom est saint. "Je suis haut et saint dans ma demeure, mais je suis avec l'homme contrit et humilié, pour ranimer les esprits humiliés, pour ranimer les coeurs contrits. Car je ne veux pas accuser sans cesse ni toujours me montrer irrité, car devant moi faiblirait l'esprit et ces âmes que j'ai créées. Contre sa criminelle cupidité j'ai été irrité, en me cachant je l'ai frappé, dans mon irritation; et il s'en est allé, rebelle, selon sa fantaisie. J'ai vu sa conduite, mais je le guérirai, je le conduirai, je lui prodiguerai le réconfort, à lui et à ceux qui sont dans le deuil, faisant naître la louange sur leurs lèvres: "Paix! paix à qui est loin et à qui est proche, dit Yahvé, et je le guérirai." Mais les méchants sont comme la mer agitée qui ne peut se calmer, dont les eaux soulèvent la boue et la fange. "Point de paix, dit Yahvé, pour les méchants." Crie à pleine gorge, ne te retiens pas, comme le cor, élève la voix, annonce à mon peuple ses crimes, à la maison de Jacob ses péchés. C'est moi qu'ils recherchent jour après jour, ils désirent connaître mes voies, comme une nation qui a pratiqué la justice, qui n'a pas négligé le droit de son Dieu. Ils s'informent près de moi des lois justes, ils désirent être proches de Dieu. "Pourquoi avons-nous jeûné sans que tu le voies, nous sommes-nous mortifiés sans que tu le saches?" C'est qu'au jour où vous jeûnez, vous traitez des affaires, et vous opprimez tous vos ouvriers. C'est que vous jeûnez pour vous livrer aux querelles et aux disputes, pour frapper du poing méchamment. Vous ne jeûnerez pas comme aujourd'hui, si vous voulez faire entendre votre voix là-haut! Est-ce là le jeûne qui me plaît, le jour où l'homme se mortifie? Courber la tête comme un jonc, se faire une couche de sac et de cendre, est-ce là ce que tu appelles un jeûne, un jour agréable à Yahvé? N'est-ce pas plutôt ceci, le jeûne que je préfère: défaire les chaînes injustes, délier les liens du joug; renvoyer libres les opprimés, et briser tous les jougs? N'est-ce pas partager ton pain avec l'affamé, héberger chez toi les pauvres sans abri, si tu vois un homme nu, le vêtir, ne pas te dérober devant celui qui est ta propre chair? Alors ta lumière éclatera comme l'aurore, ta blessure se guérira rapidement, ta justice marchera devant toi et la gloire de Yahvé te suivra. Alors tu crieras et Yahvé répondra, tu appelleras, il dira: Me voici! Si tu bannis de chez toi le joug, le geste menaçant et les paroles méchantes, si tu te prives pour l'affamé et si tu rassasies l'opprimé, ta lumière se lèvera dans les ténèbres, et l'obscurité sera pour toi comme le milieu du jour. Yahvé sans cesse te conduira, il te rassasiera dans les lieux arides, il donnera la vigueur à tes os, et tu seras comme un jardin arrosé, comme une source jaillissante dont les eaux ne tarissent pas. On reconstruira, chez toi, les ruines antiques, tu relèveras les fondations des générations passées, on t'appellera Réparateur de brèches, Restaurateur des chemins, pour qu'on puisse habiter. Et si tu t'abstiens de violer le sabbat, de vaquer à tes affaires en mon jour saint, si tu appelles le sabbat "délices" et "vénérable" le jour saint de Yahvé, si tu l'honores en t'abstenant de voyager, de traiter tes affaires et de tenir des discours, alors tu trouveras tes délices en Yahvé, je te conduirai en triomphe sur les hauteurs du pays; je te nourrirai de l'héritage de ton père Jacob, car la bouche de Yahvé a parlé. Non, la main de Yahvé n'est pas trop courte pour sauver, ni son oreille trop dure pour entendre. Mais ce sont vos fautes qui ont creusé un abîme entre vous et votre Dieu. Vos péchés ont fait qu'il vous cache sa face et refuse de vous entendre. Car vos mains sont souillées par le sang et vos doigts par le crime, vos lèvres ont proféré le mensonge, votre langue médite le mal. Nul n'accuse à juste titre, nul ne plaide de bonne foi. On se confie au néant, on profère la fausseté, on conçoit la peine, on enfante le mal. Ils ont fait éclore des oeufs de vipère, ils tissent des toiles d'araignée. Qui mange de leurs oeufs en meurt; écrasés, il en sort un serpent. Leurs toiles ne feront pas un vêtement, ils ne pourront se vêtir de leurs oeuvres; leurs oeuvres sont des oeuvres mauvaises, les actes de violence sont dans leurs mains. Leurs pieds courent au mal; ils ont hâte de verser le sang innocent. Leurs pensées sont des pensées mauvaises, ravage et destruction sont sur leur chemin. Ils n'ont pas connu la voie de la paix, le droit ne suit pas leurs traces, ils se font des sentiers tortueux, quiconque les suit ignore la paix. Aussi le droit reste loin de nous, la justice ne nous atteint pas. Nous attendions la lumière et voici les ténèbres, la clarté, et nous marchons dans l'obscurité. Nous tâtonnons comme des aveugles cherchant un mur, comme privés d'yeux nous tâtonnons. Nous trébuchons en plein midi comme au crépuscule, parmi les bien-portants nous sommes comme des morts. Nous grognons tous comme des ours, comme des colombes nous ne faisons que gémir; nous attendons le jugement, et rien! le salut, et il demeure loin de nous. Car nombreux sont nos crimes contre toi, nos péchés témoignent contre nous. Oui, nos crimes nous sont présents et nous reconnaissons nos fautes: nous révolter, renier Yahvé, cesser de suivre notre Dieu; proférer violence et révolte, concevoir et méditer le mensonge. On repousse le jugement, on tient éloignée la justice, car la vérité a trébuché sur la place publique, et la droiture ne trouve point d'accès. La vérité a disparu; ceux qui s'abstiennent du mal sont dépouillés. Yahvé l'a vu, il a jugé mauvais qu'il n'y ait plus de jugement. Il a vu qu'il n'y avait personne, il s'est étonné que nul n'intervînt, alors son bras devint son secours, et sa justice, son appui. Il a revêtu comme cuirasse la justice, sur sa tête le casque du salut, il a revêtu comme tunique des habits de vengeance, il s'est drapé de la jalousie comme d'un manteau. Selon les oeuvres il rétribue, fureur pour les adversaires, châtiment pour les ennemis, aux îles il paiera leur salaire. Et l'on craindra, depuis l'Occident, le nom de Yahvé, et depuis le Levant sa gloire, car il viendra comme un torrent resserré, chassé par le souffle de Yahvé. Alors un rédempteur viendra à Sion, pour ceux qui se détournent de leur crime, en Jacob. Oracle de Yahvé. Et moi, voici mon alliance avec eux, dit Yahvé: mon esprit qui est sur toi et mes paroles que j'ai mises dans ta bouche ne s'éloigneront pas de ta bouche, ni de la bouche de ta descendance, ni de la bouche de la descendance de ta descendance, dit Yahvé, dès maintenant et à jamais. Debout! Resplendis! car voici ta lumière, et sur toi se lève la gloire de Yahvé. Tandis que les ténèbres s'étendent sur la terre et l'obscurité sur les peuples, sur toi se lève Yahvé, et sa gloire sur toi paraît. Les nations marcheront à ta lumière et les rois à ta clarté naissante. Lève les yeux aux alentours et regarde: tous sont rassemblés, ils viennent à toi. Tes fils viennent de loin, et tes filles sont portées sur la hanche. Alors, tu verras et seras radieuse, ton coeur tressaillira et se dilatera, car les richesses de la mer afflueront vers toi, et les trésors des nations viendront chez toi. Des multitudes de chameaux te couvriront, des jeunes bêtes de Madiân et d'Epha; tous viendront de Saba, apportant l'or et l'encens et proclamant les louanges de Yahvé. Tous les troupeaux de Qédar se rassembleront chez toi, les béliers de Nebayot seront à ton service, ils monteront à mon autel en sacrifice agréable, et je glorifierai ma maison de splendeur. Qu'est-ce que cela qui vole comme un nuage, comme des colombes vers leurs colombiers? C'est en moi que les îles espèrent: les bateaux de Tarsis ont pris la tête pour ramener de loin tes fils, avec leur argent et leur or, à cause du nom de Yahvé ton Dieu, du Saint d'Israël qui t'a glorifiée. Les fils de l'étranger rebâtiront tes remparts, et leurs rois te serviront. Car dans ma colère je t'avais frappée, mais dans ma bienveillance j'ai eu pitié de toi. Tes portes seront toujours ouvertes, ni le jour ni la nuit on ne les fermera, pour qu'on apporte chez toi les richesses des nations et qu'on introduise leurs rois. Car la nation et le royaume qui ne te servent pas périront, et les nations seront exterminées. La gloire du Liban viendra chez toi, le cyprès, le platane et le buis tous ensemble, pour glorifier le lieu de ton sanctuaire, pour que j'honore le lieu où je me tiens. Ils s'approcheront de toi, humblement, les fils de tes oppresseurs, ils se prosterneront à tes pieds, tous ceux qui te méprisaient, et ils t'appelleront: "Ville de Yahvé", "Sion du Saint d'Israël." Au lieu que tu sois délaissée et haïe, sans personne qui passe, je ferai de toi un objet d'éternelle fierté, une source de joie, d'âge en âge. Tu suceras le lait des nations, tu suceras les richesses des rois. Et tu sauras que c'est moi, Yahvé, qui te sauve, que ton rédempteur, c'est le Puissant de Jacob. Au lieu de bronze, je ferai venir de l'or, au lieu de fer, je ferai venir de l'argent, au lieu de bois, du bronze, au lieu de pierre, du fer; comme magistrature j'instituerai la Paix et comme gouvernants, la Justice. On n'entendra plus parler de violence dans ton pays, de ravages ni de ruines dans tes frontières. Tu appelleras tes remparts "Salut" et tes portes "Louange." Tu n'auras plus le soleil comme lumière, le jour, la clarté de la lune ne t'illuminera plus: Yahvé sera pour toi une lumière éternelle, et ton Dieu sera ta splendeur. Ton soleil ne se couchera plus, et ta lune ne disparaîtra plus, car Yahvé sera pour toi une lumière éternelle, et les jours de ton deuil seront accomplis. Ton peuple, rien que des justes, possédera le pays à jamais, rejeton de mes plantations, oeuvre de mes mains, pour me glorifier. Le plus petit deviendra un millier, le plus chétif une nation puissante. Moi, Yahvé, en temps voulu j'agirai vite. L'esprit du Seigneur Yahvé est sur moi, car Yahvé m'a donné l'onction; il m'a envoyé porter la nouvelle aux pauvres, panser les coeurs meurtris, annoncer aux captifs la libération et aux prisonniers la délivrance, proclamer une année de grâce de la part de Yahvé et un jour de vengeance pour notre Dieu, pour consoler tous les affligés, (pour mettre aux affligés de Sion) pour leur donner un diadème au lieu de cendre, de l'huile de joie au lieu d'un vêtement de deuil, un manteau de fête au lieu d'un esprit abattu; et on les appellera térébinthes de justice, plantation de Yahvé pour se glorifier. Ils rebâtiront les ruines antiques, ils relèveront les restes désolés d'autrefois; ils restaureront les villes en ruines, les restes désolés des générations passées. Des étrangers se présenteront pour paître vos troupeaux, des immigrants seront vos laboureurs et vos vignerons. Mais vous, vous serez appelés prêtres de Yahvé, on vous nommera ministres de notre Dieu. Vous vous nourrirez des richesses des nations, vous leur succéderez dans leur gloire. Au lieu de votre honte, vous aurez double part, au lieu de l'humiliation, les cris de joie seront leur part; aussi recevront-ils double héritage dans leur pays et auront-ils une joie éternelle. Car moi, Yahvé, qui aime le droit, qui hais le vol et l'injustice, je leur donnerai fidèlement leur récompense et je conclurai avec eux une alliance éternelle. Leur race sera célèbre parmi les nations, et leur descendance au milieu des peuples; tous ceux qui les verront les reconnaîtront comme une race que Yahvé a bénie. Je suis plein d'allégresse en Yahvé, mon âme exulte en mon Dieu, car il m'a revêtu de vêtements de salut, il m'a drapé dans un manteau de justice, comme l'époux qui se coiffe d'un diadème, comme la fiancée qui se pare de ses bijoux. Car de même que la terre fait éclore ses germes et qu'un jardin fait germer sa semence, ainsi le Seigneur Yahvé fait germer la justice et la louange devant toutes les nations. A cause de Sion je ne me tairai pas, à cause de Jérusalem je ne me tiendrai pas en repos, jusqu'à ce que sa justice jaillisse comme une clarté, et son salut comme une torche allumée. Alors les nations verront ta justice, et tous les rois ta gloire. Alors on t'appellera d'un nom nouveau que la bouche de Yahvé désignera. Tu seras une couronne de splendeur dans la main de Yahvé, un turban royal dans la main de ton Dieu. On ne te dira plus: "Délaissée" et de ta terre on ne dira plus: "Désolation." Mais on t'appellera: "Mon plaisir est en elle" et ta terre: "Epousée." Car Yahvé trouvera en toi son plaisir, et ta terre sera épousée. Comme un jeune homme épouse une vierge, ton bâtisseur t'épousera. Et c'est la joie de l'époux au sujet de l'épouse que ton Dieu éprouvera à ton sujet. Sur tes remparts, Jérusalem, j'ai posté des veilleurs, de jour et de nuit, jamais ils ne se tairont. Vous qui vous rappelez au souvenir de Yahvé, pas de repos pour vous. Ne lui accordez pas de repos qu'il n'ait établi Jérusalem et fait d'elle une louange au milieu du pays. Yahvé l'a juré par sa droite et par son bras puissant: "Je ne donnerai plus ton blé en nourriture à tes ennemis, les étrangers ne boiront plus ton vin, le fruit de ton labeur, mais les moissonneurs mangeront le blé et loueront Yahvé, les vendangeurs boiront le vin, dans mes parvis sacrés." Passez, passez par les portes, frayez le chemin de mon peuple, nivelez, nivelez la route, ôtez-en les pierres. Elevez un signal pour les peuples. Voici que Yahvé se fait entendre jusqu'à l'extrémité de la terre: Dites à la fille de Sion: Voici que vient ton salut, voici avec lui sa récompense, et devant lui son salaire. On les appellera: "Le peuple saint", "les rachetés de Yahvé." Quant à toi on t'appellera: "Recherchée", "Ville non délaissée." Quel est donc celui-ci qui vient d'Edom, de Boçra en habits éclatants, magnifiquement drapé dans son manteau, s'avançant dans la plénitude de sa force? "C'est moi qui parle avec justice, qui suis puissant pour sauver" -- Pourquoi ce rouge à ton manteau, pourquoi es-tu vêtu comme celui qui foule au pressoir? -- A la cuve j'ai foulé solitaire, et des gens de mon peuple pas un n'était avec moi. Alors je les ai foulés dans ma colère, je les ai piétinés dans ma fureur, leur sang a giclé sur mes habits, et j'ai taché tous mes vêtements. Car j'ai au coeur un jour de vengeance, c'est l'année de ma rétribution qui vient. Je regarde: personne pour m'aider! Je montre mon angoisse: personne pour me soutenir! Alors mon bras est venu à mon secours, c'est ma fureur qui m'a soutenu. J'ai écrasé les peuples dans ma colère, je les ai brisés dans ma fureur, et j'ai fait ruisseler à terre leur sang." Je vais célébrer les grâces de Yahvé, les louanges de Yahvé, pour tout ce que Yahvé a accompli pour nous, pour sa grande bonté envers la maison d'Israël, pour tout ce qu'il a accompli dans sa miséricorde, pour l'abondance de ses grâces. Car il dit: "Certes, c'est mon peuple, des enfants qui ne vont pas me tromper"; et il fut pour eux un sauveur. Dans toutes leurs angoisses, ce n'est pas un messager ou un ange, c'est sa face qui les a sauvés. Dans son amour et sa pitié, c'est lui qui les a rachetés, il s'est chargé d'eux et les a portés, tous les jours du passé. Mais eux, ils se sont révoltés et ils ont irrité son Esprit saint. C'est alors qu'il les a pris en aversion et qu'il les a lui-même combattus. Mais il s'est souvenu des jours d'autrefois, de Moïse, son serviteur. Où est-il, celui qui les sauva de la mer, le pasteur de son troupeau? Où est celui qui mettait au milieu d'eux son Esprit saint? Celui qui accompagna la droite de Moïse de son bras glorieux, qui fendit les eaux devant eux pour se faire un renom éternel; qui les fit passer par les abîmes, comme un cheval passe dans le désert; ils ne trébuchèrent pas plus qu'une bête qui descend dans la vallée; l'Esprit de Yahvé les menait au repos. Ainsi as-tu conduit ton peuple pour te faire un nom glorieux. Regarde du ciel et vois, depuis ta demeure sainte et glorieuse. Où sont ta jalousie et ta puissance? Le frémissement de tes entrailles et ta piété pour moi se sont-ils contenus? Pourtant tu es notre père. Si Abraham ne nous a pas reconnus, si Israël ne se souvient plus de nous, toi, Yahvé, tu es notre père, notre rédempteur, tel est ton nom depuis toujours. Pourquoi, Yahvé, nous laisser errer loin de tes voies et endurcir nos coeurs en refusant ta crainte? Reviens, à cause de tes serviteurs et des tribus de ton héritage. Pour bien peu de temps ton peuple saint a joui de son héritage; nos ennemis ont piétiné ton sanctuaire. Nous sommes, depuis longtemps, des gens sur qui tu ne règnes plus et qui ne portent plus ton nom. Ah! si tu déchirais les cieux et descendais -- devant ta face les montagnes seraient ébranlées; comme le feu enflamme des bindilles, comme le feu fait bouillir l'eau -- pour faire connaître ton nom à tes adversaires, devant ta face les nations trembleraient quand tu ferais des prodiges inattendus. (Tu es descendu: devant ta face les montagnes ont été ébranlées.) Jamais on n'avait ouï dire, on n'avait pas entendu, et l'oeil n'avait pas vu un Dieu, toi excepté, agir ainsi en faveur de qui a confiance en lui. Tu as rencontré celui qui, plein d'allégresse, pratique la justice; en suivant tes voies, ils se souviendront de toi. Voici que toi, tu t'es irrité, et nous avons péché. Nous sommes à jamais dans tes voies et nous serons sauvés. Tous, nous étions comme des êtres impurs, et nos bonnes actions comme du linge souillé. Tous, nous nous flétrissons comme des feuilles mortes, et nos fautes nous emportent comme le vent. Plus personne pour invoquer ton nom, pour se réveiller en s'attachant à toi, car tu nous as caché ta face et tu nous as livrés au pouvoir de nos fautes. Et pourtant, Yahvé, tu es notre père, nous sommes l'argile, tu es notre potier, nous sommes tous l'oeuvre de tes mains. Yahvé, ne t'irrite pas à l'excès, ne garde pas à jamais le souvenir de la faute. Vois donc, nous sommes tous ton peuple. Tes villes saintes sont devenues un désert, Sion est devenue un désert, Jérusalem, un lieu désolé. Notre Temple saint et magnifique, où nos ancêtres te louaient, est devenu la proie du feu. Tout ce que nous aimions est devenu ruine. Peux-tu rester insensible à tout cela, Yahvé? Te taire serait nous humilier à l'excès. Je me suis laissé approcher par qui ne me questionnait pas, je me suis laissé trouver par qui ne me cherchait pas. J'ai dit: "Me voici! me voici!" à une nation qui n'invoquait pas mon nom. J'ai tendu les mains, chaque jour, vers un peuple rebelle, des gens qui suivent une voie mauvaise, au gré de leur fantaisie. Un peuple qui me provoque sans cesse en face, qui sacrifie dans les jardins, qui brûle de l'encens sur des briques, qui habite dans les tombeaux, passe la nuit dans les recoins, mange de la viande de porc et met dans ses plats des morceaux impurs. Ils disent: "Retire-toi, ne me touche pas, je te sanctifierai." Ces mots sont comme une fumée qui m'étouffe, un feu toujours brûlant. Voici, c'est écrit devant moi: je ne me tairai pas que je n'aie réglé leur compte, réglé à pleine mesure, puni vos fautes et les fautes de vos pères, toutes ensemble, dit Yahvé, eux qui ont brûlé des parfums sur les montagnes et m'ont outragé sur les collines; je mesurerai à pleine mesure leurs oeuvres anciennes. Ainsi parle Yahvé: Quand on trouve du jus dans une grappe, on dit: Ne la détruisez pas, car elle contient une bénédiction; ainsi ferai-je en faveur de mes serviteurs, je ne détruirai pas tout. Je ferai sortir de Jacob une race, je ferai de Juda l'héritier de mes montagnes, mes élus les posséderont, mes serviteurs y habiteront. Le pays de Saron deviendra un pâturage de brebis, la vallée d'Akor un pacage de boeufs, pour mon peuple qui m'aura cherché. Quant à vous tous qui abandonnez Yahvé, qui oubliez ma montagne sainte, qui dressez à Gad une table, qui versez à pleine coupe des mixtures pour Meni, je vous destinerai à l'épée, tous, vous courberez l'échine pour être massacrés, car j'ai appelé et vous n'avez pas répondu, j'ai parlé et vous n'avez pas écouté; vous avez fait ce qui est mal à mes yeux, vous avez choisi ce qui me déplaît. C'est pourquoi, ainsi parle le Seigneur Yahvé: Voici: mes serviteurs mangeront, mais vous, vous aurez faim; voici: mes serviteurs boiront, mais vous, vous aurez soif; voici: mes serviteurs seront dans la joie, et vous, dans la honte; voici: mes serviteurs crieront, dans la joie de leur coeur, et vous, vous pousserez des cris, dans la douleur de votre coeur, vous hurlerez dans l'accablement de votre esprit. Et vous laisserez votre nom comme imprécation pour mes élus: "Que le Seigneur Yahvé te fasse mourir!" mais à ses serviteurs il donnera un autre nom. Ceux qui se béniront sur terre se béniront par le Dieu de vérité, et ceux qui jureront sur terre jureront par le Dieu de vérité; on oubliera les angoisses anciennes, elles auront disparu de mes yeux. Car voici que je vais créer des cieux nouveaux et une terre nouvelle, on ne se souviendra plus du passé, il ne reviendra plus à l'esprit. Mais soyez pleins d'allégresse et exultez éternellement de ce que moi, je vais créer: car voici que je vais faire de Jérusalem une exultation et de mon peuple une allégresse. J'exulterai en Jérusalem, en mon peuple je serai plein d'allégresse, et l'on n'y entendra plus retentir les pleurs et les cris. Là, plus de nouveau-né qui ne vive que quelques jours, ni de vieillard qui n'accomplisse son temps; car le plus jeune mourra à l'âge de cent ans, c'est à cent ans que le pécheur sera maudit. Ils bâtiront des maisons et les habiteront, ils planteront des vignes et en mangeront les fruits. Ils ne bâtiront plus pour qu'un autre habite, ils ne planteront plus pour qu'un autre mange. Car les jours de mon peuple égaleront les jours des arbres, et mes élus useront ce que leurs mains auront fabriqué. Ils ne peineront pas en vain, ils n'enfanteront plus pour la terreur, mais ils seront une race de bénis de Yahvé, et leur descendance avec eux. Ainsi, avant qu'ils n'appellent, moi je répondrai, ils parleront encore que j'aurai déjà entendu. Le loup et l'agnelet paîtront ensemble, le lion comme le boeuf mangera de la paille, et le serpent se nourrira de poussière. On ne fera plus de mal ni de violence sur toute ma montagne sainte, dit Yahvé. Ainsi parle Yahvé: Le ciel est mon trône, et la terre l'escabeau de mes pieds. Quelle maison pourriez-vous me bâtir, et quel pourrait être le lieu de mon repos, quand tout cela, c'est ma main qui l'a fait, quand tout cela est à moi, oracle de Yahvé! Mais celui sur qui je porte les yeux, c'est le pauvre et l'humilié, celui qui tremble à ma parole. On sacrifie le boeuf, on abat un homme; on immole l'agneau, on assomme un chien; on présente une offrande, c'est du sang de porc; on fait un mémorial d'encens, une bénédiction abominable; tous ces gens ont choisi leurs voies, et leur âme se complaît dans leurs horreurs. Moi aussi, j'ai plaisir à me moquer d'eux, j'amènerai sur eux ce qu'ils redoutent, parce que j'ai appelé et nul n'a répondu, j'ai parlé et nul n'a entendu; ils ont fait ce qui est mal à mes yeux, ils ont pris plaisir à ce qui me déplaît. Ecoutez la parole de Yahvé, vous qui tremblez à sa parole. Ils ont dit, vos frères qui vous haïssent et vous rejettent à cause de mon nom: "Que Yahvé manifeste sa gloire, et que nous soyons témoins de votre joie", mais c'est eux qui seront confondus! Une voix, une rumeur qui vient de la ville, une voix qui vient du sanctuaire, la voix de Yahvé qui paie leur salaire à ses ennemis. Avant d'être en travail elle a enfanté, avant que viennent les douleurs elle a accouché d'un garçon. Qui a jamais entendu rien de tel? Qui a jamais vu chose pareille? Peut-on mettre au monde un pays en un jour? Enfante-t-on une nation en une fois? A peine était-elle en travail que Sion a enfanté ses fils. Ouvrirais-je le sein pour ne pas faire naître? Dit Yahvé. Si c'est moi qui fais naître, fermerai-je le sein? Dit ton Dieu. Réjouissez-vous avec Jérusalem, exultez en elle, vous tous qui l'aimez, soyez avec elle dans l'allégresse, vous tous qui avez pris le deuil sur elle, afin que vous soyez allaités et rassasiés par son sein consolateur, afin que vous suciez avec délices sa mamelle plantureuse. Car ainsi parle Yahvé: Voici que je fais couler vers elle la paix comme un fleuve, et comme un torrent débordant, la gloire des nations. Vous serez allaités, on vous portera sur la hanche, on vous caressera en vous tenant les genoux. Comme celui que sa mère console, moi aussi, je vous consolerai, à Jérusalem vous serez consolés. A cette vue votre coeur sera dans la joie, et vos membres reprendront vigueur comme l'herbe; la main de Yahvé se fera connaître à ses serviteurs et sa colère à ses ennemis. Car voici que Yahvé arrive dans le feu, et ses chars sont comme l'ouragan, pour assouvir avec ardeur sa colère et sa menace par des flammes de feu. Car par le feu, Yahvé se fait juge, par son épée, sur toute chair; nombreuses seront les victimes de Yahvé. Ceux qui se sanctifient et se purifient pour entrer dans les jardins, derrière quelqu'un qui se tient au centre, qui mangent de la chair de porc, des choses abominables et du rat, d'un même coup finiront, oracle de Yahvé, leurs actions et leurs pensées. Mais moi je viendrai rassembler toutes les nations et toutes les langues, et elles viendront voir ma gloire. Je mettrai chez elles un signe et j'enverrai de leurs survivants vers les nations: vers Tarsis, Put, Lud, Méshek, Tubal et Yavân, vers les îles éloignées qui n'ont pas entendu parler de moi, et qui n'ont pas vu ma gloire. Ils feront connaître ma gloire aux nations, et de toutes les nations ils ramèneront tous vos frères en offrande à Yahvé, sur des chevaux, en char, en litière, sur des mulets et des chameaux, à ma montagne sainte, Jérusalem, dit Yahvé, comme les enfants d'Israël apportent les offrandes à la Maison de Yahvé dans des vases purs. Et de certains d'entre eux je me ferai des prêtres, des lévites, dit Yahvé. Car, de même que les cieux nouveaux et la terre nouvelle que je fais subsistent devant moi, oracle de Yahvé, ainsi subsistera votre race et votre nom. De nouvelle lune en nouvelle lune, et de sabbat en sabbat, toute chair viendra se prosterner devant ma face, dit Yahvé. Et on sortira pour voir les cadavres des hommes révoltés contre moi, car leur ver ne mourra pas et leur feu ne s'éteindra pas, ils seront en horreur à toute chair. Paroles de Jérémie, fils de Hilqiyyahu, l'un des prêtres résidant à Anatot, en territoire de Benjamin. A lui fut adressée la parole de Yahvé, aux jours de Josias, fils d'Amon, roi de Juda, la treizième année de son règne; puis aux jours de Joiaqim, fils de Josias, roi de Juda, jusqu'à la fin de la onzième année de Sédécias, fils de Josias, roi de Juda, jusqu'à la déportation de Jérusalem, au cinquième mois. La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Avant même de te former au ventre maternel, je t'ai connu; avant même que tu sois sorti du sein, je t'ai consacré; comme prophète des nations, je t'ai établi. Et je dis: "Ah! Seigneur Yahvé, vraiment, je ne sais pas parler, car je suis un enfant!" Mais Yahvé répondit: Ne dis pas: "Je suis un enfant!" car vers tous ceux à qui je t'enverrai, tu iras, et tout ce que je t'ordonnerai, tu le diras. N'aie aucune crainte en leur présence car je suis avec toi pour te délivrer, oracle de Yahvé. Alors Yahvé étendit la main et me toucha la bouche; et Yahvé me dit: Voici que j'ai placé mes paroles en ta bouche. Vois! Aujourd'hui même je t'établis sur les nations et sur les royaumes, pour arracher et renverser, pour exterminer et démolir, pour bâtir et planter. La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: "Que vois-tu, Jérémie?" Je répondis: "Je vois une branche de veilleur." Alors Yahvé me dit: "Tu as bien vu, car je veille sur ma parole pour l'accomplir." Une seconde fois, la parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: "Que vois-tu?" Je répondis: "Je vois une marmite qui bouillonne: sa gueule regarde depuis le Nord." Alors Yahvé me dit: C'est du Nord que va déborder le malheur sur tous les habitants du pays; car voici que j'appelle toutes les familles des royaumes du Nord, oracle de Yahvé. Ils viendront et chacun placera son trône à l'entrée des portes de Jérusalem, contre ses remparts, tout autour, et contre toutes les villes de Juda. Je prononcerai contre eux mes jugements à cause de toute leur méchanceté, car ils m'ont abandonné, ils ont encensé d'autres dieux, ils se sont prosternés devant l'oeuvre de leurs mains. Quant à toi, tu te ceindras les reins, tu te lèveras, tu leur diras tout ce que je t'ordonnerai, moi. Ne tremble point devant eux, sinon je te ferai trembler devant eux. Voici que moi, aujourd'hui même, je t'ai établi comme ville fortifiée, colonne de fer et rempart de bronze devant tout le pays: les rois de Juda, ses princes, ses prêtres et le peuple du pays. Ils lutteront contre toi, mais ne pourront rien contre toi, car je suis avec toi - oracle de Yahvé - pour te délivrer. La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Va crier ceci aux oreilles de Jérusalem. Ainsi parle Yahvé: Je me rappelle l'affection de ta jeunesse, l'amour de tes fiançailles, alors que tu marchais derrière moi au désert, dans une terre qui n'est pas ensemencée. Israël était une part sainte pour Yahvé, les prémices de sa récolte; tous ceux qui en mangeaient étaient coupables, le malheur fondait sur eux, oracle de Yahvé. Ecoutez la parole de Yahvé, maison de Jacob et toutes les familles de la maison d'Israël. Ainsi parle Yahvé: En quoi vos pères m'ont-ils trouvé injuste pour s'être éloignés de moi, pour marcher derrière la Vanité et devenir eux-mêmes vanité? Ils n'ont pas dit: "Où est Yahvé qui nous fit monter du pays d'Egypte et nous fit marcher dans le désert, dans une terre aride et ravinée, dans une terre desséchée et obscure, terre que personne ne parcourt, où nul homme ne se fixe?" Pourtant je vous ai conduits au pays du verger pour vous rassasier de ses fruits et de ses biens; vous êtes entrés et vous avez souillé mon pays, mon héritage, vous l'avez changé en abomination. Les prêtres n'ont pas dit: "Où est Yahvé?" Les dépositaires de la Loi ne m'ont pas connu; les pasteurs se sont révoltés contre moi; les prophètes ont prophétisé par Baal, ils ont suivi des Impuissants. Aussi vais-je encore plaider contre vous - oracle de Yahvé - et plaider contre les fils de vos fils: Passez donc aux îles des Kittim et voyez, envoyez enquêter à Qédar et examinez bien, voyez si chose semblable s'est produite! Une nation change-t-elle de dieux? Or ce ne sont pas même des dieux! Et mon peuple a échangé sa Gloire contre l'Impuissance! Cieux, soyez-en étonnés, horrifiés, saisis d'une grande épouvante, oracle de Yahvé. Car mon peuple a commis deux crimes: Ils m'ont abandonné, moi la source d'eau vive, pour se creuser des citernes, citernes lézardées qui ne tiennent pas l'eau. Israël est-il un esclave? Est-il un domestique pour qu'on en fasse un butin? Contre lui des lions ont rugi, poussé leur hurlement. Ils ont réduit sa terre en solitude, ses villes incendiées n'ont plus d'habitants. Même ceux de Noph et de Tahpanhès t'ont rasé le crâne! N'as-tu pas provoqué cela pour avoir abandonné Yahvé ton Dieu, alors qu'il te guidait sur ta route? Et maintenant, à quoi bon partir en Egypte pour boire l'eau du Nil? A quoi bon partir en Assyrie pour boire l'eau du Fleuve? Que ta méchanceté te châtie et que tes infidélités te punissent! Comprends et vois comme il est mauvais et amer d'abandonner Yahvé ton Dieu et de ne plus trembler devant moi, oracle du Seigneur Yahvé Sabaot. Oui, depuis longtemps tu as brisé ton joug, rompu tes liens, tu as dit: je ne servirai pas. Et pourtant, sur toute colline élevée et sous tout arbre vert, tu t'es couchée comme une prostituée. Moi, cependant, je t'avais plantée comme un cep de choix, tout entier d'excellente semence. Comment t'es-tu changée pour moi en sauvageons d'une vigne étrangère? Quand tu te lessiverais à la potasse, en y mettant beaucoup de savon, ton iniquité resterait marquée devant moi, oracle du Seigneur Yahvé. Comment oses-tu dire: "Je ne suis pas souillée, après les Baals je n'ai pas couru?" Regarde tes traces dans la Vallée, reconnais ce que tu as fait. Chamelle écervelée, courant en tout sens, ânesse sauvage, habituée au désert, dans l'ardeur de son désir, elle aspire le vent; son rut, qui le freinera? Quiconque veut la chercher n'a aucune peine: il la trouve en son mois. Prends garde! Ton pied va se déchausser et ta gorge se dessécher. Mais tu dis: "Non! Inutile! car j'aime les Etrangers et je veux courir après eux." Tel un voleur honteux d'être pris, ainsi seront honteux les gens de la maison d'Israël: eux, leurs rois, leurs princes, leurs prêtres et leurs prophètes, qui disent au bois: "Tu es mon père!" et à la pierre: "Toi, tu m'as enfanté!" Car ils tournent vers moi leur dos et non leur face; mais au temps de leur malheur ils crient: "Lève-toi! Sauve-nous!" Où sont-ils, les dieux que tu t'es fabriqués? Qu'ils se lèvent s'ils peuvent te sauver au temps de ton malheur! Car aussi nombreux que tes villes sont tes dieux, ô Juda! Pourquoi me faites-vous un procès? Vous m'avez tous été infidèles, oracle de Yahvé. En vain j'ai frappé vos fils: ils n'ont pas accueilli la leçon; votre épée à dévoré vos prophètes, comme un lion destructeur. Et vous, de cette génération, voyez la parole de Yahvé: Ai-je été un désert pour Israël, ou une terre ténébreuse? Pourquoi mon peuple dit-il: "Nous vagabondons, nous n'irons plus à toi?" Une vierge oublie-t-elle ses parures, une fiancée sa ceinture? Mais mon peuple m'a oublié depuis des jours sans nombre. Ah! comme tu t'es tracé un bon chemin pour quêter l'amour! Aussi, même avec le crime tu as familiarisé tes voies. Jusque sur les pans de ta robe on trouve le sang des pauvres, des innocents que tu n'as pas surpris à forcer des portes! Et malgré tout cela, tu dis: "Je suis innocente, que sa colère se détourne de moi!" Me voici pour te juger puisque tu dis: "Je n'ai pas péché." Que tu mets de légèreté à changer de voie! Pourtant tu auras honte de l'Egypte comme tu as eu honte de l'Assyrie. De là aussi tu devras sortir les mains sur la tête, car Yahvé a rejeté ceux auxquels tu te fies, tu n'auras pas de chance avec eux! Si un homme répudie sa femme, et que celle-ci le quitte et appartient à un autre, a-t-il encore le droit de revenir à elle? N'est-elle pas totalement profanée, cette terre-là? Et toi qui t'es prostituée à de nombreux amants, tu prétends revenir à moi! Oracle de Yahvé. Lève les yeux vers les monts chauves et regarde. Où ne t'es-tu pas livrée? Tu étais là, pour eux, le long des chemins, comme l'Arabe au désert. Tu as profané le pays par tes prostitutions et tes forfaits; aussi les pluies furent-elle retenues et l'ondée tardive ne vint plus. Mais tu conservais un front de prostituée, refusant de rougir. Dès maintenant, ne me cries-tu pas: "Mon père! L'ami de ma jeunesse, c'est toi! Gardera-t-il toujours sa rancune, va-t-il éterniser son courroux?" Tu parles ainsi en commettant tes crimes, obstinée que tu es. Yahvé me dit au temps du roi Josias: As-tu vu ce qu'a fait Israël la rebelle? Elle se rendait sur toute montagne élevée, sous tout arbre vert, et s'y prostituait. Je me disais: "Après avoir fait tout cela, elle reviendra à moi"; mais elle ne revint pas. Juda, sa soeur perfide, a vu cela. Elle a vu aussi que j'ai répudié la rebelle Israël pour tous ses adultères et lui ai donné son acte de divorce. Or la perfide Juda, sa soeur, n'a pas eu de crainte; elle est allée, elle aussi, se prostituer. Et avec sa prostitution éhontée, elle a profané le pays; elle a commis l'adultère avec la pierre et le bois. En plus de tout cela, Juda, sa soeur perfide, n'est pas revenue à moi de tout son coeur, mais avec imposture, oracle de Yahvé. Et Yahvé me dit: Israël la rebelle est juste, comparée à Juda la perfide. Va donc crier ces paroles du côté du Nord; tu diras: Reviens, rebelle Israël, oracle de Yahvé. Je n'aurai plus pour vous un visage sévère, car je suis miséricordieux - oracle de Yahvé - je ne garde pas toujours ma rancune. Reconnais seulement ta faute: tu t'es révoltée contre Yahvé ton Dieu, tu as couru en tous sens vers les Etrangers, sous tout arbre vert, et vous n'avez pas écouté ma voix, oracle de Yahvé. Revenez, fils rebelles - oracle de Yahvé - car c'est moi votre Maître. Je vous prendrai, un d'une ville, deux d'une famille, pour vous amener à Sion. Je vous donnerai des pasteurs selon mon coeur, qui vous paîtront avec intelligence et prudence. Et quand vous vous serez multipliés et que vous aurez fructifié dans le pays, en ces jours-là - oracle de Yahvé - on ne dira plus: "Arche de l'alliance de Yahvé"; on n'y pensera plus, on ne s'en souviendra plus, on ne s'en préoccupera plus, on n'en construira plus d'autre. En ce temps-là, on appellera Jérusalem: "Trône de Yahvé"; toutes les nations convergeront vers elle, vers le nom de Yahvé, à Jérusalem, et elles ne suivront plus l'obstination de leur coeur mauvais. En ces jours-là, la maison de Juda ira vers la maison d'Israël; ensemble elles viendront du pays du Nord, vers le pays que j'ai donné en héritage à vos pères. Et moi qui m'étais dit: Comment te placerai-je au rang des fils? Je te donnerai une terre de délices, l'héritage le plus précieux d'entre les nations. Je me disais: Vous m'appellerez "Mon Père" et vous ne vous séparerez pas de moi. Mais comme une femme qui trahit son compagnon, ainsi m'avez-vous trahi, maison d'Israël, oracle de Yahvé. Sur les monts chauves, un cri s'est fait entendre: pleurs et supplications des enfants d'Israël; car ils ont gauchi leur voie, oublié Yahvé leur Dieu. - Revenez, fils rebelles, je veux guérir vos rébellions! - Nous voici, nous venons à toi, car tu es Yahvé notre Dieu. En vérité, les collines ne sont que duperie, ainsi que le tumulte des montagnes. En vérité, c'est en Yahvé notre Dieu qu'est le salut d'Israël. La Honte a dévoré le travail de nos pères depuis notre jeunesse, leur petit et leur gros bétail, leurs fils et leurs filles. Couchons-nous dans notre honte, que nous couvre notre confusion! Car contre Yahvé notre Dieu, nous avons péché, nous et nos pères, depuis notre jeunesse jusqu'à ce jour même, et nous n'avons pas écouté la voix de Yahvé notre Dieu. - Si tu reviens, Israël, oracle de Yahvé, si tu reviens à moi, si tu ôtes de devant moi tes Horreurs, si tu ne vagabondes plus, si tu jures par Yahvé vivant, en vérité, droiture et justice, alors les nations se béniront en lui, en lui elles se glorifieront. Car ainsi parle Yahvé aux gens de Juda et à Jérusalem: Défrichez pour vous ce qui est en friche, ne semez rien parmi les épines. Circoncisez-vous pour Yahvé, ôtez le prépuce de votre coeur, gens de Juda et habitants de Jérusalem, sinon ma colère jaillira comme un feu, elle brûlera sans personne pour éteindre, à cause de la méchanceté de vos actions. Publiez-le dans Juda, annoncez-le dans Jérusalem, dites-le! Sonnez du cor dans le pays, criez à pleine voix et dites: Rassemblement! Gagnons les villes fortifiées! Dressez un signal à Sion! Fuyez! Pas d'arrêt! Car c'est un malheur que j'amène du Nord, un immense désastre. Le lion est monté de son fourré, le destructeur des nations s'est mis en marche, il est sorti de sa demeure pour transformer ton pays en solitude; tes villes seront détruites et dépeuplées. Aussi, revêtez-vous de sacs, lamentez-vous, poussez des hurlements, car elle ne s'est pas écartée de nous, l'ardente colère de Yahvé. En ce jour-là - oracle de Yahvé - le coeur manquera au roi, il manquera aux chefs; les prêtres seront frappés de stupeur et les prophètes d'effroi. Et je dis: "Ah! Seigneur Yahvé, tu as vraiment trompé ce peuple et Jérusalem quand tu disais: Vous aurez la paix alors que l'épée nous a frappés à mort!" En ce temps-là on dira à ce peuple et à Jérusalem: le vent brûlant des hauteurs, au désert, arrive sur la fille de mon peuple. - Ce n'est ni pour vanner ni pour épurer! - Un vent impétueux me vient de là-bas. Maintenant c'est moi qui vais prononcer sur eux le jugement! Voici qu'il s'avance comme les nuées, ses chars sont comme l'ouragan, ses chevaux vont plus vite que des aigles. Malheur à nous! Nous sommes perdus! Purifie ton coeur du mal, Jérusalem, afin d'être sauvée. Jusques à quand abriteras-tu en ton sein tes coupables pensées? Car une voix crie la nouvelle depuis Dan, depuis la montagne d'Ephraïm elle annonce la calamité. Faites savoir ceci aux nations, proclamez-le contre Jérusalem: les ennemis arrivent d'un lointain pays et poussent leur cri contre les villes de Juda; comme les gardiens d'un champ, ils l'entourent, car elle s'est révoltée contre moi, oracle de Yahvé. Ta conduite et tes actions t'ont valu cela: Voilà ton malheur, comme il est amer! comme il te frappe au coeur! Mes entrailles! Mes entrailles! Que je souffre! Parois de mon coeur! Mon coeur s'agite en moi! Je ne puis me taire car j'ai entendu l'appel du cor, le cri de guerre. On annonce désastre sur désastre: tout le pays est dévasté, d'un coup mes tentes sont détruites, mes abris, en un clin d'oeil. Jusques à quand verrai-je le signal, entendrai-je l'appel du cor? - C'est que mon peuple est stupide, ils ne me connaissent pas, ce sont des enfants sans réflexion, ils n'ont pas d'intelligence; ils sont sages pour faire le mal, mais ne savent pas faire le bien. J'ai regardé la terre: un chaos; les cieux: leur lumière a disparu. J'ai regardé les montagnes: elles tremblent, toutes les collines sont secouées. J'ai regardé: plus d'hommes; tous les oiseaux du ciel ont fui. J'ai regardé: le verger est un désert, toutes ses villes sont détruites devant Yahvé, devant l'ardeur de sa colère. Oui, ainsi parle Yahvé: Tout le pays sera désolé, mais je ne l'exterminerai pas totalement. A cause de cela, la terre sera en deuil et le ciel, là-haut, s'assombrira! Car j'ai parlé, j'ai décidé, je ne m'en repentirai ni n'en reviendrai. Devant la clameur du cavalier et de l'archer, toute la ville est en fuite: on s'enfonce dans les taillis, on escalade les rochers; toute ville est abandonnée, plus personne n'y habite. Et toi, la dévastée, que vas-tu faire? Même si tu t'habilles de pourpre, te pares de joyaux d'or et t'agrandis les yeux à force de fard, c'est en vain que tu te fais belle! Ceux qui étaient épris de toi te dédaignent, ils en veulent à ta vie. Oui, j'entends les cris comme d'une femme en travail, c'est comme l'angoisse de celle qui accouche; ce sont les cris de la fille de Sion qui s'essouffle et qui tend les mains: "Malheur à moi, je succombe sous les coups des meurtriers!" Parcourez les rues de Jérusalem, regardez donc, renseignez-vous, cherchez sur ses places si vous découvrez un homme, un qui pratique le droit, qui recherche la vérité: alors je pardonnerai à cette ville, dit Yahvé. Mais s'ils disent: "Par Yahvé vivant", c'est pour un mensonge qu'ils jurent. N'est-ce pas la vérité que tes yeux veulent voir, Yahvé? Tu les as frappés: ils n'ont rien senti. Tu les as exterminés: ils ont refusé la leçon. Ils ont rendu leur visage plus dur que le roc, ils ont refusé de se convertir. Je me disais: "Ce ne sont que de pauvres gens, ils agissent follement parce qu'ils ne connaissent pas la voie de Yahvé ni le droit de leur Dieu. J'irai donc vers les grands et je leur parlerai, car ils connaissent, eux, la voie de Yahvé et le droit de leur Dieu!" Or eux aussi ont brisé le joug, rompu les liens! Voilà pourquoi le lion de la forêt les attaque, le loup des steppes les dévaste, la panthère est aux aguets devant leurs villes: quiconque en sort est mis en pièces. C'est que leurs crimes sont nombreux, multiples leurs rébellions. Pourquoi te pardonnerais-je? Tes fils m'ont abandonné, jurant par des dieux qui n'en sont pas. Je les rassasiais et ils devenaient adultères; ils se précipitaient à la maison de la prostituée. Ce sont des chevaux repus et vagabonds, chacun hennit après la femme du voisin. Et je ne châtierais pas ces actions, - oracle de Yahvé - d'une nation comme celle-là je ne tirerais pas vengeance? Escaladez ses terrasses! Détruisez! Mais ne l'exterminez pas complètement! Arrachez ses sarments, car ils n'appartiennent pas à Yahvé! Oui, elles m'ont vraiment trahi, la maison d'Israël et la maison de Juda, oracle de Yahvé. Ils ont renié Yahvé, ils ont dits: "Il n'est pas! Aucun malheur ne nous atteindra, nous ne verrons ni épée ni famine! Quant aux prophètes, ils ne sont que du vent et la parole n'est pas en eux; que leur arrive tout cela!" C'est pourquoi, ainsi parle Yahvé, le Dieu Sabaot: Puisque vous avez parlé ainsi, moi je ferai de mes paroles un feu dans ta bouche, et de ce peuple du bois que ce feu dévorera. Moi, j'amènerai sur vous de très loin une nation, maison d'Israël - oracle de Yahvé. C'est une nation durable, c'est une nation très ancienne, une nation dont tu ne sais pas la langue et ne comprends pas ce qu'elle dit. Son carquois est un sépulcre béant; c'est une nation de héros. Elle dévorera ta moisson et ton pain, elle dévorera tes fils et tes filles, elle dévorera ton petit et ton gros bétail, elle dévorera ta vigne et ton figuier; par l'épée, elle viendra à bout de ces villes fortes en lesquelles tu mets ta confiance. Pourtant, même en ces jours-là - oracle de Yahvé - je ne vous exterminerai pas complètement. Et quand vous demanderez: "Pourquoi Yahvé, notre Dieu, nous a-t-il fait tout cela?" Tu leur répondras: "De même que vous m'avez abandonné pour servir en votre pays des dieux étrangers, de même vous servirez des étrangers en un pays qui n'est pas le vôtre." Faites cette annonce dans la maison de Jacob, proclamez-la dans Juda en ces termes: Ecoutez donc ceci, peuple stupide et sans cervelle! Avec leurs yeux ils ne voient rien, avec leurs oreilles ils n'entendent rien. Moi, ne me craindrez-vous pas? Oracle - de Yahvé - ne tremblerez-vous pas devant moi qui ai posé le sable pour limite à la mer, barrière éternelle qu'elle ne franchira point: ses flots s'agitent, mais sont impuissants, ils mugissent, mais ne la franchissent pas. Mais ce peuple possède un coeur dévoyé et rebelle; ils se sont dévoyés et ils s'en sont allés! Ils n'ont pas dit en leur coeur: "Craignons donc Yahvé notre Dieu, qui donne la pluie, celle de l'automne et celle du printemps, selon son temps, et qui nous réserve des semaines fixes pour la moisson." Vos fautes ont dérangé cet ordre, vos péchés ont écarté de vous ces biens. Oui, il se trouve en mon peuple des malfaisants, ils guettent comme des oiseleurs à l'affût; ils posent des pièges et ils attrapent des hommes. Telle une cage pleine d'oiseaux, ainsi leurs maisons sont-elles pleines de rapines; de la sorte ils sont devenus importants et riches, ils sont gras, ils sont reluisants, ils ont même passé la mesure du mal: ils ne respectent pas le droit, le droit des orphelins, pourtant ils réussissent! Ils n'ont pas rendu justice aux indigents, et je ne châtierais pas ces actions - oracle de Yahvé - ou d'une nation comme celle-là je ne tirerais pas vengeance? Des choses horribles, abominables, se passent dans ce pays: Les prophètes prophétisent le mensonge, les prêtres font du profit. Et mon peuple aime cela! Mais que ferez-vous quand viendra la fin? Fuyez, gens de Benjamin, du milieu de Jérusalem! A Teqoa sonnez du cor! Sur Bet-ha-Kérem dressez un signal! Car du Nord survient un malheur, un grand désastre. La belle, la délicate, je la détruis, la fille de Sion! Vers elle arrivent des pasteurs avec leurs troupeaux! Tout autour d'elle ils ont dressé des tentes, chacun broute sa part. Préparez contre elle le saint combat! Debout! Montons à l'assaut en plein midi! Malheur à nous! déjà le jour décline, les ombres du soir s'allongent. Debout! Montons de nuit à l'assaut, que nous détruisions ses palais! Car ainsi parle Yahvé Sabaot: Abattez des arbres, devant Jérusalem, construisez une levée: c'est la ville qui va recevoir ma visite, elle en qui il n'y a qu'oppression. Comme un puits qui fait sourdre son eau, ainsi fait-elle sourdre sa méchanceté. Violence et dévastation, voilà ce qu'on y entend; devant moi, constamment, maladies et blessures. Corrige-toi, Jérusalem, sinon mon âme se détournera de toi, sinon je te réduirai en solitude, en pays inhabité. Ainsi parle Yahvé Sabaot: On va grappiller, grappiller comme sur une vigne, ce qui reste d'Israël; repasse la main, comme le vendangeur sur les pampres! - A qui dois-je parler, devant qui témoigner pour qu'ils écoutent? Voici: leur oreille est incirconcise, ils ne peuvent pas être attentifs. Voici: la parole de Yahvé leur est un objet de raillerie, ils n'y ont plus goût. Je suis rempli de la colère de Yahvé, je suis las de la contenir! - Déverse-la donc sur l'enfant dans la rue, et aussi sur les réunions des jeunes gens. Ils seront pris, le mari comme la femme et le vieillard, l'homme plein de jours. Leurs maisons passeront à d'autres, leurs champs et leurs femmes ensemble. Oui, j'étendrai la main sur les habitants de ce pays - oracle de Yahvé! Car du plus petit au plus grand, tous sont avides de rapine; prophète comme prêtre, tous ils pratiquent le mensonge. Ils pansent à la légère la blessure de mon peuple en disant: "Paix! Paix!" alors qu'il n'y a point de paix. Les voilà dans la honte pour leurs actes abominables, mais déjà ils ne sentent plus la honte, ils ne savent même plus rougir. Aussi tomberont-ils parmi ceux qui tombent, ils trébucheront quand je les visiterai, dit Yahvé. Ainsi parle Yahvé: Arrêtez-vous sur les routes et voyez, renseignez-vous sur les chemins de jadis: quelle était la voie du bien? Suivez-la et vous trouverez le repos pour vos âmes. Mais ils ont dit: "Nous ne la suivrons pas!" Je vous ai installé des guetteurs: "Attention au signal du cor!" Mais ils ont dit: "Nous n'y prêterons pas attention!" Alors, nations, écoutez, assemblée, connais ce qui va leur arriver! Terre, écoute! Voici que j'amène un malheur sur ce peuple-là: c'est le fruit de leurs pensées, car ils n'ont pas fait attention à mes paroles et ils ont méprisé ma loi. Que m'importe l'encens importé de Sheba, le roseau odorant qui vient d'un lointain pays? Vos holocaustes ne me plaisent pas, vos sacrifices ne m'agréent pas. C'est pourquoi, ainsi parle Yahvé: Voici, je vais dresser devant ce peuple des obstacles où ils trébucheront. Père et fils, tous ensemble, voisin et ami, ils périront. Ainsi parle Yahvé: Voici qu'un peuple arrive du Nord, une grande nation se lève des confins de la terre; ils tiennent fermement l'arc et le javelot, ils sont barbares et impitoyables; leur bruit est comme le mugissement de la mer; ils montent des chevaux, ils sont prêts à combattre comme un seul homme contre toi, fille de Sion. Nous avons appris la nouvelle, nos mains ont défailli, l'angoisse nous a pris, une douleur comme pour celle qui enfante. Ne sortez pas dans la campagne, ne vous risquez pas sur les routes, car l'ennemi porte l'épée: terreur de tous côtés! Fille de mon peuple, revêts le sac, roule-toi dans la cendre, fais un deuil comme pour un fils unique, une lamentation amère, car soudain il arrive sur nous, le dévastateur. Je t'ai établi comme celui qui éprouve mon peuple, pour que tu connaisses et éprouves leur conduite. Tous, ils sont totalement rebelles, semeurs de calomnies, durs comme bronze et fer, ce sont tous des destructeurs. Le soufflet est haletant, pour que le plomb soit dévoré par le feu. Vainement le fondeur s'emploie à fondre, les scories ne se détachent point. "Argent de rebut", voilà comme on les nomme! Oui, Yahvé les a mis au rebut! Parole qui fut adressée à Jérémie de la part de Yahvé en ces termes: Tiens-toi à la porte du Temple de Yahvé, proclames-y cette parole et dis: Ecoutez la parole de Yahvé, vous tous les Judéens qui entrez par ces portes pour vous prosterner devant Yahvé. Ainsi parle Yahvé Sabaot, le Dieu d'Israël: Améliorez vos voies et vos oeuvres et je vous ferai demeurer en ce lieu. Ne vous fiez pas aux paroles mensongères: "C'est le sanctuaire de Yahvé, le sanctuaire de Yahvé, le sanctuaire de Yahvé!" Mais si vous améliorez réellement vos voies et vos oeuvres, si vous avez un vrai souci du droit, chacun avec son prochain, si vous n'opprimez pas l'étranger, l'orphelin et la veuve, si vous ne répandez pas le sang innocent en ce lieu et si vous n'allez pas, pour votre malheur, à la suite d'autres dieux, alors je vous ferai demeurer en ce lieu, dans le pays que j'ai donné à vos pères depuis toujours et pour toujours. Mais voici que vous vous fiez à des paroles mensongères, à ce qui est vain. Quoi! Voler, tuer, commettre l'adultère, se parjurer, encenser Baal, suivre des dieux étrangers que vous ne connaissez pas, puis venir se présenter devant moi en ce Temple qui porte mon nom, et dire: "Nous voilà en sûreté!" pour continuer toutes ces abominations! A vos yeux, est-ce un repaire de brigands, ce Temple qui porte mon nom? Moi, en tout cas, je vois clair, oracle de Yahvé! Allez donc au lieu qui fut le mien, à Silo: autrefois j'y fis habiter mon Nom; regardez ce que j'en ai fait, à cause de la perversité de mon peuple Israël. Et maintenant, puisque vous avez commis tous ces actes - oracle de Yahvé - puisque vous n'avez pas écouté quand je vous parlais instamment et sans me lasser, et que vous n'avez pas répondu à mes appels, je vais traiter ce Temple qui porte mon nom, et dans lequel vous placez votre confiance, ce lieu que j'ai donné à vous et à vos pères, comme j'ai traité Silo. Je vous rejetterai de devant moi comme j'ai rejeté tous vos frères, toute la race d'Ephraïm. Et toi, n'intercède pas pour ce peuple-là, n'élève en leur faveur ni plainte ni prière, n'insiste pas auprès de moi, car je ne veux pas t'écouter. Tu ne vois donc pas ce qu'ils font dans les villes de Juda et dans les rues de Jérusalem? Les fils ramassent le bois, les pères allument le feu, les femmes pétrissent la pâte pour faire des gâteaux à la Reine du Ciel; et puis on verse des libations à des dieux étrangers pour me blesser. Est-ce bien moi qu'ils blessent - oracle de Yahvé - n'est-ce pas plutôt eux-mêmes pour leur propre honte? C'est pourquoi, ainsi parle le Seigneur Yahvé: Voici, ma colère, ma fureur va se déverser sur ce lieu, sur les hommes et le bétail, sur les arbres de la campagne et les fruits du sol; elle va brûler sans s'éteindre. Ainsi parle Yahvé Sabaot, le Dieu d'Israël: Ajoutez vos holocaustes à vos sacrifices et mangez-en la chair! Car je n'ai rien dit ni prescrit à vos pères, quand je les fis sortir du pays d'Egypte, concernant l'holocauste et le sacrifice. Mais voici ce que je leur ai ordonné: Ecoutez ma voix, alors je serai votre Dieu et vous serez mon peuple. Suivez en tout la voie que je vous prescris pour votre bonheur. Mais ils n'ont pas écouté ni prêté l'oreille; ils ont marché selon leurs desseins, dans l'obstination de leur coeur mauvais, tournés vers l'arrière et non vers l'avant. Depuis le jour où vos pères sont sortis du pays d'Egypte jusqu'à aujourd'hui, je vous ai envoyé tous mes serviteurs, les prophètes; chaque jour je les ai envoyés, sans me lasser. Mais ils ne m'ont pas écouté, ils n'ont pas prêté l'oreille, ils ont raidi leur nuque, ils ont été pires que leurs pères. Tu leur diras toutes ces paroles: ils ne t'écouteront pas. Tu les appelleras: ils ne te répondront pas. Tu leur diras: Voilà la nation qui n'écoute pas la voix de Yahvé son Dieu et ne se laisse pas instruire. La fidélité n'est plus: elle a disparu de leur bouche. Coupe tes longs cheveux, jette-les. Entonne sur les monts chauves une complainte. Car Yahvé a dédaigné et repoussé la génération qui le met en fureur! Oui, les fils de Juda ont fait ce qui me déplaît - oracle de Yahvé. Ils ont installé leurs Horreurs dans le Temple qui porte mon nom, pour le souiller; ils ont construit les hauts lieux de Tophèt dans la vallée de Ben-Hinnom, pour brûler leurs fils et leurs filles, ce que je n'avais point ordonné, à quoi je n'avais jamais songé. Aussi voici venir des jours - oracle de Yahvé - où l'on ne dira plus Tophèt ni vallée de Ben-Hinnom, mais vallée du Carnage. On enterrera alors à Tophèt, faute de place; les cadavres de ce peuple serviront de pâture aux oiseaux du ciel et aux bêtes de la terre, que nul ne chassera. Je ferai cesser dans les villes de Juda et dans les rues de Jérusalem les cris de joie et les cris d'allégresse, les appels du fiancé et de la fiancée, car le pays ne sera plus qu'une ruine. En ce temps-là - oracle de Yahvé - on tirera de leurs tombes les ossements des rois de Juda, les ossements de ses princes, les ossements des prêtres, les ossements des prophètes et les ossements des habitants de Jérusalem. On les étalera devant le soleil, la lune et toute l'armée du ciel, qu'ils ont aimés et servis, suivis et consultés, devant lesquels ils se sont prosternés. Ils ne seront ni recueillis ni enterrés; ils resteront sur le sol en guise de fumier. Et la mort vaudra mieux que la vie pour tous ceux qui resteront de cette race perverse, en tous lieux où je les aurai chassés, oracle de Yahvé Sabaot. Tu leur diras: Ainsi parle Yahvé. Fait-on une chute sans se relever? Se détourne-t-on sans retour? Pourquoi ce peuple-là est-il rebelle, pourquoi Jérusalem est-elle continuellement rebelle? Ils tiennent fermement à la tromperie, ils refusent de se convertir. J'ai écouté attentivement: ils ne parlent pas dans ce sens-là. Nul ne déplore sa méchanceté en disant: "Qu'ai-je fait?" Tous retournent à leur course, tel un cheval qui fonce au combat. Même la cigogne dans le ciel connaît sa saison, la tourterelle, l'hirondelle et la grue observent le temps de leur migration. Mais mon peuple ne connaît pas le droit de Yahvé! Comment pouvez-vous dire: "Nous sommes sages et la Loi de Yahvé est avec nous!" Vraiment c'est en mensonge que l'a changée le calame mensonger des scribes! Les sages seront honteux, consternés et pris au piège. Voilà qu'ils ont méprisé la parole de Yahvé! Qu'est donc la sagesse pour eux? Aussi donnerai-je leurs femmes à d'autres, leurs champs à de nouveaux maîtres. Car du plus petit au plus grand, tous sont avides de rapines; prophète comme prêtre, tous ils pratiquent le mensonge. Ils pansent à la légère la blessure de la fille de mon peuple, en disant: "Paix! Paix!" alors qu'il n'y a point de paix. Les voilà dans la honte par leurs actes abominables, mais déjà ils ne sentent plus la honte, ils ne savent plus rougir. Aussi tomberont-ils parmi ceux qui tombent, ils trébucheront quand je les visiterai, dit Yahvé. Je vais les supprimer - oracle de Yahvé - plus de raisins à la vigne, plus de figues au figuier, même le feuillage se flétrit: je leur ai fourni des gens qui les piétinent! - "Pourquoi restons-nous tranquilles? Rassemblement! Gagnons nos villes fortifiées pour y être réduits au silence, puisque Yahvé notre Dieu nous réduit au silence et nous abreuve d'eau empoisonnée, parce que nous avons péché contre lui. Nous espérions la paix: rien de bon! le temps de la guérison: voici l'épouvante! Depuis Dan on perçoit le hennissement de ses chevaux; au cri retentissant de ses étalons toute la terre est ébranlée: ils viennent dévorer le pays et ses biens, la ville et ses habitants" - Oui, voici que j'envoie contre vous des serpents venimeux, contre lesquels il n'existe pas de charme, et ils vous mordront, oracle de Yahvé. Sans remède, la peine m'envahit, le coeur me manque. Voici l'appel au secours de la fille de mon peuple, depuis une terre aux vastes étendues. "Yahvé n'est donc plus en Sion? Son Roi n'y est-il plus? (Pourquoi m'ont-ils irrité par leurs idoles, par ces vanités venues de l'étranger?) La moisson est passée, l'été est fini, et nous ne sommes pas sauvés!" De la blessure de la fille de mon peuple je suis blessé, je reste accablé, l'épouvante me tient. N'y a-t-il plus de baume en Galaad? N'y a-t-il là aucun médecin? Oui, pourquoi ne fait-elle aucun progrès, la guérison de la fille de mon peuple? Qui changera ma tête en fontaine et mes yeux en source de larmes, que je pleure jour et nuit les tués de la fille de mon peuple! Qui me fournira au désert un gîte de voyageurs, que je puisse quitter mon peuple et loin d'eux m'en aller? Car tous ils sont des adultères, un ramassis de traîtres. Ils bandent leur langue comme un arc; c'est le mensonge et non la vérité qui prévaut en ce pays. Oui, ils vont de crime en crime, mais moi, ils ne me connaissent pas, oracle de Yahvé! Que chacun soit en garde contre son ami, méfiez-vous de tout frère; car tout frère ne pense qu'à supplanter, tout ami répand la calomnie. Chacun dupe son ami, ils ne disent pas la vérité, ils ont habitué leur langue à mentir, ils se fatiguent à mal agir. Tu habites au milieu de la mauvaise foi! C'est par mauvaise foi qu'ils refusent de me connaître, oracle de Yahvé! C'est pourquoi, ainsi parle Yahvé Sabaot: Voici, je vais les épurer et les éprouver, rien d'autre à faire pour la fille de mon peuple! Leur langue est une flèche meurtrière, leurs paroles sont de mauvaise foi; de bouche, on souhaite à son prochain la paix, mais de coeur on lui prépare un piège. Et pour ces actions je ne les châtierais pas? - oracle de Yahvé - D'une pareille nation je ne tirerais pas vengeance? Sur les montagnes, j'élève plaintes et lamentations, sur les pacages du désert, une complainte. Car ils sont incendiés, nul n'y passe, on n'y entend plus les cris des troupeaux. Depuis les oiseaux du ciel jusqu'au bétail, tout a fui, tout a disparu. - Je vais faire de Jérusalem un tas de pierres, un repaire de chacals; des villes de Juda une solitude où nul n'habite. Quel est le sage qui comprendra ces événements? A qui la bouche de Yahvé a-t-elle parlé pour qu'il l'annonce? Pourquoi le pays est-il perdu, incendié comme le désert où nul ne passe? Yahvé dit: C'est qu'ils ont abandonné ma Loi, que je leur avais donnée; ils n'ont pas écouté ma voix, ils ne l'ont pas suivie; mais ils ont suivi l'obstination de leur coeur, ils ont suivi les Baals que leur pères leur avaient fait connaître. C'est pourquoi, ainsi parle Yahvé Sabaot, le Dieu d'Israël: Voici, je vais lui donner, à ce peuple, de l'absinthe à manger et de l'eau empoisonnée à boire. Je les disperserai parmi les nations inconnues d'eux comme de leurs pères; et j'enverrai l'épée à leur poursuite, jusqu'à ce que je les aie exterminés. Ainsi parle Yahvé Sabaot: Pensez à appeler les pleureuses, qu'elles viennent! Envoyez chercher les plus habiles, qu'elles arrivent! Vite, qu'elles entonnent sur nous une lamentation! Que nos yeux versent des larmes, que nos paupières laissent ruisseler de l'eau! Oui, une lamentation se fait entendre de Sion: "Ah! Nous sommes ruinés, couverts de honte! car il nous faut quitter le pays, on a démoli nos demeures." Femmes, écoutez donc la parole de Yahvé, que votre oreille reçoive sa parole; apprenez à vos filles cette lamentation, enseignez-vous l'une à l'autre cette complainte: "La mort a grimpé par nos fenêtres, elle est entrée dans nos palais, elle a fauché l'enfant dans la rue, les jeunes gens sur les places. Parle! Tel est l'oracle de Yahvé: Les cadavres des hommes gisent comme du fumier en plein champ, comme une gerbe derrière le moissonneur, et personne pour la ramasser!" Ainsi parle Yahvé: Que le sage ne se glorifie pas de sa sagesse, que le vaillant ne se glorifie pas de sa vaillance, que le riche ne se glorifie pas de sa richesse! Mais qui veut se glorifier, qu'il trouve sa gloire en ceci: avoir de l'intelligence et me connaître, car je suis Yahvé qui exerce la bonté, le droit et la justice sur la terre. Oui, c'est en cela que je me complais, oracle de Yahvé! Voici venir des jours - oracle de Yahvé - où je visiterai tout circoncis qui ne l'est que dans sa chair: l'Egypte, Juda, Edom, les fils d'Ammon, Moab et tous les hommes aux tempes rasées qui habitent dans le désert. Car toutes ces nations-là, et aussi toute la maison d'Israël, ont le coeur incirconcis! Ecoutez la parole que Yahvé vous adresse, maison d'Israël! Ainsi parle Yahvé: N'apprenez pas la voie des nations, ne soyez pas terrifiés par les signes du ciel, même si les nations en éprouvent de la terreur. Oui, les coutumes des peuples ne sont que vanité; ce n'est que du bois coupé dans une forêt, travaillé par le sculpteur, ciseau en main, puis enjolivé d'argent et d'or. Avec des clous, à coups de marteau, on le fixe, pour qu'il ne bouge pas. Comme un épouvantail dans un champ de concombres, ils ne parlent pas; il faut les porter, car ils ne marchent pas! N'en ayez pas peur: ils ne peuvent faire de mal, et de bien, pas davantage. Nul n'est comme toi, Yahvé, tu es grand, ton Nom est grand dans sa puissance. Qui ne te craindrait, roi des nations? C'est bien cela qui te convient! Car parmi tous les sages des nations et dans tous leurs royaumes, nul n'est comme toi. Tous tant qu'ils sont, ils sont bêtes, stupides: l'instruction que donnent les Vanités, c'est du bois! c'est de l'argent en feuilles, importé de Tarsis, c'est de l'or d'Ophir, une oeuvre de sculpteur ou d'orfèvre; on les revêt de pourpre violette et écarlate, ce sont tous oeuvre d'artisan. Mais Yahvé est le Dieu véritable, il est le Dieu vivant et le Roi éternel. Quand il s'irrite, la terre tremble, les nations ne peuvent soutenir sa colère. (Voici ce que vous direz d'eux: "Les dieux qui n'ont pas fait le ciel et la terre seront exterminés de la terre et de dessous le ciel.)" Il a fait la terre par sa puissance, établi le monde par sa sagesse et par son intelligence étendu les cieux. Quand il donne de la voix, c'est un mugissement d'eaux dans le ciel; il fait monter les nuages du bout de la terre, il produit les éclairs pour l'averse et tire le vent de ses réservoirs. Alors tout homme se tient stupide, sans comprendre, chaque orfèvre rougit de ses idoles; ce qu'il a coulé n'est que mensonge, en elles, pas de souffle! Elles sont vanité, oeuvre ridicule; au temps de leur châtiment, elles disparaîtront. La Part de Jacob n'est pas comme elles, car il a façonné l'univers et Israël est la tribu de son héritage. Son nom est Yahvé Sabaot. Ramasse à terre ton bagage, toi l'assiégée! Car ainsi parle Yahvé: Voici, je vais lancer au loin les habitants du pays, cette fois-ci, et les mettre dans l'angoisse pour qu'ils me trouvent. - "Malheur à moi! Quelle blessure! ma plaie est inguérissable. Et moi qui disais: ce n'est que cela ma souffrance? Je la supporterai! Or ma tente est détruite, toutes mes cordes sont coupées. Mes fils m'ont quitté: ils ne sont plus; plus personne pour remonter ma tente, pour tendre mes toiles" - C'est que les pasteurs furent stupides: ils n'ont pas cherché Yahvé. Aussi n'ont-ils point réussi et tout le troupeau a été dispersé. Un bruit se fait entendre! Le voici! Un grand vacarme vient du pays du Nord pour réduire les villes de Juda en solitude, en repaire de chacals. Je le sais, Yahvé, la voie des humains n'est pas en leur pouvoir, et il n'est pas donné à l'homme qui marche de diriger ses pas! Corrige-moi, Yahvé, mais dans une juste mesure, sans t'irriter, pour ne pas trop me réduire. Déverse ta fureur sur les nations qui ne te connaissent pas, et sur les familles qui n'invoquent pas ton nom. Car elles ont dévoré Jacob, elles l'ont dévoré et achevé, elles ont dévasté son domaine. Parole qui fut adressée à Jérémie de la part de Yahvé: Ecoutez les paroles de cette alliance; vous les direz aux hommes de Juda et aux habitants de Jérusalem. Tu leur diras: Ainsi parle Yahvé, le Dieu d'Israël. Maudit soit l'homme qui n'écoute pas les paroles de cette alliance que j'ai prescrite à vos pères le jour où je les tirai du pays d'Egypte, de cette fournaise pour le fer. Je leur dis: Ecoutez ma voix et conformez-vous à tout ce que je vous ordonne; alors vous serez mon peuple et moi je serai votre Dieu, pour accomplir le serment que j'ai fait à vos pères, de leur donner une terre qui ruisselle de lait et de miel, comme c'est le cas aujourd'hui même. Et je répondis: Amen, Yahvé! Et Yahvé me dit: Dans les villes de Juda et les rues de Jérusalem, proclame toutes ces paroles en disant: Ecoutez les paroles de cette alliance et observez-les. Car j'ai instamment averti vos pères, quand je les fis monter du pays d'Egypte, et jusqu'aujourd'hui même, sans me lasser je les ai avertis en disant: Ecoutez ma voix! Or on n'a pas écouté ni prêté l'oreille; chacun a suivi l'obstination de son coeur mauvais. Alors j'ai accompli contre eux toutes les paroles de cette alliance, que je leur avais ordonné d'observer et qu'ils n'ont pas observées. Yahvé me dit: On s'est vraiment donné le mot chez les gens de Juda et chez les habitants de Jérusalem! Ils sont retournés aux fautes de leurs pères qui refusèrent d'écouter mes paroles: les voilà, eux aussi, à la suite d'autres dieux pour les servir. La maison d'Israël et la maison de Juda ont rompu mon alliance que j'avais conclue avec leurs pères. C'est pourquoi, ainsi parle Yahvé: Voici, je vais leur amener un malheur auquel ils ne pourront échapper; ils crieront vers moi et je ne les écouterai pas. Alors les villes de Juda et les habitants de Jérusalem iront crier vers les dieux qu'ils encensent, mais ces dieux ne pourront absolument pas les sauver au temps de leur malheur! Car aussi nombreux que tes villes, sont tes dieux, ô Juda! Et autant Jérusalem a de rues, autant vous avez érigé d'autels pour la Honte, des autels qui fument pour Baal! Quant à toi, n'intercède pas pour ce peuple-là, n'élève en leur faveur ni plainte ni prière. Car je ne veux pas écouter, quand ils crieront vers moi à cause de leur malheur! Que vient faire en ma Maison ma bien-aimée? Elle a accompli ses mauvais desseins. Est-ce que les voeux et la viande sacrée te débarrasseront de ton mal, pour que tu puisses exulter? "Olivier verdoyant orné de fruits superbes", ainsi Yahvé t'avait nommée. Avec un bruit fracassant il y a mis le feu, ses rameaux sont atteints. Et Yahvé Sabaot qui t'avait plantée a décrété contre toi le malheur à cause du mal que se sont fait la maison d'Israël et la maison de Juda en m'irritant, en encensant Baal. Yahvé me l'a fait savoir et je l'ai su; tu m'as alors montré leurs agissements. Et moi, comme un agneau confiant qu'on mène à l'abattoir, j'ignorais qu'ils tramaient contre moi des machinations: "Détruisons l'arbre dans sa vigueur, arrachons-le de la terre des vivants, qu'on ne se souvienne plus de son nom!" Yahvé Sabaot, qui juges avec justice, qui scrutes les reins et les coeurs, je verrai ta vengeance contre eux, car c'est à toi que j'ai exposé ma cause. C'est pourquoi, ainsi parle Yahvé Sabaot contre les gens d'Anatot qui en veulent à ma vie et qui me disent: "Tu ne prophétiseras pas au nom de Yahvé, sinon tu mourras de notre main" - c'est pourquoi, ainsi parle Yahvé: Voici que je vais les visiter. Leurs jeunes gens mourront par l'épée, leurs fils et leurs filles par la famine. Il n'en restera aucun quand j'amènerai le malheur sur les gens d'Anatot, l'année de leur châtiment. Tu es trop juste, Yahvé, pour que j'entre en contestation avec toi. Cependant je parlerai avec toi de questions de droit: Pourquoi la voie des méchants est-elle prospère? Pourquoi tous les traîtres sont-ils en paix? Tu les plantes, ils s'enracinent, ils vont bien, ils portent du fruit. Tu es près de leur bouche, mais loin de leurs reins. Mais toi, Yahvé, tu me connais, tu me vois, tu éprouves mon coeur qui est avec toi. Enlève-les comme des brebis pour l'abattoir, consacre-les pour le jour du massacre. (Jusques à quand le pays sera-t-il en deuil et l'herbe de toute la campagne desséchée? C'est par la perversité de ses habitants que périssent bêtes et oiseaux.) Car ils disent: Dieu ne voit pas notre destinée. - Si la course avec des piétons t'épuise, comment lutteras-tu avec des chevaux? Dans un pays en paix tu te sens en sécurité, mais que feras-tu dans les halliers du Jourdain? Car même tes frères et la maison de ton père, même eux te trahiront! Même eux crieront après toi à pleine voix. N'aie pas confiance en eux quand ils te diront de bonnes paroles! J'ai abandonné ma maison, quitté mon héritage; ce que je chérissais, je l'ai livré aux mains de ses ennemis. Mon héritage s'est comporté envers moi comme un lion de la brousse, il a poussé contre moi ses rugissements, aussi l'ai-je pris en aversion. Mon héritage serait-il un rapace bigarré, que les rapaces l'encerclent de toutes parts? Allez! Rassemblez toutes les bêtes sauvages, faites-les venir à la curée! Des pasteurs en grand nombre ont saccagé ma vigne, piétiné mon domaine, réduit mon domaine préféré en solitude désertique. Ils en ont fait une région désolée, en deuil, désolée devant moi. Tout le pays est désolé et personne ne prend cela à coeur! Sur tous les monts chauves du désert sont arrivés des dévastateurs (car Yahvé tient une épée dévorante): d'un bout du pays jusqu'à l'autre il n'y a de paix pour aucune chair. Ils ont semé du blé, ils moissonnent des épines: ils se sont épuisés sans profit. Ils ont honte de leurs récoltes, à cause de l'ardente colère de Yahvé. Ainsi parle Yahvé: C'est au sujet de tous mes mauvais voisins, qui ont touché à l'héritage que j'avais donné à mon peuple Israël; voici, je vais les arracher de leur sol. (Mais la maison de Juda, je l'arracherai du milieu d'eux.) Mais, après les avoir arrachés, à nouveau j'en aurai pitié et je les ramènerai chacun en son héritage, chacun en son pays. Et s'ils apprennent avec soin les voies de mon peuple, de façon à jurer par mon nom: "Par Yahvé Vivant", comme ils ont appris à mon peuple à jurer par Baal, alors ils seront établis au milieu de mon peuple. Mais s'ils ne veulent pas écouter, j'arracherai une telle nation et je l'exterminerai, oracle de Yahvé. Ainsi me parla Yahvé: "Va t'acheter une ceinture de lin et mets-la sur tes reins. Mais ne la trempe pas dans l'eau." J'achetai une ceinture, selon l'ordre de Yahvé, et je la mis sur mes reins. Une deuxième fois, la parole de Yahvé me fut adressée: "Prends la ceinture que tu as achetée et que tu portes sur les reins. Lève-toi, va à l'Euphrate et cache-la dans la fente d'un rocher." J'allai donc la cacher vers l'Euphrate comme Yahvé me l'avait ordonné. Bien des jours s'étaient écoulés, quand Yahvé me dit: "Lève-toi, va à l'Euphrate et reprends-y la ceinture que je t'avais ordonné d'y cacher." J'allai à l'Euphrate, je cherchai et je retirai la ceinture du lieu où je l'avais cachée. Et voici qu'elle était détruite, inutilisable. Alors la parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: "Ainsi parle Yahvé. C'est ainsi que je détruirai l'orgueil de Juda, l'immense orgueil de Jérusalem. Ce peuple mauvais, ces gens qui refusent d'écouter mes paroles, qui suivent l'obstination de leur coeur et courent après d'autres dieux pour les servir et se prosterner devant eux - ce peuple deviendra comme cette ceinture, inutilisable. Car, de même qu'une ceinture s'attache aux reins d'un homme, ainsi m'étais-je attaché toute la maison d'Israël, toute la maison de Juda - oracle de Yahvé - pour qu'elles soient mon peuple, mon renom, mon honneur et ma splendeur. Mais elles n'ont pas écouté." Tu leur diras aussi cette parole: Ainsi parle Yahvé, le Dieu d'Israël. "Toute cruche peut se remplir de vin!" Et s'ils te répondent: "Ne savons-nous pas que toute cruche peut se remplir de vin?" Tu leur diras: "Ainsi parle Yahvé. Voici que je vais remplir d'ivresse tous les habitants de ce pays, les rois qui occupent le trône de David, les prêtres et les prophètes, et tous les habitants de Jérusalem. Puis je les casserai l'un contre l'autre, pères et fils pêle-mêle - oracle de Yahvé. Sans pitié, sans merci, sans m'attendrir, je les détruirai." Ecoutez, tendez l'oreille, plus d'orgueil: c'est Yahvé qui parle! Rendez gloire à Yahvé votre Dieu, avant que ne viennent les ténèbres, avant que vos pieds ne se heurtent aux montagnes de la nuit. Vous comptez sur la lumière, mais il la réduira en obscurité, il la changera en ombre épaisse. Si vous n'écoutez pas cet avertissement, je pleurerai en secret pour votre orgueil; mes yeux laisseront couler des larmes, ils verseront des larmes, car le troupeau de Yahvé part en captivité. Dis au roi et à la reine-mère: Asseyez-vous bien bas, car elle est tombée de votre tête, votre couronne de splendeur. Les villes du Négeb sont bloquées: personne n'y donne accès! Tout Juda est déporté, déporté tout entier. Lève les yeux et regarde ceux qui arrivent du Nord. Où est-il le troupeau qui te fut confié, les brebis qui faisaient ta splendeur? Que diras-tu quand ils viendront te châtier, toi qui les avais formés? Contre toi, en tête, viendront les familiers; alors les douleurs ne vont-elles pas te saisir comme une femme en travail? Et si tu dis en ton coeur: Pourquoi de tels malheurs m'arrivent-ils? C'est pour l'immensité de ta faute qu'on t'a relevé les robes, qu'on t'a violentée. Un Ethiopien peut-il changer de peau? Une panthère de pelage? Et vous, pouvez-vous bien agir, vous les habitués du mal? Je vous disperserai donc comme paille légère au souffle du désert. Tel est ton lot, la part qui t'est allouée. Cela vient de moi - oracle de Yahvé - puisque c'est moi que tu as oublié en te confiant au Mensonge. Moi-même je remonte tes robes jusqu'à ton visage, pour qu'on voie ton ignominie. Oh! Tes adultères et tes cris de plaisir, ta honteuse prostitution! Sur les collines et dans la campagne j'ai vu tes Horreurs. Malheur à toi, Jérusalem, qui restes impure! Combien de temps encore? Parole de Yahvé qui fut adressée à Jérémie à l'occasion de la sécheresse. Juda est dans le deuil et ses villes languissent: elles s'abîment vers la terre, le cri de Jérusalem s'élève. Les riches envoient les petites gens chercher de l'eau: Ils arrivent aux citernes, ils ne trouvent point d'eau, ils reviennent avec leurs cruches vides. Ils sont honteux et humiliés et se voilent la tête. Parce que le sol est tout crevassé, car la pluie manque au pays, les laboureurs, honteux, se voilent la tête. Même la biche, dans la campagne, a mis bas et abandonné son petit, tant l'herbe fait défaut; les onagres, dressés sur les hauteurs, hument l'air comme des chacals: leurs yeux s'obscurcissent faute de verdure. Si nos fautes parlent contre nous, agis, Yahvé, pour l'honneur de ton Nom! Oui, nombreuses furent nos rébellions, nous avons péché contre toi. Espoir d'Israël, Yahvé, son Sauveur en temps de détresse, pourquoi es-tu comme un étranger en ce pays, comme un voyageur qui fait un détour pour la nuit? Pourquoi ressembles-tu à un homme hébété, à un guerrier incapable de sauver? Pourtant tu es au milieu de nous, Yahvé, et nous sommes appelés par ton nom. Ne nous délaisse pas! Ainsi parle Yahvé au sujet de ce peuple: Ils aiment courir en tous sens, ils n'épargnent point leurs jambes! Mais Yahvé ne les agrée pas; maintenant il va se souvenir de leur faute et châtier leur péché. Et Yahvé me dit: "N'intercède pas en faveur de ce peuple, pour son bonheur. Même s'ils jeûnent, je n'écouterai pas leur supplication; même s'ils présentent holocaustes et oblations, je ne les agréerai pas, mais par l'épée, la famine et la peste je veux les exterminer." Et je répondis: "Ah! Seigneur Yahvé! Voici que les prophètes leur disent: vous ne verrez pas l'épée, la famine ne vous atteindra pas; mais je vous octroierai une paix véritable en ce lieu." Alors Yahvé me dit: "C'est le mensonge que ces prophètes prophétisent en mon nom; je ne les ai pas envoyés, je ne leur ai rien ordonné, je ne leur ai point parlé. Visions de mensonge, divinations creuses, rêveries de leur coeur, voilà ce qu'ils vous prophétisent. C'est pourquoi, ainsi parle Yahvé: Ces prophètes qui prophétisent en mon nom, alors que je ne les ai pas envoyés, et qui racontent qu'il n'y aura en ce pays ni épée ni famine, eh bien! c'est par épée et famine qu'ils disparaîtront, ces prophètes-là! Quant aux gens à qui ils prophétisent, ils seront jetés dans les rues de Jérusalem, victimes de la famine et de l'épée; il n'y aura personne pour les enterrer, ni eux, ni leurs femmes, ni leurs fils, ni leurs filles. Je verserai sur eux leur méchanceté!" Tu leur diras cette parole: Que mes yeux versent des larmes, jour et nuit sans tarir, car d'une grande blessure est blessée la vierge fille de mon peuple, d'une plaie très grave. Si je sors dans la campagne, voici des victimes de l'épée; si je rentre dans la ville, voici des torturés par la faim; tant le prophète que le prêtre sillonnent le pays: ils ne comprennent plus! - As-tu pour de bon rejeté Juda? Ou es-tu dégoûté de Sion? Pourquoi nous avoir frappés sans aucune guérison? Nous attendions la paix: rien de bon! Le temps de la guérison: voici l'épouvante! Nous connaissons, Yahvé, notre impiété, la faute de nos pères: oui, nous avons péché contre toi. Pour l'honneur de ton Nom, cesse de rejeter. Ne déshonore point le trône de ta gloire. Souviens-toi, ne romps pas ton alliance avec nous. Parmi les Vanités des païens, en est-il qui fassent pleuvoir? Est-ce le ciel qui donne l'ondée? N'est-ce pas toi, Yahvé, notre Dieu? En toi nous espérons, car c'est toi qui fais tout cela. Yahvé me dit: Même si Moïse et Samuel se tenaient devant moi, je n'aurais pas pitié de ce peuple-là! Chasse-les loin de moi: qu'ils s'en aillent! Et s'ils te disent: Où aller? Tu leur répondras: Ainsi parle Yahvé: Qui est pour la peste, à la peste! qui est pour l'épée, à l'épée! qui est pour la famine, à la famine! qui est pour la captivité, à la captivité! Je vais préposer sur eux quatre sortes de choses - oracle de Yahvé -: l'épée pour tuer; les chiens pour traîner; les oiseaux du ciel et les bêtes de la terre pour dévorer et détruire. Je ferai d'eux un objet d'épouvante pour tous les royaumes de la terre, à cause de Manassé, fils d'Ezéchias et roi de Juda, pour ce qu'il a fait à Jérusalem. Qui donc a compassion de toi, Jérusalem? Qui donc te plaint? Qui donc fait un détour pour demander comment tu vas? Toi-même m'as repoussé - oracle de Yahvé - tu m'as tourné le dos. Alors, j'ai étendu la main contre toi et t'ai détruite: Je suis fatigué de consoler! Avec un van je les ai vannés, aux portes du pays. J'ai dépeuplé, j'ai anéanti mon peuple; de leurs voies, ils ne se détournent pas. Leurs veuves sont devenues plus nombreuses que le sable de la mer. Sur la mère du jeune guerrier, j'amène le dévastateur en plein midi, je fais tomber sur elle, soudain, terreur et épouvante. Elle languit, la mère de sept fils, elle défaille. Son soleil s'est couché avant la fin du jour: la voilà honteuse et consternée; et ce qui reste d'eux, je le livrerai à l'épée, face à leurs ennemis, oracle de Yahvé. Malheur à moi, ma mère, car tu m'as enfanté homme de querelle et de discorde pour tout le pays! Jamais je ne prête ni n'emprunte, pourtant tout le monde me maudit. En vérité, Yahvé, ne t'ai-je pas servi de mon mieux? Ne t'ai-je pas supplié au temps du malheur et de la détresse? Le fer brisera-t-il le fer du Nord et le bronze? Ta richesse et tes trésors, je vais les livrer au pillage, sans contrepartie, à cause de tous les péchés, sur tout ton territoire. Je te rendrai esclave de tes ennemis dans un pays que tu ne connais pas, car ma fureur a allumé un feu qui va brûler sur vous. Toi, tu le sais, Yahvé! Souviens-toi de moi, visite-moi et venge-moi de mes persécuteurs. Dans la lenteur de ta colère ne m'entraîne pas. Reconnais que je subis l'opprobre pour ta cause. Quand tes paroles se présentaient, je les dévorais: ta parole était mon ravissement et l'allégresse de mon coeur. Car c'est ton Nom que je portais, Yahvé, Dieu Sabaot. Jamais je ne m'asseyais dans une réunion de railleurs pour m'y divertir. Sous l'emprise de ta main, je me suis tenu seul, car tu m'avais empli de colère. Pourquoi ma souffrance est-elle continue, ma blessure incurable, rebelle aux soins? Vraiment tu es pour moi comme un ruisseau trompeur aux eaux décevantes! Alors Yahvé répondit: Si tu reviens, et que je te fais revenir, tu te tiendras devant moi. Si de ce qui est vil tu tires ce qui est noble, tu seras comme ma bouche. Eux reviendront vers toi, mais toi, tu n'as pas à revenir vers eux! Je ferai de toi, pour ce peuple-là, un rempart de bronze fortifié. Ils lutteront contre toi mais ne pourront rien contre toi, car je suis avec toi pour te sauver et te délivrer, oracle de Yahvé. Je veux te délivrer de la main des méchants et te racheter de la poigne des violents. La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Ne prends pas femme; tu n'auras en ce lieu ni fils ni fille! Car ainsi parle Yahvé à propos des fils et des filles qui vont naître en ce lieu, des mères qui les enfanteront et des pères qui les engendreront en ce pays: Ils mourront de maladies mortelles, sans être pleurés ni enterrés; ils serviront de fumier sur le sol; ils finiront par l'épée et la famine, et leurs cadavres seront la pâture des oiseaux du ciel et des bêtes sauvages. Oui, ainsi parle Yahvé: N'entre pas dans une maison où l'on fait le deuil, ne vas pas pleurer ni plaindre les gens, car j'ai retiré ma paix de ce peuple - oracle de Yahvé - ainsi que la pitié et la miséricorde. Grands et petits mourront en ce pays sans être enterrés ni pleurés; pour eux, on ne se fera ni incisions ni tonsure. On ne rompra pas le pain pour qui est dans le deuil, pour le consoler au sujet d'un mort; on ne lui offrira pas la coupe de consolation pour son père ou sa mère. N'entre pas non plus dans une maison où l'on festoie, pour t'asseoir avec eux à manger et à boire. Car ainsi parle Yahvé Sabaot, le Dieu d'Israël: Voici, je vais faire taire ici, sous vos yeux et de vos jours, les cris de joie et d'allégresse, les chants du fiancé et de la fiancée. Quand tu auras annoncé à ce peuple toutes ces paroles et qu'on te demandera: "Pourquoi Yahvé a-t-il proclamé contre nous tout cet immense malheur? Quelle est notre faute? Quel péché avons-nous commis contre Yahvé notre Dieu?" Alors tu leur répondras: "C'est que vos pères m'ont abandonné - oracle de Yahvé - ils ont suivi d'autres dieux, les servant et se prosternant devant eux. Et moi, ils m'ont abandonné, ils n'ont pas gardé ma Loi! Et vous, vous avez agi plus mal que vos pères. Voici, chacun de vous se conduit selon l'obstination de son coeur mauvais, sans m'écouter. Je vous jetterai donc hors de ce pays, dans un pays inconnu de vous et de vos pères; là vous servirez d'autres dieux, jour et nuit, car je ne vous ferai plus grâce." Aussi, voici venir des jours - oracle de Yahvé - où l'on ne dira plus: "Yahvé est vivant, qui a fait monter les Israélites du pays d'Egypte", mais: "Yahvé est vivant, qui a fait monter les Israélites du pays du Nord et de tous les pays où il les avait dispersés!" Je les ramènerai sur la terre que j'avais donnée à leurs pères! Voici: Je vais envoyer quantité de pêcheurs - oracle de Yahvé - qui les pêcheront; puis j'enverrai quantité de chasseurs qui les chasseront de toute montagne, de toute colline et des creux des rochers. Car mes yeux surveillent toutes leurs voies: elles ne m'échappent pas et leur faute ne se dérobe pas à mes regards. Je paierai au double leur faute et leur péché, parce qu'ils ont profané mon pays par le cadavre de leurs Horreurs et rempli mon héritage de leurs Abominations. Yahvé, ma force et ma forteresse, mon refuge au jour de détresse! A toi viendront les nations des extrémités de la terre. Elles diront: Nos pères n'ont eu en héritage que Mensonge, Vanité qui ne sert à rien. Un homme pourrait-il se fabriquer des dieux? Mais ce ne sont pas des dieux! Voici donc, je vais leur faire connaître, cette fois-ci, je leur ferai connaître ma main et ma puissance, et ils sauront que mon Nom est Yahvé. Le péché de Juda est écrit avec un stylet de fer, avec une pointe de diamant il est gravé sur la tablette de leur coeur et aux cornes de leurs autels, car leurs fils se souviennent de leurs autels et de leurs pieux sacrés, près des arbres verts, sur les collines élevées. O ma montagne dans la plaine, ta richesse et tous tes trésors, je vais les livrer au pillage à cause du péché de tes hauts lieux sur tout ton territoire. Tu devras te dessaisir de ton héritage que je t'avais donné; je te rendrai esclave de tes ennemis dans un pays que tu ne connais pas. Car le feu de ma colère que vous avez allumé brûlera pour toujours. Ainsi parle Yahvé: Maudit l'homme qui se confie en l'homme, qui fait de la chair son appui et dont le coeur s'écarte de Yahvé! Il est comme un chardon dans la steppe: il ne ressent rien quand arrive le bonheur, il se fixe aux lieux brûlés du désert, terre salée où nul n'habite. Béni l'homme qui se confie en Yahvé et dont Yahvé est la foi. Il ressemble à un arbre planté au bord des eaux, qui tend ses racines vers le courant: il ne redoute rien quand arrive la chaleur, son feuillage reste vert; dans une année de sécheresse il est sans inquiétude et ne cesse pas de porter du fruit. Le coeur est rusé plus que tout, et pervers, qui peut le pénétrer? Moi, Yahvé, je scrute le coeur, je sonde les reins, pour rendre à chacun d'après sa conduite, selon le fruit de ses oeuvres. Une perdrix couve ce qu'elle n'a pas pondu. Ainsi celui qui se fait des richesses injustes: au milieu de ses jours elles l'abandonnent et en fin de compte il n'est qu'un insensé. Un trône glorieux, sublime dès l'origine, tel est notre lieu saint. Espoir d'Israël, Yahvé, tous ceux qui t'abandonnent seront honteux, ceux qui se détournent de toi seront inscrits dans la terre, car ils ont abandonné la source d'eaux vives, Yahvé. Guéris-moi, Yahvé, et je serai guéri, sauve-moi et je serai sauvé, car tu es ma louange! Les voici qui me disent: Où est-elle, la parole de Yahvé? Qu'elle s'accomplisse donc! Pourtant je ne t'ai pas poussé au pire, je n'ai pas désiré le jour fatal, toi, tu le sais; ce qui sort de mes lèvres est à découvert devant toi. Ne sois pas pour moi une cause d'effroi, toi, mon refuge au jour du malheur. Qu'ils soient honteux, mes persécuteurs, et que je ne sois pas honteux, moi! Qu'ils soient effrayés, eux, et que je ne sois pas effrayé, moi! Fais venir sur eux le jour du malheur, brise-les, brise-les deux fois! Ainsi m'a parlé Yahvé: Va te poster à la porte des Enfants du peuple, par où entrent et sortent les rois de Juda, et à toutes les portes de Jérusalem. Tu diras: Ecoutez la parole de Yahvé, vous, rois de Juda, et vous tous, Judéens et habitants de Jérusalem qui passez par ces portes. Ainsi parle Yahvé: Soyez bien sur vos gardes et ne transportez pas de fardeau le jour du sabbat; n'en faites pas entrer par les portes de Jérusalem. Ne faites sortir aucun fardeau de vos maisons le jour du sabbat et ne faites aucun travail. Sanctifiez le jour du sabbat comme je l'ai ordonné à vos pères. Eux n'ont pas écouté, ils n'ont pas prêté l'oreille; ils ont raidi leur nuque pour ne pas entendre et ne pas accueillir l'instruction. Si vous m'écoutez bien - oracle de Yahvé - ne faites entrer, le jour du sabbat, aucun fardeau par les portes de cette ville; si vous sanctifiez le jour du sabbat en n'y faisant aucun travail, alors, par les portes de cette ville, des rois et des princes, siégeant sur le trône de David, feront leur entrée en équipage de chars et de chevaux, eux et leurs princes, les gens de Juda et les habitants de Jérusalem. Et cette ville restera habitée pour toujours. On viendra des villes de Juda et des environs de Jérusalem, du pays de Benjamin et du Bas-Pays, de la Montagne et du Négeb, offrir holocaustes, sacrifices, oblations et encens, offrir des actions de grâces dans le Temple de Yahvé. Mais si vous ne m'écoutez pas pour sanctifier le jour du sabbat, pour ne porter aucun fardeau et ne pas entrer par les portes de Jérusalem le jour du sabbat, alors je mettrai le feu à ses portes: il dévorera les palais de Jérusalem et ne s'éteindra plus. Parole qui fut adressée à Jérémie par Yahvé en ces termes: "Debout! Descend chez le potier et là, je te ferai entendre mes paroles." Je descendis chez le potier et voici qu'il travaillait au tour. Mais le vase qu'il fabriquait fut manqué, comme cela arrive à l'argile dans la main du potier. Il recommença et fit un autre vase, ainsi qu'il paraissait bon au potier. Alors la parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Ne suis-je pas capable d'agir envers vous comme ce potier, maison d'Israël? - oracle de Yahvé. Oui, comme l'argile dans la main du potier, ainsi êtes-vous dans ma main, maison d'Israël! Tantôt je parle, à propos d'une nation ou d'un royaume, d'arracher, de renverser et d'exterminer; mais si cette nation, contre laquelle j'ai parlé, se convertit de sa méchanceté, alors je me repens du mal que j'avais résolu de lui infliger. Tantôt je parle, à propos d'une nation ou d'un royaume, de bâtir et de planter, mais si cette nation fait ce qui est mal à mes yeux en refusant d'écouter ma voix, alors je me repens du bien que j'entendais lui faire. Maintenant, parle donc ainsi aux hommes de Juda et aux habitants de Jérusalem: "Ainsi parle Yahvé. Voyez, je prépare contre vous un malheur, contre vous je médite un plan. Détournez-vous donc chacun de votre voie mauvaise, améliorez vos voies et vos oeuvres." Mais ils vont dire: "Inutile! Nous suivrons nos propres plans; chacun agira selon l'obstination de son coeur mauvais." C'est pourquoi, ainsi parle Yahvé: Enquêtez donc chez les nations, qui entendit rien de pareil? Elle a commis trop d'horreurs, la Vierge d'Israël. La neige du Liban abandonne-t-elle le rocher de la campagne? Tarissent-elles, les eaux des pays étrangers, les eaux fraîches et courantes? Or mon peuple m'a oublié! Au Néant ils offrent l'encens; on les fait trébucher dans leurs voies, dans les sentiers de jadis, pour prendre des chemins, une route non tracée; pour faire de leurs pays un objet de stupeur, une dérision perpétuelle. Quiconque y passe est stupéfait et hoche la tête. Tel le vent d'Orient, je les disperserai face à l'ennemi. C'est mon dos et non ma face que je montrerai au jour de leur ruine. Ils ont dit: "Venez! Machinons un attentat contre Jérémie, car la Loi ne périra pas faute de prêtre, ni le conseil faute de sage, ni la parole faute de prophète. Venez! Dénigrons-le et ne prêtons attention à aucune de ses paroles." Prête-moi attention, Yahvé, et entends ce que disent mes adversaires. Rend-on le mal pour le bien? Or ils creusent une fosse à mon intention. Rappelle-toi comme je me suis tenu devant toi pour te dire du bien d'eux, pour détourner loin d'eux ta fureur. Abandonne donc leurs fils à la famine, livre-les à la merci de l'épée! Que leurs femmes deviennent stériles et veuves! Que leurs maris meurent de la peste! Que leurs jeunes soient frappés de l'épée, au combat! Qu'on entende des cris sortir de leurs maisons, quand, soudain, tu amèneras contre eux des bandes armées. Car ils ont creusé une fosse pour me prendre et sous mes pas camouflé des pièges. Mais toi, Yahvé, tu connais tout leur dessein meurtrier contre moi. Ne pardonne pas leur faute, n'efface pas leur péché de devant toi. Qu'ils s'effondrent devant toi, au temps de ta colère, agis contre eux! Alors Yahvé dit à Jérémie: Va t'acheter une cruche de potier. Prends avec toi des anciens du peuple et des anciens des prêtres. Sors en direction de la vallée de Ben-Hinnom qui est à l'entrée de la porte des Tessons. Là, tu proclameras les paroles que je te dirai. Tu diras: Ecoutez la parole de Yahvé, rois de Juda et habitants de Jérusalem. Ainsi parle Yahvé Sabaot, le Dieu d'Israël: Voici que j'amène un malheur sur ce lieu. Les oreilles en tinteront à quiconque l'apprendra! Car ils m'ont abandonné, ils ont rendu ce lieu méconnaissable, ils y ont offert l'encens à des dieux étrangers que n'avaient connus ni eux, ni leurs pères, ni les rois de Juda. Ils ont rempli ce lieu du sang des innocents. Car ils ont construit des hauts lieux de Baal, pour consumer au feu leurs fils, en holocauste à Baal; cela je ne l'avais jamais ordonné, je n'en avais jamais parlé, je n'y avais jamais songé! Aussi voici venir des jours - oracle de Yahvé - où l'on n'appellera plus ce lieu Tophèt ni vallée de Ben-Hinnom, mais bien vallée du Carnage. Je viderai de bon sens Juda et Jérusalem, à cause de ce lieu; je les ferai tomber sous l'épée devant leurs ennemis, par la main de ceux qui en veulent à leur vie; je donnerai leurs cadavres en pâture aux oiseaux du ciel et aux bêtes de la terre. Je ferai de cette ville un objet de stupeur et de dérision, tout passant en restera stupéfait et sifflera devant tant de blessures. Je leur ferai manger la chair de leurs fils et celle de leurs filles: ils s'entre-dévoreront dans l'angoisse et la détresse où les réduiront leurs ennemis et ceux qui en veulent à leur vie. Tu briseras cette cruche sous les yeux des gens qui t'auront accompagné et tu leur diras: Ainsi parle Yahvé Sabaot: Je vais briser ce peuple et cette ville comme on brise le vase du potier, qui ne peut plus être réparé. On enterrera à Tophèt faute de place pour enterrer. Ainsi ferai-je pour ce lieu - oracle de Yahvé - et pour ses habitants, en rendant cette ville semblable à Tophèt. Les maisons de Jérusalem et celles des rois de Juda seront impures, tel ce lieu de Tophèt: toutes ces maisons sur le toit desquelles ils ont offert de l'encens à toute l'armée du ciel et versé des libations aux dieux étrangers! Jérémie revint de Tophèt où Yahvé l'avait envoyé prophétiser, il se posta dans le parvis du Temple de Yahvé et dit à tout le peuple: "Ainsi parle Yahvé Sabaot, le Dieu d'Israël: Voici, je vais amener sur cette ville, et toutes ses voisines, tous les malheurs dont je l'ai menacée, car ils ont raidi leur nuque pour ne pas écouter mes paroles." Or le prêtre Pashehur, fils d'Immer, qui était le chef de la police dans le Temple de Yahvé, entendit Jérémie qui proférait cet oracle. Pashehur frappa le prophète Jérémie, puis le mit au carcan, à la porte haute de Benjamin, celle qui donne dans le Temple de Yahvé. Le lendemain, Pashehur fit tirer Jérémie du carcan. Alors Jérémie lui dit: "Ce n'est plus Pashehur que Yahvé t'appelle, mais Terreur-de-tous-côtés. Car ainsi parle Yahvé: Voici que je vais te livrer à la terreur, toi et tous tes amis; ils tomberont sous l'épée de leurs ennemis: tes yeux verront cela! De même Juda tout entier, je le livrerai aux mains du roi de Babylone qui déportera les gens à Babylone et les frappera de l'épée. Je livrerai encore toutes les richesses de cette ville, toutes ses réserves, tout ce qu'elle a de précieux, tous les trésors des rois de Juda, je les livrerai aux mains de leurs ennemis qui les pilleront, les enlèveront et les emporteront à Babylone. Et toi, Pashehur, ainsi que tous les hôtes de ta maison, vous partirez en captivité; à Babylone tu iras, là tu mourras, là tu seras enterré, toi et tous tes amis à qui tu as prophétisé le mensonge." Tu m'as séduit, Yahvé, et je me suis laissé séduire; tu m'as maîtrisé, tu as été le plus fort. Je suis prétexte continuel à la moquerie, la fable de tout le monde. Chaque fois que j'ai à parler, je dois crier et proclamer: "Violence et dévastation!" La parole de Yahvé a été pour moi source d'opprobre et de moquerie tout le jour. Je me disais: Je ne penserai plus à lui, je ne parlerai plus en son Nom; mais c'était en mon coeur comme un feu dévorant, enfermé dans mes os. Je m'épuisais à le contenir, mais je n'ai pas pu. J'entendais les calomnies de beaucoup: "Terreur de tous côtés! Dénoncez! Dénonçons-le!" Tous ceux qui étaient en paix avec moi guettaient ma chute: "Peut-être se laissera-t-il séduire? Nous serons plus forts que lui et tirerons vengeance de lui!" Mais Yahvé est avec moi comme un héros puissant; mes adversaires vont trébucher, vaincus: les voilà tout confus de leur échec; honte éternelle, inoubliable. Yahvé Sabaot, qui scrutes le juste et vois les reins et le coeur, je verrai la vengeance que tu tireras d'eux, car c'est à toi que j'ai exposé ma cause. Chantez Yahvé, louez Yahvé, car il a délivré l'âme du malheureux de la main des malfaisants. Maudit soit le jour où je suis né! Le jour où ma mère m'enfanta, qu'il ne soit pas béni! Maudit soit l'homme qui annonça à mon père cette nouvelle: "Un fils, un garçon t'est né!" et le combla de joie. Que cet homme soit pareil aux villes que Yahvé a renversées sans pitié; qu'il entende le cri d'alarme au matin et le cri de guerre en plein midi, car il ne m'a pas fait mourir dès le sein, pour que ma mère soit un tombeau et que ses entrailles me portent à jamais. Pourquoi donc suis-je sorti du sein? Pour voir tourment et peine et finir mes jours dans la honte. Parole qui fut adressée à Jérémie de la part de Yahvé, quand le roi Sédécias lui envoya Pashehur, fils de Malkiyya, et le prêtre Cephanya, fils de Maaséya, pour lui dire: "Consulte donc Yahvé pour nous, car Nabuchodonosor, roi de Babylone, nous fait la guerre; peut-être Yahvé opérera-t-il en notre faveur tous ses miracles, si bien que l'ennemi devra s'éloigner de nous." Jérémie leur dit: "Vous porterez à Sédécias cette réponse: Ainsi parle Yahvé, le Dieu d'Israël. Voici, je vais faire revenir les armes de guerre que vous tenez et avec lesquelles vous combattez le roi de Babylone et les Chaldéens, vos assaillants: de l'extérieur des murs, je vais les rassembler en plein milieu de cette ville. Et je combattrai moi-même contre vous, à main étendue et à bras puissant, avec colère, fureur et grande indignation; je frapperai les habitants de cette ville, hommes et bêtes; d'une affreuse peste ils mourront. Après quoi - oracle de Yahvé - je livrerai Sédécias, roi de Juda, ses serviteurs, le peuple et ceux qui, de cette ville, seront rescapés de la peste, de l'épée et de la famine, aux mains de Nabuchodonosor, roi de Babylone, aux mains de leurs ennemis et aux mains de ceux qui en veulent à leur vie; il les passera au fil de l'épée, sans pitié pour eux, ni ménagement, ni compassion." Et à ce peuple tu diras: "Ainsi parle Yahvé. Voici, je place devant vous le chemin de la vie et le chemin de la mort. Qui restera dans cette ville mourra par l'épée, la famine et la peste; mais qui en sortira et se rendra aux Chaldéens, vos assaillants, vivra, il aura sa vie comme butin. Car je vais me tourner contre cette ville, pour son malheur, non pour son bonheur - oracle de Yahvé. Elle sera livrée au roi de Babylone et il l'incendiera." A la Maison royale de Juda. Ecoutez la parole de Yahvé, maison de David! Ainsi parle Yahvé: Rendez chaque matin droite justice et tirez l'exploité des mains de l'oppresseur. Sinon ma fureur va jaillir comme un feu et brûler, sans personne pour l'éteindre, à cause de la méchanceté de vos actions. C'est à toi que j'en ai, toi qui habites la vallée, Roc-dans-la-plaine, - oracle de Yahvé - ô vous qui dites: "Qui oserait fondre sur nous et pénétrer en nos repaires? Je vous châtierai comme le méritent vos actions - oracle de Yahvé. Je mettrai le feu à sa forêt et il dévorera tous ses alentours! Ainsi parla Yahvé: Descends au palais du roi de Juda; là, tu prononceras cette parole: Ecoute la parole de Yahvé, ô roi de Juda qui sièges sur le trône de David, toi, ainsi que tes serviteurs et tes gens qui entrent par ces portes. Ainsi parle Yahvé: Pratiquez le droit et la justice; tirez l'exploité des mains de l'oppresseur; l'étranger, l'orphelin et la veuve, ne les maltraitez pas, ne les outragez pas; le sang innocent, ne le versez pas en ce lieu. Car si vous vous appliquez à observer cette parole, alors, par les portes de ce palais, des rois siégeant sur le trône de David feront leur entrée, montés sur des chars et des chevaux, eux, leurs serviteurs et leurs gens. Mais si vous n'écoutez pas ces paroles, je le jure par moi-même - oracle de Yahvé - ce palais deviendra une ruine. Oui, ainsi parle Yahvé au sujet du palais du roi de Juda: Tu es pour moi Galaad et la cime du Liban. Pourtant je vais te réduire en désert, en villes inhabitées. Je voue contre toi des destructeurs, chacun avec ses armes; ils abattront les plus beaux de tes cèdres et les jetteront au feu. Et quand des nations nombreuses passeront près de cette ville, les gens se diront entre eux: "Pourquoi Yahvé a-t-il traité de la sorte cette grande cité?" On répondra: "C'est qu'ils ont abandonné l'alliance de Yahvé leur Dieu, pour se prosterner devant d'autres dieux et les servir." Ne pleurez pas celui qui est mort, ne le plaignez pas. Pleurez plutôt celui qui est parti, car il ne reviendra plus, il ne verra plus son pays natal. Car ainsi a parlé Yahvé au sujet de Shallum, fils de Josias, roi de Juda, qui régna à la place de son père Josias et dut quitter ce lieu: il n'y reviendra plus, mais dans le lieu où on l'emmena prisonnier, il mourra; et ce pays-ci, jamais il ne le reverra. Malheur à qui bâtit sa maison sans la justice et ses chambres hautes sans le droit, qui fait travailler son prochain pour rien et ne lui verse pas de salaire, qui se dit: "Je vais me bâtir un palais spacieux avec de vastes chambres hautes", qui y perce des ouvertures, le recouvre de cèdre et le peint en rouge. Règnes-tu parce que tu as la passion du cèdre? Ton père ne mangeait-il et ne buvait-il pas? Mais il pratiquait le droit et la justice! Alors, pour lui tout allait bien. Il jugeait la cause du pauvre et du malheureux. Alors, tout allait bien. Me connaître, n'est-ce pas cela? - oracle de Yahvé - Mais rien ne captive tes yeux et ton coeur sinon ton intérêt propre, le sang innocent à répandre, oppression et violence à perpétrer. C'est pourquoi, ainsi parle Yahvé au sujet de Joiaqim, fils de Josias, roi de Juda. Pour lui, point de lamentation: "Hélas! mon frère! Hélas! ô soeur!" Pour lui, point de lamentation: "Hélas! Seigneur! Hélas! sa Majesté!" Il sera enterré comme on enterre un âne! Il sera traîné et jeté loin des portes de Jérusalem! Monte sur le Liban pour crier, sur le Bashân donne de la voix, crie du haut des Abarim, car tous tes amants sont écrasés! Je t'ai parlé au temps de ta sécurité; tu as dit: "Je n'écouterai pas!" Ce fut ton comportement depuis ta jeunesse de ne pas écouter ma voix. Tous tes pasteurs, le vent les enverra paître et tes amants partiront en exil. Oui, tu seras alors honteuse et rougissante de toute ta perversité. Toi qui as établi ta demeure sur le Liban, ton nid parmi les cèdres, comme tu vas gémir quand des douleurs te viendront, des affres, comme à celle qui accouche! Par ma vie - oracle de Yahvé - même si Konias, fils de Joiaqim, roi de Juda, était un anneau à ma main droite, je t'arracherais de là! Je vais te livrer aux mains de ceux qui en veulent à ta vie, aux mains de ceux qui te font trembler, aux mains de Nabuchodonosor, roi de Babylone, et aux mains des Chaldéens. Je te jetterai, toi et ta mère qui t'as enfanté, dans un autre pays: vous n'y êtes pas nés mais vous y mourrez. Et ce pays où ils désirent ardemment revenir, ils n'y reviendront pas! Est-ce un ustensile vil et cassé cet homme, ce Konias, est-ce un objet dont personne ne veut? Pourquoi sont-ils chassés, lui et sa race, jetés dans un pays qu'ils ne connaissaient point? Terre! terre! terre! écoute la parole de Yahvé. Ainsi parle Yahvé: Inscrivez cet homme: "Sans enfants, quelqu'un qui n'a pas réussi en son temps." Car nul de sa race ne réussira à siéger sur le trône de David et à dominer en Juda. Malheur aux pasteurs qui perdent et dispersent les brebis de mon pâturage - oracle de Yahvé! C'est pourquoi ainsi parle Yahvé, le Dieu d'Israël, contre les pasteurs qui ont à paître mon peuple: vous avez dispersé mes brebis, vous les avez chassées et ne vous en êtes pas occupés. Eh bien! moi, je vais m'occuper de vous pour vos méfaits, oracle de Yahvé! Je rassemblerai moi-même le reste de mes brebis de tous les pays où je les aurai dispersées, et je les ramènerai dans leur prairie: elles seront fécondes et se multiplieront. Je susciterai pour elles des pasteurs qui les feront paître; elles n'auront plus crainte ni terreur; aucune ne se perdra, oracle de Yahvé! Voici venir des jours - oracle de Yahvé - où je susciterai à David un germe juste; un roi régnera et sera intelligent, exerçant dans le pays droit et justice. En ses jours, Juda sera sauvé et Israël habitera en sécurité. Voici le nom dont on l'appellera: "Yahvé-notre-Justice." Aussi voici venir des jours - oracle de Yahvé - où l'on ne dira plus: "Yahvé est vivant, qui a fait monter les Israélites du pays d'Egypte", mais: "Yahvé est vivant, qui a fait monter et rentrer la race de la maison d'Israël du pays du Nord et de tous les pays où il les avait dispersés, pour qu'ils demeurent sur leur propre sol." Sur les prophètes. Mon coeur en moi est brisé, je tremble de tous mes membres. Je suis comme un homme ivre, comme quelqu'un que le vin a dompté, à cause de Yahvé et de ses paroles saintes. Car le pays est rempli d'adultères; oui, à cause d'une malédiction, le pays est en deuil et les pacages du désert sont desséchés; les hommes courent au mal, ils dépensent leur force pour l'injustice. Oui, même le prophète et le prêtre sont des impies, jusqu'en ma Maison j'ai trouvé leur iniquité, oracle de Yahvé. Aussi leur voie va se changer pour eux en fondrière; engagés là, dans les ténèbres, ils y culbuteront. Car je vais amener sur eux un malheur, l'année de leur châtiment, oracle de Yahvé. Chez les prophètes de Samarie, j'ai vu l'insanité; ils prophétisaient au nom de Baal et égaraient mon peuple Israël. Mais chez les prophètes de Jérusalem, j'ai vu l'horreur: l'adultère, l'obstination dans le mensonge, le soutien donné aux méchants pour que nul ne revienne de sa méchanceté. Ils sont tous pour moi comme Sodome et ses habitants comme Gomorrhe! C'est pourquoi, ainsi parle Yahvé Sabaot contre les prophètes: Voici, je vais leur faire manger de l'absinthe et leur faire boire de l'eau empoisonnée, car, venant des prophètes de Jérusalem, l'impiété s'est répandue dans tout le pays. Ainsi parle Yahvé Sabaot: N'écoutez pas les paroles de ces prophètes qui vous prophétisent; ils vous dupent, ils débitent les visions de leur coeur, rien qui vienne de la bouche de Yahvé; ils osent dire à ceux qui me méprisent: "Yahvé a parlé; vous aurez la paix!" et à tous ceux qui suivent l'obstination de leur coeur: "Aucun mal ne vous arrivera!" Mais qui donc a assisté au conseil de Yahvé pour voir et entendre sa parole? Qui a fait attention à sa parole et l'a entendue? Voici un ouragan de Yahvé, sa fureur qui éclate, un ouragan se déchaîne, sur la tête des impies, il fait irruption; la colère de Yahvé ne se détournera pas qu'il n'ait accompli et réalisé les desseins de son coeur: A la fin des jours, vous comprendrez cela clairement! Je n'ai pas envoyé ces prophètes, et ils courent! Je ne leur ai rien dit, et ils prophétisent! S'ils avaient assisté à mon conseil, ils auraient fait entendre mes paroles à mon peuple, ils les auraient fait revenir de leur voie mauvaise et de la perversité de leurs actions! Ne serais-je un Dieu que de près - oracle de Yahvé - de loin ne serais-je plus un Dieu? Un homme peut-il se terrer dans des lieux cachés sans que je le voie? - oracle de Yahvé - Est-ce que le ciel et la terre je ne les remplis pas? Oracle de Yahvé. J'ai entendu comment parlent les prophètes qui prophétisent en mon nom le mensonge en disant: "J'ai eu un songe! J'ai eu un songe!" Jusqu'à quand y aura-t-il au sein des prophètes des gens qui prophétisent le mensonge et annoncent l'imposture de leur coeur? Avec les songes qu'ils se racontent l'un à l'autre, ils s'ingénient à faire oublier mon Nom à mon peuple; ainsi leurs pères ont-ils oublié mon Nom au profit de Baal! Le prophète qui a eu un songe, qu'il raconte un songe! Et celui qui tient de moi une parole, qu'il délivre fidèlement ma parole! Qu'ont de commun la paille et le froment? - oracle de Yahvé - Ma parole n'est-elle pas comme un feu? - oracle de Yahvé - N'est-elle pas comme un marteau qui fracasse le roc? Aussi vais-je m'en prendre aux prophètes - oracle de Yahvé - qui se dérobent mutuellement mes paroles. Je vais m'en prendre aux prophètes - oracle de Yahvé - qui agitent la langue pour émettre des oracles. Je vais m'en prendre à ceux qui prophétisent des songes mensongers - oracle de Yahvé - qui les racontent et égarent mon peuple par leurs mensonges et leur vantardise. Moi, je ne les ai pas envoyés, je ne leur ai pas donné d'ordres, et ils ne sont d'aucune utilité à ce peuple, oracle de Yahvé. Et quand ce peuple, ou un prophète, ou un prêtre, te demandera: "Quel est le fardeau de Yahvé?" Tu leur répondras: "C'est vous le fardeau, vous dont je vais me délester, oracle de Yahvé!" Et le prophète, le prêtre ou celui du peuple qui dira: "Fardeau de Yahvé", je le visiterai cet homme-là, ainsi que sa maison. Ainsi parlerez-vous entre vous, entre frères: "Qu'a répondu Yahvé?" Ou: "Qu'a dit Yahvé?" Mais vous ne mentionnerez plus le "Fardeau de Yahvé", car le fardeau est pour chacun sa propre parole. Et vous pervertissez les paroles du Dieu vivant, Yahvé Sabaot, notre Dieu! Tu parleras ainsi au prophète: "Que t'a répondu Yahvé?" Ou: "Qu'a dit Yahvé?" Mais si vous dites "Fardeau de Yahvé", alors, ainsi parle Yahvé: Puisque vous employez cette expression "Fardeau de Yahvé" alors que je vous ai fait avertir de ne plus dire "Fardeau de Yahvé", à cause de cela je vous soulèverai et je vous jetterai loin de ma face, vous et la Ville que j'avais donnée à vous et à vos pères. Et je mettrai sur vous un opprobre éternel, une confusion éternelle et inoubliable! Voilà que Yahvé me fit voir deux corbeilles de figues disposées devant le sanctuaire de Yahvé. C'était après que Nabuchodonosor, roi de Babylone, eut emmené captifs, loin de Jérusalem, Jékonias, fils de Joiaqim, roi de Juda, ainsi que les princes de Juda, les forgerons et les serruriers, et qu'il les eut amenés à Babylone. Une corbeille contenait d'excellentes figues, comme sont les figues précoces; l'autre contenait des figues gâtées, si gâtées qu'elles en étaient immangeables. Et Yahvé me dit: "Que vois-tu, Jérémie?" Et je répondis: "Des figues. Les bonnes sont excellentes. Les mauvaises sont gâtées, si gâtées qu'on ne peut les manger." Alors la parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Ainsi parle Yahvé, Dieu d'Israël. Comme à ces bonnes figues, ainsi je veux m'intéresser pour leur bien aux exilés de Juda, que j'ai envoyés de ce lieu au pays des Chaldéens. Je veux fixer les yeux sur eux pour leur bien, les faire revenir en ce pays, les reconstruire au lieu de les démolir, les planter au lieu de les arracher. Je leur donnerai un coeur pour connaître que je suis Yahvé. Ils seront mon peuple et moi je serai leur Dieu, car ils reviendront à moi de tout leur coeur. Mais comme on traite les mauvaises figues, si gâtées qu'elles en sont immangeables - oui, ainsi parle Yahvé - ainsi traiterai-je Sédécias, roi de Juda, ses princes et le reste de Jérusalem: ceux qui sont restés dans ce pays comme ceux qui habitent au pays d'Egypte. J'en ferai un objet d'horreur, une calamité pour tous les royaumes de la terre; un opprobre, une fable, une risée, une malédiction en tous lieux où je les chasserai. Et j'enverrai contre eux l'épée, la famine et la peste jusqu'à ce qu'ils aient disparu du sol que j'avais donné à eux et à leurs pères. Parole concernant tout le peuple de Juda, qui fut adressée à Jérémie la quatrième année de Joiaqim, fils de Josias, roi de Juda (c'est-à-dire la première année de Nabuchodonosor, roi de Babylone). Le prophète Jérémie la prononça devant tout le peuple de Juda et tous les habitants de Jérusalem. Depuis la treizième année de Josias, fils d'Amon, roi de Juda, jusqu'à aujourd'hui, voici 23 ans que la parole de Yahvé m'est adressée et que, sans me lasser, je vous parle (mais vous n'avez pas écouté. De plus Yahvé, sans se lasser, vous a envoyé tous ses serviteurs les prophètes, mais vous n'avez pas écouté ni prêté l'oreille pour entendre). Cette parole était: Revenez donc chacun de votre voie mauvaise et de la perversité de vos actions; alors vous habiterez sur le sol que Yahvé vous a donné, à vous et à vos pères, depuis toujours jusqu'à toujours. (Et n'allez pas suivre d'autres dieux pour les servir et vous prosterner devant eux; ne m'irritez pas par les oeuvres de vos mains, et alors je ne vous ferai aucun mal.) Mais vous ne m'avez pas écouté (oracle de Yahvé! en sorte que vous m'avez irrité par les oeuvres de vos mains pour votre malheur). C'est pourquoi, ainsi parle Yahvé Sabaot: Puisque vous n'avez pas écouté mes paroles, voici que j'envoie chercher toutes les familles du Nord (oracle de Yahvé! autour de Nabuchodonosor roi de Babylone, mon serviteur) et je les amènerai contre ce pays et ses habitants (et contre toutes ces nations d'alentour); je les frapperai d'anathème et en ferai un objet de stupeur, une risée, des ruines pour toujours. Je ferai disparaître chez eux les cris de joie et d'allégresse, les appels du fiancé et de la fiancée, le bruit des deux meules et la lumière de la lampe. Tout ce pays sera réduit en ruine et en désolation, et ces nations seront asservies au roi de Babylone pendant 70 ans. (Mais quand seront accomplis les 70 ans, je visiterai le roi de Babylone et cette nation - oracle de Yahvé - à cause de leur crime, ainsi que le pays des Chaldéens, pour en faire une désolation éternelle.) Je ferai s'accomplir contre ce pays toutes les paroles que j'ai prononcées contre lui, tout ce qui est écrit dans ce livre. Ce qu'a prophétisé Jérémie contre toutes les nations. (Car elles aussi seront asservies à des nations puissantes et à de grands rois, et je leur rendrai selon leurs actes et selon l'oeuvre de leurs mains.) Car Yahvé, Dieu d'Israël, me parla ainsi: Prends de ma main cette coupe de vin de colère et fais-la boire à toutes les nations vers lesquelles je vais t'envoyer; elles boiront, chancelleront et deviendront folles, à cause de l'épée que je vais envoyer au milieu d'elles. Je pris la coupe de la main de Yahvé et la fis boire à toutes les nations vers lesquelles Yahvé m'avait envoyé: (Jérusalem et les villes de Juda, ses rois et ses princes, pour en faire une ruine, un objet de stupeur, une risée et une malédiction, comme aujourd'hui même. Pharaon, roi d'Egypte, avec ses serviteurs, ses princes et tout son peuple, ainsi que tout le ramassis des étrangers (tous les rois du pays de Uç); tous les rois du pays des Philistins, Ashqelôn, Gaza, Eqrôn et ce qui reste encore d'Ashdod; Edom, Moab et les fils d'Ammon; (tous) les rois de Tyr, (tous) les rois de Sidon, les rois de l'île qui est au-delà de la mer; Dedân, Téma, Buz, tous les hommes aux tempes rasées, tous les rois de l'Arabie (et tous les rois du ramassis des étrangers) qui habitent le désert. (Tous les rois de Zimri), tous les rois d'Elam et tous les rois de Médie; tous les rois du Nord, proches ou lointains, l'un après l'autre, et tous les royaumes qui sont sur la terre. (Quant au roi de Shéshak, il boira après eux.) Tu leur diras: Ainsi parle Yahvé Sabaot, le Dieu d'Israël: Buvez! Enivrez-vous! Vomissez! Tombez sans pouvoir vous relever, devant l'épée que je vais envoyer au milieu de vous. Si jamais ils refusent d'accepter de ta main la coupe à boire, tu leur diras: Ainsi parle Yahvé Sabaot. Vous boirez! Car voici: c'est par la ville qui porte mon nom que j'inaugure le malheur, et vous seriez épargnés? Non! vous ne serez pas épargnés, car j'appelle moi-même l'épée contre tous les habitants de la terre, oracle de Yahvé Sabaot. Et toi, tu leur annonceras toutes ces paroles, tu leur diras: Yahvé rugit d'en haut, de sa demeure sainte il élève la voix, il rugit avec vigueur contre son pacage, il pousse le cri des fouleurs à la cuve contre tous les habitants de la terre. Le tumulte en parvient jusqu'au bout de la terre. Car Yahvé ouvre le procès des nations, il institue le jugement de toute chair; les impies, il les livre à l'épée, oracle de Yahvé. Ainsi parle Yahvé Sabaot. Voici: le malheur s'étend de nation en nation, un grand ouragan s'élève des extrémités de la terre. Il y aura des victimes de Yahvé en ce jour-là, d'un bout de la terre à l'autre; on ne les pleurera pas, on ne les ramassera pas, on ne les enterrera pas. Ils resteront sur le sol en guise de fumier. Hurlez, pasteurs, criez, roulez-vous à terre, chefs du troupeau, car vos jours sont à point pour le massacre et pour votre dispersion, vous tomberez comme un vase de choix. Plus de refuge pour les pasteurs, ni d'évasion pour les chefs du troupeau. Clameur des pasteurs, hurlement des chefs du troupeau! Car Yahvé a dévasté leur pacage, les paisibles pâturages sont réduits au silence à cause de l'ardente colère de Yahvé! Le lion a quitté son repaire et leur pays est devenu un objet de stupeur, à cause de l'ardeur dévastatrice, à cause de l'ardeur de sa colère. Au début du règne de Joiaqim, fils de Josias, roi de Juda, cette parole fut adressée à Jérémie de la part de Yahvé: Ainsi parle Yahvé. Tiens-toi dans la cour du Temple de Yahvé. Contre tous ceux des villes qui viennent se prosterner dans le Temple de Yahvé tu diras toutes les paroles que je t'ai ordonné de leur dire; ne retranche pas un mot. Peut-être écouteront-ils et se détourneront-ils chacun de sa voie perverse: alors je me repentirai du malheur que je suis en train de méditer contre eux pour la perversité de leurs actes. Tu leur diras: Ainsi parle Yahvé. Si vous ne m'écoutez pas pour suivre ma Loi que j'ai placée devant vous, pour être attentifs aux paroles de mes serviteurs les prophètes, que je vous envoie sans me lasser mais que vous n'avez pas écoutés, je traiterai ce Temple comme Silo et je ferai de cette ville une malédiction pour toutes les nations de la terre. Prêtres, prophètes et peuple entier entendirent Jérémie prononcer ces paroles dans le Temple de Yahvé. Et quand Jérémie eut fini de prononcer tout ce que Yahvé lui avait ordonné de dire à tout le peuple, prêtres, prophètes et peuple entier se saisirent de lui en disant: "Tu vas mourir! Pourquoi as-tu fait au nom de Yahvé cette prophétie: Ce Temple deviendra comme Silo et cette ville sera une ruine, inhabitée?" Et tout le peuple s'attroupa autour de Jérémie au Temple de Yahvé. Apprenant ces événements, les princes de Juda montèrent du palais royal au Temple de Yahvé et siégèrent à l'entrée de la porte Neuve du Temple de Yahvé. Alors prêtres et prophètes dirent aux princes et à tout le peuple: "C'est la mort que mérite cet homme, car il a prophétisé contre cette ville, ainsi que vous l'avez entendu de vos oreilles!" Mais Jérémie répondit à tous les princes et à "tout le peuple: C'est Yahvé qui m'a envoyé prophétiser contre le Temple et contre cette ville en prononçant toutes les paroles que vous avez entendues. Maintenant donc, améliorez vos voies et vos oeuvres, soyez attentifs à l'appel de Yahvé votre Dieu; alors ils se repentira du malheur qu'il a prononcé contre vous. Pour moi, me voici entre vos mains. Faites de moi ce qui vous semble bon et juste. Mais sachez bien que si vous me faites mourir, c'est du sang innocent que vous mettrez sur vous, sur cette ville et sur ses habitants. Car Yahvé m'a bel et bien envoyé vers vous, pour prononcer à vos oreilles toutes ces paroles." Alors les princes et le peuple entier dirent aux prêtres et aux prophètes: "Cet homme ne mérite pas la mort puisqu'il nous a parlé au nom de Yahvé notre Dieu." Et quelques-uns des anciens du pays se levèrent pour dire à tout le peuple assemblé: "Michée de Moréshèt, qui prophétisait aux jours d'Ezéchias, roi de Juda, a bien dit à tout le peuple de Juda: Ainsi parle Yahvé Sabaot: Sion sera une terre de labour, Jérusalem un amoncellement de pierres et la montagne du Temple une hauteur boisée! Est-ce que pour cela Ezéchias, roi de Juda, et tout Juda l'ont fait mourir? N'ont-ils pas plutôt ressenti la crainte de Yahvé et ne l'ont-ils pas imploré, de telle sorte que Yahvé se repentit du malheur qu'il avait prononcé contre eux? Et nous, nous nous chargerions d'un si grand crime!" Il y eut encore un homme qui prophétisait au nom de Yahvé; c'était Uriyyahu, fils de Shemayahu, originaire de Qiryat-Yéarim. Il prophétisa contre cette ville et ce pays dans les mêmes termes que Jérémie. Alors le roi Joiaqim, avec tous ses officiers et ses princes, ayant entendu ses paroles, chercha à le faire mourir. A cette nouvelle Uriyyahu eut peur, il prit la fuite et parvint en Egypte. Mais le roi Joiaqim envoya en Egypte Elnatân fils de Akbor, accompagné de quelques gens. Ils firent sortir Uriyyahu d'Egypte et le conduisirent au roi Joiaqim qui le fit frapper de l'épée et fit jeter son cadavre parmi les sépultures des gens du peuple. Jérémie, lui, fut protégé par Ahiqam, fils de Shaphân, si bien qu'il ne tomba pas aux mains du peuple pour être mis à mort. (Au début du règne de Sédécias, fils de Josias, roi de Juda, cette parole fut adressée à Jérémie de la part de Yahvé.) Yahvé me parla ainsi: Fais-toi des cordes et un joug et mets-les sur ta nuque. Puis envoie-les au roi d'Edom, au roi de Moab, au roi des Ammonites, au roi de Tyr et au roi de Sidon, par l'entremise de leurs envoyés qui sont venus à Jérusalem auprès de Sédécias, roi de Juda. Charge-les pour leurs maîtres de cette commission: "Ainsi parle Yahvé Sabaot, le Dieu d'Israël. Parlez donc ainsi à vos maîtres: C'est moi qui ai fait, par ma grande puissance et mon bras étendu, la terre, l'homme et les bêtes qui sont sur la terre; et je les donne à qui bon me semble. Or présentement, j'ai remis tous ces pays aux mains de Nabuchodonosor, roi de Babylone, mon serviteur; j'ai mis à son service même les bêtes des champs. (Toutes les nations le serviront ainsi que son fils et son petit-fils jusqu'à ce que vienne aussi le temps marqué pour son pays; alors de puissantes nations et de grands rois l'asserviront.) La nation ou le royaume qui ne servira pas Nabuchodonosor, roi de Babylone, et n'offrira pas sa nuque au joug du roi de Babylone, c'est par l'épée, la famine et la peste que je visiterai cette nation - oracle de Yahvé - jusqu'à ce que je l'aie achevée par sa main. Et vous, n'écoutez pas vos prophètes, devins, songe-creux, enchanteurs et magiciens qui vous disent: Vous ne serez pas asservis au roi de Babylone! C'est le mensonge qu'ils vous prophétisent; le résultat, c'est qu'ils vous feront bannir de votre sol, que je vous chasserai et que vous périrez. Mais la nation qui offrira sa nuque au joug du roi de Babylone et se mettra à son service, je lui accorderai du repos sur son sol - oracle de Yahvé - elle le cultivera et y restera." Et à Sédécias, roi de Juda, je parlai exactement de la même manière; je lui dis: "Offrez vos nuques au joug du roi de Babylone; servez-le ainsi que son peuple, et vous vivrez. (Pourquoi tenez-vous à mourir, toi et ton peuple, par l'épée, la famine et la peste, comme Yahvé en a menacé la nation qui ne servira pas le roi de Babylone?) Et n'écoutez pas les paroles que vous disent les prophètes: Vous ne serez pas asservis au roi de Babylone. C'est le mensonge qu'ils vous prophétisent. Car je ne les ai point envoyés - oracle de Yahvé - c'est le mensonge qu'ils vous prophétisent en mon nom. Le résultat c'est que je vous chasserai et que vous périrez, vous et les prophètes qui vous prophétisent." Et aux prêtres et à tout ce peuple, je parlai en ces termes: "Ainsi parle Yahvé. N'écoutez pas les paroles de vos prophètes qui vous prophétisent ainsi: Voici, les ustensiles du Temple de Yahvé vont être ramenés bientôt et rapidement de Babylone; c'est le mensonge qu'ils vous prophétisent. (Ne les écoutez pas. Servez le roi de Babylone et vous vivrez. Pourquoi cette ville deviendrait-elle une ruine?) S'ils sont prophètes, s'ils ont avec eux la parole de Yahvé, qu'ils intercèdent auprès de Yahvé Sabaot pour que ne s'en aille pas à Babylone ce qui reste d'ustensiles dans le Temple de Yahvé, dans le palais royal de Juda et à Jérusalem! Car ainsi parle Yahvé au sujet (des colonnes, de la Mer, des bases et) des autres ustensiles restés dans cette ville, ceux que n'a pas enlevés Nabuchodonosor, roi de Babylone, quand il emmena en captivité de Jérusalem à Babylone Jékonias, fils de Joiaqim, roi de Juda (avec tous les notables de Juda et de Jérusalem). Oui, ainsi parle Yahvé Sabaot, le Dieu d'Israël, au sujet des ustensiles qui restent dans le Temple de Yahvé, dans le palais royal de Juda et à Jérusalem: ils seront emportés à Babylone (où ils resteront jusqu'au jour où je les visiterai), oracle de Yahvé. (Alors je les ferai remonter et revenir en ce lieu!)" Cette même année, au début du règne de Sédécias, roi de Juda, la quatrième année, au cinquième mois, le prophète Hananya, fils de Azzur, originaire de Gabaôn, parla ainsi à Jérémie dans le Temple de Yahvé, en présence des prêtres et de tout le peuple: "Ainsi parle Yahvé Sabaot, le Dieu d'Israël. J'ai brisé le joug du roi de Babylone! Encore juste deux ans, et je ferai revenir en ce lieu tous les ustensiles du Temple de Yahvé que Nabuchodonosor, roi de Babylone, a enlevés d'ici pour les emporter à Babylone. De même Jékonias, fils de Joiaqim, roi de Juda, avec tous les déportés de Juda qui sont allés à Babylone, je les ferai revenir ici - oracle de Yahvé - car je vais briser le joug du roi de Babylone!" Alors le prophète Jérémie répondit au prophète Hananya, devant les prêtres et tout le peuple présents dans le Temple de Yahvé. Le prophète Jérémie dit: "Amen! Qu'ainsi fasse Yahvé! Qu'il accomplisse les paroles que tu viens de prophétiser et fasse revenir de Babylone tous les ustensiles du Temple de Yahvé ainsi que tous les déportés. Cependant, écoute bien la parole que je vais prononcer à tes oreilles et à celles de tout le peuple: Les prophètes qui nous ont précédés, toi et moi, depuis bien longtemps, ont prophétisé, pour beaucoup de pays et pour des royaumes considérables, la guerre, le malheur et la peste; le prophète qui prophétise la paix, c'est quand s'accomplit sa parole qu'on le reconnaît pour un authentique envoyé de Yahvé!" Alors le prophète Hananya enleva le joug de la nuque du prophète Jérémie et le brisa. Et Hananya dit, devant tout le peuple: "Ainsi parle Yahvé. C'est de cette façon que dans juste deux ans je briserai le joug de Nabuchodonosor, roi de Babylone, l'enlevant de la nuque de toutes les nations." Et le prophète Jérémie s'en alla. Or après que le prophète Hananya eût brisé le joug qu'il avait enlevé de la nuque du prophète Jérémie, la parole de Yahvé fut adressée à Jérémie: "Va dire à Hananya: Ainsi parle Yahvé. Tu brises les jougs de bois? Eh bien! Tu va les remplacer par des jougs de fer! Car ainsi parle Yahvé Sabaot, le Dieu d'Israël: C'est un joug de fer que je mets sur la nuque de toutes ces nations, pour les asservir à Nabuchodonosor, roi de Babylone. (Elles lui seront asservies et je lui ai livré même les bêtes des champs.)" Et le prophète Jérémie dit au prophète Hananya: "Ecoute bien, Hananya: Yahvé ne t'a point envoyé et tu as fait que ce peuple se confie au mensonge. C'est pourquoi, ainsi parle Yahvé. Voici que je te renvoie de la face de la terre: cette année tu mourras (car tu as prêché la révolte contre Yahvé"). Et le prophète Hananya mourut cette année même, au septième mois. Voici le texte de la lettre que le prophète Jérémie expédia de Jérusalem à ceux qui restaient des anciens en déportation, aux prêtres, aux prophètes et à tout le peuple, que Nabuchodonosor avait déportés de Jérusalem à Babylone. C'était après que le roi Jékonias eut quitté Jérusalem avec la reine-mère, les eunuques, les princes de Juda et de Jérusalem, les forgerons et les serruriers. Elle fut portée par Eléasa, fils de Shaphân, et Gemarya, fils de Hilqiyya, que Sédécias, roi de Juda, avait envoyés à Babylone, auprès de Nabuchodonosor, roi de Babylone. La lettre disait: "Ainsi parle Yahvé Sabaot, le Dieu d'Israël, à tous les exilés, déportés de Jérusalem à Babylone: Bâtissez des maisons et installez-vous; plantez des jardins et mangez leurs fruits; prenez femme et engendrez des fils et des filles; choisissez des femmes pour vos fils; donnez vos filles en mariage et qu'elles enfantent des fils et des filles; multipliez-vous là-bas, ne diminuez pas! Recherchez la paix pour la ville où je vous ai déportés; priez Yahvé en sa faveur, car de sa paix dépend la vôtre. Car ainsi parle Yahvé Sabaot, le Dieu d'Israël: ne vous laissez pas égarer par les prophètes qui sont parmi vous, ni par vos devins, n'écoutez pas les songes que vous faites, car c'est pour le mensonge qu'ils vous prophétisent en mon Nom. Je ne les ai point envoyés - oracle de Yahvé. Car ainsi parle Yahvé: Quand seront accomplis les 70 ans à Babylone, je vous visiterai et je réaliserai pour vous ma promesse de bonheur en vous ramenant ici. Car je sais, moi, les desseins que je forme pour vous - oracle de Yahvé - desseins de paix et non de malheur, pour vous donner un avenir et une espérance. Vous m'invoquerez et vous viendrez, vous me prierez et je vous écouterai. Vous me chercherez et vous me trouverez, car vous me rechercherez de tout votre coeur; je me laisserai trouver par vous( - oracle de Yahvé. Je ramènerai vos captifs et vous rassemblerai de toutes les nations et de tous les lieux où je vous ai chassés, oracle de Yahvé. Je vous ramènerai en ce lieu d'où je vous ai exilés). Puisque vous dites: Yahvé nous a suscité des prophètes à Babylone - Ainsi parle Yahvé au sujet du roi qui trône sur le siège de David et de tout le peuple habitant cette ville, vos frères qui ne vous accompagnèrent pas en déportation. Ainsi parle Yahvé Sabaot: Voici que je vais leur envoyer l'épée, la famine et la peste; je les rendrai pareils à des figues pourries, si gâtées qu'on ne peut les manger. Je les poursuivrai par l'épée, la famine et la peste. J'en ferai un objet d'épouvante pour tous les royaumes de la terre, une exécration, un objet de stupeur, de dérision et de raillerie pour toutes les nations où je les aurai chassés. C'est qu'ils n'ont point écouté mes paroles - oracle de Yahvé - bien que je leur aie envoyé sans me lasser mes serviteurs les prophètes, mais ils ne les ont pas écoutés - oracle de Yahvé. Quant à vous, les déportés, que j'ai envoyés de Jérusalem à Babylone, écoutez tous la parole de Yahvé! - Ainsi parle Yahvé Sabaot, le Dieu d'Israël, au sujet d'Ahab, fils de Qolaya, et de Cidqiyyahu, fils de Maaséya, qui vous prophétisent en mon nom des mensonges: Voici, je vais les livrer entre les mains de Nabuchodonosor, roi de Babylone, qui les frappera sous vos yeux. Et l'on pourra tirer de leur sort cette malédiction qui aura cours chez tous les déportés judéens présents à Babylone: Que Yahvé te traite comme Cidqiyyahu et Ahab, rôtis au feu par le roi de Babylone! C'est qu'ils ont accompli une infamie en Israël, ils ont commis l'adultère avec les femmes de leur prochain, ils ont prononcé en mon nom des paroles de mensonge sans que j'en aie donné l'ordre. Mais moi, je sais et je témoigne, oracle de Yahvé." Et à Shemayahu de Nahlam, tu parleras ainsi: Ainsi parle Yahvé Sabaot, le Dieu d'Israël. Puisque toi, tu as envoyé de ton propre chef à tout le peuple de Jérusalem et au prêtre Cephanya, fils de Maaséya (et à tous les prêtres) une lettre disant: "Yahvé t'a établi prêtre à la place du prêtre Yehoyada, pour exercer la surveillance dans le Temple de Yahvé, sur tout exalté qui joue au prophète; tu dois le mettre au carcan et aux fers. Pourquoi alors n'avoir pas corrigé Jérémie d'Anatot qui fait le prophète parmi vous? C'est ainsi qu'il a pu nous adresser à Babylone cette recommandation: Ce sera long! Bâtissez des maisons et installez-vous; plantez des jardins et mangez leurs fruits." (Or le prêtre Cephanya avait lu la lettre au prophète Jérémie.) La parole de Yahvé fut donc adressée à Jérémie en ces termes: Envoie ce message à tous les déportés: "Ainsi parle Yahvé au sujet de Shemayahu de Nahlam. Puisque Shemayahu vous a prophétisé, alors que je ne l'avais pas envoyé, et qu'il vous a fait vous confier au mensonge, eh bien! ainsi parle Yahvé: Je vais châtier Shemayahu de Nahlam ainsi que sa descendance. Aucun des siens n'habitera au milieu de ce peuple pour jouir du bonheur que je veux accorder à mon peuple( - oracle de Yahvé - car il a prêché la révolte contre Yahvé"). Parole qui fut adressée à Jérémie de la part de Yahvé en ces termes: Ainsi parle Yahvé, le Dieu d'Israël. Ecris pour toi dans un livre toutes les paroles que je t'ai adressées. Car voici venir des jours - oracle de Yahvé - où je ramènerai les captifs de mon peuple Israël (et Juda), dit Yahvé, je les ferai revenir au pays que j'ai donné à leurs pères et ils en prendront possession. Voici les paroles qu'a prononcées Yahvé à l'adresse d'Israël (et de Juda): Ainsi parle Yahvé: Nous avons perçu un cri d'effroi, c'est la terreur, non la paix. Interrogez donc et regardez. Est-ce qu'un mâle enfante? Pourquoi vois-je tout homme les mains sur les reins comme celle qui enfante? Pourquoi tous les visages sont-ils devenus livides? Malheur! C'est le grand jour! Il n'a pas son pareil! Temps de détresse pour Jacob, mais dont il sera sauvé. (Ce jour-là - oracle de Yahvé Sabaot - je briserai le joug qui pèse sur ta nuque et je romprai tes chaînes. Alors les étrangers ne t'asserviront plus, mais Israël et Juda serviront Yahvé leur Dieu et David leur roi que je vais leur susciter.) Toi donc, ne crains pas, mon serviteur Jacob - oracle de Yahvé - ne sois pas terrifié, Israël. Car voici que je vais te sauver des terres lointaines et tes descendants du pays de leur captivité. Jacob reviendra et sera paisible, tranquille, sans personne qui l'inquiète. Car je suis avec toi pour te sauver - oracle de Yahvé - je vais en finir avec toutes les nations où je t'ai dispersé; avec toi je ne veux pas en finir, mais te châtier selon le droit, ne te laissant pas impuni. Oui, ainsi parle Yahvé. Incurable est ta blessure, inguérissable ta plaie. Personne pour plaider ta cause; pour un ulcère, il y a des remèdes, pour toi, pas de guérison. Tous tes amants t'ont oubliée, ils ne te recherchent plus! Oui, je t'ai frappée comme frappe un ennemi, d'un rude châtiment (pour ta faute si grande, tes péchés si nombreux). Pourquoi crier à cause de ta blessure? Incurable est ton mal! C'est pour ta faute si grande, pour tes péchés si nombreux, que je t'ai ainsi traitée! Mais tous ceux qui te dévoraient seront dévorés, tous tes adversaires, absolument tous, iront en captivité, ceux qui te dépouillaient seront dépouillés, et tous ceux qui te pillaient seront livrés au pillage. Car je vais te porter remède, guérir tes plaies - oracle de Yahvé - toi qu'on appelait: "la Répudiée", "Sion dont nul ne prend soin." Ainsi parle Yahvé: Voici que je vais rétablir les tentes de Jacob, je prendrai en pitié ses habitations; la ville sera rebâtie sur son tell, la maison forte restaurée à sa vraie place. Il en sortira l'action de grâces et les cris de joie. Je les multiplierai: ils ne diminueront plus. Je les glorifierai: ils ne seront plus abaissés. Ses fils seront comme jadis, son assemblée devant moi sera stable, je châtierai tous ses oppresseurs. Son chef sera issu de lui, son souverain sortira de ses rangs. Je lui donnerai audience et il s'approchera de moi; qui donc en effet aurait l'audace de s'approcher de moi? Oracle de Yahvé. Vous serez mon peuple et moi, je serai votre Dieu. Voici l'ouragan de Yahvé, sa fureur qui éclate, c'est un ouragan qui gronde, sur la tête des impies il fait irruption. L'ardente colère de Yahvé ne se détournera pas qu'il n'ait accompli et réalisé les desseins de son coeur. A la fin des jours, vous comprendrez cela. En ce temps-là - oracle de Yahvé - je serai le Dieu de toutes les familles d'Israël, et elles seront mon peuple. Ainsi parle Yahvé: Il a trouvé grâce au désert, le peuple échappé à l'épée. Israël marche vers son repos. De loin Yahvé m'est apparu: D'un amour éternel je t'ai aimée, aussi t'ai-je maintenu ma faveur. De nouveau je te bâtirai et tu seras rebâtie, vierge d'Israël. De nouveau tu te feras belle, avec tes tambourins, tu sortiras au milieu des danses joyeuses. De nouveau tu seras plantée de vignes sur les montagnes de Samarie (ils planteront, les planteurs, et ils cueilleront). Oui, ce sera le jour où les veilleurs crieront sur la montagne d'Ephraïm: "Debout! Montons à Sion, vers Yahvé notre Dieu!" Car ainsi parle Yahvé: Criez de joie pour Jacob, acclamez la première des nations! Faites-vous entendre! louez! Proclamez: "Yahvé a sauvé son peuple, le reste d'Israël!" Voici que moi je les ramène du pays du Nord, je les rassemble des extrémités du monde. Parmi eux l'aveugle et le boiteux, la femme enceinte et la femme qui enfante, tous ensemble: c'est une grande assemblée qui revient ici! En larmes ils reviennent, dans les supplications je les ramène. Je vais les conduire aux cours d'eau, par un chemin tout droit où ils ne trébucheront pas. Car je suis un père pour Israël et Ephraïm est mon premier-né. Nations, écoutez la parole de Yahvé! Annoncez-la dans les îles lointaines; dites: "Celui qui dispersa Israël le rassemble, il le garde comme un pasteur son troupeau." Car Yahvé a racheté Jacob, il l'a délivré de la main d'un plus fort. Ils viendront, criant de joie, sur la hauteur de Sion, ils afflueront vers les biens de Yahvé: le blé, le vin et l'huile, les brebis et les boeufs; ils seront comme un jardin bien arrosé, ils ne languiront plus. Alors la vierge prendra joie à la danse, et, ensemble, les jeunes et les vieux; je changerai leur deuil en allégresse, je les consolerai, je les réjouirai après leurs peines. Je fournirai aux prêtres abondance de graisse et mon peuple sera rassasié de mes biens, oracle de Yahvé. Ainsi parle Yahvé: A Rama, une voix se fait entendre, une plainte amère; c'est Rachel qui pleure ses fils. Elle ne veut pas être consolée pour ses fils, car ils ne sont plus. Ainsi parle Yahvé: Cesse ta plainte, sèche tes yeux! Car il est une compensation pour ta peine - oracle de Yahvé - ils vont revenir du pays ennemi. Il y a donc espoir pour ton avenir - oracle de Yahvé - ils vont revenir, tes fils, sur leur territoire. J'ai bien entendu le gémissement d'Ephraïm: "Tu m'as corrigé, j'ai subi la correction, comme un jeune taureau non dressé. Fais-moi revenir, que je revienne, car tu es Yahvé, mon Dieu! Car après m'être détourné je me suis repenti, j'ai compris et je me suis frappé la poitrine. J'étais plein de honte et je rougissais; Oui, je portais sur moi l'opprobre de ma jeunesse" - Ephraïm est-il donc pour moi un fils si cher, un enfant tellement préféré, que chaque fois que j'en parle je veuille encore me souvenir de lui? C'est pour cela que mes entrailles s'émeuvent pour lui, que pour lui déborde ma tendresse, oracle de Yahvé. Dresse-toi des jalons, mets en place des bornes; remarque bien la route, la voie où tu as marché. Reviens, vierge d'Israël, reviens vers ces villes qui sont tiennes! Jusques à quand tourneras-tu de-ci, de-là, fille rebelle? Car Yahvé crée du nouveau sur la terre: la Femme recherche son Mari. Ainsi parle Yahvé Sabaot, le Dieu d'Israël. On dira encore cette parole au pays de Juda et dans ses villes quand je ramènerai leurs captifs: Que Yahvé te bénisse, toi, demeure de justice, toi, sainte montagne! Dans ce pays s'installeront Juda et toutes ses villes ensemble, les laboureurs et ceux qui conduisent le troupeau. Car je donnerai l'abondance à celui qui était épuisé et je rassasierai tout être qui languit. Sur ce, je me suis éveillé et je vis que mon sommeil avait été agréable. Voici venir des jours - oracle de Yahvé - où j'ensemencerai la maison d'Israël et la maison de Juda d'une semence d'hommes et d'une semence de bétail. Et de même que j'ai veillé sur eux pour arracher, pour renverser, pour démolir, pour exterminer et pour affliger, de même je veillerai sur eux pour bâtir et pour planter, oracle de Yahvé. En ces jours-là on ne dira plus: Les pères ont mangé des raisins verts, et les dents des fils sont agacées. Mais chacun mourra pour sa propre faute. Tout homme qui aura mangé des raisins verts, ses propres dents seront agacées. Voici venir des jours - oracle de Yahvé - où je conclurai avec la maison d'Israël (et la maison de Juda) une alliance nouvelle. Non pas comme l'alliance que j'ai conclue avec leurs pères, le jour où je les pris par la main pour les faire sortir du pays d'Egypte - mon alliance qu'eux-mêmes ont rompue bien que je fusse leur Maître, oracle de Yahvé! Mais voici l'alliance que je conclurai avec la maison d'Israël après ces jours-là, oracle de Yahvé. Je mettrai ma Loi au fond de leur être et je l'écrirai sur leur coeur. Alors je serai leur Dieu et eux seront mon peuple. Ils n'auront plus à instruire chacun son prochain, chacun son frère, en disant: "Ayez la connaissance de Yahvé!" Car tous me connaîtront, des plus petits jusqu'aux plus grands - oracle de Yahvé - parce que je vais pardonner leur crime et ne plus me souvenir de leur péché. Ainsi parle Yahvé, lui qui établit le soleil pour éclairer le jour, commande à la lune et aux étoiles pour éclairer la nuit, qui brasse la mer et fait mugir ses flots, lui dont le nom est Yahvé Sabaot: Si jamais cet ordre venait à faillir devant moi - oracle de Yahvé - alors la race d'Israël cesserait aussi d'être une nation devant moi pour toujours! Ainsi parle Yahvé: Qu'on parvienne à mesurer le ciel là-haut et à sonder en bas les fondations de la terre, alors moi aussi je rejetterai toute la race d'Israël pour tout ce qu'ils ont fait, oracle de Yahvé. Voici venir des jours - oracle de Yahvé - où la Ville sera reconstruite pour Yahvé, depuis la tour de Hananéel jusqu'à la porte de l'Angle. Puis le cordeau à mesurer sera encore tendu tout droit sur la hauteur de Gareb, pour tourner vers Goa. Et toute la vallée, avec ses cadavres et sa cendre, et tous les terrains attenant au ravin du Cédron jusqu'à l'angle de la porte des Chevaux, vers l'est, seront consacrés à Yahvé. Il n'y aura plus jamais de destruction ni de démolition. Parole qui fut adressée à Jérémie de la part de Yahvé, dans la dixième année de Sédécias, roi de Juda, c'est-à-dire la dix-huitième année de Nabuchodonosor. L'armée du roi de Babylone assiégeait alors Jérusalem, et le prophète Jérémie se trouvait enfermé dans la cour de garde, au palais du roi de Juda, où Sédécias, roi de Juda, l'avait fait enfermer en lui disant: "Pourquoi prophétises-tu en ces termes: Ainsi parle Yahvé. Voici, je vais livrer cette ville aux mains du roi de Babylone pour qu'il la prenne; Sédécias, roi de Juda, n'échappera pas au pouvoir des Chaldéens, mais sûrement il sera livré aux mains du roi de Babylone et pourra l'entretenir face à face et le regarder les yeux dans les yeux; à Babylone il emmènera Sédécias qui y restera (jusqu'à ce que je le visite, oracle de Yahvé. Si vous combattez les Chaldéens, vous ne réussirez pas"). Or Jérémie dit: La parole de Yahvé m'a été adressée en ces termes: Voici, Hanaméel, fils de ton oncle Shallum, va venir te trouver pour te dire: "Achète mon champ d'Anatot car tu as droit de rachat pour l'acquérir." Mon cousin Hanaméel vint me trouver selon la parole de Yahvé, dans la cour de garde, et il me dit: "Achète donc mon champ d'Anatot, au pays de Benjamin, car tu as droit d'héritage et droit de rachat, achète-le." Je reconnus alors que c'était un ordre de Yahvé. J'achetai donc ce champ à mon cousin Hanaméel d'Anatot et lui pesai l'argent: dix-sept sicles d'argent. Je rédigeai l'acte et le scellai, je pris des témoins et je pesai l'argent avec une balance. Puis je pris l'acte d'acquisition, son exemplaire scellé (avec les stipulations et les clauses) et son exemplaire ouvert, et je remis l'acte d'acquisition à Baruch, fils de Nériyya, fils de Mahséya, en présence de mon cousin Hanaméel et des témoins signataires de l'acte d'acquisition, et en présence de tous les Judéens qui se trouvaient dans la cour de garde. Devant eux, je donnai cet ordre à Baruch: "Ainsi parle Yahvé Sabaot, le Dieu d'Israël. Prends ces documents, cet acte d'acquisition, l'exemplaire scellé comme la copie ouverte, et mets-les dans un vase de terre de façon qu'ils se conservent longtemps. Car ainsi parle Yahvé Sabaot, le Dieu d'Israël: On achètera encore des maisons, des champs et des vignes en ce pays." Après avoir confié l'acte d'acquisition à Baruch, fils de Nériyya, j'adressai cette prière à Yahvé: "Ah! Seigneur Yahvé, voici que tu as fait le ciel et la terre par ta grande puissance et ton bras étendu. A toi rien n'est impossible! Tu fais grâce à des milliers, mais punis la faute des pères, à pleine mesure, sur leurs fils après eux. O Dieu grand et fort dont le nom est Yahvé Sabaot, grand dans tes desseins, puissant dans tes hauts faits, toi dont les yeux sont ouverts sur toutes les voies des humains pour rendre à chacun selon sa conduite et d'après le fruit de ses actes! Toi qui produisis signes et prodiges au pays d'Egypte, et jusqu'aujourd'hui en Israël et parmi les hommes. Tu t'es fait un nom, comme on le voit aujourd'hui. Tu fis sortir ton peuple Israël du pays d'Egypte par signes et prodiges, à main forte et à bras étendu, et par une grande terreur. Puis tu leur donnas ce pays que tu avais promis par serment à leurs pères, pays qui ruisselle de lait et de miel. Ils vinrent dont et en prirent possession, mais ils n'écoutèrent pas ta voix et ne marchèrent pas selon ta Loi: ils ne pratiquèrent rien de ce que tu leur avais ordonné, alors tu fis venir sur eux tout ce malheur. Voici que les terrassements pour l'assaut atteignent la ville; par l'épée, la famine et la peste, elle est livrée aux mains des Chaldéens qui l'attaquent. Ce que tu as dit arrive, et tu le vois. Et c'est toi, Seigneur Yahvé qui me dis: Achète ce champ à prix d'argent et prends des témoins, alors que la ville est livrée aux mains des Chaldéens!" Or la parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Voici, je suis Yahvé, le Dieu de toute chair; y a-t-il pour moi quelque chose d'impossible? C'est pourquoi, ainsi parle Yahvé: Je vais livrer cette ville aux mains des Chaldéens et aux mains de Nabuchodonosor, roi de Babylone, qui la prendra; les Chaldéens qui attaquent cette ville entreront et y mettront le feu; ils brûleront les maisons sur le toit desquelles on a allumé l'encens pour Baal et répandu des libations en l'honneur de dieux étrangers pour m'irriter. Car les enfants d'Israël et ceux de Juda n'ont fait, depuis leur jeunesse, que ce qui est mal à mes yeux (les enfants d'Israël, en effet, n'ont fait que m'irriter par l'oeuvre de leurs mains - oracle de Yahvé). Oui, cette ville a été pour moi un sujet de colère et de fureur, depuis le jour où on l'a bâtie jusqu'aujourd'hui; j'en viendrai à l'ôter de devant ma face, à cause de tout le mal que les enfants d'Israël et les enfants de Juda ont commis pour m'irriter, eux, leurs rois, leurs princes, leurs prêtres, leurs prophètes, les hommes de Juda et les habitants de Jérusalem. Ils ont tourné vers moi le dos, non la face, et quand je les instruisais avec constance et sans me lasser, aucun ne m'écoutait pour accueillir la leçon. Ils ont installé leurs Horreurs dans le Temple qui porte mon nom pour le souiller. Ils ont construit les hauts lieux de Baal dans la vallée de Ben-Hinnom pour faire passer par le feu leurs fils et leurs filles en l'honneur de Molek - ce que je n'avais point ordonné, ce à quoi je n'avais jamais songé: commettre une telle abomination pour faire pécher Juda! C'est pourquoi, maintenant, ainsi parle Yahvé, le Dieu d'Israël, à propos de cette ville dont tu viens de dire: "Par l'épée, la famine et la peste, elle est livrée au roi de Babylone." Moi, je vais les rassembler de tous les pays où je les ai chassés dans ma colère, ma fureur et ma grande indignation; en ce lieu je les ramènerai et les ferai demeurer en sécurité. Alors ils seront mon peuple et moi, je serai leur Dieu. Je leur donnerai un seul coeur et une seule manière d'agir, de façon qu'ils me craignent toujours, pour leur bien et celui de leurs enfants après eux. Je conclurai avec eux une alliance éternelle: je ne cesserai pas de les suivre pour leur faire du bien et je mettrai ma crainte en leur coeur pour qu'ils ne s'écartent plus de moi. Je trouverai ma joie à leur faire du bien et je les planterai solidement en ce pays, de tout mon coeur et de toute mon âme. Car ainsi parle Yahvé. De même que j'ai amené sur ce peuple tout cet immense malheur, de même je leur amènerai tout le bien que je leur promets. On achètera des champs en ce pays dont tu dis: "C'est une solitude, sans hommes ni bêtes, il est livré aux mains des Chaldéens." On achètera des champs à prix d'argent, on rédigera un acte, on le scellera et on prendra des témoins au pays de Benjamin, aux alentours de Jérusalem, dans les villes de Juda, dans celles de la Montagne, du Bas-Pays et du Négeb. Car je ramènerai leurs captifs, oracle de Yahvé. Pendant que Jérémie était encore enfermé dans la cour de garde, la parole de Yahvé lui fut adressée une seconde fois en ces termes: Ainsi parle Yahvé qui a fait la terre, lui donnant forme et stabilité - son nom est Yahvé! - Invoque-moi et je te répondrai; je t'annoncerai des choses grandes et cachées dont tu ne sais rien. Car ainsi parle Yahvé, le Dieu d'Israël, au sujet des maisons de cette ville et des maisons des rois de Juda, qui vont être détruites grâce aux terrassements et à l'épée; au sujet de ceux qui combattent contre les Chaldéens pour remplir la ville de cadavres, eux que j'ai frappés dans ma colère et dans ma fureur, eux dont la méchanceté m'a fait me détourner de cette ville. Voici que moi, je leur porte remède et guérison; je vais les guérir et leur révéler une ordonnance de paix et de fidélité. Je ramènerai les captifs de Juda et les captifs d'Israël, et je les rétablirai comme avant. Je les purifierai de toute faute par laquelle ils m'ont offensé, je pardonnerai toutes les fautes par lesquelles ils m'ont offensé et se sont révoltés contre moi. Jérusalem deviendra pour moi un nom plein d'allégresse, un honneur, une splendeur devant toutes les nations du monde: quand elles apprendront tout le bien que je vais faire, elles seront prises de crainte et de tremblement, à cause de tout le bonheur et de toute la paix que je vais lui accorder. Ainsi parle Yahvé. En ce lieu dont vous dites: "C'est une ruine, sans hommes ni bêtes", dans les villes de Juda et les rues désolées de Jérusalem où il n'y a ni hommes ni bêtes, on entendra de nouveau les cris de joie et d'allégresse, les appels du fiancé et de la fiancée, le chant de ceux qui diront, en apportant au Temple de Yahvé les sacrifices d'actions de grâces: "Rendez grâces à Yahvé Sabaot car Yahvé est bon, car éternel est son amour!" Car je ramènerai les captifs du pays comme avant, dit Yahvé. Ainsi parle Yahvé Sabaot. Il y aura encore dans ce lieu en ruines, privé d'hommes et de bêtes, et dans toutes ses villes, des pâturages où les bergers feront reposer leurs brebis. Dans les villes de la Montagne, du Bas-Pays et du Négeb, au pays de Benjamin, aux alentours de Jérusalem et dans les villes de Juda, les brebis passeront sous la main de celui qui les compte, dit Yahvé. Voici venir des jours -- oracle de Yahvé -- où j'accomplirai la promesse de bonheur que j'ai prononcée sur la maison d'Israël et sur la maison de Juda. En ces jours-là, en ce temps-là, je ferai germer pour David un germe de justice qui exercera droit et justice dans le pays. En ces jours-là, Juda sera sauvé et Jérusalem habitera en sécurité. Voici le nom dont on appellera la Ville: "Yahvé-notre-Justice. Car ainsi parle Yahvé: Jamais David ne manquera d'un descendant qui prenne place sur le trône de la maison d'Israël. Et jamais les prêtres lévites ne manqueront de descendants qui se tiennent devant moi pour offrir l'holocauste, faire fumer l'oblation et offrir tous les jours le sacrifice. Puis la parole de Yahvé fut adressée à Jérémie en ces termes: Ainsi parle Yahvé. Si vous pouvez rompre mon alliance avec le jour et mon alliance avec la nuit, de sorte que le jour et la nuit n'arrivent plus au temps fixé, mon alliance sera aussi rompue avec David mon serviteur, de sorte qu'il n'aura plus de fils régnant sur son trône, ainsi qu'avec les lévites, les prêtres qui assurent mon service. Comme l'armée des cieux qui ne peut être dénombrée, comme le sable de la mer qui ne peut être compté, ainsi multiplierai-je la postérité de David mon serviteur, et les lévites qui assurent mon service. La parole de Yahvé fut adressée à Jérémie en ces termes: N'as-tu pas remarqué ce que disent ces gens: "Les deux familles qu'avait élues Yahvé, il les a rejetées!" Aussi méprisent-ils mon peuple qui ne leur apparaît plus comme une nation. Ainsi parle Yahvé: Si je n'ai pas créé le jour et la nuit et établi les lois du ciel et de la terre, alors je rejetterai la descendance de Jacob et de David mon serviteur et cesserai de prendre parmi ses descendants ceux qui gouverneront la postérité d'Abraham, d'Isaac et de Jacob! Car je vais ramener leurs captifs et les prendre en pitié. Parole qui fut adressée à Jérémie de la part de Yahvé, à l'époque où Nabuchodonosor, roi de Babylone, et toute son armée, tous les royaumes de la terre soumis à sa domination et tous les peuples étaient en lutte contre Jérusalem et contre toutes ses villes. Ainsi parle Yahvé, le Dieu d'Israël: Va! Tu parleras à Sédécias, roi de Juda, et tu lui diras: Ainsi parle Yahvé. Voici que moi, je vais livrer cette ville aux mains du roi de Babylone et il l'incendiera. Et toi, tu n'échapperas pas à sa main, mais tu seras bel et bien capturé et remis entre ses mains. Tu pourras regarder le roi de Babylone les yeux dans les yeux et lui pourra te parler face à face. Puis tu iras à Babylone. Toutefois, écoute la parole de Yahvé, Sédécias, roi de Juda! Ainsi parle Yahvé à ton sujet: tu ne mourras pas par l'épée, c'est en paix que tu mourras. Et comme il y eut des parfums pour tes ancêtres, les rois de jadis qui furent avant toi, de même on en brûlera en ton honneur, et pour toi on récitera la lamentation: "Hélas! Seigneur!" C'est moi qui le déclare, oracle de Yahvé. Le prophète Jérémie rapporta toutes ces paroles à Sédécias, roi de Juda, à Jérusalem; l'armée du roi de Babylone menait alors le combat contre Jérusalem et contre toutes les villes de Juda qui tenaient encore, à savoir Lakish et Azéqa, car parmi les villes de Juda, celles-ci restaient des places fortes. Parole qui fut adressée à Jérémie de la part de Yahvé, après que le roi Sédécias eut conclu avec tout le peuple de Jérusalem une alliance pour proclamer un affranchissement: chacun devait renvoyer libres ses esclaves hébreux, hommes et femmes, personne ne devait plus tenir en servitude un Judéen, son frère. Tous les princes et tout le peuple qui avaient participé à cette alliance avaient accepté de renvoyer libres chacun ses esclaves, hommes et femmes, et de ne plus les tenir en servitude; ils avaient accepté et les avaient renvoyés. Mais après cela, changeant d'avis, ils avaient repris les esclaves, hommes et femmes, qu'ils avaient libérés, et les avaient de nouveau réduits en servitude. Alors la parole de Yahvé fut adressée à Jérémie en ces termes: Ainsi parle Yahvé, le Dieu d'Israël. J'ai conclu avec vos pères, quand je les tirai du pays d'Egypte, de la maison de servitude, une alliance en disant: "Au bout de sept années, chacun de vous libérera son frère hébreu qui se sera vendu à toi; six ans il sera ton esclave, puis tu le renverras libre de chez toi." Mais vos pères ne m'ont pas écouté et n'ont pas prêté l'oreille. Or aujourd'hui vous vous étiez convertis, vous aviez fait ce qui est juste à mes yeux en proclamant l'affranchissement de votre prochain; vous aviez conclu une alliance devant moi, dans le Temple qui porte mon nom. Puis vous avez changé d'avis et, profanant mon nom, vous avez repris chacun votre esclave, homme ou femme, que vous aviez renvoyés libres de leur personne, et les avez forcés à redevenir vos esclaves. C'est pourquoi, ainsi parle Yahvé. Vous ne m'avez pas obéi en rendant la liberté chacun à son frère, chacun à son prochain. Eh bien, moi, je vais rendre la liberté contre vous -- oracle de Yahvé -- à l'épée, à la peste et à la famine, et faire de vous un objet d'épouvante pour tous les royaumes de la terre. Et ces hommes qui ont trahi mon alliance, qui n'ont pas observé les termes de l'alliance conclue par eux en ma présence, je vais les rendre pareils au veau qu'ils ont coupé en deux pour passer entre ses morceaux. Les princes de Juda et ceux de Jérusalem, les eunuques, les prêtres et tout le peuple du pays, qui sont passés entre les morceaux du veau, je les livrerai aux mains de leurs ennemis et aux mains de ceux qui en veulent à leur vie: leurs cadavres serviront de nourriture aux oiseaux du ciel et aux bêtes de la terre. Je livrerai aussi Sédécias, roi de Juda, et ses princes aux mains de leurs ennemis, aux mains de ceux qui en veulent à leur vie et aux mains de l'armée du roi de Babylone qui vient de se replier loin de vous. Voici, je vais donner un ordre -- oracle de Yahvé -- et les ramener vers cette ville pour qu'ils l'attaquent, la prennent et l'incendient. Et je ferai des villes de Juda une solitude où personne n'habite. Parole qui fut adressée à Jérémie de la part de Yahvé, au temps de Joiaqim, fils de Josias, roi de Juda: "Va trouver le groupe des Rékabites, parle avec eux et amène-les au Temple de Yahvé, dans l'une des salles, pour leur offrir du vin à boire." Je pris donc Yaazanya, fils de Yirmeyahu, fils de Habaççinya, ainsi que ses frères et tous ses fils, tout le groupe des Rékabites; je les amenai au Temple de Yahvé, dans la salle de Ben-Yohanân, fils de Yigdalyahu, homme de Dieu, celle qui est contiguë à la salle des princes, au-dessus de celle de Maaséya, fils de Shallum, gardien du seuil; devant les membres du groupe rékabite, je mis des amphores pleines de vin ainsi que des coupes et je leur dis: "Buvez du vin!" Mais ils répondirent: "Nous ne buvons pas de vin, car notre ancêtre Yonadab, fils de Rékab, nous a donné cet ordre: Vous ne boirez jamais de vin, ni vous, ni vos fils; de même vous ne devez pas bâtir de maison, ni faire de semailles, ni planter de vigne, ni posséder rien de tout cela; mais c'est sous des tentes que vous habiterez toute votre vie, afin de vivre de longs jours sur le sol où vous séjournez. Nous avons obéi à tout ce que nous a ordonné notre ancêtre Yonadab, fils de Rékab, ne buvant jamais de vin, nous, nos femmes, nos fils et nos filles, ne bâtissant pas de maisons d'habitation, ne possédant ni vigne, ni champ, ni semailles, habitant sous la tente. Nous avons obéi et fait tout ce que nous a ordonné notre ancêtre Yonadab. Mais quand Nabuchodonosor, roi de Babylone, est monté contre ce pays, nous nous sommes dit: Venez! Entrons à Jérusalem pour échapper à l'armée des Chaldéens et à celle d'Aram! Et nous avons demeuré dans Jérusalem." Alors la parole de Yahvé fut adressée à Jérémie en ces termes: Ainsi parle Yahvé Sabaot, le Dieu d'Israël. Va dire aux hommes de Juda et aux habitants de Jérusalem: Ne saisirez-vous pas la leçon, qui est d'obéir à mes paroles? -- oracle de Yahvé. On a observé les paroles de Yonadab, fils de Rékab; il a défendu à ses fils de boire du vin et jusqu'aujourd'hui ils n'en ont pas bu, obéissant à l'ordre de leur ancêtre. Et moi qui vous ai parlé sans me lasser et avec insistance, vous ne m'avez pas écouté. Je vous ai envoyé sans me lasser et à bien des reprises tous mes serviteurs les prophètes pour vous dire: Revenez chacun de votre voie mauvaise, améliorez vos actions, ne suivez pas d'autres dieux pour les servir, et vous demeurerez sur le sol que j'ai donné à vous et à vos pères. Mais vous n'avez pas prêté l'oreille, vous ne m'avez pas écouté. Ainsi les descendants de Yonadab, fils de Rékab, ont observé l'ordre donné par leur ancêtre, tandis que ce peuple ne m'a pas écouté! C'est pourquoi ainsi parle Yahvé, le Dieu Sabaot, le Dieu d'Israël. Voici, je vais amener sur Juda et sur tous les habitants de Jérusalem tout le malheur dont je les ai menacés: c'est que je leur ai parlé sans qu'ils m'écoutent et les ai appelés sans qu'ils répondent. Alors Jérémie dit au groupe rékabite: "Ainsi parle Yahvé Sabaot, le Dieu d'Israël. Puisque vous avez obéi à l'ordre de votre ancêtre Yonadab, que vous avez observé tous ses ordres et pratiqué tout ce qu'il vous a ordonné, eh bien! ainsi parle Yahvé Sabaot, le Dieu d'Israël: Yonadab, fils de Rékab, ne manquera jamais de quelqu'un qui se tienne en ma présence, pour toujours." La quatrième année de Joiaqim, fils de Josias, roi de Juda, la parole que voici fut adressée à Jérémie de la part de Yahvé: Prends un rouleau et écris dessus toutes les paroles que je t'ai adressées touchant Israël, Juda et toutes les nations, depuis le jour où je commençai à te parler -- au temps de Josias -- jusqu'aujourd'hui. Peut-être qu'en entendant tout le mal que j'ai dessein de leur faire, ceux de la maison de Juda reviendront chacun de sa voie mauvaise; alors je pourrai pardonner leur iniquité et leur péché. Jérémie appela Baruch, fils de Nériyya, qui sous sa dictée écrivit sur un rouleau toutes les paroles que Yahvé avait adressées au prophète. Alors Jérémie donna cet ordre à Baruch: "Je suis empêché, je ne peux plus entrer au Temple de Yahvé. Mais tu iras, toi, lire au peuple, dans le rouleau que tu as écrit sous ma dictée, toutes les paroles de Yahvé, en son Temple, le jour du jeûne. De même tu les liras à tous les Judéens venus de leurs villes. Peut-être leur supplication touchera-t-elle Yahvé et se convertiront-ils chacun de sa voie mauvaise; car grande sont la colère et la fureur dont Yahvé a menacé ce peuple." Baruch, fils de Nériyya, observa ponctuellement l'ordre que lui avait donné le prophète Jérémie, de lire dans le livre les paroles de Yahvé, en son Temple. La cinquième année de Joiaqim, fils de Josias, roi de Juda, au neuvième mois, on convoqua pour un jeûne devant Yahvé tout le peuple de Jérusalem et tout le peuple qui pourrait y venir de toutes les villes de Juda. Alors Baruch lut dans le livre les paroles de Jérémie; on était au Temple de Yahvé, dans la salle de Gemaryahu, le fils du scribe Shaphân, dans la cour d'en haut, à l'entrée de la porte Neuve du Temple de Yahvé: tout le peuple pouvait entendre. Or Mikayehu, fils de Gemaryahu, fils de Shaphân, ayant écouté les paroles de Yahvé tirées du livre, descendit au palais royal, à la salle du scribe. Là, tous les princes tenaient séance: Elishama, le scribe; Delayahu, fils de Shemayahu; Elnatân, fils de Akbor; Gemaryahu, fils de Shaphân; Cidqiyyahu, fils de Hananyahu, et tous les autres princes. Mikayehu leur rapporta toutes les paroles qu'il avait entendues quand Baruch en faisait lecture aux oreilles du peuple. Alors, à l'unanimité, les princes envoyèrent à Baruch Yehudi, fils de Netanyahu, et Shélémyahu, fils de Kushi, pour lui dire: "Ce rouleau dont tu as fait lecture au peuple, prends-le et viens!" Baruch, fils de Nériyya, prit donc le rouleau et arriva près d'eux. Ils lui dirent: "Assieds-toi et donne-nous en lecture." Et Baruch leur en donna lecture. Après avoir entendu toutes les paroles, ils se tournèrent effrayés l'un vers l'autre et dirent à Baruch: "Il nous faut absolument informer le roi de tout cela." Et ils interrogèrent Baruch: "Apprends-nous comment tu as écrit toutes ces paroles." Baruch leur répondit: "Jérémie me les dictait toutes, et moi je les écrivais avec de l'encre sur ce livre." Les princes dirent alors à Baruch: "Va-t-en, cache-toi, ainsi que Jérémie: que nul ne sache où vous êtes." Puis ils se rendirent chez le roi, à la cour du palais, laissant le rouleau en dépôt dans la salle du scribe Elishama. Et ils informèrent le roi de toute cette affaire. Le roi envoya Yehudi chercher le rouleau; celui-ci l'apporta de la salle du scribe Elishama et en fit lecture devant le roi et devant tous les princes, debout autour du roi. Le roi était assis dans ses appartements d'hiver -- on était au neuvième mois -- et le feu d'un brasero brûlait devant lui. Chaque fois que Yehudi avait lu trois ou quatre colonnes, le roi les lacérait avec le canif du scribe et les jetait au feu sur le brasero, jusqu'à ce que le rouleau entier fût consumé dans le feu du brasero. Mais ni le roi ni aucun de ses serviteurs, à entendre toutes ces paroles, ne furent effrayés ni ne déchirèrent leurs vêtements; et pourtant Elnatân, Delayahu et Gemaryahu avaient insisté auprès du roi pour qu'il ne brûlât pas le rouleau; mais il ne les écouta pas. Et il ordonna à Yerahméel, fils du roi, à Serayahu, fils de Azriel, et à Shélémyahu, fils de Abdéel, de saisir Baruch, le scribe, et Jérémie, le prophète. Mais Yahvé les avait cachés. Alors la parole de Yahvé fut adressée à Jérémie, après que le roi eut brûlé le rouleau avec les paroles qu'avait écrites Baruch sous la dictée de Jérémie: "Prends un autre rouleau; écris dessus toutes les paroles qui figuraient déjà dans le premier rouleau brûlé par Joiaqim, roi de Juda. Et contre Joiaqim, roi de Juda, tu diras: Ainsi parle Yahvé. Toi, tu as brûlé ce rouleau en disant: Pourquoi y avoir écrit: Il est certain que le roi de Babylone viendra, saccagera ce pays et en fera disparaître hommes et bêtes? C'est pourquoi, ainsi parle Yahvé contre Joiaqim, roi de Juda. Il n'aura plus personne pour siéger sur le trône de David, et son cadavre sera exposé à la chaleur du jour et au froid de la nuit. Lui, sa descendance et ses serviteurs, je les châtierai de leurs fautes; j'amènerai sur eux, sur les habitants de Jérusalem et sur les gens de Juda tout le malheur dont je les ai menacés sans qu'ils m'écoutent." Jérémie prit un autre rouleau et le remit au scribe Baruch, fils de Nériyya, qui y écrivit, sous la dictée de Jérémie, toutes les paroles du livre qu'avait brûlé Joiaqim, roi de Juda. De plus, beaucoup de paroles du même genre y furent ajoutées. Le roi Sédécias, fils de Josias, devint roi à la place de Konias, fils de Joiaqim: Nabuchodonosor, roi de Babylone, l'avait établi roi au pays de Juda. Mais ni lui, ni ses serviteurs, ni le peuple du pays n'écoutèrent les paroles que Yahvé prononça par le ministère du prophète Jérémie. Le roi Sédécias envoya Yukal, fils de Shélémya, et le prêtre Cephanyahu, fils de Maaséya, vers le prophète Jérémie avec ce message: "Adresse donc une prière pour nous à Yahvé notre Dieu!" Or Jérémie allait et venait parmi le peuple: on ne l'avait pas encore mis en prison. Cependant l'armée de Pharaon était sortie d'Egypte; à cette nouvelle, les Chaldéens qui assiégeaient Jérusalem avaient dû lever le siège. Alors la parole de Yahvé fut adressée au prophète Jérémie en ces termes: Ainsi parle Yahvé, le Dieu d'Israël. Au roi de Juda qui vous a envoyés vers moi pour me consulter, vous donnerez cette réponse: L'armée de Pharaon est sortie à votre secours? Elle va s'en retourner en son pays d'Egypte! Les Chaldéens reviendront attaquer cette ville, la conquérir et y mettre le feu. Ainsi parle Yahvé. Ne vous abusez pas vous-mêmes en disant: "Les Chaldéens s'en iront pour de bon de chez nous", car ils ne s'en iront pas! Quand vous auriez taillé en pièces toute l'armée des Chaldéens en guerre contre vous et qu'il n'en restât que des blessés, ils se dresseraient chacun sous sa tente pour mettre le feu à cette ville. A l'époque où l'armée des Chaldéens dut lever le siège de Jérusalem à cause de l'armée de Pharaon, Jérémie sortit de Jérusalem pour aller au pays de Benjamin y toucher sa part au milieu de la population. Comme il était à la porte de Benjamin, un nommé Yiréiyyaï, fils de Shélémya, fils de Hananya, chef du poste de garde, se trouvait là; il arrêta le prophète Jérémie en disant: "Tu passes aux Chaldéens!" Jérémie répondit: "C'est faux! Je ne passe pas aux Chaldéens!" Mais sans écouter Jérémie, Yiréiyyaï l'arrêta et le conduisit aux princes. Ceux-ci, furieux contre Jérémie, le frappèrent et le mirent au cachot, au domicile du scribe Yehonatân, qu'on avait transformé en prison. Ainsi Jérémie fut mis dans un souterrain voûté et il y resta longtemps. Le roi Sédécias l'envoya chercher. Et secrètement, dans son palais, le roi lui demanda: "Y a-t-il une parole de Yahvé?" Jérémie répondit: "Oui!" Et il ajouta: "Entre les mains du roi de Babylone, tu seras livré!" Puis Jérémie dit au roi Sédécias: "En quoi ai-je péché contre toi, contre tes serviteurs ou contre ce peuple, que vous m'ayez mis en prison? Où donc sont vos prophètes qui vous annonçaient: Il ne viendra pas contre vous, le roi de Babylone, ni contre ce pays? Maintenant, Monseigneur le roi, daigne écouter, que ma supplication puisse te toucher: Ne me fais pas reconduire chez le scribe Yehonatân de peur que je n'y trouve la mort." Alors le roi Sédécias donna un ordre: on enferma Jérémie dans la cour de garde et on lui remit chaque jour une galette de pain, venant de la rue des boulangers, jusqu'à ce qu'il n'y eût plus de pain dans la ville. Ainsi Jérémie resta dans la cour de garde. Mais Shephatya, fils de Mattân, Gedalyahu, fils de Pashehur, Yukal, fils de Shélémyahu, et Pashehur, fils de Malkiyya, entendirent les paroles que Jérémie adressait à tout le peuple: "Ainsi parle Yahvé. Qui restera dans cette ville mourra par l'épée, la famine et la peste; mais qui sortira et se rendra aux Chaldéens vivra, il aura sa vie comme butin: il vivra! Ainsi parle Yahvé: Pour sûr, cette ville sera livrée aux mains de l'armée du roi de Babylone qui s'en emparera!" Alors les princes dirent au roi: "Que cet individu soit mis à mort! En vérité, il décourage les combattants, qui sont restés dans cette ville, et tout le peuple, en leur tenant semblables propos. Oui, cet individu ne cherche nullement la paix pour ce peuple, mais son malheur." Le roi Sédécias répondit: "Voici, il est entre vos mains, car le roi n'a aucun pouvoir en face de vous!" Ils se saisirent donc de Jérémie et le jetèrent dans la citerne de Malkiyyahu, fils du roi, dans la cour de garde; ils le descendirent à l'aide de cordes. Dans cette citerne il n'y avait point d'eau, mais de la vase, et Jérémie s'enfonça dans la vase. Or le Kushite Ebed-Mélek, un eunuque attaché au palais royal, apprit qu'on avait mis Jérémie dans la citerne. Comme le roi s'était arrêté à la porte de Benjamin, Ebed-Mélek sortit du palais royal et s'adressa au roi: "Monseigneur le roi, ils ont mal agi ces gens-là, en traitant de la sorte le prophète Jérémie; ils l'ont jeté dans la citerne: il va mourir de faim sur place car il n'y a plus de pain dans la ville." Alors le roi donna cet ordre au Kushite Ebed-Mélek: "Prends ici 30 hommes avec toi, et remonte de la citerne le prophète Jérémie avant qu'il ne meure." Ebed-Mélek prit ces hommes avec lui, entra au palais royal, au vestiaire du Trésor; il s'y procura des bouts de tissus déchirés et des bouts de tissus usés qu'il fit passer à Jérémie, dans la citerne, au moyen de cordes. Ebed-Mélek le Kushite dit à Jérémie: "Mets donc ces bouts de tissus déchirés et usés sous tes aisselles par-dessous les cordes." Ce que fit Jérémie. Alors ils soulevèrent Jérémie au moyen des cordes et le remontèrent de la citerne. Et Jérémie resta dans la cour de garde. Le roi Sédécias envoya chercher le prophète Jérémie à la troisième entrée du Temple de Yahvé. Le roi dit à Jérémie: "Je veux te réclamer une parole; ne me la cèle pas!" Jérémie répondit à Sédécias: "Si je te la proclame, tu me feras mourir, n'est ce pas? Et si je te conseille, tu ne m'écouteras pas!" Alors le roi Sédécias fit en secret ce serment à Jérémie: "Par Yahvé vivant, qui nous a donné cette vie, je ne te ferai pas mourir et ne te livrerai pas aux mains de ces gens qui en veulent à ta vie." Alors Jérémie dit à Sédécias: "Ainsi parle Yahvé, le Dieu Sabaot, le Dieu d'Israël. Si tu sors pour te rendre aux officiers du roi de Babylone, tu sauveras ta vie et cette ville ne sera pas incendiée; vous survivrez, toi et ta famille. Mais si tu ne sors pas pour te rendre aux officiers du roi de Babylone, cette ville sera livrée aux mains des Chaldéens qui l'incendieront; quand à toi, tu n'échapperas pas à leurs mains." Alors le roi Sédécias dit à Jérémie: "J'ai peur des Judéens qui sont passés aux Chaldéens; ceux-ci pourraient me livrer entre leurs mains et ils me maltraiteraient." Jérémie répondit: "On ne te livrera pas. Ecoute donc la voix de Yahvé, selon laquelle je t'ai parlé, alors tu t'en trouveras bien et tu auras la vie sauve. Mais si tu refuses de sortir, vois ce que Yahvé m'a montré. Voici: toutes les femmes qui demeurent encore au palais du roi de Juda seront menées aux officiers du roi de Babylone; et elles diront: Ils t'ont séduit, ils t'ont dupé, tes bons amis! Tes pieds pataugent dans le bourbier, eux sont partis! Oui, toutes tes femmes et tes enfants, on les mènera aux Chaldéens. Et toi, tu n'échapperas pas à leurs mains, mais tu seras prisonnier, dans la poigne du roi de Babylone. Quant à cette ville, elle sera incendiée." Sédécias dit à Jérémie: "Que nul n'ait connaissance de ces paroles, sinon tu mourrais. Si les princes apprennent mon entretien avec toi et viennent te dire: Fais-nous connaître ce que tu as dit au roi et ce que t'a dit le roi, ne nous cache rien, sinon nous te ferons mourir, tu leur répondras: Je présentais cette requête devant le roi: qu'il ne me renvoie pas chez Yehonatân pour y mourir." Tous les princes vinrent en effet trouver Jérémie et l'interroger. Il les renseigna exactement comme le roi avait ordonné. Ils le laissèrent donc tranquille, car l'entretien n'avait pas été entendu. Et Jérémie resta dans la cour de garde, jusqu'à ce que Jérusalem fut prise. Et il y était quand Jérusalem fut prise. La neuvième année de Sédécias, roi de Juda, le dixième mois, Nabuchodonosor, roi de Babylone, vint attaquer Jérusalem avec toute son armée et ils en firent le siège. La onzième année de Sédécias, au quatrième mois, le neuf du mois, une brèche fut pratiquée dans la ville. Tous les officiers du roi de Babylone, ayant fait leur entrée, établirent leurs quartiers à la porte du Milieu: Nergalsaréser, Samgar-Nébo, Sar-Sekim, haut dignitaire, Nergalsaréser, grand mage, et tous les autres officiers du roi de Babylone -- Dès qu'ils les virent, Sédécias, roi de Juda, et tous ses guerriers s'enfuirent et sortirent de la ville, de nuit, vers le jardin du roi, par la porte entre les deux murs; ils prirent le chemin de la Araba. Mais les troupes chaldéennes les poursuivirent et atteignirent Sédécias dans les plaines de Jéricho. L'ayant fait prisonnier, on l'emmena à Ribla, au pays de Hamat, auprès de Nabuchodonosor, roi de Babylone, qui le fit passer en jugement. Le roi de Babylone fit égorger à Ribla les fils de Sédécias sous ses yeux. De même, le roi de Babylone fit égorger tous les notables de Juda. Puis il creva les yeux de Sédécias et le mit aux fers pour l'emmener à Babylone. Les Chaldéens incendièrent le palais royal et les maisons des particuliers; ils abattirent les remparts de Jérusalem. Nebuzaradân, commandant de la garde, déporta à Babylone le reste de la population laissée dans la ville, les transfuges qui s'étaient rendus à lui et le reste des artisans. Au contraire, Nebuzaradân, commandant de la garde, laissa au pays de Juda ceux du peuple qui étaient pauvres et ne possédaient rien; en même temps, il leur distribua des vignes et des champs. Au sujet de Jérémie, Nabuchodonosor, roi de Babylone, avait donné cet ordre à Nebuzaradân, commandant de la garde: "Prends-le, aie l'oeil sur lui, ne lui fais aucun mal, mais traite-le comme il te le demandera." Il avait confié cette mission à (Nebuzaradân, commandant de la garde, ) Nebushazbân, haut dignitaire, Nergalsaréser, grand mage, et tous les officiers du roi de Babylone. -- Ils envoyèrent des gens pour tirer Jérémie de la cour de garde et le confièrent à Godolias, fils d'Ahiqam, fils de Shaphân, pour le conduire à la maison, et il demeura au milieu du peuple. Tandis que Jérémie était enfermé dans la cour de garde, la parole de Yahvé lui avait été adressée en ces termes: Va-t'en dire au Kushite Ebed-Mélek: Ainsi parle Yahvé Sabaot, le Dieu d'Israël. Voici, je vais accomplir contre cette ville mes paroles chargées de malheur et non de bonheur. Ce jour-là, elles se réaliseront sous tes yeux. Mais je te délivrerai ce jour-là -- oracle de Yahvé -- et tu ne seras pas livré aux mains des gens qui te font trembler. Oui, assurément je te ferai échapper: tu ne tomberas pas sous l'épée, tu auras ta vie comme butin, car en moi tu as mis ta confiance, oracle de Yahvé. Parole qui fut adressée à Jérémie de la part de Yahvé, après que Nebuzaradân, commandant de la garde, l'eut renvoyé de Rama, l'ayant pris alors qu'il se trouvait enchaîné au milieu de tous les captifs de Jérusalem et de Juda qu'on déportait à Babylone. Le commandant de la garde prit donc Jérémie et lui dit: "Yahvé, ton Dieu, avait prédit ce malheur pour ce pays et il l'a amené. Yahvé a agi selon ses menaces. C'est que vous avez péché contre Yahvé sans écouter sa voix: alors ce malheur vous est arrivé. Maintenant, vois, je te délivre aujourd'hui même des chaînes que tu as aux mains. S'il te plaît de m'accompagner à Babylone, viens, j'aurai les yeux sur toi. S'il te déplaît de m'y accompagner, abstiens-toi. Vois, tout le pays est devant toi; tu peux aller où cela te semble bon et juste d'aller." Et comme Jérémie ne s'en retournait pas encore, il ajouta: "Tu peux te tourner vers Godolias, fils d'Ahiqam, fils de Shaphân, que le roi de Babylone a nommé gouverneur des villes de Juda, et rester avec lui au milieu du peuple, ou bien aller partout où cela te semble bon." Puis le commandant de la garde, lui ayant remis des vivres et un présent, le congédia. Et Jérémie se rendit à Miçpa, auprès de Godolias, fils d'Ahiqam, et demeura avec lui, parmi ceux du peuple qui étaient restés dans le pays. Tous les officiers de l'armée qui, avec leurs hommes, étaient dans la campagne, apprirent que le roi de Babylone avait institué Godolias, fils d'Ahiqam, comme gouverneur du pays et lui avait confié hommes, femmes et enfants, et ceux du petit peuple qui n'avaient pas été déportés à Babylone. Ils vinrent auprès de Godolias à Miçpa: Yishmaël, fils de Netanyahu, Yohanân et Yonatân, fils de Qaréah, Seraya, fils de Tanhumèt, les fils de Ephaï le Netophatite, Yizanyahu, fils du Maakatite, eux et leurs hommes. Godolias, fils d'Ahiqam, fils de Shaphân, leur fit un serment, à eux et à leurs hommes: "Ne craignez pas de servir les Chaldéens, restez au pays, servez le roi de Babylone et vous vous en trouverez bien. Pour moi, voici, je m'établis à Miçpa comme responsable en face des Chaldéens qui viennent chez nous. Mais vous, faites la récolte du vin, des fruits et de l'huile, remplissez vos jarres et demeurez en vos villes, que vous occupez." Pareillement, tous les Judéens qui se trouvaient en Moab, chez les Ammonites, en Edom et en tout autre pays, avaient appris que le roi de Babylone avait laissé un reste à Juda et avait préposé sur lui Godolias, fils d'Ahiqam, fils de Shaphân. Tous ces Judéens revinrent donc de tous les lieux où ils s'étaient dispersés; rentrés au pays de Juda, près de Godolias, à Miçpa, ils firent une récolte très abondante de vin et de fruits. Yohanân, fils de Qaréah, et tous les officiers de l'armée qui étaient dans la campagne vinrent trouver Godolias à Miçpa et lui dirent: "Sais-tu que Baalis, roi des Ammonites, a donné mission à Yishmaël, fils de Netanya, d'attenter à ta vie?" Mais Godolias, fils d'Ahiqam, ne les crut pas. Yohanân, fils de Qaréah, dit même en secret à Godolias, à Miçpa: "J'irai tuer Yishmaël, fils de Netanya, sans que personne le sache. Pourquoi attenterait-il à ta vie, et pourquoi tous les Judéens rassemblés autour de toi seraient-ils dispersés? Pourquoi le reste de Juda périrait-il?" Mais Godolias, fils d'Ahiqam, répondit à Yohanân, fils de Qaréah: "Ne fais pas cela, car ce que tu dis sur Yishmaël est faux!" Or au septième mois, Yishmaël, fils de Netanya, fils d'Elishama, qui était de souche royale, vint avec des grands du roi et dix hommes trouver Godolias, fils d'Ahiqam, à Miçpa. Et tandis qu'ils prenaient ensemble leur repas, là, à Miçpa, Yishmaël, fils de Netanya, se leva avec ses dix hommes et ils frappèrent de l'épée Godolias, fils d'Ahiqam, fils de Shaphân. Ainsi firent-ils mourir celui que le roi de Babylone avait préposé au pays. De même, tous les Judéens qui étaient avec lui, Godolias, à Miçpa, et les Chaldéens qui se trouvaient là -- c'étaient des hommes de guerre -- Yishmaël les tua. Le deuxième jour après le meurtre de Godolias, alors que personne encore n'était au courant, arrivèrent des hommes de Sichem, Silo et Samarie, au nombre de 80, avec la barbe rasée, les vêtements déchirés, et le corps marqué d'incisions; ils portaient des oblations et de l'encens qu'ils voulaient présenter au Temple de Yahvé. Yishmaël, fils de Netanya, sortit de Miçpa à leur rencontre, et il avançait en pleurant. Les ayant rejoints, il leur dit: "Venez chez Godolias, fils d'Ahiqam." Mais quand ils eurent pénétré en pleine ville, Yishmaël, fils de Netanya, les égorgea, aidé de ses hommes, et les fit jeter au fond d'une citerne. Toutefois, parmi ces gens, il s'en trouva dix qui dirent à Yishmaël: "Laisse-nous en vie, car nous avons dans les champs des provisions cachées, froment, orge, huile et miel." Alors, les épargnant, il ne les fit pas mourir avec leurs frères. La citerne où Yishmaël avait jeté tous les cadavres des gens qu'il avait tués était une grande citerne, celle que le roi Asa avait aménagée contre Basha, roi d'Israël. C'est elle qu'Yishmaël, fils de Netanya, emplit d'hommes assassinés. Puis Yishmaël fit prisonniers tout le reste du peuple qui était à Miçpa, les filles du roi et tout le peuple resté à Miçpa que Nebuzaradân, commandant de la garde, avait confiés à Godolias, fils d'Ahiqam; Yishmaël, fils de Netanya, les emmena prisonniers et se mit en marche pour passer chez les Ammonites. Quand Yohanân, fils de Qaréah, et tous les officiers qui se trouvaient avec lui apprirent tous les crimes de Yishmaël, fils de Netanya, ils rassemblèrent tous leurs hommes et partirent attaquer Yishmaël, fils de Netanya. Ils l'atteignirent au grand étang de Gabaôn. A la vue de Yohanân, fils de Qaréah, et de tous les officiers qui l'accompagnaient, tout le peuple autour de Yishmaël éclata de joie. Tous ces gens que Yishmaël avait emmenés de Miçpa firent volte-face, ils se retournèrent et s'en allèrent auprès de Yohanân, fils de Qaréah. Quant à Yishmaël, fils de Netanya, il échappa à Yohanân, avec huit hommes, et s'en fut chez les Ammonites. Alors Yohanân, fils de Qaréah, et tous les officiers qui l'accompagnaient rassemblèrent tout le reste du peuple que Yishmaël, fils de Netanya, avait emmené de Miçpa comme prisonniers, après qu'il eut tué Godolias, fils d'Ahiqam: hommes -- gens de guerre --, femmes et enfants, ainsi que les eunuques, ramenés par eux de Gabaôn. Ils se mirent en marche et firent étape au Khan de Kimham, près de Bethléem, pour gagner ensuite l'Egypte, loin des Chaldéens qu'on redoutait, car Yishmaël, fils de Netanya, avait tué Godolias, fils de Ahiqam, que le roi de Babylone avait préposé au pays. Alors tous les officiers, notamment Yohanân, fils de Qaréah, et Azarya, fils de Hoshaya, ainsi que tout le peuple, petits et grands, vinrent dire au prophète Jérémie: "Que notre supplication puisse te toucher! Intercède auprès de Yahvé ton Dieu en notre faveur et en faveur de tout ce reste -- car nous sommes restés bien peu du nombre que nous étions, comme tu le vois de tes propres yeux -- pour que Yahvé ton Dieu nous indique quelle voie nous devons suivre et ce que nous devons faire." Le prophète Jérémie leur répondit: "J'entends. Je vais intercéder auprès de Yahvé votre Dieu selon votre demande; et toute parole que Yahvé vous répondra, je vous la ferai savoir, sans vous en rien cacher." De leur côté, ils dirent à Jérémie: "Que Yahvé soit témoin contre nous, véridique et fidèle, si nous n'agissons pas exactement selon la parole que Yahvé ton Dieu t'aura envoyée pour nous. Que ce soit agréable ou désagréable, nous obéirons à la voix de Yahvé notre Dieu, auprès de qui nous te députons: ainsi serons-nous heureux pour avoir obéi à la voix de Yahvé notre Dieu." Au bout de dix jours, la parole de Yahvé fut adressée à Jérémie. Alors il convoqua Yohanân, fils de Qaréah, et tous les officiers qui étaient auprès de lui, ainsi que tout le peuple, petits et grands. Il leur dit: "Ainsi parle Yahvé, le Dieu d'Israël, auprès de qui vous m'avez député pour lui présenter votre supplication. Si vraiment vous restez dans ce pays, je vous bâtirai et ne vous démolirai plus, je vous planterai et ne vous arracherai plus. Car je me repentirai du mal que je vous ai fait. Ne craignez pas le roi de Babylone devant qui vous êtes tout craintifs. Ne le craignez pas -- oracle de Yahvé -- car je suis avec vous pour vous sauver et vous délivrer de sa main. Je vous ferai prendre en pitié, pour qu'il vous prenne en pitié et vous laisse revenir sur votre sol. Mais si vous dites: Nous ne resterons pas dans ce pays, désobéissant ainsi à la voix de Yahvé votre Dieu, si vous dites: Non! C'est au pays d'Egypte que nous irons; là nous ne verrons plus la guerre, nous n'entendrons plus l'appel du cor et ne manquerons plus de pain; c'est là que nous voulons demeurer, eh bien! en ce cas, reste de Juda, écoutez la parole de Yahvé: Ainsi parle Yahvé Sabaot, le Dieu d'Israël. Si vous êtes résolus à aller en Egypte et que vous y entriez pour y séjourner, l'épée que vous redoutez, elle vous atteindra là, en terre d'Egypte; et la famine qui vous inquiète, elle s'attachera à vos pas, là en Egypte: c'est là que vous mourrez! Et tous les hommes résolus à aller en Egypte pour y séjourner y mourront par l'épée, la famine et la peste: pas un seul survivant ni rescapé n'échappera au malheur que je vais leur amener. Oui, ainsi parle Yahvé Sabaot, le Dieu d'Israël. Comme se sont déversées ma colère et ma fureur sur les habitants de Jérusalem, ainsi ma fureur se déversera sur vous, si vous vous rendez en Egypte. Vous serez objet d'exécration, de stupéfaction, de malédiction et de raillerie, et vous ne reverrez plus ces lieux. Reste de Juda, Yahvé vous a déclaré: N'allez pas en Egypte! Sachez bien qu'aujourd'hui, je vous ai avertis solennellement. Vous vous êtes égarés vous-mêmes quand vous m'avez député auprès de Yahvé votre Dieu en disant: Intercède pour nous auprès de Yahvé notre Dieu, et tout ce qu'aura ordonné Yahvé notre Dieu, annonce-le nous pour que nous l'exécutions. Et aujourd'hui, je vous l'annonce mais vous n'obéissez à la voix de Yahvé votre Dieu en rien de ce qu'il m'envoie vous dire. Sachez donc bien que vous mourrez par l'épée, la famine et la peste au lieu où vous avez désiré vous rendre pour y séjourner." Lorsque Jérémie eut achevé de dire à tout le peuple toutes les paroles de Yahvé leur Dieu, dont Yahvé leur Dieu l'avait chargé pour eux -- toutes les paroles rapportées -- Azarya, fils de Hoshaya, Yohanân, fils de Qaréah, et tous ces hommes insolents répondirent à Jérémie: "C'est un mensonge que tu débites. Yahvé notre Dieu ne t'a pas chargé de dire: N'allez pas en Egypte pour y séjourner. Mais c'est Baruch, fils de Nériyya, qui t'excite contre nous, pour nous livrer aux mains des Chaldéens qui nous mettront à mort ou nous déporteront à Babylone. Aussi, ni Yohanân, fils de Qaréah, ni aucun des officiers, ni personne du peuple n'obéit à la voix de Yahvé en demeurant au pays de Juda. Yohanân, fils de Qaréah, et tous les chefs de l'armée emmenèrent tout le reste de Juda, ceux qui étaient revenus de chez tous les peuples où ils étaient dispersés, pour habiter au pays de Juda, hommes, femmes et enfants, ainsi que les filles du roi et toutes les personnes que Nebuzaradân, commandant de la garde, avait laissées avec Godolias, fils d'Ahiqam, fils de Shaphân, notamment le prophète Jérémie et Baruch, fils de Nériyya. Ils se rendirent donc en Egypte, puisqu'ils n'obéirent pas à la voix de Yahvé, et parvinrent à Tahpanhès. Or la parole de Yahvé fut adressée à Jérémie, à Tahpanhès, en ces termes: Prends de grandes pierres et, en présence des Judéens, enfouis-les dans du ciment sur la terrasse qui se trouve à l'entrée du palais de Pharaon, à Tahpanhès. Puis dis à ces gens: "Ainsi parle Yahvé Sabaot, le Dieu d'Israël. Voici, je vais envoyer chercher Nabuchodonosor, roi de Babylone, mon serviteur; il installera son trône sur ces pierres que j'ai enfouies, et il déploiera sur elles son dais. Il viendra et frappera le pays d'Egypte: Qui est pour la peste, à la peste! Qui est pour la captivité, en captivité! Qui est pour l'épée, à l'épée! Il mettra le feu aux temples des dieux de l'Egypte, il brûlera ces dieux ou les déportera, il s'enveloppera du pays d'Egypte comme le berger s'enveloppe de son manteau, puis il en sortira en paix. Il brisera les obélisques du temple du Soleil, qui se trouve en Egypte, et incendiera les temples des dieux de l'Egypte. Parole qui fut adressée à Jérémie pour tous les Judéens installés au pays d'Egypte, en résidence à Migdol, Tahpanhès, Noph, et au pays de Patros. Ainsi parle Yahvé Sabaot, le Dieu d'Israël. Vous avez vu tout le malheur que j'ai amené sur Jérusalem et sur toutes les villes de Juda: les voilà en ruines aujourd'hui, et sans habitants. C'est à cause des méfaits qu'ils ont commis pour m'irriter, en allant encenser et servir des dieux étrangers que n'avaient connus ni eux, ni vous, ni vos pères. Je vous ai envoyé sans me lasser tous mes serviteurs les prophètes, je les ai envoyés dire: "Ne faites pas cette abomination que je déteste!" Mais ils n'ont point écouté ni prêté l'oreille pour se convertir de leur méchanceté et ne plus encenser d'autres dieux. Alors ma fureur et ma colère se sont déversées, elles ont embrasé les villes de Juda et les rues de Jérusalem, qui furent réduites en ruines et en solitudes, comme c'est le cas aujourd'hui. Et maintenant, ainsi parle Yahvé, le Dieu Sabaot, le Dieu d'Israël: Pourquoi vous causer à vous-mêmes un si grand mal? Vous allez faire exterminer du milieu de Juda hommes et femmes, enfants et nourrissons, sans qu'il vous subsiste un reste, parce que vous m'aurez irrité par l'oeuvre de vos mains, encensant d'autres dieux sur cette terre d'Egypte où vous êtes venus séjourner, travaillant ainsi à votre extermination et devenant pour toutes les nations de la terre un objet de malédiction et de raillerie. Avez-vous oublié les méfaits de vos pères, ceux des rois de Juda et de vos princes, les vôtres et ceux de vos femmes, commis au pays de Juda et dans les rues de Jérusalem? Ils n'ont ressenti jusqu'à ce jour aucune contrition, aucune crainte, et n'ont point marché selon ma Loi et mes prescriptions, que j'avais placées devant vous et devant vos pères. C'est pourquoi, ainsi parle Yahvé Sabaot, le Dieu d'Israël. Voici, je vais me tourner contre vous pour votre malheur, pour exterminer tout Juda. J'enlèverai le reste de Juda qui s'est tourné vers le pays d'Egypte pour y entrer et y séjourner: ils périront tous en terre d'Egypte, ils tomberont sous l'épée, ils périront de famine, petits et grands; par l'épée et la famine ils mourront, et ils seront objet d'exécration, de stupéfaction, de malédiction et de raillerie. Je visiterai ceux qui sont installés au pays d'Egypte, comme j'ai visité Jérusalem: par l'épée, la famine et la peste. Dans ce reste de Juda venu séjourner au pays d'Egypte, pas un seul rescapé ni survivant n'échappera pour retourner au pays de Juda, où ils désirent ardemment revenir et demeurer. Car ils n'y reviendront pas, sauf quelques rescapés. Alors tous les hommes qui savaient que leurs femmes encensaient des dieux étrangers et toutes les femmes présentes -- une grande assemblée -- (et tout le peuple établi au pays d'Egypte et à Patros) firent cette réponse à Jérémie: "En ce qui concerne la parole que tu nous a adressée au nom de Yahvé, nous ne voulons pas t'écouter; mais nous continuerons à faire tout ce que nous avons promis: offrir de l'encens à la Reine du Ciel et lui verser des libations, comme nous le faisions, nous et nos pères, nos rois et nos princes, dans les villes de Juda et les rues de Jérusalem: alors nous avions du pain à satiété, nous étions heureux et nous ne voyions point de malheur. Mais depuis que nous avons cessé d'offrir de l'encens à la Reine du Ciel et de lui verser des libations, nous avons manqué de tout et avons péri par l'épée et la famine. D'ailleurs, quand nous offrons de l'encens à la Reine du Ciel et lui versons des libations, est-ce à l'insu de nos maris que nous lui faisons des gâteaux qui la représentent et lui versons des libations?" Mais Jérémie déclara à tout le peuple, aux hommes et aux femmes, à tous ceux qui lui avaient fait cette réponse: "Cet encens que vous avez offert dans les villes de Juda et dans les rues de Jérusalem, vous et vos pères, vos rois et vos princes, ainsi que le peuple du pays, n'est-ce pas cela dont Yahvé s'est souvenu et qui lui est remonté au coeur? Yahvé n'a pu se contenir davantage devant la méchanceté de vos actes, devant les choses abominables que vous avez faites: ainsi votre pays est devenu une ruine, une épouvante et une malédiction, sans habitants, comme c'est le cas aujourd'hui. C'est que vous avez offert de l'encens et péché contre Yahvé, n'écoutant pas la voix de Yahvé et ne marchant pas selon sa Loi, ses prescriptions et ses ordonnances; voilà pourquoi ce malheur vous a atteints, comme c'est le cas aujourd'hui." Puis Jérémie s'adressa à tout le peuple, notamment à toutes les femmes: "Ecoutez la parole de Yahvé, vous tous, Judéens qui êtes au pays d'Egypte: Ainsi parle Yahvé Sabaot, le Dieu d'Israël. Vous et vos femmes, de votre bouche vous avez promis et de vos mains vous avez réalisé! Vous avez dit: Nous accomplirons exactement les voeux que nous avons faits: offrir de l'encens à la Reine du Ciel et lui verser des libations. Eh bien! Acquittez-vous de vos voeux, accomplissez exactement vos voeux! Toutefois, écoutez la parole de Yahvé, vous tous, les Judéens installés au pays d'Egypte: voici, je le jure par mon grand Nom, dit Yahvé. Dans tout le pays d'Egypte, mon Nom ne sera plus prononcé par la bouche d'aucun homme de Juda; aucun ne dira: Par la vie du Seigneur Yahvé! Voici, je vais veiller sur eux pour leur malheur, et non pour leur bonheur: tous les hommes de Juda qui se trouvent au pays d'Egypte périront par l'épée et la famine, jusqu'à extinction totale. Cependant des rescapés de l'épée -- en petit nombre -- reviendront du pays d'Egypte au pays de Juda. Alors tout le reste de Juda venu au pays d'Egypte pour y séjourner reconnaîtra quelle parole se réalise: la mienne ou la leur! "Et voici pour vous -- oracle de Yahvé -- le signe que je vous visiterai en ce lieu: alors vous reconnaîtrez que mes paroles de menace contre vous se réaliseront. Ainsi parle Yahvé. Voici, je vais livrer le Pharaon Hophra, roi d'Egypte, aux mains de ses ennemis et de ceux qui en veulent à sa vie, de la même façon que j'ai livré Sédécias, roi de Juda, aux mains de Nabuchodonosor, roi de Babylone, son ennemi qui en voulait à sa vie. Parole qu'adressa le prophète Jérémie à Baruch, fils de Nériyya, quand celui-ci écrivit ces paroles dans un livre sous la dictée de Jérémie, la quatrième année de Joiaqim, fils de Josias, roi de Juda. Ainsi parle Yahvé, le Dieu d'Israël, à ton sujet, Baruch. Tu as dit: "Malheur à moi, car Yahvé accumule pour moi peines sur douleurs! Je suis épuisé à force de gémir et ne trouve aucun répit!" Tu lui parleras en ces termes: Ainsi parle Yahvé. Ce que j'avais bâti, je le démolis, ce que j'avais planté, je l'arrache, et cela pour toute la terre! Et toi, tu réclames pour toi de grandes choses! Ne réclame pas, car voici que moi, j'amène le malheur sur toute chair, oracle de Yahvé. Mais toi, je t'accorde ta vie pour butin, partout où tu iras. Parole de Yahvé qui fut adressée au prophète Jérémie concernant les nations. Sur l'Egypte. Contre l'armée du Pharaon Neko, roi d'Egypte, qui se trouvait près du fleuve Euphrate, vers Karkémish, quand Nabuchodonosor, roi de Babylone, la battit; c'était la quatrième année de Joiaqim, fils de Josias, roi de Juda. Préparez petit et grand boucliers. En avant pour la bataille! Harnachez les chevaux, en selle, cavaliers! Alignez-vous, casque en tête, affûtez les lances, endossez vos cuirasses! Pourquoi donc les ai-je vus pris de panique, lâchant pied? Leurs braves, battus, s'enfuient éperdument sans se retourner. C'est la terreur de tous côtés, oracle de Yahvé. Que le plus rapide ne s'échappe pas, que le plus valeureux ne s'enfuie pas! Vers le Nord, aux rives de l'Euphrate, ils ont trébuché, ils sont tombés. Qui donc montait, pareil au Nil, et comme des torrents bouillonnaient ses eaux? C'est l'Egypte qui montait, pareille au Nil, et comme des torrents bouillonnaient ses eaux. Elle disait: "Je monterai submerger la terre, détruire les villes et leurs habitants! Chevaux, chargez! Chars, foncez! Que s'avancent les guerriers, gens de Kush et de Put, porteurs de boucliers, Ludiens qui bandez l'arc!" Or ce jour-là est pour le Seigneur Yahvé Sabaot un jour de vengeance, pour se venger de ses adversaires: l'épée dévore, elle se rassasie, elle s'enivre de leur sang. Car c'est un sacrifice pour le Seigneur Yahvé Sabaot, au pays du Nord, sur le fleuve Euphrate. Monte en Galaad et prends du baume, vierge, fille de l'Egypte! En vain tu multiplies les remèdes: point de guérison pour toi! Les nations ont appris ton déshonneur; de ta clameur la terre est remplie, car le guerrier a trébuché contre le guerrier, ils sont tombés tous les deux. Parole que Yahvé adressa au prophète Jérémie quand Nabuchodonosor, roi de Babylone, vint pour frapper le pays d'Egypte. Publiez-le en Egypte, faites-le entendre à Migdol, faites-le entendre à Noph et à Tahpanhès! Dites: Dresse-toi, tiens-toi prête, car l'épée dévore autour de toi. Pourquoi Apis a-t-il fui? Pourquoi ton Puissant n'a-t-il pas tenu? Oui, Yahvé l'a culbuté, il en fait trébucher beaucoup! Chacun tombe sur son compagnon; ils disent: "Debout! Retournons à notre peuple et à notre terre natale, loin de l'épée dévastatrice." On a donné ce nom à Pharaon, le roi d'Egypte: du-"Bruit!-mais-il-manque-l'occasion!" Aussi vrai que je vis -- oracle du Roi dont le nom est Yahvé Sabaot -- il va venir, pareil au Tabor parmi les monts, au Carmel surplombant la mer. Prépare ton paquet d'exilée, habitante, fille de l'Egypte; Noph se changera en désolation, dévastée et vidée d'habitants. L'Egypte était une génisse magnifique: un taon venu du Nord s'est posé sur elle. Ses mercenaires aussi, chez elle, ressemblaient à des veaux à l'engrais: eux aussi tournent les talons, ils s'enfuient tous ensemble, ils ne peuvent tenir. Car il arrive sur eux, le Jour de leur ruine, le temps de leur châtiment. Sa voix est comme le bruit du serpent qui siffle car ils viennent en masse se jeter sur elle avec des haches, tels des bûcherons; ils abattent sa forêt, oracle de Yahvé, alors qu'elle était impénétrable, car ils sont plus nombreux que les sauterelles, ils sont innombrables. Elle est couverte de honte, la fille de l'Egypte, livrée aux mains d'un peuple du Nord. Yahvé Sabaot, le Dieu d'Israël, a dit: Voici que je vais visiter Amon de No, le Pharaon, l'Egypte, ses dieux et ses rois, Pharaon et ceux qui se fient à lui. Je les livrerai aux mains de ceux qui en veulent à leur vie, aux mains de Nabuchodonosor, roi de Babylone, et aux mains de ses serviteurs. Mais plus tard l'Egypte sera de nouveau habitée, comme aux jours d'autrefois, oracle de Yahvé. Mais toi, ne crains pas, mon serviteur Jacob, ne sois pas terrifié, Israël! Car me voici pour te sauver des terres lointaines, et tes descendants du pays de leur captivité. Jacob reviendra et sera paisible, il sera tranquille, sans personne qui l'inquiète. Toi, sois sans crainte, mon serviteur Jacob -- oracle de Yahvé -- car je suis avec toi: Je ferai l'extermination de toutes les nations où je t'ai dispersé; avec toi je ne ferai pas d'extermination, mais je te châtierai selon le droit, ne te laissant pas impuni. Parole de Yahvé qui fut adressée au prophète Jérémie sur les Philistins, avant que Pharaon ne frappe Gaza: Ainsi parle Yahvé. Voici les eaux qui montent du Nord, elles deviennent un fleuve débordant qui submerge le pays avec ce qu'il contient, les villes avec leurs habitants. Les hommes crient, ils gémissent tous les habitants du pays, au martèlement des sabots de ses chevaux, au vacarme de ses chars, au fracas de ses roues. Les pères ne regardent plus leurs enfants, leurs mains défaillent, à cause du Jour qui est arrivé où tous les Philistins seront anéantis, où Tyr et Sidon verront abattre jusqu'à leurs derniers alliés. Oui, Yahvé anéantit les Philistins, le reste de l'île de Kaphtor. La tonsure a été infligée à Gaza, Ashqelôn est réduite au silence. Toi qui restes de leur vallée, jusques à quand te feras-tu des incisions? Hélas, épée de Yahvé, jusques à quand seras-tu sans repos? Rentre en ton fourreau, arrête, calme-toi! -- Comment se reposerait-elle quand Yahvé lui a donné des ordres? Ashqelôn et le rivage de la mer, voilà les buts fixés. Sur Moab. Ainsi parle Yahvé Sabaot, le Dieu d'Israël. Malheur au Nebo, car il est saccagé, Qiryatayim a eu honte, elle est prise, honte et terreur sur la citadelle: elle n'est plus, la fierté de Moab! A Heshbôn on a machiné son malheur: "Allons! Supprimons-la d'entre les nations!" Toi aussi, Madmèn, tu seras réduite au silence, l'épée te serre de près. Des clameurs viennent de Horonayim: "Dévastation! Immense désastre!" Moab est terrassée, ses petits font entendre un cri. Oui, la montée de Luhit, on la monte en pleurant. Oui, à la descente de Horonayim, on entend une clameur de désastre: "Fuyez, sauvez votre vie, imitez l'onagre dans le désert!" Oui, puisque tu t'es fiée à tes oeuvres et à tes trésors, tu seras prise, toi aussi. Kemosh partira en captivité, avec ses prêtres et ses princes tous ensemble. Un dévastateur va venir contre toute ville, aucune ne réchappera: la Vallée sera ravagée, le Plateau saccagé, comme Yahvé l'a dit. Donnez des ailes à Moab, pour qu'elle puisse s'envoler! Ses villes se changeront en désolation, nul n'y habitant plus. (Maudit celui qui fait avec négligence le travail de Yahvé! Maudit qui prive de sang son épée!) Tranquille était Moab depuis sa jeunesse, il reposait sur sa lie, n'ayant jamais été transvasé, n'étant jamais parti en exil; aussi sa saveur lui était restée et son parfum ne s'était pas altéré. C'est pourquoi, voici venir des jours -- oracle de Yahvé -- où je lui enverrai des transvaseurs qui le transvaseront; ils videront ses cruches et briseront ses amphores. Alors Moab aura honte de Kemosh, comme la maison d'Israël a eu honte de Béthel en qui elle se confia. Comment pouvez-vous dire: "Nous sommes des héros, de vrais combattants?" Moab est ravagé; on a escaladé ses villes, l'élite de sa jeunesse descend à la boucherie, oracle du Roi qui a pour nom Yahvé Sabaot. La ruine de Moab est proche, son malheur se précipite. Plaignez-le, vous tous ses voisins, vous tous qui connaissiez son nom. Dites: "Quoi! Il est brisé, ce bâton puissant, ce sceptre magnifique!" Descends de ta gloire, assieds-toi sur un sol assoiffé, habitante, fille de Dibôn, car le dévastateur de Moab est monté contre toi, il a détruit tes forteresses. Poste-toi sur la route et guette, habitante d'Aroër, interroge fuyard et rescapé. Demande: "Qu'est-il arrivé" -- "Moab est honteux de sa destruction; gémissez et criez! Publiez sur l'Arnon que Moab est dévasté!" Le jugement est venu contre le Plateau, contre Holôn, Yahça, Méphaat, Dibôn, Nebo, Bet-Diblatayim, Qiryatayim, Bet-Gamul, Bet-Meôn, Qeriyyot, Boçra et contre toutes les villes du pays de Moab, les lointaines comme les proches. "La force de Moab est abattue, son bras est brisé, oracle de Yahvé." Enivrez-le, car il s'est dressé contre Yahvé: que Moab se roule dans sa vomissure et devienne, lui aussi, une risée. Israël n'était-il pas pour toi une risée? A-t-il été surpris parmi les voleurs, que tu hoches la tête chaque fois que tu parles de lui? "Abandonnez les villes, installez-vous dans les rochers, habitants de Moab! Imitez le pigeon qui fait son nid aux parois d'une gorge béante!" Nous avons appris l'orgueil de Moab, son arrogance excessive: quelle superbe! quel orgueil! quelle arrogance! quel coeur altier! -- Je connais bien sa présomption -- oracle de Yahvé -- son bavardage sans consistance, ses actes sans consistance! -- Aussi je me lamente sur Moab, sur Moab tout entier, j'élève mon cri; on gémit sur les gens de Qir-Hérès. Plus que sur Yazèr, je pleure sur toi, vignoble de Sibma. Tes sarments s'étendaient au-delà de la mer, ils atteignaient jusqu'à Yazèr. Sur ta vendange et ta récolte est tombé le dévastateur. L'allégresse et la gaîté ont disparu des vergers et de la terre de Moab. J'ai tari le vin des cuves, le fouleur ne foule plus, le cri de joie ne résonne plus. Les cris de Heshbôn et de Eléalé vont jusqu'à Yahaç. On élève la voix de Coar jusqu'à Horonayim et à Eglat-Shelishiyya, car même les eaux de Nimrim deviennent un lieu désolé. Et je ferai disparaître en Moab -- oracle de Yahvé -- celui qui fait une offrande sur le haut lieu et celui qui encense ses dieux. Aussi mon coeur hulule sur Moab à la manière des flûtes; mon coeur hulule sur les gens de Qir-Hérès à la manière des flûtes; parce qu'il est perdu, le trésor amassé! Oui, toute tête est rasée, toute barbe coupée, à toutes les mains il y a des incisions, sur tous les reins un sac! Sur toutes les terrasses de Moab et sur toutes ses places, ce n'est qu'une lamentation, parce que j'ai brisé Moab comme un vase de rebut, oracle de Yahvé. Comme il a été détruit! Gémissez! Comme Moab, honteusement, a tourné le dos! Moab est devenu un objet de risée et d'épouvante pour tous ses voisins. Car ainsi parle Yahvé: (Voici comme un aigle qui plane et va déployer ses ailes sur Moab.) Les villes sont prises, les forteresses enlevées. (Et le coeur des guerriers de Moab, en ce jour-là, sera pareil au coeur d'une femme en travail.) Moab, exterminé, cesse d'être un peuple, pour s'être dressé contre Yahvé. Frayeur, fosse, filet, pour toi, habitant de Moab! Oracle de Yahvé. Qui fuira loin de la frayeur tombera dans la fosse, et qui remontera de la fosse sera pris dans le filet. Oui, je vais amener tout cela sur Moab, l'année de leur châtiment, oracle de Yahvé. A l'abri de Heshbôn ont fait halte les fuyards à bout de force. Mais un feu est sorti de Heshbôn, une flamme du palais de Sihôn, qui a dévoré les tempes de Moab et le crâne d'une engeance de tumulte. Malheur à toi, Moab! Il est perdu, le peuple de Kemosh! Car tes fils sont emmenés en exil et tes filles en captivité. Mais je ramènerai les captifs de Moab, à la fin des jours, oracle de Yahvé. Jusqu'ici le jugement de Moab. Aux fils d'Ammon. Ainsi parle Yahvé: Israël n'a-t-il pas de fils, n'a-t-il pas d'héritier? Pourquoi Milkom a-t-il hérité de Gad et son peuple en occupe-t-il les villes? Eh bien! Voici venir des jours -- oracle de Yahvé -- où je ferai résonner pour Rabba des Ammonites le cri de guerre. Elle deviendra une ruine désolée, ses filles seront incendiées. Alors Israël héritera de ses héritiers, dit Yahvé. Gémis, Heshbôn, parce qu'Ar a été dévastée. Hurlez, filles de Rabba! revêtez-vous de sacs, élevez la lamentation, errez dans les enclos! Car Milkom va partir en exil avec ses prêtres et ses princes tous ensemble. Comme tu te glorifiais de ta Vallée, fille rebelle, tu te fiais à tes réserves: "Qui osera venir contre moi?" Voici, je vais amener contre toi l'épouvante -- oracle du Seigneur Yahvé Sabaot -- de tous les alentours; vous serez chassés, chacun devant soi, et personne pour rassembler les fuyards. (Mais ensuite je ramènerai les captifs des fils d'Ammon, oracle de Yahvé.) A Edom. Ainsi parle Yahvé Sabaot. N'y a-t-il plus de sagesse dans Témân, le conseil a-t-il disparu chez les gens intelligents; leur sagesse s'est-elle évanouie? Fuyez! Détournez-vous! Cachez-vous bien, habitants de Dedân, car j'amène sur Esaü sa ruine, le temps de son châtiment. Si des vendangeurs viennent chez toi, ils ne laisseront rien à grappiller; si ce sont des voleurs nocturnes, ils saccageront tout leur content. Car c'est moi qui dénude Esaü, je mets à découvert ses cachettes: il ne peut plus se dissimuler. Sa race est anéantie, de même ses frères et ses voisins; il n'existe plus! Laisse tes orphelins, je les ferai vivre, et que tes veuves se confient en moi! Car ainsi parle Yahvé: Vois, ceux qui n'auraient pas dû boire la coupe la boiront sûrement, et toi, tu resterais impuni? Tu ne resteras pas impuni, mais tu la boiras pour de bon! Car j'en ai fait le serment par moi-même -- oracle de Yahvé -- Boçra deviendra un objet de stupeur et de raillerie, une ruine et une malédiction; toutes ses villes seront réduites en ruines perpétuelles. J'ai reçu de Yahvé un message, un héraut était dépêché parmi les nations: "Rassemblez-vous! Marchez contre ce peuple! Debout pour le combat!" Car, vois, je te rends petit parmi les nations, méprisé parmi les hommes. Cela t'a égaré de répandre l'effroi, de t'exalter en ton coeur, toi qui habites au creux de la Roche et t'accroches au sommet de la hauteur! Quand tu hausserais ton nid comme l'aigle, je t'en précipiterais, oracle de Yahvé. Edom deviendra un objet de stupeur; tous ceux qui passeront près d'elle, stupéfaits, siffleront devant toutes ses blessures. Comme au bouleversement de Sodome, de Gomorrhe et des cités voisines, dit Yahvé, personne n'y habitera plus, aucun humain n'y séjournera plus. Voici que, tel un lion, il monte des halliers du Jourdain vers le pâturage toujours vert. En un clin d'oeil, je les en ferai déguerpir, pour y établir celui que je choisirai. Qui en effet est mon égal? Qui pourrait m'assigner en justice? Quel est donc le pasteur qui tiendrait devant moi? Aussi apprenez le dessein que Yahvé a formé contre Edom, et le plan qu'il a résolu contre les habitants de Témân: Certainement on les traînera comme les plus petits du troupeau! Certainement on va saccager leur prairie devant eux! Au bruit de leur chute, la terre tremble, l'écho en retentit jusqu'à la mer des Roseaux. Voici comme un aigle qui monte et plane et va déployer ses ailes sur Boçra. Le coeur des guerriers d'Edom, en ce jour-là, sera pareil au coeur d'une femme en travail. A Damas. Hamat et Arpad sont honteuses car elles ont reçu une mauvaise nouvelle. Elles sont soulevées par l'inquiétude comme la mer qui ne peut se calmer. Damas est découragée et s'apprête à la fuite, un tremblement l'a saisie (angoisse et douleurs l'ont prise comme une femme en couches). Comment ne serait-elle pas abandonnée, la fière cité, la ville joyeuse? Aussi ses jeunes hommes tomberont sur ses places et tous ses hommes de guerre périront, en ce jour-là -- oracle de Yahvé Sabaot. J'allumerai le feu dans les remparts de Damas et il dévorera les palais de Ben-Hadad. A Qédar et aux royaumes de Haçor, que vainquit Nabuchodonosor, roi de Babylone. Ainsi parle Yahvé. Levez-vous, montez contre Qédar, anéantissez les fils de l'Orient! Leurs tentes et leurs moutons, qu'on les prenne, leurs étoffes et tous leurs ustensiles; qu'on s'empare de leurs chameaux et qu'on crie sur eux: "Terreur de tous côtés!" Fuyez, partez vite, cachez-vous bien, habitants de Haçor -- oracle de Yahvé -- car Nabuchodonosor, roi de Babylone, a médité contre vous un projet, formé contre vous un plan: "Debout! Montez contre une nation tranquille qui demeure en sécurité -- oracle de Yahvé -- qui n'a ni portes ni verrous, qui habite à l'écart. Leurs chameaux seront une proie, leurs moutons innombrables un butin!" Je vais les disperser à tout vent, ces Tempes-rasées, et de tous côtés je ferai venir leur ruine, oracle de Yahvé. Haçor deviendra un repaire de chacals, une solitude pour toujours. Personne n'y habitera plus, aucun humain n'y séjournera plus. Parole de Yahvé qui fut adressée au prophète Jérémie au sujet d'Elam, au commencement du règne de Sédécias, roi de Juda. Ainsi parle Yahvé Sabaot. Voici, je vais briser l'arc d'Elam, nerf de sa puissance. J'amènerai sur Elam quatre vents, des quatre extrémités du ciel, et je disperserai les Elamites à tous ces vents; il n'y aura pas de nation où n'arrivent des gens chassés d'Elam. Je ferai trembler les Elamites devant leurs ennemis, devant ceux qui en veulent à leur vie. J'amènerai sur eux le malheur, ma colère ardente -- oracle de Yahvé. J'enverrai l'épée à leur poursuite, jusqu'à ce que je les aie exterminés. J'établirai mon trône en Elam, j'en extirperai roi et princes, oracle de Yahvé. Mais à la fin des jours, je ramènerai les captifs d'Elam, oracle de Yahvé. Parole qu'a prononcée Yahvé contre Babylone, contre le pays des Chaldéens, par le ministère du prophète Jérémie. Annoncez-le parmi les nations, publiez-le, hissez un signal et publiez-le, ne cachez rien, proclamez: Babylone est prise, Bel honteux, Mérodak écroulé. (Ses idoles sont honteuses, ses Saletés écroulées.) Car du Nord monte contre elle une nation qui fera de son pays une désolation; nul n'y habitera plus, hommes et bêtes ont fui et disparu. En ces jours et en ce temps -- oracle de Yahvé -- les enfants d'Israël reviendront (eux et les enfants de Juda ensemble), ils feront route en pleurant et chercheront Yahvé leur Dieu. Ils réclameront Sion, vers elle, ils tourneront leur face: "Venez! Attachons-nous à Yahvé par une alliance éternelle que l'on n'oublie pas!" Les gens de mon peuple étaient des brebis perdues. Leurs bergers les égaraient, les montagnes les dévoyaient; de montagne en colline, ils allaient, oubliant leur bercail. Tous ceux qui les trouvaient les dévoraient, leurs ennemis disaient: "Nous ne sommes pas en faute puisqu'ils ont péché contre Yahvé, la demeure de justice, et contre l'espoir de leurs pères -- Yahvé!" Fuyez du milieu de Babylone et du pays des Chaldéens, sortez! Soyez comme des boucs en tête d'un troupeau. Car voici: je vais susciter et faire monter contre Babylone une coalition de grandes nations; arrivant du pays du Nord, elles se rangeront contre elle: c'est par là qu'on doit la prendre; les flèches sont celles d'un guerrier habile qui ne revient jamais les mains vides. La Chaldée sera mise au pillage, tous ses pilleurs seront rassasiés, oracle de Yahvé. Ah! Réjouissez-vous! Triomphez, vous, les ravageurs de mon héritage! Bondissez comme une génisse dans l'herbe! Hennissez comme des étalons! Votre mère est couverte de honte, celle qui vous enfanta rougit de confusion. Maintenant elle est la dernière des nations: désert, aridité et steppe. La colère de Yahvé fera qu'on n'y habite plus, elle deviendra une solitude totale. Quiconque passera près de Babylone en restera stupéfait et sifflera devant toute ses blessures. Rangez-vous contre Babylone, encerclez-la, vous tous qui bandez l'arc! Tirez sur elle, ne ménagez pas les flèches, car elle a péché contre Yahvé! Poussez contre elle le cri de guerre, de tous côtés! Elle tend la main, ses bastions croulent, ses remparts sont renversés. C'est la vengeance de Yahvé! Vengez-vous d'elle! Faites-lui ce qu'elle a fait! Retranchez de Babylone celui qui sème et celui qui tient la faucille au temps de la moisson. Loin de l'épée dévastatrice, que chacun retourne à son peuple, que chacun fuie vers son pays! Israël était une brebis égarée que pourchassaient des lions. Le premier qui le dévora fut le roi d'Assur et celui qui, le dernier, lui brisa les os, ce fut Nabuchodonosor, roi de Babylone. C'est pourquoi ainsi parle Yahvé Sabaot, le Dieu d'Israël: Me voici pour visiter le roi de Babylone et son pays, comme j'ai visité le roi d'Assur. Et je vais ramener Israël à son pacage pour qu'il paisse au Carmel et en Bashân; sur la montagne d'Ephraïm et en Galaad, il sera rassasié. En ces jours et en ce temps -- oracle de Yahvé -- on cherchera l'iniquité d'Israël: elle ne sera plus; les péchés de Juda: on ne les trouvera plus; car je pardonnerai au reste que je laisse. "Monte au pays de Meratayim, monte contre lui et contre les habitants de Peqod: massacre-les, extermine-les jusqu'au dernier -- oracle de Yahvé. Exécute tous mes ordres!" Fracas de bataille dans le pays! Désastre immense! Comment a-t-il été brisé et mis en pièces, le marteau du monde entier? Comment est-elle devenue un objet d'épouvante, Babylone parmi les nations? Je t'ai tendu un piège et tu as été prise, Babylone, sans t'en apercevoir. Tu as été trouvée et maîtrisée, car tu t'en prenais à Yahvé! Yahvé a ouvert son arsenal et sorti les armes de sa colère. C'est qu'il y avait du travail pour le Seigneur Yahvé Sabaot au pays des Chaldéens! -- "Venez-y de partout, ouvrez ses greniers, entassez-la comme gerbes, exterminez-la, que rien n'en reste! Massacrez tous ses taureaux, qu'ils descendent à l'abattoir! Malheur à eux, il est arrivé, leur Jour, le temps de leur châtiment." Ecoutez! Fuyards et rescapés du pays de Babylone viennent annoncer dans Sion la vengeance de Yahvé notre Dieu, la vengeance de son Temple! Convoquez les archers contre Babylone, tous ceux qui bandent l'arc! Campez contre elle tout autour, qu'on ne lui laisse pas d'issue. Payez-la selon ses oeuvres, tout ce qu'elle a fait, faites-le lui. Car elle fut insolente contre Yahvé, contre le Saint d'Israël. Aussi ses jeunes gens tomberont sur ses places et tous ses hommes de guerre périront, en ce jour-là, oracle de Yahvé! C'est contre toi que j'en ai, "Insolence" -- oracle du Seigneur Yahvé Sabaot -- ton Jour est arrivé, le temps où je te châtie. "Insolence" va être culbutée, elle tombera, nul ne la relèvera; je mettrai le feu à ses villes, il dévorera tous ses alentours. Ainsi parle Yahvé Sabaot: Les enfants d'Israël sont opprimés (et les enfants de Juda avec eux), tous ceux qui les ont faits captifs les tiennent, ils refusent de les lâcher. Mais leur Rédempteur est puissant, Yahvé Sabaot est son nom. Il va prendre en main leur cause afin de donner du repos au pays, mais de faire trembler les habitants de Babylone. Epée contre les Chaldéens -- oracle de Yahvé -- contre les habitants de Babylone, contre ses princes et ses sages! Epée contre ses devins: qu'ils déraisonnent! Epée contre ses héros: qu'ils soient pris de panique! Epée contre ses chevaux et ses chars, et contre le ramassis qu'elle recèle: qu'ils soient comme des femmes! Epée contre ses trésors: qu'on les pille! Sécheresse contre ses eaux: qu'elles tarissent! Car c'est un pays d'idoles, ils se passionnent pour leurs Epouvantails! Aussi des lynx y gîteront avec des chacals, des autruches y auront leur demeure. Elle ne sera plus habitée, à jamais, d'âge en âge elle ne sera plus peuplée. Comme lorsque Dieu renversa Sodome, Gomorrhe et les villes voisines -- oracle de Yahvé -- personne n'y habitera plus, aucun humain n'y séjournera plus. Voici qu'un peuple arrive du Nord, une grande nation et des rois nombreux se lèvent des confins de la terre. Ils tiennent fermement l'arc et le javelot, ils sont barbares et impitoyables; leur bruit est comme le mugissement de la mer; ils montent des chevaux, ils sont prêts à combattre comme un seul homme contre toi, fille de Babylone. Le roi de Babylone a appris la nouvelle, ses mains ont défailli, l'angoisse l'a pris, une douleur comme pour celle qui enfante. Voici que, tel un lion, il monte des halliers du Jourdain vers le pâturage toujours vert. En un clin d'oeil, je les ferai déguerpir de là, pour y établir celui que je choisirai. Qui en effet est mon égal? Qui pourrait m'assigner en justice? Quel est donc le pasteur qui tiendrait devant moi? Aussi apprenez le dessein que Yahvé a formé contre Babylone et le plan qu'il a résolu contre le pays des Chaldéens: certainement on les traînera comme les plus petits du troupeau! Certainement on va saccager leur prairie devant eux! Au bruit de la prise de Babylone, la terre tremble, un cri se fait entendre parmi les nations. Ainsi parle Yahvé: Je vais faire se lever contre Babylone et contre les habitants de Leb-Qamaï un vent destructeur. J'enverrai à Babylone des vanneurs pour la vanner et nettoyer son territoire, car on va l'assiéger de tous côtés au jour du malheur. -- Qu'aucun archer ne bande son arc! Qu'on cesse de se pavaner dans sa cuirasse! -- Pas de quartier pour ses jeunes! Exterminez son armée entière! Des victimes tomberont au pays des Chaldéens, des transpercés dans les rues de Babylone. Car Israël et Juda ne sont pas veuves de leur Dieu, Yahvé Sabaot, bien que leur pays soit plein de péché contre le Saint d'Israël. Fuyez du milieu de Babylone (et sauvez chacun votre vie); ne périssez pas pour son crime car c'est le temps de la vengeance pour Yahvé: il va lui payer son dû! Babylone était une coupe d'or aux mains de Yahvé, elle enivrait la terre entière, les nations s'abreuvaient de son vin c'est pourquoi elles devenaient folles. Soudain Babylone est tombée, s'est brisée: hululez sur elle! Prenez du baume pour son mal: peut-être va-t-elle guérir! -- "Nous voulions guérir Babylone, elle n'a pas guéri; Laissez-la! Allons-nous en, chacun dans son pays" -- Oui, le jugement qui la frappe atteint jusqu'au ciel, il s'élève jusqu'aux nues. Yahvé a fait éclater notre justice. Venez! Racontons dans Sion l'oeuvre de Yahvé notre Dieu. Affûtez les flèches, emplissez les carquois! Yahvé a excité l'esprit des rois des Mèdes, car il a formé contre Babylone le projet de la détruire: c'est la vengeance de Yahvé, la vengeance de son Temple. Contre les remparts de Babylone, levez l'étendard! Renforcez la garde! Postez des sentinelles! Dressez des embuscades! Car Yahvé a encore un projet, et il fait ce qu'il a dit contre les habitants de Babylone. Toi qui sièges au bord des grandes eaux, toi, riche en trésors, ta fin est arrivée, le terme de tes rapines. Yahvé Sabaot l'a juré par lui-même: Je te remplirai d'hommes comme de sauterelles, et contre toi, ils pousseront un cri de triomphe. Il a fait la terre par sa puissance, établi le monde par sa sagesse et par son intelligence étendu les cieux. Quand il donne de la voix, c'est un mugissement d'eaux dans le ciel, il fait monter les nuages du bout de la terre; il produit les éclairs pour l'averse et tire le vent de ses réservoirs. Alors tout homme se tient stupide, sans comprendre, chaque orfèvre rougit de ses idoles. Ce qu'il a coulé n'est que mensonge, en elles, pas de souffle! Elles sont vanité, oeuvre ridicule, au temps de leur châtiment, elles disparaîtront. La "Part de Jacob" n'est pas comme elles, car il a façonné l'univers et Israël est la tribu de son héritage. Son nom est Yahvé Sabaot. Tu fus un marteau à mon usage, une arme de guerre. Avec toi j'ai martelé des nations, avec toi j'ai détruit des royaumes, avec toi j'ai martelé cheval et cavalier, avec toi j'ai martelé char et charrier, avec toi j'ai martelé homme et femme, avec toi j'ai martelé vieillard et enfant, avec toi j'ai martelé adolescent et vierge, avec toi j'ai martelé berger et troupeau, avec toi j'ai martelé laboureur et attelage, avec toi j'ai martelé gouverneurs et magistrats, mais je ferai payer à Babylone et à tous les habitants de la Chaldée tout le mal qu'ils ont fait à Sion, sous vos yeux, oracle de Yahvé. C'est à toi que j'en ai, montagne de la destruction -- oracle de Yahvé -- la destructrice de l'univers! Je vais étendre contre toi ma main, te faire rouler du haut des rochers, te changer en montagne embrasée. On ne tirera plus de toi ni pierre d'angle ni pierre de fondation, car tu deviendras une désolation pour toujours, oracle de Yahvé. Levez l'étendard sur la terre, sonnez du cor parmi les nations! Vouez les nations contre elle, convoquez contre elle des royaumes, -- Ararat, Minni et Ashkenaz -- instituez contre elle l'officier d'enrôlement. Faites donner la cavalerie, horde de sauterelles hérissées. Vouez des nations contre elle: les rois de Médie, ses gouverneurs, tous ses magistrats et tout le pays en sa possession. La terre trembla et frémit. C'est que s'exécutait contre Babylone le plan de Yahvé: changer le territoire de Babylone en solitude sans habitants. Les vaillants de Babylone ont cessé le combat, ils se sont blottis dans les citadelles; leur vaillance est à bout, ils sont devenus des femmes. On a mis le feu à ses habitations, ses verrous sont en pièces. Le courrier court à la rencontre du courrier, le messager à la rencontre du messager, pour annoncer au roi de Babylone que sa ville est enlevée de tous côtés, les passages occupés, les redoutes incendiées et les hommes de guerre pris de panique. Car ainsi parle Yahvé Sabaot, le Dieu d'Israël: La fille de Babylone est pareille à une aire au temps où on la foule: encore un peu, et ce sera pour elle le temps de la moisson. Il m'a dévorée, consommée, Nabuchodonosor, le roi de Babylone, il m'a laissée comme un plat vide, il m'a engloutie tel le Dragon, il a empli son ventre de mes bons morceaux, il m'a chassée. "Sur Babylone la violence et les blessures que j'ai subies!" dit l'habitante de Sion. "Sur les habitants de Chaldée mon sang!" dit Jérusalem. C'est pourquoi ainsi parle Yahvé: Voici, je prends en main ta cause et j'assure ta vengeance. Je vais assécher son fleuve et tarir ses sources. Babylone deviendra un tas de pierres, un repaire de chacals, un objet d'épouvante et de dérision, sans plus d'habitants. Tels des lions, ils rugissent ensemble, ils grondent pareils à des lionceaux. Ils ont chaud? Je leur apprête un breuvage, je les ferai boire afin qu'ils soient en joie, qu'ils s'endorment d'un sommeil éternel et ne puissent plus s'éveiller -- oracle de Yahvé. Je les ferai descendre comme des agneaux à l'abattoir, comme des béliers et des boucs. Comment Shéshak a-t-elle été prise, comment a-t-elle été conquise, la fierté du monde entier? Comment est-elle devenue une épouvante, Babylone parmi les nations? Contre Babylone la mer est montée, ses flots tumultueux l'ont submergée. Ses villes sont changées en désolation, en terre aride et en steppe, terre où personne n'habite et où ne passe plus un homme. Je visiterai Bel dans Babylone et lui retirerai de la bouche ce qu'il a englouti. Vers lui n'afflueront plus les nations, désormais. Et même le rempart de Babylone tombera. Sors de son enceinte, mon peuple! Que chacun de vous sauve sa vie devant l'ardente colère de Yahvé! Mais que votre coeur ne défaille point! Ne vous effrayez pas de la nouvelle colportée dans le pays: une année, tel bruit se répand, et puis l'année d'après, tel autre; la violence triomphe sur la terre et un tyran succède au tyran. En effet, voici venir des jours où je visiterai les idoles de Babylone. Son territoire entier sera dans la honte et tous ses tués gisant dans son sein. Alors pousseront des cris contre Babylone le ciel et la terre et tout ce qu'ils renferment, car du Nord arrivent contre elle les dévastateurs, oracle de Yahvé! Babylone à son tour doit tomber, ô vous, tués d'Israël, de même que par Babylone tombèrent des tués de la terre entière. Vous qui avez échappé à l'épée, partez! Ne vous arrêtez pas! Au loin, souvenez-vous de Yahvé et que Jérusalem soit présente à votre coeur! -- "Nous étions dans la honte, entendant l'insulte, nous étions couverts de confusion, car des étrangers étaient venus dans les sanctuaires du Temple de Yahvé" -- Eh bien! Voici venir des jours -- oracle de Yahvé -- où je visiterai ses idoles, et dans tout son territoire gémiront ceux qu'on tue. Babylone escaladerait-elle le ciel, renforcerait-elle sa citadelle inaccessible, sur mon ordre lui viendront des dévastateurs -- oracle de Yahvé. Bruit d'une clameur qui sort de Babylone, d'un grand désastre, du pays des Chaldéens! Car Yahvé dévaste Babylone, il fait cesser son grand bruit, celui des flots qui grondaient comme les grandes eaux quand le tumulte de leur voix retentissait. Car un dévastateur est venu contre elle, contre Babylone, ses héros sont faits captifs, leurs arcs sont brisés. Oui, Yahvé est le Dieu des représailles: il paie sûrement! Je ferai boire ses princes et ses sages, ses gouverneurs, ses magistrats et ses héros; ils s'endormiront d'un sommeil éternel et ne s'éveilleront plus, oracle du Roi dont le nom est Yahvé Sabaot...! Ainsi parle Yahvé Sabaot: Les remparts de Babylone la grande seront vraiment démantelés et ses hautes portes brûlées. Ainsi les peuples ont-ils peiné pour le néant, les nations se sont épuisées pour du feu. Voici l'ordre que donna le prophète Jérémie à Seraya, fils de Nériyya, fils de Mahséya, quand celui-ci partit pour Babylone avec Sédécias, roi de Juda, en la quatrième année de son règne. Seraya était grand chambellan. Jérémie avait mis par écrit dans un seul livre tout le malheur qui devait survenir à Babylone, toutes ces paroles qui avaient été écrites contre Babylone. Jérémie dit donc à Seraya: "Quand tu arriveras à Babylone, tu auras soin de lire toutes ces paroles-là. Et tu diras: Yahvé, toi-même as déclaré à propos de ce lieu qu'il serait détruit, de sorte qu'il ne s'y trouve plus d'habitant, homme ou bête, mais qu'il soit une désolation perpétuelle. Une fois achevée la lecture de ce livre, tu y attacheras une pierre et le lancera au milieu de l'Euphrate en disant: Ainsi doit s'abîmer Babylone pour ne plus se relever du malheur que je fais venir sur elle." Jusqu'ici les paroles de Jérémie. Sédécias avait 21 ans à son avènement et il régna onze ans à Jérusalem. Sa mère s'appelait Hamital, fille de Yirmeyahu, et était de Libna. Il fit ce qui est mal aux yeux de Yahvé, tout comme avait fait Joiaqim. Cela arriva à Jérusalem et en Juda à cause de la colère de Yahvé, tant qu'enfin il les rejeta de devant sa face. Sédécias se révolta contre le roi de Babylone. En la neuvième année de son règne, au dixième mois le dix du mois, Nabuchodonosor, roi de Babylone, vint attaquer Jérusalem avec toute son armée, il campa devant la ville et la cerna d'un retranchement. La ville fut investie jusqu'à la onzième année du roi Sédécias. Au quatrième mois, le neuf du mois, alors que la famine sévissait dans la ville et que la population n'avait plus rien à manger, une brèche fut faite au rempart de la ville. Alors le roi et tous les hommes de guerre s'enfuirent de nuit et s'échappèrent de la ville par la porte entre les deux murs, qui est près du jardin du roi -- les Chaldéens cernaient la ville -- et ils prirent le chemin de la Araba. Mais les troupes chaldéennes poursuivirent le roi et atteignirent Sédécias dans les plaines de Jéricho, où tous ses soldats, l'abandonnant, se débandèrent. On fit prisonnier le roi qu'on emmena à Ribla, au pays de Hamat, auprès du roi de Babylone qui le fit passer en jugement. Il égorgea les fils de Sédécias sous ses yeux; de même tous les princes de Juda, il les égorgea à Ribla. Puis il creva les yeux de Sédécias et le lia avec des chaînes de bronze. Alors, le roi de Babylone l'emmena à Babylone où il l'emprisonna jusqu'au jour de sa mort. Au cinquième mois, le dix du mois -- c'était en la dix-neuvième année du règne de Nabuchodonosor, roi de Babylone -- Nebuzaradân, commandant de la garde, un de l'entourage immédiat du roi de Babylone, fit son entrée à Jérusalem. Il incendia le Temple de Yahvé, le palais royal et toutes les maisons de Jérusalem. Les troupes chaldéennes qui étaient avec le commandant de la garde abattirent tous les remparts qui entouraient Jérusalem. Nebuzaradân, commandant de la garde, déporta une partie des pauvres du peuple et le reste de la population laissée dans la ville, les transfuges qui étaient passés au roi de Babylone et ce qui restait des artisans. Mais Nebuzaradân, commandant de la garde, laissa une partie des pauvres du pays, comme vignerons et laboureurs. Les Chaldéens brisèrent les colonnes de bronze du Temple de Yahvé, les bases roulantes et la Mer de bronze qui étaient dans le Temple de Yahvé; ils en emportèrent tout le bronze à Babylone. Ils prirent aussi les vases à cendres, les pelles, les couteaux, les coupes d'aspersion, les navettes et tous les ustensiles de bronze qui servaient au culte. Le commandant de la garde prit encore les coupes, les encensoirs, les coupes d'aspersion, les vases à cendres, les chandeliers, les bols et les patères, tout ce qui était en or et tout ce qui était en argent. Quant aux deux colonnes, à la Mer unique, aux douze boeufs de bronze qui étaient sous la Mer et aux bases roulantes, que le roi Salomon avait fabriqués pour le Temple de Yahvé, on ne pouvait évaluer ce que pesait le bronze de tous ces objets. Quant aux colonnes, l'une avait dix-huit coudées de haut; un fil de douze coudées en mesurait le tour; épaisse de quatre doigts, elle était creuse à l'intérieur; un chapiteau de bronze la surmontait, haut de cinq coudées, ayant tout autour un treillis et des grenades, le tout en bronze. De même pour la deuxième colonne. Il y avait 96 grenades sur les côtés. En tout, cela faisait cent grenades autour du treillis. Le commandant de la garde fit prisonniers Seraya, le prêtre en chef, Cephanya, le prêtre en second, et les trois gardiens du seuil. De la ville, il fit prisonniers un eunuque, préposé aux hommes de guerre, sept des familiers du roi qui furent trouvés dans la ville, le secrétaire du chef de l'armée, chargé de la conscription, ainsi que 60 hommes de condition qui furent trouvés dans la ville. Nebuzaradân, commandant de la garde, les prit et les mena auprès du roi de Babylone, à Ribla, et le roi de Babylone les fit mettre à mort à Ribla, au pays de Hamat. Ainsi Juda fut-il déporté loin de sa terre. Voici le nombre des gens déportés par Nabuchodonosor. La septième année: 3.023 Judéens; la dix-huitième année de Nabuchodonosor, furent emmenées de Jérusalem 832 personnes; la vingt-troisième année de Nabuchodonosor, Nebuzaradân, commandant de la garde, déporta 745 Judéens. En tout: 4.600 personnes. Mais la trente-septième année de la déportation de Joiakîn, roi de Juda, au douzième mois, le 25 du mois, Evil-Mérodak, roi de Babylone, en l'année de son avènement, fit grâce à Joiakîn, roi de Juda, et le tira de prison. Il lui parla avec bonté et lui accorda un siège supérieur à ceux des autres rois qui étaient avec lui à Babylone. Joiakîn quitta ses vêtements de captif et mangea toujours à la table du roi, sa vie durant. Son entretien fut assuré constamment par le roi de Babylone, jour après jour, jusqu'au jour de sa mort, sa vie durant. Quoi! elle est assise à l'écart, la Ville populeuse! Elle est devenue comme une veuve, la grande parmi les nations. Princesse parmi les provinces, elle est réduite à la corvée. Elle passe des nuits à pleurer et les larmes couvrent ses joues. Pas un qui la console parmi tous ses amants. Tous ses amis l'ont trahie, devenus ses ennemis! Juda est exilée, soumise à l'oppression. A une dure servitude. Elle demeure chez les nations sans trouver de répit. Tous ses poursuivants l'atteignent en des lieux sans issue. Les chemins de Sion sont en deuil. Nul ne vient plus à ses fêtes. Toutes ses portes sont désertes, ses prêtres gémissent, ses vierges se désolent. Elle est dans l'amertume! Ses oppresseurs ont le dessus, ses ennemis sont heureux, car Yahvé l'a affligée pour ses nombreux crimes; ses petits enfants sont partis captifs devant l'oppresseur. De la fille de Sion s'est retirée toute sa splendeur. Ses princes étaient comme des cerfs qui ne trouvent point de pâture; ils cheminaient sans force devant qui les chassait. Jérusalem se souvient de ses jours de misère et de détresse, quand son peuple succombait aux coups de l'adversaire sans que nul la secourût. Ses adversaires la voyaient, ils riaient de sa ruine. Jérusalem a péché gravement, aussi est-elle devenue chose impure. Tous ceux qui l'honoraient la méprisent: ils ont vu sa nudité. Elle, elle gémit et se détourne. Sa souillure colle aux pans de sa robe. Elle ne songeait pas à cette fin; elle est tombée si bas! Personne pour la consoler. "Vois, Yahvé, ma misère: l'ennemi triomphe." L'adversaire a étendu la main sur tous ses trésors: elle a vu les païens pénétrer dans son sanctuaire, auxquels tu avais interdit l'entrée de son assemblée. Son peuple tout entier gémit. En quête de pain; on donne ses bijoux pour de la nourriture, pour retrouver la vie. "Vois, Yahvé, et regarde combien je suis méprisée. Vous tous qui passez par le chemin, regardez et voyez s'il est une douleur pareille à la douleur qui me tourmente, dont Yahvé m'a affligée au jour de sa brûlante colère. D'en haut il a envoyé un feu qu'il a fait descendre dans mes os. Il a tendu un filet sous mes pas, il m'a renversée, il m'a rendue désolée, malade tout le jour. Il a guetté mes crimes: de sa main il m'enlace, son joug est sur mon cou, il fait fléchir ma force. Le Seigneur m'a mise à leur merci, je ne puis plus tenir! Tous mes braves, le Seigneur les a rejetés du milieu de moi. Il a convoqué contre moi une assemblée pour anéantir mon élite. Le Seigneur a foulé au pressoir la vierge, fille de Juda. C'est pour cela que je pleure; mes yeux fondent en larmes, car il est loin de moi, le consolateur qui me rendrait la vie. Mes fils sont bouleversés, car l'ennemi est trop fort." Sion tend les mains, pas un qui la console. Yahvé a mandé contre Jacob ses oppresseurs de toutes parts; Jérusalem est devenue chose impure parmi eux. "Yahvé, lui, est juste, car à ses ordres je fus rebelle. Ecoutez donc, tous les peuples, et voyez ma douleur. Mes vierges et mes jeunes gens sont partis en captivité. J'ai fait appel à mes amants: ils m'ont trahie. Mes prêtres et mes anciens expiaient dans la ville, cherchant une nourriture qui leur rendît la vie. Vois, Yahvé, quelle est mon angoisse! Mes entrailles frémissent; mon coeur en moi se retourne: Ah! je n'ai fait qu'être rebelle! Au-dehors l'épée me prive d'enfants, au-dedans, c'est comme la mort. Entends-moi qui gémis: pas un qui me console! Tous mes ennemis ont appris mon mal, ils se réjouissent de ce que tu as fait. Fais venir le Jour que tu avais proclamé, pour qu'ils soient comme moi! Que toute leur méchanceté te soit présente et traite-les comme tu m'as traitée pour tous mes crimes! Car nombreux sont mes gémissements, et mon coeur est malade." Quoi! Le Seigneur en sa colère a enténébré la fille de Sion! il a précipité du ciel sur la terre la gloire d'Israël! sans plus se souvenir de son marchepied, au jour de sa colère! Sans pitié le Seigneur a détruit toutes les demeures de Jacob; il a renversé, en sa fureur, les forteresses de la fille de Juda; il a jeté à terre, il a maudit le royaume et ses princes. Il a brisé dans l'ardeur de sa colère toute la vigueur d'Israël, retiré en arrière sa droite devant l'ennemi; il a allumé en Jacob un feu flamboyant qui dévore tout alentour. Il a bandé son arc, comme un ennemi, il a assuré sa droite, il a égorgé, tel un adversaire tous ceux qui charmaient les yeux; sur la tente de la fille de Sion il a déversé sa fureur comme un feu. Le Seigneur a été comme un ennemi; il a détruit Israël, il a détruit tous ses palais, abattu ses forteresses et multiplié pour la fille de Juda gémissements et gémissements. Il a forcé comme un jardin son enclos, abattu son lieu de réunion. Yahvé a fait oublier dans Sion fêtes et sabbats; il a rejeté, dans l'ardeur de sa colère, roi et prêtre. Le Seigneur a pris en dégoût son autel, en horreur son sanctuaire; aux mains de l'ennemi il a livré les remparts de ses palais; clameurs dans le Temple de Yahvé comme en un jour de fête! Yahvé a médité d'abattre le rempart de la fille de Sion. Il a étendu le cordeau, ne retirant pas sa main que tout ne soit englouti. Il a endeuillé mur et avant-mur: ensemble ils se désolent. Ses portes sont enfouies sous terre, il en a détruit et brisé les barres; son roi et ses princes sont chez les païens; plus de Loi! Ses prophètes même n'obtiennent plus de vision de Yahvé. Ils sont assis à terre, en silence, les anciens de la fille de Sion; ils ont mis de la poussière sur leur tête, ils ont revêtu des sacs. Elles penchent la tête vers la terre, les vierges de Jérusalem. Mes yeux sont consumés de larmes, mes entrailles frémissent, mon foie s'épand à terre pour le brisement de la fille de mon peuple, tandis que défaillent enfants et nourrissons sur les places de la Cité. Ils disent à leurs mères: "Où y-a-t-il du pain?" Tandis qu'ils défaillent comme des blessés sur les places de la Ville, et qu'ils versent leur âme sur le sein de leur mère. A quoi te comparer? A quoi te dire semblable, fille de Jérusalem? Qui pourra te sauver et te consoler, vierge, fille de Sion? Car il est grand comme la mer, ton brisement; qui donc va te guérir? Tes prophètes ont eu pour toi des visions d'illusion et de clinquant. Ils n'ont pas révélé ta faute pour changer ton sort. Ils t'ont servi des oracles, d'illusion et de séduction. Ils battent des mains à cause de toi, tous les passants sur le chemin; ils sifflotent et hochent la tête sur la fille de Jérusalem. "Est-ce là la ville qu'on appelait toute belle, la joie de toute la terre?" Contre toi, ils ouvrent la bouche, tous tes ennemis; ils sifflotent, grincent des dents, disant: "Nous l'avons engloutie! Voilà donc le Jour que nous espérions. Nous le touchons, nous le voyons!" Yahvé a accompli ce qu'il avait résolu, exécuté sa parole décrétée depuis les jours anciens; il a détruit sans pitié. Il a réjoui l'ennemi à tes dépens, exalté la vigueur de tes adversaires. Crie donc vers le Seigneur, rempart de la fille de Sion; laisse couler tes larmes comme un torrent jour et nuit; ne t'accorde pas de relâche, que tes yeux n'aient pas de repos! Debout! Pousse un cri dans la nuit au commencement des veilles; répands ton coeur comme de l'eau devant la face de Yahvé, élève vers lui tes mains pour la vie de tes petits enfants! (qui défaillent de faim à l'entrée de toutes les rues). "Vois, Yahvé, et regarde: Qui as-tu jamais traité de la sorte? Fallait-il que des femmes mangent leurs petits, les enfants qu'elles berçaient? Fallait-il qu'au sanctuaire du Seigneur fussent égorgés prêtre et prophète? Sur le sol gisent dans les rues enfants et vieillards, mes vierges et mes jeunes gens sont tombés sous l'épée; tu as égorgé au jour de ta colère, tu as immolé sans pitié. Tu as convoqué comme pour un jour de fête les terreurs de tous côtés; au jour de la colère de Yahvé, il n'y eut rescapé ni survivant. Ceux que j'avais bercés et élevés, mon ennemi les a exterminés." Je suis l'homme qui a connu la misère, sous la verge de sa fureur. C'est moi qu'il a conduit et fait marcher dans la ténèbre et sans lumière. Contre moi seul, il tourne et retourne sa main tout le jour. Il a consumé ma chair et ma peau, rompu mes os. Il a élevé contre moi des constructions, cerné ma tête de tourment. Il m'a fait habiter dans les ténèbres, comme ceux qui sont morts à jamais. Il m'a emmuré et je ne puis sortir; il a rendu lourdes mes chaînes. Quand même je crie et j'appelle, il arrête ma prière. Il a barré mes chemins avec des pierres de taille, obstrué mes sentiers. Il est pour moi un ours aux aguets, un lion à l'affût. Faisant dévier mes chemins, il m'a déchiré, il a fait de moi une horreur. Il a bandé son arc et m'a visé comme une cible pour ses flèches. Il a planté en mes reins, les flèches de son carquois. Je suis devenu la risée de tout mon peuple, leur chanson tout le jour. Il m'a saturé d'amertume, il m'a enivré d'absinthe. Il a brisé mes dents avec du gravier, il m'a nourri de cendre. Mon âme est exclue de la paix, j'ai oublié le bonheur! J'ai dit: Mon existence est finie, mon espérance qui venait de Yahvé. Souviens-toi de ma misère et de mon angoisse: c'est absinthe et fiel! Elle s'en souvient, elle s'en souvient, mon âme, et elle s'effondre en moi. Voici ce qu'à mon coeur je rappellerai pour reprendre espoir: Les faveurs de Yahvé ne sont pas finies, ni ses compassions épuisées; elles se renouvellent chaque matin, grande est sa fidélité! "Ma part, c'est Yahvé! dit mon âme, c'est pourquoi j'espère en lui." Yahvé est bon pour qui se fie à lui, pour l'âme qui le cherche. Il est bon d'attendre en silence le salut de Yahvé. Il est bon pour l'homme de porter le joug dès sa jeunesse, que solitaire et silencieux il s'asseye quand le Seigneur l'impose sur lui, qu'il mette sa bouche dans la poussière: peut-être y a-t-il de l'espoir! qu'il tende la joue à qui le frappe, qu'il se rassasie d'opprobres! Car le Seigneur ne rejette pas les humains pour toujours: s'il a affligé, il prend pitié selon sa grande bonté. Car ce n'est pas de bon coeur qu'il humilie et afflige les fils d'homme! Quand on écrase et piétine tous les prisonniers d'un pays, quand on fausse le droit d'un homme devant la face du Très-Haut, quand on fait tort à un homme dans un procès, le Seigneur ne le voit-il pas? Qui donc n'a qu'à parler pour que les choses soient? N'est-ce pas le Seigneur qui décide? N'est-ce pas de la bouche du Très-Haut que sortent les maux et les biens? Pourquoi l'homme murmurerait-il? Qu'il soit plutôt brave contre ses péchés! Examinons notre voie, scrutons-la et revenons à Yahvé. Elevons notre coeur et nos mains vers le Dieu qui est au ciel. Nous, nous avons péché; nous, nous sommes rebelles: Toi, tu n'as pas pardonné! Tu t'es enveloppé de colère et nous as pourchassés, massacrant sans pitié. Tu t'es enveloppé d'un nuage pour que la prière ne passe pas. Tu as fait de nous des balayures, un rebut parmi les peuples. Ils ont ouvert la bouche contre nous, tous nos ennemis. Frayeur et fosse furent notre lot, fracas et désastre. Mes yeux se fondent en ruisseaux pour le désastre de la fille de mon peuple. Mes yeux pleurent et ne s'arrêtent pas, il n'y a pas de répit, jusqu'à ce que Yahvé regarde et voie du haut du ciel. Mes yeux me font mal, pour toutes les filles de ma Cité. Ils m'ont chassé, pourchassé comme un oiseau, ceux qui m'exècrent sans raison. Dans une fosse, ils ont précipité ma vie, ils m'ont jeté des pierres. Les eaux ont submergé ma tête; je disais: "Je suis perdu!" J'ai invoqué ton Nom, Yahvé, de la fosse profonde. Tu entendis mon cri, ne sois pas sourd à ma prière, à mon appel. Tu te fis proche, au jour où je t'ai appelé. Tu as dit: "Ne crains pas!" Tu as défendu, Seigneur, la cause de mon âme, tu as racheté ma vie. Tu as vu, Yahvé, le tort qui m'était fait: rends-moi justice. Tu as vu toute leur rage, tous leurs complots contre moi, Tu as entendu leurs outrages, Yahvé, tous leurs complots contre moi, les propos que chuchotaient mes adversaires contre moi, tout le jour. Qu'ils s'asseyent ou se lèvent, regarde: je leur sers de chanson. Rétribue-les, Yahvé, selon l'oeuvre de leurs mains. Mets en leur coeur l'endurcissement, ta malédiction sur eux. Poursuis-les avec colère, extirpe-les de dessous tes cieux. Quoi! il s'est terni, l'or, il s'est altéré, l'or si fin! Les pierres sacrées ont été semées au coin de toutes les rues. Les fils de Sion, précieux autant que l'or fin, quoi! ils sont comptés pour des vases d'argile, oeuvre des mains d'un potier! Même les chacals tendent leurs mamelles et allaitent leurs petits; la fille de mon peuple est devenue cruelle comme les autruches au désert. De soif, la langue du nourrisson s'attache à son palais; les petits enfants réclament du pain: personne ne leur en partage. Ceux qui mangeaient des mets délicieux expirent dans les rues; ceux qui étaient élevés dans la pourpre étreignent le fumier. La faute de la fille de mon peuple a surpassé les péchés de Sodome, qui fut renversée en un instant sans qu'on s'y fatiguât les mains. Ses jeunes gens étaient plus éclatants que neige, plus blancs que lait; plus vermeil que le corail était leur corps, leur teint était de saphir. Leur visage est plus sombre que la suie, on ne les reconnaît plus dans les rues. Leur peau est collée à leurs os, sèche comme du bois. Heureuses furent les victimes de l'épée plus que celles de la faim, qui succombent, épuisées, privées des fruits des champs. De tendres femmes ont, de leurs mains, fait cuire leurs petits: ils leur ont servi d'aliment dans le désastre de la fille de mon peuple. Yahvé a assouvi sa fureur, déversé l'ardeur de sa colère, il a allumé en Sion un feu qui a dévoré ses fondations. Ils ne croyaient pas, les rois de la terre et tous les habitants du monde, que l'oppresseur et l'ennemi franchiraient les portes de Jérusalem. C'est à cause des péchés de ses prophètes, des fautes de ses prêtres, qui en pleine ville avaient versé le sang des justes! Ils erraient en aveugles dans les rues, souillés de sang; alors on ne pouvait toucher leurs vêtements. "Arrière! Impur!" leur criait-on, "Arrière! Arrière! Pas de contact!" S'ils partaient et fuyaient chez les nations, ils ne pouvaient y séjourner. La Face de Yahvé les dispersa, il ne les regarda plus. On ne marqua plus de respect aux prêtres, d'égard aux anciens. Toujours nos yeux se consumaient, épiant un secours: illusion! De nos tours nous guettions une nation qui ne peut sauver. On observait nos pas, pour nous interdire nos places. Notre fin était proche, nos jours accomplis, oui, notre fin était arrivée! Nos pourchasseurs étaient rapides plus que les aigles du ciel; dans les montagnes ils nous traquaient, nous dressaient des embûches au désert. Le souffle de nos narines, l'oint de Yahvé fut pris dans leurs fosses, lui dont nous disions: "A son ombre nous vivrons chez les nations." Réjouis-toi, exulte, fille d'Edom, qui habites au pays de Uç! A toi aussi passera la coupe: tu te soûleras et montreras ta nudité! Ta faute est expiée, fille de Sion. Il ne te déportera plus! Il va châtier ta faute, fille d'Edom. Il va dévoiler tes péchés! Souviens-toi, Yahvé, de ce qui nous est arrivé, regarde et vois notre opprobre! Notre héritage a passé à des étrangers, nos maisons à des inconnus. Nous sommes orphelins, sans père; nos mères sont comme des veuves. A prix d'argent nous buvons notre eau, notre bois, il nous faut le payer. Le joug est sur notre cou, nous sommes persécutés; nous sommes à bout, et pour nous pas de répit. Nous tendons la main à l'Egypte, à Assur pour nous rassasier de pain. Nos pères ont péché: ils ne sont plus; et nous, nous portons leurs fautes. Des esclaves dominent sur nous, nul ne nous délivre de leur main. Au péril de nos vies nous rapportons notre pain en affrontant l'épée du désert. Notre peau comme un four est brûlante, à cause des ardeurs de la faim. Ils ont violé des femmes dans Sion, des vierges dans les villes de Juda. Des princes ont été pendus de leur main: la face des vieillards n'a pas été respectée. Des adolescents ont porté la meule, des garçons ont trébuché sous le bois. Les anciens ont déserté la porte; les jeunes gens ont cessé leur musique. La joie a disparu de notre coeur, notre danse s'est changée en deuil. La couronne de notre tête est tombée. Malheur à nous, car nous avons péché! Voilà pourquoi notre coeur est malade, voilà pourquoi s'obscurcissent nos yeux: c'est que la montagne Sion est désolée, des chacals y rôdent! Mais toi, Yahvé, tu demeures à jamais; ton trône subsiste d'âge en âge! Pourquoi nous oublierais-tu pour toujours, nous abandonnerais-tu jusqu'à la fin des jours? Fais-nous revenir à toi, Yahvé, et nous reviendrons. Renouvelle nos jours comme autrefois, si tu ne nous as tout à fait rejetés, irrité contre nous sans mesure. La trentième année, au quatrième mois, le cinq du mois, alors que je me trouvais parmi les déportés au bord de fleuve Kebar, le ciel s'ouvrit et je fus témoin de visions divines. Le cinq du mois - c'était la cinquième année d'exil du roi Joiakîn - la parole de Yahvé fut adressée au prêtre Ezéchiel, fils de Buzi, au pays des Chaldéens, au bord du fleuve Kebar. C'est là que la main de Yahvé fut sur lui. Je regardai: c'était un vent de tempête soufflant du nord, un gros nuage, un feu jaillissant, avec une lueur autour, et au centre comme l'éclat du vermeil au milieu du feu. Au centre, je discernai quelque chose qui ressemblait à quatre animaux dont voici l'aspect: ils avaient une forme humaine. Ils avaient chacun quatre faces et chacun quatre ailes. Leurs jambes étaient droites et leurs sabots étaient comme des sabots de boeuf, étincelants comme l'éclat de l'airain poli. Sous leurs ailes, il y avait des mains humaines tournées vers les quatre directions, de même que leurs faces et leurs ailes à eux quatre. Leurs ailes étaient jointes l'une à l'autre; ils ne se tournaient pas en marchant: ils allaient chacun devant soi. Quant à la forme de leurs faces, ils avaient une face d'homme, et tous les quatre avaient une face de lion à droite, et tous les quatre avaient une face de taureau à gauche, et tous les quatre avaient une face d'aigle. Leurs ailes étaient déployées vers le haut; chacun avait deux ailes se joignant et deux ailes lui couvrant le corps; et ils allaient chacun devant soi; ils allaient là où l'esprit les poussait, ils ne se tournaient pas en marchant. Au milieu des animaux, il y avait quelque chose comme des charbons ardents ayant l'aspect de torches, allant et venant entre les animaux; le feu jetait une lueur, et du feu sortaient des éclairs. Les animaux allaient et venaient, semblables à l'éclair. Je regardai les animaux; et voici qu'il y avait une roue à terre, à côté des animaux aux quatre faces. L'aspect de ces roues et leur structure avait l'éclat de la chrysolithe. Toutes les quatre avaient même forme; quant à leur aspect et leur structure: c'était comme si une roue se trouvait au milieu de l'autre. Elles avançaient dans les quatre directions et ne se tournaient pas en marchant. Leur circonférence était de grande taille et effrayante, et leur circonférence, à toutes les quatre, était pleine de reflets tout autour. Lorsque les animaux avançaient, les roues avançaient à côté d'eux, et lorsque les animaux s'élevaient de terre, les roues s'élevaient. Là où l'esprit les poussait, les roues allaient, et elles s'élevaient également, car l'esprit de l'animal était dans les roues. Quand ils avançaient, elles avançaient, quand ils s'arrêtaient, elles s'arrêtaient, et quand ils s'élevaient de terre, les roues s'élevaient également, car l'esprit de l'animal était dans les roues. Il y avait sur les têtes de l'animal quelque chose qui ressemblait à une voûte, éclatante comme le cristal, tendue sur leurs têtes, au-dessus, et sous la voûte, leurs ailes étaient dressées l'une vers l'autre; chacun en avait deux lui couvrant le corps. Et j'entendis le bruit de leurs ailes, comme un bruit d'eaux abondantes, comme la voix de Shaddaï; lorsqu'ils marchaient, c'était un bruit de tempête, comme un bruit de camp; lorsqu'ils s'arrêtaient, ils repliaient leurs ailes. Et il se produisit un bruit. Au-dessus de la voûte qui était sur leurs têtes, il y avait quelque chose qui avait l'aspect d'une pierre de saphir en forme de trône, et sur cette forme de trône, dessus, tout en haut, un être ayant apparence humaine. Et je vis comme l'éclat du vermeil, quelque chose comme du feu près de lui, tout autour, depuis ce qui paraissait être ses reins et au-dessus; et depuis ce qui paraissait être ses reins et au-dessous, je vis quelque chose comme du feu et une lueur tout autour; l'aspect de cette lueur, tout autour, était comme l'aspect de l'arc qui apparaît dans les nuages, les jours de pluie. C'était quelque chose qui ressemblait à la gloire de Yahvé. Je regardai, et je tombai la face contre terre; et j'entendis la voix de quelqu'un qui me parlait. Il me dit: "Fils d'homme, tiens-toi debout, je vais te parler." L'esprit entra en moi comme il m'avait été dit, il me fit tenir debout et j'entendis celui qui me parlait. Il me dit: "Fils d'homme, je t'envoie vers les Israélites, vers les rebelles qui se sont rebellés contre moi. Eux et leurs pères se sont révoltés contre moi jusqu'à ce jour. Les fils ont la tête dure et le coeur obstiné, je t'envoie vers eux pour leur dire: Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Qu'ils écoutent ou qu'ils n'écoutent pas, c'est une engeance de rebelles, ils sauront qu'il y a un prophète parmi eux. Pour toi, fils d'homme, n'aie pas peur d'eux, n'aie pas peur de leurs paroles s'ils te contredisent et te méprisent et si tu es assis sur des scorpions. N'aie pas peur de leurs paroles, ne crains pas leurs regards, car c'est une engeance de rebelles. Tu leur porteras mes paroles, qu'ils écoutent ou qu'ils n'écoutent pas, car c'est une engeance de rebelles. Et toi, fils d'homme, écoute ce que je vais te dire, ne sois pas rebelle comme cette engeance de rebelles. Ouvre la bouche et mange ce que je vais te donner." Je regardai, et voici qu'une main était tendue vers moi, tenant un volume roulé. Il le déploya devant moi: il était écrit au recto et au verso; il y était écrit: "Lamentations, gémissements et plaintes." Il me dit: "Fils d'homme, ce qui t'est présenté, mange-le; mange ce volume et va parler à la maison d'Israël." J'ouvris la bouche et il me fit manger ce volume, puis il me dit: "Fils d'homme, nourris-toi et rassasie-toi de ce volume que je te donne." Je le mangeai et, dans ma bouche, il fut doux comme du miel. Alors il me dit: "Fils d'homme, va-t'en vers la maison d'Israël et tu leur porteras mes paroles. Ce n'est pas vers un peuple au parler obscur et à la langue difficile que tu es envoyé, c'est vers la maison d'Israël. Ce n'est pas vers des peuples nombreux, au parler obscur et à la langue difficile, dont tu n'entendrais pas les paroles - si je t'envoyais vers eux, ils t'écouteraient - mais la maison d'Israël ne veux pas t'écouter car elle ne veut pas m'écouter. Toute la maison d'Israël n'est que fronts endurcis et coeurs obstinés. Voici que je rends ton visage aussi dur que leur visage, et ton front aussi dur que leur front; je rends ton front dur comme le diamant, qui est plus dur que le roc. N'aie pas peur d'eux, sois sans crainte devant eux, car c'est une engeance de rebelles." Puis il me dit: "Fils d'homme, toutes les paroles que je te dirai, reçois-les dans ton coeur, écoute de toutes tes oreilles, et va-t'en vers les exilés, vers les fils de ton peuple pour leur parler. Tu leur diras: Ainsi parle le Seigneur Yahvé, qu'ils écoutent ou qu'ils n'écoutent pas." L'esprit m'enleva et j'entendis derrière moi le bruit d'un grand tremblement: "Bénie soit la gloire de Yahvé au lieu de son séjour!" C'était le bruit que faisaient les ailes des animaux, battant l'une contre l'autre, et le bruit des roues à côté d'eux, et le bruit d'un grand tremblement. Et l'esprit m'enleva et me prit; j'allai amer, l'esprit enfiévré, et la main de Yahvé pesait fortement sur moi. J'arrivai à Tell Abib, chez les exilés installés près du fleuve Kebar; c'est là qu'ils habitaient, et j'y restai sept jours, frappé de stupeur, au milieu d'eux. Or, au bout de sept jours, la parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: "Fils d'homme, je t'ai fait guetteur pour la maison d'Israël. Lorsque tu entendras une parole de ma bouche, tu les avertiras de ma part. Si je dis au méchant: Tu vas mourir, et que tu ne l'avertis pas, si tu ne parles pas pour avertir le méchant d'abandonner sa conduite mauvaise afin qu'il vive, le méchant, lui, mourra de sa faute, mais c'est à toi que je demanderai compte de son sang. Si au contraire tu as averti le méchant et qu'il ne s'est pas converti de sa méchanceté et de sa mauvaise conduite, il mourra, lui, de sa faute, mais toi, tu auras sauvé ta vie. Lorsque le juste se détournera de sa justice pour commettre le mal et que je mettrai un piège devant lui, c'est lui qui mourra; parce que tu ne l'auras pas averti, il mourra de son péché et on ne se souviendra plus de la justice qu'il a pratiquée, mais je te demanderai compte de son sang. Si au contraire tu as averti le juste de ne pas pécher et qu'il n'a pas péché, il vivra parce qu'il aura été averti, et toi, tu auras sauvé ta vie." C'est là que la main de Yahvé fut sur moi; il me dit: "Lève-toi, sors dans la vallée, et là, je vais te parler." Je me levai et je sortis dans la vallée, et voilà que la gloire de Yahvé y était arrêtée, semblable à la gloire que j'avais vue au bord du fleuve Kebar, et je tombai la face contre terre. Alors l'esprit entra en moi, il me fit tenir debout et me parla. Il me dit: "Va t'enfermer dans ta maison. Toi, fils d'homme, voici qu'on va te mettre des liens, on t'en ligotera et tu ne sortiras plus au milieu d'eux. Je ferai coller ta langue à ton palais, tu seras muet, et tu ne seras plus pour eux celui qui réprimande, car c'est une engeance de rebelles. Et lorsque je te parlerai, je t'ouvrirai la bouche et tu leur diras: Ainsi parle le Seigneur Yahvé; quiconque veut écouter, qu'il écoute, et quiconque ne le veut pas, qu'il n'écoute pas, car c'est une engeance de rebelles." Quant à toi, fils d'homme, prends une brique et mets-la devant toi: tu y graveras une ville, Jérusalem. Puis tu entreprendras contre elle un siège: tu construiras contre elle des retranchements, tu élèveras contre elle un remblai, tu établiras contre elle des camps et tu installeras contre elle des béliers, tout autour. Alors, prends une poêle de fer que tu installeras comme une muraille de fer entre toi et la ville. Puis tu fixeras sur elle ton regard et elle sera assiégée: tu vas en faire le siège. C'est un signe pour la maison d'Israël. Couche-toi sur le côté gauche et prends sur toi la faute de la maison d'Israël. Autant de jours que tu seras ainsi couché, tu porteras leur faute. C'est moi qui t'ai fixé les années de leur faute à une durée de 390 jours pendant lesquels tu porteras la faute de la maison d'Israël. Et quand tu les auras terminés, tu te coucheras de nouveau, sur le côté droit, et tu porteras la faute de la maison de Juda,40 jours. Je t'en ai fixé la durée à un jour pour une année. Puis tu fixeras ton regard sur le siège de Jérusalem, tu lèveras ton bras nu et tu prophétiseras contre elle. Voici que j'ai mis sur toi des liens et tu ne te tourneras pas d'un côté sur l'autre jusqu'à ce que soient accomplis les jours de ta réclusion. Prends donc du froment, de l'orge, des fèves, des lentilles, du millet et de l'épeautre: mets-les dans un même vase et fais-t'en du pain. Tu en mangeras autant de jours que tu seras couché sur le côté - 390 jours. Et cette nourriture que tu mangeras, tu en pèseras vingt sicles par jour que tu mangeras d'un jour à l'autre. Tu boiras aussi de l'eau avec mesure, tu en boiras un sixième de setier d'un jour à l'autre. Tu mangeras cette nourriture sous la forme d'une galette d'orge qui aura été cuite sur des excréments humains, à leurs yeux. Et Yahvé dit: "C'est ainsi que les Israélites mangeront leur nourriture impure, au milieu des nations où je les chasserai." Alors je dis: "Ah! Seigneur Yahvé, mon âme n'est pas impure. Depuis mon enfance jusqu'à présent, jamais je n'ai mangé de bête crevée ou déchirée, et aucune viande avariée ne m'est entrée dans la bouche." Il me dit: "Eh bien! je t'accorde de la bouse de boeuf au lieu d'excréments humains; tu feras ton pain dessus." Puis il me dit: "Fils d'homme, voici que je vais détruire la réserve de pain à Jérusalem: on mangera dans l'angoisse du pain pesé, on boira avec effroi de l'eau mesurée, parce que le pain et l'eau manqueront; ils seront frappés de stupeur et dépériront à cause de leur faute." Fils d'homme, prends une lame tranchante, prends-la comme rasoir de barbier et fais-la passer sur ta tête et ta barbe. Puis tu prendras une balance et tu partageras les poils que tu auras coupés. A un tiers tu mettras le feu au milieu de la ville pendant que s'accompliront les jours du siège. Tu prendras l'autre tiers que tu frapperas de l'épée tout autour de la ville. Tu en répandras au vent le dernier tiers et je tirerai l'épée derrière eux. Puis tu en prendras une petite quantité que tu recueilleras dans le pan de ton manteau et de ceux-ci, tu en prendras encore, que tu jetteras au milieu du feu et que tu brûleras. C'est de là que sortira le feu vers toute la maison d'Israël. Ainsi parle le Seigneur Yahvé: C'est Jérusalem que j'ai placée au milieu des nations, environnée de pays étrangers. Elle s'est rebellée avec perversité contre mes coutumes, plus que les nations, et contre mes lois plus que les pays qui l'entourent. Car ils rejettent mes coutumes, et mes lois, ils ne les pratiquent pas. C'est pourquoi, ainsi parle le Seigneur Yahvé: Parce que votre tumulte est pire que celui des nations qui vous entourent, parce que vous ne pratiquez pas mes lois et que vous n'observez pas mes coutumes, et que vous n'observez pas non plus les coutumes des nations qui vous entourent, eh bien! ainsi parle le Seigneur Yahvé: Moi aussi je me déclare contre toi, et aux yeux des nations, j'exécuterai mes jugements au milieu de toi. J'agirai chez toi comme jamais je n'ai agi et comme je n'agirai plus jamais, à cause de toutes tes abominations. C'est pourquoi des pères dévoreront leurs enfants, au milieu de toi, et des enfants dévoreront leurs pères. Je ferai justice de toi et je disperserai à tous les vents tout ce qui reste de toi. C'est pourquoi, par ma vie, oracle du Seigneur Yahvé, aussi vrai que tu as souillé mon sanctuaire par toutes tes horreurs et toutes tes abominations, moi aussi je rejetterai sans un regard de pitié, moi non plus je n'épargnerai pas. Un tiers de tes habitants mourra de la peste et périra par la famine au milieu de toi, un tiers tombera par l'épée autour de toi, et j'en disperserai un tiers à tous les vents, en tirant l'épée derrière eux. Ma colère sera satisfaite, j'assouvirai sur eux ma fureur et je me vengerai; alors ils sauront que moi, Yahvé, j'ai parlé dans ma jalousie, quand je satisferai ma colère sur eux. Je ferai de toi une ruine, un objet de raillerie parmi les nations qui t'entourent, aux yeux de tous les passants. Tu seras un objet de raillerie et d'outrages, un exemple, un objet de stupeur pour les nations qui t'entourent, lorsque de toi je ferai justice avec colère et fureur, avec des châtiments furieux. Moi, Yahvé, j'ai dit. En envoyant contre eux les flèches redoutables de la famine, qui seront votre perte - car je les enverrai pour vous perdre et j'ajouterai contre vous la famine - je détruirai votre réserve de pain. J'enverrai contre vous la famine et les bêtes féroces qui te priveront de tes enfants; la peste et le sang passeront chez toi, et je ferai venir l'épée contre toi. Moi, Yahvé, j'ai dit. La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Fils d'homme, tourne-toi vers les montagnes d'Israël et prophétise contre elles. Tu diras: Montagnes d'Israël, écoutez la parole du Seigneur Yahvé. Ainsi parle le Seigneur Yahvé aux montagnes, aux collines, aux ravins, aux vallées. Voici que je vais faire venir contre vous l'épée, et je vais détruire vos hauts lieux. Vos autels seront dévastés, vos brasiers à encens seront brisés, je ferai tomber vos habitants, percés de coups, devant vos ordures, je mettrai les cadavres des Israélites devant leurs ordures, et je disperserai leurs ossements tout autour de vos autels. Partout où vous habitez, les villes seront détruites et les hauts lieux dévastés, afin que vos autels soient détruits et qu'ils soient dévastés, que vos ordures soient brisées et qu'elles disparaissent, que vos brasiers à encens soient mis en pièces et vos oeuvres anéanties. On tombera percé de coups au milieu de vous, et vous saurez que je suis Yahvé. Mais j'en épargnerai qui seront pour vous des survivants de l'épée parmi les nations, quand vous serez dispersés parmi les nations; alors vos survivants se souviendront de moi, parmi les nations où ils seront captifs, eux dont j'aurai brisé le coeur prostitué qui m'a abandonné, et les yeux qui se prostituent après leurs ordures. Ils éprouveront du dégoût pour eux-mêmes à cause de tout le mal qu'ils ont fait par leurs abominations. Et ils sauront que je suis Yahvé: j'ai dit, et non pas en vain, que je leur infligerai ces maux. Ainsi parle le Seigneur Yahvé: Bats des mains, frappe du pied et dis: "Hélas!" sur toutes les abominations de la maison d'Israël qui va tomber par l'épée, par la famine et par la peste. Au loin, on mourra par la peste, auprès, on tombera par l'épée; ce qui aura été préservé et épargné mourra de faim, car j'assouvirai ma fureur contre eux. Vous saurez que je suis Yahvé quand, percés de coups, ils seront parmi leurs ordures, tout autour de leurs autels, sur toute colline élevée, au sommet de toutes les montagnes, sous tout arbre verdoyant, sous tout chêne touffu, là où ils offrent un parfum d'apaisement à toutes leurs idoles. J'étendrai la main contre eux et je ferai du pays une solitude désolée depuis le désert jusqu'à Ribla, partout où ils habitent, et ils sauront que je suis Yahvé. La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes. Fils d'homme, dis: Ainsi parle le Seigneur Yahvé à la terre d'Israël: Fini! La fin vient sur les quatre coins du pays. C'est maintenant la fin pour toi; je vais lâcher ma colère contre toi pour te juger selon ta conduite et te demander compte de toutes tes abominations. Je n'aurai pas pour toi un regard de pitié, je ne t'épargnerai pas, mais je ferai retomber sur toi ta conduite, tes abominations resteront au milieu de toi et vous saurez que je suis Yahvé. Ainsi parle le Seigneur Yahvé: Voici que vient un malheur, un seul malheur. La fin approche, la fin approche, elle s'éveille en ta direction, la voici qui vient. C'est ton tour, à toi qui habites le pays. Le temps vient, le jour est proche, c'est le trouble et non plus la joie pour les montagnes. Maintenant, je vais bientôt déverser ma fureur sur toi et assouvir ma colère contre toi; je vais te juger selon ta conduite et te demander compte de toutes tes abominations. Je n'aurai pas un regard de pitié et je n'épargnerai pas, mais je te traiterai selon ta conduite, tes abominations resteront au milieu de toi et vous saurez que je suis Yahvé, qui frappe. Voici le jour, voici que vient ton tour, il est venu, il est sorti, le sceptre a fleuri, l'orgueil s'est épanoui. La violence s'est levée pour devenir un fléau de méchanceté. Le temps vient, le jour est proche. Que l'acheteur ne se réjouisse pas, que le vendeur ne se désole pas, car la fureur est contre tout le monde. Le vendeur ne reviendra pas à ce qu'il a vendu, chacun vit dans son péché: ils ne seront pas fortifiés. On sonne de la trompette, tout est prêt et personne ne marche au combat, car ma fureur est contre tout le monde. C'est l'épée au-dehors, la peste et la famine au-dedans. Quiconque sera dans la campagne mourra par l'épée, et quiconque sera dans la ville, la famine et la peste le dévoreront. Ils auront des survivants qui iront vers les montagnes comme les colombes des vallées, et je les ferai tous mourir, chacun pour sa faute. Toutes les mains faibliront, tous les genoux s'en iront en eau. Ils se revêtiront de sacs, un frisson les enveloppera. Tous les visages seront honteux, toutes les têtes rasées. Ils jetteront leur argent dans les rues, et leur or leur sera une souillure; leur argent ni leur or ne pourront les sauver au jour de la fureur de Yahvé. Ils ne se rassasieront plus, ils ne rempliront plus leur ventre, car c'était là l'occasion de leurs fautes. Dans la beauté de leurs bijoux, ils mettaient leur orgueil: ils en ont fait leurs images abominables, leurs horreurs, c'est pourquoi j'en ferai pour eux une souillure. Je vais les livrer aux mains des étrangers en pillage, à la pègre du pays en butin. Ils le profaneront. Je détournerai d'eux ma face, on profanera mon trésor, des barbares y pénétreront et le profaneront. Fabrique une chaîne, car le pays est rempli d'exécutions sanglantes, la ville est pleine de violences. Je ferai venir les nations les plus cruelles qui s'empareront de leurs maisons. Je ferai cesser l'orgueil des puissants et leurs sanctuaires seront profanés. La terreur vient; ils chercheront la paix et il n'y en aura pas. Il arrivera désastre sur désastre, il y aura nouvelle sur nouvelle; on réclamera une vision au prophète, la loi fera défaut au prêtre, le conseil aux anciens. Le roi sera dans le deuil, le prince sera plongé dans la désolation, les mains des gens du pays trembleront. J'agirai selon leur conduite, je les jugerai selon leurs jugements, et ils sauront que je suis Yahvé. La sixième année, au sixième mois, le cinq du mois, j'étais assis chez moi et les anciens de Juda étaient assis devant moi; c'est là que la main du Seigneur Yahvé s'abattit sur moi. Je regardai: il y avait un être qui avait l'apparence d'un homme. Depuis ce qui paraissait être ses reins et au-dessous, c'était du feu, et depuis ses reins et au-dessus, c'était quelque chose comme une lueur, comme l'éclat du vermeil. Il étendit une forme de main et me prit par une mèche de cheveux; l'esprit m'enleva entre ciel et terre et m'emmena à Jérusalem, en des visions divines, à l'entrée du porche intérieur qui regarde le nord, là où se trouve le siège de l'idole de la jalousie, qui provoque la jalousie. Or voici que la gloire du Dieu d'Israël était-là; elle avait l'aspect de ce que j'avais vu dans la vallée. Il me dit: "Fils d'homme, lève les yeux vers le nord." Je levai les yeux vers le nord, et voici qu'au nord du porche de l'autel il y avait cette idole de la jalousie, à l'entrée. Il me dit: "Fils d'homme, vois-tu ce qu'ils font? Toutes les abominations affreuses que la maison d'Israël pratique ici pour m'éloigner de mon sanctuaire? Et tu verras encore d'autres abominations affreuses." Il me conduisit à l'entrée du parvis. Je regardai: il y avait un trou dans le mur. Il me dit: "Fils d'homme, fais un trou dans le mur." Je fis un trou dans le mur et il y eut une ouverture. Il me dit: "Entre et regarde les misérables abominations qu'ils pratiquent ici." J'entrai et je regardai: c'étaient toutes sortes d'images de reptiles et de bêtes répugnantes, et toutes les ordures de la maison d'Israël gravées sur le mur, tout autour. 70 hommes, des anciens de la maison d'Israël, étaient debout devant les idoles - et Yaazanyahu fils de Shaphân était debout parmi eux - ayant chacun son encensoir à la main; et le parfum du nuage d'encens montait. Il me dit: "As-tu vu, fils d'homme, ce que font dans l'obscurité les anciens de la maison d'Israël, chacun dans sa chambre ornée de peintures? Ils disent: Yahvé ne nous voit pas, Yahvé a quitté le pays." Et il me dit: "Tu verras encore d'autres abominations affreuses qu'ils pratiquent." Il m'emmena à l'entrée du porche du Temple de Yahvé qui regarde vers le nord, et voici que les femmes y étaient assises, pleurant Tammuz. Il me dit: "As-tu vu, fils d'homme? Tu verras encore d'autres abominations plus affreuses que celles-ci." Il m'emmena vers le parvis intérieur du Temple de Yahvé. Et voici qu'à l'entrée du sanctuaire de Yahvé, entre le vestibule et l'autel, il y avait environ 25 hommes, tournant le dos au sanctuaire de Yahvé, regardant vers l'orient. Ils se prosternaient vers l'orient, devant le soleil. Et il me dit: "As-tu vu, fils d'homme? N'est-ce pas assez pour la maison de Juda de pratiquer les abominations auxquelles ils se livrent ici? Or ils emplissent le pays de violence, ils provoquent encore ma colère: les voici qui approchent le rameau de leur nez. Moi aussi, j'agirai avec fureur; je n'aurai pas un regard de pitié et je n'épargnerai pas. Ils auront beau crier d'une voix forte à mes oreilles, je ne les écouterai pas." C'est alors que d'une voix forte il cria à mes oreilles: "Ils approchent les fléaux de la ville, chacun son instrument de destruction à la main." Et voici que six hommes s'avancèrent, venant du porche supérieur qui regarde le nord, chacun son instrument pour frapper à la main. Au milieu d'eux, il y avait un homme vêtu de lin, qui portait à la ceinture une écritoire de scribe. Ils entrèrent et s'arrêtèrent devant l'autel de bronze. La gloire du Dieu d'Israël s'éleva de sur le chérubin sur lequel elle était, vers le seuil du Temple, et il appela l'homme vêtu de lin qui avait une écritoire de scribe à la ceinture; et Yahvé lui dit: "Parcours la ville, parcours Jérusalem et marque d'une croix au front les hommes qui gémissent et qui pleurent sur toutes les abominations qui se pratiquent au milieu d'elle." Je l'entendis dire aux autres: "Parcourez la ville à sa suite et frappez. N'ayez pas un regard de pitié, n'épargnez pas; vieillards, jeunes gens, vierges, enfants, femmes, tuez et exterminez tout le monde. Mais quiconque portera la croix au front, ne le touchez pas. Commencez à partir de mon sanctuaire." Ils commencèrent donc par les vieillards qui étaient dans le Temple. Et il leur dit: "Souillez le Temple, emplissez les parvis de victimes, sortez." Ils sortirent et frappèrent à travers la ville. Or pendant qu'ils frappaient, je fus laissé seul et je tombai face contre terre. Je criai: "Ah! Seigneur Yahvé, vas-tu exterminer tout ce qui reste d'Israël en déversant ta fureur contre Jérusalem?" Il me dit: "La faute de la maison d'Israël et de Juda est immense, le pays est plein de sang, la ville pleine de perversité. Car ils disent: Yahvé a quitté le pays, Yahvé ne voit pas. Eh bien! moi non plus je n'aurai pas un regard de pitié, je n'épargnerai pas. Je leur demande compte de leur conduite." C'est alors que l'homme vêtu de lin, portant une écritoire à la ceinture, vint rendre compte en ces termes: "J'ai exécuté ce que tu m'as ordonné." Je regardai: voici que sur la voûte qui était sur la tête des chérubins, au-dessus d'eux, apparut comme une pierre de saphir dont l'aspect était semblable à un trône. Et il dit à l'homme vêtu de lin: "Va au milieu du char, sous le chérubin, prends à pleines mains des charbons du milieu des chérubins et répands-les sur la ville. Et il y alla sous mes yeux. Les chérubins se tenaient à droite du Temple lorsque l'homme entra, et la nuée emplissait le parvis intérieur. La gloire de Yahvé s'éleva de dessus le chérubin vers le seuil du Temple, le Temple fut rempli de la nuée et le parvis fut rempli de la lueur de la gloire de Yahvé. Et le bruit des ailes des chérubins s'entendit jusqu'au parvis extérieur, comme la voix du Dieu tout-puissant lorsqu'il parle. Lorsqu'il donna cet ordre à l'homme vêtu de blanc: "Prends du feu au milieu du char, du milieu des chérubins", l'homme vint et se tint près de la roue. Le chérubin étendit la main d'entre les chérubins, vers le feu qui était au milieu des chérubins; il le prit et le mit dans la main de l'homme vêtu de lin. Celui-ci le saisit et sortit. Alors apparut une forme de main humaine sous les ailes des chérubins. Je regardai: il y avait quatre roues à côté des chérubins, chaque roue à côté de chaque chérubin, et l'aspect des roues était comme l'éclat de la chrysolithe. Elles semblaient avoir le même aspect toutes les quatre, comme si une roue était au milieu de l'autre. Elles avançaient vers les quatre directions et ne se tournaient pas en marchant, car elles avançaient du côté où était dirigée la tête et ne se tournaient pas en marchant. Et tout leur corps, leur dos, leurs mains et leurs ailes ainsi que les roues, étaient pleins de reflets tout autour (leurs roues à tous les quatre). A ces roues on donna - je l'entendis - le nom de "galgal." Chacun avait quatre faces: la première était la face du chérubin, la seconde une face humaine, la troisième une face de lion et la quatrième une face d'aigle. Les chérubins s'élevèrent: c'était l'animal que j'avais vu sur le fleuve Kebar. Lorsque les chérubins avançaient, les roues avançaient à côté d'eux; lorsque les chérubins levaient les ailes pour s'élever de terre, les roues ne se tournaient pas non plus à côté d'eux. Lorsqu'ils s'arrêtaient, elles s'arrêtaient, et lorsqu'ils s'élevaient, elles s'élevaient avec eux, car l'esprit de l'animal était en elles. La gloire de Yahvé sortit de sur le seuil du Temple et s'arrêta sur les chérubins. Les chérubins levèrent leurs ailes et s'élevèrent de terre à mes yeux, en sortant, les roues avec eux. Ils s'arrêtèrent à l'entrée du porche oriental du Temple de Yahvé, et la gloire du Dieu d'Israël était sur eux, au-dessus. C'était l'animal que j'avais vu sous le Dieu d'Israël au fleuve Kebar, et je sus que c'étaient des chérubins. Chacun avait quatre faces et chacun quatre ailes, avec des formes de mains humaines sous leurs ailes. Leurs faces étaient semblables aux faces que j'avais vues près du fleuve Kebar. Chacun allait droit devant soi. L'esprit m'enleva et m'emmena au porche oriental du Temple de Yahvé, celui qui regarde l'orient. Et voici qu'à l'entrée du porche, il y avait 25 hommes, parmi lesquels je vis Yaazanya fils de Azzur et Pelatyahu fils de Benayahu, chefs du peuple. Il me dit: Fils d'homme, ce sont les hommes qui méditent le mal, qui répandent de mauvais conseils dans cette ville. Ils disent: "On n'est pas près de bâtir des maisons! Voici la marmite et nous sommes la viande." C'est pourquoi, prophétise contre eux, prophétise, fils d'homme! L'esprit de Yahvé fondit sur moi et il me dit: Parle! Ainsi parle Yahvé: C'est ainsi que vous avez parlé, maison d'Israël et je connais votre insolence. Vous avez multiplié vos victimes dans cette ville; vous avez jonché ses rues de victimes. C'est pourquoi, ainsi parle le Seigneur Yahvé. Vos victimes, que vous avez mises au milieu d'elle, c'est la viande, et elle, c'est la marmite, mais je vous en ferai sortir. Vous craignez l'épée, j'amènerai l'épée contre vous, oracle du Seigneur Yahvé. Je vous en ferai sortir, je vous livrerai aux mains des étrangers, et de vous, je ferai justice. Vous tomberez par l'épée sur le territoire d'Israël, je vous jugerai et vous saurez que je suis Yahvé. Cette ville ne sera pas pour vous une marmite, vous ne serez pas la viande au milieu d'elle: c'est sur le territoire d'Israël que je vous jugerai, et vous saurez que je suis Yahvé dont vous n'avez pas suivi les lois ni observé les coutumes - mais vous avez agi selon la coutume des peuples qui vous entourent. Or, comme je prophétisais, Pelatyahu fils de Benayahu mourut. Je tombai la face contre terre et m'écriai d'une voix forte: "Ah! Seigneur Yahvé, vas-tu anéantir ce qui reste d'Israël?" Alors la parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Fils d'homme, c'est à chacun de tes frères, à tes parents et à la maison d'Israël tout entière que les habitants de Jérusalem disent: "Restez loin de Yahvé, c'est à nous que le pays fut donné en patrimoine." C'est pourquoi, dis: Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Oui, je les ai éloignés parmi les nations, je les ai dispersés dans les pays étrangers et j'ai été pour eux un sanctuaire, quelque temps, dans le pays où ils sont venus. C'est pourquoi, dis: Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Je vous rassemblerai du milieu des peuples, je vous réunirai de tous les pays où vous avez été dispersés et je vous donnerai la terre d'Israël. Ils y viendront et en extirperont toutes les horreurs et les abominations. Je leur donnerai un seul coeur et je mettrai en eux un esprit nouveau: j'extirperai de leur chair le coeur de pierre et je leur donnerai un coeur de chair, afin qu'ils marchent selon mes lois, qu'ils observent mes coutumes et qu'ils les mettent en pratique. Alors ils seront mon peuple et moi je serai leur Dieu. Quant à ceux dont le coeur est attaché à leurs horreurs et à leurs abominations, je leur demanderai compte de leur conduite, oracle du Seigneur Yahvé. Alors les chérubins levèrent leurs ailes, et les roues allaient avec eux, tandis que la gloire du Dieu d'Israël était sur eux, au-dessus. La gloire de Yahvé s'éleva du milieu de la ville et s'arrêta sur la montagne qui se trouve à l'orient de la ville. L'esprit m'enleva et m'emmena chez les Chaldéens, vers les exilés, en vision, dans l'esprit de Dieu, et la vision dont j'avais été le témoin s'éloigna de moi. Je racontai aux exilés tout ce que Yahvé m'avait fait voir. La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Fils d'homme, tu habites au milieu d'une engeance de rebelles qui ont des yeux pour voir et ne voient point, des oreilles pour entendre et n'entendent point, car c'est une engeance de rebelles. Et toi, fils d'homme, fais-toi un bagage d'exilé et pars en exil sous leurs yeux. Tu partiras du lieu où tu te trouves vers un autre lieu, à leurs yeux. Peut-être reconnaîtront-ils qu'ils sont une engeance de rebelles. Tu arrangeras tes affaires comme un bagage d'exilé, de jour, à leurs yeux. Et toi, tu sortiras le soir, à leurs yeux, comme sortent les exilés. A leurs yeux, fais un trou dans le mur, par où tu sortiras. A leurs yeux, tu chargeras ton ballot sur l'épaule et tu sortiras dans l'obscurité; tu te couvriras le visage pour ne pas voir le pays, car j'ai fait de toi un présage pour la maison d'Israël. J'agis donc selon l'ordre que j'avais reçu: j'arrangeai mes affaires comme un bagage d'exilé, de jour, et le soir je fis un trou dans le mur avec la main; puis je sortis dans l'obscurité et je chargeai mon ballot sur l'épaule, à leurs yeux. Alors la parole de Yahvé me fut adressée, le matin, en ces termes: Fils d'homme, la maison d'Israël, cette engeance de rebelles, ne t'a-t-elle pas dit: "Que fais-tu là?" Dis-leur: Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Cet oracle est prononcé à Jérusalem et dans toute la maison d'Israël où ils résident. Dis: Je suis votre présage; comme j'ai fait, il leur sera fait; ils iront en déportation, en exil. Le prince qui est parmi eux chargera son bagage sur ses épaules, dans l'obscurité, et sortira par le mur qu'on percera pour faire une sortie; il se couvrira le visage pour ne pas voir de ses yeux le pays. J'étendrai mon filet sur lui et il sera pris dans mon rets; je le mènerai à Babylone, au pays des Chaldéens, mais il ne le verra pas et il y mourra. Tout ce qui forme son entourage, sa garde et toutes ses troupes, je les disperserai à tous les vents et je tirerai l'épée derrière eux. Et ils sauront que je suis Yahvé lorsque je les disséminerai parmi les nations et que je les disperserai dans les pays étrangers. Mais je laisserai quelques-uns d'entre eux qui échapperont à l'épée, à la famine et à la peste pour raconter toutes leurs abominations parmi les nations où ils se rendront, afin qu'elles sachent que je suis Yahvé. La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Fils d'homme, tu mangeras ton pain en tremblant et tu boiras ton eau dans l'inquiétude et l'angoisse: et tu diras au peuple du pays: Ainsi parle le Seigneur Yahvé aux habitants de Jérusalem dispersés sur le sol d'Israël: ils mangeront leur pain dans l'angoisse, ils boiront leur eau avec effroi, afin que le pays et ceux qui s'y trouvent soient débarrassés de la violence de tous ses habitants. Les villes peuplées seront détruites, le pays deviendra une désolation et vous saurez que je suis Yahvé. La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Fils d'homme, que voulez-vous dire par ce proverbe prononcé sur la terre d'Israël: Les jours s'ajoutent aux jours et toute vision s'évanouit? Eh bien! dis-leur: Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Je ferai taire ce proverbe, on ne le répétera plus en Israël. Mais dis-leur: Les jours approchent où toute vision s'accomplit, car il n'y aura plus ni vision vaine ni présage trompeur au milieu de la maison d'Israël, car c'est moi, Yahvé, qui parlerai. Ce que je dis est dit et s'accomplira sans délai; car c'est de votre temps, engeance de rebelles, que je prononcerai une parole et que je la réaliserai, oracle du Seigneur Yahvé. La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Fils d'homme, voici que la maison d'Israël dit: "La vision que celui-là voit est pour une époque lointaine; il prophétise pour un avenir éloigné." Eh bien! Dis-leur: Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Il n'y a plus de délai pour toutes mes paroles. Ce que je dis est dit et se réalisera, oracle du Seigneur Yahvé. La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Fils d'homme, prophétise contre les prophètes d'Israël; prophétise et dis à ceux qui prophétisent de leur propre chef: Ecoutez la parole de Yahvé. Ainsi parle le Seigneur Yahvé: Malheur aux prophètes insensés qui suivent leur propre esprit sans rien voir! Comme des chacals dans les ruines, tels furent tes prophètes, Israël. Vous n'êtes pas montés aux brèches, vous n'avez pas construit une enceinte pour la maison d'Israël, pour tenir ferme dans le combat, au jour de Yahvé. Ils ont des visions vaines, un présage mensonger, ceux qui disent: "Oracle de Yahvé" sans que Yahvé les ait envoyés; et ils attendent la confirmation de leur parole. N'est-il pas vrai que vous n'avez que visions vaines et n'annoncez que présages mensongers quand vous dites: "Oracle de Yahvé", alors que moi, je n'ai pas parlé? Eh bien! ainsi parle le Seigneur Yahvé: A cause de vos paroles vaines et de vos visions mensongères, oui, je me déclare contre vous, oracle du Seigneur Yahvé. J'étendrai la main sur les prophètes aux visions vaines et à la prédiction mensongère: ils ne seront pas admis au conseil de mon peuple, ils ne seront pas inscrits au livre de la maison d'Israël, ils ne pénétreront pas sur le sol d'Israël, et vous saurez que je suis le Seigneur Yahvé. C'est qu'en effet, ils égarent mon peuple en disant: "Paix!" alors qu'il n'y a pas de paix. Tandis qu'il bâtit une muraille, les voici qui la couvrent de crépi. Dis à ceux qui la couvrent de crépi: Qu'il y ait une pluie torrentielle, qu'il tombe des grêlons, qu'un vent de tempête soit déchaîné, et voilà le mur abattu! Ne vous dira-t-on pas: "Où est le crépi dont vous l'avez recouvert?" Eh bien! ainsi parle le Seigneur Yahvé: Je vais déchaîner un vent de tempête dans ma fureur, il y aura une pluie torrentielle dans ma colère, des grêlons dans ma rage de destruction. J'abattrai le mur que vous aurez couvert de crépi, je le jetterai à terre et ses fondations seront mises à nu. Il tombera et vous périrez sous lui, et vous saurez que je suis Yahvé. Quand j'aurai assouvi ma fureur contre le mur et contre ceux qui le couvrent de crépi, je vous dirai: Le mur n'est plus, ni ceux qui le crépissaient, les prophètes d'Israël qui prophétisent sur Jérusalem et qui ont pour elle une vision de paix alors qu'il n'y a pas de paix, oracle du Seigneur Yahvé. Et toi, fils d'homme, tourne-toi vers les filles de ton peuple qui prophétisent de leur propre chef, et prophétise contre elles. Tu diras: Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Malheur à celles qui cousent des rubans sur tous les poignets, qui fabriquent des voiles pour la tête de gens de toutes tailles, afin de prendre au piège les âmes! Vous prenez au piège les âmes des gens de mon peuple et vous épargneriez vos propres âmes? Vous me déshonorez devant mon peuple pour quelques poignées d'orge et quelques morceaux de pain, en faisant mourir des gens qui ne doivent pas mourir, en épargnant ceux qui ne doivent pas vivre, et en mentant à mon peuple qui écoute le mensonge. Eh bien! ainsi parle le Seigneur Yahvé: Voici que je vais m'en prendre à vos rubans, avec lesquels vous prenez au piège les âmes comme des oiseaux. Je les déchirerai sur vos bras et je libérerai les âmes que vous essayez de prendre au piège comme des oiseaux. Je déchirerai vos voiles et je délivrerai mon peuple de votre main, pour qu'il ne soit plus un gibier dans votre main. Et vous saurez que je suis Yahvé. Pour avoir intimidé le coeur du juste par des mensonges, alors que je ne l'avais pas affligé, et avoir fortifié les mains du méchant pour qu'il ne renonce pas à sa mauvaise conduite afin de retrouver la vie, eh bien! vous n'aurez plus de vaines visions et ne prononcerez plus de prédictions. Je délivrerai mon peuple de votre main, et vous saurez que je suis Yahvé. Quelques anciens d'Israël vinrent chez moi et s'assirent devant moi. La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Fils d'homme, ces gens-là ont mis leurs ordures dans leur coeur, ils ont placé devant eux l'occasion de leur crimes, faut-il me laisser consulter par eux? Eh bien! parle-leur et dis-leur: Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Tout homme de la maison d'Israël qui met ses ordures dans son coeur, ou qui place devant lui l'occasion de ses crimes, et qui vient trouver le prophète, c'est moi, Yahvé, qui lui répondrai moi-même à cause de la multitude de ses ordures, afin de ressaisir le coeur de la maison d'Israël, eux qui se sont éloignés de moi à cause de toutes leurs ordures. Eh bien! dis à la maison d'Israël: Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Revenez, détournez-vous de vos ordures, détournez votre face de toutes vos abominations, car à tout homme de la maison d'Israël, à tout étranger établi en Israël, s'il s'éloigne de moi pour mettre ses ordures dans son coeur, s'il place devant lui l'occasion de ses crimes et s'il vient trouver le prophète pour me consulter par lui, c'est moi, Yahvé, qui répondrai moi-même. Je tournerai ma face contre cet homme, j'en ferai un exemple et une fable, je le retrancherai de mon peuple et vous saurez que je suis Yahvé. Et si le prophète se laisse séduire et prononce une parole, c'est que moi, Yahvé, j'aurai séduit ce prophète; j'étendrai la main contre lui et je le supprimerai du milieu de mon peuple Israël. Ils porteront le poids de leur faute. Telle la faute de celui qui consulte, telle sera la faute du prophète. Ainsi la maison d'Israël ne s'égarera plus loin de moi et ne se souillera plus de tous ses crimes. Ils seront mon peuple et je serai leur Dieu, oracle du Seigneur Yahvé. La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Fils d'homme, si un pays péchait contre moi en m'étant infidèle et que j'étende la main contre lui, détruisant sa réserve de pain et lui envoyant la famine pour en retrancher bêtes et gens, et qu'il y ait dans ce pays ces trois hommes, Noé, Danel et Job, ces hommes sauveraient leur vie grâce à leur justice, oracle du Seigneur Yahvé. Si je lâchais les bêtes féroces dans ce pays pour le priver de ses enfants et en faire une solitude que nul ne peut franchir à cause des bêtes, et qu'il y ait ces trois hommes dans ce pays: par ma vie, oracle du Seigneur Yahvé, ils ne pourraient sauver ni fils ni filles, eux seuls seraient sauvés et le pays deviendrait une solitude. Si je faisais venir l'épée contre ce pays, si je disais: "Que l'épée passe dans ce pays et j'en frapperai bêtes et gens", et que ces trois hommes soient dans ce pays: par ma vie, oracle du Seigneur Yahvé, ils ne pourraient sauver ni fils ni filles, eux seuls seraient sauvés. Si j'envoyais la peste dans ce pays et que je déverse dans le sang ma colère contre eux, en retranchant bêtes et gens, et que Noé, Danel et Job soient dans ce pays: par ma vie, oracle du Seigneur Yahvé, ils ne sauveraient ni fils ni fille, mais ils sauveraient leur vie grâce à leur justice. Ainsi parle le Seigneur Yahvé: Bien que j'envoie mes quatre fléaux terribles, épée, famine, bêtes féroces et peste, vers Jérusalem pour en retrancher bêtes et gens, voici qu'il s'y trouve un reste de survivants que l'on a fait sortir, fils et filles; les voici qui sortent vers vous pour que vous voyiez leur conduite et leurs oeuvres, et que vous vous consoliez du mal que j'aurai fait venir contre Jérusalem, de tout ce que j'aurai fait venir contre elle. Ils vous consoleront quand vous verrez leur conduite et leurs oeuvres, et vous saurez que ce n'est pas en vain que j'ai fait tout ce que j'ai fait en elle, oracle du Seigneur Yahvé. La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Fils d'homme, pourquoi le bois de la vigne vaudrait-il mieux que le bois de toute branche sur les arbres de la forêt? En tire-t-on du bois pour en faire quelque chose? En tire-t-on une cheville pour y pendre un objet? Voilà qu'on le jette au feu pour le consumer. Le feu consume les deux bouts; le milieu est brûlé, est-il bon à quelque chose? Déjà, lorsqu'il était intact, on ne pouvait rien en faire; alors, quand le feu l'a consumé et brûlé, peut-on encore en faire quelque chose? C'est pourquoi, ainsi parle le Seigneur Yahvé. Tout comme le bois de la vigne parmi les arbres de la forêt, que j'ai jeté au feu pour le consumer, ainsi ai-je traité les habitants de Jérusalem. J'ai tourné ma face contre eux. Ils ont échappé au feu, mais le feu les dévorera, et vous saurez que je suis Yahvé, lorsque je me tournerai contre eux. Je ferai du pays une solitude, parce qu'ils ont été infidèles. Oracle du Seigneur Yahvé. La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Fils d'homme, fais connaître à Jérusalem ses abominations. Tu diras: Ainsi parle le Seigneur Yahvé à Jérusalem. Par ton origine et par ta naissance, tu es du pays du Canaan. Ton père était amorite et ta mère hittite. A ta naissance, au jour où tu vins au monde, on ne te coupa pas le cordon, on ne te lava pas dans l'eau pour te nettoyer, on ne te frotta pas de sel, on ne t'enveloppa pas de langes. Nul n'a tourné vers toi un regard de pitié, pour te rendre un de ces devoirs par compassion pour toi. Tu fus jetée en pleine campagne, par dégoût de toi, au jour de ta naissance. Je passai près de toi et je te vis, te débattant dans ton sang. Je te dis, quand tu étais dans ton sang: "Vis!" et je te fis croître comme l'herbe des champs. Tu te développas, tu grandis et tu parvins à l'âge nubile. Tes seins s'affermirent, ta chevelure devint abondante; mais tu étais toute nue. Alors je passai près de toi et je te vis. C'était ton temps, le temps des amours. J'étendis sur toi le pan de mon manteau et je couvris ta nudité; je m'engageai par serment, je fis un pacte avec toi - oracle du Seigneur Yahvé - et tu fus à moi. Je te baignai dans l'eau, je lavai le sang qui te couvrait, je t'oignis d'huile; je te donnai des vêtements brodés, des chaussures de cuir fin, un bandeau de lin et un manteau de soie. Je te parai de bijoux, je mis des bracelets à tes poignets et un collier à ton cou. Je mis un anneau à ton nez, des boucles à tes oreilles, et sur ta tête un splendide diadème. Tu étais parée d'or et d'argent, vêtue de lin, de soie et de broderies. La fleur de farine, le miel et l'huile étaient ta nourriture. Tu devins de plus en plus belle et tu parvins à la royauté. Tu fus renommée parmi les nations pour ta beauté, car elle était parfaite grâce à la splendeur dont je t'avais revêtue, oracle du Seigneur Yahvé. Mais tu t'es infatuée de ta beauté, tu as profité de ta renommée pour te prostituer, tu as prodigué tes débauches à tout venant. Tu as pris de tes vêtements pour t'en faire des hauts lieux aux riches couleurs, et tu t'y es prostituée. Tu as pris tes parures d'or et d'argent que je t'avais données et tu t'es fait des images d'hommes pour servir à tes prostitutions. Tu as pris tes vêtements brodés et tu les en as couvertes, et c'est mon huile et mon encens que tu as offerts devant elles. C'est le pain que je t'avais donné, la fleur de farine, l'huile et le miel dont je te nourrissais que tu as offerts devant elles en parfum d'apaisement. Et il est arrivé - oracle du Seigneur Yahvé - que tu as pris tes fils et tes filles que tu m'avais enfantés, et que tu les leur as sacrifiés pour qu'elles s'en nourrissent. Etait-ce donc trop peu que ta prostitution? Tu as égorgé mes fils et tu les as livrés pour les faire passer par le feu en leur honneur. Et dans toutes tes abominations et tes prostitutions, tu ne t'es pas souvenue des jours de ta jeunesse, quand tu étais toute nue, te débattant dans ton sang. Et pour comble de méchanceté, - malheur, malheur à toi! oracle du Seigneur Yahvé - tu t'es bâti un tertre, tu t'es fait une hauteur sur toutes les places. A l'entrée de chaque chemin, tu t'es bâti une hauteur pour y souiller ta beauté et livrer ton corps à tout venant; tu as multiplié tes prostitutions. Tu t'es prostituée chez les Egyptiens, tes voisins au corps puissant, tu as multiplié tes prostitutions pour m'irriter. Et voici que j'ai levé la main contre toi; j'ai rationné ta nourriture, je t'ai livrée à la merci de tes ennemies, les filles des Philistins, rougissant de l'infamie de ta conduite. Faute d'être rassasiée, tu t'es prostituée chez les Assyriens. Tu t'es prostituée sans pourtant te rassasier. Tu as multiplié tes prostitutions au pays des marchands, chez les Chaldéens, et cette fois non plus, tu ne t'es pas rassasiée. Comme ton coeur était faible - oracle du Seigneur Yahvé - en commettant toutes ces actions dignes d'une véritable prostituée! Lorsque tu te bâtissais un tertre à l'entrée de chaque chemin, que tu te faisais une hauteur sur toutes les places, en méprisant le salaire, tu n'étais pas comme la prostituée. La femme adultère, au lieu de son mari, accueille les étrangers. A toutes les prostituées, on donne un cadeau. Mais c'est toi qui donnais des cadeaux à tous tes amants et qui leur as offert des présents, pour que, de tous côtés, ils viennent à toi dans tes prostitutions. Pour toi, ce fut le contraire des autres femmes dans tes prostitutions: nul ne courait après toi, c'est toi qui payais et l'on ne te payait pas; tu faisais le contraire. Eh bien, prostituée, écoute la parole de Yahvé! Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Pour avoir dilapidé ton argent, découvert ta nudité au cours de tes prostitutions avec tes amants et avec tes ordures abominables, pour le sang de tes fils que tu leur a donnés, pour cela, je vais rassembler tous les amants à qui tu as plu, tous ceux que tu as aimés et tous ceux que tu as haïs, je vais les rassembler d'alentour contre toi, et je vais découvrir ta nudité devant eux, pour qu'ils voient toute ta nudité. Je vais t'infliger le châtiment des femmes adultères et sanguinaires: je te livrerai à la fureur et à la jalousie, je te livrerai entre leurs mains; ils nivelleront ton tertre et démoliront tes hauteurs, ils t'arracheront tes vêtements et te prendront tes parures, ils te laisseront toute nue. Puis ils exciteront la foule contre toi, ils te lapideront et te perceront à coup d'épée, ils mettront le feu à tes maisons et feront justice de toi, sous les yeux d'une multitude de femmes; je mettrai fin à tes prostitutions et tu ne donneras plus de salaire. J'assouvirai ma fureur contre toi, puis ma jalousie se retirera de toi, je m'apaiserai et ne me mettrai plus en colère. Puisque tu ne t'es pas souvenue des jours de ta jeunesse et qu'en tout cela tu m'as provoqué, voici qu'à mon tour je vais faire retomber ta conduite sur ta tête, oracle du Seigneur Yahvé. N'as-tu pas commis l'infamie avec toutes tes pratiques abominables? Voici que tous les faiseurs de proverbes en diront un à ton sujet: "Telle mère, telle fille." Tu es bien la fille de ta mère qui détestait son mari et ses enfants; tu es bien la soeur de tes soeurs qui ont détesté leur mari et leurs enfants. Votre mère était hittite et votre père amorite. Ta soeur aînée, c'est Samarie, qui habite à ta gauche avec ses filles. Ta soeur cadette, qui habite à ta droite, c'est Sodome, avec ses filles. Tu n'as pas manqué d'imiter leur conduite ni de commettre leurs abominations. Tu t'es montrée plus corrompue qu'elles dans toute ta conduite. Par ma vie, oracle du Seigneur Yahvé, Sodome, ta soeur, et ses filles n'ont pas agi comme vous avez agi, toi et tes filles. Voici quelle fut la faute de Sodome ta soeur: orgueil, voracité, insouciance tranquille, telles furent ses fautes et celles de ses filles; elles n'ont pas secouru le pauvre et le malheureux, elles se sont enorgueillies et ont commis l'abomination devant moi, aussi les ai-je fait disparaître, comme tu l'as vu. Quant à Samarie, elle n'a pas commis la moitié de tes péchés. Tu as multiplié bien plus qu'elle tes abominations. En commettant autant d'abominations, tu as justifié tes soeurs. Mais toi, porte le déshonneur dont tu as innocenté tes soeurs: à cause des péchés par lesquels tu t'es rendue bien plus odieuse qu'elles, elles sont plus justes que toi. Toi donc, sois dans la honte et porte ton déshonneur, tout en justifiant tes soeurs. Je les rétablirai. Je rétablirai Sodome et ses filles, je rétablirai Samarie et ses filles, puis je te rétablirai au milieu d'elles, afin que tu portes ton déshonneur et que tu rougisses de tout ce que tu as fait, pour leur consolation. Tes soeurs, Sodome et ses filles, seront rétablies en leur état ancien; Samarie et ses filles seront rétablies en leur état ancien. Toi et tes filles, vous serez rétablies en votre état ancien. De Sodome, ta soeur, n'as-tu pas fait des gorges chaudes, au jour de ton orgueil, avant que ne fût découverte ta nudité? Comme elle, tu es maintenant l'objet de la raillerie des filles d'Edom et de toutes celles d'alentour, des filles des Philistins, qui t'accablent de leur mépris, tout autour de toi. Ton infamie et tes abominations, c'est toi qui t'en es chargée, oracle de Yahvé. Car ainsi parle le Seigneur Yahvé. J'agirai envers toi comme tu as agi, toi qui as méprisé le serment jusqu'à violer une alliance. Mais moi, je me souviendrai de mon alliance avec toi au temps de ta jeunesse et j'établirai en ta faveur une alliance éternelle. Et toi, tu te souviendras de ta conduite et tu en rougiras, quand tu accueilleras tes soeurs, les aînées avec les cadettes, et que je te les donnerai pour filles, sans que j'y sois tenu par mon alliance avec toi. Car c'est moi qui rétablirai mon alliance avec toi, et tu sauras que je suis Yahvé, afin que tu te souviennes et que tu sois saisie de honte et que, dans ta confusion, tu sois réduite au silence, quand je te pardonnerai tout ce que tu as fait, oracle du Seigneur Yahvé. La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Fils d'homme, propose une énigme et présente une parabole à la maison d'Israël. Tu diras: Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Le grand aigle, aux grandes ailes, à l'envergure immense, couvert de plumes multicolores, vint au Liban et prit la cime du cèdre; il cueillit le plus haut de ses rameaux, l'emporta au pays des marchands et le déposa dans une ville de trafiquants. Puis il prit une des semences du pays et la mit dans un champ préparé; au bord d'un cours d'eau abondant, il la mit comme un saule. Elle poussa et devint une vigne féconde, de taille modeste, qui tourna ses branches vers l'aigle, alors que ses racines étaient sous elle. Elle devint une vigne, donna des tiges et poussa des sarments. Il y eut un autre grand aigle, aux grandes ailes, aux plumes abondantes. Et voici que cette vigne tendit ses racines vers lui et dirigea vers lui ses branches, pour qu'il l'arrosât, depuis le parterre où elle était plantée. Dans un champ fertile, au bord d'un cours d'eau abondant, elle était plantée, pour pousser des branchages et porter du fruit, pour devenir une vigne magnifique. Dis: Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Réussira-t-elle? L'aigle ne va-t-il pas arracher ses racines, ôter ses fruits, en sorte que sèchent toutes les feuilles nouvelles qu'elle poussera sans qu'il soit besoin d'un bras puissant et d'un peuple nombreux pour l'enlever de ses racines? La voici plantée, réussira-t-elle? Au souffle du vent d'est, ne va-t-elle pas sécher? Sur les parterres où elle a poussé, elle séchera! La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Parle à l'engeance de rebelles. Ne savez-vous pas ce que cela signifie? Dis: Voici que le roi de Babylone est venu à Jérusalem; il en a enlevé le roi et les princes et les a emmenés chez lui, à Babylone. Il a pris un rejeton royal et a conclu alliance avec lui, il lui a fait prêter serment, après avoir enlevé les grands du pays, pour que le royaume demeure modeste et sans ambition, et pour qu'il garde son alliance et la maintienne. Mais ce prince s'est révolté contre lui, en envoyant des messagers en Egypte pour se faire donner des chevaux et des gens en grand nombre. Réussira-t-il? S'en tirera-t-il, celui qui a fait cela? Il a rompu l'alliance et il s'en tirerait? Par ma vie, oracle du Seigneur Yahvé, je le jure: c'est dans le pays du roi qui l'a fait régner, lui dont il a méprisé le serment et rompu l'alliance, c'est en plein milieu de Babylone qu'il mourra. Avec sa grande armée et ses troupes nombreuses, le Pharaon ne le sauvera pas par la guerre, lorsqu'on élèvera un remblai et qu'on construira des retranchements, pour détruire tant de vies humaines. Il a méprisé le serment en rompant l'alliance, alors qu'il s'était engagé et avait fait tout cela: il ne s'en tirera pas. C'est pourquoi, ainsi parle le Seigneur Yahvé. Par ma vie, je le jure: mon serment qu'il a méprisé, mon alliance qu'il a rompue, je les ferai retomber sur sa tête. J'étendrai mon filet sur lui, il sera pris dans mon rets, je le mènerai à Babylone et je l'y punirai de l'infidélité qu'il a commise envers moi. Quant à toute son élite, parmi toutes ses troupes, elle tombera par l'épée, et les survivants seront éparpillés à tous les vents. Et vous saurez que moi, Yahvé, j'ai parlé. Ainsi parle le Seigneur Yahvé: Moi, je prendrai à la cime du grand cèdre, au plus haut de ses rameaux je cueillerai une jeune pousse et je la planterai moi-même sur une montagne élevée et altière. Sur la haute montagne d'Israël je le planterai. Il poussera des branchages, il produira du fruit et deviendra un cèdre magnifique. Toutes sortes d'oiseaux habiteront sous lui, toutes sortes de volatiles reposeront à l'ombre de ses branches. Et tous les arbres de la campagne sauront que c'est moi, Yahvé, qui abaisse l'arbre élevé et qui élève l'arbre abaissé, qui fait sécher l'arbre vert et fleurir l'arbre sec. Moi, Yahvé, j'ai dit et je fais. La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Qu'avez-vous à répéter ce proverbe au pays d'Israël: Les pères ont mangé des raisins verts, et les dents des fils ont été agacées? Par ma vie, oracle du Seigneur Yahvé, vous n'aurez plus à répéter ce proverbe en Israël. Voici: toutes les vies sont à moi, aussi bien la vie du père que celle du fils, elles sont à moi. Celui qui a péché, c'est lui qui mourra. Quiconque est juste, pratique le droit et la justice, ne mange pas sur les montagnes et ne lève pas les yeux vers les ordures de la maison d'Israël, ne souille pas la femme de son prochain, ne s'approche pas d'une femme en son impureté, n'opprime personne, rend le gage d'une dette, ne commet pas de rapines, donne son pain à qui a faim et couvre d'un vêtement celui qui est nu, ne prête pas avec usure, ne prend pas d'intérêts, détourne sa main du mal, rend un jugement véridique entre les hommes, se conduit selon mes lois et observe mes coutumes en agissant selon la vérité, un tel homme est juste, il vivra, oracle du Seigneur Yahvé. Mais s'il engendre un fils violent et sanguinaire qui commet une de ces fautes, alors que lui n'en a commis aucune, un fils qui va jusqu'à manger sur les montagnes et souiller la femme de son prochain, qui opprime le pauvre et le malheureux, commet des rapines, ne rend pas le gage, lève les yeux vers les ordures, commet l'abomination, prête avec usure et prend des intérêts, celui-ci ne vivra pas après avoir commis tous ces crimes abominables, il mourra et son sang sera sur lui. Mais si celui-ci engendre un fils qui voit tous les péchés qu'a commis son père, qui les voit sans les imiter, qui ne mange pas sur les montagnes, ne lève pas les yeux vers les ordures de la maison d'Israël, ne souille pas la femme de son prochain, n'opprime personne, ne prend pas de gages, ne commet pas de rapines, donne son pain à qui a faim, couvre d'un vêtement celui qui est nu, détourne sa main de l'injustice, ne pratique pas l'usure et ne prend pas d'intérêts, pratique mes coutumes et se conduit selon mes lois, celui-ci ne mourra pas à cause des fautes de son père, il vivra. Mais son père, puisqu'il a été violent, a commis des rapines et n'a pas bien agi au milieu de son peuple, voici qu'il mourra à cause de sa faute. Et vous dites: "Pourquoi le fils ne porte-t-il pas la faute de son père?" Mais le fils a pratiqué le droit et la justice, a observé mes lois et les a pratiquées, il doit vivre. Celui qui a péché, c'est lui qui mourra! Un fils ne portera pas la faute de son père ni un père la faute de son fils: au juste sera imputée sa justice et au méchant sa méchanceté. Quant au méchant, s'il renonce à tous les péchés qu'il a commis, observe toutes mes lois et pratique le droit et la justice, il vivra, il ne mourra pas. On ne se souviendra plus de tous les crimes qu'il a commis, il vivra à cause de la justice qu'il a pratiquée. Prendrais-je donc plaisir à la mort du méchant - oracle du Seigneur Yahvé - et non pas plutôt à le voir renoncer à sa conduite et vivre? Mais si le juste renonce à sa justice et commet le mal, imitant toutes les abominations que commet le méchant, vivra-t-il? On ne se souviendra plus de toute la justice qu'il a pratiquée, mais à cause de l'infidélité dont il s'est rendu coupable et du péché qu'il a commis, il mourra. Et vous dites: "La manière d'agir du Seigneur n'est pas juste." Ecoutez donc, maison d'Israël: est-ce ma manière d'agir qui n'est pas juste? N'est-ce pas votre manière d'agir qui n'est pas juste? Si le juste se détourne de sa justice pour commettre le mal et meurt, c'est à cause du mal qu'il a commis qu'il meurt. Et si le pécheur se détourne du péché qu'il a commis, pour pratiquer le droit et la justice, il assure sa vie. Il a choisi de se détourner de tous les crimes qu'il avait commis, il vivra, il ne mourra pas. Et pourtant la maison d'Israël dit: "La manière d'agir du Seigneur n'est pas juste." C'est pourquoi je vous jugerai chacun selon sa manière d'agir, maison d'Israël, oracle du Seigneur Yahvé. Convertissez-vous et détournez-vous de tous vos crimes, qu'il n'y ait plus pour vous d'occasion de mal. Débarrassez-vous de tous les crimes que vous avez commis et faites-vous un coeur nouveau et un esprit nouveau. Pourquoi mourir, maison d'Israël? Je ne prends pas plaisir à la mort de qui que ce soit, oracle du Seigneur Yahvé. Convertissez-vous et vivez! Et toi, prononce une complainte sur les princes d'Israël. Tu diras: Qu'était ta mère? Une lionne parmi des lions; couchée parmi les lionceaux, elle nourrissait ses petits. Elle éleva un de ses petits, il devint un jeune lion, il apprit à déchirer sa proie, il dévora des hommes. Les nations en entendirent parler, il fut pris dans leur fosse; on l'emmena avec des crocs au pays d'Egypte. Elle vit que son attente était déçue, déçue son espérance. Elle prit un autre de ses petits, en fit un jeune lion. Il rôda parmi les lions, il devint un jeune lion; il apprit à déchirer sa proie, il dévora des hommes. Il démolit leurs palais, il détruisit leurs villes; le pays et ses habitants furent consternés au bruit de son rugissement. On dressa contre lui les nations, les provinces environnantes; elles étendirent sur lui leur filet, il fut pris dans leur fosse. Avec des crocs ils le mirent en cage, ils le menèrent au roi de Babylone, ils le menèrent dans des lieux escarpés, pour qu'on n'entendît plus sa voix sur les montagnes d'Israël. Ta mère était semblable à une vigne, plantée au bord de l'eau. Elle était féconde et feuillue, grâce à l'abondance de l'eau. Elle eut des ceps puissants qui devinrent des sceptres royaux; sa taille s'éleva jusqu'au milieu des nuages; on l'admira pour sa hauteur et la quantité de ses branches. Mais elle a été arrachée avec fureur et jetée à terre; le vent d'est a desséché son fruit, elle a été brisée, son cep puissant a séché, le feu l'a dévoré. La voici plantée au désert, au pays sec et aride, et le feu est sorti de son cep, il a dévoré ses tiges et son fruit. Elle n'aura plus son sceptre puissant, son sceptre royal. C'est une complainte; elle servit de complainte. La septième année, au cinquième mois, le dix du mois, quelques-uns des anciens d'Israël vinrent consulter Yahvé et s'assirent devant moi. La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Fils d'homme, parle aux anciens d'Israël. Tu leur diras: Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Est-ce pour me consulter que vous venez? Par ma vie! Je ne me laisserai pas consulter par vous, oracle du Seigneur Yahvé. Vas-tu les juger? Vas-tu juger, fils d'homme? Fais-leur connaître les abominations de leurs pères. Tu leur diras: Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Le jour où j'ai choisi Israël, où j'ai levé la main vers la race de la maison de Jacob, je me suis fait connaître à eux au pays d'Egypte, et j'ai levé la main vers eux en disant: "Je suis Yahvé votre Dieu." Ce jour-là, j'ai levé la main vers eux en jurant de les faire sortir du pays d'Egypte vers un pays que j'avais exploré pour eux et qui ruisselle de lait et de miel: c'est le plus beau de tous les pays. Et je leur ai dit: Rejetez chacun les horreurs qui attirent vos yeux, ne vous souillez pas avec les ordures de l'Egypte, je suis Yahvé votre Dieu. Mais ils se rebellèrent contre moi et ne voulurent pas m'écouter. Aucun ne rejeta les horreurs qui attiraient ses yeux; ils n'abandonnèrent pas les ordures de l'Egypte. J'eus la pensée de déverser ma fureur sur eux et d'assouvir sur eux ma colère, au milieu du pays d'Egypte. Mais j'eus égard à mon nom, et je fis en sorte qu'il ne fût pas profané devant les nations au milieu desquelles ils étaient, et aux yeux desquelles je me suis fait connaître à eux pour les faire sortir du pays d'Egypte. Aussi je les fis sortir du pays d'Egypte et je les menai au désert. Je leur donnai mes lois et je leur fis connaître mes coutumes, que l'homme doit pratiquer pour en vivre. Et j'allai jusqu'à leur donner mes sabbats comme signe entre moi et eux, afin qu'ils sachent que c'est moi, Yahvé, qui les sanctifie. Mais la maison d'Israël se rebella contre moi au désert; ils ne se conduisirent pas selon mes lois, ils rejetèrent mes coutumes, que l'homme doit pratiquer pour en vivre, et ils ne firent que profaner mes sabbats. Alors j'eus la pensée de déverser ma fureur sur eux au désert, pour les exterminer. Mais j'eus égard à mon nom et je fis en sorte qu'il ne fût pas profané devant les nations, aux yeux desquelles je les avais fait sortir. Encore une fois je levai la main vers eux, au désert, pour jurer que je ne les mènerais pas au pays que je leur avais donné, qui ruisselle de lait et de miel: c'est le plus beau de tous les pays. Car ils avaient rejeté mes coutumes, ne s'étaient pas conduits selon mes lois et avaient profané mes sabbats, car leur coeur suivait les ordures. Mais j'eus pour eux un regard de pitié, pour ne pas les exterminer, et je ne les anéantis pas. Et je dis à leurs enfants au désert: Ne vous conduisez pas selon les lois de vos pères, n'observez pas leurs coutumes, ne vous souillez pas avec leurs ordures. Je suis Yahvé, votre Dieu. Conduisez-vous selon mes lois, observez mes coutumes et pratiquez-les. Sanctifiez mes sabbats; qu'ils soient un signe entre moi et vous pour qu'on sache que je suis Yahvé votre Dieu. Mais les fils se rebellèrent contre moi, ne se conduisirent pas selon mes lois, n'observèrent pas et ne pratiquèrent pas mes coutumes, que l'homme doit pratiquer pour en vivre, et ils profanèrent mes sabbats. Alors j'eus la pensée de déverser ma fureur sur eux et d'assouvir contre eux ma colère, au désert. Mais je retirai ma main et j'eus égard à mon nom, et je fis en sorte qu'il ne fût pas profané devant les nations aux yeux desquelles je les avais fait sortir. Mais encore une fois, je levai la main vers eux, au désert, pour jurer de les disséminer parmi les nations et de les disperser dans les pays étrangers. Car ils n'avaient pas pratiqué mes coutumes, ils avaient rejeté mes lois, profané mes sabbats, et leurs regards s'étaient attachés aux ordures de leurs pères. Et j'allai jusqu'à leur donner des lois qui n'étaient pas bonnes et des coutumes dont ils ne pouvaient pas vivre, et je les souillai par leurs offrandes, en leur faisant sacrifier tout premier-né, pour les frapper d'horreur, afin qu'ils sachent que je suis Yahvé. C'est pourquoi, parle à la maison d'Israël, fils d'homme. Tu leur diras: Ainsi parle le Seigneur Yahvé. En cela encore vos pères m'ont outragé en m'étant infidèles. Et pourtant je les ai menés au pays que j'avais juré solennellement de leur donner. Ils y ont vu toutes sortes de collines élevées, toutes sortes d'arbres touffus, et ils y ont offert leurs sacrifices et présenté leurs offrandes provocantes; ils y ont déposé leurs parfums d'apaisement et versé leurs libations. Et je leur ai dit: Qu'est-ce que le haut lieu où vous allez? Et ils l'ont appelé du nom de Bama jusqu'à ce jour. Eh bien! dis à la maison d'Israël: Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Est-il vrai que vous vous souillez en vous conduisant comme vos pères, en vous prostituant en suivant leurs horreurs, en présentant vos offrandes et en faisant passer vos enfants par le feu? Que vous vous souillez avec toutes vos ordures jusqu'à ce jour? Et moi, je me laisserais consulter par vous, maison d'Israël? Par ma vie! oracle du Seigneur Yahvé, je ne me laisserai pas consulter par vous. Quant au rêve qui hante votre esprit, il ne se réalisera jamais; quand vous dites: "Nous serons comme les nations, comme les tribus des pays étrangers, en servant le bois et la pierre." Par ma vie! oracle du Seigneur Yahvé, je le jure: c'est moi qui régnerai sur vous, à main forte et à bras étendu, en déversant ma fureur. Je vous ferai sortir du milieu des peuples et je vous rassemblerai des pays étrangers où vous avez été dispersés, à main forte et à bras étendu, en déversant ma fureur; je vous mènerai au désert des peuples et je vous y jugerai face à face. Comme j'ai jugé vos pères au désert du pays d'Egypte, ainsi je vous jugerai, oracle du Seigneur Yahvé. Je vous ferai passer sous la houlette et je vous amènerai à respecter l'alliance; je séparerai de vous les rebelles, ceux qui se sont révoltés contre moi, je les ferai sortir du pays où ils séjournent, mais ils n'entreront pas au pays d'Israël, et vous saurez que je suis Yahvé. Et vous, maison d'Israël, ainsi parle le Seigneur Yahvé: Que chacun aille servir ses ordures, mais ensuite, on verra si vous ne m'écoutez pas! Et vous ne profanerez plus mon saint nom par vos offrandes et vos ordures. Car c'est sur ma montagne sainte, sur la haute montagne d'Israël - oracle du Seigneur Yahvé - que me servira toute la maison d'Israël, toute entière dans le pays. C'est là que j'accueillerai et que je rechercherai vos offrandes, le meilleur de vos dons et toutes vos choses saintes. Comme un parfum d'apaisement, je vous accueillerai, quand je vous ferai sortir du milieu des peuples; je vous rassemblerai des pays où vous êtes dispersés, je serai sanctifié par vous aux yeux des nations, et vous saurez que je suis Yahvé, lorsque je vous ramènerai sur le sol d'Israël, au pays que j'ai juré solennellement de donner à vos pères. C'est là que vous vous souviendrez de votre conduite et de toutes les actions par lesquelles vous vous êtes souillés, et vous éprouverez du dégoût pour vous-mêmes, à cause de tous les méfaits que vous avez commis. Et vous saurez que je suis Yahvé, quand j'agirai envers vous par égard pour mon nom, et non pas d'après votre mauvaise conduite et vos actions corrompues, maison d'Israël, oracle du Seigneur Yahvé. La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Fils d'homme, tourne-toi à droite, profère ta parole vers le sud, prophétise contre la forêt de la région du Négeb. Tu diras à la forêt du Négeb: Ecoute la parole de Yahvé. Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Voici que je vais allumer en toi un feu pour y consumer tout arbre vert et tout arbre sec; c'est une flambée qui ne s'éteindra pas et tous les visages en seront brûlés, depuis le Négeb jusqu'au Nord. Toute chair verra que c'est moi, Yahvé, qui l'ai allumée, et elle ne s'éteindra pas. - Et je dis: Ah! Seigneur Yahvé, ils disent de moi: "Ne voilà-t-il pas qu'il débite des paraboles" - Alors la parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Fils d'homme, tourne-toi vers Jérusalem, profère ta parole vers leur sanctuaire et prophétise contre le pays d'Israël. Tu diras au pays d'Israël: Ainsi parle Yahvé. Me voici contre toi; je vais tirer mon épée du fourreau et retrancher de chez toi le juste et l'impie. C'est pour retrancher le juste et l'impie que mon épée va sortir de son fourreau, contre toute chair, du Négeb jusqu'au Nord. Et toute chair saura que c'est moi, Yahvé, qui ai tiré mon épée du fourreau, et elle n'y rentrera plus. Quant à toi, fils d'homme, pousse des gémissements, le coeur brisé; rempli d'amertume, tu pousseras des gémissements, sous leurs yeux. Et s'ils te disent: "Pourquoi ces gémissements?" Tu diras: "A cause de la nouvelle qui va venir, tous les coeurs vont défaillir, les mains vont faiblir, les esprits seront abattus, les genoux s'en iront en eau. Voici qu'elle vient; c'est fait, oracle du Seigneur Yahvé." La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Fils d'homme, prophétise. Tu diras: Ainsi parle le Seigneur! Dis: L'épée, l'épée! Elle est affûtée, elle est fourbie. Pour accomplir le massacre, elle est affûtée, pour jeter des éclairs, elle est fourbie... Il l'a donnée à fourbir pour la saisir à pleine main, elle est affûtée, l'épée, et fourbie, pour mettre dans la main du tueur. Crie, hurle, fils d'homme, car elle est destinée à mon peuple, à tous les princes d'Israël voués à l'épée avec mon peuple. Aussi, frappe-toi la poitrine, car c'est une épreuve... Oracle du Seigneur Yahvé. Et toi, fils d'homme, prophétise et bats des mains. Que l'épée repasse trois fois, l'épée qui transperce des victimes, l'épée qui transperce une grande victime, celle qui les menace tout autour! Afin que le coeur défaille, que les occasions de chute soient nombreuses, à toutes les portes, j'ai placé le massacre par l'épée faite pour jeter des éclairs, fourbie pour le massacre. Sois affûtée à droite, place toi à gauche, là où ton tranchant est requis! Moi aussi, je vais battre des mains, je vais assouvir ma fureur. Moi, Yahvé, j'ai parlé! La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Et toi, fils d'homme, trace deux chemins pour que vienne l'épée du roi de Babylone, partant tous les deux du même pays. Puis place un signe, place-le au départ du chemin de la ville. Trace le chemin pour que l'épée vienne vers Rabba des Ammonites et vers Juda, à la forteresse de Jérusalem. Car le roi de Babylone s'est arrêté au carrefour, au départ des deux chemins, pour interroger le sort. Il a secoué les flèches, interrogé les téraphim, observé le foie. Dans sa main droite, le sort est tombé sur Jérusalem: pour y placer des béliers, donner l'ordre de la tuerie, pousser le cri de guerre, placer des béliers contre les portes, élever un remblai et construire des retranchements. Ce n'est à leurs yeux que vain présage. On leur avait prêté serment, mais lui, il rappelle leur faute qui provoquera leur capture. C'est pourquoi, ainsi parle le Seigneur Yahvé: Parce que vous rappelez vos fautes en découvrant vos forfaits et en faisant apparaître vos péchés dans toutes vos actions, pour le souvenir qu'on a de vous, vous serez capturés. Quant à toi, vil criminel, prince d'Israël dont le jour approche avec le dernier des crimes, ainsi parle le Seigneur Yahvé: On ôtera la tiare, on enlèvera la couronne, tout sera transformé, ce qui est bas sera élevé, ce qui est élevé sera abaissé. Ruine, ruine, ruine, voilà ce que j'en ferai, comme il n'y en eut pas avant que vienne celui à qui appartient le jugement et à qui je le remettrai. Et toi, fils d'homme, prophétise. Tu diras: Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Aux Ammonites et à leur raillerie, tu diras: L'épée, l'épée est tirée pour le massacre, fourbie pour dévorer, pour jeter des éclairs - pendant que tu as des visions vaines, que tu consultes des présages menteurs - pour égorger les vils criminels dont le jour approche avec le dernier de leurs crimes. Remets-la au fourreau. C'est au lieu où tu as été créé, au pays de ton origine que je te jugerai; je déverserai sur toi ma fureur, je soufflerai contre toi le feu de mon emportement, et je te livrerai entre les mains d'hommes barbares, artisans de destruction. Tu seras la pâture du feu, ton sang coulera au milieu du pays, tu ne laisseras aucun souvenir, car moi, Yahvé, j'ai parlé. La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Et toi, fils d'homme, jugeras-tu? Jugeras-tu la ville sanguinaire? Fais-lui connaître toutes ses abominations. Tu diras: Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Ville qui répands le sang au milieu de toi pour faire venir ton heure, qui as fabriqué des ordures sur ton sol pour te souiller, par le sang que tu as répandu tu t'es rendue coupable, par les ordures que tu as fabriquées tu t'es souillée, tu as fait avancer ton heure, tu es arrivée au terme de tes années. C'est pourquoi j'ai fait de toi un objet de raillerie pour les nations et de moquerie pour tous les pays. Proches ou lointains, ils se moqueront de toi, ville au nom souillé, pleine de désordres. Voici, chez toi tous les princes d'Israël ont été occupés, chacun pour son compte, à répandre le sang. Chez toi on a méprisé son père et sa mère, on a maltraité l'étranger qui était chez toi; chez toi on a opprimé l'orphelin et la veuve. Tu as été sans respect pour mes sanctuaires, tu as profané mes sabbats. Il y avait chez toi des dénonciateurs pour faire verser le sang. Chez toi on a mangé sur les montagnes et on a commis l'infamie au milieu de toi. Chez toi on a découvert la nudité de son père, chez toi on a fait violence à la femme en état d'impureté. L'un a commis l'abomination avec la femme du prochain, l'autre s'est souillé de manière infâme avec sa belle-fille, un autre a fait violence à sa soeur, à la fille de son père, chez toi. On a reçu des présents, chez toi, pour répandre le sang; tu as pris usure et intérêts, tu as dépouillé ton prochain par la violence, et moi, tu m'as oublié, oracle du Seigneur Yahvé. Mais voici que je vais battre des mains à cause des brigandages que tu as commis et du sang qui coule au milieu de toi. Ton coeur pourra-t-il résister et tes mains rester fermes, le jour où je m'en prendrai à toi? Moi, Yahvé, j'ai dit et je fais. Je te disséminerai parmi les nations, je te disperserai dans les pays étrangers, j'effacerai l'impureté de chez toi; tu seras profanée par ta faute, aux yeux des nations, et tu sauras que je suis Yahvé. La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Fils d'homme, la maison d'Israël est devenue pour moi un métal impur; ils sont tous du cuivre, de l'étain, du fer et du plomb dans une fournaise: c'est un métal impur. C'est pourquoi, ainsi parle le Seigneur Yahvé: Puisque vous êtes tous du métal impur, eh bien! je vais vous rassembler au milieu de Jérusalem. Comme on rassemble argent, cuivre, fer, plomb et étain dans une fournaise pour attiser le feu dessus et les faire fondre, ainsi je vous rassemblerai dans ma colère et ma fureur et je vous ferai fondre; je vous amasserai et j'attiserai contre vous le feu de mon emportement, et je vous ferai fondre au milieu de la ville. Comme on fond l'argent au milieu de la fournaise, ainsi serez-vous fondus au milieu d'elle, et vous saurez que c'est moi, Yahvé, qui ai déversé ma fureur sur vous. La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Fils d'homme, dis-lui: Tu es une terre qui n'a reçu ni pluie ni averse au jour de la colère, les princes qui t'habitent sont comme un lion rugissant qui déchire sa proie. Ils ont dévoré les gens, pris les richesses et les bijoux, multiplié les veuves au milieu d'elle. Ses prêtres ont violé ma loi et profané mes sanctuaires; entre le saint et le profane, ils n'ont pas fait de différence et ils n'ont pas enseigné à distinguer l'impur et le pur. Ils ont détourné les yeux de mes sabbats et j'ai été déshonoré parmi eux. Ses chefs, au milieu d'elle, sont comme des loups qui déchirent leur proie et versent le sang, faisant périr les gens pour voler leurs biens. Ses prophètes ont masqué cela sous leurs visions vaines et leurs présages menteurs, disant: "Ainsi parle le Seigneur Yahvé", alors que Yahvé n'avait pas parlé. Le peuple du pays a multiplié violence et brigandage, il a opprimé le pauvre et le malheureux, et fait violence à l'étranger sans aucun droit. J'ai cherché parmi eux quelqu'un qui construise une enceinte et qui se tienne debout sur la brèche, devant moi, pour défendre le pays et m'empêcher de le détruire, et je n'ai trouvé personne. Alors j'ai déversé sur eux ma fureur; dans le feu de mon emportement, je les ai exterminés. J'ai fait retomber leur conduite sur leur tête, oracle du Seigneur Yahvé. La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Fils d'homme, il était une fois deux femmes, filles d'une même mère. Elles se prostituèrent en Egypte; dès leur jeunesse, elles se prostituèrent. C'est là qu'on a porté la main sur leur poitrine, là qu'on a caressé leur sein virginal. Voici leurs noms: Ohola l'aînée, Oholiba sa soeur. Elles furent à moi et elles enfantèrent des fils et des filles. Leurs noms: Ohola, c'est Samarie, Oholiba, c'est Jérusalem. Or Ohola se prostitua alors qu'elle m'appartenait. Elle s'éprit de ses amants, les Assyriens, ses voisins, vêtus de pourpre, gouverneurs et magistrats, tous jeunes et séduisants, habiles cavaliers. Elle leur accorda ses faveurs - c'était toute l'élite des Assyriens - et chez tous ceux dont elle s'éprit, elle se souilla au contact de toutes leurs ordures. Elle n'a pas renié ses prostitutions commencées en Egypte, quand ils avaient couché avec elle dès sa jeunesse, caressé son sein virginal en lui prodiguant leurs débauches. Aussi l'ai-je livrée aux mains de ses amants, aux mains des Assyriens dont elle s'était éprise: ce sont eux qui ont dévoilé sa nudité, qui ont pris ses fils et ses filles, et elle-même, ils l'ont fait périr par l'épée. Elle fut célèbre parmi les femmes, car on en avait fait justice. Sa soeur Oholiba en fut témoin, mais elle éprouva une passion plus scandaleuse encore, et ses prostitutions furent pires que les prostitutions de sa soeur. Elle s'éprit des Assyriens, gouverneurs et magistrats, ses voisins, vêtus magnifiquement, habiles cavaliers, tous jeunes et séduisants. Et je vis qu'elle s'était souillée, que toutes les deux avaient eu la même conduite. Elle ajouta à ses prostitutions: ayant vu des hommes gravés sur le mur, images de Chaldéens colorées au vermillon, portant des ceinturons autour des reins et de larges turbans sur la tête, ayant tous la prestance d'un écuyer, représentant les Babyloniens originaires de Chaldée, elle s'éprit d'eux au premier regard et leur envoya des messagers en Chaldée. Et les Babyloniens vinrent à elle pour partager le lit nuptial et la souiller de leurs prostitutions. Et quand elle eut été souillée par eux, elle se détourna d'eux. Mais elle s'afficha dans ses prostitutions, elle dévoila sa nudité; alors je me suis détourné d'elle comme je m'étais détourné de sa soeur. Elle a multiplié ses prostitutions en souvenir de sa jeunesse, lorsqu'elle se prostituait au pays d'Egypte, qu'elle s'y éprenait de ses débauchés dont la vigueur est comme celle des ânes et le rut comme celui des étalons. Tu recherchais l'inconduite de ta jeunesse, du temps où, en Egypte, on caressait ton sein en portant la main sur ta poitrine juvénile. Eh bien! Oholiba, ainsi parle le Seigneur Yahvé. Voici que je vais dresser contre toi tes amants dont tu t'es détournée; je vais les ramener contre toi de tous côtés, les Babyloniens et tous les Chaldéens, ceux de Peqod, de Shoa et de Qoa, et tous les Assyriens avec eux, jeunes et séduisants, tous gouverneurs et magistrats, tous écuyers renommés et habiles cavaliers. Du nord viendront contre toi chars et chariots, avec un rassemblement de peuples. De tous côtés, ils t'opposeront le bouclier, l'écu et le casque. Je les chargerai de ton jugement, et ils te jugeront selon leur droit. Je dirigerai ma jalousie contre toi, ils te traiteront avec fureur, ils t'arracheront le nez et les oreilles, et ce qui restera des tiens tombera par l'épée; ils prendront eux-mêmes tes fils et tes filles et ce qui restera de toi sera dévoré par le feu. Ils te dépouilleront de tes vêtements et s'empareront de tes ornements. Je mettrai fin à ton inconduite et à tes prostitutions commencées en Egypte; tu ne lèveras plus les yeux vers eux et tu ne te souviendras plus de l'Egypte. Car ainsi parle le Seigneur Yahvé. Voici que je te livre aux mains de ceux que tu détestes, aux mains de ceux dont tu t'es détournée. Ils te traiteront haineusement, ils s'empareront de tout le fruit de ton travail et te laisseront toute nue. Ainsi sera dévoilée la honte de tes prostitutions, de tes impudicités et de ton inconduite. Ils te feront cela parce que tu t'es prostituée avec les nations en te souillant avec leurs ordures. Tu as imité la conduite de ta soeur, je mettrai sa coupe dans ta main. Ainsi parle le Seigneur Yahvé: Tu boiras la coupe de ta soeur, coupe profonde et large, qui fera rire et se moquer tant sa contenance est grande. Tu seras remplie d'ivresse et de douleur. Coupe de désolation et de dévastation, la coupe de ta soeur Samarie! Tu la boiras, tu la videras, puis tu en mordras les morceaux et tu te déchireras le sein. Car moi j'ai parlé, oracle du Seigneur Yahvé. C'est pourquoi, ainsi parle le Seigneur Yahvé. Parce que tu m'as oublié et que tu m'as rejeté derrière toi, porte, toi aussi, le poids de ton infamie et de tes prostitutions. Et Yahvé me dit: Fils d'homme, veux-tu juger Ohola et Oholiba et leur reprocher leurs abominations? Elles ont été adultères, leurs mains sont ensanglantées, elles ont commis l'adultère avec leurs ordures. Quant aux enfants qu'elles m'avaient enfantés, elles les ont fait passer par le feu pour les consumer. Elles m'ont encore fait ceci: elles ont souillé mon sanctuaire en ce jour, et profané mes sabbats. Et tout en immolant leurs enfants à leurs ordures, elles sont allées, le même jour, à mon sanctuaire pour le profaner. Voilà ce qu'elles ont fait dans ma propre maison. Bien plus, elles ont fait appeler des hommes venant de loin, invités par un messager, et ils sont venus: Pour eux tu t'es baignée, tu t'es fardé les yeux, tu as mis tes bijoux, tu t'es assise sur un lit d'apparat, devant lequel une table était dressée où on avait mis mon encens et mon huile. On y entendait la voix d'une foule insouciante, à cause de la multitude d'hommes, de buveurs amenés du désert; ils ont mis des bracelets aux mains des femmes et une couronne splendide sur leur tête. Et je me disais: cette femme usée par les adultères, maintenant on use de ses prostitutions à elle aussi, et on vient chez elle comme chez une prostituée. C'est ainsi qu'on est venu chez Ohola et Oholiba, ces femmes dépravées. Mais il y a des hommes justes qui les jugeront comme on juge les adultères et comme on juge celles qui répandent le sang, car elles sont adultères et leurs mains sont ensanglantées. Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Que l'on convoque contre elles une assemblée et qu'on les livre à la terreur et au pillage; l'assemblée les lapidera et les frappera de l'épée, on tuera leurs fils et leurs filles et on mettra le feu à leurs maisons. Je purgerai le pays de l'infamie; toutes les femmes seront ainsi averties et n'imiteront plus votre infamie. On fera retomber sur vous votre infamie, vous porterez le poids des péchés commis avec vos ordures et vous saurez que je suis le Seigneur Yahvé. La neuvième année, au dixième mois, le dix du mois, la parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Fils d'homme, mets par écrit la date d'aujourd'hui, d'aujourd'hui même, car le roi de Babylone s'est jeté sur Jérusalem aujourd'hui même. Prononce donc une parabole pour l'engeance de rebelles. Tu leur diras: Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Mets au feu la marmite, mets-la, verses-y de l'eau. Rassembles-y des morceaux, tout ce qu'il y a de bons morceaux, gigot, épaule; remplis-la des meilleurs os, prends le meilleur du troupeau. Puis entasse du bois dessous, fais bouillir à gros bouillons, que soient cuits même les os qu'elle contient. Car ainsi parle le Seigneur Yahvé. Malheur à la ville sanguinaire, marmite toute rouillée, dont la rouille ne peut être ôtée! Vide-la morceau par morceau, sans qu'on tire au sort. Car son sang est au milieu d'elle, elle l'a mis sur le roc nu, elle ne l'a pas répandu sur le sol pour le recouvrir de poussière. Pour faire monter la fureur, pour tirer vengeance, j'ai mis son sang sur le roc nu, sans le recouvrir. Eh bien! ainsi parle le Seigneur Yahvé: Malheur à la ville sanguinaire! Moi aussi, je vais faire un grand bûcher. Amoncelle du bois, allume le feu, cuis la viande, prépare les épices, que les os brûlent. Mets la marmite vide sur les charbons, afin qu'elle chauffe, que le bronze rougisse et que fonde la souillure qui s'y trouve, que soit consumée sa rouille. Mais la masse de rouille ne s'en va pas au feu. Ta souillure est une infamie, car j'ai voulu te purifier, mais tu ne t'es pas laissé purifier de ta souillure. Tu ne seras donc plus purifiée jusqu'à ce que j'aie assouvi ma colère contre toi. Moi, Yahvé, j'ai parlé et cela se réalise, j'agirai sans me reprendre, je n'aurai ni pitié ni compassion. C'est selon ta conduite et selon tes oeuvres qu'on te jugera, oracle du Seigneur Yahvé. La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Fils d'homme, voici que je vais t'enlever subitement la joie de tes yeux. Mais tu ne te lamenteras pas, tu ne pleureras pas, tu ne laisseras pas couler de larmes. Gémis en silence, ne prends pas le deuil des morts, noue ton turban sur ta tête, mets tes sandales à tes pieds, ne te couvre pas la barbe, ne mange pas de pain ordinaire. Je parlai au peuple le matin, et ma femme mourut le soir, et je fis le lendemain matin comme j'en avais reçu l'ordre. Alors le peuple me dit: "Ne nous expliqueras-tu pas quel sens a pour nous ce que tu fais?" Je leur dis: "La parole de Yahvé m'a été adressée en ces termes: Dis à la maison d'Israël: Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Voici que je vais profaner mon sanctuaire, l'orgueil de votre force, la joie de vos yeux, la passion de vos âmes. Vos fils et vos filles, que vous avez abandonnés, tomberont par l'épée. Et vous ferez comme j'ai fait: vous ne vous couvrirez pas la barbe, vous ne mangerez pas de pain ordinaire, vous garderez vos turbans sur la tête et vos sandales aux pieds, vous ne vous lamenterez pas et vous ne pleurerez pas. Vous dépérirez à cause de vos crimes et vous gémirez les uns avec les autres. Ezéchiel sera pour vous un présage; vous ferez exactement ce qu'il a fait. Et, quand cela arrivera, vous saurez que je suis le Seigneur Yahvé. Et toi, fils d'homme, n'est-il pas vrai que le jour où je leur aurai pris ce qui fait leur force, leur parure de liesse, la joie de leurs yeux, la passion de leur âme, leurs fils et leurs filles, ce jour-là, arrivera vers toi le survivant qui apportera la nouvelle. Ce jour-là, ta bouche s'ouvrira pour parler au survivant: tu parleras et tu ne seras plus muet; tu seras pour eux un présage et ils sauront que je suis Yahvé. La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Fils d'homme, tourne-toi vers les Ammonites et prophétise contre eux. Tu diras aux Ammonites: Ecoutez la parole du Seigneur Yahvé. Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Parce que tu as dit: "Ha! Ha!" sur mon sanctuaire lorsqu'il a été profané, sur la terre d'Israël lorsqu'elle a été dévastée et sur la maison de Juda lorsqu'elle est partie pour l'exil, eh bien! voici que je te livre en possession aux fils de l'Orient; ils établiront chez toi leurs campements, ils feront chez toi leur demeure. Ce sont eux qui mangeront tes fruits, ce sont eux qui boiront ton lait. Je ferai de Rabba un parc à chameaux et des villes d'Ammon un bercail de brebis. Et vous saurez que je suis Yahvé. Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Parce que tu as battu des mains et frappé du pied, et que tu t'es réjoui, l'âme pleine de dédain, au sujet du pays d'Israël, eh bien! voici que j'étends la main contre toi; je vais te livrer au pillage des nations, te retrancher d'entre les peuples et t'exterminer d'entre les pays. Je t'anéantirai, et tu sauras que je suis Yahvé. Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Parce que Moab et Séïr ont dit: "Voici que la maison de Juda est semblable à toutes les nations", eh bien! je vais ouvrir les hauteurs de Moab, ses villes ne seront plus des villes, sur toute son étendue - les joyaux du pays: Bet-ha-Yeshimot, Baal-Meôn et jusqu'à Qiryatayim. C'est aux fils de l'Orient que je les donne en possession, en plus des Ammonites, afin qu'on ne s'en souvienne plus parmi les nations. De Moab, je ferai justice, et on saura que je suis Yahvé. Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Parce qu'Edom a exercé sa vengeance contre la maison de Juda, parce qu'il s'est rendu gravement coupable en se vengeant d'elle, eh bien! ainsi parle le Seigneur Yahvé: Je vais étendre la main contre Edom et je vais en retrancher bêtes et gens. J'en ferai une désolation, de Témân à Dedân on périra par l'épée. Je mettrai ma vengeance contre Edom dans la main de mon peuple Israël. Il traitera Edom selon ma colère et ma fureur et l'on connaîtra ma vengeance, oracle du Seigneur Yahvé. Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Parce que les Philistins ont exercé leur vengeance et se sont vengés, l'âme pleine de dédain, en cherchant à détruire avec une haine éternelle, eh bien! ainsi parle le Seigneur Yahvé. Voici que j'étends la main contre les Philistins, je vais retrancher les Kerétiens, détruire ce qui reste des habitants de la côte. J'exercerai contre eux de terribles vengeances, des châtiments furieux, et ils sauront que je suis Yahvé quand je leur imposerai ma vengeance. La onzième année, le premier du mois, la parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Fils d'homme, parce que Tyr a dit contre Jérusalem: "Ha! Ha! la voilà brisée, la porte des peuples; elle s'est tournée vers moi, sa richesse est détruite", eh bien! ainsi parle le Seigneur Yahvé: Voici que je me déclare contre toi, Tyr. Je vais faire monter contre toi des nations nombreuses, comme la mer fait monter ses flots. Elles détruiront les remparts de Tyr, elles abattront ses tours, j'en balaierai la poussière et j'en ferai un rocher nu. Elle sera, au milieu de la mer, un séchoir pour les filets, car moi, j'ai parlé, oracle du Seigneur Yahvé. Elle sera la proie des nations, quant à ses filles qui sont dans la campagne, elles seront tuées par l'épée, et l'on saura que je suis Yahvé. Car ainsi parle le Seigneur Yahvé: Voici que j'amène à Tyr, venant du Nord, Nabuchodonosor, roi de Babylone, roi des rois, avec chevaux, chars et cavaliers, une troupe et un peuple nombreux. Tes filles qui sont dans la campagne, il les tuera par l'épée. Il placera contre toi des retranchements, il élèvera contre toi un remblai, il dressera contre toi un bouclier, il dirigera les coups de son bélier contre tes remparts, il démolira tes tours avec ses machines. Si nombreux sont ses chevaux que leur poussière te couvrira. Au bruit de sa cavalerie, de ses chariots, de ses chars, les remparts trembleront, quand il franchira tes portes comme on pénètre dans une ville par une brèche. Des sabots de ses chevaux, il foulera toutes tes rues, il tuera ton peuple par l'épée, il jettera à terre tes stèles colossales. On prendra tes richesses comme butin, on pillera tes marchandises on abattra tes remparts, on démolira tes maisons luxueuses, on jettera à l'eau tes pierres, ton bois et ta poussière. Je ferai cesser la rumeur de tes chants, on n'entendra plus le son de tes cithares. Je ferai de toi un rocher nu, tu deviendras un séchoir à filets et tu ne seras plus rebâtie, car moi, Yahvé, j'ai parlé, oracle du Seigneur Yahvé. Ainsi parle le Seigneur Yahvé à Tyr: Au bruit de ta chute, quand gémiront les blessés, quand sévira le carnage dans tes murs, les îles ne trembleront-elles pas? Tous les princes de la mer descendront de leur trône, ils ôteront leurs manteaux, quitteront leurs vêtements brodés. Ils se revêtiront d'effroi, ils s'assiéront par terre, ils tressailliront à tout instant et seront frappés de stupeur à cause de toi. Ils prononceront une complainte et te diront: Quoi! la voilà détruite, disparue des mers, la ville célèbre qui fut puissante sur la mer, elle et ses habitants qui répandaient la terreur sur tout le continent. Maintenant les îles tressaillent au jour de ta chute, les îles de la mer sont épouvantées de ta fin. Car ainsi parle le Seigneur Yahvé: Quand je ferai de toi une ville détruite comme les villes dépeuplées, quand je ferai monter contre toi l'abîme et que les eaux abondantes te recouvriront, je te précipiterai avec ceux qui descendent dans la fosse, vers le peuple d'autrefois, je te ferai habiter dans le pays souterrain, semblable aux ruines d'autrefois, avec ceux qui descendent dans la fosse, afin que tu ne reviennes pas pour être rétablie au pays des vivants. Je ferai de toi un objet d'effroi et tu ne seras plus. On te cherchera et on ne te trouvera plus jamais, oracle du Seigneur Yahvé. La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Et toi, fils d'homme, prononce sur Tyr une complainte. Tu diras à Tyr, la ville installée au débouché de la mer, le courtier des peuples vers des îles nombreuses: Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Tyr, c'est toi qui disais: "Je suis un navire d'une parfaite beauté." En pleine mer s'étendaient tes frontières, tes constructeurs ont parfait ta beauté. En cyprès de Senir ils ont construit tous tes bordages. Ils ont pris un cèdre du Liban pour t'ériger un mât. De chênes du Bashân ils t'ont fait des rames. Ils t'ont fait un pont d'ivoire incrusté dans du cèdre des îles de Kittim. Le lin brodé d'Egypte fut ta voilure pour te servir de pavillon. La pourpre et l'écarlate des îles d'Elisha te recouvraient. Les habitants de Sidon et d'Arvad étaient tes rameurs. Et tes sages, ô Tyr, étaient à bord comme matelots. Les anciens de Gebal et ses artisans étaient là pour réparer tes avaries. Tous les navires de la mer et leurs marins étaient chez toi pour faire du commerce. Ceux de Perse, de Lud et de Put servaient dans ton armée comme gens de guerre; ils suspendaient chez toi le bouclier et le casque, ils faisaient ta splendeur. Les fils d'Arvad et leur armée garnissaient tes remparts, tout autour, et les Gammadiens tes bastions. Ils suspendaient leurs écus à tes remparts, tout autour, et contribuaient à parfaire ta beauté. Tarsis était ton client, grâce à l'abondance de toute sorte de biens. Contre de l'argent, du fer, de l'étain et du plomb, ils échangeaient tes marchandises. Yavân, Tubal et Méshek faisaient du commerce avec toi. Contre des hommes et des objets de bronze, ils échangeaient tes denrées. De Bet-Togarma, on te livrait comme marchandise des chevaux, des coursiers et des mulets. Les fils de Dedân faisaient du commerce avec toi; des îles nombreuses étaient tes clientes et t'apportaient en paiement les défenses d'ivoire et l'ébène. Edom était ton client, grâce à l'abondance de tes produits; il te donnait des escarboucles, de la pourpre, des broderies, du byssus, du corail et des rubis contre tes marchandises. Juda et le pays d'Israël eux-mêmes faisaient du commerce avec toi; ils t'apportaient en échange du grain de Minnit, du pannag, du miel, de l'huile et du baume. Damas était ton client, grâce à l'abondance de tes produits, à l'abondance de toute sorte de biens; il te fournissait du vin de Helbôn et de la laine de Cahar. Dan et Yavân, depuis Uzal, te livraient en échange de tes marchandises du fer forgé, de la casse et du roseau. Dedân faisait commerce avec toi de couvertures de cheval. L'Arabie et tous les princes de Qédar eux-mêmes étaient tes clients; ils payaient en agneaux, béliers et boucs. Les marchands de Sheba et de Rama faisaient du commerce avec toi; ils te livraient les plus fins aromates, toutes sortes de pierres précieuses et de l'or comme marchandises. Harân, Kanné et Eden, les marchands de Sheba, d'Assur et de Kilmad faisaient du commerce avec toi. Ils faisaient commerce de riches vêtements, de manteaux de pourpre et de broderies, d'étoffes bigarrées et de solides cordes tressées, sur tes marchés. Les bateaux de Tarsis naviguaient pour ton commerce. Tu étais comblée et alourdie au coeur des mers. En haute mer tu fus conduite par tes rameurs. Le vent d'Orient t'a brisée au coeur des mers. Tes richesses, tes marchandises et ton fret, tes marins et tes matelots, les radoubeurs, les courtiers de ton commerce et tous les hommes de guerre que tu portes, et tous les passagers qui sont à ton bord, vont couler au coeur des mers, au jour de ton naufrage. En entendant le cri de tes matelots, les rivages trembleront. Alors descendront de leurs bateaux tous les rameurs. Les marins, tous les gens de mer resteront à terre. Ils feront entendre leur voix à ton sujet, ils crieront amèrement. Ils se jetteront de la poussière sur la tête, ils se rouleront dans la cendre. Ils se raseront le crâne à cause de toi, ils se ceindront de sacs. Ils exhaleront sur toi, dans leur amertume, une plainte amère. Ils prononceront sur toi, dans leur lamentation, une complainte, ils se lamenteront sur toi: "Qui était comparable à Tyr au milieu de la mer? Lorsque tu débarquais tes marchandises pour rassasier tant de peuples, par l'abondance de tes richesses et de tes denrées tu as enrichi les rois de la terre. Maintenant te voilà brisée par les flots au plus profond des eaux. Ta cargaison et tous tes passagers ont coulé avec toi. Tous les habitants des îles ont été frappés de stupeur à cause de toi. Leurs rois ont frémi d'horreur, leur visage bouleversé. Les trafiquants des peuples ont sifflé sur toi, car tu es devenue un objet d'effroi, c'en est fait de toi à jamais!" La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Fils d'homme, dis au prince de Tyr: Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Parce que ton coeur s'est enorgueilli, tu as dit: "Je suis un dieu, j'habite une demeure divine, au coeur de la mer." Alors que tu es un homme et non un dieu, tu te fais un coeur semblable au coeur de Dieu. Voilà que tu es plus sage que Danel; pas un sage n'est semblable à toi. Par ta sagesse et ton intelligence, tu t'es fait une fortune, tu as mis or et argent dans tes trésors. Si grande est ton habileté dans le commerce! tu as multiplié ta fortune, et ton coeur s'est enorgueilli de ta fortune. C'est pourquoi, ainsi parle le Seigneur Yahvé. Parce que tu t'es fait un coeur semblable au coeur de Dieu, eh bien! voici que je fais venir contre toi des étrangers, les plus barbares des nations. Ils tireront l'épée contre ta belle sagesse, ils profaneront ta splendeur. Ils te feront choir dans la fosse et tu mourras de mort violente au coeur des mers. Diras-tu encore: "Je suis un dieu", en face de tes meurtriers? Car tu es un homme et non un dieu, entre les mains de ceux qui te transpercent. Tu mourras de la mort des incirconcis, par la main des étrangers, car moi j'ai parlé, oracle de Yahvé. La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Fils d'homme, prononce une complainte contre le roi de Tyr. Tu lui diras: Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Tu étais un modèle de perfection, plein de sagesse, merveilleux de beauté, tu étais en Eden, au jardin de Dieu. Toutes sortes de pierres précieuses formaient ton manteau: sardoine, topaze, diamant, chrysolithe, onyx, jaspe, saphir, escarboucle, émeraude, d'or étaient travaillées tes pendeloques et tes paillettes; tout cela fut préparé au jour de ta création. Toi, j'avais fait de toi un chérubin protecteur aux ailes déployées, tu étais sur la sainte montagne de Dieu, tu marchais au milieu des charbons ardents. Ta conduite fut exemplaire depuis le jour de ta création jusqu'à ce que fût trouvée en toi l'injustice. Par l'activité de ton commerce, tu t'es rempli de violence et de péchés. Je t'ai précipité de la montagne de Dieu et je t'ai fait périr, chérubin protecteur, du milieu des charbons. Ton coeur s'est enorgueilli à cause de ta beauté. Tu as corrompu ta sagesse à cause de ton éclat. Je t'ai jeté à terre, je t'ai offert en spectacle aux rois. Par la multitude de tes fautes, par la malhonnêteté de ton commerce, tu as profané tes sanctuaires. J'ai fait sortir de toi un feu pour te dévorer; je t'ai réduit en cendres sur la terre, aux yeux de tous ceux qui te regardaient. Quiconque te connaît parmi les peuples est frappé de stupeur à ton sujet. Tu es devenu un objet d'effroi, c'en est fait de toi à jamais. La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Fils d'homme, tourne-toi vers Sidon et prophétise contre elle. Tu diras: Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Je me déclare contre toi, Sidon, je vais être glorifié au milieu de toi. On saura que je suis Yahvé lorsque d'elle, je ferai justice et que je manifesterai en elle ma sainteté. Je lui enverrai la peste, il y aura du sang dans ses rues, des morts tomberont au milieu d'elle sous les coups de l'épée levée contre elle de tous côtés, et l'on saura que je suis Yahvé. Il n'y aura plus, pour la maison d'Israël, ni épine qui blesse ni ronce qui déchire parmi tous ceux d'alentour qui la méprisent, et l'on saura que je suis Yahvé. Ainsi parle le Seigneur Yahvé: Lorsque je rassemblerai la maison d'Israël du milieu des peuples où elle est dispersée, je manifesterai en elle ma sainteté aux yeux des nations. Elle habitera sur le sol que j'ai donné à mon serviteur Jacob. Ils y habiteront en sécurité, ils bâtiront des maisons et planteront des vignes; ils habiteront en sécurité. Lorsque je ferai justice de tous ceux d'alentour qui les méprisent, on saura que je suis Yahvé leur Dieu. La dixième année, au dixième mois, le douze du mois, la parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Fils d'homme, tourne-toi vers Pharaon, roi d'Egypte, et prophétise contre lui et contre l'Egypte toute entière. Parle et dis-lui: Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Je me déclare contre toi, Pharaon, roi d'Egypte, grand crocodile étendu au milieu de ses Nils, qui as dit: "Mon Nil est à moi, c'est moi qui l'ai fait." Je vais mettre des crocs à tes mâchoires, coller à tes écailles les poissons de tes Nils et te tirer du milieu de tes Nils, avec tous les poissons de tes Nils collés à tes écailles. Je te jetterai dans le désert, avec tous les poissons de tes Nils. Tu retomberas en plein champ, tu ne seras ni ramassé ni enterré. Aux bêtes de la terre et aux oiseaux du ciel, je te donnerai en pâture, et tous les habitants de l'Egypte sauront que je suis Yahvé. Car ils ont été un appui de roseau pour la maison d'Israël. Quand ils te saisissaient, tu te rompais dans leur main, et tu leur déchirais toute la main. Quand ils s'appuyaient sur toi, tu te brisais, tu faisais chanceler tous les reins. C'est pourquoi, ainsi parle le Seigneur Yahvé. Voici que j'envoie contre toi l'épée, pour retrancher de toi hommes et bêtes. Le pays d'Egypte deviendra désolation et ruine, et l'on saura que je suis Yahvé. Car il a dit: "Le Nil est à moi, c'est moi qui l'ai fait." Eh bien! je me déclare contre toi et contre tes Nils. Je ferai du pays d'Egypte une ruine et une désolation, de Migdol à Syène et jusqu'à la frontière d'Ethiopie. Le pied de l'homme n'y passera pas, le pied des animaux n'y passera pas, il restera inhabité 40 ans. Je ferai du pays d'Egypte une désolation au milieu de pays dévastés; ses villes seront une désolation au milieu de villes détruites, pendant 40 ans. Et je disséminerai les Egyptiens parmi les nations, je les disperserai parmi les pays. Car ainsi parle le Seigneur Yahvé. Au bout de 40 ans, je rassemblerai les Egyptiens des nations où ils avaient été dispersés. Je ramènerai les captifs égyptiens et je les réinstallerai au pays de Patros, dans leur pays d'origine. Ils y formeront un modeste royaume. L'Egypte sera le plus modeste des royaumes et elle ne s'élèvera plus sur les nations; je la diminuerai pour qu'elle ne s'impose plus aux nations. Elle ne sera plus pour la maison d'Israël un sujet de confiance, car elle rappellera la faute qui consistait à se tourner vers elle. Et l'on saura que je suis le Seigneur Yahvé. La vingt-septième année, au premier mois, le premier du mois, la parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Fils d'homme, Nabuchodonosor, roi de Babylone, a engagé son armée dans une entreprise grandiose contre Tyr. Toutes les têtes sont pelées et toutes les épaules écorchées, mais, ni pour lui ni pour son armée, il n'a retiré aucun profit de l'entreprise qu'il avait engagée contre Tyr. C'est pourquoi, ainsi parle le Seigneur Yahvé: Voici que je livre à Nabuchodonosor, roi de Babylone, le pays d'Egypte. Il en emportera les richesses, il s'emparera de ses dépouilles, il la mettra au pillage, tel sera le salaire de son armée. Comme salaire pour la peine qu'il a prise, je lui livre le pays d'Egypte (car ils ont travaillé pour moi), oracle du Seigneur Yahvé. Ce jour-là, je susciterai une lignée à la maison d'Israël, et je te permettrai d'ouvrir la bouche au milieu d'eux. Alors ils sauront que je suis Yahvé. La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Fils d'homme, prophétise et dis: Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Poussez des cris: "Ah! Quel jour!" Car le jour est proche, il est proche le jour de Yahvé; ce sera un jour chargé de nuages, ce sera le temps des nations. L'épée viendra en Egypte, l'angoisse au pays de Kush, quand les morts tomberont en Egypte, quand on emportera ses richesses et que ses fondements seront renversés. Kush, Put et Lud, toute l'Arabie, Kub et les fils du pays de l'Alliance tomberont avec eux par l'épée. Ainsi parle Yahvé. Ils tomberont, les appuis de l'Egypte; il croulera l'orgueil de sa force: de Migdol à Syène, on y tombera par l'épée, oracle du Seigneur Yahvé. Ils seront dévastés au milieu de pays dévastés, ses villes seront au milieu de villes détruites. Et ils sauront que je suis Yahvé, quand je mettrai le feu à l'Egypte et que se briseront tous ses soutiens. Ce jour-là, les messagers que j'enverrai partiront sur des bateaux pour troubler Kush dans sa sécurité. L'angoisse se répandra chez ses habitants, au jour de l'Egypte - oui! la voici qui vient! Ainsi parle le Seigneur Yahvé: J'anéantirai la multitude de l'Egypte, par la main de Nabuchodonosor, roi de Babylone. Lui et son peuple avec lui, la plus barbare des nations, seront amenés pour ravager le pays. Ils tireront l'épée contre l'Egypte et rempliront le pays de cadavres. Je mettrai les Nils à sec, je vendrai le pays à des méchants. Je dévasterai le pays et ce qu'il renferme par la main d'étrangers. Moi, Yahvé, j'ai parlé. Ainsi parle le Seigneur Yahvé: J'anéantirai les ordures, j'ôterai de Noph les faux dieux. Il n'y aura plus de prince au pays d'Egypte. Je répandrai la crainte au pays d'Egypte. Je dévasterai Patros, je mettrai le feu à Coân, je ferai justice de No. Je déverserai ma fureur sur Sîn, la forteresse de l'Egypte; j'exterminerai la multitude de No. Je mettrai le feu à l'Egypte, Sîn sera pris de convulsions, à No, on ouvrira une brèche et les eaux se répandront. Les jeunes gens de On et de Pi-Bésèt tomberont par l'épée et les villes elles-mêmes iront en captivité. A Tahpanhès, le jour deviendra ténèbres quand j'y briserai les sceptres de l'Egypte et que l'orgueil de sa force prendra fin. Quant à elle, un nuage la couvrira et ses filles iront en captivité. C'est ainsi que je ferai justice de l'Egypte, et l'on saura que je suis Yahvé. La onzième année, au premier mois, le sept du mois, la parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Fils d'homme, j'ai brisé le bras de Pharaon, roi d'Egypte, et voici que nul n'a pansé sa blessure en y appliquant des remèdes, en y mettant un bandage et en le pansant pour qu'il retrouve la force de manier l'épée. C'est pourquoi, ainsi parle le Seigneur Yahvé. Voici que je me déclare contre Pharaon, roi d'Egypte; je lui briserai les bras, celui qui est valide et celui qui est brisé, et je ferai tomber l'épée de sa main. Je disséminerai l'Egypte parmi les nations, je la disperserai dans les pays. Je fortifierai les bras du roi de Babylone et je mettrai mon épée dans sa main. Je briserai les bras de Pharaon et celui-ci poussera devant son ennemi des gémissements de mourant. Je fortifierai les bras du roi de Babylone, mais les bras de Pharaon tomberont. Et l'on saura que je suis Yahvé, quand je mettrai mon épée dans les mains du roi de Babylone et qu'il la brandira contre le pays d'Egypte. Je disséminerai les Egyptiens parmi les nations, je les disperserai dans les pays, et l'on saura que je suis Yahvé. La onzième année, au troisième mois, le premier du mois, la parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Fils d'homme, dis à Pharaon, roi d'Egypte, et à la multitude de ses sujets: A quoi te comparer dans ta grandeur? Voici: à un cèdre sur le Liban au branchage magnifique, au feuillage touffu, à la taille élevée. Parmi les nuages émerge sa cime. Les eaux l'ont fait croître, l'abîme l'a fait grandir, faisant couler ses fleuves autour de sa plantation, envoyant ses ruisseaux à tous les arbres de la campagne. C'est pourquoi sa taille était plus élevée que tous les arbres de la campagne, ses surgeons s'étaient multipliés, ses rameaux s'étendaient, à cause des eaux abondantes qui le faisaient croître. Dans ses branches nichaient tous les oiseaux du ciel, sous ses rameaux mettaient bas toutes les bêtes sauvages, à son ombre s'asseyaient un grand nombre de gens. Il était beau dans sa grandeur, dans le déploiement de ses branches, car ses racines se tendaient vers des eaux abondantes. Les cèdres ne l'égalaient pas au jardin de Dieu, les cyprès n'étaient pas comparables à ses branches, les platanes n'étaient pas semblables à ses rameaux, aucun arbre, au jardin de Dieu, ne l'égalait en beauté. Je l'avais embelli d'une riche ramure, il était envié de tous les arbres d'Eden, ceux du jardin de Dieu. Eh bien! ainsi parle le Seigneur Yahvé: Parce qu'il s'est dressé de toute sa taille, qu'il a porté sa cime jusqu'au milieu des nuages, que son coeur s'est enorgueilli de sa hauteur, je l'ai livré aux mains du prince des nations, pour qu'il le traite selon sa méchanceté; je l'ai rejeté. Des étrangers, les plus barbares des nations, l'ont coupé et abandonné. Sur les montagnes et dans toutes les vallées gisent ses branches; ses rameaux se sont brisés dans tous les ravins du pays; tous les gens du pays se sont enfuis de son ombre et l'ont abandonné. Sur ses débris se sont posés tous les oiseaux du ciel, vers ses rameaux sont venues toutes les bêtes sauvages. Ainsi, que jamais ne se dresse de toute sa taille aucun arbre situé près des eaux, qu'aucun ne porte sa cime jusqu'au milieu des nuages, qu'aucun arbre arrosé ne se dresse vers eux de toute sa hauteur! Car tous sont voués à la mort, aux pays souterrains, au milieu du commun des hommes, avec ceux qui descendent dans la fosse. Ainsi parle le Seigneur Yahvé: Le jour où il est descendu au shéol, j'ai fait observer un deuil, j'ai fermé sur lui l'abîme, j'ai arrêté ses fleuves et les eaux abondantes ont tari. J'ai assombri le Liban à cause de lui et tous les arbres de la campagne ont séché à cause de lui. Au bruit de sa chute, j'ai fait trembler les nations, quand je l'ai précipité au shéol avec ceux qui descendent dans la fosse. Dans les pays souterrains, ont été consolés tous les arbres d'Eden, le choix des plus beaux arbres du Liban, tous arrosés par les eaux. Et sa descendance qui habitait sous son ombre, parmi les nations, elle aussi est descendue au shéol, vers les victimes de l'épée. A qui donc comparer ta gloire et ta grandeur parmi les arbres d'Eden? Pourtant tu fus précipité avec les arbres d'Eden vers le pays souterrain, au milieu des incirconcis, et te voilà couché avec les victimes de l'épée. Tel est Pharaon et toute sa multitude, oracle du Seigneur Yahvé. La douzième année, au douzième mois, le premier du mois, la parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Fils d'homme, prononce une complainte sur Pharaon, roi d'Egypte. Tu lui diras: Lionceau des nations, te voilà anéanti! Tu étais comme un crocodile dans les mers, tu bondissais dans tes fleuves, tu troublais l'eau avec tes pattes, tu en agitais les flots. Ainsi parle le Seigneur Yahvé: J'étendrai sur toi mon filet au milieu d'un grand concours de peuples, et ils te tireront dans mon filet. Je t'abandonnerai sur la terre, je te jetterai à la surface des champs, je ferai reposer sur toi tous les oiseaux du ciel, je rassasierai de toi toutes les bêtes de la terre. Je placerai ta chair sur les montagnes, je remplirai les vallées de tes déchets; j'arroserai le pays de ce qui coulera de toi, de ton sang, sur les montagnes, et tu rempliras les ravins. Quand tu t'éteindras, je couvrirai les cieux et j'obscurcirai les étoiles; je couvrirai le soleil des nuages et la lune ne donnera plus sa clarté. J'obscurcirai tous les astres du ciel à cause de toi, je répandrai les ténèbres sur ton pays, oracle du Seigneur Yahvé. J'affligerai le coeur de beaucoup de peuples quand je provoquerai ta ruine parmi les nations, dans des pays que tu ne connais pas. Je frapperai de stupeur à ton sujet des peuples nombreux, et leurs rois frémiront d'horreur à cause de toi, quand je brandirai mon épée devant eux. Ils trembleront à tout instant, chacun pour sa vie, au jour de ta chute. Car ainsi parle le Seigneur Yahvé: L'épée du roi de Babylone te poursuivra. Par l'épée des guerriers, je ferai tomber la multitude de tes sujets. Ce sont les plus barbares des nations; elles anéantiront l'orgueil de l'Egypte, et toute sa multitude sera détruite. Je ferai périr tout son bétail, au bord des eaux abondantes. Le pied de l'homme ne les troublera plus, le sabot du bétail ne les troublera plus. Alors je calmerai leurs eaux, je ferai couler leurs fleuves comme de l'huile, oracle du Seigneur Yahvé. Quand je ferai du pays d'Egypte une désolation, et que le pays sera dépouillé de ce qu'il contient, quand je frapperai tous ceux qui l'habitent, ils sauront que je suis Yahvé. Telle est la complainte que crieront les filles des nations. Elles la crieront sur l'Egypte et sur toute sa multitude. Elles crieront cette complainte, oracle du Seigneur Yahvé. La douzième année, au premier mois, le quinze du mois, la parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Fils d'homme, lamente-toi sur la multitude de l'Egypte et fais-la descendre avec les filles des nations, majestueuses, vers le pays souterrain, avec ceux qui descendent dans la fosse. Qui surpasses-tu en beauté? Descends, couche-toi avec les incirconcis. Au milieu des victimes de l'épée, ils sont tombés (l'épée a été donnée, on l'a tirée), lui et toutes ses multitudes. Du milieu du shéol, les plus puissants héros, ses alliés, lui diront: "Ils sont descendus, ils se sont couchés, les incirconcis, victimes de l'épée!" Voilà Assur et toutes ses troupes, avec leurs tombeaux tout autour de lui; ils sont tous tombés victimes de l'épée, on a mis leurs tombeaux dans les profondeurs de la fosse et ses troupes entourent son tombeau; ils sont tous tombés victimes de l'épée, eux qui répandaient la terreur au pays des vivants. Voilà Elam et toute sa multitude autour de son tombeau, tous tombés victimes de l'épée; ils sont descendus, incirconcis, au pays souterrain, eux qui répandaient la terreur au pays des vivants. Ils ont porté leur déshonneur avec ceux qui descendent dans la fosse. On lui a fait une couche au milieu des victimes, parmi toute sa multitude, avec leurs tombeaux autour de lui; ils sont tous des incirconcis, victimes de l'épée pour avoir répandu la terreur au pays des vivants. Ils ont porté leur déshonneur avec ceux qui descendent dans la fosse; on les a placés au milieu de ces victimes. Voilà Méshek, Tubal et toute sa multitude, avec ses tombeaux autour de lui; ils sont tous incirconcis, victimes de l'épée pour avoir répandu la terreur au pays des vivants. Ils ne sont pas couchés avec les héros tombés autrefois, ceux qui descendirent au shéol les armes à la main, à qui on a mis leur épée sous la tête et leur bouclier sous leurs ossements, car la terreur des héros régnait au pays des vivants. Mais toi, c'est au milieu des incirconcis que tu seras brisé et que tu te coucheras, parmi les victimes de l'épée. Voilà Edom, ses rois et tous ses princes, qui ont été placés, malgré leur vaillance, parmi les victimes de l'épée. Ils sont couchés avec les incirconcis, avec ceux qui descendent dans la fosse. Voilà tous les princes du Nord, tous les Sidoniens, qui sont descendus avec les victimes, à cause de la terreur qu'inspirait leur force. Honteux, ils se sont couchés, incirconcis, parmi les victimes de l'épée, et ils ont porté leur déshonneur avec ceux qui descendent dans la fosse. Pharaon les verra et il se consolera à la vue de toute cette multitude victime de l'épée, - Pharaon et toute son armée - oracle du Seigneur Yahvé. Parce qu'il avait répandu la terreur au pays des vivants, on l'étendra parmi les incirconcis, parmi les victimes de l'épée - Pharaon et toute son armée - oracle du Seigneur Yahvé. La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Fils d'homme, parle aux fils de ton peuple. Tu leur diras: Quand je fais venir l'épée contre un pays, les gens de ce pays prennent parmi eux un homme et le placent comme guetteur; s'il voit l'épée venir contre le pays, il sonne du cor pour avertir le peuple. Si quelqu'un entend le son du cor mais n'en tient pas compte, et que l'épée survient et le fait périr, le sang de cet homme retombera sur sa propre tête. Il a entendu le son du cor sans en tenir compte: son sang retombera sur lui. Mais celui qui en a tenu compte, sa vie est sauve. Mais si le guetteur a vu venir l'épée et n'a pas sonné du cor, si bien que le peuple n'a pas été averti, et que l'épée survienne et fasse chez eux une victime, celle-ci périra victime de sa faute, mais je demanderai compte de son sang au guetteur. Toi aussi, fils d'homme, je t'ai fait guetteur pour la maison d'Israël. Lorsque tu entendras une parole de ma bouche, tu les avertiras de ma part. Si je dis au méchant: "Méchant, tu vas mourir", et que tu ne parles pas pour avertir le méchant d'abandonner sa conduite, lui, le méchant, mourra de sa faute, mais c'est à toi que je demanderai compte de son sang. Si au contraire tu as averti le méchant d'abandonner sa conduite pour se convertir et qu'il ne s'est pas converti, il mourra, lui, à cause de son péché, mais toi, tu auras sauvé ta vie. Et toi, fils d'homme, dis à la maison d'Israël: Vous répétez ces paroles: "Nos crimes et nos péchés pèsent sur nous; c'est à cause d'eux que nous dépérissons. Comment pourrions-nous vivre?" Dis-leur: "Par ma vie, oracle du Seigneur Yahvé, je ne prends pas plaisir à la mort du méchant, mais à la conversion du méchant qui change de conduite pour avoir la vie. Convertissez-vous, revenez de votre voie mauvaise. Pourquoi mourir, maison d'Israël?" Et toi, fils d'homme, dis aux enfants de ton peuple: La justice du juste ne le sauvera pas au jour de son crime, et la méchanceté du méchant ne le fera pas succomber au jour où il reviendra de sa méchanceté. Le juste ne peut pas vivre en vertu de sa justice au jour de son péché. Si je dis au juste: "Tu vivras", mais que lui, se confiant dans sa justice, commette le mal, on ne se souviendra plus de toute sa justice, mais c'est de tout le mal qu'il a commis qu'il mourra. Mais si je dis au méchant: "Tu mourras", et qu'il revienne de ses péchés et pratique le droit et la justice, s'il rend le gage, restitue ce qu'il a volé, observe les lois qui donnent la vie sans plus faire le mal: il vivra, il ne mourra pas. On ne se souviendra plus de tous les péchés qu'il a commis: il a observé le droit et la justice, il vivra. Les fils de ton peuple disent: "La manière d'agir du Seigneur n'est pas juste." C'est votre manière d'agir qui n'est pas juste. Lorsque le juste se détourne de sa justice pour commettre le mal, il meurt pour cela. Et lorsque le méchant se détourne de sa méchanceté et pratique le droit et la justice, c'est à cause de cela qu'il vit. Et vous dites: "La manière d'agir du Seigneur n'est pas juste!" Je vous jugerai chacun selon votre conduite, maison d'Israël! La douzième année, le cinq du dixième mois de notre captivité, le rescapé arriva vers moi de Jérusalem et m'annonça: "La ville est prise." Or la main de Yahvé avait été sur moi, la veille au soir, avant que n'arrivât le rescapé, et il m'ouvrit la bouche quand celui-ci arriva vers moi, le matin; ma bouche s'ouvrit et je ne fus plus muet. Alors la parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Fils d'homme, ceux qui habitent ces ruines, sur le sol d'Israël, parlent ainsi: "Abraham était seul lorsqu'il a été mis en possession de ce pays. Nous qui sommes nombreux, c'est à nous que le pays est donné en patrimoine." Eh bien! dis-leur: Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Vous mangez le sang, vous levez les yeux vers vos ordures, vous répandez le sang, et vous posséderiez le pays? Vous vous appuyez sur vos épées, vous commettez l'abomination, chacun souille la femme de son prochain, et vous posséderiez le pays? Tu leur diras ceci: Ainsi parle le Seigneur Yahvé: Par ma vie, je le jure, ceux qui sont dans les ruines tomberont par l'épée, celui qui est en rase campagne, je le livrerai aux bêtes pour en être dévoré, et ceux qui sont dans les lieux escarpés et dans les cavernes mourront de la peste. Je ferai du pays une solitude désolée, et l'orgueil de sa force prendra fin. Les montagnes d'Israël seront dévastées et nul n'y passera plus. Et l'on saura que je suis Yahvé, lorsque je ferai du pays une solitude désolée à cause de toutes les abominations qu'ils ont commises. Et toi, fils d'homme, les fils de ton peuple s'entretiennent de toi le long des murs et aux portes des maisons. Ils se disent l'un à l'autre, chacun à son voisin: "Venez donc écouter quelle parole arrive de la part de Yahvé." Et ils viennent vers toi en foule, mon peuple s'assied devant toi, écoute tes paroles, mais ne les met pas en pratique. Ce qu'ils mettent en pratique, c'est le mensonge qui est dans leur bouche, et leur coeur s'attache au gain malhonnête. Voici, tu es pour eux comme un chant d'amour, agréablement chanté, bien accompagné de musique. Ils écoutent tes paroles, mais nul ne les met en pratique. Lorsque cela arrivera - et voici que cela arrive - ils sauront qu'il y avait un prophète parmi eux. La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Fils d'homme, prophétise contre les pasteurs d'Israël, prophétise. Tu leur diras: Pasteurs, ainsi parle le Seigneur Yahvé. Malheur aux pasteurs d'Israël qui se paissent eux-mêmes. Les pasteurs ne doivent-ils pas paître le troupeau? Vous vous êtes nourris de lait, vous vous êtes vêtus de laine, vous avez sacrifié les brebis les plus grasses, mais vous n'avez pas fait paître le troupeau. Vous n'avez pas fortifié les brebis chétives, soigné celle qui était malade, pansé celle qui était blessée. Vous n'avez pas ramené celle qui s'égarait, cherché celle qui était perdue. Mais vous les avez régies avec violence et dureté. Elles se sont dispersées, faute de pasteur, pour devenir la proie de toute bête sauvage; elles se sont dispersées. Mon troupeau erre sur toutes les montagnes et sur toutes les collines élevées, mon troupeau est dispersé sur toute la surface du pays, nul ne s'en occupe et nul ne se met à sa recherche. Eh bien! pasteurs, écoutez la parole de Yahvé. Par ma vie, oracle du Seigneur Yahvé, je le jure: parce que mon troupeau est mis au pillage et devient la proie de toutes les bêtes sauvages, faute de pasteur, parce que mes pasteurs ne s'occupent pas de mon troupeau, parce que mes pasteurs se paissent eux-mêmes sans paître mon troupeau, eh bien! pasteurs, écoutez la parole de Yahvé. Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Voici, je me déclare contre les pasteurs. Je leur reprendrai mon troupeau et désormais, je les empêcherai de paître mon troupeau. Ainsi les pasteurs ne se paîtront plus eux-mêmes. J'arracherai mes brebis de leur bouche et elles ne seront plus pour eux une proie. Car ainsi parle le Seigneur Yahvé: Voici que j'aurai soin moi-même de mon troupeau et je m'en occuperai. Comme un pasteur s'occupe de son troupeau, quand il est au milieu de ses brebis éparpillées, je m'occuperai de mes brebis. Je les retirerai de tous les lieux où elles furent dispersées, au jour de nuées et de ténèbres. Je leur ferai quitter les peuples où elles sont, je les rassemblerai des pays étrangers et je les ramènerai sur leur sol. Je les ferai paître sur les montagnes d'Israël, dans les ravins et dans tous les lieux habités du pays. Dans un bon pâturage je les ferai paître, et sur les plus hautes montagnes d'Israël sera leur pacage. C'est là qu'elles se reposeront dans un bon pacage; elles brouteront de gras pâturages sur les montagnes d'Israël. C'est moi qui ferai paître mes brebis et c'est moi qui les ferai reposer, oracle du Seigneur Yahvé. Je chercherai celle qui est perdue, je ramènerai celle qui est égarée, je fortifierai celle qui est malade. Celle qui est grasse et bien portante, je veillerai sur elle. Je les ferai paître avec justice. Quant à vous, mes brebis, ainsi parle le Seigneur Yahvé. Voici que je vais juger entre brebis et brebis, entre béliers et boucs. Non contents de paître dans de bons pâturages, vous foulez aux pieds le reste de votre pâturage; non contents de boire une eau limpide, vous troublez le reste avec vos pieds. Et mes brebis doivent brouter ce que vos pieds ont foulé et boire ce que vos pieds ont troublé. Eh bien! ainsi leur parle le Seigneur Yahvé: Me voici, je vais juger entre la brebis grasse et la brebis maigre. Parce que vous avez frappé des reins et de l'épaule et donné des coups de cornes à toutes les brebis souffreteuses jusqu'à les disperser au-dehors, je vais venir sauver mes brebis pour qu'elles ne soient plus au pillage, je vais juger entre brebis et brebis. Je susciterai pour le mettre à leur tête un pasteur qui les fera paître, mon serviteur David: c'est lui qui les fera paître et sera pour eux un pasteur. Moi, Yahvé, je serai pour eux un Dieu, et mon serviteur David sera prince au milieu d'eux. Moi, Yahvé, j'ai parlé. Je conclurai avec eux une alliance de paix, je ferai disparaître du pays les bêtes féroces. Ils habiteront en sécurité dans le désert, ils dormiront dans les bois. Je les mettrai aux alentours de ma colline, je ferai tomber la pluie en son temps et ce sera une pluie de bénédictions. L'arbre des champs donnera son fruit et la terre donnera ses produits; ils seront en sécurité sur leur sol. Et l'on saura que je suis Yahvé quand je briserai les barres de leur joug et que je les délivrerai de la main de ceux qui les asservissent. Ils ne seront plus un butin pour les nations, et les bêtes du pays ne les dévoreront plus. Ils habiteront en sécurité, sans qu'on les trouble. Je ferai pousser pour eux une plantation célèbre; il n'y aura plus de victimes de la famine dans le pays, et ils n'auront plus à subir l'insulte des nations. Alors on saura que c'est moi leur Dieu, qui suis avec eux, et qu'eux, la maison d'Israël, ils sont mon peuple, oracle du Seigneur Yahvé. Et vous, mes brebis, vous êtes le troupeau humain que je fais paître, et moi, je suis votre Dieu, oracle du Seigneur Yahvé. La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Fils d'homme, tourne-toi vers la montagne de Séïr et prophétise contre elle. Tu lui diras: Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Voici que je me déclare contre toi, montagne de Séïr, et j'étends la main contre toi; je te transformerai en solitude désolée; je réduirai tes villes en ruines. Tu deviendras une solitude et tu sauras que je suis Yahvé. Parce que tu nourrissais une haine éternelle et que tu as livré à l'épée les Israélites, au jour de leur détresse, au jour du crime final, eh bien! par ma vie, oracle du Seigneur Yahvé, je vais t'ensanglanter et le sang te poursuivra. Je le jure, tu t'es rendue coupable en versant le sang, le sang te poursuivra. Je ferai de la montagne de Séïr une solitude désolée, et j'en retrancherai quiconque parcourt le pays. J'emplirai ses montagnes de victimes; sur tes collines, dans tes vallées et dans tous tes ravins, ils tomberont victimes de l'épée. Je ferai de toi des solitudes éternelles, tes villes ne seront plus habitées, et vous saurez que je suis Yahvé. Parce que tu as dit: "Les deux nations et les deux pays seront à moi, nous allons en prendre possession", alors que Yahvé y était, eh bien! par ma vie, oracle du Seigneur Yahvé, j'agirai selon la colère et la jalousie avec lesquelles tu as agi dans ta haine contre eux. Je me ferai connaître, à cause d'eux, lorsque je te châtierai, et tu sauras que moi, Yahvé, j'ai entendu toutes les insolences que tu as prononcées contre les montagnes d'Israël en disant: "Elles sont dévastées, elles nous ont été données pour les dévorer." Grande fut votre insolence à mon égard, nombreux vos discours contre moi, et j'ai tout entendu. Ainsi parle le Seigneur Yahvé: A la joie de tout le pays je ferai de toi une désolation. Comme tu as éprouvé de la joie parce que l'héritage de la maison d'Israël avait été dévasté, je te traiterai de la même manière. Tu seras changée en désolation, montagne de Séïr, ainsi qu'Edom tout entier, et on saura que je suis Yahvé. Et toi, fils d'homme, adresse une prophétie aux montagnes d'Israël. Tu diras: Montagnes d'Israël, écoutez la parole de Yahvé. Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Parce que l'ennemi a prononcé contre vous ces paroles: "Ha! Ha! Ces hauteurs éternelles sont devenus notre patrimoine", eh bien! prophétise. Tu diras: Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Parce qu'on vous a dévastées et prises de toute part, si bien que vous êtes devenues la propriété du reste des nations, prétexte au bavardage et au commérage des gens, eh bien! montagnes d'Israël, écoutez la parole du Seigneur Yahvé. Ainsi parle le Seigneur Yahvé aux montagnes, aux collines, aux ravins et aux vallées, aux ruines dévastées et aux villes abandonnées qui sont mises au pillage et deviennent la risée du reste des nations d'alentour. Eh bien! ainsi parle le Seigneur Yahvé. Je le jure dans l'ardeur de ma jalousie, je m'adresse au reste des nations, à Edom tout entier, qui, la joie au coeur et le mépris dans l'âme, se sont attribué mon pays en propriété pour mettre son pâturage au pillage. A cause de cela, prophétise au sujet de la terre d'Israël. Tu diras aux montagnes et aux collines, aux ravins et aux vallées: Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Voici que je parle dans ma jalousie et ma fureur: puisque vous subissez l'insulte des nations, eh bien! ainsi parle le Seigneur Yahvé: je lève la main, je le jure, les nations qui vous entourent subiront elles-mêmes leur insulte. Et vous, montagnes d'Israël, vous allez donner vos branches et porter vos fruits pour mon peuple Israël, car il est près de revenir. Me voici, je viens vers vous, je me tourne vers vous, vous allez être cultivées et ensemencées. Je vais multiplier sur vous les hommes, la maison d'Israël tout entière. Les villes seront habitées et les ruines rebâties. Je multiplierai sur vous hommes et bêtes, ils seront nombreux et féconds. Je ferai que vous serez habitées comme auparavant, je vous ferai plus de bien qu'autrefois et vous saurez que je suis Yahvé. Je ferai fouler votre sol par des hommes, mon peuple Israël; tu seras sa propriété et son héritage et tu ne les priveras plus de leurs enfants. Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Parce qu'on a dit de toi: "Tu es une mangeuse d'hommes, tu as privé ta nation de ses enfants", eh bien! tu ne dévoreras plus d'hommes, tu ne priveras plus ta nation de ses enfants, oracle du Seigneur Yahvé. Je ne te ferai plus entendre l'insulte des nations, tu n'auras plus à subir la raillerie des peuples, tu ne priveras plus ta nation de ses enfants. Oracle du Seigneur Yahvé. La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Fils d'homme, les gens de la maison d'Israël habitaient sur leur territoire, et ils l'ont souillé par leur conduite et par leurs oeuvres; comme la souillure d'une femme impure, telle fut leur conduite devant moi. Alors j'ai déversé ma fureur sur eux, à cause du sang qu'ils ont versé dans le pays et des ordures dont ils l'ont souillé. Je les ai disséminés parmi les nations et ils ont été dispersés dans les pays étrangers. Je les ai jugés selon leur conduite et selon leurs oeuvres. Et parmi les nations où ils sont venus, ils ont profané mon saint nom, faisant dire à leur sujet: "C'est le peuple de Yahvé, ils sont sortis de son pays." Mais j'ai eu égard à mon saint nom que la maison d'Israël a profané parmi les nations où elle est venue. Eh bien! dis à la maison d'Israël: Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Ce n'est pas à cause de vous que j'agis de la sorte, maison d'Israël, mais c'est pour mon saint nom, que vous avez profané parmi les nations où vous êtes venus. Je sanctifierai mon grand nom qui a été profané parmi les nations au milieu desquelles vous l'avez profané. Et les nations sauront que je suis Yahvé - oracle du Seigneur Yahvé - quand je ferai éclater ma sainteté, à votre sujet, sous leurs yeux. Alors je vous prendrai parmi les nations, je vous rassemblerai de tous les pays étrangers et je vous ramènerai vers votre sol. Je répandrai sur vous une eau pure et vous serez purifiés; de toutes vos souillures et de toutes vos ordures je vous purifierai. Et je vous donnerai un coeur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau, j'ôterai de votre chair le coeur de pierre et je vous donnerai un coeur de chair. Je mettrai mon esprit en vous et je ferai que vous marchiez selon mes lois et que vous observiez et pratiquiez mes coutumes. Vous habiterez le pays que j'ai donné à vos pères. Vous serez mon peuple et moi je serai votre Dieu. Je vous sauverai de toutes vos souillures. J'appellerai le blé et le multiplierai, et je ne vous imposerai plus de famine. Je multiplierai les fruits des arbres et les produits des champs, afin que vous ne subissiez plus l'opprobre de la famine parmi les nations. Alors vous vous souviendrez de votre mauvaise conduite et de vos actions qui n'étaient pas bonnes. Vous vous prendrez vous-mêmes en dégoût à cause de vos fautes et de vos abominations. Ce n'est pas à cause de vous que j'agis - oracle du Seigneur Yahvé - sachez-le bien. Ayez honte et rougissez de votre conduite, maison d'Israël. Ainsi parle le Seigneur Yahvé: Au jour où je vous purifierai de toutes vos fautes, je ferai que les villes soient habitées et les ruines rebâties; la terre dévastée sera cultivée, après avoir été dévastée, aux yeux de tous les passants. Et l'on dira: "Cette terre, naguère dévastée, est comme un jardin d'Eden, et les villes en ruines, dévastées et démolies, on en a fait des forteresses habitées" Et les nations qui survivront autour de vous sauront que c'est moi, Yahvé, qui ai rebâti ce qui était démoli et qui ai replanté ce qui était dévasté. Moi, Yahvé, j'ai dit et je fais. Ainsi parle le Seigneur Yahvé: Pour leur accorder ceci encore, je me laisserai chercher par la maison d'Israël; je les multiplierai comme un troupeau humain, comme un troupeau de bêtes consacrées, comme le troupeau réuni à Jérusalem lors de ses assemblées. C'est ainsi que vos villes en ruines se rempliront d'un troupeau humain, et l'on saura que je suis Yahvé. La main de Yahvé fut sur moi, il m'emmena par l'esprit de Yahvé, et il me déposa au milieu de la vallée, une vallée pleine d'ossements. Il me la fit parcourir, parmi eux, en tous sens. Or les ossements étaient très nombreux sur le sol de la vallée, et ils étaient complètement desséchés. Il me dit: "Fils d'homme, ces ossements vivront-ils?" Je dis: "Seigneur Yahvé, c'est toi qui le sais." Il me dit: "Prophétise sur ces ossements. Tu leur diras: Ossements desséchés, écoutez la parole de Yahvé. Ainsi parle le Seigneur Yahvé à ces ossements. Voici que je vais faire entrer en vous l'esprit et vous vivrez. Je mettrai sur vous des nerfs, je ferai pousser sur vous de la chair, je tendrai sur vous de la peau, je vous donnerai un esprit et vous vivrez, et vous saurez que je suis Yahvé." Je prophétisai, comme j'en avais reçu l'ordre. Or il se fit un bruit au moment où je prophétisais; il y eut un frémissement et les os se rapprochèrent les uns des autres. Je regardai: ils étaient recouverts de nerfs, la chair avait poussé et la peau s'était tendue par-dessus, mais il n'y avait pas d'esprit en eux. Il me dit: "Prophétise à l'esprit, prophétise, fils d'homme. Tu diras à l'esprit: ainsi parle le Seigneur Yahvé. Viens des quatre vents, esprit, souffle sur ces morts, et qu'ils vivent." Je prophétisai comme il m'en avait donné l'ordre, et l'esprit vint en eux, ils reprirent vie et se mirent debout sur leurs pieds: grande, immense armée. Alors il me dit: Fils d'homme, ces ossements, c'est toute la maison d'Israël. Les voilà qui disent: "Nos os sont desséchés, notre espérance est détruite, c'en est fait de nous." C'est pourquoi, prophétise. Tu leur diras: Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Voici que j'ouvre vos tombeaux; je vais vous faire remonter de vos tombeaux, mon peuple, et je vous ramènerai sur le sol d'Israël. Vous saurez que je suis Yahvé, lorsque j'ouvrirai vos tombeaux et que je vous ferai remonter de vos tombeaux, mon peuple. Je mettrai mon esprit en vous et vous vivrez, et je vous installerai sur votre sol, et vous saurez que moi, Yahvé, j'ai parlé et je fais, oracle de Yahvé. La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Et toi, fils d'homme, prends un morceau de bois et écris dessus: "Juda et les Israélites qui sont avec lui." Prends un morceau de bois et écris dessus: "Joseph (bois d'Ephraïm) et toute la maison d'Israël qui est avec lui." Rapproche-les l'un de l'autre pour faire un seul morceau de bois; qu'ils ne fassent qu'un dans ta main. Et lorsque les fils de ton peuple te diront: "Ne nous expliqueras-tu pas ce que tu veux dire?" Dis-leur: Ainsi parle le Seigneur Yahvé: Voici que je vais prendre le bois de Joseph (qui est dans la main d'Ephraïm) et les tribus d'Israël qui sont avec lui, je vais les mettre contre le bois de Juda, j'en ferai un seul morceau de bois et ils ne seront qu'un dans ma main. Quand les morceaux de bois sur lesquels tu auras écrit seront dans ta main, à leurs yeux, dis-leur: Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Voici que je vais prendre les Israélites parmi les nations où ils sont allés. Je vais les rassembler de tous côtés et les ramener sur leur sol. J'en ferai une seule nation dans le pays, dans les montagnes d'Israël, et un seul roi sera leur roi à eux tous; ils ne formeront plus deux nations, ils ne seront plus divisés en deux royaumes. Ils ne se souilleront plus avec leurs ordures, leurs horreurs et tous leurs crimes. Je les sauverai des infidélités qu'ils ont commises et je les purifierai, ils seront mon peuple et je serai leur Dieu. Mon serviteur David régnera sur eux; il n'y aura qu'un seul pasteur pour eux tous; ils obéiront à mes coutumes, ils observeront mes lois et les mettront en pratique. Ils habiteront le pays que j'ai donné à mon serviteur Jacob, celui qu'ont habité vos pères. Ils l'habiteront, eux, leurs enfants et les enfants de leurs enfants, à jamais. David mon serviteur sera leur prince à jamais. Je conclurai avec eux une alliance de paix, ce sera avec eux une alliance éternelle. Je les établirai, je les multiplierai et j'établirai mon sanctuaire au milieu d'eux à jamais. Je ferai ma demeure au-dessus d'eux, je serai leur Dieu et ils seront mon peuple. Et les nations sauront que je suis Yahvé qui sanctifie Israël, lorsque mon sanctuaire sera au milieu d'eux à jamais. La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Fils d'homme, tourne-toi vers Gog, au pays de Magog, prince, chef de Méshek et de Tubal, et prophétise contre lui. Tu diras: Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Je me déclare contre toi, Gog, prince, chef de Méshek et de Tubal. Je te ferai faire demi-tour, je mettrai des crocs à tes mâchoires et je te ferai sortir avec toute ton armée, chevaux et cavaliers, tous parfaitement équipés, troupe nombreuse, tous portant écus et boucliers et sachant manier l'épée. La Perse, Kush et Put sont avec eux, tous avec le bouclier et le casque. Gomer et toutes ses troupes, Bet-Togarma, à l'extrême nord, et toutes ses troupes, des peuples innombrables sont avec toi. Sois prêt, prépare-toi bien, toi et toutes tes troupes ainsi que ceux qui se sont groupés autour de toi, et mets-toi à mon service. Après bien des jours, tu recevras des ordres. Après bien des années, tu viendras vers le pays dont les habitants ont échappé à l'épée et ont été rassemblés, parmi une multitude de peuples, sur les montagnes d'Israël qui furent longtemps une ruine. Depuis qu'ils ont été séparés des autres peuples, ils habitent tous en sécurité. Tu monteras, tu avanceras comme une tempête, tu seras comme une nuée qui couvrira le pays, toi, toutes tes troupes et des peuples nombreux avec toi. Ainsi parle le Seigneur Yahvé: Ce jour-là, des pensées naîtront dans ton coeur et tu formeras de mauvais desseins. Tu diras: "je vais monter contre un pays sans défense, marcher contre des hommes tranquilles, qui habitent en sécurité. Ils habitent tous des villes sans remparts, ils n'ont ni verrous ni portes." Tu iras piller et faire du butin, porter la main contre des ruines habitées et contre un peuple rassemblé d'entre les nations, adonné à l'élevage et au commerce, qui habite sur le nombril de la terre. Sheba, Dedân, les trafiquants de Tarsis et tous ses jeunes lions te diront: "Est-ce pour piller que tu es venu? Est-ce pour faire du butin que tu as réuni tes troupes? Est-ce pour enlever l'or et l'argent, pour saisir troupeaux et marchandises, pour emporter un immense butin?" C'est pourquoi, prophétise, fils d'homme. Tu diras à Gog: Ainsi parle le Seigneur Yahvé. N'est-il pas vrai que ce jour-là, quand mon peuple Israël habitera en sécurité, tu te mettras en route? Tu quitteras ta résidence à l'extrême nord, toi et des peuples nombreux avec toi, tous montés sur des chevaux, troupe énorme, armée innombrable. Tu monteras contre Israël mon peuple, tu seras comme une nuée qui recouvre la terre. Ce sera à la fin des jours que je t'amènerai contre mon pays, pour que les nations me connaissent, quand je manifesterai ma sainteté à leurs yeux, par ton intermédiaire, Gog. Ainsi parle le Seigneur Yahvé: C'est toi dont j'ai parlé au temps jadis, par mes serviteurs les prophètes d'Israël qui ont prophétisé en ce temps là, annonçant ta venue contre eux. En ce jour-là, au jour où Gog s'avancera contre le territoire d'Israël - oracle du Seigneur Yahvé - mon courroux montera. Dans ma colère, dans ma jalousie, dans l'ardeur de ma fureur, je le dis: ce jour-là, je le jure, il y aura un grand tumulte sur le territoire d'Israël. Alors trembleront devant moi les poissons de la mer et les oiseaux du ciel, les bêtes sauvages, tous les reptiles qui rampent sur le sol et tous les hommes qui sont sur la surface du sol. Les montagnes s'écrouleront, les parois des rochers trembleront, toutes les murailles tomberont par terre. J'appellerai contre lui toute sorte d'épée, oracle du Seigneur Yahvé, et ils tourneront l'épée l'un contre l'autre. Je le châtierai par la peste et le sang, je ferai tomber la pluie torrentielle, des grêlons, du feu et du soufre, sur lui, sur ses troupes et sur les peuples nombreux qui sont avec lui. Je manifesterai ma grandeur et ma sainteté, je me ferai connaître aux yeux des nations nombreuses, et ils sauront que je suis Yahvé. Et toi, fils d'homme, prophétise contre Gog. Tu diras: Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Je me déclare contre toi, Gog, prince, chef de Méshek et de Tubal. Je te ferai faire demi-tour, je te conduirai, je te ferai monter de l'extrême nord et je t'amènerai contre les montagnes d'Israël. Je briserai ton arc dans ta main gauche et je ferai tomber tes flèches de ta main droite. Tu tomberas sur les montagnes d'Israël, toi, toutes tes troupes et les peuples qui sont avec toi. Je te donne en pâture aux oiseaux de proie de toute espèce et aux bêtes sauvages: Tu tomberas en plein champ, car moi, j'ai parlé, oracle du Seigneur Yahvé. J'enverrai le feu dans Magog et sur ceux qui habitent des îles, en sécurité, et ils sauront que je suis Yahvé. Je ferai connaître mon saint nom au milieu de mon peuple Israël, je ne laisserai plus profaner mon saint nom, et les nations sauront que je suis Yahvé, saint en Israël. Voici que cela vient, c'est fait - oracle du Seigneur Yahvé - c'est le jour que j'ai annoncé. Alors les habitants des villes d'Israël s'en iront brûler et livrer au feu les armes, écus et boucliers, arcs et flèches, javelots et lances. Ils en feront du feu pendant sept ans. On n'ira plus chercher de bois dans la campagne, on n'en coupera plus dans les forêts, car c'est avec les armes qu'on fera du feu. Ils pilleront ceux qui les pillaient, ils prendront du butin à ceux qui leur en prenaient, oracle du Seigneur Yahvé. Ce jour-là, je donnerai à Gog pour sa sépulture en Israël un lieu célèbre, la vallée des Oberim, à l'est de la mer, la vallée qui arrête les passants; on y enterrera Gog et toute sa multitude, et on l'appellera: Vallée de Hamôn-Gog. La maison d'Israël les enterrera afin de purifier le pays pendant sept mois. Tous les gens du pays travailleront à les enterrer, et cela leur vaudra la renommée au jour où je manifesterai ma gloire, oracle du Seigneur Yahvé. On mettra à part des hommes dont la fonction permanente sera de parcourir le pays et d'enterrer ceux qui sont restés sur le sol, pour le purifier. Ils entreprendront leur recherche au bout de sept mois. Quand ces gens-là parcourront le pays, si l'un d'eux voit des ossements humains, il dressera à côté une borne, jusqu'à ce que les fossoyeurs les enterrent dans la vallée de Hamôn-Gog (et Hamona est aussi le nom d'une ville), et qu'ils aient purifié le pays. Et toi, fils d'homme, ainsi parle le Seigneur Yahvé. Dis aux oiseaux de toute espèce et à toutes les bêtes sauvages: Rassemblez-vous, venez, réunissez-vous de partout alentour pour le sacrifice que je vous offre, un grand sacrifice sur les montagnes d'Israël, et vous mangerez de la chair et vous boirez du sang. Vous mangerez la chair des héros, vous boirez le sang des princes de la terre. Ce sont tous des béliers, des agneaux, des boucs, des taureaux gras du Bashân. Vous mangerez de la graisse jusqu'à satiété et vous boirez du sang jusqu'à l'ivresse, en ce sacrifice que je vous offre. Vous vous rassasierez à ma table, de chevaux et de coursiers, de héros et de tout homme de guerre, oracle du Seigneur Yahvé. Je manifesterai ma gloire aux nations, et toutes les nations verront mon jugement quand je l'exécuterai, et ma main quand je l'abattrai sur elles. Et la maison d'Israël saura que je suis Yahvé son Dieu, à partir de ce jour et désormais. Les nations aussi le sauront: c'est pour sa faute envers moi que la maison d'Israël a été exilée, c'est parce qu'elle m'a été infidèle que je lui ai caché ma face, que je l'ai livrée aux mains de ses ennemis et que tous sont tombés par l'épée. Je les ai traités comme le méritaient leurs souillures et leurs transgressions, et je leur ai caché ma face. C'est pourquoi, ainsi parle le Seigneur Yahvé: Maintenant, je vais ramener les captifs de Jacob, je vais prendre en pitié toute la maison d'Israël, et je me montrerai jaloux de mon saint nom. Ils oublieront leur déshonneur et toutes les infidélités qu'ils ont commises envers moi, quand ils habitaient dans leur pays en sécurité, sans que personne les inquiète. Quand je les ramènerai d'entre les peuples et que je les rassemblerai des pays de leurs ennemis, quand je manifesterai ma sainteté en eux aux yeux des nations nombreuses, ils sauront que je suis Yahvé leur Dieu - quand je les aurai emmenés captifs parmi les nations et que je les réunirai sur leur sol, sans laisser aucun d'eux là-bas. Et je ne leur cacherai plus ma face, car je répandrai mon Esprit sur la maison d'Israël, oracle du Seigneur Yahvé. La 25 année de notre captivité, au commencement de l'année, le dix du mois, quatorze ans après que la ville eut été prise, en ce jour même, la main de Yahvé fut sur moi. Il m'emmena là-bas: par des visions divines, il m'emmena au pays d'Israël et me déposa sur une très haute montagne, sur laquelle semblait construite une ville, au midi. Il m'y amena, et voici qu'il y avait un homme dont l'aspect était comme celui de l'airain. Il avait dans la main un cordeau de lin et une canne à mesurer, et il se tenait dans le porche. L'homme me dit: "Fils d'homme, regarde bien, écoute de toutes tes oreilles et fais bien attention à tout ce que je vais te montrer, car c'est pour que je te le montre que tu as été amené ici. Fais connaître à la maison d'Israël tout ce que tu vas voir." Or voici que le Temple était entouré de tous côtés par un mur extérieur. L'homme tenait dans la main une canne à mesurer, de six coudées d'une coudée plus un palme. Il mesura l'épaisseur de la construction: une canne, et sa hauteur: une canne. Il vint vers le porche qui fait face à l'orient, il en gravit les marches et mesura le seuil du porche: une canne de profondeur. La loge: une canne de longueur sur une canne de largeur, le pilastre entre les loges: cinq coudées, et le seuil du porche, du côté du vestibule du porche, vers l'intérieur: une canne. *** Il mesura le vestibule du porche: huit coudées; son pilastre: deux coudées; le vestibule du porche était situé vers l'intérieur. Les loges du porche oriental étaient au nombre de trois de chaque côté, toutes trois de mêmes dimensions; les pilastres étaient de mêmes dimensions de chaque côté. Il mesura la largeur de l'entrée du porche: dix coudées, et la longueur du porche: treize coudées. Il y avait un parapet devant les loges, chaque parapet avait une coudée de part et d'autre et la loge avait six coudées de chaque côté. Il mesura le porche depuis le fond d'une loge jusqu'au fond de l'autre, largeur: 25 coudées, les ouvertures étant en face l'une de l'autre. Il mesura le vestibule: vingt coudées; le parvis entourait le porche de tous côtés. De la façade du porche, à l'entrée, jusqu'au fond du vestibule intérieur du porche: 50 coudées. Il y avait des fenêtres à treillis sur les loges et sur leurs pilastres, vers l'intérieur du porche, tout autour; et de même pour le vestibule, il y avait des fenêtres tout autour, et sur les pilastres, des palmiers. Il m'emmena vers le parvis extérieur, et voici qu'on avait aménagé des chambres et un dallage entourant le parvis; 30 chambres sur ce dallage. Le dallage se trouvait de chaque côté des porches, correspondant à la profondeur des porches: c'était le dallage inférieur. Il mesura la largeur du parvis, depuis la façade du porche inférieur jusqu'à la façade du parvis intérieur, en dehors: cent coudées (à l'orient et au nord). Quant au porche qui regarde vers le nord, sur le parvis extérieur, il en mesura la longueur et la largeur. Ses loges étaient au nombre de trois de chaque côté, ses pilastres et son vestibule étaient de mêmes dimensions que ceux du premier porche: 50 coudées de long et 25 de large. Ses fenêtres, son vestibule et ses palmiers avaient les mêmes dimensions que ceux du porche qui ouvre sur l'orient. On y montait par sept marches et son vestibule était situé vers l'intérieur. Il y avait un porche au parvis intérieur, face au porche septentrional, comme pour le porche oriental. Il mesura la distance d'un porche à l'autre: cent coudées. Il me conduisit du côté du midi: il y avait un porche vers le midi; il en mesura les loges, les pilastres et le vestibule: ils avaient les mêmes dimensions. Le porche avait, ainsi que son vestibule, des fenêtres tout autour, semblables aux autres fenêtres; il avait 50 coudées de long et 25 de large, et son escalier avait sept marches; son vestibule était situé vers l'intérieur, et il avait des palmiers, un de chaque côté, sur ses pilastres. Il y avait un porche au parvis intérieur, vers le midi; il mesura la distance d'un porche à l'autre, vers le midi: cent coudées. Puis il m'emmena au parvis intérieur, par le porche méridional; il mesura le porche méridional, qui avait les mêmes dimensions; ses loges, ses pilastres et son vestibule avaient les mêmes dimensions. Le porche avait, ainsi que son vestibule, des fenêtres tout autour; il avait 50 coudées de long et 25 de large. *** Son vestibule donnait sur le parvis extérieur. Il avait des palmiers à ses pilastres et son escalier avait huit marches. Il m'emmena, au parvis intérieur, vers l'orient et mesura le porche; il avait les mêmes dimensions; ses loges, ses pilastres et son vestibule avaient les mêmes dimensions. Le porche avait, ainsi que son vestibule, des fenêtres tout autour; il avait 50 coudées de long et 25 de large. Son vestibule donnait sur le parvis extérieur. Il y avait des palmiers à ses pilastres, de chaque côté, et son escalier avait huit marches. Puis il m'emmena vers le porche septentrional et le mesura; il avait les mêmes dimensions; ses loges, ses pilastres, son vestibule avaient les mêmes dimensions. Le porche avait des fenêtres tout autour; il avait 50 coudées de long et 25 de large. Son vestibule donnait sur le parvis extérieur. Il y avait des palmiers à ses pilastres, de chaque côté, et son escalier avait huit marches. Il y avait une chambre dont l'entrée était dans le vestibule du porche. C'est là qu'on lavait l'holocauste. Et dans le vestibule du porche, il y avait, de chaque côté, deux tables pour y égorger les holocaustes, les sacrifices pour le péché et les sacrifices de réparation. Du côté extérieur, pour qui montait à l'entrée du porche, vers le nord, il y avait deux tables, et de l'autre côté, vers le vestibule, deux tables. Il y avait quatre tables d'un côté et quatre tables de l'autre côté du porche, soit huit tables sur lesquelles on immolait. En outre, il y avait quatre tables en pierre de taille, pour les holocaustes, longues d'une coudée et demie, larges d'une coudée et demie et hautes d'une coudée, sur lesquelles on déposait les instruments avec lesquels on immolait l'holocauste et le sacrifice. Des rigoles, d'un palme de large, étaient aménagées à l'intérieur, tout autour. C'est sur ces tables qu'on mettait la viande des offrandes. Puis il m'emmena au parvis intérieur; il y avait deux chambres dans le parvis intérieur, l'une sur le côté du porche septentrional faisant face au midi, l'autre sur le côté du porche méridional faisant face au nord. Il me dit: "Cette chambre faisant face au midi est destinée aux prêtres qui assurent le service du Temple. Et la chambre qui fait face au nord est destinée aux prêtres qui assurent le service de l'autel. Ce sont les fils de Sadoq, ceux, parmi les fils de Lévi, qui s'approchent de Yahvé pour le servir." Il mesura le parvis, il avait cent coudées de long et cent coudées de large, il était donc carré, et l'autel était devant le Temple. Il m'emmena au Ulam du Temple et mesura les pilastres du Ulam: cinq coudées de chaque côté, et la largeur du porche était de trois coudées de chaque côté. La longueur du Ulam était de vingt coudées, et sa largeur de douze coudées. Il y avait dix marches pour y monter, et il y avait des colonnes près des pilastres, une de chaque côté. Il m'emmena vers le Hékal et en mesura les pilastres: six coudées de large d'un côté et six coudées de large de l'autre. La largeur de l'entrée était de dix coudées, et les épaulements de l'entrée étaient de cinq coudées d'un côté et de cinq coudées de l'autre. Il en mesura la longueur: 40 coudées, et la largeur, vingt coudées. Il pénétra à l'intérieur et mesura le pilastre de l'entrée: deux coudées; puis l'entrée: six coudées, et les épaulements de l'entrée: sept coudées. Il mesura sa longueur: vingt coudées, et sa largeur: vingt coudées du côté du Hékal; et il me dit: "C'est ici le Saint des Saints." Puis il mesura le mur du Temple: six coudées. La largeur du bâtiment latéral était de quatre coudées, tout autour du Temple. Les cellules étaient superposées, en trois étages de 30 cellules chacun. Les cellules s'enfonçaient dans le mur, celui du bâtiment des cellules, tout autour, formant des retraits; mais il n'y avait pas de retraits dans le mur du Temple. La largeur des cellules augmentait d'un étage à l'autre, selon l'augmentation prise sur le mur, d'un étage à l'autre, tout autour du Temple. Et je vis que le Temple avait, tout autour, un talus; c'était la base des cellules latérales, d'une canne entière de six coudées. L'épaisseur du mur extérieur des cellules latérales était de cinq coudées. Il y avait un passage entre les cellules du Temple et les chambres, d'une largeur de vingt coudées, tout autour du Temple. Comme entrée des cellules latérales sur le passage, il y avait une entrée vers le nord et une entrée vers le midi. La largeur du passage était de cinq coudées tout autour. L'édifice qui bordait la cour du côté de l'occident était d'une largeur de 70 coudées, le mur de l'édifice avait une épaisseur de cinq coudées, tout autour, et sa longueur était de 90 coudées. Il mesura le Temple, longueur: cent coudées. La cour plus l'édifice et ses murs, longueur: cent coudées. Largeur de la façade du Temple plus la cour vers l'orient: cent coudées. Il mesura la longueur de l'édifice, le long de la cour, par derrière, et sa galerie de chaque côté: cent coudées. L'intérieur du Hékal et les vestibules du parvis, les seuils, les fenêtres à treillis, les galeries sur trois côtés, face au seuil, étaient revêtus de bois tout autour, du sol jusqu'aux fenêtres, et les fenêtres étaient garnies d'un treillis. Depuis l'entrée jusqu'à l'intérieur du Temple, ainsi qu'au au-dehors, et sur le mur tout autour, à l'intérieur et à l'extérieur, étaient sculptés des chérubins et des palmiers, un palmier entre deux chérubins; chaque chérubin avait deux faces: une face d'homme vers le palmier d'un côté, et une face de lion vers le palmier de l'autre côté, sur tout le Temple, tout autour. Les chérubins et les palmiers étaient sculptés sur le mur depuis le sol jusqu'au-dessus de l'entrée. Les montants de porte du Hékal étaient carrés. Devant le sanctuaire, il y avait quelque chose comme un autel de bois de trois coudées de haut, dont la longueur était de deux coudées et la largeur de deux coudées. Il avait des angles, une base et des côtés de bois. Il me dit: "Ceci est la table qui est devant Yahvé." Le Hékal avait une double porte, et le sanctuaire une double porte. C'étaient des portes à deux vantaux mobiles: deux vantaux à une porte et deux vantaux à l'autre. On avait sculpté dessus (sur les portes du Hékal), des chérubins et des palmiers comme ceux qui étaient sculptés sur les murs. Il y avait un auvent de bois sur le devant du Ulam, à l'extérieur, et des fenêtres à treillis, avec des palmiers de part et d'autre, sur les côtés du Ulam, les cellules annexes du Temple et les auvents. Il me fit sortir vers le parvis extérieur, vers le nord, et m'emmena à la chambre située en face de la cour, c'est-à-dire en face de l'édifice, vers le nord. Sur la façade, elle avait une longueur de cent coudées vers le nord, et une largeur de 50 coudées. En face des porches du parvis intérieur et en face du dallage du parvis extérieur, il y avait une galerie devant la galerie triple et, devant les chambres, une allée, large de dix coudées vers l'intérieur, et longue de cent coudées, leurs portes donnaient au nord. Les chambres supérieures étaient étroites, car les galeries étaient prises dessus, plus étroites que celles du bas et du milieu de l'édifice; en effet, elles étaient divisées en trois étages, et n'avaient pas de colonnes comme le parvis. Aussi étaient-elles plus étroites que celles du bas et du milieu de l'édifice (à partir du sol). L'enceinte extérieure, parallèle aux chambres, vers le parvis extérieur, en face des chambres, était longue de 50 coudées. Car la longueur des chambres du parvis extérieur était de 50 coudées, et celles qui étaient devant la salle du Temple avaient cent coudées. En dessous des chambres, il y avait une entrée venant de l'orient, donnant accès depuis le parvis extérieur. Sur la largeur de l'enceinte du parvis, vers le midi, devant la cour et devant l'édifice, il y avait des chambres. Une allée passait devant elles, comme pour les chambres situées au nord; elles avaient même longueur et même largeur, mêmes issues, même ordonnance et mêmes entrées. En dessous des chambres du midi, il y avait une entrée, au départ de chaque allée, en face du mur correspondant, vers l'orient, à leur entrée. Il me dit: "Les chambres du nord et les chambres du midi qui sont devant la cour, ce sont les chambres du sanctuaire, là où les prêtres qui s'approchent de Yahvé mangeront les choses très saintes. C'est là qu'on déposera les choses très saintes, l'oblation, l'offrande pour le péché et l'offrande de réparation, car c'est un lieu saint. Et quand les prêtres viendront, ils ne sortiront pas du lieu saint vers le parvis extérieur, mais ils déposeront là leurs vêtements liturgiques, car ces vêtements sont saints, et ils revêtiront d'autres vêtements pour s'approcher des endroits destinés au peuple." Ayant achevé de mesurer le Temple à l'intérieur, il me fit sortir vers le porche qui regarde l'orient, et mesura le parvis tout autour. Il mesura le côté oriental avec sa canne à mesurer: cinq coudées, avec la canne à mesurer, tout autour. Puis il mesura le côté septentrional: cinq coudées, avec la canne à mesurer, tout autour. Ensuite il mesura le côté méridional: cinq coudées, avec la canne à mesurer tout autour. Et du côté occidental, il mesura 500 coudées avec la canne à mesurer. Sur les quatre côtés, il mesura le mur d'enceinte, tout autour: longueur,500 et largeur,500, pour séparer le sacré du profane. Il me conduisit vers le porche, le porche qui fait face à l'orient, et voici que la gloire du Dieu d'Israël arrivait du côté de l'orient. Un bruit l'accompagnait, semblable au bruit des eaux abondantes, et la terre resplendissait de sa gloire. Cette vision était semblable à la vision que j'avais eue lorsque j'étais venu pour la destruction de la ville, et aussi à la vision que j'avais eue sur le fleuve Kebar. Alors je tombai la face contre terre. La gloire de Yahvé arriva au Temple par le porche qui fait face à l'orient. L'esprit m'enleva et me fit entrer dans le parvis intérieur, et voici que la gloire de Yahvé emplissait le Temple. J'entendis quelqu'un me parler depuis le Temple, tandis que l'homme se tenait près de moi. On me dit: Fils d'homme, c'est ici le lieu de mon trône, le lieu où je pose la plante de mes pieds. J'y habiterai au milieu des Israélites, à jamais; et la maison d'Israël, eux et leurs rois ne souilleront plus mon saint nom par leurs prostitutions et par les cadavres de leurs rois, en mettant leur seuil près de mon seuil et leurs montants près de mes montants, en établissant un mur commun entre eux et moi. Ils souillaient mon saint nom par les abominations auxquelles ils se livraient, c'est pourquoi je les ai dévorés dans ma colère. Désormais ils éloigneront de moi leurs prostitutions et les cadavres de leurs rois, et j'habiterai au milieu d'eux, à jamais. Et toi, fils d'homme, décris ce Temple à la maison d'Israël, afin qu'ils rougissent de leurs abominations. (Qu'ils en mesurent le plan.) Et s'ils rougissent de toute leur conduite, enseigne-leur la forme du Temple et son plan, ses issues et ses entrées, sa forme et toutes ses dispositions, toute sa forme et toutes ses lois. Mets tout cela par écrit devant leurs yeux, afin qu'ils observent sa forme et toutes ses dispositions et qu'ils les réalisent. Voici la charte du Temple: au sommet de la montagne, tout le territoire qui l'entoure est un espace très saint. (Telle est la charte du Temple.) Voici les dimensions de l'autel en coudées d'une coudée plus un palme: la base, une coudée sur une coudée de large; l'espace près de la rigole, tout autour, un empan; c'est le bord de l'autel. Depuis la base reposant par terre jusqu'au socle inférieur, deux coudées sur une coudée de large; depuis le petit socle jusqu'au grand socle, quatre coudées sur une coudée de large. Le foyer avait quatre coudées, et au-dessus du foyer, il y avait quatre cornes. Le foyer mesurait douze coudées de long sur douze de large, il était carré sur les quatre côtés. Le socle: quatorze coudées de long sur quatorze coudées de large, il était carré. Le rebord tout autour: une demi-coudée, et la base: une coudée tout autour. Les marches étaient tournées vers l'est. Il me dit: Fils d'homme, ainsi parle le Seigneur Yahvé. Voici les dispositions concernant l'autel, lorsqu'on l'aura dressé pour y sacrifier l'holocauste et pour y répandre le sang. Tu donneras aux prêtres lévites - ceux de la race de Sadoq qui s'approchent de moi pour me servir, oracle du Seigneur Yahvé - un jeune taureau, en sacrifice pour le péché. Tu prendras de son sang, tu en mettras sur les quatre cornes, sur les quatre angles du socle et sur le rebord tout autour. C'est ainsi que tu en ôteras le péché et feras sur lui l'expiation. Puis tu prendras le taureau du sacrifice pour le péché: on le brûlera dans l'endroit retiré du Temple, hors du sanctuaire. Le deuxième jour, tu offriras un bouc sans défaut en sacrifice pour le péché et on ôtera le péché de l'autel comme on avait fait avec le taureau. Après avoir achevé d'ôter le péché, tu offriras un jeune taureau sans défaut et un bélier du troupeau, sans défaut. Tu les présenteras devant Yahvé, et les prêtres jetteront sur eux du sel et les offriront en holocauste à Yahvé. Pendant sept jours, tu offriras en sacrifice un bouc, en sacrifice pour le péché, chaque jour, et on offrira un taureau et un bélier du troupeau, sans défaut, pendant sept jours. C'est ainsi qu'on fera l'expiation pour l'autel, qu'on le purifiera et qu'on l'inaugurera. Passé cette période, le huitième jour et les jours suivants, les prêtres offriront sur l'autel vos holocaustes et vos sacrifices de communion. Et je vous serai favorable, oracle du Seigneur Yahvé. Il me ramena vers le porche extérieur du sanctuaire, face à l'orient. Il était fermé. Yahvé me dit: Ce porche sera fermé. On ne l'ouvrira pas, on n'y passera pas, car Yahvé, le Dieu d'Israël, y est passé. Aussi sera-t-il fermé. Mais le prince, lui, s'y assiéra pour y prendre son repas en présence de Yahvé. C'est par le vestibule du porche qu'il entrera et c'est par là qu'il sortira. Il m'emmena par le porche septentrional, devant le Temple. Je regardai, et voici que la gloire de Yahvé emplissait le Temple de Yahvé, alors je tombai la face contre terre. Yahvé me dit: Fils d'homme, fais attention, regarde bien et écoute de toutes tes oreilles ce que je vais t'expliquer: ce sont toutes les dispositions du Temple de Yahvé et toutes ses lois. Tu feras bien attention à l'admission dans le Temple et à ceux qui sont exclus du sanctuaire. Et tu diras aux rebelles de la maison d'Israël: Ainsi parle le Seigneur Yahvé. C'en est trop de toutes vos abominations, maison d'Israël, lorsque vous avez introduit des étrangers incirconcis de coeur et incirconcis de corps pour s'installer dans mon sanctuaire et pour profaner mon Temple, lorsque vous avez offert ma nourriture, la graisse et le sang, et que vous avez rompu mon alliance. Par toutes vos abominations! Au lieu d'assurer le service de mes choses saintes, vous avez chargé quelqu'un d'assurer le service dans mon sanctuaire à votre place. Ainsi parle le Seigneur Yahvé: Aucun étranger incirconcis de coeur et incirconcis de corps n'entrera dans mon sanctuaire, aucun des étrangers qui sont au milieu des Israélites. Quant aux lévites, qui se sont éloignés de moi au temps où Israël s'égarait loin de moi en suivant ses idoles, ils porteront le poids de leur faute. Ils seront dans mon sanctuaire des serviteurs chargés de la garde des portes du Temple et faisant le service du Temple. Ce sont eux qui égorgeront l'holocauste et le sacrifice pour le peuple, eux qui se tiendront devant le peuple pour le service. Parce qu'ils se sont mis à son service devant ses idoles et qu'ils ont été pour la maison d'Israël une occasion de faute, à cause de cela, je lève la main contre eux - oracle du Seigneur Yahvé - ils porteront le poids de leur faute. Ils ne s'approcheront plus de moi pour exercer devant moi le sacerdoce, ni toucher à mes choses saintes ni aux choses très saintes: ils porteront le déshonneur de leurs abominations. Je les chargerai d'assurer le service du Temple, je leur confierai tout son service et tout ce qui s'y fait. Quant aux prêtres lévites, fils de Sadoq, qui ont assuré le service de mon sanctuaire quand les Israélites s'égaraient loin de moi, ce sont eux qui s'approcheront de moi pour me servir, ils se tiendront devant moi pour m'offrir la graisse et le sang, oracle du Seigneur Yahvé. Ce sont eux qui entreront dans mon sanctuaire et qui s'approcheront de ma table pour me servir; ils assureront mon service. Lorsqu'ils franchiront les portes du parvis intérieur, ils revêtiront des habits de lin; ils ne porteront pas de laine quand ils serviront aux porches du parvis intérieur et au Temple. Ils auront des calottes de lin sur la tête et des caleçons de lin aux reins, ils ne se ceindront de rien qui fasse transpirer. Lorsqu'ils sortiront dans le parvis extérieur, du côté du peuple, ils ôteront les vêtements avec lesquels ils auront officié et les déposeront dans les chambres du Saint, et ils revêtiront d'autres vêtements pour ne pas consacrer le peuple avec leurs vêtements. Ils ne se raseront pas la tête, ni ne laisseront croître librement leur chevelure, mais ils se tailleront soigneusement les cheveux. Aucun prêtre ne boira de vin le jour où il entrera dans le parvis intérieur. Ils ne prendront pas pour femme une veuve, ni une femme répudiée, mais une vierge de la race d'Israël; toutefois ils pourront prendre une veuve si c'est la veuve d'un prêtre. Ils enseigneront à mon peuple la distinction entre le sacré et le profane et lui feront connaître la distinction entre le pur et l'impur. Dans les procès, ils seront juges; ils jugeront d'après mon droit. Ils observeront dans toutes mes fêtes mes lois et mes dispositions, et ils sanctifieront mes sabbats. Ils n'approcheront pas d'un mort, de peur de se rendre impurs, mais ils pourront se rendre impurs pour un père, une mère, une fille, un fils, un frère ou une soeur non mariée. Après que l'un d'eux se sera purifié, on comptera sept jours, puis, le jour où il entrera dans le Saint, dans le parvis intérieur pour servir dans le Saint, il offrira son sacrifice pour le péché, oracle du Seigneur Yahvé. Ils n'auront pas d'héritage, c'est moi qui serai leur héritage. Vous ne leur donnerez pas de patrimoine en Israël, c'est moi qui serai leur patrimoine. Ce sont eux qui se nourriront de l'oblation, du sacrifice pour le péché et du sacrifice de réparation. Tout ce qui est dévoué par anathème en Israël sera pour eux. Le meilleur de toutes vos prémices et de toutes les redevances, de tout ce que vous offrirez, reviendra aux prêtres; et le meilleur de votre pâte, vous le donnerez aux prêtres pour faire reposer la bénédiction sur votre maison. Les prêtres ne mangeront la chair d'aucune bête crevée ou déchirée, oiseau ou autre animal. Lorsque vous tirerez au sort pour faire échoir le pays en héritage, vous prélèverez pour Yahvé une part sacrée du pays, de 25.000 coudées de long sur 20.000 de large. Ce territoire sera sacré dans toute son étendue. Sur sa superficie, il y aura pour le sanctuaire un carré de 500 coudées sur 500, avec une marge de 50 coudées tout autour. Sur sa superficie, tu mesureras également une longueur de 25.000 coudées sur une largeur de 10.000, là où sera le sanctuaire, le Saint des Saints. Ce sera la portion sacrée du pays appartenant aux prêtres qui font le service du sanctuaire et qui s'approchent de Yahvé pour le servir. C'est là qu'ils pourront avoir leurs maisons et qu'ils auront un territoire consacré au sanctuaire. Une portion de 25.000 coudées de long sur 10.000 de large sera réservée aux lévites, serviteurs du Temple, en propriété, avec des villes pour y habiter. Vous donnerez en propriété à la ville un territoire de 5.000 coudées de large sur 25.000 de long, près de la part du sanctuaire, elle sera pour toute la maison d'Israël. Au prince reviendra un territoire de chaque côté de la part sacrée et de la propriété de la ville, le long de la part sacrée et le long de la propriété de la ville, du côté de l'occident vers l'occident, et du côté de l'orient vers l'orient, un territoire d'une longueur égale à l'une des parts, depuis la frontière occidentale jusqu'à la frontière orientale du pays. Ce sera sa propriété en Israël. Ainsi mes princes n'opprimeront plus mon peuple; ils laisseront le pays à la maison d'Israël, à ses tribus. Ainsi parle le Seigneur Yahvé: C'en est trop, princes d'Israël! Cessez vos violences et vos rapines, pratiquez le droit et la justice, n'accablez plus mon peuple d'exactions, oracle du Seigneur Yahvé. Ayez des balances justes, un boisseau juste, une mesure juste. Que le boisseau et la mesure soient égaux, que la mesure contienne un dixième de muid, et le boisseau un dixième de muid. C'est à partir du muid que les mesures seront fixées. Le sicle sera de vingt géras. Vingt sicles,25 sicles et quinze sicles feront une mine. Voici l'offrande que vous prélèverez: un sixième de boisseau par muid de froment et un sixième de boisseau par muid d'orge. La redevance d'huile: une mesure d'huile par dix mesures, c'est-à-dire par feuillette de dix mesures ou d'un muid, car dix mesures font un muid. On prélèvera une brebis sur un troupeau de 200 des prairies d'Israël, pour l'oblation, l'holocauste et le sacrifice de communion. Ce sera votre expiation, oracle du Seigneur Yahvé. Que tout le peuple du pays soit astreint à cette redevance pour le prince d'Israël. Le prince se chargera des holocaustes, de l'oblation et de la libation pendant les fêtes, les néoménies, les sabbats et toutes les assemblées de la maison d'Israël. C'est lui qui pourvoira au sacrifice pour le péché, à l'oblation, à l'holocauste et aux sacrifices de communion pour l'expiation de la maison d'Israël. Ainsi parle le Seigneur Yahvé: Au premier mois, le premier du mois, tu prendras un jeune taureau sans défaut, pour ôter le péché du sanctuaire. Le prêtre prendra du sang de la victime pour le péché et le mettra sur les montants de la porte du Temple, sur les quatre angles du socle de l'autel et sur les montants des porches du parvis intérieur. Ainsi feras-tu le sept du mois, en faveur de quiconque a péché par inadvertance ou irréflexion. C'est ainsi que vous ferez l'expiation pour le Temple. Au premier mois, le quatorzième jour du mois, ce sera pour vous la fête de la Pâque. Pendant sept jours on mangera des pains sans levain. Ce jour-là, le prince offrira pour lui-même et pour tout le peuple du pays un taureau en sacrifice pour le péché. Pendant les sept jours de la fête, il offrira en holocauste à Yahvé sept taureaux et sept béliers sans défaut, chacun des sept jours, et, en sacrifice pour le péché, un bouc chaque jour; et, en oblation, il offrira une mesure par taureau et une mesure par bélier, ainsi que de l'huile, un setier par mesure. Au septième mois, le quinze du mois, à l'occasion de la fête, il fera de même pendant sept jours, offrant le sacrifice pour le péché, l'holocauste, l'oblation et l'huile. Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Le porche du parvis intérieur, qui fait face à l'orient, sera fermé les six jours ouvrables, mais le jour du sabbat, on l'ouvrira, ainsi que le jour de la néoménie, et le prince entrera par le vestibule du porche extérieur et se tiendra debout contre les montants du porche. Alors les prêtres offriront son holocauste et son sacrifice de communion. Il se prosternera sur le seuil du porche et il sortira, et on ne refermera pas le porche jusqu'au soir. Le peuple du pays se prosternera à l'entrée de ce porche, les sabbats et les jours de néoménie, en face de Yahvé. L'holocauste que le prince offrira à Yahvé au jour du sabbat, sera de six agneaux sans défaut et d'un bélier sans défaut, avec une oblation d'une mesure par bélier et, pour les agneaux, une offrande laissée à sa discrétion, ainsi que de l'huile, un setier par mesure. Au jour de la néoménie, ce sera un jeune taureau sans défaut, six agneaux et un bélier sans défaut. Il fera oblation d'une mesure pour le taureau et d'une mesure pour le bélier, et, pour les agneaux, ce qu'il voudra, ainsi que de l'huile, un setier par mesure. Lorsque le prince entrera, c'est par le vestibule du porche qu'il entrera, et c'est par là qu'il sortira. Lorsque le peuple du pays viendra devant Yahvé aux assemblées, ceux qui sont entrés par le porche septentrional, pour se prosterner, sortiront par le porche méridional, et ceux qui sont entrés par le porche méridional sortiront par le porche septentrional. Nul ne s'en retournera par le porche par lequel il est entré: il sortira en face. Le prince se tiendra au milieu d'eux; il entrera comme eux et sortira comme eux. Aux jours de fête et d'assemblée, l'oblation sera d'une mesure par taureau, d'une mesure par bélier, pour les agneaux, à sa discrétion, et de l'huile, un setier par mesure. Lorsque le prince offrira un holocauste volontaire ou un sacrifice de communion volontaire à Yahvé, on lui ouvrira le porche qui fait face à l'orient, et il offrira son holocauste et son sacrifice de communion comme il le fait au jour du sabbat, puis il sortira et on fermera le porche dès qu'il sera sorti. Il offrira chaque jour en holocauste à Yahvé un agneau d'un an, sans défaut: il l'offrira chaque matin. Il offrira aussi, chaque matin, en oblation, un sixième de mesure et de l'huile, un tiers de setier, pour pétrir la farine. C'est l'oblation à Yahvé, décret perpétuel, fixé pour toujours. On offrira l'agneau, l'oblation et l'huile, chaque matin, à perpétuité. Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Si le prince fait à l'un de ses fils un don sur son héritage, ce don appartiendra à ses fils, ce sera leur propriété héréditaire. Mais s'il fait un don sur son héritage à l'un de ses serviteurs, il appartiendra à celui-ci jusqu'à l'année de son affranchissement, puis il reviendra au prince. C'est à ses fils seulement que restera son héritage. Le prince ne prendra rien sur l'héritage du peuple, le dépouillant de ce qui lui appartient; c'est avec ce qui lui appartient à lui qu'il constituera l'héritage de ses fils, afin que nul de mon peuple ne soit privé de ce qui lui appartient. Il m'emmena, par l'entrée qui est à côté du porche, aux chambres du Saint réservées aux prêtres, face au nord. Et voici qu'il y avait là un espace, au fond, vers l'occident. Il me dit: "Voici l'endroit où les prêtres feront cuire les victimes des sacrifices pour le péché et des sacrifices de réparation, où ils feront cuire l'oblation, sans qu'ils aient à les porter vers le parvis extérieur, au risque de sanctifier le peuple." Puis il m'emmena au parvis extérieur et me fit passer près des quatre angles du parvis; il y avait une cour à chaque angle du parvis, soit, aux quatre angles du parvis, quatre petites cours longues de 40 coudées, larges de 30, ayant toutes les quatre les mêmes dimensions. Un mur les entourait toutes les quatre, et des foyers étaient construits en bas du mur, tout autour. Il me dit: "Ce sont les fours où les serviteurs du Temple feront cuire les sacrifices du peuple." Il me ramena à l'entrée du Temple, et voici que de l'eau sortait de dessous le seuil du Temple, vers l'orient, car le Temple était tourné vers l'orient. L'eau descendait de dessous le côté droit du Temple, au sud de l'autel. Il me fit sortir par le porche septentrional et me fit faire le tour extérieur, jusqu'au porche extérieur qui regarde l'orient, et voici que l'eau coulait du côté droit. L'homme s'éloigna vers l'orient, avec le cordeau qu'il avait en main, et mesura mille coudées; alors il me fit traverser le cours d'eau: j'avais de l'eau jusqu'aux chevilles. Il en mesura encore mille et me fit traverser le cours d'eau: j'avais de l'eau jusqu'aux genoux. Il en mesura encore mille et me fit traverser le cours d'eau: j'avais de l'eau jusqu'aux reins. Il en mesura encore mille, et c'était un torrent que je ne pus traverser, car l'eau avait grossi pour devenir une eau profonde, un fleuve infranchissable. Alors il me dit: "As-tu vu, fils d'homme?" Il me conduisit puis me ramena au bord du torrent. Et lorsque je revins, voici qu'au bord du torrent il y avait une quantité d'arbres de chaque côté. Il me dit: "Cette eau s'en va vers le district oriental, elle descend dans la Araba et se dirige vers la mer; elle se déverse dans la mer en sorte que ses eaux deviennent saines. Partout où passera le torrent, tout être vivant qui y fourmille vivra. Le poisson sera très abondant, car là où cette eau pénètre, elle assainit, et la vie se développe partout où va le torrent. Sur le rivage, il y aura des pêcheurs. Depuis En-Gaddi jusqu'à En-Eglayim des filets seront tendus. Les poissons seront de même espèce que les poissons de la Grande mer, et très nombreux. Mais ses marais et ses lagunes ne seront pas assainis, ils seront abandonnés au sel. Au bord du torrent, sur chacune de ses rives, croîtront toutes sortes d'arbres fruitiers dont le feuillage ne se flétrira pas et dont les fruits ne cesseront pas: ils produiront chaque mois des fruits nouveaux, car cette eau vient du sanctuaire. Les fruits seront une nourriture et les feuilles un remède." Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Voici le territoire que vous partagerez entre les douze tribus d'Israël, en donnant à Joseph deux parts. Vous aurez tous équitablement votre part, car j'ai juré à vos pères de la leur donner et ce pays doit vous échoir en héritage. Voici la frontière du pays. Du côté du nord, depuis la Grande mer: la route de Hètlôn jusqu'à l'Entrée de Hamat, Cedad, Bérota, Sibrayim qui est entre le territoire de Damas et celui de Hamat, Haçer-ha-Tikôn vers le territoire du Haurân; la frontière s'étendra depuis la mer jusqu'à Haçar-Enân, ayant au nord le territoire de Damas et le territoire de Hamat. C'est la limite septentrionale. Du côté de l'est, entre le Haurân et Damas, entre Galaad et le pays d'Israël, le Jourdain servira de frontière jusqu'à la mer orientale vers Tamar. C'est la limite orientale. Du côté du midi, vers le sud, depuis Tamar jusqu'aux eaux de Meriba de Qadesh, vers le Torrent jusqu'à la Grande mer. C'est la limite méridionale. Et du côté de l'ouest: la Grande mer servira de frontière jusqu'en face de l'Entrée de Hamat. C'est la limite occidentale. Vous partagerez ce pays entre vous, entre les tribus d'Israël. Vous vous le partagerez en héritage, pour vous et pour les étrangers qui séjournent au milieu de vous et qui ont engendré des enfants parmi vous, car vous les traiterez comme le citoyen israélite. Avec vous ils tireront au sort l'héritage, au milieu des tribus d'Israël. Dans la tribu où il habite, c'est là que vous donnerez à l'étranger son héritage, oracle du Seigneur Yahvé. Voici les noms des tribus. A l'extrême nord, dans la direction de Hètlôn, vers l'Entrée de Hamat et Haçar-Enâ, le territoire de Damas étant au nord, le long de Hamat, depuis la limite orientale jusqu'à la limite occidentale: Dan, un lot. Sur la frontière de Dan, depuis la limite orientale jusqu'à la limite occidentale: Asher, un lot. Sur la frontière d'Asher, depuis la limite orientale jusqu'à la limite occidentale: Nephtali, un lot. Sur la frontière de Nephtali, depuis la limite orientale jusqu'à la limite occidentale: Manassé, un lot. Sur la frontière de Manassé, depuis la limite orientale jusqu'à la limite occidentale: Ephraïm, un lot. Sur la frontière d'Ephraïm, depuis la limite orientale jusqu'à la limite occidentale: Ruben, un lot. Sur la frontière de Ruben, depuis la limite orientale jusqu'à la limite occidentale: Juda, un lot. Sur la frontière de Juda, depuis la limite orientale jusqu'à la limite occidentale, il y aura la part que vous réserverez, large de 25.000 coudées et aussi longue que chacune des autres parts, depuis la limite orientale jusqu'à la limite occidentale. Le sanctuaire sera au milieu. La part que vous y prélèverez pour Yahvé sera longue de 25.000 coudées et large de 10.000. C'est à ceux-ci, aux prêtres, qu'appartiendra la part sacrée: au nord,25.000 coudées et à l'ouest une largeur de 10.000 coudées, à l'est une largeur de 10.000 coudées et au sud une longueur de 25.000 coudées; le sanctuaire de Yahvé sera au milieu. Cela sera pour les prêtres consacrés, pour ceux des fils de Sadoq qui ont assuré mon service, qui ne se sont pas égarés dans l'égarement des Israélites, comme se sont égarés les lévites. Ainsi leur appartiendra une part prise sur la part très sainte du pays, près du territoire des lévites. Quant aux lévites, leur territoire, tout comme le territoire des prêtres, aura 25.000 coudées de long et 10.000 de large - longueur totale 25.000 et largeur 10.000. Ils n'en pourront rien vendre ni échanger et le fonds de la terre ne pourra être aliéné, car il est consacré à Yahvé. Quant aux 5.000 coudées qui restent, en largeur, sur 25.000, on en fera un territoire banal pour la ville, pour les habitations et les pâturages. Au milieu, il y aura la ville. Voici ses dimensions: du côté du nord,4.500 coudées; du côté du sud,4.500 coudées; du côté de l'est,4.500 coudées; du côté de l'ouest,4.500 coudées. Le pâturage de la ville aura vers le nord 250 coudées, vers le sud 250, vers l'est 250 et vers l'ouest 250. Il restera, le long de la part consacrée, une longueur de 10.000 coudées vers l'orient et de 10.000 vers l'occident, le long de la part consacrée: cela formera un revenu pour nourrir les travailleurs de la ville. Et les travailleurs de la ville, pris dans toutes les tribus d'Israël, la cultiveront. Au total, la part aura 25.000 coudées sur 25.000. Vous prélèverez un carré sur la part sacrée pour constituer la ville. Et ce qui restera sera pour le prince, de part et d'autre de la part sacrée et de la propriété de la ville, le long des 25.000 coudées à l'est, jusqu'à la frontière orientale, et à l'ouest, le long des 25.000 coudées, jusqu'à la frontière occidentale - pour le prince, parallèlement aux autres parts. Et au milieu, il y aura la part sacrée et le sanctuaire du Temple. Ainsi, depuis la propriété des lévites et la propriété de la ville, qui sont au milieu de ce qui revient au prince, entre le territoire de Juda et le territoire de Benjamin, ce sera au prince. Et voici le reste des tribus. Depuis la limite orientale jusqu'à la limite occidentale: Benjamin, un lot. Sur la frontière de Benjamin, depuis la limite orientale jusqu'à la limite occidentale: Siméon, un lot. Sur la frontière de Siméon, depuis la limite orientale jusqu'à la limite occidentale: Issachar, un lot. Sur la frontière d'Issachar, depuis la limite orientale jusqu'à la limite occidentale: Zabulon, un lot. Sur la frontière de Zabulon, depuis la limite orientale jusqu'à la limite occidentale: Gad, un lot. Et sur la frontière de Gad, du côté méridional, au midi, la frontière ira de Tamar aux eaux de Meriba de Qadesh, le torrent, jusqu'à la Grande mer. Tel est le pays que vous ferez échoir en héritage aux tribus d'Israël, telles seront leurs parts, oracle du Seigneur Yahvé. Et voici les sorties de la ville: du côté du nord, on mesurera 4.500 coudées. Les portes de la ville recevront les noms des tribus d'Israël. Trois portes au nord: la porte de Ruben, une; la porte de Juda, une; la porte de Lévi, une. Du côté de l'orient, il y aura 4.500 coudées et trois portes: la porte de Joseph, une; la porte de Benjamin, une; la porte de Dan, une. Du côté du midi, on mesurera 4.500 coudées et il y aura trois portes: la porte de Siméon, une; la porte d'Issachar, une; la porte de Zabulon, une. Du côté de l'occident, il y aura 4.500 coudées et trois portes: la porte de Gad, une; la porte d'Asher, une; la porte de Nephtali, une. Périmètre total: 18.000 coudées. Et le nom de la ville sera désormais: "Yahvé est là." En l'an trois du règne de Joiaqim, roi de Juda, Nabuchodonosor, roi de Babylone, s'en vint à Jérusalem et l'investit. Le Seigneur livra entre ses mains Joiaqim, roi de Juda, ainsi qu'une partie des objets du Temple de Dieu. Il les emmena au pays de Shinéar et déposa les objets dans le trésor de ses dieux. Le roi dit à Ashpenaz, chef de ses eunuques, de prendre d'entre les gens d'Israël quelques enfants de race royale ou de grande famille: ils devaient être sans tare, de belle apparence, instruits en toute sagesse, savants en science et subtils en savoir, aptes à se tenir à la cour du roi; Ashpenaz leur enseignerait les lettres et la langue des Chaldéens. Le roi leur assignait une portion journalière des mets du roi et du vin de sa table. Ils seraient éduqués pendant trois ans; après quoi, ils auraient à se tenir devant le roi. Parmi eux se trouvaient Daniel, Ananias, Misaël et Azarias, qui étaient des Judéens. Le chef des eunuques leur imposa des noms: Daniel s'appellerait Baltassar, Ananias Shadrak, Misaël Méshak, et Azarias Abed-Nego. Daniel, ayant à coeur de ne pas se souiller en prenant part aux mets du roi et au vin de sa table, supplia le chef des eunuques de lui épargner cette souillure. Dieu accorda à Daniel de trouver auprès du chef des eunuques grâce et miséricorde. Mais le chef des eunuques dit à Daniel: "Je redoute Monseigneur le roi; il vous a assigné chère et boisson et, s'il vous voit le visage émacié plus que les enfants de votre âge, c'est moi qui, à cause de vous, serai coupable aux yeux du roi." Daniel dit alors au garde que le chef des eunuques avait assigné à Daniel, Ananias, Misaël et Azarias: "Je t'en prie, mets tes serviteurs à l'épreuve pendant dix jours: qu'on nous donne des légumes à manger et de l'eau à boire. Tu verras notre mine et la mine des enfants qui mangent des mets du roi, et tu feras de tes serviteurs selon ce que tu auras vu." Il consentit à ce qu'ils lui demandaient et les mit à l'épreuve pendant dix jours. Au bout de dix jours, ils avaient bonne mine et ils avaient grossi plus que tous les enfants qui mangeaient des mets du roi. Dès lors, le garde supprima leurs mets et la portion de vin qu'ils avaient à boire et leur donna des légumes. A ces quatre enfants Dieu donna savoir et instruction en matière de lettres et en sagesse. Daniel, lui, possédait le discernement des visions et des songes. Au terme fixé par le roi pour qu'on les lui amenât, le chef des eunuques les conduisit devant Nabuchodonosor. Le roi s'entretint avec eux, et dans le nombre il ne s'en trouva pas tels que Daniel, Ananias, Misaël et Azarias. Ils se tinrent donc devant le roi et, sur quelque point de sagesse ou de prudence qu'il les interrogeât, le roi les trouvait dix fois supérieurs à tous les magiciens et devins de son royaume tout entier. Daniel demeura là jusqu'en l'an un du roi Cyrus. En l'an deux du règne de Nabuchodonosor, Nabuchodonosor eut des songes, son esprit en fut troublé, le sommeil le quitta. Le roi ordonna d'appeler magiciens et devins, enchanteurs et Chaldéens pour dire au roi quels avaient été ses songes. Ils vinrent donc et se tinrent devant le roi. Le roi leur dit: "J'ai fait un songe et mon esprit s'est troublé du désir de comprendre ce rêve." Les Chaldéens répondirent au roi: (Araméen) "O roi, vis à jamais! Raconte le songe à tes serviteurs et nous t'en découvrirons l'interprétation." Le roi répondit et dit aux Chaldéens: "Que mon propos vous soit connu: si vous ne me faites pas connaître le songe et son interprétation, on vous mettra en pièces et vos maisons seront changées en bourbier. Mais si vous me découvrez mon songe et son interprétation, vous recevrez de moi présents et cadeaux et grands honneurs. Ainsi donc découvrez-moi mon songe et son interprétation." Ils reprirent: "Que le roi dise le songe à ses serviteurs et nous lui en découvrirons l'interprétation." Mais le roi: "Je vois bien que vous voulez gagner du temps, sachant que mon propos est proclamé. Si vous ne me faites pas connaître mon songe, une même sentence vous sera appliquée; vous vous êtes entendus pour forger des discours mensongers et pervers devant moi pendant que le temps passe. Aussi, rapportez-moi mon songe et je saurai que vous pouvez m'en découvrir le sens." Les Chaldéens répondirent au roi: "Il n'est personne sur terre pour découvrir la chose du roi. Et aussi bien, il n'est roi, gouverneur ou chef pour poser pareille question à magicien, devin ou Chaldéen. La question que pose le roi est difficile et nul ne peut la découvrir devant le roi, sinon les dieux dont la demeure n'est point parmi les êtres de chair." Alors le roi s'emporta furieusement et ordonna de faire périr tous les sages de Babylone. Quand le décret de tuer les sages fut promulgué, on chercha Daniel et ses compagnons pour les tuer. Mais Daniel s'adressa en paroles prudentes et avisées à Aryok, chef des bourreaux du roi, en route pour tuer les sages de Babylone. Il dit à Aryok, officier du roi: "Pourquoi le roi a-t-il rendu si pressant décret?" Aryok raconta la chose à Daniel, et Daniel s'en alla demander au roi de lui accorder un délai pour lui permettre de découvrir au roi son interprétation. Daniel rentra dans sa maison et fit part de la chose à Ananias, Misaël et Azarias, ses compagnons, les engageant à implorer la miséricorde du Dieu du Ciel au sujet de ce mystère, pour qu'il soit épargné à Daniel et à ses compagnons de périr avec les autres sages de Babylone. Alors le mystère fut révélé à Daniel dans une vision nocturne. Et Daniel fit bénédiction au Dieu du Ciel. Daniel prit la parole et dit: "Que soit le Nom de Dieu béni de siècle en siècle, car à lui la sagesse et la force. C'est lui qui fait alterner périodes et temps, qui fait tomber les rois, qui établit les rois, qui donne aux sages la sagesse et la science à ceux qui savent discerner. Lui qui révèle profondeurs et secrets connaît ce qui est dans les ténèbres, et la lumière réside auprès de lui. A toi, Dieu de mes pères, je rends grâces et je te loue de m'avoir accordé sagesse et force: voici que tu m'as fait connaître ce que nous t'avons demandé; les choses du roi, tu nous les as fait connaître." Daniel s'en fut donc chez Aryok que le roi avait chargé de faire périr les sages de Babylone. Il entra et lui dit: "Ne fais pas périr les sages de Babylone. Fais-moi pénétrer devant le roi et je révélerai au roi l'interprétation." Aryok s'empressa de faire paraître Daniel devant le roi et lui dit: "J'ai trouvé parmi les gens de la déportation de Juda un homme qui fera connaître au roi son interprétation." Le roi dit à Daniel (surnommé Baltassar): "Es-tu capable de me faire connaître le songe que j'ai eu et son interprétation?" Daniel répondit devant le roi: "Le mystère que poursuit le roi, sages, devins, magiciens et exorcistes n'ont pu le découvrir au roi; mais il y a un Dieu dans le ciel, qui révèle les mystères et qui a fait connaître au roi Nabuchodonosor ce qui doit arriver à la fin des jours. Ton songe et les visions de ta tête sur ta couche, les voici: "O roi, sur ta couche, tes pensées s'élevèrent concernant ce qui doit arriver plus tard, et le révélateur des mystères t'a fait connaître ce qui doit arriver. A moi, sans que j'aie plus de sagesse que quiconque, ce mystère a été révélé, à seule fin de faire savoir au roi son sens, et pour que tu connaisses les pensées de ton coeur. "Tu as eu, ô roi, une vision. Voici: une statue, une grande statue, extrêmement brillante, se dressait devant toi, terrible à voir. Cette statue, sa tête était d'or fin, sa poitrine et ses bras étaient d'argent, son ventre et ses cuisses de bronze, ses jambes de fer, ses pieds partie fer et partie argile. Tu regardais: soudain une pierre se détacha, sans que main l'eût touchée, et vint frapper la statue, ses pieds de fer et d'argile, et les brisa. Alors se brisèrent, tout à la fois, fer et argile, bronze, argent et or, devenus semblables à la bale sur l'aire en été; le vent les emporta sans laisser de traces. Et la pierre qui avait frappé la statue devint une grande montagne qui remplit toute la terre. Tel fut le songe; et son interprétation, nous la dirons devant le roi. C'est toi, ô roi, roi des rois, à qui le Dieu du Ciel a donné royaume, pouvoir, puissance et honneur -- les enfants des hommes, les bêtes des champs, les oiseaux du ciel, en quelque lieu qu'ils demeurent, il les a remis entre tes mains et t'a fait souverain sur eux tous --, la tête d'or, c'est toi. Et après toi se dressera un autre royaume, inférieur à toi, et un troisième royaume ensuite, de bronze, qui dominera la terre entière. Et il y aura un quatrième royaume, dur comme le fer, comme le fer qui réduit tout en poudre et écrase tout; comme le fer qui brise, il réduira en poudre et brisera tous ceux-là. Ces pieds que tu as vus, partie terre cuite et partie fer, c'est un royaume qui sera divisé; il aura part à la force du fer, selon que tu as vu le fer mêlé à l'argile de la terre cuite. Les pieds, partie fer et partie argile de potier: le royaume sera partie fort et partie fragile. Selon que tu as vu le fer mêlé à l'argile de la terre cuite, ils se mêleront en semence d'homme, mais ils ne tiendront pas ensemble, de même que le fer ne se mêle pas à l'argile. Au temps de ces rois, le Dieu du Ciel dressera un royaume qui jamais ne sera détruit, et ce royaume ne passera pas à un autre peuple. Il écrasera et anéantira tous ces royaumes, et lui-même subsistera à jamais: de même, tu as vu une pierre se détacher de la montagne, sans que main l'eût touchée, et réduire en poussière fer, bronze, terre cuite, argent et or. Le Grand Dieu a fait connaître au roi ce qui doit arriver. Tel est véritablement le songe, et sûre en est l'interprétation." Alors le roi Nabuchodonosor tomba face contre terre et se prosterna devant Daniel. Il ordonna qu'on lui offrît oblation et sacrifice d'agréable odeur. Et le roi dit à Daniel: "En vérité votre dieu est le Dieu des dieux et le maître des rois, le révélateur des mystères, puisque tu as pu révéler ce mystère." Alors le roi conféra à Daniel un rang élevé et lui donna nombre de magnifiques présents. Il le fit gouverneur de toute la province de Babylone et supérieur de tous les sages de Babylone. Daniel demanda au roi d'assigner aux affaires de la province de Babylone Shadrak, Méshak et Abed-Nego, Daniel lui-même demeurant à la cour du roi. Le roi Nabuchodonosor fit une statue d'or, haute de 60 coudées et large de six, qu'il dressa dans la plaine de Dura, dans la province de Babylone. Le roi Nabuchodonosor manda aux satrapes, magistrats, gouverneurs, conseillers, trésoriers, juges et juristes, et à toutes les autorités de la province, de s'assembler et de se rendre à la dédicace de la statue élevée par le roi Nabuchodonosor. Lors s'assemblèrent satrapes, magistrats, gouverneurs, conseillers, trésoriers, juges et juristes et toutes les autorités de la province pour la dédicace de la statue qu'avait élevée le roi Nabuchodonosor, et ils se tinrent devant la statue qu'avait élevée le roi Nabuchodonosor. Le héraut proclama avec force: "A vous, peuples, nations et langues, voici ce qui a été commandé: à l'instant où vous entendrez sonner trompe, pipeau, cithare, sambuque, psaltérion, cornemuse et toute espèce de musique, vous vous prosternerez et ferez adoration à la statue d'or qu'a élevée le roi Nabuchodonosor. Quant à celui qui ne se prosternera ni ne fera adoration, il sera incontinent jeté dans la fournaise de feu ardent." Sur quoi, dès que tous les peuples eurent entendu sonner trompe, pipeau, cithare, sambuque, psaltérion, cornemuse et toute espèce de musique, se prosternèrent tous les peuples, nations et langues, faisant adoration à la statue d'or qu'avait élevée le roi Nabuchodonosor. Cependant certains Chaldéens s'en vinrent dénoncer les Juifs. Ils dirent au roi Nabuchodonosor: "O roi, vis à jamais! O roi, tu as promulgué un décret prescrivant à tout homme qui entendrait sonner trompe, pipeau, cithare, sambuque, psaltérion, cornemuse et toute espèce de musique, de se prosterner et de faire adoration à la statue d'or, et arrêtant que ceux qui ne se prosterneraient ni ne feraient adoration seraient jetés dans la fournaise de feu ardent. Or voici des Juifs que tu as assignés aux affaires de la province de Babylone: Shadrak, Méshak et Abed-Nego; ces gens n'ont pas tenu compte de tes ordres, ô roi; ils ne servent pas ton dieu et ils n'ont pas fait adoration à la statue d'or que tu as élevée." Alors, frémissant de colère, Nabuchodonosor manda Shadrak, Méshak et Abed-Nego. Aussitôt on amena ces gens devant le roi. Et Nabuchodonosor leur dit: "Est-il vrai, Shadrak, Méshak et Abed-Nego, que vous ne serviez point mes dieux et ne fassiez pas adoration à la statue d'or que j'ai élevée? Etes-vous disposés, quand vous entendrez sonner trompe, pipeau, cithare, sambuque, psaltérion, cornemuse et toute espèce de musique, à vous prosterner et à faire adoration à la statue que j'ai faite? Si vous ne lui faites pas adoration, vous serez incontinent jetés dans la fournaise de feu ardent; et quel est le dieu qui vous délivrerait de ma main?" Shadrak, Méshak et Abed-Nego répondirent au roi Nabuchodonosor: "Point n'est besoin pour nous de te donner réponse à ce sujet: si notre Dieu, celui que nous servons, est capable de nous délivrer de la fournaise de feu ardent, et de ta main, ô roi, il nous délivrera; et s'il ne le fait pas, sache ô roi, que nous ne servirons pas ton dieu, ni n'adorerons la statue d'or que tu as élevée." Alors le roi Nabuchodonosor fut rempli de colère et l'expression de son visage changea à l'égard de Shadrak, Méshak et Abed-Nego. Il donna ordre de chauffer la fournaise sept fois plus que d'ordinaire et à des hommes forts de son armée de lier Shadrak, Méshak et Abed-Nego et de les jeter dans la fournaise de feu ardent. Ceux-ci furent donc liés, avec leur manteau, leurs chausses, leur chapeau, tous leurs vêtements, et jetés dans la fournaise de feu ardent. L'ordre du roi était péremptoire; la fournaise étant excessivement brûlante, les hommes qui y portèrent Shadrak, Méshak et Abed-Nego furent brûlés à mort par la flamme du feu. Quant aux trois hommes Shadrak, Méshak et Abed-Nego, ils tombèrent tout liés dans la fournaise de feu ardent. Et ils marchaient au milieu de la flamme, louant Dieu et bénissant le Seigneur. Azarias, debout, priait ainsi, ouvrant la bouche, au milieu du feu, il dit: Béni sois-tu, Seigneur, Dieu de nos pères, et vénéré, et que ton nom soit glorifié éternellement. Car tu es juste en toutes les choses que tu as faites pour nous toutes tes oeuvres sont vérité toutes tes voies droites, tous tes jugements vérité. Tu as porté une sentence de vérité en toutes les choses que tu as fait venir sur nous et sur la ville sainte de nos pères, Jérusalem. Car c'est dans la vérité et dans le droit que tu nous as traités à cause de nos péchés. Oui, nous avons péché et commis l'iniquité en te désertant, oui, nous avons grandement péché; tes commandements, nous ne les avons pas écoutés, nous ne les avons pas observés, nous n'avons pas accompli ce qui nous était commandé pour notre bien. Oui, tout ce que tu as fait venir sur nous, tout ce que tu nous as fait, en jugement de vérité tu l'as fait. Tu nous as livrés aux mains de nos ennemis, gens sans loi, et les pires des impies, à un roi injuste, au plus mauvais qui soit sur toute la terre, et aujourd'hui nous ne pouvons ouvrir la bouche, la honte et l'opprobre sont la part de ceux qui te servent et qui t'adorent. Oh! ne nous abandonne pas pour toujours, à cause de ton nom, ne répudie pas ton alliance, ne nous retire pas ta grâce, pour l'amour d'Abraham ton ami et d'Isaac ton serviteur et d'Israël ton saint, à qui tu as promis une postérité nombreuse comme les étoiles du ciel et comme le sable sur le rivage de la mer. Seigneur, nous voici plus petits que toutes les nations, nous voici humiliés par toute la terre, aujourd'hui, à cause de nos péchés. Il n'est plus, en ce temps, chef, prophète ni prince, holocauste, sacrifice, oblation ni encens, lieu où te faire des offrandes et trouver grâce auprès de toi. Mais qu'une âme brisée et un esprit humilié soient agréés de toi, comme des holocaustes de béliers et de taureaux, comme des milliers d'agneaux gras; que tel soit notre sacrifice aujourd'hui devant toi, et qu'il te plaise que pleinement nous te suivions, car il n'est point de confusion pour ceux qui espèrent en toi. Et maintenant nous mettons tout notre coeur à te suivre, à te craindre et à rechercher ta face. Ne nous laisse pas dans la honte, mais agis avec nous selon ta mansuétude et selon la grandeur de ta grâce. Délivre-nous selon tes oeuvres merveilleuses, fais qu'à ton nom, Seigneur, gloire soit rendue. Qu'ils soient confondus, tous ceux qui font du mal à tes serviteurs: qu'ils soient couverts de honte, privés de toute leur puissance, et que leur force soit brisée. Qu'ils sachent que tu es seul Dieu et Seigneur, en gloire sur toute la terre." Les serviteurs du roi qui les avaient jetés dans la fournaise ne cessaient d'alimenter le feu de naphte, de poix, d'étoupe et de sarments, si bien que la flamme s'élevait de 49 coudées au-dessus de la fournaise. En s'étendant, elle brûla les Chaldéens qui se trouvaient autour de la fournaise. Mais l'ange du Seigneur descendit dans la fournaise auprès d'Azarias et de ses compagnons; il repoussa au-dehors la flamme du feu et il leur souffla, au milieu de la fournaise, comme une fraîcheur de brise et de rosée, si bien que le feu ne les toucha aucunement et ne leur causa douleur ni angoisse. Alors tous trois, d'une seule voix, se mirent à chanter, glorifiant et bénissant Dieu dans la fournaise, et disant: "Béni sois-tu, Seigneur, Dieu de nos pères, loué sois-tu, exalté éternellement. Béni soit ton nom de gloire et de sainteté, loué soit-il, exalté éternellement. Béni sois-tu dans le temple de ta sainte gloire, chanté, glorifié par-dessus tout éternellement. Béni sois-tu sur le trône de ton royaume, chanté par-dessus tout, exalté éternellement. Béni sois-tu, toi qui sondes les abîmes, qui sièges sur les chérubins, loué, chanté par-dessus tout éternellement. Béni sois-tu dans le firmament du ciel, chanté, glorifié éternellement. Vous toutes, oeuvres du Seigneur, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement! Anges du Seigneur, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement O cieux, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement! O vous, toutes les eaux au-dessus du ciel, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement! O vous, toutes les puissances, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement! O vous, soleil et lune, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement! O vous, astres du ciel, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement! O vous toutes, pluies et rosées, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement! O vous tous, vents, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement! O vous, feu et ardeur, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement! O vous, froidure et ardeur, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement! O vous, rosées et giboulées, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement! O vous, gel et froidure, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement! O vous, glaces et neiges, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement! O vous, nuits et jours, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement! O vous, lumière et ténèbre, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement! O vous, éclairs et nuées, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement! Que la terre bénisse le Seigneur: qu'elle le chante et l'exalte éternellement! O vous, montagnes et collines, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement! O vous, toutes choses germant sur la terre, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement! O vous, sources, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement! O vous, mers et rivières, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement! O vous, baleines et tout ce qui se meut dans les eaux, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement! O vous tous, oiseaux du ciel, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement! O vous tous, bêtes et bestiaux, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement! O vous, enfants des hommes, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement! O Israël, bénis le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement! O vous, prêtres, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement! O vous, ses serviteurs, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement! O vous, esprits et âmes des justes, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement! O vous, saints et humbles de coeur, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement! Ananias, Azarias, Misaël, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement! Car il nous a délivrés des enfers, il nous a sauvés de la main de la mort, il nous a arrachés à la fournaise de flamme ardente, il nous a tirés du milieu de la flamme. Rendez grâces au Seigneur, car il est bon, car son amour est éternel. Vous tous qui le craignez, bénissez le Seigneur Dieu des dieux, chantez-le, rendez-lui grâces, car son amour est éternel." Alors le roi Nabuchodonosor s'émut et se leva en toute hâte. Il interrogea ses intimes: "N'avons-nous pas jeté ces trois hommes tout liés dans le feu?" Ils répondirent: "Assurément, ô roi." Il dit: "Mais je vois quatre hommes en liberté qui se promènent dans le feu sans qu'il leur arrive de mal, et le quatrième a l'aspect d'un fils des dieux." Nabuchodonosor s'approcha de l'ouverture de la fournaise de feu ardent et dit: "Shadrak, Méshak et Abed-Nego, serviteurs du Dieu Très-Haut, sortez et venez ici." Alors du milieu du feu sortirent Shadrak, Méshak et Abed-Nego. S'assemblèrent satrapes, magistrats, gouverneurs et intimes du roi pour voir ces hommes: le feu n'avait pas eu de pouvoir sur leur corps, les cheveux de leur tête n'avaient pas été consumés, leur manteau n'avait pas été altéré, nulle odeur de feu ne s'attachait à eux. Nabuchodonosor dit: "Béni soit le Dieu de Shadrak, Méshak et Abed-Nego, qui a envoyé son ange et délivré ses serviteurs, eux qui, se confiant en lui, ont désobéi à l'ordre du roi et ont livré leur corps plutôt que de servir ou d'adorer tout autre dieu que leur Dieu. Voici le décret que je porte: Peuples, nations et langues, que tous ceux d'entre vous qui parleraient légèrement du Dieu de Shadrak, Méshak et Abed-Nego soient mis en pièces, et que leurs maisons soient changées en bourbiers, car il n'est pas d'autre dieu qui puisse délivrer de la sorte." Alors le roi fit prospérer Shadrak, Méshak et Abed-Nego dans la province de Babylone. Nabuchodonosor, Roi, à tous les peuples, nations et langues qui habitent sur toute la terre: Abondance de paix sur vous! Il m'a semblé bon de faire connaître les signes et merveilles qu'a faits pour moi le Dieu Très-Haut. Si grands, ses signes! Si puissantes, ses merveilles! Son royaume est un royaume éternel! Son empire, de génération en génération! Moi, Nabuchodonosor, je me tenais sans souci dans ma maison, et florissant dans mon palais. J'ai eu un songe: il m'a épouvanté; des angoisses, sur ma couche, et les visions de ma tête m'ont tourmenté. Je décrétai: qu'on m'amène tous les sages de Babylone pour qu'ils me fassent connaître l'interprétation du rêve. Magiciens, devins, Chaldéens et exorcistes sont venus: je leur dis mon rêve, ils ne m'en donnèrent pas l'interprétation. Puis se présenta devant moi Daniel, surnommé Baltassar, selon le nom de mon dieu, et en qui réside l'esprit des dieux saints. Je lui dis mon songe: "Baltassar, chef des magiciens, je sais qu'en toi réside l'esprit des dieux saints et qu'aucun secret ne t'embarrasse: voici le songe que j'ai eu; donne-m'en l'interprétation. "Sur ma couche, j'ai contemplé les visions de ma tête: "Voici: un arbre au centre de la terre, très grand de taille. L'arbre grandit, devint puissant, sa hauteur atteignait le ciel, sa vue, les confins de toute la terre. Son feuillage était beau, abondant son fruit; en lui chacun trouvait sa nourriture, il donnait l'ombre aux bêtes des champs, dans ses branches nichaient les oiseaux du ciel et toute chair se nourrissait de lui. Je contemplai les visions de ma tête, sur ma couche. Voici: un Vigilant, un saint descend du ciel. A pleine voix, il crie: Abattez l'arbre, brisez ses branches, arrachez son feuillage, jetez son fruit, que les bêtes fuient son abri et les oiseaux ses branches. Mais que restent en terre souche et racines dans des liens de fer et de bronze, dans l'herbe des champs. Qu'il soit baigné de la rosée du ciel et que l'herbe de la terre soit sa part avec les bêtes des champs. Son coeur se détournera des hommes, un coeur de bête lui sera donné et sept temps passeront sur lui! C'est la sentence que prononcent les Vigilants, la question tranchée par les saints, afin que sache tout vivant que le Très-Haut a domaine sur le royaume des hommes: il le donne à qui lui plaît et élève le plus bas d'entre les hommes! Tel est le songe que j'ai eu, moi Nabuchodonosor, roi. Toi, Baltassar, donne-m'en l'interprétation, car aucun des sages de mon royaume n'a pu m'en faire connaître l'interprétation; mais toi tu le peux, puisque en toi réside l'esprit des dieux saints." Alors Daniel, surnommé Baltassar, fut un instant confondu et troublé dans ses pensées. Le roi dit: "Baltassar, ne sois pas troublé par ce songe et son interprétation." Baltassar répondit: "Monseigneur, ce songe soit pour ceux qui te haïssent, et son interprétation pour tes adversaires! Cet arbre que tu as vu, grand et fort et élevé, atteignant au ciel et visible par toute la terre, au beau feuillage, au fruit abondant, portant nourriture pour tous, sous lequel demeurent les bêtes des champs - et dans ses branches nichent les oiseaux du ciel --, c'est toi, ô roi, qui es devenu grand et puissant, et ta grandeur a augmenté et a atteint jusqu'au ciel, et ton empire jusqu'aux confins de la terre. "Quant à ce qu'a vu le roi: un Vigilant, un saint, descendu du ciel, qui disait: Abattez l'arbre, détruisez-le, mais la souche et ses racines, laissez-les en terre, dans des liens de fer et de bronze, dans l'herbe des champs, et qu'il soit baigné de la rosée du ciel et que sa part soit avec les bêtes des champs jusqu'à ce que sept temps soient passés sur lui -- voici quelle en est l'interprétation, ô roi, et la décision du Très-Haut qui est venue sur mon Seigneur le roi: "Tu seras chassé d'entre les hommes et avec les bêtes des champs sera ta demeure, tu te nourriras d'herbe, comme les boeufs, tu seras baigné de la rosée du ciel, sept temps passeront sur toi, jusqu'à ce que tu aies appris que le Très-Haut a domaine sur le royaume des hommes et qu'il le donne à qui lui plaît. "Et cette parole: Laissez la souche et les racines de l'arbre, c'est que ton royaume sera préservé pour toi jusqu'à ce que tu aies appris que les Cieux ont tout domaine. C'est pourquoi, ô roi, agrée mon conseil: romps tes péchés par les oeuvres de justice, et tes iniquités en faisant miséricorde aux pauvres, afin d'avoir longue sécurité." Tout cela advint au roi Nabuchodonosor. Douze mois plus tard, se promenant sur la terrasse du palais royal de Babylone, le roi disait: "N'est-ce pas là cette grande Babylone que j'ai bâtie, pour en faire ma résidence royale, par la force de ma puissance et pour la majesté de ma gloire?" Ces paroles étaient encore dans sa bouche, quand une voix tomba du ciel: "C'est à toi qu'il est parlé, ô roi Nabuchodonosor! la royauté s'est retirée de toi, d'entre les hommes tu seras chassé, avec les bêtes des champs sera ta demeure, d'herbe, comme les boeufs, tu te nourriras, et sept temps passeront sur toi, jusqu'à ce que tu aies appris que le Très-Haut a domaine sur le royaume des hommes et qu'il le donne à qui lui plaît." Et aussitôt, la parole s'accomplit en Nabuchodonosor: il fut chassé d'entre les hommes; comme les boeufs, il mangea de l'herbe, son corps fut baigné de la rosée du ciel, et ses cheveux poussèrent comme des plumes d'aigle et ses ongles comme des griffes d'oiseau. "Au temps fixé, moi, Nabuchodonosor, je levai les yeux vers le ciel: l'intelligence me revint; alors je bénis le Très-Haut, louant et glorifiant Celui qui vit à jamais: son empire est un empire éternel, son royaume, pour toutes les générations. Tous les habitants de la terre, c'est comme s'ils ne comptaient pas, selon son bon plaisir, il agit avec l'armée du ciel et avec les habitants de la terre. Nul ne peut arrêter sa main ou lui dire: Qu'as-tu fait là? A cet instant, l'intelligence me revint, et pour l'honneur de ma royauté me revinrent gloire et splendeur; mes conseillers et mes grands me réclamèrent, je fus rétabli dans ma royauté, et ma grandeur fut accrue. A présent, moi, Nabuchodonosor, je loue, exalte et glorifie le Roi du Ciel, dont toutes les oeuvres sont vérité, toutes les voies justice, et qui sait abaisser ceux qui marchent dans l'orgueil." Le roi Balthazar donna un grand festin pour ses seigneurs, qui étaient au nombre de mille, et devant ces mille il but du vin. Ayant goûté le vin, Balthazar ordonna d'apporter les vases d'or et d'argent que son père Nabuchodonosor avait pris au sanctuaire de Jérusalem, pour y faire boire le roi, ses seigneurs, ses concubines et ses chanteuses. On apporta donc les vases d'or et d'argent pris au sanctuaire du Temple de Dieu à Jérusalem, et y burent le roi et ses seigneurs, ses concubines et ses chanteuses. Ils burent du vin et firent louange aux dieux d'or et d'argent, de bronze et de fer, de bois et de pierre. Soudain apparurent des doigts de main humaine qui se mirent à écrire, derrière le lampadaire, sur le plâtre du mur du palais royal, et le roi vit la paume de la main qui écrivait. Alors le roi changea de couleur, ses pensées se troublèrent, les jointures de ses hanches se relâchèrent et ses genoux se mirent à s'entrechoquer. Il manda en criant devins, Chaldéens et exorcistes. Et le roi dit aux sages de Babylone: "Quiconque lira cette écriture et m'en découvrira l'interprétation, on le vêtira de pourpre, on lui mettra une chaîne d'or autour du cou et il gouvernera en troisième dans le royaume." Alors, accoururent tous les sages du roi; mais ils ne purent ni lire l'écriture ni en faire connaître l'interprétation au roi. Le roi Balthazar en fut très troublé, il changea de couleur et ses seigneurs demeurèrent perplexes. S'en vint dans la salle du festin la reine, alertée par les paroles du roi et des seigneurs. Et la reine dit: "O roi, vis à jamais! Que tes pensées ne se troublent pas et que ton éclat ne se ternisse point. Il est un homme dans ton royaume en qui réside l'esprit des dieux saints. Du temps de ton père, il se trouva en lui lumière, intelligence et sagesse pareille à la sagesse des dieux. Le roi Nabuchodonosor, ton père, le nomma chef des magiciens, devins, Chaldéens et exorcistes. Et puisqu'il s'est trouvé en ce Daniel, que le roi avait surnommé Baltassar, un esprit extraordinaire, connaissance, intelligence, art d'interpréter les songes, de résoudre les énigmes et de défaire les noeuds, fais donc mander Daniel et il te fera connaître l'interprétation." On fit venir Daniel devant le roi, et le roi dit à Daniel: "Est-ce toi qui es Daniel, des gens de la déportation de Juda, amenés de Juda par le roi mon père? J'ai entendu dire que l'esprit des dieux réside en toi et qu'il se trouve en toi lumière, intelligence et sagesse extraordinaire. On m'a amené les sages et les devins pour lire cette écriture et m'en faire connaître l'interprétation, mais ils sont incapables de m'en découvrir l'interprétation. J'ai entendu dire que tu es capable de donner des interprétations et de défaire des noeuds. Si donc tu es capable de lire cette écriture et de m'en faire connaître l'interprétation, tu seras revêtu de pourpre et tu porteras une chaîne d'or autour du cou et tu seras en troisième dans le royaume." Daniel prit la parole et dit devant le roi: "Que tes dons te soient retournés, et donne à d'autres tes cadeaux! Pour moi, je lirai au roi cette écriture et je lui en ferai connaître l'interprétation. O roi, le Dieu Très-Haut a donné royaume, grandeur, majesté et gloire à Nabuchodonosor ton père. La grandeur qu'il lui avait donnée faisait trembler de crainte devant lui peuples, nations et langues: il tuait qui il voulait, laissait vivre qui il voulait, élevait qui il voulait, abaissait qui il voulait. Mais son coeur s'étant élevé et son esprit durci jusqu'à l'arrogance, il fut rejeté du trône de sa royauté et la gloire lui fut ôtée. Il fut retranché d'entre les hommes, et par le coeur il devint semblable aux bêtes; sa demeure fut avec les onagres; comme les boeufs il se nourrit d'herbe; son corps fut baigné de la rosée du ciel, jusqu'à ce qu'il eût appris que le Dieu Très-Haut a domaine sur le royaume des hommes et met à sa tête qui lui plaît. Mais toi, Balthazar, son fils, tu n'as pas humilié ton coeur, bien que tu aies su tout cela: tu t'es exalté contre le Seigneur du Ciel, tu t'es fait apporter les vases de son Temple, et toi, tes seigneurs, tes concubines et tes chanteuses, vous y avez bu du vin, et avez fait louange aux dieux d'or et d'argent, de bronze et de fer, de bois et de pierre, qui ne voient, n'entendent, ni ne comprennent, et tu n'as pas glorifié le Dieu qui tient ton souffle entre ses mains et de qui relèvent toutes tes voies. Il a donc envoyé cette main qui, toute seule, a tracé cette écriture. L'écriture tracée, c'est: Mené, Mené, Teqel et Parsîn. Voici l'interprétation de ces mots: Mené: Dieu a mesuré ton royaume et l'a livré; Teqel: tu as été pesé dans la balance et ton poids se trouve en défaut; Parsîn: ton royaume a été divisé et donné aux Mèdes et aux Perses." Alors Balthazar ordonna de revêtir Daniel de pourpre, de lui mettre au cou une chaîne d'or et de proclamer qu'il gouvernerait en troisième dans le royaume. Cette nuit-là, le roi chaldéen Balthazar fut assassiné et Darius le Mède reçut le royaume, étant âgé déjà de 62 ans. Il plut à Darius d'établir sur son royaume 120 satrapes pour tout le royaume, sous la présidence de trois chefs - Daniel en était un - auxquels les satrapes auraient à rendre compte. Ceci afin d'empêcher qu'un tort fût fait au roi. Ce même Daniel l'emportait si bien sur les chefs et les satrapes parce qu'il avait en lui un esprit extraordinaire, que le roi se proposait de le placer à la tête du royaume tout entier. Alors les chefs et les satrapes se mirent en quête d'une affaire d'Etat qui pût faire du tort à Daniel; mais ils ne purent trouver d'affaire ou de manquement tant il était fidèle, et on ne trouvait à lui reprocher ni négligence ni manquement. Ces hommes se dirent donc: "Faute d'affaire au préjudice de ce Daniel, trouvons-en une contre lui à propos de la religion de son Dieu." Chefs et satrapes s'en vinrent donc en nombre auprès du roi et lui parlèrent ainsi: "O roi Darius, vis à jamais! Chefs du royaume, magistrats, satrapes, ministres et gouverneurs, nous sommes tous d'avis que le roi devrait rendre un édit pour donner vigueur à l'interdit suivant: tout homme qui, au cours des 30 jours à venir, adressera une prière à quiconque, dieu ou homme, autre que toi, ô roi, sera jeté à la fosse aux lions. O roi, donne à présent force de loi à cet interdit en signant cet acte, en sorte qu'on n'y change rien, selon la loi des Mèdes et des Perses, laquelle ne passe point." En raison de quoi, le roi Darius signa l'acte d'interdit. Apprenant que l'acte avait été signé, Daniel monta dans sa maison. Les fenêtres de sa chambre haute étaient orientées vers Jérusalem, et trois fois par jour il se mettait à genoux, priant et confessant Dieu; c'est ainsi qu'il avait toujours fait. Ces hommes s'en vinrent en nombre et trouvèrent Daniel qui suppliait et implorait Dieu. Alors ils s'introduisirent auprès du roi et lui rappelèrent l'interdit royal: "N'as-tu pas signé l'interdit selon lequel tout homme qui, dans les 30 jours, adresserait une prière à quiconque, dieu ou homme, autre que toi, ô roi, serait jeté dans la fosse aux lions?" Le roi répondit: "La chose est tranchée définitivement, selon la loi des Mèdes et des Perses, laquelle ne passe point." Sur quoi, ils dirent au roi: "Daniel, cet homme d'entre les gens de la déportation de Juda, n'a cure de toi, ô roi, ni de l'interdit que tu as signé: trois fois par jour il s'acquitte de sa prière." En entendant ces mots, le roi éprouva une grande douleur et résolut de sauver Daniel. Jusqu'au coucher du soleil, il s'ingénia à lui trouver une échappatoire. Mais ces hommes s'empressèrent auprès du roi en disant: "Sache, ô roi, que selon la loi des Mèdes et des Perses aucun interdit ou édit porté par le roi ne peut être révoqué." Alors, le roi donna ordre de faire venir Daniel et de le jeter dans la fosse aux lions. Le roi dit à Daniel: "Ton Dieu, que tu as servi avec persévérance, c'est lui qui te sauvera." On apporta une pierre qu'on posa sur l'entrée de la fosse, et le roi y apposa son sceau et celui de ses seigneurs, en sorte que rien ne pût être modifié de ce qui concernait Daniel. Le roi rentra dans son palais, passa la nuit à jeûner et ne se laissa pas amener de concubines. Le sommeil le fuit et dès l'aube, au petit jour, le roi se leva et se rendit en hâte à la fosse aux lions. S'approchant de la fosse, il cria à Daniel d'une voix angoissée: "Daniel, serviteur du Dieu vivant, ce Dieu que tu sers avec persévérance a-t-il pu te faire échapper aux lions?" Daniel répondit au roi: "O roi, vis à jamais! Mon Dieu a envoyé son ange, il a fermé la gueule des lions et ils ne m'ont pas fait de mal, parce que j'ai été trouvé innocent devant lui. Et devant toi aussi, ô roi, je suis sans faute." Le roi éprouva une grande joie et ordonna de faire sortir Daniel de la fosse. On fit sortir Daniel de la fosse et on le trouva indemne, parce qu'il avait eu foi en son Dieu. Le roi manda ces hommes qui avaient calomnié Daniel et les fit jeter dans la fosse aux lions, eux, leurs enfants et leurs femmes: et avant même qu'ils eussent atteint le fond de la fosse, les lions s'étaient emparés d'eux et leur avaient broyé les os. Et le roi Darius écrivit à tous peuples, nations et langues qui habitent sur toute la terre: "Abondance de paix sur vous! Voici le décret que je porte: dans tout le domaine de mon royaume, que les gens tremblent et frémissent devant le Dieu de Daniel: il est le Dieu vivant, il perdure à jamais, - son royaume ne sera point détruit et son empire n'aura point de fin -- il sauve et délivre, opère signes et merveilles aux cieux et sur la terre; il a sauvé Daniel du pouvoir des lions." Ce même Daniel fleurit sous le règne de Darius et sous le règne de Cyrus le Perse. En l'an un de Balthazar, roi de Babylone, Daniel vit un songe et des visions de sa tête, sur sa couche. Il rédigea le rêve par écrit. Début du récit: Daniel dit: J'ai contemplé des visions dans la nuit. Voici: les quatre vents du ciel soulevaient la grande mer; quatre bêtes énormes sortirent de la mer, toutes différentes entre elles. La première était pareille à un lion avec des ailes d'aigle. Tandis que je la regardais, ses ailes lui furent arrachées, elle fut soulevée de terre et dressée sur ses pattes comme un homme, et un coeur d'homme lui fut donné. Voici: une deuxième bête, tout autre, semblable à un ours, dressée d'un côté, trois côtes dans la gueule, entre les dents. Il lui fut dit: "Lève-toi, dévore quantité de chair." Ensuite, je regardai et voici: une autre bête pareille à un léopard, portant sur les flancs quatre ailes d'oiseau; elle avait quatre têtes, et la domination lui fut donnée. Ensuite je contemplai une vision dans les visions de la nuit. Voici: une quatrième bête, terrible, effrayante et forte extrêmement; elle avait des dents de fer énormes: elle mangeait, broyait, et foulait aux pieds ce qui restait. Elle était différente des premières bêtes et portait dix cornes. Tandis que je considérais ses cornes, voici: parmi elles poussa une autre corne, petite; trois des premières cornes furent arrachées de devant elle, et voici qu'à cette corne, il y avait des yeux comme des yeux d'homme, et une bouche qui disait de grandes choses! Tandis que je contemplais: Des trônes furent placés et un Ancien s'assit. Son vêtement, blanc comme la neige; les cheveux de sa tête, purs comme la laine. Son trône était flammes de feu, aux roues de feu ardent. Un fleuve de feu coulait, issu de devant lui. Mille milliers le servaient, myriade de myriades, debout devant lui. Le tribunal était assis, les livres étaient ouverts. Je regardais; alors, à cause du bruit des grandes choses que disait la corne, tandis que je regardais, la bête fut tuée, son corps détruit et livré à la flamme de feu. Aux autres bêtes la domination fut ôtée, mais elles reçurent un délai de vie, pour un temps et une époque. Je contemplais, dans les visions de la nuit: Voici, venant sur les nuées du ciel, comme un Fils d'homme. Il s'avança jusqu'à l'Ancien et fut conduit en sa présence. A lui fut conféré empire, honneur et royaume, et tous peuples, nations et langues le servirent. Son empire est un empire éternel qui ne passera point, et son royaume ne sera point détruit. Moi, Daniel, mon esprit en fut écrasé et les visions de ma tête me troublèrent. Je m'approchai de l'un de ceux qui se tenaient là et lui demandai de me dire la vérité concernant tout cela. Il me répondit et me fit connaître l'interprétation de ces choses: "Ces bêtes énormes au nombre de quatre sont quatre rois qui se lèveront de la terre. Ceux qui recevront le royaume sont les saints du Très-Haut, et ils posséderont le royaume pour l'éternité, et d'éternité en éternité." Puis je demandai à connaître la vérité concernant la quatrième bête, qui était différente de toutes les autres, terrible extrêmement, aux dents de fer et aux griffes de bronze, qui mangeait et broyait, et foulait aux pieds ce qui restait; et concernant les dix cornes qui étaient sur sa tête - et l'autre corne poussa et les trois premières tombèrent, et cette corne avait des yeux et une bouche qui disait de grandes choses, et elle avait plus grand air que les autres cornes. Je contemplais cette corne qui faisait la guerre aux saints et l'emportait sur eux, jusqu'à la venue de l'Ancien qui rendit jugement en faveur des saints du Très-Haut, et le temps vint et les saints possédèrent le royaume. Il dit: "La quatrième bête sera un quatrième royaume sur la terre, différent de tous les royaumes. Elle mangera toute la terre, la foulera aux pieds et l'écrasera. Et les dix cornes: de ce royaume, dix rois se lèveront et un autre se lèvera après eux; il sera différent des premiers et abattra les trois rois; il proférera des paroles contre le Très-Haut et mettra à l'épreuve les saints du Très-Haut. Il méditera de changer les temps et le droit, et les saints seront livrés entre ses mains pour un temps et des temps et un demi-temps. Mais le tribunal siégera et la domination lui sera ôtée, détruite et réduite à néant jusqu'à la fin. Et le royaume et l'empire et les grandeurs des royaumes sous tous les cieux seront donnés au peuple des saints du Très-Haut. Son empire est un empire éternel et tous les empires le serviront et lui obéiront." Ici finit le récit. Moi, Daniel, je fus grandement troublé dans mes pensées, ma mine changea et je gardai ces choses dans mon coeur. En l'an trois du règne du roi Balthazar, une vision m'apparut, à moi Daniel, après celle qui m'était apparue en premier. Je contemplais la vision, et tandis que je contemplais, je me trouvais à Suse, la place forte qui est dans la province d'Elam; et, contemplant la vision, je me trouvais à la porte de l'Ulaï. Je levai les yeux pour voir. Voici: un bélier se tenait devant la porte. Il avait deux cornes; les deux cornes étaient hautes, mais l'une plus que l'autre, et la plus haute qui se dressa fut la seconde. Je vis le bélier donner de la corne vers l'ouest, vers le nord et vers le sud. Nulle bête ne pouvait lui résister, rien ne pouvait lui échapper. Il faisait ce qui lui plaisait et devint puissant. Voici ce que je discernai: un bouc vint de l'occident, ayant parcouru la terre entière mais sans toucher le sol, et le bouc avait une corne "magnifique" entre les yeux. Il s'approcha du bélier aux deux cornes que j'avais vu se tenir devant la porte, et courut vers lui dans l'ardeur de sa force. Je le vis atteindre et affronter le bélier: il était en rage contre lui et frappa le bélier, lui brisant les deux cornes, sans que le bélier eût la force de lui résister; il le jeta à terre et le foula aux pieds; personne n'était là pour délivrer le bélier. Le bouc devint très puissant, mais, en pleine force, la grande corne se brisa et à sa place se dressèrent quatre "magnifiques" à l'encontre des quatre vents du ciel. De l'une d'elles, de la petite, sortit une corne, mais qui grandit beaucoup dans la direction du sud et de l'orient et du Pays de Splendeur. Elle grandit jusqu'aux armées du ciel, précipita à terre des armées et des étoiles et les foula aux pieds. Elle s'exalta même contre le Prince de l'armée, abolit le sacrifice perpétuel et renversa le fondement de son sanctuaire et l'armée; sur le sacrifice elle posa l'iniquité et renversa à terre la vérité; elle agit et réussit. J'entendis un saint qui parlait, et un autre saint dit à celui qui parlait: "Jusques à quand la vision: le sacrifice perpétuel, désolation de l'iniquité, sanctuaire et légion foulés aux pieds?" Il lui dit: "Encore 2.300 soirs et matins, alors le sanctuaire sera revendiqué." Moi, Daniel, contemplant cette vision, j'en cherchai l'intelligence. Voici, se tenant devant moi, quelqu'un qui avait l'aspect d'un homme. J'entendis une voix d'homme, sur l'Ulaï, criant: "Gabriel, donne-lui l'intelligence de cette vision!" Il s'avança vers le lieu où je me tenais, et, comme il approchait, je fus saisi de terreur et tombai face contre terre. Il me dit: "Fils d'homme, comprends: c'est le temps de la Fin que révèle la vision." Il parlait encore que je m'évanouis, la face contre terre. Il me toucha et me releva. Il dit: "Voici, je vais te faire connaître ce qui viendra à la fin de la Colère, pour la Fin assignée. Le bélier que tu as vu, ses deux cornes, ce sont les rois des Mèdes et des Perses. Le bouc velu est le roi de Yavân, la grande corne qui est entre ses yeux, c'est le premier roi. La corne brisée et les quatre cornes qui ont poussé à sa place, sont quatre royaumes issus de sa nation mais qui n'auront pas sa force. "Et au terme de leur règne, au temps de la plénitude de leurs péché, se lèvera un roi au visage fier, sachant pénétrer les énigmes. Sa puissance croîtra en force, - mais non par sa propre puissance - il tramera des choses inouïes il prospérera dans ses entreprises, il détruira des puissants et le peuple des saints. Et, par son intelligence, la trahison réussira entre ses mains. Il s'exaltera dans son coeur et détruira un grand nombre par surprise. Il s'opposera au Prince des Princes, mais - sans acte de main - il sera brisé. Elle est vraie, la vision des soirs et des matins qui a été dite, mais, toi, garde silence sur la vision, car il doit s'écouler bien des jours." Alors, moi Daniel, je défaillis et je fus malade plusieurs jours. Puis je me levai, pour accomplir mon office auprès du roi, gardant silence sur la vision, et demeurant sans la comprendre. En l'an un de Darius, de la race des Mèdes, fils d'Artaxerxès, qui régna sur le royaume de Chaldée, en l'an un de son règne, moi, Daniel, je scrutai les Ecritures, computant le nombre des années - tel qu'il fut révélé par Yahvé au prophète Jérémie - qui doivent s'accomplir pour les ruines de Jérusalem, à savoir 70 ans. Je tournai ma face vers le Seigneur Dieu pour implorer un délai de prière et de supplications dans le jeûne, le sac et la poussière. Je suppliai Yahvé mon Dieu, faisant confession: "Ah! mon Seigneur, Dieu grand et redoutable, qui gardes l'Alliance et la grâce pour ceux qui t'aiment et observent tes commandements. Nous avons péché, nous avons commis l'iniquité, nous avons fait le mal, nous avons trahi et nous nous sommes détournés de tes commandements et décisions. Nous n'avons pas écouté tes serviteurs, les prophètes qui parlaient en ton nom à nos rois, à nos princes, à nos pères, à tout le peuple du pays. A toi, Seigneur, la justice, à nous la honte au visage, comme en ce jour, à nous, gens de Juda, habitants de Jérusalem, tout Israël, proches et lointains, dans tous les pays où tu nous as chassés à cause des infidélités commises à ton égard. Yahvé, à nous la honte au visage, à nos rois, à nos princes, à nos pères, parce que nous avons péché contre toi. Au Seigneur notre Dieu, les miséricordes et les pardons, car nous l'avons trahi, et nous n'avons pas écouté la voix de Yahvé notre Dieu pour marcher selon les lois qu'il nous avait données par ses serviteurs les prophètes. Tout Israël a transgressé ta loi, a déserté sans écouter ta voix, et se sont répandues sur nous la malédiction et l'imprécation inscrites dans la loi de Moïse, le serviteur de Dieu - car nous avons péché contre lui. Et il a mis a exécution les paroles qu'il avait dites contre nous et contre les princes qui nous gouvernaient: il ferait venir à nous calamité si grande qu'il n'en sera pas sous le ciel de plus grande qu'à Jérusalem. Ainsi qu'il est écrit dans la loi de Moïse, toute cette calamité est venue sur nous, mais nous n'avons pas rasséréné la face de Yahvé, notre Dieu, en revenant de nos iniquités, en apprenant à connaître ta vérité. Yahvé a veillé à la calamité, il l'a fait venir sur nous. Car juste est Yahvé notre Dieu, dans toutes les oeuvres qu'il a faites, mais nous, nous n'avons pas écouté sa voix. Et maintenant, Seigneur notre Dieu, qui par ta main puissante as fait sortir ton peuple du pays d'Egypte, - et ton renom en perdure jusqu'à ce jour --, nous avons péché, nous avons commis le mal. Seigneur, par toutes tes justices, détourne ta colère et ta fureur de Jérusalem, ta ville, ta montagne sainte, car à cause de nos péchés et des fautes de nos pères, Jérusalem et ton peuple sont en opprobre à tous ceux qui nous environnent. Et maintenant, écoute, ô notre Dieu, la prière de ton serviteur et ses supplications. Que ta face illumine ton sanctuaire désolé, par toi-même, Seigneur! Prête l'oreille, mon Dieu, et écoute! Ouvre les yeux et vois nos désolations et la ville sur laquelle on invoque ton nom! Ce n'est pas en raison de nos oeuvres justes que nous répandons devant toi nos supplications, mais en raison de tes grandes miséricordes. Seigneur, écoute! Seigneur, pardonne! Seigneur, veille et agis! Ne tarde point! - par toi-même, mon Dieu! car ton nom est invoqué sur ta ville et ton peuple." Je parlais encore, proférant ma prière, confessant mes péchés et les péchés de mon peuple Israël, et répandant ma supplication devant Yahvé mon Dieu, pour la sainte montagne de mon Dieu; je parlais encore en prière, quand Gabriel, l'être que j'avais vu en vision au début, fondit sur moi en plein vol, à l'heure de l'oblation du soir. Il vint, me parla et me dit: "Daniel, me voici: je suis sorti pour venir t'instruire dans l'intelligence. Dès le début de ta supplication une parole a été émise et je suis venu te l'annoncer. Tu es l'homme des prédilections. Pénètre la parole, comprends la vision: "Sont assignées 70 semaines pour ton peuple et ta ville sainte pour mettre un terme à la transgression, pour apposer les scellés aux péchés, pour expier l'iniquité, pour introduire éternelle justice, pour sceller vision et prophétie, pour oindre le Saint des Saints. Prends-en connaissance et intelligence: Depuis l'instant que sortit cette parole Qu'on revienne et qu'on rebâtisse Jérusalem jusqu'à un Prince Messie, sept semaines et 62 semaines, restaurés, rebâtis places et remparts, mais dans l'angoisse des temps. Et après les 62 semaines, un messie supprimé, et il n'y a pas pour lui... la ville et le sanctuaire détruits par un prince qui viendra. Sa fin sera dans le cataclysme et, jusqu'à la fin, la guerre et les désastres décrétés. Et il consolidera une alliance avec un grand nombre. Le temps d'une semaine; et le temps d'une demi- semaine il fera cesser le sacrifice et l'oblation, et sur l'aile du Temple sera l'abomination de la désolation jusqu'à la fin, jusqu'au terme assigné pour le désolateur." En l'an trois de Cyrus, roi de Perse, une parole fut révélée à Daniel, surnommé Baltassar: parole sûre; haute lutte. Il pénétra la parole, l'intelligence lui en fut donnée en vision. En ces temps-là, moi, Daniel, je faisais une pénitence de trois semaines: je ne mangeais point de nourriture désirable; viande ni vin n'approchaient de ma bouche, et je ne m'oignais point, jusqu'au terme de ces trois semaines. Le vingt-quatrième jour du premier mois, étant au bord du grand fleuve, le Tigre, je levai les yeux pour regarder. Voici: Un homme vêtu de lin, les reins ceints d'or pur, son corps avait l'apparence de la chrysolithe, son visage, l'aspect de l'éclair, ses yeux comme des lampes de feu, ses bras et ses jambes comme l'éclat du bronze poli, le son de ses paroles comme la rumeur d'une multitude. Seul, moi Daniel, je contemplais cette apparition; les hommes qui étaient avec moi ne voyaient pas la vision, mais un grand tremblement s'abattit sur eux et ils s'enfuirent pour se cacher. Je demeurai seul, contemplant cette grande vision; j'étais sans force, mon visage changea, défiguré, ma force m'abandonna. J'entendis le son de ses paroles, et au son de ses paroles je défaillis et tombai face contre terre. Voici: une main me toucha, faisant frémir mes genoux et les paumes de mes mains. Il me dit: "Daniel, homme des prédilections, comprends les paroles que je vais te dire; lève-toi; me voici, envoyé à toi." Il dit ces mots et je me relevai en tremblant. Il me dit: "Ne crains point, Daniel, car du premier jour où, pour comprendre, tu as résolu de te mortifier devant ton Dieu, tes paroles ont été entendues, et c'est à cause de tes paroles que je suis venu. Le Prince du royaume de Perse m'a résisté pendant 21 jours, mais Michel, l'un des Premiers Princes, est venu à mon aide. Je l'ai laissé affrontant les rois de Perse, et je suis venu te faire comprendre ce qui adviendra à ton peuple, à la fin des jours. Car voici pour ces jours une nouvelle vision." Lorsqu'il m'eut dit ces choses, je me prosternai à terre sans rien dire; et voici: une semblance de fils d'homme me toucha les lèvres. J'ouvris la bouche pour parler, et je dis à celui qui se tenait devant moi: "Mon Seigneur, à cette apparition, l'angoisse revient sur moi et je n'ai plus de forces. Et comment le serviteur de mon Seigneur que voici, pourra-t-il parler avec mon Seigneur, alors que déjà il n'est plus de force en moi et que le souffle m'abandonne?" De nouveau l'apparence humaine me toucha et me réconforta. Il dit: "Ne crains point, homme des prédilections; paix à toi, prends force et courage!" Et tandis qu'il me parlait, je me sentais fortifié et je dis: "Que mon Seigneur parle, car tu m'as réconforté." Alors il dit: "Sais-tu pourquoi je suis venu à toi? Je dois retourner combattre le Prince de Perse: quand j'en aurai fini, voici que viendra le Prince de Yavân. Mais je vais t'annoncer ce qui est inscrit dans le Livre de Vérité. Nul ne me prête main-forte pour ces choses, sinon Michel, votre Prince, mon appui pour me prêter main-forte et me soutenir. A présent, je vais t'annoncer la vérité. "Voici: trois rois encore se lèveront pour la Perse; le quatrième aura plus de richesses qu'eux tous, et lorsque sa richesse l'aura rendu puissant, il se lèvera contre tous les royaumes de Yavân. Un roi vaillant se lèvera et gouvernera un vaste empire et fera ce qu'il lui plaît. Tandis qu'il s'élèvera, son royaume sera brisé et partagé aux quatre vents du ciel, mais non pas au profit de sa descendance; il ne sera pas gouverné comme il l'avait gouverné, car son royaume sera extirpé et livré à d'autres qu'elle. Le roi du Midi deviendra fort; un de ses princes l'emportera sur lui et son empire sera plus grand que le sien. Quelques années plus tard ils contracteront une alliance et la fille du roi du Midi s'en viendra auprès du roi du Nord pour exécuter les accords. Mais la force de son bras ne tiendra pas, ni sa descendance ne subsistera: elle sera livrée, elle et ceux qui l'ont amenée, et son enfant, et celui qui a eu pouvoir sur elle. En son temps, un rejeton de ses racines se lèvera à sa place, qui s'en viendra vers les remparts et pénétrera dans la forteresse du roi du Nord, et il les traitera en vainqueur. Leurs dieux mêmes, leurs statues et leurs vases précieux d'argent et d'or seront le butin qu'il emportera en Egypte. Pendant quelques années il se tiendra à distance du roi du Nord. Il se rendra vers le royaume du roi du Midi puis s'en retournera dans son pays. Ses fils se lèveront et réuniront une multitude de forces puissantes, et il s'avancera, déferlera, passera et se lèvera de nouveau jusqu'à sa forteresse. Et le roi du Midi se mettra en fureur et partira en guerre contre le roi du Nord qui ralliera une grande multitude; mais la multitude sera livrée entre ses mains. La multitude sera anéantie; son coeur s'exaltera, il abattra des myriades, mais il n'aura point de force. Le roi du Nord reviendra, ayant levé des multitudes plus nombreuses que les premières, et après des années il s'avancera avec une grande armée et un abondant équipement. En ces temps un grand nombre se dresseront contre le roi du Midi et les violents parmi ceux de ton peuple se lèveront pour accomplir la vision, mais ils trébucheront. Viendra le roi du Nord qui construira des retranchements pour assiéger une ville fortifiée. Les bras du Midi ne résisteront pas; l'élite du peuple n'aura pas la force de résister. Celui qui s'avance contre lui le traitera selon son bon plaisir, personne ne lui résistera: il se tiendra dans le Pays de Splendeur, la destruction entre les mains. Il aura en tête de conquérir son royaume tout entier; puis il fera un pacte avec lui en lui donnant une fille des femmes afin de le détruire, mais cela ne tiendra pas et ne sera pas à lui. Il se tournera vers les îles et en prendra un grand nombre; mais un magistrat fera cesser son outrage sans qu'il puisse lui revaloir son outrage. Il tournera sa face vers les bastions de son pays, mais il trébuchera, tombera, on ne le trouvera plus. A sa place en viendra un qui fera passer un exacteur portant atteinte à la splendeur royale: en quelques jours il sera brisé, mais non au vu de tous ou à la guerre. "A sa place se lèvera un misérable: on ne lui donnera pas les honneurs de la royauté. Il s'en viendra à son aise et s'emparera du royaume par des intrigues. Les forces seront en débâcle devant lui et seront brisées - même le Prince d'une alliance. Par ses complicités il agira en traître et ira en se fortifiant, bien qu'avec peu de monde. A son aise, il envahira les grasses provinces, agissant comme n'avaient agi ni ses pères ni les pères de ses pères, dispersant parmi eux butin, profits et richesses, tendant ses stratagèmes contre les forteresses, pour un temps. Il excitera sa force et son coeur contre le roi du Midi, avec une grande armée. Le roi du Midi se lèvera pour la guerre avec une armée très grande et très puissante, mais il ne tiendra pas, car des stratagèmes seront tendus contre lui. Et ceux qui mangeaient de ses mets le mettront en pièces; son armée sera débordée, et nombreux tomberont les morts. Les deux rois, leur coeur tourné vers le mal, assis à la même table, diront des mensonges; mais ils n'aboutiront point, car le temps fixé est encore à venir. Il rentrera dans son pays avec de grandes richesses, le coeur contre l'Alliance sainte; il agira, puis il rentrera dans son pays. Le moment venu, il retournera vers le Midi, mais il n'en sera pas de la fin comme du commencement. Les vaisseaux des Kittim viendront contre lui et il sera découragé. Il reviendra et sévira furieusement contre l'Alliance sainte, et de nouveau, il aura en considération ceux qui abandonnent l'Alliance sainte. Des forces viendront de sa part profaner le sanctuaire-citadelle, ils aboliront le sacrifice perpétuel, et y mettront l'abomination de la désolation. Ceux qui transgressent l'Alliance, il les pervertira par ses paroles douces, mais les gens qui connaissent leur Dieu s'affermiront et agiront. Les doctes d'entre le peuple enseigneront la multitude; ils trébucheront par l'épée et la flamme, et la captivité et la spoliation - durant des jours. Qu'ils trébuchent, peu de gens leur viendront en aide; nombreux seront ceux qui s'associeront à eux par des intrigues. Parmi les doctes, certains trébucheront, en sorte que dans le nombre il y en ait qui soient purifiés, lavés et blanchis - jusqu'au temps de la Fin, car le temps fixé est encore à venir. Le roi agira selon son bon plaisir, s'enorgueillissant et s'exaltant par-dessus tous les dieux, contre le Dieu des dieux il dira des choses inouïes et il prospérera jusqu'à ce que soit comble la colère - car ce qui est déterminé s'accomplira. Sans égards pour les dieux de ses pères, sans égards pour le favori des femmes ou pour tout autre dieu, c'est lui-même qu'il exaltera au-dessus de tout. A leur place il vénérera le dieu des forteresses, il vénérera un dieu que ses pères n'ont point connu, par l'or et l'argent, pierres précieuses et choses de prix. Il prendra comme défenseurs des forteresses le peuple d'un dieu étranger, à ceux qu'il reconnaîtra, il fera grands honneurs en leur donnant autorité sur la multitude, et en partageant la terre pour un rendement. "Au temps de la Fin, le roi du Midi s'affrontera avec lui; le roi du Nord déferlera sur lui avec ses chars, ses cavaliers et ses nombreux navires. Il viendra dans les pays, qu'il envahira et traversera. Il viendra dans le Pays de Splendeur, et il en tombera un grand nombre, mais ceux-ci échapperont de ses mains: Edom et Moab et les restes des fils d'Ammon. Il étendra sa main sur les pays: le pays d'Egypte n'y échappera point. Il aura en son pouvoir les trésors d'or et d'argent et toutes les choses précieuses d'Egypte. Libyens et Kushites seront à ses pieds. Mais des rumeurs viendront le troubler de l'Orient et du Nord; il s'en ira en grande fureur détruire et exterminer une multitude. Il dressera les tentes de ses quartiers entre la mer et les monts de la Sainte Splendeur. Il s'en ira jusqu'à son terme: pour lui aucun secours. "En ce temps se lèvera Michel, le grand Prince qui se tient auprès des enfants de ton peuple. Ce sera un temps d'angoisse tel qu'il n'y en aura pas eu jusqu'alors depuis que nation existe. En ce temps-là, ton peuple échappera: tous ceux qui se trouveront inscrits dans le Livre. "Un grand nombre de ceux qui dorment au pays de la poussière s'éveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour l'opprobre, pour l'horreur éternelle. Les doctes resplendiront comme la splendeur du firmament, et ceux qui ont enseigné la justice à un grand nombre, comme les étoiles, pour toute l'éternité. Toi, Daniel, serre ces paroles et scelle le livre jusqu'au temps de la Fin. Beaucoup erreront de-ci de-là, et l'iniquité grandira." Je regardai, moi Daniel, et voici: deux autres se tenaient debout, de part et d'autre du fleuve. L'un dit à l'homme vêtu de lin, qui était en amont du fleuve: "Jusques à quand, le temps des choses inouïes?" J'entendis l'homme vêtu de lin, qui se tenait en amont du fleuve: il leva la main droite et la main gauche vers le ciel et attesta par l'Eternel Vivant: "Pour un temps, des temps et un demi-temps, et toutes ces choses s'achèveront quand sera achevé l'écrasement de la force du Peuple saint." J'écoutai sans comprendre. Puis je dis: "Mon Seigneur, quel sera cet achèvement?" Il dit: "Va, Daniel; ces paroles sont closes et scellées jusqu'au temps de la Fin. Beaucoup seront lavés, blanchis et purifiés; les méchants feront le mal, les méchants ne comprendront point; les doctes comprendront. A compter du moment où sera aboli le sacrifice perpétuel et posée l'abomination de la désolation: 1.290 jours. Heureux celui qui tiendra et qui atteindra 1.335 jours. Pour toi, va, prends ton repos; et tu te lèveras pour ta part à la fin des jours." A Babylone vivait un homme du nom de Ioakim. Il avait épousé une femme du nom de Suzanne, fille d'Helcias; elle était d'une grande beauté et craignait Dieu, car ses parents étaient des justes et avaient élevé leur fille dans la loi de Moïse. Ioakim était fort riche, un jardin était proche de sa maison, et les Juifs se rendaient chez lui en grand nombre, car on l'estimait plus que tout autre. Cette année-là, on avait choisi dans le peuple deux vieillards qu'on avait désignés comme juges. C'est eux que vise la parole du Seigneur: "L'iniquité est venue en Babylone des vieillards et des juges qui se donnaient pour guides du peuple." Ces gens fréquentaient la maison de Ioakim et tous ceux qui avaient quelque procès s'adressaient à eux. Lorsque tout le monde s'était retiré, vers midi, Suzanne venait se promener dans le jardin de son époux. Les deux vieillards qui la voyaient tous les jours entrer pour sa promenade se mirent à la désirer. Ils en perdirent le sens, négligeant de regarder vers le Ciel et oubliant ses justes jugements. Tous deux blessés de cette passion, ils se cachaient l'un à l'autre leur tourment. Honteux d'avouer le désir qui les pressait de coucher avec elle, ils n'en rusaient pas moins chaque jour pour la voir. Un jour, s'étant quittés sur ces mots: "Rentrons chez nous, c'est l'heure du déjeuner", et chacun s'en étant allé de son côté, chacun aussi revint sur ses pas et ils se retrouvèrent face à face. Forcés alors de s'expliquer, ils s'avouèrent leur passion et convinrent de chercher le moment où ils pourraient surprendre Suzanne seule. Ils attendaient donc l'occasion favorable. Un jour, Suzanne vint, comme les jours précédents, accompagnée seulement de deux petites servantes, et, comme il faisait chaud, elle voulut se baigner au jardin. Il n'y avait personne: seuls les deux vieillards, cachés, étaient aux aguets. Elle dit aux servantes: "Apportez-moi de l'huile et du baume, et fermez la porte du jardin, afin que je puisse me baigner." Elles obéirent, fermèrent la porte du jardin, et rentrèrent dans la maison par une porte latérale pour y chercher ce que Suzanne avait demandé, sans rien savoir des vieillards qui se tenaient cachés. A peine les servantes étaient-elles parties, qu'ils furent debout et lui dirent, en se jetant sur elle: "La porte du jardin est close, personne ne nous voit. Nous te désirons, cède et couche avec nous! Parole de Yahvé qui fut adressée à Osée, fils de Beéri, au temps d'Ozias, de Yotam, d'Achaz et d'Ezéchias, rois de Juda, et au temps de Jéroboam, fils de Joas, roi d'Israël. Commencement de ce que Yahvé a dit par Osée. Yahvé dit à Osée: "Va, prends une femme se livrant à la prostitution et des enfants de prostitution, car le pays ne fait que se prostituer en se détournant de Yahvé." Il alla donc prendre Gomer, fille de Diblayim, qui conçut et lui enfanta un fils. Yahvé lui dit: "Appelle-le du nom de Yizréel, car encore un peu de temps, et je châtierai la maison de Jéhu pour le sang versé à Yizréel, et je mettrai fin à la royauté de la maison d'Israël. Il adviendra, en ce jour-là, que je briserai l'arc d'Israël dans la vallée de Yizréel." Elle conçut encore et enfanta une fille. Yahvé lui dit: "Appelle-la du nom de Lo-Ruhamah, car désormais je n'aurai plus pitié de la maison d'Israël pour lui pardonner encore. Mais de la maison de Juda j'aurai pitié et je les sauverai par Yahvé leur Dieu. Je ne les sauverai ni par l'arc, ni par l'épée, ni par la guerre, ni par les chevaux, ni par les cavaliers." Elle sevra Lo-Ruhamah, conçut encore et enfanta un fils. Yahvé dit: "Appelle-le du nom de Lo-Ammi, car vous n'êtes pas mon peuple, et moi je n'existe pas pour vous." Le nombre des enfants d'Israël sera comme le sable de la mer, qu'on ne peut ni mesurer ni compter; au lieu même où on leur disait: "Vous n'êtes pas mon peuple", on leur dira: "Fils du Dieu vivant." Les enfants de Juda et les enfants d'Israël se réuniront, ils se donneront un chef unique et ils déborderont hors du pays; car il sera grand le jour de Yizréel. Dites à vos frères: "Mon Peuple", et à vos soeurs: "Celle dont on a pitié." Intentez procès à votre mère, intentez-lui procès! Car elle n'est pas ma femme, et moi je ne suis pas son mari. Qu'elle écarte de sa face ses prostitutions, et d'entre ses seins ses adultères. Sinon je la déshabillerai toute nue et la mettrai comme au jour de sa naissance; je la rendrai pareille au désert, je la réduirai en terre aride, je la ferai mourir de soif, et de ses enfants je n'aurai pas pitié, car ce sont des enfants de prostitution. Oui, leur mère s'est prostituée, celle qui les conçut s'est déshonorée; car elle a dit: je veux courir après mes amants, qui me donnent mon pain et mon eau, ma laine et mon lin, mon huile et ma boisson. C'est pourquoi je vais obstruer son chemin avec des ronces, je l'entourerai d'une barrière pour qu'elle ne trouve plus ses sentiers; elle poursuivra ses amants et ne les atteindra pas, elle les cherchera et ne les trouvera pas. Alors elle dira: je veux retourner vers mon premier mari, car j'étais plus heureuse alors que maintenant. Elle n'a pas reconnu que c'est moi qui lui donnais le froment, le vin nouveau et l'huile fraîche, qui lui prodiguais cet argent et cet or qu'ils ont employés pour Baal! C'est pourquoi je reprendrai mon froment en son temps et mon vin nouveau en sa saison; je retirerai ma laine et mon lin qui devaient couvrir sa nudité. Puis je dévoilerai son infamie aux yeux de ses amants et personne ne la délivrera de ma main. Je ferai cesser toutes ses réjouissances, ses fêtes, ses néoménies, ses sabbats et toutes ses solennités. Je dévasterai sa vigne et son figuier, dont elle disait: Ils sont le salaire que m'ont donné mes amants; j'en ferai un hallier et la bête sauvage les dévorera. Je la châtierai pour les jours des Baals auxquels elle brûlait de l'encens, quand elle se parait de son anneau et de son collier et qu'elle courait après ses amants; et moi, elle m'oubliait! - Oracle de Yahvé. C'est pourquoi je vais la séduire, je la conduirai au désert et je parlerai à son coeur. Là, je lui rendrai ses vignobles, et je ferai du val d'Akor une porte d'espérance. Là, elle répondra comme aux jours de sa jeunesse, comme au jour où elle montait du pays d'Egypte. Il adviendra en ce jour-là - oracle de Yahvé - que tu m'appelleras "Mon mari", et tu ne m'appelleras plus "Mon Baal." J'écarterai de sa bouche les noms des Baals, et ils ne seront plus mentionnés par leur nom. Je conclurai pour eux une alliance, en ce jour-là, avec les bêtes des champs, avec les oiseaux du ciel et les reptiles du sol; l'arc, l'épée, la guerre, je les briserai et les bannirai du pays, et eux, je les ferai reposer en sécurité. Je te fiancerai à moi pour toujours; je te fiancerai dans la justice et dans le droit, dans la tendresse et la miséricorde; je te fiancerai à moi dans la fidélité, et tu connaîtras Yahvé. Il adviendra, en ce jour-là, que je répondrai - oracle de Yahvé - je répondrai aux cieux et eux répondront à la terre; la terre répondra au froment, au vin nouveau et à l'huile fraîche, et eux répondront à Yizréel. Je la sèmerai dans le pays, j'aurai pitié de Lo-Ruhamah, je dirai à Lo-Ammi: "Tu es mon peuple" et lui dira: "Mon Dieu!" Yahvé me dit: "Va de nouveau, aime une femme qui en aime un autre et commet l'adultère, comme Yahvé aime les enfants d'Israël, alors qu'ils se tournent vers d'autres dieux et qu'ils aiment les gâteaux de raisin." Je l'achetai donc pour quinze sicles d'argent et un muid et demi d'orge, et je lui dis: "Pendant de longs jours tu me resteras là, sans te prostituer et sans appartenir à un homme, et j'agirai de même à ton égard." Car, pendant de longs jours les enfants d'Israël resteront sans roi et sans chef, sans sacrifice et sans stèle, sans éphod et sans téraphim. Ensuite les enfants d'Israël reviendront; ils chercheront Yahvé leur Dieu, et David leur roi; ils accourront en tremblant vers Yahvé et vers ses biens, dans la suite des jours. Ecoutez la parole de Yahvé, enfants d'Israël, car Yahvé est en procès avec les habitants du pays: il n'y a ni fidélité ni amour, ni connaissance de Dieu dans le pays, mais parjure et mensonge, assassinat et vol, adultère et violence, et le sang versé succède au sang versé. Voilà pourquoi le pays est en deuil et tous ses habitants dépérissent, jusqu'aux bêtes des champs et aux oiseaux du ciel, et même les poissons de la mer disparaîtront. Pourtant que nul n'intente procès, que nul ne réprimande! C'est avec toi, prêtre, que je suis en procès. Tu trébucheras en plein jour, le prophète aussi trébuchera, la nuit, avec toi, et je ferai périr ta mère. Mon peuple périt, faute de connaissance. Puisque toi, tu as rejeté la connaissance, je te rejetterai de mon sacerdoce; puisque tu as oublié l'enseignement de ton Dieu, à mon tour, j'oublierai tes fils. Tous tant qu'ils sont, ils ont péché contre moi, ils ont échangé leur Gloire contre l'Ignominie. Du péché de mon peuple, ils se nourrissent, de sa faute, ils sont avides. Mais il en sera du prêtre comme du peuple: je lui ferai expier sa conduite, je lui revaudrai ses oeuvres. Ils mangeront, mais sans se rassasier, ils se prostitueront, mais sans s'accroître, car ils ont abandonné Yahvé pour se livrer à la prostitution. Le vin et le moût font perdre le sens. Mon peuple consulte son morceau de bois, c'est son bâton qui le renseigne; car un esprit de prostitution les égare, et ils se prostituent, s'éloignant de leur Dieu. Sur le sommet des montagnes, ils sacrifient, sur les collines, ils brûlent de l'encens, sous le chêne, le peuplier et le térébinthe, car leur ombrage est bon. Voilà pourquoi, si vos filles se prostituent, si vos brus commettent l'adultère, je ne châtierai pas vos filles pour leurs prostitutions, ni vos brus pour leurs adultères; car eux-mêmes vont à l'écart avec les prostituées, ils sacrifient avec les hiérodules, et le peuple, sans discernement, va à sa perte! Si toi, tu te prostitues, Israël, Que Juda ne se rende pas coupable! N'allez pas à Gilgal, ne montez pas à Bet-Aven, et ne jurez pas "par la vie de Yahvé." Car tel une vache rétive, Israël a été rétif; et maintenant Yahvé le ferait paître comme un agneau dans un vaste pacage? Ephraïm est l'allié des idoles, laisse-le! Leur beuverie terminée, ils ne font que se prostituer; ils préfèrent l'Ignominie à leur Orgueil. Le vent les emportera de ses ailes, et ils auront honte de leurs sacrifices. Ecoutez ceci, prêtres, sois attentive, maison d'Israël, maison du roi, prête l'oreille! Car c'est vous que concerne le droit, mais vous avez été un piège à Miçpa, et un filet tendu sur le Tabor. Ils ont approfondi la fosse de Shittim, eh bien, moi, je vais les punir tous. Moi, je connais Ephraïm, Israël ne m'est point caché. Oui, tu t'es prostitué, Ephraïm, Israël s'est souillé. Leurs oeuvres ne leur permettent pas de revenir vers leur Dieu, car un esprit de prostitution est en leur sein et ils ne connaissent pas Yahvé. L'orgueil d'Israël témoigne contre lui; Israël et Ephraïm trébuchent à cause de leur faute, Juda aussi trébuche avec eux. Avec leurs brebis et leurs boeufs, ils iront chercher Yahvé, mais ils ne le trouveront pas: il s'est retiré d'eux! Ils ont trahi Yahvé, ils ont engendré des bâtards; maintenant la néoménie va les dévorer, eux et leurs champs. Sonnez du cor à Gibéa, de la trompette à Rama, donnez l'alarme à Bet-Aven, on te talonne, Benjamin. Ephraïm deviendra une désolation, au jour du châtiment, sur les tribus d'Israël, j'annonce une chose certaine. Les chefs de Juda sont comme des déplaceur de bornes; sur eux je répandrai ma fureur comme de l'eau. Ephraïm est opprimé, écrasé par le jugement, car il s'est plu à courir après le Mensonge. Eh bien, moi, je serai comme la teigne pour Ephraïm, comme la carie pour la maison de Juda. Ephraïm a vu sa maladie et Juda son ulcère; Ephraïm alors est allé vers Assur, il a envoyé des messagers au grand roi; mais lui ne pourra vous guérir ni porter remède à votre ulcère. Car moi, je suis comme un lion pour Ephraïm, comme un lionceau pour la maison de Juda; moi, moi, je déchirerai et je m'en irai, j'emporterai ma proie, et personne pour délivrer. Oui, je vais regagner ma demeure, jusqu'à ce qu'ils s'avouent coupables et cherchent ma face; dans leur détresse, ils me rechercheront. "Venez, retournons vers Yahvé. Il a déchiré, il nous guérira; il a frappé, il pansera nos plaies; après deux jours il nous fera revivre, le troisième jour il nous relèvera et nous vivrons en sa présence. Connaissons, appliquons-nous à connaître Yahvé; sa venue est certaine comme l'aurore; il viendra pour nous comme l'ondée, comme la pluie de printemps qui arrose la terre" -- Que te ferai-je, Ephraïm? Que te ferai-je, Juda? Car votre amour est comme la nuée du matin, comme la rosée qui tôt se dissipe. C'est pourquoi je les ai taillés en pièces par les prophètes, je les ai tués par les paroles de ma bouche; et mon jugement surgira comme la lumière. Car c'est l'amour qui me plaît et non les sacrifices, la connaissance de Dieu plutôt que les holocaustes. Mais eux, à Adam, ont transgressé l'alliance, là, ils m'ont trahi. Galaad est une cité de malfaiteurs qui porte des traces de sang. Comme des brigands en embuscade, une bande de prêtres assassine sur la route de Sichem; oui, ils commettent l'infamie! A Béthel j'ai vu une chose horrible; c'est là que se prostitue Ephraïm, que se souille Israël. A toi aussi, Juda, est destinée une moisson, quand je rétablirai mon peuple. Alors que je veux guérir Israël, se dévoilent la faute d'Ephraïm et les méchancetés de Samarie; car ils pratiquent le mensonge, le voleur entre dans la maison, une bande sévit au-dehors. Et ils ne disent pas en leur coeur que je me souviens de toute leur méchanceté! Maintenant leurs oeuvres les enserrent, elles sont devant ma face. Par leur méchanceté ils égaient le roi, et par leurs mensonges, les chefs. Tous sont adultères, ils sont comme un four brûlant que le boulanger cesse d'attiser depuis qu'il a pétri la pâte jusqu'à ce qu'elle ait levé. Au jour de notre roi, les chefs se rendent malades par la chaleur du vin, et lui tend la main aux moqueurs quand ils s'approchent. Dans leur complot, leur coeur est semblable à un four; toute la nuit leur colère sommeille, au matin elle brûle comme un feu flamboyant; tous sont échauffés comme un four, ils dévorent leurs juges. Tous leurs rois sont tombés. Pas un d'entre eux qui crie vers moi! Ephraïm se mêle aux peuples, Ephraïm est une galette qu'on n'a pas retournée. Des étrangers dévorent sa vigueur, et lui ne le sait pas! Même des cheveux blancs parsèment sa tête, et lui ne le sait pas! (L'orgueil d'Israël témoigne contre lui; et ils ne reviennent pas vers Yahvé leur Dieu, avec tout cela, ils ne le cherchent pas!) Ephraïm est une colombe naïve, sans cervelle; ils appellent l'Egypte, ils vont en Assur, où qu'ils aillent, je déploierai sur eux mon filet, comme l'oiseau du ciel je les ferai tomber je les punirai à cause de leur méchanceté. Malheur à eux, parce qu'ils ont fui loin de moi! Ruine sur eux, parce qu'ils m'ont été infidèles! Et moi, je devrais les libérer, quand eux profèrent contre moi des mensonges? Ils ne crient pas vers moi du fond du coeur quand ils se lamentent sur leurs couches; pour du blé et du vin nouveau, ils se lacèrent, mais ils se rebellent contre moi. Et moi, j'avais fortifié leur bras, mais contre moi ils méditent le mal. Ils se tournent vers ce qui n'est rien, ils sont comme un arc trompeur. Leurs chefs tomberont sous l'épée à cause de la fureur de leur langue, et l'on se moquera bien d'eux au pays d'Egypte... Embouche la trompette! Comme un aigle, le malheur fond sur la maison de Yahvé. Car ils ont transgressé mon alliance et ont été infidèles à ma Loi. Ils ont beau me crier: "Mon Dieu, nous te connaissons, nous Israël." Israël a rejeté le bien, l'ennemi le poursuivra. Ils ont fait des rois, mais sans mon aveu, ils ont fait des chefs, mais à mon insu. De leur argent et de leur or ils se sont fait des idoles, afin qu'elles soient supprimées. Ton veau, Samarie, je le repousse! - ma colère s'est enflammée contre eux: Jusques à quand ne pourront-ils recouvrer l'innocence? Car il vient d'Israël, c'est un artisan qui l'a fabriqué, lui, il n'est pas Dieu, lui. Oui, le veau de Samarie tombera en miettes. Puisqu'ils sèment le vent, ils moissonneront la tempête: tige qui n'a pas d'épi, qui ne donne pas de farine; et s'il en donne, des étrangers l'engloutiront. Israël est englouti. Maintenant ils sont parmi les nations comme un objet dont personne ne veut; car ils sont montés vers Assur, onagre qui vit à l'écart; Ephraïm s'est acheté des amants. Qu'il s'en achète parmi les nations, maintenant je vais les rassembler et ils souffriront bientôt sous le fardeau du roi des princes. Quand Ephraïm a multiplié les autels, ces autels ne lui ont servi qu'à pécher. Que pour lui j'écrive les mille préceptes de ma loi, on les tient pour une chose étrangère. Les sacrifices qu'ils m'offrent, ils les sacrifient, ils en mangent la viande, mais Yahvé ne les agrée pas. Maintenant, il va se souvenir de leur faute et châtier leurs péchés: ils retourneront, eux, en Egypte. Israël a oublié son auteur et il a bâti des palais; Juda a multiplié les villes fortes. Mais j'enverrai le feu dans ses villes, et il en dévorera les citadelles. Ne te réjouis pas, Israël; ne jubile pas comme les peuples; car tu as abandonné ton Dieu pour la prostitution, dont tu as aimé le salaire sur toutes les aires à blé. L'aire et la cuve ne les nourriront pas, le vin nouveau les décevra. Ils n'habiteront pas au pays de Yahvé, Ephraïm retournera en Egypte, et en Assur, ils mangeront des mets impurs. Ils ne feront pas à Yahvé de libations de vin et leurs sacrifices ne lui seront pas agréables: Ce sera pour eux comme un pain de deuil, tous ceux qui en mangeront deviendront impurs; car leur pain sera pour eux-mêmes, mais il n'entrera pas dans la Maison de Yahvé. Que ferez-vous au jour de solennité, au jour de la fête de Yahvé? Car voilà qu'ils sont partis devant la dévastation; l'Egypte les rassemblera, Memphis les ensevelira, leurs objets précieux, l'ortie en héritera, et l'épine envahira leurs tentes. Ils sont venus, les jours du châtiment, ils sont venus, les jours de la rétribution, qu'Israël le sache! - "Le prophète est fou, l'inspiré délire" - A cause de la grandeur de ta faute, grande sera l'hostilité. Le guetteur d'Ephraïm est avec mon Dieu - c'est le prophète, à qui on tend un piège sur tous les chemins et dans la maison de son Dieu, c'est l'hostilité. Ils se sont profondément corrompus, comme aux jours de Gibéa: il se souviendra de leur faute, il châtiera leurs péchés. Comme des raisins dans le désert, je trouvai Israël, comme un fruit sur un figuier en la prime saison, je vis vos pères; mais arrivés à Baal-Péor, ils se vouèrent à la Honte et devinrent des horreurs, comme l'objet de leur amour. Ephraïm, comme l'oiseau s'envolera sa gloire: plus d'enfantement, plus de grossesse, plus de conception. Même s'ils élèvent leurs fils, je les en priverai avant qu'ils soient hommes; oui, malheur à eux quand je m'éloignerai d'eux! Ephraïm, je le voyais comme Tyr, plantée dans une prairie, mais Ephraïm devra mener ses fils à l'égorgeur. Donne-leur, Yahvé... Que donneras-tu? Donne-leur des entrailles stériles et des seins desséchés. Toute leur méchanceté a paru à Gilgal, c'est là que je les ai pris en haine. A cause de la méchanceté de leurs actions, je les chasserai de ma maison, je ne les aimerai plus, tous leurs chefs sont des rebelles. Ephraïm est frappé, leur racine est desséchée, ils ne donneront pas de fruit. Même s'il leur naît des enfants, je ferai mourir les délices de leur sein. Mon Dieu les rejettera parce qu'ils ne l'ont pas écouté, et ils seront errants parmi les nations. Israël était une vigne luxuriante, qui donnait bien son fruit. Plus son fruit se multipliait, plus il a multiplié les autels; plus son pays devenait riche, plus riches il a fait les stèles. Leur coeur est double, maintenant ils vont expier; Lui-même renversera leurs autels, il dévastera leurs stèles. Alors ils diront: "Nous n'avons pas de roi, car nous n'avons pas craint Yahvé, mais le roi, que pourrait-il faire pour nous?" On tient des discours, on jure en vain, on conclut des alliances; et le droit prospère comme la plante vénéneuse sur le sillon des champs! Pour le veau de Bet-Aven les habitants de Samarie tremblent; oui, sur lui son peuple mène le deuil, ainsi que sa prêtraille: Qu'il exultent sur sa gloire maintenant qu'elle est déportée loin de nous! Lui-même, on le transportera en Assur comme tribut pour le grand roi. Ephraïm recueillera la honte, et Israël rougira de son dessein. C'en est fait de Samarie! Son roi est comme un fétu à la surface de l'eau. Ils seront détruits, les hauts lieux d'Aven, ce péché d'Israël; épines et chardons grimperont sur leurs autels. Ils diront alors aux montagnes: "Couvrez-nous!" et aux collines: "Tombez sur nous!" Depuis les jours de Gibéa, tu as péché, Israël! ils s'en sont tenus là, et la guerre n'atteindrait pas les criminels à Gibéa? Je vais venir les punir! Des peuples s'assembleront contre eux quand ils seront punis pour leurs deux fautes. Ephraïm est une génisse bien dressée, aimant à fouler l'aire; et moi j'ai fait passer le joug sur son cou superbe! j'attellerai Ephraïm, Juda labourera, Jacob traînera la herse. Faites-vous des semailles selon la justice, moissonnez à proportion de l'amour; défrichez-vous des terres en friche: il est temps de rechercher Yahvé, jusqu'à ce qu'il vienne faire pleuvoir sur vous la justice. Vous avez labouré la méchanceté, vous avez moissonné l'injustice, vous avez mangé le fruit du mensonge. Parce que tu t'es confié dans tes chars, dans la multitude de tes guerriers, un grondement s'élèvera parmi ton peuple et toutes tes forteresses seront dévastées, comme Shalmân dévasta Bet-Arbel, au jour du combat, quand la mère était écrasée sur ses enfants. Voilà ce que vous a fait Béthel, pour votre méchanceté sans nom; à l'aurore, oui, c'en sera fait du roi d'Israël! Quand Israël était jeune, je l'aimai, et d'Egypte j'appelai mon fils. Mais plus je les appelais, plus ils s'écartaient de moi; aux Baals ils sacrifiaient, aux idoles ils brûlaient de l'encens. Et moi j'avais appris à marcher à Ephraïm, je le prenais par les bras, et ils n'ont pas compris que je prenais soin d'eux! Je les menais avec des attaches humaines, avec des liens d'amour; j'étais pour eux comme ceux qui soulèvent un nourrisson tout contre leur joue, je m'inclinais vers lui et le faisais manger. Il ne reviendra pas au pays d'Egypte, mais Assur sera son roi. Puisqu'il a refusé de revenir à moi, l'épée sévira dans ses villes, elle anéantira ses verrous, elle dévorera à cause de leurs desseins. Mon peuple est cramponné à son infidélité. On les appelle en haut, pas un qui se relève! Comment t'abandonnerais-je, Ephraïm, te livrerais-je, Israël? Comment te traiterais-je comme Adma, te rendrais-je semblable à Ceboyim? Mon coeur en moi est bouleversé, toutes mes entrailles frémissent. Je ne donnerai pas cours à l'ardeur de ma colère, je ne détruirai pas à nouveau Ephraïm car je suis Dieu et non pas homme, au milieu de toi je suis le Saint, et je ne viendrai pas avec fureur. Derrière Yahvé ils marcheront, comme un lion il rugira; et quand il rugira, les fils viendront, tremblants, de l'Occident; comme un passereau ils viendront en tremblant de l'Egypte, comme une colombe, du pays d'Assur, et je les ferai habiter dans leurs maisons, oracle de Yahvé. Ephraïm m'entoure de mensonge et la maison d'Israël de tromperie. (Mais Juda est encore auprès de Dieu, au Saint il reste fidèle.) Ephraïm se repaît de vent, tout le jour il poursuit le vent d'est; il multiplie mensonge et fausseté: on conclut alliance avec Assur, on porte de l'huile à l'Egypte. Yahvé est en procès avec Juda, il va sévir contre Jacob selon sa conduite, et lui rendre selon ses actions. Dès le sein maternel il supplanta son frère, dans sa vigueur il fut fort contre Dieu. Il fut fort contre l'Ange et l'emporta, il pleura et l'implora. A Béthel il le rencontra. C'est là qu'il parla avec nous. Oui, Yahvé, le Dieu Sabaot, Yahvé est son titre. Pour toi, grâce à ton Dieu, tu reviendras. Garde l'amour et le droit et espère en ton Dieu toujours. Canaan a en main des balances trompeuses, il aime à exploiter. Ephraïm a dit: "Oui, je me suis enrichi, je me suis acquis une fortune"; mais de tous ses gains, rien ne lui restera, à cause de la faute dont il s'est rendu coupable. Je suis Yahvé ton Dieu, depuis le pays d'Egypte. Je te ferai encore habiter sous les tentes comme aux jours du Rendez-vous. Je parlerai aux prophètes, moi, je multiplierai les visions et par le ministère des prophètes je parlerai en paraboles. Si Galaad n'est qu'iniquité, eux ne sont que fausseté; à Gilgal ils sacrifient aux taureaux, c'est pourquoi leurs autels seront comme des monceaux de pierres sur les sillons des champs. Jacob s'enfuit aux campagnes d'Aram, Israël servit pour une femme, pour une femme, il garda les troupeaux. Mais par un prophète, Yahvé fit monter Israël d'Egypte, et par un prophète il fut gardé. Ephraïm l'a offensé amèrement: Yahvé rejettera sur lui le sang versé, son Seigneur lui revaudra ses outrages. Quand Ephraïm parlait, c'était la terreur, il était grand en Israël, mais il se rendit coupable avec Baal et mourut. Et maintenant ils continuent à pécher, ils se font des images de métal fondu, avec leur argent, des idoles de leur invention; oeuvre d'artisan que tout cela! Ils disent: "Offrez-leur des sacrifices." A des veaux des hommes donnent des baisers! C'est pourquoi ils seront comme la nuée du matin, comme la rosée qui tôt se dissipe, comme la bale emportée loin de l'aire, comme la fumée qui s'échappe de la fenêtre. Pourtant moi je suis Yahvé, ton Dieu, depuis le pays d'Egypte, de Dieu, excepté moi, tu n'en connais pas, et de sauveur, il n'en est pas en dehors de moi. Moi, je t'ai connu au désert, au pays de l'aridité. Je les ai fait paître, ils se sont rassasiés; rassasiés, leur coeur s'est élevé; voilà pourquoi ils m'ont oublié. J'ai donc été pour eux comme un lion, comme un léopard, près du chemin, je me tenais aux aguets; j'ai fondu sur eux comme une ourse privée de ses petits, j'ai déchiré l'enveloppe de leur coeur; là, je les ai dévorés comme une lionne, la bête sauvage les a déchirés. Te voilà détruit, Israël, c'est en moi qu'est ton secours. Où donc est-il ton roi, pour qu'il te sauvé? Et dans toutes tes villes, tes juges? Ceux-là dont tu disais: "Donne-moi un roi et des chefs." Un roi, je te le donne dans ma colère, et je le reprends dans ma fureur. La faute d'Ephraïm est mise en réserve, son péché tenu en lieu sûr. Les douleurs de l'enfantement surviennent pour lui, mais c'est un enfant stupide; il est à terme et ne quitte pas le sein maternel! Et je les libérerais du pouvoir du Shéol? De la mort je les rachèterais? Où est ta peste, ô Mort? Où est ta contagion, ô Shéol? La compassion se dérobe à mes yeux. Ephraïm a beau fructifier parmi ses frères, le vent d'est viendra, le souffle de Yahvé montera du désert, et sa source sera tarie, sa fontaine desséchée. C'est lui qui pillera le trésor de tous les objets précieux. Samarie expiera, car elle s'est rebellée contre son Dieu. Ils tomberont sous l'épée, leurs petits enfants seront écrasés, leurs femmes enceintes éventrées. Reviens, Israël, à Yahvé ton Dieu, car c'est ta faute qui t'a fait trébucher. Munissez-vous de paroles et revenez à Yahvé. Dites-lui: "Enlève toute faute et prends ce qui est bon. Au lieu de taureaux nous te vouerons nos lèvres. Assur ne nous sauvera pas, nous ne monterons plus sur des chevaux, et nous ne dirons plus Notre Dieu! à l'oeuvre de nos mains, car c'est auprès de toi que l'orphelin trouve compassion" -- Je les guérirai de leur infidélité, je les aimerai de bon coeur; puisque ma colère s'est détournée de lui, je serai comme la rosée pour Israël, il fleurira comme le lis, il enfoncera ses racines comme le chêne du Liban; ses rejetons s'étendront, il aura la splendeur de l'olivier et le parfum du Liban. Ils reviendront s'asseoir à mon ombre; ils feront revivre le froment, ils feront fleurir la vigne qui aura la renommée du vin du Liban. Ephraïm, qu'a-t-il encore à faire avec les idoles? Moi, je l'exauce et le regarde. Je suis comme un cyprès verdoyant, c'est de moi que vient ton fruit. Qui est sage pour comprendre ces choses, intelligent pour les connaître? Droites sont les voies de Yahvé, les justes y marcheront, mais les infidèles y trébucheront. Parole de Yahvé, qui fut adressée à Joël, fils de Petuel. Ecoutez ceci, les anciens, prêtez l'oreille, tous les habitants du pays! Est-il de votre temps survenu rien de tel, ou du temps de vos pères? Racontez-le à vos fils, et vos fils à leurs fils, et leurs fils à la génération qui suivra! Ce qu'a laissé le gazam, la sauterelle l'a dévoré! Ce qu'a laissé la sauterelle, le yèlèq l'a dévoré! Ce qu'a laissé le yèlèq, le hasil l'a dévoré! Réveillez-vous, ivrognes, et pleurez! Tous les buveurs de vin, lamentez-vous sur le vin nouveau: il vous est retiré de la bouche! Car un peuple est monté contre mon pays, puissant et innombrable; ses dents sont dents de lion, il a des crocs de lionne. Il a fait de ma vigne un désert, réduit en miettes mon figuier; il les a tout pelés, abattus, leurs rameaux sont devenus blancs! Gémis, comme sur le fiancé de sa jeunesse la vierge revêtue du sac! Oblation et libation ont disparu de la maison de Yahvé. Ils sont en deuil, les prêtres, serviteurs de Yahvé. La campagne est ravagée, la terre est en deuil. Car les blés sont ravagés, le vin fait défaut, l'huile fraîche tarit. Soyez consternés, laboureurs, lamentez-vous, vignerons, sur le froment et sur l'orge, car elle est perdue, la moisson des champs. La vigne est étiolée et le figuier flétri; grenadiers, palmiers et pommiers, tous les arbres des champs ont séché. Oui, la gaieté s'est tarie parmi les humains. Prêtres, revêtez-vous du sac! Poussez des cris de deuil! Lamentez-vous, serviteurs de l'autel! Venez, passez la nuit vêtus du sac, serviteurs de mon Dieu! Car la maison de votre Dieu est privée d'oblation et de libation. Prescrivez un jeûne, publiez une solennité, réunissez, anciens, tous les habitants du pays à la maison de Yahvé votre Dieu. Criez vers Yahvé: Ah! Quel jour! Car il est proche, le jour de Yahvé, il arrive comme une dévastation venant de Shaddaï. Les aliments n'ont-ils pas disparu sous nos yeux, la joie et l'allégresse de la maison de notre Dieu? Les grains se sont racornis sous leurs mottes; les granges sont dévastées, les greniers en ruines, car le blé fait défaut. Comme le bétail gémit! Les troupeaux de boeufs errent affolés, car ils n'ont plus de pâtures. Même les troupeaux de brebis subissent le châtiment. Yahvé, je crie vers toi! car le feu a dévoré les pacages des landes, la flamme a consumé tous les arbres des champs. Même les bêtes des champs languissent après toi, car les cours d'eau sont à sec, le feu a dévoré les pacages des landes. Sonnez du cor à Sion, donnez l'alarme sur ma montagne sainte! Que tous les habitants du pays tremblent, car il vient, le jour de Yahvé, car il est proche! Jour d'obscurité et de sombres nuages, jour de nuées et de ténèbres! Comme l'aurore, se déploie sur les montagnes un peuple nombreux et fort, tel que jamais il n'y en eut, tel qu'il n'en sera plus après lui, de génération en génération. Devant lui, le feu dévore, derrière lui, la flamme consume. Le pays est comme un jardin d'Eden devant lui, derrière lui, c'est une lande désolée! Aussi rien ne lui échappe. Son aspect est celui des chevaux; comme des coursiers, tels ils s'élancent. On dirait un fracas de chars bondissant sur les sommets des monts, le crépitement de la flamme ardente qui dévore le chaume, un peuple fort rangé en bataille. A sa vue, les peuples sont dans les transes, tous les visages perdent leur couleur. Ils s'élancent comme des braves, tels des guerriers, ils escaladent les murailles. Chacun va droit sa route, sans s'écarter de sa voie. Nul ne bouscule son voisin, chacun va son chemin; à travers les traits ils foncent sans rompre leurs rangs. Ils se ruent sur la ville, s'élancent sur les murailles, escaladent les maisons, pénètrent par les fenêtres comme des voleurs. Devant lui la terre frémit, les cieux tremblent! Le soleil et la lune s'assombrissent, les étoiles perdent leur éclat! Yahvé fait entendre sa voix à la tête de ses troupes! Car ses bataillons sont sans nombre, car il est puissant, l'exécuteur de ses ordres, car il est grand, le jour de Yahvé, très redoutable - et qui peut l'affronter? "Mais encore à présent - oracle de Yahvé - revenez à moi de tout votre coeur, dans le jeûne, les pleurs et les cris de deuil." Déchirez votre coeur, et non vos vêtements, revenez à Yahvé, votre Dieu, car il est tendresse et pitié, lent à la colère, riche en grâce, et il a regret du mal. Qui sait? S'il revenait? S'il regrettait? S'il laissait après lui une bénédiction, oblation et libation pour Yahvé, votre Dieu? Sonnez du cor à Sion! Prescrivez un jeûne, publiez une solennité, réunissez le peuple, convoquez la communauté, rassemblez les vieillards, réunissez les petits enfants, ceux qu'on allaite au sein! Que le jeune époux quitte sa chambre et l'épousée son alcôve! Qu'entre l'autel et le portique pleurent les prêtres, serviteurs de Yahvé! Qu'ils disent: "Pitié, Yahvé, pour ton peuple! Ne livre pas ton héritage à l'opprobre, au persiflage des nations! Pourquoi dirait-on parmi les peuples: Où est leur Dieu?" Or Yahvé s'émut de jalousie pour son pays, il épargna son peuple. Yahvé répondit et dit à son peuple: "Voici que je vous envoie le blé, le vin, l'huile fraîche. Vous en aurez à satiété. Et jamais plus je ne ferai de vous l'opprobre des nations. Celui qui vient du Nord, je l'éloignerai de chez vous, je le repousserai vers une terre aride et désolée, son avant-garde vers la mer orientale, son arrière-garde vers la mer occidentale. Il en montera une puanteur, il en montera une infection!" (Car il a fait grand!) Terre, ne crains plus, jubile et sois dans l'allégresse, car Yahvé a fait grand! Ne craignez plus, bêtes des champs! les pacages des landes ont reverdi, les arbres portent leurs fruits, la vigne et le figuier donnent leurs richesses. Fils de Sion, jubilez, réjouissez-vous en Yahvé votre Dieu! Car il vous a donné la pluie d'automne selon la justice, il a fait tomber pour vous l'ondée, celle d'automne et celle de printemps, comme jadis. Les aires se rempliront de froment, les cuves regorgeront de vin et d'huile fraîche. "Je vous revaudrai les années qu'ont dévorées la sauterelle et le yèlèq, le hasil et le gazam, ma grande armée que j'avais envoyée contre vous." Vous mangerez tout votre soûl, à satiété, et vous louerez le nom de Yahvé votre Dieu, qui aura accompli pour vous des merveilles. (Mon peuple ne connaîtra plus la honte, jamais!) "Et vous saurez que je suis au milieu d'Israël, moi, que je suis Yahvé, votre Dieu, et sans égal! Mon peuple ne connaîtra plus la honte, jamais!" "Après cela je répandrai mon Esprit sur toute chair. Nos fils et vos filles prophétiseront, vos anciens auront des songes, vos jeunes gens, des visions. Même sur les esclaves, hommes et femmes, en ces jours-là, je répandrai mon Esprit. Je produirai des signes dans le ciel et sur la terre, sang, feu, colonnes de fumée!" Le soleil se changera en ténèbres, la lune en sang, avant que ne vienne le jour de Yahvé, grand et redoutable! Tous ceux qui invoqueront le nom de Yahvé seront sauvés, car sur le mont Sion il y aura des rescapés, comme l'a dit Yahvé, et à Jérusalem des survivants que Yahvé appelle. "Car en ces jours-là, en ce temps-là, quand je rétablirai Juda et Jérusalem, je rassemblerai toutes les nations, je les ferai descendre à la Vallée de Josaphat; là j'entrerai en jugement avec elles au sujet d'Israël, mon peuple et mon héritage. Car ils l'ont dispersé parmi les nations et ils ont partagé mon pays. Ils ont tiré mon peuple au sort; ils ont troqué les garçons contre des prostituées, pour du vin ils ont vendu les filles, et ils ont bu!" "Et vous aussi, Tyr et Sidon, que me voulez-vous? Et vous tous, districts de Philistie? Vous vengeriez-vous sur moi? Mais si vous exerciez sur moi votre vengeance, bien vite je ferais retomber la vengeance sur vos têtes! Vous qui avez pris mon argent et mon or, qui avez emporté dans vos temples mes trésors précieux, vous qui avez vendu aux fils de Yavân les fils de Juda et de Jérusalem, pour les éloigner de leur territoire! Eh bien! Je vais les appeler du lieu où vous les avez vendus, et je ferai retomber vos actes sur vos têtes! Je vendrai vos fils et vos filles, je les livrerai aux fils de Juda; ils les vendront aux Sabéens, à une nation éloignée, car Yahvé a parlé!" Publiez ceci parmi les nations: Préparez la guerre! Appelez les braves! Qu'ils s'avancent, qu'ils montent, tous les hommes de guerre! De vos socs, forgez des épées, de vos serpes, des lances, que l'infirme dise: "Je suis un brave!" Hâtez-vous et venez, toutes les nations d'alentour, et rassemblez-vous là! (Yahvé, fais descendre tes braves.) "Que les nations s'ébranlent et qu'elles montent à la Vallée de Josaphat! Car là je siégerai pour juger toutes les nations à la ronde. Lancez la faucille: la moisson est mûre; venez, foulez: le pressoir est comble; les cuves débordent, tant leur méchanceté est grande!" Foules sur foules dans la Vallée de la Décision! Car il est proche le jour de Yahvé dans la Vallée de la Décision! Le soleil et la lune s'assombrissent, les étoiles perdent leur éclat. Yahvé rugit de Sion, de Jérusalem il fait entendre sa voix; les cieux et la terre tremblent! Mais Yahvé sera pour son peuple un refuge, une forteresse pour les enfants d'Israël! "Vous saurez alors que je suis Yahvé, votre Dieu, qui habite à Sion, ma montagne sainte! Jérusalem sera un lieu saint, les étrangers n'y passeront plus!" Ce jour-là, les montagnes dégoutteront de vin nouveau, les collines ruisselleront de lait, et dans tous les torrents de Juda les eaux ruisselleront. Une source jaillira de la maison de Yahvé et arrosera le ravin des Acacias. L'Egypte deviendra une désolation, Edom une lande désolée, à cause des violences exercées contre les fils de Juda dont ils ont versé le sang innocent dans leur pays. Mais Juda sera habité à jamais et Jérusalem d'âge en âge. "Je vengerai leur sang, je n'accorderai pas l'impunité", et Yahvé aura sa demeure à Sion. Paroles d'Amos, qui fut l'un des bergers de Teqoa. Ce qu'il vit sur Israël au temps d'Ozias, roi de Juda, et au temps de Jéroboam, fils de Joas, roi d'Israël, deux ans avant le tremblement de terre. Il dit: De Sion, Yahvé rugit, et de Jérusalem, il donne de la voix; les pacages des bergers sont en deuil et le sommet du Carmel se dessèche. Ainsi parle Yahvé: Pour trois crimes de Damas et pour quatre, je l'ai décidé sans retour! Parce qu'ils ont foulé Galaad avec des traîneaux de fer, j'enverrai le feu dans la maison d'Hazaël et il dévorera les palais de Ben-Hadad; je briserai le verrou de Damas, de Biqeat-Aven je supprimerai l'habitant, de Bet-Eden, celui qui tient le sceptre, et le peuple d'Aram sera déporté à Qir, dit Yahvé. Ainsi parle Yahvé: Pour trois crimes de Gaza et pour quatre, je l'ai décidé sans retour! Parce qu'ils ont déporté des populations entières pour les livrer à Edom, j'enverrai le feu dans le rempart de Gaza et il dévorera ses palais; d'Ashdod je supprimerai l'habitant, et d'Ashqelôn, celui qui tient le sceptre; je tournerai ma main contre Eqrôn et ce qui reste des Philistins périra, dit le Seigneur Yahvé. Ainsi parle Yahvé: Pour trois crimes de Tyr et pour quatre, je l'ai décidé sans retour! Parce qu'ils ont livré à Edom des populations entières de captifs, sans se souvenir d'une alliance entre frères, j'enverrai le feu dans le rempart de Tyr et il dévorera ses palais. Ainsi parle Yahvé: Pour trois crimes d'Edom et pour quatre, je l'ai décidé sans retour! Parce qu'il a poursuivi son frère avec l'épée, étouffant toute pitié, parce qu'il garde à jamais sa colère et conserve sans fin sa fureur, j'enverrai le feu dans Témân et il dévorera les palais de Boçra. Ainsi parle Yahvé: Pour trois crimes des fils d'Ammon et pour quatre, je l'ai décidé sans retour! Parce qu'ils ont éventré les femmes enceintes du Galaad afin d'élargir leur territoire, je mettrai le feu au rempart de Rabba et il dévorera ses palais, dans la clameur, en un jour de bataille, dans la tempête, en un jour d'ouragan; et leur roi s'en ira en déportation, lui, et ses princes avec lui, dit Yahvé. Ainsi parle Yahvé: Pour trois crimes de Moab et pour quatre, je l'ai décidé sans retour! Parce qu'il a brûlé les os du roi d'Edom jusqu'à les calciner, j'enverrai le feu dans Moab, il dévorera les palais de Qeriyyot, et Moab mourra dans le tumulte, dans la clameur, au son du cor; je supprimerai le juge de chez lui, et tous ses princes, je les tuerai avec lui, dit Yahvé. Ainsi parle Yahvé: Pour trois crimes de Juda et pour quatre, je l'ai décidé sans retour! Parce qu'ils ont rejeté la loi de Yahvé et n'ont pas observé ses décrets, parce que leurs Mensonges les ont égarés, ceux que leurs pères avaient suivis, j'enverrai le feu dans Juda, et il dévorera les palais de Jérusalem. Ainsi parle Yahvé: Pour trois crimes d'Israël et pour quatre, je l'ai décidé sans retour! Parce qu'ils vendent le juste à prix d'argent et le pauvre pour une paire de sandales; parce qu'ils écrasent la tête des faibles sur la poussière de la terre et qu'ils font dévier la route des humbles; parce que fils et père vont à la même fille afin de profaner mon saint nom; parce qu'ils s'étendent sur des vêtements pris en gage, à côté de tous les autels, et qu'ils boivent dans la maison de leur dieu le vin de ceux qui sont frappés d'amende. Et moi, j'avais anéanti devant eux l'Amorite, lui dont la taille égalait celle des cèdres, lui qui était fort comme les chênes! J'avais anéanti son fruit, en haut, et ses racines, en bas! Et moi, je vous avais fait monter du pays d'Egypte, et pendant 40 ans, menés dans le désert, pour que vous possédiez le pays de l'Amorite! J'avais suscité parmi vos fils des prophètes, et parmi vos jeunes gens des nazirs! N'en est-il pas ainsi, enfants d'Israël? Oracle de Yahvé. Mais vous avez fait boire du vin aux nazirs, aux prophètes, vous avez donné cet ordre: "Ne prophétisez pas!" Eh bien! moi, je vais vous broyer sur place comme broie le chariot plein de gerbes; la fuite manquera à l'homme agile, l'homme fort ne déploiera pas sa vigueur et le brave ne sauvera pas sa vie; celui qui manie l'arc ne tiendra pas, l'homme aux pieds agiles n'échappera pas, celui qui monte à cheval ne sauvera pas sa vie, et le plus courageux d'entre les braves s'enfuira nu, en ce jour-là, oracle de Yahvé. Ecoutez cette parole que Yahvé prononce contre vous, enfants d'Israël, contre toute la famille que j'ai fait monter du pays d'Egypte: Je n'ai connu que vous de toutes les familles de la terre, c'est pourquoi je vous châtierai pour toutes vos fautes. Deux hommes vont-ils ensemble sans s'être concertés? Le lion rugit-il dans la forêt sans avoir une proie? Le lionceau donne-t-il de la voix, de sa tanière, sans qu'il ait rien pris? Le passereau tombe-t-il dans le filet, à terre, sans qu'il y ait de piège? Le filet se soulève-t-il du sol sans rien attraper? Sonne-t-on du cor dans une ville sans que le peuple soit effrayé? Arrive-t-il un malheur dans une ville sans que Yahvé en soit l'auteur? Mais le Seigneur Yahvé ne fait rien qu'il n'en ait révélé le secret à ses serviteurs les prophètes. Le lion a rugi: qui ne craindrait? Le Seigneur Yahvé a parlé: qui ne prophétiserait? Proclamez-le sur les palais d'Assur et sur les palais du pays d'Egypte; dites: rassemblez-vous sur les monts de Samarie, et voyez, que de désordres au milieu d'elle et que d'oppression en son sein! Ils ne savent pas agir avec droiture, - oracle de Yahvé - eux qui entassent violence et rapine en leurs palais. C'est pourquoi, ainsi parle le Seigneur Yahvé: L'ennemi investira le pays, il abattra ta puissance et tes palais seront pillés. Ainsi parle Yahvé: Comme le berger sauve de la gueule du lion deux pattes ou un bout d'oreille, ainsi seront sauvés les enfants d'Israël qui sont assis dans Samarie, au coin d'un lit et sur un divan de Damas. Ecoutez et témoignez contre la maison de Jacob: - oracle du Seigneur Yahvé, Dieu Sabaot -- le jour où je châtierai Israël pour ses crimes, je sévirai contre les autels de Béthel; les cornes de l'autel seront abattues et tomberont à terre. Je frapperai la maison d'hiver avec la maison d'été, les maisons d'ivoire seront détruites, bien des maisons disparaîtront, oracle de Yahvé. Ecoutez cette parole, vaches de Bashân qui êtes sur la montagne de Samarie, qui exploitez les faibles, qui maltraitez les pauvres, qui dites à vos maris: "Apporte et buvons!" Le Seigneur l'a juré par sa sainteté: voici que des jours viennent sur vous où l'on vous enlèvera avec des crocs, et jusqu'aux dernières, avec des harpons de pêche; vous sortirez par des brèches, chacune droit devant soi, et vous serez repoussées vers l'Hermon, oracle de Yahvé. Allez à Béthel et péchez! A Gilgal, péchez de plus belle! Apportez le matin vos sacrifices, tous les trois jours vos dîmes; faites brûler du levain en sacrifice de louange, criez vos offrandes volontaires, annoncez-les, puisque c'est cela que vous aimez, enfants d'Israël! Oracle du Seigneur Yahvé. Aussi, moi je vous ai fait les dents nettes en toutes vos villes, je vous ai privés de pain dans tous vos villages; et vous n'êtes pas revenus à moi! Oracle de Yahvé. Aussi, moi je vous ai refusé la pluie, juste trois mois avant la moisson; j'ai fait pleuvoir sur une ville et sur une autre ville je ne faisais pas pleuvoir; un champ recevait de la pluie, et un champ, faute de pluie, se desséchait; deux, trois villes allaient en titubant vers une autre pour boire de l'eau sans pouvoir se désaltérer; et vous n'êtes pas revenus à moi! Oracle de Yahvé. Je vous ai frappés par la rouille et la nielle, j'ai desséché vos jardins et vos vignes; vos figuiers et vos oliviers, la sauterelle les a dévorés; et vous n'êtes par revenus à moi! Oracle de Yahvé. J'ai envoyé parmi vous une peste, comme la peste d'Egypte; j'ai tué vos jeunes gens par l'épée, tandis que vos chevaux étaient capturés; j'ai fait monter à vos narines la puanteur de vos camps; et vous n'êtes pas revenus à moi! Oracle de Yahvé. Je vous ai bouleversés comme Dieu bouleversa Sodome et Gomorrhe, et vous avez été comme un tison sauvé de l'incendie; et vous n'êtes pas revenus à moi! Oracle de Yahvé. C'est pourquoi, voici comment je vais te traiter, Israël! Parce que je vais te traiter ainsi, prépare-toi à rencontrer ton Dieu, Israël! Car c'est lui qui forme les montagnes et qui crée le vent, qui révèle à l'homme ses pensées, qui change l'aurore en ténèbres, et qui marche sur les hauteurs de la terre: Yahvé, Dieu Sabaot, est son nom. Ecoutez cette parole que je profère contre vous, une lamentation, maison d'Israël: Elle est tombée, elle ne se relèvera plus, la vierge d'Israël! Elle est étendue sur son sol, personne pour la relever! Car ainsi parle le Seigneur Yahvé: la ville qui mettait en campagne mille hommes n'en aura plus que cent, et celle qui en mettait cent n'en aura plus que dix, pour la maison d'Israël. Car ainsi parle Yahvé à la maison d'Israël: Cherchez-moi et vous vivrez! Mais ne cherchez pas Béthel, n'allez pas à Gilgal, ne passez pas à Bersabée; car Gilgal ira en déportation et Béthel deviendra néant. Cherchez Yahvé et vous vivrez, de peur qu'il ne fonde comme le feu sur la maison de Joseph, qu'il ne dévore, et personne à Béthel pour éteindre! Ils changent le droit en absinthe et jettent à terre la justice. C'est lui qui fait les Pléiades et Orion, qui change en matin les ténèbres épaisses et obscurcit le jour comme la nuit; lui qui appelle les eaux de la mer et les répand sur la face de la terre; Yahvé est son nom. Il déchaîne la dévastation sur celui qui est fort, et la dévastation arrive sur la citadelle. Ils haïssent quiconque réprimande à la Porte, ils abhorrent celui qui parle avec intégrité. Eh bien! puisque vous piétinez le faible et que vous prélevez sur lui un tribut de froment, ces maisons en pierres de taille que vous avez bâties, vous n'y habiterez pas; ces vignes délicieuses que vous avez plantées, vous n'en boirez pas le vin. Car je sais combien nombreux sont vos crimes, énormes vos péchés, oppresseurs du juste, extorqueurs de rançons, vous qui, à la Porte, déboutez les pauvres. Voilà pourquoi l'homme avisé se tait en ce temps-ci, car c'est un temps de malheur. Recherchez le bien et non le mal, afin que vous viviez, et qu'ainsi Yahvé, Dieu Sabaot, soit avec vous, comme vous le dites. Haïssez le mal, aimez le bien, et faites régner le droit à la Porte; peut-être Yahvé, Dieu Sabaot, prendra-t-il en pitié le reste de Joseph! C'est pourquoi, ainsi parle Yahvé, le Dieu Sabaot, le Seigneur: Sur toutes les places il y aura des lamentations, et dans toutes les rues, on dira "Hélas! Hélas!" On convoquera le laboureur au deuil et aux lamentations ceux qui savent gémir; dans toutes les vignes il y aura des lamentations, car je vais passer au milieu de toi, dit Yahvé. Malheur à ceux qui soupirent après le jour de Yahvé! Que sera-t-il pour vous, le jour de Yahvé? Il sera ténèbres, et non lumière. Tel l'homme qui fuit devant un lion et tombe sur un ours! Il entre à la maison, appuie sa main au mur, et un serpent le mord! N'est-il pas ténèbres, le jour de Yahvé, et non lumière? Il est obscur et sans clarté! Je hais, je méprise vos fêtes et je ne puis sentir vos réunions solennelles. Quand vous m'offrez des holocaustes... vos oblations, je ne les agrée pas, le sacrifice de vos bêtes grasses, je ne le regarde pas. Ecarte de moi le bruit de tes cantiques, que je n'entende pas la musique de tes harpes! Mais que le droit coule comme de l'eau, et la justice, comme un torrent qui ne tarit pas. Des sacrifices et des oblations, m'en avez-vous présentés au désert, pendant 40 ans, maison d'Israël? Vous emporterez Sakkut, votre roi, et l'étoile de votre dieu, Kevân, ces images que vous vous êtes fabriquées; et je vous déporterai par-delà Damas, dit Yahvé - Dieu Sabaot est son nom. Malheur à ceux qui sont tranquilles en Sion, à ceux qui sont confiants sur la montagne de Samarie, ces notables des prémices des nations, à qui va la maison d'Israël. Passez à Kalné et voyez, de là, allez à Hamat la grande, puis descendez à Gat des Philistins: valent-elles mieux que ces royaumes-ci? Leur territoire est-il plus grand que le vôtre? Vous pensez reculer le jour du malheur et vous hâtez le règne de la violence! Couchés sur des lits d'ivoire, vautrés sur leurs divans, ils mangent les agneaux du troupeau et les veaux pris à l'étable. Ils braillent au son de la harpe, comme David, ils inventent des instruments de musique; ils boivent le vin dans de larges coupes, ils se frottent des meilleures huiles, mais ils ne s'affligent pas de la ruine de Joseph! C'est pourquoi ils seront maintenant déportés, en tête des déportés, c'en est fait de l'orgie des vautrés! Le Seigneur Yahvé l'a juré par lui-même: - oracle de Yahvé, Dieu Sabaot - J'abhorre l'orgueil de Jacob, je hais ses palais, et je livrerai la ville et tout ce qui la remplit. S'il reste dix hommes dans une seule maison, ils mourront. Il n'y aura qu'un petit nombre de rescapés pour sortir les ossements de la maison; et si l'on dit à celui qui est au fond de la maison: "En reste-t-il avec toi?" Il dira: "Plus personne" et il dira: "Silence! il ne faut pas prononcer le nom de Yahvé!" Car voici que Yahvé commande, sous ses coups la grande maison se crevasse et la petite se lézarde. Les chevaux courent-ils sur le roc, laboure-t-on la mer avec des boeufs, que vous changiez le droit en poison et le fruit de la justice en absinthe? Vous vous réjouissez à propos de Lo-Debar, vous dites: "N'est-ce point par notre force que nous avons pris Qarnayim?" Or voici que je suscite contre vous, maison d'Israël - oracle de Yahvé, Dieu Sabaot - une nation qui vous opprimera depuis l'entrée de Hamat jusqu'au torrent de la Araba. Voici ce que me fit voir le Seigneur Yahvé: C'était une éclosion de sauterelles, au temps où le regain commence à monter, de sauterelles adultes, après la coupe du roi. Et comme elles achevaient de dévorer l'herbe du pays, je dis: "Seigneur Yahvé, pardonne, je t'en prie! Comment Jacob tiendra-t-il? Il est si petit!" Yahvé en eut du repentir: "Cela ne sera pas", dit Yahvé. Voici ce que me fit voir le Seigneur Yahvé: Le Seigneur Yahvé appelait le feu pour châtier; celui-ci dévora le grand Abîme, puis il dévora la campagne. Je dis: "Seigneur Yahvé, cesse, je t'en prie! Comment Jacob tiendra-t-il? Il est si petit!" Yahvé en eut du repentir: "Cela non plus ne sera pas", dit le Seigneur Yahvé. Voici ce qu'il me fit voir: Le Seigneur se tenait près d'un mur, un fil à plomb dans la main. Yahvé me dit: "Que vois-tu, Amos?" Je dis: "Un fil à plomb." Le Seigneur dit: "Voici que je vais mettre un fil à plomb au milieu de mon peuple, Israël, désormais je ne lui pardonnerai plus. Les hauts lieux d'Isaac seront dévastés, les sanctuaires d'Israël détruits, et je me lèverai contre la maison de Jéroboam avec l'épée." Alors Amasias, le prêtre de Béthel, envoya dire à Jéroboam, roi d'Israël: "Amos conspire contre toi, au sein de la maison d'Israël; le pays ne peut tolérer ses discours. Car ainsi parle Amos: Jéroboam périra par l'épée et Israël sera déporté loin de sa terre." Et Amasias dit à Amos: "Voyant, va-t'en; fuis au pays de Juda; mange ton pain là-bas, et là-bas prophétise. Mais à Béthel, cesse désormais de prophétiser, car c'est un sanctuaire royal, un temple du royaume." Amos répondit et dit à Amasias: "Je ne suis pas prophète, je ne suis pas frère prophète; je suis bouvier et pinceur de sycomores. Mais Yahvé m'a pris de derrière le troupeau et Yahvé m'a dit: Va, prophétise à mon peuple Israël. Et maintenant, écoute la parole de Yahvé: Tu dis: Tu ne prophétiseras pas contre Israël, tu ne vaticineras pas contre la maison d'Isaac. C'est pourquoi, ainsi parle Yahvé: Ta femme se prostituera dans la ville, tes fils et tes filles tomberont sous l'épée, ta terre sera partagée au cordeau, et toi, tu mourras sur une terre impure, et Israël sera déporté loin de sa terre." Voici ce que me fit voir le Seigneur Yahvé: C'était une corbeille de fruits mûrs. Il dit: "Que vois-tu, Amos?" Je dis: "Une corbeille de fruits mûrs." Yahvé me dit: "Mon peuple Israël est mûr pour sa fin, désormais je ne lui pardonnerai plus. Les chants du palais seront des hurlements en ce jour-là - oracle du Seigneur Yahvé - Nombreux seront les cadavres, on les jettera en tous lieux. Silence!" Ecoutez ceci, vous qui écrasez le pauvre et voudriez faire disparaître les humbles du pays, vous qui dites: "Quand donc sera passée la néoménie pour que nous vendions du grain, et le sabbat, que nous écoulions le froment? Nous diminuerons la mesure, nous augmenterons le sicle, nous fausserons les balances pour tromper. Nous achèterons les faibles à prix d'argent et le pauvre pour une paire de sandales; et nous vendrons les déchets du froment." Yahvé l'a juré par l'orgueil de Jacob; Jamais je n'oublierai aucune de leurs actions. A cause de cela la terre ne tremble-t-elle pas? Tous ceux qui l'habitent ne sont-ils pas en deuil? Elle monte, comme le Nil, tout entière, elle gonfle et puis retombe, comme le Nil d'Egypte. Il adviendra en ce jour-là - oracle du Seigneur Yahvé - que je ferai coucher le soleil en plein midi et que j'obscurcirai la terre en un jour de lumière. Je changerai vos fêtes en deuil et tous vos chants en lamentations; je mettrai le sac sur tous les reins et la tonsure sur toutes les têtes. J'en ferai comme un deuil de fils unique, sa fin sera comme un jour d'amertume. Voici venir des jours - oracle de Yahvé - où j'enverrai la faim dans le pays, non pas une faim de pain, non pas une soif d'eau, mais d'entendre la parole de Yahvé. On ira titubant d'une mer à l'autre mer, du nord au levant, on errera pour chercher la parole de Yahvé et on ne la trouvera pas! En ce jour-là s'étioleront de soif les belles jeunes filles et les jeunes gens. Ceux qui jurent par le péché de Samarie, ceux qui disent: "Vive ton dieu, Dan!" et: "Vive le chemin de Bersabée!" ceux-là tomberont pour ne plus se relever. Je vis le Seigneur debout près de l'autel, et il dit: "Frappe le chapiteau et que les seuils s'ébranlent; brise-les sur leur tête à tous, et ce qui restera d'eux, je les tuerai par l'épée; il ne s'enfuira point parmi eux de fuyard, il ne se sauvera point parmi eux de rescapé. S'ils forcent l'entrée du Shéol, de là ma main les prendra; et s'ils montent aux cieux, de là je les ferai descendre; s'ils se cachent au sommet du Carmel, là j'irai les chercher et les prendre; s'ils se dérobent à mes yeux au fond de la mer, là je commanderai au Serpent de les mordre; s'ils s'en vont captifs devant leurs ennemis, là je commanderai à l'épée de les tuer, je fixerai les yeux sur eux, pour leur malheur et non pour leur bonheur. Et le Seigneur Yahvé Sabaot... Il touche la terre et elle se dissout, et tous ses habitants sont en deuil; elle monte comme le Nil, tout entière, et puis retombe comme le Nil d'Egypte. Il bâtit dans le ciel ses chambres hautes, il a fondé sa voûte sur la terre; il appelle les eaux de la mer et les répand sur la face de la terre; Yahvé est son nom. N'êtes-vous pas pour moi comme des Kushites, enfants d'Israël? - oracle de Yahvé - N'ai-je pas fait monter Israël du pays d'Egypte, et les Philistins de Kaphtor et les Araméens de Qir? Voici, les yeux du Seigneur Yahvé sont sur le royaume pécheur. Je vais l'exterminer de la surface du sol, toutefois je n'exterminerai pas complètement la maison de Jacob - oracle de Yahvé -- Car voici que je vais commander et je secouerai la maison d'Israël parmi toutes les nations, comme on secoue avec le crible, et pas un grain ne tombe à terre. Tous les pécheurs de mon peuple périront par l'épée, eux qui disent: "Le malheur n'avancera pas, il ne nous atteindra pas." En ces jours-là, je relèverai la hutte branlante de David, je réparerai ses brèches, je relèverai ses ruines, je la rebâtirai comme aux jours d'autrefois, afin qu'ils possèdent le reste d'Edom et toutes les nations qui furent appelées de mon nom, oracle de Yahvé qui a fait cela. Voici venir des jours - oracle de Yahvé - où se suivront de près laboureur et moissonneur, celui qui foule les raisins et celui qui répand la semence. Les montagnes suinteront de jus de raisin, toutes les collines deviendront liquides. Je rétablirai mon peuple Israël; ils rebâtiront les villes dévastées et les habiteront, ils planteront des vignes et en boiront le vin, ils cultiveront des jardins et en mangeront les fruits. Je les planterai sur leur terre et ils ne seront plus arrachés de dessus la terre que je leur ai donnée, dit Yahvé ton Dieu. Vision d'Abdias. Sur Edom. J'ai reçu de Yahvé un message, un héraut était dépêché parmi les nations: "Debout! Marchons contre ce peuple! Au combat!" Ainsi parle le Seigneur Yahvé: Vois, je te rends petit parmi les peuples, tu es au plus bas du mépris! L'arrogance de ton coeur t'a égaré, toi qui habites au creux du rocher, toi qui fais des hauteurs ta demeure, toi qui dis en ton coeur: "Qui me fera descendre à terre?" Quand tu t'élèverais comme l'aigle, quand tu placerais ton nid parmi les étoiles, je t'en précipiterais! oracle de Yahvé. Si des voleurs venaient chez toi (ou des pillards de nuit), ne déroberaient-ils pas ce qui leur suffit? Si des vendangeurs venaient chez toi, ne laisseraient-ils rien à grappiller? Comme tu as été ravagé! Comme Esaü a été fouillé, ses trésors cachés, explorés! Ils t'ont chassé jusqu'aux frontières, ils se sont joué de toi, tous tes alliés! Ils t'ont dupé, tes bons amis! Ceux qui mangeaient ton pain tendent des pièges sous tes pas: "Il n'a plus sa raison!" Est-ce qu'en ce jour-là - oracle de Yahvé - je ne supprimerai pas d'Edom les sages et l'intelligence de la montagne d'Esaü! Témân, tes guerriers seront figés de terreur, afin que soit retranché tout homme de la montagne d'Esaü. Pour le carnage, pour la violence exercée contre Jacob ton frère, la honte te couvrira et tu disparaîtras à jamais! Quand tu te tenais à l'écart, le jour où des étrangers emmenaient ses richesses, où des barbares franchissaient sa porte et jetaient le sort sur Jérusalem, toi tu étais comme l'un d'eux! Ne te délecte pas à la vue de ton frère au jour de son malheur! Ne fais pas des enfants de Juda le sujet de ta joie au jour de leur ruine! Ne tiens pas des propos insolents au jour de l'angoisse! Ne franchis pas la porte de mon peuple au jour de sa détresse! Ne te délecte pas, toi aussi, de la vue de ses maux au jour de sa détresse! Ne porte pas la main sur ses richesses au jour de sa détresse! Ne te poste pas aux carrefours pour exterminer ses fuyards! Ne livre point ses survivants au jour de l'angoisse! Car il est proche, le jour de Yahvé, contre tous les peuples! Comme tu as fait, il te sera fait: tes actes te retomberont sur la tête! Oui, comme vous avez bu sur ma montagne sainte, tous les peuples boiront sans trêve; ils boiront et se gorgeront, et ils seront comme s'ils n'avaient jamais été! Mais sur le mont Sion il y aura des rescapés - ce sera un lieu saint - et la maison de Jacob rentrera dans ses possessions! La maison de Jacob sera du feu, la maison de Joseph, une flamme, la maison d'Esaü, du chaume! Elles l'embraseront et la dévoreront, et nul ne survivra de la maison d'Esaü: Yahvé a parlé! Ceux du Négeb posséderont la montagne d'Esaü, ceux du Bas-Pays, la terre des Philistins, ils posséderont le territoire d'Ephraïm et le territoire de Samarie, et Benjamin possédera Galaad. Les exilés de cette armée, les enfants d'Israël, posséderont la terre des Cananéens jusqu'à Sarepta, et les exilés de Jérusalem qui sont à Sepharad posséderont les villes du Négeb. Ils graviront, victorieux, la montagne de Sion pour juger la montagne d'Esaü, et à Yahvé sera l'empire! La parole de Yahvé fut adressée à Jonas, fils d'Amittaï: "Lève-toi, lui dit-il, va à Ninive, la grande ville, et annonce-leur que leur méchanceté est montée jusqu'à moi." Jonas se mit en route pour fuir à Tarsis, loin de Yahvé. Il descendit à Joppé et trouva un vaisseau à destination de Tarsis, il paya son passage et s'embarqua pour se rendre avec eux à Tarsis, loin de Yahvé. Mais Yahvé lança sur la mer un vent violent, et il y eut grande tempête sur la mer, au point que le vaisseau menaçait de se briser. Les matelots prirent peur; ils crièrent chacun vers son dieu, et pour s'alléger, jetèrent à la mer la cargaison. Jonas cependant était descendu au fond du bateau; il s'était couché et dormait profondément. Le chef de l'équipage s'approcha de lui et lui dit: "Qu'as-tu à dormir? Lève-toi, crie vers ton Dieu! Peut-être Dieu songera-t-il à nous et nous ne périrons pas." Puis ils se dirent les uns aux autres: "Tirons donc au sort, pour savoir de qui nous vient ce mal." Ils jetèrent les sorts et le sort tomba sur Jonas. Ils lui dirent alors: "Dis-nous donc quelle est ton affaire, d'où tu viens, quel est ton pays et à quel peuple tu appartiens." Il leur répondit: "Je suis Hébreu, et c'est Yahvé que j'adore, le Dieu du ciel qui a fait la mer et la terre." Les hommes furent saisis d'une grande crainte et ils lui dirent: "Qu'as-tu fait là!" Ils savaient en effet qu'il fuyait loin de Yahvé, car il le leur avait raconté. Ils lui dirent: "Que te ferons-nous pour que la mer s'apaise pour nous?" Car la mer se soulevait de plus en plus. Il leur répondit: "Prenez-moi et jetez-moi à la mer, et la mer s'apaisera pour vous. Car, je le sais, c'est à cause de moi que cette violente tempête vous assaille." Les hommes ramèrent pour gagner le rivage, mais en vain, car la mer se soulevait de plus en plus contre eux. Alors ils implorèrent Yahvé et dirent: "Ah! Yahvé, puissions-nous ne pas périr à cause de la vie de cet homme, et puisses-tu ne pas nous charger d'un sang innocent, car c'est toi, Yahvé, qui as agi selon ton bon plaisir." Et, s'emparant de Jonas, ils le jetèrent à la mer, et la mer apaisa sa fureur. Les hommes furent saisis d'une grande crainte de Yahvé; ils offrirent un sacrifice à Yahvé et firent des voeux. Yahvé fit qu'il y eut un grand poisson pour engloutir Jonas. Jonas demeura dans les entrailles du poisson trois jours et trois nuits. Des entrailles du poisson, il pria Yahvé, son Dieu. Il dit: De la détresse où j'étais, j'ai crié vers Yahvé, et il m'a répondu; du sein du shéol, j'ai appelé, tu as entendu ma voix. Tu m'avais jeté dans les profondeurs, au coeur de la mer, et le flot m'environnait. Toutes tes vagues et tes lames ont passé sur moi. Et moi je disais: Je suis rejeté de devant tes yeux. Comment contemplerai-je encore ton saint Temple? Les eaux m'avaient environné jusqu'à la gorge, l'abîme me cernait. L'algue était enroulée autour de ma tête. A la racine des montagnes j'étais descendu, en un pays dont les verrous étaient tirés sur moi pour toujours. Mais de la fosse tu as fait remonter ma vie, Yahvé, mon Dieu. Tandis qu'en moi mon âme défaillait, je me suis souvenu de Yahvé, et ma prière est allée jusqu'à toi en ton saint Temple. Ceux qui servent des vanités trompeuses, c'est leur grâce qu'ils abandonnent. Moi, aux accents de la louange, je t'offrirai des sacrifices. Le voeu que j'ai fait, je l'accomplirai. De Yahvé vient le salut. Yahvé commanda au poisson, qui vomit Jonas sur le rivage. La parole de Yahvé fut adressée pour la seconde fois à Jonas: "Lève-toi, lui dit-il, va à Ninive, la grande ville, et annonce-leur ce que je te dirai." Jonas se leva et alla à Ninive selon la parole de Yahvé. Or Ninive était une ville divinement grande: il fallait trois jours pour la traverser. Jonas pénétra dans la ville; il y fit une journée de marche. Il prêcha en ces termes: "Encore 40 jours, et Ninive sera détruite." Les gens de Ninive crurent en Dieu; ils publièrent un jeûne et se revêtirent de sacs, depuis le plus grand jusqu'au plus petit. La nouvelle parvint au roi de Ninive; il se leva de son trône, quitta son manteau, se couvrit d'un sac et s'assit sur la cendre. Puis l'on cria dans Ninive, et l'on fit, par décret du roi et des grands, cette proclamation: "Hommes et bêtes, gros et petit bétail ne goûteront rien, ne mangeront pas et ne boiront pas d'eau. On se couvrira de sacs, on criera vers Dieu avec force, et chacun se détournera de sa mauvaise conduite et de l'iniquité que commettent ses mains. Qui sait si Dieu ne se ravisera pas et ne se repentira pas, s'il ne reviendra pas de l'ardeur de sa colère, en sorte que nous ne périssions point?" Dieu vit ce qu'ils faisaient pour se détourner de leur conduite mauvaise. Aussi Dieu se repentit du mal dont il les avait menacés, il ne le réalisa pas. Jonas en eut un grand dépit, et il se fâcha. Il fit une prière à Yahvé: "Ah! Yahvé, dit-il, n'est-ce point là ce que je disais lorsque j'étais encore dans mon pays? C'est pourquoi je m'étais d'abord enfui à Tarsis; je savais en effet que tu es un Dieu de pitié et de tendresse, lent à la colère, riche en grâce et te repentant du mal. Maintenant, Yahvé, prends donc ma vie, car mieux vaut pour moi mourir que vivre." Yahvé répondit: "As-tu raison de te fâcher?" Jonas sortit de la ville et s'assit à l'orient de la ville; il se fit là une hutte et s'assit dessous, à l'ombre, pour voir ce qui arriverait dans la ville. Alors Yahvé Dieu fit qu'il y eut un ricin qui grandit au-dessus de Jonas, afin de donner de l'ombre à sa tête et de le délivrer ainsi de son mal. Jonas éprouva une grande joie à cause du ricin. Mais, à la pointe de l'aube, le lendemain, Dieu fit qu'il y eut un ver qui piqua le ricin, celui-ci sécha. Puis, quand le soleil se leva, Dieu fit qu'il y eut un vent d'est brûlant; le soleil darda ses rayons sur la tête de Jonas qui fut accablé. Il demanda la mort et dit: "Mieux vaut pour moi mourir que vivre." Dieu dit à Jonas: "As-tu raison de te fâcher pour ce ricin?" Il répondit: "Oui, j'ai bien raison d'être fâché à mort." Yahvé repartit: "Toi, tu as de la peine pour ce ricin, qui ne t'a coûté aucun travail et que tu n'as pas fait grandir, qui a poussé en une nuit et en une nuit à péri. Et moi, je ne serais pas en peine pour Ninive, la grande ville, où il y a plus de 120.000 êtres humains qui ne distinguent pas leur droite de leur gauche, ainsi qu'une foule d'animaux!" Parole de Yahvé qui fut adressée à Michée de Moréshèt, au temps de Yotam, d'Achaz et d'Ezéchias, rois de Juda. Ses visions sur Samarie et Jérusalem. Ecoutez, tous les peuples! Sois attentive, terre, et tout ce qui t'emplit! Yahvé va témoigner contre vous, le Seigneur, au sortir de son palais sacré! Car voici Yahvé qui sort de son lieu saint: il descend, il foule les sommets de la terre. Les montagnes fondent sous ses pas, les vallées s'effondrent, comme la cire devant le feu, comme l'eau répandue sur la pente. Tout cela, à cause du crime de Jacob, du péché de la maison d'Israël. Quel est le crime de Jacob? N'est-ce pas Samarie? Quel est le péché de la maison de Juda? N'est-ce pas Jérusalem? "Je vais faire de Samarie une ruine dans la campagne, une terre à vignes. Je ferai rouler ses pierres à la vallée, je mettrai à nu ses fondations. Toutes ses statues seront brisées, tous ses salaires dévorés par le feu, toutes ses idoles, je les livrerai à la solitude, car elles ont été amassées avec le salaire des prostituées et elles redeviendront salaire de prostituées." Pour cela, je vais gémir et me lamenter, je vais aller déchaussé et nu, je pousserai des gémissements comme les chacals, des plaintes comme les autruches. Car il n'y a pas de remède au coup de Yahvé; il atteint jusqu'à Juda, il frappe jusqu'à la porte de mon peuple, jusqu'à Jérusalem! A Gat, ne le publiez pas, à... ne versez pas vos pleurs! A Bet-Léaphra, roulez-vous dans la poussière! Sonne du cor, toi qui demeures à Shaphir! Elle n'est pas sortie de sa cité, celle qui demeure à Caanân! Bet-ha-Eçel est arrachée de ses fondations, de la base de son assise! Pourrait-elle donc espérer le bonheur, celle qui demeure à Marôt? Car le malheur est descendu de chez Yahvé à la porte de Jérusalem. Attelle au char le coursier, toi qui demeures à Lakish! (Ce fut le début du péché pour la fille de Sion, car c'est en toi que l'on trouve les forfaits d'Israël.) Aussi tu devras verser une dot pour Moréshèt-Gat. Bet-Akzib sera une déception pour les rois d'Israël. Le pillard te reviendra encore, toi qui demeures à Maresha! Jusqu'à Adullam s'en ira la gloire d'Israël. Arrache tes cheveux, rase-les, pour les fils qui faisaient ta joie! Rends-toi chauve comme le vautour, car ils sont exilés loin de toi! Malheur à ceux qui projettent le méfait et qui trament le mal sur leur couche! Dès que luit le matin, ils l'exécutent, car c'est au pouvoir de leurs mains. S'ils convoitent des champs, ils s'en emparent; des maisons, ils les prennent; ils saisissent le maître avec sa maison, l'homme avec son héritage. C'est pourquoi ainsi parle Yahvé: Voici que je projette contre cette engeance un malheur tel que vous n'en pourrez retirer votre cou; et vous ne pourrez marcher la tête haute, car ce sera un temps de malheur. Ce jour-là, on fera sur vous une satire! on chantera une complainte, et l'on dira: "Nous sommes dépouillés de tout; la part de mon peuple est mesurée au cordeau, personne ne la lui rend; nos champs sont attribués à celui qui nous pille." Aussi il n'y aura pour vous personne qui jette le cordeau sur un lot dans l'assemblée de Yahvé. Ne vaticinez pas, vaticinent-ils, qu'on ne vaticine pas ainsi! L'opprobre ne nous atteindra pas. La maison de Jacob serait-elle maudite? Yahvé a-t-il perdu patience? Est-ce là sa manière d'agir? Ses paroles ne sont-elles pas bienveillantes pour son peuple Israël? C'est vous qui vous dressez en ennemis contre mon peuple. A qui est sans reproche vous arrachez son manteau; à qui se croit en sécurité vous infligez les désastres de la guerre. Les femmes de mon peuple, vous les chassez des maisons qu'elles aimaient; à leurs enfants, vous enlevez pour toujours l'honneur que je leur ai donné: "Debout, en avant! ce n'est pas la pause!" Pour un rien vous extorquez un gage écrasant. S'il pouvait y avoir un inspiré qui forge ce mensonge: "Je te prophétise vin et boisson", il serait le prophète de ce peuple-là. Oui, je veux rassembler Jacob tout entier, je veux réunir le reste d'Israël! Je les regrouperai comme des moutons dans l'enclos; comme un troupeau au milieu de son pâturage, ils feront du bruit loin des hommes. Celui qui fait la brèche devant eux montera; ils feront la brèche, ils passeront la porte, ils sortiront par elle; leur roi passera devant eux et Yahvé à leur tête. Puis je dis: Ecoutez donc, chefs de la maison de Jacob et commandants de la maison d'Israël! N'est-ce pas à vous de connaître le droit, vous qui haïssez le bien et aimez le mal, (qui leur arrachez la peau, et la chair de sur leurs os)! Ceux qui ont dévoré la chair de mon peuple, et lui ont arraché la peau et brisé les os, qui l'ont déchiré comme chair dans la marmite et comme viande en plein chaudron, alors, ils crieront vers Yahvé, mais il ne leur répondra pas. Il leur cachera sa face en ce temps-là, à cause des crimes qu'ils ont commis. Ainsi parle Yahvé contre les prophètes qui égarent mon peuple: S'ils ont quelque chose entre les dents, ils proclament: "Paix!" Mais à qui ne leur met rien dans la bouche ils déclarent la guerre. C'est pourquoi la nuit pour vous sera sans vision, les ténèbres pour vous sans divination. Le soleil va se coucher pour les prophètes et le jour s'obscurcir pour eux. Alors les voyants seront couverts de honte et les devins de confusion; tous, ils se couvriront les lèvres, car il n'y aura pas de réponse de Dieu. Moi, au contraire, je suis plein de force (et du souffle de Yahvé), de justice et de courage, pour proclamer à Jacob son crime, à Israël son péché. Ecoutez donc ceci, chefs de la maison de Jacob et commandants de la maison d'Israël, vous qui exécrez la justice et qui tordez tout ce qui est droit, vous qui construisez Sion avec le sang et Jérusalem avec le crime! Ses chefs jugent pour des présents, ses prêtres décident pour un salaire, ses prophètes vaticinent à prix d'argent. Et c'est sur Yahvé qu'ils s'appuient! Ils disent: "Yahvé n'est-il pas au milieu de nous? Le malheur ne tombera pas sur nous." C'est pourquoi, par votre faute, Sion deviendra une terre de labour, Jérusalem un monceau de décombres, et la montagne du Temple une hauteur boisée. Or il adviendra dans la suite des temps que la montagne du Temple de Yahvé sera établie en tête des montagnes et s'élèvera au-dessus des collines. Alors des peuples afflueront vers elle, alors viendront des nations nombreuses qui diront: "Venez, montons à la montagne de Yahvé, au Temple du Dieu de Jacob, qu'il nous enseigne ses voies et que nous suivions ses sentiers. Car de Sion vient la Loi et de Jérusalem la parole de Yahvé." Il jugera entre des peuples nombreux et sera l'arbitre de nations puissantes. Ils briseront leurs épées pour en faire des socs et leurs lances pour en faire des serpes. On ne lèvera plus l'épée nation contre nation, on n'apprendra plus à faire la guerre. Mais chacun restera assis sous sa vigne et sous son figuier, sans personne pour l'inquiéter. La bouche de Yahvé Sabaot a parlé. Car tous les peuples marchent chacun au nom de son dieu; mais nous, nous marcherons au nom de Yahvé notre Dieu, pour toujours et à jamais. En ce jour-là - oracle de Yahvé - je veux rassembler les éclopées, rallier les égarées et celles que j'ai maltraitées. Des éclopées je ferai un reste, des éloignées une nation puissante. Alors Yahvé régnera sur eux à la montagne de Sion, dès maintenant et à jamais. Et toi, Tour du Troupeau, Ophel de la fille de Sion, à toi va revenir la souveraineté d'antan, la royauté de la fille de Jérusalem. Maintenant pourquoi pousses-tu des clameurs? N'y a-t-il pas un roi chez toi? Tes conseillers sont-ils perdus, que la douleur t'ait saisie comme la femme qui enfante? Tords-toi de douleur et crie, fille de Sion, comme la femme qui enfante, car tu vas maintenant sortir de la cité et demeurer en rase campagne. Tu iras jusqu'à Babel, c'est là que tu seras délivrée; c'est là que Yahvé te rachètera de la main de tes ennemis. Maintenant, des nations nombreuses se sont assemblées contre toi. Elles disent: "Qu'on la profane et que nos yeux se repaissent de Sion!" C'est qu'elles ne connaissent pas les plans de Yahvé et qu'elles n'ont pas compris son dessein: il les a rassemblées comme les gerbes sur l'aire. Debout! foule le grain, fille de Sion! car je rendrai tes cornes de fer, de bronze tes sabots, et tu broieras des peuples nombreux. Tu voueras à Yahvé leurs rapines, et leurs richesses au Seigneur de toute la terre. Maintenant, fortifie-toi, Forteresse! Ils ont dressé un retranchement contre nous; à coups de verge ils frappent à la joue le juge d'Israël. Et toi, (Bethléem) Ephrata, le moindre des clans de Juda, c'est de toi que me naîtra celui qui doit régner sur Israël; ses origines remontent au temps jadis, aux jours antiques. C'est pourquoi il les abandonnera jusqu'au temps où aura enfanté celle qui doit enfanter. Alors le reste de ses frères reviendra aux enfants d'Israël. Il se dressera, il fera paître son troupeau par la puissance de Yahvé, par la majesté du nom de son Dieu. Ils s'établiront, car alors il sera grand jusqu'aux extrémités du pays. Celui-ci sera paix! Assur, s'il envahit notre pays, s'il foule notre sol, nous dresserons contre lui sept pasteurs, huit chefs d'hommes; ils feront paître le pays d'Assur avec l'épée, le pays de Nemrod avec le glaive. Il nous délivrera d'Assur s'il envahit notre pays, s'il foule notre territoire. Alors, le reste de Jacob sera, au milieu des peuples nombreux, comme une rosée venant de Yahvé, comme des gouttes de pluie sur l'herbe, qui n'espère point en l'homme ni n'attend rien des humains. Alors, le reste de Jacob sera, au milieu des peuples nombreux, comme un lion parmi les bêtes de la forêt, comme un lionceau parmi les troupeaux de moutons: chaque fois qu'il passe, il piétine, il déchire, et personne ne lui arrache sa proie. Que ta main se lève sur tes adversaires et tous tes ennemis seront retranchés! Voici ce qui arrivera ce jour-là, oracle de Yahvé! Je retrancherai de ton sein tes chevaux, je ferai disparaître tes chars; je retrancherai les cités de ton pays, je détruirai toutes tes villes fortes; je retrancherai de ta main les sortilèges, et tu n'auras plus de devins; je retrancherai de ton sein tes statues et tes stèles et tu ne pourras plus te prosterner désormais devant l'ouvrage de tes mains, j'arracherai de ton sein tes pieux sacrés, et j'anéantirai tes cités. Avec colère, avec fureur, je tirerai vengeance des nations qui n'ont pas obéi. Ecoutez donc ce que dit Yahvé: "Debout! Entre en procès devant les montagnes et que les collines entendent ta voix!" Ecoutez, montagnes, le procès de Yahvé, prêtez l'oreille, fondements de la terre, car Yahvé est en procès avec son peuple, il plaide contre Israël: "Mon peuple, que t'ai-je fait? En quoi t'ai-je fatigué? Réponds-moi. Car je t'ai fait monter du pays d'Egypte, je t'ai racheté de la maison de servitude; j'ai envoyé devant toi Moïse, Aaron et Miryam. Mon peuple, souviens-toi donc: quel était le projet de Balaq, roi de Moab? Que lui répondit Balaam, fils de Béor? De Shittim à Gilgal, pour que tu connaisses les justes oeuvres de Yahvé" -- "Avec quoi me présenterai-je devant Yahvé, me prosternerai-je devant le Dieu de là-haut? Me présenterai-je avec des holocaustes, avec des veaux d'un an? Prendra-t-il plaisir à des milliers de béliers, à des libations d'huile par torrents? Faudra-t-il que j'offre mon aîné pour prix de mon crime, le fruit de mes entrailles pour mon propre péché" -- "On t'a fait savoir, homme, ce qui est bien, ce que Yahvé réclame de toi: rien d'autre que d'accomplir la justice, d'aimer la bonté et de marcher humblement avec ton Dieu." C'est la voix de Yahvé! Il crie à la cité: Ecoutez, tribu et assemblée de la cité! Puis-je supporter une mesure fausse et un boisseau diminué, abominable? Puis-je tenir pour pur qui se sert de balances fausses, d'une bourse de poids truqués? Elle dont les riches sont pleins de violence et dont les habitants profèrent le mensonge! Aussi, moi-même, j'ai commencé à te frapper, à te dévaster pour tes péchés. Tu mangeras, mais tu ne pourras te rassasier; tu mettras de côté, mais tu ne pourras rien garder; et si tu peux garder quelque chose, je le livrerai à l'épée. Tu sèmeras, mais tu ne pourras faire la moisson; tu presseras l'olive mais tu ne pourras t'oindre d'huile, le moût, mais tu ne pourras boire de vin. Tu observes les lois d'Omri, toutes les pratiques de la maison d'Achab; tu te conduis selon leurs principes, pour que je fasse de toi un objet de stupeur, de tes habitants une dérision, et que vous portiez l'opprobre des peuples. Malheur à moi! je suis devenu comme un moissonneur en été, comme un grappilleur aux vendanges: plus une grappe à manger, plus une figue précoce que je désire! Les fidèles ont disparu du pays: pas un juste parmi les gens! Tous sont aux aguets pour verser le sang, ils traquent chacun son frère au filet. Pour faire le mal leurs mains sont habiles: le prince réclame, le juge juge pour un cadeau, le grand prononce suivant son bon plaisir. Parmi eux le meilleur est comme une ronce, le plus juste comme une haie d'épines. Aujourd'hui arrive du Nord leur épreuve; c'est l'instant de leur confusion. Ne vous fiez pas au prochain, n'ayez point confiance en l'ami; devant celle qui partage ta couche, garde-toi d'ouvrir la bouche. Car le fils insulte le père, la fille se dresse contre sa mère, la belle-fille contre sa belle-mère, chacun a pour ennemis les gens de sa maison. Mais moi, je regarde vers Yahvé, j'espère dans le Dieu qui me sauvera; mon Dieu m'entendra. Ne te réjouis pas à mon sujet, ô mon ennemie: si je suis tombée, je me relèverai; si je demeure dans les ténèbres, Yahvé est ma lumière. Je dois porter la colère de Yahvé, puisque j'ai péché contre lui, jusqu'à ce qu'il juge ma cause et me fasse justice; il me fera sortir à la lumière, et je contemplerai ses justes oeuvres. Quand mon ennemie le verra, elle sera couverte de honte, elle qui me disait: "Où est-il, Yahvé ton Dieu?" Mes yeux la contempleront, tandis qu'elle sera piétinée comme la boue des rues. Le jour de rebâtir tes remparts! Ce jour-là s'étendront tes frontières; ce jour-là, on viendra jusqu'à toi depuis l'Assyrie jusqu'à l'Egypte, depuis Tyr jusqu'au Fleuve, de la mer à la mer, de la montagne à la montagne. La terre deviendra une solitude à cause de ses habitants, pour prix de leur conduite. Fais paître ton peuple sous ta houlette, le troupeau de ton héritage, qui demeure isolé dans les broussailles, au milieu des vergers. Puisse-t-il paître en Bashân et en Galaad comme aux jours antiques! Comme aux jours où tu sortis du pays d'Egypte, fais-nous voir des merveilles! Les nations verront et seront confondues malgré toute leur puissance; elles se mettront la main sur la bouche, elles en auront les oreilles assourdies. Elles lécheront la poussière comme le serpent, comme les bêtes qui rampent sur la terre. Elles sortiront tremblantes de leurs repaires, terrifiées et craintives devant toi. Quel est le dieu comme toi, qui enlève la faute, qui pardonne le crime, qui n'exaspère pas pour toujours sa colère, mais qui prend plaisir à faire grâce? Une fois de plus, aie pitié de nous! foule aux pieds nos fautes, jette au fond de la mer tous nos péchés! Accorde à Jacob ta fidélité, à Abraham ta grâce, que tu as jurées à nos pères dès les jours d'antan. Oracle sur Ninive. Livre de la vision de Nahum, d'Elqosh. C'est un Dieu jaloux et vengeur que Yahvé! Il se venge, Yahvé, il est riche en colère! Il se venge, Yahvé, de ses adversaires, il garde rancune à ses ennemis. Yahvé est lent à la colère, mais grand par sa puissance. L'impunité, jamais il ne l'accorde, Yahvé. Dans l'ouragan, dans la tempête il fait sa route, les nuées sont la poussière que soulèvent ses pas. Il menace la mer, il la met à sec, il fait tarir tous les fleuves... flétris sont Bashân et le Carmel, flétrie la verdure du Liban! Les montagnes tremblent à cause de lui, les collines chancellent, la terre s'effondre devant lui, le monde et tous ceux qui l'habitent. Son courroux! qui pourrait le soutenir? Qui tiendrait devant son ardente colère? Sa fureur se déverse comme le feu et les rochers se brisent devant lui. Yahvé est bon; il est une citadelle au jour de la détresse. Il connaît ceux qui se confient en lui, même quand survient l'inondation. Il réduira à néant ceux qui se dressent contre lui, il poursuivra ses ennemis jusque dans les ténèbres. Que méditez-vous sur Yahvé? C'est lui qui réduit à néant; l'oppression ne se lèvera pas deux fois. Comme un fourré d'épines enchevêtrées ils seront dévorés, comme la paille sèche, entièrement. C'est de toi qu'est sorti celui qui médite contre Yahvé, l'homme aux desseins de Bélial. Ainsi parle Yahvé. Si intacts, si nombreux soient-ils, ils seront fauchés et ils passeront. Si je t'ai humiliée, je ne t'humilierai plus désormais. Et maintenant, je vais briser son joug qui pèse sur toi, rompre tes chaînes. Pour toi, voici l'ordre de Yahvé: Il n'y aura plus de race qui porte ton nom; du temple de tes dieux j'enlèverai images sculptées et coulées; je dévasterai ta tombe car tu es maudit. Voici sur les montagnes les pas du messager; il annonce: "La Paix!" Célèbre tes fêtes, Juda, accomplis tes voeux, car Bélial désormais ne passera plus chez toi, il est entièrement anéanti. Un destructeur s'avance contre toi. Monte la garde au rempart, surveille la route, ceins-toi les reins, rassemble toutes tes forces. (Oui, Yahvé rétablit la vigne de Jacob et la vigne d'Israël. Les pillards les avaient pillées, ils en avaient brisé les sarments). Le bouclier de ses preux rougeoie, ses braves sont vêtus d'écarlate; les chars flamboient de tous leurs aciers au jour de leur mise en ligne; les cavaliers s'agitent; dans les rues les chars font rage, ils foncent à travers les places; à les voir on dirait des flammes; comme la foudre, ils courent çà et là. On appelle les puissants; ils trébuchent dans leur marche; ils se hâtent vers le rempart. Et l'abri est en place. Les portes qui donnent sur le Fleuve s'ouvrent et le palais s'agite en tous sens. La Beauté est emmenée en exil, enlevée, ses servantes poussent des gémissements comme la plainte des colombes; elles se frappent le coeur. Ninive est comme un bassin d'eau dont les eaux s'échappent. "Arrêtez, arrêtez!" Mais nul ne se retourne. "Pillez l'argent! Pillez l'or!" Il n'y a pas de fin au trésor, une masse de tous objets précieux! Pillage, saccage, ravage! Le coeur se fond, les genoux fléchissent, le frisson est dans tous les reins, tous les visages perdent leur couleur. Où est la tanière des lions, la caverne des lionceaux? Lorsque partait le lion, la lionne y restait, et les petits du lion; nul ne les inquiétait. Le lion déchirait pour ses petits, il étranglait pour ses lionnes; il remplissait ses antres de rapine, ses tanières de proie. Me voici! A toi! oracle de Yahvé Sabaot. Je vais réduire en fumée tes chars; l'épée dévorera tes lionceaux. Je vais faire disparaître de la terre tes rapines et l'on n'entendra plus la voix de tes messagers. Malheur à la ville sanguinaire, toute en mensonges, pleine de butin, où ne cesse pas la rapine! Claquement des fouets, fracas des roues, chevaux au galop, chars qui bondissent, cavaliers à la charge, flammes des épées éclairs des lances, foule des blessés, masse des morts, sans fin des cadavres, on bute sur leurs cadavres! C'est à cause des prostitutions sans nombre de la prostituée, la beauté gracieuse, l'habile enchanteresse qui réduisait en esclavage les nations par ses débauches, les peuples par ses enchantements. Me voici! A toi! oracle de Yahvé Sabaot. Je vais relever jusqu'à ton visage les pans de ta robe, montrer aux nations ta nudité, aux royaumes ton ignominie. Je vais jeter sur toi des ordures, te déshonorer, t'exposer au pilori. Alors, quiconque te verra se détournera de toi. Il dira: "Ninive! quelle désolation!" Qui la prendrait en pitié? Où pourrais-je te chercher des consolateurs? Valais-tu mieux que No-Amon assise sur les Fleuves? (les eaux l'entouraient) Pour avant-mur, elle avait la mer, pour rempart, les eaux. Sa puissance, c'était l'Ethiopie, et l'Egypte, sans fin. Put et les Libyens étaient ses auxiliaires. Elle aussi est allée en exil, en captivité; ses petits enfants aussi ont été écrasés à tous les carrefours; ses nobles, on les a tirés au sort, tous ses grands ont été liés avec des chaînes. Toi aussi, tu seras enivrée, tu seras celle qui se cache; toi aussi, tu devras chercher un refuge contre l'ennemi. Tes places fortes sont toutes des figuiers aux figues précoces: on les secoue, elles tombent dans la bouche de qui les mange. Regarde ton peuple: ce sont des femmes qu'il y a chez toi; les portes de ton pays s'ouvrent toutes grandes à l'ennemi; le feu a dévoré tes verrous. Puise de l'eau pour le siège, consolide tes places fortes, marche dans la boue, foule l'argile, prends le moule à briques. Alors le feu te dévorera et l'épée t'exterminera. Amoncelle-toi comme les criquets, amoncelle-toi comme les sauterelles; multiplie tes courtiers plus que les étoiles du ciel, les criquets déploient leurs élytres, ils s'envolent, tes garnisons comme les sauterelles, tes scribes comme un essaim d'insectes. Ils campent sur les murs au jour du froid. Le soleil paraît: ils sont partis, nul ne sait où. Malheur! Comment se sont endormis tes bergers, roi d'Assur? Tes puissants sommeillent, ton peuple est dispersé sur les montagnes, nul ne pourra plus les rassembler. A ta blessure, pas de remède! Ta plaie est incurable. Tous ceux qui entendent ce qu'on dit de toi battent des mains sur toi; sur qui donc n'est pas passée, sans trêve, ta méchanceté? L'oracle que reçut en vision Habaquq le prophète. Jusques à quand, Yahvé, appellerai-je au secours sans que tu écoutes, crierai-je vers toi: "A la violence!" sans que tu sauves? Pourquoi me fais-tu voir l'iniquité et regardes-tu l'oppression? Je ne vois que rapine et violence, c'est la dispute, et la discorde sévit! Aussi la loi se meurt, plus jamais le droit ne paraît! Oui, l'impie traque le juste, aussi ne paraît plus qu'un droit fléchi! Regardez parmi les peuples, voyez, soyez stupides et stupéfaits! Car j'accomplis de vos jours une oeuvre que vous ne croiriez pas si on la racontait. Oui! voici que je suscite les Chaldéens, ce peuple farouche et fougueux, celui qui parcourt de vastes étendues de pays pour s'emparer des demeures d'autrui. Il est terrible et redoutable, sa force fait son droit, sa grandeur! Ses chevaux sont plus rapides que panthères, plus mordants que loups du soir; ses cavaliers bondissent, ses cavaliers arrivent de loin, ils volent comme l'aigle qui fond pour dévorer. Tous arrivent pour le pillage, la face ardente comme un vent d'est; ils ramassent les captifs comme du sable! Ce peuple se moque des rois, il tourne les princes en dérision. Il se rit de toutes forteresses: il entasse de la terre et les prend! Puis le vent a tourné et s'en est allé... Criminel qui fait de sa force son Dieu! Dès les temps lointains n'es-tu pas Yahvé, mon Dieu, mon Saint, qui ne meurs pas? Tu l'avais établi, Yahvé, pour exercer le droit, tel un rocher, pour châtier, tu l'avais affermi! Tes yeux sont trop purs pour voir le mal, tu ne peux regarder l'oppression. Pourquoi regardes-tu les gens perfides, gardes-tu le silence quand l'impie engloutit un plus juste que lui? Tu traites les humains comme les poissons de la mer, comme la gent qui frétille, sans maître! Il les prend tous à l'hameçon, les tire avec son filet, il les ramasse avec son épervier, et le voilà dans la joie, dans l'allégresse! Aussi sacrifie-t-il à son filet, fait-il fumer des offrandes devant son épervier, car ils lui procurent de grasses portions et des mets plantureux. Videra-t-il donc sans trêve son filet, massacrant les peuples sans pitié? Je vais me tenir à mon poste de garde, je vais rester debout sur mon rempart; je guetterai pour voir ce qu'il me dira, ce qu'il va répondre à ma doléance. Alors Yahvé me répondit et dit: "Ecris la vision, grave-la sur les tablettes pour qu'on la lise facilement. Car c'est une vision qui n'est que pour son temps: elle aspire à son terme, sans décevoir; si elle tarde, attends-la: elle viendra sûrement, sans faillir! "Voici qu'il succombe, celui dont l'âme n'est pas droite, mais le juste vivra par sa fidélité." Assurément la richesse trahit! Il perd le sens et ne subsiste pas, celui qui dilate sa gorge comme le shéol, celui qui comme la mort est insatiable, qui rassemble pour lui toutes les nations et réunit pour lui tous les peuples! Tous alors n'entonneront-ils pas une satire contre lui? Ne tourneront-ils pas d'épigrammes à son adresse? Ils diront: Malheur à qui amasse le bien d'autrui (jusques à quand?) et qui se charge d'un fardeau de gages! Ne surgiront-ils pas soudain, tes créanciers, ne se réveilleront-ils pas, tes exacteurs? Tu vas être leur proie! Parce que tu as pillé de nombreuses nations, tout ce qui reste de peuples te pillera, car tu as versé le sang humain, violenté le pays, la cité et tous ceux qui l'habitent! Malheur à qui commet pour sa maison des rapines injustes, afin d'établir bien haut son repaire, afin d'esquiver l'étreinte du malheur! C'est la honte de ta maison que tu as résolue: en abattant de nombreux peuples tu as travaillé contre toi. Car des murailles mêmes la pierre crie, de la charpente la poutre lui répond. Malheur à qui bâtit une ville dans le sang et fonde une cité sur l'injustice! N'est-ce point la volonté de Yahvé Sabaot que les peuples peinent pour le feu, que les nations s'épuisent pour le néant? Car la terre sera remplie de la connaissance de la gloire de Yahvé comme les eaux couvrent le fond de la mer! Malheur à qui fait boire ses voisins, à qui verse son poison jusqu'à les enivrer, pour regarder leur nudité! Tu t'es saturé d'ignominie, non de gloire! Bois à ton tour et montre ton prépuce! Elle passe pour toi, la coupe de la droite de Yahvé, et l'infamie va recouvrir ta gloire! Car la violence faite au Liban te submergera, ainsi que le massacre d'animaux frappés d'épouvante, car tu as versé le sang humain, violenté le pays, la cité et tous ceux qui l'habitent! A quoi sert une sculpture pour que la sculpte son artiste? Une image de métal, un oracle menteur, pour qu'en eux se confie celui qui les façonne en vue de fabriquer des idoles muettes? Malheur à qui dit au morceau de bois: "Réveille-toi!" à la pierre silencieuse: "Sors de ton sommeil!" (C'est cela l'oracle!) Placage d'or et d'argent, certes, mais sans un souffle de vie qui l'anime! Mais Yahvé réside dans son temple saint: silence devant lui, terre entière! Prière. De Habaquq le prophète, sur le ton des lamentations. Yahvé, j'ai appris ton renom, Yahvé, j'ai redouté ton oeuvre! En notre temps, fais-la revivre! En notre temps, fais-la connaître! Dans la colère, souviens-toi d'avoir pitié! Eloah vient de Témân et le Saint du mont Parân. Son éclat est pareil au jour, des rayons jaillissent de ses mains, c'est là que se cache sa force. Devant lui s'avance la peste, la fièvre marche sur ses pas. Il se dresse et fait trembler la terre, il regarde et fait frémir les nations. Alors les monts éternels se disloquent, les collines antiques s'effondrent, ses routes de toujours. J'ai vu les tentes de Kushân frappées d'épouvante, les pavillons du pays de Madiân sont pris de tremblements. Est-ce contre les fleuves, Yahvé, que flambe ta colère, ou contre la mer ta fureur, pour que tu montes sur tes chevaux, sur tes chars de salut? Tu mets à nu ton arc, de flèches tu rassasies sa corde. Les montagnes te voient, elles sont dans les transes; une trombe d'eau passe, l'abîme fait entendre sa voix, en haut il tend les mains. Le soleil et la lune restent dans leur demeure; ils fuient devant l'éclat de tes flèches, sous la lueur des éclairs de ta lance. Avec rage tu arpentes la terre, avec colère tu écrases les nations. Tu t'es mis en campagne pour sauver ton peuple, pour sauver ton oint, tu as abattu la maison de l'impie, mis à nu le fondement jusqu'au rocher. Tu as percé de tes épieux le chef de ses guerriers qui se ruaient pour nous disperser, avec des cris de joie comme s'ils allaient, dans leur repaire, dévorer un malheureux. Tu as foulé la mer avec tes chevaux, le bouillonnement des grandes eaux! J'ai entendu! Mon sein frémit. A ce bruit mes lèvres tremblent, la carie pénètre mes os, sous moi chancellent mes pas. J'attends en paix ce jour d'angoisse qui se lève contre le peuple qui nous assaille! (Car le figuier ne bourgeonnera plus; plus rien à récolter dans les vignes. Le produit de l'olivier décevra, les champs ne donneront plus à manger, les brebis disparaîtront du bercail; plus de boeufs dans les étables.) Mais moi je me réjouirai en Yahvé, j'exulterai en Dieu mon Sauveur! Yahvé mon Seigneur est ma force, il rend mes pieds pareils à ceux des biches, sur les cimes il porte mes pas. Du maître de chant. Sur instruments à cordes. Parole de Yahvé qui fut adressée à Sophonie, fils de Kushi, fils de Gedalya, fils d'Amarya, fils de Hizqiyya, au temps de Josias, fils d'Amon, roi de Juda. Oui, je vais tout supprimer de la face de la terre, oracle de Yahvé. Je supprimerai hommes et bêtes, je supprimerai oiseaux du ciel et poissons de la mer, je ferai trébucher les méchants, je retrancherai les hommes de la face de la terre, oracle de Yahvé. Je vais lever la main contre Juda et contre tous les habitants de Jérusalem, et je retrancherai de ce lieu le reste de Baal et le nom de ses desservants, ceux qui se prosternent sur les toits devant l'armée des cieux, ceux qui se prosternent devant Yahvé et qui jurent par Milkom, ceux qui se détournent de Yahvé, qui ne consultent pas Yahvé et ne le cherchent pas. Silence devant le Seigneur Yahvé, car le jour de Yahvé est proche! Oui, Yahvé a préparé un sacrifice, il a consacré ses invités. Il arrivera, au jour du sacrifice de Yahvé, que je visiterai les ministres, les princes royaux et tous ceux qui revêtent des vêtements étrangers. Je visiterai en ce jour tous ceux qui montent au Degré, eux qui remplissent le palais de leur seigneur de violence et de fraude. Ce jour-là - oracle de Yahvé - une clameur s'élèvera de la porte des Poissons, de la ville neuve, des hurlements, des hauteurs, un grand fracas! Hurlez, habitants du Mortier, car tout le peuple de Canaan est anéanti, tous les peseurs d'argent sont retranchés. En ce temps-là, je fouillerai Jérusalem aux flambeaux, je visiterai les hommes qui croupissent sur leur lie, ceux qui disent dans leur coeur: "Yahvé ne peut faire ni bien ni mal." Alors, leur richesse sera livrée au pillage, leurs maisons à la dévastation; ils ont bâti des maisons et ne les habiteront pas; ils ont planté des vignes et n'en boiront pas le vin. Il est proche, le jour de Yahvé, formidable! Il est proche, il vient en toute hâte! O clameur amère du jour de Yahvé: c'est maintenant un preux qui pousse le cri de guerre! Jour de fureur, ce jour-là! jour de détresse et de tribulation, jour de désolation et de dévastation, jour d'obscurité et de sombres nuages, jour de nuées et de ténèbres, jour de sonneries de cor et de cris de guerre contre les villes fortes et les hautes tours d'angle. Je livrerai les hommes à la détresse et ils iront comme des aveugles (parce qu'ils ont péché contre Yahvé); leur sang sera répandu comme de la poussière, leurs cadavres jetés comme des ordures. Ni leur argent, ni leur or ne pourront les sauver. Au jour de la colère de Yahvé, au feu de sa jalousie, toute la terre sera dévorée. Car il va détruire, oui, exterminer tous les habitants de la terre. Amoncelez-vous, amoncelez-vous, ô nation sans honte, avant que vous ne soyez chassés comme la bale qui disparaît en un jour, avant que ne vienne sur vous l'ardente colère de Yahvé (avant que ne vienne sur vous le jour de la colère de Yahvé). Cherchez Yahvé, vous tous les humbles de la terre, qui accomplissez ses ordonnances. Cherchez la justice, cherchez l'humilité: peut-être serez-vous à l'abri au jour de la colère de Yahvé. Oui, Gaza va être abandonnée, Ashqelôn sera une solitude. Ashdod, en plein midi on la chassera; Eqrôn sera déracinée. Malheur aux habitants de la ligue de la mer, à la nation des Kerétiens! Voici la parole de Yahvé contre vous: "Canaan, terre des Philistins, je vais te faire périr faute d'habitants!" La ligue de la mer sera réduite en pâtures, en pacages pour les bergers et en enclos pour les moutons. Et la ligue appartiendra au reste de la maison de Juda; ils y mèneront paître; le soir, ils se reposeront au milieu des maisons d'Ashqelôn; car Yahvé leur Dieu les visitera et il accomplira leur restauration. J'ai entendu l'insulte de Moab et les sarcasmes des fils d'Ammon, lorsqu'ils insultaient mon peuple et se glorifiaient de leur territoire. C'est pourquoi, par ma vie! - oracle de Yahvé Sabaot, Dieu d'Israël: "Moab deviendra comme Sodome et les fils d'Ammon comme Gomorrhe: un domaine de chardons, un monceau de sel, une solitude à jamais. Le reste de mon peuple les pillera, ce qui subsistera de ma nation en recevra l'héritage." Ce sera le prix de leur orgueil, puisqu'ils ont proféré des insultes et des paroles hautaines contre le peuple de Yahvé Sabaot. Terrible sera Yahvé pour eux. Quand il aura supprimé tous les dieux de la terre, elles se prosterneront devant lui, chacune sur son propre sol, toutes les îles des nations. Vous aussi, Ethiopiens: "Ils seront transpercés de mon épée." Il lèvera la main contre le Nord et réduira Assur en ruines; il fera de Ninive une solitude, terre aride comme le désert. Au milieu d'elle se reposeront les troupeaux; toutes sortes de bêtes: même le choucas, même le hérisson gîteront la nuit parmi ses sculptures; le hibou poussera son cri à la fenêtre et le corbeau sur le seuil, car le cèdre a été arraché. C'est la cité joyeuse qui trônait avec assurance, celle qui disait en son coeur: "Moi, sans égale!" Comment est-elle devenue un objet de stupeur, un repaire pour les bêtes? Quiconque passe auprès d'elle siffle et agite la main. Malheur à la rebelle, la souillée, à la ville tyrannique! Elle n'a pas écouté l'appel, elle n'a pas accepté la leçon; à Yahvé elle ne s'est pas confiée, de son Dieu elle ne s'est pas approchée. Ses princes au milieu d'elle sont des lions rugissants; ses juges, des loups de la steppe qui ne gardent rien pour le matin; ses prophètes sont des vantards, des imposteurs; ses prêtres profanent les choses saintes, ils violent la Loi. Au milieu d'elle, Yahvé est juste; il ne commet rien d'inique; matin après matin, il promulgue son droit, à l'aube il ne fait pas défaut. (Mais l'inique ne connaît pas la honte). J'ai retranché les nations, leurs tours d'angle ont été détruites; j'ai rendu leurs rues désertes: plus de passants! leurs cités ont été saccagées: plus d'hommes, plus d'habitants! Je disais: "Au moins tu me craindras, tu accepteras la leçon; à ses yeux ne peuvent s'effacer tant de venues dont je l'ai visitée." Mais non! ils se sont hâtés de pervertir toutes leurs actions! C'est pourquoi, attendez-moi - oracle de Yahvé - au jour où je me lèverai en accusateur; car j'ai décrété de réunir les nations, de rassembler les royaumes, pour déverser sur vous ma fureur, toute l'ardeur de ma colère. (Car du feu de ma jalousie toute la terre sera dévorée.) Oui, je ferai alors aux peuples des lèvres pures, pour qu'ils puissent tous invoquer le nom de Yahvé et le servir sous un même joug. De l'autre rive des fleuves d'Ethiopie, mes suppliants m'apporteront mon offrande. Ce jour-là tu n'auras plus honte de tous les méfaits que tu as commis contre moi, car j'écarterai de ton sein tes orgueilleux triomphants; et tu cesseras de te pavaner sur ma montagne sainte. Je ne laisserai subsister en ton sein qu'un peuple humble et modeste, et c'est dans le nom de Yahvé que cherchera refuge le reste d'Israël. Ils ne commettront plus d'iniquité, ils ne diront plus de mensonge; on ne trouvera plus dans leur bouche de langue trompeuse. Mais ils pourront paître et se reposer sans que personne les inquiète. Pousse des cris de joie, fille de Sion! une clameur d'allégresse, Israël! Réjouis-toi, triomphe de tout ton coeur, fille de Jérusalem! Yahvé a levé la sentence qui pesait sur toi; il a détourné ton ennemi. Yahvé est roi d'Israël au milieu de toi. Tu n'as plus de malheur à craindre. Ce jour-là, on dira à Jérusalem: Sois sans crainte, Sion! que tes mains ne défaillent pas! Yahvé ton Dieu est au milieu de toi, héros sauveur! Il exultera pour toi de joie, il te renouvellera par son amour; il dansera pour toi avec des cris de joie, comme aux jours de fête. J'ai écarté de toi le malheur, pour que tu ne portes plus l'opprobre. Me voici à l'oeuvre avec tous tes oppresseurs. En ce temps-là, je sauverai les éclopées, je rallierai les égarées, et je leur attirerai louange et renommée par toute la terre, quand j'accomplirai leur restauration. En ce temps-là, je vous guiderai, au temps où je vous rassemblerai; alors je vous donnerai louange et renommée parmi tous les peuples de la terre, quand j'accomplirai votre restauration sous vos yeux, dit Yahvé. La deuxième année du roi Darius, le sixième mois, le premier jour du mois, la parole de Yahvé fut adressée par le ministère du prophète Aggée à Zorobabel, fils de Shéaltiel, gouverneur de Juda, et à Josué, fils de Yehoçadaq, le grand prêtre, en ces termes: Ainsi parle Yahvé Sabaot. Ce peuple dit: "Il n'est pas encore arrivé, le moment de rebâtir le Temple de Yahvé!" (Et la parole de Yahvé fut adressée par le ministère du prophète en ces termes:) Est-ce donc pour vous le moment de rester dans vos maisons lambrissées, quand cette Maison-là est dévastée? Maintenant donc, ainsi parle Yahvé Sabaot. Réfléchissez en votre coeur au chemin que vous avez pris! Vous avez semé beaucoup mais peu engrangé; vous avez mangé, mais pas à votre faim; vous avez bu, mais pas votre saoul; vous vous êtes vêtus, mais non réchauffés. Le salarié a gagné son salaire pour le mettre dans une bourse percée! Ainsi parle Yahvé Sabaot. Réfléchissez en votre coeur au chemin que vous avez pris! Montez à la montagne, rapportez du bois et réédifiez la Maison; j'y mettrai ma complaisance et j'y manifesterai ma gloire - dit Yahvé. Vous attendiez l'abondance et ce fut maigre. Quand vous avez engrangé, j'ai soufflé dessus. Pourquoi donc? Oracle de Yahvé Sabaot. A cause de ma Maison qui est détruite, tandis que vous vous empressez chacun pour votre maison. C'est pourquoi les cieux ont retenu la pluie et la terre a retenu ses produits. J'ai appelé la sécheresse sur la terre, sur les montagnes, sur le blé, sur le vin nouveau, sur l'huile fraîche et sur tout ce que produit le sol, sur les hommes et sur le bétail, et sur tout le labeur de vos mains. Or Zorobabel, fils de Shéaltiel, Josué, fils de Yehoçadaq, le grand prêtre, et tout le reste du peuple écoutèrent la voix de Yahvé leur Dieu et les paroles du prophète Aggée, selon la mission dont Yahvé leur Dieu l'avait chargé. Et le peuple éprouva de la crainte devant Yahvé. Aggée, le messager de Yahvé, parla en ces termes au peuple, selon le message de Yahvé: "Je suis avec vous, oracle de Yahvé." Et Yahvé excita l'esprit de Zorobabel, fils de Shéaltiel, gouverneur de Juda, l'esprit de Josué, fils de Yehoçadaq, le grand prêtre, et l'esprit de tout le reste du peuple: ils vinrent et se mirent à l'ouvrage dans le Temple de Yahvé Sabaot leur Dieu. C'était le vingt-quatrième jour du sixième mois. La deuxième année du roi Darius, au septième mois, le vingt et unième jour du mois, la parole de Yahvé fut adressée par le ministère du prophète Aggée en ces termes: Parle donc ainsi à Zorobabel, fils de Shéaltiel, gouverneur de Juda, à Josué, fils de Yehoçadaq, le grand prêtre, et au reste du peuple. Quel est parmi vous le survivant qui a vu ce Temple dans sa gloire passée? Et comment le voyez-vous maintenant? A vos yeux, n'est-il pas pareil à un rien? Mais à présent, courage, Zorobabel! oracle de Yahvé. Courage, Josué, fils de Yehoçadaq, grand prêtre! Courage, tout le peuple du pays! oracle de Yahvé. Au travail! Car je suis avec vous - oracle de Yahvé Sabaot -- et mon Esprit demeure au milieu de vous. Ne craignez pas! Car ainsi parle Yahvé Sabaot. Encore un très court délai et j'ébranlerai le ciel et la terre, la mer et le sol ferme. J'ébranlerai toutes les nations, alors afflueront les trésors de toutes les nations et j'emplirai de gloire ce Temple, dit Yahvé Sabaot. A moi l'argent! à moi l'or! oracle de Yahvé Sabaot. La gloire à venir de ce Temple dépassera l'ancienne, dit Yahvé Sabaot, et dans ce lieu je donnerai la paix, oracle de Yahvé Sabaot. Le vingt-quatrième jour du neuvième mois, la deuxième année de Darius, la parole de Yahvé fut adressée au prophète Aggée en ces termes: Ainsi parle Yahvé Sabaot. Demande donc aux prêtres une décision, en ces termes: "Si quelqu'un porte de la viande sacrifiée dans le pan de son vêtement et touche avec son vêtement du pain, un mets, du vin, de l'huile et toute sorte d'aliment, cela deviendra-t-il saint?" Les prêtres répondirent et dirent: "Non!" Et Aggée dit: "Si quelqu'un, rendu impur par un cadavre, touche à tout cela, cela deviendra-t-il impur?" Les prêtres répondirent et dirent: "Cela deviendra impur!" Alors Aggée prit la parole en ces termes: "Ainsi en est-il de ce peuple! Ainsi de cette nation devant ma face! oracle de Yahvé. Ainsi en est-il de tout le travail de leurs mains, et ce qu'ils offrent ici est impur." Et maintenant réfléchissez bien en votre coeur, à partir d'aujourd'hui et pour l'avenir. Avant qu'on plaçât pierre sur pierre dans le sanctuaire de Yahvé, quelle était votre condition? On venait à un tas de vingt mesures, mais il n'y en avait que dix; on venait à une cuve puiser 50 mesures, mais il n'y en avait que vingt. J'ai frappé par la rouille, la nielle et la grêle tout le travail de vos mains, et vous n'êtes pas revenus à moi, oracle de Yahvé! Réfléchissez donc en votre coeur, à partir d'aujourd'hui et pour l'avenir, (depuis le vingt-quatrième jour du neuvième mois, depuis le jour où l'on posa la fondation du sanctuaire de Yahvé, considérez attentivement) si le grain manque encore au grenier et si encore vigne, figuier, grenadier et olivier ne produisent pas de fruit! A partir d'aujourd'hui, je bénirai! La parole de Yahvé fut adressée une deuxième fois à Aggée, le vingt-quatrième jour du mois, en ces termes: Parle ainsi à Zorobabel, le gouverneur de Juda. Je vais ébranler cieux et terre. Je vais renverser les trônes des royaumes et détruire la puissance des rois des nations. Je renverserai la charrerie et ses équipages; les chevaux et leurs cavaliers seront abattus, chacun sous l'épée de son frère. En ce jour-là - oracle de Yahvé Sabaot - je te prendrai, Zorobabel, fils de Shéaltiel, mon serviteur - oracle de Yahvé - et je ferai de toi comme un anneau à cachet. Car c'est toi que j'ai choisi, oracle de Yahvé Sabaot. La deuxième année de Darius, au huitième mois, la parole de Yahvé fut adressée au prophète Zacharie, (fils de Bérékya), fils de Iddo, en ces termes: Yahvé s'est grandement irrité contre vos pères. Tu leur diras: ainsi parle Yahvé Sabaot. Revenez à moi - oracle de Yahvé Sabaot - et je reviendrai vers vous, dit Yahvé Sabaot. Ne soyez pas comme vos pères à qui les prophètes du passé lancèrent cet appel: Ainsi parle Yahvé Sabaot. Revenez donc de vos voies mauvaises et de vos actions mauvaises. Mais eux n'écoutèrent pas et ne me prêtèrent pas attention - oracle de Yahvé. Vos pères, où sont-ils? Et les prophètes, sont-ils toujours en vie? Mais mes ordres et mes décrets, ceux que j'avais donnés à mes serviteurs les prophètes, n'ont-ils pas atteint vos pères? Alors ils se sont convertis et ont dit: "Yahvé Sabaot nous a traités comme il avait résolu de le faire, selon nos voies et nos actions." Le vingt-quatrième jour du onzième mois (le mois de Shebat), la deuxième année de Darius, la parole de Yahvé fut adressée au prophète Zacharie, (fils de Bérékya), fils de Iddo, en ces termes. J'eus une vision pendant la nuit. Voici: Un homme montant un cheval roux se tenait parmi les myrtes qui ont leurs racines dans la profondeur; derrière lui, des chevaux roux, alezans, et blancs. Je dis: "Qui sont ceux-là, mon Seigneur?" Et l'ange qui me parlait me dit: "Je te ferai voir qui ils sont." L'homme qui se tenait parmi les myrtes répondit: "Ce sont ceux que Yahvé a envoyés parcourir la terre." Or ils s'adressèrent à l'ange de Yahvé qui se tenait parmi les myrtes, et ils dirent: "Nous venons de parcourir la terre, et voici que toute la terre est en repos et tranquillité." Alors l'ange de Yahvé prit la parole et dit: "Yahvé Sabaot, jusques à quand tarderas-tu à prendre en pitié Jérusalem et les villes de Juda auxquelles tu as fait sentir ta colère depuis 70 ans?" A l'ange qui me parlait, Yahvé répondit par des paroles de bonté, des paroles de consolation. Alors l'ange qui me parlait me dit: "Fais cette proclamation: Ainsi parle Yahvé Sabaot. J'éprouve un amour très jaloux pour Jérusalem et pour Sion, mais une très grande irritation contre les nations tranquilles; car moi, je n'étais que peu irrité, mais elles, elles ont concouru au mal. C'est pourquoi, ainsi parle Yahvé: Je me tourne de nouveau vers Jérusalem avec compassion; mon Temple y sera rebâti - oracle de Yahvé Sabaot - et le cordeau sera tendu sur Jérusalem. Fais encore cette proclamation: Ainsi parle Yahvé Sabaot. Mes villes abonderont encore de biens. Yahvé consolera encore Sion, il fera encore choix de Jérusalem." Puis je levai les yeux et j'eus une vision. Voici: il y avait quatre cornes. Je dis à l'ange qui me parlait: "Que sont ces cornes?" Il me dit: "Ce sont les cornes qui ont dispersé Juda (Israël) et Jérusalem." Puis Yahvé me fit voir quatre forgerons. Et je dis: "Que viennent faire ceux-ci?" Il me dit: (Celles-là sont les cornes qui ont dispersé Juda, au point que personne n'osait redresser la tête; mais) ceux-ci sont venus pour les effrayer, pour abattre les cornes des nations qui élevaient la corne contre le pays de Juda afin de le disperser." Puis je levai les yeux et j'eus une vision. Voici: il y avait un homme, et dans sa main, un cordeau pour mesurer. Je lui dis: "Où vas-tu?" Il me dit: "Mesurer Jérusalem, pour voir quelle est sa largeur et quelle est sa longueur." Et voici: l'ange qui me parlait s'avança et un autre ange s'avança au devant de lui. Il lui dit: "Cours, parle à ce jeune homme et dis-lui: Jérusalem doit rester ouverte, à cause de la quantité d'hommes et de bétail qui s'y trouve. Quand à moi, je serai pour elle - oracle de Yahvé - une muraille de feu tout autour, et je serai sa Gloire." Holà! Holà! Fuyez du pays du Nord - oracle de Yahvé - car aux quatre vents des cieux je vous ai dispersés, oracle de Yahvé! Holà! Sion, sauve-toi, toi qui habites chez la fille de Babylone. Car ainsi parle Yahvé Sabaot, après que la Gloire m'eût envoyé, à propos des nations qui vous dépouillèrent: "Qui vous touche, touche à la prunelle de mon oeil. Voici que je lève la main sur elles, pour qu'elles soient le butin de leurs esclaves." Alors vous saurez que Yahvé Sabaot m'a envoyé! Chante, réjouis-toi, fille de Sion, car voici que je viens pour demeurer au milieu de toi, oracle de Yahvé! Des nations nombreuses s'attacheront à Yahvé, en ce jour-là: elles seront pour lui un peuple. Elles habiteront au milieu de toi et tu sauras que Yahvé Sabaot m'a envoyé vers toi. Mais Yahvé possédera Juda comme sa part sur la Terre Sainte et choisira encore Jérusalem. Silence, toute chair, devant Yahvé, car il se réveille en sa sainte Demeure. Il me fit voir Josué, le grand prêtre, qui se tenait devant l'ange de Yahvé, tandis que le Satan était debout à sa droite pour l'accuser. L'ange de Yahvé dit au Satan: "Que Yahvé te réprime, Satan; que Yahvé te réprime, lui qui a fait choix de Jérusalem. Celui-ci n'est-il pas un tison tiré du feu?" Or Josué était vêtu d'habits sales lorsqu'il se tenait devant l'ange. Prenant la parole, celui-ci parla en ces termes à ceux qui se tenaient devant lui: "Enlevez-lui ses habits sales et revêtez-le d'habits somptueux; et lui dit: "Vois, j'ai enlevé de dessus toi ton iniquité." Mettez sur sa tête une tiare propre. On mit sur sa tête une tiare propre et on le revêtit d'habits propres. L'ange de Yahvé se tenait debout Puis l'ange de Yahvé fit cette déclaration à Josué: "Ainsi parle Yahvé Sabaot. Si tu marches dans mes voies et gardes mes observances, tu gouverneras ma maison, tu garderas mes parvis et je te donnerai accès parmi ceux qui se tiennent ici. Ecoute donc, Josué, grand prêtre, toi et tes compagnons qui siègent devant toi - car ils sont des hommes de présage --: Voici que je vais introduire mon serviteur "Germe", Car voici la pierre que je place devant Josué; sur cette unique pierre, il y a sept yeux; voici que je vais graver moi-même son inscription, oracle de Yahvé Sabaot." Et j'écarterai l'iniquité de ce pays, en un seul jour. Ce jour-là - oracle de Yahvé Sabaot - vous vous inviterez l'un l'autre sous la vigne et sous le figuier. L'ange qui me parlait revint et me réveilla comme un homme qui est tiré de son sommeil. Et il me dit: "Que vois-tu?" Je répondis: "Je regarde, et voici: il y a un lampadaire tout en or, avec un réservoir à son sommet; sept lampes sont sur le lampadaire ainsi que sept becs pour les lampes qui sont dessus. Près de lui sont deux oliviers, l'un à sa droite, l'autre à sa gauche." Prenant la parole, je dis à l'ange qui me parlait: "Que signifient ces choses, mon Seigneur?" L'ange qui me parlait me répondit: "Ne sais-tu pas ce que signifient ces choses?" Je dis: "Non, mon Seigneur." Alors il me répondit en ces termes: Voici la parole de Yahvé touchant Zorobabel: Ce n'est pas par la puissance, ni par la force, mais par mon Esprit - dit Yahvé Sabaot. Qu'es-tu, grande montagne? Devant Zorobabel, deviens une plaine! Il arrachera la pierre de faîte, tandis qu'on criera: "Bravo, bravo pour elle!" La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Les mains de Zorobabel ont fondé ce Temple: ses mains l'achèveront. (Et vous saurez que Yahvé Sabaot m'a envoyé vers vous.) Car qui donc méprisait ce jour d'événements minimes? On se réjouira en voyant la pierre choisie en la main de Zorobabel. "Ces sept-là sont les yeux de Yahvé, ils vont par toute la terre." Je pris alors la parole et lui dis: "Que signifient ces deux oliviers, à droite du chandelier et à sa gauche?" (Je repris la parole et lui dis: "Que signifient les deux branches d'olivier qui, par les deux tuyaux d'or, dispensent l'huile"?) Il me répondit: "Ne sais-tu pas ce que signifient ces choses?" Je dis: "Non, mon Seigneur." Il dit: "Ce sont les deux Oints qui se tiennent devant le Seigneur de toute la terre." Je levai à nouveau les yeux et j'eus un vision. Voici: il y avait un livre qui volait. L'ange qui me parlait me dit: "Qu'est-ce que tu vois?" Je répondis: "Je vois un livre qui vole; sa longueur est de vingt coudées, sa largeur de dix." Alors il me dit: "Ceci est la Malédiction qui se répand sur la face de tout le pays. Car, d'après elle, tout voleur sera chassé d'ici, et d'après elle, tout homme qui jure faussement par mon nom sera chassé d'ici. Je la déchaînerai - oracle de Yahvé Sabaot pour - qu'elle entre chez le voleur et chez celui qui jure faussement par mon nom, qu'elle s'établisse au milieu de sa maison et la consume, avec ses poutres et ses pierres." L'ange qui me parlait s'avança et me dit: "Lève les yeux et regarde ce qu'est cette chose qui s'avance." Et je dis: "Qu'est-elle?" Il dit: "C'est un boisseau qui s'avance." Il ajouta: "C'est leur iniquité, dans tout le pays." Et voici qu'un disque de plomb se souleva: et il y avait une Femme installée à l'intérieur du boisseau. Il dit: "C'est la Malice." Et il la repoussa à l'intérieur du boisseau et jeta sur l'orifice la masse de plomb. Levant les yeux, j'eus une vision: Voici que deux femmes parurent. Le vent soufflait dans leurs ailes; elles avaient des ailes comme celles d'une cigogne; elles enlevèrent le boisseau entre terre et ciel. Je dis alors à l'ange qui me parlait: "Où celles-ci emportent-elles le boisseau?" Il me répondit: "Elles vont lui bâtir un temple dans la terre de Shinéar, et lui préparer un socle, où elles la placeront." Je levai à nouveau les yeux et j'eus une vision. Voici: quatre chars sortaient d'entre les deux montagnes; et les montagnes étaient des montagnes d'airain. Au premier char, il y avait des chevaux roux; au deuxième char, des chevaux noirs; au troisième char, des chevaux blancs et au quatrième char, des chevaux pie vigoureux. Prenant la parole, je dis à l'ange qui me parlait: "Que signifient ceux-ci, mon Seigneur?" L'ange me répondit: "Ces quatre vents du ciel s'avancent après s'être tenus devant le Seigneur de toute la terre. Là où sont les chevaux noirs, ils s'avancent vers le pays du nord; les blancs s'avancent derrière eux, et les pie s'avancent vers le pays du midi." Vigoureux, ils avançaient, impatients de parcourir la terre. Il leur dit: "Allez parcourir la terre." Et ils parcoururent la terre. Il m'appela et me dit: "Vois, ceux qui s'avancent vers le pays du nord vont faire descendre mon esprit dans le pays du nord." La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Fais une collecte auprès des exilés, de Heldaï, de Tobiyya et de Yedaya, puis (tu iras, toi, en ce jour-là) tu iras chez Yoshiyya, fils de Cephanya, qui est arrivé de Babylone. Tu prendras l'argent et l'or, tu feras une couronne et tu la mettras sur la tête de Josué, fils de Yehoçadaq, le grand prêtre. Puis tu lui parleras en ces termes: Ainsi parle Yahvé Sabaot. Voici un homme dont le nom est Germe; là où il est, quelque chose va germer (et il reconstruira le sanctuaire de Yahvé). C'est lui qui reconstruira le sanctuaire de Yahvé, c'est lui qui portera les insignes royaux. Il siégera sur son trône en dominateur, et il y aura un prêtre à sa droite. Une paix parfaite régnera entre eux deux. Quant à la couronne, elle sera pour Heldaï, Tobiyya, Yedaya et pour le fils de Cephanya, en mémorial de grâce dans le sanctuaire de Yahvé. Alors ceux qui sont au loin viendront reconstruire le sanctuaire de Yahvé, et vous saurez que Yahvé Sabaot m'a envoyé vers vous. Cela se produira si vous écoutez parfaitement la voix de Yahvé votre Dieu. La quatrième année du roi Darius, la parole de Yahvé fut adressée à Zacharie, le quatrième jour du neuvième mois, le mois de Kisleu. Béthel envoya Saréçer avec ses gens pour implorer la face de Yahvé et dire aux prêtres de Yahvé Sabaot ainsi qu'aux prophètes: "Dois-je pleurer au cinquième mois en faisant des abstinences comme j'ai fait déjà tant d'années?" Alors la parole de Yahvé Sabaot me fut adressée en ces termes: Dis à tout le peuple du pays et aux prêtres: "Quand vous avez jeûné et gémi aux cinquième et septième mois, depuis déjà 70 ans, est-ce pour l'amour de moi que vous avez multiplié vos jeûnes? Et quand vous mangiez et buviez, n'étaient-ce pas vous les mangeurs et les buveurs? Ne connaissez-vous pas les paroles que Yahvé proclamait par le ministère des prophètes du passé, quand Jérusalem était habitée et tranquille, avec ses villes alentour, et que le Négeb et le Bas-Pays étaient peuplés? (La parole de Yahvé fut adressée à Zacharie en ces termes: Ainsi parle Yahvé Sabaot.) Il disait: Rendez une justice vraie et pratiquez bonté et compassion chacun envers son frère. N'opprimez point la veuve et l'orphelin, l'étranger et le pauvre, et ne méditez pas en votre coeur du mal l'un envers l'autre. Mais ils ne voulurent pas être attentifs: ils me présentèrent une épaule rebelle; ils endurcirent leurs oreilles pour ne pas entendre; ils firent de leur coeur un diamant, de peur d'écouter l'instruction et les paroles que Yahvé Sabaot avait envoyées - par son esprit - par le ministère des prophètes du passé. Alors il y eut une grande colère de la part de Yahvé Sabaot. Et il se passa ceci: puisqu'il lançait des appels, et qu'eux n'entendaient pas, de même ils lanceront des appels et je n'entendrai pas, dit Yahvé Sabaot, je les ai dispersés chez toutes les nations qu'ils ne connaissaient pas; de la sorte, le pays fut dévasté derrière eux; plus personne n'allait et venait. D'une terre de délices, ils firent un désert!" La parole de Yahvé Sabaot arriva en ces termes: Ainsi parle Yahvé Sabaot. J'éprouve pour Sion une ardente jalousie et en sa faveur une grande colère. Ainsi parle Yahvé. Je reviens à Sion et veux habiter au milieu de Jérusalem. Jérusalem sera appelée Ville-de-Fidélité, et la montagne de Yahvé Sabaot, Montagne-sainte. Ainsi parle Yahvé Sabaot. Des vieux et des vieilles s'assiéront encore sur les places de Jérusalem: chacun aura son bâton à la main, à cause du nombre de ses jours. Et les places de la ville seront remplies de petits garçons et de petites filles qui joueront sur les places. Ainsi parle Yahvé Sabaot. Si c'est un miracle aux yeux du reste de ce peuple (en ces jours-là), en serait-ce un à mes yeux? Oracle de Yahvé Sabaot. Ainsi parle Yahvé Sabaot. Voici que je sauve mon peuple des pays d'orient et des pays du soleil couchant. Je les ramènerai pour qu'ils habitent au milieu de Jérusalem. Ils seront mon peuple et moi je serai leur Dieu, dans la fidélité et la justice. Ainsi parle Yahvé Sabaot. Que vos mains se fortifient, vous qui entendez en ces jours ces paroles de la bouche des prophètes, qui prophétisent depuis le jour où furent jetées les fondations du Temple de Yahvé Sabaot pour la reconstruction du Sanctuaire. Car, avant ces jours, le salaire des hommes n'était pas payé et le salaire des bêtes était nul; pour qui se livrait à ses occupations, aucune tranquillité, à cause de l'ennemi; j'avais lâché tous les hommes les uns contre les autres. Mais maintenant, à l'égard du reste de ce peuple, je ne suis pas comme aux jours passés, oracle de Yahvé Sabaot. Car sa semence sera en paix: la vigne donnera son fruit, la terre donnera ses produits et le ciel donnera sa rosée. J'accorderai tout cela au reste de ce peuple. De même que vous étiez une malédiction parmi les nations, maison de Juda et maison d'Israël, de même je vous sauverai pour que vous deveniez une bénédiction. Ne craignez point: que vos mains se fortifient! Car ainsi parle Yahvé Sabaot. De même que j'avais résolu de vous faire du mal, lorsque vos pères m'avaient irrité - dit Yahvé Sabaot - et que je n'ai pas fléchi, de même, me ravisant, je me propose, en ces jours, de faire du bien à Jérusalem et à la maison de Juda. Ne craignez point! Voici les choses que vous devez pratiquer: que chacun dise la vérité à son prochain; à vos portes rendez une justice qui engendre la paix; ne méditez pas en vos coeurs du mal l'un contre l'autre; n'aimez pas le faux serment. Car c'est tout cela que je hais, oracle de Yahvé. La parole de Yahvé Sabaot me fut adressée en ces termes: "Ainsi parle Yahvé Sabaot. Le jeûne du quatrième mois, le jeûne du cinquième, le jeûne du septième et le jeûne du dixième deviendront pour la maison de Juda allégresse, joie, gais jours de fête. Mais aimez la vérité et la paix!" Ainsi parle Yahvé Sabaot. Il viendra encore des peuples, et des habitants de grandes villes. Et les habitants d'une ville iront vers l'autre en disant: "Allons donc implorer la face de Yahvé et chercher Yahvé Sabaot; pour ma part, j'y vais." Et de nombreux peuples et des nations puissantes viendront chercher Yahvé Sabaot à Jérusalem et implorer la face de Yahvé. Ainsi parle Yahvé Sabaot. En ces jours-là, dix hommes de toutes les langues des nations saisiront un Juif par le pan de son vêtement en disant: "Nous voulons aller avec vous, car nous avons appris que Dieu est avec vous." Proclamation La parole de Yahvé est au pays de Hadrak, à Damas elle fait halte. Car à Yahvé appartient la source d'Aram et toutes les tribus d'Israël. Hamat aussi, qui en est la frontière, (Tyr) et Sidon, dont la sagesse est grande. Tyr s'est construit une forteresse, amoncelant l'argent comme de la poussière et l'or comme la boue des rues. Voici que le Seigneur en prendra possession, en mer il défera sa puissance, elle-même sera dévorée par le feu. Ashqelôn verra et prendra peur, Gaza aussi, qui se tordra de douleur, et Eqrôn, car son esprit est confondu. Le roi disparaîtra de Gaza, dans Ashqelôn, plus d'habitants, et un bâtard habitera Ashdod. Je détruirai l'orgueil du Philistin, j'ôterai son sang de sa bouche, ses abominations d'entre ses dents. Lui aussi sera un reste pour notre Dieu, il sera comme un familier dans Juda, Eqrôn sera comme un Jébuséen. Je camperai pour ma maison en avant-poste contre ceux qui vont et qui viennent, plus d'oppresseur pour passer sur eux, car maintenant mes yeux sont ouverts. Exulte avec force, fille de Sion! Crie de joie, fille de Jérusalem! Voici que ton roi vient à toi: il est juste et victorieux, humble, monté sur un âne, sur un ânon, le petit d'une ânesse. Il retranchera d'Ephraïm la charrerie et de Jérusalem les chevaux; l'arc de guerre sera retranché. Il annoncera la paix aux nations. Son empire ira de la mer à la mer et du Fleuve aux extrémités de la terre. Toi aussi, pour le sang de ton alliance, j'ai renvoyé tes captifs de la fosse où il n'y a pas d'eau. Revenez vers la place forte, captifs pleins d'espoir. Aujourd'hui même, je le déclare, c'est le double que je vais te rendre. Car j'ai tendu pour moi Juda, j'ai garni l'arc avec Ephraïm; je vais exciter tes fils, Sion, contre tes fils, Yavân, et je ferai de toi comme l'épée d'un vaillant. Alors Yahvé apparaîtra au-dessus d'eux et sa flèche jaillira comme l'éclair. (Le Seigneur) Yahvé sonnera de la trompe, il s'avancera dans les ouragans du sud. Yahvé Sabaot sera leur protection, ils dévoreront, ils piétineront les pierres de fronde, ils boiront le sang comme si c'était du vin, ils en seront gorgés comme un vase à aspersions, comme les angles de l'autel. Et il les sauvera, Yahvé leur Dieu, en ce jour-là, comme les brebis qui sont son peuple; oui, les pierres d'un diadème scintilleront sur sa terre. Qu'il sera beau! Qu'il sera splendide! Le blé fera s'épanouir les jeunes gens et le vin doux, les vierges. Demandez à Yahvé la pluie à la saison des ondées tardives. C'est Yahvé qui fait les nuées d'orages. Il leur donnera la pluie d'averse, à chacun, l'herbe dans son champ. Parce que les téraphim prédisent la fausseté, que les devins voient du mensonge, que les songes ont débité l'illusion, donné de vaines consolations, voilà pourquoi ils sont partis comme des brebis en piteux état, faute de pasteur. Contre les pasteurs a brûlé ma colère, contre les boucs je vais sévir. Quand Yahvé Sabaot visitera son troupeau, la maison de Juda, il en fera comme son cheval d'honneur dans le combat. De lui sortira l'angle, de lui le piquet; de lui l'arc de combat, de lui tout gouverneur. Ensemble ils seront comme des vaillants qui piétinent la boue des rues dans le combat. Ils combattront, car Yahvé est avec eux, et ceux qui montent des chevaux seront confondus. Je rendrai vaillante la maison de Juda et victorieuse la maison de Joseph. Je les ramènerai car ils me font pitié et ils seront comme si je ne les avais pas rejetés, car je suis Yahvé leur Dieu et je les exaucerai. Ephraïm sera comme un vaillant et leur coeur se réjouira comme sous l'effet du vin; leurs fils regarderont et se réjouiront, leur coeur exultera en Yahvé. Je vais siffler pour les rassembler car je les ai rachetés: ils seront nombreux comme ils l'étaient. Je les sèmerai parmi les peuples, mais au loin ils se souviendront de moi, ils instruiront leurs fils et ils reviendront. Je les ramènerai de la terre d'Egypte et d'Assur je les rassemblerai; dans la terre de Galaad et du Liban je les ferai entrer et cela ne leur suffira pas. Ils traverseront la mer d'Egypte (et il frappera les flots dans la mer), toutes les profondeurs du Nil seront asséchées, l'orgueil d'Assur sera abattu et enlevé le sceptre de l'Egypte. Je les rendrai vaillants en Yahvé, c'est en son nom qu'ils marcheront, oracle de Yahvé. Ouvre tes portes, Liban, et que le feu dévore tes cèdres! Gémis, genévrier, car le cèdre est tombé, car les majestueux sont ravagés. Gémissez, chênes de Bashân, car elle est abattue la forêt inaccessible. On entend le gémissement des pasteurs car leur majesté est ravagée. On entend les rugissements des lionceaux car l'orgueil du Jourdain est ravagé. Ainsi parle Yahvé mon Dieu: "Fais paître les brebis d'abattoir, celles que leurs acheteurs abattent sans être châtiés, dont leurs vendeurs disent: Béni soit Yahvé, me voilà riche, et que les pasteurs n'épargnent point. Car je n'épargnerai plus les habitants du pays - oracle de Yahvé! - Mais voici que moi, je vais livrer les hommes chacun aux mains de son prochain, aux mains de son roi. Ils écraseront le pays et je ne les délivrerai pas de leurs mains." Alors je fis paître les brebis d'abattoir qui appartiennent aux marchands de brebis. Je pris pour moi deux bâtons, j'appelai l'un Faveur et l'autre Liens et je fis paître les brebis. Je fis disparaître les trois pasteurs en un seul mois. Mais je perdis patience avec eux, et quant à eux, ils furent avares envers moi. Alors je dis: "Je ne vous ferai plus paître. Que celle qui doit mourir meure; que celle qui doit disparaître disparaisse, et que celles qui restent s'entre-dévorent. Puis" je pris mon bâton Faveur et le mis en morceaux pour rompre mon alliance, celle que j'avais conclue avec tous les peuples. Elle fut donc rompue en ce jour-là, et les marchands de brebis qui m'observaient surent que c'était là une parole de Yahvé. Je leur dis alors: "Si cela vous semble bon, donnez-moi mon salaire, sinon n'en faites rien." Ils pesèrent mon salaire: 30 sicles d'argent. Yahvé me dit: "Jette-le au fondeur, ce prix splendide auquel ils m'ont apprécié!" Je pris donc les 30 sicles d'argent et les jetai à la Maison de Yahvé, pour le fondeur. Puis je mis en morceaux mon deuxième bâton, pour rompre la fraternité entre Juda et Israël. Yahvé me dit alors: "Prends encore l'équipement d'un pasteur insensé, car voici que moi je vais susciter un pasteur dans le pays; celle qui a disparu, il n'en aura cure, celle qui chevrote, il ne la recherchera pas, celle qui est blessée, il ne la soignera pas, celle qui est enflée, il ne la soutiendra pas, mais il dévorera la chair des bêtes grasses et arrachera même leurs sabots. Malheur au pasteur inexistant qui délaisse son troupeau! Que l'épée s'attaque à son bras et à son oeil droit! Que son bras soit tout desséché, que son oeil droit soit aveuglé!" Proclamation. Parole de Yahvé sur Israël (et aussi sur Juda). Oracle de Yahvé qui a tendu les cieux et fondé la terre, qui a formé l'esprit de l'homme au-dedans de lui. Voici que moi je fais de Jérusalem une coupe de vertige pour tous les peuples alentour. (Cela sera lors du siège contre Jérusalem.) Il arrivera en ce jour-là que je ferai de Jérusalem une pierre à soulever pour tous les peuples, et tous ceux qui la soulèveront se blesseront grièvement. Et contre elle se rassembleront toutes les nations de la terre. En ce jour-là - oracle de Yahvé - je frapperai tous les chevaux de confusion, et leurs cavaliers de folie. Et je frapperai de cécité tous les peuples. (Mais sur la maison de Juda j'ouvrirai les yeux.) Alors les chefs de Juda diront en leur coeur: "La force pour les habitants de Jérusalem est en Yahvé Sabaot, leur Dieu." En ce jour-là, je ferai des chefs de Juda comme un brasier allumé dans un tas de bois, comme une torche allumée dans une gerbe. Ils dévoreront à droite et à gauche tous les peuples alentour. Et Jérusalem sera encore habitée en son lieu (à Jérusalem). Yahvé sauvera tout d'abord les tentes de Juda pour que la fierté de la maison de David et celle de l'habitant de Jérusalem ne s'exaltent aux dépens de Juda. En ce jour-là, Yahvé protégera l'habitant de Jérusalem; celui d'entre eux qui chancelle sera comme David en ce jour-là, et la maison de David sera comme Dieu, comme l'Ange de Yahvé devant eux. Il arrivera en ce jour-là que je chercherai à détruire toutes les nations qui viendront contre Jérusalem. Mais je répandrai sur la maison de David et sur l'habitant de Jérusalem un esprit de grâce et de supplication, et ils regarderont vers moi. Celui qu'ils ont transpercé, ils se lamenteront sur lui comme on se lamente sur un fils unique; ils le pleureront comme on pleure un premier-né. En ce jour-là grandira la lamentation dans Jérusalem, comme la lamentation de Hadad Rimmôn, dans la plaine de Megiddôn. Et il se lamentera, le pays, clan par clan. Le clan de la maison de David à part, avec leurs femmes à part. Le clan de la maison de Natân à part, avec leurs femmes à part. Le clan de la maison de Lévi à part, avec leurs femmes à part. Le clan de la maison de Shiméï à part, avec leurs femmes à part. Et tous les clans, ceux qui restent, clan par clan à part, avec leurs femmes à part. En ce jour-là, il y aura une fontaine ouverte pour David et pour les habitants de Jérusalem, pour laver péché et souillure. Il arrivera en ce jour-là - oracle du Seigneur - que je retrancherai du pays les noms des idoles: on n'en fera plus mémoire. De même les prophètes et l'esprit d'impureté, je les chasserai du pays. Si quelqu'un veut encore prophétiser, son père et sa mère qui l'ont engendré lui diront: "Tu ne vivras pas, car ce sont des mensonges que tu prononces au nom de Yahvé", et pendant qu'il prophétisera, son père et sa mère qui l'ont engendré le transperceront. Il arrivera, en ce jour-là, que les prophètes rougiront de leur vision quand ils prophétiseront. Ils ne revêtiront plus le manteau de poil avec le dessein de mentir. Mais ils diront: "Je ne suis pas prophète, moi, je suis un homme qui travaille la terre, car la terre est mon bien depuis ma jeunesse." Et si on lui dit: "Que sont ces blessures sur ta poitrine?" Il dira: "Celles que j'ai reçues chez mes amis." Epée, éveille-toi contre mon pasteur et contre l'homme qui m'est proche, oracle de Yahvé Sabaot. Frappe le pasteur, que soient dispersées les brebis, et je tournerai la main contre les petits. Alors il arrivera, dans tout le pays, oracle de Yahvé - que deux tiers en seront retranchés (périront) et que l'autre tiers y sera laissé. Je ferai entrer ce tiers dans le feu; je les épurerai comme on épure l'argent, je les éprouverai comme on éprouve l'or. Lui, il invoquera mon nom, et moi je lui répondrai; je dirai: "Il est mon peuple" et lui dira "Yahvé est mon Dieu!" Voici qu'il vient le jour de Yahvé, quand on partagera tes dépouilles au milieu de toi. J'assemblerai toutes les nations vers Jérusalem pour le combat; la ville sera prise, les maisons pillées, les femmes violées; la moitié de la ville partira en exil, mais le reste du peuple ne sera pas retranché de la ville. Alors Yahvé sortira pour combattre les nations, comme lorsqu'il combat au jour de la guerre. En ce jour-là, ses pieds se poseront sur le mont des Oliviers qui fait face à Jérusalem vers l'orient. Et le mont de Oliviers se fendra par le milieu, d'est en ouest, en une immense vallée, une moitié du mont reculera vers le nord, et l'autre vers le sud. La vallée des Monts sera comblée, oui, elle sera obstruée jusqu'à Yasol, elle sera comblée comme elle le fut par suite de séisme, au temps d'Ozias roi de Juda. Et Yahvé mon Dieu viendra, tous les saints avec lui. Il arrivera, en ce jour-là, qu'il n'y aura plus de lumière mais du froid et du gel. Et il y aura un jour unique - Yahvé le connaît - plus de jour ni de nuit, mais au temps du soir, il y aura de la lumière. Il arrivera, en ce jour-là, que des eaux vives sortiront de Jérusalem, moitié vers la mer orientale, moitié vers la mer occidentale: il y en aura été comme hiver. Alors Yahvé sera roi sur toute la terre; en ce jour-là, Yahvé sera unique, et son nom unique. Tout le pays retournera en plaine, depuis Géba jusqu'à Rimmôn du Négeb. Jérusalem sera exhaussée et habitée en son lieu, depuis la porte de Benjamin jusqu'à l'emplacement de l'ancienne porte, jusqu'à la porte des Angles, et de la tour de Hananéel jusqu'aux pressoirs du roi. On y habitera, il n'y aura plus d'anathème et Jérusalem sera habitée en sécurité. Et voici la plaie dont Yahvé frappera tous les peuples qui auront combattu contre Jérusalem: il fera pourrir leur chair alors qu'ils se tiendront debout, leurs yeux pourriront dans leurs orbites et leur langue pourrira dans leur bouche. Il arrivera, en ce jour-là, qu'il y aura de par Yahvé une grande panique parmi eux. Chacun saisira la main de son compagnon et ils lèveront la main l'un contre l'autre. Juda lui aussi combattra à Jérusalem. Les richesses de toutes les nations alentour seront rassemblées, or, argent, vêtements, en énorme quantité. Pareille sera la plaie des chevaux, des mulets, des chameaux, des ânes et de toutes les bêtes qui se trouvent dans les camps: une plaie semblable à celle-là. Il arrivera que tous les survivants de toutes les nations qui auront marché contre Jérusalem monteront année après année se prosterner devant le roi Yahvé Sabaot et célébrer la fête des Tentes. Celle des familles de la terre qui ne montera pas se prosterner à Jérusalem, devant le roi Yahvé Sabaot, il n'y aura pas de pluie pour elle. Si la famille d'Egypte ne monte pas et ne vient pas, il y aura sur elle la plaie dont Yahvé frappe les nations qui ne monteront pas célébrer la fête des Tentes. Telle sera la punition de l'Egypte et la punition de toutes les nations qui ne monteront pas célébrer la fête des Tentes. En ce jour-là, il y aura sur les grelots des chevaux: "consacré à Yahvé", et les marmites de la maison de Yahvé seront comme des coupes à aspersion devant l'autel. Toute marmite, à Jérusalem et en Juda, sera consacrée à Yahvé Sabaot, tous ceux qui offrent un sacrifice viendront en prendre et cuisineront dedans, et il n'y aura plus de marchand dans la maison de Yahvé Sabaot, en ce jour-là. Oracle. Parole de Yahvé à Israël, par le ministère de Malachie. Je vous ai aimés! dit Yahvé. - Cependant vous dites: En quoi nous as-tu aimés? - Esaü n'était-il pas le frère de Jacob? Oracle de Yahvé; or j'ai aimé Jacob mais j'ai haï Esaü. Je fis de ses montagnes une solitude et de son héritage des pâturages de désert. Si Edom dit: "Nous avons été détruits, mais nous relèverons nos ruines", ainsi parle Yahvé Sabaot: Qu'ils bâtissent, moi je démolirai! On les surnommera "Territoire d'impiété" et "Le peuple contre qui Yahvé est courroucé à jamais." Vos yeux le verront et vous direz: Yahvé est grand par-delà le territoire d'Israël! Un fils honore son père; un serviteur craint son maître. Mais si je suis père, où donc est l'honneur qui m'est dû? Si je suis maître, où donc est ma crainte? Dit Yahvé Sabaot, à vous les prêtres, qui méprisez mon Nom. - Mais vous dites: En quoi avons-nous méprisé ton Nom? -- C'est que vous offrez sur mon autel des aliments souillés. - Mais vous dites: En quoi t'avons-nous souillé? - En disant: La table de Yahvé est méprisable. Quand vous amenez des bêtes aveugles pour le sacrifice, n'est-ce pas mal? Et quand vous en amenez des boiteuses ou des malades, n'est-ce pas mal? Présente-les donc à ton gouverneur: en sera-t-il content? Te recevra-t-il bien? Dit Yahvé Sabaot. Et maintenant implorez donc Dieu pour qu'il nous prenne en pitié (c'est de vos mains que cela vient): vous recevra-t-il? Dit Yahvé Sabaot. Oh! qui d'entre vous fermera les portes pour que vous n'embrasiez pas inutilement mon autel? Je ne prends nul plaisir en vous, dit Yahvé Sabaot, et n'agrée point les offrandes de vos mains. Mais, du levant au couchant, mon Nom est grand chez les nations, et en tout lieu un sacrifice d'encens est présenté à mon Nom ainsi qu'une offrande pure. Car grand est mon Nom chez les nations! dit Yahvé Sabaot. Tandis que vous, vous le profanez, en disant: La table du Seigneur est souillée, et ses aliments méprisables. Vous dites: Voyez, que de souci! et vous me dédaignez, dit Yahvé Sabaot. Vous amenez l'animal dérobé, le boiteux et le malade, et vous l'amenez en offrande. Puis-je l'agréer de votre main? Dit Yahvé Sabaot. Maudit soit le tricheur qui possède dans son troupeau un mâle qu'il voue, et qui me sacrifie une bête tarée. Car je suis un Grand Roi, dit Yahvé Sabaot, et mon Nom est redoutable chez les nations. Et maintenant, à vous ce commandement, prêtres! Si vous n'écoutez pas, si vous ne prenez pas à coeur de donner gloire à mon Nom, dit Yahvé Sabaot, j'enverrai sur vous la malédiction et je maudirai votre bénédiction. En effet, je la maudirai, car il n'est personne parmi vous qui prenne cela à coeur. Voici que je vais vous briser le bras et vous jeter des ordures à la figure - les ordures de vos solennités - et vous enlever avec elles. Et vous saurez que c'est moi qui vous ai adressé ce commandement pour que subsiste mon alliance avec Lévi, dit Yahvé Sabaot. Mon alliance était avec lui, c'était vie et paix et je les lui accordais, crainte et il me craignait, et devant mon Nom il avait révérence. L'enseignement de vérité était dans sa bouche et l'iniquité ne se trouvait pas sur ses lèvres; dans l'intégrité et la droiture il marchait avec moi; il en faisait revenir beaucoup de l'iniquité. Car c'est aux lèvres du prêtre de garder le savoir et c'est de sa bouche qu'on recherche l'enseignement: il est messager de Yahvé Sabaot. Mais vous vous êtes écartés de la voie; vous en avez fait trébucher un grand nombre par l'enseignement; vous avez détruit l'alliance de Lévi! dit Yahvé Sabaot. Et moi je vous ai rendus méprisables et vils pour tout le peuple, dans la mesure où vous n'avez pas gardé mes voies mais avez fait acception de personnes en votre enseignement. N'avons-nous pas tous un Père unique? N'est-ce pas un seul Dieu qui nous a créés? Pourquoi donc sommes-nous perfides l'un envers l'autre, en profanant l'alliance de nos pères? Juda a agi en traître: une abomination a été perpétrée en Israël et à Jérusalem. Car Juda a profané le sanctuaire cher à Yahvé. Il a épousé la fille d'un dieu étranger. Que Yahvé retranche, pour l'homme qui agit ainsi, le témoin et le défenseur, des tentes de Jacob et du groupe de ceux qui présentent l'offrande à Yahvé Sabaot! Voici une seconde chose que vous faites: vous couvrez de larmes l'autel de Yahvé, avec lamentations et gémissements, parce qu'il se refuse à se pencher sur l'offrande et à l'agréer de vos mains. Et vous dites: Pourquoi? - C'est que Yahvé est témoin entre toi et la femme de ta jeunesse que tu as trahie, bien qu'elle fût ta compagne et la femme de ton alliance. N'a-t-il pas fait un seul être, qui a chair et souffle de vie? Et cet être unique, que cherche-t-il? Une postérité donnée par Dieu! Respect donc à votre vie, et la femme de ta jeunesse, ne la trahis point! Car je hais la répudiation, dit Yahvé le Dieu d'Israël, et qu'on recouvre l'injustice de son vêtement, dit Yahvé Sabaot. Respect donc à votre vie, et ne commettez pas cette trahison! Vous fatiguez Yahvé avec vos discours! - Vous dites: En quoi le fatiguons-nous? - C'est quand vous dites: Quiconque fait le mal est bon aux yeux de Yahvé, en ces gens-là il met sa complaisance; ou encore: Où donc est le Dieu de la justice? Voici que je vais envoyer mon messager, pour qu'il fraye un chemin devant moi. Et soudain il entrera dans son sanctuaire, le Seigneur que vous cherchez; et l'Ange de l'alliance que vous désirez, le voici qui vient! dit Yahvé Sabaot. Qui soutiendra le jour de son arrivée? Qui restera droit quand il apparaîtra? Car il est comme le feu du fondeur et comme la lessive des blanchisseurs. Il siégera comme fondeur et nettoyeur. Il purifiera les fils de Lévi et les affinera comme or et argent, et ils deviendront pour Yahvé ceux qui présentent l'offrande selon la justice. Alors l'offrande de Juda et de Jérusalem sera agréée de Yahvé, comme aux jours anciens, comme aux premières années. Je m'approcherai de vous pour le jugement et je serai un témoin prompt contre les devins, les adultères et les parjures, contre ceux qui oppriment le salarié, la veuve et l'orphelin, et qui violent le droit de l'étranger, sans me craindre, dit Yahvé Sabaot. Non, moi, Yahvé, je ne varie pas, et vous, les fils de Jacob, vous ne cessez pas! Depuis les jours de vos pères, vous vous écartez de mes décrets et ne les gardez pas. Revenez à moi et je reviendrai à vous! dit Yahvé Sabaot. - Vous dites: Comment reviendrons-nous? -- Un homme peut-il tromper Dieu? Or vous me trompez! - Vous dites: En quoi t'avons-nous trompé? - Quant à la dîme et aux redevances. La malédiction vous atteint: c'est que vous me trompez, vous la nation dans son entier. Apportez intégralement la dîme au trésor, pour qu'il y ait de la nourriture chez moi. Et mettez-moi ainsi à l'épreuve, dit Yahvé Sabaot, pour voir si je n'ouvrirai pas en votre faveur la bénédiction en surabondance. En votre faveur, je tancerai le criquet pour qu'il ne vous détruise pas les fruits du sol, et que pour vous la vigne ne soit pas stérile dans la campagne, dit Yahvé Sabaot. Toutes les nations vous déclareront heureux, car vous serez une terre de délices, dit Yahvé Sabaot. Vos paroles sont dures à mon égard, dit Yahvé. Pourtant vous dites: Que nous sommes-nous dit contre toi? Vous dites: c'est vanité de servir Dieu, et que gagnons-nous à avoir gardé ses observances et marché dans le deuil devant Yahvé Sabaot? Maintenant nous en sommes à déclarer heureux les arrogants: ils prospèrent, ceux qui font le mal; ils mettent Dieu à l'épreuve et ils s'en tirent! Alors ceux qui craignent Yahvé se parlèrent l'un à l'autre. Yahvé prêta attention et entendit: un livre aide-mémoire fut écrit devant lui en faveur de ceux qui craignent Yahvé et qui pensent à son Nom. Au jour que je prépare, ils seront mon bien propre, dit Yahvé Sabaot. J'aurai compassion d'eux comme un homme a compassion de son fils qui le sert. Alors vous verrez la différence entre un juste et un méchant, entre qui sert Dieu et qui ne le sert pas. Car voici: le Jour vient, brûlant comme un four. Ils seront de la paille, tous les arrogants et malfaisants; le Jour qui arrive les embrasera - dit Yahvé Sabaot - au point qu'il ne leur laissera ni racine ni rameau. Mais pour vous qui craignez mon Nom, le soleil de justice brillera, avec la guérison dans ses rayons; vous sortirez en bondissant comme des veaux à l'engrais. Vous piétinerez les méchants, car ils seront de la cendre sous la plante de vos pieds, au Jour que je prépare, dit Yahvé Sabaot. Rappelez-vous la Loi de Moïse, mon serviteur à qui j'ai prescrit, à l'Horeb, pour tout Israël, des lois et des coutumes. Voici que je vais vous envoyer Elie le prophète, avant que n'arrive le Jour de Yahvé, grand et redoutable. Il ramènera le coeur des pères vers leurs fils et le coeur des fils vers leurs pères, de peur que je ne vienne frapper le pays d'anathème. *** Livre de la genèse de Jésus Christ, fils de David, fils d'Abraham: Abraham engendra Isaac, Isaac engendra Jacob, Jacob engendra Juda et ses frères, Juda engendra Pharès et Zara, de Thamar, Pharès engendra Esrom, Esrom engendra Aram, Aram engendra Aminadab, Aminadab engendra Naasson, Naasson engendra Salmon, Salmon engendra Booz, de Rahab, Booz engendra Jobed, de Ruth, Jobed engendra Jessé, Jessé engendra le roi David. David engendra Salomon, de la femme d'Urie, Salomon engendra Roboam, Roboam engendra Abia, Abia engendra Asa, Asa engendra Josaphat, Josaphat engendra Joram, Joram engendra Ozias, Ozias engendra Joatham, Joatham engendra Achaz, Achaz engendra Ezéchias, Ezéchias engendra Manassé, Manassé engendra Amon, Amon engendra Josias, Josias engendra Jéchonias et ses frères; ce fut alors la déportation à Babylone. Après la déportation à Babylone, Jéchonias engendra Salathiel, Salathiel engendra Zorobabel, Zorobabel engendra Abioud, Abioud engendra Eliakim, Eliakim engendra Azor, Azor engendra Sadok, Sadok engendra Akhim, Akhim engendra Elioud, Elioud engendra Eléazar, Eléazar engendra Matthan, Matthan engendra Jacob, Jacob engendra Joseph, l'époux de Marie, de laquelle naquit Jésus, que l'on appelle Christ. Le total des générations est donc: d'Abraham à David, quatorze générations; de David à la déportation de Babylone, quatorze générations; de la déportation de Babylone au Christ, quatorze générations. Or telle fut la genèse de Jésus Christ. Marie, sa mère, était fiancée à Joseph: or, avant qu'ils eussent mené vie commune, elle se trouva enceinte par le fait de l'Esprit Saint. Joseph, son mari, qui était un homme juste et ne voulait pas la dénoncer publiquement, résolut de la répudier sans bruit. Alors qu'il avait formé ce dessein, voici que l'Ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit: "Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ta femme: car ce qui a été engendré en elle vient de l'Esprit Saint; elle enfantera un fils, et tu l'appelleras du nom de Jésus: car c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés." Or tout ceci advint pour que s'accomplît cet oracle prophétique du Seigneur: Voici que la vierge concevra et enfantera un fils, et on l'appellera du nom d'Emmanuel, ce qui se traduit: "Dieu avec nous." Une fois réveillé, Joseph fit comme l'Ange du Seigneur lui avait prescrit: il prit chez lui sa femme; et il ne la connut pas jusqu'au jour où elle enfanta un fils, et il l'appela du nom de Jésus. Jésus étant né à Bethléem de Judée, au temps du roi Hérode, voici que des mages venus d'Orient arrivèrent à Jérusalem en disant: "Où est le roi des Juifs qui vient de naître? Nous avons vu, en effet, son astre à son lever et sommes venus lui rendre hommage." L'ayant appris, le roi Hérode s'émut, et tout Jérusalem avec lui. Il assembla tous les grands prêtres avec les scribes du peuple, et il s'enquérait auprès d'eux du lieu où devait naître le Christ. "A Bethléem de Judée, lui dirent-ils; ainsi, en effet, est-il écrit par le prophète: Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n'es nullement le moindre des clans de Juda; car de toi sortira un chef qui sera pasteur de mon peuple Israël." Alors Hérode manda secrètement les mages, se fit préciser par eux le temps de l'apparition de l'astre, et les envoya à Bethléem en disant: "Allez vous renseigner exactement sur l'enfant; et quand vous l'aurez trouvé, avisez-moi, afin que j'aille, moi aussi, lui rendre hommage." Sur ces paroles du roi, ils se mirent en route; et voici que l'astre, qu'ils avaient vu à son lever, les précédait jusqu'à ce qu'il vînt s'arrêter au-dessus de l'endroit où était l'enfant. A la vue de l'astre ils se réjouirent d'une très grande joie. Entrant alors dans le logis, ils virent l'enfant avec Marie sa mère, et, se prosternant, ils lui rendirent hommage; puis, ouvrant leurs cassettes, ils lui offrirent en présents de l'or, de l'encens et de la myrrhe. Après quoi, avertis en songe de ne point retourner chez Hérode, ils prirent une autre route pour rentrer dans leur pays. Après leur départ, voici que l'Ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit: "Lève-toi, prends avec toi l'enfant et sa mère, et fuis en Egypte; et restes-y jusqu'à ce que je te dise. Car Hérode va rechercher l'enfant pour le faire périr." Il se leva, prit avec lui l'enfant et sa mère, de nuit, et se retira en Egypte; et il resta là jusqu'à la mort d'Hérode; pour que s'accomplît cet oracle prophétique du Seigneur: D'Egypte j'ai appelé mon fils. Alors Hérode, voyant qu'il avait été joué par les mages, fut pris d'une violente fureur et envoya mettre à mort, dans Bethléem et tout son territoire, tous les enfants de moins de deux ans, d'après le temps qu'il s'était fait préciser par les mages. Alors s'accomplit l'oracle du prophète Jérémie: Une voix dans Rama s'est fait entendre, pleur et longue plainte: c'est Rachel pleurant ses enfants; et ne veut pas qu'on la console, car ils ne sont plus. Quand Hérode eut cessé de vivre, voici que l'Ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph, en Egypte, et lui dit: "Lève-toi, prends avec toi l'enfant et sa mère, et mets-toi en route pour la terre d'Israël; car ils sont morts, ceux qui en voulaient à la vie de l'enfant." Il se leva, prit avec lui l'enfant et sa mère, et rentra dans la terre d'Israël. Mais, apprenant qu'Archélaüs régnait sur la Judée à la place d'Hérode son père, il craignit de s'y rendre; averti en songe, il se retira dans la région de Galilée et vint s'établir dans une ville appelée Nazareth; pour que s'accomplît l'oracle des prophètes: Il sera appelé Nazôréen. En ces jours-là arrive Jean le Baptiste, prêchant dans le désert de Judée et disant: "Repentez-vous, car le Royaume des Cieux est tout proche." C'est bien lui dont a parlé Isaïe le prophète: Voix de celui qui crie dans le désert: Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. Ce Jean avait son vêtement fait de poils de chameau et un pagne de peau autour de ses reins; sa nourriture était de sauterelles et de miel sauvage. Alors s'en allaient vers lui Jérusalem, et toute la Judée, et toute la région du Jourdain, et ils se faisaient baptiser par lui dans les eaux du Jourdain, en confessant leurs péchés. Comme il voyait beaucoup de Pharisiens et de Sadducéens venir au baptême, il leur dit: "Engeance de vipères, qui vous a suggéré d'échapper à la Colère prochaine? Produisez donc un fruit digne du repentir et ne vous avisez pas de dire en vous-mêmes: Nous avons pour père Abraham. Car je vous le dis, Dieu peut, des pierres que voici, faire surgir des enfants à Abraham. Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres; tout arbre donc qui ne produit pas de bon fruit va être coupé et jeté au feu. Pour moi, je vous baptise dans de l'eau en vue du repentir; mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, dont je ne suis pas digne d'enlever les sandales; lui vous baptisera dans l'Esprit Saint et le feu. Il tient en sa main la pelle à vanner et va nettoyer son aire; il recueillera son blé dans le grenier; quant aux bales, il les consumera au feu qui ne s'éteint pas." Alors Jésus arrive de la Galilée au Jourdain, vers Jean, pour être baptisé par lui. Celui-ci l'en détournait, en disant: "C'est moi qui ai besoin d'être baptisé par toi, et toi, tu viens à moi!" Mais Jésus lui répondit: "Laisse faire pour l'instant: car c'est ainsi qu'il nous convient d'accomplir toute justice." Alors il le laisse faire. Ayant été baptisé, Jésus aussitôt remonta de l'eau; et voici que les cieux s'ouvrirent: il vit l'Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. Et voici qu'une voix venue des cieux disait: "Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute ma faveur. Alors Jésus fut emmené au désert par l'Esprit, pour être tenté par le diable. Il jeûna durant 40 jours et 40 nuits, après quoi il eut faim. Et, s'approchant, le tentateur lui dit: "Si tu es Fils de Dieu, dis que ces pierres deviennent des pains." Mais il répondit: "Il est écrit: Ce n'est pas de pain seul que vivra l'homme, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu" Alors le diable le prend avec lui dans la Ville Sainte, et il le plaça sur le pinacle du Temple et lui dit: "Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas; car il est écrit: Il donnera pour toi des ordres à ses anges, et sur leurs mains ils te porteront, de peur que tu ne heurtes du pied quelque pierre." Jésus lui dit: "Il est encore écrit: Tu ne tenteras pas le Seigneur, ton Dieu." De nouveau le diable le prend avec lui sur une très haute montagne, lui montre tous les royaumes du monde avec leur gloire et lui dit: "Tout cela, je te le donnerai, si, te prosternant, tu me rends hommage." Alors Jésus lui dit: "Retire-toi, Satan! Car il est écrit: C'est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, et à Lui seul tu rendras un culte." Alors le diable le quitte. Et voici que des anges s'approchèrent, et ils le servaient. Ayant appris que Jean avait été livré, il se retira en Galilée et, laissant Nazara, vint s'établir à Capharnaüm, au bord de la mer, sur les confins de Zabulon et de Nephtali, pour que s'accomplît l'oracle d'Isaïe le prophète: Terre de Zabulon et terre de Nephtali, Route de la mer, Pays de Transjordane, Galilée des nations! Le peuple qui demeurait dans les ténèbres a vu une grande lumière; sur ceux qui demeuraient dans la région sombre de la mort, une lumière s'est levée. Dès lors Jésus se mit à prêcher et à dire: "Repentez-vous, car le Royaume des Cieux est tout proche." Comme il cheminait sur le bord de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et André son frère, qui jetaient l'épervier dans la mer; car c'étaient des pêcheurs. Et il leur dit: "Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d'hommes." Eux, aussitôt, laissant les filets, le suivirent. Et avançant plus loin, il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère, dans leur barque, avec Zébédée leur père, en train d'arranger leurs filets; et il les appela. Eux, aussitôt, laissant la barque et leur père, le suivirent. Il parcourait toute la Galilée, enseignant dans leurs synagogues, proclamant la Bonne Nouvelle du Royaume et guérissant toute maladie et toute langueur parmi le peuple. Sa renommée gagna toute la Syrie, et on lui présenta tous les malades atteints de divers maux et tourments, des démoniaques, des lunatiques, des paralytiques, et il les guérit. Des foules nombreuses se mirent à le suivre, de la Galilée, de la Décapole, de Jérusalem, de la Judée et de la Transjordane. Voyant les foules, il gravit la montagne, et quand il fut assis, ses disciples s'approchèrent de lui. Et prenant la parole, il les enseignait en disant: "Heureux ceux qui ont une âme de pauvre, car le Royaume des Cieux est à eux. Heureux les doux, car ils posséderont la terre. Heureux les affligés, car ils seront consolés. Heureux les affamés et assoiffés de la justice, car ils seront rassasiés. Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. Heureux les coeurs purs, car ils verront Dieu. Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. Heureux les persécutés pour la justice, car le Royaume des Cieux est à eux. Heureux êtes-vous quand on vous insultera, qu'on vous persécutera, et qu'on dira faussement contre vous toute sorte d'infamie à cause de moi. Soyez dans la joie et l'allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux: c'est bien ainsi qu'on a persécuté les prophètes, vos devanciers. "Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel vient à s'affadir, avec quoi le salera-t-on? Il n'est plus bon à rien qu'à être jeté dehors et foulé aux pieds par les gens. "Vous êtes la lumière du monde. Une ville ne se peut cacher, qui est sise au sommet d'un mont. Et l'on n'allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais bien sur le lampadaire, où elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. Ainsi votre lumière doit-elle briller devant les hommes afin qu'ils voient vos bonnes oeuvres et glorifient votre Père qui est dans les cieux. "N'allez pas croire que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes: je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. Car je vous le dis, en vérité: avant que ne passent le ciel et la terre, pas un i, pas un point sur l'i, ne passera de la Loi, que tout ne soit réalisé. Celui donc qui violera l'un de ces moindres préceptes, et enseignera aux autres à faire de même, sera tenu pour le moindre dans le Royaume des Cieux; au contraire, celui qui les exécutera et les enseignera, celui-là sera tenu pour grand dans le Royaume des Cieux. "Car je vous le dis: si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des Pharisiens, vous n'entrerez pas dans le Royaume des Cieux. "Vous avez entendu qu'il a été dit aux ancêtres: Tu ne tueras point; et si quelqu'un tue, il en répondra au tribunal. Eh bien! moi je vous dis: Quiconque se fâche contre son frère en répondra au tribunal; mais s'il dit à son frère: Crétin! il en répondra au Sanhédrin; et s'il lui dit: Renégat!, il en répondra dans la géhenne de feu. Quand donc tu présentes ton offrande à l'autel, si là tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande, devant l'autel, et va d'abord te réconcilier avec ton frère; puis reviens, et alors présente ton offrande. Hâte-toi de t'accorder avec ton adversaire, tant que tu es encore avec lui sur le chemin, de peur que l'adversaire ne te livre au juge, et le juge au garde, et qu'on ne te jette en prison. En vérité, je te le dis: tu ne sortiras pas de là, que tu n'aies rendu jusqu'au dernier sou. "Vous avez entendu qu'il a été dit: Tu ne commettras pas l'adultère. Eh bien! moi je vous dis: Quiconque regarde une femme pour la désirer a déjà commis, dans son coeur, l'adultère avec elle. Que si ton oeil droit est pour toi une occasion de péché, arrache-le et jette-le loin de toi: car mieux vaut pour toi que périsse un seul de tes membres et que tout ton corps ne soit pas jeté dans la géhenne. Et si ta main droite est pour toi une occasion de péché, coupe-la et jette-la loin de toi: car mieux vaut pour toi que périsse un seul de tes membres et que tout ton corps ne s'en aille pas dans la géhenne. "Il a été dit d'autre part: Quiconque répudiera sa femme, qu'il lui remette un acte de divorce. Eh bien! moi je vous dis: Tout homme qui répudie sa femme, hormis le cas de "prostitution", l'expose à l'adultère; et quiconque épouse une répudiée, commet un adultère. "Vous avez encore entendu qu'il a été dit aux ancêtres: Tu ne te parjureras pas, mais tu t'acquitteras envers le Seigneur de tes serments. Eh bien! moi je vous dis de ne pas jurer du tout: ni par le Ciel, car c'est le trône de Dieu; ni par la Terre, car c'est l'escabeau de ses pieds; ni par Jérusalem, car c'est la Ville du grand Roi. Ne jure pas non plus par ta tête, car tu ne peux en rendre un seul cheveu blanc ou noir. Que votre langage soit: Oui? Oui, Non? Non: ce qu'on dit de plus vient du Mauvais. "Vous avez entendu qu'il a été dit: oeil pour oeil et dent pour dent. Eh bien! moi je vous dis de ne pas tenir tête au méchant: au contraire, quelqu'un te donne-t-il un soufflet sur la joue droite, tends-lui encore l'autre; veut-il te faire un procès et prendre ta tunique, laisse-lui même ton manteau; te requiert-il pour une course d'un mille, fais-en deux avec lui. A qui te demande, donne; à qui veut t'emprunter, ne tourne pas le dos. "Vous avez entendu qu'il a été dit: Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien! moi je vous dis: Aimez vos ennemis, et priez pour vos persécuteurs, afin de devenir fils de votre Père qui est aux cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. Car si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense aurez-vous? Les publicains eux-mêmes n'en font-ils pas autant? Et si vous réservez vos saluts à vos frères, que faites-vous d'extraordinaire? Les païens eux-mêmes n'en font-ils pas autant? Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait. "Gardez-vous de pratiquer votre justice devant les hommes, pour vous faire remarquer d'eux; sinon, vous n'aurez pas de récompense auprès de votre Père qui est dans les cieux. Quand donc tu fais l'aumône, ne va pas le claironner devant toi; ainsi font les hypocrites, dans les synagogues et les rues, afin d'être glorifiés par les hommes; en vérité je vous le dis, ils tiennent déjà leur récompense. Pour toi, quand tu fais l'aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite, afin que ton aumône soit secrète; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. "Et quand vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites: ils aiment, pour faire leurs prières, à se camper dans les synagogues et les carrefours, afin qu'on les voie. En vérité je vous le dis, ils tiennent déjà leur récompense. Pour toi, quand tu pries, retire-toi dans ta chambre, ferme sur toi la porte, et prie ton Père qui est là, dans le secret; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. "Dans vos prières, ne rabâchez pas comme les païens: ils s'imaginent qu'en parlant beaucoup ils se feront mieux écouter. N'allez pas faire comme eux; car votre Père sait bien ce qu'il vous faut, avant que vous le lui demandiez. "Vous donc, priez ainsi: Notre Père qui es dans les cieux, que ton Nom soit sanctifié, que ton Règne vienne, que ta Volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien. Remets-nous nos dettes comme nous-mêmes avons remis à nos débiteurs. Et ne nous soumets pas à la tentation; mais délivre-nous du Mauvais. "Oui, si vous remettez aux hommes leurs manquements, votre Père céleste vous remettra aussi; mais si vous ne remettez pas aux hommes, votre Père non plus ne vous remettra pas vos manquements. "Quand vous jeûnez, ne vous donnez pas un air sombre comme font les hypocrites: ils prennent une mine défaite, pour que les hommes voient bien qu'ils jeûnent. En vérité je vous le dis, ils tiennent déjà leur récompense. Pour toi, quand tu jeûnes, parfume ta tête et lave ton visage, pour que ton jeûne soit connu, non des hommes, mais de ton Père qui est là, dans le secret; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. "Ne vous amassez point de trésors sur la terre, où la mite et le ver consument, où les voleurs percent et cambriolent. Mais amassez-vous des trésors dans le ciel: là, point de mite ni de ver qui consument, point de voleurs qui perforent et cambriolent. Car où est ton trésor, là sera aussi ton coeur. "La lampe du corps, c'est l'oeil. Si donc ton oeil est sain, ton corps tout entier sera lumineux. Mais si ton oeil est malade, ton corps tout entier sera ténébreux. Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, quelles ténèbres! "Nul ne peut servir deux maîtres: ou il haïra l'un et aimera l'autre, ou il s'attachera à l'un et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l'Argent. "Voilà pourquoi je vous dis: Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de quoi vous le vêtirez. La vie n'est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement? Regardez les oiseaux du ciel: ils ne sèment ni ne moissonnent ni ne recueillent en des greniers, et votre Père céleste les nourrit! Ne valez-vous pas plus qu'eux? Qui d'entre vous d'ailleurs peut, en s'en inquiétant, ajouter une seule coudée à la longueur de sa vie? Et du vêtement, pourquoi vous inquiéter? Observez les lis des champs, comme ils poussent: ils ne peinent ni ne filent. Or je vous dis que Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n'a pas été vêtu comme l'un d'eux. Que si Dieu habille de la sorte l'herbe des champs, qui est aujourd'hui et demain sera jetée au four, ne fera-t-il pas bien plus pour vous, gens de peu de foi! Ne vous inquiétez donc pas en disant: Qu'allons-nous manger? Qu'allons-nous boire? De quoi allons-nous nous vêtir? Ce sont là toutes choses dont les païens sont en quête. Or votre Père céleste sait que vous avez besoin de tout cela. Cherchez d'abord son Royaume et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît. Ne vous inquiétez donc pas du lendemain: demain s'inquiétera de lui-même. A chaque jour suffit sa peine. "Ne jugez pas, afin de n'être pas jugés; car, du jugement dont vous jugez on vous jugera, et de la mesure dont vous mesurez on mesurera pour vous. Qu'as-tu à regarder la paille qui est dans l'oeil de ton frère? Et la poutre qui est dans ton oeil à toi, tu ne la remarques pas! Ou bien comment vas-tu dire à ton frère: Laisse-moi ôter la paille de ton oeil, et voilà que la poutre est dans ton oeil! Hypocrite, ôte d'abord la poutre de ton oeil, et alors tu verras clair pour ôter la paille de l'oeil de ton frère. "Ne donnez pas aux chiens ce qui est sacré, ne jetez pas vos perles devant les porcs, de crainte qu'ils ne les piétinent, puis se retournent contre vous pour vous déchirer. "Demandez et l'on vous donnera; cherchez et vous trouverez; frappez et l'on vous ouvrira. Car quiconque demande reçoit; qui cherche trouve; et à qui frappe on ouvrira. Quel est d'entre vous l'homme auquel son fils demandera du pain, et qui lui remettra une pierre? Ou encore, s'il lui demande un poisson, lui remettra-t-il un serpent? Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père qui est dans les cieux en donnera-t-il de bonnes à ceux qui l'en prient! "Ainsi, tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux: voilà la Loi et les Prophètes. "Entrez par la porte étroite. Large, en effet, et spacieux est le chemin qui mène à la perdition, et il en est beaucoup qui s'y engagent; mais étroite est la porte et resserré le chemin qui mène à la Vie, et il en est peu qui le trouvent. "Méfiez-vous des faux prophètes, qui viennent à vous déguisés en brebis, mais au-dedans sont des loups rapaces. C'est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez. Cueille-t-on des raisins sur des épines? Ou des figues sur des chardons? Ainsi tout arbre bon produit de bons fruits, tandis que l'arbre gâté produit de mauvais fruits. Un bon arbre ne peut porter de mauvais fruits, ni un arbre gâté porter de bons fruits. Tout arbre qui ne donne pas un bon fruit, on le coupe et on le jette au feu. Ainsi donc, c'est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez. "Ce n'est pas en me disant: Seigneur, Seigneur, qu'on entrera dans le Royaume des Cieux, mais c'est en faisant la volonté de mon Père qui est dans les cieux. Beaucoup me diront en ce jour-là: Seigneur, Seigneur, n'est-ce pas en ton nom que nous avons prophétisé? En ton nom que nous avons chassé les démons? En ton nom que nous avons fait bien des miracles? Alors je leur dirai en face: Jamais je ne vous ai connus; écartez-vous de moi, vous qui commettez l'iniquité. "Ainsi, quiconque écoute ces paroles que je viens de dire et les met en pratique, peut se comparer à un homme avisé qui a bâti sa maison sur le roc. La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et se sont déchaînés contre cette maison, et elle n'a pas croulé: c'est qu'elle avait été fondée sur le roc. Et quiconque entend ces paroles que je viens de dire et ne les met pas en pratique, peut se comparer à un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable. La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et se sont rués sur cette maison, et elle s'est écroulée. Et grande a été sa ruine!" Et il advint, quand Jésus eut achevé ces discours, que les foules étaient frappées de son enseignement: car il les enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme leurs scribes. Quand il fut descendu de la montagne, des foules nombreuses se mirent à le suivre. Or voici qu'un lépreux s'approcha et se prosterna devant lui en disant: "Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier." Il étendit la main et le toucha, en disant: "Je le veux, sois purifié." Et aussitôt sa lèpre fut purifiée. Et Jésus lui dit: "Garde-toi d'en parler à personne, mais va te montrer au prêtre et offre le don qu'a prescrit Moïse: ce leur sera une attestation." Comme il était entré dans Capharnaüm, un centurion s'approcha de lui en le suppliant: "Seigneur, dit-il, mon enfant gît dans ma maison, atteint de paralysie et souffrant atrocement." Il lui dit: "Je vais aller le guérir" -- "Seigneur, reprit le centurion, je ne mérite pas que tu entres sous mon toit; mais dis seulement un mot et mon enfant sera guéri. Car moi, qui ne suis qu'un subalterne, j'ai sous moi des soldats, et je dis à l'un: Va! et il va, et à un autre: Viens! et il vient, et à mon serviteur: Fais ceci! et il le fait." Entendant cela, Jésus fut dans l'admiration et dit à ceux qui le suivaient: "En vérité, je vous le dis, chez personne je n'ai trouvé une telle foi en Israël. Eh bien! je vous dis que beaucoup viendront du levant et du couchant prendre place au festin avec Abraham, Isaac et Jacob dans le Royaume des Cieux, tandis que les fils du Royaume seront jetés dans les ténèbres extérieures: là seront les pleurs et les grincements de dents." Puis il dit au centurion: "Va! Qu'il t'advienne selon ta foi!" Et l'enfant fut guéri sur l'heure. Etant venu dans la maison de Pierre, Jésus vit sa belle-mère alitée, avec la fièvre. Il lui toucha la main, la fièvre la quitta, elle se leva et elle le servait. Le soir venu, on lui présenta beaucoup de démoniaques; il chassa les esprits d'un mot, et il guérit tous les malades, afin que s'accomplît l'oracle d'Isaïe le prophète: Il a pris nos infirmités et s'est chargé de nos maladies. Se voyant entouré de foules nombreuses, Jésus donna l'ordre de s'en aller sur l'autre rive. Et un scribe s'approchant lui dit: "Maître, je te suivrai où que tu ailles." Jésus lui dit: "Les renards ont des tanières et les oiseaux du ciel ont des nids; le Fils de l'homme, lui, n'a pas où reposer la tête." Un autre des disciples lui dit: "Seigneur, permets-moi de m'en aller d'abord enterrer mon père." Mais Jésus lui dit: "Suis-moi, et laisse les morts enterrer leurs morts." Puis il monta dans la barque, suivi de ses disciples. Et voici qu'une grande agitation se fit dans la mer, au point que la barque était couverte par les vagues. Lui cependant dormait. S'étant approchés, ils le réveillèrent en disant: "Au secours, Seigneur, nous périssons!" Il leur dit: "Pourquoi avez-vous peur, gens de peu de foi?" Alors, s'étant levé, il menaça les vents et la mer, et il se fit un grand calme. Saisis d'étonnement, les hommes se dirent alors: "Quel est celui-ci, que même les vents et la mer lui obéissent?" Quand il fut arrivé sur l'autre rive, au pays des Gadaréniens, deux démoniaques, sortant des tombeaux, vinrent à sa rencontre, des êtres si sauvages que nul ne se sentait de force à passer par ce chemin. Les voilà qui se mirent à crier: "Que nous veux-tu, Fils de Dieu? Es-tu venu ici pour nous tourmenter avant le temps?" Or il y avait, à une certaine distance, un gros troupeau de porcs en train de paître. Et les démons suppliaient Jésus: "Si tu nous expulses, envoie-nous dans ce troupeau de porcs" -- "Allez", leur dit-il. Sortant alors, ils s'en allèrent dans les porcs, et voilà que tout le troupeau se précipita du haut de l'escarpement dans la mer et périt dans les eaux. Les gardiens prirent la fuite et s'en furent à la ville tout rapporter, avec l'affaire des démoniaques. Et voilà que toute la ville sortit au-devant de Jésus; et, dès qu'ils le virent, ils le prièrent de quitter leur territoire. S'étant embarqué, il traversa et vint dans sa ville. Et voici qu'on lui apportait un paralytique étendu sur un lit. Jésus, voyant leur foi, dit au paralytique: "Aie confiance, mon enfant, tes péchés sont remis." Et voici que quelques scribes se dirent par-devers eux: "Celui-là blasphème." Et Jésus, connaissant leurs sentiments, dit: "Pourquoi ces mauvais sentiments dans vos coeurs? Quel est donc le plus facile, de dire: Tes péchés sont remis, ou de dire: Lève-toi et marche? Eh bien! pour que vous sachiez que le Fils de l'homme a le pouvoir sur la terre de remettre les péchés, lève-toi, dit-il alors au paralytique, prends ton lit et va-t-en chez toi." Et se levant, il s'en alla chez lui. A cette vue, les foules furent saisies de crainte et glorifièrent Dieu d'avoir donné un tel pouvoir aux hommes. Etant sorti, Jésus vit, en passant, un homme assis au bureau de la douane, appelé Matthieu, et il lui dit: "Suis-moi!" Et, se levant, il le suivit. Comme il était à table dans la maison, voici que beaucoup de publicains et de pécheurs vinrent se mettre à table avec Jésus et ses disciples. Ce qu'ayant vu, les Pharisiens disaient à ses disciples: "Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et les pécheurs?" Mais lui, qui avait entendu, dit: "Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin de médecin, mais les malades. Allez donc apprendre ce que signifie: C'est la miséricorde que je veux, et non le sacrifice. En effet, je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs." Alors les disciples de Jean s'approchent de lui en disant: "Pourquoi nous et les Pharisiens jeûnons-nous, et tes disciples ne jeûnent pas?" Et Jésus leur dit: "Les compagnons de l'époux peuvent-ils mener le deuil tant que l'époux est avec eux? Mais viendront des jours où l'époux leur sera enlevé; et alors ils jeûneront. Personne ne rajoute une pièce de drap non foulé à un vieux vêtement; car le morceau rapporté tire sur le vêtement et la déchirure s'aggrave. On ne met pas non plus du vin nouveau dans des outres vieilles; autrement, les outres éclatent, le vin se répand et les outres sont perdues. Mais on met du vin nouveau dans des outres neuves, et l'un et l'autre se conservent." Tandis qu'il leur parlait, voici qu'un chef s'approche, et il se prosternait devant lui en disant: "Ma fille est morte à l'instant; mais viens lui imposer ta main et elle vivra." Et, se levant, Jésus le suivait ainsi que ses disciples. Or voici qu'une femme, hémorroïsse depuis douze années, s'approcha par derrière et toucha la frange de son manteau. Car elle se disait en elle-même: "Si seulement je touche son manteau, je serai sauvée." Jésus se retournant la vit et lui dit: "Aie confiance, ma fille, ta foi t'a sauvée." Et de ce moment la femme fut sauvée. Arrivé à la maison du chef et voyant les joueurs de flûte et la foule en tumulte, Jésus dit: Retirez-vous; car elle n'est pas morte, la fillette, mais elle dort." Et ils se moquaient de lui. Mais, quand on eut mis la foule dehors, il entra, prit la main de la fillette et celle-ci se dressa. Le bruit s'en répandit dans toute cette contrée. Comme Jésus s'en allait de là, deux aveugles le suivirent, qui criaient et disaient: "Aie pitié de nous, Fils de David!" Etant arrivé à la maison, les aveugles s'approchèrent de lui et Jésus leur dit: "Croyez-vous que je puis faire cela" - "Oui, Seigneur", lui disent-ils. Alors il leur toucha les yeux en disant: "Qu'il vous advienne selon votre foi." Et leurs yeux s'ouvrirent. Jésus alors les rudoya: "Prenez garde! dit-il. Que personne ne le sache!" Mais eux, étant sortis, répandirent sa renommée dans toute cette contrée. Comme ils sortaient, voilà qu'on lui présenta un démoniaque muet. Le démon fut expulsé et le muet parla. Les foules émerveillées disaient: "Jamais pareille chose n'a paru en Israël!" Mais les Pharisiens disaient: "C'est par le Prince des démons qu'il expulse les démons." Jésus parcourait toutes les villes et les villages, enseignant dans leurs synagogues, proclamant la Bonne Nouvelle du Royaume et guérissant toute maladie et toute langueur. A la vue des foules il en eut pitié, car ces gens étaient las et prostrés comme des brebis qui n'ont pas de berger. Alors il dit à ses disciples: "La moisson est abondante, mais les ouvriers peu nombreux; priez donc le Maître de la moisson d'envoyer des ouvriers à sa moisson." Ayant appelé à lui ses douze disciples, Jésus leur donna pouvoir sur les esprits impurs, de façon à les expulser et à guérir toute maladie et toute langueur. Les noms des douze apôtres sont les suivants: le premier, Simon appelé Pierre, et André son frère; puis Jacques, le fils de Zébédée, et Jean son frère; Philippe et Barthélemy; Thomas et Matthieu le publicain; Jacques, le fils d'Alphée, et Thaddée; Simon le Zélé et Judas l'Iscariote, celui-là même qui l'a livré. Ces douze, Jésus les envoya en mission avec les prescriptions suivantes: "Ne prenez pas le chemin des païens et n'entrez pas dans une ville de Samaritains; allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d'Israël. Chemin faisant, proclamez que le Royaume des Cieux est tout proche. Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, expulsez les démons. Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. Ne vous procurez ni or, ni argent, ni menue monnaie pour vos ceintures, ni besace pour la route, ni deux tuniques, ni sandales, ni bâton: car l'ouvrier mérite sa nourriture. "En quelque ville ou village que vous entriez, faites-vous indiquer quelqu'un d'honorable et demeurez-y jusqu'à ce que vous partiez. En entrant dans la maison, saluez-la: si cette maison en est digne, que votre paix vienne sur elle; si elle ne l'est pas, que votre paix vous soit retournée. Et si quelqu'un ne vous accueille pas et n'écoute pas vos paroles, sortez de cette maison ou de cette ville et secouez la poussière de vos pieds. En vérité je vous le dis: au Jour du Jugement, il y aura moins de rigueur pour le pays de Sodome et de Gomorrhe que pour cette ville-là. Voici que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups; montrez-vous donc prudents comme les serpents et candides comme les colombes. "Méfiez-vous des hommes: ils vous livreront aux sanhédrins et vous flagelleront dans leurs synagogues; vous serez traduits devant des gouverneurs et des rois, à cause de moi, pour rendre témoignage en face d'eux et des païens. Mais, lorsqu'on vous livrera, ne cherchez pas avec inquiétude comment parler ou que dire: ce que vous aurez à dire vous sera donné sur le moment, car ce n'est pas vous qui parlerez, mais l'Esprit de votre Père qui parlera en vous. "Le frère livrera son frère à la mort, et le père son enfant; les enfants se dresseront contre leurs parents et les feront mourir. Et vous serez haïs de tous à cause de mon nom, mais celui qui aura tenu bon jusqu'au bout, celui-là sera sauvé. "Si l'on vous pourchasse dans telle ville, fuyez dans telle autre, et si l'on vous pourchasse dans celle-là, fuyez dans une troisième; en vérité je vous le dis, vous n'achèverez pas le tour des villes d'Israël avant que ne vienne le Fils de l'homme. "Le disciple n'est pas au-dessus du maître, ni le serviteur au-dessus de son patron. Il suffit pour le disciple qu'il devienne comme son maître, et le serviteur comme son patron. Du moment qu'ils ont traité de Béelzéboul le maître de maison, que ne diront-ils pas de sa maisonnée! "N'allez donc pas les craindre! Rien, en effet, n'est voilé qui ne sera révélé, rien de caché qui ne sera connu. Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le au grand jour; et ce que vous entendez dans le creux de l'oreille, proclamez-le sur les toits. "Ne craignez rien de ceux qui tuent le corps, mais ne peuvent tuer l'âme; craignez plutôt Celui qui peut perdre dans la géhenne à la fois l'âme et le corps. Ne vend-on pas deux passereaux pour un as? Et pas un d'entre eux ne tombera au sol à l'insu de votre Père! Et vous donc! vos cheveux même sont tous comptés! Soyez donc sans crainte; vous valez mieux, vous, qu'une multitude de passereaux. "Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, moi aussi je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est dans les cieux; mais celui qui m'aura renié devant les hommes, à mon tour je le renierai devant mon Père qui est dans les cieux. "N'allez pas croire que je sois venu apporter la paix sur la terre; je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive. Car je suis venu opposer l'homme à son père, la fille à sa mère et la bru à sa belle-mère: on aura pour ennemis les gens de sa famille. "Qui aime son père ou sa mère plus que moi n'est pas digne de moi. Qui aime son fils ou sa fille plus que moi n'est pas digne de moi. Qui ne prend pas sa croix et ne suit pas derrière moi n'est pas digne de moi. Qui aura trouvé sa vie la perdra et qui aura perdu sa vie à cause de moi la trouvera. "Qui vous accueille m'accueille, et qui m'accueille accueille Celui qui m'a envoyé. "Qui accueille un prophète en tant que prophète recevra une récompense de prophète, et qui accueille un juste en tant que juste recevra une récompense de juste. "Quiconque donnera à boire à l'un de ces petits rien qu'un verre d'eau fraîche, en tant qu'il est un disciple, en vérité je vous le dis, il ne perdra pas sa récompense." Et il advint, quand Jésus eut achevé de donner ces consignes à ses douze disciples, qu'il partit de là pour enseigner et prêcher dans leurs villes. Or Jean, dans sa prison, avait entendu parler des oeuvres du Christ. Il lui envoya de ses disciples pour lui dire: "Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre?" Jésus leur répondit: "Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez: les aveugles voient et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés et les sourds entendent, les morts ressuscitent et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres; et heureux celui qui ne trébuchera pas à cause de moi!" Tandis que ceux-là s'en allaient, Jésus se mit à dire aux foules au sujet de Jean: "Qu'êtes-vous allés contempler au désert? Un roseau agité par le vent? Alors qu'êtes-vous allés voir? Un homme vêtu de façon délicate? Mais ceux qui portent des habits délicats se trouvent dans les demeures des rois. Alors qu'êtes-vous allés faire? Voir un prophète? Oui, je vous le dis, et plus qu'un prophète. C'est celui dont il est écrit: Voici que moi j'envoie mon messager en avant de toi pour préparer ta route devant toi. "En vérité je vous le dis, parmi les enfants des femmes, il n'en a pas surgi de plus grand que Jean le Baptiste; et cependant le plus petit dans le Royaume des Cieux est plus grand que lui. Depuis les jours de Jean le Baptiste jusqu'à présent le Royaume des Cieux souffre violence, et des violents s'en emparent. Tous les prophètes en effet, ainsi que la Loi, ont mené leurs prophéties jusqu'à Jean. Et lui, si vous voulez m'en croire, il est cet Elie qui doit revenir. Que celui qui a des oreilles entende! "Mais à qui vais-je comparer cette génération? Elle ressemble à des gamins qui, assis sur les places, en interpellent d'autres, en disant: Nous vous avons joué de la flûte, et vous n'avez pas dansé! Nous avons entonné un chant funèbre, et vous ne vous êtes pas frappé la poitrine! Jean vient en effet, ne mangeant ni ne buvant, et l'on dit: Il est possédé! Vient le Fils de l'homme, mangeant et buvant, et l'on dit: Voilà un glouton et un ivrogne, un ami des publicains et des pécheurs! Et justice a été rendue à la Sagesse par ses oeuvres." Alors il se mit à invectiver contre les villes qui avaient vu ses plus nombreux miracles mais n'avaient pas fait pénitence. "Malheur à toi, Chorazeïn! Malheur à toi, Bethsaïde! Car si les miracles qui ont eu lieu chez vous avaient eu lieu à Tyr et à Sidon, il y a longtemps que, sous le sac et dans la cendre, elles se seraient repenties. Aussi bien, je vous le dis, pour Tyr et Sidon, au Jour du Jugement, il y aura moins de rigueur que pour vous. Et toi, Capharnaüm, crois-tu que tu seras élevée jusqu'au ciel? Jusqu'à l'Hadès tu descendras. Car si les miracles qui ont eu lieu chez toi avaient eu lieu à Sodome, elle subsisterait encore aujourd'hui. Aussi bien, je vous le dis, pour le pays de Sodome il y aura moins de rigueur, au Jour du Jugement, que pour toi." En ce temps-là Jésus prit la parole et dit: "Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d'avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l'avoir révélé aux tout-petits. Oui, Père, car tel a été ton bon plaisir. Tout m'a été remis par mon Père, et nul ne connaît le Fils si ce n'est le Père, et nul ne connaît le Père si ce n'est le Fils, et celui à qui le Fils veut bien le révéler. "Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi je vous soulagerai. Chargez-vous de mon joug et mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de coeur, et vous trouverez soulagement pour vos âmes. Oui, mon joug est aisé et mon fardeau léger." En ce temps-là Jésus vint à passer, un jour de sabbat, à travers les moissons. Ses disciples eurent faim et se mirent à arracher des épis et à les manger. Ce que voyant, les Pharisiens lui dirent: "Voilà tes disciples qui font ce qu'il n'est pas permis de faire pendant le sabbat!" Mais il leur dit: "N'avez-vous pas lu ce que fit David lorsqu'il eut faim, lui et ses compagnons? Comment il entra dans la demeure de Dieu et comment ils mangèrent les pains d'oblation, qu'il ne lui était pas permis de manger, ni à ses compagnons, mais aux prêtres seuls? Ou n'avez-vous pas lu dans la Loi que, le jour du sabbat, les prêtres dans le Temple violent le sabbat sans être en faute? Or, je vous le dis, il y a ici plus grand que le Temple. Et si vous aviez compris ce que signifie: C'est la miséricorde que je veux, et non le sacrifice, vous n'auriez pas condamné des gens qui sont sans faute. Car le Fils de l'homme est maître du sabbat." Parti de là, il vint dans leur synagogue. Et voici un homme qui avait une main sèche, et ils lui posèrent cette question: "Est-il permis de guérir, le jour du sabbat?" afin de l'accuser. Mais il leur dit: "Quel sera d'entre vous l'homme qui aura une seule brebis, et si elle tombe dans un trou, le jour du sabbat, n'ira la prendre et la relever? Or, combien un homme vaut plus qu'une brebis! Par conséquent il est permis de faire une bonne action le jour du sabbat." Alors il dit à l'homme: "Etends ta main." Il l'étendit et elle fut remise en état, saine comme l'autre. Etant sortis, les Pharisiens tinrent conseil contre lui, en vue de le perdre. L'ayant su, Jésus se retira de là. Beaucoup le suivirent et il les guérit tous et il leur enjoignit de ne pas le faire connaître, pour que s'accomplit l'oracle d'Isaïe le prophète: Voici mon serviteur que j'ai choisi, mon Bien-Aimé qui a toute ma faveur. Je placerai sur lui mon Esprit et il annoncera le Droit aux nations. Il ne fera point de querelles ni de cris et nul n'entendra sa voix sur les grands chemins. Le roseau froissé, il ne le brisera pas, et la mèche fumante, il ne l'éteindra pas, jusqu'à ce qu'il ait mené le Droit au triomphe: en son nom les nations mettront leur espérance. Alors on lui présenta un démoniaque aveugle et muet; et il le guérit, si bien que le muet pouvait parler et voir. Frappées de stupeur, toutes les foules disaient: "Celui-là n'est-il pas le Fils de David?" Mais les Pharisiens, entendant cela, dirent: "Celui-là n'expulse les démons que par Béelzéboul, le prince des démons." Connaissant leurs sentiments, il leur dit: "Tout royaume divisé contre lui-même court à la ruine; et nulle ville, nulle maison, divisée contre elle-même, ne saurait se maintenir. Or, si Satan expulse Satan, il s'est divisé contre lui-même: dès lors, comment son royaume se maintiendra-t-il? Et si moi, c'est par Béelzéboul que j'expulse les démons, par qui vos adeptes les expulsent-ils? Aussi seront-ils eux-mêmes vos juges. Mais si c'est par l'Esprit de Dieu que j'expulse les démons, c'est donc que le Royaume de Dieu est arrivé jusqu'à vous. "Ou encore, comment quelqu'un peut-il pénétrer dans la maison d'un homme fort et s'emparer de ses affaires, s'il n'a d'abord ligoté cet homme fort? Et alors il pillera sa maison. "Qui n'est pas avec moi est contre moi, et qui n'amasse pas avec moi dissipe. Aussi je vous le dis, tout péché et blasphème sera remis aux hommes, mais le blasphème contre l'Esprit ne sera pas remis. Et quiconque aura dit une parole contre le Fils de l'homme, cela lui sera remis; mais quiconque aura parlé contre l'Esprit Saint, cela ne lui sera remis ni en ce monde ni dans l'autre. "Prenez un arbre bon: son fruit sera bon; prenez un arbre gâté: son fruit sera gâté. Car c'est au fruit qu'on reconnaît l'arbre. Engeance de vipères, comment pourriez-vous tenir un bon langage, alors que vous êtes mauvais? Car c'est du trop-plein du coeur que la bouche parle. L'homme bon, de son bon trésor tire de bonnes choses; et l'homme mauvais, de son mauvais trésor en tire de mauvaises. Or je vous le dis: de toute parole sans fondement que les hommes auront proférée, ils rendront compte au Jour du Jugement. Car c'est d'après tes paroles que tu seras justifié et c'est d'après tes paroles que tu seras condamné." Alors quelques-uns des scribes et des Pharisiens prirent la parole et lui dirent: "Maître, nous désirons que tu nous fasses voir un signe." Il leur répondit: "Génération mauvaise et adultère! elle réclame un signe, et de signe, il ne lui sera donné que le signe du prophète Jonas. De même, en effet, que Jonas fut dans le ventre du monstre marin durant trois jours et trois nuits, de même le Fils de l'homme sera dans le sein de la terre durant trois jours et trois nuits. Les hommes de Ninive se dresseront lors du Jugement avec cette génération et ils la condamneront, car ils se repentirent à la proclamation de Jonas, et il y a ici plus que Jonas! La reine du Midi se lèvera lors du Jugement avec cette génération et elle la condamnera, car elle vint des extrémités de la terre pour écouter la sagesse de Salomon, et il y a ici plus que Salomon! Lorsque l'esprit impur est sorti de l'homme, il erre par des lieux arides en quête de repos, et il n'en trouve pas. Alors il dit: Je vais retourner dans ma demeure, d'où je suis sorti. Etant venu, il la trouve libre, balayée, bien en ordre. Alors il s'en va prendre avec lui sept autres esprits plus mauvais que lui; ils reviennent et y habitent. Et l'état final de cet homme devient pire que le premier. Ainsi en sera-t-il également de cette génération mauvaise." Comme il parlait encore aux foules, voici que sa mère et ses frères se tenaient dehors, cherchant à lui parler. *** A celui qui l'en informait Jésus répondit: "Qui est ma mère et qui sont mes frères?" Et tendant sa main vers ses disciples, il dit: "Voici ma mère et mes frères. Car quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là m'est un frère et une soeur et une mère." En ce jour-là, Jésus sortit de la maison et s'assit au bord de la mer. Et des foules nombreuses s'assemblèrent auprès de lui, si bien qu'il monta dans une barque et s'assit; et toute la foule se tenait sur le rivage. Et il leur parla de beaucoup de choses en paraboles. Il disait: "Voici que le semeur est sorti pour semer. Et comme il semait, des grains sont tombés au bord du chemin, et les oiseaux sont venus tout manger. D'autres sont tombés sur les endroits rocheux où ils n'avaient pas beaucoup de terre, et aussitôt ils ont levé, parce qu'ils n'avaient pas de profondeur de terre; mais une fois le soleil levé, ils ont été brûlés et, faute de racine, se sont desséchés. D'autres sont tombés sur les épines, et les épines ont monté et les ont étouffés. D'autres sont tombés sur la bonne terre et ont donné du fruit, l'un cent, l'autre 60, l'autre 30. Entende qui a des oreilles!" Les disciples s'approchant lui dirent: "Pourquoi leur parles-tu en paraboles" -- "C'est que, répondit-il, à vous il a été donné de connaître les mystères du Royaume des Cieux, tandis qu'à ces gens-là cela n'a pas été donné. Car celui qui a, on lui donnera et il aura du surplus, mais celui qui n'a pas, même ce qu'il a lui sera enlevé. C'est pour cela que je leur parle en paraboles: parce qu'ils voient sans voir et entendent sans entendre ni comprendre. Ainsi s'accomplit pour eux la prophétie d'Isaïe qui disait: Vous aurez beau entendre, vous ne comprendrez pas; vous aurez beau regarder, vous ne verrez pas. C'est que l'esprit de ce peuple s'est épaissi: ils se sont bouché les oreilles, ils ont fermé les yeux, de peur que leurs yeux ne voient, que leurs oreilles n'entendent, que leur esprit ne comprenne, qu'ils ne se convertissent, et que je ne les guérisse. "Quant à vous, heureux vos yeux parce qu'ils voient; heureuses vos oreilles parce qu'elles entendent. En vérité je vous le dis, beaucoup de prophètes et de justes ont souhaité voir ce que vous voyez et ne l'ont pas vu, entendre ce que vous entendez et ne l'ont pas entendu! "Ecoutez donc, vous, la parabole du semeur. Quelqu'un entend-il la Parole du Royaume sans la comprendre, arrive le Mauvais qui s'empare de ce qui a été semé dans le coeur de cet homme: tel est celui qui a été semé au bord du chemin. Celui qui a été semé sur les endroits rocheux, c'est l'homme qui, entendant la Parole, l'accueille aussitôt avec joie; mais il n'a pas de racine en lui-même, il est l'homme d'un moment: survienne une tribulation ou une persécution à cause de la Parole, aussitôt il succombe. Celui qui a été semé dans les épines, c'est celui qui entend la Parole, mais le souci du monde et la séduction de la richesse étouffent cette Parole, qui demeure sans fruit. Et celui qui a été semé dans la bonne terre, c'est celui qui entend la Parole et la comprend: celui-là porte du fruit et produit tantôt cent, tantôt 60, tantôt 30." Il leur proposa une autre parabole: "Il en va du Royaume des Cieux comme d'un homme qui a semé du bon grain dans son champ. Or, pendant que les gens dormaient, son ennemi est venu, il a semé à son tour de l'ivraie, au beau milieu du blé, et il s'en est allé. Quand le blé est monté en herbe, puis en épis, alors l'ivraie est apparue aussi. S'approchant, les serviteurs du propriétaire lui dirent: Maître, n'est-ce pas du bon grain que tu as semé dans ton champ? D'où vient donc qu'il s'y trouve de l'ivraie? Il leur dit: C'est quelque ennemi qui a fait cela. Les serviteurs lui disent: Veux-tu donc que nous allions la ramasser? Non, dit-il, vous risqueriez, en ramassant l'ivraie, d'arracher en même temps le blé. Laissez l'un et l'autre croître ensemble jusqu'à la moisson; et au moment de la moisson je dirai aux moissonneurs: Ramassez d'abord l'ivraie et liez-la en bottes que l'on fera brûler; quant au blé, recueillez-le dans mon grenier." Il leur proposa une autre parabole: "Le Royaume des Cieux est semblable à un grain de sénevé qu'un homme a pris et semé dans son champ. C'est bien la plus petite de toutes les graines, mais, quand il a poussé, c'est la plus grande des plantes potagères, qui devient même un arbre, au point que les oiseaux du ciel viennent s'abriter dans ses branches." Il leur dit une autre parabole: "Le Royaume des Cieux est semblable à du levain qu'une femme a pris et enfoui dans trois mesures de farine, jusqu'à ce que le tout ait levé." Tout cela, Jésus le dit aux foules en paraboles, et il ne leur disait rien sans parabole; pour que s'accomplît l'oracle du prophète: J'ouvrirai la bouche pour dire des paraboles, je clamerai des choses cachées depuis la fondation du monde. Alors, laissant les foules, il vint à la maison; et ses disciples s'approchant lui dirent: "Explique-nous la parabole de l'ivraie dans le champ." En réponse il leur dit: "Celui qui sème le bon grain, c'est le Fils de l'homme; le champ, c'est le monde; le bon grain, ce sont les sujets du Royaume; l'ivraie, ce sont les sujets du Mauvais; l'ennemi qui la sème, c'est le Diable; la moisson, c'est la fin du monde; et les moissonneurs, ce sont les anges. De même donc qu'on enlève l'ivraie et qu'on la consume au feu, de même en sera-t-il à la fin du monde: le Fils de l'homme enverra ses anges, qui ramasseront de son Royaume tous les scandales et tous les fauteurs d'iniquité, et les jetteront dans la fournaise ardente: là seront les pleurs et les grincements de dents. Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le Royaume de leur Père. Entende, qui a des oreilles! "Le Royaume des Cieux est semblable à un trésor qui était caché dans un champ et qu'un homme vient à trouver: il le recache, s'en va ravi de joie vendre tout ce qu'il possède, et achète ce champ. "Le Royaume des Cieux est encore semblable à un négociant en quête de perles fines: en ayant trouvé une de grand prix, il s'en est allé vendre tout ce qu'il possédait et il l'a achetée. "Le Royaume des Cieux est encore semblable à un filet qu'on jette en mer et qui ramène toutes sortes de choses. Quand il est plein, les pêcheurs le tirent sur le rivage, puis ils s'asseyent, recueillent dans des paniers ce qu'il y a de bon, et rejettent ce qui ne vaut rien. Ainsi en sera-t-il à la fin du monde: les anges se présenteront et sépareront les méchants d'entre les justes pour les jeter dans la fournaise ardente: là seront les pleurs et les grincements de dents. "Avez-vous compris tout cela" - "Oui", lui disent-ils. Et il leur dit: "Ainsi donc tout scribe devenu disciple du Royaume des Cieux est semblable à un propriétaire qui tire de son trésor du neuf et du vieux." Et il advint, quand Jésus eut achevé ces paraboles, qu'il partit de là; et s'étant rendu dans sa patrie, il enseignait les gens dans leur synagogue, de telle façon qu'ils étaient frappés et disaient: "D'où lui viennent cette sagesse et ces miracles? Celui-là n'est-il pas le fils du charpentier? N'a-t-il pas pour mère la nommée Marie, et pour frères Jacques, Joseph, Simon et Jude? Et ses soeurs ne sont-elles pas toutes chez nous? D'où lui vient donc tout cela?" Et ils étaient choqués à son sujet. Mais Jésus leur dit: "Un prophète n'est méprisé que dans sa patrie et dans sa maison." Et il ne fit pas là beaucoup de miracles, à cause de leur manque de foi. En ce temps-là, la renommée de Jésus parvint aux oreilles d'Hérode le tétrarque, qui dit à ses serviteurs: "Celui-là est Jean le Baptiste! Le voilà ressuscité des morts: d'où les pouvoirs miraculeux qui se déploient en sa personne!" C'est qu'en effet Hérode avait fait arrêter, enchaîner et emprisonner Jean, à cause d'Hérodiade, la femme de Philippe son frère. Car Jean lui disait: "Il ne t'est pas permis de l'avoir." Il avait même voulu le tuer, mais avait craint la foule, parce qu'on le tenait pour un prophète. Or, comme Hérode célébrait son anniversaire de naissance, la fille d'Hérodiade dansa en public et plut à Hérode au point qu'il s'engagea par serment à lui donner ce qu'elle demanderait. Endoctrinée par sa mère, elle lui dit: "Donne-moi ici, sur un plat, la tête de Jean le Baptiste." Le roi fut contristé, mais, à cause de ses serments et des convives, il commanda de la lui donner et envoya décapiter Jean dans la prison. Sa tête fut apportée sur un plat et donnée à la jeune fille, qui la porta à sa mère. Les disciples de Jean vinrent prendre le cadavre et l'enterrèrent; puis ils allèrent informer Jésus. L'ayant appris, Jésus se retira en barque dans un lieu désert, à l'écart; ce qu'apprenant, les foules partirent à sa suite, venant à pied des villes. En débarquant, il vit une foule nombreuse et il en eut pitié; et il guérit leurs infirmes. Le soir venu, les disciples s'approchèrent et lui dirent: "L'endroit est désert et l'heure est déjà passée; renvoie donc les foules afin qu'elles aillent dans les villages s'acheter de la nourriture." Mais Jésus leur dit: "Il n'est pas besoin qu'elles y aillent; donnez-leur vous-mêmes à manger" -- "Mais, lui disent-ils, nous n'avons ici que cinq pains et deux poissons." Il dit: "Apportez-les moi ici." Et, ayant donné l'ordre de faire étendre les foules sur l'herbe, il prit les cinq pains et les deux poissons, leva les yeux au ciel, bénit, puis, rompant les pains, il les donna aux disciples, qui les donnèrent aux foules. Tous mangèrent et furent rassasiés, et l'on emporta le reste des morceaux: douze pleins couffins! Or ceux qui mangèrent étaient environ 5.000 hommes, sans compter les femmes et les enfants. Et aussitôt il obligea les disciples à monter dans la barque et à le devancer sur l'autre rive, pendant qu'il renverrait les foules. Et quand il eut renvoyé les foules, il gravit la montagne, à l'écart, pour prier. Le soir venu, il était là, seul. La barque, elle, se trouvait déjà éloignée de la terre de plusieurs stades, harcelée par les vagues, car le vent était contraire. A la quatrième veille de la nuit, il vint vers eux en marchant sur la mer. Les disciples, le voyant marcher sur la mer, furent troublés: "C'est un fantôme", disaient-ils, et pris de peur ils se mirent à crier. Mais aussitôt Jésus leur parla en disant: "Ayez confiance, c'est moi, soyez sans crainte." Sur quoi, Pierre lui répondit: "Seigneur, si c'est bien toi, donne-moi l'ordre de venir à toi sur les eaux" -- "Viens", dit Jésus. Et Pierre, descendant de la barque, se mit à marcher sur les eaux et vint vers Jésus. Mais, voyant le vent, il prit peur et, commençant à couler, il s'écria: "Seigneur, sauve-moi!" Aussitôt Jésus tendit la main et le saisit, en lui disant: "Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté?" Et quand ils furent montés dans la barque, le vent tomba. Ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant lui, en disant: "Vraiment, tu es Fils de Dieu!" Ayant achevé la traversée, ils touchèrent terre à Gennésaret. Les gens de l'endroit, l'ayant reconnu, mandèrent la nouvelle à tout le voisinage, et on lui présenta tous les malades: on le priait de les laisser simplement toucher la frange de son manteau, et tous ceux qui touchèrent furent sauvés. Alors des Pharisiens et des scribes de Jérusalem s'approchent de Jésus et lui disent: "Pourquoi tes disciples transgressent-ils la tradition des anciens? En effet, ils ne se lavent pas les mains au moment de prendre leur repas" -- "Et vous, répliqua-t-il, pourquoi transgressez-vous le commandement de Dieu au nom de votre tradition? En effet, Dieu a dit: Honore ton père et ta mère, et Que celui qui maudit son père ou sa mère soit puni de mort. Mais vous, vous dites: Quiconque dira à son père ou à sa mère: "Les biens dont j'aurais pu t'assister, je les consacre", celui-là sera quitte de ses devoirs envers son père ou sa mère. Et vous avez annulé la parole de Dieu au nom de votre tradition. Hypocrites! Isaïe a bien prophétisé de vous, quand il a dit: Ce peuple m'honore des lèvres, mais leur coeur est loin de moi. Vain est le culte qu'ils me rendent: les doctrines qu'ils enseignent ne sont que préceptes humains." Et ayant appelé la foule près de lui, il leur dit: "Ecoutez et comprenez! Ce n'est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l'homme; mais ce qui sort de sa bouche, voilà ce qui souille l'homme." Alors s'approchant les disciples lui disent: "Sais-tu que les Pharisiens se sont choqués de t'entendre parler ainsi?" Il répondit: "Tout plant que n'a point planté mon Père céleste sera arraché. Laissez-les: ce sont des aveugles qui guident des aveugles! Or si un aveugle guide un aveugle, tous les deux tomberont dans un trou." Pierre, prenant la parole, lui dit: "Explique-nous la parabole." Il dit: "Vous aussi, maintenant encore, vous êtes sans intelligence? Ne comprenez-vous pas que tout ce qui pénètre dans la bouche passe dans le ventre, puis s'évacue aux lieux d'aisance, tandis que ce qui sort de la bouche procède du coeur, et c'est cela qui souille l'homme? Du coeur en effet procèdent mauvais desseins, meurtres, adultères, débauches, vols, faux témoignages, diffamations. Voilà les choses qui souillent l'homme; mais manger sans s'être lavé les mains, cela ne souille pas l'homme." En sortant de là, Jésus se retira dans la région de Tyr et de Sidon. Et voici qu'une femme cananéenne, étant sortie de ce territoire, criait en disant: "Aie pitié de moi, Seigneur, fils de David: ma fille est fort malmenée par un démon." Mais il ne lui répondit pas un mot. Ses disciples, s'approchant, le priaient: "Fais-lui grâce, car elle nous poursuit de ses cris." A quoi il répondit: "Je n'ai été envoyé qu'aux brebis perdues de la maison d'Israël." Mais la femme était arrivée et se tenait prosternée devant lui en disant: "Seigneur, viens à mon secours!" Il lui répondit: "Il ne sied pas de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens" -- "Oui, Seigneur! dit-elle, et justement les petits chiens mangent des miettes qui tombent de la table de leurs maîtres!" Alors Jésus lui répondit: "O femme, grande est ta foi! Qu'il t'advienne selon ton désir!" Et de ce moment sa fille fut guérie. Etant parti de là, Jésus vint au bord de la mer de Galilée. Il gravit la montagne, et là il s'assit. Et des foules nombreuses s'approchèrent de lui, ayant avec elles des boiteux, des estropiés, des aveugles, des muets et bien d'autres encore, qu'ils déposèrent à ses pieds; et il les guérit. Et les foules de s'émerveiller en voyant ces muets qui parlaient, ces estropiés qui redevenaient valides, ces boiteux qui marchaient et ces aveugles qui recouvraient la vue; et ils rendirent gloire au Dieu d'Israël. Jésus, cependant, appela à lui ses disciples et leur dit: "J'ai pitié de la foule, car voilà déjà trois jours qu'ils restent auprès de moi et ils n'ont pas de quoi manger. Les renvoyer à jeun, je ne le veux pas: ils pourraient défaillir en route." Les disciples lui disent: "Où prendrons-nous, dans un désert, assez de pains pour rassasier une telle foule?" Jésus leur dit: "Combien de pains avez-vous" - "Sept, dirent-ils, et quelques petits poissons." Alors il ordonna à la foule de s'étendre à terre; puis il prit les sept pains et les poissons, rendit grâces, les rompit et il les donnait à ses disciples, qui les donnaient à la foule. Tous mangèrent et furent rassasiés, et des morceaux qui restaient on ramassa sept pleines corbeilles! Or ceux qui mangèrent étaient 4.000 hommes, sans compter les femmes et les enfants. Après avoir renvoyé les foules, Jésus monta dans la barque et s'en vint dans le territoire de Magadan. Les Pharisiens et les Sadducéens s'approchèrent alors et lui demandèrent, pour le mettre à l'épreuve, de leur faire voir un signe venant du ciel. Il leur répondit: "Au crépuscule vous dites: Il va faire beau temps, car le ciel est rouge feu; et à l'aurore: Mauvais temps aujourd'hui, car le ciel est d'un rouge sombre. Ainsi, le visage du ciel vous savez l'interpréter, et pour les signes des temps vous n'en êtes pas capables! Génération mauvaise et adultère! elle réclame un signe, et de signe, il ne lui sera donné que le signe de Jonas." Et les laissant, il s'en alla. Comme ils passaient sur l'autre rive, les disciples avaient oublié de prendre des pains. Or Jésus leur dit: "Ouvrez l'oeil et méfiez-vous du levain des Pharisiens et des Sadducéens!" Et eux de faire en eux-mêmes cette réflexion: "C'est que nous n'avons pas pris de pains." Le sachant, Jésus dit: "Gens de peu de foi, pourquoi faire en vous-mêmes cette réflexion, que vous n'avez pas de pains? Vous ne comprenez pas encore? Vous ne vous rappelez pas les cinq pains pour les 5.000 hommes, et le nombre de couffins que vous en avez retirés? Ni les sept pains pour les 4.000 hommes, et le nombre de corbeilles que vous en avez retirées? Comment ne comprenez-vous pas que ma parole ne visait pas des pains? Méfiez-vous, dis-je, du levain des Pharisiens et des Sadducéens!" Alors ils comprirent qu'il avait dit de se méfier, non du levain dont on fait le pain, mais de l'enseignement des Pharisiens et des Sadducéens. Arrivé dans la région de Césarée de Philippe, Jésus posa à ses disciples cette question: "Au dire des gens, qu'est le Fils de l'homme?" Ils dirent: "Pour les uns, Jean le Baptiste; pour d'autres, Elie; pour d'autres encore, Jérémie ou quelqu'un des prophètes" -- "Mais pour vous, leur dit-il, qui suis-je?" Simon-Pierre répondit: "Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant." En réponse, Jésus lui dit: "Tu es heureux, Simon fils de Jonas, car cette révélation t'est venue, non de la chair et du sang, mais de mon Père qui est dans les cieux. Eh bien! moi je te dis: Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et les Portes de l'Hadès ne tiendront pas contre elle. Je te donnerai les clefs du Royaume des Cieux: quoi que tu lies sur la terre, ce sera tenu dans les cieux pour lié, et quoi que tu délies sur la terre, ce sera tenu dans les cieux pour délié." Alors il ordonna aux disciples de ne dire à personne qu'il était le Christ. A dater de ce jour, Jésus commença de montrer à ses disciples qu'il lui fallait s'en aller à Jérusalem, y souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, être tué et, le troisième jour, ressusciter. Pierre, le tirant à lui, se mit à le morigéner en disant: "Dieu t'en préserve, Seigneur! Non, cela ne t'arrivera point!" Mais lui, se retournant, dit à Pierre: "Passe derrière moi, Satan! tu me fais obstacle, car tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes!" Alors Jésus dit à ses disciples: "Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se renie lui-même, qu'il se charge de sa croix, et qu'il me suive. Qui veut en effet sauver sa vie la perdra, mais qui perdra sa vie à cause de moi la trouvera. Que servira-t-il donc à l'homme de gagner le monde entier, s'il ruine sa propre vie? Ou que pourra donner l'homme en échange de sa propre vie? "C'est qu'en effet le Fils de l'homme doit venir dans la gloire de son Père, avec ses anges, et alors il rendra à chacun selon sa conduite. En vérité je vous le dis: il en est d'ici présents qui ne goûteront pas la mort avant d'avoir vu le Fils de l'homme venant avec son Royaume. Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques, et Jean son frère, et les emmène, à l'écart, sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux: son visage resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent blancs comme la lumière. Et voici que leur apparurent Moïse et Elie, qui s'entretenaient avec lui. Pierre alors, prenant la parole, dit à Jésus: "Seigneur, il est heureux que nous soyons ici; si tu le veux, je vais faire ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Elie." Comme il parlait encore, voici qu'une nuée lumineuse les prit sous son ombre, et voici qu'une voix disait de la nuée: "Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute ma faveur, écoutez-le." A cette voix, les disciples tombèrent sur leurs faces, tout effrayés. Mais Jésus, s'approchant, les toucha et leur dit: "Relevez-vous, et n'ayez pas peur." Et eux, levant les yeux, ne virent plus personne que lui, Jésus, seul. Comme ils descendaient de la montagne, Jésus leur donna cet ordre: "Ne parlez à personne de cette vision, avant que le Fils de l'homme ne ressuscite d'entre les morts." Et les disciples lui posèrent cette question: "Que disent donc les scribes, qu'Elie doit venir d'abord?" Il répondit: "Oui, Elie doit venir et tout remettre en ordre; or, je vous le dis, Elie est déjà venu, et ils ne l'ont pas reconnu, mais l'ont traité à leur guise. De même le Fils de l'homme aura lui aussi à souffrir d'eux." Alors les disciples comprirent que ses paroles visaient Jean le Baptiste. Comme ils rejoignaient la foule, un homme s'approcha de lui et, s'agenouillant, lui dit: "Seigneur, aie pitié de mon fils, qui est lunatique et va très mal: souvent il tombe dans le feu, et souvent dans l'eau. Je l'ai présenté à tes disciples, et ils n'ont pas pu le guérir" -- "Engeance incrédule et pervertie, répondit Jésus, jusques à quand serai-je avec vous? Jusques à quand ai-je à vous supporter? Apportez-le-moi ici." Et Jésus le menaça, et le démon sortit de l'enfant qui, de ce moment, fut guéri. Alors les disciples, s'approchant de Jésus, dans le privé, lui demandèrent: "Pourquoi nous autres, n'avons-nous pu l'expulser"? "Parce que vous avez peu de foi leur dit-il. Car, je vous le dis en vérité, si vous avez de la foi gros comme un grain de sénevé, vous direz à cette montagne: Déplace-toi d'ici à là, et elle se déplacera, et rien ne vous sera impossible." *** Comme ils se trouvaient réunis en Galilée, Jésus leur dit: "Le Fils de l'homme va être livré aux mains des hommes, et ils le tueront, et, le troisième jour, il ressuscitera." Et ils en furent tout consternés. Comme ils étaient venus à Capharnaüm, les collecteurs du didrachme s'approchèrent de Pierre et lui dirent: "Est-ce que votre maître ne paie pas le didrachme"? "Mais si", dit-il. Quand il fut arrivé à la maison, Jésus devança ses paroles en lui disant: "Qu'en penses-tu, Simon? Les rois de la terre, de qui perçoivent-ils taxes ou impôts? De leurs fils ou des étrangers?" Et comme il répondait: "Des étrangers", Jésus lui dit: "Par conséquent, les fils sont exempts. Cependant, pour ne pas les scandaliser, va à la mer, jette l'hameçon, saisis le premier poisson qui montera, et ouvre-lui la bouche: tu y trouveras un statère; prends-le et donne-le leur, pour moi et pour toi." A ce moment les disciples s'approchèrent de Jésus et dirent: "Qui donc est le plus grand dans le Royaume des Cieux?" Il appela à lui un petit enfant, le plaça au milieu d'eux et dit: "En vérité je vous le dis, si vous ne retournez à l'état des enfants, vous n'entrerez pas dans le Royaume des Cieux. Qui donc se fera petit comme ce petit enfant-là, celui-là est le plus grand dans le Royaume des Cieux. "Quiconque accueille un petit enfant tel que lui à cause de mon nom, c'est moi qu'il accueille. Mais si quelqu'un doit scandaliser l'un de ces petits qui croient en moi, il serait préférable pour lui de se voir suspendre autour du cou une de ces meules que tournent les ânes et d'être englouti en pleine mer. Malheur au monde à cause des scandales! Il est fatal, certes, qu'il arrive des scandales, mais malheur à l'homme par qui le scandale arrive! "Si ta main ou ton pied sont pour toi une occasion de péché, coupe-les et jette-les loin de toi: mieux vaut pour toi entrer dans la Vie manchot ou estropié que d'être jeté avec tes deux mains ou tes deux pieds dans le feu éternel. Et si ton oeil est pour toi une occasion de péché, arrache-le et jette-le loin de toi: mieux vaut pour toi entrer borgne dans la Vie que d'être jeté avec tes deux yeux dans la géhenne de feu. "Gardez-vous de mépriser aucun de ces petits: car, je vous le dis, leurs anges aux cieux voient constamment la face de mon Père qui est aux cieux. *** "A votre avis, si un homme possède cent brebis et qu'une d'elles vienne à s'égarer, ne va-t-il pas laisser les 99 autres sur les montagnes pour s'en aller à la recherche de l'égarée? Et s'il parvient à la retrouver, en vérité je vous le dis, il tire plus de joie d'elle que des 99 qui ne se sont pas égarées. Ainsi on ne veut pas, chez votre Père qui est aux cieux, qu'un seul de ces petits se perde. "Si ton frère vient à pécher, va le trouver et reprends-le, seul à seul. S'il t'écoute, tu auras gagné ton frère. S'il n'écoute pas, prends encore avec toi un ou deux autres, pour que toute affaire soit décidée sur la parole de deux ou trois témoins. Que s'il refuse de les écouter, dis-le à la communauté. Et s'il refuse d'écouter même la communauté, qu'il soit pour toi comme le païen et le publicain. "En vérité je vous le dis: tout ce que vous lierez sur la terre sera tenu au ciel pour lié, et tout ce que vous délierez sur la terre sera tenu au ciel pour délié. "De même, je vous le dis en vérité, si deux d'entre vous, sur la terre, unissent leurs voix pour demander quoi que ce soit, cela leur sera accordé par mon Père qui est aux cieux. Que deux ou trois, en effet, soient réunis en mon nom, je suis là au milieu d'eux." Alors Pierre, s'avançant, lui dit: "Seigneur, combien de fois mon frère pourra-t-il pécher contre moi et devrai-je lui pardonner? Irai-je jusqu'à sept fois?" Jésus lui dit: "Je ne te dis pas jusqu'à sept fois, mais jusqu'à 77 fois. "A ce propos, il en va du Royaume des Cieux comme d'un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs. L'opération commencée, on lui en amena un qui devait 10.000 talents. Cet homme n'ayant pas de quoi rendre, le maître donna l'ordre de le vendre, avec sa femme, ses enfants et tous ses biens, et d'éteindre ainsi la dette. Le serviteur alors se jeta à ses pieds et il s'y tenait prosterné en disant: Consens-moi un délai, et je te rendrai tout. Apitoyé, le maître de ce serviteur le relâcha et lui fit remise de sa dette. En sortant, ce serviteur rencontra un de ses compagnons, qui lui devait cent deniers; il le prit à la gorge et le serrait à l'étrangler, en lui disant: Rends tout ce que tu dois. Son compagnon alors se jeta à ses pieds et il le suppliait en disant: Consens-moi un délai, et je te rendrai. Mais l'autre n'y consentit pas; au contraire, il s'en alla le faire jeter en prison, en attendant qu'il eût remboursé son dû. Voyant ce qui s'était passé, ses compagnons en furent navrés, et ils allèrent raconter toute l'affaire à leur maître. Alors celui-ci le fit venir et lui dit: Serviteur méchant, toute cette somme que tu me devais, je t'en ai fait remise, parce que tu m'as supplié; ne devais-tu pas, toi aussi, avoir pitié de ton compagnon comme moi j'ai eu pitié de toi? Et dans son courroux son maître le livra aux tortionnaires, jusqu'à ce qu'il eût remboursé tout son dû. C'est ainsi que vous traitera aussi mon Père céleste, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du coeur." Et il advint, quand Jésus eut achevé ces discours, qu'il quitta la Galilée et vint dans le territoire de la Judée au-delà du Jourdain. Des foules nombreuses le suivirent, et là il les guérit. Des Pharisiens s'approchèrent de lui et lui dirent, pour le mettre à l'épreuve: "Est-il permis de répudier sa femme pour n'importe quel motif?" Il répondit: "N'avez-vous pas lu que le Créateur, dès l'origine, les fit homme et femme, et qu'il a dit: Ainsi donc l'homme quittera son père et sa mère pour s'attacher à sa femme, et les deux ne feront qu'une seule chair? Ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Eh bien! ce que Dieu a uni, l'homme ne doit point le séparer" -- "Pourquoi donc, lui disent-ils, Moïse a-t-il prescrit de donner un acte de divorce quand on répudie" -- "C'est, leur dit-il, en raison de votre dureté de coeur que Moïse vous a permis de répudier vos femmes; mais dès l'origine il n'en fut pas ainsi. Or je vous le dis: quiconque répudie sa femme - pas pour "prostitution" - et en épouse une autre, commet un adultère." Les disciples lui disent: "Si telle est la condition de l'homme envers la femme, il n'est pas expédient de se marier." Il leur dit: "Tous ne comprennent pas ce langage, mais ceux-là à qui c'est donné. Il y a, en effet, des eunuques qui sont nés ainsi du sein de leur mère, il y a des eunuques qui le sont devenus par l'action des hommes, et il y a des eunuques qui se sont eux-mêmes rendus tels à cause du Royaume des Cieux. Qui peut comprendre, qu'il comprenne!" Alors des petits enfants lui furent présentés, pour qu'il leur imposât les mains en priant; mais les disciples les rabrouèrent. Jésus dit alors: "Laissez les petits enfants et ne les empêchez pas de venir à moi; car c'est à leurs pareils qu'appartient le Royaume des Cieux." Puis il leur imposa les mains et poursuivit sa route. Et voici qu'un homme s'approcha et lui dit: "Maître, que dois-je faire de bon pour obtenir la vie éternelle?" Il lui dit: "Qu'as-tu à m'interroger sur ce qui est bon? Un seul est le Bon. Que si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements" -- "Lesquels?" Lui dit-il. Jésus reprit: "Tu ne tueras pas, tu ne commettras pas d'adultère, tu ne voleras pas, tu ne porteras pas de faux témoignage, honore ton père et ta mère, et tu aimeras ton prochain comme toi-même" -- "Tout cela, lui dit le jeune homme, je l'ai observé; que me manque-t-il encore?" Jésus lui déclara: "Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes et donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux; puis viens, suis-moi." Entendant cette parole, le jeune homme s'en alla contristé, car il avait de grands biens. Jésus dit alors à ses disciples: "En vérité, je vous le dis, il sera difficile à un riche d'entrer dans le Royaume des Cieux. Oui, je vous le répète, il est plus facile à un chameau de passer par un trou d'aiguille qu'à un riche d'entrer dans le Royaume des Cieux." Entendant cela, les disciples restèrent tout interdits: "Qui donc peut être sauvé?" Disaient-ils. Fixant son regard, Jésus leur dit: "Pour les hommes c'est impossible, mais pour Dieu tout est possible." Alors, prenant la parole, Pierre lui dit: "Voici que nous, nous avons tout laissé et nous t'avons suivi, quelle sera donc notre part?" Jésus leur dit: "En vérité je vous le dis, à vous qui m'avez suivi: dans la régénération, quand le Fils de l'homme siégera sur son trône de gloire, vous siégerez vous aussi sur douze trônes, pour juger les douze tribus d'Israël. Et quiconque aura laissé maisons, frères, soeurs, père, mère, enfants ou champs, à cause de mon nom, recevra bien davantage et aura en héritage la vie éternelle. "Beaucoup de premiers seront derniers, et de derniers seront premiers." "Car il en va du Royaume des Cieux comme d'un propriétaire qui sortit au point du jour afin d'embaucher des ouvriers pour sa vigne. Il convint avec les ouvriers d'un denier pour la journée et les envoya à sa vigne. Sorti vers la troisième heure, il en vit d'autres qui se tenaient, désoeuvrés, sur la place, et à ceux-là il dit: Allez, vous aussi, à la vigne, et je vous donnerai un salaire équitable. Et ils y allèrent. Sorti de nouveau vers la sixième heure, puis vers la neuvième heure, il fit de même. Vers la onzième heure, il sortit encore, en trouva d'autres qui se tenaient là et leur dit: Pourquoi restez-vous ici tout le jour sans travailler? -- C'est que, lui disent-ils, personne ne nous a embauchés; Il leur dit: Allez, vous aussi, à la vigne. Le soir venu, le maître de la vigne dit à son intendant: Appelle les ouvriers et remets à chacun son salaire, en remontant des derniers aux premiers. Ceux de la onzième heure vinrent donc et touchèrent un denier chacun. Les premiers, venant à leur tour, pensèrent qu'ils allaient toucher davantage; mais c'est un denier chacun qu'ils touchèrent, eux aussi. Tout en le recevant, ils murmuraient contre le propriétaire: Ces derniers venus n'ont fait qu'une heure, et tu les as traités comme nous, qui avons porté le fardeau de la journée, avec sa chaleur. Alors il répliqua en disant à l'un d'eux: Mon ami, je ne te lèse en rien: n'est-ce pas d'un denier que nous sommes convenus? Prends ce qui te revient et va-t'en. Il me plaît de donner à ce dernier venu autant qu'à toi: n'ai-je pas le droit de disposer de mes biens comme il me plaît? Ou faut-il que tu sois jaloux parce que je suis bon? Voilà comment les derniers seront premiers, et les premiers seront derniers." Devant monter à Jérusalem, Jésus prit avec lui les Douze en particulier et leur dit pendant la route: "Voici que nous montons à Jérusalem, et le Fils de l'homme sera livré aux grands prêtres et aux scribes; ils le condamneront à mort et le livreront aux païens pour être bafoué, flagellé et mis en croix; et le troisième jour, il ressuscitera." Alors la mère des fils de Zébédée s'approcha de lui, avec ses fils, et se prosterna pour lui demander quelque chose. "Que veux-tu?" Lui dit-il. Elle lui dit: "Ordonne que mes deux fils que voici siègent, l'un à ta droite et l'autre à ta gauche, dans ton Royaume." Jésus répondit: "Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire?" Ils lui disent: "Nous le pouvons" -- "Soit, leur dit-il, vous boirez ma coupe; quant à siéger à ma droite et à ma gauche, il ne m'appartient pas d'accorder cela, mais c'est pour ceux à qui mon Père l'a destiné." Les dix autres, qui avaient entendu, s'indignèrent contre les deux frères. Les ayant appelés près de lui, Jésus dit: "Vous savez que les chefs des nations dominent sur elles en maîtres et que les grands leur font sentir leur pouvoir. Il n'en doit pas être ainsi parmi vous: au contraire, celui qui voudra devenir grand parmi vous, sera votre serviteur, et celui qui voudra être le premier d'entre vous, sera votre esclave. C'est ainsi que le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude." Comme ils sortaient de Jéricho, une foule nombreuse le suivit. Et voici que deux aveugles étaient assis au bord du chemin; quand ils apprirent que Jésus passait, ils s'écrièrent: "Seigneur! aie pitié de nous, fils de David!" La foule les rabroua pour leur imposer silence; mais ils redoublèrent leurs cris: "Seigneur! aie pitié de nous, fils de David!" Jésus, s'arrêtant, les appela et dit: "Que voulez-vous que je fasse pour vous?" Ils lui disent: "Seigneur, que nos yeux s'ouvrent!" Pris de pitié, Jésus leur toucha les yeux et aussitôt ils recouvrèrent la vue. Et ils se mirent à sa suite. Quand ils approchèrent de Jérusalem et arrivèrent en vue de Bethphagé, au mont des Oliviers, alors Jésus envoya deux disciples en leur disant: "Rendez-vous au village qui est en face de vous; et aussitôt vous trouverez, à l'attache, une ânesse avec son ânon près d'elle; détachez-la et amenez-les-moi. Et si quelqu'un vous dit quelque chose, vous direz: Le Seigneur en a besoin, mais aussitôt il les renverra." Ceci advint pour que s'accomplît l'oracle du prophète: Dites à la fille de Sion: Voici que ton Roi vient à toi; modeste, il monte une ânesse, et un ânon, petit d'une bête de somme. Les disciples allèrent donc et, faisant comme leur avait ordonné Jésus, ils amenèrent l'ânesse et l'ânon. Puis ils disposèrent sur eux leurs manteaux et Jésus s'assit dessus. Alors les gens, en très nombreuse foule, étendirent leurs manteaux sur le chemin; d'autres coupaient des branches aux arbres et en jonchaient le chemin. Les foules qui marchaient devant lui et celles qui suivaient criaient: "Hosanna au fils de David! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur! Hosanna au plus haut des cieux!" Quand il entra dans Jérusalem, toute la ville fut agitée. "Qui est-ce?" Disait-on, et les foules disaient: "C'est le prophète Jésus, de Nazareth en Galilée." Puis Jésus entra dans le Temple et chassa tous les vendeurs et acheteurs qui s'y trouvaient: il culbuta les tables des changeurs, ainsi que les sièges des marchands de colombes. Et il leur dit: "Il est écrit: Ma maison sera appelée une maison de prière. Mais vous, vous en faites un repaire de brigands!" Il y eut aussi des aveugles et des boiteux qui s'approchèrent de lui dans le Temple, et il les guérit. Voyant les prodiges qu'il venait d'accomplir et ces enfants qui criaient dans le Temple: "Hosanna au fils de David", les grands prêtres et les scribes furent indignés et ils lui dirent: "Tu entends ce qu'ils disent, ceux-là" - "Parfaitement, leur dit Jésus; n'avez-vous jamais lu ce texte: De la bouche des tout-petits et des nourrissons, tu t'es ménagé une louange?" Et les laissant, il sortit de la ville pour aller à Béthanie, où il passa la nuit. Comme il rentrait en ville de bon matin, il eut faim. Voyant un figuier près du chemin, il s'en approcha, mais n'y trouva rien que des feuilles. Il lui dit alors: "Jamais plus tu ne porteras de fruit!" Et à l'instant même le figuier devint sec. A cette vue, les disciples dirent tout étonnés: "Comment, en un instant, le figuier est-il devenu sec?" Jésus leur répondit: "En vérité je vous le dis, si vous avez une foi qui n'hésite point, non seulement vous ferez ce que je viens de faire au figuier, mais même si vous dites à cette montagne: Soulève-toi et jette-toi dans la mer, cela se fera. Et tout ce que vous demanderez dans une prière pleine de foi, vous l'obtiendrez." Il était entré dans le Temple et il enseignait, quand les grands prêtres et les anciens du peuple s'approchèrent et lui dirent: "Par quelle autorité fais-tu cela? Et qui t'a donné cette autorité?" Jésus leur répondit: "De mon côté, je vais vous poser une question, une seule; si vous m'y répondez, moi aussi je vous dirai par quelle autorité je fais cela. Le baptême de Jean, d'où était-il? Du Ciel ou des hommes?" Mais ils se faisaient en eux-mêmes ce raisonnement: "Si nous disons: Du Ciel', il nous dira: Pourquoi donc n'avez-vous pas cru en lui? Et si nous disons: Des hommes, nous avons à craindre la foule, car tous tiennent Jean pour un prophète." Et ils firent à Jésus cette réponse: "Nous ne savons pas." De son côté il répliqua: "Moi non plus, je ne vous dis pas par quelle autorité je fais cela." "Mais dites-moi votre avis. Un homme avait deux enfants. S'adressant au premier, il dit: Mon enfant, va-t'en aujourd'hui travailler à la vigne. -- Je ne veux pas, répondit-il; ensuite pris de remords, il y alla. S'adressant au second, il dit la même chose; l'autre répondit: Entendu, Seigneur, et il n'y alla point. Lequel des deux a fait la volonté du père" - "Le premier", disent-ils. Jésus leur dit: "En vérité je vous le dis, les publicains et les prostituées arrivent avant vous au Royaume de Dieu. En effet, Jean est venu à vous dans la voie de la justice, et vous n'avez pas cru en lui; les publicains, eux, et les prostituées ont cru en lui; et vous, devant cet exemple, vous n'avez même pas eu un remords tardif qui vous fît croire en lui." "Ecoutez une autre parabole. Un homme était propriétaire, et il planta une vigne; il l'entoura d'une clôture, y creusa un pressoir et y bâtit une tour; puis il la loua à des vignerons et partit en voyage. Quand approcha le moment des fruits, il envoya ses serviteurs aux vignerons pour en recevoir les fruits. Mais les vignerons se saisirent de ses serviteurs, battirent l'un, tuèrent l'autre, en lapidèrent un troisième. De nouveau il envoya d'autres serviteurs, plus nombreux que les premiers, et ils les traitèrent de même. Finalement il leur envoya son fils, en se disant: Ils respecteront mon fils. Mais les vignerons, en voyant le fils, se dirent par-devers eux: Celui-ci est l'héritier: venez! tuons-le, que nous ayons son héritage. Et, le saisissant, ils le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent. Lors donc que viendra le maître de la vigne, que fera-t-il à ces vignerons-là?" Ils lui disent: "Il fera misérablement périr ces misérables, et il louera la vigne à d'autres vignerons, qui lui en livreront les fruits en leur temps." Jésus leur dit: "N'avez-vous jamais lu dans les Ecritures: La pierre qu'avaient rejetée les bâtisseurs c'est elle qui est devenue pierre de faîte; c'est là l'oeuvre du Seigneur et elle est admirable à nos yeux? Aussi, je vous le dis: le Royaume de Dieu vous sera retiré pour être confié à un peuple qui lui fera produire ses fruits." *** Les grands prêtres et les Pharisiens, en entendant ses paraboles, comprirent bien qu'il les visait. Mais, tout en cherchant à l'arrêter, ils eurent peur des foules, car elles le tenaient pour un prophète. Et Jésus se remit à leur parler en paraboles: "Il en va du Royaume des Cieux comme d'un roi qui fit un festin de noces pour son fils. Il envoya ses serviteurs convier les invités aux noces, mais eux ne voulaient pas venir. De nouveau il envoya d'autres serviteurs avec ces mots: "Dites aux invités: Voici, j'ai apprêté mon banquet, mes taureaux et mes bêtes grasses ont été égorgés, tout est prêt, venez aux noces. Mais eux, n'en ayant cure, s'en allèrent, qui à son champ, qui à son commerce; et les autres, s'emparant des serviteurs, les maltraitèrent et les tuèrent. Le roi fut pris de colère et envoya ses troupes qui firent périr ces meurtriers et incendièrent leur ville. Alors il dit à ses serviteurs: La noce est prête, mais les invités n'en étaient pas dignes. Allez donc aux départs des chemins, et conviez aux noces tous ceux que vous pourrez trouver. Ces serviteurs s'en allèrent par les chemins, ramassèrent tous ceux qu'ils trouvèrent, les mauvais comme les bons, et la salle de noces fut remplie de convives. "Le roi entra alors pour examiner les convives, et il aperçut là un homme qui ne portait pas la tenue de noces. Mon ami, lui dit-il, comment es-tu entré ici sans avoir une tenue de noces? L'autre resta muet. Alors le roi dit aux valets: Jetez-le, pieds et poings liés, dehors, dans les ténèbres: là seront les pleurs et les grincements de dents. Car beaucoup sont appelés, mais peu sont élus. Alors les Pharisiens allèrent se concerter en vue de le surprendre en parole; et ils lui envoient leurs disciples, accompagnés des Hérodiens, pour lui dire: "Maître, nous savons que tu es véridique et que tu enseignes la voie de Dieu en vérité sans te préoccuper de qui que ce soit, car tu ne regardes pas au rang des personnes. Dis-nous donc ton avis: Est-il permis ou non de payer l'impôt à César?" Mais Jésus, connaissant leur perversité, riposta: "Hypocrites! pourquoi me tendez-vous un piège? Faites-moi voir l'argent de l'impôt." Ils lui présentèrent un denier et il leur dit: "De qui est l'effigie que voici? Et l'inscription?" Ils disent: "De César." Alors il leur dit: "Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu." A ces mots ils furent tout surpris et, le laissant, ils s'en allèrent. Ce jour-là, des Sadducéens, gens qui disent qu'il n'y a pas de résurrection, s'approchèrent de lui et l'interrogèrent en disant: "Maître, Moïse a dit: Si quelqu'un meurt sans avoir d'enfants, son frère épousera la femme, sa belle-soeur, et suscitera une postérité à son frère. Or il y avait chez nous sept frères. Le premier se maria, puis mourut sans postérité, laissant sa femme à son frère. Pareillement le deuxième, puis le troisième, jusqu'au septième. Finalement, après eux tous, la femme mourut. A la résurrection, duquel des sept sera-t-elle donc la femme? Car tous l'auront eue." Jésus leur répondit: "Vous êtes dans l'erreur, en ne connaissant ni les Ecritures ni la puissance de Dieu. A la résurrection, en effet, on ne prend ni femme ni mari, mais on est comme des anges dans le ciel. Quant à ce qui est de la résurrection des morts, n'avez-vous pas lu l'oracle dans lequel Dieu vous dit: Je suis le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob? Ce n'est pas de morts mais de vivants qu'il est le Dieu!" Et les foules, qui avaient entendu, étaient frappées de son enseignement. Apprenant qu'il avait fermé la bouche aux Sadducéens, les Pharisiens se réunirent en groupe, et l'un d'eux lui demanda pour l'embarrasser: "Maître, quel est le plus grand commandement de la Loi?" Jésus lui dit: "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de tout ton esprit: voilà le plus grand et le premier commandement. Le second lui est semblable: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. A ces deux commandements se rattache toute la Loi, ainsi que les Prophètes." Comme les Pharisiens se trouvaient réunis, Jésus leur posa cette question: "Quelle est votre opinion au sujet du Christ? De qui est-il fils?" Ils lui disent: "De David" -- "Comment donc, dit-il, David parlant sous l'inspiration l'appelle-t-il Seigneur quand il dit: Le Seigneur a dit à mon Seigneur: Siège à ma droite, jusqu'à ce que j'aie mis tes ennemis dessous tes pieds? Si donc David l'appelle Seigneur, comment est-il son fils?" Nul ne fut capable de lui répondre un mot. Et à partir de ce jour personne n'osa plus l'interroger. Alors Jésus s'adressa aux foules et à ses disciples en disant: "Sur la chaire de Moïse se sont assis les scribes et les Pharisiens: faites donc et observez tout ce qu'ils pourront vous dire, mais ne vous réglez pas sur leurs actes: car ils disent et ne font pas. Ils lient de pesants fardeaux et les imposent aux épaules des gens, mais eux-mêmes se refusent à les remuer du doigt. En tout ils agissent pour se faire remarquer des hommes. C'est ainsi qu'ils font bien larges leurs phylactères et bien longues leurs franges. Ils aiment à occuper le premier divan dans les festins et les premiers sièges dans les synagogues, à recevoir les salutations sur les places publiques et à s'entendre appeler Rabbi par les gens. "Pour vous, ne vous faites pas appeler Rabbi: car vous n'avez qu'un Maître, et tous vous êtes des frères. N'appelez personne votre Père sur la terre: car vous n'en avez qu'un, le Père céleste. Ne vous faites pas non plus appeler Directeurs: car vous n'avez qu'un Directeur, le Christ. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Quiconque s'élèvera sera abaissé, et quiconque s'abaissera sera élevé. "Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites, qui fermez aux hommes le Royaume des Cieux! Vous n'entrez certes pas vous-mêmes, et vous ne laissez même pas entrer ceux qui le voudraient. *** "Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites, qui parcourez mers et continents pour gagner un prosélyte, et, quand vous l'avez gagné, vous le rendez digne de la géhenne deux fois plus que vous! "Malheur à vous, guides aveugles, qui dites: Si l'on jure par le sanctuaire, cela ne compte pas; mais si l'on jure par l'or du sanctuaire, on est tenu. Insensés et aveugles! quel est donc le plus digne, l'or ou le sanctuaire qui a rendu cet or sacré? Vous dites encore: Si l'on jure par l'autel, cela ne compte pas; mais si l'on jure par l'offrande qui est dessus, on est tenu. Aveugles! quel est donc le plus digne, l'offrande ou l'autel qui rend cette offrande sacrée? Aussi bien, jurer par l'autel, c'est jurer par lui et par tout ce qui est dessus; jurer par le sanctuaire, c'est jurer par lui et par Celui qui l'habite; jurer par le ciel, c'est jurer par le trône de Dieu et par Celui qui y siège. "Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites, qui acquittez la dîme de la menthe, du fenouil et du cumin, après avoir négligé les points les plus graves de la Loi, la justice, la miséricorde et la bonne foi; c'est ceci qu'il fallait pratiquer, sans négliger cela. Guides aveugles, qui arrêtez au filtre le moustique et engloutissez le chameau. "Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites, qui purifiez l'extérieur de la coupe et de l'écuelle, quand l'intérieur en est rempli par rapine et intempérance! Pharisien aveugle! purifie d'abord l'intérieur de la coupe et de l'écuelle, afin que l'extérieur aussi devienne pur. "Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites, qui ressemblez à des sépulcres blanchis: au-dehors ils ont belle apparence, mais au-dedans ils sont pleins d'ossements de morts et de toute pourriture; vous de même, au-dehors vous offrez aux yeux des hommes l'apparence de justes, mais au-dedans vous êtes pleins d'hypocrisie et d'iniquité. "Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites, qui bâtissez les sépulcres des prophètes et décorez les tombeaux des justes, tout en disant: Si nous avions vécu du temps de nos pères, nous ne nous serions pas joints à eux pour verser le sang des prophètes. Ainsi, vous en témoignez contre vous-mêmes, vous êtes les fils de ceux qui ont assassiné les prophètes! Eh bien! vous, comblez la mesure de vos pères! "Serpents, engeance de vipères! comment pourrez-vous échapper à la condamnation de la géhenne? C'est pourquoi, voici que j'envoie vers vous des prophètes, des sages et des scribes: vous en tuerez et mettrez en croix, vous en flagellerez dans vos synagogues et pourchasserez de ville en ville, pour que retombe sur vous tout le sang innocent répandu sur la terre, depuis le sang de l'innocent Abel jusqu'au sang de Zacharie, fils de Barachie, que vous avez assassiné entre le sanctuaire et l'autel! En vérité, je vous le dis, tout cela va retomber sur cette génération! "Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les prophètes et lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants à la manière dont une poule rassemble ses poussins sous ses ailes... et vous n'avez pas voulu! Voici que votre maison va vous être laissée déserte. Je vous le dis, en effet, désormais vous ne me verrez plus, jusqu'à ce que vous disiez: Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur!" Comme Jésus sortait du Temple et s'en allait, ses disciples s'approchèrent pour lui faire voir les constructions du Temple. Mais il leur répondit: "Vous voyez tout cela, n'est-ce pas? En vérité je vous le dis, il ne restera pas ici pierre sur pierre qui ne soit jetée bas." Et, comme il était assis sur le mont des Oliviers, les disciples s'approchèrent de lui, en particulier, et demandèrent: "Dis-nous quand cela aura lieu, et quel sera le signe de ton avènement et de la fin du monde." Et Jésus leur répondit: "Prenez garde qu'on ne vous abuse. Car il en viendra beaucoup sous mon nom, qui diront: C'est moi le Christ, et ils abuseront bien des gens. Vous aurez aussi à entendre parler de guerres et de rumeurs de guerres; voyez, ne vous alarmez pas: car il faut que cela arrive, mais ce n'est pas encore la fin. On se dressera, en effet, nation contre nation et royaume contre royaume. Il y aura par endroits des famines et des tremblements de terre. Et tout cela ne fera que commencer les douleurs de l'enfantement. "Alors on vous livrera aux tourments et on vous tuera; vous serez haïs de toutes les nations à cause de mon nom. Et alors beaucoup succomberont; ce seront des trahisons et des haines intestines. Des faux prophètes surgiront nombreux et abuseront bien des gens. Par suite de l'iniquité croissante, l'amour se refroidira chez le grand nombre. Mais celui qui aura tenu bon jusqu'au bout, celui-là sera sauvé. "Cette Bonne Nouvelle du Royaume sera proclamée dans le monde entier, en témoignage à la face de toutes les nations. Et alors viendra la fin. "Lors donc que vous verrez l'abomination de la désolation, dont a parlé le prophète Daniel, installée dans le saint lieu (que le lecteur comprenne!) alors que ceux qui seront en Judée s'enfuient dans les montagnes, que celui qui sera sur la terrasse ne descende pas dans sa maison pour prendre ses affaires, et que celui qui sera aux champs ne retourne pas en arrière pour prendre son manteau! Malheur à celles qui seront enceintes et à celles qui allaiteront en ces jours-là! Priez pour que votre fuite ne tombe pas en hiver, ni un sabbat. Car il y aura alors une grande tribulation, telle qu'il n'y en a pas eu depuis le commencement du monde jusqu'à ce jour, et qu'il n'y en aura jamais plus. Et si ces jours-là n'avaient été abrégés, nul n'aurait eu la vie sauve; mais à cause des élus, ils seront abrégés, ces jours-là. "Alors si quelqu'un vous dit: Voici: le Christ est ici! ou bien: Il est là!, n'en croyez rien. Il surgira, en effet, des faux Christs et des faux prophètes, qui produiront de grands signes et des prodiges, au point d'abuser, s'il était possible, même les élus. Voici que je vous ai prévenus. "Si donc on vous dit: Le voici au désert, n'y allez pas; Le voici dans les retraites, n'en croyez rien. Comme l'éclair, en effet, part du levant et brille jusqu'au couchant, ainsi en sera-t-il de l'avènement du Fils de l'homme. Où que soit le cadavre, là se rassembleront les vautours. "Aussitôt après la tribulation de ces jours-là, le soleil s'obscurcira, la lune ne donnera plus sa lumière, les étoiles tomberont du ciel, et les puissances des cieux seront ébranlées. Et alors apparaîtra dans le ciel le signe du Fils de l'homme; et alors toutes les races de la terre se frapperont la poitrine; et l'on verra le Fils de l'homme venant sur les nuées du ciel avec puissance et grande gloire. Et il enverra ses anges avec une trompette sonore, pour rassembler ses élus des quatre vents, des extrémités des cieux à leurs extrémités. "Du figuier apprenez cette parabole. Dès que sa ramure devient flexible et que ses feuilles poussent, vous comprenez que l'été est proche. Ainsi vous, lorsque vous verrez tout cela, comprenez qu'Il est proche, aux portes. En vérité je vous le dis, cette génération ne passera pas que tout cela ne soit arrivé. Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point. Quant à la date de ce jour, et à l'heure, personne ne les connaît, ni les anges des cieux, ni le Fils, personne que le Père, seul. "Comme les jours de Noé, ainsi sera l'avènement du Fils de l'homme. En ces jours qui précédèrent le déluge, on mangeait et on buvait, on prenait femme et mari, jusqu'au jour où Noé entra dans l'arche, et les gens ne se doutèrent de rien jusqu'à l'arrivée du déluge, qui les emporta tous. Tel sera aussi l'avènement du Fils de l'homme. Alors deux hommes seront aux champs: l'un est pris, l'autre laissé; deux femmes en train de moudre: l'une est prise, l'autre laissée. "Veillez donc, parce que vous ne savez pas quel jour va venir votre Maître. Comprenez-le bien: si le maître de maison avait su à quelle heure de la nuit le voleur devait venir, il aurait veillé et n'aurait pas permis qu'on perçât le mur de sa demeure. Ainsi donc, vous aussi, tenez-vous prêts, car c'est à l'heure que vous ne pensez pas que le Fils de l'homme va venir. "Quel est donc le serviteur fidèle et avisé que le maître a établi sur les gens de sa maison pour leur donner la nourriture en temps voulu? Heureux ce serviteur que son maître en arrivant trouvera occupé de la sorte! En vérité je vous le dis, il l'établira sur tous ses biens. Mais si ce mauvais serviteur dit en son coeur: Mon maître tarde. Et qu'il se mette à frapper ses compagnons, à manger et à boire en compagnie des ivrognes, le maître de ce serviteur arrivera au jour qu'il n'attend pas et à l'heure qu'il ne connaît pas; il le retranchera et lui assignera sa part parmi les hypocrites: là seront les pleurs et les grincements de dents. "Alors il en sera du Royaume des Cieux comme de dix vierges qui s'en allèrent, munies de leurs lampes, à la rencontre de l'époux. Or cinq d'entre elles étaient sottes et cinq étaient sensées. Les sottes, en effet, prirent leurs lampes, mais sans se munir d'huile; tandis que les sensées, en même temps que leurs lampes, prirent de l'huile dans les fioles. Comme l'époux se faisait attendre, elles s'assoupirent toutes et s'endormirent. Mais à minuit un cri retentit: Voici l'époux! sortez à sa rencontre! Alors toutes ces vierges se réveillèrent et apprêtèrent leurs lampes. Et les sottes de dire aux sensées: Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s'éteignent. Mais celles-ci leur répondirent: Il n'y en aurait sans doute pas assez pour nous et pour vous; allez plutôt chez les marchands et achetez-en pour vous. Elles étaient parties en acheter quand arriva l'époux: celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces, et la porte se referma. Finalement les autres vierges arrivèrent aussi et dirent: Seigneur, Seigneur, ouvre-nous! Mais il répondit: En vérité je vous le dis, je ne vous connais pas! Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l'heure. "C'est comme un homme qui, partant en voyage, appela ses serviteurs et leur remit sa fortune. A l'un il donna cinq talents, deux à un autre, un seul à un troisième, à chacun selon ses capacités, et puis il partit. Aussitôt celui qui avait reçu les cinq talents alla les faire produire et en gagna cinq autres. De même celui qui en avait reçu deux en gagna deux autres. Mais celui qui n'en avait reçu qu'un s'en alla faire un trou en terre et enfouit l'argent de son maître. Après un long temps, le maître de ces serviteurs arrive et il règle ses comptes avec eux. Celui qui avait reçu les cinq talents s'avança et présenta cinq autres talents: Seigneur, dit-il, tu m'as remis cinq talents: voici cinq autres talents que j'ai gagnés. -- C'est bien, serviteur bon et fidèle, lui dit son maître, en peu de choses tu as été fidèle, sur beaucoup je t'établirai; entre dans la joie de ton seigneur. Vint ensuite celui qui avait reçu deux talents: Seigneur, dit-il, tu m'as remis deux talents: voici deux autres talents que j'ai gagnés. -- C'est bien, serviteur bon et fidèle, lui dit son maître, en peu de choses tu as été fidèle, sur beaucoup je t'établirai; entre dans la joie de ton seigneur. Vint enfin celui qui détenait un seul talent: Seigneur, dit-il, j'ai appris à te connaître pour un homme âpre au gain: tu moissonnes où tu n'as point semé, et tu ramasses où tu n'as rien répandu. Aussi, pris de peur, je suis allé enfouir ton talent dans la terre: le voici, tu as ton bien. Mais son maître lui répondit: Serviteur mauvais et paresseux! tu savais que je moissonne où je n'ai pas semé, et que je ramasse où je n'ai rien répandu? Eh bien! tu aurais dû placer mon argent chez les banquiers, et à mon retour j'aurais recouvré mon bien avec un intérêt. Enlevez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui a les dix talents. Car à tout homme qui a, l'on donnera et il aura du surplus; mais à celui qui n'a pas, on enlèvera ce qu'il a. Et ce propre-à-rien de serviteur, jetez-le dehors, dans les ténèbres: là seront les pleurs et les grincements de dents. "Quand le Fils de l'homme viendra dans sa gloire, escorté de tous les anges, alors il prendra place sur son trône de gloire. Devant lui seront rassemblées toutes les nations, et il séparera les gens les uns des autres, tout comme le berger sépare les brebis des boucs. Il placera les brebis à sa droite, et les boucs à sa gauche. Alors le Roi dira à ceux de droite: Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume qui vous a été préparé depuis la fondation du monde. Car j'ai eu faim et vous m'avez donné à manger, j'ai eu soif et vous m'avez donné à boire, j'étais un étranger et vous m'avez accueilli, nu et vous m'avez vêtu, malade et vous m'avez visité, prisonnier et vous êtes venus me voir. Alors les justes lui répondront: Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé et de te nourrir, assoiffé et de te désaltérer, étranger et de t'accueillir, nu et de te vêtir, malade ou prisonnier et de venir te voir? Et le Roi leur fera cette réponse: En vérité je vous le dis, dans la mesure où vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait. Alors il dira encore à ceux de gauche: Allez loin de moi, maudits, dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et ses anges. Car j'ai eu faim et vous ne m'avez pas donné à manger, j'ai eu soif et vous ne m'avez pas donné à boire, j'étais un étranger et vous ne m'avez pas accueilli, nu et vous ne m'avez pas vêtu, malade et prisonnier et vous ne m'avez pas visité. Alors ceux-ci lui demanderont à leur tour: Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé ou assoiffé, étranger ou nu, malade ou prisonnier, et de ne te point secourir? Alors il leur répondra: En vérité je vous le dis, dans la mesure où vous ne l'avez pas fait à l'un de ces plus petits, à moi non plus vous ne l'avez pas fait. Et ils s'en iront, ceux-ci à une peine éternelle, et les justes à une vie éternelle." Et il advint, quand Jésus eut achevé tous ces discours, qu'il dit à ses disciples: "La Pâque, vous le savez, tombe dans deux jours, et le Fils de l'homme va être livré pour être crucifié." Alors les grands prêtres et les anciens du peuple s'assemblèrent dans le palais du Grand Prêtre, qui s'appelait Caïphe, et se concertèrent en vue d'arrêter Jésus par ruse et de le tuer. Ils disaient toutefois: "Pas en pleine fête; il faut éviter un tumulte parmi le peuple." Comme Jésus se trouvait à Béthanie, chez Simon le lépreux, une femme s'approcha de lui, avec un flacon d'albâtre contenant un parfum très précieux, et elle le versa sur sa tête, tandis qu'il était à table. A cette vue les disciples furent indignés: "A quoi bon ce gaspillage? Dirent-ils; cela pouvait être vendu bien cher et donné à des pauvres." Jésus s'en aperçut et leur dit: "Pourquoi tracassez-vous cette femme? C'est vraiment une bonne oeuvre qu'elle a accomplie pour moi. Les pauvres, en effet, vous les aurez toujours avec vous, mais moi, vous ne m'aurez pas toujours. Si elle a répandu ce parfum sur mon corps, c'est pour m'ensevelir qu'elle l'a fait. En vérité je vous le dis, partout où sera proclamé cet Evangile, dans le monde entier, on redira aussi, à sa mémoire, ce qu'elle vient de faire." Alors l'un des Douze, appelé Judas Iscariote, se rendit auprès des grands prêtres et leur dit: "Que voulez-vous me donner, et moi je vous le livrerai?" Ceux-ci lui versèrent 30 pièces d'argent. Et de ce moment il cherchait une occasion favorable pour le livrer. Le premier jour des Azymes, les disciples s'approchèrent de Jésus et lui dirent: "Où veux-tu que nous te préparions de quoi manger la Pâque?" Il dit: "Allez à la ville, chez un tel, et dites-lui: Le Maître te fait dire: Mon temps est proche, c'est chez toi que je vais faire la Pâque avec mes disciples." Les disciples firent comme Jésus leur avait ordonné et préparèrent la Pâque. Le soir venu, il était à table avec les Douze. Et tandis qu'ils mangeaient, il dit: "En vérité je vous le dis, l'un de vous me livrera." Fort attristés, ils se mirent chacun à lui dire: "Serait-ce moi, Seigneur?" Il répondit: "Quelqu'un qui a plongé avec moi la main dans le plat, voilà celui qui va me livrer! Le Fils de l'homme s'en va selon qu'il est écrit de lui; mais malheur à cet homme-là par qui le Fils de l'homme est livré! Mieux eût valu pour cet homme-là de ne pas naître!" A son tour, Judas, celui qui allait le livrer, lui demanda: "Serait-ce moi, Rabbi" - "Tu l'as dit", répond Jésus. Or, tandis qu'ils mangeaient, Jésus prit du pain, le bénit, le rompit et le donna aux disciples en disant: "Prenez, mangez, ceci est mon corps." Puis, prenant une coupe, il rendit grâces et la leur donna en disant: "Buvez-en tous; car ceci est mon sang, le sang de l'alliance, qui va être répandu pour une multitude en rémission des péchés. Je vous le dis, je ne boirai plus désormais de ce produit de la vigne jusqu'au jour où je le boirai avec vous, nouveau, dans le Royaume de mon Père." Après le chant des Psaumes, ils partirent pour le mont des Oliviers. Alors Jésus leur dit: "Vous tous, vous allez succomber à cause de moi, cette nuit même. Il est écrit en effet: Je frapperai le pasteur, et les brebis du troupeau seront dispersées. Mais après ma résurrection je vous précéderai en Galilée." Prenant la parole, Pierre lui dit: "Si tous succombent à cause de toi, moi je ne succomberai jamais." Jésus lui répliqua: "En vérité je te le dis: cette nuit même, avant que le coq chante, tu m'auras renié trois fois." Pierre lui dit: "Dussé-je mourir avec toi, non, je ne te renierai pas." Et tous les disciples en dirent autant. Alors Jésus parvient avec eux à un domaine appelé Gethsémani, et il dit aux disciples: "Restez ici, tandis que je m'en irai prier là-bas." Et prenant avec lui Pierre et les deux fils de Zébédée, il commença à ressentir tristesse et angoisse. Alors il leur dit: "Mon âme est triste à en mourir, demeurez ici et veillez avec moi." Etant allé un peu plus loin, il tomba face contre terre en faisant cette prière: "Mon Père, s'il est possible, que cette coupe passe loin de moi! Cependant, non pas comme je veux, mais comme tu veux." Il vient vers les disciples et les trouve en train de dormir; et il dit à Pierre: "Ainsi, vous n'avez pas eu la force de veiller une heure avec moi! Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation: l'esprit est ardent, mais la chair est faible." A nouveau, pour la deuxième fois, il s'en alla prier: "Mon Père, dit-il, si cette coupe ne peut passer sans que je la boive, que ta volonté soit faite!" Puis il vint et les trouva à nouveau en train de dormir; car leurs yeux étaient appesantis. Il les laissa et s'en alla de nouveau prier une troisième fois, répétant les mêmes paroles. Alors il vient vers les disciples et leur dit: "Désormais vous pouvez dormir et vous reposer: voici toute proche l'heure où le Fils de l'homme va être livré aux mains des pécheurs. Levez-vous! Allons! Voici tout proche celui qui me livre." Comme il parlait encore, voici Judas, l'un des Douze, et avec lui une bande nombreuse armée de glaives et de bâtons, envoyée par les grands prêtres et les anciens du peuple. Or le traître leur avait donné ce signe: "Celui à qui je donnerai un baiser, c'est lui; arrêtez-le." Et aussitôt il s'approcha de Jésus en disant: "Salut, Rabbi", et il lui donna un baiser. Mais Jésus lui dit: "Ami, fais ta besogne." Alors, s'avançant, ils mirent la main sur Jésus et l'arrêtèrent. Et voilà qu'un des compagnons de Jésus, portant la main à son glaive, le dégaina, frappa le serviteur du Grand Prêtre et lui enleva l'oreille. Alors Jésus lui dit: "Rengaine ton glaive; car tous ceux qui prennent le glaive périront par le glaive. Penses-tu donc que je ne puisse faire appel à mon Père, qui me fournirait sur-le-champ plus de douze légions d'anges? Comment alors s'accompliraient les Ecritures d'après lesquelles il doit en être ainsi?" A ce moment-là Jésus dit aux foules: "Suis-je un brigand, que vous vous soyez mis en campagne avec des glaives et des bâtons pour me saisir? Chaque jour j'étais assis dans le Temple, à enseigner, et vous ne m'avez pas arrêté." Or tout ceci advint pour que s'accomplissent les Ecritures des prophètes. Alors les disciples l'abandonnèrent tous et prirent la fuite. Ceux qui avaient arrêté Jésus l'emmenèrent chez Caïphe le Grand Prêtre, où se réunirent les scribes et les anciens. Quant à Pierre, il le suivait de loin, jusqu'au palais du Grand Prêtre; il pénétra à l'intérieur et s'assit avec les valets, pour voir le dénouement. Or, les grands prêtres et le Sanhédrin tout entier cherchaient un faux témoignage contre Jésus, en vue de le faire mourir; et ils n'en trouvèrent pas, bien que des faux témoins se fussent présentés en grand nombre. Finalement il s'en présenta deux, qui déclarèrent: "Cet homme a dit: Je puis détruire le Sanctuaire de Dieu et le rebâtir en trois jours." Se levant alors, le Grand Prêtre lui dit: "Tu ne réponds rien? Qu'est-ce que ces gens attestent contre toi?" Mais Jésus se taisait. Le Grand Prêtre lui dit: "Je t'adjure par le Dieu Vivant de nous dire si tu es le Christ, le Fils de Dieu" -- "Tu l'as dit, lui dit Jésus. D'ailleurs je vous le déclare: dorénavant, vous verrez le Fils de l'homme siégeant à droite de la Puissance et venant sur les nuées du ciel." Alors le Grand Prêtre déchira ses vêtements en disant: "Il a blasphémé! qu'avons-nous encore besoin de témoins? Là, vous venez d'entendre le blasphème! Qu'en pensez-vous?" Ils répondirent: "Il est passible de mort." Alors ils lui crachèrent au visage et le giflèrent; d'autres lui donnèrent des coups en disant: "Fais le prophète, Christ, dis-nous qui t'a frappé." Cependant Pierre était assis dehors, dans la cour. Une servante s'approcha de lui en disant: "Toi aussi, tu étais avec Jésus le Galiléen." Mais lui nia devant tout le monde en disant: "Je ne sais pas ce que tu dis." Comme il s'était retiré vers le porche, une autre le vit et dit à ceux qui étaient là: "Celui-là était avec Jésus le Nazôréen." Et de nouveau il nia avec serment: "Je ne connais pas cet homme." Peu après, ceux qui se tenaient là s'approchèrent et dirent à Pierre: "Sûrement, toi aussi, tu en es: et d'ailleurs ton langage te trahit." Alors il se mit à jurer avec force imprécations: "Je ne connais pas cet homme." Et aussitôt un coq chanta. Et Pierre se souvint de la parole que Jésus avait dite: "Avant que le coq chante, tu m'auras renié trois fois." Et, sortant dehors, il pleura amèrement. Le matin étant arrivé, tous les grands prêtres et les anciens du peuple tinrent un conseil contre Jésus, en sorte de le faire mourir. Et, après l'avoir ligoté, ils l'emmenèrent et le livrèrent à Pilate le gouverneur. Alors Judas, qui l'avait livré, voyant qu'il avait été condamné, fut pris de remords et rapporta les 30 pièces d'argent aux grands prêtres et aux anciens: "J'ai péché, dit-il, en livrant un sang innocent." Mais ils dirent: "Que nous importe? A toi de voir." Jetant alors les pièces dans le sanctuaire, il se retira et s'en alla se pendre. Ayant ramassé l'argent, les grands prêtres dirent: "Il n'est pas permis de le verser au trésor, puisque c'est le prix du sang." Après délibération, ils achetèrent avec cet argent le "champ du potier" comme lieu de sépulture pour les étrangers. Voilà pourquoi ce champ-là s'est appelé jusqu'à ce jour le "Champ du Sang." Alors s'accomplit l'oracle de Jérémie le prophète: Et ils prirent les 30 pièces d'argent, le prix du Précieux qu'ont apprécié des fils d'Israël, et ils les donnèrent pour le champ du potier, ainsi que me l'a ordonné le Seigneur. Jésus fut amené en présence du gouverneur et le gouverneur l'interrogea en disant: "Tu es le Roi des Juifs?" Jésus répliqua: "Tu le dis." Puis, tandis qu'il était accusé par les grands prêtres et les anciens, il ne répondit rien. Alors Pilate lui dit: "N'entends-tu pas tout ce qu'ils attestent contre toi?" Et il ne lui répondit sur aucun point, si bien que le gouverneur était fort étonné. A chaque Fête, le gouverneur avait coutume de relâcher à la foule un prisonnier, celui qu'elle voulait. On avait alors un prisonnier fameux, nommé Barabbas. Pilate dit donc aux gens qui se trouvaient rassemblés: "Lequel voulez-vous que je vous relâche, Barabbas, ou Jésus que l'on appelle Christ?" Il savait bien que c'était par jalousie qu'on l'avait livré. Or, tandis qu'il siégeait au tribunal, sa femme lui fit dire: "Ne te mêle point de l'affaire de ce juste; car aujourd'hui j'ai été très affectée dans un songe à cause de lui." Cependant, les grands prêtres et les anciens persuadèrent aux foules de réclamer Barabbas et de perdre Jésus. Prenant la parole, le gouverneur leur dit: "Lequel des deux voulez-vous que je vous relâche?" Ils dirent: "Barabbas." Pilate leur dit: "Que ferai-je donc de Jésus que l'on appelle Christ?" Ils disent tous: "Qu'il soit crucifié!" Il reprit: "Quel mal a-t-il donc fait?" Mais ils criaient plus fort: "Qu'il soit crucifié!" Voyant alors qu'il n'aboutissait à rien, mais qu'il s'ensuivait plutôt du tumulte, Pilate prit de l'eau et se lava les mains en présence de la foule, en disant: "Je ne suis pas responsable de ce sang; à vous de voir!" Et tout le peuple répondit: "Que son sang soit sur nous et sur nos enfants!" Alors il leur relâcha Barabbas; quant à Jésus, après l'avoir fait flageller, il le livra pour être crucifié. Alors les soldats du gouverneur prirent avec eux Jésus dans le Prétoire et ameutèrent sur lui toute la cohorte. L'ayant dévêtu, ils lui mirent une chlamyde écarlate, puis, ayant tressé une couronne avec des épines, ils la placèrent sur sa tête, avec un roseau dans sa main droite. Et, s'agenouillant devant lui, ils se moquèrent de lui en disant: "Salut, roi des Juifs!" et, crachant sur lui, ils prenaient le roseau et en frappaient sa tête. Puis, quand ils se furent moqués de lui, ils lui ôtèrent la chlamyde, lui remirent ses vêtements et l'emmenèrent pour le crucifier. En sortant, ils trouvèrent un homme de Cyrène, nommé Simon, et le requirent pour porter sa croix. Arrivés à un lieu dit Golgotha, c'est-à-dire lieu dit du Crâne, ils lui donnèrent à boire du vin mêlé de fiel; il en goûta et n'en voulut point boire. Quand ils l'eurent crucifié, ils se partagèrent ses vêtements en tirant au sort. Puis, s'étant assis, ils restaient là à le garder. Ils placèrent aussi au-dessus de sa tête le motif de sa condamnation ainsi libellé: "Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs." Alors sont crucifiés avec lui deux brigands, l'un à droite et l'autre à gauche. Les passants l'injuriaient en hochant la tête et disant: "Toi qui détruis le Sanctuaire et en trois jours le rebâtis, sauve-toi toi-même, si tu es fils de Dieu, et descends de la croix!" Pareillement les grands prêtres se gaussaient et disaient avec les scribes et les anciens: "Il en a sauvé d'autres et il ne peut se sauver lui-même! Il est roi d'Israël: qu'il descende maintenant de la croix et nous croirons en lui! Il a compté sur Dieu; que Dieu le délivre maintenant, s'il s'intéresse à lui! Il a bien dit: Je suis fils de Dieu!" Même les brigands crucifiés avec lui l'outrageaient de la sorte. A partir de la sixième heure, l'obscurité se fit sur toute la terre, jusqu'à la neuvième heure. Et vers la neuvième heure, Jésus clama en un grand cri: "Eli, Eli, lema sabachtani", c'est-à-dire: "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?" Certains de ceux qui se tenaient là disaient en l'entendant: "Il appelle Elie, celui-ci!" Et aussitôt l'un d'eux courut prendre une éponge qu'il imbiba de vinaigre et, l'ayant mise au bout d'un roseau, il lui donnait à boire. Mais les autres lui dirent: "Laisse! que nous voyions si Elie va venir le sauver!" Or Jésus, poussant de nouveau un grand cri, rendit l'esprit. Et voilà que le voile du Sanctuaire se déchira en deux, du haut en bas; la terre trembla, les rochers se fendirent, les tombeaux s'ouvrirent et de nombreux corps de saints trépassés ressuscitèrent: ils sortirent des tombeaux après sa résurrection, entrèrent dans la Ville sainte et se firent voir à bien des gens. Quant au centurion et aux hommes qui avec lui gardaient Jésus, à la vue du séisme et de ce qui se passait, ils furent saisis d'une grande frayeur et dirent: "Vraiment celui-ci était fils de Dieu!" Il y avait là de nombreuses femmes qui regardaient à distance, celles-là même qui avaient suivi Jésus depuis la Galilée et le servaient, entre autres Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques et de Joseph, et la mère des fils de Zébédée. Le soir venu, il vint un homme riche d'Arimathie, du nom de Joseph, qui s'était fait, lui aussi, disciple de Jésus. Il alla trouver Pilate et réclama le corps de Jésus. Alors Pilate ordonna qu'on le lui remît. Joseph prit donc le corps, le roula dans un linceul propre et le mit dans le tombeau neuf qu'il s'était fait tailler dans le roc; puis il roula une grande pierre à l'entrée du tombeau et s'en alla. Or il y avait là Marie de Magdala et l'autre Marie, assises en face du sépulcre. Le lendemain, c'est-à-dire après la Préparation, les grands prêtres et les Pharisiens se rendirent en corps chez Pilate et lui dirent: "Seigneur, nous nous sommes souvenus que cet imposteur a dit, de son vivant: Après trois jours je ressusciterai! Commande donc que le sépulcre soit tenu en sûreté jusqu'au troisième jour, pour éviter que ses disciples ne viennent le dérober et ne disent au peuple: Il est ressuscité des morts! Cette dernière imposture serait pire que la première." Pilate leur répondit: "Vous avez une garde; allez et prenez vos sûretés comme vous l'entendez." Ils allèrent donc et s'assurèrent du sépulcre, en scellant la pierre et en postant une garde. Après le jour du sabbat, comme le premier jour de la semaine commençait à poindre, Marie de Magdala et l'autre Marie vinrent visiter le sépulcre. Et voilà qu'il se fit un grand tremblement de terre: l'Ange du Seigneur descendit du ciel et vint rouler la pierre, sur laquelle il s'assit. Il avait l'aspect de l'éclair, et sa robe était blanche comme neige. A sa vue, les gardes tressaillirent d'effroi et devinrent comme morts. Mais l'ange prit la parole et dit aux femmes: "Ne craignez point, vous: je sais bien que vous cherchez Jésus, le Crucifié. Il n'est pas ici, car il est ressuscité comme il l'avait dit. Venez voir le lieu où il gisait, et vite allez dire à ses disciples: Il est ressuscité d'entre les morts, et voilà qu'il vous précède en Galilée; c'est là que vous le verrez. Voilà, je vous l'ai dit." Quittant vite le tombeau, tout émues et pleines de joie, elles coururent porter la nouvelle à ses disciples. Et voici que Jésus vint à leur rencontre: "Je vous salue", dit-il. Et elles de s'approcher et d'étreindre ses pieds en se prosternant devant lui. Alors Jésus leur dit: "Ne craignez point; allez annoncer à mes frères qu'ils doivent partir pour la Galilée, et là ils me verront." Tandis qu'elles s'en allaient, voici que quelques hommes de la garde vinrent en ville rapporter aux grands prêtres tout ce qui s'était passé. Ceux-ci tinrent une réunion avec les anciens et, après avoir délibéré, ils donnèrent aux soldats une forte somme d'argent, avec cette consigne: "Vous direz ceci: Ses disciples sont venus de nuit et l'ont dérobé tandis que nous dormions. Que si l'affaire vient aux oreilles du gouverneur, nous nous chargeons de l'amadouer et de vous épargner tout ennui." Les soldats, ayant pris l'argent, exécutèrent la consigne, et cette histoire s'est colportée parmi les Juifs jusqu'à ce jour. Quant aux onze disciples, ils se rendirent en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait donné rendez-vous. Et quand ils le virent, ils se prosternèrent; d'aucuns cependant doutèrent. S'avançant, Jésus leur dit ces paroles: "Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu'à la fin du monde." Commencement de l'Evangile de Jésus Christ, Fils de Dieu. Selon qu'il est écrit dans Isaïe le prophète: Voici que j'envoie mon messager en avant de toi pour préparer ta route. Voix de celui qui crie dans le désert: Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers, Jean le Baptiste fut dans le désert, proclamant un baptême de repentir pour la rémission des péchés. Et s'en allaient vers lui tout le pays de Judée et tous les habitants de Jérusalem, et ils se faisaient baptiser par lui dans les eaux du Jourdain, en confessant leurs péchés. Jean était vêtu d'une peau de chameau et mangeait des sauterelles et du miel sauvage. Et il proclamait: "Vient derrière moi celui qui est plus fort que moi, dont je ne suis pas digne, en me courbant, de délier la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés avec de l'eau, mais lui vous baptisera avec l'Esprit Saint." Et il advint qu'en ces jours-là Jésus vint de Nazareth de Galilée, et il fut baptisé dans le Jourdain par Jean. Et aussitôt, remontant de l'eau, il vit les cieux se déchirer et l'Esprit comme une colombe descendre vers lui, et une voix vint des cieux: "Tu es mon Fils bien-aimé, tu as toute ma faveur." Et aussitôt, l'Esprit le pousse au désert. Et il était dans le désert durant 40 jours, tenté par Satan. Et il était avec les bêtes sauvages et les anges le servaient. Après que Jean eut été livré, Jésus vint en Galilée, proclamant l'Evangile de Dieu et disant: "Le temps est accompli et le Royaume de Dieu est tout proche: repentez-vous et croyez à l'Evangile." Comme il passait sur le bord de la mer de Galilée, il vit Simon et André, le frère de Simon, qui jetaient l'épervier dans la mer; car c'étaient des pêcheurs. Et Jésus leur dit: "Venez à ma suite et je vous ferai devenir pêcheurs d'hommes." Et aussitôt, laissant les filets, ils le suivirent. Et avançant un peu, il vit Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère, eux aussi dans leur barque en train d'arranger les filets; et aussitôt il les appela. Et laissant leur père Zébédée dans la barque avec ses employés, ils partirent à sa suite. Ils pénètrent à Capharnaüm. Et aussitôt, le jour du sabbat, étant entré dans la synagogue, il enseignait. Et ils étaient frappés de son enseignement, car il les enseignait comme ayant autorité, et non pas comme les scribes. Et aussitôt il y avait dans leur synagogue un homme possédé d'un esprit impur, qui cria en disant: "Que nous veux-tu, Jésus le Nazarénien? Es-tu venu pour nous perdre? Je sais qui tu es: le Saint de Dieu." Et Jésus le menaça en disant: "Tais-toi et sors de lui." Et le secouant violemment, l'esprit impur cria d'une voix forte et sortit de lui. Et ils furent tous effrayés, de sorte qu'ils se demandaient entre eux: "Qu'est cela? Un enseignement nouveau, donné d'autorité! Même aux esprits impurs, il commande et ils lui obéissent!" Et sa renommée se répandit aussitôt partout, dans toute la région de Galilée. Et aussitôt, sortant de la synagogue, il vint dans la maison de Simon et d'André, avec Jacques et Jean. Or la belle-mère de Simon était au lit avec la fièvre, et aussitôt ils lui parlent à son sujet. S'approchant, il la fit se lever en la prenant par la main. Et la fièvre la quitta, et elle les servait. Le soir venu, quand fut couché le soleil, on lui apportait tous les malades et les démoniaques, et la ville entière était rassemblée devant la porte. Et il guérit beaucoup de malades atteints de divers maux, et il chassa beaucoup de démons. Et il ne laissait pas parler les démons, parce qu'ils savaient qui il était. Le matin, bien avant le jour, il se leva, sortit et s'en alla dans un lieu désert, et là il priait. Simon et ses compagnons le poursuivirent et, l'ayant trouvé, ils lui disent: "Tout le monde te cherche." Il leur dit: "Allons ailleurs, dans les bourgs voisins, afin que j'y prêche aussi, car c'est pour cela que je suis sorti." Et il s'en alla à travers toute la Galilée, prêchant dans leurs synagogues et chassant les démons. Un lépreux vient à lui, le supplie et, s'agenouillant, lui dit: "Si tu le veux, tu peux me purifier." Emu de compassion, il étendit la main, le toucha et lui dit: "Je le veux, sois purifié." Et aussitôt la lèpre le quitta et il fut purifié. Et le rudoyant, il le chassa aussitôt, et lui dit: "Garde-toi de rien dire à personne; mais va te montrer au prêtre et offre pour ta purification ce qu'a prescrit Moïse: ce leur sera une attestation." Mais lui, une fois parti, se mit à proclamer hautement et à divulguer la nouvelle, de sorte que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville, mais il se tenait dehors, dans des lieux déserts; et l'on venait à lui de toutes parts. Comme il était entré de nouveau à Capharnaüm, après quelque temps on apprit qu'il était à la maison. Et beaucoup se rassemblèrent, en sorte qu'il n'y avait plus de place, même devant la porte, et il leur annonçait la Parole. On vient lui apporter un paralytique, soulevé par quatre hommes. Et comme ils ne pouvaient pas le lui présenter à cause de la foule, ils découvrirent la terrasse au-dessus de l'endroit où il se trouvait et, ayant creusé un trou, ils font descendre le grabat où gisait le paralytique. Jésus, voyant leur foi, dit au paralytique: "Mon enfant, tes péchés sont remis." Or, il y avait là, dans l'assistance, quelques scribes qui pensaient dans leurs coeurs: "Comment celui-là parle-t-il ainsi? Il blasphème! Qui peut remettre les péchés, sinon Dieu seul?" Et aussitôt, percevant par son esprit qu'ils pensaient ainsi en eux-mêmes, Jésus leur dit: "Pourquoi de telles pensées dans vos coeurs? Quel est le plus facile, de dire au paralytique: Tes péchés sont remis, ou de dire: Lève-toi, prends ton grabat et marche? Eh bien! pour que vous sachiez que le Fils de l'homme a le pouvoir de remettre les péchés sur la terre, je te l'ordonne, dit-il au paralytique, lève-toi, prends ton grabat et va-t'en chez toi." Il se leva et aussitôt, prenant son grabat, il sortit devant tout le monde, de sorte que tous étaient stupéfaits et glorifiaient Dieu en disant: "Jamais nous n'avons rien vu de pareil." Il sortit de nouveau au bord de la mer, et toute la foule venait à lui et il les enseignait. En passant, il vit Lévi, le fils d'Alphée, assis au bureau de la douane, et il lui dit: "Suis-moi." Et, se levant, il le suivit. Alors qu'il était à table dans sa maison, beaucoup de publicains et de pécheurs se trouvaient à table avec Jésus et ses disciples: car il y en avait beaucoup qui le suivaient. Les scribes des Pharisiens, le voyant manger avec les pécheurs et les publicains, disaient à ses disciples: "Quoi? Il mange avec les publicains et les pécheurs?" Jésus, qui avait entendu, leur dit: "Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin de médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs." Les disciples de Jean et les Pharisiens étaient en train de jeûner, et on vient lui dire: "Pourquoi les disciples de Jean et les disciples des Pharisiens jeûnent-ils, et tes disciples ne jeûnent-ils pas?" Jésus leur dit: "Les compagnons de l'époux peuvent-ils jeûner pendant que l'époux est avec eux? Tant qu'il ont l'époux avec eux, il ne peuvent pas jeûner. Mais viendront des jours où l'époux leur sera enlevé; et alors ils jeûneront en ce jour-là. Personne ne coud une pièce de drap non foulé à un vieux vêtement; autrement, la pièce neuve tire sur le vieux vêtement, et la déchirure s'aggrave. Personne non plus ne met du vin nouveau dans des outres vieilles; autrement, le vin fera éclater les outres, et le vin est perdu aussi bien que les outres. Mais du vin nouveau dans des outres neuves!" Et il advint qu'un jour de sabbat il passait à travers les moissons et ses disciples se mirent à se frayer un chemin en arrachant les épis. Et les Pharisiens lui disaient: "Vois! Pourquoi font-ils le jour du sabbat ce qui n'est pas permis?" Il leur dit: "N'avez-vous jamais lu ce que fit David, lorsqu'il fut dans le besoin et qu'il eut faim, lui et ses compagnons, comment il entra dans la demeure de Dieu, au temps du grand prêtre Abiathar, et mangea les pains d'oblation qu'il n'est permis de manger qu'aux prêtres, et en donna aussi à ses compagnons?" Et il leur disait: "Le sabbat a été fait pour l'homme, et non l'homme pour le sabbat; en sorte que le Fils de l'homme est maître même du sabbat." Il entra de nouveau dans une synagogue, et il y avait là un homme qui avait la main desséchée. Et ils l'épiaient pour voir s'il allait le guérir, le jour du sabbat, afin de l'accuser. Il dit à l'homme qui avait la main sèche: "Lève-toi, là, au milieu." Et il leur dit: "Est-il permis, le jour du sabbat, de faire du bien plutôt que de faire du mal, de sauver une vie plutôt que de la tuer?" Mais eux se taisaient. Promenant alors sur eux un regard de colère, navré de l'endurcissement de leur coeur, il dit à l'homme: "Etends la main." Il l'étendit et sa main fut remise en état. Etant sortis, les Pharisiens tenaient aussitôt conseil avec les Hérodiens contre lui, en vue de le perdre. Jésus avec ses disciples se retira vers la mer et une grande multitude le suivit de la Galilée; et de la Judée, de Jérusalem, de l'Idumée, de la Transjordane, des environs de Tyr et de Sidon, une grande multitude, ayant entendu tout ce qu'il faisait, vint à lui. Et il dit à ses disciples qu'une petite barque fût tenue à sa disposition, à cause de la foule, pour qu'ils ne l'écrasent pas. Car il en guérit beaucoup, si bien que tous ceux qui avaient des infirmités se jetaient sur lui pour le toucher. Et les esprits impurs, lorsqu'ils le voyaient, se jetaient à ses pieds et criaient en disant: "Tu es le Fils de Dieu!" Et il leur enjoignait avec force de ne pas le faire connaître. Puis il gravit la montagne et il appelle à lui ceux qu'il voulait. Ils vinrent à lui, et il en institua Douze pour être ses compagnons et pour les envoyer prêcher, avec pouvoir de chasser les démons. Il institua donc les Douze, et il donna à Simon le nom de Pierre, puis Jacques, le fils de Zébédée, et Jean, le frère de Jacques, auxquels il donna le nom de Boanergès, c'est-à-dire fils du tonnerre, puis André, Philippe, Barthélemy, Matthieu, Thomas, Jacques, le fils d'Alphée, Thaddée, Simon le Zélé, et Judas Iscarioth, celui-là même qui le livra. Il vient à la maison et de nouveau la foule se rassemble, au point qu'ils ne pouvaient pas même manger de pain. Et les siens, l'ayant appris, partirent pour se saisir de lui, car ils disaient: "Il a perdu le sens." Et les scribes qui étaient descendus de Jérusalem disaient: "Il est possédé de Béelzéboul", et encore: "C'est par le prince des démons qu'il expulse les démons." Les ayant appelés près de lui, il leur disait en paraboles: "Comment Satan peut-il expulser Satan? Si un royaume est divisé contre lui-même, ce royaume-là ne peut subsister. Et si une maison est divisée contre elle-même, cette maison-là ne pourra se maintenir. Or, si Satan s'est dressé contre lui-même et s'est divisé, il ne peut pas tenir, il est fini. Mais nul ne peut pénétrer dans la maison d'un homme fort et piller ses affaires s'il n'a d'abord ligoté cet homme fort, et alors il pillera sa maison. "En vérité, je vous le dis, tout sera remis aux enfants des hommes, les péchés et les blasphèmes tant qu'il en auront proféré; mais quiconque aura blasphémé contre l'Esprit Saint n'aura jamais de rémission: il est coupable d'une faute éternelle." C'est qu'ils disaient: "Il est possédé d'un esprit impur." Sa mère et ses frères arrivent et, se tenant dehors, ils le firent appeler. Il y avait une foule assise autour de lui et on lui dit: "Voilà que ta mère et tes frères et tes soeurs sont là dehors qui te cherchent." Il leur répond: "Qui est ma mère? Et mes frères?" Et, promenant son regard sur ceux qui étaient assis en rond autour de lui, il dit: "Voici ma mère et mes frères. Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là m'est un frère et une soeur et une mère." Il se mit de nouveau à enseigner au bord de la mer et une foule très nombreuse s'assemble auprès de lui, si bien qu'il monte dans une barque et s'y assied, en mer; et toute la foule était à terre, près de la mer. Il leur enseignait beaucoup de choses en paraboles et il leur disait dans son enseignement: "Ecoutez! Voici que le semeur est sorti pour semer. Et il advint, comme il semait, qu'une partie du grain est tombée au bord du chemin, et les oiseaux sont venus et ont tout mangé. Une autre est tombée sur le terrain rocheux où elle n'avait pas beaucoup de terre, et aussitôt elle a levé, parce qu'elle n'avait pas de profondeur de terre; et lorsque le soleil s'est levé, elle a été brûlée et, faute de racine, s'est desséchée. Une autre est tombée dans les épines, et les épines ont monté et l'ont étouffée, et elle n'a pas donné de fruit. D'autres sont tombés dans la bonne terre, et ils ont donné du fruit en montant et en se développant, et ils ont produit l'un 30, l'autre 60, l'autre cent." Et il disait: "Entende, qui a des oreilles pour entendre!" Quand il fut à l'écart, ceux de son entourage avec les Douze l'interrogeaient sur les paraboles. Et il leur disait: "A vous le mystère du Royaume de Dieu a été donné; mais à ceux-là qui sont dehors tout arrive en paraboles, afin qu'ils aient beau regarder et ils ne voient pas, qu'ils aient beau entendre et ils ne comprennent pas, de peur qu'ils ne se convertissent et qu'il ne leur soit pardonné." Et il leur dit: "Vous ne saisissez pas cette parabole? Et comment comprendrez-vous toutes les paraboles? Le semeur, c'est la Parole qu'il sème. Ceux qui sont au bord du chemin où la Parole est semée, sont ceux qui ne l'ont pas plus tôt entendue que Satan arrive et enlève la Parole semée en eux. Et de même ceux qui sont semés sur les endroits rocheux, sont ceux qui, quand ils ont entendu la Parole, l'accueillent aussitôt avec joie, mais ils n'ont pas de racine en eux-mêmes et sont les hommes d'un moment: survienne ensuite une tribulation ou une persécution à cause de la Parole, aussitôt ils succombent. Et il y en a d'autres qui sont semés dans les épines: ce sont ceux qui ont entendu la Parole, mais les soucis du monde, la séduction de la richesse et les autres convoitises les pénètrent et étouffent la Parole, qui demeure sans fruit. Et il y a ceux qui ont été semés dans la bonne terre: ceux-là écoutent la Parole, l'accueillent et portent du fruit, l'un 30, l'autre 60, l'autre cent." Et il leur disait: "Est-ce que la lampe vient pour qu'on la mette sous le boisseau ou sous le lit? N'est-ce pas pour qu'on la mette sur le lampadaire? Car il n'y a rien de caché qui ne doive être manifesté et rien n'est demeuré secret que pour venir au grand jour. Si quelqu'un a des oreilles pour entendre, qu'il entende!" Et il leur disait: "Prenez garde à ce que vous entendez! De la mesure dont vous mesurez, on mesurera pour vous, et on vous donnera encore plus. Car celui qui a, on lui donnera, et celui qui n'a pas, même ce qu'il a lui sera enlevé." Et il disait: "Il en est du Royaume de Dieu comme d'un homme qui aurait jeté du grain en terre: qu'il dorme et qu'il se lève, nuit et jour, la semence germe et pousse, il ne sait comment. D'elle-même, la terre produit d'abord l'herbe, puis l'épi, puis plein de blé dans l'épi. Et quand le fruit s'y prête, aussitôt il y met la faucille, parce que la moisson est à point." Et il disait: "Comment allons-nous comparer le Royaume de Dieu? Ou par quelle parabole allons-nous le figurer? C'est comme un grain de sénevé qui, lorsqu'on le sème sur la terre, est la plus petite de toutes les graines qui sont sur la terre; mais une fois semé, il monte et devient la plus grande de toutes les plantes potagères, et il pousse de grandes branches, au point que les oiseaux du ciel peuvent s'abriter sous son ombre." C'est par un grand nombre de paraboles de ce genre qu'il leur annonçait la Parole selon qu'ils pouvaient l'entendre; et il ne leur parlait pas sans parabole, mais, en particulier, il expliquait tout à ses disciples. Ce jour-là, le soir venu, il leur dit: "Passons sur l'autre rive." Et laissant la foule, ils l'emmènent, comme il était, dans la barque; et il y avait d'autres barques avec lui. Survient alors une forte bourrasque, et les vagues se jetaient dans la barque, de sorte que déjà elle se remplissait. Et lui était à la poupe, dormant sur le coussin. Ils le réveillent et lui disent: "Maître, tu ne te soucies pas de ce que nous périssons?" S'étant réveillé, il menaça le vent et dit à la mer: "Silence! Tais-toi!" Et le vent tomba et il se fit un grand calme. Puis il leur dit: "Pourquoi avez-vous peur ainsi? Comment n'avez-vous pas de foi?" Alors ils furent saisis d'une grande crainte et ils se disaient les uns aux autres: "Qui est-il donc celui-là, que même le vent et la mer lui obéissent?" Ils arrivèrent sur l'autre rive de la mer, au pays des Géraséniens. Et aussitôt que Jésus eut débarqué, vint à sa rencontre, des tombeaux, un homme possédé d'un esprit impur: il avait sa demeure dans les tombes et personne ne pouvait plus le lier, même avec une chaîne, car souvent on l'avait lié avec des entraves et avec des chaînes, mais il avait rompu les chaînes et brisé les entraves, et personne ne parvenait à le dompter. Et sans cesse, nuit et jour, il était dans les tombes et dans les montagnes, poussant des cris et se tailladant avec des pierres. Voyant Jésus de loin, il accourut, se prosterna devant lui et cria d'une voix forte: "Que me veux-tu, Jésus, fils du Dieu Très-Haut? Je t'adjure par Dieu, ne me tourmente pas!" Il lui disait en effet: "Sors de cet homme, esprit impur!" Et il l'interrogeait: "Quel est ton nom?" Il dit: "Légion est mon nom, car nous sommes beaucoup." Et il le suppliait instamment de ne pas les expulser hors du pays. Or il y avait là, sur la montagne, un grand troupeau de porcs en train de paître. Et les esprits impurs supplièrent Jésus en disant: "Envoie-nous vers les porcs, que nous y entrions." Et il le leur permit. Sortant alors, les esprits impurs entrèrent dans les porcs et le troupeau se précipita du haut de l'escarpement dans la mer, au nombre d'environ 2.000, et ils se noyaient dans la mer. Leurs gardiens prirent la fuite et rapportèrent la nouvelle à la ville et dans les fermes; et les gens vinrent pour voir qu'est-ce qui s'était passé. Ils arrivent auprès de Jésus et ils voient le démoniaque assis, vêtu et dans son bon sens, lui qui avait eu la Légion, et ils furent pris de peur. Les témoins leur racontèrent comment cela s'était passé pour le possédé et ce qui était arrivé aux porcs. Alors ils se mirent à prier Jésus de s'éloigner de leur territoire. Comme il montait dans la barque, l'homme qui avait été possédé le priait pour rester en sa compagnie. Il ne le lui accorda pas, mais il lui dit: "Va chez toi, auprès des tiens, et rapporte-leur tout ce que le Seigneur a fait pour toi dans sa miséricorde." Il s'en alla donc et se mit à proclamer dans la Décapole tout ce que Jésus avait fait pour lui, et tout le monde était dans l'étonnement. Lorsque Jésus eut traversé à nouveau en barque vers l'autre rive, une foule nombreuse se rassembla autour de lui, et il se tenait au bord de la mer. Arrive alors un des chefs de synagogue, nommé Jaïre, qui, le voyant, tombe à ses pieds et le prie avec instance: "Ma petite fille est à toute extrémité, viens lui imposer les mains pour qu'elle soit sauvée et qu'elle vive." Il partit avec lui, et une foule nombreuse le suivait, qui le pressait de tous côtés. Or, une femme atteinte d'un flux de sang depuis douze années, qui avait beaucoup souffert du fait de nombreux médecins et avait dépensé tout son avoir sans aucun profit, mais allait plutôt de mal en pis, avait entendu parler de Jésus; venant par derrière dans la foule, elle toucha son manteau. Car elle se disait: "Si je touche au moins ses vêtements, je serai sauvée." Et aussitôt la source d'où elle perdait le sang fut tarie, et elle sentit dans son corps qu'elle était guérie de son infirmité. Et aussitôt Jésus eut conscience de la force qui était sortie de lui, et s'étant retourné dans la foule, il disait "Qui a touché mes vêtements?" Ses disciples lui disaient: "Tu vois la foule qui te presse de tous côtés, et tu dis: Qui m'a touché?" Et il regardait autour de lui pour voir celle qui avait fait cela. Alors la femme, craintive et tremblante, sachant bien ce qui lui était arrivé, vint se jeter à ses pieds et lui dit toute la vérité. Et il lui dit: "Ma fille, ta foi t'a sauvée; va en paix et sois guérie de ton infirmité." Tandis qu'il parlait encore, arrivent de chez le chef de synagogue des gens qui disent: "Ta fille est morte; pourquoi déranges-tu encore le Maître?" Mais Jésus, qui avait surpris la parole qu'on venait de prononcer, dit au chef de synagogue: "Sois sans crainte; aie seulement la foi." Et il ne laissa personne l'accompagner, si ce n'est Pierre, Jacques et Jean, le frère de Jacques. Ils arrivent à la maison du chef de synagogue et il aperçoit du tumulte, des gens qui pleuraient et poussaient de grandes clameurs. Etant entré, il leur dit: "Pourquoi ce tumulte et ces pleurs? L'enfant n'est pas morte, mais elle dort." Et ils se moquaient de lui. Mais les ayant tous mis dehors, il prend avec lui le père et la mère de l'enfant, ainsi que ceux qui l'accompagnaient, et il pénètre là ou était l'enfant. Et prenant la main de l'enfant, il lui dit: "Talitha koum", ce qui se traduit: "Fillette, je te le dis, lève-toi!" Aussitôt la fillette se leva et elle marchait, car elle avait douze ans. Et ils furent saisis aussitôt d'une grande stupeur. Et il leur recommanda vivement que personne ne le sût et il dit de lui donner à manger. Etant sorti de là, il se rend dans sa patrie, et ses disciples le suivent. Le sabbat venu, il se mit à enseigner dans la synagogue, et le grand nombre en l'entendant étaient frappés et disaient: "D'où cela lui vient-il? Et qu'est-ce que cette sagesse qui lui a été donnée et ces grands miracles qui se font par ses mains? Celui-là n'est-il pas le charpentier, le fils de Marie, le frère de Jacques, de Joset, de Jude et de Simon? Et ses soeurs ne sont-elles pas ici chez nous?" Et il étaient choqués à son sujet. Et Jésus leur disait: "Un prophète n'est méprisé que dans sa patrie, dans sa parenté et dans sa maison." Et il ne pouvait faire là aucun miracle, si ce n'est qu'il guérit quelques infirmes en leur imposant les mains. Et il s'étonna de leur manque de foi. Il parcourait les villages à la ronde en enseignant. Il appelle à lui les Douze et il se mit à les envoyer en mission deux à deux, en leur donnant pouvoir sur les esprits impurs. Et il leur prescrivit de ne rien prendre pour la route qu'un bâton seulement, ni pain, ni besace, ni menue monnaie pour la ceinture, mais: "Allez chaussés de sandales et ne mettez pas deux tuniques." Et il leur disait: "Où que vous entriez dans une maison, demeurez-y jusqu'à ce que vous partiez de là. Et si un endroit ne vous accueille pas et qu'on ne vous écoute pas, sortez de là et secouez la poussière qui est sous vos pieds, en témoignage contre eux." Etant partis, ils prêchèrent qu'on se repentît; et ils chassaient beaucoup de démons et faisaient des onctions d'huile à de nombreux infirmes et les guérissaient. Le roi Hérode entendit parler de lui, car son nom était devenu célèbre, et l'on disait: "Jean le Baptiste est ressuscité d'entre les morts; d'où les pouvoirs miraculeux qui se déploient en sa personne." D'autres disaient: "C'est Elie." Et d'autres disaient: "C'est un prophète comme les autres prophètes." Hérode donc, en ayant entendu parler, disait: "C'est Jean que j'ai fait décapiter, qui est ressuscité!" En effet, c'était lui, Hérode, qui avait envoyé arrêter Jean et l'enchaîner en prison, à cause d'Hérodiade, la femme de Philippe son frère qu'il avait épousée. Car Jean disait à Hérode: "Il ne t'est pas permis d'avoir la femme de ton frère." Quant à Hérodiade, elle était acharnée contre lui et voulait le tuer, mais elle ne le pouvait pas, parce que Hérode craignait Jean, sachant que c'était un homme juste et saint, et il le protégeait; quand il l'avait entendu, il était fort perplexe, et c'était avec plaisir qu'il l'écoutait. Or vint un jour propice, quand Hérode, à l'anniversaire de sa naissance, fit un banquet pour les grands de sa cour, les officiers et les principaux personnages de la Galilée: la fille de la dite Hérodiade entra et dansa, et elle plut à Hérode et aux convives. Alors le roi dit à la jeune fille: "Demande-moi ce que tu voudras, je te le donnerai." Et il lui fit un serment: "Tout ce que tu me demanderas, je te le donnerai, jusqu'à la moitié de mon royaume!" Elle sortit et dit à sa mère: "Que vais-je demander" - "La tête de Jean le Baptiste", dit celle-ci. Rentrant aussitôt en hâte auprès du roi, elle lui fit cette demande: "Je veux que tout de suite tu me donnes sur un plat la tête de Jean le Baptiste." Le roi fut très contristé, mais à cause de ses serments et des convives, il ne voulut pas lui manquer de parole. Et aussitôt le roi envoya un garde en lui ordonnant d'apporter la tête de Jean. Le garde s'en alla et le décapita dans la prison; puis il apporta sa tête sur un plat et la donna à la jeune fille, et la jeune fille la donna à sa mère. Les disciples de Jean, l'ayant appris, vinrent prendre son cadavre et le mirent dans un tombeau. Les apôtres se réunissent auprès de Jésus, et ils lui rapportèrent tout ce qu'ils avaient fait et tout ce qu'ils avaient enseigné. Et il leur dit: "Venez vous-mêmes à l'écart, dans un lieu désert, et reposez-vous un peu." De fait, les arrivants et les partants étaient si nombreux que les apôtres n'avaient pas même le temps de manger. Ils partirent donc dans la barque vers un lieu désert, à l'écart. Les voyant s'éloigner, beaucoup comprirent, et de toutes les villes on accourut là-bas, à pied, et on les devança. En débarquant, il vit une foule nombreuse et il en eut pitié, parce qu'ils étaient comme des brebis qui n'ont pas de berger, et il se mit à les enseigner longuement. L'heure étant déjà très avancée, ses disciples s'approchèrent et lui dirent: "L'endroit est désert et l'heure est déjà très avancée; renvoie-les afin qu'ils aillent dans les fermes et les villages d'alentour s'acheter de quoi manger." Il leur répondit: "Donnez-leur vous-mêmes à manger." Ils lui disent: "Faudra-t-il que nous allions acheter des pains pour 200 deniers, afin de leur donner à manger?" Il leur dit: "Combien de pains avez-vous? Allez voir." S'en étant informés, ils disent: "Cinq, et deux poissons." Alors il leur ordonna de les faire tous s'étendre par groupes de convives sur l'herbe verte. Et ils s'allongèrent à terre par carrés de cent et de 50. Prenant alors les cinq pains et les deux poissons, il leva les yeux au ciel, il bénit et rompit les pains, et il les donnait à ses disciples pour les leur servir. Il partagea aussi les deux poissons entre tous. Tous mangèrent et furent rassasiés; et l'on emporta les morceaux, plein douze couffins avec les restes des poissons. Et ceux qui avaient mangé les pains étaient 5.000 hommes. Et aussitôt il obligea ses disciples à monter dans la barque et à prendre les devants vers Bethsaïde, pendant que lui-même renverrait la foule. Et quand il les eut congédiés, il s'en alla dans la montagne pour prier. Le soir venu, la barque était au milieu de la mer, et lui, seul, à terre. Les voyant s'épuiser à ramer, car le vent leur était contraire, vers la quatrième veille de la nuit il vient vers eux en marchant sur la mer, et il allait les dépasser. Ceux-ci, le voyant marcher sur la mer, crurent que c'était un fantôme et poussèrent des cris; car tous le virent et furent troublés. Mais lui aussitôt leur parla et leur dit: "Ayez confiance, c'est moi, soyez sans crainte." Puis il monta auprès d'eux dans la barque et le vent tomba. Et ils étaient intérieurement au comble de la stupeur, car ils n'avaient pas compris le miracle des pains, mais leur esprit était bouché. Ayant achevé la traversée, ils touchèrent terre à Gennésaret et accostèrent. Quand ils furent sortis de la barque, aussitôt des gens qui l'avaient reconnu parcoururent toute cette région et se mirent à transporter les malades sur leurs grabats, là où l'on apprenait qu'il était. Et en tout lieu où il pénétrait, villages, villes ou fermes, on mettait les malades sur les places et on le priait de les laisser toucher ne fût-ce que la frange de son manteau, et tous ceux qui le touchaient étaient sauvés. Les Pharisiens et quelques scribes venus de Jérusalem se rassemblent auprès de lui, et voyant quelques-uns de ses disciples prendre leur repas avec des mains impures, c'est-à-dire non lavées -- les Pharisiens, en effet, et tous les Juifs ne mangent pas sans s'être lavé les bras jusqu'au coude, conformément à la tradition des anciens, et ils ne mangent pas au retour de la place publique avant de s'être aspergés d'eau, et il y a beaucoup d'autres pratiques qu'ils observent par tradition: lavages de coupes, de cruches et de plats d'airain --, donc les Pharisiens et les scribes l'interrogent: "Pourquoi tes disciples ne se comportent-ils pas suivant la tradition des anciens, mais prennent-ils leur repas avec des mains impures?" Il leur dit: "Isaïe a bien prophétisé de vous, hypocrites, ainsi qu'il est écrit: Ce peuple m'honore des lèvres; mais leur coeur est loin de moi. Vain est le culte qu'ils me rendent, les doctrines qu'ils enseignent ne sont que préceptes humains. Vous mettez de côté le commandement de Dieu pour vous attacher à la tradition des hommes." Et il leur disait: "Vous annulez bel et bien le commandement de Dieu pour observer votre tradition. En effet, Moïse a dit: Rends tes devoirs à ton père et à ta mère, et: Que celui qui maudit son père ou sa mère, soit puni de mort. Mais vous, vous dites: Si un homme dit à son père ou à sa mère: Je déclare korbân (c'est-à-dire offrande sacrée) les biens dont j'aurais pu t'assister, vous ne le laissez plus rien faire pour son père ou pour sa mère et vous annulez ainsi la parole de Dieu par la tradition que vous vous êtes transmise. Et vous faites bien d'autres choses du même genre." Et ayant appelé de nouveau la foule près de lui, il leur disait: "Ecoutez-moi tous et comprenez! Il n'est rien d'extérieur à l'homme qui, pénétrant en lui, puisse le souiller, mais ce qui sort de l'homme, voilà ce qui souille l'homme. Si quelqu'un a des oreilles pour entendre, qu'il entende!" Quand il fut entré dans la maison, à l'écart de la foule, ses disciples l'interrogeaient sur la parabole. Et il leur dit: "Vous aussi, vous êtes à ce point sans intelligence? Ne comprenez-vous pas que rien de ce qui pénètre du dehors dans l'homme ne peut le souiller, parce que cela ne pénètre pas dans le coeur, mais dans le ventre, puis s'en va aux lieux d'aisance" (ainsi il déclarait purs tous les aliments). Il disait: "Ce qui sort de l'homme, voilà ce qui souille l'homme. Car c'est du dedans, du coeur des hommes, que sortent les desseins pervers: débauches, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, ruse, impudicité, envie, diffamation, orgueil, déraison. Toutes ces mauvaises choses sortent du dedans et souillent l'homme." Partant de là, il s'en alla dans le territoire de Tyr. Etant entré dans une maison, il ne voulait pas que personne le sût, mais il ne put rester ignoré. Car aussitôt une femme, dont la petite fille avait un esprit impur, entendit parler de lui et vint se jeter à ses pieds. Cette femme était grecque, syrophénicienne de naissance, et elle le priait d'expulser le démon hors de sa fille. Et il lui disait: "Laisse d'abord les enfants se rassasier, car il ne sied pas de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens." Mais elle de répliquer et de lui dire: "Oui, Seigneur! et les petits chiens sous la table mangent les miettes des enfants!" Alors il lui dit: "A cause de cette parole, va, le démon est sorti de ta fille." Elle retourna dans sa maison et trouva l'enfant étendue sur son lit et le démon parti. S'en retournant du territoire de Tyr, il vint par Sidon vers la mer de Galilée, à travers le territoire de la Décapole. Et on lui amène un sourd, qui de plus parlait difficilement, et on le prie de lui imposer la main. Le prenant hors de la foule, à part, il lui mit ses doigts dans les oreilles et avec sa salive lui toucha la langue. Puis, levant les yeux au ciel, il poussa un gémissement et lui dit: "Ephphatha", c'est-à-dire: "Ouvre-toi!" Et ses oreilles s'ouvrirent et aussitôt le lien de sa langue se dénoua et il parlait correctement. Et Jésus leur recommanda de ne dire la chose à personne; mais plus il le leur recommandait, de plus belle ils la proclamaient. Ils étaient frappés au-delà de toute mesure et disaient: "Il a bien fait toutes choses: il fait entendre les sourds et parler les muets." En ces jours-là, comme il y avait de nouveau une foule nombreuse et qu'ils n'avaient pas de quoi manger, il appela à lui ses disciples et leur dit: "J'ai pitié de la foule, car voilà déjà trois jours qu'ils restent auprès de moi et ils n'ont pas de quoi manger. Si je les renvoie à jeun chez eux, ils vont défaillir en route, et il y en a parmi eux qui sont venus de loin." Ses disciples lui répondirent: "Où prendre de quoi rassasier de pains ces gens, ici, dans un désert?" Et il leur demandait: "Combien avez-vous de pains" - "Sept", dirent-ils. Et il ordonne à la foule de s'étendre à terre; et, prenant les sept pains, il rendit grâces, les rompit et il les donnait à ses disciples pour les servir, et ils les servirent à la foule. Ils avaient encore quelques petits poissons; après les avoir bénis, il dit de les servir aussi. Ils mangèrent et furent rassasiés, et l'on emporta les restes des morceaux: sept corbeilles! Or ils étaient environ 4.000. Et il les renvoya; et aussitôt, montant dans la barque avec ses disciples, il vint dans la région de Dalmanoutha. Les Pharisiens sortirent et se mirent à discuter avec lui; ils demandaient de lui un signe venant du ciel, pour le mettre à l'épreuve. Gémissant en son esprit, il dit: "Qu'a cette génération à demander un signe? En vérité, je vous le dis, il ne sera pas donné de signe à cette génération." Et les laissant là, il s'embarqua de nouveau et partit pour l'autre rive. Ils avaient oublié de prendre des pains et ils n'avaient qu'un pain avec eux dans la barque. Or il leur faisait cette recommandation: "Ouvrez l'oeil et gardez-vous du levain des Pharisiens et du levain d'Hérode." Et eux de faire entre eux cette réflexion: qu'ils n'ont pas de pains. Le sachant, il leur dit: "Pourquoi faire cette réflexion, que vous n'avez pas de pains? Vous ne comprenez pas encore et vous ne saisissez pas? Avez-vous donc l'esprit bouché, des yeux pour ne point voir et des oreilles pour ne point entendre? Et ne vous rappelez-vous pas, quand j'ai rompu les cinq pains pour les 5.000 hommes, combien de couffins pleins de morceaux vous avez emportés?" Ils lui disent: "Douze" -- "Et lors des sept pour les 4.000 hommes, combien de corbeilles pleines de morceaux avez-vous emportées?" Et ils disent: "Sept." Alors il leur dit: "Ne comprenez-vous pas encore?" Ils arrivent à Bethsaïde et on lui amène un aveugle, en le priant de le toucher. Prenant l'aveugle par la main, il le fit sortir hors du village. Après lui avoir mis de la salive sur les yeux et lui avoir imposé les mains, il lui demandait: "Aperçois-tu quelque chose?" Et l'autre, qui commençait à voir, de répondre: "J'aperçois les gens, c'est comme si c'était des arbres que je les vois marcher." Après cela, il mit de nouveau ses mains sur les yeux de l'aveugle, et celui-ci vit clair et fut rétabli, et il voyait tout nettement, de loin. Et Jésus le renvoya chez lui, en lui disant: "N'entre même pas dans le village." Jésus s'en alla avec ses disciples vers les villages de Césarée de Philippe, et en chemin il posait à ses disciples cette question: "Qui suis-je, au dire des gens?" Ils lui dirent: "Jean le Baptiste; pour d'autres, Elie; pour d'autres, un des prophètes" -- "Mais pour vous, leur demandait-il, qui suis-je?" Pierre lui répond: "Tu es le Christ." Alors il leur enjoignit de ne parler de lui à personne. Et il commença de leur enseigner: "Le Fils de l'homme doit beaucoup souffrir, être rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, être tué et, après trois jours, ressusciter; et c'est ouvertement qu'il disait ces choses. Pierre, le tirant à lui, se mit à le morigéner. Mais lui, se retournant et voyant ses disciples, admonesta Pierre et dit: "Passe derrière moi, Satan! car tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes!" Appelant à lui la foule en même temps que ses disciples, il leur dit: "Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se renie lui-même, qu'il se charge de sa croix, et qu'il me suive. Qui veut en effet sauver sa vie la perdra, mais qui perdra sa vie à cause de moi et de l'Evangile la sauvera. Que sert donc à l'homme de gagner le monde entier, s'il ruine sa propre vie? Et que peut donner l'homme en échange de sa propre vie? Car celui qui aura rougi de moi et de mes paroles dans cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l'homme aussi rougira de lui, quand il viendra dans la gloire de son Père avec les saints anges." Et il leur disait: "En vérité je vous le dis, il en est d'ici présents qui ne goûteront pas la mort avant d'avoir vu le Royaume de Dieu venu avec puissance." Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean et les emmène seuls, à l'écart, sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux et ses vêtements devinrent resplendissants, d'une telle blancheur qu'aucun foulon sur terre ne peut blanchir de la sorte. Elie leur apparut avec Moïse et ils s'entretenaient avec Jésus. Alors Pierre, prenant la parole, dit à Jésus: "Rabbi, il est heureux que nous soyons ici; faisons donc trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Elie." C'est qu'il ne savait que répondre, car ils étaient saisis de frayeur. Et une nuée survint qui les prit sous son ombre, et une voix partit de la nuée: "Celui-ci est mon Fils bien-aimé; écoutez-le." Soudain, regardant autour d'eux, ils ne virent plus personne, que Jésus seul avec eux. Comme ils descendaient de la montagne, il leur ordonna de ne raconter à personne ce qu'ils avaient vu, si ce n'est quand le Fils de l'homme serait ressuscité d'entre les morts. Ils gardèrent la recommandation, tout en se demandant entre eux ce que signifiait "ressusciter d'entre les morts." Et ils lui posaient cette question: "Pourquoi les scribes disent-ils qu'Elie doit venir d'abord?" Il leur dit: "Oui, Elie doit venir d'abord et tout remettre en ordre. Et comment est-il écrit du Fils de l'homme qu'il doit beaucoup souffrir et être méprisé? Mais je vous le dis: Elie est bien déjà venu et ils l'ont traité à leur guise, comme il est écrit de lui." En rejoignant les disciples, ils virent une foule nombreuse qui les entourait et des scribes qui discutaient avec eux. Et aussitôt qu'elle l'aperçut, toute la foule fut très surprise et ils accoururent pour le saluer. Et il leur demanda: "De quoi disputez-vous avec eux?" Quelqu'un de la foule lui dit: "Maître, je t'ai apporté mon fils qui a un esprit muet. Quand il le saisit, il le jette à terre, et il écume, grince des dents et devient raide. Et j'ai dit à tes disciples de l'expulser et ils n'en ont pas été capables" -- "Engeance incrédule, leur répond-il, jusques à quand serai-je auprès de vous? Jusques à quand vous supporterai-je? Apportez-le-moi." Et ils le lui apportèrent. Sitôt qu'il vit Jésus, l'esprit secoua violemment l'enfant qui tomba à terre et il s'y roulait en écumant. Et Jésus demanda au père: "Combien de temps y a-t-il que cela lui arrive" - "Depuis son enfance, dit-il; et souvent il l'a jeté soit dans le feu soit dans l'eau pour le faire périr. Mais si tu peux quelque chose, viens à notre aide, par pitié pour nous" -- "Si tu peux!... reprit Jésus; tout est possible à celui qui croit." Aussitôt le père de l'enfant de s'écrier: "Je crois! Viens en aide à mon peu de foi!" Jésus, voyant qu'une foule affluait, menaça l'esprit impur en lui disant: "Esprit muet et sourd, je te l'ordonne, sors de lui et n'y rentre plus." Après avoir crié et l'avoir violemment secoué, il sortit, et l'enfant devint comme mort, si bien que la plupart disaient: "Il a trépassé!" Mais Jésus, le prenant par la main, le releva et il se tint debout. Quand il fut rentré à la maison, ses disciples lui demandaient dans le privé: "Pourquoi nous autres, n'avons-nous pu l'expulser?" Il leur dit: "Cette espèce-là ne peut sortir que par la prière." Etant partis de là, ils faisaient route à travers la Galilée et il ne voulait pas qu'on le sût. Car il instruisait ses disciples et il leur disait: "Le Fils de l'homme est livré aux mains des hommes et ils le tueront, et quand il aura été tué, après trois jours il ressuscitera." Mais ils ne comprenaient pas cette parole et ils craignaient de l'interroger. Ils vinrent à Capharnaüm; et, une fois à la maison, il leur demandait: "De quoi discutiez-vous en chemin?" Eux se taisaient, car en chemin ils avaient discuté entre eux qui était le plus grand. Alors, s'étant assis, il appela les Douze et leur dit: "Si quelqu'un veut être le premier, il sera le dernier de tous et le serviteur de tous." Puis, prenant un petit enfant, il le plaça au milieu d'eux et, l'ayant embrassé, il leur dit: "Quiconque accueille un des petits enfants tels que lui à cause de mon nom, c'est moi qu'il accueille; et quiconque m'accueille, ce n'est pas moi qu'il accueille, mais Celui qui m'a envoyé." Jean lui dit: "Maître, nous avons vu quelqu'un expulser des démons en ton nom, quelqu'un qui ne nous suit pas, et nous voulions l'empêcher, parce qu'il ne nous suivait pas." Mais Jésus dit: "Ne l'en empêchez pas, car il n'est personne qui puisse faire un miracle en invoquant mon nom et sitôt après parler mal de moi. Qui n'est pas contre nous est pour nous. "Quiconque vous donnera à boire un verre d'eau pour ce motif que vous êtes au Christ, en vérité, je vous le dis, il ne perdra pas sa récompense. "Mais si quelqu'un doit scandaliser l'un de ces petits qui croient, il serait mieux pour lui de se voir passer autour du cou une de ces meules que tournent les ânes et d'être jeté à la mer. Et si ta main est pour toi une occasion de péché, coupe-la: mieux vaut pour toi entrer manchot dans la Vie que de t'en aller avec tes deux mains dans la géhenne, dans le feu qui ne s'éteint pas. *** Et si ton pied est pour toi une occasion de péché, coupe-le: mieux vaut pour toi entrer estropié dans la Vie que d'être jeté avec tes deux pieds dans la géhenne. *** Et si ton oeil est pour toi une occasion de péché, arrache-le: mieux vaut pour toi entrer borgne dans le Royaume de Dieu que d'être jeté avec tes deux yeux dans la géhenne où leur ver ne meurt point et où le feu ne s'éteint point. Car tous seront salés par le feu. C'est une bonne chose que le sel; mais si le sel devient insipide, avec quoi l'assaisonnerez-vous? Ayez du sel en vous-mêmes et vivez en paix les uns avec les autres." Partant de là, il vient dans le territoire de la Judée et au-delà du Jourdain, et de nouveau les foules se rassemblent auprès de lui et, selon sa coutume, de nouveau il les enseignait. S'approchant, des Pharisiens lui demandaient: "Est-il permis à un mari de répudier sa femme?" C'était pour le mettre à l'épreuve. Il leur répondit: "Qu'est-ce que Moïse vous a prescrit" -- "Moïse, dirent-ils, a permis de rédiger un acte de divorce et de répudier." Alors Jésus leur dit: "C'est en raison de votre dureté de coeur qu'il a écrit pour vous cette prescription. Mais dès l'origine de la création Il les fit homme et femme. Ainsi donc l'homme quittera son père et sa mère, et les deux ne feront qu'une seule chair. Ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Eh bien! ce que Dieu a uni, l'homme ne doit point le séparer." Rentrés à la maison, les disciples l'interrogeaient de nouveau sur ce point. Et il leur dit: "Quiconque répudie sa femme et en épouse une autre, commet un adultère à son égard; et si une femme répudie son mari et en épouse un autre, elle commet un adultère." On lui présentait des petits enfants pour qu'il les touchât, mais les disciples les rabrouèrent. Ce que voyant, Jésus se fâcha et leur dit: "Laissez les petits enfants venir à moi; ne les empêchez pas, car c'est à leurs pareils qu'appartient le Royaume de Dieu. En vérité je vous le dis: quiconque n'accueille pas le Royaume de Dieu en petit enfant, n'y entrera pas." Puis il les embrassa et les bénit en leur imposant les mains. Il se mettait en route quand un homme accourut et, s'agenouillant devant lui, il l'interrogeait: "Bon maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle?" Jésus lui dit: "Pourquoi m'appelles-tu bon? Nul n'est bon que Dieu seul. Tu connais les commandements: Ne tue pas, ne commets pas d'adultère, ne vole pas, ne porte pas de faux témoignage, ne fais pas de tort, honore ton père et ta mère." "Maître --, lui dit-il, tout cela, je l'ai observé dès ma jeunesse." Alors Jésus fixa sur lui son regard et l'aima. Et il lui dit: "Une seule chose te manque: va, ce que tu as, vends-le et donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel; puis, viens, suis-moi." Mais lui, à ces mots, s'assombrit et il s'en alla contristé, car il avait de grands biens. Alors Jésus, regardant autour de lui, dit à ses disciples: "Comme il sera difficile à ceux qui ont des richesses d'entrer dans le Royaume de Dieu!" Les disciples étaient stupéfaits de ces paroles. Mais Jésus reprit et leur dit: "Mes enfants, comme il est difficile d'entrer dans le Royaume de Dieu! Il est plus facile à un chameau de passer par le trou de l'aiguille qu'à un riche d'entrer dans le Royaume de Dieu!" Ils restèrent interdits à l'excès et se disaient les uns aux autres: "Et qui peut être sauvé?" Fixant sur eux son regard, Jésus dit: "Pour les hommes, impossible, mais non pour Dieu: car tout est possible pour Dieu." Pierre se mit à lui dire: "Voici que nous, nous avons tout laissé et nous t'avons suivi." Jésus déclara: "En vérité, je vous le dis, nul n'aura laissé maison, frères, soeurs, mère, père, enfants ou champs à cause de moi et à cause de l'Evangile, qui ne reçoive le centuple dès maintenant, au temps présent, en maisons, frères, soeurs, mères, enfants et champs, avec des persécutions, et, dans le monde à venir, la vie éternelle. Beaucoup de premiers seront derniers et les derniers seront premiers." Ils étaient en route, montant à Jérusalem; et Jésus marchait devant eux, et ils étaient dans la stupeur, et ceux qui suivaient étaient effrayés. Prenant de nouveau les Douze avec lui, il se mit à leur dire ce qui allait lui arriver: "Voici que nous montons à Jérusalem, et le Fils de l'homme sera livré aux grands prêtres et aux scribes; ils le condamneront à mort et le livreront aux païens, ils le bafoueront, cracheront sur lui, le flagelleront et le tueront, et après trois jours il ressuscitera." Jacques et Jean, les fils de Zébédée, avancent vers lui et lui disent: "Maître, nous voulons que tu fasses pour nous ce que nous allons te demander." Il leur dit: "Que voulez-vous que je fasse pour vous" -- "Accorde-nous, lui dirent-ils, de siéger, l'un à ta droite et l'autre à ta gauche, dans ta gloire." Jésus leur dit: "Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire et être baptisés du baptême dont je vais être baptisé?" Ils lui dirent: "Nous le pouvons." Jésus leur dit: "La coupe que je vais boire, vous la boirez, et le baptême dont je vais être baptisé, vous en serez baptisés; quant à siéger à ma droite ou à ma gauche, il ne m'appartient pas de l'accorder, mais c'est pour ceux à qui cela a été destiné." Les dix autres, qui avaient entendu, se mirent à s'indigner contre Jacques et Jean. Les ayant appelés près de lui, Jésus leur dit: "Vous savez que ceux qu'on regarde comme les chefs des nations dominent sur elles en maîtres et que les grands leur font sentir leur pouvoir. Il ne doit pas en être ainsi parmi vous: au contraire, celui qui voudra devenir grand parmi vous, sera votre serviteur, et celui qui voudra être le premier parmi vous, sera l'esclave de tous. Aussi bien, le Fils de l'homme lui-même n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude." Ils arrivent à Jéricho. Et comme il sortait de Jéricho avec ses disciples et une foule considérable, le fils de Timée (Bartimée), un mendiant aveugle, était assis au bord du chemin. Quand il apprit que c'était Jésus le Nazarénien, il se mit à crier: "Fils de David, Jésus, aie pitié de moi!" Et beaucoup le rabrouaient pour lui imposer silence, mais lui criait de plus belle: "Fils de David, aie pitié de moi!" Jésus s'arrêta et dit: "Appelez-le." On appelle l'aveugle en lui disant: "Aie confiance! lève-toi, il t'appelle." Et lui, rejetant son manteau, bondit et vint à Jésus. Alors Jésus lui adressa la parole: "Que veux-tu que je fasse pour toi?" L'aveugle lui répondit: "Rabbouni, que je recouvre la vue!" Jésus lui dit: "Va, ta foi t'a sauvé." Et aussitôt il recouvra la vue et il cheminait à sa suite. Quand ils approchent de Jérusalem, en vue de Bethphagé et de Béthanie, près du mont des Oliviers, il envoie deux de ses disciples, en leur disant: "Allez au village qui est en face de vous, et aussitôt, en y pénétrant, vous trouverez, à l'attache, un ânon que personne au monde n'a encore monté. Détachez-le et amenez-le. Et si quelqu'un vous dit: Que faites-vous là? Dites: Le Seigneur en a besoin et aussitôt il va le renvoyer ici." Ils partirent et trouvèrent un ânon à l'attache près d'une porte, dehors, sur la rue, et ils le détachent. Quelques-uns de ceux qui se tenaient là leur dirent: "Qu'avez-vous à détacher cet ânon?" Ils dirent comme Jésus leur avait dit, et on les laissa faire. Ils amènent l'ânon à Jésus et ils mettent sur lui leurs manteaux et il s'assit dessus. Et beaucoup de gens étendirent leurs manteaux sur le chemin; d'autres, des jonchées de verdure qu'ils coupaient dans les champs. Et ceux qui marchaient devant et ceux qui suivaient criaient: "Hosanna! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur! Béni soit le Royaume qui vient, de notre père David! Hosanna au plus haut des cieux!" Il entra à Jérusalem dans le Temple et, après avoir tout regardé autour de lui, comme il était déjà tard, il sortit pour aller à Béthanie avec les Douze. Le lendemain, comme ils étaient sortis de Béthanie, il eut faim. Voyant de loin un figuier qui avait des feuilles, il alla voir s'il y trouverait quelque fruit, mais s'en étant approché, il ne trouva rien que des feuilles: car ce n'était pas la saison des figues. S'adressant au figuier, il lui dit: "Que jamais plus personne ne mange de tes fruits!" Et ses disciples l'entendaient. Ils arrivent à Jérusalem. Etant entré dans le Temple, il se mit à chasser les vendeurs et les acheteurs qui s'y trouvaient: il culbuta les tables des changeurs et les sièges des marchands de colombes, et il ne laissait personne transporter d'objet à travers le Temple. Et il les enseignait et leur disait: "N'est-il pas écrit: Ma maison sera appelée une maison de prière pour toutes les nations? Mais vous, vous en avez fait un repaire de brigands!" Cela vint aux oreilles des grands prêtres et des scribes et ils cherchaient comment le faire périr; car ils le craignaient, parce que tout le peuple était ravi de son enseignement. Le soir venu, il s'en allait hors de la ville. Passant au matin, ils virent le figuier desséché jusqu'aux racines. Et Pierre, se ressouvenant, lui dit: "Rabbi, regarde: le figuier que tu as maudit est desséché." En réponse, Jésus leur dit: "Ayez foi en Dieu. En vérité je vous le dis, si quelqu'un dit à cette montagne: Soulève-toi et jette-toi dans la mer, et s'il n'hésite pas dans son coeur, mais croit que ce qu'il dit va arriver, cela lui sera accordé. C'est pourquoi je vous dis: tout ce que vous demandez en priant, croyez que vous l'avez déjà reçu, et cela vous sera accordé. Et quand vous êtes debout en prière, si vous avez quelque chose contre quelqu'un, remettez-lui, afin que votre Père qui est aux cieux vous remette aussi vos offenses. *** Ils viennent de nouveau à Jérusalem. Et tandis qu'il circule dans le Temple, les grands prêtres, les scribes et les anciens viennent à lui et ils lui disaient: "Par quelle autorité fais-tu cela? Ou qui t'a donné cette autorité pour le faire?" Jésus leur dit: "Je vous poserai une seule question. Répondez-moi et je vous dirai par quelle autorité je fais cela. Le baptême de Jean était-il du Ciel ou des hommes? Répondez-moi." Or ils se faisaient par-devers eux ce raisonnement: "Si nous disons: Du Ciel, il dira: Pourquoi donc n'avez-vous pas cru en lui? Mais allons-nous dire: Des hommes?" Ils craignaient la foule car tous tenaient que Jean avait été réellement un prophète. Et ils font à Jésus cette réponse: "Nous ne savons pas." Et Jésus leur dit: "Moi non plus, je ne vous dis pas par quelle autorité je fais cela." Il se mit à leur parler en paraboles: "Un homme planta une vigne, l'entoura d'une clôture, y creusa un pressoir et y bâtit une tour; puis il la loua à des vignerons et partit en voyage. Il envoya un serviteur aux vignerons, le moment venu, pour recevoir d'eux une part des fruits de la vigne. Mais ils se saisirent de lui, le battirent et le renvoyèrent les mains vides. De nouveau, il leur envoya un autre serviteur: celui-là aussi, ils le frappèrent à la tête et le couvrirent d'outrages. Et il en envoya un autre: celui-là, ils le tuèrent; puis beaucoup d'autres: ils battirent les uns, tuèrent les autres. Il lui restait encore quelqu'un, un fils bien-aimé; il le leur envoya le dernier, en se disant: Ils respecteront mon fils. Mais ces vignerons se dirent entre eux: Celui-ci est l'héritier; venez, tuons-le, et l'héritage sera à nous. Et le saisissant, ils le tuèrent et le jetèrent hors de la vigne. Que fera le maître de la vigne? Il viendra, fera périr les vignerons et donnera la vigne à d'autres. Et n'avez-vous pas lu cette Ecriture: La pierre qu'avaient rejetée les bâtisseurs, c'est elle qui est devenue pierre de faîte; c'est là l'oeuvre du Seigneur et elle est admirable à nos yeux?" Ils cherchaient à l'arrêter, mais ils eurent peur de la foule. Ils avaient bien compris, en effet, que c'était pour eux qu'il avait dit la parabole. Et le laissant, ils s'en allèrent. Ils lui envoient alors quelques-uns des Pharisiens et des Hérodiens pour le prendre au piège dans sa parole. Ils viennent et lui disent: "Maître, nous savons que tu es véridique et que tu ne te préoccupes pas de qui que ce soit; car tu ne regardes pas au rang des personnes, mais tu enseignes en toute vérité la voie de Dieu. Est-il permis ou non de payer l'impôt à César? Devons-nous payer, oui ou non?" Mais lui, sachant leur hypocrisie, leur dit: "Pourquoi me tendez-vous un piège? Apportez-moi un denier, que je le voie." Ils en apportèrent un et il leur dit: "De qui est l'effigie que voici? Et l'inscription?" Ils lui dirent: "De César." Alors Jésus leur dit: "Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu." Et ils étaient fort surpris à son sujet. Alors viennent à lui des Sadducéens - de ces gens qui disent qu'il n'y a pas de résurrection - et ils l'interrogeaient en disant: "Maître, Moïse a écrit pour nous: Si quelqu'un a un frère qui meurt en laissant une femme sans enfant, que ce frère prenne la femme et suscite une postérité à son frère. Il y avait sept frères. Le premier prit femme et mourut sans laisser de postérité. Le second prit la femme et mourut aussi sans laisser de postérité, et de même le troisième; et aucun des sept ne laissa de postérité. Après eux tous, la femme aussi mourut. A la résurrection, quand ils ressusciteront, duquel d'entre eux sera-t-elle la femme? Car les sept l'auront eue pour femme." Jésus leur dit: "N'êtes-vous pas dans l'erreur, en ne connaissant ni les Ecritures ni la puissance de Dieu? Car, lorsqu'on ressuscite d'entre les morts, on ne prend ni femme ni mari, mais on est comme des anges dans les cieux. Quant au fait que les morts ressuscitent, n'avez-vous pas lu dans le Livre de Moïse, au passage du Buisson, comment Dieu lui a dit: Je suis le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob? Il n'est pas un Dieu de morts, mais de vivants. Vous êtes grandement dans l'erreur!" Un scribe qui les avait entendus discuter, voyant qu'il leur avait bien répondu, s'avança et lui demanda: "Quel est le premier de tous les commandements?" Jésus répondit: "Le premier c'est: Ecoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est l'unique Seigneur, et tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. Voici le second: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n'y a pas de commandement plus grand que ceux-là." Le scribe lui dit: "Fort bien, Maître, tu as eu raison de dire qu'Il est unique et qu'il n'y en a pas d'autre que Lui; l'aimer de tout son coeur, de toute son intelligence et de toute sa force, et aimer le prochain comme soi-même, vaut mieux que tous les holocaustes et tous les sacrifices." Jésus, voyant qu'il avait fait une remarque pleine de sens, lui dit: "Tu n'es pas loin du Royaume de Dieu." Et nul n'osait plus l'interroger. Prenant la parole, Jésus disait en enseignant dans le Temple: "Comment les scribes peuvent-ils dire que le Christ est fils de David? C'est David lui-même qui a dit par l'Esprit Saint: Le Seigneur a dit à mon Seigneur: Siège à ma droite, jusqu'à ce que j'aie mis tes ennemis dessous tes pieds. David en personne l'appelle Seigneur; comment alors peut-il être son fils?" Et la foule nombreuse l'écoutait avec plaisir. Il disait encore dans son enseignement: "Gardez-vous des scribes qui se plaisent à circuler en longues robes, à recevoir les salutations sur les places publiques, à occuper les premiers sièges dans les synagogues et les premiers divans dans les festins, qui dévorent les biens des veuves, et affectent de faire de longues prières. Ils subiront, ceux-là, une condamnation plus sévère." S'étant assis face au Trésor, il regardait la foule mettre de la petite monnaie dans le Trésor, et beaucoup de riches en mettaient abondamment. Survint une veuve pauvre qui y mit deux piécettes, soit un quart d'as. Alors il appela à lui ses disciples et leur dit: "En vérité, je vous le dis, cette veuve, qui est pauvre, a mis plus que tous ceux qui mettent dans le Trésor. Car tous ont mis de leur superflu, mais elle, de son indigence, a mis tout ce qu'elle possédait, tout ce qu'elle avait pour vivre." Comme il s'en allait hors du Temple, un de ses disciples lui dit: "Maître, regarde, quelles pierres! quelles constructions!" Et Jésus lui dit: "Tu vois ces grandes constructions? Il n'en restera pas pierre sur pierre qui ne soit jetée bas." Et comme il était assis sur le mont des Oliviers en face du Temple, Pierre, Jacques, Jean et André l'interrogeaient en particulier: "Dis-nous quand cela aura lieu et quel sera le signe que tout cela va finir?" Alors Jésus se mit à leur dire: "Prenez garde qu'on ne vous abuse. Il en viendra beaucoup sous mon nom, qui diront: C'est moi, et ils abuseront bien des gens. Lorsque vous entendrez parler de guerres et de rumeurs de guerres, ne vous alarmez pas: il faut que cela arrive, mais ce ne sera pas encore la fin. On se dressera, en effet, nation contre nation et royaume contre royaume. Il y aura par endroits des tremblements de terre, il y aura des famines. Ce sera le commencement des douleurs de l'enfantement. "Soyez sur vos gardes. On vous livrera aux sanhédrins, vous serez battus de verges dans les synagogues et vous comparaîtrez devant des gouverneurs et des rois, à cause de moi, pour rendre témoignage en face d'eux. Il faut d'abord que l'Evangile soit proclamé à toutes les nations. "Et quand on vous emmènera pour vous livrer, ne vous préoccupez pas de ce que vous direz, mais dites ce qui vous sera donné sur le moment: car ce n'est pas vous qui parlerez, mais l'Esprit Saint. Le frère livrera son frère à la mort, et le père son enfant; les enfants se dresseront contre leurs parents et les feront mourir. Et vous serez haïs de tous à cause de mon nom, mais celui qui aura tenu bon jusqu'au bout, celui-là sera sauvé. "Lorsque vous verrez l'abomination de la désolation installée là où elle ne doit pas être (que le lecteur comprenne!) alors que ceux qui seront en Judée s'enfuient dans les montagnes, que celui qui sera sur la terrasse ne descende pas pour rentrer dans sa maison et prendre ses affaires; et que celui qui sera aux champs ne retourne pas en arrière pour prendre son manteau! Malheur à celles qui seront enceintes et à celles qui allaiteront en ces jours-là! Priez pour que cela ne tombe pas en hiver. Car en ces jours-là il y aura une tribulation telle qu'il n'y en a pas eu de pareille depuis le commencement de la création qu'a créée Dieu jusqu'à ce jour, et qu'il n'y en aura jamais plus. Et si le Seigneur n'avait abrégé ces jours, nul n'aurait eu la vie sauve; mais à cause des élus qu'il a choisis, il a abrégé ces jours. Alors si quelqu'un vous dit: Voici: le Christ est ici!, Voici: il est là!, n'en croyez rien. Il surgira, en effet, des faux Christs et des faux prophètes qui opéreront des signes et des prodiges pour abuser, s'il était possible, les élus. Pour vous, soyez en garde: je vous ai prévenus de tout. Mais en ces jours-là, après cette tribulation, le soleil s'obscurcira, la lune ne donnera plus sa lumière, les étoiles se mettront à tomber du ciel et les puissances qui sont dans les cieux seront ébranlées. Et alors on verra le Fils de l'homme venant dans des nuées avec grande puissance et gloire. Et alors il enverra les anges pour rassembler ses élus, des quatre vents, de l'extrémité de la terre à l'extrémité du ciel. "Du figuier apprenez cette parabole. Dès que sa ramure devient flexible et que ses feuilles poussent, vous comprenez que l'été est proche. Ainsi vous, lorsque vous verrez cela arriver, comprenez qu'Il est proche, aux portes. En vérité je vous le dis, cette génération ne passera pas que tout cela ne soit arrivé. Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point. "Quant à la date de ce jour, ou à l'heure, personne ne les connaît, ni les anges dans le ciel, ni le Fils, personne que le Père. "Soyez sur vos gardes, veillez, car vous ne savez pas quand ce sera le moment. Il en sera comme d'un homme parti en voyage: il a quitté sa maison, donné pouvoir à ses serviteurs, à chacun sa tâche, et au portier il a recommandé de veiller. Veillez donc, car vous ne savez pas quand le maître de la maison va venir, le soir, à minuit, au chant du coq ou le matin, de peur que, venant à l'improviste, il ne vous trouve endormis. Et ce que je vous dis à vous, je le dis à tous: veillez!" La Pâque et les Azymes allaient avoir lieu dans deux jours, et les grands prêtres et les scribes cherchaient comment arrêter Jésus par ruse pour le tuer. Car ils se disaient: "Pas en pleine fête, de peur qu'il n'y ait du tumulte parmi le peuple." Comme il se trouvait à Béthanie, chez Simon le lépreux, alors qu'il était à table, une femme vint, avec un flacon d'albâtre contenant un nard pur de grand prix. Brisant le flacon, elle le lui versa sur la tête. Or il y en eut qui s'indignèrent entre eux: "A quoi bon ce gaspillage de parfum? Ce parfum pouvait être vendu plus de 300 deniers et donné aux pauvres." Et ils la rudoyaient. Mais Jésus dit: "Laissez-la; pourquoi la tracassez-vous? C'est une bonne oeuvre qu'elle a accomplie sur moi. Les pauvres, en effet, vous les aurez toujours avec vous et, quand vous le voudrez, vous pourrez leur faire du bien, mais moi, vous ne m'aurez pas toujours. Elle a fait ce qui était en son pouvoir: d'avance elle a parfumé mon corps pour l'ensevelissement. En vérité, je vous le dis, partout où sera proclamé l'Evangile, au monde entier, on redira aussi, à sa mémoire, ce qu'elle vient de faire." Judas Iscarioth, l'un des Douze, s'en alla auprès des grands prêtres pour le leur livrer. A cette nouvelle ils se réjouirent et ils promirent de lui donner de l'argent. Et il cherchait une occasion favorable pour le livrer. Le premier jour des Azymes, où l'on immolait la Pâque, ses disciples lui disent: "Où veux-tu que nous nous en allions préparer pour que tu manges la Pâque?" Il envoie alors deux de ses disciples, en leur disant: "Allez à la ville; vous rencontrerez un homme portant une cruche d'eau. Suivez-le, et là où il entrera, dites au propriétaire: Le Maître te fait dire: Où est ma salle, où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples? Et il vous montrera, à l'étage, une grande pièce garnie de coussins, toute prête; faites-y pour nous les préparatifs." Les disciples partirent et vinrent à la ville, et ils trouvèrent comme il leur avait dit, et ils préparèrent la Pâque. Le soir venu, il arrive avec les Douze. Et tandis qu'ils étaient à table et qu'ils mangeaient, Jésus dit: "En vérité, je vous le dis, l'un de vous me livrera, un qui mange avec moi." Ils devinrent tout tristes et se mirent à lui dire l'un après l'autre: "Serait-ce moi?" Il leur dit: "C'est l'un des Douze, qui plonge avec moi la main dans le même plat. Oui, le Fils de l'homme s'en va selon qu'il est écrit de lui; mais malheur à cet homme-là par qui le Fils de l'homme est livré! Mieux eût valu pour cet homme-là de ne pas naître!" Et tandis qu'ils mangeaient, il prit du pain, le bénit, le rompit et le leur donna en disant: "Prenez, ceci est mon corps." Puis, prenant une coupe, il rendit grâces et la leur donna, et ils en burent tous. Et il leur dit: "Ceci est mon sang, le sang de l'alliance, qui va être répandu pour une multitude. En vérité, je vous le dis, je ne boirai plus du produit de la vigne jusqu'au jour où je boirai le vin nouveau dans le Royaume de Dieu." Après le chant des Psaumes, ils partirent pour le mont des Oliviers. Et Jésus leur dit: "Tous vous allez succomber, car il est écrit: Je frapperai le pasteur et les brebis seront dispersées. Mais après ma résurrection, je vous précéderai en Galilée." Pierre lui dit: "Même si tous succombent, du moins pas moi!" Jésus lui dit: "En vérité, je te le dis: toi, aujourd'hui, cette nuit même, avant que le coq chante deux fois, tu m'auras renié trois fois." Mais lui reprenait de plus belle: "Dussé-je mourir avec toi, non, je ne te renierai pas." Et tous disaient de même. Ils parviennent à un domaine du nom de Gethsémani, et il dit à ses disciples: "Restez ici tandis que je prierai." Puis il prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et il commença à ressentir effroi et angoisse. Et il leur dit: "Mon âme est triste à en mourir; demeurez ici et veillez." Etant allé un peu plus loin, il tombait à terre, et il priait pour que, s'il était possible, cette heure passât loin de lui. Et il disait: "Abba (Père)! tout t'est possible: éloigne de moi cette coupe; pourtant, pas ce que je veux, mais ce que tu veux!" Il vient et les trouve en train de dormir; et il dit à Pierre: "Simon, tu dors? Tu n'as pas eu la force de veiller une heure? Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation: l'esprit est ardent, mais la chair est faible." Puis il s'en alla de nouveau et pria, en disant les mêmes paroles. De nouveau il vint et les trouva endormis, car leurs yeux étaient alourdis; et ils ne savaient que lui répondre. Une troisième fois il vient et leur dit: "Désormais vous pouvez dormir et vous reposer. C'en est fait. L'heure est venue: voici que le Fils de l'homme va être livré aux mains des pécheurs. Levez-vous! Allons! Voici que celui qui me livre est tout proche." Et aussitôt, comme il parlait encore, survient Judas, l'un des Douze, et avec lui une bande armée de glaives et de bâtons, venant de la part des grands prêtres, des scribes et des anciens. Or, le traître leur avait donné ce signe convenu: "Celui à qui je donnerai un baiser, c'est lui; arrêtez-le et emmenez-le sous bonne garde." Et aussitôt arrivé, il s'approcha de lui en disant: "Rabbi", et il lui donna un baiser. Les autres mirent la main sur lui et l'arrêtèrent. Alors l'un des assistants, dégainant son glaive, frappa le serviteur du Grand Prêtre et lui enleva l'oreille. S'adressant à eux, Jésus leur dit: "Suis-je un brigand, que vous vous soyez mis en campagne avec des glaives et des bâtons pour me saisir! Chaque jour j'étais auprès de vous dans le Temple, à enseigner, et vous ne m'avez pas arrêté. Mais c'est pour que les Ecritures s'accomplissent." Et, l'abandonnant, ils prirent tous la fuite. Un jeune homme le suivait, n'ayant pour tout vêtement qu'un drap, et on le saisit; mais lui, lâchant le drap, s'enfuit tout nu. Ils emmenèrent Jésus chez le Grand Prêtre, et tous les grands prêtres, les anciens et les scribes se rassemblent. Pierre l'avait suivi de loin jusqu'à l'intérieur du palais du Grand Prêtre et, assis avec les valets, ils se chauffait à la flambée. Or, les grands prêtres et tout le Sanhédrin cherchaient un témoignage contre Jésus pour le faire mourir et ils n'en trouvaient pas. Car plusieurs déposaient faussement contre lui et leurs témoignages ne concordaient pas. Quelques-uns se levèrent pour porter contre lui ce faux témoignage: "Nous l'avons entendu qui disait: Je détruirai ce Sanctuaire fait de main d'homme et en trois jours j'en rebâtirai un autre qui ne sera pas fait de main d'homme." Et sur cela même leurs dépositions n'étaient pas d'accord. Se levant alors au milieu, le Grand Prêtre interrogea Jésus: "Tu ne réponds rien? Qu'est-ce que ces gens attestent contre toi?" Mais lui se taisait et ne répondit rien. De nouveau le Grand Prêtre l'interrogeait, et il lui dit: "Tu es le Christ, le Fils du Béni" -- "Je le suis, dit Jésus, et vous verrez le Fils de l'homme siégeant à la droite de la Puissance et venant avec les nuées du ciel." Alors le Grand Prêtre déchira ses tuniques et dit: "Qu'avons-nous encore besoin de témoins? Vous avez entendu le blasphème; que vous en semble?" Tous prononcèrent qu'il était passible de mort. Et quelques-uns se mirent à lui cracher au visage, à le gifler et à lui dire: "Fais le prophète!" Et les valets le bourrèrent de coups. Comme Pierre était en bas dans la cour, arrive une des servantes du Grand Prêtre. Voyant Pierre qui se chauffait, elle le dévisagea et dit: "Toi aussi, tu étais avec le Nazarénien Jésus." Mais lui nia en disant: "Je ne sais pas, je ne comprends pas ce que tu dis." Puis il se retira dehors vers le vestibule et un coq chanta. La servante, l'ayant vu, recommença à dire aux assistants: "Celui-là en est!" Mais de nouveau il niait. Peu après, à leur tour, les assistants disaient à Pierre: "Vraiment tu en es; et d'ailleurs tu es Galiléen." Mais il se mit à jurer avec force imprécations: "Je ne connais pas cet homme dont vous parlez." Et aussitôt, pour la seconde fois, un coq chanta. Et Pierre se ressouvint de la parole que Jésus lui avait dite: "Avant que le coq chante deux fois, tu m'auras renié trois fois." Et il éclata en sanglots. Et aussitôt, le matin, les grands prêtres préparèrent un conseil avec les anciens, les scribes, et tout le Sanhédrin; puis, après avoir ligoté Jésus, ils l'emmenèrent et le livrèrent à Pilate. Pilate l'interrogea: "Tu es le roi des Juifs?" Jésus lui répond: "Tu le dis." Et les grands prêtres multipliaient contre lui les accusations. Et Pilate de l'interroger à nouveau: "Tu ne réponds rien? Vois tout ce dont ils t'accusent!" Mais Jésus ne répondit plus rien, si bien que Pilate était étonné. A chaque Fête, il leur relâchait un prisonnier, celui qu'ils demandaient. Or, il y avait en prison le nommé Barabbas, arrêté avec les émeutiers qui avaient commis un meurtre dans la sédition. La foule étant montée se mit à demander la grâce accoutumée. Pilate leur répondit: "Voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs?" Il se rendait bien compte que c'était par jalousie que les grands prêtres l'avaient livré. Cependant, les grands prêtres excitèrent la foule à demander qu'il leur relâchât plutôt Barabbas. Pilate, prenant de nouveau la parole, leur disait: "Que ferai-je donc de celui que vous appelez le roi des Juifs?" Mais eux crièrent de nouveau: "Crucifie-le!" Et Pilate de leur dire: "Qu'a-t-il donc fait de mal?" Mais ils n'en crièrent que plus fort: "Crucifie-le!" Pilate alors, voulant contenter la foule, leur relâcha Barabbas et, après avoir fait flageller Jésus, il le livra pour être crucifié. Les soldats l'emmenèrent à l'intérieur du palais, qui est le Prétoire, et ils convoquent toute la cohorte. Ils le revêtent de pourpre, puis, ayant tressé une couronne d'épines, ils la lui mettent. Et ils se mirent à le saluer: "Salut, roi des Juifs!" Et ils lui frappaient la tête avec un roseau et ils lui crachaient dessus, et ils ployaient le genou devant lui pour lui rendre hommage. Puis, quand ils se furent moqués de lui, ils lui ôtèrent la pourpre et lui remirent ses vêtements. Ils le mènent dehors afin de le crucifier. Et ils requièrent, pour porter sa croix, Simon de Cyrène, le père d'Alexandre et de Rufus, qui passait par là, revenant des champs. Et ils amènent Jésus au lieu dit Golgotha, ce qui se traduit lieu du Crâne. Et ils lui donnaient du vin parfumé de myrrhe, mais il n'en prit pas. Puis ils le crucifient et se partagent ses vêtements en tirant au sort ce qui reviendrait à chacun. C'était la troisième heure quand ils le crucifièrent. L'inscription qui indiquait le motif de sa condamnation était libellée: "Le roi des Juifs." Et avec lui ils crucifient deux brigands, l'un à sa droite, l'autre à sa gauche. *** Les passants l'injuriaient en hochant la tête et disant: "Hé! toi qui détruis le Sanctuaire et le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même en descendant de la croix!" Pareillement les grands prêtres se gaussaient entre eux avec les scribes et disaient: "Il en a sauvé d'autres et il ne peut se sauver lui-même! Que le Christ, le Roi d'Israël, descende maintenant de la croix, pour que nous voyions et que nous croyions!" Même ceux qui étaient crucifiés avec lui l'outrageaient. Quand il fut la sixième heure, l'obscurité se fit sur la terre entière jusqu'à la neuvième heure. Et à la neuvième heure Jésus clama en un grand cri: "Elôï, Elôï, lema sabachthani", ce qui se traduit: "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?" Certains des assistants disaient en l'entendant: "Voilà qu'il appelle Elie!" Quelqu'un courut tremper une éponge dans du vinaigre et, l'ayant mise au bout d'un roseau, il lui donnait à boire en disant: "Laissez! que nous voyions si Elie va venir le descendre!" Or Jésus, jetant un grand cri, expira. Et le voile du Sanctuaire se déchira en deux, du haut en bas. Voyant qu'il avait ainsi expiré, le centurion, qui se tenait en face de lui, s'écria: "Vraiment cet homme était fils de Dieu!" Il y avait aussi des femmes qui regardaient à distance, entre autres Marie de Magdala, Marie mère de Jacques le petit et de Joset, et Salomé, qui le suivaient et le servaient lorsqu'il était en Galilée; beaucoup d'autres encore qui étaient montées avec lui à Jérusalem. Déjà le soir était venu et comme c'était la Préparation, c'est-à-dire la veille du sabbat, Joseph d'Arimathie, membre notable du Conseil, qui attendait lui aussi le Royaume de Dieu, s'en vint hardiment trouver Pilate et réclama le corps de Jésus. Pilate s'étonna qu'il fût déjà mort et, ayant fait appeler le centurion, il lui demanda s'il était mort depuis longtemps. Informé par le centurion, il octroya le corps à Joseph. Celui-ci, ayant acheté un linceul, descendit Jésus, l'enveloppa dans le linceul et le déposa dans une tombe qui avait été taillée dans le roc; puis il roula une pierre à l'entrée du tombeau. Or, Marie de Magdala et Marie, mère de Joset, regardaient où on l'avait mis. Quand le sabbat fut passé, Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques, et Salomé achetèrent des aromates pour aller oindre le corps. Et de grand matin, le premier jour de la semaine, elles vont à la tombe, le soleil s'étant levé. Elles se disaient entre elles: "Qui nous roulera la pierre hors de la porte du tombeau?" Et ayant levé les yeux, elles virent que la pierre avait été roulée de côté: or elle était fort grande. Etant entrées dans le tombeau, elles virent un jeune homme assis à droite, vêtu d'une robe blanche, et elles furent saisies de stupeur. Mais il leur dit: "Ne vous effrayez pas. C'est Jésus le Nazarénien que vous cherchez, le Crucifié: ils est ressuscité, il n'est pas ici. Voici le lieu où on l'avait mis. Mais allez dire à ses disciples et à Pierre, qu'il vous précède en Galilée: c'est là que vous le verrez, comme il vous l'a dit." Elles sortirent et s'enfuirent du tombeau, parce qu'elles étaient toutes tremblantes et hors d'elles-mêmes. Et elles ne dirent rien à personne, car elles avaient peur... Ressuscité le matin, le premier jour de la semaine, il apparut d'abord à Marie de Magdala dont il avait chassé sept démons. Celle-ci alla le rapporter à ceux qui avaient été ses compagnons et qui étaient dans le deuil et les larmes. Et ceux-là, l'entendant dire qu'il vivait et qu'elle l'avait vu, ne la crurent pas. Après cela, il se manifesta sous d'autres traits à deux d'entre eux qui étaient en chemin et s'en allaient à la campagne. Et ceux-là revinrent l'annoncer aux autres, mais on ne les crut pas non plus. Enfin il se manifesta aux Onze eux-mêmes pendant qu'ils étaient à table, et il leur reprocha leur incrédulité et leur obstination à ne pas ajouter foi à ceux qui l'avaient vu ressuscité. Et il leur dit: "Allez dans le monde entier, proclamez l'Evangile à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé; celui qui ne croira pas, sera condamné. Et voici les signes qui accompagneront ceux qui auront cru: en mon nom ils chasseront les démons, ils parleront en langues nouvelles, ils saisiront des serpents, et s'ils boivent quelque poison mortel, il ne leur fera pas de mal; ils imposeront les mains aux infirmes et ceux-ci seront guéris." Or le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et il s'assit à la droite de Dieu. Pour eux, ils s'en allèrent prêcher en tout lieu, le Seigneur agissant avec eux et confirmant la Parole par les signes qui l'accompagnaient. Puisque beaucoup ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous, d'après ce que nous ont transmis ceux qui furent dès le début témoins oculaires et serviteurs de la Parole, j'ai décidé, moi aussi, après m'être informé exactement de tout depuis les origines d'en écrire pour toi l'exposé suivi, excellent Théophile, pour que tu te rendes bien compte de la sûreté des enseignements que tu as reçus. Il y eut aux jours d'Hérode, roi de Judée, un prêtre du nom de Zacharie, de la classe d'Abia, et il avait pour femme une descendante d'Aaron, dont le nom était Elisabeth. Tous deux étaient justes devant Dieu, et ils suivaient, irréprochables, tous les commandements et observances du Seigneur. Mais ils n'avaient pas d'enfant, parce qu'Elisabeth était stérile et que tous deux étaient avancés en âge. Or il advint, comme il remplissait devant Dieu les fonctions sacerdotales au tour de sa classe, qu'il fut, suivant la coutume sacerdotale, désigné par le sort pour entrer dans le sanctuaire du Seigneur et y brûler l'encens. Et toute la multitude du peuple était en prière, dehors, à l'heure de l'encens. Alors lui apparut l'Ange du Seigneur, debout à droite de l'autel de l'encens. A cette vue, Zacharie fut troublé et la crainte fondit sur lui. Mais l'ange lui dit: "Sois sans crainte, Zacharie, car ta supplication a été exaucée; ta femme Elisabeth t'enfantera un fils, et tu l'appelleras du nom de Jean. Tu auras joie et allégresse, et beaucoup se réjouiront de sa naissance. Car il sera grand devant le Seigneur; il ne boira ni vin ni boisson forte; il sera rempli d'Esprit Saint dès le sein de sa mère et il ramènera de nombreux fils d'Israël au Seigneur, leur Dieu. Il marchera devant lui avec l'esprit et la puissance d'Elie, pour ramener le coeur des pères vers les enfants et les rebelles à la prudence des justes, préparant au Seigneur un peuple bien disposé." Zacharie dit à l'ange: "A quoi connaîtrai-je cela? Car moi je suis un vieillard et ma femme est avancée en âge." Et l'ange lui répondit: "Moi je suis Gabriel, qui me tiens devant Dieu, et j'ai été envoyé pour te parler et t'annoncer cette bonne nouvelle. Et voici que tu vas être réduit au silence et sans pouvoir parler jusqu'au jour où ces choses arriveront, parce que tu n'as pas cru à mes paroles, lesquelles s'accompliront en leur temps." Le peuple cependant attendait Zacharie et s'étonnait qu'il s'attardât dans le sanctuaire. Mais quand il sortit, il ne pouvait leur parler, et ils comprirent qu'il avait eu une vision dans le sanctuaire. Pour lui, il leur faisait des signes et demeurait muet. Et il advint, quand ses jours de service furent accomplis, qu'il s'en retourna chez lui. Quelque temps après, sa femme Elisabeth conçut, et elle se tenait cachée cinq mois durant. "Voilà donc, disait-elle, ce qu'a fait pour moi le Seigneur, au temps où il lui a plu d'enlever mon opprobre parmi les hommes!" Le sixième mois, l'ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, du nom de Nazareth, à une vierge fiancée à un homme du nom de Joseph, de la maison de David; et le nom de la vierge était Marie. Il entra et lui dit: "Réjouis-toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi." A cette parole elle fut toute troublée, et elle se demandait ce que signifiait cette salutation. Et l'ange lui dit: "Sois sans crainte, Marie; car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu concevras dans ton sein et enfanteras un fils, et tu l'appelleras du nom de Jésus. Il sera grand, et sera appelé Fils du Très-Haut. Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père; il régnera sur la maison de Jacob pour les siècles et son règne n'aura pas de fin." Mais Marie dit à l'ange: "Comment cela sera-t-il, puisque je ne connais pas d'homme?" L'ange lui répondit: "L'Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre; c'est pourquoi l'être saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu. Et voici qu'Elisabeth, ta parente, vient, elle aussi, de concevoir un fils dans sa vieillesse, et elle en est à son sixième mois, elle qu'on appelait la stérile; car rien n'est impossible à Dieu." Marie dit alors: "Je suis la servante du Seigneur; qu'il m'advienne selon ta parole!" Et l'ange la quitta. En ces jours-là, Marie partit et se rendit en hâte vers la région montagneuse, dans une ville de Juda. Elle entra chez Zacharie et salua Elisabeth. Et il advint, dès qu'Elisabeth eut entendu la salutation de Marie, que l'enfant tressaillit dans son sein et Elisabeth fut remplie d'Esprit Saint. Alors elle poussa un grand cri et dit: "Bénie es-tu entre les femmes, et béni le fruit de ton sein! Et comment m'est-il donné que vienne à moi la mère de mon Seigneur? Car, vois-tu, dès l'instant où ta salutation a frappé mes oreilles, l'enfant a tressailli d'allégresse en mon sein. Oui, bienheureuse celle qui a cru en l'accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur!" Marie dit alors: "Mon âme exalte le Seigneur, et mon esprit tressaille de joie en Dieu mon sauveur, parce qu'il a jeté les yeux sur l'abaissement de sa servante. Oui, désormais toutes les générations me diront bienheureuse, car le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses. Saint est son nom, et sa miséricorde s'étend d'âge en âge sur ceux qui le craignent. Il a déployé la force de son bras, il a dispersé les hommes au coeur superbe. Il a renversé les potentats de leurs trônes et élevé les humbles, Il a comblé de biens les affamés et renvoyé les riches les mains vides. Il est venu en aide à Israël, son serviteur, se souvenant de sa miséricorde, -- selon qu'il l'avait annoncé à nos pères - en faveur d'Abraham et de sa postérité à jamais!" Marie demeura avec elle environ trois mois, puis elle s'en retourna chez elle. Quant à Elisabeth, le temps fut accompli où elle devait enfanter, et elle mit au monde un fils. Ses voisins et ses proches apprirent que le Seigneur avait fait éclater sa miséricorde à son égard, et ils s'en réjouissaient avec elle. Et il advint, le huitième jour, qu'ils vinrent pour circoncire l'enfant. On voulait l'appeler Zacharie, du nom de son père; mais, prenant la parole, sa mère dit: "Non, il s'appellera Jean." Et on lui dit: "Il n'y a personne de ta parenté qui porte ce nom!" Et l'on demandait par signes au père comment il voulait qu'on l'appelât. Celui-ci demanda une tablette et écrivit: "Jean est son nom"; et ils en furent tous étonnés. A l'instant même, sa bouche s'ouvrit et sa langue se délia, et il parlait et bénissait Dieu. La crainte s'empara de tous leurs voisins, et dans la montagne de Judée tout entière on racontait toutes ces choses. Tous ceux qui en entendirent parler les mirent dans leur coeur, en disant: "Que sera donc cet enfant?" Et, de fait, la main du Seigneur était avec lui. Et Zacharie, son père, fut rempli d'Esprit Saint et se mit à prophétiser: "Béni soit le Seigneur, le Dieu d'Israël, de ce qu'il a visité et délivré son peuple, et nous a suscité une puissance de salut dans la maison de David, son serviteur, selon qu'il l'avait annoncé par la bouche de ses saints prophètes des temps anciens, pour nous sauver de nos ennemis et de la main de tous ceux qui nous haïssent. Ainsi fait-il miséricorde à nos pères, ainsi se souvient-il de son alliance sainte, du serment qu'il a juré à Abraham, notre père, de nous accorder que, sans crainte, délivrés de la main de nos ennemis, nous le servions en sainteté et justice devant lui, tout au long de nos jours. Et toi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut; car tu marcheras devant le Seigneur, pour lui préparer les voies, pour donner à son peuple la connaissance du salut par la rémission de ses péchés; grâce aux sentiments de miséricorde de notre Dieu, dans lesquels nous a visités l'Astre d'en haut, pour illuminer ceux qui demeurent dans les ténèbres et l'ombre de la mort, afin de guider nos pas dans le chemin de la paix." Cependant l'enfant grandissait, et son esprit se fortifiait. Et il demeurait dans les déserts jusqu'au jour de sa manifestation à Israël. Or, il advint, en ces jours-là, que parut un édit de César Auguste, ordonnant le recensement de tout le monde habité. Ce recensement, le premier, eut lieu pendant que Quirinius était gouverneur de Syrie. Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville. Joseph aussi monta de Galilée, de la ville de Nazareth, en Judée, à la ville de David, qui s'appelle Bethléem, - parce qu'il était de la maison et de la lignée de David -- afin de se faire recenser avec Marie, sa fiancée, qui était enceinte. Or il advint, comme ils étaient là, que les jours furent accomplis où elle devait enfanter. Elle enfanta son fils premier-né, l'enveloppa de langes et le coucha dans une crèche, parce qu'ils manquaient de place dans la salle. Il y avait dans la même région des bergers qui vivaient aux champs et gardaient leurs troupeaux durant les veilles de la nuit. L'Ange du Seigneur se tint près d'eux et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa clarté; et ils furent saisis d'une grande crainte. Mais l'ange leur dit: "Soyez sans crainte, car voici que je vous annonce une grande joie, qui sera celle de tout le peuple: aujourd'hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur, dans la ville de David. Et ceci vous servira de signe: vous trouverez un nouveau-né enveloppé de langes et couché dans une crèche." Et soudain se joignit à l'ange une troupe nombreuse de l'armée céleste, qui louait Dieu, en disant: "Gloire à Dieu au plus haut des cieux et sur la terre paix aux hommes objets de sa complaisance!" Et il advint, quand les anges les eurent quittés pour le ciel, que les bergers se dirent entre eux: "Allons jusqu'à Bethléem et voyons ce qui est arrivé et que le Seigneur nous a fait connaître." Ils vinrent donc en hâte et trouvèrent Marie, Joseph et le nouveau-né couché dans la crèche. Ayant vu, ils firent connaître ce qui leur avait été dit de cet enfant; et tous ceux qui les entendirent furent étonnés de ce que leur disaient les bergers. Quant à Marie, elle conservait avec soin toutes ces choses, les méditant en son coeur. Puis les bergers s'en retournèrent, glorifiant et louant Dieu pour tout ce qu'ils avaient entendu et vu, suivant ce qui leur avait été annoncé. Et lorsque furent accomplis les huit jours pour sa circoncision, il fut appelé du nom de Jésus, nom indiqué par l'ange avant sa conception. Et lorsque furent accomplis les jours pour leur purification, selon la loi de Moïse, ils l'emmenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, selon qu'il est écrit dans la Loi du Seigneur: Tout garçon premier-né sera consacré au Seigneur, et pour offrir en sacrifice, suivant ce qui est dit dans la Loi du Seigneur, un couple de tourterelles ou deux jeunes colombes. Et voici qu'il y avait à Jérusalem un homme du nom de Syméon. Cet homme était juste et pieux; il attendait la consolation d'Israël et l'Esprit Saint reposait sur lui. Et il avait été divinement averti par l'Esprit Saint qu'il ne verrait pas la mort avant d'avoir vu le Christ du Seigneur. Il vint donc au Temple, poussé par l'Esprit, et quand les parents apportèrent le petit enfant Jésus pour accomplir les prescriptions de la Loi à son égard, il le reçut dans ses bras, bénit Dieu et dit: "Maintenant, Souverain Maître, tu peux, selon ta parole, laisser ton serviteur s'en aller en paix; car mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé à la face de tous les peuples, lumière pour éclairer les nations et gloire de ton peuple Israël." Son père et sa mère étaient dans l'étonnement de ce qui se disait de lui. Syméon les bénit et dit à Marie, sa mère: "Vois! cet enfant doit amener la chute et le relèvement d'un grand nombre en Israël; il doit être un signe en butte à la contradiction, -- et toi-même, une épée te transpercera l'âme! - afin que se révèlent les pensées intimes de bien des coeurs." Il y avait aussi une prophétesse, Anne, fille de Phanouel, de la tribu d'Aser. Elle était fort avancée en âge. Après avoir, depuis sa virginité, vécu sept ans avec son mari, elle était restée veuve; parvenue à l'âge de 84 ans, elle ne quittait pas le Temple, servant Dieu nuit et jour dans le jeûne et la prière. Survenant à cette heure même, elle louait Dieu et parlait de l'enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem. Et quand ils eurent accompli tout ce qui était conforme à la Loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, à Nazareth, leur ville. Cependant l'enfant grandissait, se fortifiait et se remplissait de sagesse. Et la grâce de Dieu était sur lui. Ses parents se rendaient chaque année à Jérusalem pour la fête de la Pâque. Et lorsqu'il eut douze ans, ils y montèrent, comme c'était la coutume pour la fête. Une fois les jours écoulés, alors qu'ils s'en retournaient, l'enfant Jésus resta à Jérusalem à l'insu de ses parents. Le croyant dans la caravane, ils firent une journée de chemin, puis ils se mirent à le rechercher parmi leurs parents et connaissances. Ne l'ayant pas trouvé, ils revinrent, toujours à sa recherche, à Jérusalem. Et il advint, au bout de trois jours, qu'ils le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant; et tous ceux qui l'entendaient étaient stupéfaits de son intelligence et de ses réponses. A sa vue, ils furent saisis d'émotion, et sa mère lui dit: "Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela? Vois! ton père et moi, nous te cherchons, angoissés." Et il leur dit: "Pourquoi donc me cherchiez-vous? Ne saviez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père?" Mais eux ne comprirent pas la parole qu'il venait de leur dire. Il redescendit alors avec eux et revint à Nazareth; et il leur était soumis. Et sa mère gardait fidèlement toutes ces choses en son coeur. Quant à Jésus, il croissait en sagesse, en taille et en grâce devant Dieu et devant les hommes. L'an quinze du principat de Tibère César, Ponce Pilate étant gouverneur de Judée, Hérode tétrarque de Galilée, Philippe son frère tétrarque du pays d'Iturée et de Trachonitide, Lysanias tétrarque d'Abilène, sous le pontificat d'Anne et Caïphe, la parole de Dieu fut adressée à Jean, fils de Zacharie, dans le désert. Et il vint dans toute la région du Jourdain, proclamant un baptême de repentir pour la rémission des péchés, comme il est écrit au livre des paroles d'Isaïe le prophète: Voix de celui qui crie dans le désert: Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers; tout ravin sera comblé, et toute montagne ou colline sera abaissée; les passages tortueux deviendront droits et les chemins raboteux seront nivelés. Et toute chair verra le salut de Dieu. Il disait donc aux foules qui s'en venaient se faire baptiser par lui: "Engeance de vipères, qui vous a suggéré d'échapper à la Colère prochaine? Produisez donc des fruits dignes du repentir, et n'allez pas dire en vous-mêmes: Nous avons pour père Abraham. Car je vous dis que Dieu peut, des pierres que voici, faire surgir des enfants à Abraham. Déjà même la cognée se trouve à la racine des arbres; tout arbre donc qui ne produit pas de bon fruit va être coupé et jeté au feu." Et les foules l'interrogeaient, en disant: "Que nous faut-il donc faire?" Il leur répondait: "Que celui qui a deux tuniques partage avec celui qui n'en a pas, et que celui qui a de quoi manger fasse de même." Des publicains aussi vinrent se faire baptiser et lui dirent: "Maître, que nous faut-il faire?" Il leur dit: "N'exigez rien au-delà de ce qui vous est prescrit." Des soldats aussi l'interrogeaient, en disant: "Et nous, que nous faut-il faire?" Il leur dit: "Ne molestez personne, n'extorquez rien, et contentez-vous de votre solde." Comme le peuple était dans l'attente et que tous se demandaient en leur coeur, au sujet de Jean, s'il n'était pas le Christ, Jean prit la parole et leur dit à tous: "Pour moi, je vous baptise avec de l'eau, mais vient le plus fort que moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de ses sandales; lui vous baptisera dans l'Esprit Saint et le feu. Il tient en sa main la pelle à vanner pour nettoyer son aire et recueillir le blé dans son grenier; quant aux bales, il les consumera au feu qui ne s'éteint pas." Et par bien d'autres exhortations encore il annonçait au peuple la Bonne Nouvelle. Cependant Hérode le tétrarque, qu'il reprenait au sujet d'Hérodiade, la femme de son frère, et pour tous les méfaits qu'il avait commis, ajouta encore celui-ci à tous les autres: il fit enfermer Jean en prison. Or il advint, une fois que tout le peuple eut été baptisé et au moment où Jésus, baptisé lui aussi, se trouvait en prière, que le ciel s'ouvrit, et l'Esprit Saint descendit sur lui sous une forme corporelle, comme une colombe. Et une voix partit du ciel: "Tu es mon fils; moi, aujourd'hui, je t'ai engendré." Et Jésus, lors de ses débuts, avait environ 30 ans, et il était, à ce qu'on croyait, fils de Joseph, fils d'Héli, fils de Matthat, fils de Lévi, fils de Melchi, fils de Jannaï, fils de Joseph, fils de Mattathias, fils d'Amos, fils de Naoum, fils d'Esli, fils de Naggaï, fils de Maath, fils de Mattathias, fils de Séméin, fils de Josech, fils de Joda, fils de Joanan, fils de Résa, fils de Zorobabel, fils de Salathiel, fils de Néri, fils de Melchi, fils d'Addi, fils de Kosam, fils d'Elmadam, fils d'Er, fils de Jésus, fils d'Eliézer, fils de Jorim, fils de Matthat, fils de Lévi, fils de Syméon, fils de Juda, fils de Joseph, fils de Jonam, fils d'Eliakim, fils de Méléa, fils de Menna, fils de Mattatha, fils de Nathan, fils de David, fils de Jessé, fils de Jobed, fils de Booz, fils de Sala, fils de Naasson, fils d'Aminadab, fils d'Admin, fils d'Arni, fils de Hesron, fils de Pharès, fils de Juda, fils de Jacob, fils d'Isaac, fils d'Abraham, fils de Thara, fils de Nachor, fils de Sérouch, fils de Ragau, fils de Phalec, fils d'Eber, fils de Sala, fils de Kaïnam, fils d'Arphaxad, fils de Sem, fils de Noé, fils de Lamech, fils de Mathousala, fils de Hénoch, fils de Jaret, fils de Maleléel, fils de Kaïnam, fils d'Enos, fils de Seth, fils d'Adam, fils de Dieu. Jésus, rempli d'Esprit Saint, revint du Jourdain et il était mené par l'Esprit à travers le désert durant 40 jours, tenté par le diable. Il ne mangea rien en ces jours-là et, quand ils furent écoulés, il eut faim. Le diable lui dit: "Si tu es Fils de Dieu, dis à cette pierre qu'elle devienne du pain." Et Jésus lui répondit: "Il est écrit: Ce n'est pas de pain seul que vivra l'homme." L'emmenant plus haut, le diable lui montra en un instant tous les royaumes de l'univers et lui dit: "Je te donnerai tout ce pouvoir et la gloire de ces royaumes, car elle m'a été livrée, et je la donne à qui je veux. Toi donc, si tu te prosternes devant moi, elle t'appartiendra tout entière." Et Jésus lui dit: "Il est écrit: Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et à lui seul tu rendras un culte." Puis il le mena à Jérusalem, le plaça sur le pinacle du Temple et lui dit: "Si tu es Fils de Dieu, jette-toi d'ici en bas; car il est écrit: Il donnera pour toi des ordres à ses anges, afin qu'ils te gardent. Et encore: Sur leurs mains, ils te porteront, de peur que tu ne heurtes du pied quelque pierre." Mais Jésus lui répondit: "Il est dit: Tu ne tenteras pas le Seigneur, ton Dieu." Ayant ainsi épuisé toute tentation, le diable s'éloigna de lui jusqu'au moment favorable. Jésus retourna en Galilée, avec la puissance de l'Esprit, et une rumeur se répandit par toute la région à son sujet. Il enseignait dans leurs synagogues, glorifié par tous. Il vint à Nazara où il avait été élevé, entra, selon sa coutume le jour du sabbat, dans la synagogue, et se leva pour faire la lecture. On lui remit le livre du prophète Isaïe et, déroulant le livre, il trouva le passage où il était écrit: L'Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a consacré par l'onction, pour porter la bonne nouvelle aux pauvres. Il m'a envoyé annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer en liberté les opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur. Il replia le livre, le rendit au servant et s'assit. Tous dans la synagogue tenaient les yeux fixés sur lui. Alors il se mit à leur dire: "Aujourd'hui s'accomplit à vos oreilles ce passage de l'Ecriture." Et tous lui rendaient témoignage et étaient en admiration devant les paroles pleines de grâce qui sortaient de sa bouche. Et ils disaient: "N'est-il pas le fils de Joseph, celui-là?" Et il leur dit: "A coup sûr, vous allez me citer ce dicton: Médecin, guéris-toi toi-même. Tout ce qu'on nous a dit être arrivé à Capharnaüm, fais-le de même ici dans ta patrie." Et il dit: "En vérité, je vous le dis, aucun prophète n'est bien reçu dans sa patrie. "Assurément, je vous le dis, il y avait beaucoup de veuves en Israël aux jours d'Elie, lorsque le ciel fut fermé pour trois ans et six mois, quand survint une grande famine sur tout le pays; et ce n'est à aucune d'elles que fut envoyé Elie, mais bien à une veuve de Sarepta, au pays de Sidon. Il y avait aussi beaucoup de lépreux en Israël au temps du prophète Elisée; et aucun d'eux ne fut purifié, mais bien Naaman, le Syrien." Entendant cela, tous dans la synagogue furent remplis de fureur. Et, se levant, ils le poussèrent hors de la ville et le menèrent jusqu'à un escarpement de la colline sur laquelle leur ville était bâtie, pour l'en précipiter. Mais lui, passant au milieu d'eux, allait son chemin... Il descendit à Capharnaüm, ville de Galilée, et il les enseignait le jour du sabbat. Et ils étaient frappés de son enseignement, car il parlait avec autorité. Dans la synagogue il y avait un homme ayant un esprit de démon impur, et il cria d'une voix forte: "Ah! que nous veux-tu, Jésus le Nazarénien? Es-tu venu pour nous perdre? Je sais qui tu es: le Saint de Dieu." Et Jésus le menaça en disant: "Tais-toi, et sors de lui." Et le précipitant au milieu, le démon sortit de lui sans lui faire aucun mal. La frayeur les saisit tous, et ils se disaient les uns aux autres: "Quelle est cette parole? Il commande avec autorité et puissance aux esprits impurs et ils sortent!" Et un bruit se propageait à son sujet en tout lieu de la région." Partant de la synagogue, il entra dans la maison de Simon. La belle-mère de Simon était en proie à une forte fièvre, et ils le prièrent à son sujet. Se penchant sur elle, il menaça la fièvre, et elle la quitta; à l'instant même, se levant elle les servait. Au coucher du soleil, tous ceux qui avaient des malades atteints de maux divers les lui amenèrent, et lui, imposant les mains à chacun d'eux, il les guérissait. D'un grand nombre aussi sortaient des démons, qui vociféraient en disant: "Tu es le Fils de Dieu!" Mais, les menaçant, il ne leur permettait pas de parler, parce qu'ils savaient qu'il était le Christ. Le jour venu, il sortit et se rendit dans un lieu désert. Les foules le cherchaient et, l'ayant rejoint, elles voulaient le retenir et l'empêcher de les quitter. Mais il leur dit: "Aux autres villes aussi il me faut annoncer la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu, car c'est pour cela que j'ai été envoyé." Et il prêchait dans les synagogues de la Judée. Or il advint, comme la foule le serrait de près et écoutait la parole de Dieu, tandis que lui se tenait sur le bord du lac de Gennésaret, qu'il vit deux petites barques arrêtées sur le bord du lac; les pêcheurs en étaient descendus et lavaient leurs filets. Il monta dans l'une des barques, qui était à Simon, et pria celui-ci de s'éloigner un peu de la terre; puis, s'étant assis, de la barque il enseignait les foules. Quand il eut cessé de parler, il dit à Simon: "Avance en eau profonde, et lâchez vos filets pour la pêche." Simon répondit: "Maître, nous avons peiné toute une nuit sans rien prendre, mais sur ta parole je vais lâcher les filets." Et l'ayant fait, ils capturèrent une grande multitude de poissons, et leurs filets se rompaient. Ils firent signe alors à leurs associés qui étaient dans l'autre barque de venir à leur aide. Ils vinrent, et l'on remplit les deux barques, au point qu'elles enfonçaient. A cette vue, Simon-Pierre se jeta aux genoux de Jésus, en disant: "Eloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur!" La frayeur en effet l'avait envahi, lui et tous ceux qui étaient avec lui, à cause du coup de filet qu'ils venaient de faire; pareillement Jacques et Jean, fils de Zébédée, les compagnons de Simon. Mais Jésus dit à Simon: "Sois sans crainte; désormais ce sont des hommes que tu prendras." Et ramenant les barques à terre, laissant tout, ils le suivirent. Et il advint, comme il était dans une ville, qu'il y avait un homme plein de lèpre. A la vue de Jésus, il tomba sur la face et le pria en disant: "Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier." Il étendit la main et le toucha, en disant: "Je le veux, sois purifié." Et aussitôt la lèpre le quitta. Et il lui enjoignit de n'en parler à personne: "Mais va-t-en te montrer au prêtre, et offre pour ta purification selon ce qu'a prescrit Moïse: ce leur sera une attestation." Or, la nouvelle se répandait de plus en plus à son sujet, et des foules nombreuses s'assemblaient pour l'entendre et se faire guérir de leurs maladies. Mais lui se tenait retiré dans les déserts et priait. Et il advint, un jour qu'il était en train d'enseigner, qu'il y avait, assis, des Pharisiens et des docteurs de la Loi venus de tous les villages de Galilée, de Judée, et de Jérusalem; et la puissance du Seigneur lui faisait opérer des guérisons. Et voici des gens portant sur un lit un homme qui était paralysé, et ils cherchaient à l'introduire et à le placer devant lui. Et comme ils ne savaient par où l'introduire à cause de la foule, ils montèrent sur le toit et, à travers les tuiles, ils le descendirent avec sa civière, au milieu, devant Jésus. Voyant leur foi, il dit: "Homme, tes péchés te sont remis." Les scribes et les Pharisiens se mirent à penser: "Qui est-il celui-là, qui profère des blasphèmes? Qui peut remettre les péchés, sinon Dieu seul?" Mais, percevant leurs pensées, Jésus prit la parole et leur dit: "Pourquoi ces pensées dans vos coeurs? Quel est le plus facile, de dire: Tes péchés te sont remis, ou de dire: Lève-toi et marche? Eh bien! pour que vous sachiez que le Fils de l'homme a le pouvoir sur la terre de remettre les péchés, je te l'ordonne, dit-il au paralysé, lève-toi et, prenant ta civière, va chez toi." Et, à l'instant même, se levant devant eux, et prenant ce sur quoi il gisait, il s'en alla chez lui en glorifiant Dieu. Tous furent alors saisis de stupeur et ils glorifiaient Dieu. Ils furent remplis de crainte et ils disaient: "Nous avons vu d'étranges choses aujourd'hui!" Après cela il sortit, remarqua un publicain du nom de Lévi assis au bureau de la douane, et il lui dit: "Suis-moi." Et, quittant tout et se levant, il le suivait. Lévi lui fit un grand festin dans sa maison, et il y avait une foule nombreuse de publicains et d'autres gens qui se trouvaient à table avec eux. Les Pharisiens et leurs scribes murmuraient et disaient à ses disciples: "Pourquoi mangez-vous et buvez-vous avec les publicains et les pécheurs?" Et, prenant la parole, Jésus leur dit: "Ce ne sont pas les gens en bonne santé qui ont besoin de médecin, mais les malades; je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs, au repentir." Mais eux lui dirent: "Les disciples de Jean jeûnent fréquemment et font des prières, ceux des Pharisiens pareillement, et les tiens mangent et boivent!" Jésus leur dit: "Pouvez-vous faire jeûner les compagnons de l'époux pendant que l'époux est avec eux? Mais viendront des jours... et quand l'époux leur aura été enlevé, alors ils jeûneront en ces jours-là." Il leur disait encore une parabole: "Personne ne déchire une pièce d'un vêtement neuf pour la rajouter à un vieux vêtement; autrement, on aura déchiré le neuf, et la pièce prise au neuf jurera avec le vieux. "Personne non plus ne met du vin nouveau dans des outres vieilles; autrement, le vin nouveau fera éclater les outres, et il se répandra et les outres seront perdues. Mais du vin nouveau, il le faut mettre en des outres neuves. Et personne, après avoir bu du vin vieux, n'en veut du nouveau. On dit en effet: C'est le vieux qui est bon." Or il advint, un sabbat, qu'il traversait des moissons, et ses disciples arrachaient et mangeaient des épis en les froissant de leurs mains. Mais quelques Pharisiens dirent: "Pourquoi faites-vous ce qui n'est pas permis le jour du sabbat?" Jésus leur répondit: "Vous n'avez donc pas lu ce que fit David, lorsqu'il eut faim, lui et ses compagnons, comment il entra dans la demeure de Dieu, prit les pains d'oblation, en mangea et en donna à ses compagnons, ces pains qu'il n'est permis de manger qu'aux seuls prêtres?" Et il leur disait: "Le Fils de l'homme est maître du sabbat." Or il advint, un autre sabbat, qu'il entra dans la synagogue, et il enseignait. Il y avait là un homme dont la main droite était sèche. Les scribes et les Pharisiens l'épiaient pour voir s'il allait guérir, le sabbat, afin de trouver à l'accuser. Mais lui connaissait leurs pensées. Il dit donc à l'homme qui avait la main sèche: "Lève-toi et tiens-toi debout au milieu." Il se leva et se tint debout. Puis Jésus leur dit: "Je vous le demande: est-il permis, le sabbat, de faire le bien plutôt que de faire le mal, de sauver une vie plutôt que de la perdre?" Promenant alors son regard sur eux tous, il lui dit: "Etends ta main." L'autre le fit, et sa main fut remise en état. Mais eux furent remplis de rage, et ils se concertaient sur ce qu'ils pourraient bien faire à Jésus. Or il advint, en ces jours-là, qu'il s'en alla dans la montagne pour prier, et il passait toute la nuit à prier Dieu. Lorsqu'il fit jour, il appela ses disciples et il en choisit douze, qu'il nomma apôtres: Simon, qu'il nomma Pierre, André son frère, Jacques, Jean, Philippe, Barthélemy, Matthieu, Thomas, Jacques fils d'Alphée, Simon appelé le Zélote, Judas fils de Jacques, et Judas Iscarioth, qui devint un traître. Descendant alors avec eux, il se tint sur un plateau. Il y avait là une foule nombreuse de ses disciples et une grande multitude de gens qui, de toute la Judée et de Jérusalem et du littoral de Tyr et de Sidon, étaient venus pour l'entendre et se faire guérir de leurs maladies. Ceux que tourmentaient des esprits impurs étaient guéris, et toute la foule cherchait à le toucher, parce qu'une force sortait de lui et les guérissait tous. Et lui, levant les yeux sur ses disciples, disait: "Heureux, vous les pauvres, car le Royaume de Dieu est à vous. Heureux, vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés. Heureux, vous qui pleurez maintenant, car vous rirez. Heureux êtes-vous, quand les hommes vous haïront, quand ils vous frapperont d'exclusion et qu'ils insulteront et proscriront votre nom comme infâme, à cause du Fils de l'homme. Réjouissez-vous ce jour-là et tressaillez d'allégresse, car voici que votre récompense sera grande dans le ciel. C'est de cette manière, en effet, que leurs pères traitaient les prophètes." "Mais malheur à vous, les riches! car vous avez votre consolation. Malheur à vous, qui êtes repus maintenant! car vous aurez faim. Malheur, vous qui riez maintenant! car vous connaîtrez le deuil et les larmes. Malheur, lorsque tous les hommes diront du bien de vous! C'est de cette manière, en effet, que leurs pères traitaient les faux prophètes." "Mais je vous le dis, à vous qui m'écoutez: Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous diffament. A qui te frappe sur une joue, présente encore l'autre; à qui t'enlève ton manteau, ne refuse pas ta tunique. A quiconque te demande, donne, et à qui t'enlève ton bien ne le réclame pas. Ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le pour eux pareillement. Que si vous aimez ceux qui vous aiment, quel gré vous en saura-t-on? Car même les pécheurs aiment ceux qui les aiment. Et si vous faites du bien à ceux qui vous en font, quel gré vous en saura-t-on? Même les pécheurs en font autant. Et si vous prêtez à ceux dont vous espérez recevoir, quel gré vous en saura-t-on? Même des pécheurs prêtent à des pécheurs afin de recevoir l'équivalent. Au contraire, aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien attendre en retour. Votre récompense alors sera grande, et vous serez les fils du Très-Haut, car il est bon, Lui, pour les ingrats et les méchants. "Montrez-vous compatissants, comme votre Père est compatissant. Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés; remettez, et il vous sera remis. Donnez, et l'on vous donnera; c'est une bonne mesure, tassée, secouée, débordante, qu'on versera dans votre sein; car de la mesure dont vous mesurez on mesurera pour vous en retour." Il leur dit encore une parabole: "Un aveugle peut-il guider un aveugle? Ne tomberont-ils pas tous les deux dans un trou? Le disciple n'est pas au-dessus du maître; tout disciple accompli sera comme son maître. Qu'as-tu à regarder la paille qui est dans l'oeil de ton frère? Et la poutre qui est dans ton oeil à toi, tu ne la remarques pas! Comment peux-tu dire à ton frère: Frère, laisse-moi ôter la paille qui est dans ton oeil, toi qui ne vois pas la poutre qui est dans ton oeil? Hypocrite, ôte d'abord la poutre de ton oeil; et alors tu verras clair pour ôter la paille qui est dans l'oeil de ton frère. "Il n'y a pas de bon arbre qui produise un fruit gâté, ni inversement d'arbre gâté qui produise un bon fruit. Chaque arbre en effet se reconnaît à son propre fruit; on ne cueille pas de figues sur des épines, on ne vendange pas non plus de raisin sur des ronces. L'homme bon, du bon trésor de son coeur, tire ce qui est bon, et celui qui est mauvais, de son mauvais fond, tire ce qui est mauvais; car c'est du trop-plein du coeur que parle sa bouche. "Pourquoi m'appelez-vous Seigneur, Seigneur, et ne faites-vous pas ce que je dis? "Quiconque vient à moi, écoute mes paroles et les met en pratique, je vais vous montrer à qui il est comparable. Il est comparable à un homme qui, bâtissant une maison, a creusé, creusé profond et posé les fondations sur le roc. La crue survenant, le torrent s'est rué sur cette maison, mais il n'a pu l'ébranler, parce qu'elle était bien bâtie. Mais celui au contraire qui a écouté et n'a pas mis en pratique est comparable à un homme qui aurait bâti sa maison à même le sol, sans fondations. Le torrent s'est rué sur elle, et aussitôt elle s'est écroulée; et le désastre survenu à cette maison a été grand!" Après qu'il eut fini de faire entendre au peuple toutes ses paroles, il entra dans Capharnaüm. Or un centurion avait, malade et sur le point de mourir, un esclave qui lui était cher. Ayant entendu parler de Jésus, il envoya vers lui quelques-uns des anciens des Juifs, pour le prier de venir sauver son esclave. Arrivés auprès de Jésus, ils le suppliaient instamment: "Il est digne, disaient-ils, que tu lui accordes cela; il aime en effet notre nation, et c'est lui qui nous a bâti la synagogue." Jésus faisait route avec eux, et déjà il n'était plus loin de la maison, quand le centurion envoya des amis pour lui dire: "Seigneur, ne te dérange pas davantage, car je ne mérite pas que tu entres sous mon toit; aussi bien ne me suis-je pas jugé digne de venir te trouver. Mais dis un mot et que mon enfant soit guéri. Car moi, qui n'ai rang que de subalterne, j'ai sous moi des soldats, et je dis à l'un: Va! et il va, et à un autre: Viens! et il vient, et à mon esclave: Fais ceci! et il le fait." En entendant ces paroles, Jésus l'admira et, se retournant, il dit à la foule qui le suivait: "Je vous le dis: pas même en Israël je n'ai trouvé une telle foi." Et, de retour à la maison, les envoyés trouvèrent l'esclave en parfaite santé. Et il advint ensuite qu'il se rendit dans une ville appelée Naïn. Ses disciples et une foule nombreuse faisaient route avec lui. Quand il fut près de la porte de la ville, voilà qu'on portait en terre un mort, un fils unique dont la mère était veuve; et il y avait avec elle une foule considérable de la ville. En la voyant, le Seigneur eut pitié d'elle et lui dit: "Ne pleure pas." Puis, s'approchant, il toucha le cercueil, et les porteurs s'arrêtèrent. Et il dit: "Jeune homme, je te le dis, lève-toi." Et le mort se dressa sur son séant et se mit à parler. Et il le remit à sa mère. Tous furent saisis de crainte, et ils glorifiaient Dieu en disant: "Un grand prophète s'est levé parmi nous et Dieu a visité son peuple." Et ce propos se répandit à son sujet dans la Judée entière et tout le pays d'alentour. Les disciples de Jean l'informèrent de tout cela. Appelant à lui deux de ses disciples, Jean les envoya dire au Seigneur: "Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre?" Arrivés auprès de lui, ces hommes dirent: "Jean le Baptiste nous envoie te dire: Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre?" A cette heure-là, il guérit beaucoup de gens affligés de maladies, d'infirmités, d'esprits mauvais, et rendit la vue à beaucoup d'aveugles. Puis il répondit aux envoyés: "Allez rapporter à Jean ce que vous avez vu et entendu: les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés et les sourds entendent, les morts ressuscitent, la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres; et heureux celui qui ne trébuchera pas à cause de moi!" Quand les envoyés de Jean furent partis, il se mit à dire aux foules au sujet de Jean: "Qu'êtes-vous allés contempler au désert? Un roseau agité par le vent? Alors qu'êtes-vous allés voir? Un homme vêtu d'habits délicats? Mais ceux qui ont des habits magnifiques et vivent dans les délices sont dans les palais royaux. Alors qu'êtes-vous allés voir? Un prophète? Oui, je vous le dis, et plus qu'un prophète. C'est celui dont il est écrit: Voici que j'envoie mon messager en avant de toi pour préparer ta route devant toi. "Je vous le dis: de plus grand que Jean parmi les enfants des femmes, il n'y en a pas; et cependant le plus petit dans le Royaume de Dieu est plus grand que lui. Tout le peuple qui a écouté, et même les publicains, ont justifié Dieu en se faisant baptiser du baptême de Jean; mais les Pharisiens et les légistes ont annulé pour eux le dessein de Dieu en ne se faisant pas baptiser par lui. "A qui donc vais-je comparer les hommes de cette génération? A qui ressemblent-ils? Ils ressemblent à ces gamins qui sont assis sur une place et s'interpellent les uns les autres, en disant: Nous vous avons joué de la flûte, et vous n'avez pas dansé! Nous avons entonné un chant funèbre, et vous n'avez pas pleuré! "Jean le Baptiste est venu en effet, ne mangeant pas de pain ni ne buvant de vin, et vous dites: Il est possédé! Le Fils de l'homme est venu, mangeant et buvant, et vous dites: Voilà un glouton et un ivrogne, un ami des publicains et des pécheurs! Et la Sagesse a été justifiée par tous ses enfants." Un Pharisien l'invita à manger avec lui; il entra dans la maison du Pharisien et se mit à table. Et voici une femme, qui dans la ville était une pécheresse. Ayant appris qu'il était à table dans la maison du Pharisien, elle avait apporté un vase de parfum. Et se plaçant par derrière, à ses pieds, tout en pleurs, elle se mit à lui arroser les pieds de ses larmes; et elle les essuyait avec ses cheveux, les couvrait de baisers, les oignait de parfum. A cette vue, le Pharisien qui l'avait convié se dit en lui-même: "Si cet homme était prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche, et ce qu'elle est: une pécheresse!" Mais, prenant la parole, Jésus lui dit: "Simon, j'ai quelque chose à te dire" - "Parle, maître", répond-il. -- "Un créancier avait deux débiteurs; l'un devait 500 deniers, l'autre 50. Comme ils n'avaient pas de quoi rembourser, il fit grâce à tous deux. Lequel des deux l'en aimera le plus?" Simon répondit: "Celui-là, je pense, auquel il a fait grâce de plus." Il lui dit: "Tu as bien jugé." Et, se tournant vers la femme: "Tu vois cette femme? Dit-il à Simon. Je suis entré dans ta maison, et tu ne m'as pas versé d'eau sur les pieds; elle, au contraire, m'a arrosé les pieds de ses larmes et les a essuyés avec ses cheveux. Tu ne m'as pas donné de baiser; elle, au contraire, depuis que je suis entré, n'a cessé de me couvrir les pieds de baisers. Tu n'as pas répandu d'huile sur ma tête; elle, au contraire, a répandu du parfum sur mes pieds. A cause de cela, je te le dis, ses péchés, ses nombreux péchés, lui sont remis parce qu'elle a montré beaucoup d'amour. Mais celui à qui on remet peu montre peu d'amour." Puis il dit à la femme: "Tes péchés sont remis." Et ceux qui étaient à table avec lui se mirent à dire en eux-mêmes: "Qui est-il celui-là qui va jusqu'à remettre les péchés?" Mais il dit à la femme: "Ta foi t'a sauvée; va en paix." Et il advint ensuite qu'il cheminait à travers villes et villages, prêchant et annonçant la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu. Les Douze étaient avec lui, ainsi que quelques femmes qui avaient été guéries d'esprits mauvais et de maladies: Marie, appelée la Magdaléenne, de laquelle étaient sortis sept démons, Jeanne, femme de Chouza, intendant d'Hérode, Suzanne et plusieurs autres, qui les assistaient de leurs biens. Comme une foule nombreuse se rassemblait et que de toutes les villes on s'acheminait vers lui, il dit par parabole: "Le semeur est sorti pour semer sa semence. Et comme il semait, une partie du grain est tombée au bord du chemin; elle a été foulée aux pieds et les oiseaux du ciel ont tout mangé. Une autre est tombée sur le roc et, après avoir poussé, elle s'est desséchée faute d'humidité. Une autre est tombée au milieu des épines et, poussant avec elle, les épines l'ont étouffée. Une autre est tombée dans la bonne terre, a poussé et produit du fruit au centuple." Et, ce disant, il s'écriait: "Entende, qui a des oreilles pour entendre!" Ses disciples lui demandaient ce que pouvait bien signifier cette parabole. Il dit: "A vous il a été donné de connaître les mystères du Royaume de Dieu; mais pour les autres, c'est en paraboles, afin qu'ils voient sans voir et entendent sans comprendre. "Voici donc ce que signifie la parabole: La semence, c'est la parole de Dieu. Ceux qui sont au bord du chemin sont ceux qui ont entendu, puis vient le diable qui enlève la Parole de leur coeur, de peur qu'ils ne croient et soient sauvés. Ceux qui sont sur le roc sont ceux qui accueillent la Parole avec joie quand ils l'ont entendue, mais ceux-là n'ont pas de racine, ils ne croient que pour un moment, et au moment de l'épreuve ils font défection. Ce qui est tombé dans les épines, ce sont ceux qui ont entendu, mais en cours de route les soucis, la richesse et les plaisirs de la vie les étouffent, et ils n'arrivent pas à maturité. Et ce qui est dans la bonne terre, ce sont ceux qui, ayant entendu la Parole avec un coeur noble et généreux, la retiennent et portent du fruit par leur constance. "Personne, après avoir allumé une lampe, ne la recouvre d'un vase ou ne la met sous un lit; on la met au contraire sur un lampadaire, pour que ceux qui pénètrent voient la lumière. Car rien n'est caché qui ne deviendra manifeste, rien non plus n'est secret qui ne doive être connu et venir au grand jour. Prenez donc garde à la manière dont vous écoutez! Car celui qui a, on lui donnera, et celui qui n'a pas, même ce qu'il croit avoir lui sera enlevé." Sa mère et ses frères vinrent alors le trouver, mais ils ne pouvaient l'aborder à cause de la foule. On l'en informa: "Ta mère et tes frères se tiennent dehors et veulent te voir." Mais il leur répondit: "Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent en pratique." Or il advint, un jour, qu'il monta en barque ainsi que ses disciples, et il leur dit: "Passons sur l'autre rive du lac." Et ils gagnèrent le large. Tandis qu'ils naviguaient, il s'endormit. Et une bourrasque s'abattit sur le lac; ils faisaient eau et se trouvaient en danger. S'étant donc approchés, ils le réveillèrent en disant: "Maître, maître, nous périssons!" Et lui, s'étant réveillé, menaça le vent et le tumulte des flots. Ils s'apaisèrent et le calme se fit. Puis il leur dit: "Où est votre foi?" Ils furent saisis de crainte et d'étonnement, et ils se disaient les uns aux autres: "Qui est-il donc celui-là, qu'il commande même aux vents et aux flots, et ils lui obéissent?" Ils abordèrent au pays des Géraséniens, lequel fait face à la Galilée. Comme il mettait pied à terre, vint à sa rencontre un homme de la ville, possédé de démons. Depuis un temps considérable il n'avait pas mis de vêtement; et il ne demeurait pas dans une maison, mais dans les tombes. Voyant Jésus, il poussa des cris, se jeta à ses pieds et, d'une voix forte, il dit: "Que me veux-tu, Jésus, fils du Dieu Très-Haut? Je t'en prie, ne me tourmente pas." Il prescrivait en effet à l'esprit impur de sortir de cet homme. Car, à maintes reprises, l'esprit s'était emparé de lui; on le liait alors, pour le garder, avec des chaînes et des entraves, mais il brisait ses liens et le démon l'entraînait vers les déserts. Jésus l'interrogea: "Quel est ton nom?" Il dit: "Légion", car beaucoup de démons étaient entrés en lui. Et ils le suppliaient de ne pas leur commander de s'en aller dans l'abîme. Or il y avait là un troupeau considérable de porcs en train de paître dans la montagne. Les démons supplièrent Jésus de leur permettre d'entrer dans les porcs. Et il le leur permit. Sortant alors de l'homme, les démons entrèrent dans les porcs et le troupeau se précipita du haut de l'escarpement dans le lac et se noya. Voyant ce qui s'était passé, les gardiens prirent la fuite et rapportèrent la nouvelle à la ville et dans les fermes. Les gens sortirent donc pour voir ce qui s'était passé. Ils arrivèrent auprès de Jésus et trouvèrent l'homme dont étaient sortis les démons, assis, vêtu et dans son bon sens, aux pieds de Jésus; et ils furent pris de peur. Les témoins leur rapportèrent comment avait été sauvé celui qui était démoniaque. Et toute la population de la région des Géraséniens pria Jésus de s'éloigner d'eux, car ils étaient en proie à une grande peur. Et lui, étant monté en barque, s'en retourna. L'homme dont les démons étaient sortis le priait de le garder avec lui, mais il le renvoya, en disant: "Retourne chez toi, et raconte tout ce que Dieu a fait pour toi." Il s'en alla donc, proclamant par la ville entière tout ce que Jésus avait fait pour lui. A son retour, Jésus fut accueilli par la foule, car tous étaient à l'attendre. Et voici qu'arriva un homme du nom de Jaïre, qui était chef de la synagogue. Tombant aux pieds de Jésus, il le priait de venir chez lui, parce qu'il avait une fille unique, âgée d'environ douze ans, qui se mourait. Et comme il s'y rendait, les foules le serraient à l'étouffer. Or une femme, atteinte d'un flux de sang depuis douze années, et que nul n'avait pu guérir, s'approcha par derrière et toucha la frange de son manteau; et à l'instant même son flux de sang s'arrêta. Mais Jésus dit: "Qui est-ce qui m'a touché?" Comme tous s'en défendaient, Pierre dit: "Maître, ce sont les foules qui te serrent et te pressent." Mais Jésus dit: "Quelqu'un m'a touché; car j'ai senti qu'une force était sortie de moi." Se voyant alors découverte, la femme vint toute tremblante et, se jetant à ses pieds, raconta devant tout le peuple pour quel motif elle l'avait touché, et comment elle avait été guérie à l'instant même. Et il lui dit: "Ma fille, ta foi t'a sauvée; va en paix." Tandis qu'il parlait encore, arrive de chez le chef de synagogue quelqu'un qui dit: "Ta fille est morte à présent; ne dérange plus le Maître." Mais Jésus, qui avait entendu, lui répondit: "Sois sans crainte, crois seulement, et elle sera sauvée." Arrivé à la maison, il ne laissa personne entrer avec lui, si ce n'est Pierre, Jean et Jacques, ainsi que le père et la mère de l'enfant. Tous pleuraient et se frappaient la poitrine à cause d'elle. Mais il dit: "Ne pleurez pas, elle n'est pas morte, mais elle dort." Et ils se moquaient de lui, sachant bien qu'elle était morte. Mais lui, prenant sa main, l'appela en disant: "Enfant, lève-toi." Son esprit revint, et elle se leva à l'instant même. Et il ordonna de lui donner à manger. Ses parents furent saisis de stupeur, mais il leur prescrivit de ne dire à personne ce qui s'était passé. Ayant convoqué les Douze, il leur donna puissance et pouvoir sur tous les démons, et sur les maladies pour les guérir. Et il les envoya proclamer le Royaume de Dieu et faire des guérisons. Il leur dit: "Ne prenez rien pour la route, ni bâton, ni besace, ni pain, ni argent; n'ayez pas non plus chacun deux tuniques. En quelque maison que vous entriez, demeurez-y, et partez de là. Quant à ceux qui ne vous accueilleront pas, sortez de cette ville et secouez la poussière de vos pieds, en témoignage contre eux." Etant partis, ils passaient de village en village, annonçant la Bonne Nouvelle et faisant partout des guérisons. Hérode, le tétrarque, apprit tout ce qui se passait, et il était fort perplexe, car certains disaient: "C'est Jean qui est ressuscité d'entre les morts"; certains: "C'est Elie qui est reparu"; d'autres: "C'est un des anciens prophètes qui est ressuscité." Mais Hérode dit: "Jean! moi je l'ai fait décapiter. Quel est-il donc, celui dont j'entends dire de telles choses?" Et il cherchait à le voir. A leur retour, les apôtres lui racontèrent tout ce qu'ils avaient fait. Les prenant alors avec lui, il se retira à l'écart, vers une ville appelée Bethsaïde. Mais les foules, ayant compris, partirent à sa suite. Il leur fit bon accueil, leur parla du Royaume de Dieu et rendit la santé à ceux qui avaient besoin de guérison. Le jour commença à baisser. S'approchant, les Douze lui dirent: "Renvoie la foule, afin qu'ils aillent dans les villages et fermes d'alentour pour y trouver logis et provisions, car nous sommes ici dans un endroit désert." Mais il leur dit: "Donnez-leur vous-mêmes à manger." Ils dirent: "Nous n'avons pas plus de cinq pains et de deux poissons. A moins peut-être d'aller nous-mêmes acheter de la nourriture pour tout ce peuple." Car il y avait bien 5.000 hommes. Mais il dit à ses disciples: "Faites-les s'étendre par groupes d'une cinquantaine." Ils agirent ainsi et les firent tous s'étendre. Prenant alors les cinq pains et les deux poissons, il leva les yeux au ciel, les bénit, les rompit et il les donnait aux disciples pour les servir à la foule. Ils mangèrent et furent tous rassasiés, et ce qu'ils avaient eu de reste fut emporté: douze couffins de morceaux! Et il advint, comme il était à prier, seul, n'ayant avec lui que les disciples, qu'il les interrogea en disant: "Qui suis-je, au dire des foules?" Ils répondirent: "Jean le Baptiste; pour d'autres, Elie; pour d'autres, un des anciens prophètes est ressuscité" -- "Mais pour vous, leur dit-il, qui suis-je?" Pierre répondit: "Le Christ de Dieu." Mais lui leur enjoignit et prescrivit de ne le dire à personne. "Le Fils de l'homme, dit-il, doit souffrir beaucoup, être rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, être tué et, le troisième jour, ressusciter." Et il disait à tous: "Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se renie lui-même, qu'il se charge de sa croix chaque jour, et qu'il me suive. Qui veut en effet sauver sa vie la perdra, mais qui perdra sa vie à cause de moi, celui-là la sauvera. Que sert donc à l'homme de gagner le monde entier, s'il se perd ou se ruine lui-même? Car celui qui aura rougi de moi et de mes paroles, de celui-là le Fils de l'homme rougira, lorsqu'il viendra dans sa gloire et dans celle du Père et des saints anges. "Je vous le dis vraiment, il en est de présents ici même qui ne goûteront pas la mort, avant d'avoir vu le Royaume de Dieu." Or il advint, environ huit jours après ces paroles, que, prenant avec lui Pierre, Jean et Jacques, il gravit la montagne pour prier. Et il advint, comme il priait, que l'aspect de son visage devint autre, et son vêtement, d'une blancheur fulgurante. Et voici que deux hommes s'entretenaient avec lui: c'étaient Moïse et Elie qui, apparus en gloire, parlaient de son départ, qu'il allait accomplir à Jérusalem. Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil. S'étant bien réveillés, ils virent sa gloire et les deux hommes qui se tenaient avec lui. Et il advint, comme ceux-ci se séparaient de lui, que Pierre dit à Jésus: "Maître, il est heureux que nous soyons ici; faisons donc trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Elie": il ne savait ce qu'il disait. Et pendant qu'il disait cela, survint une nuée qui les prenait sous son ombre et ils furent saisis de peur en entrant dans la nuée. Et une voix partit de la nuée, qui disait: "Celui-ci est mon Fils, l'Elu, écoutez-le." Et quand la voix eut retenti, Jésus se trouva seul. Pour eux, ils gardèrent le silence et ne rapportèrent rien à personne, en ces jours-là, de ce qu'ils avaient vu. Or il advint, le jour suivant, à leur descente de la montagne, qu'une foule nombreuse vint au-devant de lui. Et voici qu'un homme de la foule s'écria: "Maître, je te prie de jeter les yeux sur mon fils, car c'est mon unique enfant. Et voilà qu'un esprit s'en empare, et soudain il crie, le secoue avec violence et le fait écumer; et ce n'est qu'à grand-peine qu'il s'en éloigne, le laissant tout brisé. J'ai prié tes disciples de l'expulser, mais ils ne l'ont pu" -- "Engeance incrédule et pervertie, répondit Jésus, jusques à quand serai-je auprès de vous et vous supporterai-je? Amène ici ton fils." Celui-ci ne faisait qu'approcher, quand le démon le jeta à terre et le secoua violemment. Mais Jésus menaça l'esprit impur, guérit l'enfant et le remit à son père. Et tous étaient frappés de la grandeur de Dieu. Comme tous étaient étonnés de tout ce qu'il faisait, il dit à ses disciples: "Vous, mettez-vous bien dans les oreilles les paroles que voici: le Fils de l'homme va être livré aux mains des hommes." Mais ils ne comprenaient pas cette parole; elle leur demeurait voilée pour qu'ils n'en saisissent pas le sens, et ils craignaient de l'interroger sur cette parole. Une pensée leur vint à l'esprit: qui pouvait bien être le plus grand d'entre eux? Mais Jésus, sachant ce qui se discutait dans leur coeur, prit un petit enfant, le plaça près de lui, et leur dit: "Quiconque accueille ce petit enfant à cause de mon nom, c'est moi qu'il accueille, et quiconque m'accueille accueille Celui qui m'a envoyé; car celui qui est le plus petit parmi vous tous, c'est celui-là qui est grand." Jean prit la parole et dit: "Maître, nous avons vu quelqu'un expulser des démons en ton nom, et nous voulions l'empêcher, parce qu'il ne suit pas avec nous." Mais Jésus lui dit: "Ne l'en empêchez pas; car qui n'est pas contre vous est pour vous." Or il advint, comme s'accomplissait le temps où il devait être enlevé, qu'il prit résolument le chemin de Jérusalem et envoya des messagers en avant de lui. S'étant mis en route, ils entrèrent dans un village samaritain pour tout lui préparer. Mais on ne le reçut pas, parce qu'il faisait route vers Jérusalem. Ce que voyant, les disciples Jacques et Jean dirent: "Seigneur, veux-tu que nous ordonnions au feu de descendre du ciel et de les consumer?" Mais, se retournant, il les réprimanda? Et ils se mirent en route pour un autre village. Et tandis qu'ils faisaient route, quelqu'un lui dit en chemin: "Je te suivrai où que tu ailles." Jésus lui dit: "Les renards ont des tanières et les oiseaux du ciel ont des nids; le Fils de l'homme, lui, n'a pas où reposer la tête." Il dit à un autre: "Suis-moi." Celui-ci dit: "Permets-moi de m'en aller d'abord enterrer mon père." Mais il lui dit: "Laisse les morts enterrer leurs morts; pour toi, va-t-en annoncer le Royaume de Dieu." Un autre encore dit: "Je te suivrai, Seigneur, mais d'abord permets-moi de prendre congé des miens." Mais Jésus lui dit: "Quiconque a mis la main à la charrue et regarde en arrière est impropre au Royaume de Dieu." Après cela, le Seigneur désigna 72 autres et les envoya deux par deux en avant de lui dans toute ville et tout endroit où lui-même devait aller. Et il leur disait: "La moisson est abondante, mais les ouvriers peu nombreux; priez donc le Maître de la moisson d'envoyer des ouvriers à sa moisson. Allez! Voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu de loups. N'emportez pas de bourse, pas de besace, pas de sandales, et ne saluez personne en chemin. En quelque maison que vous entriez, dites d'abord: Paix à cette maison! Et s'il y a là un fils de paix, votre paix ira reposer sur lui; sinon, elle vous reviendra. Demeurez dans cette maison-là, mangeant et buvant ce qu'il y aura chez eux; car l'ouvrier mérite son salaire. Ne passez pas de maison en maison. Et en toute ville où vous entrez et où l'on vous accueille, mangez ce qu'on vous sert; guérissez ses malades et dites aux gens: Le Royaume de Dieu est tout proche de vous. Mais en quelque ville que vous entriez, si l'on ne vous accueille pas, sortez sur ses places et dites: Même la poussière de votre ville qui s'est collée à nos pieds, nous l'essuyons pour vous la laisser. Pourtant, sachez-le, le Royaume de Dieu est tout proche. Je vous dis que pour Sodome, en ce Jour-là, il y aura moins de rigueur que pour cette ville-là. "Malheur à toi, Chorazeïn! Malheur à toi, Bethsaïde! Car, si les miracles qui ont eu lieu chez vous avaient eu lieu à Tyr et à Sidon, il y a longtemps que, sous le sac et assises dans la cendre, elles se seraient repenties. Aussi bien, pour Tyr et Sidon il y aura moins de rigueur, lors du Jugement, que pour vous. Et toi, Capharnaüm, crois-tu que tu seras élevée jusqu'au ciel? Jusqu'à l'Hadès tu descendras! "Qui vous écoute m'écoute, qui vous rejette me rejette, et qui me rejette rejette Celui qui m'a envoyé." Les 72 revinrent tout joyeux, disant: "Seigneur, même les démons nous sont soumis en ton nom!" Il leur dit: "Je voyais Satan tomber du ciel comme l'éclair! Voici que je vous ai donné le pouvoir de fouler aux pieds serpents, scorpions, et toute la puissance de l'Ennemi, et rien ne pourra vous nuire. Cependant ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont soumis; mais réjouissez-vous de ce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux." A cette heure même, il tressaillit de joie sous l'action de l'Esprit Saint et il dit: "Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d'avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l'avoir révélé aux tout-petits. Oui, Père, car tel a été ton bon plaisir. Tout m'a été remis par mon Père, et nul ne sait qui est le Fils si ce n'est le Père, ni qui est le Père si ce n'est le Fils, et celui à qui le Fils veut bien le révéler." Puis, se tournant vers ses disciples, il leur dit en particulier: "Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez! Car je vous dis que beaucoup de prophètes et de rois ont voulu voir ce que vous voyez et ne l'ont pas vu, entendre ce que vous entendez et ne l'ont pas entendu!" Et voici qu'un légiste se leva, et lui dit pour l'éprouver: Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle?" Il lui dit: "Dans la Loi, qu'y-a-t-il d'écrit? Comment lis-tu?" Celui-ci répondit: "Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, de toute ta force et de tout ton esprit; et ton prochain comme toi-même" -- "Tu as bien répondu, lui dit Jésus; fais cela et tu vivras." Mais lui, voulant se justifier, dit à Jésus: "Et qui est mon prochain?" Jésus reprit: "Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho, et il tomba au milieu de brigands qui, après l'avoir dépouillé et roué de coups, s'en allèrent, le laissant à demi mort. Un prêtre vint à descendre par ce chemin-là; il le vit et passa outre. Pareillement un lévite, survenant en ce lieu, le vit et passa outre. Mais un Samaritain, qui était en voyage, arriva près de lui, le vit et fut pris de pitié. Il s'approcha, banda ses plaies, y versant de l'huile et du vin, puis le chargea sur sa propre monture, le mena à l'hôtellerie et prit soin de lui. Le lendemain, il tira deux deniers et les donna à l'hôtelier, en disant: Prends soin de lui, et ce que tu auras dépensé en plus, je te le rembourserai, moi, à mon retour. Lequel de ces trois, à ton avis, s'est montré le prochain de l'homme tombé aux mains des brigands?" Il dit: "Celui-là qui a exercé la miséricorde envers lui." Et Jésus lui dit: "Va, et toi aussi, fais de même." Comme ils faisaient route, il entra dans un village, et une femme, nommée Marthe, le reçut dans sa maison. Celle-ci avait une soeur appelée Marie, qui, s'étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. Marthe, elle, était absorbée par les multiples soins du service. Intervenant, elle dit: "Seigneur, cela ne te fait rien que ma soeur me laisse servir toute seule? Dis-lui donc de m'aider." Mais le Seigneur lui répondit: "Marthe, Marthe, tu te soucies et t'agites pour beaucoup de choses; pourtant il en faut peu, une seule même. C'est Marie qui a choisi la meilleure part; elle ne lui sera pas enlevée." Et il advint, comme il était quelque part à prier, quand il eut cessé, un de ses disciples lui dit: "Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean l'a appris à ses disciples." Il leur dit: "Lorsque vous priez, dites: Père, que ton Nom soit sanctifié; que ton règne vienne; donne-nous chaque jour notre pain quotidien; et remets-nous nos péchés, car nous-mêmes remettons à quiconque nous doit; et ne nous soumets pas à la tentation." Il leur dit encore: "Si l'un de vous, ayant un ami, s'en va le trouver au milieu de la nuit, pour lui dire: Mon ami, prête-moi trois pains, parce qu'un de mes amis m'est arrivé de voyage et je n'ai rien à lui servir, et que de l'intérieur l'autre réponde: Ne me cause pas de tracas; maintenant la porte est fermée, et mes enfants et moi sommes au lit; je ne puis me lever pour t'en donner; je vous le dis, même s'il ne se lève pas pour les lui donner en qualité d'ami, il se lèvera du moins à cause de son impudence et lui donnera tout ce dont il a besoin. "Et moi, je vous dis: demandez et l'on vous donnera; cherchez et vous trouverez; frappez et l'on vous ouvrira. Car quiconque demande reçoit; qui cherche trouve; et à qui frappe on ouvrira. Quel est d'entre vous le père auquel son fils demandera un poisson, et qui, à la place du poisson, lui remettra un serpent? Ou encore s'il demande un oeuf, lui remettra-t-il un scorpion? Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l'Esprit Saint à ceux qui l'en prient!" Il expulsait un démon, qui était muet. Or il advint que, le démon étant sorti, le muet parla, et les foules furent dans l'admiration. Mais certains d'entre eux dirent: "C'est par Béelzéboul, le prince des démons, qu'il expulse les démons." D'autres, pour le mettre à l'épreuve, réclamaient de lui un signe venant du ciel. Mais lui, connaissant leurs pensées, leur dit: "Tout royaume divisé contre lui-même est dévasté, et maison sur maison s'écroule. Si donc Satan s'est, lui aussi, divisé contre lui-même, comment son royaume se maintiendra-t-il... puisque vous dites que c'est par Béelzéboul que j'expulse les démons. Mais si, moi, c'est par Béelzéboul que j'expulse les démons, vos fils, par qui les expulsent-ils? Aussi seront-ils eux-mêmes vos juges. Mais si c'est par le doigt de Dieu que j'expulse les démons, c'est donc que le Royaume de Dieu est arrivé jusqu'à vous. Lorsqu'un homme fort et bien armé garde son palais, ses biens sont en sûreté; mais qu'un plus fort que lui survienne et le batte, il lui enlève l'armure en laquelle il se confiait et il distribue ses dépouilles. "Qui n'est pas avec moi est contre moi, et qui n'amasse pas avec moi dissipe. "Lorsque l'esprit impur est sorti de l'homme, il erre par des lieux arides en quête de repos. N'en trouvant pas, il dit: Je vais retourner dans ma demeure, d'où je suis sorti. Etant venu, il la trouve balayée, bien en ordre. Alors il s'en va prendre sept autres esprits plus mauvais que lui; ils reviennent et y habitent. Et l'état final de cet homme devient pire que le premier." Or il advint, comme il parlait ainsi, qu'une femme éleva la voix du milieu de la foule et lui dit: "Heureuses les entrailles qui t'ont porté et les seins que tu as sucés!" Mais il dit: "Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et l'observent!" Comme les foules se pressaient en masse, il se mit à dire: "Cette génération est une génération mauvaise; elle demande un signe, et de signe, il ne lui sera donné que le signe de Jonas. Car, tout comme Jonas devint un signe pour les Ninivites, de même le Fils de l'homme en sera un pour cette génération. La reine du Midi se lèvera lors du Jugement avec les hommes de cette génération et elle les condamnera, car elle vint des extrémités de la terre pour écouter la sagesse de Salomon, et il y a ici plus que Salomon! Les hommes de Ninive se dresseront lors du Jugement avec cette génération et ils la condamneront, car ils se repentirent à la proclamation de Jonas, et il y a ici plus que Jonas! "Personne, après avoir allumé une lampe, ne la met en quelque endroit caché ou sous le boisseau, mais bien sur le lampadaire, pour que ceux qui pénètrent voient la clarté. La lampe du corps, c'est ton oeil. Lorsque ton oeil est sain, ton corps tout entier aussi est lumineux; mais dès qu'il est malade, ton corps aussi est ténébreux. Vois donc si la lumière qui est en toi n'est pas ténèbres! Si donc ton corps tout entier est lumineux, sans aucune partie ténébreuse, il sera lumineux tout entier, comme lorsque la lampe t'illumine de son éclat." Tandis qu'il parlait, un Pharisien l'invite à déjeuner chez lui. Il entra et se mit à table. Ce que voyant, le Pharisien s'étonna de ce qu'il n'eût pas fait d'abord les ablutions avant le déjeuner. Mais le Seigneur lui dit: "Vous voilà bien, vous, les Pharisiens! L'extérieur de la coupe et du plat, vous le purifiez, alors que votre intérieur à vous est plein de rapine et de méchanceté! Insensés! Celui qui a fait l'extérieur n'a-t-il pas fait aussi l'intérieur? Donnez plutôt en aumône ce que vous avez, et alors tout sera pur pour vous. Mais malheur à vous, les Pharisiens, qui acquittez la dîme de la menthe, de la rue et de toute plante potagère, et qui délaissez la justice et l'amour de Dieu! Il fallait pratiquer ceci, sans omettre cela. Malheur à vous, les Pharisiens, qui aimez le premier siège dans les synagogues et les salutations sur les places publiques! Malheur à vous, qui êtes comme les tombeaux que rien ne signale et sur lesquels on marche sans le savoir!" Prenant alors la parole, un des légistes lui dit: "Maître, en parlant ainsi, tu nous outrages, nous aussi!" Alors il dit: "A vous aussi, les légistes, malheur, parce que vous chargez les gens de fardeaux impossibles à porter et vous-mêmes ne touchez pas à ces fardeaux d'un seul de vos doigts! "Malheur à vous, parce que vous bâtissez les tombeaux des prophètes, et ce sont vos pères qui les ont tués! Vous êtes donc des témoins et vous approuvez les actes de vos pères; eux ont tué, et vous, vous bâtissez! "Et voilà pourquoi la Sagesse de Dieu a dit: Je leur enverrai des prophètes et des apôtres; ils en tueront et pourchasseront, afin qu'il soit demandé compte à cette génération du sang de tous les prophètes qui a été répandu depuis la fondation du monde, depuis le sang d'Abel jusqu'au sang de Zacharie, qui périt entre l'autel et le Temple. Oui, je vous le dis, il en sera demandé compte à cette génération. Malheur à vous, les légistes, parce que vous avez enlevé la clef de la science! Vous-mêmes n'êtes pas entrés, et ceux qui voulaient entrer, vous les en avez empêchés! Quand il fut sorti de là, les scribes et les Pharisiens se mirent à lui en vouloir terriblement et à le faire parler sur une foule de choses, lui tendant des pièges pour surprendre de sa bouche quelque parole. Sur ces entrefaites, la foule s'étant rassemblée par milliers, au point qu'on s'écrasait les uns les autres, il se mit à dire, et d'abord à ses disciples: "Méfiez-vous du levain - c'est-à-dire de l'hypocrisie - des Pharisiens. Rien, en effet, n'est voilé qui ne sera révélé, rien de caché qui ne sera connu. C'est pourquoi tout ce que vous aurez dit dans les ténèbres sera entendu au grand jour, et ce que vous aurez dit à l'oreille dans les pièces les plus retirées sera proclamé sur les toits. "Je vous le dis à vous, mes amis: Ne craignez rien de ceux qui tuent le corps et après cela ne peuvent rien faire de plus. Je vais vous montrer qui vous devez craindre: craignez Celui qui, après avoir tué, a le pouvoir de jeter dans la géhenne; oui, je vous le dis, Celui-là, craignez-le. Ne vend-on pas cinq passereaux pour deux as? Et pas un d'entre eux n'est en oubli devant Dieu! Bien plus, vos cheveux même sont tous comptés. Soyez sans crainte; vous valez mieux qu'une multitude de passereaux. "Je vous le dis, quiconque se sera déclaré pour moi devant les hommes, le Fils de l'homme aussi se déclarera pour lui devant les anges de Dieu; mais celui qui m'aura renié à la face des hommes sera renié à la face des anges de Dieu. "Et quiconque dira une parole contre le Fils de l'homme, cela lui sera remis, mais à qui aura blasphémé contre le Saint Esprit, cela ne sera pas remis. "Lorsqu'on vous conduira devant les synagogues, les magistrats et les autorités, ne cherchez pas avec inquiétude comment vous défendre ou que dire, car le Saint Esprit vous enseignera à cette heure même ce qu'il faut dire." Quelqu'un de la foule lui dit: "Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage." Il lui dit: "Homme, qui m'a établi pour être votre juge ou régler vos partages?" Puis il leur dit: "Attention! gardez-vous de toute cupidité, car, au sein même de l'abondance, la vie d'un homme n'est pas assurée par ses biens." Il leur dit alors une parabole: "Il y avait un homme riche dont les terres avaient beaucoup rapporté. Et il se demandait en lui-même: Que vais-je faire? Car je n'ai pas où recueillir ma récolte. Puis il se dit: Voici ce que je vais faire: j'abattrai mes greniers, j'en construirai de plus grands, j'y recueillerai tout mon blé et mes biens, et je dirai à mon âme: Mon âme, tu as quantité de biens en réserve pour de nombreuses années; repose-toi, mange, bois, fais la fête. Mais Dieu lui dit: Insensé, cette nuit même, on va te redemander ton âme. Et ce que tu as amassé, qui l'aura? Ainsi en est-il de celui qui thésaurise pour lui-même, au lieu de s'enrichir en vue de Dieu." Puis il dit à ses disciples: "Voilà pourquoi je vous dis: Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de quoi vous le vêtirez. Car la vie est plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement. Considérez les corbeaux: ils ne sèment ni ne moissonnent, ils n'ont ni cellier ni grenier, et Dieu les nourrit. Combien plus valez-vous que les oiseaux! Qui d'entre vous d'ailleurs peut, en s'en inquiétant, ajouter une coudée à la longueur de sa vie? Si donc la plus petite chose même passe votre pouvoir, pourquoi vous inquiéter des autres? Considérez les lis, comme ils ne filent ni ne tissent. Or, je vous le dis, Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n'a pas été vêtu comme l'un d'eux. Que si, dans les champs, Dieu habille de la sorte l'herbe qui est aujourd'hui, et demain sera jetée au four, combien plus le fera-t-il pour vous, gens de peu de foi! Vous non plus, ne cherchez pas ce que vous mangerez et ce que vous boirez; ne vous tourmentez pas. Car ce sont là toutes choses dont les païens de ce monde sont en quête; mais votre Père sait que vous en avez besoin. Aussi bien, cherchez son Royaume, et cela vous sera donné par surcroît. "Sois sans crainte, petit troupeau, car votre Père s'est complu à vous donner le Royaume. "Vendez vos biens, et donnez-les en aumône. Faites-vous des bourses qui ne s'usent pas, un trésor inépuisable dans les cieux, où ni voleur n'approche ni mite ne détruit. Car où est votre trésor, là aussi sera votre coeur. "Que vos reins soient ceints et vos lampes allumées. Soyez semblables, vous, à des gens qui attendent leur maître à son retour de noces, pour lui ouvrir dès qu'il viendra et frappera. Heureux ces serviteurs que le maître en arrivant trouvera en train de veiller! En vérité, je vous le dis, il se ceindra, les fera mettre à table et, passant de l'un à l'autre, il les servira. Qu'il vienne à la deuxième ou à la troisième veille, s'il trouve les choses ainsi, heureux seront-ils! Comprenez bien ceci: si le maître de maison avait su à quelle heure le voleur devait venir, il n'aurait pas laissé percer le mur de sa maison. Vous aussi, tenez-vous prêts, car c'est à l'heure que vous ne pensez pas que le Fils de l'homme va venir." Pierre dit alors: "Seigneur, est-ce pour nous que tu dis cette parabole, ou bien pour tout le monde?" Et le Seigneur dit: "Quel est donc l'intendant fidèle, avisé, que le maître établira sur ses gens pour leur donner en temps voulu leur ration de blé? Heureux ce serviteur, que son maître en arrivant trouvera occupé de la sorte! Vraiment, je vous le dis, il l'établira sur tous ses biens. Mais si ce serviteur dit en son coeur: Mon maître tarde à venir, et qu'il se mette à frapper les serviteurs et les servantes, à manger, boire et s'enivrer, le maître de ce serviteur arrivera au jour qu'il n'attend pas et à l'heure qu'il ne connaît pas; il le retranchera et lui assignera sa part parmi les infidèles. "Le serviteur qui, connaissant la volonté de son maître, n'aura rien préparé ou fait selon sa volonté, recevra un grand nombre de coups. Quant à celui qui, sans la connaître, aura par sa conduite mérité des coups, il n'en recevra qu'un petit nombre. A qui on aura donné beaucoup il sera beaucoup demandé, et à qui on aura confié beaucoup on réclamera davantage. "Je suis venu jeter un feu sur la terre, et comme je voudrais que déjà il fût allumé! Je dois être baptisé d'un baptême, et quelle n'est pas mon angoisse jusqu'à ce qu'il soit consommé! "Pensez-vous que je sois apparu pour établir la paix sur la terre? Non, je vous le dis, mais bien la division. Désormais en effet, dans une maison de cinq personnes, on sera divisé, trois contre deux et deux contre trois: on sera divisé, père contre fils et fils contre père, mère contre sa fille et fille contre sa mère, belle-mère contre sa bru et bru contre sa belle-mère." Il disait encore aux foules: "Lorsque vous voyez un nuage se lever au couchant, aussitôt vous dites que la pluie vient, et ainsi arrive-t-il. Et lorsque c'est le vent du midi qui souffle, vous dites qu'il va faire chaud, et c'est ce qui arrive. Hypocrites, vous savez discerner le visage de la terre et du ciel; et ce temps-ci alors, comment ne le discernez-vous pas? "Mais pourquoi ne jugez-vous pas par vous-mêmes de ce qui est juste? Ainsi, quand tu vas avec ton adversaire devant le magistrat, tâche, en chemin, d'en finir avec lui, de peur qu'il ne te traîne devant le juge, que le juge ne te livre à l'exécuteur, et que l'exécuteur ne te jette en prison. Je te le dis, tu ne sortiras pas de là que tu n'aies rendu même jusqu'au dernier sou." En ce même temps survinrent des gens qui lui rapportèrent ce qui était arrivé aux Galiléens, dont Pilate avait mêlé le sang à celui de leurs victimes. Prenant la parole, il leur dit: "Pensez-vous que, pour avoir subi pareil sort, ces Galiléens fussent de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens? Non, je vous le dis, mais si vous ne vous repentez pas, vous périrez tous pareillement. Ou ces dix-huit personnes que la tour de Siloé a tuées dans sa chute, pensez-vous que leur dette fût plus grande que celle de tous les hommes qui habitent Jérusalem? Non, je vous le dis; mais si vous ne voulez pas vous repentir, vous périrez tous de même." Il disait encore la parabole que voici: "Un homme avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint y chercher des fruits et n'en trouva pas. Il dit alors au vigneron: Voilà trois ans que je viens chercher des fruits sur ce figuier, et je n'en trouve pas. Coupe-le; pourquoi donc use-t-il la terre pour rien? L'autre lui répondit: Maître, laisse-le cette année encore, le temps que je creuse tout autour et que je mette du fumier. Peut-être donnera-t-il des fruits à l'avenir... Sinon tu le couperas." Or il enseignait dans une synagogue le jour du sabbat. Et voici qu'il y avait là une femme ayant depuis dix-huit ans un esprit qui la rendait infirme; elle était toute courbée et ne pouvait absolument pas se redresser. La voyant, Jésus l'interpella et lui dit: "Femme, te voilà délivrée de ton infirmité"; puis il lui imposa les mains. Et, à l'instant même, elle se redressa, et elle glorifiait Dieu. Mais le chef de la synagogue, indigné de ce que Jésus eût fait une guérison le sabbat, prit la parole et dit à la foule: "Il y a six jours pendant lesquels on doit travailler; venez donc ces jours-là vous faire guérir, et non le jour du sabbat!" Mais le Seigneur lui répondit: "Hypocrites! chacun de vous, le sabbat, ne délie-t-il pas de la crèche son boeuf ou son âne pour le mener boire? Et cette fille d'Abraham, que Satan a liée voici dix-huit ans, il n'eût pas fallu la délier de ce lien le jour du sabbat!" Comme il disait cela, tous ses adversaires étaient remplis de confusion, tandis que toute la foule était dans la joie de toutes les choses magnifiques qui arrivaient par lui. Il disait donc: "A quoi le Royaume de Dieu est-il semblable et à quoi vais-je le comparer? Il est semblable à un grain de sénevé qu'un homme a pris et jeté dans son jardin; il croît et devient un arbre, et les oiseaux du ciel s'abritent dans ses branches." Il dit encore: "A quoi vais-je comparer le Royaume de Dieu? Il est semblable à du levain qu'une femme a pris et enfoui dans trois mesures de farine, jusqu'à ce que le tout ait levé." Et il cheminait par villes et villages, enseignant et faisant route vers Jérusalem. Quelqu'un lui dit: "Seigneur, est-ce le petit nombre qui sera sauvé?" Il leur dit: "Luttez pour entrer par la porte étroite, car beaucoup, je vous le dis, chercheront à entrer et ne pourront pas. "Dès que le maître de maison se sera levé et aura fermé la porte, et que, restés dehors, vous vous serez mis à frapper à la porte en disant: Seigneur, ouvre-nous, il vous répondra: Je ne sais d'où vous êtes. Alors vous vous mettrez à dire: Nous avons mangé et bu devant toi, tu as enseigné sur nos places. Mais il vous répondra: Je ne sais d'où vous êtes; éloignez-vous de moi, vous tous qui commettez l'injustice. "Là seront les pleurs et les grincements de dents, lorsque vous verrez Abraham, Isaac, Jacob et tous les prophètes dans le Royaume de Dieu, et vous, jetés dehors. Et l'on viendra du levant et du couchant, du nord et du midi, prendre place au festin dans le Royaume de Dieu. "Oui, il y a des derniers qui seront premiers, et il y a des premiers qui seront derniers." A cette heure même, s'approchèrent quelques Pharisiens, qui lui dirent: "Pars et va-t-en d'ici; car Hérode veut te tuer." Il leur dit: "Allez dire à ce renard: Voici que je chasse des démons et accomplis des guérisons aujourd'hui et demain, et le troisième jour je suis consommé! Mais aujourd'hui, demain et le jour suivant, je dois poursuivre ma route, car il ne convient pas qu'un prophète périsse hors de Jérusalem. "Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les prophètes et lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois j'ai voulu rassembler tes enfants à la manière dont une poule rassemble sa couvée sous ses ailes... et vous n'avez pas voulu! Voici que votre maison va vous être laissée. Oui, je vous le dis, vous ne me verrez plus, jusqu'à ce qu'arrive le jour où vous direz: Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur!" Et il advint, comme il était venu un sabbat chez l'un des chefs des Pharisiens pour prendre un repas, qu'eux étaient à l'observer. Et voici qu'un hydropique se trouvait devant lui. Prenant la parole, Jésus dit aux légistes et aux Pharisiens: "Est-il permis, le sabbat, de guérir, ou non?" Et eux se tinrent cois. Prenant alors le malade, il le guérit et le renvoya. Puis il leur dit: "Lequel d'entre vous, si son fils ou son boeuf vient à tomber dans un puits, ne l'en tirera aussitôt, le jour du sabbat?" Et ils ne purent rien répondre à cela. Il disait ensuite une parabole à l'adresse des invités, remarquant comment ils choisissaient les premiers divans; il leur disait: "Lorsque quelqu'un t'invite à un repas de noces, ne va pas t'étendre sur le premier divan, de peur qu'un plus digne que toi n'ait été invité par ton hôte, et que celui qui vous a invités, toi et lui, ne vienne te dire: Cède-lui la place. Et alors tu devrais, plein de confusion, aller occuper la dernière place. Au contraire, lorsque tu es invité, va te mettre à la dernière place, de façon qu'à son arrivée celui qui t'a invité te dise: Mon ami, monte plus haut. Alors il y aura pour toi de l'honneur devant tous les autres convives. Car quiconque s'élève sera abaissé, et celui qui s'abaisse sera élevé." Puis il disait à celui qui l'avait invité: "Lorsque tu donnes un déjeuner ou un dîner, ne convie ni tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni de riches voisins, de peur qu'eux aussi ne t'invitent à leur tour et qu'on ne te rende la pareille. Mais lorsque tu donnes un festin, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles; heureux seras-tu alors de ce qu'ils n'ont pas de quoi te le rendre! Car cela te sera rendu lors de la résurrection des justes." A ces mots, l'un des convives lui dit: "Heureux celui qui prendra son repas dans le Royaume de Dieu!" Il lui dit: "Un homme faisait un grand dîner, auquel il invite beaucoup de monde. A l'heure du dîner, il envoya son serviteur dire aux invités: Venez; maintenant tout est prêt. Et tous, comme de concert, se mirent à s'excuser. Le premier lui dit: J'ai acheté un champ et il me faut aller le voir; je t'en prie, tiens-moi pour excusé. Un autre dit: J'ai acheté cinq paires de boeufs et je pars les essayer; je t'en prie, tiens-moi pour excusé. Un autre dit: Je viens de me marier, et c'est pourquoi je ne puis venir. "A son retour, le serviteur rapporta cela à son maître. Alors, pris de colère, le maître de maison dit à son serviteur: Va-t-en vite par les places et les rues de la ville, et introduis ici les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux. -- Maître, dit le serviteur, tes ordres sont exécutés, et il y a encore de la place. Et le maître dit au serviteur: Va-t-en par les chemins et le long des clôtures, et fais entrer les gens de force, afin que ma maison se remplisse. Car, je vous le dis, aucun de ces hommes qui avaient été invités ne goûtera de mon dîner." Des foules nombreuses faisaient route avec lui, et se retournant il leur dit: "Si quelqu'un vient à moi sans haïr son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses soeurs, et jusqu'à sa propre vie, il ne peut être mon disciple. Quiconque ne porte pas sa croix et ne vient pas derrière moi ne peut être mon disciple. "Qui de vous en effet, s'il veut bâtir une tour, ne commence par s'asseoir pour calculer la dépense et voir s'il a de quoi aller jusqu'au bout? De peur que, s'il pose les fondations et ne peut achever, tous ceux qui le verront ne se mettent à se moquer de lui, en disant: Voilà un homme qui a commencé de bâtir et il n'a pu achever! Ou encore quel est le roi qui, partant faire la guerre à un autre roi, ne commencera par s'asseoir pour examiner s'il est capable, avec 10.000 hommes, de se porter à la rencontre de celui qui marche contre lui avec 20.000? Sinon, alors que l'autre est encore loin, il lui envoie une ambassade pour demander la paix. Ainsi donc, quiconque parmi vous ne renonce pas à tous ses biens ne peut être mon disciple. "C'est donc une bonne chose que le sel. Mais si même le sel vient à s'affadir, avec quoi l'assaisonnera-t-on? Il n'est bon ni pour la terre ni pour le fumier: on le jette dehors. Celui qui a des oreilles pour entendre, qu'il entende!" Cependant tous les publicains et les pécheurs s'approchaient de lui pour l'entendre. Et les Pharisiens et les scribes de murmurer: "Cet homme, disaient-ils, fait bon accueil aux pécheurs et mange avec eux!" Il leur dit alors cette parabole: "Lequel d'entre vous, s'il a cent brebis et vient à en perdre une, n'abandonne les 89 autres dans le désert pour s'en aller après celle qui est perdue, jusqu'à ce qu'il l'ait retrouvée? Et, quand il l'a retrouvée, il la met, tout joyeux, sur ses épaules et, de retour chez lui, il assemble amis et voisins et leur dit: Réjouissez-vous avec moi, car je l'ai retrouvée, ma brebis qui était perdue! C'est ainsi, je vous le dis, qu'il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent que pour 99 justes, qui n'ont pas besoin de repentir. "Ou bien, quelle est la femme qui, si elle a dix drachmes et vient à en perdre une, n'allume une lampe, ne balaie la maison et ne cherche avec soin, jusqu'à ce qu'elle l'ait retrouvée? Et, quand elle l'a retrouvée, elle assemble amies et voisines et leur dit: Réjouissez-vous avec moi, car je l'ai retrouvée, la drachme que j'avais perdue! C'est ainsi, je vous le dis, qu'il naît de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se repent." Il dit encore: "Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père: Père, donne-moi la part de fortune qui me revient. Et le père leur partagea son bien. Peu de jours après, rassemblant tout son avoir, le plus jeune fils partit pour un pays lointain et y dissipa son bien en vivant dans l'inconduite. "Quand il eut tout dépensé, une famine sévère survint en cette contrée et il commença à sentir la privation. Il alla se mettre au service d'un des habitants de cette contrée, qui l'envoya dans ses champs garder les cochons. Il aurait bien voulu se remplir le ventre des caroubes que mangeaient les cochons, et personne ne lui en donnait. Rentrant alors en lui-même, il se dit: Combien de mercenaires de mon père ont du pain en surabondance, et moi je suis ici à périr de faim! Je veux partir, aller vers mon père et lui dire: Père, j'ai péché contre le Ciel et envers toi; je ne mérite plus d'être appelé ton fils, traite-moi comme l'un de tes mercenaires. Il partit donc et s'en alla vers son père. "Tandis qu'il était encore loin, son père l'aperçut et fut pris de pitié; il courut se jeter à son cou et l'embrassa tendrement. Le fils alors lui dit: Père, j'ai péché contre le Ciel et envers toi, je ne mérite plus d'être appelé ton fils. Mais le père dit à ses serviteurs: Vite, apportez la plus belle robe et l'en revêtez, mettez-lui un anneau au doigt et des chaussures aux pieds. Amenez le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons, car mon fils que voilà était mort et il est revenu à la vie; il était perdu et il est retrouvé! Et ils se mirent à festoyer. "Son fils aîné était aux champs. Quand, à son retour, il fut près de la maison, il entendit de la musique et des danses. Appelant un des serviteurs, il s'enquérait de ce que cela pouvait bien être. Celui-ci lui dit: C'est ton frère qui est arrivé, et ton père a tué le veau gras, parce qu'il l'a recouvré en bonne santé. Il se mit alors en colère, et il refusait d'entrer. Son père sortit l'en prier. Mais il répondit à son père: Voilà tant d'années que je te sers, sans avoir jamais transgressé un seul de tes ordres, et jamais tu ne m'as donné un chevreau, à moi, pour festoyer avec mes amis; et puis ton fils que voici revient-il, après avoir dévoré ton bien avec des prostituées, tu fais tuer pour lui le veau gras! "Mais le père lui dit: Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. Mais il fallait bien festoyer et se réjouir, puisque ton frère que voilà était mort et il est revenu à la vie; il était perdu et il est retrouvé!" Il disait encore à ses disciples: "Il était un homme riche qui avait un intendant, et celui-ci lui fut dénoncé comme dilapidant ses biens. Il le fit appeler et lui dit: Qu'est-ce que j'entends dire de toi? Rends compte de ta gestion, car tu ne peux plus gérer mes biens désormais. L'intendant se dit en lui-même: Que vais-je faire, puisque mon maître me retire la gérance? Piocher? Je n'en ai pas la force; mendier? J'aurai honte... Ah! je sais ce que je vais faire, pour qu'une fois relevé de ma gérance, il y en ait qui m'accueillent chez eux. "Et, faisant venir un à un les débiteurs de son maître, il dit au premier: Combien dois-tu à mon maître? -- Cent barils d'huile, lui dit-il. Il lui dit: Prends ton billet, assieds-toi et écris vite 50. Puis il dit à un autre: Et toi, combien dois-tu? - Cent mesures de blé, dit-il. Il lui dit: Prends ton billet, et écris 80. "Et le maître loua cet intendant malhonnête d'avoir agi de façon avisée. Car les fils de ce monde-ci sont plus avisés envers leurs propres congénères que les fils de la lumière. "Eh bien! moi je vous dis: faites-vous des amis avec le malhonnête Argent, afin qu'au jour où il viendra à manquer, ceux-ci vous accueillent dans les tentes éternelles. Qui est fidèle en très peu de chose est fidèle aussi en beaucoup, et qui est malhonnête en très peu est malhonnête aussi en beaucoup. Si donc vous ne vous êtes pas montrés fidèles pour le malhonnête Argent, qui vous confiera le vrai bien? Et si vous ne vous êtes pas montrés fidèles pour le bien étranger, qui vous donnera le vôtre? "Nul serviteur ne peut servir deux maîtres: ou il haïra l'un et aimera l'autre, ou il s'attachera à l'un et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l'Argent." Les Pharisiens, qui sont amis de l'argent, entendaient tout cela et ils se moquaient de lui. Il leur dit: "Vous êtes, vous, ceux qui se donnent pour justes devant les hommes, mais Dieu connaît vos coeurs; car ce qui est élevé pour les hommes est objet de dégoût devant Dieu. "Jusqu'à Jean ce furent la Loi et les Prophètes; depuis lors le Royaume de Dieu est annoncé, et tous s'efforcent d'y entrer par violence. "Il est plus facile que le ciel et la terre passent que ne tombe un seul menu trait de la Loi. "Tout homme qui répudie sa femme et en épouse une autre commet un adultère, et celui qui épouse une femme répudiée par son mari commet un adultère. "Il y avait un homme riche qui se revêtait de pourpre et de lin fin et faisait chaque jour brillante chère. Et un pauvre, nommé Lazare, gisait près de son portail, tout couvert d'ulcères. Il aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de la table du riche... Bien plus, les chiens eux-mêmes venaient lécher ses ulcères. Or il advint que le pauvre mourut et fut emporté par les anges dans le sein d'Abraham. Le riche aussi mourut, et on l'ensevelit. "Dans l'Hadès, en proie à des tortures, il lève les yeux et voit de loin Abraham, et Lazare en son sein. Alors il s'écria: Père Abraham, aie pitié de moi et envoie Lazare tremper dans l'eau le bout de son doigt pour me rafraîchir la langue, car je suis tourmenté dans cette flamme. Mais Abraham dit: Mon enfant, souviens-toi que tu as reçu tes biens pendant ta vie, et Lazare pareillement ses maux; maintenant ici il est consolé, et toi, tu es tourmenté. Ce n'est pas tout: entre nous et vous un grand abîme a été fixé, afin que ceux qui voudraient passer d'ici chez vous ne le puissent, et qu'on ne traverse pas non plus de là-bas chez nous. "Il dit alors: Je te prie donc, père, d'envoyer Lazare dans la maison de mon père, car j'ai cinq frères; qu'il leur porte son témoignage, de peur qu'ils ne viennent, eux aussi, dans ce lieu de la torture. Et Abraham de dire: Ils ont Moïse et les Prophètes; qu'ils les écoutent. -- Non, père Abraham, dit-il, mais si quelqu'un de chez les morts va les trouver, ils se repentiront. Mais il lui dit: Du moment qu'ils n'écoutent pas Moïse et les Prophètes, même si quelqu'un ressuscite d'entre les morts, ils ne seront pas convaincus." Puis il dit à ses disciples: "Il est impossible que les scandales n'arrivent pas, mais malheur à celui par qui ils arrivent! Mieux vaudrait pour lui se voir passer autour du cou une pierre à moudre et être jeté à la mer que de scandaliser un seul de ces petits. Prenez garde à vous! "Si ton frère vient à pécher, réprimande-le et, s'il se repent, remets-lui. Et si sept fois le jour il pèche contre toi et que sept fois il revienne à toi, en disant: Je me repens, tu lui remettras." Les apôtres dirent au Seigneur: "Augmente en nous la foi." Le Seigneur dit: "Si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé, vous auriez dit au mûrier que voilà: Déracine-toi et va te planter dans la mer, et il vous aurait obéi! "Qui d'entre vous, s'il a un serviteur qui laboure ou garde les bêtes, lui dira à son retour des champs: Vite, viens te mettre à table? Ne lui dira-t-il pas au contraire: Prépare-moi de quoi dîner, ceins-toi pour me servir, jusqu'à ce que j'aie mangé et bu; après quoi, tu mangeras et boiras à ton tour? Sait-il gré à ce serviteur d'avoir fait ce qui lui a été prescrit? Ainsi de vous; lorsque vous aurez fait tout ce qui vous a été prescrit, dites: Nous sommes des serviteurs inutiles; nous avons fait ce que nous devions faire." Et il advint, comme il faisait route vers Jérusalem, qu'il passa aux confins de la Samarie et de la Galilée. A son entrée dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre et s'arrêtèrent à distance; ils élevèrent la voix et dirent: "Jésus, Maître, aie pitié de nous." A cette vue, il leur dit: "Allez vous montrer aux prêtres." Et il advint, comme ils y allaient, qu'ils furent purifiés. L'un d'entre eux, voyant qu'il avait été purifié, revint sur ses pas en glorifiant Dieu à haute voix et tomba sur la face aux pieds de Jésus, en le remerciant. Et c'était un Samaritain. Prenant la parole, Jésus dit: "Est-ce que les dix n'ont pas été purifiés? Les neuf autres, où sont-ils? Il ne s'est trouvé, pour revenir rendre gloire à Dieu, que cet étranger!" Et il lui dit: "Relève-toi, va; ta foi t'a sauvé." Les Pharisiens lui ayant demandé quand viendrait le Royaume de Dieu, il leur répondit: "La venue du Royaume de Dieu ne se laisse pas observer, et l'on ne dira pas: Voici: il est ici! ou bien: il est là! Car voici que le Royaume de Dieu est au milieu de vous." Il dit encore aux disciples: "Viendront des jours où vous désirerez voir un seul des jours du Fils de l'homme, et vous ne le verrez pas. On vous dira: Le voilà! Le voici! N'y allez pas, n'y courez pas. Comme l'éclair en effet, jaillissant d'un point du ciel, resplendit jusqu'à l'autre, ainsi en sera-t-il du Fils de l'homme lors de son Jour. Mais il faut d'abord qu'il souffre beaucoup et qu'il soit rejeté par cette génération. "Et comme il advint aux jours de Noé, ainsi en sera-t-il encore aux jours du Fils de l'homme. On mangeait, on buvait, on prenait femme ou mari, jusqu'au jour où Noé entra dans l'arche; et vint le déluge, qui les fit tous périr. De même, comme il advint aux jours de Lot: on mangeait, on buvait, on achetait, on vendait, on plantait, on bâtissait; mais le jour où Lot sortit de Sodome, Dieu fit pleuvoir du ciel du feu et du soufre, et il les fit tous périr. De même en sera-t-il, le Jour où le Fils de l'homme doit se révéler. "En ce Jour-là, que celui qui sera sur la terrasse et aura ses affaires dans la maison, ne descende pas les prendre et, pareillement, que celui qui sera aux champs ne retourne pas en arrière. Rappelez-vous la femme de Lot. Qui cherchera à épargner sa vie la perdra, et qui la perdra la sauvegardera. Je vous le dis: en cette nuit-là, deux seront sur un même lit: l'un sera pris et l'autre laissé; deux femmes seront à moudre ensemble: l'une sera prise et l'autre laissée. *** Prenant alors la parole, ils lui disent: "Où, Seigneur?" Il leur dit: "Où sera le corps, là aussi les vautours se rassembleront." Et il leur disait une parabole sur ce qu'il leur fallait prier sans cesse et ne pas se décourager. "Il y avait dans une ville un juge qui ne craignait pas Dieu et n'avait de considération pour personne. Il y avait aussi dans cette ville une veuve qui venait le trouver, en disant: Rends-moi justice contre mon adversaire! Il s'y refusa longtemps. Après quoi il se dit: J'ai beau ne pas craindre Dieu et n'avoir de considération pour personne, néanmoins, comme cette veuve m'importune, je vais lui rendre justice, pour qu'elle ne vienne pas sans fin me rompre la tête." Et le Seigneur dit: "Ecoutez ce que dit ce juge inique. Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus qui crient vers lui jour et nuit, tandis qu'il patiente à leur sujet! Je vous dis qu'il leur fera prompte justice. Mais le Fils de l'homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre?" Il dit encore, à l'adresse de certains qui se flattaient d'être des justes et n'avaient que mépris pour les autres, la parabole que voici: "Deux hommes montèrent au Temple pour prier; l'un était Pharisien et l'autre publicain. Le Pharisien, debout, priait ainsi en lui-même: Mon Dieu, je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont rapaces, injustes, adultères, ou bien encore comme ce publicain; je jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tout ce que j'acquiers. Le publicain, se tenant à distance, n'osait même pas lever les yeux au ciel, mais il se frappait la poitrine, en disant: Mon Dieu, aie pitié du pécheur que je suis! Je vous le dis: ce dernier descendit chez lui justifié, l'autre non. Car tout homme qui s'élève sera abaissé, mais celui qui s'abaisse sera élevé." On lui présentait aussi les tout-petits pour qu'il les touchât; ce que voyant, les disciples les rabrouaient. Mais Jésus appela à lui ces enfants, en disant: "Laissez les petits enfants venir à moi, ne les empêchez pas; car c'est à leurs pareils qu'appartient le Royaume de Dieu. En vérité je vous le dis: quiconque n'accueille pas le Royaume de Dieu en petit enfant n'y entrera pas." Un notable l'interrogea en disant: "Bon maître, que me faut-il faire pour avoir en héritage la vie éternelle?" Jésus lui dit: "Pourquoi m'appelles-tu bon? Nul n'est bon que Dieu seul. Tu connais les commandements: Ne commets pas d'adultère, ne tue pas, ne vole pas, ne porte pas de faux témoignage; honore ton père et ta mère" -- "Tout cela, dit-il, je l'ai observé dès ma jeunesse." Entendant cela, Jésus lui dit: "Une chose encore te fait défaut: Tout ce que tu as, vends-le et distribue-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux; puis viens, suis-moi." Mais lui, entendant cela, devint tout triste, car il était fort riche. En le voyant, Jésus dit: "Comme il est difficile à ceux qui ont des richesses de pénétrer dans le Royaume de Dieu! Oui, il est plus facile à un chameau de passer par un trou d'aiguille qu'à un riche d'entrer dans le Royaume de Dieu!" Ceux qui entendaient dirent: "Et qui peut être sauvé?" Il dit: "Ce qui est impossible pour les hommes est possible pour Dieu." Pierre dit alors: "Voici que nous, laissant nos biens, nous t'avons suivi!" Il leur dit: "En vérité, je vous le dis: nul n'aura laissé maison, femme, frères, parents ou enfants, à cause du Royaume de Dieu, qui ne reçoive bien davantage en ce temps-ci, et dans le monde à venir la vie éternelle." Prenant avec lui les Douze, il leur dit: "Voici que nous montons à Jérusalem et que s'accomplira tout ce qui a été écrit par les Prophètes pour le Fils de l'homme. Il sera en effet livré aux païens, bafoué, outragé, couvert de crachats; après l'avoir flagellé, ils le tueront et, le troisième jour, il ressuscitera." Et eux ne saisirent rien de tout cela; cette parole leur demeurait cachée, et ils ne comprenaient pas ce qu'il disait. Or il advint, comme il approchait de Jéricho, qu'un aveugle était assis au bord du chemin et mendiait. Entendant une foule marcher, il s'enquérait de ce que cela pouvait être. On lui annonça que c'était Jésus le Nazôréen qui passait. Alors il s'écria: "Jésus, Fils de David, aie pitié de moi!" Ceux qui marchaient en tête le rabrouaient pour le faire taire, mais lui criait de plus belle: "Fils de David, aie pitié de moi!" Jésus s'arrêta et ordonna de le lui amener. Quand il fut près, il lui demanda: "Que veux-tu que je fasse pour toi" - "Seigneur, dit-il, que je recouvre la vue!" Jésus lui dit: "Recouvre la vue; ta foi t'a sauvé." Et à l'instant même il recouvra la vue, et il le suivait en glorifiant Dieu. Et tout le peuple, voyant cela, célébra les louanges de Dieu. Entré dans Jéricho, il traversait la ville. Et voici un homme appelé du nom de Zachée; c'était un chef de publicains, et qui était riche. Et il cherchait à voir qui était Jésus, mais il ne le pouvait à cause de la foule, car il était petit de taille. Il courut donc en avant et monta sur un sycomore pour voir Jésus, qui devait passer par là. Arrivé en cet endroit, Jésus leva les yeux et lui dit: "Zachée, descends vite, car il me faut aujourd'hui demeurer chez toi." Et vite il descendit et le reçut avec joie. Ce que voyant, tous murmuraient et disaient: "Il est allé loger chez un homme pécheur!" Mais Zachée, debout, dit au Seigneur: "Voici, Seigneur, je vais donner la moitié de mes biens aux pauvres, et si j'ai extorqué quelque chose à quelqu'un, je lui rends le quadruple." Et Jésus lui dit: "Aujourd'hui le salut est arrivé pour cette maison, parce que lui aussi est un fils d'Abraham. Car le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu." Comme les gens écoutaient cela, il dit encore une parabole, parce qu'il était près de Jérusalem, et qu'on pensait que le Royaume de Dieu allait apparaître à l'instant même. Il dit donc: "Un homme de haute naissance se rendit dans un pays lointain pour recevoir la dignité royale et revenir ensuite. Appelant dix de ses serviteurs, il leur remit dix mines et leur dit: Faites-les valoir jusqu'à ce que je vienne. Mais ses concitoyens le haïssaient et ils dépêchèrent à sa suite une ambassade chargée de dire: Nous ne voulons pas que celui-là règne sur nous. "Et il advint qu'une fois de retour, après avoir reçu la dignité royale, il fit appeler ces serviteurs auxquels il avait remis l'argent, pour savoir ce que chacun lui avait fait produire. Le premier se présenta et dit: Seigneur, ta mine a rapporté dix mines. -- C'est bien, bon serviteur, lui dit-il; puisque tu t'es montré fidèle en très peu de chose, reçois autorité dix villes. Le second vint et dit: Ta mine, Seigneur, a produit cinq mines. A celui-là encore il dit: Toi aussi, sois à la tête de cinq villes. "L'autre aussi vint et dit: Seigneur, voici ta mine, que je gardais déposée dans un linge. Car j'avais peur de toi, qui es un homme sévère, qui prends ce que tu n'as pas mis en dépôt et moissonnes ce que tu n'as pas semé. -- Je te juge, lui dit-il, sur tes propres paroles, mauvais serviteur. Tu savais que je suis un homme sévère, prenant ce que je n'ai pas mis en dépôt et moissonnant ce que je n'ai pas semé. Pourquoi donc n'as-tu pas confié mon argent à la banque? A mon retour, je l'aurais retiré avec un intérêt. Et il dit à ceux qui se tenaient là: Enlevez-lui sa mine, et donnez-la à celui qui a les dix mines. -- Seigneur, lui dirent-ils, il a dix mines! -- Je vous le dis: à tout homme qui a l'on donnera; mais à qui n'a pas on enlèvera même ce qu'il a. "Quant à mes ennemis, ceux qui n'ont pas voulu que je règne sur eux, amenez-les ici, et égorgez-les en ma présence." Ayant dit cela, il partait en tête, montant à Jérusalem. Et il advint qu'en approchant de Bethphagé et de Béthanie, près du mont dit des Oliviers, il envoya deux des disciples, en disant: "Allez au village qui est en face et, en y pénétrant, vous trouverez, à l'attache, un ânon que personne au monde n'a jamais monté; détachez-le et amenez-le. Et si quelqu'un vous demande: Pourquoi le détachez-vous? Vous direz ceci: C'est que le Seigneur en a besoin." Etant donc partis, les envoyés trouvèrent les choses comme il leur avait dit. Et tandis qu'ils détachaient l'ânon, ses maîtres leur dirent: "Pourquoi détachez-vous cet ânon?" Ils dirent: "C'est que le Seigneur en a besoin." Ils l'amenèrent donc à Jésus et, jetant leurs manteaux sur l'ânon, ils firent monter Jésus. Et, tandis qu'il avançait, les gens étendaient leurs manteaux sur le chemin. Déjà il approchait de la descente du mont des Oliviers quand, dans sa joie, toute la multitude des disciples se mit à louer Dieu d'une voix forte pour tous les miracles qu'ils avaient vus. Ils disaient: "Béni soit celui qui vient, le Roi, au nom du Seigneur! Paix dans le ciel et gloire au plus haut des cieux!" Quelques Pharisiens de la foule lui dirent: "Maître, réprimande tes disciples." Mais il répondit: "Je vous le dis, si eux se taisent, les pierres crieront." Quand il fut proche, à la vue de la ville, il pleura sur elle, en disant: "Ah! si en ce jour tu avais compris, toi aussi, le message de paix! Mais non, il est demeuré caché à tes yeux. Oui, des jours viendront sur toi, où tes ennemis t'environneront de retranchements, t'investiront, te presseront de toute part. Ils t'écraseront sur le sol, toi et tes enfants au milieu de toi, et ils ne laisseront pas en toi pierre sur pierre, parce que tu n'as pas reconnu le temps où tu fus visitée!" Puis, entré dans le Temple, il se mit à chasser les vendeurs, en leur disant: "Il est écrit: Ma maison sera une maison de prière. Mais vous, vous en avez fait un repaire de brigands!" Il était journellement à enseigner dans le Temple, et les grands prêtres et les scribes cherchaient à le faire périr, les notables du peuple aussi. Mais ils ne trouvaient pas ce qu'ils pourraient faire, car tout le peuple l'écoutait, suspendu à ses lèvres. Et il advint, un jour qu'il enseignait le peuple dans le Temple, et annonçait la Bonne Nouvelle, que les grands prêtres et les scribes survinrent avec les anciens, et lui parlèrent en ces termes: "Dis-nous par quelle autorité tu fais cela, ou quel est celui qui t'a donné cette autorité?" Il leur répondit: "Moi aussi, je vais vous poser une question. Dites-moi donc: le baptême de Jean était-il du Ciel ou des hommes?" Mais ils firent par-devers eux ce calcul: "Si nous disons: Du Ciel, il dira: Pourquoi n'avez-vous pas cru en lui? Et si nous disons: Des hommes, tout le peuple nous lapidera, car il est persuadé que Jean est un prophète." Et ils répondirent ne pas savoir d'où il était. Et Jésus leur dit: "Moi non plus, je ne vous dis pas par quelle autorité je fais cela." Il se mit alors à dire au peuple la parabole que voici: "Un homme planta une vigne, puis il la loua à des vignerons et partit en voyage pour un temps assez long. "Le moment venu, il envoya un serviteur aux vignerons pour qu'ils lui donnent une part du fruit de la vigne; mais les vignerons le renvoyèrent les mains vides, après l'avoir battu. Il recommença, envoyant un autre serviteur; et celui-là aussi, ils le battirent, le couvrirent d'outrages et le renvoyèrent les mains vides. Il recommença, envoyant un troisième; et celui-là aussi, ils le blessèrent et le jetèrent dehors. Le maître de la vigne se dit alors: Que faire? Je vais envoyer mon fils bien-aimé; peut-être respecteront-ils celui-là. Mais, à sa vue, les vignerons faisaient entre eux ce raisonnement: Celui-ci est l'héritier; tuons-le, pour que l'héritage soit à nous. Et, le jetant hors de la vigne, ils le tuèrent. "Que leur fera donc le maître de la vigne? Il viendra, fera périr ces vignerons et donnera la vigne à d'autres." A ces mots, ils dirent: A Dieu ne plaise! Mais, fixant sur eux son regard, il dit: "Que signifie donc ceci qui est écrit: La pierre qu'avaient rejetée les bâtisseurs, c'est elle qui est devenue pierre de faîte? Quiconque tombera sur cette pierre s'y fracassera, et celui sur qui elle tombera, elle l'écrasera." Les scribes et les grands prêtres cherchèrent à porter les mains sur lui à cette heure même, mais ils eurent peur du peuple. Ils avaient bien compris, en effet, que c'était pour eux qu'il avait dit cette parabole. Ils se mirent alors aux aguets et lui envoyèrent des espions, qui jouèrent les justes pour le prendre en défaut sur quelque parole, de manière à le livrer à l'autorité et au pouvoir du gouverneur. Ils l'interrogèrent donc en disant: "Maître, nous savons que tu parles et enseignes avec droiture et que tu ne tiens pas compte des personnes, mais que tu enseignes en toute vérité la voie de Dieu. Nous est-il permis ou non de payer le tribut à César?" Mais, pénétrant leur astuce, il leur dit: "Montrez-moi un denier. De qui porte-t-il l'effigie et l'inscription?" Ils dirent: "De César." Alors il leur dit: "Eh bien! rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu." Et ils ne purent le prendre en défaut sur quelque propos devant le peuple et, tout étonnés de sa réponse, ils gardèrent le silence. S'approchant alors, quelques Sadducéens - ceux qui nient qu'il y ait une résurrection - l'interrogèrent en disant: "Maître, Moïse a écrit pour nous: Si quelqu'un a un frère marié qui meurt sans avoir d'enfant, que son frère prenne la femme et suscite une postérité à son frère. Il y avait donc sept frères. Le premier, ayant pris femme, mourut sans enfant. Le second aussi, puis le troisième prirent la femme. Et les sept moururent de même, sans laisser d'enfant après eux. Finalement, la femme aussi mourut. Eh bien! cette femme, à la résurrection, duquel d'entre eux va-t-elle devenir la femme? Car les sept l'auront eue pour femme." Et Jésus leur dit: "Les fils de ce monde-ci prennent femme ou mari; mais ceux qui auront été jugés dignes d'avoir part à ce monde-là et à la résurrection d'entre les morts ne prennent ni femme ni mari; aussi bien ne peuvent-ils plus mourir, car ils sont pareils aux anges, et ils sont fils de Dieu, étant fils de la résurrection. Et que les morts ressuscitent, Moïse aussi l'a donné à entendre dans le passage du Buisson quand il appelle le Seigneur le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob. Or il n'est pas un Dieu de morts, mais de vivants; tous en effet vivent pour lui." Prenant alors la parole, quelques scribes dirent: "Maître, tu as bien parlé." Car ils n'osaient plus l'interroger sur rien. Il leur dit: "Comment peut-on dire que le Christ est fils de David? C'est David lui-même en effet qui dit, au livre des Psaumes: Le Seigneur a dit à mon Seigneur: Siège à ma droite, jusqu'à ce que j'aie fait de tes ennemis un escabeau pour tes pieds. David donc l'appelle Seigneur; comment alors est-il son fils?" Comme tout le peuple écoutait, il dit aux disciples: "Méfiez-vous des scribes qui se plaisent à circuler en longues robes, qui aiment les salutations sur les places publiques, et les premiers sièges dans les synagogues et les premiers divans dans les festins, qui dévorent les biens des veuves, et affectent de faire de longues prières. Ils subiront, ceux-là, une condamnation plus sévère!" Levant les yeux, il vit les riches qui mettaient leurs offrandes dans le Trésor. Il vit aussi une veuve indigente qui y mettait deux piécettes, et il dit: "Vraiment, je vous le dis, cette veuve qui est pauvre a mis plus qu'eux tous. Car tous ceux-là ont mis de leur superflu dans les offrandes, mais elle, de son dénuement, a mis tout ce qu'elle avait pour vivre." Comme certains disaient du Temple qu'il était orné de belles pierres et d'offrandes votives, il dit: "De ce que vous contemplez, viendront des jours où il ne restera pas pierre sur pierre qui ne soit jetée bas." Ils l'interrogèrent alors en disant: "Maître, quand donc cela aura-t-il lieu, et quel sera le signe que cela est sur le point d'arriver?" Il dit: "Prenez garde de vous laisser abuser, car il en viendra beaucoup sous mon nom, qui diront: C'est moi! et Le temps est tout proche. N'allez pas à leur suite. Lorsque vous entendrez parler de guerres et de désordres, ne vous effrayez pas; car il faut que cela arrive d'abord, mais ce ne sera pas de sitôt la fin." Alors il leur disait: "On se dressera nation contre nation et royaume contre royaume. Il y aura de grands tremblements de terre et, par endroits, des pestes et des famines; il y aura aussi des phénomènes terribles et, venant du ciel, de grands signes. "Mais, avant tout cela, on portera les mains sur vous, on vous persécutera, on vous livrera aux synagogues et aux prisons, on vous traduira devant des rois et des gouverneurs à cause de mon Nom, et cela aboutira pour vous au témoignage. Mettez-vous donc bien dans l'esprit que vous n'avez pas à préparer d'avance votre défense: car moi je vous donnerai un langage et une sagesse, à quoi nul de vos adversaires ne pourra résister ni contredire. Vous serez livrés même par vos père et mère, vos frères, vos proches et vos amis; on fera mourir plusieurs d'entre vous, et vous serez haïs de tous à cause de mon nom. Mais pas un cheveu de votre tête ne se perdra. C'est par votre constance que vous sauverez vos vies! "Mais lorsque vous verrez Jérusalem investie par des armées, alors comprenez que sa dévastation est toute proche. Alors, que ceux qui seront en Judée s'enfuient dans les montagnes, que ceux qui seront à l'intérieur de la ville s'en éloignent, et que ceux qui seront dans les campagnes n'y entrent pas; car ce seront des jours de vengeance, où devra s'accomplir tout ce qui a été écrit. Malheur à celles qui seront enceintes et à celles qui allaiteront en ces jours-là! "Car il y aura grande détresse sur la terre et colère contre ce peuple. Ils tomberont sous le tranchant du glaive et ils seront emmenés captifs dans toutes les nations, et Jérusalem sera foulée aux pieds par des païens jusqu'à ce que soient accomplis les temps des païens. "Et il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles. Sur la terre, les nations seront dans l'angoisse, inquiètes du fracas de la mer et des flots; des hommes défailliront de frayeur, dans l'attente de ce qui menace le monde habité, car les puissances des cieux seront ébranlées. Et alors on verra le Fils de l'homme venant dans une nuée avec puissance et grande gloire. Quand cela commencera d'arriver, redressez-vous et relevez la tête, parce que votre délivrance est proche." Et il leur dit une parabole: "Voyez le figuier et les autres arbres. Dès qu'ils bourgeonnent, vous comprenez de vous-mêmes, en les regardant, que désormais l'été est proche. Ainsi vous, lorsque vous verrez cela arriver, comprenez que le Royaume de Dieu est proche. En vérité, je vous le dis, cette génération ne passera pas que tout ne soit arrivé. Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point. "Tenez-vous sur vos gardes, de peur que vos coeurs ne s'appesantissent dans la débauche, l'ivrognerie, les soucis de la vie, et que ce Jour-là ne fonde soudain sur vous comme un filet; car il s'abattra sur tous ceux qui habitent la surface de toute la terre. Veillez donc et priez en tout temps, afin d'avoir la force d'échapper à tout ce qui doit arriver, et de vous tenir debout devant le Fils de l'homme." Pendant le jour, il était dans le Temple à enseigner; mais la nuit, il s'en allait la passer en plein air sur le mont dit des Oliviers. Et, dès l'aurore, tout le peuple venait à lui dans le Temple pour l'écouter. La fête des Azymes, appelée la Pâque, approchait. Et les grands prêtres et les scribes cherchaient comment le tuer, car ils avaient peur du peuple. Or Satan entra dans Judas, appelé Iscariote, qui était du nombre des Douze. Il s'en alla conférer avec les grands prêtres et les chefs des gardes sur le moyen de le leur livrer. Ils se réjouirent et convinrent de lui donner de l'argent. Il acquiesça, et il cherchait une occasion favorable pour le leur livrer à l'insu de la foule. Vint le jour des Azymes, où devait être immolée la pâque, et il envoya Pierre et Jean en disant: "Allez nous préparer la pâque, que nous la mangions." Ils lui dirent: "Où veux-tu que nous préparions?" Il leur dit: "Voici qu'en entrant dans la ville, vous rencontrerez un homme portant une cruche d'eau. Suivez-le dans la maison où il pénétrera, et vous direz au propriétaire de la maison: Le Maître te fait dire: Où est la salle où je pourrai manger la pâque avec mes disciples? Et celui-ci vous montrera, à l'étage, une grande pièce garnie de coussins; faites-y les préparatifs." S'en étant donc allés, ils trouvèrent comme il leur avait dit, et ils préparèrent la pâque. Lorsque l'heure fut venue, il se mit à table, et les apôtres avec lui. Et il leur dit: "J'ai ardemment désiré manger cette pâque avec vous avant de souffrir; car je vous le dis, jamais plus je ne la mangerai jusqu'à ce qu'elle s'accomplisse dans le Royaume de Dieu." Puis, ayant reçu une coupe, il rendit grâces et dit: "Prenez ceci et partagez entre vous; car, je vous le dis, je ne boirai plus désormais du produit de la vigne jusqu'à ce que le Royaume de Dieu soit venu." Puis, prenant du pain, il rendit grâces, le rompit et le leur donna, en disant: "Ceci est mon corps, donné pour vous; faites cela en mémoire de moi." Il fit de même pour la coupe après le repas, disant: "Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang, versé pour vous. "Cependant, voici que la main de celui qui me livre est avec moi sur la table. Le Fils de l'homme, certes, va son chemin selon ce qui a été arrêté, mais malheur à cet homme-là par qui il est livré!" Et eux se mirent à se demander entre eux quel était donc parmi eux celui qui allait faire cela. Il s'éleva aussi entre eux une contestation: lequel d'entre eux pouvait être tenu pour le plus grand? Il leur dit: "Les rois des nations dominent sur eux, et ceux qui exercent le pouvoir sur eux se font appeler Bienfaiteurs. Mais pour vous, il n'en va pas ainsi. Au contraire, que le plus grand parmi vous se comporte comme le plus jeune, et celui qui gouverne comme celui qui sert. Quel est en effet le plus grand, celui qui est à table ou celui qui sert? N'est-ce pas celui qui est à table? Et moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert! "Vous êtes, vous, ceux qui êtes demeurés constamment avec moi dans mes épreuves; et moi je dispose pour vous du Royaume, comme mon Père en a disposé pour moi: vous mangerez et boirez à ma table en mon Royaume, et vous siégerez sur des trônes pour juger les douze tribus d'Israël. "Simon, Simon, voici que Satan vous a réclamés pour vous cribler comme froment; mais moi j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Toi donc, quand tu seras revenu, affermis tes frères." Celui-ci lui dit: "Seigneur, je suis prêt à aller avec toi et en prison et à la mort." Mais il dit: "Je te le dis, Pierre, le coq ne chantera pas aujourd'hui que tu n'aies, par trois fois, nié me connaître." Puis il leur dit: "Quand je vous ai envoyés sans bourse, ni besace, ni sandales, avez-vous manqué de quelque chose" - "De rien", dirent-ils. Et il leur dit: "Mais maintenant, que celui qui a une bourse la prenne, de même celui qui a une besace, et que celui qui n'en a pas vende son manteau pour acheter un glaive. Car, je vous le dis, il faut que s'accomplisse en moi ceci qui est écrit: Il a été compté parmi les scélérats. Aussi bien, ce qui me concerne touche à sa fin" -- "Seigneur, dirent-ils, il y a justement ici deux glaives." Il leur répondit: "C'est bien assez!" Il sortit et se rendit, comme de coutume, au mont des Oliviers, et les disciples aussi le suivirent. Parvenu en ce lieu, il leur dit: "Priez, pour ne pas entrer en tentation." Puis il s'éloigna d'eux d'environ un jet de pierre et, fléchissant les genoux, il priait en disant: "Père, si tu veux, éloigne de moi cette coupe! Cependant, que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne qui se fasse!" Alors lui apparut, venant du ciel, un ange qui le réconfortait. Entré en agonie, il priait de façon plus instante, et sa sueur devint comme de grosses gouttes de sang qui tombaient à terre. Se relevant de sa prière, il vint vers les disciples qu'il trouva endormis de tristesse, et il leur dit: "Qu'avez-vous à dormir? Relevez-vous et priez, pour ne pas entrer en tentation." Tandis qu'il parlait encore, voici une foule, et à sa tête marchait le nommé Judas, l'un des Douze, qui s'approcha de Jésus pour lui donner un baiser. Mais Jésus lui dit: "Judas, c'est par un baiser que tu livres le Fils de l'homme!" Voyant ce qui allait arriver, ses compagnons lui dirent: "Seigneur, faut-il frapper du glaive?" Et l'un d'eux frappa le serviteur du grand prêtre et lui enleva l'oreille droite. Mais Jésus prit la parole et dit: "Restez-en là." Et, lui touchant l'oreille, il le guérit. Puis Jésus dit à ceux qui s'étaient portés contre lui, grands prêtres, chefs des gardes du Temple et anciens: "Suis-je un brigand, que vous vous soyez mis en campagne avec des glaives et des bâtons? Alors que chaque jour j'étais avec vous dans le Temple, vous n'avez pas porté les mains sur moi. Mais c'est votre heure et le pouvoir des Ténèbres." L'ayant donc saisi, ils l'emmenèrent et l'introduisirent dans la maison du grand prêtre. Quant à Pierre, il suivait de loin. Comme ils avaient allumé du feu au milieu de la cour et s'étaient assis autour, Pierre s'assit au milieu d'eux. Une servante le vit assis près de la flambée et, fixant les yeux sur lui, elle dit: "Celui-là aussi était avec lui!" Mais lui nia en disant: "Femme, je ne le connais pas." Peu après, un autre, l'ayant vu, déclara: "Toi aussi, tu en es!" Mais Pierre déclara: "Homme, je n'en suis pas." Environ une heure plus tard, un autre soutenait avec insistance: "Sûrement, celui-là aussi était avec lui, et d'ailleurs il est Galiléen!" Mais Pierre dit: "Homme, je ne sais ce que tu dis." Et à l'instant même, comme il parlait encore, un coq chanta, et le Seigneur, se retournant, fixa son regard sur Pierre. Et Pierre se ressouvint de la parole du Seigneur, qui lui avait dit: "Avant que le coq ait chanté aujourd'hui, tu m'auras renié trois fois." Et, sortant dehors, il pleura amèrement. Les hommes qui le gardaient le bafouaient et le battaient; ils lui voilaient le visage et l'interrogeaient en disant: "Fais le prophète! Qui est-ce qui t'a frappé?" Et ils proféraient contre lui beaucoup d'autres injures. Et quand il fit jour, le conseil des Anciens du peuple s'assembla, grands prêtres et scribes. Ils l'amenèrent dans leur Sanhédrin et dirent: "Si tu es le Christ, dis-le-nous." Il leur dit: "Si je vous le dis, vous ne croirez pas, et si je vous interroge, vous ne répondrez pas. Mais désormais le Fils de l'homme siégera à la droite de la Puissance de Dieu!" Tous dirent alors: "Tu es donc le Fils de Dieu!" Il leur déclara: "Vous le dites: je le suis." Et ils dirent: "Qu'avons-nous encore besoin de témoignage? Car nous-mêmes l'avons entendu de sa bouche!" Puis toute l'assemblée se leva, et ils l'amenèrent devant Pilate. Ils se mirent alors à l'accuser, en disant: "Nous avons trouvé cet homme mettant le trouble dans notre nation, empêchant de payer les impôts à César et se disant Christ Roi." Pilate l'interrogea en disant: "Tu es le roi des Juifs" - "Tu le dis", lui répondit-il. Pilate dit alors aux grands prêtres et aux foules: "Je ne trouve en cet homme aucun motif de condamnation." Mais eux d'insister en disant: "Il soulève le peuple, enseignant par toute la Judée, depuis la Galilée, où il a commencé, jusqu'ici." A ces mots, Pilate demanda si l'homme était Galiléen. Et s'étant assuré qu'il était de la juridiction d'Hérode, il le renvoya à Hérode qui se trouvait, lui aussi, à Jérusalem en ces jours-là. Hérode, en voyant Jésus, fut tout joyeux; car depuis assez longtemps il désirait le voir, pour ce qu'il entendait dire de lui; et il espérait lui voir faire quelque miracle. Il l'interrogea donc avec force paroles, mais il ne lui répondit rien. Cependant les grands prêtres et les scribes se tenaient là, l'accusant avec véhémence. Après l'avoir, ainsi que ses gardes, traité avec mépris et bafoué, Hérode le revêtit d'un habit splendide et le renvoya à Pilate. Et, ce même jour, Hérode et Pilate devinrent deux amis, d'ennemis qu'ils étaient auparavant. Ayant convoqué les grands prêtres, les chefs et le peuple, Pilate leur dit: "Vous m'avez présenté cet homme comme détournant le peuple, et voici que moi je l'ai interrogé devant vous, et je n'ai trouvé en cet homme aucun motif de condamnation pour ce dont vous l'accusez. Hérode non plus d'ailleurs, puisqu'il l'a renvoyé devant nous. Vous le voyez; cet homme n'a rien fait qui mérite la mort. Je le relâcherai donc, après l'avoir châtié." *** Mais eux se mirent à pousser des cris tous ensemble: "A mort cet homme! Et relâche-nous Barabbas." Ce dernier avait été jeté en prison pour une sédition survenue dans la ville et pour meurtre. De nouveau Pilate, qui voulait relâcher Jésus, leur adressa la parole. Mais eux répondaient en criant: "Crucifie-le! crucifie-le!" Pour la troisième fois, il leur dit: "Quel mal a donc fait cet homme? Je n'ai trouvé en lui aucun motif de condamnation à mort; je le relâcherai donc, après l'avoir châtié." Mais eux insistaient à grands cris, demandant qu'il fût crucifié; et leurs clameurs gagnaient en violence. Et Pilate prononça qu'il fût fait droit à leur demande. Il relâcha celui qui avait été jeté en prison pour sédition et meurtre, celui qu'ils réclamaient. Quant à Jésus, il le livra à leur bon plaisir. Quand ils l'emmenèrent, ils mirent la main sur un certain Simon de Cyrène qui revenait des champs, et le chargèrent de la croix pour la porter derrière Jésus. Une grande masse du peuple le suivait, ainsi que des femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur lui. Mais, se retournant vers elles, Jésus dit: "Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi! pleurez plutôt sur vous-mêmes et sur vos enfants! Car voici venir des jours où l'on dira: Heureuses les femmes stériles, les entrailles qui n'ont pas enfanté, et les seins qui n'ont pas nourri! Alors on se mettra à dire aux montagnes: Tombez sur nous! et aux collines: Couvrez-nous! Car si l'on traite ainsi le bois vert, qu'adviendra-t-il du sec?" On emmenait encore deux malfaiteurs pour être exécutés avec lui. Lorsqu'ils furent arrivés au lieu appelé Crâne, ils l'y crucifièrent ainsi que les malfaiteurs, l'un à droite et l'autre à gauche. Et Jésus disait: "Père, pardonne-leur: ils ne savent ce qu'ils font." Puis, se partageant ses vêtements, ils tirèrent au sort. Le peuple se tenait là, à regarder. Les chefs, eux, se moquaient: "Il en a sauvé d'autres, disaient-ils; qu'il se sauve lui-même, s'il est le Christ de Dieu, l'Elu!" Les soldats aussi se gaussèrent de lui: s'approchant pour lui présenter du vinaigre, ils disaient: "Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même!" Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui: "Celui-ci est le roi des Juifs." L'un des malfaiteurs suspendus à la croix l'injuriait: "N'es-tu pas le Christ? Sauve-toi toi même, et nous aussi." Mais l'autre, le reprenant, déclara: "Tu n'as même pas crainte de Dieu, alors que tu subis la même peine! Pour nous, c'est justice, nous payons nos actes; mais lui n'a rien fait de mal." Et il disait: "Jésus, souviens-toi de moi, lorsque tu viendras avec ton royaume." Et il lui dit: "En vérité, je te le dis, aujourd'hui tu seras avec moi dans le Paradis." C'était déjà environ la sixième heure quand, le soleil s'éclipsant, l'obscurité se fit sur la terre entière, jusqu'à la neuvième heure. Le voile du Sanctuaire se déchira par le milieu, et, jetant un grand cri, Jésus dit: "Père, en tes mains je remets mon esprit." Ayant dit cela, il expira. Voyant ce qui était arrivé, le centenier glorifiait Dieu, en disant: "Sûrement, cet homme était un juste!" Et toutes les foules qui s'étaient rassemblées pour ce spectacle, voyant ce qui était arrivé, s'en retournaient en se frappant la poitrine. Tous ses amis se tenaient à distance, ainsi que les femmes qui l'accompagnaient depuis la Galilée, et qui regardaient cela. Et voici un homme nommé Joseph, membre du Conseil, homme droit et juste. Celui-là n'avait pas donné son assentiment au dessein ni à l'acte des autres. Il était d'Arimathie, ville juive, et il attendait le Royaume de Dieu. Il alla trouver Pilate et réclama le corps de Jésus. Il le descendit, le roula dans un linceul et le mit dans une tombe taillée dans le roc, où personne encore n'avait été placé. C'était le jour de la Préparation, et le sabbat commençait à poindre. Cependant les femmes qui étaient venues avec lui de Galilée avaient suivi Joseph; elles regardèrent le tombeau et comment son corps avait été mis. Puis elles s'en retournèrent et préparèrent aromates et parfums. Et le sabbat, elles se tinrent en repos, selon le précepte. Le premier jour de la semaine, à la pointe de l'aurore, elles allèrent à la tombe, portant les aromates qu'elles avaient préparés. Elles trouvèrent la pierre roulée de devant le tombeau, mais, étant entrées, elles ne trouvèrent pas le corps du Seigneur Jésus. Et il advint, comme elles en demeuraient perplexes, que deux hommes se tinrent devant elles, en habit éblouissant. Et tandis que, saisies d'effroi, elles tenaient leur visage incliné vers le sol, ils leur dirent: "Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts? Il n'est pas ici; mais il est ressuscité. Rappelez-vous comment il vous a parlé, quand il était encore en Galilée: Il faut, disait-il, que le Fils de l'homme soit livré aux mains des pécheurs, qu'il soit crucifié, et qu'il ressuscite le troisième jour." Et elles se rappelèrent ses paroles. A leur retour du tombeau, elles rapportèrent tout cela aux Onze et à tous les autres. C'étaient Marie la Magdaléenne, Jeanne et Marie, mère de Jacques. Les autres femmes qui étaient avec elles le dirent aussi aux apôtres; mais ces propos leur semblèrent du radotage, et ils ne les crurent pas. Pierre cependant partit et courut au tombeau. Mais, se penchant, il ne voit que les linges. Et il s'en alla chez lui, tout surpris de ce qui était arrivé. Et voici que, ce même jour, deux d'entre eux faisaient route vers un village du nom d'Emmaüs, distant de Jérusalem de 60 stades, et ils conversaient entre eux de tout ce qui était arrivé. Et il advint, comme ils conversaient et discutaient ensemble, que Jésus en personne s'approcha, et il faisait route avec eux; mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître. Il Leur dit: "Quels sont donc ces propos que vous échangez en marchant?" Et ils s'arrêtèrent, le visage sombre. Prenant la parole, l'un d'eux, nommé Cléophas, lui dit: "Tu es bien le seul habitant de Jérusalem à ignorer ce qui y est arrivé ces jours-ci" -- "Quoi donc?" Leur dit-il. Ils lui dirent: "Ce qui concerne Jésus le Nazarénien, qui s'est montré un prophète puissant en oeuvres et en paroles devant Dieu et devant tout le peuple, comment nos grands prêtres et nos chefs l'ont livré pour être condamné à mort et l'ont crucifié. Nous espérions, nous, que c'était lui qui allait délivrer Israël; mais avec tout cela, voilà le troisième jour depuis que ces choses sont arrivées! Quelques femmes qui sont des nôtres nous ont, il est vrai, stupéfiés. S'étant rendues de grand matin au tombeau et n'ayant pas trouvé son corps, elles sont revenues nous dire qu'elles ont même eu la vision d'anges qui le disent vivant. Quelques-uns des nôtres sont allés au tombeau et ont trouvé les choses tout comme les femmes avaient dit; mais lui, ils ne l'ont pas vu!" Alors il leur dit: "O coeurs sans intelligence, lents à croire à tout ce qu'ont annoncé les Prophètes! Ne fallait-il pas que le Christ endurât ces souffrances pour entrer dans sa gloire?" Et, commençant par Moïse et parcourant tous les Prophètes, il leur interpréta dans toutes les Ecritures ce qui le concernait. Quand ils furent près du village où ils se rendaient, il fit semblant d'aller plus loin. Mais ils le pressèrent en disant: "Reste avec nous, car le soir tombe et le jour déjà touche à son terme." Il entra donc pour rester avec eux. Et il advint, comme il était à table avec eux, qu'il prit le pain, dit la bénédiction, puis le rompit et le leur donna. Leurs yeux s'ouvrirent et ils le reconnurent... mais il avait disparu de devant eux. Et ils se dirent l'un à l'autre: "Notre coeur n'était-il pas tout brûlant au-dedans de nous, quand il nous parlait en chemin, quand il nous expliquait les Ecritures?" A cette heure même, ils partirent et s'en retournèrent à Jérusalem. Ils trouvèrent réunis les Onze et leurs compagnons, qui dirent: "C'est bien vrai! le Seigneur est ressuscité et il est apparu à Simon!" Et eux de raconter ce qui s'était passé en chemin, et comment ils l'avaient reconnu à la fraction du pain. Tandis qu'ils disaient cela, lui se tint au milieu d'eux et leur dit: "Paix à vous!" Saisis de frayeur et de crainte, ils pensaient voir un esprit. Mais il leur dit: "Pourquoi tout ce trouble, et pourquoi des doutes montent-ils en votre coeur? Voyez mes mains et mes pieds; c'est bien moi! Palpez-moi et rendez-vous compte qu'un esprit n'a ni chair ni os, comme vous voyez que j'en ai." Ayant dit cela, il leur montra ses mains et ses pieds. Et comme, dans leur joie, ils ne croyaient pas encore et demeuraient saisis d'étonnement, il leur dit: "Avez-vous ici quelque chose à manger?" Ils lui présentèrent un morceau de poisson grillé. Il le prit et le mangea devant eux. Puis il leur dit: "Telles sont bien les paroles que je vous ai dites quand j'étais encore avec vous: il faut que s'accomplisse tout ce qui est écrit de moi dans la Loi de Moïse, les Prophètes et les Alors il leur ouvrit l'esprit à l'intelligence des Ecritures, et il leur dit: "Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait et ressusciterait d'entre les morts le troisième jour, et qu'en son Nom le repentir en vue de la rémission des péchés serait proclamé à toutes les nations, à commencer par Jérusalem. De cela vous êtes témoins. "Et voici que moi, je vais envoyer sur vous ce que mon Père a promis. Vous donc, demeurez dans la ville jusqu'à ce que vous soyez revêtus de la force d'en haut." Puis il les emmena jusque vers Béthanie et, levant les mains, il les bénit. Et il advint, comme il les bénissait, qu'il se sépara d'eux et fut emporté au ciel. Pour eux, s'étant prosternés devant lui, ils retournèrent à Jérusalem en grande joie, et ils étaient constamment dans le Temple à louer Dieu. Au commencement était le Verbe et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu. Il était au commencement avec Dieu. Tout fut par lui, et sans lui rien ne fut. Ce qui fut en lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes, et la lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l'ont pas saisie. Il y eut un homme envoyé de Dieu. Son nom était Jean. Il vint pour témoigner, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous crussent par lui. Celui-là n'était pas la lumière, mais il avait à rendre témoignage à la lumière. Le Verbe était la lumière véritable, qui éclaire tout homme; il venait dans le monde. Il était dans le monde, et le monde fut par lui, et le monde ne l'a pas reconnu. Il est venu chez lui, et les siens ne l'ont pas accueilli. Mais à tous ceux qui l'ont accueilli, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom, lui qui ne fut engendré ni du sang, ni d'un vouloir de chair, ni d'un vouloir d'homme, mais de Dieu. Et le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous, et nous avons contemplé sa gloire, gloire qu'il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité. Jean lui rend témoignage et il clame: "C'est de lui que j'ai dit: Celui qui vient derrière moi, le voilà passé devant moi, parce qu'avant moi il était." Oui, de sa plénitude nous avons tous reçu, et grâce pour grâce. Car la Loi fut donnée par Moïse; la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ. Nul n'a jamais vu Dieu; le Fils unique, qui est tourné vers le sein du Père, lui, l'a fait connaître. Et voici quel fut le témoignage de Jean, quand les Juifs lui envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites pour lui demander: "Qui es-tu?" Il confessa, il ne nia pas, il confessa: "Je ne suis pas le Christ" -- "Qu'es-tu donc? Lui demandèrent-ils. Es-tu Elie?" Il dit: "Je ne le suis pas" - "Es-tu le prophète?" Il répondit: "Non." Ils lui dirent alors: "Qui es-tu, que nous donnions réponse à ceux qui nous ont envoyés? Que dis-tu de toi-même" -- Il déclara: "Je suis la voix de celui qui crie dans le désert: Rendez droit le chemin du Seigneur, comme a dit Isaïe, le prophète." On avait envoyé des Pharisiens. Ils lui demandèrent: "Pourquoi donc baptises-tu, si tu n'es ni le Christ, ni Elie, ni le prophète?" Jean leur répondit: "Moi, je baptise dans l'eau. Au milieu de vous se tient quelqu'un que vous ne connaissez pas, celui qui vient derrière moi, dont je ne suis pas digne de dénouer la courroie de sandale." Cela se passait à Béthanie au-delà du Jourdain, où Jean baptisait. Le lendemain, il voit Jésus venir vers lui et il dit: "Voici l'agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde. C'est de lui que j'ai dit: Derrière moi vient un homme qui est passé devant moi parce qu'avant moi il était. Et moi, je ne le connaissais pas; mais c'est pour qu'il fût manifesté à Israël que je suis venu baptisant dans l'eau." Et Jean rendit témoignage en disant: "J'ai vu l'Esprit descendre, tel une colombe venant du ciel, et demeurer sur lui. Et moi, je ne le connaissais pas, mais celui qui m'a envoyé baptiser dans l'eau, celui-là m'avait dit: Celui sur qui tu verras l'Esprit descendre et demeurer, c'est lui qui baptise dans l'Esprit Saint. Et moi, j'ai vu et je témoigne que celui-ci est l'Elu de Dieu." Le lendemain, Jean se tenait là, de nouveau, avec deux de ses disciples. Regardant Jésus qui passait, il dit: "Voici l'agneau de Dieu." Les deux disciples entendirent ses paroles et suivirent Jésus. Jésus se retourna et, voyant qu'ils le suivaient, leur dit: "Que cherchez-vous?" Ils lui dirent: "Rabbi - ce qui veut dire Maître --, où demeures-tu?" Il leur dit: "Venez et voyez." Ils vinrent donc et virent où il demeurait, et ils demeurèrent auprès de lui ce jour-là. C'était environ la dixième heure. André, le frère de Simon-Pierre, était l'un des deux qui avaient entendu les paroles de Jean et suivi Jésus. Il rencontre en premier lieu son frère Simon et lui dit: "Nous avons trouvé le Messie" - ce qui veut dire Christ. Il l'amena à Jésus. Jésus le regarda et dit: "Tu es Simon, le fils de Jean; tu t'appelleras Céphas" - ce qui veut dire Pierre. Le lendemain, Jésus résolut de partir pour la Galilée; il rencontre Philippe et lui dit: "Suis-moi!" Philippe était de Bethsaïde, la ville d'André et de Pierre. Philippe rencontre Nathanaël et lui dit: "Celui dont Moïse a écrit dans la Loi, ainsi que les prophètes, nous l'avons trouvé: Jésus, le fils de Joseph, de Nazareth." Nathanaël lui dit: "De Nazareth, peut-il sortir quelque chose de bon?" Philippe lui dit: "Viens et vois." Jésus vit Nathanaël venir vers lui et il dit de lui: "Voici vraiment un Israélite sans détours." Nathanaël lui dit: "D'où me connais-tu?" Jésus lui répondit: "Avant que Philippe t'appelât, quant tu étais sous le figuier, je t'ai vu." Nathanaël reprit: "Rabbi, tu es le Fils de Dieu, tu es le roi d'Israël." Jésus lui répondit: "Parce que je t'ai dit: Je t'ai vu sous le figuier, tu crois! Tu verras mieux encore." Et il lui dit: "En vérité, en vérité, je vous le dis, vous verrez le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l'homme." Le troisième jour, il y eut des noces à Cana de Galilée, et la mère de Jésus y était. Jésus aussi fut invité à ces noces, ainsi que ses disciples. Or il n'y avait plus de vin, car le vin des noces était épuisé. La mère de Jésus lui dit: "Ils n'ont pas de vin." Jésus lui dit: "Que me veux-tu, femme? Mon heure n'est pas encore arrivée." Sa mère dit aux servants: "Tout ce qu'il vous dira, faites-le." Or il y avait là six jarres de pierre, destinées aux purifications des Juifs, et contenant chacune deux ou trois mesures. Jésus leur dit: "Remplissez d'eau ces jarres." Ils les remplirent jusqu'au bord. Il leur dit: "Puisez maintenant et portez-en au maître du repas." Ils lui en portèrent. Lorsque le maître du repas eut goûté l'eau changée en vin - et il ne savait pas d'où il venait, tandis que les servants le savaient, eux qui avaient puisé l'eau - le maître du repas appelle le marié et lui dit: "Tout homme sert d'abord le bon vin et, quand les gens sont ivres, le moins bon. Toi, tu as gardé le bon vin jusqu'à présent!" Tel fut le premier des signes de Jésus, il l'accomplit à Cana de Galilée et il manifesta sa gloire et ses disciples crurent en lui. Après quoi, il descendit à Capharnaüm, lui, ainsi que sa mère et ses frères et ses disciples, et ils n'y demeurèrent que peu de jours. La Pâque des Juifs était proche et Jésus monta à Jérusalem. Il trouva dans le Temple les vendeurs de boeufs, de brebis et de colombes et les changeurs assis. Se faisant un fouet de cordes, il les chassa tous du Temple, et les brebis et les boeufs; il répandit la monnaie des changeurs et renversa leurs tables, et aux vendeurs de colombes il dit: "Enlevez cela d'ici. Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de commerce." Ses disciples se rappelèrent qu'il est écrit: "Le zèle pour ta maison me dévorera." Alors les Juifs prirent la parole et lui dirent: "Quel signe nous montres-tu pour agir ainsi?" Jésus leur répondit: "Détruisez ce sanctuaire et en trois jours je le relèverai." Les Juifs lui dirent alors: "Il a fallu 46 ans pour bâtir ce sanctuaire, et toi, en trois jours tu le relèveras?" Mais lui parlait du sanctuaire de son corps. Aussi, quand il ressuscita d'entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu'il avait dit cela, et ils crurent à l'Ecriture et à la parole qu'il avait dite. Comme il était à Jérusalem durant la fête de la Pâque, beaucoup crurent en son nom, à la vue des signes qu'il faisait. Mais Jésus, lui, ne se fiait pas à eux, parce qu'il les connaissait tous et qu'il n'avait pas besoin d'un témoignage sur l'homme: car lui-même connaissait ce qu'il y avait dans l'homme. Or il y avait parmi les Pharisiens un homme du nom de Nicodème, un notable des Juifs. Il vint de nuit trouver Jésus et lui dit: "Rabbi, nous le savons, tu viens de la part de Dieu comme un Maître: personne ne peut faire les signes que tu fais, si Dieu n'est pas avec lui." Jésus lui répondit: "En vérité, en vérité, je te le dis, à moins de naître d'en haut, nul ne peut voir le Royaume de Dieu." Nicodème lui dit: "Comment un homme peut-il naître, étant vieux? Peut-il une seconde fois entrer dans le sein de sa mère et naître?" Jésus répondit: "En vérité, en vérité, je te le dis, à moins de naître d'eau et d'Esprit, nul ne peut entrer dans le Royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, ce qui est né de l'Esprit est esprit. Ne t'étonne pas, si je t'ai dit: Il vous faut naître d'en haut. Le vent souffle où il veut et tu entends sa voix, mais tu ne sais pas d'où il vient ni où il va. Ainsi en est-il de quiconque est né de l'Esprit." Nicodème lui répondit: "Comment cela peut-il se faire?" Jésus lui répondit: "Tu es Maître en Israël, et ces choses-là, tu ne les saisis pas? En vérité, en vérité, je te le dis, nous parlons de ce que nous savons et nous attestons ce que nous avons vu; mais vous n'accueillez pas notre témoignage. Si vous ne croyez pas quand je vous dis les choses de la terre, comment croirez-vous quand je vous dirai les choses du ciel? Nul n'est monté au ciel, hormis celui qui est descendu du ciel, le Fils de l'homme. Comme Moïse éleva le serpent dans le désert, ainsi faut-il que soit élevé le Fils de l'homme, afin que quiconque croit ait par lui la vie éternelle. Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle. Car Dieu n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. Qui croit en lui n'est pas jugé; qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu'il n'a pas cru au Nom du Fils unique de Dieu. Et tel est le jugement: la lumière est venue dans le monde et les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, car leurs oeuvres étaient mauvaises. Quiconque, en effet, commet le mal hait la lumière et ne vient pas à la lumière, de peur que ses oeuvres ne soient démontrées coupables, mais celui qui fait la vérité vient à la lumière, afin que soit manifesté que ses oeuvres sont faites en Dieu." Après cela, Jésus vint avec ses disciples au pays de Judée et il y séjourna avec eux, et il baptisait. Jean aussi baptisait, à Aenon, près de Salim, car les eaux y abondaient, et les gens se présentaient et se faisaient baptiser. Jean, en effet, n'avait pas encore été jeté en prison. Il s'éleva alors une discussion entre les disciples de Jean et un Juif à propos de purification: ils vinrent trouver Jean et lui dirent: "Rabbi, celui qui était avec toi de l'autre côté du Jourdain, celui à qui tu as rendu témoignage, le voilà qui baptise et tous viennent à lui!" Jean répondit: "Un homme ne peut rien recevoir, si cela ne lui a été donné du ciel. Vous-mêmes, vous m'êtes témoins que j'ai dit: Je ne suis pas le Christ, mais je suis envoyé devant lui. Qui a l'épouse est l'époux; mais l'ami de l'époux qui se tient là et qui l'entend, est ravi de joie à la voix de l'époux. Telle est ma joie, et elle est complète. Il faut que lui grandisse et que moi je décroisse. Celui qui vient d'en haut est au-dessus de tous; celui qui est de la terre est terrestre et parle en terrestre. Celui qui vient du ciel témoigne de ce qu'il a vu et entendu, et son témoignage, nul ne l'accueille. Qui accueille son témoignage certifie que Dieu est véridique; en effet, celui que Dieu a envoyé prononce les paroles de Dieu, car il donne l'Esprit sans mesure. Le Père aime le Fils et a tout remis dans sa main. Qui croit au Fils a la vie éternelle; qui refuse de croire au Fils ne verra pas la vie; mais la colère de Dieu demeure sur lui." Quand Jésus apprit que les Pharisiens avaient entendu dire qu'il faisait plus de disciples et en baptisait plus que Jean -- bien qu'à vrai dire Jésus lui-même ne baptisât pas, mais ses disciples --, il quitta la Judée et s'en retourna en Galilée. Or il lui fallait traverser la Samarie. Il arrive donc à une ville de Samarie appelée Sychar, près de la terre que Jacob avait donnée à son fils Joseph. Là se trouvait le puits de Jacob. Jésus, fatigué par la marche, se tenait donc assis près du puits. C'était environ la sixième heure. Une femme de Samarie vient pour puiser de l'eau. Jésus lui dit: "Donne-moi à boire." Ses disciples en effet s'en étaient allés à la ville pour acheter de quoi manger. La femme samaritaine lui dit: "Comment! toi qui es Juif, tu me demandes à boire à moi qui suis une femme samaritaine?" (Les Juifs en effet n'ont pas de relations avec les Samaritains.) Jésus lui répondit: "Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit: Donne-moi à boire, c'est toi qui l'aurais prié et il t'aurait donné de l'eau vive." Elle lui dit: "Seigneur, tu n'as rien pour puiser, et le puits est profond. D'où l'as-tu donc, l'eau vive? Serais-tu plus grand que notre père Jacob, qui nous a donné ce puits et y a bu lui-même, ainsi que ses fils et ses bêtes?" Jésus lui répondit: "Quiconque boit de cette eau aura soif à nouveau; mais qui boira de l'eau que je lui donnerai n'aura plus jamais soif; l'eau que je lui donnerai deviendra en lui source d'eau jaillissant en vie éternelle." La femme lui dit: "Seigneur, donne-moi cette eau, afin que je n'aie plus soif et ne vienne plus ici pour puiser." Il lui dit: "Va, appelle ton mari et reviens ici." La femme lui répondit: "Je n'ai pas de mari." Jésus lui dit: "Tu as bien fait de dire: Je n'ai pas de mari, car tu as eu cinq maris et celui que tu as maintenant n'est pas ton mari; en cela tu dis vrai." La femme lui dit: "Seigneur, je vois que tu es un prophète... Nos pères ont adoré sur cette montagne et vous, vous dites: C'est à Jérusalem qu'est le lieu où il faut adorer." Jésus lui dit: "Crois-moi, femme, l'heure vient où ce n'est ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père. Vous, vous adorez ce que vous ne connaissez pas; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. Mais l'heure vient - et c'est maintenant - où les véritables adorateurs adoreront le Père dans l'esprit et la vérité, car tels sont les adorateurs que cherche le Père. Dieu est esprit, et ceux qui adorent, c'est dans l'esprit et la vérité qu'ils doivent adorer." La femme lui dit: "Je sais que le Messie doit venir, celui qu'on appelle Christ. Quand il viendra, il nous expliquera tout." Jésus lui dit: "Je le suis, moi qui te parle." Là-dessus arrivèrent ses disciples, et ils s'étonnaient qu'il parlât à une femme. Pourtant pas un ne dit: "Que cherches-tu?" Ou: "De quoi lui parles-tu?" La femme alors laissa là sa cruche, courut à la ville et dit aux gens: "Venez voir un homme qui m'a dit tout ce que j'ai fait. Ne serait-il pas le Christ?" Ils sortirent de la ville et ils se dirigeaient vers lui. Entre-temps, les disciples le priaient, en disant: "Rabbi, mange." Mais il leur dit: "J'ai à manger un aliment que vous ne connaissez pas." Les disciples se disaient entre eux: "Quelqu'un lui aurait-il apporté à manger?" Jésus leur dit: "Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé et de mener son oeuvre à bonne fin. Ne dites-vous pas: Encore quatre mois et vient la moisson? Eh bien! je vous dis: Levez les yeux et regardez les champs, ils sont blancs pour la moisson. Déjà le moissonneur reçoit son salaire et récolte du fruit pour la vie éternelle, en sorte que le semeur se réjouit avec le moissonneur. Car ici se vérifie le dicton: autre est le semeur, autre le moissonneur: je vous ai envoyés moissonner là où vous ne vous êtes pas fatigués; d'autres se sont fatigués et vous, vous héritez de leurs fatigues." Un bon nombre de Samaritains de cette ville crurent en lui à cause de la parole de la femme, qui attestait: "Il m'a dit tout ce que j'ai fait." Quand donc ils furent arrivés près de lui, les Samaritains le prièrent de demeurer chez eux. Il y demeura deux jours et ils furent bien plus nombreux à croire, à cause de sa parole, et ils disaient à la femme: "Ce n'est plus sur tes dires que nous croyons; nous l'avons nous-mêmes entendu et nous savons que c'est vraiment lui le sauveur du monde." Après ces deux jours, il partit de là pour la Galilée. Jésus avait en effet témoigné lui-même qu'un prophète n'est pas honoré dans sa propre patrie. Quand donc il vint en Galilée, les Galiléens l'accueillirent, ayant vu tout ce qu'il avait fait à Jérusalem lors de la fête; car eux aussi étaient venus à la fête. Il retourna alors à Cana de Galilée, où il avait changé l'eau en vin. Et il y avait un fonctionnaire royal, dont le fils était malade à Capharnaüm. Apprenant que Jésus était arrivé de Judée en Galilée, il s'en vint le trouver et il le priait de descendre guérir son fils, car il allait mourir. Jésus lui dit: "Si vous ne voyez des signes et des prodiges, vous ne croirez pas!" Le fonctionnaire royal lui dit: "Seigneur, descends avant que ne meure mon petit enfant." Jésus lui dit: "Va, ton fils vit." L'homme crut à la parole que Jésus lui avait dite et il se mit en route. Déjà il descendait, quand ses serviteurs, venant à sa rencontre, lui dirent que son enfant était vivant. Il s'informa auprès d'eux de l'heure à laquelle il s'était trouvé mieux. Ils lui dirent: "C'est hier, à la septième heure, que la fièvre l'a quitté." Le père reconnut que c'était l'heure où Jésus lui avait dit: "Ton fils vit", et il crut, lui avec sa maison tout entière. Ce nouveau signe, le second, Jésus le fit à son retour de Judée en Galilée. Après cela, il y eut une fête des Juifs et Jésus monta à Jérusalem. Or il existe à Jérusalem, près de la Probatique, une piscine qui s'appelle en hébreu Bethesda et qui a cinq portiques. Sous ces portiques gisaient une multitude d'infirmes, aveugles, boiteux, impotents, qui attendaient le bouillonnement de l'eau. Car l'ange du Seigneur descendait par moments dans la piscine et agitait l'eau: le premier alors à y entrer, après que l'eau avait été agitée, se trouvait guéri, quel que fût son mal. Il y avait là un homme qui était infirme depuis 38 ans. Jésus, le voyant étendu et apprenant qu'il était dans cet état depuis longtemps déjà, lui dit: "Veux-tu guérir?" L'infirme lui répondit: "Seigneur, je n'ai personne pour me jeter dans la piscine, quand l'eau vient à être agitée; et, le temps que j'y aille, un autre descend avant moi." Jésus lui dit: "Lève-toi, prends ton grabat et marche." Et aussitôt l'homme fut guéri; il prit son grabat et il marchait. Or c'était le sabbat, ce jour-là. Les Juifs dirent donc à celui qui venait d'être guéri: "C'est le sabbat. Il ne t'est pas permis de porter ton grabat." Il leur répondit: "Celui qui m'a guéri m'a dit: Prends ton grabat et marche." Ils lui demandèrent: "Quel est l'homme qui t'a dit: Prends ton grabat et marche?" Mais celui qui avait été guéri ne savait pas qui c'était; Jésus en effet avait disparu, car il y avait foule en ce lieu. Après cela, Jésus le rencontre dans le Temple et lui dit: "Te voilà guéri; ne pèche plus, de peur qu'il ne t'arrive pire encore." L'homme s'en fut révéler aux Juifs que c'était Jésus qui l'avait guéri. C'est pourquoi les Juifs persécutaient Jésus: parce qu'il faisait ces choses-là le jour du sabbat. Mais il leur répondit: "Mon Père est à l'oeuvre jusqu'à présent et j'oeuvre moi aussi." Aussi les Juifs n'en cherchaient que davantage à le tuer, puisque, non content de violer le sabbat, il appelait encore Dieu son propre Père, se faisant égal à Dieu. Jésus reprit donc la parole et leur dit: "En vérité, en vérité, je vous le dis, le Fils ne peut rien faire de lui-même, qu'il ne le voie faire au Père; ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement. Car le Père aime le Fils, et lui montre tout ce qu'il fait; et il lui montrera des oeuvres plus grandes que celles-ci, à vous en stupéfier. Comme le Père en effet ressuscite les morts et leur redonne vie, ainsi le Fils donne vie à qui il veut. Car le Père ne juge personne; il a donné au Fils le jugement tout entier, afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père. Qui n'honore pas le Fils n'honore pas le Père qui l'a envoyé. En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole et croit à celui qui m'a envoyé a la vie éternelle et ne vient pas en jugement, mais il est passé de la mort à la vie. En vérité, en vérité, je vous le dis, l'heure vient - et c'est maintenant - où les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l'auront entendue vivront. Comme le Père en effet a la vie en lui-même, de même a-t-il donné au Fils d'avoir aussi la vie en lui-même et il lui a donné pouvoir d'exercer le jugement parce qu'il est Fils d'homme. N'en soyez pas étonnés, car elle vient, l'heure où tous ceux qui sont dans les tombeaux entendront sa voix et sortiront: ceux qui auront fait le bien, pour une résurrection de vie, ceux qui auront fait le mal, pour une résurrection de jugement. Je ne puis rien faire de moi-même. Je juge selon ce que j'entends: et mon jugement est juste, parce que je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé. Si je me rends témoignage à moi-même, mon témoignage n'est pas valable. Un autre témoigne de moi, et je sais qu'il est valable le témoignage qu'il me rend. Vous avez envoyé trouver Jean et il a rendu témoignage à la vérité. Non que je relève du témoignage d'un homme; si j'en parle, c'est pour votre salut. Celui-là était la lampe qui brûle et qui luit, et vous avez voulu vous réjouir une heure à sa lumière. Mais j'ai plus grand que le témoignage de Jean: les oeuvres que le Père m'a donné à mener à bonne fin, ces oeuvres mêmes que je fais me rendent témoignage que le Père m'envoie. Et le Père qui m'a envoyé, lui, me rend témoignage. Vous n'avez jamais entendu sa voix, vous n'avez jamais vu sa face, et sa parole, vous ne l'avez pas à demeure en vous, puisque vous ne croyez pas celui qu'il a envoyé. Vous scrutez les Ecritures, parce que vous pensez avoir en elles la vie éternelle, et ce sont elles qui me rendent témoignage, et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie! De la gloire, je n'en reçois pas qui vienne des hommes; mais je vous connais: vous n'avez pas en vous l'amour de Dieu; je viens au nom de mon Père et vous ne m'accueillez pas; qu'un autre vienne en son propre nom, celui-là, vous l'accueillerez. Comment pouvez-vous croire, vous qui recevez votre gloire les uns des autres, et ne cherchez pas la gloire qui vient du Dieu unique. Ne pensez pas que je vous accuserai auprès du Père. Votre accusateur, c'est Moïse, en qui vous avez mis votre espoir. Car si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi, car c'est de moi qu'il a écrit. Mais si vous ne croyez pas à ses écrits, comment croirez-vous à mes paroles?" Après cela, Jésus s'en alla de l'autre côté de la mer de Galilée ou de Tibériade. Une grande foule le suivait, à la vue des signes qu'il opérait sur les malades. Jésus gravit la montagne et là, il s'assit avec ses disciples. Or la Pâque, la fête des Juifs, était proche. Levant alors les yeux et voyant qu'une grande foule venait à lui, Jésus dit à Philippe: "Où achèterons-nous des pains pour que mangent ces gens?" Il disait cela pour le mettre à l'épreuve, car lui-même savait ce qu'il allait faire. Philippe lui répondit: "Deux deniers de pain ne suffisent pas pour que chacun en reçoive un petit morceau." Un de ses disciples, André, le frère de Simon-Pierre, lui dit: "Il y a ici un enfant, qui a cinq pains d'orge et deux poissons; mais qu'est-ce que cela pour tant de monde?" Jésus leur dit: "Faites s'étendre les gens." Il y avait beaucoup d'herbe en ce lieu. Ils s'étendirent donc, au nombre d'environ 5.000 hommes. Alors Jésus prit les pains et, ayant rendu grâces, il les distribua aux convives, de même aussi pour les poissons, autant qu'ils en voulaient. Quand ils furent repus, il dit à ses disciples: "Rassemblez les morceaux en surplus, afin que rien ne soit perdu." Ils les rassemblèrent donc et remplirent douze couffins avec les morceaux qui, des cinq pains d'orge, se trouvaient en surplus à ceux qui avaient mangé. A la vue du signe qu'il venait de faire, les gens disaient: "C'est vraiment lui le prophète qui doit venir dans le monde." Alors Jésus, se rendant compte qu'ils allaient venir s'emparer de lui pour le faire roi, s'enfuit à nouveau dans la montagne, tout seul. Quand le soir fut venu, ses disciples descendirent à la mer, et, montant en bateau, ils se rendaient de l'autre côté de la mer à Capharnaüm. Il faisait déjà nuit, Jésus n'était pas encore venu les rejoindre; et la mer, comme soufflait un grand vent, se soulevait. Ils avaient ramé environ 25 ou 30 stades, quand ils voient Jésus marcher sur la mer et s'approcher du bateau. Ils eurent peur. Mais il leur dit: "C'est moi. N'ayez pas peur." Ils étaient disposés à le prendre dans le bateau, mais aussitôt le bateau toucha terre là où ils se rendaient. Le lendemain, la foule qui se tenait de l'autre côté de la mer vit qu'il n'y avait eu là qu'une barque et que Jésus n'était pas monté dans le bateau avec ses disciples, mais que seuls ses disciples s'en étaient allés. Cependant, de Tibériade des bateaux vinrent près du lieu où l'on avait mangé le pain. Quand donc la foule vit que Jésus n'était pas là, ni ses disciples non plus, les gens s'embarquèrent et vinrent à Capharnaüm à la recherche de Jésus. L'ayant trouvé de l'autre côté de la mer, ils lui dirent: "Rabbi, quand es-tu arrivé ici?" Jésus leur répondit: "En vérité, en vérité, je vous le dis, vous me cherchez, non pas parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé du pain et avez été rassasiés. Travaillez non pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure en vie éternelle, celle que vous donnera le Fils de l'homme, car c'est lui que le Père, Dieu, a marqué de son sceau." Ils lui dirent alors: "Que devons-nous faire pour travailler aux oeuvres de Dieu?" Jésus leur répondit: "L'oeuvre de Dieu, c'est que vous croyiez en celui qu'il a envoyé." Ils lui dirent alors: "Quel signe fais-tu donc, pour qu'à sa vue nous te croyions? Quelle oeuvre accomplis-tu? Nos pères ont mangé la manne dans le désert, selon ce qui est écrit: Il leur a donné à manger du pain venu du ciel." Jésus leur répondit: "En vérité, en vérité, je vous le dis, non, ce n'est pas Moïse qui vous a donné le pain qui vient du ciel; mais c'est mon Père qui vous le donne, le pain qui vient du ciel, le vrai; car le pain de Dieu, c'est celui qui descend du ciel et donne la vie au monde." Ils lui dirent alors: "Seigneur, donne-nous toujours ce pain-là." Jésus leur dit: "Je suis le pain de vie. Qui vient à moi n'aura jamais faim; qui croit en moi n'aura jamais soif. Mais je vous l'ai dit: vous me voyez et vous ne croyez pas. Tout ce que me donne le Père viendra à moi, et celui qui vient à moi, je ne le jetterai pas dehors; car je suis descendu du ciel pour faire non pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé. Or c'est la volonté de celui qui m'a envoyé que je ne perde rien de tout ce qu'il m'a donné, mais que je le ressuscite au dernier jour. Oui, telle est la volonté de mon Père, que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier jour." Les Juifs alors se mirent à murmurer à son sujet, parce qu'il avait dit: "Je suis le pain descendu du ciel." Ils disaient: "Celui-là n'est-il pas Jésus, le fils de Joseph, dont nous connaissons le père et la mère? Comment peut-il dire maintenant: Je suis descendu du ciel?" Jésus leur répondit: "Ne murmurez pas entre vous. Nul ne peut venir à moi si le Père qui m'a envoyé ne l'attire; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. Il est écrit dans les prophètes: Ils seront tous enseignés par Dieu. Quiconque s'est mis à l'écoute du Père et à son école vient à moi. Non que personne ait vu le Père, sinon celui qui vient d'auprès de Dieu: celui-là a vu le Père. En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit a la vie éternelle. Je suis le pain de vie. Vos pères, dans le désert, ont mangé la manne et sont morts; ce pain est celui qui descend du ciel pour qu'on le mange et ne meure pas. Je suis le pain vivant, descendu du ciel. Qui mangera ce pain vivra à jamais. Et même, le pain que je donnerai, c'est ma chair pour la vie du monde." Les Juifs alors se mirent à discuter fort entre eux; ils disaient: "Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger?" Alors Jésus leur dit: "En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez la chair du Fils de l'homme et ne buvez son sang, vous n'aurez pas la vie en vous. Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour. Car ma chair est vraiment une nourriture et mon sang vraiment une boisson. Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui. De même que le Père, qui est vivant, m'a envoyé et que je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi. Voici le pain descendu du ciel; il n'est pas comme celui qu'ont mangé les pères et ils sont morts; qui mange ce pain vivra à jamais." Tel fut l'enseignement qu'il donna dans une synagogue à Capharnaüm. Après l'avoir entendu, beaucoup de ses disciples dirent: "Elle est dure, cette parole! Qui peut l'écouter?" Mais, sachant en lui-même que ses disciples murmuraient à ce propos, Jésus leur dit: "Cela vous scandalise? Et quand vous verrez le Fils de l'homme monter là où il était auparavant?... C'est l'esprit qui vivifie, la chair ne sert de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie. Mais il en est parmi vous qui ne croient pas." Jésus savait en effet dès le commencement qui étaient ceux qui ne croyaient pas et qui était celui qui le livrerait. Et il disait: "Voilà pourquoi je vous ai dit que nul ne peut venir à moi, si cela ne lui est donné par le Père." Dès lors, beaucoup de ses disciples se retirèrent, et ils n'allaient plus avec lui. Jésus dit alors aux Douze: "Voulez-vous partir, vous aussi?" Simon-Pierre lui répondit: "Seigneur, à qui irons-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle. Nous, nous croyons, et nous avons reconnu que tu es le Saint de Dieu." Jésus leur répondit: "N'est-ce pas moi qui vous ai choisis, vous, les Douze? Et l'un d'entre vous est un démon." Il parlait de Judas, fils de Simon Iscariote; c'est lui en effet qui devait le livrer, lui, l'un des Douze. Après cela, Jésus parcourait la Galilée; il n'avait pas pouvoir de circuler en Judée, parce que les Juifs cherchaient à le tuer. Or la fête juive des Tentes était proche. Ses frères lui dirent donc: "Passe d'ici en Judée, que tes disciples aussi voient les oeuvres que tu fais: on n'agit pas en secret, quand on veut être en vue. Puisque tu fais ces choses-là, manifeste-toi au monde." Pas même ses frères en effet ne croyaient en lui. Jésus leur dit alors: "Mon temps n'est pas encore venu, tandis que le vôtre est toujours prêt. Le monde ne peut pas vous haïr; mais moi, il me hait, parce que je témoigne que ses oeuvres sont mauvaises. Vous, montez à la fête; moi, je ne monte pas à cette fête, parce que mon temps n'est pas encore accompli." Cela dit, il resta en Galilée. Mais quand ses frères furent montés à la fête, alors il monta lui aussi, pas au grand jour, mais en secret. Les Juifs le cherchaient donc pendant la fête et disaient: "Où est-il?" On chuchotait beaucoup sur son compte dans les foules. Les uns disaient: "C'est un homme de bien." D'autres disaient: "Non, il égare la foule." Pourtant personne ne s'exprimait ouvertement à son sujet par peur des Juifs. On était déjà au milieu de la fête, lorsque Jésus monta au Temple et se mit à enseigner. Les Juifs, étonnés, disaient: "Comment connaît-il les lettres sans avoir étudié?" Jésus leur répondit: "Ma doctrine n'est pas de moi, mais de celui qui m'a envoyé. Si quelqu'un veut faire sa volonté, il reconnaîtra si ma doctrine est de Dieu ou si je parle de moi-même. Celui qui parle de lui-même cherche sa propre gloire; mais celui qui cherche la gloire de celui qui l'a envoyé, celui-là est véridique et il n'y a pas en lui d'imposture. Moïse ne vous a-t-il pas donné la Loi? Et aucun de vous ne la pratique, la Loi! Pourquoi cherchez-vous à me tuer?" La foule répondit: "Tu as un démon. Qui cherche à te tuer?" Jésus leur répondit: "Pour une seule oeuvre que j'ai faite, vous voilà tous étonnés. Moïse vous a donné la circoncision - non qu'elle vienne de Moïse mais des patriarches - et, le jour du sabbat, vous la pratiquez sur un homme. Alors, un homme reçoit la circoncision, le jour du sabbat, pour que ne soit pas enfreinte la Loi de Moïse, et vous vous indignez contre moi parce que j'ai guéri un homme tout entier le jour du sabbat? Cessez de juger sur l'apparence; jugez selon la justice." Certains, des gens de Jérusalem, disaient: "N'est-ce pas lui qu'ils cherchent à tuer? Et le voilà qui parle ouvertement sans qu'ils lui disent rien! Est-ce que vraiment les autorités auraient reconnu qu'il est le Christ? Mais lui, nous savons d'où il est, tandis que le Christ, à sa venue, personne ne saura d'où il est." Alors Jésus, enseignant dans le Temple, s'écria: "Vous me connaissez et vous savez d'où je suis; et pourtant ce n'est pas de moi-même que je suis venu, mais il m'envoie vraiment, celui qui m'a envoyé. Vous, vous ne le connaissez pas. Moi, je le connais, parce que je viens d'auprès de lui et c'est lui qui m'a envoyé." Ils cherchaient alors à le saisir, mais personne ne porta la main sur lui, parce que son heure n'était pas encore venue. Dans la foule, beaucoup crurent en lui et disaient: "Le Christ, quand il viendra, fera-t-il plus de signes que n'en a fait celui-ci? Ces rumeurs de la foule à son sujet parvinrent aux oreilles des Pharisiens. Ils envoyèrent des gardes pour le saisir. Jésus dit alors: "Pour un peu de temps encore je suis avec vous, et je m'en vais vers celui qui m'a envoyé. Vous me chercherez, et ne me trouverez pas; et où je suis, vous ne pouvez pas venir." Les Juifs se dirent entre eux: "Où va-t-il aller, que nous ne le trouverons pas? Va-t-il rejoindre ceux qui sont dispersés chez les Grecs et enseigner les Grecs? Que signifie cette parole qu'il a dite: Vous me chercherez et ne me trouverez pas; et où je suis, vous ne pouvez pas venir?" Le dernier jour de la fête, le grand jour, Jésus, debout, s'écria: "Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi, et qu'il boive, celui qui croit en moi!" selon le mot de l'Ecriture: De son sein couleront des fleuves d'eau vive. Il parlait de l'Esprit que devaient recevoir ceux qui avaient cru en lui; car il n'y avait pas encore d'Esprit, parce que Jésus n'avait pas encore été glorifié. Dans la foule, plusieurs, qui avaient entendu ces paroles, disaient: "C'est vraiment lui le prophète!" D'autres disaient: "C'est le Christ!" Mais d'autres disaient: "Est-ce de la Galilée que le Christ doit venir? L'Ecriture n'a-t-elle pas dit que c'est de la descendance de David et de Bethléem, le village où était David, que doit venir le Christ?" Une scission se produisit donc dans la foule, à cause de lui. Certains d'entre eux voulaient le saisir, mais personne ne porta la main sur lui. Les gardes revinrent donc trouver les grands prêtres et les Pharisiens. Ceux-ci leur dirent: "Pourquoi ne l'avez-vous pas amené?" Les gardes répondirent: "Jamais homme n'a parlé comme cela!" Les Pharisiens répliquèrent: "Vous aussi, vous êtes-vous laissé égarer? Est-il un des notables qui ait cru en lui? Ou un des Pharisiens? Mais cette foule qui ne connaît pas la Loi, ce sont des maudits!" Nicodème, l'un d'entre eux, celui qui était venu trouver Jésus précédemment, leur dit: "Notre Loi juge-t-elle un homme sans d'abord l'entendre et savoir ce qu'il fait!" Ils lui répondirent: "Es-tu de la Galilée, toi aussi? Etudie! Tu verras que ce n'est pas de la Galilée que surgit le prophète." Et ils s'en allèrent chacun chez soi. Quant à Jésus, il alla au mont des Oliviers. Mais, dès l'aurore, de nouveau il fut là dans le Temple, et tout le peuple venait à lui, et s'étant assis il les enseignait. Or les scribes et les Pharisiens amènent une femme surprise en adultère et, la plaçant au milieu, ils disent à Jésus: "Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d'adultère. Or dans la Loi Moïse nous a prescrit de lapider ces femmes-là. Toi donc, que dis-tu?" Ils disaient cela pour le mettre à l'épreuve, afin d'avoir matière à l'accuser. Mais Jésus, se baissant, se mit à écrire avec son doigt sur le sol. Comme ils persistaient à l'interroger, il se redressa et leur dit: "Que celui d'entre vous qui est sans péché lui jette le premier une pierre!" Et se baissant de nouveau, il écrivait sur le sol. Mais eux, entendant cela, s'en allèrent un à un, à commencer par les plus vieux; et il fut laissé seul, avec la femme toujours là au milieu. Alors, se redressant, Jésus lui dit: "Femme, où sont-ils? Personne ne t'a condamnée?" Elle dit: "Personne, Seigneur." Alors Jésus dit: "Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, désormais ne pèche plus." De nouveau Jésus leur adressa la parole et dit: "Je suis la lumière du monde. Qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais aura la lumière de la vie." Les Pharisiens lui dirent alors: "Tu te rends témoignage à toi-même; ton témoignage n'est pas valable." Jésus leur répondit: "Bien que je me rende témoignage à moi-même, mon témoignage est valable, parce que je sais d'où je suis venu et où je vais; mais vous, vous ne savez pas d'où je viens ni où je vais. Vous, vous jugez selon la chair; moi, je ne juge personne; et s'il m'arrive de juger, moi, mon jugement est selon la vérité, parce que je ne suis pas seul; mais il y a moi et celui qui m'a envoyé; et il est écrit dans votre Loi que le témoignage de deux personnes est valable. Je suis à moi-même mon propre témoin, et pour moi témoigne le Père qui m'a envoyé." Ils lui disaient donc: "Où est ton Père?" Jésus répondit: "Vous ne connaissez ni moi ni mon Père; si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père." Il prononça ces paroles au Trésor, alors qu'il enseignait dans le Temple. Personne ne se saisit de lui, parce que son heure n'était pas encore venue. Jésus leur dit encore: "Je m'en vais et vous me chercherez et vous mourrez dans votre péché. Où je vais, vous ne pouvez venir." Les Juifs disaient donc: "Va-t-il se donner la mort, qu'il dise: Où je vais, vous ne pouvez venir?" Et il leur disait: "Vous, vous êtes d'en bas; moi, je suis d'en haut. Vous, vous êtes de ce monde; moi, je ne suis pas de ce monde. Je vous ai donc dit que vous mourrez dans vos péchés. Car si vous ne croyez pas que Je Suis, vous mourrez dans vos péchés." Ils lui disaient donc: "Qui es-tu?" Jésus leur dit: "Dès le commencement ce que je vous dis. J'ai sur vous beaucoup à dire et à juger; mais celui qui m'a envoyé est véridique et je dis au monde ce que j'ai entendu de lui." Ils ne comprirent pas qu'il leur parlait du Père. Jésus leur dit donc: "Quand vous aurez élevé le Fils de l'homme, alors vous saurez que Je Suis et que je ne fais rien de moi-même, mais je dis ce que le Père m'a enseigné, et celui qui m'a envoyé est avec moi; il ne m'a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui plaît." Comme il disait cela, beaucoup crurent en lui. Jésus dit alors aux Juifs qui l'avaient cru: "Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples et vous connaîtrez la vérité et la vérité vous libérera. Ils lui répondirent: "Nous sommes la descendance d'Abraham et jamais nous n'avons été esclaves de personne. Comment peux-tu dire: Vous deviendrez libres?" Jésus leur répondit: "En vérité, en vérité, je vous le dis, quiconque commet le péché est esclave. Or l'esclave ne demeure pas à jamais dans la maison, le fils y demeure à jamais. Si donc le Fils vous libère, vous serez réellement libres. Je sais, vous êtes la descendance d'Abraham; mais vous cherchez à me tuer, parce que ma parole ne pénètre pas en vous. Je dis ce que j'ai vu chez mon Père; et vous, vous faites ce que vous avez entendu auprès de votre père." Ils lui répondirent: "Notre père, c'est Abraham." Jésus leur dit: "Si vous êtes enfants d'Abraham, faites les oeuvres d'Abraham. Or maintenant vous cherchez à me tuer, moi, un homme qui vous ai dit la vérité, que j'ai entendue de Dieu. Cela, Abraham ne l'a pas fait! Vous faites les oeuvres de votre père." Ils lui dirent: "Nous ne sommes pas nés de la prostitution; nous n'avons qu'un seul Père: Dieu." Jésus leur dit: "Si Dieu était votre Père, vous m'aimeriez, car c'est de Dieu que je suis sorti et que je viens; je ne viens pas de moi-même; mais lui m'a envoyé. Pourquoi ne reconnaissez-vous pas mon langage? C'est que vous ne pouvez pas entendre ma parole. Vous êtes du diable, votre père, et ce sont les désirs de votre père que vous voulez accomplir. Il était homicide dès le commencement et n'était pas établi dans la vérité, parce qu'il n'y a pas de vérité en lui: quand il profère le mensonge, il parle de son propre fonds, parce qu'il est menteur et père du mensonge. Mais parce que je dis la vérité, vous ne me croyez pas. Qui d'entre vous me convaincra de péché? Si je dis la vérité, pourquoi ne me croyez-vous pas? Qui est de Dieu entend les paroles de Dieu; si vous n'entendez pas, c'est que vous n'êtes pas de Dieu." Les Juifs lui répondirent: "N'avons-nous pas raison de dire que tu es un Samaritain et que tu as un démon?" Jésus répondit: "Je n'ai pas un démon mais j'honore mon Père, et vous cherchez à me déshonorer. Je ne cherche pas ma gloire; il est quelqu'un qui la cherche et qui juge. En vérité, en vérité, je vous le dis, si quelqu'un garde ma parole, il ne verra jamais la mort." Les Juifs lui dirent: "Maintenant nous savons que tu as un démon. Abraham est mort, les prophètes aussi, et tu dis: Si quelqu'un garde ma parole, il ne goûtera jamais de la mort. Es-tu donc plus grand qu'Abraham, notre père, qui est mort? Les prophètes aussi sont morts. Qui prétends-tu être?" Jésus répondit: "Si je me glorifie moi-même, ma gloire n'est rien; c'est mon Père qui me glorifie, lui dont vous dites: Il est notre Dieu, et vous ne le connaissez pas; mais moi, je le connais; et si je disais: Je ne le connais pas, je serais semblable à vous, un menteur. Mais je le connais et je garde sa parole. Abraham, votre père, exulta à la pensée qu'il verrait mon Jour. Il l'a vu et fut dans la joie." Les Juifs lui dirent alors: "Tu n'as pas 50 ans, et tu as vu Abraham!" Jésus leur dit: "En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu'Abraham existât, Je Suis." Ils ramassèrent alors des pierres pour les lui jeter; mais Jésus se déroba et sortit du Temple. En passant, il vit un homme aveugle de naissance. Ses disciples lui demandèrent: "Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu'il soit né aveugle?" Jésus répondit: "Ni lui ni ses parents n'ont péché, mais c'est afin que soient manifestées en lui les oeuvres de Dieu. Tant qu'il fait jour, il nous faut travailler aux oeuvres de celui qui m'a envoyé; la nuit vient, où nul ne peut travailler. Tant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde." Ayant dit cela, il cracha à terre, fit de la boue avec sa salive, enduisit avec cette boue les yeux de l'aveugle et lui dit: "Va te laver à la piscine de Siloé" - ce qui veut dire: Envoyé. L'aveugle s'en alla donc, il se lava et revint en voyant clair. Les voisins et ceux qui étaient habitués à le voir auparavant, car c'était un mendiant, dirent alors: "N'est-ce pas celui qui se tenait assis à mendier?" Les uns disaient: "C'est lui." D'autres disaient: "Non, mais il lui ressemble." Lui disait: "C'est moi." Ils lui dirent alors: "Comment donc tes yeux se sont-ils ouverts?" Il répondit: "L'homme qu'on appelle Jésus a fait de la boue, il m'en a enduit les yeux et m'a dit: Va-t'en à Siloé et lave-toi. Alors je suis parti, je me suis lavé et j'ai recouvré la vue." Ils lui dirent: "Où est-il?" Il dit: "Je ne sais pas." On le conduit aux Pharisiens, l'ancien aveugle. Or c'était sabbat, le jour où Jésus avait fait de la boue, et lui avait ouvert les yeux. A leur tour les Pharisiens lui demandèrent comment il avait recouvré la vue. Il leur dit: "Il m'a appliqué de la boue sur les yeux, je me suis lavé et je vois." Certains des Pharisiens disaient: "Il ne vient pas de Dieu, cet homme-là, puisqu'il n'observe pas le sabbat"; d'autres disaient: "Comment un homme pécheur peut-il faire de tels signes?" Et il y eut scission parmi eux. Alors ils dirent encore à l'aveugle: "Toi, que dis-tu de lui, de ce qu'il t'a ouvert les yeux?" Il dit: "C'est un prophète." Les Juifs ne crurent pas qu'il eût été aveugle tant qu'ils n'eurent pas appelé les parents de celui qui avait recouvré la vue. Ils leur demandèrent: "Celui-ci est-il votre fils dont vous dites qu'il est né aveugle? Comment donc y voit-il à présent?" Ses parents répondirent: "Nous savons que c'est notre fils et qu'il est né aveugle. Mais comment il y voit maintenant, nous ne le savons pas; ou bien qui lui a ouvert les yeux, nous, nous ne le savons pas. Interrogez-le, il a l'âge; lui-même s'expliquera sur son propre compte." Ses parents dirent cela parce qu'ils avaient peur des Juifs; car déjà les Juifs étaient convenus que, si quelqu'un reconnaissait Jésus pour le Christ, il serait exclu de la synagogue. C'est pour cela que ses parents dirent: "Il a l'âge; interrogez-le." Les Juifs appelèrent donc une seconde fois l'homme qui avait été aveugle et lui dirent: "Rends gloire à Dieu! Nous savons, nous, que cet homme est un pécheur." Lui, répondit: "Si c'est un pécheur, je ne sais pas; je ne sais qu'une chose: j'étais aveugle et à présent j'y vois." Ils lui dirent alors: "Que t'a-t-il fait? Comment t'a-t-il ouvert les yeux?" Il leur répondit: "Je vous l'ai déjà dit et vous n'avez pas écouté. Pourquoi voulez-vous l'entendre à nouveau? Est-ce que, vous aussi, vous voudriez devenir ses disciples?" Ils l'injurièrent et lui dirent: "C'est toi qui es son disciple; mais nous, c'est de Moïse que nous sommes disciples. Nous savons, nous, que Dieu a parlé à Moïse; mais celui-là, nous ne savons pas d'où il est." L'homme leur répondit: "C'est bien là l'étonnant: que vous ne sachiez pas d'où il est, et qu'il m'ait ouvert les yeux. Nous savons que Dieu n'écoute pas les pécheurs, mais si quelqu'un est religieux et fait sa volonté, celui-là il l'écoute. Jamais on n'a ouï dire que quelqu'un ait ouvert les yeux d'un aveugle-né. Si cet homme ne venait pas de Dieu, il ne pourrait rien faire." Ils lui répondirent: "De naissance tu n'es que péché et tu nous fais la leçon!" Et ils le jetèrent dehors. Jésus apprit qu'ils l'avaient jeté dehors. Le rencontrant, il lui dit: "Crois-tu au Fils de l'homme?" Il répondit: "Et qui est-il, Seigneur, que je croie en lui?" Jésus lui dit: "Tu le vois; celui qui te parle, c'est lui." Alors il déclara: "Je crois, Seigneur", et il se prosterna devant lui. Jésus dit alors: "C'est pour un discernement que je suis venu en ce monde: pour que ceux qui ne voient pas voient et que ceux qui voient deviennent aveugles." Des Pharisiens, qui se trouvaient avec lui, entendirent ces paroles et lui dirent: "Est-ce que nous aussi, nous sommes aveugles?" Jésus leur dit: "Si vous étiez aveugles, vous n'auriez pas de péché; mais vous dites: Nous voyons! Votre péché demeure." "En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui n'entre pas par la porte dans l'enclos des brebis, mais en fait l'escalade par une autre voie, celui-là est un voleur et un brigand; celui qui entre par la porte est le pasteur des brebis. Le portier lui ouvre et les brebis écoutent sa voix, et ses brebis à lui, il les appelle une à une et il les mène dehors. Quand il a fait sortir toutes celles qui sont à lui, il marche devant elles et les brebis le suivent, parce qu'elles connaissent sa voix. Elles ne suivront pas un étranger; elles le fuiront au contraire, parce qu'elles ne connaissent pas la voix des étrangers." Jésus leur tint ce discours mystérieux mais eux ne comprirent pas ce dont il leur parlait. Alors Jésus dit à nouveau: "En vérité, en vérité, je vous le dis, je suis la porte des brebis. Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des brigands; mais les brebis ne les ont pas écoutés. Je suis la porte. Si quelqu'un entre par moi, il sera sauvé; il entrera et sortira, et trouvera un pâturage. Le voleur ne vient que pour voler, égorger et faire périr. Moi, je suis venu pour qu'on ait la vie et qu'on l'ait surabondante. Je suis le bon pasteur; le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis. Le mercenaire, qui n'est pas le pasteur et à qui n'appartiennent pas les brebis, voit-il venir le loup, il laisse les brebis et s'enfuit, et le loup s'en empare et les disperse. C'est qu'il est mercenaire et ne se soucie pas des brebis. Je suis le bon pasteur; je connais mes brebis et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît et que je connais le Père, et je donne ma vie pour mes brebis. J'ai encore d'autres brebis qui ne sont pas de cet enclos; celles-là aussi, il faut que je les mène; elles écouteront ma voix; et il y aura un seul troupeau, un seul pasteur; c'est pour cela que le Père m'aime, parce que je donne ma vie, pour la reprendre. Personne ne me l'enlève; mais je la donne de moi-même. J'ai pouvoir de la donner et j'ai pouvoir de la reprendre; tel est le commandement que j'ai reçu de mon Père." Il y eut de nouveau scission parmi les Juifs à cause de ces paroles. Beaucoup d'entre eux disaient: "Il a un démon; il délire. Pourquoi l'écoutez-vous?" D'autres disaient: "Ces paroles ne sont pas d'un démoniaque. Est-ce qu'un démon peut ouvrir les yeux d'un aveugle?" Il y eut alors la fête de la Dédicace à Jérusalem. C'était l'hiver. Jésus allait et venait dans le Temple sous le portique de Salomon. Les Juifs firent cercle autour de lui et lui dirent: "Jusqu'à quand vas-tu nous tenir en haleine? Si tu es le Christ, dis-le-nous ouvertement." Jésus leur répondit: "Je vous l'ai dit, et vous ne croyez pas. Les oeuvres que je fais au nom de mon Père témoignent de moi; mais vous ne croyez pas, parce que vous n'êtes pas de mes brebis. Mes brebis écoutent ma voix, je les connais et elles me suivent; je leur donne la vie éternelle; elles ne périront jamais et nul ne les arrachera de ma main. Mon Père, quant à ce qu'il m'a donné, est plus grand que tous. Nul ne peut rien arracher de la main du Père. Moi et le Père nous sommes un." Les Juifs apportèrent de nouveau des pierres pour le lapider. Jésus leur dit alors: "Je vous ai montré quantité de bonnes oeuvres, venant du Père; pour laquelle de ces oeuvres me lapidez-vous?" Les Juifs lui répondirent: "Ce n'est pas pour une bonne oeuvre que nous te lapidons, mais pour un blasphème et parce que toi, n'étant qu'un homme, tu te fais Dieu." Jésus leur répondit: "N'est-il pas écrit dans votre Loi: J'ai dit: Vous êtes des dieux? Alors qu'elle a appelé dieux ceux à qui la parole de Dieu fut adressée - et l'Ecriture ne peut être récusée -- à celui que le Père a consacré et envoyé dans le monde vous dites: Tu blasphèmes, parce que j'ai dit: Je suis Fils de Dieu! Si je ne fais pas les oeuvres de mon Père, ne me croyez pas; mais si je les fais, quand bien même vous ne me croiriez pas, croyez en ces oeuvres, afin de reconnaître une bonne fois que le Père est en moi et moi dans le Père." Ils cherchaient donc de nouveau à le saisir, mais il leur échappa des mains. De nouveau il s'en alla au-delà du Jourdain, au lieu où Jean avait d'abord baptisé, et il y demeura. Beaucoup vinrent à lui et disaient: "Jean n'a fait aucun signe; mais tout ce que Jean a dit de celui-ci était vrai." Et là, beaucoup crurent en lui. Il y avait un malade, Lazare, de Béthanie, le village de Marie et de sa soeur Marthe. Marie était celle qui oignit le Seigneur de parfum et lui essuya les pieds avec ses cheveux; c'était son frère Lazare qui était malade. Les deux soeurs envoyèrent donc dire à Jésus: "Seigneur, celui que tu aimes est malade." A cette nouvelle, Jésus dit: "Cette maladie ne mène pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu: afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle." Or Jésus aimait Marthe et sa soeur et Lazare. Quand il apprit que celui-ci était malade, il demeura deux jours encore dans le lieu où il se trouvait; alors seulement, il dit aux disciples: "Allons de nouveau en Judée." Ses disciples lui dirent: "Rabbi, tout récemment les Juifs cherchaient à te lapider, et tu retournes là-bas!" Jésus répondit: "N'y a-t-il pas douze heures de jour? Si quelqu'un marche le jour, il ne bute pas, parce qu'il voit la lumière de ce monde; mais s'il marche la nuit, il bute, parce que la lumière n'est pas en lui." Il dit cela, et ensuite: "Notre ami Lazare repose, leur dit-il; mais je vais aller le réveiller." Les disciples lui dirent: "Seigneur, s'il repose, il sera sauvé." Jésus avait parlé de sa mort, mais eux pensèrent qu'il parlait du repos du sommeil. Alors Jésus leur dit ouvertement: "Lazare est mort, et je me réjouis pour vous de n'avoir pas été là-bas, afin que vous croyiez. Mais allons auprès de lui!" Alors Thomas, appelé Didyme, dit aux autres disciples: "Allons, nous aussi, pour mourir avec lui!" A son arrivée, Jésus trouva Lazare dans le tombeau depuis quatre jours déjà. Béthanie était près de Jérusalem, distant d'environ quinze stades, et beaucoup d'entre les Juifs étaient venus auprès de Marthe et de Marie pour les consoler au sujet de leur frère. Quand Marthe apprit que Jésus arrivait, elle alla à sa rencontre, tandis que Marie restait assise à la maison. Marthe dit à Jésus: "Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. Mais maintenant encore, je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l'accordera." Jésus lui dit: "Ton frère ressuscitera" -- "Je sais, dit Marthe, qu'il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour." Jésus lui dit: "Je suis la résurrection. Qui croit en moi, même s'il meurt, vivra; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Le crois-tu?" Elle lui dit: "Oui, Seigneur, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, qui vient dans le monde." Ayant dit cela, elle s'en alla appeler sa soeur Marie, lui disant en secret: "Le Maître est là et il t'appelle." Celle-ci, à cette nouvelle, se leva bien vite et alla vers lui. Jésus n'était pas encore arrivé au village, mais il se trouvait toujours à l'endroit où Marthe était venue à sa rencontre. Quand les Juifs qui étaient avec Marie dans la maison et la consolaient la virent se lever bien vite et sortir, ils la suivirent, pensant qu'elle allait au tombeau pour y pleurer. Arrivée là où était Jésus, Marie, en le voyant, tomba à ses pieds et lui dit: "Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort!" Lorsqu'il la vit pleurer, et pleurer aussi les Juifs qui l'avaient accompagnée, Jésus frémit en son esprit et se troubla. Il dit: "Où l'avez-vous mis?" Ils lui dirent: "Seigneur, viens et vois." Jésus pleura. Les Juifs dirent alors: "Voyez comme il l'aimait!" Mais quelques-uns d'entre eux dirent: "Ne pouvait-il pas, lui qui a ouvert les yeux de l'aveugle, faire aussi que celui-ci ne mourût pas?" Alors Jésus, frémissant à nouveau en lui-même, se rend au tombeau. C'était une grotte, avec une pierre placée par-dessus. Jésus dit: "Enlevez la pierre!" Marthe, la soeur du mort, lui dit: "Seigneur, il sent déjà: c'est le quatrième jour." Jésus lui dit: "Ne t'ai-je pas dit que si tu crois, tu verras la gloire de Dieu?" On enleva donc la pierre. Jésus leva les yeux en haut et dit: "Père, je te rends grâces de m'avoir écouté. Je savais que tu m'écoutes toujours; mais c'est à cause de la foule qui m'entoure que j'ai parlé, afin qu'ils croient que tu m'as envoyé." Cela dit, il s'écria d'une voix forte: "Lazare, viens dehors!" Le mort sortit, les pieds et les mains liés de bandelettes, et son visage était enveloppé d'un suaire. Jésus leur dit: "Déliez-le et laissez-le aller." Beaucoup d'entre les Juifs qui étaient venus auprès de Marie et avaient vu ce qu'il avait fait, crurent en lui. Mais certains s'en furent trouver les Pharisiens et leur dirent ce qu'avait fait Jésus. Les grands prêtres et les Pharisiens réunirent alors un conseil: "Que faisons-nous? Disaient-ils, cet homme fait beaucoup de signes. Si nous le laissons ainsi, tous croiront en lui, et les Romains viendront et ils supprimeront notre Lieu saint et notre nation." Mais l'un d'entre eux, Caïphe, étant grand prêtre cette année-là, leur dit: "Vous n'y entendez rien. Vous ne songez même pas qu'il est de votre intérêt qu'un seul homme meure pour le peuple et que la nation ne périsse pas tout entière." Or cela, il ne le dit pas de lui-même; mais, étant grand prêtre cette année-là, il prophétisa que Jésus allait mourir pour la nation -- et non pas pour la nation seulement, mais encore afin de rassembler dans l'unité les enfants de Dieu dispersés. Dès ce jour-là donc, ils résolurent de le tuer. Aussi Jésus cessa de circuler en public parmi les Juifs; il se retira dans la région voisine du désert, dans une ville appelée Ephraïm, et il y séjournait avec ses disciples. Or la Pâque des Juifs était proche et beaucoup de gens montèrent de la campagne à Jérusalem, avant la Pâque, pour se purifier. Ils cherchaient Jésus et se disaient les uns aux autres, en se tenant dans le Temple: "Qu'en pensez-vous? Qu'il ne viendra pas à la fête?" Les grands prêtres et les Pharisiens avaient donné des ordres: si quelqu'un savait où il était, il devait l'indiquer, afin qu'on le saisît. Six jours avant la Pâque, Jésus vint à Béthanie, où était Lazare, que Jésus avait ressuscité d'entre les morts. On lui fit là un repas. Marthe servait. Lazare était l'un des convives. Alors Marie, prenant une livre d'un parfum de nard pur, de grand prix, oignit les pieds de Jésus et les essuya avec ses cheveux; et la maison s'emplit de la senteur du parfum. Mais Judas l'Iscariote, l'un de ses disciples, celui qui allait le livrer, dit: "Pourquoi ce parfum n'a-t-il pas été vendu 300 deniers qu'on aurait donnés à des pauvres?" Mais il dit cela non par souci des pauvres, mais parce qu'il était voleur et que, tenant la bourse, il dérobait ce qu'on y mettait. Jésus dit alors: "Laisse-la: c'est pour le jour de ma sépulture qu'elle devait garder ce parfum. Les pauvres, en effet, vous les aurez toujours avec vous; mais moi, vous ne m'aurez pas toujours." La grande foule des Juifs apprit qu'il était là et ils vinrent, pas seulement pour Jésus, mais aussi pour voir Lazare, qu'il avait ressuscité d'entre les morts. Les grands prêtres décidèrent de tuer aussi Lazare, parce que beaucoup de Juifs, à cause de lui, s'en allaient et croyaient en Jésus. Le lendemain, la foule nombreuse venue pour la fête apprit que Jésus venait à Jérusalem; ils prirent les rameaux des palmiers et sortirent à sa rencontre et ils criaient: "Hosanna! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur et le roi d'Israël!" Jésus, trouvant un petit âne, s'assit dessus selon qu'il est écrit: Sois sans crainte, fille de Sion: voici que ton roi vient, monté sur un petit d'ânesse. Cela, ses disciples ne le comprirent pas tout d'abord; mais quand Jésus eut été glorifié, alors ils se souvinrent que cela était écrit de lui et que c'était ce qu'on lui avait fait. La foule qui était avec lui, quand il avait appelé Lazare hors du tombeau et l'avait ressuscité d'entre les morts, rendait témoignage. C'est aussi pourquoi la foule vint à sa rencontre: parce qu'ils avaient entendu dire qu'il avait fait ce signe. Alors les Pharisiens se dirent entre eux: "Vous voyez que vous ne gagnez rien; voilà le monde parti après lui!" Il y avait là quelques Grecs, de ceux qui montaient pour adorer pendant la fête. Ils s'avancèrent vers Philippe, qui était de Bethsaïde en Galilée, et ils lui firent cette demande: "Seigneur, nous voulons voir Jésus." Philippe vient le dire à André; André et Philippe viennent le dire à Jésus. Jésus leur répond: "Voici venue l'heure où doit être glorifié le Fils de l'homme. En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il demeure seul; mais s'il meurt, il porte beaucoup de fruit. Qui aime sa vie la perd; et qui hait sa vie en ce monde la conservera en vie éternelle. Si quelqu'un me sert, qu'il me suive, et où je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu'un me sert, mon Père l'honorera. Maintenant mon âme est troublée. Et que dire? Père, sauve-moi de cette heure! Mais c'est pour cela que je suis venu à cette heure. Père, glorifie ton nom!" Du ciel vint alors une voix: "Je l'ai glorifié et de nouveau je le glorifierai." La foule qui se tenait là et qui avait entendu, disait qu'il y avait eu un coup de tonnerre; d'autres disaient: "Un ange lui a parlé." Jésus reprit: "Ce n'est pas pour moi qu'il y a eu cette voix, mais pour vous. C'est maintenant le jugement de ce monde; maintenant le Prince de ce monde va être jeté dehors; et moi, une fois élevé de terre, j'attirerai tous les hommes à moi." Il signifiait par là de quelle mort il allait mourir. La foule alors lui répondit: "Nous avons appris de la Loi que le Christ demeure à jamais. Comment peux-tu dire: Il faut que soit élevé le Fils de l'homme? Qui est ce Fils de l'homme?" Jésus leur dit: "Pour peu de temps encore la lumière est parmi vous. Marchez tant que vous avez la lumière, de peur que les ténèbres ne vous saisissent: celui qui marche dans les ténèbres ne sait pas où il va. Tant que vous avez la lumière, croyez en la lumière, afin de devenir des fils de lumière." Ainsi parla Jésus, et s'en allant il se déroba à leur vue. Bien qu'il eût fait tant de signes devant eux, ils ne croyaient pas en lui, afin que s'accomplît la parole dite par Isaïe le prophète: Seigneur, qui a cru à notre parole? Et le bras du Seigneur, à qui a-t-il été révélé? Aussi bien ne pouvaient-ils croire, car Isaïe a dit encore: Il a aveuglé leurs yeux et il a endurci leur coeur, pour que leurs yeux ne voient pas, que leur coeur ne comprenne pas, qu'ils ne se convertissent pas et que je ne les guérisse pas. Isaïe a dit cela, parce qu'il eut la vision de sa gloire et qu'il parla de lui. Toutefois, il est vrai, même parmi les notables, un bon nombre crurent en lui, mais à cause des Pharisiens ils ne se déclaraient pas, de peur d'être exclus de la synagogue, car ils aimèrent la gloire des hommes plus que la gloire de Dieu. Jésus a dit, il l'a clamé: "Qui croit en moi, ce n'est pas en moi qu'il croit, mais en celui qui m'a envoyé, et qui me voit voit celui qui m'a envoyé. Moi, lumière, je suis venu dans le monde, pour que quiconque croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres. Si quelqu'un entend mes paroles et ne les garde pas, je ne le juge pas, car je ne suis pas venu pour juger le monde, mais pour sauver le monde. Qui me rejette et n'accueille pas mes paroles a son juge: la parole que j'ai fait entendre, c'est elle qui le jugera au dernier jour; car ce n'est pas de moi-même que j'ai parlé, mais le Père qui m'a envoyé m'a lui-même commandé ce que j'avais à dire et à faire connaître; et je sais que son commandement est vie éternelle. Ainsi donc ce que je dis, tel que le Père me l'a dit je le dis." Avant la fête de la Pâque, Jésus, sachant que son heure était venue de passer de ce monde vers le Père, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu'à la fin. Au cours d'un repas, alors que déjà le diable avait mis au coeur de Judas Iscariote, fils de Simon, le dessein de le livrer, sachant que le Père lui avait tout remis entre les mains et qu'il était venu de Dieu et qu'il s'en allait vers Dieu, il se lève de table, dépose ses vêtements, et prenant un linge, il s'en ceignit. Puis il met de l'eau dans un bassin et il commença à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge dont il était ceint. Il vient donc à Simon-Pierre, qui lui dit: "Seigneur, toi, me laver les pieds?" Jésus lui répondit: "Ce que je fais, tu ne le sais pas à présent; par la suite tu comprendras." Pierre lui dit: "Non, tu ne me laveras pas les pieds, jamais!" Jésus lui répondit: "Si je ne te lave pas, tu n'as pas de part avec moi." Simon-Pierre lui dit: "Seigneur, pas seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête!" Jésus lui dit: "Qui s'est baigné n'a pas besoin de se laver; il est pur tout entier. Vous aussi, vous êtes purs; mais pas tous." Il connaissait en effet celui qui le livrait; voilà pourquoi il dit: "Vous n'êtes pas tous purs." Quand il leur eut lavé les pieds, qu'il eut repris ses vêtements et se fut remis à table, il leur dit: "Comprenez-vous ce que je vous ai fait? Vous m'appelez Maître et Seigneur, et vous dites bien, car je le suis. Si donc je vous ai lavé les pieds, moi le Seigneur et le Maître, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. Car c'est un exemple que je vous ai donné, pour que vous fassiez, vous aussi, comme moi j'ai fait pour vous. En vérité, en vérité, je vous le dis, le serviteur n'est pas plus grand que son maître, ni l'envoyé plus grand que celui qui l'a envoyé. Sachant cela, heureux êtes-vous, si vous le faites. Ce n'est pas de vous tous que je parle; je connais ceux que j'ai choisis; mais il faut que l'Ecriture s'accomplisse: Celui qui mange mon pain a levé contre moi son talon. Je vous le dis, dès à présent, avant que la chose n'arrive, pour qu'une fois celle-ci arrivée, vous croyiez que Je Suis. En vérité, en vérité, je vous le dis, qui accueille celui que j'aurai envoyé m'accueille; et qui m'accueille, accueille celui qui m'a envoyé." Ayant dit cela, Jésus fut troublé en son esprit et il attesta: "En vérité, en vérité, je vous le dis, l'un de vous me livrera." Les disciples se regardaient les uns les autres, ne sachant de qui il parlait. Un de ses disciples, celui que Jésus aimait, se trouvait à table tout contre Jésus. Simon-Pierre lui fait signe et lui dit: "Demande quel est celui dont il parle." Celui-ci, se penchant alors vers la poitrine de Jésus, lui dit: "Seigneur, qui est-ce?" Jésus répond: "C'est celui à qui je donnerai la bouchée que je vais tremper." Trempant alors la bouchée, il la prend et la donne à Judas, fils de Simon Iscariote. Après la bouchée, alors Satan entra en lui. Jésus lui dit donc: "Ce que tu fais, fais-le vite." Mais cela, aucun parmi les convives ne comprit pourquoi il le lui disait. Comme Judas tenait la bourse, certains pensaient que Jésus voulait lui dire: "Achète ce dont nous avons besoin pour la fête", ou qu'il donnât quelque chose aux pauvres. Aussitôt la bouchée prise, il sortit; il faisait nuit. Quand il fut sorti, Jésus dit: "Maintenant le Fils de l'homme a été glorifié et Dieu a été glorifié en lui. Si Dieu a été glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera en lui-même et c'est aussitôt qu'il le glorifiera. Petits enfants, c'est pour peu de temps que je suis encore avec vous. Vous me chercherez, et comme je l'ai dit aux Juifs: où je vais, vous ne pouvez venir, à vous aussi je le dis à présent. Je vous donne un commandement nouveau: vous aimer les uns les autres; comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. A ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples: si vous avez de l'amour les uns pour les autres." Simon-Pierre lui dit: "Seigneur, où vas-tu?" Jésus lui répondit: "Où je vais, tu ne peux pas me suivre maintenant; mais tu me suivras plus tard." Pierre lui dit: "Pourquoi ne puis-je pas te suivre à présent? Je donnerai ma vie pour toi." Jésus répond: "Tu donneras ta vie pour moi? En vérité, en vérité, je te le dis, le coq ne chantera pas que tu ne m'aies renié trois fois. "Que votre coeur ne se trouble pas! vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures; sinon, je vous l'aurais dit; je vais vous préparer une place. Et quand je serai allé et que je vous aurai préparé une place, à nouveau je viendrai et je vous prendrai près de moi, afin que, là où je suis, vous aussi, vous soyez. Et du lieu où je vais, vous savez le chemin." Thomas lui dit: "Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment saurions-nous le chemin?" Jésus lui dit: "Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. Nul ne vient au Père que par moi. Si vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père; dès à présent vous le connaissez et vous l'avez vu." Philippe lui dit: "Seigneur, montre-nous le Père et cela nous suffit." Jésus lui dit: "Voilà si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe? Qui m'a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire: Montre-nous le Père!? Ne crois-tu pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même: mais le Père demeurant en moi fait ses oeuvres. Croyez-m'en! je suis dans le Père et le Père est en moi. Croyez du moins à cause des oeuvres mêmes. En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera, lui aussi, les oeuvres que je fais; et il en fera même de plus grandes, parce que je vais vers le Père. Et tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Si vous me demandez quelque chose en mon nom, je le ferai. Si vous m'aimez, vous garderez mes commandements; et je prierai le Père et il vous donnera un autre Paraclet, pour qu'il soit avec vous à jamais, l'Esprit de Vérité, que le monde ne peut pas recevoir, parce qu'il ne le voit pas ni ne le reconnaît. Vous, vous le connaissez, parce qu'il demeure auprès de vous. Je ne vous laisserai pas orphelins. Je viendrai vers vous. Encore un peu de temps et le monde ne me verra plus. Mais vous, vous verrez que je vis et vous aussi, vous vivrez. Ce jour-là, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père et vous en moi et moi en vous. Celui qui a mes commandements et qui les garde, c'est celui-là qui m'aime; or celui qui m'aime sera aimé de mon Père; et je l'aimerai et je me manifesterai à lui." Judas - pas l'Iscariote - lui dit: "Seigneur, et qu'est-il advenu, que tu doives te manifester à nous et non pas au monde?" Jésus lui répondit: "Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole, et mon Père l'aimera et nous viendrons vers lui et nous nous ferons une demeure chez lui. Celui qui ne m'aime pas ne garde pas mes paroles; et la parole que vous entendez n'est pas de moi, mais du Père qui m'a envoyé. Je vous ai dit cela tandis que je demeurais près de vous. Mais le Paraclet, l'Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout et vous rappellera tout ce que je vous ai dit. Je vous laisse la paix; c'est ma paix que je vous donne; je ne vous la donne pas comme le monde la donne. Que votre coeur ne se trouble ni ne s'effraie. Vous avez entendu que je vous ai dit: Je m'en vais et je reviendrai vers vous. Si vous m'aimiez, vous vous réjouiriez de ce que je vais vers le Père, parce que le Père est plus grand que moi. Je vous le dis maintenant avant que cela n'arrive, pour qu'au moment où cela arrivera, vous croyiez. Je ne m'entretiendrai plus beaucoup avec vous, car il vient, le Prince de ce monde; sur moi il n'a aucun pouvoir, mais il faut que le monde reconnaisse que j'aime le Père et que je fais comme le Père m'a commandé. Levez-vous! Partons d'ici! "Je suis la vigne véritable et mon Père est le vigneron. Tout sarment en moi qui ne porte pas de fruit, il l'enlève, et tout sarment qui porte du fruit, il l'émonde, pour qu'il porte encore plus de fruit. Déjà vous êtes purs grâce à la parole que je vous ai fait entendre. Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut de lui-même porter du fruit s'il ne demeure pas sur la vigne, ainsi vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi. Je suis la vigne; vous, les sarments. Celui qui demeure en moi, et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit; car hors de moi vous ne pouvez rien faire. Si quelqu'un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors comme le sarment et il se dessèche; on les ramasse et on les jette au feu et ils brûlent. Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez, et vous l'aurez. C'est la gloire de mon Père que vous portiez beaucoup de fruit et deveniez mes disciples. Comme le Père m'a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez en mon amour. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez en mon amour, comme moi j'ai gardé les commandements de mon Père et je demeure en son amour. Je vous dis cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit complète. Voici quel est mon commandement: vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés. Nul n'a plus grand amour que celui-ci: donner sa vie pour ses amis. Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande. Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître; mais je vous appelle amis, parce que tout ce que j'ai entendu de mon Père, je vous l'ai fait connaître. Ce n'est pas vous qui m'avez choisi; mais c'est moi qui vous ai choisis et vous ai établis pour que vous alliez et portiez du fruit et que votre fruit demeure, afin que tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donne. Ce que je vous commande, c'est de vous aimer les uns les autres. Si le monde vous hait, sachez que moi, il m'a pris en haine avant vous. Si vous étiez du monde, le monde aimerait son bien; mais parce que vous n'êtes pas du monde, puisque mon choix vous a tiré du monde, pour cette raison, le monde vous hait. Rappelez-vous la parole que je vous ai dite: Le serviteur n'est pas plus grand que son maître. S'ils m'ont persécuté, vous aussi ils vous persécuteront; s'ils ont gardé ma parole, la vôtre aussi ils la garderont. Mais tout cela, ils le feront contre vous à cause de mon nom, parce qu'ils ne connaissent pas celui qui m'a envoyé. Si je n'étais pas venu et ne leur avais pas parlé, ils n'auraient pas de péché; mais maintenant ils n'ont pas d'excuse à leur péché. Qui me hait, hait aussi mon Père. Si je n'avais pas fait parmi eux les oeuvres que nul autre n'a faites, ils n'auraient pas de péché; mais maintenant ils ont vu et ils nous haïssent, et moi et mon Père. Mais c'est pour que s'accomplisse la parole écrite dans leur Loi: Ils m'ont haï sans raison. Lorsque viendra le Paraclet, que je vous enverrai d'auprès du Père, l'Esprit de vérité, qui vient du Père, il me rendra témoignage. Mais vous aussi, vous témoignerez, parce que vous êtes avec moi depuis le commencement. Je vous ai dit cela pour vous éviter le scandale. On vous exclura des synagogues. Bien plus, l'heure vient où quiconque vous tuera pensera rendre un culte à Dieu. Et cela, ils le feront pour n'avoir reconnu ni le Père ni moi. Mais je vous ai dit cela, pour qu'une fois leur heure venue, vous vous rappeliez que je vous l'ai dit. "Je ne vous ai pas dit cela dès le commencement, parce que j'étais avec vous. Mais maintenant je m'en vais vers celui qui m'a envoyé et aucun de vous ne me demande: Où vas-tu? Mais parce que je vous ai dit cela, la tristesse remplit vos coeurs. Cependant je vous dis la vérité: c'est votre intérêt que je parte; car si je ne pars pas, le Paraclet ne viendra pas vers vous; mais si je pars, je vous l'enverrai. Et lui, une fois venu, il établira la culpabilité du monde en fait de péché, en fait de justice et en fait de jugement: de péché, parce qu'ils ne croient pas en moi; de justice, parce que je vais vers le Père et que vous ne me verrez plus; de jugement, parce que le Prince de ce monde est jugé. J'ai encore beaucoup à vous dire, mais vous ne pouvez pas le porter à présent. Mais quand il viendra, lui, l'Esprit de vérité, il vous introduira dans la vérité tout entière; car il ne parlera pas de lui-même, mais ce qu'il entendra, il le dira et il vous dévoilera les choses à venir. Lui me glorifiera, car c'est de mon bien qu'il recevra et il vous le dévoilera. Tout ce qu'a le Père est à moi. Voilà pourquoi j'ai dit que c'est de mon bien qu'il reçoit et qu'il vous le dévoilera. "Encore un peu, et vous ne me verrez plus, et puis un peu encore, et vous me verrez." Quelques-uns de ses disciples se dirent entre eux: "Qu'est-ce qu'il nous dit là: Encore un peu, et vous ne me verrez plus, et puis un peu encore, et vous me verrez, et: Je vais vers le Père?" Ils disaient: "Qu'est-ce que ce: un peu? Nous ne savons pas ce qu'il veut dire." Jésus comprit qu'ils voulaient le questionner et il leur dit: "Vous vous interrogez entre vous sur ce que j'ai dit: Encore un peu, et vous ne me verrez plus, et puis un peu encore, et vous me verrez. En vérité, en vérité, je vous le dis, vous pleurerez et vous vous lamenterez, et le monde se réjouira; vous serez tristes, mais votre tristesse se changera en joie. La femme, sur le point d'accoucher, s'attriste parce que son heure est venue; mais lorsqu'elle a donné le jour à l'enfant, elle ne se souvient plus des douleurs, dans la joie qu'un homme soit venu au monde. Vous aussi, maintenant vous voilà tristes; mais je vous verrai de nouveau et votre coeur sera dans la joie, et votre joie, nul ne vous l'enlèvera. Ce jour-là, vous ne me poserez aucune question. En vérité, en vérité, je vous le dis, ce que vous demanderez au Père, il vous le donnera en mon nom. Jusqu'à présent vous n'avez rien demandé en mon nom; demandez et vous recevrez, pour que votre joie soit complète. Tout cela, je vous l'ai dit en figures. L'heure vient où je ne vous parlerai plus en figures, mais je vous entretiendrai du Père en toute clarté. Ce jour-là, vous demanderez en mon nom et je ne vous dis pas que j'interviendrai pour vous auprès du Père, car le Père lui-même vous aime, parce que vous m'aimez et que vous croyez que je suis sorti d'auprès de Dieu. Je suis sorti d'auprès du Père et venu dans le monde. De nouveau je quitte le monde et je vais vers le Père." Ses disciples lui disent: "Voilà que maintenant tu parles en clair et sans figures! Nous savons maintenant que tu sais tout et n'as pas besoin qu'on te questionne. A cela nous croyons que tu es sorti de Dieu." Jésus leur répondit: "Vous croyez à présent? Voici venir l'heure - et elle est venue - où vous serez dispersés chacun de votre côté et me laisserez seul. Mais je ne suis pas seul: le Père est avec moi. Je vous ai dit ces choses, pour que vous ayez la paix en moi. Dans le monde vous aurez à souffrir. Mais gardez courage! J'ai vaincu le monde." Ainsi parla Jésus, et levant les yeux au ciel, il dit: "Père, l'heure est venue: glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie et que, selon le pouvoir que tu lui as donné sur toute chair, il donne la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés! Or, la vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi, le seul véritable Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. Je t'ai glorifié sur la terre, en menant à bonne fin l'oeuvre que tu m'as donné de faire. Et maintenant, Père, glorifie-moi auprès de toi de la gloire que j'avais auprès de toi, avant que fût le monde. J'ai manifesté ton nom aux hommes, que tu as tirés du monde pour me les donner. Ils étaient à toi et tu me les as donnés et ils ont gardé ta parole. Maintenant ils ont reconnu que tout ce que tu m'as donné vient de toi; car les paroles que tu m'as données, je les leur ai données, et ils les ont accueillies et ils ont vraiment reconnu que je suis sorti d'auprès de toi, et ils ont cru que tu m'as envoyé. C'est pour eux que je prie; je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m'as donnés, car ils sont à toi, et tout ce qui est à moi est à toi, et tout ce qui est à toi est à moi, et je suis glorifié en eux. Je ne suis plus dans le monde; eux sont dans le monde, et moi, je viens vers toi. Père saint, garde-les dans ton nom que tu m'as donné, pour qu'ils soient un comme nous. Quand j'étais avec eux, je les gardais dans ton nom que tu m'as donné. J'ai veillé et aucun d'eux ne s'est perdu, sauf le fils de perdition, afin que l'Ecriture fût accomplie. Mais maintenant je viens vers toi et je parle ainsi dans le monde, afin qu'ils aient en eux-mêmes ma joie complète. Je leur ai donné ta parole et le monde les a haïs, parce qu'ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde. Je ne te prie pas de les enlever du monde, mais de les garder du Mauvais. Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde. Sanctifie-les dans la vérité: ta parole est vérité. Comme tu m'as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde. Pour eux je me sanctifie moi-même, afin qu'ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la vérité. Je ne prie pas pour eux seulement, mais aussi pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi, afin que tous soient un. Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu'eux aussi soient en nous, afin que le monde croie que tu m'as envoyé. Je leur ai donné la gloire que tu m'as donnée, pour qu'ils soient un comme nous sommes un: moi en eux et toi en moi, afin qu'ils soient parfaits dans l'unité, et que le monde reconnaisse que tu m'as envoyé et que tu les as aimés comme tu m'as aimé. Père, ceux que tu m'as donnés, je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi, afin qu'ils contemplent ma gloire, que tu m'as donnée parce que tu m'as aimé avant la fondation du monde. Père juste, le monde ne t'a pas connu, mais moi je t'ai connu et ceux-ci ont reconnu que tu m'as envoyé. Je leur ai fait connaître ton nom et je le leur ferai connaître, pour que l'amour dont tu m'as aimé soit en eux et moi en eux." Ayant dit cela, Jésus s'en alla avec ses disciples de l'autre côté du torrent du Cédron. Il y avait là un jardin dans lequel il entra, ainsi que ses disciples. Or Judas, qui le livrait, connaissait aussi ce lieu, parce que bien des fois Jésus et ses disciples s'y étaient réunis. Judas donc, menant la cohorte et des gardes détachés par les grands prêtres et les Pharisiens, vient là avec des lanternes, des torches et des armes. Alors Jésus, sachant tout ce qui allait lui advenir, sortit et leur dit: "Qui cherchez-vous?" Ils lui répondirent: "Jésus le Nazôréen." Il leur dit: "C'est moi." Or Judas, qui le livrait, se tenait là, lui aussi, avec eux. Quand Jésus leur eut dit: "C'est moi", ils reculèrent et tombèrent à terre. De nouveau il leur demanda: "Qui cherchez-vous?" Ils dirent: "Jésus le Nazôréen." Jésus répondit: "Je vous ai dit que c'est moi. Si donc c'est moi que vous cherchez, laissez ceux-là s'en aller": afin que s'accomplît la parole qu'il avait dite: "Ceux que tu m'as donnés, je n'en ai pas perdu un seul." Alors Simon-Pierre, qui portait un glaive, le tira, frappa le serviteur du grand prêtre et lui trancha l'oreille droite. Ce serviteur avait nom Malchus. Jésus dit à Pierre: "Rentre le glaive dans le fourreau. La coupe que m'a donnée le Père, ne la boirai-je pas?" Alors la cohorte, le tribun et les gardes des Juifs saisirent Jésus et le lièrent. Ils le menèrent d'abord chez Anne; c'était en effet le beau-père de Caïphe, qui était grand prêtre cette année-là. Or Caïphe était celui qui avait donné ce conseil aux Juifs: "Il y a intérêt à ce qu'un seul homme meure pour le peuple." Or Simon-Pierre suivait Jésus, ainsi qu'un autre disciple. Ce disciple était connu du grand prêtre et entra avec Jésus dans la cour du grand prêtre, tandis que Pierre se tenait près de la porte, dehors. L'autre disciple, celui qui était connu du grand prêtre, sortit donc et dit un mot à la portière et il fit entrer Pierre. La servante, celle qui gardait la porte, dit alors à Pierre: "N'es-tu pas, toi aussi, des disciples de cet homme?" Lui, dit: "Je n'en suis pas." Les serviteurs et les gardes, qui avaient fait un feu de braise, parce que le temps était froid, se tenaient là et se chauffaient. Pierre aussi se tenait là avec eux et se chauffait. Le grand prêtre interrogea Jésus sur ses disciples et sur sa doctrine. Jésus lui répondit: "C'est au grand jour que j'ai parlé au monde, j'ai toujours enseigné à la synagogue et dans le Temple où tous les Juifs s'assemblent et je n'ai rien dit en secret. Pourquoi m'interroges-tu? Demande à ceux qui ont entendu ce que je leur ai enseigné; eux, ils savent ce que j'ai dit." A ces mots, l'un des gardes, qui se tenait là, donna une gifle à Jésus en disant: "C'est ainsi que tu réponds au grand prêtre?" Jésus lui répondit: "Si j'ai mal parlé, témoigne de ce qui est mal; mais si j'ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu?" Anne l'envoya alors, toujours lié, au grand prêtre, Caïphe. Or Simon-Pierre se tenait là et se chauffait. Ils lui dirent: "N'es-tu pas, toi aussi, de ses disciples?" Lui le nia et dit: "Je n'en suis pas." Un des serviteurs du grand prêtre, un parent de celui à qui Pierre avait tranché l'oreille, dit: "Ne t'ai-je pas vu dans le jardin avec lui?" De nouveau Pierre nia, et aussitôt un coq chanta. Alors ils mènent Jésus de chez Caïphe au prétoire. C'était le matin. Eux-mêmes n'entrèrent pas dans le prétoire, pour ne pas se souiller, mais pour pouvoir manger la Pâque. Pilate sortit donc au-dehors, vers eux, et il dit: "Quelle accusation portez-vous contre cet homme?" Ils lui répondirent: "Si ce n'était pas un malfaiteur, nous ne te l'aurions pas livré." Pilate leur dit: "Prenez-le, vous, et jugez-le selon votre Loi." Les Juifs lui dirent: "Il ne nous est pas permis de mettre quelqu'un à mort": afin que s'accomplît la parole qu'avait dite Jésus, signifiant de quelle mort il devait mourir. Alors Pilate entra de nouveau dans le prétoire; il appela Jésus et dit: "Tu es le roi des Juifs?" Jésus répondit: "Dis-tu cela de toi-même ou d'autres te l'ont-ils dit de moi?" Pilate répondit: "Est-ce que je suis Juif, moi? Ta nation et les grands prêtres t'ont livré à moi. Qu'as-tu fait?" Jésus répondit: "Mon royaume n'est pas de ce monde. Si mon royaume était de ce monde, mes gens auraient combattu pour que je ne sois pas livré aux Juifs. Mais mon royaume n'est pas d'ici." Pilate lui dit: "Donc tu es roi?" Jésus répondit: "Tu le dis: je suis roi. Je ne suis né, et je ne suis venu dans le monde, que pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix." Pilate lui dit: "Qu'est-ce que la vérité?" Et, sur ce mot, il sortit de nouveau et alla vers les Juifs. Et il leur dit: "Je ne trouve en lui aucun motif de condamnation. Mais c'est pour vous une coutume que je vous relâche quelqu'un à la Pâque. Voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs?" Alors ils vociférèrent de nouveau, disant: "Pas lui, mais Barabbas!" Or Barabbas était un brigand. Pilate prit alors Jésus et le fit flageller. Les soldats, tressant une couronne avec des épines, la lui posèrent sur la tête, et ils le revêtirent d'un manteau de pourpre; et ils s'avançaient vers lui et disaient: "Salut, roi des Juifs!" Et ils lui donnaient des coups. De nouveau, Pilate sortit dehors et leur dit: "Voyez, je vous l'amène dehors, pour que vous sachiez que je ne trouve en lui aucun motif de condamnation." Jésus sortit donc dehors, portant la couronne d'épines et le manteau de pourpre; et Pilate leur dit: "Voici l'homme!" Lorsqu'ils le virent, les grands prêtres et les gardes vociférèrent, disant: "Crucifie-le! Crucifie-le!" Pilate leur dit: "Prenez-le, vous, et crucifiez-le; car moi, je ne trouve pas en lui de motif de condamnation." Les Juifs lui répliquèrent: "Nous avons une Loi et d'après cette Loi il doit mourir, parce qu'il s'est fait Fils de Dieu." Lorsque Pilate entendit cette parole, il fut encore plus effrayé. Il entra de nouveau dans le prétoire et dit à Jésus: "D'où es-tu?" Mais Jésus ne lui donna pas de réponse. Pilate lui dit donc: "Tu ne me parles pas? Ne sais-tu pas que j'ai pouvoir de te relâcher et que j'ai pouvoir de te crucifier?" Jésus lui répondit: "Tu n'aurais aucun pouvoir sur moi, si cela ne t'avait été donné d'en haut; c'est pourquoi celui qui m'a livré à toi a un plus grand péché." Dès lors Pilate cherchait à le relâcher. Mais les Juifs vociféraient, disant: "Si tu le relâches, tu n'es pas ami de César: quiconque se fait roi, s'oppose à César." Pilate, entendant ces paroles, amena Jésus dehors et le fit asseoir au tribunal, en un lieu dit le Dallage, en hébreu Gabbatha. Or c'était la Préparation de la Pâque; c'était vers la sixième heure. Il dit aux Juifs: "Voici votre roi." Eux vociférèrent: "A mort! A mort! Crucifie-le!" Pilate leur dit: "Crucifierai-je votre roi?" Les grands prêtres répondirent: "Nous n'avons de roi que César!" Alors il le leur livra pour être crucifié. Ils prirent donc Jésus. Et il sortit, portant sa croix, et vint au lieu dit du Crâne - ce qui se dit en hébreu Golgotha -- où ils le crucifièrent et avec lui deux autres: un de chaque côté et, au milieu, Jésus. Pilate rédigea aussi un écriteau et le fit placer sur la croix. Il y était écrit: "Jésus le Nazôréen, le roi des Juifs." Cet écriteau, beaucoup de Juifs le lurent, car le lieu où Jésus fut mis en croix était proche de la ville, et c'était écrit en hébreu, en latin et en grec. Les grands prêtres des Juifs dirent à Pilate: "N'écris pas: Le roi des Juifs, mais: Cet homme a dit: Je suis le roi des Juifs." Pilate répondit: "Ce que j'ai écrit, je l'ai écrit." Lorsque les soldats eurent crucifié Jésus, ils prirent ses vêtements et firent quatre parts, une part pour chaque soldat, et la tunique. Or la tunique était sans couture, tissée d'une pièce à partir du haut; ils se dirent donc entre eux: "Ne la déchirons pas, mais tirons au sort qui l'aura": afin que l'Ecriture fût accomplie: Ils se sont partagé mes habits, et mon vêtement, ils l'ont tiré au sort. Voilà ce que firent les soldats. Or près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la soeur de sa mère, Marie, femme de Clopas, et Marie de Magdala. Jésus donc voyant sa mère et, se tenant près d'elle, le disciple qu'il aimait, dit à sa mère: "Femme, voici ton fils." Puis il dit au disciple: "Voici ta mère." Dès cette heure-là, le disciple l'accueillit comme sienne. Après quoi, sachant que désormais tout était achevé pour que l'Ecriture fût parfaitement accomplie, Jésus dit: "J'ai soif." Un vase était là, rempli de vinaigre. On mit autour d'une branche d'hysope une éponge imbibée de vinaigre et on l'approcha de sa bouche. Quand il eut pris le vinaigre, Jésus dit: "C'est achevé" et, inclinant la tête, il remit l'esprit. Comme c'était la Préparation, les Juifs, pour éviter que les corps restent sur la croix durant le sabbat - car ce sabbat était un grand jour --, demandèrent à Pilate qu'on leur brisât les jambes et qu'on les enlevât. Les soldats vinrent donc et brisèrent les jambes du premier, puis de l'autre qui avait été crucifié avec lui. Venus à Jésus, quand ils virent était déjà mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes, mais l'un des soldats, de sa lance, lui perça le côté et il sortit aussitôt du sang et de l'eau. Celui qui a vu rend témoignage - son témoignage est véritable, et celui-là sait qu'il dit vrai - pour que vous aussi vous croyiez. Car cela est arrivé afin que l'Ecriture fût accomplie: Pas un os ne lui sera brisé. Et une autre Ecriture dit encore: Ils regarderont celui qu'ils ont transpercé. Après ces événements, Joseph d'Arimathie, qui était disciple de Jésus, mais en secret par peur des Juifs, demanda à Pilate de pouvoir enlever le corps de Jésus. Pilate le permit. Ils vinrent donc et enlevèrent son corps. Nicodème - celui qui précédemment était venu, de nuit, trouver Jésus - vint aussi, apportant un mélange de myrrhe et d'aloès, d'environ cent livres. Ils prirent donc le corps de Jésus et le lièrent de linges, avec les aromates, selon le mode de sépulture en usage chez les Juifs. Or il y avait un jardin au lieu où il avait été crucifié, et, dans ce jardin, un tombeau neuf, dans lequel personne n'avait encore été mis. A cause de la Préparation des Juifs, comme le tombeau était proche, c'est là qu'ils déposèrent Jésus. Le premier jour de la semaine, Marie de Magdala vient de bonne heure au tombeau, comme il faisait encore sombre, et elle aperçoit la pierre enlevée du tombeau. Elle court alors et vient trouver Simon-Pierre, ainsi que l'autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit: "On a enlevé le Seigneur du tombeau et nous ne savons pas où on l'a mis." Pierre sortit donc, ainsi que l'autre disciple, et ils se rendirent au tombeau. Ils couraient tous les deux ensemble. L'autre disciple, plus rapide que Pierre, le devança à la course et arriva le premier au tombeau. Se penchant, il aperçoit les linges, gisant à terre; pourtant il n'entra pas. Alors arrive aussi Simon-Pierre, qui le suivait; il entra dans le tombeau; et il voit les linges, gisant à terre, ainsi que le suaire qui avait recouvert sa tête; non pas avec les linges, mais roulé à part dans un endroit. Alors entra aussi l'autre disciple, arrivé le premier au tombeau. Il vit et il crut. En effet, ils ne savaient pas encore que, d'après l'Ecriture, il devait ressusciter d'entre les morts. Les disciples s'en retournèrent alors chez eux. Marie se tenait près du tombeau, au-dehors, tout en pleurs. Or, tout en pleurant, elle se pencha vers l'intérieur du tombeau et elle voit deux anges, en vêtements blancs, assis là où avait reposé le corps de Jésus, l'un à la tête et l'autre aux pieds. Ceux-ci lui disent: "Femme, pourquoi pleures-tu?" Elle leur dit: "Parce qu'on a enlevé mon Seigneur, et je ne sais pas où on l'a mis." Ayant dit cela, elle se retourna, et elle voit Jésus qui se tenait là, mais elle ne savait pas que c'était Jésus. Jésus lui dit: "Femme, pourquoi pleures-tu? Qui cherches-tu?" Le prenant pour le jardinier, elle lui dit: "Seigneur, si c'est toi qui l'as emporté, dis-moi où tu l'as mis, et je l'enlèverai." Jésus lui dit: "Marie!" Se retournant, elle lui dit en hébreu: "Rabbouni" - ce qui veut dire: "Maître." Jésus lui dit: "Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. Mais va trouver mes frères et dis-leur: je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu." Marie de Magdala vient annoncer aux disciples qu'elle a vu le Seigneur et qu'il lui a dit cela. Le soir, ce même jour, le premier de la semaine, et les portes étant closes, là où se trouvaient les disciples, par peur des Juifs, Jésus vint et se tint au milieu et il leur dit: "Paix à vous!" Ayant dit cela, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie à la vue du Seigneur. Il leur dit alors, de nouveau: "Paix à vous! Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie." Ayant dit cela, il souffla sur eux et leur dit: "Recevez l'Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus." Or Thomas, l'un des Douze, appelé Didyme, n'était pas avec eux, lorsque vint Jésus. Les autres disciples lui dirent donc: "Nous avons vu le Seigneur!" Mais il leur dit: "Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets pas ma main dans son côté, je ne croirai pas." Huit jours après, ses disciples étaient de nouveau à l'intérieur et Thomas avec eux. Jésus vient, les portes étant closes, et il se tint au milieu et dit: "Paix à vous. Puis il dit à Thomas: "Porte ton doigt ici: voici mes mains; avance ta main et mets-la dans mon côté, et ne deviens pas incrédule, mais croyant." Thomas lui répondit: "Mon Seigneur et mon Dieu!" Jésus lui dit: "Parce que tu me vois, tu crois. Heureux ceux qui n'ont pas vu et qui ont cru." Jésus a fait sous les yeux de ses disciples encore beaucoup d'autres signes, qui ne sont pas écrits dans ce livre. Ceux-là ont été mis par écrit, pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu'en croyant vous ayez la vie en son nom. Après cela, Jésus se manifesta de nouveau aux disciples sur le bord de la mer de Tibériade. Il se manifesta ainsi. Simon-Pierre, Thomas, appelé Didyme, Nathanaël, de Cana en Galilée, les fils de Zébédée et deux autres de ses disciples se trouvaient ensemble. Simon-Pierre leur dit: "Je m'en vais pêcher." Ils lui dirent: "Nous venons nous aussi avec toi." Ils sortirent, montèrent dans le bateau et, cette nuit-là, ils ne prirent rien. Or, le matin déjà venu, Jésus se tint sur le rivage; pourtant les disciples ne savaient pas que c'était Jésus. Jésus leur dit: "Les enfants, vous n'avez pas du poisson?" Ils lui répondirent: "Non!" Il leur dit: "Jetez le filet à droite du bateau et vous trouverez." Ils le jetèrent donc et ils n'avaient plus la force de le tirer, tant il était plein de poissons. Le disciple que Jésus aimait dit alors à Pierre: "C'est le Seigneur!" A ces mots: "C'est le Seigneur!" Simon-Pierre mit son vêtement - car il était nu - et il se jeta à l'eau. Les autres disciples, qui n'étaient pas loin de la terre, mais à environ 200 coudées, vinrent avec la barque, traînant le filet de poissons. Une fois descendus à terre, ils aperçoivent, disposé là, un feu de braise, avec du poisson dessus, et du pain. Jésus leur dit: "Apportez de ces poissons que vous venez de prendre." Alors Simon-Pierre monta dans le bateau et tira à terre le filet, plein de gros poissons: 153; et quoiqu'il y en eût tant, le filet ne se déchira pas. Jésus leur dit: "Venez déjeuner." Aucun des disciples n'osait lui demander: "Qui es-tu?" Sachant que c'était le Seigneur. Jésus vient, il prend le pain et il le leur donne; et de même le poisson. Ce fut là la troisième fois que Jésus se manifesta aux disciples, une fois ressuscité d'entre les morts. Quand ils eurent déjeuné, Jésus dit à Simon-Pierre: "Simon, fils de Jean, m'aimes-tu plus que ceux-ci?" Il lui répondit: "Oui, Seigneur, tu sais que je t'aime." Jésus lui dit: "Pais mes agneaux." Il lui dit à nouveau, une deuxième fois: "Simon, fils de Jean, m'aimes-tu" - "Oui, Seigneur, lui dit-il, tu sais que je t'aime." Jésus lui dit: "Pais mes brebis." Il lui dit pour la troisième fois: "Simon, fils de Jean, m'aimes-tu?" Pierre fut peiné de ce qu'il lui eût dit pour la troisième fois: "M'aimes-tu", et il lui dit: "Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t'aime." Jésus lui dit: "Pais mes brebis. En vérité, en vérité, je te le dis, quand tu étais jeune, tu mettais toi-même ta ceinture, et tu allais où tu voulais; quand tu auras vieilli, tu étendras les mains, et un autre te ceindra et te mènera où tu ne voudrais pas." Il signifiait, en parlant ainsi, le genre de mort par lequel Pierre devait glorifier Dieu. Ayant dit cela, il lui dit: "Suis-moi." Se retournant, Pierre aperçoit, marchant à leur suite, le disciple que Jésus aimait, celui-là même qui, durant le repas, s'était penché sur sa poitrine et avait dit: "Seigneur, qui est-ce qui te livre?" Le voyant donc, Pierre dit à Jésus: "Seigneur, et lui?" Jésus lui dit: "Si je veux qu'il demeure jusqu'à ce que je vienne, que t'importe? Toi, suis-moi." Le bruit se répandit alors chez les frères que ce disciple ne mourrait pas. Or Jésus n'avait pas dit à Pierre: "Il ne mourra pas", mais: "Si je veux qu'il demeure jusqu'à ce que je vienne." C'est ce disciple qui témoigne de ces faits et qui les a écrits, et nous savons que son témoignage est véridique. Il y a encore bien d'autres choses qu'a faites Jésus. Si on les mettait par écrit une à une, je pense que le monde lui-même ne suffirait pas à contenir les livres qu'on en écrirait. J'ai consacré mon premier livre, ô Théophile, à tout ce que Jésus a fait et enseigné, depuis le commencement jusqu'au jour où, après avoir donné ses instructions aux apôtres qu'il avait choisis sous l'action de l'Esprit Saint, il fut enlevé au ciel. C'est encore à eux qu'avec de nombreuses preuves il s'était présenté vivant après sa passion; pendant 40 jours, il leur était apparu et les avait entretenus du Royaume de Dieu. Alors, au cours d'un repas qu'il partageait avec eux, il leur enjoignit de ne pas s'éloigner de Jérusalem, mais d'y attendre ce que le Père avait promis, "ce que, dit-il, vous avez entendu de ma bouche: Jean, lui, a baptisé avec de l'eau, mais vous, c'est dans l'Esprit Saint que vous serez baptisés sous peu de jours." Etant donc réunis, ils l'interrogeaient ainsi: "Seigneur, est-ce maintenant le temps où tu vas restaurer la royauté en Israël?" Il leur répondit: "Il ne vous appartient pas de connaître les temps et moments que le Père a fixés de sa seule autorité. Mais vous allez recevoir une force, celle de l'Esprit Saint qui descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre." A ces mots, sous leurs regards, il s'éleva, et une nuée le déroba à leurs yeux. Et comme ils étaient là, les yeux fixés au ciel pendant qu'il s'en allait, voici que deux hommes vêtus de blanc se trouvèrent à leurs côtés; ils leur dirent: Hommes" de Galilée, pourquoi restez-vous ainsi à regarder le ciel? Celui qui vous a été enlevé, ce même Jésus, viendra comme cela, de la même manière dont vous l'avez vu s'en aller vers le ciel." Alors, du mont des Oliviers, ils s'en retournèrent à Jérusalem; la distance n'est pas grande: celle d'un chemin de sabbat. Rentrés en ville, ils montèrent à la chambre haute où ils se tenaient habituellement. C'étaient Pierre, Jean, Jacques, André, Philippe et Thomas, Barthélemy et Matthieu, Jacques fils d'Alphée et Simon le Zélote, et Jude fils de Jacques. Tous, d'un même coeur, étaient assidus à la prière avec quelques femmes, dont Marie mère de Jésus, et avec ses frères. En ces jours-là, Pierre se leva au milieu des frères, - ils étaient réunis au nombre d'environ 120 personnes, - et il dit: "Frères, il fallait que s'accomplît l'Ecriture où, par la bouche de David, l'Esprit Saint avait parlé d'avance de Judas, qui s'est fait le guide de ceux qui ont arrêté Jésus. Il avait rang parmi nous et s'était vu attribuer une part dans notre ministère. Et voilà que, s'étant acquis un domaine avec le salaire de son forfait, cet homme est tombé la tête la première et a éclaté par le milieu, et toutes ses entrailles se sont répandues. La chose fut si connue de tous les habitants de Jérusalem que ce domaine fut appelé dans leur langue Hakeldama, c'est-à-dire "Domaine du Sang." Or il est écrit au Livre des Psaumes: Que son enclos devienne désert et qu'il ne se trouve personne pour y habiter. "Et encore: Qu'un autre reçoive sa charge. "Il faut donc que, de ces hommes qui nous ont accompagnés tout le temps que le Seigneur Jésus a vécu au milieu de nous, en commençant au baptême de Jean jusqu'au jour où il nous fut enlevé, il y en ait un qui devienne avec nous témoin de sa résurrection." On en présenta deux, Joseph dit Barsabbas, surnommé Justus, et Matthias. Alors ils firent cette prière: "Toi, Seigneur, qui connais le coeur de tous les hommes, montre-nous lequel de ces deux tu as choisi pour occuper, dans le ministère de l'apostolat, la place qu'a délaissée Judas pour s'en aller à sa place à lui." Alors on tira au sort et le sort tomba sur Matthias, qui fut mis au nombre des douze apôtres. Le jour de la Pentecôte étant arrivé, ils se trouvaient tous ensemble dans un même lieu, quand, tout à coup, vint du ciel un bruit tel que celui d'un violent coup de vent, qui remplit toute la maison où ils se tenaient. Ils virent apparaître des langues qu'on eût dites de feu; elles se partageaient, et il s'en posa une sur chacun d'eux. Tous furent alors remplis de l'Esprit Saint et commencèrent à parler en d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer. Or il y avait, demeurant à Jérusalem, des hommes dévots de toutes les nations qui sont sous le ciel. Au bruit qui se produisit, la multitude se rassembla et fut confondue: chacun les entendait parler en son propre idiome. Ils étaient stupéfaits, et, tout étonnés, ils disaient: "Ces hommes qui parlent, ne sont-ils pas tous Galiléens? Comment se fait-il alors que chacun de nous les entende dans son propre idiome maternel? Parthes, Mèdes et Elamites, habitants de Mésopotamie, de Judée et de Cappadoce, du Pont et d'Asie, de Phrygie et de Pamphylie, d'Egypte et de cette partie de la Libye qui est proche de Cyrène, Romains en résidence, tant Juifs que prosélytes, Crétois et Arabes, nous les entendons publier dans notre langue les merveilles de Dieu!" Tous étaient stupéfaits et se disaient, perplexes, l'un à l'autre: "Que peut bien être cela?" D'autres encore disaient en se moquant: "Ils sont pleins de vin doux!" Pierre alors, debout avec les Onze, éleva la voix et leur adressa ces mots: "Hommes de Judée et vous tous qui résidez à Jérusalem, apprenez ceci, prêtez l'oreille à mes paroles. Non, ces gens ne sont pas ivres, comme vous le supposez; ce n'est d'ailleurs que la troisième heure du jour. Mais c'est bien ce qu'a dit le prophète: Il se fera dans les derniers jours, dit le Seigneur, que je répandrai de mon Esprit sur toute chair. Alors vos fils et vos filles prophétiseront, vos jeunes gens auront des visions et vos vieillards des songes. Et moi, sur mes serviteurs et sur mes servantes je répandrai de mon Esprit. Et je ferai paraître des prodiges là-haut dans le ciel et des signes ici-bas sur la terre. Le soleil se changera en ténèbres et la lune en sang, avant que vienne le Jour du Seigneur, ce grand Jour. Et quiconque alors invoquera le nom du Seigneur sera sauvé. "Hommes d'Israël, écoutez ces paroles. Jésus le Nazôréen, cet homme que Dieu a accrédité auprès de vous par les miracles, prodiges et signes qu'il a opérés par lui au milieu de vous, ainsi que vous le savez vous-mêmes, cet homme qui avait été livré selon le dessein bien arrêté et la prescience de Dieu, vous l'avez pris et fait mourir en le clouant à la croix par la main des impies, mais Dieu l'a ressuscité, le délivrant des affres de l'Hadès. Aussi bien n'était-il pas possible qu'il fût retenu en son pouvoir; car David dit à son sujet: Je voyais sans cesse le Seigneur devant moi, car il est à ma droite, pour que je ne vacille pas. Aussi mon coeur s'est-il réjoui et ma langue a-t-elle jubilé; ma chair elle-même reposera dans l'espérance que tu n'abandonneras pas mon âme à l'Hadès et ne laisseras pas ton Saint voir la corruption. Tu m'as fait connaître des chemins de vie, tu me rempliras de joie en ta présence. "Frères, il est permis de vous le dire en toute assurance: le patriarche David est mort et a été enseveli, et son tombeau est encore aujourd'hui parmi nous. Mais comme il était prophète et savait que Dieu lui avait juré par serment de faire asseoir sur son trône un descendant de son sang, il a vu d'avance et annoncé la résurrection du Christ qui, en effet, n'a pas été abandonné à l'Hadès, et dont la chair n'a pas vu la corruption: Dieu l'a ressuscité, ce Jésus; nous en sommes tous témoins. Et maintenant, exalté par la droite de Dieu, il a reçu du Père l'Esprit Saint, objet de la promesse, et l'a répandu. C'est là ce que vous voyez et entendez. Car David, lui, n'est pas monté aux cieux; or il dit lui-même: Le Seigneur a dit à mon Seigneur: Siège à ma droite, jusqu'à ce que j'aie fait de tes ennemis un escabeau pour tes pieds. "Que toute la maison d'Israël le sache donc avec certitude: Dieu l'a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous, vous avez crucifié." D'entendre cela, ils eurent le coeur transpercé, et ils dirent à Pierre et aux apôtres: "Frères, que devons-nous faire?" Pierre leur répondit: "Repentez-vous, et que chacun de vous se fasse baptiser au nom de Jésus Christ pour la rémission de ses péchés, et vous recevrez alors le don du Saint Esprit. Car c'est pour vous qu'est la promesse, ainsi que pour vos enfants et pour tous ceux qui sont au loin, en aussi grand nombre que le Seigneur notre Dieu les appellera." Par beaucoup d'autres paroles encore, il les adjurait et les exhortait: "Sauvez-vous, disait-il, de cette génération dévoyée." Eux donc, accueillant sa parole, se firent baptiser. Il s'adjoignit ce jour-là environ 3.000 âmes. Ils se montraient assidus à l'enseignement des apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières. La crainte s'emparait de tous les esprits: nombreux étaient les prodiges et signes accomplis par les apôtres. Tous les croyants ensemble mettaient tout en commun; ils vendaient leurs propriétés et leurs biens et en partageaient le prix entre tous selon les besoins de chacun. Jour après jour, d'un seul coeur, ils fréquentaient assidûment le Temple et rompaient le pain dans leurs maisons, prenant leur nourriture avec allégresse et simplicité de coeur. Ils louaient Dieu et avaient la faveur de tout le peuple. Et chaque jour, le Seigneur adjoignait à la communauté ceux qui seraient sauvés. Pierre et Jean montaient au Temple pour la prière de la neuvième heure. Or on apportait un impotent de naissance qu'on déposait tous les jours à la porte du Temple appelée la Belle, pour demander l'aumône à ceux qui y entraient. Voyant Pierre et Jean sur le point de pénétrer dans le Temple, il leur demanda l'aumône. Alors Pierre fixa les yeux sur lui, ainsi que Jean, et dit: "Regarde-nous." Il tenait son regard attaché sur eux, s'attendant à en recevoir quelque chose. Mais Pierre dit: "De l'argent et de l'or, je n'en ai pas, mais ce que j'ai, je te le donne: au nom de Jésus Christ le Nazôréen, marche!" Et le saisissant par la main droite, il le releva. A l'instant ses pieds et ses chevilles s'affermirent; d'un bond il fut debout, et le voilà qui marchait. Il entra avec eux dans le Temple, marchant, gambadant et louant Dieu. Tout le peuple le vit marcher et louer Dieu; on le reconnaissait: c'était bien lui qui demandait l'aumône, assis à la Belle Porte du Temple. Et l'on fut rempli d'effroi et de stupeur au sujet de ce qui lui était arrivé. Comme il ne lâchait pas Pierre et Jean, tous, hors d'eux-mêmes, accoururent vers eux au portique dit de Salomon. A cette vue, Pierre s'adressa au peuple: "Hommes d'Israël, pourquoi vous étonner de cela? Qu'avez-vous à nous regarder, comme si c'était par notre propre puissance ou grâce à notre piété que nous avons fait marcher cet homme? Le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, le Dieu de nos pères a glorifié son serviteur Jésus que vous, vous avez livré et que vous avez renié devant Pilate, alors qu'il était décidé à le relâcher. Mais vous, vous avez chargé le Saint et le juste; vous avez réclamé la grâce d'un assassin, tandis que vous faisiez mourir le prince de la vie. Dieu l'a ressuscité des morts: nous en sommes témoins. Et par la foi en son nom, à cet homme que vous voyez et connaissez, ce nom même a rendu la force, et c'est la foi en lui qui, devant vous tous, l'a rétabli en pleine santé. "Cependant, frères, je sais que c'est par ignorance que vous avez agi, ainsi d'ailleurs que vos chefs. Dieu, lui, a ainsi accompli ce qu'il avait annoncé d'avance par la bouche de tous les prophètes, que son Christ souffrirait. Repentez-vous donc et convertissez-vous, afin que vos péchés soient effacés, et qu'ainsi le Seigneur fasse venir le temps du répit. Il enverra alors le Christ qui vous a été destiné, Jésus, celui que le ciel doit garder jusqu'aux temps de la restauration universelle dont Dieu a parlé par la bouche de ses saints prophètes. Moïse, d'abord, a dit: Le Seigneur Dieu vous suscitera d'entre vos frères un prophète semblable à moi; vous l'écouterez en tout ce qu'il vous dira. Quiconque n'écoutera pas ce prophète sera exterminé du sein du peuple. Tous les prophètes, ensuite, qui ont parlé depuis Samuel et ses successeurs, ont pareillement annoncé ces jours-ci. "Vous êtes, vous, les fils des prophètes et de l'alliance que Dieu a conclue avec nos pères quand il a dit à Abraham: Et en ta postérité seront bénies toutes les familles de la terre. C'est pour vous d'abord que Dieu a ressuscité son Serviteur et l'a envoyé vous bénir, du moment que chacun de vous se détourne de ses perversités." Ils parlaient encore au peuple quand survinrent les prêtres, le commandant du Temple et les Sadducéens, contrariés de les voir enseigner le peuple et annoncer en la personne de Jésus la résurrection des morts. Ils mirent la main sur eux et les emprisonnèrent jusqu'au lendemain, car déjà le soir tombait. Cependant beaucoup de ceux qui avaient entendu la parole embrassèrent la foi, et le nombre des fidèles, en ne comptant que les hommes, fut d'environ 5.000. Le lendemain les chefs des Juifs, les anciens et les scribes se rassemblèrent à Jérusalem. Il y avait là Anne le grand prêtre, Caïphe, Jonathan, Alexandre et tous les membres des familles pontificales. Ils firent comparaître les apôtres et se mirent à les questionner: "Par quel pouvoir ou par quel nom avez-vous fait cela, vous autres?" Alors Pierre, rempli de l'Esprit Saint, leur dit: "Chefs du peuple et anciens, puisqu'aujourd'hui nous avons à répondre en justice du bien fait à un infirme et du moyen par lequel il a été guéri, sachez-le bien, vous tous, ainsi que tout le peuple d'Israël: c'est par le nom de Jésus Christ le Nazôréen, celui que vous, vous avez crucifié, et que Dieu a ressuscité des morts, c'est par son nom et par nul autre que cet homme se présente guéri devant vous. C'est lui la pierre que vous, les bâtisseurs, avez dédaignée, et qui est devenue la pierre d'angle. Car il n'y a pas sous le ciel d'autre nom donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés." Considérant l'assurance de Pierre et de Jean et se rendant compte que c'étaient des gens sans instruction ni culture, les sanhédrites étaient dans l'étonnement. Ils reconnaissaient bien en eux ceux qui étaient avec Jésus; en même temps ils voyaient, debout auprès d'eux, l'homme qui avait été guéri; aussi n'avaient-ils rien à répliquer. Ils les firent alors sortir du Sanhédrin et se mirent à délibérer entre eux. Ils disaient: "Qu'allons-nous faire à ces gens-là? Qu'un signe notoire ait été opéré par eux, c'est trop clair pour tous les habitants de Jérusalem, et nous ne pouvons le nier. Mais pour que cela ne se répande pas davantage dans le peuple, empêchons-les par des menaces de parler désormais à qui que ce soit en ce nom-là." Ils les rappelèrent donc et leur défendirent de souffler mot et d'enseigner au nom de Jésus. Mais Pierre et Jean de leur rétorquer: "S'il est juste aux yeux de Dieu de vous obéir plutôt qu'à Dieu, à vous d'en juger. Nous ne pouvons pas, quant à nous, ne pas publier ce que nous avons vu et entendu." Cependant, après de nouvelles menaces, ils les relâchèrent, ne voyant pas comment les punir, à cause du peuple: car tout le monde glorifiait Dieu de ce qui s'était passé. L'homme guéri miraculeusement avait en effet plus de 40 ans. Une fois relâchés, ils se rendirent auprès des leurs et rapportèrent tout ce que les grands prêtres et les anciens leur avaient dit. A ce récit, d'un seul élan, ils élevèrent la voix vers Dieu et dirent: "Maître, c'est toi qui as fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qui s'y trouve; c'est toi qui as dit par l'Esprit Saint et par la bouche de notre père David, ton serviteur: Pourquoi cette arrogance chez les nations, ces vains projets chez les peuples? Les rois de la terre se sont mis en campagne et les magistrats se sont rassemblés de concert contre le Seigneur et contre son Oint. Oui vraiment, ils se sont rassemblés dans cette ville contre ton saint serviteur Jésus, que tu as oint, Hérode et Ponce Pilate avec les nations païennes et les peuples d'Israël, pour accomplir tout ce que, dans ta puissance et ta sagesse, tu avais déterminé par avance. A présent donc, Seigneur, considère leurs menaces et, afin de permettre à tes serviteurs d'annoncer ta parole en toute assurance, étends la main pour opérer des guérisons, signes et prodiges par le nom de ton saint serviteur Jésus." Tandis qu'ils priaient, l'endroit où ils se trouvaient réunis trembla; tous furent alors remplis du Saint Esprit et se mirent à annoncer la parole de Dieu avec assurance. La multitude des croyants n'avait qu'un coeur et qu'une âme. Nul ne disait sien ce qui lui appartenait, mais entre eux tout était commun. Avec beaucoup de puissance, les apôtres rendaient témoignage à la résurrection du Seigneur Jésus, et ils jouissaient tous d'une grande faveur. Aussi parmi eux nul n'était dans le besoin; car tous ceux qui possédaient des terres ou des maisons les vendaient, apportaient le prix de la vente et le déposaient aux pieds des apôtres. On distribuait alors à chacun suivant ses besoins. Joseph, surnommé par les apôtres Barnabé (ce qui veut dire fils d'encouragement), lévite originaire de Chypre, possédait un champ; il le vendit, apporta l'argent et le déposa aux pieds des apôtres. Un certain Ananie, d'accord avec Saphire sa femme, vendit une propriété; il détourna une partie du prix, de connivence avec sa femme, et apportant le reste, il le déposa aux pieds des apôtres. "Ananie, lui dit alors Pierre, pourquoi Satan a-t-il rempli ton coeur, que tu mentes à l'Esprit Saint et détournes une partie du prix du champ? Quand tu avais ton bien, n'étais-tu pas libre de le garder, et quand tu l'as vendu, ne pouvais-tu disposer du prix à ton gré? Comment donc cette décision a-t-elle pu naître dans ton coeur? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu." En entendant ces paroles, Ananie tomba et expira. Une grande crainte s'empara alors de tous ceux qui l'apprirent. Les jeunes gens vinrent envelopper le corps et l'emportèrent pour l'enterrer. Au bout d'un intervalle d'environ trois heures, sa femme, qui ne savait pas ce qui était arrivé, entra. Pierre l'interpella: "Dis-moi, le champ que vous avez vendu, c'était tant?" Elle dit: "Oui, tant." Alors Pierre: "Comment donc avez-vous pu vous concerter pour mettre l'Esprit du Seigneur à l'épreuve? Eh bien! voici à la porte les pas de ceux qui ont enterré ton mari: ils vont aussi t'emporter." A l'instant même elle tomba à ses pieds et expira. Les jeunes gens qui entraient la trouvèrent morte; ils l'emportèrent et l'enterrèrent auprès de son mari. Une grande crainte s'empara alors de l'Eglise entière et de tous ceux qui apprirent ces choses. Par les mains des apôtres il se faisait de nombreux signes et prodiges parmi le peuple... Ils se tenaient tous d'un commun accord sous le portique de Salomon, et personne d'autre n'osait se joindre à eux, mais le peuple célébrait leurs louanges. Des croyants de plus en plus nombreux s'adjoignaient au Seigneur, une multitude d'hommes et de femmes... à tel point qu'on allait jusqu'à transporter les malades dans les rues et les déposer là sur des lits et des grabats, afin que tout au moins l'ombre de Pierre, à son passage, couvrît l'un d'eux. La multitude accourait même des villes voisines de Jérusalem, apportant des malades et des gens possédés par des esprits impurs et tous étaient guéris. Alors intervint le grand prêtre, avec tous ceux de son entourage, le parti des Sadducéens. Pleins d'animosité, ils mirent la main sur les apôtres et les jetèrent dans la prison publique. Mais pendant la nuit l'Ange du Seigneur ouvrit les portes de la prison et, après les avoir conduits dehors, leur dit: "Allez annoncer hardiment au peuple dans le Temple tout ce qui concerne cette Vie-là." Dociles à ces paroles, ils entrèrent au Temple dès le point du jour et se mirent à enseigner. Cependant le grand prêtre arriva avec ceux de son entourage. On convoqua le Sanhédrin et tout le Sénat des Israélites et on fit chercher les apôtres à la prison. Mais les satellites, rendus sur place, ne les trouvèrent pas dans la prison. Ils revinrent donc annoncer: "Nous avons trouvé la prison soigneusement fermée et les gardes en faction aux portes. Mais quand nous avons ouvert, nous n'avons trouvé personne à l'intérieur." A cette nouvelle, le commandant du Temple et les grands prêtres, tout perplexes à leur sujet, se demandaient ce que cela pouvait bien signifier. Survint alors quelqu'un qui leur annonça: "Les hommes que vous avez mis en prison, les voilà qui se tiennent dans le Temple et enseignent le peuple." Alors le commandant du Temple partit avec ses hommes et ramena les apôtres, mais sans violence, car ils craignaient le peuple, qui aurait pu les lapider. Les ayant donc amenés, ils les firent comparaître devant le Sanhédrin. Le grand prêtre les interrogea: "Nous vous avions formellement interdit d'enseigner en ce nom-là. Or voici que vous avez rempli Jérusalem de votre doctrine! Vous voulez ainsi faire retomber sur nous le sang de cet homme-là!" Pierre répondit alors, avec les apôtres: "Il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes. Le Dieu de nos pères a ressuscité ce Jésus que vous, vous aviez fait mourir en le suspendant au gibet. C'est lui que Dieu a exalté par sa droite, le faisant Chef et Sauveur, afin d'accorder par lui à Israël la repentance et la rémission des péchés. Nous sommes témoins de ces choses, nous et l'Esprit Saint que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent." En entendant cela, ils frémissaient de rage et projetaient de les faire mourir. Alors un Pharisien nommé Gamaliel se leva au milieu du Sanhédrin; c'était un docteur de la Loi respecté de tout le peuple. Il donna l'ordre de faire sortir ces hommes un instant. Puis il dit aux sanhédrites: "Hommes d'Israël, prenez bien garde à ce que vous allez faire à l'égard de ces gens-là. Il y a quelque temps déjà se leva Theudas, qui se disait quelqu'un et qui rallia environ 400 hommes. Il fut tué, et tous ceux qui l'avaient suivi se débandèrent, et il n'en resta rien. Après lui, à l'époque du recensement, se leva Judas le Galiléen, qui entraîna du monde à sa suite; il périt, lui aussi, et ceux qui l'avaient suivi furent dispersés. A présent donc, je vous le dis, ne vous occupez pas de ces gens-là, laissez-les. Car si leur propos ou leur oeuvre vient des hommes, elle se détruira d'elle-même; mais si vraiment elle vient de Dieu, vous n'arriverez pas à les détruire. Ne risquez pas de vous trouver en guerre contre Dieu." On adopta son avis. Ils rappelèrent alors les apôtres. Après les avoir fait battre de verges, ils leur interdirent de parler au nom de Jésus, puis les relâchèrent. Pour eux, ils s'en allèrent du Sanhédrin, tout joyeux d'avoir été jugés dignes de subir des outrages pour le Nom. Et chaque jour, au Temple et dans les maisons, ils ne cessaient d'enseigner et d'annoncer la Bonne Nouvelle du Christ Jésus. En ces jours-là, comme le nombre des disciples augmentait, il y eut des murmures chez les Hellénistes contre les Hébreux. Dans le service quotidien, disaient-ils, on négligeait leurs veuves. Les Douze convoquèrent alors l'assemblée des disciples et leur dirent: "Il ne sied pas que nous délaissions la parole de Dieu pour servir aux tables. Cherchez plutôt parmi vous, frères, sept hommes de bonne réputation, remplis de l'Esprit et de sagesse, et nous les préposerons à cet office; quant à nous, nous resterons assidus à la prière et au service de la parole." La proposition plut à toute l'assemblée, et l'on choisit Etienne, homme rempli de foi et de l'Esprit Saint, Philippe, Prochore, Nicanor, Timon, Parménas et Nicolas, prosélyte d'Antioche. On les présenta aux apôtres et, après avoir prié, ils leur imposèrent les mains. Et la parole du Seigneur croissait; le nombre des disciples augmentait considérablement à Jérusalem, et une multitude de prêtres obéissaient à la foi. Etienne, rempli de grâce et de puissance, opérait de grands prodiges et signes parmi le peuple. Alors intervinrent des gens de la synagogue dite des Affranchis, des Cyrénéens, des Alexandrins et d'autres de Cilicie et d'Asie. Ils se mirent à discuter avec Etienne, mais ils n'étaient pas de force à tenir tête à la sagesse et à l'Esprit qui le faisaient parler. Ils soudoyèrent alors des hommes pour dire: "Nous l'avons entendu prononcer des paroles blasphématoires contre Moïse et contre Dieu." Ils ameutèrent ainsi le peuple, les anciens et les scribes, puis, survenant à l'improviste, ils s'emparèrent de lui et l'emmenèrent devant le Sanhédrin. Là ils produisirent des faux témoins qui déclarèrent: "Cet individu ne cesse pas de tenir des propos contre ce saint Lieu et contre la Loi. Nous l'avons entendu dire que Jésus, ce Nazôréen, détruira ce Lieu-ci et changera les usages que Moïse nous a légués." Or, tous ceux qui siégeaient au Sanhédrin avaient les yeux fixés sur lui, et son visage leur apparut semblable à celui d'un ange. Le grand prêtre demanda: "En est-il bien ainsi?" Il répondit: "Frères et pères, écoutez. Le Dieu de la gloire apparut à notre père Abraham, encore en Mésopotamie avant de s'établir à Harân, et lui dit: Quitte ton pays et ta parenté, et va dans le pays que je te montrerai. Il quitta alors le pays des Chaldéens pour s'établir à Harân. C'est de là, après la mort de son père, que Dieu le fit passer dans ce pays où vous habitez maintenant. Il ne lui donna aucune propriété dans ce pays, pas même de quoi poser le pied, mais il promit de lui en donner la possession, ainsi qu'à sa postérité après lui quoiqu'il n'eût pas d'enfant. Et Dieu lui déclara que sa postérité séjournerait en terre étrangère, qu'on la réduirait en servitude et qu'on la maltraiterait durant 400 ans. -- Mais la nation dont ils auront été les esclaves, je la jugerai, moi, dit Dieu. Après quoi, ils s'en iront et me rendront leur culte en ce lieu même. Il lui donna ensuite l'alliance de la circoncision; c'est ainsi qu'étant devenu père d'Isaac, Abraham le circoncit le huitième jour. Et Isaac fit de même pour Jacob, et Jacob pour les douze patriarches. "Les patriarches, jaloux de Joseph, le vendirent pour être emmené en Egypte. Mais Dieu était avec lui: il le tira de toutes ses tribulations et lui donna grâce et sagesse devant Pharaon, roi d'Egypte, qui l'établit gouverneur de l'Egypte et de toute sa maison. Survinrent alors dans toute l'Egypte et en Canaan famine et grande détresse; nos pères ne trouvaient rien à manger. Apprenant qu'il y avait des vivres en Egypte, Jacob y envoya nos pères une première fois; la deuxième fois, Joseph se fit reconnaître de ses frères, et son origine fut révélée à Pharaon. Joseph envoya chercher alors son père Jacob et toute sa parenté, qui comptait 75 personnes. Jacob descendit donc en Egypte, et il y mourut, ainsi que nos pères. Leurs corps furent transportés à Sichem et déposés dans le tombeau qu'Abraham avait acheté à prix d'argent aux fils d'Emmor, père de Sichem. "Comme approchait le temps où devait s'accomplir la promesse que Dieu avait faite solennellement à Abraham, le peuple s'accrut et se multiplia en Egypte, jusqu'à l'avènement d'un nouveau roi qui ne se souvint pas de Joseph. Usant d'astuce envers notre race, ce roi maltraita nos pères, jusqu'à leur faire exposer leurs nouveau-nés pour qu'ils ne puissent pas vivre. C'est à ce moment que naquit Moïse, qui était beau devant Dieu. Il fut nourri trois mois dans la maison de son père; puis, comme il avait été exposé, la fille de Pharaon le recueillit et l'éleva comme son propre fils. Ainsi Moïse fut-il instruit dans toute la sagesse des Egyptiens, et il était puissant en paroles et en oeuvres. "Comme il atteignait la quarantaine, la pensée lui vint de visiter ses frères, les Israélites. Voyant maltraiter l'un d'eux, il prit sa défense et vengea l'opprimé en tuant l'Egyptien. Ses frères, supposait-il, comprendraient que c'était Dieu qui, par sa main, leur apportait le salut; mais ils ne le comprirent pas. Le lendemain, il en aperçut qui se battaient, et il voulut les remettre d'accord. Mes amis, leur dit-il, vous êtes frères: pourquoi vous maltraiter l'un l'autre? Alors celui qui maltraitait son compagnon le repoussa en disant: Qui t'a établi chef et juge sur nous? Voudrais-tu me tuer comme hier tu as tué l'Egyptien? A ces mots, Moïse s'enfuit et alla se réfugier au pays de Madian, où il eut deux fils. "Au bout de 40 ans, un ange lui apparut au désert du mont Sinaï, dans la flamme d'un buisson en feu. Moïse était étonné à la vue de cette apparition. Comme il s'avançait pour mieux voir, la voix du Seigneur se fit entendre: Je suis le Dieu de tes pères, le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob. Tout tremblant, Moïse n'osait regarder. Alors le Seigneur lui dit: Ote les sandales de tes pieds, car l'endroit où tu te tiens est une terre sainte. Oui, j'ai vu l'affliction de mon peuple en Egypte, j'ai entendu son gémissement et je suis descendu pour le délivrer. Viens donc, que je t'envoie en Egypte. "Ce Moïse qu'ils avaient renié en disant: Qui t'a établi chef et juge? Voici que Dieu le leur envoyait comme chef et rédempteur, par l'entremise de l'ange qui lui était apparu dans le buisson. C'est lui qui les fit sortir, en opérant prodiges et signes au pays d'Egypte, à la mer Rouge et au désert pendant 40 ans. C'est lui, Moïse, qui dit aux Israélites: Dieu vous suscitera d'entre vos frères un prophète comme moi. C'est lui qui, lors de l'assemblée au désert, était avec l'ange qui lui parlait sur le mont Sinaï, tout en restant avec nos pères, lui qui reçut les paroles de vie pour nous les donner. Voilà celui à qui nos pères refusèrent d'obéir. Bien plus, ils le repoussèrent et, retournant de coeur en Egypte, ils dirent à Aaron: Fais-nous des dieux qui marchent devant nous; car ce Moïse qui nous a fait sortir du pays d'Egypte, nous ne savons ce qui lui est arrivé Il Fabriquèrent un veau en ces jours-là et offrirent un sacrifice à l'idole, et ils célébraient joyeusement l'oeuvre de leurs mains. Alors Dieu se détourna d'eux et les livra au culte de l'armée du ciel, ainsi qu'il est écrit au livre des Prophètes: M'avez-vous donc offert victimes et sacrifices, pendant 40 ans au désert, maison d'Israël? Mais vous avez porté la tente de Moloch et l'étoile du dieu Rephân, les figures que vous aviez faites pour les adorer; aussi vous déporterai-je par-delà Babylone. "Nos pères au désert avaient la Tente du Témoignage, ainsi qu'en avait disposé Celui qui parlait à Moïse, lui enjoignant de la faire suivant le modèle qu'il avait vu. Après l'avoir reçue, nos pères l'introduisirent, sous la conduite de Josué, dans le pays conquis sur les nations que Dieu chassa devant eux; ainsi en fut-il jusqu'aux jours de David. Celui-ci trouva grâce devant Dieu et sollicita la faveur de trouver une résidence pour la maison de Jacob. Ce fut Salomon toutefois qui lui bâtit une maison. Mais le Très-Haut n'habite pas dans des demeures faites de main d'homme; ainsi le dit le prophète: Le ciel est mon trône et la terre l'escabeau de mes pieds: quelle maison me bâtirez-vous, dit le Seigneur, et quel sera le lieu de mon repos? N'est-ce pas ma main qui a fait tout cela? "Nuques raides, oreilles et coeurs incirconcis, toujours vous résistez à l'Esprit Saint! Tels furent vos pères, tels vous êtes! Lequel des prophètes vos pères n'ont-ils point persécuté? Ils ont tué ceux qui prédisaient la venue du Juste, celui-là même que maintenant vous venez de trahir et d'assassiner, vous qui avez reçu la Loi par le ministère des anges et ne l'avez pas observée." A ces mots, leurs coeurs frémissaient de rage, et ils grinçaient des dents contre Etienne. Tout rempli de l'Esprit Saint, il fixa son regard vers le ciel; il vit alors la gloire de Dieu et Jésus debout à la droite de Dieu. "Ah! dit-il, je vois les cieux ouverts et le Fils de l'homme debout à la droite de Dieu." Jetant alors de grands cris, ils se bouchèrent les oreilles et, comme un seul homme, se précipitèrent sur lui, le poussèrent hors de la ville et se mirent à le lapider. Les témoins avaient déposé leurs vêtements aux pieds d'un jeune homme appelé Saul. Et tandis qu'on le lapidait, Etienne faisait cette invocation: "Seigneur Jésus, reçois mon esprit." Puis il fléchit les genoux et dit, dans un grand cri: "Seigneur, ne leur impute pas ce péché." Et en disant cela, il s'endormit. Saul, lui, approuvait ce meurtre. En ce jour-là, une violente persécution se déchaîna contre l'Eglise de Jérusalem. Tous, à l'exception des apôtres, se dispersèrent dans les campagnes de Judée et de Samarie. Cependant des hommes dévots ensevelirent Etienne et firent sur lui de grandes lamentations. Quant à Saul, il ravageait l'Eglise; allant de maison en maison, il en arrachait hommes et femmes et les jetait en prison. Ceux-là donc qui avaient été dispersés s'en allèrent de lieu en lieu en annonçant la parole de la Bonne Nouvelle. C'est ainsi que Philippe, qui était descendu dans une ville de la Samarie, y proclamait le Christ. Les foules unanimes s'attachaient à ses enseignements, car tous entendaient parler des signes qu'il opérait, ou les voyaient. De beaucoup de possédés, en effet, les esprits impurs sortaient en poussant de grands cris. Nombre de paralytiques et d'impotents furent également guéris. Et la joie fut vive en cette ville. Or il y avait déjà auparavant dans la ville un homme appelé Simon, qui exerçait la magie et jetait le peuple de Samarie dans l'émerveillement. Il se disait quelqu'un de grand, et tous, du plus petit au plus grand, s'attachaient à lui. "Cet homme, disait-on, est la Puissance de Dieu, celle qu'on appelle la Grande." Ils s'attachaient donc à lui, parce qu'il y avait longtemps qu'il les tenait émerveillés par ses sortilèges. Mais quand ils eurent cru à Philippe qui leur annonçait la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu et du nom de Jésus Christ, ils se firent baptiser, hommes et femmes. Simon lui-même crut à son tour; ayant reçu le baptême, il ne lâchait plus Philippe, et il était dans l'émerveillement à la vue des signes et des grands miracles qui s'opéraient sous ses yeux. Apprenant que la Samarie avait accueilli la parole de Dieu, les apôtres qui étaient à Jérusalem y envoyèrent Pierre et Jean. Ceux-ci descendirent donc chez les Samaritains et prièrent pour eux, afin que l'Esprit Saint leur fût donné. Car il n'était encore tombé sur aucun d'eux; ils avaient seulement été baptisés au nom du Seigneur Jésus. Alors Pierre et Jean se mirent à leur imposer les mains, et ils recevaient l'Esprit Saint. Mais quand Simon vit que l'Esprit Saint était donné par l'imposition des mains des apôtres, il leur offrit de l'argent. "Donnez-moi, dit-il, ce pouvoir à moi aussi: que celui à qui j'imposerai les mains reçoive l'Esprit Saint." Mais Pierre lui répliqua: "Périsse ton argent, et toi avec lui, puisque tu as cru acheter le don de Dieu à prix d'argent! Dans cette affaire il n'y a pour toi ni part ni héritage, car ton coeur n'est pas droit devant Dieu. Repens-toi donc de ton mauvais dessein et prie le Seigneur: peut-être cette pensée de ton coeur te sera-t-elle pardonnée; car tu es, je le vois, dans l'amertume du fiel et les liens de l'iniquité." Simon répondit: "Intercédez vous-mêmes pour moi auprès du Seigneur, afin que rien ne m'arrive de ce que vous venez de dire." Pour eux, après avoir rendu témoignage et annoncé la parole du Seigneur, ils retournèrent à Jérusalem en évangélisant de nombreux villages samaritains. L'Ange du Seigneur s'adressa à Philippe et lui dit: "Pars et va-t'en, à l'heure de midi, sur la route qui descend de Jérusalem à Gaza; elle est déserte." Il partit donc et s'y rendit. Justement un Ethiopien, un eunuque, haut fonctionnaire de Candace, reine d'Ethiopie, et surintendant de tous ses trésors, qui était venu en pèlerinage à Jérusalem, s'en retournait, assis sur son char, en lisant le prophète Isaïe. L'Esprit dit à Philippe: "Avance et rattrape ce char." Philippe y courut, et il entendit que l'eunuque lisait le prophète Isaïe. Il lui demanda: "Comprends-tu donc ce que tu lis" -- "Et comment le pourrais-je, dit-il, si personne ne me guide?" Et il invita Philippe à monter et à s'asseoir près de lui. Le passage de l'Ecriture qu'il lisait était le suivant: Comme une brebis il a été conduit à la boucherie; comme un agneau muet devant celui qui le tond, ainsi il n'ouvre pas la bouche. Dans son abaissement la justice lui a été déniée. Sa postérité, qui la racontera? Car sa vie est retranchée de la terre. S'adressant à Philippe, l'eunuque lui dit: "Je t'en prie, de qui le prophète dit-il cela? De lui-même ou de quelqu'un d'autre?" Philippe prit alors la parole et, partant de ce texte de l'Ecriture, lui annonça la Bonne Nouvelle de Jésus. Chemin faisant, ils arrivèrent à un point d'eau, et l'eunuque dit: "Voici de l'eau. Qu'est-ce qui empêche que je sois baptisé?" *** Et il fit arrêter le char. Ils descendirent tous deux dans l'eau, Philippe avec l'eunuque, et il le baptisa. Mais, quand ils furent remontés de l'eau, l'Esprit du Seigneur enleva Philippe, et l'eunuque ne le vit plus. Et il poursuivit son chemin tout joyeux. Quant à Philippe, il se trouva à Azot; continuant sa route, il annonçait la Bonne Nouvelle dans toutes les villes qu'il traversait, jusqu'à ce qu'il arrivât à Césarée. Cependant Saul, ne respirant toujours que menaces et carnage à l'égard des disciples du Seigneur, alla trouver le grand prêtre et lui demanda des lettres pour les synagogues de Damas, afin que, s'il y trouvait quelques adeptes de la Voie, hommes ou femmes, il les amenât enchaînés à Jérusalem. Il faisait route et approchait de Damas, quand soudain une lumière venue du ciel l'enveloppa de sa clarté. Tombant à terre, il entendit une voix qui lui disait: "Saoul, Saoul, pourquoi me persécutes-tu" -- "Qui es-tu, Seigneur?" Demanda-t-il. Et lui: "Je suis Jésus que tu persécutes. Mais relève-toi, entre dans la ville, et l'on te dira ce que tu dois faire." Ses compagnons de route s'étaient arrêtés, muets de stupeur: ils entendaient bien la voix, mais sans voir personne. Saul se releva de terre, mais, quoiqu'il eût les yeux ouverts, il ne voyait rien. On le conduisit par la main pour le faire entrer à Damas. Trois jours durant, il resta sans voir, ne mangeant et ne buvant rien. Il y avait à Damas un disciple du nom d'Ananie. Le Seigneur l'appela dans une vision: "Ananie" - "Me voici, Seigneur", répondit-il. -- "Pars, reprit le Seigneur, va dans la rue Droite et demande, dans la maison de Judas, un nommé Saul de Tarse. Car le voilà qui prie et qui a vu un homme du nom d'Ananie entrer et lui imposer les mains pour lui rendre la vue." Ananie répondit: "Seigneur, j'ai entendu beaucoup de monde parler de cet homme et dire tout le mal qu'il a fait à tes saints à Jérusalem. Et il est ici avec pleins pouvoirs des grands prêtres pour enchaîner tous ceux qui invoquent ton nom." Mais le Seigneur lui dit: "Va, car cet homme m'est un instrument de choix pour porter mon nom devant les nations païennes, les rois et les Israélites. Moi-même, en effet, je lui montrerai tout ce qu'il lui faudra souffrir pour mon nom." Alors Ananie partit, entra dans la maison, imposa les mains à Saul et lui dit: "Saoul, mon frère, celui qui m'envoie, c'est le Seigneur, ce Jésus qui t'est apparu sur le chemin par où tu venais; et c'est afin que tu recouvres la vue et sois rempli de l'Esprit Saint." Aussitôt il lui tomba des yeux comme des écailles, et il recouvra la vue. sur-le-champ il fut baptisé; puis il prit de la nourriture, et les forces lui revinrent. Il passa quelques jours avec les disciples à Damas, et aussitôt il se mit à prêcher Jésus dans les synagogues, proclamant qu'il est le Fils de Dieu. Tous ceux qui l'entendaient étaient stupéfaits et disaient: "N'est-ce pas là celui qui, à Jérusalem, s'acharnait sur ceux qui invoquent ce nom, et n'est-il pas venu ici tout exprès pour les amener enchaînés aux grands prêtres?" Mais Saul gagnait toujours en force et confondait les Juifs de Damas en démontrant que Jésus est bien le Christ. Au bout d'un certain temps, les Juifs se concertèrent pour le faire périr. Mais Saul eut vent de leur complot. On gardait même les portes de la ville jour et nuit, afin de le faire périr. Alors les disciples le prirent de nuit et le descendirent dans une corbeille le long de la muraille. Arrivé à Jérusalem, il essayait de se joindre aux disciples, mais tous en avaient peur, ne croyant pas qu'il fût vraiment disciple. Alors Barnabé le prit avec lui, l'amena aux apôtres et leur raconta comment, sur le chemin, Saul avait vu le Seigneur, qui lui avait parlé, et avec quelle assurance il avait prêché à Damas au nom de Jésus. Dès lors il allait et venait avec eux dans Jérusalem, prêchant avec assurance au nom du Seigneur. Il s'adressait aussi aux Hellénistes et discutait avec eux; mais ceux-ci machinaient sa perte. L'ayant su, les frères le ramenèrent à Césarée, d'où ils le firent partir pour Tarse. Cependant les Eglises jouissaient de la paix dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie; elles s'édifiaient et vivaient dans la crainte du Seigneur, et elles étaient comblées de la consolation du Saint Esprit. Pierre, qui passait partout, descendit également chez les saints qui habitaient Lydda. Il y trouva un homme du nom d'Enée, qui gisait sur un grabat depuis huit ans; c'était un paralytique. Pierre lui dit: "Enée, Jésus Christ te guérit. Lève-toi et fais toi-même ton lit." Et il se leva aussitôt. Tous les habitants de Lydda et de la plaine de Saron le virent, et ils se convertirent au Seigneur. Il y avait à Joppé parmi les disciples une femme du nom de Tabitha, en grec Dorcas. Elle était riche des bonnes oeuvres et des aumônes qu'elle faisait. Or il se fit qu'elle tomba malade en ces jours-là et mourut. Après l'avoir lavée, on la déposa dans la chambre haute. Comme Lydda n'est pas loin de Joppé, les disciples, apprenant que Pierre s'y trouvait, lui dépêchèrent deux hommes pour lui adresser cette prière: "Viens chez nous sans tarder." Pierre partit tout de suite avec eux. Aussitôt arrivé, on le fit monter à la chambre haute, où toutes les veuves en pleurs s'empressèrent autour de lui, lui montrant les tuniques et les manteaux que faisait Dorcas lorsqu'elle était avec elles. Pierre mit tout le monde dehors, puis, à genoux, pria. Se tournant ensuite vers le corps, il dit: "Tabitha, lève-toi." Elle ouvrit les yeux et, voyant Pierre, se mit sur son séant. Lui prenant la main, Pierre la fit lever. Appelant alors les saints et les veuves, il la leur présenta vivante. Tout Joppé sut la chose, et beaucoup crurent au Seigneur. Pierre demeura un certain temps à Joppé chez un corroyeur appelé Simon. Il y avait à Césarée un homme du nom de Corneille, centurion de la cohorte Italique. Pieux et craignant Dieu, ainsi que toute sa maison, il faisait de larges aumônes au peuple juif et priait Dieu sans cesse. Il eut une vision. Vers la neuvième heure du jour, l'Ange de Dieu - il le voyait clairement - entrait chez lui et l'appelait: "Corneille!" Il le regarda et fut pris de frayeur. "Qu'y a-t-il, Seigneur?" Demanda-t-il. - "Tes prières et tes aumônes, lui répondit l'ange, sont montées devant Dieu, et il s'est souvenu de toi. Maintenant donc, envoie des hommes à Joppé et fais venir Simon, surnommé Pierre. Il loge chez un certain Simon, un corroyeur, dont la maison se trouve au bord de la mer." Quand l'ange qui lui parlait fut parti, Corneille appela deux de ses domestiques ainsi qu'un soldat pieux, de ceux qui lui étaient attachés, et après leur avoir tout expliqué, il les envoya à Joppé. Le lendemain, tandis qu'ils faisaient route et approchaient de la ville, Pierre monta sur la terrasse, vers la sixième heure, pour prier. Il sentit la faim et voulut prendre quelque chose. Or, pendant qu'on lui préparait à manger, il tomba en extase. Il voit le ciel ouvert et un objet, semblable à une grande nappe nouée aux quatre coins, en descendre vers la terre. Et dedans il y avait tous les quadrupèdes et les reptiles, et tous les oiseaux du ciel. Une voix lui dit alors: "Allons, Pierre, immole et mange." Mais Pierre répondit: "Oh non! Seigneur, car je n'ai jamais rien mangé de souillé ni d'impur!" De nouveau, une seconde fois, la voix lui parle: "Ce que Dieu a purifié, toi, ne le dis pas souillé." Cela se répéta par trois fois, et aussitôt l'objet fut remporté au ciel. Tout perplexe, Pierre était à se demander en lui-même ce que pouvait bien signifier la vision qu'il venait d'avoir, quand justement les hommes envoyés par Corneille, s'étant enquis de la maison de Simon, se présentèrent au portail. Ils appelèrent et s'informèrent si c'était bien là que logeait Simon surnommé Pierre. Comme Pierre était toujours à réfléchir sur sa vision, l'Esprit lui dit: "Voilà des hommes qui te cherchent. Va donc, descends et pars avec eux sans hésiter, car c'est moi qui les ai envoyés." Pierre descendit auprès de ces hommes et leur dit: "Me voici. Je suis celui que vous cherchez. Quel est le motif qui vous amène?" Ils répondirent: "Le centurion Corneille, homme juste et craignant Dieu, à qui toute la nation juive rend bon témoignage, a reçu d'un ange saint l'avis de te faire venir chez lui et d'entendre les paroles que tu as à dire." Pierre les fit alors entrer et leur donna l'hospitalité. Le lendemain, il se mit en route et partit avec eux; quelques-uns des frères de Joppé l'accompagnèrent. Il entra dans Césarée le jour suivant. Corneille les attendait et avait réuni ses parents et ses amis intimes. Au moment où Pierre entrait, Corneille vint à sa rencontre et, tombant à ses pieds, se prosterna. Mais Pierre le releva en disant: "Relève-toi. Je ne suis qu'un homme, moi aussi." Et tout en s'entretenant avec lui, il entra. Il trouve alors les gens qui s'étaient réunis en grand nombre, et il leur dit: "Vous le savez, il est absolument interdit à un Juif de frayer avec un étranger ou d'entrer chez lui. Mais Dieu vient de me montrer, à moi, qu'il ne faut appeler aucun homme souillé ou impur. Aussi n'ai-je fait aucune difficulté pour me rendre à votre appel. Je vous le demande donc, pour quelle raison m'avez-vous fait venir?" Corneille répondit: "Il y a maintenant trois jours, j'étais en prière chez moi à la neuvième heure et voici qu'un homme surgit devant moi, en vêtements resplendissants. Il me dit: Corneille, ta prière a été exaucée, et de tes aumônes on s'est souvenu auprès de Dieu. Envoie donc quérir à Joppé Simon, surnommé Pierre. Il loge dans la maison du corroyeur Simon, au bord de la mer. Aussitôt je t'ai donc fait chercher, et toi, tu as bien fait de venir. Nous voici donc tous devant toi pour entendre ce qui t'a été prescrit par Dieu." Alors Pierre prit la parole et dit: "Je constate en vérité que Dieu ne fait pas acception des personnes, mais qu'en toute nation celui qui le craint et pratique la justice lui est agréable. "Il a envoyé sa parole aux Israélites, leur annonçant la bonne nouvelle de la paix par Jésus Christ: c'est lui le Seigneur de tous. Vous savez ce qui s'est passé dans toute la Judée: Jésus de Nazareth, ses débuts en Galilée, après le baptême proclamé par Jean; comment Dieu l'a oint de l'Esprit Saint et de puissance, lui qui a passé en faisant le bien et en guérissant tous ceux qui étaient tombés au pouvoir du diable; car Dieu était avec lui. Et nous, nous sommes témoins de tout ce qu'il a fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem. Lui qu'ils sont allés jusqu'à faire mourir en le suspendant au gibet, Dieu l'a ressuscité le troisième jour et lui a donné de se manifester, non à tout le peuple, mais aux témoins que Dieu avait choisis d'avance, à nous qui avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d'entre les morts; et il nous a enjoint de proclamer au Peuple et d'attester qu'il est, lui, le juge établi par Dieu pour les vivants et les morts. C'est de lui que tous les prophètes rendent ce témoignage que quiconque croit en lui recevra, par son nom, la rémission de ses péchés." Pierre parlait encore quand l'Esprit Saint tomba sur tous ceux qui écoutaient la parole. Et tous les croyants circoncis qui étaient venus avec Pierre furent stupéfaits de voir que le don du Saint Esprit avait été répandu aussi sur les païens. Ils les entendaient en effet parler en langues et magnifier Dieu. Alors Pierre déclara: "Peut-on refuser l'eau du baptême à ceux qui ont reçu l'Esprit Saint aussi bien que nous?" Et il ordonna de les baptiser au nom de Jésus Christ. Alors ils le prièrent de rester quelques jours avec eux. Cependant les apôtres et les frères de Judée apprirent que les païens, eux aussi, avaient accueilli la parole de Dieu. Quand donc Pierre monta à Jérusalem, les circoncis le prirent à partie: "Pourquoi, lui demandèrent-ils, es-tu entré chez des incirconcis et as-tu mangé avec eux?" Pierre alors se mit à leur exposer toute l'affaire point par point: "J'étais, dit-il, en prière dans la ville de Joppé quand, en extase, j'eus une vision: du ciel un objet descendait, semblable à une grande nappe qui s'abaissait, tenue aux quatre coins, et elle vint jusqu'à moi. Je regardais, ne la quittant pas des yeux, et j'y vis les quadrupèdes de la terre, les bêtes sauvages, les reptiles ainsi que les oiseaux du ciel. J'entendis alors une voix me dire: Allons, Pierre, immole et mange'' Je répondis: Oh non! Seigneur, car rien de souillé ni d'impur n'entra jamais dans ma bouche'' Une seconde fois, la voix reprit du ciel: Ce que Dieu a purifié, toi, ne le dis pas souillé'' Cela se répéta par trois fois, puis tout fut de nouveau retiré dans le ciel. "Juste au même moment, trois hommes se présentèrent devant la maison où nous étions; ils m'étaient envoyés de Césarée. L'Esprit me dit de les accompagner sans scrupule. Les six frères que voici vinrent également avec moi et nous entrâmes chez l'homme en question. Il nous raconta comment il avait vu un ange se présenter chez lui et lui dire: Envoie quérir à Joppé Simon, surnommé Pierre. Il te dira des paroles qui t'apporteront le salut, à toi et à toute ta famille'' "Or, à peine avais-je commencé à parler que l'Esprit Saint tomba sur eux, tout comme sur nous au début. Je me suis alors rappelé cette parole du Seigneur: Jean, disait-il, a baptisé avec de l'eau, mais vous, vous serez baptisés dans l'Esprit Saint. Si donc Dieu leur a accordé le même don qu'à nous, pour avoir cru au Seigneur Jésus Christ, qui étais-je, moi, pour faire obstacle à Dieu." Ces paroles les apaisèrent, et ils glorifièrent Dieu en disant: "Ainsi donc aux païens aussi Dieu a donné la repentance qui conduit à la vie!" Ceux-là donc qui avaient été dispersés lors de la tribulation survenue à l'occasion d'Etienne poussèrent jusqu'en Phénicie, à Chypre et à Antioche, mais sans prêcher la parole à d'autres qu'aux Juifs. Il y avait toutefois parmi eux quelques Chypriotes et Cyrénéens qui, venus à Antioche, s'adressaient aussi aux Grecs, leur annonçant la Bonne Nouvelle du Seigneur Jésus. La main du Seigneur les secondait, et grand fut le nombre de ceux qui embrassèrent la foi et se convertirent au Seigneur. La nouvelle en vint aux oreilles de l'Eglise de Jérusalem, et l'on députa Barnabé à Antioche. Lorsqu'il arriva et qu'il vit la grâce accordée par Dieu, il s'en réjouit et les encouragea tous à demeurer, d'un coeur ferme, fidèles au Seigneur; car c'était un homme de bien, rempli de l'Esprit Saint et de foi. Une foule considérable s'adjoignit ainsi au Seigneur. Barnabé partit alors chercher Saul à Tarse. L'ayant trouvé, il l'amena à Antioche. Toute une année durant ils vécurent ensemble dans l'Eglise et y instruisirent une foule considérable. C'est à Antioche que, pour la première fois, les disciples reçurent le nom de "chrétiens." En ces jours-là, des prophètes descendirent de Jérusalem à Antioche. L'un d'eux nommé Agabus, se leva et, sous l'action de l'Esprit, se mit à annoncer qu'il y aurait une grande famine dans tout l'univers. C'est celle qui se produisit sous Claude. Les disciples décidèrent alors d'envoyer, chacun selon ses moyens, des secours aux frères de Judée; ce qu'ils firent, en les envoyant aux anciens par l'entremise de Barnabé et de Saul. Vers ce temps-là, le roi Hérode mit la main sur quelques membres de l'Eglise pour les maltraiter. Il fit périr par le glaive Jacques, frère de Jean. Voyant que c'était agréable aux Juifs, il fit encore arrêter Pierre. C'étaient les jours des Azymes. Il le fit saisir et jeter en prison, le donnant à garder à quatre escouades de quatre soldats; il voulait le faire comparaître devant le peuple après la Pâque. Tandis que Pierre était ainsi gardé en prison, la prière de l'Eglise s'élevait pour lui vers Dieu sans relâche. Or, la nuit même avant le jour où Hérode devait le faire comparaître, Pierre était endormi entre deux soldats; deux chaînes le liaient et, devant la porte, des sentinelles gardaient la prison. Soudain, l'Ange du Seigneur survint, et le cachot fut inondé de lumière. L'ange frappa Pierre au côté et le fit lever: "Debout! Vite!" dit-il. Et les chaînes lui tombèrent des mains. L'ange lui dit alors: "Mets ta ceinture et chausse tes sandales"; ce qu'il fit. Il lui dit encore: "Jette ton manteau sur tes épaules et suis-moi." Pierre sortit, et il le suivait; il ne se rendait pas compte que ce fût vrai, ce qui se faisait par l'ange, mais il se figurait avoir une vision. Ils franchirent ainsi un premier poste de garde, puis un second, et parvinrent à la porte de fer qui donne sur la ville. D'elle-même, elle s'ouvrit devant eux. Ils sortirent, allèrent jusqu'au bout d'une rue, puis brusquement l'ange le quitta. Alors Pierre, revenant à lui, dit: "Maintenant je sais réellement que le Seigneur a envoyé son Ange et m'a arraché aux mains d'Hérode et à tout ce qu'attendait le peuple des Juifs." Et s'étant reconnu, il se rendit à la maison de Marie, mère de Jean, surnommé Marc, où une assemblée assez nombreuse s'était réunie et priait. Il heurta le battant du portail, et une servante, nommée Rhodé, vint aux écoutes. Elle reconnut la voix de Pierre et, dans sa joie, au lieu d'ouvrir la porte, elle courut à l'intérieur annoncer que Pierre était là, devant le portail. On lui dit: "Tu es folle!" mais elle soutenait qu'il en était bien ainsi. "C'est son ange!" dirent-ils alors. Pierre cependant continuait à frapper. Quand ils eurent ouvert, ils virent que c'était bien lui et furent saisis de stupeur. Mais il leur fit de la main signe de se taire et leur raconta comment le Seigneur l'avait tiré de la prison. Il ajouta: "Annoncez-le à Jacques et aux frères." Puis il sortit et s'en alla dans un autre endroit. Au lever du jour, ce fut grand émoi chez les soldats: qu'était donc devenu Pierre? Hérode l'ayant envoyé chercher sans qu'on le trouvât, ordonna, après interrogatoire des gardes, de les exécuter. Puis de Judée il descendit à Césarée, où il demeura. Hérode était en conflit aigu avec les gens de Tyr et de Sidon. D'un commun accord ceux-ci se présentèrent devant lui et, après avoir gagné Blastus, le chambellan du roi, ils sollicitaient la paix. Leur pays, en effet, tirait sa subsistance de celui du roi. Au jour fixé, Hérode, vêtu de ses habits royaux, prit place sur la tribune et, tandis qu'il les haranguait, le peuple se mit à crier: "C'est un dieu qui parle, ce n'est pas un homme!" Mais à l'instant même, l'Ange du Seigneur le frappa, parce qu'il n'avait pas rendu gloire à Dieu; et rongé de vers, il rendit l'âme. Cependant la parole de Dieu croissait et se multipliait. Quant à Barnabé et Saul, après avoir accompli leur ministère à Jérusalem, ils revinrent, ramenant avec eux Jean, surnommé Marc. Il y avait dans l'Eglise établie à Antioche des prophètes et des docteurs: Barnabé, Syméon appelé Niger, Lucius de Cyrène, Manaën, ami d'enfance d'Hérode le tétrarque, et Saul. Or un jour, tandis qu'ils célébraient le culte du Seigneur et jeûnaient, l'Esprit Saint dit: "Mettez-moi donc à part Barnabé et Saul en vue de l'oeuvre à laquelle je les ai appelés." Alors, après avoir jeûné et prié, ils leur imposèrent les mains et les laissèrent à leur mission. Eux donc, envoyés en mission par le Saint Esprit, descendirent à Séleucie, d'où ils firent voile pour Chypre. Arrivés à Salamine, ils se mirent à annoncer la parole de Dieu dans les synagogues des Juifs. Ils avaient avec eux Jean comme auxiliaire. Ayant traversé toute l'île jusqu'à Paphos, ils trouvèrent là un magicien, faux prophète juif, nommé Bar-Jésus, qui était de l'entourage du proconsul Sergius Paulus, homme avisé. Ce dernier fit appeler Barnabé et Saul, désireux d'entendre la parole de Dieu. Mais Elymas le magicien - ainsi se traduit son nom - leur faisait opposition, cherchant à détourner le proconsul de la foi. Alors Saul - appelé aussi Paul --, rempli de l'Esprit Saint, le fixa du regard et lui dit: "Etre rempli de toutes les astuces et de toutes les scélératesses, fils du diable, ennemi de toute justice, ne cesseras-tu donc pas de rendre tortueuses les voies du Seigneur qui sont droites? Voici à présent que la main du Seigneur est sur toi. Tu vas devenir aveugle, et pour un temps tu ne verras plus le soleil." A l'instant même, obscurité et ténèbres s'abattirent sur lui, et il tournait de tous côtés, cherchant quelqu'un pour le conduire. Alors, voyant ce qui s'était passé, le proconsul embrassa la foi, vivement frappé par la doctrine du Seigneur. De Paphos, où ils s'embarquèrent, Paul et ses compagnons gagnèrent Pergé, en Pamphylie. Mais Jean les quitta pour retourner à Jérusalem. Quant à eux, poussant au-delà de Pergé, ils arrivèrent à Antioche de Pisidie. Le jour du sabbat, ils entrèrent à la synagogue et s'assirent. Après la lecture de la Loi et des Prophètes, les chefs de la synagogue leur envoyèrent dire: "Frères, si vous avez quelque parole d'encouragement à dire au peuple, parlez." Paul alors se leva, fit signe de la main et dit: "Hommes d'Israël, et vous qui craignez Dieu, écoutez. Le Dieu de ce peuple, le Dieu d'Israël élut nos pères et fit grandir ce peuple durant son exil en terre d'Egypte. Puis, en déployant la force de son bras, il les en fit sortir et, durant 40 ans environ, il les entoura de soins au désert. Ensuite, après avoir exterminé sept nations dans la terre de Canaan, il les mit en possession de leur pays: 450 ans environ. Après quoi, il leur donna des juges, jusqu'au prophète Samuel. Par la suite, ils demandèrent un roi, et Dieu leur donna Saül, fils de Cis, de la tribu de Benjamin: 40 ans. Après l'avoir écarté, Dieu suscita pour eux David comme roi. C'est à lui qu'il a rendu ce témoignage: J'ai trouvé David, fils de Jessé, un homme selon mon coeur, qui accomplira toutes mes volontés. C'est de sa descendance que, suivant sa promesse, Dieu a suscité pour Israël Jésus comme Sauveur. Jean, le précurseur, avait préparé son arrivée en proclamant à l'adresse de tout le peuple d'Israël un baptême de repentance. Au moment de terminer sa course, Jean disait: Celui que vous croyez que je suis, je ne le suis pas; mais voici venir après moi celui dont je ne suis pas digne de délier la sandale. "Frères, vous les enfants de la race d'Abraham et vous ici présents qui craignez Dieu, c'est à vous que ce message de salut a été envoyé. En effet, les habitants de Jérusalem et leurs chefs ont accompli sans le savoir les paroles des prophètes qu'on lit chaque sabbat. Sans trouver en lui aucun motif de mort, ils l'ont condamné et ont demandé à Pilate de le faire périr. Et lorsqu'ils eurent accompli tout ce qui était écrit de lui, ils le descendirent du gibet et le mirent au tombeau. Mais Dieu l'a ressuscité; pendant de nombreux jours, il est apparu à ceux qui étaient montés avec lui de Galilée à Jérusalem, ceux-là mêmes qui sont maintenant ses témoins auprès du peuple. "Et nous, nous vous annonçons la Bonne Nouvelle: la promesse faite à nos pères, Dieu l'a accomplie en notre faveur à nous, leurs enfants: il a ressuscité Jésus. Ainsi est-il écrit dans les Psaumes: Tu es mon fils, moi-même aujourd'hui je t'ai engendré. Que Dieu l'ait ressuscité des morts et qu'il ne doive plus retourner à la corruption, c'est bien ce qu'il avait déclaré: Je vous donnerai les choses saintes de David, celles qui sont dignes de foi. C'est pourquoi il dit ailleurs encore: Tu ne laisseras pas ton Saint voir la corruption. Or David, après avoir en son temps servi les desseins de Dieu, est mort, a été réuni à ses pères et a vu la corruption. Celui que Dieu a ressuscité, lui, n'a pas vu la corruption. "Sachez-le donc, frères, c'est par lui que la rémission des péchés vous est annoncée. L'entière justification que vous n'avez pu obtenir par la Loi de Moïse, c'est par lui que quiconque croit l'obtient. "Prenez donc garde que n'arrive ce qui est dit dans les Prophètes: Regardez, contempteurs, soyez dans la stupeur et disparaissez! Parce que de vos jours je vais accomplir une oeuvre que vous ne croiriez pas si on vous la racontait." Et, à leur sortie, on les invitait à parler encore du même sujet le sabbat suivant. Après que l'assemblée se fut séparée, nombre de Juifs et de prosélytes qui adoraient Dieu suivirent Paul et Barnabé, et ceux-ci, dans leurs entretiens, les engageaient à rester fidèles à la grâce de Dieu. Le sabbat suivant, presque toute la ville s'assembla pour entendre la parole de Dieu. A la vue de cette foule, les Juifs furent remplis de jalousie, et ils répliquaient par des blasphèmes aux paroles de Paul. S'enhardissant alors, Paul et Barnabé déclarèrent: "C'était à vous d'abord qu'il fallait annoncer la parole de Dieu. Puisque vous la repoussez et ne vous jugez pas dignes de la vie éternelle, eh bien! nous nous tournons vers les païens. Car ainsi nous l'a ordonné le Seigneur: Je t'ai établi lumière des nations, pour que tu portes le salut jusqu'aux extrémités de la terre." Tout joyeux à ces mots, les païens se mirent à glorifier la parole du Seigneur, et tous ceux-là embrassèrent la foi, qui étaient destinés à la vie éternelle. Ainsi la parole du Seigneur se répandait dans toute la région. Mais les Juifs montèrent la tête aux dames de condition qui adoraient Dieu ainsi qu'aux notables de la ville; ils suscitèrent de la sorte une persécution contre Paul et Barnabé et les chassèrent de leur territoire. Ceux-ci, secouant contre eux la poussière de leurs pieds, se rendirent à Iconium. Quant aux disciples, ils étaient remplis de joie et de l'Esprit Saint. A Iconium, ils entrèrent de même dans la synagogue des Juifs et parlèrent de telle façon qu'une grande foule de Juifs et de Grecs embrassèrent la foi. Mais les Juifs restés incrédules excitèrent les païens et les indisposèrent contre les frères. Paul et Barnabé prolongèrent donc leur séjour assez longtemps, pleins d'assurance dans le Seigneur, qui rendait témoignage à la prédication de sa grâce en opérant signes et prodiges par leurs mains. La population de la ville se partagea. Les uns étaient pour les Juifs, les autres pour les apôtres. Chez les païens et les Juifs, leurs chefs en tête, on se préparait à les maltraiter et à les lapider. Mais s'en étant rendu compte, ils allèrent chercher refuge dans les villes de la Lycaonie, Lystres, Derbé et leurs environs, où ils se mirent à annoncer la Bonne Nouvelle. Il y avait là, assis, un homme perclus des pieds; impotent de naissance, il n'avait jamais marché. Il écouta Paul discourir. Celui-ci, arrêtant sur lui son regard et voyant qu'il avait la foi pour être guéri, dit d'une voix forte: "Lève-toi, tiens-toi droit sur tes pieds!" Il se dressa d'un bond: il marchait. A la vue de ce que Paul venait de faire, la foule s'écria, en lycaonien: "Les dieux, sous forme humaine, sont descendus parmi nous!" Ils appelaient Barnabé Zeus et Paul Hermès, puisque c'était lui qui portait la parole. Les prêtres du Zeus-de-devant-la-ville amenèrent au portail des taureaux ornés de guirlandes, et ils se disposaient, de concert avec la foule, à offrir un sacrifice. Informés de la chose, les apôtres Barnabé et Paul déchirèrent leurs vêtements et se précipitèrent vers la foule en criant: "Amis, que faites-vous là? Nous aussi, nous sommes des hommes, soumis au même sort que vous, des hommes qui vous annoncent d'abandonner toutes ces vaines idoles pour vous tourner vers le Dieu vivant qui a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qui s'y trouve. Dans les générations passées, il a laissé toutes les nations suivre leurs voies; il n'a pas manqué pour autant de se rendre témoignage par ses bienfaits, vous dispensant du ciel pluies et saisons fertiles, rassasiant vos coeurs de nourriture et de félicité..." C'est à peine s'ils réussirent par ces paroles à empêcher la foule de leur offrir un sacrifice. Survinrent alors d'Antioche et d'Iconium des Juifs qui gagnèrent les foules. On lapida Paul et on le traîna hors de la ville, le croyant mort. Mais, comme les disciples faisaient cercle autour de lui, il se releva et rentra dans la ville. Et le lendemain, avec Barnabé, il partit pour Derbé. Après avoir évangélisé cette ville et y avoir fait bon nombre de disciples, ils retournèrent à Lystres, Iconium et Antioche. Ils affermissaient le coeur des disciples, les encourageant à persévérer dans la foi, "car, disaient-ils, il nous faut passer par bien des tribulations pour entrer dans le Royaume de Dieu." Ils leur désignèrent des anciens dans chaque Eglise, et, après avoir fait des prières accompagnées de jeûne, ils les confièrent au Seigneur en qui ils avaient mis leur foi. Traversant alors la Pisidie, ils gagnèrent la Pamphylie. Puis, après avoir annoncé la parole à Pergé, ils descendirent à Attalie; de là ils firent voile vers Antioche, d'où ils étaient partis, recommandés à la grâce de Dieu pour l'oeuvre qu'ils venaient d'accomplir. A leur arrivée, ils réunirent l'Eglise et se mirent à rapporter tout ce que Dieu avait fait avec eux, et comment il avait ouvert aux païens la porte de la foi. Ils demeurèrent ensuite assez longtemps avec les disciples. Cependant certaines gens descendus de Judée enseignaient aux frères: "Si vous ne vous faites pas circoncire suivant l'usage qui vient de Moïse, vous ne pouvez être sauvés." Après bien de l'agitation et une discussion assez vive engagée avec eux par Paul et Barnabé, il fut décidé que Paul, Barnabé et quelques autres des leurs monteraient à Jérusalem auprès des apôtres et des anciens pour traiter de ce litige. Eux donc, après avoir été escortés par l'Eglise, traversèrent la Phénicie et la Samarie, racontant la conversion des païens, et ils causaient une grande joie à tous les frères. Arrivés à Jérusalem, ils furent accueillis par l'Eglise, les apôtres et les anciens, et ils rapportèrent tout ce que Dieu avait fait avec eux. Mais certaines gens du parti des Pharisiens qui étaient devenus croyants intervinrent pour déclarer qu'il fallait circoncire les païens et leur enjoindre d'observer la Loi de Moïse. Alors les apôtres et les anciens se réunirent pour examiner cette question. Après une longue discussion, Pierre se leva et dit: "Frères, vous le savez: dès les premiers jours, Dieu m'a choisi parmi vous pour que les païens entendent de ma bouche la parole de la Bonne Nouvelle et embrassent la foi. Et Dieu, qui connaît les coeurs, a témoigné en leur faveur, en leur donnant l'Esprit Saint tout comme à nous. Et il n'a fait aucune distinction entre eux et nous, puisqu'il a purifié leur coeur par la foi. Pourquoi donc maintenant tentez-vous Dieu en voulant imposer aux disciples un joug que ni nos pères ni nous-mêmes n'avons eu la force de porter? D'ailleurs, c'est par la grâce du Seigneur Jésus que nous croyons être sauvés, exactement comme eux." Alors toute l'assemblée fit silence. On écoutait Barnabé et Paul exposer tout ce que Dieu avait accompli par eux de signes et prodiges parmi les païens. Quand ils eurent cessé de parler, Jacques prit la parole et dit: "Frères, écoutez-moi. Syméon a exposé comment, dès le début, Dieu a pris soin de tirer d'entre les païens un peuple réservé à son Nom. Ce qui concorde avec les paroles des Prophètes, puisqu'il est écrit: Après cela je reviendrai et je relèverai la tente de David qui était tombée; je relèverai ses ruines et je la redresserai, afin que le reste des hommes cherchent le Seigneur, ainsi que toutes les nations qui ont été consacrées à mon Nom, dit le Seigneur qui fait connaître ces choses depuis des siècles. "C'est pourquoi je juge, moi, qu'il ne faut pas tracasser ceux des païens qui se convertissent à Dieu. Qu'on leur mande seulement de s'abstenir de ce qui a été souillé par les idoles, des unions illégitimes, des chairs étouffées et du sang. Car depuis les temps anciens Moïse a dans chaque ville ses prédicateurs, qui le lisent dans les synagogues tous les jours de sabbat." Alors les apôtres et les anciens, d'accord avec l'Eglise tout entière, décidèrent de choisir quelques-uns d'entre eux et de les envoyer à Antioche avec Paul et Barnabé. Ce furent Jude, surnommé Barsabbas, et Silas, hommes considérés parmi les frères. Ils leur remirent la lettre suivante: "Les apôtres et les anciens, vos frères, aux frères de la gentilité qui sont à Antioche, en Syrie et en Cilicie, salut! Ayant appris que, sans mandat de notre part, certaines gens venus de chez nous ont, par leurs propos, jeté le trouble parmi vous et bouleversé vos esprits, nous avons décidé d'un commun accord de choisir des délégués et de vous les envoyer avec nos bien-aimés Barnabé et Paul, ces hommes qui ont voué leur vie au nom de notre Seigneur Jésus Christ. Nous vous avons donc envoyé Jude et Silas, qui vous transmettront de vive voix le même message. L'Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de ne pas vous imposer d'autres charges que celles-ci, qui sont indispensables: vous abstenir des viandes immolées aux idoles, du sang, des chairs étouffées et des unions illégitimes. Vous ferez bien de vous en garder. Adieu." Prenant congé donc, les délégués descendirent à Antioche, où ils réunirent l'assemblée et remirent la lettre. Lecture en fut faite, et l'on se réjouit de l'encouragement qu'elle apportait. Jude et Silas, qui étaient eux-mêmes prophètes, exhortèrent les frères et les affermirent par un long discours. Au bout de quelque temps, les frères les renvoyèrent avec des souhaits de paix vers ceux qui les avaient députés. *** Paul et Barnabé toutefois demeurèrent à Antioche où, avec beaucoup d'autres, ils enseignaient et annonçaient la Bonne Nouvelle, la parole du Seigneur. Quelque temps après, Paul dit à Barnabé: "Retournons donc visiter les frères dans toutes les villes où nous avons annoncé la parole du Seigneur, pour voir où ils en sont." Mais Barnabé voulait emmener aussi Jean, surnommé Marc; Paul, lui, n'était pas d'avis d'emmener celui qui les avait abandonnés en Pamphylie et n'avait pas été à l'oeuvre avec eux. On s'échauffa, et l'on finit par se séparer. Barnabé prit Marc avec lui et s'embarqua pour Chypre. De son côté, Paul fit choix de Silas et partit, après avoir été confié par les frères à la grâce de Dieu. Il traversa la Syrie et la Cilicie, où il affermit les Eglises. Il gagna ensuite Derbé, puis Lystres. Il y avait là un disciple nommé Timothée, fils d'une juive devenue croyante, mais d'un père grec. Les frères de Lystres et d'Iconium lui rendaient un bon témoignage. Paul décida de l'emmener avec lui. Il le prit donc et le circoncit, à cause des Juifs qui se trouvaient dans ces parages, car tout le monde savait que son père était grec. Dans les villes où ils passaient, ils transmettaient, en recommandant de les observer, les décrets portés par les apôtres et les anciens de Jérusalem. Ainsi les Eglises s'affermissaient dans la foi et croissaient en nombre de jour en jour. Ils parcoururent la Phrygie et le territoire galate, le Saint Esprit les ayant empêchés d'annoncer la parole en Asie. Parvenus aux confins de la Mysie, ils tentèrent d'entrer en Bithynie, mais l'Esprit de Jésus ne le leur permit pas. Ils traversèrent donc la Mysie et descendirent à Troas. Or, pendant la nuit, Paul eut une vision: un Macédonien était là, debout, qui lui adressait cette prière: "Passe en Macédoine, viens à notre secours!" Aussitôt après cette vision, nous cherchâmes à partir pour la Macédoine, persuadés que Dieu nous appelait à y porter la Bonne Nouvelle. Embarqués à Troas, nous cinglâmes droit sur Samothrace, et le lendemain sur Néapolis, d'où nous gagnâmes Philippes, cité de premier rang de ce district de Macédoine et colonie. Nous passâmes quelques jours dans cette ville, puis, le jour du sabbat, nous nous rendîmes en dehors de la porte, sur les bords de la rivière, où l'on avait l'habitude de faire la prière. Nous étant assis, nous adressâmes la parole aux femmes qui s'étaient réunies. L'une d'elles, nommée Lydie, nous écoutait; c'était une négociante en pourpre, de la ville de Thyatire; elle adorait Dieu. Le Seigneur lui ouvrit le coeur, de sorte qu'elle s'attacha aux paroles de Paul. Après avoir été baptisée ainsi que les siens, elle nous fit cette prière: "Si vous me tenez pour une fidèle du Seigneur, venez demeurer dans ma maison." Et elle nous y contraignit. Un jour que nous nous rendions à la prière, nous rencontrâmes une servante qui avait un esprit divinateur; elle faisait gagner beaucoup d'argent à ses maîtres en rendant des oracles. Elle se mit à nous suivre, Paul et nous, en criant: "Ces gens-là sont des serviteurs du Dieu Très-Haut; ils vous annoncent la voie du salut." Elle fit ainsi pendant bien des jours. A la fin Paul, excédé, se retourna et dit à l'esprit: "Je t'ordonne au nom de Jésus Christ de sortir de cette femme." Et l'esprit sortit à l'instant même. Mais ses maîtres, voyant disparaître leurs espoirs de gain, se saisirent de Paul et de Silas, les traînèrent sur l'agora devant les magistrats et dirent, en les présentant aux stratèges: "Ces gens-là jettent le trouble dans notre ville. Ce sont des Juifs, et ils prêchent des usages qu'il ne nous est permis, à nous Romains, ni d'accepter ni de suivre." La foule s'ameuta contre eux, et les stratèges, après avoir fait arracher leurs vêtements, ordonnèrent de les battre de verges. Quand ils les eurent bien roués de coups, ils les jetèrent en prison, en recommandant au geôlier de les garder avec soin. Ayant reçu pareille consigne, celui-ci les jeta dans le cachot intérieur et leur fixa les pieds dans des ceps. Vers minuit, Paul et Silas, en prière, chantaient les louanges de Dieu; les prisonniers les écoutaient. Tout à coup, il se produisit un si violent tremblement de terre que les fondements de la prison en furent ébranlés. A l'instant, toutes les portes s'ouvrirent, et les liens de tous les prisonniers se détachèrent. Tiré de son sommeil et voyant ouvertes les portes de la prison, le geôlier sortit son glaive; il allait se tuer, à l'idée que les prisonniers s'étaient évadés. Mais Paul cria d'une voix forte: "Ne te fais aucun mal, car nous sommes tous ici." Le geôlier demanda de la lumière, accourut et, tout tremblant, se jeta aux pieds de Paul et de Silas. Puis il les fit sortir et dit: "Seigneurs, que me faut-il faire pour être sauvé?" Ils répondirent: "Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et les tiens." Et ils lui annoncèrent la parole du Seigneur, ainsi qu'à tous ceux qui étaient dans sa maison. Le geôlier les prit avec lui à l'heure même, en pleine nuit, lava leurs plaies et sur-le-champ reçut le baptême, lui et tous les siens. Il les fit alors monter dans sa maison, dressa la table, et il se réjouit avec tous les siens d'avoir cru en Dieu. Lorsqu'il fit jour, les stratèges envoyèrent les licteurs dire au geôlier: "Relâche ces gens-là." Celui-ci rapporta ces paroles à Paul: "Les stratèges ont envoyé dire de vous relâcher. Sortez donc et allez-vous-en." Mais Paul dit aux licteurs: "Ils nous ont fait battre en public et sans jugement, nous, des citoyens romains, et ils nous ont jetés en prison. Et maintenant, c'est à la dérobée qu'ils nous font sortir! Eh bien, non! Qu'ils viennent eux-mêmes nous libérer." Les licteurs rapportèrent ces paroles aux stratèges. Effrayés en apprenant qu'ils étaient citoyens romains, ceux-ci vinrent les presser de quitter la ville. Au sortir de la prison, Paul et Silas se rendirent chez Lydie, revirent les frères et les exhortèrent, puis ils partirent. Après avoir traversé Amphipolis et Apollonie, ils arrivèrent à Thessalonique, où les Juifs avaient une synagogue. Suivant son habitude, Paul alla les y trouver. Trois sabbats de suite, il discuta avec eux d'après les Ecritures. Il les leur expliquait, établissant que le Christ devait souffrir et ressusciter des morts, "et le Christ, disait-il, c'est ce Jésus que je vous annonce." Quelques-uns d'entre eux se laissèrent convaincre et furent gagnés à Paul et à Silas, ainsi qu'une multitude d'adorateurs de Dieu et de Grecs et bon nombre de dames de qualité. Mais les Juifs, pris de jalousie, ramassèrent sur la place quelques mauvais sujets, provoquèrent des attroupements et répandirent le tumulte dans la ville. Ils se présentèrent alors à la maison de Jason, cherchant Paul et Silas pour les produire devant l'assemblée du peuple. Ne les ayant pas trouvés, ils traînèrent Jason et quelques frères devant les politarques en criant: "Ces gens qui ont révolutionné le monde entier, les voilà maintenant ici, et Jason les reçoit chez lui. Tous ces gens-là contreviennent aux édits de César en affirmant qu'il y a un autre roi, Jésus." Par ces clameurs, ils mirent en émoi la foule et les politarques, qui exigèrent une caution de la part de Jason et des autres avant de les relâcher. Les frères firent aussitôt partir de nuit Paul et Silas pour Bérée. Arrivés là, ils se rendirent à la synagogue des Juifs. Or ceux-ci avaient l'âme plus noble que ceux de Thessalonique. Ils accueillirent la parole avec le plus grand empressement. Chaque jour, ils examinaient les Ecritures pour voir si tout était exact. Beaucoup d'entre eux embrassèrent ainsi la foi, de même que, parmi les Grecs, des dames de qualité et bon nombre d'hommes. Mais quand les Juifs de Thessalonique surent que Paul avait annoncé aussi à Bérée la parole de Dieu, ils vinrent là encore semer dans la foule l'agitation et le trouble. Alors les frères firent tout de suite partir Paul en direction de la mer; quant à Silas et Timothée, ils restèrent là. Ceux qui escortaient Paul le conduisirent jusqu'à Athènes et s'en retournèrent ensuite avec l'ordre pour Silas et Timothée de le rejoindre au plus vite. Tandis que Paul les attendait à Athènes, son esprit s'échauffait en lui au spectacle de cette ville remplie d'idoles. Il s'entretenait donc à la synagogue avec des Juifs et ceux qui adoraient Dieu, et sur l'agora, tous les jours, avec les passants. Il y avait même des philosophes épicuriens et stoïciens qui l'abordaient. Les uns disaient: "Que peut bien vouloir dire ce perroquet?" D'autres: "On dirait un prêcheur de divinités étrangères", parce qu'il annonçait Jésus et la résurrection. Ils le prirent alors avec eux et le menèrent devant l'Aréopage en disant: "Pourrions-nous savoir quelle est cette nouvelle doctrine que tu enseignes? Car ce sont d'étranges propos que tu nous fais entendre. Nous voudrions donc savoir ce que cela veut dire." Tous les Athéniens en effet et les étrangers qui résidaient parmi eux n'avaient d'autre passe-temps que de dire ou écouter les dernières nouveautés. Debout au milieu de l'Aréopage, Paul dit alors: "Athéniens, à tous égards vous êtes, je le vois, les plus religieux des hommes. Parcourant en effet votre ville et considérant vos monuments sacrés, j'ai trouvé jusqu'à un autel avec l'inscription: au dieu inconnu. Eh bien! ce que vous adorez sans le connaître, je viens, moi, vous l'annoncer. "Le Dieu qui a fait le monde et tout ce qui s'y trouve, lui, le Seigneur du ciel et de la terre, n'habite pas dans des temples faits de main d'homme. Il n'est pas non plus servi par des mains humaines, comme s'il avait besoin de quoi que ce soit, lui qui donne à tous vie, souffle et toutes choses. Si d'un principe unique il a fait tout le genre humain pour qu'il habite sur toute la face de la terre; s'il a fixé des temps déterminés et les limites de l'habitat des hommes, c'était afin qu'ils cherchent la divinité pour l'atteindre, si possible, comme à tâtons et la trouver; aussi bien n'est-elle pas loin de chacun de nous. C'est en elle en effet que nous avons la vie, le mouvement et l'être. Ainsi d'ailleurs l'ont dit certains des vôtres: Car nous sommes aussi de sa race. "Que si nous sommes de la race de Dieu, nous ne devons pas penser que la divinité soit semblable à de l'or, de l'argent ou de la pierre, travaillés par l'art et le génie de l'homme. "Or voici que, fermant les yeux sur les temps de l'ignorance, Dieu fait maintenant savoir aux hommes d'avoir tous et partout à se repentir, parce qu'il a fixé un jour pour juger l'univers avec justice, par un homme qu'il y a destiné, offrant à tous une garantie en le ressuscitant des morts." A ces mots de résurrection des morts, les uns se moquaient, les autres disaient: "Nous t'entendrons là-dessus une autre fois." C'est ainsi que Paul se retira du milieu d'eux. Quelques hommes cependant s'attachèrent à lui et embrassèrent la foi. Denys l'Aréopagite fut du nombre. Il y eut aussi une femme nommée Damaris, et d'autres avec eux. Après cela, Paul s'éloigna d'Athènes et gagna Corinthe. Il y trouva un Juif nommé Aquilas, originaire du Pont, qui venait d'arriver d'Italie avec Priscille, sa femme, à la suite d'un édit de Claude qui ordonnait à tous les Juifs de s'éloigner de Rome. Il se lia avec eux, et, comme ils étaient du même métier, il demeura chez eux et y travailla. Ils étaient de leur état fabricants de tentes. Chaque sabbat, il discourait à la synagogue et s'efforçait de persuader Juifs et Grecs. Quand Silas et Timothée furent arrivés de Macédoine, Paul se consacra tout entier à la parole, attestant aux Juifs que Jésus est le Christ. Mais devant leur opposition et leurs paroles blasphématoires, il secoua ses vêtements et leur dit: "Que votre sang retombe sur votre tête! Pour moi, je suis pur, et désormais c'est aux païens que j'irai." Alors, se retirant de là, Paul se rendit chez un certain Justus, homme adorant Dieu, dont la maison était contiguë à la synagogue. Crispus, le chef de synagogue, crut au Seigneur avec tous les siens. Beaucoup de Corinthiens qui entendaient Paul embrassaient également la foi et se faisaient baptiser. Une nuit, dans une vision, le Seigneur dit à Paul: "Sois sans crainte. Continue de parler, ne te tais pas. Car je suis avec toi, et personne ne mettra sur toi la main pour te faire du mal, parce que j'ai à moi un peuple nombreux dans cette ville." Il séjourna là un an et six mois, enseignant aux gens la parole de Dieu. Alors que Gallion était proconsul d'Achaïe, les Juifs se soulevèrent d'un commun accord contre Paul et l'amenèrent devant le tribunal en disant: "Cet individu cherche à persuader les gens d'adorer Dieu d'une manière contraire à la Loi." Paul allait ouvrir la bouche, quand Gallion dit aux Juifs: "S'il était question de quelque délit ou méfait, j'accueillerais, Juifs, votre plainte, comme de raison. Mais puisqu'il s'agit de contestations sur des mots et des noms et sur votre propre Loi, à vous de voir! Etre juge, moi, en ces matières, je m'y refuse." Et il les renvoya du tribunal. Tous alors se saisirent de Sosthène, le chef de synagogue, et, devant le tribunal, se mirent à le battre. Et de tout cela Gallion n'avait cure. Paul resta encore un certain temps à Corinthe, puis il prit congé des frères et s'embarqua pour la Syrie. Priscille et Aquila l'accompagnaient. Il s'était fait tondre la tête à Cenchrées, à cause d'un voeu qu'il avait fait. Ils abordèrent à Ephèse, où il se sépara de ses compagnons. Il se rendit à la synagogue et s'y entretint avec les Juifs. Ceux-ci lui demandèrent de prolonger son séjour. Il n'y consentit pas, mais, en prenant congé d'eux, il leur dit: "Je reviendrai chez vous une autre fois, s'il plaît à Dieu." Et il partit d'Ephèse. Débarqué à Césarée, il monta saluer l'Eglise, puis descendit à Antioche; après y avoir passé quelque temps, il repartit et parcourut successivement le territoire galate et la Phrygie en affermissant tous les disciples. Un Juif nommé Apollos, originaire d'Alexandrie, était arrivé à Ephèse. C'était un homme éloquent, versé dans les Ecritures. Il avait été instruit de la Voie du Seigneur, et, dans la ferveur de son âme, il prêchait et enseignait avec exactitude ce qui concerne Jésus, bien qu'il connût seulement le baptême de Jean. Il se mit donc à parler avec assurance dans la synagogue. Priscille et Aquila, qui l'avaient entendu, le prirent avec eux et lui exposèrent plus exactement la Voie. Comme il voulait partir pour l'Achaïe, les frères l'y encouragèrent et écrivirent aux disciples de lui faire bon accueil. Arrivé là, il fut, par l'effet de la grâce, d'un grand secours aux croyants: car il réfutait vigoureusement les Juifs en public, démontrant par les Ecritures que Jésus est le Christ. Tandis qu'Apollos était à Corinthe, Paul, après avoir traversé le haut-pays, arriva à Ephèse. Il y trouva quelques disciples et leur dit: "Avez-vous reçu l'Esprit Saint quand vous avez embrassé la foi?" Ils lui répondirent: "Mais nous n'avons même pas entendu dire qu'il y a un Esprit Saint." Et lui: "Quel baptême avez-vous donc reçu"? - "Le baptême de Jean", répondirent-ils. Paul dit alors: "Jean a baptisé d'un baptême de repentance, en disant au peuple de croire en celui qui viendrait après lui, c'est-à-dire en Jésus." A ces mots, ils se firent baptiser au nom du Seigneur Jésus; et quand Paul leur eut imposé les mains, l'Esprit Saint vint sur eux, et ils se mirent à parler en langues et à prophétiser. Ces hommes étaient en tout une douzaine. Paul se rendit à la synagogue et, pendant trois mois, y parla avec assurance. Il entretenait ses auditeurs du Royaume de Dieu et cherchait à les persuader. Certains cependant, endurcis et incrédules, décriaient la Voie devant l'assistance. Il rompit alors avec eux et prit à part les disciples. Chaque jour, il les entretenait dans l'école de Tyrannos. Il en fut ainsi deux années durant, en sorte que tous les habitants de l'Asie, Juifs et Grecs, purent entendre la parole du Seigneur. Dieu opérait par les mains de Paul des miracles peu banals, à tel point qu'il suffisait d'appliquer sur les malades des mouchoirs ou des linges qui avaient touché son corps: alors les maladies les quittaient et les esprits mauvais s'en allaient. Or quelques exorcistes juifs ambulants s'essayèrent à prononcer, eux aussi, le nom du Seigneur Jésus sur ceux qui avaient des esprits mauvais. Ils disaient: "Je vous adjure par ce Jésus que Paul proclame." Il y avait sept fils de Scéva, un grand prêtre juif, qui agissaient de la sorte. Mais l'esprit mauvais leur répliqua: "Jésus, je le connais, et Paul, je sais qui c'est. Mais vous autres, qui êtes-vous?" Et se jetant sur eux, l'homme possédé de l'esprit mauvais les maîtrisa les uns et les autres et les malmena si bien que c'est nus et couverts de blessures qu'ils s'échappèrent de cette maison. Tous les habitants d'Ephèse, Juifs et Grecs, surent la chose. La crainte alors s'empara de tous et le nom du Seigneur Jésus fut glorifié. Beaucoup de ceux qui étaient devenus croyants venaient faire leurs aveux et dévoiler leurs pratiques. Bon nombre de ceux qui s'étaient adonnés à la magie apportaient leurs livres et les brûlaient en présence de tous. On en estima la valeur: cela faisait 50.000 pièces d'argent. Ainsi la parole du Seigneur croissait et s'affermissait puissamment. Après ces événements, Paul forma le projet de traverser la Macédoine et l'Achaïe pour gagner Jérusalem. "Après avoir été là, disait-il, il me faut voir également Rome." Il envoya alors en Macédoine deux de ses auxiliaires, Timothée et Eraste; pour lui, il resta quelque temps encore en Asie. Vers ce temps-là, un tumulte assez grave se produisit à propos de la Voie. Un certain Démétrius, qui était orfèvre et fabriquait des temples d'Artémis en argent, procurait ainsi aux artisans beaucoup de travail. Il les réunit, ainsi que les ouvriers des métiers similaires, et leur dit: "Mes amis, c'est à cette industrie, vous le savez, que nous devons notre bien-être. Or, vous le voyez et l'entendez dire, non seulement à Ephèse, mais dans presque toute l'Asie, ce Paul, par ses raisons, a entraîné à sa suite une foule considérable, en affirmant qu'ils ne sont pas dieux, ceux qui sont sortis de la main des hommes. Cela risque non seulement de jeter le discrédit sur notre profession, mais encore de faire compter pour rien le sanctuaire même de la grande déesse Artémis, pour finir par dépouiller de son prestige celle que révèrent toute l'Asie et le monde entier." A ces mots, remplis de colère, ils se mirent à crier: "Grande est l'Artémis des Ephésiens!" Le désordre gagna la ville entière. On se précipita en masse au théâtre, y entraînant les Macédoniens Gaïus et Aristarque, compagnons de voyage de Paul. Paul, lui, voulait se présenter devant l'assemblée du peuple, mais les disciples l'en empêchèrent. Quelques asiarques même, qui l'avaient en amitié, le firent instamment prier de ne pas s'exposer en allant au théâtre. Les uns criaient une chose, les autres une autre. L'assemblée était en pleine confusion, et la plupart ne savaient même pas pourquoi on s'était réuni. Des gens de la foule persuadèrent Alexandre, que les Juifs poussaient en avant. Alexandre, ayant fait signe de la main, voulait s'expliquer devant le peuple. Mais quand on eut reconnu que c'était un Juif, tous se mirent à crier d'une seule voix, pendant près de deux heures: "Grande est l'Artémis des Ephésiens!" Enfin le chancelier calma la foule et dit: "Ephésiens, quel homme au monde ignore que la ville d'Ephèse est la gardienne du temple de la grande Artémis et de sa statue tombée du ciel? Cela étant donc sans conteste, il faut vous tenir tranquilles et ne rien faire d'inconsidéré. Vous avez amené ces hommes: ils ne sont coupables ni de sacrilège ni de blasphème envers notre déesse. Que si Démétrius et les artisans qui sont avec lui ont des griefs contre quelqu'un, il y a des audiences, il y a des proconsuls: qu'ils portent plainte. Et si vous avez quelque autre affaire à débattre, on la résoudra dans l'assemblée régulière. Aussi bien risquons-nous d'être accusés de sédition pour ce qui s'est passé aujourd'hui, vu qu'il n'existe aucun motif qui nous permette de justifier cet attroupement." Et sur ces mots, il congédia l'assemblée. Après que le tumulte eut pris fin, Paul convoqua les disciples, leur adressa une exhortation et, après avoir fait ses adieux, partit pour la Macédoine. Il traversa cette contrée, y exhorta longuement les fidèles et parvint en Grèce, où il resta trois mois. Un complot fomenté par les Juifs contre lui au moment où il allait s'embarquer pour la Syrie le décida à s'en retourner par la Macédoine. Il avait pour compagnons Sopatros, fils de Pyrrhus, de Bérée; Aristarque et Secundus, de Thessalonique; Gaïus, de Dobérès, et Timothée, ainsi que les Asiates Tychique et Trophime. Ceux-ci prirent les devants et nous attendirent à Troas. Nous-mêmes, nous quittâmes Philippes par mer après les jours des Azymes et, au bout de cinq jours, les rejoignîmes à Troas, où nous passâmes sept jours. Le premier jour de la semaine, nous étions réunis pour rompre le pain; Paul, qui devait partir le lendemain, s'entretenait avec eux. Il prolongea son discours jusqu'au milieu de la nuit. Il y avait bon nombre de lampes dans la chambre haute où nous étions réunis. Un adolescent, du nom d'Eutyque, qui était assis sur le bord de la fenêtre, se laissa gagner par un profond sommeil, pendant que Paul discourait toujours. Entraîné par le sommeil, il tomba du troisième étage en bas. On le releva mort. Paul descendit, se pencha sur lui, le prit dans ses bras et dit: "Ne vous agitez donc pas: son âme est en lui." Puis il remonta, rompit le pain et mangea; longtemps encore il parla, jusqu'au point du jour. C'est alors qu'il partit. Quant au jeune garçon, on le ramena vivant, et ce ne fut pas une petite consolation. Pour nous, prenant les devants par mer, nous fîmes voile vers Assos, où nous devions prendre Paul: ainsi en avait-il disposé. Lui-même viendrait par la route. Lorsqu'il nous eut rejoints à Assos, nous le prîmes à bord et gagnâmes Mitylène. De là, nous repartîmes le lendemain et parvînmes devant Chio. Le jour suivant, nous touchions à Samos, et, après nous être arrêtés à Trogyllion, nous arrivions le jour d'après à Milet. Paul avait en effet décidé de passer au large d'Ephèse, pour ne pas avoir à s'attarder en Asie. Il se hâtait afin d'être, si possible, le jour de la Pentecôte à Jérusalem. De Milet, il envoya chercher à Ephèse les anciens de cette Eglise. Quand ils furent arrivés auprès de lui, il leur dit: "Vous savez vous-mêmes de quelle façon, depuis le premier jour où j'ai mis le pied en Asie, je n'ai cessé de me comporter avec vous, servant le Seigneur en toute humilité, dans les larmes et au milieu des épreuves que m'ont occasionnées les machinations des Juifs. Vous savez comment, en rien de ce qui vous était avantageux, je ne me suis dérobé quand il fallait vous prêcher et vous instruire, en public et en privé, adjurant Juifs et Grecs de se repentir envers Dieu et de croire en Jésus, notre Seigneur. "Et maintenant voici qu'enchaîné par l'Esprit je me rends à Jérusalem, sans savoir ce qui m'y adviendra, sinon que, de ville en ville, l'Esprit Saint m'avertit que chaînes et tribulations m'attendent. Mais je n'attache aucun prix à ma propre vie, pourvu que je mène à bonne fin ma course et le ministère que j'ai reçu du Seigneur Jésus: rendre témoignage à l'Evangile de la grâce de Dieu. "Et maintenant voici que, je le sais, vous ne reverrez plus mon visage, vous tous au milieu de qui j'ai passé en proclamant le Royaume. C'est pourquoi je l'atteste aujourd'hui devant vous: je suis pur du sang de tous. Car je ne me suis pas dérobé quand il fallait vous annoncer toute la volonté de Dieu. "Soyez attentifs à vous-mêmes, et à tout le troupeau dont l'Esprit Saint vous a établis gardiens pour paître l'Eglise de Dieu, qu'il s'est acquise par le sang de son propre fils. "Je sais, moi, qu'après mon départ il s'introduira parmi vous des loups redoutables qui ne ménageront pas le troupeau, et que du milieu même de vous se lèveront des hommes tenant des discours pervers dans le but d'entraîner les disciples à leur suite. C'est pourquoi soyez vigilants, vous souvenant que, trois années durant, nuit et jour, je n'ai cessé de reprendre avec larmes chacun d'entre vous. "Et à présent je vous confie à Dieu et à la parole de sa grâce, qui a le pouvoir de bâtir l'édifice et de procurer l'héritage parmi tous les sanctifiés. "Argent, or, vêtements, je n'en ai convoité de personne: vous savez vous-mêmes qu'à mes besoins et à ceux de mes compagnons ont pourvu les mains que voilà. De toutes manières je vous l'ai montré: c'est en peinant ainsi qu'il faut venir en aide aux faibles et se souvenir des paroles du Seigneur Jésus, qui a dit lui-même: Il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir." A ces mots, se mettant à genoux, avec eux tous il pria. Tous alors éclatèrent en sanglots, et, se jetant au cou de Paul, ils l'embrassaient, affligés surtout de la parole qu'il avait dite: qu'ils ne devaient plus revoir son visage. Puis ils l'accompagnèrent jusqu'au bateau. Lorsque, nous étant arrachés à eux, nous eûmes gagné le large, nous cinglâmes droit sur Cos; le lendemain nous atteignîmes Rhodes, et de là Patara. Ayant trouvé un navire en partance pour la Phénicie, nous y montâmes et partîmes. Arrivés en vue de Chypre, nous la laissâmes à gauche pour voguer vers la Syrie, et nous abordâmes à Tyr, car c'est là que le bateau devait décharger sa cargaison. Ayant découvert les disciples, nous restâmes là sept jours. Poussés par l'Esprit, ils disaient à Paul de ne pas monter à Jérusalem. Mais, notre séjour achevé, nous partîmes. Nous marchions, escortés de tous, y compris femmes et enfants. Hors de la ville, nous nous mîmes à genoux sur la grève pour prier. Puis, ayant fait nos adieux, nous montâmes sur le navire. Ces gens s'en retournèrent alors chez eux. Et nous, achevant la traversée, nous nous rendîmes de Tyr à Ptolémaïs. Après avoir salué les frères et être restés un jour avec eux, nous repartîmes le lendemain pour gagner Césarée. Descendus chez Philippe l'évangéliste, qui était un des Sept, nous demeurâmes chez lui. Il avait quatre filles vierges qui prophétisaient. Comme nous passions là plusieurs jours, un prophète du nom d'Agabus descendit de Judée. Il vint nous trouver et, prenant la ceinture de Paul, il s'en lia les pieds et les mains en disant: "Voici ce que dit l'Esprit Saint: L'homme auquel appartient cette ceinture, les Juifs le lieront comme ceci à Jérusalem, et ils le livreront aux mains des païens." A ces paroles, nous nous mîmes, avec ceux de l'endroit, à supplier Paul de ne pas monter à Jérusalem. Alors il répondit: "Qu'avez-vous à pleurer et à me briser le coeur? Je suis prêt, moi, non seulement à me laisser lier, mais encore à mourir à Jérusalem pour le nom du Seigneur Jésus." Comme il n'y avait pas moyen de le persuader, nous cessâmes nos instances, disant: "Que la volonté du Seigneur se fasse!" Après ces quelques jours, ayant achevé nos préparatifs, nous montâmes à Jérusalem. Des disciples de Césarée nous accompagnèrent et nous menèrent loger chez un certain Mnason, de Chypre, disciple des premiers jours. A notre arrivée à Jérusalem, les frères nous reçurent avec joie. Le jour suivant, Paul se rendit avec nous chez Jacques, où tous les anciens se réunirent. Après les avoir salués, il se mit à exposer par le détail ce que Dieu avait fait chez les païens par son ministère. Et ils glorifiaient Dieu de ce qu'ils entendaient. Ils lui dirent alors: "Tu vois, frère, combien de milliers de Juifs ont embrassé la foi, et ce sont tous de zélés partisans de la Loi. Or à ton sujet ils ont entendu dire que, dans ton enseignement, tu pousses les Juifs qui vivent au milieu des païens à la défection vis-à-vis de Moïse, leur disant de ne plus circoncire leurs enfants et de ne plus suivre les coutumes. Que faire donc? Assurément la multitude ne manquera pas de se rassembler, car on apprendra ton arrivée. Fais donc ce que nous allons te dire. Nous avons ici quatre hommes qui sont tenus par un voeu. Emmène-les, joins-toi à eux pour la purification et charge-toi des frais pour qu'ils puissent se faire raser la tête. Ainsi tout le monde saura qu'il n'y a rien de vrai dans ce qu'ils ont entendu dire à ton sujet, mais que tu te conduis, toi aussi, en observateur de la Loi. Quant aux païens qui ont embrassé la foi, nous leur avons mandé nos décisions: se garder des viandes immolées aux idoles, du sang, des chairs étouffées et des unions illégitimes." Le jour suivant, Paul emmena donc ces hommes et, après s'être joint à eux pour la purification, il entra dans le Temple, où il annonça le délai dans lequel, les jours de purification terminés, on devrait présenter l'oblation pour chacun d'entre eux. Les sept jours touchaient à leur fin, quand les Juifs d'Asie, l'ayant aperçu dans le Temple, ameutèrent la foule et mirent la main sur lui, en criant: "Hommes d'Israël, au secours! Le voici, l'individu qui prêche à tous et partout contre notre peuple, contre la Loi et contre ce Lieu! Et voilà encore qu'il a introduit des Grecs dans le Temple et profané ce saint Lieu." Précédemment en effet ils avaient vu l'Ephésien Trophime avec lui dans la ville, et ils pensaient que Paul l'avait introduit dans le Temple. La ville entière fut en effervescence, et le peuple accourut de toutes parts. On s'empara de Paul, on se mit à le traîner hors du Temple, dont les portes furent aussitôt fermées. On cherchait à le mettre à mort, quand cet avis parvint au tribun de la cohorte: "Tout Jérusalem est sens dessus dessous!" Aussitôt, prenant avec lui des soldats et des centurions, il se précipita sur les manifestants. Ceux-ci, à la vue du tribun et des soldats, cessèrent de frapper Paul. Alors le tribun s'approcha, se saisit de lui et ordonna de le lier de deux chaînes; puis il demanda qui il était et ce qu'il avait fait. Mais dans la foule les uns criaient ceci, les autres cela. Ne pouvant, dans ce tapage, obtenir aucun renseignement précis, il donna l'ordre de conduire Paul dans la forteresse. Quand il eut atteint les degrés, il dut être porté par les soldats, en raison de la violence de la foule. Car le peuple suivait en masse, aux cris de: "A mort!" Sur le point d'être introduit dans la forteresse, Paul dit au tribun: "Me serait-il permis de te dire un mot?" - "Tu sais le grec? Demanda celui-ci. Tu n'es donc pas l'Egyptien qui, ces temps derniers, a soulevé 4.000 bandits et les a entraînés au désert?" "Moi, reprit Paul, je suis Juif, de Tarse en Cilicie, citoyen d'une ville qui n'est pas sans renom. Je t'en prie, permets-moi de parler au peuple." La permission accordée, Paul, debout sur les degrés, fit de la main signe au peuple. Il se fit un grand silence. Alors il leur adressa la parole en langue hébraïque. "Frères et pères, écoutez ce que j'ai maintenant à vous dire pour ma défense." Quand ils entendirent qu'il s'adressait à eux en langue hébraïque, leur silence se fit plus profond. Il poursuivit: "Je suis Juif. Né à Tarse en Cilicie, j'ai cependant été élevé ici dans cette ville, et c'est aux pieds de Gamaliel que j'ai été formé à l'exacte observance de la Loi de nos pères, et j'étais rempli du zèle de Dieu, comme vous l'êtes tous aujourd'hui. J'ai persécuté à mort cette Voie, chargeant de chaînes et jetant en prison hommes et femmes, comme le grand prêtre m'en est témoin, ainsi que tout le collège des anciens. J'avais même reçu d'eux des lettres pour les frères de Damas, et je m'y rendais en vue d'amener ceux de là-bas enchaînés à Jérusalem pour y être châtiés. "Je faisais route et j'approchais de Damas, quand tout à coup, vers midi, une grande lumière venue du ciel m'enveloppa de son éclat. Je tombai sur le sol et j'entendis une voix qui me disait: Saoul, Saoul, pourquoi me persécutes-tu? Je répondis: Qui es-tu, Seigneur? Il me dit alors: Je suis Jésus le Nazôréen, que tu persécutes. Ceux qui étaient avec moi virent bien la lumière, mais ils n'entendirent pas la voix de celui qui me parlait. Je repris: Que dois-je faire, Seigneur? Le Seigneur me dit: Relève-toi. Va à Damas. Là on te dira tout ce qu'il t'est prescrit de faire. Mais comme je n'y voyais plus à cause de l'éclat de cette lumière, c'est conduit par la main de mes compagnons que j'arrivai à Damas. "Il y avait là un certain Ananie, homme dévot selon la Loi et jouissant du bon témoignage de tous les Juifs de la ville; il vint me trouver et, une fois près de moi, me dit: Saoul, mon frère, recouvre la vue. Et moi, au même instant, je pus le voir. Il dit alors: Le Dieu de nos pères t'a prédestiné à connaître sa volonté, à voir le Juste et à entendre la voix sortie de sa bouche; car pour lui tu dois être témoin devant tous les hommes de ce que tu as vu et entendu. Pourquoi tarder encore? Allons! Reçois le baptême et purifie-toi de tes péchés en invoquant son nom. "De retour à Jérusalem, il m'est arrivé, un jour que je priais dans le Temple, de tomber en extase. Je vis le Seigneur, qui me dit: Hâte-toi, sors vite de Jérusalem, car ils n'accueilleront pas ton témoignage à mon sujet. -- Seigneur, répondis-je, ils savent pourtant bien que, de synagogue en synagogue, je faisais jeter en prison et battre de verges ceux qui croient en toi; et quand on répandait le sang d'Etienne, ton témoin, j'étais là, moi aussi, d'accord avec ceux qui le tuaient, et je gardais leurs vêtements'' Il me dit alors: Va; c'est au loin, vers les païens, que moi, je veux t'envoyer." Jusque-là on l'écoutait. Mais à ces mots, on se mit à crier: "Otez de la terre un pareil individu! Il n'est pas digne de vivre." On vociférait, on jetait ses vêtements, on lançait de la poussière en l'air. Le tribun le fit alors introduire dans la forteresse et ordonna de lui donner la question par le fouet, afin de savoir pour quel motif on criait ainsi contre lui. Quand on l'eut attaché avec les courroies, Paul dit au centurion de service: "Un citoyen romain, et qui n'a même pas été jugé, vous est-il permis de lui appliquer le fouet?" A ces mots, le centurion alla trouver le tribun pour le prévenir: "Que vas-tu faire? Cet homme est citoyen romain." Le tribun vint donc demander à Paul: "Dis-moi, tu es citoyen romain?" - "Oui", répondit-il. Le tribun reprit: "Moi, il m'a fallu une forte somme pour acheter ce droit de cité" - "Et moi, dit Paul, je l'ai de naissance." Aussitôt donc, ceux qui allaient le mettre à la question s'écartèrent de lui et le tribun lui-même eut peur, sachant que c'était un citoyen romain qu'il avait chargé de chaînes. Le lendemain, voulant savoir de quoi les Juifs l'accusaient au juste, il le fit détacher et ordonna aux grands prêtres ainsi qu'à tout le Sanhédrin de se réunir; puis il amena Paul et le fit comparaître devant eux. Fixant du regard le Sanhédrin, Paul dit: "Frères, c'est tout à fait en bonne conscience que je me suis conduit devant Dieu jusqu'à ce jour." Mais le grand prêtre Ananie ordonna à ses assistants de le frapper sur la bouche. Alors Paul lui dit: "C'est Dieu qui te frappera, toi, muraille blanchie! Eh quoi! Tu sièges pour me juger d'après la Loi, et, au mépris de la Loi, tu ordonnes de me frapper!" Les assistants lui dirent: "C'est le grand prêtre de Dieu que tu insultes?" Paul répondit: "Je ne savais pas, frères, que ce fût le grand prêtre. Car il est écrit: Tu ne maudiras pas le chef de ton peuple." Paul savait qu'il y avait là d'un côté le parti des Sadducéens, de l'autre celui des Pharisiens. Il s'écria donc dans le Sanhédrin: "Frères, je suis, moi, Pharisien, fils de Pharisiens. C'est pour notre espérance, la résurrection des morts, que je suis mis en jugement." A peine eut-il dit cela qu'un conflit se produisit entre Pharisiens et Sadducéens, et l'assemblée se divisa. Les Sadducéens disent en effet qu'il n'y a ni résurrection, ni ange, ni esprit, tandis que les Pharisiens professent l'un et l'autre. Il se fit donc une grande clameur. Quelques scribes du parti des Pharisiens se levèrent et protestèrent énergiquement: "Nous ne trouvons rien de mal en cet homme. Et si un esprit lui avait parlé? Ou un ange?" La dispute devenait de plus en plus vive. Le tribun, craignant qu'ils ne missent Paul en pièces, fit descendre la troupe pour l'enlever du milieu d'eux et le ramener à la forteresse. La nuit suivante, le Seigneur vint le trouver et lui dit: "Courage! De même que tu as rendu témoignage de moi à Jérusalem, ainsi faut-il encore que tu témoignes à Rome." Lorsqu'il fit jour, les Juifs tinrent un conciliabule, où ils s'engagèrent par anathème à ne pas manger ni boire avant d'avoir tué Paul. Ils étaient plus de 40 à avoir fait cette conjuration. Ils allèrent trouver les grands prêtres et les anciens, et leur dirent: "Nous nous sommes engagés par anathème à ne rien prendre avant d'avoir tué Paul. Vous donc maintenant, d'accord avec le Sanhédrin, expliquez au tribun qu'il doit vous l'amener, sous prétexte d'examiner plus à fond son affaire. De notre côté, nous sommes prêts à le tuer avant qu'il n'arrive." Mais le fils de la soeur de Paul eut connaissance du guet-apens. Il se rendit à la forteresse, entra et prévint Paul. Appelant un des centurions, Paul lui dit: "Conduis ce jeune homme au tribun; il a quelque chose à lui communiquer." Le centurion le prit donc et l'amena au tribun. "Le prisonnier Paul, dit-il, m'a appelé et m'a prié de t'amener ce jeune homme, qui a quelque chose à te dire." Le tribun prit le jeune homme par la main, se retira à l'écart et lui demanda: "Qu'as-tu à me communiquer?" - "Les Juifs, répondit-il, se sont concertés pour te prier d'amener Paul demain au Sanhédrin, sous prétexte d'enquêter plus à fond sur son cas. Ne va pas les croire. Plus de 40 d'entre eux le guettent, qui se sont engagés par anathème à ne pas manger ni boire avant de l'avoir tué. Et maintenant, ils sont tout prêts, escomptant ton accord." Le tribun congédia le jeune homme avec cette recommandation: "Ne raconte à personne que tu m'as révélé ces choses." Puis il appela deux des centurions et leur dit: "Tenez prêts à partir pour Césarée, dès la troisième heure de la nuit,200 soldats,70 cavaliers et 200 hommes d'armes. Qu'on ait aussi des chevaux pour faire monter Paul et le conduire sain et sauf au gouverneur Félix." Et il écrivit une lettre ainsi conçue: "Claudius Lysias au très excellent gouverneur Félix, salut! L'homme que voici avait été pris par les Juifs, et ils allaient le tuer, quand j'arrivai avec la troupe et le leur arrachai, ayant appris qu'il était citoyen romain. J'ai voulu savoir au juste pourquoi ils l'accusaient et je l'ai amené dans leur Sanhédrin. J'ai constaté que l'accusation se rapportait à des points contestés de leur Loi, mais qu'il n'y avait aucune charge qui entraînât la mort ou les chaînes. Avisé qu'un complot se préparait contre cet homme, je te l'ai aussitôt envoyé, et j'ai informé ses accusateurs qu'ils avaient à porter devant toi leur plainte contre lui." Conformément aux ordres reçus, les soldats prirent Paul et le conduisirent de nuit à Antipatris. Le lendemain, ils laissèrent les cavaliers s'en aller avec lui et rentrèrent à la forteresse. Arrivés à Césarée, les cavaliers remirent la lettre au gouverneur et lui présentèrent Paul. Après avoir lu la lettre, le gouverneur s'informa de quelle province il était. Apprenant qu'il était de Cilicie: "Je t'entendrai, dit-il, quand tes accusateurs seront arrivés, eux aussi." Et il le fit garder dans le prétoire d'Hérode. Cinq jours plus tard, le grand prêtre Ananie descendit avec quelques anciens et un avocat, un certain Tertullus, et, devant le gouverneur, ils se constituèrent accusateurs de Paul. Celui-ci fut appelé, et Tertullus entama l'accusation en ces termes: "La paix profonde dont nous jouissons grâce à toi et les réformes dont cette nation est redevable à ta providence, en tout et partout nous les accueillons, très excellent Félix, avec toutes sortes d'actions de grâces. Mais pour ne pas t'importuner davantage, je te prie de nous écouter un instant avec la bienveillance qui te caractérise. Cet homme, nous l'avons constaté, est une peste: il suscite des désordres chez tous les Juifs du monde entier, et c'est un meneur du parti des Nazôréens. Il a même tenté de profaner le Temple, et nous l'avons alors arrêté. *** C'est par lui que tu pourras toi-même, en l'interrogeant, t'assurer du bien-fondé de toutes nos accusations contre lui." Les Juifs l'appuyèrent, assurant qu'il en était bien ainsi. Alors, le gouverneur lui ayant fait signe de parler, Paul répondit: "Voilà, je le sais, de nombreuses années que tu as cette nation sous ta juridiction; aussi est-ce avec confiance que je plaiderai ma cause. Tu peux t'en assurer: il n'y a pas plus de douze jours que je suis monté en pèlerinage à Jérusalem, et, ni dans le Temple, ni dans les synagogues, ni par la ville, on ne m'a trouvé en discussion avec quelqu'un ou en train d'ameuter la foule. Ils ne peuvent pas davantage te prouver ce dont ils m'accusent maintenant. "Je t'avoue pourtant ceci: c'est suivant la Voie, qualifiée par eux de parti, que je sers le Dieu de mes pères, gardant ma foi à tout ce qu'il y a dans la Loi et à ce qui est écrit dans les Prophètes, ayant en Dieu l'espérance, comme ceux-ci l'ont eux-mêmes, qu'il y aura une résurrection des justes et des pécheurs. C'est pourquoi, moi aussi, je m'applique à avoir sans cesse une conscience irréprochable devant Dieu et devant les hommes. "Au bout de bien des années, je suis venu apporter des aumônes à ma nation et présenter des offrandes: c'est ainsi qu'ils m'ont trouvé dans le Temple; je m'étais purifié et ne provoquais ni attroupement ni tumulte. Mais quelques Juifs d'Asie... c'est eux qui auraient dû se présenter devant toi et m'accuser, s'ils avaient quelque chose contre moi! Que ceux-ci du moins disent, eux, de quel délit ils m'ont trouvé coupable lorsque j'ai comparu devant le Sanhédrin! A moins qu'il ne s'agisse de cette seule parole que j'ai criée, debout au milieu d'eux: C'est à cause de la résurrection des morts que je suis mis aujourd'hui en jugement devant vous." Félix, qui était fort exactement informé de ce qui concerne la Voie, les ajourna en disant: "Dès que le tribun Lysias sera descendu, je statuerai sur votre affaire." Il prescrivit au centurion de garder Paul prisonnier, mais de lui laisser quelques facilités et de n'empêcher aucun des siens de lui rendre service. Quelques jours plus tard, Félix vint avec sa femme Drusille, qui était juive. Il envoya chercher Paul et l'écouta parler de la foi au Christ Jésus. Mais comme il se mettait à discourir sur la justice, la continence, le jugement à venir, Félix prit peur et répondit: "Pour le moment, tu peux aller. Je te rappellerai à la première occasion." Il espérait par ailleurs que Paul lui donnerait de l'argent; aussi l'envoyait-il assez souvent chercher pour converser avec lui. Après deux années révolues, Félix reçut pour successeur Porcius Festus. Voulant faire plaisir aux Juifs, Félix laissa Paul en captivité. Trois jours après son arrivée dans la province, Festus monta de Césarée à Jérusalem. Les grands prêtres et les notables juifs se constituèrent devant lui accusateurs de Paul. Lui présentant leur requête contre celui-ci, ils sollicitaient comme une faveur qu'il fût transféré à Jérusalem; ils préparaient un guet-apens pour le tuer en chemin. Mais Festus répondit que Paul devait rester en prison à Césarée, que lui-même d'ailleurs allait partir tout de suite. "Que ceux donc d'entre vous qui ont qualité, dit-il, descendent avec moi et, si cet homme est coupable en quelque manière, qu'ils le mettent en accusation." Après avoir passé chez eux huit à dix jours au plus, il descendit à Césarée et, siégeant au tribunal le lendemain, il fit amener Paul. Quand celui-ci fut arrivé, les Juifs descendus de Jérusalem l'entourèrent, portant contre lui des accusations multiples et graves, qu'ils n'étaient pas capables de prouver. Paul se défendait: "Je n'ai, disait-il, commis aucune faute contre la Loi des Juifs, ni contre le Temple, ni contre César." Voulant faire plaisir aux Juifs, Festus répondit à Paul: "Veux-tu monter à Jérusalem pour y être jugé là-dessus en ma présence?" Mais Paul répliqua: "Je suis devant le tribunal de César; c'est là que je dois être jugé. Je n'ai fait aucun tort aux Juifs, tu le sais très bien toi-même. Mais si je suis réellement coupable, si j'ai commis quelque crime qui mérite la mort, je ne refuse pas de mourir. Si, par contre, il n'y a rien de fondé dans les accusations de ces gens-là contre moi, nul n'a le droit de me céder à eux. J'en appelle à César!" Alors Festus, après en avoir conféré avec son conseil, répondit: "Tu en appelles à César, tu iras devant César." Quelques jours plus tard, le roi Agrippa et Bérénice arrivèrent à Césarée et vinrent saluer Festus. Comme leur séjour se prolongeait, Festus exposa au roi l'affaire de Paul: "Il y a ici, dit-il, un homme que Félix a laissé en captivité. Pendant que j'étais à Jérusalem, les grands prêtres et les anciens des Juifs ont porté plainte à son sujet, demandant sa condamnation. Je leur ai répondu que les Romains n'ont pas l'habitude de céder un homme avant que, ayant été accusé, il ait eu ses accusateurs en face de lui et qu'on lui ait donné la possibilité de se défendre contre l'inculpation. Ils sont donc venus ici avec moi, et, sans y apporter aucun délai, dès le lendemain, j'ai siégé à mon tribunal et fait amener l'homme. Mis en sa présence, les accusateurs n'ont soulevé aucun grief concernant des forfaits que, pour ma part, j'aurais soupçonnés. Ils avaient seulement avec lui je ne sais quelles contestations touchant leur religion à eux et touchant un certain Jésus, qui est mort, et que Paul affirme être en vie. Pour moi, embarrassé devant un débat de ce genre, je lui ai demandé s'il voulait aller à Jérusalem pour y être jugé là-dessus. Mais Paul ayant interjeté appel pour que son cas fût réservé au jugement de l'auguste empereur, j'ai ordonné de le garder jusqu'à ce que je l'envoie à César." Agrippa dit à Festus: "Je voudrais, moi aussi, entendre cet homme" - "Demain, dit-il, tu l'entendras." Le lendemain donc, Agrippa et Bérénice vinrent en grande pompe et se rendirent à la salle d'audience, entourés des tribuns et des notabilités de la ville. Sur l'ordre de Festus, on amena Paul. Festus dit alors: "Roi Agrippa et vous tous ici présents avec nous, vous voyez cet homme au sujet duquel la communauté juive tout entière est intervenue auprès de moi, tant à Jérusalem qu'ici, protestant à grands cris qu'il ne fallait pas le laisser vivre davantage. Pour moi, j'ai reconnu qu'il n'a rien fait qui mérite la mort; cependant, comme il en a lui-même appelé à l'auguste empereur, j'ai décidé de le lui envoyer. Je n'ai rien de bien précis à écrire au Seigneur sur son compte; c'est pourquoi je l'ai fait comparaître devant vous, devant toi surtout, roi Agrippa, afin qu'après cet interrogatoire, j'aie quelque chose à écrire. Il me paraît absurde, en effet, d'envoyer un prisonnier sans indiquer en même temps les charges qui pèsent sur lui." Agrippa dit à Paul: "Tu es autorisé à plaider ta cause." Alors, étendant la main, Paul présenta sa défense: "De tout ce dont me chargent les Juifs, je m'estime heureux, roi Agrippa, d'avoir aujourd'hui à me disculper devant toi, d'autant plus que tu es au courant de toutes les coutumes et controverses des Juifs. Aussi, je te prie de m'écouter avec patience. "Ce qu'a été ma vie depuis ma jeunesse, comment depuis le début j'ai vécu au sein de ma nation, à Jérusalem même, tous les Juifs le savent. Ils me connaissent de longue date et peuvent, s'ils le veulent, témoigner que j'ai vécu suivant le parti le plus strict de notre religion, en Pharisien. Maintenant encore, si je suis mis en jugement, c'est à cause de mon espérance en la promesse faite par Dieu à nos pères et dont nos douze tribus, dans le culte qu'elles rendent à Dieu avec persévérance, nuit et jour, espèrent atteindre l'accomplissement. C'est pour cette espérance, ô roi, que je suis mis en accusation par les Juifs. Pourquoi juge-t-on incroyable parmi vous que Dieu ressuscite les morts? "Pour moi donc, j'avais estimé devoir employer tous les moyens pour combattre le nom de Jésus le Nazôréen. Et c'est ce que j'ai fait à Jérusalem; j'ai moi-même jeté en prison un grand nombre de saints, ayant reçu ce pouvoir des grands prêtres, et quand on les mettait à mort, j'apportais mon suffrage. Souvent aussi, parcourant toutes les synagogues, je voulais, par mes sévices, les forcer à blasphémer et, dans l'excès de ma fureur contre eux, je les poursuivais jusque dans les villes étrangères. "C'est ainsi que je me rendis à Damas avec pleins pouvoirs et mission des grands prêtres. En chemin, vers midi, je vis, ô roi, venant du ciel et plus éclatante que le soleil, une lumière qui resplendit autour de moi et de ceux qui m'accompagnaient. Tous nous tombâmes à terre, et j'entendis une voix qui me disait en langue hébraïque: Saoul, Saoul, pourquoi me persécutes-tu? Il est dur pour toi de regimber contre l'aiguillon. Je répondis: Qui es-tu, Seigneur? Le Seigneur dit: Je suis Jésus, que tu persécutes. Mais relève-toi et tiens-toi debout. Car voici pourquoi je te suis apparu: pour t'établir serviteur et témoin de la vision dans laquelle tu viens de me voir et de celles où je me montrerai encore à toi. C'est pour cela que je te délivrerai du peuple et des nations païennes, vers lesquelles je t'envoie, moi, pour leur ouvrir les yeux, afin qu'elles reviennent des ténèbres à la lumière et de l'empire de Satan à Dieu, et qu'elles obtiennent, par la foi en moi, la rémission de leurs péchés et une part d'héritage avec les sanctifiés. "Dès lors, roi Agrippa, je n'ai pas été rebelle à la vision céleste. Bien au contraire, aux habitants de Damas d'abord, à Jérusalem et dans tout le pays de Judée, puis aux païens, j'ai prêché qu'il fallait se repentir et revenir à Dieu en faisant des oeuvres qui conviennent au repentir. Voilà pourquoi les Juifs, s'étant saisis de moi dans le Temple, essayaient de me tuer. Soutenu par la protection de Dieu, j'ai continué jusqu'à ce jour à rendre mon témoignage devant petits et grands, sans jamais rien dire en dehors de ce que les Prophètes et Moïse avaient déclaré devoir arriver: que le Christ souffrirait et que, ressuscité le premier d'entre les morts, il annoncerait la lumière au peuple et aux nations païennes." Il en était là de sa défense, quand Festus dit à haute voix: "Tu es fou, Paul; ton grand savoir te fait perdre la tête." Sur quoi Paul de dire: "Je ne suis pas fou, très excellent Festus, mais je parle un langage de vérité et de bon sens. Car il est instruit de ces choses, le roi, auquel je m'adresse en toute assurance, persuadé que rien ne lui en est étranger. Car ce n'est pas dans un coin que cela s'est passé! Crois-tu aux prophètes, roi Agrippa? Je sais que tu y crois." Et le roi Agrippa de répondre à Paul: "Encore un peu et, par tes raisons, tu vas faire de moi un chrétien!" Et Paul: "Qu'il s'en faille de peu ou de beaucoup, puisse Dieu faire que non seulement toi, mais tous ceux qui m'écoutent aujourd'hui, vous deveniez tels que je suis moi-même, à l'exception des chaînes que voici." Là-dessus le roi se leva, ainsi que le gouverneur, Bérénice et ceux qui étaient assis avec eux. En se retirant, ils parlaient entre eux: "Cet homme, disaient-ils, n'a rien fait qui mérite la mort ni les chaînes." Agrippa, lui, dit à Festus: "On aurait pu relâcher cet homme s'il n'en avait appelé à César." Quand notre embarquement pour l'Italie eut été décidé, on remit Paul et quelques autres prisonniers à un centurion de la cohorte Augusta, nommé Julius. Nous montâmes à bord d'un vaisseau d'Adramyttium qui allait partir pour les côtes d'Asie, et nous prîmes la mer. Il y avait avec nous Aristarque, un Macédonien de Thessalonique. Le lendemain, nous touchâmes à Sidon. Julius fit preuve d'humanité à l'égard de Paul en lui permettant d'aller trouver ses amis et de recevoir leurs bons offices. Partis de là, nous longeâmes la côte de Chypre, parce que les vents étaient contraires. Traversant ensuite les mers de Cilicie et de Pamphylie, nous arrivâmes au bout de quinze jours à Myre en Lycie. Là, le centurion trouva un navire alexandrin en partance pour l'Italie et nous fit monter à bord. Pendant plusieurs jours la navigation fut lente, et nous arrivâmes à grand-peine à la hauteur de Cnide. Le vent ne nous permit pas d'aborder, nous longeâmes alors la Crète vers le cap Salmoné, et après l'avoir côtoyée péniblement, nous arrivâmes à un endroit appelé Bons-Ports, près duquel se trouve la ville de Lasaïa. Il s'était écoulé pas mal de temps, et la navigation était désormais périlleuse, car même le Jeûne était déjà passé. Paul les en avertissait: "Mes amis, leur disait-il, je vois que la navigation n'ira pas sans péril et sans grave dommage non seulement pour la cargaison et le navire, mais même pour nos personnes." Le centurion se fiait au capitaine et à l'armateur plutôt qu'aux dires de Paul; le port se prêtait d'ailleurs mal à l'hivernage. La plupart furent donc d'avis de partir et de gagner, si possible, pour y passer l'hiver, Phénix, un port de Crète tourné vers le sud-ouest et le nord-ouest. Un léger vent du sud s'étant levé, ils se crurent en mesure d'exécuter leur projet. Ils levèrent l'ancre et se mirent à côtoyer de près la Crète. Mais bientôt, venant de l'île, se déchaîna un vent d'ouragan nommé Euraquilon. Le navire fut entraîné et ne put tenir tête au vent; nous nous abandonnâmes donc à la dérive. Filant sous une petite île appelée Cauda, nous réussîmes à grand-peine à nous rendre maîtres de la chaloupe. Après l'avoir hissée, on fit usage des engins de secours: on ceintura le navire; puis, par crainte d'aller échouer sur la Syrte, on laissa glisser l'ancre flottante. On allait ainsi à la dérive. Le lendemain, comme nous étions furieusement battus de la tempête, on se mit à délester le navire et, le troisième jour, de leurs propres mains, les matelots jetèrent les agrès à la mer. Ni soleil ni étoiles n'avaient brillé depuis plusieurs jours, et la tempête gardait toujours la même violence; aussi tout espoir de salut était-il désormais perdu pour nous. Il y avait longtemps qu'on n'avait plus mangé: alors Paul, debout au milieu des autres, leur dit: "Il fallait m'écouter, mes amis, et ne pas quitter la Crète; on se serait épargné ce péril et ce dommage. Quoi qu'il en soit, je vous invite à avoir bon courage, car aucun de vous n'y laissera la vie, le navire seul sera perdu. Cette nuit en effet m'est apparu un ange du Dieu auquel j'appartiens et que je sers, et il m'a dit: Sois sans crainte, Paul. Il faut que tu comparaisses devant César, et voici que Dieu t'accorde la vie de tous ceux qui naviguent avec toi. Courage donc, mes amis! Je me fie à Dieu de ce qu'il en sera comme il m'a été dit. Mais nous devons échouer sur une île." C'était la quatorzième nuit et nous étions ballottés sur l'Adriatique, quand, vers minuit, les matelots pressentirent l'approche d'une terre. Ils lancèrent la sonde et trouvèrent vingt brasses; un peu plus loin, ils la lancèrent encore et trouvèrent quinze brasses. Craignant donc que nous n'allions échouer quelque part sur des écueils, ils jetèrent quatre ancres à la poupe; et ils appelaient de leurs voeux la venue du jour. Mais les matelots cherchaient à s'enfuir du navire. Ils mirent la chaloupe à la mer, sous prétexte d'aller élonger les ancres de la proue. Paul dit alors au centurion et aux soldats: "Si ces gens-là ne restent pas sur le navire, vous ne pouvez être sauvés." Sur ce les soldats coupèrent les cordes de la chaloupe et la laissèrent tomber. En attendant que parût le jour, Paul engageait tout le monde à prendre de la nourriture. "Voici aujourd'hui quatorze jours, disait-il, que, dans l'attente, vous restez à jeun, sans rien prendre. Je vous engage donc à prendre de la nourriture, car c'est votre propre salut qui est ici en jeu. Nul d'entre vous ne perdra un cheveu de sa tête." Cela dit, il prit du pain, rendit grâces à Dieu devant tous, le rompit et se mit à manger. Alors, retrouvant leur courage, eux aussi prirent tous de la nourriture. Nous étions en tout sur le navire 276 personnes. Une fois rassasiés, on se mit à alléger le navire en jetant le blé à la mer. Quand le jour parut, les marins ne reconnurent pas la terre; ils distinguaient seulement une baie avec une plage, et ils se proposaient, si possible, d'y pousser le navire. Ils détachèrent les ancres, qu'ils abandonnèrent à la mer; ils relâchèrent en même temps les amarres des gouvernails. Puis, hissant au vent la voile d'artimon, ils se laissèrent porter vers la plage. Mais ayant touché un haut-fond entre deux courants, ils y firent échouer le navire. La proue, fortement engagée, restait immobile, tandis que la poupe, violemment secouée, se disloquait. Les soldats résolurent alors de tuer les prisonniers, de peur qu'il ne s'en échappât quelqu'un à la nage. Mais le centurion, qui voulait sauver Paul, s'opposa à leur dessein. Il donna l'ordre à ceux qui savaient nager de se jeter à l'eau les premiers et de gagner la terre; quant aux autres, ils la gagneraient, qui sur des planches, qui sur les épaves du navire. Et c'est ainsi que tous parvinrent sains et saufs à terre. Une fois sauvés, nous apprîmes que l'île s'appelait Malte. Les indigènes nous traitèrent avec une humanité peu banale. Ils nous accueillirent tous auprès d'un grand feu qu'ils avaient allumé à cause de la pluie qui était survenue et du froid. Comme Paul ramassait une brassée de bois sec et la jetait dans le feu, une vipère, que la chaleur en fit sortir, s'accrocha à sa main. Quand les indigènes virent la bête suspendue à sa main, ils se dirent entre eux: "Pour sûr, c'est un assassin que cet homme: il vient d'échapper à la mer, et la vengeance divine ne lui permet pas de vivre." Mais lui secoua la bête dans le feu et n'en ressentit aucun mal. Ils s'attendaient à le voir enfler ou tomber raide mort. Après avoir attendu longtemps, voyant qu'il ne lui arrivait rien d'anormal, ils changèrent d'avis et se mirent à dire que c'était un dieu. Il y avait à proximité de cet endroit un domaine appartenant au Premier de l'île, nommé Publius. Celui-ci nous reçut et nous hébergea complaisamment pendant trois jours. Justement le père de Publius, en proie aux fièvres et à la dysenterie, était alité. Paul alla le voir, pria, lui imposa les mains et le guérit. Sur quoi, les autres malades de l'île vinrent aussi le trouver et furent guéris. Aussi nous comblèrent-ils de toutes sortes de prévenances et, à notre départ, nous pourvurent-ils du nécessaire. Au bout de trois mois, nous prîmes la mer sur un navire qui avait hiverné dans l'île; c'était un bateau alexandrin, à l'enseigne des Dioscures. Nous abordâmes à Syracuse et y demeurâmes trois jours. De là, en longeant la côte, nous allâmes à Rhegium. Le jour suivant, le vent du Sud se leva, et nous parvenions le surlendemain à Puteoli. Y trouvant des frères, nous eûmes la consolation de rester sept jours avec eux. Et c'est ainsi que nous arrivâmes à Rome. Les frères de cette ville, informés de notre arrivée, vinrent à notre rencontre jusqu'au Forum d'Appius et aux Trois-Tavernes. En les voyant, Paul rendit grâces à Dieu et reprit courage. Quand nous fûmes entrés dans Rome, on permit à Paul de loger en son particulier avec le soldat qui le gardait. Trois jours après, il convoqua les notables juifs. Lorsqu'ils furent réunis, il leur dit: "Frères, alors que je n'avais rien fait contre notre peuple ni contre les coutumes des pères, j'ai été arrêté à Jérusalem et livré aux mains des Romains. Enquête faite, ceux-ci voulaient me relâcher, parce qu'il n'y avait rien en moi qui méritât la mort. Mais comme les Juifs s'y opposaient, j'ai été contraint d'en appeler à César, sans pourtant vouloir accuser en rien ma nation. Voilà pourquoi j'ai demandé à vous voir et à vous parler; car c'est à cause de l'espérance d'Israël que je porte les chaînes que voici." Ils lui répondirent: "Pour notre compte, nous n'avons reçu à ton sujet aucune lettre de Judée, et aucun des frères arrivés ici ne nous a rien communiqué ni appris de fâcheux sur ton compte. Mais nous voudrions entendre de ta bouche ce que tu penses; car pour ce qui est de ce parti-là, nous savons qu'il rencontre partout la contradiction." Ils prirent donc jour avec lui et vinrent en plus grand nombre le trouver en son logis. Dans l'exposé qu'il leur fit, il rendait témoignage du Royaume de Dieu et cherchait à les persuader au sujet de Jésus, en partant de la Loi de Moïse et des Prophètes. Cela dura depuis le matin jusqu'au soir. Les uns se laissaient persuader par ses paroles, les autres restaient incrédules. Ils se séparaient sans être d'accord entre eux, quand Paul dit ce simple mot: "Elles sont bien vraies les paroles que l'Esprit Saint a dites à vos pères par la bouche du prophète Isaïe: Va trouver ce peuple et dis-lui: vous aurez beau écouter, vous ne comprendrez pas; vous aurez beau regarder, vous ne verrez pas. C'est que l'esprit de ce peuple s'est épaissi: ils se sont bouché les oreilles, ils ont fermé les yeux, de peur que leurs yeux ne voient, que leurs oreilles n'entendent, que leur esprit ne comprenne, qu'ils ne se convertissent. Et je les aurais guéris! "Sachez-le donc: c'est aux païens qu'a été envoyé ce salut de Dieu. Eux du moins, ils écouteront." *** Paul demeura deux années entières dans le logis qu'il avait loué. Il recevait tous ceux qui venaient le trouver, proclamant le Royaume de Dieu et enseignant ce qui concerne le Seigneur Jésus Christ avec pleine assurance et sans obstacle. Paul, serviteur du Christ Jésus, apôtre par vocation, mis à part pour annoncer l'Evangile de Dieu, que d'avance il avait promis par ses prophètes dans les saintes Ecritures, concernant son Fils, issu de la lignée de David selon la chair, établi Fils de Dieu avec puissance selon l'Esprit de sainteté, par sa résurrection des morts, Jésus Christ notre Seigneur, par qui nous avons reçu grâce et apostolat pour prêcher, à l'honneur de son nom, l'obéissance de la foi parmi tous les païens, dont vous faites partie, vous aussi, appelés de Jésus Christ, à tous les bien-aimés de Dieu qui sont à Rome, aux saints par vocation, à vous grâce et paix de par Dieu notre Père et le Seigneur Jésus Christ. Et d'abord je remercie mon Dieu par Jésus Christ à votre sujet à tous, de ce qu'on publie votre foi dans le monde entier. Car Dieu m'est témoin, à qui je rends un culte spirituel en annonçant l'Evangile de son Fils, avec quelle continuité je fais mémoire de vous et demande constamment dans mes prières d'avoir enfin une occasion favorable, si Dieu le veut, d'aller jusqu'à vous. Car j'ai un vif désir de vous voir, afin de vous communiquer quelque don spirituel, pour vous affermir, ou plutôt éprouver le réconfort parmi vous de notre foi commune à vous et à moi. Je ne veux pas vous laisser ignorer, frères, que j'ai souvent projeté de me rendre chez vous -- mais j'en fus empêché jusqu'ici -- afin de recueillir aussi quelque fruit parmi vous comme parmi les autres païens. Je me dois aux Grecs comme aux barbares, aux savants comme aux ignorants: de là mon empressement à vous porter l'Evangile à vous aussi, habitants de Rome. Car je ne rougis pas de l'Evangile: il est une force de Dieu pour le salut de tout homme qui croit, du Juif d'abord, puis du Grec. Car en lui la justice de Dieu se révèle de la foi à la foi, comme il est écrit: Le juste vivra de la foi. En effet, la colère de Dieu se révèle du haut du ciel contre toute impiété et toute injustice des hommes, qui tiennent la vérité captive dans l'injustice; car ce qu'on peut connaître de Dieu est pour eux manifeste: Dieu en effet le leur a manifesté. Ce qu'il a d'invisible depuis la création du monde se laisse voir à l'intelligence à travers ses oeuvres, son éternelle puissance et sa divinité, en sorte qu'ils sont inexcusables; puisque, ayant connu Dieu, ils ne lui ont pas rendu comme à un Dieu gloire ou actions de grâces, mais ils ont perdu le sens dans leurs raisonnements et leur coeur inintelligent s'est enténébré: dans leur prétention à la sagesse, ils sont devenus fous et ils ont changé la gloire du Dieu incorruptible contre une représentation, simple image d'hommes corruptibles, d'oiseaux, de quadrupèdes, de reptiles. Aussi Dieu les a-t-il livrés selon les convoitises de leur coeur à une impureté où ils avilissent eux-mêmes leurs propres corps; eux qui ont échangé la vérité de Dieu contre le mensonge, adoré et servi la créature de préférence au Créateur, qui est béni éternellement! Amen. Aussi Dieu les a-t-il livrés à des passions avilissantes: car leurs femmes ont échangé les rapports naturels pour des rapports contre nature; pareillement les hommes, délaissant l'usage naturel de la femme, ont brûlé de désir les uns pour les autres, perpétrant l'infamie d'homme à homme et recevant en leurs personnes l'inévitable salaire de leur égarement. Et comme ils n'ont pas jugé bon de garder la vraie connaissance de Dieu, Dieu les a livrés à leur esprit sans jugement, pour faire ce qui ne convient pas: remplis de toute injustice, de perversité, de cupidité, de malice; ne respirant qu'envie, meurtre, dispute, fourberie, malignité; diffamateurs, détracteurs, ennemis de Dieu, insulteurs, orgueilleux, fanfarons, ingénieux au mal, rebelles à leurs parents, insensés, déloyaux, sans coeur, sans pitié; connaissant bien pourtant le verdict de Dieu qui déclare dignes de mort les auteurs de pareilles actions, non seulement ils les font, mais ils approuvent encore ceux qui les commettent. Aussi es-tu sans excuse, qui que tu sois, toi qui juges. Car en jugeant autrui, tu juges contre toi-même: puisque tu agis de même, toi qui juges, et nous savons que le jugement de Dieu s'exerce selon la vérité sur les auteurs de pareilles actions. Et tu comptes, toi qui juges ceux qui les commettent et qui les fais toi-même, que tu échapperas au jugement de Dieu? Ou bien méprises-tu ses richesses de bonté, de patience, de longanimité, sans reconnaître que cette bonté de Dieu te pousse au repentir? Par ton endurcissement et l'impénitence de ton coeur, tu amasses contre toi un trésor de colère, au jour de la colère où se révélera le juste jugement de Dieu, qui rendra à chacun selon ses oeuvres: à ceux qui par la constance dans le bien recherchent gloire, honneur et incorruptibilité: la vie éternelle; aux autres, âmes rebelles, indociles à la vérité et dociles à l'injustice: la colère et l'indignation. Tribulation et angoisse à toute âme humaine qui s'adonne au mal, au Juif d'abord, puis au Grec; gloire, honneur et paix à quiconque fait le bien, au Juif d'abord, puis au Grec; car Dieu ne fait pas acception des personnes. En effet, quiconque aura péché sans la Loi, périra aussi sans la Loi; et quiconque aura péché sous la Loi, par la Loi sera jugé; ce ne sont pas les auditeurs de la Loi qui sont justes devant Dieu, mais les observateurs de la Loi qui seront justifiés. En effet, quand des païens privés de la Loi accomplissent naturellement les prescriptions de la Loi, ces hommes, sans posséder de Loi, se tiennent à eux-mêmes lieu de Loi; ils montrent la réalité de cette loi inscrite en leur coeur, à preuve le témoignage de leur conscience, ainsi que les jugements intérieurs de blâme ou d'éloge qu'ils portent les uns sur les autres... au jour où Dieu jugera les pensées secrètes des hommes, selon mon Evangile, par le Christ Jésus. Mais si toi, qui arbores le nom de Juif, qui te reposes sur la Loi, qui te glorifies en Dieu, qui connais sa volonté, qui discernes le meilleur, instruit par la Loi, et ainsi te flattes d'être toi-même le guide des aveugles, la lumière de qui marche dans les ténèbres, l'éducateur des ignorants, le maître des simples, parce que tu possèdes dans la Loi l'expression même de la science et de la vérité... eh bien! l'homme qui enseigne autrui, tu ne t'enseignes pas toi-même! tu prêches de ne pas dérober et tu dérobes! tu interdis l'adultère et tu commets l'adultère! tu abhorres les idoles, et tu pilles leurs temples! Toi qui te glorifies dans la Loi, en transgressant cette Loi, c'est Dieu que tu déshonores, car le nom de Dieu, à cause de vous, est blasphémé parmi les nations, dit l'Ecriture. La circoncision, en effet, te sert si tu pratiques la Loi; mais si tu transgresses la Loi, avec ta circoncision, tu n'es plus qu'un incirconcis. Si donc l'incirconcis garde les prescriptions de la Loi, son incirconcision ne vaudra-t-elle pas une circoncision? Et celui qui physiquement incirconcis accomplit la Loi te jugera, toi qui avec la lettre et avec la circoncision es transgresseur de la Loi, Car le Juif n'est pas celui qui l'est au-dehors, et la circoncision n'est pas au-dehors dans la chair, le vrai Juif l'est au-dedans et la circoncision dans le coeur, selon l'esprit et non pas selon la lettre: voilà celui qui tient sa louange non des hommes, mais de Dieu. Quelle est donc la supériorité du Juif? Quelle est l'utilité de la circoncision? Grande à tous égards. D'abord c'est à eux que furent confiés les oracles de Dieu. Quoi donc si d'aucuns furent infidèles? Leur infidélité va-t-elle annuler la fidélité de Dieu? Certes non! Il faut que Dieu soit véridique et tout homme menteur, comme dit l'Ecriture: Afin que tu sois justifié dans tes paroles, et triomphes si l'on te met en jugement. Mais si notre injustice met en relief la justice de Dieu, que dire? Dieu serait-il injuste en nous frappant de sa colère? Je parle en homme. Certes non! Sinon, comment Dieu jugera-t-il le monde? Mais si mon mensonge a rehaussé la vérité de Dieu pour sa gloire, de quel droit suis-je jugé moi aussi comme un pécheur? Ou bien, comme certains nous accusent outrageusement de le dire, devrions-nous faire le mal pour qu'en sorte le bien? Ceux-là méritent leur condamnation. Quoi donc? L'emportons-nous? Pas du tout. Car nous avons établi que Juifs et Grecs, tous sont soumis au péché, comme il est écrit: Il n'est pas de juste, pas un seul, il n'en est pas de sensé, pas un qui recherche Dieu. Tous ils sont dévoyés, ensemble pervertis; il n'en est pas qui fasse le bien, non, pas un seul. Leur gosier est un sépulcre béant, leur langue trame la ruse. Un venin d'aspic est sous leurs lèvres, la malédiction et l'aigreur emplissent leur bouche. Agiles sont leurs pieds à verser le sang; ruine et misère sont sur leurs chemins. Le chemin de la paix, ils ne l'ont pas connu, nulle crainte de Dieu devant leurs yeux. Or, nous le savons, tout ce que dit la Loi, elle le dit pour ceux qui sont sous la Loi, afin que toute bouche soit fermée, et le monde entier reconnu coupable devant Dieu, puisque personne ne sera justifié devant lui par la pratique de la Loi: la Loi ne fait que donner la connaissance du péché. Mais maintenant, sans la Loi, la justice de Dieu s'est manifestée, attestée par la Loi et les Prophètes, justice de Dieu par la foi en Jésus Christ, à l'adresse de tous ceux qui croient -- car il n'y a pas de différence: tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu -- et ils sont justifiés par la faveur de sa grâce en vertu de la rédemption accomplie dans le Christ Jésus: Dieu l'a exposé, instrument de propitiation par son propre sang moyennant la foi; il voulait montrer sa justice, du fait qu'il avait passé condamnation sur les péchés commis jadis au temps de la patience de Dieu; il voulait montrer sa justice au temps présent, afin d'être juste et de justifier celui qui se réclame de la foi en Jésus. Où donc est le droit de se glorifier? Il est exclu. Par quel genre de loi? Celle des oeuvres? Non, par une loi de foi. Car nous estimons que l'homme est justifié par la foi sans la pratique de la Loi. Ou alors Dieu est-il le Dieu des Juifs seulement, et non point des païens? Certes, également des païens; puisqu'il n'y a qu'un seul Dieu, qui justifiera les circoncis en vertu de la foi comme les incirconcis par le moyen de cette foi. Alors, par la foi nous privons la Loi de sa valeur? Certes non! Nous la lui conférons. Que dirons-nous donc d'Abraham, notre ancêtre selon la chair? Si Abraham tint sa justice des oeuvres, il a de quoi se glorifier. Mais non au regard de Dieu! Que dit en effet l'Ecriture? Abraham crut à Dieu, et ce lui fut compté comme justice. A qui fournit un travail on ne compte pas le salaire à titre gracieux: c'est un dû; mais à qui, au lieu de travailler, croit en celui qui justifie l'impie, on compte sa foi comme justice. Exactement comme David proclame heureux l'homme à qui Dieu attribue la justice indépendamment des oeuvres: Heureux ceux dont les offenses ont été remises, et les péchés couverts. Heureux l'homme à qui le Seigneur n'impute aucun péché. Cette déclaration de bonheur s'adresse-t-elle donc aux circoncis ou bien également aux incirconcis? Nous disons, en effet, que la foi d'Abraham lui fut comptée comme justice. Comment donc fut-elle comptée? Quand il était circoncis ou avant qu'il le fût? Non pas après, mais avant; et il reçut le signe de la circoncision comme sceau de la justice de la foi qu'il possédait quand il était incirconcis; ainsi devint-il à la fois le père de tous ceux qui croiraient sans avoir la circoncision, pour que la justice leur fût également comptée, et le père des circoncis, qui ne se contentent pas d'être circoncis, mais marchent sur les traces de la foi qu'avant la circoncision eut notre père Abraham. De fait ce n'est point par l'intermédiaire d'une loi qu'agit la promesse faite à Abraham ou à sa descendance de recevoir le monde en héritage, mais par le moyen de la justice de la foi. Car si l'héritage appartient à ceux qui relèvent de la Loi, la foi est sans objet, et la promesse sans valeur; la Loi en effet produit la colère, tandis qu'en l'absence de loi il n'y a pas non plus de transgression. Aussi dépend-il de la foi, afin d'être don gracieux, et qu'ainsi la promesse soit assurée à toute la descendance, qui se réclame non de la Loi seulement, mais encore de la foi d'Abraham, notre père à tous, comme il est écrit: Je t'ai établi père d'une multitude de peuples -- notre père devant Celui auquel il a cru, le Dieu qui donne la vie aux morts et appelle le néant à l'existence. Espérant contre toute espérance, il crut et devint ainsi père d'une multitude de peuples, selon qu'il fut dit: Telle sera ta descendance. C'est d'une foi sans défaillance qu'il considéra son corps déjà mort -- il avait quelque cent ans -- et le sein de Sara, mort également; appuyé sur la promesse de Dieu, sans hésitation ni incrédulité, mais avec une foi puissante, il rendit gloire à Dieu, certain que tout ce que Dieu a promis, il est assez puissant ensuite pour l'accomplir. Voilà pourquoi ce lui fut compté comme justice. Or quand l'Ecriture dit que sa foi lui fut comptée, ce n'est point pour lui seul; elle nous visait également, nous à qui la foi doit être comptée, nous qui croyons en celui qui ressuscita d'entre les morts Jésus notre Seigneur, livré pour nos fautes et ressuscité pour notre justification. Ayant donc reçu notre justification de la foi, nous sommes en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, lui qui nous a donné d'avoir accès par la foi à cette grâce en laquelle nous sommes établis et nous nous glorifions dans l'espérance de la gloire de Dieu. Que dis-je? Nous nous glorifions encore des tribulations, sachant bien que la tribulation produit la constance, la constance une vertu éprouvée, la vertu éprouvée l'espérance. Et l'espérance ne déçoit point, parce que l'amour de Dieu a été répandu dans nos coeurs par le Saint Esprit qui nous fut donné. C'est en effet alors que nous étions sans force, c'est alors, au temps fixé, que le Christ est mort pour des impies; -- à peine en effet voudrait-on mourir pour un homme juste; pour un homme de bien, oui, peut-être osera-t-on mourir; -- mais la preuve que Dieu nous aime, c'est que le Christ, alors que nous étions encore pécheurs, est mort pour nous. Combien plus, maintenant justifiés dans son sang, serons-nous par lui sauvés de la colère. Si, étant ennemis, nous fûmes réconciliés à Dieu par la mort de son Fils, combien plus, une fois réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie, et pas seulement cela, mais nous nous glorifions en Dieu par notre Seigneur Jésus Christ par qui dès à présent nous avons obtenu la réconciliation. Voilà pourquoi, de même que par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et qu'ainsi la mort a passé en tous les hommes, du fait que tous ont péché; -- car jusqu'à la Loi il y avait du péché dans le monde, mais le péché n'est pas imputé quand il n'y a pas de loi; cependant la mort a régné d'Adam à Moïse même sur ceux qui n'avaient point péché d'une transgression semblable à celle d'Adam, figure de celui qui devait venir... Mais il n'en va pas du don comme de la faute. Si, par la faute d'un seul, la multitude est morte, combien plus la grâce de Dieu et le don conféré par la grâce d'un seul homme, Jésus Christ, se sont-ils répandus à profusion sur la multitude. Et il n'en va pas du don comme des conséquences du péché d'un seul: le jugement venant après un seul péché aboutit à une condamnation, l'oeuvre de grâce à la suite d'un grand nombre de fautes aboutit à une justification. Si, en effet, par la faute d'un seul, la mort a régné du fait de ce seul homme, combien plus ceux qui reçoivent avec profusion la grâce et le don de la justice régneront-ils dans la vie par le seul Jésus Christ. Ainsi donc, comme la faute d'un seul a entraîné sur tous les hommes une condamnation, de même l'oeuvre de justice d'un seul procure à tous une justification qui donne la vie. Comme en effet par la désobéissance d'un seul homme la multitude a été constituée pécheresse, ainsi par l'obéissance d'un seul la multitude sera-t-elle constituée juste. La Loi, elle, est intervenue pour que se multipliât la faute; mais où le péché s'est multiplié, la grâce a surabondé: ainsi, de même que le péché a régné dans la mort, de même la grâce régnerait par la justice pour la vie éternelle par Jésus Christ notre Seigneur. Que dire alors? Qu'il nous faut rester dans le péché, pour que la grâce se multiplie? Certes non! Si nous sommes morts au péché, comment continuer de vivre en lui? Ou bien ignorez-vous que, baptisés dans le Christ Jésus, c'est dans sa mort que tous nous avons été baptisés? Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême dans la mort, afin que, comme le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous vivions nous aussi dans une vie nouvelle. Car si c'est un même être avec le Christ que nous sommes devenus par une mort semblable à la sienne, nous le serons aussi par une résurrection semblable; comprenons-le, notre vieil homme a été crucifié avec lui, pour que fût réduit à l'impuissance ce corps de péché, afin que nous cessions d'être asservis au péché. Car celui qui est mort est affranchi du péché. Mais si nous sommes morts avec le Christ, nous croyons que nous vivons aussi avec lui, sachant que le Christ une fois ressuscité des morts ne meurt plus, que la mort n'exerce plus de pouvoir sur lui. Sa mort fut une mort au péché, une fois pour toutes; mais sa vie est une vie à Dieu. Et vous de même, considérez que vous êtes morts au péché et vivants à Dieu dans le Christ Jésus. Que le péché ne règne donc plus dans votre corps mortel de manière à vous plier à ses convoitises. Ne faites plus de vos membres des armes d'injustice au service du péché; mais offrez-vous à Dieu comme des vivants revenus de la mort et faites de vos membres des armes de justice au service de Dieu. Car le péché ne dominera pas sur vous: vous n'êtes pas sous la Loi, mais sous la grâce. Quoi donc? Allons-nous pécher parce que nous ne sommes pas sous la Loi, mais sous la grâce? Certes non! Ne savez-vous pas qu'en vous offrant à quelqu'un comme esclaves pour obéir, vous devenez les esclaves du maître à qui vous obéissez, soit du péché pour la mort, soit de l'obéissance pour la justice? Mais grâces soient rendues à Dieu; jadis esclaves du péché, vous vous êtes soumis cordialement à la règle de doctrine à laquelle vous avez été confiés, et, affranchis du péché, vous avez été asservis à la justice. -- J'emploie une comparaison humaine en raison de votre faiblesse naturelle. -- Car si vous avez jadis offert vos membres comme esclaves à l'impureté et au désordre de manière à vous désordonner, offrez-les de même aujourd'hui à la justice pour sanctifier. Quand vous étiez esclaves du péché, vous étiez libres à l'égard de la justice. Quel fruit recueilliez-vous alors d'actions dont aujourd'hui vous rougissez? Car leur aboutissement, c'est la mort. Mais aujourd'hui, libérés du péché et asservis à Dieu, vous fructifiez pour la sainteté, et l'aboutissement, c'est la vie éternelle. Car le salaire du péché, c'est la mort; mais le don gratuit de Dieu, c'est la vie éternelle dans le Christ Jésus notre Seigneur. Ou bien ignorez-vous, frères -- je parle à des experts en fait de loi -- que la loi ne s'impose à l'homme que durant sa vie? C'est ainsi que la femme mariée est liée par la loi au mari tant qu'il est vivant; mais si l'homme meurt, elle se trouve dégagée de la loi du mari. C'est donc du vivant de son mari qu'elle portera le nom d'adultère, si elle devient la femme d'un autre; mais en cas de mort du mari, elle est si bien affranchie de la loi qu'elle n'est pas adultère en devenant la femme d'un autre. Ainsi, mes frères, vous de même vous avez été mis à mort à l'égard de la Loi par le corps du Christ pour appartenir à un autre, à Celui qui est ressuscité d'entre les morts, afin que nous fructifiions pour Dieu. De fait, quand nous étions dans la chair, les passions pécheresses qui se servent de la Loi opéraient en nos membres afin que nous fructifiions pour la mort. Mais à présent nous avons été dégagés de la Loi, étant morts à ce qui nous tenait prisonniers, de manière à servir dans la nouveauté de l'esprit et non plus dans la vétusté de la lettre. Qu'est-ce à dire? Que la Loi est péché? Certes non! Seulement je n'ai connu le péché que par la Loi. Et, de fait, j'aurais ignoré la convoitise si la Loi n'avait dit: Tu ne convoiteras pas! Mais, saisissant l'occasion, le péché par le moyen du précepte produisit en moi toute espèce de convoitise: car sans la Loi le péché n'est qu'un mort. Ah! je vivais jadis sans la Loi; mais quand le précepte est survenu, le péché a pris vie tandis que moi je suis mort, et il s'est trouvé que le précepte fait pour la vie me conduisit à la mort. Car le péché saisit l'occasion et, utilisant le précepte, me séduisit et par son moyen me tua. La Loi, elle, est donc sainte, et saint le précepte, et juste et bon. Une chose bonne serait-elle donc devenue mort pour moi? Certes non! Mais c'est le péché, lui, qui, afin de paraître péché, se servit d'une chose bonne pour me procurer la mort, afin que le péché exerçât toute sa puissance de péché par le moyen du précepte. En effet, nous savons que la Loi est spirituelle; mais moi je suis un être de chair, vendu au pouvoir du péché. Vraiment ce que je fais je ne le comprends pas: car je ne fais pas ce que je veux, mais je fais ce que je hais. Or si je fais ce que je ne veux pas, je reconnais, d'accord avec la Loi, qu'elle est bonne; en réalité ce n'est plus moi qui accomplis l'action, mais le péché qui habite en moi. Car je sais que nul bien n'habite en moi, je veux dire dans ma chair; en effet, vouloir le bien est à ma portée, mais non pas l'accomplir: puisque je ne fais pas le bien que je veux et commets le mal que je ne veux pas. Or si je fais ce que je ne veux pas, ce n'est plus moi qui accomplis l'action, mais le péché qui habite en moi. Je trouve donc une loi s'imposant à moi, quand je veux faire le bien; le mal seul se présente à moi. Car je me complais dans la loi de Dieu du point de vue de l'homme intérieur; mais j'aperçois une autre loi dans mes membres qui lutte contre la loi de ma raison et m'enchaîne à la loi du péché qui est dans mes membres. Malheureux homme que je suis! Qui me délivrera de ce corps qui me voue à la mort? Grâces soient à Dieu par Jésus Christ notre Seigneur! C'est donc bien moi qui par la raison sers une loi de Dieu et par la chair une loi de péché. Il n'y a donc plus maintenant de condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus. La loi de l'Esprit qui donne la vie dans le Christ Jésus t'a affranchi de la loi du péché et de la mort. De fait, chose impossible à la Loi, impuissante du fait de la chair, Dieu, en envoyant son propre Fils avec une chair semblable à celle du péché et en vue du péché, a condamné le péché dans la chair, afin que le précepte de la Loi fût accompli en nous dont la conduite n'obéit pas à la chair mais à l'esprit. En effet, ceux qui vivent selon la chair désirent ce qui est charnel; ceux qui vivent selon l'esprit, ce qui est spirituel. Car le désir de la chair, c'est la mort, tandis que le désir de l'esprit, c'est la vie et la paix, puisque le désir de la chair est inimitié contre Dieu: il ne se soumet pas à la loi de Dieu, il ne le peut même pas, et ceux qui sont dans la chair ne peuvent plaire à Dieu. Vous, vous n'êtes pas dans la chair mais dans l'esprit, puisque l'Esprit de Dieu habite en vous. Qui n'a pas l'Esprit du Christ ne lui appartient pas, mais si le Christ est en vous, bien que le corps soit mort déjà en raison du péché, l'Esprit est vie en raison de la justice. Et si l'Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts habite en vous, Celui qui a ressuscité le Christ Jésus d'entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous. Ainsi donc, mes frères, nous sommes débiteurs, mais non point envers la chair pour devoir vivre selon la chair. Car si vous vivez selon la chair, vous mourrez. Mais si par l'Esprit vous faites mourir les oeuvres du corps, vous vivrez. En effet, tous ceux qu'anime l'Esprit de Dieu sont fils de Dieu. Aussi bien n'avez-vous pas reçu un esprit d'esclaves pour retomber dans la crainte; vous avez reçu un esprit de fils adoptifs qui nous fait nous écrier: Abba! Père! L'Esprit en personne se joint à notre esprit pour attester que nous sommes enfants de Dieu. Enfants, et donc héritiers; héritiers de Dieu, et cohéritiers du Christ, puisque nous souffrons avec lui pour être aussi glorifiés avec lui. J'estime en effet que les souffrances du temps présent ne sont pas à comparer à la gloire qui doit se révéler en nous. Car la création en attente aspire à la révélation des fils de Dieu: si elle fut assujettie à la vanité, -- non qu'elle l'eût voulu, mais à cause de celui qui l'y a soumise, -- c'est avec l'espérance d'être elle aussi libérée de la servitude de la corruption pour entrer dans la liberté de la gloire des enfants de Dieu. Nous le savons en effet, toute la création jusqu'à ce jour gémit en travail d'enfantement. Et non pas elle seule: nous-mêmes qui possédons les prémices de l'Esprit, nous gémissons nous aussi intérieurement dans l'attente de la rédemption de notre corps. Car notre salut est objet d'espérance; et voir ce qu'on espère, ce n'est plus l'espérer: ce qu'on voit, comment pourrait-on l'espérer encore? Mais espérer ce que nous ne voyons pas, c'est l'attendre avec constance. Pareillement l'Esprit vient au secours de notre faiblesse; car nous ne savons que demander pour prier comme il faut; mais l'Esprit lui-même intercède pour nous en des gémissements ineffables, et Celui qui sonde les coeurs sait quel est le désir de l'Esprit et que son intercession pour les saints correspond aux vues de Dieu. Et nous savons qu'avec ceux qui l'aiment, Dieu collabore en tout pour leur bien, avec ceux qu'il a appelés selon son dessein. Car ceux que d'avance il a discernés, il les a aussi prédestinés à reproduire l'image de son Fils, afin qu'il soit l'aîné d'une multitude de frères; et ceux qu'il a prédestinés, il les a aussi appelés; ceux qu'il a appelés, il les a aussi justifiés; ceux qu'il a justifiés, il les a aussi glorifiés. Que dire après cela? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous? Lui qui n'a pas épargné son propre Fils mais l'a livré pour nous tous, comment avec lui ne nous accordera-t-il pas toute faveur? Qui se fera l'accusateur de ceux que Dieu a élus? C'est Dieu qui justifie. Qui donc condamnera? Le Christ Jésus, celui qui est mort, que dis-je? Ressuscité, qui est à la droite de Dieu, qui intercède pour nous? Qui nous séparera de l'amour du Christ? La tribulation, l'angoisse, la persécution, la faim, la nudité, les périls, le glaive? Selon le mot de l'Ecriture: A cause de toi, l'on nous met à mort tout le long du jour; nous avons passé pour des brebis d'abattoir. Mais en tout cela nous sommes les grands vainqueurs par celui qui nous a aimés. Oui, j'en ai l'assurance, ni mort ni vie, ni anges ni principautés, ni présent ni avenir, ni puissances, ni hauteur ni profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus notre Seigneur. Je dis la vérité dans le Christ, je ne mens point -- ma conscience m'en rend témoignage dans l'Esprit Saint --, j'éprouve une grande tristesse et une douleur incessante en mon coeur. Car je souhaiterais d'être moi-même anathème, séparé du Christ, pour mes frères, ceux de ma race selon la chair, eux qui sont Israélites, à qui appartiennent l'adoption filiale, la gloire, les alliances, la législation, le culte, les promesses et aussi les patriarches, et de qui le Christ est issu selon la chair, lequel est au-dessus de tout, Dieu béni éternellement! Amen. Non certes que la parole de Dieu ait failli. Car tous les descendants d'Israël ne sont pas Israël. De même que, pour être postérité d'Abraham, tous ne sont pas ses enfants; mais c'est par Isaac qu'une descendance portera ton nom, ce qui signifie: ce ne sont pas les enfants de la chair qui sont enfants de Dieu, seuls comptent comme postérité les enfants de la promesse. Voici en effet les termes de la promesse: Vers cette époque je viendrai et Sara aura un fils. Mieux encore, Rébecca avait conçu d'un seul homme, Isaac notre père: or, avant la naissance des enfants, quand ils n'avaient fait ni bien ni mal, pour que s'affirmât la liberté de l'élection divine, qui dépend de celui qui appelle et non des oeuvres, il lui fut dit: L'aîné servira le cadet, selon qu'il est écrit: J'ai aimé Jacob et j'ai haï Esaü. Qu'est-ce à dire? Dieu serait-il injuste? Certes non! Car il dit à Moïse: Je fais miséricorde à qui je fais miséricorde et j'ai pitié de qui j'ai pitié. Il n'est donc pas question de l'homme qui veut ou qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde. Car l'Ecriture dit au Pharaon: Je t'ai suscité à dessein pour montrer en toi ma puissance et pour qu'on célèbre mon nom par toute la terre. Ainsi donc il fait miséricorde à qui il veut, et il endurcit qui il veut. Tu vas donc me dire: Qu'a-t-il encore à blâmer? Qui résiste en effet à sa volonté? O homme! vraiment, qui es-tu pour disputer avec Dieu? L'oeuvre va-t-elle dire à celui qui l'a modelée: Pourquoi m'as-tu faite ainsi? Le potier n'est-il pas maître de son argile pour fabriquer de la même pâte un vase de luxe ou un vase ordinaire? Eh bien! si Dieu, voulant manifester sa colère et faire connaître sa puissance, a supporté avec beaucoup de longanimité des vases de colère devenus dignes de perdition, dans le dessein de manifester la richesse de sa gloire envers des vases de miséricorde qu'il a d'avance préparés pour la gloire, envers nous qu'il a appelés non seulement d'entre les Juifs mais encore d'entre les païens... C'est bien ce qu'il dit en Osée: J'appellerai mon peuple celui qui n'était pas mon peuple, et bien-aimée celle qui n'était pas la bien-aimée. Et au lieu même où on leur avait dit: "Vous n'êtes pas mon peuple", on les appellera fils du Dieu vivant. Et Isaïe s'écrie en faveur d'Israël: Quand le nombre des fils d'Israël serait comme le sable de la mer, le reste sera sauvé: car sans retard ni reprise le Seigneur accomplira sa parole sur la terre. Et comme l'avait prédit Isaïe: Si le Seigneur Sabaot ne nous avait laissé un germe, nous serions devenus comme Sodome, assimilés à Gomorrhe. Que conclure? Que des païens qui ne poursuivaient pas de justice ont atteint une justice, la justice de la foi, tandis qu'Israël qui poursuivait une loi de justice, n'a pas atteint la Loi. Pourquoi? Parce que, au lieu de recourir à la foi, ils comptaient sur les oeuvres. Ils ont buté contre la pierre d'achoppement, comme il est écrit: Voici que je pose en Sion une pierre d'achoppement et un rocher qui fait tomber; mais qui croit en lui ne sera pas confondu. Frères, certes l'élan de mon coeur et ma prière à Dieu pour eux, c'est qu'ils soient sauvés. Car je leur rends témoignage qu'ils ont du zèle pour Dieu; mais c'est un zèle mal éclairé. Méconnaissant la justice de Dieu et cherchant à établir la leur propre, ils ont refusé de se soumettre à la justice de Dieu. Car la fin de la Loi, c'est le Christ pour la justification de tout croyant. Moïse écrit en effet de la justice née de la Loi qu'en l'accomplissant l'homme vivra par elle, tandis que la justice née de la foi, elle, parle ainsi: Ne dis pas dans ton coeur: Qui montrera au ciel? Entends: pour en faire descendre le Christ; ou bien: Qui descendra dans l'abîme? Entends: pour faire remonter le Christ de chez les morts. Que dit-elle donc? La parole est tout près de toi, sur tes lèvres et dans ton coeur, entends: la parole de la foi que nous prêchons. En effet, si tes lèvres confessent que Jésus est Seigneur et si ton coeur croit que Dieu l'a ressuscité des morts, tu seras sauvé. Car la foi du coeur obtient la justice, et la confession des lèvres, le salut. L'Ecriture ne dit-elle pas: Quiconque croit en lui ne sera pas confondu? Aussi bien n'y a-t-il pas de distinction entre Juif et Grec: tous ont le même Seigneur, riche envers tous ceux qui l'invoquent. En effet, quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé. Mais comment l'invoquer sans d'abord croire en lui? Et comment croire sans d'abord l'entendre? Et comment entendre sans prédicateur? Et comment prêcher sans être d'abord envoyé? Selon le mot de l'Ecriture: Qu'ils sont beaux les pieds des messagers de bonnes nouvelles! Mais tous n'ont pas obéi à la Bonne Nouvelle. Car Isaïe l'a dit: Seigneur, qui a cru à notre prédication? Ainsi la foi naît de la prédication et la prédication se fait par la parole du Christ. Or je demande: n'auraient-ils pas entendu? Et pourtant leur voix a retenti par toute la terre et leurs paroles jusqu'aux extrémités du monde. Mais je demande: Israël n'aurait-il pas compris? Déjà Moïse dit: Je vous rendrai jaloux de ce qui n'est pas une nation, contre une nation sans intelligence j'exciterai votre dépit. Et Isaïe ose ajouter: J'ai été trouvé par ceux qui ne me cherchaient pas, je me suis manifesté à ceux qui ne m'interrogeaient pas, tandis qu'il dit à l'adresse d'Israël: Tout le jour j'ai tendu les mains vers un peuple désobéissant et rebelle. Je demande donc: Dieu aurait-il rejeté son peuple? Certes non! Ne suis-je pas moi-même Israélite, de la race d'Abraham, de la tribu de Benjamin? Dieu n'a pas rejeté le peuple que d'avance il a discerné. Ou bien ignorez-vous ce que dit l'Ecriture à propos d'Elie, quand il s'entretient avec Dieu pour accuser Israël: Seigneur, ils ont tué tes prophètes, rasé tes autels, et moi je suis resté seul et ils en veulent à ma vie! Eh bien, que lui répond l'oracle divin? Je me suis réservé 7.000 hommes qui n'ont pas fléchi le genou devant Baal. Ainsi pareillement aujourd'hui il subsiste un reste, élu par grâce. Mais si c'est par grâce, ce n'est plus en raison des oeuvres; autrement la grâce n'est plus grâce. Que conclure? Ce que recherche Israël, il ne l'a pas atteint; mais ceux-là l'ont atteint qui ont été élus. Les autres, ils ont été endurcis, selon le mot de l'Ecriture: Dieu leur a donné un esprit de torpeur: ils n'ont pas d'yeux pour voir, d'oreilles pour entendre jusqu'à ce jour. David dit aussi: Que leur table soit un piège, un lacet, une cause de chute, et leur serve de salaire! Que leurs yeux s'enténèbrent pour ne point voir, et fais-leur sans arrêt courber le dos! Je demande donc: serait-ce pour une vraie chute qu'ils ont bronché? Certes non! mais leur faux pas a procuré le salut aux païens, afin que leur propre jalousie en fût excitée. Et si leur faux pas a fait la richesse du monde et leur amoindrissement la richesse des païens, que ne fera pas leur totalité! Or je vous le dis à vous, les païens, je suis bien l'apôtre des païens et j'honore mon ministère, mais c'est avec l'espoir d'exciter la jalousie de ceux de mon sang et d'en sauver quelques-uns. Car si leur mise à l'écart fut une réconciliation pour le monde, que sera leur admission, sinon une résurrection d'entre les morts? Or si les prémices sont saintes, toute la pâte aussi; et si la racine est sainte, les branches aussi. Mais si quelques-unes des branches ont été coupées tandis que toi, sauvageon d'olivier tu as été greffé parmi elles pour bénéficier avec elles de la sève de l'olivier, ne va pas te glorifier aux dépens des branches. Ou si tu veux te glorifier, ce n'est pas toi qui portes la racine, c'est la racine qui te porte. Tu diras: On a coupé des branches, pour que, moi, je fusse greffé. Fort bien. Elles ont été coupées pour leur incrédulité, et c'est la foi qui te fait tenir. Ne t'enorgueillis pas; crains plutôt. Car si Dieu n'a pas épargné les branches naturelles, prends garde qu'il ne t'épargne pas davantage. Considère donc la bonté et la sévérité de Dieu: sévérité envers ceux qui sont tombés, et envers toi bonté, pourvu que tu demeures en cette bonté; autrement tu seras retranché toi aussi. Et eux, s'ils ne demeurent pas dans l'incrédulité, ils seront greffés: Dieu est bien assez puissant pour les greffer à nouveau. En effet, si toi tu as été retranché de l'olivier sauvage auquel tu appartenais par nature, et greffé, contre nature, sur un olivier franc, combien plus eux, les branches naturelles, seront-ils greffés sur leur propre olivier! Car je ne veux pas, frères, vous laisser ignorer ce mystère, de peur que vous ne vous complaisiez en votre sagesse: une partie d'Israël s'est endurcie jusqu'à ce que soit entrée la totalité des païens, et ainsi tout Israël sera sauvé, comme il est écrit: De Sion viendra le Libérateur, il ôtera les impiétés du milieu de Jacob. Et voici quelle sera mon alliance avec eux lorsque j'enlèverai leurs péchés. Ennemis, il est vrai, selon l'Evangile, à cause de vous, ils sont, selon l'Election, chéris à cause de leurs pères. Car les dons et l'appel de Dieu sont sans repentance. En effet, de même que jadis vous avez désobéi à Dieu et qu'au temps présent vous avez obtenu miséricorde grâce à leur désobéissance, eux de même au temps présent ont désobéi grâce à la miséricorde exercée envers vous, afin qu'eux aussi ils obtiennent au temps présent miséricorde. Car Dieu a enfermé tous les hommes dans la désobéissance pour faire à tous miséricorde. O abîme de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu! Que ses décrets sont insondables et ses voies incompréhensibles! Qui en effet a jamais connu la pensée du Seigneur? Qui en fut jamais le conseiller? Ou bien qui l'a prévenu de ses dons pour devoir être payé de retour? Car tout est de lui et par lui et pour lui. A lui soit la gloire éternellement! Amen. Je vous exhorte donc, frères, par la miséricorde de Dieu, à offrir vos personnes en hostie vivante, sainte, agréable à Dieu: c'est là le culte spirituel que vous avez à rendre. Et ne vous modelez pas sur le monde présent, mais que le renouvellement de votre jugement vous transforme et vous fasse discerner quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, ce qui lui plaît, ce qui est parfait. Au nom de la grâce qui m'a été donnée, je le dis à tous et à chacun: ne vous surestimez pas plus qu'il ne faut vous estimer, mais gardez de vous une sage estime, chacun selon le degré de foi que Dieu lui a départi. Car, de même que notre corps en son unité possède plus d'un membre et que ces membres n'ont pas tous la même fonction, ainsi nous, à plusieurs, nous ne formons qu'un seul corps dans le Christ, étant, chacun pour sa part, membres les uns des autres. Mais, pourvus de dons différents selon la grâce qui nous a été donnée, si c'est le don de prophétie, exerçons-le en proportion de notre foi; si c'est le service, en servant; l'enseignement, en enseignant; l'exhortation, en exhortant. Que celui qui donne le fasse sans calcul; celui qui préside, avec diligence; celui qui exerce la miséricorde, en rayonnant de joie. Que votre charité soit sans feinte, détestant le mal, solidement attachés au bien; que l'amour fraternel vous lie d'affection entre vous, chacun regardant les autres comme plus méritants, d'un zèle sans nonchalance, dans la ferveur de l'esprit, au service du Seigneur, avec la joie de l'espérance, constants dans la tribulation, assidus à la prière, prenant part aux besoins des saints, avides de donner l'hospitalité. Bénissez ceux qui vous persécutent; bénissez, ne maudissez pas. Réjouissez-vous avec qui est dans la joie, pleurez avec qui pleure. Pleins d'une égale complaisance pour tous, sans vous complaire dans l'orgueil, attirés plutôt par ce qui est humble, ne vous complaisez pas dans votre propre sagesse. Sans rendre à personne le mal pour le mal, ayant à coeur ce qui est bien devant tous les hommes, en paix avec tous si possible, autant qu'il dépend de vous, sans vous faire justice à vous-mêmes, mes bien-aimés, laissez agir la colère; car il est écrit: C'est moi qui ferai justice, moi qui rétribuerai, dit le Seigneur. Bien plutôt, si ton ennemi a faim, donne-lui à manger; s'il a soif, donne-lui à boire; ce faisant, tu amasseras des charbons ardents sur sa tête. Ne te laisse pas vaincre par le mal, sois vainqueur du mal par le bien. Que chacun se soumette aux autorités en charge. Car il n'y a point d'autorité qui ne vienne de Dieu, et celles qui existent sont constituées par Dieu. Si bien que celui qui résiste à l'autorité se rebelle contre l'ordre établi par Dieu. Et les rebelles se feront eux-mêmes condamner. En effet, les magistrats ne sont pas à craindre quand on fait le bien, mais quand on fait le mal. Veux-tu n'avoir pas à craindre l'autorité? Fais le bien et tu en recevras des éloges; car elle est un instrument de Dieu pour te conduire au bien. Mais crains, si tu fais le mal; car ce n'est pas pour rien qu'elle porte le glaive: elle est un instrument de Dieu pour faire justice et châtier qui fait le mal. Aussi doit-on se soumettre non seulement par crainte du châtiment, mais par motif de conscience. N'est-ce pas pour cela même que vous payez les impôts? Car il s'agit de fonctionnaires qui s'appliquent de par Dieu à cet office. Rendez à chacun ce qui lui est dû: à qui l'impôt, l'impôt; à qui les taxes, les taxes; à qui la crainte, la crainte; à qui l'honneur, l'honneur. N'ayez de dettes envers personne, sinon celle de l'amour mutuel. Car celui qui aime autrui a de ce fait accompli la loi. En effet, le précepte: Tu ne commettras pas d'adultère, tu ne tueras pas, tu ne voleras pas, tu ne convoiteras pas, et tous les autres se résument en cette formule: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. La charité ne fait point de tort au prochain. La charité est donc la Loi dans sa plénitude. D'autant que vous savez en quel moment nous vivons. C'est l'heure désormais de vous arracher au sommeil; le salut est maintenant plus près de nous qu'au temps où nous avons cru. La nuit est avancée. Le jour est arrivé. Laissons là les oeuvres de ténèbres et revêtons les armes de lumière. Comme il sied en plein jour, conduisons-nous avec dignité: point de ripailles ni d'orgies, pas de luxure ni de débauche, pas de querelles ni de jalousies. Mais revêtez-vous du Seigneur Jésus Christ et ne vous souciez pas de la chair pour en satisfaire les convoitises. A celui qui est faible dans la foi, soyez accueillants sans vouloir discuter des opinions. Tel croit pouvoir manger de tout, tandis que le faible ne mange que des légumes: que celui qui mange ne méprise pas l'abstinent et que l'abstinent ne juge pas celui qui mange; Dieu l'a bien accueilli. Toi, qui es-tu pour juger un serviteur d'autrui? Qu'il reste debout ou qu'il tombe, cela ne concerne que son maître; d'ailleurs il restera debout, car le Seigneur a la force de le soutenir. Celui-ci préfère un jour à un autre; celui-là les estime tous pareils: que chacun s'en tienne à son jugement. Celui qui tient compte des jours le fait pour le Seigneur; et celui qui mange le fait pour le Seigneur, puisqu'il rend grâce à Dieu. Et celui qui s'abstient le fait pour le Seigneur, et il rend grâce à Dieu. En effet, nul d'entre nous ne vit pour soi-même, comme nul ne meurt pour soi-même; si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur, et si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur. Donc, dans la vie comme dans la mort, nous appartenons au Seigneur. Car le Christ est mort et revenu à la vie pour être le Seigneur des morts et des vivants. Mais toi, pourquoi juger ton frère? Et toi, pourquoi mépriser ton frère? Tous, en effet, nous comparaîtrons au tribunal de Dieu, car il est écrit: Par ma vie, dit le Seigneur, tout genou devant moi fléchira, et toute langue rendra gloire à Dieu. C'est donc que chacun de nous rendra compte à Dieu pour soi-même. Finissons-en donc avec ces jugements les uns sur les autres: jugez plutôt qu'il ne faut rien mettre devant votre frère qui le fasse buter ou tomber. -- Je le sais, j'en suis certain dans le Seigneur Jésus, rien n'est impur en soi, mais seulement pour celui qui estime un aliment impur; en ce cas il l'est pour lui. -- En effet, si pour un aliment ton frère est contristé, tu ne te conduis plus selon la charité. Ne va pas avec ton aliment faire périr celui-là pour qui le Christ est mort! N'exposez donc pas votre privilège à l'outrage. Car le règne de Dieu n'est pas affaire de nourriture ou de boisson, il est justice, paix et joie dans l'Esprit Saint. Celui en effet qui sert le Christ de la sorte est agréable à Dieu et approuvé des hommes. Poursuivons donc ce qui favorise la paix et l'édification mutuelle. Ne va pas pour un aliment détruire l'oeuvre de Dieu. Tout est pur assurément, mais devient un mal pour l'homme qui mange en donnant du scandale. Ce qui est bien, c'est de s'abstenir de viande et de vin et de tout ce qui fait buter ou tomber ou faiblir ton frère. Cette foi que tu as, garde-la pour toi devant Dieu. Heureux qui ne se juge pas coupable au moment même où il se décide. Mais celui qui mange malgré ses doutes est condamné, parce qu'il agit sans bonne foi et que tout ce qui ne procède pas de la bonne foi est péché. Mais c'est un devoir pour nous, les forts, de porter les faiblesses de ceux qui n'ont pas cette force et de ne point rechercher ce qui nous plaît. Que chacun d'entre nous plaise à son prochain pour le bien, en vue d'édifier. Car le Christ n'a pas recherché ce qui lui plaisait; mais comme il est écrit: Les insultes de tes insulteurs sont tombées sur moi. En effet, tout ce qui a été écrit dans le passé le fut pour notre instruction, afin que la constance et la consolation que donnent les Ecritures nous procurent l'espérance. Que le Dieu de la constance et de la consolation vous accorde d'avoir les uns pour les autres la même aspiration à l'exemple du Christ Jésus, afin que d'un même coeur et d'une même bouche vous glorifiiez le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ. Aussi soyez accueillants les uns pour les autres, comme le Christ le fut pour vous à la gloire de Dieu. Je l'affirme en effet, le Christ s'est fait ministre des circoncis à l'honneur de la véracité divine, pour accomplir les promesses faites aux patriarches, et les nations glorifient Dieu pour sa miséricorde, selon le mot de l'Ecriture: C'est pourquoi je te louerai parmi les nations et je chanterai à la gloire de ton nom; et cet autre: Nations, exultez avec son peuple; ou encore: Toutes les nations, louez le Seigneur, et que tous les peuples le célèbrent. Et Isaïe dit à son tour: Il paraîtra, le rejeton de Jessé, celui qui se dresse pour commander aux nations. En lui les nations mettront leur espérance. Que le Dieu de l'espérance vous donne en plénitude dans votre acte de foi la joie et la paix afin que l'espérance surabonde en vous par la vertu de l'Esprit Saint. Je suis personnellement bien persuadé, mes frères, à votre sujet, que vous êtes par vous-mêmes remplis de bons sentiments, en pleine possession du don de science, capables aussi de vous avertir mutuellement. Je vous ai cependant écrit assez hardiment par endroits, comme pour raviver vos souvenirs, en vertu de la grâce que Dieu m'a faite d'être un officiant du Christ Jésus auprès des païens, ministre de l'Evangile de Dieu, afin que les païens deviennent une offrande agréable, sanctifiée dans l'Esprit Saint. Je puis donc me glorifier dans le Christ Jésus en ce qui concerne l'oeuvre de Dieu. Car je n'oserais parler de ce que le Christ n'aurait pas fait par moi pour obtenir l'obéissance des païens, en parole et en oeuvre, par la vertu des signes et des prodiges, par la vertu de l'Esprit de Dieu: ainsi, depuis Jérusalem en rayonnant jusqu'à l'Illyrie, j'ai procuré l'accomplissement de l'Evangile du Christ, tenant de la sorte à honneur de limiter cet apostolat aux régions où l'on n'avait pas invoqué le nom du Christ, pour ne point bâtir sur des fondations posées par autrui et me conformer à ce qui est écrit: Ceux à qui on ne l'avait pas annoncé le verront et ceux qui n'en avaient pas entendu parler comprendront. C'est bien là ce qui chaque fois m'empêchait d'aller chez vous. Mais à présent, comme je n'ai plus d'occupation dans ces contrées et que depuis des années j'ai un vif désir d'aller chez vous, quand je me rendrai en Espagne... Car j'espère vous voir en cours de route et être mis par vous sur le chemin de ce pays, une fois que j'aurai un peu savouré la joie de votre présence. Mais maintenant je me rends à Jérusalem pour le service des saints: car la Macédoine et l'Achaïe ont bien voulu prendre quelque part aux besoins des saints de Jérusalem qui sont dans la pauvreté. Oui, elles l'ont bien voulu, et elles le leur devaient: si les païens, en effet, ont participé à leurs biens spirituels, ils doivent à leur tour les servir de leurs biens temporels. Quand donc j'aurai terminé cette affaire et leur aurai remis officiellement cette récolte, je partirai pour l'Espagne en passant par chez vous. Et je sais qu'en arrivant chez vous je viendrai avec la plénitude des bénédictions du Christ. Mais je vous le demande, frères, par notre Seigneur Jésus Christ et la charité de l'Esprit, luttez avec moi dans les prières que vous adressez à Dieu pour moi; afin que j'échappe aux incrédules de Judée et que le secours que je porte à Jérusalem soit agréé des saints, et qu'ainsi, venant à vous dans la joie, Dieu veuille me faire goûter avec vous quelque repos. Que le Dieu de la paix soit avec vous tous! Amen. Je vous recommande Phébée, notre soeur, diaconesse de l'Eglise de Cenchrées: offrez-lui dans le Seigneur un accueil digne des saints, et assistez-la en toute affaire où elle aurait besoin de vous; aussi bien fut-elle une protectrice pour nombre de chrétiens et pour moi-même. Saluez Prisca et Aquilas, mes coopérateurs dans le Christ Jésus; pour me sauver la vie ils ont risqué leur tête, et je ne suis pas seul à leur devoir de la gratitude: c'est le cas de toutes les Eglises de la gentilité; saluez aussi l'Eglise qui se réunit chez eux. Saluez mon cher Epénète, les prémices que l'Asie a offertes au Christ. Saluez Marie, qui s'est bien fatiguée pour vous. Saluez Andronicus et Junias, mes parents et mes compagnons de captivité: ce sont des apôtres marquants qui m'ont précédé dans le Christ. Saluez Ampliatus qui m'est cher dans le Seigneur. Saluez Urbain, notre coopérateur dans le Christ, et mon cher Stachys. Saluez Apelle, qui a fait ses preuves dans le Christ. Saluez les membres de la maison d'Aristobule. Saluez Hérodion, mon parent; saluez les membres de la maison de Narcisse dans le Seigneur. Saluez Tryphène et Tryphose, qui se fatiguent dans le Seigneur; saluez ma chère Persis, qui s'est beaucoup fatiguée dans le Seigneur. Saluez Rufus, cet élu dans le Seigneur, et sa mère qui est aussi la mienne. Saluez Asyncrite, Phlégon, Hermès, Patrobas, Hermas, et les frères qui sont avec eux. Saluez Philologue et Julie, Nérée et sa soeur, et Olympas et tous les saints qui sont avec eux. Saluez-vous mutuellement d'un saint baiser. Toutes les Eglises du Christ vous saluent. Je vous en prie, frères, gardez-vous de ces fauteurs de dissensions et de scandales contre l'enseignement que vous avez reçu; évitez-les. Car ces sortes de gens ne servent pas notre Seigneur le Christ, mais leur ventre, et par des discours doucereux et flatteurs séduisent les coeurs simples. En effet, le renom de votre obéissance s'est répandu partout et vous faites ma joie; mais je veux que vous soyez avisés pour le bien et malhabiles pour le mal. Le Dieu de la paix écrasera bien vite Satan sous vos pieds. Que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec vous! Timothée, mon coopérateur, vous salue, ainsi que Lucius, Jason et Sosipatros, mes parents. Je vous salue dans le Seigneur, moi Tertius, qui ai écrit cette lettre. Gaïus vous salue, qui est mon hôte et celui de l'Eglise entière. Eraste, le trésorier de la ville, vous salue, ainsi que Quartus, notre frère. *** A Celui qui a le pouvoir de vous affermir conformément à l'Evangile que j'annonce en prêchant Jésus Christ, révélation d'un mystère enveloppé de silence aux siècles éternels, mais aujourd'hui manifesté, et par des Ecritures qui le prédisent selon l'ordre du Dieu éternel porté à la connaissance de toutes les nations pour les amener à l'obéissance de la foi; à Dieu qui seul est sage, par Jésus Christ, à lui soit la gloire aux siècles des siècles! Amen. Paul, appelé à être apôtre du Christ Jésus par la volonté de Dieu, et Sosthène, le frère, à l'Eglise de Dieu établie à Corinthe, à ceux qui ont été sanctifiés dans le Christ Jésus, appelés à être saints avec tous ceux qui en tout lieu invoquent le nom de Jésus Christ notre Seigneur, le leur et le nôtre; à vous grâce et paix de par Dieu, notre Père, et le Seigneur Jésus Christ! Je rends grâce à Dieu sans cesse à votre sujet pour la grâce de Dieu qui vous a été accordée dans le Christ Jésus; car vous avez été comblés en lui de toutes les richesses, toutes celles de la parole et toutes celles de la science, à raison même de la fermeté qu'a prise en vous le témoignage du Christ. Aussi ne manquez-vous d'aucun don de la grâce, dans l'attente où vous êtes de la Révélation de notre Seigneur Jésus Christ. C'est lui qui vous affermira jusqu'au bout, pour que vous soyez irréprochables au Jour de notre Seigneur Jésus Christ. Il est fidèle, le Dieu par qui vous avez été appelés à la communion de son Fils, Jésus Christ notre Seigneur. Je vous en prie, frères, par le nom de notre Seigneur Jésus Christ, ayez tous même langage; qu'il n'y ait point parmi vous de divisions; soyez étroitement unis dans le même esprit et dans la même pensée. En effet, mes frères, il m'a été signalé à votre sujet par les gens de Chloé qu'il y a parmi vous des discordes. J'entends par là que chacun de vous dit: "Moi, je suis à Paul" - "Et moi, à Apollos" - "Et moi, à Céphas" - "Et moi, au Christ." Le Christ est-il divisé? Serait-ce Paul qui a été crucifié pour vous? Ou bien serait-ce au nom de Paul que vous avez été baptisés? Je rends grâce de n'avoir baptisé aucun de vous, si ce n'est Crispus et Caïus, de sorte que nul ne peut dire que vous avez été baptisés en mon nom. Ah si! j'ai baptisé encore la famille de Stéphanas. Pour le reste, je ne sache pas avoir baptisé quelqu'un d'autre. Car le Christ ne m'a pas envoyé baptiser, mais annoncer l'Evangile, et cela sans la sagesse du langage, pour que ne soit pas réduite à néant la croix du Christ. Le langage de la croix, en effet, est folie pour ceux qui se perdent, mais pour ceux qui se sauvent, pour nous, il est puissance de Dieu. Car il est écrit: Je détruirai la sagesse des sages, et l'intelligence des intelligents je la rejetterai. Où est-il, le sage? Où est-il, l'homme cultivé? Où est-il, le raisonneur de ce siècle? Dieu n'a-t-il pas frappé de folie la sagesse du monde? Puisqu'en effet le monde, par le moyen de la sagesse, n'a pas reconnu Dieu dans la sagesse de Dieu, c'est par la folie du message qu'il a plu à Dieu de sauver les croyants. Alors que les Juifs demandent des signes et que les Grecs sont en quête de sagesse, nous proclamons, nous, un Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens, mais pour ceux qui sont appelés, Juifs et Grecs, c'est le Christ, puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes. Aussi bien, frères, considérez votre appel: il n'y a pas beaucoup de sages selon la chair, pas beaucoup de puissants, pas beaucoup de gens bien nés. Mais ce qu'il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre les sages; ce qu'il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre ce qui est fort; ce qui dans le monde est sans naissance et ce que l'on méprise, voilà ce que Dieu a choisi; ce qui n'est pas, pour réduire à rien ce qui est, afin qu'aucune chair n'aille se glorifier devant Dieu. Car c'est par Lui que vous êtes dans le Christ Jésus qui est devenu pour nous sagesse venant de Dieu, justice, sanctification et rédemption, afin que, comme il est écrit, celui qui se glorifie, qu'il se glorifie dans le Seigneur. Pour moi, quand je suis venu chez vous, frères, je ne suis pas venu vous annoncer le mystère de Dieu avec le prestige de la parole ou de la sagesse. Non, je n'ai rien voulu savoir parmi vous, sinon Jésus Christ, et Jésus Christ crucifié. Moi-même, je me suis présenté à vous faible, craintif et tout tremblant, et ma parole et mon message n'avaient rien des discours persuasifs de la sagesse; c'était une démonstration d'Esprit et de puissance, pour que votre foi reposât, non sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu. Pourtant, c'est bien de sagesse que nous parlons parmi les parfaits, mais non d'une sagesse de ce monde ni des princes de ce monde, voués à la destruction. Ce dont nous parlons, au contraire, c'est d'une sagesse de Dieu, mystérieuse, demeurée cachée, celle que, dès avant les siècles, Dieu a par avance destinée pour notre gloire, celle qu'aucun des princes de ce monde n'a connue - s'ils l'avaient connue, en effet, ils n'auraient pas crucifié le Seigneur de la Gloire -- mais, selon qu'il est écrit, nous annonçons ce que l'oeil n'a pas vu, ce que l'oreille n'a pas entendu, ce qui n'est pas monté au coeur de l'homme, tout ce que Dieu a préparé pour ceux qui l'aiment. Car c'est à nous que Dieu l'a révélé par l'Esprit; l'Esprit en effet sonde tout, jusqu'aux profondeurs de Dieu. Qui donc entre les hommes sait ce qui concerne l'homme, sinon l'esprit de l'homme qui est en lui? De même, nul ne connaît ce qui concerne Dieu, sinon l'Esprit de Dieu. Or, nous n'avons pas reçu, nous, l'esprit du monde, mais l'Esprit qui vient de Dieu, pour connaître les dons gracieux que Dieu nous a faits. Et nous en parlons non pas avec des discours enseignés par l'humaine sagesse, mais avec ceux qu'enseigne l'Esprit, exprimant en termes spirituels des réalités spirituelles. L'homme psychique n'accueille pas ce qui est de l'Esprit de Dieu: c'est folie pour lui et il ne peut le connaître, car c'est spirituellement qu'on en juge. L'homme spirituel, au contraire, juge de tout, et lui-même n'est jugé par personne. Qui en effet a connu la pensée du Seigneur, pour pouvoir l'instruire? Et nous l'avons, nous, la pensée du Christ. Pour moi, frères, je n'ai pu vous parler comme à des hommes spirituels, mais comme à des êtres de chair, comme à de petits enfants dans le Christ. C'est du lait que je vous ai donné à boire, non une nourriture solide; vous ne pouviez encore la supporter. Mais vous ne le pouvez pas davantage maintenant, car vous êtes encore charnels. Du moment qu'il y a parmi vous jalousie et dispute, n'êtes-vous pas charnels et votre conduite n'est-elle pas tout humaine? Lorsque vous dites, l'un: "Moi, je suis à Paul", et l'autre: "Moi, à Apollos", n'est-ce pas là bien humain? Qu'est-ce donc qu'Apollos? Et qu'est-ce que Paul? Des serviteurs par qui vous avez embrassé la foi, et chacun d'eux selon ce que le Seigneur lui a donné. Moi, j'ai planté, Apollos a arrosé; mais c'est Dieu qui donnait la croissance. Ainsi donc, ni celui qui plante n'est quelque chose, ni celui qui arrose, mais celui qui donne la croissance: Dieu. Celui qui plante et celui qui arrose ne font qu'un, mais chacun recevra son propre salaire selon son propre labeur. Car nous sommes les coopérateurs de Dieu; vous êtes le champ de Dieu, l'édifice de Dieu. Selon la grâce de Dieu qui m'a été accordée, tel un bon architecte, j'ai posé le fondement. Un autre bâtit dessus. Mais que chacun prenne garde à la manière dont il y bâtit. De fondement, en effet, nul n'en peut poser d'autre que celui qui s'y trouve, c'est-à-dire Jésus Christ. Que si sur ce fondement on bâtit avec de l'or, de l'argent, des pierres précieuses, du bois, du foin, de la paille, l'oeuvre de chacun deviendra manifeste; le Jour, en effet, la fera connaître, car il doit se révéler dans le feu, et c'est ce feu qui éprouvera la qualité de l'oeuvre de chacun. Si l'oeuvre bâtie sur le fondement subsiste, l'ouvrier recevra une récompense; si son oeuvre est consumée, il en subira la perte; quant à lui, il sera sauvé, mais comme à travers le feu. Ne savez-vous pas que vous êtes un temple de Dieu, et que l'Esprit de Dieu habite en vous? Si quelqu'un détruit le temple de Dieu, celui-là, Dieu le détruira. Car le temple de Dieu est sacré, et ce temple, c'est vous. Que nul ne se dupe lui-même! Si quelqu'un parmi vous croit être sage à la façon de ce monde, qu'il se fasse fou pour devenir sage; car la sagesse de ce monde est folie auprès de Dieu. Il est écrit en effet: Celui qui prend les sages à leur propre astuce; et encore: Le Seigneur connaît les pensées des sages; il sait qu'elles sont vaines. Ainsi donc, que nul ne se glorifie dans les hommes; car tout est à vous, soit Paul, soit Apollos, sois Céphas, soit le monde, soit la vie, soit la mort, soit le présent, soit l'avenir. Tout est à vous; mais vous êtes au Christ, et le Christ est à Dieu. Qu'on nous regarde donc comme des serviteurs du Christ et des intendants des mystères de Dieu. Or, ce qu'en fin de compte on demande à des intendants, c'est que chacun soit trouvé fidèle. Pour moi, il m'importe fort peu d'être jugé par vous ou par un tribunal humain. Bien plus, je ne me juge pas moi-même. Ma conscience, il est vrai, ne me reproche rien, mais je n'en suis pas justifié pour autant; mon juge, c'est le Seigneur. Ainsi donc, ne portez pas de jugement prématuré. Laissez venir le Seigneur; c'est lui qui éclairera les secrets des ténèbres et rendra manifestes les desseins des coeurs. Et alors chacun recevra de Dieu la louange qui lui revient. En tout cela, frères, je me suis pris comme exemple avec Apollos à cause de vous, pour que vous appreniez, en nos personnes, la maxime: "Rien au-delà de ce qui est écrit", afin que vous ne vous gonfliez pas d'orgueil en prenant le parti de l'un contre l'autre. Qui donc en effet te distingue? Qu'as-tu que tu n'aies reçu? Et si tu l'as reçu, pourquoi te glorifier comme si tu ne l'avais pas reçu? Déjà, vous êtes rassasiés! déjà vous vous êtes enrichis! sans nous, vous êtes devenus rois! Ah! que ne l'êtes-vous donc, rois, pour que nous partagions, nous aussi, votre royauté! Car Dieu, ce me semble, nous a, nous les apôtres, exhibés au dernier rang, comme des condamnés à mort; oui, nous avons été livrés en spectacle au monde, aux anges et aux hommes. Nous sommes fous, nous, à cause du Christ, mais vous, vous êtes prudents dans le Christ; nous sommes faibles, mais vous, vous êtes forts; vous êtes à l'honneur, mais nous dans le mépris. Jusqu'à l'heure présente, nous avons faim, nous avons soif, nous sommes nus, maltraités et errants; nous nous épuisons à travailler de nos mains. On nous insulte et nous bénissons; on nous persécute et nous l'endurons; on nous calomnie et nous consolons. Nous sommes devenus comme l'ordure du monde, jusqu'à présent l'universel rebut. Ce n'est pas pour vous confondre que j'écris cela; c'est pour vous avertir comme mes enfants bien-aimés. Auriez-vous en effet des milliers de pédagogues dans le Christ, que vous n'avez pas plusieurs pères; car c'est moi qui, par l'Evangile, vous ai engendrés dans le Christ Jésus. Je vous en prie donc, montrez-vous mes imitateurs. C'est pour cela même que je vous ai envoyé Timothée, qui est mon enfant bien-aimé et fidèle dans le Seigneur; il vous rappellera mes règles de conduite dans le Christ Jésus, telles que je les enseigne partout dans toutes les Eglises. Dans la pensée que je ne viendrais pas chez vous, certains se sont gonflés d'orgueil. Mais je viendrai bientôt chez vous, s'il plaît au Seigneur, et je jugerai alors non des paroles de ces gonflés d'orgueil, mais de leur puissance; car le Royaume de Dieu ne consiste pas en parole, mais en puissance. Que préférez-vous? Que je vienne chez vous avec des verges, ou bien avec charité et en esprit de douceur? On n'entend parler que d'inconduite parmi vous, et d'une inconduite telle qu'il n'en existe pas même chez les païens; c'est à ce point que l'un de vous vit avec la femme de son père! Et vous êtes gonflés d'orgueil! Et vous n'avez pas plutôt pris le deuil, pour qu'on enlevât du milieu de vous celui qui a commis cet acte! Eh bien! moi, absent de corps, mais présent d'esprit, j'ai déjà jugé, comme si j'étais présent, celui qui a perpétré une telle action. Il faut qu'au nom du Seigneur Jésus, vous et mon esprit nous étant assemblés avec la puissance de notre Seigneur Jésus, nous livrions cet individu à Satan pour la perte de sa chair, afin que l'esprit soit sauvé au Jour du Seigneur. Il n'y a pas de quoi vous glorifier! Ne savez-vous pas qu'un peu de levain fait lever toute la pâte? Purifiez-vous du vieux levain pour être une pâte nouvelle, puisque vous êtes des azymes. Car notre pâque, le Christ, a été immolée. Ainsi donc, célébrons la fête, non pas avec du vieux levain de malice et de méchanceté, mais avec des azymes de pureté et de vérité. En vous écrivant, dans ma lettre, de n'avoir pas de relations avec des débauchés, je n'entendais nullement les débauchés de ce monde, ou bien les cupides et les rapaces, ou les idolâtres; car il vous faudrait alors sortir du monde. Non, je vous ai écrit de n'avoir pas de rapports avec celui qui, tout en portant le nom de frère, serait débauché, cupide, idolâtre, insulteur, ivrogne ou rapace, et même, avec un tel homme, de ne point prendre de repas. Qu'ai-je à faire en effet de juger ceux du dehors? N'est-ce pas ceux du dedans que vous jugez, vous? Ceux du dehors, c'est Dieu qui les jugera. Enlevez le mauvais du milieu de vous. Quand l'un de vous a un différend avec un autre, ose-t-il bien aller en justice devant les injustes, et non devant les saints? Ou bien ne savez-vous pas que les saints jugeront le monde? Et si c'est par vous que le monde doit être jugé, êtes-vous indignes de prononcer sur des riens? Ne savez-vous pas que nous jugerons les anges? A plus forte raison les choses de cette vie! Et quand vous avez là-dessus des litiges, vous allez prendre pour juges des gens que l'Eglise méprise! Je le dis à votre honte; ainsi, il n'y a parmi vous aucun homme sage, qui puisse servir d'arbitre entre ses frères! Mais on va en justice frère contre frère, et cela devant des infidèles! De toute façon, certes, c'est déjà pour vous une défaite que d'avoir des procès entre vous. Pourquoi ne pas souffrir plutôt l'injustice? Pourquoi ne pas vous laisser plutôt dépouiller? Mais non, c'est vous qui commettez l'injustice et dépouillez les autres; et ce sont des frères! Ne savez-vous pas que les injustes n'hériteront pas du Royaume de Dieu? Ne vous y trompez pas! Ni impudiques, ni idolâtres, ni adultères, ni dépravés, ni gens de moeurs infâmes, ni voleurs, ni cupides, pas plus qu'ivrognes, insulteurs ou rapaces, n'hériteront du Royaume de Dieu. Et cela, vous l'étiez bien, quelques-uns. Mais vous vous êtes lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés par le nom du Seigneur Jésus Christ et par l'Esprit de notre Dieu. "Tout m'est permis"; mais tout n'est pas profitable. "Tout m'est permis"; mais je ne me laisserai, moi, dominer par rien. Les aliments sont pour le ventre et le ventre pour les aliments, et Dieu détruira ceux-ci comme celui-là. Mais le corps n'est pas pour la fornication; il est pour le Seigneur, et le Seigneur pour le corps. Et Dieu, qui a ressuscité le Seigneur, nous ressuscitera, nous aussi, par sa puissance. Ne savez-vous pas que vos corps sont des membres du Christ? Et j'irais prendre les membres du Christ pour en faire des membres de prostituée! Jamais de la vie! Ou bien ne savez-vous pas que celui qui s'unit à la prostituée n'est avec elle qu'un seul corps? Car il est dit: Les deux ne seront qu'une seule chair. Celui qui s'unit au Seigneur, au contraire, n'est avec lui qu'un seul esprit. Fuyez la fornication! Tout péché que l'homme peut commettre est extérieur à son corps; celui qui fornique, lui, pèche contre son propre corps. Ou bien ne savez-vous pas que votre corps est un temple du Saint Esprit, qui est en vous et que vous tenez de Dieu? Et que vous ne vous appartenez pas? Vous avez été bel et bien achetés! Glorifiez donc Dieu dans votre corps. J'en viens maintenant à ce que vous m'avez écrit. Il est bon pour l'homme de s'abstenir de la femme. Toutefois, à cause des débauches, que chaque homme ait sa femme et chaque femme son mari. Que le mari s'acquitte de son devoir envers sa femme, et pareillement la femme envers son mari. La femme ne dispose pas de son corps, mais le mari. Pareillement, le mari ne dispose pas de son corps, mais la femme. Ne vous refusez pas l'un à l'autre, si ce n'est d'un commun accord, pour un temps, afin de vaquer à la prière; et de nouveau soyez ensemble, de peur que Satan ne profite, pour vous tenter, de votre incontinence. Ce que je dis là est une concession, non un ordre. Je voudrais que tous les hommes fussent comme moi; mais chacun reçoit de Dieu son don particulier, celui-ci d'une manière, celui-là de l'autre. Je dis toutefois aux célibataires et aux veuves qu'il leur est bon de demeurer comme moi. Mais s'ils ne peuvent se contenir, qu'ils se marient: mieux vaut se marier que de brûler. Quant aux personnes mariées, voici ce que je prescris, non pas moi, mais le Seigneur: que la femme ne se sépare pas de son mari -- au cas où elle s'en séparerait, qu'elle ne se remarie pas ou qu'elle se réconcilie avec son mari - et que le mari ne répudie pas sa femme. Quant aux autres, c'est moi qui leur dis, non le Seigneur: si un frère a une femme non croyante qui consente à cohabiter avec lui, qu'il ne la répudie pas. Une femme a-t-elle un mari non croyant qui consente à cohabiter avec elle, qu'elle ne répudie pas son mari. En effet le mari non croyant se trouve sanctifié par sa femme, et la femme non croyante se trouve sanctifiée par le mari croyant. Car autrement, vos enfants seraient impurs, alors qu'ils sont saints! Mais si la partie non croyante veut se séparer, qu'elle se sépare; en pareil cas, le frère ou la soeur ne sont pas liés: Dieu vous a appelés à vivre en paix. Et que sais-tu, femme, si tu sauveras ton mari? Et que sais-tu, mari, si tu sauveras ta femme? Par ailleurs, que chacun continue de vivre dans la condition que lui a départie le Seigneur, tel que l'a trouvé l'appel de Dieu. C'est la règle que j'établis dans toutes les Eglises. Quelqu'un était-il circoncis lors de son appel? Qu'il ne se fasse pas de prépuce. L'appel l'a-t-il trouvé incirconcis? Qu'il ne se fasse pas circoncire. La circoncision n'est rien, et l'incirconcision n'est rien; ce qui compte, c'est de garder les commandements de Dieu. Que chacun demeure dans l'état où l'a trouvé l'appel de Dieu. Etais-tu esclave, lors de ton appel? Ne t'en soucie pas. Et même si tu peux devenir libre, mets plutôt à profit ta condition d'esclave. Car celui qui était esclave lors de son appel dans le Seigneur est un affranchi du Seigneur; pareillement celui qui était libre lors de son appel est un esclave du Christ. Vous avez été bel et bien achetés! Ne vous rendez pas esclaves des hommes. Que chacun, frères, demeure devant Dieu dans l'état où l'a trouvé son appel. Pour ce qui est des vierges, je n'ai pas d'ordre du Seigneur, mais je donne un avis en homme qui, par la miséricorde du Seigneur, est digne de confiance. Je pense donc que c'est une bonne chose, en raison de la détresse présente, que c'est une bonne chose pour l'homme d'être ainsi. Es-tu lié à une femme? Ne cherche pas à rompre. N'es-tu pas lié à une femme? Ne cherche pas de femme. Si cependant tu te maries, tu ne pèches pas; et si la jeune fille se marie, elle ne pèche pas. Mais ceux-là connaîtront la tribulation dans leur chair, et moi, je voudrais vous l'épargner. Je vous le dis, frères: le temps se fait court. Que désormais ceux qui ont femme vivent comme s'ils n'en avaient pas; ceux qui pleurent, comme s'il ne pleuraient pas; ceux qui sont dans la joie, comme s'ils n'étaient pas dans la joie; ceux qui achètent, comme s'ils ne possédaient pas; ceux qui usent de ce monde, comme s'ils n'en usaient pas vraiment. Car elle passe, la figure de ce monde. Je voudrais vous voir exempts de soucis. L'homme qui n'est pas marié a souci des affaires du Seigneur, des moyens de plaire au Seigneur. Celui qui s'est marié a souci des affaires du monde, des moyens de plaire à sa femme; et le voilà partagé. De même la femme sans mari, comme la jeune fille, a souci des affaires du Seigneur; elle cherche à être sainte de corps et d'esprit. Celle qui s'est mariée a souci des affaires du monde, des moyens de plaire à son mari. Je dis cela dans votre propre intérêt, non pour vous tendre un piège, mais pour vous porter à ce qui est digne et qui attache sans partage au Seigneur. Si quelqu'un pense, étant en pleine ardeur juvénile, qu'il risque de mal se conduire vis-à-vis de sa fiancée, et que les choses doivent suivre leur cours, qu'il fasse ce qu'il veut: il ne pèche pas, qu'ils se marient! Mais celui qui a pris dans son coeur une ferme résolution, en dehors de toute contrainte, en gardant le plein contrôle de sa volonté, et a ainsi décidé en lui-même de respecter sa vierge, celui-là fait bien. Ainsi celui qui se marie avec sa fiancée fait bien, mais celui qui ne se marie pas avec elle fait mieux encore. La femme demeure liée à son mari aussi longtemps qu'il vit; mais si le mari meurt, elle est libre d'épouser qui elle veut, dans le Seigneur seulement. Elle sera pourtant plus heureuse, à mon sens, si elle reste comme elle est. Et je pense bien, moi aussi, avoir l'Esprit de Dieu. Pour ce qui est des viandes immolées aux idoles, nous avons tous la science, c'est entendu. Mais la science enfle; c'est la charité qui édifie. Si quelqu'un s'imagine connaître quelque chose, il ne connaît pas encore comme il faut connaître; mais si quelqu'un aime Dieu, celui-là est connu de lui. Donc, pour ce qui est de manger des viandes immolées aux idoles, nous savons qu'une idole n'est rien dans le monde et qu'il n'est de Dieu que le Dieu unique. Car, bien qu'il y ait, soit au ciel, soit sur la terre, de prétendus dieux - et de fait il y a quantité de dieux et quantité de seigneurs --, pour nous en tout cas, il n'y a qu'un seul Dieu, le Père, de qui tout vient et pour qui nous sommes, et un seul Seigneur, Jésus Christ, par qui tout existe et par qui nous sommes. Mais tous n'ont pas la science. Certains, par suite de leur fréquentation encore récente des idoles, mangent les viandes immolées comme telles, et leur conscience, qui est faible, s'en trouve souillée. Ce n'est pas un aliment, certes, qui nous rapprochera de Dieu. Si nous n'en mangeons pas, nous n'avons rien de moins; et si nous en mangeons, nous n'avons rien de plus. Mais prenez garde que cette liberté dont vous usez ne devienne pour les faibles occasions de chute. Si en effet quelqu'un te voit, toi qui as la science, attablé dans un temple d'idoles, sa conscience à lui qui est faible ne va-t-elle pas se croire autorisée à manger des viandes immolées aux idoles? Et ta science alors va faire périr le faible, ce frère pour qui le Christ est mort! En péchant ainsi contre vos frères, en blessant leur conscience, qui est faible, c'est contre le Christ que vous péchez. C'est pourquoi, si un aliment doit causer la chute de mon frère, je me passerai de viande à tout jamais, afin de ne pas causer la chute de mon frère. Ne suis-je pas libre? Ne suis-je pas apôtre? N'ai-je donc pas vu Jésus, notre Seigneur? N'êtes-vous pas mon oeuvre dans le Seigneur? Si pour d'autres je ne suis pas apôtre, pour vous du moins je le suis; car c'est vous qui, dans le Seigneur, êtes le sceau de mon apostolat. Ma défense contre ceux qui m'accusent, la voici: N'avons-nous pas le droit de manger et de boire? N'avons-nous pas le droit d'emmener avec nous une femme chrétienne, comme les autres apôtres, et les frères du Seigneur, et Céphas? Ou bien, est-ce que moi seul et Barnabé, nous n'avons pas le droit de ne pas travailler? Qui fait jamais campagne à ses propres frais? Qui plante une vigne et n'en mange pas le fruit? Qui fait paître un troupeau et ne se nourrit pas du lait du troupeau? N'y a-t-il là que propos humains? Ou bien la Loi ne le dit-elle pas aussi? C'est bien dans la Loi de Moïse qu'il est écrit: Tu ne muselleras pas le boeuf qui foule le grain. Dieu se mettrait-il en peine des boeufs? N'est-ce pas évidemment pour nous qu'il parle? Oui, c'est pour nous que cela a été écrit: celui qui laboure doit labourer dans l'espérance, et celui qui foule le grain, dans l'espérance d'en avoir sa part. Si nous avons semé en vous les biens spirituels, est-ce chose extraordinaire que nous récoltions vos biens temporels? Si d'autres ont ce droit sur vous, ne l'avons-nous pas davantage? Cependant nous n'avons pas usé de ce droit. Nous supportons tout, au contraire, pour ne pas créer d'obstacle à l'Evangile du Christ. Ne savez-vous pas que les ministres du temple vivent du temple, que ceux qui servent à l'autel partagent avec l'autel? De même, le Seigneur a prescrit à ceux qui annoncent l'Evangile de vivre de l'Evangile. Mais je n'ai usé, moi, d'aucun de ces droits, et je n'écris pas cela pour qu'il en soit ainsi à mon égard; plutôt mourir que de... Mon titre de gloire, personne ne le réduira à néant. Annoncer l'Evangile en effet n'est pas pour moi un titre de gloire; c'est une nécessité qui m'incombe. Oui, malheur à moi si je n'annonçais pas l'Evangile! Si j'avais l'initiative de cette tâche, j'aurais droit à une récompense; si je ne l'ai pas, c'est une charge qui m'est confiée. Quelle est donc ma récompense? C'est qu'en annonçant l'Evangile, j'offre gratuitement l'Evangile, sans user du droit que me confère l'Evangile. Oui, libre à l'égard de tous, je me suis fait l'esclave de tous, afin de gagner le plus grand nombre. Je me suis fait Juif avec les Juifs, afin de gagner les Juifs; sujet de la Loi avec les sujets de la Loi - moi, qui ne suis pas sujet de la Loi - afin de gagner les sujets de la Loi. Je me suis fait un sans-loi avec les sans-loi - moi qui ne suis pas sans une loi de Dieu, étant sous la loi du Christ - afin de gagner les sans-loi. Je me suis fait faible avec les faibles, afin de gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous, afin d'en sauver à tout prix quelques-uns. Et tout cela, je le fais à cause de l'Evangile, afin d'en avoir ma part. Ne savez-vous pas que, dans les courses du stade, tous courent, mais un seul obtient le prix? Courez donc de manière à le remporter. Tout athlète se prive de tout; mais eux, c'est pour obtenir une couronne périssable, nous une impérissable. Et c'est bien ainsi que je cours, moi, non à l'aventure; c'est ainsi que je fais du pugilat, sans frapper dans le vide. Je meurtris mon corps au contraire et le traîne en esclavage, de peur qu'après avoir servi de héraut pour les autres, je ne sois moi-même disqualifié. Car je ne veux pas que vous l'ignoriez, frères: nos pères ont tous été sous la nuée, tous ont passé à travers la mer, tous ont été baptisés en Moïse dans la nuée et dans la mer, tous ont mangé le même aliment spirituel et tous ont bu le même breuvage spirituel - ils buvaient en effet à un rocher spirituel qui les accompagnait, et ce rocher, c'était le Christ. Cependant, ce n'est pas le plus grand nombre d'entre eux qui plut à Dieu, puisque leurs corps jonchèrent le désert. Ces faits se sont produits pour nous servir d'exemples, pour que nous n'ayons pas de convoitises mauvaises, comme ils en eurent eux-mêmes. Ne devenez pas idolâtres comme certains d'entre eux, dont il est écrit: Le peuple s'assit pour manger et boire, puis ils se levèrent pour s'amuser. Et ne forniquons pas, comme le firent certains d'entre eux; et il en tomba 23.000 en un seul jour. Ne tentons pas non plus le Seigneur, comme le firent certains d'entre eux; et ils périrent par les serpents. Et ne murmurez pas, comme le firent certains d'entre eux; et ils périrent par l'Exterminateur. Cela leur arrivait pour servir d'exemple, et a été écrit pour notre instruction à nous qui touchons à la fin des temps. Ainsi donc, que celui qui se flatte d'être debout prenne garde de tomber. Aucune tentation ne vous est survenue, qui passât la mesure humaine. Dieu est fidèle; il ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces; mais avec la tentation, il vous donnera le moyen d'en sortir et la force de la supporter. C'est pourquoi, mes bien-aimés, fuyez l'idolâtrie. Je vous parle comme à des gens sensés; jugez vous-mêmes de ce que je dis. La coupe de bénédiction que nous bénissons, n'est-elle pas communion au sang du Christ? Le pain que nous rompons, n'est-il pas communion au corps du Christ? Parce qu'il n'y a qu'un pain, à plusieurs nous ne sommes qu'un corps, car tous nous participons à ce pain unique. Considérez l'Israël selon la chair. Ceux qui mangent les victimes ne sont-ils pas en communion avec l'autel? Qu'est-ce à dire? Que la viande immolée aux idoles soit quelque chose? Ou que l'idole soit quelque chose?... Mais ce qu'on immole, c'est à des démons et à ce qui n'est pas Dieu qu'on l'immole. Or, je ne veux pas que vous entriez en communion avec les démons. Vous ne pouvez boire la coupe du Seigneur et la coupe des démons; vous ne pouvez participer à la table du Seigneur et à la table des démons. Ou bien voudrions-nous provoquer la jalousie du Seigneur? Serions-nous plus forts que lui? "Tout est permis"; mais tout n'est pas profitable. "Tout est permis"; mais tout n'édifie pas. Que personne ne cherche son propre intérêt, mais celui d'autrui. Tout ce qui se vend au marché, mangez-le sans poser de question par motif de conscience; car la terre est au Seigneur, et tout ce qui la remplit. Si quelque infidèle vous invite et que vous acceptiez d'y aller, mangez tout ce qu'on vous sert, sans poser de question par motif de conscience. Mais si quelqu'un vous dit: "Ceci a été immolé en sacrifice", n'en mangez pas, à cause de celui qui vous a prévenus, et par motif de conscience. Par conscience j'entends non la vôtre, mais celle d'autrui; car pourquoi ma liberté relèverait-elle du jugement d'une conscience étrangère? Si je prends quelque chose en rendant grâce, pourquoi serais-je blâmé pour ce dont je rends grâce? Soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez, et quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu. Ne donnez scandale ni aux Juifs, ni aux Grecs, ni à l'Eglise de Dieu, tout comme moi je m'efforce de plaire en tout à tous, ne recherchant pas mon propre intérêt, mais celui du plus grand nombre, afin qu'ils soient sauvés. Montrez-vous mes imitateurs, comme je le suis moi-même du Christ. Je vous félicite de ce qu'en toutes choses vous vous souvenez de moi et gardez les traditions comme je vous les ai transmises. Je veux cependant que vous le sachiez: le chef de tout homme, c'est le Christ; le chef de la femme, c'est l'homme; et le chef du Christ, c'est Dieu. Tout homme qui prie ou prophétise le chef couvert fait affront à son chef. Toute femme qui prie ou prophétise le chef découvert fait affront à son chef; c'est exactement comme si elle était tondue. Si donc une femme ne met pas de voile, alors, qu'elle se coupe les cheveux! Mais si c'est une honte pour une femme d'avoir les cheveux coupés ou tondus, qu'elle mette un voile. L'homme, lui, ne doit pas se couvrir la tête, parce qu'il est l'image et le reflet de Dieu; quant à la femme, elle est le reflet de l'homme. Ce n'est pas l'homme en effet qui a été tiré de la femme, mais la femme de l'homme; et ce n'est pas l'homme, bien sûr, qui a été créé pour la femme, mais la femme pour l'homme. Voilà pourquoi la femme doit avoir sur la tête un signe de sujétion, à cause des anges. Aussi bien, dans le Seigneur, ni la femme ne va sans l'homme, ni l'homme sans la femme; car, de même que la femme a été tirée de l'homme, ainsi l'homme naît par la femme, et tout vient de Dieu. Jugez-en par vous-mêmes. Est-il convenable que la femme prie Dieu la tête découverte? La nature elle-même ne vous enseigne-t-elle pas que c'est une honte pour l'homme de porter les cheveux longs, tandis que c'est une gloire pour la femme de les porter ainsi? Car la chevelure lui a été donnée en guise de voile. Au reste, si quelqu'un se plaît à ergoter, tel n'est pas notre usage, ni celui des Eglises de Dieu. Et puisque j'en suis aux recommandations, je n'ai pas à vous louer de ce que vos réunions tournent non pas à votre bien, mais à votre détriment. Car j'apprends tout d'abord que, lorsque vous vous réunissez en assemblée, il se produit parmi vous des divisions, et je le crois en partie. Il faut bien qu'il y ait aussi des scissions parmi vous, pour permettre aux hommes éprouvés de se manifester parmi vous. Lors donc que vous vous réunissez en commun, ce n'est plus le Repas du Seigneur que vous prenez. Dès qu'on est à table en effet, chacun prend d'abord son propre repas, et l'un a faim, tandis que l'autre est ivre. Vous n'avez donc pas de maisons pour manger et boire? Ou bien méprisez-vous l'Eglise de Dieu, et voulez-vous faire honte à ceux qui n'ont rien? Que vous dire? Vous louer? Sur ce point, je ne vous loue pas. Pour moi, en effet, j'ai reçu du Seigneur ce qu'à mon tour je vous ai transmis: le Seigneur Jésus, la nuit où il était livré, prit du pain et, après avoir rendu grâce, le rompit et dit: "Ceci est mon corps, qui est pour vous; faites ceci en mémoire de moi." De même, après le repas, il prit la coupe, en disant: "Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang; chaque fois que vous en boirez, faites-le en mémoire de moi." Chaque fois en effet que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu'à ce qu'il vienne. Ainsi donc, quiconque mange le pain ou boit la coupe du Seigneur indignement aura à répondre du corps et du sang du Seigneur. Que chacun donc s'éprouve soi-même, et qu'ainsi il mange de ce pain et boive de cette coupe; car celui qui mange et boit, mange et boit sa propre condamnation, s'il ne discerne le Corps. Voilà pourquoi il y a parmi vous beaucoup de malades et d'infirmes, et que bon nombre sont morts. Si nous nous examinions nous-mêmes, nous ne serions pas jugés. Mais par ses jugements le Seigneur nous corrige, pour que nous ne soyons point condamnés avec le monde. Ainsi donc, mes frères, quand vous vous réunissez pour le Repas, attendez-vous les uns les autres. Si quelqu'un a faim, qu'il mange chez lui, afin de ne pas vous réunir pour votre condamnation. Quant au reste, je le réglerai lors de ma venue. Pour ce qui est des dons spirituels, frères, je ne veux pas vous voir dans l'ignorance. Quand vous étiez païens, vous le savez, vous étiez entraînés irrésistiblement vers les idoles muettes. C'est pourquoi, je vous le déclare: personne, parlant avec l'Esprit de Dieu, ne dit: "Anathème à Jésus", et nul ne peut dire: "Jésus est Seigneur", s'il n'est avec l'Esprit Saint. Il y a, certes, diversité de dons spirituels, mais c'est le même Esprit; diversité de ministères, mais c'est le même Seigneur; diversité d'opérations, mais c'est le même Dieu qui opère tout en tous. A chacun la manifestation de l'Esprit est donnée en vue du bien commun. A l'un, c'est un discours de sagesse qui est donné par l'Esprit; à tel autre un discours de science, selon le même Esprit; à un autre la foi, dans le même Esprit; à tel autre les dons de guérisons, dans l'unique Esprit; à tel autre la puissance d'opérer des miracles; à tel autre la prophétie; à tel autre le discernement des esprits; à un autre les diversités de langues, à tel autre le don de les interpréter. Mais tout cela, c'est l'unique et même Esprit qui l'opère, distribuant ses dons à chacun en particulier comme il l'entend. De même, en effet, que le corps est un, tout en ayant plusieurs membres, et que tous les membres du corps, en dépit de leur pluralité, ne forment qu'un seul corps, ainsi en est-il du Christ. Aussi bien est-ce en un seul Esprit que nous tous avons été baptisés en un seul corps, Juifs ou Grecs, esclaves ou hommes libres, et tous nous avons été abreuvés d'un seul Esprit. Aussi bien le corps n'est-il pas un seul membre, mais plusieurs. Si le pied disait: "Parce que je ne suis pas la main, je ne suis pas du corps", il n'en serait pas moins du corps pour cela. Et si l'oreille disait: "Parce que je ne suis pas l'oeil, je ne suis pas du corps", elle n'en serait pas moins du corps pour cela. Si tout le corps était oeil, où serait l'ouïe? Si tout était oreille, où serait l'odorat? Mais, de fait, Dieu a placé les membres, et chacun d'eux dans le corps, selon qu'il a voulu. Si le tout était un seul membre, où serait le corps? Mais, de fait, il y a plusieurs membres, et cependant un seul corps. L'oeil ne peut donc dire à la main: "Je n'ai pas besoin de toi", ni la tête à son tour dire aux pieds: "Je n'ai pas besoin de vous." Bien plus, les membres du corps qui sont tenus pour plus faibles sont nécessaires; et ceux que nous tenons pour les moins honorables du corps sont ceux-là mêmes que nous entourons de plus d'honneur, et ce que nous avons d'indécent, on le traite avec le plus de décence; ce que nous avons de décent n'en a pas besoin. Mais Dieu a disposé le corps de manière à donner davantage d'honneur à ce qui en manque, pour qu'il n'y ait point de division dans le corps, mais qu'au contraire les membres se témoignent une mutuelle sollicitude. Un membre souffre-t-il? Tous les membres souffrent avec lui. Un membre est-il à l'honneur? Tous les membres se réjouissent avec lui. Or vous êtes, vous, le corps du Christ, et membres chacun pour sa part. Et ceux que Dieu a établis dans l'Eglise sont premièrement les apôtres, deuxièmement les prophètes, troisièmement les docteurs... Puis il y a les miracles, puis les dons de guérisons, d'assistance, de gouvernement, les diversités de langues. Tous sont-ils apôtres? Tous prophètes? Tous docteurs? Tous font-ils des miracles? Tous ont-ils des dons de guérisons? Tous parlent-ils en langues? Tous interprètent-ils? Aspirez aux dons supérieurs. Et je vais encore vous montrer une voie qui les dépasse toutes. Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n'ai pas la charité, je ne suis plus qu'airain qui sonne ou cymbale qui retentit. Quand j'aurais le don de prophétie et que je connaîtrais tous les mystères et toute la science, quand j'aurais la plénitude de la foi, une foi à transporter des montagnes, si je n'ai pas la charité, je ne suis rien. Quand je distribuerais tous mes biens en aumônes, quand je livrerais mon corps aux flammes, si je n'ai pas la charité, cela ne me sert de rien. La charité est longanime; la charité est serviable; elle n'est pas envieuse; la charité ne fanfaronne pas, ne se gonfle pas; elle ne fait rien d'inconvenant, ne cherche pas son intérêt, ne s'irrite pas, ne tient pas compte du mal; elle ne se réjouit pas de l'injustice, mais elle met sa joie dans la vérité. Elle excuse tout, croit tout, espère tout, supporte tout. La charité ne passe jamais. Les prophéties? Elles disparaîtront. Les langues? Elles se tairont. La science? Elle disparaîtra. Car partielle est notre science, partielle aussi notre prophétie. Mais quand viendra ce qui est parfait, ce qui est partiel disparaîtra. Lorsque j'étais enfant, je parlais en enfant, je pensais en enfant, je raisonnais en enfant; une fois devenu homme, j'ai fait disparaître ce qui était de l'enfant. Car nous voyons, à présent, dans un miroir, en énigme, mais alors ce sera face à face. A présent, je connais d'une manière partielle; mais alors je connaîtrai comme je suis connu. Maintenant donc demeurent foi, espérance, charité, ces trois choses, mais la plus grande d'entre elles, c'est la charité. Recherchez la charité; aspirez aussi aux dons spirituels, surtout à celui de prophétie. Car celui qui parle en langue ne parle pas aux hommes, mais à Dieu; personne en effet ne comprend: il dit en esprit des choses mystérieuses. Celui qui prophétise, au contraire, parle aux hommes; il édifie, exhorte, réconforte. Celui qui parle en langue s'édifie lui-même, celui qui prophétise édifie l'assemblée. Je voudrais, certes, que vous parliez tous en langues, mais plus encore que vous prophétisiez; car celui qui prophétise l'emporte sur celui qui parle en langues, à moins que ce dernier n'interprète, pour que l'assemblée en tire édification. Et maintenant, frères, supposons que je vienne chez vous et vous parle en langues, en quoi vous serai-je utile, si ma parole ne vous apporte ni révélation, ni science, ni prophétie, ni enseignement? Ainsi en est-il des instruments de musique, flûte ou cithare; s'ils ne donnent pas distinctement les notes, comment saura-t-on ce que joue la flûte ou la cithare? Et si la trompette n'émet qu'un son confus, qui se préparera au combat? Ainsi de vous: si votre langue n'émet pas de parole intelligible, comment saura-t-on ce que vous dites? Vous parlerez en l'air. Il y a, de par le monde, je ne sais combien d'espèces de langages, et rien n'est sans langage. Si donc j'ignore la valeur du langage, je ferai l'effet d'un Barbare à celui qui parle, et celui qui parle me fera, à moi, l'effet d'un Barbare. Ainsi de vous: puisque vous aspirez aux dons spirituels, cherchez à les avoir en abondance pour l'édification de l'assemblée. C'est pourquoi celui qui parle en langue doit prier pour pouvoir interpréter. Car, si je prie en langue, mon esprit est en prière, mais mon intelligence n'en retire aucun fruit. Que faire donc? Je prierai avec l'esprit, mais je prierai aussi avec l'intelligence. Je dirai un hymne avec l'esprit, mais je le dirai aussi avec l'intelligence. Autrement, si tu ne bénis qu'en esprit, comment celui qui a rang de non-initié répondra-t-il "Amen!" à ton action de grâces, puisqu'il ne sait pas ce que tu dis? Ton action de grâces est belle, certes, mais l'autre n'en est pas édifié. Je rends grâces à Dieu de ce que je parle en langues plus que vous tous; mais dans l'assemblée, j'aime mieux dire cinq paroles avec mon intelligence, pour instruire aussi les autres, que 10.000 en langue. Frères, ne soyez pas des enfants pour le jugement; des petits enfants pour la malice, soit, mais pour le jugement soyez des hommes faits. Il est écrit dans la Loi: C'est par des hommes d'une autre langue et par des lèvres d'étrangers que je parlerai à ce peuple, et même ainsi ils ne m'écouteront pas, dit le Seigneur. Ainsi donc, les langues servent de signe non pour les croyants, mais pour les infidèles: la prophétie, elle, n'est pas pour les infidèles mais pour les croyants. Si donc l'Eglise entière se réunit ensemble et que tous parlent en langues, et qu'il entre des non-initiés ou des infidèles, ne diront-ils pas que vous êtes fous? Mais si tous prophétisent et qu'il entre un infidèle ou un non-initié, le voilà repris par tous, jugé par tous; les secrets de son coeur sont dévoilés, et ainsi, tombant sur la face, il adorera Dieu, en déclarant que Dieu est réellement parmi vous. Que conclure, frères? Lorsque vous vous assemblez, chacun peut avoir un cantique, un enseignement, une révélation, un discours en langue, une interprétation. Que tout se passe de manière à édifier. Parle-t-on en langue? Que ce soit le fait de deux ou de trois tout au plus, et à tour de rôle; et qu'il y ait un interprète. S'il n'y a pas d'interprète, qu'on se taise dans l'assemblée; qu'on se parle à soi-même et à Dieu. Pour les prophètes, qu'il y en ait deux ou trois à parler, et que les autres jugent. Si un autre qui est assis a une révélation, que le premier se taise. Car vous pouvez tous prophétiser à tour de rôle, pour que tous soient instruits et tous exhortés. Les esprits des prophètes sont soumis aux prophètes; car Dieu n'est pas un Dieu de désordre, mais de paix. Comme dans toutes les Eglises des saints, que les femmes se taisent dans les assemblées, car il ne leur est pas permis de prendre la parole; qu'elles se tiennent dans la soumission, selon que la Loi même le dit. Si elles veulent s'instruire sur quelque point, qu'elles interrogent leur mari à la maison; car il est inconvenant pour une femme de parler dans une assemblée. Est-ce de chez vous qu'est sortie la parole de Dieu? Ou bien, est-ce à vous seuls qu'elle est parvenue? Si quelqu'un croit être prophète ou inspiré par l'Esprit, qu'il reconnaisse en ce que je vous écris un commandement du Seigneur. S'il l'ignore, c'est qu'il est ignoré. Ainsi donc, mes frères, aspirez au don de prophétie, et n'empêchez pas de parler en langues. Mais que tout se passe dignement et dans l'ordre. Je vous rappelle, frères, l'Evangile que je vous ai annoncé, que vous avez reçu et dans lequel vous demeurez fermes, par lequel aussi vous vous sauvez, si vous le gardez tel que je vous l'ai annoncé; sinon, vous auriez cru en vain. Je vous ai donc transmis en premier lieu ce que j'avais moi-même reçu, à savoir que le Christ est mort pour nos péchés selon les Ecritures, qu'il a été mis au tombeau, qu'il est ressuscité le troisième jour selon les Ecritures, qu'il est apparu à Céphas, puis aux Douze. Ensuite, il est apparu à plus de 500 frères à la fois - la plupart d'entre eux demeurent jusqu'à présent et quelques-uns se sont endormis -- ensuite il est apparu à Jacques, puis à tous les apôtres. Et, en tout dernier lieu, il m'est apparu à moi aussi, comme à l'avorton. Car je suis le moindre des apôtres; je ne mérite pas d'être appelé apôtre, parce que j'ai persécuté l'Eglise de Dieu. C'est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis, et sa grâce à mon égard n'a pas été stérile. Loin de là, j'ai travaillé plus qu'eux tous: oh! non pas moi, mais la grâce de Dieu qui est avec moi. Bref, eux ou moi, voilà ce que nous prêchons. Et voilà ce que vous avez cru. Or, si l'on prêche que le Christ est ressuscité des morts, comment certains parmi vous peuvent-ils dire qu'il n'y a pas de résurrection des morts? S'il n'y a pas de résurrection des morts, le Christ non plus n'est pas ressuscité. Mais si le Christ n'est pas ressuscité, vide alors est notre message, vide aussi votre foi. Il se trouve même que nous sommes des faux témoins de Dieu, puisque nous avons attesté contre Dieu qu'il a ressuscité le Christ, alors qu'il ne l'a pas ressuscité, s'il est vrai que les morts ne ressuscitent pas. Car si les morts ne ressuscitent pas, le Christ non plus n'est pas ressuscité. Et si le Christ n'est pas ressuscité, vaine est votre foi; vous êtes encore dans vos péchés. Alors aussi ceux qui se sont endormis dans le Christ ont péri. Si c'est pour cette vie seulement que nous avons mis notre espoir dans le Christ, nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes. Mais non; le Christ est ressuscité d'entre les morts, prémices de ceux qui se sont endormis. Car, la mort étant venue par un homme, c'est par un homme aussi que vient la résurrection des morts. De même en effet que tous meurent en Adam, ainsi tous revivront dans le Christ. Mais chacun à son rang: comme prémices, le Christ, ensuite ceux qui seront au Christ, lors de son Avènement. Puis ce sera la fin, lorsqu'il remettra la royauté à Dieu le Père, après avoir détruit toute Principauté, Domination et Puissance. Car il faut qu'il règne jusqu'à ce qu'il ait placé tous ses ennemis sous ses pieds. Le dernier ennemi détruit, c'est la Mort; car il a tout mis sous ses pieds. Mais lorsqu'il dira: "Tous est soumis désormais", c'est évidemment à l'exclusion de Celui qui lui a soumis toutes choses. Et lorsque toutes choses lui auront été soumises, alors le Fils lui-même se soumettra à Celui qui lui a tout soumis, afin que Dieu soit tout en tous. S'il en était autrement, que gagneraient ceux qui se font baptiser pour les morts? Si les morts ne ressuscitent absolument pas, pourquoi donc se fait-on baptiser pour eux? Et nous-mêmes, pourquoi à toute heure nous exposer au péril? Chaque jour je suis à la mort, aussi vrai, frères, que vous êtes pour moi un titre de gloire dans le Christ Jésus, notre Seigneur. Si c'est dans des vues humaines que j'ai livré combat contre les bêtes à Ephèse, que m'en revient-il? Si les morts ne ressuscitent pas, mangeons et buvons, car demain nous mourrons. Ne vous y trompez pas: "Les mauvaises compagnies corrompent les bonnes moeurs." Dégrisez-vous, comme il sied, et ne péchez pas; car il en est parmi vous qui ignorent tout de Dieu. Je le dis à votre honte. Mais, dira-t-on, comment les morts ressuscitent-ils? Avec quel corps reviennent-ils? Insensé! Ce que tu sèmes, toi, ne reprend vie s'il ne meurt. Et ce que tu sèmes, ce n'est pas le corps à venir, mais un simple grain, soit de blé, soit de quelque autre plante; et Dieu lui donne un corps à son gré, à chaque semence un corps particulier. Toutes les chairs ne sont pas les mêmes, mais autre est la chair des hommes, autre la chair des bêtes, autre la chair des oiseaux, autre celle des poissons. Il y a aussi des corps célestes et des corps terrestres, mais autre est l'éclat des célestes, autre celui des terrestres. Autre l'éclat du soleil, autre l'éclat de la lune, autre l'éclat des étoiles. Une étoile même diffère en éclat d'une étoile. Ainsi en va-t-il de la résurrection des morts: on est semé dans la corruption, on ressuscite dans l'incorruptibilité; on est semé dans l'ignominie, on ressuscite dans la gloire; on est semé dans la faiblesse, on ressuscite dans la force; on est semé corps psychique, on ressuscite corps spirituel. S'il y a un corps psychique, il y a aussi un corps spirituel. C'est ainsi qu'il est écrit: Le premier homme, Adam, a été fait âme vivante; le dernier Adam, esprit vivifiant. Mais ce n'est pas le spirituel qui paraît d'abord; c'est le psychique, puis le spirituel. Le premier homme, issu du sol, est terrestre, le second, lui, vient du ciel. Tel a été le terrestre, tels seront aussi les terrestres; tel le céleste, tels seront aussi les célestes. Et de même que nous avons porté l'image du terrestre, nous porterons aussi l'image du céleste. Je l'affirme, frères: la chair et le sang ne peuvent hériter du Royaume de Dieu, ni la corruption hériter de l'incorruptibilité. Oui, je vais vous dire un mystère: nous ne mourrons pas tous, mais tous nous serons transformés. En un instant, en un clin d'oeil, au son de la trompette finale, car elle sonnera, la trompette, et les morts ressusciteront incorruptibles, et nous, nous serons transformés. Il faut, en effet, que cet être corruptible revête l'incorruptibilité, que cet être mortel revête l'immortalité. Quand donc cet être corruptible aura revêtu l'incorruptibilité et que cet être mortel aura revêtu l'immortalité, alors s'accomplira la parole qui est écrite: La mort a été engloutie dans la victoire. Où est-elle, ô mort, ta victoire? Où est-il, ô mort, ton aiguillon? L'aiguillon de la mort, c'est le péché, et la force du péché, c'est la Loi. Mais grâces soient à Dieu, qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus Christ! Ainsi donc, mes frères bien-aimés, montrez-vous fermes, inébranlables, toujours en progrès dans l'oeuvre du Seigneur, sachant que votre labeur n'est pas vain dans le Seigneur. Quant à la collecte en faveur des saints, suivez, vous aussi, les instructions que j'ai données aux Eglises de la Galatie. Que le premier jour de la semaine, chacun de vous mette de côté chez lui ce qu'il aura pu épargner, en sorte qu'on n'attende pas que je vienne pour recueillir les dons. Et une fois près de vous, j'enverrai, munis de lettres, ceux que vous aurez jugés aptes, porter vos libéralités à Jérusalem; et s'il vaut la peine que j'y aille aussi, ils feront le voyage avec moi. J'irai chez vous, après avoir traversé la Macédoine; car je passerai par la Macédoine. Peut-être séjournerai-je chez vous ou même y passerai-je l'hiver, afin que ce soit vous qui m'acheminiez vers l'endroit où j'irai. Car je ne veux pas vous voir juste en passant; j'espère bien rester quelque temps chez vous, si le Seigneur le permet. Toutefois je resterai à Ephèse jusqu'à la Pentecôte; car une porte y est ouverte toute grande à mon activité, et les adversaires sont nombreux. Si Timothée arrive, veillez à ce qu'il soit sans crainte au milieu de vous; car il travaille comme moi à l'oeuvre du Seigneur. Que personne donc ne le méprise. Acheminez-le en paix, pour qu'il vienne me rejoindre: je l'attends avec les frères. Quant à notre frère Apollos, je l'ai vivement exhorté à aller chez vous avec les frères, mais il ne veut absolument pas y aller maintenant; il ira lorsqu'il en trouvera l'occasion. Veillez, demeurez fermes dans la foi, soyez des hommes, soyez forts. Que tout se passe chez vous dans la charité. Encore une recommandation, frères. Vous savez que Stéphanas et les siens sont les prémices de l'Achaïe, et qu'ils se sont rangés d'eux-mêmes au service des saints. A votre tour, rangez-vous sous de tels hommes, et sous quiconque travaille et peine avec eux. Je suis heureux de la visite de Stéphanas, de Fortunatus et d'Achaïcus, qui ont suppléé à votre absence; ils ont en effet tranquillisé mon esprit et le vôtre. Sachez donc apprécier de tels hommes. Les Eglises d'Asie vous saluent. Aquilas et Prisca vous saluent bien dans le Seigneur, ainsi que l'assemblée qui se réunit chez eux. Tous les frères vous saluent. Saluez-vous les uns les autres par un saint baiser. La salutation est de ma main, à moi, Paul. Si quelqu'un n'aime pas le Seigneur, qu'il soit anathème! "Maran atha." La grâce du Seigneur Jésus soit avec vous! Je vous aime tous dans le Christ Jésus. Paul, apôtre du Christ Jésus par la volonté de Dieu, et Timothée, le frère, à l'Eglise de Dieu établie à Corinthe, ainsi qu'à tous les saints qui sont dans l'Achaïe entière; à vous grâce et paix de par Dieu, notre Père, et le Seigneur Jésus Christ! Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation, qui nous console dans toute notre tribulation, afin que, par la consolation que nous-mêmes recevons de Dieu, nous puissions consoler les autres en quelque tribulation que ce soit. De même en effet que les souffrances du Christ abondent pour nous, ainsi, par le Christ, abonde aussi notre consolation. Sommes-nous dans la tribulation? C'est pour votre consolation et salut. Sommes-nous consolés? C'est pour votre consolation, qui vous donne de supporter avec constance les mêmes souffrances que nous endurons, nous aussi. Et notre espoir à votre égard est ferme: nous savons que, partageant nos souffrances, vous partagerez aussi notre consolation. Car nous ne voulons pas que vous l'ignoriez, frères: la tribulation qui nous est survenue en Asie nous a accablés à l'excès, au-delà de nos forces, à tel point que nous désespérions même de conserver la vie. Vraiment, nous avons porté en nous-mêmes notre arrêt de mort, afin d'apprendre à ne pas mettre notre confiance en nous-mêmes mais en Dieu, qui ressuscite les morts. C'est lui qui nous a délivrés d'une telle mort et nous en délivrera; en lui nous avons cette espérance qu'il nous en délivrera encore. Vous-mêmes nous aiderez par la prière, afin que ce bienfait, qu'un grand nombre de personnes nous auront obtenu, soit pour un grand nombre un motif d'action de grâces à notre sujet. Ce qui fait notre fierté, c'est ce témoignage de notre conscience que nous nous sommes comportés dans le monde, et plus particulièrement à votre égard, avec la sainteté et la pureté qui viennent de Dieu, non pas avec une sagesse charnelle, mais bien avec la grâce de Dieu. En effet, il n'y a rien dans nos lettres que ce que vous y lisez et comprenez. Et j'espère que vous comprendrez pleinement -- ainsi que vous nous avez compris en partie - que nous sommes pour vous un titre de gloire, comme vous le serez pour nous, au Jour de notre Seigneur Jésus. C'est dans cette assurance que je voulais venir chez vous tout d'abord pour vous procurer une seconde grâce; puis de chez vous passer en Macédoine et de Macédoine revenir chez vous; et vous m'auriez acheminé vers la Judée. En formant ce projet, aurais-je donc fait preuve de légèreté? Ou bien mes projets s'inspirent-ils de la chair, en sorte qu'il y ait en moi le oui, oui, et le non, non? Aussi vrai que Dieu est fidèle, notre langage avec vous n'est pas oui et non. Car le Fils de Dieu, le Christ Jésus, que nous avons prêché parmi vous, Silvain, Timothée et moi, n'a pas été oui et non; il n'y a eu que oui en lui. Toutes les promesses de Dieu ont en effet leur oui en lui; aussi bien est-ce par lui que nous disons l'"Amen" à Dieu pour sa gloire. Et Celui qui nous affermit avec vous dans le Christ et qui nous a donné l'onction, c'est Dieu, Lui qui nous a aussi marqués d'un sceau et a mis dans nos coeurs les arrhes de l'Esprit. Pour moi, j'en prends Dieu à témoin sur mon âme, c'est par ménagement pour vous que je ne suis plus venu à Corinthe. Ce n'est pas que nous entendions régenter votre foi. Non, nous contribuons à votre joie; car, pour la foi, vous tenez bon. Je décidai donc en moi-même de ne pas revenir chez vous dans la tristesse. Car si c'est moi qui vous attriste, qui peut alors me donner de la joie sinon celui que j'aurai attristé? Et si j'ai écrit ce que vous savez, c'était pour ne pas éprouver de tristesse, en venant, du fait de ceux qui devraient me donner de la joie, persuadé à l'égard de vous tous que ma joie est aussi la vôtre, à vous tous. Oui, c'est dans une grande tribulation et angoisse de coeur que je vous ai écrit, parmi bien des larmes, non pour que vous soyez attristés, mais pour que vous sachiez l'extrême affection que je vous porte. Que si quelqu'un a causé de la tristesse, ce n'est pas à moi qu'il en a causé; c'est, dans une certaine mesure (n'exagérons rien), à vous tous. C'est assez pour cet homme-là du châtiment infligé par la majorité, en sorte qu'il vaut mieux au contraire lui pardonner et l'encourager, de peur que cet homme-là ne vienne à sombrer dans une tristesse excessive. C'est pourquoi je vous exhorte à faire prévaloir envers lui la charité. Aussi bien, en écrivant, je ne me proposais que de vous mettre à l'épreuve et de voir si vous êtes en tous points obéissants. Mais à qui vous pardonnez, je pardonne aussi; car, si j'ai pardonné - pour autant que j'ai eu à pardonner - c'est à cause de vous, en présence du Christ. Il ne s'agit pas d'être dupes de Satan, car nous n'ignorons pas ses desseins. J'arrivai donc à Troas pour l'Evangile du Christ, et bien qu'une porte me fût ouverte dans le Seigneur, mon esprit n'eut point de repos, parce que je ne trouvai pas Tite, mon frère. Je pris donc congé d'eux et partis pour la Macédoine. Grâces soient à Dieu qui, dans le Christ, nous emmène sans cesse dans son triomphe et qui, par nous, répand en tous lieux le parfum de sa connaissance. Car nous sommes bien, pour Dieu, la bonne odeur du Christ parmi ceux qui se sauvent et parmi ceux qui se perdent; pour les uns, une odeur qui de la mort conduit à la mort; pour les autres, une odeur qui de la vie conduit à la vie. Et de cela qui est capable? Nous ne sommes pas, en effet, comme la plupart, qui frelatent la parole de Dieu; non, c'est en toute pureté, c'est en envoyés de Dieu que, devant Dieu, nous parlons dans le Christ. Recommençons-nous à nous recommander nous-mêmes? Ou bien aurions-nous besoin, comme certains, de lettres de recommandation pour vous ou de vous? Notre lettre, c'est vous, une lettre écrite en nos coeurs, connue et lue par tous les hommes. Vous êtes manifestement une lettre du Christ remise à nos soins, écrite non avec de l'encre, mais avec l'Esprit du Dieu vivant, non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, sur les coeurs. Telle est la conviction que nous avons par le Christ auprès de Dieu. Ce n'est pas que de nous-mêmes nous soyons capables de revendiquer quoi que ce soit comme venant de nous; non, notre capacité vient de Dieu, qui nous a rendus capables d'être ministres d'une nouvelle alliance, non de la lettre, mais de l'Esprit; car la lettre tue, l'Esprit vivifie. Or, si le ministère de la mort, gravé en lettres sur des pierres, a été entouré d'une telle gloire que les fils d'Israël ne pouvaient fixer les yeux sur le visage de Moïse à cause de la gloire de son visage, pourtant passagère, comment le ministère de l'Esprit n'en aurait-il pas davantage? Si en effet le ministère de la condamnation fut glorieux, combien plus le ministère de justice l'emporte-t-il en gloire! Non, si de ce point de vue, on la compare à cette gloire suréminente, la gloire de ce premier ministère n'en fut pas une. Car, si ce qui était passager s'est manifesté dans la gloire, combien plus ce qui demeure sera-t-il glorieux! En possession d'une telle espérance, nous nous comportons avec beaucoup d'assurance, et non comme Moïse, qui mettait un voile sur son visage pour empêcher les fils d'Israël de voir la fin de ce qui était passager... Mais leur entendement s'est obscurci. Jusqu'à ce jour en effet, lorsqu'on lit l'Ancien Testament, ce même voile demeure. Il n'est point retiré; car c'est le Christ qui le fait disparaître. Oui, jusqu'à ce jour, toutes les fois qu'on lit Moïse, un voile est posé sur leur coeur. C'est quand on se convertit au Seigneur que le voile est enlevé. Car le Seigneur, c'est l'Esprit, et où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté. Et nous tous qui, le visage découvert, réfléchissons comme en un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en cette même image, allant de gloire en gloire, comme de par le Seigneur, qui est Esprit. Voilà pourquoi, miséricordieusement investis de ce ministère, nous ne faiblissons pas, mais nous avons répudié les dissimulations de la honte, ne nous conduisant pas avec astuce et ne falsifiant pas la parole de Dieu. Au contraire, par la manifestation de la vérité, nous nous recommandons à toute conscience humaine devant Dieu. Que si notre Evangile demeure voilé, c'est pour ceux qui se perdent qu'il est voilé, pour les incrédules, dont le dieu de ce monde a aveuglé l'entendement afin qu'ils ne voient pas briller l'Evangile de la gloire du Christ, qui est l'image de Dieu. Car ce n'est pas nous que nous prêchons, mais le Christ Jésus, Seigneur; nous ne sommes, nous, que vos serviteurs, à cause de Jésus. En effet le Dieu qui a dit: "Que des ténèbres resplendisse la lumière", est Celui qui a resplendi dans nos coeurs, pour faire briller la connaissance de la gloire de Dieu, qui est sur la face du Christ. Mais ce trésor, nous le portons en des vases d'argile, pour que cet excès de puissance soit de Dieu et ne vienne pas de nous. Nous sommes pressés de toute part, mais non pas écrasés; ne sachant qu'espérer, mais non désespérés; persécutés, mais non abandonnés; terrassés, mais non annihilés. Nous portons partout et toujours en notre corps les souffrances de mort de Jésus, pour que la vie de Jésus soit, elle aussi, manifestée dans notre corps. Quoique vivants en effet, nous sommes continuellement livrés à la mort à cause de Jésus, pour que la vie de Jésus soit, elle aussi, manifestée dans notre chair mortelle. Ainsi donc, la mort fait son oeuvre en nous, et la vie en vous. Mais, possédant ce même esprit de foi, selon ce qui est écrit: J'ai cru, c'est pourquoi j'ai parlé, nous aussi, nous croyons, et c'est pourquoi nous parlons, sachant que Celui qui a ressuscité le Seigneur Jésus nous ressuscitera nous aussi avec Jésus, et nous placera près de lui avec vous. Car tout cela arrive à cause de vous, pour que la grâce, se multipliant, fasse abonder l'action de grâces chez un plus grand nombre, à la gloire de Dieu. C'est pourquoi nous ne faiblissons pas. Au contraire, même si notre homme extérieur s'en va en ruine, notre homme intérieur se renouvelle de jour en jour. Car la légère tribulation d'un instant nous prépare, jusqu'à l'excès, une masse éternelle de gloire, à nous qui ne regardons pas aux choses visibles, mais aux invisibles; les choses visibles en effet n'ont qu'un temps, les invisibles sont éternelles. Nous savons en effet que si cette tente - notre maison terrestre - vient à être détruite, nous avons un édifice qui est l'oeuvre de Dieu, une maison éternelle qui n'est pas faite de main d'homme, dans les cieux. Aussi gémissons-nous dans cet état, ardemment désireux de revêtir par-dessus l'autre notre habitation céleste, si toutefois nous devons être trouvés vêtus, et non pas nus. Oui, nous qui sommes dans cette tente, nous gémissons, accablés; nous ne voudrions pas en effet nous dévêtir, mais nous revêtir par-dessus, afin que ce qui est mortel soit englouti par la vie. Et Celui qui nous a faits pour cela même, c'est Dieu, qui nous a donné les arrhes de l'Esprit. Ainsi donc, toujours pleins de hardiesse, et sachant que demeurer dans ce corps, c'est vivre en exil loin du Seigneur, car nous cheminons dans la foi, non dans la claire vision... Nous sommes donc pleins de hardiesse et préférons quitter ce corps pour aller demeurer auprès du Seigneur. Aussi bien, que nous demeurions en ce corps ou que nous le quittions, avons-nous à coeur de lui plaire. Car il faut que tous nous soyons mis à découvert devant le tribunal du Christ, pour que chacun recouvre ce qu'il aura fait pendant qu'il était dans son corps, soit en bien, soit en mal. Connaissant donc la crainte du Seigneur, nous cherchons à persuader les hommes. Quant à Dieu, nous sommes à découvert devant lui, et j'espère que, dans vos consciences aussi, nous sommes à découvert. Nous ne recommençons pas à nous recommander nous-mêmes devant vous; nous vous donnons seulement occasion de vous glorifier à notre sujet, pour que vous puissiez répondre à ceux qui se glorifient de ce qui se voit et non de ce qui est dans le coeur. En effet, si nous avons été hors de sens, c'était pour Dieu; si nous sommes raisonnables, c'est pour vous. Car l'amour du Christ nous presse, à la pensée que, si un seul est mort pour tous, alors tous sont morts. Et il est mort pour tous, afin que les vivants ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux. Ainsi donc, désormais nous ne connaissons personne selon la chair. Même si nous avons connu le Christ selon la chair, maintenant ce n'est plus ainsi que nous le connaissons. Si donc quelqu'un est dans le Christ, c'est une création nouvelle: l'être ancien a disparu, un être nouveau est là. Et le tout vient de Dieu, qui nous a réconciliés avec Lui par le Christ et nous a confié le ministère de la réconciliation. Car c'était Dieu qui dans le Christ se réconciliait le monde, ne tenant plus compte des fautes des hommes, et mettant en nous la parole de la réconciliation. Nous sommes donc en ambassade pour le Christ; c'est comme si Dieu exhortait par nous. Nous vous en supplions au nom du Christ: laissez-vous réconcilier avec Dieu. Celui qui n'avait pas connu le péché, Il l'a fait péché pour nous, afin qu'en lui nous devenions justice de Dieu. Et puisque nous sommes ses coopérateurs, nous vous exhortons encore à ne pas recevoir en vain la grâce de Dieu. Il dit en effet: Au moment favorable, je t'ai exaucé; au jour du salut, je t'ai secouru. Le voici maintenant le moment favorable, le voici maintenant le jour du salut. Nous ne donnons à personne aucun sujet de scandale, pour que le ministère ne soit pas décrié. Au contraire, nous nous recommandons en tout comme des ministres de Dieu: par une grande constance dans les tribulations, dans les détresses, dans les angoisses, sous les coups, dans les prisons, dans les désordres, dans les fatigues, dans les veilles, dans les jeûnes; par la pureté, par la science, par la patience, par la bonté, par un esprit saint, par une charité sans feinte, par la parole de vérité, par la puissance de Dieu; par les armes offensives et défensives de la justice; dans l'honneur et l'ignominie, dans la mauvaise et la bonne réputation; tenus pour imposteurs et pourtant véridiques; pour gens obscurs, nous pourtant si connus; pour gens qui vont mourir, et nous voilà vivants; pour gens qu'on châtie, mais sans les mettre à mort; pour tristes, nous qui sommes toujours joyeux; pour pauvres, nous qui faisons tant de riches; pour gens qui n'ont rien, nous qui possédons tout. Nous vous avons parlé en toute liberté, Corinthiens; notre coeur s'est grand ouvert. Vous n'êtes pas à l'étroit chez nous; c'est dans vos coeurs que vous êtes à l'étroit. Payez-nous donc de retour; je vous parle comme à mes enfants, ouvrez tout grand votre coeur, vous aussi. Ne formez pas d'attelage disparate avec des infidèles. Quel rapport en effet entre la justice et l'impiété? Quelle union entre la lumière et les ténèbres? Quelle entente entre le Christ et Béliar? Quelle association entre le fidèle et l'infidèle? Quel accord entre le temple de Dieu et les idoles? Or c'est nous qui sommes le temple du Dieu vivant, ainsi que Dieu l'a dit: J'habiterai au milieu d'eux et j'y marcherai; je serai leur Dieu et ils seront mon peuple. Sortez donc du milieu de ces gens-là et tenez-vous à l'écart, dit le Seigneur. Ne touchez rien d'impur, et moi, je vous accueillerai. Je serai pour vous un père, et vous serez pour moi des fils et des filles, dit le Seigneur tout-puissant. En possession de telles promesses, bien-aimés, purifions-nous de toute souillure de la chair et de l'esprit, achevant de nous sanctifier dans la crainte de Dieu. Faites-nous place en vos coeurs. Nous n'avons fait tort à personne, nous n'avons ruiné personne, nous n'avons exploité personne. Je ne dis pas cela pour vous condamner. Je vous l'ai déjà dit: vous êtes dans nos coeurs à la vie et à la mort. J'ai grande confiance en vous, je suis très fier de vous. Je suis comblé de consolation; je surabonde de joie dans toute notre tribulation. De fait, à notre arrivée en Macédoine, notre chair ne connut pas de repos. Partout des tribulations: au-dehors, des luttes; au-dedans, des craintes. Mais Celui qui console les humiliés, Dieu, nous a consolés par l'arrivée de Tite, et non seulement par son arrivée, mais encore par la consolation que vous-mêmes lui aviez donnée. Il nous a fait part de votre ardent désir, de votre désolation, de votre zèle pour moi, si bien qu'en moi la joie a prévalu. Vraiment, si je vous ai attristés par ma lettre, je ne le regrette pas. Et si je l'ai regretté - je vois bien que cette lettre vous a, ne fût-ce qu'un moment, attristés -- je m'en réjouis maintenant, non de ce que vous avez été attristés, mais de ce que cette tristesse vous a portés au repentir. Car vous avez été attristés selon Dieu, en sorte que vous n'avez, de notre part, subi aucun dommage. La tristesse selon Dieu produit en effet un repentir salutaire qu'on ne regrette pas; la tristesse du monde, elle, produit la mort. Voyez plutôt ce qu'elle a produit chez vous, cette tristesse selon Dieu. Quel empressement! Que dis-je? Quelles excuses! Quelle indignation! Quelle crainte! Quel ardent désir! Quel zèle! Quelle punition! Vous avez montré de toutes manières que vous étiez innocents en cette affaire. Aussi bien, si je vous ai écrit, ce n'est ni à cause de l'offenseur ni à cause de l'offensé. C'était pour faire éclater chez vous devant Dieu l'empressement que vous avez à notre égard. Voilà ce qui nous a consolés. A cette consolation personnelle s'est ajoutée une joie bien plus grande encore, celle de voir la joie de Tite, dont l'esprit a reçu apaisement de vous tous. Que si devant lui je me suis quelque peu glorifié à votre sujet, je n'ai pas eu à en rougir. Au contraire, de même qu'en toutes choses nous vous avons dit la vérité, ainsi ce dont nous nous sommes glorifiés auprès de Tite s'est trouvé être la vérité. Et son affection pour vous redouble, quand il se rappelle votre obéissance à tous, comment vous l'avez accueilli avec crainte et tremblement. Je me réjouis de pouvoir en tout compter sur vous. Nous vous faisons connaître, frères, la grâce de Dieu qui a été accordée aux Eglises de Macédoine. Parmi les nombreuses tribulations qui les ont éprouvées, leur joie surabondante et leur profonde pauvreté ont débordé chez eux en trésors de générosité. Selon leurs moyens, je l'atteste, et au-delà de leurs moyens, spontanément, ils nous ont demandé avec beaucoup d'insistance la faveur de participer à ce service en faveur des saints. Dépassant même nos espérances, ils se sont donnés eux-mêmes, d'abord au Seigneur, puis à nous, par la volonté de Dieu. Aussi avons-nous prié Tite de mener encore à bonne fin chez vous cette libéralité, comme il avait commencé. Mais, de même que vous excellez en tout, foi, parole, science, empressement de toute nature, charité que nous vous avons communiquée, il vous faut aussi exceller en cette libéralité. Ce n'est pas un ordre que je donne; je veux seulement, par l'empressement des autres, éprouver la sincérité de votre charité. Vous connaissez, en effet, la libéralité de notre Seigneur Jésus Christ, qui pour vous s'est fait pauvre, de riche qu'il était, afin de vous enrichir par sa pauvreté. C'est un avis que je donne là-dessus; et c'est ce qui vous convient, à vous qui, dès l'an dernier, avez été les premiers non seulement à entreprendre mais encore à vouloir. Maintenant donc achevez votre oeuvre, afin que l'achèvement réponde à l'ardeur du vouloir, selon vos moyens. Lorsque l'ardeur y est, on est agréé pour ce qu'on a, il n'est pas question de ce qu'on n'a pas. Il ne s'agit point, pour soulager les autres, de vous réduire à la gêne; ce qu'il faut, c'est l'égalité. Dans le cas présent, votre superflu pourvoit à leur dénuement, pour que leur superflu pourvoie aussi à votre dénuement. Ainsi se fera l'égalité, selon qu'il est écrit: Celui qui avait beaucoup recueilli n'eut rien de trop, et celui qui avait peu recueilli ne manqua de rien. Grâces soient à Dieu, qui met au coeur de Tite le même empressement pour vous: il a répondu à notre appel. Plus empressé même que jamais, c'est spontanément qu'il se rend chez vous. Nous envoyons avec lui le frère dont toutes les Eglises font l'éloge au sujet de l'Evangile. Ce n'est pas tout; il a encore été désigné par le suffrage des Eglises comme notre compagnon de voyage dans cette libéralité, dont le service est assuré par nous pour la gloire du Seigneur lui-même et notre propre satisfaction. Par là nous voulons éviter qu'on n'aille nous décrier pour cette forte somme dont le service est assuré par nous; car nous avons à coeur ce qui est bien, non seulement devant le Seigneur, mais encore devant les hommes. Avec eux nous envoyons aussi celui de nos frères dont nous avons éprouvé l'empressement de maintes manières et en maintes circonstances, et qui maintenant est beaucoup plus empressé, en raison de la grande confiance qu'il a en vous. Pour ce qui est de Tite, c'est mon associé et coopérateur auprès de vous; quant à nos frères, ce sont les envoyés des Eglises, la gloire du Christ. Donnez-leur donc, à la face des Eglises, la preuve de votre charité et du bien-fondé de notre fierté à votre égard. Quant à ce service en faveur des saints, il est superflu pour moi de vous en écrire. Je sais en effet votre ardeur, dont je suis fier pour vous auprès des Macédoniens: "L'Achaïe, leur dis-je, est prête depuis l'an passé." Et votre zèle a été un stimulant pour le plus grand nombre. Toutefois je vous envoie les frères, pour que la fierté que nous tirons de vous ne soit pas réduite à néant sur ce point, et que vous soyez prêts, ainsi que je l'ai dit. Autrement, si des Macédoniens venaient avec moi et ne vous trouvaient pas prêts, notre belle assurance tournerait à notre confusion, pour ne pas dire à la vôtre. J'ai donc jugé nécessaire d'inviter les frères à nous précéder chez vous, et à organiser d'avance votre largesse déjà annoncée, afin qu'elle soit prête comme une largesse et non comme une lésinerie. Songez-y: qui sème chichement moissonnera aussi chichement; qui sème largement moissonnera aussi largement. Que chacun donne selon ce qu'il a décidé dans son coeur, non d'une manière chagrine ou contrainte; car Dieu aime celui qui donne avec joie. Dieu d'ailleurs est assez puissant pour vous combler de toutes sortes de libéralités afin que, possédant toujours et en toute chose tout ce qu'il vous faut, il vous reste du superflu pour toute bonne oeuvre, selon qu'il est écrit: Il a fait des largesses, il a donné aux pauvres; sa justice demeure à jamais. Celui qui fournit au laboureur la semence et le pain qui le nourrit vous fournira la semence à vous aussi, et en abondance, et il fera croître les fruits de votre justice. Enrichis de toutes manières, vous pourrez pratiquer toutes les générosités, lesquelles, par notre entremise, feront monter vers Dieu l'action de grâces. Car le service de cette offrande ne pourvoit pas seulement aux besoins des saints; il est encore une source abondante de nombreuses actions de grâces envers Dieu. Ce service leur prouvant ce que vous êtes, ils glorifient Dieu pour votre obéissance dans la profession de l'Evangile du Christ et pour la générosité de votre communion avec eux et avec tous. Et leur prière pour vous manifeste la tendresse qu'ils vous portent, en raison de la grâce surabondante que Dieu a répandue sur vous. Grâces soient à Dieu pour son ineffable don! C'est moi, Paul en personne, qui vous en prie, par la douceur et l'indulgence du Christ, moi si humble avec vous face à face, mais, absent, si hardi à votre égard. Je vous en prie: que je n'aie pas, une fois chez vous, à user hardiment de cette assurance dont j'entends avoir l'audace contre certaines gens qui pensent que notre conduite s'inspire de la chair. Nous vivons dans la chair, évidemment, mais nous ne combattons pas selon la chair. Non, les armes de notre combat ne sont point charnelles, mais elles ont, au service de Dieu, la puissance de renverser les forteresses. Nous renversons les sophismes et toute puissance altière qui se dresse contre la connaissance de Dieu, et nous faisons toute pensée captive pour l'amener à obéir au Christ. Et nous sommes prêts à châtier toute désobéissance, dès que votre obéissance sera parfaite. Rendez-vous à l'évidence. Si quelqu'un se flatte d'être au Christ, qu'il se le dise une bonne fois: de même qu'il est au Christ, nous le sommes aussi. Et dussé-je me glorifier un peu trop de notre pouvoir, que le Seigneur nous a donné pour votre édification et non pour votre ruine, je n'en rougirais pas. Car je ne veux pas paraître vouloir vous effrayer par mes lettres. "Les lettres, dit-on, sont énergiques et sévères; mais, quand il est là, c'est un corps chétif, et sa parole est nulle." Qu'il se le dise bien, celui-là: tel nous sommes en paroles dans nos lettres quand nous sommes absent, tel aussi, une fois présent, nous serons dans nos actes. Certes, nous n'avons pas l'audace de nous égaler ni de nous comparer à de certaines gens qui se recommandent eux-mêmes. En se mesurant eux-mêmes à leur mesure et en se comparant à eux-mêmes, ils manquent d'intelligence. Pour nous, nous n'irons pas nous glorifier hors de mesure, mais nous prendrons comme mesure la règle même que Dieu nous a assignée pour mesure: celle d'être arrivés jusqu'à vous. Car nous ne nous étendons pas indûment, comme ce serait le cas si nous n'étions pas arrivés jusqu'à vous; nous sommes bel et bien parvenus jusqu'à vous avec l'Evangile du Christ. Nous ne nous glorifions pas hors de mesure, au moyen des labeurs d'autrui; et nous avons l'espoir, avec les progrès en vous de votre foi, de nous agrandir de plus en plus selon notre règle à nous, en portant l'Evangile au-delà de chez vous, au lieu d'empiéter sur le domaine d'autrui et de nous glorifier de travaux tout préparés. Celui donc qui se glorifie, qu'il se glorifie dans le Seigneur. Ce n'est pas celui qui se recommande lui-même qui est un homme éprouvé; c'est celui que le Seigneur recommande. Oh! si vous pouviez supporter que je fasse un peu l'insensé! Mais, bien sûr, vous me supportez. J'éprouve à votre égard en effet une jalousie divine; car je vous ai fiancés à un époux unique, comme une vierge pure à présenter au Christ. Mais j'ai bien peur qu'à l'exemple d'Eve, que le serpent a dupée par son astuce, vos pensées ne se corrompent en s'écartant de la simplicité envers le Christ. Si le premier venu en effet prêche un autre Jésus que celui que nous avons prêché, s'il s'agit de recevoir un Esprit différent de celui que vous avez reçu, ou un Evangile différent de celui que vous avez accueilli, vous le supportez fort bien. J'estime pourtant ne le céder en rien à ces "archiapôtres." Si je ne suis qu'un profane pour la parole, pour la science, c'est autre chose; en tout et devant tous, nous vous l'avons montré. Ou bien, aurais-je commis une faute en vous annonçant gratuitement l'Evangile de Dieu m'abaissant moi-même pour vous élever, vous? J'ai dépouillé d'autres Eglises, recevant d'elles un salaire pour vous servir. Et quand, une fois chez vous, je me suis vu dans le besoin, je n'ai été à charge à personne: ce sont les frères venus de Macédoine qui ont pourvu à ce qui me manquait. De toutes manières je me suis gardé de vous être à charge, et je m'en garderai. Aussi sûrement que la vérité du Christ est en moi, ce titre de gloire ne me sera pas enlevé dans les régions de l'Achaïe. Pourquoi? Parce que je ne vous aime pas? Dieu le sait. Et ce que je fais, je le ferai encore, afin d'ôter tout prétexte à ceux qui en voudraient un, pour être trouvés nos pareils sur le point où ils se glorifient. Car ces gens-là sont de faux apôtres, des ouvriers trompeurs, qui se déguisent en apôtres du Christ. Et rien d'étonnant: Satan lui-même se déguise bien en ange de lumière. Rien donc de surprenant si ses ministres aussi se déguisent en ministres de justice. Mais leur fin sera conforme à leurs oeuvres. Je le répète, qu'on ne me prenne pas pour un insensé; ou bien alors, acceptez-moi au moins comme tel, que je puisse à mon tour me glorifier un peu. Ce que je vais dire, je ne le dirai pas selon le Seigneur, mais comme un insensé, dans l'assurance d'avoir de quoi me glorifier. Puisque tant d'autres se glorifient selon la chair, je vais, moi aussi, me glorifier. Vous supportez si volontiers les insensés, vous qui êtes sensés! Oui, vous supportez qu'on vous asservisse, qu'on vous dévore, qu'on vous pille, qu'on vous traite avec arrogance, qu'on vous frappe au visage. Je le dis à votre honte; c'est à croire que nous nous sommes montré faible... Mais ce dont on se prévaut - c'est en insensé que je parle --, je puis m'en prévaloir, moi aussi. Ils sont Hébreux? Moi aussi. Ils sont Israélites? Moi aussi. Ils sont postérité d'Abraham? Moi aussi. Ils sont ministres du Christ? (Je vais dire une folie!) Moi, plus qu'eux. Bien plus par les travaux, bien plus par les emprisonnements, infiniment plus par les coups. Souvent j'ai été à la mort. Cinq fois j'ai reçu des Juifs les 39 coups de fouet; trois fois j'ai été battu de verges; une fois lapidé; trois fois j'ai fait naufrage. Il m'est arrivé de passer un jour et une nuit dans l'abîme! Voyages sans nombre, dangers des rivières, dangers des brigands, dangers de mes compatriotes, dangers des païens, dangers de la ville, dangers du désert, dangers de la mer, dangers des faux frères! Labeur et fatigue, veilles fréquentes, faim et soif, jeûnes répétés, froid et nudité! Et sans parler du reste, mon obsession quotidienne, le souci de toutes les Eglises! Qui est faible, que je ne sois faible? Qui vient à tomber, qu'un feu ne me brûle? S'il faut se glorifier, c'est de mes faiblesses que je me glorifierai. Le Dieu et Père du Seigneur Jésus, qui est béni éternellement, sait que je ne mens pas. A Damas, l'ethnarque du roi Arétas faisait garder la ville des Damascéniens pour m'appréhender, et c'est par une fenêtre, dans un panier, qu'on me laissa glisser le long de la muraille, et ainsi j'échappai à ses mains. Il faut se glorifier? (cela ne vaut rien pourtant) eh bien! j'en viendrai aux visions et révélations du Seigneur. Je connais un homme dans le Christ qui, voici quatorze ans - était-ce en son corps? Je ne sais; était-ce hors de son corps? Je ne sais; Dieu le sait - cet homme-là fut ravi jusqu'au troisième ciel. Et cet homme-là - était-ce en son corps? Etait-ce sans son corps? Je ne sais, Dieu le sait --, je sais qu'il fut ravi jusqu'au paradis et qu'il entendit des paroles ineffables, qu'il n'est pas permis à un homme de redire. Pour cet homme-là je me glorifierai; mais pour moi, je ne me glorifierai que de mes faiblesses. Oh! si je voulais me glorifier, je ne serais pas insensé; je dirais la vérité. Mais je m'abstiens, de peur qu'on ne se fasse de moi une idée supérieure à ce qu'on voit en moi ou ce qu'on m'entend dire. Et pour que l'excellence même de ces révélations ne m'enorgueillisse pas, il m'a été mis une écharde en la chair, un ange de Satan chargé de me souffleter - pour que je ne m'enorgueillisse pas! A ce sujet, par trois fois, j'ai prié le Seigneur pour qu'il s'éloigne de moi. Mais il m'a déclaré: "Ma grâce te suffit: car la puissance se déploie dans la faiblesse." C'est donc de grand coeur que je me glorifierai surtout de mes faiblesses, afin que repose sur moi la puissance du Christ. C'est pourquoi je me complais dans les faiblesses, dans les outrages, dans les détresses, dans les persécutions et les angoisses endurées pour le Christ; car, lorsque je suis faible, c'est alors que je suis fort. Me voilà devenu insensé! C'est vous qui m'y avez contraint. C'était à vous de me recommander. Car je n'ai été en rien inférieur à ces "archiapôtres", bien que je ne sois rien. Les traits distinctifs de l'apôtre ont été réalisés chez vous; parfaite constance, signes, prodiges et miracles. Qu'avez-vous eu de moins que les autres Eglises, sinon que personnellement je ne vous ai pas été à charge? Pardonnez-moi cette injustice. Voici que, pour la troisième fois, je suis prêt à me rendre chez vous, et je ne vous serai pas à charge; car ce que je recherche, ce ne sont pas vos biens, mais vous. Ce ne sont pas en effet les enfants qui doivent thésauriser pour les parents, mais les parents pour les enfants. Pour moi, je dépenserai très volontiers et je me dépenserai moi-même tout entier pour vos âmes. Faut-il que, vous aimant davantage, je sois moins aimé? Soit, dira-t-on; personnellement je ne vous ai pas grevés. Mais, en fourbe que je suis, je vous ai pris par la ruse. Vous aurais-je donc exploités par l'un quelconque de ceux que je vous ai envoyés? J'ai insisté auprès de Tite, et j'ai envoyé avec lui le frère. Tite vous aurait-il exploités? N'avons-nous pas marché dans le même esprit? Suivi les mêmes traces? Depuis longtemps, vous vous imaginez que nous nous défendons devant vous. C'est devant Dieu, dans le Christ, que nous parlons. Et tout cela, bien-aimés, pour votre édification. Je crains, en effet, qu'à mon arrivée je ne vous trouve pas tels que je voudrais, et que vous me trouviez tel que vous ne voudriez pas; qu'il n'y ait discorde, jalousie, animosités, disputes, calomnies, commérages, insolences, désordres. Je crains qu'à ma prochaine visite mon Dieu ne m'humilie à votre sujet, et que je n'aie à mener le deuil sur plusieurs de ceux qui ont péché précédemment et ne se sont pas repentis pour leurs actes d'impureté, de fornication et de débauche. C'est la troisième fois que je vais me rendre chez vous. Toute affaire se décidera sur la parole de deux témoins ou de trois. Je l'ai déjà dit à ceux qui ont péché précédemment et à tous les autres, et je le redis d'avance aujourd'hui que je suis absent, comme lors de mon second séjour: si je reviens, je serai sans ménagement, puisque vous cherchez une preuve que le Christ parle en moi, lui qui n'est pas faible à votre égard, mais qui est puissant parmi vous. Certes, il a été crucifié en raison de sa faiblesse, mais il est vivant par la puissance de Dieu. Et nous aussi, nous sommes faibles en lui, bien sûr, mais nous vivrons avec lui, par la puissance de Dieu à votre égard. Examinez-vous vous-mêmes pour voir si vous êtes dans la foi. Eprouvez-vous vous-mêmes. Ne reconnaissez-vous pas que Jésus Christ est en vous? A moins peut-être que l'épreuve ne tourne contre vous. Vous reconnaîtrez, je l'espère, qu'elle ne tourne pas contre nous. Nous prions Dieu que vous ne fassiez aucun mal; notre désir n'est pas de paraître l'emporter dans l'épreuve, mais de vous voir faire le bien, et de succomber ainsi dans l'épreuve. Car nous n'avons aucun pouvoir contre la vérité; nous n'en avons que pour la vérité. Oui, nous nous réjouissons, quand nous sommes faibles et que vous êtes forts. Ce que nous demandons dans nos prières, c'est votre affermissement. Voilà pourquoi je vous écris cela, étant absent, afin de n'avoir pas, une fois présent, à user de sévérité selon le pouvoir que le Seigneur m'a donné pour édifier, et non pour détruire. Au demeurant, frères, soyez joyeux; affermissez-vous; exhortez-vous. Ayez même sentiment; vivez en paix, et le Dieu de la charité et de la paix sera avec vous. Saluez-vous mutuellement d'un saint baiser. Tous les saints vous saluent. La grâce du Seigneur Jésus Christ, l'amour de Dieu et la communion du Saint Esprit soient avec vous tous! Paul, apôtre, non de la part des hommes ni par l'intermédiaire d'un homme, mais par Jésus Christ et Dieu le Père qui l'a ressuscité des morts, et tous les frères qui sont avec moi, aux Eglises de Galatie. A vous grâce et paix de par Dieu notre Père et le Seigneur Jésus Christ, qui s'est livré pour nos péchés afin de nous arracher à ce monde actuel et mauvais, selon la volonté de Dieu notre Père, à qui soit la gloire dans les siècles des siècles! Amen. Je m'étonne que si vite vous abandonniez Celui qui vous a appelés par la grâce du Christ, pour passer à un second évangile -- non qu'il y en ait deux; il y a seulement des gens en train de jeter le trouble parmi vous et qui veulent bouleverser l'Evangile du Christ. Eh bien! si nous-même, si un ange venu du ciel vous annonçait un évangile différent de celui que nous avons prêché, qu'il soit anathème! Nous l'avons déjà dit, et aujourd'hui je le répète: si quelqu'un vous annonce un évangile différent de celui que vous avez reçu, qu'il soit anathème! En tout cas, maintenant est-ce la faveur des hommes, ou celle de Dieu que je veux gagner? Est-ce que je cherche à plaire à des hommes? Si je voulais encore plaire à des hommes, je ne serais plus le serviteur du Christ. Sachez-le, en effet, mes frères, l'Evangile que j'ai annoncé n'est pas à mesure humaine: ce n'est pas non plus d'un homme que je l'ai reçu ou appris, mais par une révélation de Jésus Christ. Vous avez certes entendu parler de ma conduite jadis dans le judaïsme, de la persécution effrénée que je menais contre l'Eglise de Dieu et des ravages que je lui causais, et de mes progrès dans le Judaïsme, où je surpassais bien des compatriotes de mon âge, en partisan acharné des traditions de mes pères. Mais quand Celui qui dès le sein maternel m'a mis à part et appelé par sa grâce daigna révéler en moi son Fils pour que je l'annonce parmi les païens, aussitôt, sans consulter la chair et le sang, sans monter à Jérusalem trouver les apôtres mes prédécesseurs, je m'en allai en Arabie, puis je revins encore à Damas. Ensuite, après trois ans, je montai à Jérusalem rendre visite à Céphas et demeurai auprès de lui quinze jours: je n'ai pas vu d'autre apôtre, mais seulement Jacques, le frère du Seigneur: et quand je vous écris cela, j'atteste devant Dieu que je ne mens point. Ensuite je suis allé en Syrie et en Cilicie, mais j'étais personnellement inconnu des Eglises de Judée qui sont dans le Christ; on y entendait seulement dire que le persécuteur de naguère annonçait maintenant la foi qu'alors il voulait détruire; et elles glorifiaient Dieu à mon sujet. Ensuite, au bout de quatorze ans, je montai de nouveau à Jérusalem avec Barnabé et Tite que je pris avec moi. J'y montai à la suite d'une révélation; et je leur exposai l'Evangile que je prêche parmi les païens - mais séparément aux notables, de peur de courir ou d'avoir couru pour rien. Eh bien! de Tite lui-même, mon compagnon qui était grec, on n'exigea pas qu'il se fît circoncire. Mais à cause des intrus, ces faux frères qui se sont glissés pour espionner la liberté que nous avons dans le Christ Jésus, afin de nous réduire en servitude, gens auxquels nous refusâmes de céder, fût-ce un moment, par déférence, afin de sauvegarder pour vous la vérité de l'Evangile... Et de la part de ceux qu'on tenait pour des notables - peu m'importe ce qu'alors ils pouvaient être; Dieu ne fait point acception des personnes --, à mon Evangile, en tout cas, les notables n'ont rien ajouté. Au contraire, voyant que l'évangélisation des incirconcis m'était confiée comme à Pierre celle des circoncis -- car Celui qui avait agi en Pierre pour faire de lui un apôtre des circoncis, avait pareillement agi en moi en faveur des païens -- et reconnaissant la grâce qui m'avait été départie, Jacques, Céphas et Jean, ces notables, ces colonnes, nous tendirent la main, à moi et à Barnabé, en signe de communion: nous irions, nous aux païens, eux à la Circoncision; nous devions seulement songer aux pauvres, ce que précisément j'ai eu à coeur de faire. Mais quand Céphas vint à Antioche, je lui résistai en face, parce qu'il s'était donné tort. En effet, avant l'arrivée de certaines gens de l'entourage de Jacques, il prenait ses repas avec les païens; mais quand ces gens arrivèrent, on le vit se dérober et se tenir à l'écart, par peur des circoncis. Et les autres Juifs l'imitèrent dans sa dissimulation, au point d'entraîner Barnabé lui-même à dissimuler avec eux. Mais quand je vis qu'ils ne marchaient pas droit selon la vérité de l'Evangile, je dis à Céphas devant tout le monde: "Si toi qui es Juif, tu vis comme les païens, et non à la juive, comment peux-tu contraindre les païens à judaïser? "Nous sommes, nous, des Juifs de naissance et non de ces pécheurs de païens; et cependant, sachant que l'homme n'est pas justifié par la pratique de la loi, mais seulement par la foi en Jésus Christ, nous avons cru, nous aussi, au Christ Jésus, afin d'obtenir la justification par la foi au Christ et non par la pratique de la loi, puisque par la pratique de la loi personne ne sera justifié. Or si, recherchant notre justification dans le Christ, il s'est trouvé que nous sommes des pécheurs comme les autres, serait-ce que le Christ est au service du péché? Certes non! Car en relevant ce que j'ai abattu, je me convaincs moi-même de transgression. En effet, par la Loi je suis mort à la Loi afin de vivre à Dieu: je suis crucifié avec le Christ; et ce n'est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi. Ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m'a aimé et s'est livré pour moi. Je n'annule pas le don de Dieu: car si la justice vient de la loi, c'est donc que le Christ est mort pour rien." O Galates sans intelligence, qui vous a ensorcelés? A vos yeux pourtant ont été dépeints les traits de Jésus Christ en croix. Je ne veux savoir de vous qu'une chose: est-ce pour avoir pratiqué la Loi que vous avez reçu l'Esprit, ou pour avoir cru à la prédication? Etes-vous à ce point dépourvus d'intelligence, que de commencer par l'esprit pour finir maintenant dans la chair? Est-ce en vain que vous avez éprouvé tant de faveurs? Et ce serait bel et bien en vain. Celui donc qui vous prodigue l'Esprit et opère parmi vous des miracles, le fait-il parce que vous pratiquez la loi ou parce que vous croyez à la prédication? Ainsi Abraham crut-il en Dieu, et ce lui fut compté comme justice. Comprenez-le donc: ceux qui se réclament de la foi, ce sont eux les fils d'Abraham. Et l'Ecriture, prévoyant que Dieu justifierait les païens par la foi, annonça d'avance à Abraham cette bonne nouvelle: En toi seront bénies toutes les nations. Si bien que ceux qui se réclament de la foi sont bénis avec Abraham le croyant. Tous ceux en effet qui se réclament de la pratique de la loi encourent une malédiction. Car il est écrit: Maudit soit quiconque ne s'attache pas à tous les préceptes écrits dans le livre de la Loi pour les pratiquer. -- Que d'ailleurs la Loi ne puisse justifier personne devant Dieu, c'est l'évidence, puisque le juste vivra par la foi; or la Loi, elle, ne procède pas de la foi: mais c'est en pratiquant ces préceptes que l'homme vivra par eux. -- Le Christ nous a rachetés de cette malédiction de la Loi, devenu lui-même malédiction pour nous, car il est écrit: Maudit quiconque pend au gibet, afin qu'aux païens passe dans le Christ Jésus la bénédiction d'Abraham et que par la foi nous recevions l'Esprit de la promesse. Frères, partons du plan humain: un testament, dûment ratifié, qui n'est pourtant que de l'homme, ne s'annule pas ni ne reçoit de modifications. Or c'est à Abraham que les promesses furent adressées et à sa descendance. L'Ecriture ne dit pas: "et aux descendants", comme s'il s'agissait de plusieurs; elle n'en désigne qu'un: et à ta descendance, c'est-à-dire le Christ. Or voici ma pensée: un testament déjà établi par Dieu en bonne et due forme, la Loi venue après 430 ans ne va pas l'infirmer, et ainsi rendre vaine la promesse. Car si on hérite en vertu de la loi, ce n'est plus en vertu de la promesse: or c'est par une promesse que Dieu accorda sa faveur à Abraham. Alors pourquoi la Loi? Elle fut ajoutée en vue des transgressions, jusqu'à la venue de la descendance à qui était destinée la promesse, édictée par le ministère des anges et l'entremise d'un médiateur. Or il n'y a pas de médiateur, quand on est seul, et Dieu est seul. La Loi s'opposerait donc aux promesses de Dieu? Certes non! En effet, si nous avait été donnée une loi capable de communiquer la vie, alors vraiment la justice procéderait de la loi. Mais en fait l'Ecriture a tout enfermé sous le péché, afin que la promesse, par la foi en Jésus Christ, fût accordée à ceux qui croient. Avant la venue de la foi, nous étions enfermés sous la garde de la Loi, réservés à la foi qui devait se révéler. Ainsi la Loi nous servit-elle de pédagogue jusqu'au Christ, pour que nous obtenions de la foi notre justification. Mais la foi venue, nous ne sommes plus sous un pédagogue. Car vous êtes tous fils de Dieu, par la foi, dans Christ Jésus. Vous tous en effet, baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ: il n'y a ni Juif ni Grec, il n'y a ni esclave ni homme libre, il n'y a ni homme ni femme; car tous vous ne faites qu'un dans le Christ Jésus. Mais si vous appartenez au Christ, vous êtes donc la descendance d'Abraham, héritiers selon la promesse. Or je dis: aussi longtemps qu'il est un enfant, l'héritier, quoique propriétaire de tous les biens, ne diffère en rien d'un esclave. Il est sous le régime des tuteurs et des intendants jusqu'à la date fixée par son père. Nous aussi, durant notre enfance, nous étions asservis aux éléments du monde. Mais quand vint la plénitude du temps, Dieu envoya son Fils, né d'une femme, né sujet de la loi, afin de racheter les sujets de la Loi, afin de nous conférer l'adoption filiale. Et la preuve que vous êtes des fils, c'est que Dieu a envoyé dans nos coeurs l'Esprit de son Fils qui crie: Abba, Père! Aussi n'es-tu plus esclave mais fils; fils, et donc héritier de par Dieu. Jadis, dans votre ignorance de Dieu, vous fûtes asservis à des dieux qui au vrai n'en sont pas; mais maintenant que vous avez connu Dieu ou plutôt qu'il vous a connus, comment retourner encore à ces éléments sans force ni valeur, auxquels à nouveau, comme jadis, vous voulez vous asservir? Observer des jours, des mois, des saisons, des années! Vous me faites craindre de m'être inutilement fatigué pour vous. Devenez semblables à moi, puisque je me suis fait semblable à vous, frères, je vous en supplie. Vous ne m'avez nullement offensé. Mais vous le savez, ce fut une maladie qui me donna l'occasion de vous évangéliser la première fois, et, malgré l'épreuve que vous était ce corps infirme, vous n'avez marqué ni mépris ni dégoût; mais vous m'avez accueilli comme un ange de Dieu, comme le Christ Jésus. Que sont donc devenues les félicitations que vous vous adressiez? Car je vous rends ce témoignage: s'il avait été possible, vous vous seriez arraché les yeux pour me les donner. Alors, suis-je devenu votre ennemi en vous disant la vérité? Leur attachement pour vous n'est pas bon; ils veulent vous séparer de moi, pour vous attacher à eux. Il est bien de s'attacher les autres pour le bien, pour toujours, et non pas seulement quand je suis près de vous, mes petits enfants, vous que j'enfante à nouveau dans la douleur jusqu'à ce que le Christ soit formé en vous. Que ne suis-je près de vous en cet instant pour adapter mon langage, car je ne sais comment m'y prendre avec vous. Dites-moi, vous qui voulez vous soumettre à la Loi, n'entendez-vous pas la Loi? Il est écrit en effet qu'Abraham eut deux fils, l'un de la servante, l'autre de la femme libre; mais celui de la servante est né selon la chair, celui de la femme libre en vertu de la promesse. Il y a là une allégorie: ces femmes représentent deux alliances; la première se rattache au Sinaï et enfante pour la servitude: c'est Agar (car le Sinaï est en Arabie) et elle correspond à la Jérusalem actuelle, qui de fait est esclave avec ses enfants. Mais la Jérusalem d'en haut est libre, et elle est notre mère; car il est écrit: Réjouis-toi, stérile qui n'enfantais pas, éclate en cris de joie, toi qui n'as pas connu les douleurs; car nombreux sont les enfants de l'abandonnée, plus que les fils de l'épouse. Or vous, mes frères, à la manière d'Isaac, vous êtes enfants de la promesse. Mais, comme alors l'enfant de la chair persécutait l'enfant de l'esprit, il en est encore ainsi maintenant. Eh bien, que dit l'Ecriture: Chasse la servante et son fils, car il ne faut pas que le fils de la servante hérite avec le fils de la femme libre. Aussi, mes frères, ne sommes-nous pas enfants d'une servante mais de la femme libre. C'est pour que nous restions libres que le Christ nous a libérés. Donc tenez bon et ne vous remettez pas sous le joug de l'esclavage. C'est moi, Paul, qui vous le dis: si vous vous faites circoncire, le Christ ne vous servira de rien. De nouveau je l'atteste à tout homme qui se fait circoncire: il est tenu à l'observance intégrale de la Loi. Vous avez rompu avec le Christ, vous qui cherchez la justice dans la Loi; vous êtes déchus de la grâce. Car pour nous, c'est l'Esprit qui nous fait attendre de la foi les biens qu'espère la justice. En effet, dans le Christ Jésus ni circoncision ni incirconcision ne comptent, mais seulement la foi opérant par la charité. Votre course partait bien; qui a entravé votre élan de soumission à la vérité? Cette suggestion ne vient pas de Celui qui vous appelle. Un peu de levain fait lever toute la pâte. Pour moi, j'ai confiance qu'unis dans le Seigneur vous n'aurez pas d'autre sentiment; mais qui vous trouble subira sa condamnation, quel qu'il soit. Quant à moi, frères, si je prêche encore la circoncision, pourquoi suis-je encore persécuté? C'en est donc fini du scandale de la croix! Qu'ils aillent jusqu'à la mutilation, ceux qui bouleversent vos âmes! Vous en effet, mes frères, vous avez été appelés à la liberté; seulement, que cette liberté ne se tourne pas en prétexte pour la chair; mais par la charité mettez-vous au service les uns des autres. Car une seule formule contient toute la Loi en sa plénitude: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Mais si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres, prenez garde que vous allez vous entre-détruire. Or je dis: laissez-vous mener par l'Esprit et vous ne risquerez pas de satisfaire la convoitise charnelle. Car la chair convoite contre l'esprit et l'esprit contre la chair; il y a entre eux antagonisme, si bien que vous ne faites pas ce que vous voudriez. Mais si l'Esprit vous anime, vous n'êtes pas sous la Loi. Or on sait bien tout ce que produit la chair: fornication, impureté, débauche, idolâtrie, magie, haines, discorde, jalousie, emportements, disputes, dissensions, scissions, sentiments d'envie, orgies, ripailles et choses semblables - et je vous préviens, comme je l'ai déjà fait, que ceux qui commettent ces fautes-là n'hériteront pas du Royaume de Dieu. -- Mais le fruit de l'Esprit est charité, joie, paix, longanimité, serviabilité, bonté, confiance dans les autres, douceur, maîtrise de soi: contre de telles choses il n'y a pas de loi. Or ceux qui appartiennent au Christ Jésus ont crucifié la chair avec ses passions et ses convoitises. Puisque l'Esprit est notre vie, que l'Esprit nous fasse aussi agir. Ne cherchons pas la vaine gloire, en nous provoquant les uns les autres, en nous enviant mutuellement. Frères, même dans le cas où quelqu'un serait pris en faute, vous les spirituels, rétablissez-le en esprit de douceur, te surveillant toi-même, car tu pourrais bien toi aussi être tenté. Portez les fardeaux les uns des autres et accomplissez ainsi la Loi du Christ. Car si quelqu'un estime être quelque chose alors qu'il n'est rien, il se fait illusion. Que chacun examine sa propre conduite et alors il trouvera en soi seul et non dans les autres l'occasion de se glorifier; car tout homme devra porter sa charge personnelle. Que le disciple fasse part de toute sorte de biens à celui qui lui enseigne la parole. Ne vous y trompez pas; on ne se moque pas de Dieu. Car ce que l'on sème, on le récolte: qui sème dans sa chair, récoltera de la chair la corruption; qui sème dans l'esprit, récoltera de l'esprit la vie éternelle. Ne nous lassons pas de faire le bien; en son temps viendra la récolte, si nous ne nous relâchons pas. Ainsi donc, tant que nous en avons l'occasion, pratiquons le bien à l'égard de tous et surtout de nos frères dans la foi. Voyez quels gros caractères ma main trace à votre intention. Des gens désireux de faire bonne figure dans la chair, voilà ceux qui vous imposent la circoncision, à seule fin d'éviter la persécution pour la croix du Christ. Car ceux qui se font circoncire n'observent pas eux-mêmes la loi; ils veulent seulement que vous soyez circoncis, pour se glorifier dans votre chair. Pour moi, que jamais je ne me glorifie sinon dans la croix de notre Seigneur Jésus Christ, qui a fait du monde un crucifié pour moi et de moi un crucifié pour le monde. Car la circoncision n'est rien, ni l'incirconcision; il s'agit d'être une créature nouvelle. Et à tous ceux qui suivront cette règle, paix et miséricorde, ainsi qu'à l'Israël de Dieu. Dorénavant que personne ne me suscite d'ennuis: je porte dans mon corps les marques de Jésus. Frères, la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec votre esprit! Amen. Paul, apôtre du Christ Jésus, par la volonté de Dieu, aux saints et fidèles dans le Christ Jésus. A vous grâce et paix de par Dieu notre Père et le Seigneur Jésus Christ. Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui nous a bénis par toutes sortes de bénédictions spirituelles, aux cieux, dans le Christ. C'est ainsi qu'Il nous a élus en lui, dès avant la fondation du monde, pour être saints et immaculés en sa présence, dans l'amour, déterminant d'avance que nous serions pour Lui des fils adoptifs par Jésus Christ. Tel fut le bon plaisir de sa volonté, à la louange de gloire de sa grâce, dont Il nous a gratifiés dans le Bien-Aimé. En lui nous trouvons la rédemption, par son sang, la rémission des fautes, selon la richesse de sa grâce, qu'Il nous a prodiguée, en toute sagesse et intelligence: Il nous a fait connaître le mystère de sa volonté, ce dessein bienveillant qu'Il avait formé en lui par avance, pour le réaliser quand les temps seraient accomplis: ramener toutes choses sous un seul Chef, le Christ, les êtres célestes comme les terrestres. C'est en lui encore que nous avons été mis à part, désignés d'avance, selon le plan préétabli de Celui qui mène toutes choses au gré de sa volonté, pour être, à la louange de sa gloire, ceux qui ont par avance espéré dans le Christ. C'est en lui que vous aussi, après avoir entendu la Parole de vérité, l'Evangile de votre salut, et y avoir cru, vous avez été marqués d'un sceau par l'Esprit de la Promesse, cet Esprit Saint qui constitue les arrhes de notre héritage, et prépare la rédemption du Peuple que Dieu s'est acquis, pour la louange de sa gloire. C'est pourquoi moi-même, ayant appris votre foi dans le Seigneur Jésus et votre charité à l'égard de tous les saints, je ne cesse de rendre grâces à votre sujet et de faire mémoire de vous dans mes prières. Daigne le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, le Père de la gloire, vous donner un esprit de sagesse et de révélation, qui vous le fasse vraiment connaître! Puisse-t-il illuminer les yeux de votre coeur pour vous faire voir quelle espérance vous ouvre son appel, quels trésors de gloire renferme son héritage parmi les saints, et quelle extraordinaire grandeur sa puissance revêt pour nous, les croyants, selon la vigueur de sa force, qu'il a déployée en la personne du Christ, le ressuscitant d'entre les morts et le faisant siéger à sa droite, dans les cieux, bien au-dessus de toute Principauté, Puissance, Vertu, Seigneurie, et de tout autre nom qui se pourra nommer, non seulement dans ce siècle-ci, mais encore dans le siècle à venir. Il a tout mis sous ses pieds, et l'a constitué, au sommet de tout, Tête pour l'Eglise, laquelle est son Corps, la Plénitude de Celui qui est rempli, tout en tout. Et vous qui étiez morts par suite des fautes et des péchés dans lesquels vous avez vécu jadis, selon le cours de ce monde, selon le Prince de l'empire de l'air, cet Esprit qui poursuit son oeuvre en ceux qui résistent... Nous tous d'ailleurs, nous fûmes jadis de ceux-là, vivant selon nos convoitises charnelles, servant les caprices de la chair et des pensées coupables, si bien que nous étions par nature voués à la colère tout comme les autres... Mais Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause du grand amour dont Il nous a aimés, alors que nous étions morts par suite de nos fautes, nous a fait revivre avec le Christ - c'est par grâce que vous êtes sauvés! -- avec lui Il nous a ressuscités et fait asseoir aux cieux, dans le Christ Jésus. Il a voulu par là démontrer dans les siècles à venir l'extraordinaire richesse de sa grâce, par sa bonté pour nous dans le Christ Jésus. Car c'est bien par la grâce que vous êtes sauvés, moyennant la foi. Ce salut ne vient pas de vous, il est un don de Dieu; il ne vient pas des oeuvres, car nul ne doit pouvoir se glorifier. Nous sommes en effet son ouvrage, créés dans le Christ Jésus en vue des bonnes oeuvres que Dieu a préparées d'avance pour que nous les pratiquions. Rappelez-vous donc qu'autrefois, vous les païens - qui étiez tels dans la chair, vous qui étiez appelés "prépuce" par ceux qui s'appellent "circoncision",... d'une opération pratiquée dans la chair! -- rappelez-vous qu'en ce temps-là vous étiez sans Christ, exclus de la cité d'Israël, étrangers aux alliances de la Promesse, n'ayant ni espérance ni Dieu en ce monde! Or voici qu'à présent, dans le Christ Jésus, vous qui jadis étiez loin, vous êtes devenus proches, grâce au sang du Christ. Car c'est lui qui est notre paix, lui qui des deux peuples n'en a fait qu'un, détruisant la barrière qui les séparait, supprimant en sa chair la haine, cette Loi des préceptes avec ses ordonnances, pour créer en sa personne les deux en un seul Homme Nouveau, faire la paix, et les réconcilier avec Dieu, tous deux en un seul Corps, par la Croix: en sa personne il a tué la Haine. Alors il est venu proclamer la paix, paix pour vous qui étiez loin et paix pour ceux qui étaient proches: par lui nous avons en effet, tous deux en un seul Esprit, libre accès auprès du Père. Ainsi donc, vous n'êtes plus des étrangers ni des hôtes; vous êtes concitoyens des saints, vous êtes de la maison de Dieu. Car la construction que vous êtes a pour fondations les apôtres et prophètes, et pour pierre d'angle le Christ Jésus lui-même. En lui toute construction s'ajuste et grandit en un temple saint, dans le Seigneur; en lui, vous aussi, vous êtes intégrés à la construction pour devenir une demeure de Dieu, dans l'Esprit. C'est pourquoi moi, Paul, prisonnier du Christ à cause de vous, païens... Car vous avez appris, je pense, comment Dieu m'a dispensé la grâce qu'il m'a confiée pour vous, m'accordant par révélation la connaissance du Mystère, tel que je viens de l'exposer en peu de mots: à me lire, vous pouvez vous rendre compte de l'intelligence que j'ai du Mystère du Christ. Ce Mystère n'avait pas été communiqué aux hommes des temps passés comme il vient d'être révélé maintenant à ses saints apôtres et prophètes, dans l'Esprit: les païens sont admis au même héritage, membres du même Corps, bénéficiaires de la même Promesse, dans le Christ Jésus, par le moyen de l'Evangile. Et de cet Evangile je suis devenu ministre par le don de la grâce que Dieu m'a confiée en y déployant sa puissance: à moi, le moindre de tous les saints, a été confiée cette grâce-là, d'annoncer aux païens l'insondable richesse du Christ et de mettre en pleine lumière la dispensation du Mystère: il a été tenu caché depuis les siècles en Dieu, le Créateur de toutes choses, pour que les Principautés et les Puissances célestes aient maintenant connaissance, par le moyen de l'Eglise, de la sagesse infinie en ressources déployée par Dieu en ce dessein éternel qu'il a conçu dans le Christ Jésus notre Seigneur, et qui nous donne d'oser nous approcher en toute confiance par le chemin de la foi au Christ. Ainsi, je vous en prie, ne vous laissez pas abattre par les épreuves que j'endure pour vous; elles sont votre gloire! C'est pourquoi je fléchis les genoux en présence du Père de qui toute paternité, au ciel et sur la terre, tire son nom. Qu'Il daigne, selon la richesse de sa gloire, vous armer de puissance par son Esprit pour que se fortifie en vous l'homme intérieur, que le Christ habite en vos coeurs par la foi, et que vous soyez enracinés, fondés dans l'amour. Ainsi vous recevrez la force de comprendre, avec tous les saints, ce qu'est la Largeur, la Longueur, la Hauteur et la Profondeur, vous connaîtrez l'amour du Christ qui surpasse toute connaissance, et vous entrerez par votre plénitude dans toute la Plénitude de Dieu. A Celui dont la puissance agissant en nous est capable de faire bien au-delà, infiniment au-delà de tout ce que nous pouvons demander ou concevoir, à Lui la gloire, dans l'Eglise et le Christ Jésus, pour tous les âges et tous les siècles! Amen. Je vous exhorte donc, moi le prisonnier dans le Seigneur, à mener une vie digne de l'appel que vous avez reçu: en toute humilité, douceur et patience, supportez-vous les uns les autres avec charité; appliquez-vous à conserver l'unité de l'Esprit par ce lien qu'est la paix. Il n'y a qu'un Corps et qu'un Esprit, comme il n'y a qu'une espérance au terme de l'appel que vous avez reçu; un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême; un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, par tous et en tous. Cependant chacun de nous a reçu sa part de la faveur divine selon que le Christ a mesuré ses dons. C'est pourquoi l'on dit: Montant dans les hauteurs il a emmené des captifs, il a donné des dons aux hommes. "Il est monté", qu'est-ce à dire, sinon qu'il est aussi descendu dans les régions inférieures de la terre? Et celui qui est descendu, c'est le même qui est aussi monté au-dessus de tous les cieux, afin de remplir toutes choses. C'est lui encore qui "a donné" aux uns d'être apôtres, à d'autres d'être prophètes, ou encore évangélistes, ou bien pasteurs et docteurs, organisant ainsi les saints pour l'oeuvre du ministère, en vue de la construction du Corps du Christ, au terme de laquelle nous devons parvenir, tous ensemble, à ne faire plus qu'un dans la foi et la connaissance du Fils de Dieu, et à constituer cet Homme parfait, dans la force de l'âge, qui réalise la plénitude du Christ. Ainsi nous ne serons plus des enfants, nous ne nous laisserons plus ballotter et emporter à tout vent de la doctrine, au gré de l'imposture des hommes et de leur astuce à fourvoyer dans l'erreur. Mais, vivant selon la vérité et dans la charité, nous grandirons de toutes manières vers Celui qui est la Tête, le Christ, dont le Corps tout entier reçoit concorde et cohésion par toutes sortes de jointures qui le nourrissent et l'actionnent selon le rôle de chaque partie, opérant ainsi sa croissance et se construisant lui-même, dans la charité. Je vous dis donc et vous adjure dans le Seigneur de ne plus vous conduire comme le font les païens, avec leur vain jugement et leurs pensées enténébrées: ils sont devenus étrangers à la vie de Dieu à cause de l'ignorance qu'a entraînée chez eux l'endurcissement du coeur, et, leur sens moral une fois émoussé, ils se sont livrés à la débauche au point de perpétrer avec frénésie toute sorte d'impureté. Mais vous, ce n'est pas ainsi que vous avez appris le Christ, si du moins vous l'avez reçu dans une prédication et un enseignement conformes à la vérité qui est en Jésus, à savoir qu'il vous faut abandonner votre premier genre de vie et dépouiller le vieil homme, qui va se corrompant au fil des convoitises décevantes, pour vous renouveler par une transformation spirituelle de votre jugement et revêtir l'Homme nouveau, qui a été créé selon Dieu, dans la justice et la sainteté de la vérité. Dès lors, plus de mensonge: que chacun dise la vérité à son prochain; ne sommes-nous pas membres les uns des autres? Emportez-vous, mais ne commettez pas le péché: que le soleil ne se couche pas sur votre colère; il ne faut pas donner prise au diable. Que celui qui volait ne vole plus; qu'il prenne plutôt la peine de travailler de ses mains, au point de pouvoir faire le bien en secourant les nécessiteux. De votre bouche ne doit sortir aucun mauvais propos, mais plutôt toute bonne parole capable d'édifier, quand il le faut, et de faire du bien à ceux qui l'entendent. Ne contristez pas l'Esprit Saint de Dieu, qui vous a marqués de son sceau pour le jour de la rédemption. Aigreur, emportement, colère, clameurs, outrages, tout cela doit être extirpé de chez vous, avec la malice sous toutes ses formes. Montrez-vous au contraire bons et compatissants les uns pour les autres, vous pardonnant mutuellement, comme Dieu vous a pardonné dans le Christ. Oui, cherchez à imiter Dieu, comme des enfants bien-aimés, et suivez la voie de l'amour, à l'exemple du Christ qui vous a aimés et s'est livré pour nous, s'offrant à Dieu en sacrifice d'agréable odeur. Quant à la fornication, à l'impureté sous toutes ses formes, ou encore à la cupidité, que leurs noms ne soient même pas prononcés parmi vous: c'est ce qui sied à des saints. De même pour les grossièretés, les inepties, les facéties: tout cela ne convient guère; faites entendre plutôt des actions de grâces. Car, sachez-le bien, ni le fornicateur, ni le débauché, ni le cupide - qui est un idolâtre - n'ont droit à l'héritage dans le Royaume du Christ et de Dieu. Que nul ne vous abuse par de vaines raisons: ce sont bien de tels désordres qui attirent la colère de Dieu sur ceux qui lui résistent. N'ayez donc rien de commun avec eux. Jadis vous étiez ténèbres, mais à présent vous êtes lumière dans le Seigneur; conduisez-vous en enfants de lumière; car le fruit de la lumière consiste en toute bonté, justice et vérité. Discernez ce qui plaît au Seigneur, et ne prenez aucune part aux oeuvres stériles des ténèbres; dénoncez-les plutôt. Certes, ce que ces gens-là font en cachette, on a honte même de le dire; mais quand tout cela est dénoncé, c'est dans la lumière qu'on le voit apparaître; tout ce qui apparaît, en effet, est lumière. C'est pourquoi l'on dit: Eveille-toi, toi qui dors, lève-toi d'entre les morts, et sur toi luira le Christ. Ainsi prenez bien garde à votre conduite; qu'elle soit celle non d'insensés mais de sages, qui tirent bon parti de la période présente; car nos temps sont mauvais; ne vous montrez donc pas inconsidérés, mais sachez voir quelle est la volonté du Seigneur. Ne vous enivrez pas de vin: on n'y trouve que libertinage; mais cherchez dans l'Esprit votre plénitude. Récitez entre vous des Ephésiens Psaumes, des hymnes et des cantiques inspirés; chantez et célébrez le Seigneur de tout votre coeur. En tout temps et à tout propos, rendez grâces à Dieu le Père, au nom de notre Seigneur Jésus Christ. Soyez soumis les uns aux autres dans la crainte du Christ. Que les femmes le soient à leurs maris comme au Seigneur: en effet, le mari est chef de sa femme, comme le Christ est chef de l'Eglise, lui le sauveur du Corps; or l'Eglise se soumet au Christ; les femmes doivent donc, et de la même manière, se soumettre en tout à leurs maris. Maris, aimez vos femmes comme le Christ a aimé l'Eglise: il s'est livré pour elle, afin de la sanctifier en la purifiant par le bain d'eau qu'une parole accompagne; car il voulait se la présenter à lui-même toute resplendissante, sans tache ni ride ni rien de tel, mais sainte et immaculée. De la même façon les maris doivent aimer leurs femmes comme leurs propres corps. Aimer sa femme, c'est s'aimer soi-même. Car nul n'a jamais haï sa propre chair; on la nourrit au contraire et on en prend bien soin. C'est justement ce que le Christ fait pour l'Eglise: ne sommes-nous pas les membres de son Corps? Voici donc que l'homme quittera son père et sa mère pour s'attacher à sa femme, et les deux ne feront qu'une seule chair: ce mystère est de grande portée; je veux dire qu'il s'applique au Christ et à l'Eglise. Bref, en ce qui vous concerne, que chacun aime sa femme comme soi-même, et que la femme révère son mari. Enfants, obéissez à vos parents, dans le Seigneur: cela est juste. Honore ton père et ta mère, tel est le premier commandement auquel soit attachée une promesse: pour que tu t'en trouves bien et jouisses d'une longue vie sur la terre. Et vous, parents, n'exaspérez pas vos enfants, mais usez, en les éduquant, de corrections et de semonces qui s'inspirent du Seigneur. Esclaves, obéissez à vos maîtres d'ici-bas avec crainte et tremblement, en simplicité de coeur, comme au Christ; non d'une obéissance tout extérieure qui cherche à plaire aux hommes, mais comme des esclaves du Christ, qui font avec âme la volonté de Dieu. Que votre service empressé s'adresse au Seigneur et non aux hommes, dans l'assurance que chacun sera payé par le Seigneur selon ce qu'il aura fait de bien, qu'il soit esclave ou qu'il soit libre. Et vous, maîtres, agissez de même à leur égard; laissez de côté les menaces, et dites-vous bien que, pour eux comme pour vous, le Maître est dans les cieux, et qu'il ne fait point acception des personnes. En définitive, rendez-vous puissants dans le Seigneur et dans la vigueur de sa force. Revêtez l'armure de Dieu, pour pouvoir résister aux manoeuvres du diable. Car ce n'est pas contre des adversaires de sang et de chair que nous avons à lutter, mais contre les Principautés, contre les Puissances, contre les Régisseurs de ce monde de ténèbres, contre les esprits du mal qui habitent les espaces célestes. C'est pour cela qu'il vous faut endosser l'armure de Dieu, afin qu'au jour mauvais vous puissiez résister et, après avoir tout mis en oeuvre, rester fermes. Tenez-vous donc debout, avec la Vérité pour ceinture, la Justice pour cuirasse, et pour chaussures le Zèle à propager l'Evangile de la paix; ayez toujours en main le bouclier de la Foi, grâce auquel vous pourrez éteindre tous les traits enflammés du Mauvais; enfin recevez le casque du Salut et le glaive de l'Esprit, c'est-à-dire la Parole de Dieu. Vivez dans la prière et les supplications; priez en tout temps, dans l'Esprit; apportez-y une vigilance inlassable et intercédez pour tous les saints. Priez aussi pour moi, afin qu'il me soit donné d'ouvrir la bouche pour parler et d'annoncer hardiment le Mystère de l'Evangile, dont je suis l'ambassadeur dans mes chaînes; obtenez-moi la hardiesse d'en parler comme je le dois. Je désire que vous sachiez, vous aussi, où j'en suis et ce que je deviens; vous serez informés de tout par Tychique, ce frère bien-aimé qui m'est un fidèle assistant dans le Seigneur. Je vous l'envoie tout exprès pour vous donner de nos nouvelles et réconforter vos coeurs. Que Dieu le Père et le Seigneur Jésus Christ accordent paix aux frères, ainsi que charité et foi. La grâce soit avec tous ceux qui aiment notre Seigneur Jésus Christ, dans la vie incorruptible! Paul et Timothée, serviteurs du Christ Jésus, à tous les saints dans le Christ Jésus qui sont à Philippes, avec leurs épiscopes et leurs diacres. A vous grâce et paix de par Dieu notre Père et le Seigneur Jésus Christ! Je rends grâces à mon Dieu chaque fois que je fais mémoire de vous, en tout temps dans toutes mes prières pour vous tous, prières que je fais avec joie, car je me rappelle la part que vous avez prise à l'Evangile depuis le premier jour jusqu'à maintenant; j'en suis bien sûr d'ailleurs, Celui qui a commencé en vous cette oeuvre excellente en poursuivra l'accomplissement jusqu'au Jour du Christ Jésus. Il n'est que juste pour moi d'avoir ces sentiments à l'égard de vous tous, car je vous porte en mon coeur, vous qui, dans mes chaînes comme dans la défense et l'affermissement de l'Evangile, vous associez tous à ma grâce. Oui, Dieu m'est témoin que je vous aime tous tendrement dans le coeur du Christ Jésus! Et voici ma prière: que votre charité croissant toujours de plus en plus s'épanche en cette vraie science et ce tact affiné qui vous donneront de discerner le meilleur et de vous rendre purs et sans reproche pour le Jour du Christ, dans la pleine maturité de ce fruit de justice que nous portons par Jésus Christ, pour la gloire et louange de Dieu. Je désire que vous le sachiez, frères, mon affaire a tourné plutôt au profit de l'Evangile: en effet, dans tout le Prétoire et partout ailleurs, mes chaînes ont acquis, dans le Christ, une vraie notoriété, et la plupart des frères, enhardis dans le Seigneur du fait même de ces chaînes, redoublent d'une belle audace à proclamer sans crainte la Parole. Certains, il est vrai, le font par envie, en esprit de rivalité, mais pour les autres, c'est vraiment dans de bons sentiments qu'ils prêchent le Christ. Ces derniers agissent par charité, sachant bien que je suis voué à défendre ainsi l'Evangile; quant aux premiers, c'est par esprit d'intrigue qu'ils annoncent le Christ; leurs intentions ne sont pas pures: ils s'imaginent ainsi aggraver le poids de mes chaînes. Mais qu'importe? Après tout, d'une manière comme de l'autre, hypocrite ou sincère, le Christ est annoncé, et je m'en réjouis. Je persisterai même à m'en réjouir, car je sais que cela servira à mon salut, grâce à vos prières et au secours de l'Esprit de Jésus Christ qui me sera fourni; telle est l'attente de mon ardent espoir: rien ne me confondra, je garderai au contraire toute mon assurance et, cette fois-ci comme toujours, le Christ sera glorifié dans mon corps, soit que je vive soit que je meure. Pour moi, certes, la Vie c'est le Christ, et mourir représente un gain. Cependant, si la vie dans cette chair doit me permettre encore un fructueux travail, j'hésite à faire un choix... Je me sens pris dans cette alternative: d'une part, j'ai le désir de m'en aller et d'être avec le Christ, ce qui serait, et de beaucoup, bien préférable; mais de l'autre, demeurer dans la chair est plus urgent pour votre bien. Au fait, ceci me persuade: je sais que je vais rester et demeurer près de vous tous pour votre avancement et la joie de votre foi, afin que mon retour et ma présence parmi vous soient pour vous un nouveau sujet de fierté dans le Christ Jésus. Menez seulement une vie digne de l'Evangile du Christ, afin que je constate, si je viens chez vous, ou que j'entende dire, si je reste absent, que vous tenez ferme dans un même esprit, luttant de concert et d'un coeur unanime pour la foi de l'Evangile, et nullement effrayés par vos adversaires: c'est là un présage certain, pour eux de la ruine et pour vous du salut. Et cela vient de Dieu: car c'est par sa faveur qu'il vous a été donné, non pas seulement de croire au Christ, mais encore de souffrir pour lui. Par là vous menez le même combat que vous m'avez vu soutenir et que, vous le savez, je soutiens encore. Aussi je vous en conjure par tout ce qu'il peut y avoir d'appel pressant dans le Christ, de persuasion dans l'Amour, de communion dans l'Esprit, de tendresse compatissante, mettez le comble à ma joie par l'accord de vos sentiments: ayez le même amour, une seule âme, un seul sentiment; n'accordez rien à l'esprit de parti, rien à la vaine gloire, mais que chacun par l'humilité estime les autres supérieurs à soi; ne recherchez pas chacun vos propres intérêts, mais plutôt que chacun songe à ceux des autres. Ayez entre vous les mêmes sentiments qui sont dans le Christ Jésus: Lui, de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l'égalait à Dieu. Mais il s'anéantit lui-même, prenant condition d'esclave, et devenant semblable aux hommes. S'étant comporté comme un homme, il s'humilia plus encore, obéissant jusqu'à la mort, et à la mort sur une croix! Aussi Dieu l'a-t-il exalté et lui a-t-il donné le Nom qui est au-dessus de tout nom, pour que tout, au nom de Jésus, s'agenouille, au plus haut des cieux, sur la terre et dans les enfers, et que toute langue proclame, de Jésus Christ, qu'il est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père. Ainsi donc, mes bien-aimés, avec cette obéissance dont vous avez toujours fait preuve, et qui doit paraître, non seulement quand je suis là, mais bien plus encore maintenant que je suis absent, travaillez avec crainte et tremblement à accomplir votre salut: aussi bien, Dieu est là qui opère en vous à la fois le vouloir et l'opération même, au profit de ses bienveillants desseins. Agissez en tout sans murmures ni contestations, afin de vous rendre irréprochables et purs, enfants de Dieu sans tache au sein d'une génération dévoyée et pervertie, d'un monde où vous brillez comme des foyers de lumière, en lui présentant la Parole de vie. Vous me préparez ainsi un sujet de fierté pour le Jour du Christ, car ma course et ma peine n'auront pas été vaines. Au fait, si mon sang même doit se répandre en libation sur le sacrifice et l'oblation de votre foi, j'en suis heureux et m'en réjouis avec vous tous, comme vous devez, de votre côté, en être heureux et vous en réjouir avec moi. J'espère du moins, dans le Seigneur Jésus, vous envoyer bientôt Timothée, afin d'être soulagé moi-même en obtenant de vos nouvelles. Je n'ai vraiment personne qui saura comme lui s'intéresser d'un coeur sincère à votre situation: tous recherchent leurs propres intérêts, non ceux de Jésus Christ. Mais lui, vous savez qu'il a fait ses preuves: c'est comme un fils auprès de son père qu'il a servi avec moi la cause de l'Evangile. C'est donc lui que je compte vous envoyer, dès que j'aurai vu clair dans mes affaires. J'ai d'ailleurs bon espoir dans le Seigneur de venir bientôt moi-même. Mais je crois nécessaire de vous renvoyer Epaphrodite, ce frère qui m'est un compagnon de travail et de combat, et que vous avez délégué pour assister mon indigence. Car il languit après vous tous, et ne tient plus en place du fait que vous avez appris sa maladie. C'est vrai qu'il a été malade, et bien près de la mort; mais Dieu a eu pitié de lui, et pas seulement de lui, mais aussi bien de moi, m'épargnant d'avoir chagrin sur chagrin. Aussi je m'empresse de vous le renvoyer, afin que sa vue vous remette en joie, et que j'aie moi-même moins de peine. Accueillez-le donc dans le Seigneur en toute joie, et tenez en grande estime des gens tels que lui: c'est pour l'oeuvre du Christ qu'il a failli mourir, ayant risqué sa vie pour vous suppléer dans le service que vous ne pouviez me rendre vous-mêmes. Enfin, mes frères, réjouissez-vous dans le Seigneur... Vous adresser les mêmes avis ne m'est pas à charge, et pour vous c'est une sûreté: Prenez garde aux chiens! Prenez garde aux mauvais ouvriers! Prenez garde aux faux circoncis! Car c'est nous qui sommes les circoncis, nous qui offrons le culte selon l'Esprit de Dieu et tirons notre gloire du Christ Jésus, au lieu de placer notre confiance dans la chair. J'aurais pourtant sujet, moi, d'avoir confiance même dans la chair; si quelque autre croit avoir des raisons de se confier dans la chair, j'en ai bien davantage: circoncis dès le huitième jour, de la race d'Israël, de la tribu de Benjamin, Hébreu fils d'Hébreux; quant à la Loi, un Pharisien; quant au zèle, un persécuteur de l'Eglise; quant à la justice que peut donner la Loi, un homme irréprochable. Mais tous ces avantages dont j'étais pourvu, je les ai considérés comme un désavantage, à cause du Christ. Bien plus, désormais je considère tout comme désavantageux à cause de la supériorité de la connaissance du Christ Jésus mon Seigneur. A cause de lui j'ai accepté de tout perdre, je considère tout comme déchets, afin de gagner le Christ, et d'être trouvé en lui, n'ayant plus ma justice à moi, celle qui vient de la Loi, mais la justice par la foi au Christ, celle qui vient de Dieu et s'appuie sur la foi; le connaître, lui, avec la puissance de sa résurrection et la communion à ses souffrances, lui devenir conforme dans sa mort, afin de parvenir si possible à ressusciter d'entre les morts. Non que je sois déjà au but, ni déjà devenu parfait; mais je poursuis ma course pour tâcher de saisir, ayant été saisi moi-même par le Christ Jésus. Non, frères, je ne me flatte point d'avoir déjà saisi; je dis seulement ceci: oubliant le chemin parcouru, je vais droit de l'avant, tendu de tout mon être, et je cours vers le but, en vue du prix que Dieu nous appelle à recevoir là-haut, dans le Christ Jésus. Nous tous qui sommes des "parfaits", c'est ainsi qu'il nous faut penser; et si, sur quelque point, vous pensez autrement, là encore Dieu vous éclairera. En attendant, quel que soit le point déjà atteint, marchons toujours dans la même ligne. Devenez à l'envi mes imitateurs, frères, et fixez vos regards sur ceux qui se conduisent comme vous en avez en nous un exemple. Car il en est beaucoup, je vous l'ai dit souvent et je le redis aujourd'hui avec larmes, qui se conduisent en ennemis de la croix du Christ: leur fin sera la perdition; ils ont pour dieu leur ventre et mettent leur gloire dans leur honte; ils n'apprécient que les choses de la terre. Pour nous, notre cité se trouve dans les cieux, d'où nous attendons ardemment, comme sauveur, le Seigneur Jésus Christ, qui transfigurera notre corps de misère pour le conformer à son corps de gloire, avec cette force qu'il a de pouvoir même se soumettre toutes choses. Ainsi donc, mes frères bien-aimés et tant désirés, ma joie et ma couronne, tenez bon de la sorte, dans le Seigneur, mes bien-aimés. J'exhorte Evodie comme j'exhorte Syntyche à vivre en bonne intelligence dans le Seigneur. Et toi de ton côté, Syzyge, vrai "compagnon", je te demande de leur venir en aide: car elles m'ont assisté dans la lutte pour l'Evangile, en même temps que Clément et mes autres collaborateurs, dont les noms sont écrits au livre de vie. Réjouissez-vous sans cesse dans le Seigneur, je le dis encore, réjouissez-vous. Que votre modération soit connue de tous les hommes. Le Seigneur est proche. N'entretenez aucun souci; mais en tout besoin recourez à l'oraison et à la prière, pénétrées d'action de grâces, pour présenter vos requêtes à Dieu. Alors la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, prendra sous sa garde vos coeurs et vos pensées, dans le Christ Jésus. Enfin, frères, tout ce qu'il y a de vrai, de noble, de juste, de pur, d'aimable, d'honorable, tout ce qu'il peut y avoir de bon dans la vertu et la louange humaines, voilà ce qui doit vous préoccuper. Ce que vous avez appris, reçu, entendu de moi et constaté en moi, voilà ce que vous devez pratiquer. Alors le Dieu de la paix sera avec vous. J'ai eu grande joie dans le Seigneur à voir enfin refleurir votre intérêt pour moi; il était bien toujours vivant, mais vous ne trouviez pas d'occasion. Ce n'est pas mon dénuement qui m'inspire ces paroles; j'ai appris en effet à me suffire en toute occasion. Je sais me priver comme je sais être à l'aise. En tout temps et de toutes manières, je me suis initié à la satiété comme à la faim, à l'abondance comme au dénuement. Je puis tout en Celui qui me rend fort. Cependant vous avez bien fait de prendre part à mon épreuve. Vous le savez vous-mêmes, Philippiens: dans les débuts de l'Evangile, quand je quittai la Macédoine, aucune Eglise ne m'assista par mode de contributions pécuniaires; vous fûtes les seuls, vous qui, dès mon séjour à Thessalonique, m'avez envoyé, et par deux fois, ce dont j'avais besoin. Ce n'est pas que je recherche les dons; ce que je recherche, c'est le bénéfice qui s'augmente à votre actif. Pour le moment j'ai tout ce qu'il faut, et même plus qu'il ne faut; je suis comblé, depuis qu'Epaphrodite m'a remis votre offrande, parfum de bonne odeur, sacrifice que Dieu reçoit et trouve agréable. En retour mon Dieu comblera tous vos besoins, selon sa richesse, avec magnificence, dans le Christ Jésus. Gloire à ce Dieu, notre Père, dans les siècles des siècles! Amen. Saluez chacun des saints dans le Christ Jésus. Les frères qui sont avec moi vous saluent. Tous les saints vous saluent, surtout ceux de la Maison de César. La grâce du Seigneur Jésus Christ soit avec votre esprit! Paul, apôtre du Christ Jésus par la volonté de Dieu, et le frère Timothée, aux saints de Colosses, frères fidèles dans le Christ. A vous grâce et paix de par Dieu notre Père! Nous ne cessons de rendre grâces au Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, en pensant à vous dans nos prières, depuis que nous avons appris votre foi dans le Christ Jésus et la charité que vous avez à l'égard de tous les saints, en raison de l'espérance qui vous est réservée dans les cieux. Cette espérance, vous en avez naguère entendu l'annonce dans la Parole de vérité, l'Evangile qui est parvenu chez vous, de même que dans le monde entier il fructifie et se développe; chez vous il fait de même depuis le jour où vous avez appris et compris dans sa vérité la grâce de Dieu. C'est Épaphras, notre cher compagnon de service, qui vous en a instruits; il nous supplée fidèlement comme ministre du Christ, et c'est lui-même qui nous a fait connaître votre dilection dans l'Esprit. C'est pourquoi nous aussi, depuis le jour où nous avons reçu ces nouvelles, nous ne cessons de prier pour vous et de demander à Dieu qu'Il vous fasse parvenir à la pleine connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle. Vous pourrez ainsi mener une vie digne du Seigneur et qui Lui plaise en tout: vous produirez toutes sortes de bonnes oeuvres et grandirez dans la connaissance de Dieu; animés d'une puissante énergie par la vigueur de sa gloire, vous acquerrez une parfaite constance et endurance; avec joie vous remercierez le Père qui vous a mis en mesure de partager le sort des saints dans la lumière. Il nous a en effet arrachés à l'empire des ténèbres et nous a transférés dans le Royaume de son Fils bien-aimé, en qui nous avons la rédemption, la rémission des péchés. Il est l'image du Dieu invisible, Premier-Né de toute créature, car c'est en lui qu'ont été créées toutes choses dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, Trônes, Seigneuries, Principautés, Puissances; tout a été créé par lui et pour lui. Il est avant toute chose et tout subsiste en lui. Et il est aussi la tête du Corps, c'est-à-dire l'Eglise: Il est le Principe, Premier-né d'entre les morts (il fallait qu'il obtînt en tout la primauté), car Dieu s'est plu à faire habiter en lui toute la Plénitude et par lui à réconcilier tous les êtres pour lui, aussi bien sur la terre que dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix. Vous-mêmes, qui étiez devenus jadis des étrangers et des ennemis, par vos pensées et par vos oeuvres mauvaises, voici qu'à présent Il vous a réconciliés dans son corps de chair, le livrant à la mort, pour vous faire paraître devant Lui saints, sans tache et sans reproche. Il faut seulement que vous persévériez dans la foi, affermis sur des bases solides, sans vous laisser détourner de l'espérance promise par l'Evangile que vous avez entendu, qui a été prêché à toute créature sous le ciel, et dont moi, Paul, je suis devenu le ministre. En ce moment je trouve ma joie dans les souffrances que j'endure pour vous, et je complète en ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ pour son Corps, qui est l'Eglise. Car je suis devenu ministre de l'Eglise, en vertu de la charge que Dieu m'a confiée, de réaliser chez vous l'avènement de la Parole de Dieu, ce mystère resté caché depuis les siècles et les générations et qui maintenant vient d'être manifesté à ses saints: Dieu a bien voulu leur faire connaître de quelle gloire est riche ce mystère chez les païens: c'est le Christ parmi vous! l'espérance de la gloire! Ce Christ, nous l'annonçons, avertissant tout homme et instruisant tout homme en toute sagesse, afin de rendre tout homme parfait dans le Christ. Et c'est bien pour cette cause que je me fatigue à lutter, avec son énergie qui agit en moi avec puissance. Oui, je désire que vous sachiez quelle dure bataille je dois livrer pour vous, pour ceux de Laodicée, et pour tant d'autres qui ne m'ont jamais vu de leurs yeux; afin que leurs cœurs en soient stimulés et qu'étroitement rapprochés dans l'amour ils parviennent au plein épanouissement de l'intelligence qui leur fera pénétrer le mystère de Dieu, dans lequel se trouvent, cachés, tous les trésors de la sagesse et de connaissance! Je dis cela pour que nul ne vous abuse par des discours spécieux. Sans doute, je suis absent de corps; mais en esprit je suis parmi vous, heureux de voir le bel ordre qui règne chez vous et la solidité de votre foi au Christ. Le christ tel que vous l'avez reçu, Jésus le Seigneur, c'est en lui qu'il vous faut marcher, Prenez garde qu'il ne se trouve quelqu'un pour vous réduite en esclavage par le vain leurre de la "philosophie', selon un tradition toute humaine, selon les éléments du monde, et non selon le Christ. *** Car en lui habite corporellement toute la Plénitude de la Divinité, et vous vous trouvez en lui associés à sa plénitude, lui qui est la Tête de toute Principauté et de toute Puissance. C'est en lui que vous avez été circoncis d'un circoncision qui n'est pas de main d'homme, par l'entier dépouillement de votre corps charnel; telle est la circoncision du Christ: ensevelis avec lui lors du baptême, vous en êtes aussi ressuscités avec lui, parce que vous avez cru en la force de Dieu qui l'a ressuscité des morts. Vous qui étiez morts du fait de vos fautes et de votre chair incirconcise, Il vous a fait revivre avec lui! Il nous a pardonné toutes nos fautes! Il a effacé, au détriment des ordonnances légales, la cédule de notre dette, qui nous était contraire; il l'a supprimée en la clouant à la croix. Il a dépouillé les Principautés et les Puissances et les a données en spectacle à la face du monde, en les traînant dans son cortège triomphal. Dès lors, que nul ne s'avise de vous critiquer sur des questions de nourriture et de boisson, ou en matière de fêtes annuelles, de nouvelles lunes ou de sabbats. Tout cela n'est que l'ombre des choses à venir, mais la réalité, c'est le corps du Christ. Que personne n'aille vous en frustrer, en se complaisant dans d'humbles pratiques, dans un culte des anges: celui-là donne toute son attention aux choses qu'il a vues, bouffi qu'il est d'un vain orgueil par sa pensée charnelle, et il ne s'attache pas à la Tête dont le Corps tout entier reçoit nourriture et cohésion, par les jointures et ligaments, pour réaliser sa croissance en Dieu. Du moment que vous êtes morts avec le Christ aux éléments du monde, pourquoi vous plier à des ordonnances comme si vous viviez encore dans ce monde? "Ne prends pas, ne goûte pas, ne touche pas", tout cela pour des choses vouées à périr par leur usage même! Voilà bien les prescriptions et doctrines des hommes! Ces sortes de règles peuvent faire figure de sagesse par leur affectation de religiosité et d'humilité qui ne ménage pas le corps; en fait elles n'ont aucune valeur pour l'insolence de la chair. Du moment donc que vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les choses d'en haut, là où se trouve le Christ, assis à la droite de Dieu. Songez aux choses d'en haut, non à celles de la terre. Car vous êtes morts, et votre vie est désormais cachée avec le Christ en Dieu: quand le Christ sera manifesté, lui qui est votre vie, alors vous aussi vous serez manifestés avec lui pleins de gloire. Mortifiez donc vos membres terrestres: fornication, impureté, passion coupable, mauvais désirs, et la cupidité qui est une idolâtrie; voilà ce qui attire la colère divine sur ceux qui résistent. Vous-mêmes, vous vous conduisiez naguère de la sorte, quand vous viviez parmi eux. Et bien! à présent, vous aussi, rejetez tout cela: colère, emportement, malice, outrage, vilains propos, doivent quitter vos lèvres; ne vous mentez plus les uns aux autres. Vous vous êtes dépouillés du vieil homme avec ses agissements, et vous avez revêtu le nouveau, celui qui s'achemine vers la vraie connaissance en se renouvelant à l'image de son Créateur. Là, il n'est plus question de Grec ou de Juif, de circoncision ou d'incirconcision, de Barbare, de Scythe, d'esclave, d'homme libre; il n'y a que le Christ qui est tout et en tout. Vous donc, les élus de Dieu, ses saints et ses bien-aimés, revêtez des sentiments de tendre compassion, de bienveillance, d'humilité, de douceur, de patience; supportez-vous les uns les autres et pardonnez-vous mutuellement, si l'un a contre l'autre quelque sujet de plainte; le Seigneur vous a pardonnés, faites de même à votre tour. Et puis, par dessus tout, la charité, en laquelle se noue la perfection. Avec cela, que la paix du Christ règne dans vos coeurs: tel est bien le terme de l'appel qui vous a rassemblés en un même Corps. Enfin, vivez dans l'action de grâces! Que la Parole du Christ réside chez vous en abondance: instruisez-vous en toute sagesse par des admonitions réciproques. Chantez à Dieu de tout votre coeur avec reconnaissance, par des , des hymnes et des cantiques inspirés. Et quoi que vous puissiez dire ou faire, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus, rendant par lui grâces au Dieu Père! Femmes, soyez soumises à vos maris, comme il se doit dans le Seigneur. Maris, aimez vos femmes, et ne leur montrez point d’humeur. Enfants, obéissez en tout à vos parents, c’est cela qui est beau dans le Seigneur. Parents, n’exaspérez pas vos enfants, de peur qu’ils ne se découragent. Esclaves, obéissez en tout à vos maîtres d’ici-bas, non d’une obéissance toute extérieure qui cherche à plaire aux hommes, mais en simplicité de coeur, dans la crainte du Maître. Quel que soit votre travail, faites le avec âme, comme pour le Seigneur et non pour des hommes, sachant que le Seigneur vous récompensera en vous faisant ses héritiers. C’est le Seigneur Christ que vous servez: qui se montre injuste sera certes payé de son injustice, sans qu’il soit fait acception des personnes. Maîtres, accordez à vos esclaves le juste et l’équitable, sachant que, vous aussi, vous avez un Maître au ciel. Soyez assidus à la prière; qu’elle vous tienne vigilants dans l’action de grâces. Priez pour nous en particulier, afin que Dieu ouvre un champ libre à notre prédication et que nous puissions annoncer le mystère du Christ; c’est à cause de lui que je suis dans les fers; obtenez-moi de le publier en parlant comme je le dois. Conduisez-vous avec sagesse envers ceux du dehors; sachez tirer partie de la période présente. Que votre langage soit toujours aimable, plein d’à-propos, avec l’art de répondre à chacun comme il faut. Pour tout ce qui me concerne, Tychique vous informera, ce frère bien-aimé qui m’est un fidèle assistant et compagnon de service dans le Seigneur. Je vous l’envoie tout exprès pour vous donner de nos nouvelles et réconforter vos coeurs. Je lui adjoins Onésime, le fidèle et bien-aimé frère, qui est de chez vous. Ils vous apprendront tout ce qui se passe ici. Aristarque, mon compagnon de captivité, vous salue, ainsi que Marc, le cousin de Barnabé, au sujet duquel vous avez reçu des instructions: s’il vient chez vous, faites-lui bon accueil. Jésus surnommé Justus vous salue également. De ceux qui nous sont venus de la Circoncision, ce sont les seuls qui travaillent avec moi pour le Royaume de Dieu; ils m’ont été une consolation. Epaphras, votre compatriote, vous salue; ce serviteur du Christ Jésus ne cesse de lutter pour vous dans ses prières, afin que vous teniez ferme, parfaits et bien établis dans tous les vouloirs divins. Oui, je lui rends ce témoignage qu’il prend beaucoup de peine pour vous, ainsi que pour ceux de Laodicée et pour ceux de Hiérapolis. Vous avez les salutations de Luc, le cher médecin, et de Démas. Saluez les frères qui sont à Laodicée, avec Nymphas et l’Eglise qui s’assemble dans sa maison. Quand cette lettre aura été lue chez vous, faites qu’on la lise aussi dans l’Eglise des Laodicéens, et procurez-vous celle de Laodicée, pour la lire à votre tour. Dites à Archippe: “Prends garde au ministère que tu as reçu dans le Seigneur, et tâche de bien l’accomplir.” Voici le salut de ma main, à moi, Paul. Souvenez-vous de mes chaînes! Colossiens La grâce soit avec vous! Paul, Silvain et Timothée, à l'Eglise des Thessaloniciens qui est en Dieu le Père et dans le Seigneur Jésus Christ. A vous grâce et paix. Nous rendons grâces à Dieu à tout moment pour vous tous, en faisant mention de vous sans cesse dans nos prières. Nous nous rappelons en présence de notre Dieu et Père l'activité de votre foi, le labeur de votre charité, la constance de votre espérance, qui sont dus à notre Seigneur Jésus Christ. Nous le savons, frères aimés de Dieu, vous avez été choisis. Car notre Evangile ne s'est pas présenté à vous en paroles seulement, mais en puissance, dans l'action de l'Esprit Saint, en surabondance. De fait, vous savez comment nous nous sommes comportés au milieu de vous pour votre service. Et vous vous êtes mis à nous imiter, nous et le Seigneur, en accueillant la parole, parmi bien des tribulations, avec la joie de l'Esprit Saint: vous êtes ainsi devenus un modèle pour tous les croyants de Macédoine et d'Achaïe. De chez vous, en effet, la parole du Seigneur a retenti, et pas seulement en Macédoine et en Achaïe, mais de tous côtés votre foi en Dieu s'est répandue, si bien que nous n'avons plus besoin d'en rien dire. On raconte là-bas comment nous sommes venus chez vous, et comment vous vous êtes tournés vers Dieu, abandonnant les idoles pour servir le Dieu vivant et véritable, dans l'attente de son Fils qui viendra des cieux, qu'il a ressuscité des morts, Jésus, qui nous délivre de la colère qui vient. Vous-mêmes savez, frères, comment nous sommes venus chez vous, que ce ne fut pas en vain. Nous avions, vous le savez, enduré à Philippes des souffrances et des insultes, mais notre Dieu nous a accordé de prêcher en toute hardiesse devant vous l'Evangile de Dieu, au milieu d'une lutte pénible. En vous exhortant, nous ne nous inspirons ni de l'erreur ni de l'impureté, et nous ne tentons pas de ruser avec vous. Seulement, Dieu nous ayant confié l'Evangile après nous avoir éprouvés, nous prêchons en conséquence, cherchant à plaire non pas aux hommes mais à Dieu qui éprouve nos coeurs. Jamais non plus nous n'avons eu un mot de flatterie, vous le savez, ni une arrière-pensée de cupidité, Dieu en est témoin; ni recherché la gloire humaine, pas plus chez vous que chez d'autres, alors que nous pouvions, étant apôtres du Christ, vous faire sentir tout notre poids. Au contraire, nous nous sommes faits tout aimables au milieu de vous. Comme une mère nourrit ses enfants et les entoure de soins, telle était notre tendresse pour vous que nous aurions voulu vous livrer, en même temps que l'Evangile de Dieu, notre propre vie, tant vous nous étiez devenus chers. Vous vous souvenez, frères, de nos labeurs et fatigues: de nuit comme de jour, nous travaillions, pour n'être à la charge d'aucun de vous, tandis que nous vous annoncions l'Evangile de Dieu! Vous êtes témoins, et Dieu l'est aussi, combien notre attitude envers vous, les croyants, a été sainte, juste, sans reproche. Comme un père pour ses enfants, vous le savez, nous vous avons, chacun de vous, exhortés, encouragés, adjurés de mener une vie digne de Dieu qui vous appelle à son Royaume et à sa gloire. Voilà pourquoi, de notre côté, nous ne cessons de rendre grâces à Dieu de ce que, une fois reçue la parole de Dieu que nous vous faisions entendre, vous l'avez accueillie, non comme une parole d'hommes, mais comme ce qu'elle est réellement, la parole de Dieu. Et cette parole reste active en vous, les croyants. Car vous vous êtes mis, frères, à imiter les Eglises de Dieu dans le Christ Jésus qui sont en Judée: vous avez souffert de la part de vos compatriotes les mêmes traitements qu'ils ont soufferts de la part des Juifs: ces gens-là ont mis à mort Jésus le Seigneur et les prophètes, ils nous ont persécutés, ils ne plaisent pas à Dieu, ils sont ennemis de tous les hommes quand ils nous empêchent de prêcher aux païens pour leur salut, mettant ainsi en tout temps le comble à leur péché; et elle est tombée sur eux, la colère, pour en finir. Et nous, frères, privés de votre compagnie pour un moment, de visage mais non de coeur, nous nous sommes sentis extrêmement pressés de revoir votre visage, tant notre désir était vif. Nous avons donc voulu venir jusqu'à vous - moi-même, Paul, à plusieurs reprises --, mais Satan nous en a empêchés. Quelle est en effet notre espérance, notre joie, la couronne dont nous serons fiers, si ce n'est vous, en présence de notre Seigneur Jésus lors de son Avènement? Oui, c'est bien vous qui êtes notre gloire et notre joie. Aussi, n'y tenant plus, nous avons pris le parti de demeurer seuls à Athènes, et nous avons envoyé Timothée, notre frère et le collaborateur de Dieu dans l'Evangile du Christ, pour vous affermir et réconforter dans votre foi, afin que personne ne se laisse ébranler par ces tribulations. Car vous savez bien que c'est là notre partage: quand nous étions près de vous, nous vous prédisions que nous aurions à subir des tribulations, et c'est ce qui est arrivé, vous le savez. C'est pour cela que, n'y tenant plus, je l'ai envoyé s'informer de votre foi. Pourvu que déjà le Tentateur ne vous ait pas tentés et que notre labeur n'ait pas été rendu vain! Maintenant Timothée vient de nous revenir de chez vous et il nous a donné de bonnes nouvelles de votre foi et de votre charité: il dit que vous conservez toujours de nous un bon souvenir, que vous aspirez à nous revoir autant que nous à vous revoir. Nous avons trouvé là, frères, en raison de votre foi, un réconfort au milieu de toutes nos angoisses et tribulations. Maintenant nous revivons, puisque vous tenez bon dans le Seigneur. Comment pourrions-nous remercier Dieu suffisamment à votre sujet, pour toute la joie dont vous nous réjouissez devant notre Dieu? Nuit et jour nous lui demandons, avec une extrême instance, de revoir votre visage et de pouvoir compléter ce qui manque encore à votre foi. Que Dieu lui-même, notre Père, et notre Seigneur Jésus aplanissent notre chemin jusqu'à vous. Et vous, que le Seigneur vous fasse croître et abonder dans l'amour que vous avez les uns envers les autres et envers tous, comme nous-mêmes envers vous: qu'il affermisse ainsi vos coeurs irréprochables en sainteté devant Dieu, notre Père, lors de l'Avènement de notre Seigneur Jésus avec tous ses saints. Enfin, frères, nous vous le demandons et vous y engageons dans le Seigneur Jésus: vous avez reçu notre enseignement sur la manière de vivre qui plaît à Dieu, et déjà c'est ainsi que vous vivez; faites-y des progrès encore. Vous savez bien quelles prescriptions nous vous avons données de par le Seigneur Jésus. Et voici quelle est la volonté de Dieu: c'est votre sanctification; c'est que vous vous absteniez d'impudicité, que chacun de vous sache user du corps qui lui appartient avec sainteté et respect, sans se laisser emporter par la passion comme font les païens qui ne connaissent pas Dieu; que personne en cette matière ne supplante ou ne dupe son frère. Le Seigneur tire vengeance de tout cela, nous vous l'avons déjà dit et attesté. Car Dieu ne nous a pas appelés à l'impureté mais à la sanctification. Dès lors, qui rejette cela, ce n'est pas un homme qu'il rejette, c'est Dieu, lui qui vous a fait le don de son Esprit Saint. Sur l'amour fraternel, vous n'avez pas besoin qu'on vous écrive, car vous avez personnellement appris de Dieu à vous aimer les uns les autres, et vous le faites bien envers tous les frères de la Macédoine entière. Mais nous vous engageons, frères, à faire encore des progrès en mettant votre honneur à vivre calmes, à vous occuper chacun de vos affaires, à travailler de vos mains, comme nous vous l'avons ordonné. Ainsi vous mènerez une vie honorable au regard de ceux du dehors et vous n'aurez besoin de personne. Nous ne voulons pas, frères, que vous soyez ignorants au sujet des morts; il ne faut pas que vous vous désoliez comme les autres, qui n'ont pas d'espérance. Puisque nous croyons que Jésus est mort et qu'il est ressuscité, de même, ceux qui se sont endormis en Jésus, Dieu les emmènera avec lui. Voici en effet ce que nous avons à vous dire, sur la parole du Seigneur. Nous, les vivants, nous qui serons encore là pour l'Avènement du Seigneur, nous ne devancerons pas ceux qui seront endormis. Car lui-même, le Seigneur, au signal donné par la voix de l'archange et la trompette de Dieu, descendra du ciel, et les morts qui sont dans le Christ ressusciteront en premier lieu; après quoi nous, les vivants, nous qui serons encore là, nous serons réunis à eux et emportés sur des nuées pour rencontrer le Seigneur dans les airs. Ainsi nous serons avec le Seigneur toujours. Réconfortez-vous donc les uns les autres de ces pensées. Quant aux temps et moments, vous n'avez pas besoin, frères, qu'on vous en écrive. Vous savez vous-mêmes parfaitement que le Jour du Seigneur arrive comme un voleur en pleine nuit. Quand les hommes se diront: Paix et sécurité! c'est alors que tout d'un coup fondra sur eux la perdition, comme les douleurs sur la femme enceinte, et ils ne pourront y échapper. Mais vous, frères, vous n'êtes pas dans les ténèbres, de telle sorte que ce Jour vous surprenne comme un voleur: tous vous êtes des fils de la lumière, des fils du jour. Nous ne sommes pas de la nuit, des ténèbres. Alors ne nous endormons pas, comme font les autres, mais restons éveillés et sobres. Ceux qui dorment dorment la nuit, ceux qui s'enivrent s'enivrent la nuit. Nous, au contraire, nous qui sommes du jour, soyons sobres; revêtons la cuirasse de la foi et de la charité, avec le casque de l'espérance du salut. Dieu ne nous a pas réservés pour sa colère, mais pour entrer en possession du salut par notre Seigneur Jésus Christ, qui est mort pour nous afin que, éveillés ou endormis, nous vivions unis à lui. C'est pourquoi il faut vous réconforter mutuellement et vous édifier l'un l'autre, comme déjà vous le faites. Nous vous demandons, frères, d'avoir de la considération pour ceux qui se donnent de la peine au milieu de vous, qui sont à votre tête dans le Seigneur et qui vous reprennent. Estimez-les avec une extrême charité, en raison de leur travail. Soyez en paix entre vous. Nous vous y engageons, frères, reprenez les désordonnés, encouragez les craintifs, soutenez les faibles, ayez de la patience envers tous. Veillez à ce que personne ne rende le mal pour le mal, mais poursuivez toujours le bien, soit entre vous soit envers tous. Restez toujours joyeux. Priez sans cesse. En toute condition soyez dans l'action de grâces. C'est la volonté de Dieu sur vous dans le Christ Jésus. N'éteignez pas l'Esprit, ne dépréciez pas les dons de prophétie; mais vérifiez tout: ce qui est bon, retenez-le; gardez-vous de toute espèce de mal. Que le Dieu de la paix lui-même vous sanctifie totalement, et que votre être entier, l'esprit, l'âme et le corps, soit gardé sans reproche à l'Avènement de notre Seigneur Jésus Christ. Il est fidèle, celui qui vous appelle: c'est encore lui qui fera cela. Frères, priez vous aussi pour nous. Saluez tous les frères par un saint baiser. Je vous en adjure par le Seigneur, que cette lettre soit lue à tous les frères. Que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec vous. Paul, Silvain et Timothée, à l'Eglise des Thessaloniciens qui est en Dieu notre Père et dans le Seigneur Jésus Christ. Que Dieu le Père et le Seigneur Jésus Christ vous accordent grâce et paix. Nous devons rendre grâce à Dieu à tout moment à votre sujet, frères, et ce n'est que juste, parce que votre foi est en grand progrès et que l'amour de chacun pour les autres s'accroît parmi vous tous, au point que nous-mêmes sommes fiers de vous parmi les Eglises de Dieu, de votre constance et de votre foi dans toutes les persécutions et tribulations que vous supportez. Par là se manifeste le juste jugement de Dieu, où vous serez trouvés dignes du Royaume de Dieu pour lequel vous souffrez vous aussi. Car ce sera bien l'effet de la justice de Dieu de rendre la tribulation à ceux qui vous l'infligent, et à vous, qui la subissez, le repos avec nous, quand le Seigneur Jésus se révélera du haut du ciel, avec les anges de sa puissance, au milieu d'une flamme brûlante, et qu'il tirera vengeance de ceux qui ne connaissent pas Dieu et de ceux qui n'obéissent pas à l'Evangile de notre Seigneur Jésus. Ceux-là seront châtiés d'une perte éternelle, éloignés de la face du Seigneur et de la gloire de sa force, quand il viendra pour être glorifié dans ses saints et admiré en tous ceux qui auront cru - et vous, vous avez cru notre témoignage. Ainsi en sera-t-il en ce jour-là. Dans cette pensée, nous prions nous aussi à tout moment pour vous, afin que notre Dieu vous rende dignes de son appel, qu'il mène à bonne fin par sa puissance toute intention de faire le bien et toute activité de votre foi; de la sorte, le nom de notre Seigneur Jésus sera glorifié en vous, et vous en lui, conformément à la grâce de notre Dieu et du Seigneur Jésus Christ. Nous vous le demandons, frères, à propos de la Venue de notre Seigneur Jésus Christ et de notre rassemblement auprès de lui, ne vous laissez pas trop vite mettre hors de sens ni alarmer par des manifestations de l'Esprit, des paroles ou des lettres données comme venant de nous, et qui vous feraient penser que le jour du Seigneur est déjà là. Que personne ne vous abuse d'aucune manière. Auparavant doit venir l'apostasie et se révéler l'Homme impie, l'Etre perdu, l'Adversaire, celui qui s'élève au-dessus de tout ce qui porte le nom de Dieu ou reçoit un culte, allant jusqu'à s'asseoir en personne dans le sanctuaire de Dieu, se produisant lui-même comme Dieu. Vous vous rappelez, n'est-ce pas, que quand j'étais encore près de vous je vous disais cela. Et vous savez ce qui le retient maintenant, de façon qu'il ne se révèle qu'à son moment. Dès maintenant, oui, le mystère de l'impiété est à l'oeuvre. Mais que seulement celui qui le retient soit d'abord écarté. Alors l'Impie se révélera, et le Seigneur le fera disparaître par le souffle de sa bouche, l'anéantira par la manifestation de sa Venue. Sa venue à lui, l'Impie, aura été marquée, par l'influence de Satan, de toute espèce d'oeuvres de puissance, de signes et de prodiges mensongers, comme de toutes les tromperies du mal, à l'adresse de ceux qui sont voués à la perdition pour n'avoir pas accueilli l'amour de la vérité qui leur aurait valu d'être sauvés. Voilà pourquoi Dieu leur envoie une influence qui les égare, qui les pousse à croire le mensonge, en sorte que soient condamnés tous ceux qui auront refusé de croire la vérité et pris parti pour le mal. Nous devons, quant à nous, rendre grâce à Dieu à tout moment à votre sujet, frères aimés du Seigneur, parce que Dieu vous a choisis dès le commencement pour être sauvés par l'Esprit qui sanctifie et la foi en la vérité: c'est à quoi il vous a appelés par notre Evangile, pour que vous entriez en possession de la gloire de notre Seigneur Jésus Christ. Dès lors, frères, tenez bon, gardez fermement les traditions que vous avez apprises de nous, de vive voix ou par lettre. Que notre Seigneur Jésus Christ lui-même, ainsi que Dieu notre Père, qui nous a aimés et nous a donné, par grâce, consolation éternelle et heureuse espérance, consolent vos coeurs et les affermissent en toute bonne oeuvre et parole. Enfin, frères, priez pour nous, demandant que la parole du Seigneur accomplisse sa course et soit glorifiée, comme elle le fait chez vous, et que nous soyons délivrés de ces hommes égarés et mauvais - car la foi n'est pas donnée à tous. Mais le Seigneur est fidèle: il vous affermira et vous gardera du Mauvais. Nous avons d'ailleurs, dans le Seigneur, toute confiance en vous: ce que nous vous prescrivons, vous le faites et vous continuerez de le faire. Que le Seigneur dirige vos coeurs vers l'amour de Dieu et la constance du Christ. Or nous vous prescrivons, frères, au nom du Seigneur Jésus Christ, de vous tenir à distance de tout frère qui mène une vie désordonnée et ne se conforme pas à la tradition que vous avez reçue de nous. Car vous savez bien comment il faut nous imiter. Nous n'avons pas eu une vie désordonnée parmi vous, nous ne nous sommes fait donner par personne le pain que nous mangions, mais de nuit comme de jour nous étions au travail, dans le labeur et la fatigue, pour n'être à la charge d'aucun de vous: non pas que nous n'en ayons le pouvoir, mais nous entendions vous proposer en nous un modèle à imiter. Et puis, quand nous étions près de vous, nous vous donnions cette règle: si quelqu'un ne veut pas travailler, qu'il ne mange pas non plus. Or nous entendons dire qu'il en est parmi vous qui mènent une vie désordonnée, ne travaillant pas du tout mais se mêlant de tout. Ceux-là, nous les invitons et engageons dans le Seigneur Jésus Christ à travailler dans le calme et à manger le pain qu'ils auront eux-mêmes gagné. Pour vous, frères, ne vous lassez pas de faire le bien. Si quelqu'un n'obéit pas aux indications de cette lettre, notez-le, et, pour sa confusion, cessez de frayer avec lui; cependant ne le traitez pas en ennemi, mais reprenez-le comme un frère. Que le Seigneur de la paix vous donne lui-même la paix en tout temps et de toute manière. Que le Seigneur soit avec vous tous. Ce salut est de ma main, à moi Paul. C'est le signe qui distingue toutes mes lettres. Voici quelle est mon écriture. Que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec vous tous. Paul, apôtre du Christ Jésus selon l'ordre de Dieu notre Sauveur et du Christ Jésus, notre espérance, à Timothée, mon véritable enfant dans la foi: grâce, miséricorde, paix, de par Dieu le Père et le Christ Jésus notre Seigneur. Ainsi donc, en partant pour la Macédoine, je t'ai prié de demeurer à Ephèse, pour enjoindre à certains de cesser d'enseigner des doctrines étrangères et de s'attacher à des fables et à des généalogies sans fin, plus propres à soulever de vains problèmes qu'à servir le dessein de Dieu fondé sur la foi. Cette injonction ne vise qu'à promouvoir la charité qui procède d'un coeur pur, d'une bonne conscience et d'une foi sans détours. Pour avoir dévié de cette ligne, certains se sont fourvoyés en un creux verbiage; ils ont la prétention d'être des docteurs de la Loi, alors qu'ils ne savent ni ce qu'ils disent, ni de quoi ils se font les champions. Certes, nous le savons, la Loi est bonne, si on en fait un usage légitime, en sachant bien qu'elle n'a pas été instituée pour le juste, mais pour les insoumis et les rebelles, les impies et les pécheurs, les sacrilèges et les profanateurs, les parricides et les matricides, les assassins, les impudiques, les homosexuels, les trafiquants d'hommes, les menteurs, les parjures, et pour tout ce qui s'oppose à la saine doctrine, celle qui est conforme à l'Evangile de la gloire du Dieu bienheureux, qui m'a été confié. Je rends grâce à celui qui m'a donné la force, le Christ Jésus, notre Seigneur, qui m'a jugé assez fidèle pour m'appeler à son service, moi, naguère un blasphémateur, un persécuteur, un insulteur. Mais il m'a été fait miséricorde parce que j'agissais par ignorance, étranger à la foi; et la grâce de notre Seigneur a surabondé avec la foi et la charité qui est dans le Christ Jésus. Elle est sûre cette parole et digne d'une entière créance: le Christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs, dont je suis, moi, le premier. Et s'il m'a été fait miséricorde, c'est pour qu'en moi, le premier, Jésus Christ manifestât toute sa patience, faisant de moi un exemple pour ceux qui doivent croire en lui en vue de la vie éternelle. Au Roi des siècles, Dieu incorruptible, invisible, unique, honneur et gloire dans les siècles des siècles! Amen. Tel est l'avertissement que je t'adresse, Timothée, mon enfant, en accord avec les prophéties jadis prononcées sur toi, afin que, pénétré de celles-ci, tu combattes le bon combat, possédant foi et bonne conscience; pour s'en être affranchis, certains ont fait naufrage dans la foi; entre autres, Hyménée et Alexandre, que j'ai livrés à Satan pour leur apprendre à ne plus blasphémer. Je recommande donc, avant tout, qu'on fasse des demandes, des prières, des supplications, des actions de grâces pour tous les hommes, pour les rois et tous les dépositaires de l'autorité, afin que nous puissions mener une vie calme et paisible en toute piété et dignité. Voilà ce qui est bon et ce qui plaît à Dieu notre Sauveur, lui qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. Car Dieu est unique, unique aussi le médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus, homme lui-même, qui s'est livré en rançon pour tous. Tel est le témoignage rendu aux temps marqués et dont j'ai été établi, moi, héraut et apôtre - je dis vrai, je ne mens pas --, docteur des païens, dans la foi et la vérité. Ainsi donc je veux que les hommes prient en tout lieu, élevant vers le ciel des mains pieuses, sans colère ni dispute. Que les femmes, de même, aient une tenue décente; que leur parure, modeste et réservée, ne soit pas faite de cheveux tressés, d'or, de pierreries, de somptueuses toilettes, mais bien plutôt de bonnes oeuvres, ainsi qu'il convient à des femmes qui font profession de piété. Pendant l'instruction, la femme doit garder le silence, en toute soumission. Je ne permets pas à la femme d'enseigner ni de faire la loi à l'homme. Qu'elle garde le silence. C'est Adam en effet qui fut formé le premier, Eve ensuite. Et ce n'est pas Adam qui se laissa séduire, mais la femme qui, séduite, se rendit coupable de transgression. Néanmoins elle sera sauvée en devenant mère, à condition de persévérer avec modestie dans la foi, la charité et la sainteté. Elle est sûre cette parole: celui qui aspire à la charge d'épiscope désire une noble fonction. Aussi faut-il que l'épiscope soit irréprochable, mari d'une seule femme, qu'il soit sobre, pondéré, courtois, hospitalier, apte à l'enseignement, ni buveur ni batailleur, mais bienveillant, ennemi des chicanes, détaché de l'argent, sachant bien gouverner sa propre maison et tenir ses enfants dans la soumission d'une manière parfaitement digne. Car celui qui ne sait pas gouverner sa propre maison, comment pourrait-il prendre soin de l'Eglise de Dieu? Que ce ne soit pas un converti de fraîche date, de peur que, l'orgueil lui tournant la tête, il ne vienne à encourir la même condamnation que le diable. Il faut en outre que ceux du dehors rendent de lui un bon témoignage, de peur qu'il ne tombe dans l'opprobre et dans les filets du diable. Les diacres, eux aussi, seront des hommes dignes, n'ayant qu'une parole, modérés dans l'usage du vin, fuyant les profits déshonnêtes. Qu'ils gardent le mystère de la foi dans une conscience pure. On commencera par les mettre à l'épreuve, et ensuite, si on n'a rien à leur reprocher, on les admettra aux fonctions de diacres. Que pareillement les femmes soient dignes, point médisantes, sobres, fidèles en tout. Les diacres doivent être maris d'une seule femme, savoir bien gouverner leurs enfants et leur propre maison. Ceux qui remplissent bien leurs fonctions s'acquièrent un rang honorable et une ferme assurance en la foi au Christ Jésus. En t'écrivant cela, j'espère te rejoindre bientôt. Si toutefois je tardais, il faut que tu saches comment te comporter dans la maison de Dieu - je veux dire l'Eglise du Dieu vivant --: colonne et support de la vérité. Oui, c'est incontestablement un grand mystère que celui de la piété: Il a été manifesté dans la chair, justifié dans l'Esprit, vu des anges, proclamé chez les païens, cru dans le monde, enlevé dans la gloire. L'Esprit dit expressément que, dans les derniers temps, certains renieront la foi pour s'attacher à des esprits trompeurs et à des doctrines diaboliques, séduits par des menteurs hypocrites marqués au fer rouge dans leur conscience: ces gens-là interdisent le mariage et l'usage d'aliments que Dieu a créés pour être pris avec action de grâces par les croyants et ceux qui ont la connaissance de la vérité. Car tout ce que Dieu a créé est bon et aucun aliment n'est à proscrire, si on le prend avec action de grâces: la parole de Dieu et la prière le sanctifient. Si tu exposes cela aux frères, tu seras un bon serviteur du Christ Jésus, nourri des enseignements de la foi et de la bonne doctrine dont tu t'es toujours montré le disciple fidèle. Quant aux fables profanes, racontars de vieilles femmes, rejette-les. Exerce-toi à la piété. Les exercices corporels, eux, ne servent pas à grand-chose: la piété au contraire est utile à tout, car elle a la promesse de la vie, de la vie présente comme de la vie future. Elle est sûre cette parole et digne d'une entière créance. Si en effet nous peinons et combattons, c'est que nous avons mis notre espérance dans le Dieu vivant, le Sauveur de tous les hommes, des croyants surtout. Tel doit être l'objet de tes prescriptions et de ton enseignement. Que personne ne méprise ton jeune âge. Au contraire, montre-toi un modèle pour les croyants, par la parole, la conduite, la charité, la foi, la pureté. En attendant que je vienne, consacre-toi à la lecture, à l'exhortation, à l'enseignement. Ne néglige pas le don spirituel qui est en toi, qui t'a été conféré par une intervention prophétique accompagnée de l'imposition des mains du collège des presbytres. Prends cela à coeur. Sois-y tout entier, afin que tes progrès soient manifestes à tous. Veille sur ta personne et sur ton enseignement; persévère en ces dispositions. Agissant ainsi, tu te sauveras, toi et ceux qui t'écoutent. Ne rudoie pas un vieillard; au contraire, exhorte-le comme un père, les jeunes gens comme des frères, les femmes âgées comme des mères, les jeunes comme des soeurs, en toute pureté. Honore les veuves - j'entends les vraies veuves. Si une veuve a des enfants ou des petits-enfants, il faut avant tout leur apprendre à pratiquer la piété envers leur propre famille et à payer leurs parents de retour. Voilà ce qui plaît à Dieu. Mais la vraie veuve, celle qui reste absolument seule, s'en remet à Dieu et consacre ses jours et ses nuits à la prière et à l'oraison. Quant à celle qui ne pense qu'au plaisir, quoique vivante, elle est morte. Cela aussi tu le rappelleras, afin qu'elles soient irréprochables. Si quelqu'un ne prend pas soin des siens, surtout de ceux qui vivent avec lui, il a renié la foi: il est pire qu'un infidèle. Ne peut être inscrite au groupe des veuves qu'une femme d'au moins 60 ans, ayant été la femme d'un seul mari. Elle devra produire le témoignage de sa bonne conduite: avoir élevé des enfants, exercé l'hospitalité, lavé les pieds des saints, secouru les affligés, pratiqué toutes les formes de la bienfaisance. Les jeunes veuves, écarte-les. Dès que des désirs indignes du Christ les assaillent, elles veulent se remarier, méritant ainsi d'être condamnées pour avoir manqué à leur premier engagement. Avec cela, n'ayant rien à faire, elles apprennent à courir les maisons; si encore c'était pour ne rien faire, mais c'est pour bavarder, s'occuper de ce qui ne les regarde pas, parler à tort et à travers. Je veux donc que les jeunes veuves se remarient, qu'elles aient des enfants, gouvernent leur maison et ne donnent à l'adversaire aucune occasion d'insulte. Il en est déjà qui se sont fourvoyées à la suite de Satan. Si une croyante a des veuves dans sa parenté, qu'elle les assiste, afin que l'Eglise n'en supporte pas la charge, et puisse ainsi secourir les vraies veuves. Les presbytres qui exercent bien la présidence méritent une double rémunération, surtout ceux qui peinent à la parole et à l'enseignement. L'Ecriture dit en effet: Tu ne muselleras pas le boeuf qui foule le grain; et encore: L'ouvrier mérite son salaire. N'accueille d'accusation contre un presbytre que sur déposition de deux ou trois témoins. Les coupables, reprends-les devant tous, afin que les autres en éprouvent de la crainte. Je t'en conjure devant Dieu, le Christ Jésus et les anges élus, observe ces règles avec impartialité, sans rien faire par favoritisme. Ne te hâte pas d'imposer les mains à qui que ce soit. Ne te fais pas complice des péchés d'autrui. Garde-toi pur. Cesse de ne boire que de l'eau. Prends un peu de vin à cause de ton estomac et de tes fréquents malaises. Il est des hommes dont les fautes apparaissent avant même tout jugement; d'autres au contraire chez qui elles ne se découvrent qu'après; les bonnes actions, elles aussi, se voient: même celles dont ce n'est pas le cas ne sauraient demeurer cachées. Tous ceux qui sont sous le joug de l'esclavage doivent considérer leurs maîtres comme dignes d'un entier respect, afin que le nom de Dieu et la doctrine ne soient pas blasphémés. Quant à ceux qui ont pour maîtres des croyants, qu'ils n'aillent pas les mépriser sous prétexte que ce sont des frères; qu'au contraire ils les servent d'autant mieux que ce sont des croyants et des amis de Dieu qui bénéficient de leurs services. Voilà ce que tu dois enseigner et recommander. Si quelqu'un enseigne autre chose et ne reste pas attaché à de saines paroles, celles de notre Seigneur Jésus Christ, et à la doctrine conforme à la piété, c'est un être aveuglé par l'orgueil, un ignorant en mal de questions oiseuses et de querelles de mots; de là viennent l'envie, la discorde, les outrages, les soupçons malveillants, les disputes interminables de gens à l'esprit corrompu, privés de la vérité, aux yeux de qui la piété est une source de profits. Profitable, oui, la piété l'est grandement pour qui se contente de ce qu'il a. Car nous n'avons rien apporté dans le monde et de même nous n'en pouvons rien emporter. Lors donc que nous avons nourriture et vêtement, sachons être satisfaits. Quant à ceux qui veulent amasser des richesses, ils tombent dans la tentation, dans le piège, dans une foule de convoitises insensées et funestes, qui plongent les hommes dans la ruine et la perdition. Car la racine de tous les maux, c'est l'amour de l'argent. Pour s'y être livrés, certains se sont égarés loin de la foi et se sont transpercé l'âme de tourments sans nombre. Pour toi, homme de Dieu, fuis tout cela. Poursuis la justice, la piété, la foi, la charité, la constance, la douceur. Combats le bon combat de la foi, conquiers la vie éternelle à laquelle tu as été appelé et en vue de laquelle tu as fait ta belle profession de foi en présence de nombreux témoins. Je t'en prie devant Dieu qui donne la vie à toutes choses et devant le Christ Jésus qui, sous Ponce Pilate, a rendu son beau témoignage, garde le commandement sans tache et sans reproche, jusqu'à l'Apparition de notre Seigneur Jésus Christ, que fera paraître aux temps marqués le Bienheureux et unique Souverain, le Roi des rois et Seigneur des seigneurs, le seul qui possède l'immortalité, qui habite une lumière inaccessible, que nul d'entre les hommes n'a vu ni ne peut voir. A lui appartiennent honneur et puissance à jamais! Amen. Aux riches de ce monde, recommande de ne pas juger de haut, de ne pas placer leur confiance en des richesses précaires, mais en Dieu qui nous pourvoit largement de tout, afin que nous en jouissions. Qu'ils fassent le bien, s'enrichissent de bonnes oeuvres, donnent de bon coeur, sachent partager; de cette manière, ils s'amassent pour l'avenir un solide capital, avec lequel ils pourront acquérir la vie véritable. O Timothée, garde le dépôt. Evite les discours creux et impies, les objections d'une pseudo-science. Pour l'avoir professée, certains se sont écartés de la foi. La grâce soit avec vous! Paul, apôtre du Christ Jésus par la volonté de Dieu, pour annoncer la promesse de la vie qui est dans le Christ Jésus, à Timothée mon enfant bien-aimé, grâce, miséricorde, paix de par Dieu le Père et le Christ Jésus notre Seigneur. Je rends grâce à Dieu que je sers, à la suite de mes ancêtres, avec une conscience pure, lorsque, sans cesse, nuit et jour, je fais mémoire de toi dans mes prières. En me rappelant tes larmes, je brûle du désir de te revoir, afin d'être rempli de joie. J'évoque le souvenir de la foi sans détours qui est en toi, foi qui, d'abord, résida dans le coeur de ta grand'mère Loïs et de ta mère Eunice et qui, j'en suis convaincu, réside également en toi. C'est pourquoi je t'invite à raviver le don spirituel que Dieu a déposé en toi par l'imposition de mes mains. Car ce n'est pas un esprit de crainte que Dieu nous a donné, mais un Esprit de force, d'amour et de maîtrise de soi. Ne rougis donc pas du témoignage à rendre à notre Seigneur, ni de moi son prisonnier, mais souffre plutôt avec moi pour l'Evangile, soutenu par la force de Dieu, qui nous a sauvés et nous a appelés d'un saint appel, non en considération de nos oeuvres, mais conformément à son propre dessein et à sa grâce. A nous donnée avant tous les siècles dans le Christ Jésus, cette grâce a été maintenant manifestée par l'Apparition de notre Sauveur le Christ Jésus, qui a détruit la mort et fait resplendir la vie et l'immortalité par le moyen de l'Evangile, au service duquel j'ai été établi, moi, héraut, apôtre et docteur. C'est à cause de cela que je connais cette nouvelle épreuve, mais je n'en rougis pas, car je sais en qui j'ai mis ma foi et j'ai la conviction qu'il est capable de garder mon dépôt jusqu'à ce Jour-là. Prends pour norme les saines paroles que tu as entendues de moi, dans la foi et l'amour du Christ Jésus. Garde le bon dépôt avec l'aide de l'Esprit Saint qui habite en nous. Tu le sais, tous ceux d'Asie, parmi lesquels Phygèle et Hermogène, se sont détournés de moi. Que le Seigneur fasse miséricorde à la famille d'Onésiphore, car souvent il m'a réconforté, et il n'a pas rougi de mes chaînes; au contraire, à son arrivée à Rome, il m'a recherché activement et m'a découvert. Que le Seigneur lui donne d'obtenir miséricorde auprès du Seigneur en ce Jour-là. Quant aux services qu'il m'a rendus, à Ephèse, tu les connais mieux que personne. Toi donc, mon enfant, fortifie-toi dans la grâce du Christ Jésus. Ce que tu as appris de moi sur l'attestation de nombreux témoins, confie-le à des hommes sûrs, capables à leur tour d'en instruire d'autres. Prends ta part de souffrances, en bon soldat du Christ Jésus. Dans le métier des armes, personne ne s'encombre des affaires de la vie civile, s'il veut donner satisfaction à qui l'a engagé. De même l'athlète ne reçoit la couronne que s'il a lutté selon les règles. C'est au cultivateur qui travaille dur, que doivent revenir, en premier lieu, les fruits de la récolte. Comprends ce que je veux dire. D'ailleurs le Seigneur te fera tout comprendre. Souviens-toi de Jésus Christ, ressuscité d'entre les morts, issu de la race de David, selon mon Evangile. Pour lui je souffre jusqu'à porter des chaînes comme un malfaiteur. Mais la parole de Dieu n'est pas enchaînée. C'est pourquoi j'endure tout pour les élus, afin qu'eux aussi obtiennent le salut qui est dans le Christ Jésus avec la gloire éternelle. Elle est sûre cette parole: Si nous sommes morts avec lui, avec lui nous vivrons. Si nous tenons ferme, avec lui nous régnerons. Si nous le renions, lui aussi nous reniera. Si nous sommes infidèles, lui reste fidèle, car il ne peut se renier lui-même. Tout cela, rappelle-le, attestant devant Dieu qu'il faut éviter les querelles de mots, bonnes seulement à perdre ceux qui les écoutent. Efforce-toi de te présenter à Dieu comme un homme éprouvé, un ouvrier qui n'a pas à rougir, un fidèle dispensateur de la parole de vérité. Quant aux discours creux et impies, évite-les. Leurs auteurs feront toujours plus de progrès dans la voie de l'impiété, et leur parole étendra ses ravages comme la gangrène. Hyménée et Philète sont de ceux-là; ils se sont écartés de la vérité, en prétendant que la résurrection a déjà eu lieu, renversant ainsi la foi de plusieurs. Cependant les solides fondations posées par Dieu tiennent bon, marquées du sceau de ces paroles: Le Seigneur connaît les siens, et: Qu'il évite l'iniquité, celui qui prononce le nom du Seigneur. Dans une grande maison, il n'y a pas seulement des vases d'or et d'argent; il en est aussi de bois et d'argile. Les uns sont réservés aux usages nobles, les autres aux usages vulgaires. Si donc quelqu'un se préserve des fautes dont je parle, il sera un vase noble, sanctifié, utile au Maître, propre à toute oeuvre bonne. Fuis les passions de la jeunesse. Recherche la justice, la foi, la charité, la paix, en union avec ceux qui d'un coeur pur invoquent le Seigneur. Mais les folles et stupides recherches, évite-les: tu sais qu'elles engendrent des querelles. Or, le serviteur du Seigneur ne doit pas être querelleur, mais accueillant à tous, capable d'instruire, patient dans l'épreuve; c'est avec douceur qu'il doit reprendre les opposants, en songeant que Dieu, peut-être, leur donnera de se convertir, de connaître la vérité et de revenir à la raison, une fois dégagés des filets du diable, qui les retient captifs, asservis à sa volonté. Sache bien, par ailleurs, que dans les derniers jours surviendront des moments difficiles. Les hommes en effet seront égoïstes, cupides, vantards, orgueilleux, diffamateurs, rebelles à leurs parents, ingrats, sacrilèges, sans coeur, sans pitié, médisants, intempérants, intraitables, ennemis du bien, délateurs, effrontés, aveuglés par l'orgueil, plus amis de la volupté que de Dieu, ayant les apparences de la piété mais reniant ce qui en est la force. Ceux-là aussi, évite-les. Ils sont bien du nombre, ceux qui s'introduisent dans les maisons et envoûtent des femmelettes chargées de péchés, entraînées par toutes sortes de passions et qui, toujours à s'instruire, ne sont jamais capables de parvenir à la connaissance de la vérité. A l'exemple de Jannès et de Jambrès qui se dressèrent contre Moïse, ils se dressent, eux aussi, contre la vérité, hommes à l'esprit corrompu, sans garantie en matière de foi. Mais ils n'iront pas plus loin, car leur folie sera démasquée aux yeux de tous, comme le fut celle des deux autres. Pour toi, tu m'as suivi dans mon enseignement, ma conduite, mes projets, ma foi, ma patience, ma charité, ma constance dans les persécutions et les souffrances qui me sont survenues à Antioche, à Iconium, à Lystres. Quelles persécutions n'ai-je pas eu à subir! Et de toutes le Seigneur m'a délivré. Oui, tous ceux qui veulent vivre dans le Christ avec piété seront persécutés. Quant aux pécheurs et aux charlatans, ils feront toujours plus de progrès dans le mal, à la fois trompeurs et trompés. Pour toi, tiens-toi à ce que tu as appris et dont tu as acquis la certitude. Tu sais de quels maîtres tu le tiens; et c'est depuis ton plus jeune âge que tu connais les saintes Lettres. Elles sont à même de te procurer la sagesse qui conduit au salut par la foi dans le Christ Jésus. Toute Ecriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, réfuter, redresser, former à la justice: ainsi l'homme de Dieu se trouve-t-il accompli, équipé pour toute oeuvre bonne. Je t'adjure devant Dieu et devant le Christ Jésus, qui doit juger les vivants et les morts, au nom de son Apparition et de son Règne: proclame la parole, insiste à temps et à contretemps, réfute, menace, exhorte, avec une patience inlassable et le souci d'instruire. Car un temps viendra où les hommes ne supporteront plus la saine doctrine, mais au contraire, au gré de leurs passions et l'oreille les démangeant, ils se donneront des maîtres en quantité et détourneront l'oreille de la vérité pour se tourner vers les fables. Pour toi, sois prudent en tout, supporte l'épreuve, fais oeuvre de prédicateur de l'Evangile, acquitte-toi à la perfection de ton ministère. Quant à moi, je suis déjà répandu en libation et le moment de mon départ est venu. J'ai combattu jusqu'au bout le bon combat, j'ai achevé ma course, j'ai gardé la foi. Et maintenant, voici qu'est préparée pour moi la couronne de justice, qu'en retour le Seigneur me donnera en ce Jour-là, lui, le juste Juge, et non seulement à moi mais à tous ceux qui auront attendu avec amour son Apparition. Hâte-toi de venir me rejoindre au plus vite, car Démas m'a abandonné par amour du monde présent. Il est parti pour Thessalonique, Crescens pour la Galatie, Tite pour la Dalmatie. Seul Luc est avec moi. Prends Marc et amène-le avec toi, car il m'est précieux pour le ministère. J'ai envoyé Tychique à Ephèse. En venant, apporte le manteau que j'ai laissé à Troas chez Carpos, ainsi que les livres, surtout les parchemins. Alexandre le fondeur m'a fait beaucoup de mal. Le Seigneur lui rendra selon ses oeuvres. Toi aussi, méfie-toi de lui, car il a été un adversaire acharné de notre prédication. La première fois que j'ai eu à présenter ma défense, personne ne m'a soutenu. Tous m'ont abandonné! Qu'il ne leur en soit pas tenu rigueur! Le Seigneur, lui, m'a assisté et m'a rempli de force afin que, par moi, le message fût proclamé et qu'il parvînt aux oreilles de tous les païens. Et j'ai été délivré de la gueule du lion. Le Seigneur me délivrera de toute entreprise perverse et me sauvera en me prenant dans son Royaume céleste. A lui la gloire dans tous les siècles! Amen! Salue Prisca et Aquilas, ainsi que la famille d'Onésiphore. Eraste est resté à Corinthe. J'ai laissé Trophime malade à Milet. Hâte-toi de venir avant l'hiver. Tu as le salut d'Eubule, de Pudens, de Lin, de Claudia et de tous les frères. Le Seigneur soit avec ton esprit! La grâce soit avec vous! Paul, serviteur de Dieu, apôtre de Jésus Christ pour amener les élus de Dieu à la foi et à la connaissance de la vérité ordonnée à la piété, dans l'espérance de la vie éternelle promise avant tous les siècles par le Dieu qui ne ment pas et qui, aux temps marqués, a manifesté sa parole par une proclamation dont un ordre de Dieu notre Sauveur m'a confié la charge, à Tite mon véritable enfant en notre foi commune, grâce et paix de par Dieu le Père et le Christ Jésus notre Sauveur. Si je t'ai laissé en Crète, c'est pour y achever l'organisation et pour établir dans chaque ville des presbytres, conformément à mes instructions. Chaque candidat doit être irréprochable, mari d'une seule femme, avoir des enfants croyants, qui ne puissent être accusés d'inconduite et ne soient pas insoumis. L'épiscope, en effet, en sa qualité d'intendant de Dieu, doit être irréprochable: ni arrogant, ni coléreux, ni buveur, ni batailleur, ni avide de gains déshonnêtes, mais au contraire hospitalier, ami du bien, pondéré, juste, pieux, maître de soi, attaché à l'enseignement sûr, conforme à la doctrine; ne doit-il pas être capable, à la fois, d'exhorter dans la saine doctrine et de confondre les contradicteurs? Nombreux sont en effet les esprits rebelles, les vains discoureurs, les séducteurs, surtout chez les circoncis. Il faut leur fermer la bouche; ces gens-là bouleversent des familles entières, enseignant pour de scandaleux profits ce qui ne se doit pas. L'un d'entre eux, leur propre prophète, a dit: "Crétois: perpétuels menteurs, mauvaises bêtes, ventres paresseux." Ce témoignage est vrai; aussi reprends-les vertement, pour qu'ils conservent une foi saine, sans prêter attention à des fables juives et aux prescriptions de gens qui tournent le dos à la vérité. Tout est pur pour les purs. Mais pour ceux qui sont souillés et qui n'ont pas la foi, rien n'est pur. Leur esprit même et leur conscience sont souillés. Ils font profession de connaître Dieu, mais, par leur conduite, ils le renient: êtres abominables, rebelles, incapables d'aucun bien. Pour toi, enseigne ce qui est conforme à la saine doctrine. Que les vieillards soient sobres, dignes, pondérés, robustes dans la foi, la charité, la constance. Que pareillement les femmes âgées aient le comportement qui sied à des saintes: ni médisantes, ni adonnées au vin, mais de bon conseil; ainsi elles apprendront aux jeunes femmes à aimer leur mari et leurs enfants, à être réservées, chastes, femmes d'intérieur, bonnes, soumises à leur mari, en sorte que la parole de Dieu ne soit pas blasphémée. Exhorte également les jeunes gens à garder en tout la pondération, offrant en ta personne un exemple de bonne conduite: pureté de doctrine, dignité, enseignement sain, irréprochable, afin que l'adversaire, ne pouvant dire aucun mal de nous, soit rempli de confusion. Que les esclaves soient soumis en tout à leurs maîtres, cherchant à leur donner satisfaction, évitant de les contredire, ne commettant aucune indélicatesse, se montrant au contraire d'une parfaite fidélité: ainsi feront-ils honneur en tout à la doctrine de Dieu notre Sauveur. Car la grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes, s'est manifestée, nous enseignant à renoncer à l'impiété et aux convoitises de ce monde, pour vivre en ce siècle présent dans la réserve, la justice et la piété, attendant la bienheureuse espérance et l'Apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, le Christ Jésus qui s'est livré pour nous afin de nous racheter de toute iniquité et de purifier un peuple qui lui appartienne en propre, zélé pour le bien. C'est ainsi que tu dois parler, exhorter, reprendre avec une autorité entière. Que personne ne te méprise. Rappelle à tous qu'il faut être soumis aux magistrats et aux autorités, pratiquer l'obéissance, être prêt à toute bonne oeuvre, n'outrager personne, éviter les disputes, se montrer bienveillant, témoigner à tous les hommes une parfaite douceur. Car nous aussi, nous étions naguère des insensés, des rebelles, des égarés, esclaves d'une foule de convoitises et de plaisirs, vivant dans la malice et l'envie, odieux et nous haïssant les uns les autres. Mais le jour où apparurent la bonté de Dieu notre Sauveur et son amour pour les hommes, il ne s'est pas occupé des oeuvres de justice que nous avions pu accomplir, mais, poussé par sa seule miséricorde, il nous a sauvés par le bain de la régénération et de la rénovation en l'Esprit Saint. Et cet Esprit, il l'a répandu sur nous à profusion, par Jésus Christ notre Sauveur, afin que, justifiés par la grâce du Christ, nous obtenions en espérance l'héritage de la vie éternelle. Elle est sûre cette parole et je tiens à ce que, sur ce point, tu sois catégorique, afin que ceux qui ont placé leur foi en Dieu aient à coeur d'exceller dans la pratique du bien. Voilà qui est bon et utile aux hommes. Mais les folles recherches, les généalogies, les disputes, les polémiques au sujet de la Loi, évite-les. Elles sont sans utilité et sans profit. Quant à l'homme de parti, après un premier et un second avertissement, romps avec lui. Un tel individu, tu le sais, est un dévoyé et un pécheur qui se condamne lui-même. Lorsque je t'aurai envoyé Artémas ou Tychique, hâte-toi de me rejoindre à Nicopolis. C'est là que j'ai décidé de passer l'hiver. Prends toutes dispositions pour le voyage du juriste Zénas et d'Apollos, afin qu'ils ne manquent de rien. Les nôtres aussi doivent apprendre à exceller dans la pratique du bien pour faire face aux nécessités pressantes. Ainsi ne seront-ils pas sans fruits. Tu as le salut de tous ceux qui sont avec moi. Salue ceux qui nous aiment dans la foi. La grâce soit avec vous tous! "Paul, prisonnier du Christ Jésus, et le frère Timothée, à Philémon, notre cher collaborateur, avec Apphia notre soeur, Archippe notre frère d'armes, et l'Eglise qui s'assemble dans ta maison. A vous grâce et paix de par Dieu notre Père et le Seigneur Jésus Christ! Je rends sans cesse grâces à mon Dieu en faisant mémoire de toi dans mes prières, car j'entends louer ta charité et la foi qui t'anime, tant à l'égard du Seigneur Jésus qu'au bénéfice de tous les saints. Puisse cette foi rendre agissant son esprit d'entraide en t'éclairant pleinement sur tout le bien qu'il est en notre pouvoir d'accomplir pour le Christ. De fait, j'ai eu grande joie et consolation en apprenant ta charité: on me dit, frère, que tu as soulagé le coeur des saints! C'est pourquoi, bien que j'aie dans le Christ tout le franc-parler nécessaire pour te prescrire ton devoir, je préfère invoquer la charité et te présenter une requête. Celui qui va parler, c'est Paul, le vieux Paul et, qui plus est, maintenant le prisonnier du Christ Jésus. La requête est pour mon enfant, que j'ai engendré dans les chaînes, cet Onésime, qui jadis ne te fut guère utile, mais qui désormais te sera bien utile, comme il l'est devenu pour moi. Je te le renvoie, et lui, c'est comme mon propre coeur. Je désirais le retenir près de moi, pour qu'il me servît en ton nom dans ces chaînes que me vaut l'Evangile; cependant je n'ai rien voulu faire sans ton assentiment, pour que ce bienfait ne parût pas t'être imposé, mais qu'il vînt de ton bon gré. Peut-être aussi Onésime ne t'a-t-il été retiré pour un temps qu'afin de t'être rendu pour l'éternité, non plus comme un esclave, mais bien mieux qu'un esclave, comme un frère très cher: il l'est grandement pour moi, combien plus va-t-il l'être pour toi, et selon le monde et selon le Seigneur! Si donc tu as égard aux liens qui nous unissent, reçois-le comme si c'était moi. Et s'il t'a fait du tort ou te doit quelque chose, mets cela sur mon compte. Moi, Paul, je m'y engage de ma propre écriture: c'est moi qui réglerai... Pour ne rien dire de la dette qui t'oblige toujours à mon endroit, et qui est toi-même! Allons, frère, j'attends de toi ce service dans le Seigneur; soulage mon coeur dans le Christ. Je t'écris avec pleine confiance en ta docilité: je sais bien que tu feras plus encore que je ne demande. Avec cela, prépare-moi un gîte; j'espère en effet que, grâce à vos prières, je vais vous être rendu. Tu as les salutations d'Epaphras, mon compagnon de captivité dans le Christ Jésus, ainsi que de Marc, Aristarque, Démas et Luc, mes collaborateurs. Que la grâce du Seigneur Jésus Christ soit avec votre esprit! Après avoir, à maintes reprises et sous maintes formes, parlé jadis aux Pères par les prophètes, Dieu, en ces jours qui sont les derniers, nous a parlé par le Fils, qu'il a établi héritier de toutes choses, par qui aussi il a fait les siècles. Resplendissement de sa gloire, effigie de sa substance, ce Fils qui soutient l'univers par sa parole puissante, ayant accompli la purification des péchés, s'est assis à la droite de la Majesté dans les hauteurs, devenu d'autant supérieur aux anges que le nom qu'il a reçu en héritage est incomparable au leur. Auquel des anges, en effet, Dieu a-t-il jamais dit: Tu es mon Fils, moi, aujourd'hui, je t'ai engendré? Et encore: Je serai pour lui un père, et lui sera pour moi un fils. Et de nouveau, lorsqu'il introduit le Premier-né dans le monde, il dit: Que tous les anges de Dieu l'adorent. Tandis qu'il s'exprime ainsi en s'adressant aux anges: Il fait de ses anges des vents, de ses serviteur une flamme ardente, il dit à son Fils: Ton trône, ô Dieu, subsiste dans les siècles des siècles, et: le sceptre de droiture est le sceptre de sa royauté. Tu as aimé la justice et tu as haï l'impiété. C'est pourquoi, Dieu, ton Dieu t'a oint d'une huile d'allégresse de préférence à tes compagnons. Et encore: C'est toi, Seigneur, qui aux origines fondas la terre, et les cieux sont l'ouvrage de tes mains. Eux périront, mais toi tu demeures, et tous ils vieilliront comme un vêtement. Comme un manteau tu les rouleras, comme un vêtement, et ils seront changés. Mais toi, tu es le même et tes années ne s'achèveront point. Et auquel des anges a-t-il jamais dit: Assieds-toi à ma droite jusqu'à ce que je place tes ennemis comme un escabeau sous tes pieds? Est-ce que tous ne sont pas des esprits chargés d'un ministère, envoyés en service pour ceux qui doivent hériter du salut? C'est pourquoi nous devons nous attacher avec plus d'attention aux enseignements que nous avons entendus, de peur d'être entraînés à la dérive. Si déjà la parole promulguée par des anges s'est trouvée garantie et si toute transgression et désobéissance a reçu une juste rétribution, comment nous-mêmes échapperons-nous, si nous négligeons pareil salut? Celui-ci, inauguré par la prédication du Seigneur, nous a été garanti par ceux qui l'ont entendu, Dieu appuyant leur témoignage par des signes, des prodiges, des miracles de toutes sortes, ainsi que par des communications d'Esprit Saint qu'il distribue à son gré. En effet, ce n'est pas à des anges qu'il a soumis le monde à venir dont nous parlons. Quelqu'un a fait quelque part cette attestation: Qu'est-ce que l'homme pour que tu te souviennes de lui, ou le fils de l'homme pour que tu le prennes en considération? Tu l'as un moment abaissé au-dessous des anges. Tu l'as couronné de gloire et d'honneur. Tu as tout mis sous ses pieds. Par le fait qu'il lui a tout soumis, il n'a rien laissé qui lui demeure insoumis. Actuellement, il est vrai, nous ne voyons pas encore que tout lui soit soumis. Mais celui qui a été abaissé un moment au-dessous des anges, Jésus, nous le voyons couronné de gloire et d'honneur, parce qu'il a souffert la mort: il fallait que, par la grâce de Dieu, au bénéfice de tout homme, il goûtât la mort. Il convenait, en effet, que, voulant conduire à la gloire un grand nombre de fils, Celui pour qui et par qui sont toutes choses rendît parfait par des souffrances le chef qui devait les guider vers leur salut. Car le sanctificateur et les sanctifiés ont tous même origine. C'est pourquoi il ne rougit pas de les nommer frères, quand il dit: J'annoncerai ton nom à mes frères. Je te chanterai au milieu de l'assemblée. Et encore: Pour moi j'aurai confiance en lui. Et encore: Nous voici, moi et les enfants que Dieu m'a donnés. Puis donc que les enfants avaient en commun le sang et la chair, lui aussi y participa pareillement afin de réduire à l'impuissance, par sa mort, celui qui a la puissance de la mort, c'est-à-dire le diable, et d'affranchir tous ceux qui, leur vie entière, étaient tenus en esclavage par la crainte de la mort. Car ce n'est certes pas des anges qu'il se charge, mais c'est de la descendance d'Abraham qu'il se charge. En conséquence, il a dû devenir en tout semblable à ses frères, afin de devenir dans leurs rapports avec Dieu un grand prêtre miséricordieux et fidèle, pour expier les péchés du peuple. Car du fait qu'il a lui-même souffert par l'épreuve, il est capable de venir en aide à ceux qui sont éprouvés. En conséquence, frères saints, vous qui avez en partage une vocation céleste, considérez l'apôtre et grand prêtre de notre profession de foi, Jésus; il est fidèle à celui qui l'a institué, comme Moïse le fut aussi dans toute sa maison. Car il a été jugé digne d'une gloire supérieure à celle de Moïse, dans la mesure même où la dignité du constructeur d'une maison est plus grande que celle de la maison elle-même. Toute maison, en effet, est construite par quelqu'un, et celui qui a tout construit, c'est Dieu. Moïse, à la vérité, a été fidèle dans toute sa maison, en qualité de serviteur, pour témoigner de ce qui devait être dit; tandis que le Christ, lui, l'a été en qualité de fils, à la tête de sa maison. Et sa maison, c'est nous, pourvu que nous gardions l'assurance et la joyeuse fierté de l'espérance. C'est pourquoi, comme le dit l'Esprit Saint: Aujourd'hui, si vous entendez sa voix, n'endurcissez pas vos coeurs comme cela s'est produit dans la Querelle, au jour de la Tentation dans le désert, où vos Pères me tentèrent, me mettant à l'épreuve, alors qu'ils avaient vu mes oeuvres pendant 40 ans. C'est pourquoi j'ai été irrité contre cette génération et j'ai dit: Toujours leur coeur se fourvoie, ils n'ont pas connu mes voies; aussi ai-je juré dans ma colère: Non, ils n'entreront pas dans mon repos. Prenez garde, frères, qu'il n'y ait peut-être en quelqu'un d'entre vous un coeur mauvais, assez incrédule pour se détacher du Dieu vivant. Mais encouragez-vous mutuellement chaque jour, tant que vaut cet aujourd'hui, afin qu'aucun de vous ne s'endurcisse par la séduction du péché. Car nous sommes devenus participants du Christ, si toutefois nous retenons inébranlablement jusqu'à la fin, dans toute sa solidité, notre confiance initiale. Dans cette parole: Aujourd'hui, si vous entendez sa voix, n'endurcissez pas vos coeurs comme cela s'est produit dans la Querelle, quels sont donc ceux qui, après avoir entendu, ont querellé? Mais n'étaient-ce pas tous ceux qui sont sortis d'Egypte grâce à Moïse? Et contre qui s'irrita-t-il pendant 40 ans? N'est-ce pas contre ceux qui avaient péché et dont les cadavres tombèrent dans le désert? Et à qui jura-t-il qu'ils n'entreraient pas dans son repos, sinon à ceux qui avaient désobéi? Et nous voyons qu'ils ne purent entrer à cause de leur infidélité. Craignons donc que l'un de vous n'estime arriver trop tard, alors qu'en fait la promesse d'entrer dans son repos reste en vigueur. Car nous aussi nous avons reçu une bonne nouvelle absolument comme ceux-là. Mais la parole qu'ils avaient entendue ne leur servit de rien, parce qu'ils ne restèrent pas en communion par la foi avec ceux qui écoutèrent. Nous entrons en effet, nous les croyants, dans un repos, selon qu'il a dit: Aussi ai-je juré dans ma colère: Non, ils n'entreront pas dans mon repos. Les oeuvres de Dieu certes étaient achevées dès la fondation du monde, puisqu'il a dit quelque part au sujet du septième jour: Et Dieu se reposa le septième jour de toutes ses oeuvres. Et de nouveau en cet endroit: Ils n'entreront pas dans mon repos. Ainsi donc, puisqu'il est acquis que certains doivent y entrer, et que ceux qui avaient reçu d'abord la bonne nouvelle n'y entrèrent pas à cause de leur désobéissance, de nouveau Dieu fixe un jour, un aujourd'hui, disant en David, après si longtemps, comme il a été dit ci-dessus: Aujourd'hui, si vous entendez sa voix, n'endurcissez pas vos coeurs... Si Josué avait introduit les Israélites dans ce repos, Dieu n'aurait pas dans la suite parlé d'un autre jour. C'est donc qu'un repos, celui du septième jour, est réservé au peuple de Dieu. Car celui qui est entré dans son repos lui aussi se repose de ses oeuvres, comme Dieu des siennes. Efforçons-nous dont d'entrer dans ce repos, afin que nul ne succombe, en imitant cet exemple de désobéissance. Vivante, en effet, est la parole de Dieu, efficace et plus incisive qu'aucun glaive à deux tranchants, elle pénètre jusqu'au point de division de l'âme et de l'esprit, des articulations et des moelles, elle peut juger les sentiments et les pensées du coeur. Aussi n'y a-t-il pas de créature qui reste invisible devant elle, mais tout est nu et découvert aux yeux de Celui à qui nous devons rendre compte. Ayant donc un grand prêtre souverain qui a traversé les cieux, Jésus, le Fils de Dieu, tenons ferme la profession de foi. Car nous n'avons pas un grand prêtre impuissant à compatir à nos faiblesses, lui qui a été éprouvé en tout, d'une manière semblable, à l'exception du péché. Avançons-nous donc avec assurance vers le trône de la grâce afin d'obtenir miséricorde et de trouver grâce, pour une aide opportune. Tout grand prêtre, en effet, pris d'entre les hommes, est établi pour intervenir en faveur des hommes dans leurs relations avec Dieu, afin d'offrir dons et sacrifices pour les péchés. Il peut ressentir de la commisération pour les ignorants et les égarés, puisqu'il est lui-même également enveloppé de faiblesse, et qu'à cause d'elle, il doit offrir pour lui-même des sacrifices pour le péché, comme il le fait pour le peuple. Nul ne s'arroge à soi-même cet honneur, on y est appelé par Dieu, absolument comme Aaron. De même ce n'est pas le Christ qui s'est attribué à soi-même la gloire de devenir grand prêtre, mais il l'a reçue de celui qui lui a dit: Tu es mon fils, moi, aujourd'hui, je t'ai engendré; comme il dit encore ailleurs: Tu es prêtre pour l'éternité, selon l'ordre de Melchisédech. C'est lui qui, aux jours de sa chair, ayant présenté, avec une violente clameur et des larmes, des implorations et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort, et ayant été exaucé en raison de sa piété, tout Fils qu'il était, apprit, de ce qu'il souffrit, l'obéissance; après avoir été rendu parfait, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent principe de salut éternel, puisqu'il est salué par Dieu du titre de grand prêtre selon l'ordre de Melchisédech. Sur ce sujet, nous avons bien des choses à dire, et difficiles à exposer parce que vous êtes devenus lents à comprendre. En effet, alors qu'avec le temps vous devriez être devenus des maîtres, vous avez de nouveau besoin qu'on vous enseigne les premiers rudiments des oracles de Dieu, et vous en êtes venus à avoir besoin de lait, non de nourriture solide. Effectivement, quiconque en est encore au lait ne peut goûter la doctrine de justice, car c'est un tout petit enfant; les parfaits, eux, ont la nourriture solide, ceux qui, par l'habitude, ont le sens moral exercé au discernement du bien et du mal. C'est pourquoi, laissant l'enseignement élémentaire sur le Christ, élevons-nous à l'enseignement parfait, sans revenir sur les articles fondamentaux du repentir des oeuvres mortes et de la foi en Dieu, de l'instruction sur les baptêmes et de l'imposition des mains, de la résurrection des morts et du jugement éternel. Et c'est ainsi que nous allons faire, si Dieu le permet. Il est impossible, en effet, pour ceux qui une fois ont été illuminés, qui ont goûté au don céleste, qui sont devenus participants de l'Esprit Saint, qui ont goûté la belle parole de Dieu et les forces du monde à venir, et qui néanmoins sont tombés, de les rénover une seconde fois en les amenant à la pénitence, alors qu'ils crucifient pour leur compte le Fils de Dieu et le bafouent publiquement. En effet, lorsqu'une terre a bu la pluie venue souvent sur elle, et qu'elle produit des plantes utiles à ceux-là mêmes pour qui elle est cultivée, elle reçoit de Dieu une bénédiction. Mais celle qui porte des épines et des ronces est réprouvée et bien proche d'être maudite. Elle finira par être brûlée. Mais quant à vous, bien-aimés, tout en parlant ainsi, nous sommes persuadés que vous êtes dans une situation meilleure et favorable au salut. Car Dieu n'est point injuste, pour oublier ce que vous avez fait et la charité que vous avez montrée pour son nom, vous qui avez servi et qui servez les saints. Nous désirons seulement que chacun de vous montre le même zèle pour le plein épanouissement de l'espérance jusqu'à la fin; de telle sorte que vous ne deveniez pas nonchalants, mais que vous imitiez ceux qui, par la foi et la persévérance, héritent des promesses. En effet, lorsqu'il fit la promesse à Abraham, Dieu ne pouvant jurer par un plus grand, jura par lui-même, en disant: Certes, je te comblerai de bénédictions et je te multiplierai grandement. C'est ainsi qu'Abraham, ayant persévéré, vit s'accomplir la promesse. Les hommes jurent par un plus grand, et, entre eux, la garantie du serment met un terme à toute contestation. Aussi Dieu, voulant bien davantage faire voir aux héritiers de la promesse l'immutabilité de son dessein, s'engagea-t-il par un serment, afin que, par deux réalités immuables, dans lesquelles il est impossible à un Dieu de mentir, nous soyons puissamment encouragés - nous qui avons trouvé un refuge - à saisir fortement l'espérance qui nous est offerte. En elle, nous avons comme une ancre de notre âme, sûre autant que solide, et pénétrant par-delà le voile, là où est entré pour nous, en précurseur, Jésus, devenu pour l'éternité grand prêtre selon l'ordre de Melchisédech. En effet, ce Melchisédech, roi de Salem, prêtre du Dieu Très-Haut, qui se porta à la rencontre d'Abraham s'en retournant après la défaite des rois, et qui le bénit; à qui aussi Abraham attribua la dîme de tout, dont on interprète d'abord le nom comme "roi de justice" et qui est aussi roi de Salem, c'est-à-dire "roi de paix", qui est sans père, sans mère, sans généalogie, dont les jours n'ont pas de commencement et dont la vie n'a pas de fin, qui est assimilé au Fils de Dieu, ce Melchisédech demeure prêtre pour toujours. Considérez donc comme il est grand celui à qui Abraham donna aussi la dîme du meilleur butin, lui le Patriarche. Et à la vérité, ceux des fils de Lévi qui reçoivent la prêtrise ont ordre, selon la Loi, de lever la dîme sur le peuple, c'est-à-dire sur leurs frères qui sont pourtant eux aussi sortis des reins d'Abraham. Mais celui qui n'était pas de leur lignée a levé la dîme sur Abraham, et il a béni le détenteur des promesses. Or, sans aucun doute, c'est l'inférieur qui est béni par le supérieur. De plus, ici ce sont des hommes mortels qui perçoivent les dîmes, mais là c'est celui dont on atteste qu'il vit. Enfin c'est pour ainsi dire Lévi lui-même, lui qui perçoit la dîme, qui se trouve l'avoir payée en la personne d'Abraham; car il était encore dans les reins de son aïeul, lorsque Melchisédech se porta à sa rencontre. Si donc la perfection était réalisée par le sacerdoce lévitique - car c'est sur lui que repose la Loi donnée au peuple --, quel besoin y avait-il encore que se présentât un autre prêtre selon l'ordre de Melchisédech et qu'il ne fût pas dit "selon l'ordre d'Aaron" -- En effet, changé le sacerdoce, nécessairement se produit aussi un changement de Loi. -- Car celui dont ces choses sont dites appartenait à une autre tribu, dont aucun membre ne s'est jamais occupé du service de l'autel. Il est notoire, en effet, que notre Seigneur est issu de Juda, tribu dont Moïse n'a rien dit quand il traite des prêtres. Cela devient encore plus évident si, à la ressemblance de Melchisédech, se présente un autre prêtre, qui ne l'est pas devenu selon la règle d'une prescription charnelle, mais bien selon la puissance d'une vie impérissable. Ce témoignage, en effet, lui est rendu: Tu es prêtre pour l'éternité selon l'ordre de Melchisédech. Ainsi se trouve abrogée la prescription antérieure, en raison de sa faiblesse et de son inutilité -- car la Loi n'a rien amené à la perfection - et introduite une espérance meilleure, par laquelle nous approchons de Dieu. D'autant plus que cela ne s'est pas fait sans serment. Les autres, en effet, sont devenus prêtres sans serment; mais celui-ci l'a été avec serment, par Celui qui lui a dit: "Le Seigneur a juré, et il ne s'en repentira pas: Tu es prêtre pour l'éternité." Et par suite c'est d'une alliance meilleure que Jésus est devenu garant. De plus, ceux-là sont devenus prêtres en grand nombre, parce que la mort les empêchait de durer; mais lui, du fait qu'il demeure pour l'éternité, il a un sacerdoce immuable. D'où il suit qu'il est capable de sauver de façon définitive ceux qui par lui s'avancent vers Dieu, étant toujours vivant pour intercéder en leur faveur. Oui, tel est précisément le grand prêtre qu'il nous fallait, saint, innocent, immaculé, séparé désormais des pécheurs, élevé plus haut que les cieux, qui ne soit pas journellement dans la nécessité, comme les grands prêtres, d'offrir des victimes d'abord pour ses propres péchés, ensuite pour ceux du peuple, car ceci il l'a fait une fois pour toutes en s'offrant lui-même. La Loi, en effet, établit comme grands prêtres des hommes sujets à la faiblesse; mais la parole du serment - postérieur à la Loi - établit le Fils rendu parfait pour l'éternité. Le point capital de nos propos est que nous avons un pareil grand prêtre qui s'est assis à la droite du trône de la Majesté dans les cieux, ministre du sanctuaire et de la Tente, la vraie, celle que le Seigneur, non un homme, a dressée. Tout grand prêtre, en effet, est établi pour offrir des dons et des sacrifices; d'où la nécessité pour lui aussi d'avoir quelque chose à offrir. A la vérité, si Jésus était sur terre, il ne serait pas même prêtre, puisqu'il y en a qui offrent les dons, conformément à la Loi; ceux-là assurent le service d'une copie et d'une ombre des réalités célestes, ainsi que Moïse, quand il eut à construire la Tente, en fut divinement averti: Vois, est-il dit en effet, tu feras tout d'après le modèle qui t'a été montré sur la montagne. Mais à présent, le Christ a obtenu un ministère d'autant plus élevé que meilleure est l'alliance dont il est le médiateur, et fondée sur de meilleures promesses. Car si cette première alliance avait été irréprochable, il n'y aurait pas eu lieu de lui en substituer une seconde. C'est en effet en les blâmant que Dieu déclare: Voici que des jours viennent, dit le Seigneur, et je conclurai avec la maison d'Israël et la maison de Juda une alliance nouvelle, non pas comme l'alliance que je fis avec leurs pères, au jour où je pris leur main pour les tirer du pays d'Egypte. Puisqu'eux-mêmes ne sont pas demeurés dans mon alliance, moi aussi je les ai négligés, dit le Seigneur. Voici l'alliance que je contracterai avec la maison d'Israël, après ces jours-là, dit le Seigneur: Je mettrai mes lois dans leur pensée, je les graverai dans leur coeur, et je serai leur Dieu et ils seront mon peuple. Personne n'aura plus à instruire son concitoyen, ni personne son frère, en disant: "Connais le Seigneur", puisque tous me connaîtront, du petit jusqu'au grand. Car je pardonnerai leurs torts, et de leurs péchés je n'aurai plus souvenance. En disant: alliance nouvelle, il rend vieille la première. Or ce qui est vieilli et vétuste est près de disparaître. La première alliance, elle aussi, avait donc des institutions cultuelles ainsi qu'un sanctuaire, celui de ce monde. Une tente, en effet - la tente antérieure - avait été dressée; là se trouvaient le chandelier, la table, et l'exposition des pains; c'est celle qui est appelée: le Saint. Puis, derrière le second voile était une tente appelée Saint des Saints, comportant un autel des parfums en or et l'arche de l'alliance entièrement recouverte d'or, dans laquelle se trouvaient une urne d'or contenant la manne, le rameau d'Aaron qui avait poussé, et les tables de l'alliance; puis au-dessus, les chérubins de gloire couvrant d'ombre le propitiatoire. Ce n'est pas le moment de parler de tout cela en détail. Tout étant ainsi disposé, les prêtres entrent en tout temps dans la première tente pour s'acquitter du service cultuel. Dans la seconde, au contraire, seul le grand prêtre pénètre, et une seule fois par an, non sans s'être muni de sang qu'il offre pour ses manquements et ceux du peuple. L'Esprit Saint montre ainsi que la voie du sanctuaire n'est pas ouverte, tant que la première Tente subsiste. C'est là une figure pour la période actuelle; sous son régime on offre des dons et des sacrifices, qui n'ont pas le pouvoir de rendre parfait l'adorateur en sa conscience; ce sont des règles pour la chair, ne concernant que les aliments, les boissons, diverses ablutions, et imposées seulement jusqu'au temps de la réforme. Le Christ, lui, survenu comme grand prêtre des biens à venir, traversant la tente plus grande et plus parfaite qui n'est pas faite de main d'homme, c'est-à-dire qui n'est pas de cette création, entra une fois pour toutes dans le sanctuaire, non pas avec du sang de boucs et de jeunes taureaux, mais avec son propre sang, nous ayant acquis une rédemption éternelle. Si en effet du sang de boucs et de taureaux et de la cendre de génisse, dont on asperge ceux qui sont souillés, les sanctifient en leur procurant la pureté de la chair, combien plus le sang du Christ, qui par un Esprit éternel s'est offert lui-même sans tache à Dieu, purifiera-t-il notre conscience des oeuvres mortes pour que nous rendions un culte au Dieu vivant. Voilà pourquoi il est médiateur d'une nouvelle alliance, afin que, sa mort ayant eu lieu pour racheter les transgressions de la première alliance, ceux qui sont appelés reçoivent l'héritage éternel promis. Car là où il y a testament, il est nécessaire que la mort du testateur soit constatée. Un testament, en effet, n'est valide qu'à la suite du décès, puisqu'il n'entre jamais en vigueur tant que vit le testateur. De là vient que même la première alliance n'a pas été inaugurée sans effusion de sang. Effectivement, lorsque Moïse eut promulgué au peuple entier chaque prescription selon la teneur de la Loi, il prit le sang des jeunes taureaux et des boucs, avec de l'eau, de la laine écarlate et de l'hysope, et il aspergea le livre lui-même et tout le peuple en disant: Ceci est le sang de l'alliance que Dieu a prescrite pour vous. Puis, de la même manière, il aspergea de sang la Tente et tous les objets du culte. D'ailleurs, selon la Loi, presque tout est purifié par le sang, et sans effusion de sang il n'y a point de rémission. Il est donc nécessaire, d'une part que les copies des réalités célestes soient purifiées de cette manière, d'autre part que les réalités célestes elles-mêmes le soient aussi, mais par des sacrifices plus excellents que ceux d'ici-bas. Ce n'est pas, en effet, dans un sanctuaire fait de main d'homme, dans une image de l'authentique, que le Christ est entré, mais dans le ciel lui-même, afin de paraître maintenant devant la face de Dieu en notre faveur. Ce n'est pas non plus pour s'offrir lui-même à plusieurs reprises, comme fait le grand prêtre qui entre chaque année dans le sanctuaire avec un sang qui n'est pas le sien, car alors il aurait dû souffrir plusieurs fois depuis la fondation du monde. Or c'est maintenant, une fois pour toutes, à la fin des temps, qu'il s'est manifesté pour abolir le péché par son sacrifice. Et comme les hommes ne meurent qu'une fois, après quoi il y a un jugement, ainsi le Christ, après s'être offert une seule fois pour enlever les péchés d'un grand nombre, apparaîtra une seconde fois - hors du péché - à ceux qui l'attendent, pour leur donner le salut. N'ayant, en effet, que l'ombre des biens à venir, non la substance même des réalités, la Loi est absolument impuissante, avec ces sacrifices, toujours les mêmes, que l'on offre perpétuellement d'année en année, à rendre parfaits ceux qui s'approchent de Dieu. Autrement, n'aurait-on pas cessé de les offrir puisque les officiants de ce culte, purifiés une fois pour toutes, n'auraient plus conscience d'aucun péché? Bien au contraire, par ces sacrifices eux-mêmes, on rappelle chaque année le souvenir des péchés. En effet, du sang de taureaux et de boucs est impuissant à enlever des péchés. C'est pourquoi, en entrant dans le monde, le Christ dit: Tu n'as voulu ni sacrifice ni oblation; mais tu m'as façonné un corps. Tu n'as agréé ni holocaustes ni sacrifices pour les péchés. Alors j'ai dit: Voici, je viens, car c'est de moi qu'il est question dans le rouleau du livre, pour faire, ô Dieu, ta volonté. Il commence par dire: Sacrifices, oblations, holocaustes, sacrifices pour les péchés, tu ne les as pas voulus ni agréés - et cependant ils sont offerts d'après la Loi --, alors il déclare: Voici, je viens pour faire ta volonté. Il abroge le premier régime pour fonder le second. Et c'est en vertu de cette volonté que nous sommes sanctifiés par l'oblation du corps de Jésus Christ, une fois pour toutes. Tandis que tout prêtre se tient debout chaque jour, officiant et offrant maintes fois les mêmes sacrifices, qui sont absolument impuissants à enlever des péchés, lui au contraire, ayant offert pour les péchés un unique sacrifice, il s'est assis pour toujours à la droite de Dieu, attendant désormais que ses ennemis soient placés comme un escabeau sous ses pieds. Car par une oblation unique il a rendu parfaits pour toujours ceux qu'il sanctifie. Or l'Esprit Saint lui aussi nous l'atteste; car après avoir déclaré: Telle est l'alliance que je contracterai avec eux après ces jours-là, le Seigneur dit: Je mettrai mes lois dans leur coeur et je les graverai dans leur pensée. Ni de leurs péchés, ni de leurs offenses, je ne me souviendrai plus. Or là où les péchés sont remis, il n'y a plus d'oblation pour le péché. Ayant donc, frères, l'assurance voulue pour l'accès au sanctuaire par le sang de Jésus, par cette voie qu'il a inaugurée pour nous, récente et vivante, à travers le voile - c'est-à-dire sa chair --, et un prêtre souverain à la tête de la maison de Dieu, approchons-nous avec un coeur sincère, dans la plénitude de la foi, les coeurs nettoyés de toutes les souillures d'une conscience mauvaise et le corps lavé d'une eau pure. Gardons indéfectible la confession de l'espérance, car celui qui a promis est fidèle, et faisons attention les uns aux autres pour nous stimuler dans la charité et les oeuvres bonnes; ne désertez pas votre propre assemblée, comme quelques-uns ont coutume de le faire, mais encouragez-vous mutuellement, et d'autant plus que vous voyez approcher le Jour. Car si nous péchons volontairement, après avoir reçu la connaissance de la vérité, il n'y a plus de sacrifice pour les péchés. Il y a, au contraire, une perspective redoutable, celle du jugement et d'un courroux de feu qui doit dévorer les rebelles. Quelqu'un rejette-t-il la Loi de Moïse? Impitoyablement il est mis à mort sur la déposition de deux ou trois témoins. D'un châtiment combien plus grave sera jugé digne, ne pensez-vous pas, celui qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu, tenu pour profane le sang de l'alliance dans lequel il a été sanctifié, et outragé l'Esprit de la grâce? Nous connaissons, en effet, celui qui a dit: A moi la vengeance. C'est moi qui rétribuerai. Et encore: Le Seigneur jugera son peuple. Oh! chose effroyable que de tomber aux mains du Dieu vivant! Mais rappelez-vous ces premiers jours, où après avoir été illuminés, vous avez soutenu un grand assaut de souffrances, tantôt exposés publiquement aux opprobres et aux tribulations, tantôt vous rendant solidaires de ceux qui étaient ainsi traités. Et, en effet, vous avez pris part aux souffrances des prisonniers; vous avez accepté avec joie la spoliation de vos biens, sachant que vous étiez en possession d'une richesse meilleure et stable. Ne perdez donc pas votre assurance; elle a une grande et juste récompense. Vous avez besoin de constance, pour que, après avoir accompli la volonté de Dieu, vous bénéficiiez de la promesse. Car encore un peu, bien peu de temps, Celui qui vient arrivera et il ne tardera pas. Or mon juste vivra par la foi; et s'il se dérobe, mon âme ne se complaira pas en lui. Pour nous, nous ne sommes pas des hommes de dérobade pour la perdition, mais des hommes de foi pour la sauvegarde de notre âme. Or la foi est la garantie des biens que l'on espère, la preuve des réalités qu'on ne voit pas. C'est elle qui a valu aux anciens un bon témoignage. Par la foi, nous comprenons que les mondes ont été formés par une parole de Dieu, de sorte que ce que l'on voit provient de ce qui n'est pas apparent. Par la foi, Abel offrit à Dieu un sacrifice de plus grande valeur que celui de Caïn; aussi fut-il proclamé juste, Dieu ayant rendu témoignage à ses dons, et par elle aussi, bien que mort, il parle encore. Par la foi, Hénoch fut enlevé, en sorte qu'il ne vit pas la mort, et on ne le trouva plus, parce que Dieu l'avait enlevé. Avant son enlèvement, en effet, il lui est rendu témoignage qu'il avait plu à Dieu. Or sans la foi il est impossible de lui plaire. Car celui qui s'approche de Dieu doit croire qu'il existe et qu'il se fait le rémunérateur de ceux qui le cherchent. Par la foi, Noé, divinement averti de ce qui n'était pas encore visible, saisi d'une crainte religieuse, construisit une arche pour sauver sa famille. Par la foi, il condamna le monde et il devint héritier de la justice qui s'obtient par la foi. Par la foi, Abraham obéit à l'appel de partir vers un pays qu'il devait recevoir en héritage, et il partit ne sachant où il allait. Par la foi, il vint séjourner dans la Terre promise comme en un pays étranger, y vivant sous des tentes, ainsi qu'Isaac et Jacob, héritiers avec lui de la même promesse. C'est qu'il attendait la ville pourvue de fondations dont Dieu est l'architecte et le constructeur. Par la foi, Sara, elle aussi, reçut la vertu de concevoir, et cela en dépit de son âge avancé, parce qu'elle estima fidèle celui qui avait promis. C'est bien pour cela que d'un seul homme, et déjà marqué par la mort, naquirent des descendants comparables par leur nombre aux étoiles du ciel et aux grains de sable sur le rivage de la mer, innombrables... C'est dans la foi qu'ils moururent tous sans avoir reçu l'objet des promesses, mais ils l'ont vu et salué de loin, et ils ont confessé qu'ils étaient étrangers et voyageurs sur la terre. Ceux qui parlent ainsi font voir clairement qu'ils sont à la recherche d'une patrie. Et s'ils avaient pensé à celle d'où ils étaient sortis, ils auraient eu le temps d'y retourner. Or, en fait, ils aspirent à une patrie meilleure, c'est-à-dire céleste. C'est pourquoi, Dieu n'a pas honte de s'appeler leur Dieu; il leur a préparé, en effet, une ville... Par la foi, Abraham, mis à l'épreuve, a offert Isaac, et c'est son fils unique qu'il offrait en sacrifice, lui qui était le dépositaire des promesses, lui à qui il avait été dit: C'est par Isaac que tu auras une postérité. Dieu, pensait-il, est capable même de ressusciter les morts; c'est pour cela qu'il recouvra son fils, et ce fut un symbole. Par la foi encore, Isaac donna à Jacob et à Esaü des bénédictions assurant l'avenir. Par la foi, Jacob mourant bénit chacun des fils de Joseph et il se prosterna appuyé sur l'extrémité de son bâton. Par la foi, Joseph, proche de sa fin, évoqua l'exode des fils d'Israël et donna des ordres au sujet de ses restes. Par la foi, Moïse, à sa naissance fut caché par ses parents pendant trois mois, parce qu'ils virent que le petit enfant était beau et ils ne craignirent pas l'édit du roi. Par la foi, Moïse, devenu grand, refusa d'être appelé fils d'une fille d'un Pharaon, aimant mieux être maltraité avec le peuple de Dieu que de connaître la jouissance éphémère du péché, estimant comme une richesse supérieure aux trésors de l'Egypte l'opprobre du Christ. Il avait, en effet, les yeux fixés sur la récompense. Par la foi, il quitta l'Egypte sans craindre la fureur du roi: comme s'il voyait l'Invisible, il tint ferme. Par la foi, il célébra la Pâque et fit l'aspersion du sang, afin que l'Exterminateur ne touchât point les premiers-nés d'Israël. Par la foi, ils traversèrent la mer Rouge comme une terre sèche, tandis que les Egyptiens, ayant essayé le passage, furent engloutis. Par la foi, les murs de Jéricho tombèrent, quand on en eut fait le tour pendant sept jours. Par la foi, Rahab la prostituée ne périt pas avec les incrédules, parce qu'elle avait accueilli pacifiquement les éclaireurs. Et que dirai-je encore? Car le temps me manquerait si je racontais ce qui concerne Gédéon, Baraq, Samson, Jephté, David, ainsi que Samuel et les Prophètes, eux qui, grâce à la foi, soumirent des royaumes, exercèrent la justice, obtinrent l'accomplissement des promesses, fermèrent la gueule des lions, éteignirent la violence du feu, échappèrent au tranchant du glaive, furent rendus vigoureux, de malades qu'ils étaient, montrèrent de la vaillance à la guerre, refoulèrent les invasions étrangères. Des femmes ont recouvré leurs morts par la résurrection. Les uns se sont laissé torturer, refusant leur délivrance afin d'obtenir une meilleure résurrection. D'autres subirent l'épreuve des dérisions et des fouets, et même celle des chaînes et de la prison. Ils ont été lapidés, sciés, ils ont péri par le glaive, ils sont allés çà et là, sous des peaux de moutons et des toisons de chèvres, dénués, opprimés, maltraités, eux dont le monde était indigne, errant dans les déserts, les montagnes, les cavernes, les antres de la terre. Et tous ceux-là, bien qu'ils aient reçu un bon témoignage à cause de leur foi, ne bénéficièrent pas de la promesse: c'est que Dieu prévoyait pour nous un sort meilleur, et ils ne devaient pas parvenir sans nous à la perfection. Voilà donc pourquoi nous aussi, enveloppés que nous sommes d'une si grande nuée de témoins, nous devons rejeter tout fardeau et le péché qui nous assiège et courir avec constance l'épreuve qui nous est proposée, fixant nos yeux sur le chef de notre foi, qui la mène à la perfection, Jésus, qui au lieu de la joie qui lui était proposée, endura une croix, dont il méprisa l'infamie, et qui est assis désormais à la droite du trône de Dieu. Songez à celui qui a enduré de la part des pécheurs une telle contradiction, afin de ne pas défaillir par lassitude de vos âmes. Vous n'avez pas encore résisté jusqu'au sang dans la lutte contre le péché. Avez-vous oublié l'exhortation qui s'adresse à vous comme à des fils: Mon fils, ne méprise pas la correction du Seigneur, et ne te décourage pas quand il te reprend. Car celui qu'aime le Seigneur, il le corrige, et il châtie tout fils qu'il agrée. C'est pour votre correction que vous souffrez. C'est en fils que Dieu vous traite. Et quel est le fils que ne corrige son père? Si vous êtes exempts de cette correction, dont tous ont leur part, c'est que vous êtes des bâtards et non des fils. D'ailleurs, nous avons eu pour nous corriger nos pères selon la chair, et nous les respections. Ne serons-nous pas soumis bien davantage au Père des esprits pour avoir la vie? Ceux-là, en effet, nous corrigeaient pendant peu de temps et au juger; mais lui, c'est pour notre bien, afin de nous faire participer à sa sainteté. Certes, toute correction ne paraît pas sur le moment être un sujet de joie, mais de tristesse. Plus tard cependant, elle rapporte à ceux qu'elle a exercés un fruit de paix et de justice. C'est pourquoi redressez vos mains inertes et vos genoux fléchissants, et rendez droits pour vos pas les sentiers tortueux, afin que le boiteux ne dévie point, mais plutôt qu'il guérisse. Recherchez la paix avec tous, et la sanctification sans laquelle personne ne verra le Seigneur; veillant à ce que personne ne soit privé de la grâce de Dieu, à ce qu'aucune racine amère ne pousse des rejetons et ne cause du trouble, ce qui contaminerait toute la masse, à ce qu'enfin il n'y ait aucun impudique ni profanateur, comme Esaü qui, pour un seul mets, livra son droit d'aînesse. Vous savez bien que, par la suite, quand il voulut obtenir la bénédiction, il fut rejeté; car il ne put obtenir un changement de sentiment, bien qu'il l'eût recherché avec larmes. Vous ne vous êtes pas approchés d'une réalité palpable: feu ardent, obscurité, ténèbres, ouragan, bruit de trompette, et clameur de paroles telle que ceux qui l'entendirent supplièrent qu'on ne leur parlât pas davantage. Ils ne pouvaient en effet supporter cette prescription: Quiconque touchera la montagne, même si c'est un animal, sera lapidé. Si terrible était le spectacle que Moïse dit: Je suis effrayé et tout tremblant. Mais vous vous êtes approchés de la montagne de Sion et de la cité du Dieu vivant, de la Jérusalem céleste, et de myriades d'anges, réunion de fête, et de l'assemblée des premiers-nés qui sont inscrits dans les cieux, d'un Dieu Juge universel, et des esprits des justes qui ont été rendus parfaits, de Jésus médiateur d'une alliance nouvelle, et d'un sang purificateur plus éloquent que celui d'Abel. Prenez garde de ne pas refuser d'écouter Celui qui parle. Si ceux, en effet, qui ont refusé d'écouter celui qui promulguait des oracles sur cette terre n'ont pas échappé au châtiment, à combien plus forte raison n'y échapperons-nous pas, si nous nous détournons de Celui qui parle des cieux. Celui dont la voix jadis ébranla la terre nous a fait maintenant cette promesse: Encore une fois, moi j'ébranlerai non seulement la terre mais aussi le ciel. Cet encore une fois indique que les choses ébranlées seront changées, puisque ce sont des réalités créées, pour que subsistent celles qui sont inébranlables. Ainsi, puisque nous recevons la possession d'un royaume inébranlable, retenons fermement la grâce, et par elle rendons à Dieu un culte qui lui soit agréable, avec religion et crainte. En effet, notre Dieu est un feu consumant. Persévérez dans la dilection fraternelle. N'oubliez pas l'hospitalité, car c'est grâce à elle que quelques-uns, à leur insu, hébergèrent des anges. Souvenez-vous des prisonniers, comme si vous étiez emprisonnés avec eux, et de ceux qui sont maltraités, comme étant vous aussi dans un corps. Que le mariage soit honoré de tous et le lit nuptial sans souillure. Car Dieu jugera fornicateurs et adultères. Que votre conduite soit exempte d'avarice, vous contentant de ce que vous avez présentement; car Dieu lui-même a dit: Je ne te laisserai ni ne t'abandonnerai; de sorte que nous pouvons dire avec hardiesse: Le Seigneur est mon secours; je ne craindrai pas. Que peut me faire un homme? Souvenez-vous de vos chefs, eux qui vous ont fait entendre la parole de Dieu, et, considérant l'issue de leur carrière, imitez leur foi. Jésus Christ est le même hier et aujourd'hui, il le sera à jamais. Ne vous laissez pas égarer par des doctrines diverses et étrangères: car il est bon que le coeur soit affermi par la grâce, non par des aliments qui n'ont été d'aucun profit à ceux qui en usèrent. Nous avons un autel dont les desservants de la Tente n'ont pas le droit de se nourrir. Ces animaux, en effet, dont le grand prêtre porte le sang dans le sanctuaire pour l'expiation du péché, leurs corps sont brûlés en dehors du camp. C'est pourquoi Jésus lui aussi, pour sanctifier le peuple par son propre sang, a souffert hors de la porte. Par conséquent, pour aller à lui sortons en dehors du camp, en portant son opprobre. Car nous n'avons pas ici-bas de cité permanente, mais nous recherchons celle de l'avenir. Par lui, offrons à Dieu un sacrifice de louange en tout temps, c'est-à-dire le fruit de lèvres qui confessent son nom. Quant à la bienfaisance et à la mise en commun des ressources, ne les oubliez pas, car c'est à de tels sacrifices que Dieu prend plaisir. Obéissez à vos chefs et soyez-leur dociles, car ils veillent sur vos âmes, comme devant en rendre compte; afin qu'ils le fassent avec joie et non en gémissant, ce qui vous serait dommageable. Priez pour nous, car nous croyons avoir une bonne conscience, résolus que nous sommes à nous bien conduire en toutes choses. Je vous exhorte plus instamment à le faire pour obtenir que je vous sois rendu plus vite. Que le Dieu de la paix, qui a ramené de chez les morts celui qui est devenu par le sang d'une alliance éternelle le grand Pasteur des brebis, notre Seigneur Jésus, vous rende aptes à accomplir sa volonté en toute sorte de bien, produisant en nous ce qui lui est agréable par Jésus Christ, à qui soit la gloire pour les siècles des siècles! Amen. Je vous en prie, frères, faites bon accueil à ces paroles d'exhortation: aussi bien vous ai-je écrit brièvement. Apprenez que notre frère Timothée à été libéré. S'il arrive assez tôt, c'est avec lui que je viendrai vous voir. Saluez tous vos chefs et tous les saints. Ceux d'Italie vous saluent. La grâce soit avec vous tous! Jacques, serviteur de Dieu et du Seigneur Jésus Christ, aux douze tribus de la Dispersion, salut! Tenez pour une joie suprême, mes frères, d'être en butte à toutes sortes d'épreuves. Vous le savez: bien éprouvée, votre foi produit la constance; mais que la constance s'accompagne d'une oeuvre parfaite, afin que vous soyez parfaits, irréprochables, ne laissant rien à désirer. Si l'un de vous manque de sagesse, qu'il la demande à Dieu - il donne à tous généreusement, sans récriminer - et elle lui sera donnée. Mais qu'il demande avec foi, sans hésitation, car celui qui hésite ressemble au flot de la mer que le vent soulève et agite. Qu'il ne s'imagine pas, cet homme-là, recevoir quoi que ce soit du Seigneur: homme à l'âme partagée, inconstant dans toutes ses voies! Que le frère d'humble condition se glorifie de son exaltation et le riche de son humiliation, car il passera comme fleur d'herbe. Le soleil brûlant s'est levé: il a desséché l'herbe et sa fleur tombe, sa belle apparence est détruite. Ainsi se flétrira le riche dans ses démarches! Heureux homme, celui qui supporte l'épreuve! Sa valeur une fois reconnue, il recevra la couronne de vie que le Seigneur a promise à ceux qui l'aiment. Que nul, s'il est éprouvé, ne dise: "C'est Dieu qui m'éprouve." Dieu en effet n'éprouve pas le mal, il n'éprouve non plus personne. Mais chacun est éprouvé par sa propre convoitise qui l'attire et le leurre. Puis la convoitise, ayant conçu, donne naissance au péché, et le péché, parvenu à son terme, enfante la mort. Ne vous égarez pas, mes frères bien-aimés: tout don excellent, toute donation parfaite vient d'en haut et descend du Père des lumières, chez qui n'existe aucun changement, ni l'ombre d'une variation. Il a voulu nous enfanter par une parole de vérité, pour que nous soyons comme les prémices de ses créatures. Sachez-le, mes frères bien-aimés: que chacun soit prompt à écouter, lent à parler, lent à la colère; car la colère de l'homme n'accomplit pas la justice de Dieu. Rejetez donc toute malpropreté, tout reste de malice, et recevez avec docilité la Parole qui a été implantée en vous et qui peut sauver vos âmes. Mettez la Parole en pratique. Ne soyez pas seulement des auditeurs qui s'abusent eux-mêmes! Qui écoute la Parole sans la mettre en pratique ressemble à un homme qui observe sa physionomie dans un miroir. Il s'observe, part, et oublie comment il était. Celui, au contraire, qui se penche sur la Loi parfaite de liberté et s'y tient attaché, non pas en auditeur oublieux, mais pour la mettre activement en pratique, celui-là trouve son bonheur en la pratiquant. Si quelqu'un s'imagine être religieux sans mettre un frein à sa langue et trompe son propre coeur, sa religion est vaine. La religion pure et sans tache devant Dieu notre Père consiste en ceci: visiter les orphelins et les veuves dans leurs épreuves, se garder de toute souillure du monde. Mes frères, ne mêlez pas à des considérations de personnes la foi en notre Seigneur Jésus Christ glorifié. Supposez qu'il entre dans votre assemblée un homme à bague d'or, en habit resplendissant, et qu'il entre aussi un pauvre en habit malpropre. Vous tournez vos regards vers celui qui porte l'habit resplendissant et vous lui dites: "Toi, assieds-toi ici à la place d'honneur." Quant au pauvre, vous lui dites: "Toi, tiens-toi là debout", ou bien: "Assieds-toi au bas de mon escabeau." Ne portez-vous pas en vous-mêmes un jugement, ne devenez-vous pas des juges aux pensées perverses? Ecoutez, mes frères bien-aimés: Dieu n'a-t-il pas choisi les pauvres selon le monde comme riches dans la foi et héritiers du Royaume qu'il a promis à ceux qui l'aiment? Mais vous, vous méprisez le pauvre! N'est-ce pas les riches qui vous oppriment? N'est-ce pas eux qui vous traînent devant les tribunaux? N'est-ce pas eux qui blasphèment le beau Nom qu'on a invoqué sur vous? Si donc vous accomplissez la Loi royale suivant l'Ecriture: Tu aimeras ton prochain comme toi-même, vous faites bien; mais si vous considérez les personnes, vous commettez un péché et la Loi vous condamne comme transgresseurs. Aurait-on observé la Loi tout entière, si l'on commet un écart sur un seul point, c'est du tout qu'on devient justiciable. Car celui qui a dit: Tu ne commettras pas d'adultère, a dit aussi: Tu ne commettras pas de meurtre. Si donc tu évites l'adultère, mais que tu commettes un meurtre, te voilà devenu transgresseur de la Loi. Parlez et agissez comme des gens qui doivent être jugés par une loi de liberté. Car le jugement est sans miséricorde pour qui n'a pas fait miséricorde; mais la miséricorde se rit du jugement. A quoi cela sert-il, mes frères, que quelqu'un dise: "J'ai la foi", s'il n'a pas les oeuvres? La foi peut-elle le sauver? Si un frère ou une soeur sont nus, s'ils manquent de leur nourriture quotidienne, et que l'un d'entre vous leur dise: "Allez en paix, chauffez-vous, rassasiez-vous", sans leur donner ce qui est nécessaire à leur corps, à quoi cela sert-il? Ainsi en est-il de la foi: si elle n'a pas les oeuvres, elle est tout à fait morte. Au contraire, on dira: "Toi, tu as la foi, et moi, j'ai les oeuvres? Montre-moi ta foi sans les oeuvres; moi, c'est par les oeuvres que je te montrerai ma foi. Toi, tu crois qu'il y a un seul Dieu? Tu fais bien. Les démons le croient aussi, et ils tremblent. Veux-tu savoir, homme insensé, que la foi sans les oeuvres est stérile? Abraham, notre père, ne fut-il pas justifié par les oeuvres quand il offrit Isaac, son fils, sur l'autel? Tu le vois: la foi coopérait à ses oeuvres et par les oeuvres sa foi fut rendue parfaite. Ainsi fut accomplie cette parole de l'Ecriture: Abraham crut à Dieu, cela lui fut compté comme justice et il fut appelé ami de Dieu." Vous le voyez: c'est par les oeuvres que l'homme est justifié et non par la foi seule. De même, Rahab, la prostituée, n'est-ce pas par les oeuvres qu'elle fut justifiée quand elle reçut les messagers et les fit partir par un autre chemin? Comme le corps sans l'âme est mort, de même la foi sans les oeuvres est-elle morte. Ne soyez pas nombreux, mes frères, à devenir docteurs. Vous le savez, nous n'en recevrons qu'un jugement plus sévère, car à maintes reprises nous commettons des écarts, tous sans exception. Si quelqu'un ne commet pas d'écart de paroles, c'est un homme parfait, il est capable de refréner tout son corps. Quand nous mettons aux chevaux un mors dans la bouche, pour nous en faire obéir, nous dirigeons tout leur corps. Voyez encore les vaisseaux: si grands qu'ils soient, même poussés par des vents violents, ils sont dirigés par un tout petit gouvernail, au gré du pilote. De même la langue est un membre minuscule et elle peut se glorifier de grandes choses! Voyez quel petit feu embrase une immense forêt: la langue aussi est un feu. C'est le monde du mal, cette langue placée parmi nos membres: elle souille tout le corps; elle enflamme le cycle de la création, enflammée qu'elle est par la Géhenne. Bêtes sauvages et oiseaux, reptiles et animaux marins de tout genre sont domptés et ont été domptés par l'homme. La langue, au contraire, personne ne peut la dompter: c'est un fléau sans repos. Elle est pleine d'un venin mortel. Par elle nous bénissons le Seigneur et Père, et par elle nous maudissons les hommes faits à l'image de Dieu. De la même bouche sortent la bénédiction et la malédiction. Il ne faut pas, mes frères, qu'il en soit ainsi. La source fait-elle jaillir par la même ouverture le doux et l'amer? Un figuier, mes frères, peut-il donner des olives, ou une vigne des figues? L'eau de mer ne peut pas non plus donner de l'eau douce. Est-il quelqu'un de sage et d'expérimenté parmi vous? Qu'il fasse voir par une bonne conduite des actes empreints de douceur et de sagesse. Si vous avez au coeur, au contraire, une amère jalousie et un esprit de chicane, ne vous vantez pas, ne mentez pas contre la vérité. Pareille sagesse ne descend pas d'en haut: elle est terrestre, animale, démoniaque. Car, où il y a jalousie et chicane, il y a désordre et toutes sortes de mauvaises actions. Tandis que la sagesse d'en haut est tout d'abord pure, puis pacifique, indulgente, bienveillante, pleine de pitié et de bons fruits, sans partialité, sans hypocrisie. Un fruit de justice est semé dans la paix pour ceux qui produisent la paix. D'où viennent les guerres, d'où viennent les batailles parmi vous? N'est-ce pas précisément de vos passions, qui combattent dans vos membres? Vous convoitez et ne possédez pas? Alors vous tuez. Vous êtes jaloux et ne pouvez obtenir? Alors vous bataillez et vous faites la guerre. Vous ne possédez pas parce que vous ne demandez pas. Vous demandez et ne recevez pas parce que vous demandez mal, afin de dépenser pour vos passions. Adultères, ne savez-vous pas que l'amitié pour le monde est inimitié contre Dieu? Qui veut donc être ami du monde, se rend ennemi de Dieu. Penseriez-vous que l'Ecriture dise en vain: Il désire avec jalousie, l'esprit qu'il a mis en nous? Il donne d'ailleurs une plus grande grâce suivant la parole de l'Ecriture: Dieu résiste aux orgueilleux, mais il donne sa grâce aux humbles. Soumettez-vous donc à Dieu; résistez au diable et il fuira loin de vous. Approchez-vous de Dieu et il s'approchera de vous. Purifiez vos mains, pécheurs; sanctifiez vos coeurs, gens à l'âme partagée. Voyez votre misère, prenez le deuil, pleurez. Que votre rire se change en deuil et votre joie en tristesse. Humiliez-vous devant le Seigneur et il vous élèvera. Ne médisez pas les uns des autres, frères. Celui qui médit d'un frère ou qui juge son frère, médit de la Loi et juge la Loi. Or si tu juges la Loi, tu n'es pas l'observateur de la Loi, mais son juge. Il n'y a qu'un seul législateur et juge, celui qui peut sauver ou perdre. Et toi, qui es-tu pour juger le prochain? Eh bien, maintenant! vous qui dites: "Aujourd'hui ou demain nous irons dans telle ville, nous y passerons l'année, nous ferons du commerce et nous gagnerons de l'argent!" Vous qui ne savez pas ce que demain sera votre vie, car vous êtes une vapeur qui paraît un instant, puis disparaît. Que ne dites-vous au contraire: "Si le Seigneur le veut, nous vivrons et nous ferons ceci ou cela." Mais voilà que vous vous glorifiez de votre forfanterie! Toute gloriole de ce genre est mauvaise. Celui donc qui sait faire le bien et ne le fait pas, commet un péché. Eh bien, maintenant, les riches! Pleurez, hurlez sur les malheurs qui vont vous arriver. Votre richesse est pourrie, vos vêtements sont rongés par les vers. Votre or et votre argent sont rouillés, et leur rouille témoignera contre vous: elle dévorera vos chairs; c'est un feu que vous avez thésaurisé dans les derniers jours! Voyez: le salaire dont vous avez frustré les ouvriers qui ont fauché vos champs, crie, et les clameurs des moissonneurs sont parvenues aux oreilles du Seigneur des Armées. Vous avez vécu sur terre dans la mollesse et le luxe, vous vous êtes repus au jour du carnage. Vous avez condamné, vous avez tué le juste: il ne vous résiste pas. Soyez donc patients, frères, jusqu'à l'Avènement du Seigneur. Voyez le laboureur: il attend patiemment le précieux fruit de la terre jusqu'aux pluies de la première et de l'arrière-saison. Soyez patients, vous aussi; affermissez vos coeurs, car l'Avènement du Seigneur est proche. Ne vous plaignez pas les uns des autres, frères, afin de n'être pas jugés. Voyez: le Juge se tient aux portes! Prenez, frères, pour modèles de souffrance et de patience les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur. Voyez: nous proclamons bienheureux ceux qui ont de la constance. Vous avez entendu parler de la constance de Job et vous avez vu le dessein du Seigneur; car le Seigneur est miséricordieux et compatissant. Mais avant tout, mes frères, ne jurez ni par le ciel, ni par la terre, n'usez d'aucun autre serment. Que votre oui soit oui, que votre non soit non, afin que vous ne tombiez pas sous le jugement. Quelqu'un parmi vous souffre-t-il? Qu'il prie. Quelqu'un est-il joyeux? Qu'il entonne un cantique. Quelqu'un parmi vous est-il malade? Qu'il appelle les presbytres de l'Eglise et qu'ils prient sur lui après l'avoir oint d'huile au nom du Seigneur. La prière de la foi sauvera le patient et le Seigneur le relèvera. S'il a commis des péchés, ils lui seront remis. Confessez donc vos péchés les uns aux autres et priez les uns pour les autres, afin que vous soyez guéris. La supplication fervente du juste a beaucoup de puissance. Elie était un homme semblable à nous: il pria instamment qu'il n'y eût pas de pluie, et il n'y eut pas de pluie sur la terre pendant trois ans et six mois. Puis il pria de nouveau: le ciel donna de la pluie et la terre produisit son fruit. Mes frères, si quelqu'un parmi vous s'égare loin de la vérité et qu'un autre l'y ramène, qu'il le sache: celui qui ramène un pécheur de son égarement sauvera son âme de la mort et couvrira une multitude de péchés. Pierre, apôtre de Jésus Christ, aux étrangers de la Dispersion: du Pont, de Galatie, de Cappadoce, d'Asie et de Bithynie, élus selon la prescience de Dieu le Père, dans la sanctification de l'Esprit, pour obéir et être aspergés du sang de Jésus Christ. A vous grâce et paix en abondance. Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ: dans sa grande miséricorde, il nous a engendrés de nouveau par la Résurrection de Jésus Christ d'entre les morts, pour une vivante espérance, pour un héritage exempt de corruption, de souillure, de flétrissure, et qui vous est réservé dans les cieux, à vous que, par la foi, la puissance de Dieu garde pour le salut prêt à se manifester au dernier moment. Vous en tressaillez de joie, bien qu'il vous faille encore quelque temps être affligés par diverses épreuves, afin que, bien éprouvée, votre foi, plus précieuse que l'or périssable que l'on vérifie par le feu, devienne un sujet de louange, de gloire et d'honneur, lors de la Révélation de Jésus Christ. Sans l'avoir vu vous l'aimez; sans le voir encore, mais en croyant, vous tressaillez d'une joie indicible et pleine de gloire, sûrs d'obtenir l'objet de votre foi: le salut des âmes. Sur ce salut ont porté les investigations et les recherches des prophètes, qui ont prophétisé sur la grâce à vous destinée. Ils ont cherché à découvrir quel temps et quelles circonstances avait en vue l'Esprit du Christ, qui était en eux, quand il attestait à l'avance les souffrances du Christ et les gloires qui les suivraient. Il leur fut révélé que ce n'était pas pour eux-mêmes, mais pour vous, qu'ils administraient ce message, que maintenant vous annoncent ceux qui vous prêchent l'Evangile, dans l'Esprit Saint envoyé du ciel, et sur lequel les anges se penchent avec convoitise. L'intelligence en éveil, parfaitement sensée, espérez pleinement en la grâce qui doit vous être apportée par la Révélation de Jésus Christ. En enfants obéissants, ne vous laissez pas modeler par vos passions de jadis, du temps de votre ignorance. Mais, à l'exemple du Saint qui vous a appelés, devenez saints, vous aussi, dans toute votre conduite, selon qu'il est écrit: Vous serez saints, parce que moi, je suis saint. Et si vous appelez Père celui qui, sans acception de personnes, juge chacun selon ses oeuvres, conduisez-vous avec crainte pendant le temps de votre exil. Sachez que ce n'est par rien de corruptible, argent ou or, que vous avez été affranchis de la vaine conduite héritée de vos pères, mais par un sang précieux, comme d'un agneau sans reproche et sans tache, le Christ, discerné avant la fondation du monde et manifesté dans les derniers temps à cause de vous. Par lui vous croyez en Dieu, qui l'a fait ressusciter d'entre les morts et lui a donné la gloire, si bien que votre foi soit en Dieu comme votre espérance. En obéissant à la vérité, vous avez sanctifié vos âmes, pour vous aimer sincèrement comme des frères. D'un coeur pur, aimez-vous les uns les autres sans défaillance, engendrés de nouveau d'une semence non point corruptible, mais incorruptible: la Parole de Dieu, vivante et permanente. Car toute chair est comme l'herbe et toute sa gloire comme fleur d'herbe; l'herbe se dessèche et sa fleur tombe; mais la Parole du Seigneur demeure pour l'éternité. C'est cette Parole dont la Bonne Nouvelle vous a été portée. Rejetez donc toute malice et toute fourberie, hypocrisies, jalousies et toute sorte de médisances. Comme des enfants nouveau-nés désirez le lait non frelaté de la parole, afin que, par lui, vous croissiez pour le salut, si du moins vous avez goûté combien le Seigneur est excellent. Approchez-vous de lui, la pierre vivante, rejetée par les hommes, mais choisie, précieuse auprès de Dieu. Vous-mêmes, comme pierres vivantes, prêtez-vous à l'édification d'un édifice spirituel, pour un sacerdoce saint, en vue d'offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ. Car il y a dans l'Ecriture: Voici que je pose en Sion une pierre angulaire, choisie, précieuse, et celui qui se confie en elle ne sera pas confondu. A vous donc, les croyants, l'honneur, mais pour les incrédules, la pierre qu'ont rejetée les constructeurs, celle-là est devenue la tête de l'angle, une pierre d'achoppement et un rocher qui fait tomber. Ils s'y heurtent parce qu'ils ne croient pas à la Parole; c'est bien à cela qu'ils ont été destinés. Mais vous, vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis, pour proclamer les louanges de Celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière, vous qui jadis n'étiez pas un peuple et qui êtes maintenant le Peuple de Dieu, qui n'obteniez pas miséricorde et qui maintenant avez obtenu miséricorde. Très chers, je vous exhorte, comme étrangers et voyageurs, à vous abstenir des désirs charnels, qui font la guerre à l'âme. Ayez au milieu des nations une belle conduite afin que, sur le point même où ils vous calomnient comme malfaiteurs, la vue de vos bonnes oeuvres les amène à glorifier Dieu, au jour de sa Visite. Soyez soumis, à cause du Seigneur, à toute institution humaine: soit au roi, comme souverain, soit aux gouverneurs, comme envoyés par lui pour punir ceux qui font le mal et féliciter ceux qui font le bien. Car c'est la volonté de Dieu qu'en faisant le bien vous fermiez la bouche à l'ignorance des insensés. Agissez en hommes libres, non pas en hommes qui font de la liberté un voile sur leur malice, mais en serviteurs de Dieu. Honorez tout le monde, aimez vos frères, craignez Dieu, honorez le roi. Vous les domestiques, soyez soumis à vos maîtres, avec une profonde crainte, non seulement aux bons et aux bienveillants, mais aussi aux difficiles. Car c'est une grâce que de supporter, par égard pour Dieu, des peines que l'on souffre injustement. Quelle gloire, en effet, à supporter les coups si vous avez commis une faute? Mais si, faisant le bien, vous supportez la souffrance, c'est une grâce auprès de Dieu. Or, c'est à cela que vous avez été appelés, car le Christ aussi a souffert pour vous, vous laissant un modèle afin que vous suiviez ses traces, lui qui n'a pas commis de faute - et il ne s'est pas trouvé de fourberie dans sa bouche; lui qui insulté ne rendait pas l'insulte, souffrant ne menaçait pas, mais s'en remettait à Celui qui juge avec justice; lui qui, sur le bois, a porté lui-même nos fautes dans son corps, afin que, morts à nos fautes, nous vivions pour la justice; lui dont la meurtrissure vous a guéris. Car vous étiez égarés comme des brebis, mais à présent vous êtes retournés vers le pasteur et le gardien de vos âmes. Pareillement, vous les femmes, soyez soumises à vos maris, afin que, même si quelques-uns refusent de croire à la Parole, ils soient, sans parole, gagnés par la conduite de leurs femmes, en considérant votre vie chaste et pleine de respect. Que votre parure ne soit pas extérieure, faite de cheveux tressés, de cercles d'or et de toilettes bien ajustées, mais à l'intérieur de votre coeur dans l'incorruptibilité d'une âme douce et calme: voilà ce qui est précieux devant Dieu. C'est ainsi qu'autrefois les saintes femmes qui espéraient en Dieu se paraient, soumises à leurs maris: telle Sara obéissait à Abraham, en l'appelant son Seigneur. C'est d'elle que vous êtes devenues les enfants, si vous agissez bien, sans terreur et sans aucun trouble. Vous pareillement, les maris, menez la vie commune avec compréhension, comme auprès d'un être plus fragile, la femme; accordez-lui sa part d'honneur, comme cohéritière de la grâce de Vie. Ainsi vos prières ne seront pas entravées. Enfin, vous tous, en esprit d'union, dans la compassion, l'amour fraternel, la miséricorde, l'esprit d'humilité, ne rendez pas mal pour mal, insulte pour insulte. Bénissez, au contraire, car c'est à cela que vous avez été appelés, afin d'hériter la bénédiction. Qui veut, en effet, aimer la vie et voir des jours heureux doit garder sa langue du mal et ses lèvres des paroles fourbes, s'éloigner du mal et faire le bien, chercher la paix et la poursuivre. Car le Seigneur a les yeux sur les justes et tend l'oreille à leur prière, mais le Seigneur tourne sa face contre ceux qui font le mal. Et qui vous ferait du mal, si vous devenez zélés pour le bien? Heureux d'ailleurs quand vous souffririez pour la justice! N'ayez d'eux aucune crainte et ne soyez pas troublés. Au contraire, sanctifiez dans vos coeurs le Seigneur Christ, toujours prêts à la défense contre quiconque vous demande raison de l'espérance qui est en vous. Mais que ce soit avec douceur et respect, en possession d'une bonne conscience, afin que, sur le point même où l'on vous calomnie, soient confondus ceux qui décrient votre bonne conduite dans le Christ. Car mieux vaudrait souffrir en faisant le bien, si telle était la volonté de Dieu, qu'en faisant le mal. Le Christ lui-même est mort une fois pour les péchés, juste pour des injustes, afin de nous mener à Dieu. Mis à mort selon la chair, il a été vivifié selon l'esprit. C'est en lui qu'il s'en alla même prêcher aux esprits en prison, à ceux qui jadis avaient refusé de croire lorsque temporisait la longanimité de Dieu, aux jours où Noé construisait l'Arche, dans laquelle un petit nombre, en tout huit personnes, furent sauvées à travers l'eau. Ce qui y correspond, c'est le baptême qui vous sauve à présent et qui n'est pas l'enlèvement d'une souillure charnelle, mais l'engagement à Dieu d'une bonne conscience par la résurrection de Jésus Christ, lui qui, passé au ciel, est à la droite de Dieu, après s'être soumis les Anges, les Dominations et les Puissances. Le Christ ayant donc souffert dans la chair, vous aussi armez-vous de cette même pensée, à savoir: celui qui a souffert dans la chair a rompu avec le péché, pour passer le temps qui reste à vivre dans la chair, non plus selon les passions humaines, mais selon le vouloir divin. Il suffit bien en effet d'avoir accompli dans le passé la volonté des païens, en se prêtant aux débauches, aux passions, aux saouleries, orgies, beuveries, au culte illicite des idoles. A ce sujet, ils jugent étrange que vous ne couriez pas avec eux vers ce torrent de perdition, et ils se répandent en outrages. Ils en rendront compte à celui qui est prêt à juger vivants et morts. C'est pour cela, en effet, que même aux morts a été annoncée la Bonne Nouvelle, afin que, jugés selon les hommes dans la chair, ils vivent selon Dieu dans l'esprit. La fin de toutes choses est proche. Soyez donc sages et sobres en vue de la prière. Avant tout, conservez entre vous une grande charité, car la charité couvre une multitude de péchés. Pratiquez l'hospitalité les uns envers les autres, sans murmurer. Chacun selon la grâce reçue, mettez-vous au service les uns des autres, comme de bons intendants d'une multiple grâce de Dieu. Si quelqu'un parle, que ce soit comme les paroles de Dieu; si quelqu'un assure le service, que ce soit comme par un mandat reçu de Dieu, afin qu'en tout Dieu soit glorifié par Jésus Christ, à qui sont la gloire et la puissance pour les siècles des siècles. Amen. Très chers, ne jugez pas étrange l'incendie qui sévit au milieu de vous pour vous éprouver, comme s'il vous survenait quelque chose d'étrange. Mais, dans la mesure où vous participez aux souffrances du Christ, réjouissez-vous, afin que, lors de la révélation de sa gloire, vous soyez aussi dans la joie et l'allégresse. Heureux, si vous êtes outragés pour le nom du Christ, car l'Esprit de gloire, l'Esprit de Dieu repose sur vous. Que nul de vous n'ait à souffrir comme meurtrier, ou voleur, ou malfaiteur, ou comme délateur, mais si c'est comme chrétien, qu'il n'ait pas honte, qu'il glorifie Dieu de porter ce nom. Car le moment est venu de commencer le jugement par la maison de Dieu. Or s'il débute par nous, quelle sera la fin de ceux qui refusent de croire à la Bonne Nouvelle de Dieu? Si le juste est à peine sauvé, l'impie, le pécheur, où se montrera-t-il? Ainsi, que ceux qui souffrent selon le vouloir divin remettent leurs âmes au Créateur fidèle, en faisant le bien. Les anciens qui sont parmi nous, je les exhorte, moi, ancien comme eux, témoin des souffrances du Christ, et qui dois participer à la gloire qui va être révélée. Paissez le troupeau de Dieu qui vous est confié, veillant sur lui, non par contrainte, mais de bon gré, selon Dieu; non pour un gain sordide, mais avec l'élan du coeur; non pas en faisant les seigneurs à l'égard de ceux qui vous sont échus en partage, mais en devenant les modèles du troupeau. Et quand paraîtra le Chef des pasteurs, vous recevrez la couronne de gloire qui ne se flétrit pas. Pareillement, les jeunes, soyez soumis aux anciens: revêtez-vous tous d'humilité dans vos rapports mutuels, car Dieu résiste aux orgueilleux, mais c'est aux humbles qu'il donne sa grâce. Humiliez-vous donc sous la puissante main de Dieu, pour qu'il vous élève au bon moment; de toute votre inquiétude, déchargez-vous sur lui, car il a soin de vous. Soyez sobres, veillez. Votre partie adverse, le Diable, comme un lion rugissant, rôde, cherchant qui dévorer. Résistez-lui, fermes dans la foi, sachant que c'est le même genre de souffrance que la communauté des frères, répandue dans le monde, supporte. Quand vous aurez un peu souffert, le Dieu de toute grâce, qui vous a appelés à sa gloire éternelle, dans le Christ, vous rétablira lui-même, vous affermira, vous fortifiera, vous rendra inébranlables. A Lui la puissance pour les siècles des siècles! Amen. Je vous écris ces quelques mots par Silvain, que je tiens pour un frère fidèle, pour vous exhorter et attester que telle est la vraie grâce de Dieu: tenez-vous-y. Celle qui est à Babylone, élue comme vous, vous salue, ainsi que Marc, mon fils. Saluez-vous les uns les autres dans un baiser de charité. Paix à vous tous qui êtes dans le Christ! Syméon Pierre, serviteur et apôtre de Jésus Christ, à ceux qui ont reçu par la justice de notre Dieu et Sauveur Jésus Christ une foi d'un aussi grand prix que la nôtre, à vous grâce et paix en abondance, par la connaissance de notre Seigneur! Car sa divine puissance nous a donné tout ce qui concerne la vie et la piété: elle nous a fait connaître Celui qui nous a appelés par sa propre gloire et vertu. Par elles, les précieuses, les plus grandes promesses nous ont été données, afin que vous deveniez ainsi participants de la divine nature, vous étant arrachés à la corruption qui est dans le monde, dans la convoitise. Pour cette même raison, apportez encore tout votre zèle à joindre à votre foi la vertu, à la vertu la connaissance, à la connaissance la tempérance, à la tempérance la constance, à la constance la piété, à la piété l'amour fraternel, à l'amour fraternel la charité. En effet, si ces choses vous appartiennent et qu'elles abondent, elles ne vous laisseront pas sans activité, ni sans fruit pour la connaissance de notre Seigneur Jésus Christ. Celui qui ne les possède pas, c'est un aveugle, un myope; il oublie qu'il a été purifié de ses anciens péchés. Ayez donc d'autant plus de zèle, frères, pour affermir votre vocation et votre élection. Ce faisant, pas de danger que vous tombiez jamais. Car c'est ainsi que vous sera largement accordée par surcroît l'entrée dans le Royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ. C'est pourquoi je vous rappellerai toujours ces choses, bien que vous les sachiez et soyez affermis dans la présente vérité. Je crois juste, tant que je suis dans cette tente, de vous tenir en éveil par mes rappels, sachant, comme d'ailleurs notre Seigneur Jésus Christ me l'a manifesté, que l'abandon de ma tente est proche. Mais j'emploierai mon zèle à ce qu'en toute occasion, après mon départ, vous puissiez vous remettre ces choses en mémoire. Car ce n'est pas en suivant des fables sophistiquées que nous vous avons fait connaître la puissance et l'Avènement de notre Seigneur Jésus Christ, mais après avoir été témoins oculaires de sa majesté. Il reçut en effet de Dieu le Père honneur et gloire, lorsque la Gloire pleine de majesté lui transmit une telle parole: "Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute ma faveur." Cette voix, nous, nous l'avons entendue; elle venait du Ciel, nous étions avec lui sur la montagne sainte. Ainsi nous tenons plus ferme la parole prophétique: vous faites bien de la regarder, comme une lampe qui brille dans un lieu obscur, jusqu'à ce que le jour commence à poindre et que l'astre du matin se lève dans vos coeurs. Avant tout, sachez-le: aucune prophétie d'Ecriture n'est objet d'explication personnelle; ce n'est pas d'une volonté humaine qu'est jamais venue une prophétie, c'est poussés par l'Esprit Saint que des hommes ont parlé de la part de Dieu. Il y a eu de faux prophètes dans le peuple, comme il y aura aussi parmi vous de faux docteurs, qui introduiront des sectes pernicieuses et qui, reniant le Maître qui les a rachetés, attireront sur eux-mêmes une prompte perdition. Beaucoup suivront leurs débauches, et la voie de la vérité sera blasphémée, à cause d'eux. Par cupidité, au moyen de paroles trompeuses, ils trafiqueront de vous, eux dont le jugement depuis longtemps n'est pas inactif et dont la perdition ne sommeille pas. Car si Dieu n'a pas épargné les Anges qui avaient péché, mais les a mis dans le Tartare et livrés aux abîmes de ténèbres, où ils sont réservés pour le Jugement; s'il n'a pas épargné l'ancien monde, tout en préservant huit personnes dont Noé, héraut de justice, tandis qu'il amenait le Déluge sur un monde d'impies; si, à titre d'exemple pour les impies à venir, il a mis en cendres et condamné à la destruction les villes de Sodome et de Gomorrhe, s'il a délivré Lot, le juste, qu'affligeait la conduite débauchée de ces hommes criminels - car ce juste qui habitait au milieu d'eux torturait jour après jour son âme de juste à cause des oeuvres iniques qu'il voyait et entendait -, c'est que le Seigneur sait délivrer de l'épreuve les hommes pieux et garder les hommes impies pour les châtier au jour du Jugement, surtout ceux qui, par convoitise impure, suivent la chair et méprisent la Seigneurie. Audacieux, arrogants, ils ne craignent pas de blasphémer les Gloires, alors que les Anges, quoique supérieurs en force et en puissance, ne portent pas contre elles devant le Seigneur de jugement calomnieux. Mais eux sont comme des animaux sans raison, voués par nature à être pris et détruits; blasphémant ce qu'ils ignorent, de la même destruction ils seront détruits eux aussi, subissant l'injustice comme salaire de l'injustice. Ils estiment délices la volupté du jour, hommes souillés et flétris, ils mettent leur volupté à vous tromper, en faisant bonne chère avec vous. Ils ont les yeux pleins d'adultère et insatiables de péché, ils allèchent les âmes mal affermies, ils ont le coeur exercé à la cupidité, êtres maudits! Après avoir quitté la voie droite, ils se sont égarés en suivant la voie de Balaam, fils de Bosor, qui chérit un salaire d'injustice mais qui fut repris de son méfait. Une monture sans voix, avec une voix humaine, arrêta la démence du prophète. Ce sont des fontaines sans eau et des nuages poussés par un tourbillon; l'obscurité des ténèbres leur est réservée. Avec des discours gonflés de vide, ils allèchent, par les désirs charnels, par les débauches, ceux qui venaient à peine de fuir les gens qui passent leur vie dans l'égarement. Ils leur promettent la liberté, mais ils sont eux-mêmes esclaves de la corruption, car on est esclave de ce qui vous domine. En effet, si, après avoir fui les souillures du monde par la connaissance du Seigneur et Sauveur Jésus Christ, ils s'y engagent de nouveau et sont dominés, leur dernière condition est devenue pire que la première. Car mieux valait pour eux n'avoir pas connu la voie de la justice, que de l'avoir connue pour se détourner du saint commandement qui leur avait été transmis. Il leur est arrivé ce que dit le véridique proverbe: Le chien est retourné à son propre vomissement, et: "La truie à peine lavée se roule dans le bourbier." Voici déjà, très chers, la deuxième lettre que je vous écris; dans les deux je fais appel à vos souvenirs pour éveiller en vous une saine intelligence. Souvenez-vous des choses prédites par les saints prophètes et du commandement de vos apôtres, celui du Seigneur et Sauveur. Sachez tout d'abord qu'aux derniers jours, il viendra des railleurs pleins de raillerie, guidés par leurs passions. Ils diront: "Où est la promesse de son avènement? Depuis que les Pères sont morts, tout demeure comme au début de la création." Car ils ignorent volontairement qu'il y eut autrefois des cieux et une terre qui, du milieu de l'eau, par le moyen de l'eau, surgit à la parole de Dieu et que, par ces mêmes causes, le monde d'alors périt inondé par l'eau. Mais les cieux et la terre d'à présent, la même parole les a mis de côté et en réserve pour le feu, en vue du jour du Jugement et de la ruine des hommes impies. Mais voici un point, très chers, que vous ne devez pas ignorer: c'est que devant le Seigneur, un jour est comme mille ans et mille ans comme un jour. Le Seigneur ne retarde pas l'accomplissement de ce qu'il a promis, comme certains l'accusent de retard, mais il use de patience envers vous, voulant que personne ne périsse, mais que tous arrivent au repentir. Il viendra, le Jour du Seigneur, comme un voleur; en ce jour, les cieux se dissiperont avec fracas, les éléments embrasés se dissoudront, la terre avec les oeuvres qu'elle renferme sera consumée. Puisque toutes ces choses se dissolvent ainsi, quels ne devez-vous pas être par une sainte conduite et par les prières, attendant et hâtant l'avènement du Jour de Dieu, où les cieux enflammés se dissoudront et où les éléments embrasés se fondront. Ce sont de nouveaux cieux et une terre nouvelle que nous attendons selon sa promesse, où la justice habitera. C'est pourquoi, très chers, en attendant, mettez votre zèle à être sans tache et sans reproche, pour être trouvés en paix. Tenez la longanimité de notre Seigneur pour salutaire, comme notre cher frère Paul vous l'a aussi écrit selon la sagesse qui lui a été donnée. Il le fait d'ailleurs dans toutes les lettres où il parle de ces questions. Il s'y rencontre des points obscurs, que les gens sans instruction et sans fermeté détournent de leur sens - comme d'ailleurs les autres Ecritures - pour leur propre perdition. Vous donc, très chers, étant avertis, soyez sur vos gardes, de peur qu'entraînés par l'égarement des criminels, vous ne veniez à déchoir de votre fermeté. Mais croissez dans la grâce et la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ: à lui la gloire maintenant et jusqu'au jour de l'éternité! Amen. Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie; - car la Vie s'est manifestée: nous l'avons vue, nous en rendons témoignage et nous vous annonçons cette Vie éternelle, qui était tournée vers le Père et qui nous est apparue - ce que nous avons vu et entendu, nous vous l'annonçons, afin que vous aussi soyez en communion avec nous. Quant à notre communion, elle est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ. Tout ceci, nous vous l'écrivons pour que notre joie soit complète. Or voici le message que nous avons entendu de lui et que nous vous annonçons: Dieu est Lumière, en lui point de ténèbres. Si nous disons que nous sommes en communion avec lui alors que nous marchons dans les ténèbres, nous mentons, nous ne faisons pas la vérité. Mais si nous marchons dans la lumière comme il est lui-même dans la lumière, nous sommes en communion les uns avec les autres, et le sang de Jésus, son Fils, nous purifie de tout péché. Si nous disons: "Nous n'avons pas de péché", nous nous abusons, la vérité n'est pas en nous. Si nous confessons nos péchés, lui, fidèle et juste, pardonnera nos péchés et nous purifiera de toute iniquité. Si nous disons: "Nous n'avons pas péché", nous faisons de lui un menteur, et sa parole n'est pas en nous. Petits enfants, je vous écris ceci pour que vous ne péchiez pas. Mais si quelqu'un vient à pécher, nous avons comme avocat auprès du Père Jésus Christ, le Juste. C'est lui qui est victime de propitiation pour nos péchés, non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier. A ceci nous savons que nous le connaissons: si nous gardons ses commandements. Qui dit: "Je le connais", alors qu'il ne garde pas ses commandements est un menteur, et la vérité n'est pas en lui. Mais celui qui garde sa parole, c'est en lui vraiment que l'amour de Dieu est accompli. A cela nous savons que nous sommes en lui. Celui qui prétend demeurer en lui doit se conduire à son tour comme celui-là s'est conduit. Bien-aimés, ce n'est pas un commandement nouveau que je vous écris, c'est un commandement ancien, que vous avez reçu dès le début. Ce commandement ancien est la parole que vous avez entendue. Et néanmoins, encore une fois, c'est un commandement nouveau que je vous écris - ce qui est vrai pour vous comme pour lui - puisque les ténèbres s'en vont et que la véritable lumière brille déjà. Celui qui prétend être dans la lumière tout en haïssant son frère est encore dans les ténèbres. Celui qui aime son frère demeure dans la lumière et il n'y a en lui aucune occasion de chute. Mais celui qui hait son frère est dans les ténèbres, il marche dans les ténèbres, il ne sait où il va, parce que les ténèbres ont aveuglé ses yeux. Je vous écris, petits enfants, parce que vos péchés vous sont remis par la vertu de son nom. Je vous écris, pères, parce que vous connaissez celui qui est dès le commencement. Je vous écris, jeunes gens, parce que vous avez vaincu le Mauvais. Je vous ai écrit, petits enfants, parce que vous connaissez le Père. Je vous ai écrit, pères, parce que vous connaissez celui qui est dès le commencement. Je vous ai écrit, jeunes gens, parce que vous êtes forts, que la parole de Dieu demeure en vous et que vous avez vaincu le Mauvais. N'aimez ni le monde ni ce qui est dans le monde. Si quelqu'un aime le monde, l'amour du Père n'est pas en lui. Car tout ce qui est dans le monde - la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l'orgueil de la richesse - vient non pas du Père, mais du monde. Or le monde passe avec ses convoitises; mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement. Petits enfants, voici venue la dernière heure. Vous avez ouï dire que l'Antichrist doit venir; et déjà maintenant beaucoup d'antichrists sont survenus: à quoi nous reconnaissons que la dernière heure est là. Ils sont sortis de chez nous, mais ils n'étaient pas des nôtres. S'ils avaient été des nôtres, ils seraient restés avec nous. Mais il fallait que fût démontré que tous n'étaient pas des nôtres. Quant à vous, vous avez reçu l'onction venant du Saint, et tous vous possédez la science. Je vous ai écrit, non que vous ignoriez la vérité, mais parce que vous la connaissez et qu'aucun mensonge ne provient de la vérité. Qui est le menteur, sinon celui qui nie que Jésus soit le Christ? Le voilà l'Antichrist! Il nie le Père et le Fils. Quiconque nie le Fils ne possède pas non plus le Père. Qui confesse le Fils possède aussi le Père. Pour vous, que ce que vous avez entendu dès le début demeure en vous. Si en vous demeure ce que vous avez entendu dès le début, vous aussi, vous demeurerez dans le Fils et dans le Père. Or telle est la promesse que lui-même vous a faite: la vie éternelle. Voilà ce que j'ai tenu à vous écrire au sujet de ceux qui cherchent à vous égarer. Quant à vous, l'onction que vous avez reçue de lui demeure en vous, et vous n'avez pas besoin qu'on vous enseigne. Mais puisque son onction vous instruit de tout, qu'elle est véridique, non mensongère, comme elle vous a instruits, demeurez en lui. Oui, maintenant, demeurez en lui, petits enfants, pour que, s'il venait à paraître, nous ayons pleine assurance, et non point la honte de nous trouver loin de lui à son Avènement. Si vous savez qu'il est juste, reconnaissez que quiconque pratique la justice est né de lui. Voyez quelle manifestation d'amour le Père nous a donnée pour que nous soyons appelés enfants de Dieu. Et nous le sommes! Si le monde ne nous connaît pas, c'est qu'il ne l'a pas connu. Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, et ce que nous serons n'a pas encore été manifesté. Nous savons que lors de cette manifestation nous lui serons semblables, parce que nous le verrons tel qu'il est. Quiconque a cette espérance en lui se rend pur comme celui-là est pur. Quiconque commet le péché commet aussi l'iniquité, car le péché est l'iniquité. Or vous savez que celui-là s'est manifesté pour ôter les péchés et qu'il n'y a pas de péché en lui. Quiconque demeure en lui ne pèche pas. Quiconque pèche ne l'a vu ni connu. Petits enfants, que personne ne vous égare. Celui qui pratique la justice est juste comme celui-là est juste. Celui qui commet le péché est du diable, car le diable est pécheur dès l'origine. C'est pour détruire les oeuvres du diable que le Fils de Dieu est apparu. Quiconque est né de Dieu ne commet pas le péché parce que sa semence demeure en lui; il ne peut pécher, étant né de Dieu. A ceci sont reconnaissables les enfants de Dieu et les enfants du diable: quiconque ne pratique pas la justice n'est pas de Dieu, ni celui qui n'aime pas son frère. Car tel est le message que vous avez entendu dès le début: nous devons nous aimer les uns les autres, loin d'imiter Caïn, qui, étant du Mauvais, égorgea son frère. Et pourquoi l'égorgea-t-il? Parce que ses oeuvres étaient mauvaises, tandis que celles de son frère étaient justes. Ne vous étonnez pas, frères, si le monde vous hait. Nous savons, nous, que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons nos frères. Celui qui n'aime pas demeure dans la mort. Quiconque hait son frère est un homicide; or vous savez qu'aucun homicide n'a la vie éternelle demeurant en lui. A ceci nous avons connu l'Amour: celui-là a donné sa vie pour nous. Et nous devons, nous aussi, donner notre vie pour nos frères. Si quelqu'un, jouissant des biens de ce monde, voit son frère dans la nécessité et lui ferme ses entrailles, comment l'amour de Dieu demeurerait-il en lui? Petits enfants, n'aimons ni de mots ni de langue, mais en actes et en vérité. A cela nous saurons que nous sommes de la vérité, et devant lui nous apaiserons notre coeur, si notre coeur venait à nous condamner, car Dieu est plus grand que notre coeur, et il connaît tout. Bien-aimés, si notre coeur ne nous condamne pas, nous avons pleine assurance devant Dieu: quoi que nous lui demandions, nous le recevons de lui, parce que nous gardons ses commandements et que nous faisons ce qui lui est agréable. Or voici son commandement: croire au nom de son Fils Jésus Christ et nous aimer les uns les autres comme il nous en a donné le commandement. Et celui qui garde ses commandements demeure en Dieu et Dieu en lui; à ceci nous savons qu'il demeure en nous: à l'Esprit qu'il nous a donné. Bien-aimés, ne vous fiez pas à tout esprit, mais éprouvez les esprits pour voir s'ils viennent de Dieu, car beaucoup de faux prophètes sont venus dans le monde. A ceci reconnaissez l'esprit de Dieu: tout esprit qui confesse Jésus Christ venu dans la chair est de Dieu; et tout esprit qui ne confesse pas Jésus n'est pas de Dieu; c'est là l'esprit de l'Antichrist. Vous avez entendu dire qu'il allait venir; eh bien! maintenant, il est déjà dans le monde. Vous, petits enfants, vous êtes de Dieu et vous les avez vaincus. Car Celui qui est en vous est plus grand que celui qui est dans le monde. Eux, ils sont du monde; c'est pourquoi ils parlent d'après le monde et le monde les écoute. Nous, nous sommes de Dieu. Qui connaît Dieu nous écoute, qui n'est pas de Dieu ne nous écoute pas. C'est à quoi nous reconnaissons l'esprit de la vérité et l'esprit de l'erreur. Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, puisque l'amour est de Dieu et que quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu. Celui qui n'aime pas n'a pas connu Dieu, car Dieu est Amour. En ceci s'est manifesté l'amour de Dieu pour nous: Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde afin que nous vivions par lui. En ceci consiste l'amour: ce n'est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c'est lui qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils en victime de propitiation pour nos péchés. Bien-aimés, si Dieu nous a ainsi aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres. Dieu, personne ne l'a jamais contemplé. Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, en nous son amour est accompli. A ceci nous connaissons que nous demeurons en lui et lui en nous: il nous a donné de son Esprit. Et nous, nous avons contemplé et nous attestons que le Père a envoyé son Fils comme Sauveur du monde. Celui qui confesse que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui et lui en Dieu. Et nous, nous avons reconnu l'amour que Dieu a pour nous, et nous y avons cru. Dieu est Amour: celui qui demeure dans l'amour demeure en Dieu et Dieu demeure en lui. En ceci consiste la perfection de l'amour en nous: que nous ayons pleine assurance au jour du Jugement, car tel est celui-là, tels aussi nous sommes en ce monde. Il n'y a pas de crainte dans l'amour; au contraire, le parfait amour bannit la crainte, car la crainte implique un châtiment, et celui qui craint n'est point parvenu à la perfection de l'amour. Quant à nous, aimons, puisque lui nous a aimés le premier. Si quelqu'un dit: "J'aime Dieu" et qu'il déteste son frère, c'est un menteur: celui qui n'aime pas son frère, qu'il voit, ne saurait aimer le Dieu qu'il ne voit pas. Oui, voilà le commandement que nous avons reçu de lui: que celui qui aime Dieu aime aussi son frère. Quiconque croit que Jésus est le Christ est né de Dieu; et quiconque aime celui qui a engendré aime celui qui est né de lui. Nous reconnaissons que nous aimons les enfants de Dieu à ce que nous aimons Dieu et que nous pratiquons ses commandements. Car l'amour de Dieu consiste à garder ses commandements. Et ses commandements ne sont pas pesants, puisque tout ce qui est né de Dieu est vainqueur du monde. Et telle est la victoire qui a triomphé du monde: notre foi. Quel est le vainqueur du monde, sinon celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu? C'est lui qui est venu par eau et par sang: Jésus Christ, non avec l'eau seulement mais avec l'eau et avec le sang. Et c'est l'Esprit qui rend témoignage, parce que l'Esprit est la Vérité. Il y en a ainsi trois à témoigner: l'Esprit, l'eau, le sang, et ces trois tendent au même but. Si nous recevons le témoignage des hommes, le témoignage de Dieu est plus grand. Car c'est le témoignage de Dieu, le témoignage que Dieu a rendu à son Fils. Celui qui croit au Fils de Dieu a ce témoignage en lui. Celui qui ne croit pas en Dieu fait de lui un menteur, puisqu'il ne croit pas au témoignage que Dieu a rendu à son Fils. Et voici ce témoignage: c'est que Dieu nous a donné la vie éternelle et que cette vie est dans son Fils. Qui a le Fils a la vie; qui n'a pas le Fils n'a pas la vie. Je vous ai écrit ces choses, à vous qui croyez au nom du Fils de Dieu, pour que vous sachiez que vous avez la vie éternelle. Nous avons en Dieu cette assurance que, si nous demandons quelque chose selon sa volonté, il nous écoute. Et si nous savons qu'il nous écoute en tout ce que nous lui demandons, nous savons que nous possédons ce que nous lui avons demandé. Quelqu'un voit-il son frère commettre un péché ne conduisant pas à la mort, qu'il prie et Dieu donnera la vie à ce frère. Il ne s'agit pas de ceux qui commettent le péché conduisant à la mort; car il y a un péché qui conduit à la mort, pour ce péché-là, je ne dis pas qu'il faut prier. Toute iniquité est péché mais il y a tel péché qui ne conduit pas à la mort. Nous savons que quiconque est né de Dieu ne pèche pas; l'Engendré de Dieu le garde et le Mauvais n'a pas prise sur lui. Nous savons que nous sommes de Dieu et que le monde entier gît au pouvoir du Mauvais. Nous savons que le Fils de Dieu est venu et qu'il nous a donné l'intelligence afin que nous connaissions le Véritable. Nous sommes dans le Véritable, dans son Fils Jésus Christ. Celui-ci est le Dieu véritable et la Vie éternelle. Petits enfants, gardez-vous des idoles... Moi, l'Ancien, à la Dame élue et à ses enfants, que j'aime en vérité - non pas moi seulement, mais tous ceux qui ont connu la Vérité - en raison de la vérité qui demeure en nous et restera avec nous éternellement. Avec nous seront grâce, miséricorde, paix, de la part de Dieu le Père et de la part de Jésus Christ, le Fils du Père, en vérité et amour. Je me suis beaucoup réjoui d'avoir rencontré de tes enfants qui vivent dans la vérité, selon le commandement que nous avons reçu du Père. Et maintenant, Dame, bien que ce ne soit pas un commandement nouveau que je t'écris mais celui que nous possédons depuis le début, je te le demande, aimons-nous les uns les autres. L'amour consiste à vivre selon ses commandements. Et le premier commandement, ainsi que vous l'avez appris dès le début, c'est que vous viviez dans l'amour. C'est que beaucoup de séducteurs se sont répandus dans le monde, qui ne confessent pas Jésus Christ venu dans la chair. Voilà bien le Séducteur, l'Antichrist. Ayez les yeux sur vous, pour ne pas perdre le fruit de nos travaux, mais recevoir au contraire une pleine récompense. Quiconque va plus avant et ne demeure pas dans la doctrine du Christ ne possède pas Dieu. Celui qui demeure dans la doctrine, c'est lui qui possède et le Père et le Fils. Si quelqu'un vient à vous sans apporter cette doctrine, ne le recevez pas chez vous et abstenez-vous de le saluer. Celui qui le salue participe à ses oeuvres mauvaises. Ayant beaucoup de choses à vous écrire, j'ai préféré ne pas le faire avec du papier et de l'encre. Mais j'espère vous rejoindre et vous parler de vive voix, afin que notre joie soit parfaite. Les enfants de ta sœur Elue te saluent. Moi, l'Ancien, au très cher Gaïus, que j'aime en vérité. Très cher, je souhaite que tu te portes bien sous tous les rapports et que ton corps soit en aussi bonne santé que ton âme. Je me suis beaucoup réjoui des frères qui sont venus et qui ont rendu témoignage à ta vérité, je veux dire à la façon dont tu vis dans la vérité. Apprendre que mes enfants vivent dans la vérité, rien ne m'est un plus grand sujet de joie. Très cher, tu agis fidèlement en te dépensant pour les frères, bien que ce soient des étrangers. Ils ont rendu témoignage à ta charité, devant l'Eglise. Tu feras une bonne action en pourvoyant à leur voyage, d'une manière digne de Dieu. C'est pour le Nom qu'ils se sont mis en route, sans rien recevoir des païens. Nous devons accueillir de tels hommes, afin de collaborer à leurs travaux pour la Vérité. J'ai écrit un mot à l'Eglise. Mais Diotréphès, qui est avide d'y occuper la première place, ne nous reçoit pas. C'est pourquoi je ne manquerai pas, si je viens, de rappeler sa conduite. Il se répand en mauvais propos contre nous. Non satisfait de cela, il refuse lui-même de recevoir les frères, et ceux qui voudraient les recevoir, il les en empêche et les expulse de l'Eglise. Très cher, imite non le mal mais le bien. Qui fait le bien est de Dieu. Qui fait le mal n'a pas vu Dieu. Quant à Démétrius, tout le monde lui rend témoignage, y compris la Vérité elle-même. Nous aussi, nous lui rendons témoignage, et tu sais que notre témoignage est vrai. J'aurais beaucoup de choses à te dire. Mais je ne veux pas le faire avec de l'encre et un calame. J'espère en effet te voir sous peu, et nous nous entretiendrons de vive voix. Que la paix soit avec toi! Tes amis te saluent. Salue les nôtres, chacun par son nom. Jude, serviteur de Jésus Christ, frère de Jacques, aux appelés, aimés de Dieu le Père et gardés pour Jésus Christ. A vous miséricorde et paix et charité en abondance. Très chers, j'avais un grand désir de vous écrire au sujet de notre salut commun, et j'ai été contraint de le faire, afin de vous exhorter à combattre pour la foi transmise aux saints une fois pour toutes. Car il s'est glissé parmi vous certains hommes qui depuis longtemps ont été marqués d'avance pour cette sentence: ces impies travestissent en débauche la grâce de notre Dieu et renient notre seul Maître et Seigneur Jésus Christ. Je veux vous rappeler, à vous qui connaissez tout cela une fois pour toutes, que le Seigneur, après avoir sauvé le peuple de la terre d'Egypte, a fait périr ensuite les incrédules. Quant aux anges, qui n'ont pas conservé leur primauté, mais ont quitté leur propre demeure, c'est pour le jugement du grand Jour qu'il les a gardés dans des liens éternels, au fond des ténèbres. Ainsi Sodome, Gomorrhe et les villes voisines qui se sont prostituées de la même manière et ont couru après une chair différente, sont-elles proposées en exemple, subissant la peine d'un feu éternel. Pourtant, ceux-là aussi, en délire, souillent la chair, méprisent la Seigneurie, blasphèment les Gloires. Pourtant, l'archange Michel, lorsqu'il plaidait contre le diable et discutait au sujet du corps de Moïse, n'osa pas porter contre lui un jugement outrageant, mais dit: "Que le Seigneur te réprime!" Quant à eux, ils blasphèment ce qu'ils ignorent; et ce qu'ils connaissent par nature, comme les bêtes sans raison, ne sert qu'à les perdre. Malheur à eux! car c'est dans la voie de Caïn qu'ils sont allés, c'est dans l'égarement de Balaam qu'ils se sont jetés pour un salaire, c'est par la révolte de Coré qu'ils ont péri. Ce sont eux les écueils de vos agapes. Ils font bonne chère sans vergogne, ils se repaissent: nuées sans eau que les vents emportent, arbres de fin de saison, sans fruits, deux fois morts, déracinés, houle sauvage de la mer écumant sa propre honte, astres errants auxquels les ténèbres épaisses sont gardées pour l'éternité. C'est aussi pour eux qu'a prophétisé en ces termes Hénoch, le septième patriarche depuis Adam: "Voici: le Seigneur est venu avec ses saintes myriades, afin d'exercer le jugement contre tous et de confondre tous les impies pour toutes les oeuvres d'impiété qu'ils ont commises, pour toutes les paroles dures qu'ont proférées contre lui les pécheurs impies." Ce sont eux qui murmurent, se plaignent, marchent selon leurs convoitises, leur bouche dit des choses orgueilleuses, ils flattent par intérêt. Mais vous, très chers, rappelez-vous ce qui a été prédit par les apôtres de notre Seigneur Jésus Christ. Ils vous disaient: "A la fin du temps, il y aura des moqueurs, marchant selon leurs convoitises impies." Ce sont eux qui créent des divisions, ces animaux, ces êtres "psychiques" qui n'ont pas d'esprit. Mais vous, très chers, vous édifiant sur votre foi très sainte, priant dans l'Esprit Saint, gardez-vous dans la charité de Dieu, prêts à recevoir la miséricorde de notre Seigneur Jésus Christ pour la vie éternelle. Les uns, ceux qui hésitent, cherchez à les convaincre; les autres, sauvez-les en les arrachant au feu; les autres enfin, portez-leur une pitié craintive, en haïssant jusqu'à la tunique contaminée par leur chair. A celui qui peut vous garder de la chute et vous présenter devant sa gloire, sans reproche, dans l'allégresse, à l'unique Dieu, notre Sauveur par Jésus Christ notre Seigneur, gloire, majesté, force et puissance avant tout temps, maintenant et dans tous les temps! Amen. Révélation de Jésus Christ: Dieu la lui donna pour montrer à ses serviteurs ce qui doit arriver bientôt; Il envoya son Ange pour la faire connaître à Jean son serviteur, lequel a attesté la Parole de Dieu et le témoignage de Jésus Christ: toutes ses visions. Heureux le lecteur et les auditeurs de ces paroles prophétiques s'ils en retiennent le contenu, car le Temps est proche! Jean, aux sept Eglises d'Asie. Grâce et paix vous soient données par "Il est, Il était et Il vient", par les sept Esprits présents devant son trône, et par Jésus Christ, le témoin fidèle, le Premier-né d'entre les morts, le Prince des rois de la terre. Il nous aime et nous a lavés de nos péchés par son sang, il a fait de nous une Royauté de Prêtres, pour son Dieu et Père: à lui donc la gloire et la puissance pour les siècles des siècles. Amen. Voici, il vient avec les nuées; chacun le verra, même ceux qui l'ont transpercé, et sur lui se lamenteront toutes les races de la terre. Oui, Amen! Je suis l'Alpha et l'Oméga, dit le Seigneur Dieu, "Il est, Il était et Il vient", le Maître-de-tout. Moi, Jean, votre frère et votre compagnon dans l'épreuve, la royauté et la constance, en Jésus. Je me trouvais dans l'île de Patmos, à cause de la Parole de Dieu et du témoignage de Jésus. Je tombai en extase, le jour du Seigneur, et j'entendis derrière moi une voix clamer, comme une trompette: "Ce que tu vois, écris-le dans un livre pour l'envoyer aux sept Eglises: à Ephèse, Smyrne, Pergame, Thyatire, Sardes, Philadelphie et Laodicée." Je me retournai pour regarder la voix qui me parlait; et m'étant retourné, je vis sept candélabres d'or, et, au milieu des candélabres, comme un Fils d'homme revêtu d'une longue robe serrée à la taille par une ceinture en or. Sa tête, avec ses cheveux blancs, est comme de la laine blanche, comme de la neige, ses yeux comme une flamme ardente, ses pieds pareils à de l'airain précieux que l'on aurait purifié au creuset, sa voix comme la voix des grandes eaux. Dans sa main droite il a sept étoiles, et de sa bouche sort une épée acérée, à double tranchant; et son visage, c'est comme le soleil qui brille dans tout son éclat. A sa vue, je tombai à ses pieds, comme mort; mais il posa sur moi sa main droite en disant: "Ne crains pas, je suis le Premier et le Dernier, le Vivant; je fus mort, et me voici vivant pour les siècles des siècles, détenant la clef de la Mort et de l'Hadès. Ecris donc ce que tu as vu: le présent et ce qui doit arriver plus tard. Quant au mystère des sept étoiles que tu as vues dans ma main droite et des sept candélabres d'or, le voici: les sept étoiles sont les Anges des sept Eglises; et les sept candélabres sont les sept Eglises. "A l'Ange de l'Eglise d'Ephèse, écris: Ainsi parle celui qui tient les sept étoiles en sa droite et qui marche au milieu des sept candélabres d'or. Je connais ta conduite, tes labeurs et ta constance; je le sais, tu ne peux souffrir les méchants: tu as mis à l'épreuve ceux qui usurpent le titre d'apôtres, et tu les as trouvés menteurs. Tu as de la constance: n'as-tu pas souffert pour mon nom, sans te lasser? Mais j'ai contre toi que tu as perdu ton amour d'antan. Allons! rappelle-toi d'où tu es tombé, repens-toi, reprends ta conduite première. Sinon, je vais venir à toi pour changer ton candélabre de son rang, si tu ne te repens. Il y a cependant pour toi que tu détestes la conduite des Nicolaïtes, que je déteste moi-même. Celui qui a des oreilles, qu'il entende ce que l'Esprit dit aux Eglises: au vainqueur, je ferai manger de l'arbre de vie placé dans le Paradis de Dieu. "A l'Ange de l'Eglise de Smyrne, écris: Ainsi parle le Premier et le Dernier, celui qui fut mort et qui a repris vie. Je connais tes épreuves et ta pauvreté - tu es riche pourtant - et les diffamations de ceux qui usurpent le titre de Juifs - une synagogue de Satan plutôt! -- Ne crains pas les souffrances qui t'attendent: voici, le Diable va jeter des vôtres en prison pour vous tenter, et vous aurez dix jours d'épreuve. Reste fidèle jusqu'à la mort, et je te donnerai la couronne de vie. Celui qui a des oreilles, qu'il entende ce que l'Esprit dit aux Eglises: le vainqueur n'a rien à craindre de la seconde mort. "A l'Ange de l'Eglise de Pergame, écris: Ainsi parle celui qui possède l'épée acérée à double tranchant. Je sais où tu demeures: là est le trône de Satan. Mais tu tiens ferme à mon nom et tu n'as pas renié ma foi, même aux jours d'Antipas, mon témoin fidèle, qui fut mis à mort chez vous, là où demeure Satan. Mais j'ai contre toi quelque grief: tu en as là qui tiennent la doctrine de Balaam; il incitait Balaq à tendre un piège aux fils d'Israël pour qu'ils mangent des viandes immolées aux idoles et se prostituent. Ainsi, chez toi aussi, il en est qui tiennent la doctrine des Nicolaïtes. Allons! repens-toi, sinon je vais bientôt venir à toi pour combattre ces gens avec l'épée de ma bouche. Celui qui a des oreilles, qu'il entende ce que l'Esprit dit aux Eglises: au vainqueur, je donnerai de la manne cachée et je lui donnerai aussi un caillou blanc, un caillou portant gravé un nom nouveau que nul ne connaît, hormis celui qui le reçoit. "A l'Ange de l'Eglise de Thyatire, écris: Ainsi parle le Fils de Dieu, dont les yeux sont comme une flamme ardente et les pieds pareils à de l'airain précieux. Je connais ta conduite: ton amour, ta foi, ton dévouement, ta constance; tes oeuvres vont sans cesse en se multipliant. Mais j'ai contre toi que tu tolères Jézabel, cette femme qui se dit prophétesse; elle égare mes serviteurs, les incitant à se prostituer en mangeant des viandes immolées aux idoles. Je lui ai laissé le temps de se repentir, mais elle refuse de se repentir de ses prostitutions. Voici, je vais la jeter sur un lit de douleurs, et ses compagnons de prostitution dans une épreuve terrible, s'ils ne se repentent de leur conduite. Et ses enfants, je vais les frapper de mort: ainsi, toutes les Eglises sauront que c'est moi qui sonde les reins et les coeurs; et je vous paierai chacun selon vos oeuvres. Quant à vous autres, à Thyatire, qui ne partagez pas cette doctrine, vous qui n'avez pas connu "les profondeurs de Satan", comme ils disent, je vous déclare que je ne vous impose pas d'autre fardeau; du moins, ce que vous avez, tenez-le ferme jusqu'à mon retour. Le vainqueur, celui qui restera fidèle à mon service jusqu'à la fin, je lui donnerai pouvoir sur les nations: c'est avec un sceptre de fer qu'il les mènera comme on fracasse des vases d'argile! Ainsi moi-même j'ai reçu ce pouvoir de mon Père. Et je lui donnerai l'Etoile du matin. Celui qui a des oreilles, qu'il entende ce que l'Esprit dit aux Eglises. "A l'Ange de l'Eglise de Sardes, écris: Ainsi parle celui qui possède les sept Esprits de Dieu et les sept étoiles. Je connais ta conduite; tu passes pour vivant, mais tu es mort. Réveille-toi, ranime ce qui te reste de vie défaillante! Non, je n'ai pas trouvé ta vie bien pleine aux yeux de mon Dieu. Allons! rappelle-toi comment tu accueillis la parole; garde-la et repens-toi. Car si tu ne veilles pas, je viendrai comme un voleur sans que tu saches à quelle heure je te surprendrai. A Sardes, néanmoins, quelques-uns des tiens n'ont pas souillé leurs vêtements; ils m'accompagneront, en blanc, car ils en sont dignes. Le vainqueur sera donc revêtu de blanc; et son nom, je ne l'effacerai pas du livre de vie, mais j'en répondrai devant mon Père et devant ses Anges. Celui qui a des oreilles, qu'il entende ce que l'Esprit dit aux Eglises. "A l'Ange de l'Eglise de Philadelphie, écris: Ainsi parle le Saint, le Vrai, celui qui détient la clef de David: s'il ouvre, nul ne fermera, et s'il ferme, nul n'ouvrira. Je connais ta conduite: voici, j'ai ouvert devant toi une porte que nul ne peut fermer, et, disposant pourtant de peu de puissance, tu as gardé ma parole sans renier mon nom. Voici, je forcerai ceux de la Synagogue de Satan - ils usurpent la qualité de Juifs, les menteurs --, oui, je les forcerai à venir se prosterner devant tes pieds, à reconnaître que je t'ai aimé. Puisque tu as gardé ma consigne de constance, à mon tour je te garderai de l'heure de l'épreuve qui va fondre sur le monde entier pour éprouver les habitants de la terre. Mon retour est proche: tiens ferme ce que tu as, pour que nul ne ravisse ta couronne. Le vainqueur, je le ferai colonne dans le temple de mon Dieu; il n'en sortira plus jamais et je graverai sur lui le nom de mon Dieu, et le nom de la Cité de mon Dieu, la nouvelle Jérusalem qui descend du Ciel, de chez mon Dieu, et le nom nouveau que je porte. Celui qui a des oreilles, qu'il entende ce que l'Esprit dit aux Eglises. "A l'Ange de l'Eglise de Laodicée, écris: Ainsi parle l'Amen, le Témoin fidèle et vrai, le Principe de la création de Dieu. Je connais ta conduite: tu n'es ni froid ni chaud - que n'es-tu l'un ou l'autre! -- Ainsi, puisque te voilà tiède, ni chaud ni froid, je vais te vomir de ma bouche. Tu t'imagines: me voilà riche, je me suis enrichi et je n'ai besoin de rien; mais tu ne le vois donc pas: c'est toi qui es malheureux, pitoyable, pauvre, aveugle et nu! Aussi, suis donc mon conseil: achète chez moi de l'or purifié au feu pour t'enrichir; des habits blancs pour t'en revêtir et cacher la honte de ta nudité; un collyre enfin pour t'en oindre les yeux et recouvrer la vue. Ceux que j'aime, je les semonce et les corrige. Allons! Un peu d'ardeur, et repens-toi! Voici, je me tiens à la porte et je frappe; si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi. Le vainqueur, je lui donnerai de siéger avec moi sur mon trône, comme moi-même, après ma victoire, j'ai siégé avec mon Père sur son trône. Celui qui a des oreilles, qu'il entende ce que l'Esprit dit aux Eglises." J'eus ensuite une vision. Voici: une porte était ouverte au ciel, et la voix que j'avais naguère entendu me parler comme une trompette me dit: Monte ici, que je te montre ce qui doit arriver par la suite. A l'instant, je tombai en extase. Voici, un trône était dressé dans le ciel, et, siégeant sur le trône, Quelqu'un... Celui qui siège est comme une vision de jaspe et de cornaline; un arc-en-ciel autour du trône est comme une vision d'émeraude. 24 sièges entourent le trône, sur lesquels sont assis 24 Vieillards vêtus de blanc, avec des couronnes d'or sur leurs têtes. Du trône partent des éclairs, des voix et des tonnerres, et sept lampes de feu brûlent devant lui, les sept Esprits de Dieu. Devant le trône, on dirait une mer, transparente autant que du cristal. Au milieu du trône et autour de lui, se tiennent quatre Vivants, constellés d'yeux par-devant et par-derrière. Le premier Vivant est comme un lion; le deuxième Vivant est comme un jeune taureau; le troisième Vivant a comme un visage d'homme; le quatrième Vivant est comme un aigle en plein vol. Les quatre Vivants, portant chacun six ailes, sont constellés d'yeux tout autour et en dedans. Ils ne cessent de répéter jour et nuit: "Saint, Saint, Saint, Seigneur, Dieu Maître-de-tout, Il était, Il est et Il vient." Et chaque fois que les Vivants offrent gloire, honneur et action de grâces à Celui qui siège sur le trône et qui vit dans les siècles des siècles, les 24 Vieillards se prosternent devant Celui qui siège sur le trône pour adorer Celui qui vit dans les siècles des siècles; ils lancent leurs couronnes devant le trône en disant: "Tu es digne, ô notre Seigneur et notre Dieu, de recevoir la gloire, l'honneur et la puissance, car c'est toi qui créas l'univers; par ta volonté, il n'était pas et fut créé." Et je vis dans la main droite de Celui qui siège sur le trône un livre roulé, écrit au recto et au verso, et scellé de sept sceaux. Et je vis un Ange puissant proclamant à pleine voix: "Qui est digne d'ouvrir le livre et d'en briser les sceaux?" Mais nul n'était capable, ni dans le ciel, ni sur la terre, ni sous la terre, d'ouvrir le livre et de le lire. Et je pleurais fort de ce que nul ne s'était trouvé digne d'ouvrir le livre et de le lire. L'un des Vieillards me dit alors: "Ne pleure pas. Voici: il a remporté la victoire, le Lion de la tribu de Juda, le Rejeton de David; il ouvrira donc le livre aux sept sceaux." Alors je vis, debout entre le trône aux quatre Vivants et les Vieillards, un Agneau, comme égorgé, portant sept cornes et sept yeux, qui sont les sept Esprits de Dieu en mission par toute la terre. Il s'en vint prendre le livre dans la main droite de Celui qui siège sur le trône. Quand il l'eut pris, les quatre Vivants et les 24 Vieillards se prosternèrent devant l'Agneau, tenant chacun une harpe et des coupes d'or pleines de parfums, les prières des saints; ils chantaient un cantique nouveau: "Tu es digne de prendre le livre et d'en ouvrir les sceaux, car tu fus égorgé et tu rachetas pour Dieu, au prix de ton sang, des hommes de toute race, langue, peuple et nation; tu as fait d'eux pour notre Dieu une Royauté de Prêtres régnant sur la terre." Et ma vision se poursuivit. J'entendis la voix d'une multitude d'Anges rassemblés autour du trône, des Vivants et des Vieillards - ils se comptaient par myriades de myriades et par milliers de milliers! -- et criant à pleine voix: "Digne est l'Agneau égorgé de recevoir la puissance, la richesse, la sagesse, la force, l'honneur, la gloire et la louange." Et toute créature, dans le ciel, et sur la terre, et sous la terre, et sur la mer, l'univers entier, je l'entendis s'écrier: "A Celui qui siège sur le trône, ainsi qu'à l'Agneau, la louange, l'honneur, la gloire et la puissance dans les siècles des siècles!" Et les quatre Vivants disaient: "Amen!;" et les Vieillards se prosternèrent pour adorer. Et ma vision se poursuivit. Lorsque l'Agneau ouvrit le premier des sept sceaux, j'entendis le premier des quatre Vivants crier comme d'une voix de tonnerre: "Viens!" Et voici qu'apparut à mes yeux un cheval blanc; celui qui le montait tenait un arc; on lui donna une couronne et il partit en vainqueur, et pour vaincre encore. Lorsqu'il ouvrit le deuxième sceau, j'entendis le deuxième Vivant crier: "Viens!" Alors surgit un autre cheval, rouge-feu; celui qui le montait, on lui donna de bannir la paix hors de la terre, et de faire que l'on s'entr'égorgeât; on lui donna une grande épée. Lorsqu'il ouvrit le troisième sceau, j'entendis le troisième Vivant crier: "Viens!" Et voici qu'apparut à mes yeux un cheval noir; celui qui le montait tenait à la main une balance, et j'entendis comme une voix, du milieu des quatre Vivants, qui disait: "Un litre de blé pour un denier, trois litres d'orge pour un denier! Quant à l'huile et au vin, ne les gâche pas!" Lorsqu'il ouvrit le quatrième sceau, j'entendis le cri du quatrième Vivant: "Viens!" Et voici qu'apparut à mes yeux un cheval verdâtre; celui qui le montait, on le nomme: la Mort; et l'Hadès le suivait. Alors, on leur donna pouvoir sur le quart de la terre, pour exterminer par l'épée, par la faim, par la peste, et par les fauves de la terre. Lorsqu'il ouvrit le cinquième sceau, je vis sous l'autel les âmes de ceux qui furent égorgés pour la Parole de Dieu et le témoignage qu'ils avaient rendu. Ils crièrent d'une voix puissante: "Jusques à quand, Maître saint et vrai, tarderas-tu à faire justice, à tirer vengeance de notre sang sur les habitants de la terre?" Alors on leur donna à chacun une robe blanche en leur disant de patienter encore un peu, le temps que fussent au complet leurs compagnons de service et leurs frères qui doivent être mis à mort comme eux. Et ma vision se poursuivit. Lorsqu'il ouvrit le sixième sceau, alors il se fit un violent tremblement de terre, et le soleil devint noir comme une étoffe de crin, et la lune devint tout entière comme du sang, et les astres du ciel s'abattirent sur la terre comme les figues avortées que projette un figuier tordu par la tempête, et le ciel disparut comme un livre qu'on roule, et les monts et les îles s'arrachèrent de leur place; et les rois de la terre, et les hauts personnages, et les grands capitaines, et les gens enrichis, et les gens influents, et tous enfin, esclaves ou libres, ils allèrent se terrer dans les cavernes et parmi les rochers des montagnes, disant aux montagnes et aux rochers: "Croulez sur nous et cachez-nous loin de Celui qui siège sur le trône et loin de la colère de l'Agneau." Car il est arrivé, le grand Jour de sa colère, et qui donc peut tenir? Après quoi je vis quatre Anges, debout aux quatre coins de la terre, retenant les quatre vents de la terre pour qu'il ne soufflât point de vent, ni sur la terre, ni sur la mer, ni sur aucun arbre. Puis je vis un autre Ange monter de l'orient, portant le sceau du Dieu vivant; il cria d'une voix puissante aux quatre Anges auxquels il fut donné de malmener la terre et la mer: "Attendez, pour malmener la terre et la mer et les arbres, que nous ayons marqué au front les serviteurs de notre Dieu." Et j'appris combien furent alors marqués du sceau: 144.000 de toutes les tribus des fils d'Israël. De la tribu de Juda,12.000 furent marqués; de la tribu de Ruben,12.000; de la tribu de Gad,12.000; de la tribu d'Aser,12.000; de la tribu de Nephtali,12.000; de la tribu de Manassé,12.000; de la tribu de Siméon,12.000; de la tribu de Lévi,12.000; de la tribu d'Issachar,12.000; de la tribu de Zabulon,12.000; de la tribu de Joseph,12.000; de la tribu de Benjamin,12.000 furent marqués. Après quoi, voici qu'apparut à mes yeux une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, de toute nation, race, peuple et langue; debout devant le trône et devant l'Agneau, vêtus de robes blanches, des palmes à la main, ils crient d'une voix puissante: "Le salut à notre Dieu, qui siège sur le trône, ainsi qu'à l'Agneau!" Et tous les Anges en cercle autour du trône, des Vieillards et des quatre Vivants, se prosternèrent devant le trône, la face contre terre, pour adorer Dieu; ils disaient: "Amen! Louange, gloire, sagesse, action de grâces, honneur, puissance et force à notre Dieu pour les siècles des siècles! Amen!" L'un des Vieillards prit alors la parole et me dit: "Ces gens vêtus de robes blanches, qui sont-ils et d'où viennent-ils?" Et moi de répondre: "Monseigneur, c'est toi qui le sais." Il reprit: "Ce sont ceux qui viennent de la grande épreuve: ils ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l'Agneau. C'est pourquoi ils sont devant le trône de Dieu, le servant jour et nuit dans son temple; et Celui qui siège sur le trône étendra sur eux sa tente. Jamais plus ils ne souffriront de la faim ni de la soif; jamais plus ils ne seront accablés ni par le soleil, ni par aucun vent brûlant. Car l'Agneau qui se tient au milieu du trône sera leur pasteur et les conduira aux sources des eaux de la vie. Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux." Et lorsque l'Agneau ouvrit le septième sceau, il se fit un silence dans le ciel, environ une demi-heure... Et je vis les sept Anges qui se tiennent devant Dieu; on leur remit sept trompettes. Un autre Ange vint alors se placer près de l'autel, muni d'une pelle en or. On lui donna beaucoup de parfums pour qu'il les offrît, avec les prières de tous les saints, sur l'autel d'or placé devant le trône. Et, de la main de l'Ange, la fumée des parfums s'éleva devant Dieu, avec les prières des saints. Puis l'Ange saisit la pelle et l'emplit du feu de l'autel qu'il jeta sur la terre. Ce furent alors des tonnerres, des voix et des éclairs, et tout trembla. Les sept Anges aux sept trompettes s'apprêtèrent à sonner. Et le premier sonna... Il y eut alors de la grêle et du feu mêlés de sang qui furent jetés sur la terre: et le tiers de la terre fut consumé, et le tiers des arbres fut consumé, et toute herbe verte fut consumée. Et le deuxième Ange sonna... Alors une énorme masse embrasée, comme une montagne, fut projetée dans la mer, et le tiers de la mer devint du sang: il périt ainsi le tiers des créatures vivant dans la mer, et le tiers des navires fut détruit. Et le troisième Ange sonna... Alors tomba du ciel un grand astre, brûlant comme une torche. Il tomba sur le tiers des fleuves et sur les sources; l'astre se nomme "Absinthe": le tiers des eaux se changea en absinthe, et bien des gens moururent, de ces eaux devenues amères. Et le quatrième Ange sonna... Alors furent frappés le tiers du soleil et le tiers de la lune et le tiers des étoiles: ils s'assombrirent d'un tiers, et le jour perdit le tiers de sa clarté, et la nuit de même. Et ma vision se poursuivit. J'entendis un aigle volant au zénith et criant d'une voix puissante: "Malheur, malheur, malheur aux habitants de la terre, à cause de la voix des dernières trompettes dont les trois Anges vont sonner. Et le cinquième Ange sonna... Alors je vis un astre qui du ciel avait chu sur la terre. On lui remit la clef du puits de l'Abîme? Il ouvrit le puits de l'Abîme et il en monta une fumée, comme celle d'une immense fournaise - le soleil et l'atmosphère en furent obscurcis -- et, de cette fumée, des sauterelles se répandirent sur la terre; on leur donna un pouvoir pareil à celui des scorpions de la terre. On leur dit d'épargner les prairies, toute verdure et tout arbre, et de s'en prendre seulement aux hommes qui ne porteraient pas sur le front le sceau de Dieu. On leur donna, non de les tuer, mais de les tourmenter durant cinq mois. La douleur qu'elles provoquent ressemble à celle d'une piqûre de scorpion. En ces jours-là, les hommes rechercheront la mort sans la trouver, ils souhaiteront mourir et la mort les fuira! Or ces sauterelles, à les voir, font penser à des chevaux équipés pour la guerre; sur leur tête on dirait des couronnes d'or, et leur face rappelle des faces humaines; leurs cheveux, des chevelures de femmes, et leurs dents, des dents de lions; leur thorax, des cuirasses de fer, et le bruit de leurs ailes, le vacarme de chars aux multiples chevaux se ruant au combat; elles ont une queue pareille à des scorpions, avec un dard; et dans leur queue se trouve leur pouvoir de torturer les hommes durant cinq mois. A leur tête, comme roi, elles ont l'Ange de l'Abîme; il s'appelle en hébreu: "Abaddôn", et en grec: "Apollyôn." Le premier "Malheur" a passé, voici encore deux "Malheurs" qui le suivent... Et le sixième Ange sonna... Alors j'entendis une voix venant des quatre cornes de l'autel d'or placé devant Dieu; elle dit au sixième Ange portant trompette: "Relâche les quatre Anges enchaînés sur le grand fleuve Euphrate." Et l'on relâcha les quatre Anges qui se tenaient prêts pour l'heure et le jour et le mois et l'année, afin d'exterminer le tiers des hommes. Leur armée comptait 200.000.000 de cavaliers: on m'en précisa le nombre. Tels m'apparurent en vision les chevaux et leurs cavaliers: ceux-ci portent des cuirasses de feu, d'hyacinthe et de soufre; quant aux chevaux, leur tête est comme celle du lion, et leur bouche crache feu et fumée et soufre. Alors le tiers des hommes fut exterminé par ces trois fléaux: le feu, la fumée et le soufre vomis de la bouche des chevaux. Car la puissance des chevaux réside en leur bouche; elle réside aussi dans leur queue: ces queues, en effet, ainsi que des serpents, sont munies de têtes dont elles se servent pour nuire. Or les hommes échappés à l'hécatombe de ces fléaux ne renoncèrent même pas aux oeuvres de leurs mains: ils ne cessèrent d'adorer les démons, ces idoles d'or, d'argent, de bronze, de pierre et de bois, incapables de voir, d'entendre ou de marcher. Ils n'abandonnèrent ni leurs meurtres, ni leurs sorcelleries, ni leurs débauches, ni leurs rapines. Je vis ensuite un autre Ange, puissant, descendre du ciel enveloppé d'une nuée, un arc-en-ciel au-dessus de la tête, le visage comme le soleil et les jambes comme des colonnes de feu. Il tenait en sa main un petit livre ouvert. Il posa le pied droit sur la mer, le gauche sur la terre, et il poussa une puissante clameur pareille au rugissement du lion. Après quoi, les sept tonnerres firent retentir leurs voix. Quand les sept tonnerres eurent parlé, j'allais écrire mais j'entendis du ciel une voix me dire: "Tiens secrètes les paroles des sept tonnerres et ne les écris pas." Alors l'Ange que j'avais vu, debout sur la mer et la terre, leva la main droite au ciel et jura par Celui qui vit dans les siècles des siècles, qui créa le ciel et tout ce qu'il contient, la terre et tout ce qu'elle contient, la mer et tout ce qu'elle contient: "Plus de délai! Mais aux jours où l'on entendra le septième Ange, quand il sonnera de la trompette, alors sera consommé le mystère de Dieu, selon la bonne nouvelle qu'il en a donnée à ses serviteurs les prophètes." Puis la voix du ciel, que j'avais entendue, me parla de nouveau: "Va prendre le petit livre ouvert dans la main de l'Ange debout sur la mer et sur la terre." Je m'en fus alors prier l'Ange de me donner le petit livre; et lui me dit: tiens, mange-le; il te remplira les entrailles d'amertume, mais en ta bouche il aura la douceur du miel." "Je pris le petit livre de la main de l'Ange et l'avalai; dans ma bouche, il avait la douceur du miel, mais quand je l'eus mangé, il remplit mes entrailles d'amertume. Alors on me dit: "Il te faut de nouveau prophétiser contre une foule de peuples, de nations, de langues et de rois." Puis on me donna un roseau, une sorte de baguette, en me disant: "Lève-toi pour mesurer le Temple de Dieu, l'autel et les adorateurs qui s'y trouvent; quant au parvis extérieur du Temple, laisse-le, ne le mesure pas, car on l'a donné aux païens: ils fouleront la Ville Sainte durant 42 mois. Mais je donnerai à mes deux témoins de prophétiser pendant 1.260 jours, revêtus de sacs." Ce sont les deux oliviers et les deux flambeaux qui se tiennent devant le Maître de la terre. Si l'on s'avisait de les malmener, un feu jaillirait de leur bouche pour dévorer leurs ennemis; oui, qui s'aviserait de les malmener, c'est ainsi qu'il lui faudrait périr. Ils ont pouvoir de clore le ciel afin que nulle pluie ne tombe durant le temps de leur mission; ils ont aussi pouvoir sur les eaux, de les changer en sang, et pouvoir de frapper la terre de mille fléaux, aussi souvent qu'ils le voudront. Mais quand ils auront fini de rendre témoignage, la Bête qui surgit de l'Abîme viendra guerroyer contre eux, les vaincre et les tuer. Et leurs cadavres, sur la place de la Grande Cité, Sodome ou Egypte comme on l'appelle symboliquement, là où leur Seigneur aussi fut crucifié, leurs cadavres demeurent exposés aux regards des peuples, des races, des langues et des nations, durant trois jours et demi, sans qu'il soit permis de les mettre au tombeau. Les habitants de la terre s'en réjouissent et s'en félicitent; ils échangent des présents, car ces deux prophètes leur avaient causé bien des tourments. Mais, passés les trois jours et demi, Dieu leur infusa un souffle de vie qui les remit sur pieds, au grand effroi de ceux qui les regardaient. J'entendis alors une voix puissante leur crier du ciel: "Montez ici!" Ils montèrent donc au ciel dans la nuée, aux yeux de leurs ennemis. A cette heure-là, il se fit un violent tremblement de terre, et le dixième de la ville croula, et dans le cataclysme périrent 7.000 personnes. Les survivants, saisis d'effroi, rendirent gloire au Dieu du ciel. Le deuxième "Malheur" a passé, voici que le troisième accourt! Et le septième Ange sonna... Alors, au ciel, des voix clamèrent: "La royauté du monde est acquise à notre Seigneur ainsi qu'à son Christ; il régnera dans les siècles des siècles." Et les 24 Vieillards qui sont assis devant Dieu, sur leurs sièges, se prosternèrent pour adorer Dieu en disant: "Nous te rendons grâce, Seigneur, Dieu Maître-de-tout, Il est et Il était, parce que tu as pris en main ton immense puissance pour établir ton règne. Les nations s'étaient mises en fureur; mais voici ta fureur à toi, et le temps pour les morts d'être jugés; le temps de récompenser tes serviteurs les prophètes, les saints, et ceux qui craignent ton nom, petits et grands, et de perdre ceux qui perdent la terre." Alors s'ouvrit le temple de Dieu, dans le ciel, et son arche d'alliance apparut, dans le temple; puis ce furent des éclairs et des voix et des tonnerres et un tremblement de terre, et la grêle tombait dru... Un signe grandiose apparut au ciel: une Femme! le soleil l'enveloppe, la lune est sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête; elle est enceinte et crie dans les douleurs et le travail de l'enfantement. Puis un second signe apparut au ciel: un énorme Dragon rouge-feu, à sept têtes et dix cornes, chaque tête surmontée d'un diadème. Sa queue balaie le tiers des étoiles du ciel et les précipite sur la terre. En arrêt devant la Femme en travail, le Dragon s'apprête à dévorer son enfant aussitôt né. Or la Femme mit au monde un enfant mâle, celui qui doit mener toutes les nations avec un sceptre de fer; et son enfant fut enlevé jusqu'auprès de Dieu et de son trône, tandis que la Femme s'enfuyait au désert, où Dieu lui a ménagé un refuge pour qu'elle y soit nourrie 1.260 jours. Alors, il y eut une bataille dans le ciel: Michel et ses Anges combattirent le Dragon. Et le Dragon riposta, avec ses Anges, mais ils eurent le dessous et furent chassés du ciel. On le jeta donc, l'énorme Dragon, l'antique Serpent, le Diable ou le Satan, comme on l'appelle, le séducteur du monde entier, on le jeta sur la terre et ses Anges furent jetés avec lui. Et j'entendis une voix clamer dans le ciel: "Désormais, la victoire, la puissance et la royauté sont acquises à notre Dieu, et la domination à son Christ, puisqu'on a jeté bas l'accusateur de nos frères, celui qui les accusait jour et nuit devant notre Dieu. Mais eux l'ont vaincu par le sang de l'Agneau et par la parole dont ils ont témoigné, car ils ont méprisé leur vie jusqu'à mourir. Soyez donc dans la joie, vous, les cieux et leurs habitants. Malheur à vous, la terre et la mer, car le Diable est descendu chez vous, frémissant de colère et sachant que ses jours sont comptés." Se voyant rejeté sur la terre, le Dragon se lança à la poursuite de la Femme, la mère de l'enfant mâle. Mais elle reçut les deux ailes du grand aigle pour voler au désert jusqu'au refuge où, loin du Serpent, elle doit être nourrie un temps et des temps et la moitié d'un temps. Le Serpent vomit alors de sa gueule comme un fleuve d'eau derrière la Femme pour l'entraîner dans ses flots. Mais la terre vint au secours de la Femme: ouvrant la bouche, elle engloutit le fleuve vomi par la gueule du Dragon. Alors, furieux contre la Femme, le Dragon s'en alla guerroyer contre le reste de ses enfants, ceux qui gardent les commandements de Dieu et possèdent le témoignage de Jésus. Et je me tins sur la grève de la mer. Alors je vis surgir de la mer une Bête ayant sept têtes et dix cornes, sur ses cornes dix diadèmes, et sur ses têtes des titres blasphématoires. La Bête que je vis ressemblait à une panthère, avec les pattes comme celles d'un ours et la gueule comme une gueule de lion; et le Dragon lui transmit sa puissance et son trône et un pouvoir immense. L'une de ses têtes paraissait blessée à mort, mais sa plaie mortelle fut guérie; alors, émerveillée, la terre entière suivit la Bête. On se prosterna devant le Dragon, parce qu'il avait remis le pouvoir à la Bête; et l'on se prosterna devant la Bête en disant: "Qui égale la Bête, et qui peut lutter contre elle?" On lui donna de proférer des paroles d'orgueil et de blasphème; on lui donna pouvoir d'agir durant 42 mois; alors elle se mit à proférer des blasphèmes contre Dieu, à blasphémer son nom et sa demeure, ceux qui demeurent au ciel. On lui donna de mener campagne contre les saints et de les vaincre; on lui donna pouvoir sur toute race, peuple, langue ou nation. Et ils l'adoreront, tous les habitants de la terre dont le nom ne se trouve pas écrit, dès l'origine du monde, dans le livre de vie de l'Agneau égorgé. Celui qui a des oreilles, qu'il entende! Les chaînes pour qui doit être enchaîné; la mort par le glaive pour qui doit périr par le glaive! Voilà qui fonde l'endurance et la confiance des saints. Je vis ensuite surgir de la terre une autre Bête; elle avait deux cornes comme un agneau, mais parlait comme un dragon. Au service de la première Bête, elle en établit partout le pouvoir, amenant la terre et ses habitants à adorer cette première Bête dont la plaie mortelle fut guérie. Elle accomplit des prodiges étonnants: jusqu'à faire descendre, aux yeux de tous, le feu du ciel sur la terre; et, par les prodiges qu'il lui a été donné d'accomplir au service de la Bête, elle fourvoie les habitants de la terre, leur disant de dresser une image en l'honneur de cette Bête qui, frappée du glaive, a repris vie. On lui donna même d'animer l'image de la Bête pour la faire parler, et de faire en sorte que fussent mis à mort tous ceux qui n'adoreraient pas l'image de la Bête. Par ses manoeuvres, tous, petits et grands, riches ou pauvres, libres et esclaves, se feront marquer sur la main droite ou sur le front, et nul ne pourra rien acheter ni vendre s'il n'est marqué au nom de la Bête ou au chiffre de son nom. C'est ici qu'il faut de la finesse! Que l'homme doué d'esprit calcule le chiffre de la Bête, c'est un chiffre d'homme: son chiffre, c'est 666. Puis voici que l'Agneau apparut à mes yeux; il se tenait sur le mont Sion, avec 144.000 gens portant inscrits sur le front leur nom et le nom de leur père. Et j'entendis un bruit venant du ciel, comme le mugissement des grandes eaux ou le grondement d'un orage violent, et ce bruit me faisait songer à des joueurs de harpe touchant de leurs instruments; ils chantent un cantique nouveau devant le trône et devant les quatre Vivants et les Vieillards. Et nul ne pouvait apprendre le cantique, hormis les 144.000, les rachetés à la terre. Ceux-là, ils ne se sont pas souillés avec des femmes, ils sont vierges; ceux-là suivent l'Agneau partout où il va; ceux-là ont été rachetés d'entre les hommes comme prémices pour Dieu et pour l'Agneau. Jamais leur bouche ne connut le mensonge: ils sont immaculés. Puis je vis un autre Ange qui volait au zénith, ayant une bonne nouvelle éternelle à annoncer à ceux qui demeurent sur la terre, à toute nation, race, langue et peuple. Il criait d'une voix puissante: "Craignez Dieu et glorifiez-le, car voici l'heure de son Jugement; adorez donc Celui qui a fait le ciel et la terre et la mer et les sources." Un autre Ange, un deuxième, le suivit en criant: "Elle est tombée, elle est tombée, Babylone la Grande, elle qui a abreuvé toutes les nations du vin de la colère." Un autre Ange, un troisième, les suivit, criant d'une voix puissante: "Quiconque adore la Bête et son image, et se fait marquer sur le front ou sur la main, lui aussi boira le vin de la fureur de Dieu, qui se trouve préparé, pur, dans la coupe de sa colère. Il subira le supplice du feu et du soufre, devant les saints Anges et devant l'Agneau. Et la fumée de leur supplice s'élève pour les siècles des siècles; non, point de repos, ni le jour ni la nuit, pour ceux qui adorent la Bête et son image, pour qui reçoit la marque de son nom." Voilà qui fonde la constance des saints, ceux qui gardent les commandements de Dieu et la foi en Jésus. Puis j'entendis une voix me dire, du ciel: "Ecris: Heureux les morts qui meurent dans le Seigneur; dès maintenant - oui, dit l'Esprit - qu'ils se reposent de leurs fatigues, car leurs oeuvres les accompagnent." Et voici qu'apparut à mes yeux une nuée blanche et sur la nuée était assis comme un Fils d'homme, ayant sur la tête une couronne d'or et dans la main une faucille aiguisée. Puis un autre Ange sortit du temple et cria d'une voix puissante à celui qui était assis sur la nuée: "Jette ta faucille et moissonne, car c'est l'heure de moissonner, la moisson de la terre est mûre." Alors celui qui était assis sur la nuée jeta sa faucille sur la terre, et la terre fut moissonnée. Puis un autre Ange sortit du temple, au ciel, tenant également une faucille aiguisée. Et un autre Ange sortit de l'autel - l'Ange préposé au feu - et cria d'une voix puissante à celui qui tenait la faucille: "Jette ta faucille aiguisée, vendange les grappes dans la vigne de la terre, car ses raisins sont mûrs." L'Ange alors jeta sa faucille sur la terre, il en vendangea la vigne et versa le tout dans la cuve de la colère de Dieu, cuve immense! Puis on la foula hors de la ville, et il en coula du sang qui monta jusqu'au mors des chevaux sur une étendue de mille stades. Puis je vis dans le ciel encore un signe, grand et merveilleux: sept Anges, portant sept fléaux, les derniers puisqu'ils doivent consommer la colère de Dieu. Et je vis comme une mer de cristal mêlée de feu, et ceux qui ont triomphé de la Bête, de son image et du chiffre de son nom, debout près de cette mer de cristal. S'accompagnant sur les harpes de Dieu, ils chantent le cantique de Moïse, le serviteur de Dieu, et le cantique de l'Agneau: "Grandes et merveilleuses sont tes oeuvres, Seigneur, Dieu Maître-de-tout; justes et droites sont tes voies, ô Roi des nations. Qui ne craindrait, Seigneur, et ne glorifierait ton nom? Car seul tu es saint; et tous les païens viendront se prosterner devant toi, parce que tu as fait éclater tes vengeances." Après quoi, ma vision se poursuivit. Au ciel s'ouvrit le temple, la Tente du Témoignage, d'où sortirent les sept Anges aux sept fléaux, vêtus de robes de lin pur, éblouissantes, serrées à la taille par des ceintures en or. Puis, l'un des quatre Vivants remit aux sept Anges sept coupes en or remplies de la colère du Dieu qui vit pour les siècles des siècles. Et le temple se remplit d'une fumée produite par la gloire de Dieu et par sa puissance, en sorte que nul ne put y pénétrer jusqu'à la consommation des sept fléaux des sept Anges. Et j'entendis une voix qui, du temple, criait aux sept Anges: "Allez, répandez sur la terre les sept coupes de la colère de Dieu." Et le premier s'en alla répandre sa coupe sur la terre; alors, ce fut un ulcère mauvais et pernicieux sur les gens qui portaient la marque de la Bête et se prosternaient devant son image. Et le deuxième répandit sa coupe dans la mer; alors, ce fut du sang - on aurait dit un meurtre! - et tout être vivant mourut dans la mer. Et le troisième répandit sa coupe dans les fleuves et les sources; alors, ce fut du sang. Et j'entendis l'Ange des eaux qui disait: "Tu es juste, Il est et Il était, le Saint, d'avoir ainsi châtié; c'est le sang des saints et des prophètes qu'ils ont versé, c'est donc du sang que tu leur as fait boire, ils le méritent!" Et j'entendis l'autel dire: "Oui, Seigneur, Dieu Maître-de-tout, tes châtiments sont vrais et justes." Et le quatrième répandit sa coupe sur le soleil; alors, il lui fut donné de brûler les hommes par le feu, et les hommes furent brûlés par une chaleur torride. Mais, loin de se repentir en rendant gloire à Dieu, ils blasphémèrent le nom du Dieu qui détenait en son pouvoir de tels fléaux. Et le cinquième répandit sa coupe sur le trône de la Bête, alors, son royaume devint ténèbres, et l'on se mordait la langue de douleur. Mais, loin de se repentir de leurs agissements, les hommes blasphémèrent le Dieu du ciel sous le coup des douleurs et des plaies. Et le sixième répandit sa coupe sur le grand fleuve Euphrate; alors, ses eaux tarirent, livrant passage aux rois de l'Orient. Puis, de la gueule du Dragon, et de la gueule de la Bête, et de la gueule du faux prophète, je vis surgir trois esprits impurs, comme des grenouilles -- et de fait, ce sont des esprits démoniaques, des faiseurs de prodiges, qui s'en vont rassembler les rois du monde entier pour la guerre, pour le grand Jour du Dieu Maître-de-tout. (Voici que je viens comme un voleur: heureux celui qui veille et garde ses vêtements pour ne pas aller nu et laisser voir sa honte.) Ils les rassemblèrent au lieu dit, en hébreu, Harmagedôn. Et le septième répandit sa coupe dans l'air; alors, partant du temple, une voix clama: "C'en est fait!" Et ce furent des éclairs et des voix et des tonnerres, avec un violent tremblement de terre; non, depuis qu'il y a des hommes sur la terre, jamais on n'avait vu pareil tremblement de terre, aussi violent! La Grande Cité se scinda en trois parties, et les cités des nations croulèrent; et Babylone la Grande, Dieu s'en souvint pour lui donner la coupe où bouillonne le vin de sa colère. Alors, toute île prit la fuite, et les montagnes disparurent. Et des grêlons énormes - près de 80 livres! - s'abattirent du ciel sur les hommes. Et les hommes blasphémèrent Dieu, à cause de cette grêle désastreuse; oui, elle est bien cause d'un effrayant désastre. Alors l'un des sept Anges aux sept coupes s'en vint me dire: "Viens, que je te montre le jugement de la Prostituée fameuse, assise au bord des grandes eaux; c'est avec elle qu'ont forniqué les rois de la terre, et les habitants de la terre se sont saoulés du vin de sa prostitution." Il me transporta au désert, en esprit. Et je vis une femme, assise sur une Bête écarlate couverte de titres blasphématoires et portant sept têtes et dix cornes. La femme, vêtue de pourpre et d'écarlate, étincelait d'or, de pierres précieuses et de perles; elle tenait à la main une coupe en or, remplie d'abominations et des souillures de sa prostitution. Sur son front, un nom était inscrit - un mystère! - "Babylone la Grande, la mère des prostituées et des abominations de la terre. Et sous mes yeux, la femme se saoulait du sang des saints et du sang des martyrs de Jésus. A sa vue, je fus bien stupéfait; mais l'Ange me dit: "Pourquoi t'étonner? Je vais te dire, moi, le mystère de la femme et de la Bête qui la porte, aux sept têtes et aux dix cornes. "Cette Bête-là, elle était et elle n'est plus; elle va remonter de l'Abîme, mais pour s'en aller à sa perte; et les habitants de la terre, dont le nom ne fut pas inscrit dès l'origine du monde dans le livre de vie, s'émerveilleront au spectacle de la Bête, de ce qu'elle était, n'est plus, et reparaîtra. C'est ici qu'il faut un esprit doué de finesse! Les sept têtes, ce sont sept collines sur lesquelles la femme est assise. "Ce sont aussi sept rois, dont cinq ont passé, l'un vit, et le dernier n'est pas encore venu; une fois là, il faut qu'il demeure un peu. Quant à la Bête qui était et n'est plus, elle-même fait le huitième, l'un des sept cependant; il s'en va à sa perte. Et ces dix cornes-là, ce sont dix rois; ils n'ont pas encore reçu de royauté, ils recevront un pouvoir royal, pour une heure seulement, avec la Bête. Ils sont tous d'accord pour remettre à la Bête leur puissance et leur pouvoir. Ils mèneront campagne contre l'Agneau, et l'Agneau les vaincra, car il est Seigneur des seigneurs et Roi des rois, avec les siens: les appelés, les choisis, les fidèles. "Et ces eaux-là, poursuivit l'Ange, où la Prostituée est assise, ce sont des peuples, des foules, des nations et des langues. Mais ces dix cornes-là et la Bête, ils vont prendre en haine la Prostituée, ils la dépouilleront de ses vêtements, toute nue, ils en mangeront la chair, ils la consumeront par le feu; car Dieu leur a inspiré la résolution de réaliser son propre dessein, de se mettre d'accord pour remettre leur pouvoir royal à la Bête, jusqu'à l'accomplissement des paroles de Dieu. Et cette femme-là, c'est la Grande Cité, celle qui règne sur les rois de la terre." Après quoi, je vis descendre du ciel un autre Ange, ayant un grand pouvoir, et la terre fut illuminée de sa splendeur. Il s'écria d'une voix puissante: "Elle est tombée, elle est tombée, Babylone la Grande; elle s'est changée en demeure de démons, en repaire pour toutes sortes d'esprits impurs, en repaire pour toutes sortes d'oiseaux impurs et dégoûtants. Car au vin de ses prostitutions se sont abreuvées toutes les nations, et les rois de la terre ont forniqué avec elle, et les trafiquants de la terre se sont enrichis de son luxe effréné." Puis j'entendis une autre voix qui disait, du ciel: "Sortez, ô mon peuple, quittez-la, de peur que, solidaires de ses fautes, vous n'ayez à pâtir de ses plaies! Car ses péchés se sont amoncelés jusqu'au ciel, et Dieu s'est souvenu de ses iniquités. Payez-la de sa propre monnaie! Rendez-lui au double de ses forfaits! Dans la coupe de ses mixtures, mélangez une double dose! A la mesure de son faste et de son luxe, donnez-lui tourments et malheurs! Je trône en reine, se dit-elle, et je ne suis pas veuve, et jamais je ne verrai le deuil... Voilà pourquoi, en un seul jour, des plaies vont fondre sur elle: peste, deuil et famine; elle sera consumée par le feu. Car il est puissant le Seigneur Dieu qui l'a condamnée." Ils pleureront, ils se lamenteront sur elle, les rois de la terre, les compagnons de sa vie lascive et fastueuse, quand ils verront la fumée de ses flammes, retenus à distance par peur de son supplice: "Hélas, hélas! Immense cité, ô Babylone, cité puissante, car une heure a suffi pour que tu sois jugée!" Ils pleurent et se désolent sur elle, les trafiquants de la terre; les cargaisons de leurs navires, nul désormais ne les achète! Cargaisons d'or et d'argent, de pierres précieuses et de perles, de lin et de pourpre, de soie et d'écarlate; et les bois de thuya, et les objets d'ivoire, et les objets de bois précieux, de bronze, de fer ou de marbre; le cinnamome, l'amome et les parfums, la myrrhe et l'encens, le vin et l'huile, la farine et le blé, les bestiaux et les moutons, les chevaux et les chars, les esclaves et la marchandise humaine... Et les fruits mûrs, que convoitait ton âme, s'en sont allés, loin de toi; et tout le luxe et la splendeur, c'est à jamais fini pour toi, sans retour! Les trafiquants qu'elle enrichit de ce commerce se tiendront à distance, par peur de son supplice, pleurant et gémissant: "Hélas, hélas! Immense cité, vêtue de lin, de pourpre et d'écarlate, parée d'or, de pierres précieuses et de perles, car une heure a suffi pour ruiner tout ce luxe!" Capitaines et gens qui font le cabotage, matelots et tous ceux qui vivent de la mer, se tinrent à distance et criaient, regardant la fumée de ses flammes: "Qui donc était semblable à l'immense cité?" Et jetant la poussière sur leur tête, ils s'écriaient, pleurant et gémissant: "Hélas, hélas! Immense cité, dont la vie luxueuse enrichissait tous les patrons des navires de mer, car une heure a suffi pour consommer sa ruine!" O ciel, sois dans l'allégresse sur elle, et vous, saints, apôtres et prophètes, car Dieu, en la condamnant, a jugé votre cause. Un Ange puissant prit alors une pierre, comme une grosse meule, et la jeta dans la mer en disant: "Ainsi, d'un coup, on jettera Babylone, la grande cité, on ne la verra jamais plus..." Le chant des harpistes et des trouvères et des joueurs de flûte ou de trompette chez toi ne s'entendra jamais plus; les artisans de tout métier chez toi ne se verront jamais plus; et la voix de la meule chez toi ne s'entendra jamais plus; la lumière de la lampe chez toi ne brillera jamais plus; la voix du jeune époux et de l'épousée chez toi ne s'entendra jamais plus. Car tes marchands étaient les princes de la terre, et tes sortilèges ont fourvoyé tous les peuples; et c'est en elle que l'on a vu le sang des prophètes et des saints, et de tous ceux qui furent égorgés sur la terre. Après quoi j'entendis comme un grand bruit de foule immense au ciel, qui clamait: "Alleluia! Salut et gloire et puissance à notre Dieu, car ses jugements sont vrais et justes: il a jugé la Prostituée fameuse qui corrompait la terre par sa prostitution, et vengé sur elle le sang de ses serviteurs." Puis ils reprirent: "Alleluia! Oui, sa fumée s'élève pour les siècles des siècles!" Alors, les 24 Vieillards et les quatre Vivants se prosternèrent pour adorer Dieu, qui siège sur le trône, en disant: "Amen, alleluia!..." Puis une voix partit du trône: "Louez notre Dieu, vous tous qui le servez, et vous qui le craignez, les petits et les grands." Alors j'entendis comme le bruit d'une foule immense, comme le mugissement des grandes eaux, comme le grondement de violents tonnerres; on clamait: "Alleluia! Car il a pris possession de son règne, le Seigneur, le Dieu Maître-de-tout. Soyons dans l'allégresse et dans la joie, rendons gloire à Dieu, car voici les noces de l'Agneau, et son épouse s'est faite belle: on lui a donné de se vêtir de lin d'une blancheur éclatante" - le lin, c'est en effet les bonnes actions des saints. Puis il me dit: "Ecris: Heureux les gens invités au festin de noce de l'Agneau. Ces paroles de Dieu, ajouta-t-il, sont vraies." Alors je me prosternai à ses pieds pour l'adorer, mais lui me dit: "Non, attention, je suis un serviteur comme toi et comme tes frères qui possèdent le témoignage de Jésus. C'est Dieu que tu dois adorer." Le témoignage de Jésus, c'est l'esprit de prophétie. Alors je vis le ciel ouvert, et voici un cheval blanc; celui qui le monte s'appelle "Fidèle" et "Vrai", il juge et fait la guerre avec justice. Ses yeux? Une flamme ardente; sur sa tête, plusieurs diadèmes; inscrit sur lui, un nom qu'il est seul à connaître; le manteau qui l'enveloppe est trempé de sang; et son nom? Le Verbe de Dieu. Les armées du ciel le suivaient sur des chevaux blancs, vêtues de lin d'une blancheur parfaite. De sa bouche sort une épée acérée pour en frapper les païens; c'est lui qui les mènera avec un sceptre de fer; c'est lui qui foule dans la cuve le vin de l'ardente colère de Dieu, le Maître-de-tout. Un nom est inscrit sur son manteau et sur sa cuisse: Roi des rois et Seigneur des seigneurs. Puis je vis un Ange, debout sur le soleil, crier d'une voix puissante à tous les oiseaux qui volent au zénith: "Venez, ralliez le grand festin de Dieu! Vous y avalerez chairs de rois, et chairs de grands capitaines, et chairs de héros, et chairs de chevaux avec leurs cavaliers, et chairs de toutes gens, libres et esclaves, petits et grands!" Je vis alors la Bête, avec les rois de la terre et leurs armées rassemblés pour engager le combat contre le Cavalier et son armée. Mais la Bête fut capturée, avec le faux prophète - celui qui accomplit au service de la Bête des prodiges par lesquels il fourvoyait les gens ayant reçu la marque de la Bête et les adorateurs de son image, - on les jeta tous deux, vivants, dans l'étang de feu, de soufre embrasé. Tout le reste fut exterminé par l'épée du Cavalier, qui sort de sa bouche, et tous les oiseaux se repurent de leurs chairs. Puis je vis un Ange descendre du ciel, ayant en main la clef de l'Abîme, ainsi qu'une énorme chaîne. Il maîtrisa le Dragon, l'antique Serpent, - c'est le Diable, Satan, - et l'enchaîna pour mille années. Il le jeta dans l'Abîme, tira sur lui les verrous, apposa des scellés, afin qu'il cessât de fourvoyer les nations jusqu'à l'achèvement des mille années. Après quoi, il doit être relâché pour un peu de temps. Puis je vis des trônes sur lesquels ils s'assirent, et on leur remit le jugement; et aussi les âmes de ceux qui furent décapités pour le témoignage de Jésus et la Parole de Dieu, et tous ceux qui refusèrent d'adorer la Bête et son image, de se faire marquer sur le front ou sur la main; ils reprirent vie et régnèrent avec le Christ mille années. Les autres morts ne purent reprendre vie avant l'achèvement des mille années. C'est la première résurrection. Heureux et saint celui qui participe à la première résurrection! La seconde mort n'a pas pouvoir sur eux, mais ils seront prêtres de Dieu et du Christ avec qui ils régneront mille années. Les mille ans écoulés, Satan, relâché de sa prison, s'en ira séduire les nations des quatre coins de la terre, Gog et Magog, et les rassembler pour la guerre, aussi nombreux que le sable de la mer; ils montèrent sur toute l'étendue du pays, puis ils investirent le camp des saints, la Cité bien-aimée. Mais un feu descendit du ciel et les dévora. Alors, le diable, leur séducteur, fut jeté dans l'étang de feu et de soufre, y rejoignant la Bête et le faux prophète, et leur supplice durera jour et nuit, pour les siècles des siècles. Puis je vis un trône blanc, très grand, et Celui qui siège dessus. Le ciel et la terre s'enfuirent de devant sa face sans laisser de traces. Et je vis les morts, grands et petits, debout devant le trône; on ouvrit des livres, puis un autre livre, celui de la vie; alors, les morts furent jugés d'après le contenu des livres, chacun selon ses oeuvres. Et la mer rendit les morts qu'elle gardait, la Mort et l'Hadès rendirent les morts qu'ils gardaient, et chacun fut jugé selon ses oeuvres. Alors la Mort et l'Hadès furent jetés dans l'étang de feu - c'est la seconde mort cet étang de feu -- et celui qui ne se trouva pas inscrit dans le livre de vie, on le jeta dans l'étang de feu. Puis je vis un ciel nouveau, une terre nouvelle - car le premier ciel et la première terre ont disparu, et de mer, il n'y en a plus. Et je vis la Cité sainte, Jérusalem nouvelle, qui descendait du ciel, de chez Dieu; elle s'est faite belle, comme une jeune mariée parée pour son époux. J'entendis alors une voix clamer, du trône: "Voici la demeure de Dieu avec les hommes. Il aura sa demeure avec eux; ils seront son peuple, et lui, Dieu-avec-eux, sera leur Dieu. Il essuiera toute larme de leurs yeux: de mort, il n'y en aura plus; de pleur, de cri et de peine, il n'y en aura plus, car l'ancien monde s'en est allé." Alors, Celui qui siège sur le trône déclara: "Voici, je fais l'univers nouveau." Puis il ajouta: "Ecris: Ces paroles sont certaines et vraies." "C'en est fait, me dit-il encore, je suis l'Alpha et l'Oméga, le Principe et la Fin; celui qui a soif, moi, je lui donnerai de la source de vie, gratuitement. Telle sera la part du vainqueur; et je serai son Dieu, et lui sera mon fils. Mais les lâches, les renégats, les dépravés, les assassins, les impurs, les sorciers, les idolâtres, bref, tous les hommes de mensonge, leur lot se trouve dans l'étang brûlant de feu et de soufre: c'est la seconde mort." Alors, l'un des sept Anges aux sept coupes remplies des sept derniers fléaux s'en vint me dire: "Viens, que je te montre la Fiancée, l'Epouse de l'Agneau." Il me transporta donc en esprit sur une montagne de grande hauteur, et me montra la Cité sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel, de chez Dieu, avec en elle la gloire de Dieu. Elle resplendit telle une pierre très précieuse, comme une pierre de jaspe cristallin. Elle est munie d'un rempart de grande hauteur pourvu de douze portes près desquelles y a douze Anges et des noms inscrits, ceux des douze tribus des fils d'Israël; à l'orient, trois portes; au nord, trois portes; au midi, trois portes; à l'occident, trois portes. Le rempart de la ville repose sur douze assises portant chacune le nom de l'un des douze apôtres de l'Agneau. Celui qui me parlait tenait une mesure, un roseau d'or, pour mesurer la ville, ses portes et son rempart; cette ville dessine un carré: sa longueur égale sa largeur. Il la mesura donc à l'aide du roseau, soit 12.000 stades; longueur, largeur et hauteur y sont égales. Puis il en mesura le rempart, soit 144 coudées. - L'Ange mesurait d'après une mesure humaine. -- Ce rempart est construit en jaspe, et la ville est de l'or pur, comme du cristal bien pur. Les assises de son rempart sont rehaussées de pierreries de toute sorte: la première assise est de jaspe, la deuxième de saphir, la troisième de calcédoine, la quatrième d'émeraude, la cinquième de sardoine, la sixième de cornaline, la septième de chrysolithe, la huitième de béryl, la neuvième de topaze, la dixième de chrysoprase, la onzième d'hyacinthe, la douzième d'améthyste. Et les douze portes sont douze perles, chaque porte formée d'une seule perle; et la place de la ville est de l'or pur, transparent comme du cristal. De temple, je n'en vis point en elle; c'est que le Seigneur, le Dieu Maître-de-tout, est son temple, ainsi que l'Agneau. La ville peut se passer de l'éclat du soleil et de celui de la lune, car la gloire de Dieu l'a illuminée, et l'Agneau lui tient lieu de flambeau. Les nations marcheront à sa lumière, et les rois de la terre viendront lui porter leurs trésors. Ses portes resteront ouvertes le jour - car il n'y aura pas de nuit -- et l'on viendra lui porter les trésors et le faste des nations. Rien de souillé n'y pourra pénétrer, ni ceux qui commettent l'abomination et le mal, mais seulement ceux qui sont inscrits dans le livre de vie de l'Agneau. Puis l'Ange me montra le fleuve de Vie, limpide comme du cristal, qui jaillissait du trône de Dieu et de l'Agneau. Au milieu de la place, de part et d'autre du fleuve, il y a des arbres de Vie qui fructifient douze fois, une fois chaque mois; et leurs feuilles peuvent guérir les païens. De malédiction, il n'y en aura plus; le trône de Dieu et de l'Agneau sera dressé dans la ville, et les serviteurs de Dieu l'adoreront; ils verront sa face, et son nom sera sur leurs fronts. De nuit, il n'y en aura plus; ils se passeront de lampe ou de soleil pour s'éclairer, car le Seigneur Dieu répandra sur eux sa lumière, et ils régneront pour les siècles des siècles. Puis il me dit: "Ces paroles sont certaines et vraies; le Seigneur Dieu, qui inspire les prophètes, a envoyé son Ange pour montrer à ses serviteurs ce qui doit arriver bientôt. Voici que mon retour est proche! Heureux celui qui garde les paroles prophétiques de ce livre." C'est moi, Jean, qui voyais et entendais tout cela; une fois les paroles et les visions achevées, je tombai aux pieds de l'Ange qui m'avait tout montré, pour l'adorer. Mais lui me dit: "Non, attention, je suis un serviteur comme toi et tes frères les prophètes et ceux qui gardent les paroles de ce livre; c'est Dieu qu'il faut adorer." Il me dit encore: "Ne tiens pas secrètes les paroles prophétiques de ce livre, car le Temps est proche. Que le pécheur pèche encore, et que l'homme souillé se souille encore; que l'homme de bien vive encore dans le bien, et que le saint se sanctifie encore. Voici que mon retour est proche, et j'apporte avec moi le salaire que je vais payer à chacun, en proportion de son travail. Je suis l'Alpha et l'Oméga, le Premier et le Dernier, le Principe et la Fin. Heureux ceux qui lavent leurs robes; ils pourront disposer de l'arbre de Vie, et pénétrer dans la Cité, par les portes. Dehors les chiens, les sorciers, les impurs, les assassins, les idolâtres et tous ceux qui se plaisent à faire le mal!" Moi, Jésus, j'ai envoyé mon Ange publier chez vous ces révélations concernant les Eglises. Je suis le rejeton de la race de David, l'Etoile radieuse du matin. L'Esprit et l'Epouse disent: "Viens!" Que celui qui entend dise: "Viens!" Et que l'homme assoiffé s'approche, que l'homme de désir reçoive l'eau de la vie, gratuitement. Je déclare, moi, à quiconque écoute les paroles prophétiques de ce livre: "Qui oserait y faire des surcharges, Dieu le chargera de tous les fléaux décrits dans ce livre! Et qui oserait retrancher aux paroles de ce livre prophétique, Dieu retranchera son lot de l'arbre de Vie et de la Cité sainte, décrits dans ce livre!" Le garant de ces révélations l'affirme: "Oui, mon retour est proche!" Amen, viens, Seigneur Jésus! Que la grâce du Seigneur Jésus soit avec tous! Amen.