Pour Emmanuel Macron, un été de crises diplomatiques De la visite au Liban aux réactions au putsch malien, l’Elysée a multiplié les interventions sur le plan international depuis début juillet. Par Piotr Smolar Publié aujourd’hui à 10h36, mis à jour à 17h48 Temps de Lecture 5 min. Partage Article réservé aux abonnés Angela Merkel, Emmanuel Macron et Brigitte Macron, au fort de Brégançon (Var), le 20 août 2020. Christophe Simon / AP La politique étrangère n’a jamais fait gagner une élection présidentielle. En revanche, elle assoit la stature d’un dirigeant en exercice. Elle confirme un style, à défaut d’une doctrine, mot guère prisé dans la diplomatie du XXIe siècle. De ce point de vue, l’été 2020 d’Emmanuel Macron aura été marqué par une succession de crises. Aucune ne pouvait être négligée. La dernière en date est le coup d’Etat militaire au Mali, qui a accaparé le chef de l’Etat toute la journée du mardi 18 août, dans une succession d’entretiens téléphoniques. Rien ne vaut un contact direct entre dirigeants, surtout dans les cas graves. Outre les tourments d’un pays africain très proche de la France, cet événement – qu’il a fermement dénoncé – a mis en question la continuité de la stratégie antiterroriste dans le Sahel. Soit un pilier de l’action internationale d’Emmanuel Macron. Certaines de ces crises estivales se nouaient de longue date. D’autres ont surgi de façon dramatique dans l’actualité, telle l’attaque contre un convoi de travailleurs humanitaires au Niger, le 9 août, causant la mort de six Français. Dans la foulée, Emmanuel Macron organisait un conseil de défense par visioconférence, au fort de Brégançon (Var). « On a pris l’habitude de fonctionner à distance avec le Covid », souligne un conseiller du président. Unité légère, exécution immédiate : tel est le mode d’action privilégié par le chef de l’Etat. Mais la première grande étape estivale a réclamé des trésors de patience. Emmanuel Macron s’est plongé dans les négociations entre Etats membres, pour arracher avec Angela Merkel un plan de sauvetage de 750 milliards d’euros, à l’aube du 21 juillet. Ce fruit d’un « travail de trois ans » avec l’Allemagne, marqué par une évolution majeure de Berlin sur l’endettement européen, a permis au bout de quatre-vingt-dix heures d’âpres échanges de surmonter les réticences, tactiques et idéologiques, des pays dits « frugaux ». Raffermir le lien avec le Liban Le 4 août, l’explosion dans le port de Beyrouth a poussé le Liban en tête de ses priorités. Dans la sidération et la colère populaire régnant sur place, le chef de l’Etat a vu une triple possibilité : raffermir le lien affectif de la France avec ce pays, mettre la pression sur les dirigeants locaux et, enfin, réaliser un coup spectaculaire dans la région. Cela compte en politique, lorsqu’on a accumulé les déconvenues en Libye, qu’on ne pèse pas en Syrie et que les Etats-Unis menacent de déstabiliser la lutte contre le djihadisme en Irak, en se retirant militairement. Ces jours-ci, le Moyen-Orient n’est pas une zone favorable pour l’influence française. D’où, d’ailleurs, l’importance de la relation privilégiée entretenue avec les Emirats arabes unis.