2010-02-26

initial OSIS 2.1.1 version

Bible de Genève de 1669 TextToZefania 1.0 ZefToOsis 1.0.0 2009-06-01 Nouveau Testament traduit par Pierre Robert Olivétain en 1535, a été revue et corrigée par les Pasteurs de Genève pour l?édition de 1669. \par http://bibliorama.fr/bible_1669/bible_1669.htm Bible BGNT1669 bible_geneve_nouveau_testament_1669.txt fr provide the bible to the nations of the world public domain Bible
Livre de la generation de Jesus Christ, fils de David, fils d'Abraham. Abraham engendra Isaac. Et Isaac engendra Jacob. Et Jacob engendra Juda et ses freres. Et Juda engendra Pharez et Zara de Thamar. Et Pharez engendra Esrom. Et Esrom engendra Aram. Et Aram engendra Aminadab. Et Aminadab engendra Naasson. Et Naasson engendra Salmon. Salmon engendra Boos de Rachab. Et Boos engendra Obed de Ruth. Et Obed engendra Jessé. Et Jessé engendra le Roi David. Et le Roi David engendra Salomon, de celle [qui avoit esté femme] d'Urie. Et Salomon engendra Roboam. Et Roboam engendra Abia. Et Abia engendra Asa. Et Asa engendra Josaphat. Et Josaphat engendra Joram. Et Joram engendra Hozias. Et Hozias engendra Joatham. Et Joatham engendra Achaz. Et Achaz engendra Ezechias. Et Ezechias engendra Manassé. Et Manassé engendra Amon. Et Amon engendra Josias Et Josias engendra Jakim. Et Jakim engendra Jechonias et ses freres, sur le temps qu'ils furent transportez en Babylone. Et apres qu'ils eurent este transportez en Babylone, Jechonias engendra Salathiël. Et Salathiël engendra Zorobabel. Et Zorobabel engendra Abiud. Et Abiud engendra Eliakim. Et Eliakim engendra Azor. Et Azor engendra Sadoc. Et Sadoc engendra Achim. Et Achim engendra Eliud. Et Eliud engendra Eleazar. Et Eleazar engendra Matthan. Et Matthan engendra Jacob. Et Jacob engendra Joseph, le mari de Marie, de laquelle est né Jesus, qui est dit Christ. Toutes les generations donc depuis Abraham jusques à David, sont quatorze generations. Et depuis David jusques au temps qu'ils furent transportez en Babylone, quatorze generations. Et depuis qu'ils eurent esté transportez en Babylone, jusques à Christ, quatorze generations. Or la naissance de Jesus Christ advint ainsi: Marie sa mere estant fiancée à Joseph, devant qu'ils fussent ensemble, elle se trouva enceinte du S. Esprit. Alors Joseph son mari, d'autant qu'il estoit juste, et qu'il ne la vouloit point diffamer, la voulut laisser secrettement. Mais comme il pensoit à ces choses, voici, l'Ange du Seigneur lui apparut en songe, disant, Joseph fils de David, ne crain point de recevoir Marie ta femme: car ce qui est engendré en elle, est du S. Esprit. Et elle enfantera un fils, et tu appellera son nom JESUS: car il sauvera son peuple de leurs pechez. Or tout ceci est advenu, afin que fust accompli ce dont le Seigneur avoit parlé par le Prophete, disant, Voici, la vierge sera enceinte, et enfantera un fils, et on appellera son nom Emmanuel, qui vaut autant à dire que DIEU-AVEC-NOUS. Joseph donc estant esveillé de son dormir, fit ainsi que l'Ange du Seigneur lui avoit commandé, et receut sa femme. Et ne la connut point jusques à ce qu'elle eust enfanté son premier né, et appella son nom Jesus. Or Jesus estant né en Beth-lehem [ville] de Judée, au temps du Roi Herode, voici des Sages d'Orient, arriver en Jerusalem, Disans, Où est le Roi des Juifs qui est né? car nous avons veu son estoile en Orient, et sommes venus l'adorer. Or le Roi Herode ayant entendu [cela], fut troublé, et toute Jerusalem avec lui. Et ayant assemblé tous les principaux Sacrificateurs et les Scribes du peuple, il s'informa d'eux, où le Christ devoit naistre. Et ils lui dirent, En Beth-lehem [ville] de Judée: car il est ainsi écrit par le Prophete, Et toi Beth-lehem terre de Juda, tu n'es nullement la plus petite entre les gouverneurs de Juda, car de toi sortira le conducteur qui paistra mon peuple Israël. Alors Herode ayant appellé en secret les Sages, s'enquit d'eux soigneusement du temps que l'estoile leur estoit apparuë. Et les envoyant en Beth-lehem, il leur dit, Allez, et vous enquerez soigneusement touchant le petit enfant: et quand vous l'aurez trouvé, faites le moi sçavoir, afin que j'y aille aussi, et que je l'adore. Eux donc ayant ouï le Roi, s'en allerent: et voici, l'estoile qu'ils avoyent veuë en Orient, alloit devant eux, jusques à ce qu'elle vint, et s'arresta sur le lieu où estoit le petit enfant. Et quand ils virent l'estoille, ils s'éjouïrent d'une fort grande joye. Et estans venus en la maison, ils trouverent le petit enfant avec Marie sa mere, lequel ils adorerent, en se prosternant en terre, et apres avoir desployé leurs tresors, ils lui presenterent des dons, [assavoir], de l'or, de l'encens, et de la myrrhe. Et estans divinement advertis en songe, de ne pas retourner vers Herode, ils se retirerent en leur païs par un autre chemin. Or apres qu'ils se furent retirez, voici, l'Ange du Seigneur apparut en songe à Joseph, disant, Leve toi, et pren le petit enfant et sa mere, et t'enfui en Egypte, et te tien là jusques à ce que je te le die: car Herode cherchera le petit enfant pour le mettre à mort. Joseph donc estant esveillé, prit de nuict le petit enfant et sa mere, et se retira en Egypte. Et se tint là jusques à la mort d'Herode: afin que fust accompli ce dont le Seigneur avoit parlé par le Prophete, disant, J'ai appellé mon fils hors d'Egypte. Alors Herode se voyant moqué des Sages, fut fort en colere, et ayant envoyé [ses gens], mit à mort tous les enfans qui estoyent en Beth-lehem et en tout son territoire, depuis ceux de deux ans et au dessous, selon le temps dont il s'estoit exactement enquis des Sages. Alors fut accompli ce dont avoit parlé Jeremie le Prophete, disant, On a ouï en Rama une voix, une lamentation, un pleur, et un grand gemissement, Rachel pleurant ses enfans, et n'a point voulu estre consolée, de ce qu'ils ne sont [plus]. Or Herode estant mort, voici, l'Ange du Seigneur apparut en songe à Joseph en Egypte, Disant, Leve toi, et pren le petit enfant et sa mere, et t'en va au païs d'Israël: car ceux qui cherchoyent l'ame du petit enfant sont morts. Joseph donc estant esveillé, prit le petit enfant et sa mere, et s'en vint au païs d'Israël. Mais quand il entendit qu'Archelaus regnoit en Judée au lieu d'Herode son pere, il craignit de s'en aller là. Et estant divinement adverti en songe, il se retira és quartiers de Galilée. Et y estant venu, il habita en la ville appellée Nazareth: afin que ce qui avoit esté dit par les Prophetes, fust accompli, [assavoir], Il sera appellé Nazarien. Or en ce temps-là Jean Baptiste vint, preschant au desert de Judée: Et disant, Amendez-vous: car le Royaume des cieux est approché. Car c'est celui-ci duquel il a esté parlé par Esaïe le Prophete, disant, La voix de celui qui crie au desert, [est], Preparez le chemin du Seigneur, dressez ses sentiers. Or ce Jean avoit son vestement de poils de chameau, et une ceinture de cuir à l'entour de ses reins: et son manger estoit des sauterelles et du miel sauvage. Alors sortoyent pour venir vers lui ceux de Jerusalem, et de toute la Judée, et du païs des environs du Jordain. Et estoyent baptisez par lui au Jordain, confessans leurs pechez. Lui donc voyant plusieurs des Pharisiens et des Sadduciens venir à son baptesme, leur dit, Engeances de viperes qui vous a avisez de fuïr l'ire à venir? Faites donc des fruits convenables à repentance. Et ne presumez point de dire en vous-mesmes, Nous avons Abraham pour pere: car je vous dis que mesmes de ces pierres, Dieu peut susciter des enfans à Abraham. Or la coignée est déja mise à la racine des arbres: tout arbre donc qui ne fait point de bon fruit s'en va estre coupé et jetté au feu. Quant à moy je vous baptise d'eau en repentance: mais celui qui vient apres moi, est plus fort que moi, duquel je ne suis pas digne de porter les souliers: Celui-là vous baptisera du S. Esprit, et de feu. Il a son van en sa main, et il nettoyera entierement son aire, et assemblera son froment au grenier: mais il bruslera la paille au feu qui ne s'esteint point. Alors Jesus vint de Galilée au Jordain vers Jean, pour estre baptisé par lui. Mais Jean l'en empeschoit fort, disant, J'ai besoin moi d'estre baptisé par toi, et tu viens vers moi. Et Jesus respondant lui dit, Laisse pour maintenant: car ainsi nous est-il convenable d'accomplir toute justice. Alors il le laissa. Et quand Jesus eut esté baptisé, il remonta incontinent de l'eau: et voici les cieux lui furent ouverts, et il vid l'Esprit de Dieu descendre comme une colombe, et venir sur lui. Et voici une voix du ciel, disant, Celui-ci [est] mon Fils bien-aimé, en qui j'ai pris mon bon plaisir. Alors Jesus fut emmené par l'Esprit au desert, pour estre tenté du diable. Et quand il eut jeusné quarante jours et quarante nuits, finalement il eut faim. Et le Tentateur s'approchant de lui, dit, Si tu es le Fils de Dieu, di que ces pierres deviennent pain. Mais il respondit, et dit, Il est écrit, L'homme ne vivra point de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. Alors le diable le transporta en la sainte ville, et le mit sur les creneaux du temple, Et lui dit, Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas: car il est écrit, Il donnera charge de toi à ses Anges, et ils te porteront en leurs mains, de peur que tu heurtes ton pied à quelque pierre. Jesus lui dit, Derechef il est écrit, Tu ne tenteras point le Seigneur ton Dieu. Derechef le diable le transporta sur une fort haute montagne, et lui montra tous les royaumes du monde, et leur gloire: Et lui dit, je te donnerai toutes ces choses, si en te prosternant en terre, tu m'adores. Alors Jesus lui dit, Va Satan: car il est écrit, Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et tu serviras à lui seul. Alors le diable le laissa, et voici, les Anges s'approcherent, et le servirent. Or Jesus ayant entendu que Jean avoit esté mis en prison, se retira en Galilée, Et ayant laissé Nazareth, il vint habiter en Capernaum ville maritime, és confins de Zabulon et de Nephthali: Afin que fust accompli ce dont il avoit esté parlé par Esaïe le Prophete, disant, Le païs de Zabulon et de Nephthali vers le chemin de la mer, au delà du Jordain, la Galilée des Gentils: Le peuple qui gisoit en tenebres, a veu une grande lumiere, et à ceux qui gisoyent en la region et en l'ombre de mort, la lumiere s'est levée. Dés lors Jesus commença à prescher, et à dire, Amendez-vous, car le Royaume des cieux est approché. Et comme Jesus cheminoit le long de la mer de Galilée, il vid deux freres, Simon [qui fut] dit Pierre, et André son frere, qui jettoyent leur filé en la mer: car ils estoyent pescheurs. Et il leur dit, Venez apres moi, et je vous ferai pescheurs d'hommes. Et eux incontinent laissans leur filez, le suivirent. Et de là estant allé plus outre, il vid deux autres freres, Jacques fils de Zebedée et Jean son frere en une nasselle, avec Zebedée leur pere, qui racoustroyent leurs filez, et il les appella. Et eux incontinent ayans laissé leur nasselle et leur pere, le suivirent. Et Jesus tournoyoit par toute la Galilée, enseignant en leurs Synagogues, et preschant l'Evangile du Royaume, et guerissant toute sorte de langueur entre le peuple. Et sa renommée courut par toute la Syrie: et on lui presentoit tous ceux qui se portoyent mal, qui estoyent detenus de diverses maladies et tourmens, et demoniaques, et lunatiques, et paralytiques: et il les guerissoit. Et de fort grandes troupes le suivirent de Galilée, et de Decapolis, et de Jerusalem, et de Judée, et d'outre le Jordain. Or Jesus voyant les troupes, monta sur une montagne: et comme il se fut assis, ses disciples s'approcherent de lui: Et ayant ouvert sa bouche, il les enseignoit, disant, Bien-heureux [sont] les pauvres en esprit: car le Royaume des Cieux est à eux. Bien-heureux [sont] ceux qui menent deüil: car il seront consolez. Bien-heureux [sont] les debonnaires: car ils heriteront la terre. Bien-heureux [sont] ceux qui ont faim et soif de justice: car ils seront rassasiez. Bien-heureux [sont] les misericordieux: car misericorde leur sera faite. Bien-heureux [sont] ceux qui sont nets de coeur: car ils verront Dieu. Bien-heureux [sont] ceux qui procurent la paix: car ils seront appellez enfans de Dieu. Bien-heureux [sont] ceux qui sont persecutez pour justice: car le royaume des cieux est à eux. Vous serez bien-heureux quand on vous aura injuriez et persecutez, et quand, à cause de moi, on aura dit contre vous, en mentant, quelque mauvaise parole que ce soit. Ejouïssez-vous, et vous esgayez: car vostre salaire est grand és cieux: car on a ainsi persecuté les Prophetes qui ont esté devant vous. Vous estes le sel de la terre: or si le sel perd sa saveur, de quoi le salera-t'on? il ne vaut plus rien, qu'à estre jetté dehors, et foulé des hommes. Vous estes la lumiere du monde. La ville assise sur une montagne ne peut estre cachée. Et on n'allume point la chandelle, pour la mettre sous un boisseau, mais sur un chandelier, et elle éclaire à tous ceux qui sont en la maison. Ainsi reluise vostre lumiere devant les hommes, afin qu'ils voyent vos bonnes oeuvres, et qu'ils glorifient vostre Pere qui [est] és cieux. Ne pensez point que je sois venu aneantir la Loi ou les Prophetes: je ne suis point venu les aneantir, mais les accomplir. Car en verité je vous dis, que jusques à ce que le Ciel et la terre soyent passez, un seul jota ou un seul poinct de la Loi ne passera point, que toutes choses ne soyent faites. Celui donc qui aura violé l'un de ces plus petits commandemens, et enseigné ainsi les hommes, sera tenu le plus petit au Royaume des cieux: mais celui qui les aura faits et enseignez, celui-là sera tenu grand au Royaume des cieux. Car je vous dis que si vostre justice ne surpasse celle des Scribes et des Pharisiens, vous n'entrerez point au Royaume des cieux. Vous avez entendu qu'il a esté dit aux anciens, Tu ne tueras point: et qui tuera, sera punissable par jugement. Mais moi, je vous dis, Que quiconque se courrouce contre son frere sans cause, sera punissable par jugement: et qui dira à son frere, Raca, sera punissable par conseil: et qui lui dira fol, sera punissable par la gehenne du feu. Si donc tu apportes ton offrande à l'autel, et que là il te souvienne que ton frere a quelque chose contre toi, Laisse là ton offrande devant l'autel, et t'en va: reconcilie toi premierement avec ton frere, et alors vien et offre ton offrande. Sois bien-tost d'accord avec ton adverse partie, tandis que tu es en chemin avec elle; de peur que ton adverse partie ne te livre au juge, et que le juge ne te livre au sergent, et que tu ne sois mis en prison. En verité je te dis que tu ne sortiras point de là, jusques à ce que tu ayes rendu le dernier quadrin. Vous avez entendu qu'il a esté dit aux anciens, Tu ne commettras point adultere. Mais moi, je vous dis, que quiconque regarde une femme pour la convoiter, il a déja commis adultere avec elle en son coeur. Que si ton oeil droit te fait chopper, arrache-le, et le jette arriere de toi: car il vaut mieux qu'un de tes membres perisse, que non pas que tout ton corps soit jetté en la gehenne. Et si ta main droite te fait chopper, coupe-la, et la jette arriere de toi: car il vaut mieux qu'un de tes membres perisse que non pas que tout ton corps soit jetté en la gehenne. Il a esté dit aussi, Si quelqu'un delaisse sa femme, qu'il lui baille la lettre de divorce. Mais moi, je vous dis, Que quiconque aura delaissé sa femme, si ce n'est pour cause de paillardise, il la fait devenir adultere: et quiconque se mariera à la femme delaissée, il commet adultere. Derechef vous avez entendu qu'il a esté dit aux anciens, Tu ne te parjureras point, mais tu rendras au Seigneur ce que tu auras promis par jurement. Mais moi, je vous dis, Ne jurez aucunement, ni par le ciel, car c'est le trône de Dieu: Ni par la terre, car c'est le marchepied de ses pieds: ni par Jerusalem, car c'est la ville du grand Roi. Tu ne jureras point non plus par ta teste: car tu ne peux faire un cheveu blanc ou noir. Mais vostre parole soit, Oui, oui: Non, non: et ce qui est par dessus, est du malin. Vous avez entendu qu'il a esté dit, OEil pour oeil, et dent pour dent. Mais moi, je vous dit, Ne resistez point au meschant: mais si quelqu'un te frappe en ta jouë droite, tourne lui aussi l'autre. Et si quelqu'un veut plaider contre toi, et t'oster ton saye, laisse-lui encore le manteau. Et si quelqu'un te veut contraindre d'aller avec lui une lieuë, vas en deux. Donne à celui qui te demande: et ne te destourne point de celui qui veut emprunter de toi. Vous avez entendu qu'il a esté dit, Tu aimeras ton prochain, et haïras ton ennemi. Mais moi, je vous dis, Aimez vos ennemis, benissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent: et priez pour ceux qui vous courent sus, et qui vous presecutent. Afin que vous soyez enfans de vostre pere qui [est] és cieux: car il fait lever son soleil sur les méchans et sur les bons, et envoye sa pluye sur les justes et sur les injustes. Car si vous aimez ceux qui vous aiment, quel salaire en aurez-vous? Les peagers mesmes ne font-ils pas le mesme? Et si vous faites accüeil seulement à vos freres, que faites vous plus [que les autres]? Les peagers mesmes ne font-ils pas aussi le semblable? Soyez donc parfaits, comme vostre pere qui [est] és cieux est parfait. Prenez garde que vous ne faciez vostre aumosne devant les hommes, pour estre regardez d'eux: autrement vous n'aurez point de salaire envers vostre Pere qui [est] és cieux. Quand donc tu feras [ton] aumosne, ne fai point sonner la trompette devant toi, ainsi que font les hypocrites és synagogues, et és ruës, afin qu'ils en soyent honorez des hommes: En verité je vous dis, qu'ils reçoivent leur salaire. Mais quand tu fais [ton] aumosne, que ta main gauche ne sçache point ce que fait ta droite: Afin que ton aumosne soit en secret: et ton pere qui te voit en secret, te le rendra à découvert. Et quand tu prieras, ne sois point comme les hypocrites, car ils aiment à prier en se tenant debout és synagogues, et és coins des ruës, afin qu'ils soyent veus des hommes: En verité je vous dis, qu'ils reçoivent leur salaire. Mais toi quand tu pries, entre en ton cabinet, et ayant fermé ta porte, prie ton Pere qui [est] en secret: et ton Pere qui te voit en secret, te le rendra à découvert. Or quand vous priez, n'usez point de vaines redites comme les Payens: car ils pensent estre exaucez par leur long parler. Ne leur ressemblez donc point: car vostre Pere sçait dequoi vous avez besoin, devant que vous [le] lui demandiez. Vous donc priez ainsi, Nostre Pere qui [es] és cieux, ton Nom soit sanctifié. Ton regne vienne. Ta volonté soit faite en la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd'hui nostre pain quotidien. Et nous quitte nos debtes, comme aussi nous quittons à nos detteurs, [les leurs]. Et ne nous indui point en tentation, mais delivre nous du malin. Car à toi est le regne, et la puissance, et la gloire à jamais. Amen. Car si vous quittez aux hommes leurs offenses, vostre Pere celeste vous quittera aussi [les vostres]. Mais si vous ne quittez point aux hommes leurs offenses, vostre Pere ne vous quittera point aussi vos offenses. Et quand vous jeusnerez, ne devenez point d'un regard triste, comme les hypocrites: car ils se rendent tous défaits de visage, afin qu'il apparoisse aux hommes qu'ils jeusnent: En verité je vous dis, qu'ils reçoivent leur salaire. Mais toi, quand tu jeusnes, oin ta teste, et lave ton visage. Afin qu'il n'apparoisse point aux hommes que tu jeusnes, mais à ton Pere qui [est] en secret: et ton Pere qui [te] voit en secret, te le rendra à découvert. Ne vous amassez point des tresors en la terre, où la tigne et la roüille gastent tout, et où les larrons percent et dérobent. Mais amassez-vous des tresors au ciel, où, ni la tigne ni la roüille ne gastent rien, et où les larrons ne percent ni ne dérobent. Car là où est vostre tresor, là aussi sera vostre coeur. L'oeil est la lumiere du corps: si donc ton oeil est simple, tout ton corps sera éclairé: Mais si ton oeil est mauvais, tout ton corps sera tenebreux. Si donc la lumiere qui est en toi est tenebres, combien grandes seront ces tenebres-là? Nul ne peut servir à deux maistres: car ou il haïra l'un, et aimera l'autre: ou il s'attachera à l'un, et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir à Dieu, et à Mammon. Partant je vous dis, Ne soyez point en souci pour vostre vie, ce que vous mangerez, et ce que vous boirez: ni pour vostre corps, dequoi vous serez vestus. La vie n'est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vestement? Regardez aux oiseaux du ciel: car ils ne sement, ni ne moissonnent, ni n'assemblent en des greniers: et vostre Pere celeste les nourrit. N'estes-vous pas beaucoup plus excellens qu'eux? Et qui est celui d'entre vous, qui par son souci puisse adjouster une coudée à sa stature? Et pourquoi estes-vous en souci du vestement? Apprenez bien comme croissent les lis des champs: ils ne travaillent, ni ne filent: Neantmoins, je vous dis, que Salomon mesmes en toute sa gloire, n'a point esté vestu comme l'un d'eux. Si Dieu donc revest ainsi l'herbe des champs, qui est aujourd'hui, et demain est mise au four, ne vous revestira-t'il pas beaucoup plustost, ô gens de petite foi? Ne soyez donc point en souci, disans, Que mangerons-nous? ou que boirons-nous? ou dequoi serons-nous vestus? (Veu que les Payens recherchent toutes ces choses) car vostre Pere celeste connoist que vous avez besoin de toutes ces choses-là. Mais cherchez premierement le Royaume de Dieu, et sa justice, et toutes ces choses vous seront baillées par dessus. Ne soyez donc point en souci du lendemain: car le lendemain se souciera de ce qui le concerne. A chaque jour suffit son affliction. Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugez. Car de tel jugement que vous jugerez, vous serez jugez: et de telle mesure que vous mesurerez, on vous mesurera reciproquement. Et pourquoi regardes-tu le festu qui [est] en l'oeil de ton frere, et tu ne prens pas garde au chevron qui [est] en ton oeil? Ou comment dis-tu à ton frere, Permets que j'oste le festu de ton oeil: et voici un chevron en ton oeil? Hypocrite, oste premierement le chevron de ton oeil, et alors tu adviseras à tirer le festu de l'oeil de ton frere. Ne donnez point les choses saintes aux chiens, et ne jettez point vos perles devant les pourceaux: de peur qu'ils les foulent à leurs pieds, et que se retournans ils vous deschirent. Demandez, et il vous sera donné: cherchez, et vous trouverez: heurtez, et il vous sera ouvert. Car quiconque demande, il reçoit: et quiconque cherche, il trouve: et il sera ouvert à celui qui heurte. Et qui est l'homme d'entre vous, qui donne une pierre à son fils, s'il lui demande du pain? Et s'il lui demande du poisson, lui donnera-t'il un serpent? Si donc vous, qui estes mauvais, sçavez bien donner à vos enfans des choses bonnes: combien plus vostre Pere qui [est] és cieux, donnera-til des biens à ceux qui [les] lui demandent? Toutes les choses donc que vous voulez que les hommes vous fassent, faites [les] leur aussi semblablement: car c'est là la Loi et les Prophetes. Entrez par la porte estroite: car c'est la porte large, et le chemin spacieux qui mene à la perdition, et il y en a beaucoup qui entrent par elle. Car la porte [est] estroite, et le chemin estroit qui mene à la vie, et il y en a peu qui le trouvent. Or donnez-vous garde des faux Prophetes, qui viennent à vous en habit de brebis, mais au dedans sont des loups ravissans. Vous les connoistrez à leurs fruits: cueille-t'on les raisins des espines, ou les figues des chardons? Ainsi tout bon arbre fait de bons fruits, mais le mauvais arbre fait de mauvais fruits. Le bon arbre ne peut faire de mauvais fruits, ni le mauvais arbre faire de bons fruits. Tout arbre qui ne fait point de bon fruit, est coupé et jetté au feu. Vous les connoistrez donc à leurs fruits. Tous ceux qui me disent, Seigneur, Seigneur, n'entreront pas au Royaume des cieux: mais celui qui fait la volonté de mon Pere qui [est] és cieux. Plusieurs me diront en ce jour-là, Seigneur, Seigneur, n'avons-nous pas prophetizé en ton Nom? et n'avons-nous pas jetté hors les diables en ton Nom? et n'avons-nous pas fait plusieurs vertus en ton Nom? Et alors je leur declarerai tout ouvertement, Je ne vous ai jamais connus: departez-vous de moi, vous qui faites le mestier d'iniquité. Quiconque donc oit ces paroles que je dis, et les met en effet, je l'accomparerai à l'homme prudent qui a basti sa maison sur le roc. Et quand la pluye est tombée, et les torrens sont venus, et les vents ont soufflé, et ont choqué cette maison-là, elle n'est point tombée: car elle estoit fondée sur le roc. Mais quiconque oit ces paroles que je dis, et ne les met point en effet, sera accomparé à l'homme fol, qui a basti sa maison sur le sable. Et quand la pluye est tombée, et les torrens sont venus, et les vents ont soufflé, et ont choqué cette maison-là, elle [est] tombée, et sa ruïne a esté grande. Et il advint que quand Jesus eut achevé ces propos, les troupes furent estonnées de sa doctrine. Car il les enseignoit comme ayant authorité, et non pas comme les Scribes. Et quand il fut descendu de la montagne, de grandes troupes le suivirent. Et voici, un lepreux vint et se prosterna devant lui, disant, Seigneur, si tu veux, tu me peux nettoyer. Et Jesus estendant sa main, le toucha, disant, Je [le] veux, sois nettoyé: et incontinent sa lepre fut nettoyée. Puis Jesus lui dit, Garde toi de le dire à personne: mais va-t'en, et te monstre au Sacrificateur, et offre le don que Moyse a ordonné pour leur estre en tesmoignage. Et quand Jesus fut entré en Capernaum, un Centenier vint à lui, le priant: Et disant, Seigneur, mon garçon gist paralytique en la maison, grievement tourmenté. Jesus lui dit, Je m'y en irai, et le guerirai. Et le Centenier respondant dit, Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toict: mais seulement di la parole, et mon garçon sera gueri. Car je suis aussi homme constitué sous la puissance d'autrui, et qui ai sous moi des gens de guerre: et je dis à l'un, Va, et il va: et à l'autre, Vien, et il vient: et à mon serviteur, Fai cela, et il le fait. Ce que Jesus ayant ouï, il s'estonna, et dit à ceux qui le suivoyent, En verité, je vous dis, que mesmes en Israël je n'ai point trouvé une si grande foi. Mais je vous dis que plusieurs viendront d'Orient et d'Occident, et seront à table au royaume des cieux, avec Abraham, Isaac et Jacob. Et les enfans du royaume seront jettez és tenebres de dehors: là il y aura pleur et grincement de dents. Alors Jesus dit au Centenier, Va, et qu'il te soit fait ainsi que tu as creu. Et en ce mesme instant son garçon fut gueri. Puis Jesus estant venu en la maison de Pierre, vid la belle mere d'icelui gisante au lict, et ayant la fievre. Et il toucha sa main, et la fievre la laissa: puis elle se leva, et les servit. Et le soir estant venu, on lui presenta plusieurs demoniaques, desquels il jetta hors les esprits [malins] par [sa] parole: et guerit tous ceux qui se portoyent mal: Afin que fust accompli ce dont il avoit esté parlé par Esaïe le Prophete, disant, Il a pris nos langueurs et a porté nos maladies. Or Jesus voyant de grandes troupes à l'entour de soi, commanda qu'on passast à l'autre rivage. Alors un Scribe s'estant approché, lui dit, Maistre, je te suivrai par tout où tu iras. Et Jesus lui dit, Les renards ont des tanieres, et les oiseaux du ciel [ont] des nids: mais le Fils de l'homme n'a point où il puisse reposer sa teste. Puis un autre de ses disciples lui dit, Seigneur, permets moi d'aller premierement ensevelir mon pere. Et Jesus lui dit, Sui moi, et laisse les morts ensevelir leurs morts. Et quand il fut entré en la nasselle, ses disciples le suivirent. Et voici, une grande tourmente advint en la mer, tellement que la nasselle estoit couverte de vagues: et il dormoit. Et ses disciples vinrent, et l'esveillerent, disans, Seigneur, sauve nous, nous perissons. Et il leur dit, Pourquoi avez-vous peur, gens de petite foi? Alors s'estant levé il tansa les vents et la mer: et il se fit un grand calme. Dont ces gens-là s'estonnerent, disans, Qui est celui-ci, que les vents mesmes et la mer lui obeïssent? Et quand il fut passé outre, en la contrée des Gergeseniens, deux demoniaques, estans sortis des sepulchres, lui vinrent au devant, [lesquels estoyent] fort fascheux: tellement que nul ne pouvoit passer par ce chemin-là. Et voici ils s'escrierent, disans, Qu'y a-t'il entre nous et toi, Jesus, fils de Dieu? es-tu venu ici nous tourmenter devant le temps? Or il y avoit loin d'eux un grand troupeau de pourceaux qui paissoit. Et les diables le prioyent, disans, Si tu nous jettes hors, permets nous de nous en aller en ce troupeau de pourceaux. Et il leur dit, Allez. Eux donc sortans, s'en allerent au troupeau de pourceaux: et voila tout ce troupeau de pourceaux se precipita en la mer, et mourut és eaux. Alors les porchers s'enfuïrent: et estans venus en la ville, ils raconterent toutes ces choses, et ce qui estoit advenu aux demoniaques. Et voici, toute la ville alla au devant de Jesus: et le voyans, ils le prierent de se retirer de leurs quartiers. Alors estant entré en la nasselle, il repassa, et vint en sa ville. Et voici, on lui presenta un paralytique gisant en un lict. Et Jesus voyant leur foi, dit au paralytique, Aye bon courage, [mon] fils, tes pechez te sont pardonnez. Et voici quelques-uns des Scribes disoyent en eux-mesmes, Celui-ci blaspheme. Et Jesus voyant leurs pensées, leur dit, Pourquoi pensez-vous du mal en vos coeurs? Car lequel est le plus aisé de dire, Tes pechez te sont pardonnez: ou de dire, Leve-toi et chemine? Or afin que vous sçachiez que le Fils de l'homme a pouvoir en la terre de pardonner les pechez, Leve-toi, (dit-il au paralytique) pren ton lict, et t'en va en ta maison. Et il se leva, et s'en alla en sa maison. Ce que les troupes voyans, elles s'estonnerent, et glorifierent Dieu qui avoit donné un tel pouvoir aux hommes. Puis Jesus passant outre, vid un homme assis au lieu du peage, nommé Matthieu: et lui dit, Sui moi. Et se levant il le suivit. Et comme Jesus estoit à table en la maison d'icelui, voici que plusieurs peagers, et mal vivans, qui estoyent là venus, se mirent à table avec Jesus et ses disciples. Ce que les Pharisiens voyans, ils dirent à ses disciples, Pourquoi vostre Maistre mange-t'il avec les peagers, et les gens de mauvaise vie? Et Jesus ayant entendu [cela], leur dit, Ceux qui sont en santé n'ont point besoin de medecin, mais ceux qui se portent mal. Mais allez, et apprenez ce que c'est, Je veux misericorde, et non point sacrifice. Car je ne suis point venu appeller les justes, mais les pecheurs à repentance. Alors les disciples de Jean vinrent à lui, disans, Pourquoi nous et les Pharisiens jeusnons-nous souvent, et tes disciples ne jeusnent point? Et Jesus leur [respon]dit, Les gens de la chambre du nouveau marié, peuvent-ils mener deüil, pendant que le nouveau marié est avec eux? Mais les jours viendront que le nouveau marié leur sera osté, et alors ils jeusneront. Aussi personne ne met une piece de drap neuf à un vieux vestement: car ce qui est mis pour remplir, emporte du vestement, et la rupture en est plus grande. Pareillement on ne met pas le vin nouveau en de vieux vaisseaux: autrement les vaisseaux se rompent, et le vin s'épand, et les vaisseaux se perdent: mais on met le vin nouveau en des vaisseaux neufs, et l'un et l'autre se conserve. Et comme il leur disoit ces choses, voici venir un Seigneur, lequel se prosterna devant lui, disant, Ma fille est maintenant decedée, mais vien, et mets ta main sur elle, et elle vivra. Et Jesus s'estant levé le suivit, avec ses disciples. Et voici, une femme travaillée d'une perte de sang depuis douze ans, vint par derriere, et toucha le bord de son vestement. Car elle disoit en soi-mesme, Si seulement je touche son vestement, je serai guerie. Alors Jesus s'estant retourné, et la regardant, dit, Aye bon courage, [ma] fille, ta foi t'a sauvée. Et en ce mesme instant la femme fut guerie. Et quand Jesus fut venu en la maison de ce Seigneur-là, et eût veu les menestriers, et la troupe là assemblée qui menoit un grand bruit, Il leur dit, Retirez-vous: car la jeune fille n'est pas morte, mais elle dort. Et ils se moquoyent de lui. Et quand la troupe là assemblée eût esté mise dehors, il entra et prit la main de la jeune fille, et elle se leva. Et le bruit en courut par tout ce quartier-là. Et comme Jesus passoit outre, deux aveugles le suivirent, crians, et disans, Fils de David, aye pitié de nous. Puis quand il fut arrivé en la maison, ces aveugles vinrent à lui, ausquels il dit, Croyez-vous que je puisse faire cela? Ils lui [respon]dirent, Oui vrayement, Seigneur. Alors il toucha leurs yeux disant, Qu'il vous soit fait selon vostre foi. Et leurs yeux furent ouverts: et Jesus leur defendit avec menaces, disant, Prenez garde que personne ne le sçache. Mais eux estant partis, firent courir sa renommée par tout ce quartier-là. Et ainsi qu'ils sortoyent, voici, on lui presenta un homme muët, demoniaque. Et quand le diable eut esté jetté hors, le muët parla: dont les troupes s'estonnerent, disans, Rien de semblable ne fut jamais veu en Israël. Mais les Pharisiens disoyent, Il jette hors les diables par le prince des diables. Et Jesus tournoyoit par toutes les villes et les bourgades enseignant en leurs synagogues, et preschant l'Evangile du royaume, et guerissant toute sorte de maladie, et toute sorte de langueur parmi le peuple. Et voyant les troupes, il fut émeu de compassion envers elles, et de ce qu'elles estoyent éparses et errantes, comme des brebis qui n'ont point de pasteur. Alors il dit à ses disciples, Certes la moisson est grande, mais il y a peu d'ouvriers. Priez donc le Seigneur de la moisson, qu'il pousse des ouvriers en sa moisson. Alors ayant appellé à soi ses douze disciples, il leur donna pouvoir sur les esprits immondes, pour les jetter hors, et pour guerir toute sorte de maladie, et toute sorte de langueur. Or ce sont ici les noms des douze Apostres: le premier est Simon, nommé Pierre, et André son frere: Jaques fils de Zebedée, et Jean son frere: Philippe et Barthelemi: Thomas, et Matthieu le peager: Jaques fils d'Alphée, et Lebbée surnommé Thadée. Simon Cananeen, et Judas Iscariot, qui mesme le trahit. Jesus envoya ces douze-là, et leur commanda, disant, N'allez point vers les Gentils, et n'entrez en aucune ville des Samaritains: Mais plustost allez aux brebis de la maison d'Israël qui sont peries. Et quand vous serez partis, preschez, disans, Le royaume des cieux est approché. Guerissez les malades, nettoyez les lepreux, ressuscitez les morts, jettez hors les diables: vous l'avez receu pour neant, donnez le pour neant. Ne faites point provision d'or ni d'argent, ni de monnoye en vos ceintures: Ni de malette pour le chemin, ni de deux robbes, ni de souliers, ni de baston: car l'ouvrier est digne de sa nourriture. Et en quelque ville ou bourgade que vous entrerez, enquerez-vous qui y est digne: et demeurez chez lui jusques à ce que vous partiez de là. Et quand vous entrerez en quelque maison, salüez-la. Que si la maison en est digne, que vostre paix vienne sur elle: mais si elle n'en est pas digne, que vostre paix retourne à vous. Et quiconque ne vous recevra, et n'écoutera vos paroles, partans de la maison, ou de la ville, secoüez la poudre de vos pieds. En verité je vous dis, que ceux du païs de Sodome et de Gomorre seront traittez plus tolerablement au jour du jugement, que cette ville-là. Voici je vous envoye comme des brebis au milieu des loups: soyez donc prudens comme serpens, et simples comme colombes. Et donnez-vous garde des hommes: car ils vous livreront aux consistoires, et vous foüetteront en leurs synagogues. Et vous serez menez devant les Gouverneurs, et mesmes devant les Rois, à cause de moi, en tesmoignage à eux et aux nations. Mais quand ils vous livreront, ne soyez point en souci, quoi, ou comment vous parlerez: car en ce mesme instant il vous sera donné ce que vous aurez à dire. Car ce n'est pas vous qui parlez, mais c'est l'Esprit de vostre Pere qui parle en vous. Or le frere livrera son frere à la mort, et le pere l'enfant: et les enfans s'éleveront contre leurs peres et meres, et les feront mettre à mort. Et vous serez haïs de tous, à cause de mon Nom: mais qui perseverera jusques à la fin, celui-là sera sauvé. Or quand il vous persecuteront en cette ville-là, fuyez-vous-en en une autre: car en verité, je vous dis, que vous n'aurez point achevé d'aller par toutes les villes d'Israël, que le Fils de l'homme ne soit venu. Le disciple n'est point par dessus le maistre, ni le serviteur par dessus son seigneur. Il suffit au disciple, qu'il soit comme son maistre: et que le serviteur soit comme son seigneur. S'ils ont appellé le pere de famille Beelzebul, combien plus ses domestiques? Ne les craignez donc point: car rien n'est couvert qui ne se découvre, et rien n'est secret qui ne se connoisse. Ce que je vous dis en tenebres, dites-le en lumiere: et ce que vous oyez en l'oreille, preschez-le sur les maisons. Et ne craignez point ceux qui tuënt le corps, et ne peuvent tuër l'ame: mais craignez plustost celui qui peut destruire et l'ame et le corps en la gehenne. Deux passereaux ne se vendent-ils pas une pite? neantmoins l'un d'eux ne tombera point en terre sans vostre Pere. Et mesmes les cheveux de vostre teste sont tous contez. Ne craignez donc point, vous valez mieux que beaucoup de passereaux. Quiconque donc me confessera devant les hommes, je le confesserai devant mon Pere qui [est] és cieux. Mais quiconque me reniera devant les hommes, je le renierai aussi devant mon Pere qui [est] és cieux. Ne pensez point que je sois venu mettre la paix en la terre: je n'y suis point venu mettre la paix, mais l'espée. Car je suis venu mettre en dissension l'homme contre son pere, et la fille contre sa mere, et la belle-fille contre sa belle-mere. Et les [propres] domestiques de l'homme lui [seront] ennemis. Qui aime pere ou mere plus que moi, n'est pas digne de moi: et qui aime fils ou fille plus que moi, n'est pas digne de moi. Et qui ne prend sa croix, et [ne] vient apres moi, n'est pas digne de moi. Qui aura trouvé sa vie, la perdra: et qui aura perdu sa vie pour l'amour de moi, la trouvera. Qui vous reçoit, il me reçoit: et qui me reçoit, il reçoit celui qui m'a envoyé. Qui reçoit un Prophete, au nom de Prophete, il recevra salaire de Prophete: et qui reçoit un juste au nom de juste, il recevra salaire de juste. Et quiconque aura donné à boire un verre d'eau froide seulement à l'un de ces petits, au nom de disciple, je vous dis en verité qu'il ne perdra point son salaire. Et il advint que quand Jesus eut achevé de donner [ces] mandemens à ses douze disciples, il partit de là pour aller enseigner et prescher en leurs villes. Or Jean ayant ouï en la prison les faits de Christ, envoya deux de ses disciples lui dire, Es-tu celui qui devoit venir, ou si nous devons en attendre un autre? Et Jesus respondant, leur dit, Allez et rapportez à Jean les choses que vous oyez et que vous voyez. Les aveugles recouvrent la veuë, les boiteux cheminent, les lepreux sont nettoyez, et les sourds oyent, les morts sont ressuscitez, et l'Evangile est annoncé aux pauvres. Et bien-heureux est celui qui ne sera point scandalisé en moi. Et comme ils s'en alloyent, Jesus commença à dire de Jean aux troupes, Qu'estes-vous allez voir au desert? un roseau agité du vent? Mais qu'estes-vous allez voir? un homme vestu de precieux ornemens? voici, ceux qui portent des habits precieux, sont és maisons des Rois. Mais qu'estes-vous allez voir? un Prophete? voire, je vous dis, et plus que Prophete. Car c'est celui-ci duquel il est écrit, Voici, j'envoye mon messager devant ta face, qui apprestera ton chemin devant toi. En verité, je vous dis, qu'entre ceux qui sont nez de femmes, il n'en a esté suscité aucun plus grand que Jean Baptiste: toutefois celui qui est le moindre au royaume des cieux, est plus grand que lui. Or depuis les jours de Jean Baptiste jusques à maintenant, le royaume des cieux est forcé, et les violens le ravissent. Car tous les Prophetes et la Loi ont prophetizé jusques à Jean. Et si vous voulez recevoir [mon dire], c'est l'Elie qui devoit venir. Qui a des oreilles pour ouïr, qu'il oye. Mais à qui accomparerai-je cette generation? elle est semblable aux petits enfans qui sont assis és marchez, et qui crient à leurs compagnons, Et [leur] disent, Nous vous avons fluté, et vous n'avez point dansé: nous vous avons chanté complaintes, et vous n'avez point lamenté. Car Jean est venu ne mangeant ni ne beuvant: et ils disent, Il a le diable. Le Fils de l'homme est venu mangeant et beuvant: et ils disent, Voilà un mangeur et un beuveur, un ami des peagers et des mal-vivans. Mais la sapience a esté justifiée par ses enfans. Alors il se prit à reprocher aux villes esquelles avoyent esté faites plusieurs de ses vertus, qu'elles ne s'estoyent point amendées, [disant], Mal-heur sur toi, Corazin: Mal-heur sur toi, Bethsaïda: car si les vertus qui ont esté faites au milieu de vous, eussent esté faites à Tyr et à Sidon, elles se fussent dés longtemps repenties avec le sac et la cendre. Partant je vous dis, que Tyr et Sidon seront plus tolerablement traitées au jour du jugement que vous. Et toi Capernaum, qui as esté élevée jusques au ciel, tu seras abbaissée jusques en enfer: car si les vertus qui ont esté faites au milieu de toi, eussent esté faites à Sodome, elle fust demeurée jusques à ce jourd'hui. Partant je vous dis, que ceux de Sodome seront plus tolerablement traittez au jour du jugement que toi. En ce temps-là Jesus prenant la parole, dit, Je te rends graces, ô Pere, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux entendus, et les as relevées aux petits enfans. Il est ainsi, Pere, parce que tel a esté ton bon-plaisir. Toutes choses m'ont esté données en main de mon Pere: et nul ne connoit le Fils sinon le Pere: et nul aussi ne connoit le Pere sinon le Fils, et celui à qui le Fils l'aura voulu reveler. Venez à moi vous tous qui estes travaillez et chargez, et je vous soulagerai. Chargez mon joug sur vous, et apprenez de moi, que je suis debonnaire et humble de coeur: et vous trouverez repos à vos ames. Car mon joug est aisé, et mon fardeau est leger. En ce temps-là Jesus alloit par des blez un jour de Sabbat: et ses disciples ayans faim commencerent à arracher des espics, et à les manger. Les Pharisiens voyans cela, lui dirent, Voila, tes disciples font ce qu'il n'est pas permis de faire au Sabbat. Mais il leur dit, N'avez-vous point leu ce que fit David quand il eut faim, et ceux qui [estoyent] avec lui? Comme il entra en la maison de Dieu, et mangea les pains de proposition, lesquels il ne lui estoit pas permis de manger, ni à ceux qui [estoyent] avec lui, mais aux Sacrificateurs seulement? Ou, n'avez-vous point leu en la Loi qu'au temple és jours des Sabbats, les Sacrificateurs violent le Sabbat, et n'en sont point coupables. Or je vous dis, qu'il y a ici quelqu'un plus grand que le temple. Que si vous sçaviez ce que c'est, Je veux misericorde, et non point sacrifice, vous n'auriez pas condamné ceux qui ne sont point coupables. Car le Fils de l'homme est seigneur mesme du Sabbat. Puis estant parti de là, il vint en leur Synagogue. Et voici, il y avoit là un homme ayant la main seche, et ils l'interrogerent disant, Est-il permis de guerir és Sabbats? afin de l'accuser. Et il leur dit, Qui sera celui d'entre vous, s'il a une brebis et qu'elle vienne à tomber au jour du Sabbat en une fosse, qui ne l'empoigne et ne la releve? Et combien l'homme vaut mieux qu'une brebis? Il est donc permis de bien faire és Sabbats. Alors il dit au personnage, Esten ta main. Et il l'estendit: et elle fut renduë saine comme l'autre. Or les Pharisiens estans sortis, prirent conseil contre lui pour le faire perir. Mais Jesus connoissant cela, partit de là: et de grandes troupes le suivirent, et il les guerit tous. Et leur defendit avec menaces de ne le point donner à connoistre. Afin que fust accompli ce dont il avoit esté parlé par Esaïe le Prophete, disant, Voici mon serviteur que j'ai éleu, mon bien-aimé, auquel mon ame prend son bon-plaisir: je mettrai mon Esprit sur lui, et il annoncera jugement aux Nations. Il ne debattra point, et ne criera point, et personne n'orra sa voix par les ruës. Il ne brisera point le roseau cassé, et n'esteindra point le lumignon qui fume, jusques à ce qu'il face venir en avant le jugement en victoire. Et les Nations espereront en son Nom. Alors lui fut presenté un homme tourmenté du diable, aveugle, et muët, lequel il guerit: tellement que celui qui avoit esté aveugle et muët parloit et voyoit. Dont toutes les troupes furent estonnées, et disoyent, Celui-ci n'est-il pas le fils de David? Mais les Pharisiens ayans entendu cela, disoyent, Celui-ci ne jette hors les diables, sinon de par Beelzebul prince des diables. Mais Jesus connoissant leurs pensées, leur dit, Tout royaume divisé contre soi-mesme, sera reduit en desert: et toute ville ou maison divisée contre soi-mesme, ne subsistera point. Or si Satan jette hors Satan, il est divisé contre soi-mesme: comment donc subsistera son royaume? Que si je jette hors les diables par Beelzebul, vos fils par qui les jettent-ils hors? partant ils seront vos juges. Mais si je jette hors les diables par l'Esprit de Dieu, vrayement le royaume de Dieu est parvenu à vous. Ou, comment pourra quelqu'un entrer en la maison d'un homme fort, et piller son bien, si premierement il n'a lié l'homme fort, et alors il pillera sa maison? Qui n'est point avec moi, il est contre moi: et qui n'assemble point avec moi, il espard. Partant je vous dis, Tout peché et blaspheme sera pardonné aux hommes: mais le blaspheme contre l'Esprit, ne leur sera point pardonné. Et si quelqu'un a parlé contre le Fils de l'homme, il lui sera pardonné: mais qui aura parlé contre le S. Esprit, il ne lui sera pardonné, ni en ce siecle-ici, ni en celui qui est à venir. Ou faites l'arbre bon, et son fruict bon: ou faites l'arbre mauvais, et son fruict mauvais: car l'arbre est connu par le fruict. Engeance de viperes: comment pourriez-vous parler bien, estans mauvais? car de l'abondance du coeur la bouche parle. L'homme de bien tire du bon tresor de son coeur des choses bonnes: et l'homme mauvais tire des choses mauvaises du mauvais tresor [de son coeur]. Or je vous dis que de toute parole oiseuse que les hommes auront dite, ils en rendront conte au jour du jugement. Car tu seras justifié par tes paroles, et par tes paroles tu seras condamné. Alors quelques-uns des Scribes et des Pharisiens lui respondirent, disans, Maistre, nous voudrions bien te voir faire quelque signe. Mais lui respondant, leur dit: La nation méchante et adultere recherche un signe: mais il ne lui sera donné aucun signe, sinon le signe de Jonas le Prophete. Car comme Jonas fut au ventre de la baleine trois jours et trois nuits, ainsi le Fils de l'homme sera au coeur de la terre trois jours et trois nuits. Ceux de Ninive s'éleveront au jugement contre cette nation, et la condamneront: parce qu'ils se sont amendez à la predication de Jonas: et voici [il y a] ici plus que Jonas. La reine de Midi s'élevera au jugement contre cette nation, et la condamnera: parce qu'elle vint du bout de la terre pour ouïr la sapience de Salomon: et voici [il y a] ici plus que Salomon. Or quand l'esprit immonde est sorti d'un homme, il va par des lieux secs, cherchant du repos, et n'en trouve point. Alors il dit, Je retournerai en ma maison, dont je suis sorti. Et y estant venu, il la trouve vuide, baliée et parée. Alors il s'en va, et prend avec soi sept autres esprits pires que lui, lesquels y estans entrez, habitent là: et la fin de cet homme-là est pire que le commencement: ainsi en adviendra-t'il aussi à cette nation perverse. Et comme il parloit encore aux troupes, voici, sa mere et ses freres estoyent dehors, cherchans de parler à lui. Et quelqu'un lui dit, Voilà, ta mere et tes freres sont là dehors, cherchans de parler à toi. Mais lui respondant, dit à celui qui avoit dit cela, Qui est ma mere, et qui sont mes freres? Et estendant sa main sur ses disciples, il dit, Voici ma mere et mes freres. Car quiconque fera la volonté de mon Pere qui [est] és cieux, celui-là est mon frere, et ma soeur, et ma mere. Ce mesme jour Jesus estant parti de la maison, s'assit aupres de la mer. Et de grandes troupes s'assemblerent vers lui, tellement qu'il monta en une nasselle, et s'assit, et toute la multitude se tenoit sur le rivage. Alors il leur dit plusieurs choses par similitudes, disant, Voici, un semeur est sorti pour semer. Et comme il semoit, une partie de la semence cheut aupres du chemin, et les oiseaux vinrent, et la mangerent toute. Et l'autre partie cheut en des lieux pierreux, où elle n'avoit gueres de terre: et aussi-tost elle se leva, parce qu'elle n'entroit pas profondement en terre. Et le Soleil estant levé, elle fut havie: et parce qu'elle n'avoit point de racine, elle se secha. Et l'autre partie cheut entre les espines: et les espines monterent, et l'estoufferent. Et l'autre partie cheut en bonne terre, et rendit du fruit: un grain cent, l'autre soixante, et l'autre trente. Qui a des oreilles pour ouïr, qu'il oye. Alors les disciples s'approchans, lui dirent, Pourquoi parles-tu à eux par similitudes? Il respondit, et leur dit, Parce qu'il vous est donné de connoistre les secrets du royaume des cieux, mais il ne leur est point donné. Car à celui qui a, il lui sera donné, et il en aura tant plus: mais à celui qui n'a rien, mesme ce qu'il a lui sera osté. Pour cette cause je parle à eux par similitudes, parce qu'en voyant, ils ne voyent point: et en oyant, ils n'oyent et n'entendent point. Ainsi est accomplie en eux la prophetie d'Esaïe, laquelle dit, En oyant vous orrez, et n'entendrez point: et en voyant vous verrez, et n'appercevrez point. Car le coeur de ce peuple est engraissé, et ils ont ouï dur de leurs oreilles, et ont cligné de leurs yeux: afin qu'ils n'apperçoivent des yeux, et n'oyent des oreilles, et n'entendent du coeur, et ne se convertissent, et que je ne les guerisse. Or vos yeux [sont] bien-heureux, car ils apperçoivent: et vos oreilles, car elles oyent. Car en verité je vous dis, que plusieurs Prophetes et [plusieurs] justes ont desiré de voir les choses que vous voyez, et ne les ont pas veuës, et d'ouïr les choses que vous oyez, et ne les ont pas ouïes. Vous donc oyez la similitude du semeur. Toute personne à qui il advient d'ouïr la Parole du royaume, et qui ne l'entend point, le malin vient, et ravit ce qui est semé au coeur: c'est celui qui a receu la semence aupres du chemin. Et celui qui a receu la semence en des lieux pierreux, c'est celui qui oit la Parole, et incontinent la reçoit avec joye: Mais il n'a point de racine en soi-mesme, pourtant n'est-il qu'à temps: tellement qu'oppression ou persecution advenant pour la Parole, il est incontinent scandalizé. Et celui qui a receu la semence entre les espines, c'est celui qui oit la Parole de Dieu: mais le souci de ce monde, et la fallace des richesses estouffent la Parole, et elle devient infructueuse. Mais celui qui a receu la semence en bonne terre, c'est celui qui oit la Parole, et qui l'entend: assavoir celui qui porte et produit du fruit, l'un cent, l'autre soixante, et l'autre trente. Il leur proposa une autre similitude, disant, Le royaume des cieux ressemble à un homme qui a semé de la bonne semence en son champ. Mais pendant que les hommes dormoyent, son ennemi est venu, qui a semé de l'ivroye parmi le blé, puis s'en est allé. Et apres que la semence fut venuë en herbe, et eut produit du fruit, alors aussi apparut l'ivroye. Alors les serviteurs du pere de famille estans venus vers lui, lui dirent, Seigneur, n'as-tu pas semé de la bonne semence en ton champ? d'où vient donc qu'il y a de l'ivroye? Mais il leur dit, C'est l'ennemi qui a fait cela. Et les serviteurs lui dirent, Veux-tu donc que nous y allions, et cueillions l'ivroye? Et il leur dit, Non: de peur qu'il advienne qu'en cueillant l'ivroye, vous arrachiez le bled quand et quand. Laissez les croistre tous deux ensemble, jusques à la moisson: et en la saison de la moisson, je dirai aux moissonneurs, Cueillez premierement l'ivroye, et la liez en des faisseaux pour la brusler: mais assemblez le bled en mon grenier. Il leur proposa une autre similitude, disant, Le royaume des cieux est semblable au grain de semence de moustarde, que quelqu'un a pris et semé en son champ: Qui est bien la plus petite de toutes les semences: mais quand il est creu, il est plus grand que les autres herbes, et devient arbre: tellement que les oiseaux du ciel y viennent, et font leurs nids en ses branches. Il leur dit une autre similitude, Le royaume des cieux est semblable au levain qu'une femme prend, et met parmi trois mesures de farine, jusques à ce qu'elle soit toute levée. Jesus dit toutes ces choses aux troupes en similitudes: et ne parloit point à eux sans similitude: Afin que fust accompli ce dont il avoit esté parlé par le Prophete, disant, J'ouvrirai ma bouche en similitudes: Je dégorgerai les choses qui ont été cachées dés la fondation du monde. Alors Jesus ayant laissé les troupes, vint à la maison, et ses disciples vinrent à lui, disans, Declare-nous la similitude de l'ivroye du champ. Lequel respondant leur dit, Celui qui seme la bonne semence, c'est le Fils de l'homme. Et le champ, c'est le monde. La bonne semence, ce sont les enfans du royaume. L'ivroye, ce sont les enfans du malin. Et l'ennemi qui l'a semée, c'est le diable. La moisson, c'est la fin du monde. Et les moissonneurs sont les Anges. Tout ainsi donc qu'on cueille l'ivroye, et qu'on la brusle au feu, il en sera ainsi en la fin de ce monde. Le Fils de l'homme envoyera ses Anges, qui cueilliront de son royaume tous les scandales, et ceux qui font iniquité. Et les jetteront en la fournaise de feu: là il y aura pleur et grincement de dents. Alors reluiront les justes comme le soleil au royaume de leur Pere. Qui a des oreilles pour ouïr, qu'il oye. Derechef, le royaume des cieux est semblable à un tresor caché en un champ, que quelqu'un ayant trouvé, l'a caché: Puis de joye qu'il en a, il s'en va, et vend tout ce qu'il a, et achette ce champ-là. Derechef, le royaume des cieux est semblable à un marchand qui cherche de bonnes perles: Lequel ayant trouvé quelque perle de grand prix, s'en est allé, et a vendu tout ce qu'il avoit, et l'a achetée. Derechef, le royaume des cieux est semblable à un filet jetté en la mer, et amassant de toute sorte de choses: Lequel estant plein, les pescheurs le tirent en haut sur le rivage, et estans assis, mettent le bon à part en leurs vaisseaux, et jettent hors ce qui ne vaut rien. Il en sera ainsi en la fin du monde: les Anges viendront et separeront les mauvais du milieu des justes. Et les jetteront en la fournaise de feu: là il y aura pleur et grincement de dents. Jesus leur dit, Avez-vous entendu toutes ces choses? ils lui [respon]dirent, Oui, Seigneur. Et il leur dit, Partant tout Scribe qui est [bien] appris quant au royaume des cieux, est semblable à un pere de famille qui tire de son tresor des choses nouvelles et anciennes. Et il avint que quand Jesus eût achevé ces similitudes, il se retira de cette contrée-là. Et estant venu en son païs, il les enseignoit en leur synagogue: tellement qu'ils estoyent estonnez, et disoyent, D'où vient à celui-ci cette sapience, et ces vertus? Celui-ci n'est-il pas le fils du charpentier? sa mere n'est-elle pas appellée Marie? et ses freres, Jaques, et Joses, et Simon, et Jude? Et ses soeurs ne sont-elles pas toutes parmi nous? D'où viennent donc à celui-ci toutes ces choses? Tellement qu'ils estoyent scandalizez en lui. Et Jesus leur dit, Un Prophete n'est sans honneur, sinon en son païs, et en sa maison. Et il ne fit là gueres de vertus, à cause de leur incredulité. En ce temps-là Herode le Tetraque ouït la renommée de Jesus: Et dit à ses serviteurs, C'est Jean Baptiste: il est ressuscité des morts, et pourtant les vertus montrent leur force en lui. Car Herode avoit pris Jean, et l'avoit lié et mis en prison, à cause d'Herodias femme de Philippe son frere. Car Jean luy disoit, Il ne t'est pas permis de l'avoir. Et il eut bien voulu le mettre à mort, mais il craignoit le populaire; parce qu'ils le tenoyent pour Prophete. Or au jour du festin de la naissance d'Herode, la fille d'Herodias dansa en pleine sale, et pleut à Herode. Dont il lui promit avec serment, de lui donner tout ce qu'elle demanderoit. Elle donc estant poussée auparavant par sa mere, lui dit, Donne-moi ici en un plat la teste de Jean Baptiste. Et le Roi fut marri: mais à cause des sermens, et de ceux qui estoyent à table avec lui, il commanda qu'on la lui baillast. Et ayant envoyé [l'executeur], il fit decapiter Jean en la prison. Et sa teste fut apportée en un plat, et donnée à la fille: et elle la presenta à sa mere. Puis les disciples d'icelui vinrent, et emporterent son corps, et l'ensevelirent: et vinrent l'annoncer à Jesus. Et Jesus l'ayant ouï, se retira de-là en une nasselle, en un lieu desert à part. Et quand les troupes eurent entendu cela, elles le suivirent à pied des villes. Et Jesus sortant vid une grande multitude, et fut émeu de compassion envers eux, et guerit les malades d'entr'eux. Or comme il se faisoit tard, ses disciples vinrent à lui, disans, Ce lieu est desert, et l'heure est déjà passée: donne congé à ces troupes, afin qu'elles s'en aillent aux bourgades, et qu'elles achettent des vivres. Mais Jesus leur dit, Ils n'ont pas besoin de s'en aller: donnez leur vous-mesmes à manger. Et ils lui dirent, Nous n'avons ici que cinq pains et deux poissons. Et il leur dit, Apportez-les moi ici. Et apres avoir commandé que les troupes s'arrangeassent sur l'herbe, il prit les cinq pains et les deux poissons, et levant les yeux au ciel, il rendit graces. Et apres avoir rompu les pains, il les bailla aux disciples, et les disciples aux troupes. Dont ils mangerent tous, et furent rassasiez. Puis ils recüeillirent du reste des pieces, douze corbeilles pleines. Or ceux qui en avoyent mangé, estoyent environ cinq mille hommes, sans les femmes et les petits enfans. Incontinent apres Jesus contraignit ses disciples de monter en la nasselle, et de passer outre devant lui, pendant qu'il donneroit congé aux troupes. Et quand il leur eût donné congé, il monta en la montagne pour estre à part, afin de prier. Et le soir estant venu, il estoit là seul. Or la nasselle estoit déja au milieu de la mer, tourmentée des vagues: car le vent estoit contraire. Et sur la quatriéme veille de la nuit, Jesus vint vers eux, cheminant sur la mer. Et ses disciples le voyant cheminer sur la mer, furent troublez, disans, C'est un fantosme: et de la peur ils s'écrierent. Mais incontinent Jesus parla à eux, disant, Asseurez-vous: c'est moi, n'ayez point de peur. Et Pierre lui respondant, dit, Seigneur, si c'est toi, commande que j'aille vers toi sur les eaux. Il dit, Vien. Et Pierre estant descendu de la nasselle, chemina sur les eaux pour aller à Jesus. Mais voyant le vent fort, il eut peur: et comme il commençoit à s'enfoncer, il s'écria, disant, Seigneur, sauve-moi. Et incontinent Jesus estendit sa main et le prit, lui disant, Homme de petite foi, pourquoi as-tu douté? Et quand ils furent montez en la nasselle, le vent s'appaisa. Alors ceux qui [estoyent] en la nasselle, vinrent, et l'adorerent, disans, Vrayement tu [es] le Fils de Dieu. Puis estans passez outre, ils vinrent en la contrée de Genezareth. Et quand les hommes de ce lieu-là l'eurent reconnu, ils envoyerent par toute la contrée d'alentour, et lui presenterent tous ceux qui se portoyent mal. Et le prioyent que seulement ils touchassent le bord de son vestement: et tous ceux qui le toucherent, furent gueris. Alors vinrent à Jesus des Scribes et des Pharisiens de Jerusalem, disans, Pourquoi tes disciples outre-passent-ils la tradition des anciens? Car ils ne lavent point leurs mains, quand ils prennent leur repas. Mais lui respondant leur dit, Et vous, pourquoi outre-passez-vous le commandement de Dieu par vostre tradition? Car Dieu a commandé, disant, Honore ton pere et ta mere. Item, Qui maudira pere ou mere, meure de mort. Mais vous dites, Quiconque aura dit à son pere ou à sa mere, Tout don qui [sera offert] de par moi, sera à ton profit: Encore qu'il n'honore pas son pere ou sa mere, [sera hors de coulpe]: et ainsi vous avez annullé le commandement de Dieu par vostre tradition. Hypocrites, Esaïe a bien prophetizé de vous, disant, Ce peuple-ici s'approche de moi de sa bouche, et m'honore de [ses] levres: mais leur coeur est fort éloigné de moi. Mais ils m'honorent en vain, enseignans des doctrines, [qui ne sont que] des commandemens d'hommes. Puis ayant appellé les troupes, il leur dit, Oyez et entendez. Ce n'est pas ce qui entre en la bouche, qui soüille l'homme: mais ce qui sort de la bouche, c'est cela qui soüille l'homme. Alors les disciples s'approchans, lui dirent, N'as-tu pas connu que les Pharisiens ont esté scandalizez, quand ils ont ouï ce propos? Et lui respondant, dit, Toute plante que mon Pere celeste n'a point plantée, sera deracinée. Laissez-les: ce sont aveugles, conducteurs d'aveugles. Que si un aveugle conduit un [autre] aveugle, tous deux cherront en la fosse. Alors Pierre prenant la parole, lui dit, Expose nous cette similitude. Et Jesus dit, Vous aussi, estes-vous encore sans entendement? N'entendez-vous pas encore que tout ce qui entre en la bouche, s'en va au ventre, et est jetté au retrait? Mais les choses qui sortent de la bouche, partent du coeur, et ces choses-là soüillent l'homme. Car du coeur sortent les pensées malignes, les meurtres, les adulteres, les paillardises, les larrecins, les faux tesmoignages, les detractions. Ce sont ces choses-là qui soüillent l'homme: mais de manger sans avoir les mains lavées, cela ne soüille point l'homme. Apres, Jesus partant de là, se retira és quartiers de Tyr et de Sidon. Et voici une femme Cananéenne, partie de ces quartiers-là, qui s'écria, lui disant, Seigneur, fils de David, aye pitié de moi: ma fille est miserablement tourmentée du diable. Mais il ne lui respondit mot. Alors ses disciples s'approchans le prierent, disans, Donne lui congé: car elle crie en nous suivant. Et il respondit, et dit, Je ne suis envoyé sinon aux brebis peries de la maison d'Israël. Et elle vint et l'adora, disant, Seigneur, aide moi. Et lui, respondant dit, Il n'est pas bon de prendre le pain des enfans, et le jetter aux petits chiens. Mais elle dit, Il est bien vrai, Seigneur: toutefois les petits chiens mangent des miettes qui tombent de la table de leurs maistres. Alors Jesus respondant, lui dit, O femme, ta foi [est] grande: qu'il te soit fait comme tu veux. Et dés ce mesme instant sa fille fut guerie. Alors Jesus partant de là, vint prés de la mer de Galilée: puis monta sur la montagne, et s'assit là. Alors plusieurs troupes vinrent à lui, ayans avec eux des boiteux, des aveugles, des muëts, des manchots, et plusieurs autres: lesquels ils mirent aux pieds de Jesus, et il les guerit. Tellement que les troupes s'étonnerent, voyans les muëts parler, les manchots estre sains, les boiteux cheminer, et les aveugles voir: et glorifierent le Dieu d'Israël. Alors Jesus ayant appellé ses disciples, dit, Je suis émeu de compassion envers cette multitude: car il y a déja trois jours qu'ils ne bougent d'avec moi, et ils n'ont rien à manger; et de les renvoyer à jeun, je ne le veux point: de peur qu'ils defaillent en chemin. Et ses disciples lui dirent, D'où nous [viendroyent] au desert tant de pains, pour rassasier une telle multitude? Et Jesus leur dit, Combien avez-vous de pains? Ils lui dirent, Sept, et quelque peu de petits poissons. Alors il commanda aux troupes de s'arranger par terre. Et ayant pris les sept pains et les poissons, apres qu'il eût rendu graces il les rompit, et les bailla à ses disciples, et les disciples au peuple. Et tous en mangerent, et furent rassasiez, et enleverent du reste des pieces de pain, sept corbeilles pleines. Or ceux qui en avoyent mangé, estoyent quatre mille hommes, sans les femmes et les petits enfans. Alors Jesus ayant donné congé aux troupes, monta sur une nasselle, et vint au territoire de Magdala. Alors des Pharisiens et des Sadduciens vinrent à lui, et le tentans, le requirent qu'il leur montrast quelque signe du ciel. Mais lui respondant leur dit, Quand le soir est venu, vous dites, Il fera beau temps: car le ciel est rouge. Et le matin vous dites, Il fera aujourd'hui tempeste, car le ciel malplaisant est rouge. Hypocrites, vous sçavez bien juger de l'apparence du ciel, et vous ne pouvez juger des signes des saisons? La nation méchante et adultere recherche un signe: et il ne lui sera point donné de signe, sinon le signe de Jonas le Prophete. Et les laissant il s'en alla. Et quand ses disciples furent venus au rivage de de-là, ils avoyent oublié à prendre des pains. Et Jesus leur dit, Avisez, et vous donnez garde du levain des Pharisiens et des Sadduciens. Or ils pensoyent en eux-mesmes, disans, C'est parce que nous n'avons point pris de pains. Et Jesus connoissant cela, leur dit, Gens de petite foi, qu'est-ce que vous pensez en vous-mesmes, [touchant] ce que vous n'avez point pris de pains? N'entendez-vous point encores, et ne vous souvient-il plus des cinq pains des cinq mille hommes, et combien de corbeilles vous en recüeillistes? Ni des sept pains des quatre mille hommes, et combien de corbeilles vous en recüeillistes? Comment n'entendez-vous point, que ce n'est pas touchant le pain que je vous ai dit, que vous vous donnassiez garde du levain des Pharisiens et des Sadduciens. Alors ils entendirent qu'il n'avoit pas dit, qu'ils se donnassent garde du levain du pain, mais [du levain] de la doctrine des Pharisiens et des Sadduciens. Et Jesus venant és parties de Cesarée de Philippe, interrogea ses disciples, disant, Qui disent les hommes que je suis, moi le Fils de l'homme? Et ils lui [respon]dirent, Les uns, Jean Baptiste: les autres, Elie, et les autres, Jeremie, ou l'un des Prophetes. Il leur dit, Mais vous, qui dites-vous que je suis? Simon Pierre respondant dit, Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. Et Jesus respondant lui dit, Tu es bien-heureux, Simon fils de Jona: car la chair et le sang ne te l'a pas revelé, mais mon Pere qui [est] és cieux. Et je te dis aussi, que tu es Pierre, et sur cette pierre j'edifierai mon Eglise: et les portes d'enfer n'auront point de force contr'elle. Et je te donnerai les clefs du royaume des cieux: et quoi que tu auras lié en terre, il sera lié és cieux: et quoi que tu auras deslié en terre, il sera deslié és cieux. Alors il commanda expressément, qu'ils ne dissent à personne qu'il fust Jesus le Christ. Dés lors Jesus commença à declarer à ses disciples, qu'il lui faloit aller à Jerusalem, et souffrir beaucoup de choses de la part des Anciens, et des principaux Sacrificateurs, et des Scribes: et estre mis à mort, et ressusciter au troisiéme jour. Alors Pierre l'ayant pris à part, se prit à le tanser, disant, Seigneur, aye pitié de toi, ceci ne t'adviendra point. Mais lui s'estant retourné, dit à Pierre, Va arriere de moi, Satan, tu m'es en scandale: car tu ne comprens point les choses qui sont de Dieu, mais les choses qui sont des hommes. Alors Jesus dit à ses disciples, Si quelqu'un veut venir apres moi, qu'il renonce à soi-mesme, et qu'il charge [sur soi] sa croix, et qu'il me suive. Car quiconque voudra sauver son ame, il la perdra, et quiconque perdra son ame pour l'amour de moi, il la trouvera. Car que profite-t'il à l'homme, s'il gagne tout le monde, et qu'il fasse perte de son ame? ou que donnera l'homme pour recompense de son ame? Car le Fils de l'homme doit venir en la gloire de son Pere avec ses Anges: et alors il rendra à un chacun selon ses oeuvres. En verité je vous dis qu'il y a quelques-uns de ceux qui sont ici presens, qui ne gousteront point la mort, jusques à ce qu'ils ayent veu le Fils de l'homme venir en son regne. Et six jours apres, Jesus prit Pierre, et Jaques, et Jean son frere, et les mena en une haute montagne à part. Et fut transfiguré en leur presence: et sa face resplendit comme le soleil, et ses vestemens devinrent blancs comme la lumiere. Et voici, Moyse et Elie furent veus parlans avec lui. Alors Pierre prenant la parole, dit à Jesus, Seigneur, il est bon que nous soyons ici: si tu veux, faisons ici trois tabernacles, un pour toi, et un pour Moyse, et un pour Elie. Et comme il parloit encore, voici une nuée resplendissante qui les enombra: puis voilà une voix qui vint de la nuée, disant, Celui-ci est mon Fils bien-aimé, auquel j'ai pris mon bon-plaisir: escoutez-le. Ce que les disciples ayans ouï, ils tomberent sur leur face en terre, et eurent tres-grand'peur. Alors Jesus vint [vers eux], et les toucha, leur disant, Levez-vous et n'ayez point de peur. Et [eux] élevans leurs yeux, ne virent personne, sinon Jesus tout seul. Et comme ils descendoyent de la montagne, Jesus leur commanda, disant, Ne dites à personne la vision, jusques à ce que le Fils de l'homme soit ressuscité des morts. Et ses disciples l'interrogerent, disans, pourquoi donc les Scribes disent-ils, qu'il faut qu'Elie vienne premierement? Et Jesus respondant, leur dit, De vrai, Elie viendra premierement, et restablira toutes choses. Mais je vous dis qu'Elie est déja venu, et ils ne l'ont point connu: mais ils lui ont fait tout ce qu'ils ont voulu: ainsi aussi le Fils de l'homme doit souffrir par eux. Alors les disciples entendirent [bien], que c'estoit de Jean Baptiste qu'il leur avoit parlé. Et quand ils furent venus vers les troupes, un homme vint à lui s'agenoüillant devant lui, Et disant, Seigneur, aye pitié de mon fils, car il est lunatique, et est miserablement affligé: car souvent il tombe au feu, et souvent en l'eau. Et je l'ai presenté à tes disciples, mais ils ne l'ont peu guerir. Et Jesus respondant, dit, O generation incredule, et de sens renversé! jusques à quand serai-je avec vous? jusques à quand finalement vous supporterai-je? amenez-le moi ici. Et Jesus tança le diable, lequel sortit d'icelui: et dés ce mesme instant l'enfant fut gueri. Alors les disciples vinrent à part à Jesus, et lui dirent, Pourquoi ne l'avons-nous peu jetter hors? Et Jesus leur [respon]dit, C'est à cause de vostre incredulité: car en verité je vous dit, que si vous aviez de la foi aussi gros qu'un grain de semence de moustarde, vous diriez à cette montagne, Traverse d'ici là, et elle traverseroit, et rien ne vous seroit impossible: Mais cette sorte de diables ne sort point, sinon par oraison et par jeusne. Et comme ils conversoyent en Galilée, Jesus leur dit, Il adviendra que le Fils de l'homme sera livré és mains des hommes: Et ils le mettront à mort, mais au troisiéme jour il ressuscitera. Et [les disciples] en furent grandement contristez. Et quand ils furent venus à Capernaum, ceux qui recevoyent les didrachmes, s'adresserent à Pierre, et lui dirent, Vostre maistre ne paye-t'il pas les didrachmes? Il dit, Oui. Et quand il fut entré en la maison, Jesus le prevint, disant, Que te semble, Simon? Les rois de la terre de qui prennent-ils les tributs, ou les imposts? est-ce de leurs enfans, ou des estrangers? Pierre dit, Des estrangers. Jesus lui [respon]dit, Les enfans donc sont francs. Mais afin que nous ne les scandalizions point, va-t'en à la mer, et jette le hameçon: et pren le premier poisson qui montera: et quand tu lui auras ouvert la gueule, tu trouveras un statere: pren-le, et leur baille pour moi et pour toi. En cette mesme heure-là les disciples vinrent à Jesus, disans, Qui est le plus grand au royaume des cieux? Et Jesus ayant appellé un petit enfant, le mit au milieu d'eux; Et dit, En verité je vous dis, que si vous n'estes changez, et ne devenez comme les petits enfans, vous n'entrerez point au royaume des cieux. Partant quiconque se sera humilié soi-mesme, comme est ce petit enfant, c'est celui-là qui est le plus grand au royaume des cieux. Et quiconque reçoit un tel petit enfant en mon Nom, il me reçoit. Mais quiconque scandalize un de ces petits qui croyent en moi, il lui vaudroit mieux qu'on lui pendist une meule d'asne au col, et qu'il fust plongé au profond de la mer. Malheur au monde à cause des scandales: Car il est necessaire qu'il advienne des scandales: toutefois malheur à l'homme par qui scandale advient. Que si ta main ou ton pied te fait chopper, coupe-le, et le jette arriere de toi: car il vaut mieux que tu entres boiteux ou manchot en la vie, que d'avoir deux pieds ou deux mains, et estre jetté au feu eternel. Et si ton oeil te fait chopper arrache-le, et le jette arriere de toi: car il vaut mieux que tu entres en la vie, n'ayant qu'un oeil, que d'avoir deux yeux, et estre jetté en la gehenne du feu. Prenez garde que vous ne méprisiez pas un de ces petits: car je vous dis qu'és cieux leurs Anges voyent tousjours la face de mon Pere qui est és cieux. Car le Fils de l'homme est venu pour sauver ce qui estoit peri. Que vous semble? Si un homme a cent brebis, et qu'il y en ait une égarée, ne laisse-t'il pas les quatre-vingts et dix-neuf, pour s'en aller aux montagnes chercher celle qui est égarée? Et s'il advient qu'il la trouve, en verité je vous dis, qu'il a plus de joye d'elle, que des quatre-vingts et dix-neuf qui n'ont point esté égarées. Aussi la volonté de vostre Pere qui [est] és cieux, n'est pas qu'aucun de ces petits perisse. Que si ton frere a peché contre toi, va et le repren entre toi et lui seul. S'il t'écoute, tu as gagné ton frere: Mais s'il ne t'écoute point, prens-en avec toi encore un ou deux: afin qu'en la bouche de deux ou de trois tesmoins toute parole soit ferme. Que s'il ne daigne les écouter, di-le à l'Eglise: et s'il ne daigne écouter l'Eglise, qu'il te soit comme un payen et un peager. En verité je vous dis, que quoi que vous aurez lié sur la terre, il sera lié au ciel: et quoi que vous aurez délié sur la terre, il sera délié au ciel. Derechef je vous dis, que si deux d'entre vous s'accordent sur la terre, de toute chose qu'ils demanderont, il leur sera fait de mon Pere qui [est] és cieux. Car où il y en a deux ou trois assemblez en mon Nom, je suis là au milieu d'eux. Alors Pierre s'approchant de lui, dit, Seigneur, jusques à combien de fois mon frere pechera-t'il contre moi, et je lui pardonnerai? [sera-ce bien] jusques à sept fois? Jesus lui [respon]dit, Je ne te dis point, jusques à sept fois, mais jusques à sept fois septante fois. Partant le royaume des cieux est accomparé à un roi, lequel voulut conter avec ses serviteurs. Et quand il eut commencé à conter, on lui en presenta un qui lui devoit dix mille talens. Et d'autant qu'il n'avoit pas dequoi payer, son seigneur commanda qu'il fust vendu, lui, sa femme, et ses enfans, et tout ce qu'il avoit, et que la [debte] fut payée. Or ce serviteur-là se jettant en terre, le supplioit, disant, Seigneur, use de patience envers moi, et je te rendrai le tout. Alors le Seigneur de ce serviteur-là, estant émeu de compassion, le relacha, et lui quitta la debte. Mais quand ce serviteur-là fut parti, il trouva l'un de ses compagnons de service, qui lui devoit cent deniers: lequel il saisit, et l'étrangloit, disant, Paye moi ce que tu me dois. Et son compagnon de service se jettant à ses pieds, le prioit, disant, Use de patience envers moi, et je te rendrai le tout. Mais il n'en voulut rien faire: ains s'en alla, et le mit en prison, jusques à ce qu'il eust payé la debte. Or ses autres compagnons de service, voyans ce qui avoit esté fait, furent fort marris: dont ils s'en vinrent, et declarerent à leur seigneur tout ce qui avoit esté fait. Alors son seigneur l'appella et lui dit, Méchant serviteur, je t'ai quitté toute cette debte, parce que tu m'en as prié: Ne te faloit-il pas aussi avoir pitié de ton compagnon de service, ainsi que j'avois eu pitié de toi? Alors son seigneur estant en colere, le livra aux sergeans, jusques à ce qu'il lui eust payé tout ce qui lui étoit deu. Ainsi vous en fera mon Pere celeste, si vous ne pardonnez de coeur chacun à son frere ses fautes. Il arriva que quand Jesus eût achevé ces propos, il partit de Galilée, et vint és quartiers de Judée, outre le Jordain. Et de grandes troupes le suivirent, et là il les guerit. Alors des Pharisiens vinrent à lui, le tentans et lui disans, Est-il permis à l'homme de repudier sa femme pour quelque cause que ce soit? Lequel respondant leur dit, N'avez-vous point leu, que celui qui les fit dés le commencement, les fit masle et femelle? Et qu'il dit, Pour cette cause l'homme delaissera son pere et sa mere, et s'adjoindra à sa femme: et les deux seront une mesme chair? Ainsi ils ne sont plus deux, mais ils sont une mesme chair: Donc ce que Dieu a conjoint, que l'homme ne le separe point. Ils lui dirent, Pourquoi donc Moyse a-t'il commandé de bailler la lettre de divorce, et de la repudier? Il leur dit, C'est que Moyse pour la dureté de vostre coeur vous a permis de repudier vos femmes: mais du commencement il n'estoit pas ainsi. Or moi je vous dis, que quiconque repudiera sa femme, sinon pour [cause de] paillardise, et se mariera à une autre, commet adultere: et qui se sera marié à celle qui est repudiée, commet adultere. Ses disciples lui dirent, Si telle est la condition de l'homme avec la femme, il n'est point expedient de se marier. Mais il leur dit, Tous ne comprennent pas cela, mais ceux ausquels il est donné. Car il y a des eunuques, qui sont ainsi nés du ventre de [leur] mere: et il y a des eunuques qui ont esté faits eunuques par les hommes: et il y a des eunuques, qui se sont eux-mémes faits eunuques pour le royaume des cieux. Qui peut comprendre [ceci], le comprenne. Alors lui furent presentez des petits enfans, afin qu'il leur imposast les mains, et qu'il priast, dont les disciples les tancerent. Mais Jesus leur dit, Laissez les petits enfans, et ne les empeschez point de venir à moi: car à tels est le royaume des cieux. Et leur ayant imposé les mains, il partit de là. Et voici, quelqu'un s'approchant de lui, dit, Bon Maistre, quel bien ferai-je, afin que j'aye la vie eternelle? Il lui [respon]dit, Pourquoi m'appelles-tu bon? Il n'y a nul bon qu'un seul, [assavoir] Dieu: Que si tu veux entrer en la vie, garde les commandemens. Il lui dit, Quels? Et Jesus lui [répon]dit, Tu ne tuëras point. Tu ne commetras point adultere. Tu ne déroberas point. Tu ne diras point faux témoignage. Honore ton pere et ta mere. Item, Tu aimeras ton prochain comme toi mesme. Le jeune homme lui dit, J'ai gardé toutes ces choses dés ma jeunesse: que me defaut-il encore? Jesus lui dit, Si tu veux estre parfait, va, ven ce que tu as, et [le] donne aux pauvres, et tu auras un tresor au ciel: puis vien et me sui. Mais quand le jeune homme eût entendu cette parole, il s'en alla tout triste: car il avoit de grands biens. Alors Jesus dit à ses disciples, En verité je vous dis, qu'un riche entrera difficilement au royaume des cieux. Et je vous dis derechef, Il est plus aisé qu'un chameau passe par le trou d'une aiguille, que non pas qu'un riche entre au royaume de Dieu. Ses disciples ayans ouï ces choses s'estonnerent fort, disans, Qui est-ce donc qui peut estre sauvé? Et Jesus les regardant, leur dit, Quant aux hommes, cela est impossible: mais quant à Dieu, toutes choses sont possibles. Alors Pierre prenant la parole, lui dit, Voici, nous avons tout delaissé, et t'avons suivi: que nous en adviendra-t'il donc? Et Jesus leur dit, En verité je vous dis, que vous qui m'avez suivi en la regeneration, quand le Fils de l'homme sera assis au trône de sa gloire, vous aussi serez assis sur douze trônes, jugeant les douze lignées d'Israël. Et quiconque aura delaissé maisons, ou freres, ou soeurs, ou pere, ou mere, ou femme, ou enfans, ou champs, à cause de mon Nom, il en recevra cent fois autant, et heritera la vie eternelle. Mais plusieurs qui sont les premiers, seront les derniers: et les derniers [seront] les premiers. Car le royaume des cieux est semblable à un pere de famille, lequel sortit dés le poinct du jour pour loüer des ouvriers pour sa vigne. Et quand il eût accordé avec les ouvriers à un denier par jour, il les envoya en sa vigne. Puis estant sorti environ sur les trois heures, il en vid d'autres qui estoyent à ne rien faire au marché: Ausquels il dit, Allez-vous-en aussi en ma vigne, et je vous baillerai ce qui sera de raison. Et ils s'y en allerent. Puis il sortit derechef environ sur les six et neuf heures, et fit de mesme. Et environ sur les onze heures il sortit, et en trouva d'autres qui estoyent à ne rien faire, ausquels il dit, Pourquoi vous tenés-vous ici tout le jour à ne rien faire? Ils lui [respon]dirent, Parce que personne ne nous a loüez. Et il leur dit, Allez-vous-en aussi en ma vigne, et vous recevrez ce qui sera de raison. Quand donc le soir fut venu, le seigneur de la vigne dit à celui qui avoit la charge de ses affaires, Appelle les ouvriers, et leur paye leur salaire: commençant depuis les derniers jusques aux premiers. Alors ceux qui [avoyent esté loüez] vers les onze heures estans venus, ils receurent chacun un denier. Or quand les premiers furent venus, ils pensoyent recevoir davantage: mais ils receurent aussi chacun un denier. Et l'ayans receu, ils murmuroyent contre le pere de famille: Disans, Ces derniers-ici n'ont travaillé qu'une heure, et tu les as faits pareils à nous, qui avons porté le faix du jour, et la chaleur. Et il respondit à l'un d'eux, et dit, Compagnon, je ne te fais point de tort: n'as-tu pas accordé avec moi à un denier? Pren ce qui est tien, et t'en va: je veux donner à ce dernier autant qu'à toi: Ne m'est-il pas permis de faire ce que je veux de mes biens? Ton oeil est-il malin de ce que je suis bon? Ainsi les derniers seront les premiers: et les premiers [seront] les derniers. Car il y a beaucoup d'appellez, mais peu d'éleus. Et Jesus montant à Jerusalem, prit à part sur le chemin ses douze disciples, et leur dit, Voici, nous montons à Jerusalem, et le Fils de l'homme sera livré aux principaux Sacrificateurs et aux Scribes, et ils le condamneront à mort: Et le livreront aux nations pour s'en moquer, et le foüetter, et le crucifier: mais au troisiéme jour il ressuscitera. Alors la mere des fils de Zebedée vint à lui avec ses fils, se prosternant et lui demandant quelque chose. Et il lui dit, Que veux-tu? Elle lui dit, Ordonne que mes deux fils qui sont ici, soyent assis, l'un à ta [main] droite, et l'autre à ta gauche, en ton royaume. Et Jesus respondant, dit, Vous ne sçavez ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je dois boire, et estre baptizez du baptesme duquel je dois estre baptizé? Ils lui dirent, Nous le pouvons. Et il leur dit, De vrai, vous boirez ma coupe, et serez baptizez du baptesme duquel je serai baptizé: mais de seoir à ma droite ou à ma gauche, ce n'est point à moi de le donner, mais [il sera donné] à ceux ausquels il est preparé de mon Pere. Les dix [autres] ayans ouï cela, furent indignez contre les deux freres. Or Jesus les ayant appellez, [leur] dit, Vous sçavez, que les princes des nations les maistrisent: et que les grands usent d'autorité sur elles. Mais il ne sera point ainsi entre vous: au contraire quiconque voudra estre grand entre vous, qu'il soit vostre ministre. Et quiconque voudra estre le premier entre vous, qu'il soit vostre serviteur. Tout ainsi que le Fils de l'homme n'est point venu pour estre servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour plusieurs. Et comme ils partoyent de Jerico, une grande troupe le suivit. Et voici, deux aveugles qui estoyent assis prés du chemin, ayans ouï que Jesus passoit, crierent, disans, Seigneur, Fils de David, aye pitié de nous. Et la troupe les tança, afin qu'ils se teussent: mais ils crioyent tant plus fort, [disans], Seigneur, Fils de David, aye pitié de nous. Et Jesus s'arrestant les appella, et [leur] dit, Que voulez-vous que je vous fasse? Ils lui dirent, Seigneur, que nos yeux soyent ouverts. Et Jesus estant esmeu de compassion, toucha leurs yeux: et incontinent leurs yeux recouvrerent la veuë, et ils le suivirent. Or quand ils furent prés de Jerusalem, et furent venus à Bethphagé au mont des Oliviers, alors Jesus envoya deux disciples, Leur disant, Allez en la bourgade qui est vis à vis de vous, et incontinent vous trouverez une asnesse attachée, et [son] poulain avec elle: détachez-les, et me les amenez. Que si quelqu'un vous dit quelque chose, vous direz que le Seigneur en a affaire: et incontinent il les envoyera. Or tout cela se fit, afin que fust accompli, ce dont il avoit esté parlé par le Prophete, disant, Dites à la fille de Sion, Voici, ton Roi vient à toi, debonnaire, et monté sur une asnesse, et le poulain de celle qui est sous le joug. Les disciples donc s'en allerent, et firent ainsi que Jesus leur avoit ordonné. Et amenerent l'asnesse et le poulain, et mirent leurs vestemens dessus, et le firent asseoir sur iceux. Alors de grandes troupes étendirent leurs robbes par le chemin: et les autres coupoyent des rameaux des arbres, et les étendoyent par le chemin. Et les troupes qui alloyent devant, et qui suivoyent, crioyent, disant, Hosanna, au Fils de David: Benit [soit] celui qui vient au nom du Seigneur: Hosanna és [lieux] tres-hauts. Et quand il fut entré dans Jerusalem, toute la ville fut emuë, disant, Qui est celui-ci? Et les troupes disoyent, C'est Jesus le Prophete de Nazareth de Galilée. Et Jesus entra au temple de Dieu, et chassa dehors tous ceux qui vendoyent et achetoyent au temple: et renversa les tables des changeurs, et les selles de ceux qui vendoyent des pigeons. Et il leur dit, Il est écrit, Ma maison sera appellée maison de priere: mais vous en avez fait une caverne de brigands. Alors des aveugles et des boiteux vinrent à lui au temple, et il les guerit. Mais quand les principaux Sacrificateurs et les Scribes eurent veu les merveilles qu'il avoit faites, et les enfans crians au temple, disans, Hosanna au Fils de David, ils en furent indignez. Et lui dirent, Ois-tu ce que ceux-ci disent? Et Jesus leur dit, Oui. Ne leustes vous jamais, Tu as accompli la loüange par la bouche des enfans, et de ceux qui tettent? Et les ayans laissez, il sortit hors de la ville, pour s'en aller à Bethanie, et logea là. Or le matin, comme il retournoit en la ville, il eut faim. Et voyant un figuier qui estoit sur le chemin, ils s'y adressa, et n'y trouva rien sinon des fueilles seulement, et lui dit, Qu'à tout jamais il ne naisse de toi aucun fruit. Et le figuier secha incontinent. Les disciples ayans veu cela s'étonnerent, disans, Comment est-ce que le figuier est devenu sec à l'instant? Jesus respondant, leur dit, En verité je vous dis, pourveu que vous ayez la foi, et que vous ne soyez point en doute, non seulement vous ferez ce qui a esté fait au figuier: mais aussi si vous dites à cette montagne, Oste-toi, et te jette dans la mer, cela se fera. Et quoi que vous demandiez en priant, si vous croyez, vous le recevrez. Puis quand il fut venu au temple, les principaux Sacrificateurs, et les Anciens du temple, vinrent à lui, comme il enseignoit, et lui dirent, De quelle authorité fais-tu ces choses: et qui est celui qui t'a donné cette authorité? Jesus respondant leur dit, Je vous interrogerai aussi d'une chose, laquelle si vous me dites, je vous dirai aussi de quelle authorité je fais ces choses. Le Baptesme de Jean d'où estoit-il? Du ciel, ou des hommes? Or ils disputoyent en eux-mesmes, disans, Si nous disons, Du ciel, il nous dira, Pourquoi donc ne l'avez-vous point creu? Et si nous disons, Des hommes, nous craignons les troupes, car tous tiennent Jean pour Prophete. Alors ils respondirent à Jesus, disans, Nous ne sçavons. Et il leur dit, Je ne vous dirai point aussi de quelle authorité je fais ces choses. Mais que vous semble? Un homme avoit deux fils: et venant au premier, il lui dit, [Mon] fils, va-t'en, et travaille aujourd'hui en ma vigne. Lequel respondant, dit, Je n'y veux pas [aller]: mais puis apres s'estant repenti, il s'y en alla. Puis il vint à l'autre, et lui dit de mesme, lequel respondit, et dit, [J'y vais], Seigneur: mais il ne s'y en alla point. Lequel de ces deux fit la volonté du pere? Ils lui dirent, Le premier. Jesus leur dit, En verité je vous dis, que les peagers et les paillardes vous devancent au royaume de Dieu. Car Jean est venu à vous par la voye de justice, et vous ne l'avez point creu: mais les peagers et les paillardes l'ont creu: et vous ayans veu [cela], ne vous estes point repentis puis apres pour le croire. Escoutez une autre similitude. Il y avoit un pere de famille, qui planta une vigne, et l'environna d'une haye, et y creusa un pressoir, et y bastit une tour: puis la loüa à des vignerons, et s'en alla dehors. Or la saison des fruits estant prochaine, il envoya ses serviteurs vers les vignerons, pour en recevoir les fruits. Mais les vignerons ayans pris ses serviteurs, foüetterent l'un, et tuërent l'autre, et assommerent de pierres l'autre. Derechef il envoya d'autres serviteurs en plus grand nombre que les premiers, et ils leur en firent de mesmes. Enfin il envoya vers eux son [propre] fils, disant, Ils porteront reverence à mon fils. Mais quand les vignerons virent le fils, ils dirent entr'eux, Celui-ci est l'heritier: venez, mettons-le à mort, et nous saisissons de son heritage. Et l'ayans pris, ils le jetterent hors de la vigne, et le mirent à mort. Quand donc le seigneur de la vigne sera venu, que fera-t'il à ces vignerons-là? Ils lui dirent, il les fera perir mal-heureusement comme des méchans, et loüera sa vigne à d'autres vignerons, qui lui rendront les fruits en leurs saisons. Et Jesus leur dit, Ne leustes vous jamais és Escritures, La pierre que les edifians ont rejettée, est devenuë la maistresse pierre du coin. Ceci a esté fait par le Seigneur, et c'est une chose merveilleuse devant nos yeux? Partant je vous dis, que le royaume de Dieu vous sera osté, et sera donné à une nation qui en rapportera les fruits. Or celui qui cherra sur cette pierre, sera du tout froissé: et celui sur qui elle cherra, elle le brisera. Et quand les principaux Sacrificateurs et les Pharisiens eurent entendu ces similitudes, ils apperceurent qu'il parloit d'eux. Et cherchans à le saisir, ils craignirent les troupes, parce qu'on le tenoit pour Prophete. Alors Jesus prenant la parole, leur parla derechef en similitude, disant, Le royaume des cieux est semblable à un roi qui fit les nopces de son fils: Et envoya ses serviteurs, pour appeller ceux qui avoyent esté conviez aux nopces: mais ils n'y voulurent point venir. Derechef il envoya d'autres serviteurs, disant, Dites aux conviez, Voici, j'ai appresté mon disner, mes taureaux et mes bestes engraissées sont tuées, et tout est prest: venez aux nopces. Mais eux n'en tenans conte, s'en allerent, l'un à sa métairie, et l'autre à son trafic. Et les autres prirent ses serviteurs, et les outragerent, et les tuërent. Quand le roi l'entendit, il se mit en colere: et ayant envoyé ses gens de guerre, il fit perir ces meurtriers-là, et brusla leur ville. Alors il dit à ses serviteurs, Or bien, les nopces sont apprestées, mais ceux qui estoyent conviez n'en estoyent pas dignes. Allez donc aux quarrefours des chemins, et autant que vous en trouverez, conviez-les aux nopces. Alors ses serviteurs sortirent vers les chemins, et assemblerent autant qu'ils en trouverent, tant mauvais que bons: tellement que le lieu des nopces fut rempli de gens qui estoyent à table. Et le roi y estant entré, pour voir ceux qui estoyent à table, vid là un homme qui n'estoit pas vestu d'une robbe de nopces. Et il lui dit, Compagnon, comment es-tu entré ici sans avoir une robbe de nopces? Et il eut la bouche close. Alors le roi dit aux serviteurs, Liez-le pieds et mains, et le jettez és tenebres de dehors: là il y aura pleur et grincement de dents. Car il y a beaucoup d'appellez, mais peu d'éleus. Alors les Pharisiens s'estans retirez, prirent conseil comment ils l'enlaceroyent en paroles. Et lui envoyerent leurs disciples avec des Herodiens, disans, Maistre, nous sçavons que tu es veritable, et que tu enseignes la voye de Dieu en verité, et que tu ne te soucies de personne: car tu ne regardes point à l'apparence des hommes. Di-nous donc ce qui te semble? Est-il permis de payer tribut à Cesar, ou non? Et Jesus connoissant leur malice, dit, Hypocrites, pourquoi me tentez-vous? Montrez-moi la monnoye du tribut. Et ils lui presenterent un denier. Et il leur dit, De qui est cette image, et cette inscription? Ils lui dirent, De Cesar. Alors il leur dit, Rendez donc à Cesar les choses qui sont à Cesar, et à Dieu celles qui sont à Dieu. Oyans cela ils s'estonnerent, et le laissant s'en allerent. Ce jour-là les Sadduciens (qui disent qu'il n'y a point de resurrection) vinrent à luy, et l'interrogerent: Disans, Maistre, Moyse a dit, Si quelqu'un vient à mourir sans avoir des enfans, son frere prendra la femme d'icelui, et suscitera lignée à son frere. Or il y avoit parmi nous sept freres, dont le premier apres qu'il fut marié mourut, et n'ayant point eu lignée, laissa sa femme à son frere. Semblablement aussi le second, puis le troisiéme, jusques au septiéme. Or apres eux tous, la femme mourut aussi. En la resurrection donc, duquel des sept sera-t'elle femme? car tous l'ont euë. Mais Jesus respondant leur dit, Vous errez, ne sçachans point les Escritures, ni la vertu de Dieu. Car en la resurrection, on ne prend ni on ne donne des femmes en mariage: mais on est comme les Anges de Dieu au ciel. Et quant à la resurrection des morts, n'avez-vous point leu ce dont Dieu vous a parlé, disant, Je suis le Dieu d'Abraham, et le Dieu d'Isaac, et le Dieu de Jacob? Dieu n'est pas le Dieu des morts, mais le Dieu des vivans. Et les troupes oyans cela, s'estonnoyent de sa doctrine. Or quand les Pharisiens entendirent qu'il avoit fermé la bouche aux Sadduciens, ils s'assemblerent d'un accord. Et l'un d'entr'eux, docteur de la Loi, l'interrogea en le tentant, et disant, Maistre, lequel est le grand commandement de la Loi? Jesus lui dit, Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, et de toute ton ame, et de toute ta pensée. Celui-ci est le premier et le grand commandement. Et le second semblable à icelui est, Tu aimeras ton prochain comme toi-mesme. De ces deux commandemens dependent toute la Loi et les Prophetes. Et les Pharisiens estans assemblez, Jesus les interrogea, Disant, Que vous semble-t'il du Christ? de qui est-il Fils? Ils lui [respon]dirent, de David. Et il leur dit, Comment donc David l'appelle-t'il en Esprit, Seigneur? disant, Le Seigneur a dit à mon Seigneur, Sieds-toi à ma dextre, jusques à ce que j'aye mis tes ennemis pour le marchepied de tes pieds. Si donc David l'appelle Seigneur, comment est-il son Fils? Et nul ne lui pouvoit respondre un [seul] mot: et personne ne l'osa plus interroger depuis ce jour-là. Alors Jesus parla aux troupes, et à ses disciples, Disant, Les Scribes et les Pharisiens sont assis en la chaire de Moyse. Toutes les choses donc qu'ils vous diront que vous gardiez, gardez-les et les faites: mais ne faites point selon leurs oeuvres: car ils disent, et ne font pas. Car ils lient ensemble des fardeaux pesans et insuportables, et les mettent sur les espaules des hommes: mais ils ne les veulent point remuër de leur doigt. Et font toutes leurs oeuvres pour estre regardez des hommes: car ils eslargissent leurs phylacteres, et allongent les franges de leurs vestemens. Et aiment les premieres places aux banquets, et les premieres seances aux synagogues: Et les salutations aux marchez, et d'estre appellez des hommes, Nostre maistre, Nostre maistre. Mais vous, ne soyez point appellez, Nostre maistre: car un seul est vostre docteur, [assavoir] Christ: et quant à vous, vous estes tous freres. Et n'appellez aucun en la terre vostre pere: car un seul est vostre Pere, [assavoir] celui qui [est] és cieux. Et ne soyez point appellez docteurs: car un seul est vostre docteur, [assavoir] Christ. Mais que celui qui est le plus grand entre vous, soit vostre serviteur. Car quiconque s'élevera sera abaissé, et quiconque s'abaissera, sera élevé. Mais mal-heur sur vous, Scribes et Pharisiens hypocrites, d'autant que vous fermez le royaume des cieux au devant des hommes: car vous-mesmes n'y entrez point, et ne souffrez point que ceux qui y [veulent] entrer, y entrent. Mal-heur sur vous, Scribes et Pharisiens hypocrites: car vous mangez entierement les maisons des veuves, voire en faisant semblant de prier beaucoup: pour cela vous en recevrez plus grande condamnation. Mal-heur sur vous, Scribes et Pharisiens hypocrites: car vous tournoyez la mer et la terre, pour faire un proselyte: et quand il l'est devenu, vous le rendez fils de la gehenne au double plus que vous. Mal-heur sur vous, conducteurs aveugles, qui dites, Quiconque aura juré par le temple, ce n'est rien: mais qui aura juré par l'or du temple, il est redevable. Fols et aveugles: car lequel est le plus grand, l'or, ou le temple qui sanctifie l'or? Et quiconque, [dites-vous], aura juré par l'autel, ce n'est rien: mais qui aura juré par le don qui est sur icelui, il est redevable. Fols et aveugles: car lequel est le plus grand, le don, ou l'autel, qui sanctifie le don? Celui donc qui jure par l'autel, il jure par icelui, et par toutes les choses qui [sont] dessus icelui. Et quiconque jure par le temple, il jure par icelui, et par celui qui y habite. Et quiconque jure par le ciel, il jure par le trône de Dieu, et par celui qui est assis dessus. Mal-heur sur vous, Scribes et Pharisiens hypocrites: car vous dismez la mente, l'anet et le cumin, et laissez les choses de la Loi qui sont de plus grande importance, [assavoir] le jugement, la misericorde, et la loyauté: il faloit faire ces choses-ici, et ne laisser point celles-là. Conducteurs aveugles, qui coulez le moucheron, et engloutissez le chameau. Mal-heur sur vous, Scribes et Pharisiens hypocrites: car vous nettoyez le dehors de la coupe et du plat: mais dedans ils sont pleins de rapine et d'excez. Pharisien aveugle, nettoye premierement le dedans de la coupe et du plat, afin que le dehors aussi d'iceux soit net. Mal-heur sur vous, Scribes et Pharisiens hypocrites: car vous estes semblables aux sepulchres blanchis, qui apparoissent beaux par dehors, mais au dedans ils sont tous pleins d'ossemens de morts, et de toute ordure. Pareillement aussi vous montrez-vous justes par dehors aux hommes, mais au dedans vous estes pleins d'hypocrisie et d'iniquité. Mal-heur sur vous, Scribes et Pharisiens hypocrites: car vous bastissez les tombeaux des Prophetes, et reparez les sepulcres des justes: Et dites, Si nous eussions esté és jours de nos peres, nous n'eussions point esté leurs compagnons au sang des Prophetes. Ainsi vous estes tesmoins contre vous-mesmes: que vous estes enfans des meurtriers des Prophetes. Vous donc aussi achevez de remplir la mesure de vos peres. Serpens, engeances de viperes, comment éviterez-vous le jugement de la gehenne? Pource voici, je vous envoye des Prophetes, et des Sages, et des Scribes: et vous en tuërez, et en crucifierez, et en fouëtterez en vos Synagogues, et les poursuivrez de ville en ville: Afin que vienne sur vous tout le sang juste qui a esté respandu en la terre, depuis le sang d'Abel le juste, jusques au sang de Zacharie fils de Barachie, lequel vous avez mis à mort entre le temple et l'autel. En verité je vous dis, que toutes ces choses viendront sur cette generation. Jerusalem, Jerusalem, qui tuës les Prophetes, et qui lapides ceux qui te sont envoyez: combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfans, comme la poulle rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l'avez point voulu? Voici, vostre maison s'en va vous estre laissée deserte. Car je vous dis, que dés cette heure vous ne me verrez plus, jusqu'à ce que vous disiez, Benit [soit] celui qui vient au nom du Seigneur. Alors Jesus sortant, s'en alloit hors du temple: et ses disciples vinrent pour lui montrer les bastimens du temple. Et Jesus leur dit, Ne voyez-vous pas toutes ces choses? En verité je vous dis, qu'il ne sera ici laissé pierre sur pierre qui ne soit demolie. Et lui estant assis sur la montagne des Oliviers, les disciples vinrent à lui à part, disans, Di nous quand ces choses adviendront, et quel sera le signe de ton advenement, et de la fin du monde. Et Jesus respondant leur dit, Prenez garde que nul ne vous seduise. Car plusieurs viendront en mon Nom, disans, Je suis le Christ: et en seduiront plusieurs. Or vous avez à ouïr des guerres et des bruits de guerres: prenez garde que vous ne soyez troublez: car il faut que toutes ces choses adviennent: mais ce ne sera pas encore la fin. Car nation s'élevera contre nation, et royaume contre royaume: et il y aura des famines, et des pestilences, et des tremblemens de terre en tous lieux. Mais toutes ces choses sont des commencemens de douleurs. Alors ils vous livreront pour estre affligez, et vous tuëront: et vous serez haïs de toutes nations, à cause de mon Nom. Alors plusieurs aussi seront scandalizez: et se trahiront l'un l'autre, et se haïront l'un l'autre. Davantage, plusieurs faux prophetes s'éleveront, et en seduiront plusieurs. Et parce que l'iniquité sera multipliée, la charité de plusieurs se refroidira. Mais qui aura perseveré jusques à la fin, celui-là sera sauvé. Et cét Evangile du royaume sera presché en toute la terre habitable, en tesmoignage à toutes nations: et alors viendra la fin. Quand donc vous verrez l'abomination de la desolation, qui est dite par Daniel le Prophete, estre establie au lieu saint, (qui lit l'entende.) Alors que ceux qui seront en Judée, s'enfuyent aux montagnes. Et que celui qui sera sur la maison, ne descende point, pour emporter aucune chose de sa maison. Et que celui qui est au champ, ne retourne point en arriere, pour emporter ses habillemens. Mais malheur sur les femmes enceintes, et sur celles qui allaiteront en ces jours-là. Or priez que vostre fuite ne soit point en hyver, ni au jour du Sabbat. Car il y aura alors une grande affliction, telle qu'il n'y en a point eu de semblable, depuis le commencement du monde, jusques à maintenant, et n'y en aura. Que si ces jours-là n'eussent esté abbregez, nulle personne ne seroit sauvée: mais à cause des éleus, ces jours-là seront abbregez. Alors si quelqu'un vous dit, Voici, le Christ [est] ici, ou [il est] là, ne le croyez point. Car de faux Christs et de faux Prophetes s'éleveront, et feront de grands signes et miracles: voire pour seduire les éleus mesmes, s'il estoit possible. Voici, je vous l'ai predit. Si donc on vous dit, Voici, il [est] au desert, ne sortez point: Voici, il [est] és cabinets, ne le croyez point. Car comme l'éclair sort d'Orient, et se montre jusques en Occident, autant en sera-t'il aussi de l'advenement du Fils de l'homme. Car où sera le corps mort, là s'assembleront aussi les aigles. Or incontinent apres l'affliction de ces jours-là, le soleil deviendra obscur, et la lune ne donnera point sa lumiere, et les estoiles cherront du ciel, et les vertus des cieux seront ébranlées. Et alors le signe du Fils de l'homme apparoistra au ciel, et alors aussi toutes les lignées de la terre se lamenteront en se frapant la poictrine, et verront le Fils de l'homme venir és nuées du ciel, avec puissance et grande gloire. Lequel envoyera ses Anges avec un grand son de trompette, qui assembleront en un ses éleus des quatre vents, depuis l'un des bouts des cieux jusques à l'autre bout. Or apprenez la similitude du figuier. Quand déja son rameau est en séve et qu'il jette des fueilles, vous connoissez que l'esté est prochain. Vous aussi pareillement, quand vous verrez toutes ces choses, sçachez qu'il est prochain à la porte. En verité je vous dis, que cette generation ne passera point, que toutes ces choses-là ne soyent advenuës. Le ciel et la terre passeront: mais mes paroles ne passeront point. Or quant à ce jour-là, et à l'heure, nul ne le sçait, non pas mesmes les Anges du ciel, mais mon Pere seul. Mais comme [estoyent] les jours de Noé, ainsi en prendra-t'il de l'advenement du Fils de l'homme. Car comme ils estoyent és jours de devant le deluge, mangeans et beuvans, se marians et baillans en mariage, jusques au jour que Noé entra en l'arche: Et n'apperceurent point le deluge, jusques à ce qu'il fust venu, et les emporta tous: ainsi en prendra-t'il de l'advenement du Fils de l'homme. Alors deux seront au champ: l'un sera pris, et l'autre laissé. Deux moudront au moulin: l'une sera prise, et l'autre laissée. Veillez donc: car vous ne sçavez à quelle heure doit venir vostre Seigneur. Mais sçachez cela, que si le pere de famille sçavoit à quelle veille [de la nuict] le larron doit venir, il veilleroit, et ne laisseroit point percer sa maison. Partant vous aussi soyez prests: car le Fils de l'homme viendra à l'heure que vous n'y penserez point. Qui est donc le serviteur fidele et prudent, que son maistre a establi sur la compagnie de ses serviteurs, pour leur bailler la nourriture en temps? Bien-heureux [est] ce serviteur-là, que son maistre trouvera ainsi faisant, quand il viendra. En verité je vous dis, qu'il l'establira sur tous ses biens. Que si ce mauvais serviteur-là dit en son coeur, Mon maistre met longtemps à venir: Et qu'il se prenne à battre ses compagnons de service, et mesmes à boire et à manger avec les yvrognes: Le maistre de ce serviteur-là viendra au jour qu'il ne l'attend point, et à l'heure qu'il ne sçait point: Et le separera, et le mettra au rang des hypocrites: là il y aura pleur et grincement de dents. Alors le royaume des cieux sera semblable à dix vierges, lesquelles ayans pris leurs lampes, s'en allerent au devant de l'espoux. Or il y en avoit d'icelles cinq sages, et cinq folles. Les folles, en prenant leurs lampes n'avoyent point pris d'huile avec elles. Mais les sages avoyent pris de l'huile en leurs vaisseaux avec leurs lampes. Et comme l'espoux tardoit à venir, elles sommeillerent toutes, et s'endormirent. Or à la minuict il se fit un cri, disant, Voici, l'espoux vient, sortez au devant de lui. Alors ces vierges-là se leverent toutes, et appresterent leurs lampes. Et les folles dirent aux sages, Baillez-nous de vostre huile: car nos lampes s'esteignent: Mais les sages respondirent, disans, [Nous ne pouvons], de peur que nous n'en ayons point assez pour nous et pour vous: mais allez plustost vers ceux qui en vendent et en achetez pour vous-mesmes. Or pendant qu'elles en alloyent acheter, l'espoux vint: et celles qui estoyent prestes entrerent avec lui aux nopces, et la porte fut fermée. Puis apres les autres vierges vinrent aussi, disans, Seigneur, Seigneur, ouvre nous. Mais il respondit, et dit, En verité je vous dis, que je ne vous connois point. Veillez donc: car vous ne sçavez ni le jour ni l'heure, en laquelle le Fils de l'homme viendra. Car [c'est] comme un homme, [lequel] s'en allant dehors, appella ses serviteurs, et leur commit ses biens. Et il bailla à l'un cinq talens, et à l'autre deux, et à l'autre un: à chacun selon sa portée: et incontinent s'en alla dehors. Or celui qui avoit receu les cinq talens, s'en alla, et trafiqua d'eux, et en fit cinq autres talens. Semblablement aussi celui qui avoit receu les deux, en gagna aussi deux autres. Mais celui qui en avoit receu un, s'en alla, et l'enfoüit en terre, et cacha l'argent de son maistre. Or long-temps apres, le maistre de ces serviteurs-là vint, et conta avec eux. Alors celui qui avoit receu les cinq talens, vint, et presenta cinq autres talens, disant, Seigneur, tu m'as commis cinq talens: voici, j'en ai gagné cinq autres par dessus. Et son seigneur lui dit, Cela va bien, bon serviteur et loyal: tu as esté loyal en peu de chose, je t'establirai sur beaucoup: entre en la joye de ton seigneur. Puis celui qui avoit receu les deux talens, vint, et dit, Seigneur, tu m'as commis deux talens: voici, j'en ai gagné deux autres par dessus. Et son seigneur lui dit, Cela va bien, bon serviteur et loyal: tu as esté loyal en peu de chose je t'establirai sur beaucoup: entre en la joye de ton seigneur. Mais celui qui n'avoit receu qu'un talent, vint, et dit, Seigneur, je connoissois que tu estois un homme rude, moissonnant là où tu n'as point semé, et assemblant là où tu n'as point épars: C'est pourquoi, craignant, je m'en suis allé, et ai caché ton talent en terre: voici, tu as ce qui est tien. Et son seigneur répondant, lui dit, Mauvais serviteur et lasche, tu sçavois que je moissonnois là où je n'ai point semé, et assemblois là où je n'ai point épars. Il faloit donc que tu baillasses mon argent aux banquiers, et estant venu j'eusse receu le mien avec usure. Ostez-lui donc le talent, et le donnez à celui qui a les dix talens. Car à chacun qui aura, il sera donné, et il en aura tant plus: mais à celui qui n'a rien, cela mesmes qu'il a, lui sera osté. Jettez donc le serviteur inutile és tenebres de dehors: là il y aura pleur et grincement de dents. Or quand le Fils de l'homme sera venu en sa gloire, et tous les saints Anges avec lui, alors il se séera sur le thrône de sa gloire: Et toutes les nations seront assemblées devant lui, et il les separera les uns d'avec les autres: comme le berger separe les brebis d'avec les boucs: Et il mettra les brebis à sa droite, et les boucs à [sa] gauche. Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite, Venez, les benits de mon Pere, possedez en heritage le royaume qui vous a esté preparé dés la fondation du monde. Car j'ai eu faim, et vous m'avez donné à manger: j'ai eu soif, et vous m'avez donné à boire: j'estois estranger, et vous m'avez recüeilli: J'[estois] nud, et vous m'avez vétu: j'estois malade, et vous m'avez visité: j'estois en prison, et vous estes venus vers moi. Alors les justes lui répondront, disans, Seigneur, quand est-ce que nous t'avons veu avoir faim, et que nous t'avons donné à manger? ou avoir soif, et que nous t'avons donné à boire? Et quand est-ce que nous t'avons veu estranger, et que nous t'avons recüeilli? ou nud, et que nous t'avons vestu? Ou quand est-ce que nous t'avons veu malade, ou en prison, et que nous sommes venus vers toi? Et le Roi répondant, leur dira, En verité je vous dis, qu'entant que vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes freres, vous me l'avez fait. Alors il dira aussi à ceux qui seront à sa gauche, Maudits, départez-vous de moi au feu eternel, qui est preparé au Diable et à ses Anges. Car j'ai eu faim, et vous ne m'avez point donné à manger: j'ai eu soif, et vous ne m'avez point donné à boire: J'estois estranger, et vous ne m'avez point recüeilli: nud, et vous ne m'avez point vestu: malade et en prison, et vous ne m'avez point visité. Alors aussi ceux-là lui répondront, disans, Seigneur, quand est-ce que nous t'avons veu avoir faim, ou avoir soif, ou estre estranger, ou nud, ou malade, ou en prison, et que nous ne t'avons point subvenu? Alors il leur répondra, disant, En verité je vous dis, qu'entant que vous ne l'avez point fait à l'un de ces plus petits, vous ne me l'avez point fait aussi. Et ceux-ci s'en iront aux peines eternelles: mais les justes s'en iront à la vie eternelle. Et il advint que quand Jesus eust achevé tous ces propos, il dit à ses disciples, Vous sçavez que dans deux jours [la solemnité de] la Pasque se fait, et que le Fils de l'homme s'en va estre livré pour estre crucifié. Alors les principaux Sacrificateurs, et les Scribes, et les Anciens du peuple, s'assemblerent en la salle du souverain Sacrificateur, nommé Caïphe. Et tinrent conseil de saisir Jesus par finesse, et de le mettre à mort. Mais ils disoyent, Non point durant la feste, de peur qu'il se fasse tumulte entre le peuple. Et comme Jesus estoit à Bethanie, en la maison de Simon, [dit] le lepreux: Une femme estoit venuë à luy, ayant une boite d'oignement de grand prix, et l'avoit répandu sur la teste d'icelui estant à table. Et ses disciples voyans cela, furent indignez, disans, A quoy sert ce degast? Car cet oignement pouvoit estre vendu beaucoup, et estre donné aux pauvres. Mais Jesus appercevant cela, leur dit, Pourquoi donnez-vous de la fascherie à cette femme? car elle a fait un bon acte envers moi. Parce que vous aurez toûjours les pauvres avec vous: mais vous ne m'aurez point toûjours. Car ce qu'elle a répandu cet oignement sur mon corps, elle l'a fait pour l'appareil de ma sepulture. En verité je vous dis, qu'en quelque lieu que sera presché cet Evangile en tout le monde, cela aussi qu'elle a fait sera recité en memoire d'elle. Alors l'un des douze qui estoit appellé Judas Iscariot, s'en alla vers les principaux Sacrificateurs: Et leur dit, Que me voulez-vous donner, et je vous le livrerai? Et ils lui conterent trente pieces d'argent. Et dés lors il cherchoit opportunité pour le livrer. Or le premier jour de la feste des pains sans levain, les disciples vinrent à Jesus, lui disans, Où veux-tu que nous t'apprestions à manger l'agneau de Pasque? Et il [respon]dit, Allez en la ville vers un tel, et lui dites, Le Maistre dit, mon temps est prés, je ferai la Pasque chez toi avec mes disciples. Et les disciples firent comme Jesus leur avoit ordonné, et preparerent la Pasque. Quand donc le soir fut venu, il se mit à table avec les douze. Et comme ils mangeoyent, il dit, En verité je vous dit, que l'un de vous me trahira. Alors ils furent fort contristez, et chacun d'eux se prit à lui dire, Seigneur est-ce moi? Mais il [leur] répondit, et dit, Celui qui a mis la main au plat pour tremper avec moi, c'[est] celui qui me trahira. Or quant au Fils de l'homme, il s'en va, selon qu'il est écrit de lui: mais malheur à cet homme-là, par lequel le Fils de l'homme est trahi: il eust esté bon à cet homme-là de n'estre point né. Et Judas qui le trahissoit, répondant, dit, Maistre, est-ce moi? Il lui dit, Tu l'as dit. Et comme ils mangeoyent, Jesus prit le pain: et apres qu'il eût benit, il le rompit et le bailla à ses disciples, et dit, Prenez, mangez: ceci est mon corps. Puis ayant pris la coupe, et rendu graces, il la leur bailla, disant, Beuvez-en tous: Car ceci est mon sang, le sang du nouveau Testament, lequel est répandu pour plusieurs en remission des pechez. Or je vous dis, que depuis cette heure je ne boirai point de ce fruit de vigne-ici, jusques à ce jour-là, que je le boirai nouveau avec vous, au royaume de mon Pere. Et quand ils eurent chanté le cantique, ils s'en allerent en la montagne des Oliviers. Alors Jesus leur dit, Vous serez tous scandalizez en moi cette nuict-ici: car il est écrit, Je frapperai le berger, et les brebis du troupeau seront éparses. Mais apres que je serai ressuscité, j'irai devant vous en Galilée. Et Pierre prenant la parole, lui dit, Quand bien tous seroyent scandalizez en toi, je ne serai jamais scandalizé. Jesus lui dit, En verité je te dis, qu'en cette propre nuit, devant que le coq chante, tu me renieras par trois fois. Pierre lui dit, Quand mesmes il me faudroit mourir avec toi, si est-ce que je ne te renierai point. Autant aussi en dirent tous les disciples. Alors Jesus s'en vint avec eux en un lieu dit Gethsemané: et dit à ses disciples, Séez-vous ici, jusques à ce que je m'en aille, et que je prie là. Alors il prit avec soi Pierre et les deux fils de Zebedée, et commença à estre contristé, et à estre fort angoissé. Alors il leur dit, Mon ame est saisie de tristesse jusques à la mort: demeurez ici, et veillez avec moi. Et s'en allant un peu plus outre, il se jetta en terre sur sa face, priant et disant, Mon Pere, s'il est possible, que cette coupe passe arriere de moi: toutefois non point comme je veux, mais comme tu veux. Puis il vint à ses disciples, et les trouva dormans, et dit à Pierre, Est-il possible que vous n'ayez peu veiller une heure avec moi? Veillez et priez, que vous n'entriez en tentation: car quant à l'esprit [il est] prompt, mais la chair [est] foible. Derechef il s'en alla pour la seconde fois, et pria, disant, Mon Pere, s'il n'est pas possible que cette coupe passe arriere de moi, sans que je la boive, ta volonté soit faite. Puis il revint, et les trouva derechef dormans: car leurs yeux estoyent appesantis. Et les ayant laissez, il s'en alla derechef, et pria pour la troisiéme fois, disant les mesmes paroles. Alors il vint à ses disciples, et leur dit, Dormez d'oresenavant, et vous reposez: voici, l'heure est prochaine, et le Fils de l'homme s'en va estre livré és mains des méchans. Levez-vous, allons: voici, celui qui me trahit s'approche. Et comme il parloit encore, voici, Judas l'un des douze, vint, et une grande troupe avec lui, avec des espées et des bastons, de par les principaux Sacrificateurs et les Anciens du peuple. Or celui qui le trahissoit, leur avoit donné un signal, disant, Celui que je baiserai, c'est lui: saisissez-le. Et incontinent s'approchant de Jesus, il lui dit, Maistre, bien te soit: et le baisa. Alors Jesus lui dit, Compagnon, pour quel sujet es-tu ici? Alors ils s'approcherent, et jetterent les mains sur Jesus, et le saisirent. Et voici l'un de ceux qui [estoyent] avec Jesus, avançant la main tira son espée, et en frappa le serviteur du souverain Sacrificateur, et lui emporta l'oreille. Alors Jesus lui dit, Remets ton espée en son lieu: car tous ceux qui auront pris l'espée, periront par l'espée. Penses-tu que je ne puisse maintenant prier mon Pere, qui me bailleroit presentement plus de douze legions d'Anges? Comment donc seroyent accomplies les Ecritures, [qui disent] qu'il faut qu'il arrive ainsi? A ce mesme instant Jesus dit aux troupes, Vous estes sortis avec des espées et des bastons, comme apres un brigand, pour me prendre: j'estois tous les jours assis entre vous, enseignant au temple, et vous ne m'avez point saisi? Mais tout ceci est advenu, afin que les Ecritures des Prophetes soyent accomplies. Alors tous les disciples l'abandonnerent, et s'enfuïrent. Mais ceux qui avoyent saisi Jesus, l'amenerent à Caïphe le souverain Sacrificateur, où les Scribes et les Anciens estoyent assemblez. Et Pierre le suivit de loin, jusques à la cour du souverain Sacrificateur: et estant entré dedans, il s'assit avec les officiers, pour voir quelle en seroit la fin. Or les principaux Sacrificateurs, et les Anciens, et tout le conseil, cherchoyent de faux tesmoignages contre Jesus, afin qu'ils le missent à mort: Et n'en trouvoyent point: et bien que plusieurs faux tesmoins fussent venus, ils n'en trouverent point [de propres]. Mais à la fin deux faux tesmoins s'approcherent, Et dirent, Celui-ci a dit, Je puis défaire le temple de Dieu, et le rebastir en trois jours. Alors le souverain Sacrificateur se leva, et lui dit, Ne répons-tu rien? Qu'est-ce que témoignent ceux-ci contre toi? Et Jesus se teut. Alors le souverain Sacrificateur prenant la parole, lui dit, Je t'adjure par le Dieu vivant, que tu nous dies si tu es le Christ, le Fils de Dieu. Jesus lui dit, Tu l'as dit. Qui plus est, je vous dis, Ci-apres vous verrez le Fils de l'homme assis à la dextre de la vertu [de Dieu], et venant és nuées du ciel. Alors le souverain Sacrificateur déchira ses vestemens, disant, Il a blasphemé: qu'avons-nous plus à faire de témoins? Voici, vous avez ouï maintenant son blaspheme. Que vous en semble? Eux répondans dirent, Il est coupable de mort. Alors ils lui cracherent au visage, et le soufleterent: et les autres lui donnoyent des coups de leurs verges. Disans, Christ prophetize-nous, qui est celui qui t'a frapé? Or Pierre étoit assis dehors en la cour: et une servante s'adressa à lui, disant: Tu estois aussi avec Jesus le Galiléen. Mais il le nia devant tous, disant, Je ne sçai ce que tu dis. Et comme il sortoit dehors au portail, une autre [servante] le vid: et dit à ceux qui [estoyent] là, Celui-ci aussi estoit avec Jesus le Nazarien. Et derechef il le nia avec serment, disant, Je ne connois point cet homme-là. Et un peu apres, ceux qui se trouvoyent là, vinrent, et dirent à Pierre: Vrayement tu es aussi de ceux-là, car ton langage te donne à connoistre. Alors il se prit à se maudire, et à jurer, [disant], Je ne connois point cet homme-là. Et incontinent le coq chanta. Alors Pierre eut souvenance de la parole de Jesus, qui lui avoit dit, Devant que le coq chante, tu me renieras par trois fois. Ainsi il sortit dehors, et pleura amerement. Puis quand le matin fut venu, tous les principaux Sacrificateurs et les Anciens du peuple tinrent conseil contre Jesus, pour le mettre à mort. A raison dequoi ils l'amenerent lié, et le livrerent à Ponce Pilate Gouverneur. Alors Judas qui l'avoit trahi, voyant qu'il estoit condamné, se repentit, et reporta les trente pieces d'argent aux principaux Sacrificateurs, et aux Anciens. Disant, J'ai peché en trahissant le sang innocent. Mais ils lui dirent, Que nous importe? tu y adviseras. Alors apres avoir jetté les pieces d'argent dans le temple, il se retira, et s'en alla, et s'étrangla. Et les principaux Sacrificateurs ayant pris les pieces d'argent, dirent, Il n'est pas permis de les mettre au tresor car c'est un prix de sang. Et apres qu'ils eurent pris conseil, ils en acheterent le champ d'un potier, pour la sepulture des estrangers. Et pour cette cause ce champ-là a esté appellé jusques à ce jourd'hui, Le champ de sang. Alors fut accompli ce dont il avoit esté parlé par Jeremie le Prophete, disant, Et ils ont pris trente pieces d'argent, le prix de celui qui a esté apprecié, lequel ceux d'entre les enfans d'Israël ont apprecié: Et les ont baillées pour [acheter] le champ d'un potier, selon ce que le Seigneur m'avoit ordonné. Or Jesus fut presenté devant le Gouverneur: et le Gouverneur l'interrogea, disant, Es-tu le Roi des Juifs? Jesus lui dit, Tu le dis. Et comme il estoit accusé par les principaux Sacrificateurs et les Anciens, il ne répondoit rien. Alors Pilate lui dit, N'ois-tu pas combien ils amenent de témoignages contre toi? Mais il ne lui respondit rien à une seule parole: tellement que le Gouverneur s'étonnoit grandement. Or le Gouverneur avoit de coustume de relascher au jour de la feste un prisonnier au peuple: [assavoir] celui qu'ils vouloyent. Et alors il y avoit un prisonnier notable, dit Barrabas. Quand donc ils furent assemblez, Pilate leur dit, Lequel voulez-vous que je vous relâche, Barrabas, ou Jesus qu'on appelle Christ? (Car il sçavoit bien qu'ils l'avoyent livré par envie.) Et comme il estoit assis au siege judicial, sa femme envoya vers lui, disant, N'aye rien à faire avec ce juste-là: car j'ai aujourd'hui beaucoup souffert en songeant à cause de lui. Alors les principaux Sacrificateurs, et les Anciens persuaderent aux troupes qu'ils demandassent Barrabas, et qu'ils fissent perir Jesus. Et le Gouverneur prenant la parole, leur dit, Lequel des deux voulez-vous que je vous relasche? Ils dirent, Barrabas. Mais Pilate leur dit, Que ferai-je donc de Jesus qu'on appelle Christ? Tous lui dirent, Qu'il soit crucifié. Et le Gouverneur leur dit, Mais quel mal a-t'il fait? Alors ils crierent d'autant plus, disans, Qu'il soit crucifié. Pilate donc voyant qu'il ne gagnoit rien, mais que le tumulte s'eslevoit tant plus, prit de l'eau, et lava ses mains devant le peuple, disant, Je suis innocent du sang de ce juste-ici: vous y adviserez. Et tout le peuple respondant, dit, Son sang [soit] sur nous et sur nos enfans. Alors il leur relascha Barrabas: et leur livra Jesus, apres l'avoir fait foüetter, afin qu'il fust crucifié. Alors les soldats du Gouverneur amenerent Jesus au Pretoire, et assemblerent devant lui toute la bande. Et l'ayans devestu, mirent sur lui un manteau d'écarlate. Et plierent une couronne d'épines, et la mirent sur sa teste, et un roseau en sa [main] droite: et s'agenoüillans devant lui, se mocquoyent de lui, disans, Bien te soit, Roi des Juifs. Et apres avoir craché contre lui, ils prirent le roseau, et en frapoyent sa teste. Puis s'estans mocquez de lui, ils lui dépoüillerent le manteau, et le vestirent de ses vestemens, et l'amenerent pour estre crucifié. Et comme ils sortoyent, ils trouverent un Cyrenien, nommé Simon: lequel ils contraignirent de porter la croix d'icelui. Et estans arrivez en la place dite Golgota, (qui vaut autant à dire que la place du Test) Ils lui donnerent à boire du vinaigre meslé avec du fiel: et quand il en eust gousté, il n'en voulut point boire. Et apres l'avoir crucifié, ils partagerent ses vestemens, en jettant le sort, afin que fust accompli ce qui est dit par le Prophete, Ils se sont partagez mes vestemens, et ont jetté le sort sur mon saye. Et estans assis, ils le gardoyent là. Ils mirent aussi au dessus de sa teste son dicton par écrit [en ces mots], CELUI-CI EST JESUS LE ROI DES JUIFS. Alors deux brigands furent crucifiez avec lui: l'un à droite, et l'autre à gauche. Et ceux qui passoyent prés de là, lui disoyent des outrages, hochans la teste. Et disans, Toi qui desfais le temple, et le rebastis en trois jours, sauve-toi toi-mesme: si tu es le Fils de Dieu, descen de la croix. Semblablement aussi les principaux Sacrificateurs, avec les Scribes et les Anciens, se mocquans, disoyent, Il a sauvé les autres, il ne se peut sauver soi-mesme: s'il est le Roi d'Israël, qu'il descende maintenant de la croix, et nous croirons à lui. Il se confie en Dieu, qu'il le delivre maintenant, s'il l'a pour agreable: car il a dit, Je suis le Fils de Dieu. Cela mesme lui reprochoyent aussi les brigands qui estoyent crucifiez avec lui. Mais depuis six heures il se fit des tenebres sur tout le païs, jusques à neuf heures. Et environ les neuf heures, Jesus s'escria à haute voix, disant, Eli, Eli, lamma sabachthani? c'est à dire, Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné? Et quelques-uns de ceux qui estoyent là presens, ayans ouï cela, disoyent, Celui-ci appelle Elie. Et incontinent quelqu'un d'entr'eux courut, et prit une esponge: et l'ayant emplie de vinaigre, la mit à l'entour d'un roseau, et lui en bailla à boire. Mais les autres disoyent, Laisse, voyons si Elie viendra le sauver. Et alors Jesus ayant crié derechef à haute voix, rendit l'esprit. Et voila, le voile du temple se fendit en deux, depuis le haut jusques au bas: et la terre trembla, et les pierres se fendirent. Et les sepulcres s'ouvrirent: et plusieurs corps des Saincts qui avoyent esté endormis se leverent: Lesquels estans sortis des sepulcres, apres la resurrection d'icelui, entrerent en la sainte Cité, et apparurent à plusieurs. Or le Centenier, et ceux qui [estoyent] avec lui gardans Jesus, ayans veu le tremblement de terre, et les choses qui estoyent avenuës, eurent grand'peur, disans, Veritablement celui-ci estoit le Fils de Dieu. Il y avoit là aussi plusieurs femmes qui regardoyent de loin, lesquelles avoyent suivi Jesus depuis la Galilée, en lui subvenant. Entre lesquelles estoit Marie Magdeleine, et Marie mere de Jaques et de Joses, et la mere des fils de Zebedée. Et le soir estant venu, il vint un riche homme, [qui estoit] d'Arimathée, nommé Joseph, qui mesme avoit esté disciple de Jesus. Icelui vint à Pilate, et demanda le corps de Jesus. Alors Pilate commanda que le corps fust rendu. Ainsi Joseph prit le corps, et l'enveloppa d'un linceul net. Et le mit en son sepulcre neuf qu'il avoit taillé en un roc: et ayant roulé une grande pierre à la porte du sepulcre, il s'en alla. Et Marie Magdeleine, et l'autre Marie estoyent là assises à l'endroit du sepulcre. Or le lendemain, qui est apres la preparation [du Sabbat], les principaux Sacrificateurs et les Pharisiens s'assemblerent vers Pilate, Disans, Seigneur, il nous souvient que ce seducteur-là, quand il vivoit encore, disoit, Dans trois jours je ressusciterai. Commande donc que le sepulcre soit gardé seurement jusques au troisiéme jour: de peur que ses disciples viennent de nuit, et le dérobent, et disent au peuple, Il est ressuscité des morts: dont le dernier abus sera pire que le premier. Mais Pilate leur dit, Vous avez la garde: allez, et l'asseurez comme vous l'entendez. Eux donc s'en allerent, et asseurerent le sepulcre, seellans la pierre avec des gardes. Or au soir du Sabbat, au jour qui devoit luire pour le premier de la semaine, Marie Magdeleine, et l'autre Marie vinrent voir le sepulcre. Et voici, il se fit un grand tremblement de terre: car l'Ange du Seigneur descendit du ciel, et vint, et roula la pierre arriere de la porte [du sepulcre], et s'assit sur elle. Et son regard estoit comme un éclair, et son vestement comme de la neige. Et les gardes, pour la peur qu'ils eurent de lui, furent effrayez, et devinrent comme morts. Mais l'Ange prenant la parole, dit aux femmes, Vous [autres], ne craignez point; car je sçais que vous cherchez Jesus qui a esté crucifié. Il n'est point ici: car il est ressuscité, comme il l'avoit dit. Venez, voyez le lieu où gisoit le Seigneur. Et vous en allez promptement: et dites à ses disciples, qu'il est ressuscité des morts: et voici, il s'en va devant vous en Galilée: vous le verrez là: voici, je vous l'ai dit. Alors elles partirent promptement du sepulcre avec crainte et grande joye: et coururent l'annoncer à ses disciples. Mais comme elles alloyent pour l'annoncer à ses disciples, voici, Jesus leur vint au devant, disant, Bien vous soit. Et elles s'approcherent, et empoignerent ses pieds, et l'adorerent. Alors Jesus, leur dit, Ne craignez point: allez, et annoncez à mes freres qu'ils aillent en Galilée et qu'ils me verront là. Or quand elles furent parties, voici, quelques-uns de la garde vinrent en la ville, et rapporterent aux principaux Sacrificateurs toutes les choses qui estoyent avenuës. Alors ils s'assemblerent avec les Anciens, et apres qu'ils eurent pris conseil, ils donnerent une bonne somme d'argent aux soldats, [En leur] disant, Dites, Ses disciples sont venus de nuit, et l'ont dérobé comme nous dormions. Et si le Gouverneur vient à entendre ceci, nous [le] lui persuaderons, et vous en mettrons hors de peine. Et eux ayant pris l'argent, firent ainsi qu'ils estoyent instruits, tellement que ce propos a esté divulgué entre les Juifs, jusques à ce jourd'hui. Mais les onze disciples s'en allerent en Galilée, en la montagne où Jesus leur avoit ordonné. Et quand ils l'eurent veu, ils l'adorerent: mais quelques-uns douterent. Et Jesus s'approchant parla à eux, disant, Toute puissance m'est donnée au ciel et en la terre. Allez donc, et endoctrinez toutes nations, les baptisans au nom du Pere, et du Fils, et du saint Esprit. Et les enseignans de garder tout ce que je vous ay commandé. Et voici, je suis toûjours avec vous, jusques à la fin du monde. Amen.
Le commencement de l'Evangile de Jesus Christ Fils de Dieu. Ainsi qu'il est écrit és Prophetes, Voici, j'envoye mon messager devant ta face, qui preparera ta voye au devant de toi. La voix de celui qui crie au desert [est], Preparez le chemin du Seigneur, dressez ses sentiers. Jean baptisoit au desert, et preschoit le Baptesme de repentance, en remission des pechez. Et tout le païs de Judée, et ceux de Jerusalem, alloyent vers lui, et estoyent tous baptisez par lui au fleuve du Jordain, confessans leurs pechez. Or Jean estoit vestu de poils de chameau, et avoit une ceinture de cuir autour de ses reins, et mangeoit des sauterelles et du miel sauvage. Et preschoit, disant, Celui qui est plus fort que moi, vient apres moi, duquel je ne suis pas digne en me baissant de deslier la courroye des souliers. Il est vrai que je vous ai baptizez d'eau: mais il vous baptizera du saint Esprit. Or il advint en ces jours-là [que] Jesus vint de Nazareth, [ville] de Galilée, et fut baptizé par Jean au Jordain. Et incontinent comme il sortoit hors de l'eau, il vid les cieux se fendre, et le saint Esprit descendre sur lui comme une colombe. Alors il se fit une voix, [venant] des cieux, [disant], Tu es mon fils bien-aimé, auquel j'ai pris mon bon-plaisir. Et incontinent l'esprit le poussa au desert. Et il fut là au desert quarante jours, estant tenté de Satan: et estoit avec les bestes sauvages, et les Anges le servoyent. Or apres que Jean eût esté mis en prison, Jesus vint en Galilée, preschant l'Evangile du Royaume de Dieu: Et disant, Le temps est accompli, et le royaume de Dieu est approché: amendez-vous, et croyez à l'Evangile. Or en cheminant auprés de la mer de Galilée, il vid Simon et André son frere, jettans leurs filez en la mer, (car ils estoyent pescheurs.) Alors Jesus leur dit, Venez aprez moi, et je vous ferai estre pescheurs d'hommes. Et aussi-tost laissant leurs filez, ils le suivirent. Et de là passant un peu plus outre, il vid Jaques fils de Zebedée et Jean son frere, qui racoustroyent leurs filez en la nasselle. Et incontinent il les appella, et eux laissans leur pere Zebedée en la nasselle avec les ouvriers, le suivirent. Puis ils entrerent en Capernaum: et tost apres au jour du Sabbat, estant entré en la Synagogue, il enseignoit. Et ils s'estonnoyent de sa doctrine: car il les enseignoit comme ayant authorité, et non point comme les Scribes. Or il se trouva en leur Synagogue un homme qui avoit un esprit immonde, lequel s'écria, Disant, Ha! qu'y a-t'il entre toi et nous, Jesus Nazarien? es-tu venu pour nous destruire? je sçay qui tu es [assavoir] le saint de Dieu. Mais Jesus le tança, disant, Tai-toi, et sors de lui. Alors l'esprit immonde le dérompant, et s'écriant à haute voix, sortit hors de lui. Et ils s'estonnerent tous, tellement qu'ils s'enqueroyent entr'eux, disans, Qu'est ceci, quelle doctrine nouvelle [est] celle-ci? qu'il commande d'authorité, mesmes aux esprits immondes, et ils lui obeïssent? Ainsi sa renommée courut incontinent par toute la contrée d'alentour de la Galilée. Et tost apres estans sortis de la Synagogue, ils vinrent avec Jaques et Jean en la maison de Simon et d'André. Or la belle-mere de Simon gisoit malade de la fiévre: et aussi-tost ils lui parlerent d'elle. Alors s'approchant, il la leva, en la prenant par la main: et aussi-tost la fiévre la laissa, et elle les servit. Le soir estant venu, comme le soleil se couchoit, ils lui apportoyent tous ceux qui se portoyent mal, et les demoniaques. Et toute la ville estoit assemblée à la porte. Et il guerit tous ceux qui estoyent malades de diverses maladies: et jetta hors plusieurs diables, ne permettant point que les diables dissent qu'ils le connussent. Puis au matin comme il estoit encore fort nuit, s'étant levé il sortit, et s'en alla en un lieu desert, et prioit là. Et Simon, et les autres qui [estoyent] avec lui, le suivirent. Et quand ils l'eurent trouvé, ils lui dirent, Tous te cherchent. Alors il leur dit, Allons-nous-en aux prochaines bourgades, afin que j'y presche aussi: car je suis venu pour cela. Il preschoit donc en leurs Synagogues, par toute la Galilée, et jettoit hors les diables. Et un lepreux vint à lui, le priant, et s'agenoüillant devant lui, et disant, Si tu veux, tu peux me nettoyer. Alors Jesus estant émeu de compassion, estendit sa main, et le toucha, et lui dit, Je le veux, sois nettoyé. Et quand il [l]'eût dit, la lepre partit aussi-tost de lui, et il fut nettoyé. Et l'ayant menacé, il le renvoya incontinent, Et lui dit, Garde-toi d'en rien dire à personne: mais va-t'en, [et] te montre au Sacrificateur, et presente pour ta purification les choses que Moyse a commandées, pour leur estre en témoignage. Mais lui estant parti commença à publier plusieurs choses, et à divulguer l'affaire: tellement que Jesus ne pouvoit entrer à découvert en la ville, mais il se tenoit en des lieux deserts, et de toutes parts on venoit à lui. Quelques jours apres il entra derechef en Capernaum: et on ouït dire qu'il estoit en la maison. Et aussi-tost plusieurs s'y assemblerent, tellement que mesmes l'endroit d'auprés de la porte ne les pouvoit contenir, et il leur annonçoit la parole. Alors quelques-uns vinrent à lui, apportans un paralytique, qui estoit porté par quatre. Mais parce qu'ils ne pouvoyent approcher de lui à cause de la foule, ils découvrirent le toit [du lieu] où estoit [Jesus:] et l'ayant percé, devalerent le petit lit auquel le paralytique gisoit. Alors Jesus ayant veu leur foi, dit au paralytique, [Mon] fils, tes pechez te sont pardonnez. Or quelques-uns des Scribes estoyent là assis, et disputoyent en leurs coeurs, [disans], Pourquoi celui-ci prononce-t'il ainsi des blasphemes? Qui est-ce qui peut pardonner les pechez, sinon un seul Dieu? Et incontinent Jesus ayant connu en son esprit, qu'ils disputoyent ainsi en eux-mesmes, leur dit, Pourquoi disputez-vous de telles choses en vos coeurs? Lequel est le plus aisé, ou de dire au paralytique, Tes pechez te sont pardonnez: ou de dire, Leve-toi, et charge ton petit lit, et chemine? Or afin que vous sçachiez que le Fils de l'homme a pouvoir de pardonner les pechez en la terre (il dit au paralytique.) Je te dis, Leve-toi et charge ton petit lit, et t'en va en ta maison. Et lui se leva aussi-tost, et ayant chargé son petit lit, il sortit en la presence de tous: tellement qu'ils furent tous estonnez, et glorifioyent Dieu, disans, Nous ne vismes jamais une telle chose. Alors il s'en alla derechef vers la mer, et tout le peuple venoit à lui, et il les enseignoit. Et en passant, il vid Levi [fils] d'Alphée, assis au lieu du peage, et lui dit, Sui moi: et lui s'estant levé le suivit Et il advint comme Jesus estoit à table en la maison d'icelui, que plusieurs peagers et gens de mauvaise vie, se mirent aussi à table avec Jesus et ses disciples: car il y en avoit beaucoup qui pareillement l'avoyent suivi. Dont les Scribes et les Pharisiens, voyans qu'il mangeoit avec les peagers et gens de mauvaise vie, disoyent à ses disciples, Pourquoi est-ce qu'il mange et qu'il boit avec les peagers et les mal-vivans? Et Jesus ayant entendu cela, leur dit, Ceux qui sont en santé n'ont pas besoin de medecin: mais ceux qui se portent mal. Je ne suis point venu appeller les justes, mais les pecheurs à repentance. Or les disciples de Jean et des Pharisiens jeusnoyent: lesquels vinrent vers lui, et lui dirent, Pourquoi les disciples de Jean et des Pharisiens jeusnent-ils: mais tes disciples ne jeusnent point? Et Jesus leur [respon]dit, Les gens de nopces peuvent-ils jeusner pendant que le nouveau marié est avec eux? Durant le temps qu'ils ont le nouveau marié avec eux, ils ne peuvent jeusner. Mais les jours viendront que le nouveau marié leur sera osté, et alors ils jeusneront en ces jours-là. Aussi nul ne coud une piece de drap neuf à un vieux vestement: autrement la piece du drap neuf, qui a esté mise pour remplage, emporte la pièce du vieux drap: et la rupture en est pire. Pareillement nul ne met le vin nouveau en de vieux vaisseaux: autrement le vin nouveau rompt les vaisseaux, et le vin s'épand, et les vaisseaux se perdent: mais le vin nouveau doit estre mis en des vaisseaux neufs. Et il advint comme il passoit, en un jour de Sabbat, par des blés, que ses disciples en cheminant se prirent à arracher des épics. Alors les Pharisiens lui dirent, Regarde, pourquoi font-ils ce qui n'est pas permis aux Sabbats? Mais il leur dit, Ne leustes-vous jamais ce que fit David quand il eut necessité, et qu'il eut faim, lui et ceux qui [estoyent] avec lui? Comme il entra en la maison de Dieu, au temps d'Abiathar principal Sacrificateur, et mangea les pains de proposition, qu'il n'estoit permis de manger sinon aux Sacrificateurs: et en donna aussi à ceux qui [estoyent] avec lui. Puis il leur dit, Le Sabbat est fait pour l'homme, et non point l'homme, pour le Sabbat: Ainsi le Fils de l'homme est Seigneur aussi du Sabbat. Puis il entra derechef en la Synagogue: et il y avoit là un homme qui avoit la main seche. Et ils l'observoyent, [pour voir], s'il le gueriroit au Sabbat, afin de l'accuser. Alors il dit à l'homme qui avoit la main seche, Leve-toi en place. Puis il leur dit, Est-il permis de bien faire és Sabbats, ou de mal faire? de sauver une personne, ou de la tuër? Mais ils se teurent. Alors en les regardant à l'entour avec indignation, [et pareillement] marri de l'endurcissement de leur coeur, il dit au personnage, Esten ta main. Et il l'estendit: et sa main fut renduë saine comme l'autre. Alors les Pharisiens estans sortis, consulterent avec les Herodiens contre lui, comment ils le feroyent perir. Mais Jesus avec ses disciples se retira vers la mer, et une grande multitude le suivit de Galilée, et de Judée, et de Jerusalem, et d'Idumée, et de par delà le Jordain. Et ceux qui habitoyent à l'entour de Tyr et de Sidon, ayans entendu les grandes choses qu'il faisoit, vinrent vers lui en grande multitude. Et il dit à ses disciples, qu'une petite nasselle ne bougeast de là pour le servir, à cause des troupes, afin qu'elles ne l'empressassent point. Car il en avoit gueri beaucoup, tellement que tous ceux qui estoyent affligez, se jettoyent contre lui, afin qu'ils le touchassent. Et les esprits immondes, quand ils le voioyent, se prosternoyent devant lui, et s'écrioyent, disans, Tu es le Fils de Dieu. Mais il les tançoit fort, afin qu'ils ne le fissent point connoistre. Puis il monta en une montagne, et appella ceux qu'il voulut, et ils vinrent à lui. Et il en ordonna douze pour estre avec lui, et pour les envoyer prescher: Et avoir puissance de guerir les maladies, et de jetter hors les diables: [Assavoir] Simon, lequel il surnomma Pierre. Puis Jaques fils de Zebedée, et Jean frere de Jaques, ausquels il imposa le nom de Boanerges, (qui vaut autant à dire qu'enfans de tonnerre) Et André, et Philippe, et Barthelemi, et Matthieu, et Thomas, et Jaques fils d'Alphée, et Thadée, et Simon le Cananéen, Et Judas Iscariot, qui aussi le trahit. Puis il vinrent en la maison: et derechef une multitude s'assembla, tellement qu'ils ne pouvoyent pas mesmes prendre leur repas. Et quand ceux qui lui attouchoyent eurent entendu cela, ils sortirent pour le saisir: car ils disoyent, qu'il estoit hors du sens. Et les Scribes, qui estoyent descendus de Jerusalem, disoyent, Il a Beelzebul, et jette hors les diables par le prince des diables. Mais lui les ayant appellez, leur dit par similitudes, Comment peut Satan jetter Satan dehors? Car si un royaume est divisé contre soi-mesme, ce royaume-là ne peut subsister. Et si une maison est divisée contre soi-mesme, cette maison-là ne peut subsister. Pareillement si Satan s'éleve contre soi-mesme, et est divisé, il ne peut subsister, mais il s'en va faillir. Nul ne peut entrer en la maison d'un homme fort, et piller son bien, si premierement il n'a lié l'homme fort: et alors il pillera sa maison. En verité je vous dis que toutes sortes de pechez seront pardonnez aux enfans des hommes, et [toutes sortes] de blasphemes par lesquels ils auront blasphemé. Mais quiconque aura blasphemé contre le saint Esprit, n'aura point de pardon eternellement, ains il sera coupable de condamnation eternelle. [C'est] parce qu'ils disoyent, Il a l'esprit immonde. Ses freres donc et sa mere vinrent: et estans dehors envoyerent quelques-uns vers lui pour l'appeller: et la multitude estoit assise à l'entour de lui. Ainsi donc on lui dit, Voila ta mere et tes freres là dehors, [qui] te demandent. Mais il leur respondit, disant, Qui est ma mere, ou qui sont mes freres? Et en regardant de tous costez à l'environ, ceux qui estoyent assis à l'entour de lui, il dit, Voici ma mere et mes freres. Car quiconque fera la volonté de Dieu, celui-là est mon frere, et ma soeur, et [ma] mere. Puis il se prit derechef à enseigner aupres de la mer: et de grandes troupes s'assemblerent vers lui: tellement qu'estant monté en une nasselle, il se tenoit assis [en la nasselle] sur la mer, et tout le peuple estoit sur terre aupres de la mer. Et il leur enseignoit beaucoup de choses par similitudes, et leur disoit en sa doctrine, Escoutez; Voici, un semeur s'en alla pour semer. Et il advint qu'en semant, une partie [de la semence] cheut auprés du chemin, et les oiseaux du ciel vinrent, et la mangerent toute. L'autre partie cheut en des lieux pierreux, où elle n'avoit gueres de terre: et aussi-tost elle se leva, parce qu'elle n'entroit pas profondement en terre: Mais quand le soleil fut levé, elle fut havie: et parce qu'elle n'avoit nulle racine, elle se secha. L'autre partie cheut entre les épines: et les épines monterent, et l'estoufferent, et elle ne rendit point de fruit. Et l'autre partie cheut en bonne terre, et rendit du fruit, montant et croissant: tellement qu'un [grain] en apporta trente, et l'autre soixante, et l'autre cent. Alors il leur dit, Qui a des oreilles pour ouïr, qu'il oye. Et quand il fut à part, ceux qui [estoyent] autour de lui avec les douze, l'interrogerent touchant la similitude. Et il leur dit, Il vous est donné de connoistre le secret du royaume de Dieu: mais à ceux qui sont dehors, toutes choses se traittent en similitudes: Afin qu'en voyant ils voyent, et n'apperçoivent point: et qu'en oyant ils oyent, et n'entendent point: de peur qu'ils se convertissent, et que les pechez leur soyent pardonnez. Puis il leur dit, Ne sçavez-vous pas cette similitude? et comment connoistrez-vous toutes les similitudes? Le semeur c'[est celui qui] seme la parole. Et voici, ceux qui reçoivent la semence auprés du chemin, ce sont ceux où la parole est semée: mais apres qu'ils l'ont ouïe, incontinent Satan vient, et oste la parole semée en leurs coeurs. Et voici semblablement, ceux qui reçoivent la semence en des lieux pierreux, ce sont ceux qui ayans ouï la parole, aussi-tost la reçoivent avec joye: Mais ils n'ont point de racine en eux-mesmes, et ne sont qu'à temps: tellement qu'oppression ou persecution advenant pour la parole, ils sont incontinent scandalisez. Aussi ceux qui reçoivent la semence entre les épines, ce sont ceux qui oyent la parole: Mais les solicitudes de ce monde, et la fallace des richesses, et les convoitises des autres choses, estant entrées [en leurs esprits], estouffent la parole, et elle devient infructueuse. Mais voici, ceux qui ont receu la semence en bonne terre, ce sont ceux qui oyent la parole et la reçoivent, et portent du fruit: l'un trente, et l'autre soixante, et l'autre cent. Il leur disoit aussi, La chandelle est-elle apportée afin qu'elle soit mise sous un boisseau, ou sous un lit? N'est-ce point afin qu'elle soit mise sur un chandelier? Car il n'y a rien de secret, qui ne soit enfin manifesté: et il n'y a rien de caché, qui ne vienne en evidence. Si quelqu'un a des oreilles pour ouïr, qu'il oye. Davantage il leur dit, Regardez ce que vous oyez: de telle mesure que vous mesurerez, il vous sera mesuré: et à vous qui oyez, il sera adjousté. Car à celui qui a, il lui sera donné: et à celui qui n'a rien, cela mesme qu'il a, lui sera osté. Davantage il dit, Le royaume de Dieu est comme si un homme ayant jetté la semence en la terre, dormoit et se levoit de nuit et de jour: Et que la semence germast et creust, lui ne sçachant comment. Car la terre d'elle-mesme produit premierement l'herbe, puis apres les épics, puis le plein froment en épic: Et quand le fruit s'est montré, incontinent [on] y met la faucille, à cause que la moisson est preste. Puis il disoit, A quoi accomparerons-nous le royaume de Dieu, ou de quelle similitude le representerons-nous? Il en prend comme du grain de semence de moustarde, lequel estant semé en terre, est bien la plus petite de toutes les semences qui sont [jettées] en la terre. Mais apres estre semé, il se leve, et devient plus grand que toutes les autres herbes: et jette de grandes branches, tellement que les oiseaux du ciel peuvent bastir leurs logettes sous son ombre. Ainsi par plusieurs telles similitudes, il leur traittoit de la parole selon qu'ils pouvoyent ouïr. Et il ne parloit point à eux sans similitude: mais à part il declaroit le tout à ses disciples. Ce jour-là, quand le soir fut venu, il leur dit, Passons de-là l'eau. Et apres avoir laissé les troupes, ils le prirent avec eux ainsi qu'il estoit en la nasselle. Or il y avoit aussi d'autres petites nasselles avec lui. Alors un grand tourbillon de vent se leva, tellement que les vagues se jettoyent en la nasselle, de sorte qu'elle s'emplissoit déja. Or il estoit en la pouppe, dormant sur un oreiller: alors ils l'éveillerent, et lui dirent, Maistre, ne te soucies-tu point de ce que nous perissons? Mais lui s'estant levé tança le vent, et dit à la mer, Tai-toi, tien-toi coye. Alors le vent cessa, et il se fit un grand calme. Puis il leur dit, Pourquoi estes-vous ainsi craintifs? Comment, n'avez-vous point de foi? Mais ils craignirent de grande crainte, et disoyent l'un à l'autre, Mais qui est celui-ci, que le vent mesmes et la mer lui obeïssent? Et ils arriverent de-là la mer, en la contrée des Gadareniens. Et quand il fut sorti de la nasselle, incontinent un homme qui avoit un esprit immonde [sortit] des sepulcres, [et] le vint rencontrer. Lequel avoit sa demeure és sepulcres, et nul ne le pouvoit tenir lié, non pas mesmes de chaines: Parce que souvent quand il avoit esté lié de ceps et de chaines, il avoit rompu les chaines, et mis les ceps en pieces: et personne ne le pouvoit dompter. Et il estoit continuellement de nuit et de jour és montagnes et és sepulcres, criant et se frapant de pierres. Quand donc de fort loin il vid Jesus, il accourut, et se prosterna devant lui: Et criant à haute voix, il dit, Qu'y a-t'il entre toi et moi, Jesus Fils du Dieu souverain? je t'adjure de par Dieu que tu ne me tourmentes point. (Car [Jesus] lui disoit, Sors de cet homme, esprit immonde.) Alors il l'interrogea, Comment as-tu nom? Et il respondit, disant, J'ai nom Legion: car nous sommes plusieurs. Et il le prioit fort qu'il ne les envoyast point hors de cette contrée-là. Or il y avoit là vers les montagnes un grand troupeau de pourceaux qui paissoit. Et tous ces diables-là le prioyent, disans, Envoye nous és pourceaux, afin que nous entrions dans eux. Et Jesus incontinent [le] leur permit. Alors ces esprits immondes estans sortis, entrerent és pourceaux: et le troupeau se jetta du haut en bas en la mer: (or il y en avoit environ deux mille) et ils furent estouffez en la mer. Et ceux qui paissoyent les pourceaux s'enfuïrent, et en porterent les nouvelles en la ville, et par les villages. Alors ils sortirent pour voir ce qui estoit advenu, et vinrent à Jesus, et virent celui qui avoit esté demoniaque, assis et vestu, et de bon sens: [voire] celui qui avoit eu la legion: et ils eurent peur. Et ceux qui avoyent veu [cela], leur raconterent ce qui estoit arrivé à ce demoniaque, et touchant les pourceaux. Alors ils se prirent à le prier qu'il s'en allast de leurs quartiers. Et quand il fut entré en la nasselle, celui qui avoit esté demoniaque le prioit qu'il fust avec lui. Mais Jesus ne [le] lui permit point, mais lui dit, Va t'en en ta maison vers les tiens, et leur raconte combien grandes choses le Seigneur t'a faites, et [comme] il a eu pitié de toi. Il s'en alla donc, et se mit à publier en Decapolis combien grandes choses Jesus lui avoit faites: et tous [s'en] estonnoyent. Et quand Jesus fut derechef passé à l'autre rivage en une nasselle, de grandes troupes s'assemblerent vers lui; et il estoit prés de la mer. Alors voici, l'un des principaux de la Synagogue, nommé Jaïrus, vint: et l'ayant veu, se jetta à ses pieds: Et le prioit fort, disant, Ma petite fille est à l'extremité, [je te prie] de venir, et de lui imposer les mains, afin qu'elle soit guerie, et qu'elle vive. [Jesus] donc s'en alla avec lui: et de grandes troupes le suivoyent, tellement qu'elles l'empressoyent. Or il y avoit une certaine femme travaillée d'une perte de sang [depuis] douze ans: Laquelle avoit beaucoup souffert [entre les mains] de plusieurs medecins, et avoit despensé tout son bien, et n'avoit rien profité: mais plustost elle estoit allée en empirant. Elle ayant ouï parler de Jesus, vint en la foule par derriere, et toucha son habillement. Car elle disoit, Si seulement je touche ses habillemens, je serai guerie. Et incontinent le flux de son sang s'estancha, et elle sentit en son corps, qu'elle estoit guerie de [son] fleau. Et aussi-tost Jesus reconnoissant en soi-mesme la vertu qui estoit sortie de lui, se retourna vers la foule, disant, Qui a touché mes habillemens? Et ses disciples lui dirent, Tu vois que la foule t'empresse, et tu dis, Qui m'a touché? Mais il regardoit tout à l'entour, pour voir celle qui avoit fait cela. Alors la femme craignant et tremblant, sçachant ce qui avoit esté fait en sa personne, vint et se jetta devant lui, et lui dit toute la verité. Et il lui dit, Ma fille, ta foi t'a sauvée: va t'en en paix, et sois guerie de ton fleau. Comme il parloit encore, quelques-uns arriverent de chez le principal de la Synagogue, disans, Ta fille est morte: pourquoi travailles-tu le maistre davantage? Et incontinent que Jesus eût oüi ce qu'on disoit, il dit au principal de la Synagogue, Ne crain point: croi seulement. Et il ne permit point qu'aucun le suivist, sinon Pierre, et Jaques, et Jean frere de Jaques. Puis il vint en la maison du principal de la Synagogue, et apperçeut le trouble, [et] ceux qui pleuroyent et jettoyent de grands cris. Et alors estant entré dedans, il leur dit, Pourquoi est-ce que vous vous troublez, et que vous pleurez? La petite fille n'est pas morte, mais elle dort. Et ils se rioyent de lui: mais les ayant fait sortir, il prit le pere et la mere de la petite fille, et ceux qui [estoyent] avec lui, et entra là où la petite fille estoit gisante. Et ayant pris la main de l'enfant, il lui dit, Talitha cumi, qui vaut autant à dire, estant exposé, que, Petite fille (je te dis) leve toi. Et incontinent la petite fille se leva, et cheminoit: car elle estoit âgée de douze ans. Dont ils furent estonnez d'un grand estonnement. Et il leur commanda fort que personne ne le sçeust: et puis il dit qu'on lui donnast à manger. Apres il partit de là, et vint en son païs: et ses disciples le suivoyent. Et quand le Sabbat fut venu, il se prit à enseigner en la Synagogue: et beaucoup de ceux qui l'oioyent, s'estonnoyent, disans, D'où viennent ces choses à celui-ci? et quelle est cette sagesse qui lui est donnée, que mesmes de telles vertus se font par ses mains? Celui-ci n'est-il pas charpentier? fils de Marie, frere de Jaques, et de Joses, et de Jude, et de Simon? ses soeurs aussi ne sont-elles pas parmi nous? Et ils estoyent scandalisez en lui. Alors Jesus leur dit, Un Prophete n'est point sans honneur, sinon en son païs, et entre ses parens et ceux de sa famille. Et il ne peut faire là aucune vertu, sinon qu'il guerit quelque peu de malades, leur ayant imposé les mains. Et il s'estonnoit de leur incredulité: et tournoyoit à l'entour des bourgades, enseignant. Alors il appella les douze, et commença de les envoyer deux à deux, et leur donna puissance sur les esprits immondes. Et leur commanda de ne rien prendre pour [porter sur] le chemin, sinon un baston seulement, ni mallete, ni pain, ni monnoye en leur ceinture. Mais qu'ils fussent chaussez de souliers, et qu'ils ne se vestissent point de deux robbes. Il leur disoit aussi, En quelque part que vous entrerez en une maison, demeurez-y jusques à ce que vous partiez de là. Et tous ceux qui ne vous recevront point, et ne vous orront point, en partant de là secoüez la poudre de dessous vos pieds, en témoignage contre eux: En verité je vous dis, que ceux de Sodome et de Gomorrhe seront plus tolerablement traittez au jour du jugement, que cette ville-là. Eux donc estans partis, prescherent qu'on s'amendast. Et jetterent hors plusieurs diables, et oignirent d'huile plusieurs malades, et les guerirent. Or le roi Herode en ouït parler, (car le nom d'icelui estoit fort celebre) et dit, Ce Jean qui baptizoit, est ressuscité des morts, et pourtant les vertus montrent leur force en lui. Les autres disoyent, C'est Elie: et les autres disoyent, C'est un Prophete, ou comme l'un des Prophetes. Quand donc Herode eût entendu cela, il dit, Celui-ci est ce Jean que j'ai decapité: il est ressuscité des morts. Car Herode ayant envoyé [ses gens] avoit fait prendre Jean, et l'avoit lié en prison, à cause d'Herodias femme de Philippe son frere, parce qu'il l'avoit prise en mariage. Car Jean disoit à Herode, Il ne t'est pas permis d'avoir celle qui est femme de ton frere. Et pourtant Herodias lui en vouloit, et desiroit de le faire mourir: mais elle ne pouvoit. Car Herode craignoit Jean, sçachant qu'il estoit homme juste et saint, et l'avoit en reverence: et l'ayant ouï, faisoit beaucoup de choses [pour l'amour de lui], et l'écoutoit volontiers. Mais un jour estant venu à propos, qu'Herode faisoit le festin du jour de sa naissance aux grands seigneurs, et aux capitaines, et aux principaux de Galilée: Et la fille d'Herodias estant entrée, et ayant dansé, et ayant pleu à Herode, et aussi à ceux qui estoyent ensemble à table: le roi dit à la jeune fille, Demande-moi ce que tu voudras, et je te [le] donnerai. Et il lui jura, disant, Tout ce que tu me demanderas, je te le donnerai, [voire] jusques à la moitié de mon royaume. Elle donc estant sortie, dit à sa mere, Qu'est-ce que je demanderai? Et elle dit, La teste de Jean Baptiste. Et incontinent estant rentrée avec grande affection vers le roi, elle lui fit sa requeste, disant, Je voudrois que tout à cette heure tu me donnasses en un plat la teste de Jean Baptiste. Et le roi estant tres-marri, ne voulut pas [toutefois] l'éconduire, à cause du serment, et de ceux qui estoyent à table avec lui. Mais il envoya incontinent l'un de ses gardes, et commanda qu'il apportast la teste d'icelui: lequel s'y en alla, et le decapita en la prison. Et apporta la teste d'icelui en un plat, et la donna à la jeune fille, et la jeune fille la donna à sa mere. Et ses disciples [l]'ayans ouï, vinrent et emporterent son corps, et le mirent en un sepulcre. Et les Apostres se rassemblerent vers Jesus, et lui raconterent tout ce qu'ils avoyent fait et enseigné. Et il leur dit, Venez-vous-en à part en un lieu retiré, et vous reposez un petit: car il y avoit beaucoup d'allans et de venans, tellement qu'ils n'avoyent pas mesme le loisir de manger. Ils s'en allerent donc en une nasselle en un lieu retiré à part. Mais le peuple vid qu'ils s'en alloyent, et plusieurs le reconnurent, et y accoururent à pied de toutes les villes, et y vinrent devant eux, et s'assemblerent vers lui. Alors Jesus estant sorti, vid [là] de grandes troupes, et fut esmeu de compassion envers elles, de ce qu'elles estoyent comme des brebis qui n'avoyent point de pasteur: et se mit à leur enseigner plusieurs choses. Et comme il estoit déja tard, ses disciples vinrent à lui, disans, Ce lieu est desert, et il est déja tard. Donne-leur congé, afin qu'ils s'en aillent aux villages et aux bourgades d'alentour, et qu'ils achetent des pains pour eux: car ils n'ont rien à manger. Et respondant, il leur dit, Mais vous, donnez-leur à manger. Ils lui dirent, Irions-nous acheter des pains pour deux cens deniers, pour leur donner à manger? Et il leur dit, Combien avez-vous de pains? allez et regardez. Et apres l'avoir sçeu, ils dirent, Cinq, et deux poissons. Alors il leur commanda qu'ils les fissent tous asseoir par tablées sur l'herbe verte. Et ils s'assirent par rangées, par centaines et par cinquantaines. Et quand il eût pris les cinqs pains et les deux poissons, en regardant vers le ciel, il rendit graces, et rompit les pains, et les bailla à ses disciples, afin qu'ils les missent devant eux: et partagea les deux poissons à tous. Et tous [en] mangerent, et furent rassasiez. Et ils recüeillirent des pieces [de pain] douze corbeilles pleines, et quelque reste de poissons. Or ceux qui en avoyent mangé estoyent environ cinq mille hommes. Incontinent apres cela il contraignit ses disciples de monter en la nasselle, et d'aller devant lui, outre [la mer] vers Bethsaïda, pendant qu'il donneroit congé aux troupes. Et quand il leur eût donné congé, il s'en alla en la montagne pour prier. Le soir estant venu, la nasselle estoit au milieu de la mer, et [il estoit] lui seul sur la terre. Et il vid qu'ils avoyent grand'peine à tirer, car le vent leur estoit contraire: et environ la quatriéme veille de la nuit, il vint vers eux cheminant sur la mer, et les vouloit passer. Mais quand ils le virent cheminant sur la mer, ils penserent que ce fust un fantosme: dont ils s'écrierent. Car ils le voyoyent tous, et furent troublez: mais incontinent il parla à eux, et leur dit, Asseurez-vous, c'est moi: n'ayez point de peur. Alors il monta en la nasselle vers eux, et le vent cessa: dont ils s'estonnerent beaucoup plus fort en eux-mesmes, et s'émerveillerent. Car ils n'avoyent pas bien pris garde au fait des pains: d'autant que leur coeur estoit stupide. Et quand ils furent passez outre, ils vinrent en la contrée de Genezareth, et arriverent au port. Et comme ils furent sortis de la nasselle, [ceux du lieu] le reconnurent incontinent: Et coururent ça et là par toute la contrée d'alentour, et se prirent à lui apporter ça et là en de petits lits ceux qui se portoyent mal, là où ils oyoyent dire qu'il estoit. Et par tout où il estoit entré és bourgades, ou és villes, ou és villages, ils mettoyent les malades és marchez: et le prioyent que pour le moins ils peussent toucher le bord de sa robe: et tous ceux qui le touchoyent estoyent gueris. Alors les Pharisiens, et quelques-uns des Scribes qui estoyent venus de Jerusalem, s'assemblerent vers lui. Et voyans quelques-uns de ses disciples prendre leur repas avec les mains communes, (c'est à dire, sans estre lavées) ils [les en] blamoyent. (Car les Pharisiens et tous les Juifs ne mangent point qu'ils ne lavent souvent leurs mains, retenans la tradition des anciens: Et [retournans] du marché, ils ne mangent point, qu'ils ne soyent lavez. Il y a aussi beaucoup d'autres choses qu'ils ont prises à garder, comme les lavemens des coupes, des brocs, de la vaisselle, et des chalits.) Là dessus les Pharisiens et les Scribes l'interrogerent, disans, Pourquoi tes disciples ne cheminent-ils point selon la tradition des anciens: mais prennent leur repas sans laver les mains? Il répondit, et leur dit, Certainement Esaïe a bien prophetizé de vous hypocrites: comme il est escrit, Ce peuple-ici m'honore des levres, mais leur coeur est bien fort esloigné de moi. Mais ils m'honorent en vain, enseignant des doctrines, [qui ne sont que] des commandemens d'hommes. Car en laissant le commandement de Dieu, vous retenez la tradition des hommes, [assavoir] les lavemens des brocs et des coupes: et faites beaucoup d'autres choses semblables. Il leur dit aussi, Vous annullez bien le commandement de Dieu, afin que vous gardiez vostre tradition. Car Moyse a dit, Honore ton pere et ta mere. Item, Qui maudira son pere ou sa mere, qu'il meure de mort. Mais vous dites, Si quelqu'un dit à son pere ou à sa mere, Le corban (c'est à dire le don) qui [sera fait] de par moi, viendra à ton profit, [il sera hors de coulpe]. Et ne souffrez plus qu'il fasse rien au benefice de son pere ou de sa mere. Ainsi vous mettez la parole de Dieu à neant par vostre tradition que vous avez establie, et faites plusieurs choses semblables. Puis ayant appellé toutes les troupes, il leur dit, Escoutez moi, vous tous, et entendez. Il n'y a rien de ce qui entre par dehors en l'homme, qui le puisse soüiller: mais les choses qui sortent de lui, ce sont les choses qui soüillent l'homme. Si quelqu'un a des oreilles pour ouïr, qu'il oye. Puis quand il fut entré en la maison, [s'estant retiré] d'avec les troupes, ses disciples l'interrogerent touchant la similitude. Et il leur dit, Et vous, estes-vous ainsi aussi sans entendement? n'entendez-vous point [encore], que tout ce qui entre en l'homme par dehors ne le peut soüiller? Car il n'entre point en son coeur, mais au ventre, et sort au retrait, purgeant toutes les viandes. Il leur disoit donc, ce qui sort de l'homme, c'est ce qui soüille l'homme. Car du dedans, [c'est à dire], du coeur des hommes, sortent les mauvaises pensées, les adulteres, les paillardises, les meurtres, Les larcins, les mauvaises pratiques pour avoir le bien d'autrui, les méchancetez, la fraude, l'insolence, le mauvais regard, le blaspheme, la fierté, la folie. Tous ces maux-là sortent du dedans, et soüillent l'homme. Puis s'estant levé de là, il s'en alla aux confins de Tyr et de Sidon: et estant entré en une maison, il vouloit que personne ne le sçeust; mais il ne pût estre celé. Car une femme de laquelle une petite fille avoit un esprit immonde, [dés qu]'elle eût ouï parler de lui, vint et se jetta à ses pieds: (Or cette femme estoit Grecque, Syropheniciene de nation) et le pria qu'il jettast le diable hors de sa fille. Et Jesus lui dit, Souffre que les enfans soyent les premiers rassasiez: car il n'est pas bon de prendre le pain des enfans, et le jetter aux petits chiens. Mais elle respondit, et lui dit, Il est vrai, Seigneur: car les petits chiens mangent sous la table des miettes que les enfans laissent tomber. Alors il lui dit, Pour cette parole va-t'en: le diable est sorti de ta fille. Et quand elle s'en fut allée en sa maison, elle trouva que le diable estoit sorti, et sa fille couchée sur le lict. Puis [Jesus] estant parti derechef des quartiers de Tyr et de Sidon, vint à la mer de Galilée, par le milieu des quartiers de Decapolis. Alors on lui amena un sourd ayant le parler empesché: et on le pria qu'il lui imposast les mains. Et l'ayant tiré à part de la multitude, il mit ses doigts és oreilles d'icelui: et ayant craché lui toucha la langue. Puis en regardant au ciel, il soûpira, et lui dit, Hephphatah, c'est à dire, Ouvre-toi. Et incontinent ses oreilles furent ouvertes, et le lien de sa langue fut deslié, et il parla aisément. Et il leur commanda de ne [le] dire à personne. Mais plus il le defendoit, et plus ils le publioyent. Et ils s'estonnoyent tant et plus, disans, Il a tout bien fait: il fait ouïr les sourds, et parler les muëts. En ces jours-là, comme il y avoit de fort grandes troupes, et qu'elles n'avoyent rien à manger, Jesus appella ses disciples, et leur dit, Je suis émeu de compassion envers les troupes: car il y a déja trois jours qu'ils ne bougent d'avec moi, et ils n'ont rien à manger. Et si je les renvoye à jeun en leur maison, ils defaudront en chemin: car quelques-uns d'entr'eux sont venus de loin. Et ses disciples lui respondirent, D'où les pourra-t'on rassasier ici de pains en [ce] desert? Et il [leur] demanda, Combien avez-vous de pains? Ils [lui] dirent, Sept. Alors il commanda aux troupes de s'asseoir par terre: et prit les sept pains, et apres avoir rendu graces, il les rompit, et les bailla à ses disciples, pour les mettre devant les troupes: et ils les mirent devant elles. Ils avoyent aussi quelque peu de petits poissons: et apres qu'il eût rendu graces, il commanda qu'ils les missent aussi devant [les troupes]. Ils en mangerent donc, et furent rassasiez: et emporterent du reste des pieces [de pain], sept corbeilles. (Or ceux qui en avoyent mangé estoyent environ quatre mille.) Et puis il leur donna congé. Et monta incontinent en une nasselle avec ses disciples, et vint és quartiers de Dalmanutha. Et les Pharisiens s'en vinrent, et se prirent à disputer avec lui, lui demandant [quelque] signe du ciel, en le tentant. Alors il dit en soûpirant profondement en son esprit, Pourquoi cette generation demande-t'elle un signe? En verité je vous dis, qu'il ne sera point donné de signe à cette generation. Et les ayant laissez, il monta derechef en la nasselle, et passa à l'autre rivage. Or ils avoyent oublié à prendre des pains, et n'en avoyent qu'un avec eux en la nasselle. Et il leur commanda, disant, Avisez, donnez-vous garde du levain des Pharisiens, et du levain d'Herode. Dont ils pensoyent en eux-mesmes, disans, [C'est] parce que nous n'avons point de pains. Et Jesus connoissant [cela], leur dit, Pourquoi pensez-vous touchant ce que vous n'avez point de pains? ne considerez-vous point encore, et n'entendez-vous point? avez-vous encore vostre coeur stupide? Ayans des yeux, ne voyez-vous point? ayans des oreilles, n'oyez-vous point? et n'avez-vous point de souvenance? Quand je distribuai les cinq pains aux cinq mille [hommes], combien en recüeillistes-vous de corbeilles pleines du reste des pieces? Ils lui dirent, Douze. Et quand je distribuai les sept pains aux quatre mille [hommes], combien recüeillistes-vous de corbeilles pleines du reste des pieces? Ils lui dirent, Sept. Et il leur dit, Comment n'entendez-vous point? Puis il vint à Bethsaïda: et ils lui presenterent un aveugle, et le prioyent qu'il le touchast. Alors il prit la main de l'aveugle, et le mena hors de la bourgade; et ayant craché sur ses yeux, et lui ayant imposé les mains, il lui demanda s'il voyoit quelque chose. Et [cet homme-là] ayant levé la veuë, dit, Je vois marcher des hommes qui semblent des arbres. Puis apres il mit derechef les mains sur les yeux d'icelui, et lui fit lever la veuë: et il fut rétabli, et les voyoit tous de loin clairement. Puis il le renvoya en sa maison, disant, N'entre point en la bourgade, et ne le di à personne de la bourgade. Et Jesus et ses disciples estans partis [de là], vinrent aux bourgades de Cesarée, [dite] de Philippe: et sur le chemin il interrogea ses disciples, leur disant, Qui disent les hommes que je suis? Ils répondirent, [Les uns], Jean Baptiste: et les autres, Elie: et les autres, l'un des Prophetes. Alors il leur dit, Et vous, qui dites-vous que je suis? Pierre répondant, lui dit, Tu es le Christ. Et il leur defendit avec menaces, qu'ils ne dissent [cela] de lui à personne. Et il commença à les enseigner, qu'il faloit que le Fils de l'homme souffrist beaucoup, et qu'il fust rejetté des Anciens, et des principaux Sacrificateurs, et des Scribes: et qu'il fust mis à mort, et qu'il ressuscitast trois jours apres. Et tenoit ces propos tout ouvertement. Alors Pierre le prit, et se mit à le tancer: Mais lui se retournant, et regardant ses disciples, tança Pierre, disant, Va arriere de moi, Satan: car tu ne comprens point les choses qui sont de Dieu, mais celles qui sont des hommes. Puis ayant appellé les troupes avec ses disciples, il leur dit, Quiconque veut venir apres moi, qu'il renonce à soi-mesme, et qu'il charge [sur soi] sa croix, et qu'il me suive. Car quiconque voudra sauver son ame, il la perdra: mais quiconque perdra son ame pour l'amour de moi et de l'Evangile, celui-là la sauvera. Car que profitera-t'il à l'homme s'il a gaigné tout le monde, et qu'il fasse perte de son ame? Ou que donnera l'homme pour recompense de son ame? Car quiconque aura eu honte de moi et de mes paroles parmi cette nation adultere et pecheresse, le Fils de l'homme aura aussi honte de lui, quand il sera venu en la gloire de son Pere avec les saints Anges. Il leur disoit aussi, En verité je vous dis, qu'il y a quelques-uns qui sont ici presens, qui ne gousteront point la mort, jusques à ce qu'ils ayent veu le regne de Dieu estre venu avec puissance: Et le sixiéme jour apres, Jesus prit avec soi Pierre, et Jaques, et Jean, et les mena seuls à part sur une haute montagne: et fut transfiguré devant eux. Et ses vestemens devinrent reluisans, et fort blancs, comme neige, tels qu'il n'y a foulon sur la terre qui les sceust ainsi blanchir. Puis Elie fut veu avec Moyse: et ils parloyent avec Jesus. Alors Pierre prenant la parole dit à Jesus, Maistre, il est bon que nous soyons ici: faisons y donc trois tabernacles, un pour toi, et un pour Moyse, et un pour Elie. Or il ne sçavoit ce qu'il disoit: car ils estoyent épouvantez. Et une nuée vint qui les enombra: puis de la nuée vint une voix qui disoit, Celui-ci est mon Fils bien-aimé: écoutez-le. Et aussi-tost ayant regardé à l'entour ils ne virent plus personne, sinon Jesus seul avec eux. Et comme ils descendoyent de la montagne, il leur commanda expressement qu'ils ne racontassent à personne ce qu'ils avoyent veu, sinon apres que le Fils de l'homme seroit ressuscité des morts. Donc ils retinrent cette parole-là en eux-mesmes, s'entre-demandans ce que c'estoit à dire cela, Ressusciter des morts. Puis apres ils l'interrogerent, disans, Pourquoi les Scribes disent-ils qu'il faut qu'Elie vienne premierement. Il répondit, et leur dit, De vrai, Elie estant venu premierement, doit restablir toutes choses: et comme il est écrit du Fils de l'homme, [il faut] qu'il souffre beaucoup, et qu'il soit aneanti. Mais je vous dis, que mesmes Elie est venu, et ils lui ont fait tout ce qu'ils ont voulu, comme il est écrit de lui. Puis estant revenu vers les disciples, il vid une grande troupe à l'entour d'eux, et des Scribes qui questionnoyent avec eux. Et incontinent toute la troupe le voyant, fut saisie d'estonnement, et accourans ils le saluërent. Alors il interrogea les Scribes, disant, Dequoi estes-vous en question avec eux? Et quelqu'un de la troupe répondit, et dit, Maistre, je t'ai amené mon fils qui a un esprit muët, Qui le dérompt par tout où il le prend; et alors il écume et grince les dents, et devient sec: et j'ai requis tes disciples qu'ils le jettassent hors, mais ils n'ont peu. Alors Jesus lui répondant, dit, O nation incredule! jusques à quand finalement serai-je avec vous? jusques à quand finalement vous supporterai-je? Amenez-le moi. Ils l'amenerent donc jusques à lui, et quand il l'eut veu, incontinent l'esprit le dérompit, dont [l'enfant] tomba à terre, et se tournoit ça et là en écumant. Alors il interrogea le pere d'icelui, [disant], Combien y a-t'il de temps que ceci lui est advenu? Lequel dit, Dés son enfance. Et souvent il l'a jetté, et au feu, et en l'eau, pour le faire perir: mais si tu y peux quelque chose, aide nous, estant émeu de compassion envers nous. Alors Jesus lui dit, Si tu le peux croire, toutes choses sont possibles au croyant. Et incontinent le pere de l'enfant s'écriant avec larmes, dit, Je crois, Seigneur: subvien à mon incredulité. Et quand Jesus vid que le peuple y accouroit l'un sur l'autre il tança l'esprit immonde, lui disant, Esprit muët et sourd, je te commande, moi, Sors de lui, et n'y rentre jamais. Alors [l'esprit] sortit, en s'écriant, et le dérompant bien fort, dont [l'enfant] devint comme mort, tellement que plusieurs disoyent, Il est mort. Mais Jesus l'ayant pris par la main, le dressa, et il se leva. Puis estant entré en la maison, ses disciples l'interrogerent à part, [disans], Pourquoi ne l'avons-nous pû jetter dehors? Et il leur [respon]dit, Cette espece [de diables] ne peut sortir autrement que par oraison et par jeune. Puis estant partis de là, ils cheminerent par la Galilée: et il ne voulut point qu'aucun le sçeust. Car il enseignoit ses disciples, et leur disoit, Le Fils de l'homme, s'en va estre livré és mains des hommes, et ils le feront mourir: mais apres qu'il aura esté mis à mort, il ressuscitera au troisiéme jour. Mais ils n'entendoyent point ce discours, et craignoyent de [le] lui demander. Apres ces choses il vint à Capernaum: et quand il fut en la maison, il les interrogea, [disant], Dequoi disputiez-vous entre vous par le chemin? Et ils se teurent: car ils avoyent disputé les uns contre les autres en chemin, qui [estoit] le plus grand d'[entr'eux]. Et quand il fut assis, il appella les douze, et leur dit, Si quelqu'un veut estre le premier, il sera le dernier de tous, et le serviteur de tous. Et ayant pris un petit enfant, il le mit au milieu d'eux: et apres l'avoir pris entre ses bras, il leur dit, Quiconque recevra l'un de tels petits enfans en mon Nom, il me reçoit: et quiconque me reçoit, il ne me reçoit pas, mais [il reçoit] celui qui m'a envoyé. Alors Jean prit la parole, et dit, Maistre, nous avons veu quelqu'un qui jettoit hors les diables par ton Nom, lequel [toutefois] ne nous suit point: et nous l'avons empesché, d'autant qu'il ne nous suit point. Et Jesus dit, Ne l'empeschez point: car il n'y a personne qui fasse vertu par mon Nom, qui aussi-tost puisse mal parler de moi. Car qui n'est point contre nous, il est pour nous. Car quiconque vous donnera un verre d'eau à boire en mon Nom, parce que vous estes à Christ, en verité je vous dis, qu'il ne perdra pas son salaire. Et quiconque scandalizera l'un de ces petits qui croyent en moi, il lui vaudroit mieux qu'on lui mist une pierre de meule à l'entour de son col, et qu'on le jettast en la mer. Que si ta main te fait chopper, coupe-la: il vaut mieux que tu entres manchot en la vie, que d'avoir deux mains, et aller en la gehenne, au feu qui ne s'esteint point. Là où leur ver ne meurt point, et le feu ne s'esteint point. Et si ton pied te fait chopper, coupe-le: il vaut mieux que tu entres boiteux en la vie, que d'avoir deux pieds, et estre jetté en la gehenne, au feu qui ne s'esteint point: Là où leur ver ne meurt point, et le feu ne s'esteint point. Si aussi ton oeil te fait chopper, arrache-le: il vaut mieux que tu entres au royaume de Dieu, n'ayant qu'un oeil, que d'avoir deux yeux et estre jetté en la gehenne du feu: Là où leur ver ne meurt point, et le feu ne s'esteint point. Car un chacun sera salé de feu, et toute oblation sera salée de sel. C'est une bonne chose que le sel: mais si le sel perd sa saveur, dequoi lui rendra-t'on sa saveur? Ayez du sel en vous-mesmes, et soyez en paix entre vous. Puis estant parti de là, il vint és quartiers de Judée, outre le Jordain: et derechef les troupes s'assemblerent vers lui, et derechef il les enseignoit, comme il avoit accoustumé. Alors les Pharisiens vinrent, et le tentans lui demanderent, Est-il permis à l'homme de delaisser sa femme? Il respondit, et leur dit, Qu'est-ce que Moyse vous a commandé? Ils dirent, Moyse a permis d'écrire la lettre de divorce, et de la delaisser. Et Jesus respondant leur dit, Il vous a écrit ce commandement pour la dureté de vostre coeur. Mais au commencement de la creation, Dieu les fit masle et femelle. Pour cette cause l'homme laissera son pere et sa mere, et s'adjoindra à sa femme: Et les deux seront une mesme chair: partant ils ne sont plus deux, mais une mesme chair. Donc ce que Dieu a conjoint, que l'homme ne le separe point. Derechef ses disciples l'interrogerent de cela mesme en la maison. Et il leur dit, Quiconque delaissera sa femme, et se mariera à une autre,commet adultere contre elle. Pareillement si la femme delaisse son mari, et se marie à un autre, elle commet adultere. Et ils lui presenterent de petits enfans, afin qu'il les touchast: mais les disciples tançoyent ceux qui les presentoyent. Et Jesus voyant cela, il en fut indigné, et leur dit, Laissez les petits enfans venir à moi, et ne les en empeschez point: car à tels est le royaume de Dieu. En verité je vous dis, Que quiconque ne recevra le royaume de Dieu comme petit enfant, n'entrera point en icelui. Et apres les avoir pris entre ses bras, leur imposant les mains, il les benit. Et comme il sortit [pour se mettre] en chemin, quelqu'un accourut, et s'estant agenoüillé devant lui, l'interrogea, [disant], Bon Maistre, que ferai-je pour heriter la vie eternelle? Mais Jesus lui [respon]dit, Pourquoi m'appelles-tu bon? il n'y a nul bon qu'un seul, [assavoir] Dieu. Tu sçais les commandemens: Ne commets point adultere. Ne tuë point. Ne dérobe point. Ne di point faux témoignage. Ne fai dommage à personne. Honore ton pere et ta mere. Il respondit, et lui dit, Maistre, j'ai gardé toutes ces choses-là dés ma jeunesse. Et Jesus ayant jetté l'oeil sur lui, l'aima, et lui dit, Il te manque une chose: va, et ven tout ce que tu as, et le donne aux pauvres, et tu auras un tresor au ciel, puis vien, et me sui, ayant chargé la croix. Mais il fut fasché de ce mot, et s'en alla tout triste: car il avoit de grands biens. Alors Jesus ayant regardé à l'entour, dit à ses disciples, Combien ceux qui ont des richesses, entreront-ils difficilement au royaume de Dieu! Et ses disciples s'estonnerent de ce discours. Mais Jesus prenant derechef la parole, leur dit, Enfans, qu'il est difficile à ceux qui se fient és richesses, d'entrer au royaume de Dieu! Il est plus aisé qu'un chameau passe par le trou d'une aiguille, que non pas qu'un riche entre au royaume de Dieu. Dont ils s'estonnerent d'autant plus, disans entr'eux, Et qui peut estre sauvé? Mais Jesus les ayant regardez, dit, Il est impossible quant aux hommes, mais non point quant à Dieu; car toutes choses sont possibles à Dieu. Alors Pierre se prit à lui dire, Voici, nous avons tout abandonné, et t'avons suivi. Jesus respondant dit, En verité je vous dis, qu'il n'y a nul qui ait laissé maison, ou freres, ou soeurs, ou pere, ou mere, ou femme, ou enfans, ou champs, pour l'amour de moi, et de l'Evangile, Qui n'en reçoive maintenant en ce temps-ici cent fois autant, maisons, et freres, et soeurs, et mere, et enfans, et champs, avec persecutions: et au siecle à venir, la vie eternelle. Mais plusieurs [qui sont] les premiers, seront les derniers: et les derniers [seront] les premiers. Or ils estoyent en chemin, montans à Jerusalem: et Jesus alloit devant eux; et ils s'épouvantoyent, et craignoyent en [le] suivant. Et ayant derechef pris les douze, il se mit à leur declarer les choses qui lui devoyent avenir, [Disant], Voici, nous montons à Jerusalem: et le Fils de l'homme sera livré aux principaux Sacrificateurs, et aux Scribes: et ils le condamneront à mort, et le livreront aux nations: Et se mocqueront de lui, et le foüetteront, et cracheront contre lui, puis ils le feront mourir: mais il ressuscitera au troisiéme jour. Alors Jaques et Jean, fils de Zebedée vinrent à lui, disans, Maistre, nous voudrions que tu nous fisses ce que nous [te] demanderons. Et il leur dit, Que voulez-vous que je vous fasse? Et ils lui dirent, Octroye-nous que nous soyons assis en ta gloire, l'un à ta [main] droite et l'autre à ta gauche. Et Jesus leur dit, Vous ne sçavez ce que vous demandez: pouvez-vous boire la coupe que je dois boire, et estre baptizez du baptesme dont je dois estre baptizé? Et ils lui dirent, Nous le pouvons. Et Jesus leur dit, Il est vrai que vous boirez la coupe que je dois boire, et que vous serez baptizez du baptesme dont je dois estre baptizé: Mais de seoir à ma droite et à ma gauche, ce n'est point à moi de le donner: mais [il sera donné] à ceux ausquels il est preparé. Ce que les dix [autres] ayant ouï, ils commencerent à s'indigner contre Jaques et Jean. Mais Jesus les appellant, leur dit, Vous sçavez que ceux qui font estat de dominer sur les nations, les maistrisent: et les grands d'entr'eux usent d'authorité sur elles: Mais il ne sera point ainsi entre vous: ains quiconque voudra estre le plus grand entre vous, sera vostre ministre. Et quiconque d'entre vous voudra estre le premier, sera le serviteur de tous. Car aussi le Fils de l'homme n'est point venu pour estre servi: mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour plusieurs. Puis apres ils arriverent à Jerico: et lui partant de Jerico avec ses disciples, et une grande troupe, un aveugle, dit Bartimée, [c'est à dire], fils de Timée, estoit assis auprés du chemin, et mendioit: Lequel ayant entendu que c'estoit Jesus le Nazarien, se prit à crier, et à dire, Jesus Fils de David, aye pitié de moi. Et plusieurs le tançoyent, afin qu'il se teust: mais il crioit tant plus fort, Fils de David, aye pitié de moi. Et Jesus s'estant arresté, dit qu'on l'appellast: et ils appellerent l'aveugle, lui disans, Pren courage, leve-toi: il t'appelle. Et en jettant bas son manteau, il se leva, et s'en vint vers Jesus. Alors Jesus prenant la parole, lui dit, Que veux-tu que je te fasse? Et l'aveugle lui dit, Maistre, que je recouvre la veuë. Et Jesus lui dit, Va-t'en, ta foi t'a sauvé. Et incontinent il recouvra la veuë, et suivoit Jesus par le chemin. Et comme ils approchoyent de Jerusalem, [estans] prés de Bethphagé et de Bethanie, vers le mont des Oliviers, il envoya deux de ses disciples. Et il leur dit, Allez-vous-en en cette bourgade qui est vis à vis de vous: et incontinent que vous y entrerez, vous trouverez un asnon attaché, sur lequel jamais homme ne s'assit: détachez-le, et l'amenez. Et si quelqu'un vous dit, Pourquoi faites-vous cela? dites que le Seigneur en a affaire: et incontinent il l'envoyera ici. Ils partirent donc, et trouverent l'asnon qui estoit attaché dehors aupres de la porte, entre deux chemins, et le détacherent. Et quelques-uns de ceux qui estoyent là, leur dirent, Que voulez-vous faire de détacher cet asnon? Mais ils leur [respon]dirent comme Jesus leur avoit commandé: et ils les laisserent aller. Ils amenerent donc l'asnon à Jesus, et mirent leurs vestemens sur icelui: et il s'assit dessus. Et plusieurs estendoyent leurs vestemens par le chemin: les autres coupoyent des rameaux des arbres, et les espandoyent par le chemin. Et ceux qui alloyent devant, et ceux qui suivoyent, crioyent, disans, Hosanna: Benit [soit] celui qui vient au nom du Seigneur. Benit [soit] le regne de David nostre pere, lequel vient au nom du Seigneur: Hosanna és [lieux] tres-hauts. Ainsi Jesus entra dans Jerusalem, et au temple: et quand il eut regardé de toutes parts, et que déja il estoit tard, il sortit [pour aller] à Bethanie avec les douze: Et le lendemain quand ils furent partis de Bethanie, il eut faim: Et voyant de loin un figuier qui avoit des fueilles, il s'y en alla [pour voir] s'il y trouveroit quelque chose: et y estant venu, il ne trouva rien sinon des fueilles: car ce n'estoit pas la saison des figues. Alors Jesus prenant la parole dit au figuier, Qu'à jamais personne ne mange du fruit de toi. Et ses disciples l'entendirent. Ils vinrent donc à Jerusalem. Et quand Jesus fut entré au temple, il se prit à jetter hors ceux qui vendoyent et achetoyent au temple, et renversa les tables des changeurs, et les selles de ceux qui vendoyent des pigeons. Et ne permettoit point que personne portast [aucun] vaisseau par le temple. Et enseignoit, en leur disant, N'est-il pas écrit, Ma Maison sera appellée maison d'oraison par toutes nations? mais vous en avez fait une caverne de brigands. Ce que les Scribes et les principaux Sacrificateurs ayant entendu, ils cherchoyent comment ils le feroyent perir: car ils le craignoyent, à cause que tout le commun peuple s'estonnoit de sa doctrine. Et le soir estant venu, [Jesus] sortit de la ville. Et le matin comme ils passoyent aupres du figuier,ils le virent seché dés les racines. Alors Pierre s'estant ressouvenu, lui dit, Maistre, voici, le figuier que tu as maudit est seché. Et Jesus respondant leur dit, Ayez la foi de Dieu. En verité je vous dis, que quiconque dira à cette montagne, Enleve-toi, et te jette en la mer: et ne fera point de difficulté en son coeur, mais croira que ce qu'il dit se fera, tout ce qu'il aura dit lui sera fait. Partant je vous dis, Tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous le recevrez: et il vous sera fait. Mais quand vous vous presenterez pour faire vostre oraison, pardonnez si vous avez quelque chose contre quelqu'un, comme vostre Pere qui [est] és cieux vous pardonne aussi vos fautes. Car si vous ne pardonnez, vostre Pere qui [est] és cieux ne vous pardonnera point aussi vos fautes. Puis derechef ils vinrent à Jerusalem: et comme il cheminoit au temple, les principaux Sacrificateurs, et les Scribes, et les Anciens vinrent vers lui: Et ils lui dirent, De quelle authorité fais-tu ces choses? et qui est celui qui t'a donné cette authorité que tu fasses ces choses? Et Jesus respondant leur dit, Je vous interrogerai aussi d'une chose, et me respondez: et alors je vous dirai de quelle authorité je fais ces choses. Le Baptesme de Jean estoit-il du ciel ou des hommes? Respondez-moi. Or ils disputoyent entr'eux, disans, Si nous disons, Du ciel, il dira, Pourquoi ne l'avez-vous point creu? D'autre-part, si nous disons, Des hommes, nous craignons le commun peuple. Car tous tenoyent que Jean avoit esté vrayement Prophete. Alors pour response ils dirent à Jesus, Nous ne sçavons. Et Jesus respondant leur dit, Je ne vous dirai point aussi de quelle authorité je fais ces choses. Puis il se prit à leur dire par similitude, Quelqu'un planta une vigne, et l'environna d'une haye, et y creusa une fosse pour un pressoir, et y bastit une tour: puis apres il la loüa à des vignerons, et s'en alla dehors. Or en la saison il envoya un serviteur vers les vignerons, afin de recevoir d'eux du fruit de la vigne. Mais eux le prenans, le battirent et le renvoyerent à vuide. Derechef il leur envoya un autre serviteur: et lui jettans des pierres ils lui froisserent toute la teste, et le renvoyerent, l'ayant honteusement traitté. Et derechef il en envoya encore un autre, lequel ils tuërent: et plusieurs autres, desquels ils battirent les uns, et tuërent les autres. Or ayant encore un fils bien-aimé, il le leur envoya aussi pour le dernier, disant, Ils revereront mon fils. Mais ces vignerons-là dirent entr'eux, C'est ici l'heritier: venez, tuons-le, et l'heritage sera nostre. Et le prenans ils le tuërent, et le jetterent hors de la vigne. Que fera donc le seigneur de la vigne? Il viendra, et fera perir ces vignerons-là, et baillera la vigne à d'autres. Et n'avez-vous point leu cette Ecriture? La pierre que les edifians ont rejettée, est devenuë la maistresse pierre du coin: Ceci a esté fait par le Seigneur, et c'est une chose merveilleuse devant nos yeux. Alors ils tascherent de le saisir, mais ils craignirent le peuple: car ils connurent [bien] qu'il avoit dit cette similitude contr'eux: et en le laissant, ils s'en allerent. Or ils envoyerent quelques-uns des Pharisiens et des Herodiens, pour l'enlacer en paroles: Lesquels estans venus vers [lui], lui dirent, Maistre, nous sçavons que tu es veritable, et que tu ne te soucies d'aucun: car tu n'as point d'égard à l'apparence des hommes, mais tu enseignes la voye de Dieu en verité: Est-il permis de payer le tribut à Cesar, ou non? le payerons-nous, ou si nous ne le payerons point? Lui connoissant leur hypocrisie, leur dit, Pourquoi me tentez-vous? apportez moi un denier, que je le voye. Et ils [le] lui presenterent. Alors il leur dit, De qui est cette image, et cette inscription? Ils lui dirent, De Cesar. Et Jesus respondant leur dit, Rendez à Cesar les choses qui sont à Cesar, et à Dieu celles qui sont à Dieu. Et ils en furent estonnez. Alors les Sadduciens (qui disent qu'il n'y a point de resurrection) vinrent à lui, et l'interrogerent, disans, Maistre, Moyse nous a laissé par escrit, Que si le frere de quelqu'un est mort, et a laissé sa femme, et n'a point laissé d'enfans, que son frere prenne la femme d'icelui, et qu'il suscite lignée à son frere. Or il y avoit sept freres, dont le premier prit une femme, et mourant ne laissa point de lignée. Et le second la prit, et mourut: et lui aussi ne laissa point de lignée. Et le troisiéme semblablement. Les sept donc la prirent, ne laissans point de lignée. La femme aussi mourut la derniere de tous. En la resurrection donc, quand ils seront ressuscitez, duquel d'eux sera-t'elle femme? car les sept l'ont euë à femme. Alors Jesus respondant leur dit, Ce que vous vous fourvoyez, n'est-ce pas dautant que vous ne sçavez point les Escritures, ni la puissance de Dieu? Car quand ils seront ressuscitez des morts, ils ne prendront point à femme, et on ne leur baillera point de femmes en mariage: mais ils seront comme les Anges qui [sont] és cieux. Et quant aux morts, [pour montrer] qu'ils ressuscitent, n'avez-vous point leu au livre de Moyse, comme Dieu parla à lui au buisson, disant, Je suis le Dieu d'Abraham, et le Dieu d'Isaac, et le Dieu de Jacob? Dieu n'est point le Dieu des morts, mais le Dieu des vivans. Vous vous fourvoyez donc grandement. Alors quelqu'un des Scribes estant venu là, les ayant ouïs disputer ensemble, et sçachant qu'il leur avoit respondu bien à propos, l'interrogea, disant, Quel est le premier commandement de tous? Jesus lui respondit, Le premier de tous les commandemens [est], Escoute Israël, Le Seigneur nostre Dieu est le seul Seigneur. Et tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, et de toute ton ame, et de toute ta pensée, et de toute ta force. Celui-ci [est] le premier commandement. Et le second semblable [à icelui], est, Tu aimeras ton prochain comme toi-mesme. Il n'y a point d'autre commandement plus grand que ceux-ci. Et le Scribe lui dit, Maistre, tu as bien dit à la verité, qu'il y a un seul Dieu, et qu'il n'y en a point d'autre que lui: Et que l'aimer de tout son coeur, et de toute son intelligence, et de toute son ame, et de toute sa force, et aimer son prochain comme soi-mesme, est plus que tous les holocaustes et les sacrifices. Et Jesus voyant qu'il avoit respondu prudemment, lui dit, Tu n'es pas loin du royaume de Dieu. Et nul ne l'osoit plus interroger. Et Jesus enseignant au temple, prenant la parole, [leur] dit, Comment est-ce que les Scribes disent que le Christ est fils de David? Car David mesme a dit par le saint Esprit, le Seigneur a dit à mon Seigneur, Sieds-toi à ma dextre, jusques à ce que j'aye mis tes ennemis pour le marchepied de tes pieds. David donc lui-mesme l'appelle Seigneur; comment donc est-il son fils? Et de grandes troupes prenoyent plaisir à l'ouïr. Davantage, il leur disoit en sa doctrine, Donnez-vous garde des Scribes, qui aiment à se promener en robbes longues, et les salutations és marchez: Et les premieres seances és Synagogues, et les premieres places és banquets: Qui mangent entierement les maisons des veuves: voire en faisant semblant de prier beaucoup; ils en recevront plus grande condamnation. Jesus aussi estant assis vis à vis du tronc, prenoit garde comment le peuple mettoit de l'argent au tronc. Or plusieurs riches y mettoyent beaucoup: et une pauvre veuve vint, laquelle y mit deux petites pieces qui font un quadrin. Alors appellant ses disciples, il leur dit, En verité je vous dis, que cette pauvre veuve a plus mis au tronc que [tous] ceux qui y ont mis. Car tous y ont mis de ce qui leur abonde: mais celle-ci y a mis de sa pauvreté tout ce qu'elle avoit, [voire] toute sa substance. Et comme il partoit du temple, un de ses disciples lui dit, Maistre, regarde quelles pierres, et quels bastimens. Alors Jesus respondant lui dit, Ne vois-tu pas ces grands bastimens? Il ne sera laissé pierre sur pierre qui ne soit demolie, Et comme il étoit assis au mont des Oliviers vis à vis du temple, Pierre et Jaques, Jean et André l'interrogerent à part, [Disans], Di nous quand ces choses-là adviendront, et quel sera le signe quand toutes ces choses doivent estre accomplies. Alors Jesus leur respondant, commença à [leur] dire, Prenez garde que quelqu'un ne vous seduise. Car plusieurs viendront en mon Nom, disans, C'est moi [qui suis le Christ], et en seduiront plusieurs. Or quand vous orrez des guerres et des bruits de guerres, ne soyez point troublez: car il faut que ces choses adviennent, mais [ce] ne [sera] pas encore la fin. Car nation s'élevera contre nation, et royaume contre royaume: et il y aura des tremblemens de terre en tous lieux, et des famines et des troubles: ces choses-là [seront] des commencemens de douleurs. Mais prenez garde à vous-mesmes: car ils vous livreront aux consistoires, et aux Synagogues: vous serez foüettez, et serez presentez devant les gouverneurs et les rois, à cause de moi, pour leur estre en tesmoignage. Et il faut que l'Evangile soit premierement presché en toutes les nations. Or quand ils vous meneront pour vous livrer, ne soyez point auparavant en souci de ce que vous aurez à dire, et n'y meditez point: mais tout ce qui vous sera donné en cet instant-là, dites-le: car ce n'est pas vous qui parlez, mais le S. Esprit. Alors le frere livrera son frere à la mort, et le pere l'enfant: et les enfans s'éleveront contre leurs peres et leurs meres, et les feront mettre à mort. Et vous serez haïs de tous à cause de mon Nom: mais qui perseverera jusques à la fin, celui-là sera sauvé. Or quand vous verrez l'abomination de la desolation (qui a esté dite par Daniel le Prophete) estre establie là où elle ne doit point estre: (qui lit l'entende) alors que ceux qui [seront] en Judée s'enfuyent aux montagnes. Et que celui qui [sera] sur la maison, ne descende point en la maison, et n'y entre point pour emporter aucune chose de sa maison. Et que celui qui sera au champ, ne retourne point en arriere, pour emporter son habillement. Mais mal-heur sur celles qui seront enceintes, et sur celles qui allaitteront en ces jours-là. Priez donc que vostre fuite n'advienne point en hyver. Car en ces jours-là il y aura une telle affliction, qu'il n'y en a point eu de semblable depuis le commencement de la creation des choses que Dieu a creées, jusques à maintenant, et n'y en aura. Et si le Seigneur n'eust abbregé ces jours-là, nulle personne ne seroit sauvée: mais il a abbregé ces jours-là, à cause des éleus qu'il a éleus. Et alors si quelqu'un vous dit, Voici, le Christ [est] ici: ou, Voici, [il est] là, ne le croyez point. Car de faux Christs et de faux Prophetes s'éleveront, et feront des signes et des miracles, pour seduire mesmes les éleus, s'il estoit possible. Mais donnez-vous [en] garde: voici, je vous ai predit le tout. Aussi en ces jours-là, apres cette affliction-là, le Soleil sera obscurci, et la Lune ne donnera point de clarté. Et les étoiles du ciel cherront, et les vertus qui [sont] és cieux seront esbranlées. Et alors ils verront le Fils de l'homme venir és nuées avec grande puissance et gloire. Alors il envoyera ses Anges, et assemblera en un ses éleus, des quatre vents, depuis le bout de la terre jusques au bout du ciel. Or apprenez la similitude du figuier: Quand son rameau est en séve, et qu'il jette des fueilles, vous connoissez que l'esté est prochain. Vous aussi pareillement, quand vous verrez que ces choses-là adviendront, sçachez qu'il est prochain à la porte. En verité je vous dis, que cette generation ne passera point, tant que toutes ces choses-là soyent faites. Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point. Or quant à ce jour-là et à l'heure, nul ne le sçait, non pas mesmes les Anges qui [sont] au Ciel, ni aussi le Fils: mais le Pere. Prenez garde à [vous] veillez, et priez: car vous ne sçavez quand sera ce temps-là. [C'est] comme si un homme allant dehors, laissoit sa maison, et donnoit authorité à ses serviteurs, et à un chacun sa tasche, et commandoit au portier qu'il veillast. Veillez donc: (car vous ne sçavez quand le Seigneur de la maison viendra, au soir, ou à minuit, ou à l'heure que le coq chante, ou au matin.) De peur qu'arrivant soudainement, il vous trouve dormans. Or les choses que je vous dis, je les dis à tous: Veillez. Or la feste de Pasque, et des pains sans levain, estoit deux jours apres: et les principaux Sacrificateurs et les Scribes cherchoyent comment ils le pourroyent saisir par finesse: et le mettre à mort. Mais ils disoyent, Non point durant la feste, de peur qu'il se face tumulte entre le peuple. Et comme il estoit à Bethanie en la maison de Simon, [dit] le lepreux, et qu'il estoit à table, il vint là une femme qui avoit une boite d'onguent d'aspic liquide precieux: et elle rompit la boite, et espandit [l'onguent] sur la teste d'icelui. Dont quelques-uns furent indignez en eux-mesmes, et disoyent, A quoi sert le dégast de cet onguent? Car cet [onguent] pouvoit estre vendu plus de trois cent deniers, et estre donné aux pauvres. Ainsi ils en fremissoyent contr'elle. Mais Jesus dit, Laissez-la, pourquoi lui donnez-vous de la fascherie? elle a fait un bon acte envers moi. Parce que vous aurez toûjours les pauvres avec vous, et vous leur pourrez bien faire, toutes les fois que vous voudrez: mais vous ne m'aurez point toûjours. Elle a fait ce qui estoit en elle: elle a anticipé d'oindre mon corps pour l'appareil de ma sepulture. En verité je vous dis, qu'en quelque lieu que cet Evangile sera presché en tout le monde, cela aussi qu'elle a fait sera recité en memoire d'elle. Alors Judas Iscariot, l'un des douze, s'en alla vers les principaux Sacrificateurs, afin qu'il le leur livrast. Lesquels l'ayant ouï s'éjouïrent, et lui promirent de lui donner de l'argent: et il cherchoit comment il le livreroit commodément. Or le premier jour des pains sans levain qu'on sacrifioit l'agneau de Pasque, ses disciples lui dirent, Où veux-tu que nous allions, afin de t'apprester à manger l'agneau de Pasque? Alors il envoya deux de ses disciples, et leur dit, Allez en la ville, et un homme vous viendra à la rencontre, portant une cruche d'eau: suivez-le. Et en quelque lieu qu'il entrera, dites au maistre de la maison: Le maistre dit, Où est le logis où je mangerai l'agneau de Pasque avec mes disciples? Et il vous montrera une grande chambre ornée et preparée: apprestez-nous là [l'agneau de Pasque]. Ainsi les disciples partirent, et vinrent en la ville, et trouverent comme il leur avoit dit, et appresterent l'agneau de Pasque. Puis le soir estant venu, il s'en vint avec les douze. Et comme ils estoyent à table, et mangeoyent, Jesus dit, En verité je vous dis, que l'un de vous qui mange avec moi me trahira. Alors ils se prirent à se contrister: et lui dirent l'un apres l'autre, Est-ce moi? et l'autre, Est-ce moi? Mais il respondit, et leur dit, C'est l'un des douze, lequel trempe avec moi au plat. Certes le Fils de l'homme s'en va, selon qu'il est écrit de lui: mais mal-heur à cet homme-là par lequel le Fils de l'homme est trahi: il eust esté bon à cet homme-là de n'estre point né. Et comme ils mangeoyent, Jesus prit le pain: et apres avoir rendu graces, il le rompit: puis le leur bailla, et dit, Prenez, mangez, ceci est mon corps. Puis ayant pris la coupe, il rendit graces, et la leur bailla: et ils en burent tous. Et il leur dit, Ceci est mon sang, le sang du nouveau Testament, lequel est respandu pour plusieurs. En verité je vous dis, que je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusques à ce jour-là que je le boirai nouveau au royaume de Dieu. Et quand ils eurent chanté le cantique, ils s'en allerent en la montagne des Oliviers. Alors Jesus leur dit, Vous serez tous scandalisez en moi cette nuit-ici: car il est écrit, Je fraperai le berger, et les brebis seront éparses. Mais apres que je serai ressuscité, j'irai devant vous en Galilée. Et Pierre lui dit, Quand bien tous seroyent scandalizez, si est-ce que je ne le serai point. Alors Jesus lui dit, En verité je te dis, qu'aujourd'hui en cette propre nuit, devant que le coq ait chanté deux fois tu me renieras par trois fois. Mais il disoit encore de plus fort, Quand mesmes il me faudroit mourir avec toi, si est-ce que je ne te renierai point. Et tous aussi disoyent de mesme. Puis apres ils vinrent en un lieu nommé Gethsemané: et il dit à ses disciples, Sées-vous ici, jusques à ce que j'aye prié. Alors il prit avec soi Pierre, et Jaques, et Jean, et commença à s'épouvanter, et à estre fort angoissé. Alors il leur dit, Mon ame est saisie de tristesse jusques à la mort: demeurez ici, et veillez. Et s'en allant un peu plus outre, il se jetta en terre: et prioit, Que s'il se pouvoit faire, l'heure se passast arriere de lui. Et il disoit, Abba, Pere, toutes choses te sont possibles, transporte cette coupe arriere de moi: toutesfois non point ce que je veux, mais ce que tu [veux]. Puis il vint, et les trouva dormans: et il dit à Pierre, Simon, dors-tu? n'as-tu peu veiller une heure? Veillez, et priez, que vous n'entriez en tentation: [car] quant à l'esprit [il est] prompt, mais la chair [est] foible. Et derechef il s'en alla, et pria, disant le mesme propos. Puis estant retourné, il les trouva derechef dormans, car leurs yeux estoyent appesantis: et ils ne sçavoyent que lui respondre. Puis il vint pour la troisiéme fois, et leur dit, Dormez doresnavant, et vous reposez: il suffit, l'heure est venuë: voici, le Fils de l'homme s'en va estre livré és mains des méchans. Levez-vous, allons: voici, celui qui me trahit s'approche. Et aussi-tost, comme il parloit encore, Judas (qui estoit l'un des douze) vint et une grande troupe avec lui, avec des espées et des bastons, de par les principaux Sacrificateurs, et les Scribes, et les Anciens. Or celui qui le trahissoit avoit donné un signal entr'eux, disant, Quiconque je baiserai, c'est celui-là, saisissez-le et l'emmenez seurement. Quand donc il fut venu, incontinent il s'approcha de lui, et dit, Maistre, Maistre: et le baisa. Alors ils jetterent les mains sur lui, et le saisirent. Et quelqu'un de ceux qui estoyent là presens tira son espée, et en frapa le serviteur du souverain Sacrificateur, et lui emporta l'oreille. Alors Jesus prit la parole, et leur dit, Estes-vous sortis comme apres un brigand avec des espées et des bastons, pour me prendre? J'estois tous les jours entre vous, enseignant au temple, et vous ne m'avez point saisi: mais [tout ceci est advenu] afin que les Escritures soyent accomplies. Alors tous l'ayans abandonné, s'enfuïrent. Et un certain jeune homme le suivoit, enveloppé d'un linceul sur le [corps] nud: et quelques jeunes gens le saisirent. Mais en laissant son linceul, il s'enfuït arriere d'eux tout nud. Or de là ils emmenerent Jesus au souverain Sacrificateur, chez lequel s'assemblerent tous les principaux Sacrificateurs, les Anciens, et les Scribes. Et Pierre le suivoit de loin jusques dedans, en la court du souverain Sacrificateur: et il estoit assis avec les serviteurs, et se chauffoit au feu. Or les principaux Sacrificateurs et tout le consistoire cherchoyent un tesmoignage contre Jesus, pour le mettre à mort: et n'en trouvoyent point. Car plusieurs disoyent de faux témoignages contre lui, mais les tesmoignages n'estoyent point conformes. Alors quelques-uns s'éleverent, et porterent faux tesmoignage contre lui, disans, Nous l'avons ouï qu'il disoit, Je déferai ce temple-ici qui est fait de main, et en trois jours j'en rebastirai un autre qui ne sera point fait de main. Mais encore avec tout cela leurs tesmoignages n'estoyent point conformes. Alors le souverain Sacrificateur se levant au milieu, interrogea Jesus, disant, Ne respons-tu rien? qu'est-ce que tesmoignent ceux-ci contre toi? Mais il se teut, et ne respondit rien. Derechef le souverain Sacrificateur l'interrogea, et lui dit, Es-tu le Christ le Fils de [Dieu] benit? Et Jesus lui dit, Je le suis: et vous verrez le Fils de l'homme assis à la dextre de la vertu [de Dieu], et venant és nuées du ciel. Alors le souverain Sacrificateur deschira ses vestemens, et dit, Qu'avons-nous encore à faire de tesmoins? Vous avez ouï le blaspheme: que vous en semble? Alors eux tous le condamnerent comme estant coupable de mort. Et quelques-uns se prirent à cracher contre lui, et à lui couvrir la face, et à lui bailler des soufflets: et lui disoyent, Prophetize [nous]. Et les sergens lui bailloyent des coups de [leurs] verges. Or comme Pierre estoit en bas en la court, une des servantes du souverain Sacrificateur vint: Et quand elle eut apperceu Pierre qui se chauffoit, elle le regarda en face, et [lui] dit, Et toi, tu estois avec Jesus le Nazarien. Mais il le nia, disant, Je ne [le] connois point, et ne sçai ce que tu dis: et il sortit dehors au portail, et le coq chanta. Et quand la servante l'eut veu derechef, elle se prit à dire à ceux qui estoyent là presens, Celui-ci est de ceux-là. Mais il le nia derechef. Et derechef un peu apres, ceux qui estoyent là presens, dirent à Pierre, Vrayement tu es de ceux-là, car tu es Galiléen, et ton langage s'y rapporte. Alors il se prit à se maudire, et à jurer, [disant], Je ne connois point cet homme-là que vous dites. Et le coq chanta pour la seconde fois, et Pierre se ressouvint de la parole que Jesus lui avoit dite, Devant que le coq ait chanté deux fois, tu me renieras par trois fois. Et s'estant jetté hors il pleura. Et incontinent au matin, les principaux Sacrificateurs avec les Anciens et les Scribes, et tout le consistoire, ayans tenu conseil, lierent Jesus, et l'emmenerent, et le livrerent à Pilate. Et Pilate l'interrogea, disant, Es-tu le roi des Juifs? Jesus respondant lui dit, Tu le dis. Et les principaux Sacrificateurs l'accusoyent de plusieurs choses: mais lui ne respondoit rien. Pilate donc l'interrogea derechef, disant, Ne respons-tu rien? voila combien de choses ils tesmoignent contre toi. Mais Jesus ne respondit rien non plus, tellement que Pilate s'[en] estonnoit. Or il leur relaschoit à la feste un prisonnier, qui que ce fust qu'ils demandassent. Et il y en avoit un, dit Barrabas, qui estoit prisonnier avec ses complices de sedition, lesquels avoyent commis meurtre en la sedition. Et le peuple s'écriant tout haut, se prit à demander [qu'il fist] comme il leur avoit toûjours fait. Pilate donc leur respondit, disant, Voulez-vous que je vous relasche le Roi des Juifs? Car il sçavoit bien que les principaux Sacrificateurs l'avoyent livré par envie. Mais les principaux Sacrificateurs émeurent le peuple, afin qu'il leur relaschast plustost Barrabas. Et Pilate respondant leur dit derechef, Que voulez-vous donc que je face [à celui] que vous appellez Roi des Juifs? Et derechef ils s'écrierent, [disant], Crucifie-le. Alors Pilate leur dit, Mais quel mal a-t'il fait? Et ils s'écrierent tant plus fort, Crucifie-le. Pilate donc voulant contenter le peuple, leur relascha Barrabas, et apres avoir fait foüetter Jesus, le livra, afin qu'il fust crucifié. Alors les soldats l'emmenerent dans la court qui est le pretoire, et appellerent toute la bande. Et le vestirent d'une robbe de pourpre, et lui mirent à l'entour [de la teste] une couronne d'épines qu'ils avoyent pliée. Et se prirent à le saluër, [en disant], Bien te soit, Roi des Juifs. Et ils lui frapoyent la teste avec un roseau, et crachoyent contre lui, et se mettans à genoux, lui faisoyent la reverence. Puis apres quand ils se furent moquez de lui, ils le devestirent de la robbe de pourpre, et le revestirent de ses vestemens, et l'emmenerent dehors pour le crucifier. Et contraignirent un certain passant [nommé] Simon Cyrenien, lequel venoit des champs, qui estoit pere d'Alexandre et de Rufus, de porter la croix d'icelui. Et puis le menerent en la place de Golgotha, qui vaut autant à dire que la place du Test. Puis ils lui donnerent à boire du vin mixtionné avec de la myrrhe: mais il ne le prit point. Et quand ils l'eurent crucifié, ils partagerent ses vestemens, en jettant le sort sur iceux, [pour sçavoir] ce que chacun emporteroit. Or il estoit trois heures quand ils le crucifierent. Et le dicton de sa condamnation portoit en écrit, LE ROI DES JUIFS. Ils crucifierent aussi avec lui deux brigands: l'un à sa droite, et l'autre à sa gauche. Ainsi fut accomplie l'Escriture qui dit, Et il a esté mis au rang des malfaiteurs. Et ceux qui passoyent prés de là lui disoyent des outrages, hochans la teste, et disans, Hé! toi, qui defais le temple et le rebastis en trois jours, Sauve-toi toi-mesme, et descen de la croix. Semblablement aussi les principaux Sacrificateurs mesmes se moquans avec les Scribes disoyent les uns aux autres, Il a sauvé les autres, il ne se peut sauver soi-mesme. Que le Christ, le Roi d'Israël, descende maintenant de la croix, afin que nous le voyïons, et le croyïons. Et ceux aussi qui estoyent crucifiez avec lui, lui disoyent des outrages. Mais quand il fut six heures, il se fit des tenebres sur tout le païs jusques à neuf heures. Et à neuf heures Jesus cria à haute voix, disant, Eloi, Eloi, lamma sabachthani? qui vaut autant à dire que Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné? Et quelques-uns de ceux qui estoyent là presens, ayans ouï [cela], disoyent, Voici, il appelle Elie. Et quelqu'un accourut, et emplit une esponge de vinaigre: et la mit à l'entour d'un roseau, et lui en bailla à boire, disant, Laissez, voyons si Elie viendra pour l'oster. Et Jesus apres avoir jetté un grand cri, rendit l'esprit. Et le voile du temple se fendit en deux, depuis le haut jusques au bas. Et le Centenier qui estoit là vis à vis de lui, voyant qu'il avoit rendu l'esprit, en criant ainsi, dit, Veritablement cet homme estoit le Fils de Dieu. Il y avoit aussi des femmes qui regardoyent de loin: entre lesquelles estoyent Marie Magdeleine, et Marie [mere] de Jaques le petit, et de Joses, et Salomé. Lesquelles dés lors mesmes qu'il estoit en Galilée, l'avoyent suivi, et lui avoyent subvenu: et plusieurs autres qui estoyent montées ensemble avec lui à Jerusalem. Et le soir estant déja venu, (dautant que c'estoit le jour de la preparation, qui est devant le Sabbat.) Joseph d'Arimathée, conseiller honorable (lequel aussi attendoit le regne de Dieu) s'estant enhardi, s'en vint vers Pilate, et [lui] demanda le corps de Jesus. Et Pilate s'estonna de ce qu'il estoit déja mort: puis ayant appellé le Centenier, il l'interrogea s'il y avoit long-temps qu'il estoit mort. Ce qu'ayant connu du Centenier, il donna le corps à Joseph. Et icelui ayant acheté un linceul, le descendit de la croix, et l'enveloppa du linceul, et le mit dans un sepulcre qui estoit taillé en un roc: puis il roula une pierre à la porte du sepulcre. Et Marie Magdeleine, et Marie [mere] de Joses, regardoyent où on le mettoit. Or le Sabbat estant passé, Marie Magdeleine, et Marie [mere] de Jaques, et Salomé, acheterent des onguents aromatiques pour le venir embaumer. Et de fort grand matin, le premier jour de la semaine, elles arriverent au sepulcre, le Soleil estant levé. Et disoyent entr'elles, Qui nous roulera la pierre de la porte du sepulcre? Et ayant regardé, elles virent que la pierre estoit roulée, car elle estoit fort grande. Puis estant entrées dans le sepulcre, elles virent un jeune homme assis à main droite, vestu d'une robbe blanche: dont elles s'épouvanterent. Mais il leur dit, Ne vous espouvantez point: vous cherchez Jesus le Nazarien qui a esté crucifié: il est ressuscité, il n'est point ici: voici le lieu où on l'avoit mis. Mais allez, dites à ses disciples, et à Pierre, qu'il s'en va devant vous en Galilée: vous le verrez là, comme il vous a dit. Et incontinent en partant de là elles s'enfuïrent arriere du sepulcre: car le tremblement et la frayeur les avoit saisies et n'en dirent rien à personne: car elles avoyent peur. Or Jesus estant ressuscité, le matin au premier jour de la semaine, apparut premierement à Marie Magdeleine, de laquelle il avoit jetté hors sept diables. Et elle s'en alla, et l'annonça à ceux qui avoyent esté avec lui: lesquels estoyent en deüil et pleuroyent. Eux ayans entendu qu'il vivoit, et qu'elle l'avoit veu, ne le creurent point. Puis apres ces choses, il se montra en une autre forme à deux d'entr'eux, qui estoyent en chemin pour aller aux champs: Et ceux-là estans retournez l'annoncerent aux autres, mais ils ne les creurent non plus. Finalement il se montra aux onze, estans ensemble, assis, et leur reprocha leur incredulité et dureté de coeur, dautant qu'ils n'avoyent point creu ceux qui l'avoyent veu ressuscité. Et il leur dit, Allez-vous-en par tout le monde, et preschez l'Evangile à toute creature. Qui aura creu et aura esté baptizé sera sauvé: mais qui n'aura point creu sera condamné. Et ce [sont] ici les signes qui accompagneront ceux qui auront creu: Ils jetteront hors les diables par mon Nom: ils parleront de nouveaux langages: Ils chasseront les serpens. Et quand ils auront beu quelque chose mortelle, elle ne leur nuira nullement: ils imposeront les mains sur les malades, et ils se porteront bien. Or le Seigneur, apres avoir parlé à eux, fut élevé en haut au ciel: et s'assit à la dextre de Dieu. Eux aussi estans partis prescherent par tout, le Seigneur operant avec eux, et confirmant la parole par les signes qui s'en ensuivoyent.
Parce que plusieurs se sont appliquez à mettre par ordre un recit des choses qui ont esté pleinement certifiées entre nous. Comme nous les ont baillé à connoistre ceux qui les ont veuës eux-mesmes dés le commencement, et ont esté ministres de la Parole. Il m'a aussi semblé bon, apres avoir tout compris dés le commencement jusques à la fin, tres-excellent Theophile, de t'en écrire par ordre. Afin que tu connoisses la certitude des choses, desquelles tu as esté informé. Au temps d'Herode roi de Judée, il y avoit un certain Sacrificateur nommé Zacharie, du rang d'Abia: et sa femme [estoit] des filles d'Aaron: et son nom estoit Elizabeth. Et ils estoyent tous deux justes devant Dieu, cheminans en tous les commandemens et [en toutes] les ordonnances du Seigneur, sans reproche. Et ils n'avoyent point d'enfans, à cause qu'Elizabeth estoit sterile: et tous deux estoyent fort avancez en âge. Or il advint comme Zacharie exerçoit la sacrificature devant le Seigneur à son tour; Que selon la coustume de la sacrificature le sort lui escheut d'offrir le parfum, entrant au temple du Seigneur. Et toute la multitude du peuple estoit en priere dehors, à l'heure qu'on offroit le parfum. Alors l'Ange du Seigneur s'apparut à lui, se tenant du costé droit de l'autel du parfum. Et Zacharie fut troublé quand il le vid, et la crainte le saisit. Mais l'Ange lui dit, Zacharie ne crain point: dautant que ta priere est exaucée, et Elizabeth ta femme enfantera un fils, et tu appelleras son nom Jean. Et tu en auras joye et liesse et plusieurs s'éjouïront de sa naissance. Car il sera grand devant le Seigneur, et ne boira ni vin ni cervoise: et sera rempli du Saint Esprit dés le ventre de sa mere. Et il convertira plusieurs des enfans d'Israël au Seigneur leur Dieu. Et ira devant lui en l'esprit et en la vertu d'Elie, afin qu'il convertisse les coeurs des peres envers les enfans, et les rebelles à la prudence des justes, pour preparer au Seigneur un peuple bien ordonné. Alors Zacharie dit à l'Ange. Comment connoitrai-je ceci: car je suis ancien, et ma femme est fort âgée? Et l'Ange respondant lui dit, Je suis Gabriel qui assiste devant Dieu, et qui ai esté envoyé pour parler à toi et t'annoncer ces bonnes nouvelles. Dont voici, tu seras sans parler, et de fait tu ne pourras parler jusqu'au jour que ces choses aviendront: dautant que tu n'as point creu à mes paroles, qui seront accomplies en leur saison. Or le peuple attendoit Zacharie, et s'estonnoit de ce qu'il tardoit tant au temple. Et quand il fut sorti, il ne pouvoit parler à eux: alors ils connurent qu'il avoit veu [quelque] vision au temple: car il [le] leur donnoit à entendre par signes: et il demeura muët. Et il advint que quand les jours de son ministere furent achevez, il retourna en sa maison. Et apres ces jours-là, Elizabeth sa femme conceut: et elle se cacha par l'espace de cinq mois, en disant, Certes le Seigneur m'a fait ainsi és jours esquels il m'a regardée, pour oster mon opprobre d'entre les hommes. Or au sixiéme mois, l'Ange Gabriel fut envoyé de Dieu en une ville de Galilée, laquelle avoit nom Nazareth. Vers une Vierge fiancée à un homme, qui avoit nom Joseph, de la maison de David: et le nom de la Vierge [estoit] Marie. Et l'Ange estant entré au lieu où elle estoit, [lui] dit, Bien te soit: [qui es] receuë en grace: Le Seigneur est avec toi: tu [es] benite entre les femmes. Et quand elle l'eût veu, elle fut fort troublée à cause des paroles d'icelui: et pensoit en elle-mesme quelle estoit cette salutation. Alors l'Ange lui dit, Marie, ne crain point: car tu as trouvé grace devant Dieu. Et voici, tu concevras en ton ventre, et tu enfanteras un fils, et appelleras son nom JESUS. Il sera grand et sera appellé le Fils du Souverain, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son pere. Et il regnera sur la maison de Jacob eternellement, et il n'y aura nulle fin à son regne. Alors Marie dit à l'Ange, Comment se fera ceci, veu que je ne connois point d'homme? Et l'Ange respondant, lui dit, Le Saint Esprit surviendra en toi, et la vertu du Souverain t'enombrera: dont cela aussi qui naistra [de toi] Saint, sera appellé le Fils de Dieu. Et voila Elizabeth ta cousine, elle a aussi conceu un fils en sa vieillesse: et c'est ici le sixiéme mois à celle qui estoit appellée sterile. Car chose quelconque ne sera impossible par devers Dieu. Et Marie dit, voici la servante du Seigneur: qu'il me soit fait selon ta parole. Ainsi l'ange partit d'avec elle. Or en ces jours-là Marie se leva, et s'en alla en haste au païs des montagnes, en une ville de Juda. Et entra en la maison de Zacharie, et salüa Elizabeth. Et il advint que si tost qu'Elizabeth eût ouï la salutation de Marie, le petit enfant tressaillit en son ventre, et Elizabeth fut remplie du Saint Esprit. Et elle s'écria à haute voix, et dit, Tu es benite entre les femmes, et benit [est] le fruit de ton ventre. Et d'où me vient ceci que la mere de mon Seigneur vienne vers moi? Car voici, incontinent que la voix de ta salutation est parvenuë à mes oreilles, le petit enfant a tressailli de joye en mon ventre. Or bien-heureuse [est] celle qui a creu: car les choses qui lui ont esté dites par le Seigneur, auront leur accomplissement. Alors Marie dit, Mon ame magnifie le Seigneur, Et mon esprit s'est éjouï en Dieu, qui est mon Sauveur. Car il a regardé la petitesse de sa servante: voici, certes d'oresnavant tous âges me diront bien-heureuse. Car le Puissant m'a fait de grandes choses, et son Nom est Saint. Et sa misericorde est de generation en generation, à ceux qui le craignent. Il a operé puissamment par son bras: il a dissipé les orgueilleux en la pensée de leur coeur. Il a mis bas de leurs trônes les puissans, et a élevé les petits. Il a rempli de biens ceux qui avoyent faim: il a renvoyé les riches vuides. Il a receu en sa protection Israël son serviteur, afin d'avoir souvenance de sa misericorde, (Selon qu'il [en] a parlé à nos peres, [assavoir] à Abraham et à sa posterité) à jamais. Et Marie demeura avec elle environ trois mois: puis elle s'en retourna en sa maison. Or le terme d'Elizabeth fut accompli pour enfanter: et elle enfanta un fils. Et [ses] circonvoisins et ses parens, ayans entendu que le Seigneur avoit amplement declaré sa misericorde envers elle, s'en réjouïssoyent avec elle. Et il advint qu'au huictiéme jour ils vinrent pour circoncir le petit enfant, et l'appelloyent Zacharie du nom de son pere. Mais sa mere prit la parole, et dit, Non, mais il sera nommé Jean. Et ils lui dirent, Il n'y a aucun en ta parenté qui soit appellé de ce nom, Alors ils firent signe au pere d'icelui, [qu'il declarast] comment il vouloit qu'il fust nommé. Lequel ayant demandé des tablettes, écrivit, disant, Jean est son nom. Dont tous furent estonnez. Et à l'instant sa bouche fut ouverte, et sa langue [déliée], tellement qu'il parloit en loüant Dieu. Dont crainte survint à tous leurs circonvoisins: et toutes ces paroles furent divulguées par tout le païs des montagnes de Judée. Et tous ceux qui les entendirent [les] mirent en leur coeur, disans, Que sera-ce de ce petit enfant? Et la main du Seigneur estoit avec lui. Alors Zacharie son pere fut rempli du Saint Esprit, et prophetiza, disant, Benit [soit] le Seigneur, le Dieu d'Israël, de ce qu'il a visité et a fait délivrance de son peuple. Et nous a élevé la corne de salut, en la maison de David son serviteur: Ainsi qu'il en a parlé par la bouche de ses saints Prophetes, qui ont esté de tout temps. [Que] nous serions sauvez d'entre les mains de nos ennemis, et de la main de tous ceux qui nous haïssent. Pour faire misericorde envers nos peres, et avoir memoire de sa sainte alliance: [Qui est] le jurement qu'il a juré à Abraham nostre pere: [Assavoir] qu'il nous donneroit, qu'apres estre delivrez de la main de nos ennemis, nous le servirions sans crainte, En sainteté et en justice, devant lui, tous les jours de nôtre vie. Et toi, petit enfant, tu seras appellé le Prophete du Souverain: car tu iras devant la face du Seigneur, pour preparer son chemin: Et pour donner connoissance du salut à son peuple, par la remission de leurs pechez. Par les entrailles de la misericorde de nostre Dieu, desquelles nous a visité l'Orient d'en haut. Afin qu'il reluise à ceux qui sont assis en tenebres et en ombre de mort, pour addresser nos pieds au chemin de paix. Et le petit enfant croissoit, et estoit fortifié en Esprit, et il fut dans les deserts, jusques au jour qu'il devoit estre donné à connoistre à Israël. Or il advint en ces jours-là qu'un edit fut publié de la part de Cesar Auguste, que tout le monde fust enrollé. (Cette premiere description fut faite, lors que Cyrenius avoit le gouvernement de Syrie.) Ainsi tous alloyent pour estre enrollez, un chacun en sa ville: Joseph aussi monta de Galilée en Judée, [assavoir] de la ville de Nazareth: en la cité de David, qui est appellée Bethlehem, (à cause qu'il estoit de la maison et famille de David.) Pour estre enrollé avec Marie, la femme qui lui avoit esté fiancée, laquelle estoit enceinte. Et il advint comme ils estoyent là, que le terme d'icelle pour enfanter fut accompli. Et elle enfanta son fils premier-né, et l'emmaillotta, et le coucha sur une creche, à cause qu'il n'y avoit point de place pour eux en l'hostellerie. Or il y avoit en la mesme contrée des bergers couchans aux champs: et gardans les veilles de la nuit sur leur troupeau. Et voici, l'Ange du Seigneur survint vers eux, et la clarté du Seigneur resplendit autour d'eux: dont ils furent saisis d'une fort grande peur. Alors l'Ange leur dit, N'ayez point de peur: car voici, je vous annonce une grande joye, laquelle sera à tout le peuple: C'est qu'aujourd'hui en la cité de David, le Sauveur vous est né, qui est Christ le Seigneur. Et vous aurez ces enseignes, c'est que vous trouverez le petit enfant emmaillotté, et gisant en une creche. Et aussi-tost avec l'Ange il y eut une multitude d'armées celestes, loüans Dieu, et disans, Gloire [soit] à Dieu és [cieux] tres-hauts, et en terre paix, envers les hommes bonne volonté. Et il advint qu'apres que les Anges s'en furent allez d'avec eux au ciel, les bergers dirent entr'eux, Allons donc jusques à Bethlehem, et voyons cette chose qui est advenuë, que le Seigneur nous a notifiée. Ils vinrent donc à grand'haste, et trouverent Marie et Joseph, et le petit enfant gisant en la creche. Et quand ils l'eurent veu, ils divulguerent ce qui leur avoit esté dit touchant ce petit enfant. Dont tous ceux qui les ouïrent, s'estonnerent des choses qui leur estoyent dites par les bergers. Et Marie gardoit soigneusement toutes ces choses, les ruminant en son coeur. Puis apres les bergers s'en retournerent, glorifians et loüans Dieu de toutes les choses qu'ils avoyent ouïes et veuës, selon qu'il leur en avoit esté parlé. Et quand les huict jours furent accomplis pour circoncir l'enfant, alors son nom fut appellé JESUS, lequel avoit esté nommé par l'Ange, devant qu'il fust conceu au ventre. Et quand les jours de la purification d'icelle furent accomplis selon la Loi de Moyse, ils le porterent à Jerusalem, pour le presenter au Seigneur. (Comme il est écrit en la Loi du Seigneur, Que tout masle ouvrant la matrice sera appellé saint au Seigneur.) Et pour offrir l'oblation, selon qu'il est dit en la Loi du Seigneur, une paire de tourterelles, ou deux pigeonneaux. Or voici, il y avoit un homme à Jerusalem qui avoit nom Simeon: cet homme-là estoit juste et craignant Dieu, lequel attendoit la consolation d'Israël: et le saint Esprit estoit sur lui. Et il avoit esté adverti divinement par le saint Esprit, qu'il ne verroit point la mort que premierement il n'eust veu le Christ du Seigneur. Icelui estant meu par l'Esprit vint au temple: et comme le pere et la mere portoyent dedans le petit enfant Jesus, pour faire de lui selon la coustume de la Loi: Il le prit entre ses bras, et benit Dieu, et dit, Seigneur, tu laisses maintenant aller ton serviteur en paix, selon ta parole; Car mes yeux ont veu ton salut: Lequel tu as preparé devant la face de tous les peuples: La lumiere pour esclairer les nations, et pour estre la gloire de ton peuple Israël. Et Joseph et la mere d'icelui s'estonnoyent des choses qui estoyent dites de lui. Et Simeon les benit, et dit à Marie mere d'icelui, Voici, celui-ci est mis pour le trébuchement et pour le relevement de plusieurs en Israël, et pour estre un signe auquel on contredira; (Et mesmes aussi une espée percera ta propre ame) afin que les pensées de plusieurs coeurs soyent découvertes. Il y avoit aussi Anne la Prophetesse, fille de Phanuel, de la lignée d'Aser: laquelle estoit déja avancée en âge, et avoit vécu avec son mari sept ans depuis sa virginité. Et elle estant veuve d'environ quatre vingts et quatre ans, ne bougeoit du temple, servant [à Dieu] en jeusnes et en oraisons, nuit et jour. Et estant survenuë en ce mesme instant, elle loüoit aussi de sa part le Seigneur, et parloit de lui à tous ceux qui attendoyent la delivrance à Jerusalem. Et quand il eurent accompli tout ce qui [est] selon la Loi du Seigneur, ils s'en retournerent en Galilée, à Nazareth leur ville. Or le petit enfant croissoit et se fortifioit en esprit, estant rempli de sapience: et la grace de Dieu estoit sur lui. Or son pere et sa mere alloyent tous les ans à Jerusalem, à la feste de Pasque. Lui donc estant venu en l'âge de douze ans, comme ils furent montez à Jerusalem selon la coustume de la feste: Quand ils eurent accompli les jours [de la feste], eux s'en retournans, l'enfant Jesus demeura à Jerusalem: et Joseph et la mere d'icelui ne s'en apperceurent point. Mais estimans qu'il estoit en la compagnie, ils cheminerent une journée, et le cherchoyent entre [leurs] parens et ceux de leur connoissance. Et ne le trouvans point, ils s'en retournerent à Jerusalem, en le cherchant. Et il advint que trois jours apres ils le trouverent au temple, assis au milieu des docteurs, les escoutant, et les interrogeant. Dont tous ceux qui l'oioyent, s'estonnoyent de sa sapience et de ses responses. Et quand ils le virent, ils s'estonnerent, et sa mere lui dit, Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait ainsi? Voici, ton pere et moi te cherchions estans en grand' peine. Alors il leur dit, Pourquoi est-ce que vous me cherchiez, ne sçaviez-vous pas qu'il me faut estre occupé aux affaires de mon Pere? Mais ils n'entendirent point ce qu'il leur disoit. Alors il descendit avec eux, et vint à Nazareth, et leur estoit sujet: et sa mere conservoit toutes ces paroles-là en son coeur. Et Jesus s'avançoit en sapience, et en stature, et en grace envers Dieu et envers les hommes. Or en la quinziéme année de l'empire de Tibere Cesar, lorsque Ponce Pilate estoit gouverneur de Judée, et qu'Herode estoit Tetrarque en Galilée, et son frere Philippe pareillement Tetrarque en la contrée d'Iturée et de Thraconite, et Lysanias Tetrarque en Abilene: Anne et Caïphe estans souverains Sacrificateurs, la parole de Dieu fut addressée à Jean fils de Zacharie, au desert. Et il vint en tout le païs d'alentour le Jordain, preschant le Baptesme de repentance en remission des pechez: Comme il est écrit au livre des paroles d'Esaïe le Prophete, disant, La voix de celui qui crie au desert [est], Preparez le chemin du Seigneur, dressez ses sentiers. Toute valée sera comblée, et toute montagne et tout costau sera abbaissé, et les choses tortuës seront redressées, et les chemins rabotteux seront applanis: Et toute chair verra le salut de Dieu. Il disoit donc aux troupes qui venoyent pour estre baptizez par lui, Engeances de viperes, qui vous a advisez de fuïr l'ire à venir? Faites donc des fruits convenables à repentance, et ne vous prenez point à dire en vous- mesmes, Nous avons Abraham pour pere: car je vous dis, que mesmes de ces pierres ici, Dieu peut susciter des enfans à Abraham. Or la coignée est déja mise à la racine des arbres: tout arbre donc qui ne fait point de bons fruits, s'en va estre coupé, et jetté au feu. Alors les troupes l'interrogerent, disans, Que ferons-nous donc? Lui respondant leur dit, Que celui qui a deux robbes, en donne une à celui qui n'en a point: et que celui qui a à manger, fasse le semblable. Et il vint aussi des peagers pour estre baptizez, et ils lui dirent, Maistre, que ferons-nous? Et il leur dit, N'exigez rien outre ce qui vous est ordonné. Les gens de guerre l'interrogerent aussi, disans, Et nous, que ferons-nous? Il leur dit, N'usez point de concussions, et ne circonvenez personne, mais contentez-vous de vos gages. Et comme le peuple attendoit, et que tous pensoyent à Jean en leurs coeurs, s'il ne seroit point le Christ: Jean prit la parole, et dit à tous, Il est vrai que je vous baptize d'eau: mais il en vient un plus fort que moi, duquel je ne suis pas digne de délier la courroye des souliers: c'est lui qui vous baptizera du saint Esprit et de feu. Il a son van en sa main, et il nettoyera entierement son aire, et assemblera le froment en son grenier: mais il bruslera la paille au feu qui ne s'esteint point. Ainsi donc, admonestant aussi de plusieurs autres choses, il evangelizoit au peuple. Mais Herode le Tetrarque estant repris par lui à cause d'Herodias femme de Philippe son frere, et de tous les maux qu'il avoit faits, Adjousta encore par dessus tous les autres celui-ci, [c'est] qu'il mit Jean en prison. Or il advint que comme tout le peuple estoit baptizé, Jesus aussi estant baptizé, et priant, le ciel s'ouvrit: Et le saint Esprit descendit en forme corporelle sur lui, comme une colombe: et il y eut une voix du ciel, disant: Tu es mon Fils bien-aimé, j'ai pris mon bon-plaisir en toi. Et Jesus commençoit d'estre environ de trente ans, fils (comme on l'estimoit) de Joseph, [fils] d'Heli: [Fils] de Matthat, [fils] de Levi, [fils] de Melchi, [fils] de Janna, [fils] de Joseph: [Fils] de Matthatie, [fils] d'Amos, [fils] de Nahum, [fils] d'Heli, [fils] de Naggé: [Fils] de Maath, [fils] de Matthatie, [fils] de Semei, [fils] de Joseph, [fils] de Juda: [Fils] de Johanna, [fils] de Rhesa, [fils] de Zorobabel, [fils] de Salathiel, [fils] de Neri. [Fils] de Melchi, [fils] d'Addi, [fils] de Cosam, [fils] d'Elmodam, [fils] de Er: [Fils] de José, [fils] d'Eliezer, [fils] de Jorim, [fils] de Matthat, [fils] de Levi: [Fils] de Simeon, [fils] de Juda, [fils] de Joseph, [fils] de Jonan, [fils] d'Eliakim: [Fils] de Melca, [fils] de Maïnan, [fils] de Matthata, [fils] de Nathan, [fils] de David: [Fils] de Jessé, [fils] d'Obed, [fils] de Booz, [fils] de Salmon, [fils] de Naasson. [Fils] d'Aminadab, [fils] d'Aram, [fils] d'Esrom, [fils] de Pharez, [fils] de Juda. [Fils] de Jacob, [fils] d'Isaac, [fils] d'Abraham, [fils] de Thara, [fils] de Nachor: [Fils] de Sarug, [fils] de Ragau, [fils] de Phaleg, [fils] de Heber, [fils] de Sala: [Fils] de Caïnan, [fils] d'Arphaxad, [fils] de Sem, [fils] de Noé, [fils] de Lamech: [Fils] de Mathusala, [fils] d'Henoc, [fils] de Jared, [fils] de Mahalaleel, [fils] de Caïnan: [Fils] d'Enos, [fils] de Seth, [fils] d'Adam, [qui fut creé] de Dieu. Or Jesus estant plein du saint Esprit s'en retourna de devers le Jordain: et il fut mené par la vertu de l'Esprit au desert: Et [là] il fut tenté du diable par quarante jours, et ne mangea rien du tout durant ces jours- là: mais apres qu'ils furent passez, finalement il eut faim. Et le diable lui dit, Si tu es le Fils de Dieu, di à cette pierre-ici qu'elle devienne pain. Et Jesus lui respondit, disant, Il est écrit, Que l'homme ne vivra point de pain seulement, mais de toute parole de Dieu. Alors le diable l'emmena en une haute montagne, et lui montra en un moment de temps tous les royaumes du monde. Et le diable lui dit, Je te donnerai toute cette puissance, et leur gloire: car elle m'est baillée, et je la donne à qui je veux. Partant si tu te veux prosterner devant moi, tout sera tien. Mais Jesus respondant lui dit, Va arriere de moi, Satan: car il est écrit, Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et tu le serviras lui seul. Il le mena aussi à Jerusalem, et le mit sur les creneaux du temple, et lui dit, Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi d'ici en bas. Car il est écrit, Qu'il donnera charge de toi à ses Anges, pour te conserver: Et qu'ils te porteront en leurs mains, de peur que tu heurtes de ton pied à quelque pierre, Mais Jesus respondant, lui dit, Tu ne tenteras point le Seigneur ton Dieu. Et quand toute la tentation fut finie, le diable se retira d'avec lui pour un temps. Et Jesus par la vertu de l'Esprit retourna en Galilée: et sa renommée courut par tout le païs d'alentour. Car il enseignoit en leurs Synagogues, et estoit honoré de tous. Or il vint à Nazareth, où il avoit esté nourri, et entra en la Synagogue, au jour du Sabbat, selon sa coustume, et il se leva pour lire. Et on lui bailla le livre du Prophete Esaïe: et quand il eut déployé le livre, il trouva le passage où il est écrit, L'Esprit du Seigneur est sur moi, dautant qu'il m'a oint: il m'a envoyé pour evangelizer aux pauvres: pour guerir ceux qui ont le coeur froissé: Pour publier délivrance aux captifs, et aux aveugles le recouvrement de la veuë, pour mettre en liberté ceux qui sont brisez, et publier l'an agreable du Seigneur. Puis ayant ployé le livre, et l'ayant rendu au ministre, il s'assit: et les yeux de tous ceux qui estoyent en la Synagogue estoyent fichez sur lui. Alors il commença à leur dire, Cette Escriture est accomplie aujourd'hui, vous l'oyans. Et tous lui rendoyent tesmoignage, et s'estonnoyent des paroles pleines de grace qui procedoyent de sa bouche: et disoyent, Celui-ci n'est-il pas le fils de Joseph? Dont il leur dit, Asseurément vous me direz ce proverbe, Medecin, gueri toi toi-mesme: fais aussi ici en ton païs toutes les choses que nous avons ouï dire que tu as faites à Capernaum. Mais il leur dit, En verité je vous dis, que nul Prophete n'est receu en son païs. Or je vous dis pour vrai, qu'il y avoit plusieurs veuves au temps d'Elie, en Israël, lors que le ciel fut fermé trois ans et six mois: tellement qu'une grande famine advint par tout le païs. Et [toutefois] Elie ne fut envoyé vers aucune d'entr'elles, sinon vers une femme veuve, à Sarepta de Sidon. Il y avoit aussi plusieurs lepreux en Israël, au temps d'Elisée le Prophete: toutefois pas un d'entr'eux ne fut nettoyé, sinon Naaman le Syrien. Et ils furent tous remplis de colere en la Synagogue, oyans ces choses. Dont ils se leverent, et le jetterent hors de la ville, et le menerent jusques au bord de la montagne, (sur laquelle leur ville estoit bastie) pour le precipiter. Mais il passa par le milieu d'eux, et s'en alla. Et descendit à Capernaum, ville de Galilée, et là il les enseignoit aux Sabbats. Et ils s'estonnoyent de sa doctrine: car sa parole estoit avec authorité. Or il y avoit en la Synagogue un homme qui avoit un esprit de demon impur: lequel s'écria à haute voix, Disant, Ha, qu'y a-t'il entre nous et toi, Jesus Nazarien? Es-tu venu pour nous destruire? Je sçais qui tu es, le Saint de Dieu. Et Jesus le tança, disant, Tai-toi, et sors de lui. Et le diable, apres avoir jetté d'impetuosité l'homme au beau milieu, sortit de lui, sans lui avoir fait aucun dommage. Alors un estonnement les saisit tous, et ils parloyent entr'eux, disans, Quelle parole est celle-ci, qu'il commande avec puissance et vertu aux esprits immondes, et ils sortent? Et sa renommée s'épandit en tous les quartiers du païs d'alentour. Et quand Jesus se fut levé de la Synagogue, il entra en la maison de Simon: et la belle- mere de Simon estoit detenuë d'une grosse fiévre, et on le pria pour elle. Et s'estant panché sur elle, il tança la fiévre, et [la fiévre] la laissa: et incontinent elle se leva, et les servit. Et comme le soleil se couchoit, tous ceux qui avoyent des malades de diverses maladies, les lui amenerent: et lui, imposant les mains sur un chacun, les guerissoit. Les diables aussi sortoyent hors de plusieurs, crians, et disans, Tu es le Christ, le Fils de Dieu: mais il les tançoit, et ne leur permettoit pas de dire qu'ils sceussent qu'il estoit le Christ. Et quand il fut jour, il partit, et s'en alla en un lieu desert: et les troupes le cherchoyent, et vinrent jusques à lui, et le retenoyent, afin qu'il ne partist point d'avec elles. Mais il leur dit, Il me faut bien evangelizer aussi le royaume de Dieu aux autres villes: car je suis envoyé pour cela. Et il preschoit és Synagogues de Galilée. Or il advint comme la foule estoit toute sur lui, pour ouïr la parole de Dieu, que lui se tenoit sur le bord du lac de Genezaret. Et voyant deux nasselles qui estoyent prés [du rivage] du lac, (or les pescheurs en estoyent descendus, et lavoyent leurs rets) il monta en l'une des nasselles qui estoit à Simon: Et le pria de la mener un peu arriere de terre: puis estant assis, il enseignoit de la nasselle les troupes. Et quand il eut cessé de parler, il dit à Simon, Mene en pleine eau, et laschez vos rets pour pescher. Alors Simon respondant lui dit, Maistre, nous avons travaillé toute la nuit, et n'avons rien pris: toutefois à ta parole je lascherai les filez. Ce qu'ayans fait, ils enfermerent une grande quantité de poissons, tellement que leurs filez se rompoyent. Dont ils firent signe à leurs compagnons qui [estoyent] en l'autre nasselle, qu'ils vinssent pour les aider: lesquels vinrent, et ils remplirent les deux nasselles, tellement qu'elles s'enfonçoyent. Et quand Simon Pierre eut veu cela, il se jetta aux genoux de Jesus, disant, Seigneur, retire-toi de moi: car je suis un homme pecheur. Car une frayeur l'avoit du tout saisi, et tous ceux qui [estoyent] avec lui, à cause de la prise des poissons qu'ils avoyent faite: semblablement aussi Jaques et Jean fils de Zebedée, qui estoyent compagnons de Simon. Alors Jesus dit à Simon, N'aye point de peur: d'oresenavant tu seras preneur d'hommes vivans. Et quand ils eurent amené les nasselles à terre, ils abandonnerent tout, et le suivirent. Or il advint comme il estoit en une ville, voici un homme plein de lepre, lequel voyant Jesus, se jettant en terre sur sa face, le pria, disant, Seigneur, si tu veux, tu me peux nettoyer. Et il estendit la main, et le toucha, disant, Je le veux, sois nettoyé. Et incontinent la lepre le quitta. Et il lui commanda qu'il ne le dist à personne: mais va, [dit-il], et te montre au Sacrificateur, et offre pour ta purification, comme Moyse a commandé, pour leur estre en tesmoignage. Et de plus en plus sa renommée s'épandoit: tellement que de grandes troupes s'assembloyent pour l'ouïr, et pour estre gueris par lui de leurs maladies. Mais il se tenoit retiré és deserts, et prioit. Et il advint au jour qu'il enseignoit, que des Pharisiens et des docteurs de la Loi estoyent là assis, qui estoyent venus de toutes les bourgades de Galilée, et de Judée, et de Jerusalem: et la puissance du Seigneur estoit là pour les guerir. Alors voici des hommes qui portoyent en un lit un homme qui estoit perclus: et ils cherchoyent de le porter au dedans, et de le mettre devant lui. Et ne trouvans point par quel costé ils le pourroyent mettre dedans, à cause de la foule, ils monterent sur la maison, et le devalerent par les tuiles avec le petit lit, au milieu, devant Jesus. Dont voyant leur foi, il lui dit, Homme, tes pechez te sont pardonnez. Alors les Scribes et les Pharisiens commencerent à penser, disans, Qui est celui-ci qui prononce des blasphemes? Qui est-ce qui peut pardonner les pechez, sinon un seul Dieu? Mais Jesus connoissant leurs pensées, prit la parole, et leur dit, Que discourez-vous en vos coeurs? Lequel est le plus aisé, ou de dire, Tes pechez te sont pardonnez: ou de dire, Leve-toi, et chemine? Or afin que vous sçachiez que le Fils de l'homme a pouvoir en la terre de pardonner les pechez, (il dit au paralytique) Je te dis, Leve-toi, charge ton petit lit, et t'en va en ta maison. Et à l'instant icelui s'estant levé devant eux, chargea [son lit], sur lequel il gisoit, et s'en alla en sa maison, glorifiant Dieu. Et un estonnement les saisit tous, dont ils glorifioyent Dieu: et ils furent remplis de crainte, disans, Certes nous avons veu aujourd'hui des choses qu'on n'eust jamais attenduës. Apres ces choses il s'en alla, et vid un peager nommé Levi, assis au lieu du peage, et lui dit, Sui-moi. Lequel abandonnant tout, se leva, et le suivit. Et Levi fit un grand banquet en sa maison, où il y avoit une grosse assemblée de peagers, et d'autres gens qui estoyent avec eux à table. Et ceux d'entr'eux qui estoyent Scribes et Pharisiens, murmuroyent contre ses disciples, disans, Pourquoi est-ce que vous mangez et que vous beuvez avec les peagers et les gens de mauvaise vie? Alors Jesus prenant la parole, leur dit, Ceux qui sont en santé, n'ont pas besoin de medecin, mais ceux qui se portent mal. Je ne suis point venu appeller à repentance les justes, mais les pecheurs. Ils lui dirent aussi, Pourquoi est-ce que les disciples de Jean jeusnent souvent, et font des prieres, semblablement aussi ceux des Pharisiens: mais les tiens mangent et boivent? Et il leur dit, Pouvez-vous faire jeusner les gens de la chambre du nouveau marié, pendant que le nouveau marié est avec eux? Mais les jours viendront que le nouveau marié leur sera osté: alors ils jeusneront en ces jours-là. Puis il leur dit une similitude; Nul ne met une piece d'un vestement neuf à un vieux vestement: autrement ce qui est neuf deschire, et la piece du neuf ne se rapporte point au vieil. Pareillement nul ne met le vin nouveau en de vieux vaisseaux: autrement le vin nouveau rompra les vaisseaux, et se respandra, et les vaisseaux seront perdus. Mais le vin nouveau doit estre mis en des vaisseaux neufs: et ainsi l'un et l'autre se conservent. Et il n'y a personne qui boive du vieil qui vueille aussi-tost du nouveau: car il dit, Le vieil vaut mieux. Or il advint au [jour du] Sabbat second-premier, qu'il passoit par des bleds: et ses disciples arrachoyent des espics, et les froyans entre leurs mains en mangeoyent. Et quelques-uns des Pharisiens leur dirent, Pourquoi faites-vous ce qu'il n'est pas permis de faire és Sabbats? Alors Jesus prenant la parole leur dit, N'avez-vous pas au moins leu ce que fit David quand il eut faim, lui et ceux qui [estoyent] avec lui? Comme il entra en la maison de Dieu, et prit les pains de proposition, et en mangea, et en donna aussi à ceux qui [estoyent] avec lui, lesquels il n'est pas permis de manger sinon aux Sacrificateurs seulement? Puis il leur dit, Le Fils de l'homme est Seigneur aussi du Sabbat. Il advint aussi en un autre Sabbat, qu'il entra en la Synagogue, et enseignoit: et il y avoit là un homme duquel la main droite estoit seche. Or les Scribes et les Pharisiens espioyent s'il le gueriroit au Sabbat, afin qu'ils trouvassent dequoi l'accuser. Mais il connoissoit leurs pensées: dont il dit à l'homme qui avoit la main seche, Leve-toi, et te tien debout au milieu. Et lui se levant, se tint debout. Jesus donc leur dit, Je vous demanderai [une chose], Est-il permis és Sabbats de bien faire, ou de mal faire? de sauver une personne, ou de la tuër? Et quand il les eut tous regardez à l'environ, il dit au personnage: Esten ta main. Ce qu'il fit: et sa main [lui] fut renduë saine comme l'autre. Dont ils furent remplis de forcenerie, et devisoyent ensemble que c'est qu'ils pourroyent faire à Jesus. Or il advint en ces jours-là, qu'il s'en alla en une montagne pour prier: et fut toute la nuit en priere à Dieu. Et quand le jour fut venu, il appella ses disciples: et en éleut douze, lesquels il nomma aussi Apostres: [Assavoir] Simon, qu'il nomma aussi Pierre, et André son frere, Jaques et Jean: Philippe et Barthelemi: Matthieu et Thomas: Jaques, [fils] d'Alphée: et Simon appellé Zelotes: Jude [frere] de Jaques, et Judas Iscariot, qui aussi fut traistre. Puis descendant avec eux, il s'arresta en une plaine avec la troupe de ses disciples, et une grande multitude de peuple de toute la Judée, et de Jerusalem, et de la contrée maritime de Tyr et de Sidon, lesquels estoyent venus pour l'ouïr, et pour estre gueris de leurs maladies: Et qui estoyent tourmentez des esprits immondes: et ils furent gueris. Et toute la multitude taschoit à le toucher: car vertu sortoit de lui: et il les guerissoit tous. Alors élevant ses yeux vers ses disciples, il leur disoit, [Vous estes] bien-heureux, vous pauvres: car le royaume de Dieu est vostre. [Vous estes] bien-heureux, vous qui maintenant avez faim: car vous serez rassasiez. [Vous estes] bien-heureux, vous qui pleurez maintenant: car vous rirez. Vous serez bien-heureux quand les hommes vous haïront, et vous retrancheront, et vous diront des outrages, et rejetteront vostre nom comme mauvais, à cause du Fils de l'homme. Ejouïssez-vous en ce jour-là, et sautez de joye: car voici, vostre salaire [est] grand au ciel: car leurs peres en faisoyent de mémes aux Prophetes. Mais mal-heur sur vous, riches: car vous remportez vostre consolation. Mal-heur sur vous qui estes remplis: car vous aurez faim. Mal-heur sur vous qui riez maintenant: car vous lamenterez et pleurerez. Mal-heur sur vous quand tous les hommes diront du bien de vous: car leurs peres en faisoyent de mesmes aux faux Prophetes. Mais à vous qui oyez, je vous dis, Aimez vos ennemis: faites du bien à ceux qui vous haïssent. Benissez ceux qui vous maudissent, et priez pour ceux qui vous courent sus. Et à celui qui te frape en une jouë, presente lui aussi l'autre: et si quelqu'un t'oste ton manteau, ne l'empesche point [de prendre] aussi le saye. Et à tout homme qui te demande baille lui: et à celui qui t'oste le tien, ne le redemande point. Et comme vous voulez que les hommes vous fassent, faites-leur aussi semblablement. Car si vous aimez ceux qui vous aiment, quel gré vous en sçaura-t'on? veu que les mal-vivans aiment aussi ceux qui les aiment. Et si vous faites du bien à ceux qui vous font du bien, quel gré vous en sçaura-t'on? car les mal-vivans font aussi le mesme. Et si vous prestez [à ceux] de qui vous esperez [le] recevoir, quel gré vous en sçaura-t'on? car les mal-vivans prestent aussi aux mal-vivans, afin qu'ils en reçoivent la pareille. Partant aimez vos ennemis, et faites du bien, et prestez sans en rien esperer, et vostre salaire sera grand, et vous serez les fils du Souverain: car il est benin envers les ingrats et les mauvais. Soyez donc misericordieux, comme aussi vostre Pere est misericordieux. Davantage ne jugez point, et vous ne serez point jugez, ne condamnez point, et vous ne serez point condamnez: quittez, et il vous sera quitté. Donnez, et il vous sera donné. On vous donnera au sein bonne mesure, pressée et entassée, et qui s'en ira par dessus: car de la mesure que vous mesurerez, on vous mesurera reciproquement. Pareillement il leur disoit une similitude, Est-il possible qu'un aveugle puisse mener un [autre] aveugle? ne cherront-ils point tous deux en une fosse? Le disciple n'est point par dessus son maistre: mais tout disciple qui sera bien accompli, sera rendu conforme à son maistre. Davantage, pourquoi regardes-tu le festu qui est en l'oeil de ton frere, et tu n'apperçois point un chevron en ton propre oeil? Ou comment peux-tu dire à ton frere, Mon frere, permets que j'oste le festu qui est en ton oeil: toi qui ne vois point un chevron qui est en ton oeil? Hypocrite, jette premierement le chevron hors de ton oeil, et alors tu adviseras à tirer le festu qui est en l'oeil de ton frere? Certes l'arbre n'est point bon, qui fait de mauvais fruit: ni l'arbre n'est point mauvais, qui fait de bon fruit. Car chaque arbre est connu par son propre fruit. Car aussi les figues ne se cueillent point des espines, et du buisson on ne vendange point les raisins. L'homme de bien tire de bonnes choses du bon tresor de son coeur: et le mauvais homme tire de mauvaises choses du mauvais tresor de son coeur: car c'est de l'abondance du coeur que la bouche parle. Mais pourquoi m'appellez-vous Seigneur, Seigneur, et ne faites point ce que je dis? Quiconque vient à moi, et oit mes paroles, et les met en effet, je vous montrerai à qui il est semblable. Il est semblable à l'homme qui en bastissant une maison, aura fouï et creusé, et aura mis le fondement sur le roc: et quand il est venu une ravine d'eaux, le fleuve a choqué cette maison-là: mais il ne l'a peu esbranler: car elle estoit fondée sur le roc. Mais celui qui les a ouïes, et ne les a point mises en effet, est semblable à l'homme qui aura basti sa maison à terre, sans fondement: laquelle le fleuve a choquée, et incontinent elle est tombée, et la ruïne de cette maison-là a esté grande. Or quand il eut achevé toutes ces paroles, le peuple l'escoutant, il entra en Capernaum. Et le serviteur d'un certain Centenier, qui lui estoit fort cher, estant malade s'en alloit mourir. Et quand le [Centenier] ouït parler de Jesus, il envoya vers lui des anciens des Juifs, le priant qu'il vinst pour guerir son serviteur. Lesquels estant venus vers Jesus, le prierent affectueusement, disans, qu'il estoit digne qu'on lui octroyast cela. Car, [disoyent-ils], il aime nostre nation, et nous a basti la Synagogue. Jesus donc s'en alloit avec eux. Et comme déja il n'estoit plus gueres loin de la maison, le Centenier envoya vers lui ses amis, lui disant, Seigneur, ne te travaille point: car je ne suis pas digne que tu entres sous mon toict: C'est pourquoi aussi je ne me suis point reputé digne d'aller vers toi: mais di la parole, et mon serviteur sera gueri. Car je suis aussi homme constitué sous la puissance [d'autrui], ayant sous moi des gens de guerre, et je dis à l'un, Va, et il va: et à l'autre, Vien, et il vient: et à mon serviteur, Fai cela, et il le fait. Lesquelles choses ouïes, Jesus l'admira, et se retournant, dit à la troupe qui le suivoit, Je vous dis, que je n'ai point trouvé de si grande foi, mesmes en Israël. Et quand ceux qui avoyent esté envoyez furent retournez en la maison, ils trouverent le serviteur qui avoit esté malade, se portant bien. Or il advint le [jour] suivant, que Jesus alloit en une ville nommée Naïn: et plusieurs de ses disciples, et une grosse troupe, alloyent avec lui. Et comme il approchoit de la porte de la ville, voici, on portoit dehors un mort, fils unique de sa mere, laquelle estoit veuve: et une grande compagnie de la ville estoit avec elle. Et quand le Seigneur l'eut veuë, il fut émeu de compassion envers elle: et lui dit, Ne pleure point. Et s'estant approché, il toucha la biere, (or ceux qui portoyent [le corps] s'arresterent) et il dit, Jeune homme, je te dis, leve-toi. Et celui qui estoit mort se rassit et commença à parler, et il le rendit à sa mere. Et la crainte les saisit tous, et ils glorifioyent Dieu, disans, Certes un grand Prophete s'est levé entre nous, et certes Dieu a visité son peuple. Et ce bruit courut de lui par toute la Judée, et par toute la contrée d'alentour. Or toutes ces choses furent rapportées à Jean par ses disciples. Dont Jean appella deux de ses disciples, et les envoya vers Jesus, disant, Es-tu celui qui devoit venir, ou si nous en devons attendre un autre? Or eux estans venus vers lui, [lui] dirent, Jean Baptiste nous a envoyez vers toi, disant, Es-tu celui qui devoit venir, ou si nous en devons attendre un autre? Or en cette mesme heure-là, il en guerit plusieurs de maladies et de fleaux, et de malins esprits: et donna la veuë à plusieurs aveugles. Puis respondant: il leur dit, Allez, et rapportez à Jean ce que vous avez veu et ouï, [assavoir] que les aveugles recouvrent la veuë, les boiteux cheminent, les lepreux sont nettoyez, les sourds oyent, les morts ressuscitent, l'Evangile est presché aux pauvres. Et bien-heureux est quiconque n'aura point esté scandalizé en moi. Puis quand les messagers de Jean furent partis, il se prit à dire de Jean aux troupes, Qu'estes-vous allez voir au desert? un roseau agité du vent? Mais qu'estes-vous allez voir? un homme revestu de precieux vestemens? voici, ceux qui sont magnifiquement revestus, et [qui vivent] en delices, sont és maisons des rois. Mais qu'estes-vous allez voir? un Prophete? voire, je vous dis, et plus que Prophete. C'est celui duquel il est écrit, Voici, j'envoye mon messager devant ta face, lequel preparera ta voye devant toi. Car je vous dis, qu'entre ceux qui sont nez de femme, il n'y a nul Prophete plus grand que Jean Baptiste: et toutefois celui qui est le moindre au royaume de Dieu, est plus grand que lui. Et tout le peuple qui oyoit [cela], et les peagers qui avoyent esté baptizez du baptesme de Jean, justifierent Dieu. Mais les Pharisiens, et les docteurs de la Loi, qui n'avoyent point esté baptizez par lui, rejetterent le conseil de Dieu contre eux-mesmes. Alors le Seigneur dit, A qui donc accomparerai-je les hommes de cette generation? Et à quoi ressemblent-ils? Ils sont semblables aux enfans qui sont assis au marché, et crient les uns aux autres, et disent, Nous vous avons flusté, et vous n'avez point dansé: nous vous avons chanté complaintes, et vous n'avez point pleuré. Car Jean Baptiste est venu, ne mangeant point de pain, et ne beuvant point de vin: et vous dites, Il a le diable. Le Fils de l'homme est venu, mangeant et beuvant: et vous dites, Voici un mangeur et un beuveur, un ami de peagers et des gens de mauvaise vie. Mais la Sapience a esté justifiée par tous ses enfans. Et l'un des Pharisiens le pria de manger chez lui: dont il entra en la maison du Pharisien, et se mit à table. Or voici, il y avoit une femme de la ville qui avoit esté de mauvaise vie, laquelle ayant connu qu'il estoit à table en la maison du Pharisien, apporta une boite d'oignement: Et se tenant derriere aux pieds d'icelui, et pleurant, elle se prit à les arrouser de ses larmes: et les essuyoit de ses propres cheveux, et lui baisoit les pieds, et les oignoit de l'oignement. Alors le Pharisien qui l'avoit convié, l'ayant apperceuë, dit en soi-mesme, Si celui-ci estoit Prophete, certes il sçauroit qui et quelle est cette femme qui le touche: car elle est de mauvaise vie. Et Jesus prenant la parole lui dit, Simon, j'ai quelque chose à te dire: Et il dit, Maistre, di [la]. Un creancier avoit deux debteurs: l'un lui devoit cinq cens deniers, et l'autre cinquante. Et comme ils n'avoyent pas dequoi payer, il quitta [la debte] à l'un et à l'autre. Or di donc, lequel d'eux l'aimera le plus? Simon respondant lui dit, J'estime que c'est celui à qui il a quitté le plus: et il lui dit, Tu as droitement jugé. Alors se tournant vers la femme, il dit à Simon, Vois-tu cette femme? je suis entré en ta maison, et tu ne m'as point donné d'eau pour [laver] mes pieds: mais celle-ci a arrousé mes pieds de larmes, et les a essuyez de ses propres cheveux. Tu ne m'as point donné un baiser: mais elle, depuis que je suis entré, n'a cessé de baiser mes pieds. Tu n'as point oint ma teste d'huile: mais elle a oint mes pieds d'oignement. A raison dequoi je te dis que ses pechez, qui sont grands, lui sont pardonnez: car elle a beaucoup aimé, et celui auquel il est moins pardonné, celui-là aime moins. Puis il dit à la femme, Tes pechez te sont pardonnez. Et ceux qui estoyent ensemble à table se prirent à dire entr'eux, Qui est celui-ci qui mesmes pardonne les pechez? Mais il dit à la femme, Ta foi t'a sauvée, va-t'en en paix. Or il advint puis apres, qu'il alloit de ville en ville, et de bourgade en bourgade, preschant et annonçant le royaume de Dieu: et les douze [estoyent] avec lui; Et aussi quelques femmes qui avoyent esté gueries [par lui] de malins esprits, et de maladies: [assavoir] Marie qu'on appelloit Magdeleine, de laquelle estoyent sortis sept diables: Et Jeanne femme de Chuzas, lequel avoit le maniement des affaires d'Herode: et Susanne, et plusieurs autres: lesquelles lui subvenoyent de leurs biens. Et comme une grande troupe s'assembloit, et que plusieurs alloyent à lui de toutes les villes, il dit par similitude; Un semeur sortit pour semer sa semence: et en semant, une partie [de la semence] cheut auprés du chemin, et fut foulée [aux pieds], et les oiseaux du ciel la mangerent toute. Et l'autre partie cheut sur des pierres: et quand elle fut levée, elle se secha, à cause qu'elle n'avoit point d'humeur. Et l'autre partie cheut entre les espines: et les espines se leverent ensemble, et l'étoufferent. Et l'autre partie cheut en une bonne terre: et quand elle fut levée, elle rendit du fruit cent fois autant. En disant ces choses, il crioit, Qui a des oreilles pour ouïr, qu'il oye. Et ses disciples l'interrogerent, demandans quelle estoit cette similitude-là. Et il [respon]dit, Il vous est donné de connoistre les secrets du royaume de Dieu: mais aux autres [il n'en est parlé que] par similitude: afin qu'en voyant ils ne voyent point, et qu'en oyant ils n'entendent point. Or voici la similitude: La semence, c'est la parole de Dieu. Et ceux qui sont aupres du chemin, ce sont ceux qui oyent [la parole:] et apres le diable vient, et oste de leur coeur la parole, afin qu'en croyant ils ne soyent point sauvez. Et ceux qui sont en des lieux pierreux, ce [sont ceux] qui apres avoir ouï la parole, la reçoivent avec joye: mais ils n'ont point de racine: ils croyent pour un temps, mais au temps de tentation, ils se retirent. Et ce qui est cheu entre les espines, ce sont ceux qui ont ouï [la parole:] mais eux estant partis, sont estouffez par les sollicitudes et richesses et voluptez de cette vie, et ne rapportent point de fruit à maturité. Mais ce qui [est cheu] en une bonne terre, ce sont ceux qui ayant ouï la parole, la retiennent en un coeur honneste et bon, et en rapportent du fruit avec patience. Nul apres avoir allumé la chandelle, ne la couvre d'un vaisseau, ni ne la met sous un lit: mais il la met sur un chandelier, afin que ceux qui entrent voyent la lumiere. Car il n'y a point de secret qui ne soit manifesté: ni de chose cachée qui ne se connoisse, et qui ne vienne en lumiere. Regardez donc comment vous oyez: car quiconque a il lui sera donné: et quiconque n'a rien, mesmes ce qu'il pense avoir, lui sera osté. Alors sa mere et ses freres survinrent vers lui, et ne pouvoyent l'aborder pour la presse. Et il lui fut rapporté, en disant, Ta mere et tes freres sont [là] dehors, desirans de te voir. Mais lui respondant, leur dit, Ma mere et mes freres sont ceux qui oyent la parole de Dieu, et la mettent en effet. Or il advint un jour qu'il monta en une nasselle, avec ses disciples, et il leur dit, Passons outre le lac. Et ils partirent. Or comme ils voguoyent, il s'endormit, et une tempeste de vent descendit au lac: tellement qu'ils s'emplissoyent d'eau, et estoyent en peril. Alors ils vinrent vers lui et l'éveillerent, disans, Maistre, Maistre, nous perissons. Mais lui s'estant levé, tança le vent, et la tempeste de l'eau: lesquels cesserent, et il se fit un calme. Alors il leur dit, Où est vostre foi? Et craignans ils s'estonnerent, disans entr'eux, Mais qui est celui-ci, qu'il commande mesme aux vents, et à l'eau, et ils lui obeïssent? Puis ils tirerent à la contrée des Gadareniens, qui est vis à vis de la Galilée. Et quand il fut sorti [de la nasselle] sur terre, un certain homme de cette ville-là lui vint à la rencontre, qui avoit les diables dés long-temps: et n'estoit point vestu de vestemens, et ne demeuroit point en maison, mais dans les sepulcres. Lui donc appercevant Jesus, et s'écriant, se jetta devant lui, et dit à haute voix, Qu'y a-t'il entre moi et toi, Jesus Fils du Dieu Souverain: je te prie ne me tourmente point. Car il commandoit à l'esprit immonde qu'il sortist hors de l'homme: car il l'avoit tenu enserré dés long-tems, et [icelui] estoit bien lié de chaines et gardé aux ceps: mais desrompant les liens, il estoit emporté par le diable aux deserts. Alors Jesus l'interrogea, disant, Comment as-tu nom? et il dit Legion: car plusieurs diables estoyent entrez en lui. Et ils le prioyent qu'il ne leur commandast point d'aller en l'abysme. Or il y avoit là un grand troupeau de pourceaux, paissans en la montagne: dont ils le prioyent qu'il leur permist d'entrer en eux, et il le leur permit. Les diables donc sortans de l'homme entrerent dans les pourceaux: et le troupeau se jetta du haut en bas au lac, et fut estouffé. Et quand les porchers eurent veu ce qui estoit advenu, ils s'enfuïrent, et estans partis, le raconterent en la ville et par les champs. Alors [les gens] sortirent pour voir ce qui estoit advenu, et vinrent vers Jesus, et trouverent l'homme duquel les diables estoyent sortis, assis aux pieds de Jesus, estant vestu, et de sens rassis et posé: donc ils eurent peur. Et ceux aussi qui avoyent veu [le tout], leur raconterent comment le demoniaque avoit esté delivré. Alors toute la multitude de la contrée circonvoisine des Gadareniens le prierent qu'il se retirast de devers eux: car ils estoyent saisis de grande crainte. Lui donc estant monté en la nasselle, s'en retourna. Et l'homme duquel les diables estoyent sortis, le prioit qu'il fust avec lui: mais Jesus le renvoya, disant, Retourne-t'en en ta maison, et raconte combien grandes choses Dieu t'a faites. Il s'en alla donc, publiant par toute la ville toutes les choses que Jesus lui avoit faites. Et il advint que quand Jesus fut retourné, la multitude le receut: car tous l'attendoyent. Alors, voici, un homme vint, qui avoit nom Jaïrus, lequel estoit le principal de la Synagogue: et se jettant aux pieds de Jesus il le pria qu'il vinst en sa maison. Car il avoit une fille unique d'environ douze ans, qui se mouroit. Or comme il s'en alloit les troupes l'empressoyent. Alors une femme qui avoit une perte de sang depuis douze ans, (laquelle avoit despensé tout son bien en medecins, et cependant n'avoit peu estre guerie par aucun.) S'approchant de lui par derriere, toucha le bord de son vestement: et à l'instant son flux de sang s'estancha. Alors Jesus dit, Qui est-ce qui m'a touché? Et comme tous le nioyent, Pierre dit, et ceux qui [estoyent] avec lui, Maistre, les troupes te pressent et te foulent, et tu dis, Qui est-ce qui m'a touché? Mais Jesus dit, Quelqu'un m'a touché: car j'ai connu qu'il est sorti de la vertu de moi. Cette femme donc voyant que cela ne lui avoit point esté caché, toute tremblante vint: et se jettant devant lui, lui declara devant tout le peuple, pour quelle cause elle l'avoit touché, et comme elle avoit esté guerie à l'instant. Et il lui dit, Fille, asseure-toi, ta foi t'a guerie: va en paix. Comme il parloit encore, quelqu'un de chez le principal de la Synagogue vint, lui disant, Ta fille est morte, ne travaille point le Maistre. Mais Jesus l'ayant entendu, respondit au pere de la fille, disant, Ne crain point: croi seulement, et elle sera guerie. Et quand il fut entré en la maison, il ne laissa entrer personne, sinon Pierre, et Jacques, et Jean, et le pere et la mere de la fille. Or tous pleuroyent, et la plaignoyent: mais il dit, Ne pleurez point: elle n'est pas morte, mais elle dort. Et ils se rioyent de lui, sçachant qu'elle estoit morte. Mais lui les ayant tous mis dehors, et ayant pris la main d'icelle, cria, disant, Fille, leve- toi. Et l'esprit d'icelle retourna, et elle se leva à l'instant, et il commanda qu'on lui baillast à manger. Et le pere et la mere d'icelle furent estonnez: mais il leur commanda qu'ils ne dissent à personne ce qui avoit esté fait. Puis apres [Jesus], ayant appellé ses douze disciples tous ensemble, leur donna puissance et authorité sur toutes sortes de diables, et de guerir les malades. Il les envoya donc publier le royaume de Dieu, et guerir les malades. Et il leur dit, Ne portez rien pour le chemin, ni bastons, ni malette, ni pain, ni argent, et n'ayez point un chacun deux habillemens. Et en quelque maison que vous entriez, demeurez-y, et vous en allez de là. Et par tout où l'on ne vous recevra point, en partant de cette ville-là secoüez de vos pieds la poudre, en tesmoignage contr'eux. Eux donc estans partis alloyent de bourgade en bourgade, evangelizans, et guerissans partout. Or Herode le Tetrarque ouït [parler] de toutes les choses que Jesus faisoit: et estoit en perplexité, à cause que quelques-uns disoyent que Jean estoit ressuscité des morts. Et quelques-uns, qu'Elie estoit apparu: et les autres, que quelqu'un des Anciens Prophetes estoit ressuscité. Alors Herode dit, J'ai decapité Jean: qui est donc celui-ci de qui j'entens telles choses? Et il cherchoit de le voir. Puis les Apostres estans retournez, lui raconterent toutes les choses qu'ils avoyent faites. Alors Jesus les prit, et se retira à part en une contrée deserte de la ville appellée Bethsaïda. Et quand les troupes le sceurent, elles le suivirent: et lui les ayant receuës, leur parloit du royaume de Dieu, et guerissoit ceux qui avoyent besoin de guerison. Or le jour avoit commencé à decliner: dont les douze venans [vers lui], lui dirent, Donne congé à cette multitude, afin qu'ils s'en aillent aux bourgades et aux villages qui sont à l'environ, pour s'y retirer et trouver à manger: car nous sommes ici en un païs desert. Mais il leur dit, Vous autres donnez leur à manger. Et ils dirent, Nous n'avons pas plus de cinq pains et deux poissons, sinon que nous allassions acheter des vivres pour tout ce peuple. Car ils estoyent environ cinq mille hommes. Alors il dit à ses disciples, Faites les arranger par cinquantaines en chacune rangée. Et ils firent ainsi, et les firent tous arranger. Alors il prit les cinq pains et les deux poissons, et regardant vers le ciel il les benit, les rompit, et les distribua à ses disciples, afin qu'ils les missent devant la troupe. Ainsi ils en mangerent tous, et furent rassasiez: et il fut recüeilli de ce qui leur estoit demeuré de reste des pieces [de pain], douze corbeilles. Or il advint que comme il estoit à part en priere, et que les disciples estoyent avec lui, il les interrogea, disant, Qui disent les troupes que je suis? Eux respondans, dirent, [Les uns], Jean Baptiste: et les autres, Elie: et les autres, Quelqu'un des anciens Prophetes est ressuscité. Et il leur dit, Et vous, qui dites-vous que je suis? Et Pierre respondant dit, Le Christ de Dieu. Alors usant de menaces, il leur commanda qu'ils ne le dissent à personne: Disant, Il faut que le Fils de l'homme souffre beaucoup, et qu'il soit rejetté des Anciens, et des principaux Sacrificateurs, et des Scribes: et qu'il soit mis à mort: et qu'il ressuscite au troisiéme jour. Puis il disoit à tous, Si quelqu'un veut venir apres moi, qu'il renonce à soi-mesme, qu'il charge [sur soi] de jour en jour sa croix, et qu'il me suive. Car quiconque voudra sauver sa vie, il la perdra: mais quiconque perdra sa vie pour l'amour de moi, celui-là la sauvera. Car que profite-t'il à l'homme s'il gagne tout le monde, et qu'il se destruise soi-mesme, et qu'il fasse perte de soi-mesme? Car quiconque aura eu honte de moi et de mes paroles, le Fils de l'homme aura honte de lui, quand il viendra en sa gloire, et du Pere, et des saints Anges. Et je vous dis pour vrai, qu'il y en a de ceux qui sont ici presens, qui ne gousteront point la mort, jusques à ce qu'ils ayent veu le regne de Dieu. Or il advint environ huit jours apres ces paroles, qu'il prit avec lui Pierre, et Jean, et Jaques, et monta en une montagne pour prier. Et comme il prioit, la forme de sa face devint toute autre, et son vestement devint blanc, et resplendissant comme un esclair. Et voici, deux personnages parloyent avec lui, qui estoyent Moyse et Elie: Qui apparurent en gloire, et parloyent de son issuë, qu'il devoit accomplir à Jerusalem. Or Pierre et ceux qui [estoyent] avec lui, estoyent appesantis de sommeil: et quand il furent réveillez, ils virent la gloire d'icelui, et les deux personnages qui estoyent avec lui. Et il advint, comme ces personnages-là se départoyent d'avec lui, que Pierre dit à Jesus, Maistre, il est bon que nous soyons ici, faisons-y donc trois tabernacles, un pour toi, et un pour Moyse, et un pour Elie: ne sçachant pas ce qu'il disoit. Et comme il disoit ces choses, une nuée vint, qui les enombra, et ainsi qu'ils entroyent en la nuée, ils eurent peur. Alors une voix vint de la nuée, disant, Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le. Et comme la voix se prononçoit, Jesus se trouva seul: et ils se teurent tous, et ne rapporterent en ces jours-là rien à personne de ce qu'ils avoyent veu. Or il advint le jour ensuivant, qu'eux estans descendus de la montagne, une grande troupe le vint rencontrer. Et voici, un homme d'entre la troupe s'écria, disant, Maistre, je te prie regarde à mon fils, car il m'est unique. Et voici, un esprit le prend, et il s'écrie soudainement, et le dérompt en le faisant écumer, et à grand' peine se départ de lui, [mesmes] en le froissant. Or j'ai prié tes disciples qu'ils le jettassent hors, mais ils n'ont peu. Et Jesus respondant dit, O generation infidele et de sens renversé! jusques à quand finalement serai-je avec vous, et vous supporterai-je? amene ici ton fils. Et comme il approchoit seulement, le diable le froissa, et le dérompit: mais Jesus tança l'esprit immonde, et guerit l'enfant, et le rendit à son pere. Et tous furent estonnez de la magnifique vertu de Dieu: et comme tous s'estonnoyent de tout ce qu'il faisoit, il dit à ses disciples, Vous autres, mettez ces paroles en vos oreilles: car il adviendra que le Fils de l'homme sera livré és mains des hommes. Mais ils n'entendoyent point cette parole, et elle leur estoit [tellement] cachée, qu'ils ne la comprenoyent point: et ils craignoyent de l'interroger touchant cette parole. Puis ils entrerent en dispute entr'eux, assavoir lequel d'entr'eux estoit le plus grand. Mais Jesus voyant la pensée de leur coeur, prit un petit enfant, et le mit auprés de soi: Et leur dit, Quiconque recevra ce petit enfant en mon Nom, il me reçoit: et quiconque me recevra, il reçoit celui qui m'a envoyé. Car celui qui est le plus petit d'entre vous tous, celui-là sera grand. Et Jean prenant la parole, dit, Maistre, nous avons veu quelqu'un qui jettoit hors les diables en ton Nom, et l'en avons empesché, dautant qu'il ne te suit point avec nous. Alors Jesus lui dit, Ne l'empeschez point: car qui n'est point contre nous, il est pour nous. Or il advint quand les jours de son élevation s'accomplissoyent, qu'il dressa sa face, [tout resolu] d'aller à Jerusalem. Et il envoya des messagers devant soi, lesquels estans partis entrerent en une bourgade des Samaritains, pour lui preparer [logis]. Mais [les Samaritains] ne le receurent point, parce que sa face estoit [comme de celui] qui alloit à Jerusalem. Et quand Jaques et Jean ses disciples virent cela, ils dirent, Seigneur, veux-tu que nous disions que le feu descende du ciel, et les consume, comme aussi fit Elie? Mais Jesus se retournant les tança, et dit, Vous ne sçavez de quel esprit vous estes quant à vous. Car le Fils de l'homme n'est point venu pour faire perir les ames des hommes, mais pour les sauver. Ainsi ils s'en allerent en une autre bourgade. Et il advint comme ils alloyent par le chemin, qu'un certain lui dit, Je te suivrai, Seigneur, quelque-part que tu ailles. Mais Jesus lui [respon]dit, Les renards ont des tanieres, et les oiseaux du ciel ont des nids, mais le Fils de l'homme n'a point où reposer sa teste. Puis il dit à un autre, Sui moi: lequel dit, Permets moi premierement d'aller ensevelir mon pere. Et Jesus lui dit, Laisse les morts ensevelir leurs morts, mais toi, va, et annonce le royaume de Dieu. Alors un autre aussi dit, Je te suivrai, Seigneur, mais permets moi de prendre premierement congé de ceux qui sont en ma maison. Mais Jesus lui [respon]dit, Nul qui met la main à la charruë, et regarde en arriere, n'est bien disposé pour le royaume de Dieu. Or apres ces choses le Seigneur en ordonna aussi soixante et dix autres, et les envoya deux à deux devant sa face, en toute ville et en tout lieu où il devoit venir. Et il leur disoit, La moisson est grande, mais [il y a] peu d'ouvriers: priez donc le Seigneur de la moisson, qu'il pousse des ouvriers en sa moisson. Allez, voici, je vous envoye comme des agneaux au milieu des loups. Ne portez ni bourse, ni malette, ni souliers: et ne salüez personne par le chemin. Et en quelque maison que vous entrerez, dites premierement, Paix [soit] à cette maison. Que si quelque enfant de paix est là, vostre paix reposera sur lui: sinon, elle retournera à vous. Et demeurez en cette maison-là, mangeans et beuvans de ce qui sera mis devant vous: car l'ouvrier est digne de son salaire. Ne passez point de maison en maison. Mesmes aussi en quelque ville que vous entrerez, et qu'ils vous recevront, mangez de ce qui sera mis devant vous. Et guerissez les malades qui seront en elle, et leur dites, Le royaume de Dieu est approché de vous. Mais en quelque ville que vous serez entrez, et ils ne vous auront point receus, sortez en ses ruës, et dites, Nous secoüons contre vous mesmes la poudre de vostre ville, qui s'est attachée à nous: toutefois sçachez cela, que le royaume de Dieu est approché de vous. Or je vous dis, qu'en cette journée-là ceux de Sodome seront traittez plus tolerablement que cette ville-là. Mal-heur sur toi, Chorazim, mal-heur sur toi Bethsaïda: car si les vertus qui ont esté faites en vous, eussent esté faites à Tyr et à Sydon, elles se fussent dés long-temps repenties, gisantes avec le sac et la cendre. Partant Tyr et Sidon seront traittées plus tolerablement au jugement que vous. Et toi Capernaum, qui as esté élevée jusques au ciel, tu seras abbaissée jusques en enfer. Qui vous écoute il m'écoute, et qui vous rejette il me rejette: or qui me rejette il rejette celui qui m'a envoyé. Or les soixante et dix s'en revinrent avec joye, disans, Seigneur, les diables mesmes nous sont assujettis en ton Nom. Et il leur dit, Je contemplois Satan tombant du ciel comme un éclair. Voici, je vous donne puissance de marcher sur les serpens et sur les scorpions, et sur toute la force de l'ennemi: et rien ne vous blessera. Toutefois ne vous éjouïssez point de ce que les esprits vous sont assujettis: mais éjouïssez- vous plustost de ce que vos noms sont écrits és cieux. En ce mesme instant Jesus s'éjouït en esprit, et dit, Je te rens graces, ô Pere! Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux entendus, et les as revelées aux petits enfans: il est ainsi, Pere, parce que tel a esté ton bon-plaisir. Toutes choses m'ont esté données en main de mon Pere: et nul ne connoist qui est le Fils, sinon le Pere: ni qui est le Pere, sinon le Fils, et celui auquel le Fils le voudra reveler. Puis se tournant vers ses disciples, il dit à part, Bien-heureux [sont] les yeux qui voyent ce que vous voyez. Car je vous dis, que plusieurs Prophetes et [plusieurs] Rois ont desiré de voir les choses que vous voyez, et ne les ont point veuës, et d'ouïr les choses que vous oyez, et ne les ont point ouïes. Alors voici un docteur de la Loi, qui se leva le tentant, et disant, Maistre, en quoi faisant heriterai-je la vie eternelle? Auquel il dit, Qu'est-il écrit en la Loi? comment lis-tu? Et il respondit, et dit, Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, et de toute ton ame, et de toute ta force, et de toute ta pensée: Et ton prochain comme toi-mesme. Alors il lui dit, Tu as droitement respondu: fai cela, et tu vivras. Mais lui se voulant justifier, dit à Jesus, Et qui est mon prochain. Jesus respondant, dit, Un homme descendoit de Jerusalem à Jerico, et tomba entre les mains des brigands, qui le dépoüillerent: et apres qu'ils l'eurent navré de plusieurs coups, ils s'en allerent le laissans à demi mort. Or par rencontre un Sacrificateur descendoit par le chemin: et quand il le vid, il passa de l'autre costé. Semblablement aussi un Levite estant arrivé à l'endroit, et le voyant, passa de l'autre costé. Mais un Samaritain passant son chemin, vint à l'endroit d'icelui, et le voyant fut émeu de compassion. Et s'approchant lui resserra ses playes, et y mit dessus de l'huile et du vin: puis le mit sur sa beste, et le mena en l'hostellerie, et le pensa. Le lendemain au depart, il tira deux deniers, et les bailla à l'hoste: et dit, Pense-le: et tout ce que tu despenseras davantage, je te le rendrai à mon retour. Lequel donc de ces trois te semble avoir esté le prochain à celui qui tomba entre les mains des brigands. Et il [lui] dit, Celui qui a usé de misericorde envers lui. Jesus donc lui dit, Va, et toi aussi fai le semblable. Puis il advint comme ils s'en alloyent, qu'il entra en une bourgade: et une femme nommée Marthe le receut en sa maison. Or elle avoit une soeur, nommée Marie, laquelle aussi se tenant assise aux pieds de Jesus, écoutoit sa parole. Et Marthe estoit distraite à faire beaucoup de service: laquelle estant survenuë vers lui, dit, Seigneur, ne te soucies-tu point que ma soeur me laisse servir toute seule? Di lui donc qu'elle m'aide de son costé. Et Jesus respondant lui dit, Marthe, Marthe, tu te soucies et te travailles de beaucoup de choses: Mais une chose est necessaire. Or Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera point ostée. Il advint aussi comme il estoit en priere en quelque lieu, apres qu'il eut cessé, que quelqu'un de ses disciples lui dit, Seigneur, enseigne nous à prier, ainsi que Jean a aussi enseigné ses disciples. Et il leur dit, Quand vous prierez, dites, Nostre Pere qui es és cieux. Ton nom soit sanctifié. Ton regne vienne. Ta volonté soit faite en la terre comme au ciel. Donne nous de jour à autre nostre pain quotidien. Et nous pardonne nos pechez: car nous pardonnons aussi à tous ceux qui nous doivent. Et ne nous indui point en tentation, mais delivre nous du malin. Puis il leur dit, Qui sera celui d'entre vous qui aura un ami, lequel ira à lui à la minuit, et lui dira, Mon ami, preste moi trois pains: Car un mien ami m'est survenu en passant, et je n'ai rien pour lui presenter. Et que celui qui est dedans responde, et die, Ne me fasche point: car [ma] porte est déja fermée, et mes petits enfans sont avec moi au lit: je ne me puis lever pour t'en donner. Je vous dis, Encore qu'il ne se leve point pour lui en donner, parce qu'il est son ami, toutefois pour son importunité il se levera, et lui en donnera autant qu'il en aura besoin. Et moi je vous dis, Demandez, et il vous sera donné: cherchez, et vous trouverez: heurtez, et il vous sera ouvert. Car quiconque demande, il reçoit: et qui cherche, il trouve: et à celui qui heurte, il sera ouvert. Que si un enfant demande du pain à quelqu'un d'entre vous qui soit pere, lui baillera-t'il une pierre? Ou s'il demande du poisson, lui baillera-t'il au lieu du poisson un serpent? Ou s'il demande un oeuf, lui baillera-t'il un scorpion? Si vous donc qui estes méchans, sçavez bien donner à vos enfans de bonnes choses, combien plus vostre Pere celeste donnera-t'il le saint Esprit à ceux qui le lui demandent? Alors il jetta hors un diable, qui estoit muët: et il advint quand le diable fut sorti, que le muët parla: dont les troupes s'estonnerent. Et quelques-uns d'entr'eux dirent, C'est par Beelzebul prince des diables, qu'il jette hors les diables. Mais les autres pour le tenter, lui demandoyent un signe du ciel. Mais lui connoissant leurs pensées, leur dit, Tout royaume divisé contre soi-mesme sera reduit en desert, et toute maison divisée contre soi-mesme tombe en ruïne. Que si Satan est aussi divisé contre soi-mesme, comment subsistera son regne, puis que vous dites que je jette hors les diables par Beelzebul? Que si je jette hors les diables par Beelzebul, vos fils par qui les jettent-ils hors? Pour cette cause ils seront vos juges. Mais si je jette hors les diables par le doigt de Dieu, certes le regne de Dieu est parvenu à vous. Quand un fort [homme] bien armé garde son hostel, les choses qu'il a sont en seureté. Mais si un plus fort que lui survient qui le surmonte, il lui oste toutes ses armes esquelles il se confioit, et partage ses despoüilles. Qui n'est point avec moi, il est contre moi: et qui ne recueille point avec moi, il épard. Quand l'esprit immonde est sorti de quelque homme, il chemine par des lieux secs, cherchant du repos, et n'en trouvant point, dit, Je retournerai en ma maison dont je suis sorti. Et quand il vient, il la trouve baliée et parée. Et alors il s'en va, et prend avec soi sept autres esprits pires que lui, et ils y entrent, et habitent là, tellement que la derniere condition de cet homme-là est pire que la premiere. Or il advint comme il disoit ces choses, qu'une femme d'entre les troupes éleva sa voix, et lui dit, Bien-heureux [est] le ventre qui t'a porté, et les mammelles que tu as tettées. Alors il dit, Mais plustost bien-heureux [sont] ceux qui oyent la parole de Dieu, et qui la gardent. Et comme les troupes s'amassoyent, il se prit à dire, Cette generation est méchante: elle demande un signe, et il ne lui sera point donné de signe, sinon le signe de Jonas le Prophete. Car comme Jonas fut un signe à ceux de Ninive, ainsi le sera aussi le Fils de l'homme à cette generation. La reine de Midi se levera au jugement avec les hommes de cette generation, et les condamnera: dautant qu'elle vint du bout de la terre pour ouïr la sapience de Salomon: et voici, [il y a] ici plus que Salomon. Les gens de Ninive se leveront au jugement avec cette generation, et la condamneront, dautant qu'ils se sont amendez à la predication de Jonas: et voici, [il y a] ici plus que Jonas. Or nul n'allume la chandelle, et la met en un lieu caché, ni sous un boisseau: mais sur un chandelier, afin que ceux qui entrent voyent la lumiere. La chandelle du corps, c'est l'oeil: si donc ton oeil est simple, tout ton corps aussi sera éclairé: mais s'il est mauvais, ton corps aussi sera tenebreux. Regarde donc que la lumiere qui est en toi ne soit tenebres. Si donc tout ton corps est éclairé, n'ayant aucune partie tenebreuse, il sera éclairé par tout, comme quand la chandelle t'éclaire par sa lumiere. Et comme il parloit, quelque Pharisien le pria de disner chez lui: et [Jesus] y entra, et se mit à table. Mais le Pharisien s'estonna de ce qu'il vid qu'il ne s'estoit point premierement lavé devant le disner. Et le Seigneur lui dit, Vous autres Pharisiens nettoyez le dehors de la coupe et du plat: mais le dedans de vous est tout plein de rapine et de méchanceté. Insensez, celui qui a fait le dehors, n'a-t'il pas fait aussi le dedans? Mais plustost donnez en aumosne ce que vous avez, et voici, toutes choses vous seront nettes. Mais mal-heur sur vous, Pharisiens: car vous dismez bien la menthe, et la ruë, et toute sorte d'herbage, et laissez en arriere le jugement et la charité de Dieu: il faloit faire ces choses-ici, et ne laisser point celles-là. Mal-heur sur vous, Pharisiens, qui aimez les premieres seances és Synagogues, et les salutations és marchez. Mal-heur sur vous, Scribes et Pharisiens hypocrites: car vous estes comme les sepulcres qui n'apparoissent point, et les hommes qui passent par dessus n'en sçavent rien. Alors quelqu'un des docteurs de la Loi prit le propos, et lui dit, Maistre, en disant ces choses tu nous dis aussi outrage. Et il dit, Mal-heur aussi sur vous, Docteurs de la Loi: car vous chargez les hommes de charges insupportables, mais vous mesmes ne touchez point les fardeaux de l'un de vos doigts. Mal-heur sur vous, car vous bastissez les sepulcres des Prophetes, lesquels vos peres ont tuëz. Pour vrai vous tesmoignez, que vous consentez aux actes de vos peres: car ils les ont tuëz, et vous bastissez leurs sepulcres. Pour cette cause aussi la Sapience de Dieu a dit, Je leur envoyerai des Prophetes et des Apostres, et ils en tuëront, et en chasseront: Afin que le sang de tous les Prophetes, qui a esté respandu dés la fondation du monde, soit redemandé de cette nation. Depuis le sang d'Abel jusqu'au sang de Zacharie, qui fut tué entre l'autel et le temple: voire je vous dis, qu'il sera redemandé à cette nation. Mal-heur sur vous, Docteurs de la Loi: car ayans retiré la clef de connoissance, vous mesmes n'y estes point entrés, et avez empesché ceux qui y entroyent. Et comme il leur disoit ces choses, les Scribes et les Pharisiens se prirent à le tenir de prés, et à lui tirer de la bouche plusieurs choses: En l'espiant, et tachant de recueillir captieusement quelque chose de sa bouche, pour l'accuser. Cependant les troupes s'estans assemblées à milliers, tellement qu'ils se fouloyent les uns les autres, il se prit à dire à ses disciples, En premier lieu, donnez-vous garde du levain des Pharisiens, qui est hypocrisie. Car rien n'est couvert, qui ne doive estre revelé, et [rien n'est] caché qui ne doive estre connu. Partant les choses que vous avez dites en tenebres, seront ouïes en lumiere, et ce dont vous avez parlé en l'oreille és chambres, sera presché sur les maisons. Or je dis à vous, mes amis, N'ayez point de peur de ceux qui tuënt le corps, et qui apres cela ne sçauroyent rien faire davantage. Mais je vous montrerai qui vous devez craindre: craignez celui qui a puissance, apres qu'il a tué, d'envoyer en la gehenne: voire je vous dis, craignez celui-là. Ne vend-on pas cinq petits passereaux deux pites, et un seul d'eux n'est point oublié devant Dieu? Mesmes tous les cheveux de vostre teste sont contez: ne craignez donc point; vous valez mieux que beaucoup de passereaux. Or je vous dis, que quiconque me confessera devant les hommes, le Fils de l'homme le confessera aussi devant les Anges de Dieu. Mais qui me reniera devant les hommes, il sera renié devant les Anges de Dieu, Et quiconque parlera contre le Fils de l'homme, il lui sera pardonné: mais à celui qui aura blasphemé contre le saint Esprit, il ne lui sera point pardonné. Et quand ils vous emmeneront aux Synagogues, et aux Magistrats et aux Puissances, ne soyez point en souci comment, ou quelle chose vous respondrez, ou ce que vous aurez à dire. Car le S. Esprit vous enseignera en ce mesme instant-là ce qu'il [vous] faudra dire. Et quelqu'un de la troupe lui dit, Maistre, di à mon frere qu'il partage avec moi l'heritage. Mais il lui [respon]dit, O homme! qui est-ce qui m'a establi juge ou partageur sur vous? Puis il leur dit, Voyez, et vous gardez d'avarice: car encore que [les biens] abondent à quelqu'un, si est-ce qu'il n'a pas la vie par ses biens. Et il leur recita une similitude, disant, Les champs de quelque riche homme avoyent rapporté en abondance. Dont il pensoit en soi-mesme, disant, Que ferai-je? car je n'ai point où je puisse assembler mes fruits. Puis il dit, Voici ce que je ferai: j'abbattrai mes greniers, et en bastirai de plus grands, et y assemblerai tous mes revenus et mes biens: Puis je dirai à mon ame, Ame, tu as beaucoup de biens, assemblez pour beaucoup d'années: repose-toi, mange, et boi, et fai grand' chere. Mais Dieu lui dit, Insensé, en cette mesme nuit on te redemandera ton ame: et les choses que tu as apprestées à qui seront-elles? Ainsi en prend-il de celui qui fait de grands amas de biens pour soi, et [n'est] point riche en Dieu. Alors il dit à ses disciples, Pour cette cause je vous dis, ne soyez point en souci de vostre vie, ce que vous mangerez, ni de vostre corps, de quoi vous serez vestus. La vie est plus que la viande, et le corps plus que le vestement. Considerez que les corbeaux ne sement ni ne moissonnent, et n'ont point de celier ni de grenier, et [toutefois] Dieu les nourrit: de combien valez-vous mieux que les oiseaux? Et qui est celui de vous, qui par son souci puisse adjouster une coudée à sa stature? Si donc vous ne pouvez pas mesmes ce qui est tres-petit, pourquoi estes-vous en souci du reste? Considerez comment croissent les lis: ils ne travaillent ni ne filent: et je vous dis que Salomon mesme en toute sa gloire n'estoit point vestu comme l'un d'eux. Que si Dieu revest ainsi l'herbe qui est aujourd'hui au champ, et demain est mise au four, combien plus vous [revestira-t'il], ô gens de petit foi? Vous donc ne demandez point ce que vous mangerez, ou ce que vous boirez, et ne soyez point en suspens: (Car les gens de ce monde sont apres à rechercher toutes ces choses; mais vostre Pere sçait que vous avez besoin de ces choses.) Mais plustost cherchez le royaume de Dieu, et toutes ces choses vous seront baillées par dessus. Ne crain point, petit troupeau: car le bon-plaisir de vostre Pere a esté de vous donner le royaume. Vendez ce que vous avez, et donnez-[en] l'aumosne: faites-vous des bourses qui ne s'envieillissent point, un tresor és cieux qui ne defaille jamais, d'où le larron n'approche point, [et où] la tigne ne gaste rien. Car là où est vostre tresor, là aussi sera vostre coeur. Que vos reins soyent troussez, et vos chandelles allumées. Et que vous [soyez] semblables aux serviteurs qui attendent leur maistre, quand il retournera des nopces: afin que quand il sera venu, et heurtera, incontinent ils lui ouvrent. Bien-heureux [sont] ces serviteurs-là, que le maistre trouvera veillans, quand il arrivera. En verité je vous dis, qu'il se troussera, et les fera mettre à table, et s'avançant les servira. Que s'il arrive sur la seconde veille, et pareillement sur la troisiéme, et qu'il les trouve ainsi, bien-heureux sont ces serviteurs-là. Or sçachez ceci, que si le pere de famille eust sceu à quelle heure le larron eust deu venir, il eust veillé, et n'eust point laissé percer sa maison. Vous donc aussi soyez prests: car le Fils de l'homme viendra à l'heure que vous n'y penserez point. Alors Pierre lui dit, Seigneur, dis-tu cette similitude pour nous, ou aussi pour tous? Et le Seigneur dit, Mais qui est le despencier fidele et prudent, que le maistre aura establi sur son mesnage, pour donner en temps l'ordinaire? Bien-heureux [est] ce serviteur-là, que son maistre trouvera ainsi faisant, quand il arrivera. Je vous dis pour vrai, qu'il l'establira sur tout ce qu'il a. Que si ce serviteur-là dit en son coeur, Mon Maistre met long-temps à venir, et qu'il se prenne à battre les serviteurs et les servantes, et à manger, et à boire, et à s'enyvrer; Le maistre de ce serviteur-là viendra au jour qu'il ne l'attend point, et à l'heure qu'il ne sçait point, et le separera, et le mettra au rang des desloyaux. Or ce serviteur qui a connu la volonté de son maistre et ne s'est point mis en devoir, et n'a point fait selon la volonté d'icelui, sera battu de plusieurs [coups]. Mais celui qui ne l'a point connuë, et a fait des choses dignes d'estre battu, sera battu de moins [de coups:] et à un chacun à qui il aura esté beaucoup donné, il lui sera beaucoup redemandé: et à celui à qui il aura esté beaucoup commis, il lui sera tant plus redemandé. Je suis venu mettre le feu en la terre: et que veux-je plus s'il est déja allumé? Or j'ai à estre baptizé d'un bâtesme, et comment suis-je pressé jusques à ce qu'il soit parfait? Pensez-vous que je sois venu mettre la paix en la terre? Non vous dis-je, mais plustost la division. Car desormais ils seront cinq en une maison, divisez, trois contre deux, et deux contre trois. Le pere sera divisé contre le fils, et le fils contre le pere: la mere contre la fille, et la fille contre la mere: la belle-mere contre sa belle-fille, et la belle-fille contre sa belle-mere. Puis il disoit aux troupes, Quand vous voyez une nuée qui se leve d'Occident, incontinent vous dites, La pluye vient: et il advient ainsi. Et quand [vous oyez] le vent de Midi souffler, vous dites qu'il fera chaud: et il advient [ainsi]. Hypocrites, vous sçavez bien discerner l'apparence du ciel et de la terre: et comment ne discernez-vous point cette saison? Et que ne jugez-vous aussi de vous-mesmes ce qui est juste? Or quand tu vas au Magistrat avec ton adverse partie, mets peine en chemin d'estre délivré d'elle, afin qu'elle ne te tire devant le juge, et que le juge ne te livre à l'executeur, et que l'executeur ne te mette en prison. Je te dis, que tu ne sortiras point de là, jusques à ce que tu ayes rendu la derniere pite. En ce mesme instant-là quelques-uns qui se trouvoyent là presens, lui raconterent touchant les Galiléens, desquels Pilate avoit meslé le sang avec leurs sacrifices. Et Jesus respondant leur dit, Pensez-vous que ces Galiléens-là fussent plus pecheurs que tous les autres Galiléens, parce qu'ils ont souffert de telles choses? Non, vous dis-je: mais si vous ne vous amendez, vous perirez tous semblablement. Ou pensez-vous que ces dix-huit, sur lesquels tomba la tour en Siloé, et les tua, eussent offensé plus que tous les habitans de Jerusalem? Non, vous dis-je: mais si vous ne vous amendez, vous perirez tous semblablement. Il disoit aussi cette similitude, Quelqu'un avoit un figuier planté en sa vigne, et y vint chercher du fruit, et n'en trouva point. Dont il dit au vigneron, Voici, il y a trois ans que je viens chercher du fruit en ce figuier, et je n'en trouve point, coupe-le: à quel propos aussi empesche-t'il la terre? Et [le vigneron] respondant lui dit, Seigneur, laisse-le encore pour cette année, jusques à ce que je l'aye deschaussé, et que j'y aye mis du fient. Que s'il fait du fruit, [bien:] sinon tu le couperas ci-apres. Or comme il enseignoit en une de leurs Synagogues en un jour de Sabbat, Voici, il survint une femme qui avoit un esprit de maladie, déja par l'espace de dix-huit ans, laquelle estoit courbée, et ne pouvoit aucunement se redresser. Et quand Jesus l'eut veuë, il l'appella, et lui dit, Femme, tu es delivrée de ta maladie. Et lui imposa les mains: et à l'instant elle fut redressée, et glorifioit Dieu. Mais le maistre de la Synagogue, indigné de ce que Jesus avoit gueri au jour du Sabbat, prenant la parole dit à l'assemblée, Il y a six jours ausquels il faut travailler: venez donc en ces jours-là, et soyez gueris, et non point au jour du Sabbat. Dont le Seigneur lui respondit, et dit, Hypocrite, chacun de vous ne destache-t'il pas son boeuf, ou son asne de la creche au jour du Sabbat, et les mene abbreuver? Et ne faloit-il point deslier de ce lien au jour du Sabbat celle-ci, qui est fille d'Abraham, laquelle Satan avoit liée, il y a déja dix-huit ans? Lui disant ces choses, tous ses adversaires estoyent confus: mais toutes les troupes s'éjouïssoyent de toutes les choses glorieuses qui estoyent faites par lui. Alors il disoit, A quoi est semblable le regne de Dieu, et à quoi l'accomparerai-je? Il est semblable au grain de semence de moustarde, qu'un homme prit, et mit en son jardin, lequel creut, et devint un grand arbre, tellement que les oiseaux du ciel faisoyent leurs nids en ses branches. Derechef il dit, A quoi accomparerai-je le regne de Dieu? Il est semblable au levain, qu'une femme prit, et mit parmi trois mesures de farine, jusques à ce qu'elle fust toute levée. Puis il s'en alloit par les villes et les bourgades, enseignant, et tenant le chemin de Jerusalem. Et quelqu'un lui dit, Seigneur, y a-t'il peu de gens qui soyent sauvez? Alors il leur dit, Mettez peine d'entrer par la porte estroitte: car je vous dis, que plusieurs tascheront d'entrer, et ne pourront. Et quand le pere de famille sera levé, et aura fermé la porte, et que vous estans dehors, vous mettrez à heurter à la porte, disans, Seigneur, Seigneur, ouvre-nous, et que lui respondant vous dira, Je ne sçai d'où vous estes; Alors vous vous prendrez à dire, Nous avons mangé et beu en ta presence, et tu as enseigné en nos ruës. Alors il dira, Je vous dis que je ne sçai d'où vous estes: departez-vous de moi, vous tous qui faites le mestier d'iniquité. Là il y aura pleur et grincement de dents: quand vous verrez Abraham, et Isaac, et Jacob, et tous les Prophetes au royaume de Dieu, et que vous serez jettez dehors. Il y en viendra aussi d'Orient, et d'Occident, et d'Aquilon, et de Midi, lesquels seront à table au royaume de Dieu. Et voici il y en a des derniers qui seront les premiers, et des premiers qui seront les derniers. En ce mesme jour-là quelques Pharisiens vinrent [vers lui], lui disans, Retire-toi, et t'en va d'ici: car Herode te veut tuër. Alors il leur dit, Allez, et dites à ce renard-là, Voici, je jette hors les diables, et acheve de donner guerison aujourd'hui et demain, et au troisiéme jour je prens fin. Tant y a qu'il me faut marcher aujourd'hui et demain, et le jour ensuivant: car il n'eschet point qu'aucun Prophete meure hors de Jerusalem. Jerusalem, Jerusalem, qui tuës les Prophetes, et qui lapides ceux qui te sont envoyez, combien de fois ai-je voulu rassembler en un tes enfans, ainsi que la poulle [rassemble] sa couvée sous [ses] ailes, et vous ne l'avez point voulu? Voici, vostre maison s'en va vous estre laissée deserte. Or en verité je vous dis, que vous ne me verrez point jusques à ce qu'il adviendra que vous direz, Benit [soit] celui qui vient au Nom du Seigneur. Il advint aussi que lui estant entré en la maison d'un des principaux des Pharisiens, en un jour de Sabbat, pour prendre sa refection, ils l'observoyent. Et voici, un homme hydropique estoit [là] devant lui. Et Jesus prenant la parole, parla aux Docteurs de la Loi, et aux Pharisiens, disant, Est-il permis de guerir au jour du Sabbat? Et ils ne dirent mot. Alors ayant pris [le malade], il le guerit, et le renvoya. Puis leur respondant, il dit, Qui sera celui d'entre vous, qui aura un asne, ou un boeuf, qui tombe en un puits, qui ne le retire hors incontinent au jour du Sabbat. Et ils ne lui pouvoyent repliquer à ces choses. Il proposoit aussi aux conviez une similitude, prenant garde comme ils choisissoyent les premieres places à table, en leur disant, Quand tu seras convié par quelqu'un aux nopces, ne te mets point à table au plus haut lieu, de peur qu'il advienne qu'un plus honorable que toi soit convié par lui: Et que celui qui aura convié et toi et lui, vienne, et te die, Fai place à celui-ci: et qu'alors tu commences avec honte à tenir le plus bas lieu. Mais quand tu seras convié, va, et te mets au plus bas lieu: afin que quand celui qui t'a convié viendra, il te die, Mon ami, monte plus haut. Alors cela te tournera à honneur devant tous ceux qui seront à table avec toi. Car quiconque s'éleve sera abbaissé: et quiconque s'abbaisse sera élevé. Il disoit aussi à celui qui l'avoit convié, Quand tu fais un disner, ou un souper, n'appelle point tes amis, ni tes freres, ni tes parens, ni tes riches voisins: de peur que par aventure ils te convient de leur part, et que la pareille te soit renduë. Mais quand tu feras un banquet, convie les pauvres, les impotens, les boiteux, et les aveugles: Et tu seras bien-heureux: parce qu'ils n'ont pas dequoi te rendre la pareille: car la pareille te sera renduë en la resurrection des justes. Et l'un de ceux qui estoyent ensemble à table, ayant ouï ces paroles, lui dit, Bien-heureux sera celui qui mangera du pain au royaume de Dieu. Mais il lui dit, Un homme fit un grand souper, et y convia beaucoup de gens: Et envoya son serviteur à l'heure du souper, dire à ceux qui estoyent conviez, Venez, car tout est déja prest. Mais ils se prirent tous d'un accord à s'excuser. Le premier lui dit, J'ai acheté un heritage, et il me faut necessairement partir pour l'aller voir: je te prie, tien moi pour excusé. Et l'autre dit, J'ai acheté cinq couples de boeufs, et je m'en vai pour les éprouver: je te prie, tien moi pour excusé. Et l'autre dit, J'ai pris une femme en mariage, et partant je n'y puis aller. Ainsi le serviteur s'en retourna, et rapporta ces choses à son maistre. Alors le pere de famille tout en colere, dit à son serviteur, Va-t'en vistement par les places et par les ruës de la ville, et amene ceans les pauvres, et les impotens, et les boiteux et les aveugles. Et le serviteur dit, Mon Maistre, il a esté fait ainsi que tu as commandé, et il y a encore de la place. Et le maistre dit au serviteur, Va par les chemins et par les hayes, et contrain d'entrer [ceux que tu trouveras], afin que ma maison soit remplie. Car je vous dis, Que nul de ces hommes-là qui avoyent esté conviez ne goustera de mon souper. Or de grandes troupes alloyent avec lui: et lui se tournant leur dit, Si quelqu'un vient vers moi, et ne hait son pere et sa mere, et sa femme, et ses enfans, et ses freres, et ses soeurs, et encore mesmes son ame, il ne peut estre mon disciple. Et quiconque ne charge [sur soi] sa croix et ne vient apres moi, il ne peut estre mon disciple. Car qui est celui d'entre vous, qui voulant bastir une tour, premierement ne s'assée, et ne calcule les despens, s'il a pour l'achever? De peur qu'apres qu'il aura posé le fondement, et n'aura peû achever, tous ceux qui le verront commencent à se mocquer de lui, Disant, Cet homme a commencé à bastir, et n'a peû achever. Ou, qui est le Roi qui parte pour donner bataille à un autre Roi, qui premierement ne s'assée, et ne consulte s'il pourra avec dix mille [hommes] aller rencontrer celui qui vient avec vingt mille contre lui? Autrement [ce Roi-là] estant encore loin, il envoye un ambassade, et demande les moyens de paix. Ainsi donc chacun de vous qui ne renonce pas à tout ce qu'il a, ne peut estre mon disciple. Le sel est bon: mais si le sel perd sa saveur, dequoi le salera-t'on? Il n'est propre, ni [pour mettre] en la terre, ni au fumier: [mais] on le jette dehors. Qui a des oreilles pour ouïr, qu'il oye. Or tous les peagers et les gens de mauvaise vie s'approchoyent de lui pour l'ouïr. Dont les Pharisiens et les Scribes murmuroyent, disans, Celui-ci reçoit les gens de mauvaise vie, et mange avec eux. Mais il leur proposa cette similitude, disant, Qui est l'homme d'entre vous, qui ayant cent brebis, s'il en perd une, ne laisse les quatre vingts et dix-neuf au desert, et ne s'en aille apres celle qui est perduë, jusques à ce qu'il l'ait trouvée; Et l'ayant trouvée, ne la mette sur ses espaules bien joyeux: Puis estant venu en la maison n'appelle ses amis et ses voisins, et ne leur die, Ejouïssez-vous avec moi: car j'ai trouvé ma brebis qui estoit perduë? Je vous dis, qu'ainsi il y aura joye au ciel pour un seul pecheur venant à s'amender, plus que pour quatre vingts et dix-neuf justes, qui n'ont pas besoin de repentance. Ou qui est le femme qui ayant dix dragmes, si elle perd une dragme, n'allume la chandelle, et ne balie la maison, et ne [la] cherche diligemment, jusqu'à ce qu'elle l'ait trouvée? Et quand elle l'a trouvée, n'appelle ses amies et ses voisines, disant, Ejouïssez-vous avec moi: car j'ai trouvé la dragme que j'avois perduë? Ainsi je vous dis, qu'il y aura joye devant les Anges de Dieu pour un seul pecheur venant à s'amender. Il leur dit aussi, Un homme avoit deux fils: Dont le plus jeune dit à son pere, Mon pere donne-moi la part du bien qui m'appartient. Ainsi il leur partagea les biens. Et peu de jours apres, quand le plus jeune fils eut tout assemblé, il s'en alla dehors en un païs éloigné: et là il dissipa son bien, en vivant prodigalement. Et apres qu'il eut tout dépensé, il advint une famine en ce païs-là: dont il commença à avoir disette. Alors il s'en alla, et se mit avec un des citoyens du lieu, qui l'envoya en ses possessions pour paistre les pourceaux. Et il desiroit de remplir son ventre des gousses que les pourceaux mangeoyent: mais personne ne lui en donnoit. Dont estant revenu à soi-mesme, il dit, Combien y a-t'il de mercenaires en la maison de mon pere, qui ont du pain tant et plus, et moi je meurs de faim? Je me leverai, et m'en irai vers mon pere, et lui dirai, Mon pere, j'ai peché contre le ciel et devant toi: Et je ne suis plus digne d'estre appellé ton fils: fai moi comme à l'un de tes mercenaires. Ainsi donc il partit, et vint vers son pere. Or lui estant encore loin, son pere le vid, et fut émeu de compassion et accourut, et se jetta à son col, et le baisa. Mais le fils lui dit, Mon pere, j'ai peché contre le ciel, et devant toi: et je ne suis plus digne d'estre appellé ton fils. Or le pere dit à ses serviteurs, Tirez-[moi] hors la plus belle robbe, et le vestez, et lui donnez un anneau en sa main, et des souliers en ses pieds: Et amenez-moi le veau gras, et le tuez, et faisons bonne chere en le mangeant. Car mon fils que voici estoit mort, et il est retourné à la vie, il estoit perdu, mais il est retrouvé. Et ils commencerent à faire bonne chere. Or son fils aisné estoit aux champs, et comme en venant il approchoit de la maison, il ouït la melodie et les danses. Et il appella l'un des serviteurs, et l'interrogea ce que c'estoit. Lequel lui dit, Ton frere est venu, et ton pere a tué le veau gras, parce qu'il l'a recouvré sain et sauf. Mais il se mit en colere, et ne voulut point entrer. Son pere donc estant sorti le prioit [d'entrer:] Mais il respondit, et dit à son pere, Voici, il y a tant d'années que je te sers, et jamais n'outrepassai ton commandement, et tu ne me donnas jamais un chevreau pour faire bonne chere avec mes amis. Mais quand celui-ci ton fils, qui a mangé ton bien avec les paillardes, est venu, tu lui as tué le veau gras. Et [le pere] lui dit, Mon enfant, tu es toûjours avec moi, et tous mes biens sont tiens. Or il faloit faire bonne chere, et s'éjouïr, parce que celui-ci ton frere estoit mort, et il est retourné à vie: il estoit perdu, et il est retrouvé. Il disoit aussi à ses disciples, Il y avoit un riche homme qui avoit un maistre d'hostel, lequel fut accusé envers lui comme dissipateur des biens d'icelui. Lequel il appella, et lui dit, Qu'est-ce que j'ois dire de toi? ren conte de ton administration: car tu n'auras plus la puissance de manier la despense. Alors le maistre d'hostel dit en soi-mesme, Que ferai-je, mon maistre m'ostant l'administration? je ne puis fouïr [la terre], et j'ai honte de mendier. Or je sçai ce que je ferai, afin que quand mon administration me sera ostée, [quelques-uns] me reçoivent en leurs maisons. Alors il appella un chacun des detteurs de son maistre, et dit au premier, Combien dois-tu à mon maistre? Lequel lui dit, Cent mesures d'huile. Et il lui dit, Pren ta scedule, et t'assieds viste, et en escri cinquante. Puis il dit à un autre, Et toi combien dois-tu? Lequel dit, Cent mesures de froment. Et il lui dit, Pren ta scedule, et en escri quatre-vingts. Et le maistre loüa le maistre d'hostel inique, parce qu'il avoit fait prudemment: ainsi les enfans de ce siecle sont plus prudens en leur generation, que ne sont les enfans de lumiere. Et moi aussi je vous dis, Faites-vous des amis des richesses iniques: afin que quand vous defaudrez, ils vous reçoivent és tabernacles eternels. Qui est loyal en bien petite chose, il est aussi loyal en grande chose: et qui est injuste en bien peu de chose, il est aussi injuste en grande chose. Si donc vous n'avez pas esté loyaux és richesses iniques, qui se fiera en vous des vrayes [richesses]? Et si en ce qui est à autrui vous n'avez pas esté loyaux, qui vous baillera ce qui est vostre? Nul serviteur ne peut servir à deux maistres: car ou il haïra l'un et aimera l'autre: ou il se tiendra à l'un et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir à Dieu et aux richesses. Or les Pharisiens aussi qui estoyent avaricieux, oioyent toutes ces choses, et se mocquoyent de lui. Et il leur dit, C'est vous qui vous justifiez vous-mesmes, devant les hommes: mais Dieu connoit vos coeurs: car ce qui est haut devant les hommes, est en abomination devant Dieu. La Loi et les Prophetes [ont duré] jusques à Jean: depuis ce temps-là le regne de Dieu est evangelizé, et chacun le force. Or il est plus aisé que le ciel et la terre se passent, que non pas qu'il tombe un seul point de la Loi Quiconque delaisse sa femme, et se marie à une autre, commet adultere: et quiconque prend celle qui est delaissée de son mari, commet adultere. Or il y avoit un riche homme qui se vestoit de pourpre et de fin lin, et qui par chaque jour se traittoit bien et magnifiquement. Il y avoit [d'autre part] un pauvre, nommé Lazare, qui gisoit à la porte d'icelui, estant tout plein d'ulceres: Lequel desiroit d'estre rassasié des miettes qui tomboyent de la table du riche: et mesmes les chiens venoyent, et lui lechoyent ses ulceres. Or il advint que le pauvre mourut, et qu'il fut porté par les Anges au sein d'Abraham: Or le riche aussi mourut, et fut enseveli. Et lui estant en enfer, et élevant ses yeux, comme il estoit és tourmens, il vid de loin Abraham, et Lazare au sein d'icelui. Et s'écriant, il dit, Pere Abraham, aye pitié de moi, et envoye Lazare, afin qu'il moüille d'eau le bout de son doigt, et qu'il rafraischisse ma langue: car je suis griévement tourmenté en cette flamme. Et Abraham [respon]dit, Mon fils, souvien-toi que tu as receu tes biens en ta vie, et Lazare semblablement les maux: et maintenant il est consolé, et tu es griévement tourmenté. Et outre tout cela, il y a un grand abysme establi entre vous et nous: tellement que ceux qui veulent passer d'ici vers vous, ne le peuvent, ni de là passer ici. Et il dit, Je te prie donc, pere, que tu l'envoyes en la maison de mon pere: Car j'ai cinq freres, afin qu'il leur en atteste: de peur qu'eux aussi ne viennent en ce lieu de tourment. Abraham lui [respon]dit, Ils ont Moyse et les Prophetes, qu'ils les ecoutent. Mais il dit, Non, pere Abraham, mais si quelqu'un des morts va vers eux, ils s'amenderont. Et Abraham lui dit, s'ils n'écoutent Moyse et les Prophetes, ils ne seront non plus persuadez, quand [bien] quelqu'un des morts ressusciteroit. Or il dit à ses disciples, Il ne se peut faire qu'il n'arrive des scandales: toutefois mal-heur à celui par qui ils arrivent. Il lui vaudroit mieux qu'on lui mit une pierre de meule à l'entour de son col: et qu'il fût jetté en la mer, que de scandalizer un seul de ces petits. Prenez garde à vous: Si donc ton frere a peché contre toi, repren-le: et s'il s'amende, pardonne lui. Et si sept fois le jour il a peché contre toi, et que sept fois le jour il retourne à toi, disant, Je me repens: tu lui pardonneras. Alors les Apostres dirent au Seigneur, Augmente-nous la foi. Et le Seigneur dit, Si vous aviez de la foi aussi gros qu'un grain de semence de moustarde, vous pourriez dire à ce meurier, Desracine toi, et te plante en la mer: et il vous obeïroit. Mais qui est celui d'entre vous qui ait un serviteur labourant ou paissant le bestail, qui le [voyant] retourner des champs, lui die, Avance-toi incontinent, et te mets à table: Et ne lui die plustost, Appreste moi à soupper, et te trousse, et me sers jusques à ce que j'aye mangé et beu: et apres cela tu mangeras et tu boiras? Sçait-il gré à ce Serviteur-là, parce qu'il a fait ce qui lui avoit esté commande? Je ne le pense pas. Vous aussi semblablement, quand vous aurez fait toutes les choses qui vous sont commandées, dites, Nous sommes serviteurs inutiles, dautant que ce que nous estions tenus de faire, nous l'avons fait. Et il advint qu'en allant à Jerusalem, il passoit par le milieu de la Samarie, et de la Galilée. Et comme il entroit en une bourgade, dix hommes lepreux le rencontrerent, lesquels s'arresterent de loin, Et éleverent leur voix, disans, Jesus, [nostre] Maistre, aye pitié de nous. Et quand il les eut veus, il leur dit, Allez, montrez-vous aux Sacrificateurs. Et il advint qu'en s'en allant ils furent nettoyez. Et l'un d'entr'eux voyant qu'il estoit gueri, s'en retourna, glorifiant Dieu à haute voix: Et se jetta en terre sur sa face aux pieds d'icelui, lui rendant graces. Or il estoit Samaritain. Alors Jesus prenant la parole, dit, Les dix n'ont-ils pas esté nettoyez? et les neuf où [sont]-ils? Nul ne s'est trouvé qui soit retourné pour rendre gloire à Dieu, sinon cet estranger. Alors il lui dit, Leve-toi: va, ta foi t'a sauvé. Or estant interrogé par les Pharisiens, quand le regne de Dieu viendroit: il leur respondit, et dit, Le regne de Dieu ne viendra point avec apparence. Et on ne dira point, Voici, [il est] ici: ou voila, [il est] là: car voici, le regne de Dieu est dans vous. Il dit aussi à ses disciples, Les jours viendront que vous desirerez de voir l'un des jours du Fils de l'homme, et ne le verrez point. Alors on vous dira, Voici, [il est] ici: ou voila, [il est] là, [mais] n'y allez point, et ne [les] suivez point. Car comme l'éclair éclaire de l'un des costez de dessous le ciel, et reluit jusques à l'autre qui est sous le ciel, tel sera aussi le Fils de l'homme en son jour. Mais premierement il faut qu'il souffre beaucoup, et qu'il soit rejetté de cette nation. Et comme il advint és jours de Noé, il en sera aussi de mesme és jours du Fils de l'homme. On mangeoit et on beuvoit, on prenoit et on bailloit à femme, jusques au jour que Noé entra en l'arche: et le deluge vint, qui les fit tous perir. Semblablement aussi comme il advint és jours de Loth: on mangeoit, on beuvoit, on achetoit, on vendoit, on plantoit et on bastissoit: Mais au jour que Loth sortit de Sodome, il plût feu et souffre du ciel, qui les fit tous perir. Il en sera tout de mesme au jour que le Fils de l'homme sera revelé. En ce jour-là, que celui qui sera sur la maison, et [aura] son mesnage en la maison, ne descende point pour l'emporter: et que celui qui sera aux champs, semblablement ne retourne point à ce [qui est demeuré] en arriere. Souvenez-vous de la femme de Loth. Quiconque cherchera à sauver sa vie, il la perdra, et quiconque la perdra, il la vivifiera. Je vous dis, qu'en cette nuict-là deux seront en un mesme lit: l'un sera pris, et l'autre laissé. Il y en aura deux, lesquelles moudront ensemble: l'une sera prise, et l'autre laissée. Deux seront aux champs: l'un sera pris et l'autre laissé. Et eux respondans, lui dirent, Où Seigneur? Et il leur dit, En quelque lieu que sera le corps [mort], là aussi s'assembleront les aigles. Or il leur dit aussi une similitude, [tendant] à ce qu'il faut toûjours prier, et ne se point lasser, Disant, Il y avoit un Juge en une ville, lequel ne craignoit point Dieu, et ne respectoit personne. Or il y avoit en cette ville-là une veuve, qui vint à lui, disant, Fai moi justice de ma partie adverse. Et durant un long-temps il n'en voulut rien faire. Toutefois apres cela il dit en soi-mesme, Bien que je ne craine point Dieu, et que je ne respecte personne: Neantmoins parce que cette veuve me donne de la peine, je lui ferai justice, de peur que finalement elle vienne, et me rompe la teste. Et le Seigneur dit, Escoutez ce que dit le juge inique. Et Dieu ne vengera-t'il point ses éleus qui crient à lui jour et nuit, bien qu'il differe de se courroucer pour l'amour d'eux? Je vous dis, que bien-tost il les vengera. Mais quand le Fils de l'homme viendra, pensez- vous qu'il trouve de la foi en la terre? Il dit aussi cette similitude à quelques-uns qui se confioyent en eux-mesmes d'estre justes, et qui tenoyent les autres pour rien: Deux hommes monterent au temple pour prier, l'un Pharisien, et l'autre Peager. Le Pharisien se tenant à part prioit en soi-mesme, [disant] telles choses, O Dieu! je te rens graces, que je ne suis point comme le reste des hommes, [qui sont] ravisseurs, injustes, adulteres: ni mesmes aussi comme ce Peager. Je jeusne deux fois la semaine: je donne la disme de tout ce que je possede. Mais le Peager se tenant loin, n'osoit pas mesme lever les yeux vers le ciel: mais frapoit sa poitrine, disant, O Dieu! sois appaisé envers moi qui suis pecheur. Je vous dis, que celui-ci descendit justifié en sa maison plustost que l'autre: Car quiconque s'éleve, sera abbaissé: et qui s'abbaisse, sera élevé. Or on lui presenta aussi de petits enfans, afin qu'il les touchast? ce que les disciples voyans ils les tancerent. Mais Jesus les ayant fait venir à soi, dit, Laissez les petits enfans venir à moi, et ne les empeschez point: Car à tels est le royaume de Dieu. En verité je vous dis, Quiconque ne recevra comme enfant le regne de Dieu, n'entrera point en icelui. Alors quelque Seigneur l'interrogea, disant, Bon Maistre, que ferai-je pour heriter la vie eternelle? Jesus lui dit, Pourquoi m'appelles-tu bon? Il n'y a nul bon qu'un seul, [assavoir] Dieu. Tu sçais les commandemens, Tu ne commettras point adultere. Tu ne tuëras point. Tu ne déroberas point. Tu ne diras point faux tesmoignage. Honore ton pere et ta mere. Et celui-là dit, J'ai gardé toutes ces choses dés ma jeunesse. Quand Jesus eut ouï cela, il lui dit, Il te manque encore une chose: ven tout ce que tu as, et le distribuë aux pauvres, et tu auras un tresor au ciel: puis vien, et me sui. Icelui ayant entendu ces choses devint fort triste; car il estoit grandement riche. Jesus voyant qu'il estoit devenu fort triste, dit, Qu'il est mal-aisé que ceux qui ont des biens entrent au royaume de Dieu! Il est certes plus aisé qu'un chameau entre par le trou d'une aiguille, que non pas qu'un riche entre au royaume de Dieu. Et ceux qui ouïrent [cela], dirent, Et qui peut [donc] estre sauvé? Et il [leur] dit, Les choses qui sont impossibles aux hommes, sont possibles à Dieu. Et Pierre dit, Voici, nous avons tout abandonné et t'avons suivi. Et il leur dit, En verité je vous dis, qu'il n'y a pas un qui ait abandonné sa maison, ou ses parens, ou ses freres, ou sa femme, ou ses enfans, pour l'amour du royaume de Dieu, Qui ne reçoive beaucoup plus en ce temps-ici, et au siecle à venir la vie eternelle. Puis Jesus prit à part les douze, et leur dit, Voici, nous montons à Jerusalem, et toutes les choses, qui sont écrites par les Prophetes touchant le Fils de l'homme, seront accomplies: Car il sera livré aux Nations, et sera mocqué, et injurié, et on lui crachera [au visage]. Et apres qu'ils l'auront foüetté, ils le mettront à mort: mais au troisiéme jour il ressuscitera. Et ils n'entendirent rien de ces choses: mais ce discours leur estoit caché, et ils n'entendoyent point ce qu'il [leur] disoit. Or il advint comme il approchoit de Jerico, qu'il y avoit un aveugle assis prés du chemin, et mendiant: Lequel oyant la multitude qui passoit, demanda ce que c'estoit. Et ils lui [respon]dirent, que Jesus le Nazarien passoit. Alors il cria, disant, Jesus fils de David, aye pitié de moi. Et ceux qui alloyent devant, le tançoyent, afin qu'il se teust: mais il crioit beaucoup plus fort, Fils de David, aye pitié de moi. Et Jesus s'estant arresté commanda qu'on l'amenast vers lui. Puis quand il fut approché, il l'interrogea, Disant, Que veux-tu que je te fasse? Et il [respon]dit, Seigneur, que je recouvre la veuë. Et Jesus lui dit, Recouvre la veuë, ta foi t'a sauvé. Et à l'instant il recouvra la veuë, et le suivoit, glorifiant Dieu. Et tout le peuple voyant cela donna loüange à Dieu. Et [Jesus] estant entré dans Jerico, alloit par la ville. Et voici un homme appellé Zachée, qui estoit principal peager, et estoit riche. Et il taschoit à voir lequel estoit Jesus: et ne pouvoit pour la foule, car il estoit de petite stature. Et il accourut devant, et monta sur un sycomore pour le voir: car il devoit passer par là. Et quand Jesus fut venu à l'endroit, regardant en haut, il le vid, et lui dit, Zachée, descen hastivement: car il faut que je demeure aujourd'hui en ta maison. Alors il descendit hastivement, et le receut avec joye. Et tous voyans cela murmuroyent, disans, Qu'il estoit entré chez un homme de mauvaise vie pour y loger. Et Zachée se presentant là, dit au Seigneur, Voici, Seigneur, je donne la moitié de mes biens aux pauvres: et si j'ai circonvenu quelqu'un de quelque chose, j'en rens le quadruple. Alors Jesus lui dit, Le salut est advenu aujourd'hui à cette maison-ici: parce que celui-ci aussi est fils d'Abraham. Car le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui estoit perdu. Or eux oyans ces choses, Jesus poursuivit son propos, et proposa une similitude, parce qu'il estoit prés de Jerusalem, et qu'ils pensoyent qu'à l'instant le regne de Dieu devoit estre manifesté. Il dit donc, Un noble homme s'en alla en un païs éloigné conquerir pour soi un royaume, et puis s'en revenir. Et ayant appellé dix siens serviteurs, il leur donna dix marcs, et leur dit, Trafiquez jusques à ce que je vienne. Or ses citoyens le haïssoyent: c'est pourquoi ils envoyerent une ambassade apres lui, en disant, Nous ne voulons point que celui-ci regne sur nous. Il advint donc apres qu'il fut retourné, ayant conquis le royaume, qu'il commanda qu'on lui appellast ces serviteurs-là, ausquels il avoit baillé l'argent, afin qu'il sceust combien chacun auroit gagné par son trafic. Alors le premier vint, disant, Seigneur, ton marc a fait dix autres marcs. Et il lui dit, C'est bien fait, bon serviteur: parce que tu as esté fidele en peu de chose, aye puissance sur dix villes. Et l'autre vint, disant, Seigneur, ton marc en a fait cinq autres. Et à celui-ci il dit aussi, Et toi, sois sur cinq villes. Et l'autre vint, disant, Seigneur, voici ton marc que j'ai tenu enveloppé en un linge. Car je t'ai craint, parce que tu es un homme rude: tu prens ce que tu n'as point mis, et tu moissonnes ce que tu n'as point semé. Et il lui dit, Meschant serviteur, je te jugerai par ta parole: tu sçavois que je suis un homme rude, prenant ce que je n'ai point mis, et moissonnant ce que je n'ai point semé. Et pourquoi n'as-tu pas mis mon argent à la banque, et à mon retour je l'eusse redemandé avec usure? Alors il dit à ceux qui estoyent presens, Ostez-lui le marc, et le donnez à celui qui a les dix. Et ils lui dirent, Seigneur, il a dix marcs. Ainsi je vous dis qu'à un chacun qui aura, il sera donné: et à celui qui n'a rien, cela mesme qu'il a lui sera osté. Au surplus amenez ici ces miens ennemis, qui n'ont point voulu que je regnasse sur eux, et les tuëz devant moi. Et ayant dit ces choses, il alloit devant [eux], montant à Jerusalem. Et il advint comme il approchoit de Beth-phagé et de Bethanie, vers la montagne qui est appellée des Oliviers, qu'il envoya deux de ses disciples, Disant, Allez à la bourgade qui est vis à vis de vous, en laquelle estant entrez, vous trouverez un asnon attaché, sur lequel jamais homme ne monta: destachez-le, et l'amenez. Que si quelqu'un vous demande pourquoi vous le détachez, vous lui direz ainsi, Parce que le Seigneur en a affaire. Et ceux qui estoyent envoyez s'en allerent, et trouverent ainsi qu'il leur avoit dit. Et comme ils destachoyent l'asnon, les maistres leur dirent, Pourquoi destachez-vous cet asnon? Ils [respon]dirent, Le Seigneur en a affaire. Ils l'amenerent donc à Jesus, et jetterent leurs vestemens sur l'asnon: Puis ils mirent Jesus dessus. Et comme il alloit, ils estendoyent leurs vestemens par le chemin. Et comme déja il approchoit à la descente de la montagne des Oliviers, toute la multitude des disciples s'éjouïssant, se prit à loüer Dieu à haute voix, pour toutes les vertus qu'ils avoyent veuës: Disans, Benit [soit] le Roi qui vient au nom du Seigneur, Paix [soit] au ciel, et gloire és [lieux] tres-hauts. Alors quelques-uns d'entre les Pharisiens de la troupe lui dirent, Maistre, repren tes disciples. Lui respondant, leur dit, Je vous dis, que si ceux-ci se taisent, les pierres mesmes crieront. Et quand il fut approché, voyant la ville, il pleura sur elle, disant, O si toi aussi eusses connu, voire au moins en cette tienne journée, les choses qui appartiennent à ta paix! mais maintenant elles sont cachées de devant tes yeux. Car les jours viendront sur toi que tes ennemis t'assiegeront de tranchées, et t'environneront, et t'en-serreront de tous costez: Et te raseront toi, et tes enfans qui sont en toi, et ne laisseront en toi pierre sur pierre, parce que tu n'as point connu le temps de ta visitation. Puis estant entré au temple, il se prit à jettez hors ceux qui vendoyent et achetoyent en icelui: Leur disant, Il est écrit, Ma maison est la maison de priere: mais vous en avez fait une caverne de brigands. Et il estoit tous les jours enseignant au temple. Et les principaux Sacrificateurs et les Scribes, et les principaux du peuple, taschoyent à le faire mourir. Mais ils ne trouvoyent aucune chose qu'ils lui peussent faire: car tout le peuple estoit fort attentif à l'ouïr. Or il advint en l'un de ces jours-là, comme il enseignoit le peuple au temple, et evangelizoit, que les principaux Sacrificateurs, et les Scribes avec les Anciens, survinrent, Et parlerent à lui, disans, Di-nous de quelle authorité tu fais ces choses: ou qui est celui qui t'a donné cette authorité? Et Jesus respondant, leur dit, Je vous interrogerai moi aussi d'un poinct, et me respondez: Le baptesme de Jean estoit-il du ciel, ou des hommes? Or ils disputoyent entr'eux, disans, Si nous disons, Du ciel: il dira, Pourquoi donc ne l'avez-vous point creu? Et si nous disons, Des hommes, tout le peuple nous lapidera: car ils sont persuadez que Jean estoit Prophete: Et ils respondirent, Qu'ils ne sçavoyent d'où [il estoit]. Alors Jesus leur dit, Je ne vous dirai point aussi de quelle authorité je fai ces choses. Alors il se prit à dire au peuple cette similitude, Un certain homme planta une vigne, et la loüa à des vignerons, et fut dehors un long-temps. Et quand ce vint la saison, il envoya un sien serviteur vers les vignerons, afin qu'ils lui baillassent du fruit de la vigne, lesquels l'ayans battu, le renvoyerent à vuide. Et derechef il y envoya un autre serviteur: lequel ayans aussi battu, apres l'avoir vilainement traité, ils le renvoyerent à vuide. Et puis il y envoya aussi un troisiéme, lequel ayans aussi navré, ils le jetterent dehors. Alors le Seigneur de la vigne dit, Que ferai-je? j'y envoyerai mon fils bien-aimé: peut- estre quand ils le verront qu'ils le revereront. Mais quand les vignerons le virent, ils tinrent propos entr'eux, disans, Celui-ci est l'heritier, venez, tuons-le, afin que l'heritage devienne nostre. Et ils le jetterent hors de la vigne, et le tuërent. Que leur fera donc le seigneur de la vigne? Il viendra, et fera perir ces vignerons-là, et baillera la vigne à d'autres. Ce qu'ayans ouï, ils dirent, Ainsi n'advienne. Alors il les regarda, et dit, Que veut donc dire ce qui est écrit: La pierre que les edifians ont rejettée, est devenuë la maistresse pierre du coin. Quiconque cherra sur cette pierre-là, sera froissé: et elle brisera celui sur lequel elle cherra. Alors les principaux Sacrificateurs et les Scribes, en ce mesme instant tascherent à mettre les mains sur lui: (mais ils craignirent le peuple) car ils connurent bien qu'il avoit dit cette similitude contr'eux. Et [l]'espians, ils envoyerent des gens attitrez, qui contrefaisoyent les gens de bien, pour le surprendre en paroles, afin de le livrer à la seigneurie et à la puissance du Gouverneur. Lesquels l'interrogerent disans, Maistre, nous sçavons que tu dis et que tu enseignes droitement, et ne regardes point à l'apparence des personnes, mais enseignes la voye de Dieu en verité. Nous est-il permis de payer le tribut à Cesar, ou non? Mais lui ayant apperceu leur ruse, leur dit, Pourquoi me tentez-vous? Montrez-moi un denier: De qui a-t'il l'image et l'inscription? Eux respondans, dirent, De Cesar. Et il leur dit, Rendez donc à Cesar les choses qui sont à Cesar, et à Dieu les choses qui sont à Dieu. Ainsi ils ne peurent trouver à redire en sa parole devant le peuple: mais tout estonnez de sa response ils se teurent. Alors quelques-uns d'entre les Sadduciens (qui nient formellement la resurrection) s'approcherent, et l'interrogerent, Disans, Maistre, Moyse nous a laissé par écrit, Si le frere de quelqu'un est mort ayant une femme, et qu'il soit mort sans enfans: que son frere prenne la femme d'icelui, et qu'il susscite lignée à son frere. Or il y eut sept freres, dont le premier prit une femme, et mourut sans enfans. Et le second la prit, et mourut aussi sans enfans. Puis le troisiéme la prit, et semblablement tous les sept, et moururent sans avoir laissé d'enfans. Et apres tous, la femme aussi mourut. Duquel d'eux donc sera-t'elle femme en la resurrection? car les sept l'ont euë à femme. Et Jesus respondant, leur dit, Les enfans de ce siecle-ci prennent et sont pris en mariage. Mais ceux qui seront faits dignes d'obtenir ce siecle-là, et la resurrection des morts, ne prendront ni ne seront pris en mariage. Car ils ne pourront plus mourir dautant qu'ils seront pareils aux Anges, et seront les fils de Dieu, estans fils de la resurrection. Or qu'il soit ainsi que les morts ressuscitent, Moyse mesme l'a montré auprés du buisson, quand il appelle le Seigneur, le Dieu d'Abraham, et le Dieu d'Isaac, et le Dieu de Jacob. Or il n'est point le Dieu des morts, mais des vivans: car tous vivent à lui. Et quelques-uns d'entre les Scribes respondans, dirent, Maistre, tu as bien dit. Or ils ne l'osoyent plus interroger de rien. Mais il leur dit, Comment dit-on que le Christ est Fils de David? Veu que David mesme dit au livre des Pseaumes, Le Seigneur a dit à mon Seigneur, Sieds-toi à ma dextre, Jusqu'à ce que j'aye mis tes ennemis pour le marche-pied de tes pieds: David donc l'appelle Seigneur, et comment est-il son fils? Et comme tout le peuple escoutoit, il dit à ses disciples, Donnez-vous garde des Scribes, qui se promenent volontiers en robbes longues, et qui aiment les salutations és marchez, et les premieres seances és Synagogues, et les premieres places és banquets: Lesquels mangent entierement les maisons des veuves, voire en faisant semblant de prier beaucoup: ils en recevront une plus grande condamnation. Et comme il regardoit, il vid les riches qui mettoyent leurs dons au tronc. Il vid aussi une pauvre veuve qui y mettoit deux pites. Dont il dit, Je vous dis pour vrai, que cette pauvre veuve a plus mis que tous [les autres]. Car tous ceux-ci ont mis aux offrandes de Dieu, de ce qui leur abonde: mais celle-ci y a mis de sa disette tout le vivre qu'elle avoit. Et comme quelques-uns disoyent du temple, qu'il estoit orné de belles pierres et de dons, il dit, Est-ce cela que vous regardez: Les jours viendront esquels il ne sera laissé pierre sur pierre qui ne soit démolie. Alors ils l'interrogerent, disans, Maistre, quand sera-ce donc que ces choses adviendront? et quel signe [y aura-t'il] quand ces choses devront advenir? Et il dit, Prenez garde que vous ne soyez seduits: car plusieurs viendront en mon Nom, disans, C'est moi [qui suis le Christ], et le temps approche: n'allez donc point apres eux. Et quand vous orrez des guerres et des seditions, ne vous épouvantez point: car il faut que ces choses adviennent premierement, mais la fin ne [sera] point incontinent. Alors il leur dit, Nation s'élevera contre nation, et royaume contre royaume. Et il y aura de grands tremblemens de terre en tous lieux, et des famines, et des pestilences: et il y aura des épouvantemens, et de grands signes du ciel. Mais devant toutes ces choses, ils mettront les mains sur vous, et [vous] persecuteront, [vous] livrant aux Synagogues, et aux prisons: et vous tireront devant les Rois et les Gouverneurs, pour l'amour de mon Nom. Et cela vous servira pour tesmoignage. Mettez donc en vos coeurs de ne premediter point comment vous aurez à respondre. Car je vous donnerai une bouche et une sapience, à laquelle tous ceux qui vous seront contraires ne pourront contredire ni resister. Aussi vous serez livrez de peres et de meres, et de freres, et de parens, et d'amis: et ils feront mourir d'entre vous. Et vous serez haïs de tous pour l'amour de mon Nom. Mais un cheveu de vostre teste ne sera point perdu. Possedez vos ames par vostre patience. Et quand vous verrez Jerusalem estre environnée d'armées, sçachez alors que sa desolation est prochaine. Alors que ceux qui sont en Judée, s'enfuyent aux montagnes: et que ceux qui sont au milieu d'elle, se retirent: et que ceux qui sont aux champs, n'entrent point en elle. Car ce seront là les jours de vengeance, afin que toutes les choses qui sont écrites soyent accomplies. Or Mal-heur sur celles qui seront enceintes, et sur celles qui allaiteront en ces jours-là: car il y aura une grande extremité sur le païs, et ire en ce peuple. Et ils tomberont au trenchant de l'espée, et seront menez captifs en toutes nations: et Jerusalem sera foulée par les nations, jusqu'à ce que les temps des nations soyent accomplis. Davantage il y aura des signes au Soleil et en la Lune, et és estoiles, et détresse aux nations, tellement qu'on ne sçaura que devenir sur la terre, la mer bruyant et les ondes. De sorte que les hommes seront comme rendans l'ame de peur, et à cause de l'attente des choses qui surviendront au monde universel: Car les vertus de cieux seront ébranlées. Et alors on verra le Fils de l'homme venir en une nuée avec puissance et grande gloire. Or quand ces choses commenceront à advenir: dressez-vous en haut, et levez vos testes, dautant que vostre delivrance approche. Et il leur dit une similitude; Voyez le figuier, et tous les arbres: Quand déja ils poussent, vous connoissez de vous-mesmes en regardant, que l'esté est déja prés. Vous aussi pareillement, quand vous verrez que ces choses adviendront, sçachez que le regne de Dieu est prés. En verité je vous dis, que cet âge ne passera point, jusqu'à ce que toutes ces choses adviennent. Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point. Prenez donc garde à vous mesmes, que d'aventure vos coeurs ne soyent accablez par la gourmandise et l'yvrognerie, et par les soucis de cette vie: et que ce jour-là ne vous surprenne subitement. Car il surprendra comme un laqs tous ceux qui habitent sur le dessus de toute la terre. Veillez donc, prians en tout temps, afin que vous soyez faits dignes d'éviter toutes ces choses qui doivent advenir, et que vous puissiez subsister devant le Fils de l'homme. Or il estoit de jour enseignant au temple: et sortant il demeuroit la nuit en la montagne qui est appellée des Oliviers. Et dés le poinct du jour, tout le peuple venoit vers lui au temple, pour l'ouïr. Or la feste des pains sans levain, qu'on appelle Pasque, approchoit. Et les principaux Sacrificateurs et les Scribes cherchoyent comment ils le pourroyent mettre à mort: car ils craignoyent le peuple. Mais Satan entra en Judas, surnommé Iscarioth, qui estoit du nombre des douze. Lequel s'en alla, et parla avec les principaux Sacrificateurs et les capitaines, comment il le leur livreroit. Dont ils furent joyeux, et accorderent de lui bailler de l'argent. Et il en convint [avec eux], et cherchoit le temps propre pour le leur livrer sans émeute. Or le jour des pains sans levain arriva, auquel il faloit sacrifier l'agneau de Pasque. Et [Jesus] envoya Pierre et Jean, disant, Allez, et nous apprestez l'agneau de Pasque, afin que nous le mangions. Et ils lui dirent, Où veux-tu que nous l'apprestions? Et il leur dit, Voici, quand vous serez entrez dans la ville, vous rencontrerez un homme portant une cruche d'eau, suivez-le en la maison où il entrera. Et dites au maistre de la maison, Le Maistre t'envoye dire, Où est le logis où je mangerai l'agneau de Pasque avec mes disciples? Et il vous montrera une grande chambre haute, parée: apprestez-là [l'agneau de Pasque]. Alors ils s'en allerent, et trouverent selon qu'il leur avoit dit, et appresterent l'agneau de Pasque. Quand donc l'heure fut venuë, il se mit à table, et les douze Apostres avec lui. Alors il leur dit, J'ai grandement desiré de manger cet agneau de Pasque avec vous, avant que je souffre. Car je vous dis, que je n'en mangerai plus jusques à ce qu'il soit accompli au royaume de Dieu. Et il prit la coupe, et rendit graces, et dit, Prenez-la, et la distribuez entre vous. Car je vous dis, que je ne boirai plus du fruict de la vigne, jusques à ce que le regne de Dieu soit venu. Puis prenant le pain, et ayant rendu graces, il le rompit, et le leur bailla, disant, Ceci est mon corps, lequel est donné pour vous: faites ceci en commemoration de moi. Semblablement aussi [il leur bailla] la coupe apres le souper, disant, Cette coupe [est] le nouveau Testament en mon sang, qui est respandu pour vous. Toutefois voici, la main de celui qui me trahit, [est] avec moi à table. Et certes le Fils de l'homme s'en va, selon qu'il est determiné: toutefois mal-heur à cet homme-là, par qui il est trahi. Alors ils se prirent à s'entredemander l'un à l'autre, assavoir qui seroit celui d'entr'eux à qui il adviendroit de commettre cela. Il advint aussi une contention entr'eux, lequel d'entr'eux seroit estimé le plus grand. Mais il leur dit, Les rois des nations les maistrisent: et ceux qui usent d'authorité sur elles, sont nommez bienfaiteurs. Mais il n'en sera point ainsi de vous: ains le plus grand d'entre vous soit comme le moindre: et celui qui gouverne, comme celui qui sert. Car lequel est le plus grand, celui qui est à table, ou celui qui sert? n'est-ce point celui qui est à table? or je suis au milieu de vous comme celui qui sert. Or vous estes ceux qui avez perseveré avec moi en mes tentations. Partant je vous dispose le royaume, comme mon Pere me l'a disposé. Afin que vous mangiez et beuviez à ma table en mon royaume, et que vous soyez assis sur des trônes, jugeans les douze lignées d'Israël. Aussi le Seigneur dit, Simon, Simon, voici, Satan a demandé instamment à vous cribler comme le blé. Mais j'ai prié pour toi, que ta foi ne defaille point: toi donc, quand quelque jour tu seras converti, confirme tes freres. Et il lui dit, Seigneur, je suis tout prest d'aller avec toi, et en prison, et à la mort. Mais Jesus dit, Pierre, je te dis, que le coq ne chantera point aujourd'hui, que premierement tu ne renies par trois fois de m'avoir connu. Puis il leur dit, Quand je vous ai envoyez sans bourse, sans malette, et sans souliers, avez-vous eu faute de quelque chose? Et ils [respon]dirent, De rien. Et il leur dit, Mais maintenant, qui a une bourse la prenne, et qui a une malette semblablement: et qui n'en a point, vende sa robbe, et achete une espée. Car je vous dis, qu'il faut que ceci aussi qui est écrit, soit accompli en moi, assavoir, Et il a esté mis au rang des iniques. Car certainement les choses qui sont dites de moi, s'en vont estre accomplies. Et ils dirent, Seigneur, voici deux espées. Et il leur dit, C'est assez. Puis il partit, et s'en alla, selon sa coustume, au mont des Oliviers: et ses disciples aussi le suivirent. Et quand il fut venu au lieu, il leur dit, Priez que vous n'entriez en tentation. Alors il se retira loin d'eux environ un ject de pierre, et s'agenoüillant prioit. Disant, Pere, si tu voulois transporter cette coupe arriere de moi: toutefois que ma volonté ne soit point faite, mais la tienne. Et un Ange s'apparut du ciel à lui, le fortifiant. Et lui estant en agonie, prioit plus instamment: et sa suëur devint comme des grumeaux de sang découlans en terre. Puis s'estant levé de sa priere, il vint vers ses disciples, lesquels il trouva dormans de tristesse: Et il leur dit, Pourquoi dormez-vous? levez-vous, et priez, que vous n'entriez en tentation. Et comme il parloit encore, voici une troupe: et celui qui se nommoit Judas, l'un des douze, vint devant eux, et s'approcha de Jesus pour le baiser. Mais Jesus lui dit, Judas, trahis-tu le Fils de l'homme par un baiser? Alors ceux qui estoyent autour de lui, voyans ce qui s'en alloit advenir, lui dirent, Seigneur, fraperons-nous de l'espée? Et un certain d'entr'eux frappa le serviteur du souverain Sacrificateur, et lui emporta l'oreille droite. Mais Jesus prenant la parole, dit, Laissez [les faire] jusques ici. Et ayant touché l'oreille d'icelui, il le guerit. Puis Jesus dit aux principaux Sacrificateurs, et aux Capitaines du temple, et aux Anciens qui estoyent venus contre lui, Estes-vous sortis comme apres un brigand avec des espées et des bastons? Bien que j'aye estéjournellement au temple avec vous, vous n'avez point estendu les mains sur moi: mais c'est ici vostre heure et la puissance des tenebres. Alors ils l'empoignerent, et l'emmenerent, et le firent entrer en la maison du souverain Sacrificateur. Or Pierre suivoit de loin. Et ayans allumé du feu au milieu de la court, et s'estans assis ensemble, Pierre aussi s'assit au milieu d'eux. Et une servante le voyant assis aupres du feu, et ayant l'oeil fiché sur lui, dit, Celui-ci aussi estoit avec lui. Mais il le renia, disant, Femme, je ne le connois point. Et un peu apres un autre le voyant, dit, Tu es aussi de ceux-là. Mais Pierre dit, O homme! je n'en suis point. Et environ l'espace d'une heure apres, quelque autre affirmoit, Pour vrai celui-ci aussi estoit avec lui: car il est Galiléen. Et Pierre dit, O homme! je ne sçai ce que tu dis. Et à l'instant, comme il parloit encore, le coq chanta. Et le Seigneur se retournant, regarda Pierre: et Pierre se ramenteut la parole du Seigneur, comme il avoit dit, Devant que le coq chante, tu me renieras par trois fois. Alors Pierre estant sorti dehors, pleura amerement. Or ceux qui tenoyent Jesus, se mocquoyent de lui, et le frapoyent. Et l'ayans bandé, lui donnoyent des coups sur le visage: et l'interrogeoient, disans, Prophetize, qui est celui qui t'a frapé? Et disoyent plusieurs autres choses contre lui, en l'outrageant de paroles. Quand le jour fut venu, les Anciens du peuple, et les principaux Sacrificateurs, et les Scribes s'assemblerent, et l'emmenerent dans le conseil. Et ils [lui] dirent, Si tu es le Christ, di le nous. Et il leur [respon]dit, Si je vous [le] dis, vous ne le croirez point. Que si aussi je vous interroge, vous ne me respondrez point, et ne me laisserez point aller. Desormais le Fils de l'homme sera assis à la dextre de la vertu de Dieu. Alors ils dirent tous, Es-tu donc le Fils de Dieu? Il leur dit, Vous [le] dites vous-mesmes, que je le suis. Alors ils dirent, Qu'avons-nous besoin encore de tesmoignage? car nous-mesmes l'avons ouï de sa bouche. Puis apres il se leverent tous, et le menerent à Pilate. Et ils se prirent à l'accuser, disans, Nous avons trouvé celui-ci subvertissant la nation, et defendant de bailler le tribut à Cesar, et se disant estre le Christ, le Roi. Alors Pilate l'interrogea, disant, Es-tu le Roi des Juifs? Lui respondant dit, Tu le dis. Et Pilate dit aux principaux Sacrificateurs et aux troupes, Je ne trouve aucun crime en cet homme-ici. Mais ils s'efforçoyent tant plus, disans, Il esmeut le peuple, enseignant par toute la Judée, ayant commencé depuis la Galilée jusques ici. Quand Pilate ouït parler de Galilée, il demanda, si le personnage estoit Galiléen. Et ayant entendu qu'il estoit de la jurisdiction d'Herode, il le renvoya vers Herode: lequel aussi en ces jours-là estoit à Jerusalem. Et quand Herode vid Jesus, il en fut fort joyeux: car il y avoit long-temps qu'il desiroit de le voir, à cause qu'il oyoit dire plusieurs choses de lui: et il esperoit qu'il lui verroit faire quelque signe. Or il l'interrogea par divers propos: mais il ne lui respondoit rien. Et les principaux Sacrificateurs et les Scribes comparurent là, l'accusans avec grande vehemence. Mais Herode avec ses gens, l'ayant mesprisé, et s'estant mocqué de lui, apres qu'il l'eut revestu d'un vestement blanc, le renvoya à Pilate. Et en ce mesme jour Pilate et Herode devinrent amis entr'eux: car auparavant ils estoyent en inimitié entr'eux. Alors Pilate ayant appellé les principaux Sacrificateurs, et les Gouverneurs, et le peuple, leur dit, Vous m'avez presenté cet homme comme subvertissant le peuple: et voici, l'en ayant fait respondre devant vous, je n'ai trouvé en cet homme aucun crime de ceux desquels vous l'accusez: Ni mesme Herode: car je vous ai renvoyez vers lui, et voici, rien ne lui a esté fait [qui emporte qu'il soit] digne de mort. Quand donc je l'aurai chastié, je le relascherai. Or il faloit qu'il leur relaschast quelqu'un à la feste. Dont toutes les troupes s'escrierent ensemble, disant, Oste nous celui-ci, et nous relasche Barrabas. Lequel avoit esté mis en prison, pour quelque sedition faite en la ville avec meurtre. Derechef donc Pilate parla [à eux], voulant relascher Jesus. Mais ils s'escrioyent, disans, Crucifie, crucifie-le. Et pour la troisiéme fois, il leur dit, Mais quel mal a fait celui-ci? je ne trouve en lui aucun [crime] digne de mort: l'ayant donc fait foüetter, je le relascherai. Mais ils rechargeoyent à grands cris, demandans qu'il fust crucifié: et leurs cris et ceux des principaux Sacrificateurs se renforçoyent. Alors Pilate prononça là-dessus, que ce qu'ils demandoyent fust fait. Et il leur relascha celui qui pour sedition et pour meurtre avoit esté mis en prison, et lequel ils demandoyent: et abandonna Jesus à leur volonté. Et comme ils le menoyent, ils prirent un certain Simon Cyrenien, qui venoit des champs, et lui chargerent la croix pour la porter apres Jesus. Et une grande multitude de peuple et de femmes le suivoyent, lesquelles se frappoyent la poitrine, et le pleuroyent. Mais Jesus se retournant vers elles, dit, Filles de Jerusalem, ne pleurez point sur moi, mais pleurez sur vous-mesmes, et sur vos enfans. Car voici, les jours viendront esquels on dira, Bien-heureuses [sont] les steriles, et les ventres qui n'ont point enfanté, et les mammelles qui n'ont point allaitté. Alors ils se prendront à dire aux montagnes, Tombez sur nous: et aux costaux, Couvrez- nous. Car s'ils font ces choses au bois verd, que sera-t'il fait au bois sec? Deux autres aussi qui estoyent mal-faiteurs, furent menez pour les faire mourir avec lui. Estans donc venus au lieu qui est appellé le Test, ils le crucifierent là, et les mal-faiteurs: l'un à la droite, et l'autre à la gauche. Mais Jesus disoit, Pere, pardonne leur: car ils ne sçavent ce qu'ils font. Puis faisant le partage de ses habillemens, ils jetterent le sort. Et le peuple se tenoit là regardant. Pareillement les Gouverneurs se mocquoyent de lui avec eux, disans, Il a sauvé les autres, qu'il se sauve soi-mesme, s'il est le Christ, l'éleu de Dieu. Les soldats aussi se mocquoyent de lui, s'approchans, et lui presentans du vinaigre, Et disans, Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-mesme. Or il y avoit un escriteau sur lui en lettres Grecques, et Romaines, et Hebraïques, [en ces mots], CELUI-CI EST LE ROI DES JUIFS. Et un des mal-faiteurs qui estoyent pendus, l'outrageoit, disant, Si tu es le Christ, sauve-toi toi-mesme, et nous. Mais l'autre respondant le tançoit, disant, Au moins ne crains-tu point Dieu, veu que tu es en la mesme condamnation? Et quant à nous, [nous y sommes] justement: car nous recevons des choses dignes de nos forfaits: mais celui-ci n'a rien fait qui ne se deust faire. Puis il disoit à Jesus, Seigneur, souvien-toi de moi quand tu viendras en ton regne. Alors Jesus lui dit, En verité je te dis, [qu']aujourd'hui tu seras avec moi en Paradis. Or il estoit environ six heures, et il se fit des tenebres par tout le païs jusques à neuf heures. Et le soleil fut obscurci, et le voile du temple se fendit par le milieu. Alors Jesus criant à haute voix dit, Pere, je remets mon esprit entre tes mains. Et ayant dit cela, il rendit l'esprit. Or le Centenier voyant ce qui estoit advenu, glorifia Dieu, disant, Pour vrai cet homme-ci estoit juste. Et toutes les troupes qui s'estoyent assemblées à ce spectacle, voyant les choses qui estoyent advenuës, s'en retournoyent frapans leurs poitrines. Or tous ceux de sa connoissance se tenoyent loin, et les femmes qui ensemble l'avoyent suivi de Galilée, regardans ces choses. Et voici une personnage appellé Joseph, [qui estoit] conseiller, homme de bien et juste: Lequel n'avoit point consenti à leur conseil, ni à leur acte, [et estoit] d'Arimathée ville des Juifs, qui aussi attendoit le regne de Dieu. Lui estant venu vers Pilate, demanda le corps de Jesus. Et l'ayant descendu [de la croix], il l'enveloppa en un linceul, et le mit en un sepulcre taillé dans le roc, auquel personne n'avoit encore esté mis. Or c'estoit le jour de la preparation, et le jour du Sabbat commençoit à venir. Et les femmes aussi qui estoyent venuës avec lui de Galilée, ayant suivi [Joseph], regarderent le sepulcre, et comment le corps d'icelui seroit mis. Puis estant retournées, elles preparerent des senteurs et des onguens: et le jour du Sabbat elles se reposerent selon le commandement. Mais le premier [jour] de la semaine, estant [encore] fort matin, elles vinrent au sepulcre, apportans les senteurs qu'elles avoyent preparées: et quelques autres [qui estoyent] avec elles. Or elles trouverent la pierre roulée de devant le sepulcre. Et estant entrées, elles ne trouverent point le corps du Seigneur Jesus. Et il advint que comme elles estoyent en grande perplexité touchant cela, voici, deux personnages survinrent vers elles en vestemens reluisans comme un esclair. Et comme elles estoyent tout espouvantées, et baissoyent la face en terre, ils leur dirent, Pourquoi cherchez-vous entre les morts celui qui est vivant? Il n'est point ici, mais il est ressuscité. Qu'il vous souvienne comme il parla à vous, quand il estoit encore en Galilée. Disant, qu'il faloit que le Fils de l'homme fust livré entre les mains des mal-vivans, et qu'il fust crucifié: et qu'il ressuscitast au troisiéme jour. Elles eurent souvenance des paroles d'icelui. Et estans retournées de devers le sepulcre, elles annoncerent toutes ces choses aux onze [disciples], et à tous les autres. C'estoit Marie Magdelaine, et Jeanne, et Marie [mere] de Jaques, et les autres [qui estoyent] avec elles, lesquelles dirent ces choses aux Apostres. Mais les paroles d'icelles leur semblerent comme des resveries, et ils ne les creurent point. Toutefois Pierre s'estant levé, courut au sepulcre: et s'estant courbé pour regarder, vid seulement les linceuls mis à part: puis il partit, s'esmerveillant en soi-mesme de ce qui estoit advenu. Or voici, deux d'entr'eux estoyent en chemin en ce mesme jour, pour aller en une bourgade nommée Emmaüs, laquelle estoit loin de Jerusalem environ soixante stades: Lesquels devisoyent entr'eux de toutes ces choses qui estoyent advenuës. Et il advint comme ils [en] devisoyent et [en] conferoyent entr'eux, que Jesus aussi lui-mesme s'estant approché se mit à cheminer avec eux. Mais leurs yeux estoyent retenus, afin qu'ils ne le peussent reconnoistre. Et il leur dit, Quels sont ces discours que vous tenez entre vous en cheminant? et [pourquoi] estes-vous tout tristes? Alors l'un d'eux, qui avoit nom Cleopas, respondit, et lui dit, Es-tu seul estranger à Jerusalem, qui ne sçaches point les choses qui y sont advenuës ces jours-ici? Et il leur dit, Quelles? Ils [respon]dirent, Touchant Jesus le Nazarien, qui à esté homme Prophete, puissant en oeuvres et en paroles devant Dieu et tout le peuple. Et comment les principaux Sacrificateurs, et nos Gouverneurs l'ont livré en condamnation de mort, et l'ont crucifié. Or nous esperions que ce fust celui qui devoit delivrer Israël, et encore avec tout cela, c'est aujourd'hui le troisiéme jour que ces choses-là sont advenuës. Mais aussi quelques femmes des nostres nous ont grandement estonnez, qui ont esté de grand matin au sepulcre: Et n'ayant point trouvé son corps, sont venuës, disant, que mesmes elles avoyent veu une vision d'Anges, lesquels disoyent qu'il est vivant. Dont aucuns des nostres sont allez au sepulcre, et ont trouvé ainsi que les femmes avoyent dit: mais [quant à lui] ils ne l'ont point veu. Alors il leur dit, O gens despourveus de sens, et tardifs de coeur à croire à toutes les choses que les Prophetes ont prononcées! Ne faloit-t'il pas que le Christ souffrist ces choses, et qu'[ainsi] il entrast en sa gloire? Puis commençant par Moyse, et [suivant] par tous les Prophetes, il leur declaroit en toutes les Ecritures les choses qui [estoyent] de lui. Et ils s'approcherent de la bourgade où ils alloyent: mais lui faisoit semblant d'aller plus loin. Mais ils le forcerent, disans, Demeure avec nous: car le soir commence à venir, et le jour est déja decliné. Il entra donc pour demeurer avec eux. Et il advint que comme il estoit à table avec eux, il prit le pain, et rendit graces, puis l'ayant rompu, le leur distribua. Alors leurs yeux furent ouverts, tellement qu'ils le reconnurent: mais il se disparut de devant eux. Alors ils dirent entr'eux, Nostre coeur ne brusloit-il pas dedans nous, quand il parloit à nous par le chemin, et nous declaroit les Ecritures? Et se levans au mesme instant, ils retournerent à Jerusalem, où ils trouverent les onze assemblez, et ceux qui [estoyent] avec eux: Qui disoyent, Le Seigneur est vrayement ressuscité, et s'est apparu à Simon. Dont ceux-ci aussi reciterent les choses [qui leur estoyent advenuës] en chemin, et comme il avoit esté reconnu d'eux en rompant le pain. Et comme ils tenoyent ces propos, Jesus lui-mesme se presenta au milieu d'eux, et leur dit, Paix [soit] avec vous. Mais [eux] tout troublez et épouvantez, pensoyent voir un esprit. Dont il leur dit, Pourquoi estes-vous troublez, et [pourquoi] monte-t'il des pensées en vos coeurs? Voyez mes mains et mes pieds, car je suis moi-mesme: tastez-moi, et voyez: car un esprit n'a ni chair ni os, comme vous voyez que j'ai. Quand il eut dit ces choses, il leur montra ses mains, et ses pieds. Mais comme encore de joye ils ne croioyent point, et s'estonnoyent, il leur dit, Avez-vous ici quelque chose à manger? Et ils lui presenterent une piece de poisson rosti, et d'un rayon de miel. Et l'ayant pris, il [en] mangea devant eux. Puis il leur dit, Ce sont ici les discours que je vous tenois, quand j'estois encore avec vous, qu'il faloit que toutes les choses qui sont écrites de moi en la Loi de Moyse, et és Prophetes, et és Pseaumes, fussent accomplies. Alors il leur ouvrit l'entendement pour entendre les Ecritures: Et leur dit, Il est ainsi écrit, et ainsi faloit-il que le Christ souffrist, et ressuscitast des morts au troisiéme jour: Et qu'on preschast en son Nom la repentance et la remission des pechez, par toutes les Nations, en commençant depuis Jerusalem. Or vous estes tesmoins de ces choses, et voici, je m'en vais envoyer la promesse de mon Pere sur vous. Vous donc demeurez en la ville de Jerusalem, jusques à ce que vous soyez revestus de la vertu d'en haut. Apres il les mena dehors jusques à Bethanie, puis élevant ses mains en haut, il les benit. Et il advint qu'en les benissant, il se retira d'avec eux, et fut élevé au ciel. Et eux l'ayant adoré, s'en retournerent à Jerusalem avec grande joye. Et estoyent toûjours au temple, loüans et benissans Dieu. Amen.
Au commencement estoit la Parole, et la Parole estoit avec Dieu: et cette Parole estoit Dieu. Elle estoit au commencement avec Dieu. Toutes choses ont esté faites par elle: et sans elle rien de ce qui a esté fait, n'a esté fait. En elle estoit la vie, et la vie estoit la lumiere des hommes. Et la lumiere luit és tenebres, et les tenebres ne l'ont point comprise. Il y eut un homme envoyé de Dieu, qui avoit nom Jean. Il vint pour [porter] tesmoignage, à ce qu'il rendist tesmoignage de la lumiere, afin que tous creussent par lui. Il n'estoit pas cette Lumiere-là, mais il [estoit envoyé] pour tesmoigner de la Lumiere. Elle estoit la Lumiere veritable, qui illumine tout homme venant au monde. Elle estoit au monde, et le monde a esté fait par elle: mais le monde ne l'a point connuë. Il est venu chez soi: et les siens ne l'ont point receu. Mais à tous ceux qui l'ont receu, il leur a donné ce droit d'estre faits enfans de Dieu, [assavoir] à ceux qui croyent en son Nom: Lesquels ne sont point nez de sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l'homme: mais ils sont nez de Dieu. Et cette Parole a esté faite chair: et a habité entre nous (et nous avons contemplé sa gloire, voire une gloire comme de l'Unique [issu] du Pere) pleine de grace et de verité. Jean a rendu tesmoignage de lui, et a crié, disant, Celui-ci est celui duquel je disois, Celui qui vient apres moi est preferé à moi, car il estoit premier que moi. Et de sa plenitude nous avons tous receu, et grace pour grace. Car la Loi a esté donnée par Moyse: la grace et la verité est advenuë par Jesus-Christ. Nul ne vid jamais Dieu: le Fils unique qui est au sein du Pere, lui-mesme l'a declaré. C'est donc ici le témoignage de Jean, lors que les Juifs envoyerent de Jerusalem des Sacrificateurs et des Levites, pour l'interroger, [disans], Toi, qui es-tu? Et il l'advoüa, et ne le nia point: voire il l'advoüa, [disant], Ce n'est pas moi qui suis le Christ. Alors ils l'interrogerent, Qui [es-tu] donc? Es-tu Elie? Et il dit, Je ne le suis point. Es-tu le Prophete? Et il respondit, Non. Ils lui dirent donc, Qui es-tu? afin que nous donnions response à ceux qui nous ont envoyez? que dis-tu de toi-mesme? Il dit, Je suis la voix de celui qui crie au desert, Applanissez le chemin du Seigneur, ainsi qu'a dit Esaïe le Prophete. Or ceux qui avoyent esté envoyez [vers lui] estoyent d'entre les Pharisiens. Et ils l'interrogerent, et lui dirent, Pourquoi donc baptizes-tu, si tu n'es point le Christ, ni Elie, ni le Prophete? Jean leur respondit, disant, Je baptize d'eau, quant à moi: mais il y en a un au milieu de vous que vous ne connoissez point: C'est celui qui vient apres moi, qui est preferé à moi, duquel je ne suis pas digne de délier la courroye du soulier. Ces choses advinrent à Bethabara, outre le Jordain, là où Jean baptizoit. Le lendemain Jean vid Jesus venir à lui, et dit, Voici l'Agneau de Dieu, qui oste le peché du monde. C'est celui-ci duquel je disois, Apres moi vient un personnage qui est preferé à moi: car il estoit premier que moi. Et de moi, je ne le connoissois point: mais afin qu'il soit manifesté à Israël, pour cela je suis venu baptizer d'eau. Voire Jean en rendit tesmoignage, disant, J'ai veu l'Esprit descendant du ciel comme une colombe, qui aussi est demeuré sur lui. Et de moi, je ne le connoissois point: mais celui qui m'a envoyé baptizer d'eau, m'avoit dit, Celui sur lequel tu verras l'Esprit descendre, et demeurer sur lui, c'est celui qui baptize du S. Esprit Et je l'ai veu, et j'ai rendu tesmoignage, Que c'est lui qui est le Fils de Dieu. Le lendemain derechef Jean s'arresta, et deux de ses disciples: Et regardant Jesus qui cheminoit, il dit, Voila l'Agneau de Dieu. Et les deux disciples l'ouïrent tenant ce discours, dont ils suivirent Jesus. Alors Jesus se retourna, et voyant qu'ils le suivoyent, leur dit, Que cherchez-vous? Ils lui [respon]dirent, Rabbi, (qui vaut autant à dire que Maistre) où demeures-tu? Il leur dit, Venez, et [le] voyez. Ils y allerent, et virent où il demeuroit: et demeurerent avec lui ce jour-là: car il estoit environ dix heures. Or André, frere de Simon Pierre, estoit l'un des deux qui [en] avoyent ouï parler à Jean, et qui l'avoyent suivi. Celui-ci trouva le premier Simon son frere, et lui dit, Nous avons trouvé le Messie (qui vaut autant à dire que le Christ.) Et il le mena vers Jesus. Jesus ayant jetté la veuë sur lui, dit, Tu es Simon le fils de Jona, tu seras appellé Cephas (qui vaut autant à dire que Pierre.) Le lendemain Jesus voulut aller en Galilée et trouva Philippe, auquel il dit, Sui moi. Or Philippe estoit de Bethsaïda, la ville d'André et de Pierre. Philippe trouva Nathanaël, et lui dit, Nous avons trouvé Jesus qui [est] de Nazareth, fils de Joseph, [qui est celui] duquel Moyse a escrit en la Loi et les Prophetes. Et Nathanaël lui dit, Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth? Philippe lui dit, Vien et voi. Jesus apperceut Nathanaël venir vers lui, et dit de lui, Voici vrayement un Israëlite auquel il n'y a point de fraude. Nathanaël lui dit, D'où me connois-tu? Jesus respondit, et lui dit, Avant que Philippe t'eust appellé quand tu estois sous le figuier, je te voyois. Nathanaël respondit, et lui dit, Maistre, tu es le Fils de Dieu: tu es le Roi d'Israël. Jesus respondit, et lui dit, Parce que je t'ai dit que je te voyois sous le figuier, tu crois: tu verras de plus grandes choses que ceci. Il lui dit aussi, En verité, en verité je vous dis, Desormais vous verrez le ciel ouvert, et les Anges de Dieu montans et descendans sur le Fils de l'homme. Or trois jours apres on faisoit des nopces à Cana de Galilée: et la mere de Jesus estoit là. Et Jesus fut aussi convié aux nopces et ses disciples. Or le vin estant failli, la mere de Jesus lui dit, Ils n'ont point de vin. Mais Jesus lui [respon]dit, Qu'y a-t'il entre moi et toi, femme? mon heure n'est point encore venuë. Sa mere dit aux serviteurs, Faites tout ce qu'il vous dira. Or il y avoit six cruches de pierre, mises selon l'usage de la Purification des Juifs, lesquelles contenoyent chacune deux à trois mesures. Et Jesus leur dit, Emplissez ces cruches d'eau. Et ils les emplirent jusques au haut. Alors il leur dit, Versez[-en] maintenant, et [en] portez au maistre d'hostel. Et ils lui en porterent. Quand le maistre d'hostel eut gousté l'eau qui avoit esté convertie en vin, (Or il ne sçavoit d'où cela venoit, mais les serviteurs qui avoyent puisé l'eau le sçavoyent bien) il appella le marié, Et lui dit, Tout homme sert le bon vin le premier, puis le moindre apres qu'on a beu plus largement: [mais] toi, tu as gardé le bon vin jusques à maintenant. Jesus fit ce commencement de signes à Cana [ville] de Galilée, et manifesta sa gloire: et ses disciples creurent en lui. Apres cela il descendit à Capernaum, lui et sa mere et ses freres, et ses disciples: et ils demeurerent là un bien peu de jours. Car la [solemnité de la] Pasque des Juifs estoit prochaine. Jesus donc monta à Jerusalem. Et trouva au temple des gens qui vendoyent des boeufs, et des brebis, et des pigeons; et les changeurs qui y estoyent assis. Et ayant fait un foüet de cordelettes, il les jetta tous hors du temple, et les brebis, et les boeufs: et respandit la monnoye des changeurs, et renversa les tables: Et dit à ceux qui vendoyent des pigeons, Ostez ces choses d'ici, [et] ne faites point de la maison de mon Pere un lieu de marché. Alors ses disciples se souvinrent qu'il estoit escrit, Le zele de ta maison m'a rongé. Les Juifs donc prenans la parole, lui dirent, Quel signe nous montres-tu, que tu entreprens de faire de telles choses? Jesus respondit, et leur dit, Abbattez ce temple-ci, et en trois jours je le releverai. Les Juifs donc dirent, On a esté quarante-six ans à bastir ce temple, et tu le releveras en trois jours? Mais lui parloit du temple de son corps. C'est pourquoi quand il fut ressuscité des morts, ses disciples se souvinrent qu'il leur avoit dit cela, et creurent à l'Escriture, et à la parole que Jesus avoit dite. Et comme il estoit à Jerusalem à Pasque au [jour de] la feste, plusieurs creurent en son Nom, contemplant les signes qu'il faisoit. Mais Jesus ne se fioit point à eux, parce qu'il les connoissoit tous: Et qu'il ne lui estoit point de besoin qu'aucun lui rendist tesmoignage de l'homme: car lui-mesme sçavoit ce qui estoit en l'homme. Or il y avoit un homme d'entre les Pharisiens, nommé Nicodeme, l'un des principaux d'entre les Juifs. Celui-ci vint de nuict à Jesus, et lui dit, Maistre, nous sçavons que tu es un Docteur venu de Dieu: Car nul ne peut faire ces signes que tu fais, si Dieu n'est avec lui. Jesus respondit, et lui dit, En verité, en verité je te dis, sinon que quelqu'un soit né derechef, il ne peut voir le royaume de Dieu. Nicodeme lui dit, Comment l'homme peut-il naistre, quand il est ancien? peut-il derechef entrer au ventre de sa mere, et naistre? Jesus respondit, En verité, en verité je te dis, sinon que quelqu'un soit né d'eau et d'Esprit, il ne peut entrer au royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair, est chair: et ce qui est né de l'Esprit, est esprit. Ne t'esmerveille point que je t'ai dit, Il vous faut estre nés derechef. Le vent souffle où il veut, et tu en entens le son: mais tu ne sçais d'où il vient, ni où il va? ainsi en prend-il de tout homme qui est né de l'Esprit. Nicodeme respondit, et lui dit, Comment se peuvent faire ces choses? Jesus respondit, et lui dit, Tu es Docteur d'Israël, et tu ne connois point ces choses? En verité, en verité je te dis, Que ce que nous sçavons, nous le disons, et ce que nous avons veu, nous le tesmoignons, mais vous ne recevez point nostre tesmoignage. Si je vous ai dit les choses terriennes, et vous ne les croyez point: comment croirez-vous si je vous dis les choses celestes? Car personne n'est monté au ciel, sinon celui qui est descendu du ciel, [assavoir] le Fils de l'homme qui est au ciel. Or comme Moyse éleva le serpent au desert, ainsi faut-il que le Fils de l'homme soit élevé: Afin que quiconque croit en lui, ne perisse point, mais qu'il ait la vie eternelle. Car Dieu a tellement aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne perisse point, mais qu'il ait la vie eternelle. Car Dieu n'a point envoyé son Fils au monde, pour condamner le monde: mais afin que le monde soit sauvé par lui. Qui croit en lui, ne sera point condamné: mais qui ne croit point est déja condamné: car il n'a point creu au Nom du Fils unique de Dieu. Or voici la condamnation, c'est que la Lumiere est venuë au monde, et les hommes ont mieux aimé les tenebres que la Lumiere: parce que leurs oeuvres sont meschantes. Car quiconque s'addonne à choses meschantes, hait la Lumiere, et ne vient point à la Lumiere, de peur que ses oeuvres ne soyent redargüées. Mais celui qui s'addonne à la verité, vient à la Lumiere, afin que ses oeuvres soyent manifestées, dautant qu'elles sont faites selon Dieu. Apres ces choses, Jesus avec ses disciples vint au territoire de Judée: et demeuroit là avec eux, et baptizoit. Or Jean baptizoit aussi à Enon, prés de Salim, parce qu'il y avoit là beaucoup d'eaux: et on venoit là, et on y estoit baptizé. Car Jean n'avoit point encore esté mis en prison Or il y eut une question meuë des disciples de Jean avec les Juifs, touchant la purification. Donc ils vinrent à Jean; et lui dirent, Maistre, celui qui estoit avec toi outre le Jordain, auquel tu as rendu témoignage: voila, il baptize: et tous viennent à lui. Jean respondit, et dit, L'homme ne peut recevoir chose aucune, sinon qu'il lui soit donné du ciel. Vous-mesmes m'estes tesmoins, comme j'ai dit, Ce n'est pas moi, qui suis le Christ, mais je suis envoyé [pour aller] devant lui. Celui qui a la mariée, est le marié: mais l'ami du marié qui assiste, et qui l'oit, est tout réjouï pour la voix du marié: c'est pourquoi cette mienne joye est accomplie. Il faut qu'il croisse, mais que je sois amoindri. Celui qui est venu d'en haut, est par dessus tous: celui qui est venu de la terre, est de la terre, et parle [comme venu] de la terre: celui qui est venu du ciel, est par dessus tous. Et ce qu'il a veu et ouï, il le témoigne: mais nul ne reçoit son témoignage. Celui qui a receu son témoignage, a seellé que Dieu est veritable. Car [celui] que Dieu a envoyé, annonce les paroles de Dieu: car Dieu ne lui donne point l'esprit par mesure. Le Pere aime le Fils, et lui a donné toutes choses en main. Qui croit au Fils, a la vie eternelle: mais qui desobeït au Fils, ne verra point la vie: ains l'ire de Dieu demeure sur lui. Quand donc le Seigneur eut connu que les Pharisiens avoyent ouï [dire] qu'il faisoit et baptizoit plus de disciples que Jean. (Toutefois Jesus ne baptizoit point lui-mesme, mais ses disciples.) Il laissa la Judée, et s'en alla derechef en Galilée. Or il faloit qu'il traversast par la Samarie. Il vint donc en une ville de Samarie, nommée Sichar, [qui est] prés de la possession que Jacob donna à Joseph son fils. Or il y avoit là une fontaine de Jacob. Jesus donc estant lassé du chemin, se tenoit là ainsi assis sur la fontaine: c'estoit environ les six heures. Une femme Samaritaine vint pour puiser de l'eau, [et] Jesus lui dit, Donne moi à boire. Car ses disciples s'en estoyent allez à la ville pour acheter des vivres. Cette femme Samaritaine donc lui dit, Comment toi qui es Juif, me demandes-tu à boire, à moi qui suis une femme Samaritaine? car les Juifs n'ont point de communication avec les Samaritains. Jesus respondit, et lui dit, Si tu sçavois le don de Dieu, et qui est celui qui te dit, Donne moi à boire, tu lui en eusses demandé [toi-mesme], et il t'eust donné de l'eau vive. La femme lui dit, Seigneur, tu n'as pas avec quoi puiser, et le puits est profond: d'où as-tu donc cette eau vive? Es-tu plus grand que Jacob nostre pere, qui nous a donné le puits, et lui-mesme en a beu, et ses enfans, et son bestail? Jesus respondit, et lui dit, Quiconque boit de cette eau-ci, aura encore soif. Mais qui boira de l'eau que je lui donnerai, n'aura plus jamais soif: mais l'eau que je lui donnerai sera faite en lui une fontaine d'eau saillante en vie eternelle. La femme lui dit, Seigneur, donne moi de cette eau, afin que je n'aye plus de soif, et que je ne vienne plus ici pour [en] puiser. Jesus lui dit, Va t'en [et] appelle ton mari, et t'en vien ici. La femme respondit et lui dit, Je n'ai point de mari. Jesus lui dit, Tu as bien dit, Je n'ai point de mari. Car tu as eu cinq maris, et celui que tu as maintenant, n'est point ton mari: en cela tu as dit la verité. La femme lui dit, Seigneur, je vois que tu es Prophete. Nos peres ont adoré en cette montagne, et vous dites qu'à Jerusalem est le lieu où il faut adorer. Jesus lui dit, Femme, croi moi, que l'heure vient que vous n'adorerez le Pere, ni en cette montagne, ni à Jerusalem. Vous adorez ce que vous ne connoissez point: nous adorons ce que nous connoissons: car le salut est des Juifs. Mais l'heure vient, et est maintenant, que les vrais adorateurs adoreront le Pere en esprit et en verité: car aussi le Pere en demande de tels qui l'adorent. Dieu est esprit: et il faut que ceux qui l'adorent, l'adorent en esprit et en verité. La femme lui [respon]dit, Je sçais que le Messie (qui est appellé Christ) doit venir: quand donc il sera venu, il nous annoncera toutes choses. Jesus lui dit, C'est moi, qui parle à toi. Et sur cela ses disciples vinrent, et s'estonnerent de ce qu'il parloit avec une femme: toutefois nul ne dit, Que demandes-tu? ou, Pourquoi parles-tu avec elle ? La femme donc laissa sa cruche, et s'en alla à la ville, et dit aux gens, Venez, voyez un homme qui m'a dit tout ce que j'ai fait: celui-ci n'est-il point le Christ? Ils sortirent donc de la ville, et vinrent vers lui. Or cependant les disciples le prioyent, disans, Maistre, mange. Mais il leur dit, J'ai à manger d'une viande que vous ne sçavez point. Les disciples donc disoyent entr'eux, Quelqu'un lui auroit-il apporté à manger? Jesus leur dit, Ma viande est que je fasse la volonté de celui qui m'a envoyé, et que j'accomplisse son oeuvre. Ne dites-vous pas qu'il y a encore quatre mois, et la moisson viendra? voici, je vous dis, levez vos yeux, et regardez les contrées: car elles sont déja blanches pour moissonner. Or celui qui moissonne reçoit le salaire, et assemble le fruict en vie eternelle: afin que celui qui seme ait ensemble joye, et celui qui moissonne. Car en cela est ce dire veritable, Que l'un seme, et l'autre moissonne. Je vous ai envoyez moissonner ce en quoi vous n'avez point travaillé: d'autres ont travaillé, et vous estes entrez en leur travail. Or plusieurs des Samaritains de cette ville-là creurent en lui, pour la parole de la femme, laquelle avoit rendu ce témoignage, Il m'a dit tout ce que j'ai fait. Quand donc les Samaritains furent venus vers lui, ils le prierent qu'il demeurast avec eux: et il demeura là deux jours. Et beaucoup plus de gens creurent pour sa parole. Et ils disoyent à la femme, Ce n'est plus pour ta parole que nous croyons: car nous-mesmes l'avons ouï: et sçavons que celui-ci est veritablement le Christ, le Sauveur du monde. Or deux jours apres il partit de là: et s'en alla en Galilée. Car Jesus avoit rendu témoignage qu'un Prophete n'est point honoré en son païs. Quand donc il fut venu en Galilée, les Galiléens le receurent, ayant veu toutes les choses qu'il avoit faites à Jerusalem au jour de la feste: car eux aussi estoyent venus à la feste. Jesus donc vint derechef à Cana [ville] de Galilée, où il avoit converti l'eau en vin. Or il y avoit un seigneur de cour, duquel le fils estoit malade à Capernaum. Celui-là ayant entendu que Jesus estoit venu de Judée en Galilée, s'en alla vers lui, et le pria qu'il descendist, pour guerir son fils: car il s'en alloit mourir. Alors Jesus lui dit, Si vous ne voyez des signes et des miracles, vous ne croyez point. Et ce seigneur de cour lui dit, Seigneur, descen devant que mon fils meure. Jesus lui dit, Va, ton fils vit. Cet homme creut à la parole que Jesus lui avoit dite, et s'en alloit. Et comme déja il descendoit, ses serviteurs lui vinrent au devant, et lui apporterent des nouvelles, disans, Ton fils vit. Alors il leur demanda à quelle heure il s'estoit trouvé mieux. Et ils lui dirent, Hier sur les sept heures la fiévre le laissa. Le pere donc connut que c'estoit à cette [mesme] heure-là que Jesus lui avoit dit, Ton fils vit. Et il creut, et toute sa maison. Jesus fit encore ce second signe, quand il fut venu de Judée en Galilée. Apres ces choses-là il y avoit une feste des Juifs: et Jesus monta à Jerusalem. Or il y a à Jerusalem, en la porte aux brebis, un lavoir qui est appellé en Hebreu Bethesda, ayant cinq porches: Esquels gisoit une grande multitude de malades, aveugles, boiteux, [et gens] qui avoyent les membres secs, attendans le mouvement de l'eau. Car un Ange descendoit en certain temps au lavoir, et troubloit l'eau: et alors le premier qui descendoit au lavoir apres le troublement de l'eau, estoit gueri, de quelque maladie qu'il fust detenu. Or il y avoit là un certain homme qui estoit detenu de maladie depuis trente-huit ans. Jesus le voyant gisant par terre, et connoissant qu'il avoit déja esté longtemps là, lui dit, Veux-tu estre gueri? Le malade lui respondit, Seigneur, je n'ai personne qui me jette au lavoir quand l'eau est troublée: car pendant que j'y viens, un autre y descend avant moi. Jesus lui dit, Leve-toi, charge ton petit lict, et marche. Et incontinent l'homme fut rendu sain, et chargea son petit lict, et marchoit. Or il estoit Sabbat en ce jour-là. Les Juifs donc dirent à celui qui avoit esté rendu sain, Il est Sabbat, il ne t'est point permis de charger ton petit lict. Il leur respondit, Celui qui m'a rendu sain, m'a dit, Charge ton petit lict, et marche. Alors ils lui demanderent, Qui est celui-là qui t'a dit, Charge ton petit lict, et marche? Et celui qui avoit esté gueri ne sçavoit qui c'estoit: car Jesus, s'estoit escoulé du milieu des troupes qui estoyent en ce lieu-là. Depuis, Jesus le trouva au temple, et lui dit, Voici, tu as esté rendu sain, ne peche plus desormais, de peur que pis ne t'advienne. Cet homme s'en alla, et rapporta aux Juifs que c'estoit Jesus qui l'avoit rendu sain. Pour cette cause donc les Juifs poursuivoyent Jesus, et cherchoyent à le faire mourir, dautant qu'il avoit fait ces choses au Sabbat. Mais Jesus leur respondit, Mon Pere travaille jusques à maintenant, et je travaille aussi. Pour cette cause donc les Juifs taschoyent tant plus de le mettre à mort, parce que non seulement il avoit violé le Sabbat, mais aussi qu'il disoit que Dieu estoit son propre Pere, se faisant égal à Dieu. Jesus donc respondit, et leur dit, En verité, en verité je vous dis, que le Fils ne peut rien faire de par soi-mesme, sinon qu'il le voye faire au Pere: car quelque chose qu'il fasse, le Fils le fait semblablement. Car le Pere aime le Fils, et lui demontre toutes les choses qu'il fait: voire lui demontrera de plus grandes oeuvres que celle-ci, afin que vous vous émerveilliez. Car comme le Pere ressuscite les morts et les vivifie, semblablement aussi le Fils vivifie ceux qu'il veut. Car le Pere ne juge personne, mais il a donné tout jugement au Fils: Afin que tous honorent le Fils, comme ils honorent le Pere. Celui qui n'honore point le Fils, n'honore point le Pere qui l'a envoyé. En verité, en verité je vous dis, que celui qui oit ma parole, et croit à celui qui m'a envoyé, a la vie eternelle, et ne viendra point en condamnation, mais il est passé de la mort à la vie. En verité, en verité je vous dis, que l'heure vient, et est déja, que les morts orront la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l'auront ouïe, vivront. Car comme le Pere a vie en soi-mesme, ainsi il a donné au Fils d'avoir vie en soi-mesme. Et il lui a donné puissance d'exercer aussi jugement, entant qu'il est le Fils de l'homme. Ne soyez point estonnez de cela: car l'heure viendra en laquelle tous ceux qui sont és sepulcres orront sa voix. Et sortiront, assavoir ceux qui auront bien fait, en resurrection de vie; mais ceux qui auront mal fait, en resurrection de condamnation. Je ne puis rien faire de par moi-mesme: je juge ainsi que j'ois, et mon jugement est juste: car je ne cherche point ma volonté, mais la volonté du Pere qui m'a envoyé. Si je rens témoignage touchant moi-mesme, mon témoignage n'est point digne de foi. C'est un autre qui rend témoignage de moi, et je sçai que le témoignage qu'il rend de moi est digne de foi. Vous avez envoyé vers Jean, et il a rendu témoignage à la verité. Or je ne cherche point le témoignage des hommes: mais je dis ces choses afin que vous soyez sauvez. Il estoit une chandelle ardente et luisante: et vous avez voulu pour un peu de temps vous éjouïr en sa lumiere. Mais moi j'ai un témoignage plus grand que celui de Jean: car les oeuvres que mon Pere m'a données pour les accomplir, ces oeuvres-là mesmes que je fais témoignent de moi que mon Pere m'a envoyé. Et le Pere qui m'a envoyé, a lui-mesme rendu témoignage de moi. Jamais vous n'ouïstes sa voix, ni ne vistes sa semblance. Et vous n'avez point sa parole demeurante en vous: car vous ne croyez point à celui qu'il a envoyé. Enquerez vous diligemment des Ecritures: car vous estimez avoir par elles la vie eternelle: et ce sont elles qui portent témoignage de moi. Mais vous ne voulez point venir à moi, pour avoir la vie. Je ne cherche point de la gloire par les hommes; Mais je connois bien que vous n'avez point l'amour de Dieu en vous. Je suis venu au nom de mon Pere, et vous ne me recevez point: si un autre vient en son propre nom, vous recevez celui-là. Comment pouvez-vous croire, veu que vous cherchez la gloire l'un de l'autre, et ne cherchez point la gloire qui vient de Dieu seul? Ne pensez point que je vous doive accuser envers mon Pere: Moyse auquel vous avez esperance, est celui qui vous accusera. Car si vous croyïez à Moyse: vous croiriez aussi à moi: veu qu'il a écrit de moi. Mais si vous ne croyez point à ses écrits, comment croirez-vous à mes paroles? Apres ces choses Jesus s'en alla outre la mer de Galilée, qui est de Tiberias. Et de grandes troupes le suivoyent, à cause qu'ils voioyent les signes qu'il faisoit sur ceux qui estoyent malades. Mais Jesus monta en une montagne, et s'assit là avec ses disciples. Or [le jour de] Pasque (qui estoit la feste des Juifs) estoit prochain. Jesus donc ayant levé ses yeux, et voyant que de grandes troupes venoyent à lui, dit à Philippe, D'où acheterons-nous des pains, afin que ceux-ci ayent à manger? (Or il disoit cela pour l'esprouver: car il sçavoit bien ce qu'il devoit faire.) Philippe lui respondit, Pour deux cens deniers de pain ne leur suffiroit pas, à ce que chacun d'eux en prist tant soit peu. Et l'un de ses disciples, [assavoir] André, frere de Simon Pierre, lui dit, Il y a ici un petit garçon qui a cinq pains d'orge et deux poissons: mais qu'est-ce de cela pour tant de gens? Alors Jesus dit, Faites asseoir les gens. (Or il y avoit beaucoup d'herbe en ce lieu-là.) Les gens donc s'assirent, environ au nombre de cinq mille. Et Jesus prit les pains: et apres qu'il eut rendu graces il les distribua aux disciples, et les disciples à ceux qui estoyent assis, et semblablement des poissons autant qu'ils en vouloyent. Et apres qu'ils furent rassasiez, il dit à ses disciples, Amassez les pieces qui sont de reste, afin que rien ne soit perdu. Il les amasserent donc, et emplirent douze corbeilles de pieces des cinq pains d'orge qui estoyent demeurées à ceux qui en avoyent mangé. Or les gens ayant veu le miracle que Jesus avoit fait, disoyent, Celui-ci est veritablement le Prophete qui devoit venir au monde. Donc Jesus ayant connu qu'ils devoyent venir pour le ravir, afin de le faire Roi, se retira derechef tout seul en la montagne. Et quand le soir fut venu, ses disciples descendirent à la mer. Et estant montez en la nasselle, tiroyent outre la mer vers Capernaum: et il faisoit déja obscur, et Jesus n'estoit point venu à eux. Et la mer s'éleva par un grand vent qui souffloit. Apres donc qu'ils eurent ramé environ vingt cinq ou trente stades, ils virent Jesus cheminant sur la mer, et s'approchant de la nasselle: dont ils eurent peur. Mais il leur dit, C'est moi, ne craignez point. Ils le receurent donc volontiers en la nasselle, et incontinent la nasselle prit terre [au lieu] où ils alloyent. Le lendemain les troupes qui estoyent demeurées de l'autre costé de la mer, voyans qu'il n'y avoit point là d'autre nasselle, sinon cette seule, en laquelle estoyent entrés ses disciples: et que Jesus n'estoit point entré avec ses disciples en la nasselle, mais que ses disciples s'en estoyent allez seuls: (Or d'autres nasselles estoyent venuës de Tiberias, prés le lieu où ils avoyent mangé le pain, apres que le Seigneur eut rendu graces.) Les troupes donc voyans que Jesus n'estoit point là, ni ses disciples, eux aussi monterent dans les nasselles, et vinrent à Capernaum, cherchans Jesus. Et l'ayant trouvé outre la mer, ils lui dirent, Maistre, quand es-tu arrivé ici? Jesus leur respondit, et dit, En verité, en verité je vous dis, vous me cherchez, non point parce que vous avez veu des signes, mais parce que vous avez mangé des pains, et avez esté rassasiez. Travaillez, non point apres la viande qui perit, mais apres celle qui est permanente à vie eternelle, laquelle le Fils de l'homme vous donnera. Car le Pere, [assavoir] Dieu, l'a approuvé de son cachet. Ils lui dirent donc, Que ferons-nous pour ouvrer les oeuvres de Dieu? Jesus respondit, et leur dit, C'est ici l'oeuvre de Dieu, que vous croyïez en celui qu'il a envoyé. Alors ils lui dirent, Quel signe donc fais-tu, afin que nous le voyïons, et que nous croyïons à toi? quelle oeuvre fais-tu? Nos peres ont mangé la manne au desert, ainsi qu'il est escrit, Il leur a donné à manger le pain du ciel. Jesus donc leur dit, En verité, en verité je vous dis, ce n'est point Moyse qui vous a donné le pain du ciel: mais mon Pere vous donne le vrai pain du ciel. Car le pain de Dieu c'est celui qui est descendu du ciel, et qui donne la vie au monde. Ils lui dirent donc, Seigneur, donne-nous toûjours ce pain-là. Et Jesus leur dit, Je suis le pain de vie: qui vient à moi, il n'aura point de faim: et qui croit en moi, n'aura jamais soif. Mais je vous ai dit, que vous m'avez veu, et vous ne croyez point. Tout ce que mon Pere me donne, viendra à moi, et je ne jetterai point hors celui qui viendra à moi. Car je suis descendu du ciel, non point pour faire ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé. Et c'est ici la volonté du Pere qui m'a envoyé, que je ne perde rien de tout ce qu'il m'a donné: mais que je le ressuscite au dernier jour. Et c'est ici [aussi] la volonté de celui qui m'a envoyé, que quiconque contemple le Fils, et croit en lui, ait la vie eternelle: et partant je le ressusciterai au dernier jour. Les Juifs donc murmuroyent de lui, parce qu'il avoit dit, Je suis le pain descendu du ciel. Car ils disoyent, N'est-ce pas ici Jesus fils de Joseph, duquel nous connoissons le pere et la mere: comment donc dit celui-ci, Je suis descendu du ciel? Jesus donc respondit, et leur dit, Ne murmurez point entre vous. Nul ne peut venir à moi, si le Pere, qui m'a envoyé, ne le tire: et je le ressusciterai au dernier jour. Il est escrit és Prophetes, Et ils seront enseignez de Dieu. Quiconque donc a ouï du Pere, et a appris, vient à moi. Non point qu'aucun ait veu le Pere, sinon celui qui est de Dieu: celui-là a veu le Pere. En verité, en verité je vous dis, Qui croit en moi a la vie eternelle, Je suis le pain de vie. Vos peres ont mangé la manne au desert, et sont morts. C'est ici le pain qui est descendu du ciel, afin que si quelqu'un en mange il ne meure point. Je suis le pain vivifiant, qui suis descendu du ciel: si quelqu'un mange de ce pain-ci, il vivra eternellement: et le pain que je donnerai c'est ma chair, laquelle je donnerai pour la vie du monde. Les Juifs donc se debattoyent entr'eux, disans, Comment celui-ci nous peut-il donner sa chair à manger? Alors Jesus leur dit, En verité, en verité je vous dis, que si vous ne mangez la chair du Fils de l'homme et ne beuvez son sang, vous n'aurez point de vie en vous-mesmes. Celui qui mange ma chair, et qui boit mon sang, a la vie eternelle: et je le ressusciterai au dernier jour. Car ma chair est vrayement viande, et mon sang est vrayement breuvage. Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang, demeure en moi et moi en lui. Comme le Pere qui est vivant m'a envoyé, et je suis vivant de par le Pere; ainsi celui qui me mangera, vivra aussi de par moi. C'est ici le pain qui est descendu du ciel; non point comme vos peres ont mangé la manne, et sont morts: qui mangera ce pain-ci, vivra eternellement. Il dit ces choses en la Synagogue, enseignant à Capernaum. Plusieurs donc de ses disciples l'ayant ouï, dirent, Cette parole est rude: qui la peut ouïr? Mais Jesus sçachant en soi-mesme que ses disciples murmuroyent de cela, leur dit, Ceci vous scandalize-t'il? [Que sera-ce] donc si vous voyez le Fils de l'homme monter là où il estoit premierement? C'est l'Esprit qui vivifie; la chair ne profite de rien: les paroles que je vous dis, sont esprit et vie. Mais il y en a d'entre vous qui ne croyent point. Car Jesus sçavoit dés le commencement, qui seroyent ceux qui ne croiroyent point, et qui seroit celui qui le trahiroit. Dont il leur dit, Partant je vous ai dit, que nul ne peut venir à moi, s'il ne lui est donné de mon Pere. Dés cette heure-là plusieurs de ses disciples s'en allerent en arriere, et ne cheminoyent plus avec lui. Dont Jesus dit aux douze, Et vous, ne vous en voulez-vous point aussi aller? Simon Pierre donc lui respondit, Seigneur, à qui nous en irons nous? tu as les paroles de vie eternelle: Et nous avons creu, et avons connu que tu es le Fils du Dieu vivant. Jesus leur respondit, Ne vous ai-je pas choisi vous douze, et l'un de vous est diable? Or il disoit cela de Judas Iscariot, [fils] de Simon: car c'estoit celui à qui il devoit arriver de le trahir, bien qu'il fust l'un des douze. Apres ces choses Jesus conversoit en Galilée: car il ne vouloit point converser en Judée, parce que les Juifs cherchoyent à le mettre à mort. Or la feste des Juifs, dite des Tabernacles, estoit prochaine. Ses freres donc lui dirent, Pars d'ici, et t'en va en Judée, afin que tes disciples aussi contemplent les oeuvres que tu fais. Car nul ne fait aucune chose en secret, qui cherche de se porter franchement. Si tu fais ces choses-ici, montre-toi toi-mesme au monde. Car ses freres mesmes ne croioyent point en lui. Jesus donc leur dit, Mon temps n'est point encore venu, mais vostre temps est toûjours prest. Le monde ne vous peut avoir en haine: mais il m'a en haine, parce que je rends tesmoignage de lui que ses oeuvres sont meschantes. Vous [autres] montez à cette feste; pour moi je ne monte point encore à cette feste, dautant que mon temps n'est point encore accompli. Et leur ayant dit ces choses il demeura en Galilée. Et comme ses freres furent montez, alors il monta aussi à la feste, non point manifestement, mais comme en cachette. Les Juifs donc le cherchoyent à la feste, et disoyent, Où est celui-là? Et il y avoit un grand murmure de lui entre les troupes. Les uns disoyent, Il est homme de bien: et les autres disoyent, Non est, mais il seduit le peuple. Toutefois nul ne parloit point franchement de lui pour la crainte des Juifs. Et comme la feste estoit déja demi passée, Jesus monta au temple, et enseignoit. Dont les Juifs s'estonnoyent, disant, Comment celui-ci sçait-il les Escritures, veu qu'il ne les a point apprises? Jesus leur respondit, et dit, Ma doctrine n'est point mienne, mais de celui qui m'a envoyé. Si quelqu'un veut faire la volonté d'icelui, il connoistra de la doctrine, assavoir si elle est de Dieu, ou si je parle de par moi-mesme. Qui parle de par soi-mesme, il cherche sa propre gloire: mais celui qui cherche la gloire de celui qui l'a envoyé, celui-là est veritable, et il n'y a point d'injustice en lui. Moyse ne vous a-t'il pas baillé la Loi, et toutefois nul de vous ne met en effet la Loi: Pourquoi taschez-vous à me faire mourir? Les troupes respondirent, Tu as le diable: qui est-ce qui tasche à te faire mourir? Jesus respondit, et leur dit, J'ai fait une oeuvre, et vous en estes tous estonnez. Moyse vous a baillé la circoncision, (non point qu'elle soit de Moyse, mais des Peres) et vous circoncisez l'homme au Sabbat. Si l'homme reçoit la circoncision au Sabbat, afin que la Loi de Moyse ne soit point violée: estes-vous irritez contre moi, parce que j'ai gueri un homme tout entier au Sabbat? Ne jugez point selon l'apparence, mais jugez d'un droit jugement. Alors quelques-uns de ceux de Jerusalem disoyent, N'est-ce pas celui-ci qu'ils cherchent à faire mourir? Et voici, il parle franchement, et ils ne lui disent rien: les Gouverneurs auroyent-ils bien connu de fait que celui-ci est veritablement le Christ? Or nous sçavons bien d'où est celui-ci: mais quand le Christ viendra, nul ne sçaura d'où il est. Jesus donc crioit au temple, enseignant et disant, Et vous me connoissez, et sçavez d'où je suis: et je ne suis point venu de par moi-mesme, mais celui qui m'a envoyé, est veritable, lequel vous ne connoissez point. Mais moi je le connois: car je suis de par lui, et c'est lui qui m'a envoyé. Alors ils taschoyent de l'empoigner: mais nul ne mit la main sur lui, dautant que son heure n'estoit point encore venuë. Et plusieurs d'entre les troupes creurent en lui, et disoyent, Quand le Christ sera venu, fera-t'il plus de signes que celui-ci n'a fait? Les Pharisiens entendirent la troupe murmurant ces choses de lui: dont iceux Pharisiens avec les principaux Sacrificateurs envoyerent des sergens pour l'empoigner. Jesus donc leur dit, Je suis encore pour un peu de temps avec vous, puis je m'en vais vers celui qui m'a envoyé. Vous me chercherez, et ne [me] trouverez point: et là où je serai, vous n'y pouvez venir. Dont les Juifs dirent entr'eux, Où doit aller celui-ci, que nous ne le trouverons point? doit-il aller vers ceux qui sont épars entre les Grecs et enseigner les Grecs? Quel est ce discours qu'il a tenu, Vous me chercherez, et ne [me] trouverez point: et là où je serai vous n'y pouvez venir? Or en la derniere et grande journée de la feste, Jesus se trouva là, criant et disant, Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive. Qui croit en moi suivant ce que dit l'Ecriture, il découlera des fleuves d'eau vivante de son ventre. (Or il disoit cela de l'Esprit que devoyent recevoir ceux qui croioyent en lui: car le sainct Esprit n'estoit point encore [donné], parce que Jesus n'estoit point encore glorifié.) Plusieurs donc de la troupe ayant ouï ce discours, disoyent, Celui-ci est veritablement le Prophete. Les autres disoyent, Celui-ci est le Christ. Et les autres disoyent, Mais aussi le Christ viendra-t'il de Galilée? L'Escriture ne dit-elle pas que le Christ viendra de la semence de David et de la bourgade de Bethlehem, où a esté David? Il y eut donc dissension entre le peuple pour lui. Et quelques-uns d'entr'eux le vouloyent empoigner: mais nul ne mit les mains sur lui. Ainsi les Sergens s'en revinrent aux principaux Sacrificateurs et aux Pharisiens, lesquels leur dirent, Pourquoi ne l'avez-vous point amené? Les Sergens respondirent, Jamais homme ne parla comme [fait] cet homme. Les Pharisiens donc leur respondirent, N'avez-vous point esté seduits vous aussi? Aucun des Gouverneurs ou des Pharisiens a-t'il creu en lui ? Mais ce populaire-ci, qui ne sçait ce que c'est de la Loi, est plus qu'execrable. Nicodeme (celui qui estoit venu vers Jesus de nuit, et qui estoit l'un d'entr'eux) leur dit, Nostre Loi juge-t'elle un homme avant que de l'avoir ouï, et avoir connu ce qu'il a fait? Ils respondirent, et lui dirent, N'es-tu pas aussi de Galilée: enquiers toi, et sçache que nul Prophete n'a esté suscité de Galilée. Et chacun s'en alla en sa maison. Mais Jesus s'en alla en la montagne des Oliviers. Et au poinct du jour, il vint derechef au temple, et tout le peuple vint vers lui, et estant assis il les enseignoit. Alors les Scribes et les Pharisiens lui amenerent une femme surprise en adultere: et l'ayant mise [là] au milieu, Lui dirent, Maistre, cette femme-ci a esté surprise sur le fait mesme, commettant adultere. Or en la Loi, Moyse nous a commandé de lapider celles qui sont telles, Toi donc qu'[en] dis-tu? Or ils disoyent cela le tentans, afin qu'ils eussent dequoi l'accuser. Mais Jesus estant encliné en bas, écrivoit du doigt en terre. Et comme ils continuoyent de l'interroger, lui s'estant redressé, leur dit, Que celui de vous qui est sans peché, jette le premier la pierre contr'elle. Et derechef estant encliné, il écrivoit en terre. Or quand ils eurent ouï cela, estant redarguëz par leur conscience, ils sortirent un à un, commençans depuis les plus anciens jusques aux derniers: tellement que Jesus demeura seul, et la femme qui estoit [là] au milieu. Alors Jesus s'estant redressé, et ne voyant personne sinon la femme, lui dit, Femme, où sont ceux qui t'accusoyent? nul ne t'a-t'il condamnée? Elle dit, Nul, Seigneur. Et Jesus lui dit, Je ne te condamne point aussi: va, et ne peche plus. Jesus donc parla derechef à eux, disant, Je suis la lumiere du monde: celui qui me suit, ne cheminera point en tenebres, mais il aura la lumiere de vie. Alors les Pharisiens lui dirent, Tu rens tesmoignage de toi-mesme, ton tesmoignage n'est point digne de foi. Jesus respondit, et leur dit, Encore que je rende tesmoignage de moi-mesme, mon tesmoignage est digne de foi: car je sçais d'où je suis venu, et où je vais: mais vous ne sçavez d'où je viens, ni où je vais. Vous jugez selon la chair: moi, je ne juge personne. Que si mesme je juge, mon jugement est digne de foi: car je ne suis point seul, mais [il y] a moi et le Pere qui m'a envoyé. Mesmes il est écrit en vostre Loi, que le tesmoignage de deux hommes est digne de foi. Je suis celui qui rens tesmoignage de moi-mesme, et le Pere qui m'a envoyé rend tesmoignage de moi. Ils lui dirent donc, Où est ton Pere? Jesus respondit, Vous ne connoissez ni moi, ni mon Pere. Si vous me connoissiez, vous connoistriez aussi mon Pere. Jesus dit ces paroles en la tresorerie, enseignant au temple: et nul ne l'empoigna, parce que son heure n'estoit point encore venuë. Et Jesus leur dit derechef, Je m'en vais, et vous me chercherez, et mourrez en vostre peché: là où je vais, vous ne pouvez venir. Les Juifs donc disoyent, Se tuëra-t'il soi-mesme? dautant qu'il dit, Là où je vais, vous ne pouvez venir. Alors il leur dit, Vous estes d'embas, moi, je suis d'enhaut: vous estes de ce monde, moi, je ne suis point de ce monde. Partant je vous ai dit, que vous mourrez en vos pechez: car si vous ne croyez que c'est moi, vous mourrez en vos pechez. Alors ils lui dirent, Toi, qui es-tu? Et Jesus leur dit, Ce que je vous dis dés le commencement. J'ai beaucoup de choses à parler et à juger de vous: mais celui qui m'a envoyé, est veritable: et les choses que j'ai ouïes de lui, je les dis au monde. Ils ne connurent point qu'il leur parloit du Pere. Jesus donc leur dit, Quand vous aurez elevé le Fils de l'homme, vous connoistrez alors que c'est moi, et que je ne fais rien de par moi-mesme, mais que je dis ces choses ainsi que mon Pere m'a enseigné. Car celui qui m'a envoyé, est avec moi: le Pere ne m'a point laissé seul: parce que je fais toûjours les choses qui lui plaisent. Comme il disoit ces choses, plusieurs creurent en lui. Alors Jesus disoit aux Juifs qui avoyent creu en lui, Si vous persistez en ma parole, vous serez vrayement mes disciples: Et connoistrez la verité, et la verité vous affranchira. Ils lui respondirent, Nous sommes la posterité d'Abraham, et jamais nous ne servismes à personne: comment [donc] dis-tu, Vous serez affranchis? Jesus leur respondit, En verité, en verité je vous dis, quiconque fait peché, est serf de peché. Or le serf ne demeure point à toûjours en la maison, le fils y demeure à toûjours. Si donc le fils vous affranchit, vous serez vrayement francs. Je sçais que vous estes la posterité d'Abraham: mais vous taschez à me faire mourir, parce que ma parole n'a point de lieu en vous. Je vous dis ce que j'ai veu chez mon Pere, et vous aussi faites les choses que vous avez veuës chez vostre pere. Ils respondirent, Nostre pere est Abraham. Jesus leur dit, Si vous estiez enfans d'Abraham, vous feriez les oeuvres d'Abraham. Or maintenant vous taschez à me faire mourir, moi qui suis un homme qui vous ai dit la verité, laquelle j'ai ouïe de Dieu: Abraham n'a point fait cela. Vous faites les oeuvres de vostre Pere. Dont ils lui dirent, Nous ne sommes point nez de paillardise. Nous avons un Pere, qui est Dieu. Jesus donc leur dit, Si Dieu estoit vostre Pere, certes vous m'aimeriez: car je suis venu de Dieu, et viens [de devers lui:] car je ne suis point venu de par moi-mesme, mais il m'a envoyé. Pourquoi n'entendez-vous point mon parler? dautant que vous ne pouvez ouïr ma parole. Le pere dont vous estes issus, c'est le diable, et vous voulez faire les desirs de vostre pere. Il a esté meurtrier dés le commencement, et n'a point perseveré en la verité: car la verité n'est point en lui. Toutes les fois qu'il profere mensonge, il parle de ce qui lui est propre: car il est menteur et est le pere de mensonge. Et parce que je dis la verité, vous ne me croyez point. Qui est celui d'entre vous qui me redarguëra de peché? et si je dis la verité, pourquoi ne me croyez-vous point? Celui qui est de Dieu, oit les paroles de Dieu: partant ne les oyez-vous point, à cause que vous n'estes point de Dieu. Alors les Juifs respondirent et lui dirent, Ne disons-nous pas bien que tu es un Samaritain, et que tu as le diable? Jesus respondit, Je n'ai point le diable, mais j'honore mon Pere, et vous me deshonorez. Or je ne cherche point ma gloire: il y a qui la cherche, et qui [en] juge. En verité, en verité je vous dis, que si quelqu'un garde ma parole, il ne verra jamais la mort. Dont les Juifs lui dirent, Maintenant nous connoissons que tu as le diable. Abraham est mort et les Prophetes, et tu dis, Si quelqu'un garde ma parole, il ne goustera jamais la mort. Es-tu plus grand que nostre pere Abraham qui est mort? les Prophetes aussi sont morts: qui te sais-tu toi-mesme? Jesus respondit, Si je me glorifie moi-mesme, ma gloire n'est rien: mon Pere est celui qui me glorifie, duquel vous dites qu'il est vostre Dieu. Toutefois vous ne l'avez point connu, mais moi je le connois: et si je dis que je ne le connois point, je serai menteur semblable à vous: mais je le connois, et garde sa parole. Abraham vostre pere a tressailli de joye de voir cette mienne journée; et l'a veuë, et s'en est éjouï. Les Juifs donc lui dirent, Tu n'as point encore cinquante ans, et tu as veu Abraham? Jesus leur dit, En verité, en verité je vous dis, avant qu'Abraham fust, je suis. Alors ils leverent des pierres pour jetter contre lui: mais Jesus se cacha, et sortit du temple, ayant passé au travers d'eux: et ainsi s'en alla. Et ainsi que [Jesus] passoit, il vid un homme aveugle dés sa naissance. Dont ses Disciples l'interrogerent, disant, Maistre, qui a peché, celui-ci, ou son pere, ou sa mere, pour estre ainsi né aveugle? Jesus respondit, ni celui-ci n'a peché, ni son pere, ni sa mere: mais [c'est] afin que les oeuvres de Dieu soyent manifestées en lui. Il me faut faire les oeuvres de celui qui m'a envoyé, tandis qu'il est jour. La nuit vient que nul ne peut travailler. Tandis que je suis au monde, je suis la lumiere du monde. Quand il eut dit cela, il cracha [en] terre, et fit de la bouë de sa salive, et oignit de cette bouë les yeux de l'aveugle. Et lui dit, Va t"en, et te lave au lavoir de Siloë, (qui vaut autant à dire qu'envoyé.) Il y alla donc, et se lava, et revint voyant. Or les voisins, et ceux qui avoyent veu auparavant qu'il estoit aveugle, disoyent, N'est-ce pas celui-ci qui estoit assis, et qui mendioit? Les uns disoyent, C'est celui-ci. Et les autres disoyent, Il lui ressemble. Lui disoit, C'est moi-mesme. Ils lui dirent donc, Comment ont esté ouverts tes yeux? Il respondit, et dit, Cét homme qu'on appelle Jesus, a fait de la bouë, et [en] a oint mes yeux, et m'a dit, Va au lavoir de Siloë, et te lave. Apres donc que j'y suis allé, et me suis lavé, j'ai recouvré la veuë. Alors ils lui dirent, Où est celui-là? Il dit, Je ne sçais. Ils l'amenerent aux Pharisiens, [voire] celui qui avoit autrefois esté aveugle. Or il estoit Sabbat quand Jesus avoit fait de la bouë, et lui avoit ouvert les yeux. Les Pharisiens donc l'interrogerent aussi derechef, comment il avoit recouvré la veuë. Et il leur dit, Il a mis de la bouë sur mes yeux, et je me suis lavé, et je vois. Quelques-uns donc d'entre les Pharisiens disoyent, Cet homme-ci n'est point de Dieu: car il ne garde point le Sabbat. Les autres disoyent, Comment un méchant homme peut-il faire ces signes? Et il y avoit dissension entr'eux. Ils dirent derechef à l'aveugle, Toi que dis-tu de lui, de ce qu'il t'a ouvert les yeux? Il [respon]dit, Il est Prophete. Mais les Juifs ne creurent point de lui qu'il eust esté aveugle: et qu'il eust recouvré la veuë, jusques à ce qu'ils eurent appellé le pere et la mere de celui qui avoit recouvré la veuë. Ils les interrogerent donc, disans, Est-ce ci vostre fils que vous dites estre né aveugle? comment donc voit-il maintenant? Son pere et sa mere leur respondirent, et dirent, Nous sçavons que c'est ici nostre fils, et qu'il est né aveugle. Mais comment maintenant il voit, ou, qui lui a ouvert les yeux, nous ne [le] sçavons point: il a de l'âge, interrogez-le, il parlera touchant soi-mesme. Son pere et sa mere dirent ces choses, parce qu'ils craignoyent les Juifs. Car les Juifs avoyent déja arresté, que si quelqu'un l'advoüoit estre le Christ, il seroit jetté hors de la Synagogue. Pour cette cause son pere et sa mere [respon]dirent, Il a de l'âge, interrogez-le. Ils appellerent donc pour la seconde fois l'homme qui avoit esté aveugle, et lui dirent, Donne gloire à Dieu: nous sçavons que cet homme est méchant. Il respondit, et dit, S'il est méchant, je ne sçais: une chose sçais-je bien, c'est que j'estois aveugle, [et] maintenant je vois. Dont ils lui dirent derechef, Que t'a-t'il fait? comment a-t'il ouvert tes yeux? Il leur respondit, Je vous l'ai déja dit, et vous ne l'avez point escouté: pourquoi le voulez-vous encore ouïr? voulez-vous aussi estre ses disciples? Alors ils l'injurierent, et dirent, Toi, sois son disciple: quant à nous, nous sommes disciples de Moyse. Nous sçavons que Dieu a parlé à Moyse: mais quant à celui-ci, nous ne sçavons d'où il est. L'homme respondit, et leur dit, Certes, c'est une chose estrange, que vous ne sçavez d'où il est, et toutefois il a ouvert mes yeux. Or nous sçavons que Dieu n'exauce point les meschans: mais si quelqu'un est serviteur de Dieu, et fait sa volonté, il l'exauce. On n'ouït jamais dire, qu'aucun ouvrist les yeux d'un aveugle né. Si celui-ci n'estoit de Dieu, il ne pourroit rien faire. Ils respondirent, et lui dirent, Tu es du tout né en pechez, et tu nous enseignes. Et ils le jetterent hors [de la Synagogue]. Jesus entendit comme ils l'avoyent jetté hors: et l'ayant trouvé, lui dit, Crois-tu au Fils de Dieu? Et il respondit, et dit, Qui est-il, Seigneur, afin que je croye en lui? Jesus lui dit, Tu l'as veu, et c'est celui qui parle à toi. Alors il dit, J'y crois, Seigneur: et l'adora. Et Jesus dit, Je suis venu en ce monde pour [exercer] jugement, afin que ceux qui ne voyent point, voyent, et que ceux qui voyent, deviennent aveugles. Et quelques-uns d'entre les Pharisiens qui estoyent avec lui, ouïrent cela, et lui dirent, Et nous, sommes-nous aussi aveugles? Jesus leur dit, Si vous estiez aveugles, vous n'auriez point de peché: mais maintenant vous dites, Nous voyons: c'est pourquoi vostre peché demeure. En verité, en verité je vous dis, [Que] celui qui n'entre point par la porte à la bergerie des brebis, mais y monte par ailleurs, est larron et brigand. Mais celui qui entre par la porte est le berger des brebis. Le portier ouvre à celui-là, et les brebis oyent sa voix, et il appelle ses propres brebis par leur nom, et les mene dehors. Et quand il a mis hors ses brebis, il va devant elles, et les brebis le suivent: car elles connoissent sa voix. Mais elles ne suivront point un estranger, au contraire elles s'enfuïront arriere de lui: car elles ne connoissent point la voix des estrangers. Jesus leur dit cette similitude: mais ils n'entendirent point quelles estoyent les choses qu'il leur disoit. Jesus donc leur dit derechef, En verité, en verité je vous dis, que je suis la porte des brebis. Tout autant qu'il en est venu devant moi, sont des larrons et des brigans: mais les brebis ne les ont point ouïs. Je suis la porte, si quelqu'un entre par moi, il sera sauvé; et entrera et sortira, et trouvera pasture. Le larron ne vient sinon pour desrober, et tuër, et destruire: je suis venu afin qu'elles ayent vie, voire qu'elles en ayent en abondance. Je suis le bon berger: le bon berger met sa vie pour ses brebis. Mais le mercenaire, et celui qui n'est point berger (à qui n'appartiennent point les brebis) voit venir le loup, et abandonne les brebis, et s'enfuit: et le loup les ravit, et épard les brebis. Ainsi le mercenaire s'enfuit, parce qu'il est mercenaire, et qu'il ne se soucie point des brebis. Je suis le bon berger, et connois mes brebis, et suis connu des miennes. Comme le Pere me connoit, aussi je connois le Pere, et mets ma vie pour [mes] brebis. J'ai encore d'autres brebis qui ne sont point de cette bergerie: il me les faut aussi amener, et elles orront ma voix, et il y aura un seul troupeau, [et] un seul berger. Pour cette cause le Pere m'aime, parce que je laisse ma vie, afin que je la prenne derechef. Nul ne me l'oste, mais je la laisse de par moi-mesme: j'ai puissance de la laisser, et j'ai puissance de la reprendre. J'ai receu ce mandement de mon Pere. Alors il advint derechef dissension entre les Juifs pour ces propos. Et plusieurs d'entr'eux disoyent, Il a le diable, et est hors du sens, pourquoi l'écoutez-vous? Les autres disoyent, Ces paroles ne sont point d'un demoniaque: le diable peut-il ouvrir les yeux des aveugles? Or la [feste de la] dedicace se fit à Jerusalem; et il estoit hyver. Et Jesus se promenoit au temple, au porche de Salomon. Les Juifs donc l'environnerent, et lui dirent, Jusques à quand tiens-tu nostre ame en suspens? si tu es le Christ, di le nous franchement. Jesus leur respondit, Je vous l'ai dit, et vous ne [le] croyez point: les oeuvres que je fais au nom de mon Pere, rendent témoignage de moi. Mais vous ne croyez point: car vous n'estes point de mes brebis: comme je vous ai dit. Mes brebis oyent ma voix, et je les connois, et elles me suivent. Et moi je leur donne la vie eternelle: et elles ne periront jamais: nul aussi ne les ravira de ma main. Mon Pere, qui me [les] a données, est plus grand que tous, et personne ne les peut ravir des mains de mon Pere. Moi et le Pere sommes un. Alors les Juifs prirent derechef des pierres pour le lapider. Jesus respondit, Je vous ai fait voir plusieurs bonnes oeuvres de par mon Pere, pour laquelle d'icelles me lapidez-vous? Les Juifs lui respondirent, disans, Nous ne te lapidons point pour quelque bonne oeuvre: mais pour blaspheme, et parce que toi estant homme, tu te fais Dieu. Jesus leur respondit, N'est-il pas écrit en vostre Loi, J'ai dit, Vous estes dieux. Si elle a appellé ceux-là dieux, ausquels la parole de Dieu est addressée, et l'Escriture ne peut estre enfrainte: Dites-vous que je blaspheme, moi que le Pere a sanctifié et qu'il a envoyé au monde, parce que j'ai dit, Je suis le Fils de Dieu? Si je ne fais les oeuvres de mon Pere, ne me croyez point. Mais si je [les] fais, et vous ne me voulez point croire, croyez aux oeuvres: afin que vous connoissiez et croyïez que le Pere est en moi, et moi en lui. Ils cherchoyent donc derechef à l'empoigner: mais il eschappa de leurs mains: Et s'en alla derechef outre le Jordain, au quartier où Jean baptizoit premierement, et demeura là. Et plusieurs vinrent à lui, et disoyent, Quant à Jean, il n'a fait aucun signe: mais toutes les choses que Jean a dites de celui-ci, estoyent veritables. Et plusieurs creurent là en lui. Or il y avoit un certain homme malade, appellé Lazare, de Bethanie, de la bourgade de Marie et de Marthe sa soeur. (Et Marie fut celle qui oignit d'oignement le Seigneur, et essuya les pieds d'icelui de ses cheveux: de laquelle le frere Lazare estoit malade.) Ses soeurs donc envoyerent vers lui, disans, Seigneur, voici, celui que tu aimes est malade. Jesus ayant entendu [cela], dit, Cette maladie n'est point à la mort; mais pour la gloire de Dieu: afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle. Or Jesus aimoit Marthe, et sa soeur, et Lazare. Et apres avoir entendu qu'il estoit malade, il demeura deux jours au mesme lieu où il estoit. Et apres cela il dit à ses disciples, Allons derechef en Judée. Les disciples lui dirent, Maistre, les Juifs cherchoyent nagueres à te lapider, et tu y vas derechef? Jesus respondit, N'y a-t'il pas douze heures au jour? Si quelqu'un chemine de jour, il ne bronche point: car il voit la lumiere de ce monde. Mais si quelqu'un chemine de nuit, il bronche: car il n'y a point de lumiere avec lui. Il dit ces choses, et puis apres leur dit, Lazare nostre ami dort: mais j'y vais pour l'éveiller. Dont ses disciples lui dirent, Seigneur, s'il dort il sera gueri. Or Jesus avoit dit [cela] de la mort d'icelui: mais ils pensoyent qu'il parlast du dormir du sommeil. Jesus donc leur dit alors ouvertement, Lazare est mort. Et je suis joyeux pour l'amour de vous, que je n'y estois point, afin que vous croyïez: mais allons vers lui. Alors Thomas appellé Didyme, dit à ses condisciples, Allons y aussi, afin que nous mourrions avec lui. Jesus donc estant venu, le trouva qu'il estoit déja depuis quatre jours au sepulcre. (Or Bethanie estoit prés de Jerusalem environ quinze stades.) Et plusieurs des Juifs estoyent venus vers Marthe et Marie, pour les consoler touchant leur frere. Quand donc Marthe ouït [dire] que Jesus venoit, elle alla au devant de lui: mais Marie se tenoit assise en la maison. Marthe donc dit à Jesus, Seigneur si tu eusses esté ici, mon frere ne fust pas mort. Mais aussi sçais-je maintenant que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te le donnera. Jesus lui dit, Ton frere ressuscitera. Marthe lui dit, Je sçais qu'il ressuscitera en la resurrection au dernier jour. Jesus lui dit, Je suis la resurrection et la vie: qui croit en moi, encore qu'il soit mort, il vivra: Et quiconque vit et croit en moi, ne mourra jamais. Crois-tu cela? Elle lui dit, Ouï, Seigneur, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, qui devoit venir au monde. Puis ayant dit cela, elle s'en alla, et appella Marie sa soeur en secret, disant, Le Maistre est ici, et t'appelle. Et aussi-tost qu'elle [l']eut entendu, elle se leva hastivement, et s'en vint vers lui. Or Jesus n'estoit point encore venu à la bourgade, mais il estoit au lieu où Marthe l'avoit rencontré. Alors les Juifs qui estoyent avec elle en la maison, et la consoloyent, quand ils virent que Marie s'estoit levée si-tost, et qu'elle estoit sortie, la suivirent, disans, Elle s'en va au sepulcre, afin de pleurer là. Quand donc Marie fut venuë là où estoit Jesus, l'ayant veu, elle se jetta à ses pieds, lui disant, Seigneur, si tu eusses esté ici, mon frere ne fust pas mort ! Quand Jesus la vid pleurant, et les Juifs qui estoyent là venus avec elle, aussi pleurans, il fremit en son esprit, et s'emeut soi-mesme. Et dit, Où l'avez-vous mis? Ils lui [respon]dirent, Seigneur, vien et voi. Et Jesus pleura. Les Juifs donc dirent, Voyez comme il l'aimoit. Et quelques-uns d'entr'eux dirent, Celui-ci qui a ouvert les yeux de l'aveugle, ne pouvoit-il pas faire aussi que cet homme ne mourust point? Alors Jesus fremissant derechef en soi-mesme, vint au sepulcre. (Or c'estoit une grotte: et il y avoit une pierre mise dessus.) Jesus dit, Levez la pierre. Mais Marthe, la soeur de celui qui estoit mort, lui dit, Seigneur, il put déja: car il est de quatre jours. Jesus lui dit, Ne t'ai-je pas dit, que si tu crois, tu verras la gloire de Dieu? Ils leverent donc la pierre [de dessus le lieu] où gisoit le mort. Alors Jesus levant ses yeux en haut, dit, Pere, je te rends graces que tu m'as exaucé. Or je sçavois bien que tu m'exauces toûjours: mais je l'ai dit à cause des troupes qui sont à l'entour, afin qu'elles croyent que c'est toi qui m'as envoyé. Et ayant dit ces choses, il cria à haute voix, Lazare vien-t'en dehors. Alors sortit le mort, ayant les mains et les pieds liez de bandes: et son visage estoit enveloppé d'un couvrechef. Jesus leur dit, Desliez-le, et le laissez aller. Plusieurs donc des Juifs qui estoyent venus vers Marie, et avoyent veu les choses que Jesus avoit faites, creurent en lui. Mais quelques-uns d'entr'eux s'en allerent aux Pharisiens, et leur dirent les choses que Jesus avoit faites. Alors les principaux Sacrificateurs et les Pharisiens assemblerent le conseil, et disoyent, Que faisons-nous? car cét-homme-ci fait beaucoup de signes. Si nous le laissons ainsi, chacun croira en lui: et les Romains viendront qui nous extermineront, et le lieu et la nation. Alors un certain d'entr'eux appellé Caïphe, qui estoit le souverain Sacrificateur de cette année-là, leur dit, Vous n'y entendez rien: Et ne considerez point qu'il nous est expedient qu'un homme meure pour le peuple, et que toute la nation ne perisse point. Or il ne dit point cela de par soi-mesme, mais lui estant le souverain Sacrificateur de cette année-la, prophetiza, que Jesus devoit mourir pour la nation: Et non pas seulement pour la nation, mais aussi afin qu'il assemblast en un les enfans de Dieu qui estoyent dispersez. Depuis ce jour-là donc ils consulterent ensemble de le mettre à mort. C'est pourquoi Jesus ne cheminoit plus ouvertement entre les Juifs: mais il s'en alla de là en la contrée qui est prés du desert, en une ville appellée Ephraïm, et il conversoit là avec ses disciples. Or [le jour de] la Pasque des Juifs estoit prochain, et plusieurs de ces quartiers-là monterent à Jerusalem avant Pasque, afin qu'ils se purifiassent. Ils cherchoyent donc Jesus, et disoyent entr'eux estans au temple, Que vous semble? vous [semble]-t'il qu'il ne viendra point à la feste? Or les principaux Sacrificateurs, et les Pharisiens avoyent donné commandement, que si quelqu'un connoissoit où il estoit, il le declarast, afin qu'ils l'empoignassent. Jesus donc six jours devant Pasque vint à Bethanie, où estoit Lazare qui avoit esté mort, lequel il avoit ressuscité des morts. Et on lui fit là un souper, et Marthe servoit [à table], et Lazare estoit l'un de ceux qui estoyent à table avec lui. Alors Marie ayant pris une livre d'oignement d'aspic liquide de grand prix, en oignit les pieds de Jesus, et les essuya de ses cheveux: et la maison fut remplie de l'odeur de l'oignement. Alors Judas Iscariot, fils de Simon, l'un de ses disciples, celui à qui il devoit arriver de le trahir, dit, Pourquoi cét oignement n'a-t'il esté vendu trois cens deniers, et donné aux pauvres? Or il dit cela, non point qu'il se souciast des pauvres: mais parce qu'il estoit larron, et qu'il avoit la bourse, et portoit ce qu'on y mettoit. Jesus donc dit, Laisse-la: elle l'a gardé pour le jour de l'appareil de ma sepulture. Car vous aurez toûjours les pauvres avec vous: mais vous ne m'aurez pas toûjours. Alors de grandes troupes des Juifs connurent qu'il estoit là: et y vinrent, non seulement pour Jesus, mais aussi afin qu'ils vissent Lazare, lequel il avoit ressuscité des morts. Dont les principaux Sacrificateurs consulterent de mettre aussi à mort Lazare. Car plusieurs des Juifs se departoyent à cause de lui, et croioyent en Jesus. Le lendemain une grande troupe, qui estoit venuë à la feste, ayant ouï [dire] que Jesus venoit à Jerusalem, Prirent des rameaux de palmes, et sortirent au devant de lui, et crioyent, Hosanna, Benit [soit] le Roi d'Israël qui vient au nom du Seigneur. Et Jesus ayant recouvré un asnon s'assit dessus, suivant ce qui est escrit, Ne crain point, fille de Sion: voici, ton Roi vient, assis sur le poulain de l'asnesse. Or ses disciples n'entendirent point ces choses du premier coup: mais quand Jesus fut glorifié, alors ils se souvinrent que ces choses estoyent escrites de lui, et qu'ils avoient fait ces choses en son endroit. Et la troupe qui estoit avec lui, rendoit témoignage qu'il avoit appellé Lazare du sepulcre, et qu'il l'avoit ressuscité des morts. C'est pourquoi aussi le peuple alla au devant de lui: car ils avoyent entendu comme il avoit fait ce miracle. Dont les Pharisiens disoyent entr'eux-mesmes, Ne voyez-vous pas que vous ne profitez de rien? voici, le monde va apres lui. Or il y avoit quelques Grecs de ceux qui estoyent montez pour adorer à la feste; Lesquels vinrent vers Philippe, qui estoit de Bethsaïda de Galilée, et le prierent, disans, Seigneur, nous desirons de voir Jesus. Philippe vint, et le dit à André, et derechef André et Philippe le dirent à Jesus. Et Jesus leur respondit, disant, L'heure est venuë que le Fils de l'homme doit estre glorifié. En verité, en verité je vous dis, si le grain de froment tombant en la terre ne meurt point, il demeure seul: mais s'il meurt, il apporte beaucoup de fruit. Qui aime sa vie, il la perdra: et qui hait sa vie en ce monde, il la gardera en vie eternelle. Si quelqu'un me sert, qu'il me suive: et là où je serai, là aussi sera celui qui me sert, et si quelqu'un me sert, mon Pere l'honorera. Maintenant mon ame est troublée: et que dirai-je? Pere, delivre moi de cette heure: mais pour cela suis-je venu à cette heure. Pere, glorifie ton Nom. Alors une voix vint du ciel, [disant], Et je l'ai glorifié, et derechef je le glorifierai. Et la troupe qui estoit-là, et qui l'avoit ouïe, disoit, que c'estoit un tonnerre qui avoit esté fait: les autres disoyent, Un Ange a parlé à lui. Jesus prit la parole, et dit, Cette voix n'est point venuë pour moi, mais pour vous. Maintenant est le jugement de ce monde: maintenant le prince de ce monde sera jetté dehors. Et moi, si je suis enlevé de la terre, je tirerai tous [hommes] à moi. Or il disoit cela, signifiant de quelle mort il devoit mourir. Les troupes lui respondirent, Nous avons entendu par la Loi que le Christ demeure eternellement: comment donc dis-tu qu'il faut que le Fils de l'homme soit enlevé? qui est ce Fils de l'homme? Alors Jesus leur dit, Encore pour un petit de temps la Lumiere est avec vous: cheminez tandis que vous avez la Lumiere, de peur que les tenebres ne vous surprennent. Car celui qui chemine en tenebres, ne sçait où il va. Tandis que vous avez la Lumiere, croyez en la Lumiere, afin que vous soyez enfans de Lumiere. Jesus dit ces choses, puis il s'en alla, et se cacha de devant eux. Et bien qu'il eust fait tant de signes devant eux, ils ne creurent point en lui: Afin que la parole d'Esaïe le Prophete fust accomplie, laquelle il a dite, Seigneur, qui a creu à nostre parole, et à qui a esté revelé le bras du Seigneur? C'est pourquoi ils ne pouvoyent croire, à cause que derechef Esaïe dit, Il a aveuglé leurs yeux, et a endurci leur coeur, afin qu'ils ne voyent des yeux, et n'entendent du coeur, et ne soyent convertis, et que je ne les guerisse. Esaïe dit ces choses, quand il vid la gloire d'icelui, et parla de lui. Toutefois plusieurs des principaux mesmes creurent en lui: mais ils ne le confessoyent point à cause des Pharisiens, de peur qu'ils ne fussent jettez hors de la Synagogue. Car ils ont mieux aimé la gloire des hommes que la gloire de Dieu. Or Jesus s'escria, et dit, Qui croit en moi, ne croit point en moi, mais en celui qui m'a envoyé. Et qui me contemple, contemple celui qui m'a envoyé. Je suis venu au monde pour estre la lumiere, afin que quiconque croit en moi ne demeure point en tenebres. Et si quelqu'un oit mes paroles, et ne les croit point, je ne le juge point: car je ne suis point venu pour juger le monde, mais pour sauver le monde. Celui qui me rejette, et ne reçoit point mes paroles, il a qui le juge: la parole que j'ai portée, ce sera celle qui le jugera au dernier jour. Car je n'ai point parlé de par moi-mesme, mais le Pere qui m'a envoyé, m'a donné commandement de ce que j'ai à dire et à parler. Et je sçais que son commandement est vie eternelle: les choses donc que je dis, je les dis ainsi que mon Pere m'a dit. Or devant la feste de Pasque Jesus sçachant que son heure estoit venuë pour passer de ce monde au Pere, comme il avoit aimé les siens qui estoyent au monde, il les aima jusqu'à la fin. Et apres avoir soupé, (le diable ayant déja mis au coeur de Judas Iscariot, [fils] de Simon, de le trahir.) Jesus sçachant que le Pere lui avoit donné toutes choses entre les mains, et qu'il estoit venu de Dieu, et s'en alloit à Dieu: Se leva du souper, et osta sa robbe: et ayant pris un linge, il s'en ceignit. Puis il mit de l'eau en un bassin, et se prit à laver les pieds de ses disciples, et à les essuyer du linge duquel il estoit ceint. Il vint donc à Simon Pierre: et Pierre lui dit, Seigneur, me laves-tu les pieds? Jesus respondit, et lui dit, Tu ne sçais pas maintenant ce que je fais, mais tu le sçauras ci-apres. Pierre lui dit, Tu ne me laveras jamais les pieds. Jesus lui respondit, Si je ne te lave, tu n'auras point de part avec moi. Simon Pierre lui dit, Seigneur, non seulement mes pieds, mais aussi les mains et la teste. Jesus lui dit, Celui qui est lavé, n'a besoin sinon qu'on lui lave les pieds, mais est tout net. Or vous estes nets, mais non pas tous. Car il sçavoit lequel c'estoit qui le trahiroit: c'est pourquoi il dit, vous n'estes pas nets tous. Apres donc qu'il eust lavé leurs pieds, et repris ses vestemens, et qu'il se fust remis à table, il leur dit, Sçavez-vous bien ce que je vous ai fait? Vous m'appellez Maistre et Seigneur, et vous dites bien: car je le suis. Si donc moi, qui suis le Seigneur et le Maistre, ai lavé vos pieds, vous aussi devez laver les pieds les uns des autres. Car je vous ai donné un exemple, afin qu'ainsi que je vous ai fait, vous fassiez aussi. En verité, en verité je vous dis, [Que] le serviteur n'est point plus grand que son maistre, ni l'ambassadeur plus grand que celui qui l'a envoyé. Si vous sçavez ces choses, vous estes bien heureux si vous les faites. Je ne parle point de vous tous: je sçais ceux que j'ai eleus: mais [il faut] que l'Escriture soit accomplie, [disant], Celui qui mange le pain avec moi a levé son talon contre moi. Dés maintenant je vous le dis, devant qu'il advienne: afin que quand il sera advenu, vous croyïez que c'est moi. En verité, en verité je vous dis, Si j'envoye quelqu'un, quiconque le reçoit, il me reçoit: et qui me reçoit, il reçoit celui qui m'a envoyé. Quand Jesus eut dit ces choses, il fut esmeu en esprit: dont il declara, et dit, En verité, en verité je vous dis, que l'un de vous me trahira. Alors les disciples se regardoyent les uns les autres, estans en perplexité duquel il parloit. Or il y avoit l'un des disciples de Jesus, lequel Jesus aimoit, qui estoit à table au sein d'icelui. Simon Pierre donc lui fit signe, qu'il demandast qui estoit celui duquel il parloit. Lui donc estant encliné sur l'estomac de Jesus, lui dit, Seigneur, qui est-ce? Jesus respondit, C'est celui auquel je baillerai le morceau trempé. Et ayant trempé le morceau, il le bailla à Judas Iscariot, [fils] de Simon. Et apres le morceau, alors Satan entra en lui. Jesus lui dit donc, Fai bien-tost ce que tu fais. Mais nul de ceux qui estoyent à table n'entendit pourquoi il lui avoit dit [cela]. Car quelques-uns pensoyent, parce que Judas avoit la bourse, que Jesus lui eust dit, Achete ce qui nous est necessaire pour la feste, ou qu'il donnast quelque chose aux pauvres. Apres donc qu'il eut pris le morceau il partit incontinent. Or il estoit nuict. Comme donc il fut sorti, Jesus dit, Maintenant le Fils de l'homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera en soi-mesme, et incontinent il le glorifiera. Mes petits enfans, je suis encore pour un peu avec vous: vous me chercherez: mais comme j'ai dit aux Juifs, que là où je vais ils ne pouvoyent venir, je vous le dis aussi maintenant. Je vous donne un nouveau commandement, que vous vous aimiez l'un l'autre: voire que comme je vous ai aimez, vous vous aimiez aussi l'un l'autre. Par cela tous connoistront que vous estes mes disciples, si vous avez de l'amour l'un pour l'autre. Simon Pierre lui dit, Seigneur, où vas-tu? Jesus lui respondit, Là où je m'en vais, tu ne me peux maintenant suivre, mais tu me suivras ci-apres. Pierre lui dit, Seigneur, pourquoi ne te puis-je maintenant suivre? je mettrai ma vie pour toi. Jesus lui respondit, Tu mettras ta vie pour moi? En verité, en verité je te dis, que le coq ne chantera point, jusques à ce que tu m'ayes renié trois fois. Vostre coeur ne soit point troublé: vous croyez en Dieu: croyez aussi en moi. Il y a plusieurs demeures en la maison de mon Pere: s'il estoit autrement, je vous l'eusse dit. Je vais vous apprester lieu. Et quand je m'en serai allé, et vous aurai preparé le lieu, je retournerai derechef, et vous recevrai à moi, afin que là où je suis, vous soyez aussi. Et vous sçavez [là] où je vais, et sçavez le chemin. Thomas lui dit, Seigneur, nous ne sçavons là où tu vas: comment donc pouvons-nous sçavoir le chemin? Jesus lui dit, Je suis le chemin, et la verité, et la vie: nul ne vient au Pere sinon par moi. Si vous me connoissiez, vous connoistriez aussi mon Pere: et dés maintenant vous le connoissez, et vous l'avez veu. Philippe lui dit, Seigneur, montre nous le Pere, et il nous suffit. Jesus lui [respon]dit, Je suis depuis si long-temps avec vous, et tu ne m'as point connu? Philippe, qui m'a veu, il a veu mon Pere: et comment dis-tu, Montre nous le Pere? Ne crois-tu point que je suis au Pere, et le Pere en moi? Les paroles que je vous dis, je ne les dis point de par moi-mesme: mais le Pere qui demeure en moi, c'est celui qui fait les oeuvres. Croyez moi que je [suis] en [mon] Pere, et le Pere en moi; sinon, croyez moi pour ces oeuvres. En verité, en verité je vous dis, qui croit en moi, celui-là aussi fera les oeuvres que je fais, et en fera de plus grandes que celles-ci: car je m'en vais au Pere. Et quoi que vous demandiez en mon Nom, je le ferai: afin que le Pere soit glorifié par le Fils. Si vous demandez en mon Nom quelque chose, je [le] ferai Si vous m'aimez, gardez mes commandemens. Je prierai le Pere, et il vous donnera un autre Consolateur, pour demeurer avec vous eternellement: [Assavoir] l'Esprit de verité, que le monde ne peut recevoir, parce qu'il ne le voit point et ne le connoit point: mais vous le connoissez; car il demeure avec vous, et sera en vous. Je ne vous laisserai point orphelins: je viendrai vers vous. Encore un peu, et le monde ne me verra plus, mais vous me verrez; parce que je vis, vous aussi vivrez. En ce jour-là vous connoistrez que je suis en [mon] Pere, et vous en moi, et moi en vous. Qui a mes commandemens, et les garde, c'est celui qui m'aime: et celui qui m'aime, il sera aimé de mon Pere, et je l'aimerai, et me declarerai à lui. Jude (non pas Iscariot) lui dit, Seigneur, d'où vient que tu te declareras à nous, et non point au monde? Jesus respondit, et lui dit, Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole: et mon Pere l'aimera; et nous viendrons à lui, et ferons nostre demeure chez lui. Qui ne m'aime point, il ne garde point mes paroles. Et la parole que vous oyez n'est point mienne, mais du Pere qui m'a envoyé. Je vous ai dit ces choses demeurant avec vous. Mais le Consolateur [qui], [est] le Saint Esprit, que le Pere envoyera en mon Nom, vous enseignera toutes choses, et vous reduira en memoire toutes les choses que je vous ai dites. Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix: et je ne vous la donne point comme le monde la donne. Vostre coeur ne soit point troublé, et ne soit point craintif. Vous avez ouï que je vous ai dit, Le m'en vais, et je m'en viens à vous. Si vous m'aimiez, vous seriez certes joyeux de ce que j'ai dit, Je m'en vais au Pere: car le Pere est plus grand que moi. Et maintenant je vous l'ai dit devant qu'il soit avenu, afin que quand il sera avenu vous croyïez. Je ne parlerai plus gueres avec vous: car le prince de ce monde vient, et n'a rien en moi. Mais [c'est] afin que le monde connoisse que j'aime le Pere, et fais ainsi que le Pere m'a commandé. Levez-vous, partons d'ici. Je suis le vrai sep, et mon Pere est le vigneron. Il taille tout sarment qui ne porte point de fruit en moi: et esmonde celui qui porte du fruit, afin qu'il porte plus de fruit. Vous estes déja nets pour la parole que je vous ai dite. Demeurez en moi, et moi en vous. Comme le sarment ne peut de lui-mesme porter de fruit, s'il ne demeure au sep: ni vous aussi semblablement, si vous ne demeurez en moi. Je suis le cep, et vous [en estes] les sarmens. Celui qui demeure en moi, et moi en lui, porte beaucoup de fruit: car hors de moi, vous ne pouvez rien faire. Si quelqu'un ne demeure en moi, il est jetté hors comme le sarment, et se seche: puis on l'amasse, et on le met au feu, et il brusle. Si vous demeurez en moi, et mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voudrez, et il vous sera fait. En cela mon Pere est glorifié; que vous apportiez beaucoup de fruit: et alors vous deviendrez mes disciples. Comme le Pere m'a aimé, [ainsi] aussi je vous ai aimez: demeurez en mon amour. Si vous gardez mes commandemens, vous demeurerez en mon amour: comme j'ai gardé les commandemens de mon Pere, et je demeure en son amour. Je vous ai dit ces choses, afin que ma joye demeure en vous, et que vostre joye soit accomplie. C'est ici mon commandement, que vous vous aimiez l'un l'autre, comme je vous ai aimez. Nul n'a plus grande amour que celle-ci, [assavoir] quand quelqu'un met son ame pour ses amis. Vous serez mes amis, si vous faites tout ce que je vous commande. Je ne vous appelle plus serviteurs: car le serviteur ne sçait ce que son maistre fait: mais je vous ai nommé [mes] amis, parce que je vous ai fait connoître tout ce que j'ai ouï de mon Pere. Ce n'est point vous qui m'avez éleu, mais c'est moi qui vous ai éleus et qui vous ai establis, afin que vous alliez, et apportiez du fruit, et que vostre fruit soit permanent: afin que tout ce que vous demanderez au Pere en mon Nom, il vous le donne. Je vous commande ces choses, afin que vous vous aimiez l'un l'autre. Si le monde vous a en haine, sçachez qu'il m'a eu en haine premier que vous. Si vous eussiez esté du monde, le monde aimeroit ce qui seroit sien: or parce que vous n'estes point du monde, mais que je vous ai éleus du monde, pourtant le monde vous a en haine. Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite, Que le serviteur n'est point plus grand que son maistre. S'ils m'ont persecuté, aussi vous persecuteront-ils: s'ils ont gardé ma parole, aussi garderont-ils la vostre. Mais ils vous feront toutes ces choses à cause de mon Nom: parce qu'ils ne connoissent point celui qui m'a envoyé. Si je ne fusse venu, et n'eusse parlé à eux, ils n'auroyent point de peché: mais maintenant ils n'ont point d'excuse de leur peché. Celui qui m'a en haine, il a aussi en haine mon Pere. Si je n'eusse fait entr'eux les oeuvres que nul autre n'a faites; ils n'auroyent point de peché: mais maintenant ils les ont veuës, et ont eu en haine et moi et mon Pere. Mais [c'est] afin que soit accomplie la parole qui est écrite en leur Loi, Ils m'ont eu en haine sans cause. Mais quand le Consolateur sera venu, lequel je vous envoyerai de par mon Pere, [assavoir] l'Esprit de verité, qui procede de mon Pere, celui-là témoignera de moi. Et vous aussi en témoignerez: car vous estes dés le commencement avec moi. Je vous ai dit ces choses, afin que vous ne soyez point scandalizez. Ils vous chasseront hors des Synagogues: mesmes le temps vient que quiconque vous fera mourir, pensera faire service à Dieu. Et ils vous feront ces choses, parce qu'ils n'ont point connu le Pere ni moi. Mais je vous ai dit ces choses, afin que quand l'heure sera venuë, il vous souvienne que je vous les ai dites: toutefois je ne vous ai point dit ces choses dés le commencement, parce que j'estois avec vous. Et maintenant je m'en vais à celui qui m'a envoyé, et personne de vous ne me demande, Où vas-tu? Mais parce que je vous ai dit ces choses, la tristesse a rempli vostre coeur. Toutefois je vous dis la verité, il vous est expedient que je m'en aille: car si je ne m'en vais, le Consolateur ne viendra point à vous: et si je m'en vais, je vous l'envoyerai. Et quand il sera venu, il convaincra le monde de peché, de justice, et de jugement. De peché, parce qu'ils ne croyent point en moi. De justice, parce que je m'en vais à mon Pere, et que vous ne me verrez plus. De jugement, parce que le prince de ce monde est [déja] jugé. J'ai à vous dire encore plusieurs choses, mais vous ne les pouvez porter maintenant. Mais quand celui-là sera venu, [assavoir] l'Esprit de verité, il vous conduira en toute verité: car il ne parlera point de par soi-mesme: mais il dira tout ce qu'il aura ouï, et vous annoncera les choses à venir. Celui-là me glorifiera: car il prendra du mien, et vous l'annoncera. Tout ce qu'a mon Pere, est mien, c'est pourquoi j'ai dit qu'il prendra du mien, et qu'il vous l'annoncera. Un petit [de temps], et vous ne me verrez point: et derechef un petit [de temps], et vous me verrez: car je m'en vais à mon Pere. Dont quelques-uns de ses disciples dirent entr'eux, Qu'est-ce qu'il nous dit? Un petit [de temps], et vous ne me verrez point: et derechef un petit [de temps], et vous me verrez: car je m'en vais à mon Pere. Ils disoyent donc, Qu'est-ce qu'il dit, Un petit [de temps]; nous ne sçavons ce qu'il dit. Et Jesus connoissant qu'ils le vouloyent interroger, leur dit, Vous demandez entre vous touchant ce que j'ai dit, Un petit [de temps], et vous ne me verrez plus: et derechef un petit [de temps], et vous me verrez. En verité, en verité je vous dis, que vous pleurerez et lamenterez, et le monde s'éjouïra: voire que vous serez contristez: mais vostre tristesse sera convertie en joye. Quand la femme enfante, elle sent ses douleurs, parce que son terme est venu: mais apres qu'elle a fait un petit enfant, il ne lui souvient plus de l'angoisse, pour la joye qu'elle a qu'une creature humaine est née au monde. Vous donc aussi avez maintenant de la tristesse: mais je vous verrai derechef, et vostre coeur s'éjouïra, et personne ne vous ostera vostre joye. Et en ce jour-là vous ne m'interrogerez de rien. En verité, en verité je vous dis, que toutes les choses que vous demanderez au Pere en mon Nom, il vous [les] donnera. Jusques à present vous n'avez rien demandé en mon Nom: demandez, et vous recevrez, afin que vostre joye soit accomplie. Je vous ai dit ces choses par similitudes: mais l'heure vient que je ne parlerai plus à vous par similitudes: mais je vous parlerai ouvertement de [mon] Pere: En ce jour-là vous demanderez en mon Nom; et je ne vous dis point que je prierai le Pere pour vous: Car le Pere lui-mesme vous aime, parce que vous m'avez aimés et que vous avez creu que je suis issu de Dieu. Je suis issu du Pere, et suis venu au monde: derechef je laisse le monde, et m'en vais au Pere. Ses disciples lui dirent, Voici maintenant tu parles ouvertement, et ne dis nulle similitude. Maintenant nous sçavons que tu sçais toutes choses, et n'as pas de besoin qu'aucun t'interroge: par cela nous croyons que tu es issu de Dieu. Jesus respondit, Croyez-vous maintenant? Voici, l'heure vient, et est déja venuë, que vous serez espars chacun à part soi, et me delaisserez seul: mais je ne suis point seul: car le Pere est avec moi. Je vous ai dit ces choses, afin que vous ayez paix en moi: vous aurez de l'angoisse au monde, mais ayez bon courage, j'ai vaincu le monde. Jesus dit ces choses: puis levant les yeux au ciel, il dit, Pere, l'heure est venuë, glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie. Comme tu lui as donné puissance [sur] toute chair, afin qu'il donne la vie eternelle à tous ceux que tu lui as donnez. Et c'est ici la vie eternelle, Qu'ils te connoissent seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jesus Christ. Je t'ai glorifié sur la terre, j'ai achevé l'oeuvre que tu m'as baillée à faire. Et maintenant glorifie moi, toi Pere, envers toi-mesme, de la gloire que j'ai euë par devers toit devant que le monde fust fait. J'ai manifesté ton Nom aux hommes, lesquels tu m'as donnez du monde: ils estoyent tiens, et tu me les as donnez, et ils ont gardé ta parole. Maintenant ils ont connu que tout ce que tu m'as donné est de toi. Car je leur ai donné les paroles que tu m'as données et ils les ont receuës, et ont vrayement connu que je suis issu de toi, et ont creu que tu m'as envoyé. Je prie pour eux: je ne prie point pour le monde, mais pour ceux que tu m'as donnez: dautant qu'ils sont tiens. Et tout ce qui est mien, est tien: et ce qui est tien, est mien: et je suis glorifié en eux. Et maintenant je ne suis plus au monde: mais ceux-ci sont au monde, et je viens à toi, Pere Saint; garde les en ton Nom, voire ceux que tu m'as donnez, afin qu'ils soyent un, ainsi que nous. Quand j'estois avec eux au monde, je les gardois en ton Nom: j'ai gardé ceux que tu m'as donnez, et pas un d'eux n'est peri, sinon le fils de perdition, afin que l'Escriture fust accomplie, Et maintenant je viens à toi, et dis ces choses [estant encore] au monde, afin qu'ils ayent ma joye accomplie en eux-mesmes. Je leur ai donné ta parole, et le monde les a eus en haine, parce qu'ils ne sont point du monde, comme aussi je ne suis point du monde. Je ne prie point que tu les ostes du monde, mais que tu les gardes de mal. Ils ne sont point du monde, comme aussi je ne suis point du monde. Sanctifie-les par ta verité: ta parole est verité. Comme tu m'as envoyé au monde, ainsi aussi je les ai envoyez au monde. Et pour eux je me sanctifie moi-mesme, afin qu'eux aussi soyent sanctifiez en verité. Or je ne prie point seulement pour eux, mais aussi pour ceux qui croiront en moi par leur parole. Afin que tous soyent un; ainsi que toi, Pere, es en moi, et moi en toi, afin qu'eux aussi soyent un en nous: à ce que le monde croye que c'est toi qui m'as envoyé. Et moi aussi je leur ai donné la gloire que tu m'as donnée: afin qu'ils soyent un, comme nous sommes un. Je [suis] en eux, et toi en moi, afin qu'ils soyent consommez en un, et que le monde connoisse que c'est toi qui m'as envoyé, et que tu les aimes, ainsi que tu m'as aimé. Pere, mon desir est touchant ceux que tu m'as donnez, que là où je suis, ils soyent aussi avec moi: afin qu'ils contemplent ma gloire, laquelle tu m'as donnée: dautant que tu m'as aimé devant la fondation du monde. Pere juste, le monde ne t'a point connu, mais moi je t'ai connu, et ceux-ci ont connu que c'est toi qui m'as envoyé. Et je leur ai fait connoistre ton Nom, et le leur ferai connoistre, afin que l'amour duquel tu m'as aimé, soit en eux, et moi en eux. Apres que Jesus eut dit ces choses, il s'en alla outre le torrent de Cedron, où il y avoit un jardin, auquel il entra avec ses disciples. Or Judas, qui le trahissoit, sçavoit aussi le lieu: car Jesus s'estoit souvent assemblé là avec ses disciples. Judas donc ayant pris une bande [de soldats], et des sergeans, de par les principaux Sacrificateurs et de par les Pharisiens, s'en vint là avec lanternes, et flambeaux, et armes. Or Jesus sçachant toutes les choses qui lui devoyent advenir, s'avançant leur dit, Qui cherchez-vous? Ils lui respondirent, Jesus le Nazarien. Jesus leur dit, C'est moi. Et Judas, qui le trahissoit, estoit aussi avec eux. Apres donc qu'il leur eut dit, C'est moi, ils s'en allerent à la renverse, et cheurent par terre. Derechef donc il les interrogea, Qui cherchez-vous? Et ils [respon]dirent, Jesus le Nazarien. Jesus respondit, Je vous ai dit que c'est moi: si donc vous me cherchez, laissez aller ceux-ci. [C'estoit] afin que la parole qu'il avoit dite fust accomplie, Je n'ai perdu pas un de ceux que tu m'as donnez. Or Simon Pierre ayant une espée, la tira, et frappa le serviteur du Souverain Sacrificateur, et lui coupa l'oreille droite; et ce serviteur-là avoit nom Malchus. Jesus donc dit à Pierre, Remets ton espée au fourreau. Ne boirai-je pas la coupe que le Pere m'a donnée? Alors la bande, et le capitaine, et les sergeans des Juifs empoignerent Jesus, et le lierent: Et l'emmenerent premierement à Anne: car il estoit beau-pere de Caïphe, qui estoit le souverain Sacrificateur de cette année-là. Or Caïphe estoit celui qui avoit donné conseil aux Juifs, qu'il estoit expedient qu'un homme mourût pour le peuple. Or Simon Pierre, avec un autre disciple, suivoit Jesus. Et ce disciple estoit connu du souverain Sacrificateur; et il entra avec Jesus en la sale du souverain Sacrificateur. Mais Pierre estoit dehors à la porte. L'autre disciple donc, qui estoit connu du souverain Sacrificateur, sortit dehors, et parla à la portiere, laquelle fit entrer Pierre. La servante donc, qui estoit la portiere, dit à Pierre, N'es-tu point aussi des disciples de cet homme? Il dit, Je n'en suis point. Et les serviteurs et les sergeans, ayant fait du brasier, estoyent là, parce qu'il faisoit froid, et se chauffoyent. Pierre aussi estoit avec eux, et se chauffoit. Le souverain Sacrificateur donc interrogea Jesus touchant ses disciples, et touchant sa doctrine. Jesus lui respondit, J'ai ouvertement parlé au monde, j'ai toûjours enseigné en la Synagogue et au temple, où les Juifs s'assemblent toûjours, et je n'ai rien dit en cachette. Pourquoi m'interroges-tu? interroge ceux qui ont ouï ce que je leur ai dit: voila, ceux-là sçavent ce que j'ai dit. Quand il eut dit ces choses, un des sergeans qui estoit present, bailla un coup de [sa] verge à Jesus, disant, Est-ce ainsi que tu respons au souverain Sacrificateur? Jesus lui respondit, Si j'ai mal parlé, ren tesmoignage du mal: et si [j'ay] bien [dit], pourquoi me frappes-tu? Or Anne l'avoit envoyé lié à Caïphe Souverain Sacrificateur. Et Simon Pierre estoit là, et se chauffoit: alors ils lui dirent, N'es-tu pas aussi de ses disciples? Lui le nia, et dit, Je n'en suis point. Et l'un des serviteurs du souverain Sacrificateur, parent de celui à qui Pierre avoit coupé l'oreille, dit, Ne t'ai-je pas veu au jardin avec lui? Pierre donc le nia derechef, et incontinent le coq chanta. Puis apres ils menerent Jesus de Caïphe au Pretoire: or c'estoit au matin, et ils n'entrerent point au Pretoire, de peur qu'ils ne fussent soüillez, mais afin qu'ils peussent manger l'agneau de Pasque. Pilate donc sortit vers eux, et dit, Quelle accusation apportez-vous contre cet homme-ci? Il respondirent, et lui dirent, Si celui-ci n'estoit malfaiteur, nous ne te l'eussions pas livré. Alors Pilate leur dit, Prenez-le vous, et le jugez selon vostre Loi. Alors les Juifs lui dirent, Il ne nous est pas permis de mettre aucun à mort. Et [ce fut] afin que la parole de Jesus fust accomplie, laquelle il avoit dite, signifiant de quelle mort il devoit mourir. Pilate donc entra derechef au Pretoire, et appella Jesus, et lui dit, Es-tu le Roi des Juifs? Jesus lui respondit, Dis-tu ceci de par toi-mesme, ou si les autres te l'ont dit de moi? Pilate respondit, Suis-je Juif? ta nation et les principaux Sacrificateurs t'ont livré à moi: qu'as-tu fait? Jesus respondit, Mon regne n'est point de ce monde: si mon regne estoit de ce monde, mes gens combattroyent, afin que je ne fusse point livré aux Juifs: mais maintenant mon regne n'est point d'ici bas. Alors Pilate lui dit, Es-tu donc Roi? Jesus respondit, Tu [le] dis que je suis Roi: je suis né pour cela: et pour cela je suis venu au monde, afin que je rende tesmoignage à la verité. Quiconque est de verité, oit ma voix. Pilate lui dit, Qu'est-ce que verité? Et quand il eut dit cela, il sortit derechef vers les Juifs, et leur dit, Je ne trouve aucun crime en lui. Or vous avez une coustume, que je vous en delivre un à la feste de Pasque: voulez-vous donc que je vous delivre le Roi des Juifs? Alors tous derechef s'écrierent, disans, Non pas celui-ci, mais Barrabas. Or Barrabas estoit un brigand. Alors donc Pilate prit Jesus, et le foüetta. Et les soldats plierent une couronne d'espines, qu'ils mirent sur sa teste, et le vestirent d'un vestement de pourpre: Et disoyent, Roi des Juifs, bien te soit: Et lui donnoyent des coups de leurs verges. Cela estant fait, Pilate sortit derechef dehors, et leur dit, Voici, je vous l'amene dehors, afin que vous connoissiez que je ne trouve aucun crime en lui. Jesus donc sortit dehors portant la couronne d'espines, et le vestement de pourpre: et Pilate leur dit, Voici l'homme. Mais quand les principaux Sacrificateurs et les sergeans le virent, ils s'écrierent, disans, Crucifie, crucifie. Pilate leur dit, prenez-le vous mesmes, et le crucifiez: car je ne trouve point de crime en lui. Les Juifs lui respondirent, Nous avons une Loi, et selon nostre Loi il doit mourir: car il s'est fait le Fils de Dieu. Quand donc Pilate eut ouï cette parole, il craignit plus fort. Et il entra derechef au Pretoire, et dit à Jesus, D'où es-tu? Et Jesus ne lui donna point de response. Alors Pilate lui dit, Ne parles-tu point à moi? ne sçais-tu pas que j'ai puissance de te crucifier, et puissance de te delivrer? Jesus respondit, Tu n'aurois puissance quelconque sur moi, s'il ne t'estoit donné d'enhaut: pour cette cause celui qui m'a livré à toi, à plus grand peché. Depuis cela Pilate taschoit à le delivrer: mais les Juifs crioyent, disans, Si tu delivres celui-ci, tu n'es point ami de Cesar: car quiconque se fait Roi, contredit à Cesar. Et quand Pilate eut ouï cette parole, il amena Jesus dehors, et s'assit au siege judicial, au lieu appellé Pavement, et en Hebreu Gabbatha. Or il estoit [alors] la preparation de Pasque, environ six heures: et [Pilate] dit aux Juifs, Voici vostre Roi. Mais ils crioyent, Oste, oste, crucifie-le. Pilate leur dit, Crucifierai-je vostre Roi? Les principaux Sacrificateurs respondirent, Nous n'avons point de Roi sinon Cesar. Alors donc il le leur livra pour estre crucifié. Ils prirent donc Jesus, et l'emmenerent. Et lui portant sa croix vint en la place qu'on appelle [la place] du Test, et en Hebreu Golgotha: Où ils le crucifierent, et avec lui deux autres; l'un deça, et l'autre delà, et Jesus au milieu. Or Pilate écrivit un écriteau, et le mit sur la croix: où il y avoit en écrit, JESUS NAZARIEN LE ROI DES JUIFS. Plusieurs donc des Juifs leurent cet écriteau, dautant que le lieu, où Jesus estoit crucifié, estoit prés de la ville: et il estoit écrit en Hebreu, en Grec, [et] en Latin. C'est pourquoi les principaux Sacrificateurs des Juifs dirent à Pilate, N'écri point, Le Roi des Juifs: mais que celui-ci a dit, Je suis le Roi des Juifs. Pilate respondit, Ce que j'ai écrit, je l'ai écrit. Or quand les soldats eurent crucifié Jesus, ils prirent ses vestemens, et en firent quatre parties, à chaque soldat une partie: [ils prirent] aussi le saye: mais le saye estoit sans cousture, tissu depuis le haut tout au long. Dont ils dirent entr'eux, Ne le mettons point en pieces, mais jettons le sort dessus à qui il sera. [Et cela] afin que l'Escriture fust accomplie, disant, Ils ont partagé mes vestemens entr'eux, et ont jetté le sort sur mon habillement. Les soldats donc firent ces choses. Or là prés de la croix de Jesus estoit sa mere, et la soeur de sa mere Marie [femme] de Cleophas, et Marie Magdeleine. Et Jesus voyant sa mere, et le disciple qu'il aimoit, estre là, dit à sa mere, Femme, voila ton fils. Puis il dit au disciple, Voila ta mere. Et dés cette heure-là le disciple la receut chez soi. Puis apres Jesus sçachant que toutes choses estoient déja accomplies, afin que l'Escriture fust accomplie, dit, J'ai soif. Et il y avoit là un vaisseau plein de vinaigre. Ils emplirent donc de vinaigre une éponge, et la mirent à l'entour de l'hyssope, et [la] lui presenterent à la bouche. Et quand Jesus eut pris le vinaigre, il dit, Tout est accompli. Et ayant baissé la teste il rendit l'esprit. Alors les Juifs, afin que les corps ne demeurassent point en croix au jour du Sabbat, parce qu'alors estoit le jour de la preparation, (car c'estoit le grand jour de ce Sabbat-là) prierent Pilate qu'on leur rompist les jambes, et qu'on les ostast. Les soldats donc vinrent, et rompirent les jambes du premier, et de l'autre qui estoit crucifié avec lui. Mais quand ils vinrent à Jesus, et virent qu'il estoit déja mort, ils ne lui rompirent point les jambes: Mais l'un des soldats lui perça le costé, avec une lance, et incontinent il en sortit du sang et de l'eau. Et celui qui l'a veu, l'a tesmoigné, et son tesmoignage est digne de foi: et celui-là sçait qu'il dit vrai, afin que vous le croyïez. Car ces choses-là sont advenuës, afin que l'Escriture fust accomplie, Pas un de ses os ne sera cassé. Et encore une autre Escriture dit, Ils verront celui qu'ils ont percé. Or apres ces choses, Joseph d'Arimathée (qui estoit disciple de Jesus, secret toutefois pour la crainte des Juifs) pria Pilate qu'il lui permist d'oster le corps de Jesus: et Pilate [le lui] permit. Il vint donc, et prit le corps de Jesus. Nicodeme aussi (celui qui estoit premierement venu de nuit à Jesus) y vint, apportant une mixtion de myrrhe et d'aloës, environ cent livres. Alors ils prirent le corps de Jesus, et le banderent de linges avec des senteurs aromatiques, comme c'est la coustume des Juifs d'ensevelir. Or il y avoit au lieu qu'il fut crucifié un jardin, et au jardin un sepulcre neuf, auquel personne n'avoit encore esté mis. Ils mirent donc là Jesus à cause [du jour] de la preparation des Juifs, parce que le sepulcre estoit prés. Or le premier jour de la semaine, Marie Magdeleine vint le matin au sepulcre, comme il faisoit encore obscur: et vid que la pierre estoit ostée du sepulcre. Alors elle courut, et vint à Simon Pierre, et à l'autre disciple que Jesus aimoit, et leur dit, On a enlevé le Seigneur du sepulcre, et nous ne sçavons où on l'a mis. Alors Pierre partit, et l'autre disciple, et ils s'en vinrent au sepulcre. Et couroyent eux deux ensemble: mais l'autre disciple couroit plus viste que Pierre, et vint le premier au sepulcre. Et s'estant baissé il vid bien les linges mis à costé: toutefois il n'y entra point. Alors Simon Pierre vint, le suivant, et entra au sepulcre, et vid les linges mis à costé, Et le couvrechef qui avoit esté sur sa teste, non point mis avec les linges, mais enveloppé en un lieu à part. Alors l'autre disciple, qui estoit venu le premier au sepulcre, y entra aussi, et le vid, et creut. Car ils ne sçavoyent point encore l'Escriture, qu'il faloit qu'il ressuscitast des morts. Les disciples donc s'en allerent derechef chez eux. Mais Marie se tenoit prés du sepulcre dehors en pleurant. Comme donc elle pleuroit, elle se baissa dans le sepulcre. Et elle vid deux Anges vestus de blanc, assis l'un à la teste, et l'autre aux pieds, là où gisoit [auparavant] le corps de Jesus, Et ils lui dirent, Femme, pourquoi pleures-tu? Elle leur dit, Parce qu'on a enlevé mon Seigneur: et je ne sçais où on l'a mis. Et quand elle eut dit cela, en se retournant en arriere, elle vid Jesus qui estoit là: et elle ne sçavoit point que c'estoit Jesus. Jesus lui dit, Femme, pourquoi pleures-tu? qui cherches-tu? Elle pensant que ce fust le jardinier, lui dit, Seigneur, si tu l'as emporté, dis moi où tu l'as mis, et je l'osterai. Jesus lui dit, Marie. Elle s'estant retournée, lui dit, Rabboni, qui est à dire, Maistre. Jesus lui dit, Ne me touche point: car je ne suis point encore monté à mon Pere: mais va à mes freres, et leur di, Je monte à mon Pere, et à vostre Pere, et à mon Dieu, et à vostre Dieu. Marie Magdeleine vint, annonçant aux disciples qu'elle avoit veu le Seigneur, et qu'il lui avoit dit ces choses. Et quand le soir de ce jour-là fut venu, qui estoit le premier de la semaine, et que les portes du lieu où les disciples estoyent assemblez, pour la crainte qu'ils avoyent des Juifs, estoyent fermées, Jesus vint, et fut là au milieu d'eux, et leur dit, Paix vous soit. Et quand il leur eut dit cela, il leur montra ses mains et son costé. Alors les disciples s'éjouïrent, quand ils eurent veu le Seigneur. Et il leur dit derechef, Paix vous soit: comme mon Pere m'a envoyé, ainsi aussi je vous envoye. Et quand il eut dit cela, il souffla sur eux, et leur dit, Recevez le sainct Esprit. A quiconque vous pardonnerez les pechez, ils seront pardonnez: et à quiconque vous les retiendrez, ils seront retenus. Or Thomas l'un des douze, appellé Didyme, n'estoit point avec eux quand Jesus vint. Dont les autres disciples lui dirent, Nous avons veu le Seigneur. Mais il leur dit, Si je ne vois les enseignes des cloux en ses mains, et si je ne mets mon doigt là où estoyent les cloux, et si je ne mets ma main en son costé, je ne le croirai point. Et huict jours apres, ses disciples estoyent derechef là dedans, et Thomas avec eux. [Alors] Jesus vint, les portes estant fermées, et fut là au milieu d'eux, et leur dit, Paix vous soit. Puis il dit à Thomas, Mets ton doigt ici, et regarde mes mains: avance aussi ta main, et la mets en mon costé: et ne sois point incredule, mais fidele. Et Thomas respondit et lui dit, Mon Seigneur et mon Dieu. Jesus lui dit, Parce que tu m'as veu, Thomas, tu as creu: bien-heureux sont ceux qui n'ont point veu, et ont creu. Jesus fit aussi plusieurs autres signes en la presence de ses disciples, lesquels ne sont point escrits en ce livre. Mais ces choses sont escrites, afin que vous croyïez que Jesus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu'en croyant vous ayez la vie par son Nom. Apres cela Jesus se manifesta derechef prés de la mer de Tiberias, et se manifesta ainsi: Simon Pierre, et Thomas, appellé Didyme, et Nathanaël, qui estoit de Cana de Galilée, et les fils de Zebedée, et deux autres de ses disciples estoyent ensemble. Simon Pierre leur dit, Je m'en vais pescher. Ils lui dirent, Nous y allons aussi avec toi. Ils partirent, et monterent incontinent en la nasselle, et ne prirent rien en cette nuict-là. Mais le matin estant venu, Jesus se trouva au rivage: toutefois les disciples ne connurent point que c'estoit Jesus. Jesus donc leur dit, Enfans, avez-vous [quelque petit poisson] à manger? Ils lui respondirent, Non. Et il leur dit, Jettez le filé à costé droit de la nasselle, et vous en trouverez. Ils le jetterent donc, et ne le pouvoyent plus tirer pour la multitude des poissons. C'est pourquoi le disciple que Jesus aimoit, dit à Pierre, C'est le Seigneur. Quand donc Simon Pierre eut ouï que c'estoit le Seigneur, il se ceignit de sa juppe, (parce qu'il estoit nud) et se jetta en la mer. Et les autres disciples vinrent en la nasselle, (car ils n'estoyent pas loin de terre, mais [seulement] environ deux cens coudées) trainans le filé de poissons. Or quand ils furent descendus en terre, ils virent de la braise mise, et du poisson mis dessus, et du pain. Jesus leur dit, Apportez des poissons que vous avez maintenant pris. Simon Pierre monta, et tira le filé plein de cent cinquante trois grands poissons: et bien qu'il y en eust tant, le filé ne fut point rompu. Jesus leur dit, Venez [et] disnez. Et nul de ses disciples ne l'osoit interroger, Qui es-tu? sçachans que c'estoit le Seigneur. Jesus donc vint, et prit du pain, et leur en bailla: et du poisson semblablement. Ce fut déja la troisiéme fois que Jesus se manifesta à ses disciples, apres estre ressuscité des morts. Or apres qu'ils eurent disné, Jesus dit à Simon Pierre, Simon [fils] de Jona, m'aimes-tu plus que ne font ceux-ci? Il lui respondit, Oui vrayement, Seigneur: tu sçais que je t'aime. Il lui dit, Pai mes agneaux. Il lui dit encore derechef, Simon [fils] de Jona, m'aimes-tu? Il lui [respon]dit, Oui vrayement, Seigneur, tu sçais que je t'aime. Il lui dit, Pai mes brebis. Il lui dit pour la troisiéme fois, Simon [fils] de Jona, m'aimes-tu? Pierre fut contristé de ce qu'il lui avoit dit pour la troisiéme fois, M'aimes-tu? Et il lui [respon]dit, Seigneur, tu sçais toutes choses, tu sçais que je t'aime. Jesus lui dit, Pai mes brebis. En verité, en verité je te dis, quand tu estois plus jeune, tu te ceignois, et allois où tu voulois; mais quand tu seras ancien, tu estendras tes mains, et un autre te ceindra, et te menera où tu ne voudras pas. Or il dit cela signifiant de quelle mort il devoit glorifier Dieu. Quand il eut dit cela, il lui dit, Sui moi. Et Pierre se retournant vid le disciple que Jesus aimoit, qui suivoit: lequel aussi s'estoit encliné au souper sur l'estomac d'icelui, et avoit dit, Seigneur, qui est celui à qui il adviendra de te trahir? Quand donc Pierre le vid, il dit à Jesus, Seigneur, et celui-ci, quoi? Jesus lui dit, Si je veux qu'il demeure jusques à ce que je vienne, qu'en as-tu à faire? Toi, sui moi. Or cette parole courut entre les freres, que ce disciple-là ne mourroit point. Toutefois Jesus ne lui avoit pas dit, Il ne mourra point: mais, Si je veux qu'il demeure jusques à ce que je vienne, qu'en as-tu à faire? C'est ce disciple-là qui rend tesmoignage de ces choses, et qui a escrit ces choses, et nous sçavons que son tesmoignage est digne de foi. Il y a aussi plusieurs autres choses que Jesus a faites, lesquelles estant écrites de poinct en poinct, je ne pense pas que le monde mesme peust tenir les livres qu'on en écriroit. Amen.
Nous avons fait le premier traité, ô Theophile, touchant toutes les choses que Jesus s'est mis à faire et à enseigner. Jusques au jour qu'il fut receu en haut, apres avoir donné ses mandemens aux Apostres par le Saint Esprit, lesquels il avoit éleus. Ausquels aussi apres avoir souffert il se presenta soi-mesme vivant, avec plusieurs preuves asseurées, estant veu par eux l'espace de quarante jours, et parlant des choses qui appartiennent au royaume de Dieu. Et les ayant assemblez, leur commanda qu'ils ne se départissent point de Jerusalem, mais qu'ils attendissent la promesse du Pere, Laquelle, [dit-il], vous avez ouïe de moi. Car Jean a baptizé d'eau, mais vous serez baptisez du Saint Esprit, dans peu de jours. Eux donc estant assemblez l'interrogerent, disans, Seigneur, sera-ce en ce temps-ci que tu restabliras le royaume à Israël? Mais il leur dit, Ce n'est point à vous de connoistre les temps ou les saisons, que le Pere a mises en sa propre puissance. Mais vous recevrez la vertu du Saint Esprit venant sur vous: et me serez témoins, tant à Jerusalem qu'en toute la Judée, et la Samarie, et jusques au bout de la terre. Et quand il eut dit ces choses, il fut élevé, eux le regardans, et une nuée le soustenant, l'emporta de devant leurs yeux. Et comme ils avoyent les yeux fichez vers le Ciel, lui s'en allant, voici, deux hommes se presenterent devant eux en vestemens blancs. Lesquels aussi dirent, Hommes Galiléens, pourquoi vous arrestez-vous regardans au ciel? Ce Jesus ici, qui a esté élevé en haut d'avec vous au ciel, viendra ainsi que vous l'avez contemplé allant au ciel. Alors ils s'en retournerent à Jerusalem, de la montagne qu'on appelle des Oliviers qui est prés de Jerusalem le chemin d'un Sabbat. Et quand ils furent entrez, ils monterent en une chambre haute, où demeuroyent Pierre et Jaques, Jean et André, Philippe et Thomas, Barthelemi et Matthieu, Jaques [fils] d'Alphée, et Simon Zelotes, et Jude [frere] de Jaques. Tous ceux-ci perseveroyent d'un accord en priere et en oraison avec les femmes, et Marie mere de Jesus, et avec les freres d'icelui. Or en ces jours-là Pierre se leva au milieu des disciples, (et là estoit assemblée une compagnie d'environ six vingt personnes,) et dit, Hommes freres, il faloit que cette Escriture fust accomplie, que le Sainct Esprit avoit predite par la bouche de David touchant Judas, qui a esté la guide de ceux qui ont pris Jesus. Car il estoit du nombre avec nous, et avoit receu sa part de cette administration. Lui donc s'estant acquis un champ du salaire de meschanceté, et s'estant precipité, s'est crevé par le milieu, et toutes ses entrailles ont esté espanduës. Ce qui a esté connu de tous les habitans de Jerusalem: tellement que ce champ-là e esté appellé en leur propre langue, Haceldama, c'est à dire, le champ du sang. Car il est escrit au livre des Pseaumes, Que sa demeure soit deserte et qu'il n'y ait nul qui y habite. Item, Qu'un autre prenne son administration. Il faut donc que d'entre ces hommes-là qui se sont assemblez avec nous, tout le temps que le Seigneur Jesus est allé et venu entre nous, Commençant dés le Baptesme de Jean, jusques au jour qu'il a esté enlevé d'avec nous, quelqu'un d'entr'eux soit tesmoin avec nous de sa resurrection. Alors ils en presenterent deux, assavoir Joseph appellé Barsabas, (qui estoit surnommé juste) et Matthias. Et en priant ils dirent, Toi Seigneur, qui connois les coeurs de tous, montre lequel de ces deux tu as éleu: Afin qu'il prenne sa part de ce ministere et Apostolat, dont Judas s'est destourné pour s'en aller en son lieu. Alors ils jetterent le sort sur eux: et le sort cheut sur Matthias, qui d'un commun accord fut mis au nombre des onze Apostres. Et comme le jour de la Pentecoste s'accomplissoit, ils estoyent tous d'un accord en un mesme lieu. Alors il se fit soudainement un son du ciel, comme d'un vent qui souffle en vehemence, lequel remplit toute la maison où ils estoyent assis. Et il leur apparut des langues departies comme de feu, et elles se poserent sur chacun d'eux. Dont ils furent tous remplis du Saint Esprit, et commencerent à parler des langages estranges, ainsi que l'Esprit leur donnoit à parler. Or il y avoit des Juifs sejournans à Jerusalem, hommes devots, de toute nation qui est sous le Ciel. Apres donc que le bruit en fut fait, une multitude vint ensemble, laquelle fut toute esmeuë, parce que chacun les oyoit parler en son propre langage. Dont tous estoyent estonnez, et s'émerveilloyent, disans l'un à l'autre, Voici, tous ceux-ci qui parlent, ne sont-ils pas Galiléens? Comment donc chacun de nous les oyons-nous parler en nostre propre langage, auquel nous sommes nez? Parthes, et Medes, et Elamites, et nous qui habitons en Mesopotamie, et en Judée, et en Cappadoce, en Ponte, et en Asie: Et en Phrygie, et en Pamphylie, en Egypte, et és parties de Libye, qui est à l'endroit de Cyrene, et nous qui nous tenons à Rome. Tant Juifs que Proselytes, Creteins et Arabes, nous les oyons parler chacun en nos propres langues, les choses magnifiques de Dieu. Ils estoyent donc tous estonnez, et ne sçavoyent que penser, disans l'un à l'autre, Que veut dire ceci? Et les autres se mocquans, disoyent, C'est qu'ils sont pleins de vin doux. Mais Pierre se presentant avec les onze, éleva sa voix, et leur dit, Hommes Juifs, et vous tous qui habitez à Jerusalem, ceci vous soit notoire, et mettez mes paroles en vos oreilles. Car ceux-ci ne sont point yvres, comme vous pensez, veu qu'il est la troisiéme heure du jour. Mais c'est ici ce qui a esté dit par le Prophete Joël, Et il aviendra és derniers jours (dit Dieu) que je répandrai de mon Esprit sur toute chair: et vos fils prophetizeront, et vos filles aussi, et vos jeunes gens verront des visions, et vos anciens songeront des songes. Et pour vrai en ces jours-là je répandrai de mon Esprit sur mes serviteurs et sur mes servantes, dont ils prophetizeront. Et je ferai des choses merveilleuses au ciel en haut, et des signes en la terre en bas, sang et feu, et vapeur de fumée. Le Soleil sera changé en tenebres, et la Lune en sang, devant que ce grand et notable jour du Seigneur vienne. Et il aviendra que quiconque invoquera le Nom du Seigneur sera sauvé. Hommes Israëlites, oyez ces paroles: Jesus le Nazarien, personnage approuvé de Dieu entre vous par vertus, par merveilles, et par signes, lesquels Dieu a faits par lui au milieu de vous, comme aussi vous [le] sçavez: Ayant esté livré par le conseil defini et par la providence de Dieu, vous l'avez pris, et l'avez mis en la croix, et fait mourir par les mains des iniques. Lequel Dieu a ressuscité, ayant delié les douleurs de la mort, parce qu'il n'estoit pas possible qu'il fust retenu par elle. Car David dit de lui, Je contemplois toûjours le Seigneur en ma presence: car il est à ma dextre, afin que je ne sois point ébranlé. C'est pourquoi mon coeur s'est éjoüi, et ma langue a eu liesse, et de plus ma chair reposera en esperance. Car tu ne delaisseras point mon ame au sepulcre, et tu ne permettras point que ton Saint sente de corruption. Tu m'as fait connoistre les voyes de vie, tu me rempliras de liesse avec ta face. Hommes freres, je vous puis bien dire franchement touchant le Patriarche David, qu'il est mort et qu'il a esté enseveli: et son sepulcre est entre nous jusques à ce jour. Lui donc estant Prophete, et sçachant que Dieu lui avoit promis avec serment, que du fruict de ses reins, selon la chair, il susciteroit le Christ, pour le faire seoir sur son trône: Il a dit de la resurrection de Christ, en [la] prevoyant, que son ame n'a point esté delaissée au sepulcre, et que sa chair n'a point senti de corruption. Dieu a ressuscité ce Jesus, de laquelle chose nous sommes tous tesmoins. Apres donc qu'il a esté élevé par la dextre de Dieu, et qu'il a receu de son Pere la promesse du Saint Esprit, il a respandu ce que maintenant vous voyez et oyez. Car David n'est point monté aux cieux: mais lui-mesme dit, Le Seigneur a dit à mon Seigneur, Sieds-toi à ma dextre, Jusques à ce que j'aye mis tes ennemis pour le marche-pied de tes pieds. Que donc toute la maison d'Israël sçache asseurément que Dieu l'a fait Seigneur et Christ, [voire] ce Jesus que vous avez crucifié. Ayant ouï ces choses, ils eurent componction de coeur, et dirent à Pierre et aux autres Apostres, Hommes freres, que ferons-nous? Et Pierre leur dit, Amendez-vous, et que chacun de vous soit baptizé au Nom de Jesus Christ, en remission des pechez, et vous recevrez le don du Sainct Esprit. Car à vous et à vos enfans est faite la promesse, et à tous ceux qui sont loin, autant que le Seigneur nostre Dieu en appellera à soi. Et par plusieurs autres paroles il tesmoignoit, et les exhortoit, disant, Sauvez-vous de cette nation perverse. Ceux donc qui receurent d'un franc courage sa parole furent baptizez: et furent adjoustées en ce jour-là environ trois mille ames. Or ils perseveroyent tous en la doctrine des Apostres, et en la communion, et en la fraction du pain, et aux prieres. Or toute personne avoit de la crainte: et beaucoup de merveilles et de signes se faisoyent par les Apostres. Et tous ceux qui croioyent, estoyent ensemble en un mesme lieu, et avoyent toutes choses communes: Et vendoyent leurs possessions et leurs biens, et les distribuoyent à tous, selon que chacun en avoit besoin. Et tous les jours ils perseveroyent tous d'un accord au temple: et rompans le pain de maison en maison, ils prenoyent leur repas avec joye et simplicité de coeur: Loüans Dieu, et ayans grace envers tout le peuple. Et le Seigneur adjoignoit de jour en jour à l'Eglise des gens pour estre sauvez. Or Pierre et Jean montoyent ensemble au temple à l'heure de la priere, [qui estoit] à neuf heures. Et un certain homme boiteux dés le ventre de sa mere, y estoit porté, lequel on mettoit journellement à la porte du temple nommée la Belle, pour demander l'aumosne à ceux qui entroyent au temple. Lui voyant Pierre et Jean qui vouloyent entrer au temple, les pria de lui donner l'aumosne. Mais Pierre avec Jean ayant l'oeil fiché sur lui, dit, Regarde-nous. Et il les regardoit attentivement, s'attendant de recevoir quelque chose d'eux. Alors Pierre dit, Je n'ai ni argent ni or: mais ce que j'ai, je te le donne; Au nom de Jesus-Christ le Nazarien leve-toi et chemine. Et l'ayant pris par la main droite, il le leva: et incontinent les plantes et les chevilles de ses pieds devinrent fermes. Et il sauta, et se tint debout, et cheminoit: et entra avec eux au temple, cheminant, et sautant, et loüant Dieu. Et tout le peuple le vid cheminant et loüant Dieu. Et le reconnoissans que c'estoit celui-là mesme qui estoit assis à la Belle porte du temple, pour avoir l'aumosne, ils furent remplis d'ébahissement et d'estonnement touchant ce qui estoit avenu. Et comme le boiteux qui avoit esté gueri tenoit [par la main] Pierre et Jean, tout le peuple tout estonné courut à eux au porche qui s'appelle de Salomon. Mais Pierre voyant [cela] dit au peuple, Hommes Israëlites, pourquoi vous estonnez-vous de ceci? ou pourquoi avez-vous l'oeil fiché sur nous, comme si par nostre puissance ou par nostre saincteté, nous avions fait cheminer celui-ci? Le Dieu d'Abraham, et d'Isaac, et de Jacob, et le Dieu de nos peres a glorifié son Fils Jesus, lequel vous avez livré et renié devant la face de Pilate, bien qu'il jugeast qu'il devoit estre delivré. Mais vous avez renié le Saint, et le Juste, et avez requis qu'on vous donnast un meurtrier: Et avez mis à mort le Prince de vie, que Dieu a ressuscité des morts: dequoi nous sommes tesmoins. Et par la foi du Nom d'icelui, son Nom a raffermi celui-ci, lequel vous voyez et connoissez. Voire la foi qui est par lui, a donné à celui-ci cette entiere disposition [de tous ses membres] en la presence de vous tous. Et maintenant, freres, je sçais que vous l'avez fait par ignorance, comme aussi vos Gouverneurs. Mais Dieu a ainsi accompli les choses qu'il avoit predites par la bouche de tous ses Prophetes, que le Christ devoit souffrir. Amendez-vous donc, et vous convertissez, afin que vos pechez soyent affacez: Quand les temps de raffraischissement seront venus de la presence du Seigneur, et qu'il aura envoyé Jesus-Christ, qui auparavant vous a esté annoncé. Lequel il faut que le ciel contienne jusques au temps du restablissement de toutes les choses que Dieu a prononcées par la bouche de tous ses saints Prophetes, dés le commencement du monde. Car Moyse mesme a dit aux Peres, Le Seigneur vostre Dieu vous suscitera d'entre vos freres un Prophete tel que moi: vous l'escouterez en tout ce qu'il vous dira. Et il aviendra que toute personne qui n'aura point escouté ce Prophete-là, sera exterminée d'entre le peuple. Et mesmes tous les Prophetes, depuis Samuël, et ceux qui l'ont suivi: tous, tant qu'il y en a qui ont parlé, ont aussi predit ces jours-ci. Vous estes les enfans des Prophetes, et de l'alliance que Dieu a traittée avec nos Peres, disant à Abraham, Et en ta semence seront benites toutes les familles de la terre. C'est pour vous premierement que Dieu ayant suscité son Fils Jesus, l'a envoyé pour vous benir, en retirant chacun de vous de vos mauvaistiez. Mais comme ils parloyent au peuple, les Sacrificateurs, et le Capitaine du temple, et les Sadduciens survinrent: Estans en grand'peine de ce qu'ils enseignoyent le peuple, et qu'ils annonçoyent la resurrection des morts au Nom de Jesus. Et ayans jetté les mains sur eux, ils les mirent en prison jusques au lendemain: car le soir estoit déja venu. Et plusieurs de ceux qui avoyent ouï la parole creurent: et le nombre des personnes fut environ cinq mille. Or il avint que le lendemain leurs Gouverneurs s'assemblerent, et les Anciens, et les Scribes, à Jerusalem. Et Anne souverain Sacrificateur, et Caïphe, et Jean, et Alexandre, et tous ceux qui estoyent de la lignée Sacerdotale. Et les ayans mis en place ils les interrogerent, [disant], Par quelle puissance, ou au nom de qui avez-vous fait ceci? Alors Pierre estant rempli du Saint Esprit, leur dit, Gouverneurs du peuple, et vous Anciens d'Israël, Puis que nous sommes aujourd'hui recherchez pour un bien qui a esté fait à l'endroit d'un homme impotent, [pour sçavoir] comment il a esté gueri: Qu'il soit notoire à vous tous, et à tout le peuple d'Israël, que [ç'a esté] au Nom de Jesus-Christ le Nazarien, que vous avez crucifié, lequel Dieu a ressuscité des morts: voire en vertu du Nom de celui-là, cet homme assiste sain ici devant vous. C'est cette pierre qui a esté rejettée par vous les edifians, qui a esté faite le principal du coin. Et il n'y a point de salut en aucun autre: car aussi il n'y a point d'autre Nom sous le ciel qui soit donné aux hommes, par lequel il nous faille estre sauvez. Eux alors voyans la hardiesse de Pierre et de Jean, et connoissant aussi qu'ils estoyent hommes sans lettres et idiots, s'émerveilloyent, et reconnoissoyent bien qu'ils avoyent esté avec Jesus. Et voyans que l'homme qui avoit esté gueri, estoit present avec eux, ils ne pouvoyent contredire en rien. Alors leur ayant commandé de sortir hors du conseil, ils conferoyent entr'eux, Disant, Que ferons-nous à ces gens-ci? car il est manifeste à tous les habitans de Jerusalem, qu'un signe notoire a esté fait par eux, et nous ne le pouvons nier. Mais afin qu'il ne soit plus divulgué parmi le peuple, defendons-leur avec menaces expresses, qu'ils n'ayent plus à parler à homme vivant en ce Nom. Et les appellans, ils leur commanderent que totalement ils ne parlassent ni n'enseignassent au Nom de Jesus. Mais Pierre et Jean respondans, leur dirent, Jugez, s'il est juste devant Dieu de vous obeïr plustost qu'à Dieu. Car nous ne pouvons que nous ne disions les choses que nous avons veuës et ouïes. Alors ils les relascherent avec menaces, ne trouvans point comment ils les peussent punir, à cause du peuple, parce que tous glorifioyent Dieu de ce qui avoit esté fait. Car l'homme sur lequel avoit esté fait un tel miracle de guerison, avoit plus de quarante ans. Or apres qu'on les eut laissez aller, ils vinrent vers leurs gens, et leur reciterent tout ce que les principaux Sacrificateurs et les Anciens leur avoyent dit. Ce qu'ayans entendu, ils éleverent tous d'un accord la voix à Dieu, et dirent, Seigneur, tu es le Dieu qui as fait le ciel et la terre, la mer, et toutes les choses qui y sont. Qui as dit par la bouche de David ton serviteur, Pourquoi est-ce que les Nations ont fremi, et que les peuples ont projetté des choses vaines? Les Rois de la terre se sont trouvez en personne, et les Princes se sont assemblez en un mesme lieu, contre le Seigneur, et contre son Christ. Car de vrai, contre ton Saint Fils Jesus que tu as oinct, se sont assemblez Herode et Ponce Pilate, avec les Nations et les peuples d'Israël, Pour faire toutes les choses que ta main et ton conseil avoyent auparavant determinées d'estre faites. Maintenant donc, Seigneur, regarde à leurs menaces, et donne à tes serviteurs d'annoncer ta parole avec toute hardiesse: En estendant ta main à ce que guerison, et signes, et merveilles se fassent par le Nom de ton Saint Fils Jesus. Et quand ils eurent prié, le lieu auquel ils estoyent assemblez, trembla: et ils furent tous remplis du Saint Esprit, et annonçoyent la parole de Dieu avec hardiesse. Or la multitude de ceux qui croioyent, n'estoit qu'un coeur et qu'une ame: et nul ne disoit aucune chose estre sienne de ce qu'il possedoit, mais toutes choses estoyent communes entr'eux. Aussi les Apostres rendoyent témoignage à grande puissance de la resurrection du Seigneur Jesus: et une grande grace estoit sur eux tous. Car il n'y avoit entr'eux aucun disetteux, parce que tous ceux qui possedoyent des champs ou des maisons, les vendoyent, et apportoyent le prix des choses qui estoyent venduës: Et le mettoyent aux pieds des Apostres: et [cela] estoit distribué à chacun, selon qu'il en avoit besoin. Joses donc, qui par les Apostres fut surnommé Barnabas (c'est à dire, fils de consolation) Levite [et] Cyprien de nation, Ayant une possession, la vendit, et en apporta le prix et le mit aux pieds des Apostres. Mais un certain homme nommé Ananias avec Saphira sa femme, vendit une possession. Et soustraya [une partie] du prix, sa femme consentant aussi à cela, et en apporta quelque partie, et la mit aux pieds des Apostres. Dont Pierre dit, Ananias, pourquoi Satan a-t'il rempli ton coeur pour mentir au Saint Esprit, et soustraire du prix de la possession? Si tu l'eusses gardée, ne te demeuroit-elle pas, et estant venduë n'estoit-elle pas en ta puissance? qu'y avoit-il pourquoi tu deusses mettre cela en ton coeur? tu n'as point menti aux hommes, mais à Dieu. Et Ananias oyant ces paroles, tomba, et rendit l'esprit: dont il avint une grande crainte à tous ceux qui entendirent ces choses. Et quelques jeunes compagnons se levans le prirent, et l'emporterent hors, et l'enterrerent. Il avint environ l'espace de trois heures apres que sa femme aussi, ne sçachant point ce qui estoit avenu, entra: Et Pierre prenant la parole, lui dit, Di-moi, avez-vous autant vendu le champ? Et elle dit, Oui, autant. Alors Pierre lui dit, Qu'y a-t'il que vous ayez fait complot entre vous de tenter l'Esprit du Seigneur? voici à la porte les pieds de ceux qui ont enterré ton mari, et ils t'emporteront. Et au mesme instant elle tomba à ses pieds, et rendit l'esprit. Et quand les jeunes compagnons furent entrez ils la trouverent morte, et l'emporterent hors, et l'enterrerent auprés de son mari. Dont il avint une grande crainte à toute l'Eglise, et à tous ceux qui oyoyent ces choses. Et beaucoup de signes et de miracles se faisoyent entre le peuple, par les mains des Apostres: et ils estoyent tous d'un accord au porche de Salomon: Et nul des autres ne s'osoit adjoindre à eux, mais le peuple les magnifioit. Et de plus en plus s'augmentoit la multitude de ceux qui croyoyent au Seigneur, tant d'hommes que de femmes. Tellement qu'ils apportoyent les malades és ruës, et les mettoyent en de petits lits et couchettes, afin que quand Pierre viendroit au moins son ombre passast sur quelqu'un d'entr'eux. Pareillement le populaire des villes [qui estoyent] voisines, s'assembloit à Jerusalem, apportant les malades, et tous ceux qui estoyent tourmentez des esprits immondes: lesquels tous estoyent gueris. Alors le souverain Sacrificateur se leva, lui et tous ceux qui estoyent avec lui, (qui estoit la secte des Sadduciens) et ils furent remplis d'envie: Et jetterent les mains sur les Apostres, et les mirent en la prison publique. Mais l'Ange du Seigneur ouvrit de nuit les portes de la prison, et les ayant mis dehors, [leur] dit, Allez, et vous presentans au temple, annoncez au peuple toutes les paroles de cette vie. [Eux] donc ayans ouï [cela], entrerent au temple environ le poinct du jour, et enseignoyent. Mais le souverain Sacrificateur estant venu, et ceux qui estoyent avec lui, assemblerent le conseil, et tous les Anciens des enfans d'Israël, et envoyerent à la prison pour les faire amener. Mais quand les sergens y furent venus, ils ne les trouverent point en la prison: ainsi ils s'en retournerent, et le rapporterent, Disans, Nous avons bien trouvé la prison fermée avec toute seureté, et les gardes qui estoyent dehors devant les portes: mais quand nous l'avons ouverte, nous n'avons trouvé personne dedans. Incontinent que le [souverain] Sacrificateur et le Capitaine du temple, et les principaux Sacrificateurs eurent ouï ces paroles, ils estoyent en perplexité d'eux que deviendroit cela. Mais quelqu'un survint qui leur rapporta, disant, Voila, les hommes que vous aviez mis en prison, sont au temple, et se tenant là enseignent le peuple. Alors le Capitaine du temple avec les sergens, s'en alla, et les amena, [mais] sans violence: car ils craignoyent le peuple, qu'ils ne fussent lapidez. Et les ayant amenez, ils les presenterent au conseil. Et le souverain Sacrificateur les interrogea, Disant, Ne vous avons-nous pas defendu par exprés commandement de n'enseigner point en ce Nom-ci? et voici, vous avez rempli Jerusalem de vostre doctrine, et vous voulez faire venir sur nous le sang de cet homme. Alors Pierre et les [autres] Apostres respondans, dirent, Il faut plustost obeïr à Dieu qu'aux hommes. Le Dieu de nos peres a ressuscité Jesus, lequel vous avez mis à mort, le pendant au bois. C'est celui que Dieu a élevé par sa dextre pour Prince et Sauveur, pour donner repentance à Israël, et remission des pechez. Et nous lui sommes témoins de ce que nous disons: et le Saint Esprit aussi que Dieu a donné à ceux qui lui obeïssent. Eux donc ayant ouï [cela], grinçoyent les dents, et consultoyent pour les mettre à mort. Alors un Pharisien, nommé Gamaliël, Docteur de la Loi, honorable à tout le peuple, se levant au conseil, commanda que les Apostres se retirassent un peu dehors. Puis il leur dit, Hommes Israëlites, prenez garde à vous touchant ces gens ce que vous devez faire. Car devant ce temps-ci, s'est levé Theudas, se disant estre quelque chose, auquel s'adjoignit un nombre d'hommes environ de quatre cens: lequel a esté défait, et tous ceux qui s'estoyent joints à lui ont esté rompus et reduits à rien. Apres lui se leva Judas le Galiléen és jours de la description, et destourna un grand peuple apres soi: et celui-ci aussi est peri, et tous ceux qui s'estoyent joints à lui ont esté espars ça et là. Et maintenant je vous le dis, deportez-vous de ces hommes, et les laissez: car si ce conseil ou cet oeuvre est des hommes, il sera défait. Mais s'il est de Dieu, vous ne le pourrez défaire: [et regardez] que mesmes vous ne soyez trouvez faire la guerre à Dieu. Et ils furent de son opinion. Alors ils appellerent les Apostres, et apres les avoir foüettez, ils leur commanderent de ne parler point au Nom de Jesus, et les laisserent aller. Eux donc s'en allerent de devant le conseil, s'éjouïssans d'avoir esté rendus dignes de souffrir opprobres pour le Nom d'icelui. Et tous les jours ils ne cessoyent, au temple, et de maison en maison, d'enseigner et d'annoncer Jesus-Christ. Et en ces jours-là comme les disciples se multiplioyent, il avint un murmure des Grecs contre les Hebreux, parce que leurs veuves estoyent mesprisées au service ordinaire. C'est pourquoi les douze, ayant appellé la multitude des disciples, dirent, Il n'est pas raisonnable que nous laissions la parole de Dieu pour servir aux tables. Regardez donc, freres, de choisir sept hommes d'entre vous, de qui on ait bon témoignage, pleins du Saint Esprit et de sapience, ausquels nous commettions cette affaire. Et quand à nous, nous poursuivrons à vacquer à la priere, et à l'administration de la parole. Et ce discours pleut à toute la compagnie qui estoit là presente: dont ils éleurent Estienne, personnage plein de foi et du Saint Esprit, et Philippe, et Procore, et Nicanor, et Timon, et Parmenas, et Nicolas proselyte Antiochien. Lesquels ils presenterent devant les Apostres: et eux apres avoir prié, leur imposerent les mains. Et la parole de Dieu croissoit, et le nombre des disciples se multiplioit fort à Jerusalem: un grand nombre aussi des Sacrificateurs obeïssoit à la foi. Or Estienne plein de foi et de vertu, faisoit de grands miracles et signes entre le peuple. Et quelques-uns de la Synagogue qui est appellée des Libertins, et des Cyreniens, et des Alexandrins, et de ceux qui estoyent de Cilice, et d'Asie, se leverent disputans contre Estienne. Et ils ne pouvoyent resister à la sapience et à l'Esprit par lequel il parloit. Alors ils subornerent des hommes, lesquels disoyent, Nous lui avons ouï proferer des paroles blasphematoires contre Moyse et contre Dieu. Et ils esmeurent le peuple, et les Anciens, et les Scribes, et lui courans sus le ravirent, et l'amenerent au conseil: Et presenterent de faux tesmoins, qui disoyent, Cét homme-ci ne cesse de proferer des paroles blasphematoires contre ce saint lieu et la Loi. Car nous lui avons ouï dire, que ce Jesus le Nazarien destruira ce lieu-ci, et changera les ordonnances que Moyse nous a baillées. Et comme tous ceux qui estoyent assis au conseil avoyent les yeux fichez sur lui, ils virent son visage comme le visage d'un Ange. Alors le souverain Sacrificateur dit, Ces choses sont-elles ainsi? Et [Estienne] dit, Hommes freres et peres, oyez; Le Dieu de gloire s'apparut à nostre pere Abraham du temps qu'il estoit en Mesopotamie, devant qu'il demeurast en Carran: Et lui dit, Sors de ton païs, et d'avec ton parentage, et vien au païs que je te montrerai. Alors estant sorti du païs des Caldéens, il habita en Carran. Et de là, apres que son pere fut mort, [Dieu] le transporta en ce païs auquel vous habitez maintenant. Et il ne lui donna aucun heritage en icelui, non pas seulement pour asseoir le pied, bien qu'il lui eust promis de le lui donner en possession, et à sa posterité apres lui, encore qu'il n'eust point d'enfant. Mais Dieu en parla ainsi, Ta posterité sejournera en une terre estrange: et là on l'asservira, et on la mal-menera quatre cens ans. Mais je jugerai la nation à laquelle ils auront servi, dit Dieu: et apres cela ils sortiront et me serviront en ce lieu. Puis il lui donna l'alliance de la circoncision: et ainsi [Abraham] engendra Isaac, lequel il circoncit au huictiéme jour: et Isaac engendra Jacob, et Jacob les douze Patriarches. Et les Patriarches estans meus d'envie, vendirent Joseph [pour estre mené] en Egypte: mais Dieu estoit avec lui: Qui le delivra de toutes ses tribulations, et lui donna grace et sapience devant Pharao roi d'Egypte, qui l'establit gouverneur sur l'Egypte, et [sur] toute sa maison. Or il avint une famine par tout le païs d'Egypte, et en Canaan, et une grande angoisse: tellement que nos Peres ne pouvoyent trouver de vivres. Mais quand Jacob eut entendu qu'il y avoit du blé en Egypte, il y envoya premierement nos Peres. Et à la seconde fois Joseph fut reconnu par ses freres, et la lignée de Joseph fut declarée à Pharao. Alors Joseph envoya querir Jacob son pere, et tout son parentage, [qui estoyent] soixante et quinze ames. Jacob donc descendit en Egypte, et y mourut, lui et nos Peres. Lesquels furent transportez en Sichem, et mis au sepulcre qu'Abraham avoit acheté à prix d'argent des fils d'Emmor, [fils] de Sichem. Mais comme le tems de la promesse s'approchoit, pour laquelle Dieu avoit juré à Abraham, le peuple creut et se multiplia en Egypte. Jusques à ce qu'un autre roi se leva en Egypte, lequel n'avoit point connu Joseph. Lui usant de ruse contre nostre nation, mal-mena nos peres jusques à leur faire exposer à l'abandon leurs enfans, afin d'en faire faillir la race. Auquel temps nasquit Moyse, qui fut excellemment beau, et fut nourri trois mois en la maison de son pere. Puis quand il fut exposé à l'abandon, la fille de Pharao l'emporta, et le nourrit pour soi comme son fils. Et Moyse fut instruit en toute la sapience des Egyptiens: or il estoit puissant en dits et en faits. Mais quand il vint à l'âge de quarante ans, il lui monta au coeur d'aller visiter ses freres les enfans d'Israël: Et voyant l'un d'eux à qui on faisoit tort, il le defendit, et vengea celui qui estoit outragé, en tuant l'Egyptien. Or il pensoit que ses freres entendissent que Dieu leur devoit donner delivrance par sa main: mais ils ne l'entendirent point. Et le jour suivant il se trouva entr'eux comme ils se querelloyent, et tascha de les mettre d'accord, disant, Hommes, vous estes freres, pourquoi vous faites vous tort l'un à l'autre? Mais celui qui faisoit tort à son prochain, le rebuta, disant, Qui t'a ordonné prince et juge sur nous? Me veux-tu tuër, ainsi que tu tuas hier l'Egyptien? Alors Moyse s'enfuït sur un tel discours, et fut estranger au païs de Madian, où il engendra deux fils. Et quarante ans estant accomplis, l'Ange du Seigneur s'apparut à lui au desert de la montagne de Sina, en une flamme de feu qui estoit en un buisson. Et quand Moyse le vid, il s'esmerveilla de la vision: et comme il approchoit pour considerer [ce que c'estoit], la voix du Seigneur lui fut addressée, [Disant], Je suis le Dieu de tes peres, le Dieu d'Abraham, et le Dieu d'Isaac, et le Dieu de Jacob. Et Moyse tout tremblant n'osoit considerer [ce que c'estoit]. Alors le Seigneur lui dit, Dechausse tes souliers de tes pieds: car le lieu où tu es, est une terre sainte. J'ai veu, j'ai veu l'affliction de mon peuple qui est en Egypte, j'ai ouï leur gemissement, et je suis descendu pour les delivrer: maintenant donc vien-ça, je t'envoyerai en Egypte. Ce Moyse, qu'ils avoyent renié, disant, Qui t'a ordonné prince et juge? c'est celui que Dieu envoya pour prince et liberateur par la main de l'Ange qui lui estoit apparu au buisson. C'est celui qui les tira hors, faisant des miracles et des signes en Egypte, en la mer rouge, et au desert par quarante ans. C'est ce Moyse qui a dit aux enfans d'Israël, Le Seigneur vostre Dieu vous suscitera d'entre vos freres un Prophete tel que moi: escoutez-le. C'est celui qui fut en l'assemblée au desert, avec l'Ange qui parloit à lui en la montagne de Sina, et [qui fut] avec nos peres: lequel a receu les divines paroles vives pour nous les donner. Auquel nos peres ne voulurent point obeïr, mais le rebuterent, et se destournerent en leur coeur [pour retourner] en Egypte, Disans à Aaron, Fai nous des Dieux qui aillent devant nous; car nous ne sçavons ce qui est avenu à ce Moyse qui nous a amenez hors du païs d'Egypte. Et en ces jours-là ils firent un veau, et offrirent des sacrifices à l'idole, et s'éjouïrent és oeuvres de leurs mains. Dont aussi Dieu se destourna, et les abandonna à servir la gendarmerie du ciel, ainsi qu'il est escrit au livre des Prophetes, Maison d'Israël, m'avez-vous offert des sacrifices et des oblations par quarante ans au desert? Mais vous avez porté le tabernacle de Moloch, et l'estoile de vostre Dieu Remphan: lesquelles figures vous avez faites pour les adorer: C'est pourquoi je vous transporterai outre Babylone. Le tabernacle du tesmoignage a esté avec nos Peres au desert, comme avoit ordonné celui qui avoit dit à Moyse, qu'il le fist selon le patron qu'il avoit veu. Lequel [tabernacle] aussi nos Peres receurent, et l'amenerent avec Josué au païs qui estoit possedé par les nations, que Dieu a dejettées de devant nos Peres, jusques aux jours de David. Lequel trouva grace devant Dieu, et demanda de trouver un tabernacle au Dieu de Jacob. Et Salomon lui edifia une maison. Mais le Souverain n'habite point és temples faits de main, comme dit le Prophete. Le ciel est mon trône, et la terre est le marche-pied de mes pieds: quelle maison me bastirez-vous? dit le Seigneur, ou quel est le lieu de mon repos? Ma main n'a-t'elle pas fait toutes ces choses? Gens de col roide, et incirconcis de coeur et d'oreilles, vous vous aheurtez toûjours contre le Saint Esprit: comme vos Peres [ont fait], aussi [faites]-vous. Lequel des Prophetes vos Peres n'ont-ils point persecuté? Ils ont mesme tué ceux-là qui ont predit l'avenement du Juste, duquel maintenant vous avez esté traistres et meurtriers. Vous qui avez receu la Loi par la disposition des Anges, et ne l'avez point gardée. Eux oyans ces choses crevoyent en leurs coeurs, et grinçoyent les dents contre lui. Mais lui estant rempli du Saint Esprit, ayant les yeux fichez vers le ciel, vid la gloire de Dieu, et Jesus estant à la dextre de Dieu. Et il dit, Voici, je vois les cieux ouverts, et le Fils de l'homme estant à la dextre de Dieu. Alors ils s'escrierent à haute voix, et estouperent leurs oreilles, et tous d'un accord se jetterent sur lui. Et l'ayant jetté hors de la ville ils le lapidoyent: et les tesmoins mirent leurs vestemens aux pieds d'un jeune homme nommé Saul. Et ils lapidoyent Estienne invoquant et disant, Seigneur Jesus, reçoi mon esprit. Puis s'estant mis à genoux, il s'escria à haute voix, Seigneur, ne leur impute point ce peché. Et quand il eut dit cela, il s'endormit. Or Saul estoit consentant à la mort d'icelui. Et en ce tems-là il se fit une grande persecution contre l'Eglise qui estoit à Jerusalem: dont tous furent espars par les quartiers de Judée et de Samarie, hormis les Apostres. Et quelques hommes craignans Dieu, emporterent Estienne [pour l'ensevelir], et menerent un grand deüil sur lui. Mais Saul ravageoit l'Eglise, entrant par toutes les maisons: et trainant par force hommes et femmes, il les mettoit en prison. Ceux donc qui furent espars, alloyent ça et là annonçans la parole de Dieu. Et Philippe estant descendu en une ville de Samarie, leur prescha Christ. Et les troupes estoyent attentives d'un accord à ce que Philippe disoit, oyans et voyans les miracles qu'il faisoit. Car les esprits immondes en criant à haute voix sortoyent hors de plusieurs qui en estoyent detenus, et beaucoup de perclus et de boiteux furent gueris. Dont il avint une grande joye en cette ville-là. Or il y avoit eu auparavant en la ville un homme qui s'appelloit Simon, qui exerçoit l'art d'enchanteur, et ensorceloit le peuple de Samarie, se disant estre quelque grand personnage. Auquel tous estoyent attentifs, depuis le plus petit jusques au plus grand, disans, Celui-ci est la vertu de Dieu, la grande. Et ils estoyent attentifs à lui, parce que dés long-tems il les avoit ensorcelez d'entendement par ses enchantemens. Mais quand ils eurent creu à Philippe annonçant ce qui appartient au royaume de Dieu, et au Nom de Jesus Christ, tant hommes que femmes furent baptizez. Et Simon creut aussi lui-mesme: lequel apres avoir esté baptizé, ne bougeoit d'auprés de Philippe: et voyant les signes et les vertus qui [se] faisoyent, estoit ravi comme hors de soi-mesme. Or quand les Apostres qui estoyent à Jerusalem, eurent entendu que Samarie avoit receu la parole de Dieu, ils leur envoyerent Pierre et Jean: Lesquels estans là descendus prierent pour eux, afin qu'ils receussent le Saint Esprit. (Car il n'estoit point encore descendu sur aucun d'eux, mais seulement ils estoyent baptizez au Nom du Seigneur Jesus.) Puis ils leur imposerent les mains, et ils receurent le S. Esprit. Alors Simon ayant apperceu que par l'imposition des mains des Apostres, le Saint Esprit estoit donné, il leur presenta de l'argent, Disant, Donnez-moi aussi cette puissance, que tous ceux à qui j'imposerai les mains, reçoivent le Saint Esprit. Mais Pierre lui dit, Ton argent perisse avec toi, de ce que tu as estimé que le don de Dieu s'acquiert par argent. Tu n'as point de part ni d'heritage en cette affaire: car ton coeur n'est point droit devant Dieu. Repen-toi donc de cette tienne malice, et prie Dieu si d'aventure la pensée de ton coeur te pourroit estre pardonnée. Car je vois que tu es en un fiel tres-amer, et en lien d'iniquité. Alors Simon respondit, et dit, Vous, priez pour moi envers le Seigneur, afin que rien ne vienne sur moi des choses que vous avez dites. Eux donc, apres avoir testifié et annoncé la parole du Seigneur, retournerent à Jerusalem, et annoncerent l'Evangile en plusieurs bourgades des Samaritains. Puis apres l'Ange du Seigneur parla à Philippe, disant, Leve-toi, et t'en va vers le Midi, au chemin qui descend de Jerusalem à Gaza, celle qui est deserte. Lui donc se levant, s'en alla: et voici un homme Ethiopien, Eunuque, qui estoit l'un des principaux Seigneurs de la Cour de Candace Reine des Ethiopiens, commis sur toutes ses richesses, et qui estoit venu pour adorer à Jerusalem. Or il s'en retournoit estant assis en son chariot, et lisoit le Prophete Esaïe. Alors l'Esprit dit à Philippe, Approche, et t'adjoin à ce chariot. Et Philippe accourut, et l'ouït qu'il lisoit le Prophete Esaïe, et lui dit, Mais entens-tu ce que tu lis? Lequel dit, Et comment le pourrois-je [entendre], si quelqu'un ne me guide? Et il pria Philippe de monter, et de s'asseoir avec lui. Or le passage de l'Ecriture qu'il lisoit estoit celui-ci, Il a esté mené comme une brebis à la tuërie, et comme un agneau muët devant celui qui le tond; ainsi il n'a point ouvert sa bouche. En son abbaissement son jugement a esté haussé: mais qui recitera sa durée? car sa vie est enlevée de la terre. Alors l'Eunuque prit la parole, et dit à Philippe, Je te prie, de qui est-ce que le Prophete dit cela? de soi, ou de quelque autre? Alors Philippe ouvrant sa bouche, et commençant par cette Escriture, lui annonça Jesus. Et comme ils alloyent par le chemin, ils vinrent à quelque eau: alors l'Eunuque dit, Voici de l'eau: qui est-ce qui m'empesche d'estre baptisé? Et Philippe dit, Si tu crois de tout ton coeur, il est permis. [L'Eunuque] donc respondant, dit, Je crois que Jesus-Christ est le Fils de Dieu. Et il commanda que le chariot fust arresté: et tous deux descendirent en l'eau, Philippe et l'Eunuque: et il le baptiza. Et quand ils furent remontez de l'eau, l'Esprit du Seigneur ravit Philippe, et l'Eunuque ne le vid plus: et il s'en alla joyeux par son chemin. Mais Philippe se retrouva à Azote: et en passant il annonça l'Evangile par toutes les villes, jusques à ce qu'il vint à Cesarée. Or Saul tout enflammé encore de menaces et de tuërie, contre les disciples du Seigneur, s'estant adressé au souverain Sacrificateur, Lui demanda des lettres de sa part [pour porter] à Damas aux Synagogues: afin que s'il en trouvoit quelques-uns de cette secte, hommes et femmes, il les amenast liez à Jerusalem. Or il avint qu'en cheminant il approcha de Damas, et subitement une lumiere resplendit du ciel comme un esclair à l'entour de lui. Dont estant tombé par terre, il ouït une voix qui lui disoit, Saul, Saul, pourquoi me persecutes-tu? Et il lui [respon]dit, Qui es-tu, Seigneur? Et le Seigneur dit, Je suis Jesus, lequel tu persecutes: il t'est dur de regimber contre les aiguillons. Et tout tremblant et effrayé il dit, Seigneur, que veux-tu que je fasse? Et le Seigneur lui [dit], Leve-toi, et entre en la ville, et [là] il te sera dit ce que tu dois faire. Or les hommes qui cheminoyent avec lui s'arresterent tout épouvantez, oyans bien la voix, mais ne voyans personne. Et Saul se leva de terre, et ouvrant ses yeux ne voyoit personne: et ils le conduisirent par la main, et le menerent à Damas. Où il fut trois jours sans voir, et sans manger ni boire. Or il y avoit un certain disciple à Damas, nommé Ananias, auquel le Seigneur dit en vision, Ananias: Et il dit, Me voici, Seigneur. Et le Seigneur lui dit, Leve-toi, et t'en va en la ruë qui est nommée la Droite, et cherche en la maison de Judas un nommé Saul, qui est de Tarse: car voila il prie. (Or [Saul] avoit veu en vision un personnage nommé Ananias, entrant, et lui imposant la main, afin qu'il recouvrast la veuë.) Et Ananias respondit, Seigneur, j'ai ouï [parler] à plusieurs touchant ce personnage, combien de maux il a fait à tes Saincts à Jerusalem. Mesmes ici il a authorité de par les principaux Sacrificateurs, de lier tous ceux qui invoquent ton Nom. Mais le Seigneur lui dit, Va: car il m'est un instrument d'élite, pour porter mon Nom devant les Gentils, et les Rois, et les enfans d'Israël. Car je lui montrerai combien il lui faut souffrir pour mon Nom. Ananias donc s'en alla, et entra en la maison: et lui imposant les mains, dit, Frere Saul, le Seigneur Jesus qui t'est apparu par le chemin par lequel tu venois, m'a envoyé afin que tu recouvres la veuë, et que tu sois rempli du Sainct Esprit. Et aussi-tost il cheut de ses yeux comme des escailles, et à l'instant il recouvra la veuë: puis il se leva, et fut baptizé. Et ayant mangé il reprit ses forces. Ainsi Saul fut quelques jours avec les disciples qui estoyent à Damas. Et prescha incontinent és Synagogues, que Christ estoit le Fils de Dieu. Dont tous ceux qui l'oioyent, estoyent comme ravis hors d'eux-mesmes, et disoyent, N'est-ce pas celui-ci qui a destruit à Jerusalem ceux qui invoquoyent ce Nom-là, et est venu ici expres afin qu'il les amenast liez aux principaux Sacrificateurs? Mais Saul se fortifioit de plus en plus, et confondoit les Juifs qui habitoyent à Damas, confirmant que celui-ci estoit le Christ. Or long-temps apres, les Juifs comploterent ensemble pour le mettre à mort. Mais leurs embusches vinrent à la connoissance de Saul. Or ils gardoyent les portes jour et nuict, afin de le mettre à mort. Mais les disciples le prenans de nuict, le descendirent par la muraille, en le devallant en une corbeille. Et quand Saul fut venu à Jerusalem, il taschoit de se joindre aux disciples: mais ils le craignoyent tous, ne croyans point qu'il fust disciple. Mais Barnabas le prit, et le mena aux Apostres, et leur recita comment par le chemin il avoit veu le Seigneur, qui avoit parlé à lui: et comment il avoit parlé franchement à Damas au Nom de Jesus. Ainsi donc il estoit allant et venant avec eux à Jerusalem. Et se portant franchement au Nom du Seigneur Jesus, il parloit, et disputoit contre les Grecs: mais ils taschoyent de le mettre à mort. Ce que les freres connoissant, ils le menerent à Cesarée, et l'envoyerent à Tarse. Ainsi donc les Eglises par toute la Judée, et la Galilée, et la Samarie avoyent paix, estant edifiées et cheminant en la crainte du Seigneur, et estoyent multipliées par la consolation du Saint Esprit. Or il avint que comme Pierre passoit par devers tous, il vint aussi vers les Saints qui habitoyent à Lydde. Et trouva là un homme nommé Enée, qui depuis huict ans gisoit en un petit lict, et estoit paralytique. Et Pierre lui dit, Enée, Jesus-Christ te guerisse: leve-toi, et te fai [ton lict:] et incontinent il se leva. Et tous ceux qui habitoyent à Lydde et à Saron, le virent: lesquels furent convertis au Seigneur. Or il y avoit aussi à Joppe une certaine disciple nommée Tabitha, qui sinifie Dorcas: laquelle estoit pleine de bonnes oeuvres et d'aumosnes qu'elle faisoit. Il avint en ces jours-là qu'elle devint malade et mourut. Et quand ils l'eurent lavée, ils la mirent en une chambre haute. Et dautant que Lydde estoit prés de Joppe, les disciples entendans que Pierre estoit à Lydde, envoyerent vers lui deux hommes, le priant qu'il ne tardast point de venir jusqu'à eux. Pierre donc se leva, et s'en vint avec eux. Et quand il fut arrivé, ils le menerent en la chambre haute: et toutes les veuves se presenterent à lui en pleurant, et montrant combien Dorcas faisoit de robbes et de vestemens quand elle estoit avec elles. Mais Pierre apres les avoir tous envoyez dehors, se mit à genoux, et pria: puis en se retournant vers le corps, il dit, Tabitha, leve-toi. Et elle ouvrit ses yeux, et voyant Pierre elle se rassit. Alors il lui donna la main, et la leva: puis ayant appellé les Saints et les veuves, il la [leur] presenta vivante. Et cela fut connu par toute Joppe: et plusieurs creurent au Seigneur. Et il avint qu'il demeura plusieurs jours à Joppe, chez un certain Simon conroyeur. Or il y avoit un certain personnage à Cesarée, nommé Corneille, Centenier de la bande appellée Italique. [Homme] devot et craignant Dieu, avec toute sa famille, faisant aussi beaucoup d'aumosnes au peuple, et priant Dieu assiduellement. Il vid en vision manifestement, environ les neuf heures du jour, un Ange de Dieu qui vint à lui, et lui dit, Corneille. Et icelui ayant les yeux fichez vers lui, et effrayé dit, Qu'y a-t'il, Seigneur? Et il lui dit, Tes oraisons et tes aumosnes sont montées en memoire devant Dieu. Maintenant donc envoye des gens à Joppe, et envoye querir Simon qui est surnommé Pierre. Il est logé chez un certain Simon conroyeur, qui a sa maison prés de la mer: celui-là te dira ce qu'il te faut faire. Quand l'Ange qui parloit à Corneille s'en fut allé, il appella deux de ses serviteurs, et un soldat craignant Dieu, d'entre ceux qui se tenoyent autour de lui. Ausquels ayant recité le tout, il les envoya à Joppe. Or le lendemain comme ils cheminoyent et approchoyent de la ville, Pierre monta sur la maison pour prier, environ les six heures. Et il avint qu'ayant faim, il voulut prendre sa refection: et comme ceux de la maison lui apprestoyent à manger, il lui survint un ravissement d'esprit: Et il vid le ciel ouvert, et un vaisseau descendant sur lui comme un grand linceul lié par les quatre bouts, et devallant en terre: Auquel il y avoit de toutes sortes d'animaux terrestres, à quatre pieds, et des bestes sauvages, et des reptiles, et des oiseaux du ciel. Et une voix lui fut adressée, disant, Pierre, leve-toi, tuë et mange. Mais Pierre [respon]dit, Ainsi n'advienne, Seigneur: car jamais je ne mangeai aucune chose polluë ou soüillée. Et la voix dit encore pour la seconde fois, Les choses que Dieu a purifiées, ne les tien point pour polluës. Or cela avint par trois fois: et puis apres le vaisseau se retira au ciel. Et comme Pierre estoit en perplexité en soi-mesme, quelle vision c'estoit qu'il avoit veuë: alors voici, les hommes qui estoyent envoyez de la part de Corneille, s'enquerans de la maison de Simon, survinrent à la porte. Et ayant appellé [quelqu'un], demanderent si Simon, qui estoit surnommé Pierre, estoit logé là-dedans. Et comme Pierre pensoit à la vision, l'Esprit lui dit, Voici trois personnages qui te demandent. Leve-toi donc et descen, et t'en va avec eux, sans en faire difficulté: car c'est moi qui les ai envoyez. Pierre donc estant descendu vers les gens qui lui avoyent esté envoyez de la part de Corneille, [leur] dit, Voici, je suis celui que vous cherchez: quelle est la cause pour laquelle vous estes venus? Lesquels dirent, Corneille Centenier, homme juste et craignant Dieu, et ayant tesmoignage de toute la nation des Juifs, a esté adverti de Dieu par un S. Ange, de t'envoyer querir [pour venir] en sa maison, et t'ouïr parler. Alors Pierre les ayant fait entrer, les logea, et le lendemain il s'en alla avec eux, et quelques-uns des freres de Joppe lui tinrent compagnie. Et le lendemain ils entrerent à Cesarée. Or Corneille les attendoit, ayant appellé ses parens et ses familiers amis. Et il avint que comme Pierre entroit, Corneille venant au devant de lui, et se jettant à ses pieds, l'adora. Mais Pierre le releva, disant, Leve-toi: je suis aussi homme. Puis parlant avec lui, il entra, et trouva plusieurs qui s'estoyent là assemblez: Et leur dit, Vous sçavez comme il n'est pas permis à un homme Juif de se joindre, ou d'aller vers un estranger: mais Dieu m'a montré que je ne die aucun homme estre pollu ou soüillé. C'est pourquoi aussi estant envoyé querir, je suis venu sans contredire: je vous demande donc, Pour quelle cause m'avez-vous envoyé querir? Alors Corneille [lui] dit, Il y a quatre jours à cette heure que j'estois en jeusne, et faisois la priere à neuf heures en ma maison: alors voici un homme se presenta devant moi en un vestement reluisant, Et dit, Corneille, ta priere est exaucée, et tes aumosnes ont esté ramentuës devant Dieu. Envoye donc à Joppe, et envoye querir de-là Simon surnommé Pierre, qui est logé en la maison de Simon conroyeur prés de la mer, lequel estant venu parlera à toi. C'est pourquoi j'ai incontinent envoyé vers toi, et tu as bien fait de venir. Or maintenant nous sommes tous presens devant Dieu, pour ouïr ce qui t'est commandé de Dieu. Alors Pierre ayant ouvert sa bouche, dit, En verité j'apperçois que Dieu n'a point d'esgard à l'apparence des personnes: Mais qu'en toute nation celui qui le craint, et s'adonne à justice, lui est agreable. C'est ce qu'il a envoyé sinifier aux enfans d'Israël, annonçant la paix par Jesus Christ, lequel est le Seigneur de tous. Vous sçavez la parole avenuë par toute la Judée en commençant par la Galilée, apres le Baptesme que Jean a presché. C'est assavoir, comme Dieu a oinct du Saint Esprit et de vertu Jesus le Nazarien, lequel a passé de lieu en lieu, en bien-faisant, et en guerissant tous ceux qui estoyent oppressez du diable: car Dieu estoit avec lui. Et nous sommes tesmoins de toutes les choses qu'il a faites, tant au païs des Juifs qu'à Jerusalem: lequel ils ont fait mourir le pendant au bois. C'est celui-là que Dieu a ressuscité au troisiéme jour, et qu'il a donné pour estre manifesté; Non point à tout le peuple, mais aux tesmoins auparavant ordonnez de Dieu: à nous qui avons mangé et beu avec lui, apres qu'il a esté ressuscité des morts. Et il nous a commandé de prescher au peuple, et de tesmoigner que c'est lui qui est ordonné de Dieu pour estre le juge des vivans et des morts. Tous les Prophetes lui rendent tesmoignage, que quiconque croira en lui, recevra remission de ses pechez par son Nom. Comme Pierre tenoit encore ce discours, le Saint Esprit descendit sur tous ceux qui escoutoyent ce qu'il disoit. Dont les fideles de la Circoncision qui estoyent venus avec Pierre, s'estonnerent que le don du Saint Esprit estoit aussi respandu sur les Gentils. Car ils les oioyent parler des langages, et magnifier Dieu. Alors Pierre prit la parole, disant, Quelqu'un pourroit-il empescher qu'on baptizast d'eau ceux qui ont receu le Saint Esprit comme nous? Et il commanda qu'ils fussent baptizez au nom du Seigneur. Alors ils le prierent de demeurer [là] quelques jours. Or les Apostres et les freres qui estoyent en Judée, entendirent comme les Gentils aussi avoyent receu la parole de Dieu. Quand donc Pierre fut remonté à Jerusalem, ceux de la Circoncision disputoyent avec lui: Disans, Tu es entré chez des hommes incirconcis, et as mangé avec eux. Alors Pierre commençant leur exposa [le tout] par ordre, disant, J'estois en priere en la ville de Joppe, et estant ravi en esprit, je vis une vision, [assavoir] un vaisseau descendant comme un grand linceul qui se devalloit du ciel, lié par les quatre bouts, et qui vint jusqu'à moi. Dans lequel ayant jetté mes yeux, j'apperceus, et vis des animaux terrestres, à quatre pieds, et des bestes sauvages, et des reptiles, et des oiseaux du ciel. J'ouïs aussi une voix qui me dit, Pierre, leve-toi, tuë, et mange. Et je [respon]dis, Ainsi n'advienne, Seigneur: car jamais chose polluë ou soüillée n'entra en ma bouche. Et derechef la voix me respondit du ciel, Ce que Dieu a purifié, ne [le] tien point pour pollu. Et cela se fit jusques à trois fois: et derechef toutes ces choses furent retirées au ciel. Puis voici, trois hommes en ce mesme instant se presenterent en la maison où j'estois, ayant esté envoyez de Cesarée vers moi. Et l'esprit me dit que j'allasse avec eux, sans en faire difficulté: aussi ces six freres-ici vinrent avec moi, et nous entrasmes en la maison du personnage. Et il nous recita comme il avoit veu un Ange en sa maison qui s'estoit presenté à lui, et lui avoit dit, Envoye des gens à Joppe, et envoye querir Simon qui est surnommé Pierre: Lequel te dira des paroles par lesquelles tu seras sauvé, toi et toute ta maison. Et quand j'eus commencé à parler, le Saint Esprit descendit sur eux, comme aussi [il estoit descendu] sur nous au commencement. Alors je me souvins de la parole du Seigneur, comme il disoit, Jean a baptizé d'eau: mais vous serez baptizez du Saint Esprit. Puis donc que Dieu leur a donné un pareil don comme à nous, qui avons creu au Seigneur Jesus-Christ, qui estois-je moi, qui peusse empescher Dieu? Alors ayant ouï ces choses, ils s'appaiserent et glorifierent Dieu, disans, Dieu donc a aussi donné aux Gentils repentance pour avoir la vie. Or quant à ceux aussi qui avoyent esté espars par l'oppression advenuë à cause d'Estienne: ils passerent jusqu'en Phenice, et en Cypre, et à Antioche, sans annoncer à personne la Parole, sinon aux Juifs seulement. Toutefois il y en eut quelques-uns d'entr'eux, Cypriens, et Cyreniens, lesquels estans entrez à Antioche, parloyent aux Grecs, annonçans le Seigneur Jesus. Et la main du Seigneur estoit avec eux: tellement qu'un grand nombre ayant creu, fut converti au Seigneur. Dont le bruit en vint jusques aux oreilles de l'Eglise qui estoit à Jerusalem: à raison de quoi ils envoyerent Barnabas, pour passer jusqu'à Antioche. Lequel estant arrivé, et ayant veu la grace de Dieu, se réjouït, et les exhortoit tous de perseverer avec fermeté de coeur au Seigneur. Car il estoit homme de bien, et plein du Saint Esprit et de foi: et une grande multitude fut adjointe au Seigneur. Puis Barnabas s'en alla à Tarse, pour rechercher Saul: Et l'ayant trouvé, il le mena à Antioche: et il avint que tout l'an entier, ils s'assemblerent avec l'Eglise, et enseignerent un grand peuple, tellement qu'à Antioche premierement les disciples furent nommez Chrestiens. En ces jours-là [quelques] Prophetes descendirent de Jerusalem à Antioche. Et l'un d'eux nommé Agabus se leva, et signifia par l'Esprit, qu'une grande famine devoit avenir par tout le monde: laquelle aussi avint sous Claude Cesar. Et les disciples chacun selon son pouvoir, determinerent d'envoyer [quelque chose] pour subvenir aux freres demeurans en Judée. Ce qu'ils firent aussi, l'envoyant aux Anciens par les mains de Barnabas et de Saul. Et en ce mesme temps-là le roi Herode se mit à mal-mener quelques-uns de ceux de l'Eglise. Et mit à mort par l'espée Jaques frere de Jean. Et voyant que cela estoit agreable aux Juifs, il fit encore davantage, et s'avança d'empoigner aussi Pierre. Or c'estoit és jours des pains sans levain. Et quand il l'eut empoigné, il le mit en prison et le bailla à garder à quatre quatraines de soldats: le voulant produire au supplice devant le peuple apres la [feste de] Pasque. Ainsi Pierre estoit gardé en la prison: mais l'Eglise faisoit sans cesse des prieres à Dieu pour lui. Et comme Herode le devoit produire au supplice, Pierre dormoit cette nuit-là entre deux soldats, lié de deux chaines, et les gardes devant la porte gardoyent la prison. Et voici, un Ange du Seigneur survint, et une lumiere resplendit en la prison: et frappant le costé de Pierre, il l'esveilla, disant, Leve-toi legerement. Et les chaines tomberent de ses mains. Alors l'Ange lui dit, Cein-toi, et chausse tes souliers. Ce qu'il fit. Puis il lui dit, Jette ta robbe sur toi et me sui. Lui donc sortant, le suivit, et il ne sçavoit point que ce qui se faisoit par l'Ange fust vrai: mais il pensoit voir quelque vision. Et quand ils eurent passé la premiere et la seconde garde, ils vinrent à la porte de fer, qui se rend en la ville, laquelle s'ouvrit à eux d'elle-mesme; et estans sortis ils passerent une ruë et incontinent l'Ange se departit de lui. Alors Pierre estant revenu à soi-mesme, dit, Je connois maintenant pour vrai que le Seigneur a envoyé son Ange, et m'a delivré de la main d'Herode, et de toute l'attente du peuple des Juifs. Et ayant consideré [le tout], il vint en la maison de Marie, mere de Jean surnommé Marc: où plusieurs estoyent assemblez, et faisans des prieres. Et quand il eut heurté à la porte du porche, une fille nommée Rhode vint pour escouter: Laquelle ayant connu la voix de Pierre, de joye n'ouvrit point le porche: mais s'encourut en la maison, et annonça que Pierre estoit devant le porche: Et ils lui dirent, Tu es folle: Mais elle au contraire affirmoit qu'il estoit ainsi: et eux disoyent, C'est son Ange. Mais Pierre continuoit à heurter: et quand ils eurent ouvert, ils le virent, et furent comme ravis hors d'eux-mesmes. Et lui leur ayant fait signe de la main qu'ils fissent silence, leur recita comment le Seigneur l'avoit mis hors de la prison, et leur dit, Annoncez ces choses à Jaques et aux freres. Puis sortant de là, il s'en alla en un autre lieu. Mais le jour estant venu, il y eut un grand trouble entre les soldats, pour sçavoir ce que Pierre seroit devenu. Et Herode l'ayant cherché, et ne le trouvant point, apres en avoir fait le procez aux gardes, commanda qu'ils fussent menez au supplice. Puis il descendit de Judée à Cesarée, où il sejourna. Or il estoit en humeur de faire la guerre aux Tyriens et aux Sidoniens. Mais ils vinrent à lui tous d'un accord: et ayans gagné Blaste qui estoit chambellan du Roi, ils demanderent la paix, parce que leur païs estoit nourri de celui du roi. Et en un certain jour ordonné, Herode revestu d'une robbe royale, s'assit au siege judicial, et les haranguoit. Dont le peuple s'escria, Voix de Dieu, et non point d'homme. Et à l'instant un Ange du Seigneur le frappa, parce qu'il n'avoit point donné gloire à Dieu: il fut rongé de vermine, et rendit l'esprit. Mais la parole du Seigneur croissoit et se multiplioit. Barnabas aussi et Saul, apres avoir accompli leur charge, retournerent de Jerusalem, ayans aussi pris avec eux Jean, qui estoit surnommé Marc. Or il y avoit à Antioche, en l'Eglise qui y estoit, certains Prophetes et Docteurs, assavoir Barnabas, et Simeon, qui estoit appellé Niger, et Lucius le Cyrenien, et Manahem, (qui avoit esté nourri avec Herode le Tetrarque) et Saul. Eux donc servans en leur ministere au Seigneur, et estans en jeusne, le Saint Esprit dit, Separez-moi Barnabas et Saul, pour l'oeuvre auquel je les ai appellez. Alors ayans jeusné et prié, et leur ayans imposé les mains, ils leur baillerent congé. Eux donc estant envoyez du Saint Esprit, descendirent à Seleucie: et delà navigerent en Cypre. Et quand ils furent à Salamis, ils annoncerent la parole de Dieu dans les Synagogues des Juifs: et avoyent aussi Jean pour aide. Puis ayant traversé l'Isle jusqu'à Paphos, ils trouverent [là] un certain enchanteur, faux prophete Juif, qui avoit nom Barjesu: Lequel estoit avec le Proconsul Serge Paul, homme prudent. Lui ayant fait appeller Barnabas et Saul, desiroit d'ouïr la parole de Dieu. Mais Elymas, [c'est à dire], enchanteur (car son nom est ainsi exposé) leur resistoit, cherchant à destourner le Proconsul de la foi. Mais Saul (qui [est] aussi [appellé] Paul) estant rempli du Saint Esprit, ayant les yeux fichez sur lui, dit, O plein de toute fraude et de toute ruse: fils du diable, ennemi de toute justice, ne cesseras-tu point de renverser les voyes du Seigneur [qui sont] droites? Pource voici maintenant la main du Seigneur sur toi, et tu seras aveugle sans voir le soleil jusqu'à un [certain] temps. Et à l'instant obscurité et tenebres tomberent sur lui, et tournoyant il cherchoit qui le conduiroit par la main. Alors le Proconsul, voyant ce qui estoit advenu, creut, estant tout ravi en admiration de la doctrine du Seigneur. Et quand Paul et ceux qui estoyent avec lui, furent partis de Paphos, ils vinrent à Perge, [ville] de Pamphilie. Alors Jean s'estant retiré d'avec eux, s'en retourna à Jerusalem. Et eux partans de Perge, vinrent à Antioche [ville] de Pisidie: là où estant entrez en la Synagogue au jour du Sabbat, ils s'assirent. Or apres la lecture de la Loi et des Prophetes, les principaux de la Synagogue envoyerent vers eux, disans, Hommes freres, s'il y a de vostre part quelque parole d'exhortation pour le peuple, dites-la. Alors Paul s'estant levé, et ayant fait signe de la main qu'on fist silence, dit, Hommes Israëlites, et vous qui craignez Dieu, oyez. Le Dieu de ce peuple d'Israël a éleu nos peres, et a haussé ce peuple du temps qu'ils demeuroyent au païs d'Egypte, et les en fit sortir avec un bras élevé. Et a supporté leur train au desert, environ le temps de quarante ans. Puis ayant destruit sept nations au païs de Canaan, il leur a distribué leur païs par sort. Et environ quatre cens cinquante ans apres cela, il leur donna des Juges jusqu'à Samuel le Prophete. Puis apres ils demanderent un roi, et Dieu leur donna Saül fils de Kis, homme de la lignée de Benjamin: [ainsi se passerent] quarante ans. Et [Dieu] l'ayant osté, leur suscita David pour roi, duquel aussi il donna tesmoignage, et dit, J'ai trouvé David fils de Jessé, personnage selon mon coeur, lequel fera toute ma volonté. Dieu, selon sa promesse, a suscité de la semence d'icelui le Sauveur à Israël, [assavoir] Jesus: Jean ayant auparavant presché le Baptesme de repentance à tout le peuple d'Israël, devant l'advenement d'icelui. Et comme Jean achevoit sa course, il disoit, Qui me presumez-vous estre? Je ne suis point [celui-là]; mais voici, il en vient [un] apres moi, duquel je ne suis pas digne de délier le soulier de ses pieds. Hommes freres, enfans de la race d'Abraham, et ceux qui d'entre vous craignez Dieu, c'est à vous que la parole de ce salut a esté envoyée. Car les habitans de Jerusalem, et leurs gouverneurs, ne l'ayant point connu, ont mesmes en le condamnant accompli les paroles des Prophetes, qui se lisent chaque Sabbat. Et bien qu'ils ne trouvassent [en lui] aucun crime digne de mort, ils requirent Pilate qu'il le mist à mort. Et apres qu'ils eurent accompli toutes les choses qui estoyent écrites de lui, on l'osta du bois, et on le mit en un sepulcre. Mais Dieu l'a ressuscité des morts. Et il a esté veu par plusieurs jours, de ceux qui estoyent montez ensemble avec lui de Galilée à Jerusalem: lesquels sont ses tesmoins envers le peuple. Et nous aussi vous annonçons touchant la promesse qui a esté faite à nos peres, Que Dieu l'a accomplie envers nous [qui sommes] leurs enfans, ayant suscité Jesus, comme aussi il est escrit au Pseaume second, Tu es mon Fils, je t'ai aujourd'hui engendré. Et [pour montrer] qu'il l'a ressuscité des morts, pour ne devoir plus retourner au sepulcre, il a dit ainsi, Je vous donnerai les sainctetez de David asseurées. Et c'est pourquoi il dit aussi en un autre endroit, Tu ne permettras point que ton Saint sente de corruption. Car certes David, apres avoir en son temps servi au conseil de Dieu, s'est endormi: et a esté mis avec ses peres, et a senti de la corruption. Mais celui que Dieu a ressuscité, n'a point senti de corruption. Qu'il vous soit donc notoire, hommes freres, que par lui vous est annoncée la remission des pechez: Et que de tout ce dont vous n'avez peu estre justifiez par la Loi de Moyse, quiconque croit est justifié par lui. Regardez donc qu'il ne vous avienne ce qui est dit és Prophetes, Voyez contempteurs, et vous estonnez, et soyez évanouïs: car je m'en vais faire une oeuvre en vostre temps; [voire] une oeuvre que vous ne croirez point si quelqu'un vous [la] recite. Puis estant partis de la Synagogue des Juifs, les Gentils [les] prierent qu'au Sabbat ensuivant ils leur annonçassent ces paroles. Et quand l'assemblée fut departie, plusieurs des Juifs et proselytes servans Dieu, suivirent Paul et Barnabas, lesquels en parlant à eux les exhorterent de perseverer en la grace de Dieu. Mais au [jour du] Sabbat ensuivant, presque toute la ville s'assembla pour ouïr la parole de Dieu. Alors les Juifs voyans les troupes, furent remplis d'envie, et contredisoyent à ce que Paul disoit, [voire] contredisans et blasphemans. Alors Paul et Barnabas s'estant enhardis, dirent, C'estoit bien à vous qu'il faloit premierement annoncer la parole de Dieu: mais puis que vous la rejettez et que vous vous jugés vous-mesmes indignes de la vie eternelle, voici nous nous tournons vers les Gentils. Car le Seigneur nous l'a ainsi commandé, [disant], Je t'ai ordonné pour estre la lumiere des Gentils, afin que tu sois en salut jusques au bout de la terre. Et les Gentils oyans [cela], s'ejouïssoyent et glorifioyent la parole du Seigneur: et tous ceux qui estoyent ordonnez à la vie eternelle, creurent. Ainsi la parole du Seigneur s'espandoit par tout le païs. Mais les Juifs inciterent quelques femmes devotes et honorables, et les principaux de la ville, et esmeurent persecution contre Paul et Barnabas, et les jetterent hors de leurs quartiers. Mais eux ayans secoüé la poudre de leurs pieds contre eux, s'en vinrent à Iconie. Et les disciples estoyent remplis de joye, et du S. Esprit. Or il avint à Iconie, qu'ils entrerent ensemble en la Synagogue des Juifs, et parlerent en telle façon, qu'une grande multitude de Juifs et de Grecs, creut. Mais les Juifs qui estoyent rebelles, esmeurent et irriterent les esprits des Gentils contre les freres. Ainsi donc ils demeurerent [là] assez long-temps, se portans hardiment au Seigneur, lequel rendoit témoignage à la parole de sa grace, donnant que des signes et des merveilles se fissent par leurs mains. Mais la multitude de la ville fut partagée eu deux, et les uns estoyent du costé des Juifs, et les autres du costé des Apostres. Et comme il se preparoit une esmeute des Gentils et des Juifs avec leurs Gouverneurs, pour leur faire outrage, et pour le lapider: La chose entenduë, ils s'enfuïrent aux villes de Lycaonie, [assavoir] à Lystre et à Derbe, et aux quartiers d'alentour. Et ils estoyent là annonçans l'Evangile. Or un certain homme de Lystre, impotent de ses pieds, estoit là assis, boiteux dés le ventre de sa mere, lequel n'avoit jamais cheminé. Il ouït parler Paul, lequel ayant fiché ses yeux sur lui, et voyant qu'il avoit la foi d'etre gueri, Dit à haute voix, Leve-toi droit sur tes pieds. Et il faillit, et chemina. Et les troupes ayant veu ce que Paul avoit fait, éleverent leurs voix, disans en langage Lycaonique, Les dieux estans devenus semblables aux hommes, sont descendus vers nous. Et ils appelloyent Barnabas Jupiter, et Paul Mercure, parce que c'estoit lui qui portoit la parole. Et mesme le Sacrificateur de Jupiter, qui estoit devant leur ville, ayant amené des taureaux couronnez, jusqu'à l'entrée de la porte, vouloit sacrifier avec la foule. Mais quand les Apostres, Barnabas et Paul, eurent entendu [cela], ils deschirerent leurs vestemens, et se jetterent au milieu de la troupe, s'escrians, Et disans, Hommes, pourquoi faites-vous ces choses? Nous sommes aussi hommes, sujets à mesmes affections que vous, vous annonçans que de telles choses vaines vous vous convertissiez au Dieu vivant, qui a fait le ciel et la terre, la mer, et toutes les choses qui sont en eux. Lequel és temps passez a laissé toutes les Nations cheminer en leurs voyes. Nonobstant qu'il ne s'est point laissé sans témoignage, en bien faisant, et en nous donnant des pluyes du ciel, et des saisons fertiles, et remplissant nos coeurs de viande et de joye. Et en disant ces choses, à peine appaiserent-ils les troupes qu'elles ne leur sacrifiassent. Alors [quelques] Juifs survinrent d'Antioche, et d'Iconie: lesquels gagnerent le peuple, tellement qu'ayans lapidé Paul, ils le traisnerent hors de la ville, pensans qu'il fust mort. Mais les disciples s'estant assemblez à l'entour de lui, il se leva, et entra en la ville, et le lendemain il s'en alla avec Barnabas à Derbe. Et apres qu'ils eurent annoncé l'Evangile en cette ville-là, et endoctriné plusieurs, ils retournerent à Lystre, à Iconie, et à Antioche. Confirmans les courages des disciples, et les exhortans de persister en la foi, et [leur remonstrans] que c'est par plusieurs afflicitions qu'il nous faut entrer au royaume de Dieu. Et apres que par l'avis des assemblées, ils eurent establi des Anciens par chaque Eglise, ayans prié avec jeusnes, ils les recommanderent au Seigneur, auquel ils avoyent creu. Puis ayans traversé la Pisidie, ils s'en vinrent en Pamphilie. Et ayant annoncé la parole à Perge, ils descendirent à Attalie: Et de-là navigerent à Antioche, d'où ils avoyent esté recommandez à la grace de Dieu, pour l'oeuvre qu'ils avoyent accomplie. Et quand ils furent venus, et eurent assemblé l'Eglise, ils reciterent toutes les choses que Dieu avoit faites par eux, et qu'il avoit ouvert aux Gentils la porte de la foi. Et ils demeurerent là long-temps avec les disciples. Or quelques-uns, qui estoyent descendus de Judée, enseignoyent les freres, [disans], Si vous n'estes circoncis selon l'usage de Moyse, vous ne pouvez estre sauvez. Dont un grand debat et [une grande] dispute estant survenuë à Paul et à Barnabas contr'eux, il fut ordonné que Paul et Barnabas, et quelques autres d'entr'eux, monteroyent à Jerusalem vers les Apostres et les Anciens, pour cette question. Eux donc estant envoyez de par l'Eglise traverserent la Phenice et la Samarie, recitans la conversion des Gentils: et donnerent une grande joye à tous les freres. Puis estant arrivez à Jerusalem, ils furent receus de l'Eglise, et des Apostres, et des Anciens, et annoncerent toutes les choses que Dieu avoit faites par eux. Mais quelques-uns, [disoyent-ils], de la secte des Pharisiens qui ont creu, se sont levez, disans, qu'il les faut circoncir, et leur commander de garder la Loi de Moyse. Alors les Apostres et les Anciens s'assemblerent pour aviser à cette affaire. Et apres une grande dispute, Pierre se leva, et leur dit, Hommes freres, vous sçavez que dés long-temps Dieu a éleu d'entre nous, que les Gentils ouïssent par ma bouche la parole de l'Evangile, et creussent. Et Dieu qui connoit les coeurs, leur en a rendu témoignage, en leur donnant le Saint Esprit, comme aussi à nous. Et n'a point fait de difference entre nous et eux, ayant purifié leurs coeurs par la foi. Maintenant donc pourquoi tentez-vous Dieu, pour mettre un joug sur le col des disciples, lequel ni nos peres ni nous n'avons peu porter? Mais nous croyons que nous serons sauvez par la grace du Seigneur Jesus Christ, comme eux aussi. Alors toute la multitude se teut: et ils escoutoyent Barnabas et Paul, recitans quels signes et [quelles] merveilles Dieu avoit faites par eux entre les Gentils. Et apres qu'ils se furent teus Jaques prit la parole, disant, Hommes freres, escoutez-moi: Simeon a recité comme Dieu a premierement regardé les Gentils, pour en prendre un peuple à son Nom. Et à cela s'accordent les paroles des Prophetes, selon qu'il est escrit, Apres ceci je retournerai et rebastirai le tabernacle de David, qui est decheu, et rebastirai ses ruïnes, et le redresserai: Afin que le reste des hommes recherche le Seigneur, et toutes les nations sur lesquelles mon Nom est reclamé, dit le Seigneur, qui fait toutes ces choses. De tous temps sont à Dieu connuës toutes ses oeuvres. C'est pourquoi je suis d'avis de ne point fascher ceux des Gentils qui se convertissent à Dieu: Mais bien de leur escrire qu'ils ayent à s'abstenir des soüillures des idoles, et de paillardise, et des choses estouffées, et du sang. Car quant à Moyse, il a d'ancienneté des gens par chaque ville qui le preschent, veu qu'és Synagogues il est leu chaque Sabbat. Alors il sembla bon aux Apostres et aux Anciens avec toute l'Eglise, d'envoyer à Antioche des gens choisis d'entr'eux, avec Paul et Barnabas, [assavoir] Judas surnommé Barsabas, et Silas, hommes principaux entre les freres: En escrivant par eux ce qui s'ensuit: Les Apostres, et les Anciens, et les freres, aux freres qui sont des Gentils, à Antioche, et en Syrie, et en Cilicie, salut. Parce que nous avons entendu que quelques-uns estant partis d'entre nous, vous ont troublez par quelques propos, renversans vos ames, en vous commandant d'estre circoncis, et de garder la Loi, ausquels nous n'en avions point donné de charge: Nous avons esté d'avis, estant assemblez d'un accord, d'envoyer vers vous des personnages que nous avons choisis, avec nos tres-chers Barnabas et Paul. Personnages qui ont abandonné leurs vies pour le Nom du Seigneur Jesus Christ. Nous avons donc envoyé Judas et Silas, lesquels aussi vous feront entendre le mesme de bouche. Car il a semblé bon au Saint Esprit et à nous, de ne mettre point de plus grande charge sur vous que ces choses necessaires: C'est que vous vous absteniez des choses sacrifiées aux idoles, et du sang, et des choses estouffées, et de paillardise: desquelles choses si vous vous gardez, vous ferez bien. Bien vous soit. Eux donc ayans pris congé, vinrent à Antioche: et ayant assemblé la multitude, ils rendirent les lettres. Et quand ils les eurent leuës, ils furent réjouïs de la consolation. Pareillement aussi Judas et Silas, qui estoyent aussi Prophetes, exhorterent les freres par plusieurs paroles, et les confirmerent. Et quand ils eurent demeuré-là quelque espace de temps, il furent renvoyez en paix par les freres vers les Apostres. Toutefois il sembla bon à Silas de demeurer-là. Et Paul et Barnabas demeurerent à Antioche, enseignans et annonçans, avec aussi plusieurs autres, la parole du Seigneur. Et quelques jours apres, Paul dit à Barnabas, Or sus, retournons, et visitons nos freres, par toutes les villes esquelles nous avons annoncé la parole du Seigneur, [pour voir] comment ils se portent. Et Barnabas conseilloit de prendre avec eux Jean, surnommé Marc. Mais il ne sembloit pas raisonnable à Paul, que celui qui s'estoit départi d'avec eux dés la Pamphylie, et n'estoit point allé avec eux en cette oeuvre-là, leur fust adjoint. Dont il y eut tel different, qu'ils se separerent l'un de l'autre, et que Barnabas prenant Marc, navigea en Cypre. Mais Paul ayant choisi Silas pour l'accompagner, se départit estant recommandé à la grace de Dieu par les freres. Et traversa la Syrie et la Cilicie confirmant les Eglises. Or il arriva à Derbe et à Lystre: et voici, il y avoit là un certain disciple nommé Timothée, fils d'une femme Juifve, fidele, mais d'un pere Grec. Lequel avoit un bon témoignage des freres qui estoyent à Lystre et à Iconie. C'est pourquoi Paul voulut qu'il allast avec lui: et l'ayant pris avec soi, le circoncit, à cause des Juifs qui estoyent en ces lieux-là: car tous sçavoyent que son pere estoit Grec. Eux donc passans par les villes, les instruisoyent de garder les ordonnances decretées par les Apostres, et par les Anciens de Jerusalem. Ainsi les Eglises estoyent confirmées en la foi, et croissoyent en nombre chaque jour. Puis ayant traversé la Phrygie et la contrée de Galatie, il leur fut defendu par le Saint Esprit d'annoncer la Parole en Asie. Estans [donc] venus en Mysie, ils essaioyent d'aller en Bithynie: mais l'Esprit de Jesus ne leur permit point. C'est pourquoy ayans passé la Mysie, ils descendirent à Troas. Or il apparut de nuit à Paul une vision, [c'est qu]'un homme Macedonien, se presentant devant lui, le pria, disant, Passe en Macedone, et nous aide. Quand donc il eut veu la vision, incontinent nous taschasmes d'aller en Macedone, concluans par cela que le Seigneur nous avoit appellez pour leur evangelizer. Ainsi estans partis de Troas, nous tirasmes droit à Samothrace, et le lendemain à Neapolis: Et de-là à Philippes, qui est la premiere ville du quartier de Macedone, et est colonie: et sejournasmes quelques temps en la ville. Et au jour du Sabbat nous sortismes hors de la ville, auprés du fleuve où l'on avoit accoustumé de faire la priere: et estans là assis, nous parlions aux femmes qui y estoyent assemblées. Alors une certaine femme nommée Lydie, de la ville de Thyatire, marchande de pourpre, servante à Dieu, [nous] ouït: de laquelle le Seigneur ouvrit le coeur pour entendre aux choses que Paul disoit. Et quand elle eut esté baptizée avec sa famille, elle nous pria, disant, Si vous m'avez estimée estre fidele au Seigneur, entrez en ma maison, et y demeurez: Et elle nous contraignit. Or il advint comme nous allions à la priere, qu'une certaine servante qui avoit l'esprit de Python, nous rencontra, laquelle faisoit un grand profit à ses maistres par ses devinemens. Elle suivant Paul et nous, crioit, disant: Ces gens sont serviteurs du Dieu souverain, lesquels nous annoncent la voye de salut. Et elle fit cela par plusieurs jours: mais Paul en estant ennuyé, se retournant dit à l'esprit, Je te commande au Nom de Jesus Christ que tu sortes d'elle. Et il en sortit au mesme instant. Alors les maistres voyans que l'esperance de leur profit estoit perduë, empoignerent Paul et Silas, et les tirerent en la place du marché aux Magistrats: Et les presenterent aux Gouverneurs, disans, Ces gens-ci estans Juifs, troublent nostre ville: Et annoncent des ordonnances qu'il ne nous est point permis de recevoir, ni de garder, veu que nous sommes Romains. Aussi le populaire s'éleva ensemble contr'eux: et les Gouverneurs leur deschirans leurs robbes, commanderent qu'ils fussent foüettez. Et apres leur avoir donné plusieurs coups de foüet, ils les mirent en prison, commandant au Geolier qu'il les gardast seurement. Lequel ayant receu un tel commandement, les mit au fond de la prison, et leur enserra les pieds aux ceps. Or sur la minuict Paul et Silas prioient, chantans des loüanges à Dieu: tellement que les prisonniers les entendoyent. Et soudainement il advint un grand tremblement de terre, de sorte que les fondemens de la prison crousloyent: et incontinent toutes les portes furent ouvertes, et les liens de tous furent laschez. Alors le Geolier estant éveillé, et voyant les portes de la prison ouvertes, tira son espée, et se vouloit tuër, pensant que les prisonniers s'en fussent fuïs. Mais Paul cria à haute voix, disant, Ne te fai point de mal: car nous sommes tous ici. Alors ayant demandé de la lumiere il saillit dedans, et tremblant se jetta [aux pieds] de Paul et de Silas. Et les ayant menez hors il [leur] dit, Seigneurs, que me faut-il faire pour estre sauvé? Ils lui dirent, Croi au Seigneur Jesus Christ, et tu seras sauvé, toi et ta maison. Et ils lui annoncerent la parole du Seigneur, et à tous ceux qui estoyent en sa maison. Apres cela, les prenant en cette mesme heure de la nuit, il lava [leurs] playes: puis incontinent il fut baptizé, lui et tous ses domestiques. Et les ayant amenez en sa maison, il leur dressa la table, et s'éjouït, parce qu'avec toute sa maison il avoit creu en Dieu. Et le jour estant venu, les Gouverneurs y envoyerent des sergens, disans, Baille congé à ces gens-là. Alors le Geolier rapporta ces paroles à Paul, [disant], Les Gouverneurs ont envoyé dire qu'on vous baillast congé: maintenant donc sortez, et vous en allez en paix. Mais Paul leur dit, Apres nous avoir foüettez publiquement, sans forme de jugement, nous qui sommes Romains, ils nous ont mis en prison: et maintenant ils nous mettent dehors en cachette: il n'en sera point ainsi: mais qu'ils viennent eux-mesmes, et qu'ils nous mettent dehors. Et les sergens rapporterent ces paroles aux Gouverneurs, lesquels craignirent, ayant entendu qu'ils estoyent Romains. C'est pourquoi ils vinrent [vers eux], et les prierent, et les ayant mis hors, ils les requirent qu'ils partissent de la ville. Alors estant sortis de la prison, ils entrerent chez Lydie: et ayant veu les freres, ils les consolerent, et puis ils partirent. Puis ayant traversé par Amphipolis et Apollonie, ils vinrent à Thessalonique, où il y avoit une Synagogue de Juifs. Et Paul, selon sa coustume, entra vers eux, et par trois Sabbats disputoit avec eux par les Escritures: Leur declarant et proposant qu'il avoit fallu que le Christ souffrist, et ressuscitast des morts: et que ce Jesus estoit le Christ, lequel, [disoit-il], je vous annonce. Et quelques uns d'entr'eux creurent, et furent adjoints à Paul et à Silas, et une grande multitude de Grecs servans Dieu, et de femmes de qualité en assez grand nombre. Mais les Juifs rebelles, estant esmeus d'envie, prirent certains vautneans bateurs de pavé, lesquels ayans fait un amas de peuple, esmeurent [toute] la ville, et faisans effort à la maison de Jason, cherchoyent à les amener vers le peuple. Et ne les ayans point trouvez, ils tirerent Jason et quelques freres aux Gouverneurs de la ville, en criant, Ceux-ci qui ont remüé tout le monde, sont aussi venus ici. Lesquels Jason a retirez chez soi: et eux tous font contre le decret de Cesar, disans, Qu'il y a un autre roi qu'ils nomment Jesus. Ils esmeurent donc le peuple, et les Gouverneurs de la ville qui entendoyent ces choses. Mais apres avoir receu caution de Jason et des autres, ils les laisserent aller. Et incontinent les freres mirent hors de nuit Paul et Silas, [pour aller] à Berée: lesquels estans venus là, entrerent en la Synagogue des Juifs. Or ceux-ci furent plus courageux que les Juifs qui estoyent à Thessalonique, entant qu'ils receurent la parole avec toute promptitude, conferans journellement les Escritures, [pour sçavoir] s'il estoit ainsi. Plusieurs donc d'entr'eux creurent, et des femmes Grecques honorables, et des hommes en assez grand nombre. Mais quand les Juifs de Thessalonique sceurent que la parole de Dieu estoit aussi annoncée par Paul à Berée, ils y vinrent et esmeurent le peuple. Mais alors les freres envoyerent incontinent Paul dehors, comme pour aller vers la mer: mais Silas et Timothée demeurerent encore là. Et ceux qui avoyent pris la charge de mettre Paul à sauveté, le menerent jusqu'à Athenes, et apres avoir receu mandement [de sa part] à Silas et à Timothée, de revenir bien-tost vers lui, ils partirent. Or comme Paul les attendoit à Athenes, son esprit s'aigrissoit en lui-mesme, considerant la ville du tout adonnée à l'idolatrie. Il disputoit donc en la Synagogue avec les Juifs, et avec les devots, et tous les jours en la place du marché avec ceux qui se rencontroyent. Alors quelques-uns d'entre les Philosophes Epicuriens et Stoïciens s'adresserent à lui en paroles: et les uns disoyent, Mais que veut dire ce babillard? Et les autres disoyent, Il semble estre annonciateur des Dieux estranges: parce qu'il leur annonçoit Jesus et la resurrection. Et l'ayant apprehendé, ils le menerent en l'Areopage, disans, Ne pourrons-nous point sçavoir quelle est cette nouvelle doctrine dont tu parles? Car tu nous mets de certaines choses estranges en nos oreilles: nous voulons donc sçavoir ce que veulent dire ces choses. Or tous les Atheniens et les estrangers qui se tenoyent là, ne vaquoyent à autre chose qu'à dire ou à ouïr quelque nouvelle. Alors Paul se tenant au milieu de l'Areopage, dit, Hommes Atheniens, je vous apperçois en toutes choses hommes par trop devotieux. Car en passant et contemplant vos devotions, j'ai trouvé mesmes un autel auquel il estoit escrit, AU DIEU INCONNU. Celui donc que vous honorez sans le connoistre, c'est celui que je vous annonce. Le Dieu qui a fait le monde et toutes les choses qui y [sont], estant Seigneur du ciel et de la terre, n'habite point en des temples faits de mains: Et il n'est point servi par les mains des hommes [comme] ayant necessité de quelque chose, veu que c'est lui qui donne à tous la vie, et la respiration, et toutes choses. Et il a fait d'un seul sang tout le genre humain, pour habiter sur toute l'estenduë de la terre: ayant determiné les saisons qu'il a auparavant ordonnées, et les bornes de leur habitation. Afin qu'ils cherchent le Seigneur, si en quelque sorte ils pourroyent le toucher en tastonnant, et le trouver: encore qu'il ne soit pas loin de chacun de nous. Car par lui avons-nous la vie, et le mouvement, et l'estre: comme mesmes quelques-uns de vos Poëtes ont dit: Car aussi nous sommes son lignage. Estans donc le lignage de Dieu, nous ne devons nullement estimer que la Divinité soit semblable à or, ou à argent, ou à pierre taillée par art et par invention d'homme. Dieu donc, ayant dissimulé les temps de l'ignorance, maintenant denonce à tous hommes en tous lieux qu'ils ayent à se repentir. Parce qu'il a ordonné un jour, auquel il doit juger le monde universel en justice, par l'homme qu'il a determiné, dont il a donné certitude à tous, l'ayant ressuscité des morts. Et quand ils ouïrent ce mot de la resurrection des morts, les uns s'en mocquoyent, et les autres disoyent, Nous t'orrons derechef sur cela. Ainsi Paul sortit du milieu d'eux. De certains personnages toutefois se joignirent à lui, et creurent: entre lesquels estoit aussi Denis l'Areopagite, et une femme nommée Damaris, et d'autres avec eux. Or apres ces choses Paul partant d'Athenes, vint à Corinthe. Et ayant trouvé [là] un certain Juif nommé Aquile, de la nation de Ponte, qui un peu auparavant estoit venu d'Italie, avec Priscille sa femme, (parce que Claude avoit commandé que tous les Juifs vuidassent de Rome) il s'adressa à eux. Et parce qu'il estoit de mesme mestier, il demeura avec eux, et travailloit. Et leur mestier estoit de faire des tentes. Et il disputoit en la Synagogue chaque Sabbat, et induisoit [à croire] tant les Juifs que les Grecs. Et quand Silas et Timothée furent venus de Macedone, Paul estant enserré en [son] esprit, testifioit aux Juifs [que] Jesus [estoit] le Christ. Et comme ils s'opposoyent, et blasphemoyent, ayant secoüé [ses] vestemens, il leur dit, Vostre sang [soit] sur vostre teste: j'en suis net: dés maintenant je m'en vais vers les Gentils. Alors estant parti de là il entra en la maison d'un nommé Juste, servant Dieu, duquel la maison tenoit à la Synagogue. Et Crispe principal de la Synagogue creut au Seigneur avec toute sa maison: plusieurs autres aussi des Corinthiens l'ayant ouï, creurent, et furent baptisez. Or le Seigneur dit de nuit par vision à Paul, Ne crain point, mais parle, et ne te tai point: Car je suis avec toi, et nul ne mettra les mains sur toi pour te malfaire: car j'ai un grand peuple en cette ville-ci. Il demeura donc là un an et six mois, enseignant entr'eux la parole de Dieu. Mais du temps que Gallion estoit Proconsul d'Achaïe, les Juifs [tous] d'un accord s'éleverent contre Paul, et l'amenerent au siege judicial, Disans, Celui-ci induit les gens à servir Dieu contre la Loi. Et comme Paul vouloit ouvrir sa bouche, Gallion dit aux Juifs, O Juifs! si c'estoit la matiere de quelque outrage, ou malefice, je vous supporterois autant qu'il seroit raisonnable. Mais s'il est question de paroles, et de mots, et de vostre Loi, vous y regarderez vous-mesmes: car je ne veux point estre juge de ces choses. Et il les chassa du siege judicial. Alors tous les Grecs ayant empoigné Sosthenes le principal de la Synagogue, le battoyent devant le siege judicial, et Gallion ne s'en soucioit pas. Mais quand Paul eut encore esté là assez long-temps, il prit congé des freres, et navigea en Syrie, (et avec lui Priscille et Aquile) apres qu'il se fut fait raire la teste à Cenchrée: car il avoit un voeu. Puis il arriva à Ephese, et les laissa là: mais estant entré en la Synagogue, il disputa avec les Juifs. Lesquels le prians qu'il demeurast encore plus long-temps avec eux, il ne s'y voulut point accorder. Mais il prit congé d'eux, disant, Il me faut absolument faire la feste prochaine à Jerusalem: mais je retournerai encore vers vous, s'il plaist à Dieu. Ainsi il desancra d'Ephese. Et quand il fut descendu à Cesarée, il monta [à Jerusalem]: et apres avoir salüé l'Eglise il descendit à Antioche. Puis ayant sejourné là quelque temps, il s'en alla, traversant tout d'un train la contrée de Galatie et de Phrygie, confirmant tous les disciples. Mais un certain Juif nommé Apollos, Alexandrin de nation, homme eloquent et puissant és Ecritures, vint à Ephese. Lequel estoit aucunement instruit en la voye du Seigneur: et estant en ferveur d'esprit, il parloit, et enseignoit diligemment les choses qui sont du Seigneur, connoissant seulement le Baptesme de Jean. Il commença donc à parler franchement en la Synagogue. Et quand Priscille et Aquile l'eurent ouï, ils le prirent avec eux, et lui declarerent plus avant la voye de Dieu. Et comme il vouloit passer en Achaïe, les freres l'ayant exhorté [à cela], escrivirent aux disciples qu'ils le receussent: lequel estant arrivé là, profita beaucoup à ceux qui avoyent creu par la grace. Car il convainquoit publiquement les Juifs en grande vehemence, demontrant par les Escritures que Jesus estoit le Christ. Il advint comme Apollos estoit à Corinthe, que Paul, apres avoir traversé tous les quartiers d'en-haut, vint à Ephese, où ayant trouvé de certains disciples, il leur dit, Avez-vous receu le Saint Esprit, quand vous avez creu? Mais ils lui [respon]dirent, Nous n'avons pas mesmes ouï dire s'il y a un Saint Esprit. Alors il leur dit, En quoi donc avez-vous esté baptizez? Lesquels [respon]dirent, Au Baptesme de Jean. Alors Paul dit, Jean a bien baptizé du Baptesme de repentance, disant au peuple qu'ils creussent en celui qui venoit apres lui: assavoir en Jesus Christ. Ayans ouï ces choses, ils furent baptizez au Nom du Seigneur Jesus. Et apres que Paul leur eut imposé les mains, le Saint Esprit vint sur eux, et [ainsi] ils parloyent des langages, et prophetisoyent. Et tous ces personnages-là estoyent environ douze. Puis il entra en la Synagogue, et parloit franchement l'espace de trois mois, disputant et induisant à ce qui est du royaume de Dieu. Mais comme quelques-uns s'endurcissoyent, et estoyent rebelles, médisans de la voye [du Seigneur] devant la multitude, lui s'estant departi d'avec eux, separa les disciples, disputant tous les jours en l'escole d'un certain Tyrannus. Et cela continua l'espace de deux ans: tellement que tous ceux qui habitoyent en Asie, ouïrent la parole du Seigneur Jesus, tant Juifs que Grecs. Et Dieu faisoit des vertus non accoustumées, par les mains de Paul: De sorte que mesmes on portoit de dessus son corps des couvrechefs et des mouchoirs sur les malades: et leurs maladies se departoyent d'eux, et les mauvais esprits sortoyent hors. Alors quelques-uns d'entre les Juifs, exorcistes, qui trottoyent ça et là, essayerent d'invoquer le nom du Seigneur Jesus sur ceux qui avoyent de mauvais esprits, disans, Nous vous adjurons par Jesus que Paul presche. (Et ceux qui faisoyent cela, estoyent sept certains fils de Sceva Juif, l'un des principaux Sacrificateurs.) Mais l'esprit malin respondant, dit, Je connois Jesus, et sçais qui est Paul: mais vous [autres], qui estes-vous? Et l'homme en qui estoit le malin esprit, sautant sur eux, et s'en estant rendu maistre, usa de force contr'eux, de sorte qu'ils s'enfuïrent nuds et navrez de cette maison-là. Or cela vint à la connoissance de tous les Juifs et des Grecs demeurans à Ephese: dont la crainte les saisit tous, et le Nom du Seigneur Jesus estoit magnifié. Et plusieurs de ceux qui avoyent creu, venoyent confessans et declarans leurs actes. Plusieurs aussi de ceux qui s'estoyent adonnez à des choses curieuses, apporterent leurs livres, et les bruslerent devant tous: dont calculans le prix, ils trouverent qu'il montoit à cinquante mille pieces d'argent. Ainsi la parole du Seigneur croissoit puissamment, et se renforçoit. Or comme ces choses furent accomplies, Paul proposa par l'esprit de passer par la Macedone, et par l'Achaïe, et d'aller à Jerusalem, disant, Apres que j'aurai esté là, il me faut aussi voir Rome. Et ayans envoyé en Macedone deux de ceux qui l'assistoyent, [assavoir] Timothée et Eraste, il demeura pour un temps en Asie. Mais en ce temps-là il avint un grand trouble, à cause de la doctrine. Car un certain nommé Demetrius, qui travailloit d'argenterie, et faisoit de petits temples d'argent de Diane, apportoit beaucoup de profit aux ouvriers du mestier: Lesquels ayant assemblé, avec ceux qui travailloyent en ces ouvrages-là, il dit, Hommes, vous sçavez que tout nostre gain vient de cet ouvrage: Or vous voyez et oyez comme non seulement à Ephese, mais presque par toute l'Asie, ce Paul-ci par ses persuasions a destourné une grande multitude, disant que ceux-là ne sont point Dieux, qui sont faits de mains. Et il n'y a pas seulement de danger pour nous, en ce que nostre fait ne vienne à estre décrié, mais aussi que le temple de la grande Diane ne soit plus rien estimé du tout, et qu'il n'avienne que sa majesté, que toute l'Asie et le monde universel a en reverence, ne vienne aussi à neant. Eux donc, ayant ouï ces choses, furent tout remplis de colere, et s'écrierent, disans, Grande [est] la Diane des Ephesiens. Et toute la ville fut remplie de confusion: et ils se jetterent [tous] d'un courage dans le theatre, et ravirent Gaïe et Aristarque Macedoniens, compagnons de voyage de Paul. Et comme Paul vouloit entrer vers le peuple, les disciples ne lui permirent point. Quelques-uns aussi d'entre les Asiarques qui lui estoyent amis, envoyerent vers lui, le prians qu'il ne se presentast point au theatre. Les uns donc crioyent d'un, et les autres d'autre: car l'assemblée estoit confuse: et plusieurs ne sçavoyent pour quelle cause ils estoyent assemblez. Alors Alexandre fut avancé hors de la foule, les Juifs le poussans en avant. Et Alexandre faisant signe de la main, vouloit alleguer [quelque] excuse au peuple. Mais quand ils eurent connu qu'il estoit Juif, une voix de tous s'éleva, quasi par l'espace de deux heures, en criant, Grande [est] la Diane des Ephesiens. Alors le Greffier ayant appaisé la multitude, dit, Hommes Ephesiens, et qui est celui des hommes qui ne sçache que la ville des Ephesiens est dediée au service de la grande Diane, et à l'image qui est descenduë de Jupiter? Ces choses donc estant telles sans contredit, il faut que vous soyez appaisez, et que vous ne fassiez rien à l'estourdie. Car vous avez amené ces gens, qui ne sont ni sacrileges, ni diffamateurs de vostre Deesse. Que si Demetrius et les ouvriers qui sont avec lui, ont quelque cause contre quelqu'un, on tient les plaids, et il y a des Proconsuls: qu'ils s'accusent l'un l'autre. Et si vous demandez quelque chose d'autre cas, cela se pourra conclurre en une assemblée deuëment convoquée. Car nous sommes en danger d'estre accusez de sedition pour ce jourd'hui: veu qu'il n'y a cause aucune pour laquelle nous puissions rendre raison de cette esmeute. Et quand il eut dit ces choses, il bailla congé à l'assemblée. Or apres que le trouble fut cessé, Paul ayant appellé les disciples, et les ayant embrassez, partit pour aller en Macedone. Et quand il eut cheminé par ces quartiers-là, et les eut exhortez par plusieurs paroles, il vint en Grece. Là où quand il eut esté trois mois, d'autant que les Juifs lui dressoyent des embusches, s'il eust navigé en Syrie, l'avis fut de retourner par Macedone. Et Sopater Beréen le devoit accompagner jusques en Asie: et des Thessaloniciens, Aristarque, et Second, et Gaïe Derbien, et Timothée, et de ceux d'Asie, Tychique, et Trophime. Ceux-ci donc estant allez devant, nous attendirent à Troas. Mais quant à nous, apres les jours des pains sans levain, nous desancrasmes de Philippes, et vinsmes vers eux à Troas au bout de cinq jours: là où nous sejournasmes sept jours. Et le premier jour de la semaine, les disciples estant assemblez pour rompre le pain, Paul (dautant qu'il devoit partir le lendemain) traittoit de la parole avec eux: et estendit son discours jusqu'à la minuict. Or il y avoit en la chambre haute, où ils estoyent assemblez, beaucoup de lampes. Et un jeune homme nommé Eutyche, assis sur une fenestre, estant abbattu de profond sommeil, pendant que Paul traittoit de la parole plus longuement, emporté de sommeil cheut en bas du troisiéme estage, et fut levé mort. Mais Paul estant descendu, se pancha sur lui, et l'embrassa, et dit, Ne vous troublez point: car son ame est en lui. Et quand il fut remonté: et eut rompu le pain, et mangé, et parlé long-temps jusqu'à l'aube du jour, ainsi il partit. Et ils amenerent là le jeune homme vivant, dont ils furent grandement consolez. Or estant venus au navire, nous fusmes portez à Assos: et de là nous devions reprendre Paul: car il l'avoit ainsi ordonné, voulant quant à lui faire ce chemin par terre. Quand donc il nous eut rencontrez à Assos, nous le prismes avec nous, et vinsmes à Metelin. Puis estant partis de là, le jour ensuivant nous vinsmes à l'endroit de Chios. Le lendemain nous arrivasmes à Samos: et ayans demeuré à Trogylle, le jour ensuivant nous vinsmes à Milet. Car Paul avoit proposé de passer outre Ephese, afin qu'il ne lui fallust point sejourner en Asie: car il se hastoit d'estre (s'il lui estoit possible) le jour de la Pentecoste à Jerusalem. Or il envoya de Milet à Ephese, et appella à soi les Anciens de l'Eglise. Lesquels estant venus vers lui, il leur dit, Vous sçavez comme je me suis porté toûjours avec vous, dés le premier jour que je suis entré en Asie: Servant au Seigneur avec toute humilité, et avec plusieurs larmes, et tentations, lesquelles me sont advenuës par les embusches des Juifs. Comme je n'ai rien retenu à dire des choses qui [vous] estoyent utiles, que je ne vous les aye preschées et enseignées publiquement et par les maisons: Testifiant tant aux Juifs qu'aux Grecs la repentance qui est envers Dieu, et la foi en Jesus-Christ nostre Seigneur. Et maintenant voici, estant lié par l'esprit, je m'en vais à Jerusalem, ignorant les choses qui m'y doivent avenir: Sinon que le Saint Esprit m'advertit de ville en ville, disant, Que des liens et des tribulations m'attendent. Mais je ne fais cas de rien: et ma vie ne m'est point precieuse, moyennant qu'avec joye j'acheve ma course, et le ministere que j'ai receu du Seigneur Jesus, pour testifier l'Evangile de la grace de Dieu. Et maintenant voici, je sçais que nul de vous tous, parmi lesquels j'ai passé, preschant le royaume de Dieu, ne verra plus ma face. Pour ce je vous prens à tesmoins aujourd'hui que je suis net du sang de tous. Car je ne me suis point retenu que je ne vous aye annoncé tout le conseil de Dieu. Prenez donc garde à vous-mesmes, et à tout le troupeau, auquel le Saint Esprit vous a establis Evesques, pour paistre l'Eglise de Dieu, laquelle il a acquise par son propre sang. Car je sçais cela, qu'apres mon depart il se fourrera parmi vous des loups tres-dangereux, n'espargnans point le troupeau. Et d'entre vous-mesmes se leveront des hommes annonçans des choses perverses, afin d'attirer des disciples apres eux. Partant veillez, vous souvenans comme par l'espace de trois ans, nuit et jour, je n'ai cessé avec larmes d'admonester un chacun. Et maintenant, freres, je vous recommande à Dieu, et à la parole de sa grace: lequel est puissant pour achever de vous edifier, et de vous donner l'heritage avec tous les Saints. Je n'ai convoité l'argent, ni l'or, ni la robbe d'aucun. Et vous sçavez vous-mesmes que ces mains ont fourni les choses qui m'estoyent necessaires, et à ceux qui estoyent avec moi. Je vous ai montré en tout, qu'en travaillant ainsi, il faut supporter les infirmes, et se souvenir des paroles du Seigneur Jesus: car il a dit, Que c'est une chose plus heureuse de donner que de recevoir. Et quand il eut dit ces paroles, il se mit à genoux, et pria avec eux tous. Alors il y eut un grand pleur de tous: et se jettans sur le col de Paul, ils le baisoyent: Estans tristes principalement pour la parole qu'il avoit dite, Qu'ils ne verroyent plus sa face. Et ils le conduisirent au navire. Ainsi donc estant partis et reculez d'eux, nous tirasmes tout droit à Coos, et le jour ensuivant à Rhode, et de là à Patara. Et ayant trouvé là un navire qui traversoit en Phenice, nous montasmes dessus, et partismes. Puis ayans descouvert Cypre, nous la laissasmes à main gauche: et tirans vers la Syrie, nous arrivasmes à Tyr: car le navire devoit là descharger sa charge. Et ayans trouvé là des disciples, nous y demeurasmes sept jours. Ils disoyent par l'Esprit à Paul qu'il ne montast point à Jerusalem. Mais ces jours-là estant accomplis nous partismes et nous mismes en chemin, estant conduits de tous avec leurs femmes et leurs enfans, jusques hors la ville: et ayans mis les genoux en terre sur le rivage, nous priasmes. Puis apres nous estre embrassez les uns les autres, nous montasmes au navire, et les autres retournerent chez eux. Ainsi achevant nostre navigation de Tyr, nous abordasmes à Ptolemaïs: et apres avoir salüé les freres, nous demeurasmes un jour avec eux. Le lendemain Paul et sa compagnie partirent, et nous vinsmes à Cesarée: et estant entrez en la maison de Philippe l'Evangeliste (qui estoit l'un des sept) nous demeurasmes chez lui. Il avoit quatre filles vierges, lesquelles prophetisoyent. Et comme nous demeurions là plusieurs jours, il survint un Prophete de Judée, nommé Agabus. Lequel estant venu vers nous, et ayant pris la ceinture de Paul, s'en lia les mains et les pieds, disant, Le Saint Esprit dit ces choses, Ainsi les Juifs lieront à Jerusalem, l'homme à qui est cette ceinture, et le livreront és mains des Gentils. Et quand nous eusmes entendu ces choses, tant nous que ceux qui estoyent du lieu, nous l'exhortasmes qu'il ne montast point à Jerusalem. Alors Paul respondit, Que faites-vous, en pleurant, et affligeant mon coeur? car pour moi, je suis tout prest non seulement d'estre lié, mais aussi de mourir à Jerusalem pour le Nom du Seigneur Jesus. Ainsi, parce qu'il ne pouvoit estre induit à cela, nous nous en deportasmes, disans, La volonté du Seigneur soit faite. Et quelques jours apres, ayans chargé nos hardes, nous montasmes à Jerusalem. Et [quelques-uns] des disciples vinrent aussi de Cesarée avec nous, amenans avec eux un certain Mnason, qui estoit Cyprien, ancien disciple, chez lequel nous devions loger. Quand nous fusmes venus à Jerusalem, les freres nous receurent fort volontiers. Et le jour suivant, Paul vint avec nous chez Jaques, et tous les Anciens y furent assemblez. Et apres qu'il les eut embrassez, il recita de poinct en poinct les choses que Dieu avoit faites entre les Gentils par son ministere. Ce qu'ayans ouï, ils glorifierent le Seigneur, et lui dirent, Frere, tu vois combien il y a de milliers de Juifs qui ont creu, et tous sont zelateurs de la Loi. Or ils ont esté informez de toi, que tu enseignes tous les Juifs qui sont entre les Gentils de se départir de Moyse, disant qu'ils ne doivent point circoncir leurs enfans, ni cheminer selon les statuts. Qu'est-il donc de faire? Il faut entierement assembler la multitude: car ils orront dire que tu es venu. Fai donc ce que nous te disons; Nous avons quatre hommes qui ont fait un voeu: Pren-les, et te purifie avec eux, et contribuë avec eux, afin qu'ils se rasent la teste: et que tous sçachent qu'il n'est rien des choses dont ils ont esté informez de toi, mais que tu chemines aussi gardant la Loi. Mais touchant ceux qui ont creu d'entre les Gentils, nous en avons écrit, apres avoir ordonné qu'ils n'observent rien de semblable, sinon qu'ils se gardent de ce qui est sacrifié aux idoles, et du sang, et des choses estouffées, et de paillardise. Alors Paul ayant pris ces hommes-là avec soi, et le jour ensuivant s'estant purifié avec eux, entra au temple, denonçant l'accomplissement des jours de la purification, jusques à ce que l'oblation fust presentée pour chacun d'eux. Et comme les sept jours se devoyent accomplir, quelques Juifs d'Asie, l'ayans veu au temple, esmeurent toute la multitude, et jetterent les mains sur lui, Crians, Hommes Israëlites, aidez-[nous]: voici cet homme qui par tout enseigne chacun contre le peuple, et la Loi, et ce lieu-ci: davantage il a aussi amené des Grecs dans le temple, et a pollué ce saint lieu. Car auparavant ils avoyent veu Trophime Ephesien en la ville avec lui, lequel ils estimoyent que Paul eust amené dans le temple. Et toute la ville fut esmeuë, et le peuple y accourut: et ayans empoigné Paul, ils le tiroyent hors du temple: et incontinent les portes furent fermées. Mais comme ils taschoyent à le mettre à mort, le bruit vint au Capitaine de la bande [de la garnison], que toute Jerusalem estoit en trouble. Lequel tout à l'heure prit des soldats et des Centeniers et courut vers eux. Eux donc voyans le Capitaine et les soldats, ils cesserent de battre Paul. Alors le Capitaine approcha, et se saisit de lui, commandant qu'il fust lié de deux chaines: puis il demanda qui il estoit, et ce qu'il avoit fait. Et les uns crioyent d'un, et les autres d'autre, en la foule: et parce qu'il ne pouvoit connoistre rien de certain à cause du bruit, il commanda qu'il fust mené en la forteresse. Et quand il fut venu aux degrez, il avint qu'il fut porté des soldats pour la violence de la foule. Car la multitude du peuple le suivoit, criant, Oste-le. Et comme Paul commençoit à estre mené en la forteresse, il dit au Capitaine, M'est-il permis de te dire quelque chose? Et il demanda, Sçais-tu parler Grec? N'es-tu pas l'Egyptien qui ces jours passez as esmeu une sedition, et as retiré au desert quatre mil brigandeaux? Et Paul lui dit, Certes je suis homme Juif, citoyen, natif de Tharse, ville renommée de Cilicie: mais je te prie, permets moi de parler au peuple. Et quand il lui eut permis, Paul se tenant sur les degrez, fit signe de la main au peuple: puis un grand silence estant fait, il parla à eux en langue Hebraïque, disant: Hommes freres et peres, escoutez-moi en la defense dont j'use maintenant envers vous. Et quand ils ouïrent qu'il parloit à eux en langue Hebraïque, ils firent tant plus de silence. Alors il dit, Certes je suis homme Juif, né à Tharse de Cilicie, mais nourri en cette ville aux pieds de Gamaliël, ayant esté instruit en la perfection de la Loi des Peres, estant zelateur de Dieu, comme vous estes tous aujourd'hui: Qui ai persecuté cette doctrine jusques à la mort, liant et mettant és prisons tant hommes que femmes: Comme mesmes le souverain Sacrificateur m'est tesmoin, et toute l'assemblée des Anciens: desquels aussi ayant receu des lettres [addressantes] aux freres, j'allois à Damas pour amener aussi liez à Jerusalem ceux qui estoyent là, afin qu'ils fussent punis. Or il avint comme je cheminois et approchois de Damas, environ le midi, que subitement une grande lumiere venant du ciel, resplendit comme un esclair à l'entour de moi. Et je tombai sur la place: et ouïs une voix qui me dit, Saul, Saul, pourquoi me persecutes-tu? Et je respondis, Qui es-tu, Seigneur? Et il me dit, Je suis Jesus le Nazarien, lequel tu persecutes. Or ceux qui estoyent avec moi virent bien la lumiere, et en furent tout effrayez: mais ils n'ouïrent point la voix de celui qui parloit à moi. Alors je dis, Seigneur, que ferai-je? Et le Seigneur me dit, Leve-toi, et t'en va à Damas: et là il te sera parlé touchant tout ce qui t'est ordonné de faire. Et parce que je ne voyois goute, à cause de la splendeur de cette lumiere-là, je fus amené par la main par ceux de ma compagnie, et vins à Damas. Depuis, un certain Ananias, homme craignant Dieu selon la Loi, ayant tesmoignage de tous les Juifs qui demeuroyent là, vint à moi: Et esant prés de moi, me dit, Frere Saul, recouvre la veuë. Et à cette mesme heure je regardai vers lui. Et il dit, Le Dieu de nos Peres t'a preordonné pour connoistre sa volonté, et voir le Juste, et ouïr la voix de sa bouche. Car tu lui seras tesmoin envers tous hommes des choses que tu as veuës et ouïes. Et maintenant que tardes-tu? leve-toi et sois baptizé, et lavé de tes péchez, en invoquant le Nom du Seigneur. Or apres il avint que quand je fus retourné à Jerusalem, et que je priois au temple, je fus ravi en extase: Et je le vis qui me disoit, Haste-toi, et pars legerement de Jerusalem: car ils ne recevront point le tesmoignage que tu leur rendras de moi. Et je dis, Seigneur, eux-mesmes sçavent comme je mettois en prison, et foüettois par les Synagogues, ceux qui croioyent en toi. Et lors que le sang d'Estienne ton martyr fut espandu, j'y estois aussi present, et consentois à sa mort, et gardois les vestemens de ceux qui le mettoyent à mort. Mais il me dit, Va-t'en, car je t'envoyerai loin vers les Gentils. Or ils l'escouterent jusques à ce mot: alors ils éleverent leurs voix, disans, Oste de la terre un tel homme, car il n'est point convenable qu'il vive. Et comme ils crioyent à haute voix, et secoüoyent leurs vestemens, et jettoyent la poudre en l'air. Le Capitaine commanda qu'il fust mené en la forteresse, et ordonna qu'il fust examiné par le foüet, afin qu'il sceust pour quelle cause ils crioyent ainsi contre lui. Quand donc ils l'eurent garotté de couroyes, Paul dit au Centenier qui estoit prés de lui, vous est-il permis de foüetter un homme Romain, et non condamné? Ce que le Centenier ayant entendu, il s'en alla au Capitaine pour l'advertir, disant, Regarde ce que tu as à faire: car cet homme-ci est Romain. Et le Capitaine vint à lui, et lui dit, Di-moi, es-tu Romain? Et il [respon]dit, Oui vrayement. Le Capitaine [lui] dit, J'ai acquis cette bourgeoisie à grande somme d'argent: Et Paul dit, Et moi je le suis de naissance. Incontinent donc ceux qui le devoyent examiner se retirerent de lui: et le Capitaine aussi craignit quand il eut connu qu'il estoit bourgeois de Rome, et qu'il l'avoit lié. Or le lendemain voulant sçavoir pour certain pour quelle cause il estoit accusé des Juifs, il le délia des liens, et commanda que les principaux Sacrificateurs s'assemblassent, et tout le conseil, et amena Paul, et le presenta devant eux. Et Paul ayant les yeux dressez vers le conseil, dit, Hommes freres, j'ai conversé en toute bonne conscience devant Dieu jusques à ce jour. Alors le souverain Sacrificateur Ananias commanda à ceux qui estoyent prés de lui de le fraper au visage. Alors Paul lui dit, Dieu te frapera, paroi blanchie: veu que tu es assis pour me juger selon la Loi, et qu'en transgressant la Loi, tu commandes que je sois frapé. Et ceux qui estoyent presens dirent, Injuries-tu le souverain Sacrificateur de Dieu? Et Paul dit, Freres, je ne sçavois pas qu'il fust souverain Sacrificateur: car il est écrit, Tu ne mesdiras point du prince de ton peuple. Et Paul sçachant qu'une partie [d'entr'eux] estoit de Sadduciens, et l'autre de Pharisiens, s'escria dans le conseil, Hommes freres, je suis Pharisien, fils de Pharisien: je suis tiré en cause pour l'esperance et la resurrection des morts. Et quand il eut dit cela, il s'esmeut une dissension entre les Pharisiens et les Sadduciens: et l'assemblée fut divisée. Car les Sadduciens disent qu'il n'y a point de resurrection, ni d'Ange, ni d'Esprit: mais les Pharisiens confessent l'un et l'autre. Et il se fit un grand cri. Alors les Scribes de la partie des Pharisiens se leverent et debattoyent, disans, Nous ne trouvons rien de mal en cet homme-ci: mais si un Esprit ou un Ange a parlé à lui, ne bataillons point contre Dieu. Et comme il fut advenu une grande division, le Capitaine, craignant que Paul ne fust mis en pieces par eux, commanda que les soldats descendissent, et qu'ils le ravissent du milieu d'eux, et l'amenassent en la forteresse. Et la nuit suivante, le Seigneur se presenta à lui, et dit, Aye bon courage, Paul: car comme tu as rendu tesmoignage de moi à Jerusalem, ainsi t'en faut-il aussi tesmoigner à Rome. Le lendemain estant venu, quelques Juifs firent un complot et un serment avec execration, disans, Qu'ils ne mangeroyent ni ne boiroyent jusques à ce qu'ils eussent tué Paul. Et ils estoyent plus de quarante qui avoyent fait cette conjuration avec execration de serment. Lesquels s'addresserent aux principaux Sacrificateurs et aux Anciens, et leur dirent, Nous avons fait un voeu avec execration de serment, que nous ne gousterions de rien jusques à ce que nous ayons tué Paul. Vous donc maintenant, faites sçavoir au Capitaine par l'avis du Conseil qu'il vous l'amene demain, comme si vous vouliez connoistre de lui quelque chose plus exactement: et nous serons tout prests pour le tuër devant qu'il approche. Mais le fils de la soeur de Paul, ayant entendu ces embusches, vint et entra en la forteresse, et le rapporta à Paul. Et Paul ayant appellé un des Centeniers, lui dit, Mene ce jeune homme vers le Capitaine: car il a quelque chose à lui rapporter. Il le prit donc, et le mena vers le Capitaine, et dit, Paul qui est prisonnier m'a appellé, et m'a prié d'amener ce jeune homme vers toi, dautant qu'il a quelque chose à te dire. Et le Capitaine le prenant par la main, se retira à part, et lui demanda, Qu'est-ce que tu as à me rapporter? Et il [lui] dit, Les Juifs ont conspiré de te prier que demain tu envoyes Paul au Conseil, comme s'ils vouloyent s'enquerir de lui plus exactement de quelque chose. Mais ne t'y accorde point: car plus de quarante hommes d'entr'eux sont en embusches contre lui, qui ont fait un voeu avec execration de serment, de ne manger ni boire jusques à ce qu'ils l'ayent mis à mort: et maintenant ils sont tout prests, attendans ce que tu leur promettras. Le Capitaine donc renvoya le jeune homme, lui commandant qu'il ne dist à personne qu'il lui eust declaré ces choses. Puis ayant appellé deux certains Centeniers, il dit, Tenez prests deux cens soldats, pour aller jusques à Cesarée, et soixante et dix hommes de cheval, et deux cens Archers, à trois heures de nuict. Et qu'il y ait des montures prestes afin qu'ayans fait monter Paul, ils le menent en sauveté au Gouverneur Felix. Et il lui escrivit une lettre d'une telle teneur: Claude Lysias au tres-excellent Gouverneur Felix, Salut. Comme cet homme empoigné des Juifs estoit prest d'estre tué par eux, je suis survenu avec la garnison, et leur ai osté, ayant connu qu'il estoit Romain. Et voulant sçavoir la cause pourquoi ils l'accusoyent, je le menai en leur conseil. Là où j'ai trouvé qu'il estoit accusé touchant des questions de leur Loi, n'ayant commis nul crime digne de mort ou d'emprisonnement. Et ayant esté adverti des embusches que les Juifs avoyent dressées contre lui, incontinent je te l'ai envoyé: ayant aussi commandé aux accusateurs de dire devant toi les choses qu'ils ont contre lui. Bien te soit. Les soldats donc selon qu'il leur estoit enjoint, prirent Paul, et le menerent de nuit à Antipatris. Et le lendemain ayans laissé les hommes de cheval pour aller avec lui, ils s'en retournerent à la forteresse. Eux donc estant venus à Cesarée, apres avoir rendu les lettres au Gouverneur, presenterent aussi Paul devant lui. Et quand le Gouverneur [les] eut leuës, et [l]'eut interrogé de quelle Province il estoit, ayant entendu qu'il estoit de Cilicie, Je t'orrai, dit-il, plus amplement, quand tes accusateurs seront aussi venus. Et il commanda qu'il fust gardé au palais d'Herode. Or cinq jours apres, Ananias le souverain Sacrificateur descendit avec les Anciens, et Tertulle un certain orateur, lesquels comparurent devant le Gouverneur contre Paul. Et Paul estant appellé, Tertulle commença à l'accuser, disant, Tres-excellent Felix, nous reconnoissons en tout et par tout avec tout remerciement, que nous avons obtenu une grande paix par toi, et par les bonnes ordonnances que tu as dressées en ce peuple, selon ta pourvoyance. Mais afin que je ne t'empesche point plus longuement, je te prie que tu nous oyes en peu de paroles selon ton equité. C'est que nous avons trouvé cet homme pestilentieux, et esmouvant sedition entre tous les Juifs par tout le monde, et chef de la secte des Nazariens. Qui mesmes a attenté de profaner le temple: lequel aussi nous avons saisi, et l'avons voulu juger selon nostre Loi. Mais le Capitaine Lysias survenant, nous l'osta d'entre les mains avec une grande violence: Commandant que ses accusateurs vinssent vers toi: duquel toi-mesme apres l'inquisition faite, pourras sçavoir toutes ces choses, desquelles nous l'accusons. Alors les Juifs aussi s'y accorderent, disans, que ces choses alloyent ainsi. Mais Paul, apres que le Gouverneur lui eut fait signe qu'il parlast, respondit, Sçachant qu'il y a déja plusieurs années que tu es juge de cette nation, je respons pour moi-mesme de meilleur courage. Veu que tu peux connoistre qu'il n'y a pas plus de douze jours que je suis monté pour adorer à Jerusalem. Et ils ne m'ont point trouvé au temple disputant avec aucun, ni faisant amas de peuple, ni és Synagogues, ni en la ville: Et ne peuvent maintenir les choses dont ils m'accusent. Or je te confesse bien ce poinct, que selon la voye qu'ils appellent secte, ainsi je sers le Dieu de mes Peres, croyant à toutes les choses qui sont escrites en la Loi et és Prophetes: Ayant esperance en Dieu, que la resurrection des morts, tant des justes que des injustes, laquelle aussi ceux-ci mesmes attendent, adviendra. Et partant aussi je mets peine d'avoir toûjours la conscience sans offense envers Dieu et envers les hommes. Or apres plusieurs années, je suis venu pour faire des aumosnes et des oblations en ma nation. Et comme je vaquois à cela, ils m'ont trouvé purifié au temple, non point avec troupe ni tumulte. Et [ce furent] de certains Juifs d'Asie: Lesquels devoyent comparoistre devant toi, et m'accuser, s'ils avoyent quelque chose contre moi. Ou que ceux-ci mesmes diënt, s'ils ont trouvé en moi quelque chose d'inique, quand j'ai esté presenté au Conseil: Sinon quant à cette seule parole, de laquelle je me suis écrié estant entr'eux, Aujourd'hui je suis tiré en cause par vous, pour la resurrection des morts. Felix ayant ouï ces choses, le remit à une autre fois, disant, Apres que j'aurai plus exactement connu ce que c'est de cette secte, quand le Capitaine Lysias sera descendu, je connoitrai entierement de vos affaires. Et il commanda à un Centenier que Paul fust tenu en garde, et qu'il eust relasche, et qu'on n'empeschast personne des siens de le servir, ou de venir vers lui. Et quelques jours apres, Felix vint avec Drusille sa femme, qui estoit Juifve: et envoya querir Paul, et l'ouït [parler] de la foi qui est en Christ. Et comme il traittoit de la justice, et de la temperance, et du jugement à venir, Felix tout effrayé, respondit, Paul maintenant va t'en: et quand j'aurai la commodité je te rappellerai: Esperant quand et quand que quelque argent lui seroit baillé de Paul, pour le delivrer: pour laquelle cause aussi souvent il l'envoyoit querir, et devisoit avec lui. Deux ans estans accomplis, Felix eut pour successeur Portius Festus, et voulant gratifier aux Juifs, il laissa Paul emprisonné. Festus donc estant entré en la Province, monta trois jours apres de Cesarée à Jerusalem. Et le souverain Sacrificateur, et les premiers d'entre les Juifs, comparurent devant lui contre Paul, et le prioyent: Demandans de la faveur contre lui, afin qu'il le fist venir à Jerusalem, dressans des embusches pour le tuër par le chemin. A quoi Festus respondit, que Paul estoit bien gardé à Cesarée, et qu'en bref il s'y en devoit aller. Que ceux donc (dit-il) d'entre vous qui le peuvent faire, descendent ensemble: et s'il y a quelque crime en cet homme, qu'ils l'accusent. Et n'ayant pas demeuré entr'eux plus de dix jours, il descendit à Cesarée: et le lendemain s'assit au siege judicial, et commanda que Paul fust amené. Lequel estant venu là, les Juifs qui estoyent descendus de Jerusalem l'environnerent, lui mettant à sus plusieurs crimes griefs, lesquels ils ne pouvoyent prouver: Paul respondant qu'il n'avoit en rien failli, ni contre la Loi des Juifs, ni contre le temple, ni contre Cesar. Mais Festus voulant gratifier aux Juifs, respondit à Paul, et dit, Veux-tu monter à Jerusalem et estre là jugé de ces choses devant moi? Et Paul dit, J'assiste au siege judicial de Cesar, où il me faut estre jugé: je n'ai fait aucun tort aux Juifs, comme aussi tu le reconnois tres-bien. Que si j'ai forfait, ou commis quelque chose digne de mort, je ne refuse point de mourir: mais s'il n'est rien de ce dont ils m'accusent, nul ne me peut donner à eux: j'en appelle à Cesar. Alors quand Festus eut conferé avec le conseil, il respondit, En as-tu appellé à Cesar? tu iras à Cesar. Or quelques jours apres, le Roi Agrippa et Bernice arriverent à Cesarée, pour salüer Festus. Et apres avoir demeuré là plusieurs jours, Festus fit mention au Roi de l'affaire de Paul, disant, Un certain personnage a esté laissé prisonnier par Felix: A cause duquel, comme j'estois à Jerusalem, les principaux Sacrificateurs et les Anciens des Juifs sont comparus, requerans condamnation contre lui. Ausquels j'ai respondu que ce n'est point l'usage des Romains, de livrer quelqu'un à la mort, devant que celui qui est accusé ait ses accusateurs presens, et qu'il ait lieu de se defendre du crime. Quand donc ils furent venus ici, sans que j'usasse d'aucun delai, le jour ensuivant, seant au siege judicial, je commandai que le personnage fust amené: Duquel les accusateurs estant là presens, n'amenerent aucun crime touchant ce dont je me doutois. Mais ils avoyent quelques questions contre lui, touchant leur superstition, et touchant un certain Jesus mort, lequel Paul affirmoit estre vivant. Or moi estant en perplexité, comme je m'enquerois de cela, je demandai s'il vouloit aller à Jerusalem, et estre là jugé de ces choses. Mais parce qu'il en appella, demandant d'estre reservé à la connoissance d'Auguste, je commandai qu'il fust gardé jusques à ce que je l'envoyasse à Cesar. Alors Agrippa dit à Festus, Je voudrois bien ouïr aussi le personnage. Demain, dit-il, tu l'orras. Le lendemain donc quand Agrippa et Bernice furent venus avec une grande pompe, et furent entrez en l'auditoire avec les Capitaines, et les gens d'autorité de la ville, Paul par le commandement de Festus fut amené. Et Festus dit, Roi Agrippa, et vous tous qui estes ici avec nous, voyez cet homme, duquel toute la multitude des Juifs m'est venuë interpeller, tant à Jerusalem qu'ici, criant qu'il ne le faloit plus laisser vivre. Mais moi ayant trouvé qu'il n'avoit rien fait qui fust digne de mort: et lui-mesme en ayant appellé à Auguste, j'ai arresté de le [lui] envoyer. Dequoi je n'ai rien que j'escrive de certain au Seigneur. C'est pourquoi je vous l'ai presenté, et principalement à toi, Roi Agrippa: afin qu'apres l'inquisition faite, j'aye dequoi escrire. Car il me semble qu'il n'y a point de raison d'envoyer un prisonnier, sans signifier le cas qu'on lui met à sus. Alors Agrippa dit à Paul, Il t'est permis de parler pour toi. Paul donc ayant estendu la main, commença à rendre raison de son fait, [disant], Roi Agrippa, je m'estime heureux que je dois respondre aujourd'hui devant toi, de toutes les choses dont je suis accusé par les Juifs. Et sur tout dautant que je sçais que tu as tres-bonne connoissance de toutes les coustumes et questions qui sont entre les Juifs. C'est pourquoi je te prie que tu m'oyes patiemment. Ainsi donc, quant à la vie que j'ai menée dés ma jeunesse, telle qu'elle a esté du commencement parmi ma nation à Jerusalem, tous les Juifs la sçavent. Ayans par ci-devant connu (s'ils en veulent rendre tesmoignage) que dés mes ancestres j'ai vescu Pharisien, selon la secte la plus exquise de nostre religion. Et maintenant j'assiste estant tiré en cause, pour l'esperance de la promesse que Dieu a faite à nos Peres: A laquelle nos douze lignées servant Dieu continuellement nuict et jour, esperent de parvenir: et de laquelle esperance (ô roi Agrippa) je suis accusé par les Juifs. Quoi? tenez-vous pour une chose incroyable que Dieu ressuscite les morts? Certainement quant à moi, il m'a bien semblé qu'il faloit que je fisse de grands efforts contre le Nom de Jesus le Nazarien. Ce que j'ai fait aussi à Jerusalem: et ai constitué prisonniers plusieurs des Saints, ayant receu pouvoir de le faire, des principaux Sacrificateurs: et quand on les mettoit à mort, j'en baillois ma voix. Et souvent par toutes les Synagogues en les punissant, je les contraignois à blasphemer; et estant forcené contr'eux tout outre, je les persecutois jusques aux villes estrangeres. En vaquant à cela, comme j'allois aussi à Damas avec pouvoir et commission de par les principaux Sacrificateurs, Je vis (ô Roi) par le chemin, en plein midi une lumiere du ciel, plus grande que la splendeur du Soleil, qui resplendit à l'entour de moi, et de ceux qui cheminoyent avec moi. Dont nous tous estans tombez par terre, j'ouïs une voix parlant à moi, et disant en langue Hebraïque, Saul, Saul, pourquoi me persecutes-tu? il t'est dur de regimber contre les aiguillons. Alors je dis, Qui es-tu, Seigneur? Et il [respon]dit, Je suis Jesus lequel tu persecutes. Mais leve-toi, et te tiens sur tes pieds: car pour cette cause je te suis apparu, pour te constituer ministre et tesmoin, tant des choses que tu as veuës, que de celles esquelles je t'apparoistrai: Te delivrant du peuple, et des Gentils, vers lesquels maintenant je t'envoye, Pour ouvrir leurs yeux, afin qu'ils soyent convertis des tenebres à la lumiere, et de la puissance de Satan à Dieu, et qu'ils reçoivent la remission de leurs pechez, et part entre ceux qui sont sanctifiez, par la foi qui est envers moi. Partant (ô roi Agrippa) je n'ai point esté rebelle à la vision celeste: Mais premierement j'ai annoncé à ceux qui [estoyent] à Damas, et puis à Jerusalem, et par toute la contrée de Judée, et aux Gentils, qu'ils se repentissent, et se convertissent à Dieu, en faisant des oeuvres convenables à repentance. Pour cette cause les Juifs m'ayans pris dans le temple, ont tasché de me tuër. Mais ayant receu du secours par l'aide de Dieu, je suis vivant jusques à ce jourd'hui, testifiant à petit et à grand, et ne disant rien sinon les choses que tant les Prophetes que Moyse, ont predites devoir avenir: [Assavoir] qu'il faloit que le Christ souffrist, et qu'il fust le premier de la resurrection des morts qui deust annoncer la lumiere au peuple et aux Gentils. Et comme il usoit de cette defense, Festus dit à haute voix, Tu es hors du sens, Paul: le grand sçavoir és lettres te met hors du sens. Et Paul dit, Je ne suis point hors du sens, tres-excellent Festus: mais je profere des paroles de verité et de sens rassis: Car le Roi sçait ce que c'est de ces choses, auquel aussi je parle franchement, parce que j'estime qu'il n'ignore rien de ces choses: car cela aussi n'a point esté fait en quelque coin. O Roi Agrippa! crois-tu aux Prophetes? je sçais que tu y crois. Et Agrippa [respon]dit à Paul, Tu me persuades à peu-prés d'estre Chrestien. Alors Paul dit, Je souhaitterois envers Dieu, que non seulement toi, mais aussi tous ceux qui m'oyent aujourd'hui, et à peu-prés et bien avant, fussent faits tels que je suis, hormis ces liens. Et Paul ayant dit ces choses, le Roi se leva, et le Gouverneur, et Bernice, et ceux qui estoyent assis avec eux. Et quand ils furent retirez à part, ils confererent entr'eux, disans, Cet homme ne commet rien digne de mort ou de prison. Et Agrippa dit à Festus, Cet homme pouvoit estre relasché, s'il n'eust appellé à Cesar. Or depuis qu'il fut arresté que nous navigerions en Italie, ils baillerent Paul avec de certains autres prisonniers à un Centenier nommé Jule, de la [bande appellée] Auguste. Et estans montez en un navire d'Adramite, nous partismes pour tirer vers les quartiers d'Asie, Aristarque de Macedone Thessalonicien, estant avec nous. Et le jour suivant nous arrivasmes à Sidon; et Jule traittant humainement Paul, permit qu'il allast vers ses amis, et qu'ils eussent soin de lui. Puis estans partis de là nous tinsmes la route d'au dessous de Cypre, parce que les vents estoyent contraires. Et apres avoir passé la mer qui est à l'endroit de Cilicie et de Pamphylie, nous vinsmes à Myra [ville] de Lycie. Là où le Centenier trouva un navire d'Alexandrie, tirant en Italie, auquel il nous fit monter. Et comme par plusieurs jours nous navigions pesamment, tellement qu'à grand'peine estions-nous parvenus à l'endroit de Gnide, parce que le vent ne nous poussoit point, nous passasmes au dessous de Crete à l'endroit de Salmone: Laquelle costoyans avec grande peine, nous vinsmes en un lieu qui est appellé Beaux-ports, prés duquel estoit la ville de Lasée. Et dautant que beaucoup de temps s'estoit passé, et que la navigation estoit déja perilleuse, parce que déja mémes le jeusne estoit passé, Paul les admonesta; Leur disant, Hommes, je vois que la navigation sera avec peril et grand dommage non seulement de la charge du navire, mais aussi de nos vies. Mais le Centenier croyoit plus au gouverneur et au patron de navire, qu'à ce que disoit Paul. Et dautant que le port n'estoit point en bonne assiette pour hyverner, la pluspart furent d'avis de partir de là [pour voir] si on pourroit aborder à Phenix, pour y passer l'hyver: qui est un port de Crete, regardant vers le vent de Libs et de Corus. Alors le vent de Midi commençant à souffler doucement, pensant estre au dessus de leur intention, estans partis, ils costoyerent Crete de plus prés. Mais un peu apres, un vent tempestueux, qu'on appelle Euroclydon, se leva du costé d'elle. Et le navire estant emporté du vent, tellement qu'il ne pouvoit parer au vent, nous fusmes emportez, ayans abandonné [le navire au vent]. Et ayans passé au dessous d'une petite Isle appellée Clauda, à grand'peine peusmes-nous estre maistres de l'esquif: Lequel ayans attiré, les nautonniers cherchoyent tous remedes: ceignans le navire par dessous: et craignans de tomber en Syrte, apres avoir abbatu la sartie, ils estoyent ainsi portez. Or parce que nous estions agitez de grande tempeste, le jour suivant ils firent le ject. Puis le troisiéme jour nous jettasmes de nos propres mains l'equipage du navire. Et ne nous apparoissans par plusieurs jours ni Soleil ni estoiles, et une grande tempeste nous pressant de prés, toute esperance de nous pouvoir sauver à l'avenir fut ostée. Mais aprés qu'ils eurent esté long-temps sans manger, alors Paul se tenant au milieu d'eux, dit, O hommes! certes il faloit me croire, et ne partir point de Crete, et gagner ce dommage et cette perte. Mais maintenant je vous exhorte que vous preniez bon courage: car il n'y aura perte aucune entre vous quant à la vie: mais seulement du navire. Car cette propre nuit s'est presenté à moi l'Ange du Dieu auquel je suis, et auquel je sers: Disant, Paul, ne crain point, il faut que tu sois presenté à Cesar: et voici, Dieu t'a donné tous ceux qui navigent avec toi. C'est pourquoi, ô hommes! ayez bon courage: car je crois à Dieu, qu'il sera ainsi qu'il m'a esté dit. Mais il faut que nous soyons jettez en quelque Isle. Quand donc la quatorziéme nuit fut venuë, comme nous estions portez çà et là en la [mer] Adriatique, environ la minuit, les mariniers eurent opinion que quelque contrée leur approchoit. Et jettans la sonde en bas, ils trouverent vingt brasses: puis estans passez un peu plus outre, et ayans derechef sondé, ils trouverent quinze brasses. Et craignans qu'ils ne tombassent en quelque escueil, ils jetterent quatre ancres de la pouppe [du navire], desirans que le jour vinst. Et comme les mariniers cherchoyent à s'enfuïr du navire, ayans devalé l'esquif en la mer, comme s'ils eussent voulu lascher les ancres du costé de la prouë. Paul dit au Centenier et aux soldats, Si ceux-ci ne demeurent dans le navire, vous ne pouvez vous sauver. Alors les soldats couperent les cordes de l'esquif, et le laisserent choir en bas. Et ainsi que le jour approchoit, Paul les exhorta tous de prendre quelque nourriture, disant, C'est aujourd'hui le quatorziéme jour, qu'en attendant vous estes demeurez à jeun, et n'avez rien pris. Je vous exhorte donc que vous preniez quelque nourriture, veu qu'il est expedient pour vostre conservation: car il ne cherra de nul de vous un cheveu de la teste. Et quand il eut dit ces choses, et pris du pain, il rendit graces à Dieu devant tous: et l'ayant rompu il commença à manger. Alors tous ayans pris courage, se prirent aussi à manger. Or nous estions au navire en tout deux cens soixante et seize ames. Et quand ils furent rassasiez de viandes, ils allegerent le navire, jettant le blé en la mer. Or le jour estant venu, ils ne reconnoissoyent point le païs: mais ils apperceurent un golfe ayant un rivage, auquel ils deliberoyent de jetter le navire, s'ils eussent peu. C'est pourquoi ayant retiré les ancres, ils l'abandonnerent à la mer, laschans quand et quand les attaches des gouvernaux: et l'artimon estant levé au vent, ils tirerent vers le rivage. Mais estant tombés en un lieu où deux courans se rencontroyent, ils y heurterent le navire, et la prouë estant fichée demeuroit ferme, mais la pouppe se rompoit par la violence des vagues. Alors le conseil des soldats fut de tuër les prisonniers, de peur que quelqu'un s'estant sauvé à nage, ne s'enfuist. Mais le Centenier voulant sauver Paul, les empescha d'[executer] ce conseil, et commanda que ceux qui pourroyent nager se jettassent hors les premiers, et se sauvassent en terre: Et le reste, les uns sur des ais, et les autres sur quelques [pieces] du navire. Et ainsi il avint que tous se sauverent en terre. Estans donc venus à sauveté, ils reconnurent alors que l'Isle estoit appellée Malte. Et les Barbares userent d'une singuliere humanité envers nous: car ils allumerent un grand feu, et nous recueillirent tous, pour la pluye qui nous pressoit, et pour le froid. Alors Paul ayant ramassé quelque quantité de sarmens, comme il les eut mis au feu, une vipere sortit hors à cause de la chaleur, et lui saisit la main. Et quand les Barbares virent la beste pendante à sa main, ils dirent l'un à l'autre, Certainement cet homme-ci est meurtrier: lequel apres estre eschappé de la mer, la vengeance ne permet point qu'il vive. Mais lui ayant secoüé la beste dans le feu, n'en eut aucun mal: Au lieu qu'ils s'attendoyent qu'il deust s'enfler, ou subitement choir tout mort: mais quand ils eurent long-temps attendu, et qu'ils eurent veu que nul inconvenient ne lui en advenoit, ils changerent [de langage], disans, Qu'il estoit Dieu. Or en cet endroit-là estoyent les possessions du principal de l'Isle nommé Publius, lequel nous recueillit, et durant trois jours nous logea fort gracieusement. Et il avint que le pere de Publius gisoit detenu de fievre et de dysenterie, vers lequel Paul alla: et quand il eut prié, et lui eut imposé les mains, il le guerit. Cela donc estant avenu, tous les autres aussi de l'Isle qui estoyent malades, vinrent vers lui, et furent gueris. Lesquels aussi nous firent de grands honneurs, et au depart nous fournirent ce qui [nous] estoit necessaire. Or trois mois apres nous partismes en un navire d'Alexandrie qui avoit hyverné en l'Isle, et avoit pour enseigne Castor et Pollux. Et estans arrivez à Syracuse, nous demeurasmes [là] trois jours. De là ayans tournoyé, nous arrivasmes à Rhege. Et un jour apres, le vent de Midi estant survenu, nous vinsmes le deuxiéme jour à Puzol. Auquel lieu ayant trouvé des freres, nous fusmes priez de demeurer avec eux sept jours. Et ainsi nous vinsmes à Rome. Et quand les freres de là eurent ouï de nos nouvelles, ils vinrent au devant de nous jusques au Marché d'Appius, et aux Trois boutiques: lesquels Paul voyant, rendit graces à Dieu, et prit courage. Quand donc nous fusmes venus à Rome, le Centenier livra les prisonniers au Capitaine general: mais quant à Paul, il lui fut permis de demeurer à part avec un soldat qui le gardoit. Or il avint trois jours apres, que Paul convoqua les principaux des Juifs: et quand ils furent venus, il leur dit, Hommes freres: bien que je n'aye rien commis contre le peuple, ni contre les coustumes des Peres, toutefois estant emprisonné dés Jerusalem, j'ai esté livré és mains des Romains: Lesquels apres m'avoir examiné me vouloyent relascher, parce qu'il n'y avoit en moi aucun crime digne de mort. Mais les Juifs s'y opposans, j'ai esté contraint d'en appeller à Cesar, non point que j'aye dequoi accuser ma nation. Pour cette cause donc je vous ai appellez, pour vous voir et parler à vous: car c'est pour l'esperance d'Israël que je suis environné de cette chaisne. Mais ils lui [respon]dirent, Nous n'avons point receu de lettres de Judée touchant toi, ni personne des freres n'est venu qui ait rapporté ou dit quelque mal de toi. Neantmoins nous entendrons bien volontiers de toi quel est ton sentiment: car quant à cette secte, il nous est notoire qu'on lui contredit par tout. Et quand ils eurent assigné un jour, plusieurs vinrent à lui au logis: ausquels il exposoit par tesmoignages le royaume de Dieu, et les induisoit à croire ce qui est de Jesus, tant par la Loi de Moyse que par les Prophetes, depuis le matin jusques au soir. Et les uns furent persuadez par les choses qu'il disoit: mais les autres n'y croioyent point. C'est pourquoi estans en discord entr'eux, ils se departirent, apres que Paul leur eut dit un mot, [assavoir], Le Saint Esprit a bien parlé à nos Peres par Esaïe le Prophete, Disant, Va vers ce peuple, et di, Vous orrez de l'oreille, et n'entendrez point: et en regardant vous verrez, et n'appercevrez point. Car le coeur de ce peuple est engraissé: et ils ont ouï dur des oreilles, et ont cligné de leurs yeux, afin qu'ils ne voyent des yeux, et qu'ils n'oyent des oreilles, et qu'ils n'entendent du coeur, et qu'ils ne se convertissent, et que je ne les guerisse. Qu'il vous soit donc notoire, que ce salut de Dieu est envoyé aux Gentils, et ils l'orront. Et quand il eut dit ces choses, les Juifs partirent d'avec lui, ayans une grande dispute entr'eux. Mais Paul demeura deux ans entiers en son propre loüage, et recueilloit tous ceux qui venoyent vers lui: Preschant le royaume de Dieu, et enseignant les choses qui sont du Seigneur Jesus Christ, avec toute hardiesse de parler, sans aucun empeschement.
Paul serviteur de Jesus Christ, appellé à estre Apostre, mis à part, pour [annoncer] l'Evangile de Dieu. (Lequel il avoit auparavant promis par ses Prophetes és saintes Ecritures.) Touchant son Fils (qui a esté fait de la semence de David selon la chair: Et a esté pleinement declaré Fils de Dieu en puissance, selon l'Esprit de sanctification, par la resurrection des morts) c'est assavoir nostre Seigneur Jesus Christ: (Par lequel nous avons receu grace et charge d'Apostre, afin qu'il y ait obeïssance de foi, entre tous les Gentils en son Nom. Entre lesquels aussi vous estes, vous qui estes appellez de Jesus Christ.) A [vous] tous qui estes à Rome, bien-aimez de Dieu, appellez à estre saints: Grace vous [soit] et paix de par Dieu nostre Pere, et [de par] le Seigneur Jesus Christ. Premierement je rens graces touchant vous tous à mon Dieu par Jesus Christ, de ce que vostre foi est renommée par tout le monde. Car Dieu ( auquel je sers en mon esprit en l'Evangile de son Fils) m'est tesmoin comme sans cesse je fais mention de vous: Requerant toûjours en mes oraisons que je vienne vers vous, si enfin en quelque maniere que ce soit je puis obtenir adresse pour parvenir à vous, par la volonté de Dieu. Car je desire grandement de vous voir, pour vous départir quelque don spirituel, afin que vous soyez confirmez: C'est à dire, afin d'estre consolé avec vous, par la foi mutuelle de vous et de moi. Or mes freres, je ne veux point que vous ignoriez que j'ai souvent propose de venir vers vous (mais j'en ai esté empesché jusques à present) afin que je recueillisse quelque fruit entre vous aussi, comme entre les autres nations. Je suis debteur tant aux Grecs, qu'aux Barbares, tant aux sages qu'aux ignorans. Ainsi, entant qu'en moi est, je suis prest d'evangelizer à vous aussi qui estes à Rome. Car je ne prens point à honte l'Evangile de Christ, veu que c'est la puissance de Dieu en salut à tout croyant, au Juif premierement, puis aussi au Grec. Car en lui se revele tout à plein la justice de Dieu de foi en foi: selon qu'il est écrit, Or le juste vivra de foi. Car l'ire de Dieu se revele tout à plein du ciel sur toute impieté et injustice des hommes, d'autant qu'ils detiennent la verité en injustice. Parce que ce qui se peut connoistre de Dieu est manifesté en eux: car Dieu [le] leur a manifesté. Car les choses invisibles d'icelui (assavoir tant sa puissance eternelle que sa divinité) se voyent comme à l'oeil depuis la creation du monde, estant considerées en ces ouvrages, afin qu'ils soyent rendus inexcusables. Parce qu'ayans connu Dieu, ils ne l'ont point glorifié comme Dieu, et ne [lui] ont point rendu graces: mais ils sont devenus vains en leurs discours, et leur coeur destitué d'intelligence, a esté rempli de tenebres. Se disans estre sages, ils sont devenus fols: Et ont changé la gloire de Dieu incorruptible, en la ressemblance et image de l'homme corruptible, et des oiseaux, et des bestes à quatre pieds, et des reptiles. C'est pourquoi aussi Dieu les a livrez aux convoitises de leurs propres coeurs, à ordure, pour deshonorer entr'eux leurs propres corps: Lesquels ont changé la verité de Dieu en fausseté, et ont adoré, et ont servi la creature, en delaissant le Createur, qui est benit eternellement. Amen. C'est pourquoi Dieu les a livrez à leurs affections infames: car mesmes les femmes d'entr'eux ont changé l'usage naturel en celui qui est contre nature. Et semblablement aussi les masles, laissans le naturel usage de la femme, se sont embrasez en leur convoitise l'un envers l'autre, commettans masle avec masle des choses infames; et recevans en eux-mesmes la recompense de leur erreur, telle qu'il appartenoit. Car comme ils n'ont tenu conte de reconnoistre Dieu, aussi Dieu les a livrez à un esprit dépourveu de tout jugement, pour commettre des choses qui ne sont nullement convenables: Estans remplis de toute injustice, paillardise, meschanceté, avarice, mauvaistié: pleins d'envie, de meurtre, de querelle, de fraude, de malignité: Rapporteurs, detracteurs, haïssans Dieu, injurieux, orgueilleux, vanteurs, inventeurs de maux, rebelles à peres et à meres: Sans entendement, ne tenans point ce qu'ils ont accordé, sans affection naturelle, gens qui jamais ne se rappaisent, sans misericorde. Lesquels bien qu'ils ayent connu le droict de Dieu, [assavoir] que ceux qui commettent de telles choses, sont dignes de mort: ne les commettent pas seulement, mais aussi favorisent à ceux qui les commettent. Partant, ô homme! quiconque tu sois qui juges [des autres], tu es sans excuse: car en ce que tu juges autrui, tu te condamnes toi-mesme, veu que toi qui juges, commets les mesmes choses. Or nous sçavons que le jugement de Dieu est selon verité sur ceux qui commettent de telles choses. Et penses-tu, ô toi homme, qui juges de ceux qui commettent de telles choses et qui les commets, que tu doives eschapper le jugement de Dieu? Ou mesprises-tu les richesses de sa benignité, et de sa patience, et de sa longue attente: ne connoissant point que la benignité de Dieu te convie à repentance? Mais par ta dureté, et ton coeur, qui est sans repentance, tu t'amasses ire au jour de l'ire et de la declaration du juste jugement de Dieu: Qui rendra à chacun selon ses oeuvres. Assavoir à ceux qui avec patience à bien faire cherchent gloire, honneur, et immortalité, la vie eternelle: Mais à ceux qui sont contentieux, et qui se rebellent contre la verité, et obeïssent à l'injustice, indignation et ire. [Il y aura] tribulation et angoisse sur toute ame d'homme faisant mal, du Juif premierement, puis aussi du Grec. Mais gloire, honneur, et paix à chacun qui fait bien: au Juif premierement, puis aussi au Grec. Car envers Dieu il n'y a point d'égard à l'apparence des personnes. Car tous ceux qui auront peché sans la Loi, periront aussi sans la Loi: et tous ceux qui auront peché en la Loi, seront jugez par la Loi. (Car ce ne sont point ceux qui oyent la Loi, qui sont justes devant Dieu: mais ceux qui mettent en effet la Loi, seront justifiez. Car veu que les Gentils, qui n'ont point la Loi, font naturellement les choses qui sont de la Loi, n'ayans point la Loi, ils sont Loi à eux-mesmes: Lesquels montrent l'oeuvre de la Loi, écrite en leurs coeurs, leur conscience rendant pareillement témoignage, et leurs pensées entr'elles s'accusant, ou aussi s'excusant.) Au jour que Dieu jugera les secrets des hommes par Jesus-Christ, selon mon Evangile. Voici, tu es surnommé Juif, et tu te reposes du tout en la Loi, et te glorifies en Dieu: Et tu connois sa volonté, et sçais discerner ce qui est contraire, estant instruit par la Loi: Et tu penses estre le conducteur des aveugles, la lumiere de ceux qui sont en tenebres: L'instructeur des ignorans, l'enseigneur des idiots, ayant le patron de la connoissance et de la verité en la Loi. Toi donc qui enseignes autrui, ne t'enseignes-tu point toi-mesme? toi qui presches qu'on ne doit point dérobber, dérobbes-tu? Toi qui dis que l'on ne doit point commettre adultere, commets-tu adultere? toi qui as en abomination les idoles, commets-tu sacrilege? Toi qui te glorifies en la Loi, deshonnores-tu Dieu par la transgression de la Loi? Car le nom de Dieu est blasphemé à cause de vous entre les Gentils: comme il est escrit. Car il est vrai, que la circoncision est profitable, si tu gardes la Loi: mais si tu es transgresseur de la Loi, ta circoncision devient prepuce. Si donc le prepuce garde les ordonnances de la Loi, son prepuce ne lui sera-t'il point reputé pour circoncision? Et si le prepuce qui est de nature, accomplit la Loi, ne te jugera-t'il point, toi qui par la lettre et circoncision es transgresseur de la Loi? Car celui-là n'est point Juif qui l'est par dehors, et la circoncision n'est point celle qui est faite par dehors en la chair. Mais celui-là est Juif, qui l'est au-dedans, et la circoncision est celle qui est du coeur en esprit, non point en la lettre: duquel [Juif] la loüange n'est point des hommes, mais de Dieu. Quel est donc l'avantage du Juif? ou quel est le profit de la circoncision? Grand en toute maniere: sur tout en ce que les oracles de Dieu leur ont esté commis. Car qu'en est-il si quelques-uns n'ont point creu? leur incredulité aneantira-t'elle la foi de Dieu? Ainsi n'advienne: mais Dieu soit veritable, et tout homme menteur: selon qu'il est écrit, Afin que tu sois trouvé juste en tes paroles, et que tu ayes gain de cause quand tu es jugé. Que si nostre injustice recommande la justice de Dieu, que dirons-nous? Dieu est-il injuste quand il punit? (je parle en homme.) Ainsi n'advienne: autrement, comment Dieu jugera-t'il le monde? Car si la verité de Dieu est plus abondante par ma menterie à sa gloire, pourquoi suis-je encore condamné pour pecheur? Mais plustost (selon que nous sommes blasmez, et selon que disent quelques-uns que nous disons) que ne faisons nous des maux afin qu'il en arrive du bien? (desquels la condamnation est juste.) Quoi donc? sommes-nous plus excellens? Nullement. Car nous avons ci-devant convaincu que tous, tant Juifs que Grecs, sont sous le peché. Selon qu'il est écrit, Il n'y a nul juste, non pas un seul. Il n'y a nul qui entende, il n'y a nul qui recherche Dieu. Ils ont tous fourvoyé, et ont esté ensemble rendus inutiles; il n'y a nul qui fasse bien, non pas mesmes jusques à un. C'est un sepulcre ouvert, que leur gosier: Ils ont frauduleusement usé de leurs langues: Sous leurs lévres il y a du venin d'aspic. Desquels la bouche est pleine de malediction et d'amertume. Leurs pieds sont legers à espandre le sang. Destruction et misere est en leurs voyes. Et ils n'ont point connu la voye de paix. La crainte de Dieu n'est point devant leurs yeux. Or nous sçavons que tout ce que la Loi dit, elle le dit à ceux qui sont sous la Loi, afin que toute bouche soit fermée, et que tout le monde soit coulpable devant Dieu. C'est pourquoi nulle chair ne sera justifiée devant lui par les oeuvres de la Loi: car par la Loi [est donnée] la connoissance du peché. Mais maintenant la justice de Dieu est manifestée sans la Loi, lui estant rendu témoignage par la Loi, et par les Prophetes. Voire la justice de Dieu, [qui est] par la foi en Jesus-Christ, envers tous et sur tous les croyans: car il n'y a nulle difference: veu que tous ont peché, et sont entierement destituez de la gloire de Dieu. Estant justifiez gratuïtement par sa grace, par la redemption qui est en Jesus-Christ: Lequel Dieu a ordonné de tout temps pour propitiatoire par la foi en son sang, afin de demontrer sa justice, par la remission des pechez precedens, suivant la patience de Dieu. Voire afin de demontrer sa justice au temps present, afin qu'il soit [trouvé] juste, et justifiant celui qui est de la foi de Jesus. Où est donc la vanterie? Elle est forclose. Par quelle Loi? [est-ce par celle] des oeuvres? Non: mais par la Loi de la foi. Nous concluons donc que l'homme est justifié par la foi sans les oeuvres de la Loi. [Dieu est-il] seulement le Dieu des Juifs? ne [l'est-il] point aussi des Gentils? certes [il l'est] aussi bien des Gentils. Car il y a un seul Dieu qui justifiera de la foi la Circoncision, et le prepuce par la foi. Aneantissons-nous donc la Loi par la foi? Ainsi n'advienne: mais nous establissons la Loi. Que dirons-nous donc qu'Abraham nostre pere a trouvé selon la chair? Certes si Abraham a esté justifié par les oeuvres, il a dequoi se vanter, mais non pas envers Dieu. Car que dit l'Escriture? Abraham a creu à Dieu, et il lui a esté alloüé à justice. Or à celui qui oeuvre, le salaire ne lui est point alloüé pour grace, mais pour chose deuë. Mais à celui qui n'oeuvre point, mais croit en celui qui justifie le méchant, sa foi est alloüée à justice. Comme aussi David declare la beatitude de l'homme à qui Dieu alloüe la justice sans oeuvres, [disant), Bien-heureux [sont] ceux desquels les iniquitez sont pardonnées, et desquels les pechez sont couverts. Bien-heureux [est] l'homme auquel le Seigneur n'aura point imputé le peché. Cette declaration donc de la beatitude, est-elle [seulement] en la circoncision, ou aussi au prepuce? car nous disons que la foi a esté alloüée à Abraham à justice. Comment donc lui a-t'elle esté alloüée? a-ce esté, lui estant déja circoncis, ou durant le prepuce? ce n'a point esté en la circoncision, mais durant le prepuce. Puis il receut le signe de la circoncision, pour un sceau de la justice de la foi, [laquelle il avoit receuë] durant le prepuce, afin qu'il fust pere de tous ceux qui croyent estant au prepuce, et que la justice leur fust aussi alloüée: Et pere de la circoncision, [assavoir] de ceux qui ne sont point seulement de la circoncision, mais qui aussi suivent le train de la foi de nostre pere Abraham, laquelle il a euë durant le prepuce. Car la promesse n'[est] point [advenue] par la Loi à Abraham ou à sa semence ([assavoir] d'estre heritier du monde) mais par la justice de la foi. Car si ceux qui sont de la Loi sont heritiers, la foi est aneantie, et la promesse abolie. Veu que la Loi engendre ire: car là où il n'y a point de Loi, il n'y a point aussi de transgression. Pour cette cause c'est par foi: à ce que ce [soit] par grace, afin que la promesse soit asseurée à toute la semence: non seulement à celle qui est de la Loi, mais aussi à celle qui est de la foi d'Abraham, lequel est pere de nous tous. Selon qu'il est écrit, Je t'ai establi pere de plusieurs nations devant Dieu, auquel il a creu, lequel fait vivre les morts, et appelle les choses qui ne sont point, comme si elles estoient. Lequel [Abraham] outre esperance creut sous esperance, à ce qu'il devinst pere de plusieurs nations: selon ce qui lui avoit esté dit, Ainsi sera ta semence. Et n'estant pas debile en la foi, il n'eut point d'égard à son corps déja amorti, veu qu'il avoit environ cent ans, ni aussi à l'amortissement de la matrice de Sara. Et il ne fit point de doute sur la promesse de Dieu par deffiance: mais il fut fortifié par la foi, donnant gloire à Dieu. Et sçachant certainement que celui qui lui avoit promis, estoit puissant aussi pour le faire. C'est pourquoi aussi cela lui a esté alloüé à justice. Or que cela lui lui ait esté alloüé [à justice], n'a point esté écrit seulement pour lui: Mais aussi pour nous, ausquels [aussi] il sera alloüé, assavoir à nous qui croyons en celui qui a ressuscité des morts Jesus nostre Seigneur: Lequel a esté livré pour nos offenses, et est ressuscité pour nostre justification. Estans donc justifiez par la foi, nous avons paix envers Dieu, par nostre Seigneur Jesus Christ. Par lequel aussi nous avons esté amenez par la foi à cette grace, en laquelle nous nous tenons fermes, et nous glorifions en l'esperance de la gloire de Dieu. Et non seulement cela, mais nous nous glorifions mesme dans les tribulations: sçachant que la tribulation produit la patience: Et la patience l'espreuve, et l'espreuve l'esperance. Or l'esperance ne confond point, parce que la dilection de Dieu est espanduë en nos coeurs par le Saint Esprit qui nous a esté donné. Car du temps que nous estions encore desnuez de toute force, Christ est mort en son temps pour [nous] qui estions [du tout] méchans. Car à grande peine advient-il que quelqu'un meure pour un juste: mais encore pourroit-il estre que quelqu'un oseroit mourir pour quelque bienfaiteur. Mais Dieu recommande du tout sa dilection envers nous, en ce que lors que nous n'estions que pecheurs Christ est mort pour nous. Beaucoup plustost donc, estans maintenant justifiez en son sang, serons-nous sauvez de l'ire par lui. Car si lors que nous estions ennemis, nous avons esté reconciliez avec Dieu par la mort de son Fils: beaucoup plus estans déja reconciliez, serons-nous sauvez par la vie d'icelui. Et non seulement cela, mais nous nous glorifions mesmes en Dieu par nostre Seigneur Jesus Christ: par lequel maintenant nous avons obtenu la reconciliation. C'est pourquoi comme par un seul homme le peché est entré au monde, et par le peché la mort: et ainsi la mort est parvenuë sur tous les hommes dautant que tous ont peché. Car jusques à la Loi le peché estoit au monde: or le peché n'est point imputé, quand il n'y a point de Loi. Mais la mort a regné depuis Adam jusques à Moyse, mesmes sur ceux qui n'ont point peché à la façon de la transgression d'Adam, qui est la figure de celui qui devoit venir. Mais il n'en prend pas du don comme de l'offense. Car si par l'offense d'un seul plusieurs sont morts, beaucoup plustost la grace de Dieu, et la donation par la grace, qui est d'un seul homme, [assavoir] de Jesus Christ, a abondé sur plusieurs. Et il n'en prend pas du don comme [de ce qui est] par un seul qui a peché. Car la coulpe est d'une seule [offense] en condamnation: mais le don est de plusieurs offenses en justification. Car si par l'offense d'un seul la mort a regné par un seul, beaucoup plustost ceux qui reçoivent l'abondance de grace, et du don de justice, regneront en vie par un seul Jesus Christ. Comme donc par une seule offense [la coulpe est venuë] sur tous les hommes en condamnation, ainsi aussi par une seule justice justifiante, [le don est venu] sur tous les hommes en justification de vie. Car comme par la desobeïssance d'un seul homme plusieurs ont esté rendus pecheurs, ainsi par l'obeïssance d'un seul plusieurs seront rendus justes. Or la Loi est entrevenuë, afin que l'offense abondast: mais là où le peché a abondé, la grace y a abondé par dessus: Afin que comme le peché a regné à mort, ainsi aussi la grace regnast par justice à vie eternelle, par Jesus Christ nostre Seigneur. Que dirons-nous donc? demeurerons-nous en peché, afin que la grace abonde? Ainsi n'advienne. [Car] nous qui sommes morts à peché, comment vivrons-nous encore en lui? Ne sçavez-vous pas que nous tous qui avons esté baptizez en Jesus Christ, avons esté baptizez en sa mort? Nous sommes donc ensevelis avec lui en sa mort par le baptesme: afin que comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Pere, nous aussi pareillement cheminions en nouveauté de vie. Car si nous avons esté faits une mesme plante avec lui par la conformité de sa mort, aussi le serons-nous [par la conformité] de sa resurrection. Sçachant cela, que nostre vieil homme a esté crucifié avec lui, à ce que le corps du peché fust reduit à neant: afin que nous ne servions plus au peché. Car celui qui est mort, est quitte de peché. Or si nous sommes morts avec Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui: Sçachans que Christ estant ressuscité des morts ne meurt plus: la mort n'a plus de domination sur lui. Car ce qu'il est mort, il est mort pour une fois au peché: mais ce qu'il est vivant, il est vivant à Dieu. Vous aussi faites ainsi vostre conte, que vous estes voirement morts au peché, mais vivans à Dieu en Jesus Christ nostre Seigneur. Que le peché donc ne regne point en vostre corps mortel, pour lui obeïr en ses convoitises. Et n'appliquez point vos membres pour estre instrumens d'iniquité à peché: mais appliquez-vous à Dieu, comme de morts estans faits vivans et vos membres [pour estre] instrumens de justice à Dieu. Car le peché n'aura point de domination sur vous puis, que vous n'estes point sous la Loi, mais sous la Grace. Quoi donc, pecherons-nous, parce que nous ne sommes point sous la Loi, mais sous la Grace? Ainsi n'advienne. Ne sçavez-vous pas bien qu'à quiconque vous vous rendez serfs pour obeïr, vous estes serfs de celui à qui vous obeïssez, soit du peché à mort, ou d'obeïssance à justice? Or graces à Dieu que vous avez esté serfs du peché: mais vous avez obeï de coeur à la forme expresse de doctrine à laquelle vous avez esté attirez. Ayans donc esté affranchis du peché, vous estes saits serfs à la justice. Je parle à la façon des hommes, à cause de l'infirmité de vostre chair. Ainsi donc que vous avez appliqué vos membres pour servir à la souillure et à l'iniquité, à commettre iniquité: ainsi appliquez maintenant vos membres pour servir à la justice, en saincteté. Car lors que vous estiez serfs du peché, vous estiez francs quant à la justice. Quel fruict donc aviez-vous alors és choses desquelles maintenant vous avez honte? certes leur fin est la mort. Mais maintenant ayans esté affranchis du peché, et faits serfs à Dieu, vous avez vostre fruict en sanctification: et pour fin, la vie eternelle. Car les gages du peché, c'est la mort: mais le don de Dieu c'est la vie eternelle par Jesus Christ nostre Seigneur. Ne sçavez-vous pas, freres, (car je parle à ceux qui entendent que c'est de la Loi) que la Loi a domination sur la personne tout le temps qu'elle est en vie: Car la femme qui est en puissance de mari, est liée à son mari par la Loi, tandis qu'il est en vie: mais si [son] mari meurt, elle est delivrée de la Loi du mari. Le mari donc estant vivant, si elle se joint à un autre mari, elle sera appellée adultere: mais [son] mari estant mort, elle est delivrée de la Loi: tellement qu'elle ne sera point adultere si elle est jointe à un autre mari. Ainsi, mes freres, vous estes aussi morts à la Loi par le corps de Christ: afin que vous soyez à un autre, assavoir à celui qui est ressuscité des morts, afin que nous fructifiïons à Dieu. Car quand nous estions en la chair les affections des pechez ([estant esmeuës] par la Loi) avoyent vigueur en nos membres, pour fructifier à la mort. Mais maintenant nous sommes delivrez de la Loi, estant mort ce à quoi nous estions retenus: afin que nous servions en nouveauté d'esprit, et non point en vieillesse de lettre. Que dirons-nous donc? la Loi [est-elle] peché? Ainsi n'advienne: au contraire je n'ai point connu le peché, sinon par la Loi. Car je n'eusse point connu [ce que c'estoit de] convoitise, si la Loi n'eust dit, Tu ne convoiteras point. Mais le peché, ayant pris occasion, a engendré en moi toute convoitise par le commandement: car sans la Loi le peché est mort. Car jadis [que j'estois] sans la Loi, je vivois: mais quand le commandement est venu, le peché a commencé à revivre. Et moi je suis devenu mort: et le commandement qui [m'estoit ordonné] pour vie a esté trouvé [me tourner] à mort. Car le peché prenant occasion par le commandement m'a seduit, et par lui m'a mis à mort. La Loi donc [est] saincte, et le commandement [est] sainct, et juste, et bon. Ce donc qui est bon m'est-il tourné à mort? Ainsi n'advienne: mais le peché afin qu'il apparust peché, m'a engendré la mort par le bien: à ce que le peché fust rendu excessivement pechant par le commandement. Car nous sçavons que la Loi est spirituelle: mais je suis charnel, vendu sous le peché. Car je n'approuve point ce que je fais, veu que je ne fais point ce que je veux, mais je fais ce que je hais. Or si je fais ce que je ne veux point, je consens à la Loi qu'elle est bonne. Maintenant donc ce n'est plus moi qui fais cela: mais c'est le peché habitant en moi. Car je sçais qu'en moi (c'est à dire en ma chair) il n'habite point de bien: car le vouloir est bien attaché à moi: mais je ne trouve point le moyen de parfaire le bien. Car je ne fais point le bien que je veux, mais je fais le mal que je ne veux point. Que si je fais ce que je ne veux point, ce n'est plus moi qui le fais, mais le peché qui habite en moi: Je trouve donc cette Loi en moi, c'est que quand je veux faire le bien, le mal est attaché à moi. Car je prens plaisir à la Loi de Dieu quant à l'homme de dedans. Mais je vois une autre Loi en mes membres, bataillant contre la Loi de mon entendement, et me rendant prisonnier à la Loi du peché qui est en mes membres. (Las! miserable que je suis! qui me delivrera du corps de cette mort? Je rens graces à Dieu par Jesus Christ nostre Seigneur.) Je sers donc moi-mesme de l'entendement à la Loi de Dieu, mais de la chair à la Loi du peché. Ainsi donc il n'y a maintenant nulle condamnation à ceux qui sont en Jesus Christ: lesquels ne cheminent point selon la chair, mais selon l'Esprit. Car la Loi de l'Esprit de vie [qui est] en Jesus Christ, m'a affranchi de la Loi du peché et de la mort. Car ce qui estoit impossible à la Loi, dautant qu'elle estoit foible en la chair, Dieu ayant envoyé son propre Fils en forme de chair de peché, et pour le peché, a condamné le peché en la chair: Afin que la justice de la Loi fust accomplie en nous, qui ne cheminons point selon la chair, mais selon l'Esprit. Car ceux qui sont selon la chair, sont affectionnez aux choses de la chair: mais ceux qui sont selon l'Esprit, aux choses de l'Esprit. Car l'affection de la chair est mort: mais l'affection de l'Esprit est vie et paix. Parce que l'affection de la chair est inimitié contre Dieu: car elle ne se rend point sujette à la Loi de Dieu: et de vrai elle ne [le] peut. C'est pourquoi ceux qui sont en la chair, ne peuvent plaire à Dieu. Or vous n'estes point en la chair, mais en l'Esprit, voire si l'Esprit de Dieu habite en vous: mais si quelqu'un n'a point l'Esprit de Christ, celui-là n'est point à lui. Et si Christ [est] en vous, le corps [est] bien mort à cause du peché: mais l'Esprit [est] vie à cause de la justice. Or si l'Esprit de celui qui a ressuscité Jesus des morts, habite en vous, celui qui a ressuscité Christ des morts, vivifiera aussi vos corps mortels, par son Esprit habitant en vous. Partant donc, mes freres, nous sommes detteurs, non point à la chair, pour vivre selon la chair. Car si vous vivez selon la chair, vous mourrez: mais si par l'Esprit vous mortifiés les faits du corps, vous vivrés. Car tous ceux qui sont conduits par l'Esprit de Dieu, sont enfans de Dieu. Car vous n'avez point receu un Esprit de servitude pour [estre] derechef en crainte; mais vous avez receu l'Esprit d'adoption, par lequel nous crions, Abba Pere. C'est ce mesme Esprit qui rend tesmoignage à nostre esprit que nous sommes enfans de Dieu. Et si nous [sommes] enfans, nous sommes donc heritiers: heritiers dis-je de Dieu, et coheritiers de Christ: voire si nous souffrons avec lui, afin que nous soyons aussi glorifiez, avec lui. Car tout bien conté j'estime que les souffrances du temps present ne sont point à contrepeser à la gloire à venir qui doit estre revelée en nous. Car le grand et ardent desir des creatures, est en ce qu'elles attendent que les enfans de Dieu soyent revelez. Car les creatures sont sujettes à vanité, non point de leur volonté, mais à cause de celui qui les a assujetties, sous esperance qu'elles seront aussi delivrées de la servitude de corruption, [pour estre] en la liberté de la gloire des enfans de Dieu. Car nous sçavons que toutes les creatures souspirent et sont en travail ensemble jusques à maintenant. Et non seulement [elles], mais nous aussi, qui avons les premices de l'Esprit, nous-mesmes souspirons en nous-mesmes, en attendant l'adoption, [assavoir] la redemption de nostre corps. Car ce que nous sommes sauvez, c'est en esperance: or l'esperance qu'on voit, n'est point esperance: car pourquoi mesmes quelqu'un espereroit-il ce qu'il voit. Mais si nous esperons ce que nous ne voyons point, c'est que nous l'attendons par patience. Pareillement aussi l'Esprit soulage de sa part nos foiblesses: car nous ne sçavons point ce que nous devons prier comme il appartient: mais l'Esprit lui-mesme prie pour nous par des souspirs qui ne se peuvent exprimer. Mais celui qui sonde les coeurs, connoit quelle est l'affection de l'Esprit: car il prie pour les saints selon Dieu. Or nous sçavons aussi que toutes choses aident ensemble en bien à ceux qui aiment Dieu [assavoir], à ceux qui sont appellez selon son propos arresté. Car ceux qu'il a connus auparavant, il les a aussi predestinez à estre conformes à l'image de son Fils: afin qu'il soit le premier né entre plusieurs freres. Et ceux qu'il a predestinez, il les a aussi appellez: et ceux qu'il a appellez, il les a aussi justifiez: et ceux qu'il a justifiez, il les a aussi glorifiez. Que dirons-nous donc à ces choses? Si Dieu est pour nous, qui est-ce qui sera contre nous? Lui qui n'a point espargné son propre Fils, mais l'a livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t'il aussi toutes choses avec lui? Qui est-ce qui intentera accusation contre les éleus de Dieu? Dieu est celui qui justifie. Qui sera celui qui condamnera? Christ est celui qui est mort, et, qui plus est, qui est ressuscité: lequel aussi est à la dextre de Dieu, et qui mesmes prie pour nous. Qui est-ce qui nous separera de la dilection de Christ? [Sera-ce] oppression, ou angoisse, ou persecution, ou famine, ou nudité, ou peril, ou espée? Ainsi qu'il est escrit, Nous sommes livrez à la mort pour l'amour de toi tous les jours, et sommes estimez comme des brebis de la boucherie. Au contraire en toutes ces choses nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimez. Car je suis asseuré que ni mort, ni vie, ni Anges, ni Principautez, ni Puissances, ni choses presentes, ni choses à venir, Ni hautesse, ni profondeur, ni aucune autre creature, ne nous pourra separer de la dilection de Dieu, qu'il nous a montré en Jesus Christ nostre Seigneur. Je dis verité en Christ, je ne mens point, ma conscience me rendant témoignage par le Saint Esprit, Que j'ai une grande tristesse et un continuel tourment en mon coeur. Car je desirerois moi-mesme d'estre separé de Christ pour mes freres, qui sont mes parens selon la chair: Lesquels sont Israëlites, desquels [est] l'adoption, et la gloire, et les alliances, et l'ordonnance de la Loi, et le service divin, et les promesses. Desquels [sont] les peres, et desquels selon la chair [est] Christ, qui est Dieu sur toutes choses, benit eternellement. Amen. Toutefois il ne se peut faire que la parole de Dieu soit décheute: car tous ceux qui sont d'Israël, ne sont pas pourtant Israël: Et pour estre la semence d'Abraham, ils ne [sont] pas tous enfans: mais en Isaac te sera appellée semence. C'est à dire ce ne sont pas ceux qui sont enfans de la chair, qui sont enfans de Dieu: mais ceux qui sont enfans de la promesse, sont reputez pour semence. Car voici la parole de la promesse; Je viendrai en cette mesme saison, et Sara aura un fils. Et non seulement [celui-ci], mais aussi Rebecca, quand elle eut conceu d'un, [assavoir] de nostre pere Isaac. Car devant que les [enfans] fussent nés, et qu'ils eussent fait ni bien ni mal, (afin que le propos arresté selon l'élection de Dieu, demeurast, non point par les oeuvres, mais par celui qui appelle,) Il lui fut dit, Le plus grand servira au moindre: Ainsi qu'il est escrit, J'ai aimé Jacob, et ai haï Esau. Que dirons-nous donc? Y a-t'il de l'iniquité en Dieu? Ainsi n'advienne. Car il dit à Moyse, J'aurai compassion de celui de qui j'aurai compassion: et je ferai misericorde à celui à qui je ferai misericorde. Ce n'est point donc ni du voulant ni du courant: mais de Dieu qui fait misericorde. Car l'Escriture dit à Pharao, Je t'ai suscité à cette propre fin, pour demontrer en toi ma puissance, et afin que mon Nom soit publié en toute la terre. Il a donc compassion de celui qu'il veut, et endurcit celui qu'il veut. Or tu me diras, Pourquoi se plaint-il encore? car qui est celui qui peut resister à sa volonté? Mais plustost, ô homme! qui es-tu, toi qui contestes contre Dieu? La chose formée dira-t'elle à celui qui l'a formée, Pourquoi m'as-tu ainsi faite? Le potier de terre n'a-t'il pas la puissance de faire d'une mesme masse de terre un vaisseau à honneur, et un autre à des-honneur? Et qu'est ce, si Dieu en voulant montrer [son] ire, et donner à connoître sa puissance, a toleré en grande patience les vaisseaux d'ire appareillez à perdition? Et pour donner à connoître les richesses de sa gloire és vaisseaux de misericorde, lesquels il a preparez à gloire? Lesquels il a aussi appellez, [assavoir] nous, non point seulement d'entre les Juifs, mais aussi d'entre les Gentils. Selon aussi qu'il dit en Osée, J'appellerai mon peuple, celui qui n'estoit point mon peuple: et la bien-aimée, celle qui n'estoit point bien-aimée. Et il adviendra, qu'au lieu qu'il leur a esté dit, Vous n'estes point mon peuple, là ils seront appellez les enfans du Dieu vivant. Aussi Esaïe crie touchant Israël, Quand le nombre des enfans d'Israël seroit comme le sablon de la mer, il n'y en aura qu'un [petit] reste de sauvé. Car le Seigneur met à fin et abbrege l'affaire en justice: voire il fera une affaire abbregée sur la terre. Et comme Esaïe avoit dit auparavant, Si le Seigneur des armées ne nous eust laissé [quelque] semence, nous eussions esté faits comme Sodome, et eussions esté semblables à Gomorrhe. Que dirons-nous donc? Que les Gentils qui ne pourchassoyent point la justice, ont atteint la justice, voire la justice qui est par la foi. Mais Israël pourchassant la Loi de justice, n'est point parvenu à la Loi de justice. Pourquoi? Parce que ce n'a point esté par la foi, mais comme par les oeuvres de la Loi: car ils ont heurté contre la pierre d'achoppement. Ainsi qu'il est escrit, Voici, je mets en Sion la pierre d'achoppement, et la pierre de trebuschement: et quiconque croira en lui ne sera point confus. Freres, quant à la bonne affection de mon coeur, et à la priere que je fais à Dieu pour Israël, c'est qu'ils soyent sauvez. Car je leur rens témoignage qu'ils ont le zele de Dieu, mais non pas selon connoissance. Car ne connoissans point la justice de Dieu, et cherchans à establir leur propre justice, ils ne se sont point rangez à la justice de Dieu. Car Christ est la fin de la Loi, en justice à tout croyant. Car Moyse décrit [ainsi] la justice qui est par la Loi, [assavoir] Que l'homme qui fera ces choses, vivra par elles. Mais la justice qui est par la foi, dit ainsi; Ne di point en ton coeur, qui montera au ciel? cela est ramener Christ d'enhaut: Ou, Qui descendra en l'abysme? cela est ramener Christ des morts. Mais que dit-elle? La parole est prés de toi en ta bouche, et en ton coeur. C'est là la parole de la foi, laquelle nous preschons. Car si tu confesses le Seigneur Jesus de ta bouche, et que tu croyes en ton coeur que Dieu l'a ressuscité des morts, tu seras sauvé. Car de coeur on croit à justice, et de bouche on fait confession à salut. Car l'Escriture dit, Quiconque croit en lui, ne sera point confus. Dautant qu'il n'y a point de difference du Juif ni du Grec: car il y a un mesme Seigneur de tous, qui est riche envers tous ceux qui l'invoquent. Car quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé. Comment donc invoqueront-ils celui auquel ils n'ont point creu? et comment croiront-ils en celui duquel ils n'ont point ouï [parler]? et comment orront-ils s'il n'y a quelqu'un qui leur presche? Et comment preschera-t'on, sinon qu'il y en ait qui soyent envoyez? ainsi qu'il est escrit, O que sont beaux les pieds de ceux qui annoncent la paix, voire de ceux qui annoncent les bonnes choses ! Mais tous n'ont pas obeï à l'Evangile: car Esaïe dit, Seigneur, qui a creu à nostre predication? La foi donc est par l'ouïr: et l'ouïr par la parole de Dieu. Mais je demande, Ne l'ont-ils point ouï? Au contraire leur son est allé par toute la terre, et leurs paroles jusques aux bouts du monde. Mais je demande, Israël ne l'a-t'il point connu? Moyse le premier dit; Je vous provoquerai à jalousie par celui qui n'est point peuple: je vous esmouverai à ire par une nation destituée d'intelligence. Et Esaïe s'enhardit tout à fait et dit, J'ai esté trouvé de ceux qui ne me cherchoyent point: et suis manifestement apparu à ceux qui ne s'enqueroyent point de moi. Mais quant à Israël, il dit, J'ai tout le jour estendu mes mains vers un peuple rebelle et contredisant. Je demande donc, Dieu a-t'il rejetté son peuple? Ainsi n'advienne: car je suis aussi Israëlite, de la posterité d'Abraham, de la lignée de Benjamin. Dieu n'a point rejetté son peuple, lequel il a auparavant connu. Ne sçavez-vous pas ce que l'Escriture dit d'Elie? comment il parle à Dieu contre Israël, disant, Seigneur, ils ont tué tes Prophetes, et ont demoli tes autels: et je suis demeuré moi seul, et ils cherchent à m'oster la vie. Mais que lui fut-il respondu de Dieu? Je me suis reservé sept mille hommes qui n'ont point ployé le genoüil devant Baal. Ainsi donc aussi au temps present il y a du reste selon l'élection de grace. Que si c'est par la grace, ce n'est plus par les oeuvres, autrement la grace, n'est plus grace. Mais si c'est par les oeuvres ce n'est plus par la grace: autrement l'oeuvre n'est plus oeuvre. Quoi donc? Ce qu'Israël est apres à chercher, il ne l'a point obtenu, mais l'élection l'a obtenu, et les autres ont esté endurcis, (Ainsi qu'il est escrit, Dieu leur a donné un esprit assoupi, et des yeux pour ne point voir, et des oreilles pour ne point ouïr) jusques au jour present. Et David dit; Que leur table leur soit tournée en laqs, en piege et en trébuchement, et [cela] pour leur retribution. Que leurs yeux soyent obscurcis pour ne point voir: et courbe continuellement leur dos. Mais je demande, Ont-ils choppé pour trébucher? Ainsi n'advienne: mais par leur cheute le salut [est advenu] aux Gentils, pour les provoquer à la jalousie. Or si leur cheute est la richesse du monde, et leur diminution la richesse des Gentils: combien plus le sera leur abondance? Car je parle à vous, Gentils: entant certes que je suis Apostre des Gentils, je rens honorable mon ministere: [Pour voir] si en quelque façon je puis provoquer ceux de ma chair à la jalousie, et en sauver quelques-uns. Car si leur rejection est la reconciliation du monde, quelle sera [leur] reception sinon la vie d'entre les morts? Or si les premices sont saintes, aussi est la masse: et si la racine est sainte, aussi sont les branches. Que si quelques-unes des branches ont esté retranchées, et toi qui estois olivier sauvage as esté enté en leur place, et as esté fait participant de la racine et de la graisse de l'olivier, Ne te glorifie point contre les branches: que si tu te glorifies, ce n'est pas toi qui portes la racine, mais c'est la racine qui te [porte]. Or tu diras, Les branches ont esté retranchées, afin que j'y fusse enté. C'est bien dit: elles ont esté retranchées par incredulité, et toi tu es debout par la foi: ne t'éleve point par orgueil, mais crain. Car si Dieu n'a point espargné les branches naturelles, [garde] qu'il n'advienne qu'il ne t'espargne point aussi. Regarde donc la benignité et la severité de Dieu: assavoir la severité sur ceux qui sont trebuchez: et la benignité envers toi, si tu perseveres en [sa] benignité: autrement tu seras aussi retranché. Et quant à ceux-là aussi, s'ils ne perseverent point en incredulité, ils seront entez: car Dieu est puissant pour les enter derechef. Car si tu as esté coupé de l'olivier qui de nature estoit sauvage; et as esté contre nature enté en l'olivier franc; ceux qui le sont selon nature, combien plustost seront-ils entez en leur propre olivier? Car, freres, je ne veux pas que vous ignoriés ce mystere, afin que vous ne soyez point sages en vous-mesmes: [c'est] qu'il est advenu un endurcissement en Israël en partie, jusques à ce que la plenitude des Gentils soit entrée. Et ainsi tout Israël sera sauvé: ainsi qu'il est escrit, Celui qui délivre viendra de Sion, et détournera de Jacob les impiétés. Et ils auront de par moi cette alliance, c'est que j'osterai de dessus eux leurs pechez. Ils sont certes ennemis quant à l'Evangile à cause de vous: mais ils sont bien-aimez quant à l'élection à cause des Peres. Car les dons et la vocation de Dieu sont sans repentance. Car comme vous avez aussi autresfois esté rebelles à Dieu et maintenant vous avez obtenu misericorde par la rebellion de ceux-ci; Pareillement aussi maintenant ils ont esté rebelles, afin qu'ils obtiennent aussi misericorde, par la misericorde qui vous a esté faite. Car Dieu a tous enclos sous la rebellion, afin qu'il fist misericorde à tous. O profondeur des richesses, et de la sapience, et de la connoissance de Dieu! que ses jugemens sont incomprehensibles, et ses voyes impossibles à trouver! Car qui est-ce qui a connu la pensée du Seigneur? ou qui a esté son conseiller? Ou qui est-ce qui lui a donné le premier, et il lui sera rendu? Car de lui, et par lui, et pour lui sont toutes choses: à lui [soit] gloire eternellement. Amen. Je vous exhorte donc, freres, par les compassions de Dieu, que vous presentiez vos corps en sacrifice vivant, saint, plaisant à Dieu, [qui est] vostre raisonnable service. Et ne vous conformez point à ce present siecle, mais soyez transformez par le renouvellement de vostre entendement, afin que vous esprouviez quelle est la volonté de Dieu, bonne et plaisante, et parfaite. Or par la grace qui m'est donnée, je dis à chacun d'entre vous, que nul ne presume d'estre sage par dessus ce qu'il faut estre sage: mais qu'il soit sage à sobrieté, selon que Dieu a departi à chacun la mesure de soi. Car comme nous avons plusieurs membres en un seul corps, et tous les membres n'ont pas une mesme operation: Ainsi [nous, qui sommes] plusieurs, sommes un seul corps en Christ: et chacun en son endroit membres l'un de l'autre. Or ayans des dons differens, selon la grace qui nous est donnée; soit prophetie, [prophetizons] selon l'analogie de la foi. Soit ministere, [que ce soit] en administration: soit que quelqu'un enseigne, [qu'il donne] enseignement: Soit que quelqu'un exhorte, [que ce soit] en exhortation: soit que quelqu'un distribuë [qu'il le fasse] en simplicité: soit que quelqu'un preside, [qu'il le fasse] soigneusement: soit que quelqu'un exerce misericorde: [qu'il le fasse] joyeusement. Que la charité soit sans feintise. Ayez en horreur le mal, vous tenans collez au bien. Enclins par charité fraternelle à montrer de l'affection l'un envers l'autre: prevenant l'un l'autre par honneur. Non paresseux à vous employer pour autrui: fervens d'esprit: servans au Seigneur. Joyeux en esperance: patiens en tribulation: perseverans en oraison. Communiquans aux necessitez des Saints: pourchassans l'hospitalité. Benissez ceux, qui vous persecutent: benissez-les, et ne les maudissez point. Soyez en joye avec ceux qui sont en joye: et soyez en pleur avec ceux qui sont en pleur. Ayans un mesme sentiment les uns envers les autres: n'affectans point les choses hautes: mais vous accommodans aux choses basses. Ne soyez point sages en vous-mesmes. Ne rendez à personne mal pour mal. Pourchassez les choses honnestes devant tous les hommes. S'il se peut faire, entant qu'en vous est, ayez la paix avec tous les hommes. Ne vous vangez point vous-mesmes, mes bien-aimez: mais donnez lieu à l'ire: car il est escrit, A moi [appartient] la vengeance: je [le] rendrai, dit le Seigneur. Si donc ton ennemi a faim, donne lui à manger: s'il a soif, donne lui à boire: car en ce faisant tu lui assembleras des charbons de feu sur sa teste. Ne sois point surmonté du mal: mais surmonte le mal par le bien. Que toute personne soit sujette aux puissances superieures: car il n'y a point de Puissance sinon de par Dieu: et les Puissances qui subsistent, sont ordonnées de Dieu. C'est pourquoi celui qui resiste à la Puissance, resiste à l'ordonnance de Dieu: et ceux qui y resistent, feront venir condamnation sur eux-mesmes. Car les Princes ne sont point à craindre [pour] de bonnes oeuvres, mais [pour] de mauvaises. Or veux-tu ne craindre point la Puissance? fai bien, et tu recevras d'elle de la loüange. Car [le Prince] est serviteur de Dieu, pour ton bien: mais si tu fais mal, crain: dautant qu'il ne porte point l'espée sans cause: car il est serviteur de Dieu, ordonné pour faire justice en ire de celui qui fait mal. Et partant il faut estre sujets, non seulement pour l'ire, mais aussi pour la conscience. Car pour cette cause aussi vous payez les tributs: dautant qu'ils sont ministres de Dieu, s'employans à cela. Rendez donc à tous ce qui leur est deu: à qui tribut, le tribut: à qui peage, le peage: à qui crainte, la crainte: à qui honneur, l'honneur. Ne devez rien à personne sinon que vous vous aimiez l'un l'autre: car celui qui aime autrui, il a accompli la Loi. Car ce [qui est dit], Tu ne commettras point adultere: Tu ne tuëras point: Tu ne déroberas point: Tu ne diras point faux témoignage: Tu ne convoiteras point: et s'il y a quelque autre commandement, il est sommairement compris en ce poinct ici: Tu aimeras ton prochain comme toi-mesme. La charité ne fait point de mal au prochain: l'accomplissement donc de la Loi c'est la charité. Mesmes veu la saison, [assavoir] qu'il est déja temps de nous réveiller du sommeil: car maintenant le salut est plus prés de nous, que lors que nous avons creu. La nuit est passée, et le jour est approché: rejettons donc les oeuvres de tenebres, et soyons revestus des armes de lumiere. Cheminons honnestement comme de jour: non point en gourmandises, ni en yvrogneries: non point en couches, ni en insolences: non point en querelles, ni en envie. Mais soyez revestus du Seigneur Jesus Christ, et n'ayez point de soin de la chair pour [accomplir] ses convoitises. Or quant à celui qui est debile en la foi, recevez-le, non point en debats de disputes. L'un croit qu'on peut manger de toutes choses, et l'autre qui est debile, mange des herbes. Que celui qui mange, ne mesprise pas celui qui ne mange point, et que celui qui ne mange pas, ne juge point celui qui mange: car Dieu l'a pris à soi. Qui es-tu toi, qui juges le serviteur d'autrui? Il se tient ferme ou trebuche à son propre Seigneur: mesmes il sera affermi: car Dieu est puissant pour l'affermir. L'un estime un jour plus que l'autre, et l'autre estime chaque jour également: que chacun soit pleinement resolu en son entendement. Celui qui à égard au jour, il y a égard au Seigneur: et celui qui n'a point d'égard au jour, il n'y a point d'égard au Seigneur. Celui qui mange, il mange au Seigneur: car il en rend graces à Dieu: et celui qui ne mange point, il ne mange point au Seigneur, et en rend graces à Dieu. Car nul de nous ne vit à soi, et nul ne meurt à soi. Car soit que nous vivions, nous vivons au Seigneur: ou soit que nous mourions, nous mourons au Seigneur. Soit donc que nous vivions, soit que nous mourions, nous sommes au Seigneur. Car pour cela Christ est mort, et est ressuscité, et est retourné en vie: afin qu'il ait seigneurie tant sur les morts que sur les vivans. Mais toi, pourquoi juges-tu ton frere? ou toi aussi, pourquoi mesprises-tu ton frere? certes nous comparoistrons tous devant le siege judicial de Christ. Car il est escrit, Je suis vivant, dit le Seigneur, que tout genouil se ployera devant moi, et toute langue donnera loüange à Dieu. Ainsi donc chacun de nous rendra conte pour soi-mesme à Dieu. Ne jugeons plus donc l'un l'autre: mais usés plustost du jugement en cela, de ne mettre aucun achoppement ou trébuchement devant [vostre] frere. Je sçais et suis persuadé par le Seigneur Jesus, que rien n'est souillé de soi-mesme: sinon à celui qui estime que quelque chose est souillée, [elle] lui est souillée. Mais si ton frere est contristé pour la viande, tu ne chemines point selon la charité: Ne destrui point pour ta viande celui pour lequel Christ est mort. Que donc vostre bien ne soit point blasmé. Car le Royaume de Dieu n'est point viande ni breuvage: mais justice, paix, et joye, par le Sainct Esprit. Car celui qui en cela sert à Christ, est agreable à Dieu, et est approuvé des hommes. Pourchassons donc les choses qui sont de paix, et qui sont d'edification mutuelle. Ne ruïne point l'oeuvre de Dieu pour la viande. Il est vrai que toutes choses sont nettes: mais il y a du mal pour l'homme qui mange avec achoppement. Il est bon de ne point manger de chair, et de ne point boire de vin, et de ne faire aucune chose en laquelle ton frere choppe, ou se scandalise, ou soit infirme. As-tu la foi: aye-la en toi-mesme devant Dieu. Bien-heureux est celui qui ne se juge point soi-mesme en ce qu'il approuve. Mais celui qui en fait scrupule, il est condamné, s'il [en] mange: car il [n'en mange] point par foi: or tout ce qui n'est point de la foi est peché. Or nous devons, nous qui sommes forts, supporter les infirmitez des foibles, et non point complaire à nous-mesmes. Partant que chacun de nous complaise à son prochain en bien, pour l'edification. Car aussi Christ n'a point voulu complaire à soi-mesme, mais ainsi qu'il est écrit, Les reproches de ceux qui te font des reproches, sont tombées sur moi. Car toutes les choses qui ont esté auparavant écrites, ont esté écrites pour nostre endoctrinement: afin que par patience et consolation des Escritures nous ayons esperance. Or le Dieu de patience et de consolation vous donne d'avoir un mesme sentiment entre vous selon Jesus Christ. Afin que tous d'un courage et d'une bouche vous glorifiyez le Dieu et Pere de nostre Seigneur Jesus Christ. C'est pourquoi recevez-vous l'un l'autre, comme aussi Christ nous a receus à soi à la gloire de Dieu. Or je dis que Jesus Christ a esté ministre de la Circoncision, pour la verité de Dieu, afin de ratifier les promesses faites aux Peres: Et [de faire] que les Gentils honorent Dieu pour sa misericorde: selon qu'il est escrit, Pour cette cause je te donnerai loüange entre les Gentils, et psalmodierai en ton Nom. Et derechef il dit, Gentils, éjouïssez-vous avec son peuple. Et derechef, Toutes nations, loüez le Seigneur: et vous tous peuples, celebrez-le. Et derechef Esaïe, dit, Il y aura une racine de Jesse, et un qui s'élevera pour gouverner les Gentils: les Gentils auront esperance en lui. Le Dieu d'esperance donc, vous veuille remplir de toute joye, et de paix, en croyant: afin que vous abondiez en esperance par la puissance du Saint Esprit. Or mes freres, je suis aussi moi-mesme persuadé de vous, que vous estes aussi pleins de bonté, remplis de toute connoissance, et que vous pouvez mesmes vous admonester l'un l'autre. Mais, freres, je vous ai escrit en quelque sorte, plus librement, comme vous remettant en memoire, à cause de la grace qui m'a esté donnée de Dieu: Afin que je sois ministre de Jesus Christ, envers les Gentils, vacquant au sacrifice de l'Evangile de Dieu, à ce que l'oblation des Gentils soit agreable, estant sanctifiée par le S. Esprit. J'ai donc dequoi me glorifier en Jesus Christ, és choses qui appartiennent à Dieu. Car je n'oserois rien dire que Christ n'ait fait par moi pour amener les Gentils à l'obeïssance, par parole, et par oeuvre: Avec vertu de signes et de miracles, en la puissance de l'Esprit de Dieu: tellement que depuis Jerusalem et à l'environ, jusques en l'Illyrie, j'ai fait abonder l'Evangile de Christ: M'estudiant ainsi affectueusement d'annoncer l'Evangile, non pas où il avoit esté fait mention de Christ: (afin que je n'edifiasse point sur la fondation d'autrui.) Mais, selon qu'il est escrit, Ceux ausquels il n'a rien esté annoncé de lui, le verront: et ceux qui n'en ont rien ouï, l'entendront. C'est pourquoi aussi, j'ai esté souventefois empesché de venir vers vous. Mais maintenant, veu que je n'ai plus de lieu en ces quartiers-ci, et que déja par plusieurs années j'ai un grand desir de venir vers vous: Quand je partirai pour aller en Espagne, je viendrai vers vous: car j'espere que je vous verrai en passant par devers vous, et que je serai là conduit de par vous, apres avoir esté premierement en partie rassasié d'avoir esté avec vous. Mais pour le present je m'en vais à Jerusalem pour subvenir aux Saints. Car il a semblé bon aux Macedoniens et aux Achaïens de faire une contribution pour communiquer aux pauvres d'entre les Saints qui sont à Jerusalem. Car il leur a semblé bon ainsi, et aussi ils leur sont obligez. Car si les Gentils ont esté participans de leurs biens spirituels, ils leur doivent aussi administrer quant aux charnels. Apres donc que j'aurai achevé cela, et que j'aurai consigné ce fruict, j'irai par vos quartiers en Espagne. Et je sçais que quand je viendrai vers vous, j'y viendrai avec une abondance de benediction de l'Evangile de Christ. Or je vous exhorte, freres, par nostre Seigneur Jesus Christ, et par la dilection de l'Esprit, que vous combattiez avec moi, en vos prieres à Dieu pour moi: Afin que je sois delivré des rebelles qui sont en Judée: et que mon administration que j'ai à faire à Jerusalem soit renduë agreable aux Saints. Afin que je vienne vers vous en joye par la volonté de Dieu, et que je me recrée avec vous. Or le Dieu de paix [soit] avec vous tous. Amen. Je vous recommande nostre soeur Phebe, laquelle est Diaconisse de l'Eglise de Cenchrée. Afin que vous la recueilliez au Seigneur, comme il appartient aux Saints, et que vous l'assistiez en toute chose qu'elle aura besoin de vous: car elle a esté hostesse de plusieurs, voire de moi-mesme. Salüez Priscille et Aquile, mes compagnons d'oeuvre en Jesus Christ: Qui ont sousmis leur col pour ma vie: ausquels je ne rens point graces moi seul, mais aussi toutes les Eglises des Gentils. [Salüez] aussi l'Eglise qui est en leur maison. Salüez Epainete mon bien-aimé, qui est les premices d'Achaïe en Christ. Salüez Marie, laquelle a fort travaillé envers nous. Salüez Andronique et Junias mes cousins, et qui ont esté prisonniers avec moi, lesquels sont notables entre les Apostres, et qui ont mesmes esté devant moi en Christ. Salüez Amplias mon bien-aimé au Seigneur. Salüez Urbain nostre compagnon d'oeuvre en Christ, et Stachys mon bien-aimé. Salüez Appelles approuvé en Christ. Salüez ceux de chez Aristobule. Salüez Herodion mon cousin. Salüez ceux de chez Narcisse, qui sont en [nostre] Seigneur. Salüez Tryphene et Thryphose, lesquelles travaillent en [nostre] Seigneur. Salüez Perside la bien-aimée, laquelle a beaucoup travaillé en [nostre] Seigneur. Salüez Rufus esleu au Seigneur, sa mere et la mienne. Salüez Asyncrite, Phlegon, Hermas, Patrobas, Hermes, et les freres qui sont avec eux. Salüez Philologue, et Julie, Nerée, et sa soeur, et Olympe, et tous les Saints qui [sont] avec eux. Salüez-vous l'un l'autre par un saint baiser. Les Eglises de Christ vous salüent. Or je vous exhorte, freres, que vous preniez garde à ceux qui font des partialitez et des scandales contre la doctrine que vous avez apprise, et que vous vous destourniez d'eux. Car ceux qui sont tels, ne servent point nostre Seigneur Jesus Christ, mais leur propre ventre: et par de douces paroles et des flatteries seduisent les coeurs des simples. Car vostre obeïssance est parvenuë à la connoissance de tous. Je m'éjouïs donc de vous; mais je desire que vous soyez sages quant au bien, et simples quant au mal. Or le Dieu de paix brisera en bref Satan sous vos pieds. La grace de nostre Seigneur Jesus-Christ [soit] avec vous. Amen. Timothée mon compagnon d'oeuvre vous saluë, et Lucius, et Jason, et Sosipater, mes cousins. (Moi Tertius qui ai esté l'escrivain de cette Epistre, vous saluë en [nostre] Seigneur.) Gaius mon hoste, et de toute l'Eglise, vous saluë: Eraste le procureur de la ville vous saluë, et Quartus [nostre] frere. La grace de nostre Seigneur Jesus-Christ [soit] avec vous tous. Amen. Or à celui qui est puissant pour vous affermir selon mon Evangile, et [selon] la predication de Jesus-Christ, suivant la revelation du mystere qui a esté teu dés le temps jadis; Mais qui est maintenant manifesté et donné à connoitre par les Escritures des Prophetes, suivant le mandement du Dieu Eternel, afin qu'il y ait obeïssance de foi parmi toutes les nations; A Dieu seul sage [soit] gloire à tout jamais, par Jesus-Christ. Amen.
Paul appellé à estre Apostre de Jesus Christ, par la volonté de Dieu, et le srere Sosthenes: A l'Eglise de Dieu qui est à Corinthe, aux sanctifiez en Jesus Christ, qui estes appellez à estre saints; avec tous ceux qui en quelque lieu que ce soit invoquent le nom de Jesus Christ, Seigneur d'eux et de nous: Grace vous soit, et paix de par Dieu nostre Pere, et de par le Seigneur Jesus Christ. Je rends toûjours graces à mon dieu à cause de vous touchant la grace de Dieu qui vous est donnée en Jesus Christ: De ce qu'en toutes choses vous estes enrichis en lui, en tout don de parole et en toute connoissance: Selon que le témoignage de Jesus Christ a esté confirmé en vous. Tellement qu'il ne vous defaut aucun don, pendant que vous attendez la manifestation de nostre Seigneur Jesus Christ. Lequel aussi vous affermira jusques à la fin, pour estre irreprehensibles en la journée de nostre Seigneur Jesus Christ. Dieu est fidele, par lequel vous avez esté appellez à la communion de son Fils Jesus Christ nostre Seigneur. Or je vous prie, freres, par le Nom de nostre Seigneur Jesus Christ, que vous parliez tous un mesme langage, et qu'il n'y ait point de partialitez entre vous: mais que vous soyez bien unis en un mesme sens, et en un mesme advis. Car, mes freres, il m'a esté declaré touchant vous par ceux qui sont de chez Chloé, qu'il y a des contentions entre vous. Or voici ce que je dis, c'est que chacun de vous dit, De moi je suis de Paul: Et de moi, d'Apollos: Et de moi, de Cephas: Et de moi, de Christ: Christ est-il divisé? Paul a-t'il esté crucifié pour vous? ou avez-vous esté baptisez au nom de Paul? Je rends graces à Dieu que je n'ai baptizé aucun d'entre vous, sinon Crispus, et Gaius: Afin que quelqu'un ne die point que j'aye baptizé en mon nom. J'ai bien aussi baptizé la famille de Stephanas: au surplus je ne sçais si j'ai baptizé quelqu'autre. Car Christ ne m'a point envoyé pour baptizer, mais pour evangelizer: non point avec sagesse de paroles, afin que la croix de Christ ne soit point aneantie. Car à ceux qui perissent, la parole de la croix leur est folie: mais à nous qui obtenons le salut, elle est la vertu de Dieu. Car il est escrit, J'abolirai la sapience des sages, et aneantirai l'intelligence des entendus. Où est le sage? où est le scribe? où est le disputeur de ce siecle ? Dieu n'a-t'il pas affoli la sapience de ce monde ? Car dautant qu'en la sapience de Dieu, le monde n'a point connu Dieu par la sapience, le bon plaisir de Dieu a esté de sauver les croyans par la folie de la predication. Puis que les Juifs demandent un signe, et que les Grecs cherchent la sapience. Mais quant à nous, nous preschons Christ crucifié, qui est scandale aux Juifs, et folie aux Grecs. Mais à ceux qui sont appellez, tant Juifs que Grecs, nous leur ptreschons Christ, la puissance de Dieu et la sapience de Dieu. Car la folie de Dieu est plus sage que les hommes: et la foiblesse de Dieu est plus forte que les hommes. Car, mes freres, vous voyez vostre vocation, que vous n'estes point beaucoup de sages selon la chair, ni beaucoup de forts, ni beaucoup de nobles. Mais Dieu a choisi les choses foles de ce monde, pour rendre confuses les sages: et Dieu a choisi les choses foibles de ce monde, pour rendre confuses les fortes. Et Dieu a choisi les choses viles de ce monde, et les mesprisées, voire celles qui ne sont point, afin d'abolir celles qui sont. Afin que nulle chair ne se glorifie devant lui. Or c'est de lui que vous estes en Jesus Christ, qui vous a esté fait de par Dieu sapience, et justice, et sanctification, et redemption: Afin que (comme il est escrit) celui qui se glorifie, se glorifie au Seigneur. Et de moi, freres, quand je suis venu vers vous, je n'y suis point venu avec excellence de bien parler ou de sapience, en vous annonçant le tesmoignage de Dieu. Car je n'ai rien proposé de sçavoir entre vous, sinon Jesus Christ, et icelui crucifié. Et j'ai esté moi-mesme entre vous en foiblesse, en crainte, et en grand tremblement. Et ma parole et ma predication n'a point esté en parole attrayantes de sapience humaine: mais en evidence d'esprit et de puissance: Afin que vostre foi ne soit point en la sapience des hommes, mais en la puissance de Dieu. Or nous proposons une sapience entre les parfaits, voire une sapience, non point de ce monde, ni des princes de ce siecles qui s'en vont à neant: Mais nous proposons la sapience de Dieu qui est en mystere, c'est à dire, cachée: que Dieu avoit déja devant les siecles determinée à nostre gloire. Laquelle nul des princes de ce siecle n'a connuë: car s'ils l'eussent connuë, jamais ils n'eussent crucifié le Seigneur de gloire. Mais ainsi qu'il est escrit, Ce sont les choses qu'oeil n'a point veuës, ni oreille ouïes, et qui ne sont point montées au coeur de l'homme, que Dieu a preparées à ceux qui l'aiment. Mais Dieu nous les a revelées par son Esprit. Car l'Esprit sonde toutes choses, voire mesmes les choses profondes de Dieu. Car qui est-ce des hommes qui sçache les choses de l'homme, sinon l'esprit de l'homme qui est en lui? Pareillement aussi nul n'a connu les choses de Dieu sinon l'Esprit de Dieu. Or nous avons receu non point l'Esprit de ce monde, mais l'Esprit qui est de Dieu: afin que nous connoissions les choses qui nous ont esté données de Dieu: Lesquelles aussi nous proposons, non point en paroles qu'enseigne la sapience humaine, approprians les choses spirituelles à ceux qui sont spirituels. Or l'homme animal ne comprend point les choses qui sont de l'Esprit de Dieu: car elles lui sont folie, et il ne les peut entendre, dautant qu'elles se discernent spirituellement. Mais le spirituel, discerne toutes choses, et il n'est jugé de personne. Car qui a connu l'intention du Seigneur, qui le puisse instruire? Mais nous avons l'intention de Christ. Mais de moi, freres, je n'ai pû parler à vous comme à des spirituels, mais comme à des charnels, comme à des enfans en Christ. Je vous ai point donné de la viande: car vous ne le pouviez encore porter: mesmes maintenant vous ne le pouvez encore, parce que vous estes encore charnels. Car y ayant entre vous de l'envie, et des contentions, et des partialitez, n'estes-vous pas charnels, et ne cheminez-vous pas à la façon des hommes? Car quand l'un dit, De moi, je suis de Paul: et l'autre, De moi, je suis d'Apollos, n'estes-vous pas charnels? Qui est donc Paul, et qui est Apollos, sinon des Ministres, par lesquels vous avez creu, voire comme le Seigneur a donné à chacun? J'ai planté, Apollos a arrosé: mais Dieu a donné l'accroissement. C'est pourquoi, ni celui qui plante n'est rien, ni celui qui arrose: mais Dieu qui donne l'accroissement. Or tant celui qui plante que celui qui arrose, sont une mesme chose: mais chacun recevra son propre salaire selon son labeur. Car nous sommes ouvriers avec Dieu: vous estes le labourage de Dieu, l'edifice de Dieu. J'ai posé, selon la grace de Dieu qui m'a esté donnée, le fondement, comme un architecte bien expert: et un autre edifie dessus: mais que chacun regarde comment il edifie dessus. Car nul ne peut poser un autre fondement que celui qui est posé, lequel est Jesus Christ. Que si quelqu'un edifie sur ce fondement, de l'or, de l'argent, des pierres precieuses, du bois, du foin, du chaume: L'oeuvre de chacun sera manifestée: car le jour la declarera, dautant qu'elle sera manifestée par le feu: et le feu esprouvera quelle sera l'oeuvre de chacun. Si l'oeuvre de quelqu'un qui aura edifié dessus, demeure, il en recevra du salaire. Si l'oeuvre de quelqu'un brusle il en sera perte, mais il sera sauvé quant à lui, toutefois ainsi que par feu. Ne sçavez-vous pas que vous estes le temple de Dieu, et que l'Esprit de Dieu habite en vous? Si quelqu'un destruit le temple de Dieu, Dieu le destruira: car le temple de Dieu est saint, lequel vous estes. Que nul ne s'abuse soi-mesme: si quelqu'un d'entre vous pense estre sage en ce monde, qu'il soit rendu fol, afin qu'il soit rendu sage. Car la sagesse de ce monde est folie devant Dieu: dautant qu'il est escrit, C'est lui qui surprend les sages en leur ruse. Et derechef, Le Seigneur connoit les discours des sages, qu'ils sont vains. Que nul donc ne se glorifie és hommes? car toutes choses sont à vous: Soit Paul, soit Apollos, soit Cephas, soit le monde, soit la vie, soit la mort, soit les choses presentes, ou les choses à venir, toutes choses sont à vous, et vous à Christ, et Christ à Dieu. Que chacun nous tienne comme Ministres de Christ, et dispensateurs des mysteres de Dieu. Mais au reste, il est requis entre les dispensateurs, que chacun soit trouvé fidele. Pour moi je me soucie peu d'estre jugé de vous, ou de jugement d'homme: mesmes aussi je ne me juge point moi-mesme. Car je ne me sens en rien coulpable, mais pour cela je ne suis point justifié: mais celui qui me juge, c'est le Seigneur. C'est pourquoi ne jugez de rien avant le temps, jusques à ce que le Seigneur vienne, lequel aussi mettra en lumiere les choses cachées des tenebres, et manifestera les conseils des coeurs: et alors sera renduë à chacun sa loüange de Dieu. Or, mes freres, j'ai tourné ces propos par une façon de parler, sur moi et sur Apollos, à cause de vous: afin que vous appreniez en nous, que personne ne presume outre ce qui est escrit: à ce que l'un pour l'autre vous ne vous enfliez point contre autrui. Car qui est-ce qui met la difference entre toi et un autre, et qu'est-ce que tu as, que tu ne l'ayes receu? et si tu l'as receu, pourquoi t'en glorifies-tu, comme si tu ne l'avois point receu? Vous estes déja soulez, vous estes déja enrichis, vous estes faits Rois sans nous: et à la mienne volonté que vous regnassiez, afin que nous regnassions aussi avec vous. Car je pense que Dieu nous a mis en montre, nous qui sommes les derniers Apostres, comme des gens condamnez à la mort, veu que nous sommes rendus le spectacle du monde, et des Anges, et des hommes. Nous sommes fols pour l'amour de Christ, mais vous estes sages en Christ: nous sommes debiles, et vous estes forts: vous estes honorables, et nous sans honneur. Jusques à cette heure nous souffrons et faim et soif, et sommes nuds, et sommes souffletez, et sommes errans çà et là: Et travaillons ouvrans de nos propres mains: on dit mal de nous, et nous benissons: nous sommes persecutez, et nous l'endurons: Nous sommes faits comme les ballieures du monde, et comme la raclure de tous, jusques à maintenant. Je n'escris point ces choses pour vous faire honte: mais je vous admoneste comme mes chers enfans: Car quand vous auriez dix mille pedagogues en Christ, neantmoins vous n'avez pas plusieurs peres, car c'est moi qui vous ai engendrez en Jesus Christ par l'Evangile. Je vous prie donc que vous soyez mes imitateurs. Pour cette cause je vous ai envoyé Timothée, qui est mon fils bien-aimé et fidele au Seigneur: lequel vous ramentevra mes voyes en Christ, comme j'enseigne par tout en chaque Eglise. Or quelques-uns se sont enflez comme si je ne devois point venir vers vous. Mais je viendrai bien-tost vers vous, si le Seigneur le veut: et connoistrai non point la parole de ceux qui se sont enflez, mais la vertu. Car le royaume de Dieu ne consiste point en paroles, mais en vertu. Que voulez-vous? Viendrai-je à vous avec la verge, ou bien en charité et esprit de douceur? On oit entierement asseurer qu'il y a entre vous de la paillardise, voire une telle paillardise, qu'entre les Gentils il n'est point fait mention de semblable: c'est que quelqu'un entretient la femme de son pere. Et vous estes encore enflez, et n'avez point plustost mené deuil, afin que celui qui a commis cét acte fust osté du milieu de vous? Moi certes, comme absent de corps, mais present d'esprit ai déja arresté comme present, touchant celui qui a commis un tel acte. (Vous et mon esprit estant assemblez au Nom de nostre Seigneur Jesus Christ, avec la puissance de nostre Seigneur Jesus Christ.) Qu'un tel soit livré à Satan: à la destruction de la chair: afin que l'esprit soit sauvé au jour du Seigneur Jesus. Vostre vanterie n'est pas bonne: ne sçavez-vous pas bien qu'un peu de levain fait lever toute la paste? Repurgez donc le vieil levain, afin que vous soyez une nouvelle paste; comme vous estes sans levain: car Christ nostre Pasque a esté sacrifié pour nous. C'est pourquoi faisons la feste, non point avec du vieil levain, ni avec du levain de mauvaistié et de malice, mais avec des pains sans levain de sincerité et de verité. Je vous ai escrit par lettres, que vous ne vous entremesliez point avec les paillards: Mais non absolument avec les paillards de ce monde, ou avaricieux, ou ravisseurs, ou idolatres: car autrement certes il vous faudroit sortir du monde. Or maintenant, je vous escris que vous ne vous y entremestiez point: c'est que si quelqu'un qui se nomme frere, est paillard, ou avaricieux, ou idolatre, ou mesdisant, ou yvrogne, ou ravisseur, vous ne mangiez pas mesmes avec un tel. Car qu'ai-je à faire de juger aussi de ceux qui sont de dehors? Ne jugez-vous pas de ceux qui sont de dedans? Mais Dieu juge ceux qui sont de dehors. Ostez donc d'entre vous mesme le méchant. Quand quelqu'un d'entre vous a quelque affaire contre un autre, est-il bien si hardi que d'aller en jugement par devant les iniques, et non point par devant les Saints? Ne sçavez-vous pas que les Saints jugeront le monde? et si le monde est jugé par vous, estes-vous indignes de juger des plus petites choses? Ne sçavez-vous pas que nous jugerons les Anges? Combien plus des choses appartenantes à cette vie? Si donc vous avez des procés touchant les affaires de cette vie, establissez au siege ceux qui sont de moindre estime en l'Eglise. Je le dis à vostre honte: est-il ainsi qu'il n'y ait point de sage entre vous, non pas mesmes un seul, qui puisse juger entre ses freres? Mais un frere a des procés contre son frere, et cela par devant les infideles. Déja certes il y a entierement du defaut en vous, de ce que vous avez des procés entre vous. Pourquoi n'endurez vous pas plustost que l'on vous face tort? Pourquoi ne recevez-vous pas plustost du dommage? Mais vous faites tort, et endommagez, et cela encore à l'endroit de vos freres. Ne sçavez-vous pas que les injustes n'heriteront point le royaume de Dieu? Ne vous abusez point: ni les paillards, ni les idolatres, ni les adulteres, ni les effeminez, ni ceux qui habitent avec les masles, ni les larrons, ni les avaricieux, ni les yvrognes, ni les médisans, ni les ravisseurs n'heriteront point le royaume de Dieu. Et vous estiez telles choses quelques-uns: mais vous en avez esté lavez, mais vous en avez esté sanctifiez, mais vous en avez esté justifiez au Nom du Seigneur Jesus, et par l'Esprit de nostre Dieu. Toutes choses me sont licites, mais toutes choses ne sont pas expedientes: toutes choses me sont licites, mais je ne ferai point assujetti sous la puissance d'aucune choses. Les viandes sont pour le ventre, et le ventre pour les viandes: mais Dieu destruira et lui et elles. Or le corps n'est point pour la paillardise, mais pour le Seigneur, et le Seigneur pour le corps. Or Dieu a ressuscité le Seigneur, et nous ressuscitera aussi par sa puissance. Ne sçavez-vous pas que vos corps sont les membres de Christ? Osterai-je donc les membres de Christ, pour en faire les membres d'une paillarde? Ainsi n'advienne. Ne sçavez-vous pas que celui qui s'adjoint à une paillarde, est fait un mesme corps avec elle? Car deux (dit-il) seront une mesme chair. Mais celui qui est adjoint au Seigneur, est un mesme Esprit avec lui. Fuyez la paillardise: car quelque peché que l'homme commette il est hors du corps: mais celui qui paillarde, peche contre son propre corps. Ne sçavez-vous pas que vostre corps est le temple du Saint Esprit qui est en vous, lequel vous avez de Dieu, et que vous n'estes point à vous mesmes? Car vous avez esté achetez par prix. Glorifiez donc Dieu en vostre corps et en vostre esprit, lesquels appartiennent à Dieu. Or touchant les poincts dont vous m'avez escrit, il est bon à l'homme de ne point toucher à la femme. Toutefois pour éviter la paillardise, que chacun ait sa femme, et que chacune ait son mari. Que le mari rende la bienvueillance deuë à la femme: semblablement aussi la femme au mari. La femme n'a point la puissance de son propre corps, mais le mari: semblablement aussi le mari n'a point la puissance de son propre corps, mais la femme. Ne vous fraudez point l'un l'autre, si ce n'est par un consentement mutuel pour un temps, afin que vous vacquiez au jeusne et à l'oraison: et derechef retournez ensemble, afin que Satan ne vous tente point à cause de vostre incontinence. Or je dis ceci par permission, non point par commandement. Car je voudrois que tous hommes fussent comme moi: mais chacun a son propre don de Dieu, l'un en une maniere, et l'autre en une autre. Or je dis à ceux qui ne sont point mariez, et aux veuves, qu'il leur est bon s'ils demeurent comme moi. Mais s'ils ne se contiennent, qu'ils se marient: car il vaut mieux se marier que de brusler. Et quant aux mariez, je leur commande, non point moi, mais le Seigneur, Que la femme ne se departe point du mari. Et si elle s'en depart, qu'elle demeure sans estre mariée, ou qu'elle se reconcilie au mari. Aussi que le mari ne delaisse point sa femme. Mais aux autres je leur dis, non point le Seigneur, Si quelque frere a une femme infidele, et qu'elle consente d'habiter avec lui, qu'il ne la delaisse point. Et si quelque femme a un mari infidele, et qu'il consente d'habiter avec elle, qu'elle ne le delaisse point non plus. Car le mari infidele est sanctifié en la femme: et la femme infidele est sanctifiée au mari: autrement vos enfans seroyent pollus: or maintenant ils sont saints. Que si l'infidele se depart, qu'il se departe: car le frere ou la soeur ne sont point asservis en tel cas: mais Dieu nous a appellez à la paix. Car que sçais-tu femme, si tu sauveras ton mari? Ou que sçais-tu mari, si tu sauveras ta femme? Toutefois que chacun chemine ainsi que Dieu lui a departi, voire chacun comme le Seigneur l'a appellé. Et c'est ainsi que j'en ordonne en toutes les Eglises. Quelqu'un est-il appellé estant circoncis? Qu'il ne ramene point le prepuce: quelqu'un est-il appellé estant au prepuce? Qu'il ne soit point circoncis. La Circoncision n'est rien, et le prepuce n'est rien, mais l'observation des commandemens de Dieu. Que chacun se tienne en la vocation en laquelle il est appellé. Es-tu appellé estant serf? Ne t'en soucie point: mais si tu peux aussi estre mis en liberté, uses-en plustost. Car le serf qui est appellé en nostre Seigneur, est l'affranchi de nostre Seigneur: semblablement aussi celui qui est appellé estant franc, est serf de Christ. Vous estes achetez par prix, ne devenez point serfs des hommes. Freres, que chacun se tienne envers Dieu en ce en quoi il est appellé. Or touchant les vierges, je n'ai point de commandement du Seigneur, mais j'en donne advis comme ayant obtenu misericorde du Seigneur pour estre fidele. J'estime donc que cela est bon pour la necessité presente, entant qu'il est bon à l'homme d'estre ainsi. Es-tu lié à une femme? Ne cherche point de separation: es-tu delivré de femme? Ne cherche point de femme. Que si tu te maries, tu n'as point peché: et si la vierge se marie, elle n'a point peché. Toutefois ceux qui sont tels auront de la tribulation en la chair: or je vous espargne. Mais je vous dis ceci, mes freres, que le temps est racourci: il reste que ceux qui ont femmes soyent comme n'en ayans point: Et ceux qui sont en pleurs, comme s'ils n'estoyent point en pleurs: et ceux qui sont en joye, comme s'ils n'estoyent point en joye: et ceux qui achetent, comme ne possedans point: Et ceux qui usent de ce monde, comme n'en abusans point: car la figure de ce monde passe. Or je voudrois que vous fussiez sans solicitude. Celui qui n'est point marié a soin des choses qui sont du Seigneur, comme il plaira au Seigneur. Mais celui qui est marié, a soin des choses de ce monde, comment il plaira à sa femme, et est divisé. La femme qui n'est point mariée et la vierge, a soin des choses qui sont du Seigneur, pour estre sainte de corps et d'esprit: mais celle qui est mariée, a soin des choses qui sont du monde, comment elle plaira à son mari. Or je dis ceci ayant esgard à ce qui vous est expedient, non point pour vous enlacer, mais tendant à ce qui est bien-seant: et propre à adherer au Seigneur sans aucune distraction. Mais si quelqu'un pense que ce soit deshonorer sa vierge, qu'elle passe la fleur de son âge, et qu'il faille qu'il soit fait ainsi, qu'un tel fasse ce qu'il veut, il ne peche point: qu'elles soyent mariées. Mais celui qui demeure ferme en son coeur, et n'a point de necessité, mais a puissance sur sa propre volonté, et a arresté cela en son coeur de garder sa vierge, il fait bien. Celui donc qui marie sa vierge, fait bien: mais celui qui ne la marie point, fait mieux. La femme est liée par la Loi tout le temps que son mari vit: mais si son mari meurt, elle est en liberté de se remarier à qui elle veut; seulement que ce soit au Seigneur. Toutefois elle est plus heureuse si elle demeure ainsi, selon mon avis. Or j'estime aussi que j'ai l'esprit de Dieu. Touchant les choses qui sont sacrifiées aux idoles, nous sçavons que nous avons tous la connoissance: la connoissance enfle; mais la charité edifie. Mais si quelqu'un pense sçavoir quelque chose, il n'a encore rien connu comme il faut connoitre. Mais si quelqu'un aime Dieu, il est connu de lui. Ainsi donc quant au manger des choses sacrifiées aux idoles, nous sçavons que l'idole n'est rien au monde, et qu'il n'y a aucun autre Dieu qu'un seul. Car encore qu'il y en ait qui soyent appellez Dieux, soit au ciel, soit en terre, (comme il y a plusieurs Dieux, et plusieurs Seigneurs.) Toutefois nous n'avons qu'un seul Dieu, qui est le Pere duquel sont toutes choses, et nous pour lui: et un seul Seigneur Jesus Christ, par lequel sont toutes choses, et nous par lui. Mais il n'y a pas de la connoissance en tous: car quelques-uns en mangent avec conscience de l'idole, jusques à maintenant, comme des choses sacrifiées à l'idole: et leur conscience estant debile, elle est poluée. Or la viande ne nous rend pas plus agreables à Dieu: car si nous mangeons, et si nous ne mangeons point, nous n'en avons pas moins. Mais prenez garde que cette puissance que vous avez, ne soit en quelque sorte en scandale aux infirmes. Car si quelqu'un te voit, toi qui as de la connoissance, estre à table au temple des idoles, al conscience de celui qui est foible, ne sera-t'elle pas induite à manger des choses sacrifiées à l'idole? Et ainsi ton frere qui est foible, pour lequel Christ est mort, perira par ta connoissance. Or quand vous pechez ainsi contre vos freres, et navrez leur conscience qui est debile, vous pechez contre Christ. Pour cette cause, si la viande scandalize mon frere, je ne mangerai jamais de chair, afin que je ne scandalize point mon frere. Ne suis-je pas Apostre? Ne suis-je pas libre? N'ai-je pas veu nostre Seigneur Jesus Christ? N'estes-vous pas mon ouvrage au Seigneur? Si je suis Apôtre aux autres, au moins le suis-je à vous: car vous estes le seau de mon Apostolat au Seigneur. Telle est ma defense envers ceux qui me controllent. N'avons-nous pas la puissance de manger et de boire? N'avons-nous pas la puissance de mener avec nous une femme soeur, ainsi aussi que les autres Apostres, et les freres du Seigneur, et Cephas? Ou, moi seul et Barnabas n'avons-nous pas la puissance de ne travailler point? Qui est-ce qui va jamais à la guerre à sa solde? Qui est-ce qui plante la vigne, et n'en mange point de fruit? Qui est-ce qui paist le troupeau, et ne mange point du laict du troupeau? Dis-je, ces choses selon l'homme? La Loi ne dit-elle point aussi le mesme? Car il est écrit en al Loi de Moyse, Tu n'emmuseleras point le boeuf qui foule le grain. Dieu a-t'il soin des boeufs? Ne dit-il point entierement ces choses pour nous? Certes elles sont écrites pour nous: car celui qui laboure, doit labourer sous esperance, et celui qui foule le blé, sous esperance d'en estre participant. Si nous vous avons semé les choses spirituelles, est-ce si grand cas que nous recueillions les vostres charnelles? Si les autres sont participans de cette puissance sur nous, pourquoi non plustost nous? Toutefois nous n'avons point usé de cette puissance: mais nous supportons tout, afin que nous ne donnions aucun empeschement à l'Evangile de Christ. Ne sçavez-vous pas que ceux qui vacquent aux choses sacrées, mangent de ce qui est sacré? et que ceux qui servent à l'autel, participent à l'autel? De mesme aussi le Seigneur a ordonné que ceux qui annoncent l'Evangile, vivent de l'Evangile. Toutefois je n'ai usé de pas une de ces choses. Or je n'ai point écrit ceci, afin qu'il en soit fait ainsi en mon endroit: car il m'est bon de mourir plustost, que si quelqu'un aneantissoit ma gloire. Car encore que j'evangelize, je n'ai pas dequoi me glorifier: parce que la necessité m'en est imposée: et malheur est sur moi, si je n'evangelize. Que si je le fais volontiers, j'en ai du salaire: mais si je le fais à contrecoeur, toutefois la dispensation m'en est commise. Quel salaire donc en ai-je? C'est qu'en preschant l'Evangile, je fasse que l'Evangile de Christ n'apporte point de despence, afin que je n'abuse point de ma puissance en l'Evangile. Car bien que je sois en liberté à l'endroit de tous, je me suis asservi à tous, afin de gagner plus de personnes. Et je me suis fait aux Juifs comme Juif, afin de gagner les Juifs: à ceux qui sont sous la Loi, comme si j'estois sous la Loi, afin de gagner ceux qui sont sous la Loi: A ceux qui sont sans Loi, comme si j'estois sans Loi, (bien que je ne sois point sans Loi quant à Dieu: mais sous la Loi de Christ:) afin de gagner ceux qui sont sans Loi. Je me suis fait comme foible aux foibles, afin de gagner les foibles: je me suis fait toutes choses à tous, afin qu'absolument j'en sauve quelques-uns. Et je sais cela à cause de l'Evangile, afin que j'en sois fait aussi participant avec les autres. Ne sçavez-vous pas que quand on court en la lice tous courent bien, mais un seul emporte le prix? Courez tellement que vous l'emportiez. Or quiconque luite, vit entierement par regime: et quand à ceux-là ils le font pour avoir une couronne corruptible: mais nous, une incorruptible. Je cours donc, non pas sans sçavoir comment: je combats, non point comme battant l'air. Mais je matte et reduis mon corps en servitude, de peur qu'en quelque maniere, apres avoir presché aux autres, je ne sois trouvé moi-mesme non recevable. Or, freres, je ne veux pas que vous ignoriez que nos Peres ont tous esté sous la nuée, et ont tous passé par la mer: Et ont tous esté baptisez en Moyse en la nuée et en la mer: Et ont tous mangé d'une mesme viande spirituelle: Et ont tous beu d'un mesme breuvage spirituel: car ils beuvoient de la pierre spirituelle qui les suivoit, et la pierre estoit Christ. Mais Dieu n'a point pris plaisir en plusieurs d'eux: car ils ont esté accablez au desert. Or ces choses ont esté des exemples pour nous, afin que nous ne soyons point convoiteux des choses mauvaises, comme eux aussi ont convoité. Et que vous ne deveniez point idolatres, comme quelques-uns d'entr'eux: ainfi qu'il est escrit, Le peuple s'est assis pour manger et pour boire, puis ils se sont levez pour joüer. Et que nous ne paillardions point, comme quelques-uns d'entreux ont paillardé, et sont tombez en un jour vingt et trois mille. Et que nous ne tentions point Christ, comme aussi quelques-uns d'entr'eux l'ont tenté, et ont esté destruits par les serpens. Et que vous ne murmuriez point, comme aussi quelques-uns d'entr'eux ont murmuré, et sont peris par le destructeur. Or toutes ces choses leur advenoient en exemple, et sont écrites pour nous admonester, comme ceux ausquels les derniers temps sont parvenus. C'est pourquoi que celui qui estime estre debout, regarde, qu'il ne tombe. Tentation ne vous a point saisis sinon humaine. Or Dieu est fidele, lequel ne permettra point que vous soyez tentez outre ce que vous pouvez: mais il donnera avec la tentation l'issuë, afin que vous la puissiez soustenir. Partant mes bien-aimez, fuyez arriere de l'idolatrie. Je parle comme à ceux qui sont entendus: Jugez vous-mesmes de ce que je dis. La coupe de benediction, laquelle nous benissons, n'est-elle pas la communion du sang de Christ? et le pain que nous rompons, n'est-il pas la communion du corps de Christ? Dautant que nous qui sommes plusieurs, sommes un seul pain et un seul corps. Car nous sommes tous participans d'un mesme pain. Voyez l'Israël qui est selon la chair: ceux qui mangent les sacrifices, ne sont-ils pas participans de l'autel? Que dis-je donc? Que l'idole soit quelque chose? Ou que ce qui est sacrifié à l'idole, soit quelque chose? Non. Mais je dis que les choses que les Gentils sacrifient, ils les sacrifient aux idoles, et non point à Dieu: or je ne veux point que vous soyez participans des diables. Vous ne pouvez boire la coupe du Seigneur, et la coupe des diables: vous ne pouvez estre participans de la table du Seigneur, et de la table des diables. Voulons-nous provoquer le Seigneur à jalousie? Sommes-nous plus forts que lui? Toutes choses me sont licites, mais toutes choses ne sont pas expedientes: toutes choses me sont licites, mais toutes choses n'edifient pas . Que personne ne cherche ce qui lui est propre, mais que chacun cherche ce qui est pour autrui. Mangez de tout ce qui se vend à la boucherie, sans vous en enquerir pour la conscience. Car la terre est au Seigneur, et le contenu en elle. Que si quelqu'un des infideles vous convie, et vous y voulez aller, mangez de tout ce qui est mis devant vous, sans vous en enquerir pour la conscience. Mais si quelqu'un vous dit, Cela est sacrifié aux idoles, n'en mangez point, à cause de celui-là qui vous en a advertis, et à cause de la conscience: car la terre est au Seigneur, et le contenu en elle. Or je dis la conscience, non point la tienne, mais celle de l'autre: car pourquoi ma liberté est-elle jugée par la conscience d'autrui? Et si par grace j'en puis estre participant, pourquoi suis-je blasmé en ce dequoi je rens graces? Soit donc que vous mangiez, soit que vous beuviez, ou que vous fassiez quelque autre chose, faites toutes choses à la gloire de Dieu. Soyez tels que vous ne bailliez aucun achoppement ni aux Juifs, ni aux Grecs, ni à l'Eglise de Dieu. Comme aussi je complais à tous en toutes choses, ne cherchant point ma commodité propre, mais celle de plusieurs, afin qu'ils soient sauvez. Soyez mes imitateurs, comme aussi je le suis de Christ. Or, freres, je vous louë de ce que vous avez souvenance de tout ce qui est de moi, et que vous gardez mes ordonnances comme je vous les ai baillées. Mais je veux que vous sçachiez que le chef de tout homme, c'est Christ: et le chef de la femme, c'est l'homme: et le chef de Christ c'est Dieu. Tout homme priant, ou prophetizant, en ayant quelque chose sur la teste, deshonore son chef: Mais toute femme priant ou prophetizant sans avoir la teste couverte, deshonore son chef: car c'est tout un comme si elle estoit rasée. Partant si la femme n'est point couverte, qu'elle soit mesmes tonduë: or s'il est deshonneste à la femme d'estre tonduë ou d'estre rasée, qu'elle soit couverte. Car quant à l'homme, il ne doit point couvrir sa teste, veu qu'il est l'image et la gloire de Dieu: mais la femme est la gloire de l'homme. Car l'homme n'est point de la femme, mais la femme est de l'homme. Car aussi l'homme n'a pas esté creé pour la femme, mais la femme pour l'homme. C'est pourquoi la femme, à cause des Anges, doit avoir sur sa teste une marque qu'elle est sous puissance. Toutefois ni l'homme n'est point sans la femme, ni la femme sans l'homme en nostre Seigneur. Car comme la femme est de l'homme, semblablement l'homme est par la femme: mais toutes choses sont de Dieu. Jugez-en entre vous-mesmes: est-il convenable que la femme prie Dieu sans estre couverte? La nature mesme ne vous enseigne-t'elle pas que si l'homme nourrit sa chevelure, ce lui est du deshonneur? Mais si la femme nourrit sa chevelure ce lui est de la gloire, parce que sa chevelure lui est baillée pour couverture. Que s'il y a quelqu'un qui pense estre contentieux, nous n'avons pas une telle coustume, ni aussi les Eglises de Dieu. Or en ceci que je vous declare, je ne vous louë point: c'est que vous vous assemblez non point en mieux, mais en pis. Car premierement, quand vous vous assemblez en l'Eglise, j'entens qu'il y a des partialitez entre vous: et j'en crois quelque partie. Car il faut qu'il y ait mesmes des heresies entre vous, afin que ceux qui sont de mise soyent manifestez entre vous. Quand donc vous vous assemblez ensemble, cela n'est point manger la Cene du Seigneur. Car chacun s'avance de prendre son souper participer quand ce vient à manger: et l'un a faim, et l'autre fait bonne chere. N'avez-vous point donc de maisons pour manger et pour boire? Mesprisez-vous l'Eglise de Dieu? et faites-vous honte à ceux qui n'ont pas de quoi? Que vous dirai-je? Vous louërai-je? Je ne vous louë point en ceci. Car j'ai receu du Seigneur ce qu'aussi je vous ai baillé: c'est que le Seigneur Jesus, en la nuit en laquelle il fut trahi, prit du pain: Et ayant rendu graces le rompit, et dit, Prenez, mangez, ceci est mon corps, qui est rompu pour vous: faites ceci en commemoration de moi. Semblablement aussi apres le souper il prit la coupe, disant, Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang: faites ceci toutefois et quantes que vous en boirez en commemoration de moi. Car toutefois et quantes que vous mangerez de ce pain, et que vous boirez de cette coupe, vous annoncerez la mort du Seigneur, jusques à ce qu'il vienne. C'est pourquoi quiconque mangera de ce pain, ou boira de la coupe du Seigneur indignement, sera coulpable du corps et du sang du Seigneur. Que chacun donc s'esprouve soi-mesme, et ainsi qu'il mange de ce pain, et qu'il boive de cette coupe. Car celui qui en mange et qui en boit indignement, mange et boit son jugement, ne discernant point le corps du Seigneur. Pour cette cause plusieurs sont foibles et malades entre vous, et plusieurs dorment. Car certes si nous nous jugions nous-mesmes, nous ne serions point jugez. Mais quand nous sommes jugez, nous sommes enseignez par le Seigneur, afin que nous ne soyons point condamnez avec le monde. Partant mes freres, quand vous vous assemblez pour manger, attendez vous l'un l'autre. Que si quelqu'un a faim, qu'il mange en la maison, afin que vous ne vous assembliez point en jugement. Touchant les autres points, j'en ordonnerai quand je serai venu. Or touchant les dons spirituels, je ne veux point, freres, que vous soyez ignorans. Vous sçavez comme vous estiez Gentils, qui estiez transportez apres les idoles muettes, selon que vous estiez menez. Pour ce je vous fais sçavoir, que nul parlant par l'Esprit de Dieu, ne dire Jesus est malediction: et nul ne peut dire que Jesus est Seigneur, sinon par le Saint Esprit. Or il y a diversité de dons: mais il y a un mesme Esprit. Il y a aussi diversité d'adminisrations: mais il y a un mesme Seigneur. Il y a pareillement diversité d'operations: mais il y a un mesme Dieu, qui opere toutes choses en tous. Mais à chacun est donnée la manifestation de l'Esprit pour ce qui est expedient. Car à l'un est donnée par l'Esprit, la parole de sapience: et à l'autre, selon le mesme Esprit, la parole de connoissance: Et à l'autre, la foi en ce mesme Esprit: et à l'autre, des dons de guerisons en ce mesme Esprit: Et à l'autre, des operations de vertus: et à l'autre, la prophetie: et à l'autre, le don de discerner les esprits: et à l'autre, la diversité de langages: et à l'autre, le don d'interpreter les langages. Mais ce seul et mesme Esprit fait toutes ces choses, distribuant particulierement à chacun selon qu'il veut. Car comme le corps est un, et a plusieurs membres: mais tous les membres de ce corps, qui est un, encore qu'ils soient plusieurs, sont un corps: en telle maniere aussi est Christ. Car nous avons tous esté baptizez en un mesme Esprit pour estre un mesme corps: soit Juifs, soit Grecs, soit serfs, soit francs: et avons tous esté abbruvez d'un mesme Esprit. Car aussi le corps n'est point un seul membre, mais plusieurs. Si le pied dit, Dautant que je ne suis point la main, je ne suis point du corps, n'est-il point du corps pourtant? Et si l'oreille dit, d'autant que je ne suis point l'oeil, je ne suis point du corps, n'est-elle point du corps pourtant? Si tout le corps est l'oeil, où sera l'oüie? Si tout est l'oüie, où sera le flair? Mais maintenant Dieu a posé chaque membre au corps, ainsi qu'il a voulu. Que si tous estoient un seul membre, où seroit le corps? Mais maintenant il y a plusieurs membres: toutefois il n'y a qu'un seul corps. Et l'oeil ne peut dire à la main, Je n'ai que faire de toi: ni aussi la teste aux pieds, Je n'ai que faire de vous. Et qui plus est, les membres du corps qui semblent estre les plus debiles, sont beaucoup plus necessaires. Et ceux que nous estimons estre les moins honorables au corps, sont accoustrez par nous plus soigneusement: et les parties qui sont en nous les moins belles à voir, ont le plus de parement. Et les parties qui sont belles en nous, n'en ont point de besoin: mais Dieu a temperé le corps ensemble, donnant plus d'honneur à celui qui en avoit besoin. Afin qu'il n'y ait point de division au corps: mais que les membres ayent un soin mutuel les uns pour les autres. Et soit que l'un des membres souffre quelque choses, tous les membres souffrent avec lui: ou soit que l'un des membres soit honoré, tous les membres ensemble s'en éjoüissent. Or vous estes le corps de Christ, et ses membres, chacun en son endroit. Et Dieu en a mis les uns en l'Eglise, premierement Apostres, secondement Prophetes, tiercement Docteurs, et puis les vertus: consequemment les de guerisons, les secours, les gouvernemens, les diversitez de langages. Tous sont-ils Apostres? Tous sont-ils Prophetes? Tous sont-ils Docteurs? Tous sont-ils ayans des vertus? Tous ont-ils les dons de guerisons? Tous parlent-ils des langages? Tous interpretent-ils? Mais soyez convoiteux des plus excellens donc: et je m'en vais vous en montrer encore un chemin qui surpasse de beaucoup. Quand je parlerois les langages des hommes, voire des Anges, et que je n'aye point de charité, je suis comme l'airain qui resonne, ou comme la cymbale qui tinte. Et quand bien j'aurois le don de Prophetie, et connoitrois tous les secrets et toute science: et quand j'aurois toute la foi, tellement que je transportasse les montagnes, et que je n'aye point de charité, je ne suis rien. Et quand mesmes je distribuërois tout mon bien à la nourriture des pauvres, et quand mesmes je livrerois mon corps pour estre bruslé, et que je n'aye point de charité, cela ne me prosite en rien. La charité est d'un esprit patient, elle se montre benigne: la charité n'est point envieuse: la charité n'use point d'insolence: elle ne s'enfle point: elle ne se porte point deshonnestement: elle ne cherche point son propre profit: elle n'est point dépiteuse: elle ne pense point à mal. Elle ne s'éjoüit point de l'injustice: mais elle s'éjoüit de la verité. Elle couvre tout, elle croit tout, elle espere tout, elle suporte tout. La charité ne dechet jamais, au lieu que quant aux propheties, elles seront abolies: et quant aux langages, ils cesseront: et quant à la connoissance, elle sera abolie. Car nous connoissons en partie, et prophetizons en partie. Mais quand la perfection sera venuë, alors ce qui est en partie sera aboli. Quand j'estois enfant, je parlois comme enfant, je jugeois comme enfant, je pensois comme enfant: mais quand je suis devenu homme j'ai aboli ce qui estoit de l'enfance. Car nous voyons maintenant par un miroir obscurement, mais alors nous verrons face à face: maintenant je connois en partie, mais alors je connoitrai selon que j'ai esté aussi connu. Or maintenant ces trois choses demeurent, la Foi, l'Esperance, et la Charité; mais la plus grande d'elles, est la Charité. Pourchassez la charité: soyez convoiteux des dons spirituels: mais beaucoup plus de prophetiser. Car celui qui parle en langage inconnu, ne parle point aux hommes, mais à Dieu: car nul ne l'entend, et il prononce des mysteres en esprit. Mais celui qui prophetise, propose aux hommes edification, et exhortation, et consolation. Celui qui parle un langage inconnu, s'edifie soi-mesme: mais celui qui prophetise, edifie l'Eglise. Je desire bien que vous parliez tous des langages: mais beaucoup plus, que vous prophetisiez: car celui qui prophetise est plus grand que celui qui parle des langages: si ce n'est qu'il interprete, afin que l'Eglise en reçoive de l'edification. Maintenant donc, freres, si je viens à vous, parlant des langages inconnus, que vous profiterai-je, si je ne vous parle par revelation, ou par science, ou par prophetie, ou par doctrine? Et de fait, les choses qui sont sans ame, qui donnent leur son, soit un haut-bois, soit une harpe, si elles ne donnent quelque distinction en leurs tons, comment connoitra-t'on ce qui est sonné sur le haut-bois ou sur la harpe? Car si la trompette donne un son qu'on n'entende point, qui est-ce qui se preparera à la bataille? Pareillement aussi vous, si vous ne prononcez par vostre langage une parole qui puisse estre entenduë, comment entendra-t'on ce qui se dit? car vous serez parlans en l'air. Il y a (selon qu'il eschet) tant de divers sons au monde, et nul d'eux n'est muet. Si donc je ne sçais ce que l'on veut signifier par la parole, je serai barbare à celui qui parle: et celui qui parle me sera barbare. Ainsi donc, puis que vous estes convoiteux des dons spirituels, cherchez d'y abonder pour l'edification de l'Eglise. C'est pourquoi il faut que celui qui parle un langage inconnu prie de pouvoir interpreter. Car si je prie en un langage inconnu, mon esprit prie, mais mon intelligence est sans fruict. Quoi donc? Je prierai d'esprit, mais je prierai aussi d'intelligence: je chanterai aussi d'intelligence. Autrement si tu benis d'esprit celui qui est du simple populaire, comment dira-t'il Amen à ton action de graces? Car il ne sçait ce que tu dis. Il est vrai que tu rens bien graces: mais un autre n'en est point edifié. Je rens graces à mon Dieu que je parle plus de langages que vous tous. Mais j'aime mieux prononcer en l'Eglise cinq paroles en mon intelligence, afin que j'instruise aussi les autres, que dix mille paroles en un langage inconnu. Freres, ne soyez point enfans de sens, mais soyez petits enfans en malice: mais quant au sens, soyez hommes faits. Il est escrit en la Loi, Partant je parlerai à ce peuple-ci par des gens d'autre langage, et par des levres estranges: et encore ainsi ils ne m'entendront point, dit le Seigneur. C'est pourquoi les langages sont pour signe, non point aux croyans, mais aux infideles: au contraire, la prophetie non point aux infideles, mais aux croyans. Si donc toute l'Eglise s'assemble en un, et que tous parlent des langages estranges, et que le commun peuple, ou les infideles y entrent ne diront-ils point que vous estes hors du sens? Mais si tous prophetisent, et qu'il y entre quelque infidele, ou quelqu'un du commun, il est redargué de tous, et est jugé de tous. Et ainsi les secrets de son coeur sont manifestez: dont il se jettera sur sa face, et adorera Dieu, et declarera pleinement que vrayement Dieu est entre vous. Que sera-ce donc, freres? C'est que toutes les fois que vous vous assemblerez, selon que chacun de vous aura pseaume, ou doctrine, ou langage, ou revelation, ou interpretation, le tout se fasse à edification. Soit que quelqu'un parle un langage inconnu, que cela se fasse par deux, ou au plus par trois, et cela par tout, mais qu'il y en ait un qui interprete. Que s'il n'y a point d'interprete, qu'il se taise en l'Eglise, et qu'il parle à soi-mesme et à Dieu. Et que deux ou trois Prophetes parlent, et que les autres en jugent. Et si quelque chose est revelée à un autre qui est assis, que le premier se taise. Car vous pouvez tous prophetiser l'un apres l'autre, afin que tous apprennent, et que tous soyent consolez. Et les esprits des Prophetes sont sujets aux Prophetes. Car Dieu n'est point Dieu de confusion, mais de paix, comme on voit en toutes les Eglises des Saints. Que les femmes qui sont entre vous se taisent dans les Eglises: car il ne leur est point permis de parler, mais elles doivent estre sujettes, comme aussi dit la Loi. Que si elles veulent apprendre quelque chose, qu'elles interrogent leurs propres maris en la maison: car il est deshonneste que les femmes parlent en l'Eglise. La parole de Dieu est-elle procedée de vous? est-elle parvenuë seulement à vous? Si quelqu'un pense estre Prophete, ou spirituel, qu'il reconnoisse que les choses que je vous escris sont des commandemens du Seigneur. Que si quelqu'un est ignorant, qu'il soit ignorant. Partant, freres, soyez convoiteux de prophetiser, et n'empeschez point de parler des langages. Que toutes choses se fassent honnestement et par ordre. Or je vous declare, freres, l'Evangile que je vous ai annoncé, et que vous avez receu, et auquel vous vous tenez fermes. Et par lequel vous estes aussi sauvez, si vous retenez en quelle maniere je vous l'ai annoncé: si ce n'est que vous ayez creu en vain. Car avant toutes choses, je vous ai baillé ce que j'avois aussi receu, assavoir, que Christ est mort pour nos pechez, selon les Escritures: Et qu'il a esté enseveli, et qu'il est ressuscité le troisiéme jour, selon les Escritures. Et qu'il a esté veu de Cephas, et puis des douze. Depuis il a esté veu de plus de cinq cens freres à une fois, desquels plusieurs sont vivans jusques à present: et quelques-uns dorment. Depuis il a esté veu de Jaques, et puis de tous les Apostres. Et apres tous, il a esté aussi veu de moi, comme d'un avorton. Car je suis le moindre des Apostres, qui ne suis pas digne d'estre appelé Apostre, dautant que j'ai persecuté l'Eglise de Dieu. Mais par la grace de Dieu je suis ce que je suis: et la grace qui est envers moi, n'a point esté vaine: mais j'ai travaillé beaucoup plus qu'eux tous: toutefois non point moi, mais la grace de Dieu, qui est avec moi. Soit donc moi, soit eux, nous preschons ainsi, et vous l'avez ainsi creu. Or si on presche que Christ est ressuscité des morts, comment disent quelques-uns d'entre vous, qu'il n'y a point de resurrection des morts? Car s'il n'y a point de resurrection des morts, Christ aussi n'est point ressuscité. Et si Christ n'est point ressuscité, nostre predication donc est vaine, et vostre foi aussi est vaine. Et mesmes nous sommes trouvez faux tesmoins de Dieu: car nous avons porté témoignage de par Dieu qu'il a ressuscité Christ, lequel il n'a point ressuscité, voire si les morts ne ressuscitent point. Car si les morts ne ressuscitent point Christ aussi n'est point ressuscité. Et si Christ n'est point ressuscité, vostre foi est vaine, vous estes encore en vos pechez. Ceux donc aussi qui dorment en Christ sont peris. Si nous avons esperance en Christ, en cette vie seulement, nous sommes les plus miserables de tous les hommes. Or maintenant Christ est ressuscité des morts, et a esté fait les premices des dormans. Car depuis que la mort est par un homme, aussi la resurrection des morts est par un homme. Car comme en Adam tous meurent, pareillement aussi en Christ tous sont vivifiez. Mais chacun en son rang: les premices, c'est Christ: puis apres, ceux qui sont de Christ seront vivifiez en son advenement. Et puis la fin, quand il aura remis le royaume de à Dieu le Pere: quand il aura aboli tout empire, et toute puissance et force. Car il faut qu'il regne, jusques à ce que qu'il ait mis tous ses ennemis sous ses pieds. L'ennemi qui sera détruit le dernier, c'est la mort. Car il a assujetti toutes choses sous les pieds d'icelui: (or quand il dit que toutes choses lui sont assujetties, il appert que celui qui lui assujetti toutes choses, est excepté.) Et quand toutes choses lui auront esté assujetties, alors aussi le Fils mesme sera assujetti à celui qui lui a assujetti toutes choses: afin que Dieu soit tout en tous. Autrement que seront ceux qui sont baptisez pour morts, si absolument les morts ne ressuscitent point? Pourquoi aussi sont-ils baptizez pour morts? Pourquoi aussi sommes-nous en danger à toute heure? Par nostre gloire que j'ai en nostre Seigneur Jesus Christ, je meurs de jour en jour. Si j'ai combattu contre les bestes à Ephese, selon l'homme, que me profite-t'il, si les morts ne ressuscitent point ? Mangeons et beuvons: car demain nous mourrons. Ne soyez point seduits. Les mauvaises compagnies corrompent les bonnes moeurs. Esveillez-vous justement, et ne pechez point: car quelques-uns sont sans connoissance de Dieu: je vous le dis à vostre honte. Mais quelqu'un dira, Comment ressuscitent les morts? et en quel corps viendront-ils? O fol ! Ce que tu semes n'est point vivifié, s'il ne meurt. Et quand à ce que tu semes, tu ne semes point le corps qui naistra, mais le grain nud, selon qu'il eschet, de blé, ou de quelque autre grain. Mais Dieu lui donne le corps ainsi qu'il veut, et à chacune des semences son propre corps. Toute chair n'est point une mesme sorte de chair: mais autre est la chair des hommes, et autre la chair des bestes, et autre des poissons, et autre des oiseaux: il y a aussi des corps celestes, et des corps terrestres: mais autre est la gloire des celestes, et autre celle des terrestres. Autre est la gloire du Soleil, et autre la gloire de la Lune, et autre la gloire des étoiles: car une étoile est differente de l'autre étoile en gloire. Ainsi aussi sera la resurrection des morts: le corps est semé en corruption, il ressuscitera en incorruption. Il est semé en deshonneur, il ressuscitera en gloire: il est semé en foiblesse, il ressuscitera en force. Il est semé corps sensuel: il ressuscitera corps spirituel, il y a un corps sensuel, et il y a un corps spirituel. Comme aussi il est escrit, Le premier homme Adam a esté fait ame vivante: et le dernier Adam en esprit vivifiant. Or ce qui est spirituel n'est point le premier, mais ce qui est sensuel: puis apres ce qui est spirituel. Le premier homme estant de terre, est de poudre: et le second homme, assavoir le Seigneur, est du ciel. Tel qu'est celui qui est de poudre, tels aussi sont ceux qui sont de poudre, et tel qu'est le celeste, tels aussi sont les celestes. Et comme nous avons porté l'image de celui qui est de poudre, aussi porterons-nous l'image du celeste. Voila donc ce que je dis, freres, que la chair et le sang ne peuvent heriter le royaume de Dieu: ni la corruption n'herite point l'incorruption. Voici, je vous dis un mystere; Il est vrai que nous ne dormirons point tous, mais nous serons tous transmuez: En un moment, et en un clin d'oeil, à la derniere trompette, (car elle sonnera) et les morts ressusciteront incorruptibles, et nous serons transmuez. Car il faut que ce corruptible-ici reveste l'incorruption: et que ce mortel-ici reveste l'immortalité. Or quand ce corruptible-ici aura revestu l'incorruption, et que ce mortel-ici aura revestu l'immortalité, alors sera accomplie la parole qui est écrite, La mort est engloutie en victoire. Où est, ô mort, ton aiguillon? Où est, ô sepulcre, ta victoire? Or l'aiguillon de la mort, c'est le peché: et la puissance du peché, c'est la Loi. Mais graces à Dieu, qui nous a donné la victoire par nostre Seigneur Jesus Christ. C'est pourquoi, mes freres bien-aimez, soyez fermes, immuables, abondans toûjours en l'oeuvre du Seigneur: sçachans que vostre labeur n'est point vain au Seigneur. Touchant la collecte qui se fait pour les Saints, faites-en comme j'en ai ordonné aux Eglises de Galatie. C'est que chaque premier jour de la semaine, chacun de vous mette à part par devers soi, assemblant ce qu'il pourra selon ce qu'il aura prosperé: afin que lors que je viendrai, les collectes ne soyent point à faire. Puis quand je serai arrivé, j'envoyerai ceux que vous approuverez par lettres, pour porter vostre liberalité à Jerusalem. Et s'il est à propos que j'y aille, ils viendront aussi avec moi. Je viendrai donc vers vous, ayant passé par la Macedone: (car je passerai par la Macedone.) Et peut-estre que je sejournerai avec vous, ou mesmes que j'y passerai l'hyver: afin que vous me conduisiez partout là où j'irai. Car je ne vous veux point maintenant voir en passant: mais j'espere que je demeurerai avec vous quelque temps, si le Seigneur le permet. Toutefois je demeurerai à Ephese jusques à la Pentecoste. Car une grande porte et d'efficace m'est ouverte; mais il y a plusieurs adversaires. Que si Timothée vient, prenez garde qu'il soit avec vous seurement: car il s'employe à l'oeuvre du Seigneur comme moi-mesme. Que nul donc ne le méprise: mais conduisez-le en paix, afin qu'il vienne à moi; car je l'attends avec les freres. Touchant Apollos nostre frere, je l'ai beaucoup prié qu'il allast vers vous avec les freres: mais il n'a nullement eu la volonté d'y aller maintenant: toutefois il ira quand il aura la commodité. Veillez, soyez fermes en la foi, portez-vous vaillamment, fortifiez-vous. Que toutes vos affaires se fassent en charité. Or je vous prie, freres, vous connoissez la famille de Stephanas, comme elle est les premices d'Achaïe, et qu'ils se sont du tout adonnez au service des Saints. Donnez ordre que vous soyez aussi assujettis à de telles gens, et à chacun qui s'employe en l'oeuvre, et qui travaille avec nous. Or je m'éjoüis de la venuë de Stephanas, de Fortunat, et d'Achaïque: parce qu'ils ont suppleé à vostre deffaut. Car ils ont recreé mon esprit et le vostre: reconnoissés donc ceux qui sont tels. Les Eglises d'Asie vous saluënt. Aquile et Priscille (avec l'Eglise qui est en leur maison) vous saluënt affectueusement au Seigneur. Tous les freres vous saluënt. Saluëz vous l'un l'autre d'un saint baiser. La salutation de la propre main de moi Paul. S'il y a quelqu'un qui n'aime point le Seigneur Jesus Christ, qu'il soit anatheme Maranatha. La grace de nostre Seigneur Jesus Christ soit avec vous. Ma dilection soit avec vous tous en Jesus Christ, Amen.
Paul Apostre de Jesus Christ par la volonté de Dieu, et le frere Timothée, à l'Eglise de Dieu qui est à Corinthe, avec tous les Saints qui sont en toute l'Achaïe: Grace vous soit et paix de par Dieu nostre Pere, et de par le Seigneur Jesus Christ. Benit soit Dieu qui est le Pere de nostre Seigneur Jesus Christ, le Pere des misericordes, et le Dieu de toute consolation: Qui nous console en toute nostre affliction, afin que par la consolation de laquelle nous-mesmes sommes consolez de Dieu, nous puissions consoler ceux qui sont en quelque affliction que ce soit. Car comme les souffrances de Christ abondant en nous, pareillement aussi nostre consolation abonde par Christ. Et soit que nous soyons affligez, c'est pour vostre consolation et salut, qui se produit en endurant les mesmes souffrances que nous souffrons aussi: soit que nous soyons consolez, c'est pour vostre consolation et salut. Et l'esperance que nous avons de vous est ferme, sçachans que comme vous estes participans des souffrances, pareillement aussi le serez-vous de la consolation. Car freres, nous ne voulons point que vous ignoriés quant à nostre affliction qui nous est advenuë en Asie, que nous avons esté excessivement surchargés par dessus nostre force: tellement que nous en avons esté en extréme perplexité, mesme de la vie. Mesme nous avions dejà en nous-mesmes la sentence de mort: confiance en nous-mesmes, mais en Dieu qui ressuscite les morts: Lequel nous a délivrez d'une si grande mort, et nous delivre: auquel nous esperons qu'encore ci-apres il nous delivrera: Moyennant aussi vostre aide par la priere que vous ferez pour nous, afin que par plusieurs, graces soyent renduës pour nous, pour le don qui nous aura fait, pour l'esgard de plusieurs personnes. Car c'est là nostre gloire, assavoir le tesmoignage de nostre conscience, qu'en simplicité et sincerité de Dieu, et non point en sapience charnelle, mais selon la grace de Dieu, nous avons conversé au monde, et singulierement envers vous. Car nous ne vous escrivons point d'autres choses que celles que vous sçavez, ou mesmes connoissez: et j'espere que vous les reconnoistrez jusques au bout. Comme aussi vous nous avez reconnus en partie, que nous sommes vostre gloire, comme vous estes aussi la nostre pour le jour du Seigneur Jesus. Et en cette confiance je voulois premierement venir vers vous, afin que vous eussiez une seconde grace: Et puis passer par devers vous en Macedone: puis derechef de Macedone venir vers vous, et estre conduit par vous en Judée. Quand donc je proposois cela, ai-je usé de legereté? Selon la chair, tellement qu'en mon endroit il y ait, Oui, oui: et puis, Non, non? Or Dieu est fidele, que nostre parole de laquelle j'ai usé envers vous, n'a point esté, Oui, et Non. Car Jesus Christ le Fils de Dieu, qui par nous a esté presché entre vous, assavoir par moi, et par Silvain, et par Timothée, n'a point esté, Oui, et Non: mais a esté, Oui en lui. Car autant qu'il y a de promesses de Dieu, elles sont, Oui en lui, et Amen en lui, à la gloire de Dieu par nous. Or celui qui nous confirme avec vous en Christ, et qui nous a oinct, c'est Dieu; Lequel aussi nous a seelez, et nous a donné les arrhes de l'Esprit en nos coeurs. Or j'appelle Dieu à tesmoin sur mon ame, que ç'a esté pour vous espargner que je ne suis point encore venu à Corinthe. Non point que nous ayons domination sur vostre foi, mais nous aidons à vostre joye: car c'est par la foi que vous estes debout. Mais j'avois deliberé cela en moi-mesme, de ne venir point vers vous derechef avec tristesse. Car si je vous contriste, qui sera-ce puis apres qui me réjouïra, sinon celui qui auroit esté contristé par moi? Et vous ai escrit ceci mesme, afin que quand je viendrai, je n'aye point de tristesse par ceux desquels je devois recevoir de la joye: me confiant de vous tous que ma joye est celle de vous tous. Car je vous ai écrit en grande affliction et angoisse de coeur, avec beaucoup de larmes: non point afin que vous sceussiez la charité que j'ai tres-abondamment envers vous. Que si quelqu'un a esté cause de tristesse, ce n'est point moi qu'il a contristé, mais aucunement (afin que je ne le surcharge) vous tous. Il suffit à celui qui est tel, de cette censure qui a esté faite par plusieurs. Tellement qu'au contraire vous devez plustost lui pardonner et le consoler, afin que celui qui est tel, ne soit point englouti de la trop grande tristesse. C'est pourquoi je vous prie, de ratifier envers lui vostre charité. Car je vous ai aussi escrit pour cela, afin de connoistre l'experience de vous, assavoir si vous estes obeïssans en toues choses. Or à celui à qui vous pardonnez quelque chose, je pardonne aussi: car de ma part aussi si j'ai pardonné quelque chose à celui à qui j'ai pardonné, je l'ai fait à cause de vous, devant la face de Christ: Afin que nous ne soyons point circonvenus par Satan: car nous n'ignorons pas ses machinations. Au surplus estant venu à Troas pour l'Evangile de Christ, encore que la porte me fust ouverte par le Seigneur, Je n'ai point eu de repos en mon esprit, d'autant que je n'ai point trouvé Tite mon frere: mais ayant pris congé d'eux, je m'en suis venu en Macedone. Or graces à Dieu qui nous fait toûjours triompher en Christ: et qui manifeste par nous l'odeur de sa connoissance en tous lieux. Car nous sommes la bonne odeur de Christ à Dieu, en ceux qui sont sauvez, et en ceux qui perissent. A ceux-ci, odeur de mort à mort: et à ceux-là odeur de vie à vie. Et qui est suffisant pour ces choses? Car nous ne falsifions point la Parole de Dieu, comme plusieurs, mais nous parlons touchant Christ comme en sincerité, et comme de par Dieu, devant Dieu. Commençons-nous derechef à nous recommander nous-mesmes? Ou bien avons-nous besoin, comme quelques-uns, d'epistres recommandatoires de par vous? Vous estes nostre epistre, écrite en nos coeurs, laquelle est connuë et leuë de tous les hommes: Entant qu'il apparoit en vous que vous estes l'epistre de Christ, administrée par nous, et écrite non point d'encre, mais de l'Esprit du Dieu vivant: non point en des plaques de pierres, mais és plaques charnelles du coeur. Or nous avons une telle confiance en Dieu par Christ. Non point que nous soyons suffisans de penser quelque chose de nous, comme de nous-mesmes: mais nostre suffisance est de Dieu: Lequel aussi nous a rendus suffisans pour estre ministres du nouveau Testament: non pas de lettre, mais d'Esprit: car la lettre tuë, mais l'Esprit vivifie. Que si le ministere de mort escrit en lettres et gravé en pierres, a esté glorieux, tellement que les enfans d'Israël ne pouvoyent regarder en la face de Moyse pour la gloire de sa face; (laquelle gloire devoit prendre fin:) Comment est-ce que le ministere de l'esprit ne sera plus glorieux ? Car si le ministere de condamnation a esté glorieux, le ministere de justice le surpasse de beaucoup en gloire. Car mesmes ce qui a esté glorifié, n'a point esté glorifié en cet égard, à cause de la sureminente gloire. Car si ce qui devoir prendre fin a esté glorieux, ce qui est permanent, est beaucoup plus glorieux. Ayans donc une telle esperance, nous usons de grande hardiesse de parler. Et nous ne sommes point comme Moyse, qui mettoit un voile sur sa face, afin que les enfans d'Israël ne regardassent point à la fin de ce qui devoit étre aboli. Mais leurs entendemens sont endurcis: car jusques à ce jourd'hui ce mesme voile demeure en la lecture de l'ancien Testament, sans estre osté: (lequel est aboli par Christ:) Jusques à ce jourd'hui donc, quand on lit Moyse, le voile demeure sur leur coeur. Mais quand il se sera converti au Seigneur, le voile sera osté. Or le Seigneur est cet Esprit-là: et là où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté. Ainsi nous tous qui contemplons comme en un miroir la gloire du Seigneur à face découverte, sommes transformez en la mesme image de gloire en gloire, comme par l'Esprit du Seigneur. Pour cette cause ayans ce ministere, selon la misericorde que nous avons receuë, nous ne nous relaschons point. Mais nous avons entierement rejetté les cachettes de honte: ne cheminans point avec ruse, et ne falsifians point la Parole de Dieu, mais nous approuvans à toute conscience des hommes devant Dieu, par la manifestation de la verité. Que si nostre Evangile est encore couvert, il est couvert à ceux qui perissent: Esquels le Dieu de ce siecle a aveuglé les entendemens, assavoir des incredules, afin que la lumiere de l'Evangile de la gloire de Christ (qui est l'image de Dieu) ne leur resplendist point. Car nous ne nous preschons point nous-mesmes, mais Jesus Christ le Seigneur: et que nous sommes vos serviteurs pour l'amour de Jesus. Car Dieu qui a dit que la lumiere resplendist des tenebres, est celui qui a relui en nos coeurs, pour donner illumination de la connoissance de la gloire de Dieu en la face de Jesus Christ. Mais nous avons ce tresor en des vaisseaux de terre, afin que l'excellence de cette force soit de Dieu, et non point de nous: Estans oppressez en toutes sortes:mais non point reduits du tout à l'étroit: estans en perplexité, mais non point destituez: Estant persecutez, mais non point abandonnez: estans abbatus, mais non point perdus: Portant toûjours partout en nostre corps la mortification du Seigneur Jesus, afin aussi que la vie de Jesus soit manifestée en nostre corps. Car nous qui vivons, sommes toûjours livrez à la mort pour l'amour de Jesus, afin aussi que la vie de Jesus soit manifestée en nostre chair mortelle. La mort donc se desploye en nous, mais la vie en nous. Or ayans un mesme esprit de foi, selon qu'il est escrit, j'ai creu, pource ai-je parlé: aussi croyons-nous, et pourtant parlons-nous. Sçachans que celui qui a ressuscité le Seigneur Jesus, nous ressuscitera par Jesus, et nous fera comparoistre en sa presence avec vous. Car toutes ces choses sont pour vous, afin que cette tres-grande grace redonde à la gloire de Dieu, par le remerciement de plusieurs. C'est pourquoi nous ne nous relaschons point: mais bien que nostre homme exterieur se déchée, toutefois l'interieur est renouvellé de jour en jour. Car nostre legere affliction, qui ne fait que passer, produit en nous un poids eternel d'une gloire souverainement excellente: Quand nous ne regardons point aux choses visibles, mais aux invisibles: car les choses visibles sont pour un temps: mais les invisibles sont eternelles. Car nous sçavons que si nostre habitation terrestre de cette loge est destruite, nous avons un edifice de par Dieu, assavoir une maison eternelle és cieux, qui n'est point faite de main. Car aussi pour cela gemissons-nous, dsirans tant et plus d'estre revestus de nostre domicile qui est du ciel: Voire mesmes si nous sommes trouvez vestus, et non point nuds. Car nous qui sommes en cette loge, gemissons estans chargez: entant que nous desirons, non point d'estre dépoüillez, mais d'estre revestus: afin que ce qui est mortel, soit englouti par la vie. Or celui qui nous a formez à cela mesme, c'est Dieu: lequel aussi nous a donné les arrhes de l'Esprit. Nous avons donc toûjours confiance, et sçavons que logeans au corps, nous sommes estrangers du Seigneur. Car c'est par foi que nous cheminons, et non point par veuë. Mais nous avons confiance, et aimons mieux estre estrangers de ce corps, et estre avec le Seigneur. C'est pourquoi aussi nous nous estudions de lui estre agreables, et presens et absens. Car il nous faut tous comparoistre devant le siege judicial de Christ, afin que chacun emporte en son corps selon qu'il aura fait, ou bien, ou mal. Sçachans donc ce que c'est de la frayeur du Seigneur, nous induisons les hommes à la foi, et sommes manifestez à Dieu: et je m'attends aussi que nous sommes manifestez en vos consciences. Car nous ne nous recommandons point derechef envers vous, mais c'est que nous nous donnons occasion de vous glorifier de nous: afin que vous ayez dequoi respondre à ceux qui se glorifient de l'apparence, et non point du coeur. Car soit que nous soyons transportez d'entendement, nous le sommes à Dieu: soit que nous soyons de sens rassis, nous le sommes à vous. Car la charité de Christ nous estreint tenans cela pour certain, que si un est mort pour tous, tous aussi sont morts. Et qu'il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent, ne vivent point d'oresnavant à eux-mesmes, mais à celui qui est mort et qui est ressuscité pour eux. C'est pourquoi dés maintenant nous ne connoissons personne selon la chair; mesmes encore que nous ayons connu Christ selon la chair, toutefois maintenant nous ne le connoissons plus. Si donc quelqu'un est en Christ, qu'il soit nouvelle creature: les choses vieilles sont passées, voici, toutes choses sont faites nouvelles. Or le tout est de Dieu, qui nous a reconciliez à soi par Jesus Christ, et nous a donné le ministere de reconciliation. Car Dieu estoit en Christ, reconciliant le monde à soi, en ne leur imputant point leurs forfaits: et a mis en nous la Parole de reconciliation. Nous sommes donc ambassadeurs pour Christ, comme si Dieu exhortoit par nous: nous supplions pour Christ, que vous soyez reconciliez à Dieu. Car il a fait celui qui n'a point connu de peché, estre peché pour nous, afin que nous fussions justice de Dieu en lui. Ainsi donc estans ouvriers avec lui, nous vous prions aussi que vous n'ayez point receu la grace de Dieu en vain. Car il dit, Je t'ai exaucé en un temps agreable, et t'ai secouru au jour de salut: Voici maintenant le temps agreable, voici maintenant le jour de salut. En sorte que nous ne donnions aucun scandale, afin que nostre ministere ne soit point deshonoré. Mais nous rendans recommandables en toutes choses, comme estans ministres de Dieu en grande patience, en afflictions, en necessité, en angoisses, En battures, en prisons, en troubles, en travaux, en veilles, en jeusnes, Par pureté, par connoissance, par un esprit patient, par benignité, par le Saint Esprit, par une charité non feinte, Par la Parole de verité, par la puissance de Dieu, par les armes de justice à droit et à gauche: Parmi l'honneur et l'ignominie, parmi le diffame et la bonne renommée: Comme seducteurs, et toutefois veritables: comme inconnus, et toutefois reconnus: comme mourans, et voici nous vivons: comme chastiez, et toutefois non mis à mort. Comme contristez, et toutefois toûjours joyeux: comme pauvres, et toutefois enrichissans plusieurs: comme n'ayans rien, et toutefois possedans toutes choses. O Corinthiens ! Nostre bouche est ouverte envers vous, nostre coeur s'est élargi. Vous n'estes point à l'estroit dans nous: mais vous estes à l'estroit en vos entrailles. Or pour nous recompenser de mesmes (je parle comme à mes enfans) elargissez-vous aussi. Ne vous accouplez point avec les infideles: car quelle participation y a-t'il de la justice avec l'iniquité: et quelle communication y a-t'il de la lumiere avec les tenebres? Et quel accord y a-t'il de Christ avec Belial? Ou quelle portion a le fidele avec l'infidele? Et quelle convenance y a-t'il du temple de Dieu avec les idoles? Car vous estes le temple du Dieu vivant, ainsi que Dieu a dit, J'habiterai: et serai leur Dieu, et il seront mon peuple. C'est pourquoi departez-vous du milieu d'eux, et vous en separez, dit le Seigneur: et ne touchez à chose quelconque soüillée, et je vous recevrai. Et vous serai pour pere, et vous me serez pour fils et pour filles, dit le Seigneur Tout-puissant. Or donc, bien-aimez, puis que nous avons de telles promesses, nettoyons-nous de toute soüilleure de chair et d'esprit, achevans la sanctification en la crainte de Dieu. Recevez-nous: nous n'avons fait tort à personne, nous n'avons corrompu personne, nous n'avons pillé personne. Je ne dis point ceci à vostre condamnation: car j'ai dit ci-devant que vous estes en nos coeurs à mourir et à vivre ensemble. J'ai une grande liberté en vostre endroit, j'ai grandement dequoi me glorifier de vous: je suis rempli de consolation, je suis plein de joye tant et plus en toute nostre affliction. Car nous estans venus en Macedone, nostre chair n'a eu aucune relasche; au contraire nous avons en toutes façons esté affligez: combats au dehors, craintes au dedans. Mais Dieu qui console les abbatus, nous a consolez par la venuë de Tite. Et non seulement par sa venuë, mais aussi par la consolation de laquelle il a esté consolé en vous: nous racontant vostre grand desir, vostre pleur, vostre affection ardente envers moi: en sorte que je m'en suis tant et plus éjoüi. Car encore que je vous aye contristez par mon epistre, je ne m'en repens point: encore que je m'en fusse repenti: car je voi que cette epistre-là, quoi que pour un temps, vous a contristez. J'en suis maintenant joyeux, non point parce que vous avez esté contristez, mais parce que vous avez esté contristez à repentance: car vous avez esté contristez selon Dieu, tellement que vous n'avez esté endommagez en rien de par nous. Car la tristesse qui est selon Dieu, produit une repentance à salut, dont on ne se repent jamais: mais la tristesse de ce monde produit la mort. Car voici, ceci mesme que vous avez esté contristez selon Dieu, quel soin a-t'il produit en vous? Voire quelle satisfaction? Voire marrissement, voire crainte, voire grand desir, voire zele, voire vengeance? Vous vous estes par tout montrez estre purs en cette affaire. Encore donc que je vous aye escrit, ce n'a point esté à cause de celui qui a commis la faute, ni à cause de celui envers qui elle a esté commise; mais pour manifester entre vous le soin que j'ai de vous devant Dieu. Pour cette cause nous avons esté consolez de vostre consolation: mais encore nous sommes-nous de plus fort éjoüis pour la joye de Tite, de ce que son esprit a esté recreé par vous tous. Et de ce que si je me suis glorifié de vous envers lui en aucune chose, je n'en ai point receu de confusion: mais comme nous avons dit toutes choses en verité, pareillement ce dequoi je m'estois glorifié envers Tite, a esté trouvé verité. C'est pourquoi quand il lui souvient de l'obeïssance de vous tous, et comment vous l'avez receu avec crainte et tremblement, son affection est d'autant plus grande envers vous. Je m'éjouïs donc qu'en toutes choses je me puis asseurer de vous. Or, freres, nous vous faisons sçavoir la grace de Dieu qui a esté donnée aux Eglises de Macedone. C'est qu'en une grande espreuve d'affliction, l'abondance de leur joye, et leur profonde pauvreté, a redondé en richesses de leur prompte liberalité. Car je suis tesmoin qu'ils ont esté volontaires selon leur pouvoir, voire outre leur pouvoir: Nous requerans avec de grandes prieres, que nous receussions la grace et societé de cette subvention qui se fait envers les Saints. Et ils n'ont point fait comme nous nous attendions, mais ils se sont donnez premierement eux-mesmes au Seigneur, et puis à nous par la volonté de Dieu: Afin que nous exhortassions Tite, qu'ainsi qu'il avoit auparavant commencé, pareillement aussi il achevast cette grace par devers vous. C'est pourquoi, comme vous abondez en toutes choses, en foi, et en parole, et en connoissance, et en toute diligence, et en vostre charité envers nous, faites que vous abondiez aussi en cette grace. Je ne le dis point par commandement, mais pour esprouver aussi par la diligence des autres, le naïf de vostre charité. Car vous connoissez la grace de nostre Seigneur Jesus Christ, assavoir qu'il s'est rendu pauvre pour vous, bien qu'il fust riche: afin que par sa pauvreté vous fussiez rendus riches. En ceci dont je donne advis: car cela vous est convenable, voire à vous qui avez commencé dés l'année passée, non pas le fait seulement, mais aussi la franche volonté. Maintenant donc achevez aussi le fait: afin qu'ainsi que la promptitude du vouloir y a esté, tel soit aussi le parfaire selon ce que vous avez. Car si la promptitude de courage va devant, on est agreable selon ce qu'on a, et non pas selon ce qu'on n'a point. Car ce n'est point afin que les autres soient soulagez, et que vous soyez soulez: mais afin que ce soit par égalité. Maintenant vostre abondance supplée à leur indigence, afin aussi que leur abondance soit pour vostre indigence, à ce qu'il y ait de l'égalité. Ainsi qu'il est escrit, Celui qui avoit beaucoup, n'a rien eu de surabondant: et celui qui avoit peu, n'a point eu moins. Or graces à Dieu qui a donné le mesme soin pour vous au coeur de Tite: Assavoir qu'il a eu mon exhortation pour agreable, et mesmes qu'estant fort affectionné, il s'en est allé vers vous volontairement. Or nous avons aussi envoyé avec lui le frere, duquel la loüange est en l'affaire de l'Evangile par toutes les Eglises: Et non seulement cela, mais aussi il a esté ordonné par les Eglises compagnon de nostre voyage pour cette grace qui est administrée par nous à la gloire du Seigneur mesme, et pour servir à la promptitude de vostre courage. Nous donnans garde que personne ne vous reprenne en cette abondance qui est administrée par nous: Et procurans ce qui est bon, non seulement devant le Seigneur, mais aussi devant les hommes. Nous avons aussi envoyé avec eux nostre frere, lequel nous avons esprouvé souventefois en plusieurs choses, estre diligent, et maintenant beaucoup plus diligent, pour la grande asseurance que j'ai de vous. Ainsi donc quant à Tite, il est est mon associé et compagnon d'oeuvre envers vous: et quant à nos freres, ils sont ambassadeurs des Eglises, et la gloire de Christ. Montrez donc envers eux, et devant les Eglises, l'approbation de vostre charité, et de ce que nous nous glorifions de vous. Car de vous écrire de la subvention qui se fait envers les Saints, ce m'est une chose superfluë. Veu que je sçay la promptitude de vostre courage, pour laquelle je me glorifie de vous envers ceux de Macedone: leur faisant entendre que l'Achaïe est preste dés l'année passée: et vostre zele en a provoqué plusieurs. Or j'ai envoyé ces freres, afin que ce que je me suis glorifié de vous, ne soit pas vain en cet endroit, et que vous soyez prests, comme j'ai dit. De peur que ceux de Macedone estans venus avec moi, et vous ayans trouvez mal prests, nous ne recevions de la honte (je n'ose dire vous) en cette asseurance de nous estre glorifiez de vous. C'est pourquoi j'ai estimé qu'il estoit necessaire de prier les freres, que premierement ils allassent vers vous, et qu'ils achevassent de mettre en ordre la beneficence, et non point comme chicheté. Or je dis ceci, Que celui qui seme chichement, recueillera aussi chichement: et que celui qui seme liberalement, recueillera liberalement. Que chacun en fasse selon qu'il a proposé en son coeur, non point à regret, ou par contrainte: car Dieu aime celui qui donne gayement. Et Dieu est puissant pour faire abonder toute grace en vous, afin qu'ayans toûjours toute suffisance en toute chose, vous soyez abondans en toute bonne oeuvre: (Ainsi qu'il est écrit, Il a espars, il a donné aux pauvres, sa justice demeure eternellement. Or celui qui fournit de semence au semeur, vous veuille aussi pourvoir de pain à manger, et multiplier vostre semence, et augmenter les revenus de vostre justice. Estans pleinement enrichis en toute prompte liberalité, laquelle fait que par nous graces soyent renduës à Dieu. Car l'administration de cette oblation n'est pas seulement pour subvenir aux indigences des Saints, mais aussi redonde en ce que plusieurs en rendent graces à Dieu: En glorifiant Dieu par le moyen de l'espreuve de cette subvention, de ce que vous vous submettez à la confession de l'Evangile de Christ: et de vostre prompte et liberale communication envers eux et envers tous. Et en ce qu'ils prient pour vous, en vous desirant affectueusement pour l'excellente grace de Dieu sur vous. Or graces à Dieu de son don inenarrable. Au reste, moi Paul, je vous prie par la douceur et debonnaireté de Christ: moi qui en presence suis petit entre vous: mais absent suis hardi envers vous. Je vous requiers donc estant present il ne me faille point user de hardiesse, par cette asseurance de laquelle je delibere de me porter hardiment envers quelques-uns, qui nous estiment comme si nous cheminons selon la chair. Certes cheminant en la chair, nous ne guerroyons point selon la chair: Car les armes de nostre guerre ne sont point charnelles, mais puissantes de par Dieu, à la destruction des forteresses. Destruisans les conseils et toute hautesse qui s'eleve contre la connoissance de Dieu: et amenans toute pensée prisonniere à l'obeïssance de Christ: Et ayans la vengeance toute preste contre toute desobeïssance, quand vostre obeïssance aura esté accomplie. Regardez-vous les choses selon l'apparence? Si quelqu'un se confie en soi-mesme, qu'il est à Christ, qu'il pense cela derechef en soi-mesme, que comme il est à Christ, pareillement aussi nous sommes à Christ. Car si je me veux mesmes glorifier davantage de nostre puissance, laquelle le Seigneur nous a donnée à edification, et non point à vostre destruction, je n'en recevrai point de honte: Afin qu'il ne semble point que je vous veuille espouvanter par des epistres. Car les epistres (disent-ils) sont bien graves et fortes, mais la presence du corps est foible, et la parole contemptible. Que celui qui est tel, pense cela, que tels que nous sommes de parole par epistres estant absens; tels aussi sommes nous de fait estant presens. Car nous ne nous osons pas mettre du rang de quelques-uns, ni accomparer à eux, lesquels se recommandent eux-mesmes: mais ils n'entendent point qu'ils se mesurent eux-mesmes par eux-mesmes et s'accomparent eux-mesmes à eux-mesmes. Mais quant à nous, nous ne nous glorifions point de ce qui n'est point de nostre mesure: mais selon la mesure reglée, laquelle mesure Dieu nous a departie, nous nous glorifierons d'estre parvenus mesmes jusques à vous. Car nous ne nous estendons point nous-mesmes plus qu'il ne faut, comme si nous n'estions point parvenus jusques à vous, veu que nous sommes parvenus mesmes jusques à vous, par la predication de l'Evangile de Christ: Ne nous glorifions point en ce qui n'est point de nostre mesure, c'est à dire és labeurs d'autrui: mais ayans esperance que vostre foi venant à croistre en vous, ne serons amplement accreus en ce qui nous a esté departi selon la mesure reglée: Jusques à evangelizer és lieux qui sont plus outre que vous: et non point nous glorifier en ce qui a esté departi à autrui selon la mesure reglée, assavoir és choses déja toutes preparées. Mais que celui qui se glorifie, se glorifie au Seigneur. Car ce n'est point celui qui se recommande soi-mesme, qui est approuvé, mais celui que le Seigneur recommande. A la mienne volonté que vous me supportassiez un petit en mon imprudence: mais encore supportez moi. Car je suis jaloux de vous d'une jalousie de Dieu: car je vous ai appropriez à un seul mari, pour vous presenter comme une vierge chaste à Christ. Mais je crains qu'ainsi que le serpent a seduit Eve par sa ruse, semblablement en quelque sorte vos pensées ne soyent corrompuës, se destournant de la simplicité qui est en Christ: Car si quelqu'un venoit, qui vous preschast un autre Jesus que nous n'avons presché, ou si vous receviez un autre Esprit que vous n'avez receu, ou un autre Evangile que vous n'avez accepté, vous feriez bien de l'endurer. Mais j'estime que je n'ai esté en rien moindre que les plus excellens Apostres. Que si je suis comme quelqu'un du vulgaire à parler, toutefois je ne le suis point en connoissance: mais nous avons esté entierement manifestez en toutes choses envers vous. Ai-je commis une offense en ce que je suis abbaissé moi-mesme, afin que vous fussiez élevez? Parce que sans rien prendre je vous ai annoncé l'Evangile de Dieu. J'ai pillé les autres Eglises, prenant entretenement pour vous servir. Et quand j'estois avec vous, et que j'avois disette, je n'ai esté en charge à personne: car les freres qui estoyent venus de Macedone, ont suppleé à ce qui me defailloit: et je me suis gardé de vous estre en charge en chose quelconque, et m'en garderai. La verité de Christ est en moi, que cette gloire ne me sera point bouchée pour moi és contrées d'Achaïe. Pourquoi? Est-ce parce que je ne vous aime point? Dieu le sçait. Mais ce que je retranche l'occasion à ceux qui demandent occasion: afin qu'en ce en quoi ils se glorifient, ils soyent aussi trouvez tels que nous. Car tels faux Apostres sont des ouvriers cauteleux, se déguisans en Apostres de Christ. Et ce n'est pas de merveilles: car Satan mesme se déguise en Ange de lumiere. Ce n'est donc pas grand cas si ses ministres aussi se déguisent en ministres de justice, desquels la fin sera comme leurs oeuvres. Je le dis encore, afin que personne ne me pense estre imprudent: sinon recevez-moi, mesmes comme imprudent, afin que je me vante aussi quelque peu. Ce que je dis en cette asseurance de vanterie, je ne le dis pas selon le Seigneur, mais comme par imprudence. Puis que plusieurs se vantent selon la chair, je me vanterai aussi. Car vous endurez volontiers les imprudens, parce que vous estes sages. Mesmes vous endurez si quelqu'un vous asservit, si quelqu'un vous mange, si quelqu'un prend de vous, si quelqu'un s'éleve sur vous, si quelqu'un vous frappe au visage. Je le dis par opprobre, voire comme si nous avions esté sans aucune vertu; mais en quelque chose que quelqu'un soit hardi (je parle en imprudent) je suis hardi aussi. Sont-ils Hebreux? Je le suis aussi. Sont-ils Israëlites? Je le suis aussi. Sont-ils de la semence d'Abraham? J'en suis aussi. Sont-ils ministres de Christ? (Je parle comme imprudent) Je le suis par dessus, en travaux davantage, en battures par dessus eux, en prisons davantage, en morts souventefois. J'ai receu des Juifs par cinq fois quarante coups moins un. J'ai esté battu de verges par trois fois, j'ai esté lapidé une fois, j'ai fait naufrage trois fois, j'ai passé l"espace d'un jour et d'une nuit entiere en la profonde mer. En voyages souvent, en perils des fleuves, en perils des brigands, en perils de ma nation, en perils des Gentils, en perils en ville, en perils en desert, en perils en mer, en perils entre de faux freres: En peine et en travail, en veilles souvent, en faim et en soif, en jeusnes souvent, en froidure et en nudité. Outre les choses de dehors, ce qui me tient assiegé de jour en jour, c'est le soin que j'ai de toutes les Eglises. Qui est affoibli, que je ne sois affoibli aussi? Qui est scandalizé, que je n'en sois aussi bruslé? S'il se faut vanter, je me vanterai des choses qui sont de mon infirmité. Dieu qui est le Pere de nostre Seigneur Jesus Christ, et qui est benit eternellement, sçait que je ne mens point. A Damas le gouverneur pour le roi Aretas avoit mis des gardes en la ville des Damasceniens, me voulant saisir: Mais je fus descendu de la muraille en une corbeille par une fenestre:et ainsi j'eschappai de ses mains. Certes il ne m'est point convenable de me vanter: car je viendrai jusques aux visions et aux revelations du Seigneur. Je connois un homme en Christ, il y a quatorze ans passez, (si ce fut en corps, je ne sçais: si ce fut hors du corps, je ne sçais: Dieu le sçait:) qui a esté ravi jusques au troisiesme ciel. Et je sçais qu'un tel homme (si ce fut en corps, ou si ce fut hors du corps, je ne sçais: Dieu le sçait:) A esté ravi en Paradis, et a ouï des paroles inenarrables, lesquelles il n'est pas possible à l'homme d'exprimer. Je me vanterai d'un tel homme; mais de moi-mesme je ne me vanterai point, sinon en mes infirmitez. Car quand je me voudrai vanter, je ne serai point imprudent: car je dirai la verité: mais je m'en espargne, afin qu'aucun ne m'estime point par dessus ce qu'il me voit estre, ou par dessus ce qu'il entend de moi. Et de peur que je ne m'élevasse outre mesure, à cause de l'excellence des revelations, il m'a esté mis une écharde en la chair, un Ange de Satan, pour me souffleter, afin que je ne m'elevasse point outre mesure. Pour laquelle chose j'ai prié trois fois le Seigneur, afin qu'icelui se departist de moi. Mais il m'a dit, Ma grace te suffit: car ma vertu s'accomplit en l'infirmité. Je me vanterai donc tres-volontiers plustost en mes infirmitez, afin que la vertu de Christ habite en moi. Et partant je prens plaisir en infirmitez, en injures, en necessitez, en persecutions, en angoisses pour Christ: car quand je suis foible, alors je suis fort. J'ai esté imprudent en me vantant: vous m'y avez contraint: car je devois estre recommandé par vous; veu que je n'ai esté moindre en nulle chose que les plus excellens Apostres, encore que je ne sois rien. Certes les enseignes de mon Apostolat, ont esté accomplies entre vous avec toute patience, avec signes, merveilles, et vertus. Car en quoi avez-vous esté moindres que les autres Eglises, sinon que je ne suis point devenu lasche au travail à vostre dommage? Pardonnez moi ce tort. Voici pour la troisiéme fois que je suis prest d'aller vers vous: et je ne vous serai point en charge: car je ne demande point le vostre, mais vous-mesmes: aussi les enfans ne doivent point faire d'amas pour leurs peres, mais les peres pour leurs enfans. Et quant à moi, je despenserai tres-volontiers, et serai despensé pour vos ames: bien que vous aimant tant et plus, je sois moins aimé. Mais soit, que je ne vous aye point chargez, toutefois estant rusé, je vous ai pris par finesse. Ai-je donc fait mon profit de vous, par aucun de ceux que je vous ai envoyez. J'ai prié Tite, et ai envoyé un frere avec lui. Tite a-t'il fait son profit de vous? N'avons-nous pas cheminé d'un mesme esprit? N'avons-nous pas cheminé d'un mesme train? Pensez-vous derechef que nous mettions en avant nos deffenses envers-vous? Nous parlons devant Dieu en Christ: et le tout, ô tres-chers ! Pour vostre edification. Car je crains qu'il n'advienne, que quand je viendrai je ne vous trouve point tels que je voudrois: et que je sois trouvé de vous tel que vous ne voudriez pas: et qu'il n'y ait en quelque sorte querelles, envies, courroux, debats, detractions, murmures, enfleures, tumultes. Et qu'estant derechef venu, mon Dieu ne m'abbaisse envers vous: et que je ne mene deüil de plusieurs d'entre ceux qui ont peché auparavant, et qui ne se sont point amendez de l'ordure, et de la paillardisse, et de l'insolence qu'ils ont commise. C'est ici la troisiéme fois que je viens à vous. En la bouche de deux ou trois tesmoins toute parole sera confirmée. J'ai déja dit, et je le dis dés cette heure, comme si j'estois present pour la seconde fois, et maintenant absent j'escris à ceux qui ont peché auparavant: et à tous les autres, que si je viens derechef, je n'espargnerai personne: Puis que vous cherchez l'experience de Christ qui parle en moi, lequel n'est point foible envers vous, mais est puissant en vous. Car encore qu'il ait esté crucifié par infirmité, neantmoins est vivant par la vertu de Dieu: certes aussi nous sommes foibles en lui, mais nous vivrons avec lui, par la puissance de Dieu envers vous. Examinez-vous vous mesmes si vous estes en la foi: esprouvez-vous vous-mesmes: ne vous reconnoissez-vous point vous mesmes, assavoir que Jesus-Christ est en vous? Si ce n'est qu'en quelque sorte vous fussiez reprouvez. Mais j'espere que vous connoistrez que nous sommes point reprouvez. Or je prie Dieu que vous ne fassiez aucun mal: non point afin que nous soyons trouvez approuvez, mais afin que vous fassiez ce qui est bon, et que nous soyons comme reprouvez. Car nous ne pouvons rien contre la verité, mais pour la verité. Car nous nous éjouïssons si nous sommes foibles, et que vous soyez forts, et mesmes nous souhaitons cela, assavoir vostre entier accomplissement. Partant j'escris ces choses estant absent, afin que quand je serai present, je n'use point de rigueur, selon la puissance laquelle le Seigneur m'a donnée à édification, et non point à destruction. Au surplus, freres, éjouïssez-vous, tendez à vous rendre parfaits, soyez consolez, soyez tous d'un consentement, vivez en paix, et le Dieu de dilection et de paix sera avec vous. Saluëz-vous l'un l'autre d'un saint baiser. Tous les Saints vous saluënt. La grace du Seigneur Jesus Christ, et la dilection de Dieu, et la communication du Saint Esprit soit avec vous tous. Amen.
Paul Apostre (non point de par les hommes, mais de par Jesus Christ, et de par Dieu le Pere, qui l'a ressuscité des morts.) Et tous les freres qui sont avec moi, aux Eglises de Galatie: Grace vous soit et paix de par Dieu le Pere, et de par nostre Seigneur Jesus Christ: Qui s'est donné soi-mesme pour nos pechez, afin que selon la volonté de Dieu nostre Pere il nous retirast du present siecle mauvais. Auquel soit gloire aux siecles des siecles. Amen. Je m'estonne qu'en delaissant Christ qui vous avoit appellez par grace, vous estes subitement transportez à un autre Evangile: Qui n'est pas un autre Evangile: mais il y en a qui vous troublent et qui veulent renverser l'Evangile de Christ. Or quand bien nous-mesmes, ou un Ange du ciel, vous evangelizeroit outre ce que nous vous avons evangelizé, qu'il soit execration. Ainsi que nous avons déja dit, maintenant aussi je le dis derechef, Si quelqu'un vous evangelize outre ce que vous avez receu, qu'il soit execration. Car maintenant preschai-je les hommes, ou Dieu? Ou cherchai-je à complaire aux hommes? Car si je complaisois encore aux hommes, je ne serois point serviteur de Christ. Or, freres, je vous declare que l'Evangile qui a esté annoncé par moi, n'est point selon l'homme. Car je ne l'ai ni receu ni apris d'aucun homme, mais par la revelation de Jesus Christ. Car vous avez entendu quelle a esté autrefois ma conversation au Judaïsme: comment je persecutois l'Eglise de Dieu à outrance, et la degastois. Et avançois au Judaïsme plus que plusieurs de mes pareils en nation: estant le plus ardent zelateur des traditions de mes peres. Mais quand ç'a esté le bon-plaisir de Dieu, (qui m'avoit mis à part dés le ventre de ma mere, et qui m'a appellé par sa grace.) De reveler son Fils en moi, afin que je l'evangelizasse entre les Gentils, je ne pris point conseil incontinent de la chair et du sang: Et ne revins point à Jerusalem vers ceux qui avoyent esté Apostres devant moi: mais je m'en allai en Arabie, et derechef à Damas. Depuis trois ans apres, je revins à Jerusalem pour visiter Pierre: et demeurai chez lui quinze jours. Et ne vis nul autre des Apostres, sinon Jaques frere du Seigneur. Or des choses que je vous escris, voici je vous dis devant Dieu, que je ne mens point. Depuis je vins és contrées de Syrie et de Cilicie. Or j'estois inconnu de face aux Eglises de Judée, qui estoyent en Christ. Mais ils avoyent seulement ouï dire, Celui qui autrefois nous persecutoit, annonce maintenant la foi, laquelle autrefois il destruisoit. Dont ils glorifioyent Dieu en moi. Du depuis, quatorze ans pares, je montai derechef à Jerusalem avec Barnabas, et pris aussi avec moi Tite. Or j'y montai par revelation, et conferai avec eux touchant l'Evangile que je presche entre les Gentils, mesmes en particulier avec ceux qui sont en estime: afin qu'en quelque sorte que ce soit je ne courusse ou n'eusse couru en vain. Mais aussi Tite mesme qui estoit avec moi, bien qu'il fust Grec, ne fust point contraint d'estre circoncis. Et cela à cause des faux freres qui s'estoyent fourrez en l'Eglise, lesquels estoyent couvertement entrez pour espier nostre liberté que nous avons en Jesus Christ, afin de nous reduire en servitude: Ausquels nous n'avons cedé par submission quelconque, non pas mesme un moment: afin que la verité de l'Evangile fust permanente en vous. Et je n'ai chose aucune differente de ceux qui semblent estre quelque chose, quels qu'ils ayent esté autrefois: car Dieu n'accepte point l'apparence exterieure de l'homme: car ceux qui sont en estime, ne m'ont rien apporté davantage. Mais au contraire, quand ils ont veu que la predication de l'Evangile du Prepuce m'estoit commise, comme celle de la Circoncision, à Pierre: (Car celui qui a operé avec efficace par Pierre en la charge d'Apostre envers la Circoncision, a aussi operé avec efficace par moi envers les Gentils.) Et Jaques, Cephas, et Jean, (qui sont estimez estre les colonnes) ayans connu la grace qui m'estoit donnée, me baillerent à moi et à Barnabas la main d'association: afin que nous allassions vers les Gentils, et eux vers ceux de la Circoncision. Seulement que nous eussions souvenance des pauvres: ce que je me suis aussi estudié de faire. Et quant Pierre fut venu à Antioche, je lui resistai en face, parce qu'il estoit à reprendre. Car devant que quelques-uns fussent venus de la part de Jaques, il mangeoit avec les Gentils: mais quand ceux-là furent venus, il s'en retira, et se separa, craignant ceux qui estoyent de la Circoncision. Et les autres Juifs usoyent aussi de dissimulation comme lui, tellement que Barnabas mesme se laissoit emporter à leur dissimulation. Mais quand je vis qu'ils ne cheminoyent point de droit pied selon la verité de l'Evangile, je dis à Pierre devant tous, Si toi qui es Juif, vis comme les Gentils, et non comme les Juifs, pourquoi contrains-tu les Gentils à judaïzer? Nous qui sommes Juifs de nature, et non point pecheurs d'entre les Gentils: Sçachans que l'homme n'est point justifié par les oeuvres de la Loi, mais seulement par la foi de Jesus Christ; nous aussi avons creu en Jesus Christ, afin que nous fussions justifiez par la foi de Christ, et non point par les oeuvres de la Loi: parce que nulle chair ne sera justifiée par les oeuvres de la Loi. Or si en cherchant d'estre justifiez par Christ, nous sommes aussi trouvez pecheurs, Christ est-il pourtant ministre de peché? Ainsi n'advienne. Car si je reédifie les choses que j'ai destruites, je me constituë moi-mesme transgresseur. Car par la Loi je suis mort à la Loi: afin que je vive à Dieu. Je suis crucifié avec Christ, et vis, non point maintenant moi, mais Christ vit en moi: et ce que je vis maintenant en la chair, je vis en la foi du Fils de Dieu, qui m'a aimé, et qui s'est donné soi-mesme pour moi. Je n'aneantis point la grace de Dieu: car si la justice est par la Loi, Christ donc est mort pour neant. O Galates insensez ! Qui vous a ensorcelez pour faire que vous n'obeïssiez point à la verité, ausquels Jesus Christ a esté ci-devant pourtrait devant les yeux, et crucifié entre-vous? Je voudrois seulement entendre ceci de vous, Avez-vous receu l'Esprit par les oeuvres de la Loi, ou par la predication de la foi? Estes-vous si insensez, qu'en ayant commencé par l'Esprit, maintenant vous acheviez par la chair? Avez-vous tant souffert en vain? Voire si c'est mesmes en vain. Celui donc qui vous fournit l'Esprit, et qui produit les vertus en vous, le fait-il par les oeuvres de la Loi, ou par la predication de la foi? Ainsi qu'Abraham a creu à Dieu, et il lui a esté alloüé à justice. Sçachez donc que ceux qui sont de la foi, sont enfans d'Abraham. Dont l'Ecriture prevoyant que Dieu justifie les Gentils par la foi, a devant evangelizé à Abraham, disant, Toutes les nations seront benites en toi. C'est pourquoi ceux qui sont de la foi, sont benits avec le fidele Abraham. Car tous ceux qui font des oeuvres de la Loi, sont sous la malediction: car il est escrit, Maudit est quiconque n'est permanent en toutes les choses qui sont escrites au livre de la Loi pour les faire. Or que par la Loi nul ne soit justifié envers Dieu, il appert dautant que le juste vivra de foi. Or la Loi n'est point de la foi: mais l'homme qui aura fait ces choses, vivra par elles. Christ nous a rachetez de la malediction de la Loi, quand il a esté fait malediction pour nous: (car il est escrit, Maudit est quiconque pend au bois.) Afin que la benediction d'Abraham advint aux Gentils par Jesus Christ? A ce que nous recevions la promesse de l'Esprit par la foi. Freres, je parle à la façon des hommes. Bien qu'une alliance soit d'un homme, si elle est confirmée, nul ne la casse, ou y adjouste. Or les promesses ont esté dites à Abraham, et à sa semence. Il ne dit point, Et aux semences, comme parlant de plusieurs: mais comme d'une. Et à ta semence, qui est Christ. Voila donc ce que je dis, quant à l'alliance qui auparavant à esté confirmé de Dieu en Christ, que la Loi qui est venuë quatre cens et trente ans apres, ne la peut enfreindre, pour abolir la promesse. Car si l'heritage est de la Loi, il n'est plus par la promesse. Or Dieu l'a donné à Abraham par la promesse. A quoi donc sert la Loi? Elle a esté adjoustée à cause des transgressions, jusques à ce que la semence vinst, au regard de laquelle la promesse avoit esté faite: et a esté ordonnée par les Anges par la main d'un Moyenneur: Or le Moyenneur n'est point d'un seul: mais Dieu est un seul La Loi donc a-t'elle esté adjoustée contre les promesses de Dieu? Ainsi n'advienne: car si la Loi eust esté donnée pour pouvoir vivifier, vrayement la justice seroit de la Loi. Mais l'Escriture a tout enclos sous le peché, afin que la promesse par la foi de Jesus Christ fust donnée aux croyans. Or devant que la foi vinst, nous estions gardez sous la Loi, estans enclos sous l'attente de la foi qui devoit estre revelée. La Loi donc a esté nostre pedagogue pour nous amener à Christ, afin que nous soyons justifiez par le foi. Mais la foi estant venuë, nous ne sommes plus sous le pedagogue. Car vous estes tous enfans de Dieu par la foi en Jesus Christ. Car vous tous, qui avez esté baptizez en Christ, avez esté revestus de Christ. Là où il n'y ni Juif ni Grec: là où il n'y a ni serf ni franc: là où il n'y a ni masle ni femelle: car vous estes tous un en Jesus Christ. Que si vous estes de Christ, vous estes donc la semence d'Abraham, et heritiers selon la promesse. Or je dis que durant tout le temps que l'heritier est enfant, il n'est different en rien du serf, bien qu'il soit seigneur de tout. Mais il est sous des tuteurs et des curateurs, jusques au temps determiné par le pere. Nous aussi pareillement, lors que nous estions ensans, nous estions asservis sous les rudimens du monde. Mais quand l'accomplissement du temps est venu, Dieu a envoyé son sils, sait de semme, et sait sujet à la Loi: Asin qu'il rachetast ceux qui estoyent sous la Loi: asin que nous receussions l'adoption des ensans. Et parce que vous estes ensans, Dieu a envoyé l'Esprit de son sils en vos coeurs, criant, Abba, Pere. Maintenant donc tu n'es plus sers, mais sils: que si tu es sils, tu es aussi heritier de Dieu par Christ. Mais lors que vous ne connoissiez point Dieu, vous serviez ceux qui de nature ne sont dieux. Or maintenant, puis que vous avez connu Dieu, ou plustost que vous avez esté connus de Dieu, comment retournez-vous dereches aux rudimens soibles et pauvres, ausquels vous voulez dereches servir comme auparavant. Vous observez les jours, et les mois, et les temps, et les années. Je crains de vous que d'adventure je n'aye travaillé en vain envers vous. Soyez comme moi: car je suis aussi comme vous: je vous en prie, sreres: vous ne m'avez sait aucun tort. Et vous sçavez comme par ci-devant avec insirmité de la chair, je vous ai evangelizé. Et vous n'avez point mesprisé ni rejetté mon espreuve, qui estoit en ma chair: mais vous m'avez receu comme un Ange de Dieu, voire comme Jesus Christ mesme. Quel estoit donc le tesmoignage de vostre beatitude? Car je vous rends témoignage, que s'il eust esté possible, vous eussiez arraché vos yeux et me les eussiez donnez. Suis-je donc devenu vostre ennemi, en vous disant la verité? Ils sont jaloux de vous, mais non pas de bonne sorte: au contraire ils vous veulent exclurre, afin que vous soyez jaloux d'eux. Mais il est bon d'estre toûjours jaloux en bien, et non seulement quand je suis present avec vous. Mes petits enfans, pour lesquels enfanter je travaille derechef, jusques à ce que Christ soit formé en vous. Je voudrois maintenant estre avec vous, et changer ma parole: car je suis en perplexité quant à vous. Dites-moi vous qui voulez estre sous la Loi, n'oyez-vous point la Loi? Car il est escrit qu'Abraham a eu deux fils, l'un de la servante, et l'autre de la franche. Mais celui qui estoit de la servante, nasquit selon la chair, et celui qui estoit de la franche, par la promesse. Lesquelles choses doivent estre entendues par allegorie: car ce sont les deux alliances l'une au mont de Sina, engendrant à servitude, qui est Agar: Car ce nom d'Agar veut dire Sina, qui est une montagne en Arabie, et correspondante à la Jerusalem de maintenant, laquelle sert avec ses enfans. Mais la Jerusalem d'en haut est franche, laquelle est la mere de nous tous. Car il est écrit, Réjoüi toi, sterile, qui n'enfantois point: efforce toi et t'escrie, toi qui n'estois point en travail d'enfant: car il y a beaucoup plus d'enfans de la delaissée que de celle qui avoit un mari. Or quant à nous, mes freres, nous sommes enfans de la promesse, ainsi qu'Isaac. Mais comme alors celui qui estoit né selon la chair, persecutoit celui qui estoit né selon l'Esprit, pareillement aussi maintenant. Mais que dit l'Ecriture? Jette hors la servante et son fils: car le fils de la servante ne sera point heritier avec le fils de la franche. Or, freres, nous sommes point enfans de la servante, mais de la franche. Tenez-vous donc fermes en la liberté de laquelle Christ nous a affranchis, et ne soyez point derechef retenus du joug de servitude. Voici, moi Paul vous dis, que si vous estes circoncis, Christ ne vous profitera de rien. Et derechef je proteste à tout homme qui se circoncit, qu'il est obligé d'accomplir toute la Loi. Christ est aneanti à l'esgard de vous tous qui voulez estre justifiez par la Loi, et vous estes décheus de la grace. Car par la foi en Esprit nous attendons l'esperance de justice. Car en Jesus Christ, ni circoncision, ni prepuce n'a aucune vertu, mais la foi ouvrante par la charité. Vous couriez bien, qui vous a donné de l'empeschement pour faire, que vous n'obeïssiez point à la verité? Cette persuasion ne vient point de celui qui vous appelle. Un peu de levain fait lever toute la paste. Je m'asseure de vous au Seigneur, que vous n'aurez point d'autre sentiment: mais celui qui vous trouble en portera la condamnation, quiconque soit-il. Et quant à moi, freres, si je presche encore la circoncision, pourquoi souffré-je encore persecution? Le scandale de la croix est donc aboli. A la mienne volonté que ceux qui vous mettent en trouble fussent retranchez. Car, freres, vous avez esté appellez à la liberté: seulement ne prenez point une telle liberté pour une occasion de vivre selon la chair: mais servez l'un à l'autre par charité. Car toute la Loi est accomplie en une seul parole, assavoir en celle-ci, Tu aimeras ton prochain comme toi-mesme. Que si vous vous entremordez et entrerongez, gardez que vous ne soyez consumez l'un par l'autre. Or je vous dis, cheminez selon l'Esprit: et vous n'accomplirez point les convoitises de la chair. Car la chair convoite contre l'Esprit, et l'Esprit contre la chair: et ces choses-là sont opposées l'une à l'autre: tellement que vous ne faites point les choses que vous voudriez. Que si vous estes conduits par l'Esprit, vous n'estes point sous la Loi. Car les oeuvres de la chair sont manisestes, lesquelles sont adultere, paillardise, souilleure, insolence, Idolatrie, empoisonnement, inimitiez, querelles, dépits, coleres, contentions, divisions, heresies, Envies, meurtres, yvrogneries, gourmandises, et choses semblables à celle-là: desquelles je vous predis, comme aussi j'ai predit, que ceux qui commettent de telles choses n'heriteront point le royaume de Dieu. Mais le fruict de l'Esprit est charité, joye, paix, esprit patient, benignité, bonté, loyauté, douceur, temperance. La Loi ne s'adresse point contre de telles choses. Or ceux qui sont de Christ, ont crucifié la chair avec les affections et les convoitises d'icelle. Si nous vivons par l'Esprit, cheminons aussi en Esprit: Ne soyons point convoiteux de vaine gloire, nous provoquans l'un l'autre, nous portans de l'envie l'un à l'autre. Freres, encore qu'un homme est surpris en quelque faute, vous qui estes spirituels, redressez un tel homme avec un esprit de douceur, te considerant toi-mesme que tu ne sois aussi tenté. Portez les charges les uns des autres, et ainsi accomplissez la Loi de Christ. Car si quelqu'un pense estre quelque chose, encore qu'il ne soit rien, il se deçoit soi-mesme par sa fantaisie. Mais chacun esprouve son oeuvre: et alors il aura dequoi se glorifier en soi-mesme seulement, et non point en autrui. Car chacun portera son propre fardeau. Que celui qui est enseigné en la Parole fasse participant de tous ses biens celui qui l'enseigne. Ne vous abusez point. Dieu ne peut estre mocqué: car ce que l'homme aura semé, il le moissonnera aussi. Car celui qui seme à sa chair, il moissonnera aussi de la chair, la corruption: mais celui qui seme à l'Esprit, il moissonnera, de l'esprit la vie eternelle. Or ne nous lassons point en bien faisant: car nous moissonnerons en la propre saison, si nous ne devenons lasches. C'est pourquoi pendant que nous avons le temps, faisons du bien à tous: mais principalement aux domestiques de la foi. Vous voyez quelles grandes lettres je vous ai escrites de ma propre main. Tous ceux qui cherchent une belle apparence en la chair, sont ceux qui vous contraignent d'estre circoncis: afin seulement qu'ils n'endurent point de persecution pour la croix de Christ. Car ceux-là mesmes qui sont circoncis ne gardent point la Loi: mais ils veulent que vous soyez circoncis, afin qu'ils se glorifient en vostre chair. Mais pour moi, je ne m'advienne que je me glorifie, sinon en la croix de nostre Seigneur Jesus Christ, par laquelle le monde m'est crucifié, et moi au monde. Car en Jesus Christ, ni circoncision, ni prepuce n'a aucune vertu, mais la nouvelle creature. Et tous ceux qui marcheront selon cette regle, paix et misericorde soit sur eux, et sur l'Israël de Dieu. Au reste que nul ne me donne de la facherie: car je porte en mon corps le flestrissures du Seigneur Jesus. Freres, la grace de nostre Seigneur Jesus Christ soit avec vostre esprit. Amen.
Paul Apostre de Jesus Christ par la volonté de Dieu, aux Saints et Fideles en Jesus Christ, qui sont à Ephese: Grace vous soit et paix de par Dieu nostre Pere, et de par le Seigneur Jesus Christ. Benit soit Dieu, qui est le Pere de nostre Seigneur Jesus Christ, qui nous a benits en toute benediction spirituelle, és lieux celestes en Christ: Selon qu'il nous avoit éleus en lui, devant la fondation du monde, afin que nous fussions saincts et irreprehensibles devant lui en charité: Nous ayans predestinez pour nous adopter à soi par Jesus Christ, selon le bon plaisir de sa volonté: A la loüange de la gloire de sa grace, de laquelle il nous a rendus agreables en son bien-aimé. En qui nous avons redemption des offenses, selon les richesses de sa grace: Laquelle il a fait largement abonder sur nous en toute sapience et intelligence: Nous ayant donné à connoistre le secret de sa volonté, selon son bon plaisir, lequel il avoit premierement arresté en soi: Afin qu'en la dispensation de l'accomplissement des temps, il recueillist ensemble le tout en Christ, tant les choses qui sont aux cieux que celles qui sont en la terre, en lui mesme. En qui aussi nous sommes faits son heritage, ayans esté predestinez, suivant le propos arresté de celui qui accomplit en efficace toutes choses selon le conseil de sa volonté: Afin que nous soyons à la loüange de sa gloire, nous qui avons les premiers esperé en Christ. En qui vous estes aussi, ayans ouï la parole de verité, assavoir l'Evangile de vostre salut: auquel aussi ayans creu vous avez esté seellez du S. Esprit de la promesse. Lequel est l'arrhe de nostre heritage, jusques à la redemption de la possession acquise, à la loüange de sa gloire. Pour cette cause moi aussi ayant entendu la foi que vous avez au Seigneur Jesus, et la charité que vous avez envers tous les Saints, Je ne cesse de rendre graces pour vous, faisant mention de vous en mes prieres: Afin que le Dieu de nostre Seigneur Jesus Christ, le Pere de gloire, vous donne l'Esprit de sapience et de revelation, par la connoissance d'icelui: Assavoir les yeux de vostre entendement illuminez, afin que vous sçachiez quelle est l'esperance de sa vocation: et quelles sont les richesses de la gloire de son heritage és Saints: Et quelle est l'excellente grandeur de sa puissance envers nous qui croyons, selon l'efficace de la puissance de sa force: Laquelle il a déployée avec efficace en Christ, quand il l'a ressuscité des morts, et l'a fait seoir à sa dextre és lieux celestes: Par dessus toute principauté, et puissance, et vertu, et seigneurie, et par dessus tout nom qui se nomme, non seulement en ce siecle, mais aussi en celui qui est à venir. Et a assujetti toutes choses sous les pieds d'icelui, et l'a donné sur toutes choses pour estre chef à l'Eglise: Laquelle est son corps, et l'accomplissement de celui qui accomplit tout en tous. Et lors que vous estiez morts en vos fautes et pechez, Esquels autrefois vous avez cheminé, suivant le train de ce monde, selon le prince de la puissance de l'air, qui est l'esprit qui opere maintenant avec efficace és enfans de rebellion: Entre lesquels aussi nous avons tous conversé autrefois és convoitises de nostre chair, accomplissans les desirs de la chair et de nos pensées: et nous estions de nature enfans d'ire, comme aussi les autres. mais Dieu, qui est riche en misericorde, par sa grande charité de laquelle il nous a aimez, Du temps mesme que nous estions morts en nos fautes, nous a vivifiez ensemble avec Christ, par la grace duquel vous estes sauvez. Et nous a ressuscité ensemble, et nous a fait seoir ensemble és lieux celestes en Jesus Christ: Afin qu'il montrast és siecles à venir les abondamment excellentes richesses de sa grace, par sa benignité envers nous en Jesus Christ. Car vous estes sauvez par grace, par la foi: et cela non point de vous, c'est le don de Dieu: Non point par les oeuvres, afin que nul ne se glorifie. Car nous sommes son ouvrage, estans créez en Jesus Christ à bonnes oeuvres, que Dieu a preparées, afin que nous cheminions en elles. Partant, ayez souvenance que vous qui estiez autrefois Gentils en la chair, et estiez appellez Prepuce par celle qui est appellée la Circoncision, faite de main en la chair, Estiez en ce tems-là hors de Christ, n'ayans rien de commun avec la republique d'Israël; estant estrangers des alliances de la promesse, n'ayans point d'esperance, et estans sans Dieu au monde. Mais maintenant par Jesus Christ, vous qui estiez autrefois loin, estes approchez par le sang de Christ. Car il est nostre paix, qui de tous les deux en a fait un, ayant rompu la closture de la paroi entre-moyenne: Ayant aboli en sa chair l'inimité, assavoir la Loi des commandemens, qui consiste en ordonnances: afin qu'il creast les deux en soi-mesme, en un homme nouveau, en faisant la paix: Et qu'il ralliast les uns et les autres en un corps à Dieu, par la croix, ayant destruit en elle l'inimitié. Et estant venu il a evangelizé la paix à vous qui estiez loin, et à ceux qui estoyent prés. Car nous avons par lui, les uns et les autres, accez au Pere en un mesme Esprit. Vous n'estes donc plus estrangers ni forains, mais combourgeois des Saints, et domestiques de Dieu: Estans edifiez sur le fondement des Apostres et des Prophetes, Jesus Christ lui-mesme estant la maistresse pierre du coin: En qui tout l'edifice rapporté et ajusté ensemble, se leve pour estre un temple sainct au Seigneur: En qui vous aussi estes ensemble edifiez, pour estre un tabernacle de Dieu en Esprit. Pour cette cause, moi Paul suis le prisonnier de Jesus Christ pour vous les Gentils: Voire si vous avez entendu la dispensation de la grace de Dieu, qui m'a esté donnée envers vous: Comment par revelation il m'a donné à connoistre le mystere: (ainsi que par ci-devant je vous ai escrit en peu de mots: D'où le lisant vous pouvés connoistre l'intelligence que j'ai au mystere de Christ.) Lequel n'a point esté donné à connoistre aux enfans des hommes és autres âges, ainsi que maintenant il a esté revelé par l'Esprit à ses saints Apostres et Prophetes: Assavoir que les Gentils sont coheritiers, et d'un mesme corps, et participans ensemble de la promesse d'icelui en Jesus Christ, par l'Evangile. Duquel j'ai esté fait ministre, selon le don de la grace de Dieu, lequel m'a esté donné suivant l'efficace de sa puissance. Cette grace m'a esté donnée à moi qui suis le moindre de tous les Saincts, pour annoncer entre les Gentils les richesses incomprehensibles de Christ: Et pour mettre en evidence devant tous quelle est la communication du mystere, qui estoit caché de tout temps en Dieu, qui a creé toutes choses par Jesus Christ: Afin que la sapience de Dieu, qui est diverse en toutes sortes, soit maintenant donnée à connoistre aux Principautez et aux Puissances, és lieux celestes, par l'Eglise: Suivant le propos arresté dés les siecles, lequel il a establi en Jesus Christ nostre Seigneur: Par lequel nous avons hardiesse et accez en confiance, par la foi que nous avons en lui. C'est pourquoi je requiers que vous ne vous lassiez point à cause de mes tribulations que j'endure pour l'amour de vous; ce qui est vostre gloire. Pour laquelle cause je ploye mes genoux, devant le Pere de nostre Seigneur Jesus Christ. (Duquel toute la parenté est nommée és cieux et en la terre.) Afin que selon les richesses de sa gloire, il vous donne d'estre puissament fortifiez par son Esprit en l'homme interieur: Tellement que Christ habite en vos coeurs par la foi: Afin qu'estant enracinez et fondez en charité, vous puissiez finalement comprendre avec tous les Saincts, quelle est la largeur et la longueur, et la profondeur et la hauteur; Et connoistre la dilection de Christ, laquelle surpasse toute connoissance: afin que vous soyez remplis en toute plenitude de Dieu. Or à celui qui par la puissance qui agit en nous avec efficace, peut faire en toute abondance par dessus tout ce que nous demandons et pensons, A lui soit gloire en l'Eglise, en Jesus Christ, en tous les âges du siecle des siecles. Amen. Je vous prie donc, moi le prisonnier au Seigneur, que vous cheminez dignement comme il est séant à la vocation à la vocation à laquelle vous estes appellés: Avec toute humilité et douceur, avec un esprit patient, supportans l'un l'autre en charité. Estans soigneux de garder l'unité de l'Esprit par le lien de la paix. Il y a un seul corps et un seul Esprit, comme aussi vous estes appellez en une seule esperance de vostre vocation. Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul Baptesme. Un seul Dieu et Pere de tous, qui est sur tous, et parmi tous, et en nous tous. Mais la grace est donnée à chacun de nous, selon la mesure du don de Christ. Pour laquelle chose il dit, Estant monté en haut il a mené captive une grande multitude de captifs, et a donné des dons aux hommes. Or ce qu'il est monté, qu'est-ce autre chose sinon que premierement il estoit descendu és parties les plus basses de la terre? Celui qui est descendu, c'est le mesme qui est monté sur tous les cieux, afin qu'il remplist toutes choses. Lui mesme donc a donné les uns pour estre Apostres, et les autres pour estre Prophetes, et les autres pour estre Evangelistes, et les autres pour estre Pasteurs et Docteurs: Pour l'assemblage des Saints, pour l'oeuvre du ministere, pour l'edification du corps de Christ: Jusques à ce que nous nous rencontrions tous en l'unité de la foi, et de la connoissance du Fils de Dieu, en homme parfait, à la mesure de la parfaite stature de Christ. Afin que nous ne soyons plus enfans, flottans, et estans demeurez çà et là à tous vents de doctrine, par la piperie des hommes, et par leur ruse à cauteleusement seduire: Mais afin que suivans la verité avec charité, nous croissions en tout en celui qui est le chef, assavoir Christ. Duquel tout le corps bien ajusté et serré ensemble par toutes les jointures du fournissement, prend l'accroissement du corps, selon la vigueur qui est en la mesure de chaque partie, pour l'edification de soi-mesme en charité. Voici donc ce que je dis et atteste de par le Seigneur, c'est que vous ne cheminez plus comme aussi le reste des Gentils chemine en la vanité de leur pensée: Ayans leur entendement obscurci de tenebres, et estans estrangez de la vie de Dieu, à cause de l'ignorance qui est en eux, par l'endurcissement de leur coeur. Lesquels ayans perdu tout sentiment, se sont abandonnez à dissolution, pour commettre toute souilleure, à qui en feroit pis. Mais vous n'avez point ainsi appris Christ: Voire si vous l'avez escouté, et si vous avez esté enseignez de par lui, ainsi que la verité est en Jesus: Assavoir que vous despouilliez le vieil homme, quant à la conversation precedente, lequel se corrompt par les convoitises qui seduisent: Et que vous soyez renouvellez en l'esprit de vostre entendement: Et que vous soyez revestus du nouvel homme, creé selon Dieu en justice et vraye sainteté. C'est pourquoi ayans despouillé le mensonge, parlez en verité chacun avec son prochain: car nous sommes membres les uns des autres. Courroucez-vous, et ne pechez point: que le Soleil ne se couche point sur vostre courroux. Et ne donnez point de lieu au diable. Que celui qui desroboit, ne desrobbe plus, mais plustost qu'il travaille en ouvrant de ses mains en ce qui est bon: afin qu'il ait pour departir à celui qui en a besoin. Que nul propos infect ne sorte de vostre bouche: mais celui qui est bon à l'usage d'edification, afin qu'il donne grace à ceux qui l'oyent. Et ne contristez point le Saint Esprit de Dieu, par lequel vous avez esté seellez pour le jour de la redemption. Que toute amertume, et colere, et ire, et crierie, et mesdisance, soyent ostées de vous, avec toute malice. Mais soyez benins les uns envers les autres, pleins de compassion, et pardonnans les uns aux autres, ainsi aussi que Dieu vous a pardonné par Christ. Soyez donc imitateurs de Dieu, comme chers enfans. Et cheminez en charité, ainsi que Christ aussi nous a aimez, et s'est donné soi-mesme pour nous, en oblation et sacrifice à Dieu, en odeur de bonne senteur. Que la paillardise, et toute souileure, ou avarice, ne soit pas mesmes nommé entre vous, ainsi qu'il appartient aux Saints: Ni choses vilaine, ni parole folle, ni plaisanterie, qui sont choses qui ne sont pas bien seantes: mais plustost action de graces. Car vous sçavez ceci, que nul paillard, ou immonde, ou avaricieux, qui est idolatre, n'a point d'heritage au royaume de Christ et de Dieu. Que nul ne vous seduise par de vains discours: car pour ces choses l'ire de Dieu vient sur les enfans de rebellion. Ne soyez donc point leurs compagnons. Car vous estiez autrefois tenebres: mais maintenant vous estes lumiere au Seigneur: cheminez comme enfans de lumiere: (Car le fruit de l'Esprit consiste en toute debonnaireté, justice, et verité.) Esprouvans ce qui est agreable au Seigneur. Et ne communiquez point aux oeuvres infructueuses de tenebres, mais mesmes redarguez-les plustost. Car il est mesmes deshonneste de dire les choses qui sont faites par eux en cachette. Mais toutes choses estant redarguées par la lumiere, sont renduës manifestes: car la lumiere est celle qui manifeste tout. A cause dequoi il dit, Reveille-toi, toi qui dors, et te releve des morts, et Christ t'éclairera. Avisez donc comment vous cheminez soigneusement, non point comme estant dénuez de sagesse, mais comme estans sages: Rachetans le temps: car les jours sont mauvais. C'est pourquoi ne soyez point sans prudence, mais bien entendans quelle est la volonté du Seigneur. Et ne vous enyvrez point de vin, auquel il y a de la dissolution: mais soyez remplis de l'Esprit: Parlans entre vous par Pseaumes, loüange, et chansons spirituelles: chantans et psalmodians en vostre coeur au Seigneur: Rendans toûjours graces pour toutes choses, au non de nostre Seigneur Jesus Christ, à nostre Dieu et Pere: Vous sousmettans les uns aux autres en la crainte de Dieu. Femmes, soyez sujettes à vos propres maris, comme au Seigneur. Car le mari est le chef de la femme, ainsi que Christ aussi est le chef de l'Eglise, et pareillement est le Sauveur de son corps. Comme donc l'Eglise est sujette à Christ, que semblablement aussi les femmes le soyent à leurs propres maris, en toutes choses. Vous maris, aimez vos femmes, comme aussi Christ a aimé l'Eglise, et s'est donné soi-mesme pour elle. Afin qu'il la sanctifiast, apres l'avoir nettoyée par le lavement d'eau par la parole: Afin qu'il se la rendist une Eglise glorieuse, n'ayant point de tache, ni ride, ni autre telle chose: mais afin qu'elle fust sainte et irreprehensible. Ainsi les maris doivent aimer leurs femmes comme leurs propres corps: Celui qui aime sa femme, s'aime soi-mesme. Car personne n'eut jamais en haine sa chair, mais il la nourrit et l'entretient, comme aussi le Seigneur l'Eglise. Car nous sommes membres de son corps, estant de sa chair et de ses os. Pour cela l'homme delaissera son pere et sa mere, et s'adjoindra à sa femme: et les deux seront une mesme chair. Ce mystere est grand: or je parle touchant Christ et l'Eglise. Partant quant à vous aussi, que chacun en son endroit aime sa femme comme soi-mesme, et que la femme revere son mari. Enfans, obeïssez à vos peres et meres au Seigneur: car cela est juste. Honore ton pere et ta mere, (qui est le premier commandement, avec promesse.) Afin que bien te soit, et que tu sois de longue vie sur la terre. Et vous peres, ne depitez point vos enfans: mais nourrissez-les en la discipline et remontrance du Seigneur. Serviteurs, obeïssez à ceux qui sont vos maistres selon la chair, avec crainte et tremblement, en simplicité de vostre coeur, comme à Christ: Non point servans à l'oeil, comme voulans complaire aux hommes, mais comme serfs de Christ, faisans de courage la volonté de Dieu. Servans de bonne affection au Seigneur et non point aux hommes: Sçachans que chacun recevra du Seigneur le bien qu'il aura fait, soit serf, soit franc. Et vous maistres, faites envers eux le semblable, relachans les menaces, sçachans que le Seigneur au tant d'eux que de vous, est és cieux: et qu'envers lui il n'y a point d'acception de personne. Au reste, mes freres, fortifiez-vous au Seigneur, et en la puissance de sa force. Soyez revestus de toutes les armures de Dieu, afin que vous puissiez resister contre les embusches du diable. Car nous n'avons point la luite contre le sang et la chair, mais contre les Principautez, contre les Puissances, contre les Seigneurs du monde, gouverneurs des tenebres de ce siecle, contre les malices spirituelles qui sont és lieux celestes. C'est pourquoi prenez toutes les armures de Dieu, afin que vous puissiez resister au mauvais jour, et ayans tout achevé demeurer fermes. Soyez donc fermes, ayans vos reins ceints de verité, et estans revestus de la cuirasse de justice: Et ayans les pieds chaussez de la preparation de l'Evangile de paix. Prenans sur tout le bouclier de la foi, par lequel vous puissiez éteindre tous les dards enflammez du malin. Prenez aussi le casque de salut, et l'espée de l'Esprit, qui est la Parole de Dieu. Prians en toutes sortes de priere et de requeste, en tout temps, en esprit, et veillans à cela avec toute perseverance et requeste pour tous les Saints: Et pour moi, afin que la parole me soit donnée à bouche ouverte en hardiesse: afin de donner à connoistre le mystere de l'Evangile. Pour lequel je suis ambassadeur en la chaîne, afin que je parle franchement comme il me faut parler. Or afin que vous aussi entendiez mon estat, et ce que je fais, Tychique nostre frere bien-aimé, et fidele ministre au Seigneur, vous fera sçavoir le tout. Lequel je vous ai envoyé exprés pour cela, afin que vous entendiez nostre estat, et qu'il console vos coeurs. Paix soit aux freres, et charité avec foi, de par Dieu le Pere, et de par le Seigneur Jesus Christ. Grace soit avec tous ceux qui aiment nostre Seigneur Jesus Christ en pureté. amen.
Paul et Timothée serviteurs de Jesus Christ, à tous les Saints en Jesus Christ, qui sont à Philippes, avec les Evesques et les Diacres: Grace vous soit et paix de par Dieu nostre Pere, et de par le Seigneur Jesus Christ. Je rends graces à mon Dieu toutes les fois que je fais mention de vous, Faisant toûjours des prieres avec joye pour vous tous, en toutes mes oraisons; A cause de la communion de l'Evangile que vous avez demontrée, depuis le premier jour jusques à maintenant: Estant asseuré de cela mesme, que celui qui a commencé cette bonne oeuvre en vous, l'achevera jusques à la journée de Jesus Christ: Comme il m'est raisonnable de penser cela de vous tous, parce que je retiens en mon coeur que vous avez tous esté participans de la grace avec moi en mes liens, et la defense et confirmation de l'Evangile. Car Dieu m'est tesmoin comme je vous affectionne tous d'une cordiale affection de Jesus Christ. Et je requiers ceci, afin que vostre charité abonde encore de plus en plus, avec reconnoissance et toute intelligence: Afin que vous discerniez les choses contraires, pour estre purs et sans achoppement jusques à la journée de Christ. Estant remplis de fruits de justice qui sont par Jesus Christ, à la gloire et loüange de Dieu. Or, freres, je veux bien que vous sachiez que les choses qui me sont advenuës, sont advenuës à un tant plus grand avancement de l'Evangile. En sorte que mes liens en Christ ont esté rendus celebres par tout le Pretoire, et par tous les autres lieux. Et que plusieurs des freres au Seigneur, estans asseurez par mes liens, osent parler plus hardiment de la Parole sans crainte. Il est vrai que quelques-uns preschent Christ par envie et contention, et les autres au contraire par une bonne volonté. Les uns annoncent Christ par contention, non point purement, pensans adjouster de l'affliction à mes liens. Mais les autres le font par charité, sçachans que je suis ordonné pour la defense de l'Evangile. Quoi donc? Toutefois en quelque maniere que ce soit, ou par occasion, ou en verité, Christ est annoncé: et en cela je m'éjoüis, et m'en éjoüirai. Car je sçais que cela me tournera à salut par vostre priere, et par la subvention de l'Esprit de Jesus Christ. Selon ma ferme attente et mon esperance, que je ne serai confus en rien: mais qu'en toute asseurance, comme toûjours, aussi maintenant Christ sera magnisié en mon corps, soit par la vie, soit par la mort. Car Christ m'est gain à vivre et à mourir. Or si de vivre en la chair cela m'est profitable, et que c'est que je dois choisir, je n'en sçais rien. Car je suis enserré des deux costez, mon desir tendant bien à déloger, et estre avec Christ, ce qui m'est beaucoup meilleur: Mais il est plus necessaire pour vous que je demeure en la chair. Et je sçais cela comme tout asseuré, que je demeurerai et persevererai avec vous tous, à vostre avancement, et à la joye de vostre foi: Afin que vostre gloire abonde en Jesus Christ par moi, au moyen de mon retour vers vous. Seulement cheminés dignement comme il est seant selon l'Evangile de Christ: afin que soit que je vienne et que je vous voye, soit que je sois absent, j'entende quant à vostre estat, que vous persistiez en un mesme Esprit; combattans ensemble tous d'un courage par la foi de l'Evangile, et n'estans en rien espouvantez par les adversaires. Ce qui leur est une demonstration de perdition, mais à vous, de salut: et cela de par Dieu. Dautant qu'il vous a esté gratuïtement donné pour Christ, non seulement de croire en lui, mais aussi de souffrir pour lui: En ayant le mesme combat que vous avez veu en moi, et que maintenant vous entendez estre en moi. Si donc il y a quelque consolation en Christ, si quelque soulas de charité, si quelque communion d'esprit, si quelques cordiales affections et misericordes, Rendez ma joye accomplie: tellement que vous ayez un mesme sentiment, ayans une mesme charité, estans d'un mesme courage, et d'un mesme sentiment. Que rien ne se fasse par contention, ou vaine gloire: mais en estimant l'un l'autre par humilité de coeur, plus excellent que soi-mesme. Ne regardez point chacun à son particulier, mais aussi à ce qui appartient aux autres. Qu'il y ait donc un mesme sentiment en vous, qui a esté aussi en Jesus-Christ: Lequel estant en forme de Dieu, n'a point reputé rapine d'estre égal à Dieu: Toutefois s'est aneanti soi-mesme, ayant pris la forme de serviteur, fait à la semblance des hommes: Et estant trouvé en figure comme un homme, il s'est abbaissé soi-mesme, et a esté obeïssant jusques à la mort, voire la mort de la Croix. C'est pourquoi aussi Dieu l'a souverainement élevé, et lui a donné un nom, qui est sur tout nom. Afin qu'au Nom de Jesus, tout genoüil se ploye, de ceux qui sont és cieux, et en la terre, et sous la terre: Et que toute langue confesse que Jesus Christ est le Seigneur, à la gloire de Dieu le Pere. C'est pourquoi, mes bien-aimez, ainsi que vous avez toûjours obeï, non seulement comme en ma presence, mais beaucoup plus maintenant en mon absence, employez-vous à vostre propre salut avec crainte et tremblement. Car c'est Dieu qui produit en vous avec efficace, et le vouloir, et le parfaire, selon son bon-plaisir. Faites toutes choses sans murmures ni questions: Afin que vous soyez sans reproche, et simples, enfans de Dieu, irreprehensibles au milieu de la generation tortuë et perverse: entre lesquels vous reluisez comme des flambeaux au monde, qui portent au devant d'eux la parole de vie: Pour me glorifier en la journée de Christ, que je n'ai point couru en vain, ni travaillé en vain. Que si mesme je sers d'aspersion sur le sacrifice et service de vostre foi, j'en suis joyeux, et m'en éjoüis avec vous tous. Vous aussi pareillement soyez-en joyeux, et vous en éjoüissez avec moi. Or j'espere au Seigneur Jesus de vous envoyer bien-tost Timothée, afin que j'aye aussi tant meilleur courage quand j'aurai connu vostre estat. Car je n'ai personne de pareil courage, qui soit vrayement soigneux de ce qui vous concerne. Car tous cherchent ce qui est de leur particulier, non point ce qui est de Jesus Christ. Mais vous connoissez son espreuve, qu'il a servi avec moi en l'Evangile, comme l'enfant sert au pere. J'ai donc esperance de l'envoyer incontinent que j'aurai pourveu à mes affaires. Et je m'asseure au Seigneur que moi-mesme aussi viendrai bien-tost. Mais j'ai estimé qu'il estoit necessaire de vous envoyer Epaphrodite mon frere, compagnon d'oeuvre et d'armes avec moi, qui a esté aussi envoyé de vostre part pour m'administrer ce dont j'ai eu besoin. Car il vous desiroit tous singulierement, et estoit fort angoissé de ce que vous aviez entendu qu'il avoit esté malade. Et de fait il a esté malade, voire tres-proche de la mort: mais Dieu a eu pitié de lui, et non seulement de lui, mais aussi de moi, afin que je n'eusse pas tristesse sur tristesse. Je l'ai donc envoyé tant plus soigneusement, afin qu'en le voyant vous vous rejoüissiez derechef, et que j'aye tant moins de tristesse. Recevez-le donc au Seigneur avec toute joye: et ayez en estime ceux qui sont tels. Car il a esté proche de la mort pour l'oeuvre de Christ, n'ayant eu aucun égard à sa propre vie, afin qu'il suppleast au defaut de vostre service envers moi. Au reste, mes freres, éjouïssez-vous au Seigneur. il ne m'est point grief, et c'est vostre seureté, que je vous escrive les mesmes choses. Prenez garde aux chiens, prenez garde aux mauvais ouvriers, prenez garde à la concision. Car ce sommes nous qui sommes la Circoncision, nous qui servons à Dieu en Esprit, et qui nous glorifions en Jesus Christ, et qui n'avons point confiance en la chair: Encore que je pourrois aussi avoir confiance en la chair: Si quelqu'un estime qu'il a dequoi se confier en la chair, j'en ai encore davantage: Moi qui suis circoncis le huictiéme jour, qui suis de la race d'Israël, de la tribu de Benjamin, Hebreu, né des Hebreux, Pharisien de religion: Quant au zele, persecutant l'Eglise, quant à la justice qui est en la Loi, estant sans reproche. Mais ce qui m'estoit gain, je l'ai reputé m'estre dommage pour l'amour de Christ. Voire certes je repute toutes choses m'estre dommage pour l'excellence de la connoissance de Jesus Christ mon Seigneur, pour l'amour duquel je me suis privé de toutes ces choses, et les repute comme fiente, afin que je gagne Christ: Et que je sois trouvé en lui, ayant non point ma justice qui est de la Loi, mais celle qui est par la foi de Christ, assavoir la justice qui est de Dieu par la foi: Pour le connoistre, et la vertu de sa resurrection, et la communion de ses afflictions, en estant rendu conforme à sa mort: Essayant si par aucune maniere je puis parvenir à la resurrection des morts. Non point que j'aye déja apprehendé, ou que je sois déja rendu accompli: mais je poursuis pour tascher d'apprehender: pour laquelle cause aussi j'ai esté apprehendé de Jesus Christ. Freres, quant à moi, je ne me repute point encore avoir apprehendé: Mais je fais une choses; c'est qu'en oubliant les choses qui sont en arriere, et m'avançant aux choses qui sont en devant, je tire vers le but, assavoir au prix de la supernelle vocation de Dieu en Jesus Christ. C'est pourquoi, nous tous qui sommes parfaits, ayans ce sentiment: et si en quelque chose vous avez un autre sentiment, Dieu vous le revelera aussi. Toutefois cheminons d'une mesme regle, en ce à quoi nous sommes parvenus, et ayons un mesme sentiment. Soyez d'un accord mes imitateurs; freres, et considerez ceux qui cheminent ainsi, selon que vous nous avez pour patron. Car plusieurs cheminent, desquels je vous ai souvent dit, et maintenant je le dis aussi en pleurant, qu'ils sont ennemis de la croix de Christ. Desquels la fin est perdition, le Dieu desquels est le ventre, et la gloire en leur confusion, qui ont leur affection aux choses terriennes. Mais nostre conversation est de bourgeois des cieux, d'où aussi nous attendons le Sauveur, assavoir le Seigneur Jesus Christ: Lequel transsormera nostre corps vil, afin qu'il soit rendu conforme à son corps glorieux, selon cette efficace par laquelle il peut mesmes assujettir toutes choses à soi. Partant, mes freres bien-aimez, ma joye et ma couronne, tenez-vous ainsi au Seigneur, mes bien-aimez. Je prie Evodie, et prie Syntiche, d'avoir un mesme sentiment au Seigneur. Je te prie aussi, mon vrai compagnon, aide-leur, comme à celles qui ont combatu avec moi en l'Evangile, avec Clement aussi et mes autres compagnons d'oeuvre, desquels les noms sont au livre de vie. Ejouïssez-vous toûjours au Seigneur: et derechef je vous dis, éjouïssez-vous. Que vostre debonnaireté soit connuë de tous les hommes. le Seigneur est prés. Ne soyez en souci de rien: mais qu'en toutes choses vos requestes soyent notifiées à Dieu par priere et par supplication avec action de graces. Et la paix de Dieu, laquelle surmonte tout entendement, gardera vos coeurs et vos sens en Jesus Christ. Au reste, freres, que toutes les choses qui sont veritables, toutes les choses qui sont venerables, toutes les choses qui sont justes, toutes les choses qui sont pures, toutes les choses qui sont aimables, toutes les choses qui sont de bonne renommée, s'il y a quelque vertu, et quelque loüange, pensez à ces choses: Lesquelles aussi vous avez apprises, et receuës, et entenduës, et venuës en moi. faites ces choses, et le Dieu de paix sera avec vous. Or je suis grandement éjouï au Seigneur, qu'à la fin vous estes reverdis quant au soin que vous avez de moi: à quoi aussi vous pensiez, mais vous n'aviez pas la commodité. Non point que je dise ceci ayant égard à quelque indigence: car j'ai appris d'estre content des choses selon que je me trouve. Car je sçais estre abbaissé; je sçais aussi estre abondant: par tout et en toutes choses je suis instruit, tant à estre rassasié, qu'à avoir faim, tant à abonder, qu'à avoir disette. Je puis toutes choses en Christ qui me fortifie. Neantmoins vous avez bien fait de communiquer à mon affliction. Vous sçavez aussi, vous Philippiens, qu'au commencement de la predication de l'Evangile, quand je partis de Macedone, nulle Eglise ne me communiqua rien en matiere de bailler et de recevoir, sinon vous seuls: Car mesmes moi estant à Thessalonique, vous m'avez envoyé une fois, voire deux, ce qui m'estoit de besoin. Non point que je cherche des dons, mais je recherche le fruit abondant qui soit alloüé à vostre conte. Or j'ai receu le tout, et abonde: j'ai esté rempli, ayant receu d'Epaphrodite ce qui m'a esté envoyé de par vous, comme une odeur de bonne senteur, un sacrifice agreable et plaisant à Dieu. Aussi mon Dieu suppléera à tout ce dont vous aurez besoin, selon ses richesses, avec gloire en Jesus Christ. Or à nostre Dieu et Pere soit gloire aux siecles des siecles. amen. Saluëz chacun des Saints en Jesus Christ. les freres qui sont avec moi vous saluënt. Tous les Saints vous saluënt, et principalement ceux qui sont de la maison de Cesar. La grace de nostre Seigneur Jesus Christ soit avec vous tous. Amen.
Paul Apostre de Jesus Christ par la volonté de Dieu, et le frere Timothée: Aux Saints et Freres fideles en Christ qui sont à Colosses: Grace vous soit et paix, de par Dieu nostre Pere, et de par le Seigneur Jesus Christ. Nous rendons toûjours graces de vous à Dieu, qui est le Pere de nostre Seigneur Jesus Christ prians toûjours pour vous. Ayans ouï parler de vostre foi en Jesus Christ, et de la charité que vous avez envers tous les Saints: Pour l'esperance qui vous est reservée és cieux, laquelle vous avez ci-devant ouïe par la parole de verité, assavoir de l'Evangile; Qui est parvenu à vous, comme aussi il est par tout le monde, et fructifie ainsi en vous, depuis le jour que vous avez ouï et connu la grace de Dieu en verité. Comme aussi vous l'avez appris d'Epaphras nostre cher compagnon de service, qui est fidele ministre de Christ pour vous: Lequel aussi nous a declaré vostre charité que vous avez en Esprit. Et partant aussi dés le jour que nous avons entendu cela, nous ne cessons de prier pour vous, et de demander que vous soyez remplis de la connoissance de la volonté d'icelui, en toute sapience et intelligence spirituelle: Afin que vous cheminiez dignement comme il est seant selon le Seigneur, en lui plaisant entierement, fructifians en toute bonne oeuvre, et croissans en la connoissance de Dieu: Estans fortifiez en toute force, selon la vertu de sa gloire, en toute souffrance et esprit patient avec joye: Rendans graces au Pere qui nous a rendus capables de participer à l'heritage des Saints en la lumiere: Lequel nous a delivrez de la puissance des tenebres, et nous a transportez au Royaume de son Fils bien-aimé. En qui nous avons delivrance par son sang, assavoir remission des pechez. Lequel est l'image de Dieu invisible, le premier né de toute creature. Car par lui ont esté creés toutes les choses qui sont és cieux et qui sont en la terre, visibles et invisibles, soit les Trônes, ou les Dominations, ou les Principautez, ou les Puissances: toutes choses ont esté creés par lui et pour lui. Et il est devant toutes choses, et toutes subsistent par lui. Et c'est lui qui est le Chef du corps de l'Eglise, et qui est le commencement et le premier-né d'entre les morts: afin qu'il tienne le premier lieu en toutes choses. Car le bon-plaisir du Pere a esté que toute plenitude habitast en lui: Et de reconcilier par lui toutes choses à soi, ayant fait la paix par sang de la croix d'icelui, assavoir tant les choses qui sont és cieux, que celles qui sont en la terre. Et vous qui estiez autrefois estrangez de lui, et qui estiez ses ennemis en vostre entendement, en mauvaises oeuvres: Maintenant toutefois il vous a reconciliez au corps de sa chair, par la mort, pour vous rendre saints, sans tache, et irreprehensibles devant soi. Voire si vous demeurez en la foi, estans fondez et fermes, et n'estes point transportez hors de l'esperance de l'Evangile que vous avez ouï, lequel est presché entre toute creature qui est sous le ciel, duquel moi Paul ai esté fait ministre. Dont je m'éjouïs maintenant en mes souffrances pour vous, et accomplis le reste des afflictions de Christ en ma chair, pour son corps, qui est l'Eglise: De laquelle j'ai esté fait ministre, selon la dispensation de Dieu qui m'a esté donnée envers vous, pour accomplir la parole de Dieu. Assavoir le mystere qui avoit esté caché dés tous les siecles et âges: mais qui est maintenant manifesté à ses Saints: Ausquels Dieu a voulu donner à connoistre quelles sont les richesses de la gloire de ce mystere entre les Gentils, qui est Christ en vous, l'esperance de gloire: Lequel nous annonçons, admonestans tout homme, et enseignans tout homme, et enseignans tout homme en toute sapience: afin que nous rendions tout homme parfait en Jesus Christ. A quoi aussi je travaille, combattant selon efficace, laquelle agit puissamment en moi. Car je veux que vous sçachiez combien est grand le combat que j'ai pour vous, et pour ceux qui sont à Laodicée, et pour tous ceux qui n'ont point veu ma presence en la chair: Afin que leurs coeurs soyent consolez, eux estans joints ensemble en charité, et en toues richesses de pleine certitude d'intelligence, à la connoissance du mystere de nostre Dieu et Pere et de Christ: En qui sont cachez tous les thresors de sapience et de science. Or je dis ceci, afin que nul ne vous abuse par des paroles de persuasion. Car bien que je sois absent de corps, toutefois d'esprit je suis avec vous, en m'éjouïssant, et voyant vostre ordre, et la fermeté de vostre foi que vous avez en Christ. Ainsi donc que vous avez receu le Seigneur Jesus Christ, cheminez en lui: Estans enracinez et edifiez en lui, et confirmez en la foi, comme vous avez esté enseignez, abondans en elle avec action de graces. Prenez garde que nul ne vous butine par la philosophie et vaine deception, selon la tradition des hommes, selon les rudimens du monde, et non point selon Christ. Car en lui habite corporellement toute plenitude de Deïté. Et vous estes rendus accomplis en lui, qui est le chef de toute principauté et puissance: En qui aussi vous avez esté circoncis d'une circoncision faite sans main, par le dépouillement du corps des pechez de la chair, assavoir par la circoncision de Christ: Estans ensevelis avec lui par le Baptesme: en qui aussi vous estes ensemble ressuscitez, par la foi de l'efficace de Dieu qui l'a ressuscité des morts. Et lors que vous estiez morts en vos offenses et au prepuce de vostre chair, il vous a vivifiez ensemble avec lui, vous ayant gratuïtement pardonné toutes vos offenses: En ayant effacé l'obligation qui estoit contre nous, laquelle consistoit aux ordonnances, et nous estoit contraire: et laquelle il a entierement abolie, l'ayant fichée en la croix: Ayant dépouillé les Principautez et les Puissances, lesquelles il a publiquement menées en montre, triomphant d'elles en elle. Que nul donc ne vous condamne en manger ou en boire, ou en distinction d'un jour de feste, ou de nouvelle Lune, ou de Sabbats. Lesquelles choses sont ombre de celles qui estoyent à venir, mais le corps en est en Christ. Que nul ne vous maistrise à son plaisir par l'humilité d'esprit, et service des Anges, s'ingerant és choses qu'il n'a point veuës, estant temerairement enflé du sens de sa chair: Et ne retenant point le chef, duquel tout le corps estant fourni et ajusté ensemble par les jointures et les liaisons, croist en accroissement de Dieu. Si donc vous estes morts avec Christ, quant aux rudimens du monde, pourquoi vous charge-t'on d'ordonnances, comme si vous viviez au monde ? Assavoir, Ne mange, Ne gouste, Ne touche point. Qui sont toutes choses perissables par l'usage, estant establies suivant les commandemens et les doctrines des hommes: Lesquelles ont toutefois quelque apparence de sapience en devotion volontaire et humilité d'esprit, et en ce qu'elles n'espargnent nullement le corps, et n'ont aucun égard au rassasiement de la chair. Si donc vous estes ressuscitez avec Christ, cherchez les choses qui sont en haut, là où Christ est assis à la dextre de Dieu. Pensez aux choses qui sont en haut, non point à celles qui sont sur la terre. Car vous estes morts, et vostre vie est cachée avec Christ en Dieu. Quand Christ, qui est vostre vie, apparoistra, alors aussi vous apparoistrez avec lui en gloire. Mortifiez donc vos membres qui sont sur la terre, paillardise, souillure, appetit desordonné, mauvaise, et avarice, qui est idolatrie. Pour lesquelles choses l'ire de Dieu vient sur les enfans de rebellion. Esquelles aussi vous avez cheminé autrefois, quand vous viviez en elles. Mais maintenant vous aussi dépouillez toutes ces choses, ire, colere, mauvaistié, médisance, parole deshonneste hors de vostre bouche. Ne mentez point l'un à l'autre, ayans devestu le vieil homme avec ses actes: Et ayans revestu le nouvel homme, lequel se renouvelle en connoissance selon l'image de celui qui l'a creé. Là où il n'y a ni Grec, ni Juif, ni Circoncision, ni Prepuce, ni Barbare, ni Scythe, ni serf, ni franc, mais Christ y est tout, et en tous. Soyez donc (comme éleus de Dieu, saints et bien-aimez) revestus des entrailles de misericorde, de benignité, d'humilité, de douceur, d'esprit patient: Supportans l'un l'autre, et pardonnans les uns aux autres, si l'un a querelle contre l'autre: comme Christ vous a pardonné, vous aussi faites le semblable. Et outre tout cela, soyés revestus de charité, qui est le lien de perfection. Et que la paix de Dieu tienne le principal lieu en vos coeurs, à laquelle vous estes appellez en un corps, et soyez reconnoissans. Que la parole de Christ habite en vous plantureusement en toute sapience, en vous enseignant et admonestant l'un l'autre par Pseaumes, loüanges, chansons spirituelles, avec grace, chantans de vostre coeur au Seigneur. Et quelque choses que vous fassiez, soit par parole ou par oeuvre, faites le tout au Nom du Seigneur Jesus, rendans graces par lui à nostre Dieu et Pere. Femmes, soyez sujettes à vos propres maris, ainsi qu'il appartient selon le Seigneur. Maris, aimez vos femmes, et ne vous enaigrissez point contre elles. Enfans, obeïssez à peres et à meres en toutes choses: car cela est plaisant au Seigneur. Peres, n'irritez point vos enfans, afin qu'ils ne perdent point courage. Serviteurs, obeïssez en toutes choses à ceux qui sont vos maistres selon la chair, ne servans point à l'oeil, comme voulans complaire aux hommes, mais en simplicité de coeur, craignans Dieu. Et quelque chose que vous fassiez, faites-le tout avec courage, comme au Seigneur, et non point comme aux hommes: Sçachans que vous recevrez du Seigneur le salaire de l'heritage: car vous servez à Christ le Seigneur. Mais celui qui fait injustement, recevra ce qu'il aura fait injustement: et il n'y aura point d'égard à l'apparence des personnes. Maistres, rendez le droict et l'equité à vos serviteurs, sçachans que vous aussi avez un Seigneur és cieux. Perseverez en priere, veillans en elle avec action de graces: Prians ensemble aussi pour nous, afin que Dieu nous ouvre la porte de la parole, pour annoncer le mystere de Christ, pour lequel aussi je suis prisonnier: Afin que je le manifeste comme il faut que je parle. Cheminez sagement envers ceux de dehors, rachetans le temps. Que vostre parole soit toûjours confite en sel avec grace, afin que vous sçachiez comment vous avez à respondre à chacun. Tychique nostre frere bien-aimé, et fidele ministre, et compagnon de service au Seigneur, vous fera sçavoir tout mon estat: Lequel j'ai envoyé vers vous expressément, afin qu'il connoisse de vostre estat, et qu'il console vos coeurs; Avec Onesime nostre fidele et bien-aimé frere, qui est des vostres: ils vous avertiront de toutes les affaires de par deça. Aristarque, qui est prisonnier avec moi, vous saluë, et Marc le cousin de Barnabas: (touchant lequel vous avez receu mandement, s'il vient à vous, recuëillez-le.) Et Jesus qui est appellé Juste: lesquels sont de la Circoncision: ceux-ci seuls sont mes compagnons d'oeuvre au royaume de Dieu, lesquels m'ont esté en consolation. Epaphras qui est des vostres, serviteur de Christ, vous saluë, combattant toûjours pour vous en prieres, afin que vous demeuriez parfaits et accomplis en toute la volonté de Dieu. Car je lui rens témoignage qu'il a un grand zele pour vous, et pour ceux qui sont à Laodicée, et pour ceux qui sont à Hierapolis. Luc le medecin bien-aimé vous saluë, et Demas aussi. Salüez les freres qui sont à Laodicée, et Nymphas, et l'Eglise qui est en sa maison. Et quand cette Epistre aura esté leuë entre vous, faites qu'elle soit aussi leuë en l'Eglise des Laodiciens, et que vous lisiez aussi celle qui est venuë de Laodicée. Et dites à Archippe, Regarde l'administration que tu as receuë au Seigneur, afin que tu l'accomplisses. La salutation de la propre main de moi Paul. Ayez souvenance de mes liens. Grace soit avec vous. Amen.
Paul et Silvain, et Timothée, à l'Eglise des Thessaloniciens, qui est en Dieu le Pere, et au Seigneur Jesus Christ: Grace vous soit et paix, de par Dieu nostre Pere, et de par le Seigneur Jesus Christ. Nous rendons toûjours graces à Dieu de vous tous, faisons mention de vous en nos prieres: Nous ramentevans sans cesse l'oeuvre de vostre foi, et le travail de vostre charité, et la patience de vostre esperance que vous avés en nostre Seigneur Jesus Christ devant nostre Dieu et Pere: Sçachans, freres bien-aimez de Dieu, vostre élection. Car nostre predication de l'Evangile n'a point esté en vostre endroit, seulement en parole, mais aussi en vertu, et en Saint Esprit, et en grande certitude, ainsi que vous sçavez quels nous avons esté entre vous pour l'amour de vous. Aussi avez-vous esté imitateurs de nous, et du Seigneur: ayans receu avec joye du Saint Esprit la Parole accompagnée de grande affliction: Tellement que vous avez esté pour patron à tous les croyans en la Macedone et en l'Achaïe. Car la parole du Seigneur a retenti de par vous, non seulement en la Macedone et en l'Achaïe, mais aussi en tous lieux: et vostre foi envers Dieu est divulguée, tellement qu'il ne nous est pas besoin d'en rien dire: Car eux-mesmes racontent de nous, quelle entrée nous avons euë vers vous, et comment vous avez esté convertis des idoles à Dieu, pour servir le Dieu vivant et vrai: Et pour attendre des cieux son Fils Jesus, qu'il a ressuscité des mors, lequel nous delivre de l'ire à venir. Car, freres, vous-mesmes sçavez que nostre entrée vers vous n'a point esté vaine: Mais encore qu'auparavant nous eussions esté affligez et outragez à Philippes, comme vous sçavez, nous avons pris hardiesse en nostre Dieu de vous annoncer l'Evangile de Dieu avec un grand combat. Car nostre exhortation n'a point esté par abusion, ni par vilenie, ni en fraude. Mais comme nous avons esté approuvez de Dieu, à ce que la predication de l'Evangile nous fust commise, ainsi parlons-nous, non point comme voulant complaire aux hommes, mais à Dieu qui esprouve nos coeurs. Car aussi nous ne nous sommes jamais trouvez en parole de flatterie, ainsi que vous le sçavez, ni en pretexte d'avarice: Dieu en est tesmoin. Et nous n'avons point cherché la gloire des hommes, ni de par vous, ni par autres: encore que nous eussions pû montrer de l'authorité comme Apostres de Christ: Mais nous avons esté doux au milieu de vous, comme si une nourrice nourrissoit tendrement ses enfans. Estant donc ainsi affectionnez envers vous, nous souhaittions de vous élargir, non seulement l'Evangile de Dieu, mais aussi nos propres ames, parce que vous estiez bien-aimez de nous. Car, freres, vous vous souvenez de nostre labeur et travail: veu que nous vous avons presché l'Evangile de Dieu, travaillans nuit et jour, afin de ne charger aucun de vous. Vous estes tesmoins, et Dieu aussi, comme nous nous sommes portez sainctement et justement, et sans reproche envers vous qui croyez: Ainsi que vous sçavez que nous avons exhorté chacun de vous: (comme un pere ses enfans:) Et consolé, et adjuré que vous cheminassiez dignement, comme il est seant selon Dieu, qui vous appelle à son royaume et à sa gloire. Pour cette cause aussi, nous rendons graces à Dieu sans cesse, de ce que quand vous avez receu de nous la parole de la predication de Dieu, vous l'avez receuë non point comme parole des hommes, mais (ainsi qu'elle est veritablement) comme parole de Dieu, laquelle aussi agit avec efficace en vous qui croyez. Car, freres, vous estes faits imitateurs des Eglises de Dieu qui sont en Judée en Jesus Christ, parce que vous avez aussi souffert les mesmes choses de par ceux de vostre propre nation, comme aussi eux par les Juifs: Lesquels ont mesme mis à mort le Seigneur Jesus, et leurs propres Prophetes, et nous ont déchassez et ne plaisent point à Dieu, et sont adversaires à tous hommes: Nous empeschans de parler aux Gentils à ce qu'ils soyent sauvez, afin qu'ils comblent toûjours leurs pechez: car l'ire est parvenuë sur eux jusques au bout. Or, freres, entant que nous avons esté privez de vous pour un moment de temps, de veuë, non point de coeur, nous nous sommes employez avec un grand desir de voir vostre face. C'est pourquoi nous avons voulu venir vers vous (au moins moi Paul) une fois, voire deux: mais Satan nous y a mis de l'empeschement. Car quelle est nostre esperance, ou joye, ou couronne de gloire ? n'est-ce pas vous aussi devant nostre Seigneur Jesus Christ à sa venuë? Certes vous estes nostre gloire et nostre joye. C'est pourquoi ne pouvant plus endurer, il nous sembla bon d'estre laissez seuls à Athenes. Et nous envoyames Timothée nostre frere, et minstre de Dieu, et nostre compagnon d'oeuvre en l'Evangile de Christ, pour vous affermir, et pour vous exhorter touchant vostre foi: Afin que nul ne soit troublé en ces afflictions, car vous sçavez vous mesmes que nous sommes ordonnez à cela. Car quand nous estions avec vous, nous vous predisions que nous aurions à souffrir des afflictions: comme aussi il est advenu, et vous le sçavez. Et partant aussi ne pouvant plus endurer, je l'envoyai pour connoistre de l'estat de vostre foi: de peur que celui qui tente, ne vous eust tentez en quelque sorte, et que nostre labeur ne fust tourné à neant. Or Timothée estant revenu depuis peu vers nous de devers vous, et nous ayant apporté de joyeuses nouvelles touchant vostre foi et vostre charité, et comme vous avez toûjours bonne souvenance de nous, desirant grandement de nous voir, comme nous aussi vous: Pour cette cause, freres, nous avons esté consolez en vous, en toute nostre affliction et necessité, par vostre foi. Car maintenant nous vivons, si vous tenez fermes au Seigneur. Car quelle action de graces pouvons nous rendre à Dieu touchant vous, pour toute la joye de laquelle nous nous éjouïssons à cause de vous devant nostre Dieu ? Priant jour et nuit de plus en plus de revoir vostre face, afin de suppléer à ce qui defaut à vostre foi. Or nostre Dieu et Pere, et nostre Seigneur Jesus, veuille addresser nostre chemin vers vous. Et le Seigneur vous accroisse, et vous fasse abonder tant et plus en charité les uns envers les autres, et envers tous, comme nous aussi abondons envers vous: Pour affermir vos coeurs sans reproche en sainteté, devant Dieu qui est nostre Pere, à la venuë de nostre Seigneur Jesus Christ, avec tous ses Saints. Au reste donc, freres, nous vous prions et requerons par le Seigneur Jesus, qu'ainsi que vous avez receu de nous comme il faut converser et plaire à Dieu, vous abondiez de plus en plus. Car vous sçavez quels commandemens nous vous avons donnez de par le Seigneur Jesus. Car c'est ici la volonté de Dieu, vostre sanctification, que vous vous absteniez de paillardise: A ce que chacun de vous sçache posseder son vaisseau sanctification et honneur: Non point avec passion de convoitise, comme les Gentils qui ne connoissent point Dieu. Que personne ne foule ou fasse son profit au dommage de son frere en aucune affaire, dautant que le Seigneur est le vengeur de toutes ces choses, comme aussi nous vous l'avons auparavant dit et testifié. Car Dieu ne nous a point appellez à ordure, mais à sanctification. C'est pourquoi celui qui rejette ceci, ne rejette point un homme, mais Dieu, qui a aussi mis son saint Esprit en nous. Quand à la dilection fraternelle, vous n'avez point de besoin que je vous en escrive: car vous-mesmes estes enseignez de Dieu, à vous aimer l'un l'autre. Car aussi vous le faites envers tous les freres qui sont en toute la Macedone: mais, freres, nous vous prions que vous y abondiez de plus en plus: Et que vous vous evertuïez à vivre paisiblement, et à faire vos propres affaires, et que vous travailliez de vos propre mains, comme nous vous l'avons commandé. Afin que vous vous portiez honnestement envers ceux qui sont de dehors, et que vous n'ayez faute de rien. Or, freres, je ne veux point que vous soyez ignorans touchant ceux qui dorment, afin que vous ne soyez point contristez comme les autres qui n'ont point d'esperance. Car si nous croyons que Jesus est mort, et qu'il est ressuscité: pareillement aussi ceux qui dorment en Jesus, Dieu les ramenera avec lui. Car nous vous disons ceci par la parole du Seigneur, c'est que nous qui vivrons et resterons à la venuë du Seigneur, ne previendrons point ceux qui dorment. Car le Seigneur lui-mesme avec cri d'exhortation, et voix d'archange, et avec la trompette de Dieu, descendra du ciel: et ceux qui sont morts en Christ ressusciteront premierement. Puis apres nous qui vivrons et resterons serons ravis ensemble avec eux és nuées au devant du Seigneur en l'air: et ainsi nous serons toûjours avec le Seigneur. C'est pourquoi consolez-vous l'un l'autre par ces paroles. Or touchant les temps et les momens, freres, vous n'avez point de besoin qu'on vous en escrive. Car vous-mesmes sçavez tres-bien que le jour du Seigneur viendra comme le larron en la nuit. Car quand ils diront, Paix et seureté, alors il leur surviendra une soudaine destruction, comme le travail à celle qui est enceinte, et ils n'eschapperont point. Mais quant à vous, freres, vous n'estes point en tenebres, de sorte que ce jour-là vous surprenne comme le larron. Vous estes tous enfans de lumiere, et enfans du jour: nous ne sommes point de la nuit, ni des tenebres. Ainsi donc ne dormons point comme les autres mais veillons et soyons sobres. Car ceux qui dorment, dorment de nuit: et ceux qui s'enyvrent, s'enyvrent de nuit. Mais nous qui sommes de jour, soyons sobres, estant revestus du corcelet de la foi et de la charité, et pour casque, de l'esperance de salut. Car Dieu ne nous a point ordonnez à ire, mais pour l'acquisition du salut par nostre Seigneur Jesus Christ; Qui est mort pour nous, afin que soit que nous veillons, soit que nous dormions, nous vivions avec lui. C'est pourquoi exhortez-vous l'un l'autre, et edifiez-vous chacun l'un l'autre, comme aussi vous faites. Or, freres, nous vous prions que vous reconnoissiez ceux qui travaillent entre vous, et qui president sur vous au Seigneur, et qui vous admonestent: Et que vous les ayez en souveraine amour pour l'oeuvre qu'ils font. Soyez en paix entre vous. Pareillement nous vous prions, freres, que vous admonestiez les déreglez: que vous consoliez ceux qui sont de petit courage: que vous soyez d'esprit patient envers tous. Avisez que nul ne rende à aucun mal pour mal: mais pourchassez toûjours ce qui est bon, tant les uns envers les autres, qu'envers tous. Soyez toûjours joyeux. Priez sans cesse. Rendez graces en toutes choses: car telle est la volonté de Dieu par Jesus Christ envers vous. N'esteignez point l'Esprit. Ne mesprisez point les propheties. Esprouvez toutes choses: retenez ce qui est bon. Abstenez-vous de toute apparence de mal. Or le Dieu de paix vous veuille sanctifier entierement: et vostre esprit entier, et l'ame, et le corps, soit conservé sans reproche à la venuë de nostre Seigneur Jesus Christ. Celui qui vous appelle est fidele, qui aussi le sera. Freres priez pour nous. Saluëz tous les freres, par un saint baiser. Je vous adjure par le Seigneur que cette Epistre soit leuë à tous les saints freres. La grace de nostre Seigneur Jesus Christ soit avec vous. Amen.
Paul et Silvain, et Timothée, à l'Eglise des Thessaloniciens, qui est en Dieu nostre Pere et au Seigneur Jesus Christ: Grace vous soit, et paix de par Dieu nostre Pere, et de par le Seigneur Jesus Christ. Freres, nous devons toûjours rendre graces à Dieu de vous, comme c'est bien raison, dautant que vostre foi croist grandement, et que la charité de chacun de vous abonde de l'un envers l'autre. Tellement que mesmes nous nous glorifions de vous és Eglises de Dieu, à cause de vostre patience et de vostre foi en toues vos persecutions et afflictions que vous soustenez: Lesquelles sont une manifeste demonstration du juste jugement de Dieu: à ce que vous soyez repurez dignes du royaume de Dieu: pour lequel aussi vous souffrez. Veu que c'est une chose juste envers Dieu, qu'il rende affliction à ceux qui vous affligent: Et à vous qui estes affligez, relasche avec nous, lors que le Seigneur Jesus sera revelé du ciel avec les Anges de sa puissance, Avec flamme de feu, exercant vengeance contre ceux qui ne connoissent point Dieu, et qui n'obeïssent point à l'Evangile de nostre Seigneur Jesus Christ. Lesquels seront punis de perdition eternelle, de par la face du Seigneur, et de par la gloire de sa force. Quand il viendra pour estre glorifié en ses Saints, et estre rendu admirable en tous les croyans (parce que nostre témoignage envers vous a esté creu) en ce jour-là. Pour laquelle cause aussi nous prions toûjours pour vous, que nostre Dieu vous rende dignes de sa vocation, et accomplisse en vous tout le bon plaisir de sa bonté, et l'oeuvre de la foi puissamment: Afin que le Nom de nostre Seigneur Jesus Christ soit glorifié en vous, et vous en lui, selon la grace de nostre Dieu, et du Seigneur Jesus Christ. Or, freres, nous vous prions par l'advenement de nostre Seigneur Jesus Christ, et par nostre recueil en lui. Que vous ne soyez point tost esbranlez d'entendement, ni troublez par esprit, ni par parole, ni par epistre, comme de par nous, comme si la journée de Christ estoit prochaine. Que nul ne vous seduise en quelque sorte que ce soit: car ce jour-là ne viendra point que premierement ne soit advenuë la revolte, et que l'homme de peché ne soit revelé, le fils de perdition: Qui s'oppose et s'éleve contre tout ce qui est nommé Dieu, ou qu'on adore, jusques à estre assis comme Dieu au temple de Dieu, se portant comme s'il estoit Dieu. Ne vous souvient-il point que quand j'estois encore avec vous, je vous disois ces choses? Et maintenant vous sçavez ce qui le retient, afin qu'il soit revelé en son temps. Car déja le mystere d'iniquité se met en train: seulement celui qui obtient maintenant, obtiendra jusques à ce qu'il soit aboli. Et alors le meschant sera revelé, lequel le Seigneur deconfira par l'Esprit de sa bouche, et abolira par la clarté de son advenement: Duquel meschant l'advenement est selon l'efficace de Satan: en toute puissance, et signes, et miracles de mensonge: Et en toute seduction d'iniquité, en ceux qui perissent: dautant qu'ils n'ont point receu la dilection de verité, pour estre sauvez: Et partant Dieu leur envoyera efficace d'erreur pour croire au mensonge: Afin que tous ceux-là soyent jugez qui n'ont point creu à la verité, mais ont pris plaisir à l'iniquité. Mais, ô freres bien aimez du Seigneur, nous devons toûjours rendre graces à Dieu quant à vous, de ce que Dieu vous a éleus dés le commencement à salut, en sanctification d'Esprit, et par la foi de verité. A quoi il vous a appellez par nostre Evangile, à l'acquisition de la gloire de nostre Seigneur Jesus Christ. C'est pourquoi, freres, demeurez fermes, et retenez les enseignemens que vous avez appris, soit par nostre parole, ou par nostre Epistre. Or lui-mesme Jesus Christ, nostre Seigneur, et nostre Dieu et Pere qui nous a aimez et nous a donné consolation eternelle, et bonne esperance en grace, Veuille consoler vos coeurs, et vous affermir en toute bonne parole et bonne oeuvre. Au reste, freres, priez pour nous, afin que la parole du Seigneur ait son cours, et soit glorifiée ainsi qu'entre vous: Et que nous soyons delivrez des gens desordonnez et meschans, car la foi n'est point de tous. Or le Seigneur est fidele, qui vous affermira, et gardera du malin. Aussi nous asseurons-nous de vous par le Seigneur, que vous faites et ferez toutes les choses que nous vous commandons. Or le Seigneur veuille addresser vos coeurs à l'amour de Dieu, et à l'attente de Christ. Freres, nous vous denonçons aussi au Nom de nostre Seigneur Jesus Christ, que vous vous retirez d'avec tout frere cheminant desordonnément, et non point selon l'enseignement qu'il a receu de nous. Car vous-mesmes sçavez comment il faut que vous nous ensuiviez: car nous ne nous sommes point portez desordonnément entre vous: Et n'avons point mangé le pain d'aucun pour neant, mais en labeur et en travail, travaillant nuit et jour, afin de ne charger aucun de vous. Non point que nous n'en ayons bien la puissance, mais afin de nous donner nous-mesmes pour patron en vostre endroit, afin que vous nous ensuiviez. Car aussi quand nous estions avec vous, nous vous denoncions cela mesme, que si quelqu'un ne veut pas travailler, qu'il ne mange point aussi. Car nous entendons qu'il y en a quelques-uns entre vous qui cheminent desordonnément, ne faisant rien, mais vivant curieusement. Or nous denonçons à ceux qui sont tels, et les exhortons par nostre Seigneur Jesus Christ, qu'en travaillant ils mangent leur pain paisiblement. Mais quant à vous, freres, ne vous lassez point en bien-faisant. Et si quelqu'un n'obeït point à nostre parole portée par céte Epître, marquez-le par lettres, et ne conversez point avec lui, afin qu'il ait de la honte. Toutefois ne le tenez point comme ennemi, mais admonestez-le comme frere. Or le Seigneur de paix vous donne toûjours paix en toute maniere. Le Seigneur soit avec vous tous. La salutation de la propre main de moi Paul, qui est un signe en toutes mes Epistres: j'escris ainsi. La grace de nostre Seigneur Jesus Christ soit avec vous tous. Amen.
Paul Apostre de Jesus Christ par le mandement de Dieu nostre Sauveur, et du Seigneur Jesus Christ nostre esperance: A Timothée mon vrai fils en la foi, grace, et misericorde, et paix de par Dieu nostre Pere, et de par Jesus Christ nostre Seigneur. Suivant ce dont je t'ai prié que tu demeurasses à Ephese, quand j'allois en Macedone, je t'avertis que tu denonces à certains qu'ils n'enseignent point une diverse doctrine. Et qu'ils ne s'adonnent point aux fables et genealogies qui sont sans fin, lesquelles engendrent plustost des questions que l'edification de Dieu, laquelle consiste en foi. Or la fin du commandement, c'est la charité procedante d'un coeur pur, et d'une bonne conscience, et d'une foi non feinte. Desquelles choses quelques-uns s'estant dévoyez, se sont destournez à un vain babil: Voulant estre docteurs de la Loi, n'entendant point les choses qu'ils disent, ni desquelles ils asseurent. Or nous sçavons que la Loi est bonne, si quelqu'un en use legitimement: Sçachant cela, que la Loi n'est point mise pour le juste, mais pour les iniques, et qui ne se peuvent ranger: pour ceux qui sont sans pieté, et les mal-vivans: pour les gens sans religion, et profanes: pour les meurtriers de pere et de mere, et homicides: Pour les paillards, pour ceux qui habitent avec les masles, les parjures: et s'il y a quelque autre chose qui soit contraire à la saine doctrine: Suivant l'Evangile de la gloire de Dieu bien-heureux, lequel Evangile m'est commis. Et je rens graces à celui qui m'a fortifié, assavoir à Jesus Christ nostre Seigneur, de ce qu'il m'a estimé fidele, m'ayant establi au ministere: Moi qui estois auparavant un blasphemateur, et persecuteur, et oppresseur: mais misericorde m'a esté faite, entant que je l'ai fait par ignorance, estant en infidelité. Mais la grace de nostre Seigneur a d'autant plus abondé avec foi et dilection, laquelle est en Jesus Christ. Cette parole est certaine, et digne d'estre entierement receuë, c'est que Jesus Christ est venu au monde pour sauver les pecheurs, desquels je suis le premier. Mais pour cette cause misericorde m'a esté faite, afin que Jesus Christ montrast en moi le premier toute clemence, pour un exemplaire à ceux qui viendront à croire en lui à vie eternelle. Or au Roi des siecles, immortel, invisible, à Dieu seul sage, soit honneur et gloire és siecles des siecles. Amen. Mon fils Timothée, je te recommande ce Commandement, que selon les propheties qui auparavant ont esté de toi, par elles tu fasses devoir de guerroyer en bonne guerre. Ayant foi et bonne conscience, laquelle quelques-uns ayant rejettée ont fait naufrage quant à la foi: D'entre lesquels sont Hymenée, et Alexandre, lesquels j'ai livré à Satan, afin qu'ils apprennent par ce chastiment à ne plus blasphemer. J'admoneste donc qu'avant toutes choses on fasse des requestes, des supplications et des actions de graces pour tous les hommes: Pour les Rois, et pour tous ceux qui sont constituez en dignité, afin que nous puissions mener une vie paisible et tranquille, en toute pieté et honnesteté. Car cela est bon et agreable devant Dieu nostre Sauveur: Lequel veut que tous les hommes soyent sauvez, et viennent à la connoissance de la verité. Car il y a un seul Dieu, et un seul Moyenneur entre Dieu et les hommes, assavoir Jesus Christ homme: Qui s'est donné soi-mesme en rançon pour tous, afin d'estre en témoignage en son propre temps. A quoi j'ai esté establi Heraut et Apostre (je dis verité en Christ, je ne mens point) Docteur des Gentils en foi et en verité. Je veux donc que les hommes prient en tout lieu, levant leurs mains pures, sans colere, et sans question. Pareillement aussi que les femmes se parent d'un accoustrement honneste avec vergogne et modestie, non point avec tresses, ni or, ni perles, ni habillemens somptueux: Mais de bonnes oeuvres, comme il est seant à des femmes qui font profession de servir Dieu. Que la femme apprene en silence, en toute sujettion. Car je ne permets point que la femme enseigne, ni qu'elle use d'authorité sur le mari, mais qu'elle soit en silence. Car Adam a esté formé le premier, et puis apres Eve. Et ce n'a point esté Adam qui a esté seduit, mais la femme ayant esté seduite, a esté en transgression. Or elle sera sauvée en engendrant des enfans, si elle demeure en foi, dilection, et sanctification, avec modestie. Cette parole est certaine, Si quelqu'un a affection d'estre Evesque, il desire une oeuvre excellente. Mais il faut que l'Evesque soit irreprehensible, mari d'une seule femme, vigilant, attrempé, honorable, hospitalier, propre à enseigner: Non point addonné au vin, non batteur, non convoiteux de gain deshonneste: mais benin, non quereleux, non avaricieux: Conduisant honnestement sa propre maison, ayant ses enfans sujets en toute reverence: (Car si quelqu'un ne sçait pas conduire sa propre maison, comment pourra-t'il gouverner l'Eglise de Dieu?) Non point nouvel apprenti: de peur qu'estant enflé d'orgueil: il ne tombe en la condamnation du calomniateur. Il faut aussi qu'il ait bon témoignage de ceux qui sont de dehors, afin qu'il ne tombe point en reproche, et au piege du diable. Semblablement il faut que les Diacres soyent graves, non doubles en parole, non adonnez à beaucoup de vin, non convoiteux de gain deshonneste: Retenans le mystere de la foi en une conscience pure. Et que ceux-ci aussi soyent premierement esprouvez, puis qu'ils servent, estant trouvez irreprehensibles. Semblablement il faut que leurs femmes soyent honnestes, non mesdisantes, sobres, fideles en toutes choses. Que les Diacres soyent maris d'une seul femme, conduisant honnestes leurs enfans, et leurs propres maisons. Car ceux qui auront bien servi, acquierent un bon degré pour eux, et une grande liberté en la foi, laquelle est en Jesus Christ. Je t'écris ces choses, esperant que je viendrai bien-tost vers toi: Que si je tarde, c'est afin que tu sçaches, comment il faut converser en la maison de Dieu, qui est l'Eglise du Dieu vivant, la colomne et l'appui de la vérité. Et sans contredit le mystere de pieté est grand, assavoir que Dieu a esté manifesté en chair, justifié en Esprit, veu des Anges, presché aux Gentils, creu au monde, et enlevé en gloire. Or l'Esprit dit notamment qu'és derniers temps, quelques-uns se revolteront de la foi, s'adonnant aux esprits abuseurs, et aux doctrines des diables: Enseignant des mensonges par hypocrisie, estant cauterizez en leur propre conscience: Defendant de se marier, commandant de s'abstenir des viandes que Dieu a creées pour les fideles: et pour en user avec action de graces. Car toute creature de Dieu est bonne, et rien n'est à rejetter, estant pris avec action de graces. Car elle est sanctifiée par la parole de Dieu, et par la priere. Si tu proposes ces choses aux freres, tu seras bon Ministre de Jesus Christ, nourri és paroles de la foi et de la bonne doctrine que tu as soigneusement suivie. Mais rejette les fables profanes, et semblables à celles des vieilles: et t'exerce en la pieté. Car l'exercice corporel est profitable à peu de choses, mais la pieté est profitable à toutes choses, ayant les promesses de la vie presente, et de celle qui est à venir. Cette parole est certaine, et digne d'estre entierement receuë. Car pour cela aussi nous travaillons, et sommes en opprobre, parce que nous esperons au Dieu vivant: qui est le conservateur de tous les hommes, mais principalement des fideles. Annonce ces choses, et les enseigne. Que nul ne mesprise ta jeunesse: mais sois patron des fideles en paroles, en conversation, en dilection, en esprit, en foi, en pureté. Sois attentif à la lecture, à l'exhortation, et a l'endoctrinement jusques à ce que je vienne. Ne neglige point le don qui est en toi, lequel t'a esté donné par prophetie, par l'imposotion des mains de la compagnie des Anciens. Pratique ces choses, et y sois attentif: afin qu'il soit connu à tous que tu profites. Entens à toi et à l'endoctrinement: sois perseverant en ces choses: car en ce faisant tu te sauveras toi-mesme, et ceux qui t'écoutent. Ne reprens pas rudement l'homme ancien; mais admoneste le comme pere: les jeunes comme freres: Les femmes anciennes comme meres: les jeunes comme soeurs, en toue pureté. Honore les veuves qui sont vraiment veuves. Mais si quelque veuve a des enfans ou des enfans de ses enfans, qu'ils apprennent premierement à montrer leur pieté envers leur propre maison, et à rendre la pareille à leurs devanciers: car cela est bon et agreable devant Dieu. Or celle qui est vraiment veuve et delaissée seule, espere en Dieu, et persevere en prieres et oraisons nuit et jour. Mais celle qui vit en delices, est morte en vivant. Denonce donc ces choses, afin qu'elles soyent irreprehensibles. Que si quelqu'un n'a pas soin des siens, et principalement de ceux de sa famille, il a renié la foi, et est pire qu'un infidele. Que la veuve soit enrôlée n'ayant pas moins de soixante ans, et qui ait esté femme d'un seul mari: Ayant témoignage d'avoir fait de bonnes oeuvres, si elle a nourri ses propres enfans, si elle a logé les estrangers, si elle a lavé les pieds des Saints, si elle a subvenu aux affligez, si elle a soigneusement suivi toute bonne oeuvre. Mais refuse les veuves qui sont plus jeunes: car quand elles sont devenuës lascives contre Christ, elles se veulent marier: Ayant leur condamnation, entant qu'elles ont faussé leur premiere foi. Et avec cela aussi estant oiseuses, elles apprennent d'aller de maison en maison: et sont non seulement oiseuses, mais aussi babillardes, et curieuses, en babillant de choses malseantes. Je veux donc que les jeunes veuves se marient, qu'elles procréent lignée, qu'elles gouvernent le mesnage: et qu'elles ne donnent aucune occasion à l'adversaire de mesdire. Car quelques-unes se sont déja devoyées apres Satan. Que si quelque homme ou femme fidele a des veuves, qu'il leur subvienne, et que l'Eglise n'en soit point chargée, afin qu'il y ait assez pour celles qui sont vraiment veuves. Que les Anciens qui president deuëment, soyent reputez dignes de double honneur: principalement ceux qui travaillent en la Parole et en l'endoctrinement. Car l'Escriture dit, Tu n'emmuseleras point le boeuf qui foule le grain: Et l'ouvrier est digne de son salaire. Ne reçoi point d'accusation contre l'Ancien, sinon sous deux ou trois tesmoins. Reprens publiquement ceux qui pechent, afin que les autres aussi en ayent crainte. Je t'adjure devant Dieu, et le Seigneur Jesus Christ, et les Anges éleus, que tu gardes ces choses sans preferer l'un à l'autre, ne faisant rien en panchant d'un costé. N'impose point hastivement les mains sur aucun, et ne communique point aux pechez d'autrui: garde toi pur toi-mesme. Ne boi plus d'eau, mais use d'un peu de vin à cause de ton estomac, et à cause des maladies que tu as souvent. Les pechez de quelques-uns se manifestent devant, et viennent en avant à leur condamnation: mais en d'autres ils suivent apres. Semblablement aussi les bonnes oeuvres se manifestent devant, et celles qui sont autrement ne peuvent estre cachées. Que tous serfs qui sont sous le joug, reputent leur propres maistres dignes de tout honneur, afin que le Nom de Dieu et sa doctrine ne soit blasphemée. Et ceux qui ont des maistres fideles, qu'ils ne les méprisent point à cause qu'ils sont freres, mais plustost qu'ils les servent, à cause qu'ils sont fideles et bien-aimez, estant participans du benefice. Enseigne ces choses, et exhorte. Si quelqu'un enseigne autrement, et ne consent point aux saines paroles de nostre Seigneur Jesus Christ, et à la doctrine qui est selon la pieté; Il est enflé, ne sçachant rien, mais estant fol apres des questions et debats de paroles, desquelles s'engendrent envies, querelles, médisances, mauvais soupçons, Vaines disputes d'hommes qui sont corrompus d'entendement, et destituez de verité, reputans la pieté estre gain: retire toi de ceux qui sont tels. Or la pieté avec contentement d'esprit est un grand gain. Car nous n'avons rien apporté au monde: aussi est-il evident que nous n'en pouvons rien emporter. Mais ayans la nourriture, et dequoi nous puissions estre couverts, cela nous suffira. Or ceux qui veulent devenir riches, tombent en tentation, et au piege, et en plusieurs desirs fols et nuisibles, qui plongent les hommes en destruction et perdition. Car la racine de tous maux c'est la convoitise des richesses: desquelles quelques-uns ayans envie, se sont desvoyez de la foi, et sont eux-mesmes enserrez en plusieurs douleurs. Mais toi, ô homme de Dieu, fui ces choses, et pourchasse justice, pieté, foi, charité, patience, debonnaireté. Combats le bon combat de la foi: apprehende la vie eternelle, à laquelle aussi tu es appellé, et en as fait une bonne profession devant beaucoup de tesmoins. Je t'enjoins devant Dieu qui vivifie toutes choses, et devant Jesus Christ qui a fait cette belle confession devant Ponce Pilate: Que tu gardes ce commandement, estant sans macule et sans reprehension, jusques à l'apparition de nostre Seigneur Jesus Christ. Laquelle le bien-heureux et seul Prince, Roi des rois, et Seigneur des Seigneurs, montrera en sa propre saison. Lequel seul a immortalité, et habite en une lumiere inaccessible; lequel nul des hommes n'a veu, et ne peut voir: auquel soit honneur et force eternelle. Amen. Denonce à ceux qui sont riches en ce monde, qu'ils ne soyent point hautains: qu'ils ne mettent point leur confiance en l'incertitude des richesses, mais au Dieu vivant qui nous baille toutes choses abondamment pour en joüir. Qu'ils fassent du bien, qu'ils soyent riches en bonnes oeuvres, qu'ils soyent faciles à distribuer, communicatifs: Se faisans un tresor d'un bon fondement pour l'avenir, afin qu'ils apprehendent la vie eternelle. O Timothée ! Garde le depost, fuyant les crieries vaines et profanes, et les contradictions d'une science faussement ainsi nommée: De laquelle quelques-uns faisant profession, se sont dévoyez de la foi. Grace soit avec toi. Amen.
Paul Apostre de Jesus Christ, par la volonté de Dieu, selon la promesse de la vie qui est en Jesus Christ: A Timothée mon fils bien-aimé, grace, misericorde, et paix, de par Dieu le Pere, et de par Jesus Christ nostre Seigneur. Je rens graces à Dieu, auquel je sers dés mes ancestres en pure conscience, de ce que sans cesse je fais mention de toi en mes prieres nuit et jour: Desirant grandement de te voir, ayant souvenance de tes larmes, afin que je sois rempli de joye: Me reduisant en memoire la foi non feinte qui est en toi, laquelle a premierement habité en Loïs ta grand' mere, et en Eunice ta mere: et je suis persuadé qu'elle habite aussi en toi. Pour laquelle cause je t'admoneste que tu r'allumes le don de Dieu qui est en toi, par l'imposition de mes mains. Car Dieu ne nous a point donné un esprit de timidité: mais de force, de dilection, et de sens rassis. Ne prens donc point à honte le témoignage de nostre Seigneur, ni moi qui suis son prisonnier: mais sois participant des afflictions de l'Evangile, selon la puissance de Dieu; Qui nous a sauvez et appellez par une saincte vacation: non point selon nos oeuvres, mais selon son propos arresté et la grace laquelle nous a esté donnée en Jesus Christ devant les temps eternels: Et est maintenant manifestée par l'apparition de nostre Sauveur Jesus Christ, qui a destruit la mort, et amis en lumiere la vie et l'immortalité par l'Evangile. A quoi je suis establi Heraut et Apostre, et Docteur des Gentils: Pour laquelle cause aussi j'endure ces choses: toutefois je ne les prens point à honte: car je sçai à qui j'ai creu, et suis persuadé qu'il est puissant pour garder mon depost jusques à cette journée-là. Retien le vray patron des saines paroles que tu as oüies de moi, en foi et en charité qui est en Jesus Christ. Garde le bon depost par le Sainct Esprit qui habite en nous. Tu sçais cela que tous ceux qui sont en Asie, se sont destournez de moi: d'entre lesquels sont Phygelle et Hermogene. Le Seigneur fasse misericorde à la maison d'Onesiphore: car souventefois il m'a recreé, et n'a point pris à honte ma chaîne: Au contraire quand il a esté à Rome, il m'a cherché tres-soigneusement, et m'a trouvé. Le Seigneur lui donne de trouver misericorde envers le Seigneur en cette journée-là: et tout ce en quoi il m'a servi à Ephese, tu le connois tres-bien. Toi donc, mon fils, sois fortifié en la grace laquelle est en Jesus Christ. Et les choses que tu as entenduës de moi entre plusieurs tesmoins, commets-les à des gens fideles, qui soyent suffisans pour enseigner aussi les autres. Toi donc, endure les travaux comme bon soldat de Jesus Christ. Nul qui va à la guerre ne s'empesche des affaires de cette vie: afin qu'il plaise à celui qui l'a enrôllé pour la guerre. Pareillement si quelqu'un combat en la lice, il n'est point couronné, s'il n'a combattu deuëment. Il faut que le laboureur en travaillant premierement, recueille puis apres les fruits. Considere ce que je dis: et le Seigneur te donne entendement en toutes choses. Souvient-toi que Jesus Christ est ressuscité des morts, estant de la semence de David, selon mon Evangile: Auquel j'endure des travaux jusques aux liens, comme mal-faiteur: mais la parole de Dieu n'est point liée. Pour cette cause je souffre toutes choses pour l'amour des éleus, afin qu'ils obtiennent aussi le salut qui est en Jesus Christ, avec gloire eternelle. Cette parole est certaine: que si nous mourons avec lui, nous vivrons aussi avec lui: Si nous souffrons avec lui, nous regnerons aussi avec lui. Si nous le renions, il nous reniera aussi. Si nous sommes desloyaux, il demeure fidele: il ne se peut renier soi-mesme. Ramentoi ces choses, protestant devant le Seigneur qu'on ne debatte point de paroles: qui est une chose qui ne revient à aucun profit, mais à la ruïne des auditeurs. Estudie-toi de te rendre approuvé à Dieu, ouvrier sans reproche, détaillant droitement la parole de verité. Mais reprime les vaines et profanes crieries: car elles passeront plus avant en impieté: Et leur parole rongera comme une gangreine; d'entre lesquels sont Hymenée et Philete: Qui sont devoyez de la verité, en disant que la resurrection est déja advenuë, et renversent la foi de quelques-uns. Toutefois le fondement de Dieu demeure ferme, ayant ce seau, Le Seigneur connoit ceux qui sont siens: et, Quiconque invoque le Nom de Christ, qu'il se retire d'iniquité. Or en une grande maison il n'y a pas seulement des vaisseaux d'or et d'argent, mais aussi de bois et de terre, les uns à honneur, et les autres à deshonneur. Si quelqu'un donc se purifie de ces choses, il sera un vaisseau sanctifié à honneur, et utile au Seigneur, et appareillé à toute bonne oeuvre. Fui aussi les desirs de jeunesse, pourchasse justice, foi, charité, et paix, avec ceux qui invoque de coeur pur le Seigneur. Et rejette les questions folles, et qui sont sans instruction, sçachant qu'elles engendrent des debats. Or il ne faut point, que le serviteur du Seigneur soit debateur: mais qu'il soit doux envers tous, propre à endoctriner, supportant patiemment les mauvais: Enseignant avec douceur ceux qui ont un sentiment contraire, pour essayer si quelque jour Dieu leur donnera repentance pour reconnoistre la verité. Et qu'ils se réveillent en sortant du piege du diable, par lequel ils ont esté pris pour faire sa volonté. Or sçache ceci, qu'és derniers jours il surviendra des temps facscheux. Car les hommes seront amateurs d'eux-mesmes, avaricieux, vanteurs, orgueilleux, diffamateurs, desobeïssans à peres et à meres, ingrats, profanes: Sans affection naturelle, sans loyauté, calomniateurs, incontinens, cruels, haïssans les bons: Traites, temeraires, enflez, amateurs de voluptez plustost que de Dieu: Ayans l'apparence de la pieté, mais ayant renié sa force: destourne-toi aussi de telles gens. Car d'entre ceux-ci sont ceux qui se fourrent és maisons, et qui tiennent captives les femmelettes chargées de pechez, transportées par diverses convoitises: Lesquelles apprennent toûjours, et jamais ne peuvent parvenir à la pleine connoissance de la verité. Et comme Jannes et Jambres ont resisté à Moyse, ceux-ci pareillement resistent à la verité: gens du tout corrompus d'entendement, reprouvez quant à la foi. Mais ils n'avanceront pas plus outre: car leur folie sera manifestée à tous, comme aussi a esté celle de ceux-là. Mais toi, tu as pleinement compris ma doctrine, conduite, intention, foi, douceur, charité, patience, Mes persecutions et afflictions, telles qu'elle me sont advenuës à Antioche, et à Iconie, et à Lystre: voire quelles persecutions j'ai soustenuës, et comment le Seigneur m'a delivré de toutes. Or tous ceux aussi qui veulent vivre selon la pieté en Jesus Christ, souffriront persecution. Mais les hommes mauvais et abuseurs s'avanceront en empirant, seduisans et estant seduits. Or toi, demeure és choses que tu as apprises, et qui t'ont esté commises, sçachant de qui tu les as apprises: Et que dés ton enfance tu as la connoissance des sainctes Lettres, lesquelles te peuvent rendre sage à salut, par la foi qui est en Jesus Christ. Toute l'Escriture est divinement inspirée, et profitable à endoctriner, à convaincre, à corriger, et à instruire selon justice: Afin que l'homme de Dieu soit accompli, et parfaitement instruit à toute bonne oeuvre. Je te somme donc devant Dieu, et devant le Seigneur Jesus Christ, qui doit juger les vivans et les morts, en son apparition et en son regne: Presche la Parole, insiste en temps et hors temps: reprens, tance, exhorte en toute douceur d'esprit et doctrine. Car il viendra un temps qu'ils ne souffriront point la saine doctrine: mais ayans les oreilles chatoüilleuses, ils s'assembleront des docteurs selon leurs propres desirs: Et destourneront leurs oreilles de la verité: et se tourneront aux fables. Mais toi, veille en toutes choses; endure les afflictions; fais l'oeuvre d'un Evangeliste, rens ton ministere pleinement approuvé. Car de moi, je m'en vais maintenant estre mis pour aspersion du sacrifice, et le temps de mon deslogement est prochain. J'ai combattu le bon combat, j'ai achevé la course, j'ai gardé la foi: Quant au reste, la couronne de justice m'est reservée, laquelle le Seigneur juste juge me rendra, en cette journée-là: et non seulement à moi, mais aussi à tous ceux qui auront aimé son apparition. Diligente-toi de venir bien-tost vers moi. Car Demas m'a abandonné, ayant aimé ce present siecle, et s'en est allé à Thessalonique, Crescens en Galatie, Tite en Dalmatie. Luc est seul avec moi. Prens Marc et l'amene avec toi: car il m'est bien utile pour le ministere. J'ai aussi envoyé Tychique à Ephese. Quand tu viendras apporte avec toi la manteline, que j'ai laissée à Troas chez Carpe, et les livres, mais principalement les parchemins. Alexandre le forgeron m'a fait sentir beaucoup de maux: le Seigneur lui rende selon ses oeuvres. Duquel aussi donne toi garde: car il a grandement resisté à nos paroles. Nul ne m'a assisté en ma premiere defense, mais tous m'ont abandonné: qu'il ne leur soit point imputé. Mais le Seigneur m'a assisté, et m'a fortifié, afin que la predication fust renduë par moi pleinement approuvée, et que tous les Gentils l'ouïssent: et j'ai esté delivré de la gueule du Lion. Le Seigneur aussi me delivrera de toute mauvaise oeuvre, et me sauvera en son royaume celeste: à lui soit gloire és siecles des siecles. Amen. Saluë Prisce et Aquile, et la famille d'Onesiphore. Eraste est demeuré à Corinthe, et j'ai laissé Trophime malade à Milet. Diligente-toi de venir devant l'hyver. Eubulus, et Pudens, et Linus, et Claudia, et tous les freres te saluënt. Le Seigneur Jesus Christ soit avec ton esprit. Grace soit avec vous. Amen.
Paul serviteur de Dieu, et Apostre de Jesus Christ, selon la foi des éleus de Dieu, et la connoissance de la verité, qui est selon la pieté: Sous l'esperance de la vie eternelle, laquelle Dieu qui ne peut mentir a promise devant les temps eternels: Mais il l'a manifestée en son propre temps, assavoir sa Parole, par la predication qui m'est commise, par le mandement de Dieu nostre Sauveur. A Tite mon vrai fils, selon la foi commune entre nous: grace, misericorde, et paix, de par Dieu nostre Pere, et de par le Seigneur Jesus Christ nostre Sauveur. La cause pour laquelle je t'ai laissé en Crete, c'est afin que tu poursuives de dresser en bon ordre les choses qui restent, que tu establisses des Anciens de ville en ville, suivant ce que je t'ai ordonné: Assavoir s'il y a quelqu'un qui soit irreprehensible, mari d'une seule femme, ayant des enfans fideles, non accusez de dissolution, ou qui ne se puissent ranger. Car il faut que l'Evesque soit irreprehensible, comme dispensateur de la maison de Dieu, non adonné à son sens, non colere, non sujet au vin, non bateur, non convoiteux de gain deshonneste: Mais hospitalier, amateur des gens de bien, sage, juste, saint, continent: Retenant ferme la Parole fidele qui est selon instruction, afin qu'il soit suffisant, tant pour admonester par la saine doctrine, que pour convaincre les contredisans. Car il y en a plusieurs qui ne se peuvent ranger, causeurs et seducteurs d'esprits: principalement ceux qui sont de la Circoncision: ausquels il faut fermer la bouche: Qui renversent les maisons toutes entieres, enseignans pour gain deshonneste ce qu'il ne faut point. Quelqu'un d'entr'eux, estant leur propre prophete a dit, Les Creteins sont toûjours menteurs, mauvaises bestes, ventres paresseux. Ce témoignage est veritable: pour cette cause reprens-les vivement, afin qu'ils soyent sains en la foi: Ne s'adonnans point aux fables judaïques, et aux commandemens des hommes qui se destournent de la verité. Toutes choses sont bien pures à ceux qui sont purs: mais rien n'est pur aux souillez et aux infideles, au contraire leur entendement et leur conscience sont souillez. Ils font profession de connoistre Dieu, mais ils le renient par oeuvres: veu qu'ils sont abominables et rebelles, et reprouvez à toute bonne oeuvre. Mais toi propose les choses qui conviennent à la saine doctrine. Que les hommes anciens soyent sobres, graves, bien rassis, sains en la foi, en charité, et en patience. Pareillement que les femmes anciennes soyent d'une contenance convenable à la sainteté, non mesdisantes, non sujettes à beaucoup de vin, enseignant ce qui est bon: Afin qu'elles instruisent les jeunes femmes à estre modestes, à aimer leurs maris, à aimer leurs enfans: A estre sages, pures, gardant la maison, bonnes, sujettes à leurs propres maris: afin que la parole de Dieu ne soit point blasmée. Semblablement exhorte les jeunes hommes à estre moderez. Te montrant toi-mesme en toutes choses pour patron de bonnes oeuvres, montrant incorruption en doctrine, gravité, integrité: Parole saine, et qu'on ne puisse condamner: afin que celui qui est contraire, soit rendu confus, n'ayant rien à dire de mal de vous. Que les serviteurs soyent sujets à leurs maistres, leur complaisans en toutes choses, non contredisans: Ne soustrayans rien, mais montrans toute fidelité: afin qu'ils rendent honorable en toutes choses la doctrine de Dieu nostre Sauveur. Car la grace de Dieu salutaire à tous hommes, est clairement apparuë: Nous enseignant qu'en renonçant à l'impieté et aux mondaines convoitises, nous vivons en ce present siecle, sobrement, justement, et religieusement: Attendans la bien-heureuse esperance et l'apparition de la gloire du grand Dieu, qui est nostre Sauveur Jesus Christ: Lequel s'est donné soi-mesme pour nous, afin qu'il nous rachetast pour lui estre un peuple peculier, adonné aux bonnes oeuvres. Propose ces choses, et admonneste, et reprens avec toute authorité de commander: que personne ne te mesprise. Admonneste les qu'ils soyent sujets aux Principautez et Puissances, qu'ils obeïssent aux Gouverneurs, qu'ils soyent prests à toute bonne oeuvre: Qu'ils ne mesdisent de personne, qu'ils ne soyent point quereleux, mais benins, et montrans toute debonnaireté envers tous hommes. Car nous estions aussi autrefois insensez, rebelles, abusez, servans à diverses convoitises et voluptez, vivans en malice et envie, dignes d'estre haïs, et nous haïssans l'un l'autre. Mais quand la benignité et l'amour de Dieu nostre Sauveur envers les hommes est clairement apparuë, il nous a sauvez: Non point par oeuvres de justice que nous eussions faites, mais selon sa misericorde, par le lavement de la regeneration et le renouvellement du Saint Esprit: Lequel il a espandu abondamment en nous par Jesus Christ nostre Sauveur: Afin qu'ayant esté justifiez par sa grace, nous soyons heritiers selon l'esperance de la vie eternelle. Cette parole est certaine, et je veux que tu affirmes ces choses, afin que ceux qui ont creu à Dieu, ayent soin de s'appliquer principalement aux bonnes oeuvres: voila les choses qui sont bonnes et utiles aux hommes. Mais reprime les folles questions, et genealogies, et contentions, et debats de la Loi: car ils sont inutiles et vains. Rejette l'homme heretique, apres la premiere et seconde admonition: Sçachant que celui est tel est renversé, et peche estant condamné par soi-mesme. Quand j'envoyerai vers toi Artemas ou Tychique, diligente-toi de venir vers moi à Nicopolis: car j'ai deliberé de faire là mon hyver. Accompagne soigneusement Zenas Docteur de la Loi, et Apollos, afin que rien ne leur defaille. Et que les nostres aussi apprennent à s'appliquer principalement aux bonnes oeuvres, pour les usages necessaires, afin qu'ils ne soyent point sans fruit. Tous ceux qui sont avec moi te saluënt. Saluë ceux qui nous aiment en foi. Grace soit avec vous tous. Amen.
Paul prisonnier de Jesus Christ, et le frere Timothée, à Philemon nostre bien-aimé et compagnon d'oeuvre, Et à Apphie nostre bien-aimée, et à Archippe nostre compagnon d'armes, et à l'Eglise qui est en ta maison: Grace vous soit et paix, de par Dieu nostre Pere, et de par le Seigneur Jesus Christ. Je rends graces à mon Dieu, faisant toûjours mention de toit en mes prieres: Entendant ta charité et la foi que tu as envers le Seigneur Jesus, et envers tous les Saints: Afin que la communication de ta foi montre son efficace, en faisant reconnoistre par tout le bien qui est en vous par Jesus Christ. Car frere, nous avons une grande joye et consolation de ta charité, en ce que les entrailles des Saints ont esté recreées par toi. C'est pourquoi, bien que j'aye une grande liberté en Christ de te commander ce qui est de ton devoir: Toutefois je te prie plustost par charité, encore que je sois tel, assavoir Paul ancien, et mesme maintenant prisonnier de Jesus Christ. Je te prie donc pour mon fils Onesime, lequel j'ai engendré en mes liens. Qui t'a autrefois esté inutile, mais maintenant est bien utile à toi et à moi: et lequel je te renvoye. Reçois le donc, c'est assavoir mes propres entrailles. Lequel je voulois retenir par devers moi, afin qu'il me servist au lieu de toi, aux liens de l'Evangile. Mais je n'ai rien voulu faire sans ton advis, afin que ton bien ne fust point comme par contrainte, mais comme volontaire. Car pour cette cause peut-estre a-t'il esté separé de toi pour un temps, afin que tu le recouvrasses pour jamais: Non plus comme serf, mais au dessus de serf, c'est assavoir comme frere bien-aimé, principalement de moi, et combien plus de toi, et selon la chair et selon le Seigneur? Si donc tu me tiens pour compagnon, reçois-le comme moi-mesme. Que s'il t'a fait quelque tort, ou s'il te doit, mets-le moi en compte. Moi Paul ai escrit de ma propre main, je le payerai: afin que je ne te die point que mesmes tu te dois toi-mesme à moi. Voire, frere, que je reçoive ce plaisir de toi au Seigneur: recrée mes entrailles au Seigneur. Je t'ai escrit m'asseurant de ton obeïssance, sçachant que tu feras mesmes plus que je ne dis. Mais aussi quand et quand prepare moi un logis: car j'espere que je vous serai donné par vos prieres. Epaphras prisonnier avec moi en Jesus Christ te saluë; Ensemble Marc, Aristarque, Demas, et Luc, mes compagnons d'oeuvre. La grace de nostre Seigneur Jesus Christ soit avec vostre esprit. Amen.
Dieu ayant jadis, à plusieurs manieres, parlé aux Peres par les Prophetes, A parlé à nous en ces derniers jours par son Fils, lequel il a establi heritier de toutes choses: par lequel aussi il a fait les siecles. Lequel Fils estant la resplendeur de la gloire, et la marque engravée de la personne d'icelui, et soustenant toutes choses par sa parole puissance, ayant fait par soi-mesme la purgation de nos pechez, s'est assis à la dextre de la Majesté és lieux tres-hauts: Estant fait d'autant plus excellent que les Anges, qu'il a herité un nom plus excellent par dessus eux. Car auquel des Anges a-t'il jamais dit, C'est toi qui es mon Fils, je t'ai aujourd'hui engendré? Et derechef, Je lui serai Pere, et il me sera Fils? Et encore quand il introduit au monde son Fils premier-né, il dit: Et que tous les Anges de Dieu l'adorent. Et quant aux Anges, il dit, Faisant ses Anges les vents, et ses ministres la flamme de feu. Mais il dit quant au Fils, O Dieu ! Ton trône demeure és siecles des siecles, et le sceptre de ton royaume est un sceptre de droiture. Tu as aimé la justice, et as haï l'iniquité: pour cette cause, ô Dieu ! Ton Dieu t'a oinct d'huile de liesse par dessus tes compagnons. Item, toi, Seigneur, as fondé la terre dés le commencement, et les cieux sont les oeuvres de tes mains. Ils periront, mais tu es permanent: et ils s'en vieilliront tous comme un vestement: Et tu les ployeras en rouleau comme un habit, et ils seront changez: mais toi, tu es le mesme, et tes ans ne defaudront point. Et auquel des Anges a-t'il jamais dit, Sieds toi à ma dextre, jusques à ce que j'aye mis tes ennemis pour le marchepied de tes pieds? Ne sont-ils pas tous des esprits administrateurs, envoyez pour servir, pour l'amour de ceux qui doivent recevoir l'heritage de salut? Pour cette cause il nous faut prendre de plus prés garde aux choses que nous avons ouïes, afin que nous ne venions point à nous écouler. Car si la parole prononcée par les Anges, a esté ferme, et toute transgression et desobeïssance a receu une juste retribution: Comment eschapperons-nous si nous negligeons un si grand salut, lequel ayant premierement commencé d'estre declaré par le Seigneur nous a esté confirmé par ceux qui l'avoyent ouï? Dieu en outre leur rendant ensemble témoignage par signes et miracles, et diverses vertus, et distributions du Sainct Esprit, selon sa volonté. Car ce n'est point aux Anges qu'il a assujetti le monde à venir, duquel nous parlons. Et quelqu'un a tesmoigné en quelque lieu, disant, Qu'est-ce que de l'homme, que tu te souviennes de lui: ou du fils de l'homme que tu le visites? Tu l'as fait un petit moindre que les Anges, tu l'as couronné de gloire et d'honneur, et l'as establi sur les oeuvres de tes mains. Tu as assujetti toutes choses sous ses pieds. Or en ce qu'il lui a assujetti toutes choses, il n'a rien laissé qui ne lui soit assujetti. Si est-ce que nous ne voyons point encore maintenant toutes choses lui estre assujetties. Mais nous voyons couronné de gloire et d'honneur celui qui avoit esté fait un petit moindre que les Anges, assavoir Jesus, par la passion de sa mort, afin que par la grace de Dieu il goustast la mort pour tous. Car il estoit convenable que celui pour lequel sont toutes choses, et par lequel sont toutes choses, puis qu'il amenoit plusieurs enfans à la gloire, consacrast le Prince de leur salut par afflictions. Car et celui qui sanctifie, et ceux qui sont sanctifiez, sont tous d'un: pour laquelle cause il ne prend point à honte de les appeller freres, Disant, J'annoncerai ton Nom à mes freres, et te louërai au milieu de l'assemblée. Et derechef, Je me confierai en lui. Et encore, Me voici, moi et les enfans que Dieu m'a donnez. Puis donc que les enfans participent à la chair et au sang, lui aussi semblablement a participé aux mesmes choses, afin que par la mort il destruisist celui qui avoit l'empire de la mort, c'est assavoir le diable: Et qu'il delivrast tous ceux qui pour la crainte de la mort, estoyent toute leur vie assujettis à la servitude. Car certes il n'a nullement pris les Anges, mais il a pris la semence d'Abraham. C'est pourquoi il a fallu qu'il fust semblable en toutes choses à ses freres, afin qu'il fust souverain Sacrificateur, misericordieux, et fidele és choses qui doivent estre faites envers Dieu, afin de faire propitiation pour les pechez du peuple. Car par ce qu'il a souffert estant tenté, il est aussi puissant pour secourir ceux qui sont tentez. C'est pourquoi, freres saints, qui estes participans de la vocation celeste, considerez Jesus Christ l'Apostre et le souverain Sacrificateur de nostre profession, Qui est fidele à celui qui l'a establi, ainsi que Moyse aussi estoit fidele en toute la maison d'icelui. Car celui-ci est reputé digne d'une plus grande gloire que Moyse, entant que celui qui a edifié la maison, est en plus grande dignité que la maison mesme. Car toute maison est bastie par quelqu'un: or celui qui a basti toutes ces choses c'est Dieu. Et quant à Moyse, il a bien esté fidele en toute la maison d'icelui comme serviteur, pour tesmoigner les choses qui devoyent estre dites: Mais Christ est comme Fils sur sa maison; duquel nous sommes la maison, si nous retenons ferme jusques à la fin l'asseurance et la gloire de l'esperance. Partant ainsi que dit le Saint Esprit, Aujourd'hui si vous oyez sa voix, N'endurcissez point vos coeurs, ainsi qu'en l'irritation, au jour de la tentation au desert: Là où vos peres m'ont tenté, et m'ont esprouvé, et ont veu mes oeuvres par quarante ans. C'est pourquoi j'ai esté ennuyé de cette generation, et ai dit, Ils errent toûjours en leurs coeurs, et ils n'ont point connu mes voyes. Dont j'ai juré en mon ire: Si jamais ils entrent en mon repos. Freres, prenez garde qu'il n'y ait en quelqu'un de vous un mauvais coeur d'incredulité pour se revolter du Dieu vivant. Mais exhortez-vous l'un l'autre chaque jour, tandis que ce jourd'hui est nommé, de peur que quelqu'un d'entre vous ne s'endurcisse par seduction de peché. Car nous avons esté faits participans de Christ, voire si nous retenons ferme jusques à la fin, le commencement de ce qui nous soustient: Pendant qu'il est dit, Aujourd'hui si vous oyez sa voix, n'endurcissez point vos coeurs, ainsi qu'en l'irritation. Car quelques-uns l'ayans ouïe, le provoquerent à ire: mais non pas tous ceux qui sortirent hors d'Egypte par Moyse. Mais desquels a-t'il esté ennuyé par quarante ans? N'a-ce pas esté de ceux qui pecherent, desquels les corps tomberent au desert? Et ausquels jura-t'il qu'ils n'entreroyent point en son repos, sinon à ceux qui furent rebelles? Ainsi nous voyons qu'ils n'y peurent entrer, à cause de leur incredulité. Craignons donc que quelqu'un d'entre vous ayant delaissé la promesse d'entrer au repos d'icelui ne s'en trouve privé. Car il a esté evangelisé comme aussi à ceux-là: mais la parole de la predication ne leur a de rien profité, parce qu'elle n'estoit point meslée avec la foi, en ceux qui l'oüirent. Car nous qui avons creu, entrerons au repos, suivant ce qui a esté dit, Partant j'ai juré en mon ire, Si jamais ils entrent en mon repos; bien que les ouvrages d'icelui fussent déja achevez dés la fondation du monde. Car il a dit ainsi en quelque lieu, touchant le septiéme jour, Et Dieu se reposa de tous ses ouvrages au septiéme jour. Et derechef en ce passage, S'ils entrent en mon repos. Puis donc qu'il reste que quelques-uns y entre, et que ceux ausquels premierement il a esté evangelizé, n'y sont point entrez à cause de leur rebellion: Il determine derechef un certain jour, sçavoir aujourd'hui si vous oyez sa voix, n'endurcissez point vos coeurs. Car si Josué les eust introduits au repos, jamais apres cela il n'eust parlé d'un autre jour. Il reste donc un repos pour le peuple de Dieu. Car celui qui est entré au repos d'icelui, s'est reposé aussi de ses oeuvres, comme Dieu s'est reposé des siennes. Estudions-nous donc d'entrer en ce repos-là, de peur que quelqu'un ne tombe par un mesme exemple de rebellion. Car la parole de Dieu est vivante et d'efficace, et plus penetrante que nulle espée à deux trenchans: et elle atteint jusques à la division de l'ame, et de l'esprit, et des jointures, et des moüelles, et est juge des pensées et intentions du coeur. Et il n'y a creature aucune qui soit cachée devant lui: mais toutes choses sont nuës et entierement ouvertes aux yeux de celui devant lequel nous avons à faire. Puis donc que nous avons un souverain et grand Sacrificateur, Jesus Fils de Dieu, qui est entré és cieux, tenons ferme la profession. Car nous n'avons point un souverain Sacrificateur, qui ne puisse avoir compassion de nos infirmitez: mais nous avons celui qui a esté tenté de mesme que nous en toutes choses, horsmis le peché. Allons donc avec asseurance au thrône de grace: afin que nous obtenions misericorde, et que nous trouvions grace, pour estre aidez en temps convenable. Or tout souverain Sacrificateur se prenant d'entre les hommes, est establi pour les hommes és choses qui se font envers Dieu, afin qu'il offre des dons et des sacrifices pour les pechez. Estant propre à avoir suffisament pitié des ignorans et errans: dautant que lui-mesme aussi est environné d'infirmité. Et à cause d'elle il doit offrir pour les pechez, comme pour le peuple, aussi pour soi-mesme. Or nul ne s'attribuë cet honneur, mais celui-là en joüit, qui est appellé de Dieu, comme Aaron. Pareillement aussi Christ ne s'est point glorifié soi-mesme pour estre fait souverain Sacrificateur: mais celui l'a glorifié, qui lui a dit, C'est toi qui es mon Fils, je t'ai aujourd'hui engendré. Comme aussi en un autre lieu il dit, Tu es Sacrificateur eternellement à la façon de Melchisedech. Lequel és jours de sa chair, ayant offert avec grand cri et larmes des prieres et des supplications, à celui qui le pouvoit sauver de mort, et ayant esté exaucé de ce qu'il craignoit: Encore qu'il fust Fils, toutefois il a appris l'obeïssance par les choses qu'il a souffertes. Et estant consacré, il a esté autheur de salut eternel à tous ceux qui lui obeïssent: Estant appellé de Dieu, souverain Sacrificateur à la façon de Melchisedech. Duquel nous avons un long propos à dire, et difficile à declarer: veu que vous estes devenus lasches à oüir. Parce que là où vous devriez estre maistres, veu le temps, vous avez derechef besoin qu'on vous enseigne quels sont les rudimens du commencement des paroles de Dieu: et vous estes devenus tels que vous avez encore besoin de lait, et non pas de viande ferme. Car quiconque use de lait, ne sçait ce que c'est de la Parole de justice: car il est enfant. Mais la viande ferme est pour ceux qui sont déja hommes faits, assavoir pour ceux qui par l'habitude ont les sens exercez à discerner le bien et le mal. C'est pourquoi laissans la parole qui donne le commencement de Christ, tendons à la perfection, ne mettans point derechef le fondement de la repentance des oeuvres mortes, et de la foi en Dieu, De la doctrine des baptesmes, et de l'imposition des mains, de la resurrection des morts, et du jugement eternel. Et nous ferons cela, si Dieu le permet. Car il est impossible que ceux qui ont une fois esté illuminez, et ont gousté le don celeste, et ont esté faits participans du Saint Esprit, Et ont gousté la bonne Parole de Dieu, et les puissances du siecle à venir: S'ils retombent, soyent derechef renouvellez à repentance, veu qu'ils crucifient derechef le Fils de Dieu quant à eux, et l'exposent à opprobre. Car la terre qui boit souvent la pluye qui vient sur elle, et produit de l'herbage propre à ceux desquels elle est labourée, reçoit la benediction de Dieu. Mais celle qui produit des espines et des chardons, est rejettée, et prochaine de malediction: de laquelle la fin tend à estre bruslée. Or nous sommes persuadez quant à vous, bien-aimez, de choses meilleures et convenables à salut, encore que nous parlions ainsi. Car Dieu n'est point injuste, pour mettre en oubli vostre oeuvre, et le travail de la charité que vous avez montrée envers son nom, entant que vous avez subvenu aux Saints et y subvenez. Mais nous desirons que chacun de vous montre le mesme soin, pour la pleine certitude de l'esperance jusques à la fin: Afin que vous ne deveniez point lasches, mais que vous ensuiviez ceux qui par foi et patience reçoivent les promesses en heritage. Car quand Dieu fit la promesse à Abraham, parce qu'il ne pouvoit jurer par un plus grand, il jura par soi-mesme, Disant, Certes je te benirai abondamment, et te multiplierai merveilleusement. Et ainsi Abraham ayant attendu patiemment, obtint la promesse. Car les hommes jurent par un plus grand qu'eux: et le serment fait pour confirmation, leur est la fin de tout different. En quoi Dieu voulant montrer d'abondant l'immuable fermeté de son conseil aux heritiers de la promesse, s'est interposé par serment: Afin que par deux choses immuables (esquelles il est impossible que Dieu mente) nous ayons une ferme consolation, nous qui avons nostre refuge à obtenir l'esperance qui nous est proposée. Laquelle nous tenons comme une anchre seure et ferme de l'ame, et penetrante jusques au dedans du voile: Où Jesus est entré comme avant-coureur pour nous, estant fait souverain Sacrificateur eternellement, à la façon de Melchisedech. Car ce Melchisedech estoit Roi de Salem, Sacrificateur du Dieu Souverain, lequel vint au devant d'Abraham comme il retournoit de la desfaite des Rois, et le benit. Auquel aussi Abraham partagea la disme de tout: et premierement est interpreté Roi de justice, et puis aussi Roi de Salem, c'est à dire, Roi de paix: Sans pere, sans mere, sans genealogie, n'ayant ni commencement de jours, ni fin de vie: mais estant fait semblable au Fils de Dieu il demeure Sacrificateur à toûjours. Or considerez combien grand a esté celui-ci, auquel mesmes Abraham le Patriarche donna la disme du butin. Et quant à ceux d'entre les enfans de Levi qui recevoyent la Sacrificature, ils ont bien l'ordonnance de dismer le peuple selon la Loi, (c'est à dire leurs freres) bien qu'ils soyent sortis des reins d'Abraham. Mais celui qui n'est point conté d'une mesme race qu'eux, a dismé Abraham, et a benit celui qui avoit les promesses. Or sans contredit quelconque, ce qui est moindre, est benit par ce qui est plus grand. Et ici les hommes qui sont mortels, prennent les dismes: mais là celui les prend duquel il est témoigné qu'il est vivant. Et, par maniere de parler, Levi mesme, qui prend les dismes, a esté dismé en Abraham. Car il estoit encore és reins de son pere, quand Melchisedech lui vint au devant. Si donc la perfection eust esté en la Sacrificature Levitique, (car le peuple a receu la Loi sous elle) quel besoin estoit-il davantage qu'un autre Sacrificateur se levast à la façon de Melchisedech, et qui ne fust point dit à la façon d'Aaron? Car la Sacrificature estant changée, il est necessaire qu'il y ait aussi un changement de Loi. Car celui au regard duquel ces choses sont dites, appartient à une autre tribu, de laquelle nul n'a assisté à l'autel. Veu qu'il est notoire que nostre Seigneur est issu de Juda, au regard de laquelle tribu Moyse n'a rien dit de la Sacrificature. Et d'abondant ceci est encore plus manifeste, dautant qu'un autre Sacrificateur à la similitude de Melchisedech, est mis en avant. Lequel n'a point esté faits Sacrificateur selon la Loi du commandement charnel, mais selon la puissance de la vie non perissable. Car il témoigne ainsi, Tu es Sacrificateur eternellement, à la façon de Melchisedech. Car il se fait abolition du mandement precedent, à cause de sa foiblesse, et qu'il ne pouvoit profiter. Car la Loi n'a rien amené à perfection: mais ce qui a esté introduit par dessus, assavoir une meilleure esperance, par laquelle nous approchons de Dieu. Et mesmes entant que ce n'a point esté sans serment: car ceux-là ont esté faits Sacrificateurs sans serment: Mais celui-ci avec serment, par celui qui lui a dit, Le Seigneur à juré, et ne s'en repentira point, Tu es Sacrificateur eternellement, à la façon de Melchisedech. D'une tant plus excellente alliance, Jesus a esté fait pleige. Davantage, quant aux Sacrificateurs, il en a esté fait plusieurs, parce que la mort les empeschoit de durer. Mais celui-ci, parce qu'il demeure eternellement, a une Sacrificature perpetuelle. Et partant aussi il peut sauver à plein ceux qui s'approchent de Dieu par lui; estant toûjours vivant pour interceder pour eux. Car il nous convenoit d'avoir un tel souverain Sacrificateur, sainct, innocent, sans macule, separé des pecheurs, et exalté par dessus les cieux: Qui n'eust point de necessité, comme les souverains Sacrificateurs, d'offrir tous les jours des sacrifices, premierement pour ses pechez, puis apres pour ceux du peuple: car il a fait ceci une fois, s'estant offert soi-mesme. Car la Loi ordonne pour souverains Sacrificateurs des hommes infirmes: mais la Parole du serment, qui est apres la Loi, ordonne le Fils qui est consacré à jamais. Or la somme de nostre propos, c'est que nous avons un tel souverain Sacrificateur, qui est assis à la dextre du trône de la majesté de Dieu és cieux, Ministre du Sanctuaire et du vrai Tabernacle, lequel le Seigneur à fiché, et non point l'homme. Car tout souverain Sacrificateur est ordonné pour offrir des dons et des sacrifices: c'est pourquoi il est necessaire que celui-ci aussi ait quelque chose pour offrir. Car s'il estoit sur la terre, il ne seroit pas mesme Sacrificateur, pendant qu'il y auroit des Sacrificateurs offrans les dons selon la Loi: Lesquels servent au patron et à l'ombre des choses celestes, selon qu'il fut respondu de par Dieu à Moyse, quand il devoit achever le Tabernacle, Or advise (dit-il) que tu fasses toutes choses selon le patron qui t'a esté montré en la montagne. Mais maintenant nostre souverain Sacrificateur a obtenu un ministere d'autant plus excellent qu'il est Mediateur d'une plus excellente alliance, qui est establie sous de meilleures promesses. Car s'il n'y eust eu rien à redire en cette premiere-là, il n'eust jamais esté cherché de lieu à une seconde. Car en les reprenant il leur dit, Voici, les jours viendront, dit le Seigneur, que j'accomplirai sur la maison d'Israël et sur la maison de Juda une nouvelle alliance: Non point selon l'alliance que je disposai envers leurs peres, au jour que je les pris par la main, pour les tirer hors du païs d'Egypte: parce qu'ils n'ont point persisté en mon alliance, et je les ai mesprisez, dit le Seigneur. Car voici l'alliance que je disposerai envers la maison d'Israël apres ces jours-là, dit le Seigneur, C'est que je mettrai mes loix en leur entendement, et les escrirai en leur coeur, et je leur serai Dieu, et ils me seront peuple. Et chacun n'enseignera point son prochain, ni chacun son frere, disant, Connoi le Seigneur: car tous me connoistront, depuis le plus petit jusques au plus grand d'entr'eux. Car je serai appaisé quant à leurs injustices, et n'aurai plus souvenance de leurs pechez, ni de leurs iniquitez. En disant une nouvelle, il envieillit la premiere: or ce qui devient vieil et ancien, est prés d'estre aboli. La premiere alliance donc avoit aussi des ordonnances du service divin, et le Sanctuaire mondain. Car le Tabernacle a esté construit, assavoir le premier où estoit le chandelier, et la table, et les pains de proposition: qui est appellé, Les lieux saints. Et apres le second voile, il y avoit le Tabernacle, qui est appellé, Le lieu tres-saint: Ayant un encensoir d'or, et l'Arche de l'Alliance entierement couverte d'or à l'entour: en laquelle estoit une cruche d'or, où estoit la Manne, et la verge d'Aaron qui avoit fleuri, et les Tables de l'alliance. Et sur cette Arche estoyent les Cherubins de gloire, faisant ombre au Propitiatoire, desquelles choses il n'est pas besoin maintenant de parler par le menu. Or ces choses estant ainsi ordonnées, les Sacrificateurs entrent bien toûjours au premier Tabernacle pour accomplir le service. Mais le seul souverain Sacrificateur entre au second une fois l'an, et cela non point sans sang, lequel il offre pour soi-mesme, et pour les fautes du peuple. Le Saint Esprit declarant par cela, que le chemin des lieux saints n'est point encore manifesté, tandis que le premier Tabernacle est encore debout, qui estoit figure pour le temps d'alors: Durant lequel des dons et des sacrifices estoyent offerts, qui ne pouvoyent sanctifier quant à la conscience celui qui faisoit le service, Seulement ordonnez en viandes, et breuvages, et divers lavemens: et ceremonies charnelles, jusques au temps que cela soit redressé. Mais Christ estant venu pour estre le souverain Sacrificateur des biens à venir, par un plus grand et plus parfait tabernacle, non point fait de main, c'est à dire non point de cette structure: Et non point le sang des boucs ou des veaux, mais par son propre sang, est entré une fois és lieux saints, ayant obtenu une redemption eternelle. Car si le sang des taureaux et des boucs, et la cendre de la genice, dont on fait aspersion, sanctifie les soüillez quant à la pureté de la chair: Combien plus le sang de Christ, qui par l'Esprit eternel s'est offert à Dieu soi-mesme sans nulle tache, purifiera-t'il vostre conscience des oeuvres mortes, pour servir le Dieu vivant? Et partant il est Mediateur du Nouveau Testament, afin que la mort entrevenant pour la rançon des transgressions, lesquelles estoyent sous le premier Testament, ceux qui sont appellez reçoivent la promesse de l'heritage eternel. Car où il y a un testament, il est necessaire que la mort du testateur entrevienne. Car és morts le testament est confirmé, veu qu'il n'a point encore de vertu durant que le testateur est en vie. C'est pourquoi aussi le premier mesme n'a point esté dedié sans sang. Car apres que Moyse recité à tout le peuple tous les commandemens selon la Loi, ayant pris le sang des veaux et des boucs, avec de l'eau et de la laine teinte en pourpre, et de l'hyssope, il en fit aspersion sur le livre, et sur tout le peuple. Disant, C'est ici le sang du Testament, lequel Dieu vous a ordonné. Puis aussi il fit aspersion du sang semblablement, sur le Tabernacle et sur tous les vaisseaux du service. Et presque toutes choses selon la Loi sont purifiées par sang, et sans effusion de sang il ne se fait point de remission. Il a donc fallu que les choses qui representoyent celles qui sont és cieux, fussent purifiées par de telles choses, mais que les celestes soyent purifiées par de plus excellens sacrifices que ceux-là. Car Christ n'est point entré és lieux saints faits de main, qui estoyent des figures correspondantes aux vrais, mais est entré au ciel mesme, pour maintenant comparoistre pour nous devant la face de Dieu. Mais non point qu'il s'offre souventefois soi-mesme, ainsi que le souverain Sacrificateur entre és lieux saints chacun an avec un autre sang: (Autrement il lui eust fallu souventefois souffert depuis la fondation du monde:) mais maintenant en la consommation des siecles, il est comparu une fois pour l'abolition du peché, par le sacrifice de soi-mesme. Et tout ainsi qu'il est ordonné aux hommes de mourir une fois, et apres cela s'ensuit le jugement: Pareillement aussi Christ ayant esté offert une fois, pour oster les pechez de plusieurs, apparoistra pour la seconde fois sans peché à ceux qui l'attendent à salut. Car la Loi ayant l'ombre des biens à venir, non point la vive image des choses, ne peut jamais par les mesmes sacrifices, lesquels on offre chacun an continuellement, sanctifier ceux qui s'y addressent. Autrement n'eussent-ils pas cessé d'estre offerts, veu que les sacrifians estant purifiez une fois n'eussent plus eu aucune conscience de peché? Or il y a en ces sacrifices-là une commemoration des pechez reïterée d'an en an. Car il est impossible que le sang des taureaux et des boucs oste les pechez. C'est pourquoi, entrant au monde il dit, Tu n'as point voulu de sacrifice ni d'offrande, mais tu m'as approprié un corps: Tu n'as point pris de plaisir és holocaustes, ni en l'oblation pour le peché. Alors j'ai dit, Me voici, je viens: au commencement du livre il est escrit de moi, que je fasse ô Dieu ! Ta volonté. Ayant dit auparavant, Tu n'as point voulu de sacrifice, ni d'offrande, ni d'holocaustes, ni d'oblation pour le peché, et tu n'y as point pris plaisir: (lesquelles choses sont offertes selon la Loi:) alors il a dit, Me voici, je viens afin de faire, ô Dieu ! Ta volonté. Il oste le premier, afin qu'il establisse le second. Par laquelle volonté nous sommes sanctifiez, assavoir par l'oblation une seul fois faite du corps de Jesus Christ. Tout Sacrificateur donc assiste chaque jour, administrant et offrant souventefois les mesmes sacrifices, lesquels ne peuvent jamais oster les pechez: Mais celui-ci ayant offert un seul sacrifice pour le pechez, est assis pour toûjours à la dextre de Dieu: Attendant ce qui reste, assavoir jusques à ce que ses ennemis soyent mis pour le marchepied de ses pieds. Car par une seul oblation il a consacré pour toûjours ceux qui sont sanctifiez. Et aussi le Saint Esprit nous le témoigne: car apres avoir dit en premier lieu, C'est ici l'alliance que je traiterai avec eux apres ces jour-là, dit le Seigneur, Je mettrai mes loix en leur coeur, et les escrirai en leurs entendemens: Et n'aurai plus souvenance de leurs pechez, ni de leurs iniquitez. Or là où il y a remission de ces choses, il n'y a plus d'oblation pour le peché. Veu donc, freres, que nous avons la liberté d'entrer aux lieux saints, par le sang de Jesus, Par le chemin lequel il nous a dedié nouveau et vivant, par le voile, c'est à dire par sa propre chair: Et que nous avons un grand Sacrificateur commis sur la maison de Dieu: Allons avec un vrai coeur en pleine certitude de foi, ayant les coeurs purifiez de mauvaise conscience, et le corps lavé d'eau nette. Retenons la profession de nostre esperance sans varier: car celui qui l'a promis, est fidele. Et prenons garde l'un à l'autre, afin de nous inciter à la charité et aux bonnes oeuvres. Ne delaissant point nostre mutuelle assemblée, comme quelques-uns ont de coustume: mais nous admonestant l'un l'autre: et cela d'autant plus que vous voyez approcher le jour. Car si nous pechons volontairement apres avoir la connoissance de la verité, il ne reste plus de sacrifice pour les pechez: Mais une attente terrible de jugement, et la ferveur d'un feu qui doit devorer les adversaires. Si quelqu'un avoit mesprisé la Loi de Moyse, il mouroit sans aucune misericorde, sur le témoignage de deux ou de trois. Combien pires tourmens pensez-vous que meritera celui qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu, et qui aura tenu pour une chose profane le sang de l'Alliance, par lequel il avoit esté sanctifié: et qui aura outragé l'esprit de grace? Car nous connoissons celui qui a dit, A moi est la vengeance, et je le rendrai, dit le Seigneur. Et derechef, Le Seigneur jugera son peuple. C'est une chose terrible de tomber és mains du Dieu vivant. Ramentevez-vous les jours precedens, esquels apres avoir esté illuminez, vous avez soustenu un grand combat de souffrances: Quand d'une part vous avez esté eschaffaudez devant tous, par opprobres et tribulations: et quand d'autre part vous avez esté faits compagnons de ceux qui estoyent ainsi harassez. Car vous avez aussi esté participans de l'affliction de mes liens, et avez receu en joye le ravissement de vos biens: connoissant en vous-mesmes que vous avez une meilleure substance és cieux, et qui est permanente. Ne rejettez donc point au loin vostre confiance, laquelle a une grande remuneration. Car vous avez besoin de patience, afin qu'ayant fait la volonté de Dieu, vous en remportiez la promesse. Car encore tant soit peu de temps, et celui qui doit venir, viendra, et ne tardera point. Or le juste vivra de foi: mais si quelqu'un se soustrait, mon ame ne prend point de plaisir en lui. Mais nous ne sommes point pour nous soustraire à perdition, mais pour suivre la foi pour la conservation de l'ame. Or la foi est une subsistence des choses qu'on espere, et une demonstration des choses qu'on ne voit point. car par elle les anciens ont obtenu témoignage. Par la foi nous entendons que les siecles ont esté ordonnez par la Parole de Dieu, de sorte que les choses qui se voyent, n'ont point esté faites de choses apparussent. Par la foi Abel a offert un plus excellent sacrifice à Dieu que Caïn: par laquelle il a obtenu témoignage d'estre juste, dautant que Dieu rendoit témoignage de ses dons: et lui estant mort, parle encore par elle. Par la soi Enoch a esté transporté, pour ne point voir la mort: et ne fut point trouvé, parce que Dieu l'avoit transporté: car devant qu'il fust transporté, il a obtenu témoignage d'avoir esté agreable à Dieu. Or il est impossible de lui estre agreable sans la foi: car il faut que celui qui vient à Dieu, croye que Dieu est, et qu'il est le remunerateur de ceux qui le requierent. Par la foi Noé ayant esté divinement averti des choses qui ne se voyoyent point encore, craignit, et bastit l'Arche pour la conservation de sa famille: par laquelle Arche il condamna le monde, et fut fait heritier de la justice qui est selon la foi. Par la foi Abraham estant appellé, obeït, pour venir au lieu qu'il devoit recevoir en heritage, et partit, ne sçachant où il alloit. Par la foi il demeura comme estranger en la terre promise, comme si elle ne lui eust point appartenu, habitant en des tentes avec Isaac et Jacob, heritiers avec lui de la mesme promesse. Car il attendoit la cité qui a des fondemens, et de laquelle Dieu est l'architecte et le bastisseur. Par la foi aussi Sara receut vertu à concevoir semence, et enfanta hors d'age, parce qu'elle estima que celui qui le lui avoit promis, estoit fidele. Partant aussi d'un seul (voire mesmes amorti,) sont nés des gens en multitude comme les estoiles du ciel, et comme le sablon qui est au rivage de la mer, lequel ne se peut nombrer. En la foi tous ceux-ci sont morts, n'ayant point receu les promesses, mais les ayant veuës de loin, creuës, et salüées: ayant fait profession d'estre estrangers et pelerins sur la terre. Car ceux qui tiennent ces discours montrent qu'ils cherchent leur païs. Et certes s'ils se fussent ramentus celui dont ils estoyent sortis, ils avoyent du temps pour y retourner. Mais maintenant ils en desirent un meilleur, c'est à dire, le celeste. C'est pourquoi Dieu mesme ne prend point à honte d'estre appellé leur Dieu, car il leur avoit preparé une cité. Par la foi Abraham offrit Isaac quand il fut esprouvé, voire celui qui avoit receu les promesses, offrit son fils unique. (Au regard duquel il avoit esté dit, En Isaac te sera appellée semence.) Ayant estimé que Dieu le pouvoit mesmes ressusciter des morts: dont aussi il le recouvra par quelque ressemblance. Par la foi Isaac donna la benediction touchant les choses à venir, à Jacob, et à Esau. Par la foi Jacob en mourant benit chacun des fils de Joseph: et adora sur le bout de son baston. Par la foi Joseph en mourant fit mention de la sortie des enfans d'Israël, et donna charge touchant ses os. Par la foi Moyse estant né, fut caché trois mois par ses pere et mere, parce qu'ils le voyoyent beau petit enfant, ne craignirent point l'edit du Roi. Par la foi Moyse estant déja grand, refusa d'estre nommé fils de la fille de Pharao. Choisissant plustost d'estre affligé avec le peuple de Dieu, que de joüir pour un peu de temps des delices du peché. Ayant estimé que l'opprobre de Christ estoit de plus grandes richesses, que les tresors d'Egypte: car il regardoit à la remuneration. Par la foi il quitta l'Egypte, n'ayant point craint la fureur du Roi: car il tint ferme, comme voyant celui qui est invisible. Par la foi il celebra la Pasque et l'effusion du sang, afin que celui qui destruisoit les premiers nez, ne les touchast point. Par la foi ils traverserent la mer rouge, comme par le sec: ce que les Egyptiens voulant experimenter, ils furent engloutis. Par la foi les murs de Jerico tomberent, apres qu'ils eurent esté circuïs par sept jours. Par la foi Rahab la paillarde ne perit point avec les incredules, ayant recueilli les espies en paix. Et que dirai-je plus? car le temps me defaudra, si je veux raconter de Gedeon, et de Barac, et de Samson, et de Jephté, et de David, et de Samuël, et des Prophetes: Lesquels par la foi ont combattu les royaumes, ont exercé justice, ont obtenu les promesses, ont fermé les gueules des lions: Ont esteint la force du feu, sont eschappez des trenchans des espées, de malades sont devenus vigoureux, se sont montrez forts en bataille, ont tourné en fuite les armées des estrangers. Les femmes ont par resurrection receu leurs morts: mais d'autres ont esté estendus au tourment, ne tenant conte d'estre delivrez, afin d'obtenir une meilleure resurrection. Et les autres ont esté esprouvez par des mocqueries et par des battures: davantage aussi par liens et par prison. Ils ont esté lapidez, ils ont esté sciez, ils ont esté tentez, ils ont esté mis à mort par occision d'espée, ils ont cheminé çà et là vestus de peaux de brebis et de chevres, destituez, affligez, tourmentez: Desquels le monde n'estoit pas digne: errans és deserts, és montagnes, és cavernes, et és trous de la terre. Et tous ceux-là ayant obtenu témoignage par la foi, n'ont point receu la promesse: Dieu ayant pourveu quelque choses de meilleur pour nous, afin qu'ils ne vinssent point à la perfection sans nous. Nous donc aussi, veu que nous sommes environnez d'une si grosse nuée de tesmoins, rejettant tout fardeau, et le peché qui nous enveloppe si aisément, poursuivons constamment la course qui nous est proposée: Regardant à Jesus le chef et le consommateur de la foi: lequel, pour la joye qui lui estoit proposée, a souffert la croix, ayant mesprisé la honte, et s'est assis à la dextre du trône de Dieu. C'est pourquoi considerez diligemment celui qui a souffert une telle contraction des pecheurs contre soi: afin que vous ne deveniez point lasches en defaillant en vos courages. Vous n'avez point encore resisté jusques au sang, en combattant contre le peché: Et vous avez oublié l'exhortation laquelle parle à vous comme aux enfans, disant, Mon enfant, ne neglige point le chastiment du Seigneur, et ne perds point courage quand tu es repris de lui. Car le Seigneur chastie celui qu'il aime, et foüette tout enfant qu'il avoüe. Si vous endurez le chastiment, Dieu se presente à vous comme à ses enfans: car qui est l'enfant que le pere ne chastie point? Mais si vous estes sans chastiment, dont tous sont participans, vous estes donc enfans supposez, et non point legitimes. Et puis que nous avons bien eu pour chastieurs les peres de nostre chair, et les avons eus en reverence: ne serons nous point donc beaucoup plus sujets au Pere des esprits, et vivrons? Car quant à ceux-là, ils nous chastioyent pour un peu de temps, comme bon leur sembloit: mais celui-ci nous chastie pour nostre profit, afin que nous soyons participans de sa sainteté. Or tout chastiment sur l'heure ne semble point estre de joye, mais de tristesse: mais puis apres il rend un fruit paisible de justice à ceux qui sont exercez par icelui. Relevez donc vos mains qui sont lasches, et vos genoux qui sont déjoints. Et faites les sentiers droits à vos pieds, afin que ce qui cloche ne se devoye point, mais que plustost il soit remis en son entier. Pourchassez la paix avec tous, et la sanctification sans laquelle nul ne verra le Seigneur. Prenant garde que nul ne soit defaillant de la grace de Dieu: que quelque racine d'amertume bourgeonnant en haut ne vous destourne, et que plusieurs ne soyent soüillez par elle. Que nul ne soit paillard ou profane comme Esaü, qui pour une viande vendit sont droit d'ainesse. Car vous sçavez que mesmes puis apres desirant d'heriter la benediction, il fut rejetté: car il ne trouva point lieu de repentance, encore qu'il l'eust demandée avec larmes. Car vous n'estes point venus à une montagne qui se puisse toucher à la main, ni au feu bruslant, ni au tourbillon, ni à l'obscurité, ni à la tempeste, Ni au retentissement de la trompette, ni à la voix des paroles: laquelle ceux qui l'oyoyent requirent que la parole ne leur fust plus adressée. Car ils ne pouvoyent porter ce qui estoit enjoint, assavoir, Si mesmes une beste touche la montagne, elle sera lapidée, ou percée d'un dard. Et Moyse (tant estoit terrible ce qui apparoissoit) dit, Je suis espouvanté, et en tremble tout. Mais vous estes venus à la montagne de Sion, et la cité du Dieu vivant, à la Jerusalem celeste, et aux miliers d'Anges, Et à l'assemblée et Eglise des premier-nez qui sont escrits és cieux, et à Dieu qui est le Juge de tous, et aux esprits des justes sanctifiez: Et à Jesus le Mediateur de la nouvelle alliance, et au sang de l'aspersion, prononçant de meilleures choses que celui d'Abel. Voyez que vous ne mesprisiez point celui qui parle: car si ceux-là qui mesprisoyent celui qui parloit sur la terre, ne sont point eschappez, nous serons punis beaucoup plus, si nous nous destournons de celui qui parle des cieux? Duquel la voix esmut alors la terre: mais maintenant il a denoncé, disant, Encore une fois, j'esmouvrai non seulement la terre, mais aussi le ciel. Or ce mot, Encore une fois, signifie l'abolition des choses muables, comme de celles qui ont esté faites de main, afin que celles qui sont immuables, demeurent. C'est pourquoi apprehendant le royaume qui ne peut estre esbranlé, retenons la grace par laquelle nous servions à Dieu, tellement que nous lui soyons agreables avec reverence et crainte. Car aussi nostre Dieu est un feu consumant. Que l'amour fraternelle demeure. N'oubliez point l'hospitalité: car par elle quelques-uns ont logé des Anges, n'en sçachant rien. Ayez souvenance des prisonniers, comme si vous estiez emprisonnez avec eux: et de ceux qui sont tourmentez, comme vous-mesmes aussi estant du mesme corps. Le mariage est honorable entre tous, et la couche sans macule. Mais Dieu jugera les paillards et les adulteres. Que vos moeurs soyent sans avarice, estant contents de ce que vous avez presentement: car lui-mesme a dit, Je ne te delaisserai point, et je ne t'abandonnerai point. Tellement que nous pouvons dire en asseurance, Le Seigneur m'est en aide; dont je ne craindrai point ce que l'homme me pourroit faire. Ayez souvenance de vos conducteurs, qui vous ont porté la Parole de Dieu: desquels ensuivez la foi, considerant quelle a esté l'issuë de leur conversation. Jesus Christ a esté le mesme hier et aujourd'hui, et l'est aussi eternellement. Ne soyez point emportez çà et là par des doctrines diverses et estranges: car il est bon que le coeur soit affermi par grace, non point par viandes, lesquelles n'ont de rien profité à ceux qui s'y sont occupez. Nous avons un Autel duquel ceux qui servent au Tabernacle, n'ont point la puissance de manger. Car les corps des bestes desquelles le sang est apporté pour le peché par le souverain Sacrificateur dans le Sanctuaire sont bruslez hors du camp. Partant aussi Jesus, afin qu'il sanctifiast le peuple par son propre sang, a souffert hors de la porte. Sortons donc vers lui hors du camp, portans son opprobre: Car nous n'avons point ici de cité permanente: mais nous recherchons celle qui est à venir. Offrons donc par lui sacrifice de loüange à toûjours à Dieu, c'est à dire, le fruit des levres, confessans son Nom. Or ne mettez point en oubli la beneficence et la communication: car Dieu prend plaisir à de tels sacrifices. Obeïssez à vos conducteurs, et vous y soumettez: car ils veillent pour vos ames, comme ceux qui en doivent rendre conte: afin que ce qu'ils en font, ils le fassent joyeusement, et non point à regret: car cela ne vous viendroit point à profit. Priez pour nous: car nous nous asseurons que nous avons une bonne conscience, disirans de converser honnestement entre tous. Et je vous prie de le faire d'autant plus grandement, afin que je vous sois tant plustost rendu. Or le Dieu de paix, qui a ramené des morts le grand Pasteur des brebis, par le sang de l'Alliance eternelle, assavoir nostre Seigneur Jesus Christ, Vous rende accomplis en toute bonne oeuvre, pour faire sa volonté, faisant en vous ce qui est agreable davant lui, par Jesus Christ, auquel soit gloire aux siecles des siecles. Amen. Aussi, freres, je vous prie de supporter la parole d'admonition: car je vous ai escrit en peu de paroles. Vous sçavez que le frere Timothée est delivré, avec lequel je vous verrai, s'il vient bien-tost. Salüez tous vos conducteurs, et tous les Saints. Ceux qui sont d'Italie vous salüent. Grace soit avec vous tous: Amen.
Jaques serviteur de Dieu, et du Seigneur Jesus Christ, aux douze lignées qui sont esparses, Salut. Mes freres, tenez pour une parfaite joye, quand vous cherrez en diverses tentations: Sçachant que l'espreuve de vostre foi engendre la patience. Or il faut que la patience ait une oeuvre parfaite, afin que vous soyez parfaits et entiers: de sorte que rien ne vous defaille. Que si quelqu'un d'entre vous a faute de sapience, qu'il la demande à Dieu, qui la donne à tous benignement, et ne la reproche point, et elle lui sera donnée. Mais qu'il la demande en foi ne doutant nullement: car celui qui doute est semblable au flot de la mer, agité du vent et demené. Or que cet homme-là ne s'attende point de recevoir chose aucune du Seigneur. L'homme double de coeur est inconstant en toutes ses voyes. Or que le frere qui est de basse condition se glorifie en sa hautesse. Que le riche au contraire se glorifie en sa basse condition: car il passera comme la fleur de l'herbe; Car comme le soleil ardent n'est pas plustost levé, que l'herbe est bruslée et sa fleur est cheute, et sa belle apparence est perie; tout ainsi aussi se flestrira le riche avec ses entreprises. Bien-heureux est l'homme qui endure tentation: car quand il aura esté rendu esprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. Quand quelqu'un est tenté, qu'il ne die point, Je suis tenté de Dieu: car Dieu ne peut estre tenté de maux, et aussi ne tente-t'il personne. Mais chacun est tenté, quand il est attiré et amorcé par sa propre convoitise. Puis apres quand la convoitise à conceu, elle enfante le peché, et le peché estant amené à sa fin, engendre la mort. Mes freres bien-aimez, ne vous abusez point. Toute bonne donation, et tout don parfait est d'en haut, descendant du Pere des lumieres, par devers lequel il n'y a point de variation, ni d'ombrage de changement. Il nous a de son propre vouloir engendrez par la parole de verité, afin que nous fussions comme les premices de ses creatures. Partant, mes freres bien-aimez, que tout homme soit prompt à oüir, tardif à parler, et tardif à colere. Car la colere de l'homme n'accomplit point la justice de Dieu. C'est pourquoi rejettans toute ordure et superfluïté de malice, recevez en douceur la parole plantée en vous, laquelle peut sauver vos ames: Et mettez en effet la parole, et ne l'escoutez point seulement, en vous decevant vous-mesmes par de vains discours. Car si quelqu'un escoute la parole, et ne la met point en effet, il est semblable à l'homme qui considere en un miroir sa face naturelle. Car s'estant consideré soi-mesme, et s'en estant allé, il a aussi-tost oublié quel il estoit. Mais celui qui aura regardé au dedans de la Loi parfaite, qui est de liberté, et aura perseveré, n'estant point escouteur oublieux, mais mettant en effet l'oeuvre, celui-là sera bienheureux en ce qu'il aura fait. Si quelqu'un pense estre religieux entre vous, ne tenant point en bride sa langue, mais seduisant son coeur, la religion d'un tel personnage est vaine. La religion pure et sans macule envers nostre Dieu et Pere, c'est de visiter les orphelins et les veuves en leurs tribulations, et se conserver sans estre entaché de ce monde. Mes freres, n'ayez point la foi de nostre Seigneur Jesus Christ glorieux, en ayant égard à l'apparence des personnes. Car s'il entre en vostre assemblée un homme qui porte un anneau d'or, vestu de quelque precieux vestement, et qu'il y entre aussi quelque pauvre, vestu de quelque méchant habit: Et que vous ayez égard à celui qui porte le precieux vestement, et lui disiez, Toi, assieds-toi ici honorablement, et que vous disiez au pauvre, Toi, tien toi là debout, ou assieds-toi sous mon marche-pied: N'avez-vous pas fait difference en vous-mesmes, et n'estes-vous pas devenus juges de mauvaises pensées? Escoutez, mes freres bien-aimez, Dieu n'a-t'il point choisi les pauvres de ce monde, pour estre riches en la foi, et heritiers du Royaume qu'il a promis à ceux qui l'aiment? Mais vous avez deshonoré le pauvre. Or les riches ne vous maistrisent-ils pas, et ne vous tirent-ils pas aux plaidoyers? Eux-mesmes ne blasphement-ils pas le bon Nom qui a esté invoqué sur vous? Toutefois si vous accomplissez la Loi royale selon l'Ecriture, assavoir, Tu aimeras ton prochain comme toi-mesme, vous faites bien. Mais si vous avez égard à l'apparence des personnes, vous commettez un peché et estes redargüez par la Loi comme transgresseurs. Car quiconque aura gardé toute la Loi, s'il vient à saillir en un seul point, il est coupable de tous. Car celui qui a dit, Tu ne commettras point adultere, a dit aussi, Tu ne tuëras point. Si donc tu ne commets point adultere, mais tu tuës, tu es transgresseur de la Loi. Parlez et faites comme ceux qui doivent estre jugez par la Loi de liberté. Car condamnation sans misericorde sera sur celui qui n'aura point usé de misericorde: et la misericorde se glorifie contre la condamnation. Mes freres, que profitera-t'il si quelqu'un dit qu'il a la foi, et qu'il n'ait point les oeuvres: la foi le pourra-t'elle sauver? Et si le frere ou la soeur sont nuds, et ont faute du vivre quotidien: Et que quelqu'un d'entre vous leur die, Allez en paix, chaussez vous, et vous rassasiez, et vous ne leur donnez point les choses necessaires pour le corps, que leur profitera-t'il? Pareillement aussi la foi, si elle n'a point les oeuvres, elle est morte en elle mesme. Mesme quelqu'un dira, Tu as la foi, et mon j'ai les oeuvres: montre moi donc ta foi sans les oeuvres, et je te montrerai ma foi par mes oeuvres. Tu crois qu'il y a un seul Dieu, tu fais bien: les diables le croyent aussi, et en tremblent. Mais, ô homme vain ! Veux-tu sçavoir comme la foi qui est sans les oeuvres est morte? Abraham nostre pere n'a-t'il point esté justifié par les oeuvres, quand il offrit son fils Isaac sur l'autel? Ne vois-tu pas que la foi operoit avec ses oeuvres, et que par les oeuvres la foi a esté renduë accomplie? Et que l'Escriture a esté accomplie, disant, Abraham a creu à Dieu, et lui a esté alloüé à justice, et il a esté appellé ami de Dieu. Ne voyez vous pas donc que l'homme est justifié par les oeuvres, et non seulement par la foi? Semblablement aussi Rahab la paillarde, n'a-t'elle point esté justifiée par les oeuvres, quand elle eut recueilli les messagers, et les eut mis dehors par un autre chemin? Car ainsi que le corps sans l'esprit est mort, aussi la foi qui est sans les oeuvres est morte. Mes freres, ne soyez point plusieurs maistres: sçachant que nous en recevrons une plus grande condamnation. Car nous choppons tous en plusieurs choses: Si quelqu'un ne choppe point en parole, il est homme parfait et peut mesmes tenir en bride tout le corps. Voila, nous mettons aux chevaux des mords en leurs bouches, afin qu'ils nous obeïssent, et menons çà et là tout le corps. Voila aussi les navires, encore qu'ils soyent si grands, et qu'ils soyent agitez de rudes vents, si est-ce qu'ils sont menez par tout çà et là avec un petit gouvernail, selon que porte la volonté de celui qui gouverne. Ainsi la langue est un petit membre, et elle se vante de grandes choses: voila un petit feu, combien allume-t'il de grand bois? La langue aussi est un feu, voire un monde d'iniquité: ainsi la langue est posée entre nos membres, laquelle soüille tout le corps, et enflamme tout le monde qui a esté creé, et est enflammée de la gehenne. Car toute nature de bestes, et d'oiseaux, et de reptiles, et de poissons de mer, se dompte, et a esté domptée par la nature humaine. Mais nul homme ne peut dompter la langue, entant que c'est un mal qui ne se peut reprimer, et elle est pleine de venin mortel. Par elle nous benissons nostre Dieu et Pere: et par elle nous maudissons les hommes faits à la semblance de Dieu. D'une mesme bouche procede la benediction et la malediction. Mes freres, il ne faut point que ces choses aillent ainsi. Une fontaine jette-t'elle d'un mesme trou le doux et l'amer? Mes freres, un figuier peut-il produire des olives, ou une vigne des figues? Ainsi nulle fontaine ne peut jetter de l'eau salée et de l'eau douce. Qui est-ce qui est sage et entendu parmi vous? Qu'il montre par une bonne conversation ses oeuvres en douceur de sapience. Mais si vous avez de l'envie amere, et de l'irritation en vos coeurs, ne vous glorifiez point, et ne mentez point contre la verité. Car ce n'est point là la sapience qui descend d'en-haut: mais elle est terriene, sensuelle, et diabolique. Car où il y a de l'envie et de l'irritation, là est le trouble et toute oeuvre méchante. Mais la sapience qui est d'en-haut, premierement est pure, puis paisible, moderée, traitable, pleine de misericorde, et de bons fruits, sans faire beaucoup de difficultez, et sans hypocrisie. Or le fruit de justice se seme en paix pour ceux qui s'adonnent à la paix. D'où viennent les combats et les quereles entre vous? N'est-ce point d'ici, assavoir de vos voluptez, lesquelles guerroyent en vos membres? Vous convoitez et ne l'avez point: vous estes envieux et jaloux, et ne pouvez obtenir: vous querelez et combattez, et n'avez point ce que vous desirez, parce que vous ne le demandez point. Vous demandez et ne recevez point: parce que vous demandez mal, afin que vous le dépensiez en vos voluptez. Adulteres et adulteresses, ne sçavez-vous pas que l'amitié du monde est inimitié contre Dieu? Qui voudra donc estre ami du monde, il se rend ennemi de Dieu. Pensez-vous que l'Escriture die en vain, L'Esprit qui a habité en nous, convoite à envie? Mais il donne une plus grande grace. C'est pourquoi il dit, Dieu resiste aux orgueilleux, mais il fait grace aux humbles. Assujettissez-vous donc à Dieu: resistez au diable, et il s'enfuïra de vous. Approchez-vous de Dieu, et il s'approchera de vous: pecheurs, nettoyez vos mains: et vous, doubles de coeur, purifiez vos coeurs. Sentez vos miseres, et lamentez, et pleurez: que vostre ris soit converti en pleur, et vostre joye en tristesse. Humiliez-vous en la presence du Seigneur, et il vous élevera. Freres, ne detractez point les uns des autres: celui qui detracte de son frere, et qui juge son frere, il detracte de la Loi, et juge la Loi: or si tu juge la Loi, tu n'es point faiseur de la Loi, mais juge. Il y a un seul Legislateur, qui peut sauver et destruire: toi qui es-tu, qui juges autrui? Or çà maintenant, vous qui dites, allons aujourd'hui et demain en une telle ville, et demeurons là un an, et y trafiquons et gagnons. (Qui toutefois ne sçavez pas ce qui aviendra le lendemain: Car qu'est-ce de vostre vie? ce n'est certes qu'une vapeur qui apparoist pour un peu, puis s'évanoüit.) Au lieu que vous deviez dire, Si le Seigneur le veut, a si nous vivons, nous ferons ceci ou cela. Mais maintenant vous vous vantez en vos fiertez: toute telle vanterie est mauvaise. Il y a donc peché à celui qui sçais faire le bien et ne le fait point. Or sus maintenant, vous riches, pleurez, heurlans pour vos miseres, lesquelles s'en vont tomber sur vous. Vos richesses sont pourries: vos vestemens sont devenus tout rongez de tignes: Vostre or et vostre argent est enroüillé, et leur roüille vous sera en tesmoignage, et mangera vostre chair comme le feu. Vous avez amassé un tresor pour les derniers jours. Voici le salaire des ouvriers qui ont moissonné vos champs (duquel ils ont esté frustrez par vous) crie: et les cris de ceux qui ont moissonné est entré aux oreilles du Seigneur des armées. Vous avez vescu en delices sur la terre, et vous vous estes débordez et avez rassasié vos coeurs comme au jour des sacrifices. Vous avez condamné, et avez mis à mort le juste, lequel ne vous resiste point. Or donc, freres, attendez patiemment jusques à la venuë du Seigneur: voici, le laboureur attend le fruit precieux de la terre, usant de patience, jusques à ce qu'il reçoive la pluye de la premiere et de la derniere saison. Vous donc aussi attendez patiemment, et affermissez vos coeurs: car la venuë du Seigneur est prochaine. Freres, ne vous plaignez point les uns des autres, afin que vous ne soyez point condamnez: voici, le juge se tient à la porte. Mes freres, prenez pour un exemple d'affliction et de patience, les Prophetes qui ont parlé au Nom du Seigneur. Voici, nous tenons pour bienheureux ceux qui ont enduré: vous avez entendu la patience de Job: et avez veu la fin du Seigneur: car le Seigneur est plein de compassion et pitoyable. Or sur toutes choses, mes freres, ne jurez point par le ciel, ni par la terre, ni par quelque autre serment: mais vostre Oüi soit Oüi, et vostre Non, Non: afin que vous ne tombiez point en condamnation. Y a-t'il quelqu'un qui souffre entre vous? Qu'il prie. Y a-t'il quelqu'un d'entre vous qui soit en repos d'esprit ? Qu'il psalmodie. Y a-t-il quelqu'un d'entre vous malade? Qu'il appelle les Anciens de l'Eglise, et qu'ils prient pour lui, et qu'ils l'oignent d'huile au Nom du Seigneur. Et la priere de soi sauvera le malade, et le Seigneur le relevera: et s'il a commis des pechez, ils lui seront pardonnez. Confessez vos fautes l'un envers l'autre, et priez l'un pour l'autre, afin que vous en soyez gueris: car la priere du juste faite avec vehemence est de grande efficace. Elie estoit un homme sujet à de semblables affections que nous, et neantmoins il requit en priant qu'il ne plût point, et il ne plut point sur la terre par trois ans et six mois. Et derechef il requit en priant, et le ciel donna d la pluye, et la terre produisit son fruict. Freres, si quelqu'un d'entre vous se fourvoye de la verité, et que quelqu'un le redresse, Il doit sçavoir que celui qui aura radressé un pecheur, de ce qu'il s'estoit fourvoyé, sauvera une ame de mort, et couvrira une multitude de pechez.
Pierre Apostre de Jesus Christ, aux estrangers qui estes espars en Ponte, en Galatie, en Cappadoce, en Asie, et en Bithynie. Esleus selon la providence de Dieu le Pere, en sanctification d'Esprit, à l'obeïssance, et à l'aspersion du sang de Jesus Christ: Grace et paix vous soit multipliée. Benit soit Dieu qui est le Pere de nostre Seigneur Jesus Christ, qui par sa grande misericorde nous a regenerez en esperance vive, par la resurrection de Jesus Christ d'entre les morts: Pour obtenir l'heritage incorruptible, qui ne se peut soüiller ni flestrir, conservé dans les cieux pour nous: Qui sommes gardez en la vertu de Dieu par la foi, pour avoir le salut prest d'estre revelé au dernier temps. En quoi vous vous éjoüissez, estant maintenant un peu de temps contristez en diverses tentations, s'il est convenable: Afin que l'espreuve de vostre foi, qui est beaucoup plus precieuse que l'or, (qui perit, et toutefois est esprouvé par le feu,) vous tourne à loüange, et à honneur, et à gloire, quand Jesus Christ sera revelé: Lequel, quoi que vous ne l'ayez point veu, vous aimez: auquel, quoi que maintenant vous ne le voyïez point, vous croyez, et vous éjoüissez d'une joye inenarable et glorieuse: Remportant la fin de vostre foi, assavoir le salut des ames. Duquel salut les Prophetes (qui ont prophetizé de la grace qui estoit reservée pour vous) se sont enquis, et l'on diligemment recherché; Recherchant diligemment quand et en quel temps l'Esprit de Christ, qui estoit en eux, rendant témoignage auparavant, declaroit les souffrances qui devoyent avenir à Christ, et les gloires qui s'en devoyent suivre. Ausquels il a esté revelé que ce n'estoit point pour eux-mesmes, mais pour nous qu'ils administroyent ces choses, lesquelles maintenant vous ont esté annoncées par ceux qui vous ont presché l'Evangile par le Saint Esprit envoyé du ciel: esquelles choses les Anges desirent de regarder jusques au fond. Vous donc, en ayant les reins de vostre entendement ceints avec sobrieté, esperez parfaitement en la grace qui vous est presentée, jusques à ce que Jesus Christ soit revelé. Comme enfans obeïssans, ne vous conformez point à vos convoitises de par ci-devant en vostre ignorance. Mais comme celui qui vous a appellez est Saint, vous aussi pareillement soyez saints en toute vostre conversation: Dautant qu'il est escrit, Soyez saints, car je suis Saint. Et si vous invoquez pour Pere celui qui sans avoir esgard à l'apparence des personnes, juge selon l'oeuvre de chacun, conversez en crainte durant le temps de vostre sejour temporel. Sçachant que vous avez esté rachetez de vostre vaine conversation, qui vous avoit esté enseignée par vos peres, non point par des choses corruptibles, comme par argent, ou par or: Mais par le precieux sang de Christ comme de l'agneau sans macule et sans tache; Déja ordonné devant la fondation du monde, mais manifesté és derniers temps pour vous, Qui par lui croyez en Dieu qui l'a ressuscité des morts, et lui a donné gloire, afin que vostre foi et vostre esperance fust en Dieu. Ayant donc purifié vos ames, en obeïssance à la verité par l'Esprit, pour vous adonner à la charité fraternelle, sans feintise, aimez-vous l'un l'autre affectueusement d'un coeur pur: Estant regenerez, non point par une semence corruptible, mais incorruptible, assavoir par la Parole de Dieu vivante et qui demeure à toûjours. Parce que toute chair est comme l'herbe, et toute la gloire de l'homme comme la fleur de l'herbe: l'herbe est sechée, et sa fleur est cheüe: Mais la Parole du Seigneur demeure eternellement: et cette Parole est celle qui vous a esté evangelizée. Ayant donc dépoüillé toute malice et toute fraude, et feintises, et envies, et toutes detractions, Desirez affectueusement, comme enfans nagueres nez, le laict d'intelligence, et qui est sans fraude, afin que vous croissiez par icelui. Voire pourveu que vous ayez gousté que le Seigneur est benin. Duquel vous approchant, voire de lui qui est la pierre vive, qui a esté rejetée des hommes, mais qui est éleuë et precieuse envers Dieu: Vous aussi comme des pierres vives, estes edifiez pour estre une maison spirituelle, et une sainte Sacrificature, pour offrir des sacrifices spirituels, agreables à Dieu par Jesus Christ. C'est pourquoi aussi il est contenu en l'Escriture, Voici, je mets en Sion la maistresse pierre du coin, éleuë et precieuse: et celui qui croira en elle, ne sera point confus. Elle est donc honneur à vous qui croyez: mais quant aux rebelles, la pierre que les edifians ont rejettée, a esté faite la maistresse pierre du coin, et pierre d'achoppement, et pierre de trébuchement: Lesquels s'heurtent contre la Parole, et sont rebelles: à quoi aussi ils ont esté ordonnez. mais vous estes la generation éleuë, la Sacrificature royale, la nation sainte, le peuple acquis, afin que vous annonciez les vertus de celui qui vous a appellez des tenebres à sa merveilleuse lumiere: Vous qui jadis n'estiez point peuple, mais qui maintenant estes le peuple de Dieu: qui jadis n'aviez point obtenu misericorde, mais qui maintenant avez obtenu misericorde. Bien-aimez, je vous exhorte, que comme estrangers et voyageurs, vous vous absteniez des convoitises charnelles qui guerroyent contre l'ame: Ayans vostre conversation honneste envers les Gentils, afin qu'en ce qu'ils detractent de vous comme de malfaiteurs, ils glorifient Dieu au jour de la visitation pour vos bonnes oeuvres qu'ils auront veuës. Rendez-vous donc sujets à tout ordre humain pour l'amour de Dieu: soit au Roi, comme à celui qui est par dessus les autres: Soit aux Gouverneurs, comme à ceux qui sont envoyez de par lui, pour exercer vengeance sur les malfaiteurs, et à la loüange de ceux qui font bien. Car telle est la volonté de Dieu, qu'en faisant bien, vous fermiez la bouche à l'ignorance des hommes fols: Comme libres, et non point comme ayans la liberté pour couverture de malice, mais comme serviteurs de Dieu. Portez honneur à tous. aimez la fraternité. craignez Dieu. honorez le Roi. Serviteurs, soyez sujets en toute crainte à vos maistres, non seulement aux bons et equitables, mais aussi aux facheux. Car cela est agreable, si quelqu'un à cause de la conscience qu'il a envers Dieu, endure de la fascherie, souffrant injustement. Autrement quel honneur vous est-ce si estant souffletez pour avoir mal fait, vous l'endurez? Mais si en bien faisant, estant toutefois affligez, vous endurez, voila où Dieu prend plaisir. Car vous estes aussi appellez à cela: veu aussi que Christ a souffert pour nous, nous laissant un patron, afin que vous ensuiviez ses traces. Lequel n'a point commis de peché, ni fraude aucune n'a esté trouvée en sa bouche. Lequel quand on lui disoit des outrages n'en rendoit point: et quand on lui faisoit du mal, n'usoit point de menaces: mais se remettoit à celui qui juge justement. Lequel mesme a porté nos pechez en son corps sur le bois: afin qu'estant morts à péché, nous vivions à justice: par la bature duquel mesme vous avez esté gueris. Car vous estiez comme des brebis errantes: mais maintenant vous estes convertis au Pasteur et Evesque de vos ames. Semblablement que les femmes se rendent sujettes à leurs propres maris, afin mesmes s'il y en a qui n'obeïssent point à la parole, ils soyent gagnez sans parole par la conversation des femmes; Ayans veu vostre chaste conversation, qui est avec crainte. Desquelles le parement ne soit point celui de dehors, qui consiste en entortillement de cheveux, ou en parure d'or, ou en accoustrement d'habits: Mais l'homme qui est caché, assavoir celui du coeur, qui consiste en l'incorruption d'un esprit doux et paisible, qui est de grand prix devant Dieu. Car ainsi aussi autrefois se paroyent les saintes femmes, qui esperoyent en Dieu, estant sujettes à leurs propres maris: Comme Sara obeïssoit à Abraham, l'appellant son Seigneur: de laquelle vous estes filles en bien faisant, quand mesme vous ne craignez aucun espouvantement. Vous maris semblablement comportez vous discretement avec elles, comme avec un vaisseau plus fragile, assavoir feminin, leur portant du respect, comme ceux qui estes aussi ensemble heritiers de la grace de vie: afin que vos prieres ne soyent point interrompuës. Et finalement soyez tous d'un consentement, et adonnez à une mutuelle compassion, vous entr'aimant fraternellement, misericordieux, gracieux. Ne rendant point mal pour mal, ni outrage pour outrage: mais au contraire benissant: sçachant que vous estes appellez à cela, afin que vous obteniez l'heritage de benediction. Car que celui qui veut aimer sa vie, et voir ses jours bien-heureux, garde sa langue de mal, et ses levres qu'elles ne prononcent point de fraude: Qu'il se destourne du mal, et qu'il fasse le bien: qu'il cherche la pourchasse. Car les yeux du Seigneur sont sur les justes, et ses oreilles sont ouvertes à leurs prieres: mais la face du Seigneur est sur ceux qui font les maux. Et qui est-ce qui vous fera du mal, si vous ensuivez le bien? Mesmes encore que vous enduriez quelque chose pour justice, vous estes bien-heureux: mais ne craignez point pour la crainte d'eux, et n'en soyez point troublez: Mais sanctifiez le Seigneur en vos coeurs, et soyez toûjours prests à respondre avec douceur et reverence, à chacun qui vous demande raison de l'esperance qui est en vous: Ayans une bonne conscience, afin que ceux qui blasment vostre bonne conversation en Christ, soyent confus, en ce qu'ils detractent de vous comme de mal-faiteurs. Car il vaut mieux que vous souffriez en bien-faisant, si telle est la volonté de Dieu, qu'en mal-faisant. Car aussi Christ a souffert une fois pour les pechez, lui juste pour les injustes: afin qu'il nous amenast à Dieu, ayant esté mortifié en chair, mais vivifié par l'Esprit: Par lequel aussi estant allé il a presché aux esprits en chartre: Ayant esté jadis desobeïssans, quand la patience de Dieu attendoit une fois és jours de Noé, lors que l'Arche s'apprestoit, en laquelle un petit nombre, assavoir huit personnes furent sauvées par l'eau. A quoi aussi maintenant respond, à l'opposite, la figure qui nous sauve, assavoir le Baptesme: non point celui par lequel les ordures de la chair sont nettoyées, mais l'attestation d'une bonne conscience devant Dieu, par la resurrection de Jesus Christ: Qui est à la dextre de Dieu, estant allé au ciel: auquel sont assujettis les Anges, et les Puissances, et les Vertus. Or donc, puis que Christ a souffert pour nous en la chair; vous aussi soyez armez de cette mesme pensée, c'est que celui qui a souffert en la chair, a desisté de peché: Afin que le temps qui reste en la chair, vous ne viviez plus selon les convoitises des hommes, mais selon la volonté de Dieu. Car le temps passé nous doit avoir suffit pour avoir accompli la volonté des Gentils, quand nous conversions en insolences, convoitises, yvrogneries, gourmandises, beuveries, et idolatries abominables. En quoi ils se trouvent estranges, en vous blasmant, quand vous ne courez point avec eux en un mesme abandon de dissolution. Ceux qui rendront conte à celui qui est prest de juger les vivans et les morts. Car c'est pour cela aussi qu'il a esté evangelizé aux morts, afin qu'ils fussent jugez selon les hommes en la chair, et qu'ils vécussent selon Dieu en esprit. Or la fin de toutes choses est prochaine. Soyez donc sobres et veillans à prier. Et sur tout ayez entre vous une vehemente charité: car la charité couvrira une multitude de pechez. Soyez hospitaliers les uns envers les autres, sans murmures. Que chacun, selon qu'il a receu le don, l'administre envers les autres, comme bons dispensateurs de la diverse grace de Dieu. Si quelqu'un parle, qu'il parle comme les paroles de Dieu: si quelqu'un administre, qu'il administre comme par la puissance que Dieu fournit: afin qu'en toutes choses Dieu soit glorifié par Jesus Christ, auquel appartient gloire et force aux siecles des siecles. Amen. Bien-aimez, ne trouvez point estrange quand vous estes comme en la fournaise pour vostre espreuve, comme si quelque chose d'estrange vous avenoit: Mais entant que vous communiquez aux souffrances de Christ, éjoüissez-vous: afin qu'aussi à la revelation de sa gloire vous vous éjoüissiez en vous esgayant. Si on vous dit des injures au nom de Christ, vous estes bien-heureux: car l'Esprit de gloire et de Dieu repose sur vous, lequel quant à eux est blasphemé, mais quant à vous est glorifié. Et de fait, que nul de vous ne souffre comme meurtrier, ou larron, ou malfaiteur, ou curieux des affaires d'autrui. Mais si quelqu'un souffre comme Chrestien, qu'il ne le prenne point à honte, mais qu'il glorifie Dieu en cet endroit. Car il est temps aussi que le jugement commence par la maison de Dieu: et s'il commence premierement par nous, quelle sera la fin de ceux qui n'obeïssent point à l'Evangile de Dieu? Et si le juste est difficilement sauvé, où comparoistra le méchant et le pecheur? Que ceux-là donc aussi qui souffrent par la volonté de Dieu, lui recommandent leurs ames, comme au fidele Createur, en bien-faisant. Je prie les Anciens qui sont entre vous, moi qui suis Ancien avec eux, et tesmoin des souffrances de Christ, et qui suis aussi participant de la gloire laquelle doit estre revelée: Paissez le troupeau de Christ qui vous est commis, en prenant garde sur lui, non point par contrainte, mais volontairement: non point pour gain deshonneste, mais d'un prompt courage: Et non point comme ayant domination sur les heritages du Seigneur, mais tellement que vous soyez pour patron du troupeau. Et quand le souverain Pasteur apparoistra, vous recevrez la couronne incorruptible de gloire. Semblablement vous jeunes gens, assujettissez-vous aux anciens, tellement que vous soyez tous sujets l'un à l'autre: soyez parez par dedans d'humilité; parce que Dieu resiste aux orgueilleux, mais il fait grace aux humbles. Humiliez vous donc sous la puissante main de Dieu, afin qu'il vous éleve quand il sera temps: Deschargeans tout vostre souci sur lui: car il soin de vous. Soyez sobres, et veillez: dautant que vostre adversaire le diable chemine comme un lion rugissant à l'entour de vous, cherchant qui il pourra engloutir. Auquel il vous faut resister, estant fermes en la foi, sçachant que les mesmes souffrances s'accomplissent en la compagnie de vos freres qui est par le monde. Or le Dieu de toute grace qui nous a appellez à sa gloire eternelle en Jesus Christ, apres que vous aurez un peu souffert, vous rende accomplis, vous affermisse, fortifie, et establisse. A lui soit gloire, et force aux siecles des siecles. Amen Je vous ai escrit brevement par Silvain nostre frere, qui vous est fidele, comme j'estime, vous exhortant et témoignant que c'est la vraye grace de Dieu, en laquelle vous estes. L'Eglise qui est à Babylone, eleuë ensemble avec vous, et Marc mon fils, vous saluënt. Salüez-vous l'un l'autre d'un baiser de charité. Paix soit à vous tous qui estes en Jesus Christ. Amen.
Simeon Pierre; serviteur et Apostre de Jesus Christ, à vous qui avez obtenu une foi de pareil prix avec nous, par la justice de nostre Dieu, et Sauveur Jesus Christ: Grace et paix vous soit multipliée en la connoissance de Dieu et de nostre Seigneur Jesus: Puis que sa divine puissance nous a donné tout ce qui appartient à la vie et à la pieté, par la connoissance de celui nous a appellez par sa propre gloire et vertu. Par lesquelles nous sont données les grandes et precieuses promesses, afin que par elles vous soyez faits participans de la nature divine, estant eschappez de la corruption qui est au monde en convoitise. Vous donc aussi de mesme y apportant toute diligence, ajoustez vertu par dessus avec vostre foi: etavec vertu science: Et avec science, temperance: et avec temperance, patience: et avec patience, pieté: Et avec pieté, amour fraternelle: et avec amour fraternelle, charité. Car si ces choses sont en vous, et y abondent, elles ne vous laisseront point oiseux, ni steriles en la connoissance de nostre Seigneur Jesus Christ. Car celuy en qui ces choses ne se trouvent point, est aveugle, et ne voit goutte de loin, ayant oublié la purification de ses vieux pechez. Partant, freres, estudiez-vous plustost à affermir vostre vocation et election: car en ce faisant vous ne chopperez jamais. Car par ce moyen l'entrée au royaume eternel de nostre Seigneur et Sauveur Jesus Christ vous sera abondamment fournie. C'est pourquoi je ne sera point paresseux à vous ramentevoir toûjours ces choses, encore que vous soyez connoissans et fondez en la verité presente. Car j'estime que c'est une chose juste, tandis que je suis en ce tabernacle, de vous éveiller par avertissement: Sçachant qu'en bref j'ai à déloger de ce mien tabernacle, comme nostre Seigneur Jesus Christ mesme me l'a declaré. Mais je mettrai peine qu'apres mon depart aussi vous puissiez continuellement vous ramentevoir ces choses. Car nous ne vous avons point donné à connoitre la puissance et la venuë de nostre Seigneur Jesus Christ, en ensuivant des fables artificiellement composées: mais comme ayant veu sa Majesté de nos propres yeux. Car il avoit receu de Dieu le Pere honneur et gloire, quand une telle voix lui fut envoyée de la gloire magnifique, Celui-ci est mon Fils bien-aimé, auquel j'ai pris mon bon plaisir. Et nous oüismes cette voix envoyée du ciel, estant avec luy sur sa sainte montagne. Nous avons aussi la parole des Prophetes tres-ferme, à laquelle vous faites bien d'entendre, comme à une chandelle qui éclaire en un lieu obsur, jusques à ce que le jour commence à luire et que l'estoile du matin se leve en vos coeurs: Si vous entendez premierement cela, que nulle prophetie de l'Escriture n'est de particuliere declaration. Car la prophetie n'a point esté jadis apportée par la volonté humaine: mais les saints hommes de Dieu estant poussez du Saint Esprit ont parlé. Mais il y a eu aussi de faux Prophetes entre le peuple, comme il y aura pareillement entre vous de faux Docteurs, qui introduiront couvertement des sectes de perdition, et renieront le Seigneur qui les a rachetez, amenans sur eux-mesmes une soudaine perdition. Et plusieurs ensuivront leurs perditions: par lesquels la voye de verité sera blasphemée. De sorte que par avarice ils feront trafic de vous par des paroles déguisées, sur lesquels dés long temps et leur perdition ne son sommeille point. Car si Dieu n'a point espargné les Anges qui ont peché: mais les ayant abysmez avec des chaisnes d'obscurité, il les a livrez pour estre reservez au jugement: Et n'a point espargné le monde ancien, mais a gardé Noé, lui huictiesme, heraut de justice, et a amené le deluge sur le monde des méchans: Et a condamné à subversion les villes de Sodome et de Gomorrhe, les reduisant en cendre, et les mettant pour exemple à celui qui vivroyent en impieté: Et en a delivré le juste Lot, qui estoit oppressé des abominables par leur infame conversation. (Car ce juste-là habitant entr'eux, parce qu'il oyoit et voyoit, tourmentoit de jour en jour son ame juste, à cause de leurs méchans actes.) Le Seigneur sçais aussi delivrer de tentation ceux qui l'honorent, et reserver les injustes pour estre punis au jour du jugement: Et principalement ceux qui cheminent apres la chair, en convoitise de pollution, et mesprisent les Seigneuries, audacieux, abonnez à leur sens, qui n'ont point honneur de blasmer les dignitez. Au lieu que les Anges, qui sont plus grands en force et en puissance, ne donnent point sentence de blasme contre elles devant le Seigneur. Mais ceux-ci comme des bestes brutes, qui suivent leur sensualité, estant faites pour estre prises et destruites, blasmant ce qu'ils n'entendent point, periront par leur propre corruption: Remportant le salaire d'iniquité, prenant leur plaisir en leurs delices ordinaires, taches, et soüillures, prenant leurs delices en leurs tromperies, en banquetant avec vous: Ayant les yeux pleins d'adultere, et qui ne cessent jamais de pecher, amorçant les ames mal asseurées, ayant le coeur exercé en rapines, enfans de malediction: Lesquels ayant delaissé le droit chemin, se sont fourvoyez ayant ensuivi le train de Balaam fils de Bosor, qui aima le salaire d'iniquité, mais il fut redargüé de son injustice. Car une asnesse muëtte parlant en voix d'homme, reprima la folie du Prophete. Ce sont des fontaines sans eau, et des nuées agitées par le tourbillon: ausquels l'obscurité des tenebres est reservée eternellement. Car en prononçant des discours fort enflez de vanité, ils amorcent, par les convoitises de la chair, et par insolences, ceux qui estoyent à bon escient eschappez d'entre ceux qui conversent en erreur: Leur promettant la liberté, encore qu'ils soyent eux-mesmes serfs de corruption: car on est reduit en la servitude de celui par lequel on est surmonté. Car si apres estre eschappez des soüillures du monde, par la connoissance du Seigneur et Sauveur Jesus Christ: toutesois estant derechef entortillez en elles, ils en sont surmontez, leur derniere condition leur est devenuë pire que la premiere. Car il leur eust mieux vallu n'avoir point connu la voye de justice, qu'apres l'avoir connuë se destourner arriere du saint commandement qui leur avoit esté baillé. Mais ce qu'on dit par un vrai proverbe leur est avenu; Le chien est retourné à son propre vomissement: et la truye lavée est retournée à sa veautrer au bourbier. Bien-aimez, je vous escris deja cette seconde Epistre, par la quelle je réveille par avertissemens vostre pur entendement: Afin que vous ayez souvenance des paroles qui auparavant ont esté dites par les saints Prophetes, et de nostre commandement, qui sommes Apostres du Seigneur et Sauveur. Sçachant premierement cela, qu'il viendra és derniers jours des mocqueurs, cheminant selon leurs propres convoitises: Et disant, Où est la promesse de son advenement? Car depuis que les Peres sont endormis toutes choses perseverent ainsi dés le commencement de la creation. Car ils ignorent volontairement ce point, que dés jadis les cieux ont en leur estre, et la terre consistant ont dans l'eau, et parmi l'eau, par la Parole de Dieu. Par lesquelles choses le monde d'alors est peri, estant couvert d'un deluge d'eaux. Mais les cieux qui sont maintenant, et la terre, sont reservez par la mesme Parole, estant gardez pour le feu au jour du jugement,et de la destruction des méchans hommes. Mais, ô vous bien-aimez ! N'ignorez point une chose, c'est qu'un jour est envers le Seigneur comme mille ans, et mille ans sont comme un jour. Le Seigneur ne tarde point sa promesse, comme quelques-uns estiment retardement, mais il est patient envers nous, ne voulant point qu'aucun perisse, mais que tous viennent à repentance. Mais le jour du Seigneur viendra comme le larron en la nuit, auquel les cieux passeront avec un bruit sifflant de tempeste, et les elemens seront dissous par la chaleur, et la terre, et toutes les oeuvres qui sont en elle, brusleront entierement. Veu donc que toutes ces choses se doivent dissoudre, quels vous faut-il estre en saintes conversations, et oeuvres de pieté? En attendant, et vous hastant à la venuë du jour de Dieu, par lequel les cieux estant enflambez seront dissous, et les elemens se fondront de chaleur. Or nous attendons, selon sa promesse, de nouveaux cieux et une nouvelle terre, esquelles habite la justice. C'est pourquoi, bien-aimez, en attendant ces choses, estudiez-vous à estre trouvez de lui sans tache et sans reproche en paix. Et tenez pour salut la longue attente de nostre Seigneur: comme aussi nostre bien-aimé frere Paul vous en a escrit selon la sapience qui lui a esté donnée: Comme celui qui en toutes ses Epistres parle de ces points: entre lesquels il y a des choses difficiles à entendre, que les ignorans et mal-asseurez tordent, comme aussi les autres Escritures, à leur propre perdition. Vous donc, bien-aimez, puis que vous en estes déja avertis, gardez-vous qu'estant emportez avec les autres par la seduction des abominables, vous ne decheïez de vostre fermeté. Mais croissez en grace et en connoissance de nostre Seigneur et Sauveur Jesus Christ. A lui soit gloire, et maintenant, et jusques au jour d'eternité. Amen.
Ce qui estoit dés le commencement, ce que nous avons ouï, ce que nous avons veu de nos propres yeux, ce que nous avons contemplé, et que nos propres mains ont touché, de la Parole de vie: (Car la vie a esté manifestée, et nous l'avons veuë, et nous aussi le témoignons, et vous annonçons la vie eternelle, laquelle estoit avec le Pere, et qui nous a esté manifestée.) Cela donc que nous avons veu et ouï, nous vous l'annonçons: afin que vous ayez communion avec nous, et que nostre communion soit avec le Pere, et avec son Fils Jesus Christ. Et nous vous escrivons ces choses, afin que vostre joye soit accomplie. Or c'est ici la promesse que nous avons oüie de lui, et que nous vous annonçons, c'est que Dieu est lumiere, et qu'en lui il n'y a tenebres quelconques. Si nous disons que nous avons communion avec lui, et nous cheminons en tenebres, nous mentons, et ne nous portons point en verité. Mais si nous cheminons en lumiere, comme il est en lumiere, nous avons communion l'un avec l'autre, et le sang de son Fils Jesus Christ nous purifie de tout peché. Si nous disons que nous n'avons point de peché, nous nous seduisons nous mesme, et il n'y a point de verité en nous. Si nous confessons nos pechez, il est fidele et juste pour nous pardonner nos pechez, et nous nettoyer de toute iniquité. Si nous disons que nous n'avons point peché, nous le faisons menteur, et sa parole n'est point en nous. Mes petits enfans, je vous escris ces choses, afin que vous ne pechiez point: que si quelqu'un a peché, nous avons un Advocat envers le Pere, assavoir Jesus Christ le Juste. Car c'est lui qui est la propitiation pour nos pechez, et non seulement pour les nostres: mais aussi pour ceux de tout le monde. Et par cela nous sçavons que nous l'avons connu, si nous gardons ses commandemens. Celui qui dit, Je l'ai connu, et ne garde point ses commandemens, il est menteur, et il n'y a point de verité en lui. Mais celui qui garde sa parole, l'amour de Dieu est vrayement accompli en lui: et par cela nous sçavons que nous sommes en lui. Celui qui dit qu'il demeure en lui doit aussi cheminer comme lui a cheminé. Freres, je ne vous escris point un commandement nouveau, mais le commandement ancien que vous avez eu dés le commencement: l'ancien commandement c'est la Parole que vous avez entenduë dés le commencement. Derechef, je vous escris un commandement nouveau, ce qui est veritable en lui et en vous: parce que les tenebres sont passées, et la vraye lumiere luit déja. Celui qui dit qu'il est en lumiere, et hait son frere, il est en tenebres jusques à cette heure. Celui qui aime son frere, demeure en lumiere, et il n'y a point d'achoppement en lui. Mais celui qui hait son frere, il est en tenebres, et chemine en tenebres, et ne sçait où il va: car les tenebres lui ont aveuglé les yeux. Petits enfans, je vous escris, parce que vos pechez vous sont pardonnez par son Nom. Peres, je vous escris, parce que vous avez connu celui qui est dés le commencement. Jeunes gens, je vous escris, parce que vous avez surmonté le malin. Jeunes enfans, je vous escris, parce que vous avez connu le Pere. Peres, je vous ai escrit, parce que vous avez connu celui qui est dés le commencement. Jeunes gens, je vous ai escrit, parce que vous estes forts, et que la parole de Dieu demeure en vous, et que vous avez surmonté le malin. N'aimez point le monde ni les choses qui sont au monde: si quelqu'un aime le monde, l'amour du Pere n'est point en lui. Car tout ce qui est au monde, (assavoir la convoitise de la chair, et la convoitise des yeux, et l'outrecuidance de la vie,) n'est point du Pere, mais est du monde. Et le monde passe, et sa convoitise: mais celui qui fait la volonté de Dieu, demeure eternellement. Jeunes enfans, le dernier temps est; et comme vous avez entendu que l'Antechrist viendra, dés maintenant mesmes il y a plusieurs Antechrists, dont nous connoissons que c'est le dernier temps. Ils sont sortis d'entre nous: mais ils n'estoyent point d'entre nous: car s'ils eussent esté d"entre nous, ils fussent demeurez avec nous: mais c'est afin qu'il fust manifesté que tous ne sont point d'entre nous. Mais vous avez l'onction de par le Sainct, et connoissez toutes choses. Je ne vous ai pas escrit comme si vous ne connoissiez point la verité, mais parce que vous la connoissez, et qu'aucune menterie n'est de verité. Qui est-ce qui est menteur, sinon celui qui nie que Jesus est le Christ? Celui-là est l'Antechrist qui nie le Pere et le Fils. Quiconque nie le Fils, n'a non plus le Pere: quiconque confesse le Fils, a aussi le Pere. Que cela donc que vous avez entendu dés le commencement, soit permanent en vous: car si ce que vous avez entendu dés le commencement est permanent en vous, vous demeurerez aussi au Fils et au Pere. Et c'est ici le promesse, laquelle il vous a annoncée, assavoir la vie eternelle. Je vous ai escrit ces choses, touchant ceux qui vous seduisent. Mais l'onction que vous avez receuë de lui, demeure en vous: et vous n'avez pas besoin qu'on vous enseigne: mais comme la mesme onction vous enseigne toutes choses, et est veritable, et n'est point menterie, et comme elle vous a enseignez, vous demeurerez en lui. Maintenant donc, mes petits enfans, demeurez en lui: afin que quand il apparoistra, nous ayons asseurance, et que nous ne soyons point confus de sa presence, à sa venuë. Si vous sçavez qu'il est juste, sçachez que quiconque fait justice, est né de lui. Voyez quelle charité le Pere nous a donnée que nous soyons nommez enfans de Dieu: pour ce le monde ne nous connoist point, dautant qu'il ne l'a point connu. Bien-aimez, nous sommes maintenant enfans de Dieu, mais ce que nous serons, n'est point encore apparu: or nous sçavons qu'apres qu'il sera apparu, nous serons semblable à lui: car nous le verrons ainsi qu'il est. Et quiconque a cette esperance en lui, se purifie comme aussi lui est pur. Quiconque fait peché, fait aussi contre la Loi: et le peché est ce qui est contre la Loi. Or vous sçavez qu'il est apparu, afin qu'il ostast nos pechez: et il n'y a point de peché en lui. Quiconque demeure en lui, ne peche point: quiconque peche, ne l'a point veu, ni ne l'a point connu. Mes petits enfans, que nul ne vous seduise: celui qui fait justice, est juste, comme lui est juste. Celui qui fait peché, il est du diable: car le diable peche dés le commencement. Or le Fils de Dieu est apparu, afin qu'il defist les oeuvres du diable. Quiconque est né de Dieu, ne fait point de peché; car la semence d'icelui demeure en lui: et il ne peut pecher, parce qu'il est né de Dieu. Par ceci les enfans de Dieu et les enfans du diable sont manifestez: quiconque ne fait point justice, et qui n'aime point son frere, n'est point de Dieu. Car c'est ici ce que vous avez oüi annoncer dés le commencement, assavoir, Que nous nous aimions l'un l'autre. Non point comme Caïn qui estoit du malin, et tua son frere. Et pour quelle cause le tua-t'il? Parce que ses oeuvres estoyent mauvaises, et celles de son frere estoyent justes. Mes freres, ne vous estonnez point si le monde vous hait. En ce que nous aimons les freres, nous sçavons que nous sommes transportez de la mort à la vie: celui qui n'aime point son frere, il demeure en la mort. Quiconque hait son frere est meurtrier: et vous sçavez que nul meurtrier n'a la vie eternelle demeurante en soi. A ceci nous avons connu la charité, c'est qu'il a mis sa vie pour nous: nous devons donc aussi mettre nos vies pour nos freres. Or celui qui aura des biens de ce monde, et verra son frere avoir necessité, et lui fermera ses entrailles, comment est-ce que la charité de Dieu demeure en lui? Mes petits enfans, n'aimons point de parole, ni de la langue; mais d'oeuvre et de verité. Car à ceci nous connoissons que nous sommes de verité, et nous asseurons nos coeurs devant lui. Que si nostre coeur nous condamne, Dieu certes est plus grand que nostre coeur, et connoist toutes choses. Bien-aimez, si nostre coeur ne nous condamne point, nous avons asseurance envers Dieu. Et quoi que nous demandions, nous le recevons de lui: car nous gardons ses commandemens, et faisons les choses qui lui sont agreables. Et c'est ici son commandement, Que nous croïyons au Nom de son Fils Jesus Christ, et que nous nous aimions l'un l'autre, comme il nous en a donné le commandement. Et celui qui garde ses commandemens demeure en lui, et lui en icelui: et par ceci nous connoissons qu'il demeure en nous, assavoir par l'Esprit qu'il nous a donné Bien-aimez, ne croyez point à tout esprit, mais esprouvez les esprits s'ils sont de Dieu: car plusieurs faux prophetes sont venus au monde. Connoissez par ceci l'Esprit de Dieu. Tout esprit qui confesse que Jesus Christ est venu en chair, est de Dieu. Et tout esprit qui ne confesse point que Jesus Christ est venu en chair, n'est point de Dieu: et tel est l'esprit de l'Antechrist; duquel vous avez oüi parler qu'il viendra, et est déja maintenant au monde. mes petits enfans, vous estes de Dieu, et les avez surmontez: car celui qui est en vous est plus grand que celui qui est au monde. Ils sont du monde, c'est pourquoi ils parlent du monde, et le monde les escoute. Nous sommes de Dieu: celui qui connoit Dieu, nous escoute, celui qui n'est point de Dieu, ne nous escoute point: nous connoissons à ceci l'Esprit de verité et l'esprit d'erreur. Bien-aimez, aimons nous l'un l'autre: car la charité est de Dieu, et quiconque aime, est né de Dieu, et connoit Dieu. Celui qui n'aime point, n'a point connu Dieu: car Dieu est charité. En cela la charité de Dieu envers nous est manifestée, que Dieu a envoyé son Fils unique au monde, afin que nous vivions par lui. En ceci est la charité, non point que nous ayons aimé Dieu, mais parce que lui nous a aimez, et a envoyé son Fils pour estre la propitiation pour nos pechez. Bien-aimez, si Dieu nous a ainsi aimez, nous nous devons aussi aimer l'un l'autre. Nul ne vid jamais Dieu: si nous nous aimons l'un l'autre, Dieu demeure en nous, et sa charité est accomplie en nous. Par ceci nous connoissons que nous demeurons en lui, et lui en nous, parce qu'il nous a donné de son Esprit. Et nous l'avons veu, et témoignons que le Pere a envoyé le Fils pour estre le Sauveur du monde. Quiconque confessera que Jesus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui, et lui en Dieu. Et nous avons connu et creu la charité que Dieu a envers nous. Dieu est charité: et celui qui demeure en charité, demeure en Dieu, et Dieu en lui. En ceci la charité envers nous est accomplie, (afin que pour le jour du jugement nous ayons asseurance) que tel qu'il est tels sommes-nous en ce monde. Il n'y a point de peur en la charité, mais la parfaite charité chasse dehors la peur: car la peur apporte de la peine, et celui qui a peur n'est point accompli en charité. Nous l'aimons, dautant que lui nous a aimez le premier. Si quelqu'un dit, J'aime Dieu, et il hait son frere, il est menteur. Car celui qui n'aime point son frere lequel il voit, comment peut-il aimer Dieu lequel il ne voit point? Et nous avons ce commandement de par lui, que celui qui aime Dieu, aime aussi son frere. Quiconque croit que Jesus est le Christ, il est né de Dieu: et quiconque aime celui qui l'a engendré, aime aussi celui qui est né de lui. Par ceci nous connoissons que nous aimons les enfans de Dieu, quand nous aimons Dieu, et gardons ses commandemens. Car c'est ici l'amour de Dieu, que nous gardions ses commandemens: et ses commandemens ne sont point griefs. Car tout ce qui est né de Dieu, surmonte le monde: et c'est ici la victoire qui a surmonté le monde, assavoir nostre foi. Qui est celui qui surmonte le monde, sinon celui qui croit que Jesus est le Fils de Dieu? C'est celui qui est venu par eau et par sang, assavoir Jesus Christ; non seulement par eau, mais par eau et par sang: et c'est l'Esprit qui témoigne, que l'Esprit est la verité Car il y en a trois qui rendent témoignage au ciel, le Pere, la Parole, et le Saint Esprit: et ces trois-là sont un. Il y a aussi trois qui rendent témoignage en la terre, assavoir l'Esprit, l'eau et le sang: et ces trois-là se rapportent à un. Si nous recevons le témoignage des hommes, le témoignage de Dieu est plus grand: car c'est là le témoignage de Dieu, lequel il a témoigné de son Fils. Celui qui croit au Fils de Dieu, il a le témoignage de Dieu en soi-mesme: celui qui ne croit point à Dieu, il l'a fait menteur: car il n'a point creu au témoignage que Dieu à témoigné de son propre Fils. Et c'est ici le témoignage, assavoir que Dieu nous a donné la vie eternelle: et que cette vie est en son Fils. Celui qui a le Fils, a la vie: celui qui n'a point le Fils de Dieu, n'a point la vie. Je vous ai escrit ces choses; à vous qui croyez au Nom du Fils de Dieu, afin que vous sçachiez que vous avez la vie eternelle, et afin que vous croiyez au Nom du Fils de Dieu. Et c'est ici l'asseurance que nous avons envers lui, que si nous demandons quelque chose selon sa volonté, il nous exauce. Et si nous sçavons qu'il nous exauce, quoi que nous demandions, nous sçavons que nous obtenons les requestes lesquelles nous lui avons demandées. Si quelqu'un voit son frere pecher du peché qui n'est point à mort, il demandera à Dieu, et il lui donnera la vie: voire à ceux qui ne pechent point à mort: Il y a un peché à mort: je ne dis point que tu pries pour ce peché-là. Toute iniquité est peché: mais il y a quelque peché qui n'est point à mort. Nous sçavons que quiconque est né de Dieu, ne peche point: mais celui qui est engendré de Dieu se conserve soi-mesme, et le malin ne le touche point. Nous sçavons que nous sommes de Dieu, et tout le monde gist en mauvaistié. Mais nous sçavons que le Fils de Dieu est venu, et nous a donné de l'entendement pour connoitre celui qui est le veritable, assavoir en son Fils Jesus Christ: Il est le vrai Dieu, et la vie eternelle. Mes petits enfans, gardez-vous des idoles. Amen.
L'ancien à Dame éleuë, et à ses enfans, lesquels j'aime en verité: et non point moi seul, mais aussi tous ceux qui ont connu la verité: A cause de la verité qui demeure en nous, et qui sera avec nous à jamais. Grace, misericorde, et paix de par Dieu le Pere, et de par le Seigneur Jesus Christ le Fils du Pere, soit avec vous en verité et en charité. J'ai esté fort réjoüi de ce que j'ai trouvé de tes enfans cheminans en verité: selon que nous avons receu le commandement du Pere. Et maintenant, Dame, je te prie, (non point comme t'écrivant un nouveau commandement, mais celui que nous avons eu dés le commencement,) que nous nous aimions l'un l'autre. Et c'est ici la charité, que nous cheminions selon ses commandemens: et le commandement est, selon que vous avez entendu dés le commencement, que vous cheminez en lui. Car plusieurs seducteurs sont entrez au monde, lesquels ne confessent point que Jesus Christ est venu en la chair: un tel est seducteur et Antechrist. Prenez garde à vous-mesmes: afin que nous ne perdions point ce que nous avons fait: mais que nous recevions un plein salaire. Quiconque transgresse, et ne demeure point en la doctrine de Christ, n'a point Dieu: celui qui demeure en la doctrine de Christ, a et le Pere et le Fils. Si quelqu'un vient vers vous, et n'apporte point cette doctrine, ne le recevez point en vostre maison, et ne le salüez point. Car celui qui le salüe, communique à ses oeuvres mauvaises. Bien que j'eusse plusieurs choses à vous escrire, je ne les ai point voulu escrire avec du papier et de l'encre: mais j'espere de venir vers vous, et de parler bouche à bouche, afin que nostre joye soit accomplie. Les enfans de ta soeur éleuë te salüent. amen.
L'Ancien à Gaius le bien-aimé, lequel j'aime en verité. Bien-aimé, je desire que tu prosperes en toutes choses, et que tu sois en santé, selon que ton ame est en prosperité. Car j'ai esté fort éjoüi quand les freres sont venus, et ont rendu témoignage de ta sincerité, comme tu chemines en verité. Je n'ai point de plus grande joye que celle-ci, qui est d'entendre que mes enfans cheminent en verité. Bien-aimé, tu fais fidelement en tout ce que tu fais envers les freres, et envers les estrangers. Lesquels ont rendu témoignage de ta charité en la presence de l'Eglise: lesquels tu feras bien d'accompagner dignement comme il est seant selon Dieu. Car ils sont partis pour son Nom, ne prenant rien des Gentils. Nous devons donc recevoir ceux qui sont tels, afin que nous aidions à la verité. J'ai escrit à l'Eglise: mais Diotrephes qui aime d'estre le premier entr'eux ne nous reçoit point. Pour cette cause, si je viens, je ramentevrai les actes qu'il commet, babillant de nous en de mauvais discours: et non content de cela, non seulement il ne reçoit point les freres, mais il empesche ceux qui les veulent recevoir, et les jette hors de l'Eglise. Bien-aimé, n'ensui point le mal, mais le bien: celui qui fait bien, il est de Dieu: mais celui qui fait mal, n'a point veu Dieu. Tous rendent témoignage à Demetrius, et la verité mesme: et nous en rendons aussi témoignage, et vous sçavez que nostre témoignage est veritable. J'avois plusieurs choses à escrire, mais je ne veux point t'écrire avec encre et plume: mais j'espere de te voir en bref, et nous parlerons bouche à bouche. Paix te soit. les amis te salüent. salüe les amis nom par nom.
Jude serviteur de Jesus Christ, et frere de Jaques, aux appellez qui sont sanctifiez en Dieu le pere, et conservez par Jesus Christ: Misericorde, et paix, et dilection vous soit multipliée. Bien-aimez, comme ainsi soit que m'estudiant entierement à vous escrire du salut commun, il m'a esté necessaire de vous escrire, pour vous exhorter à soustenir le combat pour la foi, laquelle a esté une fois baillée aux Saints. Car quelques-uns se sont glissez lesquels dés long-temps auparavant estoyent enrôllez à une telle condamnation; gens sans pieté, changeans la grace de nostre Dieu en dissolution, et renonçans le seul dominateur Jesus Christ, nostre Dieu et Seigneur. Or je vous veux ramentevoir ces choses, veu qu'une fois vous sçavez cela, assavoir que le Seigneur ayant delivré le peuple du païs d'Egypte, destruisit puis apres ceux qui n'avoyent point creu. Et il a reservé sous l'obscurité en des liens eternels, jusques au jugement de la grande journée, les Anges qui n'ont point gardé leur origine, mais ont delaissé leur propre domicile. Comme Sodome et Gomorrhe, et les villes circonvoisines, lesquelles ayant paillardé en pareille maniere que ceux-là, et s'estant débordées apres une autre chair, ont esté proposées pour exemple: ayant receu jugement de feu eternel. Et ceux-ci neantmoins semblablement estant endormis, d'une part soüillent leur chair, et d'ailleurs mesprisent la seigneurie, et blasment les dignitez. Toutefois Michel l'Archange, quand il debattoit disputant avec le diable touchant le corps de Moyse, n'osa jetter sentence de blasme, mais il dit seulement, Le Seigneur te redarguë. Mais ceux-ci médisent de tout ce qu'ils n'entendent point, et se corrompent en tout ce qu'ils connoissent naturellement comme les bestes brutes. Malheur sur eux: car ils ont suivi le train de Caïn, et se sont débordez en l'erreur du salaire de Balaam, et sont peris selon la contradiction de Coré. Ceux-ci font des taches en vos repas de charité, en banquetant avec vous, se repaissant eux-mesmes sans crainte: nuées sans eau, emportées des vents çà et là: arbres dont le fruit se pourrit, et sans fruit, deux fois morts et déracinez: Vagues impetuëuses de la mer, qui escument leurs vilenies: estoiles errantes, à qui est reservée l'obscurité des tenebres eternellement. Desquels aussi a prophetizé Enoch, septiéme homme apres Adam, disant. Voici, le Seigneur est venu avec ses Saints, qui sont par millions, pour donner jugement contre tous et convaincre tous les méchans d'entr'eux, de tous leurs actes méchans, qu'il ont commis méchamment, et de toutes les rudes paroles que les pecheurs méchans ont proferées contre lui. Ce sont des murmurateurs, quereleux, cheminans selon leurs convoitises: et leur bouche prononce des propos fort enflez, ayant en admiration les personnes pour leur profit. Mais vous, bien-aimez, ayez souvenance des paroles qui ont esté dites auparavant par les Apostres de nostre Seigneur Jesus Christ. Comme il vous disoyent qu'il y auroit au dernier temps des mocqueurs, cheminans selon leurs convoitises de méchancetez. Ce sont ceux qui se separent eux-mesmes, gens sensuels, n'ayant point l'Esprit. Mais vous, bien-aimez, vous edifiant vous-mesmes sur vostre tres-sainte foi, et priant par le Saint Esprit, Conservez-vous les uns les autres en la dilection de Dieu, attendant la misericorde de nostre Seigneur Jesus Christ à vie eternelle: Et ayez pitié des uns, en usant de discretion: Et sauvez les autres par frayeur, comme les arrachant hors du feu, haïssant mesme la robbe tachée par la chair. Or à celui qui vous peut garder sans chopper, et vous presenter reprensibles davant sa gloire, avec joye, A Dieu seul sage nostre Sauveur, soit gloire et magnificence, force et puissance, maintenant et à tout jamais. Amen.
La Revelation de Jesus Christ, laquelle Dieu lui a donnée, pour declarer à ses serviteurs les choses qui doivent estre faites bien-tost: lequel les a signifiées, les ayant envoyées par son Ange à son serviteur: Qui a témoigné de la Parole de Dieu, et du témoignage de Jesus Christ, et de toutes les choses qu'il a veuës. Bien-heureux est celui qui lit, et ceux qui oyent les paroles de cette Prophetie, et gardent les choses qui sont escrites en elle: car le temps est prés. Jean aux sept Eglises qui estes en Asie. Grace et paix vous soit de par celui qui est, et qui estoit et qui est a venir: et de par les sept Esprits qui sont devant son trône. Et de par Jesus Christ, qui est le fidele témoin, le premier né d'entre les morts, et le Prince des Rois de la terre: A celui qui nous a aimez, et nous a lavez de nos pechez par son sang, et nous a faits Rois et Sacrificateurs à Dieu son Pere: à lui soit gloire et force és siecles des siecles. Amen. Voici, il vient avec les nuées, et tout oeil le verra, voire mesme ceux-là qui l'ont percé: et toutes les tribus de la terre menerons deüil devant lui: oüi, Amen. Je suis Alpha et Omega, le commencement et la fin, dit le Seigneur, qui est, et qui estoit, et qui est a venir, le Tout-puissant. Moi Jean, qui suis aussi vostre frere et compagnon en l'affliction, et au regne, et en la patience de Jesus Christ, estois en l'isle appellé Patmos, pour la Parole de Dieu, et pour le témoignage de Jesus Christ. Or je fus ravi en esprit un jour de Dimanche, et oüis derriere moi une grande voix comme d'une trompette, Disant, Je suis Alpha et Omega, le premier et le dernier: en outre, Escris en un livre ce que tu vois, et l'envoye aux sept Eglises qui sont en Asie: assavoir à Ephese, et à Smyrne, et à Pergame, et à Thyatire, et à Sarde, et à Philadelphie, et à Ladodicée. Alors je me retournai pour voir la voix qui avoit parlé à moi: et m'estant retourné, je vis sept chandeliers d'or: Et au milieu des sept chandeliers d'or, un personnage semblable à un homme, vestu d'une longue robbe, et ceint d'une ceinture d'or à l'endroit des mammelles: Et son chef et ses cheveux estoyent blancs comme laine blanche, comme neige, et ses yeux estoyent comme flamme de feu: Et ses pieds estoyent semblables à de l'airain tres-luisant, comme s'ils eussent esté embrasez en une fournaise: et sa voix estoit comme le bruit de grosses eaux. Et il avoit en sa main droite sept estoiles: et de sa bouche il sortoit une espée aiguë à deux trenchans: et son regard estoit semblable au Soleil quand il reluit en sa force. Et quand je l'eus veu, je tombai à ses pieds comme mort, et il mit sa main droite sur moi, me disant, Ne crains point, je suis le premier et le dernier: Et qui vis, mais j'ai esté mort, et voici je suis vivant aux siecles des siecles, Amen: et je tiens les clefs de l'enfer et de la mort. Escris les choses que tu as veuës, et celles qui sont, et celles qui doivent estre faites ci-apres: Le mystere des sept estoiles que tu as veuës en ma main droite, et les sept chandeliers d'or. Les sept estoiles sont les Anges des sept Eglises: et les sept chandeliers que tu as veus, sont les sept Eglises. Escris à l'Ange de l'Eglise d'Ephese, Celui qui tient les sept estoiles en sa main droite, lequel chemine au milieu des sept chandeliers d'or, dit ces choses: Je connois tes oeuvres, et ton travail, et ta patience, et que tu ne peux souffrir les mauvais, et as esprouvé ceux qui se disent estre Apostres, et ne le sont point: et les as trouvez menteurs: Et as enduré, et as eu patience, et as travaillé pour mon Nom, et ne t'es point lassé. Mais j'ai quelque chose contre toi, c'est que tu as delaissé ta premiere charité. C'est pourquoi souvien-toi d'où tu es decheu, et te repens, et fai les premieres oeuvres: autrement je viendrai à toi bien-tost, et osterai ton chandelier de son lieu, si tu ne te repens. Mais tu as ceci, que tu hais les actes des Nicolaïtes, lesquels je hais moi aussi. Que celui qui a des oreille, oye ce que l'Esprit dit aux Eglises. A celui qui vaincra je lui donnerai à manger de l'arbre de vie, lequel est au milieu du Paradis de Dieu. Escris aussi à l'Ange de l'Eglise de ceux de Smyrne, Le premier et le dernier, qui a esté mort, et est retourné en vie, dit ces choses. Je connois tes oeuvres, et ta tribulation et ta pauvreté, (mais tu es riche) et le blaspheme de ceux qui se disent estre Juifs, et ne le sont point, mais la synagogue de Satan. Ne crains rien des choses que tu as à souffrir. Voici, il adviendra que le diable mettra quelques-uns d'entre vous en prison, afin que vous soyez esprouvez: et vous aurez une tribulation de dix jours: sois fidele jusques à la mort, je te donnerai la couronne de vie. Que celui qui a oreille, oye ce que l'Esprit dit aux Eglises. Celui qui vaincra n'aura point de nuisance par la mort feconde. Escris aussi à l'Ange de l'Eglise qui est à Pergame, Celui qui a l'espée aiguë à deux trenchans, dit ces choses. Je connois tes oeuvres, et où tu habites, assavoir là où est le siege de Satan, et que tu retiens mon Nom, et n'as point renoncé ma foi: mesme lors qu'Antipas mon fidele martyr a esté mis à mort entre vous, là où habite Satan. Mais j'ai quelque peu de chose contre toi: c'est que tu en as là qui retiennent la doctrine de Balaam, qui enseignoit Balak à mettre scandale devant les enfans d'Israël, afin qu'ils mangeassent des choses sacrifiées aux idoles, et qu'ils paillardassent. Pareillement tu en as toi aussi qui retiennent la doctrine des Nicolaïtes: ce que je hais. Repens-toi: autrement je viendrai à toi bien-tost, et combattrai contr'eux par l'espée de ma bouche. Que celui qui a oreille, oye ce que l'Esprit dit aux Eglises. A celui qui vaincra je lui donnerai à manger de la Manne qui est cachée, et lui donnerai un caillou blanc, et au caillou un nouveau nom escrit, lequel nul ne connoit sinon celui qui le reçoit. Escris aussi à l'Ange de l'Eglise qui est à Thyatire, Le Fils de Dieu qui a ses yeux comme une flamme de feu, et duquel les pieds sont semblables à de l'airain tres-luisant, dit ces choses. Je connois tes oeuvres, et ta charité, et ton service, et ta foi, et ta patience, et tes oeuvres, et que tes dernieres oeuvres passent les premieres. Mais j'ai quelque peu de chose contre toi: c'est que tu souffres que la femme Jezabel, qui se dit estre prophetesse, enseigne, et seduise mes serviteurs, pour les faire paillarder, et manger des choses sacrifiées aux idoles. Et je lui ai donné du temps, afin qu'elle se repentist de sa paillardise: et elle ne s'est point repentie. Voici, je la mets au lit, et ceux qui commettent adultere avec elle, en grande affliction, s'ils ne se repentent de leurs actes: Et je tuërai de mort ses enfans, et toutes les Eglises connoitront que je suis celui qui sonde les reins et les coeurs: et je rendrai à chacun de vous selon ses oeuvres. Mais je vous dis à vous, et aux autres qui sont à Thyatire, à tous ceux qui n'ont point connu les prosondeurs de Satan, (comme ils parlent) je ne mettrai point sur vous une autre charge. Mais retenez ce que vous avez jusques à ce que je vienne. Car à celui qui aura vaincu, et aura gardé mes oeuvres jusques à la fin, je lui donnerai puissance sur les nations. Et il gouvernera avec une verge de fer, et elles seront brisées comme les vaisseaux d'un potier: comme j'ai receu moi de mon Pere. Et je lui donnerai l'estoile du matin. Que celui qui a oreille, oye ce que l'Esprit dit aux Eglises. Escris aussi à l'Ange de l'Eglise qui est à Sarde, Celui qui a les sept Esprits de Dieu, et les sept estoiles, dit ces choses. Je connois tes oeuvres: c'est que tu as le bruit de vivre, et tu es mort. Sois veillant, et confirme le reste qui s'en va mourir: car je n'ai point trouvé tes oeuvres parfaites devant Dieu. Souvien-toi donc quelles choses tu as receuës et oüies, et les garde et te repens. Que si tu ne veilles, je viendrai contre toi comme le larron, et tu ne sçauras à quelle heure je viendrai contre toi. Toutefois tu as quelque peu de personnes aussi à Sarde, qui n'ont point soüillé leurs vestemens, et qui chemineront avec moi en vestemens blancs: car ils en sont dignes. Celui qui vaincra sera vestu de vestemens blancs, et je n'effacerai point son nom du livre de vie, mais je confesserai son nom devant mon Pere, et devant ses Anges. Que celui qui a oreille, oye ce que l'Esprit dit aux Eglises. Escris aussi à l'Ange de l'Eglise qui est à Philadelphie, Le Saint et le Veritable, qui a la clef de David, qui ouvre et nul ne ferme, qui ferme et nul n'ouvre, dit ces choses: Je connois tes oeuvres: voici, je t'ai donné la porte ouverte devant toi, et nul ne la peut fermer, parce que tu as un peu de force, et tu as gardé ma Parole, et n'as point renoncé mon Nom. Voici, je mettrai ceux de l'assemblée de Satan, qui se disent estre Juifs, et ne le sont point, mais mentent: voici, je les ferai venir, et se prosterner devant tes pieds, et connoistre que je t'aime. Parce que tu as gardé la parole de ma patience, moi aussi je te garderai de l'heure de la tentation qui doit venir au monde universel, pour esprouver ceux qui habitent sur la terre. Voici, je viens bien-tost: tien ferme ce que tu as, afin que nul ne prenne ta couronne. Celui qui vaincra, je le ferai estre une colonne au temple de mon Dieu, et il ne sortira plus dehors: et j'écrirai sur lui le nom de mon Dieu, et le nom de la cité de mon Dieu, qui est la nouvelle Jerusalem, laquelle descend du ciel de devers mon Dieu, et mon nouveau Nom. Que celui qui a oreille, oye ce que l'Esprit dit aux Eglises. Escris aussi à l'Ange de l'Eglise de ceux de Laodicée, L'Amen, le témoin fidele et veritable, le commencement de la creature de Dieu, dit ces choses. Je connois tes oeuvres: c'est que tu n'es ni froid, ni boüillant: à la mienne volonté que tu fusses froid, ou boüillant: C'est pourquoi dautant que tu es tiede, et que tu n'es ni froid, ni boüillant, je te vomirai hors de ma bouche. Car tu dis, Je suis riche, et suis enrichi, et n'ai faute de rien: et tu ne connois point que tu es malheureux, et miserable, et pauvre, et aveugle, et nud. Je te conseille que tu achetes de moi de l'or esprouvé par le feu, afin que tu deviennes riches: et des vestemens blancs, afin que tu en sois vestu, et que la vergogne de ta nudité n'apparoisse point: et d'oindre tes yeux de collyre, afin que tu voyes. Je reprens et chastie tous ceux que j'aime: prens donc zele, et te repens. Voici, je me tiens à la porte et frappe: si quelqu'un oit ma voix, et ouvre la porte, j'entrerai vers lui, et soupperai avec lui, et lui avec moi. Celui qui vaincra, je le ferai seoir avec moi en mon trône, ainsi que moi aussi ai vaincu, et suis assis avec mon Pere en son trône. Que celui qui a oreille, oye ce que l'Esprit dit aux Eglises. Apres ces choses je regardai, et voici une porte ouverte au ciel: et la premiere voix que j'avois oüie comme d'une trompette parlant avec moi, disoit, Monte ici, et je te montrerai les choses qui doivent estre faites ci-apres. Et incontinent je fus ravi en esprit: et voici un trône estoit posé au ciel, et il y avoit quelqu'un assis sur le trône. Or celui qui estoit assis, estoit semblable de regard à une pierre de jaspe et de sardoine; et l'arc celeste estoit à l'entour du trône, semblable à voir à une esmeraude. Et à l'entour du trône il y avoit vingt-quatre sieges: et je vis sur les sieges vingt-quatre Anciens assis, vestus d'habillemens blancs, et qui avoyent sur leurs testes des couronnes d'or. Et du trône procedoyent des esclairs, et des tonnerres, et des voix: et il y avoit sept lampes de feu ardentes devant le trône, lesquelles sont les sept Esprits de Dieu. Et au devant du trône il y avoit une mer de verre semblable à du cristal: et au milieu du trône et à l'entour du trône, quatre animaux pleins d'yeux devant et derriere. Et le premier animal estoit semblable à un lion: et le second animal semblable à un veau: et le troisiéme animal avoit la face comme un homme: et le quatriéme animal estoit semblable à une aigle volante. Et les quatre animaux avoyent chacun à part soi six ailes à l'entour, et par dedans estoyent pleins d'yeux: et ils n'ont point de cesse ni jour ni nuit, disant, Saint, saint, saint, le Seigneur Dieu tout-puissant, Qui estoit, et qui est, et qui est a venir. Or quand les animaux donnoyent gloire, et honneur, et action de graces, à celui qui estoit assis sur le trône, à celui qui est vivant és siecles des siecles: Les vingt-quatre Anciens se prosternoyent devant celui qui estoit assis sur le trône, et adoroyent le Vivant és siecles des siecles, et jettoyent leurs couronnes devant le trône, disant, Seigneur, tu es digne de recevoir gloire, et honneur, et puissance: car tu as creé toutes choses, et à ta volonté elles sont, et ont esté creées. Puis je vis en la main droite de celui qui estoit assis sur le trône, un livre escrit dedans et dehors, seellé de sept sceaux. Je vis aussi un fort Ange, publiant à haute voix, Qui est-ce qui est digne d'ouvrir le livre, et d'en délier les sceaux? Or nul ne pouvoit ni au ciel, ni en la terre, ni au dessous de la terre, ouvrir le livre, ni le regarder. Dont je pleurois tres-fort, parce que nul n'estoit trouvé digne d'ouvrir le livre, ni le lire, ni de le regarder. Et l'un des Anciens me dit, Ne pleure point: voici le Lion, qui est de la tribu de Juda, la racine de David, a vaincu pour ouvrir le livre, et délier les sept sceaux d'icelui. Et je regardai, et voici au milieu du trône et des quatre animaux, et au milieu des Anciens, un Agneau qui se tenoit là comme mis à mort, ayant sept cornes et sept yeux, qui sont les sept Esprits de Dieu envoyez en toute la terre. Et il vint, et prit le livre de la main droite de celui qui estoit assis sur le trône. Et quand il eut pris le livre, les quatre animaux et les vingt-quatre Anciens se prosternerent devant l'Agneau, ayans chacun des harpes, et des phioles d'or pleines de parfums, qui sont les prieres des Saints. Et ils chantoyent une chanson nouvelle, disant, Tu es digne de prendre le livre, et d'en ouvrir les sceaux: car tu as esté mis à mort, et nous as rachetez à Dieu par ton sang, de toute tribu, et langue, et peuple, et nation: Et nous as saits Rois et Sacrificateurs à nostre Dieu: et nous regnerons sur la terre. Puis je regardai, et j'oüis la voix de plusieurs Anges à l'entour du trône et des Anciens, et leur nombres estoit dix mille fois dix mille, et mille fois mille: Et ils disoyent à haute voix, Digne est l'Agneau qui a esté mis à mort, de recevoir puissance, et richesses, et sapience, et force, et honneur, et gloire, et loüange. J'oüis aussi toute creature qui est au ciel, et en la terre, et au dessous de la terre, et qui est en la mer, voire toutes choses qui sont comprises en eux, disant, A celui qui est assis sur le trône, et à l'Agneau, soit loüange, et honneur, et gloire, et force és siecles des siecles. Et les quatre animaux disoyent, Amen: et les quatre Anciens se prosternerent et adorerent le Vivant és siecles des siecles. Alors je regardai quand l'Agneau eut ouvert l'un des sceaux, et j'oüis l'un des quatre animaux, disant, comme si c'eust esté une voix de tonnerre, Vien et voi. Et je regardai, et voici un cheval blanc: et celui qui estoit monté dessus avoit un arc, et il lui fut donné une couronne: et il sortit victorieux, et afin qu'il vainquist. Et quand il eut ouvert le second sceau, j'oüis le second animal, disant, Vien et voi. Et il sortit un autre cheval qui estoit roux: et il fut donné à celui qui estoit monté dessus, de pouvoir oster la paix de la terre, afin qu'on se tuë l'un l'autre: et il lui fut donné une grande espée. Et quand il eut ouvert le troisiéme sceau, j'oüis le troisiéme animal, disant, Vien, et voi. Et je regardai, et voici un cheval noir: et celui qui estoit monté dessus, avoit une balance en sa main. Et j'oüis une voix au milieu des quatre animaux, qui disoit, Le chenis de froment pour un denier, et les trois chenis d'orge pour un dernier: et ne nui point au vin, ni à l'huile. Et quand il eut ouvert le quatriéme sceau, j'oüis la voix du quatriéme animal, disant, Vien, et voi. Et je regardai, et voici un cheval fauve: et celui qui estoit monté dessus avoit nom la Mort, et l'Enfer suivoit apres lui: et il leur fut donné puissance sur la quatriéme partie de la terre, pour tuër avec l'espée, et par famine, et par mortalité, et par les bestes sauvages de la terre. Et quand il eut ouvert le cinquiéme sceau, je vis sous l'autel les ames de ceux qui avoyent esté tuez pour la parole de Dieu, et pour le témoignage qu'ils avoyent maintenu. Et elles crioyent à haute voix, disant, Jusques à quand Seigneur, qui es saint et veritable, ne juges-tu point et ne venges-tu point nostre sang, de ceux qui habitent sur la terre? Et il leur fut donné à chacun des robbes blanches, et il leur fut dit, qu'ils se reposassent encore un peu de temps, jusques à ce que fussent accomplis leurs compagnons de service, et leurs freres qui doivent estre mis à mort comme eux. Et je regardai quand il eut ouvert le sixiéme sceau, et il fut fait un grand tremblement de terre: et le soleil devint noir comme un sac fait de poil, et la lune devint toute comme du sang. Et les estoiles du ciel tomberent sur la terre, comme quand le siguier jette çà et là ses figons, estant secoüé par un grand vent. Et le ciel se retira comme un livre lequel on roule: et toute montagne, et toutes isles furent remuées de leurs lieux. Et les rois de la terre, et les princes, et les riches, et les capitaines, et les puissans, et tout serf, et tout franc se cacherent és cavernes, et entre les roches des montagnes: Et disoyent aux montagnes et aux rochers, Tombez sur nous, et nous cachez de devant la face de celui qui est assis sur le trône, et de devant l'ire de l'Agneau: Car la grande journée de son ire est venuë, et qui est-ce qui pourra subsister? Or apres ces choses, je vis quatre Anges se tenant sur les quatre coins de la terre, qui retenoyent les quatre vents de la terre, afin ni sur la mer, ni sur aucun arbre. Puis je vis un autre Ange qui montoit du costé d'Orient, tenant le sceau du Dieu vivant, lequel cria à haute voix aux quatre Anges, ausquels il estoit donné de nuire à la terre et à la mer. Disant, Ne nuisez point à la terre, ni à la mer, ni aux arbres jusques à que nous ayons marqué les serviteurs de nostre Dieu en leurs fronts. Et j'oüis le nombre de ceux qui estoyent marquez, il y avoit cent quarante quatre mille marquez de toutes les tribus des enfans d'Israël. De la tribu de Juda, douze mille marquez. De la tribu de Ruben, douze mille marquez. De la tribu de Gad, douze mille marquez. De la tribu d'Aser, douze mille marquez. De la tribu de Nephthali, douze mille marquez. De la tribu de Manassé, douze mille marquez. De la tribu de Simeon, douze mille marquez. De la tribu de Levi, douze mille marquez. De la tribu d'Issacar, douze mille marquez. De la tribu de Zabulon, douze mille marquez. De la tribu de Joseph, douze mille marquez. De la tribu de Benjamin, douze mille marquez. Apres ces choses, je regardai, et voici une grande multitude, laquelle nul ne sçauroit nombrer, de toutes nations, et tribu, et peuples et langues, qui se tenoyent devant le trône, et en la presence de l'Agneau, vestus de longues robbes blanches, et ayant des palmes en leurs mains. Et ils crioyent à haute voix, disant, Le salut est de nostre Dieu qui est assis sur le trône, et de l'Agneau. Et tous les Anges se tenoyent à l'entour du trône, et des Anciens, et des quatre animaux, et se prosternerent devant le trône sur leurs faces, et adorerent Dieu. Disant, Amen: Loüange, et gloire, et sapience, et action de graces, et honneur, et puissance, et force appartient à nostre Dieu és siecles des siecles. Amen. Alors l'un des Anciens prit la parole, me disant, Ceux qui sont vestus de longues robbes blanches, qui sont-ils, et d'où sont-ils venus? Et je lui dis, Seigneur, tu le sçais. Et il me dit, Ceux-ci sont ceux qui sont venus de la grande tribulation: et ils ont lavé leurs longues robes, et les ont blanchies au sang de l'Agneau. C'est pourquoi ils sont devant le trône de Dieu, et le servent jour et nuit en son temple: et celui qui est assis sur le trône habitera avec eux. Ils n'auront plus de faim, et n'auront plus de soif, et le soleil ne frappera plus sur eux, ni chaleur quelconque. Car l'Agneau, qui est au milieu du trône, les paistra et les conduire aux vives fontaines des eaux: et Dieu essuyera toute larme de leurs yeux. Et quand il eut ouvert le septiéme sceau, il se fit silence au Ciel environ une demi heure. Et je vis les sept Anges qui assistent devant Dieu, ausquels furent baillées sept trompettes. Et un autre Ange vint, et se tint devant l'autel, ayant un encensoir d'or, et plusieurs parfums lui furent baillez, pour offrir avec les prieres de tous les Saints, sur l'autel d'or, qui est devant le trône. Et la fumée des parfums avec les prieres des Saints, monta de la main de l'Ange devant Dieu. Puis l'Ange prit l'encensoir et le remplit du feu de l'autel et le jetta en la terre: et il se fit des tonnerres, et des voix, et des esclairs, et un tremblement de terre. Alors les sept Anges qui avoyent les sept trompettes, se preparerent pour sonner des trompettes. Et le premier Ange sonna de la trompette, et il se fit de la gresle et du feu mélez de sang, et ils furent jettez en la terre: et la troisiéme partie des arbres fut brûlée, et toute herbe verte fut brûlée. Et le second Ange sonna de la trompette: et comme une grande montagne ardente de feu fut jettée en la mer: et la troisiéme partie de la mer devint sang. Et la troisiéme partie des creatures qui estoyent en la mer, lesquelles avoyent vie, mourut: et la troisiéme partie des navires perit. Et le troisiéme Ange sonna de la trompette, et il tomba du ciel une grande estoile ardente comme un flambeau, et elle cheut en la troisiéme partie des fleuves, et és fontaines des eaux. Et le nom de l'estoile est dit, Absynte: et la troisiéme partie des eaux devint absynte, et plusieurs des hommes moururent par les eaux, à cause qu'elles estoyent devenuës ameres. Puis le quatriéme Ange sonna de la trompette: et la troisiéme partie du Soleil fut frappée, et la troisiéme partie de la Lune, et la troisiéme partie des estoiles, tellement que la troisiéme partie d'iceux fut obscurcie, et la troisiéme partie du jour ne lui-soit point, ni semblablement de la nuit. Alors je regardai, et j'oüis un Ange volant par le milieu du ciel, disant à haute voix, Malheur, mal-heur, mal-heur aux habitans de la terre, pour le sons des trompettes qui restent des trois Anges qui doivent sonner de la trompette. Alors le cinquiéme Ange sonna de la trompette: et je vis une estoile qui tomba du ciel en la terre: et la clef du puits de l'abysme lui fut baillée. Et il ouvrit le puits de l'abysme: et une fumée monta du puits comme la fumée d'une grande fournaise: et le soleil et l'air furent obscurcis de la fumée du puits. Et il sortit de la fumée du puits des sauterelles en la terre: et il leur fut baillé une puissance semblable à la puissance qu'ont les scorpions de la terre. Et il leur fut dit qu'elles ne nuisissent point à l'herbe de la terre, ni à nulle verdure, ni à nul arbre: mais seulement aux hommes qui n'ont point la marque de Dieu en leurs fronts. Et il leur fut permis non point de les tuër, mais de les tourmenter par cinq mois, et leurs tourmens sont semblables au tourment que donne le scorpion quand il frappe l'homme. Et en ces jours-là les hommes chercheront la mort, et ne la trouveront point: et desireront de mourir, et la mort s'ensuïra d'eux. Or la forme des sauterelles estois semblable à des chevaux preparez à la bataille: et sur leurs testes il y avoit comme des couronnes semblables à de l'or: et leurs faces estoyent, comme des faces d'hommes. Et elles avoyent les cheveux comme des cheveux de femmes, et leurs dents estoyent comme des dents de lions. Et elles avoyent des cuirasses comme des cuirasses de fer: et le bruit de leurs aisles estoit comme le bruit des chariots, quand plusieurs chevaux courent au combat. Et elles avoyent des queües semblables à des queües de scorpions: et avoyent des aiguillons en leurs queües: et leur puissance estoit de nuire aux hommes par cinq mois. Et elles avoyent sur elles pour Roi, l'Ange de l'abysme qui a nom en Hebreu, Abaddon, et duquel le nom en Grec est Apollyon. Un mal-heur est passé: et voici venir encore deux mal-heurs apres. Alors le sixiéme Ange sonna de la trompette, et j'oüis une voix procedante des quatre cornes de l'autel d'or, qui est devant la face de Dieu: Laquelle dit au sixiéme Ange qui avoit la trompette, Délie les quatre Anges qui sont liez sur le grand fleuve Euphrate. Les quatre Anges donc furent déliez, qui estoyent prests pour l'heure, et le jour, et le mois, et l'an, afin de tuër la troisiéme partie des hommes. Et le nombre de l'armée à cheval estoit de vingt mille fois dix mille; car j'entendis leur nombre. Et je vis ainsi les chevaux en vision: et ceux qui estoyent montez dessus, ayant des cuirasses de feu, et de hyacinte, et de souphre: et les testes de lions: et il sortoit de leur gueule du feu, et de la fumée, et du souphre. Par ces trois choses la troisiéme partie des hommes fut tuée, assavoir par le feu, et par la fumée, et par le souphre qui sortoit de leur bouche. Car leur puissance estoit en leur bouche et en leurs queües: car leurs queües estoyent semblables à des serpens, ayant des testes par lesquelles elles nuisoyent. Et le reste des hommes qui ne furent point tuez par ces playes, ne se repentirent pas pourtant des oeuvres de leurs mains, à ce qu'ils n'adorassent point les diables, et les idoles d'or, et d'argent, et de cuivre, et de pierre, et de bois, qui ne peuvent ni voir, ni oüir, ni cheminer. Ils ne se repentirent point aussi de leurs meurtres, ni de leurs empoisonnemens, ni de leurs paillardises, ni de leurs larcins. Alors je vis un autre fort Ange descendant du ciel, environné d'une nuée, en la teste duquel estoit l'arc celeste: et sa face estoit comme le soleil, et ses pieds comme des colonnes de feu. Et il avoit en sa main un livret ouvert: et mit son pied droit sur la mer, et le gauche sur la terre: Et cria à haute voix, comme quand un lion rugit: et quand il eut crié, les sept tonnerres profererent leurs voix. Et quand les sept tonnerres eurent proferé leurs voix, je m'en allois les écrire: mais j'oüis une voix du ciel me disant, Cachette les choses que les sept tonnerres ont proferées, et ne les escris point. Et l'Ange que j'avois veu se tenant sur la mer et sur la terre, leva sa main vers le ciel. Et jura par le Vivant és siecles des siecles, qui a creé le ciel et les choses qui y sont, et le terre et les choses qui y sont, et la mer et les choses qui y sont, qu'il n'y auroit plus de temps: Mais qu'és jours de la voix du septiéme Ange, quand il commencera à sonner de la trompette, le mystere de Dieu sera consommé, comme il a declaré à ses serviteurs Prophetes. Et la voix que j'avois oüie du ciel, parla derechef à moi, disant, Va, et prens le livret ouvert, qui est en la main de l'Ange qui se tient sur la mer et sur la terre. Je m'en allai donc vers l'Ange, et lui dis, Baille-moi le livret, et il me dit, Prens-le, et le devore: et il mettra ton ventre en amertume, mais en ta bouche il sera doux comme du miel. Je pris donc le livret de la main de l'Ange, et le devorai: et il estoit doux en ma bouche comme du miel: mais quand je l'eus devoré, mon ventre fut en amertume. Alors il me dit, à plusieurs peuples, et nations, et langues, et rois. Alors il me fut baillé un roseau semblable à une verge: et il se presenta un Ange qui me dit, Leve-toi, et mesure le Temple de Dieu, et l'autel, et ceux qui adorent en icelui. Mais jette hors le parvis qui est hors du temple, et ne le mesure point: car il est donné aux Gentils; ils fouleront aux pieds la sainte cité par quarante deux mois. Mais je la donnerai à mes deux témoins qui prophetizeront par mille deux cens soixante jours, estant vestus de sacs. Ceux-ci sont les deux olives et les deux chandeliers qui se tiennent en la presence du Seigneur de la terre. Et si quelqu'un leur veut nuire; le feu sort de leur bouche, et devore leurs ennemis: car si quelqu'un leur veut nuire, il faut qu'il soit ainsi tué. Ceux-ci ont puissance de fermer le ciel, afin qu'il ne pleuve point és jours de leur prophetie; et ont puissance sur les eaux de les tourner en sang, et de frapper la terre de toute playe, toutes et quantes fois qu'ils voudront. Et quand ils auront achevé leur témoignage, la beste qui monte de l'abysme fera la guerre contr'eux, et les vaincra, et les tuëra. Et leurs corps morts seront gisans és places de la grande cité, qui est appellée spirituellement Sodome et Egypte, là où aussi nostre Seigneur a esté crucifié. Et ceux des tribus, et des peuples, et des langues, et des nations, verront leurs corps morts par trois jours et demi, et ne permettront point que leurs corps morts soyent mis és sepulcres. Et les habitans de la terre s'éjoüiront d'eux, et s'égayeront, et envoyeront des presens les uns aux autres: parce que ces deux Prophetes auront tourmenté ceux qui habitent sur la terre. Mais apres ces trois jours-là et demi, l'Esprit de vie venant de Dieu entra en eux, et ils se tinrent sur leurs pieds, et une grande crainte saisit ceux qui les avoyent veus. Apres cela ils oüirent une grande voix du ciel, leur disant, Montez ici: et ils monterent au ciel en une nuée: et leurs ennemis les virent. Et à cette mesme heure-là il se fit un grand tremblement de terre: et la dixiéme partie de la Cité tomba, et là furent tuez en ce tremblement de terre sept mille hommes en nombre: et les autres furent espouvantez, et donnerent gloire au Dieu du ciel. Le second mal-heur est passé: et voici, le troisiéme mal-heur viendra bien-tost. Le septiéme Ange donc sonna de la trompette, et il se fit de grandes voix au ciel, qui disoyent, Les royaumes du monde sont reduits à nostre Seigneur, et à son Christ, et il regnera és siecles des siecles. Alors les vingt-quatre Anciens qui sont assis devant Dieu sur leurs sieges, se prosternerent sur leurs faces, et adorerent Dieu; Disant, Nous te rendons graces, Seigneur Dieu tout-puissant, qui es, et qui estois, et qui es a venir, de ce que tu as pris ta grande puissance, et as commencé ton regne. Et les nations se sont courroucées, et ton ire est venuë, et le temps des morts pour estre jugez, et pour donner le salaire à tes serviteurs les Prophetes, et aux Saints, et à ceux qui craignent ton Nom, petits et grands, et pour destruire ceux qui destruisent la terre. Alors le temple de Dieu fut ouvert au ciel, et l'Arche de son alliance fut veüe au temple d'icelui: et il se fit des esclairs, et des voix, et des tonnerres, et un tremblement de terre, et une grande gresle. Or un grand signe apparut au ciel, assavoir une femme revestuë du soleil, sous les pieds de laquelle estoit la lune: et il y avoit sur sa teste une couronne de douze estoiles: Laquelle estoit enceinte, dont elle crioit se trouvant en travail d'enfant, et souffrant des tourmens pour enfanter. Il apparut aussi un autre signe au ciel, et voici un grand dragon roux, ayant sept testes et dix cornes, et sur ses testes sept diademes. Et sa queüe trainoit la troisiéme partie des estoiles du ciel, lesquelles il jetta en la terre; puis le dragon s'arresta devant la femme qui devoit enfanter afin que quand elle auroit enfanté, il devorast son enfant. Or elle enfanta un fils masle, qui doit gouverner toutes les nations avec une verge de fer, et son enfant fut ravi à Dieu, et au trône d'icelui. Et la femme s'enfuit en un desert, où elle a un lieu preparé de Dieu, afin qu'on la nourrisse là mille deux cens soixante jours. Et il se fit une bataille au ciel. Michel et ses Anges combattoyent contre le dragon: et le dragon combattoit et ses anges. Mais ils ne furent pas les plus forts; et leur lieu ne fut plus trouvé au ciel. Et fut jetté le grand dragon, le serpent ancien, appellé le diable et Satan, qui seduit tout le monde, il fut jetté en la terre: et ses anges furent jettez avec lui. Alors j'oüis une grande voix au ciel, disant, Maintenant est advenu le salut, et la force, et le regne de nostre Dieu, et la puissance de son Christ: car l'accusateur de nos freres est dejetté, qui les accusoit devant nostre Dieu jour et nuit. Mais ils l'on vaincu, à cause du sang de l'Agneau, et à cause de la parole de leur témoignage, et n'ont point aimé leurs vies jusques à les exposer à la mort. Partant éjoüissez-vous, cieux, et vous qui y habitez: Mal-heur sur vous, habitans de la terre et de la mer: car le diable est descendu vers vous, estant en grande fureur, sçachant qu'il a peu de temps. Quand donc le dragon eust veu qu'il avoit esté jetté en la terre, il persecuta la femme qui avoit enfanté l'enfant masle. Mais deux ailes d'une grande aigle furent baillées à la femme, afin qu'elle s'envolast de devant le serpent au desert en son lieu, là où elle est nourrie par un temps, et par des temps, et par la moitié d'un temps. Et le serpent jetta de l'eau comme un fleuve de sa gueule apres la femme, afin qu'il la fist emporter par le fleuve. Mais la terre aida à la femme: car la terre ouvrit sa bouche, et engloutit le fleuve que le dragon avoit jetté de sa gueule. Alors le dragon fut irrité contre la femme et s'en alla faire la guerre contre les autres qui sont de la semence d'icelle, qui gardent les commandemens de Dieu, et qui ont le témoignage de Jesus Christ. Et je me tins sur le sable de la mer. Alors je vis monter de la mer une beste qui avoit sept testes et dix cornes: et sur ses cornes dix diademes: et sur ses testes un nom de blaspheme. Et la beste que je vis estoit semblable à un leopard, et ses pieds estoyent comme les pieds d'un ours, et sa gueule comme la gueule d'un lion: et le dragon lui donna sa puissance, et son trône, et un grand pouvoir. Et je vis l'une de ses testes comme frappée à mort, mais sa playe mortelle fut guerie: et toute la terre s'émerveillant alla apres la beste. Et adorerent le dragon qui avoit donné pouvoir à la beste, et adorerent la beste, disant, Qui est semblable à la beste, et qui pourra combattre contr'elle? Et il lui fut baillé une bouche proferant de grandes choses et des blasphemes, et il lui fut baillé puissance d'accomplir quarante deux mois. Et elle ouvrit sa bouche en blasphemes contre Dieu, à blasphemer son Nom, et son tabernacle, et ceux qui habitent au ciel. Il lui fut aussi donné de faire la guerre contre les Saints, et de les vaincre: il lui fut aussi baillé puissance sur toute tribu, et langue, et nation. Tellement que tous ceux qui habitent sur la terre l'adorerent, desquels les noms ne sont point écrits au livre de vie de l'Agneau occis dés la fondation du monde. Si quelqu'un a oreille, qu'il oye. Si quelqu'un mene en captivité, il sera mené en captivité: si quelqu'un tuë avec l'espée, il faut qu'il soit tué avec l'espée: ici est la patience et la foi des Saints. Puis je vis une autre beste montant de la terre, laquelle avoit deux cornes semblables à celles de l'Agneau: mais elle parloit comme le dragon. Et exerçoit toute la puissance de la premiere beste, en presence d'elle: et faisoit que la terre et ses habitans adorassent la premiere beste, la playe mortelle de laquelle avoit esté guerie. Et faisoit de grands signes, voire jusques à faire descendre du feu du ciel en terre, devant les hommes. Et seduisoit les habitans de la terre, à cause des signes qu'il lui estoit donné de faire devant la beste: commandant aux habitans de la terre de faire une image à la beste qui ayant receu le coup mortel de l'espée, neantmoins estoit vivante. Et il lui permis de donner ame à l'image de la beste, à ce que mesmes l'image de la beste parlast, et fist que tous ceux qui n'auroyent point adoré l'image de la beste, fussent tuez. Et faisoit que tous, petits et grands, riches et pauvres, francs et serfs, prenoyent une marque en leur main droite, ou en leurs fronts: Et qu'aucun ne pouvoit acheter ou vendre, s'il n'avoit la marque ou le nom de la beste, ou le nombre de son nom. Ici est la sapience. Que celui qui a entendement, conte le nombre de la beste: car c'est un nombre d'homme: et son nombre est six cens soixante-six. Puis je regardai, et voici, l'Agneau se tenoit sur la montagne de Sion, et avec lui cent quarante quatre mille qui avoyent le nom de son Pere écrit en leurs fronts. Et j'oüis une voix du ciel comme le bruit de plusieurs eaux, et comme le bruit d'un grand tonnerre: et oüis une voix de joüeurs de harpes joüans de leurs harpes: Qui chantoyent comme une chanson nouvelle devant le trône, et devant les quatre animaux et les Anciens: et nul ne pouvoit apprendre la chanson, sinon les cent quarante quatre mille, lesquels ont esté achetez d'entre ceux de la terre. Ceux-ci sont ceux qui ne se sont point soüillez avec les femmes: car ils sont vierges. Ceux-ci sont ceux qui suivent l'Agneau quelque part qu'il aille. Ceux-ci sont ceux qui ont esté achetez d'entre les hommes pour estre premices à Dieu et à l'Agneau. Et en leur bouche il n'a esté trouvé aucune fraude: car ils sont sans tache devant le trône de Dieu. Puis je vis un autre Ange, voler par le milieu du ciel, ayant l'Evangile eternel, afin qu'il evangelizast à ceux qui habitent sur la terre, et à toute nation, et tribu, et langue, et peuple. Disant à haute voix, Craignez Dieu, et lui donnez gloire: car l'heure de son jugement est venuë: et adorez celui qui a fait le ciel et la terre, la mer, et les fontaines d'eaux. Et un autre Ange le suivit, disant, Elle est cheute, elle est cheute Babylone, cette grande cité, parce quelle a abbreuvé toutes les nations du vin de l'ire de sa paillardise. Et un troisiéme Ange suivit ceux-là, disant à haute voix, Si quelqu'un adore la beste et son image, et prend la marque en son front, ou en son main, Celui-là aussi boira du vin de l'ire de Dieu, voire du vin pur versé en la coupe de son ire: et sera tourmenté de feu et de souphre devant les saints Anges, et devant l'Agneau. Et la fumée de leur tourment montera aux siecles des siecles: et n'auront point de repos ni jour ni nuit, ceux qui adorent la beste et son image, et quiconque prend la marque de son nom. Ici est la patience des Saints: ici sont ceux qui gardent les commandemens de Dieu, et la foi de Jesus. Alors j'oüis une voix du ciel me disant, Escris, Bien-heureux sont les morts qui doresnavant meurent au Seigneur: Oüi pour certain, dit l'Esprit: car ils se reposent de leurs travaux, et leurs oeuvres les suivent. Et je regardai, et voici une nuée blanche, et sur la nuée quelqu'un estant assis semblable à un homme, ayant sur sa teste une couronne d'or, et en sa main une faucille trenchante. Et un autre Ange sortit du temple, criant à haute voix à celui qui estoit assis sur la nuée, Jette ta faucille, et moissonne, car l'heure de moissonner t'est venuë: dautant que la moisson de la terre est meure. Alors celui qui estoit assis sur la nuée, jetta sa faucille sur la terre, et la terre fut moissonnée. Et un autre Ange sortit du temple qui est au ciel, ayant lui aussi une faucille trenchante. Et un autre Ange sortit de l'autel, ayant puissance sur le feu, et cria jettant un grand cri à celui qui avoit la faucille trenchante, disant, Jette ta faucille trenchante, et vendange les grappes de la vigne de la terre: car ses raisins sont meurs. Et l'Ange jetta sa faucille trenchante en la terre, et vendangea la vigne de la terre, et jetta la vendange en la grande cuve de l'ire de Dieu. Et la cuve fut foulée hors de la Cité: et de la cuve il sortit du sang jusques aux freins des chevaux par mille six cens stades. Puis je vis un autre signe au ciel, grand et admirable, assavoir sept Anges ayant les sept dernieres playes: car par elles l'ire de Dieu est consommée. Je vis aussi comme une mer de verre meslée de feu: et ceux qui avoyent obtenu la victoire de la beste, et de son image, et de sa marque, et du nombre de son nom, se tenant sur la mer qui estoit comme de verre, ayant les harpes de Dieu: Lesquels chantoyent le cantique de Moyse serviteur de Dieu, et le cantique de l'Agneau, disant, Grandes et merveilleuses sont tes oeuvres, Seigneur Dieu tout-puissant: tes voyes sont justes et veritables, Roi des Saints. Seigneur, qui est-ce qui ne te craindra et ne magnifiera ton Nom? Car toi seul es Saint: dont toutes les nations viendront et adoreront devant toi, veu que tes jugemens sont tout à plein manifestez. Et apres ces choses je regardai, et voici le temple du Tabernacle du témoignage fut ouvert au ciel. Et les sept Anges qui avoyent les sept playes sortirent du temple, estant vestus de lin pur et blanc, et troussez sur leurs poictrines avec des ceintures d'or. Et l'un des quatre animaux donna aux sept Anges sept phioles d'or, pleines de l'ire du Dieu vivant és siecles des siecles. Et le temple fut rempli de la fumée procedante de la majesté de Dieu et de sa puissance: et nul ne pouvoit entrer au temple jusques à ce que les sept playes des sept Anges fussent accomplies. Alors j'oüis du temple une grosse voix, disant aux sept Anges, Allez, et versez sur la terre les phioles de l'ire de Dieu. Ainsi donc le premier Ange s'en alla, et versa sa phiole sur la terre: et il se fit une playe mauvaise et dangereuse sur les hommes qui avoyent la marque de la beste, et sur ceux qui adoroyent son image. Et le second Ange versa sa phiole en la mer, laquelle devint sang comme d'une charogne, et toute ame vivante mourut en la mer. Et le troisiéme Ange versa sa phiole sur les fleuves, et sur les fontaines des eaux, et elles devinrent sang. Et j'oüis l'Ange des eaux, disant, Seigneur, tu es juste qui es, et qui estois, et qui seras: dautant que tu as fait un tel jugement. Parce qu'ils ont respandu le sang des Saints et des Prophetes, tu leur as aussi baillé du sang à boire: car ils en sont dignes. Et j'en oüis un autre du Sanctuaire, disant, Pour certain, Seigneur Dieu tout-puissant, tes jugemens sont veritables et justes. Puis le quatriéme Ange versa sa phiole sur le soleil, et il lui fut donné de brusler les hommes par feu. Et les hommes furent bruslez par de grandes chaleurs, et blasphemerent le Nom de Dieu qui a puissance sur ces playes: et ne se repentirent point pour lui donner gloire. Apres cela le cinquiéme Ange versa sa phiole sur le siege de la beste, et son regne devint tenebreux: et de douleur ils maschoyent leurs langues. Et à cause de leurs peines et de leurs playes, il blasphemerent le Dieu du ciel, et ne se repentirent point de leurs actes. Puis le sixiéme Ange versa sa phiole sur le grand fleuve Euphrate, et l'eau d'icelui tarit, afin que la voye des Rois de devers le soleil levant fust preparée. Et je vis sortir de la gueule du dragon, et de la gueule de la beste, et de la bouche du faux prophete, trois esprits immondes semblables à des grenoüilles. Car ce sont des esprits diaboliques faisans des signes, qui s'en vont vers les rois de la terre et du monde universel, pour les assembler à la bataille de ce grand jour-là du Dieu tout-puissant. (Voici, je viens comme le larron: Bien-heureux est celui qui veille, et qui garde ses vestemens, afin qu'il ne chemine point nud, et qu'on ne voye point sa vergogne.) Et il les assembla au lieu qui est appellé en Hebreu Armageddon. Puis le septiéme Ange versa sa phiole en l'air: et il sortit une grosse voix du temple du ciel, de devers le trône, disant; C'est fait. Alors il se fit des esclairs, et des voix, et des tonnerres: et il se fit un grand tremblement de terre, voire un tel tremblement et si grand, qu'il n'en fut jamais de tel depuis que les hommes ont esté sur la terre. Et la grande cité fut divisée en trois parties, et les villes des nations tomberent: et la grande Babylone vint en memoire devant Dieu, pour lui donner la coupe du vin de l'indignation de son ire. Et toute isle s'enfuït, et les montagnes ne furent plus trouvées. Et il descendit du ciel sur les hommes une gresle grosse comme du poids d'un talent: et les hommes blasphemerent Dieu à cause de la playe de la gresle: car la playe qu'elle fit fut fort grande. Alors l'un des sept Anges qui avoyent les sept phioles, vint, et parla à moi, me disant, Vien, je te montrerai la condamnation de la grande paillarde, laquelle se sied sur plusieurs eaux: Avec laquelle les rois de la terre ont paillardé, et du vin de la paillardise de laquelle ont esté enyvrez les habitans de la terre. Ainsi donc il me transporta en esprit en un desert: et je vis une femme montée sur une beste de couleur d'écarlatte, qui estoit pleine de noms de blaspheme, ayant sept testes et dix cornes. Et la femme estoit accoustrée de pourpre et d'écarlatte, et parée d'or, et de pierres precieuses, et de perles: tenant en sa main une coupe d'or, pleine d'abominations de la soüillure de sa paillardise. Et en son front il y avoit un nom escrit, Mystere, la grande Babylone, la mere des paillardises et des abominations de la terre. Et je vis la femme enyvrée du sang des Saints, et du sang des Martyrs de Jesus: et la voyant je m'émerveillai d'un grand esbahissement. Et l'Ange me dit, Pourquoi t'émerveilles-tu? Je te dirai le mystere de la femme, et de la beste qui la porte, laquelle a sept testes et dix cornes. La beste que tu as veüe, a esté, et n'est plus: et doit monter de l'abysme, et s'en aller à perdition: et les habitans de la terre, desquels les noms ne sont point escrits au livre de vie dés la fondation du monde, s'émerveilleront voyant la beste laquelle estoit, et n'est plus, et toutefois elle est. Ici est l'entendement qui a de la sapience. Les sept testes sont sept montagnes sur lesquelles est assise la femme. Et ce sont sept rois: les cinq sont cheus: l'un est, et l'autre n'est point encore venu: et quand il sera venu, il faut qu'il demeure pour un peu de temps. Et la beste qui estoit, et n'est plus, c'est aussi le huictiéme roi, et est des sept, et s'en va à perdition. Et les dix cornes que tu as veües, sont dix rois, qui n'ont point encore commencé à regner, mais ils prendront puissance comme rois, en un mesme temps avec la beste. Ceux-ci ont un mesme conseil, et bailleront leur puissance et authorité à la beste. Ceux-ci combattront contre l'Agneau: mais l'Agneau les vaincra: dautant qu'il est le Seigneur des seigneurs, et le Roi des rois: et ceux qui sont avec lui, sont appellez, et éleus, et fideles. Puis il me dit, Les eaux que tu as veües, sur lesquelles est assise la paillarde, ce sont peuples, et nations, et langues. Et les dix cornes que tu as veües à la beste, sont ceux qui hairont la paillarde, et la rendront desolée et nuë, et mangeront la chair, et la brusleront au feu. Car Dieu a mis en leurs coeurs qu'ils fassent ce qu'il lui plaist, et qu'ils arrestent une mesme chose, et qu'ils donnent leur royaume à la beste, jusques à ce que les paroles de Dieu soyent accomplies. Et la femme que tu as veüe, c'est la grande Cité, qui a sont regne sur les rois de la terre. Et apres ces choses je vis un autre Ange descendre du ciel, ayant une grande puissance, et la terre fut illuminée de sa gloire: Et il s'écria de force à haute voix, disant, Elle est cheute, elle est cheute, la grande Babylone, et est devenuë l'habitation des diables, et le repaire de tout esprit immonde, et le repaire de tout oiseau immonde et execrable. Car toutes les nations ont beu du vin de l'ire de sa paillardise: et les rois de la terre ont paillardé avec elle: et les marchands de la terre sont devenus riches de l'abondance de ses delices. Puis j'oüis du ciel une autre voix disant, Sortez d'elle, mon peuple, afin que vous ne soyez point participans de ses pechez, et que vous ne receviez point de ses playes. Car ses pechez se sont entresuivis jusques au ciel, et Dieu a eu souvenance des iniquitez d'icelle. Rendez-lui ainsi qu'elle vous a fait, et lui payez au double selon ses oeuvres: en la coupe en laquelle elle vous a versé, versez-lui en au double. D'autant qu'elle s'est glorifiée, et qu'elle a esté en delices, d'autant donnez lui de tourment et de pleur: car elle dit en son coeur, Je sieds reine, et ne suis point veuve, et ne verrai point de deüil. C'est pourquoi en un seul jour viendront ses playes, la mort, etle deüil, et la famine, et elle sera entierement bruslée au feu: car le Seigneur Dieu est fort, qui la jugera. Et les rois de la terre, qui ont paillardé avec elle, et ont vescu en delices, quand ils verront la fumée de son brûlement, la pleureront, et meneront deüil sur elle, en se battant la poictrine: Se tenant loin pour la crainte de son tourment, disant, Las, las ! Babylone la grande cité, la cité si puissante, comment est-ce que ta condamnation est venuë en un instant? Les marchands de la terre pleureront aussi, et meneront deüil à cause d'elle, de ce que nul n'achete plus de leur marchandise: Marchandise d'or et d'argent, et de pierres precieuses, et de perles, et de crespe, et de pourpre, et de soye, et d'écarlatte, et de toute sorte de bois odorant, et de tous vaisseaux d'yvoire, et de tous vaisseaux de bois tres-precieux, et d'airain, et de fer, et de marbre: Et canelle, et senteurs, et oignemens, et encens, et vin, et huile, et fine fleur de farine, et blé, et jumens, et brebis, et chevaux, et chariots, et serfs, et ames d'hommes. (Et les fruits du desir de ton ame sont departis de toi: et toutes choses delicates et excellentes te sont peries: et d'orenavant tu ne trouveras plus ces choses.) Les marchands donc de ces choses qui en sont devenus riches, se tiendront loin d'elle, pour la crainte de son tourment, pleurant et menant deüil. Et disant, Las, las ! La grande cité, qui estoit revestuë de crespe, et de pourpre, et d'écarlatte, et estoit parée d'or, et ornée de pierres precieuses et de perles: comment en un instant ont esté mises à neant tant de richesses ! Tout patron de navire aussi, et toute la troupe de ceux qui hantent és navires, et tous nautonniers, et quiconque trafique sur la mer se tiendront loin: Et voyant la fumée de son bruslement, s'escrieront en disant, Quelle cité estoit semblable à cette grande cité? Et jetteront de la poudre sur leurs testes, et crieront en pleurant et menant deüil, et disant, Las, las ! La grande cité, en laquelle tous ceux qui avoyent des navires en la mer, estoyent devenus riches de son opulence: comment a-t'elle esté desolée en un instant ! O ciel ! Ejoüi-toi d'elle, et vous saints Apostres et Prophetes: car Dieu a pris vengeance d'elle pour l'amour de vous. Puis un fort Ange prit une pierre comme une grande meule, et la jetta en la mer, disant, Ainsi sera jettée d'impetuosité Babylone cette grande cité, et ne sera plus trouvée. Et la voix des joüeurs de harpe, et des musiciens, et des joüeurs de haut-bois, et des sonneurs de trompette, ne sera plus oüie en toi: et tout ouvrier, de quelque mestier que ce soit, ne sera plus trouvé en moi: et le bruit de la meule ne sera plus oüi en toi. Et la lumiere de la chandelle ne luira plus en toi: et la voix de l'espoux et de l'espouse ne sera plus oüie en toi: parce que tes marchands estoyent des princes en la terre, parce que par tes empoisonnemens toutes les nations ont esté seduites. Et en elle a esté trouvé le sang des Prophetes et des Saints, et de tous ceux qui ont esté mis à mort sur la terre. Or apres ces choses j'oüis une voix d'une grande multitude au ciel, disant, Hallelu-jah: Salut, et gloire, et honneur, et puissance appartient au Seigneur nostre Dieu: Car ses jugemens sont veritables et justes, parce qu'il a fait justice de la grande paillarde qui a corrompu la terre par sa paillardise, et a vengé le sang de ses serviteurs de la main d'icelle. Et derechef ils dirent, Hallelu-jah: et la fumée d'icelle en monte à jamais. Et les vingt-quatre Anciens et les quatre animaux se jetterent sur leurs faces; et adorerent Dieu seant sur le trône, disans, Amen, Hallelu-jah. Et une voix partit du trône, disant, Loüez nostre Dieu, tous ses serviteurs, et vous qui le craignez, tant petits que grands. Puis j'oüis comme une voix d'une grande assemblée, et comme le son de plusieurs eaux, et comme la voix de forts tonnerres, disant, Hallelu-jah: car le Seigneur nostre Dieu Tout-puissant est entré en son regne. Ejoüissons nous, et nous égayons, et lui donnons gloire: car les nopces de l'Agneau sont venuës, et sa femme s'est parée. Et il lui a esté donné d'estre vestuë de crespe pur et luisant: car le crespe sont les justifications des Saints. Alors il me dit, Escris, Bien-heureux sont ceux qui sont appellez au banquet des nopces de l'Agneau. Il me dit aussi, Ces paroles de Dieu sont veritables. Alors je me jettai à ses pieds pour l'adorer. Et il me dit, Garde-toi de le faire: je suis ton compagnon de service, et de tes freres qui ont le témoignage de Jesus. Adore Dieu: Car le témoignage de Jesus est l'Esprit de prophetie. Puis je vis le ciel ouvert, et voici un cheval blanc, et celui qui estoit monté dessus estoit appellé Fidele et Veritable, lequel juge et bataille justement. Et ses yeux estoyent comme une flamme de feu: et il y avoit sur sa teste plusieurs diademes, ayant un nom escrit que nul n'a connu sinon lui-mesme. Il estoit vestu d'une robbe teinte en sang, et son nom s'appelle, La Parole de Dieu. Et les armées qui sont au ciel le suivoyent sur des chevaux blancs, vestus de crespe blanc et net. Et de sa bouche il sortoit une espée trenchante, afin qu'il en frappe les nations: car il les gouvernera avec une verge de fer, et c'est lui qui foulera la cuve du vin du courroux et de l'ire de Dieu Tout-puissant. Et en son vestement et en sa cuisse il avoit en escrit ce nom, Le Roi des rois, et le Seigneur des seigneurs. Puis je vis un Ange se tenant dans le soleil, qui cria à haute voix, disant à tous les oiseaux qui voloyent par le milieu du ciel, Venez et vous assemblez au banquet du grand Dieu: Afin que vous mangiez la chair des rois, et la chair des capitaines, et la chair des forts, et la chair des chevaux et de ceux qui sont montez dessus, et la chair de tous, francs et serfs, petits et grands. Alors je vis la beste, et les rois de la terre, et leurs armées assemblées pour faire la guerre contre celui qui estoit monté sur le cheval, et contre son armée. Mais la beste fut prise, et avec elle le faux prophete qui avoit fait les signes devant elle, par lesquels il avoit seduit ceux qui avoyent la marque de la beste, et qui avoyent adoré son image: ces deux furent jettez tout vifs dans l'estang de feu ardent de souphre. Et le reste fut tué par l'espée qui sortoit de la bouche de celui qui estoit monté sur le cheval, et tous les oiseaux furent foulez de leurs chairs. Apres cela je vis un Ange descendant du ciel, qui avoit la clef de l'abysme, et une grande chaîne en sa main: Lequel saisit le dragon, assavoir le vieux serpent, qui est le diable et Satan, et le lia pour mille ans. Et le jetta en l'abysme, et l'enferma, et seella sur lui: afin qu'il ne seduise plus les nations, jusques à ce que les mille ans soyent accomplis: et puis apres il faut qu'il soit délié pour un peu de temps. Alors je vis des trônes, sur lesquels s'assirent des gens, et le jugement leur fut donné: et je vis les ames des decapitez pour le témoignage de Jesus, et pour la Parole de Dieu, et qui n'avoyent point adoré la beste, ni son image: et qui vivroyent et regneroyent avec Christ mille ans. Mais le reste des morts ne doit point ressusciter, jusques à ce que les mille ans soyent accomplis: c'est là la resurrection premiere. Bien-heureux et saint est celui qui a part en la premiere resurrection: la seconde mort n'a point de puissance sur eux, mais ils seront Sacrificateurs de Dieu et de Christ, et regneront avec lui mille ans. Et quand les mille ans seront accomplis, Satan sera délié de sa prison: Et sortira pour seduire les nations qui sont sur les quatre coins de la terre, Gog et Magog, pour les assembler en bataille; dont le nombre est comme le sable de la mer. Et ils sont montez sur la largeur de la terre, et ont environné le camp des Saints, et la Cité bien-aimée: mais il descendit du feu du ciel de par Dieu, lequel les devora. Et le diable qui les seduisoit, fut jetté en l'estang de feu et de souphre, là où est la beste et le faux prophete: et ils seront tourmentez jour et nuit és siecles des siecles. Puis je vis un grand trône blanc, et quelqu'un assis dessus, de devant lequel s'enfuit la terre et le ciel: et il ne se trouva point de lieu pour eux. Je vis aussi les morts grands et petits se tenans devant Dieu: et les livres furent ouverts: et un autre livre fut ouvert, assavoir le livre de vie: et les morts surent jugez par les choses qui estoyent écrites és livres selon leurs oeuvres. Et la mer rendit les morts qui estoyent en elle, et la mort et l'enfer rendirent les morts qui estoyent en eux: et ils furent jugez chacun selon leurs oeuvres. Et l'enfer et la mort furent jettez en l'estang de feu: c'est là la mort seconde. Et quiconque ne fut point trouvé escrit au livre de vie, fut jetté en l'estang de feu. Puis je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre: car le premier ciel et la premiere terre s'en estoit allée, et la mer n'estoit plus. Et moi Jean vis la sainte Cité, la Jerusalem nouvelle, descendant du ciel, de par Dieu, parée comme une espouse ornée pour son mari. Et j'oüis une grande voix du ciel, disant, Voici le tabernacle de Dieu avec les hommes, et il habitera avec eux, et ils seront son peuple, et Dieu lui-mesme sera leur Dieu avec eux. Et Dieu essuyera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus: et il n'y aura plus ni deüil, ni cri, ni travail: car les premieres choses sont passées. Et celui qui estoit assis sur le trône, dit, Voici, je fais toutes choses nouvelles, Puis il me dit, Escris: car ces paroles sont veritables et certaines. Il me dit aussi, C'est fait: Je suis Alpha et Omega, le commencement et la fin: à celui qui aura soif je lui donnerai de la fontaine de l'eau de vie sans qu'elle lui couste rien. Celui qui vaincra, heritera toutes choses: et je lui sera Dieu, et il me sera fils. Mais aux timides, et aux incredules, et aux execrables, et aux meurtriers, et aux paillards, et aux empoisonneurs, et aux idolatres, et à tous menteurs, leur part sera en l'estang ardent de feu et de souphre, qui est la mort seconde. Alors l'un des sept Anges qui avoyent eu les sept phioles pleines des sept dernieres playes, vint à moi, et parla à moi, disant, Vien, et je te montrerai l'Espouse qui est la femme de l'Agneau. Et il me transporta en Esprit en une grande et haute montagne: et me montra la grande Cité, la saincte Jerusalem, descendant du ciel de devers Dieu. Ayant la gloire de Dieu: et sa lumiere estoit semblable à une pierre tres-precieuse, comme à une pierre de jaspe tirant sur le cristal. Et elle avoit une grande et haute muraille, avec douze portes, et és portes douze Anges: et des noms escris sur elles, qui sont les noms des douze tribus des enfans d'Israël. Du costé d'Orient, trois portes: du costé d'Aquilon, trois portes: du costé de Midi, trois portes: et du costé d'Occident, trois portes. Et la muraille de la Cité avoit douze fondemens: et en eux estoyent escrits les noms des douze Apostres de l'Agneau. Et celui qui parloit à moi avoit un roseau d'or pour mesurer la Cité, et ses portes, et sa muraille. Et la Cité estoit située et bastie en quarré, et sa longueur estoit aussi grande que sa largeur: et il mesura la Cité avec le roseau d'or, jusques à douze mille stades: et la longueur, et la largeur, et la hauteur d'icelle estoyent égales. Puis il mesura la muraille de cent quarante-quatre coudées, de la mesure du personnage, assavoir de l'Ange. Et le bastiment de la muraille estoit de jaspe: mais la Cité estoit d'or pur, semblable à du verre tres-clair. Et les fondemens de la muraille de la Cité estoyent ornez de toute pierre precieuse. Le premier fondement estoit de jaspe: le second, de sapphir: le troisiéme, de chalcedoine: le quatriéme, d'esmeraude: Le cinquiéme, de sardonix: le sixiéme, de sardoine: le septiéme, de chrysolithe: le huictiéme, de beryl: le neuviéme, de topaze: le dixiéme, de chrysophrase: l'onziéme, de hyacinthe: le douziéme, d'amethyste. Et les douze portes estoyent douze perles: chacune des portes estoit d'une perle. Et la ruë de la Cité estoit d'or pur, comme du verre tres-luisant. Et je ne vis point de temple en elle: car le Seigneur Dieu tout-puissant est son temple, et l'Agneau. Et la Cité n'a pas besoin du soleil ni de la lune, afin qu'ils luisent en elle: car la clarté de Dieu l'a illuminée, et l'Agneau est sa chandelle. Et les nations qui auront esté sauvées, chemineront en sa lumiere: et les rois de la terre apporteront leur gloire et leur honneur en elle. Et ses portes ne seront point fermées de jour: car il n'y aura point là de nuit. Et on apportera en elle la gloire et l'honneur des Gentils. Il n'entrera en elle aucune chose soüillée, ou qui commette abomination et fausseté: mais seulement ceux qui sont escrits au livre de vie de l'Agneau. Puis il me montra un fleuve pur d'eau vive, resplendissant comme du crystal, procedant du trône de Dieu et de l'Agneau. Et au milieu de la place d'icelle, et des deux costez du fleuve, l'arbre de vie, portant douze fruits, rendant son fruit chaque mois: et les feüilles de l'arbre sont pour la santé des Gentils. Et toute chose maudite ne sera plus, mais le trône de Dieu et de l'Agneau sera en elle: et ses serviteurs le serviront. Et ils verront sa face: et son Nom sera en leurs fronts. Et il n'y aura plus là de nuit, et ils n'ont que faire de lumiere de chandelle, ni de lumiere du soleil: car le Seigneur Dieu les illumine, et ils regneront és siecles des siecles. Puis il me dit, Ces paroles sont certaines et veritables: et le Seigneur le Dieu des saints Prophetes a envoyé son Ange, pour montrer à ses serviteurs les choses qui doivent estre faites bien-tost. Voici, je viens bien-tost: bienheureux est celui qui garde les paroles de la prophetie de ce livre. Et moi Jean suis celui qui ai oüi et veu ces choses. Et apres que j'eus oüi et veu, je me jettai pour me prosterner devant les pieds de l'Ange qui me montroit ces choses. Mais il me dit, Garde-toi de le faire: car je suis ton compagnon de service, et de tes freres les Prophetes, et de ceux qui gardent les paroles de ce livre: adore Dieu. Il me dit aussi, Ne cachette point les paroles de la prophetie de ce livre, car le temps est prés. Que celui qui est injuste, soit injuste encore: et que celui qui est sale, se sale salisse encore: et que celui qui est juste, soit justifié encore: et que celui qui est saint, soit sanctifié encore. Or voici, je viens bien-tost: et mon salaire est avec moi, pour rendre à chacun selon son oeuvre. Je suis Alpha et Omega, le premier et le dernier, le commencement et la fin. Bienheureux sont ceux qui font ses commandemens, afin qu'ils ayent droit en l'arbre de vie, et qu'ils entrent par les portes en la Cité. Mais dehors seront les chiens, et les empoisonneurs, et les paillards, et les meurtriers, et les idolatres, et quiconque aime et commet fausseté. Moi Jesus ai envoyé mon Ange pour vous témoigner ces choses par les Eglises: je suis la racine et la posterité de David, l'estoile resplendissante et matiniere. Et l'Esprit et l'Espouse disent, Vien: Et que celui qui l'oit, dise, Vien: Et que celui qui a soif, vienne: Et que celui qui veut, prenne de l'eau de vie sans qu'elle lui couste rien. Or je proteste à chacun qui oit les paroles de la prophetie de ce livre, que si quelqu'un ajouste à ces choses, Dieu ajoustera sur lui les playes escrites en ce livre. Et si quelqu'un oste des paroles du livre de cette prophetie, Dieu ostera sa part du livre de vie, et de la sainte Cité, et des choses qui sont escrites en ce livre. Celui qui rend témoignage de ces choses, dit, Pour certain je viens bien-tost: Amen. Voire, Seigneur Jesus, vien. La grace de nostre Seigneur Jesus Christ soit avec vous tous. Amen.